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com
L'approche patient-partenaire dans les soins de
santé : un cadre conceptuel pour une transition
nécessaire
Philippe Karazivan, MD, MA, Vincent Dumez, MSc, Luigi Flora, PhD,
Marie-Pascale Pomey, MD, PhD, Claudio Del Grande, MSc,
Djahanchah Philip Ghadiri, MSc, PhD, Nicolas Fernandez, PhD,
Emmanuelle Jouet, PhD, Olivier Las Vergnas, MSc, PhD, et Paule Lebel, MD, MSc
Résumé
La prévalence des maladies chroniques appelle
aujourd'hui de nouvelles façons de travailler avec les
patients pour gérer leurs soins. Bien que les
approches centrées sur le patient aient contribué à
des avancées significatives dans les soins et à des
traitements qui respectent davantage les préférences,
les valeurs et les expériences personnelles des
patients, la réalité est que les professionnels de la
santé détiennent toujours le monopole du rôle de
guérisseur. Les patients vivent avec leurs conditions
chaque jour et sont des experts quand il s'agit de leur
propre
Que la révolution patiente commence.
— Tessa Richards et al1
je
es dernières décennies, la transition
épidémiologique des maladies infectieuses aux
maladies chroniques est devenue un enjeu
majeur de santé publique pour tous les pays, quel
que soit leur statut économique.2
Les maladies chroniques non transmissibles, telles
que les maladies cardiaques, les accidents
vasculaires cérébraux, le cancer, les maladies
respiratoires chroniques et le diabète, sont
désormais de loin les principales causes de décès
et d'invalidité dans le monde,3,4représentant deux
décès sur trois dans le monde selon l'étude Global
Burden of Disease Study 2010.5
Notre approche patient-partenaire (PP) apparaît
à la fois plus pertinente et mieux adaptée aux
défis d'aujourd'hui et aux besoins de la plupart
des patients atteints de maladies chroniques.
Veuillez consulter la fin de cet article pour plus
d'informations sur les auteurs.
La correspondance doit être adressée au Dr Karazivan,
Centre de recherche du Centre hospitalier de l'Université
de Montréal, Tour Saint-Antoine, 850, rue Saint-Denis,
Montréal, Québec, Canada, H2X 0A9; téléphone : (514)
890-8000 poste 15485 ; mail : philippe.
karazivan@umontreal.ca.
Acad Med. 2015;90:437–441. Première
publication en ligne le 20 janvier 2015 doi :
10.1097/ACM.0000000000000603
Médecine académique, vol. 90, n° 4 / avril 2015
expériences de maladie; cette expertise devrait être
accueillie, valorisée et encouragée par les autres
membres de l'équipe de soins. L'approche patient-
partenaire incarne l'idéal de faire du patient un
membre à part entière de l'équipe soignante, un
véritable partenaire de ses soins. Depuis 2010,
l'Université de Montréal, par l'intermédiaire de la
Direction de la collaboration et du partenariat
patient, a adopté cette approche. Les patients ne
sont pas seulement des membres actifs de leur
propre équipe de soins de santé, ils sont aussi
Modèles en transition
Au cours des 20 dernières années, les approches
paternalistes des soins aux patients ont perdu du
terrain. Ils ont cédé la place à des pratiques centrées sur
le patient,6dans lequel les professionnels de la santé
s'efforcent de parvenir à une compréhension commune
avec les patients afin de mieux répondre à leurs besoins
spécifiques.septEn effet, des revues systématiques ont
montré que les soins centrés sur le patient entraînent
une meilleure adhésion aux protocoles de prise en
charge, une réduction de la morbidité et une
amélioration de la qualité de vie.8La réduction du
nombre de tests de diagnostic commandés et de
références effectuées a amélioré l'état de santé et
l'efficacité des soins.septBien que les approches centrées
sur le patient aient indéniablement contribué à des
avancées significatives dans les soins et à des
traitements qui respectent davantage les préférences,
les valeurs, les croyances et les expériences
personnelles des patients, la réalité est que les
professionnels de la santé, en particulier les médecins,
détiennent toujours le monopole du rôle de guérisseur.
