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SAINTES ÉCRITURES
CoNTENANT, EN PLUs DE 4,000 ARTICLEs :
! la Biºtrºphie sacrée; — 2. L'Histoire sainte; - 3. L'Archéologie biblique ; — 4. La Géographie biblique ; —
l L'Hiſtoire naturelle biblique, la Botanique, la zoologie ct la Géologie ;-6. L'Esprit de la législation mosaique ;
- 1. Des lntroductions spéciales aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament; - 8. Des Essais sur diverses
º des Ecritures; - 9. L'Interprétation et l'explication d'un grand nombre de passages obscurs ou mal
ºuits; - tº. Des Directions pour l'étude de la prophétie, etc. -
i
PAR |
TOME PREMIER.
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LIBRAIRIE PROTESTANTE,
RUE TRoNcHET, 2.
4849
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PRÉFACE.
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toujours sereine et pure, préside à la chute de tous ses ennemis, offre
à tous les malheureux d'ineffables consolations, et reste seule de
bout, seule forte, au milieu des débris nombreux qui jonchent la
terre autour d'elle.
Cette puissance, c'est la Parole de Dieu.
Sa force, c'est de ne renfermer aucun alliage humain. Elle est es
prit et vie. Insensible à toute action terrestre, elle grandit par ses re
vers comme par ses succès, à l'inverse de tous les pouvoirs matériels,
ecclésiastiques ou civils, qui, souillés de terre, tombent par leurs
succès non moins que par leurs revers.
Il semble que la société moderne commence à le comprendre; elle
se détache toujours plus, et surtout en religion, de ces autorités sans
force morale qui pendant longtemps ont voulu s'imposer à elle. As
sez longtemps on lui a dit : Occupez-vous du matériel, je m'occupe
rai du spirituel. Et maintenant ce matériel lui pèse ; elle s'en effraye ;
elle veut, elle aussi, s'occuper du spirituel ; elle le cherche, mais où
le trouvera-t-elle? Dans l'énervante et fade lecture des romans et des
livres d'imagination? elle l'a essayé, et n'en veut plus. Dans les
préoccupations politiques? elle l'a essayé, elle a espéré, elle n'a trou
vé que déceptions. Dans la religion? mais laquelle? A laquelle don
nera-t-on ce nom? Dieu a permis que celle que Voltaire appelait l'in
fâme, et que la main des hommes ne saurait détruire, se détruisît
elle-même, qu'elle tombât de son propre poids, qu'elle arrachât elle
même le bandeau à ses prétendus sectateurs, et qu'elle leur dît : Je
ne suis pas une puissance spirituelle, je ne suis qu'une puissance ma
térielle; je ne succomºerai point; j'ai 300,000 baïonnettes pour me
soutenir. Il a fallu (Dieu l'a permis) qu'elle se montrât non point
la colonne et l'appui de la vérité, mais la fille des armes et du men
songe. Depuis longtemps on le soupçonnait, on le sait aujourd'hui.
Qui recueillera son héritage? -
était pour elle un besoin intérieur, devient pour elle, bon gré mal
gré, un besoin extérieur. La force qui lui manque au-dedans, il faut
qu'elle la retrouve au dehors ; après comme avant, à la foi il faut
ajouter la science. C'est une nécessité pour l'individu comme pour
l'Église.
Il suffirait d'ailleurs pour s'en convaincre de consulter l'état de
nos paroisses, ou de lire quelques-uns de ces pâles sermons, maigres,
étiques, sans substance, dont on les repaît si habituellement en tant
de lieux. De la morale, de la dogmatique, délayée en trois points
filandreux, de bons vœux, sans doute, parfois des descriptions pa
thétiques, de touchants tableaux, mais le retour invincible aux lieux
communs, au cadre tout fait, au moule convenu, enfin l'horreur des
questions élevées et précises, scientifiques et complètes ; voilà ce qui
leur a valu depuis un certain nombre d'années cette réputation de
somnolence dont ils auront de la peine à se débarrasser. Et pour peu
que cela continue quelque temps encore, nous n'aurons bientôt plus
grand'chose à envier sous ce rapport aux prônes des curés de village ;
nous aurons même le pittoresque de moins. Les paroisses de leur côté,
ou plutôt les paroissiens, ne cessant d'entendre les mêmes choses
sous toutes les formes, et ne distinguant plus les sermons que par les
textes, ne tardent pas à s'imaginer qu'ils en savent aussi long que
leurs conducteurs, et partant ils cessent d'étudier l'Écriture; bientôt
ils cessent même de la lire ; ils ne fréquentent plus le culte, ou s'ils
le fréquentent encore, ce n'est que par accident. On a des anciens
qui ne connaissent plus, même les éléments de la vérité religieuse, et
des catéchumènes dont l'unique préoccupation, puisqu'ils en savent
autant que leurs pères, est d'avoir vite expédié la formalité de l'in
struction religieuse. Il en est sans doute autrement dans les grands
centres, où, sur le nombre, il s'est conservé un noyau vivant de ces
chrétiens de la vieille roche qui veulent encore que la Bible soi étu
diée comme elle doit l'être, sérieusement et à fond ; et ce qui prouve
le mieux en faveur de l'idée sur laquelle nous croyons devoir insis
ter, c'est ce double fait que, partout, ceux qui ont la foi cherchent à
la nourrir et à la fortifier par l'étude de l'Écriture, partout aussi, ceux
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saint Paul qui nous dit : « Il vaut mieux se marier que de sE brûler.»
Vous aurez surtout cette foule de petits docteurs qui ont le bonheur
de ne douter de rien, qui, non-seulement, ne diront pas avec So
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crate : Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien ; mais qui
ne diront pas même avec saint Paul : Je ne veux savoir autre chose
que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié. Docteurs irréfragables, mais
non pas angéliques, ils savent tout, affirment tout, et n'admettent
pas même qu'on puisse avoir un autre sentiment que le leur. Si vous
leur faites quelque objection, ils vous citeront, avec plus de mé
moire et de piété que d'intelligence et de sens, une foule de passages
qu'ils comprendront peu, mais dont ils refuseront de discuter la si
gnification réelle; genre de controverse facile, et dont on trouve des
exemples ailleurs que chez ceux qui sont simples de langage, de
fortune, de titres ou de position. Et si c'est à l'orthodoxie qu'on peut
surtout adresser ce reproche, c'est que, seule aussi, elle risque de
tomber dans cet excès : l'indifférence religieuse a tout l'aplomb de la
sagesse et les plus parfaits dehors de la langueur et du marasme. Les
uns ont un zèle sans connaissance, on le leur reproche souvent; les
autres n'ont ni zèle ni connaissance, et c'est ainsi qu'ils se maintien
nent en équilibre. Les premiers lisent la Bible, mais ils ne l'étudient
pas ; les autres ne lisent rien, ou bien ils lisent des romans ou des
journaux. Il serait instructif, sous ce rapport, de comparer le nombre
des protestants de langue française, avec l'écoulement moyen des pu
blications qui leur sont adressées, en ne prenant même que les pu
blications hors ligne par le talent, et qui s'adressent à toutes les in
telligences, à toutes les consciences, à toutes les convictions. Quoi
qu'il en soit, on lit peu ; on ne se nourrit pas, il semble que chacun
tienne à ne se plus nourrir que de sa propre substance, et l'on aura
beau dire, ce ne sera jamais une nourriture fort substantielle ; les
individus languissent, et l'Église ! l'Église elle-même, elle a fait ses
preuves, et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle languit aussi,
c'est qu'elle est affaiblie, c'est que ces temps généreux et forts des
Dubosc, des Jurieu, des Basnage, des Dumoulin, des Drelincourt,
des Duplessis-Mornay, sont passés et n'ont laissé aux siècles qui de
vaient suivre qu'un souvenir toujours vénéré, mais qu'on n'a ni le
courage, ni parfois même le désir d'imiter.
Nous possédons d'excellents ouvrages de controverse, de dogma
- XIV -
A
tique, d'histoire, d'excellents recueils de sermons; notre littérature
religieuse a des richesses de circonstance : elle possède aussi quelques
travaux d'un intérêt général, mais il y en a peu dans le nombre qui
aient directement pour objet l'étude et l'explication de l'Écriture
sainte.
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lre du ter que de loin (1) cette belle patrie où Dieu l'avait fait naître, et
re, je où ses compatriotes s'étaient habitués à voir en lui le chantre et
º ſerai l'historien naturel de leur nationalité.
4 fidèle et bon qui seul m'a soutenu et conduit. J'ai fait une fois de
# plus la douce expérience de sa fidélité; j'ai compris une fois de plus
# qu'il vaut mieux se reposer sur l'Éternel que sur les principaux
, d'entre les hommes. C'est pour Lui que j'ai travaillé; c'est entre ses
à mains aussi que je remets avec confiance l'avenir de ce travail, le
suppliant de le bénir pour l'Église comme il l'a béni pour moi
II]0II10,
| J.-Aug. BosT.
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ABRÉVIATIONS.
Dans les citations de passages, les chapitres sont distingués des versets par une
virgule, Les chiffres suivis d'un point désignent les versets, à moins que le sens
n'indique clairement le contraire. Plusieurs chapitres cités consécutivement sans
indication de versets, sont marqués de même par la virgule, et quelquefois séparés
par un point-virgule. — On a appliqué un système analogue aux citations d'auteurs
profanes, la virgule et le point servant à distinguer les livres ou les chants, de
leurs chapitres, vers Ou paragraphes, etc.
N. B. Plusieurs passages sont donnés d'après l'original grec ou hébreu, mais ordinairement le lecteur
en est averti. - Pour les Psaumes, on n'a pas compte daus le nombre des versets l'argument ou la
suscription, comme le font quelques versions.
DICTIONNAIRE
DE LA BIBLE
0U
CONCORDANCE RAISONNÉE
D ES
SAINTES ÉCRITURES
AAR
AARON, lévite, fils ou descendant de tes; Moïse monte sur une colline et prie:
Hamram et de Jokébed, frère aîné de la victoire est au peuple qu'il conduit,
Moïse et cadet de Marie, Exode 6, 20. aussi longtemps qu'il étend les mains
Nomb. 26, 59., naquit en Egypte l'an du vers le ciel. Mais Moïse est vieux, ses
monde 2430, une année avant la loicruelle mains sont devenues pesantes, et Aaron
qui ordonnait la destruction des enfants son frère , ainsi qu'un autre ami, le sou
mâles des Hébreux. Il épousa Elisébah, tiennent dans l'attitude de la prière, pen
qui lui enfanta quatre fils, Nadab, Abihu, dant que Josué combat dans la plaine,
Eléazar et Ithamar. On a fort peu de dé Exod. 17, 12. Après la promulgation de
tails sur ses premières années, et c'est à la loi, Aaron, suivi de ses deux fils aî
l'âge de 83 ans seulement que commence nés et de soixante-dix anciens d'Israël ,
pour nousson histoire. Doué d'une grande accompagne Moïse sur le Sinaï. Il s'ar
éloquence naturelle, il fut donné à Moïse rête en chemin avec ses amis; mais il
pour porter la parole soit devant Pha peut voir de près et sans en éprouver au
raon, soit devant le peuple d'Israël, Ex. 4, cun dommage , les signes glorieux par
14-16. Il annonce à ses malheureux com lesquels l'Eternel manifeste sa présence
patriotes les desseins de Dieu à leurégard; à Moïse 24, 1. 2. 9-11. Peu après,
il leur promet une prompte délivrance , Aaron est choisi pour exercer, lui et sa
et dénonce au roi d'Egypte les châti postérité , la sacrificature jusqu'à la ve
ments qui l'attendent s'il refuse de se nue du Messie promis, 29, 1 et suivants.
30umettre à la volonté de l'Eternel. Bien A peine est-il revêtu de cet honneur in
tôt les deux frères accomplissent leurs signe, qu'il fait la chute la plus grave.
menaces, et le peuple, délivré de la ser Sollicité par le peuple de lui faire des
vitude, traverse la mer Rouge et s'avance dieux pour le conduire à la place de ce
dans le désert. Là , deux mois après, les Moïse qui ne revient pas, il rassemble
Hébreux sont attaqués par les Hamaléci tous les bijoux d'or et d'argent qu'il peut
1
AAR AAR
trouver (peut-être pour détourner Israël guérison de cette dernière, Nomb. 12.
de l'idolatrie , en lui demandaut d'im Quelque temps après, Coré et ses com
menses sacrifices), et en fait un veau plices portant à leur tour envie au sou
d'or, à l'imitation du bœuf Apis, que les verain sacrificateur, voulurent s'ingérer
Egyptiens adoraient; il fait placer l'idole dans les fonctions du sacerdoce. Le Sei
sur un piédestal et proclame une fête à gneur ayant détruit miraculeusement ces
l'Eternel. Triste mélange de judaïsme et rebelles , le peuple s'éleva contre les
de paganisme, condescendance d'autant deux frères comme s'ils eussent été les
plus dangereuse qu'elle semblait vou meurtriers de Coré et des siens; mais le
loir conserver le vrai culte avec les céré châtiment ne se fit pas attendre, etl'Eter
monies païennes ! Moïse revient, qui cen nel envoya sur eux un fléau qui menaça
sure avec force son coupable frère. Aaron de détruire la congrégation toute entière.
cherche d'abord à s'excuser; mais bien Aaron, dont les prières avaient déjà ar
tôt il s'humilie , et Dieu lui pardonne. rêté le bras de Dieu lorsqu'il frappait les
Environ deux mois après, il est revêtu premiers coupables , sauva encore, au
des ornements sacerdotaux, ainsi que ses péril de sa vie , ses frères si ingrats et
quatre fils, et Moïse les consacre par des si injustes envers lui. Il court entre les
purifications, par l'onction sainte et par les vivants et les morts, l'encensoir à la
des sacrifices, Lév. 8. Aussitôt Aaron main; il fait propitiation pour leurs pé
Offre un holocauste pour la congrégation chés, et le fléau s'arrête. En récom
d'Israël, et pendant qu'il bénit l'assem pense de sa charité, et pour couper court
blée, le feu du ciel descend et consume le à toute contestation future sur les fonc
sacrifice(ch. 9). Après cela, au mépris de tions sacerdotales, Dieu confirme Aaron
l'ordonnance divine , les deux fils aînés dans son office, en faisant fleurir la bran
d'Aaron, Nadab et Abihu , voulant offrir che d'amandier qu'il avait déposée dans
le parfum, prennentailleurs que sur l'au le tabernacle, tandis que celles qu'y
tel d'airain le feu dont ils remplissent leurs avaient placées les onze autres tribus de
encensoirs et sont consumés par l'Eter meurèrent sèches et stériles, Nomb. 16
nel. Aaron supporte avec résignation ce et 17.
coup terrible, mais juste ; ni lui ni ses fils Il n'est plus reparlé d'Aaron jusqu'à la
ne prennent le deuil de ces rebelles : ce journée de Méribah, en laquelle lui et
pendant ils ne mangent point les restes et Moïse péchèrent par un manque de
de la victime qui avait été offerte en pro confiance en l'Eternel. Pour punir cette
pitiation pour les péchés du peuple , et offense et pour montrer que la sacrifica
Comme Moïse , irrité, leur reproche d'a- ture lévitique n'était pas capable d'intro
voir ainsi violé la loi de l'Eternel, Aaron duire les hommes dans l'héritage céleste,
justifie ses enfants, rappelle la brèche qui Dieu déclara qu'Aaron n'entrerait pas
a été faite dans sa famille, et demande si dans la terre promise. Aussi , bientôt ,
dans cette circonstance douloureuse ils pendant le campement de Motséra, Aaron,
auraient pu se réjouir par un festin(ch. sur l'ordre de Dieu, monta sur le mont
10). Une année s'était à peine écoulée, Hor, où Moïse le dépouilla de ses vête
que Aaron et Marie, jaloux de l'autorité ments sacerdotaux , dont il revêtit son
qu'exerçait Moïse, lui reprochèrent du fils Eléazar; puis il mourut âgé de cent
rement son mariage avec une Ethio vingt-trois ans. Son fils et son frère l'en
pienne. Aaron , dont la présence au ta sevelirent dans une grotte , et le peuple
bernacle était journellement nécessaire mena deuil pendant trente jours; Nomb.
(et qui peut-être était moins coupable), 10. Deut. 10,6. Sa postérité reçut le nom
ne reçut aucun châtiment de son insub de Aaronites, et devint si nombreuse
ordination ; mais Marie fut frappée de que treize villes lui furent données en
la lèpre. Le souverain sacrificateur re héritage dans les tribus de Juda et de
connut aussitôt la faute qu'il avait com Benjamin. 1 Chron. 12, 27. 6 , 54-60.
mise, il demanda son pardon et celui de Jos. 21 , 13-19.
sa sœur, implorant avec instance la Le nom d'Aaron accompagne presque
ABA 3 ABD
toujours les mentions qui sont faites de bord la partie mêridionale de cette chaîne
sa race dans l'Ecriture ; il se trouve en de montagnes , qu'ils laissèrent à gau
core cité Jos. 24, 5. 1 Sam. 12, 6. Ps. che, passèrent le Zéred et l'Arnon, qui
77, 21 ;99, 6; 105, 26; 118, 3 , 133, 2. partagent ces montagnes dans la direction
Mich. 6, 4. Act. 7, 40. Héb. 5, 4; 7, 11; de l'est à l'ouest, et vinrent camper dans
9. 4. la partie septentrionale de ces monts ,
'AB , un des mois de l'année juive ; il au pied du Nébo. Cf. Nomb. 21, 11-13 ;
ne se trouve pas dans la Bible. v. Mois. 33, 44-47. Deutér. 2, 18.24. Jug. 11 ,
ABADDON (destruction) , nom hé 18, et les art. Nébo, Pisga et Péhor.
breu de celui qui est aussi appelé APoL ABBA (syr., père). Plusieurs mots hé
LYoN (grec, destructeur). C'est l'ange de breux ont été conservés par les auteurs
l'abîme, le roi des sauterelles, Apoc. 9, du Nouveau Testament, quoiqu'ils écri
11. Il semblerait que son nom nous vissent en grec ; tels sont Abba, Ho
soit donné en hébreu et en grec pour in sanna, Jéhovah , Sabbat, Alléluia, etc. :
diquer qu'il étendra ses ravages sur les d'Où l'on peut conclure que ces mots ex
Juifs et sur les Gentils. primaient des idées difficiles à rendre dans
ABANA et PARPAR , deux rivières ou une autre langue. C'est ainsi que le mot
fleuves de Syrie, que Naaman le lépreux Abba ne répond pas simplement à l'idée
estimait plus propres à le guérir que de père , mais il renferme encore ce
toutes les eaux d'Israël, 2 Rois 5, 12. quelque chose de tendre et de familier
Abana est probablement le Barrady ou qui se trouve dans l'expression d'amour
Chrysorrhoas qui , venant du Liban , et de confiance d'un petit enfant envers
coule doucement vers le sud, et après un ses parents. Au plus fort de ses souffran
cours de quelques lieues , se divise en ces en Gethsémané , notre Sauveur s'a-
trois branches; la plus considérable, dresse au Père en l'appelant Abba, Père,
celle du milieu , traverse la ville de Da Marc 14, 36. Et saint Paul voulant faire
mas, les deux autres l'entourent et en comprendre aux Romains les glorieux
fertilisent les magnifiques jardins. Ces priviléges qui sont attachés à leur nou
trois rivières se réunissent de n0uveau velle qualité de membres de l'Eglise chré
vers le sud et vont, après un cours d'en tienne , leur dit qu'ils ont reçu l'esprit
viron 22 kilom. , se perdre dans les sa d'adoption par lequel ils crient « Abba,
bles du désert. Maundrel et Benjamin de Père, » c'est-à-dire qu'ils sont avec lui
Tudéla pensent que le bras du fleuve qui dans les relations les plus intimes ; Rom.
traverse la ville est l'Abana , et que les 8, 15. cf. Gal. 4, 6. — On a fait la re
deux bras qui parcourent les jardins por marque bien juste que dans toutes les
taient l'un et l'autre le nom de Parpar ; langues les premiers bégayements des en
cependant il est plus probable qu'il faut fants ont une étonnante ressemblance
entendre par ce dernier l'Orontes, la plus avec l'Abba des Hébreux.
considérable des rivières de Syrie, qui , ABDIAS (serviteur de l'Eternel)(av. C.
prenant sa source un peu au nord ou 904 ). 1o Intendant d'Achab roi d'Is
nord-est de Damas, coule à travers une raël, au temps d'Elie, Pendant que la
plaine délicieuse, passe à Antioche, et méchante Jézabel exterminait les pro
après un cours nord-ouest d'environ 300 phètes, cet homme pieux préserva de la
kilom., va se jeter dans la Méditerranée. mort cent d'entre eux , qu'il cacha dans
ABARIM (les passages), nom d'une deux cavernes et qu'il nourrit secrète
chaîne de montagnes rocailleuses qui s'é- ment aussi longtemps que dura la persé
tendent à l'est de la mer Morte, au sud cution. Plus tard, il entra comme servi
et au nord de l'Arnon, entre le grand teur dans la maison d'Achab, qui lui
désert et le plateau habité par les Moa accorda, sinon son affection , du moins
bites. Elles portent aujourd'hui les noms sa confiance. Pendant que la famine pré
de Orokarayeh, Tarfouyeh et Ghowey dite par Elie désolait le pays, Abdias fut
theh. Les Israélites , en venant du sud , envoyé par son maître pour chercher au
sous la conduite de Moïse, longèrent d'a- près des sources et des fontaines un peu
ABD 4 ABE
d'herbe pour les chevaux du roi. Dans ment en partie sous Nébucadnetsar qui ,
une de ses courses il rencontra Elie, qui cinq ans environ après la prise de Jéru
voulut l'envoyer auprès d'Achab pour salem , se leva contre les nations limi
lui annoncer son arrivée. Abdias crai trophes de la Judée ; en partie sous les
gnant que, pendant qu'il ferait son mes Maccabées.
sage, Elie ne fût transporté ailleurs, et ABED-NÉGO (a. C. 606) ou Habed
lui-même mis à mort pour avoir trompé Négo, nom chaldéen que l'officier du roi
ce roi cruel, hésita d'abord à se charger de Babylone donna à Hazaria, l'un des
d'une mission aussi dangereuse , mais le trois compagnons de Daniel, Dan. 1 , 7.
prophète l'ayant rassuré, Abdias se ren Ce nom signifie serviteur de Négo, le so
dit auprès d'Achab et lui raconta son leil , ou l'étoile du matin, ainsi nommée
entrevue. Cet homme fut sans doute un à cause de son éclat (hèbr. nagah, briller).
des 7,000 qui ne fléchirent point le ge Jeune encore il fut transporté à Baby
nou devant Bahal ; mais on n'a pas d'au lone avec Daniel, Hanania et Misaël , et
tres détails sur sa vie. Quelques-uns l'i- tous les quatre , à la cour du grand roi ,
dentifient avec celui des petits prophètes préférèrent l'abstinence et le jeûne aux
qui porte ce nom ; d'autres ajoutent repas somptueux qu'on leur destinait. Ils
qu'il était l'époux de la Sunamite chez la vécurent ainsi trois ans , et crûrent en
quelle logeait Elisée, et que c'est lui qui beauté extérieure et en sagesse ; leur
fut le troisième centenier envoyé par science fit leur renommée, et sur la re
Achazia pour se saisir d'Elie au mont commandation de Daniel, ses trois jeunes
Carmel ; mais ces traditions ne reposent compagnons furent établis gouverneurs
sur aucun fondement solide. de Babylone, Dan. 2, 49. De pareils suc
2o Abdias, le quatrième des petits pro cès firent des jaloux, et lorsque Nébucad
phètes, et l'auteur du livre le plus court netsar eut élevé dans la plaine de Dura
de l'Ancien Testament. Son nom revient la haute statue que tous les grands sei
fréquemment dans les Chroniques , mais gneurs devaient adorer , Dan. 3, on ac
avec des détails trop vagues pour que cusa Sadrac, Mésac, et Abed-Négo de
l'on puisse y reconnaître le prophète. ne s'être point prosternés. Sur leur re
On ne sait rien de sa famille ni de son fus réitéré de le faire, ils furent jetés
histoire; l'époque même à laquelle il vé dans une fournaise si ardente que leurs
cut est incertaine. On s'accorde généra bourreaux en furent consumés ; mais eux
lement à penser qu'il prophétisa entre la n'en reçurent aucun mal, selon qu'ils
prise de Jerusalem (587 a. C.) et la des l'avaient annoncé au roi idolàtre : « Voici,
truction des Iduméens par Nébucadnetsar notre Dieu peut nous délivrer, et il nous
(583). Il aurait donc été contemporain délivrera de ta main. » Nébucadnetsar,
de Jérémie , qui semble avoir répété et confondu en voyant les trois condamnés
reproduit une partie de ses prophéties ; se promener au milieu des flammes avec
cf. Jér. 49, 14-16.7-10 etAbd. 1-9.—Les un quatrième personnage semblable à un
seize premiers versets annoncent la des fils de Dieu , les appela hors de la four
truction des Edomites , à cause de leur naise : pas un de leurs cheveux n'était
orgueil , de la joie maligne qu'ils té brûlé , leurs vêtements n'étaient point
moignèrent lors de la chute de Jérusa changés , et l'odeur du feu n'avait pas
lem , et de leur lâcheté à augmenter les même passé sur eux. Une si éclatante dé
malheurs des vaincus en cherchant à en livrance augmenta le crédit dont ils jouis
faire leur profit. Depuis le verset 17, le saient , et confondit leurs ennemis.
prophète annonce le rétablissement d'Is Le mot de Nébucadnetsar : « La forme
raël et le relèvement de Jac0b. Luther du quatrième est semblable à un fils de
fait remarquer que ce livre est particu Dieu » , prouve que les nations païennes
lièrement consolant pour ceux qui ont, d'alors, surtout celles qui se trouvaient
comme les Israélites, à gémir de la haine en rapport avec les Juifs , n'ignoraient
ou des insultes de leurs proches. Les ora pas les promesses relatives au Messie.
cles d'Abdias s'accomplirent probable Quelle vive représentation n'avons-nous
ABE 5 ABE
pas d'ailleurs ici, de ce salut accompli par sainte tire souvent ses comparaisons des
le Fils de Dieu ! Il a pris la forme d'un abeilles pour désigner des armées enne
serviteur , il a marché dans la fournaise mies. Moïse, Deut. 1, 44., compare aux
ardente de la colère de Dieu , et il en abeilles les Amorrhéens, le plus acharné
délivre les membres de son Eglise, sans de tous les peuples cananéens contre les
que même une étincelle puisse les attein Israélites, qu'il attaquait avec fureur et
dre.— Le commencement du verset Héb. Sans relâche. v. aussi Ps. 118 , 12. L'a-
11 , 34. est très probablement une allu beille était au nombre des animaux dé
sion à la conservation miraculeuse de ces clarés impurs par la loi cérémonielle. Lév.
trois jeunes fidèles. 11, 20.23.
ABEILLES. Elles ont toujours été et ABEL, Gen. 4 , le second fils du pre
sont encore très nOmbreuses en Orient. mier couple humain , naquit probable
On en élève beaucoup dans des ruches ; ment la 2e ou 3e année du monde ; d'au
les forèts et les campagnes sont remplies tres disent la 15e et même la 30e année ;
d'abeilles sauvages. Le pays de Canaan on ne possède aucune donnée sur ces
était particulièrement riche sous ce rap dates. Certains commentateurs ont exa
port, de sorte que la dénomination de miné la question de savoir si Caïn et Abel
pays découlant de miel, serait presque étaient frères jumeaux (c'est entre autres
littéralement exacte; car les abeilles sau l'opinion de Calvin ) , ou si étant nés en
vages s'établissent dans les fentes des ro des années différentes , ils ont eu cha
chers, sur les buissons, sur les arbres, cun une sœur jumelle , questions qui
dans tous les trous ou ouvertures qui leur n'ont évidemment aucune importance. —
conviennent, pour y construire leurs Ses parents le nommèrent Abel (hébr.
rayons, et la grande chaleur de ces con habél), c'est-à-dire vanité, peut-être
trées fait fondre et répand tout à l'en pour marquer leur conviction que depuis
tour le miel renfermé dans leurs cellules. la chute toutes les jouissances terrestres
v. Miel. n'étaient que passagères. Entre « les di
Jug. 14, 8., nos traductions parlent verses manières dont Dieu a parlé à nos
d'abeilles établies dans la charogne d'un pères par les prophètes », Héb. 1, 1., les
lion : il faut lire « dans la carcasse » , noms prophétiques donnés à certains
car les abeilles fuient toute odeur forte, hommes par inspiration ne sont pas une
et notamment toute odeur de putréfac des moins remarquables. — Abel fut le
tion; mais elles se plaisent à bâtir leurs premier sur lequel s'exécuta cette sen
rayons dans les carcasses desséchées et tence de malédiction : « Tu es poudre,
décharnées des animaux , qui sont pour et tu retourneras en poudre » ; il est
elles des ruches commodes et toutes aussi le premier que l'on puisse citer à
faites. l'appui de la déclaration du Psalmiste :
Il suit de Es. 7 , 18. et suiv. qu'on « Certainement l'homme se promène par
avait alors déjà des abeilles en ruches ; mi ce qui n'a que l'apparence ; ce n'est
car ce passage contient une allusion à que pure vanité de tout homme, quoiqu'il
la coutume de faire sortir les abeilles soit debout » Ps. 39, 5. 6. — Abel était
pour les envoyer dans les champs, et berger et Caïn laboureur ; c'était l'ac
de les rappeler à l'approche d'un orage complissement de cette autre partie de
ou à la chute du jour , ce qu'on faisait la malédiction : « Tu mangeras ton pain
en sifflant. C'est ainsi que l'Eternel me à la sueur de ton visage. » Bien qu'hé
nace de réunir les ennemis de Juda de ritiers de l'empire du monde, ils devaient
tous les côtés , quelque éloignés qu'ils gagner leur subsistance par le travail. —
puissent être , et d'en composer une ar L'auteur inspiré décrit en peu de mots ,
mée formidable, acharnée, irrésistible. mais d'une manière bien propre à fixer
Les abeilles, en Orient,surtout lesabeilles l'attention, le culte qu'ils rendaient à
sauvages, sont beaucoup plus irascibles l'Eternel. « Or, il arriva qu'au bout de
que chez nous ; leur piqûre est plus brû quelque temps... Abel offrit des premiers
lante et plus dangereuse, et l'Ecriture nés de son troupeau et de leur graisse. .
ABE 6 ABE
3 ou 4 kil. du Jourdain, qui , plus tard, nija, 1 R. 1, 7., et trahit dans sa vieillesse
reçut le nom de Beth-Agla. son vieil ami, son vieux roi. David ne le
— Abel-Sittim ( plaine des acacias ), à punit point lui-même, mais Salomon, tout
14kil, est du Jourdain, vis-à-vis de Jérico, en lui faisant grâce de la vie, le priva deson
dans le pays de Moab et près du mont office et le relégua à Hanathoth, 2, 26.27.
Péhor. Cette ville s'appelle quelquefois C'est ainsi que la famille d'Héli se vit à
simplement Sittim, Nomb. 25, 1. Jos. 3, 1. jamais exclue du souverain sacerdoce ,
C'est là que les Hébreux campèrent peu comme Dieu le lui avait annoncé, 1 Sam.
avant la mort de Moïse : ils y tombèrent 2, 30.31.36. La sacrificature rentra dès
dans l'idolâtrie et dans la souillure par la lors dans la famille d'Eléazar, fils aîné
séduction des Moabites , et surtout par d'Aaron, dont elle était sortie pour pas
celle des femmes madianites. Punis par ser par Héli dans la branche d'Ithamar.
la mort de 24,000 d'entre eux en un seul Le nom d'Abimélec, 1 Chr. 18, 16., et
jour, leurs lamentations firent peut-être celui d'Ahimélec, 2 Sam. 8,17., désignent
donner à cet endroit le nom d'Abel, qui dans ces deux passages le fils d'Abiathar,
signifierait alors deuil de Sittim, Nomb. et non son père. Cela peut s'expliquer ou
33, 48.49. par une transposition du copiste, ou par
ABI (mon père). 1° Fille de Zacharie, le fait assez probable que le père et le fils
épouse d'Achaz, et mère d'Ezéchias, 2 R. auraient eu l'un et l'autre le double nom
18, 2; elle s'appelle Abija 2 Chron. 29, 1. d'Abiathar et d'Ahimélec. (Dans le pas
2° Surnom de Hiram, q, v. sage des Chroniques, il est possible en
ABIA, v. Abija. core qu'il faille lire Ahimélec au lieu de
ABIASAPH ( un père consumant), fils Abimélec.)Le nom d'Abiathar, Marc 2,26.
oupetit-fils de Coré, Exod. 6, 24.1 Chr. 6, cf. 1 Sam. 21, 1., désignerait alors son
23. père ; mais il pourrait cependant aussi se
ABIATHAR(père excellent), le dixième rapporter au fils, car il est certain qu'il
des souverains sacrificateurs depuis Aa vivait alors, et Son nOm Se trouverait là
ron, et le quatrième depuis Héli. Quand comme indication de l'époque ( au temps
Saül,àNob, fit mourir Ahimélec son père et d'Abiathar), parce qu'il était plus connu
lesautres sacrificateurs, Abiatharéchappa que son père.
seul et s'enfuit au désert auprès de Da ABIB (ou Nisan, Néh. 2, 1. Est. 3, 7),
vid, 1 Sam. 22. Il emporta l'Ephod avec premiermois de l'année religieuse, et7e de
lui dans sa fuite, et put servir de sacrifi l'année civile des Juifs ; il était de trente
cateur à l'armée de David; nous le voyons jours et correspondaità notre mois demars
en effet consulter l'Eternel à Kéhila et à (fin de mars et commencement d'avril).
Tsiklag, 1 Sam. 23, 9. 30, 7. Pendant ce Ce mot signifie « fruit mûr oumùrissant » ;
temps Saül, en haine d'Ahimélec qu'il nos versions le traduisent par « au mois
croyait avoir trahi ses intérêts, avait con que les épis mûrissent, » Exod. 13, 4.23,
féré le sacerdoce à Tsadoc, de la branche 15. Deut. 16, 1. C'est dans ce mois que
d'Eléazar; lorsque David monta sur le les Juifs commençaient leurs moissons :
trône il ne renversa point Tsadoc, mais le 10e jour on mettait à part l'agneau de
il lui adjoignit Abiathar qu'il voulait ré Pâque, le 14e on le mangeait; pendant les J.
pour la mort de Nadab et d'Abihu, le 10 ABIHU (mon père lui-même) fils d'Aa
pour la mort de Marie, sœur de Moïse, ron le souverain sacrificateur, et d'Elisé
et le 27 pour la mort de Josué. — v. An bah, Ex. 6, 23., fut consumé avec son frère
née, Mois, etc. Nadab par le feu de l'Eternel (la foudre
ABIDAN, chef de la tribu de Benjamin ou une flamme sortie de l'autel P), parce
dans le désert, Nomb. 1, 11.— v. Tribu. qu'ils avaient offert l'encens avec du feu
ABIEL (mon père est Dieu), 1 Sam. 9, pris ailleurs que sur l'autel des holocaus
1. appelé aussi Jéhiel 1 Chr. 9, 35.36. tes (1490 av. C.); v. l'art. Autel. Cet évé
père de Kis et de Ner, grand-père de nement terrible et souvent rappelé, Lév.
Saül. 10, 1. 16, 1. Nomb. 3, 4. 26, 61. 4 Chr.
ABIGAIL (joie de mon père), femme de 24, 2., eut lieu peu de jours après la dé
bon sens et helle de visage, 1 Samuel dicace du tabernacle et la consécration
25, 3., ayant appris la manière dont le d'Aaron et de ses fils, peu de jours après
riche Nabal, son époux, avait traité les qu'ils eurent été admis à l'insigne faveur
serviteurs de David en fuite qui, à l'épo de voir le Dieu d'Israël, Ex. 24, 9.10.
que de la tonte des brebis, étaient venus De la défense qui est faite immédiate
lui demander quelques provisions pour ment après aux sacrificateurs de boire du
leur maître, se hâta de réparer le mal que vin, l'on peut supposer que les deux frè
Nabal avait fait. Elle se rappelait que Da res étaient dans un état d'ivresse lors
vid avait protégé dans le désert de Paran qu'ils se présentèrent devant l'Eternel
et sur le Carmel de Juda les troupeaux de pour officier. Quelques commentateurs
son mari; elle savait d'ailleurs que David prétendent qu'il n'y avait au fond rien de
était assez fort pour châtier l'insolence très criminel dans la conduite des deux
de Nabal : sans consulter personne elle fils d'Aaron, mais qu'ils furent punis
fait une ample provision de vivres, qu'elle avec cette sévérité pour apprendre aux
met sur des ânes, et descend, accompa ministres du Seigneur l'exactitude et la
gnée de quelques serviteurs, à la ren fidélité qu'ils doivent mettre dans l'exer
contre de David qui s'approchait. Ses cice de leurs fonctions. On peut y voir
présents et ses paroles pleines de sagesse cependant une instruction plus grande
lui gagnèrent l'estime de David, qui con encore : c'est un exemple éclatant de la
sentit à pardonner à Nabal. Heureuse de colère divine contre ceux qui prétendent
ce qu'elle avait fait, Abigaïl retourna sur servir Dieu autrement qu'il ne l'a com
la montagne auprès de son mari, et lui mandé, et qui vont allumer leur encens
raconta le lendemain le danger dont elle ailleurs que sur l'autel sur lequel s'est
l'avait préservé. Peu de jours après Nabal offerte la victime qui sauve les pécheurs
étant mort, elle épousa David, le suivit et sanctifie leur culte.
à Gath, 27, 3., fut prise à Tsiklag, resta ABIJA (l'Eternel est mon père). 1o Se
prisonnière jusqu'après la victoire de cond fils de Samuel et frère de Joël ou
David sur les Hamalécites, 30, 5. 18. et le Vasni, 1 Sam. 8, 2. 1 Chr. 6.28. Samuel
suivit à Hébron, 2 Sam. 2, 2. Elle n'eut leur ayant confié l'administration de la
de David qu'un seul fils, nommé Kiléab, justice et le gouvernement du peuple, ils
2 Sam. 2, 3. et Daniel 1 Chr. 3, 1. s'acquittèrent si mal de leurs fonctions,
ABIHAIL(la force de mon père). 1o Fils se détournant après le gain déshonnête
de Huri et père de Micaël, Messulam et et recevant des présents, que les Israé
quelques autres, 1 Chr. 5, 14. 2° Père delites y trouvèrent un prétexte pour de
Zariel de la famille de Mérari, Nomb. 3, mander un roi (1095 av. C.).
35. 3° Père d'Ester et Oncle de Mardo 2° Abija ou Abia, 1 Chr. 24, 10. Luc
chée, Est. 2, 15. 9, 29. 4° Fille d'Eliab, 1, 5., descendant d'Ithamar, se trouva
frère de David, et femme de Roboam roi le chef du huitième Ordre de Sacrifica
de Juda, 2 Chr. 11, 18. teurs, lorsque David en fit la distribution
ABIHALBON (père d'intelligence ), en vingt-quatre classes (1016 av. C.).
natif d'Arbath, un des vaillants guerriers 3° Abija, fils de Jéroboam le premier
de David, 2 Sam. 23, 31. roi des dix tribus, étant tombé dange
AB1 9 ABl
sous la garde de son fils Eléazar (1116 cessa jamais de lui être fidèle. Etant en
av. C.) 1 Sam. 7, 1.2° Fils aîné d'Isaï et tré avec David dans la tente de Saül , il
frère de David, 1 Sam. 16, 8.3° Fils de sollicita la permission de tuer le tyran ;
Saül tué en Guilboah, 4 Sam. 31, 2. mais David n'y voulut point consentir,
1 Chr. 8, 33. 10, 2. 4° Inconnu, dont le 1 Sam. 26, 7.11. Il fit la guerre contre
fils, un des douze commissaires d'Israël, Is-Boseth, et poursuivit vigoureusement
épousa Taphath, fille de Salomon, 1 R. l'ennemi dans sa fuite, 2 Sam. 2, 18-24.
4, 11. Dans la guerre contre les Iduméens il
ABlRAM (mon père est haut élevé). tailla en pièces 18,000 hommes, 1 Chr.
1° Dathan et Abiram, fils d'Eliab, con 18, 12. Dans la campagne contre les Sy
spirèrent avec Coré contre Moïse et Aa riens et les Hammonites, ce fut lui qui
ron : Coré, par jalousie de famille peut engagea le combat avec ces derniers et
être; Dathan et Abiram, comme chefs de qui les mit en déroute, 2 Sam. 10, 10-14.,
la tribu de Ruben, qui aurait voulu voir et dans la guerre des Philistins, il tua de
tout le gouvernement d'Israël entre les sa propre main Jisbi-Bénob, géant fameux
mains du premier-né de Jacob. Moïse qui était près de faire tomber David sous
ayant engagé le peuple à se retirer dans ses coups, 21, 16. 17. Une autre fois il
leurs tentes, car un cas tout nouveau de attaqua seul un corps de 300 hommes et
vait atteindre les rebelles, Abiram et Da les détruisit tous jusqu'au dernier, 23,
than restèrent debout avec les leurs , 18. 19, 1 Chr. 11, 20.21. Irrité des in
dehors, pour braver l'Eternel; mais la solences de Simhi, il l'aurait frappé de
terres'entr'ouvrit sous eux et les englou son épée si David ne s'y fût opposé,
tit, eux, leurs familles, leurs adhérents 2 Sam. 16, 9-11. Enfin il commanda le
et leurs biens, Nomb. 16, etc. Cet évé tiers des troupes qui défirent Absalon,
nement est rappelé Ps. 106, 17. v. Coré. 18, 2. et fut mis à la tête des soldats de
2o L'aîné des fils de Hiel, de Béthel. la maison du roi, qui poursuivirent Sé
Il perdit la vie lorsque son père voulut bah, fils de Bicri, 20, 6. 7. On ignore
rebâtir les murs de Jérico, 1 Rois 16, 34. l'époque et le genre de sa mort. Sa bra
Sa mort fut l'accomplissement d'une pro voure et sa force le placèrent dans l'ar
phétie de Josué 6, 26. mée de David immédiatement après les
ABISAG (I'erreur de mon père), jeune trois plus grands guerriers de ce prince.
femme de Sunam , dans la tribu d'Issa Le premier ordre ou la première liste
char, remarquable par sa grande beauté, était composée de Jasobham, Eléazar et
et que les serviteurs de David donnèrent Samma; Abisaï forma avec Bénajaet Hazaël
à leur maître pour femme, lorsque, l'âge la seconde; on sait que la troisième se
ayant diminué la chaleur vitale, le vieux composait de trente hommes, du moins
roi ne put plus trouver dans l'abondance d'après les indications de 2 Sam. 23, 23.,
des vêtements la chaleur dont il avait be car dans 1 Chr. 11, le nombre de ces
soin. Abisag s'attacha tendrement à lui guerriers est plus considérable , diffé
et lui donna tous les soins qu'une fille rence qui tient soit à ce que la première
donnerait à son père. Après la mort de de ces listes fut formée au commence
David, Adonija la demanda en mariage, ment du règne de David, et la seconde à
moins par amour sans doute que par am la fin, soit peut-être à ce que la première
bition ; mais Salomon ayant démêlé les fut plus tard complétée ensuite de diver
motifs qui le faisaient agir , et pensant ses réclamations. Ces catégories de guer
avec raison qu'Adonija voulait se frayer riers étaient apparemment des espèces
le chemin du trône en épousant la veuve d'ordres honorifiques semblables à ceux
du défunt roi, le fit mettre à mort. (1013 de la chevalerie.
av. C.) 1 Rois 1, 3, et suiv. ABISUAH, v. Prêtres.
ABISAI(récompense de mon père), fils ABIUD, Matth. 1, 13. Un des ancêtres
de Tséruia, sœur de David, 1 Chr. 2, 16., de Jésus-Christ selon la chair, et fils de
Zorobabel, q. v.; on a cru le reconnaître
vaillantguerrierquifut des premiersà em dans
brasser le parti de son oncle et qui ne le Hodaïvahu de 1 Chr. 3, 24 , d'au
ABN 12 ABR
tres n'y ont vu qu'un surnom signifiant tin auquel David l'avait invité, que Joab,
père de Jude. informé de ce qui se passait, tâche de per
ABLUTIONS, v. Baptême. suader au roi son oncle qu'Abner est
ABNER (lampe de mon père), fils de venu dans de perfides intentions. Puis,
Ner, cousin de Saül, 1 Sam. 14, 50, et sans s'ouvrir davantage sur ses desseins,
général de ses troupes. Comme il était il envoie à Abner un messager qui le ra
habituellement à l'armée et qu'il y occu mène à Hébron ; là, il le tire à l'écart et
pait une place importante, il n'est pas lui donne la mort, poussé à ce crime par
étonnant qu'il ne connût pas David lors le souvenir du meurtre de son frère Ha
que celui-ci vint à Soco et combattit zaël, mais sans doute aussi par la crainte
Goliath, 1 Sam. 17, 55-58; mais il est plus de voir Abner prendre rang sur lui dans
difficile de concevoir qu'il gardât assez les armées et dans la faveur du roi. David
mal son maître pour que David et Abisaï détesta cette coupable action de son ne
aient pu pénétrer dans le camp sans être vefl, qui avait répandu durant la paix le
aperçus, 26, 5-14. Après la mort de sang qu'on répand en temps de guerre,
Saül, Is-Boseth son fils lui succéda et fut 1 R. 2, 5; il rendit de grands honneurs à
couronné par Abner, qui pendant sept ans la dépouille mortelle du général, il com
soutint les prétentions de la famille dé posa un hymne sur sa mort, et près de
chue ; mais dans presque toutes les ba sa fin rappela à Salomon ce crime qui ne
tailles il dut se retirer avec perte. Les devait pas rester impuni. 1 R. 2, 5. 32
troupes de David et celles d'Is-Boseth 34. v. encore 2 Sam. 2 et 3.
s'étant rencontrées près de Gabaon, (Le capitaine Abner, qui joue un si
Abner eut la barbarie de proposer, soit beau rôle dans l'Athalie de Racine, est un
comme simple prélude, soit pour gagner personnage purement fictif qui n'a pas
du temps, un combat singulier entre de correspondant dans l'histoire sainte.)
douze hommes de chaque parti. Les vingt ABRAM ou ABRAHAM, Gen. 11, 26
quatre combattants se furent bientôt égor 25, 10., fils de Taré, naquit à Ur, ville des
gés les uns les autres, une affreuse mê Chaldéens, l'an du monde 2008, av. C.
lée s'ensuivit, et les troupes d'Abner 1996. Il passa les premières années de
furent mises en pleine déroute. Vivement sa vie dans la maison de son père, qui
poursuivi par Hazaël , Abner frappa ce était idolâtre; peut-être adora-t-il lui
guerrier et l'étendit sur le carreau après même les idoles pendant quelque temps,
l'avoir d'abord vainement sollicité de mais Dieu lui ouvrit les yeux , et l'on
s'éloigner ; mais Joab et Abisaï, frères prétend qu'Abraham fut, à cause de sa
d'IIazaël, n'en furent que plus acharnés à conversion, exposé à toutes sortes de
poursuivre l'armée ennemie; enfin, au persécutions de la part de ses compa
coucher du soleil, Abner demanda que le triotes. Il paraît assez probable que Taré
combat fût suspendu, et profita des té fut aussi convaincu de la vanité des faux
nèbres pour se retirer avec les siens. dieux, puisqu'il partit d'Ur avec son fils
Cependant Abner avait noué une intri et qu'il l'accompagna dans le lieu que
gue avec Ritspa, concubine de Saül; Is l'Eternel leur avait désigné. Ils se ren
Boseth, soit qu'il y vît une tache pour sa dirent d'abord à Caran en Mésopotamie,
famille, soit qu'il crût y voir plutôt les où Abraham eut la douleur de perdre
prétentions de son général au trône, lui son père : de là, il vint en Palestine avec
en fit des reproches. Abner, piqué au vif, Saraï sa femme , Lot son neveu, leurs
répondit avec aigreur, rappela à Is-Boseth serviteurs et leurs troupeaux, et ils se
les services qu'il lui avait rendus, et jura fixèrent momentanément dans cette con
de livrer tout le royaume entre les mains trée habitée par les Cananéens, mais dont
de son adversaire. Aussitôt il entre en Dieu promit à Abraham que sa postérité
effet en correspondance avec David, lui la posséderait. Toutefois, Abraham n'y
fait rendre sa femme Mical que Saül avait possédajamais lui-même un pouce de ter
donnée à un autre, et se rend auprès de rain (sauf la caverne qu'il acheta pour y
lui à Hébron. A peine est-il sorti du fes ensevelir son épouse), mais il y demeura
ABR 13 ABR
toujours comme étranger. Peu de temps uns pensent que ce fut plutôt à Dieu qu'il
après son établissement dans ce pays, il offrit ce pain et ce vin en sacrifice d'ac
survint une grande famine qui le contrai tions de grâce ; Abraham lui donna la
gnit de descendre en Egypte, et, dans la dîme du butin, Héb. 7, 4. A cette occa
crainte que les Egyptiens frappés de la sion, l'Eternel renouvela les promesses
beauté de sa femme ne voulussent la lui qu'il avait faites à son serviteur, lui réité
ravir et ne lui ôtassent la vie à lui-même, rant l'assurance qu'il posséderait le pays
peut-être aussi pour se soustraire à l'op de Canaan; un fils lui fut promis, et Dieu,
probre que lui aurait causé la stérilité de le conduisant hors de sa tente, lui an
Saraï, il la fit passer pour sa sœur. Pharaon nOnça que sa postérité serait aussi nom
la fit en conséquence enlever et voulut la breuse que ces étoiles qui brillaient au fir
mettre au nombre de ses femmes; mais mament. Abraham offre alors un sacrifice
averti par une vision et par les châtiments d'après l'ordre que Dieu lui en donne,
divins, il se hâta de la rendre à son mari une génisse de trois ans, une chèvre de
avec de grands présents. La famine ayant trois ans, un bélier de trois ans, une
cessé, Abraham retourna en Canaan avec tourterelle et un pigeon ; puis, quand le
Lot qui l'avait toujours accompagné jus Soir est venu, il voit en vision le feu du
qu'alors , et dressa ses tentes entre Bé ciel passer entre les victimes, et Dieu lui
thel et Haï, où précédemmentil avait élevé dévoile l'avenir, lui annonce la captivité
un autel. De fréquentes contestations en d'Egypte, sa fin glorieuse, et les biens
tre les bergers de l'oncle et du neveu au qui seraient le partage de sa descendance.
sujet des citernes et des pâturages dont Cependant ces promesses ne se réali
ils voulaient jouir exclusivement les uns et saient pas ; le patriarche avançait en âge,
les autres, leur montrèrent que « la terre et tout semblait annoncer qu'Elihézer
ne les pouvait porter pour demeurer en son intendant serait aussi l'héritier de
semble. » Abraham laissa généreusement à ses richesses. Saraï, pensant que peut
Lot la liberté de choisir le premier l'en être ce n'était pas à elle qu'était destiné
droit où il se fixerait; et Lot ayant choisi l'honneur de donner un fils à Abraham,
l'Orient et le Midi , toute la plaine du engagea son mari à prendre pour femme
Jourdain, Abraham se rendit dans les Agar sa servante égyptienne, espérant
plaines de l'Amorrhéen Mamré près d'Hé que Dieu accomplirait ses promesses
bron (1920,av. C.)Quelquesannées après, dans les enfants qu'il aurait d'elle ; Saraï
Lot ayant été fait prisonnier par Kédor de son côté les aurait adoptés et pris
Lahomer et ses alliés, Abraham avec 318 pour siens, suivant la coutume de ces
de ses serviteurs et quelques Cananéens temps. Mais quand Agar se vit sur le
de son voisinage, part, poursuit les vain point de devenir mère , elle méprisa sa
queurs, les joint à Dan, près des sources maîtresse et voulut s élever au - dessus
du Jourdain, délivre son neveu, lui fait d'elle. Abraham maintint Sara dans ses
rendre tout ce qui lui avait été enlevé et droits; Agar maltraitée dut s'enfuir, mais
reprend le chemin du retour. Les rois de l'ange de l'Eternel lui apparut au désert
la plaine voulaient abandonner à Abraham et lui Ordonna de retourner chez Abraham
tout le butin qu'il avait fait, et ils le sup et de se soumettre à sa maîtresse; elle
plièrent de leur rendre au moins les pri obéit et donna le jour à Ismaël. ( 1910
sonniers, mais Abraham leur rendit le tout av. C.)
ne voulant rien garder pour lui-même et Treize ans après, le Seigneur renouvela
réservant seulement une faible part pour son alliance avec le patriarche, et changea
les Cananéens qui l'avaient secondé dans son nom d'Abram (père illustre) en celui
son expédition. Comme il passait devant d'Abraham (père d'une multitude), et ce
Salem (plus tard Jérusalem), Melchisédec, lui de Sara'i (ma princesse) en celui de
roi de cette ville et sacrificateur du Dieu Sara (princesse). Comme signe et pour
fort souverain , vint à sa rencontre , le confirmation de l'alliance, il lui ordonna
bénit, et lui offrit du pain et du vin pour de se circoncire lui et tous les mâles de
le restaurer lui et ses gens. Quelques sa famille et de sa maison, et il lui pro
ABR 14 ABR
mit positivement qu'avant le terme d'une seconde fois, fit passer Sara pour sa sœur
année, il lui naîtrait un fils de Sara. (v. Abimélec); mais sa ruse, de nouveau
Mais les énormités qui se commettaient découverte, eut pour Abimélec les mêmes
dans la contrée où Lot s'était retiré, à suites qu'elle avait eues pour Pharaon,
Sodome, à Gomorrhe, et dans les villes et attira au patriarche des reproches plus
voisines, avaient décidé l'Eternel à les vifs encore. C'était la dernière fois que
détruire toutes avec le sol même sur le ce subterfuge était possible, car bien- .
quel elles reposaient. Un jour qu'Abraham tôt après, la même année, Sara donna à
était assis à la porte de sa tente, il vit Abraham un fils qui rendit leur union ma
s'approcher trois personnages, Gen. 18. nifeste et plus intime. L'enfant fut nommé
Sans les attendre, il court à eux, les invite Isaac, et lorsqu'on le sevra, Abraham
à entrer pour se rafraîchir, leur lave les fit un grand festin : ce fut alors, à ce
pieds, et prépare avec Sara de quoi leur qu'il paraît, que Sara vit Ismaël tourmen
servir à manger. Quand ils eurent achevé ter son petit frère, et qu'elle supplia son
leur repas, ils se firent connaître pour ce mari de chasser le fils de l'Egyptienne,
qu'ils étaient, et répétèrent au patriarche afin qu'il ne partageât pas l'héritage avec
la promesse que l'Eternel lui avait faite Isaac. Abraham, connaissant les pro
peu de jours auparavant. Mais Sara messes relatives à Ismaël, refusa d'abord
n'ayant pu retenir un sourire d'incrédu de complaire à sa femme; mais, sur un
lité, l'Eternel dit à Abraham : « Pour avertissement de l'Eternel qui lui con
quoi Sara a-t-elle ri? Y a-t-il quelque firmait ce qu'il lui avait annoncé au sujet
chose qui soit difficile à l'Eternel ? » Puis de cet enfant, il n'hésita plus à le ren
les messagers célestes reprirent leur voyer, ainsi que sa mère.
voyage, marchant vers Sodome, et Abra Vers le même temps à peu près, Abi
ham les accompagnait. C'est ici que se mélec se rendit en visite auprès du pa
place une des scènes les plus touchantes triarche et fit alliance avec lui. Il s'agis
dont il soit fait mention dans l'Ecriture, sait d'un puits que les serviteurs du
une scène qu'on ne peut lire sans la plus prince avaient enlevé par violence aux
vive émotion, l'intercession d'Abraham bergers du patriarche. Abraham le ra
auprès de l'Eternel en faveur des villes cheta en offrant volontairement sept jeu
de la plaine. Pendant que les deux anges nes brebis en échange; ils appelèrent ce
marchaient en avant, l'Eternel communi lieu Béer-Sébah (puits du serment), parce
quait à Abraham ce qu'il allait faire à l'é- que leur traité fut ratifié par un serment
gard de ces villes, et Abraham ne cessa de solennel. Abraham y planta un bois de
plaider pour leur conservation que lors chêne et y demeura quelque temps.
que les réponses pleines de grâce et de Vingt années environ se passèrent sans
miséricorde du Seigneur l'eurent per qu'il arrivât rien de remarquable dans la
suadé que ces malheureuses cités étaient vie ou dans la famille du patriarche ; le .
tombées en effet dans la plus affreuse dé fils sur lequel reposaient tant d'espé
gradation. Les dix justes ne se trouvaient rances et de promesses précieuses gran
pas dans toute cette contrée. Au jour sui dissait et semblait réaliser déjà tout ce
vant, Abraham, se levant de bon matin, que ses parents en attendaient , lorsqu'il
vint à l'endroit Où la veille encore il s'était faillit être enlevé à leur tendresse par
tenu devant l'Eternel; une fumée comme l'ordre de ce même Dieu qui l'avait ac
celle d'une fournaise s'élevait à la place cordé à leurs prières et à leur foi. Abra
qu'avaient occupée les villes maudites. hamdut offrir son Isaac en holocausteàl'E-
Quelque temps après, Abraham quitta ternel, épreuve terrible, mais nécessaire,
les plaines de Mamré et, se dirigeayt vers et qui devait faire d'Abraham le père des
le sud, alla demeurer à Guérar où régnait croyants : il prit donc son fils et deux de
Abimélec. Eprouvant en ce lieu les mêmes ses serviteurs, et se mit en chemin pour se
craintes qu'il avait déjà eues en Egypte, rendre à la montagne que Dieu devait lui
il employa le même moyen pour échap indiquer. Deuxjours devoyagefurent pour
per au danger qu'il redoutait et, pour la Abraham un exercice de foi dans lequel
ABR 15 ABR
qu'ils avaient eues à Caran. » Ce ne fut mais quelque devoir difflcile, ne rem
donc pas dans un intérêt terrestre, et porte jamais quelque victoire sur le pé
comme ferait un aventurier qui cherche ché, sans que Dieu ne lui donne un sen
fortune, qu'il quitta sa famille et sa pa timent plus vif de sa miséricorde; c'est
renté pour se rendre en d'autres lieux. à-dire que la grâce qui sauve sanctifie
3°La première épreuve de lafoid'Abra l'âme qu'elle veut sauver, et console celle
ham fut dans la famine qui le contraignit à qu'elle sanctifie.— Après qu'Abraham eut
quitter momentanément cette terre de montré sa foi par ses œuvres dans sa
Canaan que l'Eternel avait promise à sa conduite avec Lot, l'Eternel lui renouvela
postérité. L'épreuve fut plus forte qu'on ses promesses, les lui rendit plus claires
ne le suppose au premier moment, et il et même les agrandit, car il ne lui avait
est impossible de ne pas voir que la foi pas encore annoncé que sa postérité se
du patriarche en souffrit d'abord quel rait innombrable, Gen. 13, 14 - 17. La
que peu; car, se méfiant de l'Eternel pen même chose lui arriva plus tard en de
dant qu'il est en Egypte, il s'abandonne semblables occasions, particulièrement
à des craintes excessives qui le font tom après la défaite des rois de la plaine, 15,
ber dans le péché. Son mensonge n'est 1. et après le sacrifice d'Isaac 22, 16.
sans doute pas des plus grossiers et des 7° Nous avons une preuve de la gran
plus révoltants; néanmoins, en donnant deur et de la puissance d'Abraham dans
à entendre autre chose que la stricte vé l'histoire de la délivrance de Lot. Il fallait
rité, il induisait son prochain en erreur qu'il eût de grands biens, celui qui pou
et pouvait devenir l'occasion d'un grand vait armer 318 esclaves nés dans sa mai
crime ; en sorte que les reproches de son, car cela suppose naturellement qu'il
Pharaon, parfaitement fondés, durent hu en avait d'autres qui n'étaient pas nés
milier le patriarche plus que ne le réjoui chez lui, en qui il avait peut-être moins
rent les grands présents qui lui furent de confiance, et qu'il laissa pour la garde
offerts. de ses troupeaux. Si l'on y ajoute encore
4° On apprécierait bien mal la valeur les femmes et les petits enfants, on com
morale des actions humaines, si l'On en prendra que les Héthiens aient pu lui
jugeait toujours parleurs résultats les plus dire : « Tu es un prince excellent parmi
prochains.Abraham semble récompensé nous, » 23, 6. Ainsi s'accomplissait déjà'
de son mensonge par les grands biens une partie des promesses qui lui avaient
qu'il emporta d'Egypte, mais cet ac été faites. Ce qui n'est pas moins à re
croissement de fortune fut la cause d'un marquer, c'est le désintéressement et l'es
de ses plus grands chagrins domestiques : prit de justice qui le portèrent à refuser
il dut se séparer de Lot, son neveu, qu'il la propriété du butin, tout en réservant
aimait tendrement et qui était pour lui la part des Cananéens qui lui avaient
comme son fils adoptif. donné du secours, 14, 21.24.
5° Si la foi des enfants de Dieu a ses 8° Quant à l'union d'Abraham etd'Agar,
éclipses, comme le soleil les siennes, elle on s'exposerait à porter un faux jugement
ne reparaît ensuite que plus brillante. Il si l'on voulait juger cette action d'après
n'est personne qui n'ait remarqué la dé nos mœurs et en se mettant uniquement au
bonnaireté, la douceur et la confiance en point de vue de l'Evangile. D'abord.il est
Dieu qu'Abraham manifesta dans sa con évident que le patriarche ne contracta
duite avec Lot lorsqu'ils durent se sépa pas ce mariage, ou plutôt cette union
rer, Gen. 13. C'est ainsi que le père des passagère, pour satisfaire les inclinations
croyants fut relevé de sa chute par la de la chair; de plus, il le fit non pas mal
grâce du Seigneur. pº gré Saraï, ni avec le simple consentement
6o Le salut du fidèle est fondé sur les de son épouse légitime , mais sur sa de
promesses et sur la véracité de l'Eternel : mande expresse ; enfin, la polygamie était
« Ce n'est point par les œuvres, afin que déjà généralement adoptée par les mœurs
nul ne se glorifie. » Cependant le fidèle dégénérées de l'Orient. On peut ajouter
ne fait jamais une œuvre, n'accomplit ja que l'Eternel n'avait pas encore dit à
ABR 17 ABR
Abraham que c'était de Sara que naîtrait raélites, qui demeurent une grande na
la postêrité promise : il pouvait donc s'a- tion au milieu des peuples de la terre.
bandonner à la pensée qu'une autre fem Enfin, lorsque le temps marqué fut ac
me devait accomplir pour lui la parole compli, la famille d'Abraham prit posses
de l'Eternel. Tout cela peut expliquer sa sion de ce pays de Canaan promis depuis
conduite, et diminuer ce qu'elle eut de plusieurs siècles. Voilà pour le temporel.
blâmable sans toutefois la justifier pleine —Quant au spirituel, un Rédempteur est
ment. Cependant, quand on réfléchit venu, qui selon la chair, est fils d'Abra
' qu'Abraham est le premier des descen ham sa vraie postérité, et par qui le salut .
•
· dants de Sem qui se soit écarté de l'insti a été acquis aux pécheurs de toute langue,
tution primitive du mariage, que cet écart de toute tribu, peuple et nation. Abraham
fut le résultat d'une faiblesse dans sa foi, lui-même, et tous les fidèles qui l'avaient
l'on ne peut s'empêcher d'y voir une précédé, ainsi que ceux qui l'ont suivi,
chute. Comme Adam, Abraham eut tort ont été bénis en ce Rédempteur promis
d'obéir à la parole de sa femme, Gen. 3, dès les premiers jours du monde aux
17; il eut tort de penser un seul instant deux premiers pécheurs. Cette grande
qu'il dût amener la réalisation des pro bénédiction spirituelle, qui était la partie
messes divines par une voie de péché; essentielle de l'alliance faite avec Abra
et certes, cette fois comme toujours, la ham, donne à toutes les parties de cette al
peine du péché fut à la porte. Dès ce mo liance une signification spirituelle. Abra
ment Abraham eut de grands chagrins do ham est grand par sa foi et parce qu'il est
mestiques, la division se mit dans sa fa le père des croyants ; de lui sortent spiri
mille, et plus tard il dut renvoyer de chez tuellement tous les vrais fidèles qui sont
lui cet Ismaël qu'il aimait tendrement, et sa postérité, et une postérité aussi nom
cette Agar qui, selon toute apparence, breuse que les étoiles du firmament : en
était redevenue simplement son esclave, fin il possède avec eux, pour l'éternité, la
puisqu'il n'en eut pas d'autres enfants, Canaan céleste, dont la terrestre n'était
Gen. 25, 1. 2., mais qui n'en était pas que le type.
moins la mère de son premier-né. v. 10° Il importe de remarquer ici, quoi
Gaussen ( Abraham épousant Agar ); que ce ne soit pas le lieu d'entrer dans
Grandpierre, sur le Pentateuque. des détails sur ce point, que l'ange qui
9° L'alliance de l'Eternel avec Abraham apparut au patriarche sous les chênes de
était à la fois temporelle et spirituelle ; Mamré, qui lui annonça la naissance d'un
elle reposait d'ailleurs tout entière sur fils et la destruction de Sodome, Gen. 18,
des promesses. Abraham sera grand, il qui lui retint plus tard le bras lorsqu'il
aura une nombreuse postérité, plusieurs allait sacrifier son unique, 22, 15. etc.,
nations sortiront de lui, et le pays de Ca etc. , est constamment appelé du nom de
naan sera son héritage. D'autre part il l'Eternel, et qu'il ne cesse de parler lui
lui est annoncé que toutes les familles même comme le Dieu tout - puissant.
de la terre seront bénies en sa postérité. v. l'art. Ange. -
46. 29, 18. 2 Chr.20, 7. 30, 6, Néh. 9, 7. 2Sam. 14, se présenta devant David pour
Ps. 47, 9. 105, 6.9.42. Esaïe 29, 22. 51, solliciter sa protection ; elle se disait
2. 63, 16. Jér. 33, 26. Ezéch. 33, 24. veuve et n'avait que deux fils , l'un des
Mich. 7, 20. quels avait tué l'autre dans une querelle,
Nouv. Test. Matth. 3, 9. 8, 11. Luc 1, et sa famille voulait venger le mort par
55. 3, 8. 13, 16.28. 16, 22. 19, 9. Jean la mort du meurtrier , de telle sorte
8, 33. etc. Act. 3, 13. 7, 2. 13, 26. Rom. qu'elle serait privée des deux à la fois, et
4, 1. 9, 7. 11 , 1. 2 Cor. 11 , 22. Gal. 3, elle suppliait le roi d'intercéder en fa
6. etc. 4, 22. Hébr. 2, 16. 7, 1 etc. 11 , veur du coupable. David comprit ce qu'on
8. 17-19. voulait , et devina même l'auteur de la
Le sein d'Abraham, Luc 16, 22, dé ruse : il consentit à ce qu'Absalon fût
signe le ciel ou le lieu du repos. Les rappelé de son exil ; mais il refusa de le
Juifs avaient trois manières d'exprimer le voir , et deux nouvelles années se pas
bonheur des justes à leur mort : ils al sèrent. Cependant Absalon, fatigué de
laient au jardin d'Eden , sous le trône de cette longue disgrâce, cherchait à en
gloire, ou dans le sein d'Abraham. Ce sortir , et comme il ne pouvait pas mê
patriarche étant le père des croyants , me obtenir une entrevue avec Joab, il le
leur semblait devoir être naturellement contraignit à venir , en faisant mettre le
chargé de les recueillir dans la félicité feu à un champ d'orge que Joab possé
céleste. Cette même expression se re dait près d'une propriété appartenant à
trouve dans ce que dit notre Seigneur, Absalon. Ils entrèrent en pourparlers ;
que les fidèles seront à table avec Abra Joab intervint auprès du roi , et Absalon
ham, Isaac et Jacob ; car on sait que les ayant reçu de David l'assurance d'un en
anciens se plaçaient à table de telle ma tier pardon, profita de sa libertê et de
nière que chacun se trouvait comme cou l'influence qui lui était rendue, pour con
ché sur le sein de son plus prOche voisin. spirer presqu'aussitôt contre son père. Il
ABSALON ( père de paix) , troisième trompa le peuple par sa popularité , se
fils du roi David , eut pour mère Mahaca, concilia sa faveur par des intrigues et des
fille de Talmaï, roi de Guésur. Ce qui le promesses, employa toutes sortes d'arti
distinguait entre les fils de David, c'était sa fices pour parvenir à ses fins, se pro
grande beauté et surtout sa longue cheve cura des chevaux et des chariots, et s'en
lure; illa coupait chaque année, ou plutôt, toura d'une garde permanente de 50
comme on peut aussi traduire, à de certai archers. Enfin, la quatrième année de
nes époques, et elle pesait jusqu'à 200 si puis son retour de Syrie, il se rendit à
cles, c'est-à-dire environ deux kilog. et de Hébron , sous prétexte d'y accomplir un
mi. Il eut trois fils, qui moururent en bas vœu : deux cents personnes de distinc
âge, et une fille remarquablement belle, tion l'y attendaient , mais sans suspecter
nommée Tamar, 2 Sam. 14, 27., du nom ses desseins. Aussitôt il s'ouvre à ceux
d'une des sœurs d'Absalon , qui fut vic qui étaient là , et fait proclamer dans
time de l'amour incestueux d'Amnon, un toutes les villes d'Israël qu'il a fixé le
autre fils de David. Absalon , résolu de siége de son empire à Hébron, là même
venger l'insulte faite à sa sœur , attendit où David, son père, avait été sacré roi
l'occasion de le faire. Au bout de deux quarante ans auparavant, 2Sam. 2, 1-11.
ans, lors de la tonte des moutons, il fit Achithophel est des premiers à joindre
un festin auquel il convia son frère, et l'usurpateur; la masse du peuple suit cet
lorsque celui-ci fut ivre, il le fit égorger exemple, et David s'enfuit de Jérusalem
par ses serviteurs, et s'enfuit à Guésur, avec une poignée d'amis sûrs et fidèles.
auprès de son grand-père. ll y était de Absalon s'y rend aussitôt , et le vengeur
puis deux ans, lorsque Joab, voyant que d'un inceste devient lui - même inces
David ne serait pas éloigné de pardon tueux, d'après l'avis de son principal
ner à son fils, imagina, pour le faire conseiller, en se faisant livrer les femmes
rappeler, une ruse qui lui réussit com de son père, pour rendre toute réconci
me il l'espérait. Une femme de Tékoah, liation impossible. Achithophel voulait
ABS 19 ACA
encore qu'Absalon lui remît le soin de signer ce qui est généralement désagréa
poursuivre immédiatement David , avec ble, nuisible et pernicieux : et le para
12,000 hommes de troupes choisies; mais phraste caldéen appelle cette plante « ab
cet avis ne fut pas écouté, grâces à Cusaï, sinthe de mort. » Les versions Orientales
qui, feignant d'entrer dans la révolte, afin et les rabbins traduisent l'hébreu Lahenah
de mieux servir son maître légitime , et par absinthe , tandis que les versions
flattant l'amour-propre d'Absalon , lui grecques d'Alexandrie lui substituent le
conseilla d'attendre , de réunir d'abord nom des choses représentées.Ainsi, Deut.
tout le peuple en une formidable armée, 29, 18., elles traduisentabsinthe paramer
et de marcher ensuite lui-même à la tête tume : Jérém. 9,15., par nécessité;23, 15.,
de ses troupes. Une victoire brillante lui par douleur. Les idolâtres sont représen
était assurée. Pendant qu'Absalon ras tés, Deut. 29 , 18., sous l'image même
semblait ainsi le peuple, il donnait à d'une racine qui produit de l'absinthe,
David le temps de réunir ses vieux sol cf. Héb. 12, 15.La Bible lui compare aussi
dats, et ce furent eux qui le délivrèrent les attraits d'une femme de mauvaise vie,
de ses ennemis dans la bataille qu'ils li Prov. 5, 4 : les juges iniques, Amos 5,
vrèrent au milieu des forêts d'Ephraïm. 7. 6, 12. Jér. 9, 15.23 , 15 : les souf
Vingt mille hommes restèrent parmi les frances et les tribulations, Lam. 3, 15.19.
morts , et Absalon lui-même , en traver Quelques savants pensent, mais sans rai
sant l'épaisseur de la forêt, demeura sus son , que la plante mentionnée dans la
pendu aux branches d'un arbre, entre Bible n'est pas l'absinthe ordinaire, mais
lesquelles sa tête ou sa chevelure s'em l'absinthium santonicum , ou chiha des
barrassa.Son cousin Joab l'ayant appris, Arabes, qui croît librement et sans cul
il courut en hâte, et, de sa propre main, ture dans les plaines de la Palestine.
lui arracha la vie, malgré la défense ex ACACIA. v. Sittim (bois de).
presse du roi, qui voulait qu'on l'épargnât. ACCAD , ville bâtie par Nimrod au
(1021 av. C.) Ce fut donc un neveu de pays de Sinhar, Gen. 10, 10. Il faut la
David qui le priva d'un fils, bien coupable chercher en Babylonie ou en Assyrie. Les
sans doute et peu digne d'intérêt, mais Septante lisent Arcad, ce qui a fait pen
auquel son père n'avait pas retiré son ser à Bochart qu'elle était située aux envi
affection. Absalon, pour éterniser sa mé rons du fleuve Argade, dans la Sittacène.
moire, s'était fait ériger un monument , ACC0UPLEMENTS HÉTÉRoGÈNES. Il
près duquel il désirait peut-être qu'on était défendu aux Hébreux d'allier, dans
I'ensevelit. L'historien Josèphe dit que le cours de leur vie et dans les affaires les
c'étâit une colonne de marbre, et qu'elle plus ordinaires, les choses qui ne devaient
était à 300 pas de Jérusalem , dans la pas naturellement aller ensemble , Lév.
vallée de Josaphat. Mais son corps fut 19 , 19. Deut. 22, 9 et suiv. Ils ne pou
jeté dans une fosse immédiatement après vaient pas, en particulier : 1° porter des
le combat, et recouvert d'un monceau de habits faits d'étoffes différentes, de laine
pierres. Quand David apprit la mort de et de lin ensemble (demi-laine) ; 2° se
son malheureux fils, il versa sur lui d'a- mer dans un même champ deux sortes de
bondantes larmes, dont l'amertume était graines différentes ; 3° atteler à la char
bien justifiée par une si triste vie suivie rue deux animaux différents , un âne et
d'une si triste fin , 2 Sam. 18, 33. - Le un bœuf; 4°accoupler pour la propagation
nom d'Absalon ne se trouve, en dehors des bêtes d'espèces différentes qui au
des livres historiques, que dans l'épigra raient produit des animaux neutres et
phe du Ps. 3. -
bâtards , des mulets.
ABSINTHE. Cette plante, bien connue L'Ecriture n'explique nulle part la
chez nous, contient un jus amer. Les cause de cette défense, et les Juifs eux
Hébreux, qui regardaient les plantesamè mêmes ne paraissent pas l'avoir comprise
res comme nuisibles, et comme vénéneu d'une manière plus claire. Mais l'idée qui
ses ( v. Apoc. 8, 10, et 11 ), se servent se présente le plus naturellement à l'es
souvent du nom de cette plante pour dé prit, et qui est le plus conforme à l'en
ACC 20 ACH
revint à Samarie et me fit que pécher da devant lui ; et il lui dressa un autel, et fit
vantage au lieu de chercher à apaiser l'E- un bocage, » 1 Rois 16, 30-33. Son his
ternel. Sa femme fit lapider Naboth dont toire est la plus triste peut-être de toutes
la vigne plaisait à Achab; mais pendant celles des rois d'Israël et de Juda, et l'E-
que le malheureux roi parcourait sa nou criture Sainte s'en sert comme d'un terme
velle possession, Elie se présenta devant de comparaison pour juger l'impiété de
lui, et l'âme coupable et bourrelée s'écria ses successeurs. v. 2 Rois 8 , 18. 9, 7.
Comme le démoniaque du Nouveau Tes 10, 1, 21, 3. 2 Chr. 21, 6. 22, 3. Mich.
lament : « Pourquoi viens-tu me tour 6, 16.
menter ? Me chercheras-tu toujours ? 2o Achab, fils de Kolaja, et Sédécias,
Suis-je ton ennemi ? » Tu l'es, lui répon faux prophètes qui séduisaient le peuple
dit le prophète, et en même temps il lui juif captif à Babylone, et qui joignaient à
annonça les maux qui devaient l'accabler des paroles de mensonge des mœurs im
lui-même et fondre sur sa coupable fa pures, Jér. 29, 21. 22. Leur mort passera
mille. Epouvanté de tant de malheurs, en proverbe et deviendra un formulaire
Achab déchira ses vêtements dans cette de malédiction, dit Jérémie, et l'on dira :
vigne même dont un crime l'avait rendu « Que l'Eternel te mette en tel état qu'il
l'infortuné propriétaire, il se couvrit d'un a mis Achab et Sédécias, lesquels le roi
Sac et Se trainait en marchant. L'Eternel de Babylone a grillés au feu. » On ne
eut égard à cette humiliation, sincère sait rien de plus sur leur compte ; quel
peut-être, mais passagère, et renvoya ques-uns ont voulu les confondre avec
d'une génération l'accomplissement de les deux anciens de l'histoire de Suzanne;
ses menaces. « Tant il est vrai, ajoute mais, même en admettant cette histoire
Saurin, ce que nous disons, que Dieu comme vraie, l'identité serait plus que
aime tant la repentance qu'il en couronne douteuse, car il est dit que les deux vieil
quelquefois les dehors, et qu'il en récom lards furent lapidés et non point brûlés.
pense quelquefois jusqu'aux apparences. » ACIIAlE. Act. 18, 1-12. 2 Cor. 1, 1.
(Serm. sur les dévot. passag.) Trois an Originairement ce nom ne désignait que
nées après, 2 Chron. 18 , Achab s'unit à la côte septentrionale du Péloponèse,
Josaphat, roi de Juda, pour reprendre la mais du temps des apôtres il comprenait
ville de Ramoth de Galaad, et fit mettre toute la province romaine, c'est-à-dire
en prison le prophète Michée, qui lui pré l'ancienne Hellas (Livadie) et le Pélopo
disait sa mort et la défaite de son armée. nèse (Morée). Elle fut successivement ré
Cette mesure séculière n'empêcha pas gie par des proconsuls et des procura
l'accomplissement de la parole divine : teurs. Elle avait pour capitale Corinthe,
Achab fut blessé malgré son déguise la seule ville un peu considérable de son
ment et mourut malgré son armure ; une territoire; Gallion y résidait lorsque
flèche tirée presque au hasard le frappa Paul y prêcha l'Evangile et qu'il y fonda
•au défaut de la cuirasse, il tomba au fond plusieurs congrégations chrétiennes.
deson chariot et mourut vers le soir, bai ACHAIQUE, disciple de saint Paul,
gné dans son sang, après un triste règne dont le nom semble indiquer la patrie.
de 22 ans (897 av. C.). On lava son char On ne sait rien de particulier sur sa vie,
et ses armes dans le vivier de Samarie, et et son nom ne se trouve que 1 Cor. 16,17.,
les chiens léchèrent son sang, ainsi que où nous voyons saint Paul le recomman
l'Eternel l'avait annoncé. L'auteur sacré mander avec force aux Corinthiens. En
nous trace en deux mots le caractère de voyé de Corinthe vers l'apôtre, avec Sté
ce méchant prince. « Achab fit ce qui dé phanas et Fortunat, ce fut peut-être en
plaît à l'Eternel, plus que tous ceux qui core lui qui fut chargé de remettre aux
avaient été avant lui. Et il arriva que, fidèles de sa patrie la 1re épître qui leur
comme si ce lui eût été peu de chose de est adressée.
marcher dans les péchés de Jéroboam, ACHAZ, 2 Rois 15, 38. 16, 20. 23, 12.
fils de Hébat, il prit pour femme Izebel ; 2 Chron. 28 ; fils de Jotham, roi de Juda,
puis il alla et servit Bahal et se prOsterna épousa, fort jeune encore, Abija dont il
ACH 22 ACH
eut Ezéchias. Il monta sur le trône à l'âge tiles : d'autres prophètes, plus nombreux
de 20 ans, 742 av. C., et régna 16 ans. Il et plus agréables, flattaient les goûts du
s'adonna tout entier à l'idolâtrie, fit pas roi et de la multitude, et Achaz, se plai
ser ses enfants par le feu en l'honneur de sant en leurs voix séductrices, mourut
Moloch, et sacrifia aux idoles dans le au milieu de ses iniquités, 726 av. C. On
temple même de Jérusalem. Bientôt il vit l'ensevelit à Jérusalem , mais on ne lui
réunis contre lui Retsin, roi de Syrie, et donna pas de place dans le sépulcre à
Pékach, roi d'Israël, avec une armée for côté des rois ses ancêtres. —Son nom ne
midable ; vaincu dans une sanglante ba se retrouve plus que pour servir de date
taille, il s'enferma dans sa capitale où ses aux oracles des prophètes, Es. 1, 1. Os.
ennemis l'assiégèrent, pendant que d'un 1, 1, etc.—Cadran d'Achaz, v. Cadran.
autre côté les Iduméens et les Philistins ACHAZIA. 1° Fils d'Achab, d'abord
ravageaient ses états, s'emparaient de ses son associé pendant un an, puis son suc
forteresses et dépouillaient tous ceux cesseur au trône d'Israël, 1 Rois 22, 40. 2
qu'ils rencontraient. Achaz fit alors al Rois 1, 2 Chr. 20, 35-37., marcha dans
liance avec le roi d'Assyrie Tiglath-Pilé l'idolâtrie comme son père et comme sa
ser, dont le secours ne lui fut pas fort mère Jésabel, fut malheureux dans une
avantageux. Dans ces tristes circonstan alliance qu'il contracta avec Josaphat
ces, Dieu restait encore à la postérité de pour l'équipement de vaisseaux de com
David; il envoya vers le malheureux mo merce, et laissa les Moabites se soustraire
narque le prophète Esaïe, pour lui annon à son pouvoir. Il tomba de son palais de
cer une prochaine délivrance, Es. 7 et 8. Samarie « par le treillis de sa chambre
Esaïe offrit même au prince, en garantie haute, » qui donnait à la fois sur la cour
de cette promesse, de lui donner tel signe intérieure du palais par une trappe, et sur
qu'il voudrait; mais Achaz, sous prétexte la rue ou sur les parvis extérieurs par la
de ne pas tenter Dieu, Deut. 6, 16, re balustrade dont le toit était environné,
fusa; sa véritable crainte était justement v. Maison; comme il était fort malade de
de recevoir ce signe, qui l'aurait alors sa chute, il envoya consulter Bahal-Zébub,
obligé de suivre la voie indiquée par le dieu de Hébron; ses serviteurs ne purent
prophète, et d'abandonner l'alliance assy remplir leur message et revinrent an
noncer à leur maître qu'un prophète les
rienne. Toutefois ce signe lui fut donné :
une vierge enfanterait un fils, et avant ayant rencontrés leur avait annoncé la
que l'enfant pût prononcer les noms de mort prochaine et sûre d'Achazia. Le roi,
père et de mère, Achaz serait délivré. sur la description qui lui en fut faite, re
Cette prophétie eut son accomplissement: connut le prophète Elie, et, pensant tuer
le roi d'Assyrie, pour des raisons peut la prophétie en tuant le prophète, il en
être personnelles, fondit sur les ennemis voya l'une après l'autre deux compagnies
de Juda, prit Damas dont il transporta les de cinquante hommes au Carmel pour le
habitants, et fit mourir Retsin. Achaz alla saisir. Une troisième troupe fut encore
rendre visite au vainqueur et lui fit hom envoyée, dont le chef(v. Abdias), au lieu
mage des trésors du temple et du palais de prendre le ton impérieux qui avait at
de Jérusalem. Frappé de la beauté d'un tiré le feu du ciel sur les deux premiers ,
autel d'idoles qu'il vit à Damas, il en en s'agenouilla devant le prophète et le sup
voya le modèle au grand prêtre Urie, et plia de le suivre auprès du roi. Elie des
lui enjoignit d'en faire construire un cendit, alla vers le roi et lui répéta ce
semblable pour le mettre à la place de qu'il avait déjà dit à ses serviteurs : « Tu
celui de Salomon dans le temple de l'E- ne descendras pas du lit sur lequel tu es
ternel, auquel il fit encore plusieurs au monté, mais certainement tu mourras. »
tres changements également coupables et Il mourut en effet, suivant la parole du
impies. Pendant ce temps, Esaïe et le Seigneur, et sans postérité, un an après
prophète Michée, 3, 3-12., ne cessaient la mort de son père, 896 av. C. ; Joram,
de prononcer contre Jérusalem de redou son frère, lui succéda.
tables menaces, Elles demeuraient inu 2° Achazia, 2 Rois 8, 25. 9, 29, ou
ACH 23 ACS
Jehoachaz, 2 Chr. 21, 17. 22, 1 , appelé thophel, prévoyant que David serait vain
aussi Hazaria 22, 6 (à moins que ce ne queur, et sachant bien qu'il ne pouvait en
soit une faute de copiste), fils de Joram espérer aucun pardon, fit seller son àne,
et d'Hatalie, monta sur le trône à l'âge revint à Guilo, mit en ordre ses affaires
de 22 ans, 885 av. C., et ne régna qu'un et s'étrangla, 1021 av. C.
an. Il combattit avec Joram contre les ACHMETHA, v. Ecbatane.
Syriens, et lorsque celui-ci , blessé, eut ACIER, v. Fer.
dû s'enfuir à Jizréhel, Achazia vint lui ACSAPH (un prisonnier), ville cana
faire visite. Cependant Jéhu, simple ca néenne dont le roi fut vaincu par Josué,
pitaine, que son maître avait laissé au Jos. 11, 1. 12, 20., et qui fit plus tard
siège de Ramoth de Galaad, ayant été partie de la tribu d'Aser, 19, 25. Elle
oint roi par Elisée, se souleva, tua Joram était près du mont Thabor. M. Bucking
et poursuivit Achazia qui, bien que blessé ham, qui a visité ces lieux en 1816 , dit
mortellement à la montée de Gur, put que c'est actuellement une petite ville
encore s'enfuir dans la contrée de Sama nommé Idippa ou Ecdippa, près de la
rie, à Méguiddo, où Jéhu l'ayant décou Méditerranée, entre Tyr et Ptolémaïs.
vert le fit mettre à mort. Ses serviteurs Au temps de saint Jérôme, environ quatre
l'emmenèrent à Jérusalem, et il fut ense siècles après Christ, c'était, à ce qu'il
veli avec ses pères, 2 Rois 8, 25. 9, 29. paraît, un petit village nommé Chassalus.
ACHIM, fils de Sadoc, père d'Eliud, de ACTES (actions ou faits ) DES APO
la tribu de Juda, nommé dans la généalo TRES. Ce livre est le 5e et dernier des
gieduSauveur, Matth. 1,14, mais du reste," livres historiques du N. T. Il fait suite
inconnu. aux Evangiles et sert d'introduction pré
ACHlTHOPHEL (frère de ruine ou de paratoire aux apôtres. ll contient l'his
folie), 2 Sam. 15, 16 et 17, natif de Gui toire inspirée de ce que les apôtres ont
lo, père d'Eliham, 2Sam. 23,34, et grand fait et souffert depuis l'ascension du Sei
père de Bathsébah, cf. 14, 3, courtisan gneur; il est plein de récits d'un haut in
fort habile dont les avis étaient reçus térêt et fournit une foule de preuves écla
comme des conseils de Dieu, 16, 23, fut tantes du pouvoir et de la grâce de Dieu.
des premiers à embrasser le parti d'Ab Pierre, Jean, Paul et Barnabas en sont
salon révolté contre son père, et l'on sup les principaux personnages. Après avoir
pose que ce fut pour venger l'affront fait raconté l'ascension de Jésus-Christ, les
par ce prince à la personne de sa petite Actes parlent du choix qui fut fait de Mat
fille. Du moins on ne voit pas quel inté thias en remplacement de Judas, puis de
rêt aurait pu porter ce vieillard à trahir l'effusion du Saint-Esprit à la Pentecôte,
son premier maître; et toute sa conduite, de la prédication miraculeuse des apôtres,
ses paroles, ses conseils, ses actions res de leurs succès, des persécutions qu'ils eu
pirent la haine personnelle la plus vio rent à éprouver. On voit ensuite l'élection
lente contre David. Il veut une rupture des diacres, le martyre d'Etienne, la dis
complète et conseille à son nouveau roi persion des fidèles en Samarie, la honteuse
d'abuser en public des femmes de son conduite de Simon le magicien, le baptême
père, afin que tout le peuple, en voyant de l'eunuque d'Ethiopie. Les chap. 9-15
ce crime, comprenne qu'Absalon ne re nous montrent Pierre ressuscitant Dorcas,
culera pas devant tous les autres; puis baptisant Corneille, annonçant l'Evangile
il demande qu'on lui donne 12,000 hom aux païens et s'en justifiant auprès des
mes, avec lesquels il partira la nuit même Juifs convertis. Partout on recueilſe des
et poursuivra le roi sans lui donner de aumônes pour les fidèles de Jérusalem
repos; il se jettera sur lui et ne frappera qui souffrent de la famine; Jacques est dé
que lui. Ce féroce conseil était bon et capité ; Pierre emprisonné est délivré par
digne d'un homme d'Etat consommé, mais un ange, Hérode est rongé des vers. L'as
Dieu le dissipa. Cusaï, ami secret de Da semblée de Jérusalem condamne ceux qui
vid, conseilla des lenteurs qui furent ap veulent faire de l'observance des cérémO
prouvées et qui perdirent Absalon. Achi nies lévitiques une condition de salut ,
ACT 24 ADA
mais elle ordonne de s'abstenir des choses sieurs systèmes peu sûrs celui qui pré
consacrées aux idoles, de la fornication, sente le plus de garanties , nous ren
des viandes étouffées et du sang. — Le voyons nos lecteurs français aux Deux
reste du livre (et déjà les chap. 11 et 13, dissertations de M. Bost sur le droit des
et une portion du 9°), raconte la conver Papes, suivies d'une table chronologi
sion , les travaux et les souffrances de que des Actes des apôtres, — et à l'His
Paul, et fait l'histoire abrégée de la toire de l'établissement du Christianisme,
fondation et du gouvernement de l'Eglise par le même, 1er vol., p. 5-53; v. encore
chrétienne pendantenvirontrente années. l'ouvrage de Néander, traduit par M. Fon
L'évangéliste Luc est l'écrivain dont tanès (Etabl. et direction de l'Egl. chr.
Dieu s'est servi pour nous transmettre par les ap.); quelques pages de Sardi
ces faits, et le livre des Actes est la suite noux (sur les Galates), et de Rilliet (Phi
immédiate de l'Evangile du même disciple. lippiens); Concordance de Mackenzie ,
L'usage fréquent de la première personne Introd., etc.
du pluriel montre que l'auteur a été sou ACZIB (menteur), 1° ville de la tribu
vent le témoin des choses qu'il racOnte. d'Aser, Jos. 19,25.29., peut-être la même
On croit que son principal dessein, en que Acsaph.
entreprenant ce travail, a été d'opposer 2o Autre ville du même nom dans la
une véritable histoire des apôtres aux tribu de Juda, Jos. 15, 44. Michée, jouant
faux actes et aux contes absurdes que sur la signification du nom de cette ville,
l'on commençaità répandre en grand nom dit (1, 14.) : « Les maisons d'Aczib men
bre. Le premier et le dernier verset "tiront aux rois d'Israël, » c'est-à-dire que
de ce livre déterminent tout ce que l'on les gens d'Aczib et leurs forces ne leur
peut savoir quant à l'époque à laquelle seront d'aucun secours pendant l'inva
il fut composé : ce fut après l'Evangile, sion des Assyriens.
et après le séjour de deux ans que saint ADAM. Dieu dit au cOmmencement :
Paul fit à Rome. Saint Luc l'écrivit en « Faisons l'homme à notre image, » et
grec et dans un style plus élégant que l'homme fut tiré de la poudre ; Dieu les
celui des autres écrivains sacrés du N. T. créa mâle et femelle , Gen. 4 , 26. 27.
— L'authenticité de ce livre n'a jamais Le mot Adam signifie terre ; c'est un
été contestée ; quelques hérétiques seuls, nom qui aurait pu , dans sa généralité ,
dont les doctrines s'y trouvaient trop for s'appliquer à tous les individus de la
tement condamnées, les marcionites et les race humaine , mais qui est demeuré le
manichéens, l'ont rejeté. Les ébionites le nom propre de notre premier père. —
traduisirent en hébreu et le défigurèrent Quand l'organisation matérielle de ce
grossièrement. D'autres essayèrent, mais vaste univers fut achvée, le Créateur
en vain, de faire admettre par l'Eglise plu compléta son œuvre en créant l'homme à
sieurs imitations de ce livre, sous les ti son image et selon sa ressemblance.
tres mensongers d'Actes des apôtres par Dieu fit l'homme droit, non pas impec
Abdias , Actes de Pierre, de Paul, de cable, non pas doué de la toute puis
sainte Thècle (qui nous raconte le bap sance, ni de la toute-science, mais pur
tême d'un lion ), de Jean, d'André, de de cœur et sain d'entendement C0mme
Thomas, de Philippe, de Matthias, etc. de corps. En connaissance, en justice et
v. Paul et Luc. en vraie sainteté, il réfléchissait l'image
La plus grande difficulté du livre des sans tache de son puissant Créateur, et
Actes est certainement la partie chrono il était pourvu de ce qu'il lui fallait pour
logique : on a déjà fait beaucoup de tra exercer l'empire sur les œuvres de la créa
vaux à cet égard sans arriver à des résul tion. Celles-ci étaientalors « très bOnnes »
tats bien satisfaisants et bien concluants ; à tous égards. Ce vaste ensemble n'était
mais, comme en pareille matière il vaut qu'harmonie et bénédiction ; le gouver
mieux avoir une idée fixe et arrêtée, fût neur suprême en remit la domination à
elle même fausse , que de n'en avoir Adam, et fit passer devant lui toutes les
point, et puisqu'il faut choisir entre plu créatures afin qu'il les nommât et qu'il
ADA 25 ADA
décidàt ainsi de leur rang et de leur qua traire lui arrivera : la mort naturelle ,
lité, car c'est ce qu'emportait chez les la mort spirituelle , la mort éternelle se
Hébreux le droit de donner le nom à ront son partage, à moins que la miséri
quelqu'un ou à quelque chose. Mais tout corde divine n'intervienne ; mais Dieu
ce monde et ces milliers d'êtres ne pré ne lui fait encore aucune promesse à cet
sentaient pas à l'homme le secours et la égard , parce qu'il ne veut pas préjuger
communion de sympathie dont il avait be sa chute.
soin; Adam était seul ; nul être ne pou Le grand adversaire que nos versions
vait partager son bonheur et répondre à appelle Satan et le Diable, celui qui est
ses sentiments. C'est pourquoi l'Eternel menteur dès le commencement, et père
le plongea dans un profond sommeil, et du mensonge, se sert du serpent pour
d'une de ses côtes lui forma une com séduire la femme, il parvient à glisser la
pagne : la femme est créée, le mariage tentation dans son cœur. La convoitise
est institué , et l'homme exprime, en de la chair, la convoitise des yeux , l'or
termes pleins d'énergie, ses nouvelles af gueil de la vie, 1 Jean 2, 16, suffirent
fections et le sentiment qu'il a de l'inti à faire succomber Eve : quand elle vit
mité qui doit régner entre lui et celle qui que le fruit de l'arbre était bon à man
est un autre lui-même : le nom qu'il lui ger, et qu'il était agréable à la vue, et
donne d'abord (Adamah, Hommesse, 2 , que cet arbre était désirable pour donner
23.), est destiné à rappeler constamment de la science, elle en prit du fruit et en
ce fait. Comme les saisons n'avaient point traîna son mari dans sa chute; ( v. un
encore leurs intempéries, et que le sen Sermon de Hor. Monod sur les trois
timent de la honte et de la pudeur, pre Convoitises. ) Dès lors l'image de Dieu
mier fruit du péché, était inconnu à nos dans l'homme fut effacée; Adam et Eve
premiers parents, ils marchaient dans sont morts spirituellement, et leur com
l'innocence des petits enfants, sans son munion avec Dieu se trouvant rompue, ils
gerà voiler leur corps par des vêtements. apprennent ce que c'est que le trouble et
(r. Création, Eve, Femme.) la honte; ils cousent ensemble des feuilles
Phus l'homme était haut placé, plus de figuier et s'en font une ceinture au
l'autorité que l'Eternel lui avait donnée tour des reins ; puis, lorsque la voix, la
sur les œuvres de la création était grande, parole de l'Eternel, se fait entendre dans
plus il importait aussi que quelque chose le jardin, ils se cachent au milieu des
vint sans cesse lui rappeler qu'il avait un arbres et pensent pouvoir céler à Dieu
maitre au-dessus de lui, un Seigneur qui ce qu'ils ont fait. Bien plus, quand Adam
l'avait créé pour sa gloire et auquel il voit que tout est découvert aux yeux
devait hommage et obéissance. Peu im de celui à qui nous devons tous rendre
portait en soi quel que fût le signe de compte, il essaye de rejeter toute la faute
cette dépendance. Dieu défendit sévère sur celle qu'il devait aimer comme lui
ment à l'homme le fruit d'un des arbres
même, et indirectement, par un horrible
du jardin qui, pour cela, fut nommé blasphème, sur l'Eternel qui lui avait
l'Arbre de la connaissance du bien et du
donné cette compagne. Toutefois, avant
mal. Le bonheur d'Adam était ainsi entre
de frapper, l'Eternel fait entendre aux
ses mains et dépendait de ses œuvres : coupables l'Evangile, la bonne nouvelle
s'il obéissait au commandement, lui et les du salut, c'est que la postérité de la
siens, il jouirait avec eux et à toujours femme brisera la tête du serpent : puis il
d'un bonheursans mélange, dans la com leur annonce la malédiction qui reposera
munion de Dieu. Vie éternelle, vie spiri sur Adam et sur toute sa race , même sur
tuelle, voilà ce qui lui avait été donné avec les élus qui auront part à la grande déli
la vie naturelle, et ce que son obéis vrance finale. Infirmités, douleurs de l'en
sance devait lui conserver. L'arbre de vie
fantement et sujétion à son mari, telle sera
qui est au milieu du jardin sert de signe la part spéciale de la femme; travail et fati
a ces promesses. Mais s'il manque à la loi gues, récoltes précaires et arrosées de
qui lui est imposée, alors tout le con sueurs, toutes sortes de peines et d'in
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entra aussitôt dans cette voie. Il l'appela humaine, et de suppléer en même temps,
Vivante et Mère des vivants, au moment par la tradition, au défaut de la parole
que la sentence de mort contre elle et écrite. Quand la population n'aurait alors
contre sa postérité venait d'être portée ; doublé que tous les cinquante ans , il y
ce qui rend probable qu'il lui donna ce aurait eu sur la terre, à la mort d'Adam,
nom en vue de la promesse, c'est-à-dire près d'un million et cinq cent mille indi
par la foi. vidus issus de lui; et Lémec, qui mourut
5° Si le Seigneur afflige quelqu'un, il cinq ans seulement avant le déluge, avait
en a aussi compassion selon la grandeur pu recevoir de la bouche d'Adam lui
de ses gratuités, a dit Jérémie, Lam. 3, même le récit des premières révélations
32; et non-seulement, après la chute, de l'Eternel.
Dieu donne la promesse d'un Rédemp 9o La Parole de Dieu nous montre en
teur, mais même plusieurs parties de la Adam un type de notre Seigneur Jésus
malédiction sont de réelles bénédictions, Christ, Rom. 5, 12-19. 1 Cor. 15, 45.
un bonheur dans le malheur, de tristes Comme le corps d'Adam fut formé par la
remèdes, mais pourtant salutaires à l'hom puissance de Dieu et pris de la terre, de
me. Que fussions-nous en effet devenus même Jésus-Christ homme a été formé
si, le mal étant entré dans le monde, par cette puissance dans le sein de Marie.
nous n'eussions pas été assujettis à tra Christ est l'image du Dieu invisible, sa
vailler pour vivre, et que de maux l'oi parfaite ressemblance. Jésus, en sa qua
siveté n'eût-elle pas amoncelés sur le lité de Messie, de Christ, a reçu la do
genre humain ! Quel avenir de bonheur mination sur toutes choses. Il est le pre
n'y a-t-il donc pas dans ces paroles : « Tu mier-né d'entre ses frères, le chef et la
mangeras le pain à la sueur de ton vi tige de tous les élus. Enfin, de même que
sage » ! — Et si l'homme, après s'être le péché d'Adam est devenu le péché de
maudit lui-même par sa chute, eût conti toute sa race, la justice de Christ appar
nué d'être immortel, combien son sort tient à tous ceux qui sont spirituellement
n'aurait-il pas été déplorable! L'immor sa postérité.
talité dans la misère! Mais Dieu prend ADAM, Jos. 3, 16., peut-être la même
soin qu'il ne puisse plus toucher à l'arbre qui est appelée Adama et Adaminébek,
de la vie, et cette privation, ce châtiment 19, 33. 36; ville de la tribu de Neph
apparent tourne encore au meilleur bien thali, située près de l'extrémité sud de la
de la créature. mer de Tibériade. Ce fut près de là que
6° On suppose, et non sans raison, les eaux du Jourdain s'amoncelèrent lors
que les robes dont l'Eternel recouvrit de l'entrée des Hébreux en Canaan.
Adam et Eve, furent faites avec la peau ADAMA et Adaminébek, v. l'art. pré
d'animaux qu'ils durent offrir en sacri cédent.
fice par l'ordre de Dieu, quoique cet ADAR (haut, éminent), le douzième
ordre ne soit pas mentionné par Moïse. mois de l'année religieuse des Juifs, et le
Ces robes seraient alors une figure de sixième de leur année civile. Il n'avait
la justice de Christ, dont le Seigneur re que vingt-neuf jours et correspondait à
Vèt ses élus. notre mois de février et aux premiers
7° L'Eternel ayant chassé Adam et Eve jours de mars. Ce fut le troisième jour
du paradis, prit des mesures pour qu'ils de ce mois que l'on acheva et que l'on
n'y pussent rentrer. C'est ainsi que les dédia le second temple, Esdr. 6, 15.
fidèles eux-mêmes, aussi longtemps qu'ils Le septième jour, les Juifs célèbrent un
sont ici-bas, ne peuvent être pleinement jeûne pour la mort de Moïse. Le treizième,
rétablis dans la pureté et la félicité ori ils font la commémoration du jeûne d'Es
ginelles; et c'est dans ce sens qu'ils ne ter et de Mardochée. Le quatorzième, a
sont « sauvés qu'en espérance. » lieu le jeûne de Purim, Est. 3, 12. 4,
8° La longévité d'Adam et des premiers 1. etc.9, 17. Le vingt-cinquième enfin, cé
hommes a eu pour but, évidemment, lébration de la délivrance de Jéhojachin,
d'augmenter plus promptement la famille Jér. 52, 34. Tous les trois ans on ajou
ADD 28 AD0
tait après ce mois, à l'année, un mois sup Tsadok et le prophète Nathan ne s'étaient
plémentaire de vingt-neuf ou trentejours, point laissés entraîner. Au jour fixé pour
qu'on appelait Be-Adar ou second Adar. faire éclater la conjuration, Adonija fit
ADDI, fils de Cosam et-père de Mel un grand festin près de la fontaine de
chi, un des ancêtres de notre Seigneur, Roguel, et il y invita tous ses frères (à
d'après Luc, 3. 28; du reste, inconnu. l'exception de Salomon), et avec eux ses
ADMA (terrestre), la plus occidentale principaux adhérents. — Pendant qu'ils
des quatre villes détruites par le feu du se livraient aux excès de la table et qu'ils
ciel lors de l'embrasement de Sodome, saluaient leur nouveau roi, Nathan et
Gen. 14, 2. Deut. 29,. 23. La version de Bathsébah vinrent informer David de ce
Martin porte Adama en Osée, 11, 8; il qui se passait, et reçurent de lui l'ordre
faut lire Adma. de faire couronner immédiatement son
ADMINISTRATION, v. Gouvernement. fils Salomon, que l'Eternel lui-même avait
ADONI-BEZEK (seigneur de Bézek). désigné comme son successeur. Adonija
Immédiatement avant que Josué entrât et les siens, instruits de la chose par les
en Canaan, Adoni avait fait aux rois de acclamations du peuple et par le rapport
son voisinage une guerre sanglante ; que vient leur en faire Jonathan, fils d'A-
soixante et dix d'entre eux étaient tombés biathar, sont saisis de terreur et se dis
en son pouvoir; il leur avait fait couper persent; Adonija se réfugie aux cornes
les pouces des mains et des pieds, sans de l'autel, probablement dans l'aire d'A-
doute afin de leur ôter la possibilité de rauna; Salomon lui tend une main de
manier les armes, et il les nourrissait des paix, à condition qu'il ne lui donnera
débris de sa table, comme des chiens. plus, à l'avenir, aucun sujet de plainte,
Après la mort de Josué, les tribus de et Adonija rentre dans sa maison, après
Juda et de Siméon, continuant la guerre avoir reconnu Salomon pour son roi,
d'extermination contre les peuplades mau 1 Rois 1. — Mais à peine David a-t-il
dites , battirent Adoni-Bézek , le firent rendule dernier soupir, 1 Rois 2, 13. etc.,
prisonnier et le traitèrent comme il avait qu'Adonija, laissant percer de nouveau
traité lui-même ses captifs; il reconnut l'ambition qui le dévore, fait demander
la justice de ce châtiment, et mourut à pour lui la main d'Abisag la Sunamite,
Jérusalem. Jug. 1, 4-7. dernière épouse du roi son père. C'est
ADONIJA (le Seigneur est mon maître), Bathsébah, mère de Salomon , qui se
quatrième fils de David, par Hagguith, charge de ce message et qui demande à
2Sam. 3, 4. 1 Chron. 3, 2., naquit à Hé son fils d'exaucer la prière d'Adonija.
glon. Après la mort de ses deux frères Une si haute intercession fut cependant
aînés, Amnon et Absalon (et peut-être inutile, et comme, dans les mœurs du
aussi Kiléab, dont on ne sait autre chose temps, c'était afficher des prétentions au
que le nom), son père étant affaibli par trône, Salomon dut ordonner à Bénaja de
l'âge et les infirmités, il tenta de s'as faire mourir Adonija. Cela arriva une
surer le trône auquel il pensait avoir des année environ après sa première révolte,
droits par le privilége de sa naissance, 1013 av. C.
quoique son frère cadet, Salomon, fût dé ADONIRAM (seigneur haut élevé),
signé comme l'héritier légitime. Il se pro 1 Rois 5, 14., le principal receveur de
cura un magnifique train de chevaux et l'impôt ordonné par Salomon, et le direc
de chariots, et s'entoura d'une garde de teur en chef des 30,000 hommes qui
cinquante cavaliers, comme précédem furent envoyés au Liban pour couper le
ment son frère Absalon. Son père, qui bois nécessaire à la construction du
l'aimait, le laissa faire d'abord sans en Temple et de ses magnifiques dépen
manifester son déplaisir. Cependant son dances. -
avaient fait leur soumission , il se coalisa ceux qui n'ont point fléchi leurs genoux
avec quatre rois ses voisins pour chàtier devant Bahal et dont la bouche ne l'a
les Gabaonites, et pour empêcher ainsi point baisé ;» — et Ps. 2, 12.: « Baisez le
que les autres Cananéens ne suivissent Fils, de peur qu'il ne s'irrite. » Le pas
leur exemple. Les Gabaonites recouru sage Gen. 41, 40. peut de mème se tra
rent à la protection des Israélites, qu'ils duire « tout mon peuple baisera sa main
obtinrent sans peine. Josué marche alors en ta présence. » On adorait encore de
à la rencontre des cinq rois , les attaque diverses manières : Jésus est à genoux,
et les met en déroute.Une pluie de pierres, Luc 22, 41.; Salomon a les mains éten
envoyée par l'Eternel, détruit un grand dues vers les cieux, 1 Rois 8, 22.; David
nombre d'ennemis, et le soleil s'arrète paraît debout, 2 Sam. 7, 18., etc. Mais
pour donner aux Israélites le temps d'a- l'adoration la plus fréquente était la pro
chever leur œuvre de destruction. Les stration : l'on s'inclinait profondément,
rois s'étant réfugiés dans une caverne, ou même on se prosternait jusqu'à terre,
on les y tint renfermés jusqu'à l'arrivée pour témoigner un grand respect soit à
de Josué, puis on les en tira et on les Dieu, soit à des personnages de distinc
pendit à cinq potences; leurs cadavres tion qu'on voulait honorer. C'est de cette
furent ensuite jetés dans la caverne, dont manière qu'Abraham reçoit, dans les
on referma l'entrée au moyen de gros plaines de Mamré, les trois messagers cé
blocs de pierres qu'on y laissa en mémo lestes qu'il prend pour des voyageurs,
rial. Le résultat de cette victoire fut la Gen. 18, 2. Lot également se prosterne
prise et le sac des villes appartenant à devant eux le visage contre terre à la
ces Cananéens, à l'exception toutefois de porte de Sodome, 19, 1. Et lorsqu'Abra
Jérusalem. Jos. 10. ham veut obtenir des Héthiens un champ
ADORAM (leur louange). 1o Receveur pour la sépulture de Sara, nous le voyons
général du roi David, 2 Sam. 20, 24., se prosterner devant le peuple du pays,
peut-être le même qu'Adoniram (?). 23, 7. — v. encore Exod. 4, 31., et ail
2°Trésorier en chef de Roboam et l'inten leurs. — L'adoration intérieure est la
dant de ses travaux. Il fut envoyé aux plus pure et le plus digne du vrai Dieu,
dix tribus pour essayer de les ramener mais elle aime à se manifester quelque
à l'obéissance du fils de Salomon; mais fois par des actes extérieurs : les deux
les Israélites, le soupçonnant peut-être peuvent être unies, mais, par leur nature,
d'avoir conseillé la levée des impôts op elles sont indépendantes. C'est par cette
pressifs qui avaient causé leur révolte, le sainte action que nous élevons nos cœurs
lapidèrent sur place, 1 Rois, 12, 18. vers l'Eternel pour magnifier sa gran
2 Chr. 10, 18; dans ce dernier passage deur, ou pour célébrer ses gratuités et
on lit Hadoram. 3° Gen. 10, 27. v. Ha ses merveilles envers les fils des hommes ;
doram. c'est un culte qui ne cessera jamais, et
ADORATION, hommage religieux que que nous rendrons à Dieu dans les joies
l'on rend à la divinité , soit intérieure même de l'éternité, Apoc. 5, 14.7, 11. etc.
ment, soit extérieurement; ce terme, pris L'Ecriture sainte nous apprend à n'ado
dans son sens étymologique, signifie pro rer que Dieu , c'est à lui seul que nous
prement l'acte de baiser quelque cbose devons un culte, Exod. 20, 5., et tout
en le portant à sa bouche. L'adoration hommage rendu à la créature est une
était différente suivant la nature des cultes transgression. v. ldolâtrie.
eux-mêmes. Chez les païens elle consis ADRAMMELEC. 1° C'était avec Ha
tait à se couvrir d'un voile , à mettre la nammélec l'idole des colons de Séphar
main sur la bouche et à faire plusieurs vajim, transportés en Samarie,2 Rois 17,
fois le tour de l'autel. On trouve, Job 31, 31., à la place des Israélites emmenés au
26. 27., une allusion à ce mode de culte delà de l'Euphrate. On rendait à ces deux
rendu au soleil et à la lune ; v. encore fausses divinités le même culte qu'à Mo
4 Rois 19, 18. : « Je me suis réservé 7,000 loch, c'est-à-dire qu'on faisait passer
hommes de reste en Israël, savoir, tous des enfants par le feu en leur honneur.
