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Aborder un cours d'institutions européennes est essentiel pour tous les juristes, c’est un passage
obligé car le droit européen exerce une influence considérable sur les systèmes nationaux, sur les droits
internes. C’est vrai en droit public, privé et pénal. Aucun ordre juridique n’échappe à la règle
européenne. Cela peut se manifester de différentes manières : mise en œuvre au niveau national de la
norme européenne ou de l’influence de la norme européenne sur la pratique nationale.
- L’affaire Lambert sur le droit à la vie. Personne hospitalisée, question de la débrancher ou non.
L’affaire a été présentée devant la cour européenne des droits de l’Homme.
- Transcription du nom de famille dans un autre Etat européen, encadrée par un principe de la
libre circulation des personnes.
- Le mandat d’arrêt européen ( Cf Puigdemont)
- La constitution française, donc la norme fondamentale est marquée par le droit européen. Article
88-1 de la constitution « la république participe à l’UE constituée d’États qui ont choisis
librement d’exercer en commun certaines de leurs compétences en vertu des traités de
Lisbonne » : précise que la république participe à l’UE.
Deux juridictions : cours de justice de l’UE, cours européennes des droits de l’Homme.
L’Union Européenne, son processus décisionnel s’appuie sur deux organes représentatifs : le
conseil des ministres, il va statuer à la majorité qualifiée. Lorsqu’une décision est prise par Bruxelles
elle est principalement analysée par le conseil des ministres mais aussi par le parlement européen qui est
composée de 750 parlementaires. Prochaine élection européenne en 2019.
En tant que citoyen européen on a le droit de voter à l’élection locale dans les autres Etats
membres de l’Union (si on a la nationalité), droit de pétition qui permet d’adressée à la commission un
projet législatif.
L’idée est de sortir de l’impasse dans laquelle bien souvent des français se retrouvent face à
l’Europe. Selon le politologue Andy Smith, l’impasse « qui resulte de l’incapacité des élites politiques,
administratives et intellectuelles françaises à saisir les conflits les compromis et les contradictions
intellectuelles au coeur de l’intégration européenne, autrement que selon un regard ébloui, résigné ou
de rejet total ».
Ces institutions sont qualifiées d’objet politique parfois non identifiés. L’idée européenne est
parfois une idée un peu floue. En fonction des différents professionnels, ils ont différents avis :
Exemple de la Turquie : géographiquement parlant elle fait partie de l’Europe mais pour d’autres
annalistes l’élément géographique n’est pas suffisant en vue de ses éléments naturels, de ses ressources.
Elle est un membre de l’Europe mais n’est pas membre de l’Union européenne. Depuis 1987 la Turquie
a demandé une adhésion à l’union. Son processus décisionnel est fondé sur la démocratie. La Turquie
serait le 2ème pays le plus peuplé de l’Union, ce serait un pays avec une très grande force au parlement.
Son adhésion est rendue impossible car le respect des droits de l’Homme est l’une des conditions pour
adhérer. La Turquie ne satisfait pas ce critère. On voudra, à l’avenir, faire de la Turquie un partenaire
encore plus puissant économiquement parlant mais l’adhésion semble difficile.
Pour se saisir de la complexité de ce cours, nous allons developper ce cours autour de trois axes:
- Les fondations idéologiques et les finalités de l’Europe.
- Le conseil de l’Europe, la grande Europe, qui historiquement a concrétisé l’idée européenne et qui
concerne l’espace géographique le plus étendu
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- L’union européenne
La notion d’intégration, le droit de l’intégration est le fil conducteur du cours. C’est une
notion qui a pour origine la science politique. Pierre Pescatore, magistrat du Luxembourg, membre de
la cour de justice de l’Union Européenne a écrit un ouvrage fondateur en 1972, « droit de l’intégration à
la lumière des expériences des communautés européennes: un phénomène nouveau dans les Relations
Internationales ». Dans cet ouvrage, Pescatore propose de comprendre cette nouveauté grâce à la notion
d’intégration. L’intégration selon Ernst Haad un des théoriciens du fonctionnalisme est « comme un
processus par lequel les acteurs politiques dans plusieurs ensembles nationaux sont persuadés de
modifier leur loyauté, leur attente, leur activité politique vers un nouveau centre dont les institutions
possèdent ou demandent l’autorité sur les Etats Nation préexistants. »
L’intégration est aussi un processus sociologique, c’est l’unification des sociétés qui sont
concernées par le processus d’intégration. L’élite politique et les citoyens créent des liens de type
horizontaux.
Le droit de l’intégration est un projet structurel, un projet institutionnel, pour l’Union
Européenne. Cette dernière s’est d’abord faite par l’institution de la CECA qui date de 1951. Dans un
processus d’intégration réussie on a un mouvement d’harmonisation.
L’institutionnalisation est la création des organes d’instinct des Etats membres, cela se poursuit
par l’existence d’une production normative, norme destinée à harmoniser des règles juridiques.
L’institutionnalisation se fait par un droit fusionnel et unitaire.
Lors de la ratification des traités fondateurs, les Etats membres ont consenti au transfert des
compétences à l’Union Européenne au bénéfice des institutions communes.
Le droit de l’intégration se distingue du droit international. En ce sens, l’Europe se distingue par
un niveau d’intégration supérieur et se distingue de la pratique internationale par ailleurs. Cette
affirmation se vérifie pour l’Union mais se discute pour la grande Europe.
