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C-DT1897F.

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Programme

«Approvisionnement et distribution alimentaires des villes»

Collection «Aliments dans les villes»

Guide pratique de lÕapproche fili•re.


Le cas de lÕapprovisionnement
et de la distribution des produits alimentaires
dans les villes

Noëlle Terpend
DT/18-97F

1997
Copertina interna F 97.qxd 12-09-1998 16:23 Page 1 (1,1)

Les appellations employées dans ce document et la présentation des don-


nées qui y figurent n'impliquent de la part de l'Organisation des Nations Unies
pour l'alimentation et l'agriculture aucune prise de position quant au statut
juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant
au tracé de leurs frontières ou limites.

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Rédacteur en chef
Revue et Collection «Aliments dans les villes»
Service de la commercialisation et des financements ruraux (AGSM)
FAO
Viale delle Terme di Caracalla
00100 Rome, Italie
Télécopies: (+39 6) 5705 6850 - 5705 4961
Adresse électronique: sadaseries@fao.org

www.fao.org/ag/sada.htm

© FAO 1997
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Présentation de l’auteur

Noëlle Terpend est française et travaille sur la commercialisation des produits agricoles africains depuis 1979.
Elle a démarré sa carrière en publiant des études sur les filières des produits de rente (haricots verts, coton, café,
cacao, huile de palme, karité, etc.) puis elle l’a poursuivie en travaillant sur les produits vivriers de Guinée, du Mali
et actuellement du Burkina Faso. Elle a également réalisé quelques études en Asie et en Amérique Latine.

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Table des matières

Liste des sigles et des abréviations iv


Liste des tableaux v

1 - Introduction 1

1.1 - L’historique et les perceptions de l’approche filière 1


1.2 - Le guide pratique 1

2 - Définition et rôle d’une étude de filière 2

2.1 - La définition 2
2.2 - Le rôle 2
2.2.1 - En général 2
2.2.2 - Les SADA des villes 3
2.3 - Les produits et les secteurs concernés 3

3 - Organisation d’une étude de filière de produit agricole 4

3.1 - La délimitation de la filière étudiée 4


3.1.1 - L’ampleur de la filière globale en fonction des produits agricoles retenus 4
3.1.2 - L’ampleur retenue de la filière 4
3.2 - La collecte de l’information 5
3.2.1 - L’information bibliographique 5
3.2.2 - L’information sur le terrain 6
3.2.2.1 - L’interview 8
3.2.2.2 - La visite de terrain 8
3.3 - L’analyse de l’information 8
3.3.1 - L’analyse fonctionnelle 9
3.3.1.1 - La fonction et le rôle de chacun des agents de la filière 9
3.3.1.2 - La fonction et le rôle de chacun des circuits étudiés 9
3.3.2 - L’analyse géographique et analyse des flux 9
3.3.2.1 - La situation de la filière dans un contexte géographique 9
3.3.2.2 - La situation de la filière l’organisation des flux 10
3.3.3 - L’analyse commerciale 10
3.3.3.1 - Les transactions 10
3.3.3.2 - L’organisation des marchés 10
3.3.3.3 - Le comportement des opérateurs 10
3.3.3.4 - La fixation des prix 12
3.3.3.5 - La concurrence 12
3.3.3.6 - L’adaptation des produits aux besoins des consommateurs 12
3.3.4 - L’analyse organisationnelle 12
3.3.4.1 - L’organisation générale de la filière 12
3.3.4.2 - L’organisation de sous-système spécifiques 13
3.3.5 - L’analyse économique et financière 13
3.3.5.1 - Le coût de la filière 14
3.3.5.2 - La rentabilité financière de la filière 14
3.3.5.3 - La rentabilité économique 15
3.3.5.4 - La transparence des prix 15
3.3.5.5 - L’innovation technique 15

iii
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3.3.6 - L’analyse politique 15


3.3.6.1 - Le niveau d’insertion de la filière dans une politique d’État existante 15
3.3.6.2 - L’attitude du Gouvernement vis-à-vis de la filière 16
3.3.6.3 - La mise en place ou non de réglementations et le niveau
de volonté d’application des règles 16
3.3.7 - L’analyse sociologique 16
3.4 - La formulation d’un diagnostic 17
3.4.1 - La mise en évidence du diagnostic fait par les différents acteurs 17
3.4.2 - La formulation d’un diagnostic final 17
3.5 - Recommandations 17
3.5.1 - La hiérarchisation des contraintes 17
3.5.2 - Quelques conseils 18

4 - Exemple: étude de la filière fruits et légumes au Mali 19

4.1 - Les objectifs de l’étude et la description rapide d’une filière 19


4.1.1 - Les objectifs de l’étude 19
4.1.2 - La description rapide de la filière d’exportation
de la pomme de terre produite au Mali 19
4.1.2.1 - La production: lieu de production, quantités produites et organisation 19
4.1.2.2 - La commercialisation et l’exportation de la pomme de terre 19
4.1.2.3 - Le marché ivoirien 20
4.1.2.4 - L’image de la pomme de terre du Mali 20
4.1.2.5 - L’évolution du prix sur le marché d’Abidjan et la rentabilité de la filière 20
4.1.2.6 - Les organismes d’encadrement 20

Annexe 1
1 - Questionnaire pour les négociants en pomme de terre 22
2 - Questionnaire pour les organismes d’encadrement 22

Annexe 2
1 - L’organisation du temps de l’étude 24
2 - Les differents types d’analyses menées 24
3 - Les difficultés rencontrées pour mener une telle étude 25

Notes de bas de page 26

Bibliographie 26

Liste des sigles et des abréviations

CFDT Compagnie française de développement textile


CPS Cellule de planification et statistiques
INRA Institut national de la recherche agronomique
LPDA Lettres de politique de développement agricole
OMBEVI Organisation malienne du bétail et de la viande
PPPC Programme de pilotage de la politique céréalière
PREA Programme de relance des exportations agricoles
SADA Systèmes d’approvisionnement et de distribution alimentaires
SDSDR Schéma directeur du secteur développement rural
SIM Service d’informations de marché

iv Guide pratique de l’approche filière


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Liste des tableaux

1 Coût du transport de la pomme de terre Sikasso/Abidjan (septembre 1995) 5


2 Différentiel du prix du café en Côte d’Ivoire (1984-86) 7
3 Matrice des difficultés 11

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1 - Introduction

1.1 - L’historique et les perceptions de l’approche filière

L’approche filière est relativement récente dans l’étude économique. C’est dans la deuxième moitié des
années 70 que ce type d’analyse a commencé à percer dans les milieux d’économie agricole1. Utilisé
en France d’abord pour traiter des problèmes d’économie industrielle, le concept d’analyse de filière a
été transposé dans le domaine agricole, puis aux projets d’aide aux pays en développement.

Les débats entre chercheurs francophones et anglophones, de même que les rencontres entre
bailleurs de fonds, principalement entre la Banque mondiale et les organisations françaises (Ministère
de la coopération, Caisse française de développement) relèvent d’importantes divergences dans l’util-
isation du terme «filière», resté intraduisible en anglais2.

Généralement, les experts de la Banque mondiale voient dans la notion de filière la justification d’une
organisation des échanges de type monopolistique avec intervention de l’État. Cette vision est liée à
l’existence, en Afrique francophone, de grandes entreprises publiques chargées de l’appui aux pro-
ducteurs et de la commercialisation des produits, par exemple: les sociétés cotonnières qui ont repris
le schéma organisationnel de la Compagnie française de développement textile (CFDT), les filières de
production et de transformation de l’huile de palme en Côte d’Ivoire avec Palmindustrie ou les filières
du café et du cacao en Côte d’Ivoire et au Cameroun avec les Caisses de stabilisation. Des formes
équivalentes ont existé en Afrique anglophone avec les Marketing Board pour le café, le coton, le
cacao ou le thé.

A cette vision s’oppose celle des économistes, spécialistes de l’analyse de filière, pour qui la filière
n’est rien de plus qu’un concept d’analyse; ce n’est donc pas un type d’organisation.

Lorsqu’on parle de filière, les anglo-saxons parlent de marché; le malentendu est donc important. Une
filière peut, certes, être analysée comme une suite de marchés que l’on isole de l’ensemble général du
marché pour des raisons d’analyse, mais parler uniquement de marché pour décrire la complexité des
circuits d’échanges et des relations qui s’y attachent risque de faire oublier des faits importants pour
l’analyse3.

Actuellement, ce type d’analyse est de plus en plus utilisé même dans les milieux anglophones.

1.2 - Le guide pratique

Pour engager une étude de filière, une certaine méthodologie est nécessaire pour apporter une
analyse aussi exhaustive que possible de l’organisation économique du produit étudié. Ce document
se propose de présenter une méthodologie basée sur une pratique régulière de l’étude de filière par
l’auteur, tant sur les produits de rente que sur les produits vivriers.

Ce guide pratique aura pour rôle d’aider les personnes qui veulent s’engager sur le terrain de l’analyse
de filière à s’informer et analyser tous les aspects importants ayant une influence sur le produit.

Ce document étant rédigé dans le cadre des systèmes d’approvisionnement et de distribution alimen-
taires (SADA) des villes, cette méthodologie fera constamment référence à ce domaine de manière à
présenter des situations les plus proches possibles des lecteurs de ce document.

