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RÉSUMÉ
Les préparations pour inlays/onlays du secteur maxillaire postérieur constituent
un concentré de difficultés techniques pour le praticien. Impératifs biologiques
(complexe dentino-pulpaire), impératifs biomécaniques (fragilité intrinsèque
des prémolaires en particulier, charges occlusales centrifuges), impératifs liés
aux matériaux utilisés et à l’esthétique doivent être pris en considération dans
cette zone de tous les dangers. Une approche codifiée, reposant sur le respect de
cotes de préparation ne permet pas d’atteindre tous ces objectifs. Une vision plus
ouverte, mais aussi pragmatique, basée sur l’étude de l’histo-anatomie des tissus
naturels de la dent (concept de bio-émulation) peut seule être synonyme d’intégra-
tion naturelle et de pérennité des restaurations mimétiques collées.
IMPLICATION CLINIQUE
La prise en compte des paramètres histo-anatomiques lors de la préparation des
dents maxillaires postérieures permet une amélioration sensible de la pérennité
du couple dent/restauration. Au minimum, elle limite le coût biologique et améliore
le pronostic en cas de réintervention.
L
David Gerdolle
Docteur en chirurgie dentaire
Pratique privée, Montreux es préparations réalisées en vité supposée des restaurations. Si cette
prothèse scellée requièrent interrogation demeure toute naturelle, elle
Maxime Drossart l’absence de contre dépouille et est en définitive peu pertinente. Car c’est la
Docteur en chirurgie dentaire l’obtention d’une bonne opposition de paroi. durée de vie de la dent support qui compte
Pratique privée, Paris Ces formes géométriques, garantes de la et non celle de la restauration ! La littéra-
rétention de la prothèse, sont malheureu- ture présente des données intéressantes
Panaghiotis Bazos sement éloignées des pertes de substance à cet égard. Deux conclusions édifiantes
DDS rencontrées cliniquement et il est souvent peuvent être tirées d’études menées à long
Emulation nécessaire de préparer des tissus sains terme sur des prothèses scellées (de type
Athènes pour les obtenir. Ce délabrement addition- bridges) et sur des prothèses collées (de
nel, parfois très mutilant, participe à l’affai- type inlays/onlays/overlays) (1, 2).
blissement mécanique de la dent. UÊ iÃÊ Ì>ÕÝÊ `½jV
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En effet, c’est avant tout l’importance de deux approches, situés entre 25 et 30 % à
la perte de substance qui conditionne la 15 ans. Les restaurations collées ne sont
résistance mécanique d’une dent. Et il faut donc pas « meilleures », en valeur absolue,
admettre que la problématique est souvent que les restaurations scellées.
posée à l’envers en matière de dentisterie UÊ >ÃÊ ÃÊ ½Ê >>ÞÃiÊ iÃÊ ÌÞ«iÃÊ `½jV
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Les auteurs déclarent restauratrice ou prothétique ; praticien et seules 10 % environ des restaurations col-
ne pas avoir de lien d’intérêt patient s’interrogent toujours sur la longé- lées ne peuvent être refaites, contre plus de
Réalités Cliniques 2014. Vol. 25, n°4 : pp. ??-??? 1
Inlay, onlay, overlay...
1a b c
2a b c
Fig. 2a et b - Remplacement d’un ancien amalgame sur une 26. Après excavation,
la cuspide mésiovestibulaire présente un rapport hauteur/largeur défavorable
et une fêlure cervicale (flèche) (b) ; elle est éliminée.
c) Vue finale de la préparation après hybridation de la dentine.
d) Assemblage terminé.