Entre-temps, nous avons été témoins de l'influence
croissante des médecines alternatives qui favorisent des
relations de pouvoir moins asymétriques entre les
soignants et les patients et une plus grande prise en
compte des expériences vécues et des modes de
connaissance des patients.
Des initiatives, telles que la prise de décision
partagée,9,10éducation thérapeutique,11patiente
experte,12et l'autogestion,13–17
Perspective
impliqués dans la recherche et offrent une formation
précieuse aux étudiants en sciences de la santé.
L'inclusion des patients en tant que partenaires à part
entière dans l'équipe de soins de santé entraîne un
changement important dans la culture de la pratique
médicale et de l'enseignement médical. Dans cette
perspective, les auteurs décrivent cette approche
novatrice des soins aux patients, y compris le cadre
conceptuel utilisé dans son élaboration et les
principales réalisations des patients partenaires en
éducation, en soins de santé et en recherche.
ont été inspirés par des perspectives centrées sur le
patient et offrent des moyens innovants d'impliquer
les patients dans leurs propres soins. Par exemple,
Tom Delbanco et ses collègues18les travaux visant à
inviter les patients à lire les notes de leur médecin
ont été une étape importante dans cette direction.
L'approche PP est enracinée dans de telles
initiatives, mais fait un pas en avant significatif dans
le domaine du véritable partenariat dans les soins,
où le patient est considéré comme un soignant à
part entière et, à ce titre, un véritable membre de
l'équipe de traitement, doté de compétences et de
limites. comme n'importe quel autre membre de
l'équipe (voir Figure 1). Cette approche vise à
développer la compétence de soins du patient au
lieu de simplement tenir compte de son expérience
personnelle.
L'expertise du patient
Comme le philosophe français Michel Foucault19
nous rappelle, « il faut devenir médecin de soi-
même ». Au cœur de l'approche PP se trouve la
notion de prendre soin de soi (epimeleia heautou),
un concept qui renvoie à l'ère socratique, c'est-à-
dire à la naissance de la médecine occidentale en
Grèce. En effet, comme l'a révélé Platon, la célèbre
maxime de Socrate « connais-toi toi-même » est un
appel à tenir compte de ses propres besoins.20
Foucault19soutient également que prendre soin de
soi n'est en fait pas simplement
437
Perspective
Intervention
planifier
Patient
(et proches)
Paternaliste
approches
Figure 1Trois modèles de soins aux patients. Dans les approches paternalistes, le travail des professionnelles en soins est centré sur le plan d'intervention et les patients y
participent peu. Les approches centrées sur le patient placent le patient au centre du travail et des préoccupations des professionnels de la santé. Dans l'approche patient-
partenaire, les patients sont considérés comme des membres de l'équipe de soins de santé; comme tous les autres membres de l'équipe, ils apportent leur expertise unique. ©
Direction de la collaboration et du partenariat patient, Université de Montréal, 2013 (reproduit avec permission).
un principe philosophique mais une pratique
réelle qui, à travers les âges, a communément
prévalu : Dans une certaine mesure, chaque
personne a la capacité de prendre soin d'elle-
même. Les patients prennent déjà soin d'eux-
mêmes, parfois d'une manière que les
professionnels de la santé ne sont pas formés à
reconnaître (ou sont formés à ne pas
reconnaître), avec des niveaux de réalisation
variables selon le cadre normatif choisi pour
déterminer le succès et l'échec.
Parce que le soin de soi est une technique, c'est-à-
dire une activité basée sur un certain savoir détenu
par l'individu20— nous devons déterminer de
quelles connaissances un patient a besoin (ou
possède déjà) pour prendre soin de lui-même.
