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Préambule

Aborder un cours d'institutions européennes est essentiel pour tous les juristes, c’est un passage
obligé car le droit européen exerce une influence considérable sur les systèmes nationaux, sur les droits
internes. C’est vrai en droit public, privé et pénal. Aucun ordre juridique n’échappe à la règle
européenne. Cela peut se manifester de différentes manières : mise en œuvre au niveau national de la
norme européenne ou de l’influence de la norme européenne sur la pratique nationale.
- L’affaire Lambert sur le droit à la vie. Personne hospitalisée, question de la débrancher ou non.
L’affaire a été présentée devant la cour européenne des droits de l’Homme.
- Transcription du nom de famille dans un autre Etat européen, encadrée par un principe de la
libre circulation des personnes.
- Le mandat d’arrêt européen ( Cf Puigdemont)
- La constitution française, donc la norme fondamentale est marquée par le droit européen. Article
88-1 de la constitution « la république participe à l’UE constituée d’États qui ont choisis
librement d’exercer en commun certaines de leurs compétences en vertu des traités de
Lisbonne » : précise que la république participe à l’UE.
Deux juridictions : cours de justice de l’UE, cours européennes des droits de l’Homme.
L’Union Européenne, son processus décisionnel s’appuie sur deux organes représentatifs : le
conseil des ministres, il va statuer à la majorité qualifiée. Lorsqu’une décision est prise par Bruxelles
elle est principalement analysée par le conseil des ministres mais aussi par le parlement européen qui est
composée de 750 parlementaires. Prochaine élection européenne en 2019.
En tant que citoyen européen on a le droit de voter à l’élection locale dans les autres Etats
membres de l’Union (si on a la nationalité), droit de pétition qui permet d’adressée à la commission un
projet législatif.
L’idée est de sortir de l’impasse dans laquelle bien souvent des français se retrouvent face à
l’Europe. Selon le politologue Andy Smith, l’impasse « qui resulte de l’incapacité des élites politiques,
administratives et intellectuelles françaises à saisir les conflits les compromis et les contradictions
intellectuelles au coeur de l’intégration européenne, autrement que selon un regard ébloui, résigné ou
de rejet total ».
Ces institutions sont qualifiées d’objet politique parfois non identifiés. L’idée européenne est
parfois une idée un peu floue. En fonction des différents professionnels, ils ont différents avis :
Exemple de la Turquie : géographiquement parlant elle fait partie de l’Europe mais pour d’autres
annalistes l’élément géographique n’est pas suffisant en vue de ses éléments naturels, de ses ressources.
Elle est un membre de l’Europe mais n’est pas membre de l’Union européenne. Depuis 1987 la Turquie
a demandé une adhésion à l’union. Son processus décisionnel est fondé sur la démocratie. La Turquie
serait le 2ème pays le plus peuplé de l’Union, ce serait un pays avec une très grande force au parlement.
Son adhésion est rendue impossible car le respect des droits de l’Homme est l’une des conditions pour
adhérer. La Turquie ne satisfait pas ce critère. On voudra, à l’avenir, faire de la Turquie un partenaire
encore plus puissant économiquement parlant mais l’adhésion semble difficile.
Pour se saisir de la complexité de ce cours, nous allons developper ce cours autour de trois axes:
- Les fondations idéologiques et les finalités de l’Europe.
- Le conseil de l’Europe, la grande Europe, qui historiquement a concrétisé l’idée européenne et qui
concerne l’espace géographique le plus étendu
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- L’union européenne
La notion d’intégration, le droit de l’intégration est le fil conducteur du cours. C’est une
notion qui a pour origine la science politique. Pierre Pescatore, magistrat du Luxembourg, membre de
la cour de justice de l’Union Européenne a écrit un ouvrage fondateur en 1972, « droit de l’intégration à
la lumière des expériences des communautés européennes: un phénomène nouveau dans les Relations
Internationales ». Dans cet ouvrage, Pescatore propose de comprendre cette nouveauté grâce à la notion
d’intégration. L’intégration selon Ernst Haad un des théoriciens du fonctionnalisme est « comme un
processus par lequel les acteurs politiques dans plusieurs ensembles nationaux sont persuadés de
modifier leur loyauté, leur attente, leur activité politique vers un nouveau centre dont les institutions
possèdent ou demandent l’autorité sur les Etats Nation préexistants. »
L’intégration est aussi un processus sociologique, c’est l’unification des sociétés qui sont
concernées par le processus d’intégration. L’élite politique et les citoyens créent des liens de type
horizontaux.
Le droit de l’intégration est un projet structurel, un projet institutionnel, pour l’Union
Européenne. Cette dernière s’est d’abord faite par l’institution de la CECA qui date de 1951. Dans un
processus d’intégration réussie on a un mouvement d’harmonisation.
L’institutionnalisation est la création des organes d’instinct des Etats membres, cela se poursuit
par l’existence d’une production normative, norme destinée à harmoniser des règles juridiques.
L’institutionnalisation se fait par un droit fusionnel et unitaire.
Lors de la ratification des traités fondateurs, les Etats membres ont consenti au transfert des
compétences à l’Union Européenne au bénéfice des institutions communes.
Le droit de l’intégration se distingue du droit international. En ce sens, l’Europe se distingue par
un niveau d’intégration supérieur et se distingue de la pratique internationale par ailleurs. Cette
affirmation se vérifie pour l’Union mais se discute pour la grande Europe.
L’Union est une institution particulière qui est désignée par la notion de méthode
communautaire. C’est la notion qui préside au droit communautaire. On a plusieurs communautés
européennes : CECA,CEE, CEEA. Aujourd’hui toutes ces communautés ont été remplacées par l’Union
européenne. Certains auteurs considèrent que ces communautés ont disparu, il est incorrect de parler de
droit communautaire. Mais pour autant on parle toujours du droit communautaire.
Les éléments significatifs de la méthode communautaire sont les suivants:
- Repos sur l’intervention des organes autonomes vis à vis des Etats, ils ont pour mission de
défendre l’intérêt général de l’ensemble.
- L’existence d’une assemblée représentative des citoyens, qui a un pouvoir de décision
Par opposition à la méthode communautaire, on parle de méthode intergouvernementale, c’est
l’hypothèse où le pouvoir décisionnel est retenu entre les mains des gouvernements des différents Etats,
qui participent à la coopération. Méthode intergouvernementale : question de défense, régaliennes)
Dans la méthode communautaire il y a le vote à la majorité qualifiée par le conseil de l’Union
Européenne, par les ministres des Etats, l’existence d’une pondération des votes en fonction du poids
démographique, un pouvoirs de co-décision du parlement européen pour les actes les plus importants de
l’Union européenne. On peut ajouter à ces éléments, l’existence d’un pouvoir, qui n’appartient qu’à la
commission, elle a le monopole de proposition des actes à voter. On a un triangle institutionnel qui est
composé du conseil, du parlement et de la commission, qui a été conçu pour mixer trois sources de

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légitimité avec la présence des Etats dans le conseil, la présence des citoyens dans le parlement et une
légitimité qui est un peu contesté, la légitimé technique au service de l’intérêt général.
La méthode intergouvernementale (s’oppose à la méthode communautaire) est lorsque les
gouvernements des États membres conservent le pouvoir de décision. C’est plus porche de
l’organisation d’une organisation internationale.
L’Union européenne n’est plus la seule forme d’intégration régionale, il y en a d’autres dans le
monde, en Afrique et en Amérique principalement. L’Union a servi de modèle à ces intégrations
régionales. L’Union Européenne reste au fur et à mesure reste la plus abouti de l’idée d’intégration.
Exemple : CPAO en Afrique, UA de 2000 ; Communauté Andine, Mercosur
Dans les organisations de coopérations on a un respect absolu de la souveraineté des Etats, on ne
vote pas à la majorité qualifiée. On est dans l’empire du volontarisme.
L’Union Européenne est bien une organisation d’intégration, ou supranationale, elle s’affranchit
du volontarisme qui régit normalement le droit international. Se développent des techniques qui
permettent de relativiser d’u e expression directe de chacun des États avec le développement des votes à
la majorité qualifiée.
Selon Michel Virally (internationaliste) une organisation d’intégration a « pour mission de
rapprocher les Etats qui les composent en reprenant à leur compte certaine de leur fonction jusqu’à les
fondre en une unité englobante mais dans le domaine de leurs compétences. »
Les institutions européennes, comme le montre la définition de Virally, pourraient avoir
vocation, parce qu’elles sont de type intégratif, à dissoudre les États dans une forme d’organisation
commune du pouvoir.
Il faut aussi évaluer l’étendue de cette crainte de la disparition des Etats, certain reprochent de
violer le principe de l’autonomie des Etats qui sont souverains de facto.
La cour européenne allemande a développé une compétence pour éviter de perdre sa
compétence d’Etat. Elle a développé la notion d’identité constitutionnelle allemande, pour faire barrage
au développement d’une intégration mise à mal. Une intégration doit être contrôlée, sinon on porte
atteinte à l’autonomie des Etats. Un des arguments principaux des opposants de l’Union européenne est
que c’est la souveraineté des peuples qui est mises en cause. On retrouve une idée dans « Le droit contre
la démocratie » de Bertrand Mathieu. Il faut le comprendre le droit européen contre la démocratie
nationale.
Ce qui est vrai, est que l’intégration est un processus dynamique, il convient de le délimiter pour
éviter la disparition des Etats. L’intégration c’est depuis l’origine, depuis 1951, comme quelque chose
qui s’auto alimente, pour une union toujours plus forte entre les Etats. C’est son principe fondateur.
Ces institutions européennes n’ont pas fait totalement disparaitre les Etats. Dans le
fonctionnement de l’Union européenne mais aussi du conseil de l’Europe on va retrouver les Etats, ils
seront présents et exerceront leur pouvoir de décision.
Il s’agit d’évaluer cette fois si l’Union Européenne est d’ors et déjà une organisation de type
fédérale voir un Etat fédéral. Cette question sur la nature de l’Union européenne a connu son paroxysme
en 2005 lors du référendum relatif à la ratification du traité par la France, établissant la constitution
pour l’Europe, cela pour certains a été la preuve que l’Union Européenne voulait se substituer aux Etats
membres. L’échec de ce traité n’a pas clôt le problème.


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Partie 1: Fondation idéologique et les finalités de l’Europe
Les États ont toujours été là et nous faisons souvent le procès à l’Europe d’être récente, son
manque de légitimité. L’Europe ne commence pas en 1957, il y a derrière une histoire.
Pour Denit de Rougemont, penseur, promoteur de l’idée de l’Europe fédéral qui a beaucoup
œuvré après la 2nd guerre mondiale, beaucoup d’auteur ont en fait la promotion après cette guerre. Il
affirme que l’Europe est déjà vielle de 28 siècle. Il a écrit un ouvrage «  28siècle d’Europe » en 1961.
Dans cet ouvrage, il s’attache à démontrer, exposer, des fondations culturelles et philosophiques de
l’Europe qui sont à l’origine de l’universalisme de l’Europe.
Le mot Europe revient du VIIIème siècle après Jésus Christ dans un poème d’Hesiode qui décrit
l’Europe comme une des nymphes de la mythologie grecque. L’Europe est bien était une réalité
historique et culturelle. Cette réalité historique n’est pas immanente, inévitable, n’est pas un fait de la
nature mais comme les Etats mais une construction historique. Elle est un fait de l’Homme. L’Europe est
une construction abstraite. Elle prend vie dans le cadre d’une société que l’on peut appeler société
européenne, elle est diffuse moins structuré que les sociétés étatique, nationale sur lesquels sont
construit les Etats mais ça n’en est pas moins une réalité socio-historique.
José Ortega, souligne en 1955 qu’il existe une super nation européenne et il va plus loin, elle
précède l’existence des États. Cela montre l’ambiguïté des relations entre les Etats et l’Europe. Du point
de vue des structures juridiques on ne peut pas suivre l’idée d’Ortega. En effet, l’Etat français peut être
rattaché à la monarchie de Philippe Lebel au XIVème siècle qui va se poursuive jusqu’au 16ème siècle qui
permet d’étendre le pouvoir du roi. L’origine des nations est rattachée à la guerre de 100 ans 1337-1453
guerre contre les anglais serait née le sentiment national. Cet héritage historique est plus ancien que
l’Europe. Cela donne l’impression que l’Etat est une formation permanente, issue de l’essence naturelle
alors que l’Europe au contraire parait éphémère.
Par contraste, l’Europe qui se formalise par des institutions n’apparait qu’a la fin de la 2de guerre
mondial ce qui est tres récent, ce qui donne une précédence aux États. Cette jeunesse de l’Europe
comme construction juridique est effrayante en soit, c’est l’environnement géo-juridique dans lequel
l’État français se développe aujourd’hui. Ce caractère récent de la réalisation européenne amène à faire
le constat qu’il est plus complexe aujourd’hui de décrire cette réalité juridique européenne
comparativement au même exercice appliqué aux États. Cette complexité s’explique, l’idée de sa
formation se fait à travers une pluralité institutionnelle, de textes. Cette réalité est donc difficile a saisir
pour chacun. L’Europe patine avec cette complexité qui laisse à penser que l’Europe est un objet de
connaissance technocratique, une entité éloignée du controle démocratique.
Au dela de la pluralité, l’Europe est inachevée, elle a pour but de construire des solidarités
toujours plus fortes, elle est conçue comme un engrenage, chaque progrès de l’intégration est censé
emmener un nouveau rouage d’intégration. Dans le préambule sur l’Union Européenne, l’institution
européenne est quelques choses qui doit se prolonger. Le traité sur l’Union marque une nouvelle étape
pour la construction de l’Europe.
D’un point de vue contextuel, on peut se demander si au dela d’être complexe, l’Union
Européenne n’est-elle pas au point mort sur une perspective de disparition ?
- Brexit tend à être un processus réversible.
- Le groupe de Visegrade composé par Pologne, république tchèque, Slovaquie, essaie de miner le
processus de l’UE, ce mouvement de rupture ne concerne pas que l’UE

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- La CEDH est l’objet d’une contestation par les britannique qui refuse d’appliquer une décision
du 6 octobre 2005, Hirst contre Royaume Uni, cette affaire concerne le droit de vote des
personnes détenues, la CEDH considérant que cela était contre les caractéristiques de la CEDH
- En Azerbadjan, affaire Mamadov, 22 mai 2014, la cour européenne sanctionne l’Azerbadjan car
monsieur Mamadov a été sanctionné pare qu’il s’est présenté aux élections présidentielles mais
le pays n’a toujours pas mis en application la décision
- CEDH, Russie a fait l’objet de sanction de la part du conseil de l’Europe pour avoir annexé la
Crime, la conséquence c’est que la Russie a pris des mesures et refuse de verser la part qui s’est
engagé à verser à la CEDH, et ils ne peuvent plus recruter de nouveaux fonctionnaires.
En réalité, toutes ces critiques, ces arguments doivent être remis dans la perspective du temps
long. Par l’idée que la formalisation juridique récente et fragile de l’Europe a des racines anciennes et
partagées entre les États membre, on va retrouver les clés de compréhension de ce qu’est l’Europe. En
réalité l’Europe est ce qu’on appelle en philosophie un individu collectif qui n’a pas vocation en l’état
actuel des choses à se substituer aux États.
Au sein de cette Europe il y a une dialectique entre l’unité et la différence, il ne faut pas voir
l’Europe comme une menace pour les particularismes nationaux mais comme une participation
dialectique entre ce qui doit être mis en commun et ce qui doit être conservé au niveau national.

Chapitre 1: Généalogie de l’Europe


La naissance de l’Europe est d’abord culturelle avant d’être politique puis juridique, elle tire ses
origines de la Crète et de la Grèce antique, son histoire est longue, on peut remonter jusqu’au 8 siècle.
On peut identifier 3 phases durant lesquels l’Europe peuvent tenir une réalité et pendant lequel les
européens vont prendre conscience de cette destinée.

Section 1: L’Europe mythologique : Naissance d’une civilisation


A) L’origine hellénique
L’apparition du mot Europe est ancienne et incertaine, le terme apparaît au 18eme siècle avant
Jésus Christ mais on ne sait pas si il détermine un adjectif ou si c’est un nom propre. Il semblerait que
pour désigner le continent on utilisait le terme Europia ou Europaios qui était l’usage plus fréquent ce
qui laisse entendre que Europe était un nom propre. Il aurait une origine antérieure à la Grèce pour
origine orientale et aurait pour signification le soleil couchant par opposition à l’Asie.
Le mot Europe a pour vocation de décrire un large visage ou un visage qui regard au loin ou
encore un visage aux yeux large. Europe est d’une beauté remarquable et elle regarde au loin. On la
trouve dans l’Iliade au 8ème siècle avant JC, l’Europe serait la mère d’agas, ou en tant que compagne de
Zeus et mère de Linos ?
On retrouve l’Europe dans l’Odyssée comme l’intendant d’Ulysse. L’origine du mythe d’Europe
est la suivante. Europe est une princesse, fille du roi d’Agénor, roi phénicien, descendant de Noé, il y
aurait un lien avec la chrétienté donc un lien avec la création de l’Europe. La princesse fait un rêve
perturbant dans lequel elle est convoitée par deux continents personnifiés par des divinités. Le matin elle
décide d’aller cueillir des fleurs et son rêve se réalise. Zeus tombe amoureux d’elle et se transforme en
taureaux, la princesse monte sur son dos et l’emporte par-dessus les mers vers l’occident. Il y a un
déplacement vers l’Ouest qui est annonciateur de ce que sera l’Europe. Agénor envoie l’ensemble de ses
fils a la recherche d’Europe et dans leur quêtes ils vont créer des cités là où ils s’arrêtent, ils vont créer
la ville de Thèbes. La leçon que l’on retient de ce récit, rechercher l’Europe c’est la faire. La
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conséquence de ce mythe cet que l’Europe se conçoit désormais par opposition avec l’est c’est-à-dire
avec l’Asie ou la Lybie. Dès le 6 siècle avant JC l’Europe est un continent qui regard vers l’ouest et qui
deviendra l’occident.
D’un point de vue politique, le mythe Europe a pour avantage de rattacher la civilisation
européenne avec la crête qui a un ancrage historique ancien et qui a une civilisation qui permet de
rivaliser avec les civilisations orientales. Avec ce mythe on a l’idée de rechercher un héritage qui donne
de l’ancienneté a cette Europe.

B) La transition romaine
La période antique n’est pas marquée que par la civilisation grecque mais aussi romaine, elle
aura eu une importance significative, Rome permettra à la culture hellénique, de perpétuer dans
l’occident. C’est Rome qui va perpétuer l’Europe. Le territoire de l’empire romain dépasse le territoire
européen que l’on connait aujourd’hui, il y a une seule période de 395 à 476 après JC ou l’empire et
l’Europe coïncident géographiquement. Cette période est courte et pourtant cette empire, territoire va
marquer l’imaginaire européen qui va rester dans les souvenirs. Dans cette civilisation on va trouver des
institutions qui vont marquer notre rapport au pouvoir. Rome a oeuvré dans les domaines de
l’administration et de l’organisation, elle a légué à ses successeur le droit privé, un droit laïcisé,
précésualiste il a favorisé l’émergence d’un droit public et un droit fondé sur l’idée de hiérarchie. Dans
l’héritage romain il y a tous les outils qui vont servir à la formation des grands États nations qui sera
essentiel dans la formation européenne.

Section 2: L’Europe identitaire de la chrétienté du moyen -Age à


l’humanisme de l’époque moderne
Cette longue période de transition fait passer l’Europe de civilisation à un projet politique. Dans
cette période les facteurs qui vont permettre la naissance politique sont la chrétienté et l’humanisme.
Ces deux mouvements vont instruire et nourrir l’identité européenne et vont permettre de définir l’esprit
européen qui serait le point commun entre les peuples européens, avant la période de romantisme du
18ème siècle.
Le romantisme va exalter la particularité de chacun des Etats. Avant que le nationalisme éclate,
L’Europe se définissait par deux principes : l’esprit proprement noble et l’esprit proprement religieux
dont il aurait résulté, un système d’éducation et de mœurs tout à fait identique dans l’ensemble du
territoire européen. « Nul citoyen d’Europe n’est étranger dans l’une de ses parties ». L’Europe est
unifiée sur le plan politique, moral, culturel. Elle se distingue par ses modes de penser, d’agir qui sont
spécifiques à l’Europe. On n’est pas encore à une union politique.
Si on s’intéresse au moyen Age, il faut distinguer l’existence d’élément factuel mais il ne faut
pas voire trop de choses dans ces éléments. On ne peut pas parler d’une conscience européenne au
moyen-âge.
L’église romaine va dominer aux XIIème et XIIIème siècles, ça va être le facteur de
compréhension de l’Europe comme une unité morale ou idéologique. L’Europe n’est appréhendée
comme une réalité géographique que sous charlemagne. Au XIIème siècle l’importance de l’Eglise est
illustrée par la faite qu’on parlera plus de chrétienté que de l’Europe.
À la fin du XIIIème siècle, l’importance de l’Europe va décroitre, le christianisme n’est plus vu
comme une incarnation de l’Europe. On distingue le pouvoir des monarques du pouvoir des spirituels.
Les monarques vont essayer de diriger le pape. Cela va lancer le moyen âge dans une deuxième période

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de développement technique et culturel et amènent à une concurrence entre les différents Etats. On va
redécouvrir notre civilisation romaine.
L’Antiquité se produit un mouvement circulaire, qui se produit autour du mythe euro et
l’étymologie du mot, on passe d’une indication géographique l’occident a une personne dont la destinée.
Dans ce mouvement circulaire se dessine une géographie culturellement ouverte, par l’effet de la
domination romaine. Le fait européen qui se construit n’est pas conscientisé
Exemple: L’édit de Caracalla en 1212, donne la citoyenneté romaine à tous les habitants de
l’Empire. Cette conscience européenne est d’autant moins une réalité durant le Moyen Age, on assiste à
une période trouble ou de régression culturelle, c’est l’image que nous a laisser la renaissance du Moyen
Age. La période qui suit la chute de Rome, marque une rupture momentanée dans la lente construction
de l’identité européenne. Ce qui va permettre de sortir de cette période, c’est l’influence du
christianisme. La religion chrétienne, se présente comme le principe unificateur du monde occidental,
c’est-à-dire ce qui fait le lien entre les européen c’est la religion. Paradoxalement la présence du
phénomène religieux fait que le terme même d’Europe disparait, on parle de la république chrétienne.
Donc dans un premier temps ce christianisme va faire disparaitre le terme de l’Europe.
Eli Barnavi « La religion sera le pied d’escale de l’Europe » il dit que l’église est
« l’accoucheuse » de l’Europe au Moyen Age. Les étapes de cet accouchement : il y a deux temps qui
suivent la chute de l’Empire romain : la montée en puissance de l’Eglise et la sécularisation des
pouvoirs et des valeurs en Europe.

A) Montée en puissance de l’Eglise


Le continent d’Europe est le seul horizon que connaissent les Européens, ils vont développer une
représentation du monde. Les Européens sont enclos dans leur partie occidentale du continent, ils se
sont refermés sur eux même par rapport à la période de l’Empire Romain. Ils perçoivent ce territoire
comme l’ensemble du monde connu. L’Europe n’est plus comprise sous le sens identitaire.
Mais cette Europe est en réalité le cadre dans lequel on va chercher à organiser la chrétienté. Un
monde qui s’est refermé sur une portion du continent eurasiatique. Le christianisme Constantin devient
le principe d’organisation du monde connu après 476. L’Eglise est quelque part le successeur de
l’Empire romain. Cette succession a un ancrage matériel évident, elle va reproduire la structure
administrative de l’empire romain, il va se diviser en diocèses qui ont les mêmes périmètres que les cités
romaines. Ce n’est pas le seul corps politique à prétendre être le principe unificateur du monde connu, il
y a aussi l’empire romain germanique,
Au Moyen Age il n’y a pas de diversité, pas de dualité, on cherche à former une unité, idée
moniste. Il va voir ces deux corps politiques comme un problème et va chercher à les rattacher à cette
unité.
La question qui va se poser c’est quel est le dominant entre l’Eglise et l’empire romain
germanique dans le principe d’organisation. Ça va se résoudre par l’établissement d’un équilibre. On va
concevoir dans cet équilibre quelle sera la caractéristique de la chrétienté. La chrétienté a deux pilier, les
moines et les chevaliers, elle va s’étoffer et va englober les royaumes chrétiens. Cela s’opère du IXème
au XIVème siècle, ce qu’on appelle le moyen-Age central. C’est la chrétienté qui va délimiter l’Europe
dans cette période. Il faut que tous les peuples soient convertis, les peuples slaves sont convertis au Xème
siècle. L’Eglise va réussir à asseoir un pouvoir autonome en face de celui de l’Europe.
Pendant un temps, l’équilibre va s’inverser, l’Eglise va s’imposer face au Monarque, comme si
elle était la seule force légitime. Ce progressif rétablissement de l’Eglise s’explique par un phénomène
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ancien : ces dynasties/ monarques vont chercher une légitimation qui leur est nécessaire en étant sacrés
par l’Eglise. C’est le cas des carolingien qui, dès 754, ont recours au pape pour assurer leur légitimité et
s’imposer sur leur territoire. Charlemagne se fait lui aussi sacrer empereur par le pape. L’Eglise va aussi
s’imposer par le contraste entre une Europe féodale qui parait comme partagée dès 853 et par des
désordres religieux trans-nationaux l’Eglise va s’étendre sur les réseaux de toute l’Europe (elle est
indépendante des royaumes). L’Eglise ainsi se structure à l’inverse. Dans ce monde, les relations entre
les Eglises et les monarchies sont conflictuelles et même si on va observer une progression de l’Eglise,
celle-ci n’est pas du tout linéaire.
La querelle des investitures s’étend de 1075 à 1122 et sa raison est intéressante car elle marque
l’abandon d’une doctrine, qu’on appelle le césaropapisme, c’est un système politique dans lequel le
gouvernement temporel (l’empire) au nom d’une volonté de domination universelle cherche à exercer
son pouvoir sur les affaires religieuses. La fin de l’investitures est la fin du césaropapisme, c’est la fin
de la prétention de l’empereur germanique. L’origine de cette querelle vient de la reforme Grégorienne
au 11ème siècle, par le pape Grégoire 7. Il cherche à discipliner le clergé, il veut lutter le clergé
corrompu, ainsi Grégoire 7 doit le contrôler il souhaite effecteur une reprise du contrôle sur le clergé par
la réforme grégorienne. Cela ne va pas plaire à Otton 1er qui veut lui aussi choisir le pape et les évêques,
il va donc être opposé à Rome, à l’Empire.
La première étape de redressement de l’Eglise date de 1077 lorsqu’Henri IV va à Canossa pour
demander à Grégoire 7 le pardon parce qu’il a été excommunié. Les princes du royaume de l’empire
germanique ne soutiennent pas Henri 4, il a un manque de soutien de son empire donc il va demander le
pardon et il obtient. Il va réussir à déposer Grégoire 7 en 1080 et le remplace par un autre qui est
Clément 3. Celui-ci est qualifié d’antipape, il n’est pas reconnu par les autres monarchies. Contrairement
à l’Empire germanique, les autres royaumes vont trouver un compromis. Cela marque l’incapacité de
l’Empire à désigner la personne du pape.
Henri 5 va faire abdiquer son père grâce au soutien du pape Grégoire 7. La fin de querelle des
investitures se marque par la Concordat (pouvoir religieux et de l’Etat entretienne des relations
contractualisé) de Worms en 1122 va se mettre en place un accord sur la question des investitures des
évêques et est instauré un équilibre. Celui-ci il ne fait que généraliser une solution adoptée par la France
sous Philippe 1er (fin du 11ème siècle) et cette solution avait été imaginé par Ives de Chartes qui proposait
de distinguer l’investiture spirituelle et temporelle. Cette investiture traduit désormais de clairement
distinguer les questions politiques dont l’Eglise et les évêques n’ont plus vocation à s’intéresser et les
questions relatives au culte religieux dont n’ont pas à se mêler ceux qui traitent les questions politiques.
Cet équilibre résume la chrétienté du Moyen Age.
Cette assimilation de la chrétienté à l’Europe est favorisée par le Chiisme de 1054. Mais cette
capacité de la chrétienté se traduit aussi par des croisades.
B) Sécularisation des pouvoirs et des valeurs en Europe
La période est précédée au XIIème siècle par la redécouverte des grands textes de l’Antiquité on a
une redécouverte de la philosophie grecque et du droit romain. Cela se matérialise par l’essor des
universités au XIIIème siècle (Bologne, Sorbonne, Oxford). Elles vont favoriser la circulation des élites
européennes et le latin qui est une langue commune favorise ces échange. C’est de cette circulation que
va naitre le mouvement de la renaissance, c’est l’humanisme, qui recentre la pensée sur l’Homme. De
cette philosophie, nait une revalorisation de l’individu. C’est paradoxalement propre à l’idée
européenne, ce sera un facteur d’identification. Il en ressort que la pensée politique n’est désormais pas
qu’une pensée religieuse, la civilisation européenne ne se réduit plus à la religion catholique mais cette

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dernière reste fondamentale. Cela marque l’incapacité de l’Eglise à être le principe unificateur de
l’Europe. Se créé à partir de là, un sentiment d’unité culturelle européenne qui n’est plus une unité
religieuse. Selon Voltaire, elle s’efface au profit d’une république littéraire.
Se produit un recul du poids de l’Eglise. D’abord les dynasties en place sont désormais
anciennes, le pouvoir temporel va de moins en moins chercher l’appui de la légitimité de l’Eglise. La
sécularisation du pouvoir, c’est-à-dire la distinction entre pouvoir spirituel et temporel, va impliquer une
coopération entre l’Eglise et les empereurs. Celle-ci atteste ce que l’Eglise ne peut plus être le symbole
d’unification de l’Europe.
Vers la fin du XIIIème siècle Philippe Le Bel va soumettre toutes les possessions de l’Eglise à
l’impôt et cette décision va se prolonger par une dénonciation de nature générale, il va dénoncer le
décret du pape (le bu papal) qui affirmait la supériorité du pouvoir spirituel.
L’origine du sentiment national est dû à la guerre de cent ans. Un certain nombre de monarchies
vont se doter de l’absolutisme, c’est la conséquence de ce double phénomène qui va favoriser sa
naissance. L’absolutisme: le roi étant désigné par dieu il doit obtenir l’ensemble des pouvoirs du
royaume. L’absolutisme va permettre de construire l’État comme le corps politique de la nation. Dans ce
changement, on voit l’État devenir plus réel, ce qui implique une conséquence importante, ca va asseoir
l’idée de diversité dans le paysage européen. Ces Etats souverains vont se stabiliser dans le paysage
européen et cette stabilité va être vue comme constitutive de l’État. On a a cette période la dialectique
entre la pluralité et l’unité
Jean Bodin « les livres de la Republique » va permettre de concevoir un corps politique à qui
attribuer cette souveraineté, ce sera le roi mais aussi la Nation.
Deux séries de conséquences peuvent être déduites de cette sécularisation et de cette
construction de l’Etat. La chrétienté reste présente même si elle perd de son influence. Mais la diversité
va devenir inhérente à l’Europe. Désormais on a une pluralité monarchique en Europe. La diversité va
devenir un élément constitutif de l’Europe. Quand on réfléchit à l’Europe elle doit s’inscrire entre deux
tendances : la recherche d’unité et le maintien d’une certaine diversité, la diversité devient une condition
de la liberté.
Il y a une mutation du rapport de l’Europe à ce qui y est extérieur, c’est la naissance de la
conscience de l’Europe. Cette prise de conscience est favorisée par une séparation entre Orient/
Occident. Dans la 2ème période du Moyen Age, l’isolement de l’Europe permet de voir l’Europe comme
spécifique et on la conçoit par opposition au barbare, revendication d’une spécificité. On va retrouver
dans les auteurs des Lumières qui étaient présents dans la philo grecque, une lecture géographique de
l’Europe et cette idée d’opposition de l’Europe face aux autres avec l’empire ottoman.
On va ensuite après la renaissance, on va passer dans une logique d’expansion de l’Europe à
partir de 1492, l’Europe conquit le monde. D’après Denit de Rougemont, ce phénomène sera l’occasion
pour l’humanité de prendre conscience de l’universalité du genre humain.
Sur la question du rapport avec l’Europe, elle est comprise comme un territoire morcelé,
Machiavel va faire de ce territoire morcelé une particularité face à l’Orient. La conséquence du
morcellement de l’Europe serait une limitation du pouvoir royal du fait que l’Europe est composée de
plusieurs monarchies qui devait limiter leurs pouvoirs royaux et les diviser. Cela va se prolonger avec
Montesquieu sur la séparation des pouvoirs.
Les intellectuels de l’époque disent qu’il ne faut que cette diversité conduise à l’anarchie, il faut
organiser les choses. Il faut éviter que cette diversité de condamne l’unité européenne. Plus les rois vont
Page 9 Institutions européennes
s’affirmer sur les États plus il y aura le risque que les États s’affrontent « Tout roi est empereur en son
royaume ». C’est dans ce contexte que vont naitre les 1ers projets d’union Europe.

C) Les projets d’union Européenne


Le tout premier projet il remonte au XIVème siècle, elle est l’œuvre du légiste Pierre Dubois qui
était membre de la cour de Philippe le Bel. Il envisage dans un texte de 1306 intitulé « de la
récupération de la terre sainte » une union des royaumes chrétiens pour une opération d’une terre
sainte. Ce qui est intéressant c‘est qu’il propose au souverain de ne pas participer aux croisades, mais il
décide d’engager un état-major chargé de diriger les opérations militaires.
Par la suite les projets d’une union auront pour soucis la défense des frontières de l’Europe et
parmi ces projets il y a le projet de George Brad qui est roi de Bohème entre 1420 et 1471. Il écrit un
Tractatus en 1464 il va être envoyer par le roi de bohème a toutes les ambassades des rois chrétiens. Il
présente dans ce document un traité, qui a pour but de mettre en place une confédération des princes et
rois d’Europe. L’Alliance qu’il propose est destinée à être permanente et fondée sur un principe explicite
et fondamental, c’est le renoncement à la guerre entre Etats européens. Le texte est étonnamment
moderne, il propose un blason commun, un trésor commun, un système d’imposition spécifique pour les
institutions à mettre en place, une cour de justice, on instaure un pacte d’alliance mutuelle et met en
place une armée commune, on met aussi en place des fonctionnaires et des juristes au services de
l’institution comme une assemblée dont les membres sont désignés pour 5ans et votés à la majorité
qualifiée. On voit que ce projet est vraiment en avance dès le 15ème siècle.
Aux 17 ème et 18ème siècles, l’idée de la pluralité des Etats est sources d’une anarchie et donc il
faut essayer de maintenir une paix durable. Premier projet celui d’Eymeric Crucé, en 1623 il publie « le
nouveau Cynée », il propose d’établir une paix générale et la liberté des commerces pour tout le monde.
Apparait ici la question économique qu’on retrouve dans la CECA. Il propose d’établir une ligue d’Etat,
une forme de confédération, avec des institutions à Venise avec un sénat composé d’ambassadeurs, une
assemblée des princes, libre circulation des biens et des personnes, monnaie commune. Le problème de
son projet qui fait qu’on le qualifie d’utopiste, il entend lier des Etats beaucoup trop vaste.
Le Duc de Sully, un ancien ministre d’Henri 4, rédige en 1638 un texte intitulé « le Grand
dessin » qui consiste à établir « une République très chrétienne toujours pacifique en elle-même et
composé de tous les potentats d’Europe ». Trois principes ressortent de son texte et sont repris par les
projets ultérieurs.
- La stabilité des États existants, pour que cette stabilité se réalise il faut assurer a chacun une
certaine prospérité, il faut que les besoin de la population soient satisfaits.
- Construire un equilibre politique en Europe, ca implique de réduire la nombre d’États existants
pour établir 15 dominations de puissance économique similaire.
- Solidarité européenne face a toute menace extérieure mais aussi en cas de conflit interne et pour
qu’on evite le recours a la guerre, en matière interne, il faut un mécanisme d’arbitrage et on
institue une institution autonome appelée le conseil général qui doit être tellement puissant qu’il
doit même sanctionner tout État qui voudrait sortir de cette république chrétienne.
Le dernier projet de cette période date de 1713, c’est le projet de l’Abbé Saint Pierre. Il propose
un projet de paix perpétuelle. Son projet compte 800 pages présentés comme nécessaires pour justifier
que l’union est le seul choix rationnel pour l’avenir des Etats européens. Dans ce long texte, l’Abbé
Saint Pierre nous explique que la civilisation européenne est encore dans un État de nature et les Etats
sont incapables de maintenir la paix entre eux. Les traités qui peuvent être conclus ne suffisent pas à

Page 10 Institutions européennes


garantir la paix car il n’existe pas de sureté suffisante de l’exécution des traités. Il essaye d’expliquer
que c’est un mouvement rationnel car la paix perpétuelle est profitable à tout le monde. Un sénat
permanent qui est chargé de conservés les équilibres existants, il y a une vraie volonté de permanence
dans son texte. Il ajoute que non seulement les frontières doivent être maintenus mais aussi la dynastie.
Par conséquent, les armées deviennent inutiles et l’union (le sénat) a le pouvoir de diriger une force
armée en cas de menace extérieur.

Section 3: L’Europe politique de l’Europe des nations aux pères


fondateurs
Durant cette période qui commence à la révolution française, l’Europe est confrontée à un
hiatus, une discordance entre sa vocation à être le modele universel, à se penser comme l’aboutissement
de la civilisation et la réalité observable, elle est considérée comme le vieux continent et elle est surtout
le théâtre des conflits incessants qui ne coïncident pas avec l’idée de civilisation .

A) La pensée européenne dans l’histoire contemporaine.


L’Europe va être frappée par des crises dans cette période, développé par une concurrence
permanente entre les Etats, qu’elle soient politiques ou économiques. Cela peut relever d’une
destruction du discours identitaire, un certain nombre d’intellectuels vont critiquer le fait que l’Europe
aurait une identité particulière. Il y a une deuxième logique qui consiste à restaurer la place de la vielle
Europe dans le monde.
On a une continuation des projets qui cherchent à établir la paix définitive et qui postulent cette
identité européenne comme fondement de l’Europe à construire. L’Europe n’est plus nécessairement liée
à l’idée d’unité car l’idée même est critique ou parce que l’Europe devient plus un moyen de gérer la
diversité. Il faut donc garantir la pluralité au sein de l’Europe. Ce qui va s’imposer comme exigence,
c’est l’obligation de respecter les Nations. Kant propose que la révolution française aille favoriser
l’émergence d’un Etat des Nations qui remplacerait les Etats Nations du 18ème siècle mais il doit se faire
respectueusement des nations déjà existante, dans sa pensée il faut supprimer la diversité des États mais
pas la diversité des Nations.
On ne peut faire l’union par la force mais on ne peut non plus la faire par le principe d’equilibre.
Napoléon 1er qui tente de reconstruire un empire mais cela échoue, on a un deuxième échec avec
Guillaume II, cela ne permet pas d’établir un empire. Durant cette période, Machiavel est le 1er a
proposer une généralisation à l’échelle européenne, aucun Etat doit être doté d’une puissance
susceptible de dominer les autres Etats européen, des alliances se forment entre les Etats européens
contre la puissance dominante pour équilibrer la force. C’est ce système qui est au cœur des traités de
Westphalie de 1648. Ce système a deux inconvénients :
- On a un phénomène de rééquilibrage constant par une succession de conflit.
- Recherche d’un équilibre perpétuel puis il est relatif au moyen des équilibres. Ces alliances ne se
font pas la diplomatie pour maintenir un équilibre entre les nations européennes mais elles sont
souvent secrètes et qui seront la source d’insécurité juridique et instabilité. Cela nuit à
l’instabilité et pourtant on retrouve au congrès de Vienne à l’aube du 19ème siècle, on cherche à
rétablir l’équilibre entre Etat. Régulièrement il va falloir d’autres congrès. Tous les Etats
finissent par être liée dans des Alliances plus ou moins secrètes. Le système du principe
d’équilibre va durer jusqu’à la première guerre mondiale. On va juridiciser ces relations
diplomatiques mais malgré cette publicité on reste dans une quête perpétuelle d’equilibre. Ce

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concert des Nations va échouer à assurer une paix qu’il avait vocation à garantir. A mesure que
le temps passe, le nombre d’États considérés comme puissants va s’accroire.
Ce système qui prévaut, n’empêche pas l’intellectuel de réfléchir à d’autres moyens pour la paix
entre les Etats européen. Il faut trouver de nouveau moyens, car ils sont poussés par le constat que la
force ne suffit pas. Pour assurer la paix selon les penseurs du 18ème siècle, il va falloir effectuer des
abandons des compétences souveraines ; il faut les confier à un organisme supranational. La
construction européenne a des racines anciennes, Kant en 1795 va vers la paix perpétuelle, il y a 3
principes :
- Tous les Etats doivent prendre une forme républicaine (par opposition a l’absolutisme, fondée
sur une assemblée représentative et séparation des pouvoirs)
- Liberté de circulation des personnes (l’hospitalité universelle)
- Réunion des Etats libres au sein d’une fédération. Il conçoit l’idée d’un État Nation. Cet Etat
Nation lui même doit être respectueux du principe représentatif. Il y a l’idée chez Kant qu'il est
impossible que les peuples consentent à la guerre car se sont les première victimes et en mettant
en place la démocratie, on empêcherait la guerre. L’autre élément qu’il met en avant est la
nécessité de créer un véritable droit commun, qui soit contraignant pour les composants de la
fédération et une fois qu’on aurait construit cette fédération, pourrait se developper un véritable
esprit de commerce qui serait une forme de libéralisme économique. On va trouver un élément
fondamental à venir, les solidarités économiques mises en place par l’Union Européenne
empêcherait les guerres. On retrouve aussi des développements tirés de l’idée d’universalisme,
même s’il pense qu’il faut respecter les Nations, il considere qu’elles ont un contrat nationaliste.
Comme elles ne sont qu’une création, il y aurait un contrat social entre ces Nations qui
pourraient choisir de se lier dans un destin commun. Cette idée constitue d’être discutée.
Le conte d’Henri de San Simon, « De la réorganisation de la société européenne » de 1814. San
Simon va plus loin et est plus internationaliste, il veut créer une vraie union politique entre les Etats
européens sous le régime d’une autorité commune. Dans ce projet d’union politique, il essaye de
remplacer ce que faisait la chrétienté par un système d’institutionnalisation. Il va concevoir un système
qui rejette le principe d’équilibre entre les États et donc il faut instaurer un congrès des États qui est
conçu comme une structure politique fédérative et si le projet a vocation a s’étendre sur le projet
européen il faut commencer par la France et l’Angleterre. Cette structure peut être mise en place avec un
organe commun dépositaire des internet commun et il doit être doté d’une force contraignante. On doit
avoir la naissance d’un gouvernement qui doit être aux gouvernement nationaux ce que ces
gouvernement nationaux sont pour le peuple. Ce système doit être représentatif. En conséquence ce
pouvoir commun doit prendre la forme d’un parlement européen bicameral, une chambre qui représente
le peuple et une seconde qui représenterait les nobles choisis par les monarques européens . Il faut aussi
un roi, un monarque européen désigné par l’élection.
Victor Hugo prononce un discours au congres pour la paix en 1849. Les Etats-Unis d’Europe,
propose l’instauration d’un grand Etat souverain. Ce qui nous nuit avec nos concitoyens dans l’État doit
être la même chose qui nous unit avec nos voisins européens. Le seul champ de bataille doit être
l’économie. Il voit dans son projet l’opportunité d’une expansion du modèle français. Au delà de cette
inspiration française, Hugo cherche aussi à concilier l’unité et la diversité au sein d’une fédération de
nature libérale qui doit être fondée sur le suffrage universel de tous les peuples du continent européen.
L’Europe doit bénéficier d’un sceau populaire. Dans son projet, Hugo considere que les peuples qui
doivent être unis dans les États Unis d’Europe et non les États, il n’a pas de vision enthousiaste du

Page 12 Institutions européennes


pouvoir étatique. La proposition de Victor Hugo est marquée par un grand libéralisme et il rejoint les
auteurs qui pensent que l’Europe ne doit pas porter atteinte à la diversité.
Pierre Joseph Proudhon, en 1863, produit un texte « Du principe fédératif et de la nécessité de
reconstituer le parti de la révolution ». C’est un père du fédéralisme, il présente une fédération
européenne assez structurée qui a vocation à supplanter les États. Il dit dans son travail que le 20ème
siècle sera l’ère des fédérations. Il défend le fédéralisme et en particulier l’européen car il voit en la
fédération la limitation du pouvoir. C’est comme ça qu’on peut limiter les excès de souveraineté. Pour
lui, la société doit être organisée dans une pyramide de fédération. En France, l’organisation de l’État a
des conséquences sur les difficultés imaginer une Europe plus fédérale. Sur le plan institutionnel il est
très influencé par la Suisse, il veut proposer un congrès qui doit être respectueux de l’existence de petit
Etat, viendrait ensuite une phase plus défavorable au nation et au nationalisme.

B) Les mouvements fédéralistes de l’entre-deux guerres


Les intellectuels sont influencées par la première guerre mondiale, elle est qualifié par Barnavi
de guerre civile européenne, elle serait le commencement du lent acte de décès des nations. L’entre-deux
guerre fait naitre l’idée de renaissance du projet de l’Europe, elle aurait presque une destinée divine.
En 1930 il y a la construction de l’Europe comme une nécessité impérieuse
Gaston Riou est un homme politique fait prisonnier pendant la 1ere guerre mondiale et qui va en
ressortir pacifiste convaincu « Europe ma patrie » 1928, on ne peut être humaniste si on n’est pas
européen. 1929 « l’Europe doit s’unir ou mourir ».
Des nouveaux projets de concrétisation de l’UE sont présentés.
- Le diplomate autrichien Corrdenhove-Kalergi, a pour particularité d’être un enfant d’Erasmus avant
l’heure. Il va fonder le mouvement pan-européen qui vise à défendre l’intégration régionale. Il va
fonder un mouvement qui va tenir un congrès en 1926 à Vienne et ce mouvement adopte un manifeste
ou il appelle les États démocratiques européens à former un groupement démocratique et
économique. Les USA sont sortis renforcés de la première guerre mondiale, la russe aussi et les pays
de l’Europe se retrouve isolée face aux puissances émergentes. Il faut mettre en place 4 étapes pour
ça:
- Conférence paneuropéenne
- Instaurer une cour d’arbitrage obligatoire
- Créer une union douanière et monétaire
- Promouvoir le développement économique, il faut réaliser une unité économique européenne. Il
insiste la dessus car les traités de paix ont morcelé le commerce international et on se dit qu’en
supprimant les frais de douane on va reprendre le leadership économique. Suppression des
frontières entre les États (ancêtre de l’espace Schengen) mise en place d’institution qui
représente les États et les citoyens.
Plus tard il va former l’union parlementaire européenne qui va être à l’origine du congres de La
Haye de 1948. Il dit qu’il faut aussi un hymne européen, il va instaurer une journée européenne, et la
création d’un timbre poste européen.
Aristide Briand, plusieurs fois président du conseil (ministre des affaires étrangères) va jouer un
rôle important à l’international, il va défendre l’idée que la coopération internationale doit mettre en
oeuvre les mécanisme pour assurer la paix. Il participe aussi à l’instauration du pacte Briand Kellog en
1928 ce qui l’amène à occuper une place importante sur la scène internationale. Il a aussi pu prononcer,

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en 1929, un discours devant la Société des Nations, il y présentera un mémorandum sur l’organisation
d’une union fédérale.
Les réalisations accomplies sont de faible portée et les nationalistes vont ressurgir. La seconde
guerre mondiale va surgir. D’autre part, l’Europe est économiquement dévastée et face à ce diaporama
apocalyptique, l’idée européenne ressurgit. Les conditions de la réalisation de la paix perpétuelle est
mise en place par les projets d’intégration européenne. Cette idée d’Union Européenne est tenace car
elle est présente depuis le XIVème siècle. Il faut aller vers cette union politique.

