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28/09/2008

Rayonnement thermique
des matériaux semi-transparents
par Magdeleine HUETZ-AUBERT
Docteur ès Sciences
Directeur de Recherche Émérite au Centre National de la Recherche Scientifique
Sorïn KLARSFELD
Docteur de l’Université de Paris
Ancien Chef de Laboratoire à Saint-Gobain Recherche
et Philippe de DIANOUS
Ingénieur de Recherche, ISOVER Saint-Gobain, CRIR, Rantigny
(pour l’annexe 2)

1. Caractéristiques radiatives des MST.................................................. B 8 215 - 2


2. Milieux en masse, homogènes, non diffusants, isothermes,
en ETL.......................................................................................................... — 8
3. MST quelconques. Bilans pour le rayonnement et le matériau .. — 15
4. Résolution de l’équation de transfert radiatif. Exemples de
couplage ..................................................................................................... — 20
5. Applications à des isolants et à des feuilles de verre................... — 24
6. Conclusion ................................................................................................. — 29
7. Annexe 1 : composition des milieux étudiés ................................... — 30
8. Annexe 2: facteurs monochromatiques directionnels
« polarisés » : réflectivité à une interface ; réflectance,
absorptance et transmittance d’une lame ..................................... — 30
9. Annexe 3 : facteurs monochromatiques hémisphériques et
géométriques moyens d’un MST homogène, isotherme, non
diffusant, en ETL ...................................................................................... — 33
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. B 8 215

e texte fait suite à l’article consacré au rayonnement thermique des


C matériaux opaques [1]. Pour ces derniers, les interactions rayonne-
ment-matière, c’est-à-dire les processus de réflexion, d’absorption et d’émission
sont considérés comme des phénomènes de surface ou d’interface.
Un milieu semi-transparent (MST) est susceptible, non seulement de réflé-
chir à sa « surface » une fraction d’un rayonnement incident, mais aussi sur
une distance appréciable, voire sur toute son épaisseur, d’absorber, de diffuser
ou de transmettre l’autre fraction et simultanément d’émettre. Une étude de
5 - 1995

la propagation du rayonnement à l’intérieur de la matière, inutile pour les maté-


riaux opaques, est donc indispensable dans le cas d’un MST.
Les définitions des grandeurs physiques (coefficients, facteurs monochroma-
tiques...) et les équations (équation de transfert radiatif, bilan de flux pour le
MST...) des trois premiers paragraphes sont valables pour tous les MST. Mais
les particularités physiques propres aux milieux gazeux avec ou sans particules
B 8 215

et leurs conséquences sur le traitement théorique ne seront pas examinées ici


et feront l’objet d’un autre article. Les exemples de caractéristiques
radiatives (§ 1), d’approximations (§ 4) et d’applications (§ 5) sont réservés à des
matériaux denses, solides ou liquides ; de même, seul le couplage du rayonne-

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ment avec la conduction est examiné. Autrement dit, le présent article est orienté
essentiellement vers ce que l’on appelle, non plus milieux, mais matériaux
semi-transparents (également MST) sous deux formes possibles : l’une, dite
en masse ou en bloc, concerne par exemple les verres, les céramiques, les
semi-conducteurs, les matières plastiques ; l’autre, qualifiée de divisée, comporte
plusieurs phases comme les matériaux poreux où le fluide interstitiel reste
immobile.
Traitée dans certains laboratoires spécialisés (voir « Pour en savoir
plus [Doc. B 8 215] »), l’étude de la propagation du rayonnement dans un MST
est un problème complexe tant du point de vue physique que mathématique.
Si l’on excepte certains matériaux comme les verres et malgré les techniques
expérimentales actuellement disponibles [2], [5], les données sur les caractéris-
tiques radiatives sont rares et les conditions de leur obtention mal définies. Quant
à la résolution numérique des équations, elle est abordée dans des géométries
particulières et avec des hypothèses simplificatrices, portant entre autres sur la
diffusion, l’idéal étant que cette dernière soit négligeable.

1. Caractéristiques radiatives directionnelles, est omise. Lorsque le milieu est hétérogène par
constitution ou par suite d’anisothermie, nν et k ν sont des grandeurs
des MST locales.
La loi de Planck [1], où h est la constante de Planck et k celle de
Boltzmann :
Parmi les caractéristiques radiatives, les indices optiques ne sont
3
définis sans ambiguïté que pour des matériaux en masse, ne 2πh ν
ϕ ν0 ( T ) = πL ν0 ( T ) = ----------------------------------------------- (2)
comportant qu’une seule phase, solide, liquide ou gazeuse ; une hν
extension, concernant les indices optiques de matériaux divisés, 
c 02 exp -------- – 1
kT   
est possible avec précaution, mais elle n’est pas utilisée dans cet
article. À l’opposé, dans le domaine du rayonnement thermique, le concerne le flux monochromatique surfacique ϕ ν0 ( T ) et la
phénomène de diffusion se produit seulement en présence de plu- luminance monochromatique L 0ν ( T ) du corps noir placé dans le
sieurs phases. Quant à l’absorption thermique, elle est susceptible vide ou dans un milieu d’indice de réfraction voisin de 1, l’air par
d’intervenir dans tous les matériaux qu’ils soient en masse ou divi- exemple. ϕ ν0 ( T ) et L 0ν ( T ) sont fonctions de ν et de T, mais ne
sés. dépendent pas de la direction ∆ ; l’émission est isotrope. L 0ν ( T )
représente également la luminance du rayonnement d’équilibre
(ou rayonnement noir ) se propageant dans le vide à l’intérieur
1.1 Indices optiques d’un matériau d’une enceinte en équilibre thermodynamique parfait (ETP).
en masse. Luminance du corps noir Si l’émission du corps noir s’effectue vers un milieu isotrope
d’indice de réfraction n ν (ou si l’enceinte en ETP est remplie d’un
Un milieu en masse, opaque ou semi-transparent, est caractérisé milieu d’indice n ν ), ϕ ν0 ( n ν , T ) et L ν0 ( n ν , T ) sont donnés [6] par :
par un indice optique complexe : 3
2πh ν
ϕ ν0 ( n ν , T ) = πL ν0 ( n ν , T ) = πn ν2 L ν0 ( T ) = ------------------------------------------------- (3)
n* = nν – j kν (1) hν
ν

La partie réelle nν est l’indice de réfraction habituel et la partie


c ν2 exp -------- – 1
kT    
imaginaire k ν , l’indice d’extinction lié, comme nous le verrons dans c0
où c ν = ------ est la vitesse de phase du rayonnement dans le milieu
le prochain paragraphe (§ 1.2), au phénomène d’absorption. Le nν
couple (nν , k ν ) détermine les propriétés radiatives du matériau ; il d’indice n ν . Dans un milieu anisotrope, n ν et c ν dépendraient de la
varie avec la fréquence ν, avec la température T et, dans un milieu direction ; L 0ν ( n ν , T ) deviendrait une grandeur directionnelle
anisotrope, avec la direction ∆ ; cette dernière variation ne sera pas toujours égale à n ν2 L ν0 ( T ) mais ϕ ν0 ( n ν , T ) ne serait plus égal à
envisagée ici ; elle est du reste rarement prise en compte de sorte π L 0ν ( n ν , T ) .
que la notation prime (’), attribuée aux grandeurs radiatives

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Les indices optiques n ν , k ν sont déterminés à partir de mesures


Remarques de flux réfléchi et transmis [5]. On considère une lame semi-
transparente à faces lisses et parallèles, placée dans l’air, sur
Dans la plupart des cas, le milieu semi-transparent est aniso- laquelle arrive un rayonnement monochromatique selon une direc-
therme, voir hétérogène. Il est alors nécessaire d’utiliser des tion souvent voisine de la normale (θ ≈ 0o). Les fractions réfléchie
grandeurs locales, dépendant du point P considéré à l’intérieur et transmise de ce rayonnement, c’est-à-dire les facteurs
du MST. Au contraire, la fréquence ν, caractéristique intrinsèque monochromatiques directionnels [1] de réflexion ρν′ ( 0 o ) et de
du rayonnement, reste invariante lors des phénomènes transmission T′ν ( 0 o ) seront explicités (§ 2.1.2) ; précisons ici que
envisagés par la suite ; c’est donc à ν que seront rapportées les ρν′ ( 0 o ) dépend uniquement de nν et de k ν (36) tandis que T′ν ( 0 o )
grandeurs monochromatiques. Comme dans l’article consacré fait intervenir à la fois ρν′ ( 0 o ) (donc n ν , k ν ) et le facteur
aux matériaux opaques [1], la longueur d’onde λ, introduite dans monochromatique de transmission τν′ ( 0 o ) d’une longueur  de
certains exemples ou applications pour satisfaire à l’usage mal- MST [§ 2.1.1 et relation (50)].
heureusement établi, concernera uniquement la propagation du Les figures 1 et 2, obtenues expérimentalement [5], illustrent les
rayonnement dans le vide, à la vitesse c 0 , de sorte que, quel variations respectives de n λ = n ν et de k λ = k ν en fonction de λ
que soit le MST envisagé : (longueur d’onde dans le vide) pour la silice vitreuse et deux verres
c0 de type sodocalcique dont la composition est précisée (§ 7).
λ = ------
ν
■ Jusqu’à 4 ou 5 µm, n λ garde la valeur constante bien connue de
c 0 étant une constante fondamentale ; λ ainsi définie est aussi 1,5, très supérieure à celle de k λ ; dans ces conditions, le facteur
une caractéristique intrinsèque du rayonnement. monochromatique de réflexion ρλ′ ( 0 o ) est égal à 4 %, donc faible.
En revanche, à l’intérieur du MST, la longueur d’onde ■ Au-delà de 5 µm, des variations importantes de n λ et de k λ appa-
λ (P ) = c ν (P )/ ν, qui ne sera pas utilisée par la suite pour éviter
raissent avec passages par des maximums et des minimums
toute ambiguïté, est une grandeur locale de même que la vitesse accentués. Ainsi, pour la silice vitreuse (figure 1a ), n λ dépasse la
de phase c ν (P ) du rayonnement et que l’indice de réfraction valeur 3 aux alentours de 9,5 µm mais devient inférieur à 1 vers 8 µm
c0 et 20 µm ; dans ce cas (n λ < 1), la vitesse de phase c ν est plus grande
n ν ( P ) = ---------------
-.
cν ( P ) dans la silice que dans le vide : c ν > c 0 .
Rappelons que le domaine usuel du rayonnement thermique ■ Certaines longueurs d’onde jouent un rôle particulier. Conservant
[1] correspond approximativement à : l’exemple de la silice vitreuse (figure 1a ), on constate que n λ est égal
à 1 pour 4 longueurs d’onde : λ 1 = 7,35 µm, λ 2 = 9 µm, λ 3 = 19 µm,
103 GHz > ν > 6 GHz (1 gigahertz = 1012 hertz) λ 4 = 21 µm ; un rayonnement, se propageant dans l’air et arrivant
c0 selon une incidence quelconque (normale ou oblique) sur une sur-
0,3 µ m < λ = ------ < 50 µ m face lisse de silice, ne subit aucune déviation. De plus, (figure 2a ),
ν pour λ 1 , l’indice d’extinction k λ est pratiquement nul, autrement dit,
Pour simplifier quelque peu les questions abordées dans cet conjointement n λ = 1 et k λ ≈ 0 ; sous ces deux conditions (voir
article, il nous a semblé préférable d’en limiter les propos. paragraphe 2.1.2), la silice vitreuse à surface lisse ne réfléchit pas ;
— Selon l’usage, les milieux considérés sont supposés ρ λ′ ( 0 o ) ≈ 0 . Mais il n’en va pas de même aux trois autres longueurs
continus ; il est possible d’envisager un élément de volume d’onde pour lesquelles k λ n’est pas nul ; en effet, la fraction réfléchie
matériel dV petit à l’échelle macroscopique mais contenant un ρλ′ ( 0 o ) à l’interface air-verre, encore faible (0,02) à λ 3 , atteint les
nombre de particules (molécules, atomes, ions, cellules...) très valeurs élevées de 0,5 à λ 4 et de 0,55 à λ 2 (voir tableau 1 et figure 11 (0)
).
élevé. Par ailleurs, les coefficients et indices monochroma-
tiques, définis dans le paragraphe 1, ne varient pas avec la
direction ; cette propriété est exacte pour les milieux parfaite- 1.2 Coefficient monochromatique
ment isotropes ; nous admettons qu’elle reste admissible, au d’absorption thermique. Relation
moins approximativement, même pour des matériaux fibreux
et donc anisotropes (§ 4 et 5). Enfin les coefficients entre coefficient et indice
monochromatiques d’absorption et de diffusion (§ 1) sont
indépendants des flux incidents, ce qui implique des milieux Considérons (figure 3a ), à l’intérieur d’un milieu semi-transparent
linéaires.
(MST) quelconque en masse ou divisé, un flux (en watts) d φ ′  s, ∆ 
5
— Quelques effets sont totalement ignorés. C’est ainsi que le
phénomène de diffusion influe sur la polarisation du rayonne- se propageant selon s ’s, contenu dans l’angle solide dΩ et arrivant
ment au cours de la propagation. Il n’en est pas tenu compte. en P sur la surface dΣ ; s ’s est une direction rectiligne si l’indice de
En ce qui concerne certaines définitions, notations ou réfraction n ν du MST est indépendant de s ou curviligne si n ν = n ν (s )
conventions, il conviendra de se reporter à la référence [1]. varie ; ∆ désigne le vecteur unité tangent à s ’s en P ’. Si θ est l’angle
Rappelons seulement que la grandeur fondamentale du rayon-
plan entre la normale P ’ N ’ à d Σ et ∆ , d φ ′  s, ∆  s’écrit :
nement thermique est la luminance monochromatique direc- 5
tionnelle rapportée ici à la fréquence ν et notée L′ν . D’une
façon générale, le prime (’) et l’indice inférieur ν spécifient les
d φ ′  s, ∆  = L ν′  s, ∆  d Σ cos θ d Ω d ν
5
caractères respectivement directionnel et monochromatique (4)
de la grandeur considérée.
La luminance monochromatique directionnelle L′ν  s, ∆  est
fonction de ν, de s et de ∆ ; d’après (4), elle s’exprime en
J · m–2 · sr –1.
À la traversée d’un élément de matière, de longueur ds, de section
droite d Σ cos θ et de volume dV = d Σ cos θ ds, le flux d φ ′  s, ∆ 
5

subit entre P ’ et P, par suite de l’absorption thermique, une dimi-


6
nution d φ ′ s, ∆  proportionnelle à ds et au flux incident en P ’,
5
c’est-à-dire d φ ′ s, ∆  ; autrement dit :

6 5
d φ ′ a s, ∆  = – κ ν ( s ) d φ ′ s, ∆  ds (5)

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Tableau 1 – Caractéristiques radiatives


a) de la silice vitreuse aux quatre longueurs d’onde pour lesquelles n λ = 1
λ kλ ρ λ′ ( 0 o ) κλ λ Colonne de longueur  = 50 µ m
(µ m) (cm–1) (µ m) κ λ τ λ′ Matériau
λ 1 = 7,35 0,014 10– 4 3 · 102 30 1,5 0,22 semi-transparent
absorbant
λ2 = 9 2,2 0,55 3 · 104 0,3 150 ≈0 opaque
λ 3 = 19 0,27 0,02 1,8 · 103 5 9 ≈0 optiquement épais
λ 4 = 21 2 0,50 1,2 · 104 0,8 60 ≈0 opaque
b) de la silice vitreuse et d’un verre sodocalcique en fonction de λ
λ nλ kλ ρλ′ ( 0 o ) κλ λ Colonne de longueur  = 1 mm
(µ m) (cm–1) (mm) κ λ τ λ′ Matériau
0,3 à 2 1,5 0 0,04 <1 > 10 < 0,1 > 0,9 transparent ou optiquement
mince
2à5 1,5 0 0,04 < 10 >1 <1 > 0,4 semi-transparent
absorbant ou
optiquement épais
5 à 25 variations importantes > 10 2 < 0,1 > 10 < 10 – 4 opaque

Figure 2 – Indice d’extinction k  à T = 300 K de la silice vitreuse,


Figure 1 – Indice de réfraction n  à T = 300 K de la silice vitreuse, du verre isolation standard et du verre flotté Planilux
du verre isolation standard et du verre flotté Planilux

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Figure 4 – Comportement radiatif d’un MST en fonction


de l’épaisseur optique    ;  ′ = exp ( –    ) est le facteur
monochromatique de transmission d’une longueur  de MST (§ 2.1.1)

Le coefficient d’absorption κ ν se déduit immédiatement de l’indice


d’extinction k ν . Ils rendent compte, tous les deux, du phénomène
d’absorption thermique. Par ailleurs, d’après (7), un MST n’est
jamais gris, c’est-à-dire caractérisé [1] par des propriétés radiatives
indépendantes de ν ou de λ ; en effet, d’après (7), k ν et κ ν ne peuvent
pas être conjointement constants.
Il est également possible de relier κ ν ou k ν aux coefficients
d’Einstein d’absorption et d’émission induite [7]. En effet, si une
partie du flux incident est absorbée, une autre, faible en général sauf
Figure 3 – Flux contenu dans un angle d , se propageant dans les milieux lasers où elle devient prépondérante, induit
dans un milieu d’indice n ( s ) , selon une direction c’est-à-dire déclenche un rayonnement rigoureusement identique
de vecteur unitaire  au point P (ou P ’ ) (même direction ∆ , même fréquence ν , etc.). Le coefficient
monochromatique κ ν tient compte, en fait, des deux phénomènes :
absorption thermique proprement dite et absorption négative, dite
ou, compte tenu de (4) : encore émission induite.
6 Les courbes de la figure 5, établies à l’aide de plusieurs techniques
d φ ′ a s, ∆  = – κ ν ( s )L′ν s, ∆ d Ω dV d ν (6)
expérimentales [5], montrent l’évolution de κ λ = κ ν en fonction de
c0
Le phénomène d’absorption thermique correspond à une λ = ----- pour la silice vitreuse à plusieurs températures et pour deux
ν
conversion du rayonnement en énergie interne du matériau, donc verres de type sodocalcique (§ 7) à la température ambiante.
à une augmentation de cette dernière.
Le coefficient de proportionnalité κ ν (s ), introduit dans (5), est Remarquons d’abord (figure 5a ) que l’influence d’une élévation
appelé coefficient monochromatique d’absorption thermique ; il est de température (de 290 à 770 K) est sensible seulement au voisinage
homogène à l’inverse d’une longueur ; pour un milieu donné, il des minimums de κ λ et reste faible.
dépend de la fréquence ν, de la température T (s ) à l’abscisse s et Au contraire, en fonction de λ, des variations extrêmement impor-
éventuellement d’autres paramètres : la pression dans le cas d’un tantes de κ λ (de l’ordre d’un facteur 10 5, figure 5b ) apparaissent ;
gaz, la direction de propagation si l’on doit tenir compte de elles permettent d’affiner certaines constatations faites à propos de
l’anisotropie, etc. k λ et d’expliquer le comportement radiatif très particulier du verre
Dans l’expression (6) apparaît le volume d V de l’élément de (tableau 1). τ λ′ = exp ( – κ λ  ) désigne le facteur monochromatique
matière considéré ; la forme, cylindrique sur la figure 3a pour utiliser de transmission d’une longueur  de MST (§ 2.1.1).
l’expression habituelle (4), n’intervient plus ; elle peut être
quelconque (figure 3b ). ■ Pour λ < 5 µm (figure 5b et tableau 1b ), κλ varie fortement mais
Physiquement, il est intéressant de considérer l’inverse de κ ν ; en reste inférieur à 10 cm –1 de sorte que les photons ont un libre
1
1 parcours moyen  λ = ------
κ λ- supérieur au millimètre et sont suscep-
effet ν = ------- , homogène à une longueur, apparaît comme le libre
κν tibles de traverser une lame de faible épaisseur (1 mm par exemple) ;
parcours moyen des photons, c’est-à-dire la distance moyenne que celle-ci devient optiquement mince ou même transparente à courtes
peut parcourir un photon sans être absorbé. Si  désigne la longueur longueurs d’onde ( λ < 2 µ m environ) lorsque  λ dépasse le
parcourue par le rayonnement dans le milieu considéré, le rapport centimètre ; dans la mesure où l’on peut négliger le flux réfléchi
 ( ρλ′ ( 0 o ) = 4 % pour l’interface air-verre), la lame transmet la
----- =  κ ν s’appelle l’épaisseur optique. Le MST est optiquement
ν quasi-intégralité d’un rayonnement incident.
épais si  est supérieur à  ν et optiquement mince dans le cas ■ Au contraire, pour λ > 5 µm, κ λ est toujours supérieur à 10 2 cm–1
contraire ; il devient opaque, au sens adopté dans la référence [1], et  λ inférieur au 1/10 de millimètre ; de plus, κ λ subit des variations
s’il ne transmet aucune fraction d’un rayonnement incident et que, importantes de l’ordre d’un facteur 100. Le verre est un milieu très
de plus,  ν est petit devant . Pour donner un ordre de grandeur, absorbant, opaque sur une épaisseur faible (1 mm ; tableau 1b ) ; il
est semi-transparent et, généralement, optiquement épais si  ne
on peut admettre la correspondance un peu arbitraire schématisée
dépasse pas quelques dizaines de micromètres (tableau 1a ).
sur la figure 4.
L’étude de la propagation du rayonnement électromagnétique à ■ Examinons, dans le cas de la silice vitreuse (figure 5a,
l’aide des équations de Maxwell conduit [7] à la relation : tableau 1a ), les quatre longueurs d’onde où nλ = 1 (figure 1a ). Pour
λ1 = 7,35 µm et λ3 = 19 µm, k λ et, par conséquent, la fraction réfléchie
4π ν 4π ρλ′ ( 0 o ) sont respectivement négligeables ou très faibles. Mais, dans
κ ν = ---------- k ν et κ λ = ------- k λ (7)
c0 λ les deux cas, κ λ a une valeur appréciable, supérieure à 10 2 cm–1 ; il

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La conservation du rayonnement d’équilibre dans une enceinte


en ETP, maintenue à température T (s ) et contenant un milieu en
masse d’indice n ν (s ) dans lequel se trouve placé l’élément de
volume dV, conduit [8] à une égalité similaire à la loi de Kirchhoff
pour les matériaux opaques (relation (20), référence [1]) :

η ν ( s ) = κ ν ( s ) L 0ν  n ν ( s ) , T ( s )  = κ ν ( s ) n ν2 ( s ) L 0ν T ( s )  (9)

Mais l’égalité (9) ci-dessus fait intervenir des coefficients monochro-


matiques η ν , κ ν , tandis que la loi de Kirchhoff [1] concerne des
facteurs monochromatiques. Bien entendu, (9) n’est valable que
dans un milieu semi-transparent en équilibre thermodynamique
parfait (ETP) ou local (ETL).

