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FRUSTRATIONS PRÉCOCES, VIOLENCE PULSIONNELLE ET PASSAGE À

L'ACTE MEURTRIER DANS COUSINE K DE YASMINA KHADRA

Christine Condamin

L’Esprit du temps | « Adolescence »

2008/2 n° 64 | pages 465 à 477


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ISSN 0751-7696
ISBN 2847951301
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-adolescence1-2008-2-page-465.htm
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FRUSTRATIONS PRÉCOCES,
VIOLENCE PULSIONNELLE ET
PASSAGE À L’ACTE MEURTRIER DANS
COUSINE K DE YASMINA KHADRA1
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CHRISTINE CONDAMIN

« Il y a des êtres humains qui, dans leur vie, répètent toujours à leur
grand dam les mêmes réactions, sans correction, ou qui semblent même
poursuivis par un destin inexorable, alors que pourtant une investigation plus
précise enseigne qu’ils se ménagent eux-mêmes, ce destin à leur insu. Nous
attribuons alors à la contrainte de répétition le caractère. »
Freud, 1933, p. 190.

L’auteur nous présente un récit de style autobiographique, poignant


et presque insoutenable, donnant une place prééminente au narrateur qui
constitue le sujet sinon le héros du livre : « J’ai à mon tour voulu devenir
mon propre personnage » (p. 63). Celui-ci, « misérablement captif d’un
chagrin humain » (p. 63), raconte sa souffrance de jeune homme resté
dans la maison familiale auprès de sa mère, veuve, alors que celle-ci
attend depuis des années des nouvelles et la visite de son frère Amine parti
à l’armée. Il mène une vie monastique sur les lieux mêmes de son enfance,
ce qui le ramène incessamment au passé qu’il égrène par bribes, flash-
back, associations et remémorations témoignant de sa fixation à un
tragique destin auquel il se pense pourtant totalement assigné et de son
incapacité à lutter contre les forces oppressantes de son « monde
intérieur » (p. 63).
1. Khadra Y. (2003). Cousine K. Paris : Pocket, 2005. Les pages en regard des
citations font référence à ce livre.
Adolescence, 2008, 26, 2, 465-477.
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À l’instar de sa mère qui ne le dénomme jamais, le narrateur2 ne


nous livre pas son prénom, ce que l’on peut entendre comme une
inaptitude à accéder à la subjectivation (à un moi construit) alors qu’il se
trouve si peu existant, si peu aimé et si peu vivant. Les conséquences
d’une défaillance affective maternelle, ce que Freud nomme les
« influences infantiles précoces »3, auraient été renforcées par l’horrible
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assassinat du père et ensuite par l’emprise perverse de sa cousine. Le héros
ne parviendrait pas à dépasser les traumatismes de son enfance, se sentant
comme « un ver solitaire, dans le monde démentiel du déjà-vu » (p. 18) :
tantôt le narrateur attend le retour de sa cousine et la résurrection de son
père, tantôt il n’attend plus rien alors qu’il souffre atrocement telle « une
torche vivante » (p. 92) et semble ne plus rien espérer. On peut penser que
son inscription sociale dans un lieu aussi funeste que Douar Yatim, et surtout
les malheureuses rencontres auxquelles il est successivement assigné (mère,
chat, Cousine K et l’auto-stoppeuse) ne vont qu’accentuer toujours un peu
plus les profondes blessures de son enfance laissant advenir des passages à
l’acte de plus en plus graves qui l’amènent au bord de la folie.
Plusieurs éléments laissent supposer l’existence de connexions
trans-narcissiques entre l’auteur et ses personnages : ainsi Cousine K, la
fillette qui donne le titre au livre, est désignée par la lettre K, initiale de
Khadra4 (pseudonyme de l’auteur) et Amine, le frère aîné du narrateur,
embrasse une carrière militaire comme l’auteur, selon la volonté de son
père. En affirmant dans sa préface : « De la même façon que je suis libre
d’oublier cette histoire, je suis libre de la raconter comme bon me semble.
C’est mon histoire »5 (p. 11), l’auteur renonce à situer entièrement son
ouvrage dans le registre fictionnel, comme roman. Cependant il incite son
lecteur à éviter tout jugement moralisateur : « Je ne crois pas aux moralités. »
2. Notre étude ne présente que des hypothèses concernant le « monde intérieur » d’un
personnage fictif alors même que le procédé romanesque laisse dans l’ombre, dans le
flou ou dans l’ambiguïté de nombreux éléments. Elle ne peut bien sûr être comparée à
celle d’un cas clinique reposant sur le travail d’une cure analytique entreprise au sein
d’un processus transférentiel.
3. Freud, 1920, p. 292.
4. Mohammed Moulessehoul a choisi les deux premiers prénoms de sa femme
comme pseudonyme en littérature : Yasmina Khadra.
5. On peut se reporter à Khadra Y. (2001). L’écrivain. Paris : Julliard, 2007 ; (2006).
La maîtresse en maillot de bain. La rose de Blida. Condé-sur-Noireau : Après la lune.
Dans ces deux livres, Yasmina Khadra raconte son enfance et son adolescence.
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Nous ne nous attarderons pas dans ce travail sur la part