C) Les conditions de la réalisation de la paix perpétuelle


Churchill, le 19 septembre 1986, relance le discours de l’Europe. Il reprend la formule déjà
employée par Victor Hugo « création des États-unis d’Europe ». Ce qui sera plus déterminant que cet
élan anglo-saxon est le soutien américain une fois qu’il a lancé la balle elle va être reprise par le
Congrès Américain dès mars 1947.
Cela permet de faire face au bloc soviétique, l’Europe est présentée comme le moyen de faire
face à une crise, de s’unir contre un ennemi commun. Ils ne sont pas les seuls à voir dans la création de
l’Europe une lutte contre le communisme. La menace communiste va en réalité s’avérer assez
rapidement illusoire, il ne s’agit plus d’une invasion des communistes mais il s’agit d’une compétition
économique. Les États-Unis veulent faire un concurrent a la Russie.
Ultérieurement l’Europe a pris conscience qu’elle ne pouvait plus compter sur les Etats Unis
d’un point de vue militaire et économique depuis la venue de Donald Trump au pouvoir. Depuis qu’il à
voulu se recentrer sur le pays, il a fait prendre conscience à l’Europe qu’il était seul.
La création de l’Europe, s’instaure avec l’idée de maintenir la domination des Etats Unis contre
le communisme. La doctrine a la destinée manifeste : promouvoir la démocratie elle passe par le
développement économique des pays, qui est égale aussi au développement économique.
Cette domination des Etats Unis se traduit par les accords de Bretton Woods qui instaurent un
nouvel ordre financier et économique. L’Europe se traduit par la réunification française, la création du
FMI et de la banque internationale = Burd, En 1944 ils vont avoir pour mission de faire des prêts pour la
reconstruction.
L’Europe est prise entre deux puissances les États-Unis et les Russes qui sont ruinés par la
guerre. Tous ces facteurs poussent à l’union pour survivre. C’est dans ce contexte qu’apparait le congrès
de la Haye de mai 1948, il va réunir 800 personnalités politiques de premier ordre, le congrès de la Haye
est présidé par Churchill par son discours de 1946 réalisé à l’université de Zurich. Discours qui a eu un
grand retentissement, il appelle les Etats pour créer « les Etat Unis d’Europe ». La réunification de
l’Europe passe par le couple franco-allemand qui est toujours le moteur de l’Europe avec le traité de
l’Elysée qui vise à la défense, l’éducation. Il n’y a pas encore de coopération entre les Etats pour ses
thèmes la et donc avec ce traité ils veulent l’instaurer entre la France et l’Allemagne.
Discours de Churchill de 1946 : Churchill pense que les organisations régionales doivent se
présenter comme un relai de la coopération internationale. Ce congrès de la Haye : on pense qu’on est a
la veille de la concrétisation du rêve américain, le moment de l’Europe., les ambassadeurs soulignent le
caractère historique de la Haye. 17 pays vont être représentés : Les États-unis et l’Europe de l’est seront
observateurs.
Avec 3 commissions:

Page 14 Institutions européennes


- Commission Eco-sociale : plaide de l’élimination progressive des restrictions quantitative à
l’échange des marchandises, pour la convertivité de la monnaie, la mobilité de la manoeuvre
(libre circulation) et la coordination des politiques économiques.
- Commission politique : présidée par Paul Ramadier, est discutée l’idée d’une assemblée
européenne élue au suffrage universel dans laquelle on met en place un député par chaque
région. Invite les Etats à mettre en commun une partie de leur compétence souveraine mais aussi
de leur ressource dans une institution commune.
- Commission culturelle : adoption d’une charte des droits de l’homme et d’une cour suprême.
Ces trois commissions mettent en avant la libéralisation Economique, (s’ouvrir les uns aux
autres) une assemblée représentant les peuples, un partage des compétences souveraines et la création
d’un système de protection des droits supranationaux. Malgré le fruit de cette réflexion les débats font
rejaillir des difficultés quasi insurmontables. Le congrès de la Haye est un peu décevant car il démontre
l’inertie des Etats, le congrès de la Haye apparait comme une forme anticipée de synthèse des enjeux et
de différentes doctrines relatives à la construction européenne. On va retrouver une scission entre les
unionistes et les fédéralistes.
Les unionistes pensent que la construction européenne doit se faire essentiellement sur une
coopération entre les États, c’est la thèse défendue par les scandinave et les britannique qui sont
favorables à une union à minima. Ils pensent que l’Europe doit se limiter à être respectueuse des droits
de l’Homme, doit être facteur de paix et de sécurité et enfin la construction européenne doit été le plus
large possible d’un point de vue géographique.
À l’opposé on a les fédéralistes, ils défendent l’idée qu’il faut immédiatement aller voir l’union
politique ce qui suppose pour les fédéralistes des transferts de souveraineté. Ils vont défendre l’idée de
la création d’une assemble constituante. Les fédéralistes sont très déçus par le congrès de la Haye, ils
considèrent qu’il a été fait par une domination des unionistes et des socialistes. Denit de Rougemont
l’explique, c’est parce que les hommes d’Etat était très présent, les hommes qui sont aux pouvoirs sont
plutôt pour conserver leurs pouvoirs au niveau national.
On a d’un coté le conseil de l’Europe qui va être fondé par le traité de Londres en 1949, c’est la
grande Europe. S’agissant de la petite Europe, qui va aboutir a l’union européenne, la CECA est une
conséquence de la synthèse de la Haye puisqu’elle est inventée au regard de l’échec de l’idée fédérale.
C’est l’Europe des petits pas, c’est Schuman qui, dans un discours, va expliquer pourquoi la CECA doit
être le moyen de relancer l’intégration européenne. Schuman dit que la CECA va mettre en oeuvre une
logique fonctionnaliste puisqu’elle convie à intégrer un secteur d’activité (acier et charbon) de matière
première de la gare et par cette intégration sectorielle vont se créer des solidarité maternelles qui vont
entrainer les États dans un proceses continu du renforcement de l’intégration. Apres la CECA, on va
renouveler la méthode avec la CEE qui en 1957 va reprendre cette logique. L’économie est un moyen de
créer des solidarités et d’engendrer un processus continu. Des techniques fédérales sont mises en place
et de manière assez significatives.
L’aboutissement de cette logique fonctionnaliste a été un projet de traité appelé le TECE qui a
été soumis au referendum et il a été rejeté par les français, les danois et les irlandais. Le TECE a été écrit
par une convention qui régissait non pas les États mais des députés européens, des membres de la
commission et des représentants des États.
Les organisations internationales d’intégration sont en quelque sorte régionales. Sera difficile de
créer une organisation internationale d’intégration à l’échelle internationale. Elles vont se présenter
comme le moyen d’organiser le panafricanisme. Le moyen de réaliser un processus d’unification de
Page 15 Institutions européennes
peuples qui partagent un territoire et le sentiment d’avoir une destinée commune. S’agissant de
l’Europe, se pose une question de délimitation géographique.
On va confirmer que l’Europe possède plusieurs échelles de réalisation. On va constater que plus
le périmètre des relations institutionnelles est large moins le degré d’intégration sera poussé. On s’est
demandé pour l’union européenne s’il fallait ou non continuer de s’élargir. Dès le congres de La Haye,
cette réalité que plus on est nombreux plus il est difficile d’aller vers une intégration posées était
évidente.

Chapitre 2 : Physionomie de l’Europe


On doit rappeler que l’organisation de l’intégration suppose l’existence d’un substrat commun
au participant. C’est organisation d’intégration ont vocation a réaliser un processus d’unification entre
des peuples qui partage au départ un territoire et une destinée commune, substrat nécessaire pour faire
une organisation intégration. Cela pose la question de la délimitation géographique et on verra que
l’Europe possède des territoires multiples. Plus l’Europe va être large moins elle sera interactive.

Section 1: L’Europe comme territoire(s)


Selon Paul Valéry l’Europe serait une entité distincte de la vie. Les frontières naturelles de
l’Europe restent relativement flou, elle sont le fruit d’une représentation de ce qu’est l’Europe.

A) La frontière occidentale
L’océan marque la frontière naturelle occidentale mais en fait on se rend compte que la situation
n’est pas aussi simple que ça. D’abord le Royaume-Uni dispose d’un empire mondial et donc n’est pas
sensible au besoin de solidarité. Par ailleurs le Royaume-Uni essaie de développer des relations
privilégiées avec États-Unis et ça se traduit par une politique peu européenne. C’est pourquoi le general
de gaule avait refusé l’entrée du Royaume-Uni dans la Communauté Economique Européenne, il
craignait que le Royaume Uni soit son cheval de Troie. L’esprit européen n’est pas très présent au
Royaume Uni. Aujourd’hui encore, sans parler du Brexit, si on regarde les choses un peu finement, le
Royaume Uni fait partie de l’union européenne mais il a un nombre de dérogations appelées les « opt-
out ». Il est, en vertu des traités, dispensé de respecter certaines règles communes à tel point que sur
certaines points, des États tiers à l’Union Européenne comme la Suisse et la Norvège respectent
d’avantage les règles européennes, c’est le cas de l’espace Schengen.
L’Islande se situe dans l’Atlantique Nord entre la Norvège et le Groenland. Elle n’est pas
membre de l’Union européenne mais a fait une demande d’adhésion en 2009. En 2015 elle a retiré sa
demande. Les islandais se sont imposés des mesures, des réformes et ont liquidés une partie de leurs
dettes et par la suite l’Islande a eu un renouveau économique alors que l’Europe était en crise. Il sont
maintenant associées à l’Union Européenne garce a l’espace économique européen.
Le Groenland est géographiquement proche du continent Américain et instinctivement on a
l’idée qu’il ne peut faire partie de l’Europe. Historiquement il est rattaché au Danemark, et lorsque ce
dernier est rentré dans la CEE en 1973, il est devenu membre de la futur Union européenne. Le
Groenland a été temporairement integré au territoire de ce qui deviendra l’Union Européenne. Eu terme
d’un processus constitutionnel national, le Groenland s’est emancipé du Danemark et en 1984 il est sorti
du territoire de la CEE. Une portion d’un pays membre de l’Union n’est pas parti a son territoire.
Les Iles sous souveraineté d’un État européen mais qui sont assez loin du contient géographique
ont un statut qui peut être different. Pour la France il y a la Guadeloupe ou la Martinique qui sont dans
les caraïbes ou encore la Guyane. En droit français elles sont des Département d’Outre Mer et malgré
Page 16 Institutions européennes
leur éloignement, il résulte de ce statut que ces territoires d’outre mer sont intégrés au territoire
européen. Ils font parti de ce que le droit de l’Union appelle de régions ultra-periphériques et ces RUP
sont énumérées par l’article 349 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne. Pour ce qui
est des autres RUP on peut donner l’exemple des Canaries et des Acores. Tous les territoires français
éloignés ne sont pas inclus au territoire de l’Union Européenne, la nouvelle Calédonie ou la Polynésie
française ne sont pas intégrées mais elles sont associées, on parle de pays et territoires d’outre mer en
droit européen et ceux ci sont en principe exemptés de respecter le droit de l’Union mais par exception
on peut leur faire bénéficier de certaines dispositions.

B) La frontière méridionale
Le repère naturel auquel on s’est rattaché est la Méditerranée. En 1987 le Maroc a demandé à
participer à la CEE et sa demande d’adhésion a fait l’objet d’un refus car le Maroc n’est pas sur le
territoire européen. On pourra souligner que géographiquement parlant il n’est pas très éloigné de
l’Europe. Les traités européens qui fondent la CEE posent a l’article 49 du TUE une condition
d’européanité. De plus, on peut souligner que certains territoires font parti de l’Europe alors que
géographiquement ils sont plus éloignés et plus proche de l’Afrique: comme Malte ou Chypre. Malte est
à 100 km de la Sicile et est influencée par les phéniciens, elle n’a pas de grande européanité visible et est
membre du conseil de l’Europe. De même, Chypre se situe près de la Syrie et est membre de la grande
et de la petite Europe. On a fait rejeter les demandes d’adhésion de la Turquie au motif de non
européanité.

C) La frontière orientale
La chaine de montagne l’Oural qui peut être considéré comme une frontière naturelle mais les
difficultés sont nombreuses. Au sud de l’Oural on a le Caucase. D’un point de vue institutionnel, la
grande Europe accueil ces républiques caucasiennes. A l’inverse, la petite Europe n’a pas vocation à les
accueillir. Si on élargie la perspective, la Russie est coupée en deux par l’Oural, elle pourrait donc être
un État candidat à l’adhésion à l’Union Européenne. Ce qui est problématique est le sentiment
d’appartenance à l’Europe et de ce point de vue, la politique Russe a toujours été ambiguë, elle a
toujours joué sur deux registres. À la fois elle a vocation à interagir avec les États européens et en même
temps elle revendique une politique nationale forte et n’est pas dans une logique de solidarité avec les
Etats membre de l’Europe. Au delà de ces considérations, un grand nombre d’historiens, d’intellectuels
considèrent que la Russie est européenne et peut avoir vocation à être un État membre même de la Petite
Europe.
Trois principes forts de l’idée européenne qui semble difficile à respecter, pour lesquelles on
perçoit difficilement l’adhésion du modele russe.
- La religion, la sécularisation du pouvoir ne s’est pas faite dans l’église d’orient.
- Le parlementarisme est une caractéristique qui n’est pas partagée.
- Les libertés individuelles, la conception est la même sachant que les États occidentaux se
revendiquent démocraties libérales et ce modèle n’est pas poursuivi par le régime soviétique.
Marc Ferrot explique que ce qui marque la séparation de la Russie vis-à-vis de l’Europe c’est la
révolution de 1917, avec cette révolution on instaure une frontière. On notera pour nuancer que
la Russie ne connait pas la sécularisation du pouvoir, le parlementarisme n’est pas développé
comme dans les États européens.

Page 17 Institutions européennes


La Turquie est en partie sur le territoire européen mais on ajoutera d’un point de vue historique
que les liens avec l’Europe ont longtemps été présents. Système politique qui repose sur trois pôles :
pôles démocrates, militaires.

Section 2: L’Europe comme construction


Le congrès de la Haye va déboucher sur des organisations de coopération qui vont intervenir
dans des domaines très variés et ces organisations de type intergouvernementale vont plutôt manifester
l’existence d’une pluralité de l’espace d’Europe et c’est Organisations vont marquer un schisme entre
l’Europe occidentale et orientale.

A) Des organisations chargées de la sécurité


1- En Europe occidentale
Cette période qui suit le congrès de la Haye est suivis par l’influence Américaine, pour éviter
l’invasion soviétique et résoudre la question du réarmement de l’Allemagne. Le rôle historique de
l’OTAN c’est de maintenir les Américains en Europe occidentale, les Russes en dehors et les Allemands
sous controle. Tout commence le 4 mars 1947, la France et le Royaume Uni concluent le pacte mutuel
d’assistance qui va créer l’union occidentale.
Le 17 mars 1948, suite au coup de Prague (prise du contrôle de la Tchécoslovaquie par
l’URSS) , les États du Bénélux signent le traité de Bruxelles qui prévoit une collaboration économique,
sociale et cultuelle et son coeur est la légitime défense collective, c’est une extension du pacte
d’assistance mutuelle. Dans les anexes de ce traité il est question de cette union occidentale et de son
élargissement à 5 États et comme en 1947 on conclut un pacte d’assistance mutuelle au dela de ce pacte
on prévoit l’instauration d’un commandement militaire unifié au sein de l’union occidentale. Les États
s’engagent à placer une partie de leur armé sous un commandement autonome. Cette union ne va jamais
fonctionner de maniere isolée car elle va être vidée de son object par l’OECE mais surtout par l’OTAN
en 1949.
Le 4 avril 1949, les 5 États de l’Union Européenne vont s’associer avec 5 nouveaux États
européens (Danemark, Islande, Norvège…) pour signer le traité de l’Atlantique nord et créer ainsi
l’alliance atlantique. On a dans ce traité un système de défense collective, ce mécanisme d’assistance
est le pivot de l’OTAN, c’est l’axe fédérateur qui unit ces États mais l’assistante prévue par ce qui
deviendra l’OTAN n’est pas automatique, il n’y a pas d’engamant automatique des forces nationales.
Aujourd’hui entre les membre de l’Ue il existe deux closes de solidarité:
- Article 222 du TFUE qui est destiné en cas de menace intérieure ou d’une catastrophe naturelle.
- En matière de défense mutuelle, on a une close prévue à l’article 42 paragraphe 7 du TUE. Cette
close est obligatoire, c’est une assistance obligatoire. Certains États come le Danemark ont
objecté une close de neutralité et ont fait un opt-out à cette close. Ce caractère obligatoire a un
avantage, les militares européens disent que c’est improbable qu’un État attaque un État
européen.
Le traité de l’atlantique nord a réussi quelque chose qui est aujourd’hui difficile à faire au sein
de l’Union Européenne, c’est de créer une force militaire intégrée, c’est le fait qu’il y ait, au sein de
l’alliance, une force militare composée de contingents nationaux sous un commandement unique. Ils
sont susceptible d’intervenir au nom de l’OTAN, ça a été rapidement réalisé par une décision du conseil
de l’atlantique nord du 26 septembre 1950 qui décide de créer cette force intégrée qui est mise sous
commandement du général Eisenhower.

Page 18 Institutions européennes


Le 20 septembre 1951, les pays de l’alliance de l’atlantique vont signer à Ottawa une
convention qui crée une structure politique permanente qui va formaliser les institutions et qui va
aboutir à l’OTAN. En quelques années on passe d’un accord bilateral à l’OTAN et cette rapidité
s’explique par le contexte géopolitique.
C’est toujours ce contexte marqué par la guerre froide qui va amener à s’interroger sur la
nécessité de réarmer l’Allemagne et la France n’est pas très partante. Elle va trouver un compromis avec
les autres États qui assure que le réarmement de l’Allemagne se fasse dans un cadre qui permet de
contrôler l’armée Allemande.
En 1950, la France propose de créer une armée européenne avec l’intégration de l’Armée
Allemande qui serait sous un commandement unique. C’est une forme d’intégration qui intègre
l’entièreté de l’armée dans une institution. Cette proposition se fait dans la continuité des discutions de
la CECA et elle se situe dans une véritable logique fédérale. On propose de créer la CED et le 27 mai
1952, les 6 États fondateurs de la CECA vont signer le traité de Paris qui porte création de la CED. Le
premier point de la CED est une armée commune mais ce traité prévoit aussi la mise en place d’une
communauté politique européenne qui doit prendre une forme fédérale ou confédérale réunisse la CED
et la CECA.
Cette CPE est de nature supranationale, à la direction il y a des institutions qui ne sont pas
qu’une simple réunion des représentants des États. On envisage la création d’un parlement qui vote les
lois, le budget et dans ce parlement bicameral on aurait une chambre représentant le peuple et une
chambre réunissant les représentants des États membres. Le problème est que cette proposition, ce traité,
pourtant à l’origine une proposition française a été jugée trop fédérale et bien que la traité ait été signé,
le 30 aout 1954, l’assemblée nationale francise refuse de ratifier le Traité de paris.
2 series de conséquences à cet échec:
- Conséquences immédiates: la logique de l’idée de coopération au détriment de l’idée de la
logique de l’idée d’intégration. On va avoir des projets moins poussés, moins intégratifs.
- Conséquences indirectes: L’idée de la défense européenne va être abandonnée jusqu’en 1992.
C’est l’OTAN qui va assurer cette fonction avec toute la dificulté d’être indépendant au sein
d’une organisation. En 1992, signature du traité de Maastricht qui crée l’Union Européenne.

2- En Europe centrale et orientale


En réaction a l’union occidentale qui va réunir les États d’Europe de l’Ouest et au réarmement
allemand, le bloc de l’est va adopter en 1955 le pacte de Varsovie. Ce pacte a deux fonctions:
- Assurer une défense mutuelle des pays soviétiques
- Mettre en place une défense de la RDA qui se voit dès 1956 dotée d’une armée autonome.
Ce qu’on notera sur ce pacte est que l’URSS a proposé la dissolution du pacte à la condition que
l’alliance atlantique soit aussi dissoute. Les pays de l’Ouest ont maintenu l’OTAN donc le pacte de
Varsovie a tenu. Il prend fin avec a chute du mur de Berlin et la dissolution de l’URSS. En 1999, 3
anciens pays membres de ce pacte et futurs membres de l’Union européenne vont adhérer a l’OTAN
(Pologne, Hongrie et République Tchèque) ces pays sont donc membres de l’OTAN avant de devenir
membre de l’Union Européenne. Ils ont souvent été accuser de favoriser leurs relation avec les Etats
Unis avant les relations avec les membres de l’Union Européenne .

Page 19 Institutions européennes


3- La conference pour la sécurité et la coopération en
Europe (devient OSCE en 1994)
Les premières organisions européennes se créent autour du conflit Est/Ouest. Malgré
l’opposition entre l’OTAN et les membres du pacte de Varsovie, on créé en 1975 le CSCE. Il permet de
nouer un dialogue sur es questions de sécurité entre les deux blocs. Il convient de rappeler que nous
sommes en période de détente. Il faudra pourtant deux ans de négociations pour signer l’acte final de la
conférence d’Helsinki (1er aout 1975) réunissant, y compris l’URSS, les États-Unis, le Canada.
Sur le plan juridique, la nature de la conférence est longtemps restée ambiguë. Le statut de l’acte
final de la conférence d’Helsinki est lui même incertain sur sa nature. Pour d’autres, c’est l’inverse, c’est
un traité qui créera une organisation internationale. Ce débat est avant tout doctrinal et en 1994 la
CSCEva se transformer officiellement en organisation et devient l’OSCE. A partir de cette date,
adhérent de nouveaux États issus de l’éclatement de l’URSS et de la Yougoslavie. Cette organisation a
un siège basé a Vienne, elle est dotée d’un organe décisionnel qui statue à l’unanimité. De même, on a
un conseil des ministres aux affaires étrangères et un comité de hauts fonctionnaires qui se réunit
régulièrement tout comme une assemblée parlementaire composée de députés nationaux. Enfin, il y a un
secrétariat.
D’après l’acte final, son champ de compétences est étendu mais la sécurité reste le premier
objectif. Il faut des a présent se tenir au courant des manœuvres militaires que certains font, il faut
contrôler les transferts d’armes et instaurer une politique de désarmement de l’arsenal militaire. Il faut
aussi prévoir les conflits et être capable de gérer les crises. De même, sont créées des missions
d’observation.
On a permis les développements normatifs le traité sur les forces armées conventionnelles en
Europe du 19 novembre 1990. Ce dernier lie les États de l’OTAN et du pacte de Varsovie et les engage à
limiter à un certain seuil le niveau d’armement et d’équipement conventionnel. Outre ce domaine ci,
c’est dans la question des droits de l’Homme qu’on voit tout l’impact de l’OSCE. C’est une des
réalisations les plus significatives de l’organisation. LEs États membres ont utilisé l’acte final d’Helsinki
pour appuyer leurs revendications en matière de droits de l’Homme mais tous les membres de l’OSCE
ne sont pas forcement exemplaires. Cette organisation envoie donc des experts internationaux pour
contrôler le comportement des États membres, controle qu’on retrouve notamment dans les élections
nationales.
En juillet 2015, l’assemblée parlementaire de l’OSCE a condamné dans une résolution « les
actes d’agression militaires contre l’Ukraine commis par la Russie ». Le problème est que ces
résolutions n’ont pas de portée normative.

B) Les organisations chargées du développement économique


1- En Europe orientale : le CAEM ou COMECON
(1949) : le Conseil d’assistance économique mutuelle.
Elle fonde le 25 janvier 1949, ce conseil sous l’impulsion de Staline, une réaction du plan
Marshall, on retrouve l’URSS, Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie. Ce système est une institution
quasi inexistante, il n’y a pas de reconnaissance officielle. Le but de cette communauté est de limiter des
produits de l’occident dans le bloc de l’est pour éviter que l’ouest ait un avantage sur les produits de
l’est. Si on fait une importation des pays de l’occident, on est surtaxé. Très rapidement on créer la
banque internationale de coopération économique et la banque internationale d’investissement fait par la
suite en 1963 et 1971. Le système du conseil est vu comme un échec pour cause des faiblesses
Page 20 Institutions européennes
économiques que subissent les pays de l’est et disparait en 1991. Mais même à la suite de sa disparition,
un certain nombre de pays de l’Europe occidental vont garder des lien fort avec les pays d’orient. On va
voir se multiplier les accords bilatéraux dans les pays de l’est.

2- L’Europe occidentale
L’OCE qui va suivre du plan Marshall (secrétaire d’Etat américain) propose un plan d’aide
économique de grande ampleur qui est subordonnée, qui est conditionné par la mise en place d’une
coopération européenne étroite et c’est le rôle que va jouer l’OCE à partir de 1948. Dans la coopération
européenne que souhaitent se voir les américains, on réitère un principe d’ouverture : l’ensemble des
Etats européens doivent intégrer la futur organisation. La Russie par son refus de participer va marquer
la frontière géographique de la coopération européenne voulu par les américains.
Historiquement la création de l’OCE passe par un projet britannique de 1947 qui est soumis à 16
États européens qui ont permis la reconstruction du plan Marshall.
Lors de cette conférence se met en place des comités pour réfléchir à la reconstruction
économique avec l’administration américaine et celle de l’ECA qui va tenir la main des européens dans
l’établissement de la futur OECE.
La convention de coopération économique européenne est signé en 1948 à Paris et elle va être
la charte constitutive de l’OECE qui réuni 18 Etats européens : Italie, Suisse, Turquie, Allemagne et des
Etats non européens puisque sont associés les Etats-Unis et le Canada.
A partir de 1960 : l’OECE perd son nom et devient l’OCE. L’OCE a été elle aussi tres rapide,
des 1949 le cadre dans lequel les Etats européens vont réfléchir à aller plus loin dans la coopération
économique, favorise la réflexion, elle est l’enceinte ou on va réfléchir a aller plus loin qu’une
intégration économique. Certain États vont refuser ce développement d’intégration comme le Royaume
Uni et la Russie mais d’autres comme la France, le Luxembourg vont accepter de developper la CECA
et en 1957 la CEE et la CEEA.
Les Etats membres de l’ OCDE, le Royaume Uni et la Suisse créent un contre projet, l’AELE
plus unioniste.
A partir de 1949, les 6 Etats ont pour objectif de mettre en place une véritable communauté
d’intégration, qui touche à la souveraineté des Etats. L’idée est de mettre en commun un certain nombre
de compétence des Etats et on envisage deux versions :
- La théorie radicale : c’est la théorie fédéraliste pure de Denit de Rougemont, Coudenheve
Kalerge. Reconnaitre la primauté du politique cela implique d’accepter le transfert de règlement
d’une question politique au plan européen, un partage de compétence de type fédéral une
juridiction , il faut qu’il y est une chambre représentant des Etats et des peuples. La conséquence
de tout ça est d’instaurer une véritable constitution européenne de type fédérale et si on instaure
une constitution, l’organisation a plus la nature d’un Etat fédéral qu’une organisation. Mais ce
n’est pas ce qui va s’imposer.
- La théorie fonctionnaliste : œuvre de 2 hommes Denit Mitranie et E. Haas, c’est l’idée qu’il faut
adopter une approche dépolitisée des questions d’intérêt commun, en cherchant à satisfaire des
besoins économiques et sociaux on va mettre en place des mécanismes qui favorisent les
échanges économiques et sociaux des Etats. On instaure des solidarités matérielles ce qui rend
l’hypothèse de tensions et de conflits moins plausible. La logique fonctionnaliste veut que
progressivement les périmètres matériels s’étendent, plus d’harmonisation sera exigé. Par

Page 21 Institutions européennes


exemple, les OGM si on considère que c’est une question économique, elle est assez simple, il
faut mettre en place des compromis.
C’est cette logique fonctionnaliste qui va être mise en place avec la CECA défendu par Schuman
ministre des affaires étrangère du 9 mai 1950 : on met en commun les instruments de la guerre. Il y avait
une complémentarité entre la France et l’Allemagne, l’un avait le charbon et l’autre l’acier la solidarité
était évidente pour rendre impossible la guerre entre les Etats européens. Logique du « spill over ».
Création de la haute autorité de la CECA , une institution indépendante des Etats dotée d’un pouvoir de
décision important. Cette Europe des petits pas est favorisé par une unité politique des Etats.
Six Etats signent le traité de Paris en 1951 pour la CECA qui entre en vigueur en 1952. C’est la
synthèse entre fédéralisme et fonctionnalisme. On va retrouver dans le traité une assemblée représentant
les peuples (composée de délégués nationaux), une haute autorité et une juridiction. En 1952 c’est le
projet de la CED rejeté en 1954. On a la première crise européenne en 1952, face à cet échec, démission
de Jean Monnet.
Le 27 mars 1957, signature du traité de Rome qui met en place la CEE qui vise l’ensemble des
facteurs de production. On vise le libre échange , la libre circulation des européens, mais elle est moins
supranationale, la commission qui remplace la haute autorité a moins de pouvoir décisionnel, ce sont les
Etats membres qui conservent ce pouvoir, la CEE a l’initiative. Jusqu’en 1992, on va créer l’Union
Européenne on a une superposition d’organisation européens: la CEE, la CECA et la CEEA.

C) Une organisation chargée des droits de l’Homme


Il s’agit du conseil de l’Europe. Le conseil de l’Europe est l’œuvre commune de la France et du
Royaume Uni. Le traité constitutif est adopté à Londres en 1949 par 10 Etat : Belgique, France, suède..
Ils vont poursuivre une politique initialement tournée vers la continuation : question de démocratie,
droit de l’homme, sécurité. Ce Conseil de l’Europe a connu un nouvel essor à la suite de la chute de
l’URSS. Cette ouverture est formalisée par l’assemblée du conseil de l’Europe en 1994 qui donne une
définition étendu de ses frontières. Elle comprend 47 Etats dont la Russie et Turquie son étendue est très
large.
Coté français, quelques noms sont importants : Paul Ramadier, Pierre Henri Teitgen a été
ministre, François Mitterrand, Garford.


Page 22 Institutions européennes


Partie 2 : Le système du conseil de l’Europe
Chapitre 1 : Une organisation régionale de coopération
Les moyens d’actions sont relativement restreints : trois types d’actions en vertu de l’article 1 :
- Examiner des questions d’intérêt commun
- Procéder à la conclusion d’accords
- Adopter une action commune par ces trois types d’action, le conseil de l’Europe va pouvoirs
s’investir dans des objectifs qui sont relatifs au développement de la démocratie, droit de
l’homme et respect de l’Etat de droit. (2 dimensions : objectif : respect des règles de droit par
l’Etat de fond, comme de procédure, ça consiste à accorder à l’individu un certain nombre
prérogatives qui doivent être respectées par l’Etat et que l’individu peut faire valoir contre
l’Etat.
Alexander KISS observe en 1995, que le concept de l’Europe n’est ni un acteur législatif à
proprement parler ni un acteur supranational. Le seul trait nouveau de cette coopération
intergouvernementale est la permanence d’une institution créée afin de favoriser cette coopération
intergouvernementale. Le conseil de l’Europe est à l’origine de 200 conventions.
Le préambule du 5 mai 1947 précise que l’organisation a pour but de protéger la liberté
individuelle, la liberté politique, la proéminence du droit. Ces trois buts font du conseil la maison de la
démocratie car le conseil de l’Europe a pour vocation de promouvoir une démocratie pluraliste dans le
sens politique du terme et libérale contre le pouvoir publique.
Pourquoi le conseil de l’Europe n’investis pas le progrès économique et social ?
Car c’est une autre institution qui s’en charge. Autres objectifs: La coopération scientifique
Le conseil de l’Europe n’adopte pas de droit dérivé de manière autonome. Le statut prévoit
l’existence de deux types d’organes : un comité représentant les Etats, le comité des ministres et une
assemblée consultative. Malgré ses défauts le conseil de l’Europe va être le lieu de réalisation juridique
et politique significative.

Section 1 : Les objectifs du conseil de l’Europe : une logique de


rapprochement
Les objectifs sont là pour soutenir une finalité essentielle. L’article 1 du statut parle d’une union
de plus en plus étroite, il rappelle le principe d’intégration, c’est une union dite plus étroite entre les
Etats membres et dans l’Union Européenne c’est entre les peuples de l’Europe. Ce but général va se
dédoubler entre deux grands objectifs principaux :

§1 Objectifs politiques du statut de Londres


L’idéal démocratique
Il s’inscrit dans la réalisation d’une union plus étroite à travers la poursuite d’idéaux et de
principes qui font le patrimoine commun européen.
L’objectif est de réunir des États qui se revendiquent comme des démocraties libres. On a une
intégration des pays de l’Europe centrale et orientale qui sont des démocraties moins achevées avec
l’idée de faire progresser les facteurs de démocraties, de libertés individuelles, et de proéminence du
droit, libertés politiques. Il y a un seul État qui se voit refuser l’entrée au conseil de l’Europe car il ne
respecte pas assez l’idéal démocratique, la Biélorussie.
Page 23 Institutions européennes
Les mécanismes qui existent en terme d’adhésion et de suspension ont pour vocation de garantir
le caractère démocratique des États partie du conseil de l’Europe.
Dans l’élaboration de la Convention Européenne des Droits de l’Homme, on considere que les
droits de l’Homme et la liberté d’expression (art 10 de la CEDH) sont les fondements de la démocratie.
L’adhésion au conseil n’est pas seulement une logique de cristallisation des régimes nationaux, il ne
s’agit pas de préserver les valeurs mais de les developper. L’idée est qu’on peut renforcer et continuer à
progresser sur la voie de la démocratie véritable. En allant plus loin sur le chemin de la démocratie
libérale on se rapprocherait les uns des autres et on renforcerait l’unité européenne.
Le progrès des sociétés étatiques
C’est le propre des organisations universelles qui voient le jour après la seconde guerre
mondiale. L’Organisation Internationale du Travail est fondée sur ce principe. On considère en 1949 que
le progrès social et la paix sont indissociable. C’est toujours vrai aujourd’hui dans ce que fait l’Europe.
Cette idée conduit à confier au conseil des objectifs qui relèvent du domaine économique.
On va élaborer une charte sociale européenne qui a vocation à promouvoir les droits
économiques et sociaux. Par exemple: le droit aux prestations sociales, le droit de se syndiquer qui peut
être rapproché du droit d’association qui est une subdivision particulière. Cet objectif est mentionné par
un statut mais le problème est que les actions potentielles en progrès économique vont subir la
concurrence d’autres organisation en particulier de l’OEC.
Le conseil de l’Europe essaye de s’insérer dans une construction deja initiée et son action va
apparaitre assez secondaire par rapport a la défense de la démocratie libérale.
Outre cette concurrence initiale de l’OECE, en 1951 va arriver la CECA et en 1957 la CEE, les
États présents son beaucoup moins nombreux mais ce sont les économies les plus importantes de
l’Europe. Dès lors que des enjeux sociaux sont impliqués dans des questions économiques, le conseil va
pouvoir être facteur de propositions, on va observer que les travaux du conseil de l’Europe et les
connexions qui en résultent vont préparer l’action de la petite Europe en matière économique.
- En 1953, une convention européenne relative à l’équivalence des diplomes va être adoptée par le
conseil de l’Europe. C’est une action qui va être reprise par la petite Europe bien des années plus
tard.
- En 1957, on a l’accord européen sur le régime de circulation des personnes, c’est une
problématique que la petite Europe va saisir
- Droit de la propriété individuelle dont fait l’objet dès 1952 d’une série de conventions.
Ces conventions favorisent l’harmonisation des droits nationaux avant l’intervention de la CEE.
On a une mission de communication, d’échange d’information, on retrouve un certain nombre de
communications faites par des organismes techniques qui échangent d’informations avec l’assemblée
parlementaire.
La conférence européenne des ministres du transport créée en 1953 dans le cadre de l’OECE va
entretenir un dialogue constant avec l’assemblée parlementaire. Aujourd’hui elle est intégrée au forum
des transport.
On a crée en 1956 une banque d’investissement à caractère social, c’est la banque de
développement du conseil de l’Europe et elle va apporter une expertise technique et financière aux
bénéfice de projet à fort impact social. Elle va favoriser la cohésion sociale et donc l’intégration sociale
en Europe. Pour les États partie, cette banque s’inscrit dans une politique européenne de solidarité. La
banque intervient dans 3 domaines essentiels:
Page 24 Institutions européennes
- La croissance durable et inclusive
- L’intégration des réfugiés, des déplacées et des migrants
- La lute contre le réchauffement climatique.
Derrière cette banque d’investissement on favorise la paix en évitant l’instabilité qui peut naitre
de conditions sociales dégradées. Cette banque est crée par des États membres du conseil de l’Europe et
entretient des liens institutionnels AVEC le conseil car le secrétaire general émet un avis de recevabilité
à tous les projets de la banque. C’est le conseil d’administration de la banque qui va approuver ou non
l’investissement. La baque a une personnalité distincte et des fonds propres.

§2  Des objectifs limités par des compromis originels


Les politiques que le conseil de l’Europe doit mettre en place sont ambitieuses, ces compromis
nuisent à la réalisation des deux objectifs.

1- L’objectif d’unité entre les membres


Le conseil cherche à assurer l’unité entre ses membres, donc entre les États partie au conseil. La
petite Europe va chercher à rapprocher les peuples et non les États. Dans le statut du conseil, on a
envisagé de recourir à la même formule, de chercher l’unité des peuples européens, mais un pays va
s’opposer: le Royaume Uni. Comme ça sera le cas bien des années plus tard avant le Brexit, dans
l’arrangement britannique (Camerion 2016) il était prévu que l’idée européenne instaurant un
rapprochement entre les peuples ne s’appliquait pas au Royaume Uni. Le Royaume Uni a réussi à faire
adopter une formule plus neutre. On voir que dans le conseil il y a une recherche nécessaire de
compromis, il y a un equilibre ente la dimension de coopération diplomatique et une dimension
d’intégration qui se retrouve dans l’articulation des deux institutions majeures du conseil. Le statut de
Londres prévoit deux principaux organes avec des rôles très inégalitaires.
- Le comité des ministres: organe intergouvernemental qui réunit les ministres des États membres.
- L’assemblée consultative a un rôle d’un point de vue normatif tout à fait marginal. En 1974,
l’assemblée va changer de nom, elle va s’auto rebaptiser pour s’appeler assemblée parlementaire
qui traduit le fait que l’assemble consultative avait plus de prérogatives que ce que lui donnait de
statut initial. Cette première assemblée européenne est composée de parlementaires nationaux et
non pas issus d’un suffrage universel direct. Cette composition de l’assemblée est maintenue et
il y a un certain nombre d’hommes politiques, de chercheurs qui proposent au sein de la zone
euro de créer une assemblée, des parlementaires nationaux. Pour démocratiser la zone euro,
Benoit Hamon lorsqu’il était candidat aux présidentielles défendait l’idée de créer une
assemblée spéciale pour la zone euro qui serait constitué de députés nationaux. L’idée est de dire
que ceux qui decident dans la zone euro sont les ministres des finances et en associant des
parlementaires nationaux on contrôlerait les ministres devant les parlements nationaux et pour ça
un groupe de députés nationaux soient présents à Bruxelles. C’est une proposition intéressante
qui viendrait ajouter une nouvelle forme de légitimité démocratique.
Le bilan qu’il faut tirer du point de vue institutionnel. Pour Schuman, ce conseil de l’Europe est
un mauvais compromis puisqu’on a aucune décision majoritaire qui puisse être prise, et on a écarté le
principe d’une représentation directe des citoyen. En définitive, en écartent toute dimension
supranationale on a empêché la création d’une structure institutionnel solide. Les unionistes ont gagnés
et ça va expliquer en partie le projet de Schuman de créer la CECA.

Page 25 Institutions européennes


Dès mai 1950, Schuman lance les travaux de création de la CECA. La création de la Cour
Européenne des Droits de l’Homme a vivifié le projet européen. Cette juridiction européenne qui
s’appuie sur la Convention Européenne des droits de l’Homme va developper une interprétation vivante
de la convention et va ainsi favoriser ce projet européen, sa dimension intégrative sur le fond du droit.
Malgré une architecture institutionnelle fragile le conseil va stabiliser les projets d’harmonisation des
droits de l’homme et fondamentaux.

2- La défense, domaine matériel exclu de la compétence


du conseil de l’Europe
L’exclusion de la dépense nationale. Entre l’Union occidentale et l’OTAN l’Europe est servie
dans ces domaines et on évite une concurrence entre le conseil et les autres organisations existences. On
se rend compte de la neutralité revendiquée de certains Etats fondateurs (Irlande, Suède). Deux
observations faites vis à vis de cette incompétence en matière de défense:
- L’argument de neutralité est contesté par certains, ce n’est pas un obstacle juridique
insurmontable, on peut s’abstenir.
- Il ne faut pas penser que le conseil et en particulier l’assemblée parlementaire n’ont jamais eu
d’intérêt pour les questions liées aux problématiques de défense. L’assemblée parlementaire
s’est prononcée sur la solidarité du conseil avec un État en guerre. Aussi sur un problème de
paix et de solidarité en Europe, en désarmant. Il y a toute une politique de la sécurité
démocratique qui tient à l’idée que developper les droits et les progrès économiques permettent
de garantir une sécurité.
Les compétences du conseil sont très vastes, les.créateurs du statut en étaient conscients, ils lui
ont donc imposée et a ses institutions un principe de coordination mentionnée à l’article 1 paragraphe 7
du statut. Cette exigence de coordination a eu des effets concrets, sur les relations entre la Convention
européenne des droits de l’homme et le droit de la petite Europe. La cour européenne des droits de
l’Homme, au regard de cette exigence, va limiter son controle sur les États lorsqu’ils mettent en oeuvre
le droit de l’Union Européenne. Ca resulte d’un arrêt Bosphorus de 2005.

Section 2 : La participation des Etats au conseil de l’Europe : une


logique d’ouverture
L’ouverture du conseil de l’Europe aux PECO dans les années 80 donne un second souffle au
conseil de l’Europe. On avait un conseil de l’Europe avec des années 90 assez dépossédées de ses
actions économiques et globalement elle est composées d’États démocratiquement avancés. L’ouverture
aux PECO va re-dynamiser, relancer l’activité du conseil. Le sommet de 1993 où les chefs d’Etats se
réunissent permet de s’ouvrir, de formaliser l’ouverture aux pays de l’est mais c’est aussi le lancement
d’une grande réforme de la procédure devant la CEDH, cette réforme du système contentieux est
motivée par l’accroissement prévisible du contentieux qui va résulter directement de l’ouverture au pays
de l’Est. Les années 90 vont emmener une révolution du système juridique du conseil de l’Europe. Le
risque est celui de l’engorgement, le contentieux potentiel va au moins doubler après l’ouverture aux
PECO, le nombre de justiciables est aumenté et les pays sont moins avancées en matière de droits de
l’Homme. Un second sommet en 1997, sera l’occasion d’affirmer une nouvelle mission pour les
institutions du conseil : protection des minorités nationales, elle apparait comme un nouveau domaine.
Entre les années 90 et 97 c’est la réalisation de la logique initiale : celle de l’ouverture aux États de
l’Europe.

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Pour que l’ouverture ne soit pas un facteur de remise en cause de la réalisation des objectifs du
conseil, il faut conditionner l’adhésion des Etats. Pour les États qui ne satisfont pas les qualités peuvent
devenir des États associés ;

§1 Les Etats parties


En 1949, on a 10 États fondateurs et par le biais des élargissements successifs on arrive a une
liste des Etats parties à 47, dernier pays est le Monténégro à avoir adhérer au conseil de l’Europe en
2007. La grande Europe fait partie du conseil de l’Europe il va de l’atlantique au détroit de Béring avec
une exception la Biélorussie (elle est au cœur de l’Europe mais n’en fait pas parti). Cet agrandissement
traduit bien l’idée de Gorbatchev qui dit que « le conseil de l’Europe a vocation a être la maison
commune de l’Europe ». Cette maison commune de l’Europe repose sur un système d’entrée mais aussi
de sortie, c’est la question du controle des conditions d’adhésion des États partie.

A) L’adhésion
On retrouve les conditions de l’adhésion dans deux articles 4 et 3. Dans ces deux articles on
trouve des éléments de procédure et de fond. La procédure d’adhésion est initiée par une requête de l’Etat
au secrétariat général de l’organisation et ce dernier transmet la requête au comité des ministres des Etats
déjà partis. L’assemblée parlementaire n’a pas à être associée à la procédure d’adhésion. Mais la pratique
est tout autre : l’assemblée est systématiquement consultée avant que le comité des ministres se prononce.
En pratique l’avis de l’assemblé est un avis conforme cela veut dire que si l’assemblée est opposé, le
comité n’ira pas contre sa décision. L’avis de l’assemblée s’impose car l’assemblée a une procédure de
blocage. L’article 26 du statut précise que la modification de la composition de l’assemblée se fait avec
l’accord de l’assemblé donc si un nouvel État rentre au conseil il faut modifier la composition de
l’assemblée donc il faut son accord. Ce rôle de l’assemblée parlementaire est énoncé dans une résolution
en 1951 dans laquelle le comité des ministres reconnait la pratique et s’engage à la perpétuer.
L’intervention de l’Assemblée peut passer par des choses assez poussées et notamment des enquêtes sur
place, des représentants parlementaires peuvent procéder à des missions d’expertise juridique, des mission
dans les pays en question, lorsque l’assemblée donne son avis, le comité va formaliser la décision et
inviter ou non l’Etat à intégrer le conseil.
Le comité doit ensuite adopter une décision invitant l’État a intégrer le conseil et cette invitation
doit être adoptée aux 2/3 des ministres présents et la procédure se termine par le dépôt d’un instrument
d’adhésion de l’État adhérant. Il faut faire une place à des représentant au sein de l’assemblée.
L’article 4 stipule « Tout Etat européen considéré capable de se conformer aux dispositions de
l’article 3 peut adhérer au conseil de l’Europe. »
- Il faut d’abord être un Etat, dans le cas de scission d’Etat cela peut impliquer une nouvelle
demande d’adhésion par exemple le Tchécoslovaquie. Aujourd’hui la question se pose pour le
Kosovo, 33 des États du conseil de l’Europe l’ont reconnu comme un État mais en attendant sa
complete reconnaissance l’assemblée parlementaire a affiché un statut de neutralité. On attend de
voir ce qui se passe au niveau international. En attendant son statut étatique, le conseil de l’Europe
renforce sa coopération avec le Kosovo, l’Union Européenne coopère aussi avec le Kosovo. Le
conseil assiste le Kosovo pour promouvoir les minorités, l’accès à l’éducation, à la diversité
culturelle…
- Il faut être un Etat européen : La Turquie dès 1949 est membre du conseil de l’Europe. Les
républiques tel que caucasiennes, la Russie, l’Ukraine. Mais on a posé des limites avec les
républiques soviétiques d’Asie centrale. La Biélorussie ne fait pas partie du conseil de l’Europe
car elle ne correspond pas à la 3ème condition.

