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Deficit en Glucose-6-Phosphate Deshydrog
Deficit en Glucose-6-Phosphate Deshydrog
DEFINITIONS
HISTORIQUE
Dès l’Antiquité, le déficit en G6PD était connu depuis des siècles, surtout par ses
conséquences, illustré par le philosophe grec Pythagore qui déconseillait à ses élèves de
manger des fèves (Vicia faba) probablement pour leur effet potentiellement pathogène. Au
début du 20e siècle, le terme « favisme » fut son apparition devant des crises d’anémie
aigue consécutives à l’ingestion de fèves décrites par des médecins italiens où on remarqua
déjà le caractère familial et la prédominance masculine. Toutefois, ces caractères
n’apparaissaient pas systématiquement, on pensa alors plutôt à un mécanisme toxique ou
allergique.
En 1952, Le Colonel Américain Hockwald constata chez plusieurs soldats d’ethnie noire
une anémie aigues où l’agent déclenchant a été identifié comme la primaquine, un
antipaludéen utilisé par les soldats, quatre ans après, Carson découvre la réduction de
l’activité d’une enzyme « Glucose-6-Phosphate déshydrogénase » dans les globules rouges
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Déficit en Glucose-6-Phosphate déshydrogénase
de ces mêmes soldats. Alors que le lien entre l’anémie causée par les fèves et celle par
primaquine a été mis en évidence par Cros dans la même année.
En 1958, Childs détecte l’aberration génétique en cause de ce problème et localise le locus
dans le chromosome X, expliquant la prédominance masculine d’atteinte, suivi par Beutler
qui décrit pour la première fois le mécanisme de l’anémie.
En 1966, l’OMS réunit un groupe de travail pour étudier cette maladie avec ses différentes
variantes, pour publier en 1989 le premier bulletin qui contient une étude multidisciplinaire
sur ce déficit décrivant la répartition, le polymorphisme, les mécanismes et la prévention
de la maladie.
En 1996, on développe le modèle du déficit en G6PD humaine en trois dimensions, où
l’analyse moléculaire des variantes biochimiques montrait qu’en réalité, le nombre est aux
environs de 120 mises en évidence.
On comprend désormais pleinement la physiopathologie de cette maladie et on continue à
découvrir des variantes moléculaires. Toutefois, hormis chez les spécialistes, cette
pathologie reste assez méconnue à l’échelle publique.
Il s’agit du déficit le plus répandu dans le monde, la plus grande méta-analyse faite jusque-
là (Nkhoma et al. 2009) estime la prévalence mondiale à 4.9 p100, soit plus de 330 millions.
Le bulletin de L’OMS parle d’une prévalence qui avoisine les 7.5 p100, qui comprend les
hommes hémizygotes, et les femmes avec les trois variétés : homozygote, hétérozygote
saine, et malade.
Chez l’homme hémizygote, le déficit est toujours parlant vu l’absence d’un allèle
secondaire, cela explique la prédominance masculine accrue de l’atteinte qui dépasse 90%
des cas, chez la femme homozygote, les deux allèles occupant le locus sont défectueux,
donc l’expression du déficit sera inévitable (à des dégrée variables), dans le reste des cas,
l’hétérozygotie est d’expression variable, soit de phénotype sain par compensation
allélique, soit pathologique, expliquée par la lyonization de l’X fonctionnel (phénomène
génétique caractérisé par l’hyper-méthylation des acides nucléiques de l’ADN avec une
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Les zones les plus touchées du globe sont l’Afrique, l’Europe du Sud, le Moyen‐Orient,
l’Asie du Sud‐Est, l’Inde, les îles du Pacifique Sud et Central. Du fait des migrations de
populations, la prévalence a récemment augmenté dans certains pays d’Europe du Nord, en
Amérique du Nord et du Sud.
Sur le plan moléculaire, il existe plusieurs variétés de ce déficit (voir. Plus bas), la variété
A reste de loin, la plus fréquente Parmi les nombreuses variantes moléculaires du déficit en
G6PD connues, elle concerne 90 % des patients déficitaires en Afrique tropicale. Elle est
également fréquente là où l’on trouve des personnes originaires d’Afrique tropicale : en
Amérique du Nord, du Sud et dans les Antilles. Mais on la rencontre aussi en Italie, aux
Îles Canaries, en Espagne, au Portugal, dans le Moyen‐Orient et le Proche‐Orient.
La deuxième variante la plus répandue est la variante Méditerranéenne. Elle est présente
dans tous les pays du pourtour de la Méditerranée. Elle est également répandue au Moyen‐
Orient. C’est quasiment la seule variante présente chez les Juifs kurdes ainsi qu’en Inde et
en Indonésie.
Dans beaucoup de populations, on note la coexistence des deux variantes A et
variante Méditerranéenne : c’est le cas des pays du Golfe Persique.
Les deux autres principales variantes sont les variantes Seattle et Union, qu’on trouve en
Italie du Sud, en Sardaigne, en Grèce, aux îles Canaries, en Algérie, en Allemagne et en
Irlande. On rencontre également la variante Union en Chine et au Vanuatu.