1
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2 - Définition et rôle d’une étude de filière

2.1 - La définition

L’analyse économique par filière, c’est l’analyse de l’organisation, à la fois sur un plan linéaire et com-
plémentaire, du système économique d’un produit ou d’un groupe de produits; C’est l’analyse de la
succession d’actions menées par des acteurs pour produire, transformer, vendre et consommer un pro-
duit. Ce produit peut être indifféremment agricole, industriel, artistique, informatique, etc.

Ces actions, menées successivement, parallèlement ou complémentairement, peuvent se découper en


grands ensembles ou systèmes comme: la production, la transformation, la commercialisation, la con-
sommation. Chacun de ces ensembles englobe une série d’actions plus ou moins importantes qui per-
mettent de passer d’un ensemble à l’autre, dans une suite logique d’interventions; on parle ainsi d’ac-
tions situées à l’amont ou à l’aval de la filière. Ces ensembles peuvent, eux-mêmes, se décomposer
en sous-ensembles.

Ci-dessous sont présentés les grands ensembles qui composent une filière de produit agricole. Tous
ne sont pas présent dans chaque filière. D’autre part, si l’on prend une filière industrielle (par exemple
la fabrication d’une voiture ou d’un médicament), d’autres ensembles existent comme la conception, la
recherche, etc.

L’étude de filière est une analyse très précise de tout un système généré par un produit. C’est une
étude exhaustive de tous ceux qui interviennent dans la filière, de leur environnement, des actions qui
sont menées et des mécanismes qui ont abouti à de telles actions.

2.2 - Le rôle

2.2.1 - En général

L’étude de filière permet de connaître d’une manière approfondie les tenants et les aboutissants de tout
l’environnement d’un produit. Elle permet de mettre en évidence:

• les points forts et les points faibles du système et, à partir de là, d’établir précisément les politiques
et les actions à mener pour renforcer les aspects positifs et faire disparaître les contraintes;

• les acteurs qui interviennent d’une manière directe ou indirecte dans le système;

• les synergies, les effets externes, les relations de coopération et/ou d’influence ainsi que les noeuds
stratégiques dont la maîtrise assure la domination par certains agents;

• les goulets d’étranglement et les liaisons intersectorielles;

• le degré de concurrence et de transparence des différents niveaux d’échanges;

• la progression des coûts action par action afin de déterminer la formation du prix final. A partir de là,
elle permet une analyse comptable du système et un calcul de la rentabilité. C’est un outil de bilan
financier global et/ou partiel d’un produit.

L’étude de filière n’est pas uniquement économique, au sens strict du mot, ou comptable; elle est aussi
géographique, politique, sociologique. Beaucoup de facteurs interviennent sur la vie d’un produit, de
sa phase initiale (conception-production) à sa phase terminale (consommation).

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2.2.2 - Les SADA des villes

Dans le cadre des SADA, l’étude de filière a le même rôle général qui a été défini précédemment. Dans
le détail, elle va permettre:

• d’identifier chaque intervenant de la filière, qu’il soit privé ou public (producteur, commerçant ou fonc-
tionnaire), et de spécifier son rôle et ses obligations;

• au niveau des marchés urbains, d’identifier le rôle de chaque marché (gros, détail, spéciali-sation) et
son organisation spatiale, administrative, commerciale-é-co---no-mique, so-ciale etc.;

• d’identifier les produits qui sont vendus sur ces marchés et leur circuit de vente jusqu’au consomma-
teur;

• de situer chacun de ces marchés par rapport à sa zone d’approvisionnement géographique


(nationale, régionale ou internationale), et d’analyser les liens historiques de ces marchés avec ces
zones d’approvisionnement;

• de cerner le type de consommateur qui s’approvisionne sur chacun de ces marchés (ses habitudes
alimentaires, son niveau de vie, le nombre moyen de personne/famille, etc.);

• de connaître l’origine et l’organisation commerciale des commerçants qui approvisionnent ces


marchés et les problèmes qui se posent à leur niveau;

• d’analyser le système de financement de toutes ces filières (prêt entre commerçants, autofinance-
ment, crédit auprès des banques commerciales);

• d’analyser le système de formation des prix des produits (depuis le producteur) et de savoir si le
niveau de vie du consommateur a un impact sur ces prix;

• d’analyser le degré de concurrence qui existe dans les échanges;

• d’identifier les différentes administrations (provinciales, nationales et communales) qui ont un rôle à
jouer dans le SADA et d’analyser leur politique et leur niveau de concertation;

• d’analyser la gestion administrative des marchés, d’identifier et d’analyser la politique de dévelop-


pement appliquée par les instances communales;

• d’analyser la politique sanitaire et sécuritaire de ces marchés, etc.

L’analyse de filière doit permettre de faire une analyse exhaustive de l’ensemble des SADA.

2.3 - Les produits et les secteurs concernés

Une étude de filière peut s’adapter aux trois grands secteurs économiques: agricole, industriel, ser-
vices. Les produits concernés sont de toute nature: agricole, intellectuelle, industrielle, artisanale, artis-
tique, etc.

Jusqu’à présent, la plupart des études de filières se sont faites sur des produits agricoles ou industriels.

3
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3 - Organisation d’une étude de filière de produits agricoles

3.1 - La délimitation de la filière étudiée

Cette phase consiste à définir précisément les produits à étudier (matière première ou produits finis),
à délimiter sur le plan vertical (hauteur), horizontal (largeur) et en volume (épaisseur) l’étendue de la
filière et à préciser les espaces géographique et temporel sur lesquels la filière va être décrite4.

Le principe de la filière veut qu’il y ait une progression verticale d’un produit. Cependant, une analyse
horizontale doit souvent être envisagée pour étudier l’environnement et le rôle de tous les intervenants
sur une action précise, c’est-à-dire ceux qui ont une action directe (comme les producteurs, les com-
merçants, les transformateurs, etc.), et ceux qui ont une action plus éloignée (banques, ONG, projet,
ministères, etc.). D’autre part, le degré de précision et/ou de profondeur dans l’information obtenue à
chaque stade de la filière permet de délimiter son «épaisseur» (étude approfondie de la manière de
travailler des commerçants avec description des autres activités qu’il assure, la charge familiale qu’il a
et qui expliquera l’utilisation de ses bénéfices, ou bien analyse de l’environnement uniquement nation-
al, régional ou international du produit, etc.).

3.1.1 - L’ampleur de la filière globale en fonction des produits agricoles retenus

Il y a plusieurs types de matières premières produites-commercialisées-consommées. Tout d’abord, les


deux grands types habituellement retenus sont les produits de rente (exportés) et les produits vivriers
(en général consommés dans le village et plus largement dans le pays). A ces deux catégories, il faut
ajouter une autre classification: les produits bruts, semi-transformés et transformés. Cependant, tout
produit sera transformé avant de finir chez le consommateur final.

Lorsqu’on se lance dans une étude de filière, il est important d’avoir une vision claire de ces cinq caté-
gories pour bien maîtriser la hauteur totale (ou longueur) de la filière (productionÆconsommation
finale). Il est bien évident que la filière d’un produit vivrier brut ou semi-transformé comme le mil ou le
sorgho sera particulièrement courte puisqu’il n’y aura pas de transformation industrielle du produit et
que celui-ci sera consommé localement (villages, villes et capitale du pays). Par contre, une étude de
la filière du coton sera beaucoup plus longue car il y aura plusieurs niveaux de transformation
(égrenage, filature, tissage, teinture, confection pour la fibre plus broyage et raffinage pour la graine),
la vente sur les marchés internationaux et un consommateur final beaucoup plus disparate et exigeant
que le consommateur de mil.

3.1.2 - L’ampleur retenue de la filière

L’ampleur de la filière étudiée sera déterminée:

• tout d’abord par les questions auxquelles l’expert doit apporter des réponses grâce à l’analyse de fil-
ière. En général, à l’origine de chaque étude, il y a des termes de référence qui permettent de cadr-
er les recherches de l’étude. Ces termes de référence sont très importants pour délimiter le niveau
de la filière à étudier;

• par le type de produit retenu. Si l’on prend l’exemple des filières des produits entrant dans l’approvi-
sionnement des villes en produits alimentaires, on va trouver des produits bruts, semi-transformés et
transformés. Chacun de ces produits aura une filière plus ou moins longue selon son stade de trans-
formation.

Tout cela doit être perçu avant de démarrer l’étude de filière.

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3.2 - La collecte de l’information

Une étude de filière doit se faire à partir d’une information précise et détaillée pour chaque stade de la
filière considérée. Cette information peut venir de différentes sources dont les deux principales sont:
l’information bibliographique et l’information obtenue sur le terrain.