ADlR 30 ADU
mement elle était fort estimée, mais déjà sainte différents sens : 1o le moment où
du temps de Pline le naturaliste,elle avait les facultésd'un homme sont d"leur matu
beaucoup perdu de sa valeur; on s'en rité, sans indiquer cependant lavieillesse,
servait comme de nos jours pour orne Jean 9, 21.23.; 2° une période de temps
ments. L'agathe était la 8e pierre du pec passé, présent ou à venir, Eph. 3, 5. 2,7.;
toral d'Aaron, mais elle n'est pas nom 3° les hommes qui vivent ou qui ont vé
mée comme faisant partie des fondements cu en quelqu'une de ces périodes, Col.
de la nouvelle Jérusalem de l'Apocalypse. 1 , 26.
AGE. L'âge a toujours été, chez tous On divise ordinairement en âges ou
les peuples et dans tous les temps, la me périodes l'histoire de la théocratie; c'est
sure de l'honneur que l'on devait rendre commode, mais arbitraire, et chacun peut
à chacun. Partout un âge avancé a trouvé choisir la division qu'il aime le mieux.
chez des hommes plus jeunes la vénéra Un premier âge trouvera cependant ses
tion qui lui était due, et que tous lui ac limites naturelles dans la formation de
cordent soit involontairement, soit par un l'ancien monde et son bouleversement
simple mouvement naturel,soit par lacon sous Noé. L'époque suivante, dans la
sidération de la longue expérienceattachée quelle Dieu se manifeste à ses enfants
à une longue carrière. Cette coutume sans avoir encore choisi un peuple dépo
instinctive, à laquelle tous les auteurs sitaire de ses oracles, formerait le second
profanes rendent témoignage, est égale âge allant depuis Noé jusqu'à Abraham;
ment consacrée dans le plus ancien livre un troisième, d'Abraham à Moïse; un qua
des Hébreux, Job. 12, 12. 15, 10. 29, trième, jusqu'à la mort de Samuel, com
8. Ce dernier passage nous montre même prendrait la conquête du pays de Canaan
les jeunes gens se cachant ou se retirant et le gouvernement des Juges; cinquiè
par respect à l'approche d'un vieillard, et mement enfin, la royauté jusqu'au retour
la loi de Moïse ordonne au jeune homme de la captivité sous Esdras. C'est ici que
de se lever devant les cheveux blancs, finissent les livres historiques de l'Ancien
Lév. 19, 32. Le livre des Lament. 5, 12. Testament. Un sixième âge renfermerait
met au nombre des plus grands crimes le temps écoulé depuis cette époque jus
le manque de respect pour le vieillard.— qu'aux jours de Christ.
Et ce respect chez les Hébreux était si AGGEE, prophète hébreu qui vivait au
loin de n'être qu'une formalité, que nous commencement du règne de Darius fils
voyons au contraire les chefs des villes, d'Hystaspe, 522 av. C. On ne sait rien de
des tribus, ou du gouvernement,toujours particulier sur sa vie. —Sa mission était
choisis parmi les anciens et toutes les d'activer la construction du second tem
choses importantes ou honorables don ple; pour cela il fallait agir sur les dispo
nées à des hommes âgés. v. Anciens. sitions morales du peuple en général ; il
Le respect pour l'âge a beaucoup di fallait l'amener à se repentir de son in
minué dans la société moderne. Ce qu'on gratitude envers Dieu et de son manque
vénérait chez un vieillard, c'est moins de zèle; mais il fallait aussi relever son
son âge que les qualités de son âge : or courage qui pouvait facilement être abattu
la civilisation prétend, pour bien des cho par la vue d'un état de choses qui corres
ses, remplacer ces qualités ; on acquiert,. pondait si peu aux espérances magnifiques
on apprend, on vieillit vite, et l'on mûrit qu'on avait cru pouvoir concevoir d'après
de bonne heure, mais on mûrit mal; dans des prophéties précédentes : c'est pour
le bouleversement de notre système so quoi Aggée annonce que la gloire du se
cial, à une époque où toute autorité est cond temple surpassera celle du premier
remise en question, celle de l'âge devait (2, 6-9.), et c'est ce qui fut accompli par
se voir aussi contestée; c'est un signe la venue du Messie. v. Temple.
fâcheux ; nous signalons le fait, l'expli AGNEAU. v. Brebis.
cation qu'on en pourrait donner ne le AGRAFE. Es. 3, 18. Les versets 16 à
justifie pas. 24 de ce chapitre d'Esaü renferment des
Le mot âge a encore dans l'Ecriture difficultés philologiques presque insur
33 AGR
AGR , .
montables, et dont l'examen dépasserait Claude lorsque son père mourut, l'an 44
les bornes de notre travail. Ceux qui vou de Jésus-Christ. L'empereur penchait à
draient entrer plus avant dans l'explica lui transférer toute l'autorité dont son
tion de ce passage, pourront consulter père avait joui, mais ses courtisans l'en
l'ouvrage de Schrœder « Commentarius détournèrent, en considération de la jeu
philologicocriticus de vestitu mulierum nesse du prince, à peine àgé de 17 ans.
hebraearum, ad intelligentiam Es. III, 16 L'année suivante, le gouverneur de la Sy
24. Leyde 1745. » Ce livre sert de guide rie voulut un ifistant contraindre les Juifs
à tous les interprètes modernes.—Quant à lui remettre les ornements de leur sou
au sens du mot hébreu traduit par agrafe, verain sacrificateur pour les placer dans
il y a deux explications : selon les uns, ce la tour Antonia, sous la garde des Ro
seraient quelques ornements en forme de mains; mais Agrippa obtint la révocation
filet destinés à garnir la tête; selon d'au de cet ordre.—Hérode, oncle d'Agrippa,
tres, ce seraient de petits soleils; il yaurait roi de Chalcide, étant mort, l'an 49, sa
alors parallèle ou opposition avec le mot succession fut donnée à son neveu, mais
suivant, boucles, ou plutôt petites lunes. lui fut de nouveau retirée au bout de
On ne peut décider entre ces deux opi quatre ans : l'empereur l'en dédommagea,
nions. — Nous traduirions ainsi les ver du reste, en lui conférant le gouverne
Sets d'Esaïe sus-mentionnés : ment de cinq provinces, notamment de
18. En ce temps-là le Seigneur ôtera l'Abilène et de la Trachonite, auxquelles
l'ornement des bracelets (pour les pieds), Néron ajouta bientôt Julia dans la Pérée,
des coiffes, et des croissants; — 19. et et une partie de la Galilée, à l'occident de
les perles, et les bracelets, et les longs la mer de Tibériade. Il s'occupa avec zèle
voiles; — 20. et les bonnets, et les chaî d'embellir les villes de son ressort, et sur
nettes (qui lient les bracelets des pieds), tout Jérusalem; mais magré cela il ne fut
et les rubans, et les flacons odoriférants, jamais aimé des Juifs, à cause de l'arbi
et les oreillettes (servant d'amulettes);— traire avec lequel il déposait des souve
21. et les boucles d'oreilles, et les bagues rainssacrificateurs et en établissait de nou
du nez ;–22. et les habits de fète, et les veaux. Lorsque Festus fut nommé gouver
longs habits à manches, et les manteaux, neur de la Judée, l'an 60, Agrippa et sa
et les poches;—23. et les miroirs, et les sœur Bérénice se rendirent à Césarée
chemises (ou crêpes), et les turbans, et pour le complimenter. L'apôtre Paul y
les voiles de gaze ; — 24. (les punitions était alors détenu et venait d'en appeler à
sont rattachées au luxe) et il arrivera au César. Festus ayant entretenu Agrippa
lieu de senteurs aromatiques, de la puan de cette affaire, celui-ci désira vivement
teur; et au lieu de ceinture, une corde ; d'entendre le prisonnier; il fut tellennent
et au lieu de boucles poudrées d'or (Vi charmé du sens droit et de la majesté qui
tringa), une tête chauve ; et au lieu d'ha régnait dans le discours de Paul, qu'il se
bits larges et somptueux, des ceintures sentit à moitié convaincu de la vérité de
de cordes de sac , et des stigmates au l'Evangile. « Tu me persuades à peu près
lieu de beauté. d'être chrétien! » s'écria-t-il un moment,
Cette traduction, trop littérale pour as comme s'il oubliait son caractère de juge
pirer à un autre mérite, n'a pour but que et de roi; mais ce ne fut, hélas! qu'une
d'indiquer avec précision, et une fois émotion passagère : homme juste, doux,
pour toutes, le sens des modifications et bon Juif du reste, Agrippa ne voulait
qui devraient être introduites dans une de la religion que ce qui ne gênait pas sa
nouvelle version de ce passage , la plu morale particulière, et il ne considéra les
part des changements adoptés sont em paroles de Paul qu'en juge chargé d'en
pruntés à l'ouvrage de Schrœder cité plus examiner la culpabilité, sans penser
haut. qu'elles pussent le concerner lui-mème.
AGRIPPA. 4° Hérode Agrippa, Act. 12, Après la ruine de Jérusalem, il se retira
1.23. v. Hérode. 2" Agrippa, fils de ce à Rome avec sa sœur, et mourut àgé de
lui-ci, était à Rome auprès de l'empereur 70 ans. (90 ap. C.) v. Act. 25 et 26.
I. 3
AHA 34 AHI
AGUR , fils de Jaké, auteur du chapi Hava nommé, 2 Rois, 17, 24.
tre 30 des Proverbes, du reste inconnu, AHlHESER. 1° Chef des enfants de
Quelques-uns pensent que c'est Salomon Dan, Nomb. 2, 25. 7, 66-71. 2° Benja
lui-même qui aurait voulu se cacher sous mite et parent de Saül, 1 Chr. 12, 2.3 etc.,
ce pseudonyme; opinion qui ne se peut chef d'archers et de frondeurs, et vaillant
guère soutenir. En effet, pour quelle rai homme, vint au secours de David, lors
son aurait-il changé de nom ? Pourquoi se que, fuyant devant Saül, ce malheureux
serait-il caché; pourquoi d'ailleurs Salo roi était enfermé dans Tsiklag.
mon qui s'appelle encore fils de David AHIJA ( frère de l'Eternel ). 1° Fils
alors même qu'il change de nom, Eccl. 1, d'Ahitub et arrière-petit-fils d'Héli, sou
1., se serait-il appelé ici fils de Jaké sans verain sacrificateur du temps de Saül, 1
aucun motif plausible ? Le style de ce cha Sam. 14, 3., probablement le même que
pitre n'est point non plus celui de Salomon Ahimélec 22, 9. v, Ahimélec. 2° Prophète
dans le reste des Proverbes ; ce n'est pas du Seigneur, qui habitait à Silo. Ce fut
l'homme qui a reçu de Dieu une sagesse lui, selon toute apparence, qui encouragea
extraordinaire qui peut venir dire : « Cer Salomon à construire le temple , 1 Rois
tainement je suis le plus hébêté de tous 6, 11., et qui le menaça ensuite du démem
les hommes, et il n'y a point en moi de brement de son royaume, 11 , 9, 29. 12,
prudence humaine », V. 2 , ce n'est pas non 15. Ayant rencontré Jéroboam dans un
plus l'homme et le roi le plus riche du champ, il déchira sa robe en douze piè
monde qui peut dire à Dieu : « Ne me donne ces, et lui en donna dix, comme signe
ni pauvreté ni richesse », V. 8, et la lec de la domination qu'il exercerait sur dix
ture de ce chapitre tout entier trahit évi tribus d'Israël. Plus tard, et dans sa vieil
demment une personnalité différente. lesse avancée, le même prophète fit en
Agur parle à ses deux amis ou disciples, tendre au même roi des paroles bien dif
Ithiel et Ucal, de sa grande ignorance férentes, lorsqu'il annonça à son épouse
dans les mystères des profondeurs di déguisée la mort de leur fils Abija et la
vines ; il exprime sa vénération pour la ruine de toute leur maison, 14, 2. Il a
parole de Dieu, et semble répondre à des écrit des mémoires sur les temps de Sa
questions qui lui auraient été adressées. lomon et de Jéroboam, mais ces prophé
— Composé peut-être par un des sages ties, comme tant d'autres, se sont per
dont il est parlé 24, 23., ce fragment aura dues, 2 Chr. 9,29.— 3° De la tribu d'Is
sans doute été recueilli par les gens d'E- sacar, père de Bahasa, le meurtrier et le
zéchias, de même que les cinq chapitres successeur de Nadab, 1 Rois 15, 27.
qui précèdent. Cf. 25, 1. AHIKAM, fils de Saphan et père de
AHA ! Ps. 35, 21.25.40, 16. Ezéch. 25, Guédalia, 2 Rois 22, 12. 25, 22.2 Chr.
3, interjection qui exprime le mépris, la 34, 20 Jér. 26, 17-24. 40, 6. Il fut envoyé
dérision, l'insulte ; à l'exception peut par Josias, roi de Juda, auprès de Hulda
être d'Es. 44, 16. où elle marquerait la la prophétesse, pour la consulter sur le
satisfaction. livre de la loi qui avait été trouvé dans
AHAVA, Esdr. 8, 15.21.31., petite ri le temple. Sous Jéhojakim, il prit le parti
vière de la Caldée ou de l'Assyrie, sur de Jérémie et empêcha qu'il ne fût livré
les bords de laquelle Esdras rassembla au peuple, et qu'on ne le fît mourir.
les captifs qu'il devait ramener en Judée, AHIMAHATS. 1° Beau-père de Saül, 1
et où il publia un jeûne, « afin, dit-il, de Sam. 14, 50.2° Fils et successeur de Tsa
nous humilier devant notre Dieu, le dok, souverain sacrificateur, 2 Sam. 15,
priant de nous donner un heureux voyage 36.17 et 18, rendit à David d'importants
pour IIous et pour nos familles. » Selon services pendant la rébellion d'Absalon.
quelques-uns, ce serait le fleuve connu Chargé de faire passer au monarque les
sous le nom d'Adiava qui coulait dans précieux avis de Cusaï, il se tenait avec
l'Adiabène ; d'autres, à cause de Esdr. 8, Jonathan, caché derrière la fontaine de
15., prennent Ahava pour une ville ou un Roguel. Une servante vint leur annoncer
district et le comparent avec le pays de les résolutions qui venaient d'être prises
AHI 35 - AHI
par Absalon, et ils partirent; mais, dé le trophée d'une grande et glorieuse vic
noncés par un garçon qui les avait décou toire. Ahimélec fit cela, ne connaissant
verts, ils furent poursuivis et durent se rien des discussions qui régnaient entre
cacher à Bahurim, dans la maison d'un David et Saül; il vivait trop loin de la
partisan de David, qui avait au milieu de cour, et n'avait eu aucun moyen d'appren
sa cour un puits au fond duquel ils des dre ces querelles intestines et domesti
cendirent. La femme de la maison éten ques entre le gendre et le beau-père ;
dit un grand drap sur l'ouverture de la mais l'ombrageux et jaloux monarque
citerne et y répandit du grain pilé ; puis, n'en eut pas été plus tôt informé par
lorsque les émissaires furent arrivés, elle Doëg, qu'il fit masacrer le grand pontife
les éloigna par de faux renseignements et tous les prêtres de Nob.
et rendit la liberté à ses hôtes. — Ce fut 2" Ahimélec ou Abimélec, fils d'Abia
encore Ahimahats qui annonça le pre thar (ou Ahimélec), exerça la souveraine
mier à David la défaite d'Absalon, mais sacrificature de concert avec Tsadok que
il remit à un autre le soin de lui répondre Saül avait mis à la place du premier Ahi
sur le triste sort de son fils, sachant bien mélec son père. Ce serait alors le même
qu'une pareille nouvelle serait peu favo qu'Abiathar q. v. En tous cas ce fut sous
rable à celui qui l'apporterait. — Haza son ministère que David distribua les
ria, son fils, lui succéda dans l'exercice sacrificateurs en 24 ordres ou séries, 1
de la sacrificature. 1 Chr. 6, 8. Chr. 24, 3. 6. 18, 16. 2 Sam. 8, 17.
AHIMAN, Jos. 15, 14. Jug. 1, 10, un 20, 25.
des fils de Hanak, fut chassé de Hébron 3° Héthien à qui David proposa, de
après que Caleb eut pris cette ville. v. même qu'à Abisaï, de l'accompagner au
Hanak. camp de Saül, 1 Sam. 26, 6.
AHIMELEC (mon frère est roi). 1° Fils AHINOHAM. 1o Fille d'Ahimahats et
d'Ahitub. Au milieu des difficultés qui femme de Saül, 1 Sam. 14, 50. On ne voit
mettent tant de confusion dans l'histoire pas que Saül ait eu d'autre femme (sauf
de la succession des grands prêtres, on Ritspa, 2 Sam. 3, 7) et l'on peut croire
ne sait pas encore si Ahitub a eu deux que ce premier roi d'Israël s'est écarté
fils souverains sacrificateurs, ou s'il n'en des mœurs orientales soit par respect
a eu qu'un seul portant à la fois les deux pour la loi de Dieu, Deut. 17, 17., soit
noms d'Ahija et d'Ahimélec (à ce dernier pour ne pas effrayer le peuple déjà pré
il faut en tout cas joindre encore celui venu, 1 Sam. 8, 13.
d'Abiathar, v. ce mot). D'après 1 Sam. 22, 2° Ahinoham de Jizréhel, 1 Sam. 25,
14., Ahimélec paraît avoir rempli pendant 43., seconde femme de David, mèred'Am
longtemps les fonctions de son minis non, 1 Chron. 3, 1., suivit son mari à
tère, ce qui rend assez difficile la suppo Gath, 1 Sam. 27, 3., fut faite prisonnière
sition qu'un frère les aurait exercées par les Hamalécites lors du pillage de
avant lui. Il est donc probable que Ahija Tsiklag, 30,1-5., fut délivrée par David,
et Ahimélec ne sont qu'un seul et même v. 18., et l'accompagna à Hébron, 2 Sam,
individu. Ce fut lui qui, pendant l'expédi 2, 2., 3.
tion de Migron contre les Philistins, con AHIO ou Ahjo, 2 Sam. 6, 3.1 Chr. 13,
sulta l'Eternel et qui, ne recevant point 7., allait devant l'arche pendant que son
de réponse, fit connaître au peuple que frère Huza marchait à côté, lorsqu'on la
Jonathan avait, sans le vouloir, violé le reconduisait de la maison d'Abinadab à
serment de Saül qu'il ne connaissait pas. Jérusalem. S'il eût été à la place de son
Il avait sa résidence à Nob avec le taber frère, il eût eu sans doute la même tenta
nacle et un certain nombre de sacrifica tion si naturelle de retenir l'arche chan
teurs. David, fuyant la cour etSaül, se ré celante, et il eût péri comme lui. Pour
fugia auprès d'Ahimélec, qui lui donna à quoi Dieu a-t-il assigné à deux frères des
manger des pains de proposition. Il remit emplois qui devaient amener pour l'un et
de plus à David l'épée de Goliath, que pour l'autre un résultat final si différent ?
l'on conservait dans le tabernacle comme C'est le mystère qui se retrouve dans
AlG 36 AlG
toute vie d'homme. entier, il n'y revient pas une seconde fois,
AHITUB (père de bonté). 1° Fils de car il méprise la chair qui sent. ll niche
Phinées et frère d'Icabod. Son père étant seulement sur les rochers les plus élevés
mort dans cette fameuse journée où l'ar et les plus inaccessibles à l'homme; et
che tomba entre les mains des Philistins, Balaam, dans sa prophétie, Nomb. 24, 21.,
il succéda à son grand-père Héli et rem lui compare sous ce rapport les Kéniens.
plit ainsi les fonctions de souverain sa v. encore Hab. 2, 9. Abdias, 4. — Job
crificateur sous Samuel. Il fut remplacé 39, 30 sq. nous donne l'histoire naturelle
par son filsAhijaouAhimélec, 1 Sam. 14,3. de cet oiseau. Deut. 32, 1 1. nous parle
2o Fils d'Amaria, descendant d'Eléazar, des soins tout particuliers de l'aigle pour
fils d'Aaron, ne paraît pas avoir exercé apprendre à voler à ses jeunes aiglons.
la sacrificature; il eut pour fils Tsadok, Exod. 19, 4. est une allusion à l'ancienne
1 Chr. 6, 8. croyance que l'aigle emporte ses petits
3o Fils d'un autre Amaria, et père d'un sur ses ailes, ou qu'il les aide à voler en
autre Tsadok, 1 Chr. 6, 11. planant au-dessous d'eux pour les soute
AHOLA et AHOLIBA, Ezéch. 23, deux nir s'ils venaient à tomber. Job. 39, 33.
noms supposés, le premier signifiant sa est littéralement vrai de certaines es
tente (de l'Eternel), le second, ma tente pèces d'aigles qui mangent les corps
est là. Ces deux femmes, filles d'une morts, à moins qu'ils n'exhalent une
même mère, et qui se sont prostituées odeur de putréfaction trop forte. Notre
aux Egyptiens et aux Assyriens, repré Sauveur fait une espèce d'allusion à ce
sentent, l'une, le royaume d'Israël ou de passage lorsqu'il dit : « Où sera le corps
Samarie, et l'autre, le royaume de Juda, mort, là s'assembleront les aigles. » Dans
qui ont imité les abominations idolâtres Matth. 24, 28., cette parole semble avoir
de l'Egypte et de l'Assyrie : aussi l'Eter le sens plus général : partout où la cor
nel a réduit ces épouses adultères à la ruption se montre on trouve de faux
plus dure servitude, et elles ont été me Christs tout prêts à en profiter; mais
nées en captivité, Luc 17, 37. doit s'entendre particulière
AH0LlAB. v. Betsaléel. ment des aigles romaines qui fondirent
AHOLIBAMA. Gen. 36, 2 sq., femme sur le peuplejuifpour s'en emparer, après
d'Esaü et mère de Jéhus, Jahlam et Ko qu'il eut perdu toute vie religieuse et na
'ah. Un de ses descendants fut le chef tionale et qu'il ne fut plus qu'un corps
d'une tribu du même nom, v. 41. mort. — Du reste, dans le passage de
AHUZAT, ami du second Abimélec Job, quelques-uns pensent que l'aigle se
qu'il accompagna, de même que Picol, rait ici confondu avec le vautOur, COmme
lorsqu'il vint pour traiter alliance avec cela se fait souvent dans le langage or
Isaac, Gen. 26, 26. (Quelques versions dinaire. v. encore Prov. 30, 17. - Mi
traduisent « une compagnie d'amis, » au chée 1, 16. ne peut s'appliquer qu'au
lieu de Ahuzat et son ami.) vautour; les mots qui mue ne se trouvent
AIGLE. Exod. 19, 4. Lév. 11, 13. pas dans l'original, et le prophète veut
Deut. 32, 11. et ailleurs. L'aigle a tou parler d'un oiseau qui a naturellement la
jours été regardé, dans le langage popu tête nue ; or aucune espèce d'aigle n'est
laire, comme le roi des oiseaux à cause de dans ce cas. ll est souvent fait allusion
sa force, de sa férocité, de la rapidité et dans l'Ecriture à la rapidité du vol de
de l'élévation de son vol, et de la terreur l'aigle, Deut. 28, 49. 2 Sam. 1, 23. Jér.
qu'il inspire aux autres habitants de l'air. 4, 13., etc.; à la distance extraordinaire
C'est un oiseau solitaire, parce qu'il lui de laquelle il découvre sa proie, Dan. 8,
faut une grande étendue de pays pour se 49 ; à l'impétuosité avec laquelle il se
procurer sa nourriture : deux paires précipite pour s'en emparer, Job 9, 26.
d'aigles ne se trouvent jamais dans le Prov. 30, 19. Le vol de l'aigle est aussi
même voisinage. ll n'attaque l'homme grandiose qu'il est impétueux et rapide ;
que rarement, et les petits animaux ja aucun autre oiseau ne s'élève aussi avant
mais. S'il ne peut dévorer sa proie en dans les airs ; il laisse derrière lui les
AlR 37 AlR
nuages et les régions du tonnerre et de de cuivre, 2 Chr. 4, 16., de même que les
l'éclair; son nid s'élève sur les sommets miroirs de femmes, Ex. 38, 8. cf. Job, 37,
des rochers, et « entre les étoiles, » Ab 18. Les marchands de Mésec et de Tubal
dias 4.Jér. 49, 16. Job 39, 30.31. Cette apportaient des vases de cuivre au mar
immense élévation, jointe à une vue ra ché de Tyr, Ezéch. 27, 13.
pide et si perçante qu'il passait pour re Il est aussi parlé ailleurs de cuivre poli
garder le soleil en face, l'ont fait prendre et brillant, et l'on croit que c'était le mé
comme symbole du prophète. tal connu des Grecs et des Romains sous
L'aigle est un des quatre animaux qui le nom d'aurichalcum. Il y en avait de
entrent dans la composition des chéru naturel et d'artificiel; ce dernier, appelé
bins, Ezéch. 1, 10. Ap. 4, 7. - Ps. 103, œs pyropum, ou zz)xö; xºu7oziôa; par Aris
5. Es. 40, 31, se rapportent à l'opinion tote, était une sorte de cuivre jaune ou
anciennement très répandue que par la de laiton. L'aurichalcum naturel est peu
mue l'aigle, chaque printemps, renouvelle connu : les anciens ne nOus Ont laissé
son plumage et rajeunit ses forces, ou se que des renseignements incomplets à cet
lon d'autres, qu'il atteint un âge très égard; il paraît qu'il avait l'éclat et la cou
avancé, et que dans sa vieillesse il mue leur de l'or, et la dureté du cuivre, et
et acquiert une nouvelle jeunesse avec de comme on le tirait des Indes, quelques
nouvelles plumes. Cyrus, qu'Esaïe 46, savants pensent que c'était notre platine ;
11. compare prophétiquement à un aigle, mais la chose est peu probable. Le trésor
avait en effet cet oiseau pour ses armes. de Darius renfermait plusieurs vases de
Les Perses, d'après les anciens auteurs, ce métal, v. encore Esdr. 8, 27. De nos
avaient pour enseignes un aigle d'or aux jours il y a des savants qui croient que
ailes déployées : il est probable qu'ils l'aurichalcum est un métal dont parle le
tenaient ce symbole des Assyriens qui le voyageur Chardin et dont il dit qu'il se
portaient déjà sur leurs bannières, cir trouve dans l'île de Sumatra, qu'il y est
constance qui nous fait comprendre pour plus estimé que l'or, et que les rois seuls
quoi les écrivains sacrés font si souvent ont le droit de le posséder : il tient le
allusion à l'aigle et à ses ailes quand ils milieu entre l'or et le cuivre. Sa couleur
décrivent la marche victorieuse des ar est un rose pâle très fin ; il se laisse fa
mées assyriennes, Os. 8, 1. Jér. 48, 40. cilement polir et surpasse l'or en lustre
Es. 8, 8. et ailleurs. v. Animaux impurs, et en éclat. Bochart et d'autres encore
et Vautour. supposent que ce métal est désigné,
AIRAIN. L'hébreu Nechosheth, dans la Ezéch. 1, 4.27.8, 2., par le mot chaldéen
Bible, désigne le cuivre, et non pas le Hasmal (qui signifie composition d'or et
métal que nous appelons communément de cuivre), auquel le prophète compare la
airain ou bronze, lequel est d'une inven clarté lumineuse et brillante qu'il voyait
tion plus moderne. Anciennement les dans sa vision céleste. Les versions grec
outils, instruments, etc., qui dans la que et latine traduisent ce dernier mot
suite se firent en fer, étaient surtout en par Electrum, qui désigne non-seulement
cuivre. Déjà dans la septième génération l'ambre jaune , mais encore un métal
après Adam, Tubal-Caïn travaillait ce mé composé d'or et d'argent, très estimé des
tal, Gen. 4, 22. Chez les anciens Hébreux anciens à cause de son éclat. L'apôtre
les armes étaient de cuivre, même les Jean,dans l'Apocalypse 1, 15. 2, 18., rend
arcs, 1 Sam, 17, 5. 6, 38.2 Sam. 22, 35. ce mot par Xz)zo2t6zvov, cuivre ardent, ou
1 Rois 14, 27.Job. 20, 24. Les Philistins cuivre qui brille comme s'il était ardent ;
lièrent Samson avec des chaînes de cuivre, Luther le rend par laiton, Bochart y voit
Jug. 16, 21. Beaucoup de meubles et us une composition d'or et d'argent ; mais ces
tensiles du tabernacle, les colonnes du traductions ne sont que des hypothèses
temple de Salomon, 1 Rois 7, 13-21., le plus ou moins probables, et toutes les sa
grand bassin appelé la mer d'airain, 2 vantes recherches que l'on a pu faire jus
Rois 25, 13., et d'autres objets qui ser qu'à nos jours n'ont encore amené aucun
vaient aux sacrifices étaient pareillement résultat clair et satisfaisant sur ce point.
AHI 38 ALE
AJAL0N. 1° Ville de la tribu de Dan, pliquant à tous les rois des Philistins,
assignée aux lévites descendants de Ké comme Padischa aux rois de Perse, Pha
hath, Jos. 21 , 24., près de Timnah et non raon aux Egyptiens, etc.
loin de Bethsémès, 2 Chr. 28, 18. Il pa ALBATRE. Matth. 26, 7. Marc 14, 3.
raît qu'elle demeura au pouvoir des Amor Luc 7, 37. Espèce de carbonate ou de sul
rhéens jusqu'au temps de Hozias ou de fate de chaux, pierre gypseuse assez sem
quelque autre puissant roi de Juda. Les blable au marbre, mais moins dure et plus
Philistins la reprirent sous Achaz. Ce fut difficile à polir ; ordinairement blanche
là peut-être que Saül cessa de poursuivre comme la neige, quoiqu'on en trouve
l'armée des Philistins, battue à Micmas ; aussi qui tire sur le gris, le rouge ou le
cf. Jos. 19, 42. 21, 24.1 Sam. 14, 31. On brun. C'est en Egypte, en Syrie, en Grèce
pense que c'est au-dessus de cette ville qu'elle est en plus grande abondance.
que Josué commanda à la lune de s'arrê Quelques savants croient que l'albâtre est
ter; elle devait être non loin de Ilaï et aussi désigné sous le nom d'onyx. L'albà
de Gabaon. Jos. 10, 12. tre blanc était autrefois très estimé: oll le
2° Ville de Benjamin, à 5 ou 6 kilom. travaille facilement pour en faire des 0r
environ à l'est de Béthel (Eusèbe); elle nements de sculpture, des meubles, des
fut fortifiée par Roboam. 2 Chr. 11, 10. pieds de lits, des chaises, des vases, des
3° Dans Zabulon, sépulture d'Elon,juge écuelles, des boîtes de senteur, etc.
d'Israël. Jug. 12, 12. Comme on préférait les flacons d'albâtre
Quelques-uns comptent une quatrième pour garder les parfums, parce qu'on pen
ville de ce nom en Ephraïm près de Si sait qu'ils s'y conservaient mieux que dans
chem ; mais nous pensons que cette ville d'autres (Pline 13, 2. Hérod. 3, 20.), le
n'est autre que la première qui serait mot albâtre désignait par extension un
tombée entre les mains des Ephraïmites, vase ou flacon d'albâtre : ces derniers
cf. Jos. 21, 24. avec 1 Chr. 6, 69. avaient pour l'ordinaire un long c0l, et
— Vallée d'Ajalon, espèce d'enfonce l'ouverture en était cachetée, de sorte que
ment dans le plateau d'Ephraïm, se diri pour en faire sortir les parfums il fallait
geant de l'est à l'ouest, long d'environ briser le cachet : c'est ce qui est indiqué
18 kilom. et large de 9. Cette vallée, près Marc 14, 3. où nous voyons la femme pé
de Gabaon, est celle sur laquelle la lune cheresse répandre sur la tête du Sauveur
s'arrêta au commandement de Josué. le nard du vase précieux : elle ne rompit
AKIS. 1" Roi de Gath, auprès de qui pas le vase lui-même, ce qui n'eût pas été
David se réfugia par deux fois. La pre facile en tous cas aux faibles mains d'une
mière fois, il contrefit l'insensé afin de femme, mais elle en rompit le cachet, 0u,
donner le change aux officiers philistins comme on peut aussi traduire, elle l'en
qui paraissaient avoir reconnu en lui le tama sur sa tête, elle commença à le
vainqueur de Goliath et le héros d'Israël, verser sur la tête de Jésus (Matthieu et
1 Sam. 21, 10-15 ; la seconde fois, tou Marc), et répandit le reste sur ses pieds
jours en fuite, il revint avec 600 hommes, (Jean 12, 3).—Dans le passage 2 Rois
et Akis, sur sa demande, lui donna Tsiklag 21, 13., les Septante (probablement p0ur
pour demeure. David y passa seize mois la raison indiquée plus haut) traduisent
en paix avec les Philistins, mais faisant par albâtre le mot hébreu qui signifie
des excursions continuelles sur les terres proprement une écuelle.
de leurs amis. ll devait même servir dans ALEPII, première lettre de l'alphabet
les troupes d'Akis contre Saül; mais la hébreu. On trouve quelques psaumes
méfiance des principaux officiers l'éloigna 25, 34, 37, 111, 112, 119 et 145) dont
de l'armée, au regret d'Akis lui-mème. le premier verset commence par un Aleph
2° Autre roi de Gath du temps de Salo et les autres versets par chacune des let
mon, 1 Rois 2, 39.40. - tres suivantes de l'alphabet. Quoi qu'en
Akis I est appelé Abimélec au Ps. 34, 1., pensent les Juifs, il n'y faut pas cher
ce qui s'explique par le fait que ce dernier cher de mystère , c'est une forme de vers
nom était une désignation générale s'ap acrostiches que le poëte sacré a préſérº,
ALE 39 ALE
38 All
dvoilà t0ut. Ces psaumes étaient plus lon toute apparence, à Rome et pour
bu de Dan, |pliquant à t0us les misº . frilesàretenir parce que, pour chaque quelqu'un qui ne connaissait pas en dé
nts de Ké-| comme Padisdnan nskkxº 1ersel, la mémoire était aidée de l'ordre tail les affaires de l'Asie, et cependant il
nnah et non | raon aux Egypliens,d. lphabétique. Leroi Lémuel, Prov. 31, a parle d'Alexandre comme d'un person
, 18. Il pa-| ALBATRE. Mill : i Lr . suivi une marche semblable dans les pa nage connu, d'où l'on peut conclure que
- desAmor-|Luc 7,37.Espèce d ab iiºis files d'instruction qu'il nous a conser cet Alexandre avait fait plus tard un
zins ou de | fate de chaux, pierre ,lºº rtes; et Jérémie a de même écrit en vers voyage à Rome. Paul, écrivant à Timo
· Juda. Les blableaumarbre, mººººº bécédaires ses quatre premières élégies thée (2e ép.), semble bien avoir en vue
haz. Ce fut difficile à polir vriitiiººº sur la ruine de Jérusalem. Les chap. ce même individu, d'autant plus qu'il ne
poursuivre |comme la neige, quºiqu # # # 1.2et 40nt 22 versets suivant le nom . lui donne pas d'autre désignation que
à Micmas |aussi qui tire sur l ºº bre des lettres de l'alphabet; le ch. 3 en celle de son métier, la croyant suffisante
4, 31. 0n | brun, C'est en EgypleºNº a 66, parce que trois versets de suite pour le faire reconnaître. Celui de la 1re
cette ville | qu'elle est en plus sº • tºmmencent par la même lettre; v. l'art. épître est plus difficile à déterminer : il
de s'arrê-|Quelques savanlstrº pºlº lamentations. paraît que c'était un Juif qui cherchait à
§ Il tl ssidesignes skºº AlEXANDRE. 1° Fils deSimonde Cy faire du mal à Paul en attaquant publi
tre blanc etait aulreſuslfºº ! Rie, Marc 15, 21. Son frère Rufus, leur quement sa doctrine. Saint Paul le livre
º
6 kilom, travaille facilemlcllt p0ufº mère et lui semblent avoir été bien c0n à Satan pour qu'il apprenne à ne plus
be); elle | nements de sºlurede • nus des premiers chrétiens : ils étaient blasphémer, et l'on peut croire qu'il est
i, 10 | pieds de lits des lººº ºui-mêmes, selontouteapparence, mem différent d'Alexandre le forgeron, puis
lon, juge |écuelles,
0Il, Jll8 •
Comme on preſ rillsºº Mrs de l'Eglise. que dans la 2e à Tim., écrite plus tard,
*Alexandre Lysimaque d'Alexandrie, l'apôtre parle de ce dernier comme d'un
uatrième | pour garderles prins º º du célèbre Philon, et le plus riche homme qui n'a pas encore reçu la récom
s de Si-]saitqu'ilssyconserai !º ºshis de s0n temps, fit au temple de pense de son impiété.
t iiieſd'aulres (Pie 3,2 lº ºiiiques présents. Il fut jeté en pri ALEXANDRIE , ville célèbre de la
i serait | mot albaire designal Fºº! "Par l'ordre de Caligula, qu'il avait Basse Egypte. Elle était située entre le lac
§|avaient pour iconl'ordillairº
dabºº" ººº l! º dºule refusé d'adorer, et ne fut Maréotis et le Canopique ou bras le plus
nfonce-| louverture en elaitºº#
† à la liberté que par l'empereur occidental du Nil, à peu de distance de la
º Quelques auteurs pensent que Méditerranée. Alexandre le Grand en fut
se diri-| pour en faire sortir lº # ºque nous voyons, Act. 4,6, dans le fondateur et ne tarda pas à y être en
§nliriser le cadet cesºº *"pagnie des souverains § seveli dans un cercueil d'or.-Le célèbre
§ § §unous w# leurs et des anciens, lorsqu'on fit empri Dinocrate avait fait le plan de cette villº
a une |cheresse répandre sºrº ººº † les apôtres après la guérison de et en avait donné les dimensions : elle
é. | le nard du vase preciº # ºnt Cependant l'identité est peu occupait un espace d'environ 25 kilom.
le qui pas le vaselui-même !
§ en tous cas aux filº # †ar le frère de Philon remplis Le palais, qui faisait à lui seulla cinquième
1 pre-
§ de|femme, maispeut
elletnrº
# Alexandrielesfonctions d'alabarque partie de la ville, était du côté de la mer,
istins | comme on aussiº d#, 4 # magistrat, chef des Juifs en et renfermait la résidence royale, le mu
lui le tama sur sa léle, ! # † ºt ne pouvait par conséquent sée et les tombeaux des princes. La Priº
plSfaire º du sanhédrin à Jérusalem. cipale rue avait 35 mètres dº largeur et
sraél,| verser sur la lèle de lº Mº #
tou-||(Jean
Marc),12,
et répandil le fº #,| - §† alors autre chose de cet traversait toute la ville. Les Ptolémº :
mes, 3).-Dans le † | § º0n qu'il était de la race sa qui succédèrent
pendant la capitale delirent
à Alexandre,ºº
deux siècles l'E-
i | les Septante pº# 0
rent est fort incertain : les auteurs le font nous avons un échantillon de leurs tra
varier de cinq à soixante et douze, et le vaux dans le célèbre manuscrit d'Alexan
chiffre le plus faible semble approcher drie, qui se trouve maintenant au Musée
davantage de la vérité. — La bibliothèque britannique de Londres, et qui fut écrit
d'Alexandrie fut brûlée par les Arabes ou par Thécla, jeune fille noble de cette cité.
Sarrasins l'an 642 de l'ère chrétienne. v. Steiger, Introd. aux livres du N. T.,
Lorsqu'ils s'emparèrent de cette ville, p. 87 et 88.—La Vulgate a traduit à tort
elle comptait 4,000 palais, 400 places, par Alexandrie la ville de No qui se
4,000 maisons de bain, et 12,000 per trouve Nah. 3, 8. Jér. 46, 25. Ezéch.
sonnes uniquement employées à la vente 30, 14. 15 et ailleurs. v. No.
des légumes et des fruits. Ce n'est plus ALGUES. v. Roseaux.
guère maintenant qu'un immense village ALGUMMIM. v. Almugghim.
qui n'a rien de remarquable que ses rui ALLIANCE. On appelle ainsi la rela
nes, et un commerce assez étendu. tion qui s'établit entre des parties qui ,
Cette capitale de l'Egygte a toujours séparées antérieurement, se rapprochent
eu pour habitants, depuis l'époque d'A- l'une de l'autre sous diverses conditions
lexandre , un grand nombre de Juifs, et dans divers buts , et qui consolident
quelquefois jusqu'à cent mille et au delà. ce rapprochement par certains rites et
Une partie d'entre eux étant revenus à par certaines promesses qui le rendent
Jérusalem, concoururent à la persécu sacré. Ce rapprochement est donc opéré
tion dont Etienne fut le premier martyr, par un lien, et comme ce lien introduit
Act. 6, 9. Apollos était natif d'Alexan souvent entre ceux qu'il rattache un genre
drie, 18, 24., et le vaisseau qui transporta d'unité ou de communauté , alliance dé
saint Paul à Rome venait de cette ville, signe quelquefois non pas le lien seule
(27, 6.) dont les navires, chargés de blé, ment, mais encore ce qui fut lié ou plu
faisaient assez ordinairement le trajet tôt l'état d'union qui en dérive. Dans ce
d'Egypte en Italie et débarquaient à Pouz cas, alliance et communion ont un même
zoles, 28, 13. — 50,000 Juifs y furent sens, Matth. 26.28.1 Cor. 10, 16. Or, une
massacrés par l'ordre de Néron; et quand même communauté ou un même cOrps ne
les Arabes en firent la conquête, ils y pouvant être animés que d'une seule et
trouvèrent 40,000 Juifs qui leur payè même vie , on comprendra facilement
rent le tribut. pourquoi toute participation à une même
Le christianisme s'introduisit de bonne nourriture (comme principe de cette mê
heure à Alexandrie, par le ministère, à me vie) constatait une alliance déjà con
ce que l'on croit, de saint Marc l'évan sommée ou acceptée, tout comme ce qui
géliste, vers l'an 59 ou 60 : après sa mort déterminait un droit à cette participation
il fut remplacé par Anien qu'il avait con commune , constatait la consommation
verti dès ses premières prédications. elle-même de l'alliance ; cf. Ex. 24, les
Clément, Origène, le grand Athanase et v. 4. 5. 6. avec 9. 10. 11. Quant à l'al
beaucoup d'autres illustres serviteurs de liance, c'est-à-dire quant aux liens pro
Dieu furent successivement la gloire de prement dits, ils ressortaient nécessaire
cette Eglise. Pendant plusieurs siècles, ment de la qualité et des circonstances
l'évêque d'Alexandrie partagea avec ceux des personnes qui entraient dans de pa
d'Antioche , de Constantinople et de reils rapports, car de cette qualité ou de
Rome, la direction souveraine de l'Eglise ces circonstances se tiraient les considé
chrétienne ; il avait sous sa juridiction rations qui fixaient, non-seulement la na
les églises de la partie orientale de l'A- ture et le caractère du traité que l'on
frique. L'école d'Alexandrie jouit long voulait former, mais celles surtout par
temps d'une fort grande vogue, l'école lesquelles se spécifiaient encore les inté
juive d'abord , puis l'école chrétienne. rêts et les avantages des personnes qui y
Outre d'éloquents prédicateurs, elle a voulaient entrer, Ex. 19, 4. 20, 2. Gen.
produit d'habiles copistes des saintes 31, 43. 15, 7.Jos. 9, 9.1 Sam. 20, 15.
Ecritures, et sous ce dernier rapport Du reste, une alliance ne se faisait
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point sans qu'elle imposât des obligations par une autorisation légale ou spéciale de
qui lui étaient particulières, et qui, le plus sa part, être transmises à d'autres. Mais
souvent, se trouvaient réciproques pour ces deux fonctions étant réunies en Dieu,
chacune des parties. Gen. 26, 28. Ex. 19. le devaient être également dans ceux qui
5. Gen. 31, 50. 52. 54. Observer ces les recevaient de lui, Deut. 17, 7. Du
obligations devenait indispensable, puis reste, l'une et l'autre avaient un même
qu'elles étaient autant de conditions sans office; elles exigeaient un témoignageren
l'accomplissement desquelles le contrat du à l'inviolabilité des traités, par consé
formé ne pouvait obtenir la réalisation quent leur exécution, en tant qu'elle dé
de sa fin. On devait, par conséquent, pendait de Dieu et non plus des hommes
envisager de pareilles obligations ou de seulement. Ce témoignage ou cette exé
pareilles conditions comme si étroite cution n'étaient donc qu'un jugement de
ment unies aux alliances, que si, de part Dieu direct ou indirect, c'est-à-dire sa
et d'autre, elles n'étaient pas fidèlement bénédiction ou sa malédiction, imposées
remplies, les liens du traité lui-même se en vertu de l'alliance elle-mème, et sui
rompaient inévitablement. Toute la va vant la fidélité des contractants.
leur de l'alliance dépendait ainsi de l'en L'acte religieux qui, dans une alliance
gagement que prenait chaque partie de quelconque, consacrait une sanction pa
respecter les nouveaux devoirs qu'elle reille était d'une double espèce : c'était
Venait de contracter et de ne se rien d'abord un signe qui, comme symbole,
permettre qui pût détruire ou troubler constatait quelle était cette intervention
les nouveaux rapports dans lesquels elle dont chacune des parties reconnaissait la
venait d'entrer. Or cet engagement con validité, et qui, comme témoignage quel
sistait en une promesse solennelle, c'est quefois monumental, constatait en même
à-dire accompagnée de serments et de temps la réquisition que l'on en avait
témoignages, et comme le traité tirait faite; c'était ensuite un serment par le
d'elle toute sa force, faire cette promesse quel on déclarait se soumettre et s'at
et la garder se disaient l'un et l'autre : tendre à être jugé par le tiers interve
confirmer l'alliance, Gal. 3, 15. et 17. nant (appelé témoin), selon les termes
Dan. 9, 27. Cette confirmation étant une de l'alliance et selon la manière dont on
promesse d'observer une alliance faite, l'aurait gardée. Quant au serment lui
Suivait naturellementl'alliance elle-même. même, la nature du traité le pouvait aussi
Pour qu'une alliance fût consommée, modifier, c'est-à-dire qu'il appelait sépa
il fallait que cette alliance et que la pro rément la bénédiction ou la malédiction,
messe de la garder fussent consacrées ou qu'il certifiait la possibilité de l'une et
par certains actes religieux. Ces actes de l'autre. Dans certains cas, il était ac
avaient deux buts : 1° de réclamer une compagné d'un symbole qui montrait que
intervention et par conséquent une sanc la sentence méritée était immédiatement
tion divine ; 2° de consommer le traité, imposée, symbole dont le sens devenait
en d'autres termes, de le mettre en acti alors sacramentel.
vité par une démonstration solennelle qui L'acte qui servait à consommer une al
exprimait à la fois son caractère et sa liance, ou plutôt à la mettre en vigueur
réalité. par une démonstration solennelle, la
L'acte qui réclamait l'intervention et quelle devait exprimer à la fois et la réa
la sanction de la Divinité, consistait dans lité et la nature du lien qu'elle établissait
une reconnaissance formelle d'un Dieu, entre les contractants, cet acte précédait
et comme témoin de la vérité des traités, le serment et variait d'après la nature du
et comme exécuteur du bien et du mal contrat. Il paraît, du moins, s'être dis
que leur observation ou que leur trans tingué de certains rites païens par ce côté
gressi6n méritait. essentiel, que jamais, dans ses formes, il
Ces fonctions de témoin et d'exécuteur ne confondait une alliance profane avec
des contrats, quoiqu'elles appartinssent à une alliance dont le but était proprement
Dieu proprement, pouvaient cependant, religieux. Enfin, il était lui-même réclamé
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plus expressément leur genre de desti durée, elle est envisagée elle-même dans
nation et qu'ils représentassent par leur son rapport avec le témoignage de Dieu.
propre intégrité la vie, la plénitude , la De là l'emploi de ce nombre dans notre
sainteté du témoignage dont ils faisaient cas; Hérod. 3, 8. Gen. 21, 30. Christ
foi, Deut. 27, 8.1 Pierre 2, 5.1 Rois 6, comme témoin est également représenté
7. Eph. 2, 22. Jean 19, 36. Ex. 12, 46. par une pierre à sept yeux, Zach. 3, 9.
La consécration des alliances, en tant cf Apoc. 5, 6.
que ces alliances sont une promesse à Enfin la consécration des alliances, en
garder , trouve dans le rituel des sym tant que ces alliances sont un lien et une
boles correspondants. Cette consécration communion établis entre plusieurs, ne se
consiste, avons-nous dit , dans l'invoca célébrait point d'après des rites religieux,
tion d'un témoignage divin, invocation si les rapports fondés sur ces alliances
qui imposait au lien établi , et surtout n'étaient eux-mêmes essentiellement re
à la promesse donnée , un caractère in ligieux. Ainsi aucun sacrifice, aucune li
violable et sacré ; néanmoins elle ne les bation, aucune participation à la victime,
convertissait jamais en des rapports pro aucun signe d'une consécration person
prement religieux , si déjà ils ne l'étaient nelle n'accompagnait une alliance pure
pas par eux-mêmes. Ce témoignage invo ment humaine. Les cérémonies païennes,
qué était habituellement représenté par par exemple celles des Grecs (Iliad. III,
des pierres; tantôt ces pierres étaient car 251 ), celles des anciens Arabes (Hérod.
rées , alors elles étaient le symbole re 3, 8), celles des Scythes (Hérod. 4, 70.
connu de l'univers ; tantôt elles étaient comp. Sall. Cat. 22), celles des Lydiens
non-taillées, et elles représentaient da et des Mèdes consistaient toutes au con
vantage l'œuvre de Dieu: dans ce dernier traire dans une participation des contrac
cas elles étaient tout ensemble un témoi tants à la victime (lliad. III, 273), ou
gnage rendu à Dieu , et un témoignage dans une corrélation établie mystique
venant de Dieu. Dans l'un et dans l'au ment entre eux par la communication de
tre cas, les cieux ou la terre étaient leur propre sang (Hérod. 1, 74). L'un et
invoqués en témoignage. Ces pierres l'autre étaient défendus à l'lsraélite; boire
donnaient à entendre que celui qui est le sang lui était interdit, le sacrifice ap
l'auteur de la création devait être le Dieu partenait au temple.
du témoignage, l'auteur des serments, le L'usage de partager un animal en deux
Dieu par lequel on devait jurer, cf. Phil. 2, moitiés, et de passer entre elles, fut com
10.11.Apoc. 5,8. etc.Jos. 24,22. et Deut. mun à plusieurs peuples de l'antiquité.
27, 9. Celui qui érigeait une telle pierre De là sont venues, en hébreu, les ex
faisait donc un acte de foi, et il en usait pressions Berith (partage), Karath Be
comme d'un gage de sa propre fidélité. rith (partager); mais rien ne prouve que
C'est pourquoi aussi Dieu , voulant don les mots fœdus icere, ferire, percutere,
ner à son peuple, au sujet de son alliance et 32zux riuvsw, en soient également dé
avec lui, un gage (ou un témoin) de sa duits (voyez cependant le passage de l'I-
propre fidélité , il employa pour signe liade cité plus haut). Quoi qu'il en soit,
dans le second temple une pierre carrée rien ne nous oblige à voir dans ce rite un
(Théod. Hasaens, de lapide fundamenti, sacrifice proprement dit , plutôt qu'un
dans le Thesaurus Ugolini , t. vIII), et acte symbolique et solennel dont le sens
dans le premier deux tables de pierre , a été indiqué, lequel paraît certain à l'é-
qui sans doute, sous une forme appro gard des Juifs : rien ne prouve qu'il en
priée aux circonstances, représentaient fût autrement chez les autres natiOns
ces cieux et cette terre où Dieu a partout (Hérod. 2, 139. 7, 39. comp. Liv. 1, 24.
écrit de son doigt le témoignage, c'est Soph. Aj. 1177. sq.). Cela explique pour
à-dire sa loi. Le nombre sept avait une quoi nous ne trouvons rien de pareil
place sacrée parmi les symboles destinés dans la consécration des alliances de Dieu
à la consécration du serment. Il repré avec son peuple, et pourquoi encore ce
sente le monde dans sa durée; mais cette signe n'était point un signe de récipro
ALM 44 AL0
cité, et s'employait seulement quand les Indes; son bois , dur et pesant, est
l'une des parties était sommée par l'autre noir au dehors, rouge au centre, et sans
de donner un témoignage figuratifdesen odeur; il sert à la teinture, à la menui
gagements qu'elle contractait, Gen. 15,8. serie et à la sculpture. — D'autres inter
De là dérivent Iléanmoins certaines for prètes pensent que c'était une espèce de
mules d'imprécation ou de malédiction, pin du mont Liban, 2 Chr. 2, 8; mais
qui pourtant ne contredisent en rien ce c'est peu probable à cause de ce qui est
que nous venons d'avancer, puisqu'elles dit , 1 R. 10, 12., qu'il n'était point en
démontrent justement que l'animal par core venu de ce bois, et qu'on n'en avait
tagé ne figurait que l'une des parties point vu jusqu'à ce jour : un bois si pré
du contrat, Jér. 34, 19. cieux, et dans un voisinage aussi rappro
ALLON-BACUTH, Gen. 35, 8., chêne ché, n'aurait pas échappé longtemps à
sous lequel fut ensevelie Débora, nour l'attention des architectes. — Enfin, les
rice de Rébecca; son nom signifie chêne plus modernes prennent ce bois pour le
des pleurs. Santalum Album de Linné, arbre de haute
ALMODAD , Gen. 10, 26., peuplade futaie qu'on trouve dans les Indes, en
arabe de la famille des Joktanides, mais Arabie et en Afrique : ce serait le bois
du reste inconnue. Bochart pense aux appelé citrus par les Romains, et thyion
Allonmaïotes de Ptolémée dans l'Arabie par saint Jérôme. Il est très odoriférant,
Heureuse. et d'autant plus qu'il est plus près de
ALMUGGHIM, 1 R. 10, 11.12., ou Al terre et que la couleur en est plus fon
gummim , 2 Chr. 2, 8. 9, 10. 11., nom cée. On s'en servait comme d'encens,
d'une espèce de bois qui se trouvait au mais plus généralement encore pour la
nombre des marchandises que la flotte construction des temples , et pour la
syrienne apportait d'Ophir, du temps de sculpture. Cette opinion qui est la plus
Salomon. Ces deux noms désignent la probable est confirmée par le témoignage
même chose, car de pareilles transposi de Josèphe (Antiq. 8, 7). « Les vaisseaux
tions de lettres se font presque involon d'Ophir, dit-il, apportaient des pierres
tairement, et ont leurs analogues dans précieuses et des pins dont Salomon faisait
toutes les langues. — Dans le passage du faire des colonnes pour le temple et pour
livre des Rois, les Septante traduisent son palais, et des instruments de musi
ce mot par « du bois travaillé et taillé , » que. Ce bois était plus grand et plus fin
Jérôme et la Vulgate par « ligna thyina ». qu'aucun autre bois connu jusqu'alors;
et dans les passages des Chroniques, les il avait l'apparence de bois de figuier,
Septante le rendent, ainsi que les traduc mais il était encore plus blanc et plus
tions latines, par « bois de pin. » S'atta éclatant. »
chant à ces anciennes interprétations , ALOES, Nomb. 24, 6. Prov. 7, 17, etc.,
quelques savants ont cru quel'Almugghim genre d'arbre dont Tournefort compte
était un bois résineux et odoriférant ; quatorze espèces; celui dont il est ques
mais un tel bois n'aurait pu être propre à tion dans la Bible n'est pas l'aloès de nos
l'usage auquel le destinait Salomon, car jardins, mais un arbre des Indes, le bois
il en fit faire, non-seulement des instru d'aloès appelé aussi bois d'aigle. Il a de
ments de musique , mais encore des bar huit à dix pieds de hauteur; sa cime est
rières et des piliers. Par la même raison, couronnée d'une touffe de feuilles ovales,
et plus encore, il faut repousser l'idée dentelées, épaisses et longues d'environ
qui veut traduire ce mot par corail. — quatre pieds; ses fleurs, d'un rouge mêlé
Les anciens commentateurs juifs les plus de jaune ou de blanc, exhalent un parfum
célèbres , Kimhi et autres , pensent que délicieux; son fruit est de la grandeur
ce bois d'Ophir était celui que les Arabes d'une cerise ; de sorte que c'est un des
nomment El-Bakam, bois du Brésil, ou de plus beaux arbres qui existent. L'aloès a
Sandal rouge, lequel en tout cas fut une sève extrèmement amère , et son
connu et décrit bien antérieurement à la écorce recouvre trois couches de bois
découverte du Brésil. Cet arbre croît dans différentes : la couche extérieure est
ALP 45 AMA
sions rendent par amandier, désignent 21. 14, 1. 1 Chr. 3, 12. 2 Chr. 24, 27.
deux espèces différentes de pêchers dont 25, 1. Il avait vingt-cinq ans lorsqu'il
les fleurs et les feuilles se ressemblent monta sur le trône, 839 ans av. C., et ré
beaucoup, L'un de ces arbres, dont le gna vingt-neuf ans à Jérusalem. ll com
fruit ne mûrit qu'au mois de septembre, mença par faire mourir les meurtriers de
est le premier à fleurir aussitôt après les son père, mais ne permit pas qu'on fît le
rigueurs de l'hiver, avant même qu'il ait moindre mal à leurs enfants, mesure de
poussé des feuilles. Cette particularité grâce et de justice, bien rare alors, bien
lui a fait donner en hébreu le nom de opposée aux mœurs barbares de ces temps,
Shaked qui signifie « prompt, expéditif, mais conforme à l'esprit et à la lettre de
qui se réveille de bonne heure, vigilant, » la loi mosaïque, Deut.24, 16. Il comptait
et l'a fait prendre, Jér. 1 , 11., pour le dans son royaume 300,000 hommes en
symbole de la rapidité avec laquelle les état de porter les armes; il s'en adjoignit
jugements de Dieu allaient éclater sur encore 100,000 du royaume d'Israël ,
lsraël. Jérémie a fait dans ce passage un pour les envoyer contre les Iduméens qui
jeu de mot conforme au goût des Orien s'étaient soustraits sous Joram à l'obéis
taux , mais difficile à rendre dans notre sance des rois de Juda, environ cinquante
langue.« Que vois-tu, Jérémie P» ditl'Eter ans auparavant. Mais un prophète lui
nel, et le prophète répond : « Je vois une ayant rappelé que toute alliance avec les
branche shaked; » ce qui signifie tout à la tribus rebelles serait fâcheuse au royau
fois: je vois une branche d'amandier, et je me de Juda, il comprit que c'est Dieu
vois une branche, un bâton vigilant, qui seul qui donne la victoire et qui met en
veille, qui se hâte.Aussi l'Eternel, con fuite, et il se hâta de licencier les troupes
tinuant d'employer le même mot dans étrangères, en faisant le sacrifice des cent
son double sens, répond encore : « Tu as talents ( près d'un million ) qu'il avait
bien vu, car je me hâte d'exécuter ma donnés pour les enrôler. La victoire se
parole.»C'est donc sur ce nom significatif prononça en faveur de celui qui avait cru ;
de l'amandier que repose tout le sens de il vainquit les Iduméens dans la vallée du
cette vision. Sel. lci s'arrête la première partie de la
Dans le passage Ecclés. 12, 7., cet ar vie d'Amatsia ; sa foi ne l'accompagna
bre qui fleurit déjà lorsque ses branches pas dans toute sa carrière , parce que ce
sont encore dénuées de feuilles, est pris n'était pas une foi véritable; il se détour
pour image de la tête du vieillard cou na de l'Eternel, et la fin de ses jours, à
verte seulement de quelques touffes de dater de cette victoire, ne fut plus que
cheveux blancs. — La verge d'Aaron qui pêchés et malheurs.Au nombre des ob
le confirma dans sa dignité de grand jets pris sur l'armée d'Edom se trou
prêtre, Nomb. 17, 8., était une verge vaient les idoles de Séhir. Amatsia les
d'amandier; et. selon quelques savants, adora : puis, lorsqu'un prophète vint lui
une verge de ce bois était le signe dis reprocher son incroyable idolâtrie, le
tinctif des chefs des tribus israélites culte de ces dieux vaincus, Amatsia lui
qui devait leur rappeler la vigilance. répondit : « Qui t'a établi conseiller du
AMARIA. 1o Souverain sacrificateur, roi. Cesse de m'importuner, car pourquoi
1 Chr. 6, 7. il vécut du temps des te ferais-tu tuer 9 » Le prophète se retira
juges, et paraît avoir fonctionné immé donc, après lui avoir annoncé les châti
diatement avºnt Héli. ments que Dieu ferait tomber sur lui. Et
2o 1 Chr. 6, 11. Dieu aussi s'était retiré de la cour et des
3° Esdr. 10, 42. conseils du malheureux roi. Enivré de sa
4o Sophon. 1, 1. récente victoire, il osa défier son voisin
5o 2 Chr. 19, 11. Souverain sacrifica d'Israël, et lui offrit le combat. On peut
teur, placé par Josaphat à la tête de la croire que la cause ou le prétexte de cette
cour suprême des juges d'Israël. guerre, ce furent les déprédations que
AMATSIA. 1° Neuvième roi de Juda, les 100,000 Israélites, frustrés du butin
fils de Joas et de Jéhohaddan, 2 Rois 12, qu'ils avaient espéré de remporter sur
46 AMA AMB 47 AME
nt | 21. 14, l. 1 Chr. 3, l?. ?l)t! ! Elºm,avaient commises en s'en ret0ur 9.31.— Les ministres de l'Evangile sont
ºnt 25, I. Il avait Wingl-till : º mit dans leur pays, et dont le roi de appelès ambassadeurs de Christ, parce
nt monta sur le trône, 8ºiisºlº luſh trut devoir demander satisfaction. qn'au nom de ce Roi des rois, peu nom
le gna vingt-neuf ans à JerNº lº las,roid'Israél, se comparant lui-même breux sur la terre, ils sont chargés de
e, | mença par faire m0urir les ſerºi il cèdre du Liban, et son adversaire à dire aux hommes sa volonté, et de pro
es son père, mais ne permitºsº tº quelques ronces de la montagne, voulut clamer le traité de grâce qu'il a fait avec
lit moindre mal à leurs chills.Es kdissuader de son entreprise téméraire ; eux : 2 Cor. 5, 20. Eph. 6, 20.
té grâce et dejustice,liennººº mis Amatsia ne l'écouta point (car cela AMEN. 1o Vrai, fidèle, certain. C'est
leopposéeauxmrurslanº ºuil de Dieu). Les deux armées se ren le mot que nos traductions ordinaires
f, mais conforme àl'espril dºº tºlrérent à Bethsémès, et le roi de Ju rendent par « en vérité ». Quand il est re
, la loi mosaique, Deulºlºlº h,fitprisonnier avec une partie de son doublé, il équivaut à la solennité du ser
e dans son royaume WW ºº mée, vit les remparts de Jérusalem dé ment. Des quatre évangélistes, saint Jean
s état de porter les armes,isºº Mis, ses trésors transportés à Samarie, est le seul qui ait conservé la répétition
r encore 100.000 du rºyan º d les principaux des siens emmenés de ce mot, et cette différence entre lui
n pourles envoyer contrelº | lir, ºmme 0tages. Il survécut encore quinze et les synoptiques, se retrouve même
- setaient soustrails sous lºº ºà lus, et par conséquent à sa dé dans les passages parallèles : cf. Matth.
, sance des rois deJuda,êmiº #ms la fin de son règne fut sans 26, 21.34. et Jean 13, 21.38. Y aurait-il
|ans auparavant Mais m º #ie, tt il périt victime d'une conjura un sens mystérieux et caché dans le fait
ayant rappelé que loulº allifſ ſºi ºlſul assassiné à Lakis où il s'était de cette double affirmation P C'est l'opi
tribus rebelles serait fthºº º,ºsºncorpsfuttransporté à Jéru nion de Bengel. La parole de Christ est
me de Juda, il compril !º (s ºm0ù 0nl'ensevelit avec ses pères. la vérité à l'égard de celui qui parle, et
seul qui donne la victºire ! quºi #ºlsia, sacrificateur du veau d'or à l'égard de ceux qui croient; cf. 1 Jean
fuite, et il se hâta de licenciº º º(lºi av. C.), Amos7, 10 et sq. 2, 8. Elle est la vérité quant à la forme
§res enfiisantlº ºna à Jéroboam les prophéties d'\- et quant au fond. Christ n'est pas seul
§res dun mili # # º menaces contre le culte ido à rendre témoignage : lui et son Père sont
donnes p0ur les †† ºhºl Amos répondit au§x pro uns à le rendre, Jean 8, 18. 2 Cor. 1, 20.
ºilengageaità s'enfuir d§t Et lors même qu'on ne verrait pas dans
rononça enfaveur decº
vainquit les Ilmées º du roi : • Je n'étais qu'un bou cette répétition tout ce que Bengely voit
Sel. lci s'arrête la premir º † "lºt des figues sauvages (pouret qu'il développe d'une manière si inté
vie d'Amatsia; sa lºi " lº ºfire mûrir) lorsque l'Eternel me dit : ressante, on ne saurait y méconnaître
pas dans toute sº carrièrê, º # Pºphétise à la maison d'Israël. . affirmation solemnelle. Des exemplesuºº
de
cette répétition se trouvent aussl danS
n'étaitpas
ma une foietvéritllº
de l'Eternel, la" de #sº E#† donné à Amatsia la preuve
ali-mêm † Am0s lui annonça l'Ancien Testament, par exemple Ps. 4!,
§ter de cette vicºiº" # - _ -
§ † qui fondraient sur 1 4.
péchés et malheurs † §† 2° Ainsi soit-il, Deut. 27, 26. Jér. 28,
ºmme et sur ses en 6. Apoc. 1, 18. Formule d'adhésion, d'ap
Epiphane 0t
ets pris sur l'armº d'! " Riº autres pe#
aient les idoles de'unSºlitrphºlt
Aº t## Ya la viole . J0utent qu'Amatsia em probation, d'affirmation, ou de souhait,
dora; puis, lorsqu'll idollſ ! iºtie §† forcer le prophète ordinairement employée à la fin des priè
eprocher s0n incroyalº la sº# ºi qu'Il lui fit souffrir divers res comme pour en Sceller le contenu,
ulte de ces dieux vi# 5 #!
pondit : · Qui t'a établi # #
| †R 0fficier d'un prince,
par exemple à la fin de l'oraisºº domi
nicale. On ne la trouve cependant ni à la
# Cesse dem'impºrtº # fº le † ºnoncer quelque impor fin de la prière sacerdotale, Jean 17, 26.,
# # ºu p0ur traiter quelque Joseph ni lors de la présentation de Matthias et
ſerais-tutuer*'!º † |és à à l'apostolat, Act. !: º Presque
nc, après lui avoir † srk ! - † Les anciens n'avaient pas
•nts que Dieu fenil # hordº lélit # titrés et à poste fixe; ce terminent
tous les écrits
par cedumot,
Nouveau Teslamºº! †
qui semblºº
eu aussi s'élaltº§ºks
§ § charge temporaire, en vue §ulation et la confirmation º faits
'un
la
dit, 2, 9., que leur hauteur était comme qu'ils n'étaient en réalité pas plus dignes
celle des cèdres, et qu'ils étaient forts des grâces de Dieu que les pires des Ca
comme des chênes. Ils avaient à l'est du nanéens, et que, s'ils descendaient phy
Jourdain les deux puissants royaumes de siquement de Sem au lieu de descendre
Basan et de Hesbon, gouvernés par Hog de Cam, il n'y avait en eux-mêmes rien
et par Sihon , Jos. 9, 10., qui s'éten qui les rendît plus agréables à Dieu que
daient depuis le torrent d'Arnon jusqu'à ces peuplades qu'ils avaient dépossédées,
la montagne de Hermon, Deut. 3, 8. et dont ils habitaient le territoire.
Sihon s'était emparé d'une grande partie AM0S. 1° Le troisième des douze pe
du territoire des Moabites et des Hammo tits prophètes. ll vécut environ 800 ans
nites, Nomb. 21, 24. Jug. 11, 13. (Ce der av. C., sous les règnes de Hozias roi de
nier passage indiquant les prétentions Juda, et de Jéroboam II roi d'Israël, et
des Hammonnites sur une partie du pays commença son ministèreau moins en784,
qui leur avait appartenu , disent-ils , année de la mort de Jéroboam; il se trou
avant que les Amorrhéens le possédas vait ainsi contemporain d'Osée, de Joël
sent, est le seul indice d'une conquête et d'Esaïe. Am. 1, 1. Il était originaire
faite sur les enfants de Hammon par les de Tékoah dans la tribu de Juda, et
Amorrhéens.) Mais Moïse fit la conquête exerça d'abord la profession de berger,
de toute cette contrée, et la donna aux ou de bouvier, s'occupant parfois à pi
tribus de Ruben et de Gad et à la demi quer les figues sauvages pour les faire
tribu de Manassé, Nomb. 32,33. Deut. 3, mûrir, 7, 14.;des images empruntées àson
8. 12. 13.— Il y avait encore d'autres genre de vie se retrouvent fréquemment
royaumes amorrhéens dans la partie mé sous sa plume, 3, 12.4, 1. 7, 1. 2. S'il
ridionale de Canaan , à l'ouest du Jour paraît, 7 , 14., se refuser à lui-même le
dain, dans le voisinage de Ilébron et de titre de prophète, il faut l'entendre seu
Hatsatson-Tamar, Gen. 14,7., occupant le lement dans ce sens qu'il n'avait pas été
territoire de la montagne de Juda, Nomb. élevé dans les écoles de prophètes, qu'il
13, 30. Ce sont ceux-là qui battirent les n'avait pas reçu l'éducation régulière des
lsraélites à Horma, Nomb. 14, 45. Deut. prophètes; car en luttant contre Amatsia
1, 44.; mais environ quarante ans après, il insiste fortement lui-même sur la di
Josué vainquit leurs cinq rois, Jos. 10, 5., vinité de sa mission ; et la grande con
et distribua leur pays aux tribus de Juda, naissance du Pentateuque, par exemple,
de Siméon , de Dan et de Benjamin, qui perce dans ses écrits, montre qu'il
Jos. 15 et 19. Cependant ils ne purent était bien préparé pour remplir ses im
être entièremement assujettis, et Josué portantes fonctions.
même ne put les empêcher de se relever C'est auprès des Juifs des dix tribus
quelquefois et de faire des conquêtes qu'il exerça essentiellement son minis
sur Israël, Jug. 1, 34. 3, 5.1 Sam. 7, 14; tère; l'idolâtrie, la corruption qui y ré
les Gabaonites, en particulier, un reste gnaient, la tyrannie et les injustices des
des Amorrhéens, subsistèrent longtemps, grands, forment le sujet de ses exhor
2 Sam. 21, 2. cf. Jos. 9. Les nombreux tations prophétiques , dans lesquelles il
débris de cette nation ne furent définiti dénonce, pour une époque plus ou moins
vement soumis que par Salomon qui les éloignée, de terribles jugements de Dieu.
fit tributaires, 1 Rois 9, 20.2 Chr. 8, 7. Sa sévère franchise lui attira la haine
Comme les Amorrhéens occupaient le des prêtres qui s'efforcèrent d'obtenir
premier rang au milieu des Cananéens, du roi son expulsion, et la tradition
il n'est pas rare que leur nom serve à nous le représente même comme étant
désigner l'ensemble de ces peuplades, et mort victime de leurs cruels traitements.
Canaan tout entier, Gen. 15, 16. Jug. 6, Les six premiers chapitres contiennent
10. 1 Rois 21, 26. 2 Rois 21 , 11. dans un langage simple et sans figures,
Dieu dit aux Juifs que leur père était des prédictions, d'abord contre les en
Amorrhéen , et leur mère Héthienne, nemis du peuple théocratique, puis, de
Ez. 16, 3., pour leur faire comprendre puis 2, 4., contre le royaume même d'Is
4
ANA 50 ANA
raël. Les trois derniers chapitres dénon lait-il s'enrichir aux dépens des frères
cent, en un langage symbolique, les en versant une partie de ses biens dans
jugements de Dieu sur Israël, et se ter la bourse commune pour obtenir par là
minent, depuis 9, 8., par des paroles le droit d'être entretenu, lui et sa femme,
consolantes. Le style est en général peu aux frais de l'Eglise ? Regardait-il les
animé, mais toujours plein de dignité. biens de la communauté comme une es
2o Luc 3, 25. Un des ancêtres de notre pèce de caisse d'assurances qui lui rap
Seigneur, par Marie : inconnu. porterait un intérêt viager supérieur aux
AMOTS. 2 Rois 19, 2. Es. 1, 1. Père intérêts de la somme par lui déposée ?
du prophète Esaïe. Nous ne savons rien Voulait-il peut-être seulement acquérir
sur lui de positif. Les uns le confon des droits à la considération des frères,
dent , mais sans fondement, avec Amos en faisant un acte brillant de charité
le prophète; les autres le font fils de chrétienne ? Il est probable qu'il y eut
Joas et frère d'Amatsia, rois de Juda, un mélange de tout cela dans son cœur
en sorte qu'il aurait été de la famille livré à Satan, v. 3; l'intérêt et la vanité
royale. " furent la source de l'hypocrisie et du
AMPHIPOLIS, ville de la Macédoine, mensonge.
et colonie athénienne, sur les confins de Le châtiment de ces deux coupables
la ThraCe. Paul et Silas la traversèrent peut paraître sévère, si on ne le consi
lorsque, délivrés de la prison de Phi dère qu'en lui-même, et surtout encore
lippe, ils se rendirent à Thessalonique, si on le compare avec le crime de Simon
Act. 17, 1. Elle était située non loin de le magicien(ch. 8), ou d'Elymas (ch. 13),
la mer, sur le Strymon qui l'entourait de et la conduite des apôtres à leur égard.
tous les côtés; c'est de là que lui est Quelques réflexions montreront qu'Ana
venu son nom, d'après Thucydide 4, 102. nias et Saphira furent punis justement,
Elle porte aujourd'hui le nom d'Acra, ou et que leur mort était nécessaire à la
d'Emboli. gloire de Dieu.
AMPLIAS, Rom. 16, 8. Disciple bien 1. Moins coupables en apparence que
aimé de Paul qui le salue, mais du reste Simon le magicien et qu'Elymas, ils
inconnu. l'étaient plus à cause des grâces qu'ils
AMRAPHEL , Gen. 14, M. Petit roi de avaient reçues et de la lumière dont ils
Sinhar, contemporain d'Abraham et allié jouissaient. Elymas était décidément un
de Kédor-Lahomer, q. v. impie, ignorant peut-être jusqu'à l'his
ANANIAS. 1° Le mari de Saphira, toire même de l'Evangile ; et quant à
Act. 5, 1. Il prit place au nombre des Simon, qui paraît avoir eu plus d'instruc
chrétiens de la primitive église de Jéru tion positive, et dont il est dit même
salem, et séduit par tout ce qu'il y avait qu'il crut, qu'il fut baptisé, et qu'il était
d'honorable et de touchant dans le dé comme ravi hors de lui-même, il paraît
vouement et l'abnégation des autres dis qu'il se laissa séduire par la grandeur
ciples, il voulut les contrefaire sans avoir de ces miracles qu'il ne pouvait imiter;
le courage de les imiter, vendit une mais il n'eut aucune idée de ce qu'était
possession, retint une partie du prix la vie chrétienne, la lumière de la Pa
d'accord avec sa femme, et en apporta le role ne pénétra pas dans son cœur, il
reste aux pieds des apôtres, mentant par ne comprit pas l'Evangile : c'est là tout
son silence, comme s'il eût apporté la son crime, tout son malheur, et il agit
valeur entière de sa propriété. Son men comme un homme qui n'avait ni part ni
songe, qui ne s'adressait pas à l'homme, héritage dans cette affaire, 8, 21. ; il ne
mais à Dieu , fut puni de Dieu lui-même, chercha pas à tromper les apôtres, il se
et l'hypocrite tomba mort aux pieds des trompa lui-même , tandis qu'Ananias,
apôtres. On connaît le beau tableau que témoin peut-être des merveilles de la
ce sujet a inspiré à M. Paul Delaroche. Pentecôte , et dans tous les cas, témoin
Il semble que ce ne fût qu'un men des merveilles de l'amour fraternel, pa
songe : c'était un sacrilége. Ananias vou raît avoir joui lui-même un certain temps
ANA 51 ANA
3o Ananias, Act. 23, 2. 24, 1.Souverain mot traduit quelquefois par sénateurs, et
sacrificateur, d'un caractère altier, suscep quelquefois par prêtres dans le Nouveau
tible et remuant, était, d'après Josèphe, Testament, Luc 7, 3. Act. 11, 30. 14, 23.
fils de Nébédée. Il succéda, vers l'an 48 15, 2 sq. 16, 4.1 Tim. 4, 14. Tit. 1, 5. etc.
de Jésus-Christ, à Joseph fils de Kamyde, Les anciens formaient un conseil, un sé
dans les fonctions pontificales. Quadra nat, une espèce de municipalité reli
tus, gouverneur de Syrie, ayant réussi à gieuse, chargée de diriger les affaires de
étouffer les troubles excités en Judée la communauté, sans avoir exclusivement
par les Juifs et les Samaritains, envoya la charge de l'enseignement et de la pré
cet Ananias à Rome, pour y rendre compte dication, ce droit étant alors en quelque
de la conduite qu'il avait tenue aux mi sorte illimité, et appartenant à tous les
lieu de ces désordres. Il parvint à se jus membres de l'Eglise. Le titre d'ancien
tifier entièrement, et l'empereur Claude était à l'origine synonyme du titre d'é-
le renvoya dans son pays. Quelques an vêque, ainsi qu'on le voit clairement par
nées après le retour d'Ananias, Paul eut Act. 20, 17.28. Tit. 1 , 5-7. Don Calmet
à comparaître devant le Sanhédrin qu'il lui-même avoue que « anciennement le
présidait, et comme l'apôtre, plein d'as nom d'évêque et celui de prêtre étaient
surance et de modération, commençait communs et réciproques. » v. les art.
à parler pour justifier le tumulte de la Evèque et Synagogue.
veille, 22, 22. 23. 23, 1., Ananias le fit 4o Dieu est appelé l'Ancien des jours,
frapper au visage, sans qu'on puisse ex pour désigner son éternelle existence,
pliquer cette violence autrement que par Dan. 7, 9. -
l'irritation que lui causa le titre d'hom ANCRE. Instrument dont on se sert
mes frères, dont Paul se servit en s'adres pour arrêter les vaisseaux en rade ou au
sant aux membres du conseil.Alors Paul, port. Ce furent d'abord de grandes pier
soit qu'il refusât de reconnaître Ananias en res attachées avec des câbles : telles étaient
qualité de sacrificateur, soit qu'il ignorât les ancres des Argonautes. On se servit
effectivement qu'il fût le souverain sacri ensuite de pièces de bois chargées de
ficateur en charge, lui reprocha son hy plomb, ou de paniers pleins de pierres,
p0crisie, et lui dénonça les châtiments espèce d'ancre encore en usage chez les
de Dieu. On peut croire que les quarante Japonais. Les ancres faites de deux bar
assassins qui complotèrent pour faire pé bes ou dents, furent inventées par Eupa
rir l'apôtre , furent poussés à ce projet lamius, ou par le Scythe Anacharsis, peu
par Ananias et quelques autres de ses de temps après le retour des Juifs de la
Collègues, vieille manière, mais bien com captivité. Dans les grands vaisseaux on
mode, de répondre aux arguments de ses tenait trois ou quatre ancres, mais il y
adversaires. On sait, du reste, que ce en avait toujours une dont on ne se ser
crime ne put s'accomplir, parce que l'a- vait qu'à la dernière extrémité : on l'ap
pôtre fut transféré à Césarée. Ananias pelait ancre sacrée, et maintenant encore
l'y poursuivit encore, accompagné d'un on l'appele maîtresse-ancre. Autrefois on
Certain rhéteur ou avocat nommé Ter jetait les ancres de la poupe, Act. 27,
tulle, et ne discontinua ses accusations 29 ; de nos jours on les jette de la
que lorsque Paul en eut appelé à l'em proue. Les ancres modernes sont de fer;
pereur. - Il est probable qu'il s'agit en elles ont la forme de crocs, en sorte que,
core d'Ananias, 25, 2., quoiqu'il ne soit de quelque manière qu'elles tombent,
pas nommé, dans la comparution de Paul elles entrent dans le sable. – L'espé
devant Festus. rance du salut est comparée par l'apôtre,
ANClEN. 1o Qui appartient aux temps Héb. 6, 19., à une ancre sûre et inébran
passés, 1 Sam. 24, 14.1 Chr. 4, 22. lable, qui, allant se fixer au delà du voile
2o Un vieillard, Job 12, 12. dans le ciel, vers Jésus et les choses in
3o Les chefs du peuple, soit civils, soit visibles, nous affermit au milieu des ora
ecclésiastiques, sont appelés anciens, Es. ges et de la tempête des passions, et nous
3, 14. Jér. 19, 1. 26, 17. C'est le même empêche de flotter à tout vent de doc
AND 53 ANE
trines, cf. Jacq. 1,6. Jud. 13. 1Tim. 1, 19. qu'il est donné à Barnabas, Act. 14, 14.,
Eph. 4, 14. et à d'autres disciples. On pourrait tra
ANDRE, fils de Jonas, frère de Simon duire aussi, mais c'est moins probable,
Pierre, et pêcheur comme lui, était de « ils sont distingués par les apôtres. »
Bethsaïda, et fut un des premiers disci ANE. Le nom hébreu de l'âne est Hha
ples de Jean-Baptiste. C'est aussi lui que mor, qui signifie roux, roussàtre, parce
Jean 1, 35-42. nous montre comme le que c'est, en Orient, la couleur ordinaire
premier de ceux qui se joignirent à Jésus : de cet animal; on en trouve cependant
il suivait le Maître timidement et sans lui aussi de gris, et quelquefois même de
adresser la parole, jouissant en silence noirs et de blancs. Bien différent de l'âne
de cette divine compagnie, ignorant humble et méprisé de nos contrées, l'âne
même, peut-être, que Jésus l'eût aperçu. oriental est actif, grand et vigoureux,
Mais Jésus s'approcha de lui (cf. Jacq. 4, plein d'énergie et de légéreté dans ses
8.) et le conduisit dans sa propre de mouvements ; son poil est lisse et beau,
meure où il le logea, car le jour était son pas est sûr et agréable; en marchant
déjà avancé.Toutefois ce ne fut que plus il relève avec vivacité ses pieds légers,
tard que Jésus l'appela comme apôtre et porte la tête haute, en sorte que l'épi
sur les bords de la mer de Galilée, Matth. thète de noble animal pourrait s'appli
4, 18. Marc 1, 16., et dès lors il accom quer à lui tout aussi bien qu'au cheval.
pagna le Seigneur jusqu'à la fin. Son ca C'est peut-être à cause de sa vivacité
ractère était moins vif et moins ardent qu'il est dit, Prov. 26, 3. : « Le fouet est
que celui de son frère, et son rôle fut pour le cheval, et la bride pour l'âne; »
modeste; nous ne le voyons qu'une fois on dirait le contraire chez nous. En
seul dans la compagnie des trois grands Orient l'âne est aussi infatigable et plus
apôtres, Marc 13, 3. Il paraît avoir été fort que le cheval, et on le préfère pour
lié plus particulièrement avec Philippe, les courses et les voyages dans les con
qui le consulta, Jean 12, 22., sur le désir trées montagneuses. Plusieurs voyageurs
de quelques Grecs de voir Jésus, cf. aussi célèbres, comme Niebuhr et Myller, rap
Jean 6, 7.8. — Après la Pentecôte, la portent qu'ils faisaient souvent d'une
tradition nous le m0ntre tournant ses lieue et demie à deux lieues par heure,
pas vers la Scythie, puis vers Byzance montés sur ce léger coursier.
où il aurait établi Stachys, Rom. 16, 9., On trouve quelquefois en Asie des
comme premier évêque de cette future ânes entièrement blancs; ils sont consi
métropole. Partout il eut à combattre la dérés comme les plus beaux de leur es
magie et la foi au démon, et il le fit avec pèce, et sont un objet de luxe ; on les
puissance et par des prodiges qui lui ob soigne mieux que les autres, on les couvre
tinrent des succès signalés. Il paraît qu'a- d'étoffes et de harnais plus précieux et
près avoir prêché l'Evangile dans la plus brillants , et l'on n'épargne ni cou
Grèce, il souffrit le martyre à Patras, en leurs, ni sonnettes pour les parer. Quel
Achaïe. quefois on marque leur poil blanc de ta
ANDRONIQUE, Rom. 16,7., probable ches et de raies rouges, avec le jus d'une
ment le mari de Junias; on ne les con plante nommée henna; la crinière et la
naît, l'un etl'autre, que par ce qui en est queue sont de même teintes en rouge.
dit dans ce seul verset. On ignore où ils C'est à cette coutume que se rapporte une
furent prisonniers avec Paul, si ce fut à discussion sur le sens du passage Jug.
Rome ou ailleurs. Saint Paul les appelle 5, 10., où il est question d'ânesses blan
ses parents, mais le mot employé pour ches (d'après le mot hébreu), et où quel
rait aussi ne s'entendre que dans le sens ques savants, s'appuyant sur le sens du
de compatriotes, issus d'une même fa même mot en arabe, veulent ajouter ta
mille, peut-être d'une même tribu. Ils chetées de rouge; toutefois, il est peu
sont distingués entre les apôtres, dit probable que les anciens Hébreux con
saint Paul, et le mot d'apôtre dans cette nussent l'art de peindre les animaux, et,
phrase a l'acception étendue qu'il a lors en tout cas, nous n'avons aucune trace
ANE 54 ANE
de cet usage. — Comme ces ânes blancs Il paraîtrait, d'après 2 Rois 7, 7., qu'à
SOnt plus rares et plus beaux que les au la guerre on ne chargeait ordinairement
tres, il n'y a que les grands et les riches que le bagage sur les ânes; toutefois ,
qui puissent s'en procurer, et ces ani dans la description prophétique de l'ar
maux sont, par là même , devenus une mée de Cyrus, roi des Perses, Es. 21 ,
marque de distinction pour ceux qui les 7., il est question d'uue cavalerie mon
mOIltent. tée de ces animaux. Strabon, de même,
De tout temps, les ânes ont été fort es assure que les Caramaniens, peuple sou
timés en Orient; et autrefois on leur don mis aux Perses, se servaient d'ânes pour
nait, surtout aux ànesses, autant de soins leur cavalerie , et Hérodote nous raconte
que les Arabes en donnent maintenant à que, dans une bataille contre les Scythes,
leurs nobles chevaux. Ils composaient en Darius, fils d'Hystaspe, n'avait pas d'au
grande partie la richesse des patriarches, tre monture pour ses cavaliers. Les his
Gen. 12, 16. 22, 3. 24, 35. Ex, 4, 20. toriens rapportent encore que, huit siè
Nomb. 22, 21. Jos. 9, 4, Jug. 5, 10. 12, cles après Jésus-Christ, un calife possé
14.2 Sam. 16, 2. 1 Rois 13, 13. Néh. 7, dait une cavalerie montée d'ânes , et que
69. Job 1, 3. etc., etc.; et l'on comprend ces animaux étaient si courageux, que de
que les ânesses surtout dussent être puis cette époque le mot a passé en pro
d'un grand prix pour des peuples noma verbe chez les Arabes : « Ane de guerre
des. Comme l'élève des chevaux était ne fuit pas » ; v. d'Herbelot.
presque nulle en Palestine, les Israélites On croit que la défense, Deut. 22, 10.,
se servaient d'ânes pour transporter leurs d'atteler un âne et un bœuf ensemble à
effets, tourner la meule ou traîner la la charrue , de même que plusieurs lois
charrue, cf. Deut. 22, 10. Ex. 23, 12. du même genre , était une loi purement
Es. 30, 24.; on les montait aussi comme symbolique , soit qu'elle eût pour but de
nOuS mOntons les chevaux, Gen. 22, 3. rappeler aux Israélites de se garder tou
5. Ex. 4, 20., et les riches, comme on l'a jours de toute alliance inconvenante, tant
vu, préféraient les ânesses, les ânes blancs en religion qu'en politique, cf. 2Cor. 6,
Ou les ânons, coutume qui s'est conser 14., soit qu'elle dût leur apprendre l'hu
vée jusqu'à nos jours. On bride l'animal, manité , même à l'égard des animaux ,
Nomb. 22, 21. Jug. 19, 10.; on lui jette soit enfin qu'elle fût destinée à les pré
une cOuverture ou des habits sur le dos server de certaines pratiques supersti
en guise de selle, Matth. 21, 7., et le tieuses en usage chez les païens , et qui
conducteur marche à côté ou par derrière, n'étaient pas sans rapport avec ces sor
Jug. 19, 3.2 Rois 4, 24. tes d'alliances. v. Accouplements.
Quand les chevaux commencèrent à Quant à l'ânesse de Balaam, à laquelle
être introduits en Israël, on s'en servit le Seigneur ouvrit la bouche, Nomb. 22,
principalement pour la guerre et comme 28., v. Balaam, nous ferons seulement
montures, et les ânes cessèrent d'être un observer que chez les Romains aussi l'on
objet de luxe ; en sorte que la prophétie trouve des traditions relatives à des ani
de Zacharie 9, 9., que notre Seigneur fe maux qui auraient parlé , et ce cas était
rait son entrée à Jérusalem monté sur toujours un présage funeste, v. Valér.
un ânon, tout en étant conforme aux Maxim, 1 , 6 ; Pline, Hist. Nat. 8, 10.
idées théocratiques des anciens temps, 70. et Bochart. — Le passage Jug. 15,
n'emportait plus l'idée de grandeur, mais 19. a été expliqué de diverses manières;
celle de paix ; et l'entrée de notre Sei on peut voir l'art. Samson et ce que nous
gneur dans cette métropole du vrai culte avons dit dans l'Hist. des Jug. d'Israël ,
' annonçait le triomphe de la paix. Christ p. 103, La traduction généralement adop
allait accomplir, à cet égard, les anciennes tée est la seule littérale , et dans tous
prophéties messianiques, cf. Es. 62, 11. les cas , celle qui se justifie le mieux.
Zach. 9, 9.; et l'épithète de débonnaire D'après Lév. 11 , 4., l'âne était mis au
qui lui est donnée, doit être comprise nombre des animaux impurs dont il était
dans ce sens, défendu de manger la chair; mais on com
ANE 55 ANG
prend que dans les cas de famine , com chez nous et dont les anciens employaient
me 2 Rois 6, 25., cette défense n'ait pas la graine comme épice, Pline 19 , 61.
été bien Strictement observée. L'énormité Les juifs scrupuleux portaient leur zèle
de la somme payée pour une seule tête aveugle pour l'observation de la loi mo
d'âne montre à quelle extrémité les ha saïque jusqu'à payer la dîme de l'anet
bitants de Samarie étaient réduits. aussi bien que celle des autres produc
Ane sauvage. Cet animal, connu aussi tions de la terre , et le Talmud l'énumère
sous le nom d'onagre, surpasse de beau expressément parmi les objets soumis à
coup l'âne domestique , même celui de la dîme. Notre Sauveur reproche aux
l'Orient, par la beauté de sa taille et la pharisiens hypocrites d'ètre par ostenta
proportion de ses membres; il ne sau tion fidèles dans les petites choses, mais
rait être dépassé en vitesse, même par le infidèles dans les grandes.
cheval arabe. Il se distingue par une cri ANGE ou messager , nom générique
nière laineuse et foncée ; son cou est un donné aux intelligences célestes par qui
peu long et courbé , ses oreilles sont Dieu exécute une partie de ses desseins,
droites et très longues, son front est et qui sont toujours prêts à lui obéir.
élevé, sa peau lisse et rayée de brun sur Tous les peuples qui ont eu l'idée d'un
un fond couleur d'argent, tirant sur le esprit souverain y ont joint celle d'esprits
jaunâtre vers le ventre ; cependant on subalternes ou génies. Il y a, en effet, lieu
en trouve aussi d'une couleur plus fon de supposer entre nous et la divinité une
cée. Il est sauvage , vit uniquement dans vie plus relevée que celle dont nous vi
les déserts et ne se laisse pas apprOcher vons ici-bas, une nature plus subtile,
par l'homme, Job 39, 8.9. Gen. 16, 12. plus puissante, plus accomplie. De là,
Es. 32, 14. Dan. 5, 21. Il ne marche dans le monde païen, l'idée de ses demi
que par petites bandes ordinairement dieux dont il a peuplé l'espace, inventant
composées d'un mâle et de plusieurs fe jusqu'à des êtres protecteurs de peuples,
melles. Cf. Jér.2, 24. Ps. 104, 11. De nos de familles, même d'individus. La révéla
jours il habite surtout les déserts de tion est remarquable dans la pureté des
l'Asie centrale , tandis qu'il se trouvait conceptions qu'elle nous offre sous ce
autrefois jusque dans les parties mon rapport, repoussant comme indigne en
tagneuses et désertes de l'Asie Mineure, elle-même l'idée de dieux imparfaits ,
de la Syrie et de l'Arabie. Le livre de mais justifiant celle d'esprits supérieurs à
Job, 6, 5. 39, 8-11., donne une belle des nous, et qui animent ce monde immense
cription de ses habitudes et des lieux où encore caché à nos regards , elle place
il se tient de préférence. Les Bédouins , leur création au-dessus de l'origine de
Job 24, 5., aussi bien que leur père Is notre présent monde, et en distingue de
maël, Gen. 16, 12., sOnt comparés à des bons et de mauvais. Job. 38, 7. Jean 8,
onagres, à cause de leur vie indépen 44. Gen. 3, 4. 1 Jean 5, 18. 2 Pier. 2, 4.
dante et libre dans les déserts, de leur Jud. 6.
opiniâtreté et de leur rapidité dans la Les bons sont représentés comme plus
fuite. élevés en intelligence, en force, en bonté,
Outre l'âne sauvage, que nous venons et par cela même en bonheur. Ils sont
de décrire, il en existe dans la Mongolie classés parmi les choses invisibles qui
une autre espèce appelée djiggetaï ou zig font aussi partie de la création. Col. 1,
getaï (longue oreille), sorte de mulet sau 16. Hébr. 1, 14. Luc. 24, 39 (1 Cor. 15,
vage et naturel qui tient le milieu entre le 42-50). Matth. 28, 3, Marc 16, 5. Luc
cheval etl'onagre. Presque tout ce que la 1, 11. 2, 9. 24, 23.Act. 1. 10, 6, 15. 12,
Bible dit de l'âne sauvage pourrait serap 7.2 Cor. 11,14. Apoc. 1, 20. Es. 6, 1, etc.
porter à ce djiggetaï; mais on ne le trouve Leur désignation commune de messa
pas dans l'Asie antérieure, et les anciens gers ne renferme ni attribution de divi
ont toujours soigneusement distingué nité , ni droit à aucun culte : ils sont
ces deux animaux. comme les hommes, serviteurs dans le
ANET, Matth. 23, 23., herbe connue royaume et pour la loi, mais occupant un
ANG 56 ANI
rang plus élevé. lls sont appelés l'armée anges en soient sortis par un usage plein,
des cieux, Luc 2, 13.; gardiens, Dan. 4, outré, poussé jusqu'à l'abus, de leur pro
13. 14. ; fils de Dieu, Job 1, 6.; élus, pre gloire ; et comme parmi les hommes
1 Tim. 5, 21.; saints, Luc 9, 26. Dan. 4, on voit celui qui est tombé chercher à
13.—Ils paraissent classés en catégories entraîner les autres et, devenu séducteur,
variées : les séraphins, Es. 6, 2. 6; les devenir ensuite persécuteur des bons qui
chérubins, Ez. 10, 1. Leurs rôles sont résistent à son action funeste, on peut
assignés, Exod. 32, 34. Enfin ils sont re concevoir qu'une réaction semblable ait
présentés comme ayant un corps, Jug. eu lieu chez ces grandeurs déchues et
13, 3., cf. v. 6. Leur armée est immense, qu'elles cherchent maintenant à nous en
et les divers noms qui leur sont donnés traîner avec elles. Leur caractère est
font supposer qu'il y a diversité de rangs tracé dans ces paroles : « séduisant et
parmi eux. Ps. 68, 17. Dan. 7, 10. Matth. étant séduits. »
26, 53. Col. 1, 16. Apoc. 5, 2. (Car, Des apparitions d'anges dans le Nou
même en admettant que ces noms soient veau Testament se lisent, Matth. 1, 20.
le fruit d'un tradition babylonienne , ils 21. 2, 13. 19. 4, 11. Luc 1, passim; 2,
sont consacrés dès qu'ils sont reçus par passim ; 22, 43. 24; Act. 1, 10. 11. 5,
les écrivains inspirés, et par les anges 19, etc.
eux-mêmes.) — L'Ecriture établit une Dans une foule d'endroits de l'Ancien
grande liaison entre le monde invisible Testament, nous retrouvons l'action des
et le nôtre, liaison qui a été plus fré anges; mais il est un de ces messagers
quente dans ses manifestations jusqu'à célestes qui est appelé par excellence
l'établissement complet de l'Eglise, et l'ange de l'Eternel , et même Jéhovah,
qui subsiste, quoique cachéee, jusqu'à la l'Eternel, dans lequel il est impossible,
fin, Héb. 1, 14. Quand tout ce qui est malgré son refus de se nommer lorsque
caché sera mis en évidence, et que le rè Jacob ou Manoah lui demande son nom,
gne de Dieu prévaudra complétement, de ne pas voir le grand médiateur entre
alors l'apparition des anges redeviendra Dieu et les hommes, le Fils unique issu
un signe de communication libre entre les du Père, Dieu manifesté en chair ; Gen.
cieux et la terre. Matth. 13, 41. 49. 16, 16, 7-13. 22, 11. 15-18. 31, 11-13. 32,
27 : 24, 31 ; 25, 31 ; 1 Thess. 4, 16. 2 24-30.48, 15. 16. Exod. 3, 2-6. Jug. 2,
Thess. 1, 7. 1. 6, 11. 16. 21 -24. 13, 16-22. v.
Quant aux anges déchus, leur histoire Gaussen, Gédéon devant l'ange de l'Eter
est et sera toujours une énigme pour nel.
nOus jusqu'au jour où nous connaîtrons ANIMAUX. La Bible appelle en géné
parfaitement. La possibilité de la chute ral les animaux étres vivants , et leur
finale d'êtres aussi excellents et aussi éle principe vital âme ou souffle de vie. Dans
vés, devait entrer dans le dessein primi la description que Moïse nous donne de
tif de leur Créateur, et nous lisons, Job la création, Gen. 1, 20-29., les animaux
4, 18 : « Il met, ou il a mis de l'imper sont nommés dans l'ordre suivant : 1°pe
fection dans ses anges. » C'est la vraie tits animaux aquatiques, 2° oiseaux , 3°
traduction du passage. La question de grands animaux aquatiques (poissons et
cette chute se lie, du reste, à celle de l'o- amphibies) , 4° quadrupèdes, 5° repti
rigine du mal dans le monde, et nous ne les. Dans le 28e verset du même chapitre
pouvons l'examiner ici. Il reste seule ils sont énumérés et classés sommaire
ment que l'œuvre de Dieu étant harmo ment comme suit : 1° poissons de la mer,
nique, il n'a pu créer deux principes con 2° oiseaux des cieux , 3° toute bête qui
traires et hostiles : les anges déchus, se meut sur la terre. La même classifica
comme tels, n'appartiennent pas à la tion, dans un ordre peu différent, se re
création ; leur existence tient à leur pé trouve 9, 2.; et, dans le récit du déluge,
ché qui fut peut-être l'orgueil, et notre tous les animaux, à l'exception des aqua
raison ne peut rien alléguer contre la tiques, sont compris dans les classes des
possibilité d'une condition telle que ces oiseaux, des quadrudèdes et des repti
ANI 57 ANI
les, 6, 20. Les quadrupèdes eux-mêmes bre de ces animaux , la même aversion
sont divisés en bétail et bêtes des champs, naturelle à l'homme , que nous ressen
division naturelle qui sanctionne celle tons également à leur vue, quoique ce ne
que nous avons établie entre animaux do soient plus des motifs religieux qui nous
mestiques et bêtes sauvages. Lév. 11 , 3. l'inspirent.