L’Union est une institution particulière qui est désignée par la notion de méthode
communautaire. C’est la notion qui préside au droit communautaire. On a plusieurs communautés
européennes : CECA,CEE, CEEA. Aujourd’hui toutes ces communautés ont été remplacées par l’Union
européenne. Certains auteurs considèrent que ces communautés ont disparu, il est incorrect de parler de
droit communautaire. Mais pour autant on parle toujours du droit communautaire.
Les éléments significatifs de la méthode communautaire sont les suivants:
- Repos sur l’intervention des organes autonomes vis à vis des Etats, ils ont pour mission de
défendre l’intérêt général de l’ensemble.
- L’existence d’une assemblée représentative des citoyens, qui a un pouvoir de décision
Par opposition à la méthode communautaire, on parle de méthode intergouvernementale, c’est
l’hypothèse où le pouvoir décisionnel est retenu entre les mains des gouvernements des différents Etats,
qui participent à la coopération. Méthode intergouvernementale : question de défense, régaliennes)
Dans la méthode communautaire il y a le vote à la majorité qualifiée par le conseil de l’Union
Européenne, par les ministres des Etats, l’existence d’une pondération des votes en fonction du poids
démographique, un pouvoirs de co-décision du parlement européen pour les actes les plus importants de
l’Union européenne. On peut ajouter à ces éléments, l’existence d’un pouvoir, qui n’appartient qu’à la
commission, elle a le monopole de proposition des actes à voter. On a un triangle institutionnel qui est
composé du conseil, du parlement et de la commission, qui a été conçu pour mixer trois sources de
B) La transition romaine
La période antique n’est pas marquée que par la civilisation grecque mais aussi romaine, elle
aura eu une importance significative, Rome permettra à la culture hellénique, de perpétuer dans
l’occident. C’est Rome qui va perpétuer l’Europe. Le territoire de l’empire romain dépasse le territoire
européen que l’on connait aujourd’hui, il y a une seule période de 395 à 476 après JC ou l’empire et
l’Europe coïncident géographiquement. Cette période est courte et pourtant cette empire, territoire va
marquer l’imaginaire européen qui va rester dans les souvenirs. Dans cette civilisation on va trouver des
institutions qui vont marquer notre rapport au pouvoir. Rome a oeuvré dans les domaines de
l’administration et de l’organisation, elle a légué à ses successeur le droit privé, un droit laïcisé,
précésualiste il a favorisé l’émergence d’un droit public et un droit fondé sur l’idée de hiérarchie. Dans
l’héritage romain il y a tous les outils qui vont servir à la formation des grands États nations qui sera
essentiel dans la formation européenne.
A) La frontière occidentale
L’océan marque la frontière naturelle occidentale mais en fait on se rend compte que la situation
n’est pas aussi simple que ça. D’abord le Royaume-Uni dispose d’un empire mondial et donc n’est pas
sensible au besoin de solidarité. Par ailleurs le Royaume-Uni essaie de développer des relations
privilégiées avec États-Unis et ça se traduit par une politique peu européenne. C’est pourquoi le general
de gaule avait refusé l’entrée du Royaume-Uni dans la Communauté Economique Européenne, il
craignait que le Royaume Uni soit son cheval de Troie. L’esprit européen n’est pas très présent au
Royaume Uni. Aujourd’hui encore, sans parler du Brexit, si on regarde les choses un peu finement, le
Royaume Uni fait partie de l’union européenne mais il a un nombre de dérogations appelées les « opt-
out ». Il est, en vertu des traités, dispensé de respecter certaines règles communes à tel point que sur
certaines points, des États tiers à l’Union Européenne comme la Suisse et la Norvège respectent
d’avantage les règles européennes, c’est le cas de l’espace Schengen.
L’Islande se situe dans l’Atlantique Nord entre la Norvège et le Groenland. Elle n’est pas
membre de l’Union européenne mais a fait une demande d’adhésion en 2009. En 2015 elle a retiré sa
demande. Les islandais se sont imposés des mesures, des réformes et ont liquidés une partie de leurs
dettes et par la suite l’Islande a eu un renouveau économique alors que l’Europe était en crise. Il sont
maintenant associées à l’Union Européenne garce a l’espace économique européen.
Le Groenland est géographiquement proche du continent Américain et instinctivement on a
l’idée qu’il ne peut faire partie de l’Europe. Historiquement il est rattaché au Danemark, et lorsque ce
dernier est rentré dans la CEE en 1973, il est devenu membre de la futur Union européenne. Le
Groenland a été temporairement integré au territoire de ce qui deviendra l’Union Européenne. Eu terme
d’un processus constitutionnel national, le Groenland s’est emancipé du Danemark et en 1984 il est sorti
du territoire de la CEE. Une portion d’un pays membre de l’Union n’est pas parti a son territoire.
Les Iles sous souveraineté d’un État européen mais qui sont assez loin du contient géographique
ont un statut qui peut être different. Pour la France il y a la Guadeloupe ou la Martinique qui sont dans
les caraïbes ou encore la Guyane. En droit français elles sont des Département d’Outre Mer et malgré
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leur éloignement, il résulte de ce statut que ces territoires d’outre mer sont intégrés au territoire
européen. Ils font parti de ce que le droit de l’Union appelle de régions ultra-periphériques et ces RUP
sont énumérées par l’article 349 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne. Pour ce qui
est des autres RUP on peut donner l’exemple des Canaries et des Acores. Tous les territoires français
éloignés ne sont pas inclus au territoire de l’Union Européenne, la nouvelle Calédonie ou la Polynésie
française ne sont pas intégrées mais elles sont associées, on parle de pays et territoires d’outre mer en
droit européen et ceux ci sont en principe exemptés de respecter le droit de l’Union mais par exception
on peut leur faire bénéficier de certaines dispositions.