autobiographique du texte mais nous nous attacherons plutôt à la vérité
psychologique des personnages dans ce qu’elle apporte à la
compréhension de la nature humaine et de ses mécanismes
intrapsychiques. Nous pensons qu’il est nécessaire d’aller au-delà du bien
et du mal6 et, avec Freud, « au-delà du principe de plaisir », pour tenter
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une réflexion métapsychologique sur les mécanismes qui président à la
construction du moi et à ses malheureux avatars. Nous ferons l’hypothèse
que les blessures originelles de l’enfance et notamment le rejet et
l’indifférence maternelle favorisent la violence pulsionnelle suscitant un
modèle identificatoire imprégné par la haine (Balier, 2005) ; nous
tenterons de montrer que ce premier traumatisme a pu être renforcé par
d’autres qui se cumulent durant l’enfance (assassinat du père) et
l’adolescence (vécu d’emprise perverse) entraînant des conséquences
dramatiques pour le sujet ; nous porterons une attention particulière à la
période adolescente qui peut s’actualiser comme renforcement de la haine
et initiation au crime.
UNE MÈRE « IMPÉNÉTRABLE » ET REJETANTE

Au sein de Douar Yatim, village magrébin « désarticulé » (p. 29),


lieu de malheur et de pierres, dominé par la haine, l’hostilité et la
vengeance se trouve le petit manoir où habite la famille du héros. La mère
« sorcière » y règne en « châtelaine », arrogante, acariâtre, exigeante,
méprisante, exerçant domination et emprise sur son entourage. Elle n’a
peut-être jamais aimé son dernier fils, elle semble complètement ignorer
sa fille aînée ; en revanche, elle est affectivement très proche d’Amine, le
second enfant qui semble avoir capté tout son amour. Il est son fils adoré,
celui qu’elle sollicite pour partager son intimité dans une incestuelle
proximité. Amine est dynamique, tout lui sourit7. Il rend sa mère heureuse,
la comble par sa carrière militaire, tandis que le héros se sent
6. « Le bien mal fait ; le mal bien fait. » (Khadra, 2003, p. 10).
7. Freud explique dans « Un souvenir d’enfance de “ Poésie et vérité ” » que « quand on
a été le favori incontesté de sa mère, on en garde pour la vie ce sentiment conquérant, cette
assurance du succès, dont il n’est pas rare qu’elle entraîne effectivement après soi le succès »
(Freud, 1917, pp. 206-207) ; or le jeune héros va malheureusement se trouver l’objet de la
haine et du mépris de sa mère avec des conséquences inéluctables sur son développement.
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complètement rejeté, utilisé ou congédié, se trouvant relégué dans une


immense solitude. Celle-ci perdure à l’école où il se sent exilé. Pour sa
mère, le jeune garçon paraît invisible, transparent. Elle ne le dénomme
jamais par son prénom et finit par l’appeler couramment Amine, du
prénom de son frère, lapsus qu’il ne relève même plus. Ses anodines
paroles la font sursauter, sa présence la fait se détourner, ce qu’il dit n’est
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jamais à propos. La personnalité de sa mère lui apparaît contrastée, à la
fois forte et brutale, mais aussi depuis la mort de son mari et à mesure que
les ans passent, fragile et dévastée. Le narrateur ne conteste aucunement à
son frère sa place privilégiée dans le cœur de sa mère. Il aime son heureux
rival qui est un soutien affectif pour lui et qui représente un pôle identificatoire.
Mais il vit son départ à l’école des cadets comme un déchirement, une trahison
et un nouveau rejet ; il se trouve alors confronté à un grand isolement.
Dans le même temps, sa présence devient encore plus insupportable pour
sa mère : il la dérange d’autant plus qu’il se trouve (aux yeux de celle-ci)
incapable de remplacer son frère et donc inapte à la consoler.

