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Bertrand Gaillot
mars 2014
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Sommaire
RESUME .......................................................................................................................................................................... 5
INTRODUCTION ............................................................................................................................................................ 7
LA DEMARCHE DE CERTIFICATION DES COMPTES DE L’ETAT PAR LA COUR DES COMPTES ......... 12
CONCLUSION ............................................................................................................................................................... 15
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Résumé
La place de l’audit interne (AI) devient de plus en plus grande dans la gestion des affaires
publiques, notamment dans les domaines budgétaires et comptables.
A titre d’illustration, la démarche annuelle de certification des comptes de l’État, telle qu’elle est
mise en œuvre par la Cour des comptes, permet d’en approcher les enjeux en termes de méthode,
de rigueur et de crédibilité.
Mots clés
Audit comptable, audit interne, Cour des comptes, certification des comptes de l'État
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Introduction
Depuis 2011, la fonction d’audit interne au ministère est confiée à la première section (appelée
« mission d’inspection générale et d‘audit » ou plus simplement MIGA) du Conseil général, de
l’alimentation de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER).
Après un bref historique et quelques précisions d’ordre normatif relatives à l’audit interne dans la
sphère publique, est abordée la certification des comptes du ministère sous l’angle des relations
étroites entre les travaux d’audits comptables menés au sein du ministère et l’audit externe réalisé
par la Cour des comptes.
L’objectif de ces deux approches complémentaires est de permettre, in fine, à la Cour des comptes
de donner une assurance raisonnable, éventuellement assortie de réserves, quant à la fiabilité des
comptes publics analysés mais aussi de formuler des recommandations utiles aux services
gestionnaires.
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Historique de l’audit interne
Au 9ème siècle, les « Missi Dominici » de Charlemagne, puis au 13ème siècle, les « Auditors »,
mandatés par Édouard 1er d’Angleterre, pouvaient être déjà considérés comme des auditeurs
internes au sens moderne du terme. Autant d’illustres précurseurs !
En parallèle, principalement depuis le début des années 1990, le contrôle interne au sein des
entreprises a connu de très importants développements ; depuis lors, il n’a cessé de s’étoffer et de
se structurer autour des versions successives (1992, 2004 et 2013) du COSO, référentiel
international visant à définir et améliorer les méthodes de contrôle interne, notamment pour limiter
les possibilités de fraude dans les rapports financiers des sociétés industrielles et commerciales.
Ces évolutions ont logiquement fait suite à de retentissants scandales financiers aux États-Unis
mettant en cause de grandes sociétés qui faisaient appel à l’épargne publique.
Le COSO est le « Committee of Sponsoring Organizations of the Treadway Commission ».
Désormais, la gestion des risques est au cœur de la doctrine du contrôle interne, avec pour
corollaire un intérêt de plus en plus marqué pour les questions de gouvernance des entreprises.
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LOLF : Loi organique relative aux lois de finances
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NRE : Nouvelles régulations économiques
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LSF : Loi de sécurité financière
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Dans notre pays, plusieurs textes réglementaires, publiés en 2011, ont représenté une étape
particulièrement marquante, celle de l’obligation de mise en place de l’audit interne dans
l’administration, assortie de la création des instances idoines d’ordre interministériel mais aussi
propres à chaque ministère.
Ainsi, les éléments juridiques fondamentaux et les structures opérationnelles nécessaires étaient
en place. Il ne restait plus qu’à organiser le dispositif et à adapter ses normes de fonctionnement
aux spécificités budgétaires et comptables de l’État et à celles des établissements publics placés
sous sa tutelle.
En premier lieu, très succinctement résumé, le contrôle interne financier regroupe le Contrôle
interne comptable (CIC) et le Contrôle interne budgétaire (CIB).
Son développement et sa mise en œuvre sont placés sous l’autorité du secrétaire général du
ministère de l’agriculture.
Concrètement, il s’agit pour les services ordonnateurs et pour les services chargés des fonctions
supports, d’actions quotidiennes visant à l’identification et à la maîtrise des risques inhérents aux
procédures budgétaires et comptables.
En s’appuyant sur des référentiels, les services concernés élaborent les cartographies des
processus financiers qu’ils mettent en œuvre, puis celles des risques correspondants à chacune
des étapes ; en découle alors la conception de Plans d’actions ministériels (PAM) d’amélioration
des contrôles internes à moyen terme, eux-mêmes déclinés en feuilles de route annuelles
directement applicables par les services gestionnaires. Depuis 2011, la feuille de route annuelle
prévoit les actions qui fondent le déploiement du contrôle interne financier (cartographie des
risques, plans de contrôles, organigrammes fonctionnels, etc.).
Contrairement au contrôle interne financier, l’audit interne financier n’est jamais conduit par les
services en charge de la gestion des affaires budgétaires et comptables.
Selon l’Institut français de l’audit et du contrôle internes (IFACI), la définition actuelle de l’audit
interne (AI), reconnue et validée à l’échelon national est la suivante :
« L'audit interne est une activité indépendante et objective qui donne à une organisation une
assurance sur le degré de maîtrise de ses opérations, lui apporte ses conseils pour les améliorer,
et contribue à créer de la valeur ajoutée.
Il aide cette organisation à atteindre ses objectifs en évaluant, par une approche systématique et
méthodique, ses processus de management des risques, de contrôle, et de gouvernement
d'entreprise, et en faisant des propositions pour renforcer leur efficacité ».
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Le texte ci-dessus a été modifié par le Comité interministériel d’harmonisation de l’audit interne
(CHAI), pour une meilleure adaptation aux spécificités du secteur public. Il en résulte la définition
ci-après, qui est celle retenue au ministère de l’agriculture :
« L’audit interne est une activité indépendante et objective qui donne à une organisation une
assurance sur le degré de maîtrise de ses opérations et lui apporte ses conseils pour l'améliorer.