3.2.1 - L’information bibliographique

Selon le produit et l’ampleur retenue de la filière, l’expert en charge de l’étude doit déterminer les
organismes ou les entreprises auprès desquels il trouvera des documents qui lui seront utiles. Pour le
cas d’un produit agricole, il y a quatre sources principales d’informations bibliographiques:

• le secteur public avec entre autres:


- les Ministères concernés (agriculture, commerce, plan, finance) qui ont tous des statistiques, des
documents portant sur la réglementation des activités qui les concernent, des études sectorielles ou
par activités, etc.;
- il y a aussi les centres de recherches, les entreprises publiques, les chambres d’agriculture et de
commerce, etc.;

• le secteur privé qui, pour certains produits, a des entreprises suffisamment bien équipées en études
diverses sur le produit étudié (CMDT ou Huicoma au Mali, Palmindustrie et CIDT en Côte d’Ivoire,
Sofitex au Burkina Faso, etc.). Les associations professionnelles sont également à prospecter. Il y a

Tableau 1: Coût du transport de la pomme de terre Sikasso/Abidjan (septembre 1995)

Éléments de coûts Prix global Prix ramené % Ramené


à l’unité, FCFA au prix vente

Achat de 40 tonnes à 150 FCFA/kg 6.000.000 150 /kg 60%

Frais d’acheminement au Mali 373.250 9,33 /kg 4%


- Location camion de 30 tonnes 300.000 1 /sac
- Frais de manutention 30.750 50 /sac
- Frais phytosanitaires Mali 2.500
- EMACI 10.000
- Frais de route Sikasso/Zégoua 15.000
- Douane de Zégoua (taxe illicite) 15.000

Frais d’acheminement en C. Ivoire 547.500 13,70 /kg 5%


- Douane de Pogo (taxe illicite) 450.000 15 /kg
- Frais phytosanitaires 2.500
- Convoyage Pogo/Abidjan 95.000 2,37 /kg

Total frais d’acheminement 920.750 23 /kg


Prix de revient Abidjan 6.920.750 173 /kg
Marge brute négociant 3.079.250 77 /kg 31%
Prix de vente Abidjan 10.000.000 250 /kg 100%

Source: Filière Fruits et Légumes au Mali - Noëlle Terpend - AGSM-FAO - 1995

5
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en plus tout un ensemble de sociétés qui interviennent comme sociétés de service, tels que les tran-
sitaires, les banques, les transporteurs, etc.;

• les bailleurs de fonds qui tous plus ou moins ont eu ou ont encore des projets concernant le produit
étudié. Ces projets ont généré un certain nombre de rapports (faisabilité, missions d’exécution) dans
lesquels on peut trouver beaucoup d’informations;

• les ONG qui, comme les bailleurs de fonds, ont travaillé sur le produit étudié et qui possèdent le
même type de rapport.

Cette recherche documentaire est souvent menée de pair avec la recherche sur le terrain: lorsqu’un
rendez-vous est pris chez un de ces fournisseurs d’information, l’expert ob-tien-dra à la fois des ren-
seignements de vive voix grâce à une interview des responsables et la documentation écrite qui existe
sur ce sujet.

3.2.2 - L’information sur le terrain

L’information sur le terrain est sans aucun doute la plus importante à obtenir car elle permet de bien
comprendre les tenants et les aboutissants de la filière étudiée. Elle permet de vérifier et d’actualiser
les informations bibliographiques et surtout d’aller plus en profondeur dans la compréhension, à un
stade donné de la filière.

Cette information s’obtient en rencontrant tous les acteurs de la filière étudiée, qu’ils soient directement
actifs dans la filière comme les producteurs, les commerçants, les transformateurs, les transporteurs
ou les consommateurs, semi-actifs comme les banquiers, les administrations, ou en retrait comme les
bailleurs de fonds ou les ONG.

Pour collecter cette information, deux possibilités complémentaires sont offertes à l’expert: l’interview
et la visite de terrain.

6 Guide pratique de l’approche filière


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Tableau 2: Différentiel du prix du café en Côte d’Ivoire (1984/85)

Stade de commercialisation Prix à la tonne


Détaillés Globaux

Prix au producteur 190.000

- Frais de ramassage 13.042


- Manutention et entreposage 1.095
- Rémunération 1.375
- Transport cerises PM
- Sacherie 1.020
Total 1 16.532

Valeur cerises entrée usine 206.532

Equivalent café vert (53%) 389.683

- Financement achat intérieur 4.059


- Décortiquerie 29.695
- Triage 5.663
- Transport tout venant PM
- Entrée magasin 629
- Loyer magasin PM
- Frais de calibrage 4.809
- Sacherie neuve 12.034
- Frais généraux 2.747
- Tiers détention 1.225
- Assurance intérieure 903
- Frais de financement PM
Total 2 61.764

Valeur loco magasin 451.447

- Sortie magasin 629


- Commission de transit 1.446
- Camionage à quai 2.906
Total 3 4.981

Valeur à quai 456.428

- Douane 80.500
- Taxe de port 609
- Acconage 2.769
- Crédit enlèvement 161
- Rémunération exportateur 2.850
Total 4 86.889

Valeur FOB 543.317

Source: Caisse de stabilisation dans Le café en Côte d’Ivoire de Noëlle Terpend7

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3.2.2.1 - L’interview

L’interview nécessite une bonne organisation; l’expert doit tout d’abord:

• sélectionner les acteurs de la filière qu’il veut rencontrer. Cette sélection n’est pas trop difficile à
effectuer à partir du moment où il aura déjà pris connaissance des informations statistiques et docu-
mentaires disponibles. En général, les personnes à interviewer se trouvent dans les différentes
organismes cités plus haut pour la recherche documentaire. L’accent sera cependant mis sur le
secteur privé dont les opéra-teurs économiques forment la base pratique de la filière;

• rédiger les questionnaires. Cette phase est très importante car ces questionnaires permettent de bien
délimiter les informations à obtenir pendant la rencontre. Il semble que dans le cadre d’une étude de
filière, les questions doivent rester très ouvertes de manière à capter le maximum d’informations. Si
l’interviewé commence à parler d’un sujet non prévu dans le cadre du questionnaire et que celui-ci
entre pleinement dans l’intérêt de l’étude, il faut savoir rapidement improviser des questions qui per-
mettront de cerner ce nouveau sujet. Ces questionnaires seront différents selon les types d’acteurs
interviewés. Il faut donc préparer au moins un questionnaire par type d’acteur;

• organiser les rencontres, c’est-à-dire prendre les rendez-vous nécessaires. Dans le cadre de ces
prises de rendez-vous, l’expert doit présenter son étude de manière à ce que l’interviewé sente qu’il
peut lui-même trouver de l’intérêt à cette rencontre. Cette réflexion est importante surtout pour les
interviews concernant les opérateurs privés de la filière. En effet, les opérateurs économiques sont
parfois lassés de toutes les informations qu’ils donnent et du temps qu’ils passent avec les experts
mais qui ne leur apportent finalement aucune amélioration dans leur travail.

3.2.2.2 - La visite de terrain

La visite de terrain apporte une information très pratique à l’expert chargé d’analyser un système. Il
constate visuellement l’organisation et les problèmes rencontrés par l’acteur visité. Ainsi une visite sur
des périmètres maraîchers permet de visualiser le système d’irrigation et de voir les problèmes qu’il
génère, la visite d’une usine d’égrenage du coton permet de mieux comprendre la nécessité d’un
approvisionnement régulier, mais dosé, de l’usine afin d’éviter le stockage trop long et l’encombrement
des machines, la visite d’un poste frontalier permet de mieux percevoir la difficulté d’avoir des statis-
tiques fiables à l’importation et l’exportation des produits;

• d’autre part, cette visite permet de rencontrer des acteurs qu’il aurait été impossible de rencontrer en-
dehors de leur lieux de travail. Des discussions impromptues peuvent ainsi être engagée avec des
techniciens, des producteurs, des femmes com-merçantes ou transformatrices, etc.;

• le choix des sites à visiter doit être soigneusement préparé en fonction de l’importance des acteurs
à rencontrer et des systèmes à analyser.

L’apport de la visite de terrain est important pour la bonne compréhension de la filière par l’ex-pert et
pour son analyse à partir de réalités constatées par lui-même.

3.3 - L’analyse de l’information

L’analyse des informations obtenues doit se faire à plusieurs niveaux. Comme il a été dit dans le sous-
chapitre 2.2, l’étude de filière permet d’analyser plusieurs strates d’informations: les fonctions, les
aspects géographiques, commerciaux, organi-sation-nels, éco-no-miques et financiers, politiques et
sociaux. Elle permet de mettre en évi-dence les synergies, les relations de coopération et/ou d’influ-
ence, les noeuds straté-gi-ques, les lieux de pouvoir et de décision, les goulets d’étranglement et les
liaisons inter-sec-torielles, ainsi que la progression des coûts. Tout ceci doit apparaître dans l’analyse
de filière, ce qui veut dire que les questionnaires et les informations recherchées doivent permettre de
faire ce type d’analyse.

8 Guide pratique de l’approche filière


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3.3.1 - L’analyse fonctionnelle

3.3.1.1 - La fonction et le rôle de chacun des agents de la filière

Le consultant doit décrire et analyser le rôle de chacun des acteurs qui entre dans la filière qu’il étudie,
que ce soit des acteurs directs ou indirects et selon le degré de précision qu’il s’est fixé pour répondre
aux termes de références.

Cette description et cette analyse doivent partir de:

• la manière dont l’acteur décrit son rôle et son action dans la filière et l’appréciation qu’il a de sa situ-
ation au sein de celle-ci. Il est parfois important de savoir comment l’acteur visualise la filière, et sa
position et son importance dans la filière;

• la manière dont les autres acteurs perçoivent cet acteur-là dans le cadre de leurs activités: il faut alors
analyser les relations et les échanges.

C’est à partir de cet ensemble d’informations que le rôle de chaque acteur pourra être bien
appréhendé. Par exemple, dans le cadre des SADA, pour bien comprendre le rôle des grossistes sur
les marchés, il faut non seulement avoir l’avis du grossiste lui-même, mais aussi ceux du fournisseur
qui vient de l’extérieur du marché et du détaillant qui s’approvisionne auprès du grossiste. Il est aussi
important d’avoir l’avis de l’Administration et des banques.