L’EFFROYABLE MORT DU PÈRE

La tragique rencontre que le jeune garçon fait alors qu’il n’a que
cinq ans détermine pour une part importante son incapacité à s’attacher à
l’autre, pour lui toujours menacé dans son existence : il découvre son père
assassiné « accroché à une esse dans l’étable, nu de la tête aux pieds, les
yeux crevés, son sexe dans la bouche » (p. 19). C’est en se rendant
joyeusement à la visite d’un animal nouveau-né qu’il rencontre la mort, la
mort de son père, un père terriblement torturé, les yeux crevés, réellement
castré et dépouillé de tous ses vêtements dans une affreuse nudité. Cette
image de cauchemar semble s’organiser comme un « souvenir-écran »,
sorte de nouvelle scène primitive déterminante – ce que laisse supposer la
citation de V. Maïakowski placée en épigraphe du livre : « Par quelle nuit
/ délirante / fébrile / Quels Goliath m’ont conçu / si grand / et tellement
inutile ? » (p. 13).
Cela confronte le petit garçon, qui se situe à l’âge du complexe
d’Œdipe, à plusieurs questions essentielles : Ses vœux de mort du père
ont-ils été magiquement exaucés ? Doit-il lui aussi redouter de terribles
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punitions et notamment la castration réelle pour une faute ou une erreur qu’il
pourrait commettre ? Pourrait-il lui-même être l’objet de telles attaques
alors que les meurtriers de son père sont restés inconnus et impunis ? De
quoi son père s’est-il rendu coupable pour mériter un tel traitement ?
La question sur la valeur du père et sur ses éventuels méfaits est
brutalement propulsée dans le cœur de l’enfant, distillant en lui un profond
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doute qui fait vaciller sa position identificatoire. Il devient impossible de
s’identifier à un père malfaiteur, tout autant que de s’identifier à un père
brutalement exclu tant de la vie que de la fonction paternelle, en raison de
sa position de victime sacrificielle – et qui l’a de surcroît brutalement
abandonné. Cette castration réelle rend la projection de l’Idéal du moi sur
le père irréalisable et renforce probablement ses craintes à l’égard d’une
mère phallique et d’un organe féminin dépourvu de pénis : la scène
primitive devient dès lors difficile à reconnaître, ainsi que l’existence
parentale d’un désir qui la fonde. Cette terrible rencontre où cruauté et
barbarie n’ont connu aucune limite semble amener une autorisation de
transgresser les interdits fondateurs, notamment celui de tuer et d’agresser,
ainsi que les deux interdits du toucher.
L’enfant reste toute sa vie extrêmement choqué par ce meurtre
même si celui-ci se révèle plus tard être une horrible « méprise » (p. 21) :
les conséquences en demeurent totalement irréparables. Il en garde une
extrême méfiance pour l’autre, et la mort marque sa vie comme une
éventualité toujours imprévisible qui répond à ses idées dépressives et
dépréciatives ainsi qu’à son attraction morbide pour le suicide. Dans un
processus de déni, le narrateur affirme n’avoir jamais souffert de l’absence
de son père et n’en avoir aucun souvenir ; pourtant il pense le rejoindre
dans la solitude et rêve de son éventuelle résurrection ; il se rend au
cimetière tous les vendredis jusqu’à la mort de Cousine K, et c’est un
vendredi qu’il tuera l’auto-stoppeuse.
Après la disparition du père, tout se passe comme si rien de sa place
symbolique n’avait survécu : sa mère semble l’avoir remplacé par Amine
avec lequel elle peut former une sorte de couple en gommant la différence
des générations. Le héros se trouve hors de son champ, banni pour
toujours et quoi qu’il fasse. Pour cet enfant, tout fonctionne comme si le
désir parricide était déjà réalisé tandis que le désir incestueux pour la mère
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est barré, ce qui suscite un désir de retour régressif fusionnel en son sein
– besoin extrêmement régressif, tel se frayer une place dans « la chrysalide »
des papillons (p. 18) – ainsi qu’une rage meurtrière inconsciente à son
égard. Est-ce de cette détresse que va naître la violence ultérieure ?