L'audit interne s'assure que les dispositifs de contrôle interne d'une organisation sont efficaces.
A ce titre, il aide cette organisation à atteindre ses objectifs en évaluant, par une approche
systématique et méthodique, ses processus de gouvernance, de management des risques et de
contrôle et en faisant des propositions pour renforcer leur efficacité».
En résumé, nous retiendrons que l’audit interne, en s’appuyant sur une méthode parfaitement
définie et en analysant trois sujets (la gouvernance, les risques et le contrôle interne), a pour
objectif de fournir à l’organisation auditée les deux « produits » que sont :
- l’assurance raisonnable de l’atteinte des objectifs,
- et le conseil, via des recommandations hiérarchisées, applicables et ciblées.
Le Cadre de référence de l’audit interne de l’État (CRAIE) est un référentiel en cinq parties,
toutes disponibles depuis septembre 2013 :
- définition de l’audit interne,
- code de déontologie,
- normes de qualification,
- normes de fonctionnement,
- glossaire.
Le Comité ministériel d’audit interne (CMAI) a été créé au ministère de l’agriculture par arrêté
du 8 novembre 2011 (modifié en date du 13 mai 2013). Il s’est réuni deux fois par an depuis fin
2011.
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Le CMAI définit la politique d’audit du ministère, s’assure de la qualité du dispositif de contrôle
interne et de maîtrise des risques mis en place par les services et approuve le programme
pluriannuel d’audit interne proposé par la MMAI.
La mission ministérielle d’audit interne (MMAI) a été créée au Ministère de l’agriculture par le
même arrêté du 8 novembre 2011. Elle est constituée par la Mission d’inspection générale et
d’audit (MIGA) du Conseil général de l’alimentation de l’agriculture et des espaces ruraux
(CGAAER).
MIGA et MMAI ne se « recouvrent » pas complètement. Ainsi, la MIGA peut conduire des missions
qui ne relèvent pas de l’audit interne, tandis que la MMAI traite exclusivement de missions d’audit
interne (au sens de la définition du CHAI).
A titre d’illustration, l’inspection générale, les inspections de services, l’examen de situations
individuelles, les enquêtes administratives, les missions de vérifications financières et/ou contrôles
d’opérateurs de l’État, les missions de contrôles « qualité » de 1er ou 2ème niveaux... sont du ressort
de la MIGA mais sont hors du champ de la MMAI.
Il convient de préciser que la France est l’un des rares États de l’Union européenne à s’être
engagé (en application de la LOLF) dans une telle démarche de certification de ses comptes selon
des principes comptables très proches de ceux retenus pour les entreprises du secteur privé.
Ce faisant, la Cour agit comme un auditeur externe, totalement indépendant des administrations
publiques, situation qui lui confère une crédibilité indiscutable.
La certification des comptes de l’État est une opinion écrite, motivée et argumentée relative à leur
fiabilité. Cette appréciation étayée, qui engage la responsabilité de son auteur, résulte de
l’application d’une méthode d’investigation normée, se référant aux normes internationales d’audit
externe en vigueur (normes ISA et INTOSAI, différentes de celles qui concernent l’audit interne).
4 Le texte de ce paragraphe est issu, en grande partie, de la synthèse de la certification des comptes de
l’État pour l’exercice 2012, publiée en mai 2013 par la Cour des comptes.
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Pour ce qui concerne l’exercice budgétaire 2012, le dernier, à ce jour, à avoir fait l’objet d’une
certification par la Cour, cinq réserves substantielles ont été exprimées ; elles portent sur :
1) le système d’information financière,
2) les dispositifs ministériels de contrôle interne et d’audit interne,
3) les produits régaliens,
4) les actifs et passifs du ministère de la défense,
5) les participations et les autres immobilisations financières.
La Cour observe que d’importants progrès ont été réalisés par rapport à l’exercice antérieur (2011),
lui permettant de lever de nombreuses réserves. Elle insiste sur la vertu pédagogique de la
démarche de certification et sur les fruits du dialogue constructif qu’elle entretient, en continu, avec
les administrations publiques.
Dans le cadre du protocole précité, une mission d’audit de la Cour des comptes s’est déplacée au
CGAAER fin 2013 pour évaluer la fiabilité de l’organisation, du fonctionnement et des méthodes en
matière d’audit interne mis en œuvre par la MIGA/MMAI.
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Précisons que la Cour procède de manière analogue avec une dizaine d’autres ministères.
Au cours de ces visites, les magistrats de la Cour utilisent une grille de cotation standard, qui leur
permet de « noter » comparativement les ministères.
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Conclusion
Depuis plusieurs années, en application de la LOLF, l’amélioration de la qualité des comptes de
l’État français, fait l’objet d’engagements forts de la part des gouvernements successifs et s’appuie
sur une démarche de certification conduite par la Cour des comptes, concrétisée pour la première
fois en 2006.
La méthode employée, se fonde sur l’analyse et la maîtrise des risques, réalisées et affinées
progressivement dans chaque ministère.
Elle vise à utiliser les complémentarités de l’audit interne et de l’audit externe et se caractérise par
ses objectifs de rigueur, de respect des normes internationalement reconnues, d’efficacité et de
pédagogie en direction des administrations en charge de la gestion des comptes publics.
Les efforts importants consentis par tous les acteurs de la chaîne budgétaire et comptable
commencent à porter leurs fruits, comme en témoigne le nombre décroissant des réserves émises
par l’organisme certificateur. Il reste malgré tout encore des gisements de progrès, comme le
montre le niveau encore élevé (2ème rang) de la réserve de la Cour sur les contrôles internes
ministériels.
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