Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
La notion de Constitution est par définition une notion essentielle du droit constitutionnel.
Comme le note par exemple Stéphane Pierré-Caps, « La notion de Constitution désigne cet
effort réflexif pour organiser le pouvoir dans l’Etat, afin d’en fixer des limites par souci de ne
pas ériger l’Etat en réalité absolue et comme une fin en soi ».
Elle est directement reliée à la notion d’Etat, et cette liaison apparaît avec une nouvelle
notion : l’ « Etat de droit ».
Il y a Etat de droit dès lors que l’Etat se décompose en de nombreuses institutions qui
sont organisées et réglementées par des règles de droit.
Mais il y a aussi et surtout Etat de droit dans la mesure où les gouvernés comme les
gouvernants sont soumis à des règles juridiques.
Nous allons retracer l’histoire de la notion de Constitution avant de souligner le lien existant à
partir du 18ème siècle entre la notion de Constitution et le courant politique dénommé
constitutionnalisme.
Dès lors, le sens de la notion de Constitution va évoluer. Elle ne détermine plus le corps
politique. Elle est un texte juridique spécifique par le biais duquel une nation définit son
régime politique. En ce sens, Vattel dans son ouvrage Droit des gens (1758), définira la
Constitution comme « une forme de gouvernement instituée par une société ou une nation
afin de s’assurer les avantages de l’association politique (…) ».
De même, Montesquieu énonçait que la Constitution peut être la « disposition essentielle des
éléments ou des pouvoirs qui entrent dans la composition d’une forme de gouvernement ».
Cette évolution est importante à prendre en considération. C’est elle qui explique la naissance
de la définition moderne de la notion de Constitution.
Cependant, cette nouvelle conception de la Constitution et selon laquelle elle est une
règle relative à l’organisation et au fonctionnement du pouvoir prendra sa pleine et entière
signification au 18ème siècle avec l’essor de la philosophie des Lumières et du libéralisme
politique.
Voir l’art. 16 Décl° 1789 : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas
assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution ».
Mais il faut attendre la fin du 18 ème siècle pour assister, Outre-Atlantique, d’abord dans les
Etats américains devenus indépendants, puis aux Etats-Unis (1787), et enfin en France (1791)
à l’adoption des premières Constitutions écrites des temps modernes. Ce sont ces deux
premières constitutions modernes qui ouvrent l’ère du constitutionnalisme contemporain.
En France, comme dans la plupart des autres démocraties, même s’il a pu être discuté,
c’est le critère formel qui a toujours été retenu pour définir la constitution.
Le plus souvent toutefois, ces deux critères se recoupent. Le critère matériel justifie le
critère formel. Parce qu’elle contient les dispositions les plus importantes de l’État (relatives à
la nature, l’organisation, le fonctionnement et les buts du pouvoir), l’élaboration ou la révision
de la constitution nécessite de manière logique l’intervention du pouvoir constituant selon des
procédures spécifiques.
Mais ils peuvent aussi se détacher. Par exemple, la loi électorale en France est une
norme de valeur législative. Il existerait alors une certaine contradiction entre la valeur
matérielle (constitutionnelle) et la valeur formelle (législative) de cette norme.
Dans un système qui adopte la Constitution souple, celle-ci est un texte qui peut être
modifié comme les autres règles de droit (loi essentiellement). Il n’existe donc pas de
procédure juridique spéciale pour réviser la Constitution : Constitution anglaise.
Dans un système en revanche qui adopte la Constitution rigide, celle-ci est un texte qui
ne peut être modifié qu’en suivant une procédure juridique spéciale déterminée par la
Constitution elle-même. Étant une loi écrite spéciale émanant d’un acte politique du
constituant bénéficiant en outre de procédures juridiques spéciales de révision, la Constitution
possède une valeur juridique formelle supérieure par rapport aux lois.
En conclusion :
CHAPITRE 2
L’ELABORATION ET LA REVISION DE LA CONSTITUTION
Nous allons poser la définition (§1), avant de présenter différentes configurations de mise en
œuvre de ce pouvoir constituant (§2).
§1 : Définition
A- Principe :
En premier lieu, il interviendra chaque fois qu’un Etat créé ab initio, se dote d’une
constitution. Ainsi aux Etats-Unis d’Amérique, en 1787, les Etats ont délégué à une
Convention le pouvoir de créer une nouvelle constitution qui fut considérée comme la norme
de fondation de ce nouvel Etat car comme le soulignait Carré de Malberg, un Etat naît avec sa
première Constitution. Pour ce faire, elle fut dotée du pouvoir constituant.
B- Problèmes :
Le problème qui se pose ici est de définir d’un point de vue juridique la nature du
pouvoir constituant originaire et absolu.
On peut dire ici que ce pouvoir ne relève pas du droit parce qu’il … « il fonde le
droit ». Donc par hypothèse, il n’est pas un phénomène juridique ; il est un phénomène plutôt
politique, relevant d’une décision originelle. De manière concrète, si l’on établit une nouvelle
constitution en rupture avec une précédente, on n’exerce pas un droit. On exerce un pouvoir
afin d’instituer un nouveau système juridique. Il découle donc de ce constat que le pouvoir
constituant ici ne relève pas d’une compétence juridique a proprement parlé, mais plutôt d’un
fait politique. Le texte qui émane de ce pouvoir constituant et instaurant par la même un
nouvel ordre juridique est qualifié par une partie de la doctrine de « 1ère Constitution ». Il
s’agit de « l’acte normatif au-delà duquel il n’est plus possible de retracer une continuité
juridique ».