26. 27., la distinction est faite entre qua Le Lévitique, au chapitre cité , indi
drupèdes, 1° qui marchent sur des pattes, que les marques auxquelles on pouvait
2° qui ont l'ongle divisé, et 3° qui ont le reconnaître et distinguer les animaux
pied fourchu ; dans ces deux dernières purs des animaux impurs , et ces carac
classes, Moïse distingue encore les ani tères extérieurs sont si simples et si
maux qui ruminent et ceux qui ne ru appropriés au but que se proposait le
minent pas. Les animaux qui vivent dans législateur , que les hommes les moins
l'eau sont divisés en deux classes , ceux instruits du peuple pouvaient les recon
qui ont des nageoires et des écailles, naître et les retenir : nos savants même
comme les poissons, et ceux qui n'en ont été forcés d'admirer la simplicité,
ont pas. Parmi les reptiles, ce législateur l'exactitude et la justesse de ce système
distingue ceux qui ont à la fois des ailes mosaïque. Mais le législateur se tait sur
et quatre pieds, de ceux qui n'ont point les raisons qui l'ont guidé dans la dis
d'ailes et qui rampent ou marchent sur tinction qu'il a faite entre ces animaux :
quatre pieds ou davantage encore. C'est le Seigneur l'avait prescrite , et cela de
sur ces divisions que se fonde la distinc vait suffire. Cependant, comme on doit
tion en animaux purs et animaux impurs, admettre que Dieu avait certainement de |
c'est-à-dire en animaux que l'usage trans bonnes raisons fondées sur la nature des
mis par les patriarches, et la loi de Moïse, objets en question, et sur les circonstan
permettaient ou interdisaient de manger. ces dans lesquelles les Juifs se trouvaient,
Lév. 11. les savants de tous les temps se sont
Presque tous les animaux désignés donné beaucoup de peine pour découvrir
comme purs, et quelques-uns de ceux ces motifs , et nous les trouvons dans
qui sont déclarés impurs, nous sont con les considérations suivantes :
nus ; mais jusqu'à nos jours les savants 1° Il est écrit, Lév. 20, 25.26 : « Sé
ne sont pas encore parvenus à détermi parez la bête nette de la souillée, et ne
ner exactement et avec certitude quels rendez point abominables vos person
sont les autres animaux impurs nommés mes , en mangeant des bêtes et des oi
dans la loi de Moïse. Il est évident , du seaux immondes... ni rien de ce que je
reste, que cette distinction n'est pas ar Vous ai défendu comme une chose im
bitraire; elle existait déjà du temps de monde ; vous me serez donc saints,
Noé, Gen. 7, 2.8, 20., et date peut-être car je suis saint, moi l'Eternel, et je
de la création même, ou plutôt de la vous ai séparés des peuples , afin que
chute. Cependant il ne faut pas croire vous soyez à moi » ; cf. Deut. 4, 2.3.
que les animaux déclarés impurs fussent, 20. La pureté spirituelle et morale à la
pour cette seule raison, détestés, craints quelle les Juifs étaient appelés , devait
ou bannis du pays : leur chair seule était être exprimée et représentée par toutes
défendue, mais les Israélites s'en ser leurs actions jusque dans celles de la
vaient pour d'autres usages. Ils possé vie ordinaire : l'extérieur devenait ainsi
daient des ânes , des chameaux , ainsi comme l'emblème et le signe de la vie
que plusieurs autres animaux de cette intérieure, Lév. 11, 43.44. En habituant
classe, et les estimaient pour leur utilité les Juifs à distinguer entre ce qui est
de tous les jours. Nous remarquons mê pur et ce qui ne l'est pas, et à ne ser
me que le lion et l'aigle, qui étaient des vir leur Dieu qu'avec des objets purs,
animaux impurs, entraient dans la com ils se pénétraient d'amour pour la pu
position des chérubins , Ezéch. 1 , 10. reté et d'horreur pour l'impureté, aussi
Apoc. 4,7. Les Israélites éprouvaient ce bien pour les choses spirituelles que
pendant, à l'égard du plus grand nom pour les objets matériels. Aucun des
|
ANI 58 ANI
la loi mosaïque déclarait impurs étaient apporter son enfant quarante jours après
regardés par les Egyptiens et par d'au sa naissance ; et après que Siméon eût
tres peuples païens comme divinatoires béni Dieu de lui avoir fait voir son salut,
(ux»rcx2 ) , tels que les chevaux et les Anne, inspirée par le Saint-Esprit, loua
chiens, par exemple. ( Origène contre l'Eternel, et dirigea sur Jésus l'attention
Celse, 4). Les Juifs croyaient que l'or de tous ceux qui croyaient aux promesses
ganisme intérieur de ces animaux les de Dieu, en le leur annonçant comme le
rendait particulièrement propres à subir Messie promis à leurs pères. C'est elle
l'influence des démons ; cf. Matth. 8, 31. qui, la première après Zacharie, pro
32. et ailleurs. nonça le mot de délivrance, rachat ou ré
Ces lois sur les bêtes pures ou im demption (Aût po7t;) en l'apppliquant à
mondes n'étaient pas des préceptes de l'œuvre que Jésus venait accomplir sur la
religion de l'observation desquels dépen terre. Luc. 2, 36-38.
dit le salut des âmes, et leur transgres 3o Anne ou Annanus, souverain sacri
sion ne constituait pas un péché propre ficateur, fils de Seth et beau-père de
ment dit, mais une souillure légale : les Caïphe. Il eut plusieurs enfants, dont
étrangers qui séjournaient parmi les Is cinq fils qui remplirent successivement
raélites n'étaient pas même tenus de les les mêmes fonctions que leur père, les
observer. Le concile des apôtres , Act. uns de son vivant, les autres après sa
15, 29. n'interdit aux fidèles que les mort. L'un d'eux, pareillement nommé
choses sacrifiées aux idoles , le sang et Annanus, présida, selon Josèphe, à la mort
les bêtes étouffées : pour tout le reste, de l'apôtre Jacques. Anne fut déposé de
l'Eglise donne liberté plénière de manger ses fonctions par Quirinus, légat impérial
ou de ne pas manger , pourvu que l'on sous le règne de Tibère, mais continua
rende grâces à Dieu , avec reconnais d'exercer encore une grande influence
sance, dans un cas et dans l'autre. La vi sur les affaires ; il conserva le titre ho
sion de saint Pierre, Act. 10, dans la norifique de souverain sacrificateur, Act.
quelle des animaux impurs sont déclarés 4, 6., et fut probablement vicaire (ou Sa
purs sous la nouvelle dispensation de gan) de son beau-père, le grand-prêtre
Christ, est expliquée par cet apôtre Caïphe. C'est devant lui que Jésus fut
lui-même , v. 28 : « Dieu , dit-il , m'a conduit d'abord après son arrestation, et
montré que je ne devais plus estimer au soit qu'il voulût se débarrasser d'une af
cun homme être impur ou souillé » ; les faire désagréable, soit que, pour une
animaux immondes qu'il avait vus dans cause de cette importance, il crût ne pas
la vision représentaient les païens de pouvoir la prendre sous sa responsabi
t0utes les nations. lité, il renvoya le prisonnier devant
ANNE. 1o L'épouse d'Elkana, rivale de Caïphe, qui était le souverain sacrificateur
Péninna, stérile d'abord, puis mère de de cette année-là, Jean, 18, 13. L'un et
Samuel et de plusieurs autres enfants. l'autre furent persécuteurs des apôtres,
1 Sam. 1. Son histoire simple et tou et nous les retrouvons Act. 4, 6., au nom
chante nous apprend ce que pouvait être bre de ceux qui devaient juger Pierre et
la foi des Hébreux, et comment ils étaient Jean coupables d'avoir guéri un impo
récompensés pour avoir cru en celui tent,
qu'ils ne voyaient pas. Pour plus de dé ANNEAUX, v, Boucles.
tails, v. Jug. d'lsr., p. 114-118. ANNEE. L'année des Hébreux se di
2° Fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. visait en six saisons , composées cha
Elle fut mariée de bonne heure, et resta cune d'un mois et de deux demi-mois.
veuve après sept ans de mariage. Dès ce Ils avaient deux époques , à dater des
moment , elle se dévoua tout entière au quelles ils comptaient le commence
Service de Dieu : tous les matins et tous ment de l'année, suivant les bbjets qu'ils
les soirs elle assistait aux sacrifices qui avaient en vue : ils avaient ainsi deux
s'offraient dans le temple. Elle avait qua années différentes qui s'enchassaient
tre-vingt-quatre ans lorsque Marie vint y l'une dans l'autre, l'année sacrée et l'an
ANN 60 ANN
née civile. Cette dernière commençait, le mois intercalaire Beadar était le der
COmme encOre chez les Juifs de n0S nier de l'année sacrée. v. sur ce sujet le
jours, au mois de Tisri, (mi-septembre); Traité de l'année juive de L. Bridel(Bâle,
elle servait pour régler les jubilés et 1810); la matière y est savamment traitée.
toutes les affaires civiles, Lév. 25, 8-10. Nous avons à mentionner ici deux in
L'autre, l'année sacrée, commençait au stitutions mosaïques bien extraordinaires
mois d'Abib ou Nisan (mi-mars), parce pour nos mœurs, mais dont l'intention,
que c'est dans ce mois que les Israélites dans la pensée du législateur, ne saurait
furent délivrés de la captivité d'Egypte, être douteuse, savoir l'année du sabbat
Ex. 12, 2. C'est d'après elle que se ré et l'année du jubilé. · · ·
glaient les fêtes et les services religieux; Il y avait année sabbatique ou de repos
la fête de Pâque qui tombait au mi tous les sept ans. Les travaux de la cam
lieu du premier mois, était comme la pagne devaient être interrompus; on ne
dédicace ou la mère des autres solen pouvait ni ensemencer les champs, ni
nités. tailler la vigne dans cette année extraor
Comme les mois des Juifs suivaient dinaire, Lév. 25. Le propriétaire même
plus que les nôtres la marche de la lune, ne pouvait pas jouir exclusivement des
et qu'ils étaient alternativement de 29 et produits naturels de son domaine, et les
de 30 jours, leur année était nécessai fruits de la terre devaient être la pro
rement plus courte que la nôtre , et ne priété des pauvres, Ex. 23, 11. Les es
comptait que 354 jours et 8 heures. Pour claves hébreux pouvaient être affranchis
la faire correspondre avec l'année so s'ils le voulaient. Et pour rassurer le cul
laire, ils devaient par conséquent inter tivateur inquiet, Dieu promit aux pro
caler tous les deux ou trois ans, un mois priétaires que l'année qui précéderait
supplémentaire qui se plaçait après le celle du sabbat, il enverrait sa bénédic
mois Adar, le douziême de l'année sa tion sur la terre , de telle sorte qu'elle
Crée, et qu'on appelait pour cette raison produirait pour trois années, Lév. 25, 21.
second Adar (Beadar ou Veadar). Nous Durant cette septième année, le livre de
donnons ici les noms des douze mois , la loi devait être lu publiquement devant
en renvoyant pour plus de détails soit à tout Israél, d'après un commandement
l'article mois, soit à leurs articles res exprès de Dieu.
pectifs, pour ce qu'il y a à dire sur cha La loi sabbatique fut probablement ob
cun de ces mois en particulier. servée au temps de Josué et des anciens
Année civile. Tisri ou Ethanim (cor qui lui survécurent ; puis Israël se ré
respondant à notre fin de septembre et volta contre l'Eternel pour servir Bahal,
commencement d'octobre; nous n'indi et comme il n'en est plus fait mention
quons, pour abréger, que le mois de postérieurement, la fête de la septième
septembre); Marchesvan ou Bul (octo année ne fut probablement plus consi
bre); Kisleu (novembre);Tebeth (décem dérée que comme une division de temps,
bre); Sébat (janvier); Adar (février, et cOmme une institution civile. Cette
suivi de Beadar quand il y avait lieu); Ni négligence, et le mépris de cette loi,
san ou Abib (mars); Jyar ou Zif ou Jiar fut l'une des causes de la captivité des
(avril); Sivan (mai); Thammuz (juin); Ab soixante et dix années, 2 Chr. 36, 21.
ou Af(juillet); Elul (août). Les noms de Dans quel but Moïse a-t-il pu donner
Tisri, Marchesvan, Jiar, Thammuz et Ab une loi si contraire en apparence au des
ne se trouvent pas dans l'Ecriture. sein qu'il s'était proposé d'arracher les
L'année sacrée, commençant avec le Hébreux à leur vie nomade, et d'en faire
septième mois de l'année civile, et se un peuple d'agriculteurs P Cette loi ne
rapprochant davantage de la nôtre, comp devait-elle pas d'ailleurs, sous un point
tait donc les mois dans l'ordre suivant : de vue tout à fait matériel , fausser les
1°Abib(mars);2°Jyar; 3°Sivan; 4°Tham notions agricoles des Hébreux, et nuire
muz; 5° Ab; 6o Elul; 7o Tisri; 8o Bul; au sol plutôt que de lui profiter ? Remar
9°Kisleu;10°Tebeth;11°Sebat; 12° Adar; quons à cet égard que, si chez nous un
ANN 61 ANN
eux-mèmes, en leur donnant cette ri Plus étrange encore à nos mœurs que
chesse passagère qu'ils devaient être ja la précédente, cette loi qui, sans doute,
loux de faire durer pendant les années fut aussi moins religieusement observée,
qui devaient s'écouler jusqu'à la pro avait une portée plus nationale encore
chaine jachère septennale. Enfin, un der et plus théocratique, en même temps
nier motif de cette loi, et qui certes n'é- qu'elle avait pour but d'empêcher une
tait pas le moindre en importance comme trop grande inégalité des fortunes de
en actualité : elle tendait à cOnserver au s'introduire à la longue au milieu des
milieu des Hébreux le souvenir de la Hébreux. Nous avons indiqué déjà son
création et à augmenter leur respect pour rapport avec l'institution du sabbat. Dieu
l'institution d'un jour de repos au milieu lui-même avait donné aux Israélites la
d'eux. Aucun doute ne peut s'élever à terre qu'ils habitaient, et il ne pouvait
cet égard, et l'on ne saurait méconnaître pas permettre qu'ils l'oubliassent. « La
l'intention du législateur de rappeler en terre est à moi, » dit-il Lév. 25, 23., et
core au peuple, trop oublieux de ses de les Hébreux n'étaient que ses fermiers ;
voirs , la nécessité d'observer le jour s'ils eussent pu disposer à tout jamais
solennel du Créateur pour le sanctifier. des propriétés qui leur étaient confiées,
Frappés par une loi de repos qui revenait ils eussent pu s'en croire les maîtres, et
ANN 62 ANT
c'est ce que Dieu voulait empècher. A grande disproportion des fortunes. Les
cet égard la loi du jubilé était donc une terres, primitivement partagées par éga
loi fondameutale , et reposait sur cette les portions entre les familles hébreues,
idée, base de la constitution israélite, ne pouvaient en sortir que pour untemps,
c'est que Dieu ne traitait son peuple que et devaient, chaque année jubilaire, re
comme des étrangers sur la terre , et tourner à leur premier maître, ou aux
qu'il leur refusait le droit de posséder. héritiers de ses droits et de son nom.
Mais que devenait l'Hébreu que la mi C'était une entrave à la possibilité d'ac
sère avait forcé de vendre son champ ?La quérir de grandes richesses : tous les
modique somme qu'il en avait retirée cinquante ans le niveau repassait sur le
devait être insuffisante pour l'entretenir pays. De plus, comme ces achats de terre
lui et sa famille pendant le temps où il en n'étaient à proprement parler que des
était privé, et il était quelquefois obligé baux à longs termes, la terre n'avait pas
de se vendre lui-même, mesure pénible une aussi grande valeur que si la vente
qui n'imprimait cependant aucune flétris en eût été réelle, effective; l'acheteur
sure sur celui qui y était réduit, et dont n'achetait pas grand chose, et le vendeur
l'Eternel avait adouci l'amertume en lui ne retirait pas de sa proprièté de qu0i
donnant le droit de se racheter en l'an s'enrichir : il ne pouvait y avoir grande
née sabbatique, s'il le désirait, et en l'af spéculation ni chez l'un, ni chez l'autre.
franchissant nécessairement lorsque l'é- Enfin , par cette institution , les terres
poque du jubilé venait lui rendre sa des diverses tribus leur étaient conser
richesse première, ses propriétés , et vées ; le cœur et le nom de chacun se
abolir ses dettes. Cet affranchissement, rattachaient constamment à cette glèbe
comme le retour des propriétés à la héréditaire, qui pouvait servir aux Hé
famille de l'ancien possesseur, marquait breux de titres généalogiques; de sorte
encore la puissance de Dieu, et la dé que la famille de Christ, comme celle de
pendance de la créature. Aucun homme tout Juif, étant intimement liée à la p0s
ne peut en posséder un autre, « car ils session d'une propriété, il était facile
sont mes serviteurs, » dit l'Eternel, Lév. d'en suivre les traces et d'établir aVct
25, 42. Ils sont mes serviteurs, mes es certitude la filiation de chacun jusqu'aux
claves, et ne peuvent être possédés par générations les plus reculées. On sail
personne; ils peuvent se mettre au ser combien les Juifs tenaient à leurs généa
vice d'autrui pour un temps, mais per logies, et l'on sait aussi pourquoi. La
sonne ne peut réclamer sur eux des droits famille du Messie habitant à Nazareth,
de propriété que moiseul je possède, moi avait ses titres et ses propriétés à Beth
l'Eternel. Par là même , chaque Hébreu léhem : c'est là que la famille de David
conservait, avec sa liberté, le sentiment de dut se faire enregistrer lors du dén0ml
sa dignité; la servitude n'avait rien de dé brement de César-Auguste; Joseph et
gradant, parce qu'elle n'était que tempo Marie descendirent au lieu de leur mais
raire et en quelque sorte volontaire : sance, et pendant ce voyage notre Sau
l'esclave restait Hébreu, fils d'Abraham, veur naquit au lieu même que les pr0
et le maître, sachant que le terme n'était phètes avaient annoncé.
pas éloigné où les fortunes redevien L'année jubilaire est un type remar
draient égales, où son esclave redevien quable de la rédemption procurée par Jé
drait libre comme lui-même, n'était pas sus-Christ, Es. 61, 1. 2., et le Sauveur
tenté d'abuser d'une autorité qu'il savait lui-même établit cette analogie entre l'E-
n'être pas éternelle, et se rappelait que vangile et le jubilé, Luc 4, 19.
son serviteur était en même temps son ANTECHRIST , ou plutôt Antichrist
frère. La différence des rangs ne devait (opposé à Christ, ennemi de Christ, et
donc pas s'établir d'une manière stable | aussi, vicaire, substitut de Christ), 1 Jean
et permanente, et ne pouvait se trancher | 2, 18.4 , 3. On désigne généralemenl
au delà de certaines limites. sous ce nom un monstre de puissance et
Cette loi empêchait encore une trop | de méchanceté qui doit s'élever dans les
ANT ANT 63 ANT
proportiºn ds frIr ! lrriers temps p0ur terminer la période christ : et ce nom lui appartient, sinon à
nitivement prºgrs# # des genlils, et hâter par sa chute la res plus juste titre, du moins avec plus d'ap
s entre les lºnlsº bufali0n d'Israël et le second avénement parence , à mesure que son influence est
)tens0rtirqlep ruº duSeigneur. L'esprit de secte a souvent plus considérable. Mais ce ne sont là
, chaque Dºjirº liiulurelescaractères parlesquelsl'Ecri que des hommes ou des systèmes animés
leur premier mr.an Ile désigne ce personnage, et l'on y a de l'esprit de Satan ; l'Antichrist en sera
, ses droils el k S41 W,l0llrà t0ur et successivement, Maho possédé : la plénitude de Satan habitera
entrave à l pNlºir mtd le pape, Luther et Napoléon, le en lui, comme la plénitude de la divinité
grandes ridltiº.lº ! jºpisme et l'esprit révolutionnaire des a demeuré en Christ. Entre ces deux ter
Ils le pivtlll frjºis" lemps m0dernes. On l'a considéré dans mes il y a parallélisme et corrélation.
s, c0mmecº àdiisºr k passé et n0n dans l'avenir, et on l'a L'arrivée de l'Antichrist sera le signal
prºpremell prº ºº sa généralement fait surgir de la par du dernier engagement , de la lutte dé
, termes,hltffºfº e oilatale de l'ancien empire ro finitive entre les deux principes qui se
Inde valeur | sº* mn 0n peut consulter, sur ces divers sont toujours partagé le monde. Satan
réelle, ferie lº Mills de Vue, trois ouvrages à la portée viendra lutter en personne contre le peu
, grand dº d º ººulle m0nde, et qui se recomman ple de Dieu, qui sera persécuté pendant
as de s prºpriº** ºdaulant plus que leurs points de quarante-deux mois, trop faible pour
ne p0lluil ! iti # Wllt Ilt S0nt pas les mêmes : Vivien sur résister, mais qui triomphera lorsque
ichº lun, tidºº º)pse, Gaussen sur Daniel, et B. Christ en personne apparaîtra pour com
celleislilulilºº " Mºn Pensées sur l'Apocalypse.— battre son adversaire. C'est cette der
tribus leur biº ºm de ces points de vue ne saurait nière lutte qui fait presque tout le fond
r et le non ! dut ! º rteplé d'une manière absolue; cha des prophéties de l'Apocalypse, et Heng
uſslammenl 1º jº "ºlfºpc00fondu l'Antichrist avec les stenberg a eu raison de dire, dans une
ui pouvait sºnº aº miiss (cf. 1Jean2, 18.), les types série d'articles sur ce sujet , que la Béte
s généalogiqºº ne ºlilype. Comme Christ a été le ré était la clef de la Révélation. (Kirchen
de Chrisl, cº , ºin de tout ce qui avait été avant zeitung, janvier 1847.)
§inementiº º, l ºnt ce qui après lui devait être Les chapitres qui jettent le plus grand
# l Dieu, l'Antichrist sera le résumé jour sur l'histoire de l'Antichrist , sont
propriété | #
º et inſernal, l'incarnation, la Es. 13, 14, et 30 ; Dan. 2, 7,8, et 11 ;
, traces ! Jº
tion de duº # ºiiiaiion de ce qui, dans tous les 2 Thes. 2 ; 1 Jean 2 ; Apoc. 11 , 13 , et
, plus
ifs
#|
lenientalºº -
º, aura représenté le principe anti 17. Il est appelé roi de Babylone , roi
º, le principe du mal Opposé au d'Assur, Lucifer (étoile du matin ) , la
§it aussi pº . º du bien. Caïn, dans sa lutte corne qui a des yeux (symbole de force et
sie habilall ! # †ºlº, Pharaon opprimant lsraèl, d'intelligence ), le roi pour lequel To
et SêS # º, Madian, Saül luttant contre phet est préparée , l'homme de péché, le
†
que la fallº , \ºadnetsar, et surtout Antio méchant, l'Antichrist et la Bête; c'est la
§ lslº † (ºf Dan. 11), ont été de onzième corne de la bête. - Son carac
lidrist ºuiss, de vrais types de l'An tère est essentiellement impie, mais d'une
l † les jours apostoliques, impiété orgueilleuse et surnaturelle. Il
§ Néron et Domitien, Julien dira dans son cœur : Je suis semblable
i § ºmet, le papisme, l'incré au Souverain. Il résistera contre le Sei
* Vºltairienne, Ont été de même , gneur des seigneurs ; il s'élèvera par
: † Systèmes, de vrais anti dessus tout Dieu, contre tout ce qui est
luis § ºn0mbre en est considérable, nommé Dieu, voulant se faire passer pour
qui doit † types de l'Antichrist un Dieu ; il niera le Père et le Fils, et sa
kspr † à la fin des temps et que bouche sera pleine de blasphème contre
"ºs annoncent, tant dans l'An Dieu ; la Bête est pleine de noms de blas
(lril
# dans le Nouveau Testament, phèmes. On peut voir également dans ces
º, ºmalité puissante et de
Il{!
passages tout ce qui est dit de sa mer
# al ancien empire romain. veilleuse puissance , appuyée de mira
cles, et accompagnée d'un enthousiasme si
† d'opposition à Christ est
†ºisme : tout individu qui général que les dix rois abdiquerontentre
*" llie Christ , est un anti ses mains , et que tous ceux dont les
#
ANT 64 ANT
noms ne sont pas inscrits au livre de vie, aura servi ; il s'emparera d'un ou de
l'adoreront : caractère que l'on ne peut plusieurs trônes , et par ses qualités
encore attribuer à aucune des puissances brillantes et chevaleresques , par ses
que l'on a voulu jusqu'à ce jour identifier dons miraculeux , il attirera à lui tous
avec l'Antichrist. — Le lieu de son Ori ceux qui ne seront pas de Christ ( il
ging et de son séjour, et le centre de son séduirait même les élus s'il était possi
activité ne sont que très vaguement dé ble ) ; il régnera en Orient, et fera de
terminés : il sera assis en la montagne Jérusalem le centre de ses opérations ;
d'assignation aux extrémités de l'aquilon, il y persécutera les Juifs pieux (la fem
entre les nues, sur la noble montagne de me ), qui s'enfuiront dans le désert ;
la sainteté ; il s'assiéra dans le temple de il enverraaprès eux une armée (le fleuve),
Dieu , — et fera cesser le sacrifice con qui sera détruite ou engloutie ; il fera
tinuel ; la bête sort de la mer (Méditer mettre à mort les deux témOins , et c'est
ranée). La plupart de ces données, et spé à ce moment , à l'apogée de sa puis
cialement celles qui concernent l'activité sance , que par l'intervention directe de
de l'Antichrist , semblent se rapporter Christ son règne prendra fin. La pierre
assez clairement à Jérusalem , et c'est à sera coupée sans main , le Seigneur fera
Jérusalem aussi que prophétiseront les mourir le méchant par le souffle de ses
deux témoins que l'Antichrist fera met lèvres , par l'Esprit de sa bouche ; la
tre à mort. Un caractère, plus impor bête sera prise et jetée toute vive dans
tant qu'il ne paraît d'abord, c'est que la l'étang ardent de feu et de soufre ( Es.
seule fois où la Bête apparaît avec un 11 , 4. Dan. 8, 25. 2 Thes. 2, 8. Apoc.
corps (partout ailleurs on ne voit que son 19, 15. 20.) La plaine de Jizréhel, q. v.,
horrible coiffure ), elle a un corps de sera probablement le champ de cette
léopard (symbole de l'empire macédo dernière bataille.
nien), des pieds d'ours (l'empire mède), ANTILIBAN , chaîne orientale et in
et une gueule de lion (l'empire babylo térieure du Liban, qui se prolonge plus
nien), Apoc. 13, 2. , comme si le pro au midi que la chaîne occidentale. Son
phète voulait nous rappeler les visions de sommet principal, situé près de son ex
Daniel , et constater que l'empire de trémité sud, appartient encore à la Pa
cette Bête s'étendra sur tout ce qui est lestine. Solitaire et couvert de neiges
compris sous le nom général des qua éternelles , il dépasse de beaucoup les
tre monarchies. Ajoutons que si l'Occi plus hautes sommités du Liban , et do
dent a depuis quelques siècles joué un mine majestueusement les rangs étagés
rôle immense, bien plus important que des montagnes inférieures. Cette partie
l'Orient, l'Orient semble de nos jours méridionale est appelée , dans la Bible,
se réveiller et vouloir rentrer dans la Hermon; c'est le Scénir des Amorrhéens,
carrière de gloire, de civilisation , de Deut. 3, 9.; et le Scirion des Sidoniens,
puissance d'où son long assoupissement Ps. 29, 6; elle porte aussi le nom de Sion,
(le lion au cœur d'homme) l'a si long Deut. 4, 48. Ps. 133, 3. La partie sep
temps exclu. tentrionale qui est beaucoup plus basse,
Sans entrer dans les détails du com porte le nom d'Amana q. v. L'Antiliban
mentaire, nous résumerons en deux mots est souvent compris sous la désignation
ce qui nous paraît être la vérité sur cette générale de Liban ; Cant. 7, 4. Jos. 13,
redoutable apparition. L'Antichrist sera 5. v. Liban.
l'incarnation de l'enfer ; il naîtra sur les ANTIMOINE. C'est par ce mot que
rives de la Méditerranée, cette grande nous croyons devoir traduire l'hébreu
mer des prophéties; il appartiendra peut Pouk , 2 Rois 9, 30. Jér. 4 , 30., etc. ,
être, par son origine, à deux ou à plu que nos traductions rendent par fard.
sieurs des quatre monarchies, plus spé Les femmes se servaient, en effet , d'une
cialement à la monarchie macédonienne ; composition d'antimoine et de zinc dont
il grandira dans une glorieuse infério elles se noircissaient le bord des paupiè
rité jusqu'à ce qu'il dépossède celui qu'il res, pour donner plus de relief au blanc
ANT 65 ANT
de l'œil et ajouter ainsi à la beauté des Hamath, 2 Rois 23, 33. 25, 6.20.21.,
yeux. Les propriétés astringentes de l'an où Nébucadnetsar demeura pendant une
timoine contractant aussi les paupières, partie du siége de Jérusalem , où il fit
font paraître les yeux plus larges, plus mourir une partie des enfants de Sédé
tendres et plus languissants, et les ren cias , creva les yeux de ce prince lui
dent semblables à ceux de la gazelle, que même , et priva de la vie quelques-uns
l'on regarde en Orient comme de la plus des principaux de Juda. Cette ville était
grande beauté. Pour appliquer ce fard , située sur les deux rives de l'Oronte , à
les femmes se servent d'une plume ou environ 27 kilom. de la mer et d'Alep.
d'un poinçon d'argent ou d'ivoire , bien Près de là se trouvait le fameux temple
poli et long d'environ deux pouces, dont de Daphné, un des plus célèbres lieux de
elles mouillent la pointe , et qu'elles refuge qu'il y eùt à cette époque. La ville
plongent dans une boîte remplie d'une d'Antioche avait environ 15 kilomètres
poudre d'antimoine , de parfums et d'au de tour ; elle servait de résidence aux
tres ingrédients; puis elles le font glis successeurs d'Alexandre dans cette par
ser légèrement entre les paupières fer tie de son vaste empire , et fut une des
mées : la poudre se dépose ainsi sur toute plus riches et des plus florissantes villes
la largeur de la paupière et sur les coins du monde. On peut dire qu'elle était la
des yeux (v. Russel, Hist. nat. d'Aleppo;
capitale de l'Orient romain. Les Juifs y
Niebuhr, Descrip. de l'Arabie; Savary, obtinrent égalité de droits avec les Grecs;
10° lettre sur l'Egypte). Anciennement Vespasien , Titus et d'autres empereurs
les femmes hébreues pratiquaient aussi la comblèrent d'honneurs et de franchi
cette coutume. C'est ainsi que Jézabel, ses. — Ce fut là que Paul et Barnabas
pour se montrer à Jéhu , 2 Rois 9 , 30 , annoncèrent les premiers l'Evangile ,
farda ses yeux, ou , plus littéralement, Act. 11 , 19-27 ; qu'Agabus prédit une
« mit ses yeux dans du fard. » Le pro grande famine, ibid. verset 28; que Pierre
phète Ezéchiel, 23, 40., représente Israël essaya un instant de dissimuler ses vrais
sous l'image d'une femme coquette qui se sentiments en refusant de manger avec
farde les yeux. Et le nom d'une des filles les païens , Gal. 2, 11. 12., et que les
de Job (42, 14.), Kerem-Happuch, qui si disciples du Rédempteur reçurent pour la
gnifie cornet à fard , prouve que cette première fois le nom de chrétiens , Act.
coutume était déjà fort ancienne. Les 11 , 26. Antioche devait être le premier
momies de femmes égyptiennes ont or centre des missions païennes ; la seule
dinairement près d'elles un flacon de fard vue humaine pouvait déjà le faire pré
d'antimoine , et Xénophon ( Cyrop. 1 , sumer ; ses rapports avec les Grecs et
15), rapporte que le roi efféminé As les habitants de l'Asie Mineure étaient
tyage avait aussi l'habitude de se farder plus fréquents et plus naturels que ceux
les yeux. Clément d'Alexandrie , un des d'une ville juive : des hommes considé
Pères de l'Eglise (Pédag. 3, 2 ) , men rés , tels qu'un Simon Niger, un Lucius
tionne également cette coutume, et Ter de Cyrène, un Manahem élevé à la cour,
tullien ( de cultu faem. ) se récrie contre 13, 1., y secondaient et pouvaient y rem
les femmes de son temps qui aimaient placer plus ou moins pendant leur absence
mieux se farder les yeux avec le fard du les Apôtres missionnaires , et l'Esprit de
diable que de les oindre avec le collyre Dieu n'avait pas tardé à faire voir par
de Christ. des faits que telle était aussi sa volonté.
ANTIOCHE. Séleucus Nicator, le pre L'Eglise d'Antioche demeura long
mier monarque syro-grec , fonda seize temps célèbre : un des quatre patriar
Villes de ce nom , en mémoire de son ches de l'Orient y avait son siége , et
père Antiochus; mais l'Ecriture ne parle l'illustre Chrysostome y prêchait à la
que de deux d'entre elles. fin du quatième siècle , aux applaudisse
| 1" La capitale de la Syrie. On pense ments de tous et avec d'éclatants succès.
qu'elle fut bâtie sur l'emplacement où se Cette ville fut, dans le quatrième siècle,
trouvait la ville de Ribla, au pays de presque renversée à trois reprises par des
I. 5
ANT 66 AP0
ple , mais depuis la dix-huitième année Ces parties sont isolées et bien tranchées,
de Nébucadnetsar, les Juifs ne furent en mais non pas tellement qu'elles fassent
aucune manière inquiétés pendant plus penser à trois ouvrages ou à trois auteurs
de quatre-vingts ans. (2, 1.4,3.5, 18.19. différents. L'auteur s'adresse d'abord aux
16, 20-25.). Comment concilier ces faits rois en leur proposant la sagesse comme
avec la vérité ? Quelle improbabilité d'ail but de leurs études et de leurs efforts ;
leurs que Béthulie, petite ville, ait pu tenir puis il fait l'histoire de la sagesse, com
contre une si puissante armée, et que la ment on peut l'obtenir et quels en sont
mort d'un général ait suffi pour faire pren les fruits : il montre les peuples idolâtres
dre la fuite à toutes ses troupes ! Quant à éprouvant les rigueurs de l'Eternel, et les
la gèographie de l'ouvrage, elle dénote la Compare au bonheur du peuple juif, qui
plus incroyable ignorance, et l'on croi reconnaît Jéhova pour son roi. Il est pos
rait volontiers que l'auteur, après avoir sible que l'auteur ait eu un but politique,
fait sa petite histoire, l'a parsemée au mais son objet principal était bien reli
hasard, de tous les noms de villes ou de gieux.—L'idée de saint Augustin que Si
pays qui lui passaient par la tête. On peut rach est l'auteur de ce livre est assez heu
en dire autant de la chronologie. reuse; cependant on ne peut rien décider
Les Additions au livre d'Esther n'ont à cet égard, et il faut se contenter de l'idée
jamais paru en hébreu. Contrairement à générale d'un auteur alexandrin et anté
ce que rapporte l'histoire inspirée, l'au rieur à Philon, parce que la Sapience ren
teur de cet écrit prétend que ce fut dans ferme une spéculation plus saine que celle
la deuxième année de son règne qu'As de ce Juif.
suérus faillit être assassiné par un de ses L'Ecclésiastique, ouvrage préférableau
eunuques; il dit que Mardochée fut ré précédent.Un certain Jésus, fils de Sirach,
compensé sur-le-champ pour avoir révélé en lisant les Ecritures et d'autres bons li
le complot; qu'Haman avait été élevé en vres , avait acquis de grandes connais
dignité déjà avant cette circonstance , et sances morales. Il se mit à recueillir çà
que sa haine contre Mardochée provint de et là diverses maximes, auxquelles il en
la révélation qu'il avait faite; que cet Ha ajouta de son propre fonds. C'est donc un
man était un Macédonien qui voulait s'em recueil de sentences et de proverbes dans
parer du trône des Perses au profit de le genre de ceux de Salomon; il renferme
son royaume. Les Juifs s'y donnent le des excursions plus ou moins étendues
nom d'enfants du Dieu très-haut, et pré sur l'ordre moral du monde , dans les
tendent que leur Dieu a ordonné aux quelles l'auteur passe en revue les classes
païens mèmes d'observer la fête du Pu et les âges de l'homme. On ne saurait y
rim. Cela étant dit, nous pouvons ajouter chercher de plan ni d'ensemble, et le livre
que ces additions renferment aussi quel ne se laisse pas diviser. Primitivement
ques belles et bonnes choses, dont Racine écrit en hébreu ou en caldéen , l'Ecclé
a su tirer parti dans sa belle tragédie de siastique fut traduit en grec par un petit
ce nom. Il n'est pas sûr que le concile de fils de l'auteur, sous Ptolémée Evergète,
Trente ait déclaré cet ouvrage canonique : roi d'Egypte, probablement environ 240
quelques docteurs romains prétendent ans av. C. Du reste, la date se laisse dif
que IlOn. ficilement déterminer, car tout repose sur
Le Livre de la Sapience, dit de Salo les indications de l'auteur lui-même, qui
mon, n'a point été écrit par Salomon, et nous dit avoir écrit sous le pontificat d'un
jamais on ne l'a vu en hébreu. Celui qui Simon, pendant le règne d'un Evergète ;
l'a composé avait lu Platon et les poétes or il y a eu deux pontifes Simon qui ont
grecs, ainsi qu'on le voit par plusieurs vécu tous les deux sous le règne d'un
passages de son livre. En quelques en Evergète. L'auteur se donne si peu pour
droits, il copie presque les prophètes et inspiré, qu'il s'excuse lui-même des im
quelques écrits de l'Ancien Testament. perfections de son travail ; il fait du Fils
Cet ouvrage se divise en trois parties gé de Dieu, de la Parole, une simple créa
nérales:1° 1-6,8;2° 6, 9-10; et 3° 1 4 -19. ture; il représente l'aumône et l'obéis
|
AP0 72 AP0
péché, et qui n'ont pas eu besoin de re prières et des sacrifices pour les morts,
pentance. Elle n'a été admise comme ca et Ragis serait aussi louable de s'être
nonique que par l'Eglise grecque. suicidé pour échapper à la fureur des
Enfin les Livres des Maccabées renfer Syriens.
ment l'histoire des Juifs sous le souverain On peut juger, par tout ce qui précède,
sacrificateur Mattathias et ses descen combien ces livres apocryphes sont in
dants. lls sont d'une très grande utilité, dignes d'occuper une place quelconque
surtout le premier. Il doit avoir été com dans notre volume sacré, même en en fai
posé en hébreu ou en caldéen : Origène sant une catégorie tout à fait à part ,
l'a lu dans cette langue, et il paraît que ainsi que cela se pratiquait encore il n'y
c'est aussi de là que Jérôme l'a traduit en a pas beaucoup d'années. Aussi les so
latin. Toutefois ce livre ne s lurait être ciétés bibliques se refusent-elles mainte
attribué à l'esprit de Dieu, et l'auteur tenant presque toutes à joindre ces livres
lui-même fait l'observation qu'il n'y avait aux versions qu'elles distribuent, et elles
point de prophètes en ces temps-là, 4, 46. o.,t bien fait de prendre ce parti, puis
9, 27. 14, 41. Il renferme d'ailleurs di qu'elles ne veulent et ne doivent répan
verses méprises qui constatent son ori dre que la Bible.
gine humaine. On y voit qu'Alexandre Si quelques personnes désiraient étu
le Grand partagea lui-mème ses con dier la question des apocryphes, elles
quètes entre ses illustres généraux , trouveraient, dans un ouvrage sur ce su
tandis que ce partage ne se fit qu'après jet de feu l'excellent pasteur Moulinié de
sa mort; qu'Antiochus le Grand fut fait Genève, une apologie assez complète de
prisonnier par les Romains; que ces der ces livres ; mais elles verraient en même
niers donnèrent à Eumènes, roi de Per temps combien sont faibles les meilleures
game, l'Inde et la Médie, Etats qui fai raisons que l'on peut avancer en faveur
saient partie de ceux d'Antiochus : que de leur authenticité. ll n'a paru aucun
le sénat romain comptait 320 membres ; écrit français quelque peu détaillé qui
qu'Alexandre Balas était fils d'Antiochus traite de la non-inspiration des apo
Epiphanes, etc., etc., tout autant d'as cryphes ; mais on peut lire avec intérèt
sertions qui sont positivement contre quelques mots de M. Haevernick à ce su
dites par l'histoire. — Le second livre jet, dans les Mél. de théol. réformée ,
des Maccabées, contenant l'histoire de par Haevernick et Steiger, p. 214-222.
quinze années, est de beaucoup infé Le Nouveau Testament a eu aussi ses
rieur au premier. C'est l'abrégé de l'ou Apocryphes; mais les livres auxquels on
vrage d'un certain Jason de Cyrène. a donné ce nom sont loin d'avoir acquis
L'auteur termine en faisant des excuses l'importance historique des Apocryphes
sur sa manière d'écrire l'histoire; et dans de l'Ancien Testament. ll ne paraît pas
le fait il a bien des choses à se faire par que l'Eglise chrétienne ait jamais hésité
donner. A l'en croire, Judas Maccabée sur la formation de son Canon. A aucune
aurait vécu jusqu'à la 188e année des Sé époque , aucun écrit humain n'est venu
leucides, tandis qu'il mourut l'an 152 ; s'adjoindre au recueil des écrits sacrés.
Antiochus Epiphane aurait été tué dans A la vérité , certaines sectes, assez mal
le temple de Nanée, en Perse, et l'on sait connues d'ailleurs, ont essayé de modi
qu'il finit ses jours sur les frontières de fier la collection évangélique à leur point
la Babylonie. Néhémie aurait bâti le se de vue, mais ces tentatives ont avorté
cond temple et l'autel, constructions qui devant l'opinion générale, et il en reste à
se firent soixante ans avant que Néhé peine quelques traces, encore sont-elles
mias revint de Perse ; Jérémie aurait ca contestables et contestées.
ché dans une grotte et le tabernacle, et On croit, par exemple, que les Evan
l'arche, et l'autel des parfums; Persé giles des Egyptiens, des Hébreux , de
polis aurait encore été debout un siècle Marcion, n'étaient que des reproductions
après qu'Alexandre l'eut réduite en cen altérées des Evangiles canoniques, et l'on
dres; Judas aurait bien fait d'offrir des Suppose que chacun de nos quatre Evan
AP0 74 AP0
et vinrent se fixer à Corinthe, Act. 18, 2. pas d'être encore Juif pour les Juifs , et
Ils continuèrentd'y exercer leur industrie, qu'il avait conservé de l'ancien culte quel
et plusd'un Juif, plus d'un Grec, plus d'un ques rites , quelques cérémonies pieuses
soldat romain , logèrent sous des tentes auxquelles il était toujours attaché.
qu'un des ouvriers d'Aquilas, un nommé ARABIE , vaste contrée de l'Asie , à
Saul , apôtre des gentils , avait fabri l'est et principalement au sud du pays de
quées de ses mains. Saint Paul cependant Canaan.Sa plus grande longueur d'orient
quitta bientôt la maison d'Aquilas, et en occident est d'environ 3,000 kilom.,
alla , peut-être pour complaire aux et du nord au midi de 2,500. Dans sa
chrétiens d'entre les gentils , peut-être partie septentrionale, à l'est de Canaan ,
pour être plus près du lieu des réunions l'Arabie n'a pas , à beaucoup près , la
et parce que ses devoirs pastoraux se moitié de ces dimensions. On évalue sa
multipliaient , habiter auprès de Juste , surface à cinq ou six fois celle de la
païen converti, dont la maison était voi France; elle est bornée au sud par l'Océan
sine de la synagogue. Au bout de quel indien , à l'ouest par la mer Rouge et
que temps, lorsque Paul s'embarqua pour l'isthme de Suez , au nord-ouest et au
la Syrie, Aquilas et Priscille partirent nord par le pays de Canaan et par la Sy
avec lui et l'accompagnèrent à Ephèse : rie, à l'est par les montagnes de la Cal
c'est probablement là, dans l'émeute de dée et le golfe Persique. On la divise
Démétrius, 19, 24., qu'ils exposèrent leur communément en trois parties :
vie pour lui, Rom. 16, 4.; c'est encore là 1° L'Arabie Pétrée ou rocheuse , au
qu'ils instruisirent Apollos dans la voie nord-ouest. C'est maintenant la province
du Sauveur et dans le baptême de Jésus, d'Hedjaz : on y trouve au sud-ouest les
lui qui ne connaissait encore que le bap villes fameuses de La Mecque et de Mé
tême de Jean. Plus tard , ils retournè dine , lieux de pèlerinages chers aux ma
rent à Rome, où il paraît que l'édit de hométans. Cette contrée se divisait au
Claude était tombé en désuétude, et nous trefois en pays d'Edom, désert de Paran,
voyons leur maison servir d'église à pays de Cusan, etc. , et il semble qu'on
quelques fidèles de la ville. lls sont en lui ait donné le nom d'Arabie soit parce
tête de ceux auxquels saint Paul adresse qu'elle est à l'occident de l'Asie , soit à
des salutations dans sa lettre aux Ro cause du mélange , à cause de la variété
mains. Enfin ils revinrent en Asie et se des tribus qui l'habitaient , soit enfin à
fixèrent de nouveau à Ephèse ou dans les cause de la stérilité du pays, le mot Ara
environs : c'est là que nous les trouvons bie pouvant signifier ces trois choses.—
pour la dernière fois. L'amitié qui les On y trouvait Guérar, Kadès-Barné, La
unit au grand apôtre ne se démentit ja kis, Béersébah et le mont Sinaï.
mais, et Paul pressentant son prochain 2° L'Arabie Déserte, en partie au sud
supplice, les mentionne encore les pre de l'Arabie rocheuse, en partie s'éten
miers dans sa lettre testamentaire , lors dant à l'est de Canaan, comprenait les
qu'il charge Timothée de saluer les frères pays de Hammon , de Moab, de Madian,
qui l'entourent , 2 Tim. 4, 19. la contrée des Ituréens, celle des Haga
Quelques auteurs , poussés par des réniens , et probablement aussi le pays
principes ou scrupules dogmatiques, at de Huz : c'est là qu'on trouve surtout
tribuent à Aquilas, et non à saint Paul, le ces affreux déserts qui font avec leurs
vœu dont il est question. Act. 18 , 18.; caravanes légères la réputation de l'A-
mais le contexte de la phrase ne permet rabie ; des hordes sauvages et quelques .
pas cette interprétation. C'est de Paul , bêtes féroces, moins redoutables pour
et non point d'Aquilas, qu'il s'agit; c'est les voyageurs, en sont les seuls habi
Paul qui fait le voyage, et ses amis ne taIltS.
sont nommés qu'en -passant. D'ailleurs 3° L'Arabie Heureuse, au sud des deux
l'ensemble des principes et de la con premières ; contrée délicieuse et fertile,
duite de Paul nous prouve que cet apô riche en parfums de toutes espèces. Se
tre, si large avec les païens, ne laissait lon quelques auteurs, la reine de Séba,
ARA 77 ARA
aurait étendu sa domination jusque-là. sans se fatiguer, des familles, des mar
Toutefois, et malgré tout ce qu'il chandises, ou des guerriers, ne deman
peut y avoir de tranché dans les dif dant qu'une poignée de farine toutes les
ferences qui séparent ces trois gran vingt-quatre heures, et une source tous
des provinces, elles ne forment effecti les huit jours ; sa fiente même sert à
vement qu'un seul tout, un même pays, l'Arabe, et remplace le bois si rare et si
avec de fortes nuances , mais avec une coûteux. Enfin , près de périr de soif au
unité plus forte encore, et des carac milieu des sables et des rochers , le
tères communs qui ne permettent pas maître tue son serviteur et trouve en
de les séparer. Le climat en est sec et core , dans ses quatre estomacs , une
chaud, l'ardent Simoun y souffle presque source qui le rend à l'existence. C'est
continuellement, les nuits y sont fraî ainsi que, par sa sobriété, son courage
ches, les sources rares, les rivières peu et ses nombreux services , le chameau
abondantes, les montagnes nombreuses se fait pardonner sa laideur , et l'Arabe
mais sans végétation : quelques eaux l'aime à l'égal de ses nobles coursiers.
souterraines, conduites avec art, et con L'Arabe est passionné de la liberté ;
servées avec soin par les Arabes , don son gouvernement est patriarcal, ja
nent une grande fertilité aux oasis clair mais il n'en a voulu d'autre, on n'a pu
semées dans les déserts. On pèche les l'asservir. Mais les querelles des tribus
plus belles perles sur les côtes méridio sont quelquefois sanglantes. Brigands
nales du golfe Persique. Le climat, géné entre eux, et barbares pour les étran
ralement salubre , rend cependant les gers, ils sont hospitaliers pour celui qui
ophthalmies fréquentes et dangereuses. vient réclamer leur tente et leur pain
Des lions, des chacals, des hyènes, des mal cuit : leur ennemi le plus cruel peut
panthères. des léopards sont la plaie des dormir en paix si quelque circonstance
troupeaux; les sauterelles sont la plaie fortuite l'a amené sous le toit de celui
des lieux herbeux et des oasis , l'autru qui le hait : mais la vengeance relève la
che nourrit quelquefois de ses œufs les tête aussitôt que l'hôte est sorti de la
voyageurs ou les Bédouins. Le millet et maison.
les dattes sont la principale ressource L'Arabie heureuse doit avoir été peu
contre la faim. Les caféiers, l'aloès , l'a- plée essentiellement par la nombreuse
cacia-gommier, l'encens, la manne, la famille de Joktam, descendant de Sem ;
myrrhe et le séné se trouvent en abon les deux autres Arabies furent d'abord
dance au midi du désert et sur les côtes. habitées par les Réphaïms, les Emims,
Les moutons que l'Arabe nomade fait les Zamzummims, les Hamalécites, les
paître dans les plaines du Nedjed près de Horites, et autres descendants de Cus,
TYémen et jusqu'à l'Euphrate, donnent l'aîné des fils de Cam. Les Cusites en
leur lait et leur viande à ceux qui ne vi furent insensiblement dépossédés par la
vent pas de pillage. Les chevaux arabes postérité de Nacor , Lot et Abraham. Is
sont célèbres par leur beauté et la rapi maël s'établit d'abord dans l'Hedjaz, et
dité de leur course; ils ont leurs généa fonda les douze puissantes tribus des
logies, leurs titres de noblesse, leur Nabathéens, des Kédaréens, etc., Gen.
histoire et leurs rivalités. Enfin le cha 25, 13-15., qui s'étendirent peu à peu
meau, la merveille du désert , l'idole de de manière à occuper tout au moins les
ses maîtres, et le chef-d'œuvre de la contrées septentrionales du pays : les
création pour ces peuples abandonnés, restes des Uzites, des Buzites, des Ham
leur tient lieu de vaisseau pour traver monites, des Moabites, des Madianites,
ser les sables; son poil les habille, son etc., s'incorporèrent à eux plus tard.
lait et sa chair les nourrit; sa compagnie Les anciens Arabes étaient adonnés à
les charme, il aime la musique, il dresse une grossière idolâtrie : ils adoraient le
la tête au son du fifre ou du tambour ; soleil, la lune, les étoiles, et un grand
chargé de masses pesantes il fuit avec nombre d'anges et d'hommes qui, selon
la rapidité de la flèche, et transporte , eux , s'étaient illustrés ; ils rendaient
ARA 78 ARA -
même un culte à de grandes pierres qui, déser : sous Salomon ce fut Damas, q. v.
dans l'origine,ne marquaient autre chose Quelques autres villes semblent avoir été
que les emplacements où leurs ancêtres situées en Syrie, sans cependant qu'elles
avaient servi le vrai Dieu, Gen. 28, 18. soient nommées araméennes, telles que
Les Perses introduisirent parmi eux lare Hamath, Helbon, Ribla, Bethéden, Thad
ligion des mages, et les Juifs qui fuyaient mor, etc., qu'on trouvera en leur lieu
la fureur des Romains, firent plus tard , et place. — On peut remarquer qu'Ho
chez les Arabes, grand nombre de pro mère, Hésiode et Strabon donnent aux
sélytes. Paul prêcha l'Evangile en Arabie, Syriens le nom d'Araméens.
Gal. 1, 17., et l'on assure que dix tribus 2° Fils de Cémuel, et petit-fils de Na
embrassèrent la foi chrétienne dans le cor, frère d'Abraham, Gen. 22, 21. C'est
siècle des apôtres ou dans le suivant. lui qui, d'après quelques auteurs, aurait
Mais depuis Mahomet, c'est-à-dire de été le père des Syriens; mais cela paraît
· puis 630 environ , les Arabes ont gé peu probable, car, du vivant d'Abraham
néralement adhéré à l'islamisme. v. Is déjà, le nom d'Aram est le nom d'un
maël. — Torrent des Arabes, v. Saules. peuple nombreux, Gen. 24, 10. 25, 20.,
ARAlGNEE. La toile de cet animal dont l'origine doit par conséquent re
sert à marquer, Job 8, 14., combien est monter bien plus haut. Il est possible
vaine et fragile la confiance de celui qui cependant que la postérité de cet Aram
oublie le Dieu fort. Esaïe lui compare se soit confondue plus tard avec celle du
aussi les œuvres du méchant , 59, 5.— fils de Sem, et qu'il ait donné son nom
Quelques versions traduisent à tort le à l'une des nombreuses peuplades de la
mot teigne , Job 27, 18., par araignée; Syrie.
et dans le passage, Prov. 30, 28., il ne 3° Aram ou Ram , Ruth, 4, 19. 1 Chr.
s'agit pas de l'araignée non plus , ainsi 2, 10., père d'Aminadab, et arrière-petit
que nos versions le portent, mais d'une fils de Juda ; un des ancêtres de notre
espèce de lézards, peut-être venimeux, Sauveur. Matth. 1, 3. Luc 3, 33. Du
qui se trouvent en abondance dans les reste, inconnu.
maisons, même dans les plus belles , et ARARAT, pays d'Asie, Es. 37, 38. 2
qui se nourrissent de mouches et d'au Rois, 19, 37. Jér. 51, 27., probablement
tres insectes; v. Bochart, Hiéroz. II, 491. une province de l'Arménie, extrèmement
ARAM. 1° Gen. 10, 22. Un des en fertile, située entre le fleuve Araxès et les
fants de Sem. C'est le nom que la Bible lacs Van et Ormias. C'est aussi le nom de
donne ordinairement à la Syrie , mais il la montagne sur laquelle l'arche s'arrêta,
prend quelquefois une signification plus Gen. 8, 4. Elle se trouve à l'extrémité
étendue : les descendants d'Aram occu d'une vaste plaine, à l'est d'Erivan, et
pèrent non-seulement la Syrie, mais en ressemble à un pain de sucre : sa hauteur
core les contrées qui sont à l'orient est de plus de 4,000 mètres : le voyageur
jusqu'au delà de l'Euphrate , dans la Mé Parrot qui doit en avoir fait l'ascension
sopotamie, que la Bible appelle Aram en 1829, lui donne 16,200 pieds, envi
Naharajim, Gen. 24, 10. (dans l'hébreu), ron 1,500 pieds de plus qu'au Mont
ou Paddan Aram, 25, 20., ou encore Blanc. On y trouve les traces d'un vol
Paddan tout simplement, 48, 7. Parmi can éteint. La montagne conserve encore
les différentes peuplades ou tribus du aujourd'hui le nom d'Ararat, et l'on ren
pays d'Aram, nous remarquons l'Aram contre partout des traditions de la des
de Damas, 2 Sam. 8, 6., Mahaca, 1 Chr. cente de l'arche. Les Perses l'appellent
19, 6., la Syrie de Tsoba, 2Sam. 10, 8., Kuhi Nuach, montagne de Noé ; au pied
Guésur, 2 Sam. 15, 8., la Syrie de Beth se trouve un village nommé Tamanim
Réhob, 2 Sam. 10, 6. C'est probablement
(les huit) chiffre qui rappelle la famille
encore dans la même contrée qu'il faut
de Noé sauvée dans l'arche, et selon El
chercher Hul, Gen. 10, 23. La Syrie de
Matzim ( Hist. Saracenorum) ce serait
Noé lui-même qui l'aurait construit. —
Tsoba fut, sous Saül et David , le plus
puissant des Etats araméens, v. Hada L'Ararat est couvert de neiges et de gla
ARB 79 ARC
ces éternelles : son sommet est ordinai sycomore, le mûrier, l'amandier : nous
rement enveloppé de nuages. les retrouverons à leur lettre ; v. encore
ARAUNA, 2 Sam. 24, 16-25., ou OR l'article Plantes.
NAN. 1 Chr. 21, 15., Jébusien : il pos Le Paradis renfermait toutes sortes
sédait en Morijah une aire à battre le blé. d'arbres agréables et utiles, dont les plus
Quand David eut vu l'ange de l'Eternel remarquables était l'arbre de la connais
qui volait au-dessus de Jérusalem pour sance du bien et du mal, et l'arbre de vie.
en détruire les habitants à cause du Le premier était ainsi nommé parce qu'il
dénombrement qu'il avait fait faire dans était destiné à éprouver l'obéissance
son orgueil, il apprit de Gad le prophète d'Adam, et parce qu'en mangeant de son
qu'il devait élever un autel et offrir un fruit, l'homme devait apprendre à con
sacrifice à l'Eternel dans l'aire d'Arauna, naître la différence entre le bien et le
que Dieu lui-même avait désignée. Le mal. Les fruits du second étaient peut
pieux Jébusien, qui se cachait avec ses être le moyen naturel dont Dieu voulait
fils de devant la colère de l'Eternel, n'eut se servir pour conserver intactes les for
pas plutôt appris ce que David deman ces physiques d'Adam s'il fût demeuré
dait, qu'il lui offrit en pur don, et l'aire, dans l'obéissance : on ne peut douter du
et le bois nécessaire pour le sacrifice , moins qu'il ne fût le signe de l'alliance
et même des bœufs pour servir de victi de Dieu avec notre premier père, comme
mes. Non, dit le roi, je n'offrirai point à l'arc-en-ciel le fut pour Noé, la circonci
l'Eternel, mon Dieu , des holocaustes sion pour Abraham , et le baptême pour
qui ne me coûtent rien ; et il refusa les fidèles, Christ étant l'arbre de vie
d'aller plus avant, aussi longtemps que pour ceux qui croient en lui. Mais après
le prix ne serait pas déterminé. Arauna la chute, et l'homme étant maudit, l'arbre
vendit donc l'aire à David, qui, pour de l'immortalité n'était plus qu'un mal
les bœufs, lui donna 50 sicles d'argent heur pour Adam, et le gage de malédic
(165 fr., 50 c.) et pour le fonds de tions éternelles : aussi Dieu lui en inter
terre où l'aire était située, environ 600 dit l'usage et l'éloigna du l'aradis. Dieu
sicles d'or, 23,844 fr. David offrit son lui promit ainsi la mort, qui devait être la
sacrifice, et la plaie s'arrêta. v. Jébu fin de ses souffrances, en même temps
siens. Quant à Arauna lui-même, il pa qu'il lui annonça la bonne nouvelle d'un
raît qu'il était entré de cœur dans le sein fils qui naîtrait de sa femme, et qui triom
de l'Eglise et de la nation juive, quoique pherait du serpent.
Cananéen d'origine, et il se montre bien Quant à la nature de ces deux arbres,
digne, par son désintéressement et sa gé il est impossible de rien avancer de sûr ;
nérosité, de l'honneur que Dieu lui fit en les hypothèses n'ont pas manqué, mais
choisissant son ,domaine pour en faire ce ne sont que des hypothèses plus ou
le théâtre de sa miséricorde envers les moins hasardées. Nous sommes ici vis
Juifs. à-vis de mystères, et toutes les ques
ARBAH , inconnu; probablement un tions sur le pourquoi et le comment ne
des plus célèbres d'entre les enfants de serviront à rien, et sont de trop. Ce que
Hanak. Il fonda la ville qui porte son Dieu n'a pas voulu révéler, nous n'avons
nom, Kiriath-Arbah, ville d'Arbah, Jos. pas besoin de le savoir.
15.13., laquelle reçut plus tard le nom L'agriculture devant être une des prin
d'Hébron : c'est tout ce que nous savons cipales occupations des Hébreux, les ar
de lui. v. Hébron. Géants. bres fruitiers avaient eté dans la loi l'ob
ARBE, Lév. 11, 22., v. Sauterelles. jet de divers dispositions (v. fruits),
ARBRE. Les principaux arbres dont dont une des plus remarquables était la
l'Ecriture fasse mention sont le sittim défense faite aux Israélites de gâter Ou
(acacia), le cèdre, le châtaigner, le cy détruire les arbres fruitiers des villes en
près, l'algummim, le chêne, le tilleul, le nemies dont ils faisaient le siége. Deut.
frène, l'orme, le buis, le sapin, l'olivier, 20, 19.
le pommier, le grenadier, le figuier, le ARC, instrument de guerre, bien
ARC 80 ARC
connu. Il consiste en une branche de Vulgate entend le passage, 1 Sam. 15,
· corne, de bois ou d'acier, qui, fortement 12., où il est dit que Saül après la défaite
ployée au moyen d'une corde attachée à des Hamalécites se fit ériger un monu
ses deux extrémités, repousse avec force ment. L'hébreu porte une main : ce fut
en reprenant sa premièreposition la flèche peut-être une colonne, peut-être un sim
placée sur la corde tendue. C'est une des ple monceau de pierre ; il ne saurait être
plus anciennes armes dont on ait fait question d'un arc de triomphe.
usage, et on la retrouve chez les peuples ARCHANGE. Ce mot ne se rencontre
les plus barbares. Ismaël était déjà grand que deux fois dans l'Ecriture, 1 Thess.
tireur d'arc, Gen. 21, 20. Cependant c'est 4, 16. Jude 9., et il signifie proprement
des Philistins que les Hébreux parais prince, chef des anges. Il n'est jamais
sent avoir appris l'usage de cette arme parlé que d'un seul archange : l'apôtre
pour la guerre, mais ils ne s'en servirent Jude le nomme Michel, nom qui se trouve
guères que jusqu'aux temps de David ; déjà dans Daniel 12, 1. (Micaël), et deux
cf. Gen. 27, 3. 1 Sam. 31, 3. 1 Rois fois dans l'Apocalypse, et qui signifie
22, 34. 2 Rois 13, 15., etc. Le roi Ho image de l'Eternel. Quelques-uns sup
sias en avait rempli ses arsenaux, 2 Ch. posent l'existence de plusieurs archan
26, 14. On y joignait souvent l'épée , ges, Gabriel, Raphaël, Uriel (la tradition
Gen. 48, 22. 1 Sam. 18, 4. — Le mot arc juive en compte sept) ; mais ils ne s'ap
est pris quelquefois dans un sens plus puient sur aucun fait ni passage. Il pa
général, pour armes. Ps. 44, 7.—Jéré raît beaucoup plus probable qu'il n'y en
| mie, pour annoncer que la puissance d'un a qu'un seul qui est Christ lui-même. On
peuple sera anéantie, dit que Dieu bri dérive ordinairement le nom d'archange
sera son arc, 49, 35., cf. Os. 1. 5. ; et le du livre de Daniel, où Micaël est appelé
prophète Osée compare à un arc qui grand chef, et les rationalistes préten
trompe les Israélites qui , au lieu de dent que les Juifs ont reçu cette croyance
prendre l'Eternel pour leur but, s'en sont des Caldéens; mais, sans nier que les
détournés pour se diriger ailleurs. Juifs envisagés comme peuple, aient hé
—Arc-en-ciel, phénomène de la décom rité des Caldéens quelques erreurset quel
position des rayons du soleil par les nua ques superstitions, nous devons rejeter
ges qui jouent dans ce cas le même rôle cette hypothèse pour ce qui regarde les
que le prisme. Il en est parlé pour la pre auteurs bibliques ; et quant au nom de
mière fois, Gen. 9, 13., lorsque Noé sor grand chef que Daniel emploie, nous le
tit de l'arche. ll est inutile d'examiner si trouvons déjà chez Josué, qui pour sûr
la pluie existait ou non avant le déluge, ne le tenait pas des Caldéens, sous une
et si par conséquent l'arc-en-ciel ne fut forme encore plus développée, 5, 13. 14;
qu'un symbole, un signe choisi parmi les c'est l'ange de l'Eternel qui porte ce nom,
choses existantes , ou s'il fut en quelque et qui se dit être le chef de l'armée de
sorte une garantie physique donnée à l'Eternel. v. Micaël.
Noé, prouvant que l'organisation actuelle ARCllE, 1° de Noé : c'est le vaisseau
de l'atmosphère ne permettra plus un dé qui sauva ce patriarche et sa famille des
luge nouveau. Le chrétien ne peut regar eaux du déluge. ll porte en hébreu le
der l'arc-en-ciel sans un sentiment de même nom que celui qui est donné au
gratitude envers Dieu, et sans se rap coffret de jonc dans lequel Moïse fut placé
peler que Dieu lui renouvelle l'assurance par sa mère, Ex. 2, 3. On croit générale
de sa grâce et de sa miséricorde aussi ment que Noé mit cent-vingt ans à con
souvent qu'il fait paraître dans les airs struire l'arche, et qu'il y employa beau
ce brillant phénomène. C'est nous qui coup d'ouvriers ; cependant c'est une er
connaissons vraiment le message de la reur qui provient sans doute de Gen. 6,
paix, et qui pouvons à plus juste titre que 3. Noé avait six cents ans quand le dé
les païens appeler l'arc-en-ciel Iris deo luge vint sur la terre 7, 6. Cent ans au
rum nuntia. paravant, à l'àge de cinq cents ans, il
— Arc de triomphe; c'est ainsi que la n'avait pas encore d'enfant, 5, 32.; or,
ARC 81 ARC
époque peu avancée de l'industrie, il était le lieu très saint, et au grand jour des
presque impossible de construire un bâ expiations, le souverain sacrificateur ve
timent d'une telle grandeur, et de le met nait et répandait sur le propitiatoire le
tre en état de résister aux vagues de l'O- sang des victimes immolées. Il est facile
céan universel. Mais l'antiquité tout en de voir que ce coffret mystérieux était
tière, même la plus reculée, a pris soin un type de notre Seigneur Jésus-Christ:
de répondre à cette objection. L'indus c'est lui qui a réellement magnifié la loi
trie s'est développée bien longtemps a de Dieu, tout en faisant propitiation pour
vant le commerce, presque en même temps nos péchés ; il est notre alliance avec le
que l'agriculture, et nous possédons dans Saint des saints, et c'est en lui qu'a brillé
les pyramides, et dans les ruines les plus toute la gloire du Père.
anciennes des pays classiques, le témoi Maintenant qu'est-elle devenue, cette
gnage irréfutable d'un vaste esprit d'en arche de l'alliance ? On n'en sait rien et
treprises, et d'une connaissance éton l'on n'a pas besoin de le savoir, puisque
nante et profonde de la mécanique et des la présence de notre Dieu n'est plus at
autres arts, chez les hommes des siècles tachée à aucune chose périssable, mais
passés. Le grand temple de l'Inde percé que nous pouvons le trouver partout où
dans une montagne, et le mur de la Chine, nous sommes avec un cœur pur et des
SOnt d'ailleurs des travaux bien autre mains nettes. Toutefois, voici quelques
ment gigantesques, et Dieu n'en a pas mots sur les traditions relatives au sort
été l'architecte et l'ordonnateur, comme final de cet ustensile sacré qui fut si long
il le fut de l'arche destinée à faire sur temps, pour les Juifs, l'objet de leur
nager ses huit sur le chaos et les débris juste vénération. D'après 2 Maccab. 2,
d'un monde qui allait cesser d'être. 4. et sq., Jérémie aurait caché l'arche
L'arche fut faite de bois de gopher (q. dans une caverne de la montagne où
v.), et Noé l'enduisit de bitume. Après Moïse était monté peu avant sa mort
qu'elle eut vogué pendant cinq mois en (Pisga), afin que personne ne la pût trou
viron, elle s'arrêta sur le mont Ararat en ver jusqu'au jour où le Seigneur rassem
Arménie. v. Déluge ; — Sermons de Ro blerait de nouveau son peuple. Théo
chat, etc. phylacte, Epiphane et le rabbin Joseph
2° Arche de l'alliance. Le mot hébreu Ben-Gorion racontent la même histoire,
que nos traductions rendent par Arche, mais sur la foi de ce même témoignage,
Ex. 37, 1., et ailleurs, n'est pas le même de sorte qu'il n'y a qu'une seule source
que celui qui désigne le vaisseau de Noé. pour cette tradition. Toutefois, en l'ab
L'arche de l'alliance était un coffret de sence d'autres données , celle-là pour
bois de sittim, d'environ 1m,62 de lon rait avoir quelque poids. La Bible
gueur, large de 1m,08 , et profond d'au n'en dit plus rien. Lorsque Cyrus ren
tant. Il était garni de plaques d'or pur dit à Esdras, Esd. 1, 7., les vases que
en dehors et en dedans ; il avait en Nébucadnetsar avait emportés , nous n'y
dehors une corniche également d'or, et trouvons pas un mot sur l'arche; les Juifs
il était recouvert d'une table en or mas sont d'accord pour dire qu'elle ne se trou
sifappelé le couvercle ou le propitiatoire, vait pas dans le second temple, et lors
sur lequel se tenaient deux chrérubins. que Josèphe (Bell. jud.) énumère les ob
Ils étaient l'un vis-à-vis de l'autre, regar jets qui ont été emmenés par Titus triom
dant le propitiatoire qu'ils couvraient de phant, il nomme la table d'or, le candé
leurs ailes ; c'est du milieu d'eux que l'E- labre et la loi; et sur l'arc de Titus dont
ternel rendait ses oracles, Ex. 25, 22. on admire encore les restes bien con
Nomb. 7, 89. cf. 2 Rois 19, ſ5. Ps. 80, 1., servés, on ne trouve parmi les dépouilles
et qu'il manifestait visiblement sa gloire du temple que le candélabre et la table.
et sa présence. Dans l'arche se trouvaient Tout cela prouve assez clairement qu'au
la cruche d'or avec la manne, la verge retour de la captivité, l'arche d'alliance
d'Aaron qui avait fleuri, et les tables de n'existait plus pour les Juifs.
l'alliance, Héb. 9, 4. Elle était placée dans Quelques rabbins s'appuyant sur 2 Chr.
ARC 83 ARC
36, 10., ou sur 2 Rois 20, 17. et 24, 13., tour dans la terre promise.
prétendent qu'elle fut détruite et emme Quant à nous , ce qui nous paraît à la
née à Babylone avec les autres trésors fois le plus probable et le plus simple,
du palais et du temple , cependant il est c'est que les sacrificateurs, sachant que
peu probable qu'elle soit tombée entre la captivité ne devait durer que soixante
les mains des Caldéens , car on ne sau et dix ans, auront mis de côté les mo
rait comprendre pourquoi il n'est jamais numents les plus précieux de leur culte,
parlé de ce monument précieux, ni dans et que Jérémie le prophète, en réponse
le récit des choses emmenées, ni dans la peut-être à une demande qui lui aura été
liste des effets rendus à Esdras. adressée par le sacrificateur, aura indiqué
Selon d'autres, elle aurait été détruite le moment précis où devait avoir lieu
lors de la ruine de Babylone, ou par ac l'invasion : on l'aurait ainsi prévenue en
cident, ou à dessein ; car, d'après Es. 37, Se hâtant d'enfouir quelques-uns des va
19., les Assyriens avaient coutume de Ses sacrés. Puis au retour de l'exil , les
jeter au feu les dieux des nations vain Juifs, toujours entourés d'ennemis et de
cues. Aucun auteur juif n'admet cette difficultés de tout genre, auront voulu
supposition ; les chrétiens au contraire attendre des temps meilleurs et l'érec
l'ont presque tous acceptée en se fon tion du second temple, avant de sortir de
dant sur Jér. 3, 16. : dans ce passage le leur retraite ces monuments ensevelis,
prophète exprime en effet l'idée que, et à force de délais on aura perdu la con
dans les temps à venir , l'arche ne sera naissance exacte des détails et de l'em
plus honorée comme le seul trône de l'E- placement; il n'en sera plus resté qu'une
ternel; mais il parle par opposition à la tradition vague et peu solide, appuyée,
vénération supertitieuse que les Juifs de comme toujours, sur un fond de vérité,
son temps, après la réformation de Jo mais amplifiée et défigurée par de cu
sias, avaient pour les objets visibles de rieuses conjectures rabbiniques, ou par
leur culte, et il veut dire qu'un temps l'imagination des poètes.
viendra où le véritable temple de l'Eter ARCHELAUS, fils d'Hérode le Grand,
nel sera dans les cœurs de son peuple : par la samaritaine Malthace, sa cinquième
ce passage ne peut donc pas s'entendre femme. Ce fut le plus cruel et le plus
à la lettre. sanguinaire des fils d'Hérode. Celui-ci ,
Il ne reste plus maintenant que la troi après avoir fait mourir ses fils Alexandre,
sième supposition, c'est que l'arche ait Aristobule et Antipater, et après avoir
été cachée. C'est la supposition des Juifs:
interdit à Hérode Antipas toutes préten
ils sont, à peu d'exceptions près, d'ac tions au trône, s'établit pour successeur
cord sur ce point. Selon eux, Josias, Archélaüs, en réservant toutefois l'agré
averti des maux qui allaient fondre sur ment de l'empereur. Le peuple et l'armée
le peuple de Dieu, 2 Chr. 34, 24., cacha parurent satisfaits du choix d'Hérode,
l'arche dans l'intérieur de la montagne, et prêtèrent à Archélaüs le serment de
au-dessous du temple, dans une retraite fidélité. Le nouveau monarque fit à son
préparée déjà par Salomon pour cet effet. père de magnifiques obsèques, solennisa
Ils allèguent 2 Chr. 35, 3., qui semble un deuil de sept jours, et fit de grandes
rait prouver le contraire de ce que les réjouissances populaires. Ayant rassem
Juifs prétendent ; mais ils I'expliquent blé la multitude dans les cours du temple,
en disant que l'ordre même qui est donné il promit de gouverner avec douceur et
de remettre l'arche à sa place, indique de ne prendre le titre de roi qu'après
qu'elle n'y avait pas été sous le règne de qu'il en aurait obtenu de Rome la per
l'impie prédécesseur de Josias, et qu'elle mission. Peu de temps après, la populace
avait été probablement mise en lieu de se réunit tumultueusement, demandant
sûreté.Conséquents avec eux-mêmes, ils la mort d'un homme par les conseils du
espèrent que le temps viendra où, par quel Hérode avait fait exécuter un Juif
une direction providentielle, l'arche sera zélé, qui avait arraché des portes du
retrouvée, et rendue au peuple de re temple l'aigle d'or qu'on y avait placée.
ARC 84 ARÉ
Le peuple demandait en outre que Joazas nemis, savoir ses frères et la femme de
fût dépouillé de la souveraine sacrifica Potiphar. Les archers de Dieu dont parle
ture, et il maudissait la mémoire d'Hé Job 16, 13., étaient les afflictions et les
rode le Grand. Pour se venger de ces terreurs qui étaient venues fondre sur
insultes, Archélaüs envoya ses troupes lui, et qui avaient produit sur son âme
contre la multitude , et massacra 3,000 des effets tels que feraient des flèches
hommes sur le lieu même du rassemble empoisonnées. — Les Benjamites pas
ment près du temple. Tout cela se passait saient pour excellents archers, 1 Chr. 8,
l'année même de la naissance de notre 39. 40. 2 Chr. 14, 8. 17, 17., de même
Sauveur. que les Philistins, 1 Samuel, 31, 3., et
Cependant Archélaüs ne tarda pas à les Hélamites, Es. 22, 6. Jér. 49, 35.
partir pour Rome, pour y solliciter la Ezéch. 32, 24.
confirmation du testament de son père, ARCHlPPE, ministre du saint Evan
tandis que de son côté , Hérode An gile à Colosses. Les membres de cette
tipas demandait qu'un testament anté Eglise sont invités par Paul à exciter leur
rieur, qui le faisait héritier , fût seul pasteur à la diligence et au courage dans
déclaré valide , comme ayant été écrit l'œuvre de son maître, Col. 4, 17. Paul
dans un moment où leur père jouis le salue dans sa lettre à Philémon, v. 2.
sait mieux de toutes ses facultés. Au AREOPAGE, Act. 17, 19. Tribunal su
guste, ayant entendu les parties, ajourna prème des Athéniens, célèbre par la jus
la sentence. D'autre part, la nation tice de ses sentences. Institué par Solon
juive pétitionnait auprès de l'empereur comme cour de judicature, il fut dans la
pour que les prétentions de la famille suite élevé au rang d'un conseil d'Etat,
d'Hérode tout entière, fussent écartées, puis dépouillé de nouveau d'une partie
et que la Judée fut annexée à la Syrie de ses attributions par Périclès, puis en
comme province romaine. Après un délai core réintégré dans ses droits après la
de quelques jours, l'empereur investit Ar chute des trente tyrans. Présidés par l'ar
chélaüs d'une partie des domaines de son chonte, ils jugeaient les causes de meur
père, avec le titre d'Ethnarque ou chef tre , de blessures graves, d'incendie,
du peuple , lui promettant la couronne d'empoisonnement, et toute atteinte au
s'il la méritait par sa conduite. A son respect dû aux dieux de la patrie. L'aréo
retour en Judée, Archélaüs déposa Joazas page tirait son nom de la colline, ou du
de sa charge, sous prétexte qu'il avait faubourg où il tenait ses séances, lequel
excité des séditions parmi le peuple, et était consacré au dieu Mars (Arès), et
le remplaça par Eléazar, frère de Joazas. qui s'élevait, dans Athènes, à l'ouest de
Mais, au bout de sept ans, les Juifs et les l'Acropolis, citadelle séparée de la ville
Samaritains, fatigués de ses violences et basse par une muraille. C'est du haut
de sa tyrannie, le dénoncèrent à l'empe de cette colline ( et non point de
reur. Contraint de comparaître, il se vant des juges, mais devant le peuple)
rendit à Rome, fut condamné à l'exil , et que saint Paul adressa la parole aux
finit ses jours à Vienne en Dauphiné. — philosophes épicuriens et stoïciens qui
Ce fut le caractère cruel de ce prince qui avaient désiré de l'entendre.
détourna Joseph et Marie de résider en ARÉTAS (vertueux). Il y eut sous ce
Judée avec le petit enfant Jésus, Matth. 2, nom plusieurs petits rois qui régnèrent
22. 23. à l'est de Canaan, vers les frontières de
ARCHERS, guerriers ou chasseurs se l'Arabie, sur le pays de Ghassan. Mais
Servant d'arcs. Avant l'invention des ar l'Ecriture ne parle que de celui qui suc
mes à feu, l'usage de l'arc était presque céda à Obodas, et qui fut le beau-père
universel , et il remonte à la plus haute d'Hérode Antipas. Son gendre, amoureux
antiquitè, Gen. 21 , 20., Jér. 51, 3. Les d'Hérodias, femme d'Hérode son frère,
archers qui avaient donné beaucoup d'a- et ayant poussé sa première femme à de
mertume à Joseph et qui avaient tiré con mander une séparation, Arétas, père de
tre lui, Gen. 49, 23., signifient ses en l'épouse congédiée, résolut de la venger.
ARG 85 ARI
netsar qui reçut l'ordre de faire périr celle d'Abija, 400,000 hommes (ibid.), et
tous les sages de Babylone. A la demande enfin celle de Josaphat, qui se composait
de Daniel, il suspendit l'exécution et in d'environ 1,200,000 combattants (17, 14
troduisit ce prophète devant le roi, pour 18.). Un nombre aussi considérabled'hom
lui révéler le songe qui l'inquiétait, et lui mes, levés sur un espace de terrain assez
en donner l'explication, Dan. 2, 14. pe, étendu, peut sembler étonnant; mais
ARISTARQUE, natifde Thessalonique, il faut se rappeler que ces armées ne se
un zélé chrétien qui accompagna Paul à composaient pas de troupes régulière
Ephèse, et faillit perdre la vie dans le tu ment organisées, soudoyées et entrete
multe qu'excita l'orfévre Démétrius. Il nues par leurs gouvernements : ce n'é-
suivit Paul en Grèce, de là en Asie, puis taient que des levées en masse dans les
à Jérusalem; on dit qu'il fut mis à mort quelles se rencontraient tous les Israélites
dans la capitale de l'Empire, en même en état de porter les armes, vieillards ou
temps que l'Apôtre. Act. 19, 29. 20, 4. jeunes gens, riches ou pauvres, hommes
27, 2. Col. 4, 10. de toutes classes, espèces d'armées sem
ARISTOBULE passe pour avoir été blables à celles que Xercès lança sur la
frère de Barnabas et l'un des soixante et Grèce, semblables encore à celles du turc
dix disciples; on dit même qu'il prêcha Bajazet, du tartare Tamerlan, ou aux
l'Evangile en Angleterre avec de grands armées ecclésiastiques des croisés du
Succès. Mais en réalité l'on ne sait rien moyen âge. Après la guerre, chacun de
de positif sur son compte ; on ne sait pas ceux qui en revenaient reprenait son mé
même s'il fut chrétien, puisque ce n'est tier et le cours interrompu de ses occu
pas lui mais sa famille ou ses serviteurs pations. Il va d'ailleurs sans dire que les
que saint Paul salue Rom. 16, 10. chiffres indiqués plus haut ne sont, avec
ARJOC, v. Arioc. tOute l'exactitude désirable, que des nom
ARKEVIENS, Esd. 4, 9., peuplade issue bres ronds tels que nous les marquerions
probablement de Erec, Gen. 10, 10. q. v. nous-mêmes en pareils cas. v. Nombres.
ARKIEN, Jos. 16, 2. 4., (et Arkite, | Avant le règne de David, les Israélites
2Sam. 15, 32.) Arki était une ville de la ne combattaient qu'à pied, et chaque sol
tribu d'Ephraïm, près de Béthel : peut dat portait ses vivres avec lui. La plupart
être faut-il joindre à ce nom celui de Ha de ses successeurs n'eurentque des gardes
taroth qui suit, de sorte que ce serait le du corps, et toute leur armée se composait
même endroit que Hatroth-Addar au v. 5. de milices. Lorsque les Hébreux étaient à
ARMAGEDDON, Apoc. 16, 16. Ce la veille d'une bataille, il se faisait une
mot semble dérivé de Méguiddo, la plaine prOclamation par laquelle étaient invités
où Barac, avec 10,000 hommes découra à se retirer tous ceux qui avaient nouvel
gés et presque sans armes, mit en dé lement bâti une maison ou planté une vi
route la formidable armée des Cananéens, gne, ceux qui étant fiancés n'étaient pas
Jug. 4 et 5, et où le pieux roi Josias fut encore mariés, et tous ceux qui se lais
blessé à mort dans la bataille contre Néco, saient influencer par la peur, Deut. 20,
roi d'Egypte, 2 Chr. 35, 22. C'est le nom 5-8.; puis les sacrificateurs sonnaient
hébreu donné par saint Jean au lieu qui de la trompette et exhortaient ceux qui
sera le théâtre de la destruction des trou étaient demeurés à se confier dans l'as
pes ennemies sous la sixième fiole. Sera sistance du Seigneur (ibid.).
ce en Italie, en Judée, ou dans les deux Les Hébreux sont souvent représentés
contrées à la fois, ou ailleurs ? C'est ce comme l'armée de l'Eternel, ils mar
qu'il n'est pas possible de déterminer; le chaient sous ses ordres, lui-même étant
sens littéral est préférable. leur prince et leur général ; quelquefois
ARMEES. Les plus nombreuses ar il désignait leurs chefs et traçaient leurs
mées dont il soit parlé dans la Bible, sont plans de campagne , les ministres de ses
celles de Zérah,forte d'un million d'hom autels étaient chargés de donner le signal
mes et plus, 2 Chr. 14, 9., celle de Jé du combat, Jos. 5, 14. Dan. 8, 10. 11.
roboam, de 800,000 hommes (ib. 13, 3.), Les anges, les ministres, les hommes zé
ARM' 87 ARM
lés, les astres, les sauterelles, les troupes heure dans cette contrée, et il y est en
romaines, et en général toutes les créa core professé. Les Arméniens font un
tures composent la grande armée du Sei commerce très étendu avec l'Inde, la
gneur; il s'en sert pour la défense de son Perse et la Turquie, où ils ont des éta
peuple et pour l'extermination de ses en blissements.
nemis : toujours elles sont prêtes à obéir L'Arménie est un pays de montagnes;
à ses commandements, Ps. 103, 21. 68, les hivers y sont très froids; mais en été,
12. Dan. 4, 25. Joël2, 7.25. Matth. 22, 7. et dans les vallées surtout, la tempéra
L'armée des cieux et toutes ces brillantes ture y est extrêmement élevée.
étoiles du firmament appartiennent au su Elle ne se trouve nulle part mention
prême Créateur de toutes choses, qui est née dans la Bible SOuS le nOIn même d'Ar
appelé l'Eternel des armées, le Dieu des ménie, mais on croit qu'elle est désignée
cieux et de la terre , parce que sa puis en divers passages par les mots de Ararat,
sance s'étend sur toutes choses : il com Gen. 8, 4., de Thogarma, 10, 3. et de
mande, et ils obéissent. Le nom de l'E- Minni, Jér. 51, 27.: v. ces articles.
ternel des armées, qui ne paraît jamais ARMES. On trouve, en général, em
dans le Pentateuque ni dans les Juges, ployées chez les Hébreux les mêmes armes
est très fréquemment employé par Esaïe, que chez les autres nations d'alors, 1 Sam.
Jérémie, Zacharie et Malachie ; on trouve 17, 5. sq. 2 Chr. 26, 14. Néh. 4, 13. 16.;
encore : Eternel, Dieu des armées, Ps. 59, mais il est difficile de rien préciser ni
5., et le Seigneur, l'Eternel des armées, sur la forme de ces armes, ni sur les ma
Es. 10, 16. Les armées désignent dans tières dont elles étaient faites. On distin
cette locution les puissances célestes et guait :
spirituelles, essentiellement les anges, 1° Parmi les armes défensives, a. le
par opposition aux choses de la terre. bouclier; b. le casque, 2 Chr. 26, 14.
ARMENIE, contrée d'Asie, bornée au Jér. 46, 4. cf. Eph. 6, 17; d'airain, 1 Sam.
nord par la Colchide et l'Ibérie, à l'est 17, 5. 38.; c. la cuirasse, qui recouvrait
par la Médie, au sud par la Mésopotamie, le ventre et la poitrine, 1 Sam. 17, 38.
à l'ouest par la Cappadoce, enfin au sud Néh. 4, 16. 2 Chr. 26, 14., ordinaire
ouest par l'Euphrate et par la Syrie. Elle ment d'airain, et souvent de lames d'ai
fut conquise par Astyage le Mède, qui rain disposées en écailles. Pour blesser
lui laissa ses propres rois tout en se la un guerrier cuirassé, il fallait l'atteindre
rendant tributaire. Sous Cyrus, elle de à l'endroit des jointures et de l'agence
vint une simple province de la Perse, ment des deux pièces principales de la
dont elle continua de faire partie jus cuirasse, cf. 1 Rois 22, 34. d. Les jam
qu'au moment de la conquête de l'em bières : espèce de bottes destinées à cou
pire par Alexandre. Après lui, elle échut vrir l'os de la jambe, aussi d'airain, 1 Sam.
en partage aux rois de Syrie, qui la pos 17, 6.; elles étaient fréquemment em
sédèrent jusqu'à Antiochus le Grand, ployées par les guerriers de l'antiquité,
sous le règne duquel cette province se Iliade 7, 42. Enéide 11, 777. e. Il est en
révolta et se partagea en deux royaumes, core parlé, Es. 9, 4., suivant quelques
la grande et la petite Arménie. Environ traductions, d'une espèce de soulier mi
cinquante ans avant Christ, elle tomba au litaire, ou bottine de cuir (lat. caliga)
pouvoir des Romains, auxquels les Arabes garnie de fortes pointes; c'est le mot
ou Sarrasins l'enlevèrent du temps de que nos versions rendent par tumulte.
Justin II, empereur d'Orient ; cinquante 2° Armes offensives. a. L'épée, qu'on
ans après, elle fut envahie par les Tar ceignait autour du corps avec une cein
tares; en 1472 elle fut annexée de rechef ture de cuir; les Juifs, comme l'infan
à l'empire perse, jusqu'à l'an 1522, où terie romaine, portaient l'épée du côté
elle fut conquise par les Turcs dont elle gauche : on a voulu prouver le contraire
est encore, en majeure partie, la pro par l'histoire d'Ehud, Jug. 3, 16. 21.,
priété. mais l'historien fait précisément remar
Le christianisme pénétra de bonne quer l'exception dans le fait de ce guer
ARM 88 ART
rier qui était gaucher, v. 15. L'épée se ARNON, rivière ou torrent dont il est
mettait dans un fourreau, 1 Sam. 17, 51. fréquemment parlé dans l'Ecriture,Nomb.
1 Chr. 21, 27.; souvent elle était à deux 21, 13.22, 36. Deut. 2, 24.36. 3, 8. 12.4,
tranchants, Jug. 3, 16. Prov. 5, 4. cf. 48. Jos. 12, 1.2. 13, 15-16. Jug. 11, 18.
Héb. 4, 12.b. La lance, hallebarde ou ja Es. 16, 2. Jér. 48, 20. Il prend sa source
velot, dont, parfois, on se servait pour dans les plaines du plateau de Galaad,
le combat corps à corps, et qui, d'autres brise la chaîne des hauteurs qui limitent
fois, se lançait contre l'ennemi : ce der le désert , coule au sud-ouest dans un
nier cas était le plus rare, 1 Sam. 19, 10. étroit et sombre ravin, au milieu de vastes
20, 33. La hampe était ordinairement de et fertiles plaines, le long de la frontière
bois et se terminait par une pointe de fer de Moab, et se jette dans la mer Morte.
ou d'airain, 1 Sam. 17, 7. 2 Sam. 21, 16. Bamoth-Arnon, Nomb. 21, 28., est le
19. Nah. 2, 3. (dans ce passage le mot nom propre d'une petite ville maintenant
traduit par sapin se rapporte à la hampe inconnue, ou bien il doit se traduire les
de la lance, le contexte le prouve suffi hauteurs d'Arnon, ce qui se rapporte
samment). c. L'arc (q.v.) avec ses flèches. rait aux rives escarpées et rocheuses du
d. La fronde. e. On peut croire, enfin, fleuve.
qu'il s'agit encore d'une hache d'armes, ARPACSAD (qui guérit), Gen. 11, 10
Ps. 35, 3. (au lieu de lance), et d'un mar 13. 10, 22. 1 Chr. 1, 17. ou Arphaxad,
teau de guerre, Prov. 25, 18.; mais ce Luc 3, 36., fils de Sem, maquit deux ans
n'est pas très clair. après le déluge; c'est de lui qu'Abraham
Quant à l'usage des anciens d'ensevelir descendait par Sélah, à la septième géné
avec un guerrier les armes dont il se ration. Il mourut l'an 1916 av. C., âgé
servait pendant sa vie, on peut en trouver de quatre cent trente ans. Abraham était
une trace Ezéch. 32, 27. On suspendait alors déjà en Canaan, et séparé de Lot
volontiers dans les temples, ou bien on depuis une année environ.
brûlait par morceaux, les armes prises ARPAD, ville de Syrie, probablement
sur l'ennemi, Ez. 39, 9. (Es. 9, 3. ?) Il voisine de celle de Hamath avec laquelle
paraît que les rois d'Israël avaient des elle est presque toujours nommée. Quel
arsenaux ; du moins, nous voyons que ques-uns la confondent avec Arvad en
David, Cant. 4, 4., Salomon, 2Chr. 9, 16. Phénicie, mais il est plus probable que
Roboam, 11, 12., Hosias, 26,14. et Ezé c'est l'Arphas de Josèphe, située au nord
chias, Es. 39, 2. en avaient. Le temple est de Bassan. 2 Rois 18, 34. 19, 13. Es.
lui-même servit à ces dépôts, 1 Sam. 21, 10, 9. 36, 19.
9. 2 Chr. 23, 9. ARTAXERCES, ou plutôt Arthach
Les armes de Dieu sont, dans un cer schaschtha, signifie, en vieux persan, un
tain sens, tous les moyens que le Sei grand roi. C'était un nom générique, et
gneur emploie pour défendre son peuple en quelque sorte un titre donné aux rois
et le faire triompher de ses ennemis; de Perse. Plusieurs rois de ce nom sont
dans un autre SenS, CeS armeS SOnt les mentionnées dans l'Ecriture, mais il règne
secours mêmes qu'il prête aux fidèles, beaucoup d'incertitude sur l'identité de
pour combattre le bon combat de la foi ces rois avec ceux dont nous parle l'his
contre le péché, le monde et Satan. Ps. toire profane. Ces noms, qui n'étaient
35, 2. Eph. 6, 11-20. souvent que les noms généraux des rois
ARMONI, fils de Saül et de Ritspa, et d'une dynastie ou des titres honorifiques
Méphiboseth, son frère (qu'il ne faut pas accordés à quelques-uns d'entre eux, va
confondre avec le fils de Jonathan), fu riaient en outre si facilement, soit par
rent livrés par David, de même que cinq le changement des voyelles, soit par le
de leurs neveux, fils de Mical, aux Ga changement des consonnes, soit même
baonites, qui les mirent à mort, pour par l'addition ou le retranchement d'une
expier les crimes de Saül à l'égard de ou de plusieurs syllabes, en passant d'une
cette peuplade, 2 Sam. 21, 1.8.; ils fu langue à l'autre, du persan au grec, et
rent exposés en croix sur une colline. du grec au latin, que parfois ils sont
ART 89 ART
en faveur des Juifs qu'il faut partir pour brisa les statues. Mais, ajoute l'historien
COmpter les soixante et dix semaines de sacré, les hauts lieux ne furent point
Daniel ; Dan. 9, 24.25. « Cette impor ôtés, 1 Rois 15, 14.2 Chr. 15, 17., ob
tante date, dit Bossuet, a de solides fon servation qui est immédiatement suivie
dements. » de celle-ci : « et néanmoins le cœur d'Asa
ARTEMAS, Tite 3 , 12., était , selon fut droit devant l'Eternel tout le temps
toute apparence, un fidèle ministre de de sa vie. » Il paraît donc que c'est la
l'Evangile. Paul avait l'intention de l'en puissance, plutôt que la volonté, qui lui
voyer en Crète, lui ou Tychique, sans manqua pour achever entièrement l'œu
doute pour y remplacer Tite pendant que vre de réformation qu'il avait commen
celui-ci aurait été visiter l'apôtre à Nico cée; on voit de même qu'il ne put exter
p0lis. miner du pays toutes les prostituées qui
ARTSA, maître d'hôtel du roi Ela, et s'y trouvaient; 1 Rois 22, 47. — ll pro
gouverneur de Tirtsa, capitale du royaume fita de la paix dont il jouit pendant les
des dix tribus. C'est dans sa maison et quinze premières années, pour pourvoir
pendant un repas qu'Artsa donnait à son à la sûreté extérieure de son royaume ,
maître qu'Ela fut assassiné par Simri. en construisant des forteresses et en don
1 Rois 16, 9. nant à son armée une organisation plus
ARUMA , Jug. 9 , 41., ville dans le régulière ; 2 Chr. 14, 6. sq. La onziè
voisinage de Sichem. Eusèbe dit qu'elle me année de son règne, il fut attaqué
prit plus tard le nom de Remphin , et par le roi d'Ethiopie Zéraph (probable
qu'elle était située non loin de Diospolis; ment celui qui est nommé Sabacon par
mais v. Rama. Manetho, dans la chronique d'Eusèbe) ;
ARVADIENS, descendants de Canaan; les deux armées étaient immenses; mais
Gen. 10, 18.1 Chr. 1,16. Ils bâtirent, peu celle de l'Ethiopien était deux fois plus
après le déluge, la ville d'Arvad ou Ara forte que celle du roi juif. Elles se ren
dus, en Phénicie, sur une petite île au sud contrèrent dans la vallée de Tséphat; Asa
de Tyr, à la distance d'environ 5 kilom. cria à l'Eternel : « Aide-nous , car nous
du rivage, à l'embouchure du fleuve Eleu nous sommes appuyés sur toi » , et la
thère. En face de cette île, et sur la terre victoire se déclara en faveur de celui qui
ferme, se trouvait la ville d'Antaradus , avait prié. Dieu frappa les Ethiopiens ;
au nord de Tripoli. — Les Arvadiens les guerriers de Juda en firent un grand
s'étaient acquis la réputation d'habiles ma carnage et retournèrent à Jérusalem avec
rins , Ezéch. 27, 8.11., témoignage qui un riche butin , des brebis et des cha
est confirmé par Strabon; ils étaient gou meaux. Fortifié par cette délivrance mi
vernés par leurs propres rois et avaient raculeuse, et encouragé par le prophète
un commerce assez étendu, surtout de Hazaria , qui lui dit : « L'Eternel sera
puis que Tyr et Sidon eurent passé sous avec vous aussi longtemps que vous res
la domination syrienne. Cette ville compta terez avec lui », Asa continua de détruire
plus tard au nombre des alliés de Rome ; les idoles dans son royaume et dans les
1 Macc. 15, 23. On possède encore des villes qu'il avait prises, et rétablit la peine
monnaies arades. de mort contre « tous ceux qui ne recher
ASA, troisième roi de Juda, fils et suc cheraient pas l'Eternel de tout leur cœur. »
cesseur d'Abija. (Il régna quarante et un Il rassembla son peuple à Jérusalem : un
ans, 955-914 av. C. ) Il épousa Hazuba, grand nombre d'Israélites fidèles du
fille de Silhi, qui donna le jour au noble royaume des dix tribus vinrent grossir
Josaphat. Animé des dispositions les plus cette foule pieuse, et ils offrirent un sa
pieuses, dans les mesures qu'il prit con crifice solennel au Dieu des délivrances,
tre l'idolâtrie, il n'épargna pas même son 700 bœufs et 7,000 brebis du butin qu'ils
aïeule Mahaca, la mère de son père, qui avaient fait. Cette fête, où l'alliance fut
s'était fait une idole infàme. Il fit la guerre renouvelée avec l'Eternel, fut suivie d'une
à la débauche comme à l'idolâtrie, et ren longue paix. Puis , en la trente-sixième
versa les autels des faux dieux , dont il année depuis la séparation des deux
ASA 91 ASI)
royaumes , la seizième du règne d'Asa , trône d'Israël, qui tous furent coupables
Bahasa , roi d'Israël, vint en Juda , s'em (Nadab, Bahasa, Ela, Zimri, Homri ,
para de Rama, la fortifia , et s'en fit une Achab), et dont l'exemple eût pu facile
position importante ; 1 Rois 15 , 16. ment entraîner au mal tout autre qu'un
2Chr. 16, 1. Asa, qui venait de faire une monarque fidèle.
expérience si remarquable du secours de Pour concilier la chronologie des rois
Dieu, montra, par une triste chute, com de Juda avec celle des rois d'Israël, il
bien sa foi était encore faible et mêlée faut nécessairement admettre que lors
de doutes, d'incrédulité , de confiance qu'il est dit, 2 Chr. 15, 19. 16, 1., qu'il
humaine. Pour résister à son ennemi, il n'y eut point de guerre jusqu'en la trente
contracta alliance avec Ben-Hadad , roi cinquième amnée, ce chiffre se rapporte ,
de Syrie , et acheta même son secours non point à l'avénement d'Asa , mais à
avec les trésors du temple, qu'il avait con l'époque de la séparation des deux royau
sacrés d'abord à l'Eternel. Il obtint la mes; car, d'après 1 Rois 15, 33., Bahasa
victoire , força Bahasa d'abandonner ses commença de régner la troisième année
travaux , et se servit des matériaux que d'Asa , et comme il ne régna que vingt
le roi d'Israël avait fait transporter à quatre ans, il atteignit à peine la vingt
Rama, pour fortifier à son tour Guébah et sixième année d'Asa , bien loin d'avoir
Mitspa, qu'il entoura de fossés ; cf. Jér. atteint sa trente-sixième année.
41, 9. Mais il recueillit ce qu'il avait se ASAPH, 1° descendant de Lévi par Ké
mé, et moissonna les fruits du péché : sa hath , fut un des trois principaux chan
démarche lui fut vivement reprochée par tres établis par David pour le service du
le prophète Hanani, et occasionna même sanctuaire ; ses enfants , 1 Chr. 25, 2.,
des troubles civils. Asa, irrité contre le formaient les classes première, troisième,
voyant, parce qu'il lui avait annoncé de cinquième et septième des musiciens. ll
nouvelles guerres comme châtiment de paraît que leur place , dans les cérémo
son alliance avec les étrangers, le fit trai nies , était au côté méridional de l'autel
ner en prison; mais cela ne lui donna d'airain. Le Ps. 50e et les onze depuis
pas la paix. Dans ce même temps encore, le 73e jusqu'au 83°, sont indiqués comme
et comme poussé par une conscience mal étant d'Asaph, quoique l'on puisse tra
heureuse , il se laissa aller à opprimer duire aussi Psaumes pour Asaph , des
quelques-uns de son peuple , et ternit tinés à être chantés par lui, ou par les
ainsi la fin d'un règne commencé sous chœurs de ses enfants, v. Psaumes. Quel
de si heureux auspices. Pendant sa der ques personnes pensent, à cause du con
nière maladie, il montra aussi moins de tenu de ces psaumes , qui ne paraissent
confiance en Dieu que dans l'art des mé pas convenir au temps d'Asaph , qu'il y
decins; il mourut, à ce qu'il paraît, de la eut plus tard un autre prophète du mê
goutte , après deux ans de souffrances , me nom , qui les aurait composés; d'au
et dans la quarante et unième année de tres enfin supposent , et c'est l'opinion
son règne. On l'ensevelit dans une sé du bénédictin Calmet, que quelques des
pulture qu'il s'était fait préparer à Jéru cendants d'Asaph les auront écrits , et
Salem. leur auront donné le nom de ce fameux
Quel que soit le jugement que nous chef de la musique du temple; ils rap
soyons disposés à porter sur la fin du portent les Ps. 50 , 74, 79 et 80 à l'épo
règne d'Asa, ce règne fut, à tout pren que de la captivité , le 78° au temps
dre , un des plus heureux qu'ait eu le d'Asa, les autres au temps de Josaphat.
royaume de Juda ; la Bible même cite en Asaph est appelé voyant ou prophète
diverses occasions Asa comme un des rois 2 Chr. 29, 30.
dont la piété dut servir de modèle à leurs 2° Le père de Joach qui fut secrétaire
successeurs : 1 Rois 22, 43. 2 Chr. 20 , du roi Ezéchias, 2 Rois, 18, 18.
32, 21. 12. Et sa fidélité est d'autant plus ASDOD, appelée Azote par les Grecs
digne d'ètre remarquée, que pendant son et les Romains, ville forte sur la côte sud
long règne six rois se succédèrent sur le est de la Méditerranée, sous la même
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latitude à peu près que Jérusalem, à Celui d'entre eux qui alla épier le pays de
55 ou 60 kilom. ouest de cette ville, à Canaan, s'appelait Séthur, Nomb. 13,14.,
50 de Gaza , à 25 de Hékron. Cette ville et leur chef, lors du partage des terres,
devait appartenir à la tribu de Juda, mais était Ahihud, fils de Sélomi, 34, 27. A la
elle demeura aux Philistins qui surent la Sortie du désert leur nombre était de
conserver ou la reprendre, Jos. 15, 47. 53,000 hommes au-dessus de vingt ans,
C'est là que se trouvait le fameux temple 26, 44-47. Le lot qui leur échut en Ca
de Dagon; c'est là que fut conduite l'ar naan, Jos. 19, 24-31 , était dans la partie
che captive, qu'elle mit en pièces l'idole nord-ouest du pays , occupant la haute
du faux dieu , et qu'elle frappa de plaies Galilée avec la plaine d'Acre, depuis le
les Philistins, 1 Sam. 5, 1-6. Hozias en Carmel jusqu'au Liban, contrée d'un sol
démolit les fortifications , et l'entoura de très fertile et riche en fer et autres mi
néraux : c'était l'accomplissement des
' quelques forts pour la tenir en respect,
2 Chr. 26, 6. Tartan, général assyrien,prophéties de Jacob et de Moïse. « Le
pain excellent viendra d'Aser; il fournira
l'ayant prise de vive force, y plaça une
garnison qui tint ferme contre Psammé les délices royales; il trempera ses pieds
dans l'huile ; ses souliers (mal traduit
tique, roi d'Egypte, Es. 20, 1. Prise et
ravagée plus tard par les troupes de verroux ) seront de fer et d'airain. »
Nébucadnetsar, elle fut de nouveau re Gen. 49, 20. Deut. 33 , 24.25. ll aurait
prise par Alexandre le Grand. Jonathan pu s'avancer encore davantage vers le
Maccabée la réduisit en cendres avec nord, et la moitié inférieure de la vallée
le temple de Dagon, 1 Macc. 5, 68. 10, de Békaa lui appartenait ; mais les Asé
84. ; mais elle fut ensuite rebâtie. Dès rites, par nonchalance et par lâcheté,
les premiers temps de l'établissement laissèrent entre les mains des Cana
du christianisme, l'Evangile y fut prêché néens les villes de Sidon, d'Ahlab, d'Ac
par Philippe, Act. 8, 40., et une église zib, d'Helba, d'Aphek et de Réhob, Jug.
chrétienne s'y forma et s'y maintint, sans 1, 31. 32. La tribu d'Aser était une des
doute jusqu'au temps de l'invasion des six qui, placées sur le mont Hébal, de
Sarrasins, cf. encore Soph. 2, 4. Zach. 9, vait répondre amen aux malédictions de
6. Ce n'est plus maintenant qu'un mi la loi, Deut. 27. Après s'être soumis sans
sérable village qui a conservé son an résistance à la tyrannie de Jabin, roi de
cien nom, Canaan, les descendants d'Aser assistè
ASENATH , fille de Potiphérah , et rent puissamment Gédéon contre les Ma
femme de Joseph : elle fut mère d'E- dianites, Jug. 5, 17. 7, 23. Quarante
phraïm et de Manassé. Gen.41, 45. 46,20. mille d'entre eux, tous vaillants guer
Quelques-uns pensent que Potiphérah riers, assistèrent au couronnement de
est le même que Potiphar, le premier David. Pahana, fils de Cusaï, gouverma
maître de Joseph. Les fables, les légen cette tribu sous le règne de Salomon.
des, les traditions et les livres mystiques Enfin nous voyons qu'elle ne demeura
abondent sur l'histoire des amours de pas étrangère au réveil religieux qui eut
Joseph et d'Asénath , les Orientaux ont lieu du temps d'Ezéchias, 1 Chr. 12, 36.
voulu en faire une espèce de Cantique 1 Rois 4, 16.2 Chr. 30, 11. — Anne la
des Cantiques. v. Calmet, Dict. prophétesse était Asérite. Luc. 2, 36. t'.
ASER (bonheur, bénédiction), huitième encore l'art. Tribu.
fils de Jacob et second ſils de Zilpa, Gen. ASIIUR, 1 Chr. 2, 24. 4, 5., fils de
30, 13; il a donné son nom à l'une des Hetsron et d'Abija, et père de Ték0ah ;
douze tribus des Hébreux. Il eut pour fils du reste, inconnu. v. Tékoah.
Jimna, Jisua, Jisui, Biriha, et pour fille ASIARQUES, Act. 19, 31. C'était le
Sérah, Gen. 46, 17.1 Chr. 7, 30-40. Au nom que portaient, dans l'Asie pr0c0ll
sortir de la servitude d'Egypte , cette sulaire, certains magistrats annuels,
tribu comptait 41,500 hommes en état de chargés, comme les édiles, de faire célé
porter les armes, sous la conduite de brer les jeux solennels en l'honneur des
paghiel, fils de Hocran, Nomb. 1, 13.40. dieux et des empereurs romains. Cellº
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place était purement honorifique, et ceux 2° L'Asie propre, que le roi Attale
qui l'acceptaient devaient être riches etlaissa par testament aux Romains , com
considérés, car les frais de ces fètes reprenait la Phrygie, la Mysie, la Carie et
ligieuses étaient à la charge des asiar la Lydie. C'est là que se trouvaient les sept
ques. Ils résidaient dans les principaleséglises dont il est parlé dans l'Apoca
villes de l'Asie Mineure , à Smyrne , lypse, 1 , 11. C'est de cette Asie qu'il est
Ephèse, etc. Ces villes, à l'époque de question lorsqu'il est dit que le Saint
l'équinoxe d'automne , élisaient chacune Esprit défendit à Paul de prêcher l'Evan
un de leurs bourgeois, qui pouvait être gile en Asie, lors de son premier voyage
pris dans les familles sacerdotales, sansdans le Nord, Act. 16, 6. C'est là que de
que ce fût cependant une condition ex faux apôtres parvinrent à détourner les
clusive ; tous mème ne pouvaient pas ap âmes de l'affection et de la confiance
partenir à la caste des prêtres. Sur le qu'elles devaient à saint Paul, pendant
nombre de ceux qui avaient été élus, dix qu'il était prisonnier à Rome, 2 Tim. 1,
étaient choisis pour former une espèce 15. : cf. encore Act. 2, 9. Dans le Nou
de conseil administratif, dont il paraît veau Testament, on doit donc presque
que le proconsul désignait lui-même le toujours entendre par le mot Asie, l'Asie
president; c'était ordinairement l'asiar propre.
que de la métropole à qui ce titre était L'Asie Mineure, à l'exception peut
dévolu. Un passage d'Eusèbe montre être de la Lydie, fut primitivement peu
qu'on désignait l'année par le nom de ce plée par les descendants de Japhet, qui se
président (Hist. Eccl. 4, 15.)— Ceux de la partagèrent en un très grand nombre
la ville d'Ephèse, par amitié et par con de petites souverainetés. Les plus remar
sidération pour saint Paul, l'engagèrent, quables , avec les Etats de la Grèce qui
dans l'affaire de Démétrius l'orfèvre, à ne avaient une commune origine, furent la
point se présenter devant le peuple. On Troade, la Lydie, le Pont et la Cappa
voit par là combien devait être grand le doce. Il ne paraît pas que les Assyriens,
crédit de l'apôtre chez les populations ou Caldéens, aient jamais étendu leurs
païennes au milieu desquelles il demeu conquêtes jusque-là. Mais il n'en fut pas
rait. de mème des armées perses : de là na
ASIE. Sous ce nom par lequel nous quirent les guerres de ces derniers avec
désignons maintenant l'une des cinq les Grecs. Sous Alexandre le Grand, et
grandes parties du monde, les anciens environ 330 ans avant Christ, les Grecs
entendaient tour à tour, l'Asie entière d'Europe s'emparèrent de l'Asie Mineure
(v. Hérodote), la partie de l'Asie soumise tout entière, après quoi elle tomba au
aux Romains jusqu'à l'Indus, puis l'Asie pouvoir des Romains, et leur demeura
Mineure, enfin l'Asie propre. Ces deux soumise, du moins en partie, jusqu'aux
dernières sont les seules qui soient ex invasions des Sarrasins; puis les Turcs
pressément mentionnées dans l'Ecriture en dépouillèrent les empereurs d'Orient.