a b c d
Lorsque le rapport hauteur/largeur d’une cuspide devient dité suffisante de la dent. Gardé intact, le cercle d’émail
supérieur à 1, il convient d’étudier la question du recou- cervical est capable de supporter d’importantes forces
vrement cuspidien. Cette règle s’appuie sur l’étude de la de compression et de les transmettre horizontalement
structure histo-anatomique d’une cuspide et vise à préve- à la dentine radiculaire via la Jonction Amélo-Dentinaire
nir les fractures sous la ligne amélo-cémentaire souvent (JAD) (14). Autrement dit, il est tout à fait envisageable
synonyme d’extraction (3, 13) (fig. 3). de réhabiliter une dent en recouvrant toutes les cuspides
Cette approche, loin d’être systématique peut être pon- (overlay) même si la préparation n’assure aucune réten-
dérée par la présence de facteurs positifs qui limitent le Ì°Ê>ÃÊViÊ}iÀiÊ`iÊ«Àj«>À>ÌʽiÃÌÊ«ÃÃLiʵÕiÊÃÊ>Ê
besoin de recouvrement. Ainsi la conservation des crêtes quantité d’émail cervical est satisfaisante. Sa conserva-
marginales, du pont d’émail ou du plafond pulpaire per- tion permettra d’assurer la fiabilité du collage (possibilité
met de lutter contre la flexion cuspidienne. Ces éléments d’isolation/qualité du collage sur l’émail) et de diminuer la
anatomiques agissent comme des poutres de résistance hauteur de notre reconstruction, limitant ainsi le bras de
mécanique. levier (fig.4 et 5).
La valeur mécanique résiduelle d’une dent préparée est La réduction des cuspides et la régularisation des marges
aussi à mettre en rapport avec la charge occlusale spé- doivent être idéalement finalisées avant de réaliser le
cifique. Ce dernier point demeure cependant difficile à scellement dentinaire immédiat. Cette méthodologie per-
évaluer concrètement du point de vue fonctionnel. Les met de mieux contrôler l’hybridation complète de la plaie
marquages au papier d’occlusion constituent le plus sou- dentinaire et l’élimination des contre-dépouilles (fig. 1b,
vent des indications partielles, voire chimériques, sur la c). Nous préférons réaliser la préparation sous digue avec
charge occlusale réelle que supportent les organes den- un meilleur accès et en limitant le risque de trop enfouir les
taires. Aussi, et quitte à paraître provocateurs, nous ne fai- limites. Si la situation de celles-ci ne permet pas la mise
sons pas de l’occlusion un critère prioritaire dans le choix en place d’un champ étanche, une remontée de marge
du design des préparations. Il convient toutefois de savoir pourra être réalisée au moment du scellement dentinaire.
repérer une interférence, une prise en charge excessive
en diduction ou une pente cuspidienne marquée.
C’est une fois que l’on a décidé des structures conser- LES IMPÉRATIFS LIÉS
vables qu’il est possible de statuer sur le pronostic de la AUX MATÉRIAUX
dent à restaurer. Outre les considérations endodontiques
ou parodontales il convient d’évaluer la fiabilité méca- Il convient de distinguer deux aspects, l’épaisseur des
nique de notre restauration. pièces prothétiques d’une part, et les conditions de photo-
Le manque, voire l’absence totale de rétention ne consti- polymérisation du matériau d’assemblage d’autre part.
tue plus aujourd’hui une raison pour développer un 1. Une épaisseur faible (<2 mm) est synonyme d’une plus
ancrage intracanalaire nécessitant la dépulpation. C’est grande fragilité lorsque les restaurations sont collées sur
la quantité d’émail résiduel en cervical qui décide du la dentine (la majorité des cas du quotidien) (15). Une
pronostic. C’est le garant d’un collage fiable et d’une rigi- épaisseur supérieure à 3 mm n’apporte pas d’amélio-
4a b c
d e
5a b
d e
6a b
7a b c
d e f
Fig. 7a à f - Une situation au tiers cervical rassemble plusieurs avantages. Du point de vue biomécanique, c’est l’option idéale car elle maintient
un important ferrule amélaire. Ici, malgré la présence de trois parois résiduelles, la fissure de la paroi mésiale, le rapport hauteur/largeur des
parois supérieur à 1 et l’occlusion traumatisante (bruxisme excentré) nous ont conduits à un recouvrement cuspidien complet. La radiographie
de contrôle est édifiante si l’on compare la matière résiduelle sur la première et la seconde prémolaire (overlay vs couronne et inlay core).