Cela est encore important du point de vue juridique. Cette caractéristique de nature
politique, propre au pouvoir constituant originaire, permet de souligner qu’il n’existerait pas
qu’une simple différence de degré entre le pouvoir constituant originaire et le pouvoir
constituant dérivé. Il existerait plutôt une différence de nature entre ces deux pouvoirs
constituants. Alors que le premier relèverait d’un phénomène politique comme on vient de le
souligner, le second lui relèverait d’une compétence juridique.
Dans les faits cependant, une première Constitution, mais aussi et surtout à sa suite, le
moment de création d’une nouvelle Constitution qui lui succèderait peut être difficile à
identifier. Au plan juridique, la Constitution de 1958 est une révision de la Constitution de
1946 selon les termes de la loi constitutionnelle du 3 juin 1958. De telle sorte qu’en des
termes strictement constitutionnels, « il n’existe pas de 5ème République ». En ce sens, la 1ère
Constitution historique n’est pas non plus la Constitution du 27 octobre 1946 qui a pour
fondement la loi constitutionnelle du 2 novembre 1945. Ce texte qui constitue le premier texte
constitutionnel formel issue de la guerre peut être considéré comme la première constitution
historique du droit constitutionnel en vigueur… Mais ici encore les choses sont confuses
puisque dans le même temps, les représentants de la France libre considéraient, dans
l’ordonnance du 9 août 1944 relative au rétablissement de la légalité républicaine, de la
France que la République en droit n’avait jamais cessé d’exister, alors que l’ordonnance du 21
avril 1944 prévoyait quant à elle qu’une assemblée constituante devait élue un an après la
libération du territoire. Il en résulte donc que la France libre pouvait ne pas se sentir liée par la
3ème République et ses lois constitutionnelles. Cette dernière interprétation est cependant la
plus cohérente au regard du droit et de la politique puisqu’entre la 3 ème République et la
nouvelle République, a bien existé un régime, certes très contestable, celui de Vichy. A cela
s’ajoute d’autres textes : ordonnance du 17 août 1945 concernant le futur droit constitutionnel
formel et avant elle l’ordonnance n°1 du 27 octobre 1940 et n°16 du 24 septembre 1941.
Mais au regard du droit positif il convient de retenir que la 1ère constitution historique
serait la Constitution de 1958 révisée en 1962. Elle rompt avec la continuité étant voté contre
les règles constitutionnelles en vigueur. Il y aurait donc eu ici une révolution juridique…
A- Principe :
Le pouvoir constituant peut être exercé, soit par une personne, soit par une assemblée,
soit par le peuple. Par exemple, en 1814, Louis XVIII octroiera une charte au peuple français.
Il s’agit d’une solution exceptionnelle dans l’histoire constitutionnelle depuis 1789.
En effet, avec le développement de la souveraineté nationale, le pouvoir constituant
appartiendra au peuple, qu’il partagera soit avec une personne, soit avec une assemblée.
Dans un régime de nature autoritaire, mais dont la légitimité repose sur le peuple, un
homme détiendra le pouvoir constituant. Il décidera d’une nouvelle Constitution qu’il
soumettra ensuite à l’approbation définitive du peuple. En 1799, Napoléon Bonaparte voulait
une Constitution adaptée à ses desseins politiques. Face à la réticence de Sieyès qui ne
partageait pas tous ses points de vue, il convoquera alors Daunou, plus conciliant, pour l’aider
à écrire le texte : « Citoyen Daunou, asseyez-vous là et écrivez ! ». Une fois rédigé, le texte
fut soumis à l’approbation du peuple. La même procédure sera suivie en 1852 par Louis
Napoléon Bonaparte.
Dans un régime réellement démocratique, c’est une assemblée constituante qui sera
chargée d’élaborer une nouvelle constitution. On soulignera qu’en démocratie, le principe est
naturellement que le peuple décide en dernier ressort. En France, le peuple est presque
toujours intervenu dans le processus d’élaboration d’une nouvelle constitution.
La voie référendaire a été utilisée en 1793, 1795, 1799 1800, 1802, 1804, 1815 (acte
additionnel aux Constitutions de l’Empire), 1851, 1852, 1870, 1945 (régime intérimaire),
1946 (pour les deux projets du 5 mai et du 27 octobre) ou encore en 1958.
Mais attention. Comme le souligne les PR. Emeri et Bidegaray, « la pratique française
montre que même dans les cas d’élaboration démocratique, la participation réelle du peuple
dans le processus constituant reste relativement faible ».
Au regard de l’histoire de France, la participation du peuple aura concrètement du mal
a réellement s’affirmer pleinement : en réalité, et comme le rappelle encore Cl. Emeri et Ch.
Bidégaray, ce n’est qu’en 1945 « que le peuple entre vraiment en procédure constituante ».
B- Application :
1- L’écriture camérale :
C’est mode le plus couramment utilisé depuis 1789
a- L’écriture par une assemblée constituante
2- L’écriture gouvernementale :
Mode exceptionnel, il s’agit ici d’une procédure souvent imposée par les
circonstances, des périodes troubles qui empêchent le travail constituant par une assemblée. Il
s’agit d’un mode qui porte atteinte à la souveraineté du peuple. Mais ici, ces modalités plus
autoritaristes n’ont pu faire abstraction totalement du peuple.
b- Chartes monarchistes
Revenus des « fourgons de l’étranger », les monarchistes ne pouvaient accepter les
« institutions des régicides ». Ils ont donc par deux fois donnés des textes constitutionnels
rétablissant la légitimité monarchiste
1814 : La charte octroyée (Louis XVIII et Charles X)
1830 : La charte « acceptée » (Louis-Philippe)
3- L’ambiguïté gaulliste :
Par deux fois, de Gaulle est directement associé au travail constituant. Plane en dépit
de l’approbation directe du peuple, la suspicion bonapartiste sur ces deux procédures. Cette
suspicion aura raison de de gaulle en 1946 et perturbera celle de 1958. Pourtant un respect des
principes démocratiques.