1.4 Diffusion sans changement


de fréquence. Coefficient
monochromatique et fonction
angulaire de diffusion

Pour les matériaux en masse, seuls interviennent les phénomènes


de réflexion à leur surface, d’absorption et d’émission thermiques
en profondeur. Lorsque le milieu est divisé, composé de plusieurs
phases (milieux poreux : poudres, mousses, fibres, etc.) ou
contenant des impuretés (particules, bulles, etc.), le rayonnement est
susceptible d’être non seulement réfléchi, absorbé, émis, mais aussi
diffusé. La diffusion peut se produire sans ou avec changement de
la fréquence ν ; seul le premier cas, de beaucoup le plus important
en thermique, est envisagé ici. Dans ces conditions, la diffusion,
comme la réflexion sur une surface [1], modifie uniquement le trajet
suivi par le rayonnement. Mais chaque photon diffusé (ou réfléchi)
conserve sa fréquence ν , donc son énergie h ν , et l’apport
énergétique au matériau est rigoureusement nul. Au contraire,
rappelons-le, l’absorption thermique augmente l’énergie interne du
matériau tandis que l’émission thermique la diminue.
Figure 5 – Coefficients monochromatiques d’absorption Si l’on considère le flux se propageant selon s ’s, dans l’angle
thermique   de la silice vitreuse, du verre isolation standard solide d Ω, la diffusion a deux effets, l’un négatif (diminution de
et du verre flotté Planilux l’énergie incidente), l’autre positif (augmentation de celle-ci), et nous
les examinerons successivement.
s’ensuit qu’une lame de 50 µ m transmet, à λ1 , 22 % d’un rayonne- ■ Effet négatif
ment incident et en absorbe 78 % tandis qu’à λ 3 elle ne transmet rien
et absorbe 98 %. Aux deux autres longueurs d’onde λ 2 et λ 4 , la lame Le raisonnement du paragraphe 1.2 peut être transposé ici. En
est opaque mais, placée dans l’air, elle réfléchit environ 50 % d’un effet, le flux d 5 φ ′s, ∆  à l’abscisse s arrivant en P ’ (figure 3a ) est
rayonnement incident selon la normale à sa surface et, par partiellement diffusé dans toutes les directions ∆ d de l’espace
conséquent, en absorbe aussi 50 %. (figure 6) ; il subit de ce fait entre P ’ et P une diminution propor-
tionnelle à d 5 φ ′s, ∆  et à ds, soit :

6
1.3 Coefficient monochromatique d φ ′– d s, ∆  = – σ ν s d 5 φ ′  s , ∆  d s (10)
d’émission thermique. Relation ou encore :
entre coefficients d’émission 6
d φ ′– d s, ∆  = – σ ν s L ′ν  s , ∆  d Ω d V d ν (11)
et d’absorption
σν (s ) est le coefficient monochromatique de diffusion sans change-
Par le processus inverse du précédent (§ 1.2), l’élément de volume ment de fréquence ; comme κ ν (s ), σ ν (s ) est homogène à l’inverse
dV transforme à chaque instant en rayonnement une partie de son d’une longueur et dépend de la fréquence ν, de la température T (s )
énergie interne, laquelle diminue. Le flux d 6 φ ’ e (s ), émis thermi- et, éventuellement, de la pression.
quement selon la direction ∆ dans l’angle d Ω (figure 3b ), est L’identité de formulation des relations (5) et (10) ou (6) et (11)
proportionnel à dV et à dΩ ; dans un milieu isotrope, il ne dépend conduit à additionner κ ν et σ ν en un coefficient monochromatique
pas de ∆ ; par conséquent : d’extinction β ν (s ) tel que :

d6 φ ’ e (s ) = ην (s ) dV d Ω dν (8) β ν (s ) = κ ν (s ) + σ ν (s ) (12)

ην (s ), coefficient monochromatique d’émission thermique , est ■ Effet positif


homogène à une énergie volumique par unité d’angle solide ; il Dans les paragraphes 1.2 et 1.3, à l’absorption thermique entre P ’
dépend des mêmes variables que κ ν , à savoir essentiellement ν, T et P a été opposée l’émission thermique de dV selon Ps. Ici aussi,
et la pression dans le cas d’un gaz. il existe un processus de diffusion inverse du précédent ; en effet,

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mentales, on adopte ensuite pour p ν ( χ ) une fonction dont la princi-


pale justification est souvent de rendre les calculs praticables.
Citons quelques exemples courants illustrés par les courbes
de la figure 7.

Figure 6 – Diffusion d’un flux de  vers  d ou de  i vers 

l’élément de volume dV diffuse, selon la direction ∆ , dans l’angle

dΩ, une fraction d 6 φ+′ d s, ∆  du flux qu’il reçoit provenant de toutes

les directions ∆ i de l’espace (figure 6).


Pour expliciter d 6 φ+′ d s, ∆  , considérons le flux de luminance
monochromatique L ν′ s, ∆ i  arrivant dans l’angle d Ω i ; la fraction :

σ ν s  L ′ν  s , ∆ i  d Ω i d V d ν

est diffusée par dV dans les 4π sr de l’espace ; de ce flux diffusé,


seule une fraction que l’on écrit :
1
-------- σ ν  s  L ′ν  s , ∆ i  d Ω i d V d ν p ν  ∆ i → ∆  d Ω (13)
4π Figure 7 – Variation de la fonction angulaire de diffusion
est diffusée selon ∆ dans d Ω ; p ν  ∆ i → ∆  est la fonction angulaire en fonction de cos  . Comparaison entre des fonctions
mathématiques classiques [20]
de diffusion (désignée fréquemment par fonction de phase ;
1
------- p ν  ∆ i → ∆  d Ω représente la probabilité pour qu’un flux arrivant
4π ● L’hypothèse, fréquente mais rarement vérifiée, d’une diffusion
selon ∆ i soit diffusé selon ∆ dans l’angle d Ω ; d’où la condition isotrope correspond à :
de normalisation de p ν  ∆ i → ∆  : p ν iso ( χ ) = 1 (16)


et l’expression (15) se simplifie en :
1
------- p ν  ∆i → ∆  d Ω = 1 (14)

Le symbole

désigne tout l’espace, c’est-à-dire l’angle solide
σ ν s 
d 6 φ+′ diso s  = --------------- d Ω d V d ν

 L ν′  s , ∆ i  d Ω i

égal à 4π sr.
où intervient la luminance moyenne :
L’expression (13) doit être intégrée en d Ω i pour obtenir le flux
d 6 φ+′ d  s, ∆  diffuse selon d Ω à partir de toutes les directions ∆ i ;
il s’ensuit que :
1
L ν s  = -------
4π  L ν′ s, ∆ i  d Ω i (17)


● Dans un milieu constitué par des particules sphériques de
σν ( s )
d 6 φ+′ d  s, ∆  = ---------------- d Ω d V d ν L ν′  s , ∆ i  p ν  ∆ i → ∆  d Ω i (15) diamètre D p très inférieur à la longueur d’onde λ, la diffusion, dite
4π moléculaire, suit la loi de Rayleigh :

Des mesures directes de σ ν et de p ν  ∆ i → ∆  sont exclues pour 3


pν Rayl  χ  = -----  1 + cos 2 χ  (18)
4
les milieux divisés intéressant le thermicien et, par conséquent, à
la fois absorbants et diffusants. Le rôle respectif des deux phéno- π
mènes est très difficile à démêler d’autant plus que l’expression (15), La diffusion, minimale pour χ = ----- , se répartit également entre
2
indispensable à l’interprétation des expériences, est complexe ; en l’avant (direction incidente : χ = 0) et l’arrière (rétrodiffusion : χ = π).
effet, la luminance L′ν s, ∆ i  à l’intérieur du matériau ainsi que la ● Afin d’éviter la symétrie des diffusions avant et arrière, on utilise
parfois un modèle linéaire (linear anisotropic scattering ou LAS) :
fonction p ν  ∆ i → ∆  sont a priori inconnues.
pν LAS ( χ ) = 1 + aν cos χ (19)
En ce qui concerne la fonction angulaire de diffusion, la première
simplification, admissible en général, consiste à considérer, non plus le paramètre aν , positif ou négatif, variant avec ν.
les deux directions ∆ i et ∆ , mais seulement leur angle χ (figure 6) ● Pour des fonctions angulaires très pointues vers l’avant (cas des
laines de verre ou de particules absorbantes dans l’eau), une repré-
et à poser p ν  ∆ i → ∆  = p ν  χ  . En l’absence de données expéri- sentation plus réaliste [9], avec un maximum accentué pour χ = 0,

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consiste à introduire aussi un paramètre gν fonction de ν et à poser


comme Henyey et Greenstein (HG) :

1 – g ν2
pν HG  χ  = ------------------------------------------------------------
3⁄2
- (20)
 1 + g ν2 – 2 g ν cos χ 

D’autres expressions ont été proposées pour tenir compte d’une


diffusion importante vers l’arrière. Plus généralement, p ν ( χ ) est
exprimée sous forme d’un développement en série de polynômes
de Legendre (§ 3.3.1 et référence [10]). Enfin, sans entrer dans les
détails que l’on trouve par ailleurs [5], [7], [10], [11], [12], certaines
théories (de Mie, de Kerker, etc.) permettent de calculer à la fois les
coefficients κ ν , σ ν et la fonction p ν  ∆ i → ∆  pour des milieux
contenant des particules sphériques, cylindriques, ellipsoïdales, etc.
Le cas d’un isolant à fibres de verre est traité dans la référence [5].
Deux étapes sont nécessaires : on considère d’abord une seule fibre,
assimilée à un cylindre infini ; il faut ensuite procéder à des
moyennes pour accéder aux caractéristiques radiatives d’un
ensemble de fibres, compte tenu de la morphologie du milieu (répar-
tition spatiale des fibres, distribution de leurs diamètres, etc.). La
fonction p ν ( χ ) est prise en compte approximativement par le biais
d’un facteur de rétrodiffusion (§ 4.1.3) :


π
1
b ν = ---- p ν  χ  sin χ d χ (21)
2 π
----
2

Quant aux coefficients κ λ , σ λ pour une fibre de diamètre D p , ils


dépendent de l’indice complexe n *λ du verre en masse et aussi du
πD p
paramètre de taille ------------- qui, par définition, varie avec λ ; il s’ensuit
λ
une influence extrêmement importante de λ (ou de ν ) sur κ λ et σ λ .
Par contre, en fonction de la température T, de 290 à 770 K, les varia-
tions de σ ν sont décelables mais modestes, tandis que celles de κν ,
plus importantes, sont localisées au voisinage des minimums,
comme déjà constaté avec le verre en masse (figure 5a ).
La figure 8 illustre les évolutions en fonction de λ calculées res-
pectivement pour β λ = β ν (12) et pour l’albédo monochromatique :
σ σλ
ω λ = ω ν = ------ν = ------
- (22)
βν βλ

dans le cas de fibres de diamètre D p = 5 µ m en silice vitreuse ou


en verre à 4,5 % d’anhydride borique B2O3 (§ 7). La fraction solide
(fs), définie comme le rapport de la masse volumique de l’isolant Figure 8 – Coefficient monochromatique d’extinction 
à la masse volumique de la silice ou du verre, est égale à 1,4 %. et albédo monochromatique
 de fibres de silice vitreuse
Le coefficient d’extinction β λ (figure 8a ) présente, surtout pour la et de fibres de verre isolation standard
silice vitreuse, des fluctuations spectrales très importantes même
dans le domaine de 0 à 5 µ m où, pour le verre en masse, n λ restait
constant. Par ailleurs, βλ est quasiment nul aux alentours de 7,5 µ m ;
en effet, les propriétés optiques du verre en masse sont voisines de
celles de l’air (nλ ≈ 1, k λ ≈ 0) et la propagation du rayonnement n’est
2. Milieux en masse,
guère perturbée par l’absorption ou la diffusion. homogènes, non diffusants,
L’albédo ω λ (22) permet de préciser les rôles respectifs de la isothermes, en ETL
diffusion et de l’absorption thermique : ω λ = 1 correspond à un
milieu purement diffusant, ω λ = 0 à un milieu purement absorbant.
La figure 8b met en évidence trois zones spectrales que l’on retrouve Certains milieux considérés dans leur masse, sous forme cristal-
approximativement pour tous les verres : line, polycristalline ou vitreuse, sont parfaitement homogènes et ne
— avant 5 µ m, ω λ = 1 ; le milieu est purement diffusant car l’indice contiennent qu’une seule phase ; il s’agit, par exemple, de gaz sans
d’extinction k λ du verre en masse est très faible (kλ ≈ 10– 5) ; particules, de liquides sans suspensions, de verres sans impuretés
— vers 8 µm, la chute de l’albédo est due à une diminution brutale ou bulles. Le phénomène de diffusion est alors négligeable, autre-
de la diffusion, déjà mentionnée et interprétée (propriétés optiques ment dit : σ ν  κ ν . D’une manière générale, cette condition est satis-
voisines du verre en masse et de l’air) ; faite dès que la longueur d’onde λ du rayonnement est très
— au-delà de 9 µm, le milieu est diffusant et absorbant dans des supérieure à la dimension D p caractérisant les particules : λ  D p .
proportions comparables. C’est ainsi que la diffusion moléculaire par les atomes ou les molé-
cules est le plus souvent négligeable en thermique, car elle intervient
pour λ < 0,3 µm.

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En l’absence de diffusion, le MST est caractérisé par 3 paramètres 2.1.1.2 Processus d’émission thermique
radiatifs : n ν , k ν ou κ ν , compte tenu de la relation (7), et η ν . Si, de
La colonne de longueur  (figure 9) est susceptible, non seule-
plus, l’équilibre thermodynamique local (ETL) est réalisé, la validité
ment d’absorber et de transmettre, mais aussi d’émettre un rayon-
de l’égalité (9) réduit à 2 le nombre de paramètres indispensables.
nement.
La connaissance du couple ( n ν , k ν ) est donc à la fois nécessaire et
suffisante, ce qui illustre son importance. Par convention [1], le facteur monochromatique directionnel
d’émission est le rapport de deux luminances, celle du flux émis par
Par suite des hypothèses faites dans ce paragraphe, pour une
la colonne et celle du rayonnement noir (3) dans les mêmes
fréquence ν et une température T données, n ν et k ν ou κ ν restent
conditions. Or, compte tenu de la définition (8) de η ν , le produit η ν ds
constants dans le milieu considéré. Il est alors possible d’introduire
représente la variation de luminance à l’abscisse s due à l’émission
et d’utiliser des facteurs monochromatiques directionnels
thermique ; mais cette variation n’est pas intégralement transmise
comparables à ceux définis pour les matériaux opaques [1].
en s =  ; elle doit être multipliée par le facteur de transmission de
s à  . Par conséquent :

2.1 Facteurs et luminances


monochromatiques directionnels η0

ν exp  – κ ν (  – s )  ds
ε ν′ = ---------------------------------------------------------------------
- (27)
n ν2 L ν0 ( T )
2.1.1 Colonne rectiligne à l’intérieur d’un milieu
semi-transparent et, bien entendu, pour le milieu considéré, homogène et isotherme :

Examinons, à l’intérieur du MST isotherme, la propagation d’un ην


rayonnement ; n ν ne variant pas, la direction s ’s est rectiligne - 1 – exp ( – κ ν  ) 
ε ν′ = -------------------------------- (28)
κ ν n ν2 L 0ν ( T )
(figure 9), et nous raisonnons sur une colonne de longueur  . Deux
phénomènes, l’absorption et l’émission, déterminent l’évolution du De plus, d’après (9), en cas d’ETL :
flux d5 φ ’ (s ) en fonction de s ; ils seront envisagés séparément
(§ 2.1.1.1 et § 2.1.1.2) avant d’être rassemblés (§ 2.1.1.3). ε ν′ = 1 – exp ( – κ ν  ) = α ν′ (29)

2.1.1.1 Absorption seule conformément à la loi de Kirchhoff (relation (26), référence [1]) et
à la relation établie précédemment (26).
Le flux d6 φ ’ a (s ) représente la variation d (d5 φ ’(s )) de flux pendant Précisons que l’égalité (29) peut être obtenue directement [13],
le trajet ds, de sorte que l’équation (5) s’intègre et devient : sans passer par l’intermédiaire de η ν . Elle résulte, en effet, de la
conservation du rayonnement noir d’équilibre dans une enceinte en
 κ 
s
5 5
d φ ′ ( s ) = d φ ′ ( 0 ) exp – (s′ ) ds′ (23) ETP, maintenue à température T et contenant un milieu d’indice n ν ,
ν
0 dans lequel se trouve placée la colonne de longueur  . Par ailleurs,
en conformité avec les termes utilisés pour τ ν′ (transmittance) et
soit, pour une longueur  , avec κ ν constant : αν′ (absorptance), εν′ est souvent qualifiée d’émittance monochro-
5 5
matique directionnelle.
d φ ′ (  ) = d φ ′ ( 0 ) exp ( – κ ν  ) (24)
5 5 2.1.1.3 Processus d’absorption, d’émission
En fait d φ ′ (  ) correspond au flux transmis d φ′ t (
) à l’abscisse et de transmission
s =  tandis que d5 φ ’(0) est le flux incident d5 φ ’ i (0) en s = 0. À l’inté-
Ils interviennent simultanément pour déterminer l’évolution du
rieur du MST, en l’absence de réflexion aux deux extrémités de la
flux d5 φ ’(s ) au cours de sa propagation.
colonne considérée (puisque n ν ne varie pas), le facteur monochro- 5
Pour la colonne représentée sur la figure 9, le flux d φ ′ (  ) à l’abs-
matique directionnel de transmission, égal au rapport du flux 5
5
transmis d φ ′ t (  ) au flux incident d5 φ ’ i (0), s’exprime donc par : cisse  , qu’on peut considérer comme le flux partant d φ ′ p (  ) de
5
la colonne, se compose d’un flux transmis d φ ′ t (  ) et d’un flux émis
τ ν′ = exp ( – κ ν  ) (25) 5 e
d φ ′ (  ) , soit :
De plus, par suite de la conservation de l’énergie, le flux incident 5 5 5 5
est la somme des flux transmis et absorbé de sorte que le facteur d φ′ ( ) = d φ′ p ( ) = d φ′ t ( ) + d φ′ e ( )
monochromatique directionnel d’absorption est égal à :
α ν′ = 1 – τ ′ν = 1 – exp ( – κ ν  ) (26)
Les deux facteurs introduits ci-dessus sont liés au coefficient
monochromatique d’absorption κ ν . La distinction entre facteur
(sans dimension) et coefficient (avec dimension, κ ν étant homo-
gène à l’inverse d’une longueur) est essentielle. Par ailleurs,
d’après (25) et (26), τ ′ν et α ν′ dépendent de la longueur  de la
colonne, contrairement aux facteurs des matériaux opaques [1]
pour lesquels aucune dimension n’intervient. Afin d’illustrer cette
différence, il est conseillé d’utiliser ici la terminaison « ance » avec
transmittance pour τ ν′ et absorptance pour αν′ alors que la Figure 9 – Colonne de longueur  à l’intérieur d’un milieu
terminaison « ivité » est réservée à l’absorptivité des matériaux semi-transparent d’indice de réfraction n*

opaques ; toutefois le symbole α ν′ reste le même, car il n’y a pas
de réflexions aux extrémités de la colonne ; un cas différent est
traité plus loin (§ 2.1.2).

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Il s’ensuit que la luminance L′ν (  ) , ou luminance L′ν p (  ) du flux Un faisceau de rayons parallèles, caractérisé par une bande
partant de la colonne, est aussi la somme de deux termes : passante ∆ν autour de la fréquence ν et faisant un angle θ1 avec la
normale O1 N1 à la lame, arrive sur l’interface ➀. Soit d 5 φ ′ i ( O 1 , ∆ 1 ) ,
L′ν (  ) = L′ν p (  ) = τ ν′ L′ν ( 0 ) + εν′ n ν2 L ν0 ( T ) (30)
le flux incident au point O1 :
et compte tenu de (25) et (29) : — une partie ρ ′ν 1 ( θ 1 ) est réfléchie spéculairement, l’angle de
réflexion étant égal à θ1 ;
L′ν (  ) = L′ν (  ) = L′ν ( 0 ) exp ( – κ ν  ) +
p
n ν2 L 0ν ( T ) [ 1 – exp ( – κ ν  ) ] — le complément 1 – ρ ′ν 1 ( θ 1 ) pénètre dans la lame selon l’angle
(31) de réfraction θ tel que :
n ν 1 sin θ1 = n ν sin θ (32)
Il peut arriver que l’un des termes soit négligeable :
et la fraction :
— lorsqu’un rayonnement puissant, laser par exemple, traverse
un milieu froid (T ≈ 300 K), L′ν (  ) se réduit pratiquement à la lumi- 
nance transmise :
τ ν′ ( θ ) = exp ( – κ ν  ) = exp – κ ν --------------
cos θ   (33)

L′νt (  ) = τ ν′ L′ν ( 0 ) est transmise au point O 2 .