B) La frontière méridionale
Le repère naturel auquel on s’est rattaché est la Méditerranée. En 1987 le Maroc a demandé à
participer à la CEE et sa demande d’adhésion a fait l’objet d’un refus car le Maroc n’est pas sur le
territoire européen. On pourra souligner que géographiquement parlant il n’est pas très éloigné de
l’Europe. Les traités européens qui fondent la CEE posent a l’article 49 du TUE une condition
d’européanité. De plus, on peut souligner que certains territoires font parti de l’Europe alors que
géographiquement ils sont plus éloignés et plus proche de l’Afrique: comme Malte ou Chypre. Malte est
à 100 km de la Sicile et est influencée par les phéniciens, elle n’a pas de grande européanité visible et est
membre du conseil de l’Europe. De même, Chypre se situe près de la Syrie et est membre de la grande
et de la petite Europe. On a fait rejeter les demandes d’adhésion de la Turquie au motif de non
européanité.
C) La frontière orientale
La chaine de montagne l’Oural qui peut être considéré comme une frontière naturelle mais les
difficultés sont nombreuses. Au sud de l’Oural on a le Caucase. D’un point de vue institutionnel, la
grande Europe accueil ces républiques caucasiennes. A l’inverse, la petite Europe n’a pas vocation à les
accueillir. Si on élargie la perspective, la Russie est coupée en deux par l’Oural, elle pourrait donc être
un État candidat à l’adhésion à l’Union Européenne. Ce qui est problématique est le sentiment
d’appartenance à l’Europe et de ce point de vue, la politique Russe a toujours été ambiguë, elle a
toujours joué sur deux registres. À la fois elle a vocation à interagir avec les États européens et en même
temps elle revendique une politique nationale forte et n’est pas dans une logique de solidarité avec les
Etats membre de l’Europe. Au delà de ces considérations, un grand nombre d’historiens, d’intellectuels
considèrent que la Russie est européenne et peut avoir vocation à être un État membre même de la Petite
Europe.
Trois principes forts de l’idée européenne qui semble difficile à respecter, pour lesquelles on
perçoit difficilement l’adhésion du modele russe.
- La religion, la sécularisation du pouvoir ne s’est pas faite dans l’église d’orient.
- Le parlementarisme est une caractéristique qui n’est pas partagée.
- Les libertés individuelles, la conception est la même sachant que les États occidentaux se
revendiquent démocraties libérales et ce modèle n’est pas poursuivi par le régime soviétique.
Marc Ferrot explique que ce qui marque la séparation de la Russie vis-à-vis de l’Europe c’est la
révolution de 1917, avec cette révolution on instaure une frontière. On notera pour nuancer que
la Russie ne connait pas la sécularisation du pouvoir, le parlementarisme n’est pas développé
comme dans les États européens.
2- L’Europe occidentale
L’OCE qui va suivre du plan Marshall (secrétaire d’Etat américain) propose un plan d’aide
économique de grande ampleur qui est subordonnée, qui est conditionné par la mise en place d’une
coopération européenne étroite et c’est le rôle que va jouer l’OCE à partir de 1948. Dans la coopération
européenne que souhaitent se voir les américains, on réitère un principe d’ouverture : l’ensemble des
Etats européens doivent intégrer la futur organisation. La Russie par son refus de participer va marquer
la frontière géographique de la coopération européenne voulu par les américains.
Historiquement la création de l’OCE passe par un projet britannique de 1947 qui est soumis à 16
États européens qui ont permis la reconstruction du plan Marshall.
Lors de cette conférence se met en place des comités pour réfléchir à la reconstruction
économique avec l’administration américaine et celle de l’ECA qui va tenir la main des européens dans
l’établissement de la futur OECE.
La convention de coopération économique européenne est signé en 1948 à Paris et elle va être
la charte constitutive de l’OECE qui réuni 18 Etats européens : Italie, Suisse, Turquie, Allemagne et des
Etats non européens puisque sont associés les Etats-Unis et le Canada.
A partir de 1960 : l’OECE perd son nom et devient l’OCE. L’OCE a été elle aussi tres rapide,
des 1949 le cadre dans lequel les Etats européens vont réfléchir à aller plus loin dans la coopération
économique, favorise la réflexion, elle est l’enceinte ou on va réfléchir a aller plus loin qu’une
intégration économique. Certain États vont refuser ce développement d’intégration comme le Royaume
Uni et la Russie mais d’autres comme la France, le Luxembourg vont accepter de developper la CECA
et en 1957 la CEE et la CEEA.
Les Etats membres de l’ OCDE, le Royaume Uni et la Suisse créent un contre projet, l’AELE
plus unioniste.
A partir de 1949, les 6 Etats ont pour objectif de mettre en place une véritable communauté
d’intégration, qui touche à la souveraineté des Etats. L’idée est de mettre en commun un certain nombre
de compétence des Etats et on envisage deux versions :
- La théorie radicale : c’est la théorie fédéraliste pure de Denit de Rougemont, Coudenheve
Kalerge. Reconnaitre la primauté du politique cela implique d’accepter le transfert de règlement
d’une question politique au plan européen, un partage de compétence de type fédéral une
juridiction , il faut qu’il y est une chambre représentant des Etats et des peuples. La conséquence
de tout ça est d’instaurer une véritable constitution européenne de type fédérale et si on instaure
une constitution, l’organisation a plus la nature d’un Etat fédéral qu’une organisation. Mais ce
n’est pas ce qui va s’imposer.