Les choses sont très différentes. Après un « 17 brumaire » de Gaulle revient au
pouvoir et rédige par le biais de son gouvernement une Constitution respectant la loi
constitutionnelle du 3 juin 1958.
Conclusion de la section 1:
Il faut souligner la faible normativité des textes durant la période constituante. Cette
faible normativité s’explique par les contradictions logiques que recèlent ces périodes pour le
pouvoir constituant.
En effet, il s’agit là d’une période trouble au plan juridique car se rencontre un pouvoir
constituant continu mais provisoire puisqu’il s’agit d’un temps d’élaboration constitutionnel à
durée limitée où l’on fixe des règles « intemporelles » ou du moins, qui bénéficient de la plus
grande immutabilité dans un ordre juridique. Mais il s’agit aussi d’un pouvoir constituant
définitif mais laborieux, puisque l’assemblée chargée de fixer un texte pour l’avenir est
soumis au aléa d’une période inconstante durant laquelle les évènements les plus insignifiants
( ?) peuvent modifier les règles les plus signifiantes (règles constitutionnelles changeantes
durant la discussion….).
C’est bien ce choc qui caractérise les périodes « dites » révolutionnaires.
Ce caractère provisoire rend le processus d’élaboration difficile. En ce sens, les
constituants de 1871 ont mis plus de 4 ans…. Il peut parfois l’accélérer comme aux Etats –
unis en 1787 où les constituants ont mis 4 mois à rédiger le texte.
En 1871, l’Assemblée nationale élue de manière révolutionnaire avait pour simple
compétence de faire la paix avec l’Allemagne. Mais elle va s’attribuer le pouvoir constituant
et voter les 3 lois (Rivet, de Broglie et du septennat) et le Parlement
Cette période d’instabilité cesse avec l’adoption définitive du texte.
De même, alors qu’en 1792 la Convention élabore une vraie Constitution, elle ne sera
jamais appliquée, au profit d’une « petite constitution » qui instaure la dictature du Comité de
Salut Public.
§1 : Définition
On appelle ce pouvoir constituant dérivé parce qu’il trouve sa source dans une
Constitution déjà existante, et que cette constitution va prévoir, elle-même, les procédures
selon lesquelles elle sera révisée, modifiée.
On appelle ce pouvoir relatif parce qu’il sera limité par la Constitution existante, ceci
afin d’éviter qu’une révision ne soit qu’un changement déguisé de Constitution et de régime
politique.
Le pouvoir constituant, dès lors qu’il est dérivé et relatif, ne pourra s’exercer que
conformément aux modalités déterminées par la Constitution elle-même. L’ensemble de ces
modalités forme alors la procédure d’exercice du pouvoir constituant. Cette procédure se
distingue cependant de façon très nette des autres procédures notamment de la procédure
visant à modifier les lois ordinaires.
La distinction est facile à opérer dans la mesure où la procédure constituante est une
procédure spéciale, particulièrement formaliste et solennelle. On parlera dans cette hypothèse
de spécificité de la procédure, spécificité qui peut être organique mais aussi et surtout
formelle.
A- La spécificité organique :
Il faut entendre par là, concrètement, que la Constitution n’est jamais révisée par
l’organe législatif ordinaire. Elle l’est toujours par un organe constitutionnel « complexe », un
organe qui se compose de l’association de plusieurs organes constitutionnels.
Cette spécificité qui concerne le ou les organes compétents pour réviser la Constitution
est alors susceptible de degrés : 2 hypothèses sont à distinguer :
Combinaison des organes constitutionnels existants : il s’agit de la spécificité
moindre. Cette procédure peut être utilisée pour réviser la Constitution. Ex : Les lois
constitutionnelles de 1875 font intervenir pour réviser la constitution à la fois la Chambre des
députés et le Sénat, réunis au sein d’une chambre parlementaire unique : le Congrès,
formation différente de celle prévue pour le vote des lois ordinaires.
B- La spécificité formelle :
Cette spécificité concerne cette fois la procédure à suivre pour réviser les
Constitutions. Elle apparaît d’un double point de vue : d’abord dans le fait que l’on multiplie
volontairement les phases de la procédure, ensuite dans le fait que l’on multiplie
volontairement les conditions de forme.
1- Multiplication des phases de procédure: elle a une double signification. Elle est
destinée à rendre la procédure particulièrement solennelle en rendant la révision de la
Constitution difficile en raison de la gravité de l’acte.
a- Présentation générale :
Toutes les procédures de révision constitutionnelle se caractérisent par une complexité
quant à leur mise en œuvre. Ce sont elles qui garantissent la protection de la norme la plus
importante de l’Etat. C’est dans ce but que la révision comprend toujours deux ou trois phases
déterminées par la constitution elle-même, et que l’on parle de pouvoir constituant dérivé.
1/ L’initiative du projet ou de la proposition, répond à la décision de déclencher la
procédure de révision. Il s’agit d’une compétence qui appartient normalement aux organes
exécutifs et aux parlementaires. Mais dans certains régimes, elle peut aussi appartenir à une
fraction du peuple (Suisse).
2/ L’approbation du projet de révision est la phase dans laquelle la révision de la
Constitution est approuvée. Ici ce sont les assemblées parlementaires qui interviennent pour
exprimer leur accord. Par exemple, le texte de la révision doit être approuvé par les deux
chambres en termes identiques (les chambres doivent voter très exactement le même texte).