— au contraire, si le rayonnement à l’abscisse 0 est négligeable Le facteur monochromatique directionnel de réflexion ou réflec-
et le milieu chaud, L′ν (  ) devient égal à la luminance émise : tivité monochromatique directionnelle ρ ′ν 1 ( θ 1 ) est désigné par
ρν′ 1s ( θ 1 ) dans la référence [1] pour rappeler le caractère spéculaire
L′ν e (  ) = εν′ n ν2 L 0ν ( T ) de la réflexion. Par ailleurs, si le rayonnement incident n’est pas pola-
risé, ρν′ 1 ( θ 1 ) est égal à :
Selon une remarque faite (§ 2.1.1.2), L′ν e (  ) tient compte à la fois
de l’émission à chaque abscisse s et de l’absorption entre s et  . ρ ′ν 1 // ( θ 1 ) + ρ ′ν 1⊥ ( θ 1 )
ρ ′ν 1 ( θ 1 ) = --------------------------------------------------------
- (34)
2
Supposons maintenant que l’on impose à l’abscisse s = 0 la
condition : L′ν ( 0 ) = L ν0 ( n ν , T ) = n ν2 L ν0 ( T ) . D’après (31), il vient ρ ′ν 1 // ( θ 1 ) et ρ ′ν 1⊥ ( θ 1 ) sont les réflectivités polarisées, c’est-à-dire
aussi : L′ν (  ) = n ν2 L 0ν ( T ) . Il y a donc conservation de la luminance relatives à une polarisation du rayonnement incident respectivement
du rayonnement noir le long d’une colonne en ETP (§ 2.1.1.2). parallèle ( // ) au plan défini par O 1N 1 et ∆ 1 (figure 10) et perpen-
diculaire (⊥ ) à ce plan. D’après les relations de Fresnel [7] (§ 8),
ρ ′ν 1 // ( θ 1 ) et ρ ′ν 1⊥ ( θ 1 ) , donc leur moyenne ρ ν′ 1 ( θ 1 ), se calculent,
2.1.2 Lame à faces lisses et parallèles pour un angle θ1 donné, à partir des indices optiques n *ν 1 et n *ν ,
ce qui montre une fois de plus l’intérêt de ces indices.
Considérons (figure 10) une lame semi-transparente, une vitre par
exemple, d’indice de réfraction n ν et d’épaisseur  , les autres Pour une incidence normale (θ 1 = θ = 0o), les réflectivités polari-
dimensions étant supposées très supérieures à  . La lame est placée sées sont égales :
entre deux milieux semi-transparents d’indices différents n*ν 1 , n*ν 2 . 2 2
Les interfaces ➀, ➁ sont parallèles et optiquement lisses. La tem- ( n ν1 – nν ) + ( kν1 – kν )
ρν′ 1 ( 0° ) = ρ ν′ 1// ( 0° ) = ρ ′ν 1⊥ ( 0° ) = ----------------------------------------------------------------
2
- (35)
2
pérature des 3 milieux est la même, égale à T. ( n ν1 + n ν ) + ( kν1 + kν )

Si, de plus, le milieu 1 est l’air avec n ν 1 = 1 et k ν 1 = 0, il vient :


2
( n ν – 1 ) + k ν2
ρν′ 1 ( 0° ) = ρν′ ( 0° ) = -----------------------------------
2
- (36)
( n ν + 1 ) + k ν2

L’indice 1 à ρν′ 1 ( 0° ) peut être supprimé par simplification puisque


ρν′ ( 0° ) dépend uniquement des indices n ν et k ν , mais l’expression
(36) n’est valable que pour une interface lisse air-MST et une
incidence normale.
La figure 11 représente la réflectivité ρ λ′ ( 0° ) = ρν′ ( 0° ) en
fonction de λ pour la silice vitreuse SiO2 et deux verres sodocalciques
(§ 7). Certaines valeurs de ρ λ′ ( 0° ), déjà indiquées dans le tableau 1,
apparaissent clairement ici ; en particulier, ρ λ′ ( 0° ) s’annule entre 7
et 8 µm ; par ailleurs, si la réflectivité reste constante et faible pour
λ < 5 µm, elle subit ensuite en fonction de λ des variations très impor-
tantes avec des maximums accentués, surtout pour la silice vitreuse,
au voisinage de 10 et de 20 µm ; c’est uniquement dans ces deux
zones que l’influence de la température se fait légèrement sentir.
Figure 10 – Réflexion, absorption et transmission Après traversée de la lame (figure 10), c’est-à-dire en O 2 , sur
pour une lame semi-transparente, à faces lisses et parallèles, l’interface ➁, le constat est similaire à celui observé en O1 :
d’indices optiques n  , k  , placée entre deux milieux d’indices — la fraction :
optiques respectifs n 1 , k 1 et n  2 , k  2 ρ ′ν 2 // ( θ ) + ρ ′ν 2 ⊥ ( θ )
ρν′ 2 ( θ ) = ------------------------------------------------------
-
2
d’un rayonnement non polarisé est réfléchie vers l’intérieur de la
lame ;

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Bien entendu, le flux incident d5 φ ’ i étant égal à la somme des flux


réfléchi, absorbé et transmis, il vient :
R′ν 1 ( θ 1 ) + A′ν 1 ( θ 1 ) + T′ν 1 ( θ 1 ) = 1 (41)

Par ailleurs, en dehors des trois phénomènes envisagés ci-dessus,


la lame est susceptible d’émettre. Le facteur monochromatique
directionnel d’émission ou émittance E′ν 1 s’obtient, soit par addi-
tion des flux émis au point O1 dans la direction – ∆ 1 par la succession
de longueurs  ⁄ cos θ intervenant directement ou après réflexion
sur les interfaces, soit par application directe de la loi de Kirchhoff :
E′ν 1 ( θ 1 ) = A′ν 1 ( θ 1 ) (42)

Les expressions des facteurs R′ν 1 , A′ν 1 = E′ν 1 , T′ν 1 peuvent


être établies de façon plus concise [14], sans passer par l’intermé-
diaire des réflexions successives.
Pour certaines valeurs des indices optiques et de l’angle θ 1 , les
facteurs polarisés, de réflexion par exemple, R′ν 1 // ( θ 1 ) et R′ν 1⊥ ( θ 1 ) ,
se distinguent nettement l’un de l’autre. Des exemples sont donnés
en particulier dans la référence [14]. Quand le rayonnement incident
n’est pas polarisé, R′ν 1 est la moyenne des deux réflectances pola-
risées R′ν 1// et R ν′ 1⊥ , soit :
Figure 11 – Réflectivité monochromatique d’une surface lisse R′ν 1 // ( θ 1 ) + R′ν 1⊥ ( θ 1 )
de silice vitreuse, de verre flotté Planilux et de verre isolation R′ν 1 ( θ 1 ) = ---------------------------------------------------------- (43)
standard en incidence normale
2

R′ν 1 ( θ 1 ) représente la grandeur énergétique intéressant le thermi-


— le complément 1 – ρ ν′ 2 ( θ ) est réfracté vers le milieu d’indice cien [1]. Ces considérations sur R ν′ 1 s’appliquent évidemment aux
n ν 2 selon un angle θ 2 donné par : autres facteurs.
Il est possible de simplifier les expressions (38), (39), (40) si l’on
n ν sin θ = n ν 2 sin θ 2 (37) utilise l’égalité :
Des processus identiques se produisent en P1 , Q 1 ... et en P 2 , Q 2 ... ρ ′ν 1 ( θ 1 ) = ρ ′ν 1 ( θ ) (44)
Si la différence de marche 2 ⁄ cos θ entre deux rayons consécutifs
valable pour θ1 et θ reliés par (32) ; (44) s’établit facilement à partir
sortant de la lame est très supérieure à la longueur de cohérence
des formules de Fresnel ([7] et § 8).
c 0 /∆ν du rayonnement, les phénomènes d’interférences sont négli-
geables. Les flux réfléchis d 5 φ ’ r et transmis d 5 φ ’ t par la lame dans Lorsque les milieux 1 et 2 sont identiques : n ν 1 = n ν 2 , cas d’une
son ensemble sont alors constitués par les sommes des flux suc- vitre placée dans l’air par exemple, il vient :
cessifs, respectivement réfléchis vers le milieu d’indice n ν 1 et trans- ρ ′ν 1 ( θ 1 ) = ρ ′ν 1 ( θ ) = ρ ′ν 2 ( θ ) (45)
mis vers le milieu d’indice n ν 2 . De même le flux absorbé d5 φ ’ a est
la somme des flux absorbés au cours des trajets O 1O 2 , O 2 P1 , P1P2 , et (38), (39), (40) conduisent aux expressions classiques :
P2Q 1 ...
Les facteurs polarisés, caractérisant chaque réflexion sur l’inter- 1 – ρ ν′ 1 ( θ 1 )  2 τ ′ν2 ( θ )
R′ν 1 ( θ 1 ) = ρ ′ν 1 ( θ 1 ) 1 + ---------------------------------------------------------------- (46)
face ➀, ρ ′ν 1 // ( θ 1 ) , ρ ′ν 1 ⊥ ( θ 1 ) , ou sur l’interface ➁ , ρ ′ν 2 // ( θ ) , 1 – τ ν′ 2 ( θ ) ρ ν′ 21 ( θ 1 )
ρ ′ν 2⊥ ( θ ) , peuvent différer l’un et l’autre, de sorte que les facteurs
caractérisant la lame doivent être calculés pour chaque direction de 1 – ρ ′ν 1 ( θ 1 )  1 – τ ′ν ( θ )
A′ν 1 ( θ 1 ) = ---------------------------------------------------------------------
- (47)
polarisation (§ 8). Après sommation de séries géométriques 1 – τ ν′ ( θ ) ρ ν′ 1 ( θ 1 )
évidentes, on obtient les trois facteurs monochromatiques direc-
tionnels polarisés suivants où le symbole  remplace soit // , soit ⊥ :
1 – ρ ′ν 1 ( θ 1 )  2 τ ′ν ( θ )
— facteur de réflexion ou réflectance : T′ν 1 ( θ 1 ) = -------------------------------------------------------------
- (48)
1 – τ ν′ 2 ( θ ) ρ ν′ 21 ( θ 1 )
R′ν 1 ( θ 1 ) = ρ ′ν 1 ( θ 1 )
Si, de plus, l’incidence est normale (θ 1 = θ = 0o), le symbole  et
 1 – ρ ′ν 1 ( θ 1 )  τ ν′ 2 ( θ ) ρ ′ν 2 ( θ )  1 – ρ ′ν 1 ( θ ) l’indice 1 sont inutiles et, par exemple :
- (38)
+ -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
1 – τ ν′ 2 ( θ ) ρ ′ν 1 ( θ ) ρ ν′ 2 ( θ )
[ 1 – ρ ′ν ( 0° ) ] 2 τ ν′ 2 ( 0° )
R′ν ( 0° ) = ρ ′ν ( 0° ) 1 + ----------------------------------------------------------- (49)
— facteur d’absorption ou absorptance : 1 – τ ν′ 2 ( 0° ) ρ ν′ 2 ( 0° )
 1 – ρ ν′ 1 ( θ 1 )   1 – τ ν′ ( θ )   1 + τ ν′ ( θ ) ρ ′ν 2 ( θ ) 
A′ν 1 ( θ 1 ) = ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
- (39) [ 1 – ρ ′ν ( 0° ) ] 2 τ ′ν ( 0° )
1 – τ ν′ 2 ( θ ) ρ ′ν 1 ( θ ) ρ ν′ 2 ( θ ) T′ν ( 0° ) = ----------------------------------------------------------
- (50)
1 – τ ν′ 2 ( 0° ) ρ ν′ 2 ( 0° )
— facteur de transmission ou transmittance :
avec une simplification identique pour A′ν ( 0° ) .
1 – ρ ν′ 1 ( θ 1 )  1 – ρ ′ν 2 ( θ )  τ ν′ ( θ )
T′ν 1 ( θ 1 ) = -------------------------------------------------------------------------------------------------
- (40) La transmittance T′λ ( 0° ) = T′ν ( 0° ) mesurée pour une lame de
1 – τ ν′ 2 ( θ ) ρ ′ν 1 ( θ ) ρ ν′ 2 ( θ ) silice vitreuse et de verre flotté Planilux (§ 7), d’épaisseur 50 µm,
limitée par deux interfaces lisses air-verre, est portée sur la figure 12

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ν 1 absorptivité α ν j et réflectivité ρν j sont dépourvues de symboles


en fonction du nombre d’onde -----
c 0- = ----
- . Des zones de transparence
λ directionnel (’) ou hémisphérique ( ) et sont reliées par :
parfaite ( λ < 5 µm) alternent avec des zones d’opacité totale ; dans
ε ν j = α ν j = 1 – ρν j (51)
ces dernières, la réflexion à chaque interface (figure 11) peut être
importante (c’est le cas pour 7,7 < λ < 10 µ m) ou faible
(11,8 < λ < 13 µ m). Entre elles, la lame est semi-transparente ; à ■ Approximation A2 : le flux surfacique monochromatique émis ϕ νej
11 µ m, par exemple, et à température ordinaire (20 o C), est isotrope. Dans la référence [1], l’émission s’effectuait vers un
T′λ ( 0° ) = 26 % tandis que (figure 11) ρλ′ ( 0° ) = 10 % . milieu d’indice de réfraction égal à 1. On doit ici généraliser vers un
milieu semi-transparent G d’indice de réfraction n ν G , supposé indé-
Dans les mêmes conditions (silice vitreuse à 20 oC, λ = 11 µm), pendant de la température. Par conséquent, ϕ ν0j T j  et L ν0 T j  étant
d’après la figure 5a, le coefficient monochromatique d’absorption
κ λ est égal à 2,3 · 10 2 cm–1 de sorte que, avec  = 50 µ m, donnés par (2), la luminance monochromatique L νej du flux émis par
τ λ′ ( 0° ) = exp ( – κ λ  ) = 32 % diffère nettement de T′λ ( 0° ) ; la Sj vers G s’écrit :
transmission de la lame est atténuée par deux réflexions sur
chacune des interfaces air-verre, comme le montre le calcul de ϕ νj ϕ ν0j T j 
T′λ ( 0° ) par l’expression (50), ce qui permet bien entendu de retrou- - = ε ν j n ν2G ------------------ = ε ν j n ν2G L 0ν T j 
L eν j = ------- (52)
ver la valeur mesurée T′λ ( 0° ) = 26 % (figure 12). Par contre, la π π
réflectivité ρλ′ ( 0° ) étant faible, la réflectance R′λ ( 0° ) , calculée à
■ Approximation A3 : les flux réfléchi ϕ νr j , incident ϕ νi j , partant
partir de (49) R′λ ( 0° ) = 11 % n’est que très légèrement augmentée
par la deuxième réflexion. Il en résulte une absorptance A′λ ( 0° ) ϕ νpj , sont traités comme s’ils étaient isotropes. Le flux monochro-
égale à 63 % et, malgré le peu d’épaisseur de la lame, l’absorption matique surfacique partant ϕ νpj , égal à la somme des flux émis ϕ νej
est le phénomène dominant. et réfléchi ϕ νr j , est donc relié aux luminances correspondantes par :
Dans de nombreuses applications [5], des interfaces autres que
celles (verre-air) envisagées ci-dessus interviennent ; elles seront ϕ νpj = π L νpj = π  L νej + L νr j  = π  L νej + ρ vj L νi j  (53)
traitées dans les paragraphes 5 et 8.
L νr j est, comme L νej , indépendant de la direction.
Par ailleurs, la discrétisation de toutes les surfaces opaques, inter-
2.2 Échanges d’énergie radiative venant dans le problème traité, doit être suffisante pour satisfaire
aux trois conditions d’uniformité (CU) suivantes : sur chaque surface
entre matériaux opaques Sj , la température Tj (CU 1), l’émissivité ε ν j (CU 2) ainsi que les flux
à travers un MST. Méthode des flux monochromatiques surfaciques incident ϕ νi j et, par conséquent,
incident et partant partant ϕ νpj ( CU 3 ) sont uniformes.
Comme dans le paragraphe 6 de la référence [1], on considère un
2.2.1 Conditions d’application de la méthode certain nombre N de matériaux opaques satisfaisant aux approxi-
mations et conditions rappelées ci-dessus. Mais ici le milieu inter-
La méthode des flux incident et partant (ou des éclairement et médiaire G entre les surfaces de deux matériaux n’est plus
radiosité) ainsi que les conditions nécessaires à sa mise en œuvre totalement transparent ; il est seulement semi-transparent, de sorte
ont été détaillées dans la référence [1]. Il s’agit d’une méthode analy- qu’il intervient dans les échanges d’énergie radiative. G est contenu
tique, applicable à de nombreuses situations, mais approchée car dans une enceinte, autrement dit une (ou plusieurs) des N surfaces
subordonnée, rappelons-le, à la validité de certaines simplifications. opaques enveloppent toutes les autres. La température TG est
Trois approximations essentielles sont admises a priori, relati- supposée uniforme, ce qui implique l’existence d’un brassage
vement à chaque surface opaque Sj , à température Tj . suffisant à l’intérieur de G ; c’est néanmoins une hypothèse un peu
rude. Le coefficient monochromatique d’absorption de G, κ ν G , est
une constante, pour une fréquence ν donnée.
Pour fixer les idées, la configuration envisagée peut correspondre
à un four de cuisson contenant un mélange gazeux ou une flamme
(figure 13a ), à un récipient rempli de liquide (bouteilles de gaz poly-
atomiques CO, CO2 ... liquéfiés), à un écoulement fluide dans un
cylindre ou entre deux plans parallèles (figure 13b ).
Avant d’appliquer la méthode des flux incident et partant, compte
tenu de la présence d’un milieu semi-transparent G, il faut d’abord
imiter la procédure adoptée pour chaque surface opaque S j (approxi-
mations A1, A2, A3) et introduire, pour caractériser le comportement
radiatif de G entre deux surfaces S j , S k , des facteurs mono-
chromatiques indépendants de la direction.

2.2.2 Facteurs monochromatiques géométriques


moyens entre deux surfaces

Commençons par considérer 2 surfaces élémentaires dSj , dSk ,


séparées par le MST G (figure 14). L’angle solide d Ωk délimite une
colonne de longueur  jk . Sur le plan radiatif, cette colonne est sus-
ceptible de transmettre, d’absorber et d’émettre ; les facteurs mono-
Figure 12 – Transmittance monochromatique d’une lame
chromatiques directionnels correspondants τ ν′ j k , α ′ν j k , ε ′ν j k , sont
à faces lisses et parallèles, d’épaisseur 50 m , de silice vitreuse
en fonction du nombre d’onde  ⁄ c 0 pour plusieurs températures
donnés par les expressions (25), (26) et (29), c’est-à-dire :

τ ν′ jk = 1 – α ν′ jk = 1 – ε ν′ jk = exp ( – κ ν G  jk ) (54)
■ Approximation A1 : les facteurs radiatifs monochromatiques
sont indépendants de la direction, autrement dit, émissivité ε νj ,

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Si l’on envisage les 2 surfaces Sj , Sk , une double intégration est


nécessaire et :

p
φ νi Sk ( S j ) = L ν j sj
τ ν′ jk dS j cos θ j dS k cos θ k
s k ---------------------------------------------------------------------
 j2k
-

+ n ν2G L ν0 G sj sk
εν′ jk d S j cos θ j d S k cos θ k
- (57)
---------------------------------------------------------------------
j k
2

C’est grâce aux approximations faites, concernant l’isotropie des flux


(A1, A2, A3) et l’isothermie de G, que les luminances L νp j et L ν0 G
sont extraites des intégrales.
Il peut arriver que le milieu G soit totalement transparent pour
certaines fréquences avec τν′ jk = 1 et ε ν′ jk = 0 ; le flux (57) se réduit
alors à :

φ νi Sk ( S j ) = L νpj  sj sk
dS j cos θ j dS k cos θ k
---------------------------------------------------------
j k
2
- (58)

expression identique à celle (54b ) de la référence [1]. Rappelons de


plus que l’introduction du facteur de forme :

Figure 13 – Échanges radiatifs entre matériaux opaques


à travers un MST G
1
f Sj Sk = f jk = ---------
πS j
-  sj sk
dS j cos θ j dS k cos θ k
----------------------------------------------------------
2
j k
- (59)

permet de simplifier (58) en :

φ νi Sk ( S j ) = S j f jk ϕ νpj = S k f k j ϕ νpj (60)

compte tenu de (53) et de la relation de réciprocité :


S j fjk = S k fk j
Le facteur de forme est le rapport du flux partant de la surface
Sj et arrivant à la surface S k au flux partant de Sj .
Lorsque le milieu G est semi-transparent, le flux φ νi Sk ( S j ) , donné
par (57), se condense de façon similaire en :

φ νi Sk ( S j ) = S k f k j  τ ν jk ϕ νpj + ε ν jk n ν2G ϕ ν0G  (61)

avec ϕ ν0G = π L ν0 ( T G ) et à condition d’utiliser des facteurs mono-


chromatiques géométriques moyens entre S j et Sk tels que :
Figure 14 – Échanges radiatifs entre 2 surfaces opaques
élémentaires dS j , dS k , à travers un milieu semi-transparent G
d’indice de réfraction n G , à température TG
1
τ ν j k = τ ν k j = ----------------
πS j f j k
- sj sk
τ ν′ j k dS j cos θ j dS k cos θ k
----------------------------------------------------------------------
 j2k
- (62)

Le flux monochromatique arrivant sur dS k et contenu dans d Ωk


s’écrit :
1
ε ν jk = ε ν k j = ------------------
πS j f jk
εsj sk
ν′ jk dS j cos θ j dS k cos θ k
---------------------------------------------------------------------
 j2k
- (63)

4
d φ ν′ idSk ( d Ω k ) =  τ ν′ jk L νp j + ε ν′ jk n ν2G L ν0 G  dS k cos θ k d Ω k (55) avec, bien entendu :
τνj k = 1 – ανj k = 1 – ενj k (64)
avec L 0ν G = L ν0 ( T G ) . Le second membre de (55) est la somme de
deux termes ; L νp j étant la luminance du flux partant de dSj (53), le
premier terme représente le flux transmis par G sur dSk ; le deuxième 2.2.3 Expression des flux perdus
est le flux émis par la colonne d’angle d Ω k vers dS k . Pour symétriser
le rôle des deux surfaces dSj , dSk , il est préférable d’expliciter l’angle Après avoir envisagé un couple de surfaces Sj , Sk , examinons
d Ω k dans (55) de sorte que : maintenant les N matériaux opaques constituant une enceinte et
échangeant de l’énergie radiative à travers G. Supposons connues
4
dS k cos θ k dS j cos θ j les caractéristiques radiatives, c’est-à-dire le coefficient κ νG et
d φ ν′ idSk ( d Ω k ) =  τ ν′ j k L νp j + εν′ j k n ν2G L ν0 G  --------------------------------------------------------
- (56) chaque émissivité ε ν k , et supposons préalablement calculés tous les
 j2k facteurs de forme f jk [1] ainsi que les différents facteurs géométri-
ques moyens τ ν jk ou ε ν jk .