LA CHARMANTE COUSINE K
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Alors que le héros est plongé dans un abîme de solitude,
l’éblouissante et superbe Cousine K arrive dans son existence ; elle
semble être pour lui une figure d’élection car elle incarne la vie qui a
presque totalement disparu de son cœur et du manoir depuis la mort de
son père. L’excitation libidinale qu’il ressent en sa présence l’aide à lutter
contre l’angoisse dépressive, lui insufflant un sentiment d’existence qu’il
n’a pas, provoquant une sorte de réanimation interne et un supplément de
vitalité. Il aime sa beauté, son rire, l’éclat de ses yeux : elle lui
paraît angélique, elle est son « aurore boréale » (p. 21). Mais elle lui fait
vivre et revivre une relation humaine destructrice : le jeune garçon n’est
entre ses mains qu’un « pantin » (p. 22) désarticulé car elle possède des
côtés démoniaques qui le laissent masochistement soumis à ses agirs
cruels, tyranniques et persécutifs. Il suit Cousine K, il l’imite même s’il
l’agace, tandis qu’elle, se montrant très habile, cache très soigneusement
ses actes pervers. Elle élabore tous les stratagèmes et les manigances
susceptibles de servir ses projets relationnels : elle ment à la mère du héros
pour le faire punir, elle revendique les cadeaux qu’il lui a faits, elle fait
retomber sur lui ses propres bêtises ; elle met tout en œuvre pour prendre
sa place dans le cœur de sa mère, devenant à ses yeux « son ange » (p. 49)
couvert de tendresse : la fillette s’arroge avec délice cette place privilégiée
qui spolie et fait encore souffrir le jeune garçon. Elle se montre
dominatrice, autoritaire, méprisante envers lui, trouvant un grand plaisir à
le séduire et à le rejeter alternativement, mais sachant toujours le
reconquérir pour le maintenir dans ses rets. Elle le dévalorise, l’humilie,
le déprécie et va jusqu’à le pousser au suicide.
On peut amener l’hypothèse que cette relation avec Cousine K
réitère celle qui était vécue avec la mère, la répétition des traumatismes à
l’adolescence aggravant leur incidence sur sa personnalité. Dans un
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processus de traumatophilie, le garçon reprend cette place d’exclu qu’il


connaît, y adhérant facilement car c’est celle qu’il occupe depuis toujours
avec sa mère. Il est incapable de mobiliser les réserves de refus,
d’agressivité, de haine – contenues dans la pulsion de mort – pour s’en
extraire et pour exister comme personne indépendante et déliée de l’autre,
ce qui permettrait la subjectivation. Il est incapable de déployer l’hostilité
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primaire contre l’environnement rejetant afin de réussir, grâce à la pulsion
d’autoconservation, à se protéger. Pour Freud, la haine est un marqueur
subjectif : « la haine sert le moi en lui permettant de se constituer ou de se
refaire éventuellement ; le moi persiste, persévère dans son être au moyen
d’une certaine haine »8. En dépit de la noirceur de sa personnalité et de la
violence de ce qu’elle lui fait endurer, le jeune garçon persiste à subir son
emprise plutôt que de la perdre. Il ne supporte pas plus son éloignement
que celui de sa mère quand il était petit : son absence est « mutilation ».
Sa relation à K est addictive et destructrice, l’enserrant dans une passivité
renouvelée et dans une dépendance qui s’inscrit dans son comportement
désocialisé et inhibé. Sa formule « Je n’ai rien à donner » (p. 19) illustre-
t-elle son incapacité à vivre une véritable relation d’objet basée sur la
reconnaissance de l’autre et la capacité d’échange et de don ?

PULSION DE CRUAUTÉ ET COMPULSION DE RÉPÉTITION

Enfant, il aurait voulu un chien fidèle et affectueux mais il ne lui est


attribué qu’un chat, indépendant et très peu attaché à lui, incapable de
combler ses immenses besoins d’affection ; il avait espéré trouver un
véritable compagnon qui aurait pu lui servir de partenaire, rejouant la
relation dyadique à la mère de façon plus appropriée et plus satisfaisante
pour lui. De fait, il déteste ce chat qu’il veut dominer et maîtriser. Quand
cet animal le griffe, dans « un geste absurde, zélé, irréfléchi… » (p. 84),
K rit à gorge déployée en se moquant de lui ; il en ressent une blessure
narcissique profonde et tient le chat pour responsable de son acte ; il se
sent probablement trahi une fois de plus. Face à cette attaque pourtant
minime, le jeune garçon réagit de façon disproportionnée, témoignage
d’une importante perturbation de l’ajustement relationnel : il le supprime
8. Assoun P.-L., Conférence « L’amour et la haine », ECPI, Paris, 20 mars 2007.
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dans un passage à l’acte impulsif et cruel, selon la loi du tout ou rien :