3/ Quant à la ratification de la révision, elle est le fait des assemblées qui siègent en
commun pour se prononcer, soit d’une convention spécialement élue à cet effet. Il peut encore
exister une phase de ratification populaire, soit par le peuple (France), soit dans certains Etats
fédéraux, par les Etats membres (Etats-Unis).
Certaines constitutions peuvent entourer la procédure de révision d’un formalisme excessif
pour alourdir la procédure et empêcher en réalité les modifications de textes : par exemple, la
Constitution de 1791 prévoyait une procédure presque impossible à mettre en œuvre: après 3
législatures qui manifestent la même volonté de réviser, les deux suivantes ne peuvent rien
faire, et enfin les deux autres peuvent dans des formes draconiennes effectuer la révision.
C. 1946 : art. 90 :
- Initiative de la révision : elle se décompose en deux opérations
Ouverture de la révision ou initiative proprement dite
Décision de donner suite à la révision (renouvellement de l’initiative proprement dite)
- Décision de révision (2 opérations)
Elaboration de la révision
Adoption définitive de la révision ou ratification
Il s’agit d’une procédure qui tente de faire intervenir tous les pouvoirs : le pouvoir
gouvernemental, le parlement et le peuple.
L’initiative appartient concurremment à au président de la République sur proposition du 1 er
ministre, et aux membres du Parlement.
Un pouvoir partagé donc.
Le projet ou la proposition de révision est votée « en terme identique » par les deux
assemblées composant le Parlement. Le point est important : les deux assemblées doivent
voter « à la virgule près » le même texte ! Cela pour manifester leur adhésion au même
texte…
L’approbation définitive peut revêtir deux formes différentes :
Approbation par référendum ou convocation du Congrès qui vote le texte à une majorité
qualifiée.
Précisions :
En 1er lieu, avant la réforme de 2008, il était très difficile (impossible pratiquement)
pour les assemblées de se prononcer sur une proposition de révision de la Constitution si le
gouvernement s’y opposait. Désormais, la nouvelle rédaction de l’article 48 C. 58 lui donne
plus de pouvoir : 1 semaine et non plus un seul jour par mois « est réservé à l’ordre du jour
fixé par chaque assemblée.
En 2nd lieu : Le choix du président lors de la 3ème phase ? A la lecture du texte, il
semble que le président ne peut faire ce qu’il souhaite : l’idée serait que le référendum
s’imposerait (« toutefois ») notamment lorsque la procédure de révision est déclenchée par les
membres du Parlement. A l’inverse, la procédure serait presque totalement « parlementaire ».
En revanche, lorsque l’initiative émane du pouvoir exécutif, le président aurait la faculté de
choisir librement entre les deux solutions.
En 3ème lieu : Le président ne disposerait pas d’un droit de veto sur la procédure. Cela
veut dire qu’il serait obligé de mener la procédure jusqu’à son terme après le vote du projet
par les deux chambres du Parlement. Cependant les choses ne sont pas si simples : en
pratique, le président dispose d’un vrai pouvoir de blocage de la procédure de révision. A à
titre d’exemple, en 1973, G. Pompidou ne mène pas lé réforme du mandat présidentiel à son
terme ; en 2000, J. Chirac « dé –convoque » le Congrès à propos des révisions relatives à
l’indépendance de la justice et à la présomption d’innocence, ainsi qu’à la Nouvelle-
Calédonie et à la Polynésie.
EN CONCLUSION :
La procédure de révision ne peut se comprendre qu’au regard de la nature du régime
politique. Les compétences qui incombent aux différents pouvoirs seront plus ou moins
partagées en fonction de celle-ci.
Sous la 3ème République (bicamérisme inégalitaire), seuls les députés avaient
l’initiative de la révision.
De même, il est intéressant de comparer les deux procédures de la Constitution du 27
octobre 1946 et de la Constitution du 4 octobre 1958.
Dans la constitution de la 4ème République, les organes parlementaires détenaient
l’ensemble des compétences (avec une prévision d’intervention facultative du peuple). La
procédure de la révision répondait ici aux deux caractères du parlementarisme pratiqué sous
les 3ème et 4ème Républiques : une prépondérance du Parlement à l’égard du pouvoir exécutif et
un régime ultra-représentatif.
La constitution de la 5ème République quant à elle, reviendra à un équilibre théorique
entre les compétences dévolues au pouvoir exécutif et au Parlement. La procédure de révision
se caractérisera alors par une volonté de redonner au pouvoir exécutif une compétence
effective dans ce domaine, et rétablir le pouvoir du peuple en le faisant participer de manière
plus automatique dans la phase de ratification.
La procédure de la révision de la Constitution est souvent utilisée depuis 1958. Les
différentes révisions en constituent un exemple patent : Cf. site du Conseil constitutionnel.