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On dispose pour chaque surface Sk des trois relations suivantes : S j , S k . De ce fait, ces facteurs deviennent hémisphériques et
s’écrivent :
ϕ νpk = ε ν k n ν2G ϕ ν0k + ρ ν k ϕ νi k (65)
τνG = 1 – ανG = 1 – ενG
j=N
ϕ νi k =
j=1
∑ f k j  τ ν jk ϕ νpj + ε ν jk n ν2G ϕ ν0G  (66) 1
= -------
πS

s
exp  – κ ν G   P, ∆  dS cos θ d Ω (70)

ϕ νk = ϕ νpk – ϕ νi k (67) P désigne un point situé sur la surface intérieure S de l’enceinte et
∆ une direction quelconque (figure 15a ) ;   P, ∆  est la longueur de
ϕ ν0k = ϕ ν0 ( T k )
et ϕ ν0G = ϕ ν0 ( T G ) sont liés aux températures respec- la colonne semi-transparente délimitée par l’angle solide d Ω .
tives Tk , TG , par (2). Remarquons que, par analogie avec l’expression (25), on peut
La première relation (65) est identique à (53), la luminance L νek poser :
τ ν G = exp (– κ νG RH ) (71)
étant exprimée à l’aide de (52). La seconde (66) s’établit immédia-
tement à partir de (61) ; en effet, ϕ νi k ( S j ) = φ νi Sk ( S j ) ⁄ S k , représente RH est alors appelé rayon de l’hémisphère de Hottel [15]. Mais RH
le flux monochromatique surfacique incident sur Sk en provenance n’est pas une moyenne sur les longueurs   P, ∆  ; RH est obtenu
de Sj ; pour obtenir ϕ νi k , il suffit de sommer sur les N surfaces Sj . après calcul des deux intégrales sur S et sur 2π stéradians (70). Tout
Quant à la troisième (67), elle donne le flux monochromatique perdu se passe comme si, pour chaque point P de S, on remplaçait le
volume réel G par un hémisphère H, de rayon RH et de centre P, et
par la surface Sk .
que ce même hémisphère H était conservé pour tous les points P
Associée au système [(65), (66) et (67)], une quatrième équation de S (figure 15b ).
concerne le flux monochromatique φ νG perdu par G, lequel est bien Le facteur τ ν G (ou ε ν G = α ν G ) et le rayon RH varient avec la géo-
évidemment, en présence d’une enceinte, égal à la somme des flux métrie de l’enceinte et également avec κ νG . Le paragraphe 9 donne
gagnés – φ νk par toutes les surfaces Sk , soit : des exemples où le calcul de τ νG (70) conduit, soit à des expressions
analytiques, soit à des intégrales classiques dont les valeurs numé-
k=N k=N
riques sont tabulées. Il existe également des tables [7], [15] donnant
φ νG = – ∑ φ νk = – ∑ S k ϕ νk (68) τ νG ou RH en fonction de κ νG a où a est une dimension caractéristique
k=1 k=1 de l’enceinte. Enfin des valeurs de RH peuvent être utilisées pour
un milieu G om ou H om optiquement mince (§ 1.2), c’est-à-dire pour
Le système d’équations ci-dessus [(65), (66), (67) et (68)] corres-
lequel κ ν G R H  1 , de sorte que :
pondant à 3N + 1 équations permet de déterminer les inconnues,
températures ou flux, et, après intégration, d’effectuer des bilans [1] ;
ainsi :
τ
νG
om ≈ 1 – κ ν G RH om , ε
νG
om ≈ κ ν G RH om (72)
— lorsque les températures sont connues, la résolution du sys-
tème conduit aux flux monochromatiques ϕ νpk , ϕ νi k , ϕ νk et φ νG
(en joules), puis aux flux perdus (en watts) :

ϕ
k
= ϕ
0


νk
dν, φ
G
= φ0


νG
dν (69)

— il peut arriver que les échanges radiatifs soient prépondérants


vis-à-vis de ceux par conduction ou convection ; si par ailleurs le
milieu G est adiabatique, on dit que l’équilibre radiatif est réalisé ;
la température TG est alors déterminée par l’égalité :

φ
G
= 0

appliquée au flux total φ G


et surtout pas à un flux monochromatique
φ νG , ce qui serait absurde. Ce sont donc les échanges radiatifs avec
les surfaces opaques qui fixent la température de G.

2.3 Cas particuliers


2.3.1 Échange entre le MST et son enceinte opaque
L’échange radiatif est limité à deux éléments seulement : le MST
à température TG et son enceinte F, de surface interne S, à tempé-
rature TF et d’émissivité εν F . C’est le cas du four (figure 13a ) ou de
l’isolant (figure 13b ) lorsque respectivement les parois ou les plans
se trouvent à la même température TF .
Les facteurs géométriques moyens, introduits précédemment
(§ 2.2.2), dépendent de la géométrie de l’enceinte, qui est celle aussi
du MST, au lieu d’être subordonnés à la disposition de deux surfaces

Figure 15 – Échanges radiatifs entre un milieu semi-transparent G


d’indice de réfraction n G , à température TG ,
et son enceinte opaque F à température TF

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Une formule approximative donne également RH pour des Si le milieu est optiquement mince (§ 1.2) :
milieux peu épais (§ 9).
ϕ = κ R n2
Après calcul de τ νG , les équations (65) et (66) se réduisent à : νG
om
νG
om
H
om
νG
om

1 + ρ ν 2  ε ν 1 ϕ ν01 + 1 + ρ ν 1  ε ν 2 ϕ ν02
ϕ νp F = ε ν F n ν2G ϕ ν0 F + ρ ν F ϕ νi F (73) x ϕ0 – -------------------------------------------------------------------------------------------
- (79)
νG
om
2 1 – ρ ν 1 ρ ν 2 
ϕ νi F = ε ν G n ν2G ϕ ν0G + τ ν G ϕ νpF (74)
avec R om = 2 (§ 9). En cas d’équilibre radiatif (§ 2.2.3), la tempé-
H
avec ϕ νi F = ϕ νpG , ϕ νi G = ϕ νpF rature T om est donnée par :
G

κ 
et ρν F = 1 – ε ν F , τ ν G = 1 – ε ν G ∞ ∞ κ om n 2 om
νG νG
2 n2 ϕ0 dν = -------------------------------
-
ϕ νF νG νG 1 – ρν1 ρν2
om om
νG
om
Quant au flux monochromatique surfacique perdu par F (et 0 0
gagné par G ), il s’exprime (en J · m–2) par :
ενF ενG x ε ν 1 1 + ρ ν 2  ϕ ν01 + ε ν 2 1 + ρ ν 1  ϕ ν02  d ν (80)
ϕ νF = ------------------------------ n ν2G  ϕ ν0F – ϕ ν0G  (75)
1 – ρνF τνG On voit clairement qu’il serait aberrant de poser = 0 dans ϕ  om
νG
Après une intégration (qu’il ne faut surtout pas oublier !), le flux la relation (79) ; en faisant varier ν, on obtiendrait des températures
surfacique ϕ F perdu par F (en W · m– 2) est relié aux flux ϕ ν0F , ϕ ν0G , T G om totalement différentes les unes des autres puisque les para-
c’est-à-dire aux températures TF , TG , équation (2), par : mètres κ ν G om , n ν G om et, à titre moindre, ρν 1 , ρν 2 varient fortement
avec ν. Comme nous le verrons plus loin (§ 3.3.3) l’équation (80) peut



ενF ενG être obtenue par une autre voie.
ϕ = ------------------------------ n 2  ϕ 0 – ϕ ν0G  d ν (76)
F 0 1 – ρνF τνG νG νF

Précisons que TF , TG peuvent aussi intervenir dans les facteurs


respectivement ε ν F (ou ρ ν F ), ε ν G (ou τ ν G ), mais de manière géné- 3. MST quelconques.
ralement négligeable vis-à-vis de leur influence sur ϕ ν0F , ϕ ν0G . Quoi
qu’il en soit, (76) permet de calculer l’une des trois grandeurs ϕ  F
,
Bilans pour le rayonnement
TF , TG , connaissant les deux autres. et le matériau
2.3.2 MST entre deux plans parallèles Dans un milieu semi-transparent anisotherme, hétérogène, à
plusieurs phases, les différents processus examinés dans le
Deux plans parallèles ➀ et ➁, respectivement à températures T 1 , paragraphe 1 interviennent simultanément. Du point de vue des
T 2 , et d’émissivités monochromatiques ε ν 1 , ε ν 2 , sont séparés par caractéristiques radiatives, aux trois paramètres n ν , k ν ou κ ν , ην ,
qui se réduisent au couple (n ν , k ν ) en cas d’ETL, s’ajoutent, pour
un milieu semi-transparent G, d’épaisseur , à température TG
prendre en compte la diffusion, le coefficient monochromatique σν
(figure 13b ) ; l’influence des zones très minces à proximité des et la fonction angulaire p ν  ∆ i → ∆  . Toutes ces caractéristiques sont
plans, où la température diffère nécessairement de TG , est supposée des grandeurs locales, susceptibles de varier à l’intérieur du MST.
négligeable.
Par ailleurs, le flux radiatif constitue un mécanisme de transfert
Les facteurs de forme sont évidents : d’énergie qu’il convient d’associer aux échanges par conduction ou
convection. Nous nous limiterons ici à l’étude du couplage rayon-
f 12 = f 21 = 1, f 11 = f 22 = 0
nement-conduction. Deux équations de bilan, qui vont être
et le calcul de τ ν 12 , égal du reste à τ ν G , s’effectue facilement (70) examinées successivement, sont alors à prendre en compte : la
à l’aide de la seule intégration sur l’hémisphère (§ 9). première concerne le flux radiatif, la seconde le milieu.
Le système [(65) et (66)] conduit pour le plan ➀ à :

ϕ νp1 = ε ν 1 n ν2G ϕ ν0G ρ ν 1  ε ν G n ν2G ϕ ν0G + τ ν G ϕ νp2  (77) 3.1 Équation de transfert radiatif.
Pour le plan ➁, il suffit de permuter les indices 1 et 2. On en déduit : Bilan de flux radiatif monochromatique
ϕ ν1 + ϕ ν2

ϕ νG = – -------------------------
2
-  À la traversée de l’élément de volume dV dans l’angle d Ω
5
(figure 3b ), le flux d φ ′s, ∆  subit :
ενG nνG 2
= --------------------------------------- — une augmentation par suite de l’émission thermique (8) et de
1 – ρ ν 1 ρ ν 2 τ ν2 G la diffusion selon ∆ (15), à partir des directions ∆ i contenues dans
4π sr ;
 ε ν 1 1 + τ ν G ρ ν 2  ϕ ν G – ϕ ν 1  + ε ν 2 1 + τ ν G ρ ν 1  ϕ ν G – ϕ ν 2  
0 0 0 0
— une diminution due à l’absorption thermique (6) et à la diffusion
×  --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- (78)
 2  depuis ∆ vers toutes les directions ∆ d (11).
Il en résulte que, pendant le trajet ds, la variation de luminance
et par intégration ϕ G
 .
L′ν s, ∆  vérifie l’équation :
Le cas particulier T1 = T2 = TF , ε ν 1 = ε ν 2 = ε ν F correspond au
paragraphe 2.3.1 et (78) conduit à – ϕ νF (75). d L ′ν  s , ∆  σ ν s 
--------------------------- = η ν ( s ) + --------------
ds 4π
 L′ν s, ∆ i  p ν  ∆ i → ∆  d Ω i

–  κ ν s  + σ ν  s   L ν′  s , ∆  (81)

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Dans le cas d’un phénomène instationnaire, la luminance varie en Le long de l’axe curviligne s ’s (figure 3a ), à partir de la luminance
fonction du temps t, de sorte que L′ν s, ∆  est à remplacer par L ν′ 0, ∆  0   à l’abscisse s = 0 et dans la direction ∆  0  , la solution
L′ν s, ∆ , t et que : formelle de (82) s’exprime par :

dL′ν s, ∆ , t  ∂L′ν s, ∆ , t  ∂L′ν s, ∆ , t  dt


 
s
- + ---------------------------------- ⋅ -------
----------------------------------- = --------------------------------- L ν′ s, ∆  s   = L ν′ 0, ∆  0   exp – β ν  s ′  ds ′
ds ∂s ∂t ds 0

β  
s s

∂L′ν s, ∆ , t dt + ν s′  ν  s ′ , ∆  s′   exp – β ν  s″  d s ″ ds ′ (87)


0 s′
Mais le terme ----------------------------------- -------- est en règle générale négligeable,
∂t ds
avec ν s′, ∆  s′   donné par (83) et, par conséquent, dépendant de
ds
car la vitesse de propagation -------- de l’énergie radiative est extrê- L′ν s′, ∆  s′   . Autrement dit, (87) constitue pour L ν′ s, ∆  s   une
dt
équation intégrale et non pas une expression analytique.
mement grande. Autrement dit, le temps mis par le rayonnement
pour traverser le système est extrêmement faible vis-à-vis du temps L’intérêt de (87) est de montrer que L ν′ s, ∆  s   s’obtient par la
nécessaire pour produire une variation appréciable dans le champ somme de deux termes physiquement évidents et déjà examinés
de rayonnement. (§ 2.1.1) : le premier, produit de la luminance à l’abscisse s = 0 par
Compte tenu de la remarque précédente et de la définition de le facteur de transmission de 0 à s, représente la luminance transmise
β ν (12), il est d’usage d’écrire l’équation de transfert radiatif sous la L′νt  s  ; le second est l’intégration de 0 à s du gain de luminance
forme intégro-différentielle suivante : à chaque abscisse s ’ par émission et diffusion, gain qui doit être
multiplié par le facteur de transmission de s ’ à s.
dL ′ν  s , ∆  Pour un milieu non diffusant : σν = 0, ou plus exactement lorsque
1
--------------- --------------------------- + L ′ν  s , ∆  = ν  s , ∆  (82) la diffusion est négligeable (§ 2), l’équation de transfert radiatif (82)
β ν(s ) ds cesse d’être intégro-différentielle puisqu’elle se simplifie en :
avec une fonction source ν s, ∆  telle que :
1 dL′ ν s, ∆  ην  s 
- + L ν′ s, ∆  = -------------

------------- ---------------------------- (88)
ην ( s ) σν ( s ) 1 κν  s  ds κν  s 
ν s, ∆  = --------------- + --------------- -------- L′ν s, ∆ i  pν  ∆ i → ∆  d Ω i (83)
β ν ( s ) β ν ( s ) 4π
et la solution formelle (87) devient :
ν s, ∆  est, en fait, une grandeur directionnelle qui devrait être
 
s
affectée d’un prime (’) ; cette notation est toujours omise, étant inutile L ν′ s, ∆  s   = L′ν 0, ∆  0   exp – κν  s ′  d s ′
pour les fonctions p ν , couramment utilisées, indépendantes de ∆ ; 0
ainsi, pour une diffusion isotrope  p ν iso  ∆ i → ∆  = 1  , la fonction
η  
s s
source devient : + ν s′  exp – κ ν  s ″  d s ″ ds ′ (89)
0 s′
ην ( s ) σν ( s )
ν iso ( s ) = --------------- + -------------- L ν ( s ) (84) avec, en cas d’ETL, d’après (9) :
βν ( s ) βν ( s )
η ν  s′  = κ ν  s′  n ν2 s′  L ν0 T s′  
L ν (s ) désignant, comme précédemment (17), la luminance moyenne
à l’abscisse s. Si, de plus, le milieu est isotherme et homogène, κ ν , n ν sont des
En cas d’ETL, après introduction de l’albédo mono- constantes et (89) conduit à (31) pour s =  .
chromatique (22) : À l’opposé, dans un milieu purement diffusant : κ ν = 0, η ν = 0, ou
σν ( s ) tout au moins lorsque le phénomène de diffusion est prépondérant,
ω ν ( s ) = --------------
βν ( s ) l’équation de transfert (82) reste intégro-différentielle avec :

et, compte tenu des relations (9) et (12), (83) se transforme en : 1


ν s, ∆  = --------

 L′ν s, ∆ i  p ν  ∆ i → ∆  d Ω i

 ν s, ∆  = 1 – ω ν s   n ν2 s  L ν0 T s  
Pour une diffusion isotrope, ν s  est alors tout simplement égal
ων  s 
+ ----------------

 L ′ν  s , ∆ i  p ν  ∆ i → ∆  d Ω i (85)
à la luminance moyenne L ν s  sur toutes les directions ∆ i (17).

Les équations ci-dessus (82), (83) et (85) sont en quelque sorte


3.2 Vecteur flux surfacique radiatif.
monochromatiques (fréquence ν ), locales (abscisse s ) et direction-
nelles (direction ∆ ). Si on envisage la propagation du rayonnement
Bilan de flux pour le MST
dans un milieu d’indice variable n ν (s ), le vecteur ∆ dépend de
l’abscisse s et doit s’écrire ∆ ( s ) . La trajectoire s ’s est fixée, dans Dans un MST, la présence de rayonnement modifie les équations
l’approximation de l’optique géométrique [12] (p. 122) par classiques de conservation de la quantité de mouvement et de
l’énergie. Deux effets, généralement négligeables même à hautes
l’équation :
températures [17], ne seront pas envisagés par la suite : l’addition

 n ( s ) -------
ds 
d dr d’une énergie radiative à celle d’origine moléculaire, l’existence
------- ν - = ∇n (s) ν (86) d’une pression de radiation [10]. Il reste à considérer le transfert
ds
d’énergie ou, plus précisément, le flux volumique perdu par le maté-
où r = OP est le vecteur caractérisant la position du point P. riau à cause des processus de conduction et de rayonnement.

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À l’intérieur d’un matériau opaque, le flux volumique perdu par (figure 3b ) perd de l’énergie par émission (8) et en gagne par
 absorption (6), mais la diffusion n’a pas d’influence directe sur le
conduction est égal à la divergence ∇q du vecteur flux surfacique
 matériau (§ 1.4). Il s’ensuit que :
de conduction q , avec, d’après la loi de Fourier :
3 e 3 a
d3 φ   P  d φ d φ
  ------------------------- = ------------- – -------------
q = – k ∇T (90) dV dV dV

 ν
 ∞
où k désigne la conductivité thermique, dite encore phonique.
 = d  η ν  P  – κ ν  P  Lν′  P , ∆   d Ω (98)
Dans un MST, il faut ajouter à q un vecteur flux surfacique de 0

rayonnement q . Avec : c’est-à-dire :
 

le flux volumique perdu par le matériau devient :


q = q +q (91)
∇q

 P  = 4π  0

η ν  P  dν – 0

κ ν  P  dν  L ν′  P , ∆  d Ω (99)

  ou encore :
∇q = ∇q + ∇q

(92) ∞

Une formulation de q

et de ∇q

est donc nécessaire. ∇q  P  = 4π  η ν P  – κ ν P  L ν P   dν (100)
0
5
Le flux d φ ′ s, ∆  , explicité en (4), traverse la surface d Σ et se L ν (P ) étant la luminance monochromatique moyenne au point P.
propage dans l’angle d Ω. Il s’écrit : Bien entendu, si dans (95) le vecteur q ν  P  peut être utilisé à
5
titre transitoire, le flux volumique perdu par le matériau au point
d φ ′ s, ∆  = L ν′ s, ∆  d Σ N ⋅ ∆ dΩ dν (93) P (99) et (100) est total, c’est-à-dire intégré sur toutes les
fréquences ν. Au contraire, l’équation de transfert (82) est, rappe-
N désignant le vecteur unitaire sur la normale à d Σ (figure 3a ). Si lons-le, monochromatique, c’est-à-dire valable pour chaque fré-
l’on considère un volume V de milieu semi-transparent, limité par quence ν. Sous forme abrégée, le bilan de flux est monochromatique
une surface Σ, le flux radiatif, perdu par V ou traversant la surface Σ pour le rayonnement et, impérativement, total pour le matériau.
vers l’extérieur de V, s’obtient par une triple intégration de (93), soit :


φ

=  Σ
N dΣ  ν
0

d L ν′  P , ∆  ∆ dΩ (94)
L’expression (99) de ∇q  P  fait intervenir, dans une double inté-
gration, la luminance L ν′ P, ∆  , elle-même solution de l’équation
P étant un point courant sur la surface Σ. Il suffit d’introduire un intégro-différentielle de transfert (82) et fonction du champ de
 température généralement inconnu T (P ). Sans insister davantage,
vecteur flux surfacique de rayonnement q tel que : on conçoit facilement la complexité des problèmes mathématiques
à résoudre dans un milieu semi-transparent.
q

P  =  ∞

0

q ν P  d ν =  ν0

d L ′ν  P , ∆  ∆ d Ω (95)

La diffusion n’apparaît pas explicitement dans ∇q  P  . L’hypo-
thèse d’isotropie, si elle simplifie quelque peu la fonction source (84),
pour constater que : ne modifie en rien le deuxième membre de (99). Même l’absence
de diffusion (σ ν = 0), très avantageuse en ce qui concerne l’équation
φ

= 
Σ
q

P  N d Σ (96)
de transfert (88), n’apporte aucune simplification dans (99). Par
contre, pour un milieu purement diffusant sur toute l’échelle des
  fréquences (κ ν = 0, η ν = 0 quel que soit ν ). Il vient :
est le flux du vecteur q P  ; le produit scalaire ϕ  P  = q P  ⋅ N
représente ainsi le flux radiatif traversant l’unité de surface, per- 
∇q = 0 (101)
pendiculaire à N , au point P, c’est-à-dire la condition aux limites
radiative. Notons qu’on obtient également cette équation (101) en cas
d’équilibre radiatif (§ 2.2.3).
Une transformation mathématique bien connue permet le passage
de l’intégrale de surface (96) à l’intégrale de volume :

φ

=  V
∇q

P  dV (97)
3.3 Modèle du mur semi-transparent

 Les expressions précédentes, en particulier l’équation de


où P est un point courant de V. D’après (97), ∇q P  est bien, selon transfert (82), ont été rapportées à l’abscisse curviligne s. Le passage
d3 φ aux coordonnées cartésiennes, cylindriques, sphériques, s’effectue
une remarque déjà faite, le flux volumique radiatif -------------- perdu au
dV classiquement sur le plan mathématique. Mais, par suite des diffi-
point P. cultés soulevées par la résolution des équations, principalement en
présence de diffusion, la plupart des applications concrètes sont limi-

Pour exprimer la divergence ∇q P  , on peut utiliser conjointe- tées à des configurations particulières, à symétrie cylindrique ou
 sphérique par exemple [10], et surtout, comme nous le ferons ici,
ment la définition (95) de q P  et l’équation de transfert (82).
au problème monodimensionnel. Ce cas, correspondant à une
Cependant la méthode la plus directe consiste à partir de la signi- couche semi-transparente limitée par deux plans parallèles, se

fication physique de ∇q P  . En effet, au point P, le volume dV rencontre dans de nombreuses applications pratiques.