3.3.1.2 - La fonction et le rôle de chacun des circuits étudiés

La filière étudiée est composée d’ensembles et de sous-ensembles (chapitre 2). Chacun d’en-tre eux
a son rôle dans la filière et une organisation spécifique. Ce rôle et cette organi-sation doivent être
décrits plus ou moins minutieusement en fonction des besoins de l’étude.

Dans le cadre des SADA, par exemple, si l’on aborde l’ensemble «approvisionnement», il faut que
chaque circuit d’approvisionnement de produits arrivant sur le marché soit décrit avec ses acteurs, ses
problèmes, son importance. Lorsqu’on aborde l’ensemble «distribution», par exemple, il faut expliquer
le rôle de cet ensemble dans l’appro-visionne-ment des villes, analyser le circuit pris par les produits,
les acteurs, les problèmes, le finan-cement, etc.

3.3.2 - L’analyse géographique et l’analyse des flux

3.3.2.1 - La situation de la filière dans un contexte géographique

Situer la filière étudiée dans un contexte spatial est très important car cela permet à l’expert de mieux
comprendre certains avantages et certains problèmes qui en découlent. Lorsque la filière du produit
est longue, il y a beaucoup de chance pour que les problèmes soient également multipliés, ainsi que
les coûts et le nombre des acteurs. Mais il peut y avoir des intérêts à l’existence de cette filière: la pro-
duction ne peut être effectuée que dans une zone précise mais éloignée des centres de consomma-
tion, de transformation ou d’expédition; la main-d’oeuvre est moins chère que proche des centres de
consommation; le climat est particulièrement adapté à la production de ce produit, etc.

Dans le cadre des SADA, la situation géographique des lieux d’approvisionnement a une influence
directe sur le prix et la qualité des produits. Une production de tomates située dans la périphérie de la
ville sera beaucoup plus rentable pour son producteur et les prix de vente pourront être plus faibles
que des tomates provenant d’un périmètre maraîcher situé à 300 km de la ville. D’autre part, le niveau
de perte sera très inférieur à celui des tomates provenant d’un lieu éloigné; la qualité du produit sera
également différente: l’un sera frais et brillant, l’autre sera flétri et terne après plusieurs heures ou jours
de voyage. Dans ce cas, les problèmes des deux filières d’approvisionnement ne seront pas les
mêmes et les solutions pour y remédier mettront en oeuvre des coûts et des moyens très différents.

9
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3.3.2.2 - La situation de la filière dans l’organisation des flux

L’organisation de la filière dépend de l’organisation des flux des produits. En effet, dans la plupart des
pays de l’Afrique de l’Ouest, les échanges s’organisent dans le cadre de marchés hebdomadaires. Sur
une région, province ou département, chaque jour de la semaine correspond à un marché dans un vil-
lage précis. Les commerçants organisent généralement leur travail en fonction de ces jours de marché.
Le circuit d’un produit peut donc dépendre en partie du calendrier de ces marchés: par exemple, en
Guinée, des commerçantes partent de Macenta le jeudi pour assister au marché de Koïma le vendre-
di, puis repartent pour le marché d’Irié qui se tient le samedi et assistent au marché de Sérédou le
dimanche pour retourner à leur domicile dans la soirée et présenter leurs produits sur le marché de
Macenta le lundi. Ces marchés en cascade imposent un circuit détourné, plus long et plus coûteux, par
exemple pour un produit venant de Koïma qui se vendra à Macenta. D’autre part, des marchés comme
Kankalabé, Niono, Guékédou, Mamou, Sinko sont des passages obligés d’une grande partie des fil-
ières de produits de la Guinée. Les produits transitent par ces marchés parce qu’ils constituent des
lieux d’échanges importants entre deux régions, entre deux pays. La noix de cola, qui approvisionne
Conakry, risque de prendre une voie détournée entre la zone de forêt et la capitale: elle peut transiter
par Niono ou Labé selon les circuits imposés par les grands flux d’échanges.

Il est donc important, dans l’analyse d’une filière, de comprendre l’organisation des principaux flux des
produits du cru.

3.3.3 - L’analyse commerciale

L’analyse commerciale permet de mieux cerner les transactions, l’organisation des marchés, le com-
portement des acteurs, la fixation des prix, la concurrence, l’adaptation des produits aux besoins du
consommateur, etc.

3.3.3.1 - Les transactions

Dans le cadre des SADA, il est important de savoir, par exemple, si dans le cadre des transactions, le
grossiste fait l’avance du produit aux détaillants, car ce système expliquera pourquoi le grossiste ne
paye qu’une partie du produit lorsque le producteur le livrera. Il touchera le solde lorsque le produit aura
été vendu au consommateur. Ces systèmes d’avance sur produit existent beaucoup sur le marché de
bétail d’Abidjan, ce qui provoque d’ailleurs une fragilisation de la filière qui se répercute jusqu’au Mali
et au Burkina Faso (zone de production). Il en est de même au Sénégal où la filière bétail est très
appauvrie par des avances en bétail que les éleveurs ont faites aux négociants et qui n’ont jamais été
remboursées, provoquant une diminution des mises en marché par les éleveurs.

Le nombre de transactions dans une filière permet aussi d’expliquer en partie le coût final du produit.
Plus il y en a et plus les marges s’accumulent pour former le prix au consommateur.

3.3.3.2 - L’organisation des marchés

L’organisation des marchés peut être analysée à plusieurs niveaux, par exemple:

• l’organisation des jours de marché qui, comme il a été dit plus haut, est d’une grande importance pour
expliquer le circuit emprunté par un produit dans un pays ou une région donnée;

• l’organisation spatiale d’un grand marché: la plupart des marchés des capitales sont découpés en
zones spécialisées dans tel ou tel produit. L’accessibilité de ces zones par les camions ou par les
consommateurs va jouer sur la commercialisation plus ou moins rapide du produit.

3.3.3.3 - Le comportement des opérateurs

Le comportement des opérateurs va également jouer sur la filière. Si ces derniers sont très spécialisés
sur le produit étudié, ils pourront proposer des produits de qualité, bien stockés, à des prix compétitifs

10 Guide pratique de l’approche filière


Terpend.QXD

Tableau 3: Matrice des difficultés rencontrées par les entreprises agro-alimentaires maliennes
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FRUITEMA SOMACO COMATEX ITEMA HUICOMA SUKALA IBG AFB TAMALI ULB SONATAM

Importations
• frauduleuses x x x x x x x
• déclarées x x x x
Page 11 (1,1)

Action.déficients
ou gênants x x x x
Financement x x
Dette x x
Emballages x x
Marché difficile x x x
Concurrence
forte x x x
Matériel vétuste x x
Coût de l’énergie x
Approvisionnement
difficile x x x x
Situa.financière
difficile x x x x x x x
Marketing déficient x x
Clientèle à
problèmes x

Source: Étude sectorielle - Transformation des produits agricoles du Mali - Les entreprises industrielles - Noëlle Terpend - Juin 1992

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car les volumes embrassés seront importants. Si les commerçants restent multiproduits, et cela sur des
produits très divers, avec une attitude opportuniste, ils ne pourront offrir que des produits de qualité
médiocre, ils ne pourront servir régulièrement leur clientèle et ils auront un système d’approvision-
nement non structuré et souvent plus coûteux. Bref, faute d’un comportement professionnel de la part
des acteurs, la filière sera non rentable ou très désorganisée, fragile, très coûteuse, etc.

3.3.3.4 - La fixation des prix

L’analyse des critères de fixation des prix permet de définir ce qui est le plus important dans le produit
et sa filière pour les intervenants successifs: ce peut être les volumes différents mis sur le marché
selon les époques de l’année (cas des céréales, du bétail, des fruits et légumes), ce peut être la qual-
ité (noix de cola, beurre de karité, sumbala), ce peut être l’origine, ce peut être le manque de finance-
ment dans la filière, etc.

L’analyse de l’ensemble de ces critères (qui, ici, ne sont pas exhaustifs) permet de cerner l’environ-
nement commercial du produit étudié.

3.3.3.5 - La concurrence

Il est important d’analyser la concurrence pour cerner l’impact qu’elle peut avoir sur les prix et l’organ-
isation de la filière.

Il faut arriver à percevoir le degré de cette concurrence, c’est-à-dire si elle est forte ou si elle n’existe
pratiquement pas. C’est le cas, par exemple, en Côte d’Ivoire, où la société SABIMEX est l’importateur
presque exclusif de pommes de terre et peut donc décider (pendant la période de non production
africaine) de pratiquer les prix qu’elle veut.

Il faut également percevoir si cette concurrence joue pour ou contre l’organisation et la transparence
de la filière. Par exemple, une concurrence trop forte peut être source de désorganisation de la filière,
chaque opérateur essayant de jouer tous les rôles à la fois pour arriver à vendre.

3.3.3.6 - L’adaptation des produits aux besoins des consommateurs

Il est important de savoir si le produit vendu au consommateur est bien adapté à ses besoins. Si l’adap-
tation est bonne, les ventes devraient être importantes; si le produit ne correspond pas à la manière
dont le consommateur vit, il sera peu ou pas utilisé. C’est par exemple le cas du maïs au Burkina Faso.
Le Gouvernement voudrait développer la consommation de ce produit car la production est bonne et
peut être augmentée. Il est actuellement vendu principalement en grain, alors que les consommateurs,
et surtout ceux des villes, le consommerait plus s’il se présentait sous forme de farine prête à l’emploi.
Il aurait alors la même facilité d’utilisation que le riz, tout en étant moins cher.