- La théorie fonctionnaliste : œuvre de 2 hommes Denit Mitranie et E. Haas, c’est l’idée qu’il faut
adopter une approche dépolitisée des questions d’intérêt commun, en cherchant à satisfaire des
besoins économiques et sociaux on va mettre en place des mécanismes qui favorisent les
échanges économiques et sociaux des Etats. On instaure des solidarités matérielles ce qui rend
l’hypothèse de tensions et de conflits moins plausible. La logique fonctionnaliste veut que
progressivement les périmètres matériels s’étendent, plus d’harmonisation sera exigé. Par
A) L’adhésion
On retrouve les conditions de l’adhésion dans deux articles 4 et 3. Dans ces deux articles on
trouve des éléments de procédure et de fond. La procédure d’adhésion est initiée par une requête de l’Etat
au secrétariat général de l’organisation et ce dernier transmet la requête au comité des ministres des Etats
déjà partis. L’assemblée parlementaire n’a pas à être associée à la procédure d’adhésion. Mais la pratique
est tout autre : l’assemblée est systématiquement consultée avant que le comité des ministres se prononce.
En pratique l’avis de l’assemblé est un avis conforme cela veut dire que si l’assemblée est opposé, le
comité n’ira pas contre sa décision. L’avis de l’assemblée s’impose car l’assemblée a une procédure de
blocage. L’article 26 du statut précise que la modification de la composition de l’assemblée se fait avec
l’accord de l’assemblé donc si un nouvel État rentre au conseil il faut modifier la composition de
l’assemblée donc il faut son accord. Ce rôle de l’assemblée parlementaire est énoncé dans une résolution
en 1951 dans laquelle le comité des ministres reconnait la pratique et s’engage à la perpétuer.
L’intervention de l’Assemblée peut passer par des choses assez poussées et notamment des enquêtes sur
place, des représentants parlementaires peuvent procéder à des missions d’expertise juridique, des mission
dans les pays en question, lorsque l’assemblée donne son avis, le comité va formaliser la décision et
inviter ou non l’Etat à intégrer le conseil.
Le comité doit ensuite adopter une décision invitant l’État a intégrer le conseil et cette invitation
doit être adoptée aux 2/3 des ministres présents et la procédure se termine par le dépôt d’un instrument
d’adhésion de l’État adhérant. Il faut faire une place à des représentant au sein de l’assemblée.
L’article 4 stipule « Tout Etat européen considéré capable de se conformer aux dispositions de
l’article 3 peut adhérer au conseil de l’Europe. »
- Il faut d’abord être un Etat, dans le cas de scission d’Etat cela peut impliquer une nouvelle
demande d’adhésion par exemple le Tchécoslovaquie. Aujourd’hui la question se pose pour le
Kosovo, 33 des États du conseil de l’Europe l’ont reconnu comme un État mais en attendant sa
complete reconnaissance l’assemblée parlementaire a affiché un statut de neutralité. On attend de
voir ce qui se passe au niveau international. En attendant son statut étatique, le conseil de l’Europe
renforce sa coopération avec le Kosovo, l’Union Européenne coopère aussi avec le Kosovo. Le
conseil assiste le Kosovo pour promouvoir les minorités, l’accès à l’éducation, à la diversité
culturelle…
- Il faut être un Etat européen : La Turquie dès 1949 est membre du conseil de l’Europe. Les
républiques tel que caucasiennes, la Russie, l’Ukraine. Mais on a posé des limites avec les
républiques soviétiques d’Asie centrale. La Biélorussie ne fait pas partie du conseil de l’Europe
car elle ne correspond pas à la 3ème condition.
A) La composition
L’article 14 dispose que le comité est composé des ministres des affaires étrangères de chaque
pays même si en cas d’empêchement, il peut être remplacé par un autre membre de son gouvernement
qui peut être un secrétaire d’Etat ou un ministre chargé des affaires européennes. Jean Yves Le Driand
est le ministre des affaires étrangères français.
Depuis 1959, on organise des réunions des comités des ministres qui réunissent des ministres
spécialisés. Ca peut être des ministres de la culture, de l’environnement, de la justice, de l’éducation.
Mais ces conférences n’ont pas de compétences décisionnelles. C’est l’inverse de la petite Europe, le
conseil de l’union Européenne réunit toujours des ministres spécialisées qui ont un pouvoir décisionnel.
La présidence est tournante tous les 6 mois avec une répartition de la présidence par ordre
alphabétique des noms des Etats en anglais et la présidence se fait en mai et en novembre. Le problème
est que ce mécanisme est très court donc ça affaiblit l’action par un manque de continuité et ça empêche
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l’adoption d’un programme politique identifiable. Chaque État, tous les 6 mois, arrive avec ses propres
idées. La doctrine dit qu’il faut bien faire attention à ne pas prendre le comité pour un gouvernement de
l’Europe, c’est un organe intergouvernemental et non un gouvernement.
Pour remédier à cette alternance, on a crée le bureau informel du comité des ministres qui
regroupe l’ancien président, le futur et le président en cours. Ce bureau est créé en 1984 pour remédier
au risque de discontinuité dans le travail du comité des ministres. Le second mécanisme est la création
d’un bureau des délégués qui travail en continuité qui réunit les représentants des délégués des 6
présidences continues. Ils se réunissent deux fois par an pour définir les réunions du comité des
ministres. Ces délégués travaillent en permanence à Strasbourg et ils vont pourvoir s’appuyer sur des
organes subsidiares en charge d’accompagner ces travaux.