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3.3.1 Géométrie monodimensionnelle Compte tenu des définitions de µ (103) et de ζ ν (104), l’équation
et symétrie azimutale de transfert (82) s’écrit :
∂ L′ν  ζ ν , µ , ψ 
Si l’on peut considérer la géométrie comme infinie dans les direc- µ -------------------------------------- + L′ν  ζ ν , µ , ψ  =  ν  ζ ν , µ , ψ  (106)
tions x et y, la luminance ne dépend que de la variable spatiale z ∂ ζν
et des deux angles θ, ψ (figure 16a ). Sur chaque plan perpendiculaire
avec, en cas d’ETL :
à l’axe Oz, les propriétés radiatives du milieu sont uniformes. La
d ∂ ν  ζ ν , µ , ψ  = 1 – ω ν  n ν2 L ν0 T  ζ ν  
dérivée ------- est liée à ------- par :
ds ∂z
ων
 
ψi = 2 π µ i = +1
+ --------- dψi Lν′  ζ ν , µ i , ψ i  p ν  cos χ  d µ i (107)
d ∂ dz ∂ 4π µi = –1
-------- = -------- -------- = µ ------- (102) ψi = 0
ds ∂z ds ∂z
où χ est l’angle des directions ∆i , ∆ (figure 6), de sorte que :
conformément à la notation habituelle :
cos χ = sin θ sin θi cos (ψ – ψi ) + cos θ cos θi (108)
µ = cos θ (103)
Dans le modèle dit du mur semi-transparent, par analogie avec
Par ailleurs, il est commode de substituer à z la variable réduite ζν la conduction, on admet l’existence d’une symétrie azimutale
connue sous le nom de profondeur optique ou de distance optique, (figure 16b ). La luminance est donc supposée indépendante de ψ,
telle que : ce qui implique qu’il en soit de même des conditions aux limites.

d ζ ν = β ν dz , ζν = 0
z
β ν ( z′ ) dz ′ (104)
L’équation de transfert se simplifie en :
∂ L′ν  ζ ν , µ 
µ ---------------------------- + L′ν  ζ ν , µ  = ν  ζ ν , µ  (109)
Il s’ensuit que ζ ν varie entre 0 et l’épaisseur optique (§ 1.2) ζ ν  telle ∂ ζν
que :


avec :

ζν = ( z′ ) dz ′ (105)
0 ν ν  ζ ν , µ  = 1 – ω ν  n ν2 L ν0 T  ζ ν  
ων

où  est l’épaisseur de la couche considérée. µ i = +1
+ ------ L ν′  ζ ν , µ i  p ν  µ , µ i  dµ i (110)
2 µi = –1

On montre en effet, entre autres dans la référence [10], que :

 2π n=∞

0
p ν  cos χ  dψ i = 2πp ν  µ , µ i  = 2π ∑ an Pn  µ  Pn  µi  (111)
n=0

où an est une constante et Pn ( µ ) le polynôme de Legendre d’ordre n


et d’argument µ.
Pour le mur semi-transparent en ETL qui sera seul examiné dans
la suite de ce paragraphe, il est commode, aussi bien que satisfaisant
physiquement, de séparer en deux le domaine d’intégration
(figure 16b ) et d’introduire deux luminances, dites avant (+) et
arrière (–) :
L′ν+  ζ ν , µ  pour 0  µ  1 (112)

L′ν–  ζ ν , µ  pour – 1  µ  0 (113)

avec, comme conditions aux limites respectives : L′ν+ 0, µ  et


L′ν–  ζ ν  , µ  où ζ ν  est l’épaisseur optique (105). Par conséquent,
on est conduit à résoudre un système de deux équations de transfert
couplées par l’intermédiaire de la fonction source :
— pour 0  ζ ν  ζ ν  , 0  µ  1 ,

∂ Lν′  ζ ν , µ 
+
µ ------------------------------- + L ν′  ζ ν , µ  = ν  ζ ν , µ 
+
(114)
∂ ζν
— pour 0  ζ ν  ζ ν  , –1  µ  0 ,

∂ L ν′  ζ ν , µ 

µ -------------------------------- + L ν′  ζ ν , µ  = ν  ζ ν , µ 

(115)
∂ ζν
avec :
ω
ν  ζ ν , µ  = 1 – ω ν  n ν2 L ν0 T  ζ ν   + ------ν-
2

 
Figure 16 – Couche semi-transparente d’épaisseur  limitée 1 0

p ν  µ , µ i  L ′ν  ζ ν , µ i  d µ i + p ν  µ , µ i  L ν′  ζ ν , µ i  d µ i
+
par deux plans parallèles × (116)
0 –1

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Par raison de symétrie, le vecteur flux surfacique q est porté par Enfin, en l’absence de diffusion (ω ν = 0) et avec des luminances
l’axe Oz (figure 16b ). Il suffit donc de considérer sa projection q  ( z ) aux interfaces isotropes, la luminance moyenne L ν (ζ ν ) s’écrit :
selon cet axe, soit, d’après (95) : + –
2 L ν  ζ ν  = L ν 0 E 2 ζ ν  + L ν  ζ ν   E 2  ζ ν  – ζ ν 

q  ( z ) = 2π  ∞

0
dν 0
1
L ν′  ζ ν , µ  µ d µ +
+
 –1
0 –
L ν′  ζ ν , µ  µ d µ (117) +  ζ ν

0
n ν2 L ν0  T  ζ ν′   E 1  ζ ν – ζ ν′  d ζ ν′ (122)

et, d’après (99) : Cette équation (122) est alors explicite (et non plus intégrale) ; mais
le calcul de L ν (ζ ν ) suppose connu le champ de température T  ζ ν′  .

∇q
 dq ( z )

= --------------------- = 4π
dz
 0

κ ν dν
3.3.3 Isotropie de la diffusion et des rayonnements
 1
×  n ν2 L ν0 T  ζ ν   – ---
 2 0
1
L′ν
+
 ζν , µ  d µ +  0

–1
L′ν
– 
 ζ ν , µ  d µ  (118)

aux interfaces. MST optiquement mince

Reprenons l’exemple traité (§ 2.3.2) de deux plans parallèles ➀ et


Malgré les simplifications introduites, la complexité du problème ➁, à températures respectives T1 , T2 , mais considérons ici comme
à traiter reste fondamentalement identique à celle déjà constatée anisotherme le MST G d’épaisseur  compris entre les deux plans.
dans le cas général. Par suite de l’isotropie admise pour les rayonnements, les lumi-
nances aux interfaces sont liées aux flux partants par :

3.3.2 Diffusion isotrope + ϕ νp 1 – ϕ νp2


L ν 0 = ---------- , L ν  = --------- (123)
π π
D’après (84), la fonction source indépendante de ∆ s’exprime à
l’aide de la luminance moyenne : Pour un MST G om optiquement mince (§ 1.2) avec une épaisseur
optique (105) telle que ζ ν   1, un calcul approché est justifié
L ν+  ζ ν  + L ν–  ζ ν  (référence [10] entre autres). Afin de simplifier, tout en restant
L ν  ζ ν  = ------------------------------------------- réalistes, nous supposerons d’abord le coefficient κ om et l’indice
2 νG
n om indépendants de la température. Par ailleurs, nous nous
et devient : νG
contenterons de la première approximation ; on peut alors admettre
ν  ζ ν  = 1 – ω ν  n ν2 L 0ν T  ζ ν   + ω ν L ν  ζ ν  (119)
que les photons traversent le MST sans être absorbés ni diffusés ;
Pour connaître les caractéristiques du champ de rayonnement, autrement dit, le MST n’intervient pas dans les échanges radiatifs
 entre les deux plans, il s’ensuit que l’équation (77), avec ε ≈0
c’est-à-dire les luminances L ν′+  ζ ν , µ  , L′ν–  ζ ν , µ  , q ( z ) et νG
om

et τ ≈ 1, se transforme en :
dq  ( z ) νG
om

--------------------- , il suffit donc de calculer L ν (ζ ν ) et, pour ce faire, de résoudre


dz + –
L ν 0 = ε ν 1 n 2 L ν0 T 1  + ρν 1 L ν  + … (124)
νG
om
l’équation intégrale :


et que, symétriquement :
 
1
+ ζν
2 Lν  ζν  = L ν′ 0, µ  exp – ------ d µ
0 µ –
L ν  = ε ν 2 n 2
+
L ν0 T 2  + ρν 2 L ν 0 + … (125)
νG
om

  
0
ζν – ζν + –
+

L ′ν  ζ ν  , µ  exp – --------------------- d µ Les deux luminances et L ν 0 L ν 
se trouvent ainsi déterminées
–1 µ par résolution du système [(124), (125)] et se conservent à l’intérieur
du MST où les échanges radiatifs entre éléments de volume sont
+ 
0
ζ ν
  1 – ω ν  n ν2 L ν0  T  ζ ν′   + ω ν L ν  ζ ν′   E 1  ζ ν – ζ ν′  d ζ ν′ (120) négligeables. Par conséquent :
+ –
L′ν+  ζ ν , µ  = L ν 0 + … , L′ν–  ζ ν , µ  = L ν  + …
Le symbole ζ ν – ζ ν′ désigne la valeur absolue de la différence
ζ ν – ζ ν′ . D’une façon générale, pour n entier positif, les fonctions 
Le vecteur flux surfacique q étant porté par l’axe Oz (figure 16b ),
intégrales exponentielles (références [7] [10]) sont données par : le flux radiatif traversant en P l’unité de surface perpendiculaire à


k s’écrit :
ξ
 
1 n–2
En  ξ  = µ exp – ---- d µ (121)
0

et leurs valeurs sont tabulées. Mais l’équation de transfert (109) reste


µ
ϕ (P ) = q

⋅ k = q (z) = π ∞

0
+ –
L ν 0 – L ν   dν + … (126)
intégro-différentielle. 3 
 d φ
Si les luminances aux interfaces sont de plus isotropes avec : Quant à la divergence ∇q , égale au flux volumique radiatif -------------
dV
+ +
L ν′ 0, µ  = L ν 0 et L ν′ –  ζ ν  , µ  = L ν  ζ ν  
– perdu au point P, elle est donnée par l’expression (118) qui devient :

les deux premières intégrales du second membre de (120) se


simplifient en :
 dq ( z )
dz

∇q ( P ) = ------------------- = 4π  ∞

0
κ
νG
om n2
νG
om L ν0 T
G
om ( z )dν

+
L ν 0 E 2  ζ ν  et

L ν  ζν   E2  ζν  – ζν 
– 2π 0

κ
νG
om
+ –
L ν 0 + L ν   dν + … (127)

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Après prise en compte du flux volumique conductif ∇q (92), il faut Avec la variable z, d’après la relation (104), le flux surfacique total
résoudre l’équation de conservation de l’énergie dans le MST pour de rayonnement s’exprime par :
obtenir la température T om ( z ) en première approximation ; mais
β 1 d  n ν2 L ν0  T ( z ) 
G ∞
il est à remarquer que, malgré les hypothèses très simplificatrices, 
q (z) = – 4 π
------- ----- ----------------------------------------- d ν (130)
T om ( z ) intervient dans (90) et (127) par le biais respectivement 3 0 ν dz
G
d’une dérivation et d’une intégration de sorte que la résolution reste

β 1 d  n ν2 L ν0  T ( z ) 

complexe.

ou



q ( z ) = – --------
3 0 ν dT 
dT
------ ----------------------------------------- dν -------
dz
(131)
En cas d’équilibre radiatif (§ 2.2.3), ∇q ( P ) s’annule et,
d’après (127), la température T om du MST ne dépend plus de z ; 
G Cette relation met en évidence la proportionnalité entre q ( z ) et le
+ – dT
en remplaçant L ν 0
et L ν 
dans (127) par leurs expressions gradient thermique ------- et permet, par analogie à la loi de Fourier,
extraites de (124) et (125), on retrouve évidemment (80) qui déter- dz
de définir une conductivité radiative ou conductivité de Rosseland,
mine T om . similaire à la conductivité thermique (de conduction), donnée par :
G

β 1 d  n ν L ν T ( z )
2 0
4π ∞
k  = ------- ------ ----------------------------------------- d ν (132)
3 0 ν dT
4. Résolution de l’équation Pour un milieu gris, donc d’indice de réfraction et de coefficient
de transfert radiatif. d’extinction constants (indépendants de ν ), hypothèse très peu réa-
liste d’après les exemples donnés au paragraphe 1, k  peut s’écrire
Exemples de couplage sous la forme souvent rencontrée dans la littérature technique :

4.1 Méthodes approchées 16 σ n 2T 3


k  = -------------------------
- (133)
de résolution analytique 3β

Dans le cas d’un milieu où β ν varie avec ν mais où n ν reste pratique-


Les transferts radiatif et conductif sont couplés par l’équation de ment constant, l’identification des expressions (132) et (133)
conservation de l’énergie (92) ; les paragraphes 4.1.1, 4.1.2, 4.1.3 conduit à :
correspondent au cas où la conduction est négligeable vis-à-vis du

β 1 dL ν ( T )
0
rayonnement, ou suffisamment faible pour que les deux transferts 1 π ∞
--------- = --------------3- ----- ----------------------- d ν (134)
d’énergie puissent être considérés comme découplés (cas des
β 4σT 0 ν dT
isolants fibreux autour de la température ambiante).
Dans les paragraphes suivants, le couplage conduction- 1 ⁄ β  apparaît comme la moyenne du libre parcours moyen mono-
rayonnement est pris en considération à partir soit d’une solution chromatique pondéré par la dérivée de la luminance du corps noir
analytique de l’équation de transfert radiatif (§ 4.1.4), soit d’un calcul par rapport à T.
numérique de résolution exacte (§ 4.2). La figure 17 [5] représente, en fonction de la température, la
L’équation de transfert radiatif [(82), § 3.1] décrit, sous la forme la conductivité radiative k  calculée selon (132) pour 5 verres de type
plus générale, le champ de luminance L′ν s, ∆  . L’intégration ana- sodocalcique flottés à taux croissant d’oxyde de fer Fe2 O3 (§ 7).
lytique de cette équation ne peut se faire que dans des cas particuliers L’indice de réfraction n *ν a été déterminé à 500 oC et supposé indé-
et à l’aide d’hypothèses physiques simplificatrices qui conduisent pendant de la température. Les courbes 1 à 5 montrent que le trans-
à des solutions mathématiques approchées. Nous allons passer en fert radiatif est prédominant à hautes températures, supérieures à
revue celles qui sont le plus souvent utilisées dans le cas du mur 1 000 oC, même pour les verres les plus absorbants. À 500 oC, seul
semi-transparent (§ 3.3). le verre Planilux ou verre flotté type 1 (§ 7), le plus clair, est tel que :
k  > k .
4.1.1 Approximation de Rosseland Les courbes de la figure 17 mettent en évidence l’influence de la
(modèle de diffusion) composition chimique sur k  , mais leur indépendance aux
conditions de mesure (épaisseur de la couche, émissivité des
L’hypothèse simplificatrice utilisée consiste à considérer le maté- frontières opaques...) est en contradiction avec l’expérience et les
riau comme optiquement épais (§ 1.2). En toute rigueur, cette résultats de calculs plus précis (voir § 4.1.2 et § 4.1.3).
condition n’est jamais remplie à proximité des frontières. Mais, à
l’opposé du paragraphe 3.3.3, on suppose ici une épaisseur
optique (105) telle que ζ ν   1. 4.1.2 Approximation de Rosseland modifiée
On montre alors [10] que, la diffusion étant supposée isotrope, les
expressions du terme source ν  ζ ν  et du flux surfacique mono- Pour mieux décrire les situations réelles avec la prise en compte
de la proximité des frontières, l’approximation de Rosseland peut
chromatique de rayonnement q  ν  ζ ν  se simplifient en : être améliorée. Le calcul du paragraphe précédent (§ 4.1.1), appliqué
au profil de température d’une couche semi-transparente limitée par
ν  ζ ν  = n ν2 L ν0 T  ζ ν   (128) des surfaces opaques à températures imposées, met en évidence
une importante discontinuité de température aux interfaces [10]. Ce
4 π d  n ν L ν T  ζ ν  phénomène est d’autant plus important que ζ ν  décroît, tout en
2 0
4 π dν
ν ζ ν  = – -------
q - ------------ = – -------- -------------------------------------------
3 dζ ν
(129) restant très supérieur à 1. Physiquement, on ne peut pas accepter
3 dζ ν
de telles discontinuités de température, même si de forts gradients
de température peuvent apparaître au voisinage des frontières, dans
une zone plus ou moins épaisse.

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L’approximation de Schuster-Schwarzschild ou modèle à deux flux


suppose l’isotropie du rayonnement dans chaque hémisphère avant
et arrière, donc :

L′ν  ζ ν , µ  = L +ν ζ ν  0µ1 (137)

L′ν  ζ ν , µ  = L –ν ζ ν  –1  µ  0 (138)

Il en résulte une simplification des intégrales représentant le


rayonnement diffusé dans le terme source (116), de sorte que :
— pour 0  µ  1 :


0
1 
p ν  µ , µ i  L ′ν  ζ ν , µ i  d µ i = f ν L +ν  ζ ν  
+

 (139)
0
p  µ , µ i  L ν′  ζ ν , µ i  d µ i = b ν L ν  ζ ν  
–1 ν
– –

Figure 17 – Conductivité radiative de Rosseland — pour – 1  µ  0 :


[calculée selon équation (132)] en fonction de la température

 1

0
p ν  µ , µ i  L ′ν  ζ ν , µ i  d µ i = b ν L +ν  ζ ν  
+


 (140)

Considérons, entre deux plans parallèles opaques à températures
T1 , T2 , émettant et réfléchissant de façon isotrope, un mur
0 
p ν  µ , µ i  L ν′ –  ζ ν , µ i  d µ i = f ν L ν–  ζ ν  
semi-transparent à diffusion isotrope et en équilibre radiatif –1 

dq ( z )
- = 0 .
 ------------------- L’équation de Rosseland (131) étant supposée f ν et b ν sont les fractions de luminance diffusées respectivement vers
dz l’avant (forward scattering, µ µ i > 0) et vers l’arrière (back scattering,
valable à l’intérieur du MST, il est possible [10] de déterminer les µ µ i < 0) ou rétrodiffusion (§ 1.4). Bien évidemment, les conditions
discontinuités aux interfaces : T (z = 0) – T 1 , T ( z =  ) – T 2 et d’en de normalisation (14) imposent : f ν + b ν = 1. Par ailleurs, le facteur
de rétrodiffusion b ν peut être calculé (21) à l’aide d’une fonction
déduire le flux surfacique q  . angulaire de diffusion p ν ( χ ).
Ainsi, avec des émissivités ε 1 , ε 2 , des parois indépendantes de Remarquons que deux hypothèses contradictoires ont été intro-
ν et après calcul de β  (134), on obtient : duites successivement. Le MST a toujours été considéré comme
isotrope (voir remarques sur les notations) en ce qui concerne ses
2
n σ  T 41 – T 24  propriétés radiatives. Or, on est contraint d’admettre ici une aniso-
q  = ------------------------------------------------------------- tropie de diffusion, se traduisant par des valeurs de b ν et f ν
 
1 1 3 
------ + ------ – 1 + ---- β  différentes ; en effet, ce phénomène apparaît clairement, par
ε1 ε2 4 exemple, pour des matériaux fibreux qui manifestent de fortes
diffusions avant.
Si la différence ∆ T = T 1 – T 2 est suffisamment faible et si
Le système (114) et (115) se réduit ainsi à deux équations diffé-
T1 + T2 rentielles linéaires couplées du premier ordre :
- est la température moyenne, q  s’écrit :
T = ------------------
2
+
1 dL ν  z 
---- --------------------- = –  κ ν + b ν σ ν  L +ν  z  + b ν σ ν L ν  z  + κ ν n ν2 L ν0  T  z   (141)

2
4n σ T 3 ∆T ∆T 2 dz
q = ------------------------------------------------------------- = k  ------- (135)

 
1 1 3 
------ + ------ – 1 + ---- β  1 dL ν z 

ν
ε1 ε2 4 – ---- ------------------- = –  κ ν + b ν σ ν  L ν–  z  + b ν σ L ν+  z  + κ ν n ν2 L ν0  T  z   (142)
2 dz
Il s’ensuit, pour la conductivité radiative k , une expression modifiée
qui tient compte des frontières et décrit l’effet d’épaisseur : Les conditions aux limites, dans le cas où le matériau est déli-
mité par deux surfaces opaques, à températures imposées T1 , T2
2 et à facteurs monochromatiques d’émission isotrope ε ν 1 , ε ν 2 ,
4n σ T 3 
k  = ------------------------------------------------------------- (136) sont :
1

ε1 ε2
1
------ + ------ – 1 + ---- β   3 
4 — en z = 0 ; T = T1 ;
+ –
L ν  0  = ε ν 1 L ν0  T 1  +  1 – ε ν 1  L ν  0  (143)

Bien entendu, si dans (136)  → ∞, nous retrouvons (133). — en z =  ; T = T2 ;


– +
Lν    = ε ν 2 L ν0  T 2  +  1 – ε ν 2  L ν    (144)

Quant au flux surfacique total de rayonnement, il est exprimé


4.1.3 Approximation de Schuster-Schwarzschild par :
(modèle à deux flux)

Dans le cas du mur semi-transparent, l’équation de transfert (109)



q z =  0

q
ν
z  dν =  0

+ –
π L ν  z  – Lν z   dν (145)
se ramène à un système de deux équations (114) et (115).
La résolution du système [(141) et (142)] peut se faire aisément
par la méthode de variation des constantes qui conduit à une solution
analytique [9] [19] ou bien par une méthode itérative aux différences
finies [5].