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- Respect des droits de l’Homme, de prééminence du droit : passe par l’obligation de ratifier la
CEDH. Cette condition n’est pas une simple déclaration d’adhésion, elle a des effets concrets. Elle
est vérifiée par des comités d’expert et des représentants de l’Assemblée, une exigence concrète.
Dans ce travail d’évaluation, ils sont susceptibles de soulevée des mécontentements politique, qui
peut être difficile a mené le cas de la Russie un E diplomatiquement important, le rapport rendu
peut poser un problème, avec des retards en matière d’Etat de droit. On n’attend pas aux E
adhérents le niveau demandé par l’article 3 n’est pas encore atteint de manière optimale.
Il faut respecter les principes de la proéminence du droit, des libertés individuelles et politiques.
Pour attester du respect de ces principes l’État adhérent doit ratifier la Convention Européenne des Droits
de l’Homme et les protocoles 14 et 11 de la convention. La condition a été cristallisée via cette convention
et elle est véritablement vérifiée par l’assemblée qui ne va pas simplement se contenter d’une simple
déclaration de l’État. L’adhésion du Portugal en 76 a été suspendue en raison du régime dictatorial, de
même pour l’Espagne.
Les experts rendent à la fin de leur investigation un rapport sur la conformité avec les normes du
conseil de l’Europe.
- Les rapports sont complets, précis et donc généralement mal accueillis, le rapport sur la cas de la
Russie du 28 septembre 1994 a soulevé de nombreux retards de l’État de droits. Les autorités
russes ont mal vécues les appréciations.
- La volonté d’ouverture du conseil de l’Europe a conduit à accepter un certain nombre
d’assouplissements. Il est arrivé qu’un rapport trop négatif conduise à ajourner une adhésion. La
Croatie a été ajournée en 1996 par le conseil des ministres. Ca n’a duré que quelques mois mais
d’un point de vue politique c’est une décision qui pèse. En 1995, la Russie a vu sa procédure
d’admission suspendue en raison des conflits avec la Tchétchénie.
On va passer un contrat de confiance avec les États, ces engagements seront inscrits dans l’acte
qui formalise l’adhésion.
Ces engagements seront surveillés, contrôlés au sein du conseil de l’Europe. L’adhésion n’est pas
la fin du processus, ce n’est qu’une étape. Le seul moyen d’échapper a ce mécanisme de contrôle est de se
retirer du conseil de l’Europe. La possibilité d’un retrait est prévue par l’article 7 du statut. Si un Etat ne
souhaite plus respecter cette condition alors il peut demander son retrait par l’article 7 du statut.

B) Une volonté politique de contrôle du respect des principes


du conseil de l’Europe
Les membres du conseil sont soumis à ces mécanismes de contrôle. Il y a un environnement très
politique dans cet examen mais on va aussi s’appuyer sur des experts qui n’ont pas une approche
politique des questions examinées.

1- Une volonté politique a l’origine d’examens réguliers


Au delà de leur diversité, les examens ont vocation à s’appliquer a tous les États, il n’y a pas de
discrimination en fonction de la date d’entrée. Personne n’échappe à l’examen et ça s’explique par le
principe de non discrimination et par une logique de coopération. Pour les nouveaux États entrants, et en
particulier ceux qui ont souscrit des engagements, l’importance des contrôles est plus marquée, on va
évaluer de maniere spécifique la maniere dont ils s’acquittent de leurs engagements. L’assemblée
parlementaire marque dans les avis qu’elle rend un certain nombres de points qui devront faire l’objet de
contrôles.
Lors s’un avis sur l’Ukraine, elle s’engage à stopper les exécutions des personnes condamnées.
Elle devient membre en 2015 mais elle ne met pas en place ce moratoire. L’assemblée parlementaire va
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adopter des résolutions en constatant l’absence de ce moratoire et la condamne à suspendre son
adhésion. L’Ukraine a ratifié le protocole n°6 a la CEDH qui interdit la peine de mort et le protocole n°3
en 2003 qui interdit la peine de mort même en temps de guerre. On a une suppression totale de la peine
de mort. En 2010, en Ukraine un projet de loi visant à rétablir la peine de mort a été proposée au
parlement et cette proposition a été rejeté pour respect du droit de l’Europe. C’est un processus de
controle appelé de monitoring, on a une super vision institutionnelle de contrôle des nouveaux États. Ce
contrôle est marqué par une dimension politique et lorsque l’assemblée elle même opere ce controle, le
caractère politique y est ancré. On va parfois prendre en compte des considérations non juridiques. On a
une certaine souplesse.
D’autres formes de monitoring sont entre les mains d’experts indépendants, ils vont être de
nature concrete. On va vérifier les normes nationales mais aussi la pratique. Le contrôle est in concreto
et c’est toute la raison des enquêtes sur place.

2- Les modalités de l’examen par les comités d’experts


Mécanismes fondés sur des conventions, le conseil de l’Europe favorise la conclusion de
conventions et celles-ci vont prévoir de maniere assez générale que la mise en oeuvre du traité conclu
par les États soit surveillée par un comité spécial.
- La convention européenne du 26 novembre 1987, pour la prévention de la torture ou des peines
traitement de l’humain dégradant, va instituer un comité européen pour la prévention de la torture.
Cette convention européenne pour la prévention de la torture est composée d’experts divers: juristes,
médecins, spécialistes de questions pénitenciers. Le comité, après avoir terminé ses investigation, va
produire un rapport avec deux partie. Une partie constatations et une partie recommandations. Ce
rapport reste confidentiel de même que la réponse de l’État concerné sauf en cas d’accord de
publication de l’État concerné, ce qui est une pratique courante sinon on le soupçonne de cacher des
choses.
- Convention sur la traite des êtres humains du 16 mai 2005, cette convention institue un comité appelé
le GRETA. Il a été formé en janvier 2009 et il va adopter des rapports qui vont détailler les mesures
prises par les États et vérifier qu'elles sont suffisantes. A défaut, il peut proposer un certain nombre de
recommandations.
Dans le cas des instances spécifiques on va avoir des organes subsidiaires du conseil de
l’Europe, elles n’en s’appuient pas forcement sur une convention particulière.
- Commission européenne contre le racisme et l’intolérance, son champ de compétence est clair et cette
commission a, d’après son mandat, vocation à assister des États. Il n’y a pas qu’une dimension
punitive, l’idée est de les aider, d’apporter une réelle assistance. La commission peut travailler soit
sur des thèmes généraux et avoir une approche transnationale de ces thèmes. Elle peut aussi produire
des rapports pays par pays, c’est là ou elle va produire les recommandations destinées aux États.
- Lutte contre la corruption, c’est un groupe d’États contre la corruption, il a été instauré en 1999 pour
vérifier l’application de différentes normes. Les recommandations sont elles mêmes évaluées, on va
vérifier qu’elles sont suivies d’effet. Il fonctionne par cycle, il se donne une thématique et il va
insister dessus pendant quelques années. Depuis 2017 on est dans le 5eme cycle et le sujet est la
prévention de la corruption.

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3- Le monitoring par les institutions politiques
Les institutions politiques (assemblée parlementaire, comité des ministres) vont jouer un rôle
essentiel et mettre en place des mécanismes s’appuyant sur des visites sur place et ils vont faire des
enquêtes afin de faire un rapport et créer un dialogue constructif.
L’Assemblée parlementaire donne naissance à un système de contrôle : la commission des
questions politiques et des questions juridique et des droits de l’homme. Chacune est chargée de veiller
au respect des engagements des États, elles font tous les 6 mois des rapports. Les commissions
travaillent de manière indépendante, leurs constatations sont parfois contradictoire, on a donc essayé en
1995 de rationaliser le travail des commissions et de diviser les fonctions: commissions pour établir
rapport et l’autre pour donner avis.
Tous les Etats membres, depuis 1995, sont soumis au monitoring politique, pour des raisons
d’égalités, la surcharge de travail qui en découle fait qu’en 1995 on ne peut plus assurer ce travail et une
commission de suivi est créée par une résolution 1115. En 1997, on a mis une nouvelle commission qui
rend une fois par an un rapport sur l’évolution générale de l’ensemble des Etats et tous les 2 ans sur
chacun des Etats. Les députés s’appuient sur les membres du conseil de l’Europe pour effectuer ce suivi.
La commission peut demander un projet de résolution de l’assemblée parlementaire ca a une portée très
politique mais pas d’effet juridique, elle peut aussi demander au comité des ministres d’adopter une
recommandation.
A l’inverse du mécanisme de la commission de suivis, le comité des ministres met en place un
éventail de procédure de suivi il bénéficie de moyens de pression pour forcer l’E à agir. Pouvoir de
pression annoncer à l’article 8 et 9 du statut va pouvoir être mis en œuvre par le comité. Il y a trois
procédures formalisées :
- Le suivi post adhésion: le comité peut envoyer des enquêtes sur place avec une émission
d’informations des progrès faits.
- Suivi général de la démocratie des droits de l’Homme et de l’Etat de droits c’est un mécanisme
déclenché à l’initiative d’un Etat ou à l’initiative du secrétaire général (fait par la Russie sur une
question Tchétchène). La Russie en a fait les frais en 2000 et 2003. La question tchétchène fait
l’objet d’un débat régulier sur le rétablissement de l’Etat de droit, le respect des droits de
l’Homme.
- La procédure de suivi thématique: l’ensemble des États membres vont être soumis à la mission
d’information. La liberté d’expression, la peine capitale, la liberté de conscience et de religion.
Ces suivis thématiques sont mis en oeuvre grâce à un questionnaire transmis à tous les États et
les résultats sont ensuite soumis aux débats au sein du comité des ministres. Ce comité décide
des moyens pour améliorer le rapport.

4- Une procédure politique de suspension et d’expulsion


Le mécanisme de sanction est gradué au sein du conseil de l’Europe c’est-à-dire qu’elles sont
établies en fonction de la gravité de l’acte de l’Etat membre et du poids politique de l’Etat concerné.
Lorsqu’un Etat n’exécute pas ses obligations financières, il peut faire aussi l’objet suspension de son
droit de représentation, il peut être invité à se retirer du conseil de l’Europe.
Cela pourrait très certainement s’appliquer à la Russie. Les sanctions sont en fonction du poids
politiques, donc pour la Russie le statut va perdurer mais il n’y a plus de représentants russes. L’Article
8 prévoit des sanctions plus importantes lorsqu’il y a une violations des principes fondamentaux, c’est le

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cas quand l’Etat enfreint gravement les dispositions de l’article 3. On demande à l’Etat de se retirer aux
dispositions de l’article 7 et il est invité à suspendre son droit de vote.
Si l’Etat refuse de se retirer, le Comité peut décider que l’Etat a cessé d’appartenir au comité.
- La Russie, en 2000, s’est vue suspendre son droit de vote à l’assemblée. La situation russe ne
s’est pas améliorée depuis, en 2008 on a eu une intervention de la russe en Géorgie et en 2014
des problème avec l’Ukraine. Les 18 représentants russes ont vus leur droit de vote suspendu
depuis 2014. En réaction de la suspension du droit de vote, la Russie a suspendu son
financement et cette contremesure nuit gravement au fonctionnement concret du conseil de
l’Europe. L’engagement de fonctionnaires est impossible ou ralenti par manque de fonds.
- Pour la Turquie, le 12 septembre 1980 à la suite d’un coup d’État, l’assemblée parlementaire
prononce la suspension des prérogatives de la délégation turque au sein de l’assemblée. Mais
cette fois-ci le comité des ministres a refusé de prendre position. La Turquie est membre de
l’OTAN, elle est un alié traditionnel des États occidentaux et sa position stratégique fait qu’on
évite de froisser sa sensibilité.
- La Grèce a fait l’objet d’un coup d’Etat militaire le 21 avril 1967, la dictature des colonels
entraine des réactions des institutions de l’Europe. L’assemblée parlementaire se saisit de la
question et demande au comité des ministres d’inviter la Grece à se retirer du conseil de
l’Europe. Plutôt que de subir l’expulsion, elle annonce le 12 décembre 1969 son retrait du
conseil de l’Europe.
Il y a une possibilité de lancer un controle juridictionnel. Au delà des mécanismes de monitoring
un État peut saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme dans le cas où elle estime qu’un autre
État partie viole la convention des droits de l’Homme. La Turquie, le Danemark, la France, la Norvège,
les Pays-Bas et la Suède ont saisit la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

C) Le retrait volontaire des Etats


« Tout membre du conseil de l’Europe peut s’en retirer en notifiant sa décision au secrétaire
général. » Dans cette formulation, on se rend compte que le conseil de l’Europe est bien une
organisation de coopération. Le consentement de l’État apparaît comme primordial et dès lors qu’il est
retiré, l’État le peut aussi. La seule contrainte est l’existence d’un préavis. Si la demande est faite dans
les 9 premiers mois de l’année, elle est effective le 31 décembre plus tard, si elle st effectuée après
septembre, elle sera effective à l’échéance de l’année suivante.
Au dela d’un retrait de l’ensemble du système du conseil de l’Europe, on peut dénoncer l’une ou
l’autre des conventions ratifiées dans le cadre du conseil de l’Europe. La Convention Européenne des
Droits de l’Homme peut être dénoncée avec un préavis de 6 mois et dans la limite d’une période de 5ans
après ratification. Ca a vocation à éviter que les premiers années, durant lesquelles les ajustements sont
difficiles, un État se retire de la convention. Dénoncer: retirer son engagement.
La Grèce le 12 décembre 1969, a décidé de sortir.

§2 Les Etats associés


S’agissant des Etats non membre du conseil, ont doit signaler trois hypothèse qui montrent la
volonté d’ouverture du conseil : Les conventions négociés sont ouvertes à des Etats qui ne sont pas
encore membres du conseil de l’Europe, cela peut permettre de préparer l’Etat à entrer pour l’Espagne et
le Portugal dès 1954. Les conventions dont l’objet dépasse le cadre européen, on va ouvrir la convention

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d’autres États. Assistance administrative mutuelle en matière fiscale en 1988. Une convention de 1986
sur le blanchiment d’argent. La convention sur le dopage de 1989.
- Obtention par un Etat du statut d’invité spécial auprès de l’assemblée parlementaire, ce statut été
crée âpres la chute du mur en 1989 pour les PECO, ca permet de créer un dialogue politique
avec ces Etats. Il y avait deux condition pour obtenir ce statut, participer a la CSCE et avoir
ratifié les deux pactes internationaux relatifs au droit civil et politique et le pacte international
relatif au pacte économiques, sociaux et culturel. Dans le cadre de l’OSCE a commencé une
politique de collaboration, c’est dans cette circonstance la que Gorbatchev s’est présenté au
Conseil de l’Europe, progressivement le PECO sont devenus des E. m donc le statu a perdu son
intérêt donc le seul pays pour lequel pourrait marcher c’est la Biélorussie (mais problème de
démocratie par peine de mort, empêche dialogue). La Russie a perdu son poste d’invité spécial
car la situation des droits de l’Homme est trop grave.
- Le statut d’observateur est ouvert à tous les Etats qui acceptent les concepts de la démocratie,
prééminence du droit il n’y a pas de critère géographique, tout E garant des valeurs avec le
conseil de l’Europe : le Vatican, USA, Japon, Mexique, canada, Israël. Tous les États ont le droit
d’assister aux réunions de l’assemblée parlementaires mais non aux réunions du conseil des
ministres qui sont en principe confidentiel.
Des Organisation Internationales intergouvernementales peuvent aussi être associées aux travaux
du conseil de l’Europe, ca va être le cas de l’Union Européenne. Le Partenariat oriental a commencé en
2009 par la politique européenne de voisinage, c’est l’idée que le progrès d’une société est facteur de
stabilité mondiale, on essaye de stabiliser les voisins directs de l’union européenne. Dans ce cadre, le
conseil de l’Europe est venu assister l’Union européenne car c’est lui qui a l’expertise en matière de
droit de l’Homme, en démocratie. Des liens institutionnels sont nourris entre les deux organisations et
depuis 1987, l’Union Européenne a des représentation, elle participe aux activités des différents organes
du conseil de l’Europe. L’Union a ratifié 17 traités du conseil de l’Europe ce qui montre un partenariat
normatif.

Chapitre 2 : Une organisation de coopération institutionnalisée facteur


d’intégration juridique
L’idée est de montrer que d’un point de vue structurel le conseil de l’Europe est plutôt une
organisation de coopération. Il y a une certaine forme d’institutionnalisation, en créant des organes on
leur donne une identité propre. D’un point de vu substantiel, on a une vrai logique d’intégration car on a
un rapprochement normatif. Le conseil de l’Europe va favoriser l’émergence de standards communs. Il
va produire des effets d’intégration et va favoriser la création d’un patrimoine juridique commun. La
Cour européenne des Droits de lHomme parle a propos de la convention européenne des droits de
l’Homme d’un droit public européen. Cette ambiguïté réside bien dans le fait que c’est bien une
organisation de coopération mais le droit qu’elle produit a vocation à rapprocher les Etats, les pratiques
étatiques et favoriser l’unification européenne. Intergouvernemental dans son fonctionnement, le conseil
de l’Europe repose sur des mécanismes de coopération qui produise des effets d’intégration.

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Section 1 : Les institutions communes du Conseil de l’Europe: le
droit statutaire du conseil de l’Europe
Le droit statutaire du conseil de l’Europe est le droit qui est issu du statut de 1950, explicitement
désigné par le statut.
C’est principalement dans le chapitre 3 du statut « dispositions générales » qu’on va avoir une
description de la structure institutionnelle du conseil de l’Europe. Cette description est très laconique.
Une énumération de ces dispositions statuaires est à l’article 10 qui nous dit que les organes du
conseil sont le comité des ministres et l’Assemblée consultative et ces deux organes sont assisté par un
secrétariat général. Il ressort clairement que le comité des ministres et l’assemblée consultative sont les
organes prépondérants du conseil de l’Europe.
Le comité des ministres est en réalité l’organe principal, or dans sa fonction il est purement
inter-gouvernemental. C’est l’organe qui donne l’impulsion aux activités du conseil de l’Europe même
si de manière exceptionnelle, ces impulsions sont données par les chefs d’États et de gouvernements.
L’importance des Etats dans le conseil de l’Europe est aussi marquée par les sommets des chefs d’Etats
et des gouvernements qui est une formation non institutionnelle mais qui permet de donner des
directives, pour définir des priorités du conseil de l’Europe. Il existe un sommet sur la protection des
minorités par exemple. Ces sommets sont très rares, le troisième et dernier a eu lieu en 2005. A partir de
cet article 10, la pratique a entrainé deux évolutions. La première est que malgré la lettre du statut qui
donne le rôle principal au conseil des ministres, dans la pratique le rôle de l’assemblée et du secrétariat
se sont largement renforcée. Deuxièmement, on a un enrichissement de la structure institutionnelle du
conseil de l’Europe, par ce qu’on appelle les organes subsidiaires, qui ne sont pas mentionnés dans le
statut, car ils ont été créés après. Le conseil de l'Europe s’est enrichi de maniere conséquente. Quelques
exemples : La cour européenne des droits de l’Homme, le congres des pouvoirs locaux et régionaux qui
comme son nom l’indique permet la décentralisation des Etats de manière générale, le représentant
européen aux réfugiés, le fond européen de la jeunesse.

§1 Le comité des ministres


Le chapitre 4 est consacré au comité des ministres et selon l’article 13, le comité est l’organe
compétent pour agir au nom du conseil de l’Europe. L’action du conseil de l’Europe passe par le comité
des ministres. Le comité est un organe intergouvernemental, de nature très classique et cela se retrouve
dans sa composition et dans sa mission.

A) La composition
L’article 14 dispose que le comité est composé des ministres des affaires étrangères de chaque
pays même si en cas d’empêchement, il peut être remplacé par un autre membre de son gouvernement
qui peut être un secrétaire d’Etat ou un ministre chargé des affaires européennes. Jean Yves Le Driand
est le ministre des affaires étrangères français.
Depuis 1959, on organise des réunions des comités des ministres qui réunissent des ministres
spécialisés. Ca peut être des ministres de la culture, de l’environnement, de la justice, de l’éducation.
Mais ces conférences n’ont pas de compétences décisionnelles. C’est l’inverse de la petite Europe, le
conseil de l’union Européenne réunit toujours des ministres spécialisées qui ont un pouvoir décisionnel.
La présidence est tournante tous les 6 mois avec une répartition de la présidence par ordre
alphabétique des noms des Etats en anglais et la présidence se fait en mai et en novembre. Le problème
est que ce mécanisme est très court donc ça affaiblit l’action par un manque de continuité et ça empêche
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l’adoption d’un programme politique identifiable. Chaque État, tous les 6 mois, arrive avec ses propres
idées. La doctrine dit qu’il faut bien faire attention à ne pas prendre le comité pour un gouvernement de
l’Europe, c’est un organe intergouvernemental et non un gouvernement.
Pour remédier à cette alternance, on a crée le bureau informel du comité des ministres qui
regroupe l’ancien président, le futur et le président en cours. Ce bureau est créé en 1984 pour remédier
au risque de discontinuité dans le travail du comité des ministres. Le second mécanisme est la création
d’un bureau des délégués qui travail en continuité qui réunit les représentants des délégués des 6
présidences continues. Ils se réunissent deux fois par an pour définir les réunions du comité des
ministres. Ces délégués travaillent en permanence à Strasbourg et ils vont pourvoir s’appuyer sur des
organes subsidiares en charge d’accompagner ces travaux.
Il y a des délégués spéciaux qui, entre mai et novembre, vont assurer la continuité ce sont des
ambassadeurs désignés par les Etats, qui ont un pouvoir important, autant que les ministres des affaires
étrangères. Ils vont pouvoir adopter, au nom de ces ministres, un certain nombre de décision. Ils sont
assistés par des groupes spéciaux : rapporteur sur les réformes institutionnelles par exemple, formé
d’expert, rapporteur sur la santé… Au delà de ces groupes, le comité a créé des comités et des sous
comités d’experts qui servent à assister les activités du conseil.
Il y a une forme de prolifération institutionnelle, on a donc crée une direction générale des
affaires juridiques du conseil de l’Europe pour surveiller les activités des comités, des organes.
L’article 17 dispose que le comité des ministres peut constituer des comités ou des commissions
à caractère consultatives ou techniques. Aujourd’hui l’architecture du conseil de l’Europe est assez
complexe.

B) Les missions
On se réfère à l’article 15 du statut qui dit de maniere assez large que le comité des ministres
examinent soit sur recommandation de l’assemblée, soit de leur propre initiative les mesures propres à
réaliser le but du conseil de l’Europe (démocratie, progrès), y compris le conclusion de conventions et
d’accord, ainsi que l’adoption pour les gouvernements d’une politique commune. Les conclusions du
comité des ministres peuvent aussi revenir la forme de recommandations au gouvernement.

1- Missions en tant qu’organe d’administration du Conseil


de l’Europe
Au delà de ce que nous dit l’article 15, ce comité des ministres est l’organe administratif
suprême du conseil de l’Europe et il va adresser des recommandations aux organes subsidiaires, il va par
exemple demander au congrès des pouvoirs locaux de travailler sur une question particulière, il peut
représenter le conseil et va voter le budget du conseil de d’Europe, le fait que ce soit le comité est non
l’assemblée qui vote le budget c’est très représentatif de la nature intergouvernementale.

2- En tant qu’organe intergouvernemental de direction du


conseil de l’Europe.
C’est le lieu d’expression du point de vu des États et c’est ainsi que peut se créer un dialogue
politique constructif pour favoriser la convergence des États.
Il va avoir pour mission de garantir les expressions, les approches, les sensibilités politiques
nationales sur des problèmes que rencontre l’Europe. Il a pour mission de favoriser les convergences des
pouvoirs, l’objective est de rapprocher les points de vue et d’arriver à une réponse collective.

Page 34 Institutions européennes


- Adoption d’une politique commune à l’égard d’une question déterminée. C’est un engagement
politique pris par les États, ça n’a pas de valeur normative. Par déclaration, affirmation des
principes qui doit résoudre le problème.
- Conclusion de convention et d’accord, environ 200 conventions ont été adoptées par le comité
des ministres mais elles doivent être signées et ratifiées par ses Etats parties. Le rôle du comité
est d’avoir favorisé le consensus.
- L’adoption de recommandations qui vont être transmises au gouvernement, elles sont en
principe soumises à l’unanimité des votes, exception faite des demandes d’adhésion des États
(2/3). En pratique, les États procèdent par consensus, on observe que le comité adopte une
vingtaine de recommandations par an. Les objets peuvent être variables : simple déclaration de
principe mais aussi des principes détaillés avec des annexes très précise. Ces recommandations
ont un statut ambiguë, elles font autorité mais le règlement intérieur du comité a précisé que les
États étaient libres de se réserver la possibilité de ne pas se conformer à une recommandation ou
à certaines dispositions. La difficulté c’est que les recommandations font autorité mais elles ne
sont pas contraignantes. Les États peuvent expressément refuser d’adopter une
recommandation.
- Le comité peut adopter des Résolutions : concernent normalement des aspects administratifs
mais au-delà on trouve la surveillance d’une convention précise, ces conventions peuvent
reposer sur la Convention Européenne des Droits de l’Homme ou sur les comités d’experts. Les
résolution peuvent être adoptées aux 2/3 mais les Etats préfèrent l’unanimité.
Dans tous les cas où l’unanimité est requise, on s’est rapidement mis d’accord, dès 1951, pour
adopter l’abstention constructive. L’idée est qu’on veut favoriser l’adoption de décisions tout en
respectent la souveraineté des États et pour concilier ces impératifs on permet à des États de se déclarer
comme s’abstenant de prendre une décision qui ne les liera pas. Les États acceptent de perdre leur droit
de veto mais il ne seront pas liés par l’action. Il n’en demeure pas moins que la volonté du comité à
chercher le consensus, l’unanimité fait que son action est régulièrement freinée et c’est préjudiciable au
conseil de l’Europe car les travaux du comités sont dépourvus de publicité, on ne sait pas quel État est
responsable de la non activité du comité. L’action de l’assemblée, bien qu’elle soit facultative, bénéficie
d’une plus grande publicité.

§2 L’Assemblée parlementaire
L’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe est le 2eme organe statutaire et l’article 22 la
décrit comme l’organe délibérant du conseil de l’Europe. C’est même en réalité la première assemblée
européenne puisqu’elle a siégé pour la première fois le 10 aout 1949, mais malgré ça elle bâtit la volonté
des États de limiter sa place dans le fonctionnement institutionnel, dans la structure du conseil. A partir
de cette nature originelle, l’assemblée va se construire une place importante au sein du conseil de
l’Europe. L’Assemblée consultative a une place bien plus importante que sa dénomination d’assemblée
consultative.

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A) La composition
2 caractéristiques en lien avec notion d’intégration :
- L’assemblée est qu’indirectement représentative des peuples européens
- L’institution parlementaire est insuffisamment européenne

1- Le caractère indirectement représentatif


Cette Assemblée consultative depuis 1973, s’appelle assemblée parlementaire. Quand elle a
décidé de changer d’appellation, elle a suivi l’exemple de l’assemblée de la petite Europe qui s’est
renommée en 1962 parlement européen. Elle cherche en 1972, à renforcer symboliquement sa légitimé,
elle entend marquer qu’elle représente les peuples et qu’à ce titre elle est responsable du débat
parlementaire, donc entre les parlementaires du conseil de l’Europe.
À l’inverse du parlement européen qui est élu au suffrage universel direct depuis 1979,
l’assemblée parlementaire souffre d’un manque de représentativité elle n’est pas choisi directement par
le peuple, il consiste le soin aux Etats de désigner les représentants de l’assemblée. Ce sont des
parlementaires nationaux qui vont être réunis au sein de l’assemblée. II y a eu une évolution de la
procédure qui accroit la représentativité de l’assemblée car initialement les États choisissant librement
les modalités de désignation. Au départ seule la France, la Suède, l’Italie, la Norvège laissaient à leurs
parlementaires nationaux le rôle de la désignation.
Il y a eu une réforme en 1970 pour prévoir que désormais l’assemblée soit composée soit de
membres élus par le parlement national ou désignés parmi les membres du parlement par une procédure
fixée par ce même parlement. En France, la loi du 23 juillet 1949 prévoit que l’assemblée nationale
choisi 12 représentants et le sénat 6. Dans d’autres pays ce sont les parties politiques qui choisissent
leurs délégués. On a un cas qui reste à part, c’est le Royaume-Uni où c’est le 1er ministre qui continue
de designer les représentants mais sur proposition des whips (chefs de partis).
Normalement les parlementaires sont choisis pour 1 seule session, c’est-à-dire pour 4 semaines
ce qui permet de faire tourner les membres mais ca pourrait nuire à la continuité des travaux. En
pratique, beaucoup d’Etats on fait le choix qu’ils restent membres de l’assemblée le temps de leur
mandat national. La Suisse a décidé que c’était 6 ans.
L’article 26 prévoit que chaque État a un nombre de représentant proportionné à sa population.
On n’a pas une représentation proportionnelle, chaque Etat doit avoir au moins 2 sièges qui permet une
pluralité politique représentant l’État et au maximum 18 sièges pour les 5 plus grands États. La
répartition est donc modifiée à chaque adhésion d’Etats pour tenir compte de l’élargissement, on est
passée à total de 318 membres alors qu’il y en avait 87 à la formation. On est passé a un stade quasi
maximum car l’édifice ou se réunissent les représentants est presque complet.
Une fois qu’on a composé l’assemblée, elle correspond plus ou moins à la coloration politique
des États. Ses membres vont se reunir en groupes politiques et il en existe 6 au total, le parti démocrate,
le PPE (parti populaire européen) , le parti conservateur européen, l’alliance des démocrates et des
libéraux pour l’Europe, le groupe des socialistes démocrates et verts.

Page 36 Institutions européennes


2- Le caractère européen insuffisant
Il y a une grande rotation des membres, certains représentants ne sont élus que pour une session
et on a aussi une instabilité de la présidence. Il y a un président élu chaque année par les membres de
l’assemblée, pour maximum deux sessions. Paul Henri Spaak fut le premier, et père fondateur de
l’Union Européenne, on a un lien entre les deux Europes, il sera élu a l’unanimité des 87 membres.
L’actuel président est un italien Nicoletti, il est élu depuis fin janvier 2018. Il a été rapporteur général de
la conference de haut niveau sur la charte sociale européenne et est membre de l’assemblée depuis 2013.
Les députés qui siègent bénéficient d’une immunité et de privilèges liés à leur fonction sur tout
le territoire des États membres, ils ne peuvent être ni arrêtés, ni poursuivis pour leur prise de position,
pour leur vote dans le cadre des travaux d’assemblée. L’article 40 prévoit que « les membres de
l’assemblée qui jouisse des privilèges et immunité nécessaire à l’exercice de leur fonction ».
L’assemblée siège dans une session parlementaire d’un mois uniquement, en vertu de l’article 32
du statut. Ce mois est divisé en 4 fois une semaine, janvier, avril, juin, octobre, ce qui permet d’assurer
qu’entre le début et la fin de cette session les commissions puissent continuer à travailler et qu’il y ait
une continuité des travaux d’assemblée. En principe il peut y avoir des sessions extraordinaires mais
elles ont été convoquées qu’une seule fois et il faut une autorisation des comités des ministres. En 1953
une réunion extraordinaire a été mise en oeuvre pour le débat sur projet de CED.
Ce qui permet d’assurer la continuité des travaux c’est le bureau qui va préparer tout au long de
l’année l’organisation des activités des assemblées. Au-delà, il y a les commissions qui se réunissent soit
à Strasbourg soit dans d’autres villes européennes au moins une fois par an.
Il n’existe que 2 langues de travail officielles, le français et l’anglais, on a accepté a partir de
1971 l’italien, l’allemand et le russe avec la précision que lors de l’expression d’un parlementaire en une
de ces trois langue il doit prendre en charge les frais de traduction. A l’inverse, l’Union européenne
travaille dans les 27 langues des membres.

B) Les missions de l’assemblée consultative


Comme le comité des ministres, l’assemblée peut adopter un certain nombre d’actes. Selon
l’Article 23, elle peut adopter des recommandations sur toutes questions répondant au but et rentrant
dans la compétence du Conseil de l’Europe. Il est prévu aussi que l’assemblée puisse émettre des avis,
elle peut aussi former des recommandations après avoir été saisie par le comité des ministres. Une
recommandation concerne un sujet qui relève de compétences d’action du comité des ministres ou des
gouvernements. La résolution relève de la responsabilité de l’assemblée.
Pour l’adoption de résolutions, le statut de Londres impose l’obtention d’une majorité qualifiée
des 2/3 des voies exprimées par l’assemblée, ce qui est important. Ce seuil est une entrave à l’efficacité
de l’action de l’assemblée. Par contre elle choisit librement son ordre du jour et elle va être de manière
assez régulière, consultée par le comité pour formuler des avis en dehors des dispositions statutaires.
De maniere générale, l’assemblée a vocation à être un forum de discussion et, à cette fin, elle
organise de nombreux débats d’actualité (débats parlementaires).
L’essentiel du travail est préparé par les commissions, 9 commission générales et permanentes :
commission de la culture, des sciences, des médias, des questions sociales, des questions juridiques et
des droits de l’Homme. En plus de ces 9 commissions il est possible de mettre en place des commission
ad hoc. Elles ont pour mission essentielle la rédaction de rapport sur des questions politiques, techniques
et la qualité de ses rapports des modes de qualification de son personnel. Pour assurer ces rapports, les

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missions entrainent des relations étroites avec les OIG et ONG mais aussi les commissions entretiennent
des relations avec les parlementaires nationaux, cela permet d’assurer l’autorité morale et politique de
son travail.
L’assemblée a développé une véritable expertise, elle a une véritable autorité morale et
restrictive, elle a une véritable force d’influence sur les politique nationales. De nombreux Personnages
importants se sont présenté devant comme Barack Obama, Jean Paul II…
Au delà des actes qu’elle peut adopter, l’assemblée joue un rôle de contrôle très important, de
contrôle des adhésion, de controle des engagements des États adhérents, etc… L’assemblée s’est
employée à développer des missions de surveillance des scrutins démocratiques, jusqu’en 2018 elle a
surveillé plus de 240 élections parlementaires et présidentielles et elle avait même crée un précédent en
1974 au moment où la Grèce revient sur un régime démocratique.
Pour contrôler le comité des ministres, elle se verra adresser des rapports annuels sur les
activités du comité des ministres et en discute. Elle peut aussi poser des questions au comité, celles-ci
vont faire l’objet d’une réponse écrite et qui va permettre au comité de mettre la lumière sur ses actions.
Comme le comité ne confère pas de publicité à ses activités, ce rapport annuel est essentiel.
Autre forme de son pouvoir de contrôle, elle intervient dans la désignation du secrétaire général
sur recommandation du comité des ministres qui présente une liste. Souvent le comité a contourné ce
pouvoir en proposant un seul candidat. Très rapidement l’assemblée a contourné cette pratique et a
imposé la présentation d’une liste. Catherine Lalumière a été députée française et secrétaire générale.
L’assemblée élit les juges de la Cour Européenne des Droits de l’Homme sur proposition des
États partis.

§3 Le secrétariat général
Le statut est très discret sur son rôle, on sait que le secrétaire général est élu pour 5 ans par
l’assemblée parlementaire, qu’il est responsable de la planification des activités du conseil et du budget.
Il est aussi le représentant extérieur du conseil mais dans la pratique on a observé une importance
croissante de celui-ci. Jigland est secrétaire général et premier ministre de Norvège, a été élu pour 5 ans
et dans le cadre de ses fonctions il est responsables de 4 choses :
- Planification stratégique
- Défini les missions des organes
- Gestion du budget européen
- Représentation du conseil à l’étranger
Selon l’article 10 : il assiste le comité des ministres et l’assemblée, c’est une fonction
administrative mais il ne peut pas recevoir d’instructions particulières puisqu’il y est censé entre
indépendant (il est quand même désigné par comité des ministres). Il y a un lien de filiation entre les
deux institutions principales. L’article 37 du statut dit que le secrétaire général a la direction des services
administratifs du conseil et est responsable de l’activité devant le conseil. Il dirige 1800 personnes.
Le secrétaire général a, comme le secrétaire des Nations Unies, une fonction de dépositaire des
conventions internationales, quand les États ont conclu un accord, le secrétaire est chargé de
communiquer aux États membres les conclusions du comité. Quand le comité des ministres adopte une
convention, elle lui est adressée et il en fait l’implantation à tous les Etats membres qui doivent ensuite
l’informer de la ratification en cours puis c’est devant lui qui seront déposés les instruments de

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ratification. En France c’est le président qui va écrire au secrétaire pour l’informer avoir ratifié et signé
une convention. Si un État veut dénoncer la Convention Européenne des Droits de l’Homme, il doit le
faire parvenir au secrétaire.
Quand la France était en État d’urgence, elle a informé le secrétaire general qu’elle activait
l’article 15 en fonction de l’État d’urgence.

§4 Les organes spécialisés du conseil de l’Europe


Quand on parle le système du conseil de l’Europe il faut évoquer ces organes subsidiaires. Deux
organes ont un rôle important dans cette Europe où les droits de l’homme sont dévalorisés par certains
discours politiques.
A) La commission de Venise
C’est une commission indépendante, une instance consultative dont la spécialité est constituée
par le droit constitutionnel. Elle est rattaché au conseil de l’Europe mais elle examine les questions
constitutionnelles. Son siège est à Venise et jouit d’un budget à part entière. Elle réunit des juristes et se
réunit 4 fois par ans avec les réunions de l’assemblée.
Son statut résulte d’une résolution qui date de 2002. Elle est créée à l’initiative d’un italien, qui
était ministre aux affaires étrangères et qui soumet en 1988 la création d’un forum constitutionnaliste.
Le comité accueille assez froidement l’idée de créer un forum de discussions de juristes, on craint que la
commission de Venise porte atteinte à la souveraineté des Etats. Il n’empêche que la chute du mur de
Berlin précipite les choses et dans un accord partiel du 10 mai 1990 le comité des ministres revient sur
sa décision. La résolution 90-6 est un accord partiel elle ne lie que certain Etats qui se sont exclu sans
empêcher les autres de s’engager, on fait exception au principe de l’unanimité. Cet accord partiel crée
une Europe a géométrie variable, 18 des 23 États en sont membres. Les États manquants sont le
Royaume-uni, la Pologne, les Pays-Bas ou encore l’Islande. Il est prévu une création de la commission
pour 2 ans.
En 1992, la commission voit son nombre de participants augmenter et le comité des ministres
décide de prolongée la commission. C’est en janvier 2002 que la commission va prendre son plein
envol, on passe d’un accord partiel à un accord élargit, des tiers qui sont non-membres du conseil de
l’Europe vont pouvoir participer aux travaux de la commission de Venise pour favoriser l’adhésion de
nouveaux Etats. On va en faire une commission permanente et une commission obligatoire pour les
États de l’Europe. Et finalement
Il y a 3 priorités, la commission travail avec les États va établir les institutions les plus
performantes possibles d’un point de vue démocratique. La deuxième action est la participation
citoyenne et ce qui conditionne cette participation (droit de vote…), il y a aussi la question de
l’organisation territoriale des États et de la démocratie au niveau territorial. La commission va essayer
de favoriser le rapprochement des pratiques nationales pour harmoniser les standards. Elle va aussi
s’intéresser aux problèmes liés à la vie de la règle juridique dans un lieu culturel et politique.
Il faut noter un certain nombres de lacunes, la commission ne peut pas s’auto-saisir, il faut
qu’elle le soit par les organes statuaires du conseil de l’Europe, le secrétaire général du conseil de
l’Europe, l’Etat concerné ou une instance internationale (UE) . De plus, elle n’a pas de pouvoir
contraignant, elle peut aider les États mais elle n’a pas de pouvoir de sanction. Elle peut même être
consultée par la cour européenne des droits de l’Homme pour produire un rapport de nature scientifique,
cette commission est Amicus Curiae avec la Cour. Elle coopère aussi avec les instances nationales des

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Etats membres, par exemple par les juridictions constitutionnelles, à condition de se prononcer de
maniere abstraite.
Au delà du conseil de l’Europe, l’Union Européenne s’appuie sur les travaux de la commission
de Venise comme par exemple dans l’arrêt Celmer du 25 juillet 2018.

B) Le commissaire aux droits de l’Homme du conseil de


l’Europe
Durja Mijatovic été nommée en 2018 pour être le 4me commissaire aux droits de l’Homme du
conseil de l’Europe pour un mandat de 6 ans non renouvelable, elle a été nommée par l’assemblée
parlementaire été est rattachée administrativement au secrétaire général du conseil de l’Europe. La
création de cet organe résulte de la résolution 99-50 du 5 mai 1999.
Ce n’est pas une autorité sur le modèle du médiateur qu’on peut saisir, sa mission est de
promouvoir les droits de l’Homme, ce qui se passe par des animations, des conférences, des
programmes scolaires. Cela peut aussi prendre la forme de missions d’informations et dans ce cadre, le
commissaire va rendre des conclusions sur les pratiques d’un Etat.
Le 22 janvier 2019 on a eu, à l’occasion des 20 ans de l’établissement du commissaire, une
conférence réunissant les 4 derniers commissaire, le ministre des affaires étrangères et le secrétaire
général en vue de fixer les débats, les préoccupations à venir. Les autorités du conseil considérant que la
situation des doits de l’homme est mauvaise.
De même, le commissaire s’est rendu à Paris le 28 janvier 2019 pour faire un rapport
d’investigations à propos des gilets jaunes. Elle a souligné les problèmes des blessés à cause des LBD et
s’est inquieté de la loi à venir. Elle considérait que l’atteinte portée aux libertés d’expression, de réunion
était disproportionnée par rapports aux besoins en matière d’ordre public.

Section 2 : Les moyen politiques et les outils juridiques au service de


réalisations communes : l’harmonisation du droit sous l’égide du
conseil de l’Europe
Face à une structure sous forme de coopération internationale, on a un résultat substantiel qui est
celui qu’on attendrait d’une organisation d’intégration. Les champs de compétences du conseil de
l’Europe sont très larges, à l’exception de la défense qui est exclue. Le comité des ministres a pour
mission de déterminer un certain nombre de priorités politiques qui vont permettre de déployer des
moyens juridiques afin de réaliser les ambitions politiques.

A) La determination des priorités politiques par l’adoption de


plans d’actions
Le comité des ministres va structurer un certain nombre de priorités autours d’axes qu’il définit
et fixe dans des déclaration politiques.
L’article 1 du statut prévoit que le conseil de l’Europe est compétent pour examiner toutes les
questions d’intérêt commun dont il s’empare à travers la conclusion d’accords et par l’adoption d’une
action commune dans les domaines économiques, sociaux, culturels, scientifiques, juridiques et
administratifs. Il est ajouté que la sauvegarde des droits de l’Homme est un champ d’action très large.
Le seul domaine exclu est la défense nationale.

Page 40 Institutions européennes


Il faut définir des priorités politiques qui sont le rôle des plans d’actions. Il y a trois sujet
d’intérêt du conseil depuis 1949 :
- La défense de la démocratie et droit de l’Homme
- La promotion de la diversité sociale et culturelle
- La question relative aux problèmes transnationaux qui sont favorisés par la libre circulation en
Europe: les États ont voulu harmoniser les règles de circulations dans l’Europe. Par exemple le
conseil s’est inquiété sur le transport d’animaux, la coopération pénale…
Une fois arrêtées, le secrétaire général du conseil va définir des programmes
intergouvernementaux d’activités. Ces programmes vont être validés par une résolution du comité des
ministres. Pour 2018-1019, le programme identifie des questions prioritaires en matière de droit des
enfants et de migration, la montée du populisme, le terrorisme et la bonne gouvernance démocratique.
Cela se retrouve au niveau du budget, il est établi en conséquence.

B) Les actes juridiques adoptés


On a des priorités politiques assez ambitieuses et il faut se demander si les effets sont à la
hauteur de la mission politique affichée. On a des actes juridiques qui ont vocation à créer un patrimoine
commun aux Etats membres, ces actes ont vocation à harmoniser les standards nationaux sur les thèmes
précitées. Cela favorise l’unité européenne. Les actes adoptés par le comité des ministres vont essayer
de réaliser ces objectifs mais les moyens du comité sont largement dépendant du bon vouloir des États.
Outre les recommandations, les restitutions on va s’intéresser aux conventions conclues dans le cadre du
conseil de l’Europe et adoptées par le comité.
Ce n’est pas du droit dérivé. Le conseil de l’Europe ne produit pas de droit dérivé. Les
conventions restent soumises à ratifications des Etats. On est tout à fait dans la logique volontariste du
droit international: demande, engagement et volonté de l’Etat. Le caractère contraignant ne vient que par
la ratification des États.
Ce qui est significatif c’est que ces conventions sont adoptées dans le cadre du conseil de
l’Europe, fruit d’une procédure de coopération qui fait intervenir les organes statutaires du conseil, un
groupe d’expert est mandaté par le comité des ministres qui donne ses directives. Leur travail sera
soumis à l’assemblée parlementaire par un avis
La procédure d’adoption et de négociation est particulière et diffère du droit international.
Normalement en droit international, pour conclure un traité, un diplomate dispose des pouvoirs
plénipotentiaires et ces diplomates se réunissent pour créer une conférence intergouvernementale. Dans
le cadre du conseil de l’Europe, on sort de cette conférence. On a une intervention du comité des
ministres et de l’assemblée parlementaire. L’assemblée va pouvoir rendre un avis sur le projet. Le texte
va être rédigé par des experts mandatés par le comité des ministres. Une fois que le comité d’experts a
travaillé sur le projet, le comité des ministres va adopter la convention à la majorité des 2/3. Ce n’est pas
intergouvernemental mais pas intégratif non plus. Cette convention va pouvoir entrer en vigueur soir
lorsque tous les membres du conseil l’auront ratifié, un certain nombre de protocoles modificatifs de la
Convention européenne des Droits de l’Homme sont subordonnés a ratification de tous les États
membre, le protocole n°15 attend ainsi son entrée en vigueur. Le protocole n°14 a attendu longtemps
que la Russie ratifie ce protocole. D’autres conventions prévoient un nombre minimal d’États ayant
ratifiés la convention pour qu’elle rentre en vigueur, en général ce nombre est relativement faible pour
entrer en vigueur et pour inciter d’autres États a la ratifier. Aujourd’hui on arrive à 200 conventions qui
ne sont pas toutes ratifiées par l’ensemble des États. Le droit est a géométrie variable.
Page 41 Institutions européennes
La France n’a pas ratifié la charte des langues régionales et minoritaires alors même que le sujet
a été abordé deux fois. Le 15 juin 1999, le conseil constitutionnel considérait que la charte était contraire
à la constitution notamment ses articles 1 et 2. En 2015, lors de la présidence de François Hollande, le
sénat a bloqué la procédure de décision, empêchant la révision de la constitution.