Il y a des délégués spéciaux qui, entre mai et novembre, vont assurer la continuité ce sont des
ambassadeurs désignés par les Etats, qui ont un pouvoir important, autant que les ministres des affaires
étrangères. Ils vont pouvoir adopter, au nom de ces ministres, un certain nombre de décision. Ils sont
assistés par des groupes spéciaux : rapporteur sur les réformes institutionnelles par exemple, formé
d’expert, rapporteur sur la santé… Au delà de ces groupes, le comité a créé des comités et des sous
comités d’experts qui servent à assister les activités du conseil.
Il y a une forme de prolifération institutionnelle, on a donc crée une direction générale des
affaires juridiques du conseil de l’Europe pour surveiller les activités des comités, des organes.
L’article 17 dispose que le comité des ministres peut constituer des comités ou des commissions
à caractère consultatives ou techniques. Aujourd’hui l’architecture du conseil de l’Europe est assez
complexe.
B) Les missions
On se réfère à l’article 15 du statut qui dit de maniere assez large que le comité des ministres
examinent soit sur recommandation de l’assemblée, soit de leur propre initiative les mesures propres à
réaliser le but du conseil de l’Europe (démocratie, progrès), y compris le conclusion de conventions et
d’accord, ainsi que l’adoption pour les gouvernements d’une politique commune. Les conclusions du
comité des ministres peuvent aussi revenir la forme de recommandations au gouvernement.
§2 L’Assemblée parlementaire
L’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe est le 2eme organe statutaire et l’article 22 la
décrit comme l’organe délibérant du conseil de l’Europe. C’est même en réalité la première assemblée
européenne puisqu’elle a siégé pour la première fois le 10 aout 1949, mais malgré ça elle bâtit la volonté
des États de limiter sa place dans le fonctionnement institutionnel, dans la structure du conseil. A partir
de cette nature originelle, l’assemblée va se construire une place importante au sein du conseil de
l’Europe. L’Assemblée consultative a une place bien plus importante que sa dénomination d’assemblée
consultative.
§3 Le secrétariat général
Le statut est très discret sur son rôle, on sait que le secrétaire général est élu pour 5 ans par
l’assemblée parlementaire, qu’il est responsable de la planification des activités du conseil et du budget.
Il est aussi le représentant extérieur du conseil mais dans la pratique on a observé une importance
croissante de celui-ci. Jigland est secrétaire général et premier ministre de Norvège, a été élu pour 5 ans
et dans le cadre de ses fonctions il est responsables de 4 choses :
- Planification stratégique
- Défini les missions des organes
- Gestion du budget européen
- Représentation du conseil à l’étranger
Selon l’article 10 : il assiste le comité des ministres et l’assemblée, c’est une fonction
administrative mais il ne peut pas recevoir d’instructions particulières puisqu’il y est censé entre
indépendant (il est quand même désigné par comité des ministres). Il y a un lien de filiation entre les
deux institutions principales. L’article 37 du statut dit que le secrétaire général a la direction des services
administratifs du conseil et est responsable de l’activité devant le conseil. Il dirige 1800 personnes.
Le secrétaire général a, comme le secrétaire des Nations Unies, une fonction de dépositaire des
conventions internationales, quand les États ont conclu un accord, le secrétaire est chargé de
communiquer aux États membres les conclusions du comité. Quand le comité des ministres adopte une
convention, elle lui est adressée et il en fait l’implantation à tous les Etats membres qui doivent ensuite
l’informer de la ratification en cours puis c’est devant lui qui seront déposés les instruments de
A) Le plan matériel
La logique de subsidiarité implique une articulation entre le droit interne et la convention
européenne des droit de l’Homme. Elle repose sur un principe simple, le texte de la convention a
vocation à fixer un standard minimum en matière de droits et libertés, les États peuvent donc aller plus
loin. La convention n’impose pas le droit au mariage entre couples du même sexe. L’article 53 de la
convention stipule qu’aucune disposition de la Convention ne peut être invoquée comme un motif de
limitation des droits reconnus par le droit interne. La vocation de la convention est d’harmoniser les
pratiques nationales à partir de ce standard minimum. Ce standard a vocation à évoluer et à être de plus
en plus poussé de sorte que les droits fondamentaux progressent au fur et à mesure du temps.
Un certain nombre de droits garantis par la convention sont reconnus par la convention elle
même comme pouvant faire l’objet de limitations. Généralement, un paragraphe pose le droit en cause et
un second pose les conditions pour que l’État y déroge. Par exemple, les articles 8,9,10 de la
convention. De maniere générale, ces droits peuvent être limités pour des considérations d’ordre public
à condition notamment qu’elles soient prévues par la loi. Chaque fois que l’État va invoquer une
limitation pour des considérations d’ordre public, la cour va reconnaitre une marge d’appréciation à
l’État. Le juge national est mieux informé du contexte national pour adopter un restriction. Vient
s’ajouter un élément de sauvegarde, les limitations garanties au droit doivent rester strictement
proportionnées à l’objectif poursuivi.
B) Le plan procédural
On a deux illustration de cette logique de subsidiarité:
L’obligation d’épuiser les voies de recours interne, c’est une condition de recevabilité des
requêtes et classique en matière de juridiction internationale. C’est un principe coutumier en droit
international qui est consacré depuis un arrêt de la Cour internationale de justice dans l’arrêt
Interhandel de 1959. Il n’est pas surprenant qu’on trouver cette exigence dans la cour européenne des
droits de l’Homme. Les tribunaux nationaux doivent avoir eu la chance, l’occasion de redresser la
situation de droit interne vis-à-vis de la convention. On exige que le requérant ait pensé au moins en
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substance avoir invoqué les droits garantis par la convention européenne devant le juge national. Le
requérant doit avoir épuisé l’ensemble des juridictions nationales, du tribunal d’instance à la cour de
cassation.