Par ailleurs, la comparaison entre les patterns de répartition géographique du déficit en
G6PD et ceux des zones d’endémie paludéenne, suggère un effet paradoxalement
bénéfique : une résistance à l’infestation par le plasmodium, les mécanismes ne sont pas
jusque-là bien élucidés, plusieurs hypothèses tentent d’expliquer cette relation, le même
phénomène est observé avec la répartition de la drépanocytose, Certains avancent même
qu’il y a un avantage à la coexistence de ces deux pathologies chez un patient : puisque le
déficit en G6PD favorise une élimination plus précoce des hématies, les malades
présentent une régénération médullaire accrue. Cela se traduit par une plus grande
proportion de jeunes hématies, moins sujettes aux crises de falciformisation.
L’association avec d’autres pathologies hémolytiques comme les thalassémies et les
anomalies de la membrane érythrocytaire ne sont guère rares, donnant lieu souvent à des
tableaux inhabituellement sévères d’hémolyse.
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En l’absence d’études récentes sur ce déficit, une prévalence exacte est impossible à
trouver, et l’étendue de la maladie en Algérie reste méconnue, toutefois, les estimations du
groupe de travail de l’OMS parlent d’une prévalence du gène déficitaire qui avoisine les
7%, tandis que moins de 3% sont atteints à un moment donnée de leur vie, Constantine
présente la fréquence la plus faible alors qu’on constate la plus haute fréquence au niveau
de la région Kabyle. On marque par ailleurs, l’hétérogénéité des variantes du
déficit méditerranéen, A, Seattle et Union étant les variantes les plus fréquentes.
Le globule rouge, l’élément cellulaire le plus important du sang, est une cellule anucléée,
de forme discoïde qui dérive d’un progéniteur commun à toute les lignées sanguines
(cellules souches pluripotentes de la moelle osseuse rouge hématogène). La perte de son
noyau durant son ontogénèse suppose une durée de vie réduite, la moyenne de la vie d’un
GR est de 120 jours, une fois jugés trop séniles par le système réticulo-endothélial
(ensemble tissulaire d’origine embryologique mésenchymateuse, qui se localise au niveau
de la rate, le foie et la moelle osseuse rouge hématogène. Constitué principalement par des
macrophages sidérophages), ils seront piégés à son niveau pour être détruits, libérant leur
contenu cytoplasmique, dont l’hémoglobine, principale protéine fonctionnelle des GR, il
s’agit d’une structure hautement spécifique qui contient en plus d’éléments de base
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(aminoacides), de l’hème, pigment qui abrite un ion de fer en son sein, responsable des
réactions d’oxydo-réduction, donnant la capacité de l’hémoglobine à fixer l’oxygène et de
le libérer. En plus, le GR, contient un pool enzymatique non renouvelable très basique,
avec absence de la majorité des organites subcellulaires habituels d’où le mode
anaérobique de son métabolisme et la fragilité accrue aux déficits génétique par absence
d’effet de redondance.
En plus de son rôle de transport des gaz, les GR assurent une fonction majeure dans
l’équilibre acido-basique, hydro-électrolytique, l’hémostase et même dans les phases
précoces de la réponse immunitaire non spécifique et la réaction inflammatoire, notamment
par leur participation dans la libération d’agents oxydants toxique pour les tissus, délimitant
ainsi la zone délétère périfocale, indispensable au recrutement des monocytes et des
granulocytes.
Dans les cellules eucaryotes standards, l’énergie est extraite par le biais des réactions de
glycolyse et du cycle de Krebs, pour être emmagasinée dans les liaisons de haute énergie
de l’Adénosine triphosphate (ATP), alors que la voie des pentoses phosphates joue un rôle
anabolique essentiellement, cette voie, phylogéniquement très ancienne (apparition
synchrone avec la voie de la glycolyse), débute par la séquestration intracellulaire du
glucose internalisé, ou néosynthétisé, pour aboutir après plusieurs réactions d’oxydo-
réduction à la production du ribose-5-Phosphate (substrat de base pour la synthèse des
bases nucléiques), d’érythrose-4-Phosphate (substrat de synthèse des aminoacides
aromatiques) avec la réduction d’un agent cytoplasmique antioxydant clé dans les
processus de défense cellulaire contre le stress oxydant, le NADPH,H+ (Nicotinamide
Adénine Dinucléotide Phosphate) ainsi que le porteur de protons et la source d’énergie
dans plusieurs autres voies métaboliques, cet agent représente l’essentiel des réducteurs de
la Glutathion (agent antioxydant contre les radicaux libre, surtout l’H2O2).
Dans le GR, dépourvue d’un cycle de Krebs, qui génère des taux très importants d’agents
antioxydants (dont NADH, H+ et le FADH2), le NADH, H+ semble jouer un rôle
indispensable dans l’homéostasie cytoplasmique et membranaire de l’érythrocyte, exposé
naturellement à des agents toxiques divers, étant sa seule source, la voie des pentoses est
une chaine de réaction finement régulée, qui implique une dizaine de complexes
enzymatiques, qui catalyse des réactions, de réduction, oxydation, épimérisation et de
phosphorylation, l’enzyme clef étant la Glucose-6-Phosphate déshydrogénase, qui
catalyse de façon quasi- irréversible la réduction du glucose activé par héxokinase et
amorce la séquence des réactions de la voie .