Chapitre 3 : L’intégration par les droits de l’Homme, la Cour Européenne


et la convention européenne des droits de l’Homme
C’est l’instrument principal du conseil de l’Europe. Leur création s’inscrit dans la lignée de la
seconde guerre mondiale dans une volonté de renforcer l’État de droit. En 1948 on est conscient que
proclamer les droits fondamentaux est la première pierre qui doit empêcher le retour du totalitarisme. La
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948 inspirée par René Cassin, est le
point de départ d’un mouvement international de sauvegarde des droits de l’Homme, la Convention
Européenne des Droits de l’Homme se veut le relais de celle-ci. Celle-ci va a son tour inspirer la
création d’autres convention comme la convention inter américaine des droits de l’Homme du 1er
Juillet 1978, la Charte des Droits Fondamentaux de l’Union Européenne du 7 décembre 2000.
La Convention européenne des Droits de l’Homme au-delà de son rôle de modèle, elle est la
convention la plus perfectionnée, adoptée dans le cadre des droits de l’Homme, c’est la plus efficace.
C’est la première convention conclue par les membres du conseil de l’Europe, elle est signée à Rome le
4 novembre 1950 et entre en vigueur le 3 septembre 1953 mais la France ne va la ratifier qu’en 1974,
l’abolition de la peine de mort cette année permet de relancer le processus de ratification. Elle a été
ratifiée in fine par interim par le président Alain Poher.
Aujourd’hui c’est l’un des outils les plus clair et efficace pour atteindre les buts du conseil de
l’Europe:
- C’est le moyen le plus direct de réaliser l’objectif du conseil de l’Europe qui est promouvoir les
droits de l’Homme. Sous réserve de réserves que les États peuvent adopter, cet ensemble de droit va
devenir commun à tous les États membres, on va rapprocher les États a partir de ce catalogue
commun qui est au service d’une démocratie pluraliste.
- Caractère progressivement incontournable de la convention des droits de l’Homme. Une fois que la
France l’a ratifié et qu’elle a accepté en 1981 la cour européenne des droit de l’Homme, on a passé un
stade rendant obligatoire pour tout État membre du conseil la ratification de la convention et la
reconnaissance de la cour. Cette acceptation et ratification obligatoire permet à la cour de définir le
texte « d’instrument constitutionnel de l’ordre public européen » comme la qualifie l’arrêt Louzidou.
- Caractère dynamique le la convention européenne des droits de l’Homme grâce à la jurisprudence de
la cour. Elle a toujours considéré que la convention devait être appliquée à la lumière des conditions
actuelles, lui permettant progressivement de se positionner sur les questions de l’homosexualité…

Section 1: La spécifié des modalités de contrôle opéré par la Cour


Européenne des Droits de l’Homme
La convention et sa garantie par la cour sont connues comme un système subsidiaire. Les juges
nationaux en sont les premiers garants, pour la saisir il faut prouver avoir exercé toutes les voies de
recours nationales. De plus c’est une juridiction supranationale. Pour instaurer cette juridiction on a
réformé le système.

Page 42 Institutions européennes


§1 Un système réformé
La convention est modifiée par des protocoles additionnels qui vont s’ajouter au texte initial ou
par des protocoles modificatifs qui vont modifier des articles sur le système institutionnel et non sur les
droits garantis.
On a essayé d’améliorer la qualité juridictionnelle de la procédure, ça s’est traduit en 1998 par le
protocole 11 avec la disparition de la commission des droits de l’homme qui était chargée exclusivement
d’examiner la recevabilité des requêtes. Dans cette commission, on avait un membre par État et celui-ci
devait être indépendant et devait être qualifié pour exercer des fonctions de haute qualités, des
compétences judiciaires mais elle n’agissait pas comme une juridiction. On a supprimé ce protocole et
on a confié au juges européens la compétence d’examen de recevabilité.
On a la disparition d’une procédure de règlement amiable des requêtes confiée à la commission
des droit de l’Homme et au comité des ministres avant 1998. Maintenant c’est la cour européenne qui le
fait elle même. Sous le contrôle des juges s’envisage l’hypothèse du règlement amiable. En cas d’échec
de cette étape, s’ouvre la procédure contentieuse. Par ailleurs, le juge peut désormais décider que le
règlement amiable n’enlève pas à la cour sa force, elle peut continuer à s’occuper de l’affaire alors
même que le règlement à l’amiable est prononcé.
Transformation de la Cour européenne des Droits de l’Homme en une juridiction permanente, à
l’origine elle ne siège que quelques jours par mois, cette année la cour a rendu 43000 décision, la
nécessité de siéger tous les jours s’est très vite imposée.
Il y a une lute contre l’engorgement de la cour, une logique d’efficacité dans le traitement des
affaires. La cour est victime du succès et la croissance du nombre de requêtes est exponentielle. On est
passé de 464 requêtes en 1974 à plusieurs de dizaines de milliers par an dans les années 1990.
L’engorgement de la cour va nuire à l’efficacité du système. Cette lenteur est problématique puisque la
convention européenne des droits de l’Homme, dans son article 6 paragraphe 1, pose le principe d’un
délai raisonnable. Pour y remédier on a, en 1998, supprimé la commission des droits de l’Homme mais
on a cherché à remplacer cette commission par une formation réduite des juges de la cour européenne
des droits de l’Homme. On prévoit que 3 juges vont opérer le filtre des décisions recevables.
Aujourd’hui on constate que 98% des requêtes sont irrecevables.
On a créé un protocole 14 adopté en 2010, il permet à un juge unique de refuser une requête
lorsqu’il y n’y a pas de doute sur son irrecevabilité. Ce protocole a vocation à réduire les cas de
recevabilité des requêtes présentées par les particuliers, on met en oeuvre le principe « de minimis mon
carat praetor » qui signifie « Le juge ne s’occupe pas des petites choses ».Ainsi, on autorise le juge a
écarter une requête qui n’est pas fondée sur un préjudice suffisamment important.
Deux exception à ce principe:
- Si le juge considère que le préjudice est faible mais que la question soulevée est importante.
- L’affaire n’a pas été dûment examiné par le tribunal interne (dénit de justice). Le protocole 15 du 24
juin 2013 qui n’est toujours pas entré en vigueur prévoit la suppression de cette exception.
Le protocole 14 prévoit que pour les affaires répétitives, simples, quand la jurisprudence de la
cour est bien établie, un comité de trois juges peut statuer sur le fond et rendre une décision qui peut
constater une violation de la commission européenne des droits de l’Homme. Dans le cas contraire, le
litige est renvoyé à la chambre de 7 juges voir à une grande chambre composée de 17 juges si le litige
est trop important.

Page 43 Institutions européennes


§2 Un mécanisme de sauvegarde subsidiaire
Dans l’arrêt Handyside contre Royaume-Uni du 7 décembre 1976, la subsidiarité est énoncée
« Le mécanisme de sauvegarde instauré par la convention aurait un caractère subsidiaire par rapport aux
systèmes nationaux de garantie des droits de l’Homme ». Le principe de subsidiarité est d’origine
jurisprudentiel. Ceux qui ont vocation première à assurer les droits de l’Homme ce sont les droits et les
autorités nationales. Le système de la Cour européenne des droits de l’Homme est subsidiaire car c’est
dans un second temps qu’on va faire fonctionner son mécanisme. Ce caractère subsidiaire est désormais
inscrit dans un protocole, le protocole 15. Ce protocole va inscrire dans le préambule de la Convention
européenne des droits de l’Homme le principe de subsidiarité.
Il y a, dans l’appropriation par les États du principe de subsidiarité, un deuxième volet. Les États
sont les premiers garants des droits de l’Homme mais ils ont aussi une marge d’appréciation dans la
garantie des droits de l’Homme. La marge d’appréciation connait une limite définie par la cour
européenne et sa jurisprudence. Le juge naturel des droits de l’Homme est le juge national, dans ce
cadre on lui reconnait une marge d’appréciation, le rapprochement des États sur la question des droits de
l’Homme ne veut pas dire l’uniformisation. La cour est là pour agir en cas de défaillance des juges
nationaux pour proteger les victimes. Au delà de la Convention, on attend du législateur national de
continuer à developper les droits de l’Homme.

A) Le plan matériel
La logique de subsidiarité implique une articulation entre le droit interne et la convention
européenne des droit de l’Homme. Elle repose sur un principe simple, le texte de la convention a
vocation à fixer un standard minimum en matière de droits et libertés, les États peuvent donc aller plus
loin. La convention n’impose pas le droit au mariage entre couples du même sexe. L’article 53 de la
convention stipule qu’aucune disposition de la Convention ne peut être invoquée comme un motif de
limitation des droits reconnus par le droit interne. La vocation de la convention est d’harmoniser les
pratiques nationales à partir de ce standard minimum. Ce standard a vocation à évoluer et à être de plus
en plus poussé de sorte que les droits fondamentaux progressent au fur et à mesure du temps.
Un certain nombre de droits garantis par la convention sont reconnus par la convention elle
même comme pouvant faire l’objet de limitations. Généralement, un paragraphe pose le droit en cause et
un second pose les conditions pour que l’État y déroge. Par exemple, les articles 8,9,10 de la
convention. De maniere générale, ces droits peuvent être limités pour des considérations d’ordre public
à condition notamment qu’elles soient prévues par la loi. Chaque fois que l’État va invoquer une
limitation pour des considérations d’ordre public, la cour va reconnaitre une marge d’appréciation à
l’État. Le juge national est mieux informé du contexte national pour adopter un restriction. Vient
s’ajouter un élément de sauvegarde, les limitations garanties au droit doivent rester strictement
proportionnées à l’objectif poursuivi.

B) Le plan procédural
On a deux illustration de cette logique de subsidiarité:
L’obligation d’épuiser les voies de recours interne, c’est une condition de recevabilité des
requêtes et classique en matière de juridiction internationale. C’est un principe coutumier en droit
international qui est consacré depuis un arrêt de la Cour internationale de justice dans l’arrêt
Interhandel de 1959. Il n’est pas surprenant qu’on trouver cette exigence dans la cour européenne des
droits de l’Homme. Les tribunaux nationaux doivent avoir eu la chance, l’occasion de redresser la
situation de droit interne vis-à-vis de la convention. On exige que le requérant ait pensé au moins en
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substance avoir invoqué les droits garantis par la convention européenne devant le juge national. Le
requérant doit avoir épuisé l’ensemble des juridictions nationales, du tribunal d’instance à la cour de
cassation.
Afin d’éviter que cette exigence ne nuise à la garantie des droit de l’Homme, la cour va
développer une jurisprudence souple qui evite tout formalisme excessif. La cour fait preuve de souplesse
en considérant que doivent être utilisées les voies de recours qui sont disponibles et effectives. Par
exemple, il n’y a pas une totale disponibilité de la QPC. Dans le cas d’une voie de recours non effective,
elle n’offre aucune chance de redressement de la situation, c’est le cas d’un requérant toujours confronté
a une jurisprudence nationale. Il y a des cas ou la cour considere qu’une jurisprudence trop fluctuante
peut empêcher de recourir à toutes les voies internes.
Si une autre instance internationale a été saisie, la cour peut considérer la requête irrecevable.
l’Article 35 paragraphe 2 interdit les requêtes parallèles.
On a aussi l’introduction d’une procédure d’avis consultative par le protocole 16. Elle va
permettre aux plus hautes juridictions des Etats membres de poser une question à la Cour européenne
des droits de l’Homme. Cela permet d’anticiper sur un futur contentieux. Ce mécanisme est limité aux
plus hautes juridictions pour éviter l’engorgement de la cour. En France, la loi du 3 avril 2018 a opéré la
qualification de la plus haute juridiction et elle l’a reconnu au conseil d’État, à la cour de cassation et au
conseil constitutionnel.
Le conseil constitutionnel a marqué son intérêt pour cette procédure et souhaite être designé
comme l’une des plus hautes juridictions, ce qui lui permettrait de recourir à la Cour européenne des
droits de l’Homme. Selon lui, cette procédure d’avis va permettre de dialoguer avec la cour pour
travailler à la convergence des droits de l’Homme. Il est arrivé que le conseil constitutionnel disait
qu’un principe était conforme aux droits fondamentaux de la constitution et quelques années plus tard la
cour l’a repris disant le contraire. De plus, les avis de la cour ne sont pas obligatoires, ils ont
consultatifs. Les échanges entre les plus hautes juridictions ont un intérêt pour l’uniformisation,
interpréter le bloc de constitutionnalité conformément à la convention.
La Cour européenne des droits de l’Homme est aussi libre de rejeter la demande d’avis, un
mécanisme de filtres se met en place et elle peut rejeter la demande d’avis soit parce que le juge a
demandé de se prononcer sur le fond et donc on ne respecterait plus l’idée de subsidiarité, soit parce que
la cour va considérer que la demande posée n’est pas d’une importance suffisante pour qu’elle prenne du
temps pout l’examiner. Ce mécanisme de filtre est mis en oeuvre par un collège de 5 juges dont un juge
national du pays.Et si la question est recevable, la grande chambre de 17 juges va trancher la question.
Cette procédure consultative portera sur des questions de principe relatives à l’interprétation ou
au droit de la convention. L’avis n’est pas obligatoire pour la juridiction qui en est à l’origine mais elle
aura tout intérêt à la suivre s’il y en a un.

§3 Un contrôle juridictionnel internationale effectif


A) Caractère juridictionnel du contrôle
Le caractère juridictionnel repose essentiellement sur l’indépendance des juges. De ce point de
vue, on pourrait soulever une remarque qui pourrait contredire cette idée d’indépendance. Le nombre de
juges est égal à celui des Etats membres. Les États proposent généralement un juge de leur nationalité, il
y a des exceptions pour les petits États comme c’est le cas pour le Liechtenstein qui a un juge suisse.
Cette idée qu’il y ait un juge par État pourrait nuire à la logique d’indépendance. Le juge Français
depuis 2011 est André Potocki qui a succédé a Jean Paul Costa ancien président de la cour européenne
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des droits de l’Homme. La dépendance est problématique car un juge doit se prononcer sur une question
impliquant son État.
Il y a des garanties pour éviter lien de dépendance entre l’Etat et le juge. Les juges sont élus par
une liste proposée de 3 noms et le juge est élu par l’Assemblée. Une fois mise en place, l’indépendance
est garantie par le haut niveau de qualification requis. De plus, les juges ont des immunités en raison de
leur fonction et leurs mandats sont longs de 9 ans et ils sont non renouvelables. Du point de vue de
l’impartialité, les juges ne peuvent avoir aucune activité complémentaire avec leur activité de juge à la
cour européenne des droits de l’Homme. Si un juge ne respecte pas ces exigences d’impartialité et
d’indépendance, il peut être relevé de ses fonctions par une décision prise au 2/3 des autres juges. Il est
prévu que le juge de l’État mis en cause est systématiquement membre de la formation du jugement. Ça
permet, dans le formation de jugement, de bénéficier de la connaissance du système juridique national.
Le cour est désormais la seule compétente pour juger de la recevabilité d’une affaire.

B) Le large accès au prétoire de la Cour européenne des droits


de l’Homme
Pour assurer le caractère effectif du système, on a voulu que l’accès soit le plus large possible, plusieurs
voies d’accès sont disponibles pour que la cour soit saisie:
- Recours inter-étatique prévu par l’article 33 de la Convention européenne des droits de l’Homme. Il
découle du caractère objectif des droits garantis par la convention. L’idée est que les États agissent de
façon désintéressée pour les droits de l’Homme. Il y a eu des requêtes désintéressées: coup d’État en
Grèce, en Turquie. Plus souvent, la saisine inter-étatique est l’occasion d’instrumentaliser un recours
juridictionnel dans le cadre d’un conflit diplomatique. La question du respect des droits de l’Homme
devient un prétexte.
- Les requêtes individuelles prévues par l’article 34. Cette requête est d’après la cour « la clé de voûte 
du mécanisme de sauvegarde ds droits », elle l’a dit dans un arrêt de 2005 Mamatkulov. Pour assurer
ce recours, il y a un principe de gratuité, le recours est ouvert à toute personne physique, il n’y a pas
de conditions de moralité (les détenus peuvent la saisir), d’âge (les mineurs n’ont pas a être
représentés), de nationalité, ni de résidence. Les personnes morales de droit privé peuvent saisir la
Cour européenne des droits de l’Homme.
Quatre condition viennent cadrer les choses:
- Il faut être une victime, il faut avoir un intérêt à agir. Un contentieux ne peut pas être créé de maniere
fictive et la cour va s’attacher à vérifier sa réalité. La cour rejette les questions hypothétiques parce
qu’elle exerce un controle in concreto, le controle assis sur les fait d’une espèce. Dans une affaire
opposant la suisse à une association, la dernière a contesté au nom de la religion la construction de
minarets et la Cour a refusé ce recours car l’association n’a pas montré d’intérêt à agir. On peut être
une victime indirecte, par ricochet. Le cour s’octroie la possibilité de juger que des requêtes sont
fantaisistes et abusives et peut les juger irrecevables.
- Il faut avoir épuisé les voies de recours.
- Il faut, en substance, avoir invoqué devant le juge national les droits de la convention.
- Il faut saisir la Cour européenne des droits de l’Homme dans un délai de 6 mois après la dernière
décision rendue. Le protocole 16 l’a ramené à 4 mois.
On espere avoir construit, à partir de ça, un système juridictionnel efficace mais aujourd’hui la
cour est atteinte d’un excès de requêtes, 98% des requêtes sont dites irrecevables et dans les 2% restant,
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il y a des contentieux de masse, c’est la cas où il y a un revirement de jurisprudence de la cour qui créé
un effet d’aubaine.
Il peut aussi y avoir une situation où le droit d’un État connait un problème structurel, c’est à
dire que la violation de la Convention n’est pas conjoncturelle mais elle est la conséquence logique du
droit interne. L’affaire Broniowski contre Pologne du 22 juin 2004, a la suite de la 2de GM, 80 mille
personnes sont rapatriées en Pologne après le re-découpage des frontières et ces 80 mille personnes
devaient être indemnisée mais elles l’ont été de maniere ridiculement faible ce qui fait que devant les
autorités nationales s’est crée un conflit entre eux et l’État. Pour répondre a cette situation, on a mis en
place la technique de l’arrêt pilote. Dans ce type d’arrêt, la CEDH va prendre un cas type, le résoudre en
indiquant a l’État quel est le problème structurel du droit interne et ce qu’on attend de lui pour résoudre
l’affaire. Les autres affaires vont donc être gelées le temps que l’État modifie son droit et s’il ne le fait
pas la CEDH va reprendre toutes les affaires.

Section 2: La spécificité des droits garantis par la CEDH


Les droits sont variés et ont fait l’objet d’une conception subjective. L’objectivisation de la
question des droits de l’Homme, la création d’un patrimoine commun européen est lié eau contenu
de ces droits.
§1 Des droits variés au service d’une démocratie libérale
Il composent trois catégories de droits.
- Droits qui protègent la liberté individuelle: Tout ce qui touche à l’intégrité physique, le droit à la
vie, complétée par l’interdiction de la peine de mort, l’interdiction des traitements inhumains et
dégradants. On va avoir des droits relatifs à l’interdiction d’une privation arbitraire de liberté.
- Privation arbitraire de liberté (habeas corpus) : principe de légalité des délits et des peines et
principe de non-rétroactivité des lois pénales, l’article 6 pose le principe présomption
d’innocence et le droit à un double degré de juridiction.
- Le droit aux juges, c’est un principe matriciel, il conditionne la garantie de tous les autres
droits. On le retrouve à l’article 6 par le droit à un procès équitable, à l’article 13 par le droit
à un recours effectif en droit interne.
- Droit au respect de la vie privé que l’on retrouve à l’article 8 par la possibilité d’éviter des
initions des États dans la vie intime, on a une protection de la vie privé par les États.
- Droits relatifs à la liberté de pensée. Deux articles registrent ce droit, les articles 10 et 9 par
la liberté d’opinion et d’expression. Droits qui sont propres à l’individu en tant que tel.
Ces droits sont qualifiés de fondamentaux dans un États démocratique.
- Les droits économiques et sociaux, ces droits sont assez peu présents dans la convention. On a la
charte sociale européenne qui est plus complete mais qui n’est pas garantie. Sous la garde de la
cour, on va trouver le droit de propriété et la liberté de réunion et d’association. Le protocole 1
redit le droit à la propriété privée et l’article 11, le droit d’association et d’union (liberté des
syndicats).
- Les droits politiques, l’individu en tant qu’homo politicus. L’article 3 du protocole 1 ajoute le
droit des élections libre pour le corps législatifs, le droit de vote et d’éligibilité.

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§2 Des droits objectifs
L’objet de la convention est d’assurer qu’un certain nombre de droits vont désormais être
complètement indépendants du bon vouloir de l’autorité étatique. On cherche à mettre en place de
l’hetero-limitation et on essaye de consacrer des droits qui seraient attachés à la personne humaine
de maniere universelle. On retrouve l’idée d’humanisme, d’identité universelle de la personne
humaine. Pour que cette universalité soi tangible, on va attacher au droit de la convention un certain
nombre de qualités qui vont assurer l’efficacité du système.
A) L’applicabilité de la CEDH
La convention n’est pas un engagement inter-étatique, ce ne sont pas plusieurs États qui
s’engagent mutuellement. La convention européenne des droits de l’Homme vise directement les
individus sans passer par une réception de l’État. En tant qu’individu, dès lors qu’un État a accepté
la convention, il peut l’invoquer devant les juridictions nationales. C’est un engagement vis-à-vis
des individus et non vis-à-vis des autres États. Les droits de la convention sont d’effet direct, on
peut invoquer le texte dans les juridictions nationales, directement.
B) La primauté de la CEDH
Du point de vue de la convention, il n’est pas possible de reconnaitre la constitution
nationale comme la norme suprême. C’est la primauté de la convention qui s’impose à tous les actes
nationaux. La constitution doit être conforme à la convention. La supposée supériorité des
constitutions ne produit pas d’effet négatif vis à vis de l’application de la convention, on observe
une convergence entre les dispositions de la constitution et de la convention. Le conseil
constitutionnel aligne son interprétation de la DDHC sur la jurisprudence de la Cour. Cette
convergence est attestée par les décisions de justice. On a, dans cette situation, le fondement du fait
que le conseil constitutionnel puisse poser des questions dans la procédure d’avis consultatif.
C) Absence de conditions réciprocité
En droit international, l’article 55 de la constitution française impose que la supériorité des
traités sur la loi se fasse sous condition de réciprocité. Pour la CEDH, on a exclu les clauses de
réciprocité car c’est un engagement envers les individus : la CEDH déroge à la réciprocité.
Dans un arrêt de 1978 Irlande contre Royaume Uni, la cour a dit que la convention déborde
le cadre de la simple réciprocité entre États contractants. La convention est de nature objective et
donc elle vit quelque soit le comportement des co-contractants.
D) Garantie juridictionnelle supranationale
Pour adhérer au conseil de l’Europe, il faut désormais accepter la compétence obligatoire de
la Cour européenne des droits de l’Homme et avoir accepté la convention européenne des droits de
l’Homme. Il peut exister des recours inter-étatiques dans l’idée que les États agissent dans le cadre
de l’ordre public européen.
Le système de la convention est de nature à assurer l’effectivité des droits posés. Le droit de
recours est là pour assurer cette effectivité. Si l’État ne répare pas une violation, la cour va pouvoir
le sanctionner. Le constat d’une violation impose une obligation de cesser la violation ou l’État
devra verser à la victime une sanction pécuniaire. L’effectivité des droits tient à cette nature
obligatoire des décisions de la cour et sa jurisprudence a renforcé l’efficacité avec deux techniques

Page 48 Institutions européennes


- Elle considere que les notions de la convention sont des notions autonomes, l’article 6 est
applicable pour les procès en matière civile et pénale. On veut assurer le champ d’application le
plus large possible et indépendant des solutions et pratiques nationales.
- La convention est un instrument vivant, le texte doit s’interpréter à la lumière des conditions
d’aujourd’hui. Ca permet d’assurer le dynamisme de la convention, on l’interprète selon
l’évolution de la société. En se fondant sur les articles 8 et 14, ça a permis à la cour d’interdire au
États de discriminer l’enfant naturel et l’enfant légitime en terme d’héritage. Par exemple, les
législations françaises et belges traitaient moins bien les enfants hors mariage. Dans un arrêt
Marckx contre Belgique la cour a interdit la discrimination. Un enfant adultérin doit aussi être
traité comme un enfant légitime.

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Partie 3 : L’Union européenne
« Rien est possible sans les hommes, rien n’est durable sans les institutions » Jean Monnet
La naissance de l’Union européenne est le traité de Maastricht en 1992. Mais elle a des
antécédents. Il faut remonter aux origines de la CECA par le traité de Paris en 1951. Elle se fonde
sur l’idée qu’on va mettre en commun secteurs particuliers afin de favoriser l’instauration d’une
paix européenne. Quand on la crée, on inaugure un processus graduel. On commence par une
intégration sectorielle qui doit aller vers une intégration plus large. En 1992, l’Europe se compose
par superposition entre différentes communautés:
- Une Union européenne
- La CEE
- La CECA.
Le traité de Lisbonne de 2007 va reprendre cette architecture institutionnelle pour supprimer
l’existence d’organisations différentes. Désormais, au sein de l’Union européenne, on a ce qui
correspondait à la CEE et à la CECA. Les institutions de ces 3 organisations étaient communes.
Depuis 2007, on a, en vertu du traité de Lisbonne, le TFUE et le TUE qui sont des traités consolidés
et de maniere schématique le TUE reprend les éléments du traité de Maastricht et le TFUE reprend
les éléments du traité de Rome. Dans le droit positif, il n’existe que ces deux traités. Formellement,
seul le traité de Lisbonne a été ratifié et signé. Quand on parle du traité de Lisbonne on parle d’un
traité signé par les États mais quand on parle du droit positif on ne parle jamais du traité de
Lisbonne.
On a aujourd’hui une Union européenne issue du traté de Maastricht de 1992 qui englobe
l’action communautaire, économique, qui englobe la PESC qui est la politique de sécurité commune
et la CPJP coopération policière et judiciaire en matière pénale.
Au moment ou on créé la CECA, on est confrontés à des États souverains dont l’existence
apparait comme le référentiel indépassable de la société européenne depuis le 16eme siècle. Ces
États ont l’apparence de l’intemporalité. On a aussi constaté qu’entre les États européens,
s’imposent les moyens d’une paix durable, pour cela on ne veut pas recourir à la force mais on veut
que le droit soit le facteur de la construction d’une interdépendance et le facteur de rapprochement
de ces États.Comment on fait pour confier au droit la réalisation de ce projet ?
Le fonctionnalisme: on ne parvient pas à construire un État fédéral européen, on va donc
construire une union politique entre des États autonomes, d’une maniere progressive et le
fonctionnalisme va être conçu comme l’outil adéquat pour réaliser ce rapprochement. On peut citer
David Mitrani, Ernst Hans et Jean Monet. Ce dernier, à la suite de la 1ère guerre mondiale, a eu
des expériences dans la SDN. Le fonctionnalisme a vocation à expliquer comment l’intégration peut
se produire en clarifiant les modalités de ce processus, les conditions qui doivent préluder à cette
intégration et quel doit être le point d’arrivé de cette construction. Pour cela, la taille des Etats doit
être homogène, ils doivent effectuer des échanges commerciaux, il doit y avoir un pluralisme et une
complémentarité des élites nationales. Le fonctionnalisme part de l’idée que secteur par secteur on
va accroître le champ d’intégration, il faut commencer par un secteur d’activité modeste. C’est la
technique du spillover, on va créer des nouveaux besoins, de nouvelles politiques, ça va amener à la
progression dans l’intégration. On doit identifier le rôle fondamental des institutions communes
qu’on va établir, il faut qu’une institution donne l’impulsion au processus d’intégration, quelqu’un
doit travailler pour l’intérêt commun. Dans l’Union européenne, la commission européenne se vaut
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le garant objectif de l’intérêt commun. S’agissant du point d’arrivée, les auteurs soulignent la
possibilité que l’intégration arrive à un État fédéral mais il se peut que le processus n’aboutisse pas.
Il y a une lacune dans la théorie fonctionnaliste. On a négligé le rôle de politique, on a
négligé l’importance de l’adhésion des peuples à ce mécanisme qu’on a conçu comme au début
automatique. Des 1965, la France a bloqué le fonctionnement de l’Union européenne pour des
motifs politiques. Le défi aujourd’hui pour l’Union européenne est de réussir à faire en sorte que le
politique et le fonctionnalisme aillent dans le même sens.
Judicirisation des États: la coopération sectorielle doit être assise sur un système juridique, il
faut créer des institutions qui vont adopter un droit commun à l’ensemble des États et pour adopter
ces droits, les traités doivent attribuer à ces institutions des fonctions des compétences pour adopter
un droit dérivé. Pour assurer le respect de ce droit, on va instaurer une juridiction supranationale en
charge de vérifier que les États et les institutions européennes respectent ce droit européen.
Au dela de la technique qu’on a voulu mettre en oeuvre, il y a un objectif fondamental qui
est de garantir la liberté des individus. Pour y parvenir, l’intégration européenne doit être
philosophiquement conforme à deux doctrines qui vont conditionner le conception de l’Union
européenne.
Les pères fondateurs vont chercher a penser un système qui soit respectueux des individus,
dans l’objectif de respecter leur liberté, on va retrouver le rôle qu’a joué
L’idéologie ordo libéralisme est la structure intellectuelle de l’intégration européenne, elle
va déterminer l’action que les pères fondateurs vont confier aux institutions à partir de 1951.C’est
une doctrine allemande qui va être construite au lendemain de la 2de Guerre Mondiale et qui est une
réaction au nazisme et au libéralisme américain. Le dogme de l’ordo libéralisme est que la
concurrence n’est pas naturelle, le marché est une création qu’il revient aux pouvoirs publics
d’instaurer. L’État ne doit pas fixer les prix mais doit laisser faire la concurrence. Il faut qu’il y ait
un service d’assistance pour les plus démunis. Ce qui diffère du Neo libéralisme est que l’ordo
libéralisme est conçu pour remédier à la situation de l’État après le passage du nazisme.
Pour refonder la légitimité de l’État, il doit susciter l’adhésion des citoyens en provocant la
prospérité des individus.
Michel Foucault dit que l’ordo libéralisme est moins une théorie économique mais c’est
une sorte de gouvernementalité qui va assurer aux citoyens le plus de liberté possible. Ces ordo-
libéraux vont être très influents et l’Union européenne est plus ordo libérale que Neo libérale.
Il faut, dans l’esprit des pères de l’Europe, que le droit commun qui va être adopté respecte
les valeurs qui sont les valeurs communes et il faut que ce droit commun soit le fruit de
représentants des peuples européens et des États. Le système institutionnel de l’Europe à venir doit
se structurer autour d’institutions représentatives. Ce qui va venir en 1992 a faire une déclaration
très forte, l’Union européenne se fonde sur la démocratie. On va concevoir le système institutionnel
non seulement comme favorisant l’échange entre États mais aussi représentant les peuples
européens. 


Page 51 Institutions européennes


Chapitre 1: Un système d’unification progressive
Le fonctionnalisme implique une dynamique d’intégration et on doit retenir dans cette perspective
un certain nombre de dates.
- 1951 traités de paris, de la CECA
- Crise de la CED en 1954 (première crise politique)
- 1957 traité de Rome : CECA + CEE
- 1966 crises de la chaise vide : De Gaulle ne veut plus que les représentants siège au Conseil.
- 1970 : pour résoudre la chaise vise : coopération politique des chefs d’Etat en marge des
institutions, le conseil de l’Européen
- Élargissement :
- 1973 Danemark, Irlande et RU
- 1981 : Grèce
- 1985 : Es et Portugal
- 1986 : Acte unique européen
- 1992 : Maastricht : création de l’UE et des deuxièmes et troisièmes piliers
- 1995 : Élargissement: suède Finlande et Autriche
- 1997 : Traité d’Amsterdam qui révise le traité de Maastricht
- 2000 : Traité de Nice qui répare l’élargissement aux PECO
- 2004 : Élargissement de 10 pays (PECO)
- 2005 : Traité établissant une constitution pour l’Europe : refusé par referendum en France.
- 2007: Traité de Lisbonne, plus de constitution, abandon de la référenceàa l’hymne.
- 2007 : Élargissement ; Bulgarie et Roumanie et traité de Lisbonne
- 2008 : Crise financière et eco
- 2013 : Croatie
- 2015 : Crise des réfugiés
- 2016 : Brexit
Ces étapes ont avancé sur le principe de solidarité entre les États européens. Aujourd’hui on
est toujours dans un processus mais on a deja une véritable communauté, une politique et une
économie.
Parmi ces étapes on a 2 types d’avancées du processus d’intégration:
- Élargissement
- Approfondissement des techniques du droit au profit de l’intégration.
Ces deux types d’avancées se font par l’adoption de nouveaux traités ou révision de
traités deja existant. On a une manifestation du progrès européen par le fait d’une extension
territoriale du droit de l’union ou matériel.

Page 52 Institutions européennes


Section 1 : L’élargissement à des nouveaux E membres
L’intégration est perçue comme une dynamique continue mais aussi irréversible, les traités
de l’Union européenne qualifient cette union d’union sans cesse plus étroite entre les peuples
européens. Le caractère irréversible découle du fait que les traités européens ont été conclus pour
une durée illimitée. La possibilité d’un retrait résulte du traité de Lisbonne de 2007, on instaure
dans les traités la réversibilité du processus et celle-ci a été inscrite dans les traités avec la croyance
que l’article 50 du TUE ne serait jamais mis en oeuvre mais ca a été démenti par le Brexit. On
cherche à attester que l’Union européenne respecte la souveraineté des États.

§ 1 Le processus d’adhésion
Il faut ménager la souveraineté des États. Ils doivent avoir une unité suffisante pour que
l’Union européenne fonctionne. Ces États qui decident d’entrer dans l’Union européenne partagent
avec les États deja membres une certaine proximité des valeurs. C’est la condition des progrès
matériels de l’intégration. A l’heure actuelle, ce processus, cette idée d’unité de valeur parait
fragile. Le processus d’élargissement n’est pas clos, certains pays sont en processus d’adhésion. Le
Monténégro, la Hongrie, macédoine qui sont en processus d’adhésion. Le prochain prévisible est le
Monténégro, c’est en cours de discussion.
L’Union européenne a vocation à s’élargir, la seule condition contraignante tient au partage
des valeurs communes de l’ article 2.
A) Une logique d’ouverture inhérente au projet européen
Le projet fondamental est la paix à l’échelle continentale et dans cette logique, on ne peut se
contenter d’une union à 6, il faut élargir.
Dès la déclaration Schuman du 9 mai 1949, on présente le projet comme un projet ouvert.
Dans le traité de paris de 1951, à l’article 98, on a une déclaration claire, tout État Européen peut
demander à adhérer au présent traité.
Dans le traité de 1957 de Rome, le même dispositif est prévu à l’article 237 « tout État
européen peut demander à devenir membre de la communauté économique européenne. »
Aujourd’hui, dans l’article 49 du TUE règle la question de l’adhésion « Tout état européen
peut demander a devenir membre de l’Union européenne, mais il ajoute une condition plus forte :
tout État européen qui respect les valeurs de l’article 2 peut demander à devenir membre de l’Union
européenne. On voit apparaitre une conditionalité dans le traité.
B) Une ouverture conditionnée afin de préserver la
construction européenne
Il s’agit de préserver 2 choses :
- l’acquis communautaire: l’ensemble des normes européennes qui ont déjà été acquises. Les États
doivent intégrer ce qui a deja été adopté par les États membres. Il peut y avoir des Opt-out qui
permettent de ne pas respecter certaines choses.
- Il faut préserver le fonctionnement de l’Union européenne, des institutions. L’intégration d’un
nouvel entrant doit être digérée par les institutions.

Page 53 Institutions européennes


Cette logique se trouve dans deux types de conditions: les conditions d’appartenance, celles
précisées par le traité de Lisbonne, une liste de critères va être mis en place. Il y a aussi les
conditions procédurales qui vont venir encadrer le processus de l’acquis communautaire.
1- Condition d’appartenance
Ces conditions d’appartenance étaient quasi absentes dans les traités de Rome et de
Lisbonne. Il fallait seulement être un Etat et faire partie de l’Europe (Maroc, refus en raison de ce
critère). Seulement, les critères étatique et européen ont été complétés par la pratique, les exigences
sont synthétisées dans les critères de Copenhague de 1993, elles sont au nombre de 4 :
Critère géographique, les États doivent être sur le territoire européen.
Critère politique (le plus important) auxquels renvoie l’article 49 du TUE et lui-même
renvoie à l’article 2. Il faut que l’Etat soit un Etat démocratique. Dans la pratique on a rapidement
imposé cette exigence. Des le deuxième élargissement, on a mis en évidence ce critère. Il a été a
l’origine du retard de l’adhésion de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal. Dans l’article 2 du TUE
on a une liste de valeurs qui doivent être respectées par l’État: respect de la dignité humaine, liberté,
démocratie, égalité, État de droit et respect des droits de l’Homme. L’article 2 precise que ces
valeurs sont communes aux États membres, il faut une homogénéité des valeurs. Aujourd’hui le
caractère commun de ces valeurs pose quelques questions. On n’exige pas au titre de l’article 49
une parfaite identité des valeurs adoptées par les États membres. Il faut qu’on ait une proximité
suffisante pour que l’intégration puisse fonctionner.
Le marché intérieur a été la première construction économique de la communauté
européenne. Depuis 1992, on a développé au sein de l’Union européenne la politique de l’ELSJ
(espace de liberté, de sécurité et de justice) c’est là dessus que l’essentiel des actes adoptés vont
porter. L’idée est de créer une Europe de la justice, des questions pénales et une Europe en matière
d’asile et d’immigration. Il s’agit de lancer un processus de type fédéral dans des matières très
régaliennes. Les États acceptent par exemple que la police nationale coopere avec d’autres policiers
des États membres. Dans ces domaines, d’après Yves Bot, « En matière de justice l’idée est qu’une
juridiction d’un état doit avoir autant confiance dans une décision rendue d’un juge d’un autre
État que celle d’un juge de cet État ». Il faut une confiance entre les justices nationales et
européennes. En principe, on doit dans l’ELSJ partir du principe qu’on respecte tous les mêmes
droits, c’est le principe de reconnaissance mutuelle (PRM). Le principe de reconnaissance mutuelle
est l’idée que les autorités nationales des différents États membres doivent se faire confiance. Dans
la cadre de l’ELSJ, un État A peut emprisonner une personne qui est condamnée dans un État B.
Pour cela, il faut être sûr que tous les États vont respecter les critères politiques. L’ELSJ est la
pointe du droit européen, c’est ce qu’il y a de plus avancé, c’es pourquoi la question des droits de
l’Homme aujourd’hui dans l’Union européenne est très importante.
Critère économique. Dès les premier élargissement, on ne peut pas accepter n’importe quel
État, il faut qu’il y ait, chez le candidat, un certain niveau de développement, il ne faut pas qu’il y
ait une différence très importante. Ca a été une question importante pour l’Irlande, la Grèce,
l’Espagne, le Portugal. Le risque est le Dumping Social. Bien souvent, les capitaux de l’État plus
riche vont pouvoir aller investir massivement dans le nouvel État mais ça peut aussi créer une
distorsion de concurrence. En 2004, les 10 nouveaux entrants avaient un PIB tres inférieur des PIB
des États membres. Les PIB étaient inférieurs à 40% des PIB de la moyenne des États. Une fois
qu’un pays entre dans l’Union européenne, on va investir au niveau européen pour faire en sorte
que le niveau de vie augmente rapidement et que les États soient égaux.
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Critère normatif: Il vise l’acquis communautaire, l’acquis communautaire sont les traités,
aujourd’hui TUE et TFUE. C’est ce qu’on appelle le droit primaire de l’Union européenne. C’est
l’équivalaient de la constitution dans un État. Les institutions de l’Union européenne peuvent
adopter des règlements, des directives, des décisions, des recommandations et des avis. Reprendre
l’acquis communautaire est reprendre tous les actes énoncés avant. Dans ce travail de reprise de
l’acquis communautaire, la commission européenne assiste les nouveaux entrants et elle va
s’assurer que l’appareil d’État, l’administration, les juridictions soient suffisamment élaborées pour
mettre en oeuvre l’acquis communautaire.
2- Les conditions procédurales
Il y a deux phases a distinguer:
- Une phase institutionnelle ou européenne
- Une phase inter-étatique
a. La phase institutionnelle ou européenne
On va identifier 4 temps:
- La présentation d’une candidature par un État à l’Union européenne. On n’est pas dans un
système de cooptation, d’invitation.
- Les États membres vont se réunir au niveau du conseil et ils vont devoir accepter à l’unanimité la
candidature, accepter le principe de la candidature. Il arrive que dès ce stade, les États s’opposent
ou que l’unanimité ne soit pas réunie (Le Royaume-Uni a subit deux refus en 1963 et en 1967
opposés par De Gaulle. Pompidou va accepter en 1969 l’ouverture des négociation). Les États
membres vont s’appuyer sur un avis préalable effectué par la commission. Cet avis a une
influence décisive sur la choix que va opérer le conseil. La Bulgarie et la Roumanie ont vue leur
entrée retardée à cause de l’avis qui avait été rendu.
- État candidat, il y a aujourd’hui 5 États qui ont ce statut officiel: la république de Macédoine du
Nord, la Serbie, l’Albanie, la Turquie et le Montenegro. 2 États ont un statut non officiel: la
Bosnie Erzegovie et le Kosovo. Depuis 2015, l’Islande a retiré sa demande d’adhésion. A partir
de ce stade commence officiellement les négociations d’adhésion.
- Cette procédure commence par une examen analytique ou « screeming » par la
commission de l’État candidat, celui-ci est effectué en chapitres.
- La commission va présenter aux États le bilan de l’analyse et soit les résultats sont bons
et dans ce cas, on passe à un stade qualifié d’ouverture des négociations d’adhésion. Si
des avances sont nécessaires avant de passer à l’étape ultérieure, est effectuée une
stratégie de pré adhésion. On met en place un programe qui va, chapitre par chapitre,
identifier des objectifs à atteindre et accorder des aides aux États pour les réaliser. Même
si l’adhésion est retardée, l’État candidat peut être associé.
- Processus de négociation d’adhésion. Les autres État membres vont adopter une position
commune en disant que pour passer à l’adhésion il faudra avoir atteint tel niveau de
reprise de l’acquis. Une seconde position commune va être arrêtée par les États membres
lorsque les positions communes vont être mise en place. Il y a une inter dépendance de
tous les chapitres « il n’y a d’accord sur rien tant qu’il n’y a pas d’accord sur tout ».
- Formalisation de l’accord d’adhésion, c’est un traité international adopté à préavis de la
commission après approbation du parlement européen et une décision du conseil de l’Union
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européenne adoptée à l’unanimité. Il faut que les 3 institutions fondamentales émettent un avis
positif pour renter dans l’Union européenne. Une fois que l’accord est determiné, commence la
phase inter-étatique.
b. La phase inter-étatique
Chacune des parties doit ratifier ce traité conformément à ses normes constitutionnelles.
L’État candidat doit ratifier le traité or il est arrivé qu’un ne puisse le faire. La Norvège a refusé à
deux reprises de rentrer dans l’Union européenne car en 1972 et en 1974 il y a eu deux referendums
négatifs. A chaque fois qu’elle refusait, ca n’a pas empêché l’adhésion des autres États candidats.
Les membres doivent eux aussi ratifier l’accord d’adhésion, chaque État membre a un droit
de veto sur l’entrée d’un nouvel entrant. Il n’y a jamais eu de blocage par un État membre sur
l’entrée d’un autre mais un certain nombre de pays doivent passer par le referendum pour ratifier les
traités. En France, le président peut ratifier les traités et parfois il nécessitera l’autorisation du
parlement. Pour les traités d’adhésion, on a crée une disposition « tout nouvel élargissement de
l’Union européenne devrait passer par la voie du referendum » à la suite d’une révision
constitutionnelle en 2005 article 88-5. En 2008, Sarkozy révise à nouveau cet article en prévoyant
deux aménagements: le référendum n’est obligatoire que pour les États qui n’ont pas été
suffisamment loin dans le stade des négociations d’adhésion, ceux qui n’ont pas formalisé leur
demande d’adhésion. De plus, l’article 88-5 alinéa 2 prévoit aujourd’hui la possibilité pour chacune
des assemblées du parlement français d’autoriser par un vote à la majorité des 3/5 de l’utilisation de
la procédure prévue par le troisième alinéa de l’article 89, la réunion du congres à Versailles.
Le traité doit donc être ratifié par tous les États, il va lier les états membres et l’État candidat
mais pas l’Union européenne. Ce traité d’adhésion va être intégré au droit primaire de l’Union
européenne. La cour de justice de l’Union européenne va pourvoir interpréter ces traités et contrôler
les actes de droit dérivé adoptés par les institutions.