Sainte. Depuis plus de trois cents ans le farou
1° L'Asie Mineure, Natolie, ou le Le che musulman opprime ces magnifiques
vant, bornée au nord par l'Hellespont et contrées, qu'il a presque réduites en dé
le Pont-Euxin , à l'occident et au midi SeI't.
par la Méditerranée, avait environ 1,000 lI n'est pas douteux que ce pays ne
kilom. de long sur 850 de large, et ren soit un de ceux que les prophètes ap
fermait les provinces de la Mysie, la Ly pellent les îles de la mer, Es. 42, 10. 49,
die, la Carie, à l'ouest : la Bithynie, la 1., etc. Le christianisme y fut générale
Phrygie, la Pisidie, la Pamphylie, et la ment connu et adopté dès les jours des
Lycie à l'est des premières ; plus à l'est apôtres. Pendant longtemps un grand
encore, se trouvaient la Paphlagonie, la nombre d'Eglises y fleurirent et brillè
Galatie et la Lycaonie; enfin à l'extrême rent d'un vif éclat : c'est là que se tin
#r orientale, le Pont et la Cappa rent, entre autres, les fameux conciles de
0Cè, Nicée, d'Ephèse et de Chalcédoine. Main
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tenant la plupart de ces Eglises sont dé d'Ararat ; mais c'est tout ce qu'on en
truites, et celles qui subsistent encore sait de positif, et les interprètes varient
sont dans un état déplorable; les sept beaucoup sur le lieu où ils doivent fixer
Eglises de l'Apocalypse en particulier, sa descendance. Bochart fait observer
ont toutes subi le sort qui leur fut an que l'on rencontre ce nom dans plusieurs
noncé par le Seigneur. v. les articles endroits de la Phrygie; il y a une ville
spéciaux, et Hartley, Voyage en Grèce et Ascania, un sinus Ascanius, un lacus
aux sept Eglises. Ascanius, les insulae Ascaniae, etc. Quel
ASIMA, 2 Rois 17, 30.; c'est le nom ques-uns supposent qu'Askénas, partant
de l'idole que se firent les gens de Ha de l'Asie Antérieure, aura traversé l'Asie
math. On ne sait rien sur sa forme ; Mineure, où il aura en quelque sorte
quelques-uns lui donnent la figure d'un semé ces divers noms ; puis, arrivés en
singe (cf. le latin Simia), d'autres celle Europe, ses descendants auraient pris
d'un âne , d'un bœuf, du soleil, d'un deux directions différentes; les uns, fran
agneau, d'un bouc, d'un satyre, du dieu chissant les Alpes et les Pyrénées , au
Pan, etc. Les mages enfin pensent qu'A- raient peuplé la Grèce, l'Italie et l'Espa
sima était l'ange de la mort, qui sépare gne, leur langue nous serait conservée
les âmes des corps. Ce sont tout autant dans la langue basque , l'autre branche
de conjectures. aurait suivi les côtes de la mer vers le
ASKELON, capitale du pays des Phi nord, et aurait conservé le nom de son
listins, sur la côte de la Méditerranée, à aïeul Gomer dans la dénomination de
25 ou 30 kilom. nord de Gaza sa rivale, Cimbri, les Cimbres (les mêmes peut
à 15 kilom. sud d'Asdod , à 65 kilom. être que les Gaëls, les Celtes, les Gau
ouest de Jérusalem , et à 50 de Jaffa. lois); leur langue nous aurait été con
Cette ville fut autrefois célèbre par son servée dans le dialecte du pays de Galles
temple et son vivier poissonneux, l'un et (province de Wales), elle a beaucoup de
l'autre consacrés à la déesse Dercéto, rapports avec la langue basque. Les
par ses produits en épices, en vin et en Juifs, d'après leurs traditions, appellent
fruits excellents, et par ses oignons si l'Allemagne Askénas.
fameux (d'où nos échalottes, coepe asca ASPENAZ, Dan. 1 , 3. sq., capitaine
lonicum). C'était la plus forte des villes des eunuques de Nébucadnetsar ; chargé
appartenant aux Philistins, ce qui n'empê de présenter à son maître quelques jeu
cha pas qu'elle ne leur fût enlevée par la nes Hébreux, beaux et bien faits, il lui
tribu de Juda, de même que Gaza et Hé présenta Daniel et ses trois compagnons,
kron ; mais les Philistins la reconquirent dont il changea les noms afin de leur en
plus tard , Jug. 1, 18. 14, 19. Elle fut donner d'autres plus en rapport avec
prise et saccagée par les Assyriens, dé ceux des idoles babyloniennes. Les jeunes
truite par les Caldéens, puis rebâtie. prisonniers lui demandèrent de n'être
Alexandre le Grand s'en empara; puis point contraints à manger des viandes
les Juifs s'en rendirent maîtres de nou sacrifiées, et Dieu inclina le cœur de cet
veau du temps des Maccabées. Am. 1, officier, de telle sorte qu'il leur accorda
8. Jér. 47, 5-7. Zach. 9, 5. Une Eglise un essai de dix jours, malgré les dangers
chrétienne y fut fondée peu après l'as auxquels il s'exposait en n'exécutant pas
cension de notre Sauveur, et subsista du en tous points la volonté du monarque.
rant plusieurs siècles, jusqu'à la funeste ASPERSIONS, v. Libations.
invasion des Sarrasins, 1191. Maintenant ASPHALTE ou bitume, hébr. Hhémar.
c'est à peine s'il reste quelques vestiges Cette matière résineuse, semblable à de
de cette ville ruinée, et quelques traces la poix fondue, sort de terre, soit comme
d'un port que le sable a comblé. une source, soit en filtrant à travers les
ASKENAS. Gen. 10, 3. Jér. 51, 27. Un crevasses dont le sol est parsemé. L'as
des descendants de Japhet. La contrée phalte se trouve tantôt dans les monta
qu'il habita paraît avoir été proche du gnes, tantôt nageant à la surface des
pays de Gomer son père, et du royaume sources et des lacs de plusieurs contrées
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cêtres. Tout ce qu'on a pu observer, c'est mais il n'est pas question d'une église
que les charmeurs se nourrissent volon chrétienne dans cette ville avant le hui
tiers de serpents, crus ou cuits, et qu'ils tième siècle.
en font des soupes pour leur nourriture ASSUERUS, 1o Dan. 9, 1., doit être As
ordinaire ; ils en mangent surtout lors tyage le Mède , fils du vaillant Cyaxare,
qu'ils se proposent une de leurs exécu qui concourut au renversement de l'em
tions, expéditions ou représentations; et pire des Assyriens et à la destruction de
le sheik de leur tribu ou de leur village Ninive; il fut père de Darius le Mède et
les bénit en prononçant sur eux certaines de Mandane , et grand-père de Cyrus.
formules accompagnées de cérémonies (601 av. C.)
mystérieuses. — Les charmeurs de ser 2° Esdr. 4, 6., c'est Cambyse, roi de
pents ne s'occupent jamais d'apprivoiser Perse, 529 av. C. Il succéda à son père
d'autres animaux venimeux, tels que les Cyrus, et régna sept ans et cinq mois. A
lézards ou les scorpions : il y a pour cha peine fut-il monté sur le trône que les
cune de ces spécialités des personnes Samaritains le sollicitèrent d'empêcher la
spéciales qui n'empiètent pas sur les at reconstruction du temple de Jérusalem,
tributions les unes des autres. et quoiqu'il ne leur accordât pas officiel
2° Quant à la plante d'aspic, Cant. 1, lement leur demande en publiant un dé
11. 4, 13. 14., v. Nard. cret formel de révocation , les travaux
ASSEMBLEE. C'est ainsi que doivent commencés restèrent suspendus tout le
se traduire les deux mots d'origine grec temps de son règne. Ce prince, en géné
que église et synagogue; v. ces deux ral, ne fut célèbre que par sa violence, sa
mots. L'Ancien Testament parle fréquem folie et sa cruauté. Après avoir fait avec
ment de l'assemblée de l'Eternel, de l'as succès la guerre d'Egypte, il perdit son
semblée des saints et des justes, des an armée dans les déserts de la Lybie par
ciens de l'assemblée, et de l'assemblée Son obstination à vouloir envahir l'Ethio
pie. Dans sa rage il fit tomber la tête de
dans un sens absolu, comme le Nouveau
ses principaux officiers, celle de son frère,
Testament dit l'Eglise de Dieu, l'Eglise
et même celle de sa sœur. Apprenant que
des premiers - nés dont les noms sont
le mage Patizithes, auquel il avait confié
écrits dans le ciel, les anciens de l'Eglise,
le gouvernement en son absence, en avait
ou aussi l'Eglise dans un sens absolu,
profité pour placer sur le trône son pro
sans autre désignation ; cf. Nomb. 27,
pre frère, mage comme lui, Smerdis, qu'il
17. Act. 20, 28. Ps. 89, 5. 1, 5. Hébr.
donnait pour Smerdis le frère de Cam
12, 23. Lév. 4, 15. Jacq. 5, 14. — Le
terme hébreu qu'on a rendu par assembyse, celui-ci hâta son retour dans son
royaume. On dit qu'en traversant la Ju
blée, aussi bien que le terme grec dont
on a fait celui d'Eglise , s'applique d'ail
dée, il assouvit sur les malheureux Juifs
leurs à une réunion d'hommes quelconla fureur qui l'animait; mais près du
mont Carmel , il se blessa lui-même de
que, soit religieuse , soit politique, soit
son épée, en descendant précipitamment
autre, Gen. 49, 6. Ps. 22, 16. Act. 19,
de son cheval, et comme il se sentait
32; il veut dire simplement une multi
tude, Gen. 28, 3. 1 Sam. 17, 47. Jér. 6,
mourir, il réunit ses officiers , leur dé
11, ou bien le peuple d'Israël en masse.
clara qu'il avait fait mourir lui-même son
Ex. 16, 3. Nomb. 10, 3. 20, 6. Néh. 5,
propre frère Smerdis, et que celui qui
occupait maintenant le trône n'était qu'un
7. Lév. 4, 21. 10, 17. 16, 33. Mais son
sens le plus habituel est celui que nous
imposteur , et les engagea fortement à
avons signalé d'abord. venger et punir cette usurpation. v. Ar
taxercès 1°. —Que ce Cambyse soit l'As
ASSIR, 1 Chr, 3, 17., v. Salathiel.
ASSOS, port de mer sur la côte nord
suérus dont il est parlé Esd. 4, et Smerdis
le mage, l'Artaxercès mentionné immédia
ouest de l'Asie Mineure, au sud de Troas,
et vis-à-vis de l'ile de Lesbos. L'apôtre
tement après, c'est un point sur lequel
Paul y aborda lors de son quatrième il ne saurait y avoir de doute, puisqu'il
voyage à Jérusalem, Act. 20, 13.14.; n'y a eu que ces deux rois entre Cyrus
ASS 97 ASS
qui donna l'édit en faveur des Juifs, et elle avait protégé la vie contre les tenta
Darius qui le confirma. tives de leur oppresseur. D'ailleurs, on
3° Enfin , l'Assuérus dont il est parlé ne saurait pas non plus où placer l'his
dans le livre d'Ester et qui fut le mari toire d'Ester sous le règne de cet Ar
de cette belle et pieuse Juive. On a essayé taxercès : serait-ce pendant que Néhémie
de toutes sortes de conjectures , et l'on a était à la cour 9 mais comment Ester eût
cherché un peu partout quel était le roi elle souffert jusqu'alors cet asservisse
de Perse auquel pouvait le mieux se rap ment des Juifs dont se plaintl'échanson ?
porter, sous le point de vue historique, serait-ce après la faveur accordée à Néhé
le peu que nous savons de cet Assuérus. mie de retourner à Jérusalem pour en re
On en a fait tour à tour Cambyse, Smer bâtir le temple et les murailles?mais cette
dis, Darius fils d'Hystaspe , Darius No faveur même était une garantie qui devait
thus, Artaxercès Mnémon, et enfin le fa rendre impossibles les machinations
meux Xercès, et Artaxercès Longuemain. d'Haman contre les Hébreux dispersés.
L'histoire profane ne nous donne aucune Ces motifs, joints à la circonstance que
indication qui puisse nous mettre sur la cette histoire tout entière cadre mieux
voie : nulle part il ne nous est parlé d'un avec l'histoire de Xercès et avec la chro
roi perse, époux d'une Israélite Ester ; nologie, nous paraissent décisifs autant
nulle part nous ne voyons un premier qu'il peut y avoir quelque chose de déci
ministre Haman disgracié et remplacé sif en pareille matière. Le fameux Xercès
par un Juif Mardochée. Les Grecs et les aurait été l'époux de la cousine de Mar
Romains, qui seuls nous ont conservé dochée (485-465 av. C. ). Le caractère
l'histoire de la Perse, ne font nulle part cruel, capricieux, voluptueux, bizarre, de
mention du massacre projeté des Juifs de ce prince est le même dans les livres
la dispersion ; mais leur silence sur ce d'Hérodote et dans le livre d'Ester : là
point ne prouve rien : il tient à ce qu'ils nous le voyons faisant frapper et empri
avaient assez d'autres chOses à nous ra sonner la mer qui a détruit son pont de
conter, quand ils voyaient l'Orient se bateaux; ici, par une boutade sans mo
ruer sur l'Occident par millions d'hom tifs, nous l'entendons livrer, donner le
mes, et les principes des gouvernements peuple juif tout entier à Haman pour qu'il
se discuter dans de sanglantes batailles. en fasse « comme il lui plaira » Est. 3, 11.
Ester pâlissait devant Marathon peut Là ce prince farouche se prend à verser
être, et Mardochée devant Salamine. Mais des larmes en contemplant son immense
Ester a été la première femme d'un roi armée du haut d'une colline, à la pensée
perse, et Mardochée son premier minis que, dans un siècle, il n'existera plus un
tre. Qui est ce roi ? La plupart des inter seul de ces innombrables guerriers; icide
prètes semblent, au milieu de toutes les même, en apprenant les représailles san
suppositions que nous venons d'énumé glantes des Juifs révoltés à Susan, Assué
rer, hésiter entre Xercès et Longue rus paraît ému et voudrait venger les fa
main. C'est donc très probablement de milles en deuil (cf. Est. 9, 11.12. Héro
l'un de ces deux rois qu'il est question, dote 7, 33. 37. Justin 2, 12. Strabon
et les raisons que l'on met en avant pour 14, etc.). Pour ce qui regarde la chrono
Xercès paraissent l'emporter encore de logie, on peut encore comparer Est. 1,
beaucoup sur celles qui prouvent en fa 3. 2, 16. avec Hérod. 7, 7.
veur d'Artaxercès Longuemain. En effet, ASSUR, Gen. 10, 11.22., fils de Sem,
ce dernier (v. notre article) a été con et père des Assyriens. Moïse raconte l'o-
temporain de Néhémie ; sa femme parut rigine de l'Assyrieàl'occasion duroyaume
s'intéresser à lui, Néh. 2, 1., etl'on ne de Nimrod. Assur, probablement avecune
comprendrait pas comment, si cette femmecolonie, ou avec une tribu mécontente,
était Ester, Néhémie ne l'aurait jamais partit de Sinhar, où Nimrod exerçait son
nommée, ne fût-ce qu'en passant ou pour pouvoir absolu, et s'en vint fonder les
lui donner un témoignage public de la re royaumes de Ninive, etc. Il faut aussi
connaissance de ses compatriotes, dont quelquefois entendre sous ce nom le
I. 7
ASS 98 AST
royaumemêmed'Assyrie, comme Osée 14, d'Israël722 av. C., 2 Rois 17, 5. 18, 9,
3. v. l'art. suiv. et Nimrod.—Dans le pas Le royaume même de Juda lui fut rendu
sage cité de la Genèse, d'autres commen tributaire, 18, 7.; la Médie et la Perse lui
tateurs, et notamment Schrœder, tradui furent également assujettis, 18, 11.San
sent : « Nimrod sortit vers Assur ;» c'est chérib, son fils, monta sur le trône à sa
à-dire qu'après avoir fondé le royaume place 714 av. C. Après une heureuse ex
de Babylone, son vaste génie fonda un pédition contre l'Egypte , il entreprit
second royaume , celui d'Assyrie , dont aussi, mais sans succès, la conquête de
Ninive fut la capitale. La question est in Juda et le siége de Jérusalem sous Eté
décise. chias, 2 Rois 18, 13. 19, 36. Es. 37. Mis
ASSYRIE, ancien royaume de l'Asie, à mort par ses deux aînés, il fut remplacé
borné au nord par les montagnes de l'Ar par sontroisième fils Esar-Haddon, Es.37,
ménie, à l'est par la Médie et la Perse, au 38.2 Rois 19, 37., appelé Osnapar Esd. 4,
sud par la Suziane , province perse, et la 10., et qui fit prisonnier Manassé, roi de
Babylonie ; à l'ouest enfin par le Tigre Juda. L'Ecriture nomme encore Sargon,
(Hiddekel), dans lequel se jettent le Ly Es. 20, 1., dont le règne assez court doit
cus, le Capros, le Gorgus et le Silla, qua se placer probablement entre ceux de
tre rivières qui parcourent l'Arménie dans Salmanassar et de Sanchérib.-A l'ex
une direction sud-Ouest. Les villes les ception de ce dernier (Hérod. 2, 141),
plus célèbres de ce royaume furent Ninive, aucun de ces rois ne paraît dans les au
Résen, Calah, Bessarah, Ctésiphon, sur teurs profanes.
la rive orientale du Tigre, Arbèle et Arté Les derniers rois d'Assyrie ne sont pas
mita, encore plus à l'orient. Ninive était nommés dans l'Ecriture. Le Successeur
le centre général du commerce entre d'Osnapar futson fils Saosduchinus, qu'on
l'Occident et l'Orient. Cf. 2 Rois 17, 24. suppose être le Nabuchodonosor du livre
18, 11. 2 Chr. 33, 11. Es. 7, 20. 10, 8. de Judith : son règne fut d'environ vingt
9. 22, 6. L'Assyrie est appelée le pays de ans. Après lui vint ChyniladanUs, c0ll
Nimrod, Mich. 5, 6. Ses habitants avaient temporain de Josias, roi de Juda. Ce
une grande réputation de richesse, Ez. 23, prince efféminé vit son empire démembré
6.17.23;ilsétaient orgueilleux, Es. 10, 12. par Nabopolassar , un de ses généraux,
Zach. 10, 11., et redoutables, Nah. 2, 11. qui se déclara roi de Babylone, dont il
12. Cette contrée porte de nos jours le était satrape; Babylone, depuis une cin
nom de Kourdistan; depuis deux cents quantaine d'années, appartenait aux As
ans ce n'est plus guère qu'un vaste dé syriens. Nabopolassar, s'étant allié avec
sert, par suite des luttes sanglantes qu'y Cyaxare, roi des Mèdes, attaqua le roi
ont entretenues pendant de longues an d'Assyrie, s'empara de Ninive, trancha
nées tant et de si puissants peuples. les jours de Chyniladanus, et mitainsi fin
Après avoir dit que le royaume d'As à l'antique royaume de Nimrod le chas
syrie fut fondé par Nimrod, l'Ecriture seur — v. Ninive.
n'en reparle plus jusqu'au jour de la mis ASTARTE, v. Bahal et Caldéens. .
sion de Jonas le prophète, 840 ans av. C.; ASTRES. Le soleil, la lune et les éloi
puis nous voyons un roi assyrien, nommé les sont appelés, dans l'Ecriture, l'armée
pul (Sardanapale Il), attaquer le pays de des cieux, l'armée de l'Eternel. C'est le
Canaan, environ soixante-dixansapresJo plus magnifique spectacle que Dieu ait
nas, vers 770,2 Rois 15, 19. Peu après,Ti donné à notre terre; il est digne de l'ad
glath-Piléser, 2 Rois 16, 7.2 Chr. 28, miration des hommes, et doit élever leurs
j6., autre roi d'Assyrie, envahit la por cœurs vers l'Etre suprême, créateur de
tion de la Judée qui était sur la rive gau ce vaste univers. Mais comme la pauvre
che du Jourdain , ce qui n'empêcha pas créature, pécheresse et corrompue depuis
Achaz de contracter une alliance avec lui. la chute, ne saurait admirer sans étrº
Tiglath-Pilèser eut pour Successeur son tentée d'adorer et de rendre un cullº,
fils Salmanassar, qui s'empara de la Sa l'Esprit-Saint qui, dans les trois premiers
marie et emmena captives les dix tribus chapitres de la Genèse, semble avoir reº
AST 99 AST
fermé le plus sublime manuel de dogma l'Ecriture, des passages où les astres sont
tique, a pris soin de raconter la création traités comme des créatures intelligen
de ces divers luminaires auxquels Dieu tes, invitées à louer le Seigneur, capa
n'a donné l'existence que pour l'agré bles de recevoir des ordres et d'y obéir,
ment et l'utilité de l'homme. Ces astres exerçant même une espèce d'influence
ne sont point des dieux, ce sont des particulière sur les produits du sol ,
choses créées qui s'en iront et s'envieil Job 9, 7. Ps. 148, 3, Deut. 33, 14. Ps.
liront; ces astres ne sont que des servi 104, 19., etc.Mais tous ces passages sont
teurs de Dieu, destinés à l'usage de pris dans un sens poétique, et ne peuvent
l'homme; un jour ils passeront, mais pas plus favoriser l'astrologie, que tant
l'homme vivra éternellement.Les peuples,. d'autres passages où la terre, l'herbe, les
sans connaissance du vrai Dieu, sont tous eaux sont personnifiées, ne prouvent que
arrivés à une astrolâtrie, qui est bien ces objets soient effectivement animés.
la plus concevable et la plus noble des Moïse se prononce très fortement contre
idolâtries, mais qui n'est cependant qu'une le penchant à l'astrolâtrie; il interdit au
idolâtrie. L'éclat, la beauté de ces astres, peuple de Dieu de se faire aucune espèce
leur influence réelle, mais éloignée, sur d'image ou d'effigie « de peur, ajoute-t-il,
l'ordre du monde, la fixité des uns, la qu'élevant tes yeux vers les cieux, et
régularité des autres dans leur cours, qu'ayant vu le soleil, la lune et les étoiles,
le retour des saisons qui en dépend, les toute l'armée des cieux, tu ne sois poussé
effets de la lune sur quelques maladies, en à te prosterner devant elles, et que tu
un mot, tout ce qu'il y a en eux de grand ne les serves, vu que l'Eternel ton Dieu
et de mystérieux, leur a fait attribuer, les a données en partage à tous les peu
par différents peuples et dans presque ples qui sont sous tous les cieux, » Deut.
t0us les temps, une force, une connais 4, 19. Et Job, parlant de la supposition
sance, une espèce de vie, une action, une où il aurait pu se laisser aller à adorer le
influence magique sur les destinées de soleil qui brille et la lune qui marche
ce monde, bonne ou mauvaise suivant la noblement, dit : « C'eût été une iniquité
constellation sous laquelle tel homme est toute jugée, car j'eusse renié le Dieu
mé, suivant la conjonction d'étoiles dans d'en haut, » 31, 26. 28.
laquelle telle entreprise se forme ou Quant à l'astronomie des Hébreux,
s'exécute; de là l'astrologie si générale elle ne paraît pas avoir été fort avancée,
ment crue des anciens, et même de quel non plus que celle des autres peuples de
ques modernes (Bodin, de Thou, Mon l'antiquité. Elle reposait sur les ob
taigne), et dont l'Ecriture nous montre servations que les pâtres pouvaient faire
des traces chez les Babyloniens, q. v. en gardant leurs troupeaux dans de vas
Es. 47, 13. Dan. 1, 20. Les Juifs sem tes steppes dont aucune montagne ne
blent avoir puisé dans leur captivité de bornait l'horizon : de là vient aussi que
Soixante et dix années, quelques idées la plupart des noms que les constella
astrologiques; Philon fait à cet égard tions ont reçus, sont empruntés à la vie
une profession de foi très explicite, et champêtre de ces premiers astronomes,
les rabbins plus modernes ne se sont pas le Bélier, le Taureau, etc. Les patriarches
fait faute des mêmes erreurs. Maïmonides ont déjà senti leurs cœurs s'émouvoir à
en particulier, estime qu'entre les sages la contemplation des beautés célestes, cf.
il ne peut pas y avoir deux opinions Gen. 15, 5. 37, 9., et leur langue em
p0ur ce qui regarde les astres : chaque prunta plus d'une figure à la langue des
herbe doit avoir son étoile particulière, cieux. Le soleil et la lune furent distin
chaque homme de même, sans toutefois gués naturellement au milieu des autres
que sa liberté morale en soit atteinte ni habitants de l'espace , à cause de leur
détruite; les astres n'ont d'influence que grandeur et de leur éclat, cf. Gen. 1, 16.,
Sur les choses extérieures, sur le corps, et la lune amena la première division du
la santé, la génération et la corruption temps en mois et années (q. v.). On célé
des êtres. On trouve à la vérité, dans brait chaque nouvelle lune par des fêtes
AST 1 00 ATH
solennelles;cf. Ps. 81, 2.1 Sam.20,5.etc. la Bible nous dit qu'elles sont innombra
Les principales étoiles ou constella bles, et Herschel l'a prouvé. « Comme
tions mentionnées dans la Bible , sont : leur nombre, dit-il, croît indéfiniment à
l'étoile du matin, Vénus, Es. 14, 12. cf. mesure que les instruments se perfec
Ap. 2, 28. 22, 16., la Grande Ourse, ou tionnent, on peut dire , par expérience,
le Chariot, Job 9,9.; Orion, ibid. 38,31, que ce nombre est infini dans toute l'é-
et Amos 5, 8., les Pleïades, ou la Pous tendue du sens qu'on voudra donner à ce
sinière, Job, 9, 9. Amos 5, 8.; la Petite mot. » Il estime qu'une nébuleuse est un
Ourse avec les étoiles (sans doute les groupe qui ne renferme pas moins de
trois étoiles courbées en arc dont la der vingt mille soleils. Ailleurs la Bible nous
nière marque le pôle), Job38, 32.; le Ser "parle de la terre comme d'un globe, Es.
pent traversant, 26, 13., peut-être le 40, 22. Job 26, 10. Prov. 8, 27 : ailleurs
Dragon entre laGrande et la Petite Ourse; encore elle nous la montre suspendue
les Gémeaux, Castor et Pollux, Act, 28, dans le vide, Job, 26, 7, : autant de no
11. Quant à une division des astres en tions inconnues des anciens, et qui eus
comètes, étoiles fixes et planètes, il n'en sent passé pour hérétiques en cour de
est parlé nulle part dans l'Ecriture, et le Rome, aussi bien que le mouvement de
passage Jude 13 n'a qu'un sens tout à la terre de Galilée. Le passage, Luc 17,
fait figuré. 31. 34., où le glorieux avénement de
Les Egyptiens , les Caldéens, les Ba notre Seigneur est annoncé comme de
byloniens, d'autres peuples dont la con vant avoir lieu pour les uns de jour, pour
figuration géographique et les vastes les autres de nuit, semble encore suppo
plaines étaient plus favorables à l'obser ser la rotation de la terre et le mouve
vation des astres, et ceux qui, cherchant ment diurne. Nous n'insisterons pas da
leur vie dans le cOmmerce et dans la na vantage sur cette idée; un maître habile
vigation, devaient avoir l'astronomie pour l'a développée de manière à ne rien lais
alliée, ont à cet égard laissé les Hébreux ser désirer, M. Gaussen, dans sa Théo
bien en arrière. C'est en Egypte que, pneustie, pages 172 et suivantes.
d'après Hérodote, on aurait découvert la ASTROLATRIE, Astrologie , Astro
véritable année solaire, et les habitants nomie , v. l'article précédent.
de ce pays auraient, d'après Dion Cas ASYNCRITE, Rom. 16, 14., est in
sius, trouvé la division en semaines de connu. Les Grecs le font évêque d'Hyr
sept jours dans le nombre des planètes. canie.
Cette dernière assertion cependant est ATAD , Cananéen qui possédait une
plus que douteuse, car il est très pro aire dans le lieu qui fut appelé Abel-Mits
bable que la semaine était connue dès les raïm (deuil d'Egypte), en suite du deuil
jours de la création, et qu'elle se sera que les fils de Jacob et les Egyptiens me
conservée au moins comme tradition, et nèrent sur ce patriarche, Gen. 50, 11., v.
comme division du temps, chez tous les Abel-Mitsraïm.
descendants de Noé. ATHALIE (heure de l'Eternel). On de
Mais quelque reculés qu'aient été les vrait écrire Hathalie, mais Racine a im
Hébreux dans la science de l'astronomie, mortalisé une orthographe fautive , et
il est remarquable qu'aucun de leurs li peut-être plus harmonieuse; c'est presque
vres sacrés ne renferme une seule erreur maintenant le seul nom connu de cette
sur ce sujet; on y découvre au contraire, méchante reine. Elle était petite fille de
avec étonnement, une science ou pré Homri, et fille d'Achab et de Jézabel; elle
science de la véritable astronomie, qui épousa Joram roi de Juda, et sut en
montre à l'évidence l'intervention de traîner à l'idolâtrie son époux, et son fils
l'Esprit de vérité qui a conduit la plume Achazia, 2 Rois 8, 18. 26. (884 av. C. ).
des historiens comme celle des prophè La révolution de Jéhu ayant fait périr la
tes. Tous les peuples ont compté le nom famille entière d'Achab , et avec elle
bre des étoiles, et les premiers télesco Achazia, qui se trouvait alors à Samarie,
pes ont bien servi cette opération ; mais Athalie s'empara du trône laissé vacant
ATH 101 ATH
par la mort de son fils et, pour s'en as Athènes brilla de bonne heure, au sein
surer la possession, elle extermina toute du monde idolâtre, par ses succès dans
la race royale. Joas, son petit-fils, en les sciences et dans les arts. Peu de vil
core à la mamelle, échappa seul au mas les donnèrent le jour à plus d'hommes
sacre, grâces aux soins d'une tante, Jého illustres, et jouirent de plus de gloire.
sébah, sœur de son père. Caché dans le La littérature et les beaux arts y survé
temple, et secrètement élevé pendant six curent à la ruine de sa puissance et de
ans par son oncle Jéhojadah , souverain sa liberté : Athènes demeura longtemps
sacrificateur, il est proclamé roi à l'àge de le centre des sciences, et de toutes parts
sept ans. Les cris de vive le roi! éveillent on allait à l'école de ses grands maîtres,
l'attention de la régente usurpatrice; elle puiser cet atticisme dont les Romains
accourt, elle regarde, elle voit dans le eux-mêmes faisaient tant de cas. Ce fut
temple un roi déjà oint de l'huile sacrée aussi l'une des villes où le paganisme prit
et assis près de la colonne selon la cou le plus de développements, et où il se
tume des rois; les capitaines, les sacri formula de la manière la plus précise.
ficateurs et tout le peuple font entendre Jaloux d'adorer tous les dieux, sans en
des cris de joie qui se mêlent au bruit excepter aucun, les Athéniens avaient ,
retentissant des trompettes. Elle s'écrie par surcroît de précaution, élevé un autel
conjuration ! conjuration ! elle déchire au Dieu inconnu, Act. 17, 23., ou plu
ses vêtements, elle voudrait recourir aux tôt à un dieu inconnu. Peut-être même
quelques créatures qui lui sont restées existait-il plusieurs autels consacrés aux
fidèles; mais sa dernière heure a sonné : divinités étrangères et inconnues. Saint
seulement le souverain sacrificateur ne Paul, avec cette habileté, cet à propos,
permettra pas qu'on mette à mort cette cette argumentation ad hominem qui le
profane dans la maison de l'Eternel , on caractérise à un si haut degré comme
la chasse du temple, et en rentrant dans Orateur, rattache à ce fait qu'il a sous les
son palais, elle trouve le châtiment qu'elle
yeux, et qui est bien connu des Athé
a sijustement mérité,2 Rois 11.2Chr. 23. niens, tout ce qu'il veut dire à cette po
ATHENES, ville célèbre de la Grèce, pulation légère et distraite. Il ne veut pas
située dans une plaine délicieuse, à en leur annoncer quelque nouvelle étrange,
viron 40 kilom. est de Corinthe. Elle inattendue ; mais ce Dieu inconnu dont
passe pour avoir été bâtie 1580 ans avant les Athéniens semblent attendre qu'il
la naissance de Jésus, c'est-à-dire à peu se manifeste, saint Paul le connaît et veut
près au temps du séjour de Moïse en le leur faire connaître aussi. Ses audi
Egypte; mais il est probable que c'est teurs, d'accord avec Paul sur le point de
placer cette origine quelques siècles trop départ, et piqués par la curiosité de sa
tôt. Athènes fut d'abord gouvernée par voir quelles conclusions il tirera de ses
des rois de la famille de Cécrops , égyp prémisses , l'écoutent avec attention, et
tien, son fondateur. Au bout de 487 ans, entendent l'Evangile; mais, comme tou
à la mort de Codrus, les Athéniens se jours, peu d'entre eux le reçurent, et
donnèrent pour chefs les Archontes, es lorsque l'apôtre vint à parler de la ré
pèce de magistrats nommés d'abord à surrection, ils se dispersèrent en se mo
vie, puis pour dix ans seulement, puis quant. Quelques-uns crurent la Parole,
enfin pour un an, et dont le pouvoir res Denys l'aréopagite, Damaris, et d'autres;
semblait beaucoup à celui des rois. Ils la plupart la rejetèrent.
finirent par se constituer en démocratie Athènes, au temps de Paul, était déjà
pure, sous Solon, vers 588. Quatre siè à une époque de décadence. Conquise
cles plus tard, les Athéniens, qui étaient par Sylla, elle avait vu détruire ses plus
tombés sous la puissance des rois de beaux édifices; elle languit jusqu'aux
Macédoine successeurs d'Alexandre, su temps d'Adrien qui s'efforça de lui ren
birent avec eux le joug des Romains ; ils dre son premier lustre. Sa chute gra
le portaient encore aux jours de notre duelle a été ensuite l'effet des troubles
Seigneur. du moyen âge. Ce n'est plus maintenant
AUG 102 AUG
qu'une ville de 14 à 18,000 âmes; mais à l'ambition d'Octave, parce qu'il ne con
sa population tend à augmenter de nou férait cette dignité que pour un an, et
veau. Résidence royale, elle a vu depuis qu'Octave entendait bien ne pas se des
quelques années s'élever des édifices saisir du pouvoir. Il fut aussi nommé
plus somptueux que les cabanes et les Auguste, et même Père de la patrie; il
ruines qui l'ornaient seules il y a peu prit en outre le nom de César qu'il légua
d'années. Le peuple travaille courageu à ses successeurs. Dans la suite il fit sans
sement à sortir de sa misère , et le gou doute semblant d'abdiquer, il offrit même
vernement le seconde de tout sOn pOu sa démission au sénat; mais il choisissait
voir.— On trouve dans la contrée peu de bien son temps, ce n'était qu'une comé
bêtes à cornes, mais beaucoup d'ânes, de die : il avait gagné le sénat par des flat
chevaux, de mulets, et quelques cha teries et des largesses, le peuple par sa
meaux , ( voir dans le Morgenland de modération et sa douceur, l'armée par les
1839, trois lettres écrites d'Athènes, par succès de ses généraux. Son pouvoir fut
Woringer, p. 273, 300, 342, et les Voya ainsi trempé à neuf et consolidé pour la
ges de Hartley en Grèce). vie ; le sénat et le peuple ne furent plus
ATTALlE, ville maritime de la Pam qu'une machine dont il tenait tous les fils,
phylie, à l'embouchure du fleuve Kattar et qu'il conduisait comme il voulait. Il
rhactes, et résidence principale d'un pré conserva au gouvernement les anciens
fet de Rome ; elle portait le nom d'Attale noms et les anciennes formes, sachant
Philadelphe, roi de Pergame, son fonda bien que ces hochets (puisque hochets il
teur ; elle subsiste encore de nos jours y a), ont plus d'empire sur l'esprit des
sous le nom de Antali, et n'est pas sans peuples, que les constitutions elles-mê
importance. Paul et Barnabas y passèrent mes; il laissa au peuple le droit d'élire
en allant de Perge à Antioche, Act. 14, les principaux magistrats, et au sénat la
25.; mais nous ne savons rien de plus sur nomination des gouverneurs des pro
l'histoire religieuse de cette ville, sinon vinces, à l'exception de celles qui étaient
qu'au cinquième et au sixième siècle, il exposées aux attaques de l'ennemi, et
s'y trouvait un évêque. dans lesquelles par conséquent les lé
ATTIRSATHA, Néh. 8, 9. 10, 1., sur gions se trouvaient réunies : c'était se
nom de Néhémie, tiré de son emploi; il faire la part du lion. Son plus grand soin
signifie échanson du roi. v. Néhémie. était de rendre sa domination insensible,
AUGUSTE, Luc 2, 1., d'abord appelé afin de ne pas irriter un peuple qui avait
Caius Octavius, était petit-fils de Julia, répandu son sang pour la république ; il
la sœur de Jules-César. Son grand oncle séduisit les Romains par ses manières et
l'avait adopté pour son fils, et le déclarait par sa politique, et les laissa croire à la
par son testament, son principal héritier. liberté lorsque déjà son gouvernement
Le jeune Octave, poussé par une ambi n'était plus qu'une complète tyrannie.
tion excessive qui le faisait aspirer à la Son siècle fut l'époque des plus beaux
domination de sa patrie, prit une part génies, soit dans le domaine des lettres,
active aux guerres qui déchiraient la ré soit dans l'art de l'administration et de
publique romaine, et déploya tout ensem la guerre : les noms des Tite-Live, des
ble beaucoup de hardiesse, de ruse et de Virgile, des Horace et des Mécènes dans
cruauté. Il sut se défaire de ses ennemis la littérature, des Agrippa, des Drusus,
en les détruisant les uns par les autres, des Tibère dans la science des batailles,
jusqu'à ce qu'il ne lui resta plus qu'un répandent un éclat immortel sur ce règne
seul adversaire, le consul Marc-Antoine. despotique.
Il le vainquit à la bataille d'Actium , et se Auguste eut encore l'honneur et le
fit dès lors adjuger par le sénat de Rome, bonheur de faire, pour la troisième fois
le pouvoir suprême avec le titre d'Impe depuis la fondation de Rome, fermer le
rator (général victorieux), ceux de roi et temple de Janus, qui restait ouvert en
de dictateur étant odieux au peuple ro temps de guerre ; mais cette paix ne fut
main, et celui de consul ne suffisant pas pas obtenue sans de violents combats : il
AUG 103 AUL
fallut en livrer en Afrique, en Asie, dans d'Hérode que son fils ! » s'écria-t-il dans
les Gaules et en Espagne, où les légions son indignation.
eurent bien de la peine à soumettre les Quand la paix fut rétablie dans son
Cantabres. Ses armes soumirent encore empire, il fit faire un recensement géné
l'Aquitaine, la Pannonie, la Dalmatie, l'Il ral de tous ses sujets ; il en ordonna mê
lyrie, et continrent les Daces, les Numi me trois presque consécutivement, et
des, les Ethiopiens. Il fit une alliance avec c'est pendant le second qui commença
les Parthes, qui cédèrent l'Arménie, et sept ans environ avant Christ, et qui du
rendirent les drapeaux enlevés à Crassus rait encore à cette époque, que Joseph et
et à Antoine dont les armées avaient été Marie vinrent se faire enrégistrer dans le
taillées en pièces. Cet hommage rendu à lieu de leurbourgeoisie, Bethléhem,Luc2,
Auguste par les barbares, fut imputé à 1-6. (Il faut ajouter cependant, que l'im
celui-ci par les Romains comme un véri pôt qui fut établi par l'empereur en suite
table triomphe. Il eut à combattre aussi de ce recensement, ne fut prélevé que
les Germains sur lesquels il remporta di quelques années plus tard.) Ce fut dans
vers avantages, mais qui lui firent éprou la vingt-sixième année d'Auguste que na
ver un échec terrible par le massacre de quit le Sauveur du monde ; et le même
l'armée commandée par Varus. Ce revers règne qui vit fermer les portes du temple
causa la plus vive douleur à l'empereur, de Janus, vit naître aussi le prince de la
qui s'écria plus d'une fois : « Varus,Varus, paix, mais d'une paix meilleure et plus
rends-moi mes légions ! » Tibère effaça durable, de celle dont l'Eternel a dit :
par ses triomphes la défaite de ce géné « C'est moi qui la donne. » A côté du
ral qu'il vengea cruellement. fondateur de la monarchie impériale de
Les jours de l'empereur furent deux Rome, s'élevait celui qui venait fonder
fois menacés par le fer des conspirateurs: le nouveau royaume d'Israël, un empire
la première fois, au commencement de universel, éternel, qui devait, quelque
son règne, la deuxième vers la fin. Cinna, chétifs que fussent ses commencements,
qu'Auguste avait comblé de ses bienfaits, envahir le monde entier, et dominer les
était à la tête de cette dernière conjura ruines de l'empire romain.
tion. Auguste informé de la chose, fit Auguste mourut à Nole en Campanie,
venir auprès de lui le coupable, lui par l'an 14 ap. C., au retour d'un voyage
donna généreusement en lui témoignant qu'il avait entrepris pour sa santé. Il avait
beaucoup d'affection, et le fit même con atteint sa soixante-treizième année, (se
sul pour l'année suivante. Ce noble pro lon d'autres sa soixante-dix-septième), et
cédé désarma tous les complices, et porta avait régné quarante ans. Après sa mort,
au plus haut degré l'amour et l'admira comme pendant sa vie, il fut regardé
tion du peuple romain pour son chef. Dès comme un Dieu par le peuple romain
lors il n'eut plus d'ennemis, ni au dedans qui lui éleva des temples, et lui rendit un
ni au dehors; sa douceur, sa clémence, culte particulier. — Son nom devint un
son amour pour la justice lui avaient ga titre pour les empereurs suivants, et nous
gné tous les cœurs. Nous avons vu sa voyons, Act. 25, 21., Néron désigné sous
conduite à l'égard d'Archelaüs (v. cet ar le nom d'Auguste.
ticle); ce fut encore lui qui fit donner à AULX, un des fruits de l'Egypte que
Hérode, par le sénat romain, la couronne les Israélites regrettaient au milieu des
de la Judée, et il y ajouta plus tard la té privations du désert, Nomb. 11 , 5. L'ail
trarchie de Zénodonus : il voulut faire lui est trop connu chez nous pour qu'il soit
même l'éducation d'Alexandre et d'Aris nécessaire de le décrire en détail : C'est
tobule, fils d'Hérode, et leur donna des l'allium sativum de Linné : sa tige plate
appartements dans son propre palais. On et Creuse se termine en Ombrelle et s'élève
comprend, d'après cela, combien Auguste à un mètre environ. Il se trouvait en
dut être affligé lorsque, dans la suite, abondance en Egypte et en Palestine; les
Hérode versa le sang de ces deux jeunes Juifs le recherchaient à cause de sa dou
princes. « Il vaut mieux être le porc ceur et de son goût agréable , on s'en
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sert encore en Orient comme d'un plat me des richesses et des Occupations des
favori. Les Grecs, au contraire , et les Hébreux. L'aumône ne consistait pas
Romains , l'avaient en horreur , soit à dans de petites pièces d'argent, négli
cause de son influence pernicieuse sur gente, commode et dédaigneuse offrande
la santé ( Pline 20, 23) , soit à cause de jetée par le riche dans l'humble chapeau
son odeur : ces derniers avaient même du pauvre : c'étaient des prêts sans in
appelé les Juifs fœtentes, à cause de leur térêt pour celui qui voulait travailler, des
haleine habituellement forte et corrom denrées au moment de la récolte, un coin
pue par l'ail. de champ à moissonner, quelques raisins
AUMONE. C'est ce que la charité à grapiller ; puis , au bout de sept ans,
donne aux pauvres, Matth. 6 , 1. 4. En les fruits spontanés de l'année sabbati
hébreu , l'on exprimait cette idée par le que ; autant d'aumônes qui obligeaient
mot de justice, parce que l'aumône est une au travail, à l'ordre et à l'économie, ceux
dette que l'on acquitte non pas envers qui voulaient y avoir part. Cette charité
le pauvre, mais envers le Seigneur , cf. légale ne dispensait donc pas du travail,
Ps. 112, 9.2 Cor. 9, 9.10. En grec, les elle n'encourageait pas l'oisiveté : elle
mots qu'on a rendus par aumône, signi faisait vivre les vrais pauvres , sans of
fient miséricorde et grâce, parce que c'est
frir à d'autres la tentation de négliger
le véritable amour , la véritable compas leurs devoirs pour venir se classer au
sion qui doit en être le principe : c'est un
nombre des assistés. Chacun , d'ailleurs,
acte de bon vouloir et de fraternité re ne pouvait pas indifféremment recourir à
ligieuse envers le nécessiteux. Act. 10, l'aumône publique, mais seulement la
2. 4. 24, 17. 2 Cor. 8, 7. veuve, l'étranger, le lévite et l'orphelin,
La loi de Moïse prescrivait l'aumône qui n'ayant ni les uns ni les autres aucun
proprement dite, et semblait sanctionner fonds de terre, aucun antécédent qu'ils
ainsi cette fameuse charité légale, si re eussent pu économiser, aucunes avances
doutée de nos économistes. Mais si l'on
faites, étaient véritablement, par leurin
doit reconnaître qu'en effet chez nous fortune, dignes de la compassion des Hé
les lois en faveur des pauvres font les breux. Le vieillard même n'avait aucun
pauvres; si ce fait aatteint, en Angleterre droit à la charité, car il devait avoir des
surtout , un degré effrayant de vérité , fils travaillant pour lui , et, s'il avait
l'on peut croire aussi que la défectuosité vécu avec économie , il pouvait avoir
dans les résultats tient à un vice dans
amassé de quoi se faire aider par des
l'exécution , vice inhérent à l'état actuel serviteurs (voir dessus Cellérier, Espr.
là
de la société , dont on ne saurait faire de la législ. mos. Il, 108, sq. ).
un reproche à cette société , mais qui ne Quant à la somme qui pouvait être exi
se trouvait pas le même dans l'organisa gée des Israélites pour subvenir aux be
tion fraternelle , théocratique et agricole soins des pauvres et du culte , quant aux
de la société mosaïque. Aussi ne voyons charités qui leur étaient prescrites et
nous nulle part jusqu'à l'avénement des qu'ils devaient faire chaque année, voici
rois et au luxe de la monarchie, mention comment Saurin les résume dans son
ner des mendiants dans l'histoire juive. beau sermon sur l'Aumône, « calcul, dit
La charité légale, au lieu de propager la il, qui peut nous convaincre de cette
misère, l'adoucissait ; et ce résultat, que triste vérité, que si la religion chrétienne
partout l'on voudrait obtenir maintenant, l'emporte sur les autres, c'est dans les
on doit lui assigner pour causes, directes Evangiles , mais non dans la conduite de
ou indirectes : d'abord l'esprit patriarcal ceux qui la professent. »
et l'honneur de famille , plus forts alors 1o Les Juifs devaient s'abstenir de tous
que l'intérêt des temps modernes; puis les fruits qui croissaient les trois pre
la fixité des héritages, les lois sur l'es mières années, depuis qu'un arbre frui
clavage, le nombre restreint et la qualité tier avait été planté. Ces premiers fruits
bien déterminée de ceux qui avaient le s'appelaient le prépuce : c'était un crime
droit d'être assistés; enfin la nature mê de se les approprier, Lév. 19, 23.
AUM 105 AUT
2° Les fruits de la quatrième année de étaient tombés comme par hasard, mais
vaient être voués au Seigneur : c'était d'en laisser tomber même volontairement
une chose sainte à l'Eternel, Lév. 19, 24. et de propos délibéré , cf. Ruth 2, 16.
Il fallait les envoyer à Jérusalem, du 6° Ils étaient obligés de donner cha
moins il fallait en faire l'estimation et les que année pour les sacrificateurs la qua
racheter, en donnant au sacrificateur une rantième partie de leurs revenus ; du
somme équivalente : en sorte que le peu moins c'est ainsi que le sanhédrin avait
ple ne commençait à recueillir ses reve expliqué la loi de Deut. 18, 4.
nus que dans la cinquième année. 7° Ils en devaient une dixième pour
3° Ils étaient obligés d'offrir à Dieu, l'entretien des Lévites, Nomb. 18 , 21.
chaque année , les prémices de tous les 8° Les revenus que portait la terre cha
revenus de la terre, Deut. 26, 2. ; les que septième année étaient pour les pau
prémices , c'étaient les premiers fruits vres, du moins le propriétaire n'y avait
que la terre produisait. Quand le père de pas plus de droit que les étrangers ,
famille se promenait dans son jardin , et Lév. 25, 23. Et les Juifs ont eu une si
qu'il apercevait un arbre qui portait grande idée de ce précepte, qu'ils pré
quelque fruit, il le marquait avec un fil , tendent que c'est pour l'avoir violé, qu'ils
afin de pouvoir le reconnaître lorsqu'il ont été transportés à Babylone. C'est à
serait parvenu à une maturité parfaite. cela qu'ils rapportent ces paroles du Lé
Le père de famille mettait ce fruit dans vitique 26 , 34. : « Alors la terre pren
une corbeille; on assemblait ensuite tous dra plaisir à ses sabbats tout le temps
ceux qui avaient été recueillis dans une qu'elle sera désolée, et lorsque vous se
ville ; cette ville envoyait des députés à rez au pays des ennemis, la terre se re
Jérusalem : un bœuf couronné de fleurs posera et prendra plaisir à ses sabbats. »
était chargé de cette offrande , et ceux Cf. 2 Chr. 36, 21.
qui avaient la permission de le convoyer 9° Toutes les dettes contractées parmi
allaient en pompe à Jérusalem , en chan le peuple devaient être remises entière
lant ces paroles du Psaume 122, 1. : « Je ment après le terme de sept ans, Deut.
me suis réjoui à cause de ceux qui m'ont 15, 2. En sorte qu'un débiteur qui durant
dit : nous n.onterons à la montagne de sept années était hors d'état de s'acquit
l'Eternel. » Quand ils étaient arrivés à la ter, devait être parfaitement absous.
ville, ils chantaient ces autres paroles : Ajoutez à toutes ces dépenses les oc
• Nos pieds se sont arrêtés dans tes por casions extraordinaires , tant de sacrifi
tes, ô Jérusalem ! » (v. 2). Ensuite ils ces , tant d'oblations, tant de voyages à
allaient au temple , chacun ayant son of Jérusalem ; ajoutez-y le demi-sicle du
frande sur ses épaules, le roi même n'en sanctuaire, et vous verrez que Dieu avait
étant pas excepté, et ils chantaient en imposé à son peuple un tribut qui allait
core : « Portes, élevez vos linteaux; huis à près de la moitié de ses revenus.
éternels, haussez-vous. » Ps. 24. AUTEL , espèce de table destinée à
4° Il fallait qu'ils laissassent ce qui recevoir les saintes offrandes que l'on
croissait dans l'extrémité de leurs champs, présentait à l'Eternel , et qui y étaient
et qu'ils le cédassent au pauvre, Lév. 19, consumées en tout ou en partie. Il ne pa
9. Et pour éviter les fraudes qui auraient raît pas qu'avant le déluge on ait fait
pu semêler dans cette pratique, ils avaient usage d'autels ; les sacrifices étaient of
déterminé un point fixe à l'observation de ferts sur le sol même de la terre. Ceux
cette loi, et ils laissaient la soixantième qui furent construits dès lors par Noé ,
partie de leur champ pour cet usage. Abraham , Jacob, Job , et d'autres en
5° Les épis qui tombaient pendant la core avant Moïse , ne se composaient
moisson étaient employés à la même fin, guère que de pierres brutes ou de terre
Lev. 19. Et si vous consultez Josèphe amoncelée. Lorsque Salomon consacra le
(Ant. juiv. 8, 4. ) , il vous dira que cet temple , il fit de tout le milieu de la cour
ordre de Dieu les obligeait non-seule ou du parvis, comme un vaste autel ou
ment de céder aux pauvres ces épis qui il immola et brûla ses nombreuses victi
AUT 106 AUT
mes. Depuis l'érection du tabernacle , il sacré , et l'on n'y pouvait offrir quoi
y eut deux autels, celui des holocaustes que ce fût d'autre. La loi ordonnait d'en
et celui des parfums. L'autel des holo tretenir continuellement le feu de l'au
caustes , tel que Moïse le construisit, tel auquel s'était mêlé le feu céleste des-"
était une espèce de coffre en bois de sit cendu sur les premières victimes d'Aa
tim, surmonté de plaques d'airain pour ron. L'autel des holocaustes est une figure
le préserver du feu. Il avait environ de Christ, notre parfaite expiation et no
5m,76 de longueur , autant de largeur , tre refuge contre la colère à venir ; l'au
et 2 m,16 de hauteur ; à chaque angle il tel des parfums nous représente encore
y avait une corne d'airain, où s'atta Jésus-Christ comme notre avocat et no
chaient les victimes. La plaque supérieure tre éternel intercesseur. Ex. 30. Héb. 9.
était en forme de gril ; les cendres tom Parmi les autres autels que les Juifs
baient dans un bassin à l'intérieur. Cet élevèrent comme peuple béni de l'Eter
autel pouvait se transporter; on l'enve nel, nous mentionnerons encore celui du
loppait de couvertures, et les lévites le Jourdain, qui fut surnommé Hed, c'est
chargeaient sur leurs épaules, au moyen à-dire témoin , et celui du mont Hébal ,
de barres en bois de sittim recouvertes sur les pierres brutes duquel la loi devait
d'airain. Celui que Salomon fit construire être gravée en caractères durables, Jos.
avait des dimensions beaucoup plus con 22. Deut. 27 , 1-8. Malheureusement ce
sidérables ; mais on ignore s'il était d'ai peuple ingrat et dur ne dressa que trop
rain massif, si l'intérieur était en ma Souvent d'autres autels, à l'instar de ceux
çonnerie, ou même s'il n'était point creux des païens , et son histoire nous le
en dedans. Il avait 15m,12 de long, au montre plantant des bocages autour de
tant de large, et environ 7m,50 de haut; ces monuments, tandis que l'Eternel n'a-
on y montait du côté de l'orient par un vait pas voulu qu'on mît aucun arbre près
plan incliné. Il paraît que l'autel qui fut de ses autels. Deut. 16, 21 .
reconstruit après la captivité avait 24m,12 Quantaux païens, ilsavaient aussi, com
à la base, et 18 au sommet (v. Ex. 27, me on sait, leurs autels consacrés à leurs
1-9.2 Chr. 4, 1., etc. ). divinités , et le nombre en était considé
L'autel des parfums était une petite rable, vu la facilité avec laquelle ils dé
table de bois de sittim recouverte d'or, crétaient de nouveaux dieux , jusque-là
carrée, ayant 0m,72 de côté, et un peu qu'il n'a pas dépendu d'eux que deux
moins de 1m,44 en hauteur. Une corniche apôtres chrétiens ne devinssent à Derbes
d'or l'entourait; aux quatre angles était deux divinités païennes. Act. 14. Nous
une corne également d'or , et l'on pou avons parlé, à l'art. Athènes , de l'autel
vait le transporter au moyen de barres de à un dieu inconnu.
bois de sittim plaquées en or. AUTRUCHE, oiseau bien connu. L'es
Ces deux autels furent solennellement pèce appelée par les naturalistes struthio
consacrés par aspersion de sang et par camelus, et qui est celle que l'on com
l'onction sainte ; chaque année on en ar prend ordinairement sous le nom d'au
rosait les cornes avec le sang versé dans truche, a la taille d'un chameau , de
le grand jour des expiations. L'autel des longues jambes , de courtes ailes , des
holocaustes était placé dans la cour ex plumes extrêmement estimées comme
térieure , à peu de distance de la face ornements, et le cou assez fort , d'envi
orientale du tabernacle ou du temple : ron un mètre de longueur. Elles ne vo
c'est là qu'on offrait le sacrifice perpé lent pas, mais leur course est extrême
tuel du matin et du soir , outre une mul mentrapide et pareilleà celle des meilleurs
titude d'autres oblations; c'est là que se chevaux de Barbarie. Xénophon raconte
réfugiaient , en certains cas , ceux qui que l'armée de Cyrus le jeune trouva près
s'étaient rendus coupables de quelque de l'Euphrate un grand nombre d'autru
crime. L'autel des parfums était placé ches, et qu'on leur donna la chasse avec
dans le sanctuaire, devant le second voile; les chevaux les plus vigoureux, sans pou
on y brûlait soir et matin l'encens con voir les atteindre. Le mot hébreu que
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nous traduisons par autruche est Bath éclore dans la chaleur du sable. —Enfin,
Yahanèh (fille de la voracité) ; mais les Job 30,29., et Michée 1, 8., lui attribuent
interprètes sont peu d'accord sur le sens un cri plaintif et lamentable, que le voya
de ce mot; quelques-uns, comme Luther geur Shaw (Voyages , p. 390) a de mê
et Martin , le traduisent par chat-huant ; me mentionné en parlant de l'autruche ;
d'autres, comme Calmet, par cygne. La il raconte que souvent, au milieu de la
traduction que nous avons adoptée se nuit , elle pousse une espèce de gémis
justifie par les considérations suivantes. sement lugubre (v. en général Bochart,
D'abord elle a pour elle presque tous les Hiéroz. II, 811 sq.).
anciens (les Septante , saint Jèrôme , ll est encore parlé, Job. 39, 16., d'un
Aquila, Symmaque , etc. ), et l'analogie oiseau nommé en hébreu Renanim, et
de la langue arabe. En outre, tous les que l'on pense également devoir être l'au
passages de l'Ecriture qui parlent de cet truche, bien que quelques auteurs (Lu
oiseau s'accordent parfaitement avec ce ther entre autres) le traduisent par paon.
que nous savons de l'autruche, Lév. 11, La traduction de nos Bibles « As-tu donné
16. Deut. 14 , 15. Il est mis au nombre aux paons ce plumage qui est si brillant, |
des animaux impurs , probablement à ou à l'autruche les ailes et les plumes9 »
cause de l'indifférence avec laquelle il doit être remplacée par celle-ci : « L'aile
avale tout ce qu'il rencontre , blé, vers, de l'autruche ne s'agite-t-elle pas (dans
pièces de monnaie, pierres et sable; son sa course) P N'est-elle pas comme l'aile
estomac estdevenu proverbial à cet égard, et comme les grosses plumes de la cigo
quoiqu'on n'en soit plus à l'idée qu'elle gne ? » Les versets suivants sont mieux
digère tout ce qui entre dans son corps. rendus, et leur ensemble montre évi
Les Arabes cependant, les Ethiopiens, demment que dans ce passage il s'agit
les Indiens et les Romains regardaient la de l'autruche ; le v. 20, qui accuse cet
viande de l'autruche comme un mets dé animal de manquer d'intelligence, rap
licat, bien qu'elle soit dure, sèche et dif pelle le proverbe arabe qui dit : « plus
ficile à cuire : serait-ce peut-être sa ra bête qu'une autruche; » et le v. 21 peut
reté qui lui méritait cet honneur P ou si se rapporter, soit à la rapidité de sa
l'on n'en mangeait que certaines parties course, soit à la grandeur de sa taille :
naturellement plus fines. la langue, le foie « Parfois même, lorsqu'elle se dresse
0u les ailes ?—Il est dit, Es. 13, 21. 34, (pour courir), elle se rit du cheval et de
13. 43,20.Jér. 50, 39. Lam. 4, 3., qu'elle celui qui le monte ;» elle les devance, ou
habite en des lieux désolés, au milieu bien elle est plus haute que l'un et l'autre
des chardons et dans les déserts, détails à la fois : ces deux sens sont également
qui vont encore à l'autruche , dont nous vrais et justifiés par les faits; v. Pline,
savons qu'elle se tient de préférence au H. N. 10, 1.
milieu des sables, vivant par troupes et AVEN. 1° Ezéch. 30, 17., ou Bethsé
se nourrissant surtout de dattes; quelques mès, ou encore Héliopolis, entre la mer
naturalistes arabes prétendent qu'elle ne rouge et le Nil, en Egypte; elle était si
boit jamais.— Cet animal est représenté, tuée à une journée de la capitale de ce
Lam. 4, 3., comme cruel envers ses pe royaume. C'est la même ville que On, au
tits, et tous les voyageurs racontent de pays de Goscen; v. On. 2° Amos 1, 5.,
l'autruche qu'elle abandonne au soleil et vallée de la Syrie damascénienne, peut
dans le sable ses œufs après les avoir être la vallée du Liban, Jos. 11, 17. (Bik
p0ndus, semblant ne pas s'inquiéter de hath signifie vallée.)
ce qui en adviendra : ce jugement ne doit AVOCAT, nom donné à Jésus-Christ,
tependant pas être accepté dans son sens 1 Jean 2, 1. Il intercède et plaide pour
le plus défavorable, et s'il est vrai qu'elle les pécheurs, et nous pouvons nous faire
ne couve pas ses œufs comme les autres une idée de cette intercession par ce
oiseaux, c'est que son poids immense les qu'on appelle sa prière sacerdotale, Jean
écraserait , tandis qu'elle peut très bien 17. « J'ai prié pour toi, dit-il à Pierre,
Se borner à les surveiller , en les faisant afin que ta foi ne défaille point. »
BAB 108 BAB
bon, Pline, Diodore de Sicile et Quinte élevée, un vaste réservoir dans lequel le
Curce ne sont pas entièrement d'accord jeu d'une puissante machine hydraulique
sur les détails, c'est que leurs descrip amenait les eaux de l'Euphrate.— On y
tions se rapportent à des époques diffé remarquait encore le temple de Bélus
rentes : mais ils s'accordent tous sur Son (Bel, ou Bahal), le palais de Nébucadnet
étonnante magnificence , qu'atteste en Sar, qu'environnait un triple mur de 10
core aujourd'hui l'immense étendue de kilom. de tour, d'autres disent qu'il avait
ses ruines. Le témoignage d'Hérodote, deux lieues et demie de longueur; enfin
en particulier, nous est d'autant plus pré
le fameux tunnel construit en briques
cieux qu'il visita lui-même Babylone, un et en bitume sous l'Euphrate, galerie qui
siècle à peu près après la mort de Bel servait à lier les deux moitiés de la ville,
satsar, et qu'il ne rapporte que ce qu'il et qui était un objet de luxe et de ma
a vu de ses yeux et bien examiné. gnificence, plutôt qu'il n'avait une utilité
Située dans une vaste plaine, Babylone réelle, vu les ponts nombreux qui facili
formaitun carré parfait dont chaque côté taient toutes les communications au delà
avait une étendue de 10 kilom.; d'autres du fleuve.
disent 25. Le mur dont elle était entou Le temple consacré au dieu Bel était
rée avait environ 126 mètres d'élévation une tour colossale , composée de huit
sur 32 d'épaisseur ; il était surmonté de tours, s'élevant les unes au-dessus des
250 tours (d'autres disent 316), construi autres, en diminuant de grandeur. Celle
tes, aussi bien que la muraille, en grandes qui servait de base formait un carré ré
briques cimentées avec du bitume. Entre gulier dont chaque côté avait 216 mètres
le mur et la ville était un large fossé de long : l'ensemble offrait l'aspect d'une
plein d'eau, dont les berges étaient éga pyramide grandiose ; on y montait du
lement revêtues de briques; c'est de là dehors par un chemin en spirale.Au som
qu'on avait extrait toute la terre qu'on met du temple était une chambre ou cha
avait dû cuire pour la construction des pelle sans images, où il n'y avait pour
murailles, en sorte que ce canal devait tout meuble qu'une table et un lit; une
être assez large et assez profond. Entre prêtresse y passait la nuit, parfois même
les maisons et la muraille, il y avait un on y faisait des observations astronomi
espace de 80 mètres environ. Cent portes ques. A l'étage inférieur de la tour était
d'airain massif, vingt-cinq de chaque une autre chambre ou chapelle, mais plus
côté, s'ouvraient sur la campagne ; du vaste et mieux décorée; l'image de Bel
n0rd au sud vingt-cinq rues, d'orient en s'y trouvait en or, derrière une table d'or.
0ccident vingt-cinq rues, larges de 54 mè Heeren, d'accord avec les traditions ara
tres et longues de 8 kilom., traversaient bes et juives, pense que cette tour est
la ville dans toutes les directions, et la l'ancien édifice construit par Nimrod.
partageait en 629 espèces d'îles carrées, Des huit étages trois se sont conservés
dont l'intérieur était destiné aux jardins jusqu'à présent; les matériaux dont ils
et dépendances. L'Euphrate, qui traver sont construits sont les mêmes que ceux
sait la ville du nord au sud, était égale qui sont indiqués Gen. 11., et la qualité
mênt resserrée entre des murailles aussi des décombres est de beaucoup supé
hautes que celles mêmes de la ville; d'im rieure aux autres restes d'architecture
menses escaliers, fermés par des portes que l'on trouve au même endroit, de
d'airain, permettaient de descendre jus même que la solidité et le grandiose de
qu'au fleuve. Les quais étaient magnifi cette composition gigantesque.Toutefois
ques : leur plus bel ornement consistait il paraît peu probable que les habitants
dans les jardins suspendus, établis sur de cette contrée aient essayé de recon
des terrasses voûtées qui s'élevaient jus struire un temple de Bel au même endroit
qu'au niveau des murailles, immenses et sur les ruines de l'orgueilleuse tour,
parterres du sein desquels on voyait s'é- dont la tradition portait qu'elle avait été
lancer des arbres de la plus haute di renversée par Dieu lui-même. Le profes
mension ; puis, sur la plate-forme la plus Seur Schubert qui, dans son voyage en
BAB 110 BAB
Orient, incline à croire que la tour de et s'estimaient très habiles dans l'astrolo
Babel est effectivement celle qui porte gie, la magie, et l'art de la divination,
encore le nom de Birs-Nimrod, à 12 ou Dan. 2, 2. 4, 7.5,7. Es. 47, 12. C'est de
15 kilom. ouest de l'Euphrate, pense chez eux que cette prétendue science s'in
qu'il faut voir le temple de Bel dans une troduisit dans le pays de Canaan, Es. 2,
ruine située sur la rive orientale, et qui 6., et peut-être même en Egypte.
s'appelle maintenant la colline d'Amran. Puis Cyrus vint, et Babylone fut prise,
Le Birs-Nimrod présente dans la partie 538 ans av. C. Plus tard Xercès pilla le
qui est encore debout, des caractères qui temple et le détruisit.Alexandre le Grand,
Semblent devoir remOnter immédiate qui voulut le rétablir, 320 ans av. C.,
ment à l'époque de la tour de Babel, et employa dix mille soldats à en déblayer
qui excluent par là même la supposition les ruines; mais il mourut au milieu de
qu'on ait essayé de construire un autre ses débauches sans avoir achevé ses tra
édifice en cet emplacement : ce sont d'é- vaux. Enfin Séleucus , un de ses succes
normes fragments de constructions en seurs, voulant s'illustrer, fonda, près de
briques, qui ont été complétement fondus Babylone, une ville qui devait s'appeler
et vitrifiés ; ils sonnent comme du verre ; Séleucie d'après son nom ; pour la peu
et pour que la brique ait pu devenir so pler, il força cinq cent mille Babyloniens
nore à un degré pareil, il faut qu'elle ait à se transporter dans sa nouvelle capi
été exposée à une chaleur égale à celle de tale. C'est alors que fut consommée la
la plus ardente fournaise. Le feu du ciel a ruine définitive de cette cité. v. Es. 13,
pu produire ce résultat, et l'on pourrait 19-22. Jérémie, 51, etc., v. Pierre h.
voir dans le passage Gen. 11, 5. (l'Eternel Nous parlerons, à l'article Caldée, de la
descendit) l'intervention sublime d'un religion des habitants de la contrée dont
Dieu qui s'avance entouré des éléments, Babylone était la capitale. Les prophéties
des flammes de feu ses ministres, qui doi annonçant la chute complète et la dé
vent le venger. L'historien Josèphe nous vastation d'une des merveilles du monde
a conservé, à cet égard, une vieille tradi qui semblait devoir durer toujours, se
tion qui dit positivement que la disper sont réalisées d'une manière étonnante ;
sion des hommes et la confusion des les voyageurs les plus incrédules ne peu
langues a été accompagnée d'orages ef vent, lorsqu'ils ont visité ces ruines fa
frayants, et de grands bouleversements meuses, employer, dans leurs descrip
dans la nature. tions, d'autres mots ni d'autres phrases
Bélus, le premier homme qui ait porté que celles mêmes des prophètes. v. Keith,
le titre de roi de Babylone, et qu'on es Accompliss. des Proph.
time avoir été contemporain de Samgar, Le roi de Sésac dont il est parlé, Jér.
juge d'Israël, Bélus et Sémiramis agran 25, 26., ne saurait être autre que celui
dirent considérablement la ville de Baby de Babel ou Babylone, cf. 51, 41 : mais
lone, et l'embellirent; mais ce fut surtout l'explication étymologique de ce mot a
Nébucadnetsar, seul, ou de concert avec sa longtemps embarrassé les interprètes.
belle-fille Nitocris, qui y mit la dernière L'opinion la plus probable est celle de
main, et qui en fit une des merveilles du saint Jérôme qui pense que, de peur d'of
monde. C'était alors le beau temps pour fenser les Caldéens, le prophète aura
le prince de ce siècle et pour les puis formé ce nom mystérieux du nom même
sances de l'air; la grande cité, l'orgueil de la ville de Babel, en comptant les let
du monde, était le jouet de Satan, qui se tres depuis la fin de l'alphabet au lieu
faisait adorer sous les figures différentes de les prendre depuis le commencement
de Bel, de Nébo, de Nergal, de Mérodach, (les voyelles ne comptent pas); ainsi les
de Succoth-Bénoth, etc., tour à tour, et deux B de Babel auront été remplacés par
tout à la fois, séduisant les Babyloniens l'avant-dernière lettre S, et la onzième
par la crédulité et par l'incrédulité, par depuis le commencement, L, aura été
l'idolâtrie, par la superstition, par les remplacée par la onzième depuis la fin, K;
plaisirs de la chair. Ils adoraient le feu, Bbl aura fait Ssk, Sésak. Pour d'autres
BAB 111 BAH
beaucoup de noms d'origine phénicienne, d'Achab, n'adora pas Bahal sans doute ,
tels que Annibal, Abibal, Asdrubal, Ad mais le peuple continua de demeurer
herbal; etc. ; v. encore Eth-Bahal, 1 R. dans l'idolâtrie. Après sa mort, Jéhu, fei
16, 31. Ce mot de Bahal entrait souvent gnant une grande vénération pour l'idole,
dans la composition des noms de per convoqua devant ses autels tous les prê
sonnes ou de villes, et alors les Hébreux tres de mensonge dévoués au culte de
pieux le changeaient en béseth ou boseth Bahal, et il les fit passer tous au fil de
qui signifie honte. Ainsi de Jérubbahal l'épée. Peu de temps après, le souverain
ils avaient fait Jérubbéseth, Jug. 6, 32. sacrificateur Jéhojada, tuteur de Joas,
2 Sam. 11, 21.; d'Esbahal Is-Boseth, et supprima le culte de Bahal dans le royau
de Merib-Bahal, Méphiboseth, 1 Chr. 8, me de Juda, mais Achaz et Manassé l'y
33. 34.2 Sam. 2, 12. 9, 6. — Bahal est restaurèrent. Josias l'abolit de nouveau,
quelquefois féminin (p. ex. Rom. 11, 4. et de nouveau ses fils le rétablirent dans
dans le grec), de même que Hastaroth toute sa force, 1 Rois 16,31.18,18.2 Rois
sert parfois à désigner un dieu. D'autres 10, 21. Jér. 19, 5.
fois on lit Bahalim, pluriel de Bahal, soit BAHALAet Bahalé, v. Kiriath-Jéharim.
parce qu'il y avait plusieurs divinités de BAHALATH, v. Bahah-Gad.
ce nom, soit seulement parce qu'on le BAHAL-BERITH, nom de l'idole qu'on
représentait sous diverses images. Le adorait à Sichem, et dont les Israélites fi
culte de Bahal et de'son épouse Hastaroth rent leur dieu après la mort de Gédéon,
était accompagné de toutes sortes d'abo Jug. 8, 33. Peut-être était-ce la Bérith ou
minations. On entretenait toujours un Boré des Phéniciens, fille de leur Vénus et
feu allumé dans leurs temples, et on leur d'Adonis, ou seulement Bahal envisagé
élevait des autels dans les bocages, Sur comme garant des alliances (Bérith, al
les lieux élevés, et même sur les toits des liance); ce serait alors le Orkios des
maisons. Jér. 32, 29. 2 Rois 17, 16. 23, Grecs et le Jupiter Sponsor, ou Fidius
4-13. Jug. 2, 13. Ultor des Romains.
Si ce fut Nimrod, ou Bélus, ou Hercule BAHAL-GAD , ville située au pied
le Tyrien, qui le premier reçut les hon nord-ouest du mont Hermon, dans la val
neurs divins , c'est ce qu'on ne peut éta lée du Liban, à l'extrême frontière nord
blir positivement; mais il paraît constaté est de la terre promise ; peut-être aussi
que les Phéniciens adoraient sous ce nom le nom d'une des sommités de l'Hermon,
le soleil, et la lune sous celui de Has Jos. 11, 17. 12, 7. 13, 5. Elle possédait
tar0th. un temple dédié au soleil ou à Bahal, dont
Les Moabites commencèrent avant le la célébrité remonte à des temps très an
temps de Moïse à rendre un culte à Ba ciens : delàson nomgrec d'Héliopolis, ses
hal, et les Hébreux s'y livrèrent déjà du noms hébreux de Beth-Sémès, Jos. 19,38.
temps de ce législateur et prophète , Jug. 1,33., de Baal-Hammon, Cant. 8, 11.,
Nomb. 22, 41. Ps. 106, 28.; ils retom de Bahalath, 1 Rois 9, 18. si toutefois
bèrent dans cette idolâtrie après la mort ces divers noms désignent bien la même
de Josué et sous les juges Ehud, Gédéon ville dont les ruines étonnent encore les
et Jephthé, Jug. 2, 13. 3, 7. 6, 25.10, 6. voyageurs par leurs proportions gigan
Samuel paraît l'avoir entièrement fait dis tesques. — Quelques-uns , comparant
paraître pendant le temps de son admi 1 Rois 9, 18.2 Chr. 8, 6., et Jos. 19, 14.,
nistration, mais deux cents ans plus tard, pensent qu'il faut chercher le Bahalath
Achab et Jézabel la réintroduisirent avec que fortifia Salomon, dans le voisinage
toutes ses abominations : quatre cent de Guézer et de Beth-Horon, par consé
cinquante prêtres furent consacrés à Ba quent dans la tribu de Dan : ces trois villes
hal, et presque autant à Hastaroth. Cou auraient été bâties et fortifiées pour pré
verts de honte par Elie sur le mont Car venir une irruption des Egyptiens; mais
mel, et l'impuissance de leurs dieux ayant dans 1 Rois 9, 17. 18. on voit au contraire
été démontrée, ils furent saisis et mis à que Guézer et Beth-Horon sont liées
mort par l'ordre du prophète. Joram, fils l'une à l'autre, tandis que Bahalath pa
BAH 113 BAH
rait l'être davantage à Tadmor (Palmyre). Bahal-Méhon, Jos. 13, 17., Beth-Méhon,
Lenom moderne de Bahalath est Baalbeck, Jér. 48, 23., Béhon, Nomb. 32, 3. Pro
si, comme nous le pensons, on doit la bablement ce n'était qu'une même ville
chercher sur les frontières de la Syrie ; avec différents noms; elle appartenait à la
là, dans un petit village à peine habité tribu de Ruben. Les Hébreux l'enlevèrent
maintenant, l'on trouve comme monu à Sihon, qui l'avait peut-être conquise
ments d'une grandeur passée, les ruines lui-même sur les Moabites : ceux-ci la
du temple du Soleil, les blocs les plus reprirent, mais elle fut plus tard détruite
lourds qui aient été jamais remués par la par les Caldéens, cf. Ezéch. 25, 9. Il pa
main des hommes, des blocs de 23 mè raît cependant qu'elle fut rebâtie de nou
tres de longueur, larges de 4 et épais veau, et qu'elle existait sous les Macca
d'autant, présentant ainsi des masses de bées.
plus de 350 mètres cubes; et cette ville, BAHAL-PEHOR, Nomb. 25, 3. ldole
ajoute Braem, est à peine mentionnée dans des Moabites et des Madianites; quelques
l'histoire ! Elle sertaujourd'hui de capitale uns pensent que c'était le Mitsraïm, ou
aux Moutoualis, montagnards farouches l'Osiris des Egyptiens, ou le Priape des
et pillards qui rôdent aux environs. Grecs : elle s'appelait Péhor du lieu où
BAHAL-HANAN (grâce de Bahal), fils était son temple, comme Jupiter fut ap
de Hacbor, septième roi des Edomites. pelé Olympien, du mont où il était adoré.
Son nom donnerait lieu de croire que le Ce lieu a pris ensuite le nom de Bahal
culte de Bahal avoit alors prévalu chez Péhor, et plus tard nous le retrouvons
les descendants d'Esaü, comme chez ceux aussi sous celui de Beth-Péhor, Deut, 4,
ceux de Canaan. Gen. 36, 38. 46. Le changement de Bahal en Beth se
BAHAL - HATSOR , ville près d'E- retrouve également dans quelques-uns
phraïm, à 15 kilom. environ nord-est de des noms qui suivent.
Jérusalem, entre Béthel et Jérico. Il y en BAHAL-PERATSIM, endroit qui se
a qui croient que c'est Hatsor de la tribu trouvait dans la vallée des Réphaïm, où
de Juda, Jos. 15, 25. Mais alors il fau David mit en déroute les Philistins, 2
drait la placer plus au midi. C'est là Sam. 5, 20. 1 Chr. 14, 11., cf. Es. 28,
qu'Absalon fit le festin qu'il ensanglanta 21. Il pouvait être à 5 kilom. sud-ouest
par le meurtre de son frère Amnon. 2Sam. de Jérusalem.
13, 23. BAHALSALISA, 2 Rois 4, 42., ville ou
BAHAL-HERMON, Jug. 3, 3. 1 Chr. village de la Palestine, probablement dans
5, 23. Une partie du mont Hermon; peut le pays de Salisa, 1 Sam. 9, 4., mais du
être la même que Bahal-Gad. reste, inconnu. Eusèbe et Jérôme font
BAHALIS, roi des Hammonites , qui mention d'un Beth-Salisa, ville à 25 ou
envoya Ismaël, fils de Néthania, pour as 26 kilom. au nord de Diospolis : ce pour
sassiner Guédalia, commissaire de Nébu rait bien être la même.
cadnetsar auprès des Juifs restés en Ca BAHAL-THAMAR (Baal des palmiers),
naan, Jér. 40, 14. Cette mission ne pou Jug. 20, 33., lieu près de Guibha. Peut
Vait avoir d'autre motif que la haine en être que les Cananéens y adoraient Bahal
racinée des Hammonites contre les Juifs, dans un bocage planté de palmiers. C'est
et l'espoir de profiter ensuite des trou là que la tribu de Benjamin fut presque
bles qui résulteraient de la mort du gou entièrement détruite par les autres tribus,
Verneur : aussi paraît-il bien que les Juifs à cause du crime des Benjamites contre
regardèrent la mort de Guédalia comme la femme d'un lévite d'Ephraïm.
une calamité publique. Ismaël , de son BAHAL-TSEPHON (Bahal du Nord),
côté, se prêta de fort bonne grâce à la Ex. 14, 2. Nomb. 33, 7. Etait-ce une idole
mission de meurtre dont il était chargé, placée à l'extrémité nord de la mer Rouge,
poussé par la jalousie, parce qu'étant de comme pour garder l'entrée de l'Egypte,
sang royal, il n'avait pas été nommé gou ou bien une place fortifiée 9 c'est ce qu'on
Wºr[leIlr. ne saurait décider : cette dernière opi
BAHAL-MEHON, Nomb.32,38., Beth nion est cependant la plus probable, mais
8
BAH 114 BAH
elle peut se concilier avec l'autre, en ad verses explications sur le nom de Béel
mettant que la ville avait pris son nom zébuth, il en resterait encore une, c'est
de l'idole même qui s'y trouvait placée. que cette manière d'écrire ne serait au
BAHAL-ZEBUB,(Bahal des mouches), tre chose qu'une faute d'orthographe :
2 Rois 1, 2.3., dieu de Hékron. Il paraît, on ne peut guère se prononcer d'une
ou qu'on le représentait sous l'image d'une manière absolue, et chacun peut choisir
mouche, ou qu'on le regardait comme ap l'explication qui lui paraît le plus pro
pelé à garantir de la piqûre des mouches bable.
malfaisantes : peut-être était-ce le même BAHANA et RECAB, fils de Rimmon,
que le Hacor de Cyrène àquil'on attribuait Benjamites, officiers dans l'armée de
un semblable pouvoir, et que le Jupiter Saül. Désespérant, après la mort de leur
chasse-mouche (apomuïos) des Grecs. Le maître, de voir réussir son parti et celui de
culte de cette fausse divinité était encore son fils leur nouveau roi Is-Boseth, ils se
en usage au temps de notre Sauveur, défirent de lui pendant son sommeil, lui
puisque les Juifs l'accusèrent de chasser tranchèrent la tête, et s'en furent la porter
les démons par Béelzébub le prince des au prétendant, dans l'espoir d'en obtenir
démons, c'est-à-dire par Satan, comme une riche récompense. Mais David, après
le montre la réponse de Jésus, Matth. leur avoir reproché vivement l'horreur de
12, 24. cf. 10, 25. Marc 3, 22. Luc 11, leur trahison, ordonna qu'on les mît à
15. 18.; mais en passant dans la langue mort, qu'on leur coupât les mains et les
hébraïque, le nom du Dieu païen fut dé pieds, et qu'on les suspendît au-dessus de
figuré de diverses manières, conformes l'étang de Hébron, 2 Sam. 4, ce qui fut
au mépris que les Hébreux professaient immédiatement exécuté.
pour tout ce qui venait du dehors, en re BAHASA, 1 Rois 15, 27.2 Chr. 16, 1.
ligion surtout. Les uns l'appelèrent Béel etc., fils d'Ahija, de la tribu d'Issacar,
zebul (ou Zéboul), dieu du fumier, sur général en chef des armées de Nadab,
nom dont le sens n'avait pas besoin d'ex conspira contre son maître, le vainquit,
plication sans doute , mais dont la for le mit à mort, et monta sur le trône à sa
mation grammaticale n'était pas tout à place. Il fut ainsi le troisième roi d'Is
fait conforme au génie de la langue hé raël, 953 av. C. A peine établi sur le
braïque, puisque fumier se dit Zébel, et trône, il fit égorger toute la famille de
non Zéboul; cependant chacun sait que Jéroboam, selon l'usage des usurpateurs
lorsqu'il s'agit d'un jeu de mots, l'on ne d'exterminer les dynasties qu'ils veulent
se montre pas trop exigeant quant à remplacer par la leur; il choisit Tirtsa
l'exactitude et à la précision linguistique.pour sa résidence, et voulut fortifier Ra
D'autres, à ce qu'il paraît, appelèrent ce ma, ville frontière située entre ses Etats
faux dieu Bahal ou Béelzébuth, soit qu'on et ceux de Juda ; mais Asa, roi de Juda,
veuille y voir un pluriel abrégé de Bahal traita avec Ben-Hadad, roi de Syrie, qui
zébub pour Bahalzébuboth , soit que les rompit son alliance avec Bahasa, et sortit
habitants d'Hékron aient eux - mêmes contre lui ; il attira son ennemi vers le
voulu donner, au nom de leur divinité, Nord et le vainquit. Bahasa fut de même
cette terminologie qui la faisait ressem en hostilités constantes avec Asa, mais ne
bler un peu à celle de Bahalzébaoth, l'E- put rien entreprendre contre ce monar
ternel des armées, des Hébreux, soit que aimé de Dieu. Il régna vingt-quatre
qu'ils aient cherché auprès des nations ans , sa longue administration montra sa
étrangères à cacher ce qu'il y avait de prudence et son habileté, comme son usur
puéril dans l'image et dans les attribu pation même avait prouvé son courage :
tions de leur dieu , en déroutant par un mais ces vertus toutes terrestres, simême
simple changement de lettres, les re le monde consent à les décorer de ce
cherches qu'on eût pu faire à ce sujet ; nom, ne purent le préserver des châti
soit enfin que les Hébreux eux-mêmes se ments d'en haut. Après avoir servi de
fissent scrupule de nommer par son nom verge à l'Eternel pour punir la famille de
une divinité païenne. A côté de ces di Jéroboam, il entendit le prophète Jéhu
BAI 115 BAI
prononcer contre sa race les mêmes ma avec la religion mosaïque. Des ablutions
lédictions que le prophète Ahija avait étaient ordonnées pour les lépreux, Lév.
pr0noncées contre la maison de Jéro 14 , pour celui qui avait mangé d'une
b0am. Ela son fils lui succéda, mais deux bête morte de mort naturelle 17, 15.16.,
ans après sa dynastie n'existait plus; pour celui qui avaient touché un reptile
limri l'usurpateur avait assassiné le fils 22, 6. cf. encore 15, 5. 13, 58. Nomb.
dun usurpateur impie, et mis à mort 19, 19. Deut. 23, 11.—On ne se baignait
t0ute Sa maison.
pas seulement dans les fleuves, Lév. 15,
Le nom de Bahasa se retrouve 1 Rois 13. 2 Rois. 5, 10 ; il y avait aussi dans
21, 22.2 Rois 9, 9. Jér. 41, 9. les maisons des grands, et dans leur cour,
BAHURIM, ville de la tribu de Benja des salles debains 2Sam. 11, 2., et même,
min, à 2 kilom. environ nord-est de Jé plus tard, les Juifs eurent, comme les
rusalem; 2Sam. 3, 16. 16, 5. 17, 18. On Grecs et les Romains, des bains publics
croit que c'est la même que Halmon. dans leurs principales villes. Hors de
BAILLIS, Dan. 3, 2. Les différents leur pays, et là où les populations juives
noms donnés dans ce passage aux officiers et païennes se trouvaient mélangées, les
de lacour et du royaume de Nébucadnet Juifs ne craignaient pas de se rencontrer
sar, sont difficiles à traduire, et n'expri aux mêmes bains avec les gentils. Les
ment pas tous des idées qui puissent nous femmes se servaient quelquefois de son
être claires, parce que plusieurs des en guise de savon. Parmi les bains natu
charges désignées ne nous sont pas con rels que l'on trouvait en Palestine, et qui
nues, et que d'autres se rapportent à des étaient considérés comme ayant une in
fonctions qui sont sans analogie parmi les fluence favorable sur les maladies, il faut
peuples de l'Occident, soit anciens, soit remarquer ceux de Tibériade, de Gadara
m0dernes 9 Nous en donnerons ici la tra et de Béthesda, v. ces articles. Josèphe
duction aussi exacte que possible, et si mentionne encore celui de Kalirrhoon.
nous avons quelque chose à ajouter sur Les Arabes de nos jours, n'ayant pas tou
quelques-unes de ces fonctions, nous le jours à leur portée des sources ou des ri
ferons à leurs articles spéciaux. « Nébu vières pour accomplir les lustrations qui
cadnetsar fit convoquer les satrapes, les leur sont prescrites par le Coran, rem
gouverneurs lieutenants (du roi), les gou placent parfois l'eau par du sable ou de la
verneurs de provinces (militaires?), les terre dont ils se frottent le corps au fieu
juges supérieurs (au lieu de baillis), les de se baigner ; quelques interprètes ont
trésoriers, les juges, les hommes de loi, essayé de voir une allusion à cet usage
et tous les fonctionnaires (sous-gouver dans le passage 2 Rois 5, 17., où Naaman
neurs, ou employés) des provinces, » etc. demande la permission d'emporter de la
BAlNS. Les bains sont en Orient plus terre sacrée la charge de deux mulets.
nécessaires que partout ailleurs à cause BAISER. Outre le baiser d'amour, dont
de l'ardeur du climat, soit sous le point quelques rabbins ont voulu faire abstrac
de vue de la propreté, soit sous le rap tion complète, la Bible nous montre en
port sanitaire, comme mesure de précau core le baiser, 1° comme marque d'amitié
tion contre les maladies de la peau si ré au moment de l'arrivée, Luc 7, 45. 15,
pandues dans les pays chauds, où la pous 20 ; au moment du départ, Ruth 1 , 14.
sière, les miasmes et la transpiration se Act. 20, 37., ou dans une rencontre
réunissent pour les rendre redoutables. Matth. 26, 48.2 Sam. 20, 9. On baisait
Aussi les bains étaient-ils regardés chez le visage, Gen. 29, 13. 33, 4. Ex. 4, 27.
les Hébreux comme un objet de première 18, 7. 1 Sam. 20, 41. etc., ou bien la
nécessité, cf. Néh. 4, 23., et dans cer barbe, qu'on prenait avec la main droite,
tains cas la loi même les prescrivait en 2 Sam. 20, 9. Dans l'Eglise primitive le
guise de purification pour ceux qui étaient baiser fraternel était considéré comme
entachés de quelque souillure, cérémo signe de l'union sainte qui liait les frères
nielle ou légale, de telle sorte qu'ils les uns aux autres, Rom. 16, 16.1 Cor.
étaient, à cet égard , en relation intime 16, 20.2 Cor. 13, 12. 1 Thess. 5, 26.
BAL 116 BAL
Les frères se le donnaient dans les as nable que Balaam donna à Balac, qu'il se
semblées publiques, comme cela se pra formait une juste idée de la sainteté de
tique encore dans quelques-unes des égli l'Eternel. Le roi moabite , espérant de
ses de nos jours qui aiment à conserver vaincre Israël,avait essayé de le faire mau
avec l'ancien amour les anciennes formes dire par le Dieu même qui protégeait ce
par lesquelles il se manifestait. Ce baiser peuple. Séduit par de riches présents,
était aussi le signe de la réconciliation Balaam part malgré les avertissements
entre des personnes ennemiesjusqu'alors. d'une voix intérieure, et malgré le senti
Gen. 33, 4. ment qu'il a de l'œuvre inique dont il se
2° C'était une marque de vénération, charge. Il selle son ânesse, il se met en
d'hommage et de respect rendu d'abord route; mais déjà il doit s'arrêter, la bête
— a. à la Divinité, au Dieu d'Israël et des qui le porte refuse d'avancer; elle voit un
chrétiens, Ps. 2, 12. (baisez le Fils de peur ange que le regard obscurci du cupide
qu'il ne s'irrite), et aux divinités étran prophète n'aperçoit pas, et Balaam, sourd
gères par leurs adhérents, 1 Rois 19, 18. à la voix de la conscience, doit entendre
Os. 13, 2. (qu'on baise les veaux); ces la voix d'une bête de somme qui l'humi
derniers baisaient les statues de leurs lie, celle d'un messager céleste qui l'ef
dieux quand ils le pouvaient, et leur en fraye. Ces graves reproches le font ren
voyaient des baisers quand le dieu était trer en lui-même ;mais sa repentance est
trop loin, comme par exemple le soleille hypocrite comme l'ont été ses prières et
vant, v. Pline 28, 5. cf. Job 31, 27.;- b. sa désobéissance. Toutefois l'ange ne lui
puis aux princes que l'on voulait honorer ordonne pas de retourner en arrière; il
et se rendre favorables. Samuel baisa Saül lui annonce au contraire des prophéties
en l'oignant roi sur Israël, 1 Sam. 10, 1. du ciel : Tu ne diras que ce qui te sera
Dans l'Orient moderne on baise les mains, inspiré. Dieu va se créer un prophète
les genoux ou les pieds des rois (comme dans la personne de Balaam, comme il
du pape); tous ne sont pas même admis à a fait de l'ânesse une prophétesse , et
cet honneur insigne; cf. Es. 49, 23. Mich. le peuple de Dieu se voit béni par la
7, 17. Ps. 72, 9. Nous voyons encore Es bouche de celui-là même qui, séduit par
ter (5, 2) baiser le bout du sceptre que l'or, venait pour le maudire. Balaam
lui tend son royal époux. ne prononce que des bénédictions ; il an
BAJITH. Es, 15, 2. C'était, ou bien un nonce l'étoile qui doit venir, et ses pa
simple temple, ou bien une ville du pays roles mystérieuses touchant le Messie
de Moab , dans laquelle se trouvait un sont recueillies avec empressement par
temple. C'est là que le roi de Moab se les païens avidesd'un Sauveur. Ilannonce
rendit pour adresser à son idole de vaines encore le bonheur et la prospérité dont
supplications contre les Assyriens. Il se jouiront les enfants d'Israël dans la terre
rait possible que ce Bajith ne fût autre que promise, comment ils se soumettront
Bahal-Méhon. toutes les nations environnantes, et celle
BALAAM, fils de Béhor ou Bosor, fa même du roi que le faux prophète vou
meux prophète ou devin de la ville de Pé drait servir; il dit aussi que les Juifs se
thor sur l'Euphrate, espèce d'astrologue ront toujours un peuple à part qui ne se
ou de mage, parfois même prophète; car, confondra pas avec les autres peuples.
livré à toutes les bassesses de l'avarice Puis dans le sentiment de son péché, mais
et à toutes les souillures du paganisme, sans repentance, le malheureux s'écrie :
Balaam n'ignore pas les traditions des Que je meure de la mort des justes, et que
ancêtres, des patriarches et du Dieu de ma fin soit semblable à la leur. Nomb.
Noé. Il appelle encore Jéhovah son Dieu, 23, 10. Ce désir ne fut pas exaucé, parce
sans doute parce qu'il appartenait à la que Balaam demandait mal; et quand les
postérité de Sem, dans lafamille'duquella douze mille d'Israël se furent avancés
connaissance et le culte du vrai Dieu s'é- contre Moab et contre les Madianites, cinq
taient conservés avec le plus de pureté. rois furent tués et Balaam avec eux,
Il paraît même, d'après le conseil abomi Nomb. 31, 8. Le nom de ce faux pro
BAL 117 BAL
phète est rappelé Néh. 13, 2. 2 Pier. BALATH-BÉER, Jos, 19, 8. 1 Sam.
2, 15. Jude 11. Apoc. 2., 14; et Michée 30, 27., ou Bahal, 1 Chr. 4, 33., ville
nous parle encore (6, 5.) d'un conseil que des Siméonites, située probablement vers
Balac avait pris contre Israël, et d'une ré les frontières sud-ouest du territoire ap
ponse remarquable que lui fit Balaam. partenant à cette tribu. Elle est encore
Cette histoire présente plusieurs diffi appelée Rama du midi, et peut-être aussi
cultés dont quelques-unes sont heureuse n'est-elle autre que cette Ramoth à la
ment résolues par M. Grandpierre, dans quelle David envoya une partie des dé
son Essai sur le Pentateuque, d'après pouilles enlevées sur les Hamalécites.
l'ouvrage allemand de Hengstenberg sur BALEINE. Le nom de cet animal se
Balaam. Comme on trouve dans les pa trOuve dans nos traductions, Gen. 1, 21.
roles et la conduite du faux prophète un Job. 7, 12. Ps. 74, 13. Matth. 12, 40.
mélange d'erreur et de vérité, il est pro La version anglaise l'a encore Ezéch. 32,
bable qu'il y avait aussi dans son origine 2.; la Bible de Luther l'a comme la ver
quelque chose de louche ; il est à la fois sion française. Le mot hébreu est Than
juif et païen. Nous sommes plutôt dis ou Thannin; les Septante l'ont traduit
posé à croire qu'il était Hébreu de nais par Kétos, qui signifie effectivement ba
sance, et que, toujours poussé par la cu leine, et notre traduction de Matth. 12,
pidité et l'ambition, il a préféré mettre 40. est exacte ; mais l'hébreu doit-il se
ses dons et ses lumières au service du rendre par Kétos ? signifie-t-il une ba
plus offrant. La Caldée était pour lui un leine ? C'est extrêmement peu probable.
meilleur terrain que le désert du voyage, On ne saurait croire que les écrivains
et il ne risquait pas d'y rencontrer un sacrés aient eu connaissance de cet ani
Moïse. Comme les prophètes, il était quel mal, qui n'a jamais paru ni sur les côtes
quefois maître de son inspiration; il ne le de la Palestine, ni sur celles de l'Egypte,
fut pas toujours : il dut obéir quand Dieu soit du côté de la Méditerranée, soit du
ordonna. Le discours de l'ânesse a égayé côté de la mer Rouge, et les rapports des
bien des incrédules, mais ce n'est pas une voyageurs à cette époque n'avaient pas
preuve; le fait n'est pas plus extraordi encore atteint le Groenland, le Spitzberg,
naire que bien d'autres, et ne demande ou les mers qui sont le séjour des ba
pas d'explications. leines. Mais si l'on est d'accord à pen
BALAC, fils de Zippor, roi des Moa ser qu'il ne s'agit pas de ce gros cétacé
bites. Effrayé de voir sur ses fron dans les passages cités, ni dans l'histoire
tières ces Israélites dont la réputation de Jonas, les opinions varient beaucoup
belliqueuse et conquérante était parve lorsqu'il s'agit de déterminer d'une ma
nue à sa connaissance par la défaite de nière positive quel était ce poisson; il
Sihon et de Hog, il sentit la nécessité de paraît que le même mot doit se traduire
s'appuyer sur un secours puissant et eut diversement dans les différents passages.
recours à Balaam. C'est donc par des ma On pense qu'il s'agit du crocodile dans
lédictions qu'il voulait préluder à cette le verset de la Genèse. (Harris, Natural
guerre ; mais le refus de Balaam, et la Hist. of the Bible. Hurdis, Critical Dis
prophétie solennelle qu'il prononça sous sert. on the word wahle in Gen. 1, 21.,
l'impulsion du Saint-Esprit détournèrent etc.) Quant au grand poisson de Jonas,
Balac de son premier dessein. Les Moa les uns ont prétendu que c'était l'orca
bites cependant, comme les Hammonites, de Pline, espèce de dauphin (Hase, etc.);
n'avaient rien à craindre de l'approche d'autres (Calmet, Bochart, Linnée, Winer)
d'Israël, Deut. 2, 9.; mais la terreur de pensent, et c'est l'opinion la plus proba
ces peuples n'en était pas moins légitime, ble, que c'est le chien marin (canis car
puisqu'ils ne connaissaient rien, ni des charias, ou squamus carcharias, de Lin
plans de Dieu, ni des desseins des ls née), le requin, dont la mâchoire est ar
raélites. mée de quatre cents dents aiguës , ran
BALADAN, 2 Rois 20, 12. Es. 39, 1., gées sur six rangs, et dont la gueule est
pere de Mérodac-Baladan, q. V. si vaste qu'elle peut, fort à son aise, eIl
BAN 118 BAP
gloutir un homme tout entier. Il n'est pas troisième espèce d'excommunication plus
rare devoir ce monstre avaler des hommes sévère que les deux autres, et qui aurait
et même des chevaux, et l'on a trouvé consisté à livrer un homme à tous les
jusqu'à dix thons dans l'estomac d'un maux, à le livrer à Satan, cf. 1 Cor. 5, 5.
requin dont le poids s'élevait à peine à 1 Tim. 1, 20. On pourrait y joindre en
quatre cents livres. On dit que lorsqu'un core cette exécration de la part de Christ,
de ces poissons tiendrait la gueule ou dont il est parlé Rom. 9, 3. Mais tout en
verte un moment, un chien pourrait des admettant comme un fait très naturel
cendre jusqu'au fond de son estomac qu'il y ait eu divers degrés d'excommu
pour y chercher la nourriture qui s'y nication, il n'est rien moins que prouvé
tl'OuVe. que les expressions sus-mentionnées ren
BALTHASAR, v. Belsatsar. ferment des allusions à quelques usages
BAMOTH, Nomb. 21, 19. Ville située juifs, et l'on ne peut rien préciser au
au delà du Jourdain, sur les frontières delà de ce que nous avons dit sur la
du pays de Moab; d'après Eusèbe, elle grande et la petite excommunication.
auroit été située sur l'Arnon : c'est la Quant au bannissement comme peine
même que Bamoth-Bahal, Jos. 13, 17. politique, nous en trouvons une trace
BANNISSEMENT. Le Nouveau Testa dans le passage Esd. 10, 8.
ment nous présente dans l'interdiction, ou BAPTEME. Ce mot indique primiti
expulsion de la synagogue, une espèce de vement l'acte de plonger, de tremper,
peine ecclésiastique, et commeuneexcom puis de iaver et de nettoyer. Dans l'ori
munication juive; elle était prononcée, ginal du passage Marc 7, 8., il y a « le
en général, dans les cas d'hérésie, Luc 6, baptême des pots et des coupes. » —
22. Jean 9, 22. 12, 42. 16, 2. On fai Pris dans le sens religieux, ce mot n'im
sait couvrir de pierres, par jugement, le plique pas nécessairement, quoique cer
corps de celui qui mourait interdit. Pen taines congrégations le prétendent, l'idée
dant tout le temps que durait la peine, d'une immersion totale. Tous les passa
le condamné ne pouvait se raser, ni se ges allégués en faveur de cette asser
couper les cheveux, et il ne pouvait en tion peuvent admettre une interprétation
trer dans le temple que par une porte moins littérale, et indiquer seulement
faite exprès. La Gémara, du reste, et les que celui qui devait recevoir le baptême,
rabbins parlent de deux espèces d'excom et celui qui devait l'administrer, entraient
munications différentes, la petite et la l'un et l'autre des pieds dans l'eau à une
grande.Cette dernière, accompagnée de hauteur indéterminée, et que ce dernier
malédictions, pouvait être plus ou moins répandait peut-être avec la main de l'eau
longue; elle empêchait toute espèce de sur la tête du néophyte, v. Act. 8, 38.
rapports et de communications avec le Le mot de l'Evangile, que Jean baptisait
dehors, et ne pouvait être prononcée par à Enon « parce qu'il y avait là beaucoup
moins de dix membres de la synagogue. d'eau » , Jean 3, 23., ne prouve pas da
L'autre, moins sévère, pouvait être pro vantage cette immersion absolue. Dans
noncée par un seul homme, le rabbin, ces pays brûlants, les torrents, et jus
par exemple; sa durée ne pouvait excéder qu'à un certain point les rivières, sont
trente jours, et celui qui était ainsi ex sujets à se dessécher presque entière
clu de la synagogue continuait de vivre ment dans certaines saisons de l'année ;
avec sa famille sans en être empêché, on vit un roi, Achab, et l'un de ses prin
même il pouvait traiter ou converser cipaux officiers, se mettre personnelle
avec d'autres, moyennant qu'il y eût ment en chemin pour aller chercher des
entre eux et lui la distance de quatre endroits un peu arrosés, 1 Rois 18, 5.
coudées, un peu plus de deux mètres. 6. v. encore 2 Rois 3, 9., etc. Dans le
C'est de cette excommunication que fut passage de l'Evangile qu'on vient de citer
puni l'aveugle-né dont Jésus avait opéré le mot beaucoup pourrait donc parfaite
la guérison, Jean 9, 34. ment signifier ce qu'ici, dans la zone
Quelques rabbins parlent encore d'une tempérée, nous appellerions un peu,
BAP 119 BAP
d'autant plus que le mot eaux est dans férents cas, et quel que soit le sens spé
le grec au pluriel; ce qui semblerait in cial que pourraient donner à la chose
diquer, presque avec certitude, non pas ceux qui étaient lavés, le baptême êtait
une eau profonde, mais une grande ra toujours un rite d'initiation.
mification du torrent, qui permettait peut Quant au baptême chrétien, la belle si
être à Jean-Baptiste de faire baptiser si gnification dont nous venons de parler
multanément en plusieurs endroits.— La est positivement indiquée par saint Paul,
raison la plus puissante peut-être pour Rom. 6, 3-11.; elle est pleine de gran
repousser l'fdée des baptêmes par im deur et correspond exactement aux idées
mersion totale, c'est l'obligation absolue que se faisaient déjà les esséniens, et que
où aurait été la multitude qui venait se se sont faites, après eux, les moines ca
faire baptiser par Jean au désert, Marc tholiques romains , du renoncement au
1, 5., d'apporter des vêtements de re monde qui doit caractériser toute âme
change et de se déshabiller ainsi complé vraiment pieuse. Seulement les deux sec
tement, hommes et femmes. La chose tes que nous indiquons ici bornaient ce
semble inadmissible et impraticable. A renoncement à quelques individus dont
combien plus forte raison dans nos cli elles faisaient une sorte d'élite, tandis que
mats, et dans les profondeurs du Nord ! Jésus et son Evangile imposent cette
On allègue que le baptême chrétien de sainte et douce obligation à tout fidèle.
vant être l'image d'un ensevelissement, Dans ce sens-là, le baptême d'un homme
et de la mort à une vie précédente, à la qui embrasse la foi correspond presque
quelle succède une résurrection, l'im en tout point à ce qu'est la prise du voile
mersion totale représente mieux la chose. chez une religieuse, l'endossement de l'u-
Mais l'Evangile n'est pas si matériel qu'il niforme chez un militaire, la robe virile
s'asservisse à représenter à ce point-là chez les Romains. Ce n'est qu'un type, un
les idées qu'il veut figurer. ll donne quel symbole , mais un symbole parlant. Et
ques signes, et celui qui a de l'intelli c'est par ces considérations qu'on doit
gence comprend. expliquer ce qui est dit dans l'endroit de
Nous venons de dire quel est le sens l'épître aux Romains, indiqué plus haut,
du baptême, du moins du baptême chré « que nous sommes ensevelis avec Christ
tien; et pour nous borner à ce qui re par le baptême : » c'est évidemment par
garde l'Ecriture sainte , il nous semble la foi en Christ , et par le don que nous
que c'était même la signification de toutes lui faisons de nous-mêmes, que nous
les espèces de baptêmes religieux dont sommes ensevelis avec lui, et non par la
nous parle la Bible : car elle en indique cérémonie même. Mais comme le sym
plusieurs à différentes époques de la vie bole se liait étroitement, pour ceux à qui
théocratique, et différents peut-être dans Paul écrivait, à la foi dont il s'agit, l'a-
les cérémonies qui en accompagnaient pôtre argumente de l'un comme de l'au
l'application. Jacob et sa famille se lavè tre. Cela se fait tous les jours : il n'est
rent avant de s'approcher de Dieu à Bé pas un militaire à qui l'on ne puisse dire :
thel, Gen. 35, 2. Les Hébreux en firent Tes épaulettes, ta cocarde, ton uniforme
autant avant d'entrer dans l'alliance de t'ont fait renoncer à ton père et à ta
l'Eternel en Sinaï, Ex. 19,14.1 Cor. 10, 2. mère, au foyer de ta famille, et à ses
Aaron et ses fils se lavèrent également douceurs ; tu es mort à la vie civile, tu
lorsqu'ils furent initiés à la sacrificature, ne vis plus que pour défendre ta patrie et
Ex. 29, 4. Enfin, sous le ministère de pour obéir à tes nouveaux supérieurs.
saint Jean, même avant le baptême chré Sans doute cette signification symbo
tien proprement dit, le baptême devint le lique du baptême s'applique bien plus na
sceau de la nouvelle alliance, ayant alors turellement et plus réellement à ceux qui
déjà la même signification qu'il eut plus ont reçu le baptême après avoir embrassé
tard, bien qu'il n'annonçàt pas aussi clai l'Evangile par conviction, qu'à ceux qui
rement la doctrine du Père, du Fils et du l'ont reçu enfants. Mais , dans les deux
Saint-Esprit, Act. 19, 3.—Dans ces dif cas, elle reste pourtant. Et peut-être, ce
BAP 120 BAR
qu'on peut dire de plus sage en faveur du dème, Jean 3, 3., met le baptême d'eau
baptême des enfants (la Bible laissant sur la même ligne que le baptême d'es
cette question pour le moins indécise), lbrit.BAPTISTE, surnom de Jean le précur
c'est que la foi étant un devoir aussi bien
que le moyen du salut, l'enfant du chré seur, et parent du Messie, v. Jean, et Bap
tien peut être consacré au Seigneur , tême.
même avant son consentement, comme on BARAC, fils d'Abinoam, de Kédès,
voit un enfant né dans la troupe, porter dans la tribu de Nephthali, général israé
dès ses plus jeunes années le costume de lite, fut chargé par Débora de lever une
soldat, quitte à lui de refuser plus tard, armée de 10,000 hommes dans les tribus
ou même de déserter. Ce n'est du reste de Zabulon et de Nephthali , et d'atta
pas ici le lieu d'examiner la question dif quer Sisera. Il témoigna d'abord quel
ficile et délicate du baptême des enfants. que hésitation, craignant que les tribus
Un passage assez obscur, relatif à ce ne refusassent de le suivre si rien n'ap
sujet, et qui est , selon nous, générale puyait son appel aux armes. Débora con
ment mal traduit, est celui où saint Pierre sentit à l'accompagner, mais le punit de
dit que le baptême qui nous sauve n'est son manque de foi en lui annonçant que
pas celui par lequel sont nettoyées les im le général ennemi tomberait sous les coups
puretés de la chair, 1 P. 3, 21. On ajoute d'une femme. Barac n'hésite plus, il part,
ensuite : « Mais c'est la promesse faite à et campe sa petite armée sur les hauteurs
Dieu d'une conscience pure » ( ou quel du mont Thabor, inaccessibles aux cha
que autre version semblable). Il faut tra riots et à la cavalerie du roi de Hatsor.
duire : Mais c'est la recherche que fait L'Eternel combattit des cieux, Israël
de Dieu une conscience pure. » remporta la victoire; mais lorsque Barac
Le baptême n'est qu'un symbole, mais arriva, cherchant son ennemi pour le
ce serait se tromper grandement que d'en mettre à mort, la prophétie de Débora
conclure qu'il peut être négligé ou aboli, était accomplie : une femme lui avait ravi
comme chez les quakers , par exemple. la dernière gloire du combat : Jahel cou
Les symboles sont une des choses qui rut à sa rencontre et lui dit : Viens, et je
ont les racines les plus profondes dans la te montrerai l'homme que tu cherches.
nature humaine; le peuple est plein de Saint Paul loue la foi de Barac, Héb.
cette idée. Des barbares font un pacte, 11, 32., et Débora le chante aussi dans
et ils élèvent une pierre sur le lieu de la son sublime cantique ; d'ailleurs l'en
transaction, « afin qu'elle soit témoin de semble de la vie de ce général (dont il
leurs promesses. » Un juge prononce une ne faut pas faire un juge comme quelques
sentence de mort, il brise un bâton en la personnes estiment qu'il le fut), nous
prononçant; tous les assistants frémis montre en lui un véritable Israélite, sou
sent. Un manœuvre revêt l'uniforme, c'est mis à la volonté de son Dieu. Il eut ce
un homme nouveau. Un prêtre romain pendant , comme Aaron , comme Moïse ,
élève son idole, et chacun peut apercevoir comme David, comme Pierre, ses doutes
le frémissement qui parcourt l'église au et son incrédulité; les incrédules seuls,
moment où la foule adore, sans s'en dou qui ne savent pas ce que c'est que la foi,
ter, le Numen... Satan, qui s'est mis sous peuvent prétendre qu'il n'y eût chez lui
le symbole à la place de Dieu ! ni lâcheté ni défiance , et que sa dés
Les symboles, la représentation des obéissance fût très légère. Il refusa de
choses spirituelles par des objets ou des croire à la prophétesse; ce péché ne pa
actes matériels, se retrouvent dans l'E- raît pas grand à ceux qui refusent de
criture, comme ils se trouvent dans la croire aux prophètes, mais Dieu châtia
nature. Ils sont un besoin, et souvent un Barac par où il avait péché, et lui enleva
moyen, un secours , une obligation; ils l'honneur qu'il avait d'abord voulu lui .
sont aussi une profession, un acte pu accorder. — v. Bedan.
blic, et c'est dans ce sens, mais dans ce BARACHIE. « Afin que vienne survous,
sens seulement, que Jésus parlant à Nico dit Jésus en parlant des scribes et des
BAR 121 BAR
pharisiens, tout le sang juste qui a été les regardant par cela même comme igno
répandusur la terre, depuis le sang d'Abel rants, et peu civilisés. Avec le temps
le juste jusqu'au sang de Zacharie, fils de cette expression devint donc synonyme
Barachie, que vous avez tué entre le du mot étranger, et perdit tout ce que
temple et l'autel. » Matth. 23, 25. Quel d'abord elle pouvait avoir d'offensant :
est ce Barachie ? c'est une question qui être barbare pour quelqu'un ne signifiait
est toujours restée pendante depuis Ori plus que lui être étranger, parler une
gène et les Pères, et qui l'est encore langue différente de la sienne, et qu'il ne
maintenant. Quelques-uns ont pensé à comprend pas. C'est dans ce sens que
Jébérecja, père de Zacharie, Es. 8, 2., les apôtres ont pu se servir de ce mot,
d'autres à Barachie, père du prophète Act. 28, 2. 4. Rom. 1, 14.1 Cor. 1 4, 11 .
lacharie, Zach. 1, 1., d'autres au père de Col. 3, 11 .