Afin d’éviter que cette exigence ne nuise à la garantie des droit de l’Homme, la cour va
développer une jurisprudence souple qui evite tout formalisme excessif. La cour fait preuve de souplesse
en considérant que doivent être utilisées les voies de recours qui sont disponibles et effectives. Par
exemple, il n’y a pas une totale disponibilité de la QPC. Dans le cas d’une voie de recours non effective,
elle n’offre aucune chance de redressement de la situation, c’est le cas d’un requérant toujours confronté
a une jurisprudence nationale. Il y a des cas ou la cour considere qu’une jurisprudence trop fluctuante
peut empêcher de recourir à toutes les voies internes.
Si une autre instance internationale a été saisie, la cour peut considérer la requête irrecevable.
l’Article 35 paragraphe 2 interdit les requêtes parallèles.
On a aussi l’introduction d’une procédure d’avis consultative par le protocole 16. Elle va
permettre aux plus hautes juridictions des Etats membres de poser une question à la Cour européenne
des droits de l’Homme. Cela permet d’anticiper sur un futur contentieux. Ce mécanisme est limité aux
plus hautes juridictions pour éviter l’engorgement de la cour. En France, la loi du 3 avril 2018 a opéré la
qualification de la plus haute juridiction et elle l’a reconnu au conseil d’État, à la cour de cassation et au
conseil constitutionnel.
Le conseil constitutionnel a marqué son intérêt pour cette procédure et souhaite être designé
comme l’une des plus hautes juridictions, ce qui lui permettrait de recourir à la Cour européenne des
droits de l’Homme. Selon lui, cette procédure d’avis va permettre de dialoguer avec la cour pour
travailler à la convergence des droits de l’Homme. Il est arrivé que le conseil constitutionnel disait
qu’un principe était conforme aux droits fondamentaux de la constitution et quelques années plus tard la
cour l’a repris disant le contraire. De plus, les avis de la cour ne sont pas obligatoires, ils ont
consultatifs. Les échanges entre les plus hautes juridictions ont un intérêt pour l’uniformisation,
interpréter le bloc de constitutionnalité conformément à la convention.
La Cour européenne des droits de l’Homme est aussi libre de rejeter la demande d’avis, un
mécanisme de filtres se met en place et elle peut rejeter la demande d’avis soit parce que le juge a
demandé de se prononcer sur le fond et donc on ne respecterait plus l’idée de subsidiarité, soit parce que
la cour va considérer que la demande posée n’est pas d’une importance suffisante pour qu’elle prenne du
temps pout l’examiner. Ce mécanisme de filtre est mis en oeuvre par un collège de 5 juges dont un juge
national du pays.Et si la question est recevable, la grande chambre de 17 juges va trancher la question.
Cette procédure consultative portera sur des questions de principe relatives à l’interprétation ou
au droit de la convention. L’avis n’est pas obligatoire pour la juridiction qui en est à l’origine mais elle
aura tout intérêt à la suivre s’il y en a un.
§ 1 Le processus d’adhésion
Il faut ménager la souveraineté des États. Ils doivent avoir une unité suffisante pour que
l’Union européenne fonctionne. Ces États qui decident d’entrer dans l’Union européenne partagent
avec les États deja membres une certaine proximité des valeurs. C’est la condition des progrès
matériels de l’intégration. A l’heure actuelle, ce processus, cette idée d’unité de valeur parait
fragile. Le processus d’élargissement n’est pas clos, certains pays sont en processus d’adhésion. Le
Monténégro, la Hongrie, macédoine qui sont en processus d’adhésion. Le prochain prévisible est le
Monténégro, c’est en cours de discussion.
L’Union européenne a vocation à s’élargir, la seule condition contraignante tient au partage
des valeurs communes de l’ article 2.
A) Une logique d’ouverture inhérente au projet européen
Le projet fondamental est la paix à l’échelle continentale et dans cette logique, on ne peut se
contenter d’une union à 6, il faut élargir.
Dès la déclaration Schuman du 9 mai 1949, on présente le projet comme un projet ouvert.
Dans le traité de paris de 1951, à l’article 98, on a une déclaration claire, tout État Européen peut
demander à adhérer au présent traité.
Dans le traité de 1957 de Rome, le même dispositif est prévu à l’article 237 « tout État
européen peut demander à devenir membre de la communauté économique européenne. »
Aujourd’hui, dans l’article 49 du TUE règle la question de l’adhésion « Tout état européen
peut demander a devenir membre de l’Union européenne, mais il ajoute une condition plus forte :
tout État européen qui respect les valeurs de l’article 2 peut demander à devenir membre de l’Union
européenne. On voit apparaitre une conditionalité dans le traité.
B) Une ouverture conditionnée afin de préserver la
construction européenne
Il s’agit de préserver 2 choses :
- l’acquis communautaire: l’ensemble des normes européennes qui ont déjà été acquises. Les États
doivent intégrer ce qui a deja été adopté par les États membres. Il peut y avoir des Opt-out qui
permettent de ne pas respecter certaines choses.
- Il faut préserver le fonctionnement de l’Union européenne, des institutions. L’intégration d’un
nouvel entrant doit être digérée par les institutions.
§2 Un processus reversible
Depuis le traité de Lisbonne, le processus peut être défait et il existe plusieurs mécanismes
donc le Brexit, de réversibilité du processus.