Il faut également analyser si les conditionnement utilisés sont adaptés au pouvoir d’achat des popula-
tions. Un sac de 50 kg de maïs ne peut être acheté par les petits revenus. Par contre, l’achat à la tine
entraîne un surcoût qui pourrait être évité si la vente se faisait par sac de 10 kg, par exemple.

3.3.4 - L’analyse organisationnelle

3.3.4.1 - L’organisation générale de la filière

D’une filière bien ou mal organisée dépendra le volume de production, le niveau des prix et le niveau
de consommation. Une partie de la filière peut être mal organisée et gêner considérablement l’amont
ou l’aval. Dans ce cas, la filière est fragile et risque d’éclater. C’est le cas, par exemple, au Togo, des
filières café et cacao où un maillon important de la filière doit être supprimé: l’OPAT. La disparition de
la société d’État, qui s’occupe d’organiser la commercialisation et qui fournit le financement de la cam-
pagne, va entraîner l’élimination des crédits de campagne. Les banques prêteuses qui obtenaient les
garanties nécessaires en prêtant à l’OPAT, ne pourront plus assurer le même service de prêt à une

12 Guide pratique de l’approche filière


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multitude de petits commerçants qui n’offriront pratiquement aucune garantie. Sans financement, les
deux filières sont vouées à la disparition.

D’une filière mal organisée dépendra également le volume de mise en marché. C’est le cas des
céréales dans les pays du Sahel. Cette filière, beaucoup moins bien organisées que la filière coton, n’a
jamais permis aux producteurs de considérer le mil ou le sorgho comme des produits de rente: les prix
de vente ne sont pas connus avant la mise en production et les producteurs ne sont pas assurés de
vendre s’ils produisent beaucoup plus que leur propre consommation. Le résultat de cette situation est
un déficit chronique dans la partie nord des pays du Sahel qui n’est souvent pas compensé par une
mise en marché suffisante par la partie sud de ces mêmes pays.

D’autre part, une filière de produit où les différents types d’opérateurs (collecteurs, grossistes, reven-
deurs) interviennent tous sur les même marchés et auprès des mêmes fournisseurs est nuisible le plus
souvent à la fluidité du marché, à la qualité des produits et à la formation des prix. On peut également
trouver des filières où des opportunistes (spéculateurs) interviennent lorsque le marché est porteur. Ils
désorganisent le marché et souvent cassent les prix des produits. La filière est alors en danger car les
prix de vente ne permettent plus de couvrir les frais engagés par les opérateurs professionnels et/ou
spécialisés. Ce fut le cas, par exemple, pour la filière bétail en provenance du Mali ou du Burkina Faso
dès après la dévaluation du franc CFA en janvier 1994. N’importe qui achetait quelques animaux sur
les marchés à bestiaux et les faisait évacuer sur Abidjan. Les prix obtenus étaient alors très intéres-
sants, mais les consommateurs ne pouvaient plus faire face à la flambée des prix. L’évacuation des
animaux devenait également anarchique et tout cela se faisait aux dépens des animaux eux-mêmes.

3.3.4.2 - L’organisation de sous-systèmes spécifiques

Comme indiqué au sous-chapitre 2.1, la filière d’un produit est composée d’un ensemble de sous-sys-
tèmes qui ont chacun leur propre organisation. Prenons l’exemple d’un marché de capitale (comme
Ouagadougou, Abidjan, Bamako, Dakar, etc.) ayant une organisation propre qui, si elle est bien faite,
facilitera les transactions et le volume des échanges. Le marché de Ouagadougou, refait à neuf il y a
quelques années est par exemple équipé d’un certain nombre de parkings pour mobylettes. Les con-
sommateurs déposent leur moyens de transport dans le parking, payent entre FCFA 25 et 50 et vont
tranquillement faire leurs courses sans se préoccuper des voleurs. Le marché est composé de deux
niveaux et de plusieurs portes d’accès. Le rez-de-chaussée reçoit principalement les produits périss-
ables et alimentaires (viande, poisson, légumes, fruits, condiments, etc.) alors que le premier étage
reçoit les tissus et les vêtements. Cette organisation permet à tous les utilisateurs du marché (opéra-
teurs, consommateurs, fournis-seurs) de gagner du temps.

A Bamako, le marché central a été détruit il y a plusieurs années mais n’a toujours pas été reconstru-
it. Le centre ville de la capitale malienne est inabordable pendant la journée car les marchands se sont
réfugiés dans les rues et sur les trottoirs, rendant la circulation infernale.

De ces deux exemples de marchés, il est bien évident que le marché de Ouagadougou est mieux
organisé et apporte un mieux-être aux consommateurs et aux fournisseurs, ce qui a une répercussion
directe sur les volumes d’achat et de vente.

Un marché trop sale, mal abrité des intempéries, mal équipé pour les camions, etc. entraînera son
abandon par les consommateurs et, petit à petit, pas les vendeurs et, par conséquent, une désorgan-
isation des filières.

3.3.5 - L’analyse économique et financière

L’analyse économique et financière de la filière est particulièrement importante car elle permet de
déterminer la progression des coûts et la rentabilité de la filière. C’est en calculant cette rentabilité que
l’on pourra déterminer si la filière est à encourager et à développer ou bien s’il faut l’abandonner à ce
qu’elle est.

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3.3.5.1 - Le coût de la filière

L’ensemble des coûts de la filière forme le prix de revient de cette filière. C’est auprès de chaque inter-
venant, et surtout des opérateurs économiques (producteurs, commerçants, transporteurs, banquiers,
transformateurs, que l’on obtient ces coûts. Ils sont formés par:

• le prix des intrants et de la main-d’oeuvre au niveau des producteurs;

• le coût de la manutention, des transports, du magasinage, des pertes de produit, des produits phy-
tosanitaires, des frais financiers, des marges commerciales, des taxes illicites et des taxes
douanières au niveau des commerçants;

• des coûts de transformation et d’emballage au niveau des transformateurs.

Dans le cadre de la filière fruits et légumes au Mali5; on a pu ainsi reconstituer le coût du transport de
la pomme de terre de Sikasso à Abidjan en obtenant le tableau suivant:

Dans les filières café, cacao et coton de Côte d’Ivoire, le Gouvernement ivoirien a pendant longtemps
publié un différentiel de prix qui permettait de connaître les coûts de revient autorisés pour chaque
intermédiaire. Le tableau 2 présente un exemple.

Très souvent, ces coûts sont approximatifs et ponctuels; cependant ils permettent de les situer sur une
échelle de valeur, ce qui autorise un niveau d’analyse suffisant.

On peut faire une analyse de coûts au niveau de chaque transaction importante de la filière et ainsi
déterminer les transactions les plus importantes sur le plan de l’augmentation des coûts, et enfin
analyser l’opportunité de ces coûts par rapport au reste de la filière. Par exemple, dans la filière hari-
cot vert de contre-saison au Mali (comme dans d’autres pays de la sous-région), on s’aperçoit très vite
que le tronçon le plus coûteux de la filière d’exportation vers les pays européens est le transport aérien.
En 1995, ce coût de transport représentait 46 pour cent du prix de revient total du produit rendu marché
de Rungis6.

La détermination d’un tel goulot d’étranglement permettra de chercher des solutions de rechange
moins coûteuses. Cela a été le cas pour la mangue que l’on essaye désormais de transporter par
bateau au départ d’Abidjan.

3.3.5.2 - La rentabilité financière de la filière

La détermination de ces coûts de revient, lorsqu’ils sont rapprochés des prix de vente, permet de mieux
situer la rentabilité strictement financière de la filière.

Cette rentabilité peut être étendue à toute la filière dans son ensemble, ou bien morcelée par transac-
tion, et par fonction. Par exemple, au niveau des SADA, une analyse fine de la fonction de collecteur
permet de voir que la rentabilité est plutôt médiocre: on s’aperçoit que les collecteurs qui vont chercher
des produits sur les marchés hebdomadaires travaillent avec des marges très faibles et qui sont par-
fois négatives dès qu’un problème se pose (panne de camion entraînant la détérioration d’une partie
de la cargaison). D’autre part, ces collecteurs payent généralement leur transport (transport du pas-
sager) qui vient s’ajouter au coût de transport du produit. Si le fonds de roulement du collecteur est trop
faible (ce qui est souvent le cas), il ne peut pas acheter beaucoup de produits et le coût du transport
du voyageur pèse très fortement dans le prix de revient du produit. Ce poids sera d’autant diminué si
le collecteur achète des quantités plus importantes par voyage. La rentabilité d’une telle fonction est
donc particulièrement fragile.

Ce même type d’analyse de rentabilité peut être fait à d’autres niveaux de transaction ou de fonction
en aval de la filière.

14 Guide pratique de l’approche filière


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3.3.5.3 - La rentabilité économique

La rentabilité économique d’une filière est une vision plus large que la simple rentabilité financière. Elle
fait entrer d’autres critères que ceux strictement financiers.