§2 Un processus reversible
Depuis le traité de Lisbonne, le processus peut être défait et il existe plusieurs mécanismes
donc le Brexit, de réversibilité du processus.
À la différence du conseil de l’Europe, il n’y a pas de procédure formelle d’exclusion. Ça
donne une dimension plus forte à la solidarité qu’on souhaite mettre en place entre les États.
A) Le droit de retrait
Il est, comme le montre les difficultés que l’on rencontre avec le Royaume Uni, une
innovation récente et largement impensée, on n’avait pas prévue de mettre en oeuvre l’article 50.
1- Le débat historique
Deux clans doctrinaux se sont opposés dans un débat 1957-2007, avec un coté les
communautarismes et de l’autre les internationalistes, pour qui l’Union européenne est une
Organisation internatioanle sans particularité.
Pour la majorité des communautarismes le retrait n’était pas possible pour aux moins deux
raisons concordantes.
- Argument de texte, les auteurs s’appuyaient sur l’idée que l’État membre une fois qu’il fait acte
de s’engager dans un processus d’intégration est un État d’une nature particulière car il s’est
engagé dans un processus d’union de plus en plus étroite, ce qui est consacré par le préambule et
Page 56 Institutions européennes
l’article 1 du traité sur l’Union européenne. Dans ce mouvement, le retrait n’est pas
envisageable.
- A l’inverse du traité de la CECA qui a été conclu pour 50 ans, le traité de Rome ne prévoyait
aucune date d’échéance, l’ex art 312 de ce traité précisait que la communauté était crée pour une
durée illimité.
Ces deux éléments ont amenés la CJE, dans un arrêt du 15 juillet 1964, Costa contre ENEL,
affaire 6/64, qui soulignait que les États ont consentit en devenant États membres une limitation
définitive de leur droit souverain. Une logique d’aliénation de leur droit souverain serait irréversible
dans l’esprit des communautaristes et de cette cour de justice. Un argument tient à la méthode
communautaire, à la logique fonctionnaliste, il a aujourd’hui une résonance particulière. Pour
beaucoup d’auteurs, il y a une telle interpénétration des sociétés nationales, il serait presque
impossible de reprendre une autonomie économiquement, il serait impossible de faire machine
arrière.
Les internationalistes s’appuient sur des arguments plus théoriques et ils affirment que la
seule question importante est de savoir si l’État reste un État souverain et formellement rien ne
remet en cause leur souveraineté, l’Union européenne respecte le caractère souverain de ces entités
composantes. Les auteurs soulignent que le traité de Vienne de 1969, à son article 66, stipule que
l’intention des parties peut formuler un droit implicite de retrait. Même chez les internationalistes,
on observe qu’un retrait ne pourrait se faire en totale indépendance notamment en raison du respect
de ce qu’on appelle le parallélisme des formes, principe selon laquelle il fartait utiliser les mêmes
formes pour défaire ce qui a été fait. Il faudrait donc réviser les traités, et obtenir l’accord des autres
États parties à l’Union européenne. On peut même penser qu’il faudrait l’avis conforme du
parlement européen.
Le tribunal constitutionnel allemand dans une décision du 12 octobre 1993 portant sur le
traité de Maastricht, a considéré que la souveraineté du peuple allemand impliquait une possibilité
de retrait quasi inconditionnelle.
Aujourd’hui, la vision internetionaliste s’est imposée avec la consécration dans le traité de
Lisbonne d’un droit de retrait conçu comme une réponse quite aux inquietudes nationales formulées
à propos du TECE.
2- Droit retrait consacré par le traité de Lisbonne (Article
50)
John Kerr a dit lui même à plusieurs reprises que l’article 50 est lapidaire, assez imprécis et
on en a accordé assez peu d’importance, on en a fait quelque chose de symbolique.
Le tribunal constitutionnel allemand considere que l’État allemand est libre d’abandonner
l’euro quand il le souhaite mais dans les traités il n’y a pas de sortie de la zone euro possible sans
sortie de l’Union. Si on adopte l’euro, l’État pour qu’il ne puisse pas l’abandonner et pour les
créanciers qui ont prêté l’argent à cet État, il faut les empêcher de sortir de la zone euro.
A l’article 50 alinéa 1, tout État membre peut décider, conformément à ses regles
constitutionnelles de se retirer de l’union. Cette exigence relèvera plus du juge national que d’un
controle européen.
Selon l’alinéa 2, l’État notifie son intention au conseil européen. Le conseil européen va
adopter des orientations qui vont permettre à l’union de négocier avec l’État qui souhaite se retirer,

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un accord qui détermine les modalités de retrait. A partir de la notification s’ouvrent deux temps,
l’accord de retrait puis les négociations sur le futur des relations diplomatiques.
L’alinéa 3 vient encadrer dans le temps cette procédure de négociation pour éviter que
l’incertitude dure trop longtemps. Le principe est que l’État est formellement sorti le jour de la
publication de l’accord de retrait. A défaut d’accord adopté dans les deux ans après la notification,
l’État est considéré comme étant sorti de l’Union européenne, c’est l’hypothèse d’un Brexit sans
accord. Le conseil européen, à l’unanimité et avec l’accord de l’État qui souhaite se retirer peut
proroger ce délai de 2 ans, on va surement le faire dans le cadre britannique. Au 29 mars 2019, le
Royaume-Uni sortira de l’Union européenne s’il n’y a pas d’accord.
Selon l’alinéa 5, l’État qui s’est retiré de l’union, s’il souhaite de nouveau y adhérer devra
utiliser la procédure de l’article 49, la procédure d’adhésion classique.
Globalement, l’article 50 conserve un pouvoir discrétionnaire de retrait, un État peut exercer
son droit de retrait en tout temps et pour tout motif et la négociation qui va intervenir ne porte pas
sur le principe de retrait, il est acquis, il porte sur les modalités concretes et ensuite sur les apports
futurs. La liberté de l’État qui souhaite se retirer est en principe totale. De plus, dans le silence de
l’article 50, la cour de justice de l’Union européenne a décidé que l’État peut stopper à tout moment
la demande de retrait, cela resulte de l’arrêt Andy Wightman e-a, affaire-C-621/18.
Une procédure de négociation est imposée car l’accord est un accord bilatéral, on ne peut
imposer un accord. Celui-ci est nécessaire pour au moins deux raisons, avant d’envisager le futur
des relations commerciales, il faut régler, au moins de maniere temporaire, des questions très
pratiques (visa, européens installés au RU, libre échange, douane, controle de la sécurité). De plus,
il y a la question des engagements financiers qui ont été pris par l’ensemble des États, or le budget
européen est fondé sur un cadre pluriannuel de 4 ans. Les britanniques doivent payer la facture
qu’ils avaient accepté de 2016 a 2020. L’accord de négociation est nécessaire pour que le futur des
relations avec le Royaume-Uni puisse se faire dans les meilleures conditions possibles.
La sortie sans accord serait de nature à durcir la position des États membres quand aux
futures relations commerciales avec l’État sortant, notamment parce qu’il n’a pas payé la facture. La
décision britannique à sortir de l’Union européenne en pleine crise économique n’est pas étonnante,
il a toujours vu l’Union comme un marché économique. Avant que le referendum ait lieu, on a
essayé de proposé au Royaume-Uni un arrangement pour éviter le Brexit, dans cet arrangement de
février 2016, on avait accepté de formaliser cette différence d’appréhension du projet européen en
disant qu’il n’était pas concerné par cette logique d’union de plus en plus étroite entre les peuples.
Depuis le referendum, il y a eu un délai important entre celui-ci et la notification du retrait qui a eu
lieu le 29 mars 2017, quelques jours après l’anniversaire du traité de Rome. Depuis lors, l’Union
européenne a désigné Michel Barrier comme négociateur en chef et le Royaume-Uni avait choisit
Davis qui a été remplacé par Barclay suite a sa démission. Quelles seront les futures relations
commerciales et que fait-on pour l’Irlande du Nord ?
Si on trouve un accord, on va ensuite pouvoir travailler aux relations futures en sachant que
pour le Royaume-Uni, d’un point de vue économique, l’objectif est d’être dans le marché intérieur
pour les capitaux et les actions tout en rejetant la libre circulation des personnes. Les européens
rejettent cette solutions. Deux arguments sont présentés, on tire des avantages de la libre circulation,
c’est un avantage que la population puisse circuler librement. Le Royaume-Uni ne voudrait aucune
solidarité.

Page 58 Institutions européennes


Le second est que l’Union européenne a déjà des relations avec des États tiers très poussées.
Avec la Suisse par exemple, on passe des conventions pour l’intégrer économiquement dans le
marché intérieur et avec la Suisse on ne veut pas diviser la marchandise des personnes si on le fait
pour le Royaume-Uni, la Suisse le voudra aussi. On ne peut faire une première dérogation au profit
du Royaume Uni sans risquer un effet domino avec les autres États.
Ce qui va compliquer l’achèvement de cette saga, c’est que Teresa May a l’aval du
parlement britannique, de la cour suprême britannique, qui, dans un arrêt du 24 janvier 2017 a
confirmé que l’adoption de l’accord de retrait pourrait se faire que par l’acceptation de l’acte par le
parlement britannique car cela releve de l’European Communities Act de 1972. Le tribunal de
l’Union européenne a été saisit par des britanniques qui n’ont pas pu voter au référendum car ils
vivaient à l’étranger. Ils ont voulu saisir le juge européen pour lui faire dire que le referendum
n’était pas confirme aux exigences constitutionnelles britanniques. Dans un arrêt du 26 novembre
2018, Harry Shindler e.a. contre Conseil de l'Union européenne, la cour rejette cette requête pour
cause de recevabilité.
B) Le retrait partiel
C’est une hypothèse qui concerne la modification du territoire de l’Union européenne. Le
point de départ est l’article 52 paragraphe 1 du traité sur l’Union européenne. Il énumère les pays
membres de l’Union et il permet, a partir de cette liste, de définir, en principe, le territoire européen.
Il y a des possibilités d’aménagement et de dissociation. Ce retrait partiel sous entend q’une
évolution du droit constitutionnel d’un État membre a des répercutions sur la composition du
territoire de l’Union européenne. Ce retrait partiel va résulter du fait qu’un État accorde une
autonomie accrue voire une indépendance à une partie de son territoire.
Le Groenland est integré au territoire communautaire en 1973 mais très rapidement, à partir
de 1979, on accroit son autonomie et on en tire des conséquences. Dans les années 80, on change
son statut, il rentre dans une catégorie spéciale, les pays et territoires d’outre mer associés à la
communauté. Ce sont des entités qui sont formellement rattachées à un État membre mais qui n’ont
pas souhaités être associés a la communauté.
Avec le cas de l’ile de Saint Barthélémy on a une évolution similaire. Initialement c’est une
commune d’un département d’outre mer, la Guadeloupe. A partir de 2007, l’ile de Saint Barth
obtient le statut de collectivité d’outre mer, on lui accorde plus de compétences et afin de tirer des
conséquences de l’évolution du statut constitutionnel on a qualifié l’ile comme pays et territoire
d’outre mer et ne fait désormais plus partie du territoire de l’Union européenne. Ces pays et
territoires vont bénéficier d’un régime particulier d’association. St Barth a le droit d’utiliser l’euro
comme monnaie alors qu’il ne fait pas partie du territoire européen.
Le phénomène inverse peut être observé, c’est le cas de Mayotte. En 2012 elle va devenir le
5ème département d’outre mer français. Avant c’était un pays et territoire d’outre mer donc
simplement associé et depuis 2012 Mayotte est qualifiée de région ultra périphérique. Le droit de
l’Union a vocation à s’appliquer à ces régions avec comme aménagement la possibilité de tenir
compte de leur situation économique et sociale particulière, en général insulaires et éloignées du
territoire métropolitain. L’avantage pour Mayotte à avoir changé de statut est qu’elle beneficie
désormais des fonds européens.
Ces régions sont censées tirer profit de leur situation. On peut quand même observer qu’il y
a toujours une conditionalité dans la solidarité qu’on leur propose. Le Groenland peut acceder au

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marché européen, cet accès est conditionné à l’ouverture du territoire maritime du Groenland aux
pêcheurs européens.
C) La suspension temporaire (Article 7 du TUE et de la
violation de l’État de droit)
La Pologne et la Hongrie sont au coeur de cette question actuelle. On est sur des questions
qui touchent à la réalité concrète du fonctionnement de l’Union européenne.
Le traité d’Amsterdam de 1997 a tiré des conséquences du fait que le respect des droits de
l’Homme et de l’Etat de droit sont des conditions d’adhésion pour les États qui souhaitent devenir
membre. On a inséré dans ce qui est l’article 7 du TUE une procédure de sanction en cas de
violation des valeurs protégées par l’article 3. C’est une suspension partielle et temporaire de l’État
membre, on va suspendre le droit de vote au conseil, elle devra être décidée au conseil à la majorité
qualifiée et cette décision interviendra après que l’initiative de sanction ai été prise par soit 1/3 des
états membres, par la commission ou par le parlement. D’autres types de sanctions peuvent être
envisagées mais ce n’est pas précisé par l’article 7.
Selon l’article 7 il faut que soit établie une violation grave et persistante des principes de
l’article 2. A partir de cette condition on peut s’interroger sur l’efficacité de ce mécanisme.
L’expérience a montré que cette condition était problématique et on a choisi de réformer le
dispositif prévu par le traité d’Amsterdam.
Lors de la crise autrichienne de 1999, le parti d’extrême droite le FPO est arrivé à la tête de
l’État, avec Jorg Haider comme président du FPO. C’est la première fois qu’un parti d’extrême
droite obtient une place aussi élevée. Les états européens se sont interrogés sur les possibilités de
réaction. On a constaté qu’il y avait un risque grave de violation mais pas une violation avérée.
Juridiquement, l’arrivée de ce gouvernement n’a pas pu être sanctionnée, il n’y avait pas de
violation concrète à reprocher au gouvernement autrichien.
Par ce manque d’efficacité de l’article 7, on l’a modifié par le traité de Nice pour une
procédure préventive: procédure d’alerte. Elle permet à l’initiative d’1/3 des États membres de
constater qu’il y a un risque clair de violation grave des droits fondamentaux qui aboutit non plus à
une suspension mais à l’envoi de recommandation.
Le 12 septembre 2018, le parlement européen a saisit le conseil pour le cas de la Hongrie, ce
qui pose problème est la corruption, le respect des minorités et des migrants. Le conseil essaye de
temporiser le déclenchement d’une condamnation politique de ces deux États. Ça ne veut pas dire
que les instituions ne font rien, la commission met en oeuvre le mécanique pré article 7 qui est issu
d’une communication de la commission du 11 mars 2015, appelée « nouveau cadre pour l’état de
droit ». Cette communication se définit comme un dialogue constructif destiné par un échange à
aider l’Etat à remédier aux éléments de son droit interne. Il a été mis en œuvre depuis janvier 2016
et il se traduit par l’adoption de la commission à identifier clairement ce que l’Etat devrait faire.

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Section 2 : L’approfondissement de l’intégration par la révision des
traités
L’élargissement avec les formes de réversibilité c’est une dynamique d’unification
européenne extern a à l’Union européenne. Ici on va s’intéresser au système institutionnel et aux
compétences des institutions, c’est une dynamique interne d’approfondissement de l’intégration. On
peut identifier deux caractéristiques de la méthode fonctionnaliste des révisions:
- elle intervient pour relancer le processus d’intégration, le processus communautaire, c’est la
logique du Spill Over
- Ces révisions ont vocation à élargir de plus en plus les compétences de l’union, elles sont le fruit
de cet engrenage voulu par le fonctionnaliste, à ceci près que le TUE, issu du traité de Lisbonne
de 2007, à son article 48 a lui aussi inséré une forme de réversibilité. Désormais il est marqué
que la révision peut étendre et restreindre les compétences de l’union. C’est apparu nécessaire
pour rassurer les États et les peuples quand à la souveraineté des États nations.
Dans les traités tels qu’ils sont apparus au cours des révisions, on va avoir comme fonction
essentielle d’établir des règles de dévolution et d’exercice des pouvoirs. On peut donc parler d’une
dimension constitutionnelle. S’agissant de la dévolution on retrouve un principe cardinal qui est le
principe d’attribution des compétences, on parle parfois de principe de spécialité. Par ce principe,
l’union n’exerce des compétences que lorsqu’elle peut le justifier, les États sont les titulaires du
droit commun. C’est le principe d’équilibre institutionnel, c’est une forme de séparation des
pouvoirs.
S’agissant de l’exercice des compétences attribuées a l’Union, il y a deux exigences:
- Principe de proportionnalité, l’action de l’Union européenne ne doit pas dépasser ce qui est
nécessaire pour atteindre les objectifs qu’on lui a attribué.
- Principe de subsidiarité, pour les compétences partagées, l’Union ne peut agir que si l’action des
états est insuffisante.
Ces règles sont la pour assurer que les États ne sont pas dépossédés de leurs compétences sans y
avoir consenti. Cela implique, en principe, un controle fort et total par les États du processus
d’intégration. Les États sont les chefs d’orchestre de ce processus et rythment leur évolution par la
révision des traités. Les États sont les maitres des traités, ce sont eux qui ont le pouvoir essentiel.

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§1 Les avancées historiques de l’intégration
Dans l’ensemble des traités adoptés il y a deux catégories de traités qu’on peut dissocier.
- Réformes fonctionnelles : on a touché aux modalités de fonctionnement des institutions sans
s’intéresser aux finalités de l’intégration.
- Les réformes fonctionnalistes : conséquence de cette logique d’engrenage mise en oeuvre des le
traité de la CECA.
A) Les réformes fonctionnelles
Les réformes fonctionnelles ont pour but essentiel d’améliorer le système institutionnel
européen. Lorsqu’elles sont ambitieuses elles conduisent à renforcer le caractère intégratif. L’idée
est que cette organisation n’est pas qu’une simple conférence diplomatique entre les États.
1- L’unification institutionnelle par la fusion des exécutifs
La CEE, la CECA et la CEEA reposent sur trois sommes institutionnelles distinctes, la
situation est apparue sans fondement et source de difficultés. Il faudrait tout tripler, ca amènerait un
problème de la cohérence des actions. On s’est rapidement dit qu’une dynamique de fusion devait
être mise en place. Dès 1957, le traité de Rome a prévu une annexe disant que certaines institutions
seraient communes: l’assemblée parlementaire, la cour de justice et le comité économique et social.
Le traité de Bruxelles du 8 avril 1965 appelé traité de fusion des exécutifs entré en vigueur
en 1967 crée un tronc commun institutionnel. On a un conseil des ministres unique, une seule
commission qui réunit la commission de la CEE de la CEEA et de la CECA et on met en place un
budget unique pour les 3 communautés.
2- L’autonomie financière et budgétaire
Un budget commun est mis en place avec les traités de fusion mais il faut éviter une
dépendance financière. Pour cela on va mettre en place des ressources propres. Ces ressources sont
versées directement au budget de ces communautés. La CECA a déjà des ressources propres, pour
le traité de Rome on a d’abord laissé les États verser des contributions pour former le budget
européen. On a prévu un passage progressif à un système de ressources propres et cela va être
effectué par une décision du conseil du 21 avril 1970. Cette décision fait partie du droit primaire de
l’union européenne. Elle fera aussi l’objet d’un controle par le conseil constitutionnel car elle doit
être ratifiée au niveau interne.
Les ressources proposées sont les suivantes :
- Les droits de douanes, à l’époque les resources sont taxées et les frais de douane reviennent à la
communauté.
- Les taxes agricoles perçues sur les importations, lorsqu’il y a des produits similaires produits sur
le territoire de l’Union européenne.
- Les cotisation sur le sucre et l’izoglucose représente aujourd’hui 12,5% des ressources de
l’Union.

Page 62 Institutions européennes


- La communauté reçoit une part de la TVA payée, 0,3% lui revient, on est sur environ 15,5% du
budget.
- L’essentiel des sources propres c’est le Revenu National Brut des États membres. Cela représente
70% environ du budget de l’Union européenne. L’état contribue au budget au moyen de la
production de ses richesses nationales. On a donc une solidarité entre les États car le budget est
utilisé sans adéquation entre ce qui est versé et perçu en aides.
La commission européenne peut verser une amende aux entreprises et celles-ci reviennent au
budget commun. De plus ,des taxes sont perçues sur le revenu des fonctionnaires européens.
Si on veut modifier le système, il faut une décision du conseil après avis du parlement puis
une ratification des États membres, ce sont les États et leur gouvernement qui ont le controle de
cette question. Le parement européen voudrait voir son budget s’accroitre. Le budget de l’Union
européenne est environ 1% du revenu national brut des États européens, cela représente à peu près
310 milliers d’euros par an, c’est un budget relativement faible.
3- La démocratisation avec l’élection eu SUD du
parlement européen
Il est question d’une réforme qui assoit le caractère démocratique des institutions en
renforçant la légitimité de l’assemblée parlementaire commune aux trois communautés. Dans son
fonctionnement initial elle se compose de délégations de représentants nationaux. Mais les traités
prévoient la possibilité de proceder a une élection au suffrage universel direct grâce à une procédure
uniforme dans tous les États membres.
En 1960, on essaye une première fois mais ça échoue à cause de De Gaulle qui n’était pas
favorable au caractère supranational de la communauté. Il faut attendre 1972 pour qu’on rediscute
de ce principe et la décision sera adopté le 20 septembre 1976. C’est une décision spéciale ratifiée
par les États. La première élection au suffrage universel direct a eu lieu le 12 juin 1979.
Les députés européens vont revendiquer une légitimé démocratique directe, ce sont les seuls
à être issus du scrutin populaire. Ils vont invoquer cette légitimé pour invoquer plus de pouvoir. Ce
qui sera effectivement le cas dans la procédure législative et budgétaire.
B) Les réformes fonctionnalistes
Malgré les difficultés rencontrées, les États et leurs dirigeants sont unanimes pour
reconnaitre l’importance du rejet européen et pour chercher à poursuivre cette construction. Dans ce
processus d’approfondissement de l’intégration, il faut distinguer deux périodes, celle des
communautés et la période de l’union politique.
Elles se distinguent car la nature du projet européen change entre ces deux épisodes.
1- De la communauté sectorielle à la communauté
économique
Tout commence en 1948 après la création de l’OECE qui cherche à libéraliser l’économie
des États qui bénéficient du plan Marshall. Les États européens veulent aller plus loin et créer une
véritable communauté d’intégration.
On la possibilité d’une option fédérale par laquelle on créerait une communauté politique
transnationale, cette primauté du politique impliquerait le transfert à un niveau européen de la
responsabilité des questions politiques. D’un point de vue institutionnel, on a la création
Page 63 Institutions européennes
d’institutions de types fédéral, un organe qui représente un peuple ou des peuple, un organe
juridique et des règles de partage de compétences entre différents niveaux. Ca impliquerait de créer
une véritable constitution fédérale qui serait l’oeuvre d’un pouvoir constituant. C’est le projet de
plus ambitieux qui n’est pas irréaliste en 1948. Cette option est abandonnée, elle parait trop
conflictuelle pour être mise en oeuvre.
On va utiliser la théorie fonctionnaliste avec David Mitrany et Haas. Le premier élément
clé est de dépolitiser les questions d’intérêt commun. On a une approche technique. De plus, on va
essayer de susciter l’intérêt des États par un projet trans-frontalier dans lequel ils vont tous trouver
un intérêt concret à participer, un intérêt presque mercantil. Pour faire vivre ce projet, pour
poursuivre l’intérêt commun, il faut créer des institutions spécialisées sur une base technique avec
des décisions très circonscrites. Cette unification va élargir le périmètre des questions communes.
Cette vision fonctionnaliste est appliquée avec la création de la CECA.
a. La création de la CECA
Dans le discours de Sumac il faut, avec la projet de création de la CECA, assurer une unité
franco-allemande. De plus, il faut choisir un domaine d’action qui constitue des intérêts
stratégiques. Cette mise en commun doit être progressive et pour finir l’organisation doit être
controlée et organisée par des organes indépendants des États.
Il va créer la haute autorité de la CECA qui va prendre en charge la gestion du
comportement des entreprises et la fixation des prix des matières concernées. Le projet est
ambitieux notamment car l’Allemagne a des entreprises performantes dans le domaine du charbon,
tandis que la France est plus compétente dans le domaine de l’acier. Le contexte est favorable, la
droite démocrate chrétienne domine les pays européens et va aider pour la mise en oeuvre du projet
de Schuman. Outre la France et l’Allemagne on va avoir un soutient des États-Unis, de l’Italie et
du Benelux. Le seul grand État européen qui va manquer à l’appel est le Royaume Uni qui est
hostile à ce projet d’unité économique et politique.
Le traité de Paris est signé le 18 avril 1951 pour 50 ans. Il va marquer la pierre fondatrice du
projet d’intégration. Ce traité est arrivé a échéance fin 2002 mais les dispositions adoptées depuis
1951 n’ont pas disparues mais ont été réintégrées au droit commun de l’Union européenne.
C’est une Organisation supranationale, on peut même y voir une forme de fédéralisme
fonctionnel. Le système institutionnel créé reprend des éléments relatifs à la technologie fédéraliste.
La première épreuve est la haute autorité indépendante des Etats, elle a le pouvoir de décision
principal dans la CECA. Ses décisions sont immédiatement exécutoires sur l’ensemble des
territoires nationaux et cette haute autorité dialogue avec les entreprises. Elle a des ressources
propres. La haute autorité est responsable seulement devant l’assemblée parlementaire de la CECA
et non devant les États membres. On lui reconnait une indépendance vis à vis du conseil avec une
seule responsabilité devant le parlement. Les actes adoptés vont pouvoir être controlés par une
juridiction supranationale qu’on appelle cour de justice de la CECA, c’est la premier juridiction
supranationale susceptible d’être saisie par les particuliers.
C’est une organisation fonctionnaliste, son but est d’assurer la paix, si le domaine d’action
est très restreint, il reste stratégique, il permet de libéraliser les échanges pour éviter la guerre.
L’aspect négatif est qu’entre 1958 et 1959, l’Europe connait une crise charbonnière parce
que les hydrocarbures deviennent la source principale, le charbon s’épuise et la CECA n’a pas

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réussi à mettre en œuvre un plan pour surpasser cette crise, elle n’a pas réussi à coordonner l’action
des États. En matière d’acier, la haute autorité est confrontée à des cartels.
L’aspect positif est que la CECA a favorisé les échanges économiques, elle a modernisé les
industries concernées en leur accordant des prêts. La CECA a aussi œuvré dans le domaine social,
elle a mis en place un fond pour la réadaptation professionnelle, elle a permis la construction de
logements.
La CECA a été un test de l’idée européenne et a permis de montrer les avantages que les
États pouvaient en tirer. Très rapidement, on s’est attelé à un autre projet, celui de la CED, qui va
être signé en 1952 par les 6 mêmes État. Le traité n’est pas ratifié par la France ce qui va mettre un
coup d’arrêt au fonctionnalisme. Il faut attendre 1957 pour que le fonctionnalisme reprenne avec la
CEE.
b) La CEE
La CEE part d’une action de Jean Monet qui est devenu le premier président de la haute
autorité de la CECA, il va démissionner en 1954 après le refus des parlementaires de ratifier le traité
de la CED et il va le faire pour reprendre une activité militante des États-Unis d’Europe et fonde le
comité d’action pour les États-Unis d’Europe. Ce lobbying sera tres important au niveau européen.
Cela va permettre de reprendre des actions sectorielles et d’agir dans le domaine d’énergie
nucléaire et construire un marché commun général. Il fait l’objet d’un accueil positif et les membres
de la CECA proposent de poursuivre la création d’une Europe unie par des institutions communes,
par la fusion des économies nationales, la création d’un marché commun et une harmonisation
politique et sociale.
Paul Henri Spaak va se voir confier la présidence d’un comité intergouvernemental qui va
faire appel aux experts ayant négocié le projet Schuman et qui va aboutir à la rédaction du traité de
Rome sur la CEE et un second, le traité Euratom. Ils vont être signés par les États membres le 25
mars 2001. Pour le traité de la CEE, les ratifications par les États membres se fait rapidement, les
traités rentrent en vigueur le 1er janvier 1958. Ce traité est conclu sans durée de validité, il va
relancer la construction européenne et va reprendre deux caractéristiques de la CECA, le caractère
supranational et le caractère fonctionnalise.
Dans cette CEE, on retrouve certains éléments de la CECA relative à la nature
supranationale de l’organisation. Mais globalement la CEE est moins supranationale car la
commission de la CEE a beaucoup moins de pouvoir et le conseil des ministres devient l’autorité de
décision de droit commun. La commission ne conserve qu’un pouvoir d’initiative des décisions
prises en conseil des ministres. Les votes sont pris à la majorité, le traité de Rome prévoit
l’extension des compétences de l’assemblée, existence d’un contrôle juridictionnel. On voit
l’assemblée acquérir de nouvelles compétences, ont prévoie dans les traités son élection au suffrage
universel direct et on maintient le rôle essentiel de la cour de justice maintenant appelée cour de
justice des communautés européennes.
On a une méthode fonctionnaliste de la CEE car la on a la création d’un marché commun.
Le projet de départ repose sur la suppression des frontières entre les Etats membres et sur la libre
circulation de facteurs de production (marchandise, travailleur, les services, les capitaux). Il faut
accompagner cette libéralisation par des politiques communes (pèche, agriculture, transport…) .
Cette communauté qui a pour objet matériel la création d’un marché commun va connaitre
des difficultés de fonctionnement.
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Dès 1986 on va réviser le traité de Rome, c’est l’adoption de l’Acte Unique Européen. Il a
été signé en deux fois, le 17 février par 9 États membres et le 28 février par les 3 autres. Il rentre en
vigueur le 1er juillet 1987.  Dans ce traité, on va trouver deux ensembles de disposition.
Des dispositions vont être prises en réponse a la crise de la chaise vide. De Gaulle est aux
commandes d’une France ayant déjà ratifié le traité de Rome. La France peut se voir imposer, a
terme, une décision de la CEE qu’elle n’aurait pas adopté au conseil. La souveraineté de De Gaulle
serait remise en question. Les ministres français ne viennent plus à partir de 1986, cela bloque le
processus institutionnel. L’adoption d’acte communautaire est nécessaire pour organiser le marché
commun. Cette crise se résout par le compromis du Luxembourg du 30 janvier 1966. Les États
s’engagent à décider seulement par consensus. Cet accord politique conduit à violer les traité
puisque les États s’engagent à ne rien adopter sans consensus entre les États membres. La méthode
communautaire est remise en cause. Cette déclaration politique permet aux français de revenir au
conseil. La procédure législative est entravée.
L’Acte Unique Européen de 1986 vient remettre en cause le compromis du Luxembourg, on
a la mise en œuvre de processus de réflexion sur la situation de l’Europe. Il prévoit un certain
nombre d’outils politiques destinés à relancer l’intégration. On trouve aussi un retour de la majorité
qualifiée et un accroissement du rôle du parlement.
On sent le besoin d’élargir le domaine d’intégration européenne en lui intégrant le domaine
politique.
L’Acte Unique Européen dit au 1 janvier 1993, que le marché doit être construit, achevé.
Pour réaliser cet objectif, les États membres conviennent de repasser à la majorité qualifiée afin de
réussir à libéraliser les échanges entre eux.
2- De la communauté économique à l’union politique
On est dans la seconde phase de l’intégration européenne, cette fois ci les acteurs vont
s’atteler à la dimension politique qui fait désormais son apparition dans les institutions européennes.
C’est à partir de ce moment que va surgir l’ Union européenne comme organisation internatioanle.
Tout part d’un projet d’union politique qui va être l’oeuvre d’Altero Spinelli. Des 1941, il va
produire un texte fondateur « manifeste pour une Europe libre et unie » alors qu’il est prisonnier sur
une ile. Dans son idée, l’Europe doit être un rempart au fascisme, un rempart de fait et il concevait
par cela une Europe de type fédérale. Il décide former un groupe de réflexion, le club du crocodile,
qui se forme le 9 juillet 1980 et qui poursuit un projet de réforme de la communauté européenne
pour intégrer la dimension politique dans l’union européenne.
Un an plus tard, au sein du parlement européen, décide de formaliser le groupe par une
commission toujours dirigée par Spinelli, elle rend ses travaux le 14 février 84 lors de l’adoption
par le parlement européen d’un « traité instituant l’Union européenne ».
Dans ce projet, on trouve un renforcement de la commission et du parlement, une réforme de
la cour de justice qui est pensée comme une cour constitutionnelle qui implique qu’on fédéralise la
construction européenne et un élargissement de la communauté en question de sécurité, la sécurité
est un facteur d’adhésion.
En 1984, le parlement, durant les élections, va essayer de mettre ce projet de traité au coeur
du débat public. C’est un échec.

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Lors des élections parlementaires de 1989, cela devient l’un des enjeux, les élections
parlementaires européennes se mobilisent peu sur des questions réellement européennes, ce sont
surtout des débats nationaux. Le parlement persévère en sa logique. Il établit une nouvelle stratégie,
il va plus loin que de faire naitre un débat car ca consiste à soumettre aux électeurs par voie de
référendum de la part des États l’idée de confier au parlement une mission constituante, seulement
si les citoyens sont d’accord pour confier un mandat constituant au Parlement. On veut faire des
députés des représentants constituants des peuples européens. Mais seule l’Italie va prendre part à
cette stratégie, 85% des personnes était d’accord pour une assemblée constituante. Les autres États
ne vont pas reléguer cette proposition.
Il faut alors un troisième mouvement, on a une reprise du mouvement par les gouvernements
nationaux qui convoquent une conférence intergouvernementale pour réfléchir à l’avancée dans
l’union politique. On est parti d’une réflexion intellectuelle qui s’est institutionnalisée dans le
parlement européen et reprise par les gouvernements. Ces travaux vont cette fois ci fonctionner. La
réflexion va déboucher sur la signature du traité sur l’Union européenne à Maastricht. Ce traité qui
en résulte va beaucoup moins loins que ce que le parlement a souhaité faire :
- Une construction qui est moins ambitieuse, la dimension politique n’est pas le point de départ de
l’intégration. Une union européenne qui n’a pas formellement la personnalité juridique, seule la
communauté européenne à la personnalité juridique.
- Le principe de l’unité est abandoné, les États vont pouvoir opter pour une différenciation par des
« opting out ». On le retrouve surtout au Royaume Uni, ça va lui permettre de s’exclure de tout
ce qui est de la politique sociale de l’union européenne. Cette exception est abandonnée avec le
traité d’Amsterdam mais elle resurgit avec la charte des droits fondamentaux des citoyens de
l’Union européenne. Le Royaume Uni, la République Tchèque et la Pologne ont décidé de faire
exception des droits sociaux défendus par cette charte. Pour la zone euro, le Royaume Uni et le
Danemark ont refusé d’y adhérer dans traité d’Amsterdam. Cette différenciation a beaucoup
marqué l’intégration européenne, la volonté de certains États d’y avoir recours est croissante.
Cette différenciation a été vue dans le cas de l’UEM, tous les États membres n’ont pas l’euro
comme monnaie, soit parce qu’ils ont fait un opting out ou parce qu’ils ne remplissent pas les
conditions posées par les traités pour utiliser l’euro. L’espace Schengen est un autre exemple,
l’Irlande, le Royaume Uni et le Danemark n’en sont pas membres. C’est alors la naissance de
l’Europe à la carte. Dans le débat public, depuis 1992 on parle d’avancée à plusieurs vitesses.
a. Le traité de Maastricht
Les gouvernements ont décidé de reprendre le projet après la chute du bloc soviétique et la
chute du mur de Berlin. Règne l’idée de consolider l’Europe occidentale, l’idée est de montrer
qu’en politique étrangère et en sécurité on a une communauté susceptible de prendre une place dans
la géopolitique européenne et internatioanle.
L’Union européenne devient une nécessité et cela passe par une conférence
intergouvernementale en 1990. En réalité, on a une double conférence, une sur les questions
économiques et une sur les dimensions politiques. Les travaux ont été déposés en 1991. Pendant
deux ans, les États membres ont travaillé sur la construction de ce traité.
La signature du traité a été effectuée le 7 février 1992 et il est entré en vigueur le 1
novembre 1993 après un processus de ratification difficile, plus d’un an et demi après la signature
des États membres.

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Le processus de ratification est long car les constitutions nationales doivent être modifiées.
En France, loi du 2 décembre 1992 permet la ratification du traité car le conseil constitutionnel s’est
prononcé dans la décision Maastricht I DC 92-308 par rapport à l’incompatibilité du traité avec la
constitution à cause du transfert des compétences.
Au Danemark, on a un referendum négatif en mai 1993 et il faut attendre un second
referendum pour que le traité soit ratifié, notamment par la mise en place d’opting out.
Le traité de Maastricht est composé de 17 protocoles et de 33 déclarations. Il est dense et sa
lecture est difficile mais c’est l’un des plus ambitieux de l’Union européenne. C’est le plus
ambitieux car il crée trois piliers.
- On achève l’intégration économique avec la création de l’Union Economique et Monétaire.
- On a une Europe politique qui confère a l’ Union européenne des compétences dans deux
domaines piliers par la PECS et la Justice et affaires intérieures (JAI) qui deviendra la CPJP.
- On a aussi intégré la condition de citoyen européen qui s’ajoute à la citoyenneté nationale, cela
marque l’intégration.
On se retrouve avec des organes uniques mais trois piliers d’action ( Économie, JAI et
PESC). La construction mise en place est complexe et difficile a comprendre pour les citoyens
européens.
Sur le fond du droit, on va créer la citoyenneté européenne qui est une citoyenneté
additionnelle, elle s’ajoute a la citoyenneté d’un état membre. Cette citoyenneté confère des droits
particuliers, ils sont aujourd’hui présentés par les articles 20 à 22 du TFUE et pour l’essentiel il
s’agit de droits liées au territoire de l’Union européenne et liées à la libre circulation. Il y a aussi des
droits civiques, le droit de vote et à l’éligibilité aux élections européennes et même les citoyens en
déplacement dans un autre État membre peuvent voter et se présenter dans cet État. Il est aussi
possible de voter et d’être élu pour les élections municipales dans cet État membre. En France, ca
n’est pas possible de devenir maire car les maires élisent les sénateurs. Il y a aussi le droit à une
protection diplomatique par l’ensemble des États membres de l’Union européenne dès lors que le
pays d’origine n’a pas d’entités presentes.
La création de l’union économique et monétaire a créé l’euro, une monnaie de type fédérale
et on transfère une compétence régalienne. Cela implique aussi de transférer à l’Union la
compétence pour gérer cette monnaie, création de la banque centrale européenne en 1992. Elle est
indépendante et oblige une coordination des politiques budgétaires des États. Dès 1992, l’ Union
européenne a un droit de regard.
b. Le traité d’Amsterdam
Il fait suite à 1’élargissement de 1995 avec l’intégration de l’Autriche, la Norvège, le
Danemark. On ressent le besoin de s’ouvrir aux pays de l’est. Il faut, pour cela, reformer le traité de
Maastricht et le fonctionnement de l’Union européenne.
Un nouveau besoin d’élargissement amène à un besoin de renouvellement des institutions.
Dès 1996, on convoque une conference intergouvernementale. Le projet de réforme est signé le 2
octobre 1997 à Amsterdam et entre en vigueur le 1 mai 1999.
Ce traité est important dans le processus d’intégration pour des raisons de fond et de forme.
Traité d’Amsterdam n’empêchera pas le besoin de réforme mais on peut noter quelques effets :

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Sur la forme:
- Il réduit le 3ème pilier qui va partiellement passer dans le premier pilier, il va devenir CPJP au
lieu de SAI tous ce qui est politique, immigration et visa est transférer dans le 1 pilier.
- Création de coopération renforcé, toujours dans le champ de l’Europe à la carte. C’est la création
d’opt in, on permet aux Etats d’aller plus loin dans l’intégration que les autres. On appelle ça la
coopération renforcée, qui va accentuer l’Europe à la carte mais de façon positive. Lorsque des
États lancent une coopération renforcée, ceux qui n’ont pas participé dès le départ peuvent la
rejoindre après. On retrouve ces règles sur la coopération renforcée aux articles 43 à 45 du TUE
et aux article 326 à 334 du TFUE. Cette coopération est très encadrée et a été assouplie par les
différents traités depuis 1998 (traité de Lisbonne et de Nice). Il faut qu’un minimum de 9 États
membres souhaitent participer à cette coopération renforcée, l’idée de communauté serait
disloquée si un seul était plus faible. Ces 9 États doivent être autorisés par le conseil de l’Union
européenne à la majorité qualifié et la coopération renforcée doit être proposée par la commission
et approuvée par le parlement. Il y a eu 3 sujets abordés via une coopération renforcée pour le
moment:
- Juillet 2010, concernant 14 États sur le divorce des couples binationaux et les conflits de
lois.
- 2011, Création d’une juridiction commune des brevets qui est une nouvelle juridiction
supranationale en charge de conservation des brevets commerciaux.
- 2013 mais non aboutie, taxes sur les transactions financières.
Institutionellement:
- Promotion des droits fondamentaux et des valeurs communes dans le traité d’Amsterdam qui se
retrouvent à deux endroits différents, les conditions d’adhésion et la procédure de suspension
d’un État qui viole de maniere grave et persistante des valeurs.
- L’accroissement de la procédure de codécision, de la procédure qui va associer à égalité le
parlement européen et le conseil de l’ Union européenne pour adopter de nouveaux actes
juridiques. C’est la démocratisation de l’union qu’on cherche à mettre en place en assurant que
les décisions sont approuvées codécisément, on veut limiter de voir apparaitre une technocratie
dans les mains des gouvernement nationaux.
- Le parlement européen doit approuver le choix du président de la commission européenne.
Principe du Spitzenkandidat. En principe le président est le leader du parti vainqueur.
Les États, dès l’adoption de ce traité, vont prendre une déclaration annexée au traité, dans
laquelle ils vont constater que ce traité ne répond pas au besoin de faire des progrès substantiels
dans la progression, a peine né, ce traité est modifié.
c. Le traité de Nice
La traité de Nice résulte d’une conférence intergouvernementale convoquée en 2000, soit un
an après l’entrée en vigueur du traité d’Amsterdam. Le traité est signé le 26 février 2001 et entre en
vigueur le 1er février 2003.
La procédure de ratification est contrariée comme pour celui d’Amsterdam car l’Irlande a du
se prononcer deux fois par référendum.
3 questions essentielles vont être réglées par ce traité:
Page 69 Institutions européennes
- Pondération des voix au sein du conseil de l’Union européenne. Le problème vient du fait que
l’on va élargir l’Europe à 27 États membres. Le conseil doit continuer de fonctionner tout en
restant fondé sur un système ayant une assise démographique. On a un nombre de voix par État
en fonction de sa démographie. Le système retenu est celui d’une double majorité. Pour avoir
majorité qualifiée, il faut une majorité simple mais de surcroit, il y a un filet démographique, il
faut que les votes représentent au moins 62% de la population européenne. Les gros Etats ont
plus de poids au sein des décisions du conseil (d’où la peur d’entrée de la Turquie).
- La composition de la commission, la nombre de commissaires est de 27. Les commissaires ont
des porte feuille et un nombre trop important éparpille l’action. 27 commissaires serait un
nombre excessif pour le bon fonctionnement de l’Union européenne. Avant 2005, la commission
comprenait 1 personne par État, et depuis 2005, on met en place un système de rotation entre les
États pour avoir un effectif raisonnable.
- La dernière question est la composition du parlement européen, le traité de Nice augmente le
nombre au chiffre de 732 députés.
Sur le fond il reste un apport important sur les valeurs européennes, le sommet de Nice va
proclamer solennellement la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. La charte n’a
qu’une valeur d’accord inter étatique, elle n’a pas de valeur contraignante.
On va mettre en oeuvre une nouvelle reforme de traité, une nouvelle conference
intergouvernementale doit être convoquée dès 2004 selon le traité de Nice. Ce nouvel acte va être a
l’origine du TECE.
d. Le traité établissant une constitution pour l’Europe
Dans cette appellation on voulait marquer la volonté de fonder cette union européenne sur
un texte ayant matériellement le même contenu qu’une constitution étatique. On cherche à accroitre
la légitimité de l’Union européenne mais on ne prétend pas former un État federal.
Une procédure originale va être mise en oeuvre pour sa création. On reprend la forme du
parlement de 1989. La conférence intergouvernementale qui devait être conférée en 2004 va être
précédée d’une étape nouvelle et inédite, la convention conçue comme une assemblée constituante
ad hoc. Celle-ci va réunir toutes les parties intéressées au processus d’intégration qui sont 15
représentant des Etats, 30 parlementaires nationaux, 16 membres du parlement européen et deux
membres de la commission mais vont aussi s’ajouter des représentants des pays candidats, des
observateurs du conseil économique et social, des partenaires sociaux, des membres du comité des
régions, des médiateurs européens. Cette convention va être présidée par Valéry Giscard D’estaing
et va être assisté de deux vice présidents.
Les travaux de la convention ont aboutir à des résultats intéressants. Elle devait réfléchir sur
quatre thématiques qui vont influencer de maniere décisive avec le traité de Lisbonne, le droit
positif actuel.
- Répartition des compétences entre les États et l’Union européenne.
- La simplification des actes juridiques pris par l’Union européenne.
- Le renforcement de la transparence de la démocratie européenne, de la transparence de l’action,
de l’efficacité de l’action européenne.
- Mise en œuvre d’une constitution européenne pour les citoyens européens. Texte compréhensible
sans formation de juriste et texte protégeant les droits de citoyens.
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De ce point de vue, les travaux de la convention achevés en 2003 sont mitigés car par
rapport au droit existant, il n’y aura plus avec le TECE qu’un seul traité européen. Le traité a été
conçu comme un texte unique avec 4 parties: les principes, les droits fondamentaux, les politiques
et le fonctionnement de l’Union européenne et dispositions generales et finales. Le traité regroupe
400 articles, c’est vu comme une manipulation pour ne pas en prendre connaissance. En France, les
opposants ont dit que le TECE trompait les citoyens car il était trop long et illisible, c’est une
illusion démocratique.
Un certain nombre d’innovations vont être reprises dans le traité d’aujourd’hui malgré
l’échec de sa ratification.
- Fusion de la maison européenne, il n’y a plus que l’Union européenne avec la personnalité
juridique.
- Donner une portée obligatoire a la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. On
peut l’invoquer dans des litiges.
- Création d’un poste de ministre des affaires étrangères de l’Union européenne. Il a été rebaptisé
haut représentant pour la politique étrangère.
- Création d’un président du conseil européen. On veut mettre une figure un peu stable à la tête de
l’Europe pour identifier une personne de contact pour les tiers.
- On a une majorité qualifiée au conseil de l’Europe, il faut 55% des états membres qui
représentante 65% de la population pour la majorité qualifiée et 15 États membres.
- On clarifie les règles de répartition des compétences avec les États membres d’une part et l’union
d’une autre part. Le TECE présente une typologie explicite des différentes compétences de
l’Europe et les modalités d’action dans cette politique, on distingue les compétences exclusives,
les compétences partagées et les compétences d’appui. S’agissant des compétences exclusives et
partagées on va ajouter l’obligation pour l’Union d’ajouter le principe de subsidiarité qui veut
que l’union n’agisse que si l’action des États est insuffisante et le principe de proportionnalité,
l’union n’agit que dans la mesure où c’est nécessaire. Grace à cette clarification on espere avoir
garanti le respect de l’identité nationale des États.
Ce traité est signé par les États à Rome le 29 octobre 2004. Le processus de ratification va
être interrompu à la suite du referendum négatif en France le 29 mai 2005 et 4 jours plus tard au
Danemark avec 61% de rejet.
e. Le traité de Lisbonne
Le traité de Lisbonne fait irruption dans un contexte de crise. Après l’échec de 2005,
l’Europe est au point mort. C’est nécessaire de renouveler les institution car il y a eu une évolution
du nombre d’État et il faut faire progresser l’intégration.
On fait une pause car on considere qu’il faut attendre 2008 pour reprendre les négociations.
L’arrivée de Sarkozy au poste de président de la république va accélérer les choses et Sarkozy va
adopter un mini traité en 2007. L’idée est de reprendre le TECE mais de façon moins ambitieuse.
Par échec du TECE, on ne sait pas si l’Europe va survivre. Il faut attendre que les
gouvernements reprennent les choses et se mettent d’accord pour relancer réformes. Le conseil
européen de Bruxelles de 2008 va temporiser la réforme et trouver une solution avant d’arriver et
éviter un nouvel échec.

Page 71 Institutions européennes


La deuxième idée est de mettre en place un groupe de travail présidé par Amato, dans ce
groupe on va trouver 16 personnalité politique dont Dominique Strauss-Kahn et Schaüble. Il va
proposer un projet de traité modificatif reprenant l’essentiel du TECE tout en conservant deux
traités distincts.
La dernière idée est la position de l’Allemagne, qui reste attachée à l’idée de la Constitution
européenne. Les allemands ont l’habitude l’organisation fédérale alors qu’en France ça fait peur car
l’État est unitaire.
La conference intergouvernementale convoquée en juillet 2007 va s’inspirer de ces trois
propositions en essayant de trouver un projet de traité qui soit respectueux des équilibres politiques
en cours. Le projet proposé se veut très pragmatique et les experts vont écarter tout ce qui fait débat
dans le TECE. Ils allègent la dimension constitutionnelle du traité mais gardent l’essentiel du reste.
Ils vont conserver les avancées, les valorisations des valeurs occidentales fondamentales. On va
abandonner l’adoption par le TECE d’une nouvelle nomenclature pour les actes juridiques de
l’Union européenne qui recouraient au terme de loi. Le terme de loi était considéré comme trop
étatisant. De plus le ministre des affaires étrangères du TECE va devenir le haut représentant pour la
politique étrangère et la sécurité commune. On a enlevé tout ce qui était symbolique et on garde tout
ce qui est technique, ce qui mobilise moins l’opinion publique.
Un élément était source de débat en 2005 et n’a pas été résolu, c’est la présence d’un certain
nombre de principes économiques d’inspiration libérale. On a reproché au TECE de graver dans le
marbre une inspiration politique libérale et ce libéralisme économique n’a pas été effacé. Les
articles du traité de Lisbonne reproduisent un idéal économique qui est celui du libéralisme, cela dit
il y a aussi la place dans les traités pour une politique sociale européenne qui protège les salariés, on
ne peut pas voit un penchant dans le traité pour un Neo libéralisme. Si on prend l’échelle
européenne, l’Europe est plutôt libérale et de droite, il est excessif de reprocher à l’Union
européenne des choix électoraux nationaux.
Le traité va être signé à Lisbonne le 13 décembre 2007 et il faudra attendre le 1 décembre
2009 pour qu’il entre en vigueur (ratification longue). Sont révisés les traités existants, mais ils ne
sont pas supprimés. En France, on a fait le choix d’éviter un nouveaux référendum. Ce traité révise
les anciens traités existants, qui deviennent TUE et TFUE. Il y a la disparition des communautés au
profit de l’ Union européenne qui persiste désormais seule.
Les traités comprennent 55 articles pour le TUE et 358 pour le TFUE, on a un grand nombre
d’articles dans le TFUE mais il faut mettre en perspective les choses, la constitution italienne
comprend 200 articles, l’allemande comprend 140 articles. Le nombre d’article n’est donc pas si
énorme que ça au regard de la difficulté de l’Union européenne.
Il va résulter de la reforme de 2007 une volonté evidente de clarifier la répartition des
compétences entre les États et l’ Union européenne. On va essayer de faire en sorte que les États ne
puissent pas se sentir dépossédés de leur souveraineté, de leur pouvoir de décision au profit d’une
Europe considérée comme trop technocratique et détachée de la volonté des peuples. Pour cela on
va recourir à des techniques qu’utilisent les États fédéraux. On va s’appuyer sur des traités mais qui
comprennent des mécanismes fédéraux et constitutionnels.