Zacharie, père de Jean-Baptiste; mais ce BARBE. Les Hébreux se la laissaient
sont de pures hypothèses qui ne reposent croître, comme faisaient et comme font en
que sur une ressemblance de nom, sans core presque tous les Orientaux(à l'excep
que l'histoire nous fournisse aucune tion cependant des Egyptiens ; car Joseph
preuve que ces différents Barachie soient fut rasé pour être rendu digne de paraître
morts de mort violente. Il reste enfin en la présence de Pharaon, Gen. 41, 14.).
deux suppositions qui, l'une et l'autre, se Parfois ils l'écourtaient, ou même la ra
rapportent au passage 2 Chr. 24, 20-23. saient entièrement en certaines places,
Là nous lisons que Zacharie, fils de Jé suivant des formes régulières. Mais les
hojadah, ayant reproché au peuple leurs coins de la barbe (Lév. 19, 27., probable
transgressions, fut assommé de pierres ment les favoris) que les Arabes rasent
par l'ordre du roi, au parvis de la maison habituellement, ne devaientjamais tomber.
de l'Eternel. Selon les uns, Barachie se Quelques-uns des Juifs modernes, par
rait un second nom de Jéhojadah, et c'est principe, conservent encore un léger filet
un moyen souvent employé et souvent de barbe depuis l'oreille , et au men
justifié de concilier d'apparentes contra ton la barbe entière. Les Hébreux soi
dictions; il n'était pas rare, en effet, gnaient particulièrement cette partie de
qu'un homme portât des noms différents. leur figure qu'ils regardaient comme leur
Selon d'autres, Jéhojadah serait le père plus bel ornement , et ils l'oignaient
de Barachie, et l'aïeul de Zacharie , il y d'huiles odoriférantes, Ps. 133, 2. Dan.
aurait donc une génération omise dans 10, 3. Raser quelqu'un malgré lui, c'était
le récit des chroniques, mais il arrivait lui faire un affront sanglant, et 2 Sam.
assez fréquemment que dans la généalo 10, 4. nous montre une guerre contre
gie d'un homme on ne comptât que ceux Hanun, résultant d'un traitement de ce
deses ancêtres qui étaient le plus connus. genre fait aux envoyés du roi David.
Cette dernière manière de voir paraît plus Niebuhr et Tavernier rapportent des faits
Vraisemblable, et peut s'appuyer encore semblables; cf. Es. 7, 20.50, 6. etc. Moïse
Sur le fait de la longue vie de Jéhojadah prescrit une tonsure complète comme
qui atteignit l'âge de 130 ans, 2 Chr. 24, mesure de santé, Lév. 14, 9. , mais, à
15. Jésus, en choisissant cet exemple au l'exception de ce seul cas , ce n'était ja
milieu de tant d'autres, aurait voulu faire mais que dans un deuil profond que les
Sentir aux pharisiens que l'Ecriture sainte Israélites se rasaient ou s'arrachaient la
tout entière, d'un bout à l'autre, rend barbe, Es. 15, 2. Jér. 41, 5. 48, 37.
témoignage à leur endurcissement ; car Esd. 9, 3., ou négligeaient d'en prendre
l'exemple d'Abel est tiré de la Genèse, soin , 2 Sam. 19, 24. Néhémie, dans sa
et celui de Zacharie serait tiré du second fureur contre ceux des Juifs qui avaient
livre des Chroniques qui, dans le texte contracté des alliances étrangères, en
hébreu, est placé à la fin du volume sacré. battit quelques-uns et leur arracha les
BARBARE. On sait que les Grecs don cheveux, Néh. 13, 25. Les esclaves n'a-
naient ce nom aux hommes de toutes na vaient pas le droit de se laisser croitre
lions qui ne parlaient pas leur langue, la barbe, que les Orientaux considéraient
BAR 122 BAR
apôtres pour deux de leurs dieux revê expose que le culte lévitique n'est pas
tus d'une forme humaine, appelant Barna essentiel pour les chrétiens. Cette épître
bas Jupiter, et Paul Mercure. Un moment tient le milieu entre le christianisme
après, les apôtres faillirent être lapidés, judaïque et les vues philosophiques de
et s'enfuirent à Derbe ; ils revinrent en l'école d'Alexandrie. ll faut d'après l'au
Pisidie, allèrent en Pamphylie, et se re teur qu'une gnôsis découvre le sens de
trouvèrent enfin à Antioche, après une l'Ancien Testament et convainque les
absence d'environ quatre ans. C'est alors Juifs de leur erreur; il faut que les Juifs
que s'éleva la grande question qui di apprennent que les cérémonies ne sont
visait l'Eglise chrétienne naissante, à sa que des symboles. La tendance gnostique
Voir si les païens qui venaient à se con de cette lettre l'a fait attribuer à un doc
Vertir, devaient être circoncis, et en gé teur d'Alexandrie; d'un autre côté, il s'y
néral astreints aux observances mosaï trouve beaucoup de traits chrétiens qui
ques. Barnabas, par faiblesse peut-être, montrent un homme qui a habité avec
inclinait pour l'affirmative, tandis que lesapôtres. Néandre la refuse à Barnabas,
Paul, plus avancé dans la foi à la nouvelle mais la plupart des anciens Pères la lui
alliance, était prononcé pour l'opinion attribuent, et les arguments semblent,
contraire. Il fut résolu qu'ils iraient l'un en effet , pencher de ce côté.
et l'autre en conférer avec l'Eglise de Jé BARRABAS, brigand fameux qui était
rusalem. Après que cette affaire eut été avec ses complices en prison à Jérusa
terminée, ces deux serviteurs de Dieu re lem, pour crime de sédition et de meur
prirent le chemin d'Antioche où ils rendi tre, lorsque notre Seigneur y fut jugé
rent compte aux frères de ce qui avait été et condamné au supplice de la croix. Le
ditet décidé. lls résolurent ensuite d'aller peuple, invité à choisir entre Jésus et
visiter et encourager les Eglises qu'ils Barrabas, à l'un desquels Pilate offrait de
avaient réunies dans leurprécédentvoyage faire grâce suivant un usage qui avait
missionnaire; Barnabas aurait voulu que prévalu , demanda, à l'instigation des
Jean surnommé Marc, et selon toute ap principaux sacrificateurs , que Barrabas
parence son neveu, les accompagnât dans fût relâché et Jésus-Christ crucifié.
cette tournée; mais Paul qui se rappelait Cette petite histoire, si effroyable dans
qu'une précédente fois déjà Marc, après sa simplicité, se présente comme ufe
s'être mis en route avec eux, les avait muette condamnation de l'humanité pr0
abandonnnés pour retourner chez lui, re noncée par elle-même contre elle-même.
fusa de le prendre, et les deux apôtres Barrabas portait, lui aussi, le nom de Jé
Se séparèrent aigris l'un contre l'autre : sus, et ce n'est que par un sentiment de
Paul partit avec Silas, et Barnabas prit convenance charnelle qu'on l'a fait dispa
une autre direction dans la compagnie de raître du texte sacré. Son nom même de
Marc. Ils se rendirent en Chypre, et dès Barrabas (Bar-Abba) signifie le Fils du
lors nous ne connaissons plus rien, du Père, et c'est entre ces deux Jésus,
moins par la Bible, de la vie et des tra entre ces deux Fils du Père, que le peu
Vaux de cet homme auquel le Saint-Es ple ayant eu à se prononcer, a condamné
prita accordé le titre d'apôtre. Cependant, le juste et relâché l'assassin. Le profes
environ huit ans après cette séparation, seur Tholuck a tiré un grand parti de ce
Saint Paul, écrivant aux Corinthiens, rapprochement, et s'est attaché, dans un
leur parle de son ancien collègue dans de ses sermons académiques, à montrer
l'apostolat, comme on parle d'un homme combien il y a d'hommes, de nos jours
qui est encore vivant et dont on connaît encore, qui , au lieu de s'attacher au Jé
bien la situation. v. Act. 11, 22. 15, 37. sus Dieu, lui préfèrent un Jésus homme
Gal. 2, 1.9.13. Col. 4, 10.1 Cor. 9, 6., et pécheur comme nous : ce sont les
et les articles Paul et Marc. — v. encore ariens et les sociniens , ceux qui le sont .
Cypre. par système, et ccux qui le sont par in
Lantiquité nous a conservé une lettre différence.
Tlll p0rte le nom de Barnabas; l'auteur y BARSABAS. 1° Joseph Barsabas, sur
BAR 124 BAR
nommé le Juste, fut un des premiers recommandant aux païens, jusqu'à son
disciples de Jésus-Christ, et probable dernier soupir, l'Evangile qu'il leur avait
ment un des soixante et dix qu'il envoya prêché.
devant lui, Act. 1, 21-23. Ce fut entre BARTIMÉE. Simple et touchante his
lui et Matthias que les apôtres jetèrent le toire d'un aveugle devenu voyant ! Il se
Sort pour remplacer Judas le traître, mais tenait assis aux portes de Jérico, deman
le sort ne le favorisa pas. Nous ne con dant l'aumône. Son nom signifie fils de
naissons d'ailleurs rien de particulier sur Timée; et comme on ne prenait guère le
Sa Vie. La tradition porte qu'il mourut nom de son père que lorsque celui-ci
en Judée, après avoir beaucoup souffert avait occupé un certain rang dans le
pour l'Evangile. monde, il paraîtrait que ce malheureux
2° Judas Barsabas, que l'Eglise de était né dans une position bien différente
Jérusalem députa avec Paul, Barnabas et de celle où il se trouvait alors; c'est
Silas, auprès des autres Eglises, pour peut-être à cause de cela que Marc ne
leur faire connaître les résolutions qui fait mention que de lui, bien qu'il y eût
Venaient d'être prises par le concile de la là deux aveugles en même temps.
métropole judéo-chrétienne, sur la con Cette histoire nous est racontée par
duite à tenir à l'égard des païens con trois évangélistes, Matth. 20, 29. Marc
Vertis, Act. 15, 22. sq. Il était peut-être 10, 46. Luc 18, 35. sq., et par chacun
parent du précédent, de Joseph Barsa avec quelques détails différents.Quelques
bas; en tout cas l'Eglise de Jérusalem le auteurs appellent ces divergences des
Comptait au nombre de ses membres les contradictions inconciliables ; ils sont
plus distingués, et il portait, avec Silas, heureux d'y voir une preuve de l'authen
Agabus et d'autres, le titre de prophète, ticité des livres saints, une preuve que
V. 32. les évangélistes ne sont pas des faussai
BARTHELEMI, un des douze apôtres res qui se soient concertés. Ce raison
du Seigneur. Jean, dans son Evangile, nement, s'il était juste, ne serait certai
ne fait jamais mention de Barthélemi; nement pas sans valeur au point de vue
en revanche il compte Nathanaël au nom apologétique. Quant à nous, pour la pre
bre des douze, tandis que les autres mière fois que cette question se ren
ngélistes ne parlent pas de Nathanaël, contre sur notre chemin, nous le dirons
mais bien de Barthélemi. De plus, Jean franchement : à supposer qu'il y eût dans
parle de Philippe et de Nathanaël dans les livres saints quelques erreurs de
l'ordre où les trois autres placent Phi dates, d'histoire, de géographie , d'his
lippe et Barthélemi. Nathanaël figure toire naturelle, ou autre de ce genre,
d'ailleurs au nombre des apôtres qui se cela ne nous émouvrait nullement, parce
rendirent vers la mer de Tibériade, au que ce que nous cherchons dans la Pa
près de notre Sauveur ressuscité, et qui role de Dieu, c'est une parole de salut ,
virent la réintégration de saint Pierre. et l'annonce d'une économie de grâce :
Enfin le nom même de Barthélemi n'est nous n'y cherchons pas autre chose. Dieu
même , en nous donnant son livre , n'a
qu'un surnom signifiant fils de Thalmai,
voulu que nous éclairer sur les grandes
comme Bar-Jonas signifie fils de Jonas. Il
questions qui se rattachent à notre âme,
résulte de ces considérations que, selon
à notre Sauveur, à l'Eternité. Toutefois,
toute apparence, Barthélemi l'apôtre est
le même que Nathanaël, q. v. — D'après et quoiqu'il nous importe fort peu, dans
la tradition, Barthélemi aurait prêché un sens, qu'il y ait ou non des erreurs
l'Evangile aux Indes (peut-être sur les matérielles dans la Bible, nous avouons
côtes occidentales de l'Arabie); puis il que nous n'en avons pas découvert une
serait retourné dans les contrées occi seule qui fût bien constatée. On trouve
. dentales et septentrionales de l'Asie , où sans doute ici et là quelques faits racon
il aurait travaillé quelque temps avec Phi tés sous des points de vue différents, et
lippe. Il doit être mort en Arménie, à avec d'autres détails; on trouve bien en
Albanople, du Supplice de la croix, en core des expressions employées dans un
BAR 125 BAR
sens large et étendu : mais des contra lut » etc. Le texte, en effet, ne parle que
dictions, et des contradictions inconci d'une seule lecture, et si le moment où
liables, non. Puisqu'on en voit de telles furent rédigés les discours du prophète,
dans l'histoire de Bartimée, examinons est éloigné de celui où ils furent lus au
les. Marc et Luc ne parlent que d'un public, c'est qu'il fallait un certain temps
aveugle, tandis que Matthieu en men pour le travail même de la rédaction, et
tionne deux. Marc et Matthieu placent le qu'il importait, dans l'intérêt de la lectu
miracle au moment où Jésus sortait, tan re, qu'on la fît en un jour solennel où une
dis que Luc semble le mettre au moment foule de Juifs, de toutes les parties du
0ù il s'approchait de Jérico. La difficulté royaume, rempliraient le temple. Plus
n'est pas très grande quant au nombre tard, Baruch fut encore appelé par de
des aveugles; l'apôtre Matthieu qui a été vant les principaux officiers du roi, qui
témoin de la guérison, n'a pu se trom lui demandèrent de leur relire ce même
per; Marc et Luc, qui n'y ont pas assisté, rouleau dont il avait donné lecture au
parlent de celui dont il a été le plus ques peuple. Effrayés des menaces qu'ils en
tion, qui paraît avoir porté la parole, et tendirent alors, et ayant appris qu'elles
qui a le plus frappé ; c'est Bartimée. avaient été prononcées par le prophète
Quant à la seconde difficulté , elle est Jérémie, ils résolurent d'en instruire le
plus grande; mais rien n'empêche d'ad roi, et conseillèrent à Baruch de se ca
mettre que Luc a réuni en une seule nar cher ainsi que son maître; précaution qui
ration deux phases, Ou circonstances dif ne leur fut pas inutile, car Jéhojakimayant
férentes, du même fait; il est en effet le entendu la lecture de ces oracles, les
seul qui fasse mention de la première mit en pièces et les jeta dans le brasier
question de l'aveugle « il demanda ce que qui brûlait devant lui, puis il donna l'or
c'était. » Cette question, Bartimée la fit dre qu'on recherchât ces deux hommes
avant l'entrée dans Jérico ; ce qui arriva et qu'on s'en rendît maître, mais « l'E-
ensuite dans cette ville, l'histoire de Za ternel cacha Baruch et Jérémie. » — Ba
chée, etc. excita la confiance de cet aveu ruch fut chargé d'écrire, sous la dictée
gle en Jésus : un autre aveugle s'étant de son maître, un second rouleau sem
joint à lui, ils s'adressèrent ensemble au blable au premier qui avait été détruit,
Maître, comme celui-ci quittait de nou et sans doute plus sévère encore. Mais
veau la ville. Contre cette explication, ce fidèle serviteur, attaché à Jérémie par
qui concilie tout, il n'y a pas de raison l'harmonie des sentiments religieux et
bien forte à faire valoir. patriotiques, partageant avec lui les per
BARUCH, 1° prince ou grand seigneur sécutions et les peines qu'il avait à en
juif, fils de Nérija, frère de Séraja, l'un durer, affligé des nouvelles menaces qu'il
des courtisans de Sédécias, Jér. 32, 12. devait écrire contre sa patrie , et crai
51, 59. sq. Ami, et peut-être parent de gnant peut-être de voir encore augmen
Jérémie, il fut pendant quelque temps ter ses douleurs par cette publication,
son secrétaire ou scribe, 36, 4., et écri s'écria : « Malheur à moi ! car l'Eternel
vit sous sa dictée les paroles que l'Eter a ajouté la tristesse à ma douleur ! » Pour
nel prononça contre Juda, la quatrième le consoler, 45, 1-5, Jérémie lui annonça
année du roi Jéhojakim. Puis il fut chargé la protection divine durant toute sa vie,
par son maître de les lire au peuple dans mais lui représenta que si Dieu lui-même,
le temple, en un jour de jeûne, qui avait qui voudrait voir ce peuple heureux,
été ordonné tout récemment en commé était obligé de le punir, lui, Baruch, ne
moration, dit-on, de la prise de Jérusa pouvait prétendre à recueillir la gloire et
lem par Nébucadnetsar. D'après nos ver la prospérité. Nous retrouvons Baruch
sions, il semblerait que Baruch en fît la dans la dixième année de Sédécias. pen
lecture par deux fois, ainsi que le veulent dant lesiége de Jérusalem,32, 12.Jérémie
Prideaux et Ussérius, mais il faut lire au lui confie le contrat de l'acquisition qu'il
Verset neuvième : « Et cela arriva, » etc. a faite du champ de Hanaméel,son parent.
et verset 10:«ce fut ce jour-là que Baruch Plus tard encore, 43, 3., dans l'année qui
BAS 126 BAS
connu sous le nom de baume de Galaad ou duit ce mot par perle ; les Septante le
baume juif, parce que les Juifs le prépa rendent par escarboucle ou rubis dans
raient presque seuls, et qu'ils en faisaient Gen. 2, 12., et par cristal dans les Nom
un commerce très étendu. Plusieurs his bres; les autres versions grecques an
toriens grecs et romains, Pline, Diodore ciennes le traduisent par bdellion, mot
de Sicile, etc., en parlent avec éloge. Bo qui désigne une résine transparente et
chart pense que ce baume de Galaad pro odoriférante qui découle d'un certain pal
Venait de la térébenthine. mier sur les bords, du golfe Persique, en
Il y avait encore une autre sorte de petits morceaux assez ronds, comme des
baume, ou de drogue aromatique, appelée larmes ; cette résine, d'une couleur fon
Bosem ou Bosam en hébreu (le premier cée ou jaunâtre, et d'un goût amer, ré
s'appelait Tzeri), mentionné Ex. 35, 28. pand une odeur très agréable lorsqu'on la
1 Rois 10, 10. Cant. 5, 1. 13. 6, 2. On brûle. Il est bien possible que ce soit
le tirait d'un arbuste appelé encore au en effet là le B'dôlach mentionné dans les
jourd'hui Basam par les Arabes, en fai deux passages de la Bible, du moins l'af
Sant des incisions dans son écorce pen finité du nom grec avec l'hébreu ne sau
dant les plus grandes chaleurs de l'été ; rait être méconnue; et d'ailleurs il faut
la sève qui en découlait, après avoir été observer que la langue hébraïque a un
purifiée et préparée, donnait ce baume mot particulier pour désigner les perles.
excellent. Le voyageur Burckhardt croit La manne peut être comparée au bdellion
avoir trOuvé cet arbuste dans les environs en tant que c'est un jus résineux épaissi
du lac de Tibériade, et il ajoute que ses en globules. Mais d'un autre côté, on ne
fruits, semblables aux cornichons, four conçoit pas pourquoi cette résine, le bdel
nissent aussi du baume. — Dans les en lion, aurait été nommée dans la Genèse à
virons de La Mecque et dans l'Arabie côté de l'or et d'une pierre précieuse,
Heureuse, il y a un autre arbrisseau qui vu qu'elle n'était pas très estimée et peut
fournit également un baume très estimé. être pas même connue des anciens.
— Ces trois espèces différentes de bau D'autres savants, les plus anciens com
miers étaient déjà connues des anciens. mentateurs juifs et d'autres, pensent en
BDELLION. Ce mot (hébr. B'dôlach) fin qu'au lieu de lire B'dôlach, il faut lire
ne se trouve que deux fois dans la Bible, B'rôlach, changement de lettre qui a très
Gen. 2, 12. Nomb. 11, 7. Dans le pre facilement pu se faire en hébreu, et qui
mier de ces passages, il est nommé à serait appuyé du témoignage des Sep
côté de l'or et de la pierre précieuse de tante, qui, dans un des deux passages, ont
Shoham (v. Onyx), comme une produc rendu le mot par cristal. B'rôlach dési
tion du pays de Havilah, qu'entourait ou gnerait alors le bérylle, sorte de cristal,
traversait un des fleuves du paradis; dans auquel la manne peut aussi être compa
le second, la manne lui est comparée. rée. Ex. 16, 14. 31.
Plusieurs savants, des commentateurs BEAUX-PORTS, Act. 27, 8., ville de
juifs, Bochart et d'autres, pensent que le Crète, près de Lasée, deux villes égale
bdellion désigne des perles, et cette ex ment peu connues. Beaux-Ports devait
plication s'accorderait bien avec la com probablement son nom à l'agrément de
paraison établie entre cette substance et sa situation, qui offrait aux vaisseaux un
la manne qui était ronde, blanche et en mouillage assuré; il porte encore aujour
petits grains ; de plus, d'après les mê d'hui le nom grec de Limenes Kali ,
mes interprètes, le sens étymologique du dont notre nom français n'est que la tra
mot B'dôlach doit signifier « une chose duction.
précieuse », sens qui s'appliquerait éga BEDAN, juge d'Israël, dont le nom
lement bien à la perle; enfin il faut con est cité 1 Sam. 12, 11., entre Gédéon et
venir que le passage de la Genèse ne Jephté. Le livre des Juges n'en fait au
présente aucun empêchement à cette ex cune mention ; quelques-uns croient que
plication. Il est à observer, néanmoins, ce mot signifie Danite, de Dan, et que
qu'aucune des anciennes versions ne tra c'est un surnom de Samson qui apparte
BÉE 129 BÉH
nait à cette tribu; d'autres lisent Barac; montagne d'Ephraïm, » pour désigner la
on suppose encore que c'est le nom d'un longueur du royaume de Juda, 2 Chr. 19,
juge inconnu, différent des autres; il est 4. - Dans le partage de la terre de Ca
possible, enfin, que Bedan ne soit qu'un naan, Béersèbah fut donnée à la tribu de
autre nom de Jaïr : c'est même le plus Juda, Jos. 15, 28. C'est là que résidèrent
probable. . les fils de Samuel, Joël et Abija, lorsque
BEELZEBUB. v. Bahal-Zébub. leur père eut partagé avec eux ses fonc
BEER (un puits). 1°Station des Israé tions, 1 Sam. 8, 2. Au temps d'Hozias roi
lites au désert, sur les cônfins de la con de Juda, l'ancienne demeure d'Abraham
trée de Moab, Nomb. 21 , 16 ; peut-être fut souillée par le culte des idoles, Am. 5,
le même endroit que Béer-Elim, Es. 15, 5. 8, 13.14.— Après le retour de la cap
8. — 2° Ville à 20 kilom. nord de Jérusa tivité, Béersébah fut de nouveau habitée
lem, sur la route de Sichem. C'est là que par les Juifs, Néh. 11, 27.30.—2o Béer
Jotham, fils de Gédéon, se réfugia pour sébah, ou simplement Sébah, dans la tribu
échapper à Abimélec. Jug. 9, 21. de Siméon, Jos. 19, 2. Peut-être qu'une
BEERA, 1 Chr. 5, 6., le principal chef partie de Béersébah dépendait de Juda
des Rubénites, qui fut transporté en As et l'autre de Siméon; peut-être aussi,
syrie par Tiglath-Piléser, roi de cette qu'il y avait deux endroits de ce nom.
c0ntrée. BÉHÉMOTH, Job 40, 10. sq. Le mot
BÉER-ÉLIM (le puits des princes). v. hébreu Béhémoth est un mot pluriel qui
Béer. signifie littéralement « de grands animaux
BÉÉRI, père du prophète Osée, 1, 1. ; quadrupèdes ; , mais tous les savants de
du reste, complétement inconnu. nos jours s'accordent à admettre que ce
BÉER-LACHAI-ROI. C'est le nom hé mot, dans le passage de Job, désigne un
breu du puits auprès duquel Agar en animal qui, d'après la belle et poétique
fuite, eut la vision de l'ange qui la ra description de ce chapitre, ne peut être
mena auprès de Saraï sa maîtresse : il se autre que l'hippopotame.Son nom est d'o-
traduit • le puits du vivant qui me voit. » rigine égyptienne et s'écrit proprement
Gen. 16, 14. Péhémout, bœuf marin (P est l'article,
BÉÉROTH (les puits), villes des Ga Ehé signifie bœuf, et mout eau); le mot
baonites, donnée à la tribu de Benjamin, grec hippopotamesignifie cheval dufleuve.
Jos. 9, 17. Esd. 2, 25. Néh. 7, 29. C'est Cet animal formidable se trouvait autre
là que naquirent Récab et Bahana, les fois en très grand nombre jusqu'aux bou
deux meurtriers d'Is-Boseth, 2 Sam. 4, ches mêmes du Nil, mais il s'est retiré
2. 5. depuis vers le sud, et habite surtout au
BÉERSÉBAH. 1° Le puits du serment, delà des cataractes de ce fleuve, et dans
ou des sept, ainsi nommé de l'alliance d'autres rivières de l'Afrique. Son corps
qu'Abraham contracta avec Abimélec roi est une masse énorme, longue de 6 mè
de Guérar, laquelle fut confirmée par un tres environ, haute de 2 et 112, et d'une
serment et par le don de sept jeunes bre circonférence de 5. Sa tête difforme a
bis, Gen. 21, 31-33. L'alliance fut renou 1 mètre et plus de longueur, et ren
velée plus tard par Isaac, qui donna aux ferme une bouche énorme, garnie de
puits les mêmes noms qu'ils avaient por grosses dents et qui, lorsqu'elle est ou
tés au temps de son père, 26, 18.33. Les verte, présente une ouverture de 70 cen
deux patriarches habitèrent longtemps la timètres à peu près. Sa peau est noirâtre,
contrée où se trouvaient les puits qu'ils presque sans poil, comme celle de l'élé
avaient eux-mêmes creusés. Béersébah phant; elle est si dure et si épaisse, que
était à 35 kilom. sud d'Hébron, à l'extrè ni coup de sabre ni coup de fusil ne sau
me frontière méridionale du pays de Ca rait la traverser ; même au bas-ventre, où
naan, de sorte que l'on disait : « de Dan pourtant la peau est en général le moins
à Béersébah, » 2 Sam. 17, 11. Jug. 20, 1. dure, elle est également impénétrable ;
1 Chr. 21, 2., pour exprimer la longueur elle ne peut être entamée que près des
de tout le pays, et « de Béersébah à la oreilles, et à la jointure de la tête au
1. 9
BÉH 13U BEL .
corps. On en fait des boucliers qui joi gènes ne connaissent d'autre moyen que
gnent à une grande légèreté une impéné d'entretenir des feux de distance en dis
trabilité parfaite. Sa queue est compara tance, et de battre le tambour. Plusieurs
tivement très petite , ses jambes sont de ces traits aideront à l'intelligence de
courtes et massives, et le pied ressemble la description que le livre de Job donne
à un gros sabot garni de quatre orteils. de l'hippopotame, et feront comprendre
L'hippopotame se meut et nage dans pourquoi il est représenté comme une
l'eau avec une grande facilité; il s'y tient preuve remarquable de la sagesse et de
la majeure partie du jour, ou se couche la puissance du Créateur. — Pour plus de
dans les endroits marécageux du rivage ; détails, v. le Morgenland de Preiswerk,
cependant il ne peut rester longtemps 1838, p. 343 et suiv.
sous l'eau, car le besoin de respirer le BEHESTERA, Jos. 21 , 27., ville des
ramène bientôt à la surface. Heureuse lévites, dans la tribu de Manassé au delà
ment pour les habitants de ces pays du Jourdain. Quelques-uns l'ont, à cause
chauds, sa nourriture ne consiste qu'en de la ressemblance du nom, confondue,
plantes et herbages, autrement il serait mais à tort, avec Botsra.
un fléau trop redoutable ; il affectionne BÉHOR, nom que Moïse donne au père
surtout les pois verts. Lorsqu'il sort la de Balaam, Nomb. 22, 5. La traduction
nuit de sa retraite, il parcourt les cam grecque l'a rendu par Bosor, ainsi que
pagnes pour aller à la recherche de sa nous le trouvons dans le Nouveau Testa
nourriture; il n'est pas rare qu'il détruise ment, 2 Pier. 2, 15.
un champ de blé ou de trèfle tout entier, BEL , le Bahal des Caldéens. Qu'ado
soit en le foulant de ses larges pieds, raient-ils sous ce nom 9 Etait-ce Nimr0d
soit en le broutant de sa large gueule. leur premier seigneur, ou Bahal , ou Pul
Il ne marche qu'avec difficulté sur la terre roi d'Assyrie, ou quelque autre monar
ferme, et lorsqu'il appréhende quelque que, ou le soleil, ou toutes ces choses à
danger, il se hâte de gagner l'eau dans la fois P C'est ce qu'il est impossible de
laquelle il peut déployer sa gigantesque déterminer. Es. 46, 1. Jér. 50, 2. 51, 44.
force. Quoique paisible de son naturel, — v. Bahal.
cet animal, quand il est irrité, ne craint BELAH. 1° 1 Chr. 5, 8. sq. Nous ne
et n'épargne ni homme, ni animal quel connaissons de ce chef rubénite que ce
conque. Sa force est extraordinaire, et qui en est dit dans ces trois versets. Il
lorsqu'il se voit attaqué dans son élément, habitait d'abord dans les limites de Ga
il arrive souvent qu'il renverse les ca laad à l'orient du Jourdain, depuis Haro
mots, et autres petits bateaux, et qu'il les her jusqu'à Néco; mais son bétail ayant
met en pièces en les saisissant et les fort multiplié dans les gras pâturages de
broyant entre ses mâchoires , ou en les cette contrée, la famille de Bélah s'avança
soulevant sur son dos. Quand il élève vers l'orient jusqu'à l'Euphrate, se rap
hors du fleuve sa tête énorme, il repousse pelant peut-être et s'appliquant certaines
et fait jaillir l'eau du souffle de ses na prophéties de Moïse qui donnaient à la
rines, et fait entendre en même temps un postérité d'Abraham tout le pays situé
cri perçant et fort, semblable au bruit du entre le Nil et l'Euphrate, Gen. 15, 18.
hennissement d'un cheval ou d'un mulet, Deut. 1, 7. Cette hardie expédition, con
ou au bruit que fait une énorme porte qui forme aux mœurs antiques, exigeait dans
tourne lourdement sur ses gonds rouil tous les cas un certain degré de force et
lés. Les indigènes cherchent à le pren de puissance, et nous donne une idée
dre dans des fosses profondes, mais le avantageuse de l'accroissement que de
prudent animal est sur ses gardes, et de vait avoir pris la tribu de Ruben.
vine fréquemment les piéges qu'on lui 2°— Gen. 14, 2., ville de Canaan, qui
tend , et alors même qu'il est pris, il se prit plus tard le nom mieux connu de
défend avec fureur, et ne se livre qu'a- Tsohar, q. V.
près avoir rudement combattu. — Pour BELETTE, Lév. 11, 29. v, Crocodile et
l'éloigner de leurs plantations, les indi Taupe.
BEL 131 BEL
BELIAL, ou plutôt Béliar, 2 Cor. 6, 15., visage, ses reins frissonnèrent, ses ge
nom donné à Satan, et qui signifie en hé noux s'entrechoquèrent d'épouvante; il
breu : inutile, méchant, qui ne rapporte jeta un cri de terreur. Il fait appeleraus
aucun profit. Ce mot se trouve aussi sitôt les sages du monde, les astrologues,
quelquefois dans l'Ancien Testament , les caldéens, les devins; mais malgré les
précédé du mot fils, Deut. 13, 13.1 Sam. 2, magnifiques promesses qui leur furent
12. : « Or les fils d'Héli étaient des fils de faites, aucun d'eux ne put expliquer ou
Bélial, » mais au lieu de traduire littéra comprendre l'écriture divine. Belsatsar
lement cette expression, on l'a ordinai était dans le plus grand trouble à ce su
rement rendue, d'après le sens, par « de jet, lorsque la reine, veuve de Nébucad
méchants hommes. » netsar, et connue dans l'histoire profane
BÉLIER. 1o v. Brebis. — 2° Machine Sous le nom de Nitocris, se présenta à lui.
de guerre bien connue; on ne la trouve Elle lui conseilla de consulter un homme
mentionnée dans l'Ecriture sainte que « en qui reposait l'esprit des dieux saints»
Eléch. 4, 2. 21, 27. (dañs le premier de et que Nébucadnetsar avait trouvé si
ces passages, nos traductions ont rendu plein de sagesse et de lumière, qu'il l'a-
ce mot par « machines pour la battre '). vait établi chef des mages et des astrolo
Ezéchiel est probablement le plus ancien gues; c'était Daniel, le prophète des Hé
auteur qui en parle. breux. Daniel parut et donna au roi l'in
BELSATSAR, Dan. 7 et 8 , roi de Ba terprétation qu'il demandait, non sans lui
bylone, est désigné par le prophète com avoir premièrement rappelé la conduite
me le fils de Nébucadnetsar , quoiqu'il ne coupable et le châtiment de son prédé
fût peut-être qu'un de ses descendants; cesseur, puis son propre orgueil à lui ,
car, entre son règne et celui de Nébucad Belsatsar, et l'acte sacrilége qu'il venait
netsar, il y eut trois règnes, très courts de commettre. Les signes mystérieux
à la vérité, ceux d'Evilmérodac, de Né étaient la condamnation du roi, et la ruine
riglissor et de Laboroso-Achod, que Da du royaume : Mene , mene , thekel ,
niel ne mentionne pas; et l'on sait que upharsin, ce qui signifiait : Pesé, tu as
dans l'Ecriture, comme dans presque tous été trouvé léger, et ton royaume (sera)
les livres de l'Orient, le mot fils n'indi divisé et donné aux Mèdes et aux Perses.
que souvent que la filiation , sans égard Ce fut la réponse du prophète, et Belsat
au nombre des anneaux intermédiaires. sar, soit ironie et incrédulité , soit qu'il
Ce misérable prince portait encore les n'osât pas manquer de parole à un homme
noms de Nabonédus et de Labynitus. qui semblait lui parler au nom de la Di
Babylone était alors assiégée par Cyrus, vinité , et qui lui annonçait sa fin pro
général en chef des armées de son oncle chaine, accomplit envers Daniel les pro
Darius, roi des Mèdes, connu dans l'his messes qu'il lui avait faites solennelle
toire profane sous le nom de Cyaxare II. ment, à lui aussi bien qu'aux devins ; il
Belsatsar, à l'abri des remparts fabuleu lui fit donner un vêtement écarlate et un
sement énormes de sa capitale, se livrait collier d'or, et le proclama le troisième
à une vie de délices, de débauches et de du royaume.
fêtes. Dans une de ses orgies, il se fit ap La menace n'avait pas précédé de beau
porter les vaisseaux d'or et d'argent que coup l'eXécution, car, en cette même nuit,
Nébucadnetsar avait enlevés du temple de Cyrus , ayant détourné les eaux de l'Eu
Jérusalem, Dan. 5, 2. Il y but lui-même, phrate, faisait entrer son armée dans la
et poussa la profanation jusqu'à les pré ville par le lit desséché du fleuve. Baby
senter à ses courtisans et à ses concubi lone fut prise, ses habitants massacrés,
nes, qui y burent aussi. Et tous ensemble et Belsatsar lui-même égorgé au milieu
chantèrent leurs dieux de métal, de bois de son orgie, l'an 538 av. C.
et de pierre. Mais tout à coup le roi vit BELTESATSAR (qui amasse des tré
sortir de la muraille les doigts d'une main Sors), surnom qui fut donné à Daniel
humaine, traçant des caractères mysté par l'officier du roi Nébucadnetsar,
rieux : il fut bouleversé , il changea de Dan. 1, 7.
BEN 132 BEN
BÉNAJA(fils de l'Eternel), fils de Jého avait combattu sur les montagnes, il s'i-
jadah , l'un des plus vaillants guerriers magina que c'était là peut-être la rési
de David, et le capitaine de ses gardes, dence de ces dieux, et que dans la plaine
2 Sam. 23, 20. 1 Chr. 11 , 22. Célèbre ils ne seraient plus d'aucun secours à leurs
par sa force et par son courage, il avait adorateurs. En conséquence, il se remit
de sa propre main tué un lion et com de rechefen campagne, au bout d'une an
battu avec un bâton contre un Egyptien née, avec une armée formidable, auprès
armé d'une hallebarde. En un temps Où de laquelle, dit l'écrivain sacré, les en
la force physique jouait un si grand rôle, fants d'Israël ne paraissaient pas plus que
il était assez ordinaire de voir ceux qui « deux troupeaux de chèvres. » Les deux
en étaient doués , avancer promptement armées demeurèrent sept jours en pré
dans les grades et les honneurs, surtout sence dans les plaines de Jizréhel, après
militaires. Bénaja obtint à la cour les plus quoi elles en vinrent aux mains, et les
grandes faveurs : au moment de la ré Israélites tuèrent cent mille hommes aux
volte d'Adonija, il fut chargé de proté Syriens : le reste s'enfuit dans la ville
ger le sacre de Salomon contre tout mou d'Aphek, dont la muraille s'écroula sur
vement populaire en faveur du rebelle, eux et les écrasa au nombre de vingt-sept
4 Rois 1, 32. Puis, après la mort de Da mille. Caché dans la ville, Ben-Hadad en
vid, le nouveau roi lui confia l'exécution voya quelques-uns des siens auprès du
de trois sentences de mort, contre Ado vainqueur pour demander sa grâce. Il
nija, contre Joab (qu'il remplaça dans le l'obtint ; il fut épargné, malgré l'ordre
commandement de l'armée), et contre contraire qu'Achab avait reçu de l'Eter
Simhi, 1 R. 2, 25. 29, 46. — Bénaja fut nel, et il fit alliance avec Achab, s'enga
un des plus fidèles serviteurs de la mai geant à lui rendre les places conquises
son de David , qu'il servit de ses vœux, par son père, et à lui livrer quelques vil
comme de son bras et de son épée. les frontières. -
BEN-HADAD ( fils du bruit ). L'Ecri Après une paix de trois ans, 1 R. 22, 1.,
ture mentionne sous ce nom trois rois la guerre fut reprise entre le roi de Syrie
différents : 1° le fils de Tabrimon, que et les deux rois alliés d'Israël et de Juda,
Asa, roi de Juda, gagna et fit marcher qui voulaient s'emparer de la ville de Ra
contre Bahasa, roi d'Israël. Cette expé moth, que Ben-Hadad, contrairement à la
dition fut fatale aux dix tribus, et notam foi des traités, refusait de livrer. Ben-Ha
ment à celle de Nephthali, dont plusieurs dad avait donné l'ordre à ses capitaines
villes furent surprises et pillées, 1 R. 15, de ne viser que sur Achab; et quoiqu'on
18. sq. ne pût le reconnaître, à cause de son dé
2° 1 Rois 20, 1. Ben-Hadad, roi de Sy guisement et de la lâcheté avec laquelle
rie, fils et successeur du précédent, mar il avait voulu exposer Josaphat seul aux
cha contre Samarie,accompagné de trente traits de l'ennemi, il fut mortellement
deux autres rois, et, suivi d'une nom blessé par une flèche tirée comme au ha
breuse armée , il fit le siége de cette sard. L'armée israélite reçut l'ordre de
ville. Puis il fit orgueilleusement sommer battre en retraite ; la campagne était ter
Achab de se rendre à lui à discrétion, minée.
corps et biens. Mais Achab, appuyé sur Sous le règne de Joram on vit de nou
l'avis des anciens du pays, lui fit répon veau Ben-Hadad reparaître en Israël, 2 R.
dre : « Que celui qui endosse le harnais 6, 8. sq. Comme tous les plans et projets
ne se glorifie pas comme celui qui le du Syrien étaient connus de Joram avant
quitte. « Le sens était clair : Ben-Hadadmême qu'ils fussent exécutés, Ben-Hadad
comprit le défi; la bataille s'engagea, les
fut fort irrité, pensant qu'il avait un traî
Syriens furent mis en déroute, et le roi tre auprès de lui; mais ayant appris que
lui-même s'enfuit avec toute sa cavalerie. c'était le prophète Elisée qui déjouait ainsi
Ben-Hadad, cependant, ne se tint pas sa tactique, il envoya des gens à Dothan
pour battu; il attribua sa défaite à la pro pour s'emparer de lui : mesure inutile,
tection des dieux d'Israël, et comme on car l'Eternel sauva le prophète en frap
BEN 133 BEN
ambitieux. trois fois se leva contre Israël, Toutefois les prédictions de Jacob, Gen.
et trois fois dut s'enfuir; c'est que le Dieu 49, 27., et celles de Moïse, Deut. 33, 12.,
qui protégeait les tribus n'était pas seu touchant ce jeune homme et la tribu dont
lement le Dieu des montagnes, c'était en il fut le père, sont de nature à lui ôter
core le Dieu des plaines. Le petit royaume cette teinte de fraîche adolescence et de
d'Israël ne fut point redevable de son sa virginité candide que semble respirer son
lut à ses propres forces, mais à la pré histoire. « C'est un loup qui déchirera ;
BEN 134 BÉR
le matin il dévorera la proie, et le soir il une de ses villes, et dont il avait refusé
partagera le butin : il reposera entre de de livrer les auteurs.—Sa destinée fut de
fortes épaules. » Ce n'est plus là le Ben partager avec Juda la gloire de conserver
jamin du vieux Jacob et du tendre Joseph ; plus fidèlement et plus longtemps la con
aussi devons-nous remarquer combien, naissance de l'Eternel , sous la dynastie
dans sa première histoire, le rôle de Ben des descendants de David, v. Juda : et
jamin est un rôle passif : on l'aime, on le c'est une chose digne d'être remarquée,
trouve charmant; mais qu'a-t-il fait ? que lors du grand schisme des dix tribus,
Rien; ce n'est que sa position seule qui ce fut celle de Benjamin, celle qui avait
nous intéresse, qui nous émeut; il n'a été dépouillée de la royauté, qui resta
rien fait, il a seulement été; il est né de seule fidèle à la nouvelle dynastie que
Rachel, il est né frère de Joseph, il est né Dieu avait donnée à son peuple dans la
le dernier, il est jeune : voilà sa vie, voilà famille de David.
ses titres. Il est aimable pour nous parce BERACA, nom hébreu de la vallée qui
qu'il est tant aimé, et, sans le connaître, est appelée 2 Chr. 20, 26. vallée de béné
nous lui sommes attachés parce que nous diction : elle était située non loin de Hen
voyons l'amour que lui portèrent ceux qui Guédi, dans le désert de Tékoah. C'est là
vécurent avec lui. Mais s'il ne nous en est que se rassemblèrent, sous le règne de
rien raconté qui puisse le faire distinguer Josaphat, tous les habitants de Juda, pour
en bien, aucune tache non plus ne vient bénir l'Eternel de la victoire inattendue
déshonorer sa mémoire : il reste chaste et qu'il leur avait fait remporter sur les en
pur à côté de Ruben, sans violence à côté fants de Hammon et sur les Moabites,
de Siméon et de Lévi, et la bénédiction BERECIA, 2 Chr. 28,12., v. Hazaria 4°.
de l'Eternel est promise à sa postérité. BERED, Gen. 16, 14., ville du désert
« Le bien-aimé de l'Eternel, dit Moïse, en Arabie, au sud de Kadès-Barné, du
Deut. 33, 12., habitera sûrement avec lui; côté de Sur, v. 7.
il le couvrira tout le jour, et il se tiendra BEREE, ville de Macédoine, sur le che
entre ses épaules. » min qui mène de Thessalonique à Athè
Il reçut son héritage entre de puissants nes, et non loin de la ville de Pella, où
voisins : il eut au nord la tribu d'Ephraïm, naquit Alexandre le Grand. Ce fut à Bé
à l'orient celle de Ruben dont il était rée que saint Paul prêcha l'Evangile, après
séparé par le Jourdain et la mer Morte, avoir été chassé de Thessalonique par la
au midi celle de Juda, à l'occident celle persécution. Un assez grand nombre de
de Dan. Peu étendu, mais très fertile, son personnes y furent converties, entre au
territoire subvenait amplement aux be tres un nommé Sopater, qui accompagna
soins d'une population fort nombreuse. Paul lorsque celui-ci dut retourner en
Placé au centre de la terre sainte, il fut Asie. Saint Luc loue les habitants de
aussi comme le centre de l'histoire juive, cette ville, pour le zèle avec lequel ils se
et Jérusalem lui appartenait, de même mirent à lire les Ecritures, afin de savoir
que Jérico, Béthel, Mitspa, Micmas, Ra si les choses qu'on leur annonçait étaient
mathajim et Gabaon. Ehud, le second des conformes à la Parole de Dieu, Act. 17,
juges, Saül, le premier des rois de Juda, 10.—20, 4.
Mardochée et l'apôtre Paul, étaient Ben BERENICE ou Bernice, fille aînée d'Hé
jamites. Le caractère principal de cette rode Agrippa dit le Grand, celle que la
portion de la famille d'Israël fut un cou poésie a si habilement transfigurée. Elle
rage indomptable qui allait jusqu'à la fé fut d'abord fiancée à Marc, fils d'Alexan
rocité; il soutint plusieurs guerres contre dre, gouverneur des Juifs à Alexandrie;
les Cananééns, Jug. 3, 15. 1 Sam. 4., et puis elle épousa Hérode, roi de Chalcis ,
nombre de batailles auxquelles il ne resta son propre oncle. Après la mort de celui
pas étranger, se livrèrent dans l'étendue ci, elle se maria avec Polémon, roi du
de son territoire. Il fut presque anéanti Pont; mais elle ne demeura pas longtemps
sous les juges, par les Israélites indignés avec lui : elle retourna auprès de son frère
d'un crime odieux qui s'était commis dans Agrippa, avec lequel il paraît qu'elle en
BEH 135 BÉR
tretenait des relations criminelles. Ils dangers dont ils pouvaient être menacés,
étaient venus l'un et l'autre à Césarée , Mich. 4, 8 : c'est peut-être à cette cir
pour complimenter le gouverneur Festus, constance qu'ils doivent d'avoir été cités
lorsque celui-ci, pour leur complaire, fit comme types de la vigilance, Nah. 3, 18.
comparaître devant eux l'apôtre Paul.Act. v. Luc 2, 8. Ils ne devaient rien négliger
25, 23.— Plus tard, Bérénice fut encore pour recouvrer un animal perdu, Ezéch.
la maîtresse de Vespasien (Tacit. Hist. 2, 34, 12. Luc 15, 5; ils portaient dans leurs
81.), et celle de son fils Titus (Sueton., bras ceux qui étaient faibles et malades,
Tit., 7,), qui l'aurait épousée , dit-on, si Es. 40, 11., et prenaient garde de les
elle n'eût été reine et étrangère , deux échauffer ou de les fatiguer par des mar
qualités qui rendaient impossible toute ches forcées, Gen. 33, 13. Leur principal
union avec un Romain. vêtement était un manteau dont ils s'en
BERGERS. Les patriarches et les pre veloppaient tout le corps, Jér. 43, 12; ils
miers Hébreux furent nomades et ber se nourrissaient de fruits sauvages, de
gers; Abraham, Isaac, Jacob et ses douze figues, Am. 7, 14, et, au besoin, de ca
fils voyagent conduisant après eux de rouges, Luc 5, 16.; ils ne recevaientpoint
nombreux troupeaux de chèvres, de bre de gages en argent, mais ils avaient une
bis, de bœufs , d'ânes et de chameaux, certaine part aux produits du troupeau,
qu'ils mènent paître dans les steppes so aux petits qui naissaient pendant le temps
litaires de Canaan, de l'Egypte ou de de leur service, Gen. 30, 32., et au lait
l'Arabie. Cette vie nomade cessa plus ou dont ils pouvaient faire leur nourriture,
moins généralement, lorsque les lsraé 1 Cor. 9, 7. Il est évident, d'après 1 Sam.
lites se furent emparés de la terre pro 16, 17. 18., que la musique était un dé
mise, et que la culture du sol fut devenue lassement ordinaire des bergers hébreux,
leur principale richesse; mais on conti comme elle l'est des gardeurs de trou
nua de trouver, surtout chez les tribus peaux dans tous les pays. Sous les rois,
transjourdaines, bon nombre d'hommes la charge d'inspecteur en chef des trou
qui conservèrent, au milieu de leurs villes peaux était un emploi considérable, 1 Sam.
fortifiées, des habitudes plus en rapport 21, 7. : et l'on peut dire, en général, que
avec celles de leurs ancêtres; Nabal en la condition de berger était fort considé
est un exemple, 1 Sam. 25, 2. cf. 2 Rois rée : les fils et les filles de riches pro
3,4. Ces riches propriétaires avaient sous priétaires ne craignent pas de s'occuper
leurs ordres des centaines de serviteurs eux-mêmes de ces soins; les prophètes,
qu'ils pouvaient au besoin transformer en les rois, et Dieu lui-même, prennent et
soldats, soit pour des haines et des ven acceptent le titre honorable de pasteurs
geances personnelles, Gen. 14, 14., soit et bergers, cf. Ps. 23, 1. Jean 10, 1. Héb.
pour la garde des troupeaux et des citer 13, 20., titre qui joue comme symbole un
nes, 13, 7. 26, 20. Bergers, nomades ou grand rôle dans les livres saints. Les ré
sédentaires, ils habitaient sous des tentes, cits des voyageurs modernes en Perse
Cant. 1 , 7. 2 Chr. 14, 15. Es. 38, 12. reproduisent trait pour trait le tableau
Jér. 6, 3. Ils étaient ordinairement munis des soins pastoraux de Es. 40, 11. et
d'un bâton recourbé vers le bout, 1 Sam. ailleurs. "º
17, 40. Mich. 7, 14, d'une poche ou bis Quant à la grotte des bergers dont par
sac, et d'un chien, pour repousser les lent certains voyageurs, amateurs de re
bètes féroces contre lesquelles ils lut liques à tout prix, v. l'art. Bethléem.
taient parfois, et souvent avec avantage, BÉRlHA et Sémah, 1 Chr. 8, 13., des
Am. 3, 12. Es. 31, 4.1 Sam. 17, 34. Du cendants de Benjamin; ils furent chefs
reste, ils avaient rarement des armes pro de quelques familles qui habitèrent Aja
prement dites, même des frondes. lls se lon; ils repoussèrent de Gath les Philis
construisaient des guérites ou de petits tins qui y demeuraient : ces deux faits par
observatoires, au haut desquels ils mon lesquels seuls nous connaissons cette
taient pour découvrir les pièces de bétail branche de la famille benjamite , doivent
égarées, ou pour prévenir de plus loin les s'être passés à l'époque de la conquête
BET 136 BET
sistait encore aux jours de saint Jérôme, visible; puis, l'idée populaire qui le faisait
Nomb. 33, 46. Jérém. 48, 22.; probable intervenir, reposait, quoique confuse, sur
ment la même que Dibla, Ez. 6, 14. la connaissance certaine que la Parole de
BETHEL(maison de Dieu), d'abord ap Dieu nous donne, que le Seigneur appelle
pelé Luz : c'est là que Jacob s'arrêta dans les anges à l'administration des choses
s0nvoyage vers Padan-Aram, et il nomma d'ici-bas. Héb. 1, 7.14. -
mande, il donne aussi les moyens d'exé BIBLE. C'est le nom qu'on donne au
cuter. Il remplit d'intelligence Betsaléel livre des livres, au livre par excellence,
et Aholiab, pour inventer toutes sortes au volume sacré qui renferme l'unique
d'ouvrages de dessins, de broderie et de règle de notre foi, dè nos mœurs , et de
sculpture, et les matériaux ne manquèrent notre conduite. Les juifs l'appellent le
point. Il est évident, d'après Ex. 31, 3., Mikra ou la Leçon. Les chrétiens la dé
que, dans cette circonstance, Dieu tra signent par les noms suivants, à l'exem
vailla lui-même avec ses chefs-ouvriers, ple des saints auteurs : 1° L'Ecriture,
en leur donnant de son esprit une me 2 Tim. 3, 16. Act. 8, 32. 2 Pier. 1, 20.
sure plus forte d'intelligence et d'habi ou Les Ecritures, Matth. 22,29. Act. 18,
leté ; mais l'on sait aussi qu'à cette épo 24.; 2° Les Saintes Ecritures, Rom. 1,
que déjà , l'Egypte avait atteint un haut 2., ou les Saintes Lettres, 2 Tim. 3.15.;
degré de perfection dans un grand nom 3° La Loi, pour tout l'Ancien Testament,
bre d'arts mécaniques et industriels, et Jean 10, 34., 12, 34., 1 Cor. 14, 21.;
l'on peut supposer que ces deux hommes, 4° L'Ancien Testament, 2 Cor. 3, 14.
venant d'Egypte, en avaient peut-être La Bible a toujours été divisée en plu
aussi rapporté quelques connaissances ef sieurs livres, mais la division par chapi
fectives, quoique, du reste, les Israélites tres et versets est d origine assez récente.
n'y fussent guère initiés à d'autres mys Il paraît, d'après Clément d'Alexandrie,
tères qu'à ceux de broyer la paille et le Athanase, et quelques autres Pères, que
mortier pour en faire des briques. v. dans les premiers temps du christianisme,
encore Ex. 35, 30. 36, 1. 37, 1. 38, 22. les saintes Ecritures étaient divisées en
1 Chr. 2, 20.2 Chr. 1, 5. courts paragraphes, dits parasch's et
BETSER, v. Botsra. haphtar's pour l'Ancien Testament, sti
BEURRE. On voit clairement par Prov. ques et péricopes pour le Nouveau (voir
30, 33., que chez les Juifs le beurre était Steiger, Introd. au Nouveau Testament,
ce qu'il est chez nous, et non pas seule p. 73 et suiv.); la division actuelle en
ment de la crème , comme c'était ordi chapitres est attribuée par les uns à Ar
nairement le cas en Orient. Les Grecs lott, moine toscan, par d'autres , avec
d'alors étaient encore bien éloignés de plus de probabilité, au cardinal Hugo
connaître la fabrication de cet utile ali de Sainte Chair, qui vivait au treizième
ment; jusqu'à l'arrivée des Hollandais siècle; par d'autres enfin à Etienne
aux Indes orientales, le beurre y était Longton,archevêque de Cantorbéry, vers
pareillement inconnu; mais dans le pays l'an 1250. Quant à la division par ver
de Canaan, le miel et le beurre étaient sets, elle ne fut peut-être fixée telle
des mets fort communs, Es. 7, 15. 22. qu'elle est maintenant que vers l'an 1450
Chez les Arabes, on les envisage com pour l'Ancien Testament, et vers l'an
me des raretés, propres seulement à la 1551 pour le Nouveau. C'est en 1450 que
table des princes, et dont assurément parut la Concordance hébraïque du Juif
les enfants ne goûtent guère. Laver ses Mardochée Nathan : et, en 1551 , ce fut
pas dans le beurre, Job , 29, 6., c'est l'imprimeur genevois Robert Etienne qui
jouir d'une grande prospérité. Les paro divisa le Nouveau Testament en 7956 ver
les d'un flatteur, dit le Psalmiste, 55, 22., sets; il modifia aussi la division de l'An
sont plus douces que le beurre. v. Bœuf. cien Testament, qui compta 23,205 ver-"
| BEZEK (éclair), ville de la tribu de SetS.
Juda , sur le penchant oriental d'une La Bible entière se compose de l'An
montagne, à 3 kilom. de Bethsur. On cien et du Nouveau Testament ; tous les
suppose qu'Adoni-Bézek, qui fut pris et livres du premier furent écrits avant l'in
mutilé par les enfants de Juda, Jug. 1 , carnation de notre Sauveur , ceux du se
4-7., était roi de Bézek. C'est là que Saül, condle furent tous après sa résurrection.
voulant marcher contre Jabès de Galaad, Ceux de l'Ancien Testament sont écrits
fit la revue de son armée, qu'il trouvacom en hébreu, sauf quelques chapitres d'Es
posée de 330,000 hommes, 1 Sam. 11, 8. dras et de Daniel, et un verset de Jé
BIB 141 BIB
rémie, qui sont écrits en caldéen; ceux sont inspirés aussi , mais d'une inspira
du Nouveau Testament sont en grec, tion et d'une autorité inférieure à celle
mais d'un grec fortement mêlé d'hé - des premiers. Quant aux autres, c'est à
braismes. ll est à remarquer d'ailleurs peine s'ils daignent admettre quelque in
qu'ils furent tous écrits, les uns comme tervention surhumaine dans leur compo
les autres, dans la langue au moyen de sition : Daniel est en complète défaveur
laquelle ils pouvaient le mieux être com auprès d'eux : on conçoit que la clarté
pris par l'Eglise d'alors; ce qui montre des soixante et dix semaines ne soit pas
aussi qu'à mesure que la Bible parvient de nature à les prédisposer à le recon
à de nouveaux peuples , il faut, par des naître pour authentique.
traductions, mettre ce peuple en état de La manière dont les chrétiens ont di
la lire et de la comprendre; il faut qu'il visé les livres de l'Ancien Testament est
y ait effectivement partout des traductions bien plus rationnelle. En tête se trouvent
vulgates, c'est-à-dire pour le vulgaire, les livres historiques, plus faciles à com
pour le peuple; c'est ce que l'Eglise ro prendre , et dont il est nécessaire de
maine a très bien compris dans le temps connaître et d'avoir compris le contenu,
0ù on parlait latin. Depuis lors il y a eu, pour l'intelligence des doctrines et des
à cet égard comme à tant d'autres, une prophéties : puis les livres sententieux ,
variation dans sa manière de voir, à tel de doctrine, ou d'instruction ; enfin les
point que les mandements de quelques Prophètes. Si l'on voulait les ranger dans
évêques proscrivent maintenant la Bible ; l'ordre des temps, le livre de Job occu
quelques curés la brûlent; M. Joseph de perait peut-être la première place; puis
Maistre a pu dire : « Sans notes et sans la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les
explications l' Ecriture sainte est un POI Nombres, etc., jusqu'à 2 Samuel; puis
S0N » (Soirées de St. Pétersbourg, T. 2, les Psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste,
p.343, fin du dernier entretien). le Cantique de Salomon, Jonas, Amos,
Vers le temps de notre Seigneur, les Osée, Joël, Nahum, Esaïe, Michée, So
Juifs partageaient leur Bible en vingt-deux phonie, Habacuc, Jérémie, Lamentations,
livres, selon le nombre des lettres de Abdias, Ezéchiel, 1 et 2 Rois, Daniel ,
de l'alphabeth hébreu. C'étaient : Aggée, Zacharie, Esdras, 1 et 2 Chro
Les cinq livres de Moïse, dits la Loi. niques, Ester , Néhémie et Malachie.
Treize livres des Prophètes, savoir : Nous aurons du reste à revenir sur toutes
1° Josué; 2° Les Juges et Ruth; 3° Les ces questions , à mesure que nous trai
deux livres de Samuel; 4° Les Rois et les terons de chaque livre en détail.
Chroniques ; 5° Esaïe ; 6° Jérémie et les Les livres du NouveauTestament, com
Lamentations; 7o Ezéchiel; 8° Daniel; me ceux de l'Ancien, se divisent en his
9° Les douze Petits Prophètes; 10° Job ; toriques, dogmatiques et prophétiques ;
11° Esdras; 12o Néhémie; 13° Ester. ils disent la fondation de l'Eglise, la foi
Enfin quatre livres, dits hagiographes de l'Eglise, et les destinées de l'Eglise ;
ou écrits saints : les Psaumes , les Pro l'amour de Christ, la pensée de Christ et
verbes, l'Ecclésiaste, et le Cantique des les jugements de Christ. Les quatre Evan
Cantiques. Ce dernier recueil portait en giles et les Actes racontent l'histoire du
core le nom général de Psaumes. Ainsi, salut et la fondation de l'Eglise; les Epi
qui disait : « La loi, les prophètes et les tres, au nombre de vingt-et-un, appar
psaumes » disait la Bible tout entière, tiennent à la seconde classe ; l'Apoca
Luc 24, 44. lypse est le seul livre de la troisième,
Les Juifs modernes comptent vingt-qua le seulessentiellement et entièrement pro
tre livres, auxquels ilsassignent une auto phétique. Quant à leur classement chro
rité inégale. Avant tous marchent les nologique, il règne à cet égard une incer
cinq livres de Moïse; puis viennent les titude complète, et il n'y a pas deux au
livres de Josué, des Juges, de Samuel, teurs d'accord sur ce point. ·
des Rois, d'Esaïe, de Jérémie, d'Ezé Voici, en effet, l'ordre dans lequelles.
chiel et des douze petits prophètes; ils classe Bickersteth ( Considérations sur
BIB 142 BIB
l'Ecriture sainte) : An 38, Ev. saint Mat vrage de Samuel sur la Constitution hé
thieu; 52, 1 et 2 Thessal. , Galat. ; 56, 1 braïque; 4° le livre des faits de Salomon,
Corinth.; 57, 2 Cor. : 58, Romains : 61 , 1 Rois 11, 41.; 5° un livre des Chroniques
Ephésiens, saint Jacques; 62, Philippiens, des rois de Juda et d'Israël , 1 Rois 1 4,
Colossiens , Philémon; 63, saint Luc , 19. 29. 15, 7. ; 6° les divers livres scien
Hébreux , Actes ; 64, 1 Timothée, Tite, tifiques et poétiques de Salomon, 1 Rois
1 Pierre ; 65, saint Marc, 2 Timothée ; 4, 31-33. ; 7° les Chroniques du roi Da
vid, 1 Chr. 27, 24.; 8° Vie de David,
66, 2 Pierre : 70, saint Jude; 90, 1, 2 et
3 Jean : 95, Apocalypse ; 97, Ev. saint écrite par Samuël, Gad et Nathan, 1 Chr.
Jean. 29, 29.; 9° Vie de Salomon, par Nathan,
Voici maintenant Horne (Introd. to the Ahija et Jeddo, 2 Chr. 9, 29.; 10° Vie de
Study of the Bible) : Roboam, par Sémahia et Hiddo, 2Chr. 12,
An 37 ou 38 (ou 61), Matthieu; 52, 1 et 15.; 11° Vie d'Abija, par Hiddo, ib. 13,
· 2 Thessal. et Galates ; 56, 1 Corinthiens; 22.; 12° Vie de Hozias, par Esaïe, 2 Chr.
57, Romains ; 58, 2 Corinthiens ; entre 26, 22; 13° Vie d'Ezéchias, par Esaïe, 2
60 et 63, saint Marc; 61, Ephésiens, et Chr. 32, 32.; 14° une Vie de Manassé, par
saint Jacques ; 62, Philippiens, Colos Hosaï (ou par quelques prophètes), 2 Chr.
siens, Philémon; 63, Hébreux, saint Luc, 33, 18.; 15° des Lamentations, ou chants
Actes; 64, 1 Timothée, Tite, 1 Pierre ; funèbres, sur Josias, 2 Chr. 35,25 ; 16°
65, 2 Timothée, 2 Pierre, Jude; 68 ou 69, les Paroles anciennes, 1 Chr. 4, 22. Est
1, 2 et 3 Jean; 97, Apocalypse ; 98, saint ce un livre ou la tradition ? — Ajoutons
Jean. qu'au temps de Salomon l'habitude d'é-
D'après Archibald Alexander, il fau crire était déjà si répandue, que le Sage
drait les classer de la manière suivante, a pu dire « qu'il n'y avait point de fin à
les livres historiques n'étant pas comp faire beaucoup de livres. » Eccl. 12, 14.
tés : 1 et 2 Thess., Galat., 1 Cor., 1 Tim., Il ne paraît du reste pas que ces li
Jacq., Rom., 2 Cor., 1 et2 Pier., Ephés., vres, quelle que soit l'autorité person
Col., Philémon, Philipp., Hébr., Tite, 2 nelle de leurs auteurs, aient jamais été
Tim., Jude, 1, 2, 3 Jean, Apocal. regardés comme inspirés et jouissant de
D'après Olshausen, pour quelques épî l'autorité divine ; cependant ils sont cités
tres seulement : 1 et 2 Thess., Galat., par les écrivains sacrés comme utiles à
1 et 2 Cor., Rom., Eph., Coloss., Philé consulter et dignes de confiance.
mon, Philipp. Quant au Nouveau Testament, si dans
D'après A. Bost enfin : 1 Pier., 1 et 2 les premiers siècles du christianisme di
Thess., Gal., 1 et 2 Cor., Rom., Jacq., vers hérétiques tentèrent d'introduire de
Philém., Philipp., Eph., Coloss., Hébr., faux Evangiles, de faux Actes et de faus
1 Tim.,Tite, 2 Pier., 2Tim., Jude, 1, 2, 3 ses Epîtres, la fraude fut bientôt décou
Jean, Apoc. verte et jugée par l'Eglise. v. Apocry
Il n'y a pas besoin d'un plus grand phes.
nombre d'exemples pour prouver que la ll paraît qu'avant le règne de Josias les
solution exacte de cette question de saints livres s'étaient presque entière
chronologie est impossible. Depuis Mar ment perdus : ce qui explique à la fois la
cion, qui met l'épître aux Galates en tête, joie et la surprise pleine de crainte qu'é-
jusqu'à Schrader qui la met en queue de prouvèrent ce pieux monarque et ses
toutes celles qui ont été écrites par saint courtisans lorsque Hilkija le sacrificateur
Paul, il y a ample marge pour les varian eut trOuvé dans la maison de l'Eternel le
tes, et elles n'ont pas manqué. livre de la Loi (quelques-uns pensent l'au
Plusieurs livres mentionnés dans l'An tographe de Moïse), comme enseveli sous
cien Testament sont perdus. Ce sont : la poussière ou sous les ornements du
1° le livre desguerres de l'Eternel, Nomb. temple, 2 Rois 22, 8. Jusqu'à cette épo
21, 14; 2° le livre de Jahzer, ou du droi que, les livres saints avaient été déposés
turier, Jos. 10, 13.2 Sam. 1, 18.; 3° le successivement devant l'Eternel, près de
droit du royaume, 1 Sam. 10, 25., ou l'arche de l'alliance, Deut. 17, 18. 31, 9.
BIB 143 BIf3
26.Jos. 24, 26. 1 Sam. 10,25., usage que n'est pas nécessaire de supposer qu'il y
l'on retrouve chez presque tous les an ait eu sur ce sujet des délibérations ré
ciens peuples de l'Orient, et notamment gulières, en forme, ni un arrêté exprès,
en Egypte et à Babylone. Dès lors ils et l'on comprend que la réunion des évê
continuèrent d'être lus et conservés; mais
ques et des théologiens les plus distin
au temps de la captivité des Juifs, de leur gués de tous les pays de l'empire pouvait
retour et de la construction du second
par elle-même conduire à ce résultat
temple, des circonstances nouvelles ren (v. pour plus de détails l'ouvrage de
dirent nécessaire un nouveau mode de Steiger
cité plus haut).
conservation pour les livres saints. C'est C'est ici que s'arrête notre tâche; elle
à Esdras que les Juifs attribuent l'hon a été ingrate et sèche. Il en resterait une
neur d'avoir, sous la direction de l'Es plus belle, mais qui n'appartient plus au
prit d'en haut, recueilli et rédigé les li plan de notre Dictionnaire : ce serait de
vres du canon actuel, ou les trois parties dire les beautés innombrables que ren
du code sacré, en retranchant les écrits ferme ce livre dont nous n'avons touché
inauthentiques, en comparant les manu que la forme matérielle. C'est avec regret
Scrits les uns avec les autres, en corri que nous devons abandonner à d'autres
geant les inexactitudes qui, avec le temps, ce beau travail ; à d'autres, le soin d'en
avaient pu se glisser dans l'une ou l'autre montrer la divinité; à d'autres, de mon
des copies. Il fut secondé dans ce travail trer la richesse de l'ensemble et la ri
par une réunion d'hommes savants et chesse des détails; à d'autres, de faire
pieux, Josué, Zorobabel, Aggée, Zacha ressortir cette er'preinte céleste et ce
rie, Malachie, Néhémie, Simon le juste, parfum d'antique sainteté;à d'autres, d'en
etc., qui, au nombre de cent-vingt, formè faire voir la majesté pleine d'onction , la
rent le grand collége ou la grande syna douceur sérieuse , la tendre sévérité,
gogue. De là vient le profond respect et l'inépuisable profondeur et l'éblouissante
la vénération que les Juifs ont pour Es clarté. Disons seulement que ce livre, ri
dras; ils aiment à le comparer avec Moïse : che de faits et de poésie, sublime de mo
• Moïse, disent-ils, a donné la loi, mais rale, le seul exact et vrai dans ses pro
Esdras l'a restaurée. » (v. Haevernick , phéties, présente le phénomène remar
Hist. du canon de l'Ancien Testament,, quable d'un recueil dont les fragments,
Mél. de Théol. réf., 2e cahier, 1834). composés à plus de mille ans d'intervalle,
Quant à la collection des livres du ne laissent en aucune manière apercevoir
Nouveau Testament , il est bien naturel la différence des dates, et consacrent par
de supposer que les Eglises primitives, 'Out une seule et même doctrine : l'har
liées entre elles par les liens d'une mê mOnie la plus parfaite se rencontre de
me foi et d'un même amour, se soient puis la Genèse jusqu'à Malachi dans les
e,
communiqué les unes aux autres les ou dogmes, dans l'élévation et dans la di
vrages, lettres ou autres écrits, qu'elles rection d'esprit de ces écrivains : c'est
possédaient et qu'elles avaient reçus des que le vrai beau, le vrai bon, le vrai
apôtres et des évangélistes. Rien de plus grand, est le même toujours comme chez
maturel encore que la supposition qu'on tous les peuples, car il ne peut venir di
cºpiait souvent dans les Eglises chrétien rectement que de Dieu.
nes des ouvrages d'une telle importance. Aussi la Bible a-t-elle eu toujours ses
De cette manière, les exemplaires se ré admirateurs en dehors même du peuple
pandirent promptement, et les collections des croyants, mais des admirateurs de
se multiplièrent. Il s'en fit un grand nom divers genres. Tous ont comprisaumoins
bre, mais elles conservèrent un caractère une des faces du livre sacré, et l'ont mise
privé, inofficiel. jusqu'à ce qu'enfin, lors en saillie, au détriment peut-être de ce
duconcile de Nicée, la collection que nous qui fait l'essence même de la Révélation.
possédons actuellement reçut le caractère La morale en a paru sublime à Jean-Jac
d'autorité et d'authenticité nécessaire
ques, et la poésie à Chateaubriand; l'un
pour la constituer en canon inspiré. Il et l'autre de ces deux grands écrivains
BIB 1 44 BIB
ont cru rendre hommage à la vérité di en leur offrant des garanties contre la vio
vine, mais leur intelligence ne l'avait pas lence et la brutalité de leurs maîtres qui
comprise, l'un admirait les résultats, l'au ne pouvaient plus s'en regarder comme
tre la forme extérieure ; ils ont loué le les propriétaires! C'est le livre des rois,
christianisme et la révélation, en partant comme celui des peuples, celui des grands
du point de vue de l'homme, du bon hu et des petits, celui des riches et des pau
main, du beau humain, et c'est en le com vres; à chacunil balance avec tant d'équi
parant avec ces notions terrestres, avec libre les droits et les devoirs, que l'on ne
les maximes, avec l'esthétique humaine, peut rien imaginer de plus parfait, de
qu'ils ont pu le trouver divin, mais d'une plus exact, de plus rationnel, de plus
divinité relative, et non point absolue Ce saint.
volume de la loi sainte n'a pas eu force Mais par-dessus tous ses autres titres,
de loi pour eux, leur théologie et leur la Bible est le livre des âmes, un livre
m0rale sont connues. intime, intérieur, qui raconte l'histoire
On ne doit pas s'étonner, toutefois, de du cœur, lui parle de malheur et de salut,
voir les hommages rendus à ce livre par dépeint les luttes du péché, les combats,
ceux-là même qui lui refusent obéissance; les tentations , les chutes, les maladies
il est fait pour captiver, pour enchaîner morales, et les remèdes du ciel. C'est
les plus grands génies. Universel, à la d'une autre vie qu'elle parle; elle donne
portée de chacun , simple parce qu'il est à l'âme une individualité sensible, capa
élevé, ce volume peut intéresser tout fils ble d'éprouver des besoins ; l'âme est un
et toute fille d'Adam, parce qu'il embrasse individu comme le corps, il faut soigner
les intérêts de l'humanité toute entière, la première, et soigner le second ; mais
dans ses rapports avec un avenir voilé à pour le corps les moyens sont connus,
tous, éternel pour tous, et dont il est la pour l'âme ils doivent être révélés; l'âme
préparation. Est-il besoin de dire que tend aux choses qui sont invisibles, à
c'est le livre que la tendre enfance com celles qui sont éternelles, à celles qui
prend et dévore avec le plus d'avidité? sont spirituelles. C'est vers un avenir de
Joseph, Moïse, Samuel, Samson, David, l'âme que la Bible nous mène, elle nous le
Daniel, le petit Jésus, n'est-ce pas là une montre, elle nous le fait connaître, elle
littérature pour l'enfance ; et depuis Pas répond ainsi aux soupirs secrets et mys
cal jusqu'à Lamartine, ne vous ont-ils pas térieux, aux désirs qui ne se prononcent
tous raconté les impressions profondes pas; elle comble les vides, elle donne
qu'ils conservaient dans l'âge mûr, de ces des forces, de la joie, de la santé, de la
lectures faites sur les genoux de leur vie ; elle apprend un salut inimaginable
mère ? N'est-ce pas encore le livre des que la pensée de Dieu, pleine d'amour
femmes, et l'histoire ne montre-t-elle et de sagesse , a seule pu concevoir dès
pas à tous les moments de réveil religieux, l'Eternité, 1 Cor. 2, 19.
les femmes émues à la vue de ces pages Les plus grands génies se sont tous
tendres et solennelles ? C'est que la Bible humiliés devant la croix et devant la Bi
leur dit l'origine de leurs douleurs, elle ble ; Pascal et Descartes , en France,
leur montre Eve, et Rachel, et Ruth, et Newton en Angleterre, Leibnitz en Alle
la mère de Moïse, et les femmes pieuses magne, et si tous n'ont pas cru de cœur,
qui assistaient notre Sauveur de leurs tous ont vénéré ce document merveilleux,
biens, et Dorcas la mère des pauvres.C'est jusqu'à ces deux grands écrivains dont
aussi le livre des serviteurs et des escla nous parlions tout à l'heure, le philoso
ves, un livre qui, en leur enjoignant l'o- phe de Genève et le poëte de Saint-Malo.
béissance la plus rigoureuse, adoucit leur Sans doute l'on trouvera des noms qui se
sort de bien des manières, et parle au sont raidis contre le livre saint, mais s'ils
cœur de leurs maîtres pour les disposer à l'ont rejeté c'est qu'ils affectaient de re
la bienveillance et au support. Combien jeter toute divinité ; on a déjà nommé
l'Ancien Testament n'a-t-il pas pris soin Voltaire et les siens ; mais la fin de cet
d'alléger la pénible condition des esclaves, homme reste comme un épouvantail pour
BIB 145 BIB
ceux qui seraient tentés de vivre de la Parmi les livres les plus utiles pour
même vie , de suivre le mème chemin, de faciliter la lecture de la Bible nous si
se repaître de la même incrédulité. gnalerons, en finissant, l'ouvrage de Bic
Ce n'est plus le temps de défendre kersteth, déjà cité ; l'Histoire sacrée de
Tauthenticité des livres saints , et de E. Bonnechose, le Morgenland de Preis
prouver qu'ils ne sont point l'ouvrage de werk, dont deux volumes sont traduits en
l'imposture. Assez longtemps on l'a dit, français; l'abrégé des livres historiques
On la crié : maintenant on ne le crie plus, de l'A. T. par Jér. Risler; la Lucile d'Ad.
0n le murmure , et peu de personnes Monod : plusieurs ouvrages de Roussel ,
0sent encore avouer un système qui ne Oster, Malan ; Boucher, sur le droit qu'a
repose que sur la corruption du cœur. tout homme de lire la Bible; le Commen
Toutefois, à cause du grand bruit qu'ont taire de Gerlach sur le N. T. (trad. par
fait les adversaires, il peut être utile de Bonnet et Baup) : enfin et surtout l'im
rappeler quelques-uns des ouvrages qui portante Concordance de M. Mackenzie,
leur ont été répondus, et qui , sous di et le nouveau recueil de parallèles que
verses faces , ont abordé la même ques nOuS ann0nce ce cOnsciencieux et infati
tion, et l'ont traitée soit avec les armes du gable écrivain. Quant aux travaux sur des
sérieux, soit avec celles de l'ironie. Nous parties spéciales de la Parole de Dieu,
citerons seulement : les Pensées de Pas nous les indiquerons au fur et à mesure
cal; l'ouvrage d'Abbadie, si remarquable que l'occasion s'en présentera.
par la méthode et le raisonnement que des La langue française ne possède aucune
évêques l'ont recommandé, mais, cela va traduction, pour ainsi dire officielle, de la
Sans dire, en négligeant d'ajouter qu'Ab Bible ; nos meilleures versions sont celles
badie était un ministre protestant (v. Bun de Martin et d'Osterwald, qui toutes les
gener, Trois Sermons sous Louis XV, t. deux devraient être refaites en partie, et
II, p. 95.): Lardney : le Tableau des preu celle de Genève, 1712, qui leur est pré
ves évidentes du Christianisme, de Paley ; férable. Celle de 1805 ne vaut pas grand
Massillon, Sermon sur l'évidence de la chose. La nouvelle version des Hagiogra
loi de Dieu (Rien ne paraît clair, dit-il, phes par M. Perret-Gentil de Neuchâtel,
à ceux qui voudraient que rien ne le fût, est tOut ensemble un beau monument de
comme tout paraît droit à ceux qui ont science théologique et une œuvre litté
intérêt que tout le soit); Erskine, Addis raire remarquable. La traduction du N. T.
son, Haldane, Chalmers ; les Lettres de qui a paru à Genève en 1835, n'est pas
quelques juifs portugais par Guénée, et toujours fidèle. Une traduction du N. T.
enfin les Lettres Helviennes, provinciales faite par une société de ministres vau
philosophiques du Jésuite Barruel, ou dois , et publiée en 1839 , se caractérise
vrage admirable, mais écrit parfois avec par son exactitude et souvent par le bon
trop d'exagération, dans lequel on trouve heur avec lequel sont rendues les tour
tracé , de main de maître, le tableau vi nures mêmes de l'original; quelquefois
vant et parlant de ces folies auxquelles cependant elle est obscure : la 2e édition
on ne croirait pas si elles n'étaient autant qui vient de paraître (Lyon, 1849) est ac
de faits. compagnée de parallèles.
Après la question d'authenticité vient La langue anglaise possède une version
celle de l'inspiration des saints écrits : authentique excellente qui est une des
peu d'ouvrages ont paru en France sur meilleures qui existent; il en a été pu
Cette matière : nous ne saurions en indiblié, en 1848, une édition avec cartes,
quer de meilleur que la Théopneustie de notes et parallèles, par la Tract Society
M. Gaussen, quoique nous ne puissions de Londres, sous le nom de Paragraph
en accepter les conclusions, ni même en Bible , parce que les strophes des livres
admettre tous les raisonnements ; c'est poétiques y sont indiquées , autant du
du moins un ouvrage complet, intéres moins qu'on peut les reconnaitre dans l'o-
sant, et qui respire et inspire le respect riginal. Le docteur Conquest a publié une
et l'amour de la Parole de Dieu. version nouvelle avec vingt mille correc
I. 10
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terre, partageaient avec les bocages l'hon nous appelons proprement bœuf dans le
meur d'être choisis pour la résidence de sens restreint, parce qu'il était défendu
toutes les espèces de divinités imaginées aux Hébreux de mutiler aucun animal, ce
et créées par l'esprit de l'homme. Quoi qui, sans doute, n'était pas non plus né
qu'il puisse y avoir de naturel et même cessaire chez eux ; lesMaures et les Ara
de vrai dans le recueillement qu'on bes de nos jours labourent encore leurs
éprouve en ces lieux de retraite, ce n'est terres avec des taureaux. Ces animaux
point là le véritable culte de l'Eternel, sont en général plus petits et plus mai
c'est une religiosité de païens, une reli gres en Orient que chez nous. En Ara
giosité panthéiste , et l'histoire prouve bie, ils ont de petites cornes, et sur l'é-
combien les peuples les plus dépravés, paule une sorte de bosse de graisse plus
les plus impies, ont pourtant su , eux ou moins grande, selon que l'animal est
aussi , avoir cette religion qui dispense plus ou moins bien nourri.
de toute autre. Moïse, afin de préserver Le district de Basan et la plaine de
son peuple des contagions païennes, lui Saron , sur la côte de la Méditerranée ,
ordonna de détruire tous les autels qu'il entre Joppe et Lydde, sont souvent men
trouverait sur les hauteurs, ou dans les tionnés dans la Bible comme possédant
bocages de Canaan, Nomb. 33 , 52. les meilleurs pâturages et les plus beaux
Deut. 7, 5. 12, 2.3. Mais l'attrait d'une troupeaux de bœufs. Lors de la conquête
religion naturelle et commode, la pas de Canaan par les Israélites , les tribus
sion du fruit défendu, l'exemple des Ca de Gad et de Ruben reçurent en partage,
nanéens, entraînèrent les Israélites vers à cause de leurs nombreux troupeaux ,
le culte des bocages , et les prophètes Basan et d'autres districts à l'est du Jour
rattachèrent souvent à la violation de dain , propres à l'éléve des bestiaux ,
cette portion de la loi, les menaces qu'ils Nomb. 32, 4. Les taureaux et les béliers
annoncèrent de la part de Dieu, comine de cette contrée, célèbres par leur vi
devant tomber sur Israël et sur Juda, gueur et leur beauté, Deut. 32, 14., ser
1 R. 14, 23. Os. 4, 13. Jér. 2, 20.3 , vent souvent à désigner des ennemis puis
13., etc. Es. 1, 29. 65, 3., etc. sants, Ps. 22, 13., et le prophète Amos,
BOEUF. Le mot hébreu Bacar désigne 4, 1., compare les femmes voluptueuses
le gros bétail en général, comprenant les de la Samarie à des génisses de Basan. Il
mâles et les femelles, les jeunes et les paraîtrait que les troupeaux de la maison
vieux, Lév. 3, 1. Un seul individu de royale étaient entretenus dans ces ferti
cette espèce est appelé Shor (cald. Thor, les pacages, car il est dit que David avait
arab. thaur, d'où peut-être le latin tau un inspecteur de bestiaux dans la plaine
rus, et le français taureau) ou Eleph, ou de Saron, Chr. 27, 29.
Alouph. Un veau, mâle ou femelle, est Pour les Hébreux, le bœuf était le pre
appelé Eguèl ou Eglah ; ce dernier mot mier et le plus utile des animaux domes
est employé Gen. 15, 9. Es. 15. 5. pour tiques, et une deleurs principales riches
désigner une génisse de trois ans, et ses : aussi Job , dans la description qu'il
Os. 10 , 11., pour une jeune vache em fait du bien-être qui est ordinairement le
ployée à traîner la charrue ou à fouler le partage du méchant , dit que ses trou
blé. Phar désigne le taureau, surtout peaux de bœufs augmentent toujours, et
lorsqu'il est encore jeune, Jug. 6, 25., et que ses vaches sont fécondes (21 , 10) ;
Parah , la jeune vache, 1 Sam. 6 , 7., le psalmiste voit dans cette abondance
Job 21, 10., qui donne déjà du lait, ou une bénédiction de l'Eternel, 144, 13. 1 4;
qui a eu des petits, Os. 4, 16., et qui et partout où il est parlé d'un accroisse
porte le joug. Abbir, qui signifie fort et ment de bonheur , l'augmentation des
vigoureux, n'est proprement qu'une épi troupeaux de bœufs fait partie des pro
thète donnée dans les livres poétiques, messes. Deut. 7, 13. 28, 4. 18, 31.
Ps. 22, 13. Es. 34, 7., au taureau qui a Les Israélites se servaient des bœufs
atteint toute sa force. La langue hébraï pour labourer la terre, et pour battre, ou
que n'a pas d'expression pour ce que plutôt pour fouler le grain. Il est souvent
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parlé dans la Bible du labour des bœufs, ils font un grand usage. — Les anciens
1 R. 19, 19. Job 1, 14. Am. 6, 12. Prov, Israélites s'entendaient aussi à préparer
14, 4. Les bœufs servaient de plus pour du fromage proprement dit, 2 Sam. 17,
le trait, Nomb. 7, 3. 7, 8. 1 Sam. 6, 7., 29., appelé tranches de lait 1 Sam. 17, 18.,
et même pour le transport, comme on le parce qu'on coupait la masse coagulée,
voit par 1 Chr. 12, 40., où il est dit qu'on appelée Guebinah , Job 10, 10., pour la
apporta à David des provisions sur des laisser sécher et durcir. Il y avait à Jéru
bœufs et sur d'autres bêtes de somme. salem une vallée des faiseurs de fromage,
De nos jours encore, il n'est pas rare de qui devait son nom à l'exercice de cette
voir les bœufs de l'Asie et de l'Afrique industrie.
être utilisés de cette manière par leurs Les cornes de boeufs servaient à la
maîtres. confection de coupes, de flacons, 1 Sam.
La chair de bœuf a servi de tout temps 16, 1. 13. 1 Rois, 1 39., d'instruments
à la nourriture de l'homme et faisait un de musique , etc., Ps. 98, 6. Jos. 6, 5.
des principaux aliments des Israélites. La 1 Chr. 15, 28. Elles étaient l'emblême de
cour etlamaison royale de Salomon con la force et du courage, Deut. 33, 17.
sommaitjournellement dix bœufs engrais Jér. 48, 25. Mich. 4 , 13. Ps. 132, 17.
sés, et vingt bœufs des pâturages, 1 R. 4, C'est pourquoi les rayons du soleil , à
23., et Néhémie, qui tenait table ouverte cause de leur ardeur et de l'intensité de
pour 150d'entre les principaux des Juifs, leur chaleur, sont appelés en hébreu les
avait obtenu à cet effet un bœuf gras cha cornes du soleil : les Grecs et les Ro
que jour, Néh. 5, 18.Cette viande se trou mains se servaient de la même image ;
vait principalement sur la table des ri les premiers disaient d'un homme vail
ches, Prov. 15, 17. : le veau était regardé lant qu'il avait des cornes (Prov. de Dio
comme une friandise que l'on servait génien, VII, 89), et Horace, Ode 3, 21.
seulement aux personnes etaux convives 18., dit du vin qu'il donne des cornes
que l'on voulait honorer d'une façon tout (du courage) au pauvre : cf. encore Ovid.,
à fait particulière, Gen. 18, 7.1 Sam. 28, Art d'aimer 1, 238 : Tunc sumit cornua
24. Am. 6, 4. Luc. 15, 23. pauper.
Il était naturel qu'un peuple riche en Esaïe 15, 5. compare les Moabites à
troupeaux, comme les Israélites, se nour une génisse de trois ans; Jérémie 46, 20.
rit de laitage et qu'il en fît diverses sor appelle l'Egypte une belle vache, et (50,
les de préparations. Deux espèces de 11) Babylone une vache qui bat le blé.
lait sont mentionnées dans l'Ancien Tes Osée 10, 11. appelle Juda une vache re
tament, le Halab ou lait doux, et le Hhé belle, cf. Jér. 31, 18., probablement parce
mah, sorte de crême ou de lait caillé, que la vache ayant atteint à l'âge de trois
Gen. 18, 8.Jug. 5, 25. Job 29, 6. 20, 17. ans sa force complète, était alors soumise
(ou les ruisseaux de miel et de crême au joug et attelée.
sont pris pour image de l'abondance). Le bœuf, comme toute la race bovine,
Pour faire le Hhémah, les Orientaux met appartenait à la classe des animaux purs,
tent encore aujourd'hui du lait ou de la et servait aux sacrifices; de là l'expres
crème, selon qu'ils veulent faire du fro sion de veau des lèvres, Os. 14, 2., si
mage ou du beurre, dans un sac ou ves gnifiant le sacrifice des lèvres , ou les
sie que l'on presse en le ballottant : à louanges.
mesure que l'eau s'en échappe par les po Dans l'hiéroglyphique des anciens, le
res ou par l'évaporation, on y remet du taureau était le symbole des forces géné
lait nouveau jusqu'à ce qu'on ait la quan ratrices de la nature; comme tel il entrait
tité voulue de beurre ou de lait caillé. Ce dans la composition des chérubins et
dernier, dissous dans de l'eau, donne un comptait parmi les ornements du temple,
breuvage rafraîchissant : on peut aussi le Ez. 1, 10.1 Rois 7, 29. La vache était le
manger avec du pain, sansl'avoir mélangé symbole de la fécondité et de l'agricul
d'eau. Prov. 30 , 33. Les Orientaux , en ture, Gen. 41, 2. 26. 29. De là l'adora
général, aiment beaucoup le beurre, dont tion de ces animaux, si commune dans
BOI 150 B0T
les religions, primitivement toutes sym ticles. On se servait, pour boire, de coupes
boliques, des anciens temps : de là aussi et de gobelets , quelquefois garnis d'un
la tendance constante des Israélites à couvercle , dans lesquels on versait les
substituer au culte du Dieu invisible, ce liqueurs contenues ou dans des cruches,
lui du veau, le veau d'or d'Aaron, et les on dans des urnes et amphores, ou dans
veaux de Jéroboam, non point qu'ils ado des coupes plus grandes, ou encore dans
rassent réellement ces figures, mais elles des cornes d'animaux travaillées.
étaient pour eux la représentation de BOKIM (deuil, pleurs). Lieu où les
Dieu, en tant qu'il se manifeste dans et Hébreux s'assemblèrent quelque temps
par la nature. v. encore Vache, AcCou après la mort de Josué, et où l'ange de
plements, etc. l'Eternel, après leur avoir reproché leurs
BOHAN, descendant de Ruben. Il n'est infidélités multipliées, leur annonça en
connu que par un monument qui lui fut même temps que ces infidélités seraient
érigé, Jos. 15, 6., l'on ne sait pourquoi, punies. Ces menaces émurent les enfants
à la frontière nord de la tribu de Juda, d'Israël qui pleurèrent en ce lieu, et l'ap
sur les confins de Benjamin. pelèrent Bokim en souvenir de leurs lar
BOIS, v. Bocages, et Plantes. — mes. Quelques-uns pensent que Bokim
L'Orient, si riche sous tant de rapports, était près de Silo, où ils se réunissaient
a toujours été pauvre en bois dur pro pour leurs fêtes solennelles, mais le con
prement dit, bois de construction , ou texte rend plus probable l'opinion qui le
même bois à brûler; et l'on se servait place dans le voisinage de Guilgal, Jug.
ordinairement, pour alimenter le feu, 2, 1. 5.
d'herbe séchée, Matth. 6, 30.Luc 12, 28., B00Z (force), Ruth 2, 3. 1 Chr. 2, 11.
de plantes, feuilles et tiges; de foin, de Matth. 1, 5.Luc 3, 32., fils ou descendant
paille brisée, Matth. 3, 12., et au besoin de Salmon et de Rahab, de la ville de
de fiente animale, Ez. 4, 12. 15. ; en Bethléhem en Juda. Il épousa Ruth, fut
Babylonie on employait même la résine. père d'Obed, et par conséquent bisaïeul
La Palestine cependant fait exception à de David. Son histoire se lie presque
cette règle générale, et il paraît que si tout entière à celle de Ruth, où nous en
l'on se servait quelquefois d'autres com reparlerons. — Booz est une des plus
bustibles que le bois, c'était moins par nobles figures de vieillard qui nous soient
nécessité que par fantaisie; il paraît en présentées dans l'Ecriture; sa bonté , sa
particulier que dans certains districts ri générosité, son aimable sensibilité, ses
ches en forêts, chacun pouvait en liberté rapports avec les moissonneurs de ses
couper le bois nécessaire à son usage, domaines, la délicatesse de sa conduite
du moins dans la première période de à l'égard du parent d'Elimélec; son res
l'établissement en Canaan , Lam. 5, 4. pect pour lajeune glaneuse, enfin la gran
Nous voyons le bois mis en œuvre, et deur de caractère qu'il montre en ne
servant aux travaux de la menuiserie, prenant point à honte d'épouser, lui ri
Ex. 35, 33. 25, 10., et du charronage, che propriétaire, une Moabite pauvre,
Jos. 11, 6. 1 Sam. 6, 7. 1 Rois 7, 33. veuve et délaissée; tout en Booz nous
10, 29. Nah. 2, 13. etc. : l'on en faisait touche, nous émeut et nous le fait aimer.
aussi des corbeilles, Nomb. 6, 15. Deut. Sa vieillesse a conservé le charme et la
26, 2.4. Jug. 6, 19., et des dieux, Es. fraîcheur d'un âge moins avancé; ses
44, 15. v. Idolâtrie. On ne trouve du boucles blanches sont la couronne du
reste aucune trace de tonneaux faits de jeune époux, et l'on comprend que, pleins
bois, pas même dans le passage Jér. 48, de respect, tous fussent aussi pleins d'a-
12., et l'on se servait presque exclusive mour et de confiance en lui.
ment pour cet usage d'outres ou de cor BOSOR, v. Béhor.
nes d'animaux. BOTSKATH, ville ou village des plai
BOISSONS. Les boissons principales nes de Juda ; l'aïeul de Josias était de
des Hébreux, étaient l'eau, le vin, la cer cet endroit. Jos. 15, 39. 2 Rois 22, 1.
voise et le vinaigre. v. ces différents ar BOTSRA(vendanges)ou Betser, 1° dans
BOU 151 BOU
Kar l'agneau qui est assez fort pour allerles plaines qu'habitèrent les Moabites
paître seul. Mischnim, 1 Sam. 15.9., paraîtsont riches en troupeaux de brebis. —
désigner les agneaux qui, après la pre Les Edomites, Es. 34, 6., les tribus ara
mière annêe, ont perdu les deux dents de bes de Kédar. et les Nabatéens , Es. 60,
devant à la mâchoire inférieure, et com 7., s'occupaient de nourrir et d'élever
mencent à devenir forts. Ayil désigne ces animaux, et leurs contrées fertiles en
le bélier, et Rahhel la brebis proprement herbes salées leur étaient tout à fait fa
dite, qui a des petits, Gen. 31, 38. 32, vorables. L'artifice que Jacob employa
14.; cependant ce dernier mot , comme pour augmenter son salaire en favorisant
celui de brebis chez nous, se trouve aussi la naissance de brebis marquées de cer
employé dans un sens plus étendu, s'ap taines couleurs, Gen. 30, 37-43., prouve
pliquant à toute l'espèce, Es. 53, 7. Cant. les progrès qu'avait faits dans ce temps
6, 6. On voit, par ces distinctions, que l'art de soigner les troupeaux. Nous rap
l'élève de ces animaux était assez déve pelons ici que le célèbre Buffon s'accorde
loppée parmi les Hébreux. La couleur des avec l'Ecriture sainte à reconnaître que
brebis en général était la même que dans dans aucune race d'animaux, l'imagina
nos contrées. Ps. 147, 16. Es. 1, 18. Dan. tion de la mère n'a autant d'influence
7, 9. Gen. 30, 32.35. 31, 10.12. sur sa progéniture, que dans celle des
Il y a en Orient deux espèces de bre brebis.
bis : les unes semblables aux nôtres, mais La chair et le lait des brebis servaient
plus grandes, plus hautes, plus maigres, à la nourriture des Israélites , Deut. 32,
et couvertes d'une laine qui a plus de 13. 14. Es. 7, 21. 22. Ez. 34, 3.1 Cor.
rapport avec le poil, ce qui est très pro 9, 7. : cette viande est encore pour les
bablement l'effet du climat : les autres se Arabes, les Perses, et les Orientaux en
distinguent par une queue large et gran général, une nourriture très estimée. —
de, assez grasse et quelque peu recour Déjà dans les anciens temps, il se faisait
bée à l'extrémité. Cette queue est une un commerce de laines très actif; les
masse d'une substance qui tient le milieu marchands de Damas en portaient aux
entre la graisse et la moelle, et ressem marchés de Tyr une grande quantité,
ble, pour le goût, au beurre, qu'elle sert soit blanche, soit brune, soit rougeâtre
aussi à remplacer : elle pèse de 5 à 15 ki et luisante. Quant à cette dernière es
log. On sait que les bergers, pour pré pèce , le voyageur Tavernier rapporte
server la queue de ces brebis, la placent que dans les montagnes du Kerman en
sur un petit char auquel la brebis est at Perse, il y a une espèce de brebis qui
tachée : cette pratique est si ancienne , jette sa laine au printemps, au point de
qu'Hérodote en parle déjà. Il paraît que paraître tondue : que cette laine est d'un
les Israélites possédaient aussi de ces brun léger et quelquefois grisâtre, et que
brebis, car dans leurs sacrifices la queue les Guèbres qui habitent ces montagnes,
est toujours nommée parmi les graisses en fabriquent des étoffes, des habits, et
qu'il fallait brûler. Lév. 3, 9. 7, 3.8, 25. autres travaux , dont ils font un trafic
9. 19. considérable.
Les contrées de la Palestine les plus La coutume d'apprivoiser les brebis de
favorables à la bonne venue du menu bé manière à les rendre aussi familières que
tail étaient la plaine de Saron, Es. 65, 10., des chiens, coutume à laquelle a fait al
le mont Carmel, le pays de Galaad, Mich. lusion le prophète Nathan, 2 Sam. 12, 3.,
7, 14., et Basan, Deut. 32, 14. Ez. 39, 18. dans l'apologue par lequel il a convaincu
Les peuples voisins des Israélites s'a- David de son péché, existe encore de nos
donnaient comme eux à l'élève des bre jours chez les Arabes. Les bergers don
bis : les Moabites payaient à Joram en tri naient aussi quelquefois à leurs brebis
but annuel la laine de cent mille agneaux des noms que ces dernières connaissaient
et d'un nombre égal de béliers, 2 R. 3,4., si bien qu'elles ne manquaient pas d'y
et plus tard un tribut pareil aux rois de répondre en accourant lorsqu'elles étaient
Juda, Es. 16, 1. De nos jours encore, appelées (Théocrite, Idyl. V, 102, 103);
BUI 154 BUT
c'est à cet usage que se rapportent les ces deux passages est le buis, et leur opi
paroles de notre Sauveur, Jean 10, 3. nion s'accorde avec le contexte , quoi
Comme le bélier marche presque tou qu'on ne puisse pas prouver que le mot
jours en tête du troupeau, et lui sert en hébreu théaschur ait effectivement cette
quelque sorte de guide, il a été pris pour signification. Les versions arabes, et la
le symbole de la royauté, ou du souve version syriaque traduisent théaschur par
rain des peuples ; et dans la fameuse vi Cherbin qui est une espèce de cèdre ou
sion de Daniel, 8 , 3. 4.20., le roi de de sapin-cèdre.