Lorsqu'il s'agit de maladies chroniques incurables,
l'expérience devient une mine d'informations
cruciales.21Bien sûr, le patient, et non le médecin,
est plus intimement lié à l'expérience de la maladie :
La clé du succès des partenariats médecin-patient
est donc de reconnaître que les patients sont aussi
des experts. Le médecin est, ou devrait être, bien
informé sur les techniques de diagnostic, les causes
de la maladie, le pronostic, les options de
traitement et les stratégies de prévention, mais seul
le patient connaît son expérience de la maladie, sa
situation sociale, ses habitudes et comportements,
ses attitudes envers risques, valeurs et préférences.
Les deux types de connaissances sont nécessaires
pour gérer la maladie avec succès.22
Considérer le patient comme un soignant ne
signifie pas l'impliquer à tous les niveaux de
soins ; cela ne signifie pas l'inclure dans
chaque réunion ou le consulter
438
Centré sur le patient Patient-partenaire
approches approcher
sur chaque décision. Le médecin, l'infirmière, le
physiothérapeute et les autres professionnels de
la santé possèdent chacun une certaine
expertise; de même, le patient aussi. Aucun des
grands modèles de soins collaboratifs
interprofessionnels ne soutient que tous les
professionnels d'une équipe de soins doivent
agir ensemble en tout temps et participer à
toutes les étapes du processus. L'approche PP
ne le conteste pas non plus.
Aujourd'hui, le mouvement de médecine personnalisée
très médiatisé se concentre principalement sur la
génétique.23Cependant, cela pourrait également
englober une approche personnalisée des soins de
santé qui intègre les préférences, les expériences et
l'expertise particulières des patients et qui
développerait leur compétence individuelle à prendre
des décisions en matière de soins. En effet, si les
professionnels de la santé tenaient pleinement compte
de ces facteurs, de nombreuses impasses cliniques
pourraient en fait mener à des percées et de nombreux
défis actuels pourraient être surmontés. Les
connaissances scientifiques et expérientielles sont
complémentaires.21Les savoirs expérientiels peuvent
éventuellement être soutenus par la science si un
certain nombre de conditions sont réunies (parmi
lesquelles la qualité de la relation, la confiance en soi du
patient dans sa capacité à mobiliser ses savoirs
expérientiels lors de la rencontre médicale, la
reconnaissance par le médecin de l'importance et la
validité de ces connaissances, etc.). La patiente pourrait
elle-même initier une telle relation, ou elle pourrait le
faire en partenariat avec son professionnel de la santé.
Rôles changeants, changements culturels
Reconnaître l'existence et la validité des
connaissances scientifiques et expérientielles
implique que parfois la meilleure décision pour le
patient est de ne pas prendre le médicament
prescrit. Une telle proposition appelle un
changement majeur à la fois dans la culture de la
pratique médicale et dans celle de l'enseignement
médical :
Bien qu'il y ait eu des changements, et ceux-ci sont les
bienvenus, la position de force de nombreux médecins et
le manque de formation appropriée sur la façon de
travailler en partenariat avec les patients empêchent
toujours l'utilisation appropriée de l'expertise et de la
sagesse des patients.24
Avec la croissance des maladies chroniques, le rôle
du professionnel de la santé n'est plus strictement
un rôle de guérison; maintenant, cela comprend
également l'accompagnement, la sollicitude et les
conseils lorsque les patients entreprennent des
soins personnels. Les professionnels de la santé
doivent alors faire confiance aux patients et
reconnaître leurs succès dans les soins, aussi
minimes soient-ils. L'idée est que les médecins
permettent aux patients de participer activement à
leur propre processus médical, de reconnaître leur
capacité à fournir un retour d'information précieux
et de leur confier un certain degré de responsabilité
concernant la qualité et la sécurité et les types de
décisions de traitement prises par le l'équipe de
soins de santé, dont ils font partie, de sorte que leur
implication contribue positivement à l'ensemble du
processus.25
Aujourd'hui, les universités et les organismes de
financement de la recherche sont appelés à répondre
Médecine académique, vol. 90, n° 4 / avril 2015

à ces changements. Aux États-Unis, le Patient-
Centered Outcomes Research Institute, créé par
la loi de 2010 sur la protection des patients et
les soins abordables, a approuvé à ce jour près