Loi constitutionnelle n° 60-525 du 4 juin 1960 - [États de la communauté]
Loi n° 62-1292 du 6 novembre 1962 - [Élection du Président de la République au suffrage
universel]
Loi constitutionnelle n° 63-1327 du 30 décembre 1963 - [Session parlementaire]
Loi constitutionnelle n° 74-904 du 29 octobre 1974 - [Possibilité pour 60 députés ou 60
sénateurs de déférer une loi au Conseil constitutionnel]
Loi constitutionnelle n° 76-527 du 18 juin 1976 - [Intérim de la Présidence de la République]
Loi constitutionnelle n° 92-554 du 25 juin 1992 - [Dispositions permettant de ratifier le traité
de Maastricht (Union économique et monétaire, vote des ressortissants européens aux
élections municipales, politique commune des visas); langue française, lois organiques
relatives aux TOM, résolutions parlementaires sur les actes communautaires]
Loi constitutionnelle n° 93-952 du 27 juillet 1993 - [Cour de justice de la République]
Loi constitutionnelle n° 93-1256 du 25 novembre 1993 - [Droit d'asile]
Loi constitutionnelle n° 95-880 du 4 août 1995 - [Session parlementaire unique (du premier
jour ouvrable d'octobre au dernier jour ouvrable de juin), aménagement des "immunités"
parlementaires et élargissement des possibilités de recours au référendum]
Loi constitutionnelle n° 96-138 du 22 février 1996 - [Loi de financement de la sécurité
sociale]
Loi constitutionnelle n° 98-610 du 20 juillet 1998 - [Avenir de la Nouvelle-Calédonie]
Loi constitutionnelle n° 99-49 du 25 janvier 1999 - [Traité d'Amsterdam]
Loi constitutionnelle n° 99-568 du 8 juillet 1999 - [Cour Pénale Internationale]
Loi constitutionnelle n° 99-569 du 8 juillet 1999 - [Égalité entre les femmes et les hommes]
Loi constitutionnelle n° 2000-964 du 2 octobre 2000 - [Durée du mandat du Président de la
République]
Loi constitutionnelle n° 2003-267 du 25 mars 2003 - [Mandat d'arrêt européen]
Loi constitutionnelle n° 2003-276 du 28 mars 2003 - [Organisation décentralisée de la
République]
Loi constitutionnelle n° 2005-204 du 1er mars 2005 - [Traité établissant une Constitution pour
l'Europe]
Loi constitutionnelle n° 2005-205 du 1er mars 2005 - [Charte de l'environnement]
Loi constitutionnelle n° 2007-237 du 23 février 2007 - [Corps électoral de la Nouvelle-
Calédonie]
Loi constitutionnelle n° 2007-238 du 23 février 2007 - [Responsabilité du Président de la
République]
Loi constitutionnelle n° 2007-239 du 23 février 2007 - [Interdiction de la peine de mort]
Loi constitutionnelle n° 2008-103 du 4 février 2008 modifiant le titre XV de la Constitution-
[Traité de Lisbonne]
Loi constitutionnelle n° 2008-724 du 23 juillet 2008 de modernisation des institutions de la
Ve République - [Modernisation des institutions de la Vème République, dont QPC]
CHAPITRE 3
LA SUPREMATIE DE LA CONSTITUTION
Selon une définition classique, la Constitution est la règle suprême de l’ordre juridique
interne.
La suprématie de la Constitution :
La norme la plus importante par sa qualité. Cette importance se manifeste par
la nature des principes qu’elle est sensée contenir.
La norme respectée par toutes autres normes existantes. Ce respect émane
essentiellement d’un mécanisme juridictionnel visant à assurer la conformité de
toutes les normes produites au sein de l’Etat pour pouvoir produire à leur tour leurs
effets juridiques.
Parce que la réunion de ces deux conditions a été difficile à réaliser, la suprématie de
la Constitution est relativement récente en France. Classiquement on repère ce
phénomène depuis la mise en vigueur de la Constitution du 4 octobre 1958. En
instaurant un contrôle de constitutionnalité enfin efficace, elle a donné la possibilité à
l’organe chargé de ce contrôle (le Conseil constitutionnel) de définir un patrimoine
juridique constitutionnel désormais respecté par les normes produites par l’ensemble
des pouvoirs constitués de l’Etat.
Pourtant, l’idée qu’il existe des dispositions supérieures à toutes les autres est
ancienne.
Sous l’ANTIQUITE : Les philosophes grecs distinguaient déjà deux grandes
catégories de lois. Aristote soulignait qu’il existe des lois spécifiques, supérieures à
toutes les autres parce qu’elles posent les principes constituants de l’Etat.
De même, les romains retiendront cette idée : Cicéron distingue les « Civitatis status »,
lois constitutionnelles, et les « tempore leges », lois ordinaires relatives à la conduite
des affaires de l’Etat. Il souligne que le bon gouvernement est celui qui prend « des
textes législatifs en rapport avec la Constitution » (Les lois, L. III, ch. 2).
Au MOYEN-AGE : L’idée selon laquelle les institutions doivent être réglées par un
texte spécifique relatif à l’organisation du pouvoir en leur sein sera reprise par les
clerc du Moyen – Age.
Saint Thomas d’Aquin, les scolastiques, G. d’Ockham, Marsile de Padoue, seront de
différentes façons à l’origine d’une réflexion sur l’origine contractuelle du pouvoir.
Toutes organisations sociales, religieuses et donc politiques nécessitent un accord
entre les gouvernants et la communauté qu’ils sont sensés gouvernés.
Les clercs du Moyen-âge, mettront l’accent sur l’idée d’une puissance du peuple, et
d’un contrat politique entre les gouvernants et les gouvernés. Cette idée sera évoquée
au Concile de Bâle de 1431.
L’Eglise d’ailleurs fut la première institution a définir des textes d’organisation du
pouvoir en son sein : Carta curitatis de l’ordre de Citeaux dès la fin du 11 ème siècle :
Léo Moulin « Les cathédrales du droit constitutionnel ».
Mais c’est en Angleterre que va réapparaître l’idée selon laquelle un corps de règles
juridiques insérées dans un texte spécial peut constituer une limitation du pouvoir
royal :
1215 : Charte de Jean sans Terre
1649 : Convention du peuple libre d’Angleterre
1688 : Bill of Rights.