À la différence du conseil de l’Europe, il n’y a pas de procédure formelle d’exclusion. Ça
donne une dimension plus forte à la solidarité qu’on souhaite mettre en place entre les États.
A) Le droit de retrait
Il est, comme le montre les difficultés que l’on rencontre avec le Royaume Uni, une
innovation récente et largement impensée, on n’avait pas prévue de mettre en oeuvre l’article 50.
1- Le débat historique
Deux clans doctrinaux se sont opposés dans un débat 1957-2007, avec un coté les
communautarismes et de l’autre les internationalistes, pour qui l’Union européenne est une
Organisation internatioanle sans particularité.
Pour la majorité des communautarismes le retrait n’était pas possible pour aux moins deux
raisons concordantes.
- Argument de texte, les auteurs s’appuyaient sur l’idée que l’État membre une fois qu’il fait acte
de s’engager dans un processus d’intégration est un État d’une nature particulière car il s’est
engagé dans un processus d’union de plus en plus étroite, ce qui est consacré par le préambule et
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l’article 1 du traité sur l’Union européenne. Dans ce mouvement, le retrait n’est pas
envisageable.
- A l’inverse du traité de la CECA qui a été conclu pour 50 ans, le traité de Rome ne prévoyait
aucune date d’échéance, l’ex art 312 de ce traité précisait que la communauté était crée pour une
durée illimité.
Ces deux éléments ont amenés la CJE, dans un arrêt du 15 juillet 1964, Costa contre ENEL,
affaire 6/64, qui soulignait que les États ont consentit en devenant États membres une limitation
définitive de leur droit souverain. Une logique d’aliénation de leur droit souverain serait irréversible
dans l’esprit des communautaristes et de cette cour de justice. Un argument tient à la méthode
communautaire, à la logique fonctionnaliste, il a aujourd’hui une résonance particulière. Pour
beaucoup d’auteurs, il y a une telle interpénétration des sociétés nationales, il serait presque
impossible de reprendre une autonomie économiquement, il serait impossible de faire machine
arrière.
Les internationalistes s’appuient sur des arguments plus théoriques et ils affirment que la
seule question importante est de savoir si l’État reste un État souverain et formellement rien ne
remet en cause leur souveraineté, l’Union européenne respecte le caractère souverain de ces entités
composantes. Les auteurs soulignent que le traité de Vienne de 1969, à son article 66, stipule que
l’intention des parties peut formuler un droit implicite de retrait. Même chez les internationalistes,
on observe qu’un retrait ne pourrait se faire en totale indépendance notamment en raison du respect
de ce qu’on appelle le parallélisme des formes, principe selon laquelle il fartait utiliser les mêmes
formes pour défaire ce qui a été fait. Il faudrait donc réviser les traités, et obtenir l’accord des autres
États parties à l’Union européenne. On peut même penser qu’il faudrait l’avis conforme du
parlement européen.
Le tribunal constitutionnel allemand dans une décision du 12 octobre 1993 portant sur le
traité de Maastricht, a considéré que la souveraineté du peuple allemand impliquait une possibilité
de retrait quasi inconditionnelle.
Aujourd’hui, la vision internetionaliste s’est imposée avec la consécration dans le traité de
Lisbonne d’un droit de retrait conçu comme une réponse quite aux inquietudes nationales formulées
à propos du TECE.
2- Droit retrait consacré par le traité de Lisbonne (Article
50)
John Kerr a dit lui même à plusieurs reprises que l’article 50 est lapidaire, assez imprécis et
on en a accordé assez peu d’importance, on en a fait quelque chose de symbolique.
Le tribunal constitutionnel allemand considere que l’État allemand est libre d’abandonner
l’euro quand il le souhaite mais dans les traités il n’y a pas de sortie de la zone euro possible sans
sortie de l’Union. Si on adopte l’euro, l’État pour qu’il ne puisse pas l’abandonner et pour les
créanciers qui ont prêté l’argent à cet État, il faut les empêcher de sortir de la zone euro.
A l’article 50 alinéa 1, tout État membre peut décider, conformément à ses regles
constitutionnelles de se retirer de l’union. Cette exigence relèvera plus du juge national que d’un
controle européen.
Selon l’alinéa 2, l’État notifie son intention au conseil européen. Le conseil européen va
adopter des orientations qui vont permettre à l’union de négocier avec l’État qui souhaite se retirer,
a. La composition de la commission
Pendant longtemps, le nombre de commissaire par État membre était fixé à un au minimum
et deux au maximum. Au départ, le traité de Lisbonne prévoyait un nombre de commissaires
correspondant aux deux tiers du nombre d'États membres à partir du 1er novembre 2014.
Parallèlement, il a introduit un élément de flexibilité en permettant au Conseil européen de
déterminer le nombre de membres de la Commission (article 17, paragraphe 5, du TUE). En 2009,
le Conseil européen a décidé que la Commission continuerait à compter un nombre de commissaires
égal au nombre d'États membres.
Ce rapport entre le nombre de membres et le nombre d’États membres pourrait faire douter
de l’indépendance des commissaires.
- Certains y voient une marque de coopération et un risque pour l’intégration. Avoir 1
Commissaire par Etat pourrait faire de lui un émissaire de l’Etat.
- D’autres y voient une garantie pour l’intégration. Avoir 1 Commissaire par Etat, c’est s’assurer
que ce commissaire représentera non pas le gouvernement, mais la situation générale de son Etat
d’origine (qu’il comprendra les enjeux économiques, politiques, juridiques...). Cela permettrait
donc de garantir l’expression de toutes les sensibilités nationales, afin de mieux identifier l’intérêt
général européen dont la Commission a la charge.