de 200 prix totalisant plus de 273,5 millions de
dollars pour financer la recherche guidée par les
patients, les soignants et l'ensemble des soins
de santé. communauté.26
Un exemple d'une telle recherche est le
programme pilote "Zone of Openness" du Palo
Alto Medical Foundation Research Institute en
Californie, qui a été conçu pour dissiper la peur
des patients des répercussions de leur affirmation
dans les processus de prise de décision clinique et
pour aider les cliniciens à inviter les patients '
points de vue. Dans le domaine de l'enseignement
médical, l'initiative de soins centrés sur les
relations à l'Université de l'Indiana a démontré
qu'un changement de culture est possible dans
une grande école de médecine avec un
programme basé sur les compétences.27À
l'Université de Yale, le Département de psychiatrie
a développé le Citizens Project, qui fournit des
services de soutien par les pairs et des cours non
traditionnels axés sur les droits, les
responsabilités, les rôles et les ressources de
l'appartenance à la communauté aux adultes
actuellement en traitement pour une maladie
psychiatrique.28
De plus, les connaissances expérientielles sont
partagées entre les patients du monde entier
via healthtalkonline.org (anciennement DIPEx
de l'Université d'Oxford), un site Web consacré
au partage des expériences des patients. Par
ailleurs, depuis quatre ans, des universités du
patient se sont créées, notamment à Barcelone
(Espagne), Hanovre (Allemagne), Paris (France)
et bientôt Marseille (France),29
offrant des programmes pour développer les
connaissances des patients dans divers domaines.
Dans le prolongement de cette idée, l'Université de
Montréal (Canada) a créé en 2010 le Bureau de
l'expertise patient-partenaire (aujourd'hui la
Direction de la collaboration et du partenariat
patient [DCPP]), codirigé par un patient et un
médecin.30,31
Nos initiatives PP
Plutôt que de reléguer les patients dans des espaces séparés
(comme dans les universités de patients), le DCPP amène les
patients dans des structures déjà existantes pour créer de
véritables
partenariats, reconnaissant ainsi qu'ils possèdent une
compréhension et une expertise authentiques,
pertinentes et valides qui peuvent être immédiatement
mobilisées en tant qu'ajout fructueux au programme
d'études de la faculté de médecine. Le recrutement de
ces patients partenaires
Médecine académique, vol. 90, n° 4 / avril 2015
Perspective
est effectué principalement par les patients eux- Plus précisément, nous avons recruté et formé plus
mêmes. Nous avons développé un processus de de 160 patients experts qui participent activement
recrutement formel et des critères de sélection, aux soins de santé, à la recherche et à la formation
couvrant des éléments tels que la capacité de réflexion des professionnels de la santé (voir encadré 1).
et la capacité à s'exprimer clairement (données à Adoptant le programme d'études basé sur les
publier séparément). Les patients sont véritablement la compétences de notre faculté de médecine, ces
force motrice du DCPP. Les professionnels de la santé, patients en sont aux dernières étapes de
les étudiants, les universitaires et les enseignants l'élaboration de la première taxonomie (à notre
gravitent autour d'eux dans ce qui est devenu un cadre connaissance) des compétences des patients (le
de production de connaissances engageant et travail est dirigé par le coauteur Luigi Flora). Cette
hautement innovant, complètement intégré à notre taxonomie permettra d'évaluer et de suivre le
faculté de médecine. développement des compétences des patients et
Boîte 1
Composantes de la Direction de la collaboration et du partenariat patient (DCPP) de
l'Université de Montréal, 2010
Éducation
• Soixante-quinze patients-formateurs ont été recrutés, formés – principalement par des patients – et rémunérés :
º Des patients-formateurs dispensent une formation en collaboration interprofessionnelle à tous nos
étudiants en sciences de la santé32(13 programmes de soins de santé et de services sociaux, pour un total
d'environ 1 200 étudiants par cohorte)
º Les patients-formateurs co-animent (avec les professionnels de santé) des ateliers d'échanges
interprofessionnels. Ils donnent de la rétroaction aux étudiants concernant l'intégration et l'application du
concept de partenariat dans les soins de santé du point de vue du patient. Les questionnaires d'évaluation
remplis par les étudiants témoignent de la valeur ajoutée perçue de l'implication des patients dans les
processus de soins.