Perse est représenté par cet animal. Dans sa description du commerce et du
Les mots chef (d'une nation), et bélier, luxe des Tyriens, le prophète Ezéchiel,
sont même devenus complétement syno 27, 6., dit que les bancs de rameurs de
nymes en hébreu, cf. Es. 44, 9. Zach. leurs vaisseaux étaient faits de aschur
10, 3., dans l'original. Nous ajouterons (c'est à peu près le même mot que théa
que l'historien Ammien Marcellin raconte chur), étaient faits de buis, apporté des .
que lorsque les rois de Perse se mettaient îles de l'Occident, et garnis d'ivoire. Et
à la tète de leurs troupes pour entrer en ce qui confirme le sens que nous den
campagne, ils portaient en guise de dia nons à ce mot, c'est que nOus Voyons par
dème une tête de bélier en or, et ornée un passage de Virgile (AEn. 10, 137....
de pierreries; de même sur les colonnes Quale per artem inclusum buxo lucet
de Persépolis le signe de la royauté est ebur), qu'en effet les anciens avaient cou
un bélier. tume de travailler de la sorte, et d'in
La brebis, le bélier et l'agneau ser cruster l'ivoire dans le buis. — v. Orme.
vaient aux divers sacrifices des Israélites :
BUL, 1 R. 6, 38., appelé depuis lors
le bélier annonçait le conducteur du trou Marchesvan : c'était le second mois de
peau dont le sang devait couler pour le l'année civile, et le huitième de l'année
rachat des siens, la brebis et l'agneau ecclésiastique ; il se composait de vingt
étaient les symboles de l'humilité et de la neuf jours, et corespondait à notre fin
soumission patiente , parce qu'ils sont d'octobre et commencement de novembre.
d'un caractère doux, patient, et lent à la C'est dans ce mois que commençaient à
colère ; on assure cependant qu'une fois diminuer les chaleurs, que l'on semait
irrités , ils le sont tellement qu'on ne l'orge et le froment, et qu'on récoltait
peut plus les apaiser. Cela explique pour les derniers raisins; c'est aussi dans ce
quoi la Bible a pris cet animal pour le mois que fut terminée la construction du
symbole de l'humilité et de la patience en temple de Salomon. Le nom de bul ne se
général, et de Christ en particulier, Jean trouve qu'une fois dans la Bible, au pas
1, 29.; mais cela explique aussi l'expres sage indiqué.
sion de la « colère de l'agneau », Apoc. BUTIN. Ce qu'un soldat à la guerre
6, 16., cette haine de Dieu contre le mal, avait enlevé de sa propre main , demeu
et ce courroux lent à s'allumer, mais qui rait en sa possession; mais les objets pré
s'allumera devant l'endurcissement pro cieux, et ceux en particulier qui avaient
longé, et qui ne cessera plus de consumer appartenu au roi vaincu, échéaient de
ses adversaires. droit au roi d'Israël, 2 Sam. 8, 11. 12,
BUFFLE , Deut. 14, 5. 1 Rois 4, 23 . 30. Quant à l'ensemble du butin, hom
v. Gazelle. mes et bétail, il se divisaitendeux moitiés,
BUIS. Parmi les arbres du Liban dont dont l'une appartenait aux soldats qui
le bois doit un jour servir à la construc avaient combattu , déduction faite de la
tion du nouveau sanctuaire, le prophète cinq-centième partie qui était pour les
Esaïe, 60, 13., nomme le Théaschur ; et sacrificateurs ; l'autre moitié , déduction
dans le chap. 41, 19., il est dit que ce faite d'un cinquantième pour les lévites,
même arbre croîtra un jour dans les dé revenait au peuple , Nomb. 31, 26. sq.
serts avec le cèdre, le cyprès et l'acacia. Mais si la ville conquise avait été mise à
Les commentateurs juifs sont d'accord l'interdit, il était défendu d'y faire du
à penser que l'arbre dont il est parlé dans butin ; tout ce qui avait vie devait être
BUZ 155 CAD
que simplicité, c'étaient les plus proches quels était convié tout le public, à l'hon
parents, fils et frères, qui pourvoyaient neur du défunt. — Les guerriers étaient
eux-mêmes directement à la sépulture de ensevelis avec leurs armes, Ez. 32, 27. cf.
celui qu'ils venaient de perdre, Gen. 25, Virg. MEneid. 6, 233. — v. encore Sépul
9. 35, 29. Jug. 16, 31. Plus tard, d'autres ture et Tombeau.
restèrent chargés de ces soins funéraires, Nous avons dit un mot de la souillure
et Amos, 6, 10., semble même compter légale qu'entraînait le contact des cada
au nombre de ses menaces les plus re vres d'hommes, Nomb. 19., ou d'animaux,
doutables , le fait que les morts n'auront Lév. 11, 24. Quel but le législateur a-t-il
pour les porter au sépulcre , que leurs eu en vue en promulguant cette disposi
plus proches parents. La coutume de fer tion ? D'accord avec l'ensemble de son
mer les yeux aux morts et de les embras oeuvre législative, il a voulu préserver les
ser, remonte à la plus haute antiquité, Hébreux de maux matériels, et leur don
Gen. 46, 4. 50, 1. cf. lliad. 11 , 452.AEneid. ner des idées saines ; les préserver des
9, 487. Plin. 11, 55. Dans les temps pos maux matériels, en les engageant à ense
térieurs nous voyons le cadavre lavé aus velir le plus tôt possible ces cadavres d'a-
sitôt après la mort, Act. 9, 37., puis en nimaux que les mœurs orientales jettent
veloppé dans un grand linceul, Matth. 27, volontiers à la voirie, les exposant à la
59. Marc 15, 46. Luc 23, 53., ou, plus or voracité des chiens et des vautours , aux
dinairement, tous les membres envelop intempéries de l'air, et à la putréfaction,
pés de langes, Jean 11, 44., et des aro coutume dont les conséquences ordi
mates interposés entre le corps et ces naires sont des exhalaisons empoison
tissus, Jean 19, 39. cf. 12, 1.7. nées, des maladies contagieuses et la
Aux funérailles des princes, ou des sei peste.Ainsi, par une loi dont il ne com
gneurs juifs, le mort était revêtu de ses prenait pas toujours la portée, chacun se
habits les plus précieux, et l'on faisait trouvait intéressé à faire disparaître, en
autour de lui des fumigations abondantes les cachant sous le sol, des corps sans
des parfums les plus exquis. vie, dont le contact, même involontaire,
Le prompt ensevelissement des morts, eût entraîné pour lui toutes les obliga
que l'on trouve avoir été en usage chez tions gênantes d'une souillure légale. Ces
les Juifs d'un âge subséquent, Act. 5, 6. considérations qui se rapportent surtout
10., se fondait sur les idées de souillure aux cadavres des animaux, sont les mêmes
et de pureté légales, exposées Nomb. 19, encore pour ce qui regardait les corps
11.; les patriarches et les Orientaux de des suppliciés, qui longtemps, même chez
cette époque ne se pressaient pas autant, des peuples plus civilisés que les Orien
Gen. 23, 2. sq. Le mort était ordinaire taux, ont menacé la santé publique. Par
ment déposé dans une bière (peut-être là encore, et par l'horreur que devait
ouverte), et porté sur un brancard, suivi inspirer le contact des cadavres, cette loi
de ses parents et de ses amis, 1 Sam. 25, servait à prévenir la contagion de cer
1.2 Sam. 3, 31. Luc 7, 12. 14.1 Act. 5, taines maladies, et chacun sait combien
6. 10. Avant le départ du convoi la mai le corps de l'homme, son sang et ses os,
son était remplie de cris de deuil, d'hym renferment de germes destructeurs lors
nes funèbres, et de bruits d'instruments, que la vie, cette force mystérieuse, n'est
Matth.9, 23.Marc5,38. cf. Jér.9,17.2Chr. plus là pour en contrebalancer et en
35,25.; quelquefois même, d'après la Mish anéantir les effets pernicieux. — Puis,
na, les Juifs avaient, comme les Grecs sous le rapport moral, le législateur avait
et les Romains, des femmes salariées pour su prémunir son peuple, soit contre la
pleurer. — Après l'ensevelissement ve profanation des débris humains, soit con
naient les repas de deuil, 2 Sam. 3, 35. tre une folle adoration, contre un culte
insensé qu'heureusement on n'avait pas
Jér. 16, 5.7. Os. 9, 4. Ez. 24, 17., et ces
repas qui se faisaient d'abord dans l'in encore imaginé de leur rendre, mais que
timité, devinrent plus tard, chez les fa l'homme animal est peut-être tenté de
milles riches, des repas d'apparat, aux rendre au corps animal, oubliant que ce
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qui est né de la chair est chair, et doit vu qu'une illusion d'optique opérée par
retourner en la poudre de laquelle il a la réfraction des rayons solaires dont les
été tiré. — Quant à la question spéciale Vapeurs de l'atmosphère auraient été la
du cadavre de Moïse, Jude 9., nous en cause : pour cela, ils reproduisent l'anec
reparlerons à l'article de Moïse. dote qui s'est passée à Metz, en Lorraine,
CADRAN SOLAIRE. Qu'est-ce que le le27 mars 1703, où le prieur du couvent,
cadran d'Achas dont il est parlé Es. 38, le père Romuald, observa un changement,
8., et sur les degrés duquel le prophète une rétrogradation de plus d'une heure
fit reculer l'ombre du soleil ? Les Sep et demie dans l'ombre du soleil. Gese
lante et Josèphe le prennent simplement nius dit que cette anecdote me prouve
pour un escalier quelconque le long du rien , et Winer convient que si l'on veut
quell'ombre descendait par hasard ;d'au ajouter foi au récit du prophète, il faut se
tres y voient aussi un escalier, mais qui contenter de la phrase banale des ortho
aurait été construit exprès dans le but de doxes, que « Dieu peut à sa volonté, et
servir de cadran solaire. Les interprètes selon son bon plaisir, modifier ou sus
juifs, cependant, sont en général d'accord pendre les lois de la nature. » Nous n'es
à voir dans ces degrés un véritable ca saierons pas d'expliquer le miracle, mais
dran solaire, un lapis horarum d'après le voici comment nous croyons que le texte
Targum, un horologium d'après Symma expose qu'il s'est passé. ll ne paraît pas
chus et Jérôme. Il est probable, en effet, qu'il y ait eu sur le corps même du soleil
que les Juifs connaissaient les cadrans ; aucune espèce d'altération ; il ne paraît
car nous savons que Achaz, amateur de pas non plus que le miracle se soit fait
nouveautés et d'inventions, 2 Rois 16, 10. sentir sur une étendue quelconque du
sq., était en relation avec les Assyriens, globe, ni même ailleurs que sur le cadran
et c'est des Babyloniens, d'après Héro d'Achas ; de sorte qu'à cet égard on peut
dote 2, 109., que les Grecs eux-mêmes s'abstenir de parler , comme on le fait
avaient appris l'art des cadrans et la divi quelquefois, d'un grand dérangement qui
sion du jour en douze parties. serait arrivé dans toute la nature pour sa
Quant à la forme de ces cadrans, il y tisfaire à la simple et vaine curiosité d'un
en avait de deux espèces; les uns, sélon prince. Les choses ont suivi leur cours
le rabbin Elia Chomer, consistaient en naturel, et pour donner un signe à Ezé
une demi-sphère creuse, au milieu de la chias, Dieu a fait dévier d'une manière
quelle était une boule dont l'ombre indi extraordinaire l'ombre du cadran , sans
quait les heures , en tombant sur les li que rien ait été changé d'ailleurs.
gnesgravées dans l'intérieur de la sphère, Parmi tous les autres signes que le pro
au nombre de 28 : cette espèce de cadran phète aurait pu donner au roi, il a choisi
fut inventée, selon Vitruve, par le caldéen celui-ci, peut - être parce que les signes
Bérosus, et était connue des Grecs sous donnés dans le ciel étaient regardés com
le nom de zzzzi; (vaisseau), ou d'hémi me plus frappants et moins exposés à
sphère ; les autres, et c'étaient les plus l'erreur ou à l'influence des démons infé
connus de l'antiquité, consistaient en des rieurs ; c'est pour la mème raison que les
obélisques placés au centre d'une plaine pharisiens demandaient au Seigneur un
circulaire plus ou moins grande, dont la signe dans le ciel, Matth. 16, 1., et la bête
circonférence était divisée en parties éga de l'Apocalypse, au milieu de ses épou
les; c'est ce que les Grecs nommaient un vantables miracles, va jusqu'à faire tom
gnomon indicateur. ber le feu du ciel. Ap. 13, 13.
Les interprètes, et surtout les rationa Il est probable que le cadran d'Achas
listes, ont cherché une explication physi était placé de telle sorte que le roi ma
que du miracle rapporté dans l'histoire lade pût aisément de son lit y fixer ses
d'Ezéchias : le philosophe juif Spinosa regards.
voulaitl'expliquer par un parhélie : c'était CAILLES. Ce nom ne se rencontre que
sedonner une peine inutile et compliquer | Ex. 16, 13. Nomb. 11,31. et Ps. 105, 40.,
le miracle en pure perte; d'autres n'y ont l et quoique les caractères indiqués dans
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ces passages ne soient pas très significa tiens des Israélites, aura chargé leurs es
tifs, il ressort de la comparaison avec tomacs désaccoutumés depuis longtems
l'arabe, que c'est bien par cailles que doit de viandes et d'autres aliments solides ;
se traduire le mot hébreu Slav. Les voya le brûlant climat du désert d'Arabie aura
geurs et les auteurs anciens parlent tous rendu leur indigestion plus dangereuse ,
de l'abondance de cailles que l'on trouve et l'on sait que dans ces zones ardentes
dans les déserts de l'Arabie Pétrée et un excès dans le manger et le boire se
dans les contrées qui avoisinent l'Egypte. trahit bien vite par des symptômes dan
Comme le vol de ces oiseaux est fort peu gereux, qui souvent mènent à la mort.
élevé, les habitants peuvent les saisir à la Les Israélites furent punis pour avoir
main, ou les tuent en frappant au hasard obtenu de Dieu ce que Dieu avait déclaré
l'air avec leurs bâtons; ils en font, au dire ne pas vouloir leur accorder; souvent
d'Hérodote, un mets très recherché. Ce Dieu cède à d'injustes prières, mais c'est
pendant il paraît, d'après les observations dans sa colère ; il donna Saül aux Juifs
qui ont été faites, que les cailles qui pour les punir.
furent envoyées dans le camp des Israé Quelques auteurs pensent qu'au lieu
lites ne sont point la caille commune (te de cailles il faut lire sauterelles, mais ils
trao coturnix), mais une espèce particu ne s'appuient que sur le simple fait qu'on
lière que les Arabes distinguent sous le fit sécher ces animaux au soleil, Nomb. 11,
nom de Kata, et qui a passé dans le sys 32., comme si l'on n'avait pas pu faire
tème de Linnée sous celui de tetrao Al Sécher aussi les cailles.
chata ( Israelitarum ). Cette caille vit CAIN (possession), le premier homme
dans l'Arabie Pétrée, en Judée, dans l'an qui fut conçu et qui eut un père et une
cienne Idumée, en Moab, en Syrie, et jus mère pécheurs. Lorsque Eve l'eut mis au
qu'à Alep; elle est de la grosseur d'une monde, elle parut croire que c'était là
tourterelle ; elle a le bec court, jaune, l'homme de la promesse qui devait bri
recourbé, et marqué au bout d'une tache ser la tête du serpent : c'est du moins le
blanche; le cou et la tête gris-cendré, le sens que plusieurs personnes donnentaux
ventre et le dos gris-rouge tirant sur la parºles qu'elle prononça : J'ai acquis un
souris, la queue en forme de coin et les homme de par l'Eternel, Gen. 4, 1. —
jambes garnies de plumes par devant ; Caïn étant devenu grand, se mit à culti
par tous ces caractères elle appartient à tiver la terre, tandis que son frère Abel
la famille des perdrix. Quoique ferme et prenait soin des troupeaux ; ils avaient
séche, sa chair offre aux indigènes une d'ailleurs une grande quantité de frères
nourriture agréable, d'autant plus pré et de sœurs, nés, comme eux, d'Adam et
cieuse qu'elle n'est point rare, car cet d'Eve.
oiseau va par troupes nombreuses et se Au bout de quelques années, 4, 3.
laisse facilement attraper. (d'autres traduisent : à la fin des jours,
Quant à la mort soudaine dont furent c'est-à-dire le septième de la semaine ;
frappés un grand nombre de ceux qui, v. Wilson, Sept discours sur l'autorité
dégoûtés de la manne , avaient demandé divine du Seigneur; le passage 1 Sam.
avec violence une nourriture plus ordi 2, 19. parle en faveur du sens que nous
naire et plus forte, Nomb. 11,33.. elle fut adoptons); au bout de quelques années,
sans doute dans la pensée divine , mais en un jour de fête, Caïn offrit à l'Eternel
il n'est pas nécessaire d'invoquer ici l'in des fruits de la terre, et Abel des pre
tervention d'un miracle ; les anciens pré mier-nés de son troupeau. Abel, nous
tendent que les cailles se nourrissent dit le Saint-Esprit, Héb. 11, était dans la
quelquefois d'ellébore et d'autres plan foi, et ses œuvres étaient justes; mais
tes vénéneuses, ce qui ne laisse pas de celles de Caïn étaient mauvaises, 1 Jean
rendre leur viande un aliment dangereux; 3, 12. C'est pourquoi son offrande ne fut
en tout cas elle est indigeste, et l'excès pas reçue comme le sacrifice d'Abel.
de cette nourriture, l'usage immodéré Peut-êti'e s'en aperçut-il en voyant la
qu'en firent sans doute les plus impa paix que le Saint-Esprit avait versée dans
CAl 159 CAI
le cœur de son frère, tandis que sa con l'air de son visage; il est d'ailleurs beau
science à lui, demeurait agitée ; peut-être coup plus dans l'analogie de la langue
aussi qu'alors, comme en d'autres occa hébraïque de traduire « Dieu donna un
sions, Dieu fit tomber du ciel le feu sur les signe à Caïn, » lui garantissant sa protec
victimes d'Abel, tandis qu'aucune mani tion contre la vengeance des autres
festation de ce genre n'eut lieu en faveur hommes. La crainte qu'éprouvait ce meur
des oblations de Caïn. Celui-ci, instruit trier nous est une révélation bien re
par le Seigneur de la raison pour laquelle marquable de ce que devient un homme
son sacrifice n'avait point été agréé, s'en lorsque sa conscience est troublée; il
prit à son frère au lieu de se corriger, et perd cette dignité qui est l'apanage du
layant rencontré dans les champs, il le maître du monde, il craint tous les êtres
lua. Ainsi, devenu meurtrier par haine créés, parce que Dieu lui a ôté l'assurance
et par jalousie, Caïn étouffe par les inso intime de sa protection. Les promesses
lences de l'impjété le cri de sa con que Dieu fait au fugitif nous montrent
science, et repousse la voix du Seigneur aussi la longue patience de Dieu, qui ga
qui voudrait l'amener à la confession de rantit même au pécheur son existence,
son crime; la malédiction divine repose et qui ne veut pas faire tomber tous ses
sur sa tête coupable; il part et fuit dans jugements sur sa tête coupable, avant
le pays de Nod avec sa femme, qui est en d'avoir épuisé les trésors de sa miséri
même temps la sœur de sa victime et la corde. On peut dire aussi, avec Schrœder,
sienne propre : et soit qu'il en eût déjà que ces promesses de Dieu ne s'adres
desenfants, soit que, peut-être, ces scènes saient pas à Caïn lui-même ; elles avaient
de meurtre se soient passées au commen pour but d'empêcher le développement
cement de son mariage, il nous est dit de l'esprit de vengeance humaine.
que c'est là, dans le lieu de son exil, CAINAN ou Kenan, fils d'Enos, na
qu'elle lui enfanta Hénoc, le père d'une quit l'an du monde 325 ; à l'àge de 70 ans
p0stérité qui semble avoir marché sur les il eut Mahalaléel, ce qui ne veut pas dire
Iraces impies de son aïeul. Ainsi, dès que ce fût là son fils aîné, car l'Ecriture
l'entrée du péché dans le monde, nous ne nomme que les patriarches desquels
Voyons la famille humaine poussée par descendit Noé. Caïnan eut encore beau
Salanaux plus grands crimes, et plongée coup d'autres enfants, Gen. 5, 13., puis
dans la plus affreuse misère. Adam, le il mourut, à l'àge de 910 ans, Gen. 5, 9
premier transgresseur de la loi divine, 14. Il est nommé dans la généalogie de
se voit frappé dans ses deux fils : le meil Marie, Luc 3, 37. — Dans la même gé
leur périt d'une mort violente, et l'autre néalogie, au v. 36°, on retrouve un autre
doit s'enfuir loin des lieux qu'habitent Caïnan, évidemment distinct du premier;
les malheureux auteurs de ses jours, qui fils d'Arphaxad, est-il dit, et père de Sala.
lui ont transmis le péché avec la vie ! le père d'Héber; mais dans toute la gé
ll est possible que Caïn n'ait pas voulu néalogie de l'Ancien Testament, Arpac
tuer son frère : il ne savait peut-être pas sad est nommé, sans intermédiaire, père
mème bien ce que c'est que la mort. de Sélah (ou Sala), Gen. 10, 24. 11, 12.
lla voulu le frapper, le blesser, le faire 1 Chr. 1 , 24., sans que ce Caïnan
souffrir, lui faire autant de mal que pos soit même indiqué dans aucune des an
sible, mais sans penser que sa vie dût ciennes versions, grecque, samaritaine,
s'écouler par ses blessures et par ses chaldaïque, syriaque, ni dans Philon, ni
souffrances ; la haine a causé la mort sans dans Josèphe, ni dans Jérôme. On pour
petit-être même la soupçonner, et notre rait expliquer ce fait en supposant, ce
Sauveur l'a répété plus tard par la bouche qui est possible aussi, que les anciennes
d'un de ses apôtres : celui qui hait son généalogies ont omis le nom de ce Caï
frère est un meurtrier, 1 Jean 3, 15. nan comme elles omettaient fréquem
Quant au signe que Dieu mit sur Caïn ment des générations peu importantes;
afin qu'on ne le tuât pas, nous ne le con mais alors on devrait se demander pour
naissons pas; ce pouvait être simplement quoi Luc l'a donné, et surtout comment
CAI 160 CAI
la ruse; Caïphe persécuta l'Evangile et prement dits, restèrent dans leur mon
resta sourd et aveugle en présence de tagneuse patrie, où ils furent visités par
tous les faits qui pouvaient le rendre at Xénophon : d'autres encore ont pu s'é-
tablir dans d'autres pays. Ceux qui ont
tentif à la divinité de celui qu'il persécu
tait. occupé la Babylonie y ont adopté la cul
CAIUS, 3 Jean 1., v. Gaïus. ture et les mœurs des habitants, et ayant
CALAH, ancienne ville d'Assyrie, fon été amollis par le luxe, ils ont succombé
dée peu après le déluge par Assur, Gen. sous les Perses.
10, 11.12., ou, comme d'autres le pen Le nom de Caldéens n'a pas seulement
sent, par Nimrod. On ne sait rien de sa été étendu aux Babyloniens leurs sujets,
situation exacte; quelques-uns comparent mais il a encore été employé dans une
Chalach, q. v. acception tout à fait particulière , pour
CALCOL, 1 R. 4, 31. 1 Chr. 2, 6., désigner les savants de Babylone, et plus
v. Ethan. tard ceux-là seulement qui s'adonnaient
CALDEE. CALDÉENs. On appelait Cal à l'astrologie, à la magie et aux sciences
déens les habitants de la Babylonie, et occultes , Dan. 2, 2.10. 4, 4.5, 7. 11.
du royaume de Babylone, q. v. Dan. 9, 1. Quint. Curt. 5, 1.22. Herodot. 1, 181.,
2 R. 25, 4. Es. 13 , 19. 23 , 13. 48, 14. et ailleurs. v. plus bas.
Jér. 21, 4. 32, 4. Ez. 23, 14. Hab. 1, 6. Après Nimrod, Gen. 10, 9.10. et Am
cf. Gen. 11, 28. Job 1, 17. Ils n'étaient raphel, roi de Sinhar, dont il est parlé en
cependant point originaires de cette con passant, Gen. 14, 1., le premier roi des
trée, et ne doivent pas être confondus Caldéens que nous trouvons dans la Bi
avec ses anciens habitants : la langue des ble, est Mérodac, fils de Baladan, 2 R.
Babyloniens était une sœur de celle des 20, 12. Es. 39, 1.; il eut avec Ezéchias
Hébreux, tandis que celle des Caldéens des rapports de bienveillance mutuelle,
en différait complétement, comme on le et vécut vers l'an 713 av. C. Cent ans
voit par les noms propres Nabopolassar, plus tard environ, Nabopolassar occupe
Nébucadnetsar, Belsatsar, etc., qui n'ont le trône pendant vingt-et-un ans (626
aucun rapport avec la langue hébraïque, 604); les prophètes (Jérémie, Habacuc)
et que l'on a essayé avec succès d'expli annoncent l'approche d'une armée enva
quer en les comparant avec les restes de hissante, et l'on voit apparaître Nébu
l'ancien persan. Les Caldéens paraissent cadnetsar, que le livre d'Esdras appelle
avoir eu pour berceau les montagnes Car plus particulièrement le Caldéen, 5, 12.
duchi, qui séparent l'Arménie de l'As 2 R. 24. cf. Jér. 39, 5.8. Son fils Evil
syrie; Xénophon (Cyrop. III, et dans plu mérodac lui succède, 2 R. 25, 27. Jér.
sieurs endroits de son Anabasis) parle 52, 31. Il est tué par son beau-frère Né
d'eux comme d'un peuple pauvre et bar riglissar qui, après quatre ans, perd la
bare, courageux et jaloux de sa liberté , vie dans une bataille contre Cyrus, en
vivant de rapines, et fournissant quelque 556. Laboroso-Archod, mauvais roi et
fois des troupes mercenaires aux rois de cruel tyran, ne règne que neuf mois; il
la Médie et des Indes : c'est ainsi que est assassiné, et a pour successeur Na
ll0us en rencontrons dans l'armée des bonedus qu'Hérodote appelle Labynetus,
Assyriens, Es. 23, 13. On peut supposer 1, 188., et que l'Ecriture sainte nous
qu'un roi d'Assyrie avait accordé une fait connaître sous le nom de Belsatsar ;
portion de territoire, dans la Babylonie, il clot la série des rois caldéens qui ré
à une troupe de Caldéens qu'il avait à sa gnèrent sur Babylone; l'empire fut en
solde, et que ceux-ci, peut-être sous la suite donné aux Perses, Dan. 5.
conduite de Nabopolassar leur chef, se Disons maintenant quelques mots «de
sont rendus maîtres de la province et la religion des Caldéens. Comme l'origine
maintenus indépendants. Depuis ce temps de ce peuple semble se perdre dans une
la province de Babylonie, qui ancienne antiquité voilée à nos regards, il en est
ment s'appelait Sinhar, a reçu le nom de à peu près de même de son système re
Caldée : mais une partie des Caldéens pro ligieux : nous avons cependant des rai
I. - 11
CAL 162 CAL
sons de croire que les connaissances re niensa portéce nom;on connaît le Jupiter
ligieuses des Caldéens, dans le principe, Belus, Pline Hist. Nat. 37, 10. Cicer. De
n'étaient pas dépourvues de toute vérité ; Nat. Deor. 3, 16. Hérodot. 1, 181., etc.
car dans la prophétie remarquable de C'est aussi d'après quelques interprètes
Daniel, 2, où les quatre monarchies du le dieu Gad mentionné, Es. 65, 11.,
monde sont placées selon leur valeur dans le texte hébreu, et que nos traduc
morale et religieuse, la puissance des tions ont rendu par « l'armée des cieux ».
Assyriens, des Caldéens et des Babylo v. Gad.
niens, est représentée sous l'image de la Vénus semble avoir été dans tout l'O-
tête d'or, tandis que les Perses ne sont rient l'objet du même culte voluptueux ;
que la poitrine d'argent, les Grecs et les elle portait aussi le nom de Bahalt comme
Romains, les hanches et les jambes d'ai la déesse, l'épouse, le complément fémi
rain et de fer. nin du Bahal : c'est probablement elle
Dans les temps postérieurs, la religion encore qu'il faut chercher dans la Hasto
des Caldéens fut un culte des astres, au reth, Hastaroth ou Astarté des Sidoniens,
tant du moins que nous en pouvons ju 1 R. 11, 5. 33. Ce dernier nom qui fait
ger; leur théologie était devenue astro de Vénus la reine des étoiles, renferme
logie : au lieu du Dieu des cieux, ils ado sous le rapport étymologique les con
raient les cieux, comme d'autres plus tard sonnes qui, dans la plupart des langues
ont rendu leur culte aux hommes sancti connues, servent à désigner ces joyaux
fiés, plutôt qu'à celui qui les a sanctifiés. du firmament. Dans Astarté se trouve le
L'observation des astres avait toujours grec sider, le latin sidera et astrum, le
été une de leurs principales occupations, français astre, l'anglais star, l'allemand
et ils y avaient fait des progrès remar stern, l'italien stella, etc. Et l'un des
quables. Callisthènes , philosophe et sa Targummims, dans la paraphrase de Est.
vant grec, trouva à Babylone, lorsque la 2. 7., dit que Ester signifie de même
ville fut prise par Alexandre, un grand étoile du matin. — Les Arabes appelaient
nombre de calculs astronomiques, dont il Vénus fortuna minor, comme ils appe
donna connaissance à Aristote, calculs laient Jupiter fortuna major. *
qui embrassaient une période de 1933 Mercure s'appelait Nebou chez les Sa
ans, remontant jusqu'en 2233av. C., c'est béens : c'était la planète divine, la mes
à-dire jusqu'à 115 ans seulement après sagère des dieux; elle n'est pas sans rap
le déluge (2348), à peu près à l'époque port avec le Hermès des Grecs et le
de la confusion des langues. En se per Mercure des Romains : son nom même
fectionnant, l'astrolatrie en est venue à de Nebou ressemble au Nabî des Hébreux,
accorder une attention spéciale aux sept qui signifie prophète. Beaucoup de noms
corps suivants , le Soleil, la Lune, Mer propres assyriens et babyloniens sont
cure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne, à composés de ce mot, Nébucadnetsar ,
ces cinq derniers surtout, dont on regar Naboned, Nabopolassar : et le mont Nébo
dait deux comme bienfaisants et favora sur lequel Moïse est mort prenait son
bles, Jupiter et Vénus, et deux comme nom de cette même idole, d'après Jérôme
sinistres, d'une influence pernicieuse, qui dit dans son commentaire sur Jér.
Mars et Saturne : quant à Mercure, il 48, 7. « Sur le mont Nabo se trouvait
était considéré comme neutre, ou plutôt Kémos, idole consacrée qui est encore
il pouvait être bon ou mauvais, suivant connue sous le nom de Belphégor, ou
les circonstances. Bahal-Péhor ». Nomb. 25, 3. 5. v. Kémos.
•La planète de Jupiter était appelée Bel La planète de Saturne passait pour
dans les livres saints des Sabéens, et se exercer une mauvaise influence , les Ara
lon quelques auteurs (Gesenius) c'est bes l'appelaient magnum infortunium ,
cette planète qui était adorée en Phénicie et les classiques latins aussi bien que les
sous le nom de Bahal, à Babylone sous Orientaux nous ont conservé comme tra
celui de Bel : les classiques latins et grecs dition la mauvaise renommée qu'elleavait.
rapportent aussi que le dieu des Babylo Propert.4,1.84.Lucain 1,650. Pline, Hist.
CAL 163 CAL
Mat.2,8. Les Sabéens l'appelaient Kivan, la composition des noms propres, celui
et les Arabes Kicén, deux noms qui cor du dieu Mérodac fait partie du nom de
respondent tout à fait en hébreu, à celui Evil-Mérodac, 2 Rois 25, 27. et de Mé
de Kijun, divinité qu'adorèrent, selon rodac-Baladan, Es. 39, 1.
Amos 5, 26., les lsraélites dans le désert. Cette vénération des planètes chez les
LesSeptante l'ont expliqué par Remphan, anciens Caldéens, marchait de pair avec
cf. Act. 7, 43., mot qui encore aujour l'astronomie et l'astrologie. Quant à la
d'hui dans la langue copte, sert à dési première de ces sciences, elle avait fait
gner la planète Saturne. Le caldéen Ki des progrès considérables. Ptolémée nous
van signifie ferme, droit, juste; et l'on a conservé des calculs d'éclipses de lune
sait que les classiques nous représen qui ont eu lieu le 19 mars 721 av. C.,
tent l'âge de Saturne comme l'âge d'or, dans la nuit du 8 au 9 mai 720, le 22 avril
et qu'ils font l'éloge de la justice qui ré 621, etc., et les calculs de nos savants ne
gnait alors. Le nom de Saturne, qui dé diffèrent que de quelques minutes de ces
rive de l'hébreu, signifie l'éternité, car anciennes données. Le temple de Bel, qui
Saturne est l'éternité personnifiée, en servait d'observatoire, avait ses quatre
grec chronos, le temps infini. — Le Mo côtés tournés vers les points cardinaux.
loch auquel on sacrifiait des enfants, en Leurastrologie se fondait sur lacroyance
les faisant passer par le feu, était encore que les forces des astres et des planètes,
le même, Amos 5, 26. Diod. Sic. 20, 14. dans leurs conjonctures, influaient essen
Les anciens Arabes faisaient son culte le tiellement sur les destinées des hommes;
samedi dans un temple sexangulaire noir, toutes leurs connaissances astrologiques
et habillés de noir; l'antiquité lui a con furent transmises de génération en gé
sacré le septième jour de la semaine, et le nération, par tradition, au sein des fa
samedi porte encore son nom chez les milles et des castes. Les membres de ces
Latins, saturni dies, et chez les Anglais dernières portaient le titre de Caldéens
saturday.Les rabbins, pour désigner cette par excellence. Ils croyaient le monde
planète,l'appellent la sabbatique, shabtai. composé d'atômes impérissables, et tout
Mars avait reçu des Arabes le nom ce qui arrivait dans la voûte céleste était,
d'infortunium minus; il était moins per Selon eux, l'effet d'une résolution immua
nicieux que Saturne, quoique cependant ble de la destinée. Selon Diodore, ils
malfaisant. Son temple était rouge, ses ont prédit à Alexandre qu'il mourrait à
vêtements étaient rouges, et ceux qui Babylone, et à Antigone qu'il succombe
lui offraient des sacrifices arrosaient leurs rait dans la guerre contre Séleucus-Ni
habits de sang. Comme il est appelé Nirig cator. — Les astres dont les combinaisons
dans la langue araméenne, Gesenius l'a étaient essentielles pour faire un horos
comparé à Nergal, l'idole des Cuthéens, cope étaient les planètes avec leurs dif
2 Rois 17, 30., qui entre aussi dans la férentes qualités, et les douze signes du
composition de plusieurs noms propres zodiaque qui exerçaient aussi, à ce que
assyriens, Nériglissor dont parle Josè l'on croyait, une grande influence, selon
phe, Nergal-Saréetser, Jér. 39, 3., etc. la manière dont ils se combinaient avec
Mirrick est une autre forme de Nirig ; les planètes. Jusqu'à nos jours encore,
Mirrick se prononçait aussi quelquefois on trouve dans l'opinion vulgaire quel
Mirdik, et de là est venu le nom de Mé ques restes de ces superstitions.
rodac, Jér. 50, 2. Es. 39, 1., qui désigne Avant de terminer , et quoique cela
le dieu Mars avec tout son entourage sorte un peu des bornes de notre article,
militaire et meurtrier : c'est encore le nous ajouterons quelques mots sur les
même nom qui a passé dans les langues erreurs astrologiques et sur les super
occidentales et modernes, avec la finale stitions qui se sont glissées à cet égard
de moins; en latin Mars, Martis, mors, chez les Hébreux, et dont nous trouvons
mortis ; en allemand Mord, en français des traces dans la sainte Ecriture. Il est
mort, meurtre, etc. Et comme les noms parlé, 2 Rois 23, 11., de chevaux con
de Bel et de Nébo entraient souvent dans sacrés au soleil à Jérusalem ; d'encence
CAL 164 CAL
ments aux signes du zodiaque, 2 Rois 23, la main de sa fille Hacsa, Jug. 1, 12.,
5, (en français astres); d'un culte astro qu'il avait promise au héros qui se dis
nomique à une reine des cieux, Jér. 7, tinguerait le plus; ce héros devint plus
18. (cette dernière idolâtrie, ainsi que tard le premier des Juges d'Israél, v.
l'adoration du soleil, est encore indiquée Nomb. 26, 65. 32, 12. 34, 19. Deut. 1,
Job 31, 26. 27.) Et le Seigneur lui-même 36. Jos. 14, 6. 15, 13. 21, 12. 1 Chr.
prend le nom de l'Eternel des armées 6, 56.
(des cieux) pour indiquer qu'il est au 2° Caleb, 1 Chr. 2, 9. 18., épousa
dessus de toutes les autres divinités : il Ephrat, qui lui enfanta Hur; il était fils
s'appelle aussi celui qui habite au-dessus de Hetsron, et portait encore le nom de
des chérubins, 2 Sam. 6, 2., pour indi Celubaï, v, 9.
quer sa puissance : les chérubins étaient 3° Caleb, 1 Chr. 2, 50, fils de Hur, et
probablement les symboles de la nature petit-fils du précédent ; il fut père de
créée dans ses diverses qualités. Sobal, de Hareph, et de Salma père de
CALEB, 1° fils de Jéphunné, frère de Bethléhem.
Kénaz, et descendant de Juda, l'un des 4° Ville ou district de la tribu de Juda,
douze Israélites envoyés pour l'explora 1 Sam. 30, 14. C'est dans ses envir0ſs
tion du pays de Canaan, fut le seul avec que se trouvait Hébron ; mais l'on nesait
Josué, qui, au retour, loin d'effrayer le pas si c'est du fils de Jéphunné ou du fils
peuple, chercha à lui inspirer cette con de Hetsron qu'elle avait pris son n0m,
fiance en l'Eternel dont il était animé CALNÉ, ville bâtie par Nimrod, au
lui-même. Caleb , dont le nom signifie pays de Sinhar, Gen. 10, 10. Amos 6,2 ;
plein de cœur, les encouragea fortement Calno, Es. 10, 9., peut-être aussi Can
à ne pas craindre, et à croire aux paroles neh, Ez. 27, 23. : selon les Targums et
de Celui qui ne leur avait jamais manqué, saint Jérôme ce serait Ctésiphon sur la
Nomb. 14. Mais les Israélites crièrent, rive orientale du Tigre, vis-à-vis de Sé
versèrent des larmes, voulurent se choi leucie; les anciens appelaient Chaloniſis
sir un guide pour retourner en Egypte, le pays qui environnait cette ville, la c0ll
et furent sur le point de lapider ceux qui trée avait conservé l'ancien nom.
parlaient de courage et de conquête. L'E- CALVAIRE ou GoLGoTHA, place du
ternel alors, jura que tous ces hommes crâne , ainsi nommée ou de sa ressell
de col roide périraient au désert, et Ca blance avec le haut de la tête d'un h0mme,
leb seul, avec Josué, reçurent la promesse ou de ce que c'était là qu'on exéculail
qu'ils entreraient en Canaan. Plus tard, les malfaiteurs, ou enfin à cause de la
il fut désigné pour faire le partage du tradition qui veut que le crâne du pré
pays, Nomb. 34, 19.;il est probable quece Inier homme ait été enterré dans cet eſl
partage se fit au fur et à mesure que le droit. Sem, dit-on, aurait reçu ce crâne
peuple avançait. Caleb obtint pour sa part de Noé, et, doué d'un esprit prophétiquº
la possession de Kiriath-Sepher ou Hé l'aurait enseveli à l'endroit même où !
bron, que Dieu lui avait promise qua savait que le sang du second Adamcº ,
rante-cinq ans auparavant , plein de re lerait pour le salut de l'humanité.
connaissance, il rendit grâces à l'Eternel
pour toutes ses faveurs, en particulier
C'était une petite colline ou une lº .
teur à l'ouest de Jérusalem, et hors des "
pour cette vigueur de corps et d'âme murs , selon la loi de Moïse, Matth. 27, ,
qu'il lui avait conservée, quoique il eût 33. Jean 19, 17, cf. Héb. 13, 12. C'est |
alors quatre-vingt cinq ans. Il ne tarda probablement dans la vallée de Guihºº ºº
pas à montrer, par le fait, que ses forces qu'il faut la chercher, mais on n'en cº ' ,
n'avaient en rien diminué, car il repoussa naît pas la place exacte;
les orientalisles | #
les Hanakins qui s'étaient emparés de la amateurs et poètes, se contentent de * ' s
montagne de Hébron, et les déposséda. tradition qui met le Calvaire dans leº ,
Son neveu Hothniel, fils de son frère ca ceinte
det Kénaz, le seconda puissamment dans
même de Jérusalem; c'est plus &
cette entreprise, et mérita par sa valeur
commode pour les pèlerins sans doulº, º
mais c'est contraire aux données bibli º, ' , !
: ºº
º,
"ºs
CAM 165 CAM
livre inspiré : Dieu seul est en cause, lui de ce camp dans mes Voyages des en
qui a créé le fait. Le reproche qu'on es fants d'Israël , p. 96. — Les camps des
sayait de diriger contre la Parole a for Grecs, et surtout ceux des Romains, res
cément dévié et viendrait frapper celui semblaient beaucoup , dans leur ordon
qui sait réduire au silence les plus obsti nance, au camp du désert : c'est du reste
nés et les plus audacieux.Quant à la Pa le seul sur lequel la Bible nous donne
role, elle reste debout, intacte ; ses fu quelques détails. D'après 1 Sam. 26, 5.,
nestes prophéties se montrent toujours il paraîtrait que les camps des Hébreux
vraies après un grand nombre de siècles ; étaient formés en rond, comme ceux des
sa solidité n'est pas ébranlée par les as Arabes,des Bédouins et desanciens Grecs;
sauts de ses adversaires : le passé est un ils étaient gardés par des avant-postes,
témoignage pour l'avenir. Jug. 7, 19.; et pendant la bataille, une
Voici, d'après Gen. 10, 6. et suivants, certaine garde restait auprès des baga
le tableau de la postérité de Cam : ges, 1 Sam. 30, 24.
CAM CANA. 1o Ville de la tribu d'Aser, non
-"-_^ _•"T--- loin de Sidon, Jos. 19, 28.
10 Cus 20 Mistraïm 30 Put 40 Canaan 2° Ville ou bourgade, à 2 lieues nord
1 Seba 1 Ludim 1 Sidoniens est de Nazareth, tribu de Zabulon, où Jé
2 Havila 2 Hanamim 2 Héthiens
3 Sabtah 3 Lehabim 3 Jébusiens sus-Christ fit son premiermiracle, Jean2,
4 Rahma 4 Naphtuhim 4 Amorrhéens 1., et Où, à son retour de la Judée et de
a Seba 5 Pathrusim 5 Guirgasiens la Samarie , il guérit le fils d'un employé
b Dedan 6 Chasluhim 6 Héviens
5 Sebteca a Philistins 7 Harkiens
royal qui habitait Capernaum, Jean 4, 46.
- • - • • b Caphtorim 8 Siniens Le village actuel, Kefer Kenna, est assis
6 Nimrod 9 Arvadiens sur une pente douce, dans une petiteval
10 Tsemariens lée qui débouche sur la haute plaine de
11 Hamathiens
Zabulon; il compte 300 habitants, est
Cam a plusieurs fois donné son nom à entouré de vergers et de plantations d'o-
la terre de son fils Mitsraïm, à l'Egypte; liviers, et possède une source abondante
Ps. 78, 51. 105, 23. 106, 22. où a été probablement puisée l'eau que
D'après un auteur arabe, Cam, l'inven Jésus changea en vin. Un voyageur mo
teur de la magie et le fauteur des supersti derne, M. De Laborde, a trouvé parmi les
tions et de l'idolatrie, ne serait rien moins ruines de ce lieu de grandes auges en
que Zoroastre, ou Adris le prophète. pierre, creusées dans le sol des habita
CAMELEOPARD. v. Chameaupard. tiOns.
CAMP. Les tentes des Israélites dans 3° Cana, ou Kana, le principal ruis
le désert étaient organisées comme le se seau des plaines de Saron ; il descend des
rait le camp d'unegrandearmée, Nomb. 2. montagnes de Samarie et formait la li
La tente de Jéhovah, ou le Tabernacle, en mite entre Ephraïm et la demi-tribu de
occupait le centre, ayant à l'est, et tout Manassé, Jos. 16, 8. 17, 9. Son nom hé
près, celles de Moïse, d'Aaron et de breu signifie les roseaux ; les Romains le
leurs familles; au sud les Kéhathites, à nommaient la rivière des Crocodiles , et
l'ouest les Guersonites, au nord les Mé l'on assure qu'il existe en effet des cro
rarites ; de sorte que le tabernacle était codiles dans le lac ou marais qu'il forme
de tous côtés entouré des lévites qui de près de son embouchure.
vaient en faire le service. Devant le ta CANAAN, le plusjeune des fils de Cam,
bernacle, vers l'orient, se trouvaient les petit-fils de Noé. Nous avons dit à l'arti
186,400 guerriersdeJuda, Issachar et Za cle de Cam, quelques mots sur la malé
bulon; au sud, la division de Ruben, Gad diction divine qui frappa Canaan pour la
et Siméon , 151,400 hommes; à l'ouest, faute de son père. Rien n'est plus hors
près du lieu très-saint, les enfants de de contestation que la parfaite justice de
Rachel, 108,100 hommes, propres à la Dieu, comme rien n'est plus évident que
guerre ; au nord, Dan, Aser, Nephthali, la punition des pères sur les enfants.
157,600 hommes. On peut voir le tableau L'histoire des Cananéens vient à l'appui
CAN 167 CAN
le nom de Carthaginois, ils jetèrent au kilom. carrés ;et comme le peuple hébreu
tour d'eux un certain éclat, mais qui comptait 601,730 hommes de guerre lors
dura peu ; dès lors , et pendant près de de la conquête , il y avait pour chacun
deux mille ans, ce pays a été le theâtre d'eux environ 5 hectares. Ce pays estcom
des plus tristes événements, successive pris entre le 31e et le 34e degré de lati
ment réduit en servitude et dévasté par tude nord , et s'étend du 32e au 34e de
les Romains, les Vandales, les Sarrasins gré de longitude est (Paris). La mer Mé
et les Turcs. Les Cananéens de Tyr, de diterranée le borne à l'ouest, le Liban et
Sidon, et autres lieux de la Phénicie, qui la Syrie au nord ;l'Arabie déserte, Ham
s'établirent sur les rivages de la Médi mon, Moab et Madian à l'est, l'Idumée et
terranée, n'ont pas eu un meilleur sort. le désert de Paran au sud, enfin l'Egypte
Ceux enfin qui échappèrent aux armes au Sud-Ouest. .
du roi David, les Héviens, etc., s'enfuirent C'était le pays dont la possession avait
dans la Béotie au sud de l'Europe, où ils été promise aux Hébreux, et dont il leur
ne purent échapper non plus à la terrible avait été ordonné de s'emparer, Nomb.
malédiction de servitude qui pesait sur 34, 1-12. Jos. 11, 13-21. Jug. 1 ; mais
leurs têtes. il faut y ajouter les contrées sur lesquel
Cependant Canaan, cet enfant mau les ils pouvaient dominer, qu'ils pou
dit, a donné son nom à la portion la plus vaient avoir l'espérance de conquérir un
bénie de l'ancien monde. Canaan qui ré jour, celles dont la possession leur était
Veille dans le cœur la pensée de la déso permise plutôt qu'ordonnée, depuis l'Eu
lation, réveille aussi celle de la promesse; phrate au nord-est jusqu'au Nil vers le
sur le même nom se rencontrent la paix sud-est, Gen. 15, 18-21. Ex. 23, 31.
et l'extermination ; d'abord l'idolâtrie et Deut. 11, 24. Jos. 1, 3. 4. Et, en effet,
les turpitudes du péché, puis le règne du les tribus transjourdaines chassent de
Messie avec l'alliance de grâce. Il fallait vant elles les peuplades arabes, et pous
que la prophétie de Noé fût accomplie en sent jusqu'à l'Euphrate, 1 Chr. 5, 9. 18
tout point, que Canaan fût le serviteur 23. David, plus tard, soumet la Syrie, Da
de ses frères, qu'après avoir baigné de mas, Hammon, Moab, l'Idumée, 2 Sam,
ses sueurs une terre fertile , il la livrât 8, 2.6. 12. 13. 10 ; 12, 26. sq. 1 Chr.
ainsi travaillée, à la postérité bénie de 18, 6-13. 19, 20,. Salomon fait bâtir Tad
Sem, et qu'après l'avoir défrichée comme mor bien à l'orient de Damas, construit
un homme libre, il l'abandonnât comme une flotte à Hetsion-Guéber sur la mer
un esclave; il fallait que le nom du pre Rouge, possède Thiphsak sur l'Euphrate,
mier possesseur demeurât à cette terre, et Hamath sur le versant septentrional du
afin que ses nouveaux habitants compris Liban, 1 R. 4, 24. 9, 18. 26. 2 Chr. 8,
sent et se rappelassent toujours qu'elle 3.4.17.— v. Cellérier. Esp. de la Législ.
avait appartenu d'abord à une race mau mos. II, p. 275.
dite, et que cette malédiction seule, ve Tout le territoire de Canaan proprement
nant de l'Eternel, les en avait rendus les dit, est actuellement sous la malédiction
maîtres. à cause de l'incrédulité de l'Israël m0
Une description détaillée de la terre derne ; il est presque abandonné, sans
de Canaan ne saurait être donnée ici : culture, en sorte qu'on ne pourrait juger
nous nous bornerons à indiquer les traits de ce qu'il fut jadis, par ce qu'il est main
généraux; quant aux détails, on peut voir tenant. Il n'en est pas moins vrai qu'il n'y
les articles spéciaux; v. aussi la Palestine eut point anciennement de contrée plus
de Raumer, et en français la Description riante et plus fertile. Le Jourdain , cou
de la Terre Sainte de Rougemont, et le lant du nord au sud, forme sur son che
Journal d'un Voyage au Levant, t. III. min les lacs de Mérom et de Génézareth ;
Canaan avait près de 400 kilom. du une multitude de ruisseaux et de torrents
nord au midi, et près de 200 de l'est à viennent s'y jeter, traversant le pays dans
l'ouest dans sa plus grande largeur ; il tous les sens. Des vallées et de charmants
présentait une surface d'à peu près 30,000 côteaux, moins heureux aujourd'hui, em
CAN 169 CAN
bellissaient jadis et variaient le paysage. marque par le premier vers, parce que le
Des pâturages nombreux et féconds pro peuple en savait la fin, Nomb. 21, 14. 17.
duisaient en abondance de l'herbe pour 18.27., etc.; et, près de mourir, il célè
les troupeaux, des fleurs pour les abeil bre les bontés et les merveilles de Dieu,
les, le lait et le miel y coulaient et répon Deut. 32. A la mort de Saül et de Jona
daient aux vœux de l'avide habitant des than, David compose un cantique funèbre,
campagnes. D'après le témoignage d'Hé 2 Sam. 1, 17.; il en consacre un autre à
catée, très ancien auteur, la terre la la mémoire d'Abner, 2 Sam. 3, 33., et
b0urable formait le tiers du territoire, et l'on peut croire que la douleur qu'il
donnait sur les côteaux de magnifiques éprouva à la mort d'Absalon se manifesta
moissons, des figues, des grenades, la vi aussi par des chants plaintifs, 18, 33. Ba
gne avec ses raisins, l'olivier avec son rac et Débora nous offrent un hymne de
huile. Au sommet du Liban, des cèdres victoire, Jug. 5, 1., etc.; Anne, la mère de
magnifiques; dans le sein des montagnes, Samuel, un chant d'actions de grâces, 1
des mines considérables de fer et de cui Sam. 2, 1., etc. Le psaume 45 et le can
vre. On conçoit que lorsque l'Eternel y tique de Salomon sont peut-être des épi
envoyait des pluies et les saisons fertiles, thalames prophétiques; Salomon avait fait
ce pays cultivé par des mains laborieuses, cinq mille cantiques, 1 R. 4, 32. Les la
ait pu nourrir les millions d'habitants qui mentations de Jérémie sont un hymne fu
le peuplaient autrefois, Deut. 11, 11. 6, nèbre sur la ruine de Jérusalem. L'Ecri
10. 8, 7.8.9. ture mentionne encore du même auteur
CANDACE, Act. 8, 27., était, non point un cantique sur la mort de Josias roi de
le nom propre seulement de la reine dont Juda, 2 Chr. 35, 25.; un cantique d'ac
il nous est parlé dans le Nouveau Testa tions de grâces du roi Ezéchias, 2 Chr.
ment, mais un nom commun à toutes les 30, 18.; enfin des chants de Marie la mère
reines d'Ethiopie; ce nom signifie chef de Jésus, de Zacharie père de Jean-Bap
des esclaves, et rappelle celui de servo tiste, et du vieux Siméon, Luc 1, 46.68.;
rum princeps que les marchands orien 2, 29.
taux donnent encore au roi d'Abys Quel est le cantique dont il est dit que
sinie. On dit que cette reine fut amenée Jésus et les siens le chantèrent après la
à la foi chrétiene par celui de ses servi cène et avant de se rendre à la monta
teurs que Philippe l'évangéliste avait bap gne des Oliviers, Matth. 26, 30. Marc 14,
tisé sur le chemin de Gaza (Irénée, Eu 26. 9 Le texte original porte simplement
sèbe) : quant à ce serviteur lui-même , la ayant chanté; le plus probable c'est qu'ils
tradition raconte qu'il prêcha l'Evangile, chantèrent les psaumes dont les Juifs
et qu'il souffrit le martyre dans l'île de faisaient la lecture ordinaire à la fin du
Ceylan. repas de Pâques, et qui étaient connus
CANNE 1° odoriférante, Cant. 4, 14. sous le nom commun du grand Hallél (Al
t. Roseau aromatique ;-2° v. Mesures. léluia); c'étaient les psaumes 113, 114.
CANNEH, Ez. 27, 23., v. Calné. 115-118, 120-137. v. Pâques.
CANNELLE , v. Cinnamome. — Cantique des Cantiques. C'est le
CANTIQUES. Il est dans la nature de nom que les Hébreux ont donné (shir ha
l'homme de chanter les impressions qu'il shirim) à un cantique de Salomon qu'ils
éprouve, ses joies et ses douleurs, et de regardaient comme le plus excellent des
célébrer par des hymnes vifs ou funèbres cantiques. Quelques auteurs disent que
les moments importants de sa vie.Les Salomon le composa à l'occasion de son
Hébreux n'ont pas fait exception à la rè mariage; suivant les uns, ce serait à l'oc
gle générale de l'humanité ; nous voyons casion de son premier mariage ; suivant
déjà, dans les temps les plus reculés, les autres, plus tard, lors de son mariage
Moise et Marie la prophétesse, consacrer avec la fille d'Egypte, en guise d'épitha
par un saint cantique les merveilles du lame (Calmet). On regarde souvent le Can
passage de la mer Rouge, Ex. 15, 1.20. tique comme le premier des trois ouvra
Moise en indique d'autres encore qu'il ges qui nous restent de Salomon, un ou
CAN 170 CAN
CAPERNAUM (ville agréable, ou beau nick, d'accord avec les dernières disser
village), une des principales villes de la tations de ce savant catholique, admet
Galilée, qui, selon toute apparence, ne fut tent avec lui que l'île désignée sous le
bàiie qu'après la captivité de Babylone. nom de Caphtor est celle de Crète ou
Elle était située à 5 kilomètres environ Candie. D'après Jérémie, l. c., et Amos 9,
de l'embouchure du Jourdain, sur la rive 7., les Philistins auraient passé en Pales
0ccidentale de la mer de Tibériade , aux tine de l'île de Caphtor, et plusieurs fois
c0nfins de Zabulon et de Nephthali. La ailleurs , Deut. 2, 23. etc., le nom de
plaine basse qui s'étend vers le sud, sur Caphtorim est mis pour désigner les Phi
une longueur de dix kilomètres, et une listins. Ces données ne s'accordent pas
largeur de cinq, est d'une ravissante beaucoup avec le passage de la Genèse
beauté , c'est la partie la plus fertile de qui fait descendre les Philistins des Chas
l0ut ce magnifique bassin, et elle portait luhim. La supposition la plus probable ,
le nom de Gennésar, jardins de la ri sans être forcée, c'est que les Philistins
chesse. Aujourd'hui encore sa fécondité sont partis d'Egypte en se détachant de
est proverbiale chez les peuples voisins. la nation des Chasluhim, pour se rendre à
Josèphe parle d'une source nommée Ca l'île de Caphtor, et que de là ils ont émi
pernaüm, célèbre par son extraordinaire gré plus tard et sont venus occuper les
abondance, qui a probablement donné côtes sud de la Palestine. On peut oppo
son nom à cette ville. Riche des produits Ser sans doute à l'opinion de Calmet, que
du sol, Capernaüm l'était encore par la les habitants de la Crète ont déjà un nom
pèche et par le commerce ; elle était sur dans l'Ancien Testament, celui de Kéré
la grande route qui unit Damas à la Phé tiens, 1 Sam. 30, 14. Ez. 25, 16. Soph. 2,
nicie, et dans un défilé entre le lac et les 5., et qu'il est peu probable que la même
montagnes ; aussi les Romains y avaient contrée ait eu deux noms si différents ;
ils établi un bureau de douanes et placé mais de ce que ce n'est pas ordinaire ,
une garnison, Matth. 9, 9-11. Luc 5, 27 cela ne prouve pas que cela n'ait pu arri
30.— Ce fut là que Jésus descendit et ver cependant; en outre, le premier nom
qu'il passa quelques jours , après avoir est beaucoup plus ancien que le second,
quitté Nazareth et ses arides montagnes; et les caractères historiques ou géogra
il en fit longtemps son principal séjour , phiques de la Crète sont tellement d'ac
demeurant chez la belle-mère de Pierre, cord avec ce que l'Ecriture nous dit de
et c'est de là qu'il partit pour son pre Caphtor, qu'il est difficile de ne pas ad
mier voyage à Jérusalem, Matth. 4, 13. mettre l'identité de ces deux contrées. La
9, 1. 8, 14. 11 ; 17; Marc 1 ; 2; Luc 4; Crète était déjà très peuplée à l'époque
10; Jean 2: 4 ; 6. Il reste de cette floris de la guerre de Troie , puisque Homère
sante cité plusieurs ruines nommées Tel l'appelle l'île aux cent villes, et Hérodote
Hum. - -
au moins singulier que Paul eût laissé commandables par leur valeur, et surtout
quelque part sa Bible comme un bagage par la guerre d'extermination qu'ils fi
embarrassant; quelques auteurs ont en rent aux écumeurs de mer et aux pirates,
conséquence supposé qu'il s'agissait de qu'ils méritèrent les honneurs divins, et
copies de lettres; d'autres enfin (Steiger), furent choisis par les navigateurs comme
que c'étaient des papiers importants dont leurs patrons et les protecteurs des vais
l'apôtre avait besoin pour son procès. seaux. Ils eurent une place dans les Gé
CARQUOIS. v. Flèches. meaux du firmament, et des autels sur
CARTES de géographie. La première les rivages des mers; v.Théocrite,22, 17.
Horace, Od. I. 3, 2.IV.87, 31. Ovide, etc.
trace que l'on trouve, soit dans l'histoire
profane, soit dans l'histoire sacrée, des Les feux errants que les matelots aper
cartes géographiques, est dans ces mots cevaient parfois pendant la tempête, leur
de Josué 18, 8.9.: « Ces hommes-là donc étaient comme des messagers de Castor
s'en allèrent, et passèrent par le pays, et et Pollux, et le présage d'une prochaine
en firent une figure dans un livre (ou rou délivrance ; et jusqu'à nos jours la même
leau) selon les villes, en sept parties. » superstition s'est encore propagée, mê
CASIPHIA, Esd. 8, 17., ville ou con me jusque sur les vaisseaux chrétiens 0u
trée du royaume de Perse, dans laquelle turcs de la Méditerranée. Le vaisseau que
se trouvaient un assez grand nombre de saint Paul prit à Malte pour se rendre en
lévites, d'autres exilés juifs, et de Néthi Italie, avait pour enseigne les Dioscures,
niens. Il faut la chercher près des monta soit que ces figures fussent peintes ou
gnes caspiennes, au nord-est de la Mé gravées sur la proue, soit pour d'autres
die. motifs à nous inconnus.
CASSE. La casse mentionnée, Ex. 30, CATHOLIQUE. Ce nom qui signifie
24. Ps. 45, 8. Ez. 27, 19., porte en hé universel, général, a été donné aux épi
breu différents noms. C'est l'écorce d'une tres de Jacques, Pierre, Jean et Jude,
plante aromatique que Moïse fait entrer parce qu'elles étaient adressées, non point
dans la composition de l'huile sainte, et à une certaine congrégation particulière,
qui devait servir à la consécration des mais à un grand nombre de congréga
vases du tabernacle. On en compte trois tions, ayant des besoins généraux : v. les
espèces, qui croissent toutes en Orient différents articles. — De la signification
sans culture, et qui ont quelques rap du mot catholique, il faut conclure que
ports avec la canelle, quoique plus fon toute congrégation spécialement dési
cées, moins odorantes, et d'un goût moins gnée ne mérite pas cette épithète; l'épître
agréable. Longtemps les naturalistes ont aux Romains, par exemple, n'est pas ca
cru qu'il fallait chercher la vraie casse tholique, par le fait même qu'elle est par
dans le Laurus cassia de Linnée, qui croît ticulière, et l'Eglise de cette ville n'eût
aux Indes et au Malabar, mais des tra pu prendre le nom de catholique sans
vaux plus modernes ont démontré que commettre la méprise la plus bizarre ;
cette espèce de Laurus cassia n'était au aussi ne l'a-t-elle pas fait. ll y a aujour
tre que l'espèce ou primitive, ou dégé d'hui une congrégation qui se donne le
nérée, du Cinnamomum zeylanicum ; nom de catholique-romaine, ce qui étant
d'où il résulterait que la casse ne serait traduit signifie église universelle-parti
autre chose en effet , qu'une espèce de culière : si c'est la moins grave et la plus
canelle. Les anciens en faisaient grand innocente de ses contradictions, c'est
usage ; Pline, Hérodote, Théophraste, bien loin d'être la seule.
Virgile, Perse, Diodore de Sicile, et d'au CAVERNES. Les rochers des monta
tres auteurs en parlent comme d'un par gnes calcaires ou crayeuses de la Pales
fum des Indes très estimé des Romains tine, principalement ceux du mont Car
et des Grecs. mel q. v., de la Trachonite, de la Galilée,
CASTOR ET POLLUX, ou les Dioscu de la Batanée, et des contrées voisines
res, fils mythologiques de Jupiter et de de l'idumée, renfermaient un nombre
Léda, s'étaient, dit la fable, rendus si re considérable de cavernes, grandes, sè
CEC 175 CEC
ches et commodes, qui pouvaient servir 1, 186. Ce voyageur assure que l'on peut
soit de retraite à l'ermite solitaire, soit compter 20 aveugles sur 100 hommes;
de refuge à des populations de brigands un autre a calculé qu'il se trouve au Caire
oud'opprimés ;cf. Jug. 20, 47.Tavernier plus de 4,000 aveugles. Ces cas sont plus
en a vu une qui pouvait contenir jusqu'à rares en Syrie, à l'exception des côtes,
3,000 chevaux, et Pococke, II, 61., une et cependant l'Ecriture nous parle fré
autre dans laquelle 30,000 hommes ont quemment d'hommes affligés de cette in
pu s'abriter; v. Hadullam. Elles furent firmité, soit dans les Evangiles, Matth. 9,
peut-être les premières habitations des 27. 12, 22. 20, 30. 21, 14. Jean 5, 3., où
hommes; on y voit les Troglodytes ren nOuS les,voyons presque toujours dans
fermés par peuplades, et l'Ancien Testa une position extérieure bien malheureuse,
ment nous parle des Horiens comme ha soit dans la loi mosaïque, Lév. 19, 14.
bitant les cavernes ; cf. Job. 30, 6. Quant Deut. 27, 18., où Dieu, dans les précep
aux Hanakins et aux Réphaïms, on pré tes qu'il donne à leur égard, se montre
sume que c'était aussi là leur demeure, comme toujours, le Dieu de l'infortune,
mais l'on n'a rien de positif à ce sujet; v. la providence du malheur.
ces articles. A l'époque de la conquête, |, La cécité se développe le plus souvent
et plus tard, les cavernes sont signalées à la suite de maladies peu graves, mais
comme des espèces d'abris ou de forte qui ont été négligées dans le principe ;
resses, Jos. 10, 16.Jug. 6, 2. 15, 8.20, 47. ce n'est d'abord qu'un mal, un picote
1 Sam. 13, 6. 22, 1. Ez. 33, 27. Es. 42, ment des yeux, que de simples applica
22., comme ermitages pour les anachorè tions d'eau fraîche, commencées à temps,
les, comme auberges pour les voyageurs, pourraient le plus souvent faire disparaî
comme repaires pour les brigands, com tre; mais grâces à l'idée mahométane d'un
me étables pour les agriculteurs et pour fatalisme auquel rien ne peut échapper,
les bergers des montagnes ; (c'est ce qui ces populations méprisent les précau
explique pourquoi la tradition a voulu tions, et ne font rien pour détourner les
faire une caverne de l'étable dans laquel fàcheuses conséquences dont est menacée
le naquit notre Sauveur, Luc 2, 7.) Elles leur incurie; l'aveuglement de l'esprit
servaient enfin de tombeaux q. v. Bien produit celui du corps, et la folle erreur
qu'elles fussent assez spacieuses, on avait se punit elle-même.
lhabitude d'en régulariser la forme afin Cette maladie est souvent aussi le sim
de les rendre plus commodes, lorsqu'on ple effet de la vieillese, 1 Sam. 4, 15. cf.
se proposait de s'y établir pour un cer 3, 2. 1 Rois 14, 4. Gen. 27, 1.
tain temps; et plusieurs de ces grottes L'aveuglement soudain dont furent
que l'on trouve encore maintenant, ont frappés les Sodomites cherchant la porte
évidemment été travaillées par la main de de Lot pour en faire sortir les deux étran
Ihomme, taillées dans le roc, agrandies gers, Gen. 19, 11., peut s'entendre d'un
et embellies pour son usage. simple éblouissement, de cette confusion
CECITE, maladie beaucoup plus com dans l'organe de la vue qui est bien sou
mune dans l'Orient que chez nous. Elle vent la suite et la peine du péché. Les
est produite soit par un sable très fin que Syriens qui assiégeaient Samarie, et qui
lardente chaleur du soleil pulvérise d'une étaient descendus auprès d'Elisée, furent
manière extraordinaire, et que le vent également frappés d'éblouissement par le
chasse dans les yeux, soit surtout par le prophète, et conduits ainsi jusque dans le
contraste habituel et journalier de la tem camp d'lsraël, 2 Rois 6 , 18-22.; dans le
pérature brûlante du jour, avec le froid même chapitre il est parlé de cet aveugle
glacé des nuits, de la forte évaporation ment naturel à l'homme pécheur, et qui
de la journée, et de la rosée qui tombe l'empêche de voir autour de lui l'armée de
au soir et vers le matin, sur ceux qui l'Eternel, 6, 17. Le Nouveau Testament
Viennent imprudemment pour jouir d'un nous mentionne encore la cécité momen
peu d'air, se reposer la nuit sur les toits tanée de saint Paul, Act. 9, 9., et celle du
de leurs habitations; v.Voyages de Volney mage Bar-Jésus, 13, 6. On ne peut dire
CEC 176 CED
par les replis mobiles de cette robe en 22, 21. (Sebna remplacé par Eliakim).
tr'ouverte : c'est ainsi que voulant laver Nos traductions françaises, dans plu
les pieds de ses disciples, notre Sauveur sieurs des passages que nous avons cités,
se ceignit d'un linge, Jean 13, 4. 5. Les ont traduit le mot hébreu par baudrier au
soldats aussi se ceignaient pour la ba lieu de ceinture, se conformant à l'usage
taille, et David s'écrie, Ps. 18, 39. : « Tu de notre langue, et au sens de la phrase,
m'as ceint de force pour le combat », cf. qui indiquait en effet un baudrier mili
Prov. 31, 17. — En suite de leur valeur, taire ; il faut observer seulement que ce
les ceintures étaient fréquemment offertes baudrier n'était autre chose qu'une cein
en présents, 2 Sam. 18, 11., et jouaient ture, et qu'il s'attachait autour des reins
un certain rôle dans le commerce des ob au lieu de pendre à l'épaule.
jets de luxe et de toilette, Prov. 31, 24. CENCHREE, port de Corinthe, assez
Elles étaient communes aux hommes et éloigné de cette ville, dont il était comme
aux femmes, un peu plus fines pour ces un faubourg. C'est là que saint Paul, avant
dernières, mais variaient beaucoup dans de s'embarquer pour Jérusalem , se fit
leur forme et dans leur tissu, suivant la couper les cheveux à cause d'un vœu qu'il
richesse et la condition des personnes : avait fait, Act. 18, 18. La diaconesse Phœ
pour les pauvres elles étaient simplement bé qui figure en tête des personnes que
de cuir, et fort larges, de près d'un de saint Paul fait saluer à Rome, appartenait
mi-pied, 2 R. 1, 8. Matth. 3, 4. Marc 1, 6.; à l'église de cette petite ville, Rom. 16, 1.
pour les riches, elles étaient de fin lin, CENDRES. « Jenesuis que poussière et
Jér. 13, 1., de coton, Ezéch. 16, 10., et que cendres, » dit Abraham, Gen. 18, 27.,
quelquefois de soie, larges seulement de pour exprimer le sentiment qu'il a de son
quatre doigts, et précieusement ornées néant, cf. Job 34, 15. S'asseoir sur la cen
d'or et de pierreries, Dan. 10, 5., sur dre était une marque de deuil et de re
tout les ceintures de femmes, qui sont pentance, Jon. 3, 6. 2 Sam. 13, 19. Ps.
comptées au nombre des plus beaux ob 102, 9. Lam. 3,16. Dieu menace de faire
jets de la toilette féminine, Es. 3, 20.24. tomber des cendres au lieu de pluie sur
Les hommes portaient ordinairement la les terres d'Israël, si son peuple est in
ceinture à la hauteur des reins, 1 R. 2, 5. fidèle aux lois qu'il lui a données, Deut.
18, 46. Jér. 13, 11. Apoc. 1, 13. 15, 6.; 28, 24. A côté de ces diverses significa
les prêtres la portaient volontiers plus tions qui toutes ont un caractère de dou
haut, sur la poitrine, et les femmes un leur et d'affliction, la cendre avait en
peu plus bas et moins serrée , sur les core une signification symbolique tirée
hanches, comme cela se voit encore en des propriétés purifiantes dont elle jouit ;
Orient. La ceinture des prêtres avait un on composait une espèce d'eau lustrale
nom particulier, et s'attachait par-devant avec les cendres de la vache rousse qu'on
de manière que ses deux extrémités tom immolait dans le grand jour des expia
baient presque à terre. tions, Nomb. 19, 17. cf. Héb. 9, 13.
C'est à la ceinture que les anciens at v. Deuil et Purifications.
tachaient, comme on le fait encore de nos CENE. Repas institué par notre Sau
jours, leur épée, Jug. 3, 16.2 Sam. 20, veur, en souvenir de sa mort; simple in
8. etc., en sorte qu'une ceinture ferme et stitution de Jésus, qui est devenue l'acte
solide pouvait être regardée comme fai principal d'un culte redescendu jusqu'à
Sant partie de l'équipement militaire, Es. la plus flagrante des idolâtries ! Pour re
5, 27. On y portait encore les matériaux venir à son établissement primitif, il faut
nécessaires pour écrire, Ez. 9, 2., et de recourir à l'Evangile de saint Jean, 13, 1.
l'argent, Matth. 10, 9. Marc 6, 8., cf. 2 sq. et à 1 Cor. 11, 23. Le sujet a depuis
Sam. 18, 11. Remettre à quelqu'un sa trop longtemps perdu sa fraîcheur, et
ceinture était à la fois une marque de con avec elle sa simplicité , pour que nous
fiance et d'amitié, 1 Sam. 18, 4.; c'était puissions facilement invoquer ici l'im
aussi le symbole de l'entrée en charge pression d'une première lecture. Et ce
d'un fonctionnaire militaire ou civil, Es. pendant c'est ce qu'il faudrait avant tout.
CEN 179 CEN
ll serait même convenable d'user , ici loppements ou les modifications que les
C0mme en tant d'autres questions, des apôtres ont pu apporter à une institution
termes les plus simples que comporte le du Christ, ont d'après les propres paro
sujet, et de quitter des expressions tirées les du Seigneur, autant d'autorité que les
des langues étrangères, pour nous ser siennes mêmes. N'a-t-on pas vu déja, sous
vir des termes plus clairs de notre langue l'ancienne alliance, une foule de lois don
habituelle. Cène signifie souper, repas : nées par l'Eternel, subir au bout d'un
lisez l'institution elle-même, et vous y temps plus ou moins long, des modifica
retrouverez un souper, un repas , celui tions, quelques-unes assez importantes,
que tous les Juifs faisaient et avaient fait sans doute provoquées par l'Esprit même
depuis des siècles pour célébrer la Pâque, de Dieu , mais qui ne se présentent que
- tandis que le mot de Cène, et bien comme des faits, ou comme les idées du
plus encore celui d'Eucharistie, réveil peuple, d'un roi, ou d'un prophète, aux
lent des idées, ou vagues ou fausses, qui quelles Dieu donne après coup son ap
peuvent être venues après coup, et qui probation et le sceau d'une institution di
permettent de parler de « mystères, » et vine ? Il y aurait une foule d'exemples à
de « terribles mystères , puis d'une sain citer ici ; nous n'alléguerons que les mo
leté extraordinaire des prêtres qui doi difications considérables que subirent né
Vent les célébrer, et de cent autres su cessairement, soit le culte depuis l'érec
perstitions semblables. tion d'un temple, soit plusieurs lois ci
Notre Sauveur, en instituant cette céré viles depuis l'établissement de la royau
monie qui n'est nulle part, non plus que té. Disons encore le fait singulier que,
le baptème, appelée un sacrement, sem sous Moïse et en la présence de Moïse,
ble avoir usé de cette largeur divine, de le peuple entier des Israélites reste 38
cette absence de précision, qui ne dif ans Sans donner à ses enfants cette cir
fère de la négligence qu'en ce qu'elle a concision qui lui était si positivement
été volontaire, et qu'elle paraît avoir eu commandée Jos. 5, 5. !
pour but de laisser, dans certaines bor Or ne serait-il pas permis de penser
nes, les esprits divers envisager l'insti que Jésus ayant donné la règle générale
tution sous diverses faces. C'est le ca et fondamentale, les apôtres chargés de
ractère constant du langage et l'action de l'application, et les fidèles qui voulaient
Dieu dans les choses de ce genre. Cepen y participer, se sentirent pressés, dans
dant il doit y avoir dans cette institution le cas dont il s'agit, de se réunir entre
une vérité fondamentale, et selon nous la eux seuls, pour prendre en paix et sans
voici : Comme un apôtre nous dit plus obstacles ce repas commémoratoire, et
lard que, soit que nous mangions, soit pour pouvoir célébrer sans trouble le
que nous buvions, nous devons tout faire bienfait de leur rédemption ? Le pou
à la gloire du Seigneur, 1 Cor. 10, 31., Vaient-ils toujours dans leur repas ordi
ainsi, depuis la mort expiatoire de Jésus, naire ? Un mari chrétien avec une femme
ses disciples ne devaient plus perdre de païenne, ou l'inverse , des enfants ou des
Vue ce grand sacrifice : tout devait le leur parents, les uns convertis, lesautres non,
rappeler; et toutes les fois en particulier n'auraient-ils pas été mille fois empêchés
qu'ils prendraient leur repas, qu'ils rom de prendre leur repas de la manière que
praient le pain, ou qu'ils boiraient à la Jésus avait indiqué, c'est-à-dire de pren
coupe comme ils le faisaient en ce mo dre le repas du Seigneur ?Ils se réunirent
IDent, ils devaient se souvenir de la mort donc à cet effet; et différents endroits du
que le Rédempteur avait subie, et l'an livre des Actes nous le prouvent jusqu'à
noncer jusqu'à ce qu'il revint, Luc 22, l'évidence. Les apôtres allaient de maison
19. Sans doute la Cène prit, dès les pre en maison rompant le pain, tous les jours,
miers moments de la pratique, une forme 2, 46. Les Corinthiens de même faisaient
un peu différente, mais ce fait n'est point un repas c0mmun, et saint Paul ne blâme
en contradiction avec l'institution telle point chez eux ce fait, mais uniquement
que nous venons de la définir. Les déve la manière dont il se passait, en leur di
CEN 180 CER
sant que s'ils se réunissaient uniquement tôt « quand il a quelque chose contre
pour manger, ils pouvaient le faire chez nous, » et que nous n'avons pas fait notre
eux, tandis qu'ici c'était le repas du Sei possible pour l'apaiser, Matth. 5, 23.24.
gneur, — mais un repas, 1 Cor. 11, 20 Il s'agit là de tout acte de culte quelcon
22. De là les agapes ou repas de charité. que, lecture, prédication, chant, prière
Peut-être aussi la modification apostoli même et autres. La cène n'est ni notre
que eut-elle pour motif notre légèreté offrande, ni une offrande ou un sacrifice;
maturelle et ce besoin que l'homme, même elle en est simplement la commémoration.
le plus pieux, éprouve d'être rappelé au « Non que Christ s'offre plusieurs fois lui
sérieux par une cérémonie rare et impo même; mais ayant été offert une seule fois
Sante. * •
gnaient ordinairement sous les noms de sait aussi que les Orientaux avaient cou
ayal, ayalah, ayèleth, sans en distinguer, tume de mêler d'eau leurs boissons fortes
comme nous, les différentes espèces et pour les rendre plus douces, plus agréa
familles; c'est ainsi que les antilopes et bles, et plus appropriées à leurs besoins.
les gazelles étaient probablement com CESAR, nom commun aux empereurs
prises sous le même nom général, quoique de Rome , et un de leurs titres depuis
la gazelle, q. v., eût aussi le nom particu Jules César jusqu'à la ruine de l'empire
culier de Tsebi. Le cerf est très connu; il romain; c'est probablement le même mot
se rencontre jusque dans les forêts de que le Czar des Russes, et le Kaiser des
l'Asie méridionale. Les Hébreux le comp Allemands. Quoique l'Ecriture Sainte
laient au nombre des animaux purs, de mentionne quelquefois les empereurs sous
même que le daim, Deut. 12, 15. 14, 5.1 leur propre nom, elle les appelle plutôt
R. 4, 23. La course rapide de ce gracieux et généralement Césars, parce que ce
animal, Gen. 49, 21., est souvent célébrée qu'elle en dit se rapporte aux empereurs
par les poètes sacrés. Ps. 18, 34.2 Sam. comme tels, plutôt qu'aux individus :
22, 34.Cant. 2, 9. 17. 8, 14. Es. 35, 6., ainsi dans Matth. 22, 21, « Rendez à César
cf. Virg. En. 6, 802. ce qui est à César, » il s'agit de Tibère;
CERVOISE, boisson dont le nom se Act. 25, 11., lorsque Paul en appela à
trouve toujours joint à celui du vin. Lév. César, il s'agit de Néron , les ordonnan
10.9. Nomb. 6, 3. Deut. 29, 6, Jug. 13, ces de César de Act. 17, 7. se rapportent
4.1 Sam. 1, 15. Prov. 20, 1. 31, 4. Un à Claude. Ce dernier empereur est nommé
des vœux du Nazaréat était l'abstinence de son nom Act. 11, 28; Auguste, Luc, 2,
de cette boisson comme de toute autre 1. et Tibère, Luc. 3, 1. Néron n'est ja
boisson fermentée. On ne sait pas exac mais nommé directement. - v. ces dif
tement ce qu'était la cervoise, probable férents articles. - * -
ment une espèce de vin falsifié dont les CÉSARÉE. Il y avait deux villes de ce
anciens fabriquaient diverses sortes; nom en Palestine, 1° La première, qu'on
Pline parle (14, 19.) de vin d'orge, et d'un appelait simplement Césarée, ou aussi
vin de dattes que l'on préparait dans tout Césarée de Palestine, était située au bord
l'Orient, en laissant infuser quelque de la Méditerranée, non loin du promon
temps des dattes dans une quantité d'eau toire du mont Carmel. Primitivement
suffisante, et en les pressant ensuite connue sous le nom de Tour de Straton,
c0mme des raisins dans la cuve; cette elle fut nommée Césarée par Hérode le
boisson ne paraît pas cependant avoir Grand , qui l'étendit considérablement
été très saine; elle causait d'assez fré en l'honneur d'Auguste, l'embellit , lui
quents maux de tête. Les Talmudistes donna à grands frais un port sûr, et la
mentionnent encore un vin de miel dont fortifia pour se protéger contre les Juifs
le mode de fabrication est inconnu. C'est qu'il gouvernait. Un certain nombre de
entre le vin d'orge et le vin de dattes Juifs s'y étaient établis, qui vivaient en
qu'il faut probablement opter pour trou dissensions continuelles avec les Grecs
ver la cervoise. Saint Jérôme qui parle et les Syriens qui s'y trouvaient. Les Ro
des diverses boissons que nous venons mains, en firent, avant la destruction de
de nommer, ne se prononce pour aucune, Jérusalem, la résidence du gouverneur
et définit en général la cervoise (sicera) de la Palestine, qui montait à Jérusa
t0ute boisson enivrante. Le passage Es. lem lors des fètes solennelles (ainsi qu'on
5, 22. doit se traduire : « Malheur à ceux le voit par la vie de Pilate), c'était aussi
qui sont...vaillants à méler la cervoise ! » le point central de leurs forces militaires
La question est de savoir si le prophète a dans ce pays, et le siége principal de
Voulu dire mettre de l'eau dans la cer l'administration et de la justice. Cette
V0ise, ou l'assaisonner d'épices fortes et ville n'est plus maintenant, sous le nom
savoureuses, de myrrhe, etc.; le nexe de de Kaisarié, qu'un grand amas de ruines
la phrase favoriserait cette dernière ex inhabitées ; ses murailles , relevées par
plication (Winer, Gesenius,); mais on saint Louis pendant sa croisade, sont
CES 182 CHA
dre le chacal par le mot Yim des passages habitants de Jérusalem assiégés par leurs
Es. 13, 22. 34, 14. Jér. 50, 39. que nos ennemis y seront réduits, au point qu'ils
versions traduisent par « les bêtes sau dévoreront la chair de leurs propres en
yages des îles ou des déserts. » L'animal fants. — La chair des impudiques est
appelé Thannim ou Thannin, Job 30, 29. comparée à celle des ânes, elle est dure
Mic. 1, 8. Es. 43, 20., et qui se traduit comme celle des chevaux, Ez. 23, 20.
par dragons dans nos Bibles, est peut Dans Prov. 5, 11., ce mot a peut-être
être aussi le chacal, mais c'est très in une signification plus particulière; en par
Certain , quelques-uns le rendent par lant des hommes qui commettent le pé
chien sauvage, d'autres par loup, et l'a- ché d'impureté, le Sage'dit que leur chair
malogie de l'arabe favoriserait cette der est consumée par les maladies.
Ilière traduction. Il y a cependant en Quant à la chair des animaux, la loi de
Orient une autre espèce de chien-loup Moïse avait sans doute, sous le double
appelé le chien de Syrie, qui ressemble point de vue hygiénique et moral, dé
encore plus au renard que le chacal, mais claré certaines viandes impures, et d'au
avec le museau moins allongé, les pieds tres pures et propres à être mangées, Lév.
plus courts; la peau brune, blanchâtre 11. Les Hébreux se nourrissaient volon
Sur le cou; les oreilles courtes, presque tiers de brebis, Es. 53, 7. Am. 6, 4. ;
blanches en dedans; sa tête tient de celle de veaux, 1 Sam. 28, 24. Gen. 18,7. Am.
du loup; son cri féroce et plaintif ex 6, 4. Luc 15, 23.; de bœufs, Es. 22, 13.
prime la joie et la volupté plus que la Prov. 15, 17. 1 Rois 4, 23. Matth. 22, 4.;
faim. Il serait possible que ce fût là l'a- de jeunes chèvres, 1 Sam. 16, 20.; de gi
nimal dont parlent les auteurs sacrés bier et de volaille, 1 Rois 4, 23 (le mot
S0us le nom de Thannim; c'est l'opinion hébreu barburim, employé dans ce der
d'un savant allemand, Ehrenberg, devant nier passage, signifie selon les uns des
laquelle Winer reste sans oser se décider. chapons, selon d'autres des oies). Ce
CHAIR. Le mot chair se prend dans pendant les riches seuls faisaient de la
IEcriture sainte dans différentes accep viande un usage habituel, 1 Rois 4, 23.
lions. Il signifie l'homme, les hommes, Néh. 5, 18. Les pauvres n'en mangeaient
l'humanité, Jos. 23, 14. Gen. 6, 12. ;-les que les jours de fête, ou dans des occa
ètres vivants et les animaux, Gen. 7, 15. sions solennelles, Luc 15, 23., ainsi que
16.;- des relations de parenté, Gen. 29, font encore aujourd'hui les Arabes. L'é-
14.37, 27. 2 Sam. 5, 1.1 Chr. 11, 1. La paule était la partie la plus recherchée.
chair est souvent opposée à l'esprit, Gal. Les Hébreux n'avaient pas le droit de
5, 16.17. 19.24. Dans ces passages elle manger des viandes dans lesquelles se
est représentée comme ayant des appé trouvait du sang, parce que, dit le légis
lits à elle, ses passions, ses voluptés ; ses lateur, l'âme de la bête est dans son sang,
Œuvres, ses fruits sont les impuretés , Gen. 9, 4. Lév. 3, 17. 7, 26.17, 10. Deut.
l'orgueil et la haine. Ces questions de 12, 27.; cette défense semble avoir été
psychologie semblent résolues par la Bi reproduite par les apôtres pour les mem
ble dans un sens presque matérialiste. bres de la nouvelle alliance, Act. 15, 20.
Sans entrer à cet égard dans un examen 29. Ils ne pouvaient pas toucher non plus
épineux, qui appartient d'ailleurs à la à des viandes qui avaient été d'abord sa
dogmatique plus qu'à notre travail, nous crifiées à des idoles , et les judéo-chré
n0us bornerons à faire remarquer le pas tiens continuèrent d'observer cette règle,
sage Eph. 2, 3., où saint Paul distingue mais ils en furent dispensés pour les cas
entre les désirs de la chair et ceux de où ces viandes leur seraient présentées
l'esprit. Il semble qu'il y ait, Job 19, 22. dans des repas ou à la boucherie, sans
31, 31. cf. Ps. 27, 2. Jér. 19, 9. Lam. 2, qu'ils en pussent connaître l'histoire et
20. 4, 10. Ez. 5, 10., une allusion à l'an l'origine; ils ne durent s'en abstenir que
cien cannibalisme, coutume barbare dont lorsque des frères faibles leur feraient
le pieux affligé craint d'être la victime, observer qu'elles avaient servi à des sa
et dont les prophètes annoncent que les crifices, et cela à cause de la conscience
CHA 184 CHA
de leurs frères, qui pourrait en être bles dans l'espèce du chameau. Le dromadaire
sée, 1 Cor. 8 ; 10, 25. Dom Calmet fait n'a qu'une bosse, et se trouve en Syrie
observer à ce sujet qu'en effet « le royau et en Palestine sous le nom de chameau
me de Dieu ne consiste pas dans la nour turcoman , chameau arabe : il ne porte
riture, ni dans le choix des viandes et des que 3 à 400 kilog. Le chameau proprement
boissons, » Rom. 14, 17.1 Cor. 8, 8., et dit, ou chameau à deux bosses, est plus
les chrétiens savent qu'à cet égard au grand et plus fort; il porte jusqu'à 800
cune règle ne leur est imposée de la part kilog.; on le distingue du dromadaire par
de Dieu , mais bien de la part de quel les noms de chameau bactrien ou chameau
ques hommes qui « se sont révoltés de la turc; mais il est plus délicat, il craint da
foi, s'adonnant aux esprits séducteurs et vantage la chaleur, et l'on ne peut pas
aux doctrines des démons, enseignant des s'en servir dans les mois les plus chauds
mensonges par hypocrisie, et ayant une de l'année. L'espèce du dromadaire est
conscience cautérisée, défendant de se beaucoup plus nombreuse et plus répan
marier , commandant de s'abstenir des due que celle du chameau : mais l'une et
viandes que Dieu a créées pour les fidè l'autre sont circonscrites entre la Chine
les. » 1 Tim. 4, 1-3. et l'Arabie, sans s'élever plus au nord ni
CHALACH, 2 Rois 17, 6. 18, 11. Peut descendre jusqu'aux Indes.
être le même endroit que Calah q. v.; mais Si pendant sa vie le chameau peut rem
l'un et l'autre sont peu connus. On com placer à la fois, et avantageusement, le
pare la province de la Calachène dont cheval pour la course et le trait, la vache
parlent Ptolémée et Strabon, qui était si pour le lait, l'âne par sa sobriété, la bre
tuée entre les sources du Lycus et du Ti bis par son poil qui tombe chaque année,
gre; — ou encore la ville arabe de Chol et enfin le bois par sa fiente, que les Ara
wan, ancienne résidence d'été des califes, bes font sécher au soleil et qu'ils font
à cinq journées de Bagdad, située d'après brûler ensuite, il sert encore après sa
d'Anville entre le 63° et 64° longitude et mort, et aucune partie de cet utile animal
le 34o et 35° latitude. Il y a de la marge ne se perd. Quand on le tue, sa chair
pour choisir. nOurrit les Arabes, Ou bien les caravanes
CHALCÉDOINE, le troisième fonde altérées trouvent dans ses quatre esto
ment de la nouvelle Jérusalem, Apoc. 21, macs de l'eau pour apaiser la soif qui
19. C'est une pierre précieuse , à moitié les dévore; souvent même, au milieu des
transparente, bleu de ciel, nuancée d'au déserts, on le tue tout exprès pour boire
tres couleurs , elle correspond à l'agathe, cette eau, lorsque rien ne fait espérer
Ex. 28, 19., et l'on trouve une agathe qu'on en puisse trouver ailleurs. Sa peau
chalcédoine qui semble être une forte sert à faire des sandales ou des outres
combinaison des deux substances. solides et d'une grande capacité, dans
CHAMBRE haute, v. Maisons. lesquelles on conserve et transporte de
CHAMEAU. Cet animal, maigre sans fi l'eau, du beurre, des grains et tels autres
nesse, élancé sans élégance, léger sans objets de commerce ou d'utilité particu
grâce, est trop connu pour que nous ayons lière. On en fait aussi des courroies et
à parler de son gros dos, de son cou sec des cordelettes dont on se sert en en at
et long, de sa petite tête, de ses courtes tachant cinq ou six les unes aux autres,
oreilles, de son poil gris ou fauve. Il a pour puiser l'eau des citernes. Quelque
de 2 mètres à 2 mètres 1/2 de hauteur. fois encore, on étend des peaux tout en
L'excroissance grasse , glanduleuse et tières, dans lesquelles on recueille la ro
charnue qu'il porte sur le dos fournit sée et la pluie du ciel , et ces citernes
aux Arabes une nourriture succulente et artificielles servent à abreuver les trou
recherchée, aux voyageurs un siége sûr peauX.
et solide. Les noms de dromadaire et de Les patriarches regardaient déjà le cha
chameau n'indiquent pas deux espèces meau comme une de leurs principales ri
différentes, mais seulement deux familles chesses, Gen. 12, 16. 24, 10. 30, 43.31,
distinctes subsistant de temps immémorial 17. 32, 7. Job, dans le temps de sa pros
CHA 185 CHA
périté, possédait 3,000 chameaux ; plus des tapis, des sacs, ou de grossiers vê
tardil en eut jusqu'à 6,000, Job 1, 3.42, tements. L'apôtre de la solitude et de la
12.Les Madianites, les Hamalécites et les repentance, Jean-Baptiste, dont notre
peuplades voisines des Hébreux possé Sauveur a dit qu'il n'était point vêtu d'ha
daient des chameaux aussi nombreux que bits précieux, Matth. 11, 8., était en ef
lesable qui est au bord de la mer, Jug. 6, fet couvert d'un manteau de poil de cha
5.7, 12.1 Sam. 15, 3. 27, 9. Gen. 37, 25. meau, Matth. 3, 4.
ler. 49, 32. Les Israélites des temps pos Nous trouvons, Matth. 19, 24. Marc10,
lérieurs ne firent pas moins de cas de ces 25. Luc 18, 25., un proverbe cité par notre
utiles animaux, 1 Chron. 27, 30. Esd. 2, Seigneur, et qui n'est pas toujours bien
57. cf. Tobie 9, 1. Sa chair leur était in compris : « Je vous dis qu'il est plus aisé
lerdite comme impure, Lév. 11, 4. Deut. qu'un chameau passe par le trou d'une ai
14, 7.; mais il paraît que son lait ne l'é- guille, qu'il ne l'est qu'un riche entre dans
lait pas. On se servait des chameaux pour le royaume de Dieu. » Cette figure, peu en
le transport des marchandises ou des ba rapport avec celle que nous emploierions,
gages militaires, Gen. 37, 25. Jug. 6, 5. a paru à quelques interprètes si forcée,
l Rois 10, 2.2 Chron. 9, 1.2 Rois 8, 9. qu'ils ont cru devoir substituer au mot
Es. 21, 7.30. 6. 60, 6., à cause de leur grec camélos le mot camilos qui se pro
force, de leur sobriété, et de la sûreté de nonce à peu près de même, et qui signifie
leur pas dans les sables ou sur les mon une grosse corde, un cable de vaisseau ;
tagnes : ils servaient aussi de montures, rien n'empêche que cette variante ne soit
Gen. 24, 64. 1 Sam. 30, 17.; les femmes admise, rien, excepté cependant l'accord
s'asseyaient dans des espèces de corbeil des manuscrits. Mais comme cette va
les ou paniers, solidement attachés des riante, qui s'accommode assez avec n0s
deux côtés de l'animal, couverts d'un usages, ne s'accommode pas avec ceux de
dais et garnis de tentures, souvent ma l'Orient, il faut s'en tenir au texte ordi
gnifiques : on en voit un exemple , Gen. naire; c'était une habitude orientale, pour
31, 34. : les hommes cependant montaient exprimer la difficulté d'une chose, de dire
plus ordinairement, comme cela se fait qu'il serait plus facile de faire passer un
encore en Arabie, sur des selles légères, chameau, ou un éléphant, par le trou d'une
0u sur le poil nu de l'animal, comme sur aiguille.
nos chevaux. On employait aussi les cha CHAMEAUPARD, ou Caméléopard,
meaux dans les guerres; ils étaient ornés héb. Zémèr, animal dont Moïse permet
et équipés somptueusement. Ceux qui pa l'usage aux Hébreux. Les uns font du
rurent dans les guerres des Madianites chameaupard le produit d'une panthère
portaient des çroissants autour du cou, et d'un chameau, ou plutôt d'une cha
comme si le croissant eût déjà dû par melle et d'une panthère mâle ; mais outre
avance être le signe symbolique des infi que ce produit serait un animal fabuleux,
deles de l'Orient, Jug. 8, 21. 26. Cyrus on ne peut admettre que Moïse ait donné
avait également une cavalerie d'archers comme une viande pure, celle d'une bète
montés sur des chameaux, Es. 21, 7., et issue de deux bètes impures. D'autres
les historiens Hérodote et Xénophon ra pensent que par chameaupard ou Zémèr,
il faut entendre la girafe (Ostervald,
content que les chevaux de Crésus, effrayés
à la vue de ce spectacle inattendu , se Sacy); mais il est peu probable que Moïse
ruèrent sur leurs cavaliers et donnèrent ait donné une place dans la loi sur les
ainsi la victoire à Cyrus. Les Arabes, de viandes à cet animal qui appartient ex
n0s j0urs , montent des chameaux aussi clusivement aux régions brùlantes de
bien que des chevaux lorsqu'ils se met l'Inde au-delà du Gange. Luther enfin
lent en campagne. traduit Zémèr par élan; cette espèce de
Ainsi qu'on vient de le dire, cet animal cerf n'appartient point non plus aux lati
mlle chaque printemps, et perd en un ou tudes de l'Asie mineure , il habite les
deux jours tout son poil, qu'on recueille pays froids, et rien ne vient à l'appui de
avec soin, et dont on fait des couvertures, cette interprétation (Bochart, Gesenius,
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geurs n'avaient guère autre chose à faire équipages d'apparat, 1 Sam. 8, 11.2Sam.
qu'à la leur fournir contre une espèce 15, 1., que des voitures de voyage ; on
d'agi0. Ce métier chez les Juifs remonte en trouve cependant, Gen. 45, 19., 1 Rois
à une haute antiquité. 12, 18. 22, 35. 2 Rois 9, 27. Act. 8, 28.
CHANTRES. Ce fut sous les règnes de La Palestine étant peu propre , à cause
David et de Salomon que des chantres de ses montagnes, à la circulation des
furent établis pour le service de l'autel et chars, les Israélites préféraient les mon
du temple, 1 Chr. 25, 1. sq.; ils furent tures aux attelages, et se servaient or
choisis parmi les Lévites qui, étant de dinairement d'ânes, de chevaux et de
venus fort nombreux et n'ayant plus à mulets : les chariots n'apparaissent que
s'occuper du désassemblement du taber rarement dans leur histoire, et presque
Bacle, pouvaient s'adonner à la musique toujours dans des occasions solennelles
avec d'autant plus de facilité qu'ils n'a- ou dans des moments extraordinaires ;
vaient pas à s'inquiéter de leur subsis ils formaient presque un apanage des
lance. Il y eut dès le commencement riches.
4000 chantres, conduits et dirigés par Les chariots dont l'Ecriture parle le
Asaph, Héman et Jéduthun, chefs de la plus souvent sont les chariots de guerre ;
musique. Les vingt-quatre fils de ces trois ils étaient de deux sortes, ceux qui ser
Lévites étaient à la tête de vingt-quatre vaient aux princes et aux généraux, et
c0mpagnies de chanteurs, et chacun d'eux ceux que l'on envoyait, armés de fer,
avait encore sous sa direction onze maî pour briser les rangs des ennemis, et
tres d'un rang inférieur, sans doute pour ravager leurs armées : on trouve même,
conduire les chœurs et faire des répéti 2 Macc. 13, 2., des chariots armés de
tions partielles : il n'y avait pas de fem faux, que le roi de Syrie amenait contre
mes au milieu d'eux (v. cependant 1 Chr. la Judée. Les auteurs profanes, Diodore
25, 5.) Dans les cérémonies solennelles, de Sicile, Quinte-Curce, Xénophon, ra
lesKéhathites occupaient le milieu du tem content combien étaient effroyables dans
ple, les Mérarites la gauche, et les Guer leurs effets, ces machines roulantes, hé
sonites la droite. Ils ne portaient pas rissées de piques et de lances de tous les
ºrdinairement de costume particulier; cotés; au timon, des piques avec des
cependant lors de la translation de l'arche pointes de fer qui regardaient en avant ;
dans le temple de Salomon, ils parurent au joug des chevaux, deux pointes lon
Vêtus de tuniques de fin lin, 2 Chr. 5, 12. gues de trois coudées; et partout des
-Le maître-chantre (Menazéach) auquel crocs de fer. Quelquefois on mettait en
llh grand nombre de Psaumes sont c0n core sur ces chariots plusieurs hommes
sacrés ou dédiés, n'était probablement bien armés, qui combattaient à coups de
pas ce que nous appelons chez nous un dards et de flèches. L'essieu était plus
dantre, celui qui donne le ton et qui long que celui des chars ordinaires, et les
conduit le chant, mais un chef de musi roues plus larges et plus fortes, pour
que, chargé de faire répéter et exécuter pouvoir résister à l'effort du mouvement,
les morceaux qui lui étaient confiés; et et afin que le chariot fût moins sujet à
cetteinscription semble désigner les psau verser, au milieu des heurts et des chocs
mes qui étaient plus particulièrement due sa forme irrégulière pouvait lui faire
destinés à être chantés, et qui avaient un rencontrer. Le siége du cocher était une
caractère public. espèce de petite tour de bois bien solide,
CHARS, Chariots. Nous trouvons déjà à hauteur d'appui, et le cocher s'y tenait,
dans l'ancienne histoire d'Israël les cha armé de toutes pièces et couvert de fer.
riots employés comme moyens de trans Les plus anciens chariots de guerre
pºrt pour les vases du tabernacle, Nomb. dont on ait connaissance sont ceux de
7.3., pour l'arche, 1 Sam. 6, 7.8., 2 Sam. Pharaon , qui furent submergés dans la
". 3., pour fouler le grain, Amos 2, 13., mer Rouge. Nous en voyons encore dans
ºu pour conduire des princes et des rois : l'armée des Cananéens. Jos. 11, 4., dans
lans ce dernier cas, c'étaient plutôt des celle des habitants de la vallée que la
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tribu de Juda ne put déposséder, Jug. 1, question de savoir s'ils ont été réels ou
19., dans celle de Siséra, Jug. 4, 3., chez s'ils n'ont été qu'apparents. Il y a des
les Philistins qui, dans leur guerre con chariots de feu dans l'armée qui veille
tre Saül, ne comptèrent pas moins de autour des rachetés de Jésus. Et le paga
30,000 chariots attelés et 6,000 chevaux nisme qui, souvent, n'est qu'une gros
de cavalerie, 1 Sam. 13, 5., et, enfin, dans sière défiguration de la vérité, avait aussi
l'armée de Hadarhéser, à qui David prit cOnsacré à ses divinités des chars et des
mille chariots, dont il conserva cent pour chevaux; Hérodote, Xénophon et Quinte
Son usage ; mais il ne paraît pas que ni Curce parlent des chariots blancs, traînés
lui, ni aucun autre roi hébreu, se soient par de magnifiques chevaux de la même
jamais servis de chariots pour la guerre, couleur et couronnés de guirlandes, que
et nous ne voyons aucune expédition dans les Perses consacraient au soleil dans
laquelle Salomon ait employé un seul des leurs cérémonies solennelles. Le roi Jo
4,400 chariots et des 12,000 chevaux sias fit brûler des chariots que ses pré
qu'il possédait, 1 Rois 10, 26.; aussi l'in décesseurs avaient voué au culte de cet
égalité du terrain en eût-elle rendu l'u- astre, 2 Rois 23, 11.
Sage fort inutile et fort embarrassant. L'Ecriture parle encore d'une autre es
Quant aux chars que montaient les pèce de chariots, ceux des aires, dont on
rois et les généraux dans les batailles, on se servait pour briser la paille ou pour
n'en connaît pas bien la forme ; mais on séparer le grain de l'épi, v. Es. 25, 10.
peut croire qu'à l'exception des acces 28, 27.41, 15. Am. 1, 3. 2, 13. Ils étaient
Soires meurtriers, elle se rapprochaitas portés sur des roues fort basses, gar
sez de celle des autres chariots de guerre nies de fer, qu'on roulait sur la paille ;
par la longueur de l'essieu et le peu de d'autres fois même c'étaient de simples
hauteur des roues; ils étaient ordinaire rouleaux de bois armés de crocs, des es
ment suivis d'un autre chariot vide, afin pèces de herses, 2 Sam. 12, 31.,que l'on
que s'il arrivait un accident au premier, faisait passer sur les gerbes; cf. Virgile;
la course et les travaux du roi ne fussent Géorg. 1, 163. 164. (Dans ce passage de
pas interrompus, 2 Chr. 35, 24. cf., Gen. Virgile trahea est un chariot sans roues,
41, 43. et tribula une espèce de chariot armé de
C'est dans un chariot de feu que le dents de toutes parts). Ces chariots cham
prophète Elie fut enlevé de la terre, 2 pêtres ont une fois, et à la honte d'un
Rois 2, 11., et le prophète Elisée, vou grand roi, été employés à broyer des en
lant fortifier la foi de son serviteur (ce nemis vaincus : David s'étant emparé de
n'était plus Guéhasi) contre les entre Rabba, ville de Hammon, en prit les ha
prises du roi de Syrie, lui fit voir la mon bitants et les mit sous des Scies et sous
tagne pleine de chevaux et de chariots des herses de fer, etc., 2 Sam. 12, 31.
de feu, l'armée de l'Eternel, qui entou Ces scies n'étaient probablement pas au
raient Elisée. Soit que l'Ecriture ait voulu tre chose que les chariots à roueS, appe
descendre aux formes humaines pour ex lés scies par les Septante et par saint Jé
pliquer la présence et la force divines, rôme (plaustrum habens rostra serrantia),
soit que les choses du ciel ne diffèrent et les herses étaient les traîneaux sans
des choses humaines que par leur per roues, l'autre espèce de char à battre le
fection et par leur sainteté consumante, blé. Amos, 1, 3., dit que les Israélites de
soit enfin que, dans un moment donné, Galaad ont éprouvé un traitement sembla
l'armée céleste ait revêtu l'apparence des ble de la part du roi de Damas, et l'on sait
armées terrestres, mais pour se montrer que les anciens Germains, les Carthagi
en même temps une armée foudroyante, nois et les Romains avaient imaginé de
nous devons admettre les faits tels qu'ils faire mourir les hommes sous des claies
nOus sont racontés, sans nous arrêter à chargées de pierres.
des considérations ou à des hypothèses CHASLUHIM, descendantsdeMitsraïm,
plus ou moins légères ou frivoles, sur la Gen. 10, 14., et par conséquent peuplade
nature de ces chariots, ou plutôt sur la émigrée d'Egypte. Les uns veulent y voir
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les Pentapolitains, habitants de la Cyré aient été et soient encore fort en usage
naique; d'autres l'entendent des habitants en Orient; le gibier qu'auraient abattu
de Pentaschœnos, dans la Basse-Egypte; ces animaux eût été souillé pour les ob
d'autres cherchent les Chasluhims dans servateurs de la loi mosaïque, Lév. 17,
la Thébaïde ; d'autres comparent encore 15., à moins cependant qu'on ne les eût
la province de Casiotis entre Pelusium et dressés à saisir seulement la proie sans
Gua; Dom Calmet suppose qu'ils se se la tuer. — Nous voyons, Jug. 14, 6. 1
r0nt établis sur la côte occidentale de la Sam. 17, 35., quelques exemples d'hom
mer Rouge, vis-à-vis de la ville de Colo mes vaillants qui, sans le secours d'au
Ca. Dans ce conflit d'opinions contradic cune arme, ont su faire leur chasse et
loires, celle de Bochart paraît encore la tuer de redoutables bêtes féroces.
plus probable, c'est qu'il s'agit de la Col Les prophètes représentent quelque
chide, sur les bords orientaux de la mer fois la guerre sous l'emblème de la chasse.
Noire; Hérodote, Diodore, Amm. Mar Jérémie 16, 16. annonce les veneurs (ou
cellin affirment que ces Colchiens étaient chasseurs) qui viendront contre Israël,
des émigrés d'Egypte, et les deux noms sans doute les Caldéens et les Perses. cf.
Colchi, Chaslchim, sont à peu près les Ez. 32, 3. 13, 20. Lam. 3, 52. Ps. 91, 3.
mèmes, à l'exception de l'S. Mich. 7, 2.
CHASSE, chasseur. « L'exercice de la CHAT-HUANT. Les deux premiers
chasse, dit Buffon, doit succéder aux tra animaux indiqués Lév. 11, 16. Deut. 14,
vaux de la guerre, il doit même les pré 15., et traduits par nOs versions « le chat
céder; c'est l'école agréable d'un art né huant et la hulotte, » doivent se traduire
cessaire.» (Art. du Cerf.) Lorsque l'Ecri plutôt par « l'autruche femelle et l'au
ture parle du premier chasseur, elle nous truche mâle. » C'est le même mot, B'noth
le montre aussi comme un puissant con Yaaneh, que nos versions ont partout
quérant, Gen. 10, 9. La chasse, dans les traduit par chat-huant (sauf Job 30, 29.,
premiers temps du monde, n'était pas un hibous), et qui doit partout aussi se tra
amusement, elle était un mérite, une Oc duire par autruche, Es. 13, 21. 34, 13.
cupation : c'était subir des dangers pour Mich. 1, 8. Les animaux mentionnés dans
le bien de la société; aussi, dans toute l'Ecriture sainte et qui, d'après quelques
lantiquité et en Asie surtout, les chas versions, appartiendraient à la famille des
seurs étaient-ils très respectés. chats-huants sont les suivants :
La chasse était déjà connue des Hé Le Tin'chimeth, oiseau impur, Lév. 11,
breux à l'époque de leur vie patriarcale 18. Deut. 14, 16. Bochart, d'après On
et nomade, quoique peut-être elle ne fut kélos, le traduit par noctua; les Septante
pratiquée que par les branches moins bé par porphyrio, espèce de mouette ou
nies des familles sémitiques, Gen. 25, 28. poule d'eau; la Vulgate et nos versions
27, 3. Plus tard elle devint une habitude, par cygne ; cette dernière traduction se
Lév, 17, 13. Prov. 12, 27.. destinée soit rait favorisée par le contexte.