Mais c’est au 18ème siècle que seront les consacrées les premières grandes
constitutions modernes : Aux Etats-Unis d’abord et en France ensuite : art. 16
Décl°1789.
De même l’idée d’un contrôle des lois par rapport à la Constitution devait
naturellement suivre cette première distinction. D’ailleurs déjà sous la Monarchie,
l’idée que les actes royaux devaient être conformes aux grandes maximes du droit
public de la nation sera développé par différents auteurs (Burlamaqui). A ce titre, le
Parlement de Paris revendiquera une compétence de contrôle des lois royales par
rapport à ceux-ci. Différents auteurs argumenteront dans le sens de cette idée
(Boulainvilliers). L’idée d’un contrôle sera ensuite reprise à la Révolution par Sieyès,
sans succès.
C’est ce que l’on appelle « la pyramide des normes » depuis Kelsen. La Constitution,
unique par définition, occupe le sommet de cette pyramide et les autres règles, de
plus en plus nombreuses au fur et à mesure que l’on descend dans la pyramide des
normes, occupent selon leur rang hiérarchique, les différents étages de cette
pyramide.
Concrètement et aujourd’hui en France, au-dessous de la Constitution se trouveront
placées
Les lois organiques
Les loirs ordinaires
Les ordonnances
Les décrets
Les arrêtés ministériels…
D’un point de vue juridique que veut dire cette subordination des normes juridiques
par rapport à la Constitution ?
Cela veut dire que pour être valides, c’est à dire produire des effets de droits dans
l’ordre juridique, il est nécessaire que les normes juridiques inférieures à la
constitution soient conformes aux dispositions contenues dans celle-ci.
Une conformité formelle d’abord : En premier lieu, les règles de droits inférieures à
la Constitution, par exemple la loi, doivent être votés par l’organe compétent
déterminé par la Constitution en respectant l’ensemble de la procédure fixée par la
Constitution.
Une conformité matérielle ensuite : Les lois, devront être conformes à la
Constitution quant au fond, c’est à dire, ne pas contenir de dispositions contraires
aux principes contenus dans la Constitution.
La nature politique de l’organe peut être facilement décelée si l’on analyse le mode
de recrutement de cet organe. Les membres d’un organe politique sont en effet
directement désignés par des autorités politiques, c’est-à-dire soit par le pouvoir
exécutif, soit par le pouvoir législatif. CARACTERE DISCRETIONNAIRE DE LA
NOMINATION.
Mais alors quelles sont les caractéristiques générales de ce type de contrôle ? Ces
caractéristiques sont surtout des inconvénients car le contrôle par un organe
politique fait généralement l’objet de nombreuses critiques (A) conforté par les
expériences (B).
La deuxième critique est liée à la précédente et porte sur le fait que les
membres de l’organe de contrôle ne sont généralement pas dotés d’un statut
protecteur, comme celui des magistrats, et que des lors, ils sont à la merci des
pressions du pouvoir politique et n’offrent aucune garantie d’indépendance et
d’impartialité.
La troisième critique enfin porte sur le bien-fondé d’un tel contrôle et sur le
fait que son existence même est une source de conflits. Ce dernier problème mérite
alors que l’on si arrête un instant.
Contrôler la constitutionnalité des lois, c’est forcément exercer un contrôle sur
l’organe qui élabore ces lois, c’est-à-dire sur le Parlement. Mais là se situe la difficulté
quasiment insoluble en régime démocratique. En démocratie en effet, le Parlement
incarne par excellence la légitimité démocratique dès lors qu’il émane du suffrage
universel. Comment alors contrôler une telle légitimité dès lors que le contrôleur ne
la possède pas lui-même ? Le conflit apparaît donc comme certain entre d’une part le
Parlement et sa légitimité indiscutable, et d’autre part, l’organe de contrôle privé
d’une telle légitimité démocratique.
Les sénats impériaux des 1er et 2nd Empires (1799-1852) : Sous les Empires, une
chambre parlementaire avait vocation à contrôler la constitutionnalité des lois. Il
s’agissait du Sénat. Mais il s’agissait d’un organe politique : par exemple les articles
20 et suiv. de la Constitution du 14 janvier 1852 relatif au sénat. Le texte prévoit deux
catégories de sénateurs : les dignitaires (cardinaux ; maréchaux ; et amiraux). Ce sont
des membres de droit. A côté d’eux, existent aussi des membres nommés par le
président de la République : « Les citoyens que le président de la république juge
convenable d’élever à la dignité de sénateur ».
On le voit, le sénat est un organe très dépendant du pouvoir exécutif. De plus, pour
confirmer ce constat, le président du Sénat et le vice-président sont nommés
directement par le président de la République. C’est lui encore qui fixe la durée des
sessions.
L’expérience des sénats impériaux a plutôt discrédité le mécanisme du contrôle de
constitutionnalité en France. Ils symboliseront pendant longtemps l’idée que le
contrôle de constitutionnalité des lois, loin d’être un instrument de protection de la
liberté et de la démocratie, n’était au contraire qu’un instrument au service du
pouvoir exécutif, un instrument docile entre les mains du chef de l’Etat servant à
renforcer son propre pouvoir au détriment d’un pouvoir législatif par ailleurs
largement infériorisé.
C’est pour cette raison qu’il est préférable de se tourner vers les expériences de
contrôle de constitutionnalité effectuées par un organe juridictionnel pour voir ce
mécanisme juridique s’affirmer réellement.
Ce contrôle se définit par opposition au précédent comme le contrôle exercé par une
ou plusieurs juridictions, et non plus par une organe politique.