Page 72 Institutions européennes


§2 Les compétences de l’Union résultant de ce processus
d’approfondissement
Le traité de Lisbonne met en place une clarification des responsabilités respectives des
institutions et des États autour du principe d’attribution des compétences qui ressemble de tres près
à un principe classique en droit international, le principe de spécialité des organisations
internationales. Ce principe, en droit international, se définit de la façon suivante: les organisations
internationales ne sont qu’un moyen d’atteindre les objectifs définis qui vont l’être par le traité
fondateur de l’organisation internationale. On attache une dimension restrictive, les pouvoirs des
Organisations internationales ne sont fixés que par les objectifs qu’on attribue à l’Organisation
internatioanle, l’Organisation internatioanle ne peut pas aller au-delà de ce qui est nécessaire pour
atteindre ces objectifs. C’est un principe modérateur restrictif.
Même dans la sphère du droit internationale il y a des aménagements importants au principe
de spécialité. L’ organisation internatioanle va être fondée sur un traité qui, en principe, énumère ses
moyens et ses buts mais assez rapidement le droit international a considéré qu’une organisation
internatioanle peut se voir reconnaitre des compétences implicites. Si les compétences explicites
sont insuffisantes au regard des objectifs, on peut considérer que ceux-ci permettent une extension
des compétences. D’un point de vue théorique, la situation dans la quelle se trouve une organisation
internatioanle est fondamentalement différente de la situation dans laquelle se trouve un État. L’État
a la compétence de la compétence. On va retrouver avec l’ Union européenne ce principe
d’attribution des compétences mais dans la mise en oeuvre de ce principe, on va retrouver toute
l’ambiguïté d’une Union européenne particulière.
Les traités sont fondés sur des objectifs très largement définis, on les retrouve à l’article 3 du
traité sur l’Union européenne (promotion de la paix et des valeurs européennes, espace de liberté de
sécurité et de justice, le marché intérieur). C’est pourquoi les traités européens sont des traités
cadres, ils définissent un cadre très général et ils autorisent l’adoption d’un droit dérivé pour réussir
les objectifs définis.
La mise en oeuvre de ce principe va s’appuyer sur des mécanismes connus dans des États
fédéraux. Par exemple on va retrouver une juridiction supérieure qui est en charge de trancher en
cas de litige.
Il faut souligner que c’est un angle d’approche essentiel de ce qu’est l’intégration des États
dans une communauté. Autour du principe, se sont cristallisés les enjeux essentiels de l’intégration
européenne. C’es sur ce plan là qu’on peut débattre de la nature étatique ou non de l’Union
européenne et de la souveraineté des États.
Il faut intégrer à la réflexion la prise en compte des conséquences que va avoir la
reconnaissance de compétences à l’Union européenne. L’Union va pouvoir prendre du droit dérivé
et ces règles communes vont bénéficier du principe de primauté. L’ensemble du droit adopté par les
institutions de l’ Union européenne prime sur le droit national, y compris sur la constitution. Cela ne
vaut que dans le champ d’application du droit de l’Union.
La cour constitutionnelle allemande a été l’un des organes juridictionnels les plus actifs, qui
à beaucoup fait avancer depuis le traité de Lisbonne. Par des décision, la cour constitutionnelle
allemande a cherché à créer des outils juridiques permettant de lutter contre un développement
excessif des compétences de l’Union et elle cherche à répondre à la cour de justice de l’Union
européenne.

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Le juge constitutionnel a utilisé la théorie de la supra-constitutionnalité en se fondant sur la
loi fondamentale allemande. Certaines dispositions d’une constitution ne sont pas susceptibles de
faire l’objet d’une révision, la constitution reste donc supérieure au droit européen (Dignité
humaine, structure constitutionnelle fondamentale de l’Allemagne). La cour constitutionnelle
allemande préserve le principe de la démocratie et préserve l’existence d’un pouvoir de décision
substantielle au niveau national. Le législateur allemand garde un certain nombre de pouvoirs pour
que l’État reste un État. Le raisonnement est reposé à chaque révision des traités, chaque révision et
l’adoption des traités est contrôlée par la Cour constitutionnelle allemande pour voir si la nature
étatique de l’Allemagne est respectée.
Cette question permet de savoir si les États membres continuent ou non d’être des États
souverains et s’ils ne le sont plus, cela veut dire que l’Union européenne a recuperé la souveraineté.
A) Les règles relatives à la dévolution des compétences
1- Le principe d’attribution des compétences
Le droit de l’union est fondé sur des traités fondateurs qui ont été signé par l’ensemble des
États membres. Ils constituent la base juridique de l’Union européenne et sont même qualifiés de
charte constitutionnelle de l’Union depuis un arrêt de 1986 parti écologiste Les verts. C’est ce traité
qui va définir les compétences de l’Union européenne.
L’union adopte un droit commun dérivé pour mettre en place ces objectifs du TUE et va
regarder la bonne application de ce droit dérive par lequel elle cherche à harmoniser les pratiques
nationales.
En vertu de ce même traité on a des institutions établies pour mettre en oeuvre ces objectifs
et ces institutions vont être dotées de compétences. Elles vont pouvoir créer du droit derivé,
contrôler que les États respectent le droit européen et elles vont harmoniser les pratiques nationales.
C’est grâce à l’action de ces institutions qu’on peut réaliser l’intégration européenne. On va
pouvoir le mettre en place que dans le cadre limite des compétences attribuées à l’Union.
Tout cela est synthétisé à l’article 5 alinéa 2 du TUE qui dit que « l’Union agit dans les
limites des compétences que les États membres lui ont attribué dans les traités pour atteindre les
objectifs que ces traités établissent. »
On a un aspect limitatif et le traité de Lisbonne insiste sur cette dimension limitative car on
veut éviter que les États disparaissent de manière graduelle sans qu’on ne s’en rende compte. On
retrouve cette idée aux articles 4 du TUE et 5 du TFUE «  Toute compétence non attribuée à
l’Union dan les traités, appartient aux États membres ».
Depuis le traité de Lisbonne, dans la déclaration 18 annexée a celui-ci, il est dit que le
conseil peut demander à la commission européenne d’abriter des actes du droit de l’Union qui
existent déjà. On peut faire en sorte que les compétences de l’union ne soient plus mobilisées pour
redonner à l’État une marge de manoeuvre. L’article 48 TUE dit que la révision des traités peut être
l’occasion de réduire les compétences attribuées à l’Union. Si l’Union a bien, en vertu de ces traités,
une compétence qui lui est attribuée, alors elle est habilitée à developper son droit, le principe
d’attribution des compétence est aussi un principe d’habilitation.

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2- L’assouplissement du principe d’attribution des
compétence
Ce titre des compétences est en principe reconnu par les traités. On va, dans le traité, avoir
des articles définissant la maniere dont les institutions doivent mettre en oeuvre les objectifs. Assez
souvent, le titre des compétences de l’Union européenne va être implicite, on va déduire des
objectifs l’existence d’une compétence même s’il n’y a pas d’autres articles qui précisent la nature
de la compétence.
Pour la théorie de la compétence implicite, l’arrêt AETR du 31 mars 1971 opposant la
commission et le conseil, posait la question de savoir si la communauté pourrait adopter avec des
États tiers un accord dans le domaine du transport routier. On voulait savoir si l’union avait une
compétence externe. Le cour a répondu que oui, que la communauté a une compétence externe en
matière routière en disant que celle-ci est implicite. Le principe du parallélisme des compétences lui
permet d’affirmer que chaque compétence interne reconnue à la communauté emmène avec elle
implicitement une compétence externe, cela démultiplie les compétences de l’Union européenne.
On a une autre forme d’extension des compétences, outre les compétences implicites. On a
les compétences subsidiaires qui sont prévues par l’article 352 du TFUE. Les fondateurs de
l’Europe sont partis de la méthode fonctionnaliste. Comme le processus est fonctionnaliste il est
difficile d’envisager toutes les compétences qui seront nécessaires pour réaliser les objectifs de
l’Union européenne. Cela consiste à dire que l’Union européenne a des objectifs larges et qu’il n’est
pas possible, dans les traités, d’anticiper sur toutes les questions que vont soulever la poursuite des
objectifs. L’article permet d’accroitre la compétence de la communauté, sans avoir à réviser les
traités, grâce au mécanisme des compétences subsidiare.
Deux conditions sont posées par cet article 352 et elles sont soumises au contrôle de la cour
de justice :
- L’action doit être nécessaire pour réaliser un des objectifs prévu par les traités. La cour va
considérer que c’est une appréciation politique et va considérer cette condition de maniere très
restreinte.
- Il faut qu’il n’y ait pas dans le traité, des pouvoirs permettant de réaliser cet objectif, il faut une
vraie lacune. Dès lors qu’il existe une base juridique adéquat, on ne peut utiliser les compétences
subsidiares.
3- Typologie des compétences explicites prévues par le
traité de Lisbonne
Pour les compétences explicites, le traité les présente grâce à une typologie, il y a différentes
catégories, pour savoir dans quelle catégorie se situe une politique particulière, on se réfère aux
articles 3 et suivants du TFUE:
- Compétences exclusives de l’Union européenne. Le principe est posé à l’article 2 paragraphe 1
du TFUE et l’énumération est effectuée à l’article 3. L’Union européenne est la seule
compétente. Ce que dit l’article 2 paragraphe 1 est que l’Union européenne est seule compétente
pour adopter des actes contraignants et pour légiférer. Les États peuvent intervenir que sur
habilitation par l’Union européenne ou pour mettre en œuvre les actes adoptés par l’Union. Dans
le domaine de la pèche, l’ Union européenne fixe les cotas mais les gardes cotes vont mettre en
oeuvre ces cotas, il y a donc des mesures d’exécution de ces cotas.

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- Les compétences partagées entre l’Union européenne et les États membres. L’article 4 du TFUE
liste les domaines de compétences partagés. S’agissant des compétences partagées, l’action de
l’Union européenne n’est pas totalement libre, il faut considérer les règles qui encadrent
l’exercice de ces compétences, l’article 2 paragraphe 2 prévoit que les États peuvent agir tant que
l’Union n’a pas exercé sa compétence, c’est le mécanisme de préemption des compétences, tant
que l’union n’a pas agi alors les États sont libres d’agir. Au fur et à mesure que l’Union agit, ils
perdent la compétence. Avec le principe de coopération loyale, même si union n’a pas agit,
l’action des Etats ne doit pas être contraire aux objectifs du traité. Si l’Union préempte la
compétence partagée , l’État est dessaisit et ne peut agir.
- Compétence d’appui et de complément, régie par l’article 2 paragraphe 5. Les États ont le
pouvoir de décision et de direction au niveau national. L’action ne peut consister qu’à soutenir les
États, sans harmonisation des droits nationaux. L’Union européenne ne peut venir qu’encourager
les mesures nationales.
- Compétences particulières, ce sont des compétences de coordination qui ont pour particularité de
fonder des recommandations. Ce sont des actes non contraignants qui n’ont pas de portée
obligatoire. On a l’exemple des politiques économiques des États membres. Tous les ans, l’Union
européenne adopte des GOPE pour coordonner les choix des politiques économiques des États.
B) Les règles relatives à l’exercices des compétences
L’Union européenne est une union de droit, par analogie un État de droit. Les institutions de
cette union de droit sont soumises au principe de la légalité, elles doivent respecter la charte
constitutionnelle de base que forment les traités. Les dispositions contenues dans les traités viennent
conditionner l’exercice des compétences des institutions de l’ Union européenne. L’article 6
paragraphe 1 pose le respect aux droits fondamentaux et l’article 4 paragraphe 2 du TUE affirme
que l’union respecte l’identité nationale des États membres, cette affirmation est une limite à
l’exercice des compétences attribuées à l’union.
Le traité va contenir un certain nombre de règles spécifiques à l’exercice des compétences,
ce sont les principes régulateurs et ils sont apparus dans les traités à partir de 1992 dans le traité de
Maastricht, 2 principes sont compris comme la contre partis :
- A la disparition de l’unanimité
- Au frein au fonctionnalisme naturel de la construction européenne qui peut entrainer l’ Union
européenne vers une course en avant pour toujours plus de pouvoirs.
1- Principe de proportionnalité 
C’est un principe général du droit de l’Union européenne. La technique des principes
généraux de droit se retrouve en droit administratif français avec le conseil d’État et en droit
international. Ces principes sont des principes non écrits que le juge découvre et pour justifier leur
création, les magistrats vont dire que le droit écrit s’inspire de ce principe général du droit. Le juge
se cache derrière le texte écrit en disant qu’il dégage un principe à partir du texte.
Le principe de proportionnalité est au départ découvert par le juge européen derrière le texte
des traités. Aujourd’hui c’est le doit primaire qui énonce ce principe à l’article 5 paragraphe 4 du
TUE. Dans l’arrêt National Farmer Union, affaire C157-87, concernant la crise de la vache folle,
la commission européenne, pour éviter un risque de transmission, a interdit l’exportation de viande
britannique. S’est posée la question du caractère proportionné de cette mesure. La cour répond donc

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avec un principe général du droit et considère que les actes adoptés par les institutions ne doivent
pas dépasser les limites de ce qui est approprié et nécessaire à la réalisation des objectifs légitimes
poursuivis, étant entendu que lorsqu’un choix s’offre entre plusieurs mesures appropriées, il
convient de recourir à la moins contraignante, enfin, les inconvénients posés ne doivent pas être
démesurés par rapport aux buts visés.
Il y a trois test, la mesure est-elle appropriée, est-elle nécessaire et il y a un bilan entre le
cout et les avantages qu’un tire de la mesure, une proportionnalité au ses stricte.
Le risque est que si le juge applique ce principe de proportionnalité il risque d’agir dans le
domaine des activités politiques. Pour éviter qu’on parle de gouvernement des juges, la cour a
utilisé un principe de proportionnalité d’intensité réduite dans tous les domaines où les traités
donnent aux autorités légiférantes un pouvoir d’appréciation. C’est particulièrement le cas dans tout
ce qui est politique économique car le parlement, le conseil et la commission font des prospections
économiques.
Malgré cette intensité réduite dans certains cas, il a des conséquences importantes sur le
droit de l’Union européenne en particulier, il conduit à pousser les institutions européennes à
n’adopter dans les actes de droit européen que les principes qui vont régir une matière, les États qui
vont appliquer les actes de droit européen pourront adapter les grands principes à la situation
nationale.
2- Le principe de subsidiarité
Ce principe affirmé de maniere progressive par le droit de l’ Union européenne va
s’appliquer dans toutes les compétences partagées entre l’Union et les états membres. Pour les
compétences exclusives, on a fait en amont un travail d’application.
Ce principe a connu une première manifestation dans l’acte unique européen qui le prévoyait
en matière d’environnement, une action de la communauté était subordonnée au fait que les
objectifs pouvaient être mieux réalisés au niveau de la communauté qu’au niveau des États
membres pris isolément. Il faut qu’il y ait un gain d’effectivité pour que l’Union puisse agir. Le
traité de Maastricht affirme dans son préambule que les décisions doivent être prises au plus près de
citoyens. Le fonctionnement concret du principe reste assez flou en 1992 et le traité d’Amsterdam
va venir le préciser dans un protocole annexé. Aujourd’hui, dans les traités issus du traité de
Lisbonne on a toujours ce protocole et l’article 2 du TUE dit que les objectifs de l’Union
européenne sont atteint dans le respect du principe de subsidiarité, ce que vient préciser l’article 5
paragraphe 3 du TUE. Dans le cadre des compétences non exclusives de l’ Union européenne,
l’union n’intervient que si et dans le masure où, les objectifs de l’action envisagée ne peuvent être
réalisés de maniere suffisante par les États membres et peuvent donc, en raison des dimensions ou
des effets de l’action envisagés, être mieux réalisé au niveau européen.
Si la France essaie seule de réduire l’émission de gaz à effet de serre, à l’échelle européenne
et mondiale, ca n’a pas de grands effet, l’action sera mieux réalisée par l Union européenne.
On cherche à assurer deux choses avec le principe de subsidiarité: de rapprocher les prises
de décision des citoyens et que l’action reste efficace

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3- Mise en oeuvre de ces principes de régulation des
compétences.
Il s’agit d’identifier l’impact juridique de ces principes. La mise en oeuvre de ces principes
revient d’abord à la commission car elle a, pour l’essentiel des domaines concernés par le droit de
l’Union européenne, un monopole de l’initiative législative. Dans le cadre de ce monopole, la
commission doit spécialement motiver sa proposition d’acte au regard du principe de subsidiarité et
de proportionnalité. Pour que cette motivation soit pertinente, la commission commence toujours
par de larges consultations, elle s’assure d’avoir toute l’expertise technique nécessaire. La
commission va avoir tendance à privilégier un type d’acte particulier, c’est la directive qu’elle va
privilégier par rapport au règlement. La directive est un acte qui doit être transposé en droit interne,
une loi devra mettre en place les actions nécessaires. Le règlement est directement applicable aux
États.
Une fois que la proposition de la commission est transmise au conseil et au parlement, ils
vont eux aussi devoir se prononcer sur le respect des principes de régulation des compétences et ils
vont devoir le faire, en particulier, s’ils veulent amender la proposition de la commission.
Tous les ans la commission produit un rapport sur l’application de l’article 5 du TUE, elle
vérifie si elle n’est pas allée trop loin dans ses propositions et ces rapports sont adressés aux
institutions européennes et aux parlements nationaux. C’est principalement l’exercice des
compétences du législateur national qui est contrarié par l’exercice des compétences au niveau
européen . L’article 5 paragraphe 3 alinéa 2 et l’article 12 paragraphe b du TUE confient aussi aux
parlement nationaux une fonction de controle du principe de subsidiarité dans une procédure
d’alerte précoce. Elle a été précisé dans le protocole 2 annexé au traité.
- Lorsqu’une proposition d’acte est faite par la commission, elle est transmise aux parlements
nationaux et les parlementaires ont 8 semaines pour adresser aux président du parlement
européen, aux président du conseil et de la commission un avis motivé s’ils pensent que la
proposition ne respecte pas le principe.
- Si ces avis motivés sont votés par un tiers des voies attribuées aux parlements nationaux comme
considérant que n’est pas respecté le principe de subsidiarité, on est dans le cadre d’un carton
jaune et le projet doit être reexaminé. La commission a trois solutions: maintenir, modifier ou
retirer le projet.
- Si une majorité simple des voies est émise contre le projet, on a un carton orange et la
commission peut à nouveau maintenir ou modifier sa proposition et le législateur européen va
trancher le débat entre la commission et les parlements nationaux. Par une majorité de 55% des
membres du conseil ou par la majorité des voies exprimées au parlement européen, la proposition
pourra être retirée.
- Une fois que l’acte législatif est adopté, on peut saisir la Cour de justice de l’Union européenne
qui vérifiera la bonne application de l’article 5.
Depuis 2009, cette procédure a été mise en oeuvre 3 fois.
- En mai 2012, sur une proposition de la commission sur les actions collectives (le droit de grève
en matière sociale), les parlements nationaux ont considéré qu’il ne relevait pas de l’Union
européenne de légiférer et la commission a retiré sa proposition.

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- En 2013 sur la création d’un parquet européen. Carton jaune des parlements mais l’acte a été
adopté parce que la commission a maintenu sa proposition.
- En 2016, carton jaune sur la proposition de réviser la directive sur le détachement des
travailleurs, les pays de l’est sont réticents car le droit applicable est propice à leur situation. Ici
encore la commission a maintenu sa proposition et le législateur devra trancher la question.

§3 La révision des traités


On a, dans l’article 48 du TUE l’ensemble des disposition relatives à la révision des traités.
Si on s’intéresse aux formes il faut distinguer deux formes de révision prévues par l’article 48
paragraphe 1, cet article distingue les révisions ordinaires et les révisions simplifiées. La révision
reste intergouvernementale. Ces dispositions de révision sont exclusives, on ne peut réviser les
traités sans respecter ce qui est dit dans l’article 48. La cour l’a exprimé une première fois dans un
arrêt Defrenne du 8 avril 1976, sur l’égalité salariale entre les hommes et les femmes, qui a permis
à la cour de dire qu’un acte de droit dérivé ne peut réviser les dispositions du traité car seule la
procédure de l’ex article 237 TCE permet de réviser les traités. La cour a reafirmé cela dans l’arrêt
Pringle du 27 Novembre 2012 dans laquelle elle a controlé une révision simplifié des traités.
A) La révision ordinaire
C’est la procédure de droit commun, c’est la voie qui doit être utilisée par les États.
Le traité de Lisbonne a essayé de renforcer sa nature démocratique et sa transparence. Il a
reconnu au parlement européen une initiative formelle de révision des traités. Outre le parlement, la
commission et un État membre peuvent demander l’ouverture d'un processus de révision. Une fois
demandée, la proposition va être transmise au conseil européen. Le conseil va consulter le
parlement et la commission et va se prononcer à la majorité simple sur le principe de la révision et
non sur le contenu.
Apres cela, on a l’ouverture d’une Convention composée de membres des parlements
nationaux et européen. Par exception, le parlement européen peut autoriser la révision à ne ne pas
recourir à une Convention mais directement à une conference intergouvernementale. La
Convention, va élaborer des recommandations et le projet élaboré par consensus va être transmis à
une conférence intergouvernementale. Une fois que la conférence intergouvernementale a adopté le
projet à l’unanimité, il va être présenté au conseil qui va lui-même le transmettre au conseil
européen et aux parlements nationaux.
Une fois le projet transmis, est mis en œuvre un projet de ratification qui doit être voté par
l’ensemble des États membres. Le paragraphe 5 de l’article 48 précise que le processus de
ratification doit être effectué dans un délai de 2 ans écoulé entre la signature du traité et la date à
laquelle le conseil va se réunir. Si au bout de 2 ans, 1/5 des États membres a des difficultés à ratifier
le traité, le conseil européen se saisit de la question.

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B) Les révisions simplifiées
Il faut distinguer ce que prévoit l’article 48, d’autres dispositions du traité qui renvoient à
des décisions ultérieurs adoptées par les États membres et qui vont pourtant faire parti du droit
primaire. Dans l’article 223 paragraphe 1 du TFUE il est précisé qu’une décision prise par les États
définit les modalités du suffrage universel direct qui encadre les élections des parlementaires
européens.
L’article 25 du TFUE prévoit que les États peuvent modifier, par une décision prise à
l’unanimité, les droits rattachés à la citoyenneté européenne énumérés à l’article 21.
L’article 48 prévoit d’autres procédures qui vont modifier les articles du traité et non des
compléments. Il y a deux types de révisions simplifiées.
La première touche au fond de l’action de l’Union européenne, on va toucher aux politiques
de l’Union, on veut faciliter la poursuite d’intégration sans avoir à convoquer une Convention ou
une conférence intergouvernementale, on evite le formalisme. Il faudrait que le conseil européen
statue à l’unanimité après avoir consulté la commission et le parlement européen. Si le conseil
statue à l’unanimité en faveur de la révision, il faut ensuite une ratification par l’ensemble des États
membres ce qui permet aux parlement nationaux de contrôler la proposition de révision. La limite
est qu’on ne peut accroître les compétences de l’Union européenne.
Il y a une deuxième forme, la clause passerelle qui concerne la modification des procédures
de décision. Il y a 2 types :
- Lorsqu’il existe une décision qui peut être adoptée à l’unanimité du Conseil des ministres, cet
article donne le pouvoir d’autoriser le Conseil des ministres à statuer à la majorité qualifiée.
- Dans le cas où les dispositions du traité prévoient une procédure législative spéciale, le conseil
européen, à l’unanimité, peut autoriser le passage à la procédure législative ordinaire. Le traité
prévoit l’approbation du parlement européen.
Soit on agit sur les modalités de vote du conseil des ministres soit on modifie la procédure
législative. Dans les deux cas c’est le conseil européen qui va statuer à l’unanimité avec
l’approbation du parlement européen. La dernière étape est différente, la procédure prévue par
l’article 48 paragraphe 7 dit que chaque parlement national va disposer de six mois pour s’opposer à
l’activation de la clause passerelle. Il suffit de l’opposition d’un seul parlement national pour
empêcher la révision. Cela se substitue à la ratification. 


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Chapitre 2: l’organisation constitutionnelle des pouvoirs au sein de
l’Union européenne
En terme d’organisation du pouvoir, en droit international on distingue les organes
principaux (prévus par les traités constitutifs) et les organes subsidiaires (organes crées dans un
second temps).
Exemple d’organes subsidiaires: Les agences européennes ou offices européens, par
exemple Frontex qui a pour but de limiter les immigrations clandestines ou les gardes cotes/
routières. Il existe aussi l’agence européenne du médicament (EMA) pour tout le territoire européen
ou encore l’agence de l’autorité européenne de sécurité alimentaire (ESFA).
Le problème de cette démarche est qu’on passe a coté de ce qui fait la spécificité de l’Union
européenne, on passe à coté du système institutionnel européen, ça ne met pas en avant le rôle
particulier de la commission ou les évolutions du rôle du Parlement.
Il faut comprendre l’évolution et la promotion du parlement européen donc il faut trouver
d’autres présentations des choses qui permettent l’évolution. Une présentation qui s’intéresse à un
problème essentiel, une compréhension d’un système institutionnel et le déficit démocratique de
l’Union. On va donc faire un parallèle avec l’organisation des États pour analyser les institutions
européennes.
L’union est certes fondée sur des traités mais ces traités, d’un point de vue substantiel
peuvent bien être qualifiés de constitution. On va retrouver dans les traités les règles sur les valeurs
et les droits fondamentaux et sur les institutions d’un État.
En 1986, dans l’arrêt parlement européen contre partie écologiste les verts, la cour dit que
«  la communauté économique européenne est une communauté de droit en ce que ni ses Etats
membres ni ses institutions n’échappent au contrôle de la conformité de leurs actes à la charte
constitutionnelle de base qui est le traité ». Dans cette affirmation, les traités ont la même fonction
qu’une constitution, ils définissent une hiérarchie des normes et vont encadrer la fonction des
institutions des États. Cette notion de charte a été reprise dans l’avis 2/13 du 18 décembre 2014
relative au projet d’adhésion de la CEDH. La cour nous invite a considérer les traités comme une
constitution au sens matériel et a voir dans les traités des règles relatives à la dévolution et à
l’organisation des pouvoirs publiques et aux règles fondamentales.
Aujourd’hui le traité de Lisbonne, l’article 13 paragraphe 1 du TUE liste les 7 institutions de
l’Union européenne: le Parlement européen, le Conseil européen, le Conseil des Ministres, le
Commission, la Cour de justice de l’Union européenne, la banque centrale européenne et la cour
des comptes. Ce statut d’institution est important parce qu’il donne un statut spécifique, des
pouvoirs spécifiques au organes qualifiés d’institutions.
La procédure législative l’un des point essentielles de la matière : la Commission, le Conseil
et Parlement forment le triangle institutionnel.
Les institutions voient leurs caractéristiques principales définies par le TUE. La banque
centrale européenne et la cour des comptes ne sont que dans le TFUE. En réalité, on a 7 institutions
et des organes qui ne sont pas des institutions.
L’article 263 du TFUE distingue différentes catégories de requérants pour saisir la cour de
justice. Il distingue les institutions et en particulier le Parlement, le conseil et la commission qui

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sont des requérants privilégiés, ils peuvent attaquer tout acte de droit européen sans avoir à
démontrer leur intérêt à agir.
Les autres institutions énumérées dans la liste sont des requérants semi-privilégiés, ils
peuvent attaquer toute mesure qui concerne leurs prérogatives sans avoir à justifier leur intérêt à
agir. Tout le reste, les citoyens ou les autres institutions, devront démontrer qu’ils ont un intérêt a
agir.
Dans le système institutionnel qui reconnaît un statut particulier aux institutions on a
cherché à assurer un maximum de représentation au sein de l’Union européenne. Pour son action
légitime, la Commission représente l’intérêt General de l’Union. Le Conseil des ministre et le
Conseil européen représentent les Etats (comme au niveau national ), le Parlement européen
représente les citoyens. Il y a deux organes qui agissent aussi le conseil économique et social qui
représente la société civile et le Comité des régions qui représente les collectivités territoriales au
sein des États.
Ce système est là pour s’assurer que tous les intérêts sont représentés dans le processus
européen et on s’assure de prendre la meilleure disposition possible pour le droit européen.

Section 1: Le cadre de la vie institutionnelle


§1 Les principes fondamentaux encadrant l’exercice du pouvoir
européen
Les principes fondamentaux ont une origine jurisprudentielle, la cour de justice les a
consacré avant que les traités ne consacrent ces différents principes…
L’article 13 du TUE dit que les institutions mettent en oeuvre le principe démocratique.
Dans l’article 10 on a les conséquences de la mise en oeuvre du principe de démocratie.
- §1. Le fonctionnement de l'Union est fondé sur la démocratie représentative.
- §2. Les citoyens sont directement représentés, au niveau de l'Union, au Parlement européen.

Les États membres sont représentés au Conseil européen par leur chef d'État ou de gouvernement
et au Conseil par leurs gouvernements, eux-mêmes démocratiquement responsables, soit devant
leurs parlements nationaux, soit devant leurs citoyens.
- §3. Tout citoyen a le droit de participer à la vie démocratique de l'Union. Les décisions sont
prises aussi ouvertement et aussi près que possible des citoyens.
- §4. Les partis politiques au niveau européen contribuent à la formation de la conscience politique
européenne et à l'expression de la volonté des citoyens de l'Union.
La démocratie est représentative avec le parlement et le conseil et les mécanismes qui
incluent les citoyens.
L’article 9 du TUE relatif à la citoyenneté stipule que « Dans toutes ses activités, l'Union
respecte le principe de l'égalité de ses citoyens, qui bénéficient d'une égale attention de ses
institutions, organes et organismes. »

Page 82 Institutions européennes


A) Les principes relatifs aux relations entre institutions:
équilibre institutionnel et coopération loyale.
Si on fait une comparaison avec le principe la séparation des pouvoirs, des auteurs comme
mme Boutayeb, considèrent qu’il n’y a pas de séparation des pouvoirs à proprement parlé mais une
confusion des pouvoirs, d’autres parlent de séparation des fonctions.
Il y a bien au sein de l’Union européenne une logique de frein et de contre poids, il faut
introduire une logique de modération en divisant le pouvoir au sein des institutions. Au sein de
l’Union européenne, le pouvoir décisionnel est reparti entre plusieurs institutions et doit être exercé
selon des modalités définies par les traités et généralement repose sur la coopération de ces
institutions. On n’est pas dans le modèle de séparation stricte des pouvoirs qui est plutôt un mythe,
il faut nécessairement une coopération des pouvoirs.
Cet esprit de séparation se retrouve dans les traités via le principe de l’équilibre
institutionnel dont la mise en oeuvre est garantie par un principe de coopération loyale. Dans ce
cadre, l’article 13 paragraphe 2 du TUE precise que chaque institution agit dans les limites des
attributions qui lui sont conférées dans le traité conformément aux procédures, Commissions et fins
prévues par ces traité.
1- L’equilibre institutionnel
Le principe, dans l’exigence d’equilibre institutionnel, implique que chacune des institutions
agit dans le cadre des attributions conférées par les traités. En clair, les institutions ne doivent pas
empiéter sur les pouvoirs attribués à une autre institution.
La Cour de justice de l’Union européenne va vérifier le respect de ces imites. Les avocats
généraux qui conseillent les juges qualifient régulièrement ce principe d’équilibre institutionnel de
séparation des pouvoirs. On retrouve une application de ce principe, principalement pour les trois
institutions majeures que sont la commission, le conseil et le parlement. C’est un principe général,
la cour de justice elle même se sent liée par le principe et elle se l’applique à elle même dans un
cadre très récurrent. La cour dit le droit, elle se limite au nom de l’equilibre institutionnel.
Ca permet de respecter l’équilibre entre méthode intergouvernementale et méthode
communautaire ou supranationale. Pour la PESC, ce n’est pas la commission qui a un pouvoir
d’initiative, ce sont les États et donc on a un équilibre en faveur de la méthode
intergouvernementale et l’équilibre permet d’assurer que dans ces mécanisme particuliers la
méthode intergouvernementale soit conservée.
Cela permet de garantir le respect du principe démocratique et des compétences confiées au
parlement européen dans le cadre de ce principe. Le rapport entre le conseil, les États et le
parlement va être préservé dans le cadre de l’equilibre institutionnel.
3 cas pour illustrer l’application de ce principe:
- Cas historique: l’hypothèse des délégations du pouvoir de la commission au profit d’une agence.
L’Arrêt du 13 juin 1958 affaire Meroni, affaire 9/56 concerne le droit de la CECA. La haute
autorité avait comme compétence de gérer un mécanisme d’aide financière aux industries, elle a
décidé de déléguer cette mission à une personne privée. La cour de justice est saisie parce que les
entreprises bénéficiaires considèrent que ça entraine un déplacement des responsabilités et une
rupture de l’équilibre des pouvoirs prévu par les traités. Pour les entreprises la délégation les
privait d’un potentiel droit de recours et rompait l’equilibre institutionnel qui voulait que les

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actes de la Haute autorité soient soumis au contrôle du juge. La cour de justice a dû trancher la
légalité de cette délégation, elle a répondu qu’il y a une rupture de l’équilibre institutionnel prévu
par les traités puisqu’on avait donné aux entreprises un pouvoir discrétionnaire. Cet arrêt a posé
de maniere fondamentale le principe selon lequel les pouvoirs confiés à la commission ne
peuvent pas être confiés à une agence dans la mesure où ce transfert irait au dela d’une simple
fonction d’exécution mais transférerait un réel pouvoir de décision. Récemment, dans un arrêt du
22 janvier 2014 Royaume Uni v. Parlement et conseil, s’est posée la question de si on pouvait
accepter de confier à une agence la possibilité d’adopter un acte de porté générale. L’argument
était de dire que si on donne un pouvoir permettant de faire des actes de portée générale cela
devait un acte législatif et qui niait l’equilibre législatif. La cour de justice a assoupli la
jurisprudence et a donc permis l’adoption d’actes législatifs par des entreprises privées.
- Le respect des règles de procédure. Depuis l’acte unique européen, tous les traités renforcent la
place du parlement et, la garantie par la cour de justice des règles de procédures a pour fonction
de protéger ce renforcement du rôle du parlement. Dans l’affaire Roquette du 29 octobre 1980,
la cour de justice a considéré que : « la consultation régulière du parlement européen dans les cas
prévu par les traités constitue une formalité substantielle dont le non respect entraine la nullité de
l’acte concerné ». Dans cette affaire, même lorsque le parlement est simplement consulté, le fait
de ne pas le consulter est un motif d’inégalité parce qu’encore une fois l’equilibre institutionnel
prévu par les traité impose que le parlement soit consulté. Dans un arrêt du 10 juin 1997
Parlement contre Conseil, la cour réitère l’affirmation.
- Le contentieux de la base juridique. On va opposer le conseil et le parlement européen. Dans les
traités européens, on a une liste des politiques européennes et chaque chapitre sur les politiques,
chaque base juridique renvoie à une procédure spécifique. Par exemple, le transport est relatif à
la procédure législative ordinaire mais la PESC relève d’une procédure législative spéciale. La
participation du parlement européen est tout à fait différente dans un cas et dans l’autre et
lorsqu’on a une questions sur la base juridique, le conseil peut être tenté d’utiliser la base
juridique qui entraine une procédure spéciale, ce qui lui apporte plus de pouvoirs. La cour de
justice est venue encadrer les règles qui choisissent une base juridique ou une autre. Dans sa
jurisprudence, elle a précisé qu’il faut se référer à des éléments objectifs susceptibles de contrôle
institutionnel. Ces éléments objectifs sont le but de l’acte et le contenu de l’acte qui va être
adopté. La cour de justice précise aussi qu’on ne peut pas se contenter de se référer aux traité
dans la totalité et lorsqu’il y a des dispositions générales et spéciales on va choisir la base
juridique spéciale. Dans le cas d’une double finalité, la cour va distinguer deux situations, soit les
deux politiques concernées relèvent des mêmes règles de procédures soit on a une politique avec
une base spéciale. Dans ce cas, la cour impose aux États et institutions de respecter le principe
démocratique fondamental qui consiste à donner au parlement des compétences. On a l’adoption
de deux actes différents en fonction des règles qu’on veut adopter pour poursuivre une finalité.
En principe, comme la séparation des pouvoirs, l’équilibre institutionnel a vocation à
imposer le respect des traités. Mais sur le temps long, on se rend compte qu’il y a aussi une
dimension dynamique de l’équilibre institutionnel, le principe est de nature à favoriser toujours plus
le parlement européen au nom du principe démocratique. On peut donc avoir une dualité de sens, on
peut vouloir parler d’un processus long avec une évolution de l’union qui accorde toujours plus de
place au parlement et on peut considérer l’equilibre sur un instant T.
On peut regarder les arrêts de la cour de justice qui ont valorisé, en se fondant sur l’equilibre
institutionnel, les prérogatives du parlement. L’arrêt parti écologiste les Verts de 1986 doit être mis
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en parallèle avec l’arrêt du 22 mai 1990 Tchernobyl. Dans le premier arrêt, la cour a controlé les
actes du parlement alors que les traités ne prévoyait pas la cour pour contrôler les décisions du
parlement. Dans la seconde affaire, on va avoir un renversement de la logique, en 1986, la doctrine
a dit que le parlement avait bénéficié d’une légitimation passive. Tchernobyl est une décision active,
le parlement européen peut attaquer un acte de droit européen. Pour le justifier, la cour a invoqué le
principe d’équilibre institutionnel. Les traités, à partir de 1990 vont consacrer le droit de recours du
parlement européen.
On a la possibilité, pour les institution, de conclure des accords inter-institutionnels qui ont
pour objectif de faire évoluer la pratique et ainsi réviser les traités. En matière de budget européen,
on a associé le parlement avec un accord avant que le traité confère ses pouvoirs.
Ces accords rencontrent des difficultés qui tiennent à une incertaine force juridique. Leur
force obligatoire n’est pas toujours certaine et parfois les institutions, et en réalité le conseil et la
commission, ont avancé le fondement purement politique de ces accords et pas contraignant parfois.
Pour le parlement européen, la tendance est à considérer que les accords ont une valeur
contraignante. Pour régler ces questions, soit on peut réviser les traités, soit on peut saisir la cour de
justice. Le traité de Lisbonne, à l’article 295 du TFUE, reconnaît formellement l’existence de ces
accords mais la formule choisie maintient l’incertitude. La cour de justice qui par sa jurisprudence
est venue clarifier la manière dont il faut aprehender les accord, considere que ce sont les termes de
l’accord qui doivent être analysés pour savoir si il a une force obligatoire.
2- La coopération loyale
a. La dimension externe
Les États membres vont être considérés comme des organes de l’union et ils vont être
considérés comme liés par le principe de coopération loyale. S’impose aux États une exigence de
fidélité communautaire inspirée de ce que les états fédéraux appellent fidélité fédérale. La cour de
justice a consacré ce principe.
Aujourd’hui ce principe est consacré par le traité de Lisbonne à l’article 4 paragraphe 3 du
TUE.
La jurisprudence a dégagé 3 obligations précises
- Dans l’arrêt Salmuficio Di Corduna de 1979 la cour pose comme définition « L’État doit prendre
sans délai toute mesure générale et particulière propre à assurer l’exécution des obligations
spécifiques découlant des traités et actes des institutions communautaires.
- Les États ont l’obligation positive de faciliter l’accomplissement par la communauté de sa
mission. C’est ici une obligation d’assistance, il faut aider la communauté à faire. Cette
dimension est principalement celle d’informer la commission de ce qu’on fait. Les directives
doivent être transposées par les États.
- Les États membres ont l’obligation négative de s’abstenir de toute mesure susceptible de mettre
en péril la réalisation des objectifs de l’Union.
Lorsque l’État est lié par l’obligation de coopération loyale, il subit une obligation de faire.
La cour de justice a affirmé que le principe s’impose à tous les organes de l’État, c’est la
conséquence de l’arrêt Juste du 27 février 1975, l’indépendance constitutionnelle d’un organe ne
justifie pas une violation de l’obligation de coopération loyale. Ce principe va aussi s’étendre aux

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relations entre les États membres. C’est particulièrement vrai dans le cadre du marché intérieur et de
l’ELSJ.
b. La dimension interne
Le principe est d’origine jurisprudentielle et c’est même après l’article 10 TCE que la
jurisprudence a imposé le principe dans les relations entre institutions. Le principe vise les relations
entre les institutions européennes. Il va bénéficier aux relations entre le triangle institutionnel et à
titre principal. L’article 13 paragraphe 2 dit que les institutions pratiquent entre elles une
coopération loyale dans le cadre du pouvoir législatif. On retrouve aussi ce principe dans l’article
295 du TFUE.
Les institutions doivent avoir entre elles un dialogue constant et honnête. La commission ne
peut pas présenter de projet de budget aux parlementaires au dernier moment. A l’inverse, le
principe de coopération loyale, s’il est isolé, peut justifier que le conseil se passe de l’avis du
parlement européen. L’arrêt du 27 septembre 1987 parlement contre conseil a affirmé que
l’élaboration du budget de la communauté repose sur une procédure de dialogue inter-
institutionnelle dans lesquels prévalent le devoir de coopération loyale. Les acteurs doivent être de
bonne foi.
Autre exemple : parlement contre conseil du 30 mars 1995, dans cet arrêt, le parlement
européen a été sanctionné par la cour pour avoir fait preuve de mauvaise foi, pas de coopération
loyale dans une procédure d’avis et le parlement avait volontairement retardé l’adoption de son
avis. Le conseil a donc adoptée cette mesure avant d’avoir rendu l’avis du parlement. La cour a dit
eu égard de l’urgence de la situation et au manquement de coopération. La cour de justice est venue
préciser que le principe de coopération loyale ne peut pas justifier d’interpréter les traités de
maniere contraire à ce que prévoit ses articles. Dans l’arrêt du 12 février 2015, le parlement a
évoqué la coopération loyale pour reprocher au conseil de ne pas avoir suivi son avis dans une
procédure législative spéciale.
Les institutions européennes sont liées par le principe de coopération loyale vis a vis des
États, c’est une exigence de loyauté qui s’impose à la commission, elle ne peut pas demander à une
entreprise d’écarter une règle de droit national, elle violerait dans ce cas le principe de coopération
loyale, c’est fondé sur l’article 4 paragraphe 3 du TUE.
Le respect du à l’identité nationale est analysé par certains auteurs comme une manifestation
ultime de coopération loyale.
B) Les principes démocratiques: la démocratie
représentative et le principe d’ouverture
L’Article 2 du TUE affirme que l’Union européenne est fondée sur la démocratie. On va
retrouver cela dans l’article 10 paragraphe 1, il explique que l’Union européenne est fondée sur
démocratie représentative. L’affirmation de ce caractère représentatif se fait dans un contexte
particulier qui nait dans les années 80, c’est le problème du déficit démocratique.  Cela signifie que
que les institutions de l’union et le processus décisionnel manquent de légitimité démocratique et
l’Europe tel qu’elle fonctionne est inaccessible pour les citoyens, les décisions prises trop loin des
citoyens. Le droit européen dans son ensemble apparait comme manquant de légitimité, en
particulier pour des raisons d’éloignement entre Bruxelles et la vie des citoyens européens qui ne
comprennent pas comment sont prises les décisions.

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Le sentiment de ce deficit démocratique se régénère moins dans une analyse institutionnelle
mais dans l’absence d’espace publique européen, il y a une absence de débat à l’échelle européenne
et juste des problèmes nationales. Un certain nombre d’évolutions du droit européen ont été mise en
oeuvre afin d’essayer de proposer une solution au déficit démocratique. D’après un sondage, 60%
des citoyens associent la démocratie à l’Union européenne mais pourtant quand on demande s’ils
ont confiance en les institutions de l’ Union seulement 31% ont confiance et 57% pensent que
l’action de l’Union est très éloignée.
Le parlement européen prend en charge la lutte contre le déficit démocratique, il a introduit
une évolution importante en 2014 avec le Spitzenkandidat qui designe le système dans lequel les
partis qui se présentent à l’élection législative affirment que le gagnant sera le candidat au poste de
président la commission. Le président de la commission européenne est issu des élections
européennes. C’est une innovation fondamentale qui parlementarise le régime européen.
La 2ème solution proposée par la commission des affaires institutionnelles du parlement
européen est l’introduction d’une liste de parlementaires transnationaux. On aurait pu, garce à cette
liste, favoriser un débat européen lors des élections européennes. Cette proposition a été enterrée le
7 février 2018 par un vote de l’assemblée du parlement pour deux raisons. Les petits pays s’y sont
opposés car ne serait donc élus sur cette liste que des personnalités politiques des pays les plus
connus. Il y avait aussi une critique venant de la droite du parlement qui contestait le caractère
démocratique des élus. Il n’y aurait de la démocratie que par la relation entre un élu et un peuple.
On continue a vivre une certaine désaffection des citoyens vis a vis des élections
européennes, on est en dessous de 50% de participation aux élections européennes.
Chaque révision des traités depuis 1992 a été l’occasion de s’attaquer à la question de la
légitimité démocratique. On a eu un lien fait entre développement de l’intégration et développement
du caractère démocratique. Dans les conférences intergouvernementales on a réfléchi à renforcer le
caractère démocratique et cela passe par le renforcement des pouvoirs du parlement européen.
Désormais, le parlement est colégislateur avec le conseil.
Au dela de la procédure législative, on a eu une promotion du parlement dans le cadre du
budget et de l’établissement de la loi de finance. C’est dans la désignation de la commission que le
parlement a obtenu plus d’influence, désormais le parlement européen, selon l’article 17 paragraphe
8 du TUE, peut voter une motion de censure contre la commission. La responsabilité de la
commission mise en cause par 2/3 des suffrages exprimés conduit à la démission de la commission.
De plus le président de la commission est élu par le parlement.
Cet accroissement du pouvoir du parlement sur la commission amène à souligner que la
commission change de nature, initialement c’est un collège d’experts, de personnes choisies pour
leurs compétences techniques. De plus en plus, on peut considérer la commission comme
indirectement issue du suffrage universel, il y a de plus en plus d’anciens ministres et le président
de la commission a souvent été chef de gouvernement avant. On a une politisation de la
commission, ce qui a amené Jean Claude Junker à affirmer que la commission est un
gouvernement politique et il a affirmé cette qualification pour éloigner l’image d’un organe
technocratique. On a aussi l’introduction de certains outils qui dépassent la démocratie
représentative, on essaye d’aller vers la démocratie participative, par l’ICE par exemple.