à la prise du gibier, soit à la destruction Le Yanschouph, Lév. 11, 17. Deut. 14,
des animaux malfaisants et dangereux 16. Es. 34, 11. Luther et nos versions le
qui n'étaient point rares en Canaan. Les traduisent par hibou, de même que Bo
armes des chasseurs étaient l'arc, Gen. chart. Les Septante et la Vulgate ont lbis.
27, 3., la lance, le javelot, les filets (mème Gesenius, s'appuyant sur l'étymologie de
pour de gros animaux comme la gazelle ce nom, qui vient de naschaph (souffler),
(oubœufsauvage), Es. 51, 20., et le lion, pense à une espèce de héron, le butor,
Ez. 49.8. cf. Eccl. 9, 12. Ps. 91, 3.), et qui pousse un bruit éclatant comme ce
des fosses dans lesquelles on attirait par lui d'un instrument à vent. Il est difficile
surprise les animaux dont on voulait s'em de rien prononcer.
parer, surtout les lions, cf. Ez. 19, 4. Le shahaph, Lév. 11, 16., traduit hibou
2 Sam. 23, 20. Il ne paraît pas que les cornu par OEdman , coucou par nos ver
Israélites se servissent de chiens, ni de sions , mouette par les Septante et la Vul
faucons dressés, quoique ces auxiliaires gate, et en partie par Bochart; ce dernier
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sens est peu probable, à cause du con exacte et vraie de la justice. En l'intro
texte, qui ne parle que d'oiseaux de terre ; duisant dans sa loi, Moïse n'a fait que la
on ne peut rien décider. conserver, en la restreignant et la réglant
Le Kôs, Lév. 11, 17. Deut. 14, 16. par une foule de dispositions de nature
Ps. 102, 7., Martin et Ostervald le tra à lui ôter le caractère de la haine et de la
duisent par chouette, de même que Lu vengeance, v. Talion.
ther; la plupart des traducteurs le ren Les peines capitales, q, v., jouaient un
dent par hibou. L'accord des interprêtes grand rôle dans cette législation, soit
et des talmudistes, ainsi que le passage comme châtiments, soit comme m0yens
du psaume indiqué, qui nous montre le d'intimidation, Deut. 17, 13. Puis ve
Kôs habitant au milieu des ruines, vient naient les peines corporelles, le fouet et
à l'appui de cette traductIon. Bochart veut la prison , q. v.; enfin des amendes ,
au contraire y voir le pélican, par des fixées dans certains cas par la loi, Deut.
motifs étymologiques. 22, 19.29., dans d'autres abandonnées à
Le Tachmass, Lév. 11, 16. Deut. 14, la discrétion de l'offensé, Ex. 24, 22., ou
15. Les Septante, Onkelos et la Vulgate destinées à remplacer pour le coupable
traduisent chat-huant; cette version peut les peines corporelles auxquelles il était
être soutenue mieux que celle de nos Bi condamné, Ex. 21, 29. La restitution
bles qui lisent hulotte; mais la plupart était, en tout cas, la première peine du
des commentateurs se sont prononcés dommage causé , si tant est qu'on puisse
d'après une étymologie un peu vague l'appeler une peine, mais cette restitu
(chamass, être violent) pour la traduction tion, simple dans le cas de dommage in
autruche mâle. volontaire, Ex. 21, 33. 34., montait jus
Quant au chat-huant proprement dit, qu'au quintuple dans le cas d'un dommage
il n'en est pas question dans la Bible. fait avec intention , ou pour une chose
CHATAIGNIER. Le mot Harmon que volée, 22, 1. sq. — L'exil, l'augmenta
nos versions et Luther ont traduit par tion de la peine en cas de récidive, et
châtaignier, Gen. 30, 37. Ez. 31, 8., ind,- les supplices étaient inconnus à la légis
que plutôt une espèce d'érable ou de lation mosaïque; plus tard ils furent in
platane, le platanus orientalis, très com troduits dans les mœurs et dans les tra
mun en Orient , mais qui croît aussi na ditions rabbiniques : l'ancienne coutume
turellement chez nous dans les terrains de l'imputation, par laquelle on envelop
humides : son tronc est droit et élevé, pait toute une famille dans la peine d'un
son écorce grise et fine tombe chaque coupable, n'est point sanctionnée dans
année, le bois est d'un très beau blanc, la loi; elle y est même interdite, Deut.
et sert en Asie à la construction des 24, 16. cf. 2 Rois 14, 6.; Dieu s'était ré
vaisseaux ; ses rameaux et ses branches servé de juger des cas dans lesquels elle
s'étendent assez loin et donnent beau devrait être pratiquée, Jos. 7, 15. 24.,
coup d'ombrage, ses feuilles ressemblent parce que seul il peut juger de la partici
à celles de la vigne, laineuses et sises sur pation morale d'une famille au crime d'un
un long pétiole, ses fleurs sont réunies de ses membres.—L'ensemble des peines
en de petites touffes rondes et verdâtres, marquées dans la loi mOsaïque, comme
elles commencent à paraître avant les toutes les autres dispositions de cette loi,
feuilles. C'est à la fin de l'automne que est empreint d'un caractère de douceur
mûrit sa semence, renfermée dans de pe bien rare dans les temps anciens, et chez
tites loges garnies d'une espèce de laine. les nations policées, ou sauvages, de
— Les arbres nommés, Gen. 30, 37., cette époque reculée. Les châtiments
sont donc le peuplier (ou storax), l'a- sont proportionnés aux délits , la faute
mandier et le platane. est punie, l'offensé est satisfait, et l'in
CHATIMENTS. Tout le système pénal justice évitée autant que possible , toutes
de la législation mosaïque reposait sur les précautions sont prises pour abriter
l'idée du talion, idée ancienne, Gen. 4, l'innocent, et dans plusieurs cas où la
14. 9, 5., simple et naturelle ;expression perspicacité humaine n'aurait pu se pro
CHA 191 CHA
contenait deux setiers, le quart d'unbath, reté qui caractérisent encore aujourd'hui,
d'après Hésychius(9litres);selon Boeckh, suivant les rapports de Sonnini et des
la quantité de froment nécessaire à la autres voyageurs , les chevaux de cette
nourriture d'un homme pour unjour : ce | contrée, v. Gen. 47, 17.50, 9. Ex. 9, 3.
serait bien vague, et la mesure serait sus On s'en servait pour la guerre, Ex. 14,
ceptible de varier beaucoup. 9.23.—Les Cananéens, qui demeuraient
CHERUBlNS. lls sont nommés dans | en Palestine, avaient aussi une cavalerie,
plusieurs passages de la Bible; déjà dans | et ils l'employèrent contre les Israélites
la Genèse 3, 24., comme gardiens du qui venaient chez eux pour les dépossé
chemin qui conduit à l'arbre de la vie; der, Jos. 11, 4. Jug. 4, 3.7.13.5, 22.28.
puis ils sont représentés en or massif sur Il en fut de même, plus tard, des Syriens
le propitiatoire, Ex. 25, 18., en brode 2 Sam. 8, 4., qui laissèrent 1,700 hom
rie sur les couvertures et les voiles du mes de cavalerie au pouvoir de David,
tabernacle, Ex. 26, 1. 36, 8.35., en re lorsqu'ils se furent levés pour aller re
liefsur les lambris du temple de Salomon, couvrer leurs frontières vers l'Euphrate.
1 R. 6, 32.35., et sur la cuve d'airain, Les Israélites, au contraire, ne connu
1 R. 7, 29. Les prophètes les voient dans rent que tard l'usage du cheval : au mi
leurs visions, entourant le trône de Dieu, lieu de leurs plaines, les patriarches no
Ez. 1, 5. 10, 1.Apoc. 4, 6. mades ne virent jamais paître que des
Quant à la figure de ces êtres mysté animaux humbles et débonnaires, et le
rieux, les premiers livres nous appren coursier qui semble provoquer aux com
nent qu'ils avaient à la fois des mains bats n'y frappa jamais la terre de son
d'hommes , Gen. 3 , 24., et des ailes, pied, ni l'air de son hennissement. Puis
Ex. 25, 20. 1 Rois 6, 24; mais des pas la loi de Moïse, qui constituait Israël en
sages d'Ezéchiel et de l'Apocalypse, nous | république , interdit positivement les
pouvons conclure qu'ils réunissaient en « amas de chevaux, » défense nécessaire
eux la figure de l'homme, du lion, du après le séjour d'Egypte, où les Hébreux
taureau et de l'aigle. Partant de ces don avaient appris à connaître et sans doute
nées, on pourrait, avec Baehr (Symbolik à admirer ce noble animal, mais défense
des mos. Cultus), considérer les chéru qui devait tomber d'elle-même, aussitôt
bins comme les représentants les plus que les Israélites, par leur incrédulité et
élevés de la création, réunissant en leur leur ambition , auraient amené un chan
personne quatre perfections principales gement dans leur constitution, établi la
de Dieu en tant qu'elles se reflètent dans royauté, et ouvert la voie des conquêtes
les créatures, savoir : la sagesse, repré que la loi mosaïque avait elle-mème pré
sentée par l'homme; la force productrice, vue. Aussi voyons-nous déjà le second
représentée par le taureau; la majesté, des rois, David, se monter une cavalerie,
par le lion, et la toute science, par l'ai modeste encore, avec les dépouilles sy
gle. Comme les représentants les plus riennes; et Salomon, par son alliance avec
parfaits de la création, des forces divi l'Egypte, multiplier d'une manière inouie,
nes, il est naturel que nous les trouvions et en bien peu de temps, l'usage du che
placés aussi près que possible du trône val dans ses états : il eut bientôt 4,000
de Dieu, et que leurs images se retrou étables pour ses chevaux de trait, 12,000
vent dans le tabernacle, et ailleurs, cOmme hommes de cavalerie et 1,400 chariots,
une prédication silencieuse de la gloire 1 Rois 4, 26. 10, 26. Ce commerce était
de Dieu. D'après Rind, ils seraient les l'un des revenus royaux les plus consi
emblêmes de l'Eglise. Rien n'oblige à dérables, car Salomon percevait sur cha
douter qu'ils ne soient des êtres réelle que attelage un droit d'entrée de 600 piè
ment existantS. ces d'argent (prés de 2,000 fr., si l'on
CHEVAL. Cet animal était bien connu doit entendre par pièces d'argent des si
de l'ancienne Egypte, où il se faisait déjà cles, ce qui serait exorbitant; mais c'est
remarquer par ces belles proportions, peu probable : quelques auteurs pensent
cette vivacité, cette force et cette légè qu'il s'agit du prix de l'attelage), ct sur
l. 13
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chaque cheval 150 pièces; aussi faisait-il cherchait à rendre leur cOrne aussi dure
de ses innombrables chevaux , plus une que possible, Es. 5,28.; ou bien on l'en
affaire de richesse, de luxe et de pompe, tourait quelquefois de semelles ou de san
qu'une affaire de guerre , et nous ne dales, comme celle des chameaux. L'é-
voyons pas qu'il les ait employés dansau quipement des chevaux se composaitd'un
cune de ses expéditions militaires. Les mors , Ps. 32, 9., d'une housse ou d'une
cours voisines et les seigneurs des royau selle, Prov. 30, 31., quelquefois d'une
mes étrangers, qui voulaient cultiver son sonnette, Zach. 14, 20. On se servait de
amitié, lui envoyaient aussi chaque année, fouets pour les presser, Prov. 26, 3. Les
à côté de beaucoup d'autres présents, chevaux blancs étaient regardés comme
des mulets et des chevaux; les rois qui les plus magnifiques; on les donnait aux
lui succédèrent continuèrent d'avoir leurs généraux victorieux, cf. Apoc. 6, 2. 19,
équipages et leur cavalerie : Achab, 1 Rois 11. 14. Virg. AEn. 3, 537. Des chevaux
22, 35.2 Rois 9, 25.; Joram, 2 Rois 3, 7.; d'autres couleurs sont mentionnés, Apoc.
Jéhu, 2 Rois 9, 16., etc. cf. 2 Rois 11, 6. Zach. 1 , 8. 6, 2.3.6.7. — La scène
16. Jér. 17, 25. Il y avait même à Jéru de Haman, conduisant Mardochée sur le
salem une porte qu'on appelait la porte cheval du roi et le promenant en triom
des Chevaux. ll ressort des passages phe par la ville de Susan, rappelle les
1 Rois 18, 5. Am. 4, 10. Es. 30, 16. que honneurs dont Pharaon combla Joseph,
non-seulement les rois , mais aussi les lorsqu'il le fit conduire sur un chariot
particuliers possédaient des chevaux, les royal, en l'établissant le second person
quels on employait même à fouler le blé, nage de toute l'Egypte, Gen. 41, 43.
Es. 28, 28. On les nourrissait d'orge et Quant aux chevaux du soleil , et aux
de paille, 1 Rois 4, 28. chevaux de feu qui enlevèrent Elie dans
Les conquérants de l'Asie orientale s'a- le ciel, v. l'art. Chariots.
vancèrent souvent contre Israël avec de On ne peut terminer cet article sans
nombreuses troupes de cavalerie bien rappeler au moins la sublime et poétique
montées, Es. 5, 28. Et lorsque les pro description que l'on trouve de cet ani
phètes parlent de l'armée des Caldéens en mal dans le discours de l'Eternel, Job 39,
particulier , ils ne négligent jamais de 22-28.
mentionner les chevaux de combat qui CHEVELURE , cheveux. Une longue
devaient en faire la force, Jér. 6, 23. 8, et forte chevelure passait chez les Hé
16. 50, 37.51 , 21. Ez. 26, 7.10. A ces breux pour un des plus beaux ornements
armées les Israélites, peu confiants dans de l'homme, Jug. 46, 22. cf. Ezéch. 8, 3.;
leur chef céleste, voulurent en opposer mais il paraît que les jeunes gens seuls
d'autres du même genre, et se cherchè avaient coutume de la laisser flotter, 2
rent des auxiliaires dans la cavalerie re Sam. 14, 26., tandis que les hommes plus
nommée de l'Egypte , Es. 31 , 1. 36, 9. âgés la rasaient davantage et la coupaient
Jér. 4, 13. Hab. 1, 8. Ez. 17, 15. cf. Jér. avec des rasoirs, à l'exception des Naza
46, 4. 47, 3. : ils oublièrent que l'Eter réens qui ne la coupaient pas, et des sa
nel avait dit : « Maudit soit l'homme qui crificateurs qui se servaient de ciseaux ,
se confie en l'homme, et qui fait de la cf. Ez. 44, 20. Plus tard on regarda les
chair son bras », Jér. 17, 5. Et ils furent longs cheveux chez un homme comme
emmenés en captivité, malgré les roseaux l'indice d'un caractère efféminé, 1 Cor.
du Nil dont ils avaient espéré se faire une 11, 14., et il fut défendu aux prêtres de
arme et un bouclier. les laisser croître sans les couper fré
L'Arménie et la Médie étaient célèbres quemment.Ce ne fut plus qu'en suite d'un
pour la bonté de leurs chevaux; quant à vœu que les hommes purent, et seulement
l'Arabie, elle ne promettait rien encore momentanément , laisser s'allonger leur
de tout ce qu'elle a tenu depuis à cet chevelure, Act. 18, 18. Les femmes, en
égard. revanche, y attachaient un grand prix, 4
On ne ferrait pas les pieds des chevaux Cor. 11.Elles les arrangeaient en tresses,
comme on le fait de nos jours, mais On Cant. 4, 1. 1 Tim. 2, 9.; ou les frisaient,
ClIE 195 CHI
Es. 3, 24.1 Pier. 3, 3., et souvent les or qui voulait fixer au sol la nation juive, de
naient de pierreries ou d'autres joyaux vait multiplier les occasions qui en ren
précieux. Les femmes qui se respectaient dissent les produits nécessaires. Mais il
Ile sortaient guère avec des cheveux flot est difficile de n'y pas voir aussi, ne fût
tants, que lorsqu'elles étaient dans le ce que dans l'expression, une de ces
deuil ou dans une grande affliction, Luc prescriptions touchantes qui, en inspi
7, 38. Les cheveux noirs passaient pour pirant la pitié et la sympathie pour les
les plus beaux, Cant. 5, 11. animaux, devaient adoucir le cœur de
Dieu avait aussi défendu aux prêtres l'homme.
de se couper les cheveux en rond, Lév. L'empire macédonien est représenté,
19, 27., défense qui se rapporte sans Dan. 8,5., sous l'emblème d'un « boucsor
doute à quelque usage païen que nous ne tant d'entre les chèvres, » et l'on remar
connaissons plus. que que la Macédoine, dans les premiers
CHEVRE. Les chèvres, comprises avec temps de son histoire, possédait une telle
les moutons sous le nom général de Tsôn, multitude de chèvres, que plusieurs villes
formaient le menu bétail en opposition prirent ces animaux pour leurs symboles,
avec le gros bétail, Bakhar, ou les bœufs. et les frappèrent sur leurs monnaies : les
Les patriarc hes en possédaient, comme habitants même prirent le nom d'Egéens
de nos jours encore les Bédouins, de (chévriers), qui s'est conserv
é jusqu'à nos
nombreux troupeaux, Gen. 15, 9. 32, 14. jours dans le nom de la mer Egée.
37, 31., et les Israélites postérieurs fi CHEVREUIL, v. Gazelle.
rent également consister une grande par CHIEN, animal déclaré impur par la
tie de leur fortune dans le nombre de ces
loi juive, et méprisé de tout l'Orient. Les
animaux, 1 Sam. 25, 2. Cant. 6, 5. Prov. anciens ne s'en servaient guère que pour
27, 26.La chèvre était un animal pur; on la garde des maisons, des champs ou des
s'en servait pour les repas et pour les troupeaux, Job 30, 1. ; il ne paraît pas
sacrifices, Deut. 14, 4., et l'on choisis qu'on s'en servît pour la chasse, v. cet
sait de préférence, comme encore main art. On trouve cependant dans l'histoire
tenant, les jeunes chevreaux, Gen. 27, 9. de Tobie, 5, 23.11, 3. et Matth. 15, 27.,
38, 20. Jug. 6, 19. 13, 15. cf. 1 Sam. 16, une preuve que les chiens dits d'agré
20. On en estimait beaucoup le lait, Prov. ment, n'étaient pas tout à fait inconnus
27, 27., que l'on regardait comme plus aux Hébreux. L'Ancien Testament nOus
sain que celui de la brebis. Les prophè montre parfois les chiens comme on les
tes, les prédicateurs de la repentance, et voit encore de nos jours dans les pays
en général les hommes à principes sévè chauds, courant par bandes, sans maîtres.
res, ainsi que les nécessiteux, se cou altérés et avides, 1 Rois 14, 11. 16, 4. 21,
vraient ordinairement de peaux de chè 19. 23. 2 Rois 9, 36. cf. Ps. 59, 14. Luc
vres : on se servait encore du poil de ces 16, 2., se nourrissait même de cada
animaux pour en faire des couvertures vres, 1 Rois 21, 23. 22, 38. Jér. 15.3.
de tentes, Ex. 26, 7. 35, 6. 36, 14., peut Sauvages et presque féroces, on les a vus
être aussi des matelas. Les chèvres des quelquefois, pressés par la faim, se jeter
Bédouins sont communément noires , dans sur les hommes; et la mesure comman
la Syrie et la Basse-Egypte elles sont plus dée, Ex. 22, 31., semble se justifier au
grosses que les nôtres, d'un rouge clair, tant comme affaire de prudence (une nour
et les oreilles pendantes. Il ne paraît pas riture assurée aux chiens), que cOmme
que la chèvre angora soit jamais désignée précepte de pureté légale. Comme la vi
dans la Bible.
gilance et le cri d'avertissement sont le
La défense de cuire le chevreau dans caractè qui les distingu
re ait le plus chez
le lait de sa mère, Ex. 23, 19. 34, 26., les Hébreux, Esaïe a pu appeler des
c'est-à-dire dans du beurre, pouvait avoir chiens muets, 56, 10., les faux prophètes
pour but de favoriser l'agriculture par qui, dormanteux-mêmes, laissent les peu
l'obligation de se servir d'huile pour l'as ples s'endormir dans leurs fautes et dans
saisonnement des viandes : le législateur, leurs péchés.
CHI · 196 CH0
Jérôme nous en a laissé. Il faut donc s'en sur la musique sacrée, ibid. 26. Ce ca
tenir à cette simple indication que Cho ractère pour ainsi dire ecclésiastique des
razin était dans le voisinage de Bethsaïda. livres des Chroniques, s'explique facile
Cette malheureuse ville n'existe plus ; ment, si l'on réfléchit qu'à l'époque où
elle a vu s'accomplir les menaces du Sei ils furent selon toute probabilité compo
gneur, qui l'avait honorée de sa présence, sés (après le retour de l'exil), tout ce qui
de ses discours et de ses miracles, qui tenait à la religion était l'objet d'un in
n'y a recueilli aucun fruit de ses travaux, térêt beaucoup plus vif. Les rapports qui
et qui lui a déclaré avec douleur et indi Se trOuvent entre les livres des Chroni
,
gnation que si les villes païennes de Tyr ques et les livres des Rois, s'expliquent
et de Sidon eussent vu ses œuvres et en par le fait que les deux auteurs ont con
lendu ses paroles, elles se seraient depuis sulté les mêmes sources, savoir les an
longtemps repenties avec le sac et la cen nales des rois de Juda et celles des rois
dre. Le sort de ces siéges du paganisme d'Israël ; seulement il paraît que l'auteur
sera moins cruel au dernier jour, que ce des Chroniques avait sous les yeux un
lui des villes juives qui ont été illuminées recueil contenant ces deux ouvrages ré
et sont restées impies. unis, et il le nomme tantôt avec le titre
CH0UETTE, Lév. 11, 17. v. Chat complet : Livre des rois de Ju la et d'Is
huant. raël, 2 Chron. 25, 26., tantôt en abré
CHRONIQUES. Le nom actuel de ces geant, Livre des Rois, 2 Chr. 24, 27., ou
livres leur a été donné par saint Jérôme ; Livre des rois d'Israél, 2 Chr. 20, 34., ou
|
les Juifs les nommaient Diberé hayamim, Actions des rois d'Israël, 2 Chr. 33,
journaux, paroles des jours; et les Grecs 18. Quant aux différences, elles provien
leur avaient donné le nom que les Latins nent de ce que l'auteur des Chroni
leur conservent encore, de Paralipomè ques a consulté, outre ces documents gé
nes ou choses omises , qui correspond à néraux, quelques monographies particu
ce que dans notre langue nous appelle lières composées par des prophètes, et
rions un supplément. Les neuf premiers dont les annales des royaumes ne conte
chapitres contiennent des tables généalo naient que des extraits fort courts ; ainsi,
giques, documents auxquels les Israélites par exemple pour le règne de Roboam ,
devaient attacher beaucoup d'importance, les monographies des prophètes Semahia
soit à cause de l'attente du Messie, soit et Hiddo, 2 Chr. 12, 15.; pour l'histoire
parce que toutes les propriétés foncières d'Hozias, la monographie d'Esaïe, 2 Chr.
étaient inséparablement liées à l'existence 26, 22., etc.
de la famille. Le reste du premier livre On a tout lieu de penser que les li
et les neuf premiers chapitres du second, vres des Chroniques furent composés du
contiennent l'histoire de David et de Sa temps d'Esdras, après le retour de la cap
lomon; et la fin du deuxième livre, l'his tivité (ainsi 1 Chr. 9, 17, nous voyons nom
toire du royaume de Juda depuis le schis més les mêmes personnages que Néh. 12,
me jusqu'à l'exil. Les livres des chroni 25. 26.), et mème d'admettre avec la tra
ques ne sont cependant pas une simple dition qu'ils le furent par Esdras lui
répétition des livres de Samuel et des même. Il y a un rapport très intime en
Rois. On remarquera facilement des dif tre la fin du livre des Chroniques et le
férences notables dans la manière dont commencement du livre d'Esdras, comme
les faits sont présentés dans les Rois et si le deuxième de ces ouvrages était des
dans les Chroniques, même des contra tiné à être une continuation du premier.
dictions apparentes. Les livres des Chro Pour se débarrasser de la preuve très
niques donnent beaucoup plus de détails forte que les livres des Chroniques four
sur tout ce qui tient au culte, (par exem nissent en faveur de l'authenticité du l'en
ple lorsqu'il s'agit des préparatifs que fit tateuque, on a attaqué, comme tant d'au
David pour la construction du temple, 1 tres, la crédibilité de cette partie de l'An
Chron. 22, 28, 29,) sur l'organisation des cien Testament. L'attaque, faite princi
classes sacerdotales, 1 Chron, 23, 24, 26, palement par De Wette et Berthold, a été
CHR 198 CIG
repoussée avec habileté par les ouvrages avec la topaze, les rabbins avec le béryl,
de Keil(Berlin, 1833), et de Movers(Bonn, quelques-unsavec l'ambre. D'après Pline,
1834.) Le principal reproche que l'on di la chrysolithe était de couleur d'or, d'une
rige contre l'auteur du livre des Chroni très belle eau , et se tirait principale
ques, c'est sa prétendue partialité pour le ment d'Ethiopie.
culte mosaïque, et pour la tribu de Lévi ; CHRYSOPRASE, le dixième fondement
mais on a vu déjà que son but était sim de la nouvelle Jérusalem, Apoc. 21, 20.,
plement de combler les lacunes des au pierre précieuse d'un vert pâle et brunà
tres livres historiques sur ce sujet, et tre. Pline la comptait au nombre des bé
l'on ne peut pas prouver que ce point de ryls dont la meilleure espèce était, selon
vue l'ait jamais entraîné à sacrifier la vé lui, couleur vert d'eau; puis venait le
rité. Si on remarque des différences en chrysobéryl, plus pâle et tirant sur le jaune
tre les livres des Rois et ceux des Chro or; enfin la chrysoprase plus pâle encore,
niques, sous le rapport des nombres et et tirant, dit Calmet, sur la couleur du
des noms, il faut observer que comme les porreau.
nombres se représentaient par des let CHUZAS , intendant de la maison
tres, quelque erreur pouvait facilement d'Hérode Antipas, et mari de Jeanne,
se glisser dans les copies, v. Nombres, ct l'une des femmes pieuses qui assistaient
quant aux noms de lieux et de personnes, notre Seigneur de leurs biens ; mais du
On a vu ailleurs combien chez les Orien reste inconnu, Luc. 8, 3. Quelques-uns
taux les noms étaient sujets à des chan pensent qu'il était déjà mort à l'époque
gements, et combien souvent aussi ils où il nous en est parlé : mais cette opi
étaient doubles. — La crédibilité du livre nion que rien ne nécessite, ne paraît
des Chroniques est suffisamment attestée, même pas probable d'après le texte du
soit par les morceaux parallèles dans le verset indiqué.
livre des Rois, soit, pour les morceaux CHYPRE. v. Cypre.
qui appartiennent spécialement au pre CIDRE. v. Cervoise.
mier de ces ouvrages, par les autres li CIGOGNE, hébr. Hhasidah (pieuse,
vres du Canon. Nous n'en citerons que miséricordieuse). Oiseau impur nommé
deux exemples : on a beaucoup attaqué à côté du héron, Lév. 11, 19. Deut. 14,
le récit qui est donné, 2 Chr. 20, de la 18., renommé pour la beauté de ses plu
victoire de Josaphat sur les rois alliés ; mes, Job. 39, 16. (v. Autruche.), pour la
mais si on lit attentivement le psaume 48, rapidité de son vol, Zach. 5, 9., et pour
on voit que c'est un cantique d'actions son intelligence à connaître les saisons,
de grâce qui ne peut se rapporter à au Jér. 8, 7. Il se loge sur les hautes bran
cun autre évènement. Le récit du grand ches des sapins, Ps. 104, 17. Ces carac
deuil occasionné par la mort du roi Josias tères se rapportent très bien à ce que
dans la vallée de Méguiddo, 2 Chr. 35, l'on sait de la cicogne, et le nom même
22-24., est également confirmé par Zach. de cet oiseau rappelle en hébreu l'épi
12, 11.—(Rochat, Sermons, t. v.) thète de avis pia, sous laquelle les latins
CHRYSOLITHE, pierre précieuse, qui aimaient à le désigner, l'oiseau connu
occupait la dixième place dans le pecto pour sa piété filiale, pour les soins qu'il
ral du grand-prêtre, et sur laquelle se donne à sa progéniture comme à ses
trouvait gravé le nom de Zabulon, Ex. parents, les nourrissant et les défendant
28, 20. 39, 13. Elle est aussi indiquée jusqu'à la mort. (Les noms allemands et
comme le septième fondement de la anglais storch et stork ne viendraient-ils
nouvelle Jérusalem, Apoc. 21, 20., cf. pas du grec arbºyz affection ?)—Quelques
Ezéch. 1, 16. Dan. 10, 6. La chrysolithe, auteurs, cependant pensent qu'au lieu de
ou pierre d'or, car c'est là ce que son la cicogne il faut entendre le héron
nom signifie, est ordinairement cristalli (Dahler Winer, etc.). · · · ·
sée, d'un vert pâle, et transparente, se La cigogne est un oiseau de passage
mée de quelques veines. Les anciens pa assez commun dans nos climats, et même
raissent l'avoir confondue quelquefois à des latitudes plus élevées; on sait qu'elle
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aime à construire son mid sur les toits CINNAMOME, Ex. 30,23.Cant. 4, 14.,
près des cheminées, ou sur les églises, substance dont Dieu ordonne de la joindre
et que les habitants des campagnes, en avec d'autres aromates, et d'en faire une
Allemagne et en Hollande, se regardent huile sainte pour le service du tabernacle.
comme honorés et protégés par la pré Selon toute apparence, c'est une espèce de
sence de cet animal à moité sauvage, à cannelle.Quelques auteursveulent faire de
moitié domestique. Dans l'Orient où les la casse, du cinnamome et de la cannelle,
maisons sont plates, et où les toits sont trois plantes ou arbrisseaux différents ;
souvent habités, les cigognes font plus mais le plus probable est que les Hébreux
de difficultés pour s'y établir, et gîtent désignaient par ces différents noms trois
plus volontiers sur des arbres hauts et nuances ou familles différentes d'une
élevés, les pins, les sapins, les cyprès. Le même espèce d'arbre, dont le cinnamome
prophète Jérémie en appelle à l'instinct aurait été la plus rare et la plus précieuse,
de cet animal, peu doué sous le rapport et la casse, la moins fine et la moins esti
de l'intelligence, et qui cependant sait mée. Le cannelier, ou laurus cinnamo
distinguer les saisons et leur retour, pour mum de Linnée (monogynie, 9° classe) est
reprocher aux Juifs l'endurcissement de un arbrisseau qui, près des côtes, atteint
leur cœur, et leur peu d'intelligence pour déjà une hauteur de 8 à 9 mètres, avec
les choses divines, Jér. l. c. cf. Es. 1, 3. une circonférence de 1 mètre environ,
CILICIE, Act. 15, 23. 41. 27, 5. Gal. mais qui dans les forêts et dans un ter
1, 21., province sud-est de l'Asie Mi rain favorable s'élève beaucoup plus haut,
neure, séparée de la Syrie par les monts et prend plus de consistance. Ses nom
Amanus, mais souvent nommée à côté de breux rameaux sont ornés de feuilles
cette dernière, avec laquelle elle se trou semblables à celles du laurier, longues de
vait en fréquents rapports de voisinage; 12 à 18 centimètres , d'un vert clair ; de
elle était entourée à l'ouest et au nord jolies fleurs blanches, mais peu odorifé
par le mont Taurus comme d'une cein rantes, se forment au mois d'avril, en
ture, et communiquait par des défilés avec baies à noyaux, dans le genre des grains
l'Isaurie, la Pisidie, et la Paphlagonie. La de genièvre. Le tronc, et les branches
partie orientale de cette province, se com âgées de trois ans au moins, sont égale
posait de plaines fertiles et riches en vi ment recouverts d'une double écorce dont
gnobles; à l'ouest, au contraire, le ter la plus extérieure, grisâtre, est presque
rain était plus montagneux, et les belles sans odeur, tandis que l'autre, longue,
chèvres de la Cilicie, déjà distinguées par mince , roulée et d'un rouge brun , nous
Aristote, y trouvaient de féconds pâtura donne , après avoir été séparée de l'au
ges. Les premiers habitants de cette bier et séchée au soleil, cette cannelle
contrée furent des Syriens et des Phéni que nous connaissons tous, d'un goût
ciens, mais au temps d'Alexandre, il s'y piquant, aromatique, et si agréable. Les
établit des colonies grecques et macédo marchands orientaux en faisaient un grand
niennes. D'abord sous le joug des Séleu commerce, Apoc. 18, 13., et les hommes
cides, la Cilicie passa au pouvoir de l'Ar riches qui s'en servaient soit pour l'as
ménie, et finit par devenir sous Pompée saisonnement, soit en guise de parfums,
une province romaine ; mais les habitants allaient jusqu'à en bassiner leurs divans
des montagnes restèrent toujours indé et leurs lits derepos, Prov. 7, 17.
pendants, et ne relevant que de leurs Le cinnamome dont il est parlé dans les
chefs particuliers. Il se trouvait aussi des livres saints se tirait probablement de
Juifs établis dans cette contrée, Act., 6, l'Arabie ou de l'Ethiopie ; on en trouvait
9. La ville principale était Tarse, bien aussi dans l'île de Ceylan une espèce
connue comme patrie de saint Paul. très estimée, v. Casse. Outre ces diffé
CIMETIERE. Institution longtemps in rentes espèces, on connaît encore la ca
connue aux Orientaux, et qui paraît l'avoir nelle girofflée de Madagascar, la canelle
été toujours aux Hébreux.—v. Sépulture, blanche qui croît en Amérique, à la Ja
Tombeaux, etc. maïque et à Saint-Domingue, enfin l'écorce
CIR 200 CIR
d'un arbre nommé katoukarva sur les prend que les Arabes, les Sarrasins , les
côtes du Malabar. lsmaélites, tous issus d'Abraham et ja
CIRCONCISION. Cérémonie religieuse loux sans doute de la prospérité qui sem
qui consistait à couper le prépuce à tous blait s'attacher à la branche d'Isaac, aient
les enfants mâles. Dieu lui-même ordonna adopté par esprit d'imitation, par une
à Abraham de faire subir cette opération fausse dévotion, ou par un faux calcul .
à tous les mâles de sa famille ; il en fit d'intérêt, une cérémonie matérielle qui
même une loi pour tous ses descendants, ne leur devait apporter aucune des béné
et la circoncision devint la marque dis dictions divines dont elle était le garant,
tinctive du peuple de Dieu, le signe de mais qui a pu non-seulement ne pas leur
l'alliance , le symbole des rapports inté nuire , mais même avoir pour eux quel
rieurs et extérieurs établis entre Dieu et qu'un de ces avantages charnels qui la
les Juifs. Le nom de circoncis ou de cir font encore estimer en Orient, et qui fu
concision fut dès lors employé pour dé rent probablement aussi présents à l'es
signer le peuple de Dieu, la nation sainte, prit du divin Législateur qui l'établit. Les
tandis que les Juifs appliquèrent aux in Samaritains s'y soumirent en acceptant le
fidèles le nom d'incirconcis, pour rappe joug de la loi mosaïque, et c'est d'eux
ler qu'ils ne portaient point en leur corps sans doute que veut parler Hérodote lors
le signe glorieux de l'adoption divine qui qu'il mentionne les Phéniciens comme se
était le privilége de leur nation seule. faisant circoncire, car cette dernière pe
Quelque respect que l'on doive avoir tite nation que l'on pouvait facile con
pour le témoignage d'Hérodote, et quel fondre avec quelqu'une de celles qui l'en
que haute antiquité que l'on puisse ac touraient, ne paraît pas avoirjamais connu
corder, d'après cet historien , à la prati cet usage. Les Edomites, quoique des- .
que de cette cérémonie chez les Syriens, cendants d'Abraham, ne reçurent la cir
chez les Phéniciens, chez les Ethiopiens, concision que lorsque vaincus par Jean
et surtout chez les Egyptiens; quel que Hyrcan, ils reçurent en même temps la
puisse être en outre l'accord d'un cer loi de Moïse. Quant aux Egyptiens, nous
tain nombre de théologiens (Celse, Julien l'avons dit déjà , la circoncision leur fut ,
l'Apostat, Michaelis, Bauer, Winer, Cel connue de bonne heure, mais elle ne fut
lérier fils), et tout en admettant, avec Hae jamais chez eux d'un usage général et in
vernick(Einleitung, p.320), que les Egyp dispensable; les prêtres seuls y étaient
tiens, surtout dans la caste sacerdotale, obligés. Quelques-uns (Cellérier) répu
connurent de bonne heure la circonci gnent à croire que les Egyptiens aient
sion, il nous est impossible d'admettre emprunté une cérémonie aussi importante
non-seulement ce que prétend Winer , au peuple pauvre et méprisé qui lui con
qu'Abraham et Moïse aient emprunté cette struisait ses pyramides, ses palais et ses
coutume aux Egyptiens (!), mais même temples; mais l'on sait que s0uvent le
ce qu'affirme Cellérier, que la circonci vainqueur emprunte au vaincu ses mys
sion fût déjà connue sur la terre à l'épo tères comme sa langue ; et d'ailleurs, si
que où l'Eternel l'imposa à son peuple, l'On ne veut pas admettre cette supposi
comme marque particulière et distinctive. tion, rien n'empêche de penser avec Bo
« L'Ecriture, dit Calmet, nous parle de chart que c'est des Arabes que les Egyp
l'institution de la circoncision d'Abraham tiens ont reçu la circoncision. – De nos
comme d'une chose toute nouvelle. Elle jours encore cette coutume est générale
nOuS dit que c'est le sceau de l'alliance ment répandue dans presque tous les pays
que Dieu fait avec ce patriarche. » Et com chauds, et sans faire une longue énumé
ment la circoncision aurait-elle été un ration des rapports des voyageurs mo
caractère qui distinguât Abraham et sa dernes, nous nous bornerons à mention
race du reste des peuples, si elle eût été ner les divers faits suivants auxquels on
communeaux Egyptiens etaux Ethiopiens, pourrait aisément en joindre beaucoup
aux Phéniciens et à tant d'autres peuples d'autres.La circoncision est en usage dans
qui l'ont pratiquée autrefois ?– On com tous les pays musulmans. Les nègres ma
CIR 201 CIR
hométans de l'intérieur de la Guinée la claves, achetés, faits prisonniers, ou nés
pratiquent vers l'àge de quatorze ou dans la maison , auxquels leurs maîtres
quinze ans, dans un jour solennel où sont devaient faire subir cette opération, afin
appelés comme à une revue tous les jeu de les mettre par là, même malgré eux,
nes gens qui doivent la subir. Chez les sous la juridiction théocratique, Gen. 17,
Galles, voisins de l'Abyssinie, on ne cir 12. Cette opération n'était point consi
concit que les hommes faits. A Madagas dérée comme un travail, et pouvait se
car, la solennité de la circoncision est (ou faire le jour du sabbat, Jean 7, 22. ;
était) la plus grande fête de toute l'île , c'était même un proverbe recu que la cir
accompagnée de sacrifices, d'abstinences, concision chasse le sabbat. Un Israélite
de jeux, de combats, de jeûnes et de pro quelconque, ordinairement le chef de la
cessions. A Socotora, un natif que l'on famille, Gen. 17, 23., était chargé de
aurait trouvé incirconcis eût été condamné l'exécution , cf. Ex. 4, 24.; les païens
à avoir les doigts coupés. Les Abyssins, seuls ne pouvaient naturellement pas s'en
bien qu'ils soient depuis des siècles pas mêler; pour les adultes, on requérait
ses à un christianisme qui depuis long cependant volontiers l'assistance d'un mé
temps n'existe plus guère qu'à l'état de decin : l'on se servait d'un couteau tran
mort, ont conservé la circoncision, soit chant d'acier , ou plus ordinairement de
comme ancienne coutume, soit comme pierre, estimant que cette dernière sorte
précaution hygiénique. Les filles sont en était moins douloureuse , moins dange
diverses contrées circoncises comme les reuse, et causait moins d'inflammation ,
hommes , en Abyssinie , dans le royau Ex. 4, 25. Jos. 5, 2. L'enfant peut se
me de Bénin, en Guinée, dans le Pégu, guérir de la plaie en vingt-quatre heu
au-delà du Gange, chez les Cophtes et res; pour les adultes, il paraît, d'après
chez les Hottentots. Il serait trop long de Gen. 34 , 25., qu'au troisième jour la
raconter en détail , ou même en abrégé, douleur est encore vive et la fièvre assez
tout ce que font encore tant d'autres peu ardente. C'est au moment de la circonci
ples païens, blancs, rouges ou noirs, ha sion, comme chez nous au moment du
bitants des Philippines ou du Mexique, baptême, que le nom était imposé à l'en
sauvages ou demi-civilisés ; se disant sa fant, v. Nom, et cf. Luc 1, 59. 2, 21.
ges ils sont devenus fous, et l'on aurait Nous avons indiqué déjà l'une des rai
peine à croire en combien de façons ils sons qui concoururent à faire introduire
Ont modifié l'institution primitive donnée la circoncision chez les Hébreux. La pre
aux Hébreux ; la contrefaçon des choses mière et la plus importante fut sans doute
saintes n'est jamais chose sainte. le choix de Dieu, libre, simple, spontané,
C'est le huitième jour après leur nais sans que nous ayons à sonder ses des
sance que devaient être circoncis les des seins; ce fut le sceau sanglant de son al
cendants d'Abraham, Gen. 21 , 4. Lév. 12, liance avec Abraham et Moïse , comme
3. Luc 1, 59. 2, 21.; toutefois Moïse lui l'arc-en-ciel fut le sceau de son alliance
même semble présenter à ce fait une pre avec Noé, comme la croix de Christ l'est
mière exception dans l'histoire de son de son alliance avec nous. Mais si l'on
propre fils, Ex. 4, 25. cf, 2, 22., et nous peut découvrir, à côté de ce grand mo
en trouvons une seconde bien plus frap tif, quelques autres traits accessoires, et
pante dans le peuple du désert, dont au les avantages extérieurs qui devaient en
cun de ceux qui naquirent pendant le résulter pour le peuple de l'alliance, nous
Voyage ne furent circoncis que lorsqu'ils essaierons de les indiquer par un mot.
eurent pris possession de la terre pro Comme le symbole du baptême représente
mise, Jos. 5, 2. 5. D'autres que les Juifs l'homme perdu pour le monde et ense
pouvaient être soumis à la circoncision, veli aux vanités et aux péchés de cette
et ils étaient par le fait même incorporés terre, la circoncision était le signe le
au peuple de Dieu; c'étaient les prosély mieux choisi pour marquer la pureté, le
les de la justice qui désiraient obtenir le renoncement à toute souillure, qui de
Sceau de l'alliance, Ex. 12, 48., et les es vait être le grand caractère et le point
CIR 202 CIR
dominant de toute la loi judaïque. Lejeune qu'il demandait ne pouvait se trouver que
enfant était censé rejeter loin de lui toute chez les ennemis de son peuple.
chose impure, et semblait accomplir par La circoncision du cœur, dont parle
avance le commandement de notre Sau l'apôtre saint Paul aux Romains, 2, 29.,
veur: « Si tel ou tel de tes membres te fait n'était point quelque chose de nouveau ;
broncher, coupe-le;» Matth. 5, 29. 18, 8. ce n'était point une spiritualité de la nou
9. La circoncision, par son étrangeté mê velle alliance, comparée au matérialisme
me, était en outre destinée à séparer tou de l'ancienne; l'ancienne aussi était spi
jours plus les Hébreux des peuples voi rituelle, comme elle était sainte, pure, sa
sins, en leur inspirant les uns pour les lutaire; c'était déjà l'ancienne qui pres
autres un mépris réciproque. Enfin, sous sentait l'inutilité de la circoncision faite
le point de vue de la santé, il paraît que de main en la chair; c'était déjà l'ancienne,
cette opération était de nature à prévenir et Moïse lui-même, qui de la part de l'E-
un grand nombre de maladies qui se dé ternel appelait les Hébreux à la véritable
veloppent particulièrement dans les pays sainteté, lorsqu'il leur dit : « Circoncisez
chauds, et que l'on trouve plus fréquem donc le prépuce de votre cœur. » Deut.
ment chez les peuples qui de nos jours 10, 16.
ne pratiquent pas la circoncision, que Après la mort de Jésus, et dès les pre
chez les autres. miers temps de l'établissement de son
On a vu déjà que chez les Hébreux le Eglise sur la terre, des disputes s'élevè
terme d'incirconcis ou prépuce, 1 Sam. rent entre ses disciples sur la nécessité
17, 26., était une des plus grandes insul d'assujettir ou non à cette cérémonie les
tes qu'on pût adresser à un homme; à païens qui passaient au christianisme :
Rome, au contraire, c'était le nom de cir nous aurons à en reparler ailleurs; rappe
concis, ou de verpus, qui tenait lieu d'in lons seulement ici que saint Paul déclara
jure. A l'époque d'Antiochus Epiphanes, d'une manière générale et positive « que
qui voulut ramener tous ses sujets au pa celui qui se circoncit reste sous l'obliga
ganisme par le ridicule et la persécution, tion d'accomplir toute la loi », Gal. 5, 3.,
plusieurs Israélites prirent tellement à et que le concile de Jérusalem délivra of
. honte leur circoncision, qu'ils cherchèrent ficiellement les fidèles d'entre les païens
à en faire disparaître les traces par des de toutes les cérémonies mosaïques, et en
moyens extérieurs, des remèdes et de particulier de celle de la circoncision. Act.
nouvelles opérations, 1 Macc. 1, 16. Sur 15,24.28.29.
l'horreur des Juifs pour l'incirconcision, Reste enfin le cas de Timothée, Act. 16,
cf. encore Jug. 14, 3. 15, 18. 1 Sam. 14, 3., la circoncision que saint Paul domna
6. 2 Sam. 1, 20. Es. 52, 1. Ez. 28, 10. à ce disciple, et qui paraît contradictoire
31, 18. avec la conduite qu'il tint plus tard avec
Saül, voulant se défaire de David, lui fit Tite, Gal. 2, 3. Il n'y a aucune contra
demander comme douaire , pour obtenir diction dans la manière dont les deux ré
la main de sa fille, cent prépuces de Phi cits nous sont présentés ; dans les Gala
listins, 1 Sam. 18, 25. David en apporta tes, il est dit qu'on n'obligea point Tite,
deux cents. On se rappelle l'usage des et dans les Actes rien ne semble indiquer
Turcs et d'autres peuples orientaux, de que Timothée ait manifesté quelque ré
compter les morts de leurs ennemis par pugnance à se soumettre à cette cérémo
les têtes, les nez ou les oreilles qu'on en nie : s'il y était volontairement disposé,
apporte ; mais comme souvent les servi il n'y avait rien dans le système de Paul
teurs de ces despotes asiatiques, pour qui pût l'empêcher d'y consentir; cet apô
mieux mériter de leurs chefs, vont jus tre disposé à se faire tout à tous, et Juif
qu'à faire subir ces tristes opérations aux aux Juifs, 1 Cor. 9, 20., devait plutôt sai
morts mêmes de leur parti, afin d'avoir sir avec joie l'occasion qui lui était of
plus d'organes à présenter, les calculs ferte de faire aux hébraïsants une légère
sont sujets à de bien graves erreurs. Saül concession pour leur prouver son peu
n'avait rien de pareil à craindre, et ce d'entêtement, son laisser-aller dans les
CIT 203 CIT
choses secondaires, sa tolérance et son fréquents, soit entre tribus, soit entre
amour pour la paix, qui le faisait céder particuliers, Gen. 21, 25. 26, 15.
lorsqu'il ne s'agissait que de vues per Dans la saison chaude de l'année, et
sonnelles, particulières, sur des points en général quand les citernes sont vides,
peu importants, mais qui ne l'amenait ce elles servent de prisons ;Joseph, et Jéré
pendant à aucune concession sur les ar mie y furent enfermés, Gen. 37, 22. Jér.
ticles mêmes de la foi. 38, 6., et les prophètes emploient des ima
ClTERNES. Comme les pluies ne tom ges de cette nature pour exprimer les an
bent que deux fois l'an en Palestine, que goisses de leur âme ou les maux qui les
les sources y sont rares, et que les villes oppressent, Ps. 55, 24. 69, 15. 88, 7. Une
sont presque toutes bâties sur des hau citerne est mentionnée en passant, 2 Sam.
teurs, il faut par divers moyens obvier au 17, 18., comme ayant servi de cachette et
manque d'eau qui se fait si généralement de lieu d'abri.
sentir. Les citernes sont des réservoirs Il y avait ordinairement dans les villes
destinés à recueillir les eaux du ciel. Les des citernes publiques et banales, de la
Orientaux, et les Hébreux en particulier, grandeur moyenne desquelles on peut ju
en avaient creusé un grand nombre dans ger par le fait qui nous est rapporté, Jér.
les plaines et sur les montagnes, et l'on 41, 6. 7.8., de soixante et dix hommes
montre encore dans les environs de Na dont Ismaël fit jeter les cadavres dans la
blus(Sichem)la fontaine de Jacob,Jean 4, citerne (Martin, mal traduit, une fosse).
6., au bord de laquelle s'assit notre Sau Elles étaient tantôt carrées, tantôt cylin
veur parlant avec la Samaritaine. Ces ci driques, et solidement enduites de mor
ternes prenaient en général le nom de la tier et de chaux, afin d'empêcher l'eau de
ville la plus voisine, ou le nom de leurs fuir et de se perdre ; quelques-unes ce
propriétaires, comme, Deut. 10, 6., les pendant n'étaient que creusées dans la
citernes (Bééroth)des fils de Jahakan. As terre, et présentaient, lorsqu'elles ve
sez étroites à leur ouverture, elles s'élar naient à être à sec, un fond de vase et de
gissaient ordinairement à mesure qu'elles boue, Jérém. 38, 6. On les couvrait d'une
étaient plus profondes, et cette forme, pierre, Ex. 21, 33., ou bien on les entou
qui les rendait peu propres à recueillir en rait d'une barrière, soit comme garde-fou,»
abondance l'eau du ciel, empêchait du pour prévenir des accidents, soit surtout
moins l'évaporation trop abondante des pour les préserver elles-mêmes. Les par
eaux renfermées dans le réservoir. On les ticuliers opulents avaient dans la cour de
fermait au moyen d'une pierre, Gen. 29, leurs maisons des citernes pour leur usa
2., pour les abriter contre le sable mou ge particulier, 2Sam. 17, 18., et ce n'était
vant du désert, ou contre la soifdes étran pas pour eux un médiocre sujet de satis
gers et de leurs troupeaux; et les Bédouins faction intérieure.
savent si bien encore fermer l'ouverture De nosjours encore on trouve bon nom
de leurs citernes, qu'il est presque impôs bre de puits ou citernes dans les plaines
sible de les découvrir, cf. 2 Sam. 17, 19. et dans les villes à moitié désertes de l'an
A l'approche d'un ennemi, ou pour se cienne Canaan ;c'est là qu'à la tête de leurs
venger de quelqu'un, l'on comblait les troupeaux, et montés sur quelqu'une de
puits et les citernes, pour essayer de faire leurs bêtes, on voit s'avancer vers le soir
périr par la soif, ou du moins pour faire les bergers, les chévriers, les âniers ou
souffrir cruellement ceux qui auraient les chameliers, qui seuls entre eux, ou
compté s'y désaltérer, Gen. 26, 15.2 Rois avec leurs bergères, font, pendant que
3, 25.2 Chr. 32, 3. Es. 15, 6. Les noma leurs bestiaux s'abreuvent, bourdonner
des regardent la propriété de ces puits les airs d'un murmure de conversations
comme un bien précieux dont on ne cède vives, piquantes, animées, relatives sans
pas facilement l'usage à d'autres tribus, doute aux anecdotes qu'ils ont pu recueil
ainsi qu'il paraît d'après Nomb. 21, 22. lir pendant le jour, ou aux besoins des
Il résulte de là que ces citernes devaient animaux dont la garde leur est confiée ;
étre des occasions de rixes et de combats c'est alors une ville bruyante et gaie, puis
CLA 204 CLA
au bout de deux heures, lorsque le bruit savait ce que c'est que la justice ; mais
des sonnettes s'est éteint peu à peu , ce empereur, il se laissa entraîner à beau
n'est plus qu'un désert, c'est un cimetière; coup de crimes, par ses femmes et ses
on y vit au milieu des morts, et les sou favoris. Le principal fait militaire de son
venirs d'un passé, bien passé, animent règne fut une descente victorieuse en
seuls pour le voyageur la citerne, les pal Bretagne, qui lui valut les honneurs d'un
miers et les blocs de marbre qui se trou triomphe et le surnom de Britannicus,
vent sur ce théàtre abandonné. Alors On qu'il légua à son fils. Ayant fait assassiner
se transporte à l'époque des patriarches, sa femme Messaline, qui le couvrait de
et l'on voit, dans ces jours où les pasteurs honte par sa conduite scandaleuse, il épou
jouissaient d'une estime si générale, la Sa sa nièce Agrippine : celle-ci exerça sur
scène d'Elihéser et de Rébecca, Gen. 24, lui la plus funeste influence, et en parti
11.13., celle de la première rencontre de lier lui fit adopter le jeune Domitius (Né
Jacob et de Rachel, et leurs pleurs au bord ron), qu'elle avait eu d'un premier ma
de la citerne, 29, 3-11., et la scène, moins riage, et qui fut ainsi préféré à Britanni
naïve mais plus sérieuse, du premier roi cus, le propre fils de l'empereur. Cette
d'Israël qui, la veille de son sacre, prie les méchante impératrice finit par faire em
jeunes filles rassemblées autour de la fon poisonner son mari, pour éviter elle-mê
taine de vouloir bien lui indiquer la de me le sort de Messaline. Claude mourut
meure du prophète Samuel, 1 Sam. 9, 11. le 13 octobre 54 ap. C., âgé de soixante
C'est volontiers auprès des sources que quatre ans, après en avoir régné près de
les guerriers et les voyageurs aimaient à quatorze. De même que tous les empe
s'établir pour y passer la nuit, 1 Sam. 29, reurs romains, il fut après sa mort mis
1.2 Sam. 2, 13.; et la preuve qu'un grand au nombre des dieux. Parmi les travaux
nombre de villes s'établissaient dans le considérables qu'il fit exécuter pendant
voisinage des sources, se trouverait au sa vie, il faut remarquer l'agrandissement
besoin dans le fait même de la composi de la circonférence de Rome, la construc
tion de leurs noms. v. toutes celles qui tion d'un port à l'embouchure du Tibre,
commencent par Béer, etc. ; cf. les noms et l'achèvement d'un magnifique aqueduc
allemands Geisselbronn, Niederbronn, commencé par son prédécesseur Caligula.
" Heilbronn, Brunnen, Lauterbrunnen; et La Judée fut réduite par lui en province
en français, Aubonne, Bordeaux, Fontai romaine. C'est sous lui qu'eurent lieu la
nebleau, etc. famine annoncée par le prophète juif Aga
Il y avait d'autres puits qui n'étaient bus, la persécution dont l'apôtre saint
point de simples citernes ou réservoirs, Paul faillit être victime à Thessalonique,
mais qui, élevés sur des sources d'eaux et l'expulsion des juifs de la ville de Rome.
vives, avaient une eau toujours nouvelle, C'est encore sous son règne que Chateau
fraîche et pure : ils étaient plus recher briand et d'autres poètes placent la fiction
chés, mais aussi bien plus rares, Lév. 14, de saint Pierre arrivant à Rome en 42, « le
5. 15, 13. Nomb. 19, 17. bâton pastoral à la main ; prince d'une
CLAUDE. 1° César, Act. 11, 28. 17, 7. nouvelle espèce, dont les successeurs sont
18, 2., le quatrième empereur de Rome, destinés à monter un jour sur le trône des
et le premier que les gardes placèrent sur Césars. »
le trône : il ne demandait pas la puis 2° Claude Lysias. v. Lysias.
sance; caché derrière une porte pendant 3° Surnom que Josèphe donne à Félix,
le tumulte qui suivit l'assassinat de Caïus, gouverneur de la Judée, Act. 23, 26- v.
il y fut découvert par un soldat et procla Félix.
mé empereur. Claude consterné, dit Cha 4° Clauda, Act. 27, 16., très petite île
teaubriand, ne demandait que la vie, on près de la pointe sud-ouest de la Crète,
y ajoutait l'empire, et il pleurait du pré maintenant appelée Gozzo, et habitée seu
sent. S'il fût resté dans une condition pri lement par une trentaine de familles.
vée, il eût été sans doute un honnête ci CLAUDIA, 2Tim. 4, 21., chrétienne de
toyen, car il était généreux par nature, et Rome, apparemment convertie par saint
CLE 205 COL
Paul. mais du reste inconnue. On a voulu plus probable qu'il faut les distinguer;
la faire, à cause d'une épigramme de Mar cette seule différence d'une lettre est
tial qui réunit ces deux noms, la femme d'ailleurs plus importante qu'il ne le
de Pudens, dont le nom précède le sien ; semble d'abord, et, comme Winer le fait
mais outre que la preuve n'est pas forte, observer, Cléopas est davantage un nom
lemom de Linus, intercalé par saint Paul greq,et la contraction de Cléopatros, de
entre ceux de Pudens et de Claudia, n'ap même que Antipas est la contraction
puierait pas cette conjecture. D'autres ont d'Antipatros, tandis que Clôpas est plutôt
voulu la faire Anglaise de nation; d'au le nom d'Alphée passé à la forme grecque.
tres enfin Gauloise, et veuve chrétienne Toutefois Tholuk et Olshausen ne voient
de Pilate. Toutes ces suppositions repo dans ces deux passages qu'un même in
sent sur le désir de deviner des énigmes. dividu.
Claudia est inconnue. CLIMAT, v. Température.
CLEMENT, Phil. 4, 3., compagnon CLOCHETTE, v. Sonnette.
d'œuvre de saint Paul à Philippes, que CLOUS. Outre le clou de Jahel, Jug.
Grotius et Steiger supposent avoir été 4, 21., et le passage prophétique Ps. 22,
l'un des anciens de cette ville; quoiqu'il 17., il n'est guère parlé de clous dans
soit inconnu, et que l'on ne puisse rien l'histoire Sainte que lors de la crucifixion
affirmer de positif sur son compte, l'an de notre Sauveur, Luc 24, 39. Jean 20,
cienne église paraît avoir regardé ce Clé 25. On se demande si les deux pieds ont
ment comme identique avec le Clément été percés du même clou comme le disent
de Rome, connu par ses deux lettres aux les Latins, ou si chaque pied a été percé
Corinthiens, et par la tradition qui en à part comme le veulent les Grecs et Gré
fait le troisième pape, successeur supposé goire de Tours; on n'en sait rien, et cela
de Linus et de Pierre, évêques supposés ne fait rien non plus. — Quant à l'his
d'une ville qui n'était rien dans le monde toire de ces trois ou quatre clous, voici
religieux d'alors. On peut accepter cette Ce qu'on en dit : l'un fut mis à la cou
identité, tout en se rappelant qu'il est ar ronne de Constantin, deux autres servi
rivé bien des fois que l'on a attribué à rent à faire le mors de son cheval, un
un personnage connu, divers faits et ges quatrième futjeté par l'impératrice Hélène
tes qui appartenaient à un personnage dans la mer Adriatique pour en calmer
plus obscur, mais du même nom. les agitations. On en montre maintenant
CLEOPAS (toute gloire) ou Clopas, quatorze autres, tous avec des certificats
Jean 19, 25., époux de Marie, sœur de la d'origine; deux à Rome, un à Milan, au
mère de Jésus; cette Marie, dans le pas tant à Carpentras, à Sienne, à Venise, à
sage parallèle, Marc 15, 40., est appelée Cologne, à Trèves, deux à Paris, un à
mère de Jacques le mineur, lequel Jac Saint-Denis, à Bourges, à Draguignan,
ques est ainsi nommé pour le distinguer etc., etc. — Fraudes pieuses !
du fils de Zébédée. Ce Jacques le mineur COCHON, v. Porc.
est donc fils d'Alphée, et comme il est COLLIER, v. Boucles.
aussi fils de Marie, femme de Cléopas, il COLOMBE, oiseau trop connu pour
en résulte que Alphée et Cléopas ne sont qu'il soit nécessaire de le décrire ; nous
qu'un seul et même nom, comme le prouve nous bornerons aux observations que
d'ailleurs leur presque identité de forme nous fournissent sur cet animal les don
et de signification dans les langues ori nées bibliques. — La colombe qui est ré
ginales (Alphée signifie instruit, chef.). | pandue dans tout l'Orient, où elle niche
Cléopas est encore le nom de l'un des dans de vieux murs, sur des rochers ou
deux disciples que notre Sauveur rencon dans le creux des arbres, s'appelle en
tra sur la route d'Emmaüs, Luc 24, 18.; hébreu, Iona, nom qui ne dérive point,
est-ce le même que l'époux de Marie ? ainsi que le veut Bochart, de l'Ionie, mais
rien ne le prouve; et comme il y a dans d'un mot arabe qui indique la douceur,
les deux noms une légère différence (le | la grâce. C'est à l'aube du nouveau monde
premier est proprement Clôpas), il est et sur les flots du déluge, qu'elle apparaît
COL 206 COL
pour la première fois dans l'Ecriture, vol tous les animaux de sa taille et de sa
Gen. 8, 8-12., comme si cet animal, dont grandeur, et c'est ainsi que, sans dé
l'apparition précéda celle de l'arc-en-ciel, fense, elle peut échapper fort souvent à
devait déjà nous annoncer par avance que ses persécuteurs. Salomon, dans le Can
la terre serait gouvernée par des lois plus tique 1, 14. 4, 1. 5, 12., compare à des
douces, et sauvée par la bonté du Créa colombes les yeux innocents et tendres
teur, malgré les péchés des hommes; la de celle qu'il aime : « ils sont comme des
branche d'olivier qu'elle rapporte semble colombes sur les ruisseaux d'eaux , bai
renfermer la même pensée et dire aux gnées dans du lait, se reposant au mi
hommes que « Dieu ne frappera plus lieu de la plénitude de la beauté. » Cha
toute chose vivante comme il l'a fait » (8, cun sent tout ce qu'il y a de gracieux
21.), et qu'il attendra le jugement final dans cette image, qui s'attache cependant
avant d'accabler de son juste courroux les de si près à la réalité, en nous montrant
pécheurs impénitents. les prunelles nageant dans le blanc de
Elle joue le même rôle encore dans la l'œil comme dans des flots de lait, et si
loi mosaïque où, déclarée animal pur, elle fraîchement entourées d'un cadre de vi
se trouve mêlée à tous les sacrifices, et sage au milieu duquel elles reposent
sert à remplacer, pour les pauvres, les comme dans le sein de la beauté. Nos
victimes plus considérables exigées en versions ont mal à propos, dans ces trois
holocaustes pour le péché, Luc 2, 24. cf. passages, mis « tes yeux sont comme ceux
Lév. 1, 14. 5, 8. 12, 8. Nomb. 6, 10. A des colombes : » ceux n'est pas dans le
cause de la grande consommation de co texte, et ne fait que nuire à l'idée.
lombes qui devait se faire pour le service Le roucoulement de la colombe est dans
du temple, et comme il n'était pas tou presque toutes les langues appelé un gé
jours facile à ceux qui devaient en offrir, missement (en latin, gemere, en grec,
de se les procurer et surtout de les ap arivtv, etc.), et les prophètes hébreux
porter à Jérusalem s'ils en étaient éloi ont exprimé la même pensée, Es.'38, 14.
gnés, les prêtres avaient permis qu'on 59, 11. Nah. 2, 7. cf. Ez. 7, 16. On se rap
vendît de ces oiseaux dans les parvis du pelle le vers de Virgile, Eglog. 1, 59 :
temple; c'est à cause des abus et des illé Nec gemere aëria cessabit turtur ab ulmo.
galités de ce trafic que notre Sauveur Cet animal est le symbole de la candeur
chassa un jour ceux qui faisaient ce com et de la simplicité, Matth. 10, 16., quel
merce d'une manière indigne, ne voulant quefois aussi du peu d'intelligence, Os. 7,
pas qu'on fit de la maison de son père 11. 12.
une caverne de voleurs, Matth. 21, 12. Il reste encore quatre passages qui ont
Le nom de la fille aînée de Job, 42, 14., besoin d'une explication particulière, et
Jémima, vient probablement d'un mot qui, ordinairement mal traduits, plus sou
arabe qui signifie colombe. En Orient, vent encore mal compris par certains in
on donne ce nom aux femmes de la plus terprètes, ont donné lieu à diverses mé
grande beauté. Sémiramis fut appelée prises.
Sémir Jemamah, la colombe brune, ou, — Ps. 68, 14. — Martin : Quand vous
selon Hésychius, la colombe de la mon auriez couché entre les chenets arrangés,
tagne, et les Babyloniens portaient une vous seriez comme les ailes d'un pigeon
colombe sur leurs enseignes en l'hon couvert d'argent, et dont les ailes sont
neur de cette princesse. comme la couleur jaune du fin or. — Lu
Quant aux retraites choisies par ces oi ther : Quand vous êtes aux champs, cela
seaux, on peut voir Ez. 7, 16. Jér. 48, resplendit comme les ailes des pigeons
28. Cant. 2, 14. Ps. 11, 1. qui brillent comme l'argent et l'or.—An
Le vol de la colombe est quelquefois glais : Quoique vous ayez été au milieu
considéré par les poëtes comme l'image des pots (en Egypte, cf. Ps. 81, 6.), ce
de la rapidité, Ps. 55, 7. Os. 11, 11. Es. pendant vous serez comme les ailes des
60, 8. (cf. Sophocle, OEdip. à Colon. colombes, recouvertes d'argent, etc. —
1081); la colombe, en effet, dépasse au Enfin Calvin : Quand bien vous seriez en
C0L 207 COL
grande famine, voulut faire préparer un ge qui porte encore le nom de Chonus,
repas pour les prophètes de l'endroit, avec un château-fort dans le voisinage.
mais ils furent presque empoisonnés avec On a varié sur l'orthographe de ce nom,
un plat de coloquintes sauvages que quel les uns voulant l'écrire Colasses ; mais
qu'un avait cueillies et mises dans la chau les meilleurs manuscrits, de même qu'un
dière sans savoir ce que c'était. L'homme grand nombre de médailles, l'écrivent
de Dieu prit un peu de farine, lajeta dans comme nous faisons , et leur autorité
le potage et le rendit mangeable et sain. l'emporte. Pour la géographie de cette
— Les coloquintes sont une espèce de contrée, il faut consulter surtout le com
courge ou de concombre sauvage , dont mentaire de Steiger sur l'épître aux Col.,
la tige jette autour d'elle des sarments et p. 13 et 368.
des feuilles semblables à celles des con Il ne paraît pas, ni d'aprês les Actes des
combres de nos jardins, ou à celles de la apôtres, ni d'après l'épître aux Colossiens,
vigne : le fruit, dont l'enveloppe charnue que Paul ait lui-même visité ces contrées,
est d'un jaune-vert, est de la grosseur ou qu'il y ait fondé des Eglises; mais
d'une orange , mais allongé comme le pendant le séjour prolongé de Paul à
concombre, et si amer qu'on l'a surnom Ephèse, et à cause des communications
mé le fiel de la terre ; lorsqu'il est mûr, faciles du Méandre et du Lycus, on peut
il éclate à la moindre pression. La res croire que des disciples de cet apôtre, ou
semblance de la coloquinte avec le con d'autres fidèles portèrent l'Evangile dans
combre a facilement pu faire cueillir l'une l'intérieur du pays, et y établirent quel
pour l'autre, d'autant plus qu'en temps ques assemblées chrétiennes. On croit
de famine on n'y regarde pas toujours de même, d'après i'épître à Philémon, et par
très près. Quant au moyen employé par plusieurs passages de celle aux Colos
le prophéte pour assainir ce mets affreux, siens 4, 7. 10.14.15. 17., que Paul con
on n'y peut voir qu'un miracle; cependant naissait diverses personnes de cette con
0n sait que certains légumes, d'un goût trée, et que ces Eglises connaissaient plu
amer, perdent cette amertume quand on sieurs des compagnons de Paul. Du reste
y mêle de la farine. la plupart des noms d'origine grecque ,
COLOSSES. Située sur le Lycus, à 8 Nymphas, Archippe , Philémon, Appia ,
parasanges (environ 50 kilom.) du Méan Epaphras, Onésime, etc., rendent proba
dre, et à 35 kilom. de Laodicée , cette ble l'opinion que les troupeaux de cette
ville était une des plus considérables de vallée étaient composés en très grande
la Phrygie au temps d'Hérodote. Xéno partie, sinon exclusivement, de païens
phon encore l'appelle une cité peuplée, convertis, et non de judéo-chrétiens.
prospère et grande. Au temps de Stra Quant à l'Epître aux Colossiens, il est
bon ce n'était plus qu'une ville médio évident non-seulement qu'elle a été écrite
cre , un bourg , quoique Pline ait pu la en vue de certains faux docteurs, mais en
classer encore au nombre des villes cé core que ces docteurs avaient une doctrine
lèbres de l'Asie-Mineure. Elle fut ren d'un caractère particulier et même systé
versée par un tremblement de terre la matique : les uns ont voulu y voir des
septième année de Néron, 60-61, mais re pharisiens, d'autres des philosophes pla
construite immédiatement. Au onzième toniciens, ou même pythagoriciens, d'au
siècle, et déjà du temps de Théophylacte, tres des disciples de Jean-Baptiste. Avant
On l'appelait Chônaï (fentes, fissures), tout il faut remarquer, d'abord, que ces
peut-être à cause de la nature de son sol faux docteurs étaient des Juifs d'origine,
limoneux, qui sèche en été et se crevasse des docteurs de la loi, recommandant les
au point que, près de Colosses, le Lycus cérémonies, les sabbats, les jeûnes, etc. ;
disparaît sous terre comme englouti. Au ensuite que ce n'étaient pas des Juifs or
douzième siècle elle avait recouvré quel dinaires , se bornant à conserver la loi et
questraces de sa première grandeur. Elle à la répandre au sein des Eglises, mais
fut longtemps une résidence épiscopale. des Juifs qui philosophaient d'une ma
Maintenant ce n'est plus qu'un gros villa nière ou de l'autre sur les objets de la
I. 14
C0L 210 COM
loi. Ces deux caractères sont si frappants ils se servirent de l'ancienne philosophie.
que quelques commentateurs ont pensé On peut consulter avec fruit sur ce su
que Paul s'adressait alternativement, dans jet l'excellent commentaire de Steiger sur
cette épitre, à deux classes de docteurs ; les Colossiens (Erlangen 1836), ainsi que
mais Calvin et d'autres ont établi qu'il ne ceux de Baehr (1833) et de Mélanchton
s'agissait ici que d'une seule classe joi (1577). Le peu que nous avons dit suf
gnant à l'attachement à la loi l'amour fira peut-être pour faciliter l'intelligence
d'une certaine philosophie. On peut sup de l'épitre si difficile dont nous parlons.
poser, ou que ces docteurs juifs avaient « Après avoir réfuté ces fausses doctrines,
fait profession de christianisme, ou qu'ils ajoute Calmet, l'apôtre débite aux Colos
ne l'avaient pas fait; mais cette dernière siens la plus belle et la plus sublime mo
supposition est peu vraisemblable : on rale. » — On se demande si cette épître a
admettra difficilement que des Juifs non été écrite pendant la captivité de Rome,
baptisés aient trouvé accès auprès des ou pendant celle de Césarée : il est pro
membres d'une Eglise surtout composée bable qu'elle fut datée de Rome, et écrite
en majorité de chrétiens d'entre les gen peu de temps avant celle aux Ephésiens
tils, et que saint Paul ne les ait pas avec laquelle elle a beaucoup de rapports,
combattus d'une manière franche et di
et dont elle semble même n'être guère
recte. L'opinion la plus probable est donc qu'un extrait destiné spécialement à l'E-
celle du critique anglais Hammond qui, glise de Colosses, tandis que l'épître aux
avec sa malheureuse habitude de voir par Ephésiens serait une circulaire pour tou
tout des gnostiques, s'est trouvé cette fois tes les églises environnantes; elles s'ex
avoir rencontré juste. Ce n'étaient point pliquent l'une l'autre , et peuvent avec
les écoles gnostiques qui furent fondées avantage être lues ensemble.Voici quel
plus tard, mais c'était la même direction ques-uns des parallèles du Ier chapitre
d'esprit, la même philosophie presque de l'épître aux Colosssiens.
traditionnelle, la philosophie orientale ap Colossiens. Ephésiens.
pliquée par les Juifs à leur croyance pa 1, 2. 1, 1. 2.
ternelle, puis au christianisme, lorsqu'ils – 3. – 15. 16.
se faisaient baptiser. Leur philosophie, — 13. – 6.
ou plutôt leur théosophie, leur théurgie — 14. — 7,
s'était humanisée, pour ainsi dire, en se — 16. — 22. 3, 10. 11.
fondant avec les idées grecques, et sur — 20. -10. 2, 13.
tout en empruntant à l'esprit grec une — 21 . 2, 1,
certaine volubilité des idées, et l'apparence — 24. 3, 1.
d'une philosophie didactique. Ces théo — 26. 3, 3.
sophes, également attirés par le chris etC. etC.
tianisme, étaient assez impartiaux pour Les chapitres suivants présentent un
reconnaître que l'intelligence des choses parallèle également remarquable que le
célestes était supérieure à leurs propres lecteur attentif trouvera seul, sans qu'il
idées; désirant d'y prendre part, ils entrè soit nécessaire de prolonger ces citations.
rent dans l'Eglise, mais n'ayant pas été COMMERCE. On comprend que Ie
convertis de cœur, l'amour de la sagesse cOmmerce soit une chose aussi vieille
charnelle prévalut bientôt ; ils donnèrent que le monde, et que les échanges aient
au christianisme et à Christ une place dans commencé dès les premiers temps entre
leur système , mais n'abandonnèrent pas les bergers, les laboureurs, et les fabri
leurs erreurs. D'autres hommes qui s'é- cants. Aux jours des patriarches ce mode
taient faits chrétiens, entraînés par un be d'échange subsistait encore; mais il avait
soin du cœur plutôt que par curiosité, re déjà pris un caractère plus mercantile que
tournant plus tard à des idées de propre lorsque l'humanité ne formait qu'une fa
justice, s'efforcèrent d'accorder le chris mille, dont les divers membres travail
tianisme qu'ils aimaient, avec la loi qu'ils
laient les uns pour les autres, se com
aimaient également, et pour les cimenter muniquant mutuellement, sans les mesu
COM 214 C0M
rer, les produits de leur travail ou de leur fleurir. Ez. 27, 17. Néh. 13, 16. Les Hé
industrie; on voit déjà des marchands pro breux achètent aux Phéniciens de magnifi
prement dits; mais comme l'argent mou ques bois de construction, 1 Chr. 14, 1. 1
nayé n'existe pas, on donne des denrées Rois 5, 10., du poisson, Néh. 13, 16. (cf.
pour d'autres denrées, chacune ayant une Ez. 26, 5. 14.), divers objets de luxe, des
valeur déterminée; les caravanes ismaé étoffes brodées de diverses couleurs, des
lites traversent Canaan pour se rendre en parfums, de l'encens, de la pourpre, et
Egypte, leurs chameaux portent des dro d'autres marchandises tirées pour la plu
gues, du baume, de la myrrhe; elles achè part de l'Arabie, de la Babylonie, ou des
lent un homme esclave, et le payent vingt Indes; ils fournissent en échange du blé,
pièces d'argent, Gen. 37, 25. 28., car de l'huile (cf. 1 Rois 5, 11. Act. 12, 20.)
l'argent aussi était une marchandise qui du miel, des dattes, du baume, Os. 12, 2.,
se pesait, et que l'on estimait selon son des objets de toilette brodés par les mains
plus ou moins grand degré de pureté. de leurs laborieuses épouses, Prov. 31,
Ce sont probablement encore des cara 24., enfin quelques espèces de fines pâ
vanes marchandes que nous trouvons Job tisseries.
6, 19. On ne voit nulle part que, malgré les
Puis, pendant la servitude d'Egypte, les guerres nombreuses qu'eurent à soutenir
Hébreux, quoique simples ouvriers escla les deux royaumes, les revenus de l'Etat
ves, se trouvèrent plus ou moins mêlés en aient souffert d'une manière notable :
au commerce actif de cette riche contrée ; on trouve même au milieu de leurs revers
mais ce goût qui n'eut pas de peine à se des périodes, Es. 2, 7., ou des tribus, Os.
développer chez eux, fut comprimé par 12, 9., qui se font remarquer par leurs
la législation mosaïque, soit directement, richesses et l'abondance de toutes sortes
soit indirectement par la nature peu ma de biens.
ritime, quoique littorale, du pays qui leur L'exil étendit naturellement beaucoup
avait été donné, par l'obligation qui leur la sphère du commerce hébreu; les exilés
était imposée de diverses manières, de ne voulant se fixer nulle part, et restant
cultiver le sol afin d'en consacrer les pr0 partout étrangers, n'avaient de ressource
duits à l'Eternel, par les avantages mêmes que dans le commerce, mais ils surent en
qu'ils retiraient de la culture de ce sol , profiter; ils se dispersèrent dans les dif
enfin, par les barrières que la loi établis férentes villes de la Babylonie, puis ail
sait entre le peuple saint et les peuples leurs , dans les provinces de l'Asie mi
environnants. Il paraît toutefois que les neure, en Egypte, et jusqu'en Europe.
habitants du nord du pays ne laissèrent Cependant toujours un peu gênés par
pas que de faire un petit commerce avec leur loi, les Juifs de la Palestine hésitè
les Phéniciens leurs voisins, Gen. 49, 13. rent à se vouer au commerce , et laissè
Deut. 33, 18. Sous les rois, le commerce rent occuper par des étrangers les ports
s'agrandit et devient royal. Salomon lui de Joppe et de Césarée que leurs rois leur
même est à la tête des plus grandes en avaient donnés , puis, sous la domination
treprises; il fait le commerce des chevaux romaine, plusieurs objets de commerce
entre l'Egypte et la Syrie, 1 Rois 10, 26. ou d'industrie, passèrent à l'état de ré
2 Chr. 1, 16.17.; il s'associe au roi de gie, et furent enlevés à l'activité indivi
Tyr pour l'exploitation des mers, 1 Rois duelle.
9, 26.Après lui, les expéditions maritimes Quant au petit commerce, pour lequel
cessent de faire partie des revenus on trouve des préceptes particuliers, Lév.
royaux, et même, sauf quelques essais 19, 36. Deut. 25, 13. cf. Os. 12, 8., les
tentés par Josaphat, 1 Rois 22, 49., le grandes fêtes lui étaient surtout favora
commerce par mer est interrompu, les bles; les marchands étalaient alors leurs
ports d'Elath et de Hetsjon-Guéber con marchandises sur les places près des por
quis par David, étant tombés de rechef tes, et les Tyriens mêmes savaient encore
entre les mains des Edomites. Mais le dresser leurs bancs sur les marchés de
commerce par terre avec Tyr continue de Jérusalem, cf. Néh. 13, 16. On trouvait
CON 212 CON
dans des métaux, soit en en formant des leurs devoirs domestiques au moyen des
colliers. Quoique ce ne soit pas une pierre offrandes qu'ils avaient faites pour le ser
précieuse, l'auteur du livre de Job, 28, vice du sanctuaire. Cependant, pour com
18., le nomme à côté de l'onyx et du sa prendre une pareille aberration de l'es
phir. Il faisait partie des objets du com prit filial, il faut supposer que l'intérêt
merce syrien, Ez. 27, 16. Cette substance se joignait chez les enfants à l'adoption
est connue depuis les temps les plus an de cette maxime cléricale, et que les prê
ciens. Pline nous apprend qu'elle était tres, ou bien exigeaient pour le temple
très estimée, d'abord à cause de sa beau une portion moins forte que celle qui
té, puis à cause des idées superstitieuses aurait du revenir aux parents, ou bien
que l'on y rattachait : on croyait que ce qu'ils séduisaient les Juifs par certaines
lui qui portait un morceau de corail sur promesses illusoires, en leur représen
lui ne pouvait jamais courir aucun danger. tants les offrandes faites au temple com
Naguère encore, dans la même contrée, me plus méritoires, et comme entraînant
un collier de corail rouge se vendait aussi des bénédictions et des avantages parti
cher qu'un collier de perles. Le nom hé culiers.
breu que l'on a traduit par corail est Ra CORBEAU. Oiseau appelé en hébreu
moth. D'autres ont voulu voir le corail horeb, et en syriaque croac; de même
dans l'Almughim, q. v. On se demande croak dans le vieux anglais. Il était dé
enfin si le mot Peninim, Prov. 3, 15. 8, claré impur par la loi de Moïse, Lév. 11,
11. 20, 15.31, 10. Job 28, 18. Lam. 4, 7., 15. Deut. 14, 14. Il habite les lieux soli
ne désigne pas la même substance , nos taires, sauvages et désolés, Es. 34, 11.
versions portent quelquefois pierres pré Salomon, dans le Cantique 5, 11., compare
cieuses, quelquefois perles, ce qui est les boucles noires de l'épouse au plumage
peu probable, soit à cause du passage des brillant et noir de cet oiseau.
Lamentations qui donne au Peninim la Le corbeau apparaît pour la première
couleur rouge ou vermeille, soit à cause fois dans l'Ecriture, Gen. 8, 7. Les eaux
de l'analogie de l'arabe. Il est bien pos du déluge commençant à baisser, et le
sible qu'un objet de luxe aussi recherché sommet des montagnes à sortir de l'O-
ait eu chez les Hébreux deux noms dif céan, l'homme de l'ancien et du nouveau
férents; mais l'on ne peut rien décider. monde envoie sur la terre, ou plutôt sur
CORBAN, Marc7,11.(cf. Matth. 15,5.) les flots, cet oiseau dont il risque la vie
Ce mot hébreu signifie, ainsi que cela est pour un essai d'exploration, et qui prend
indiqué dans le texte même, un don, une ainsi le premier possession de la terre
offrande ; il est employé dans l'Ancien sauvée ; mais l'animal va et vient ne trou
Testament, Lév. 2, 1. 4, 12. 10, 17., et vant pas à se poser, puis il quitte l'arche
ailleurs, pour désigner de simples offran pour n'y plus revenir, et va sans doute
des, celles pour le péché. Les Juifs ju sur les montagnes se nourrir des victimes
raient quelquefois par ces dons offerts dont le déluge avait parsemé l'univers.
sur l'autel, Matth. 23, 18. — Dans le pas C'est après le départ définitif de l'aventu
sage de Marc, notre Sauveur reproche reux oiseau que Noé laisse échapper une
aux prêtres leur fausseté intéressée, aux colombe ; mais plus timide, elle rentre
Juifs leur dureté envers leurs parents. dans l'arche d'abord, puis ressort huit
Pour accroître le trésor du temple, et par jours après et rentre une dernière fois,ap
là leurs richesses particulières, les prê portant dans son bec l'emblème de la paix
tres disaient aux enfants d'Israël que et du salut, une branche d'olivier.— Nos
tout don (ou corban) fait au temple, les versions portent, conformément au texte
dispensait de soutenir leurs parents et hébreu, au caldéen, à l'arabe et au samari
les personnes de leur famille (cf. 1 Tim. tain, que « le corbeau sortit allant et re
5, 4.). Et il paraît que cet abus impie venant, jusqu'à ce que les eaux se fus
était devenu assez général à l'époque où sent desséchées sur la terre, » tandis
parlait notre Sauveur, et qu'un grand que les Septante, le syriaque et la Vulga
nombre de Juifs se croyaient déliés de te, ainsi que bon nombre de Pères et de
COR 215 · COR
commentateurs, portent que « le corbeau rent, et que lorsque le torrent fut à sec,
sortit et ne revint point. » De fortes rai le prophète dut se rendre ailleurs, chez
s0ns parlent sans doute en faveur de une pauvre veuve païenne, pour s'y met
Cette dernière leçon : on se demande tre à la fois à l'abri des persécutions et
pourquoi, si le corbeau était rentré, Noé à l'abri de la soif; si c'eussent été des
ne l'aurait pas lâché de nouveau, ainsi hommes qui eussent fourni à Elie le pain
qu'il fit plus tard avec le pigeon, et pour et la viande, ils auraient pu tout aussi
quoi il crut nécessaire de lâcher le pi bien, et sans plus de peine, lui apporter
geon lorsque l'absence prolongée du cor de l'eau; des corbeaux ne le pouvaient
beau devait lui indiquer suffisamment que paS.
cet animal avait su trouver un abri et de On en doit donc rester à la traduction
la nourriture sur la terre. Mais, outre toute simple et tout ordinaire de nos ver
que les pourquoi ne sont guère une au sions, et l'on peut de deux manières com
torité, il est bien difficile d'accepter des prendre que des corbeaux aient été en
variantes au texte hébreu, et de s'éloi effet les pourvoyeurs de l'homme de Dieu.
gner ainsi de l'original. Supposons que l'asile du prophète fût un
Le corbeau joue encore un rôle dans lieu de rochers, de montagnes et de so
l'histoire d'Elie. Ce prophète s'étant re litudes : c'est là que les oiseaux de proie
tiré par l'ordre de Dieu sur les bords du font leurs nids, et qu'ils élèvent leur cou
Kérith, 1 Rois 17, 3-5., il y fut nourri vée, qu'ils nourrissent leurs petits; le
par des corbeaux « qui lui apportaient du prophète aura pu sans peine s'emparer
pain et de la chair le matin, du pain et pendant leurabsence, des provisions qu'ils
de la chair le soir, et il buvait du torrent. » apportaient deux fois par jour à leur ni
Mais toutes sortes d'explications, toutes chée, et Dieu aura employé un moyen na
plus singulières les unes que les autres, turel pour fournir à Elie une nourriture
et plus singulières que le fait même abondante et régulière. L'histoire profane
qu'elles voulaient expliquer, ont été mi présente des exemples du même genre ;
ses en avant pour ôter à cette histoire v. Tite-Live 1, 4. Diod. de Sicile 2, 4.
ce qu'elle a de surnaturel. Quelques-uns, Justin 1,4. et ailleurs.Mais si l'on se rap
comparant le rocher de Horeb, Jug. 7, 25. pelle que le Dieu du ciel est aussi le Dieu
Es. 10, 26., qui se trouvait dans la con de la terre, de la nature, de l'homme et de
trée de Bethsan à l'ouest du Jourdain, et tous les êtres vivants, qu'il fait des vents
non loin du Kérith, ont supposé que les ses anges et des flammes de feu ses mi
corbeaux (Horebim) d'Elie, n'étaient au nistres, qu'il tient dans sa main les in
tres que les habitants d'une ville de Ho stincts et les volontés de tous les ani
reb qui aurait existé près du rocher de maux, qu'il les dirige comme il le veut,
ce nom, et que c'était à ces habitants que et les fait agir en maître, qu'il les con
Dieu aurait donné l'ordre de nourrir son duisit dans l'arche, qu'il envoya un bé
prophète. D'autres, lisant Arabim au lieu lier pour remplacer Isaac, un lion pour
de Horebim, pensent que ce sont des déchirer le vieux prophète, des ours pour
Arabes du voisinage, qui, ignorant les venger Elisée, une baleine pour sauver
persécutions d'Achab, ou les bravant, Jonas, un poisson pour payer le tribut,
auraient apporté deux fois par jour au un àne pour l'entrée dans Jérusalem, on
prophète, la nourriture dont il avait be ne pourra méconnaître que l'approvision
soin. D'autres encore traduisent Hore nement miraculeux d'Elie n'appartienne
bin « des marchands, » des passsants, des à cette classe de miracles.
étrangers, qui irrégulièrement, et à me Nous lisons, Job 39,3. : « Qui est-ce qui
sure qu'ils arrivaient, auraient fourni apprête la nourriture au corbeau, quand
quelques vivres au vénérable et pieux so ses petits crient au Dieu fort, et qu'ils
litaire. Toutes ces explications sont ré vont errants, parce qu'ils n'ont point de
futées par ce seul fait, qui semble men quoi manger ? » et Ps. 147 : 9. « Dieu
tionné tout exprès, que le prophète n'a- donne la pâture au bétail, et aux petits
vait pour se désaltérer que l'eau du tor du corbeau qui crient vers lui. » Quel
COR 216 COR
ques auteurs ont pensé que ces deux pas Jésus rappelle la même chose lorsqu'il
sages étaient une allusion à ce que l'on dit : Considérez les corbeaux, ils ne sè
dit que le corbeau, lorsqu'il voit ses ment, ni ne moissonnent, et cependant
petits nouvellement éclos, et couverts Dieu les nourrit, Luc 12, 24. Dans le
d'un poil blanc, les prend en dégoût, les passage parallèle, Matth. 6, 26., il y a
abandonne, et ne retourne à eux que l'idée générale, au lieu de l'exemple par
lorsque ce premier duvet étant tombé, ticulier : Considérez les oiseaux du ciel.
ils commencent à se revêtir d'un plumage Agur, dans le 30e chapitre du livre des
noir. La mue et le changement de cou Proverbes, v. 17, dit que les corbeaux
leur sont un fait, mais quant à cette aver du torrent crèveront les yeux du mauvais
sion c'est une fable. « Dans les premiers fils qui se moque de son père et qui mé
jours, dit Buffon, la mère semble un peu prise l'enseignement de sa mère, voulant
négliger ses petits; elle ne leur donne à annoncer peut-être qu'il sera privé de
manger que lorsqu'ils commencent à avoir sépulture, jeté aux champs, et livré à la
des plumes; et l'on n'a pas manqué de voracité des corbeaux qui, dit-on, com
dire qu'elle ne commençait que de ce mencent toujours par crever les yeux des
moment à les reconnaître à leur plumage cadavres qu'ils dévorent.
naissant, et à les traiter véritablement Les Septante et la Vulgate, dans Soph.
comme siens. Pour moi, je ne vois dans 2, 14., au lieu de désolation, lisent : « Le
cette diète des premiers jours que ce que corbeau sera au seuil, » par où les uns
l'on voit plus ou moins dans presque tous entendent qu'on nourrissait des corbeaux
les animaux, et dans l'homme lui-même: dans la maison, et d'autres, avec plus de
tous ont besoin d'un peu de temps pour raison, que Ninive sera tellement désolée
s'habituer à un nouvel élément, à une que ses ruines serviront de retraites aux
nouvelle existence, etc. » Les deux pas corbeaux; mais cette traduction ne peut
sages dont nous parlons ont fait naître être admise.
beaucoup d'autres conjectures : on a sup CORE, v. Homer. -
nement du peuple. Moïse s'étant pro de cet ambitieux, des employés au ser
stermé devant l'Eternel, le visage contre vice du temple, chargés de garder les
lerre, se releva, fit observer à Coré que vaisseaux du tabernacle, 1 Chr. 9, 19., des
chacun avait sa tâche et ses droits; que portiers,26 1., et des chantres,2Chr. 20,
lui, Coré, avait reçu de l'Eternel une 19. Ps. 88, 1. Les Psaumes 42,44,45,46,
tharge honorable, puisqu'il était employé 47, 48, 49, 84, 85 et 87, sont indiqués
au service de l'Eternel, quoiqu'il n'exer comme ayant été composés par quelques
dt pas la sacrificature; que si, cependant, uns de ces Corites ; cependant l'on n'est
il v0ulait une nouvelle manifestation de pas d'accord sur ce point, et plusieurs
l'Eternel, il n'avait qu'à apporter le len auteurs pensent que, composés par Da
demain, lui et ses deux cent cinquante vid ou par d'autres prophètes, ils ont été
c0mplices, des encensoirs et de l'encens simplement remis aux chantres de la mai
p0ur l'offrir sur l'autel, qu'Aaron de son son de Coré pour être chantés par eux;
côté ferait la même chose, et que celui v. Psaumes.
que l'Eternel choisirait serait le saint. La punition de ces chefs, rappelée Ps.
Un temps leur était offert pour la repen 106, 17. et Jud. 11., trouve des paral
tance, ils en profitèrent pour chercher à lèles dans l'histoire de Nadab et Abihu,
s0ulever le peuple. Le lendemain, les Nomb. 3, 4., dans celle des capitaines
rebelles se rendirent à l'entrée du taber d'Achazia qui sommaient Elie de descen
nacle d'assignation, suivis d'une portion dre du Carmel, 2 Rois 1, 9. 11., et dans
dupeuple qui les soutenait. Mais la gloire celle d'Ananias et de Saphira, Act. 5, 1.
de l'Eternel apparut et fut sur le point On peut rappeler ici l'idée ancienne, que
de les consumer tous. Les deux frères lorsqu'un homme de bien prononçait une
intercédèrent, pensant que cette première malédiction, elle ne manquait pas d'avoir
et menaçante manifestation suffirait; ils son accomplissement, cf. Luc 9, 54.
se rendirent auprès de la foule assem CORIANDRE. Plante annuelle que l'on
blée, et cherchèrent à l'éloigner de ce trouve abondamment en Egypte; tige cy
lieu qui bientôt devait n'être plus qu'un lindrique et élancée ; feuilles à large pé
g0uffre dévorant : plusieurs crurent et dicule, dont les inférieures sont dentées
0béirent; les plus mutins, quelques fa et ne présentent qu'une seule division,
milles rubénites, Dathan, Abiram et les tandis que les supérieures, dentées éga
leurs persistèrent : ils restèrent debout lement et plus petites, offrent deux divi
à l'entrée de leurs tentes, comme pour sions. Les fleurs sont blanches, en om
continuer de braver l'Eternel; mais la belles, et donnent une graine jaunâtre,
menace s'accomplit, la terre ouvrit sa creuse et très odorante, dont on se sert
bouche sur eux, les engloutit corps et comme assaisonnement. C'est à cette
biens, et se referma sur ces cadavres vi graine qu'est comparée la manne pour sa
Wants. En même temps le feu du ciel des forme, Ex. 16, 31. Nomb. 11, 7. Quant à
tendit sur les lévites rebelles qui offraient la couleur, la manne était blanche comme
le sacrifice de Caïn, et les dévora, tandis le bdellion.
qu'Aaron, qui se trouvait avec eux, fut CORINTHE ( Ephyra chez les poètes,
c0nservé comme le saint qui devait seul Ovid.Met. 2, 240., Virg. Georg. 2, 464.)
app0rter l'encens à l'autel. Une des villes les plus peuplées, les plus
, Quoique nous n'ayons aucune date, ni commerçantes et les plus riches de l'an
indication précise sur le lieu où se passa cienne Grèce, et capitale de l'Achaïe pro
cet événement , il paraît qu'on doit le pre sous la domination romaine. Elle
placer à Kadès-Barné ou à Rithma, peu était située entre la mer d'Ionie et la mer
après la rentrée des Israélites dans le Egée (de là le surnom de bimaris , Hor.
dºsert, (v. Voyage des Enfants d'Israël, Od. 1, 7.2.) et au pied d'un rocher qui
pag. 117-122). portait la citadelle d'Acro - Corinthe.
Les familles rubénites périrent avec Elle avait 40 stades (8 à 9 kilom.) de
leurs chefs; celle de Coré ne périt point, tour, et trois ports; celui de Lechaeon
ºt n0us trouvons parmi les descendants sur la mer d'Ionie , à 12 stades ( 2 ou
C0R 218 C0R
3 kilom.) de la ville; celui de Cenchrée brassèrent la foi. C'est de cette ville que
sur la mer Egée, et celui de Schaenos : Paul, rejoint par Silas et par Timothée,
non loin de là se trouvait le bois de Cra écrivit successivement les deux lettres aux
nion. La position de Corinthe , entre les Thessaloniciens.
deux Grèces comme entre les deux mers, Après une longue mission, l'apôtre
lui procurait des avantages commerciaux quitta Corinthe , mais il y revint plus tard,
dont elle sut profiter, et qui ne contri Act. 20, 2. 1 Cor. 16, 3., et écrivit de là
buèrent pas peu à l'enrichir. Les arts et à d'autres églises, à Rome, etc. Apollos
les sciences y fleurirent également , et le remplaça, Act. 19, 1. 1 Cor. 1, 2.;
Corinthe jouit ainsi d'une double répu Aquilas et Sosthènes, fidèles et puissants
tation dans le monde intellectuel et dans ministres de la parole, y annoncèrent aussi
le monde commerçant. Mais avec les ri l'Evangile, Act. 18; 1 Cor. 1, 1. 16, 19.
chesses le luxe se développa, et avec lui Epîtres aux Corinthiens. Paul écrivit
les plus grands débordements et la plus trois lettres à cette église , la première
hideuse corruption, au point que les mentionnée 1 Cor. 5, 9. 11., est perdue,
païens eux-mèmes en étaient frappés, et et semble avoir été dirigée principalement
que l'un d'eux inventa le verbe corinthi contre les habitudes d'impureté auxquel
ser, comme synonyme de vivre dans la les plusieurs membres de l'église se li
débauche. Après que Mummius s'en fut vraient. La seconde est la première de
emparé, 147 av. C., et qu'il l'eut dévas celles que nous possédons. L'apôtre était
tée, Jules-César la rétablit, 43 av. C.; à Ephèse, 1 Cor. 16, 8., vers l'an 56 : c'est
elle ne tarda pas à recouvrer son impor là qu'ayant appris par les gens de la mai
tance et sa grandeur première, tellement son de Chloé les querelles de partis qui
qu'à l'époque de saint Paul, nous la re divisaient l'Eglise, il écrivit aux Corin
trouvons de nouveau résidence du prO thiens pour essayer de ramener la paix
consul romain en Achaïe, Act. 18, 12. parmi eux, en les réunissant autour du
Saint Paul y passa dix-huit mois, environ seul chef qui a été crucifié pour les siens,
l'an 52. La philosophie et l'impureté fu et au nom duquel ils avaient été baptisés,
rent les grands ennemis que l'apôtre eut 1 Cor. 1, 13. Il cherche ensuite à les met
à combattre; l'impureté surtout y était tre en garde contre ces philosophes à
tellement honorée, et presque consacrée pompeuse parole, qui veulent tout em
par le culte de Vénus et par les prosti brouiller pour tout éclairer, et qui veu
tutions publiques des infâmes prêtresses lent faire dépendre la foi de la sagesse des
de cette divinité, que l'inceste même y hommes; puis il se plaint des désordres
était toléré, et qu'un chrétien fut trouvé qui existent dans leurs repas de charité ,
entretenant avec la femme de Son père de leur tolérance pour le vice et le pé
un commerce criminel. ché. Dans les chapitres 7 à 15, il répond
Saint Paul logeait chez les époux Aquila à diverses questions que les Corinthiens
et Priscille, Act. 18, 4. sq., faiseurs de lui avaient faites sur le mariage, sur les
tentes, au travail desquels il s'associa choses consacrées aux idoles , sur la cè
pour n'être à charge à personne , il prê ne, sur la vraie charité, sur la résurrec
chait tous les jours de sabbat dans lasyn tion de la chair, sur les dons spirituels.
agogue; il fit d'abord quelques prosé Il paraît, en effet, que peu d'églises avaient
lytes parmi les Juifs; mais bientôt voyant été favorisées autant que celle de Corin
que la plupart d'entre eux, au lieu de re the, par des dons miraculeux , mais ces
cevoir ses instructions, se détournaient dons même étant devenus une occasion
de lui avec des paroles de blasphème, il d'orgueil et de chute, cette église se cor
secoua contre eux ses vêtements, et leur rompit plus que toutes les autres. Ap
dit : « Que votre sang soit sur votre tète, prenons de là, dit Bickersteth, la diffé
j'en suis net ! » et il se tourna vers les gen rence qu'il y a entre les dons et la grâce,
tils. Il alla loger chez un païen converti, et me soyons pas abattus si les premiers
Juste, surnommé Tite, et un grand nom nous manquent, pourvu que nous ayons
bre de païens crurent à sa parole et em celle-ci, qui est infiniment plus néces
C0R 219 COR
connus dont le nom revient si rarement, aussi le nom hébreu) l'impétuosité avec
et chaque fois avec des caractères si gé laquelle cet animal fond sur sa proie : on
néraux, qu'ils peuvent s'appliquer à un peut d'autant mieux adopter cette ma
grand nombre d'espèces différentes. Le nière de voir que le plongeon appartient
pélican, déclaré impur par la loi de Moïse, plutôt aux régions tempérées ou froides,
habite les contrées chaudes et mariti tandis que le cormoran habite les pays
mes ; c'est un oiseau de la grosseur du plus chauds et plus méridionaux; et les
Cygne, assez lourd dans sa forme et dans traducteurs n'ont guère pensé au nom de
sa démarche , mais remarquablement lé plongeon que parce qu'il leur était pré
ger quand il étend ses grandes ailes pour senté par le sens même étymologique du
prendre son vol; sa couleur est d'un nom hébreu shalak. Le cormoran a, com
blanc grisâtre parsemé de petites plumes me le pélican, les quatre doigts assujétis
rose-tendre; la queue et les grosses plu par une membrane d'une seule pièce; il
mes des ailes sont noires. Ce qui le dis a de même le bec garni en dessous d'une
tingue surtout, c'est la grande poche peau d'une belle couleur orangée, qui
qu'il porte sous le bec, et dont il se sert s'étend sous la gorge de quelques lignes,
pour pêcher et pour faire des provisions; et s'enfle à volonté, mais sans acquérir la
elle peut contenir, dit-on, une dizaine de capacité de celle du pélican. Le cormo
litres (Adanson dit 22 pintes , Voy. au ran, quoique bon plongeur et bonnageur,
Sénégal, p. 136) ; son nom hébreu vient reste moins dans l'eau que plusieurs au
du verbe k6, qui signifie vomir , et se tres oiseaux aquatiques ; il prend fré
rapporte sans doute à l'habitude qu'a cet quemment son essor et se perche sur les
oiseau soit de rejeter devant ses petits, arbres ou sur des rochers, d'où il guette
pour les nourrir, le revenu de sa pêche, sa proie et s'élance avec la rapidité de l'é-
soit de rejeter pour son propre compte clair aussitôt qu'il l'aperçoit : il est d'une
les moules et les huîtres qu'il a avalées et telle adresse et d'une telle voracité, que
réchauffées dans son estomac, afin d'en lorsqu'il se jette sur un étang, il y fait
manger la chair lorsqu'ils se sont en seul plus de dégât, dit Buffon, qu'une
tr'ouverts. Il pèse jusqu'à 12 et 15 kilog.; troupe entière d'autres oiseaux pêcheurs.
sa voix rappelle, dit-on (Buffon), le cri CORNE. On se servait de cornes, prin
de l'âne, selon d'autres le cri d'un hom cipalement de cornes de bœuf, comme de
me dans l'angoisse et la douleur , cf. Ps. verres pour boire, ou plus fréquemment
102, 6. Le nid du pélican se trouve com encore, comme de vases pour conserver
munément au bord des eaux, à plate terre les liquides, le fard, l'huile, etc., 1 Sam.
et plutôt dans des endroits déserts et iso 16, 1. 13.1 Rois 1, 39. Une des filles
lés, Es. 34, 11. Soph. 2, 14. de Job est appelée Kéren-Happouk, corne
Quant au cormoran proprement dit, s'il d'antimoine 42, 14. On les employait
en est parlé dans la Bible, c'est sous le aussi , dans l'antiquité , comme instru
nom de Shalak, Lév. 11, 17. Deut. 14, ments à vent, ainsi que le font encore les
17., que nos versions ont traduit par plon bergers des Alpes, quoique les instru
geon.(Au ch. 11 du Lévitique, au lieu de : ments de cuivre, ou d'autre métal, fus
17.« La chouette, le plongeon, le hibou,18. sent aussi déjà fort anciennement connus,
le cygne, le cormoran, le pélican; » nous cf. Jos. 6, 5. Jug. 7, 16.
traduirions conformément aux travaux L'autel des holocaustes avait à ses qua
des savants modernes : « 17.Lachouette, tre Coins des cornes de bois recouvertes
le plongeon, le butor (P), 18. le cygne, le d'airain , Ex. 27. 2. L'autel des parfums
pélican, le vautour (percnoptère P). »)- avait aussi quatre cornes, mais recouver
Le nom du cormoran ne se trouverait tes d'or, Ex. 30, 2. cf. Jér. 17, 1. Am. 3,
donc pas dans la Bible, à moins que l'on 14. Dans le second temple elles étaient
ne veuille entendre par plongeon le cor de pierre, et avaient une coudée de lon
moran lui-même, et notamment cette es gueur. On n'en connaît pas exactement
pèce qui est connue en grec par le nom la destination ; peut-être, d'après Ps. 118,
de cataractès qui désignerait (comme fait 27., servaient-elles à retenir les victimes.