incapable de répondre à la demande du jeune garçon et donc inutile sur le
plan affectif, l’animal est mis à mort. Le héros se défausse de la
responsabilité de son acte affirmant son équivalence avec une mort
accidentelle : dans un processus de clivage, il se désapproprie son geste,
suggérant que le chat a pu s’enfuir. Notons que le fait de tuer des animaux
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est relevé par plusieurs auteurs comme une étape (de l’enfance ou de
l’adolescence) vers le stade du choix de la victime humaine, comme s’il
s’agissait d’une initiation ou d’un apprentissage de la cruauté (Zagury, 2002).
À quatorze ans, le jeune garçon est toujours incapable d’entretenir
une véritable relation avec Cousine K, qui de toute façon le méprise et le
tyrannise sans qu’il puisse se défaire de la formidable attraction qu’elle
exerce sur lui. Un jour, alors qu’elle l’insupporte volontairement par ses
cris, il la pousse dans le puits et rentre chez lui sans aucun regret. Le héros
occulte ensuite l’extrême brutalité de son passage à l’acte destructeur, bien
qu’il en connaisse les conséquences irréparables sur sa cousine devenue
infirme et démente. Il a pu se débarrasser sans pitié de cet objet
démoniaque qu’il était incapable de contrôler, faisant preuve d’une
destructivité froide et tranquille. Cette expulsion de l’objet, rayé de la carte
sans état d’âme, se trouve probablement liée aux blessures du passé, à la
détresse du premier abandon maternel, relayé par le comportement de
Cousine K. Grâce à une nouvelle opération de clivage, l’adolescent peut
continuer à vivre comme si K avait simplement décidé de partir ailleurs
sans qu’il n’y soit pour rien, comme si elle lui avait seulement « échappé »
(p. 95) : sa disparition est présentée comme un banal départ dont elle aurait
elle-même décidé l’occurrence. Tout le livre est pourtant scandé par la
douleur de son absence : on peut faire l’hypothèse que le fait d’être
maltraité par sa cousine lui donnait l’illusion de ne pas être totalement
abandonné, la relation masochique lui permettant d’échapper à la perte
d’objet d’amour… jusqu’à ce qu’elle devienne intolérable.
Plus tard, il ramène chez lui une jeune auto-stoppeuse chancelante
alors qu’elle lui demande de l’aide ayant été éjectée d’une voiture par son
conducteur à la nuit tombée. Dans un premier mouvement, le héros est
heureusement surpris qu’on le sollicite, mais il y répond dans un au-delà
qui va déstabiliser la jeune fille. Il l’héberge chez lui puis, dans une
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pulsion d’agrippement (manifestation de la pulsion d’emprise selon