En effet, une filière de produit (que ce soit de produit de rente ou de produit vivrier) implique un cer-
tains nombres d’opérateurs qui ont à leur charge une famille, qui vivent dans une région et qui génèrent
des demandes de services dans leur village ou dans leur ville. Cette filière peut être à la limite d’une
rentabilité financière intéressante mais peut entraîner une rentabilité économique beaucoup plus pos-
itive sur l’ensemble d’un village ou d’une région.

Prenons le cas de la pomme de terre au Mali dans la région de Sikasso. Ce produit pousse pendant
la saison sèche qui a longtemps été considérée comme une saison inactive pour les producteurs car
les cultures vivrières poussent en période des pluies. Le marché de la pomme de terre est porteur; la
demande existe tant dans les grandes villes du Mali (Bamako entre autre) que dans les pays limitro-
phes. La rentabilité économique de ce produit est devenue importante car toute la région de Sikasso
produit de la pomme de terre, ce qui permet aux paysans de percevoir des revenus pendant la péri-
ode sèche (et de garder ainsi le maximum de produit vivier dans leur grenier), de générer une activité
commerçante sur le marché de Sikasso et les marchés environnants, de générer des transports sur
Bamako, Ségou, Mopti, Abidjan, etc. et de fournir une activité économique intéressante sur ces
marchés de consommation. On peut donc en déduire que la rentabilité économique de la pomme de
terre est assurée.

3.3.5.4 - La transparence des prix

L’analyse de la transparence des prix va permettre d’étudier plus en profondeur le degré de concur-
rence qui s’établit sur le produit.

Dans la plupart des pays de la sous-région, des efforts ont été faits pour améliorer cette transparence
grâce aux Systèmes d’information des marchés (SIM) qui sont chargés de collecter, analyser et dif-
fuser très largement les prix des produits alimentaires sur les principaux marchés d’un pays.

Ces collectes de prix permettent aussi de suivre, d’une manière plus précise, l’évolution de la situation
économique d’un produit. Au Burkina Faso, par exemple, la diffusion des prix des céréales par le SIM
permet au dispositif de pilotage de la politique céréalière de percevoir très rapidement les débuts de
crise alimentaire.

3.3.5.5 - L’innovation technique

L’innovation technique va permettre de modifier les coûts des produits et les quantités produites et/ou
consommées. Il est important, dans le cadre d’une analyse de filière, de connaître les recherches qui
sont menées, tant sur le plan génétique que sur le plan technique de transformation. Un produit trans-
formé bien adapté à la demande du consommateur peut voir ses ventes exploser sur les marchés.

3.3.6 - L’analyse politique

3.3.6.1 - Le niveau d’insertion de la filière dans une politique d’État existante

Dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, le secteur agricole est coordonné et soutenu par une
politique gouvernementale. En Guinée, au Mali, au Burkina Faso, par exemple, des Lettres de politique
de développement agricole (LPDA) ont été rédigées en concertation avec les Gouvernements et les
bailleurs de fonds. Tout le monde a adhéré aux grandes lignes de ces politiques et chaque volet est
mis régulièrement en oeuvre.

Lorsqu’on analyse la filière d’un produit, il est important de connaître et de faire l’analyse des politiques
gouvernementales qui soutiennent la filière directement ou indirectement.

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Au Burkina Faso, par exemple, la production et la commercialisation du maïs sont soutenues par un
Programme de pilotage de la politique céréalière (PPPC) qui oriente, coordonne et soutient tout ce qui
touche à la production de mil, sorgho, maïs, riz. Ce Programme entre dans le dessein plus vaste de la
LPDA qui a été rédigée au début des années 90.

Au Mali, la production de pommes de terre est soutenue par le Programme de relance des exporta-
tions agricoles (PREA) qui englobe tous les produits d’exportation: bétail, fruits et légumes, poisson,
riz, oléagineux (karité, sésame), produits de cueillette. Ce Programme est l’un des neuf programmes
définis dans le Schéma directeur du secteur dé-ve--lop-pement rural (SDSDR).

3.3.6.2 - L’attitude du Gouvernement vis-à-vis de la filière

En-dehors de replacer la filière dans un contexte plus vaste de politique agricole définie, il faut égale-
ment analyser l’attitude des autorités par rapport à la filière étudiée. Les grandes lignes de ces poli-
tiques ont souvent été définies il y a quelques années en arrière et, depuis, les gouvernements et les
hommes ont changé; l’économie du pays aussi a évolué. Il est donc nécessaire d’analyser le com-
portement des autorités vis-à-vis de la filière et de ses acteurs au moment où l’étude de filière est en
cours. Le programme peut avoir varié sous l’effet conjugué de différents facteurs; il peut également
accuser un retard important faute de financement ou de volonté politique.

Par exemple, au Mali, le PREA, qui ne fut pas à l’ordre du jour dans l’immédiat après la publication des
LPDA, fut soudainement une priorité dès que la dévaluation du FCFA fut réalisée. Les exportations en
général, et de bétail en particulier, prenant des proportions très importantes, il était urgent de connaître
à fond chacune de ces filières et de dynamiser le secteur exportation.

3.3.6.3 - La mise en place ou non de réglementations et le niveau de volonté d’application des règles

Toujours dans le cadre de ces politiques soutenant un secteur économique particulier, de simples mod-
ifications ou de nouvelles réglementations sont approuvées. Toujours pour le Mali, dès après la déval-
uation du FCFA, des réglementations simplifiant l’exportation de bétail ont été mises en place.
Cependant, si la volonté politique de les appliquer était forte au niveau de l’Organisation malienne du
bétail et de la viande (OMBEVI), l’application n’a pas été suivie d’une manière aussi soutenue par les
services de la douane et de la police le long des routes et à la frontière. Les tracasseries administra-
tives ont malheureusement continué pour les exportateurs.

C’est le même problème en Guinée où l’approvisionnement de la ville de Conakry en denrées alimen-


taires d’origine locale resta une priorité, mais où les services de police, de douane et de condition-
nement continuent à imposer des taxes illicites aux commerçants le long des routes. Interpellé par
plusieurs rapports d’expertise qui demandaient la disparition des barrages routiers, le Ministère de l’in-
térieur répondit que ces barrages n’existaient pas. Effectivement, selon les textes, ils n’étaient pas
autorisés. Cependant, la volonté politique de faire appliquer les textes n’est pas suffisante, et l’appro-
visionnement de Conakry en est particulièrement pénalisé.

3.3.7 - L’analyse sociologique

Dans une analyse de filière, il est important de comprendre ce qui sous-tend les difficultés non seule-
ment économiques des opérateurs, mais aussi sociales. En Afrique, en particulier, le domaine social
est très important pour l’individu et sa survie. Sans une analyse sociologique, beaucoup de problèmes
restent inexpliqués et font l’objet de recommandations inapplicables.

Par exemple, dans les filières de produits alimentaires locaux ou importés, il est important de savoir si
la relève des commerçants est assurée, et de quelle manière. En discutant avec ces commerçants, on
s’aperçoit que lorsqu’ils ont choisi un de leur enfant pour prendre leur suite, ils l’enlèvent très tôt de l’é-
cole pour le mettre derrière le comptoir de leur magasin. L’enfant apprend son travail auprès de son
père et la tradition se poursuit sans réelle modernisation. Cette manière de procéder explique l’immo-
bilisme du commerce informel que l’on continue à surnommer commerce «traditionnel» à juste titre.

16 Guide pratique de l’approche filière


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De la même manière, le commerçant recrutera son personnel dans sa propre famille (grande famille)
alors qu’il n’est pas formé, plutôt que d’engager un jeune diplômé, plus performant, mais dont il se
méfiera du savoir et des connaissances.

De même, l’utilisation des bénéfices et l’évaluation de leur réinvestissement dans l’affaire qui les a
générés doit prendre en compte les besoins familiaux de l’opérateur économique: la famille à charge
est grande, les obligations financières vis-à-vis de cette famille et de ses événements marquants
(funérailles, mariages, baptêmes, ramadan) sont importantes, et les bénéfices sont souvent entière-
ment utilisés pour financer ces obligations.

Beaucoup d’exemples de ce type peuvent être cités qui viennent s’inscrire indirectement dans le
déroulement d’une filière.

3.4 - La formulation d’un diagnostic

Après une analyse plus ou moins précise et large de l’information selon les besoins de l’étude, il faut
formuler un diagnostic sur la filière étudiée qui résume et coordonne l’ensemble des analyses faites
précédemment.

Pour aider à la formulation de ce diagnostic, il est important de prendre en compte l’appréciation des
acteurs de la filière.

3.4.1 - La mise en évidence du diagnostic fait par les différents acteurs

Lors des discussions qui ont eu lieu avec les différents acteurs de la filière étudiée, le point de vue de
ces opérateurs est ressorti ainsi que la vision qu’ils ont de la filière et de leur rôle, l’appréciation des
problèmes rencontrés et la manière de les résoudre. Toutes ces informations sont très importantes à
analyser. Elles permettent aux praticiens de la filière d’apporter leur propre diagnostic de la filière.

3.4.2 - La formulation d’un diagnostic final

A partir de l’analyse de l’information telle qu’elle est décrite au sous-chapitre 3.3 et du diagnostic émis
par les acteurs de la filière, l’expert a dans les mains tous les informations nécessaires pour formuler
un diagnostic et faire des recommandations. Dans ce diagnostic, l’expert doit résumer la situation de
la filière en fonction de ses points forts et de ses points faibles. Une matrice peut également figurer à
ce niveau qui permettra de résumer et de lire plus facilement le diagnostic.