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RAYONNEMENT THERMIQUE DES MATÉRIAUX SEMI-TRANSPARENTS ___________________________________________________________________________

Une expression relativement simple a été ajustée pour k  à partir — la température :


des résultats obtenus pour le cas gris [26] et à l’aide de solutions X X T  z, t 
numériques du système d’équations [(141) et (142)] [5] où, pour des T  ζ , t  = ------------------ (150)
Tr
matériaux fibreux à porosité élevée, on peut poser n ν ≈ 1. La
conductivité radiative est alors exprimée par la relation suivante : où Tr est une température de référence,
dL ν0 ( T ) — le flux surfacique de rayonnement :

 ∞ π ----------------------- 
dT 
k = - dν
---------------------------------------------------------------------------------------------- (146) Q
X
ζ, t
X q  z, t 
 = ------------------------ (151)
 
0 1 1 3 2 4
--------- + --------- – 1 + ----  β ν + 2b ν σ ν   4n σ T r
εν1 εν2 4

avec q  z, t  donné par (117) ;
Qualitativement, le modèle à deux flux conduit à des résultats simi- — la luminance moyenne multipliée par l’angle solide 4π sr :
laires à ceux de l’approximation de Rosseland modifiée (§ 4.1.2). De
plus, il permet une meilleure prise en compte du caractère mono- G ζ 
X X
chromatique des paramètres radiatifs. G ζ, t  = ------------------------
- (152)
4n σ T r4
2
Si le matériau est optiquement épais :  β ν + 2b ν σ ν    1,
l’expression (146) est semblable à celle de Rosseland (132) sans être
subordonnée à l’hypothèse d’une diffusion isotrope. où G  ζ  = 2π  ν∞

0
d
+1

–1
L′  ζ , µ  d µ

— un paramètre d’interaction conduction-rayonnement :


4.1.4 Transferts couplés
conduction-rayonnement X kβ q
N = ------------------------
3
- = --------- (153)
4n σ T r
2
q
Avec les définitions introduites au paragraphe 3.2, dans un MST
en ETL, incompressible et indéformable, l’équation de conservation dont la signification physique est immédiate, car il représente le
de l’énergie s’exprime [17] par : rapport des énergies transmises par conduction et rayonnement. N X
rend compte de l’intensité du couplage conduction-rayonnement.
  ∂T  s, t 
–∇  q +q  = ρ c p --------------------- (147) Sous formes adimensionnées, le flux volumique radiatif perdu
∂t dans le matériau (118) s’écrit :
ρ est la masse volumique et c p la capacité thermique massique à X X
pression constante ; ces deux paramètres sont considérés comme ∂Q ζ, t  X X X X
------------------------------------ =  1 – ω   T  ζ , t  – G  ζ , t   (154)
indépendants de T dans la suite de ce paragraphe. ∂ζ
  
Les expressions de q , q et ∇ q sont données respecti- et l’équation de conservation de l’énergie (147) devient :
vement en (90), (95) et (100). La résolution de l’équation (147) néces-
2 X X X X
site la connaissance du champ de luminance, dont dépendent ∂ T ζ, t  1 – ω  X X X X ∂T  ζ , t 
 
-  T  ζ , t  – G  ζ , t   = ------------------------------(155)
--------------------------------- – -----------------
q et ∇ q ; il faut donc résoudre conjointement l’équation de 2 X X
∂ζ N ∂t
transfert radiatif (82). Les deux équations (147) et (82) sont couplées
Pour N X grand, le transfert par conduction est dominant et le cou-
par l’intermédiaire du champ thermique T (s, t ) qui apparaît expli-
plage faible. En particulier, si N X → ∞, l’équation (155) conduit à
citement dans (147) et intervient dans la fonction source (85) où
l’expression classique de propagation de l’énergie thermique. Ce
L ν0 T  s   doit s’écrire en fait L ν0 T  s, t   . Par ailleurs, les conditions même résultat est obtenu si le matériau est purement diffusant avec
aux limites conductive et radiative introduisent un couplage ω = 1 ; il y a alors découplage entre les transferts par conduction et

supplémentaire entre les deux modes de transfert. rayonnement puisque ∇ q = 0 (101) ; autrement dit, la diffusion
seule n’assure pas le couplage des deux modes de transfert.
Pour analyser le couplage conduction-rayonnement, reprenons
l’exemple du mur semi-transparent (§ 3.3), supposé ici gris et à Pour N X petit, le transfert par rayonnement est dominant et le
diffusion isotrope. Ces hypothèses simplificatrices, bien que peu couplage fort. Si ω = 0, l’effet du rayonnement est maximal ; on peut
réalistes, ne changent ni la méthode de prise en compte simultanée conclure que la diffusion du rayonnement diminue l’influence du
des deux processus ni, au moins qualitativement, les tendances qui transfert radiatif et l’intensité du couplage.
vont être dégagées. Ces remarques relatives au rôle de ω sur le couplage sont
Dans un tel contexte, l’équation (147) devient : physiquement et qualitativement exactes, mais elles doivent être
interprétées avec prudence, compte tenu du caractère fortement
∂ ∂T  z, t  ∂q  ∂T  z, t  monochromatique de l’albédo signalé au paragraphe 1 (figure 8b ).
∂z  ∂z 
------- k  ----------------------- – ----------- = ρ c p ---------------------
∂z ∂t
(148) Pour un phénomène stationnaire et dans le cadre de l’approxi-
mation de Rosseland (§ 4.1.1), l’équation (155) sous forme adimen-
où 0  z   . Il est classique [10] d’introduire les variables réduites sionnée se simplifie en :
suivantes :
X
— la profondeur optique ζ (104) et l’épaisseur optique ζ  (105) ; d dT  ζ 
 =0
1 X
- Q ζ 
-------- -------------------- – --------- (156)
— le temps : dζ dζ N
X

X k 2
t = --------- β t (149)
ρ cp

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où 0  ζ  ζ  , avec ζ   1 , et les conditions aux limites


suivantes :
X T X
ζ = 0 ; T  0  = -----1- = T 1 (157)
Tr

X T
ζ = ζ ; T  ζ   = -----2- = T 2X (158)
Tr
X
Le flux surfacique adimensionné Q est exprimé (131) par :
X
4 X 3 dT  ζ 
 ζ  = – ------  T  ζ  --------------------
X
Q (159)
3 dζ
D’après (159) et (156), l’équation de conservation de l’énergie se met
sous la forme :
X

 
X 3
4T  ζ  dT  ζ 
d
--------
dζ 3N
X 
- --------------------
1 + -------------------------

= 0 (160)

X
Par un nouveau changement de variable : ζ = ζ ⁄ ζ  = z ⁄  , il vient
aussi :
X 3 X

 
4 T 

d dT
------------ 1 + ---------------------
- -------------- = 0 (161)

X
3N
X
d ζX Figure 18 – Profil de température correspondant à des transferts
couplés de chaleur par conduction et rayonnement [10] ; N X = 0,01
avec les conditions aux limites :
X X
T = T 1X ; ζ = 0 (162) 4.2 Méthodes numériques
X X
de résolution exacte
T = T 2X ; ζ = 1 (163)
4.2.1 Méthode des ordonnées discrètes
Il est habituel et pratique d’introduire une conductivité thermique
équivalente de conduction et rayonnement : Cette méthode ne fait pas appel à des hypothèses physiques
4 simplificatrices comme précédemment (§ 4.1) et constitue un moyen
+ X X 3
k T  = 1 + ------------
X
T  (164) de résolution numérique exacte. La précision du résultat dépend uni-
3N quement de la performance des algorithmes mathématiques utilisés.
L’équation (161) prend ainsi la forme classique en régime L’espace autour d’un point P est divisé en M secteurs circulaires,
stationnaire : M étant un nombre pair, et l’intégrale qui intervient dans le terme
X
de diffusion (83) est remplacée par une somme, quadrature de

 
d dT Gauss :
-  +  T X  --------------
-----------
X k = 0 (165)
dζ dζ
X M

∑ w i L ν i ζ ν  p ν  µ j , µ i  (167)
Après intégration et pour les conditions aux limites (162) et (163), i=1
le profil de température s’exprime par la fonction implicite T X (ζ X )
où wi sont les poids de la quadrature. De plus, si p ν ( µ j , µ i ) est
suivante : exprimé à partir de polynômes de Legendre (111), l’équation de
transfert radiatif (109) s’écrit sous la forme discrétisée suivante :
X 1 X 4 X X X X
T X T  = 1 – ζ  T 1 + ζ T 2
+ ------------
3N dL ν j  ζ ν , µ j 
1 X X 4 X X 4 µ j ---------------------------------- + L ν j  ζ ν , µ j  =  1 – ω ν  n ν2 L ν0 T 
X 1 – ζ   T 1  + ζ  T 2  
+ ------------ d ζν
(166)
3N ων M N
+ -------- ∑ w i L ν i  ζ ν  ∑ a n P n  µ j  P n  µ i  (168)
La figure 18 représente T X (166) en trait continu avec : N X = 0,01, 2
i=1 n=0
T r = T2 , T X X
1 = 0,5 et T 2 = 1 . On peut remarquer l’allure non linéaire qui représente un système d’équations différentielles non
de T X en fonction de ζ X. Ce profil est à comparer à ceux corres- homogènes.
pondant aux solutions exactes [10] obtenues dans les mêmes Cette méthode a été utilisée par plusieurs auteurs [24] [25] et
conditions, pour deux cas : ζ  = 1 et ζ  = 10 . Même pour un maté- reprise récemment [19] [20] avec une résolution matricielle, plus
riau optiquement épais, les gradients de température à la paroi sont rapide et plus précise que les précédentes. Dans ce dernier cas, le
très différents de ceux correspondant à l’approximation de transfert d’énergie thermique est traité avec une prise en
Rosseland, ce qui peut conduire à des erreurs importantes dans le considération de l’anisotropie géométrique de l’isolant fibreux
calcul des flux surfaciques. Ce désaccord provient, comme nous (stratification des fibres) ; ainsi, β ν dépend de la direction de propa-
l’avons déjà mentionné (§ 4.1.1), du fait que l’approximation ζ   1 gation du rayonnement ; mais n ν* en reste indépendant et les
ne prend pas en considération les conditions aux limites radiatives auteurs admettent de plus : n ν* ≈ 1 .
du matériau.

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L’intégration en fréquence des grandeurs monochromatiques est


faite à partir de l’approximation des bandes, c’est-à-dire de la division
de l’ensemble du spectre en plusieurs intervalles de fréquences, à
l’intérieur desquels les grandeurs monochromatiques sont
considérées comme constantes. Le degré de précision du procédé
dépend ici aussi de la façon dont le spectre est fractionné et du
nombre des intervalles.
Les deux méthodes utilisées, celle des ordonnées discrètes pour
la diffusion du rayonnement et celle des bandes pour les grandeurs

monochromatiques, permettent d’exprimer le flux surfacique q ( z )
par une double somme, relative aux deux types de discrétisation,
j pour l’espace et k pour les fréquences :
K M

q  z  = 2π ∑ ∑ aj µj Lν k j  ζ ν , µj  (169)
k=1 j=1

4.2.2 Méthode des différences finies. Couplage


conduction-rayonnement pour un isolant
fibreux en régime stationnaire

Pour un isolant fibreux, la conductivité thermique (de conduction)


k  s’exprime, dans un domaine relativement restreint de tempé-
rature, par :
k  ( T ) = aT + b (170) Figure 19 – Profils de température dans un isolant léger
en fibres de silice pour des températures
En régime stationnaire, l’équation de conservation de l’énergie (148) proches de la température ambiante [20]
s’écrit alors :
2
d T dT 2 dq 
– ( aT + b ) ---------2- – a ---------
dz dz   + ------------- = 0
dz
(171)
5. Applications à des isolants
La méthode des différences finies permet de remplacer
l’équation (171) par le système d’équations linéaires associé :
et à des feuilles de verre
(n) (n) (n)

 
(n – 1)
T
j +1
+ T j – – 2T j
1
5.1 Matériaux absorbants et diffusants.
–  aT j
+ b  ------------------------------------------------------ Isolants thermiques
h2
en fibres minérales
T j(+n 1– 1 ) – T j(–n 1– 1 )
 
2
q   zj + 1  – q   zj – 1  Le transfert d’énergie thermique à travers les isolants s’effectue
– a ------------------------------------------- + ----------------------------------------------------- = 0 (172)
2h 2h simultanément par conduction et rayonnement dans deux cas très
différents : à température ambiante, pour les isolants légers (masse
qui définit, en chaque nœud du maillage j, la température Tj ; h est volumique, environ 10 kg · m – 3 ) couramment utilisés dans le
le pas du maillage et l’exposant (n ) la n-ième itération. En effet, les bâtiment ; à hautes températures, pour des isolants de masses volu-
systèmes d’équations (168) et (172), couplés par l’intermédiaire du miques plus élevées (de 30 à 100 kg · m–3) indispensables aux appli-
champ de température, sont résolus conjointement par une méthode cations industrielles.
itérative. Le calcul part du système (168) en supposant pour le terme Le flux surfacique total à travers l’isolant doit rester inférieur à une
L 0ν T  z   un profil de température linéaire. La solution obtenue est valeur limite imposée par le cahier des charges, de sorte que :
introduite dans le système (172) qui fournit un nouveau profil ; q  + q  = q < q0
celui-ci à son tour sert à l’obtention d’une seconde solution de (168)
et ainsi de suite, jusqu’à la convergence du profil. Le calcul est fait Le calcul de q 
ν
et q  selon une des méthodes décrites (§ 4) permet
pour chaque bande spectrale considérée. À partir de T (z ) ainsi déter- de prévoir le comportement thermique de l’isolant en fonction de
miné, on calcule q  et q  en chaque point de la couche. ses caractéristiques radiatives, compte tenu des paramètres dont
La figure 19 illustre les profils de température calculés d’après elles dépendent : température, composition chimique, morphologie
cette méthode pour un isolant fibreux léger à différentes tempéra- de l’isolant (diamètre des fibres, porosité), etc.
tures proches de la température ambiante [20]. On constate que Les résultats présentés dans ce paragraphe se rapportent à l’étude
l’influence du couplage est négligeable pour des faibles différences de l’influence des paramètres mentionnés ci-avant. Ils ont été
de température (courbe I , ∆T = 10 K, courbe II , ∆T = 40 K et courbe III , obtenus en régime stationnaire, soit par l’approximation de
∆T = 70 K), T variant quasi linéairement en fonction de z. Mais elle Schuster- Schwarzschild [5] [18], soit par la méthode des ordonnées
se manifeste dès que ∆T augmente et cela malgré des températures discrètes [19].
relativement basses, autour de l’ambiante.

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5.1.1 Influence de la température Pour les isolants en fibres de verre, la conductivité thermique k 
à travers la matrice solide et le gaz interstitiel, en l’absence de
L’influence de la température sur q  se manifeste par l’intermé- convection naturelle, est donnée par la relation [18] :
diaire de l’indice complexe n ν* ( T ) ou, directement, dans le terme
d’émission monochromatique (§ 4.1.3), par la luminance du corps
noir L ν0 ( T ) .

0,13 T
k   T  = 0,257 2 T 0,81 + 0,052 7 ρ 0,91 1 + -----------------
100  (174)

où ρ désigne la masse volumique de l’isolant et T la température


Par suite du manque de données, le calcul de q  à la température
moyenne exprimée en kelvins. Le flux surfacique de conduction est
T1 + T2 alors donné par :
moyenne T = ------------------- de l’isolant est souvent effectué avec l’indice
2 ∆T
q   T  = k   T  ------- (175)
complexe n * (20 oC) déterminé à la température ambiante. La fonc- 
tion e  T  , définie par : Après calcul du flux radiatif q  [5] dans l’approximation de
Schuster-Schwarzschild (§ 4.1.3), le flux surfacique total q calculé est
q  T , n ν* 20 ° C  – q   T , n ν* T   comparé aux valeurs mesurées à l’aide d’un appareil à plaque
e  T  = ---------------------------------------------------------------------------------------------- (173) chaude gardée de référence [27].
q   T , n *ν  T  
La figure 21 représente q en fonction de la température moyenne
avec T > 293 K, permet d’exprimer l’erreur relative ainsi T pour l’isolant en fibres de verre standard (§ 7). L’accord entre les
commise [5].
résultats théoriques et expérimentaux est ici particulièrement satis-
D’après la figure 20, pour un isolant en fibres de silice, e  T  reste faisant. Précisons toutefois qu’il est moins bon (variations de 5 à
relativement faible dans le domaine de température choisi de 20 à 10 %) pour les isolants légers ; le rayonnement thermique est alors
plus important et la morphologie réelle du matériau est moins bien
500 oC ; il ne dépasse pas 10 % et ne croît pas uniformément avec représentée par les hypothèses de calcul (orientation des fibres,
T . L’allure de e  T  peut être interprétée à partir des variations de répartition de masse volumique, etc.) [21].
l’albédo monochromatique ω λ avec λ (figure 8b ). En effet, les
températures de 170 oC et de 300 oC pour lesquelles e  T  passe 5.1.2 Influence de la composition chimique
respectivement par un maximum et un minimum correspondent à
des maximums de L λ0 T  situés respectivement à 7 µ m et 5 µ m. Or,
Le flux surfacique monochromatique normalisé, q 
λ
/max q 
λ
, à
à 7 µ m, ω λ est quasi nul tandis que κ λ a une valeur appréciable
(figure 5a ) ; à 5 µ m au contraire, ω λ est pratiquement égal à 1 et la température ambiante (20 oC) est porté sur la figure 22 pour deux
isolants en fibres de silice vitreuse et de verre standard (§ 7). Les
κ λ négligeable. L’extinction du rayonnement s’effectue essentielle- calculs ont été effectués [5] dans l’approximation de Schuster-
ment par absorption à 170 oC et par diffusion à 300 oC ; corrélati- Schwarzschild (§ 4.1.3).
vement, l’influence de T est plus importante dans le premier cas
que dans le second.
Le rôle direct de la température dans la luminance L 0ν T  peut
être mis en évidence par le calcul du flux surfacique total
q = q+q .

Figure 21 – Flux surfacique total en fonction de la température.


Comparaison théorie/expérience. Isolant en fibres de verre standard
(verre isolation 4 )

Figure 20 – Fonction d’erreur pour un isolant en fibres de silice


Une fraction importante du flux radiatif qui traverse l’isolant est
située dans une zone spectrale centrée autour de 7 µ m. Ce

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Figure 22 – Flux surfacique monochromatique normalisé


à la température ambiante (20 oC)

comportement s’explique par l’interprétation des spectres relatifs


aux caractéristiques radiatives ; il faut se rapporter, d’une part, pour Figure 23 – Flux surfacique monochromatique normalisé
–3
le matériau en masse, aux indices optiques n λ , k λ (§ 1.1) et au coef- pour un isolant en fibres de silice vitreuse  = 10 kg ⋅ m 
ficient d’absorption κ λ (§ 1.2), d’autre part, pour le matériau divisé, à la température ambiante. Comparaison entre différentes
au coefficient d’extinction β λ et à l’albédo ω λ (§ 1.4). Au voisinage méthodes de calcul [19]
de 7 µ m, la silice vitreuse et le verre standard sont quasi
transparents : n λ ≈ 1, k λ ≈ 0 et les fibres ne diffusent pas : ω λ ≈ 0.
Mais κ λ est plus élevé pour le verre standard qui s’avère donc moins
transparent et, par conséquent, meilleur isolant que la silice vitreuse.
Pour un même isolant en fibres de silice vitreuse, le flux q  λ
a
été calculé par quatre méthodes différentes dont l’approximation de
Schuster-Schwarzschild (§ 4.1.3 et [5]) et la méthode des ordonnées
discrètes (§ 4.2.1 et [19]). Les résultats obtenus sont comparés sur
la figure 23 ; ils sont qualitativement identiques mais la méthode
exacte des ordonnées discrètes représente probablement mieux le
transfert radiatif dans le domaine des faibles longueurs d’onde
(λ < 7 µ m).

5.1.3 Influence de la morphologie

La porosité est définie par :


ρ
ξ p = 1 – -----
ρs

ρs étant la masse volumique du verre. Les isolants légers ont une


masse volumique ρ comprise entre 10 et 30 kg · m–3. Figure 24 – Flux surfacique total en fonction de la porosité
à la température ambiante
Le flux surfacique total q , à la température ambiante, est
représenté [5] en fonction de ξp sur la figure 24 pour deux types de
verre. Pour chacun d’eux et comme on pouvait s’y attendre, q aug- en fonction de D p . La courbe présente un minimum pour
mente avec la porosité puisque la masse volumique ρ diminue. Par D p ≈ 2,5 µm. Au-delà de 3 µm, la croissance de q  est pratiquement
ailleurs, les deux courbes confirment l’influence de la composition linéaire. Le calcul de q  a été fait par la méthode des ordonnées
chimique déjà mise en évidence par les spectres q  λ
/max q 
λ
 discrètes [22].
(figure 22). Les performances thermiques des isolants en fibres de D’autres caractéristiques morphologiques modifient le transfert
verre standard sont supérieures, pour une morphologie identique radiatif, entre autres l’orientation des fibres par rapport au rayon-
et une même température, à celles des isolants en fibres de silice nement incident [5] [19]. L’optimisation du comportement d’un
vitreuse. isolant à fibres de verre est donc étroitement associée à la mise au
point de méthodes de calcul à la fois relativement simples et fiables.
Le diamètre D p des fibres joue également un rôle, comme le
montre la figure 25 relative au flux surfacique de rayonnement q 

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Figure 26 – Configurations étudiées

Une méthode numérique exacte dont le principe est décrit au


Figure 25 – Flux surfacique de rayonnement q  paragraphe 4.2 a été utilisée [5] pour déterminer :
en fonction du diamètre des fibres [22]
— le profil de température T ( z ) dans la feuille de verre ;
— les flux surfaciques monochromatiques aux points A et B
(figure 26) ;
5.2 Matériaux absorbants non diffusants. — le couplage rayonnement-conduction, c’est-à-dire le rapport

Feuille de verre à haute température q ⁄ q dans la feuille de verre au point A.
Les conditions du calcul dont certaines sont détaillées dans la
Après l’élaboration du verre dans les fours, l’étape suivante, pour référence [5] sont les suivantes :
la réalisation de l’article verrier, est le formage : l’obtention à partir — l’épaisseur de la feuille de verre est discrétisée en 30 points
du verre en fusion d’une feuille de verre pour le vitrage par exemple. équidistants, l’écart de température entre deux nœuds n’excédant
Cette étape de la fabrication, où le verre est mis en forme et subit pas 10 oC ;
également un traitement thermique indispensable pour assurer ses — la discrétisation angulaire comporte, soit 20 angles si au moins
propriétés mécaniques finales, se déroule à des températures de une des faces n’est pas en contact avec les parois, soit 12 angles
l’ordre de 600 oC. La bonne maîtrise du champ thermique et du flux si les deux faces sont en contact avec les parois ;
surfacique d’énergie thermique conditionne dans une grande — le pas de la discrétisation spectrale est de 0,1 µ m pour
mesure la qualité du produit fini. 0,8 µ m < λ < 5 µ m et 0,5 µ m pour λ > 5 µ m ; l’utilisation d’un nombre
Les exemples présentés ne prétendent pas être une modélisation élevé de longueurs d’onde permet de représenter fidèlement les
des procédés industriels de fabrication, mais ils constituent des cas variations spectrales des propriétés radiatives.
typiques directement liés aux problèmes thermiques. Le but est de Quant à la conductivité thermique k   T  du verre, l’expression
mettre en évidence l’influence souvent sous-estimée des propriétés adoptée [5] :
radiatives des frontières sur le champ de température et sur le flux
k   T  = 1,1 + 1,29 ⋅ 10 T – 273 
–3
surfacique d’énergie thermique, en relation avec la composition
chimique du verre utilisé. ne diffère que légèrement de celle proposée plus récemment [23] :

k   T  = 0,975 + 8,58 ⋅ 10 T – 273 


–4
5.2.1 Configurations étudiées
et conditions de calcul Les résultats obtenus se rapportent aux verres flottés 1, 3 et 5 (§ 7)
d’opacités variables par suite du pourcentage croissant de Fe2 O3 .
Les trois configurations étudiées, qui correspondent à des Ce choix permet d’obtenir, pour une même épaisseur (  = 3 mm )
conditions aux interfaces représentatives des situations réelles, et dans le domaine λ < 2,7 µ m, une feuille de verre respectivement
rencontrées dans les applications industrielles, sont schématisées transparente, semi-transparente et opaque.
figure 26. Leurs caractéristiques sont les suivantes.
a ) La feuille de verre est en contact avec deux parois opaques :
la surface inférieure (de l’étain fondu) est froide et très 5.2.2 Profils de température
réfléchissante ; la surface supérieure chaude est un métal forte-
ment oxydé (émissivité hémisphérique totale voisine de 0,85). L’importance du rayonnement est illustrée sous forme adimen-
b ) L’interface inférieure est la même que précédemment (cas a ). sionnelle par l’écart entre le profil calculé et l’évolution linéaire cor-
La surface supérieure de la feuille de verre est séparée de la paroi respondant à la conduction pure :
chaude par une lame d’air transparente au rayonnement ; une
T ( z ) – T1
- – -----  × 100
 ------------------------
réflexion totale peut donc se produire à l’interface supérieure. La X z
T =
situation est similaire aux conditions de fabrication du verre flotté. T –T
2 1 
c ) Entre la feuille de verre et les deux surfaces opaques chaude
et froide, il n’y a pas de contact. La séparation est faite par deux D’après la figure 27a, TX
croît très vite du côté de la paroi froide
lames d’air. Cette configuration schématise le passage d’une feuille réfléchissante. Par ailleurs, T X augmente avec le coefficient
de verre à travers une étenderie (four-tunnel pour refroidissement d’absorption ; ainsi, le verre clair 1 (§ 7, tableau 2) présente un profil
du ruban de verre plat sortant de l’outil de formage). de température plus proche du profil linéaire que le verre foncé.
La figure 27b montre que la paroi chaude ne peut imposer sa
température à la feuille de verre par conduction, comme le permet-

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tait le contact. Et, bien évidemment, plus le verre est absorbant et 5.2.4 Couplage rayonnement-conduction
plus il s’échauffe par rayonnement.
L’influence importante du rayonnement a déjà été illustrée par les
profils de température du paragraphe 5.2.2. Elle apparaît aussi clai-
5.2.3 Flux surfacique monochromatique 
rement dans l’évolution du rapport q ⁄ q en fonction de l’épaisseur
Les flux surfaciques monochromatiques aux points A et B ont été réduite z ⁄ , pour une configuration donnée.
calculés dans la référence [5] pour les différentes configurations Les figures 30a et 30b montrent que, dans le cas d’une lame
schématisées sur la figure 26. Quelques exemples typiques sont mince (  = 3 mm ), l’allure des courbes et les valeurs de q  ⁄ q
présentés ci-après ; ils illustrent l’influence importante du coefficient dépendent étroitement des conditions aux interfaces de la feuille de
monochromatique d’absorption κ λ et la nécessité de connaître les verre. Mais l’interprétation physique des résultats est rendue délicate
propriétés radiatives des verres dans un très large domaine de par suite des nombreux paramètres pris en compte dans les calculs.
longueurs d’onde. En particulier, il est pour l’instant impossible de déceler des
En ce qui concerne le point A situé sur le plan médian de la tendances quant à l’influence de la composition chimique. De futures
feuille de verre : études théoriques et expérimentales sont encore nécessaires.
— l’association d’un milieu optiquement mince et d’une frontière
inférieure peu émissive (figure 28a ) conduit à une croissance de
qλA
avec κ λ ; ce comportement est particulièrement évident entre
0,8 et 2,7 µ m ; pour λ > 2,7 µ m, les tendances sont inversées car le
milieu n’est plus optiquement mince ;
— lorsque les deux parois ont une forte émissivité et ne sont pas
en contact du verre (figure 28b ), q  λA
est au contraire une fonction
décroissante de κ λ pour λ < 2,7 µ m.
Considérons maintenant le point B (figure 29) situé à mi-distance
de la feuille de verre et de la paroi chaude. Pour λ < 2,7 µm, les varia-
tions de q 
λB
en fonction de λ sont semblables à celles de q 
λA
(figure 28a ) ; on retrouve en particulier la croissance du flux avec
κ λ . À partir de 2,7 µm, les profils deviennent indépendants de la
composition chimique du verre et q 
λB
décroît avec λ ; rappelons,
par ailleurs, qu’au-delà de 5 µm, pour   1 mm , le verre est opaque
(tableau 1).