Du point de vue du collage ensuite, l’émail résiduel garantit une force d’adhésion et une étanchéité optimale. Malgré le risque inhérent à ce type
de situation clinique, l’option choisie est pour nous de très loin la plus sûre, car moins mutilante et développant un bras de levier nettement
plus faible. Du point de vue clinique enfin, la réalisation est aisée, et le résultat esthétique est le plus souvent acceptable (cependant jamais
parfait). L’utilisation de filtres polarisants (Polar_eyes™, www.emulation.gr) aide considérablement à l’enregistrement de la couleur (dentinaire
notamment).
2014
2007
8a
2014
MOTS CLÉS
Merci à Samuel Schwab et à Asselin Bonichon
Inlays, onlays, préparation, dentisterie restauratrice pour la qualité de leur réalisations prothétiques
KEYWORDS
Ris
AUTO-ÉVALUATION
ABSTRACT
1. Les préparations pour inlays-onlays CHANGES IN THE SHAPES OF PREPARATIONS
postérieurs en céramique ou en composite : FOR INLAYS/ONLAYS IN THE MAXILLA
a. sont identiques à celles des incrustations Inlay/onlay preparations in the posterior maxillary area present
métalliques scellées numerous technical problems for the practitioner. Biological
b. présentent des angles vifs pour assurer un effet de requirements (dentine-pulp complex), bio-mechanical needs
(especially the anatomical fragility of premolars; occlusal loadings),
clavetage requirements related to materials and aesthetics must be taken
c. présentent des angles arrondis into consideration in this risky and tricky area. A protocol-based
d. ont une faible dépouille pour majorer la rétention approach, based on adherence to the rules of preparation, cannot
achieve all these goals. A more open and pragmatic approach, based
2. Les préparations pour inlays-onlays on knowledge of the histo-anatomy of the natural tooth (the concept
of bio-emulation) will lead to natural integration and sustainability of
postérieurs en céramique ou en composite : biomimetic bonded restorations.
a. présentent un biseau occlusal
b. présentent un biseau proximal
c. ne doivent pas avoir de limite située au niveau de RESUMEN
l’impact occlusal
d. doivent avoir un isthme occlusal étroit
EVOLUCIÓN DE LAS FORMAS DE PREPARA-
CIÓN PARA INCRUSTACIONES INLAYS/ONLAYS
POSTERIORES EN EL MAXILAR
Las preparaciones para incrustaciones inlays/onlays del sector
3. Les préparations pour inlays-onlays maxilar posterior constituyen un concentrado de dificultades
postérieurs en céramique ou en composite técnicas para el dentista. En esta zona tan peligrosa deben tomarse
a. prévoient de recouvrir les cuspides lorsque leur en cuenta imperativos biológicos (complejo dentinopulpar), impe-
épaisseur cervicale est inférieure à 2 mm rativos biomecánicos (en especial la fragilidad intrínseca de los
b. prévoient de laisser au moins 1,5 à 2 mm premolares y las cargas oclusales centrífugas) e imperativos rela-
cionados con los materiales utilizados y con la estética. Un enfoque
d’épaisseur de matériau au niveau des cuspides
codificado, basado en el respeto de los niveles de preparación, no
recouvertes permite lograr todos estos objetivos. Una visión más abierta, pero
c. prévoient de remonter les marges proximales sous- también pragmática, basada en el estudio de la histoanatomía de los
gingivales à l’aide d’un composite directe tejidos naturales del diente (concepto de bioemulación), puede por
d. diffèrent fondamentalement sí sola ser sinónimo de integración natural y de perennidad de las
restauraciones miméticas pegadas.
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Réponses Correspondance :
David Gerdolle
1. c ; 2. c ; 3. a, b, c Avenue des Alpes 29, 1820 Montreux, Suisse
Email : cabinetgerdolle@gmail.com