3.5 - Recommandations

3.5.1 - La hiérarchisation des contraintes

Le diagnostic effectué va permettre de mettre en évidence les contraintes de la filière. C’est à partir de
celles-ci que se feront les recommandations.

Une deuxième matrice permettra de résumer ces contraintes et de mettre en évidence celles qui se
retrouvent le plus souvent, ou bien celles qui sont de véritables goulots d’étranglement pour la filière
dans son ensemble.

Un exemple de matrice est donné dans la page suivante. Cette matrice a été réalisée dans le cadre
d’une étude sur les entreprises industrielles de l’agro-alimentaire au Mali. Elle résume un certain nom-
bre de contraintes constatées et permet de voir rapidement les problèmes qui se retrouvent au niveau
du plus grand nombre d’entreprises.

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A partir de cette matrice, l’expert pourra hiérarchiser les contraintes et formuler des recommandations
et un calendrier pour les mettre en place. Cette hiérarchisation peut se faire selon différents critères:

• les plus rapides à résoudre;


• celles qui gênent le maximum d’opérateurs;
• celles qui créent un goulot d’étranglement important pour l’ensemble de la filière, etc.

3.5.2 - Quelques conseils

Le principal conseil que l’on peut donner aux experts chargés d’une étude de filière, c’est de rester très
pratique et pas trop ambitieux dans les recommandations. Trop d’études proposent des solutions
inadaptées aux réalités africaines, sociales et économiques. Il faut donc partir des propres recom-
mandations des opérateurs pour essayer de rester proche du terrain et des choses réalisables.

Dans ces recommandations doivent figurer les objectifs visés, les résultats à obtenir et les actions à
mener. Un calendrier réaliste des actions à entreprendre doit également être proposé. Un coût doit être
évalué pour chacune des actions à mener.

18 Guide pratique de l’approche filière


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4 - Exemple: étude de la filière fruits et légumes au Mali

Un exemple d’une étude de filière effectuée sur les produits alimentaires qui participent à l’approvi-
sionnement des villes nous paraît le meilleur guide pour réaliser une étude de filière. Nous avons choisi
la filière des fruits et légumes au Mali qui a été réalisée en septembre 1995 par l’auteur de ce guide.

4.1 - Les objectifs de l’étude et la description rapide d’une filière

4.1.1 - Les objectifs de l’étude

Ce document a été réalisé dans le cadre du PREA du Mali, un des neuf programmes du SDSDR. La
mission, qui a été réalisée pour analyser la situation du secteur économique fruits et légumes, s’est
faite en collaboration avec la Cellule de planification et statistiques (CPS).

L’objectif de l’étude était de faire le point sur un des secteurs d’exportation les plus dynamiques du
Mali: les fruits et légumes. Cette étude de filières devait déterminer les produits et les flux d’exporta-
tion qui devraient être encouragés par des mesures de soutien. Elle devait mettre l’accent sur les
points forts et les points faibles de chacun de ces produits faisant l’objet d’une exportation.

Pour cet exemple, nous ne reprendrons qu’un seul produit sur les cinq étudiés dans le document pub-
lié afin d’être aussi clairs que possible sur la démarche suivie.

4.1.2 - La description rapide de la filière d’exportation de la pomme de terre produite au Mali

4.1.2.1 - La production: lieu de production, quantités produites et organisation

La pomme de terre est produite et exportée principalement par la région de Sikasso (65 pour cent de
la production), le solde se situant dans les environs de Bamako. Dans cette région, c’est la deuxième
source de revenu après le coton.

La production varie entre 25 000 et 31 000 tonnes selon les sources; à raison d’un rendement moyen
de 20 tonnes/ha, les superficies occupées par la culture de pomme de terre se situeraient entre 1 200
et 1 500 ha.

Avant le démarrage de la campagne, une estimation de la production est faite afin d’importer d’Europe
les semences nécessaires. Deux sociétés locales fournissent les producteurs en semences de qual-
ités diverses. En principe, les producteurs devraient échelonner leur plantation afin d’étaler l’arrivage
de la récolte sur le marché; cependant, en 1994/95, ce ne fut pas le cas, et la mise sur le marché a été
difficile car ce dernier fut inondé du produit au même moment.

4.1.2.2 - La commercialisation et l’exportation de la pomme de terre

Les plus gros volumes partent vers la Côte d’Ivoire dont le marché consommateur est de loin le plus
important de la sous-région et entièrement pourvu par l’importation. Cette consommation était estimée
à 20 000/25 000 tonnes par an avant la dévaluation. La plus grosse société d’importation du pays
importait 15 000 tonnes du produit en 1993, en provenance de la Hollande (60 pour cent), de la France
et de l’Afrique du Sud. En 1994, ces importations ont été divisées par trois avec seulement 4 500
tonnes importées. Le Mali fournit une estimation de 6 000 ou 7 000 tonnes par an. Le plus gros marché
de consommation est représenté par la ville d’Abidjan.

Pour exporter, les négociants se regroupent à plusieurs pour louer un camion de 10 à 30 tonnes, car
la grande majorité des exportateurs ont des fonds de roulement insuffisants pour acheter une grande

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quantité du produit (au plus six tonnes). A partir de là, les négociants doivent remplir différents docu-
ments administratifs les autorisant à exporter.

Le long de la route pour Abidjan, le camion et le produit sont contrôlés des dizaines de fois, chaque
barrage générant une taxe illicite. Arrivé à destination, le produit est déchargé au marché d’Adjamé et
la vente est prise en charge, soit par des courtiers maliens résidant à Abidjan, soit par le commerçant
malien lui-même. Beaucoup d’entre eux s’adressent au plus important importateur de cette origine
basé sur le marché de Treicheville.

Cependant, cette filière exportation, au départ du Mali, est encore mal organisée: pendant la campagne
94/95, tout le monde a exporté, du gros commerçant au petit producteur en passant par les petits com-
merçants opportunistes. Beaucoup se sont plaint de la chute des prix sur le marché d’Abidjan

4.1.2.3 - Le marché ivoirien

Le marché de la pomme de terre à Abidjan est assez bien structuré. Pour l’approvisionnement en pro-
duits extra-africains, les grossistes de la place et les centrales d’achat s’approvisionnent auprès de la
SABIMEX qui est l’importateur presque exclusif. Les demi-grossistes et les détaillants achètent chez
le grossiste pour vendre sur les marchés d’Abidjan.

Pour la pomme de terre malienne, le point de départ se fait au marché d’Adjamé, là où arrivent toutes
les marchandises en provenance du Mali. Il existe un gros importateur de pomme de terre malienne:
la société Habache qui s’occupe de la revente sur les marchés de la ville ou auprès des grandes sur-
faces.

Le paiement des transactions pour la pomme de terre du Mali se fait généralement à crédit, ce qui n’est
plus le cas de la pomme de terre extra-africaine.

4.1.2.4 - L’image de la pomme de terre du Mali

L’origine Mali n’est pas beaucoup appréciée par les consommateurs. On reproche au produit son goût
moins agréable que celui de la pomme de terre du Burkina Faso ou d’Europe.

D’autre part, tout le monde est unanime à dénoncer son manque de fermeté. La pomme de terre du
Mali est souvent mal emballée et pas suffisamment aérée lors de son stockage et de son transport, ce
qui provoque une rapide pourriture dès qu’elle arrive à Abidjan.

4.1.2.5 - L’évolution du prix sur le marché d’Abidjan et la rentabilité de la filière

Le prix de la pomme de terre a fortement réagi à la dévaluation, surtout pendant la période d’importa-
tion européenne (octobre, novembre et décembre 1994); il a oscillé entre FCFA 500 et 600 /kg.
L’arrivée de la pomme de terre du Mali en janvier 1995 a fait chuter les prix mais ceux-ci ne sont pas
descendus en dessous de la barre des FCFA 300 /kg.

La filière est particulièrement rentable, même en période de prix au consommateur faible, et cela
surtout pour les exportateurs et les distributeurs à Abidjan. Même pour le producteur, la pomme de
terre reste un produit intéressant lorsque le prix de vente se situe au-delà du prix de revient de FCFA
170 /kg.

Une étude des coûts estime les frais d’approche entre Sikasso et Abidjan à FCFA 100 /kg en comptant
un bénéfice net de FCFA 77 /kg pour l’exportateur.

4.1.2.6 - Les organismes d’encadrement

La production et la commercialisation de la pomme de terre sont encadrées par plusieurs organismes


dont le Kafo, cellule décentralisée du PAVCOPA (projet financé par la Banque mondiale), qui a aidé à

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la mise en place de plusieurs actions réalisées par la CMDT, la Direction régionale de l’agriculture ou
par des opérateurs privés.

L’appui du Gouvernement est récent dans ce domaine et doit se développer.

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Annexe 1

Quelques questionnaires

Les deux questionnaires suivants ont servi de base de discussion avec les acteurs de la filière d’ex-
portation de la pomme de terre. Ils ont permis d’avoir un certain nombre d’informations sur leurs activ-
ités. Toutes les questions n’ont pas eu une réponse car le questionnaire pré-suppose une petite con-
naissance de l’activité; mais lorsque l’interview se déroule, la réalité est parfois fort différente. Il faut
alors modifier les questions ou la manière de les poser.

1 - Questionnaire pour les négociants en pomme de terre

• Nom et raison sociale du négociant.