Figure 28 – Flux surfacique monochromatique au point A

Figure 27 – Profil de température en fonction de l’épaisseur réduite

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essentielle ; elle apparaît clairement à hautes températures ; mais


elle peut intervenir également à des températures ordinaires ou
même très basses ; il est donc nécessaire de prendre en compte une
très large échelle de longueurs d’onde, depuis le visible jusqu’à
l’infrarouge relativement lointain.
Un problème de thermique est résolu quand les profils de tempé-
rature et de flux sont déterminés dans le système considéré. Sur le
plan mathématique, les équations générales sont bien connues .
Mais celles concernant le rayonnement, très complexes en
elles-mêmes, puisqu’elles font intervenir entre autres des intégra-
tions sur la fréquence ν et la direction ∆, le deviennent encore plus
en présence de couplages, avec la conduction par exemple.
Dans un MST, en ETL, de géométrie tridimensionnelle, diffusant
et anisotherme, même supposé isotrope, une résolution néces-
sairement numérique, conduisant aux profils cherchés et effectuée
à partir des équations prises dans leur intégralité, est pratiquement
exclue. Des simplifications, physiquement justifiées, sont indispen-
sables avant de faire appel à des algorithmes efficients pour réaliser
Figure 29 – Flux surfacique monochromatique au point B
le calcul en un temps raisonnable [4].
Mais, préalablement à une résolution quelle qu’elle soit, exacte
ou approchée, les valeurs des paramètres physiques, en fonction
des variables (T, ν, ∆...) dont elles dépendent, doivent être connues
avec précision ; en effet, elles interviennent directement dans les
équations et, de plus, commandent les approximations tolérables
dans le contexte du problème traité. Ainsi, l’approximation de
Rosseland (§ 4.1.1), séduisante par sa simplicité et de ce fait abusi-
vement utilisée, implique, dans le cas d’une lame d’épaisseur  ,
un produit κ λ  très supérieur à 1 ; cette condition n’est satisfaite
que pour certaines épaisseurs  et dans des domaines restreints
de longueurs d’onde (§ 1.2).
Ces dernières années, la modélisation du transfert thermique,
principalement radiatif, s’est beaucoup développée mais elle reste
académique tant que les approximations faites sont impossibles à
justifier par suite de l’insuffisance concomitante des travaux expé-
rimentaux.
En particulier, les déterminations de l’indice complexe n *ν sont
primordiales. Suffisantes pour le traitement des matériaux en masse,
elles permettent, dans certains milieux dispersés, de calculer, à l’aide
de théories fiables (Mie, Kerker...), au moins l’ordre de grandeur des
caractéristiques radiatives : coefficients monochromatiques
d’absorption κ ν et de diffusion σ ν , fonction angulaire de diffusion

p ν  ∆i → ∆  .
Or pour les matériaux en masse, c’est-à-dire, en fait, pour les
verres, l’étape concernant les mesures de n *ν en fonction de T, de
ν, de la composition chimique, etc., commence seulement.
La situation est encore pire pour les milieux dispersés ; dans ce
cas, les études expérimentales, destinées à atteindre les coefficients
κ ν , σ ν et la fonction p ν  ∆ i → ∆  sans attribuer à cette dernière une
expression a priori, sont à notre connaissance à leur point de départ.
Figure 30 – Profil du rapport q  ⁄ q en fonction de l’épaisseur Il est également regrettable que les profils de température et de
réduite flux, calculés plus ou moins rigoureusement par les modélisations
proposées, ne soient qu’exceptionnellement confrontés à des déter-
minations expérimentales.
Toutefois, sous l’influence de besoins de plus en plus exigeants,
6. Conclusion on peut espérer que les progrès dans le domaine du transfert radiatif
vont s’amplifier et qu’« un équilibre satisfaisant entre la précision
de la solution et le coût du calcul » [4] sera atteint. En particulier,
Le transfert d’énergie thermique à travers des matériaux la constitution primordiale d’une base de données bénéficiera [3] du
semi-transparents intervient dans des situations extrêmement développement récent des techniques expérimentales et de leurs
variées [4] appartenant aussi bien à la vie courante (vitres, pare-brise, performances : spectroscopie par transformée de Fourier, hologra-
fibres optiques, fours, isolants, etc.) qu’au monde industriel phie, interférométrie, sources lasers puissantes ou pulsées, fibres
(industries du verre, des céramiques, du bâtiment, aérospatiale, optiques.
sûreté nucléaire, etc.). Dans ce transfert, la part radiative est souvent

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En définitive, et comme indiqué dans la référence [4], « la solution


des questions évoquées ci-dessus requiert une collaboration pluri- Tableau 3 – Composition chimique des verres
disciplinaire entre recherche universitaire et industrielle. Même avec isolation à B2O3 variable
une telle collaboration, il faudra du temps avant que nous ayons à (teneurs exprimées en pourcentage pondéral)
notre disposition une profonde compréhension des phénomènes,
des données proprement mesurées, des simulations correctes et des Numéro
algorithmes performants ». 1 2 3 4 5
du verre isolation
SiO2 66,6 64,6 64,3 64,1 62,8
CaO 7,4 8,4 8,2 7,2 7,4
7. Annexe 1 : composition Na2O 15,8 14,7 14,6 15,7 15,8
des milieux étudiés MgO 3,0 3,2 3,1 3,0 3,5
B 2 O3 0 3,0 3,8 4,5 7,2
Les verres sodocalciques sont caractérisés par trois composants
chimiques de base : l’oxyde de silicium SiO2 , introduit sous forme Al2O3 3,4 3,4 3,4 3,4 2,9
de sable, l’oxyde de calcium CaO et l’oxyde de sodium Na2O. Les Fluor 3,0 1,5 1,2 0 0
pourcentages varient industriellement dans les limites suivantes :
Autres oxydes 0,8 1,2 1,4 2,1 0,4
SiO2 , 60 à 70 % ; CaO, 7 à 10 % ; Na2O, 13 à 15 %. D’autres oxydes
peuvent intervenir dans des proportions plus faibles, de quelques
pour-cent de la masse totale : MgO ; Fe2O3 ; Al2O3 ; B2O3 ; etc.
Les trois verres de référence choisis sont les suivants. 8. Annexe 2 : facteurs
■ Le verre utilisé pour la réalisation des vitrages selon le procédé de
fabrication du flottage. Le verre flotté est obtenu par flottage du verre
monochromatiques
fondu sur de l’étain fondu ; il fournit un vitrage de qualité glace. Le directionnels « polarisés » :
verre Planilux ou verre flotté type 1 est un verre clair avec un pour-
centage de Fe2O3 de 0,09 % (tableau 2). Le pourcentage peut aug- réflectivité à une interface ;
menter progressivement, ce qui conduit à des verres de plus en plus
foncés. Les verres flottés de type 2, 3, 4 et 5 contiennent des pour-
réflectance, absorptance
centages de Fe2O3 croissants (tableau 2). (0) et transmittance d’une lame
Tableau 2 – Composition chimique 8.1 Réflectivités monochromatiques
des verres flottés à Fe 2O3 variable directionnelles « polarisées »
(teneurs exprimées en pourcentage pondéral) d’une interface optiquement lisse.
Formules de Fresnel
Numéro
1 2 3 4 5
du verre flotté Considérons une interface ➀ optiquement lisse (figure 10) sépa-
SiO2 71,05 71,30 70,90 68,80 67,65 rant deux milieux d’indices de réfraction et d’extinction différents :
n ν1 , k ν1 pour le premier milieu, n ν , k ν pour le second.
CaO 9,90 9,60 9,60 9,90 9,90
Les lois de Descartes, reliant les angles d’incidence θ 1 et de réfrac-
Na2O 13,60 13,90 13,80 13,65 13,65 tion θ, s’écrivent, en notation réelle ou imaginaire :
MgO 4,00 4,05 4,05 4,00 4,00 n ν 1 sin θ 1 = n *ν 1 sin θ 1* = n ν sin θ = n *ν sin θ * = δ (176)
Fe2O3 0,09 0,57 0,97 2,35 3,50
En effet, on doit associer, à un indice n *ν imaginaire, un angle θ *
Autres oxydes 1,36 0,58 0,68 1,30 1,30 également imaginaire.
Les réflectivités monochromatiques directionnelles polarisées,
■ Le verre à partir duquel sont réalisés industriellement les isolants ρν′ 1Œ  θ 1  et ρν′ 1:  θ 1  correspondent à une polarisation du rayon-
thermiques fibreux. Le verre isolation standard ou verre isolation 4
nement incident selon ∆ 1 respectivement parallèle ( // ) au plan
est un verre sodocalcique à 4,5 % de B2O3 . Pour les verres isolation
de type 1, 2, 3, 5, le pourcentage de B2O3 varie autour de la valeur défini par O 1N 1 et ∆ 1 (figure 10) et perpendiculaire ( : ) à ce plan.
standard comme indiqué dans le tableau 3. Elles sont données par les relations de Fresnel :
Les variations très faibles des pourcentages des deux oxydes
2
Fe2O3 et B2O3 mettent bien en évidence la très grande sensibilité tan  θ 1* – θ * 
des propriétés radiatives des verres à leur composition chimique. ρν′ 1Œ  θ 1  = -------------------------------------2- (177)
tan  θ 1* + θ * 
■ La silice vitreuse, appelée aussi silice fondue, est constituée de
SiO2 pur (99,99 %) sans addition de fondant. Le verre a une structure
isotrope résultant de son état vitreux, donc totalement différente de 2
la structure cristalline du quartz, et, par voie de conséquence, aussi sin  θ 1* – θ * 
des propriétés différentes (masse volumique, indice de réfraction, ρν′ 1:  θ 1  = -------------------------------------2- (178)
etc.). sin  θ 1* + θ * 
La silice vitreuse utilisée comme référence est commercialisée par où le symbole | | désigne le module.
la société Électro Quartz sous la dénomination de Puropsil.
Il est commode de poser :
Les compositions chimiques complètes des verres flottés et des
verres isolations sont données dans les tableaux 2 et 3. (0) n ν*1 cos θ 1* = p 1 – jq 1 , n ν* cos θ * = p – jq (179)

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Les deux réflectivités ρν′ 1Œ  θ 1  et ρν′ 1:  θ 1  se calculent alors par


les expressions suivantes :

2 2 2 2 2 4
ρν′ 1Œ  θ 1  p 1 + q 1  p + q  – 2 δ  p 1 p – q 1 q  + δ
-----------------------
- = ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
- (180)
ρν′ 1:  θ 1  2 2 2
 p1 + q1   p + q  + 2 δ  p1 p – q1 q  + δ
2 2 4

2 2
 p 1 – p  + q 1 – q 
ρν′ 1:  θ 1  = ----------------------------------------------------- (181)
2 2
 p 1 + p  + q 1 + q 

Le tableau 4 indique les valeurs des indices optiques n ν = n λ ,


k ν = k λ du verre isolation 3 (§ 7) et n ν 2 = n λ 2 , k ν 2 = k λ 2 de l’étain
pour deux longueurs d’onde. En ce qui concerne le verre, les valeurs
de n λ aux deux longueurs d’onde sont voisines tandis que celles
de k λ diffèrent totalement. Pour l’étain, d’après la référence [5],
n λ 2 = k λ 2 aussi bien à 5,05 µm qu’à 9,75 µm.
Les réflectivités polarisées sont représentées en fonction de l’angle
d’incidence sur les figures 31 et 32 dans les deux cas suivants :
— pour une interface air-verre (figures 31a et 31b ), les expres-
sions (180) et (181) se simplifient puisque les indices du premier
milieu, l’air, sont :
n λ 1 = 1, k λ1 = 0
de sorte que :
p 1 = cos θ1 , q1 = 0
— pour une interface verre-étain (figures 32a et 32b ), conformé-
ment aux notations de la figure 10 avec l’étain d’indices n λ 2 , k λ 2
comme milieu ➁, les expressions (180) et (181) sont remplacées par :

2 2 2 2 2 4
ρ ν′ 2 Œ  θ   p + q   p 2 + q 2  – 2 δ  pp 2 – qq 2  + δ
--------------------- = -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
ρ ν′ 2 ⊥  θ  2 2 2 2
 p + q   p 2 + q 2  + 2 δ  pp 2 – qq 2  + δ
2 4

2 2
 p – p 2  + q – q 2 
ρν′ 2 ⊥  θ  = ----------------------------------------------------
2
-
2
 p + p 2  + q + q 2 
Sur les figures 31 et 32, on remarque :
— les grandes variations des réflectivités en fonction de l’angle Figure 31 – Réflectivités monochromatiques directionnelles
d’incidence ; « polarisées » en fonction de l’angle d’incidence 1
— le passage systématique de la réflectivité parallèle par un mini- pour une interface air-verre isolation 3
mum qui peut être très accentué et correspondre à un angle d’inci-
dence voisin de 90o (figures 32a et 32b ) ;
— les valeurs très différentes des réflectivités parallèle et
perpendiculaire. (0) 8.2 Réflectances, absorptances
et transmittances, monochromatiques,
directionnelles, « polarisées »,
Tableau 4 – Indices de réfraction et d’extinction d’une lame semi-transparente,
du verre isolation 3 et de l’étain
pour deux longueurs d’onde à faces lisses et parallèles
Longueur d’onde (µm) 5,05 9,75 Dans le paragraphe 2.1.2, la lame semi-transparente, à faces lisses
et parallèles, d’épaisseur  , est placée entre deux milieux 1 et 2.

nλ 1,42 1,49
Verre Deux applications particulières sont rencontrées dans la pratique.
kλ 2,18 · 10–3 1,43
■ Pour une vitre placée dans l’air, les milieux 1 et 2 sont identiques.


nλ2 34,40 47,80 Les réflectances, absorptances et transmittances sont données par
Étain les expressions classiques, respectivement (46), (47), (48) et illus-
kλ2 34,40 47,80
trées par deux figures.
● La première (figure 33) confirme les remarques déjà faites à
propos des réflectivités : grandes variations en fonction de l’angle
d’incidence θ 1 , passage de R′λ 1Œ  θ 1  par un minimum, influence

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très nette de la polarisation. Par ailleurs, malgré la valeur faible


(2,18 · 10–3, tableau 4) de kλ , l’absorption est importante ; les absorp-
tances A′λ 1Œ  θ 1  et A′λ 1 ⊥  θ 1  sont du même ordre de grandeur
(50 %) que les transmittances tant que θ 1 reste inférieur à 60o envi-
ron.
● La seconde (figure 34) montre le rôle des réflexions multiples à
l’intérieur de la lame ; pour chaque polarisation, la réflectance est,
bien entendu, supérieure à la réflectivité.
■ Le cas d’une feuille de verre sur un bain d’étain a déjà été
mentionné, en particulier dans le paragraphe 5.2. La lame à faces
lisses et parallèles est alors comprise entre deux milieux très
différents ; l’air 1 d’indices n λ 1 = 1, k λ 1 = 0 et l’étain 2 d’indices n λ 2
et k λ 2 (tableau 4). Les facteurs de réflexion, d’absorption et de trans-
mission se calculent par les expressions respectivement (38), (39),
(40). Un exemple de leur évolution en fonction de l’angle d’incidence
θ1 est représenté sur la figure 35. Par comparaison avec une lame
identique placée dans l’air (figure 33), on constate que, si l’allure des
courbes reste la même, les valeurs des facteurs sont totalement
différentes. Ici (figure 35), les réflectances sont supérieures aux
transmittances, quel que soit l’angle θ1 . Précédemment (figure 33),
c’était exactement le contraire pour θ1 < 70o environ.

Figure 33 – Facteurs monochromatiques ( = 5,05 m)


directionnels « polarisés » d’une lame en verre isolation 3,
d’épaisseur  = 100 m, placée dans l’air, en fonction de l’angle
d’incidence 1

Figure 34 – Facteurs monochromatiques (  = 4,02 m )


directionnels « polarisés » en fonction de l’angle d’incidence 1
–4
pour le verre isolation 3 d’indices n  = 1,46 et k  = 2,7 ⋅ 10 ;
réflectivités d’une interface air-verre ; réflectances
d’une lame d’épaisseur  = 50 m , placée dans l’air

Figure 32 – Réflectivités monochromatiques directionnelles


« polarisées » en fonction de l’angle d’incidence
pour une interface verre isolation 3-étain

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parallélépipédique est généralement portée à une température supé-


rieure à celle des 5 autres parois. Il faut alors décomposer F en deux
éléments, désignés par ➀ de surface S 1 , ➁ de surface S 2 , et calculer
les facteurs τ ν 12 ou ε ν 12 = 1 – τ ν 12 monochromatiques géométriques
moyens entre S 1 et S 2 (§ 2.2.2). Le plus souvent, S 2 (les 5 parois
du four) entoure complètement S 1 (la sole) de sorte que la première
étape consiste à évaluer l’intégrale (182), c’est-à-dire le facteur
hémisphérique τ ν G (P 1), P 1 étant un point quelconque de S 1 , puis
à effectuer la moyenne de τ ν (P 1) sur S 1 par l’expression (183) où
S est remplacé par S1 .
L’introduction de l’hémisphère de Hottel (figure 15b ) de rayon
RH (P ), RH ou R 12 consiste à poser respectivement :
τ ν G (P ) = exp(– κ ν G R H (P )) (184)
τνG = exp(– κ ν G R H ) (185)
τ ν 12 = exp(– κ ν G R 12) (186)
Elle se justifie surtout pour les milieux optiquement minces (§ 1.2)
avec, par exemple :
τ ν G om = 1 – κ ν G R H om (187)

et des expressions similaires reliant τ ν G om ( P ) à R H om( P ) et τ ν 12 om à


R 12 om . L’exposant « om » à G, à H ou au symbole 12 rappelle le carac-
Figure 35 – Facteurs monochromatiques (  = 5,05 m ) tère optiquement mince du MST.
directionnels « polarisés » d’une lame en verre isolation 3,
d’épaisseur  = 100 m, placée entre l’air et l’étain ; réflectances et
transmittances en fonction de l’angle d’incidence 1
9.1 Milieux optiquement minces :
calcul de G om et de RH om .
9. Annexe 3 : facteurs Milieux peu épais : approximations
monochromatiques pour G et R H
hémisphériques
et géométriques moyens Considérons un MST optiquement mince, de volume V limité par
une surface d’aire S, et évaluons le flux monochromatique surfacique
d’un MST homogène, e
ϕ ν G om émis dans l’espace entourant V.
isotherme, non diffusant, À l’intérieur du MST, un élément de volume dV émet (figure 36),
dans chaque angle d Ω, un flux donné par l’expression (8). L’émission
en ETL étant isotrope dans 4π stéradians et l’ETL supposé réalisé, le flux
monochromatique émis par dV dans tout l’espace s’écrit :
e 2 0
Lorsque l’on considère une enceinte F, opaque, homogène, à tem- d 3 φ ν G = 4π κ ν G n ν G L ν T G  dV (188)
pérature T, contenant un MST G homogène, à température TG et
non diffusant (§ 2.3.1, figure 15a ), le calcul des facteurs mono- Dans un milieu optiquement mince, ce flux ne subit qu’une
chromatiques hémisphériques moyens de transmission τ ν G ou absorption négligeable à l’intérieur du MST, de sorte que les flux
d’émission ε ν G = 1 – τ ν G implique deux intégrations : monochromatiques émis respectivement par V et par l’unité de
surface sont égaux à :
— la première, sur toutes les directions de l’hémisphère entourant
e 2 0
un point quelconque P situé sur la paroi interne de l’enceinte, conduit φ ν G om = 4π κ ν G n ν G L ν T G V
au facteur hémisphérique de G au point P :
et :
1
τ ν G P  = ----
π
 exp  – κ ν G  P, ∆   cos θ d Ω (182) e 4π κ ν G n ν G L ν T G V
2 0
ϕ ν G om = --------------------------------------------------------
S
- (189)