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LA GLUCOSE-6-PHOSPHATE DESHYDROGENASE
Il s’agit d’une des enzymes les plus conservées, et les plus précoce phylogéniquement, on
l’a déjà constatée au niveau de plusieurs espèces bactériennes, d’un point de vue structural,
l’enzyme est homoprotéique, constitué principalement de la polymérisation d’un
monomère qui contient plus de 500 AA, et qui contient un site de liaison du Glucose-6-
Phosphate, un site liaison du NADP et un site catalytique, in vivo, l’enzyme peut exister
sous une forme monomérique, dimèrique, ou tétramèrique selon le pH du milieu, la
température, le stress oxydant, la concentration des substrats et le type cellulaire, la liaison
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D’un point de vue génétique, la G6PD est codé par un gène qui présente treize exons (le
premier étant un exon d’adressage), qui code pour la chaine du monomère à 500 AA,
Figure-5- : Structure du gène est topographie des mutations les plus fréquentes
chacun, relie un NADP et/ou un G6P pour exercer son activité catalytique associée avec
une polymérisation.
L’étude de transmission génétique des formes familiales suggère une liaison au
chromosome X, les avancées en matière de biologie moléculaire et les génomics
permettaient de localise le gène sur le bras long (Bande Xq28). Cette liaison à l’X, a des
implications majeures, au respect du déficit en G6PD, d’abord, chez l’homme, il n’existe
que deux génotypes possibles : hémizygote normal ou atteint, cela implique une fréquence
de portage de l’allèle défectueux et celle de l’atteint de la maladie identiques (intérêt
épidémiologique). Alors qu’on en constate trois chez la femme : homozygote atteint,
homozygote normal, et l’hétérozygote, ce dernier, représente une mosaïque génique à cause
de l’inactivation de l’X dans les corps de Barr, ceci dit, l’hétérozygote peut exprimer la
maladie si l’allèle sain est inactivé, et vice versa.
Tenant compte des données précédentes, un père atteint de la maladie, donnera
obligatoirement lieu à des filles porteuses de l’allèle muté avec des garçon strictement sains
(en supposant une mère saine), alors que les garçons d’une mère porteuse, seront dans la
moitié des cas hémizygote atteint et alors, ils exprimeront la maladie tandis que les filles
seront dans la moitié des cas porteuses, et saines dans l’autre moitié, soit de phénotype
potentiellement sain dans tous les cas.
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Les milieux biologiques, étant le siège des réactions biochimiques diverses, respectent les
lois régissant la chimie, on définit le pouvoir oxydant d’un composé comme sa capacité à
arracher les électrons soit son attractivité aux électrons des orbitales superficielles, cela
implique la satisfaction de son équilibre, au prix de la déstabilisation structurale des
molécules réductrices (qui sont au contraire apte à donner des électrons) avec des
changement conformationels d’adaptation, et comme le suppose le modèle d’adaptation
induite qui décrit le comportement enzymatique, ces changements s’accompagneront,
d’une diminution voire une perte totale de la fonction de la molécule en question. D’où la
nécessité d’un système de protection contre l’oxydation, vue la nature protéique de la quasi-
totalité des molécules fonctionnelles in vivo. Parmi ces agents, le glutathion, l’un des plus
importants, surtout au milieu cytoplasmique, il a pour tâche surtout, de réduire les radicaux
libres toxiques produits par métabolisme cellulaire ou exogène apportés par l’alimentation
(ou iatrogène). Son action, nécessite une réduction continue, qui permet son recyclage avant
sa réutilisation, cela est possible grâce au NADPH, H+ le cofacteur de la glutathion
réductase qui suppose un équilibre parfait entre production et consommation du
NADPH,H+.
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Au niveau des GR, la voie des pentoses phosphate étant l’exclusive source du NADPH,H+,
le déficit en G6PD se manifeste par une déplétion cytoplasmique en ce dernier, entrainant
un cumule en glutathion oxydé (GSSG), et limitant les capacités de résistance au stress
oxydant des globules rouges, avec une impossibilité de surexpression de l’enzyme par
défaut de l’ADN, avec une accumulation accrue des radicaux libres toxiques (dont
l’H2O2principalement). L’hémoglobine, la protéine prédominante dans le cytoplasme des
GR, fera l’objet de l’agression de ces radicaux, provoquant sa dénaturation, et sa
précipitation dans des vacuoles (sacs membranaires) appelés les corps de Heinz
caractéristiques de la maladie.
Par ailleurs, la dénaturation du reste des protéines de structure du GR, amorce la séquence
de senescence et active le signal de captage (expression ou internalisation de protéines
membranaires), et donc, l’activation du système réticulo-endothélial qui détruit les GR,
c’est l’hémolyse tissulaire.
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Figure-9- : répartition des variantes en rapport avec les zones d’endémie paludéenne.
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Figure -10- : Diagramme récapitulatif des mécanismes physiopathologiques dans le déficit en G6PD
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References
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