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1- La démocratie représentative et l’Union
européenne
L’Union européenne est un système multilevel, il faut aussi rappeler le role des parlements
nationaux.
a. Démocratie représentative au niveau
européen et parlement européen
Un certain nombre d’auteurs défendent l’idée selon laquelle l’Union européenne a toujours
été respectueuse du principe démocratique. Les traités européen sont toujours ratifiés conformément
aux règles nationales, on peut donc toujours remonter à la démocratie.
Au delà de cette légitimité démocratique indirecte, on a cherché à construire
progressivement une légitimité démocratique plus forte, plus directe et c’est pour ça qu’on a
transformé l’assemblée parlementaire en un organe composé de députés issus d’élections au
suffrage universel direct.
En 1979, il y a eu les première élections au suffrage universel direct. Depuis cette date, le
parlement voit son pouvoir s’accroître et pourtant la critique du caractère insuffisamment
démocratique persiste et pour essayer de contredire ce discours le traité de Lisbonne fait du
parlement la première institution dans la liste des institutions européennes. On essaye de renforcer
sa présence au sein du système institutionnel. L’article 10 paragraphe 2 du TUE stipule que les
citoyens sont directement représenté par les institutions européennes. Pour mesurer de manière
précise la marque démocratique dans l’ Union européenne il faut dépasser la seule présence du
parlement car la représentation déborde le seul parlement.
Pour Nicolas Levrat l’Union est « un espace démocratique plurinational dont les modalités
de légitimation ne se réduisent pas à la démocratie représentative ». Il faut ajouter au parlement les
formes de légitimité particulières du Conseil et de la Commission.
Les membres du conseil sont eux même démocratiquement responsables devant leurs
parlements nationaux ce que le traité rappelle et donc ils ont une légitimité interne. Pour renforcer
cette légitimité du conseil, depuis le traité d’Amsterdam, il doit siéger publiquement, c’est ce que
prévoit l’article 16 paragraphe 2 du TUE. Le conseil européen quand à lui donne seulement une
direction à l’Union européenne, il est lui aussi composé de personnes responsables devant leurs
citoyens.
La commission a le pouvoir d’initiative en matière législative et elle est un organe
supranational chargé d’identifier et de proteger l’intérêt commun. Elle va veiller au respect des
traités et favoriser le développement de l’intégration européenne. On a toujours consideré que la
commission avait une légitimité fonctionnelle. La résolution du problème du déficit démocratique
rencontre des obstacles, il y en a deux essentiels.
- L’Union européenne est une construction originale et récente. On a donc l’absence d’opinion
publique européenne pour faire survire la démocratie européenne.
- On a 28 modèles démocratiques qui coexistent dans l’ Union européenne le référentiel de chaque
État n’est pas le même. La politisation de la commission, d’un point de vue français peut paraitre
une bonne chose, on identifie mieux le responsable final et donc on veut soumettre son action à
un contrôle. A l’inverse les allemands vont considérer que la concentration des pouvoirs aux

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mains du président va à l’encontre du principe démocratique de séparation des pouvoirs. Pour le
Royaume-Uni, c’est seulement le parlement qui doit agir pour renforcer la démocratie.
b. Le rôle des parlements nationaux
L’Union européenne a inscrit dans les traités le fait que la réponse au déficit démocratique ne
viendrait pas uniquement de l’intérieur mais qu’il faut renforcer le rôle des parlements nationaux au
sein du pouvoir décisionnel européen.
On retrouve cela à l’article 12 du TUE et dans les protocoles 1 et 2, les parlements font de
moins en moins la loi et on de plus en plus la mission de contrôler l’exécutif. Les parlements
nationaux contribue activement au bon fonctionnement de l’union selon l’article 12 et cela se fait de
4 manières distinctes :
- Les parlements nationaux sont informés par les institutions de l’Union de tout projet d’acte
législatif. Initialement, dans le traité de Maastricht on a mis dans les protocoles 13 et 14 un
principe qui était celui que les gouvernements nationaux devait informer les parlements
nationaux. Il faut montrer que les parlements nationaux ne sont pas sous l’ascendance des
gouvernements nationaux. On va transmettre au parlement les livres blanc et vert qui sont des
documents de travail de la commission. La commission commence par faire un libre blanc avant
de faire un livre finale. On transmet aussi tous les procès-verbaux des réunions du conseil pour
savoir ce qu’ont voté les ministres.
- Contrôle du principe de subsidiarité par le mécanisme d’alerte précoce. Le carton jaune puis
orange permet aux parements nationaux de s’exprimer sur les projets qui violeraient le principe
de subsidiaraité. Les parlements nationaux peuvent s’opposer à la commission en affirmant que
le principe n’est pas respecté et ils peuvent saisir la cour de justice en cas de violation du principe
de subsidiarité. L’article 88-6 de la constitution va donc réceptionner cette faculté et chaque
assemblée du parlement français peut former un recours devant la cour de justice de l’Union
européenne. Techniquement c’est le gouvernement qui représente le parlement à la cour même si
il pas en accord avec le parlement.
- Les parlements nationaux prennent par au développement de l’intégration. Premièrement, les
parlement nationaux prennent part au processus de révisions des traités, les parlementaires
nationaux vont pouvoir influencer les révisions dans le cadre de la commission. De plus, ils sont
informés des démarches d’adhésion d’après l’article 49 du TUE. Cela marque la place que
doivent jouer les parlements nationaux dans le débat. La constitution française, a son article 88-5
prévoit que la ratification d’un traité d’adhésion va se faire par référendum initié par le président
de la république. Cette disposition a été aménagée, les parlementaires nationaux pourront
accepter ou non l’adhésion.
- Les parlements nationaux participent aux activités de l’Union, le traité nous dit que «  les
parlements nationaux participent à la coopération interparlementaire entre parlements nationaux
et parlement européen ». Ce mécanisme de coopération a été formalisé par le traité de Maastricht
et c’est une forme de compensation à l’élection au suffrage universel direct des députés
européens. Comme les parlementaires nationaux ne sont plus membres du parlement européen, il
faut trouver un autre moyen de participation. Les COSAC sont crées, ce sont les conférence des
organes spécialisés dans les affaires communes. Aujourd’hui un site internet dédié à ces
conférences a été crée pour respecter le principe de transparence, on peut savoir ce qui se fait
dans les débats. La dernière réunion qui a eu lieu en Roumanie à Budapest est décevante. Ces
conférences ont lieu tous les semestres, 2 fois par ans et se déroulent dans le pays qui président
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l’union européenne, les COSAC suivent le renouvellement des présidents. Il y a 174 membres
qui sont chargés de discutées des problèmes actuels, ils ont une fonction consultative et pas de
pouvoir de décision mais cela permet d’identifier des avancées nécessaires. Les membres de la
commission sont susceptibles de venir devant la COSAC.
2- Participation citoyenne, transparence et
ouverture
L’article 10 paragraphe 3 prévoit que « tous citoyen a le droit de participer à la vie
démocratique de l’Union » ce qui passe par l’élection mais aussi par l’ensemble des mécanismes de
démocratie directe identifiés à l’article 11 du TUE.
Dans les trois premiers paragraphes de l’article 11 on va retrouver le principe d’association.
a. Principe d’association ou processus
décisionnel
Il s’agit d’associer les associations représentatives et les citoyens européens.
i. Les associations représentatives de la
société civile
L’article 15 paragraphe 1 du TFUE va compléter l’article 11 du TUE puisqu’il appelle les
institutions à developper un dialogue ouvert, transparent et régulier avec les associations
représentatives et la société civile. Le principe d’ouverture a vocation à inciter les institutions à
s’ouvrir aux représentant de la société civile. Sont des entités représentant la société civile toutes
forme de structures organisationnelles dont les membres servent l’intérêt collectif au moyen ou dans
le cadre d’un processus démocratique et qui joue un rôle de médiateur entre les pouvoirs publics et
les citoyens, les ONG, les partenaires sociaux (syndicats), les jeunes partis politiques, les
organisation professionnelles sont la société civile.
Cette société civile est représentée de maniere institutionnelle au sein de l’union par le
CESE, le comité économique et social européen. Il a essayé de clarifier qui devait bénéficier du
principe d’ouverture, il le fait dans un livre blanc de 2002 qu’il a appelé nouvelle gouvernante
européenne. Il a mis en avant le concept d’association civile. Il faut, pour en faire parti, une
existence permanente au niveau européen, il faut être considéré au niveau des États membres
comme une organisation représentative des intérêts des groupes, cette organisation doit avoir une
représentation dans la moitié des états membres, elle doit être habilitée à agir au niveau européen et
ca doit être une organisation transparente dans ses finances et son mode de gestion.
La seule entité de la société civile dont le statut a été reglé juridiquement par le droit de
l’union sont les groupes d’intérêts (les lobbys). Les lobbys sont des groupes d’intérêt qui sont des
organisations privées, non gouvernementales ou publiques considérées comme lobby car ils ont
vocation à partager leur connaissance sur un domaine, transmettre des informations et influencer la
décision. L’intérêt pour un organe de la société civile est de bénéficier d’une certaine
reconnaissance dans la procédure décisionnelle et de pouvoir communiquer avec les membres des
institutions.
A Bruxelles, entre 20000 et 25 000 associations sont déclarées comme étant des lobbys. On
reconnaît l’intérêt au niveau européenne la qualification de lobby mais on cherche à les encadrer. Le
parlement européen et la commission ont signé un accord inter-institutionnel du 23 juin 2011, ils
ont mis en place un registre commun de transparence qui fusionne des registres existant. En 2015 ça
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a été renforcé. Ce registre permet à tout citoyen de savoir qui sont les lobbys présents a Bruxelles,
quels sont les contacts entre les lobbys et les institutions, le nombre d’employée, les entreprises
qu’ils représentes…
Les groupes d’intérêts doivent déclarer leur existence mais également tous un ensemble
d’éléments qui permet de mesurer leur pouvoir, il doit y avoir le nombre d’employés, le montant
des sommes investies dans les activités et le centre d’intérêt. Depuis 2015, de nouvelles
informations sont demandées sur le registre, doit apparaitre à quelles activités institutionnelles le
lobby a participé, c’est une informations nécessaire en cas de prise de parole au parlement
européen. Le registre permet de savoir qui fait quoi en terme de lobby, de plus c’est possible de
porter plainte pour dénoncer informations trompeuses données par les lobbys.
La commission de Venise considère qu’il y a toujours du lobbying secret et disproportionné,
des conflits d’intérêts, il y a des pratiques qui restent très discutables. La commission identifie un
point tres précis, elle dit que le droit d’accès aux document détenu par les institutions n’est pas
respecté par la commission, le conseil et le parlement et c’est problématique. Le principal problème
est que les obligations imposées par l’accord institutionnel ne s’imposent qu’en cas de lobby
enregistré c’est donc parfois plus avantageux de ne pas être enregistré.
Un projet de réforme est en cours d’étude depuis 2016 pour rendre obligatoire l’inscription
au registre et de rendre commun ce registre aux trois institutions. Depuis février 2019, un accord a
été trouvée et les trois institutions vont être soumises au registre de transparence et tout contact
entre les institutions et le groupe d’intérêt devront être soumis a l’inscription au registre de
transparence du groupe d’intérêt. L’intégration du conseil dans ce registre est fondamentale.
ii. Le dialogue ouvert avec les citoyens
européens
Les traités promeuvent un dialogue ouvert transparente et régulier entre les citoyens et les
institutions. L’idée est qu’avant chaque projet législatif de la commission, il faut qu’elle ait consulté
le maximum de citoyens sur les dispositions contenues dans ce projet. La commission met en place
des plateformes en ligne qui permettent aux citoyens d’accéder à l’information et de s’exprimer.
Une synthèse est réalisée, c’est ce quoi apple un livre vert.
Jurgen Habermas appèle cela la démocratie délibérative. La commission, de maniere plus
globale, effectue des consultations sur l’Union européenne dans sa globalité. En ce moment, il est
possible de répondre à un questionnaire sur l’avenir de l’Europe, sur les priorités à mettre en oeuvre
durant les prochaines années.
b. Logique de bonne gouvernance
La notion de bonne gouvernance résulte du livre blanc de la commission adoptée en 2001 où
la commission fait le constat d’une évolution nécessaire des pratiques institutionnelles, elle identifie
la bonne conduite et la bonne action à suivre.
On peut situer comme principe :
- L’ouverture et la transparence des institutions
- L’implication de la société civile
- L’exigence de cohérence et de bonne gestion des politiques européennes
- Le respect du principe de subsidiarité et de proportionnalité

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Chacun des participants doit prendre ses responsabilités et notamment les États membres qui
doivent assumer leur part du processus. Dans la logique de bonne gouvernance, l’Union doit mettre
en œuvre au niveau mondial ce qu’elle fait au niveau interne.
c. L’initiative citoyenne européenne
Un million de citoyens peuvent imposer à la commission la proposition d’un acte législatif.
Cette ICE est évoquée dès 1996 dans le cadre des travaux du traité d’Amsterdam, certains États ont
proposé d’introduire dans les traités des mécanismes de démocratie participative. Cette proposition
ne trouvera de consécration dans les traités qu’en 2005 avec le TECE. C’est aujourd’hui dans le
traité de Lisbonne qu’on trouve consacré l’ICE, c’est l’article 11 du TUE qui consacre ce droit
d’initiative citoyenne et c’est l’article 24 du TFUE qui énonce les principes qui vont encadrer ces
droits et qui vont renvoyer à un règlement de l’ Union européenne pour plus de précisions.
Dans le paragraphe 4 de l’article 11 du TUE, il est dit que « Des citoyens de l'Union, au
nombre d'un million au moins, ressortissants d'un nombre significatif d'États membres, peuvent
prendre l'initiative d'inviter la Commission européenne, dans le cadre de ses attributions, à
soumettre une proposition appropriée sur des questions pour lesquelles ces citoyens considèrent
qu'un acte juridique de l'Union est nécessaire aux fins de l'application des traités ». Le dispositif n’a
pu entrer en vigueur qu’une fois le regelant adopté, c’est le règlement adoptée le 16 février 2011 qui
vient définir le régime de l’ICE.
L’ICE est un appel direct des citoyens adressé à la commission et à elle seule, ce qui place
les citoyens européen au même niveau que le conseil et le parlement en matière législative. À
l’article 225 du TUE on reconnait la même possibilité pour le parlement d’interpeler la commission
en lui demandant de présenter une disposition législative. Pour le conseil c’est l’article 241 qui
prévoit l’interpellation de la commission.
Quelle est la procédure de l’initiative citoyenne européenne ?
Il faut d’abord composer un comité de citoyens, il doit comprendre au moins 7 citoyens de
l’Union européenne de 7 pays différent et ayant tous l’âge de voter.
Le comité va commencer par demander à la commission d’enregistrer son initiative, il faut
donner l’intitulé, la base juridique envisagée, une description de l’initiative et des informations sur
les membres du comité. Souvent la base juridique est la cause de l’arrêt de l’ICE car on sort du
cadre du champ de compétence de l’Union européenne et la commission doit donc refuser. L’arrêt
du 12 septembre 2017 Anagnostakis a attaqué la décision de la commission de refuser d’inscrire une
ICE qui visait a demander à l’Union européenne de supprimer la dette des États en difficulté
financière. La commission avait considéré que l’Union européenne n’avait pas ce pouvoir, il est
interdit par les traités d’alléger la dette souveraine des États, la cour de justice a approuvé le refus.
La commission peut aussi refuser des ICE manifestement fantaisistes, abusives ou malveillantes et
une ICE contraire à l’article 2 pourra elle aussi être refusée par la commission.
Une fois l’ICE enregistrée par la commission, elle va être publiée sur un de ses portail
internet. Le comité peut commencer à récolter des signatures, des déclarations de soutient de l’ICE,
il peut les recueillir par papier ou électroniquement et il y n’a que 12 mois pour obtenir le million de
citoyens qui viennent d’au moins 7 États membres de l’Union. De plus, il y a une exigence qui tient
au nombre de citoyens par États, il faut qu’il y ait un nombre minimal de signature par pays qui est
facteur du nombre de députés européens, on multiplie le nombre de sièges par État par 750. En
France, il faudrait 55500 citoyens pour compter au tire des 7 pays de l’ Union européenne.

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Les autorités nationales auront pour mission de contrôler la réalité des signatures, l’identité
des personnes concernées et le fait qu’elles sont majeures.
La commission doit publier sans délai l’acte complet de l’ICE et elle doit permettre aux
acteurs de défendre devant elle leur requête. Une fois auditionnés les membres du comité, le
parlement peut aussi demander une présentation publique devant lui. S’ouvre une période d’examen
de l’initiative de trois mois. La commission va décider des suites qu’elle va donner à la demande
citoyenne et elle va exposer dans une communication ce qu’elle entend faire à la suite de l’ICE. En
principe, elle va faire une proposition d’acte législatif mais elle peut aussi considere qu’une ICE
validée ne justifie pas la présentation d’un acte législatif.
Le règlement de 2011 est rentré en vigueur au 1er avril 2012, on a eu environ 7 ans
d’application. Sur les 50 initiatives qui ont été présentées, 19 n’ont pas pu être enregistrées et 14 ont
été retirées par leur initiateur. A l’heure actuelle, il y a une douzaine d’initiatives enregistrées et la
dernière date du 18 mars 2019, elle s’appelle Housing for All. Ce sont souvent des sujets qui
touchent aux droits sociaux ou à l’environnement. Pour l’instant, 4 sont allées jusqu’au bout de la
procédure et d’autres ont été prises en considération par la commission alors même qu’elle n’était
pas contrainte.
Par exemple, la première ICE qui a réussi est « L’eau, un droit humain » qui avait recueilli
1,600 million de signatures et qui avait pour objectif l’accès à l’eau par tout le monde. Fin 2017,
une directive a été proposée par la commission, elle est toujours en débat entre le parlement et le
conseil. La dernière ICE avait pour but d’interdire le glyphosate.
En 2015, le parlement a demandé à ce que le règlement de 2011 soit révisé pour faciliter
l’ICE. En 2017 la commission a présenté un projet de révision, dans ce projet il y avait la
proposition d’abaisser l’âge pour participer à l’ICE à 16 ans et prolonger le délai d’examen pour
récolter les signatures. Le 12 décembre 2018, il y a eu la conclusion d’un accord entre le conseil et
le parlement, il y a eu la construction d’un consensus politique. Les 16 ans n’ont pas été retenus, est
prévue la mise en place d’une plateforme collaborative qui permettra les initiateurs d’une ICE à
construire leur projet, la commission fournira aux initiateurs un service de collecte des signatures et
le délai de 3 mois passe à 6 mois pour la phase d’examen de la commission.
c. Les mécanismes de démocratie directe
complémentaires
Les mécanismes de démocratie directe complémentaires sont certes attachés à la citoyenneté
européenne mais ils sont aussi accordés aux ressortissants. Il s’agit de deux instruments juridiques
qui datent du traité de Maastricht de 1992 et qui sont consacrés à l’article 20 paragraphe 2 du
TFUE, il s’agit du droit de pétition et la possibilité de former un recours devant le médiateur
européen.
Le médiateur peut recevoir des plaintes qui émanent des citoyens de l’Union et de toute
personne physique ou morale qui réside sur le territoire. Il veille à la bonne administration, au bon
comportement et à la transparence des institutions.
Depuis le 16 décembre 2014, O Reilly a été élue par le parlement européen pour un mandat
de 5 ans. Elle est impartiale quand elle est saisie pour une plainte pour enquêter ou examiner ou elle
peur le faire de sa propre initiative. Le médiateur peut considérer qu’une institution ne respecte pas
les droits fondamentaux, les principes juridiques de l’Union et le principe de bonne administration.

Page 93 Institutions européennes


Une administration qui a des délais de réponse tres longs peut violer le principe de bonne
administration.
Si il y a une violation, la médiatrice est chargée de transmettre à l’administration concernée
des recommandations et l’administration doit répondre dans un délai de trois mois. Le médiateur
n’a pas de pouvoir de coercition mais il produit tous les ans un rapport adressé au parlement
européen et si une administration manque de coopération, elle sera visé par ce rapport publique.
Le droit de pétition est énoncé aux articles 20 et 227 du TFUE et à l’article 44 de la charte
des droits fondamentaux de l’Union européenne. Il permet à une personne physique ou morale
d’adresser des voeux, des doléance à l’institution qui représente les citoyens. Le parlement en reçoit
entre 1000 et 3000 par an et celles-ci peuvent avoir des objets différents : la pétition pour
information, la pétition pour action, la pétition pour avis ( la commission doit répondre par écrit à la
question). Au sein du parlement, il y a une commission spéciale chargée de l’examen des pétitions.
La commission parlementaire des pétitions peut mettre en oeuvre des commission d’enquêtes.

§2 Les institutions de l’Union européenne


Ces instituions vont exercer les pouvoirs dans le respect des principes. L’ouverture et la
transparence, on peut distinguer des institution de 1er ordre et subsidiaires mais cela ne permet pas
de mesurer la dimension constitutionnelle de l’intégration européenne.
Pour essayer de comprendre pourquoi l’Union européenne est si particulière, on va
distinguer des institutions politiques qui relèvent d’une logique de participation qui ont pour
fonction et responsabilités de faire des choix sur le foncent de sur légitimité démocratique. Par
opposition à ces institutions politiques, il y a des institutions juridiques.
La commission a pour fonction première d’appliquer des textes, les traités, c’est la gardienne
des traités et elle a pour mission de remplir les objectifs fournis par les traités. Elle exerce moins
une liberté politique qu’une mission juridiquement consacrée par les traités. La cour de justice est
gardienne du droit. Ses décisions ont quand même une portée politique.
A) Les institutions politiques
1- La représentation directe : le parlement européen
Depuis 1951 avec le traité de Paris et 1957 avec le traité de Rome, on envisage dans le traité
une élection directe des membres de l’assemblée. Ce parlement, cette assemblée, va pendant
longtemps souffrir d’une non mise en oeuvre de cette précision puisque jusqu’en 1979 elle reste
composée de délégués nationaux. C’est une décision du conseil de 1976 qui va acter le passage au
suffrage universel direct et cette décision n’est intervenue que parce que la parlement a menacé de
saisir la cour de justice si le conseil ne mettait pas en oeuvre des disposions du traité.
L’assemblée du parlement n’avait initialement aucun pouvoir normatif, à l’image de
l’assemblée du conseil de l’Europe. La parlement a connu un processus continu depuis l’acte unique
européen d’accroissement de ses compétences, on va se contenter de reprendre la synthèse qu’on
retrouve dans le traité de Lisbonne mais c’est le fruit de l’élargissement progressif et continu des
pouvoirs de parlements. La synthèse des missions du parlement est retrouvée à l’article 14
paragraphe 1 du TUE et dans cet article on trouve aussi des disposions sur la composition de
l’assemblée, sur le mode d’élection et sur le fonctionnement de l’institution. Ces différents
éléments, sont également précisés par des articles du TFUE, des articles 224 à 234.

Page 94 Institutions européennes


a. Composition du parlement européen
« Le Parlement européen est composé de représentants des citoyens de l’Union. » Article 14
paragraphe 2 du TUE.
On n’a pas voulu renvoyer aux citoyens des États membres, on a voulu renvoyer directement
aux citoyens de l’Union. On essaye de rapprocher les citoyens de leurs représentants au niveau du
parlement et de renforcer sa dimension supranationale, on donne du corps à la notion de citoyen
européen. Cela met l’Union sur la voie d’une intégration sans cesse plus étroite entre les peuples
européens.
Le passage au suffrage universel direct qui était la condition au passage au caractère
supranational résulte d’une décision du conseil du 20 septembre 1976. Pour la mise en oeuvre de ce
caractère, on fait intervenir le conseil européen. Il n’intervient pas sur les modalités d’élection mais
sur la composition du parlement, sur la répartitions sièges entre les différents états membres. Selon
l’article 14 paragraphe 2 alinéa 2 « Le Conseil européen adopte à l'unanimité, sur initiative du
Parlement européen et avec son approbation, une décision fixant la composition du Parlement
européen, dans le respect des principes visés au premier alinéa. ».
L’article 14 met un certain nombre de limites dans la composition du parlement, il ne peut y
avoir plus de 750 députés plus le président. Aujourd’hui, les 751 sièges sont attribués. De plus, les
citoyens européens doivent être représentés de façon dégressivement proportionnelle. Plus un État
est peuplé moins il a de représentant par personne. On est proportionnellement mieux représenté a
Malte qu’en Allemagne. L’idée est qu’il n’y ai pas une stricte arythmétie entre le nombre de
citoyens des États et le nombre de sièges. Un état doit avoir au minimum six députés pour les plus
petits et au maximum 96 sièges. Cette répartition des sièges date d’une décision du conseil
européen de 2013 qui s’est appliqué depuis les élections de 2014. Cette décision de 2013 est
supposée être remplacée par une nouvelle décision adoptée par la conseil en juin 2018 en raison du
Brexit. Un certain nombre de grands pays moins bien représentés voient leur nombre de sièges
augmentés. On passerait à 705 députés au lieu de 751. Comme le Brexit ne sera pas effectif au jour
des élections européennes on va rester sur la répartition de 2013.
Le traité prévoyait à l’origine une procédure électorale unique pour l’ensemble des États
membres. En pratique, en 1976, lorsqu’on met en oeuvre cette disposition on est face à l’opposition
du Royaume Uni et ce jusqu’en 1999. En 1976 on a donc laissé aux États la liberté d’adopter les
modalités d’élection et c’est en 1992 qu’on a remis sur la table la question des modalités d’élection.
Le traité de Maastricht a rappelé la procédure unique pour tous les États. On n’a pas réussi à
uniformiser les choses et le traité d’Amsterdam en 1999 tire des conséquences de cet échec en
prévoyant un système de consensus avec des principes communs fixés au niveau européen mais en
vertu de la logique de subsidiarité on maintient la possibilité pour les États d’adapter les modalités
des élections. La décision de 1976 a été modifiée en 2002, cette décision vient fixer deux grands
principes que les États doivent respecter. Le premier est le caractère proportionnel du scrutin. Le
Royaume-Uni qui avait un scrutin uninominal majoritaire a du changer son système d’élection. Le
scrutin peut être un scrutin de liste ou il peut y avoir un vote unique transféral. Les candidats ne sont
pas présentés dans une liste et les électeurs font un classement des candidats. La diversité persiste
malgré le caractère proportionnel. La plupart du temps, les États ont adopté le vote préférentiel, il
est possible de modifier l’ordre de la liste, dans 9 autres États ce sont des listes fermées, dans autres
pays il y a des listes modifiables les autres ont un vote unique transféral.

Page 95 Institutions européennes


Le deuxième principe essentiel commun est celui selon lequel il doit exister une
circonscription nationale unique pour mettre en oeuvre les élection européennes. On a accepté
l’existence de circonscriptions plurielles si elles sont suffisamment grandes pour respecter l’idéal
proportionnel. Cinq États on décidé de le faire: France, Belgique, Italie, Royaume-uni… Des
circonscriptions régionales entraine le risque de parasitage du débat par des enjeux locaux et au
mieux nationaux.
Tous les États ont la même période d’élection, elle commence un jeudi matin et se termine
un dimanche soir. Tout citoyen de l’Union qui réside dans un État membre peut voter et être élu aux
élections européennes. La seule limite est qu’on ne peut pas être candidat dans plus d’un État
membre. Il y a tout un tas d’incompatibilités, impossibilité d’être membre de la commission et du
parlement par exemple.
Les députés qui vont être élus le sont pour 5 ans, ils vont bénéficier d’un statut de député
européen, des immunités parlementaires prévues par ce statut et ils bénéficient aussi des immunités
reconnus par les États membres au bénéfice des membres de l’assemblée nationale. Les députés
européens ont des indemnités parlementaires et ils payent des impôts sur ces indemnités.
Les députés sont réunis dans l’hémicycle par groupe politique. Pour être membre d’un
groupe politique, il faut des élus qui viennent d’au moins 1/4 des États membres et il faut au moins
25 députés. Les groupes politiques sont des fédérations de partis politiques, cela permet d’animer
les débats et d’obtenir un certain nombre de droits. Ces groupes réunissent des partis politiques
européens, le PPE, le PSE… Il ya 14 partis politiques européens qui sont regroupés dans
l’hémicycle.
Le parlement est présidé par un président élu par les membres du parlement pour deux ans et
demi. Le président va représenter le parlement en dehors de l’institution, il organise les débats, les
séances plénières et il a pour mission de signer les actes adoptés par le parlement.
Il y a 20 commissions parlementaires qui réunissent différents députés européens et qui
travaillent sur des thématiques précises. Ces commission vont préparer les amendements proposés
aux députés mais elles ont une action de controle sur les exécutifs européens et peuvent être à
l’origine des questions posées aux commissaires.
Des commission spéciales et des commissionnes d’enquêtes peuvent être crées, une
commission d’enquête s’est formée après la la nomination de Selmayr et celle-ci a aboutit au vote
d’un résolution par le parlement aboutissant à 70% des députés demandant la démission de M.
Selmayr.
b. Le fonctionnement du parlement européen
Le traité precise que dans le respect de ses dispositions, le parlement organise de manière
indépendante ses travaux, c’est l’article 232 du TFUE que énonce ce pouvoir. Le parlement va
décider lui même de son ordre du jour, il n’est pas soumis à l’ordre du jour choisis par l’exécutif
européen.
Lors de ses sessions, le parlement va être amené à adopter des rapports conçus par les
différentes commission, il va être capable de poser des questions a la commission et au conseil et il
va adopter sa position sur les actes législatifs qui sont soumis. Le travail du parlement est toujours
publique et retransmis en direct sur le site internet.

Page 96 Institutions européennes


La question du siège et du lieu de travail du parlement est important. Le parlement siège à
Strasbourg, a Bruxelles et à Luxembourg. Depuis les années 80, il y aurait dans les traités une
incitation voire une obligation à ce que les institutions européennes aient un siège unique. Le
parlement a adopté plusieurs résolutions pour unifier le siège. Le problème est que les
gouvernement des États membres doivent se mettre d’accord pour fixer le siège des institutions. La
dernière position date du conseil d’Edimbourg de 1992. Les États vont arrêter l’idée que le
parlement siège à Strasbourg lors des 12 sessions mensuelles prévues et notamment lors de la
session qui va fixer le budget annuel. Strasbourg est censé être le lieu des réunions les plus
solennelles et en réalité le parlement siège 4 jours par semaines, 12 mois de l’année puisqu’il y
siège tous les mois sauf en aout car il n’y a pas de sessions.
Le parlement peut aussi siéger à Bruxelles en session extraordinaire, soit 6 période de
session de 2 jours. Concernant Luxembourg, le secrétariat général s’y situe. Le parlement a essayé
de contester cette solution en formant un recours en annulation devant la cour de justice, le
parlement invoquait l’idée qu’une institution devait avoir un seul siège. La cour de justice, dans un
arrêt du 1er Octobre 1997 a rejeté ce recours et confirmé la liberté des Etats de mettre en place un
système complexe, le parlement est obligé d’appliquer ces dispositions.
Aujourd’hui, ce calendrier est consacré par le protocole n°6 annexé au traité.
Le parlement peut se réunir à Bruxelles pour les sessions extraordinaires et celles ci peuvent
être ouvertes au public soit à la demande de la majorité des États, de la commission ou de la
majorité des parlementaires. Une pratique s’est développée et elle consiste à convoquer une session
extraordinaire après chaque conseil européen depuis 2006. Le parlement adopte une résolution pour
exprimer sa position.
c. Les fonction du parlement européen
Les fonctions du parlement sont évoquées à l’article 14 paragraphe 1 du TUE, « le parlement
européen exerce conjointement avec le conseil les fonctions législative et budgétaire, il exerce
également les fonction de contrôle politique et consultative conformément prévu par les traités et
élit le président de la commission ».
Ces différentes fonctions sont détaillées dans le TFUE aux articles 223 à 234 auxquels il faut
ajouter l’article 314 qui concerne la procédure budgétaire. C’est dans le cadre de ces fonctions que
ressort la dimension démocratique de l’Union. Le parlement exerce également des compétences de
type plus constitutionnelles, il intervient sur des actes qui ont une portée supralégislative.
i. Pouvoir de type constitutionnel et pouvoir
de ratification
Le parlement a un rôle structurel, constitutionnel, il dispose d’un rôle fondamental.
Depuis l’acte unique européen de 1986, tout traité d’adhésion d’un nouvel État membre est
soumis à un avis conforme du parlement. L’élargissement de l’union dépend de l’accord du
parlement. En matière de traités internationaux, le parlement a vu sa place renforcée. La ratification
des traités qui ont des implications budgétaires notables voit l’intervention du parlement. Depuis
Maastricht on a renforcé cela « à tout traité qui prévoir un cadre institutionnel spécifique ». Par
exemple, l’espace économique européen créé des institutions particulières et doit être ratifié par le
parlement. Le parlement est aussi sollicité dès lors que le traité va impliquer de modifier des actes
qui relèvent de la co-décision.

Page 97 Institutions européennes


L’article 7 reconnait que le constat selon lequel un État viole de manière grave les principes
fondamentaux de l’ Union européenne passe par l’avis conforme du parlement. De même, depuis le
traité de Lisbonne on a reconnu au parlement l’initiative pour la révision des traités et on lui a laissé
le soin de décider si une convention doit être convoquée.
ii. Participation au processus législatif
C’est la fonction principale qu’on attend d’un parlement, mais le parlement européen, dans
sa fonction législative est associé à des degrés divers, en fonction de la base juridique utilisée. Si on
prend la dynamique institutionnelle globale on voit que le parlement est passé d’une participation
consultative à une qualité de co-législateur.
Dans le traité de Lisbonne on trouve aujourd’hui plusieurs modalités d’association du
parlement aux procédures législative, la principale est la procédure législative ordinaire.
α. La procédure législative ordinaire
Depuis le traité de Nice, 46 des bases juridiques présentes dans le TFUE son soumises à la
procédure de co-décision. Cette procédure repose sur un principe assez simple, il y a une navette
entre le conseil et le parlement, 3 lectures posibles et un comité de conciliation si nécessaire entre la
2ème et la 3ème lecture. En cas de désaccord persistant au bout de ces trois lectures, l’acte envisagé
n’est pas pris. Le traité de Lisbonne a rajouté 40 bases juridiques, on est donc désormais à 86 bases.
Durant la navette, le parlement arrête sa position en première lecture et il transmet le texte
tel qu’il l’a potentiellement amendé au conseil qui peut reprendre les mêmes amendements et dans
ce cas l’acte est adopté, il doit être signé par le président du conseil et celui du parlement.
S’il y a des différences, la navette est relancée et le parlement aura 3 mois pour arrêter sa
position et le conseil aura 3 mois aussi. Au terme de ces 6 mois maximum, si on n’a pas trouvé
d’accord commun, on réunit un comité de conciliation avec 28 membres du conseil et 28 membres
du parlement. Ce comité a 6 semaines pour trouver une position commune et en absence de position
commune, la procédure s’arrête la. Si on trouve une position commune, commence la troisième
lecture et le parlement européen a 6 semaines pour accepter la position du comité tout comme la
commission. Si on n’a pas d’accord, l’acte est abandoné.
β. Les procédures législatives spéciales
Les procédures législatives spéciales associent dans une moindre mesure le parlement
européen. C’est le conseil qui va avoir un poids plus important dans cette procédure.
- La procédure de consultation énoncée à l’article 289 du TFUE s’aplique pour la PESC, la
fiscalité, la politique sociale notamment. Pour des sujets sensibles politiquement. Dans cette
procédure, le parlement européen va être consulté avant que le conseil n’arrête sa décision mais
l’avis arrêté par le parlement ne lie pas le conseil. Par exemple, le parlement pourrait exprimer le
besoin d’harmoniser les règles fiscales mais cet avis n’a pas d’effet.
- La procédure de coopération, introduite en 1986 a disparu avec le traité de Lisbonne car tout ce
qui était régit par cette procédure relève maintenez de la procédure législative ordinaire. C’était
la première forme de pouvoir législatif u parent. Dans cette procédure, le conseil devait statuer à
la majorité avec pour obligation de prendre en considération les amendements du parlement
européen. Pour que le conseil puisse écarter un amendement il fallait qu’il y ait l’unanimité au
conseil. Ce pouvoir de contraindre le conseil était la première forme de pouvoir conférée au
parlement.

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- L’avis conforme, cette procédure qu’on appelle procédure d’approbation dans le traité de
Lisbonne est limitée à des cas peu nombreux, le premier cas est la question des fonds structurels
et de cohésion, domaine dans lequel les décisions du conseil sont arrêtées à l’unanimité avec avis
conforme du parlement. Cette procédure se retrouve à l’article 7 du TUE et dans le cadre de la
mise en oeuvre de l’article 50 relative au départ de l’Union européenne.
- L’article 225 du TFUE donne au parlement la faculté de demander à la commission de proposer
un acte législatif. Cet article est précisé par un accord inter-institutionnel. La commission n’a que
3 mois pour répondre à la demande du parlement.
Depuis le traité de Lisbonne, le parlement est une des deux branches de l’autorité budgétaire
à part égale avec le conseil. Le parlement et la commission du budget vont être associés dans les
travaux préparatoires pour définir les orientation générales du projet et c’est le parlement qui va
arrêter le projet et contrôler sa bonne exécution. On a supprimé depuis Lisbonne les dépenses
obligatoires et non obligatoires. Avant ce traité, le parlement était sur un pied d’égalité seulement
pour les défenses non obligatoires.
iii. Les pouvoirs de contrôle du parlement
Il exerce ces pouvoirs en amont et en aval de l’action de l’exécutif.
En amont, le parlement a le pouvoir d’élire le président de l’exécutif ce qui est consacré par
le traité qui a formalisé cette mission. En 1992 le traité de Maastricht permettait une approbation du
collège. Avec le traité d’Amsterdam on a dissocié les choses, désormais est demandée une
approbation du parlement du choix du président fait par la commission.
Selon l’article 17 paragraphe 7 du TUE consacré par le traité de Lisbonne « En tenant
compte des élections au Parlement européen, et après avoir procédé aux consultations appropriées,
le Conseil européen, statuant à la majorité qualifiée, propose au Parlement européen un candidat à la
fonction de président de la Commission. Ce candidat est élu par le Parlement européen à la majorité
des membres qui le composent. Si ce candidat ne recueille pas la majorité, le Conseil européen,
statuant à la majorité qualifiée, propose, dans un délai d’un mois, un nouveau candidat, qui est élu
par le Parlement européen selon la même procédure. »
En aval, une fois que l’exécutif est composé et qu’il agit, le parlement peut adopter une
motion de censure conformément à l’article 234 TUFE. Il faudrait que le parlement vote cette
motion de censure à la majorité des 2/3 des suffrages exprimés et ces deux tiers devraient reunir au
moins la moitié des membres de l’assemblée. 9 motions de censures ont été déposées depuis 1957 et
aucune n’a obtenu le bon nombre de votes. Lors de la dernière motion de censure, du 24 novembre
2014, il y a eu 101 voies pour la motion de censure.
Un cas dans l’histoire ou la commission aurait pu être renversée par une motion de censure,
c’est la commission Santer de 1995 à 1999 durant laquelle Edith Cresson a été accusée de
favoritisme et une motion de censure allait être prise. La commission s’est démise d’elle même
avant le vote par le parlement car les conditions de la motion de censure allaient être réunies.

Page 99 Institutions européennes


d. Le recours devant la cour de justice
Il faut ajouter aux jurisprudences Les Verts et Tchernobyl que dès 1957, le parlement pouvait
faire un recours en carence. On peut dénoncer l’inaction d’une institution qui est tenue d’agir.
L’article 265 offrait ce recours à toute institution européenne. Après 1990, après Tchernobil I
où la cour de justice a reconnu le pouvoir au parlement de formuler un recours en annulation, le
traité d’Amsterdam a reconnu cela au parlement pour proteger ses prérogatives. Le traité de Nice a
étendu le droit de recours au parlement pour proteger la légalité dans son ensemble. Depuis 2001, le
parlement est un requérant privilegié.
Le parlement peut aussi saisir la cour de justice pour avis lors d’un processus de ratification
d’un traité international pour vérifier qu’il est bien conforme au droit de l’Union.

2- Représentation indirecte : les conseils


Il s’agit d’envisager le conseil des ministres aussi appelé le conseil de l’ Union européenne
ainsi que le conseil européen et de voir de quelle maniere ils ont occupé une place essentielle depuis
1957.
En 1951, dans la CECA, c’est la haute autorité qui avait ce rôle essentiel d’adopter des actes
normatif sur la base du traité CECA.
Le traité de Rome est formulé de manière plus vague, c’est ce qu’on appelle un traité cadre
et sa mise en oeuvre va faire appel a plus d’arbitrage politique, de faculté de choix. C’est pourquoi
le conseil a vu sa place s’accroitre en 1957.
Depuis 1957, le rôle du parlement s’est accru mais les conseils n’ont pas perdu de pouvoir.
L’existence du conseil européen va voir son existence formalisée au fil et à mesure des traités.
Aujourd’hui on a un système qui laisse aux conseils une place essentielle avec un conseil des
ministres qui conduit l’action de l’Union européenne et un conseil européen qui détermine la
direction que prend l’Union européenne.
a. Le conseil de l’Union européenne: organe
décisionnel
Le conseil de l’Union européenne ou conseil des ministres avant Maastricht avait vocation à
représenter les gouvernements et à incarner les intérêts nationaux au sein de l’Union. Fort de cette
légitimité étatique, on a donné à cette instance la fonction d’adopter les actes juridiques qui vont
constituer le droit européen. C’est lui qui a un pouvoir de décision d’une maniere contraignante.
i. La composition
Si chaque gouvernement délègue un de ses membres au conseil, la répartition de ces
membres dans les différentes formations du conseil est régie par les traités.
Le conseil de l’ Union européenne, d’après le droit primaire, est composé d’un représentant
de chaque État membre au niveau ministériel et depuis Lisbonne il est même précisé que le
représentant doit être habilité à engager le gouvernement de l’État qu’il représente et exercer le
droit de vote. Cette disposition a été insérée à la demande de l’Allemagne car elle n’a pas toujours
voulu envoyer un ministre de l’État fédéral, elle a parfois voulu envoyer un ministre d’un Länder.
Ce ministre doit être habilité à représenter l’État tout entier. Le parlement et ses deux chambres peut
habiliter un ministre à le faire. Depuis 1992, un ministre d’un État fédéré peut représenter l’État
allemand.

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Le conseil de l’ Union européenne est généralement composé de ministres des affaires
étrangères, c’est sous cette formation que le conseil va jouer le rôle le plus important mais d’autres
ministres peuvent participer au conseil en fonction de l’ordre du jour.
On a donc, en réalité, des conseils spécialisés et un conseil général qui est composé de
ministres des affaires étrangères.
On a observé, dans les années 1980, une multiplication des conseils spécialisés ce qui a
causé un risque d’éclatement de l’action européenne et un manque de cohérence dans les politiques.
Par exemple, les ministres de l’agriculture ne doivent pas défaire ce que les ministres de
l’environnement on fait précédemment.
Dans les années 1990, on a prévu de limiter le nombre de conseils spécialisés et on est
passés de 22 conseil en 1990 à 9 conseils en 2002. On a demandé au conseil des affaires générales
de jouer un rôle de coordinateur, les ministres de affaires étrangères vont avoir un rôle de chef
d’orchestre vis à vis des conseils spécialisés. Le traité de Lisbonne a consacré l’obligation de limiter
le nombre de conseils spéciaux, conformément à l’article 16 paragraphe 6 qui prévoit que c’est le
conseil européen qui va fixer le nombre de formations spécialisées. Actuellement, 10 formations
spéciales du conseil sont reconnues ( le conseil affaires étrangères, le conseil eco-fin…)
Outre la question de la formation, il faut mentionner trois organes dont l’importance est variable.
- La présidence: c’est une présidence tournante, tous les 6 mois elle change de main. L’ordre de
succession est fixée par une décision, cela permet d’assurer une diversité de la présidence. La
présidence a un rôle d’organisation des réunions du conseil, elle repartit les dossiers suivant les
formations, elle favorise la construction… Comme pour le conseil de l’Europe, on a mis en place
ce qu’on appelle la Troïka, les trois présidents successifs doivent travailler de concert, vela
permet d’assurer la continuité et la stabilité des actions. Il y a un avantage concret a la présidence
tournante, chaque présidence a le souhait de marquer son passage et de pouvoir revendiquer un
certain nombre de réussites et pour ce faire, les différentes présidences fixent publiquement les
priorités de leurs mandats et elles vont faire en sorte que l’action du conseil soit visible. La
Roumanie a 4 priorités, créer une Europe de la convergence sociale, une Europe plus sure,
l’Europe comme acteur global, La question des valeurs communes. La Roumanie n’est pas sans
reproches et s’interroge sur le sincérité de cette dernière priorité.
- Le secrétariat général du conseil: l’actuel secrétaire est Tramholm Mikkelsen et il est désigné à
l’unanimité du conseil en vertu de l’article 240 paragraphe 2 du TFUE. Le commissaire avait
historiquement un rôle important car il représentait le conseil à l’étranger mais depuis Lisbonne
c’est le Haut représentant pour la PESC qui occupe cette fonction et le secrétaire général assure
des taches administratives pour l’essentiel. Il dirige un certain nombre de services du conseil et
notamment le service juridique.
- Le Coreper est le comité des représentant permanent et c’est une sorte de collège qui réunit des
diplomates qui représentent leur État et qui travaillent en amont des réunion du conseil pour
préparer l’activité des ministres. Le coreper est institutionnalisé par l’article 16 paragraphe 7 du
TUE qui explique que c’est responsable de la préparation des travaux et qu’il exécute les
mandats qui lui sont confiés par le conseil. Son rôle est double, c’est une instance de dialogue
entre les ambassadeurs des États mais c’est aussi une courroie de transmission entre les États et
l’Union européenne. Ces ambassadeurs surveillent les travaux des nombreux groupes d’experts
mandatés par le conseil pour mettre en oeuvre une réflexion. Le coreper va se réunir toutes es
semaines pour faire le lien entre les différentes réunion du conseil et sur un certain nombre de
Page 101 Institutions européennes
questions il va exercer le pouvoir de décision à la place des ministres. Concrètement, lorsqu’on a
une décision du conseil, on va faire voter les ministres sur deux series de questions, les points A
qui ne nécessitent pas de discussion car le coreper a trouvé un consensus et un point B qui
nécessite une discussion.
ii. Le fonctionnement du conseil de l’Union
Les réunions du conseil se tiennent à Bruxelles dans leur grande majorité mais 3 fois par an,
avril, juin et octobre, les États vont au Luxembourg ou historiquement toutes les institutions
prenaient place.
α. Les modalités de vote
Elles sont de trois types différents:
- Majorité simple
- Majorité qualifiée
- Vote à l’unanimité
Comme pour la procédure législative, il n’y a pas de règle générale, il faut prendre article
par article, politique par politique pour savoir comment décide le conseil. Aujourd’hui, c’est la
majorité qualifiée qui a vocation à s’appliquer et c’est par exception que le conseil va s’exprimer
autrement.
La majorité simple a une particularité, c’est le mode de vote employé lorsque le traité ne
prévoit rien, c’est la procédure par défaut. D’un point de vue quantitatif c’est rare que ce soit le cas.
Cette majorité est présente dans 4 situations:
- L’adoption du regèlent intérieur du conseil
- L’organisation du secrétariat général du conseil
- Lorsque le conseil demande à la commission de présenter une proposition législative
- La décision par laquelle le conseil va donner à la commission des pouvoirs d’investigation et
d’enquête.
La majorité qualifié est la procédure normale de droit commun selon le traité de Lisbonne.
Une procédure de droit commun est la solution normale qui peut être appliquée. La majorité
qualifiée va être appliquée 80% du temps pour appliquer des actes administratifs. L’idée est à la fois
d’éviter que les petits États puissent bloquer l’intégration européenne et éviter que les grands États
soient seuls à décider. Il faut donc faire une juste pondération des voies accordées aux États en
fonction de leur population respective.
En 1957, l’équilibre qu’on a trouvé était qu’une décision à la majorité qualifiée ne devait pas
pouvoir être prise si deux grands États s’y opposaient. L’équilibre était assez simple à trouver et
cette règle a été maintenue jusqu’à ce qu’on passe à 15 états membre en 1995. On a pas su comment
redefinir la majorité qualifiée de maniere satisfaisante, on a perdu la capacité de deux grands États a
faire un blocage et on a même été à une situation où les 5 plus grands ne pouvaient s’opposer aux
10 plus petits. Pour éviter que ce déséquilibre nuise à la légitimité européenne, on a mis en place le
compromis de Ioannina, l’idée était que même si les États opposés n’avaient pas atteint la majorité
de blocage on engage un dialogue pour faire un consensus.