— la seconde représente la moyenne de τ ν G (P ) sur la surface S Mais, d’après la définition du facteur monochromatique hémis-
de l’enceinte : phérique moyen d’émission d’un MST quelconque G (§ 2.3.1), il
1
τ ν G = -----
S τs
νG P  dS (183)
vient aussi :
e 2 0
ϕ ν G = ε ν G n ν G ϕ ν G = ε ν G n ν G πL ν T G 
2 0
(190)
Ce dernier calcul est parfois inutile ; il en est ainsi pour une de sorte que :
enceinte constituée par une sphère, deux plans infinis parallèles, un
V
cylindre infini, etc. C’est le cas également pour des géométries ε ν G om = 1 – τ ν G om = 4 κ ν G ---- (191)
quelconques lorsque l’on s’intéresse à un point P particulier où se S
trouve placé, par exemple, un détecteur.
Au lieu d’être isotherme, l’enceinte F peut disposer de parois à
des températures différentes. Par exemple, la sole d’un four de forme

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La comparaison avec (187) montre que : 9.2.1 Enceinte sphérique de diamètre D


4V
R H om = ------- (192) Quels que soient le point P considéré sur les parois de la sphère
S
et la direction ∆, la figure 37 montre que :
Il suffit donc de connaître V et S pour obtenir R H om , puis τ ν G om
ou ε ν G om . Les rayons R H om ainsi obtenus sont indiqués dans le  ( ∆ ) = D cos θ
tableau 5. de sorte que :
Le cas d’une enceinte hémisphérique de rayon R illustre la diffé-
rence entre RH (P ) et R H om . En effet, si P désigne le centre de l’hémis-
phère, il est évident que RH (P ) = R quel que soit le MST considéré
1
τ ν G = τ vG ( P ) = ----
π
 exp ( – κ ν G D cos θ ) cos θ d Ω

(mince ou épais). Mais R H om , calculé à partir de (192) résulte d’une En posant µ = cos θ, il vient aussi :
moyenne de ε ν G om sur la surface S = 3πR 2 de l’hémisphère, ce qui
8
conduit à une valeur ----- R légèrement inférieure à R.
9
τνG = 2 
0
1
exp ( – κ ν G D µ ) µ d µ

Pour un milieu quelconque, RH est certainement inférieur à R H om . et, après une intégration par parties :
En effet, à la suite du flux émis par dV (188), il faut tenir compte de 2
-  1 – 1 + ζ ν G  exp  – ζ ν G  
τ ν G = --------- (194)
l’absorption à l’intérieur du MST dans chaque direction ∆, de sorte 2
ζ νG
e
que le flux monochromatique surfacique émis ϕνG est inférieur à
e
avec : ζ ν G = κ ν G D.
ϕ ν G om (189). Certains auteurs [7] ont effectué des calculs approchés
de RH pour des géométries simples (tableau 5). Le rapport R H ⁄ R H om
est voisin de 0,9, ce qui justifie la relation couramment utilisée et
admissible pour des milieux peu épais :
4V
R H = 0,9 ------- (193)
S

9.2 Milieux quelconques : calcul de G


et de RH pour des enceintes
Figure 36 – MST G, optiquement mince, de volume V,
particulières limité par une surface d’aire S

Pour certaines enceintes, sphériques, cylindriques, à faces planes


parallèles, etc., le facteur monochromatique hémisphérique τ ν G (0)
s’exprime analytiquement ou se calcule à l’aide d’intégrales simples
dont les valeurs sont tabulées.

Tableau 5 – Rayon R H de l’hémisphère de Hottel pour des milieux optiquement minces.


om

Approximation de RH pour des milieux peu épais

Géométrie Dimension 4V RH RH
R H om = -------- ------------
-
du MST caractéristique S (approché) R H om

8
Hémisphère................................................. rayon R ----- R
9
2
Sphère ......................................................... diamètre D ----- D 0,65D 0,97
3
Lame à faces parallèles.............................. épaisseur  2 1,8 0,90
Cylindre circulaire de longueur
infinie........................................................... diamètre D D 0,95D 0,95
Cylindre circulaire de hauteur H 2
égale au diamètre...................................... diamètre D ----- D 0,60D 0,90
3
Cube ............................................................ côté A 2 0,60A 0,90
----- A
3
Parallélépipède rectangle .......................... plus petit côté A
1×1×4 ....................................... 0,89A 0,81A 0,91
1×2×6 ....................................... 1,20A

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9.2.2 Lame à faces parallèles d’épaisseur 

D’après la figure 10 (§ 2.1.2), pour une direction ∆ faisant l’angle θ



avec la normale aux interfaces :  = ------------- et :
cos θ

1
τ ν G = τ ν G ( P ) = ----
π
 


exp – κ ν G ------------- cos θ dΩ
cos θ

Avec la même notation que ci-dessus (§ 9.2.1) : µ = cos θ, il vient :

τνG = 2 0
1 κνG 
 
exp – --------------- µ d µ = 2 E 3 ( κ ν G  )
µ
(197)

E 3 étant l’intégrale exponentielle d’ordre 3. Rappelons que, pour des


Figure 37 – Enceinte sphérique, de centre O, de diamètre D, valeurs entières positives de n, l’intégrale exponentielle d’ordre n
contenant un MST G est définie par :

Comme on pouvait s’y attendre, τ ν G (194) n’a pas la forme


En ( ξ ) =  0
1
µ
n–2 ξ
 
exp – --- d µ
µ
(198)
exponentielle (185). Néanmoins, on peut toujours égaler les deux
expressions et obtenir ainsi un rayon R H , par conséquent un facteur et que ses valeurs sont tabulées dans de nombreux ouvrages (par
τ ν G (ou ε ν G ), fonction du produit κ ν G a (tableau 6) ; a désigne, d’une exemple, référence [7]).
façon générale, une dimension caractéristique de l’enceinte ; pour Comme pour l’enceinte sphérique (§ 9.2.2), τ ν G , donné par (197),
une sphère, a est égal au diamètre D. (0) n’a pas la forme exponentielle (185). Si on impose cette dernière,
R H est fonction du produit κ ν G a avec a =  (tableau 6).
Tableau 6 – Facteurs monochromatiques hémisphériques Dans le cas d’un milieu optiquement mince ( κ ν G  → 0 ),
l’expression (197) se simplifie en :
moyens  G et rayons RH de l’hémisphère de Hottel
τ ν G om = 1 – 2 κ ν G  (199)
Lames à faces
Sphère, a = D Cylindre, a = D
parallèles, a =  et, conformément au tableau 5 :
 G a R H om = 2 (200)
RH RH RH
ε νG -------
- ε νG -------
- ε νG -------
-
D  D L’utilisation de l’approximation R H = 1,8 (tableau 5) doit être
réservée à un milieu peu épais, tel que κ ν G  < 0,5 .
0 0 2/3 0 2 0 1
0,10 0,064 2 0,664 0,167 1,84 0,093 2 0,978
0,20 0,124 0,662 0,296 1,75 0,177 0,974 9.2.3 Enceinte cylindrique de section droite
0,30 0,179 0,658 0,400 1,70 0,251 0,963 circulaire et de longueur infinie
0,40 0,231 0,656 0,485 1,66 0,317 0,953
0,50 0,275 0,643 0,555 1,62 0,376 0,943 Le calcul de τ ν G = τ ν G (P ) se ramène, comme dans le cas précédent,
1,00 0,472 0,639 0,782 1,52 0,596 0,906 à une intégration relativement simple ; il ne sera pas détaillé ici ; on
2,00 0,703 0,607 0,940 1,41 0,814 0,841 peut se reporter par exemple aux références [7] [15].
3,00 0,822 0,575 0,982 1,34 0,905 0,785
Pour un milieu quelconque, τ ν G et R H dépendent du produit κ ν G a,
a = D étant le diamètre du cylindre. Les valeurs sont indiquées dans
le tableau 6.
Dans un milieu optiquement mince, ζ ν G om tend vers zéro ; le déve- Lorsque le MST est mince, R H om est égal à D, conformément au
loppement de (194) conduit à : tableau 5. Et, pour un milieu peu épais : κν G D < 0,5, la valeur
R H = 0,95D (tableau 5) est admissible.
2
τ ν G om = 1 – -----κ D (195)
3 νG
2
soit : R H om = ---- D
3
(196) 9.3 Calculs de G ( P ) et de 12
comme indiqué dans le tableau 5. pour des enceintes particulières
Quant à la valeur approchée R H = 0,65 D (tableau 5 ), elle ne Les enceintes cylindriques, à sections circulaires de diamètre D,
convient que si le produit κ ν G D est inférieur à 1. ont été particulièrement étudiées. Lorsque le point P est le centre
d’une section terminale, les facteurs τ ν G (P ) pour des cylindres de
hauteur H quelconque (éventuellement semi-infinie), τ ν 1 P où ➀
désigne l’autre section, et τ ν 2 P , ➁ étant le paroi cylindrique,
s’expriment à l’aide d’intégrales exponentielles d’ordre 3 [7]. Des
résultats, fonctions de κ ν G , de D et de H, sont obtenus pour des
milieux quelconques tandis que des expressions approchées
conviennent pour des milieux peu denses (tableau 7).
(0)

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Tableau 7 – Rayons de l’hémisphère de Hottel pour des milieux optiquement minces.


Approximations pour des milieux peu épais
R H om (P ) et R H (P )

Géométrie Dimension RH (P) RH ( P )


R H om ( P ) ----------------------
-
du MST caractéristique (approché) R H om ( P )

Cylindre circulaire de hauteur égale


au diamètre diamètre D 0,76D 0,71D 0,92
(P centre de la base)
Cylindre circulaire de longueur
semi-infinie diamètre D D 0,90D 0,90
(P centre de la base)
Cylindre de section semi-circulaire,
de longueur infinie rayon R 1,26R
(P point de l’axe de la face plane)
R 12 om et R 12

Géométrie Dimension R 12
R 12 om R 12 -------------
-
du MST caractéristique R 12 om

➀ cylindre circulaire de longueur


semi-infinie diamètre D 0,81D 0,65D 0,80
➁ base
➀ Parallélépipède rectangle
1×1×4 plus petit côté A
➁ Face 1 × 4 0,90A 0,82A 0,91
ou
➁ Face 1 × 1 0,86A 0,71A 0,83
➀ Parallélépipède rectangle
1×2×6 plus petit côté A
➁ Face 2 × 6 1,18A
ou
➁ Face 1 × 6 1,24A
ou
➁ Face 1 × 2 1,18A

Avec ces mêmes enceintes cylindriques et le point P toujours au


centre de la base, les calculs se simplifient évidemment dans le cas Notations et symboles
de milieux optiquement minces. On trouve alors :
Symbole Unité Définition
R2
 
H
τ ν 1P om = ---------------------
- – 2 κ ν G H 1 – --------------------------
H2+R2 H2+R2 a paramètre [équation (170)]
a m dimension caractéristique

R2

R d’une enceinte (§ 2.3.1, § 9)
et : τ ν 2P om = 1 – ---------------------
- – 2 κ ν G R 1 – --------------------------
H2+R2 H2+R2 an coefficient [équation (111)]
de sorte que : aν paramètre de diffusion
[équation (19)]
τ ν G om ( P ) = τ ν 1P om + τ ν 2P om = 1 – 2 κ ν G R + H – R 2 + H 2 (201) A′ν facteur monochromatique
directionnel d’absorption ou
d’où : R H om ( P ) = 2 R + H – R 2 + H 2 (202) absorptance (§ 2.1.2)
b paramètre [équation (170)]
ce qui conduit aux résultats du tableau 7 pour H = D = 2R et pour
bν facteur de rétrodiffusion
H = ∞. [équations (21), (139) et (140)]
En ce qui concerne les facteurs de transmission τ ν 12 de G entre
2 surfaces formant enceinte, on peut d’abord remarquer que Remarque : pour alléger l’écriture, toutes les variables dont dépend une
τ ν 12 = τ ν G dans les deux cas déjà examinés suivants : une lame grandeur donnée ne sont pas toujours indiquées entre parenthèses.
dont les faces parallèles sont à 2 températures distinctes (§ 9.2.2) ; Seules les principales le sont souvent ; par exemple : luminance mono-
un cube où la température d’une face diffère de celle des autres chromatique directionnelle L ν′  s, ∆  à l’abscisse s dans la direction ∆ .
(tableau 5). Mais elles sont parfois omises ; il en est ainsi pour les indices optiques
nν , k ν et les coefficients monochromatiques κ ν , σ ν .
Des calculs approchés de τ ν 12 ont également été effectués pour
des géométries simples (cylindriques ou parallélépipédiques) ;
quelques exemples sont donnés dans le tableau 7.

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Notations et symboles Notations et symboles

Symbole Unité Définition Symbole Unité Définition

cν = c λ m · s–1 vitesse de phase du N vecteur unitaire caractérisant


rayonnement la normale à une surface
électromagnétique NX paramètre d’interaction
c0 m · s–1 vitesse du rayonnement conduction-rayonnement
électromagnétique dans le [équation (153)]
vide ; c 0 = 2,997 924 58 m · s–1 O point
cp J · kg–1 · K–1 capacité thermique massique à pν  ∆ i → ∆  fonction angulaire de diffusion
pression constante depuis une direction de
D m diamètre (§ 9) vecteur unitaire ∆ i vers une
direction de vecteur unitaire ∆
Dp m diamètre d’une particule (§ 2)
P point
E′ν facteur monochromatique Pn polynôme de Legendre d’ordre
directionnel d’émission ou n [équation (111)]
émittance (§ 2.1.2)
P1 , P 2 plans parallèles
En (ξ ) fonction intégrale
exponentielle [équation (121)] q vecteur flux surfacique ;
f ν = 1 – bν facteur de diffusion « avant » q ⋅ N = ϕ = flux traversant
[équations (139) et (140)] l’unité de surface
 
fS j S facteur de forme (d’angle ou de q ,q vecteurs flux surfaciques
k
vue) de la surface Sj vers la respectivement de conduction
surface Sk [1] et de rayonnement
G MST (gazeux en général) Q point
h J·s constante de Planck : r = OP vecteur caractérisant la
h = 6,626 176 10– 34 J · s position du point P
h pas du maillage R ν′ facteur monochromatique
[équation (172)] directionnel de réflexion ou
H m hauteur (§ 9) réflectance (§ 2.1.2)
k J · K–1 constante de Boltzmann : RH m rayon de l’hémisphère de
k = 1,380 662 10– 23 J · K–1 Hottel (§ 2.3.1, § 9)
s, s’, s" m abscisses curvilignes
kν = kλ indice optique d’extinction
  S m2 surface ou aire de cette surface
k ,k W· m–1 · K–1 conductivités respectivement
thermique (de conduction ou ν fonction source (§ 3)
phonique) et radiative t s temps
 m longueur T K température
ν m libre parcours moyen des thermodynamique
photons T′ν facteur monochromatique
 m épaisseur d’une lame directionnel de transmission
L′ν J · m–2 · sr–1 luminance monochromatique ou transmittance (§ 2.1.2)
directionnelle T K température moyenne
0
Lν ( T ) J · m–2 · sr–1 luminance monochromatique V m3 volume
du rayonnement noir dans le dV m3 volume élémentaire (sera
vide considéré comme un
0
Lν ( nν , T ) J · m–2 · sr–1 luminance monochromatique infiniment petit du 3e ordre)
du rayonnement noir dans un wi poids de la quadrature
milieu d’indice de réfraction n ν [équation (167)]
M nombre de secteurs x, y, z m coordonnées spatiales
[équation (167)]
α ν′ = α λ′ facteur monochromatique
n nombre entier directionnel
[équations (111), (121), (168) et d’absorption (§ 2.1)
(198)]
βν = βλ m–1 coefficient monochromatique
nν = nλ , indices optiques de réfraction d’extinction
n*ν = n*λ respectivement réel et δ paramètre [§ 8, équation (176)]
complexe
N nombre de matériaux opaques ∆ direction quelconque de
entre lesquels s’effectuent les vecteur unitaire ∆
échanges radiatifs (§ 2.2)
ε ν′ = ε ′λ facteur monochromatique
Remarque : pour alléger l’écriture, toutes les variables dont dépend une directionnel d’émission (§ 2.1)
grandeur donnée ne sont pas toujours indiquées entre parenthèses. Remarque : pour alléger l’écriture, toutes les variables dont dépend une
Seules les principales le sont souvent ; par exemple : luminance mono- grandeur donnée ne sont pas toujours indiquées entre parenthèses.
chromatique directionnelle L ν′  s, ∆  à l’abscisse s dans la direction ∆ . Seules les principales le sont souvent ; par exemple : luminance mono-
Mais elles sont parfois omises ; il en est ainsi pour les indices optiques chromatique directionnelle L ν′  s, ∆  à l’abscisse s dans la direction ∆ .
nν , k ν et les coefficients monochromatiques κ ν , σ ν . Mais elles sont parfois omises ; il en est ainsi pour les indices optiques
nν , k ν et les coefficients monochromatiques κ ν , σ ν .

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Notations et symboles Liste des indices

Symbole Unité Définition //, ⊥ directions de polarisation du rayonnement,


respectivement parallèle au plan défini par la
ζν profondeur ou distance normale à dS et par la direction ∆,
optique [§ 3.3, équation (104)] perpendiculaire à ce plan
ην J · m–3 · sr–1 coefficient monochromatique λ, ν grandeurs monochromatiques rapportées,
d’émission respectivement, à la longueur d’onde λ, à la
θ rad angle plan entre la normale ON fréquence ν
à une surface élémentaire dS i, d caractéristiques des rayonnements
ou d Σ et une direction respectivement incident  i et diffusé  d ;
quelconque ∆ (θ, ψ ) exemple : direction incidente ∆i (θi , ψi ), à
κν = κλ m–1 coefficient monochromatique l’exception des luminances ou des flux où i et d
d’absorption sont en exposant (voir ci-après)
λ m longueur d’onde du 1, 2 caractéristiques de MST, d’interfaces ou de
rayonnement surfaces ; exemples : MST 1 d’indices optiques
µ = cos θ notation usuelle nν1 , k ν1 ; interface ➀ recevant un rayonnement
[équation (103)] selon la direction ∆1 ; plan opaque ➀ à
ν s–1 fréquence du rayonnement température T1
ξ En ( ξ ) fonction intégrale expo- j, k caractéristiques de matériaux opaques entre
nentielle [équation (121)] lesquels s’effectuent les échanges radiatifs à
ξp porosité (§ 5.1.3) travers un MST G ; exemple : surface Sj à
ρ kg · m–3 masse volumique température Tj et d’émissivité monochromatique
ρν′ = ρ ′λ = ρ ′λ s réflectivité (ou facteur de hémisphérique ε ν j
réflexion) monochromatique
directionnelle, dans le cas
d’une réflexion Liste des exposants
spéculaire (§ 2.1.2)
σ W · m–2 · K–4 constante de Stefan-Boltzmann ;
σ = 5,670 32 · 10–8 W · m–2 · K– 4 0 corps noir ou rayonnement noir ou rayonnement
σν m–1 coefficient monochromatique d’équilibre ; exemple : L ν0 ( n ν , T ) , luminance
de diffusion monochromatique du corps noir à température T
Σ m2 surface ou aire de cette surface vers un milieu d’indice de réfraction n ν
’ directionnel ; exemple : L′ν s, ∆  , luminance
τ ν′ facteur monochromatique
directionnel de monochromatique directionnelle (à l’abscisse s,
transmission (§ 2.1) dans la direction de vecteur unitaire ∆ )
ϕ W · m– 2 flux surfacique ’ ou ’’ exposants utilisés, à titres exceptionnel et
ϕλ W · m– 3 flux monochromatique transitoire, pour l’abscisse curviligne s
surfacique rapporté à la [équations (87), (89)]
longueur d’onde λ a, d, e, i, p, t respectivement absorbé, diffusé, émis, incident,
ϕν J · m– 2 flux monochromatique
surfacique rapporté à la partant, transmis ; exemples : d 6 φ ′ a s, ∆  ,
fréquence ν d 6 φ ′ d s, ∆  , variations de flux à l’abscisse s dans
φ W flux la direction de vecteur unitaire ∆ par suite des
χ rad angle plan entre deux phénomènes respectifs d’absorption et de
directions ∆ i , ∆ (§ 1.4) diffusion
ψ 
rad angle plan caractérisant une  conduction ; exemples : q , vecteur flux
direction quelconque ∆ (θ, ψ ) surfacique de conduction ; k  , conductivité
ων = ωλ albédo monochromatique : thermique (de conduction ou phonique)
σν  rayonnement ; exemples :
ω ν = -------- [équation (22)]
βν ϕ  = ϕ – ϕ = ϕ – ϕ i , flux surfacique perdu
e a p

Ω sr angle solide par rayonnement ; k  conductivité radiative


dΩ sr angle solide élémentaire
autour d’une direction ∆ (θ, ψ ),
sera considéré comme un
infiniment petit du second
ordre ; d Ω = sin θ dθ dψ

sr angle solide égal à 2 π sr


sr angle solide égal à 4 π sr

Remarque : pour alléger l’écriture, toutes les variables dont dépend une
grandeur donnée ne sont pas toujours indiquées entre parenthèses.
Seules les principales le sont souvent ; par exemple : luminance mono-
chromatique directionnelle L ν′  s, ∆  à l’abscisse s dans la direction ∆ .
Mais elles sont parfois omises ; il en est ainsi pour les indices optiques
nν , k ν et les coefficients monochromatiques κ ν , σ ν .

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DOCUMENTATION
28/09/2008
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P
O
U
Rayonnement thermique R
des matériaux semi-transparents
E
par Magdeleine HUETZ-AUBERT
Docteur ès Sciences
Directeur de Recherche Émérite au Centre National de la Recherche Scientifique
N
Sorïn KLARSFELD
Docteur de l’Université de Paris

et
Ancien Chef de Laboratoire à Saint-Gobain Recherche
Philippe de DIANOUS
S
Ingénieur de Recherche, ISOVER Saint-Gobain, CRIR, Rantigny
(pour l’annexe 2)
A
V
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5 - 1995

First Conference of the European Society of tivité thermique des isolants. R2930, traité
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Angleterre, 9-12 sept. 1991. nieur, janv. 1991.

Laboratoires français spécialisés


Doc. B 8 215

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Centre de Recherches sur la Physique des Hautes Températures (Orléans) référence [2]
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[13] URA CNRS 875 (Vandœuvre-lès-Nancy), références [2] [19] [20]
ENSMA, Laboratoire d’Études Thermiques, URA CNRS 1043 (Poitiers), Saint-Gobain Recherche, Service « Procédés et propriétés des verres »
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et d’Optique (Reims), référence [2]
INSA Lyon, CETHIL, URA CNRS 1372 (Villeurbanne), références [2] [9] [16]

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