• Seize patients-coachs ont accompagné de nouveaux patients-experts dans les milieux de l'éducation, de la
recherche ou des soins de santé qui amorçaient ou poursuivaient l'approche patient-partenaire (PP).
• Un nouveau programme de mentorat pour les étudiants en médecine a été développé (en tant que projet pilote,
avec six dyades patients-étudiants pour la première année) : un patient vivant avec une maladie chronique est le
mentor d'un étudiant en médecine tout au long de ses études, tournées, choix de carrière, partager les bons
moments et les défis du cursus médical.
Soins de santé
• Depuis 2011, le DCPP a accompagné 26 équipes cliniques, majoritairement hospitalières (en
soins primaires, en oncologie et en santé mentale, entre autres) de la grande région de
Montréal et des environs, dans la mise en place du partenariat de soins en amélioration
continue approche développée par l'équipe de Paule Lebel.
• Les professionnels et les patients sont formés pour travailler ensemble et se fixer des objectifs communs, ce qui rend cette
approche innovante.
º Il ne s'agit pas d'inviter les patients à rejoindre un comité professionnel pour les aider à atteindre
des objectifs prédéfinis mais d'une véritable équipe co-construisant savoirs et décisions, où
chacun est formé à travailler ensemble avec les outils adaptés.
º Un premier objectif est fixé en commun, puis les tâches sont réparties et, dans l'action, la
contribution de chacun est mobilisée, reconnue par les autres membres de l'équipe, acceptée et
valorisée.
• Résultats préliminaires33ont indiqué un haut niveau de satisfaction et un réel changement de
culture des milieux de soins vers un partenariat qui n'est plus théorique mais bien incarné.
• Les équipes de soins primaires commenceront à implanter le programme PPCD; deux d'entre eux l'ont fait
en septembre 2014.
Rechercher
• Implication importante avec les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le principal organisme
fédéral responsable du financement de la recherche en santé au Canada
º Rôle de conseil pour l'élaboration du cadre d'engagement des citoyens des IRSC - le rôle du cadre
est de mieux aligner les projets de recherche financés sur les besoins des patients (www.cihr-
irsc.gc.ca/e/47275.html)
º Membre du conseil consultatif de l'Institut de la santé circulatoire et respiratoire
(www.cihr-irsc.gc.ca/f/45949.html)
º Membre du groupe de travail externe sur la « révision du modèle des instituts » - le mandat de ce
groupe de travail est d'examiner la structure, le rôle, les politiques, le cadre budgétaire et la liste
des instituts concernant leur capacité à répondre efficacement aux problèmes de santé actuels et
émergents. relever les défis de la recherche et tirer parti des possibilités scientifiques nationales
et internationales pour s'acquitter de manière optimale du mandat des IRSC (www.cihr-irsc.gc.ca/
f/47657.html).
439
Perspective
compétences en milieu de soins de santé, en
éducation et en recherche.