• Les achats: A qui achète-t-il? Où achète-t-il (marché ou dans les villages directement)? Quel est le
prix payé? Quelle quantité et dans quel type de conditionnement? Reconditionne-t-il ses achats?
Comment s’organise-t-il pour transporter ses produits? Stocke-t-il dans le village pendant quelques
jours? A-t-il un lieu de stockage en ville? loué ou personnel?

• La commercialisation/exportation: Quand décide-t-il d’exporter? Quand il n’a plus de fond de roule-


ment pour acheter ou quand il a obtenu la quantité pour remplir un camion ou au bout d’un temps
précis d’achat, etc.? Comment organise-t-il le transport? Combien coûte le transport jusqu’à Abidjan?
Quels sont les démarches et les papiers nécessaires à l’exportation? Combien de jours sont néces-
saires pour rassembler tout cela? Quel est le coût de ces démarches administratives? Quels sont les
problèmes rencontrés le long du voyage? Comment s’organise la vente en Côte d’Ivoire? Se limite-
t-elle au marché d’Abidjan ou bien vend-il en cours de route? A quel prix vend-t-il? Comment est-il
payé? Fait-il de la vente à crédit? Quels sont alors les délais de remboursement? A-t-il des crédits
impayés? Si oui, comment cela se règle-t-il? A-t-il des clients fidèles sur place? Sont-ils de sa région
du Mali? Subit-il des pertes? De quel ordre sont-elles?

• Le financement: Comment finance-t-il ses achats? sur fonds propre? A partir d’emprunt auprès d’un
autre commerçant? Quel est alors le taux d’intérêt? Quels sont les délais de remboursement?

• Les coûts: Quels sont les coûts qui s’additionnent tout au long du transport? Peut-il donner des expli-
cations pour chacun d’eux? Sont-ils licites?

• L’activité: combien de fois fait-il le voyage par an? Exporte-t-il toujours la même quantité à chaque
fois?

• Les problèmes: Quels sont les problèmes rencontrés avec le produit lui-même? Quels sont les autres
problèmes rencontrés dans le cadre de l’achat et de l’exportation?

2 - Questionnaire pour les organismes d’encadrement

• Nom de l’organisme et nom du ou des responsables présents.

• Quel est le rôle de l’organisme dans son ensemble?

• Quel est le rôle de l’organisme au sujet du produit étudié?

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• Comment s’organise l’action auprès des producteurs et des autres opérateurs? Comment travaille-t-
il sur le terrain?

• Pourquoi travailler sur ce produit? Quels sont ses perspectives de développement? Quels sont les
bénéfices que les acteurs et le pays peuvent en tirer?

• Combien y a-t-il de personnes encadrées par l’organisme? Quel bénéfice en tirent-elles? Qu’est-ce
qui les incitent à participer ou à adhérer à l’organisme?
• Par qui est-il financé?

• L’organisme a-t-il une obligation de résultats?

• Quelle est la politique de l’État et/ou du bailleur vis-à-vis de ce produit?

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Annexe 2

1 - L’organisation du temps de l’étude

La durée de l’étude dans son entier, c’est-à-dire pour étudier les cinq produits d’exportation, a été de
sept semaines au total, dont cinq semaines de terrain et deux semaines de rédaction.

Les cinq semaines de terrain ont été organisées ainsi:

• quatre semaines au Mali;

• une semaine à Abidjan en Côte d’Ivoire.

Pendant les quatre semaines passées au Mali, l’expert a découpé son temps entre:

• Bamako pour rencontrer un certain nombre de personnes et d’organismes à Bamako (Ministère de


l’Agriculture, CPS, Affaires Economiques, CFD, Projet USAID/OHVN, CMDT, AMELEF, Sté
Kagnassy, etc.).

• Sikasso pour rencontrer les producteurs, commerçants et organismes travaillant sur la pomme de
terre et le pois sucré;

• Ségou pour rencontrer les commerçants et les administrations impliqués dans le commerce de
l’échalote;

• Nara pour visiter le marché et rencontrer les commerçants et les administrations impliqués dans le
commerce de la mangue et de l’échalote.

Les week-ends ont été utilisés en temps de voyage, à la lecture des documents et à un début de rédac-
tion.

2 - Les différents types d’analyses menées

Plusieurs types d’analyses ont été menées. Ainsi, tout au long de cette filière pomme de terre du Mali,
on trouve:

• Une analyse commerciale avec:


- une analyse des prix faite au niveau de Sikasso, puis au niveau d’Abidjan;
- une analyse des transactions avec les modes de paiement;
- la mise en évidence du comportement des acteurs, surtout sur le marché de Sikasso (désorganisa-
tion, présence de tous les vendeurs au même moment, etc.).

• Une analyse organisationnelle avec la description et la mise en évidence des contraintes de l’organ-
isation de la filière. L’auteur a décrit la production, la collecte, le transport, les papiers nécessaires à
l’exportation, la distribution sur Abidjan.

• Une analyse économique et financière avec:


- le compte d’exploitation de la production d’un hectare de pomme de terre;
- le compte d’exploitation d’une livraison de 40 tonnes de pommes de terre sur le marché d’Abidjan;
- la rentabilité de la filière.

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• Une analyse politique avec l’identification et la description du rôle et des perspectives de développe-
ment des organismes d’encadrement privés et d’État (PAVCOPA-KAFO, CMDT, Direction régionale
de l’agriculture).

La filière de la pomme de terre faisant partie d’un travail plus complet sur l’ensemble du secteur fruits
et légumes, il apparaît, dans le document publié, un ensemble d’autres analyses qui sont faites en
fonction du type de produit et de ses flux.

3 - Les difficultés rencontrées pour mener une telle étude

Une étude de filière exige une bonne organisation de la part de l’expert qui va la réaliser, tout en lui
demandant une grande souplesse dans son emploi du temps pour s’adapter au mieux aux circon-
stances des rendez-vous et des interviews possibles. Il faut surtout que l’expert ait un programme de
travail bien établi concernant les domaines sur lesquels il doit obtenir des informations et les types de
personnes à rencontrer. Le travail de préparation est important.

Le plus difficile à gérer dans ce type d’étude, c’est l’emploi du temps. En effet, lorsque l’expert arrive
sur le terrain, il perd plusieurs jours en attente de prise de contact. Il doit d’abord arriver à cibler les
personnes, puis à prendre rendez-vous avec elles. Ce temps là est souvent peu soutenu en travail car
il se passe en lecture de premiers documents. Par contre, les derniers jours de présence sur le terrain
sont souvent une course contre la montre pour voir toutes les personnes programmées. A cela il faut
ajouter les déplacements sur d’autres sites.

D’autre part, le temps de l’étude sur le terrain est limité et il arrive parfois qu’une personne importante
à rencontrer ne soit pas présente pendant le séjour du consultant. L’information est alors tronquée car
elle est obtenue de manière détournée par d’autres acteurs de la filière.

La sélection des personnes n’est pas toujours très facile à faire. Il est parfois difficile de trouver la
«bonne» personne à interviewer dans un organisme, un ensemble de commerçants ou de producteurs.
On procède parfois par tâtonnements, ce qui fait perdre du temps.

Le rythme d’interviews est parfois très soutenu (surtout en fin de mission). Trois, voire quatre interviews
par jour (environ 1 h 30 à deux heures de discussion par rencontre) mettent la capacité intellectuelle
du consultant à rude épreuve.

Lors de la rédaction, le classement des informations obtenues est souvent une activité particulièrement
ardue. Il est important que l’expert ait une bonne mémoire des interviews accordés pour retrouver les
informations voulues dans la multitude de renseignements figurant dans ses notes. Ce classement est
impératif pour rendre au mieux l’information reçue et l’analyser.

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Notes de bas de page

1. Texte repris du document d’introduction de Michel Griffon dans «Économie des filières en région
chaudes - Formation des prix et échanges agricoles» - Actes du Xe séminaire d’économie et de soci-
ologie - 11-15 septembre 1989 - Montpellier - France.

2. Ont été utilisés des formules comme: «producer-consumer chain», «production and trade networks»
ou «commodity chain».

3. Fin de l’introduction reprise du document de Michel Griffon (avec quelques notes person-nelles de
l’auteur).

4. Repris du document de Jean Claude Montigaud de l’INRA dans «Economie des filières en régions
chaudes» - page 39 - Séminaire 11-15 septembre 1989 - Montpellier.

5. Rédigée par Noëlle Terpend pour le compte de la Cellule de planification et de statistiques du


Ministère du développement rural du Mali et financée par la FAO (AGSM) - Septembre 1995.

6. Étude fruits et légumes au Mali cité précédemment.

7. Dans «The organisation of export crop production and marketing in Africa and its competitors: six
cases studies» - Volume IVa - Centre for European Policy Studies - Septembre 1986.

Bibliographie

CESAREO Dario, 1993, Commercialisation des fruits et légumes en troisième région, AGSM/FAO.

Direction Régionale de l’Agriculture à Sikasso, Economie et Commerce n°3.

OCPV (Office de collecte des prix de vente), Statistiques des prix des pommes de terre sur le marché
abidjanais.

PAVCOPA, Documents internes au PAVCOPA.

Note: Sur cette filière spécifique, il y a peu de documents car la filière est nouvelle et n’a pour l’instant
pas fait l’objet d’étude spécifique. Beaucoup d’informations figurant dans le document publié final vien-
nent des interviews faites auprès des opérateurs et des responsables administratifs.

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