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C’est en 2001 qu’on réussit à modifier les choses car on a le nouvel élargissement en
perspective. Le principe est qu’on va attribuer un nombre de voies par État qui va aller de 29 à 3
avec dans l’idée que pour atteindre la majorité qualifiée une décision doit être approuvée par 169
voix sur 237. Au fur et à mesure des élargissent, on a augmenté le score. On ajoute un double test à
ce score puisqu’au moins la moitié des États doit voter en faveur et il faut que ces États représentent
au moins 62% de la population. Le coté positif c’est qu’on a restauré la place des grands États mais
on a durci les conditions d’obtention d’une décision à la majorité qualifiée.
Avec le traité de Lisbonne on remet en question la définition de la majorité qualifiée et la
conference intergouvernementale va proposer une nouvelle méthode de calcul, c’est l’article 232 du
TFUE qui la définit en sachant que le traité avait prévu que le nouveau calcul n’entrerait que le 1er
novembre 2014.
A partir du 1er novembre 2014, on a défini la majorité qualifiée comme au moins 55% des
États membres représentant au moins 65% de la population, on a enlevé le score des voix. Par
exception on peut augmenter les seuils, c’est 72% des États représentant au moins 65% de la
population. On ajoute dans le traité, la reconnaissance d’une minorité de blocage et on precise que
lorsqu’un collectif d’État représentant au moins 35% de la population s’oppose à la décision alors
on va la suspendre.
En pratique, 4 États membres doivent s’opposer. Même lorsque la minorité de blocage n’est
pas atteinte, en vertu du compromis de Ioannina, lorsque 3/4 des États nécessaires à la minorité de
bocage sont contre, le conseil doit suspendre l’adoption de la décision et il doit faire tout ce qui est
en son pouvoir pour établir un compromis acceptable pour l’ensemble des États sachant qu’il est
contrait par le temps de la procédure législative. Même dans les matières relevant de la majorité
qualifiée, si un État explique qu’il a été forcé à adopter une décision, il faut vérifier que le ministre
s’est opposé et même s’il s’est opposé, il a bénéficié du compromis et pu s’assurer qu’il y a eu une
recherche de consensus. Dans la majorité des cas, la décision est prise par consensus.
S’agissant du champ d’application de la procédure à la majorité qualifiée, dans la procédure
législative on a 68 bases juridiques qui en relèvent, c’est quantitativement la procédure la plus
appliquée.
Le vote à l’unanimité est la façon de décider pour le conseil qui est en principe la plus
intergouvernementale puisque les États retrouvent leur véto. Il faut toute fois relativiser cette idée,
d’abord, pour éviter un risque de veto trop systématique, l’article 238 paragraphe 4 a constitué
l’abstention constructive. Un État peut s’abstenir sans que cela empêche l’unanimité, il faut qu’un
État s’oppose à la décision pour qu’il n’y ait pas d’unanimité. On a fait ca car du point de vue des
citoyens nationaux, l’État qui s’abstient et celui qui s’oppose est different. D’autre part, l’unanimité
n’est pas rédhibitoire dans le fonctionnement de l’Union européenne. Lorsqu’une question est
soumise à l’unanimité, l’article 48 du TUE sur les closes passerelles permet de passer à la majorité
qualifiée.
C’est pour l’essentiel dans les décisions de portée constitutionnelle qu’on retrouve
l’unanimité. Les décisions relatives aux élections européennes ou celles relatives aux resources
propres sont adoptée par l’unanimité. La coopération judiciaire et policière en matière pénale et la
PESC aussi. On trouve encore quelques matières qui requièrent l’unanimité et qui sont les plus
problématiques pour l’Union européenne, ce sont la fiscalité et la politique sociale. L’unanimité est
donc relativement réduite dans son périmètre mais le compromis de Ioannina fait qu’on peut passer
à la majorité qualifiée.

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β. La publicité des débats
Historiquement, le conseil se prononçait à huit clos, c’est un héritage des conférences
diplomatiques qui perdure et donc le conseil ne faisait pas preuve de transparence ce qui a posé un
problème dans l’exigence démocratique. On a progressivement assuré un minimum d’ouvertures,
premièrement avec la modification du règlement intérieur du conseil permettant aux citoyens qui le
demandent d’acceder a ses documents.
Pour aller plus loin, le traté de Lisbonne a imposé, en vertu de l’article 16 paragraphe 8 du
TUE que le conseil siège et délibère en public à chaque fois qu’il se prononce sur un projet d’acte
législatif. Il y a des domaines qui restent préservés, comme par exemple une réunion relative à la
politique étrangère ou à la sécurité.
iii. Les fonctions du conseil
Elles sont précisées par l’article 16 paragraphe 1 du TUE, « Le Conseil exerce,
conjointement avec le Parlement européen, les fonctions législative et budgétaire. Il exerce des
fonctions de définition des politiques et de coordination conformément aux conditions prévues par
les traités. »
Cet article reste relativement flou et il oublie que l’action normative du conseil dépasse
l’adoption d’actes législatifs. Le conseil a aussi une fonction exécutive. En vertu de l’article 291 du
TFUE, ce sont les États membres qui ont la responsabilité première d’exécuter le droit de l’Union,
c’est l’idée de subsidiarité et le principe de l’administration directe. Par exception, il y a des actes
d’exécution qui doivent être applicables à l’ensemble des États membres pour que les conditions
d’exécutions soient uniformes.
Jusqu’au traité de Lisbonne, le conseil était en charge d’exercer le pouvoir exécutif. En
pratique, même avant le traité de Lisbonne, ce pouvoir d’exécution était délégué à la commission.
Le traité de Lisbonne a tenu compte de cette pratique et il a consacré qu’au niveau de l’Union
européenne, c’est désormais la commission qui est en principe titulaire du pouvoir d’exécution. Il
est exercé dans le cadre de la comitologie, la commission adopte un acte d’exécution en
concertation avec des représentants de États. Même avec le traité de Lisbonne, par exception, le
conseil peut récupérer et exercer lui même le pouvoir exécutif, dans ce cas, pour l’acte législatif en
cause il est expressément spécifié qu’il reviendra au conseil d’arrêter les mesures d’exécution.
b. Le Conseil européen
Le Conseil européen réunit les chefs d’États et de gouvernement et il a été bénéficiaire du
traité de Lisbonne car c’est la première fois qu’il est qualifié d’institution de l’ Union européenne.
Le conseil européen peut faire l’objet d’une procédure devant la cour de justice de l’Union
européenne.
Le traité de Lisbonne met fin à une incertitude longue puisque le conseil européen est apparu
dans les années 70 en marge des traités, il est apparu comme une pratique des États avan d’être
consacré par le droit primaire.
Le traité de Lisbonne a fait bénéficier ce conseil d’une présidence stable, Donald Tusk est le
président du conseil. L’avantage premier de la présidence est qu’on est censé connaître cette
personnalité et donc personnifier le conseil.

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i. Les origines du Conseil
Le Conseil a commencé sous la forme de sommets européens et le premier sommet a eu lieu
en 1961 à l’initiative du général de Gaulle. Très vite, les chefs d’États et de gouvernements sont
d’accord pour acter le principe d’une périodicité, d’une nécessité de réunir régulièrement ce
sommet.
Il faut attendre 1974 pour que cette réunion prenne corps. Le 9 et 10 décembre 1974, le
sommet se réunit à Paris et on utilise pour la première fois le nom de Conseil ce qui montre une
institutionalisation. Les résultats de ce Conseil posent le principe d’une réunion 3 fois par an et
chaque fois que nécessaire pour mettre en oeuvre une coopération politique.
A partir de 1974, les Conseils européens vont se multiplier sans qu’on sache vraiment quel
est son statut alors qu’en principe il va avoir une portée déterminante. Par exemple le conseil a crée
l’ELSJ, c’est Giscard d’Estaing qui va être le premier a proposer sa création en 1974. En 1979 on
crée le système monétaire européen et il va déboucher sur l’euro.
S’agissant du statut du Conseil, on a une première étape avec l’acte unique européen en
1986 puisqu’il vise le conseil européen, c’est la première fois qu’il est mentionné dans les traités.
En 1992 dans le traité de Maastricht, on définit le rôle du Conseil européen, il donne à l’Union les
impulsions nécessaires à son développement et il définit les orientations politiques générales. C’est
le rôle moteur qui est ici notifié et l’article précise que la réunion a lieu 2 fois par an au minimum
dans le pays qui dirige le conseil de l’Union. Ce Conseil européen doit présenter au parlement un
rapport à chaque issue. On retrouve dans le traité de Maastricht le conseil dans le cadre des GOPE
et le conseil se voit reconnaître la possibilité d’adresser des recommandations à un État.
Avec le traité de Nice, les sommets ne sont plus itinérants mais ils sont à Bruxelles. Depuis
2004, tous les sommets européens sont des sommets de Bruxelles.
Le traité de Lisbonne donne sa qualité d’institution, il vient directement après le parlement
européen et c’est donc la deuxième institutions la plus importante. Ce traté de Lisbonne donne une
présidence stable au conseil.
ii. La composition et le fonctionnement du
Conseil européen
On a les chefs d’États ou de gouvernements en fonction des règles constitutionnelles
applicables à chaque État. En France, c’est le président qui va aux sommets sauf en période de
cohabitation et plus particulièrement sous la dernière cohabitation Jospin-Chirac qui sont allés tous
les deux au sommet du Conseil.
Le président du Conseil est élu par le Conseil européen en vertu de l’article 15 paragraphe 5
du TUE mais le traité ne donne aucune autre précision sur la procédure d’élection. Il n’y a pas de
campagne électorale et c’est plutôt une procédure de cooptation qu’une procédure électorale avec
des débats. Le président du Conseil européen peut en principe être une personnalité extérieure. En
pratique, depuis le traité de Lisbonne, on a eu deux président du conseil européen, Donald Tusk et
Von Rumpuy, dans les deux cas, il s’agissait de premiers ministres en exercice au moment de leur
désignation ce qui a conduit à la démission de leur poste de fonction interne. L’avantage de cette
pratique est que ça donne une carrure politique aux personnages, ce qu’on peut noter c’est que dans
les deux cas, ca a entrainé les pays en cause dans une crise institutionnelle plus ou moins grave.

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Le choix du président du conseil européen de maniere formelle s’opère à la majorité
qualifiée et non pas à l’unanimité. En pratique, on peut supposer que les États vont choisir un
candidat de maniere consensuelle, le mandat est de deux ans et demi renouvelable une fois.
Ce président est un interlocuteur entre les États et les institutions de l’Union. Il préside les
sommets du Conseil et il va assurer le préparation et la continuité des travaux, il est chargé de
favoriser un consensus et il va représenter le conseil européen devant le parlement. De plus, le
président du Conseil européen assure, à son niveau et en sa qualité, la représentation extérieure de
l'Union pour les matières relevant de la politique étrangère et de sécurité commune, sans préjudice
des attributions du haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de
sécurité.
Au sein du conseil européen, il y a aussi le haut représentant, le président de la commission,
et sans être membre du Conseil européen, le président du parlement est invité a assister aux
réunions du conseil. Par exception, les chefs d’État et de gouvernement peuvent venir avec un
ministre lorsque l’ordre du jour est spécifique.
iii. Les missions
Les missions sont définies à l’article 15 paragraphe 1 du TUE et dans le règlement intérieur
du conseil. « Le Conseil européen donne à l’Union les impulsions nécessaires à son développement
et en définit les orientations et les priorités politiques générales. Il n’exerce pas de fonction
législative. »
Il n’a pas fonction de participer au processus législatif. L’ajout du terme de priorité
politiques de l’Union permet au Conseil d’être plus précis et plus concret dans ses directives, dans
la création d’un agenda européen. Plus globalement, on peut se demander quelles questions vont
être traitées, pourquoi cette institution a été ajoutée au conseil de l’ Union. La plus value du Conseil
est d’intervenir dans les cas ou ni la méthode communautaire classique ni la coopération
intergouvernementale ne permettent de cerner convenablement une question au regard de son
importance, de son rôle stratégique. Le Conseil va avoir comme mission première de fonder un
contrat entre les différents États membres, on va poser les principes d’une action qu’il faudra
ensuite mettre en oeuvre par la méthode communautaire classique ou par l’inter-
gouvernementalisme classique. Le Conseil européen intervient dans ce qu’on appellerait les
pouvoirs propres du président de la république française. Le Conseil agit dans:
- L’action extérieure de l’ Union européenne, c’est le conseil qui a créé la stratégie européenne
globale en matière de PESC. Les chefs d’États et de gouvernements se sont mis d’accord.
- Les GOPE sont un instrument qui permet aux États de se surveiller mutuellement dans leur choix
de politique économique pour assurer une union économique forte et non contradictoire.
- Tout ce qui va relever de la gestion constitutionnelle: élargissement, révision des traités, respect
des valeurs de l’article 2 du TUE.
- L’autorisation pour un État d’adopter l’euro comme monnaie officielle est donnée par le conseil
européen
- Mission de nomination, le Conseil désigne son président, un candidat au poste de président de la
commission et les commissaires. De plus, il nomine les membres du directoires de la BCE et le
président de la BCE.

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B) Les institutions juridiques issues de la méthode
d’intégration
Après avoir envisagé les institutions représentatives, il faut s’arrêter sur la place des
institutions « juridiques », c’est a dire des institutions qui ont pour fonction de mettre en œuvre et
de garantir le respect des dispositions des traités. Après avoir envisagé le cas de la commission,
nous présenterons la Cour de justice.
1- La commission: institution gardienne de l’intérêt
général
La revendication d’un rôle politique par J.-C. Juncker est très ambigüe, même si elle est la
conséquence d’une réalité institutionnelle. Les pouvoirs de la commission, en particulier celui de
l’initiative législative, ne sont pas neutres pour l’Union. Pourtant elle est présentée par la Charte
constitutionnelle comme un arbitre, comme une institution garante de l’intérêt général et non pas
comme un organe destiné à représenter des intérêts particuliers (article 17, §1 er TUE ). C’est à ce
titre qu’elle possède le monopole de l’initiative législative, et qu’elle exerce des fonctions
importantes en matière d’exécution.
A l’image de la Haute Autorité de la CECA conçue par Jean Monnet comme un organe
supranational, la Commission - qui a fusionné avec cette dernière en application du Traité de fusion
de 1965 – a en effet toujours été pensée comme un organe destiné à relever les défis de l’intégration
européenne. Destinée à garantir sur le long terme l’intégration communautaire, c’est à dire parvenir
à créer une unité européenne en renforçant les liens entre les peuples des Etats, sans être
entièrement soumise aux gouvernements qui contrôlaient jusqu’alors l’ensemble des relations
extérieures des Etats. C’est cette conception qui explique sa composition et son rôle.

a. La composition de la commission
Pendant longtemps, le nombre de commissaire par État membre était fixé à un au minimum
et deux au maximum. Au départ, le traité de Lisbonne prévoyait un nombre de commissaires
correspondant aux deux tiers du nombre d'États membres à partir du 1er novembre 2014.
Parallèlement, il a introduit un élément de flexibilité en permettant au Conseil européen de
déterminer le nombre de membres de la Commission (article 17, paragraphe 5, du TUE). En 2009,
le Conseil européen a décidé que la Commission continuerait à compter un nombre de commissaires
égal au nombre d'États membres.
Ce rapport entre le nombre de membres et le nombre d’États membres pourrait faire douter
de l’indépendance des commissaires.
- Certains y voient une marque de coopération et un risque pour l’intégration. Avoir 1
Commissaire par Etat pourrait faire de lui un émissaire de l’Etat.
- D’autres y voient une garantie pour l’intégration. Avoir 1 Commissaire par Etat, c’est s’assurer
que ce commissaire représentera non pas le gouvernement, mais la situation générale de son Etat
d’origine (qu’il comprendra les enjeux économiques, politiques, juridiques...). Cela permettrait
donc de garantir l’expression de toutes les sensibilités nationales, afin de mieux identifier l’intérêt
général européen dont la Commission a la charge.

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C’est en réalité par les modalités de désignation que le traité entend assurer l’indépendance
des membres de la Commission.
- L’article 17, paragraphe 7 TUE dispose que le Conseil européen, statuant à la majorité qualifiée,
propose au Parlement européen le candidat à la présidence de la Commission, en tenant compte
des résultats des élections européennes et après avoir procédé aux consultations appropriées
(conformément à la déclaration 11 relative à l'article 17, paragraphes 6 et 7, du traité sur l'Union
européenne). Ce candidat est élu par le Parlement européen à la majorité des membres qui le
composent (article 17, paragraphe 7, du TUE). En cas de refus du Parlement européen, le Conseil
européen, statuant à la majorité qualifiée, propose au parlement un nouveau candidat dans un
délai d’un mois qui devra être élu dans les mêmes conditions...
- Ensuite, statuant à la majorité qualifiée, le Conseil de l’Union européenne approuve, d'un
commun accord avec le candidat élu, la liste des autres candidats aux postes de commissaire
établie suivant les propositions faites par les États membres. Les États membres sont à cet égard
tenus par les exigences du paragraphe 3 de l’article 17 : « Les membres de la Commission sont
choisis en raison de leur compétence générale et de leur engagement européen et parmi des
personnalités offrant toutes garanties d'indépendance. »
- Le président et les autres membres de la Commission, y compris le Haut Représentant de l'Union
pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, sont soumis en tant qu'organe au vote
d'approbation du Parlement européen et sont ensuite nommés définitivement par le Conseil
européen, à la majorité qualifiée.
Depuis le traité de Maastricht, le mandat de commissaire est renouvelable et, à l’instar de la
législature du Parlement européen, d'une durée de cinq ans. Certes les commissaires sont donc
choisis selon un processus qui fait intervenir les gouvernements des États membres (isolément ou au
sein du Conseil européen) mais :
- Les États membres sont limités dans leur choix, des règles s’imposent :
- Pour leur compétence, ils ont une légitimité fonctionnelle
- Les Etats doivent tenir compte des résultats du Parlement européen, et pour choisir le
candidat à la Présidence, ils se prononcent au sein du Conseil européen, à la majorité
qualifiée.
- Le processus a évolué pour de plus, faire intervenir le Parlement :
- Les résultats des élections au Parlement européen, on vient de le dire, déterminent depuis
le traité de Lisbonne, la « coloration politique » de la Commission européenne, afin de lui
donner aussi une légitimité politique parlementaire.
- Le Président de la Commission européenne, est un candidat proposé par le Conseil
européen, qui doit être approuvé par le Parlement européen.
- Le collège des commissaires formé par le nouveau Président doit aussi être approuvé par
le Parlement. Droit de véto. En pratique, il y a des auditions destinées à vérifier la
compétence, vérifier qu’il n’y a pas de conflit d’intérêt.
Le cas de la Commission Santer illustre que le contrôle politique du Parlement européen est
utile et efficace non seulement au moment de l’installation de la Commission mais aussi durant la
durée de son mandat.

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On a essayé d’agir en aval de la nomination des commissaires et de l’exercice de leur
fonction pour préserver leur indépendance vis a vis des groupes de pression privés. Pour ce faire,
l’article 245 TFUE interdit pendant l’exercice de leur fonction de commissaire tout acte
incompatible avec leur fonction, le pantouflage veut être évité.
L’article 245 TFUE: alinéa premier pose comme principe que " Les membres de la
Commission s'abstiennent de tout acte incompatible avec le caractère de leurs fonctions. "
L'alinéa deux précise: " Ils prennent, lors de leur installation, l'engagement solennel de
respecter, pendant la durée de leurs fonctions et après la cessation de celles-ci, les obligations
découlant de leur charge, notamment les devoirs d'honnêteté et de délicatesse quant à l'acceptation,
après cette cessation, de certaines fonctions ou de certains avantages."
La pratique montre que cette disposition de l’article 245 n’a pas fonctionné de maniere
satisfaite, on l’a vu avec Barosso recruté par la Goldman Sachs, et Neelie Kroes qui était également
administratrice d’une société offshore située au Bahamas durant son mandat. Ces règles sont donc
perfectibles:
Pour préserver leur indépendance vis à vis des États, les Commissaires ne peuvent pas
recevoir d’instructions de la part des gouvernements des États membres. Pour assurer cette
indépendance, des règles limitent les autorités habilités à renvoyer un commissaire.Ils ne peuvent
être démis de leur fonction par les Etats. Ils ne peuvent être renversés de manière individuelle que
par le Président de la Commission, et de manière collective que par le Parlement européen.
Un membre de la Commission peut être démis d'office par la Cour de justice, à la demande
du Conseil ou de la Commission elle-même en cas de violation de ces obligations ou s'il a commis
une faute grave (article 247 du TFUE).
Ces Commissaires sont, au quotidien assistés par des fonctionnaires, contractuels,
stagiaires... recrutés par un service du personnel propre à la Commission : concours de fonction
publique européenne, EPSO. Là aussi l’actualité amène à être un peu sceptique, Juncker a pu
nommer son directeur de cabinet Martin Selmayr secrétaire général de la commission, alors qu’en
vertu des règles statutaires celui-ci n’avait pas le grade suffisant (nomination fantoche d’une autre
personne qui a démissionné le temps que Martin Selmayr obtienne le grade nécessaire pendant 1
journée…).

b. Les missions de la commission


Pour garantir l’intégration communautaire à long terme, la Commission a 2 rôles principaux.
- C’est la gardienne des traités, elle controle en particulier dans le champ de la concurrence où elle
surveille le comportement des entreprises, mais elle a une compétence plus générale lui
permettant de saisir la Cour de justice en cas de violation du droit de l’Union européenne par un
État membre via le recours en constatation de manquement ou par une institution européenne via
le recours en annulation ou le recours en carence.
- Elle participe au développement du droit commun. Sur le processus législatif, elle a une «Mission
générale d’initiative » de l’intégration communautaire (CJCE, 1976, SADAM). Elle est donc en
charge de proposer des textes de droit dérivé destinés à réaliser l’intégration.

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i. Le monopole de l’initiative législative
Même si ce monopole s’est effrité en faveur des ministres des Etats membres ou du Haut
représentant (PESC et ELSJ : art. 42§4 UE et 76 FUE), de la BCE (art. 129§4 et 219§1 FUE), du
PE (art.225FUE...) et même citoyen (art.11§4 = ICE : nouveauté du Traité de Lisbonne).
En pratique, la Commission européenne ne présente pas n’importe quel type de texte.
-  Elle a une connaissance de la situation générale dans chacun des 28 États emmenées. La
Commission n’est pas si « déconnectée » que ce que l’on prétend souvent. En premier lieu grâce
à sa structure de communication, elle a un réseau de Représentations, sorte d’ambassades dans
tous les États membres, en France même 2, qui chaque jour, lui font « remonter » la situation
locale et nationale de l’Etat ; et juste après, c’est elle qui en retour informe de l’actualité à venir,
des déplacements du Président... Il y a un briefing quotidien. Elle a aussi une connaissance de la
situation en deuxième lieu grâce à son rôle de contrôleur, elle reçoit les plaintes de particuliers et
entreprises, et décide parfois de lancer une procédure contre l’Etat.
- En outre, avant de proposer, sur un point précis, un nouveau texte ou une modification, la
Commission a réalisé une évaluation de la législation existante. Des rapports variés sont établis
par des experts, mais aussi une consultation de la société civile européenne.
- Enfin, la Commission tient compte, dès le stade de l’initiative, des « orientations » générales
définies par le Conseil européen, l’instance représentant les chefs d’Etats et de gouvernement, ou
des « priorités » fixées dans le programme de travail du Conseil de l’Union qui « soufflent »
l’idée de texte.
Le rôle et l’image de la Commission européenne a varié selon les époques. Il y a eu de
grands temps forts, les premières Commissions étaient présidées par des européanistes convaincus ;
les années 70 seront marquées par le renforcement des Etats ; au milieu des années 80 c’est la
Commission présidée par Jacques Delors, qui relance l’intégration. De la dernière Commission,
présidée par José Manuel Barroso, il est restée un souvenir d’une Commission assez faible et
soumise aux États membres, voire aux intérêts privés (scandales de Goldman Sachs).
ii. Le pouvoir exécutif
Les principaux pouvoirs conférés à la Commission directement par les traités sont les
suivants: exécuter le budget (article 317 du TFUE); autoriser les États membres à prendre les
mesures de sauvegarde prévues par les traités, en particulier pendant les périodes de transition
(article 201 du TFUE); veiller à l’application des règles de concurrence et, en particulier, contrôler
les aides d'État conformément à l'article 108 du TFUE. Dans le contexte des plans de sauvetage
financier adoptés pour faire face aux crises de la dette que connaissent certains États membres, la
Commission est chargée de la gestion des fonds mobilisés et garantis par le budget de l'Union.
Pour l’essentiel cependant, et conformément à l'article 291 du TFUE, la Commission exerce
les compétences qui lui sont conférées pour la mise en œuvre des actes législatifs adoptés par le
Conseil et le Parlement, conformément aux «règles et principes généraux relatifs aux modalités de
contrôle par les États membres de l'exercice des compétences d'exécution par la Commission».
C’est ainsi que l’article 291, paragraphe 3, du TFUE renvoie au règlement n°182/2011 pour définir
les règles entourant la Comitologie.
Le terme «comitologie» concerne l’ensemble des procédures en vertu desquelles la
Commission européenne exerce les pouvoirs d’exécution conférés par le législateur européen,

Page 110 Institutions européennes


assistée des comités de représentants des pays de l’Union européenne (UE). D'une manière
générale, avant de mettre en œuvre un acte juridique de l'Union, la Commission doit consulter un
comité composé de représentants de chacun des États membres sur les mesures d'exécution
détaillées qu'elle propose. Ces comités de comitologie sont présidés par un représentant de la
Commission et donnent un avis sur les actes d’exécution proposés par la Commission. Ces avis
peuvent être plus ou moins contraignants pour la Commission, en fonction de la procédure précisée
dans l'acte juridique mis en œuvre.
C’est le règlement (UE) n° 182/2011 qui pose les principes généraux applicables aux
mécanismes de contrôle par les pays de l’UE de l’exercice des compétences d’exécution conférées à
la Commission. Conformément au règlement, les comités peuvent utiliser deux types de procédures:
- La procédure d’examen,
- La procédure consultative.
Le type de procédure applicable à chaque comité est choisi par le législateur européen et
dépend de la nature des pouvoirs d’exécution définis dans le règlement, la directive ou la décision
de base.
- La procédure d'examen, est surtout utilisée pour les mesures de portée générale et les mesures
pouvant avoir une incidence majeure (par exemple dans le domaine de la fiscalité ou de la
politique agricole de l'UE)
- La procédure consultative, est généralement utilisée pour toutes les autres mesures d'exécution.
Le poids de l'avis du comité varie selon la procédure:

Dans la procédure d'examen :


- Si une majorité qualifiée s’exprime en faveur de la mesure proposée par la Commission, la
Commission est tenue d'adopter la mesure;
- Si une majorité qualifiée s’exprime contre, la Commission ne peut pas exécuter la mesure
qu'elle a proposée;
- Lorsqu’aucune majorité qualifiée pour ou contre n’est adoptée, la Commission peut choisir
soit de mettre en œuvre la mesure d'exécution proposée, soit d'en présenter une nouvelle
version au comité, en tenant compte de son avis.

Dans la procédure consultative :


La Commission est libre d'appliquer ou non la mesure proposée, mais doit «tenir le plus
grand compte» de l'avis du comité avant de prendre sa décision. La liberté de la Commission est
donc plus importante dans ce cadre.
Si la Commission est empêchée d'appliquer la mesure d'exécution proposée (en particulier
dans les cas où le comité a voté contre), elle peut porter l'affaire devant le comité d'appel. Ce comité
fonctionne comme les autres comités de comitologie (il est composé de représentants des pays de
l'Union, il est présidé par la Commission et suit les mêmes règles de vote). Il ne s'agit pas d'un
organe permanent, mais plutôt d'un outil procédural qui permet aux pays de l'Union d'avoir une

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deuxième discussion à un niveau de représentation plus élevé. Si le comité d'appel se prononce
contre l'action proposée par la Commission, la Commission doit se ranger à sa décision.
Outre le contrôle exercé par les États membres par l'intermédiaire des comités, les
compétences d'exécution de la Commission font également l'objet de contrôles supplémentaires de
la part du Parlement européen et du Conseil de l’Union européenne, qui disposent:
- D'un droit d’information, toutes les mesures proposées par la Commission et soumises aux
comités sont simultanément mises à la disposition du Parlement et du Conseil.
- D'un droit de regard, lorsque le projet de la Commission concerne un acte juridique adopté par
voie de codécision, le Parlement et/ou le Conseil peuvent indiquer que l'action envisagée
outrepasserait les compétences d'exécution de la Commission. La Commission est alors tenue
de revoir son projet d'action à la lumière de cet élément et décider de le maintenir, de le
modifier ou de le retirer.

L’ancienne procédure de réglementation avec contrôle, qui n'existe plus, a été appliquée de
2006 à 2009 aux «mesures quasi-législatives». Elle ne peut plus être utilisée dans la nouvelle
législation. Toutefois, comme elle apparaît dans plus de 300 actes juridiques en vigueur, elle
continuera à être provisoirement appliquée pour ces actes jusqu'à ce qu'ils soient formellement
modifiés. Cette procédure permet au Parlement européen et au Conseil de bloquer une mesure
proposée par la Commission si cette mesure:
- Outrepasse les compétences d'exécution de la Commission
- N'est pas compatible avec l'objectif ou le contenu de l'acte juridique
- Outrepasse les compétences ou le mandat de l'Union (voir les principes de subsidiarité et de
proportionalité).
Pour bloquer la mesure, les deux institutions disposent d'un droit de veto, généralement
valable trois mois après l'approbation par le comité de la mesure proposée par la Commission.
Si le comité ne parvient pas à rendre un avis positif sur la mesure proposée, le Conseil peut
intervenir soit en la bloquant soit en l'adoptant lui-même, sauf opposition du Parlement.
iii. Nouvelle catégorie d’actes
Pour conclure sur les pouvoirs de la Commission, même si la qualification de ces actes fait
débat, le traité de Lisbonne a aussi introduit une nouvelle catégorie d'actes, situés entre les actes
législatifs et les actes d'exécution.
Ces «actes non législatifs délégués» (selon le terme employé par l’article 290 du TFUE) sont
des actes «de portée générale qui complètent ou modifient certains éléments non essentiels de l'acte
législatif» (également appelé l'«acte de base»). Les éléments essentiels d’un domaine ne peuvent
donc faire l’objet d’une délégation de pouvoir.
De plus, les objectifs, la teneur, la portée et la durée de la délégation de pouvoir doivent être
définis dans les actes législatifs. Enfin, le législateur doit indiquer explicitement dans l’acte
législatif les conditions dans lesquelles cette délégation peut être exercée. À cet égard, le Parlement
et le Conseil peuvent prévoir le droit de révoquer la délégation ou d’exprimer des objections à l’acte
délégué. En principe, le Parlement dispose du même droit de regard que le Conseil sur l’adoption de
ces actes délégués.
Page 112 Institutions européennes
Le choix de confier à un acte d’exécution ou à un acte délégué le soin de mettre en œuvre un
acte législatif appartient au Conseil et au Parlement, mais pourra être soumis au contrôle de la Cour
de justice de l’Union européenne qui vérifiera le caractère objectif du choix opéré.
2- La Cour de justice de l’UE : l’institution
juridictionnelle gardienne de l’union de droit
La Cour de justice de l’Union européenne est une des sept institutions de l’Union
européenne. Elle se compose de deux juridictions: la Cour de justice proprement dite et le Tribunal.
Ses organes assurent la bonne interprétation et la bonne application du droit primaire et du
droit dérivé de l’Union. Ils contrôlent la légalité des actes des institutions de l’Union et statuent sur
le respect, par les États membres, des obligations du droit primaire et du droit dérivé. La Cour de
justice interprète également le droit de l’Union à la demande des juges nationaux c’est la procédure
préjudicielle.
La Cour de justice s’est révélée être un des moteurs du processus d’intégration européenne,
aussi bien pour le système juridique pris dans son ensemble, que pour le développement de
politiques particulières.
S’agissant du premier point : L’arrêt de la Cour du 15 juillet 1964 dans l’affaire Costa/Enel
a été fondamental pour la compréhension du droit de la Communauté européenne comme ordre
juridique autonome, ayant primauté sur les dispositions juridiques nationales, et son arrêt du 5
février 1963 dans l’affaire Van Gend et Loos a posé le principe de l’application immédiate du droit
de l’Union devant les tribunaux des États membres. Il faut également rappeler certains arrêts
significatifs en matière de protection des droits de l’individu, tel que l’arrêt du 14 mai 1974, dans
l’affaire Nold, dans lequel la Cour a affirmé entre autres que les droits fondamentaux font partie
intégrante des principes généraux du droit dont elle assure le respect
Dans des matières particulières, on peut donner les exemples suivants :
- La libre circulation des marchandises, avec l’arrêt du 20 février 1979 dans l’affaire Cassis de
Dijon, dans lequel la Cour a statué que tout produit légalement fabriqué et commercialisé dans un
État membre doit être, en principe, admis sur le marché de tout autre État membre.
- Les compétences extérieures de l’Union, avec l'arrêt AETR du 31 mars 1971 dans l’affaire
Commission/Conseil, reconnaissant à la Communauté la compétence de conclure des accords
internationaux dans les domaines faisant l’objet de règles communautaires.
On ajoutera s’agissant des compétences, que l’un des principaux mérites de la Cour a été
d’énoncer le principe selon lequel les traités ne doivent pas être interprétés de façon rigide, mais
considérés à la lumière de l’état de l’intégration et des objectifs fixés par les traités eux-mêmes. Ce
principe a en effet permis de légiférer dans certains domaines qui ne font pas l’objet de dispositions
particulières dans les traités, par exemple celui de la lutte contre la pollution. Dans un arrêt du 13
septembre 2005 [affaire C-176/03], la Cour a en effet permis à l’Union européenne d’édicter des
normes dans le domaine pénal dès lors que celles-ci paraissaient «nécessaires» pour atteindre
l’objectif poursuivi en matière de protection de l’environnement.

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a. La Cour de justice
i. Base juridique
Article 19 du TUE, articles 251 à 281 du TFUE, article 136 du traité Euratom, ainsi que le
protocole n°3, annexé aux traités, sur le statut de la Cour de justice de l’Union européenne (ci-après
«le statut»)
Règlement (UE, Euratom) 2015/2422 du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre
2015 modifiant le protocole no 3 sur le statut de la Cour de justice de l’Union européenne
Budget de l’Union européenne (section 4)
Organisation et fonctionnement : article 253 du TFUE et statut
ii. Composition
- Nombre de membres (article 19 du TUE et article 252 du TFUE) : Un juge par État membre. La
Cour est assistée de huit avocats généraux, nombre qui peut être augmenté par le Conseil à la
demande de la Cour. Les juges élisent en leur sein un président et un Vice-président pour une
période de trois ans, renouvelable.
- Conditions à remplir (article 253 du TFUE et article 19 du TUE) :
- Les juges et avocats généraux doivent posséder les qualifications requises pour exercer les
plus hautes fonctions juridictionnelles nationales ou être jurisconsultes possédant des
compétences notoires
- Ils doivent offrir toutes garanties d’indépendance.
- Procédure de désignation (article 253 du TFUE) : Les juges et avocats généraux sont nommés
d’un commun accord par les gouvernements des États membres, après consultation d’un comité
chargé de donner un avis sur l’adéquation des candidats (article 255 du TFUE).
iii. Caractères du mandat
- Durée (article 253 du traité FUE et statut) : Six ans, renouvellement partiel tous les trois ans,
portant alternativement sur la moitié des juges et sur la moitié des avocats généraux. Les juges et
les avocats généraux sortants peuvent être nommés à nouveau.
- Privilèges et immunités : Les juges et les avocats généraux jouissent de l’immunité de
juridiction. Pour leurs actes officiels, ils continuent à bénéficier de cette immunité après la
cessation de leurs fonctions. Ils ne peuvent être relevés de leurs fonctions que par décision
unanime de la Cour.
- Obligations statutaires : Les juges et avocats généraux :
- Prêtent serment (en jurant indépendance, impartialité, respect du secret) avant d’entrer 

en fonction.
- Ne peuvent exercer aucune fonction politique ou administrative ni aucune autre activité
professionnelle.
- S’engagent à respecter les obligations découlant de leur charge.

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b. Le Tribunal de l’Union européenne (ex Tribunal de
première instance)
i. Base juridique
o
Articles 254 à 257 du TFUE, et titre IV du protocole n 3, annexé aux traités, sur le statut de
la Cour de justice de l’Union européenne
ii. Composition (article 19 TUE et article 254
du TFUE)
L’article 254 du TFUE dispose que le nombre des juges du Tribunal est fixé par le statut de
la Cour de justice de l’Union européenne.
L’article 48 du protocole n°3 sur ce statut, modifié en dernier lieu par le règlement (UE,
Euratom) 2016/1192 du 6 juillet 2016, dispose que le Tribunal est composé de 47 juges depuis le
1er septembre 2016 et sera composé de deux juges par État membre à partir du 1er septembre 2019.
Les juges sont nommés d’un commun accord par les gouvernements des États membres,
après consultation d’un comité chargé de donner un avis sur l’adéquation des candidats. Leur
mandat est de six ans, renouvelable une fois. Ils peuvent être appelés à faire office d’avocats
généraux puisque, contrairement à la Cour de justice, le Tribunal n’a pas d’avocats généraux
permanents.
Les conditions à remplir sont quasi-identiques à celles de la Cour de justice, l’article 19 du
TFUE dispose que le tribunal est composé de personnalités offrant toutes garanties d'indépendance
et réunissant les conditions visées aux articles 253 et 254 du traité sur le fonctionnement de l'Union
européenne. Cependant, contrairement aux membres de la Cour qui doivent avoir la capacité
d’exercer les plus hautes fonctions juridictionnelles, les membres du tribunal doivent avoir
simplement la « capacité requise pour l'exercice de hautes fonctions juridictionnelles ».
La procédure de désignation est par contre identique à celle de la Cour de justice : décision
d’un commun accord des gouvernements des États membres, pour 6 ans, avec un renouvellement
partiel tous les trois ans.
c. L’ancien Tribunal de la fonction publique de
l’Union européenne
Créé en 2004, le Tribunal de la fonction publique de l’Union européenne était compétent
pour statuer sur les contentieux opposant les institutions de l’Union et leurs agents, lorsque ces
litiges ne relevaient pas d’une juridiction nationale. Dans le cadre de l’augmentation du nombre
total de juges de la Cour, le règlement (UE, Euratom) 2016/1192 du Parlement européen et du
Conseil du 6 juillet 2016 relatif au transfert au Tribunal de la compétence pour statuer, en première
instance, sur les litiges entre l’Union européenne et ses agents a dissout le Tribunal de la fonction
publique le 1er septembre 2016 afin de l’intégrer au Tribunal. Les affaires pendantes devant le
Tribunal de la fonction publique à la date du 31 août 2016 ont été transférées au Tribunal avec effet
au 1er septembre 2016. Ces affaires continuent à être traitées par le Tribunal dans l’État où elles se
trouvaient à cette date, les dispositions procédurales prises par l’ex-Tribunal de la fonction publique
dans le cadre de ces affaires demeurant d’application.

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d. Les voies de droit
i. Recours directs
Ces recours sont exercés contre des États membres ou contre une institution, un organe, un
bureau ou une agence de l’Union. Les deux voies principales sont :
Recours en manquement contre les États membres.
Ces recours sont introduits soit par la Commission, après une procédure précontentieuse
(article 258 du TFUE): mise en demeure de l’État de présenter ses observations et son avis motivé.
Soit par un État membre contre un autre État membre, après saisine préalable de la Commission
(article 259 du TFUE).
Le rôle de la Cour est de reconnaître que l’État concerné a manqué à ses obligations, auquel
cas celui-ci est tenu de mettre immédiatement un terme à l’infraction visée. Et de condamner l’État
concerné à payer une somme forfaitaire ou une astreinte dont elle détermine le montant sur
proposition de la Commission si, après saisine par la Commission, la Cour reconnaît que l’État
membre concerné ne s’est pas conformé à son arrêt (article 260 du traité FUE).
Recours en annulation ou en carence contre les institutions de l’Union.
Il s’agit du cas où le requérant demande l’annulation d’une mesure qui serait contraire au
droit de l’Union (annulation: article 263 du TFUE) ou lorsqu’une institution, un organe ou un
organisme s’est abstenu d’agir (carence: article 265).
Ces recours peuvent être introduits facilement par les États membres, les institutions elles-
mêmes et toute personne physique ou morale mais dans ce dernier cas sous réserve de respecter des
conditions restrictives de recevabilité (tenant à l’intérêt et à la qualité pour agir). Les particuliers ont
davantage vocation à voir leur différend juridique envisagé par la Cour via un renvoi préjudiciel du
juge national. Si le recours est fondé, la Cour annule l’acte illégal ou constate la violation de
l’obligation d’agir, auquel cas l’institution fautive est tenue de prendre les mesures que comporte
l’exécution de l’arrêt de la Cour (article 266 du TFUE).
ii. Recours indirect : l’exception d’illégalité
soulevée devant une juridiction nationale
(article 267 du TFUE sur le renvoi préjudiciel)
Le juge national applique normalement lui-même le droit de l’Union lorsqu’une affaire
l’exige. Toutefois, lorsqu’une question liée à l’interprétation de ce droit est soulevée devant une
juridiction nationale, celle-ci peut demander à la Cour de justice de statuer, à titre préjudiciel, sur
cette question. S’il s’agit d’une juridiction de dernier ressort, la saisine de la Cour est obligatoire.
La juridiction nationale soumet sa question concernant l’interprétation ou la validité d’une
disposition du droit de l’Union, généralement sous la forme d’une décision de justice,
conformément aux règles de procédure nationales. Le greffier informe de la requête les parties aux
procédures nationales, ainsi que les États membres et les institutions de l’Union. Ceux-ci disposent
d’un délai de deux mois pour présenter leurs observations écrites à la Cour de justice.
iii. Compétence de second degré de juridiction
La Cour est également compétente pour connaître des pourvois limités aux questions de
droit dirigés contre les arrêts et les ordonnances du Tribunal. Le pourvoi n’a pas d’effet suspensif.
Si le pourvoi est considéré recevable et fondé, la Cour de justice annule la décision du
Tribunal et statue elle-même définitivement sur le litige, ou renvoie l’affaire devant le Tribunal, qui
est lié par cette décision. 

Page 116 Institutions européennes
L’affaire Santer
Jacques Santer, Premier ministre, ministre du Trésor et ministre des Affaires culturelles du
Grand-Duché de Luxembourg, est désigné président de la Commission européenne par le Conseil
européen du 15 juillet 1994 parce que John Major, Premier ministre de Grande- Bretagne, avait mis son
veto au choix de toute personne susceptible de poursuivre l’action politique de Jacques Delors.
Ainsi, la position du nouveau président est affaiblie par les conditions mêmes de sa nomination.
Il apparaît comme un « second choix », témoignant d’une certaine méfiance du Conseil à l’égard de la
Commission qui avait été très active avec Delors. De son côté, le Parlement européen, élu en juin 1994,
exprime son mécontentement à l'égard des conditions de cette nomination en adoptant, de justesse, un
avis favorable le 21 juillet, affirmant ainsi sa volonté de jouer un rôle accru au sein des institutions
communautaires. Santer réussit toutefois à s’affirmer lors du choix des membres de la Commission par
le Conseil, auquel le traité de Maastricht associe désormais le président de celle-ci, et à obtenir du
Parlement son investiture, le 18 janvier 1995, à une majorité plus importante que prévue (416 voix
contre 103 et 59 abstentions). La Commission Santer est nommée le 23 janvier par le Conseil pour la
période 1995-2000. Elle entre en fonction le 1er février.
S’enclenche une crise institutionnelle, les critiques se multiplient au sein du Parlement européen
sur les méthodes de gestion de la Commission au cours de l’année 1998. Ces critiques se traduisent, le
17 décembre, par le refus des parlementaires de donner quitus à la Commission pour l’exercice
budgétaire 1996. Le Parlement européen tient ainsi à affirmer son pouvoir politique de contrôle à l’égard
de la Commission, à défaut de pouvoir le faire vis-à-vis du Conseil des ministres.
Sont particulièrement visés la commissaire française Edith Cresson, accusée de favoritisme, et le
commissaire espagnol Manuel Marin en raison de fraudes dans l’aide humanitaire. De façon plus
générale, les critiques portent sur la gestion financière et administrative de la Commission et de ses
services.
A l’initiative du groupe parlementaire socialiste, une motion de censure de la Commission est
discutée le 14 janvier 1999. Cette procédure est aujourd’hui définie à l’article 234 TFUE.
Le Parlement européen, saisi d'une motion de censure sur la gestion de la Commission, ne peut
se prononcer sur cette motion que trois jours au moins après son dépôt et par un scrutin public. Si la
motion de censure est adoptée à la majorité des deux tiers des suffrages exprimés et à la majorité des
membres qui composent le Parlement européen, les membres de la Commission doivent démissionner
collectivement de leurs fonctions et le haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la
politique de sécurité doit démissionner des fonctions qu'il exerce au sein de la Commission.
La motion de censure fut rejetée, mais à une faible majorité (293 voix défavorables, contre 232
et 27 abstentions). C’est la première fois qu’une motion de censure réunit autant de suffrages. Après ce
rejet, le Parlement adopte une résolution proposant la formation d’un comité d’experts indépendants
chargé d’enquêter sur les irrégularités administratives déjà relevées par les organes internes de contrôle
et rendues publiques. La Commission accepte cette procédure et participe à la désignation des experts.
Mais Jacques Santer ne parvient pas à trouver une solution. Il ne peut obtenir la démission des deux
commissaires visés. Le 15 mars, le rapport du comité critique sévèrement la gestion de la Commission,
estimant que collectivement les commissaires ne contrôlent pas assez leurs administrations. Il implique
non seulement les deux commissaires faisant déjà l’objet d’une enquête interne, mais aussi d’autres
membres de la Commission. Désormais, l’adoption d’une motion de censure par le Parlement devient
inéluctable. Pour l’éviter, la Commission décide, le soir même, de démissionner collectivement alors
que son mandat ne devait s’achever que fin 1999.
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