Le DCPP joue également un rôle-conseil dans
l'élaboration de directives de pratique et de
politiques favorisant le partenariat patient pour
le ministère de la Santé et des Services sociaux
du Québec. Ces lignes directrices portent entre
autres sur l'amélioration de la qualité, la lutte
contre le cancer et les soins primaires. Enfin,
nos patients conseillent les cadres et les
équipes de direction de plus de 30
établissements de santé de la province (plus de
350 directeurs et gestionnaires) quant à
l'établissement d'un plan stratégique, d'une
structure de gouvernance et de conditions de
travail favorisant le développement de
partenariats avec les patients.
La voie à suivre
Nous ne préconisons pas un nouveau paradigme
de la maladie ou des soins qui va au-delà de tous
les préceptes de la médecine centrée sur le patient,
mais plutôt la reconnaissance de la validité des
expériences de maladie et de bien-être des
patients. Les patients, comme les professionnels,
ont une expertise en soins de santé. Il est grand
temps qu'on s'en serve.
Certains domaines de soins (comme les soins de fin de
vie) et de nombreux professionnels de la santé
pratiquent peut-être déjà ce type de médecine; nous ne
voulons pas dire que tout le monde devrait repartir de
zéro. Les points de vue des patients et des
professionnels de la santé doivent être considérés
comme complémentaires – l'un ne doit pas remplacer ou
supplanter l'autre. L'approche PP était basée sur le cadre
conceptuel présenté ici et a été conçue par des patients
qui n'étaient pas en conflit, en colère contre ou en train
de déposer une réclamation contre le système de soins
de santé. Son développement et sa mise en œuvre ont
évolué (et le font toujours) in situ, c'est-à-dire que nous
trouvons des preuves et construisons une théorie au fur
et à mesure. Les premiers résultats et les commentaires
que nous avons reçus jusqu'à présent de la part des
professionnels, des gestionnaires, des patients, des
chercheurs et des étudiants ont été extrêmement
encourageants.
Maintenant que l'approche PP en est à sa troisième
année dans notre faculté de médecine et dans plusieurs
hôpitaux et cliniques de Montréal, les prochaines
étapes doivent se concentrer sur d'importantes lacunes
dans les connaissances concernant cette façon
relativement nouvelle d'aborder les soins dans le
contexte de la société d'aujourd'hui. Ces étapes
comprendront :
440
• Évaluer systématiquement l'impact de
l'approche PP sur :
• expériences des patients et des prestataires
• qualité des soins et sécurité des patients
• l'acquisition de compétences par nos étudiants
en médecine et sciences de la santé
• Étudier et comprendre les situations dans
lesquelles les patients ne souhaitent pas
rôle de partenaire dans leur prise en charge
et ceux pour lesquels il serait insensé de leur
imposer ce rôle avec les responsabilités qui
en découlent.
Une autre piste intéressante pour des recherches
futures serait de considérer l'impact, en termes
d'économie et de présence des entreprises dans les
soins de santé, des changements de pouvoir dans
les relations qu'implique l'approche PP.
L'approche PP a ses limites et n'est certainement
pas une solution miracle à utiliser en toutes
circonstances. Cependant, nous sommes
fermement convaincus qu'une telle approche sera
essentielle si nous voulons relever les plus grands
défis sanitaires de notre époque - celui du fardeau
croissant des maladies chroniques dans le monde
et le besoin critique de repenser nos systèmes de
soins de santé en conséquence - avec n'importe
quel moyen. mesure du succès. Cette perspective
est elle-même le fruit d'un partenariat fructueux
entre patients, professionnels de la santé et
chercheurs dévoués. Nous ne doutons pas que ce
soit le premier d'une longue série pour notre
équipe et d'autres.
Remerciements :Les auteurs tiennent à remercier
Marquis Fortin, Marie-Dominique Beaulieu, Charles
Pless et Lise Giroux pour leurs précieux
commentaires.
Financement/Soutien :Aucun signalé.
Autres divulgations :Philippe Karazivan et Marie-
Pascale Pomey dirigent le groupe de recherche de la
Direction de la collaboration et du partenariat patient
(DCPP) de l'Université de Montréal. Vincent Dumez et
Paule Lebel sont co-directeurs de la DCPP. Tous les
autres auteurs n'ont aucun intérêt concurrent à
divulguer.