P. Denis, 1997), la séquestre dans la chambre de son frère lui intimant
l’ordre de lui demander de l’aide pour qu’il se rende utile. Au terme de la
nuit, la jeune fille se rebiffe et se sauve ; mais il la rattrape, la frappe : elle
le traite de fou. Il ne peut supporter ce verdict autrefois prononcé par
Cousine K, probablement parce qu’il lui remémore sa souffrance passée.
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Alors se répend sur la jeune auto-stoppeuse toute sa douleur accumulée
dans un renversement de passivité en activité, de masochisme en
sadisme : la pulsion de meurtre s’active sans contrôle : sa main, son bras
la frappent frénétiquement. Il pense que la présence réelle de sa mère – qui
serait rentrée dans la nuit – aurait pu éviter le drame, preuve que ni l’image
maternelle ni l’instance tierce ne sont intériorisées. Le traumatisme
originaire du rejet maternel serait-il le fondement de cette pulsion de
meurtre, celle-ci reposant sur les pulsions de cruauté et de destruction
alors que la pulsion d’agression n’est pas directement liée à la pulsion
sexuelle9 ? Ou bien la vision du père mort aurait-elle été déterminante en
tant qu’« expérience de mort »10 traumatique ?
Quand le héros recueille la jeune fille, il met au point un scénario
particulier marqué par l’ambivalence où il est à la fois celui qui impose et
domine l’autre, et celui qui se place dans l’attente passive de sa demande.
Le scénario vise à la vérification que l’objet a besoin de lui, qu’il n’est pas
parti, qu’il n’est pas détruit, qu’il ne s’est pas échappé ni enfui, et
finalement qu’il ne l’a pas abandonné. Le jeune homme aurait aimé que
l’auto-stoppeuse, enfermée dans cette chambre, accepte d’être dépendante
de lui et le sollicite : il se serait empressé de la satisfaire, il se serait rendu
utile et indispensable en la soignant et en la servant d’une façon très
concrète. Il aurait adopté pour elle l’attitude oblative que sa mère n’avait
pu lui prodiguer. Peut-on penser qu’il construit une véritable scène
psychodramatique où l’auto-stoppeuse serait l’enfant et lui la mère,
cherchant à dépasser les vécus traumatiques auxquels il fut confronté pour
lutter contre son atteinte narcissique et restaurer une image positive de lui-
même ? Mais cela ne fonctionne pas comme prévu : encore une fois, le
héros se retrouve ni aimé, ni recherché, ni utile, mais stigmatisé dans son
9. Cupa, 2002, p. 1080.
10. Balier, 1992, p. 153.
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comportement déviant, et son angoisse culmine dans un acte meurtrier


aussi inutile qu’immotivé par rapport à la jeune fille. Il décide qu’elle ne
partira pas, ou du moins qu’elle ne partira pas comme sa mère qui se
détourne de lui, ni comme Cousine K qui le méprise et le dénigre. Elle est
sous son emprise, dominée et appropriée, il s’agit d’un objet contrôlé,
mais aussi nié, et bientôt néantisé – ce qui apparaît comme le stade ultime
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de l’emprise. Le meurtre est un triomphe sur l’objet, moment de puissance
sans pareil, même si le résultat s’avère être sa disparition. Il s’actualise
dans une tentative de contrer la déréliction, l’humiliation et le sentiment
de non-existence ressentis dans l’enfance, tentative inadaptée car elle se
rapporte à un objet innocent, tentative inappropriée car le sentiment de
domination reste lié au corporel et non symbolisé, tentative pourtant
recherchée parce qu’elle fait vivre au sujet un moment orgastique
semblable à celui de la relation duelle primitive à la mère (Dorey, 1988).
Le héros est conscient de la gravité de ses passages à l’acte (tenter
de tuer sa cousine, tuer son chat et l’auto-stoppeuse) mais il n’en est
nullement affecté ni culpabilisé ; il banalise ses gestes, s’estimant content
du résultat à son avis mérité. Ses trois actes agressifs semblent se dérouler
selon un processus similaire : leur point de départ est le sentiment d’être
rejeté et non aimé, déprécié et humilié et, dans les trois cas, le héros est
profondément blessé par ces êtres qui lui font revivre l’extrême détresse
connue dans sa relation avec sa mère. Chacun des trois a une
ressemblance avec cette figure primordiale : le chat donné par sa famille
comme animal de compagnie ; Cousine K, fillette séductrice et rejetante
comme sa mère ; l’auto-stoppeuse comme jeune fille emblématique des
mères et des femmes désirées et inaccessibles. À chaque fois, la haine et
le rejet amènent chez lui la réouverture de la blessure narcissique
provoquant une tension pulsionnelle vive et incontrôlable, infiltrée de
mécanismes primaires. Même si les transgressions peuvent alors être
reconnues, la culpabilité ne semble pas éprouvée, signant la défaillance de
la vie surmoïque. D’ailleurs, seul le fait d’avoir été incapable d’éveiller ou
de réveiller l’amour maternel qui pouvait pourtant se déverser sur son
frère et sur Cousine K lui fait éprouver un sentiment de honte et l’entraîne
à rechercher les fautes qu’il aurait pu commettre.
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COUSINE K DE YASMINA KHADRA 475