D’une manière générale, la doctrine classique oppose contrôle politique et contrôle
juridictionnel pour mieux souligner les AVANTAGES de ce dernier :
A- LA JUSTICE CONSTITUTIONNELLE
Dans cette hypothèse, le contrôle est d’abord exercé par tous les tribunaux du pays
concerné, par ce que l’on appelle les tribunaux ordinaires ou encore tribunaux de
droit commun. C’est pour cette raison qu’on appelle ce système de contrôle de
constitutionnalité, système de contrôle de constitutionnalité DECENTRALISE.
Le meilleur exemple ici est alors celui des EU d’Amérique. Dans ce pays en
effet, aucun contrôle de la constitutionnalité matériel des lois n’était prévu par la
Constitution. Il est apparu d’une façon en quelque sorte spontanée grâce à la
hardiesse de la jurisprudence de la cour suprême.
A partir de 1803, en effet, et avec la décision de principe « Marbury v/ Madison », la
CSEU se reconnaît, d’elle-même, le droit d’apprécier la constitutionnalité des lois et
contrôler leur conformité aux droits contenus dans les 10 premiers Amendements à
la Constitution de 1787. A partir de cette jurisprudence fondatrice pour le contrôle de
constitutionnalité des lois aux Etats-Unis, toutes les juridictions américaines fédérales
et fédérées vont se reconnaître la compétence d’exercer un contrôle de
constitutionnalité des lois applicables aux litiges soulevés dans le ressort de leur
juridiction. C’est cependant le jugement de la Cour suprême des Etats-Unis,
juridiction suprême, qui est seul décisif et qui oblige le législateur américain à
s’incliner et à modifier la loi contraire à la Constitution.
En France, un tel système n’a jamais rencontré de succès. Cela s’explique par
des raisons historiques et politiques : la méfiance à l’égard des juges et des tribunaux.
Il s’agit là d’une méfiance très ancienne qui remonte à l’Ancien Régime. Les
« Parlements », compétents pour enregistrer les ordonnances royales (actes législatifs
émis par le roi), s’étaient au fil du temps (milieu du 18 ème siècle) arrogé un vrai rôle
de contre-pouvoir monarchique. Les Parlements revendiquaient entre autre une
déposition du pouvoir de la nation qui devait nécessairement se combiner avec la
légitimité royale. Le conflit fut extrêmement virulent et il est d’ailleurs l’une des
causes essentielles de la révolution française de 1789. Les révolutionnaires
n’oublieront pas une telle attitude.
Mais une évolution notable très récente tente de combattre enfin cette méfiance
culturelle : la Question prioritaire de constitutionnalité établie par la loi
constitutionnelle du 23 juillet 2008
B- LA JURIDICTION CONSTITUTIONNELLE
Dans certains pays (Suisse) on utilise une juridiction déjà existante. Ainsi, en Suisse,
pour des raisons de prestige et d’autorité, on confiera le contrôle des lois au Tribunal
fédéral, c’est-à-dire au Tribunal suprême de l’ordre judiciaire.
Dans d’autres pays par contre, on adopte une solution plus parfaite, le système de la
Cour Constitutionnelle. Dans cette hypothèse, la solution consiste à se dégager des
juridictions existantes et à créer une juridiction nouvelle, une juridiction spéciale
dont le rôle est précisément de contrôler la constitutionnalité des lois.
Cette solution qui est apparue au cours d’une période relativement récente est
certainement la plus satisfaisante d’un point de vue technique.
Ces deux notions sont déterminées à partir d’un critère temporel. Elles permettent
d’identifier le MOMENT où joue le contrôle de constitutionnalité des lois.
A- Le contrôle a priori
B- Le contrôle a posteriori
§2 : L’objet du contrôle : le contrôle par voie d’action et le contrôle par voie
d’exception
Ces deux notions sont déterminées à partir d’un critère matériel. Elles permettent
d’identifier L’OBJET du contrôle de constitutionnalité des lois.
1- Définition :
Il s’agit d’une technique directe n’impliquant pas de procès préalable. Il s’agit d’un
procès fait à la loi car le contrôle par voie d’action est une technique visant à
comparer directement la loi à la constitution et à obtenir purement et simplement son
annulation dans le cas où elle serait non conforme à la Constitution.
Le mécanisme du contrôle par voie d’action à l’avantage de la simplicité et de
l’efficacité. En effet il permet de lever toute ambiguïté en faisant disparaître la loi
viciée de l’ordre juridique.
Concrètement, le mécanisme se déroule de la manière suivante : les individus ou les
autorités concernés peuvent saisir directement la juridiction constitutionnelle et lui
demander de se prononcer sur la constitutionnalité d’une loi. Si la loi est contraire à
la Constitution, la juridiction constitutionnelle prononcera une décision d’annulation.
La loi inconstitutionnelle disparaîtra alors de l’ordre juridique et la décision rendue
s’imposera à tous.
On dira qu’elle a la valeur absolue de la chose jugée.
En résumé, on peut donc dire que le mécanisme de la voie d’action consiste à faire
un véritable procès en constitutionnalité à la loi en vue d’obtenir son annulation,
c’est-à-dire sa disparition pure et simple de l’ordre juridique.
Eu égard à la force de ce contrôle, annuler une loi, c’est-à-dire l’acte qui bénéficie de
la plus grande légitimité démocratique, le système est ici restrictif. Pour éviter que la
constitutionnalité des lois ne soient systématiquement mis en cause, les constituants
limitent généralement le droit de saisir la juridiction constitutionnelle à certaines
autorités (politiques et/ou juridictionnelles). On dit ici que la saisine est fermée.