L’ancienne procédure de réglementation avec contrôle, qui n'existe plus, a été appliquée de
2006 à 2009 aux «mesures quasi-législatives». Elle ne peut plus être utilisée dans la nouvelle
législation. Toutefois, comme elle apparaît dans plus de 300 actes juridiques en vigueur, elle
continuera à être provisoirement appliquée pour ces actes jusqu'à ce qu'ils soient formellement
modifiés. Cette procédure permet au Parlement européen et au Conseil de bloquer une mesure
proposée par la Commission si cette mesure:
- Outrepasse les compétences d'exécution de la Commission
- N'est pas compatible avec l'objectif ou le contenu de l'acte juridique
- Outrepasse les compétences ou le mandat de l'Union (voir les principes de subsidiarité et de
proportionalité).
Pour bloquer la mesure, les deux institutions disposent d'un droit de veto, généralement
valable trois mois après l'approbation par le comité de la mesure proposée par la Commission.
Si le comité ne parvient pas à rendre un avis positif sur la mesure proposée, le Conseil peut
intervenir soit en la bloquant soit en l'adoptant lui-même, sauf opposition du Parlement.
iii. Nouvelle catégorie d’actes
Pour conclure sur les pouvoirs de la Commission, même si la qualification de ces actes fait
débat, le traité de Lisbonne a aussi introduit une nouvelle catégorie d'actes, situés entre les actes
législatifs et les actes d'exécution.
Ces «actes non législatifs délégués» (selon le terme employé par l’article 290 du TFUE) sont
des actes «de portée générale qui complètent ou modifient certains éléments non essentiels de l'acte
législatif» (également appelé l'«acte de base»). Les éléments essentiels d’un domaine ne peuvent
donc faire l’objet d’une délégation de pouvoir.
De plus, les objectifs, la teneur, la portée et la durée de la délégation de pouvoir doivent être
définis dans les actes législatifs. Enfin, le législateur doit indiquer explicitement dans l’acte
législatif les conditions dans lesquelles cette délégation peut être exercée. À cet égard, le Parlement
et le Conseil peuvent prévoir le droit de révoquer la délégation ou d’exprimer des objections à l’acte
délégué. En principe, le Parlement dispose du même droit de regard que le Conseil sur l’adoption de
ces actes délégués.
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Le choix de confier à un acte d’exécution ou à un acte délégué le soin de mettre en œuvre un
acte législatif appartient au Conseil et au Parlement, mais pourra être soumis au contrôle de la Cour
de justice de l’Union européenne qui vérifiera le caractère objectif du choix opéré.
2- La Cour de justice de l’UE : l’institution
juridictionnelle gardienne de l’union de droit
La Cour de justice de l’Union européenne est une des sept institutions de l’Union
européenne. Elle se compose de deux juridictions: la Cour de justice proprement dite et le Tribunal.
Ses organes assurent la bonne interprétation et la bonne application du droit primaire et du
droit dérivé de l’Union. Ils contrôlent la légalité des actes des institutions de l’Union et statuent sur
le respect, par les États membres, des obligations du droit primaire et du droit dérivé. La Cour de
justice interprète également le droit de l’Union à la demande des juges nationaux c’est la procédure
préjudicielle.
La Cour de justice s’est révélée être un des moteurs du processus d’intégration européenne,
aussi bien pour le système juridique pris dans son ensemble, que pour le développement de
politiques particulières.
S’agissant du premier point : L’arrêt de la Cour du 15 juillet 1964 dans l’affaire Costa/Enel
a été fondamental pour la compréhension du droit de la Communauté européenne comme ordre
juridique autonome, ayant primauté sur les dispositions juridiques nationales, et son arrêt du 5
février 1963 dans l’affaire Van Gend et Loos a posé le principe de l’application immédiate du droit
de l’Union devant les tribunaux des États membres. Il faut également rappeler certains arrêts
significatifs en matière de protection des droits de l’individu, tel que l’arrêt du 14 mai 1974, dans
l’affaire Nold, dans lequel la Cour a affirmé entre autres que les droits fondamentaux font partie
intégrante des principes généraux du droit dont elle assure le respect
Dans des matières particulières, on peut donner les exemples suivants :
- La libre circulation des marchandises, avec l’arrêt du 20 février 1979 dans l’affaire Cassis de
Dijon, dans lequel la Cour a statué que tout produit légalement fabriqué et commercialisé dans un
État membre doit être, en principe, admis sur le marché de tout autre État membre.
- Les compétences extérieures de l’Union, avec l'arrêt AETR du 31 mars 1971 dans l’affaire
Commission/Conseil, reconnaissant à la Communauté la compétence de conclure des accords
internationaux dans les domaines faisant l’objet de règles communautaires.
On ajoutera s’agissant des compétences, que l’un des principaux mérites de la Cour a été
d’énoncer le principe selon lequel les traités ne doivent pas être interprétés de façon rigide, mais
considérés à la lumière de l’état de l’intégration et des objectifs fixés par les traités eux-mêmes. Ce
principe a en effet permis de légiférer dans certains domaines qui ne font pas l’objet de dispositions
particulières dans les traités, par exemple celui de la lutte contre la pollution. Dans un arrêt du 13
septembre 2005 [affaire C-176/03], la Cour a en effet permis à l’Union européenne d’édicter des
normes dans le domaine pénal dès lors que celles-ci paraissaient «nécessaires» pour atteindre
l’objectif poursuivi en matière de protection de l’environnement.