Approbation éthique:Signalé comme non applicable.
Dr Karazivanest médecin de famille et chercheur, Centre de
recherche du Centre hospitalier de l'Université de Montréal,
Université de Montréal, Montréal, Québec, Canada.
M. Dumezest patiente et codirectrice, Direction de la
collaboration et du partenariat patient, Faculté de
médecine, Université de Montréal, Montréal, Québec,
Canada.
Dr Floraest patiente, chercheuse et conseillère
pédagogique, Laboratoire Interuniversitaire EA 3971
EXPERICE, Université Paris 8, Paris, France.
Dr Pomeyest professeur agrégé, Département
d'administration de la santé, École de santé publique,
Institut de santé publique, Université de Montréal,
Montréal, Québec, Canada.
M. Del Grandeest chercheur associé, Centre de recherche
du Centre hospitalier de l'Université de Montréal, Université
de Montréal, Montréal, Québec, Canada.
Dr Ghadiriest parent d'un patient et professeur
adjoint, HEC Montréal, Université de Montréal,
Montréal, Québec, Canada.
Dr Fernandezest patiente et professeure, Département
d'éducation et formation spécialisées, Université du
Québec à Montréal, Montréal, Québec, Canada.
Dr Jouetest patient et chercheur, Laboratoire de
recherche de l'Établissement Public de Santé de Maison
Blanche, Paris, France.
Dr Las Vergnasest proche d'un patient et directeur de
recherche doctorale, ED 139, Université Paris X, Paris,
France.
Dr Lebelest professeur agrégé, Département de
médecine familiale, Université de Montréal, Montréal,
Québec, Canada.
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25 Flora L. Le Patient Formateur : Élaboration
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France : Université Vincennes-Saint-Denis-Paris
8 ; 2012. Site Web de l'Institut de recherche sur
26 les résultats centrés sur le patient.
www.pcori.org. Consulté le 3 novembre 2014.
27 Cottingham AH, Suchman AL, Litzelman DK, et al.
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médecine : une étude de cas en
changement de culture organisationnelle. Stagiaire J
Gen Med. 2008;23:715–722.
28 École de médecine de Yale. Département
de psychiatrie. Citoyens–Communauté
Perspective
Projet d'amélioration. http://www.yale.edu/
PRCH/research/comm_enhancement.html.
Consulté le 30 octobre 2014.
29 Flora L. Des patients en formation avec des
professionnels de santé en faculté de
médecine : Un nouveau paradigme à l'aube
de la loi HPST ? Le Bulletin Juridique du
Praticien Hospitalier. 2013 ;154 : 1–4.
30 Université de Montréal. Faculté de médecine.
Direction collaboration et partenariat
patient. http://médecine. umontreal.ca/
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collaboration-partenariat-patient/.
Consulté le 30 octobre 2014.
31 Karazivan P, Dumez V, Lebel P, et al. Le patient
partenaire de soins, un atout pour le médecin.
Le Point en Administration de la Santé et des
Services Sociaux. 2011 ; 7:6–11.
Références citées dans l'encadré 1 uniquement
32 Vanier MC, Therriault PY, Lebel P, et al; Comité
opérationnel interfacultaire d'enseignement en
pratique collaborative de l'Université de Montréal.
Innover dans l'enseignement des pratiques
collaboratives avec une importante cohorte d'étudiants
à l'Université de Montréal. J Santé alliée. 2013;42:e97–
e106.
33 Centre de Pédagogie Appliquée Aux Sciences
de la Santé. Programme Partenaires de Soins.
Rapport d'étape (2011-2013) et Perspectives.
Faculté de médecine. Université de Montréal.
2014. http://medecine.umontreal.ca/doc/
PPS_Rapport_2011-2013.pdf. Consulté le 30
octobre 2014.
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