Les frustrations précoces, en confrontant le héros à l’intensité des


forces de rejet et de néantisation, amènent « un traumatisme
désorganisateur précoce » (Zagury, 2002) relayé par le traumatisme du
père assassiné et le vécu d’une relation perverse avec la terrible
Cousine K ; cela entraîne la violence pulsionnelle et l’émergence précoce
d’une pulsion de cruauté, d’autant qu’aucun adulte substitutif ne peut
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exercer un soutien affectif ni servir de modèle identificatoire plus
satisfaisant pour l’enfant. Il est alors soumis à la perversion, vue comme
déviance par rapport à la résolution normale du choix d’objet, comme
incapacité à entrer en relation avec l’objet en tant que personne dans son
entièreté, et le livrant aux pulsions partielles et au clivage du moi comme
« déni (forclusion) de l’altérité » (Gutton, 2006). L’autre est utilisé mais
non reconnu dans son identité, comme semblable à soi : le héros souffre
d’une perte de la capacité « à sentir l’identification narcissique qui unit à
l’autre » (Roussillon, 2002). Il inflige à l’autre une relation d’emprise, une
souffrance : il en retire un gain libidinal qui augmente sa toute-puissance
pouvant le mener à un sentiment d’exultation du moi. Le passage à l’acte
criminel est alors une mise en scène où l’objet sert à rejouer le passé, à se
libérer du passé, sur le mode de la répétition et de la vengeance. Il peut y
avoir inversion de la passivité en activité, des places du sujet et de l’objet,
de l’objet rejetant (mère) et du sujet rejeté (enfant) ; un objet (auto-
stoppeuse) peut prendre la place de celui du passé qui a été défaillant et/ou
malveillant (mère, Cousine K), il peut être attaqué, violé ou tué alors que
la mère reste pour le sujet presque constamment idéalisée. Le scénario-
acte intervient parfois au terme de l’échec d’une tentative de restauration
par l’intermédiaire de relations inconsciemment recherchées pour leur
impact thérapeutique (vivre une relation satisfaisante avec l’autre ou
revivre la douleur du passé pour la dépasser). Si les trois rencontres avec
le chat, la Cousine K et l’auto-stoppeuse avaient pu être différentes et
notamment de meilleure qualité pour le héros, lui permettant de
compenser certaines souffrances infantiles, son destin en aurait peut-être
été modifié. Mais ces protagonistes réagissent selon leur propre
personnalité et non en tant que thérapeutes : le chat ne supporte pas plus
la domination et la maîtrise que l’auto-stoppeuse ; Cousine K déteste ce
garçon collant et sans personnalité, tout en l’utilisant comme souffre-
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476 CHRISTINE CONDAMIN

douleur. Aussi le héros reste-t-il prisonnier « […] d’une compulsion de


répétition émanant des motions pulsionnelles, qui dépend sans doute de la
nature intime des pulsions elles-mêmes, qui est assez forte pour se placer
au-delà du principe de plaisir, […] »11. Après une période d’apprentissage
adolescente, les passages à l’acte destructeurs se révèlent de plus en plus
cruels jusqu’au crime.
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Peu de thérapeutes sont parvenus à témoigner d’une relation qui ait
pu aider le sujet pervers criminel à élaborer son vécu précoce traumatique
de sévices et de rejet, pour émerger d’une haine aussi désorganisatrice.
C’est parfois le cadre de la prison, constituant une enveloppe protectrice
susceptible de limiter les débordements pulsionnels, et la présence en ce
lieu de psychanalystes (Delocque-Foulard, 2000) particulièrement
charismatiques qui pourront mener certains sujets à sortir de leur
désorganisation psychique en restaurant la subjectivation et les processus
donnant accès à la représentation (Balier, 1996) ; mais ceux-ci ne pourront
faire l’économie d’un retour sur un « effondrement narcissique » et sur un
état de « détresse » (Balier, 1996) initial exhumant avec douleur un passé
infantile traumatique mais largement clivé. Encore faut-il que les
analystes puissent à la fois être capables de « partage affectif » (Parat,
1995) et, comme M. Klein (1952) et S. Ferenczi (1932) le signalaient
notamment, de supporter et « vivre la haine, l’angoisse et le soupçon qui,
dans les premiers stades de la vie, étaient liés aux aspects effrayants et
dangereux des parents » (Klein, 1952) dans une relation transférentielle
qui peut s’avérer particulièrement négative et destructrice.

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Christine Condamin
Université de Picardie Jules Verne
UFR de Philosophie, Sciences Humaines et Sociales
Campus, Chemin du Thil
80025 Amiens Cedex, France
chcondamin@wanadoo.fr

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