2- Application :
► Aujourd’hui en Europe :
Autriche (litiges fédératifs)
Espagne
Italie (litiges régionaux)
Article 61 C. 58. :
Les lois organiques, avant leur promulgation, les propositions de loi
mentionnées à l'article 11 avant qu'elles ne soient soumises au référendum, et les
règlements des assemblées parlementaires, avant leur mise en application, doivent
être soumis au Conseil constitutionnel qui se prononce sur leur conformité à la
Constitution.
Aux mêmes fins, les lois peuvent être déférées au Conseil constitutionnel,
avant leur promulgation, par le Président de la République, le Premier ministre, le
président de l'Assemblée nationale, le président du Sénat ou soixante députés ou
soixante sénateurs.
Dans les cas prévus aux deux alinéas précédents, le Conseil constitutionnel
doit statuer dans le délai d'un mois. Toutefois, à la demande du Gouvernement, s'il y
a urgence, ce délai est ramené à huit jours.
Dans ces mêmes cas, la saisine du Conseil constitutionnel suspend le délai de
promulgation.
Article 62.
Une disposition déclarée inconstitutionnelle sur le fondement de l'article 61 ne
peut être promulguée ni mise en application.
Les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d'aucun recours.
Elles s'imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et
juridictionnelles.
D’une manière générale, il convient de dire qu’il existe un lien entre le système de la
juridiction constitutionnelle, le contrôle a priori et le contrôle par voie d’action. Il
s’agit d’un lien logique. Le principe est simple : avant que la loi n’entre en vigueur,
différentes autorités politiques pourront saisir la juridiction constitutionnelle afin que
celle-ci contrôle la conformité du texte à la Constitution. Dans le cas contraire, le texte
n’entre pas en vigueur. Deux solutions apparaissent donc : soit les parlementaires
reprennent le travail législatif en tenant compte de la décision constitutionnelle, soit
les parlementaires l’abandonnent.
Mais c’est un système qui peut fonctionner aussi a posteriori :
◊ Dans l’histoire :
► Autriche : C. 1920 : 2 innovations : Une juridiction spécialisée dans le
contrôle de constitutionnalité : cette Cour avait une double compétence
Recours pour inconstitutionnalité contre les décisions administratives
Contestation du droit fédéré par le droit fédéral et réciproquement.
► Espagne C. 1931 : Tribunal constitutionnel ayant 3 compétences :
Constitutionnalité d’une loi présentée par un tribunal ayant des doutes sur la
régularité de celle-ci. Ici le contrôle de la constitutionnalité remonte du juge du fond
vers un juge constitutionnel spécialement compétent :
Recours en contestation de l’inconstitutionnalité d’une loi (primitivement une
action populaire)
Recours ouvert aux individus qui se plaignent d’une atteinte portée à l’un de
leurs droits reconnus par la Constitution : Amparo inspiré du Mexique
Vénézuéla : Possibilité pour un citoyen de contester directement et in
abstracto, en dehors de tout litige concret l’annulation d’une loi provinciale contraire
à la Constitution. Action populaire pour inconstitutionnalité
◊ Aujourd’hui :
► Allemagne (conformité droit fédéral/droit fédérés)
► Belgique (ouvert aussi à toute personne justifiant d’un intérêt)
► Italie (contestation des normes nationales par les gouvernements
régionaux)
► Espagne (combinaison des systèmes allemand et italien)
1- Définition :
L’objet du contrôle par voie d’exception est de neutraliser une loi ou une de ses
dispositions qui présenteraient des effets non conformes à la Constitution lors d’un
procès. Ce contrôle implique donc la contestation de la constitutionnalité d’une loi
par des justiciables, leurs conseils, voire les juges du fond eux-mêmes.
Ce mécanisme implique en effet au préalable un procès principal, c’est-à-dire un
litige entre des particuliers, soit un procès pénal. Pour trancher le litige ou pour
réprimer une infraction, le juge devra appliquer des lois. Au cours de ce procès
cependant, un des intéressés peut estimer qu’on veut appliquer à son cas une loi dont
la constitutionnalité est contestable. Dans cette hypothèse, il demandera au juge de
ne pas l’appliquer.
2 solutions :
Ce type de contrôle de constitutionnalité peut être actionné par les justiciables, à tous
les citoyens en prise avec un contentieux dont la résolution nécessite l’application
d’une loi qu’ils considèrent non conforme à la Constitution. C’est pour cette raison
que l’on dit que la saisine est ouverte.
C’est un système largement usité en Europe :
L’exception ne suit pas l’action. Donc la question de la constitutionnalité est renvoyée
par le juge constitutionnel : question préjudicielle obligeant le juge du fond à surseoir
à statuer.
Par les parties1 : Italie
Belgique (compétence du juge de renvoi liée à la demande d’une
partie
Juge du fond ou juridiction supérieure :
Autriche (le droit de saisine n’appartient pas seulement aux
juridictions supérieures et aux Cours d’appel mais aussi à la Cour constitutionnelle
elle-même).
Espagne
Allemagne (juge du fond)
Article 61-1. [Entrée en vigueur dans les conditions fixées par les lois et lois organiques
nécessaires à leur application (article 46-I de la loi constitutionnelle n° 2008-724 du 23 juillet
2008)] Lorsque, à l'occasion d'une instance en cours devant une juridiction, il est soutenu
qu'une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés que la Constitution garantit,
le Conseil constitutionnel peut être saisi de cette question sur renvoi du Conseil d'État ou de
la Cour de cassation qui se prononce dans un délai déterminé.
Article 62.
1
Recours par très nombreux.