COR 221 COR
Le souverain pontife les arrosait du sang gardé comme un étranger impur (10,28),
des sacrifices, Ex. 29, 12. Lév. 4, 7-18. et les frères de la Judée n'eussent pas été
cf. 8, 15. 9, 9. 16, 18. Ez. 43, 20. Chez non plus scandalisés que Pierre fût entré
les Juifs comme chez les païens, les cri chez cet incirconcis (11, 3.). Corneille
minels se réfugiaient auprès des autels était donc bien disposé pour le royaume
dont ils empoignaient les cornes, et qu'ils des cieux, mais il n'était que cela, quand
regardaient comme des asiles sacrés , 1 un jour, vers les neuf heures, à l'heure
Rois 1, 50. 2, 28. du culte lévitique, il vit clairement un
Lacorne est souvent prise pour le sym ange de Dieu qui vint à lui et qui l'ap
bole de la force, en allusion à la force du pela par son nom. Effrayé de la vision cé
taureau qui réside dans son front. Ainsi leste, le pauvre centenier tenait les yeux
dans l'original de Jér. 48, 25., on lit : la arrêtés sur l'ange, et il s'écria : Qu'y a-t-
- corne de Moab a été rompue : de même, il, Seigneur P Des paroles de paix lui fu
Lam. 2, 3., la corne d'Israël. Tu élèveras rent annoncées : «Tes prières et tes aumô
ma corne comme celle d'une licorne, dit nes SOnt mOntées en mémoire devant
le Psalmiste, 92, 10. Et la corne du juste Dieu ; » et après lui avoir ordonné de faire
sera élevée en gloire, 112, 9. L'Eternel venir l'apôtre Pierre dont il lui indiqua
fera germer la corne de la maison d'Is la demeure, l'ange se retira d'auprès de
raél, Ez.29, 21.—Quoique lesdignitaires lui. Corneille aussitôt appelle deux de ses
de l'Orient aient encore aujourd'hui l'ha serviteurs, et un soldat craignant Dieu,
bitude d'orner leur coiffure d'une espèce qu'il charge d'aller trouver saint Pierre à
de corneavancée, ce serait aller trop loin Joppe, chez Simon le corroyeur. Ce que
que d'y chercher l'origine de cette ma durent être, pendant deux jours d'attente,
nière de parler; le rapprochement indi les sentiments intérieurs du pieux mais
qué plus haut est à la fois plus clair et ignorant capitaine, on ne saurait le dire :
plus simple. Les Latins avaient la même mais l'apparition de l'ange semblait lui
expression ; ainsi nous trouvons dans Ho indiquer que la visite de Pierre serait
race, Od. 3.21 (15), 18. : Et addis cornua aussi quelque chose de surnaturel, de di
Pauperi, les Arabes appelaient Alexan vin; il attendait cet homme miraculeux
dre le Cornu, pour indiquer sa puissance; qui devait lui indiquer le chemin du sa
et une superstition chrétienne s'est plu lut, et il l'attendait avec une sorte de vé
à donner des cornes à Moïse (on les mon nération, bien légitime à quelques égards,
tre encore à Gènes). David appelle Dieu puisque lui, païen, n'était que ténèbres
la corne de son salut, Ps. 18, 2. Enfin les en comparaison du messager de lumière,
puissances des Perses, des Grecs, de la mais vénération qui devait se rapporter
Syrie et de l'Egypte, sont représentées à la lumière elle-même et point à l'hum
dans le livre de Daniel (7 et 8) comme ble et timide porteur du flambeau sacré.
autant de cornes; Daniel et Alexandre Aussi lorsqu'arriva l'apôtre que Dieu lui
sont un bouc et un bélier qui se heurtent même, par une vision correspondante,
violemment de leurs cornes, l'Antichrist avait préparé à descendre sans hésiter
est la petite corne. chez le centenier de Césarée, il trouva la
CORNEILLE (Act. 10, 1 et seq.) , salle remplie des parents et des amis de
centenier d'une cohorte de la légion ap Corneille, et celui-ci venant au-devant de
pelée italique, habitait à Césarée sur les Pierre, se jeta à ses pieds et l'adora. L'a-
bords de la Méditerranée. C'était un hom pôtre, dont les soi-disant successeurs
me dévot et craignant Dieu , ainsi que exigent pour eux-mêmesl'adoration des fi
toute sa famille, faisant beaucoup d'au dèles (voir l'ouvrage catholique de M. Ma
mônes, et priant Dieu continuellement ; gnin, sur la Papauté, p.434, 435.), releva
mais il était païen de naissance, et jusqu'a- Corneille en lui disant : Lève-toi, et moi
lors il ne paraît pas qu'il eût eu connais aussi je suis homme. Puis s'étant informé
sance de la vérité. Quelques-uns veulent du motif pour lequel ils l'avaient fait ve
qu'il ait été prosélyte de la porte, mais nir, saint Pierre ayant confessé ses ré
dans ce cas saint Pierre ne l'eût pas re pugnances particulières, et la crainte qu'il
COR 222 COT
avait eue de mal faire en descendant au villes, près des rivières, ou sur les bords
près d'eux, mais la manifestation divine de la mer. Ce fut chez l'un de ces hum
qui l'y avait décidé, leur raconta en peu bles ouvriers que saint Pierre passa plu
de mots l'histoire pour eux inconnue, du sieurs jours, et que l'Esprit lui annonça
Christ qui était venu sur la terre, naître, qu'il ne devait plus regarder comme im
vivre, souffrir et mourir pour réconcilier pur ce que Dieu lui-même avait purifié.
avec Dieu son père les pécheurs condam COSAM, fils d'Elmodam, et l'undes an
nés, pour les sauver par son sang, et pour cêtres de notre Sauveur par Marie, Luc 3,
être au dernier jour le juge des vivants 28. Du reste inconnu.
et des morts. Pendant que l'apôtre par COSBI, fille de Tsur, l'un des princi
lait, les païens qui l'écoutaient reçurent paux d'entre les Madianites. Balaam
la foi; ils crurent aux merveilles de la n'ayant pu maudire les enfants d'Israël,
miséricorde divine, ils acceptèrent le sa avait voulu les faire maudire de Dieu mè
lut gratuit que Jésus leur avait mérité sur me, en les entraînaut dans le mal. Sur
la croix; le Saint-Esprit descendit alors son conseil, les Madianites avaient invité
sur eux ; ils parlèrent diverses langues les Israélites à une grande fête païenne
et glorifièrent Dieu. Les chrétiens d'entre des plus dissolues; ceux qui se rendirent
les Juifs qui avaient accompagné Pierre à cet appel et qui participèrent aux im
à Césarée, furent étonnés de voir les grâ purs divertissements des païens furent
ces divines être accordées à ces étrangers frappés d'une fort grande plaie, et 24,000
en la même mesure qu'elles l'étaient aux d'entre eux succombèrent. Moïse menaça
chrétiens de l'ancien peuple ;mais Pierre de mort ceux qui continueraient à pé
comprit que la paroi mitoyenne était rom cher, et la sentence fut exécutée par Phi
pue, que dès ce moment la circoncision nées, qui frappa de sa lance le juif Zimri
ou l'incirconcision n'était plus rien : il ne et cette Cosbi, qui, joignant l'impudence
se fit donc aucun scrupule de les baptiser, à l'impureté , s'étaient présentés publi
et de demeureravec eux plusieursjours.Ce quement, en compagnie l'un de l'autre,
fut la première église d'entre les païens, devant Moïse et devant l'assemblée des
le premier pas du Christianisme en de enfants d'Israël, comme ils pleuraient à
hors du cercle judaïque , en dehors des la porte du tabernacle. L'infâme machi
limites du peuple extérieur dont Dieu, nation de Balaam échoua donc contre la
pendant quelques siècles, avait fait le dé fermeté des chefs d'Israël, et les Madia
positaire de ses oracles, et l'objet visible nites apprirent par leur expérience que
de ses soins et de son amour ; ce fut un le crime est un mauvais allié : Dieu qui
moment solennel que celui où le vase de avait ordonné à Israël de les épargner,
l'ancienne sacrificature déborda pour la Deut. 2, 9., leur retira cette protection
première fois, pour se répandre en tor et commanda à Moïse de les exterminer,
rents de bénédictions sur les peuples Nomb. 31, 2. 3.
qui n'étaient point appelés du nom de COTON, produit d'un arbre ou d'un
l'Eternel ; et certes les anges du ciel s'en arbrisseau qui se trouve principalement
réjouirent. aux Indes, en Egypte et en Chypre, mais
Quant à Corneille lui-même, l'histoire qui peut aussi croître et être cultivé en
sainte n'en reparle plus, et les traditions Syrie et en Palestine, Ez. 27, 16.1 Chr.
qui le font évêque, les unes de Césarée, 4, 21. On distingue souvent l'arbre et
les autres d'Ilion, les autres de Scepsis, l'arbuste (le gossypium arboreum et le
ne nous apprennent rien, non plus que gossypium herbaceum), mais les deux es
celles qui le font martyr. pèces n'en font cependant qu'une seule.
CORROYEUR , Act. 9, 43. 10 , 6.32. L'arbuste à coton , qui croît spontané
Le travail du cuir était un métier géné ment dans les contrées de l'Asie anté
ralement peu estimé des Juifs, en grande
rieure, est une plante annuelle qui s'é-
partie à cause de l'odeur qu'exhale la ma
lève à 1 mètre environ , et même jus
tière travaillée : ceux qui s'y vouaient se
qu'à 2 , quand elle est cultivée et soi
logeaient ordinairement en dehors des gnée : la tige est rougeâtre dans sa par
sºl
#a
tie inférieure; les rameaux sont courts, dans ces deux passages, il est question
couverts de poils et semés de taches noi de la coudée hébreue, comparée à la cou
res; les feuilles grandes , molles, vert dée de Babylone (0m 45), à laquelle les
foncé, et à cinq lobes : les fleurs pren Juifs s'étaient accoutumés pendantla cap
nent naissance à l'origine des feuilles ; tivité, et le prophète a bien soin d'indi
elles sont en forme de cloches , jaune quer que la coudée dont il parle est la
pale et couleur pourpre vers le bas ; le vraie , l'ancienne coudée , plus grande
fruitest une capsule, d'abord de la gros d'une palme que la coudée à laquelle ces
seur d'une noisette; il devient bientôt Hébreux modernes étaient habitués. Il ne
aussi gros qu'une noix et s'ouvre de lui paraît donc pas qu'il faille admettre que
même en Octobre ;le peloton de laine vé les Hébreux aient eu pour leur usage or
gétale qu'il renferme se développe à la dinaire, en Palestine , deux coudées dif
chaleur et n'est pas moins grand qu'une férentes ; aussi , rien ne nécessite cette
pomme; il contient sept petites graines supposition, bien que les uns trouvent
grisâtresoubrunes, cotonneuses et ovées, l'arche trop petite avec ses 300 coudées
dont le noyau donne une huile qui n'est de longueur, et que d'autres ne trouvent
pas sans utilité. —L'arbre à coton est plus pas non plus Goliath assez grand avec ses
méridional; c'est aux Indes surtout qu'on six coudées et une paume de hauteur.
le trouve; il atteint deux hauteurs d'hom COUDRIER. C'est ainsi que nos ver
me et ne diffère guère de l'arbuste que sions traduisent l'hébreu Louz, Gen. 30,
par la taille. Quant à la connaissance que 37.; il doit se rendre plutôt par aman
les Juifs avaient du coton, et à l'usage dier, q. v.
qu'ils en faisaient, v. Lin. COULEURS. Le blanc, le noir, le jaune
COUDEE, mesure naturelle, usitée chez et quelquesautres couleurs sont mention
t0us les anciens peuples, comme le pied nées dans l'Ecriture, Cant. 5, 11. Ps. 68,
l'a été chez les peuples modernes. La 13. Zach. 6, 2.3. Apoc. 6, 2.4.5.8. etc.;
roudée est la longueur comprise entre le les principales sont le pourpre, l'écarlate
coude replié et l'extrémité du doigt du et le cramoisi , dont nous parlerons en
milieu, Deut, 3, 11. Selon notre manière leur place.
de compter, ce serait 0m 54 (1 pied, 7 COULEUVRE, Gen. 49, 17. Shephi
pouces, 10 lignes et demie). D'après Ori phon, probablement la couleuvre dite cor
gène et saint Augustin, la coudée dont nue, ou céraste : elle se trouve en Egypte
Moé seservit pour la construction de l'ar et en Palestine; elle a un peu plus de
che était six fois aussi grande que la 2 centim. de largeur sur une longueur de
coudée ordinaire; mais ce système est in 0m, 40 environ. La couleur de son dos et
admissible. Une hypothèse du même gen de ses flancs est brune ; elle est blanche
re est celle de Louis Capelle et de quel SOus le ventre : Sur Sa tête sOnt deux es
ques autres, qui prétendent que chez les pèces d'antennes ou de cornes sensibles,
Hébreux il y avait , à côté de la coudée en forme de nœuds. Elle se cache ordi
Ordinaire, la coudée sacrée, qui était dou nairement dans le sable où sa couleur la
ble de la première. Ils s'appuient sur ce rend assez difficile àapercevoir : au moin
que, Nomb. 35, 4., les faubourgs des vil dre mouvement, au moindre bruit qui se
les lévitiques ont, au premier verset, fait autOur d'elle, elle s'élance de sa re
1,000 coudées de longueur, et au verset traite avec impétuosité , et fond sur sa
suivant, 2,000; et sur ce que, 1 Rois 7, proie, attaquant également les hommes,
15.,les deux colonnes de bronze du tem les chevaux, et d'autres grands animaux.
ple de Salomon ont 18 coudées de hau En comparant les Danites à la couleuvre,
teur, tandis que 2 Chr. 3, 15., elles en le patriarche voulait donc annoncer que
ont 35, à peu près le double.—D'autres cette tribu s'agrandirait et ferait des con
thCore, admettant la même distinction, quêtes sur ses ennemis par la ruse, plus
ne donnent à la coudée sacrée qu'une que par la force et la valeur. — v. Ser
palme de plus qu'à la coudée ordinaire , pents. -
se fondant sur Ez. 40, 5. 43, 13.; mais, COUPE. La coupe de Joseph, dont il
C0U 224 C0U
est parlé Gen. 44, 5. sq., a passablement soit en jetant dans l'eau de la coupe des
ému les interprètes , à cause des paroles lames de métal sur lesquelles étaient gra
de Joseph qui charge son maître d'hôtel vés certains caractères mystérieux, soit
de poursuivre les onze frères accusés de en y laissant tomber des gouttes de cire
vol : mais l'on n'est pas même d'accord fondue, qui, d'après la manière dont elles
sur la traduction exacte de ces paroles ; se groupaient, donnaient la réponse aux
nos versions lisent : « N'est-ce pas là la questions présentées. Nous savons jus
coupe dans laquelle mon seigneur boit, qu'à quel point l'on peut accorder créance
et par laquelle très assurément il devi à tOutes ces reSSOurces de la Science ma
nera ? » D'autres (Luther, Vulgate, etc.) gique ancienne ; mais, quoi qu'il en soit,
traduisent ces derniers mots par ceux-ci : il est évident que si Dieu avait accordé à
« dont il se sert pour prédire l'avenir », Joseph le don d'interpréter les songes, il
pour deviner avec certitude. La première n'était pas un mage ou un devin oriental
traduction est plus simple, et chacun la livré à la merci de son verre. On peut
comprend; elle a même le défaut d'être Supposer, si l'on veut, que les Egyptiens,
trop simple : en s'apercevant que vous ignorants et païens , ne sachant à quoi
lui avez pris sa coupe, mon seigneur de attribuer les vertus et la science surna
vinera que vous la lui avez volée; c'est turelle de leur gouverneur, les aient at
trop clair : on doit suppléer quelques mots tribuées à quelqu'un des meubles dont il
pour lui donner un sens passable, et l'on se servait, et à sa coupe en particulier.
dit, par exemple : Est-ce que par cette Mais l'on peut adopter aussi l'une des
iniquité mon maître ne devinera pas les deux traductions suivantes , autorisées
autres P Cette paraphrase pouvait signi par l'original : N'est-ce pas la coupe.....
fier quelque chose pour Joseph, elle ne que mon seigneur cherche avec beaucoup
signifiait rien pour le maître d'hôtel; mais de soin , ou... par laquelle il a voulu vous
il est possible que Joseph, en lui ordon éprouver ?
nant de tenir ce langage, voulût parler à La coupe (nos versions ont breuvage)
la conscience de ses frères , et certes est employée quelquefois dans l'Ecriture
ceux-ci étaient à même de comprendre. pour signifier le partage, le lot, l'héritage
Toutefois paraphraser n'est pas traduire, de quelqu'un : c'est ainsi que David s'é-
et l'on doit ici ajouter tout un sens pour crie : L'Eternel est la part de mon héri
en trouver un.-En admettant la seconde tage et de mon breuvage, Ps. 16, 5.; soit
version, l'on se demande si Joseph se se qu'il veuille dire : Il me suffit, et je ne
rait en effet servi de sa coupe pour pré Veux point de part aux festins des mé
dire l'avenir, ou si ses gens le croyaient chants; soit qu'il fasse allusion à ces mê
ainsi, ou si le maître d'hôtel ne tient celan mes festins où l'on remplissait les cou
gage que pour s'accommoder à la croyance pes aussi souvent que les conviés le dé
commune des Egyptiens qui regardaient siraient.
Joseph comme un très habile magicien, Le même psalmiste s'écrie encore : Je
ou enfin s'il veut seulement intimider prendrai la coupe des délivrances, et j'in
les frères de Joseph, en leur faisant croire voquerai le nom de l'Eternel , Ps. 116,
que celui-ci est très versé dans l'art de 13., cérémonie qui paraît avoir été pra
la divination. Il y a des défenseurs pour tiquée réellement chez les Juifs, et dont
chacune de ses opinions, et l'on doit se on retrouve un exemple dans un livre de
rappeler que les anciens reconnaissaient beaucoup plus moderne , et tout-à-fait
une sorte de divination par la coupe ; ils apocryphe, le troisième des Maccabées,
prétendaient, entre autres, qu'Alexandre 6, 27., où l'on voit les Juifs d'Egypte of
le-Grand avait une coupe au moyen de frir à l'Eternel des coupes dans les festins
laquelle il voyait dans l'avenir des cho qu'ils firent pour leur délivrance. Quel
ses naturelles et surnaturelles (et plu ques interprètes croient cependant qu'il
sieurs traits de sa vie prouvent qu'en ef faut entendre par là le vin que l'on répan
fet il trouvait quelquefois la double vi dait sur les victimes d'action de grâce,
sion au fond de sa coupe). On devinait, Ex. 29, 40. Nomb, 15, 5. 28, 7.44.
COU 225 COU
|
La coupe est encore mentionnée dans avant-cour conduisait aussi dans la cour
le dernier repas que Jésus fit avec ses proprement dite qui communiquait avec
disciples , et dans la solennelle institu les étages inférieurs et le rez-de-chaus
tion de la Cène, Luc 22, 20. 1 Cor. 11, sée. La cour était en général nue, et les
25., de même que dans ces paroles de no riches, pour tout meuble, ne savaient y
tre Sauveur aux fils de Zébédée : « Pou établir autre chose qu'une citerne, qui
vez-vous boire la coupe que je dois boi était un grand objet de luxe. v. Maisons.
re?»—Cf. encore la coupe d'étourdisse Cour de justice, v. Juges, Jugements.
ment, Es. 51, 22., et Ps. 75,8. : « Il y a une COURGE. Quelques - uns ont pensé
coupe en la main de l'Eternel, tous les mé que le kikajon de Jonas, 4, 6. était une
chants en suceront et en boiront les lies. » courge : mais v. Kikajon.
On sait comment l'Eglise romaine s'est COURONNE. L'usage des couronnes
permis de retrancher la coupeaux fidèles, était fort commun chez les Hébreux,
de son autorité privée, il y a quatre ou comme chez les Orientaux en général ;
cinq cents ans ; nous n'avons point à re presque chaque livre de la Bible en parle.
montrer ici toute l'impiété de cette in La plus ancienne dont nous ayons con
novation, non plus que ce qu'elle a de naissance est celle du souverain sacrifi
diamétralement opposé à l'institution de cateur, qui se composait d'une lame d'or
la Cène par notre Sauveur, qui dit lui pur, s'attachant par derrière avec un ru
même, en parlant du vin : « Buvez-en ban bleu-céleste, et sur laquelle étaient
tous. » Sans doute avec les idées magi gravés les mots : « La sainteté à l'Eter
ques que l'ont veut rattacher à ces sim nel ;» elle se plaçait sur la tiare du pon
ples symboles, et par suite des doctrines tife, Ex. 28, 36. 37. Il semble, d'après
mystérieuses qui furent échangées pen Ez. 24, 17.23., que les simples prêtres
dant l'époque de ténèbres qui précéda la portaient aussi des espèces de couronnes,
réformation , l'on vint à dire : Puisque puisque dans ces passages Dieu défend
le corps de Christ est tout entier et ma au prophète d'ôter sa couronne ou de
tériellement compris sous chacune des mener deuil en aucune façon, afin de
deux espèces, il n'est pas nécessaire de montrer aux Israélites qu'eux aussi, dans
le donner à double aux simples fidèles, la captivité, ne pourront mener deuil, ni
comme si notre Sauveur , en donnant ce s'abandonner à leur douleur, même quand
commandement, n'avait pas su ce qu'il leurs plus proches parents seront passés
faisait : d'ailleurs, ajoutent les ennemis au fil de l'épée : peut-être aussi s'agit-il
de la coupe , on pourrait, par accident, simplement de bonnets ou de turbans
laisser tomber à terre quelques gouttes que chacun portait comme couverture de
du sang sacré, en le donnant soit aux tête, sans y rattacher du reste aucune
malades, soit aux enfants, soit même à autre idée. Mais lorsque Moïse ordonne
tous les autres fidèles ; on dirait que nO aux Juifs, Deut. 6, 8., de porter les pa
tre Sauveur n'ait pas prévu ce cas, et que rOles de la loi cOmme une cOurOnne Sur
les prêtres du moyen âge aient dû, sous leur tête, et comme un bracelet à leurs
la conduite de celui qui demeure à Rome, bras (c'est le sens du texte), il insinue
réparer cette inadvertance.— Mais nous assez clairement que les couronnes et les
n'avons point à régler ce compte ici ; bracelets étaient fort en usage chez eux.
d'autres l'ont déjà fait et bien fait Une couronne était la parure nuptiale
COUR. Les riches maisons de l'Orient de la vierge et de son époux, Es. 61, 10.
avaient ordinairement une espèce d'avant Cant. 3, 11.; c'est ainsi que l'Eternel,
cour, porche, ou portique servant de ves regardant la nation juive comme son
tibule, Jér. 32, 2. Marc 14, 68. Jean 18, épouse, lui met une couronne d'or sur
16. On passait de là dans les apparte la tête, Ez. 16, 12. cf. 23, 42.— Le dia
ments supérieurs par un escalier construit dème était encore l'ornement des rois et
en dehors de la maison, conduisant jus des princes, comme la marque principale
qu'au toit et souvent fait de bois très de leur dignité, soit chez les Hébreux,
précieux, 2 Chr. 9, 11. 1 Rois 6, 8.Cette soit chez les païens ; et quand David se
I. 15
COU 226 COU
de la vérité; comme elles proviennent s'il nous est permis de donner un con
d'un même auteur souverainement sage seil, nous voudrions engager ceux de nos
et tout-puissant, il est impossible qu'il y lecteurs qui auraient à s'en occuper, pre
ait entre elles aucune contradiction , mais mièrement à n'étudier la géologie qu'avec
elles doivent, pour ceux qui les compren humilité et respect, en pensant que la na
nent dans leur vrai sens, s'expliquer et ture est comme la Bible, mais pas plus
se confirmer réciproquement, quoique que la Bible, le livre de Dieu ; ensuite à
d'une manière et par des voies différen ne pas s'effrayer, ni se laisser ébranler
tes. » (Gaede, prof. d'hist. nat. à Liége.) dans leur foi, par des découvertes futures
Et de même que les œuvres visibles de la qui sembleraient en contradiction avec la
création de Dieu nous sont données pour révélation écrite, ou avec des systèmes
nous apprendre à connaître ses perfec cosmogoniques proposés même par des
tions invisibles, Rom. 1, 20., ainsi, c'est hommes pieux. Il ne peut, nous le répé
en prenant la Bible pour guide que nous tons, y avoir contradiction réelle, et l'on
devons étudier cette création visible et trouvera toujours que lorsqu'il y en au
les œuvres merveilleuses de l'Eternel ; rait une apparente, cela vient de ce que
sans cela nous sommes exposés à tomber nous n'avons pas compris l'un ou l'autre
dans les systèmes les plus faux et les de ces livres ; mais la vérité est une, et le
plus absurdes, comme il est déja arrivé à Dieu fort est vérité, Deut. 32, 4.
plusieurs savants, auxquels on peut bien Après ces remarques préliminaires,
appliquer le reproche que Jésus adres l'on nous comprendra lorsque nous di
sait aux Juifs : « Vous êtes dans l'erreur rons que ce n'est qu'avec crainte et
parce que vous n'entendez pas les Ecri tremblement que nous osons hasarder
tures ni quelle est la puissance de Dieu,» quelques explications sur l'œuvre de la
Matth. 22, 29. Il est une science en par création, telle qu'elle est rapportée dans
ticulier, qui résume à elle seule presque le premier chapitre de la Genèse, car ce
toutes les sciences naturelles, et qui, sont là les choses difficiles et mystérieuses
quoiqu'elle n'existe que depuis peu d'an de l'Eternel, et connaissant à peine « les
nées, remonte par ses découvertes jus bords de ses voies, » Job 26, 14., nous
qu'aux premiers âges du monde : une craignons, nous aussi, « d'obscurcir son
science remplie d'attrait pour ceux qui conseil par des paroles sans science. »
en ont fait l'objet de leurs études, et qui « Dieu créa au commencement le ciel et
plus que toute autre peut-être, a conduit la terre, » Gen. 1, 1.—La signification pro
à des résultats erronés et anti-scripturai pre du mot créer est: tirer du néant, faire
res, ceux qui n'étaient pas soutenus par une chose de rien ; c'est pourquoi les
une foi ferme à la parole de Dieu. Nous traducteurs de la Bible s'en sont servis
voulons parler de la géologie, dont l'in pour rendre le mot hébreu bara qui n'a
crédulité a si souvent essayé de se faire pas tout à fait la même portée ; mais la
une arme contre la Bible. Mais à mesure langue hébraïque n'en possédant point
qu'elle a été mieux étudiée, et que les d'autre qui pût indiquer exactement l'acte
faits et les monuments qu'elle présente par lequel Dieu produit une chose, sans
ont été examinés de plus près, l'on a re la former d'une substance déjà existante,
connu que loin d'ébranler en aucune ma les écrivains sacrés ont dû employer ce
nière l'autorité de la Bible, elle n'a fait mot bara, qui signifie proprement former,
que confirmer le récit de Moïse d'une mettre en ordre (Calmet), mais dont la ra
manière frappante et inattendue. C'est cine primitive semble plutôt contenir le
ainsi que les calculs remarquables du cé sens de séparer, (Simonis, Lex. Hebr.)
lèbre Cuvier pour connaître l'àge du C'est peut-être à cette idée que correspond
monde et l'époque du déluge, ont offert l'expression française : Dieu débrouilla le
un résultat qui coïncide exactement avec chaos. En effet, nous voyons que l'œuvre
la Genèse (Discours sur les révolutions des trois premiers jours, dans le récit
de la surface du globe). — Mais -cette de Moïse, est en grande partie une œu
Science est encore dans son enfance, et vre de séparation : Dieu sépare la lumière
:
d'avec les ténèbres, il sépare les eaux su lant de Dieu, sont synonymes, avec cette
périeures des eaux inférieures, il sépare différence que la première de ces expres
la terre sèche d'avec la mer, il sépare le sions est la plus forte des deux, quoique
j0ur d'avec la nuit. Et lorsque Moïse em Moïse semble quelquefois les employer
ploie le mot créer, cela ne signifie point indifféremment : Ainsi , Gen. 1, 21. Dieu
toujours tirer une chose du néant, mais créa les grands poissons; v. 25, Dieu fit
s0uvent tirer une chose d'une autre sub les bêtes de la terre; v. 26, faisons
stance pour lui donner une forme nou l'homme à notre image; v. 27, Dieu créa
velle;ainsi, par exemple, Dieu crée l'hom donc l'homme.
me à son image, Gen. 1, 27., et cepen M. de Rougemont (Fragments d'une
dant il le tire de la poudre de la terre, Histoire de la terre, p. 113.) voit quel
2, 7. Malgré cette double interprétation que chose de plus dans la manière dont
dont le mot bara est susceptible , nous Moïse se sert de ces mots : il dit que
savons positivement que la matière n'a « créer signifie former un type nouveau,
pas toujours existé, qu'elle a eu une ori tandis que faire est restreint au dévelop
gine, car l'Esprit-Saint nous le déclare, pement d'un type déjà existant : ainsi,
soit, Gen. 1, 1., en nous disant que les dit-il, Dieu crée l'animal, l'homme, 1, 20
cieux et la terre ont eu un commence 27 : mais une fois les animaux aquatiques
ment, cf. 2, 4., soit dans le commentaire existants, il ne crée pas les animaux ter
qui nous en est donné ailleurs par le mê restres, il les fait. »
me Esprit, Hébr. 11, 3. Ps. 33, 9. Et la Nous ne prétendons pas décider quelle
sagesse de Dieu qui est la même chose peut être la valeur de cette observation,
que sa parole éternelle, le verbe incréé mais nous croyons devoir ajouter en dé
« qui était au commencement avec Dieu et veloppement de l'idée de cet auteur, que
quiétait Dieu, » nous parle d'un temps an les eaux et les airs contenant parmi leurs
térieur à l'existence de notre globe, où habitants des créatures qui appartiennent
elle était ses délices « lorsqu'il agençait les aux quatre grands embranchements du
cieux et qu'il traçait le cercle au-dessus règne animal, les types existaient tous
des abîmes, lorsqu'il n'avait point encore avant la formation des animaux terrestres,
fait la terre, ni le commencement de la qui n'étaient pour ainsi dire qu'un déve
p0ussière du monde, » Prov. 8, 22-30. loppement de ceux qui avaient été créés
« C'est donc le contexte, » dit un sa le cinquième jour; tandis que l'homme
vant professeur anglais, le docteur Pusey, étant non-seulement un animal plus par
(v. Buckland Bridgewater Treatise, vol. I, fait que les autres par les organes dont
p.22.) , qui doit décider du sens du mot il était doué, mais encore le seul habi
bara, et nous indiquer s'il faut le tra tant de la terre auquel Dieu eût donné
duire par : tirer du néant, ou par : don une âme de la même nature que l'Essence
Ber une nouvelle forme à une substance divine, pouvait bien être considéré, quant
qui existait déjà. à son corps, comme un développement
« Quoique Moïse se serve, en parlant d'un type antérieur, mais quant à cette
des œuvres de Dieu, tantôt du mot bara, âme vivante, faite à l'image de Dieu, c'é-
tantôt du mot hazah (il fit), il paraît ce tait bien réellement comme une création
pendant que la première de ces expres nouvelle ; ce qui expliquerait pourquoi
sions a une énergie particulière , et ne la Genèse se sert des deux expressions
peut s'employer que pour décrire l'action faire et créer, quand il s'agit de l'homme.
de Dieu, tandis que la seconde peut s'ap « Ce qui est bien plus important pour
pliquer aussi à l'action des hommes. l'interprétation du premier chapitre de la
« Après avoir soigneusement comparé Genèse, c'est de savoir si les deux pre
un grand nombre de passages (Esaïe 43, miers versets contiennent une espèce
1.15. Nomb. 16, 30. Ps. 104, 30. sq.), d'introduction , un simple résumé de ce
et avoir fait une étude attentive de ce Su qui va être dit plus en détail dans le reste
jet, je suis arrivé à cette conclusion, que du chapitre, ou s'ils sont l'expression
les mots créer et faire, employés en par d'un acte de création distinct de ceux
-
CRE 230 CRE
dont il est parlé dans les versets suivants. Nous voyons, en effet, que quoique la
« Cette dernière interprétation paraît Genèse emploie le même mot Shamayim
être la véritable comme la plus naturelle. pour désigner ces deux choses, la Bible
En effet, nous n'avons dans la Bible au les distingue ailleurs, comme Néh. 9. 6.
cun autre récit d'une création primitive, La racine du mot hébreu qui signifie
et de plus il semble que le deuxième ver ciel, étant le prétérit inusité shamah, être
set soit une description de la matière élevé, le mot shamayim signifierait les
créée , avant l'arrangement qui en allait hauteurs , ou les espaces élevés, et she
être fait en six jours; ainsi la création du mé hasshamayim (les cieux des cieux),
commencement doit être distinguée de la seraient les espaces infiniment élevés, ou
création des six jours ; d'autant plus que l'immensité avec tout ce qu'elle contient,
le récit de ce qui s'est passé dans cha et par conséquent cette multitude innom
cun de ces jours est précédé de la décla brable d'étoiles ou de mondes, qui fe
ration que « Dieu dit, » ou voulut l'événe raientainsi partie de la première création,
ment qui suit immédiatement ; par con indiquée Gen. 1, 1., et que le v. 16 ne
séquent il semble que la création du pre fait que rappeler en passant, en parlant
mier jour doit avoir commencé lorsque du moment où le soleil devint lumineux
ces mots : « Et Dieu dit, » sont employés pour la terre. -
profondeur de ses conseils P Ne semble peut nous faire même deviner l'époque,
t-il pas nous dire qu'il avait de longue il se peut que des millions d'années se
main préparé une demeure aux hommes, soient écoulées entre ce moment et la
qu'il avait créé cette terre dans les jours création de la lumière sur notre terre.
d'autrefois pour étre faite, c'est-à-dire (Dans la Bible de Luther , imprimée à
p0ur être façonnée plus tard, de manière Wittenberg, en 1557, on trouve le chiffre
à ce qu'elle pût ètre habitée par des créa 1. marqué en tête du v. 3, comme étant
tilres dans lesquelles il voulait mettre son le commencement de l'histoire de la créa
plaisir ? Prov. 8, 31. tion. Dans d'anciennes éditions anglaises
Il fit toutes ces choses par degrés, où la division en versets n'était pas en
aj0utant une bonne chose à une autre core adoptée, il y a un double interligne
bonne chose, jusqu'à ce qu'il jugeât que entre les v.2 et 3. Pusey.)
tout était très bon, Gen. 1, 31., afin d'y Le v. 2. décrit l'état du globe immé
rendre heureux des êtres formés à son diatement avant le commencement du pre
image, à qui il voulait remettre la domi mier des six jours, c'est-à-dire sur le soir
nation sur toutes les merveilles qu'il ve du premier jour : car, suivant la compu
nait d'appeler à l'existence. tation mosaïque, chaque jour commence
Quand il ne nous resterait d'autre par avec le soir, et dure jusqu'au soir du jour
lie de la révélation que les premiers cha suivant. Le premier jour serait donc la
pitres de la Genèse, n'aurions-nous pas fin de la période indéfinie de la première
là une preuve éclatante de la bonté infi existence du monde. Dans ce v. 2. il est
nie de notre Créateur et du soin paternel fait une mention spéciale de la terre et des
que sa Providence prend des hommes ? eaux comme existant déjà, mais envelop
0ui, cet Etre tout puissant qui s'occupait pées de ténèbres. Les mots thohou vabo
de notre bonheur, tant de siècles avant hou décrivent cet état de confusion et de
l'existence de notre race , ne peut pas vacuité que les Grecs représentent par le
D0us avoir délaissés, et si le mal est en mot Chaos. Ils sont encore employés dans
tré dans le monde, et a gâté cette terre le même sens, Es. 34, 11. Ps. 107, 40.
très bonne où Dieu avait placé Adam, Le mot vide, de nos traductions fran
Soyons sûrs que celui qui a mis tant de çaises, ne rend pas très bien la significa
soin à nous former pour le bonheur, aura tion, car il donne l'idée d'un corps creux,
aussi mis à notre portée un remède à nos tandis qu'ici il faudrait exprimer un vide
maux, un moyen de relèvement après extérieur : la terre était vide d'habitants.
notre chute, un sauveur enfin assez puis vide de parure, aride et dépouillée. D'où
sant pour empêcher que cette terre et ses provenait cet état chaotique ? Etait-ce
habitants qui étaient sortis très bons de ainsi que la terre était sortie des mains
la main de Dieu, ne continuent à être du Créateur ? Etaient-ce les ruines d'un
entraînés à jamais dans le chemin du mal. monde antérieur 9 Nous l'ignorons : peut
Mais pour cela, il faut qu'une création être Dieu avait-il dit d'un ordre de cho
nouvelle s'opère en nous, et que cette ses plus ancien ce qu'il dit plus tard du
parole divine par qui et pour qui toutes monde moderne, par la bouche de son
ch0ses ont été faites, renouvelle en nous prophète, Jér. 4, 23. sq. : « La terre sera
limage de Dieu que le péché a détruite, dans le deuil, les cieux seront noirs au
1Cor. 15, 47.49.2 Cor.5, 17. Eph. 4, 24. dessus ;... j'ai regardé la terre , et voici ,
V. 2. « Et la terre était sans forme et elle est sans forme et vide, etc. »
vide ; les ténèbres étaient sur la face de Ne semble-t-il pas que l'Esprit saint
l'abime, et l'Esprit de Dieu se mouvait ait voulu nous représenter par ces paro
Sur les eaux. » — (Le mot abîme semble les une effrayante révolution de notre
être synonyme des eaux sur lesquelles globe dont le chaos aurait été le résultat ?
se mouvait l'Esprit de Dieu ; v. Job 38, S'il était permis de traduire en langage
30. Ps. 42, 8. 104, 6. Jonas 2, 6. sq.) non inspiré les paroles de l'écrivain sa
Si le v. 1 se rapporte à la première cré, nous croirions pouvoir paraphraser
création de toutes choses, dont rien ne ainsi les premiers versets de la Genèse :
CRE 232 CRE
« Toutes les choses que nous voyons et place où il est employé, comme le grec
dont nous pouvons connaître l'existence, 7tvz5ptz et le latin spiritus, est-il raisonna
soit sur la terre que nous habitons, soit ble de le traduire par vent, lorsque Dieu
au-delà, doivent leur être à un Dieu sou n'avait pas encore créé l'air ? Autant vau
verainement bon, sage et puissant, qui a drait, par exemple, remplacer Esprit par
fait sortir la matière du néant, dans des courant d'air dans des passages tels que
temps infiniment reculés et dont la date celui-ci : « Caches-tu ta face, elles ( les
nous est inconnue. Ce Dieu tout bon ju créatures) sont troublées ; retires-tu leur
gea à propos de créer une race d'êtres souffle, elles défaillent et retournent en
intelligents auxquels il donna le mom leur poudre. Mais si tu renvoyes ton cou
d'hommes, et voulant leur préparer une rant d'air (Esprit), elles sont créées de
demeure, il choisit pour cela un de ces nouveau ! » Ps. 104, 29.30. cf. enc. Job
globes qu'il avait faits pour se mouvoir 26, 13.) Et afin de montrer évidemment
dans l'espace, et qui était alors inculte et que ces trois personnes ne sont pas trois
désert, recouvert de liquide et d'obscu Dieux, mais un seul Dieu, manifesté de
rité. Le moment où l'Esprit de Dieu s'en trois manières, l'écrivain sacré qui se sert
rapprocha et plana, pour ainsi dire, à sa pour désigner le Créateur du mot Elohim,
surface, pour y faire pénétrer l'ordre et Seigneurs, fait suivre cette désignation
la vie, fut pour le globe le commence plurielle d'un temps de verbe au singu
ment d'une création nouvelle qui devait lier, comme s'il y avait Dieux dit que la
avoir six degrés, ou se faire en six épo lumière soit; Dieux vit que cela était bon.
ques de progrès successifs. Puis, après nous avoir montré les per
« Tout était prêt pour cette nouvelle sonnes divines conférant ensemble (v. 26.
création, la matière à laquelle une autre faisons l'homme à notre image), il lui
forme devait être donnée, l'Esprit divin donne (2, 4.) le nom incommunicable et
qui devait la vivifier; il ne fallait plus singulier de Jéhovah, joint à celui d'Elo
que la parole du commandement pour ap him, Seigneurs, qui est, qui était et qui
peler à l'existence ce monde nouveau; et sera, ou Seigneurs Eternel.
Dieu dit... que la lumière soit, et l'ordre Durée des jours de la création. Pen
naquit au milieu de la confusion. » dant longtemps, personne dans les pays
Ainsi, nous voyons apparaître dès la où le christianisme était professé, ne mit
fondation du monde cette Trinité dans en doute que les jours de la création ne
l'unité de Dieu : « Le Père qui habite une dussent s'entendre à la lettre d'espaces de
lumière inaccessible et que nul œil n'a vu vingt-quatre heures, mais à mesure que
ni ne peut voir », 1 Tim. 6, 16. cf. Apoc. l'on étudia plus attentivement les scien
15, 3. Ps. 18, 29. 36, 10. ; « le Fils, qui ces naturelles, on trouva des preuves de
est la véritable lumière qui a resplendi l'existence d'un ordre de ch0ses anté
dans les ténèbres et qui éclaire tout hom rieur à la création de l'homme, Ordre de
me en venant au monde, » Jean 1, 9. cf. choses qui avait dû continuer pendant des
v. 2. Col. 1, 16. Eph. 3, 9.; « enfin l'Es temps fort longs; l'on se hâta de rejeter
prit de Dieu planant sur la face des eaux, alors le récit de Moïse et ses six jours,
pénétrant le globe d'une force vitale, et comme une chose absurde et contraire
qui nous est représenté comme présidant aux lois de la nature. Puis vinrent d'au
à la création et y prenant la part la plus tres naturalistes plus religieux, qui com
directe », Ps. 33, 6. cf. Gen. 2, 1. Ps. 104, prirent que l'homme ne pouvait ainsi li
29.30. Jean 20, 22. Gen. 2, 7. cf. Job33, miter la puissance de Dieu, et que celui
4. (La Bible de Genève, éd. de 1805, ainsi qui avait fait le temps pouvait créer un
que celle qui a été publiée plus récem monde non-seulement en six mille ans ,
ment par les pasteurs et professeurs de mais en six ans, en six jours, en six mi
cette ville, traduit au v. 2. : « Et Dieu fit nutes, en un clin d'œil, s'il l'eût voulu ;
souffler un vent qui agita la surface de il leur parut que sans nier les découver
l'eau. » Mais si le mot rouach peut, en tes des sciences naturelles, l'on pouvait
effet, signifier esprit ou vent, selon la fort bien les concilier avec le récit mo
CRE 233 CRE
saique, en supposant que toutes les plan ments de la Création, et avec ce jour du
Seigneur qui , comme le dit saint Jean,
tes et animaux fossiles étaient les restes
d'un monde antérieur au v. 3. de la Ge doit durer mille ans, cf. Ps. 90, 2.4.,
nèse, détruit nous ne savons à quelle épo avec 2 Pierre, 3, 5-10. et Apoc. 20,.
que, ni pour quelle cause, et que Dieu Les plus anciens livres des nations
établit réellement l'Ordre de choses ac prennent aussi, comme la Bible, dans des
tuel en six jours de vingt-quatre heures. sens plus ou moins étendus les mots qui
Mais cette hypothèse, quelque plausible désignent les divisions du temps.
qu'elle paraisse au premier abord, n'ex Plutarque dit que les Egyptiens, vou
plique point suffisamment comment il se lant prétendre à une plus haute antiquité
fait, par exemple, que l'ordre des ani que les autres peuples de la terre, comp
maux fossiles , selon leurs couches, se taient dans leur chronologie chaque mois
rapporte si bien à ce que nous enseigne p0ur une année. Les calculs des lndiens
la Genèse sur l'ordre de leur formation ; et des Chinois ont des bases tout à fait
l'examen de leurs yeux , même de ceux semblables ; (v. Doct. Nares, Man consi
des plus anciens, comme, par exemple, dered theologically and geologically, p.
des Trilobites, dans les terrains de tran 192.)
sition (Buckland's vol. I. p. 396), prouve Zoroastre, en parlant de la création, dit
que ces animaux ont vécu dans une lu qu'elle se fit en six époques ou temps iné
mière semblable à celle qui nous sert à gaux, distribués de la manière suivante :
distinguer les objets, une lumière solaire Le premier temps fut employé à créer le
en un mot, et qu'ils ont été créés après ciel, ce qui prit 45jours; dans le deuxième
que Dieu avait établi cet astre pour éclai temps, qui dura 60 jours, Dieu créa les
rer notre globe, ainsi qu'il est dit aux eaux; la terre fut créée dans le troi
versets 14 à 18. On reconnut aussi que la sième, qui fut de 75 jours; le quatrième,
Bible elle-même donne aux mots qui dé de 30 jours , vit éclore les plantes ; le
signent les divisions du temps, comme cinquième, de 80jours, tous les animaux;
j0ur, semaine, des sens divers et plus ou et le sixième, de 75 jours, fut consacré
moins étendus, (v. Es. 34, 8. Ez. 4, 6. à la création de l'homme. La somme de
Dan. 9, 24.1 Cor. 3, 13. 5, 5. 2 Pierre ces nombres est 365 jours ou une année,
3, 10., etc.), et l'on en vint à traduire les (Hyde. De religione veterum Persarum,
six jours de la création par six époques. Cap. 9.). On reconnaît dans cette narra
C'est à cette opinion que se sont arrêtés tion le récit de la Genèse défiguré, et
presque tous les théologiens et les géo combiné avec l'idée traditionnelle de la
lºgues les plus distingués de notre temps; longueur considérable des jours de la
p0ur eux les jours de la création ne sont création, tradition qui existait déjà, à ce
pas des jours solaires comme ceux d'à- que l'on prétend, chez les Juifs, et aussi
présent, mais des époques cosmogoniques chez les Etrusques (F. de Rougemont,
d'une longue durée, des temps de pro Fragments, etc.)
gression et de formation alternant avec Quelques auteurs ont cru en trouver
des temps de trouble et de révolutions une preuve implicite dans le langage même
lelluriques. Sans énoncer une opinion du texte, et de même que la forme parti
p0sitive sur ce sujet, nous devons conve cipale du verbe qui exprime l'action de la
nir que les probabilités sont en faveur de force créatrice, l'esprit de Dieu, se mou
l'opinion qu'il s'agit non d'espaces de vant sur la surface de l'abîme, indique
vingt-quatre heures, mais de périodes non un acte subit et momentané, mais
t0nsidérables, de mille ans peut-être; en une force s'exerçant d'une manière con
eſſet, il est remarquable que dans les tinue(Doct.Wiseman, LecturesonScience
deux passages de la Bible où il est dit and revealed Religion, vol. 1, p. 295),
qu'auxyeux de Dieu, milleans sont comme ainsi l'on a cru reconnaître dans ces six
un jour, et un jour comme mille ans, cette jours non-seulement une suite de perfec
déclaration de l'Esprit saint se trouve tionnements, mais aussi des intervalles
Placée en relation directe avec les événe de révolutions et de bouleversements dont
-
l'idée serait renfermée dans la significa niques, dont la première est le chaos, et
tion la plus étendue du mot Ereb, soir. Le dont le caractère est la mort, le désordre, •4
premier chap. de l'Ecclésiaste et le Ps. les ténèbres; par une concordance impré
104 (en particulier les versets 29 et 30) vue et inexplicable, les géologues d'une
avaient fait pressentir la possibilité d'une part, Moïse de l'autre, admettent un dé
semblable progression dont diverses tra veloppement ou une création de la terre
ditions fort anciennes contiennent des tout à fait extraordinaire , qui s'opère
traces remarquables. — La cosmogonie par une alternative de temps d'ordre et
indienne qui se rapproche beaucoup de de création , de temps de désordre et de
la Bible, parle « d'un grand nombre de destruction.
créations et de destructions de mondes, « La géologie ne fait ici que préciser,
provenant de la volonté d'un Etre su expliquer, commenter le texte biblique,
prême qui ne le fait que dans le but de qui accepte en plein tous ces résultats
rendre ses créatures heureuses. » (Insti de la science.
tutes of Hindu Law. London, 1825, ch. 1.) « Les soirs (Ereb) sont donc les temps
Nous ne pouvons nous empêcher de trans de désordre; le premier soir n'est autre
crire ici deux passages très remarquables chose que le chaos lui-même; les suivants .
de ce livre, cités par Lyell, Principles of sont des invasions du chaos au milieu de
Geology, vol. 1 ch. 2, avec l'indication des l'œuvre lumineuse de Dieu. Les matins
textes bibliques correspondants : « L'Etre sont des temps d'ordre, de vie, de créa
dont la puissance est incompréhensible, tion. L'œuvre de Dieu pendant les six
m'ayant créé, moi(Menou) et tout cet uni jours consiste à former la terre dévastée,
vers, fut de nouveau absorbé dans l'Etre et la dégager du chaos, de l'abîme et des
suprême , faisant succéder au temps de ténèbres qui disparaissent successive
l'énergie l'heure du repos. » Cf. Héb. 1, ment.
3.10. 4, 4. Jean 17, 5.— Et plus loin : « Ainsi les eaux de l'abîme, 1, 2., qui
« Quand cette puissance agit', alors ce recouvraient au deuxième jour encore la
monde reçoit son plein développement ; terre entière, en partagent au troisième
quand il sommeille, tout le système dé la surface avec les continents, et elles
choit. Car pendant qu'il se repose, ou n'existeront plus sur la terre nouvelle,
cesse d'agir, les esprits revêtus de formes Apoc. 21, 1.Ainsi les ténèbres, éclairées
matérielles, et doués de principes d'ac dès le premier jour par la lumière, sont
tion, se détournent peu à peu de leur tâ transformées en soirs cosmogoniques, et
che, et l'intelligence elle-même devient au quatrième jour en nuits de douze heu
inerte. » Cf. Ps. 104, 27-30.) res. Les soirs cosmogoniques précèdent
Telle est aussi la tradition des Birmans, chacun des six jours, et cessent avant la
et celle des anciens Egyptiens ; on la re création de l'homme, aucun ne s'interpose
trouve même dans les ouvrages de quel entre le sixième jour et celui du repos,
ques Pères de l'Eglise, saint Augustin, et la dernière des grandes époques de
Orat. II, saint Basile Hexaëmeron, hom. 2. désordre est celle qui sépare le cinquième
Les découvertes récentes de la géolo jour du sixième. L'alternative des jours et
gie sont venues, bien des siècles après, des nuits de vingt-quatre heures cessera
éclaircir cette hypothèse, et la confirmer à à la fin des temps, et la terre sera éclairée
ce qu'il semble. Cuvier, dans son Discours par une lumière continue, Zach. 14, 7.
sur les révolutions de la surface du globe, Apoc. 21, 23. C'est ainsi que les com
établit par des preuves irrécusables, que plètes ténèbres du chaos se transforment
ces révolutions ont été nombreuses, subi peu à peu en complète lumière.
tes, antérieures à l'apparition de l'homme « Le premier chap. de la Genèse est une
sur la terre, et même qu'il y en a eu d'an vision des temps antérieurs à l'homme,
térieures à l'existence d'êtres vivants et doit s'expliquer d'après les mêmes
quelconques. principes que les prophéties.
« L'histoire des six jours , ainsi que « En comparant l'œuvre de Dieu dans la
celle de l'humanité, a ses nuits cosmogo réorganisation du chaos et dans la créa
CRE - 235 CRE
tion du monde, à celle de Dieu dans le de Dieu, v. 7. Mais une au moins de ces
cœur des fidèles et dans l'Eglise, selon étoiles du matin (Lucifer), était déjà tom
l'indication que nous en donne saint Paul, bée, peut-être même plusieurs, et le mal
2 Cor. 4, 6., on remarque bientôt que vint bientôt gâter l'œuvre du Créateur.
les six jours cosmogoniques sont une es Il semble qu'une irruption des eaux trou
pèce de prophétie de l'histoire de l'hu bla l'ordre nouvellement établi, v. 8., et
manité, ou, en d'autres termes, que les ce fut alors que Dieu donna à l'abîme la
faits physiques de l'histoire de la terre nuée pour couverture et l'obscurité pour
ont un sens analogue aux faits moraux ses langes, v. 9.; peut-être les ténèbres
del'histoire de l'homme. Ainsi les ténè furent elles ordonnées alors comme puni
bres du chaos se reprOduisent dans les tion et comme demeure des anges déchus,
ténèbres morales de l'âme déchue et pé par opposition à la lumière éternelle, qui
cheresse; les nuits cOsmOgOniques dans est représentée comme l'habitation de
les époques historiques de corruption et Dieu, Jean 3, 19-21. Eph. 6, 12. C'est à
de ruines; les jours cosmogoniques, dans ce moment-là que semble se rapporter le
celles de paix, d'ordre et de vie religieuse ; premier soir de la création ; c'est là le
la formation du soleil au quatrième jour, chaos décrit au deuxième verset de la
dans l'apparition du soleil de justice vers Genèse, et dont Dieu va tirer la terre
l'an 4,000, etc.» (Rougemont, Fragments, par six époques de progression, six jours.
etc., p. 8.) Le verset 10 semble indiquer l'action de
Avant de nous occupper spécialement Dieu par laquelle il opère la séparation
de l'œuvre de chacun des six jours de la des eaux inférieures et supérieures, et"le
création, nous devons indiquer une autre verset 11 correspondrait au verset 9 de
partie de l'Ecriture qui nous en donne un la Genèse où Dieu fixe à la mer la place
commentaire remarquable : nous voulons qu'elle doit occuper. Les versets 8-11
parler des chapitres 38 à 41 du livre de pourraient, il est vrai, se rapporter à
Job. Ce n'est pas ici le lieu d'examiner en quelques égards au déluge du temps de
detailcette portion sublime et mystérieuse Noé : mais ce qui nous fait préférer l'au
de la Parole, nous nous bornerons à quel tre interprétation, c'est que le verset 9
ques versets du chap. 38. En interrogeant semble nous indiquer que le cataclysme
Job sur les merveilles de l'univers, l'Eter dont il est parlé au verset 8 doit avoir été
nel condescend jusqu'à raisonner avec sa antérieur au chaos, et que l'obscurité et
créature; il lui montre que la souveraine le désordre du chaos en auraient été le
sagesse qui a présidé à l'arrangement de résultat. — Au verset 12 nous voyons
la terre, des cieux et de tout ce qui s'y paraître la lumière, mais non comme lu
trouve, préside égalementaux événements mière solaire : c'est l'aube dujour, le point
de la vie des hommes, et que par sa di du jour, ou la lumière éclairant simulta
rection, toutes choses concourent ensem nément tous les points de la terre, v. 13.,
ble au bien de ceux qui aiment Dieu, et faisant fuir de partout les ténèbres et
Rom. 8, 28. Mais, outre ce but principal les esprits de ténèbres. Puis plus tard, v.
d'instruction , nous trouvons encore des 14.. cette lumière prend une nouvelle for
allusions à l'histoire de la création , qui me et se concentre pour ainsi dire dans
peuvent éclaircir pour nous quelques pas une apparence ou un moule matériel, le
sages du Ier chap. de la Genèse. soleil. (Le verset 14 n'est pas bien rendu
En effet, nous croyons voir, dans le dans Ostervald : il a ajouté les mots la
verset 4, une indication de cette créa terre, qui ne se trouvent ni dans l'hé
tion primitive qui eut lieu au commence breu, ni dans plusieurs autres versions.
ment, Gen. 1, 1.; puis au verset 7, nous Le verbe thitehapphek qui commence le
voyons les intelligences célestes se ré verset 14, se rapporte d'ailleurs mieux au
jouissant de l'ordre et de l'arrangement substantif masculin shachar, l'aube du
que Dieu venait d'y établir, v. 5 et 6., et jour, v. 12., qu'au substantif commun,
chantant en triomphe à cause de cette mais ordinairement féminin érèts , la
nouvelle manifestation de la puissance teI'I'e. -
CRE 236 CRE
Premier jour. Nous avons déjà remar avoir aucune connaissance, sont venues
qué que dans le calcul de chaque jour justifier l'inspiration de l'écrivain sacré,
cosmogonique le soir précède le matin : en prouvant que la lumière est un fluide
le soir du premier jour fut donc l'obscu qui pénètre d'autres corps, et qui existe
rité qui le précéda, c'est-à-dire le chaos. indépendamment des corps lumineux.
« Dans ce moment là, » dit Buckland, Ceux-ci ne la rayonnent ou ne l'émettent
« une nouvelle ère allait commencer pour pas par une sorte d'émanation, comme
le monde, et la terre allait être tirée des on l'a cru longtemps: ils ne font que la
ténèbres dans lesquelles elle n'avait peut mettre en mouvement par ondulations,
être été enveloppée que temporairement : en telle sorte qu'elle frappe les organes
car les mots, « que la lumière soit, » ne de la vue de la même manière que les vi
signifient pointimplicitement qu'elle n'eût brations de l'air communiquent le son à
jamais existé précédemment. ceux de l'ouïe. Par conséquent, il n'y a
Il était étranger au plan de Moïse de rien de contraire aux loix physiques de
rechercher si la lumière avait déjà lui la nature dans l'assertion de Moïse, qui
sur cette terre, ou si elle existait dans nous représente la lumière comme créée
d'autres parties de l'univers; la narration avant tel ou tel corps lumineux.
ne s'occupe que de notre planète, et la L'œuvre du premier jour fut, comme
prend dans un moment où elle était plon nous l'avons remarqué, une œuvre de sé
gée dans l'obscurité. paration. Dieu sépara la lumière d'avec
Le premier effet de l'action de l'Esprit les ténèbres, et Dieu vit que la lumière
sur le chaos fut donc l'éveil de la lumière, était bonne; elle fut donnée non-seule
qui brilla dans le sein même de la masse ment pour éclairer les hommes d'une
informe dont elle fut séparée, Ps. 104, 5. manière physique, mais aussi pour leur
6. Job 36, 30. « Dans toutes les cosmo être un type de la sagesse, de la connais
gonies païennes qui parlent d'un chaos, sance et des perfections invisibles de
dit M. de Rougemont, les ténèbres, la Dieu. Nous voyons en effet qu'elle fut
nuit, sont l'état primitif, la lumière appa ainsi considérée par les Juifs, et que mê
raît ensuite, et plus tard les astres. Moïse, me chez tous les peuples, et surtout en
sans aucun doute, n'entendait pas que la Orient, elle a toujours été l'emblème de
lumière provînt du soleil déjà créé, mais la divinité, de la vertu et de toutes les
encore voilé à la terre par les nuages; de bénédictions temporelles.
concert avec toute l'antiquité, il faisait la Second jour. Au second jour Dieu fit
lumière plus ancienne que les astres.»— l'étendue (rakiah), non point une voûte
En effet, il n'y avait point alors de nua ferme et solide, firmamentum, comme le
ges, puisque les eaux supérieures n'a- traduit saint Jérôme. (Il dit aussi dans sa
vaient point encore été séparées des eaux traduction de Job 37, 18. : Tu forsitan
inférieures. Asaph en parle de même, cum eo fabricatus es cœlos qui solidissi
lorsqu'il dit, Ps. 74, 16.: « Tu as établi mi quasi aere fusi sunt ?); mais l'air, le
la lumière et le soleil. » Dans plusieurs ciel des oiseaux, des tempêtes, des puis
autres endroits de la Bible, elle est éga sances de l'air et des malices spirituelles,
lement représentée comme existant avant Ps. 148, 4. Matth. 6, 26. Eph. 2, 2.6, 12.;
le monde, et comme étant la demeure de l'atmosphère dans laquelle et au haut de
l'Eternel, l'image même de son essence, laquelle devaient planer les nuages; l'é-
1 Tim. 6, 16.2 Cor. 4, 6. Ps. 104, 2. Es. lément enfin qui devait soutenir un nom
60, 19. Hab. 3, 4. Jean 1, 4.9. 8, 9. 12, bre immense de créatures que Dieu allait
36.46. 1 Jean 1 , 5., etc. placer sur la terre, et dans lesquelles il
Les philosophes incrédules du siècle mettrait une respiration de vie. « Quand
dernier, voulant attaquer l'inspiration du l'Ecriture sainte parle de l'air, dont la
récit sacré, ont tourné Moïse en ridicule pesanteur était méconnue avant Galilée,
pour avoir parlé de la lumière comme elle nous dit qu'à la création Dieu donna
existant avant le soleil : les découvertes à l'air son poids et aux eaux leur juste
modernes de l'optique dont Moïse n'a pu mesure, Job 28, 25. Quand elle parle de
CRE 237 CRE
n0tre atmosphère et des eaux supérieu mièrement l'herbe, ensuite l'épi, puis le
res, elle leur donne une importance que grain tout formé dans l'épi, Marc 4, 28.
la science des modernes a seule pu con Nous ne savons si ce serait par un sou
stater, puisque d'après leurs calculs la venir traditionnel de la plus grande acti
force employée annuellement par la na vité créatrice déployée au troisième jour,
ture pour la formation des nuages, est que les livres zends lui donnent une du
égal à un travail que l'espèce humaine rée beaucoup plus longue qu'aux deux
tout entière ne pourrait faire qu'en deux premiers.
cent mille années. Quand elle sépare les Jusqu'à une époque très récente, la
eaIY supérieures des inférieures, c'est géologie n'avait pas découvert de traces
par une étendue et non par une sphère des plantes qui furent créées au troisiè
Solide, comme voulaient le faire ses tra me jour; tous les végétaux fossiles con
ducteurs.» (Gaussen, Théopneustie, 176, nus se trouvaient dans des couches pla
183.) cées au-dessus des terrains de transition
Troisième jour. Au troisième jour Où sont incrustés d'innombrables ani
la création se développe, pour ainsi dire; maux aquatiques, les premiers êtres vi
dans les deux premiers, il y avait eu prin vants qui habitèrent notre terre. (Le sys
cipalement création de séparation ou de tème carbonifère qui comprend les bancs
distinction : dans celui-ci il y a deux ac de houille, et dans lequel on trouve des
les créatifs, l'un de séparation, l'autre de fougères, des palmiers, des conifères, est
formation. Dans la première partie de placé par-dessus la grauwacke ou systè
Cette période, Dieu tire de l'eau la terre me silurien, qui contient un nombre im
qui subsistait parmi l'eau. Il fait surgir mense de zoophytes, et de mollusques,
les continents et les îles; il forme la terre des articulés et des poissons. ) M. de
habitable et tout ce qu'elle contient, Néh. Rougemont, surpris de ce manque appa
9, 6. Le Dieu qui a formé la terre et qui rent de coïncidence entre le livre de la
la faite, ne l'a point créée pour être une révélation et le livre de la nature , sup
ch0se vaine (le même mot thohou rendu posa que la nuit cosmogonique qui avait
par sans forme dans nos versions, Gen. séparé le troisième du quatrième jour,
1,2.), mais il l'a créée afin qu'elle fût ha ou le quatrième du cinquième , pourrait
bilée, Es. 45, 18. avoir été accompagnée d'une conflagra
Le neuvième verset de la Genèse indi tion de notre globe qui aurait détruit la
que l'existence antérieure de cette an végétation primitive dans le temps où la
tienne mer et de cette ancienne terre, en terre devenait planète. Cette hypothèse,
disant simplement, non qu'elles furent qui coïncide assez bien avec celle qui fait
créées alors, mais que le sec parut, et des soirs cosmogoniques des époques de
celle terre qui, avant de paraître, subsis bouleversement, semblait confirmée par
lait déjà parmi l'eau, est la même dont la les découvertes géologiques sur la na
création avait été racontée au verset 1. ture des roches primitives; les granits et
la mer aussi ne fit que changer de place les gneiss qui forment la couche infé
par le rassemblement en un même bas rieure de la croûte de notre globe, ne
sin des eaux déjà existantes. sont pas, comme les schistes et les cal
La terre au troisième jour n'est point caires, le résultat d'un sédiment boueux
encore éclairée par le soleil ; elle a sa déposé par les eaux, puis durci peu à peu
lumière propre dont nous ne connaissons par la pression, la chaleur et l'évapora
Pas bien la nature, mais qui établit une tion : ils paraissent, au contraire, avoir
distinction essentielle entre la terre pho été formés par le feu dont ils portent les
lºsphérique des trois premiers jours et traces, ou en avoir subi l'action. « Une
la terre planétaire des trois derniers. telle conflagration de la terre photosphé
Cest sous l'action de cette lumière pro rique pendant que le système solaire était
pre que parurent les végétaux pendant organisé, a naturellement dù faire dispa
la deuxième partie du troisième jour : raître toutes les plantes du troisième jour.
lors la terre produisit d'elle-même pre Mais la Genèse ne fait pas mention de
•"
CRE 238 CRE
cette révolution par le feu, parce que le et la baie de Baffin, doivent avoir crû sous
point capital de l'œuvre du quatrième des conditions de chaleur, d'humidité et
jour était la formation du système solaire. de lumière, qui n'étaient point celles où
« Toutefois, ajoute notre auteur, je suis vivent actuellement nos plantes. L'état
le premier à reconnaître combien sont de la terre, sortant à peine de l'eau et
hypothétiques tous les rapprochements environnée de sa lumière propre, tel qu'il
de détail entre la Bible et la géologie, re est décrit Gen. 1,9-12., explique la crois
latifs aux époques antérieures à l'hom sance de ces plantes d'une manière bien
me. » (Fragments, p. 111). plus satisfaisante que toutes les autres
Malgré le profond respect que nous hypothèses.
éprouvons pour les lumières et la piété Il n'est pas nécessaire non plus de re
de cet écrivain, nous nous permettons de courir à une conflagration pour expliquer
différer un peu de ses vues sur ce point ; la formation des roches primitives. Pres
son hypothèse d'une conflagration ne que tous les chimistes, les physiciens, les
nous paraît pas nécessaire pour expliquer géologues et les géographes modernes,
la disparition de la flore primitive. Nous reconnaissent que la terre doit ètre com
avons, en effet, remarqué que dans la posée d'un noyau de métaux et de métal
création et dans l'histoire de la terre , loïdes en incandescence, entouré d'une
depuis le commencement jusqu'au mo croûte des mêmes substances àl'état d'oxi
ment où Jésus remettra le royaume à Dieu des diversement combinés entre eux. Le
le Père, 1 Cor. 15, 24., il y a progrès et savant Fourier a déterminé les lois du
développement successif; depuis la terre refroidissement graduel du globe et de sa
entièrement couverte d'eau pendant le couche extérieure, et les expériences
chaos, jusqu'à l'entière destruction de la nombreuses et intéressantes de M. Cor
mer, Apoc. 21, 1., le globe passe par un dier (Essai sur la température de l'inté
état intermédiaire, sa surface étant com rieur de la terre , dans le Mémoire du
posée en partie d'eau, en partie de terres Muséum d'histoire naturelle, 1827) sont
sèches. Si donc nous admettons une mar venues pleinement confirmer la justesse
che progressive , interrompue par une des observations de Fourier sur l'exis
Succession de bouleversements (les soirs tence d'un feu ou d'une source de cha
cosmogoniques), il n'y a rien de con leur centrale. Ce système qui explique et
traire à l'analogie des lois de la création, la forme sphéroïdale de la terre, et l'ac
à supposer que les premiers continents tion des volcans, et la chaleur des eaux
auront été beaucoup moins étendus que thermales, et bien d'autres phénomè
ceux qui existent actuellement : par con nes encore, explique aussi comment la
séquent la flore primitive qui a végété sur première croûte solide de notre globe
ces pren.iers continents, n'aurait occupé (les roches primitives) doit porter des
qu'un espace proportionnellement très pe marques de l'action du feu , comment
tit de la surface du globe, et pourrait se une température jadis beaucoup plus éle
retrouver dans des terrains actuellement vée, peut avoir donné à la terre une force
submergés. Mais il y a plus : les géologues végétative bien plus considérable que
n'ont examiné jusqu'à ce jour qu'une bien celle que nous lui connaissons mainte
faible portion de la superficie de la croûte nant, et comment enfin Dieu peut s'être
solide du globe, et de ce qu'on n'a pas Servi des forces naturelles de l'eau ré
trouvé jusqu'à présent en Europe (la seule duite à l'état de vapeur, pour soulever en
partie du monde où l'on ait pu faire sur divers endroits de sa surface une portion
les fossiles des recherches un peu géné de sa croûte solide sous la forme d'îles
rales) des restes des premiers végétaux, et de continents, et les laisser retomber
il ne s'ensuit pas qu'on ne puisse le dé ensuite au-dessous du niveau des eaux.
couvrir un jour ailleurs. Il paraît même Quatrième jour. Ici, comme le re
qu'on commence à en retrouver les tra marque M. de Rougemont, la progression
ces, et que les immenses végétaux fossi dans la création n'est plus la même ; il y
les récemment découverts dans le Canada a un saut, une interruption. « De même
CRE 239 CRE
qu'à la fin du quatrième jour de l'huma luire sur la terre, 1, 17., et pour dominer
nité la lumière divine qui éclairait dès sur le jour et la nuit; car la plus grande
l'origine tous les hommes, se concentra partie des étoiles fixes n'est visible qu'à
en un individu, Jésus-Christ, communi l'aide d'un télescope, et celles que nous
qua à l'humanité des forces inconnues, pouvons discerner à l'œil nu ne donnent
et par la création de l'Eglise fit toutes qu'une bien faible lumière en proportion
choses nouvelles , ainsi, au quatrième de leur grosseur et de leur multitude
jour cosmogonique la lumière diffuse du (Buckland's I, p. 27). Il nous paraît donc
premier jour se concentra dans le soleil, que le sens des versets 17 et 18 doit être
dont la chaleur pénétra et transforma la restreint aux deux corps célestes, qui sont
terre devenue planète, et la prépara à de en réalité les grands luminaires de la
venir la demeure d'animaux, d'àmes vi terre. Leur office , en tant que servant à
vantes. Ce fut alors que le système so nous éclairer et à mesurer pour nous les
laire fut achevé, et que notre terre, en temps et les saisons, doit durer autant
devenant planète, reçut aussi son satel que notre terre, Gen. 8, 22.; et de même
lite. » Il semble, en effet, que les grands que l'arc-en-ciel fut donné à Noé comme
luminaires des cieux dont il est parlé ver un signe de l'alliance que Dieu traita avec
sets 14-18., ne sont nommés que dans leurs lui et avec toute chair, avec promesse de
nouveaux rapports avec notre planète. Le ne plus envoyer de déluge sur la terre, et
texte ne dit point que la substance du de ne plus faire périr par les eaux tout ce
soleil et de la lune ait été créée le qua qui a en soi respiration de vie, ainsi les
trième jour; mais il donne à entendre que grands luminaires des cieux sont propo
ces corps célestes furent alors chargés de sés aux fidèles comme signes de l'alliance
remplir à l'égard de notre globe des fonc que Dieu a traitée avec David, en pro
lions importantes pour ses futurs habi mettant que de sa postérité sortirait le
tants, de luire sur la terre, pour domi soleil de justice, le Messie qui sauverait
· ner sur le jour et sur la nuit, etc. Le fait de la mOrt Seconde les âmes de tous ceux
de leur création était déjà implicitement qui croiraient en lui ; cf. Jér. 33, 20.21.
contenu dans le verset 1. Il est aussi fait ici Cela ne signifie pas cependant qu'ils doi
mention des étoiles, 1, 16., mais en deux vent durer à toujours, car lorsque le
mots seulement : Veeth haccochabim , Messie, fils de David, viendra s'asseoir
presque en façon de parenthèse, et com sur son trône et régner sur son peuple,
me pour indiquer qu'elles avaient été la chose promise étant donnée, ce qui lui
formées par la même toute-puissance qui servait de type et de signe sera aboli. La
, avait ordonné au soleil et à la lune de loi s'accomplira jusqu'à ce que le ciel et
luire sur notre terre. En passant si lé la terre passent, Matth. 5, 18.; mais lors
gèrement sur la création de ces innom que viendra le jour du courroux de l'E-
brables corps célestes qui brillent dans ternel, il fera crouler les cieux, et la terre
l'espace, et dont la plupart sont proba sera ébranlée de sa place (peut-être trans
blement des soleils, centres d'autres sys portée hors de la place qu'elle occupe ac
tèmes planétaires, tandis qu'il place la tuellement dans le système solaire), Es.
lune, ce petit satellite de notre terre, 13, 13. cf. encore Agg. 2, 6. 2 Pier. 3,
comme tenant le second rang après la 10.Apoc. 6, 12-14. 21, passim 22, 5. Es.
soleil, l'écrivain sacré nous montre clai 60, 19. sq. 65, 17. 66, 22.
rement qu'il n'a point voulu nous donner Ces passages remarquables, considérés
une leçon d'astronomie, et qu'il ne parle non dans leur but moral et prophétique
iri des astres que dans leurs rapports im quant à l'humanité et à l'Eglise en parti
médiats avec notre terre et ses habitants, culier, mais simplement dans leur rap
et non point eu égard à leur importance port avec l'histoire de notre terre, sem
relative dans le vaste système de l'uni blent autoriser la supposition que notre
vers. ll semble impossible de compren globe, transporté au quatrième jour dans
dre les étoiles dans le nombre des lumi le système solaire, doit lui être enlevé à
maires que Dieu plaça dans les cieux pour la fin de l'économie actuelle, sortir de
CRE 240 CRE
géologique que fut créé le premier hom de la race humaine aurait été le rouge,
me (Rougemont, Fragments, etc.). comme On le retrOuve encOre chez les races
Ici vient une pause dans le récit de indigènes de l'Amérique; la tradition des
l'historien sacré. Après avoir décrit la Juifs, des Américains et des habitants des
manière dont Dieu a peu à peu préparé îles de la mer du Sud a conservé le même
cette terre, après l'avoir montrée graduel Souvenir.
lement revètue d'un tapis de verdure et L'homme n'ayant trouvé parmi les êtres
de fleurs, couverte de riches ombrages vivants aucun être qui lui fût semblable,
et d'arbres chargés de fruits, animée par Dieu fit tomber sur lui un profond som
les chants des oiseaux qui célèbrent dans meil, prit une de ses côtes, en forma une
les airs la gloire de leur Créateur : après femme, et la présenta à Adam à son réveil,
avoir décrit ces milliers de créatures vi 2, 18-22.
vantes, se mouvant dans les eaux et sur On a quelquefois prétendu que les res
la terre, jouissant de leur nouvelle exis semblances frappantes qui se rencontrent
tence et de la lumière du soleil , il nous dans les cosmogonies des différents peu
dit que le Créateur de toutes ces mer ples, ainsi que dans celles de leurs tradi
veilles s'arrêta pour contempler son ou tions qui se rapportent à l'origine du
vrage et pour le bènir : et Dieu vit que genre humain, ne pouvaient provenir que
tout cela était bon. L'œuvre de la créa de la similarité de l'esprit humain dans
tion n'était cependant pas encore com tous les pays, similarité qui, à l'égard de
plète; mais avant de placer dans cette certaines choses, devait nécessairement
magnifique demeure celui qui devait en conduire partout à un même résultat.Cette
ayoir la souveraineté, le Tout-Puissant théorie est assez vraie pour tout ce qui est
semble se consulter lui - même, com du ressort de la réflexion et de la médita
me pour une chose plus importante, tion; mais quand les traditions ne peu
et pour une création d'un ordre plus re vent s'expliquer, ni par le raisonnement,
levé que toutes les autres choses qu'il ni par l'expérience, il est clair qu'elles
avait créées pour êtrefaites. Puis Dieudit : doivent provenir d'une même source, et
Faisons l'homme à notre image et à no qu'elles nous indiquent une commune ori
tre ressemblance, et qu'il domine sur les gine pour les peuples chez qui elles sont
poissons de la mer, sur les oiseaux des nationales. Qu'y a-t-il, par exemple, dans
cieux , sur les animaux domestiques et la forme de la femme, qui ait jamais pu
sur toute la terre, et sur tout reptile qui donner l'idée qu'elle ait été primitivement
rampe sur la terre. - Jusqu'à présent, tirée de l'homme et formée d'un de ses
le texte hébreu a toujours désigné la terre os ? Or, cette tradition se retrouve chez
par le mot érets; maisdans le verset25, où les peuples les plus éloignés et sans com
il est parlé des reptiles de la terre, Moïse munication les uns avec les autres. En
se sert du mot adamah, qui signifie terre, Chine, la femme du premier homme est
en tant que sol, et surtout sol rouge, « la fille de la côte d'Occident, » et son
quoiqu'il soit aussi pris dans une signi nom signifie « la grande aïeule qui en
fication plus étendue; et c'est dans le ver traîne au mal. » Les Groënlandais disent
set suivant qu'il dit : Faisons Adam que la première femme fut formée du
(l'homme) à notre image, Adam étant pouce de l'homme. Les Indiens de l'Esse
mis ici comme nom générique de l'espèce quebo prétendent qu'après que le Grand
humaine ; on dirait que, par ce change Esprit eut créé tous les animaux, il finit
ment d'expression, l'auteur sacré cher par former un homme qui tomba bientôt
che à faire mieux ressortir l'origine à la dans un profond sommeil; le Grand-Es
fois terrestre et céleste de cette nouvelle prit l'ayant touché, il se réveilla et vit à
créature, rattachant à ce nonl symbo ses côtés une femme. Chez les Indiens, il
lique l'idée de sa faiblesse naturelle et de est question d'un premier homme, Viradj,
sa haute vocation, cf. 2 Cor. 4, 7. créé sans femme; puis regardant autour
Ajoutons encore ici que ce nom d'Adam de lui, se voyant seul, il se plaint de sa
semble indiquer que la couleur primitive solitude, il se divise lui-même en mâle et
CRE 243 CRE -
femelle et donne naissance à toute la race création fut terminée; le temps naturel
humaine. Chez les habitants de la Nou commença, et les secousses, ou nuits cos
velle Zélande, le mot Iwi (Eve) signifie mogoniques, cessèrent; aussi ne voyons
os, et la première femme a été formée, nous pas que la Bible en fasse plus men
selon eux, du corps de l'homme et d'une tion; il n'est plus dit « ainsi fut le soir,
de ses côtes. A Tahiti, le Dieu créateur, ainsi fut le matin, ce fut le septième jour, ,
après avoir fait le monde, forma l'homme parce qu'entre le sixième et le septième il
avec de la terre rouge : un jour il plongea n'y eut qu'une nuit naturelle de douze
'- l'homme dans un profond sommeil et en heures, et c'est probablement pendant
cette nuit et le sommeil d'Adam, sur la
tira un os (Ivi, ioui) dont il fit la femme
(Rougemont, p. 56). dernière heure du sixième jour, qu'Eve
Mais si les païens eux-mêmes ont con fut formée, car il est dit, 2, 2. : que « Dieu
servé d'une manière si admirable, à tra eut achevé au septième jour toute l'œuvre
· vers cinquante-huit siècles, l'histoire de qu'il avait faite. »
ce sommeil mystérieux d'Adam, ce n'est Septième jour. Ce fut au septième jour
qu'à l'Eglise chrétienne que le sens moral que Dieu se reposa de toute l'œuvre qu'il
et symbolique de cet événement a été ré avait créée pour être faite; il semble donc
Vélé. que nous devrions terminer ici le récit de
Dans ce premier Adam encore sans pé la création, mais comme ce premier sab
ché, nous voyons le type de ce deuxième bat appartient encore à l'histoire de la
Adam qui a été fait semblable à nous en première semaine du monde, nous croyons
toutes choses, sans péché (grec), Héb. 2, devoir ajouter encore quelques réflexions,
17.4,15.Ce sommeil, ce côté entr'ouvert, Sans lesquelles l'histoire de cette semaine
cette épouse qui en est tirée, nous sont de création serait incomplète.
des emblèmes de la mort de Christ et de Nous avons vu que les six jours précé
son côté percé, de cette mort qui donne dents étaient, non des espaces de temps
naissance à son Eglise, de cette « Eglise de vingt-quatre heures, mais de longues
qu'il s'est acquise par son sang » pour en époques; le septième aurait donc dû leur
faire son épouse bien-aimée, Act. 20, 28. être proportionné. Lorsqu'il commença,
Ce n'est qu'après la mort de Jésus, que Dieu n'avait point dit : « Tu travailleras
les disciples commencèrent à se rassem six jours; tu mangeras ton pain à la sueur
bler en son nom sans lui, mais la nouvelle de ton visage, tu retourneras en la terre
Eglise fut cachée et n'exista pour ainsi d'où tu as été tiré. » L'homme avait été
dire qu'en germe et sans développement, placé dans le jardin d'Eden pour le soi
jusqu'à la Pentecôte. v. encore 1 Cor. 11, gner et le garder : non pour bêcher péni
8.9. Eph. 5, 23-32. Si, confondus par blement la terre et lui faire produire à
la force de ces images, nous avons peine force de sueurs les céréales et les autres
à croire à une telle condescendance de graines dont il fut condamné à faire sa
n0tre Dieu; si, considérant nos faiblesses nourriture après la chute, 3, 18. 19. cf.
et nos misères, il nous semble impossible 1, 29.30., mais pour se nourrir sans peine
que l'Eglise puisse être l'objet d'un tel des fruits de « tout arbre désirable à la vue
amour, et que nous soyons portés à de et bon à manger » que l'Eternel avait fait
mander, comme Nicodème : Comment cela germer dans le jardin. C'était là le repos
peut-il se faire ? Dieu nous répond par sans oisiveté des enfants de Dieu sur cette
ces glorieuses promesses : « Christ s'est li terre, et il est probable qu'il aurait duré
vré pour son Eglise, afin qu'il la sanctifiât un temps plus ou moins long, mille ans
après l'avoir nettoyée en la lavant d'eau peut-être, après lequel ils auraient été
et par sa parole, pour la faire paraître de recueillis auprès de Dieu, comme Hénoc,
vant lui une église glorieuse, n'ayant ni sans passer par la mort, sans que leur
tache, ni ride, ni rien de semblable, mais corps fût obligé de retourner dans la pou
étant sainte et irrépréhensible, » Eph. 5, dre.
25.26.27.Col. 1, 18.22. cf. 1 Cor. 1, 30. La durée de la vie humaine avant le dé
Après que l'homme eut été formé, la luge était de près de mille ans, et nous
CRE 244 CRE
avons lieu de croire que c'est à cause du terrestre, se rapportait aussi, et dans un
péché qu'elle fut abrégée. Selon la tradi sens plus élevé, à la Canaan céleste, après
tion juive, égyptienne, persane, assy laquelle doivent soupirer les enfants de
rienne et indienne, qui fait des jours de Dieu; puis il rattache cette même idée au
la création des espaces de mille ans, nous premier sabbat, 4, 3.4., et montre, v. 6,
aurions dû nous attendre à voir le jour de que ceux à qui ce premier sabbat avait été
l'homme créé à l'image de Dieu, le sep « premièrement annoncé » n'y purent en
tième jour, durer aussi mille ans, et se trer « à cause de leur incrédulité, » Adam
terminer par sa translation dans le ciel ; et Eve ayant ajouté foi aux paroles du ser
mais de même que les soirs cosmogoni pent plutôt qu'à l'ordre positif de Dieu. Ce
ques avaient bouleversé l'ordre établi par premier sabbat tel que Dieu le leur des
Dieu dans la création matérielle, ainsi le tinait n'exista donc pas pour eux, ils n'y
péché vint renverser l'ordre moral et phy entrèrent pas. C'est pourquoi Dieu « dé
sique dans cette nouvelle créature de termine de nouveau un certain jour de re
Dieu, et par suite dans le reste de la créa pos, » v. 7 et 9. Le premier sabbat millé
tion. La terre, de très bonne qu'elle était, naire ayant été abrégé, Dieu en prépare un
devint maudite à cause de l'homme, 3, 17. autre pour son peuple, lorsque l'Eternel
Le jour du repos, au lieu de durer mille régnera en Sion et que le Roi de paix en
ans, fut changé en un temps de peine et trera dans son royaume, Es. 32, 17.18.
de fatigue, où il ne resta plus que des CRECHE. L'humble et premier berceau
sabbats hebdomadaires de vingt-quatre du Fils de Dieu qui s'est fait fils de
heures, monument remarquable et aussi l'homme , Luc. 2, 7. Si l'étable dans la
ancien que la race humaine, conservé quelle naquit notre Sauveur, était en ef
pour lui rappeler sa destination primitive, fet pratiquée dans le roc, ainsi que le di
et le but auquel elle doit tendre, sa chute sent la plupart des anciens pères, il est
et la miséricorde de Dieu, qui ne l'a point possible que la crèche ait aussi été taillée
entièrement rejetée; moyen de grâce pour dans les flancs de la caverne, mais on
les générations futures, et image, pour peut croire qu'une auge de bois la gar
ceux qui ont appris à en faire leurs déli nissait intérieurement, et que c'est dans
ces, du bonheur saint et pur que l'Eternel cette auge que Jésus fut placé. D'autres
réserve à ses enfants. Ce sabbat primitif prétendent que cette crèche était de terre,
se trouvant ainsi réduit à vingt-quatre et qu'elle fut remplacée par une crèche
heures, devint pour le monde le commen d'argent. Même observation ici que sur
cement d'une nouvelle semaine millénaire; la couronne d'épines, il suffit d'aller voir
suivant les traditions mentionnées plus sur les lieux; cette crèche miraculeuse se
haut, il devrait aussi s'écouler six mille trouve à Rome dans l'église Santa-Maria
ans depuis Adam jusqu'à la fin de l'éco Maggiora ; elle est de bois. Est-elle au
nomie actuelle. Le sabbat de cette nou thentique, c'est une autre question : on
velle semaine serait alors l'époque glo ne risque rien de la mettre avec les saints
rieuse du millénium, de quelque manière langes que l'on montre à Saint Paul,
qu'on l'entende; puis, au lieu de la mort quoiqu'il y enait aussi quelques fragments
maturelle de l'homme, fruit de la chute et en Espagne ; avec le saint berceau et la
du péché, viendrait au bout d'un peu de sainte chemise que l'on montre en la même
temps, Apoc. 20, 3.7., la destruction de ville de Rome, tous menus fatras dont
la mort elle-même, ce dernier ennemi de les pères ne disent mot. Bien sûr est-il
l'homme, 1 Cor. 15, 26. Apoc. 21, 4. que si ces objets étaient à Jérusalem lors
, Ceci n'est, à la vérité, qu'une hypo que cette ville fut détruite, ils furent dé
thèse ; cependant nous croyons pouvoir truits avec elle; que s'ils n'y étaient plus,
en trouver une confirmation, Hébr. 3, et et qu'ils fussent déja à Rome, il n'en est
4; en commentant le sens du Ps. 95, 11., toutefois point encore question du temps
l'apôtre nous montre que la menace de de saint Grégoire, à la fin du sixième
Dieu aux Israélites, de les exclure de son siècle, et dès lors cette ville a été mainte
repos, menace qui avait trait à la Canaan et mainte fois prise, pillée et saccagée.
CRE 245 CRO
« Il n'y a nul de si petit jugement qui ne d'accord là-dessus, et saint Paul cite ce
voie la folie. » Calvin. vers d'un de leurs propres poètes (pro
CRESCENS, 2 Tim. 4, 10. Disciple in phètes, Tit. 1, 12.): « Les Crétois sont tou
connu, qui quitta Paul vers la fin de sa jours menteurs, de mauvaises bêtes, des
dernière captivité pour se rendre en Ga ventres paresseux. » Ce poète, au dire de
latie, tandis que Tite passait en Dal saint Jérôme, est Epiménide, qui vivait
matie. Les traditions le font les unes 600 aIIs avant l'ère chrétienne. Selon
évêque de Mayence, les autres évêque de Chrysostôme et d'autres, ce serait Calli
Vienne en Dauphiné; plusieurs s'accor maque, qui dit, en effet : « Les Crétois
dent à dire qu'il a évangélisé les Gaules, sont toujours menteurs. » ; mais la cita
mais rien n'est plus incertain que tout tion d'Epiménide est plus complète et plus
cela. Les uns en font encore un affran ancienne.
chi de Néron, d'autres un des septante Saint Paul qui avait eu l'occasion de vi
disciples; la première supposition serait siter la Crète et d'y annoncer l'Evangile,
plus probable à cause du nom latin de ces y laissa Tite son compagnon de voyage,
évangélistes. Tite 1, 5., afin qu'il achevât de régler
CRETE.Cette îlementionnée dans l'An les affaires de l'Eglise, et qu'il établît des
cien Testament sous le nom de Caphto anciens de ville en ville. L'épître de Paul
rim, est désignée plusieurs fois dans le à cet apôtre est un document intéressant
Nouveau sous le nom de Crète. Homère pour l'histoire de ce pays.
l'appelle l'île aux cent villes, ce qui peut CRISPE. Principal de la synagogue de
nous donner une idée de sa prodigieuse Corinthe, Act. 18, 8. Il fut converti avec
population dans cette époque reculée : toute sa famille , presque seul entre les
Horace et Virgile en parlent dans le même Juifs de cette ville , et fut lui-même l'in
sens. Elle est au sud de l'Archipel, dans strument d'un grand nombre de conver
la mer Méditerranée; sa longueur est sions. Son histoire n0us est du reste in
d'environ 265 kilom., sa plus grande lar connue; on dit qu'il fut plus tard évêque
geur de 57. C'est, après la Sicile, la plus de l'île d'Egine près d'Athènes.
belle des îles de la Méditerranée; elle est CRISTAL, substance transparente et
traversée par une chaîne de montagnes, bien connue, appartenant à la même fa
dont la cîme la plus élevée, le Psiloriti, mille que le quartz. Le mot grec de cris
l'Ida des anciens, a plus de 2,000 mètres tal, et le nomhébreude Kérach, Ez. 1,22.,
de hauteur. Quoique montueuse, elle est indiquent l'un et l'autre, par leur compo
fertile, surtout en vins excellents, en miel, sition, l'analogie que les anciens trou
en huile et en blé. v. Act. 27, 12. 13.21. vaient entre cette pierre des montagnes
Le promontoire de Salmone, Act. 27, 7., et la glace, à la fois froide, polie et trans
était à l'orient, vis à vis de Gnide. Les parente. Le cristal est mentionné dans
villes principales étaient Gnossus (aujour l'Ecriture en divers passages, où il peut
d'hui Enadieh), où se trouvait le fameux se traduire également par glace, ainsi que
labyrinthe : elle avait 30 stades de tour; l'ont fait nos versions, Ps. 147, 17. cf. en
puis Lasée, Act. 27, 8., qui n'est nulle core Apoc. 4, 6. 22, 1. -
part citée par les anciens géographes ; CR0CODILE. L'animal mentionné Lév.
Phénix, port au sud-ouest, Act. 27, 12.; 11, 30. entre le hérisson et le lézard, porte
Beaux-Ports, qui porte maintenant en en hébreu le nom de koach. Ce n'est pas
C0re le nom de Limenes-Kali. le crocodile véritable, mais peut-être une
Les Crétois, bons archers du reste, espèce de grand lézard, appelé par les Sep
avaient une réputation incontestée de tante crocodile de terre; il vit également
mensonge, de perfidie, d'égoïsme, d'ava dans l'eau et sur la terre; ses quatre jam
rice et de sensualité, de telle sorte que le bes sont courtes et menues, ainsi que sa
verbe crétiser s'appliquait presque égale queue; ses brillantes écailles, dorées sur
ment à tous ces vices différents. Polybe, le dos, brunes sur les flancs, argentées
Tite-Live, Pausanias, Ovide, Xénophon, sous le ventre, sont petites et bien arran
tous lesauteurs de toutes les époques sont gées; il se nourrit des plus odorantes
CR0 246 CR0
fleurs qu'il puisse trouver, ce qui fait es lentement, par degrés, mais toujours en
timer extrêmement sa chair et même ses augmentant. On peut croire que la pos
intestins. On le trouve dans les parages ture peu naturelle et toujours la même du
de l'Egypte et aux Indes.— D'autres in crucifié n'était pas un de ses moindres
terprètes pensent que c'est le mot hébreu supplices; un sang enflammé se portant à
choled, Lév. 11,29., qui signifie crocodile la tête et à la poitrine, et produisant de
de terre : nos versions le traduisent par vives douleurs et de vives angoisses, l'ex
belette. - Quant au crocodile propre citation des muscles et des nerfs , puis
ment dit, la Bible l'appelle Léviathan ; v. peu à peu le tétanos, voilà ce que l'on
Cet article. peut supposer et dire sur un supplice que
CROIX, crucifixion. Le supplice de la l'on ne connaît plus maintenant que par
croix fut chez les Romains, jusque sous ouï-dire; mais en décrire l'horreur comme
le règne de Constantin, l'infamante et on la sent, c'est impossible. Ce n'était or
cruelle peine des condamnés à mort, des dinairement qu'au troisième jour que le
esclaves, des criminels, des brigands, des malheureux expirait, et même on en a vu,
émeutiers. Il fut établi en Judée à l'épo doués d'une forte constitution, surmonter
que de la domination romaine, et, bien les douleurs de la croix , et ne mourir
queJosèphe en cite un exemple antérieur, que de faim sur l'instrument de leur sup
il n'y fut légalisé comme peine que dès ce plice. Chez les Juifs cependant, le supplice
ce moment. Après avoir été d'abord était abrégé par les lois toujours humani
fouettés d'étrivières, Matth. 27, 26., ce santes de cette législation : le crucifié
que l'on considérait comme plus dur et devait être enseveli le soir même du jour
plus infamant que les verges, les condam où il avait été pendu au bois, Deut. 21,
nés devaient porter jusqu'au lieu du sup 23.; c'est à cause de cela, et pour hâter la
plice la croix à laquelle ils allaient être mort des condamnés , qu'on leur brisait
attachés, Matth. 27, 32. Jean 19, 17. Ce les os avant le coucher du soleil , Jean
lieu était ordinairement situé hors de la 19, 31.32., cf. Jos. 8,29. Les anciens lais
ville, et près d'une route fréquentée : làsaient les cadavres sur la croix, exposés
on les dépouillait de leurs vêtements, aux appétits des oiseaux de proie , et à
Matth. 27, 28. Jean 19, 23.24., et après toutes les intempéries d'un climat qui ne
leur avoir donné un breuvage enivrant, tardait pas à les décomposer et à en in
cf. Matth. 27, 34., on les élevait sur la fecter l'air. Il n'y a guère qu'un demi
croix où des bourreaux armés de mar siècle que le même usage subsistait en
teaux et de clous leur perçaient les mains,
core en Angleterre et dans quelques par
et les attachaient : on leur clouait aussities de l'Allemagne, et même afin que les
quelquefois les pieds, quoique ce ne fût parents ne vinssent pas enlever les corps
pas général, et tantôt ensemble, tantôt de leurs proches, on plaçait des gardes
séparément. Quelques auteurs pensent autour de la croix. Les Juifs, au contraire,
que pOur empêcher le corps de s'affaisser soit dans un intérêt hygiénique, soit sur
sous sa pesanteur, on plaçait une espèce tout par respect pour la dignité humaine,
de marche-pied sous les pieds du patient, ensevelissaient immédiatement leurs con
mais l'on ne voit aucune trace de cet usage damnés, Matth. 27,60., mais ils ne leurac
dans les descriptions que les plus anciens cordaient le privilége de reposer dans les
auteurs nous ont données de la croix; en sépulcres de leurs familles, que lorsque
revanche, ils nous parlent d'une sorte de leurs chairs avaient été déjà consumées
chevalet ou grosse cheville fichée au mi dans les sépulcres publics ; c'est pOur
lieu de la croix et sur laquelle le malheu épargner à Jésus ce dernier déshonneur
reux se tenait comme à cheval. —Cet af que Joseph d'Arimathée demanda la per
freux supplice était aussi long qu'il était mission de l'ensevelir dans un sépulcre
cruel , aucun organe important n'était neuf de sa possession.
attaqué , le sang ne coulait pas avec abon La crucifixion était un supplice bien
dance, et la douleur partant des extré connu des anciens; on en trouve des tra
mités ne devait parvenir au centre que ces chez les Egyptiens, Gen. 40, 19., chez
CR0 247 CRO
les Perses, Est. 7, 10. Esdr. 6, 1º et de la brûler !) Elle y fut découverte quel
chez les Juifs, Nomb. 25, 4. Jos. 8, 29. que temps avant la passion du Sauveur,
2 Sam. 21, 6. Les Grecs, les Carthagi et Servit à faire la croix.
nois et les Romains nous en fournissent Autre fable. On dit qu'elle était faite
aussi des exemples nombreux. Josèphe de quatre bois différents, de cyprès , de
raconte qu'Alexandre roi des Juifs, ayant cèdre, d'olivier et de buis; selon saint
fait crucifier huit cents de ses sujets re Bernard, les bras en étaient de palmier,
belles, ordonna, par surcroît de cruauté, le cyprès en formait la base , le cèdre la
que l'on mît à mort au pied de leur croix, hauteur, et l'olivier le chapiteau.—D'au
sous leurs yeux, et pendant qu'ils respi tres disent tout simplement qu'elle était
raient encore, leurs femmes et leurs en de chêne.
fants. -
Autres fables et fraudes pieuses. On
Il y avait des croix de différentes for dit que sainte Hélène, mère de Constan
mes : c'étaient toujours deux pièces de tin, trouva la vraie croix et en envoya une
bois croisées l'une sur l'autre, mais quel partie en présent à son fils, qui la mit à
quefois comme un X, quelquefois com Constantinople sur une colonne de por
me un T, le plus fréquemment dans la phyre; l'autre partie, elle la renferma
forme la plus connue, celle que l'on donne dans un étui d'argent, et la donna en
aux crucifix et que l'on trouve sur pres garde à l'évêque de Jérusalem. « Or, avi
e toutes les gravures +. C'est cette sons d'autre part, ajoute Calvin, combien
erniére forme que les anciens monu il y en a de pièces par tout le monde. Si
ments et les médailles du temps de Con je voulais réciter seulement ce que j'en
stantin donnent à la croix sur laquelle fut pourrais dire, il yaurait un rôle pour rem
glorifié le Sauveur des hommes. Saint Jé plir un livre entier. Il n'y a si petite ville
rôme la † à un oiseau qui vole, à où il n'y en ait, non-seulement en église
un homme qui nage ou qui prie ayant les cathédrale, mais en quelques paroisses.
mains étendues horizontalement. Ôutre le
Pareillementil n'yasi méchante abbaye où
tronc et les bras, elle avait donc une l'on n'en montre. Et en quelques lieux,
pièce qui était le prolongement du tronc, il y en a de bien gros éclats : comme à la
et qui s'élevait derrière la tête du cruci Sainte Chapelle de Paris, et à Poitiers et
fié; c'est à cette piècé que fut attaché l'é- à Rome, où il y a un crucifix assez grand
criteau de Pilate : « Jésus, de Nazareth, qui en est fait, comme l'on dit Bref, si
roi des Juifs. - La croix avait, dit-on, 15 on voulait ramasser tout ce qui s'en est
pieds de hauteur, et 7 ou 8 d'envergure; trouvé, il y en aurait la charge d'un bon
mais l'on n'en sait rien. -
gros bateau. L'Evangile testifie que la
Voici maintenant quelques petites fa croix pouvait être portée d'un homme ;
bles qui ont été inventées par uné partie quelle audace donc a-ce été de remplir la
de l'église romaine, et qui sont désa terre de pièces de bois en telle quantité,
vouées par l'autre.Seth, le troisième fils que trois cents hommes ne les sauraient
d'Adam, ayant obténu de l'ange qui gar porter ! Et de fait, ils ont forgé cette ex
dait le paradis terrestre trois graines de cuse que, quelque chose qu'on en coupe,
larbre de vie, les planta sur le tombeau jamais elle n'en décroît. Mais c'est une
de son père ; il en sortit trois petites bourde si sotte et lourde, que même les
verges qui se joignirent, s'élevèrent en superstitieux la connaissent. » — Quant
arbre, survécurentau déluge, furent abat à l'écriteau, on le montre à Rome et à
tues sous le règne de Salomon, et firent Toulouse. -
une poutre dans la maison du Liban. La Tout chrétien doit être affligé de voir
reine de Séba y étant entrée, remarqua ainsiprofaner le sang de l'alliance, et faire
cette poutre, et annonça qu'elle servirait un pareil trafic de choses saintes. On a
au supplice d'un homme qui détruirait le tout voulu convertir en musée, en curio
royaume d'Israël. Pour détourner l'ora sités, en marchandises, et devant la croix
cle, Salomon fit enterrer cette poutre à on fait oublier aux pécheurs le salut de la
l'endroit du lavoir de Béthesda (au lieu croix; la lettre tue l'esprit, et l'on ensé
CRO 248 . CUI
jetant simplement dans le vase une pierre sion française « il leur coupa bras et jam
rougie au feu. Parmi les ustensiles em bes » , soit que l'on doive entendre le
ployés, on remarque le chaudron ou chau carnage qu'en fit le vengeur d'Israël, soit
dière, Ez. 11 , 3. 7. Eccl. 7, 6. (traduit que ces mots signifient seulement que les
« potées de chair » Ex. 16, 3.); le pot, Philistins furent épouvantés, surpris, et
Jug. 6, 19.; une autre espèce de chaudiè comme interdits de la violence et de la
re, Ez. 24, 6., plus ronde et plus vaste ; force prodigieuse de leur vainqueur.
une autre encore, Mich. 3, 3.; la marmite, CUIVRE, v. Airain.
1 Sam. 2, 14., et la fourchette (ibid) pour CULTE. Le culte qui dans son expres
servir la viande. sion la plus simple est l'adoration que
CUISSE. On trouve dans la Genèse, 24, l'homme rend à la Divinité, prend une
2. 47, 29., le serment des anciens pa acception plus large et plus étendue à
triarches exprimé sous une forme qui mesure que l'homme s'élève lui-même
doit nous paraître d'autant plus singu davantage ; et depuis la religion naturelle
lière, que dès lors on n'a plus d'exem jusqu'à la religion chrétienne, en passant
ples d'une semblable cérémonie. C'est par le monothéisme juif, on peut voir se
Abraham qui, envoyant le plus ancien de développer l'idée du culte au point que ce
ses serviteurs chercher une femme pour mot finit par désigner presque tous les
son fils, lui dit : Mets ta main sous ma rapports de l'homme avec Dieu, son ado
cuisse, et jure-moi, par l'Eternel, que tu ration, ses prières, la constitution exté
ne prendras point de femme pour mon rieure de son Eglise, et jusqu'à la foi
fils d'entre les filles des Cananéens, etc.; qu'il professe, jusqu'à la manière dont il
puis Jacob, à son lit de mort, demande à conçoit des vérités révélées.
Joseph, avec le même serment, de ne Il n'est que deux cultes successivement
point permettre que ses os reposent en reconnus par l'Ecriture sainte, le culte
Egypte, mais de le transporter dans les préparatoire du judaïsme, et le culte spi
sépulcres de ses pères. On ignore la si rituel du chef de l'Eglise : le premier était
gnification de cet acte; les uns y voient ordonné dans tous ses détails, le second
une allusion à la circoncision , les autres abandonné à l'âme pieuse du fidèle con
croient qu'Abraham et Jacob ont voulu verti, et guidé par les directions de l'E-
faire jurer par le Messie qui devait, se criture et du Saint-Esprit ; dans le pre
lon le langage des Juifs, sortir de la cuisse mier la forme dominait, dans le second
des patriarches ; peut-être était-ce un l'idée et l'amour; le premier était un pé
symbole destiné à rappeler la qualité de dagogue pour l'homme irrégénéré, le se
père au fils qui plaçait sa main sous la cond est la conversation du chrétien avec
hanche dont il était sorti. L'historien Jo Dieu : dans l'un et dans l'autre on voit le
sèphe dit que cette pratique se faisait en même homme et le même Dieu, mais dans
core de son temps. le culte ancien l'homme est séparé de
· LesJuifs portaient l'épée sur la cuisse, Dieu, dans l'alliance nouvelle Dieu et
Ps. 45, 3. Cant. 3, 8., et du côté gauche, l'homme sont réconciliés. Ces deux cul
c0mme on le voit par l'exception men tes sont divins dans leur institution, et
tionnée Jug. 3, 16. l'Ecriture appelle tout autre culte un culte
Frapper sur la cuisse, était le signe na étranger, sous quelque forme que se pré
turel de l'étonnement ou de la douleur, sente l'idolâtrie, et quels que soient les
Jér.31, 19. Ez. 21, 17. Dans le livre des objets auxquels elle se rapporte.
Juges,15, 8., il est dit que Samson battit Le chef de l'ancienne Alliance , Abra
les Philistins « la jambe sur la cuisse », ham, fut choisi de Dieu pour être le dé
expression proverbiale que nos versions positaire privilégié des vérités éternelles :
0nt rendue par « entièrement » : le sens c'est en lui que fut incarnée, pour ainsi
littèral est peut-être qu'il les mit en piè dire , la doctrine de l'unité de Dieu, du
ces tellement, qu'on trouvait tous leurs monothéisme ; une portion seulement de
membres pêle-mêle ; mais l'idée du pro sa famille et de sa descendance fut appe
verbe est la même que celle de l'expres lée à jouir des mêmes grâces, tandis que
CUL 250 CUL
º
nous voyons clairement l'idolâtrie régner exception qui semble contredire ce fait,
dans les autres branches, Gen. 31, 19.30. c'est l'exemple de Melchisédec, q. v.
35, 2. Jos. 24, 2. 14. Le culte des patriar , Puis, par une suite de dispensations cé
ches était aussi simple que possible, et lestes, et qui avaient sans doute pour but
consistait presque exclusivement dans la de préparer les enfants d'Abraham, d'I-
prière, Gen. 24, 63., et dans les sacrifi saac et de Jacob, à porter plus facilement
ces. Il n'y avait pas de lieu spécialement le joug de l'Eternel, nous voyons cette
destiné au culte, et le croyant pouvait famille toute entière transportée en Egyp
prier et offrir ses victimes partout où il te, et subissant là le pesant et cruel joug
se sentait disposé à le faire, quoique l'on des Pharaons : c'est bien la postérité d'A-
choisît préférablement, soit des hauteurs braham, mais on cherche la religion d'A-
solitaires où l'on pensait pouvoir com braham, et sauf de rares exceptions l'on
muniquer plus directement avec Dieu, n'en trouve plus les traces : les esclaves
Gen. 22, 2. 31, 54., soit des lieux où la sont livrés à la sensualité; ce qu'ils ai
Divinité s'était manifestée visiblement à ment avant tout ce sont leurs concombres,
quelqu'un des membres de la famille; on leurs aulx, leurs oignons, leurs marmites
y élevait alors un autel hâtivement et sim de viande : ce qu'ils adorent c'est la na
plement travaillé, Gen. 12, 7. 8.13, 4. 26, ture, ce sont les dieux de leurs maitres,
25. 46, 1., ou même une simple pierre un veau d'or et d'autres divinités diabo
que l'on consacrait par des libations liques, Ex. 32, Lév. 17, 7. Nomb. 25, 2.
d'huile, 28, 18. 35, 14. Quelquefois c'é- Am. 5,25.26.Ils ont changé la gloire de
tait un bosquet, ou la réunion de quel Dieu, dit lePsalmite,106, 20., en la figure
ques arbres, qui servait de temple à ces d'un bœuf qui foule le grain. — †
premiers croyants, Gen. 13, 18. 21, 33. : cette idolâtrie ne pouvait durer plus long
nous voyons même lsaac sortir et se ren temps, Dieu ne pouvait oublier ses pro
dre dans les champs pour prier, 24, 63. messes : après le retour des ténèbres de
Il ne paraît nulle part que ni l'une nil'au vait venir le retour de la lumière : le culte
tre de ces deux formes du culte eussent spirituel et libre des patriarches n'ayant
été prescrites aux patriarches : la prière pas suffi aux Israélites charnels, un culte
sortait de leur cœur comme un besoin de cérémonies et de formes allait su
bien naturel, ou comme l'expression de der, revêtu d'une majesté foudroyante ;
leur reconnaissance; les sacrifices étaient des menaces allaient se joindre aux pro
comme une prophétie intérieure, comme messes; le premier anneau de cette al
le pressentiment, vague mais réel, du sa liance allait être pour les Israélites la dé
crifice qui devait un jour les réconcilier livrance de la servitude; en échange de
entièrement avec Dieu; il y avait plus de cette † promettraient de se
foi que d'intelligence dans la pratique de soumettre à la loi divine. Toutefois, pour
cette cérémonie, et si les patriarches ne le peuple de Dieu, ce changement exté
s'avouaient pas à eux-mêmes les idées de rieur de culte devait amener une consti
condamnation et d'expiation, c'est qu'ils tution plus sévère, au lieu de l'ange de
étaient encore des enfants dans la foi, l'Eternel, c'était Moïse, qui serait le chef
peu formés, peu susceptibles de recevoir du peuple, et comme l'intermédiaire en
et de supporter des doctrines plus avan tre eux et le ciel. - •
cées, plus profondes, plus mystérieuses; | Ce nouvel ordre de choses a pour base
mais comme des enfants ils aimaient leur le monothéisme et le culte de Jéhovah,
Père céleste et lui offraient les dons que seul légal, et ordonné par la Loi. Des cé
leur cœur leur inspirait. C'est là ce que rémonies nombreuses sont établies; elles
l'apôtre entend quand il dit en parlant enlacent le peuple dans un long réseau
des anciens, Hébr. 11, 13. : « Ils ont vu de symboles qui s'emparent de tous les
ces choses de loin, ils les ont crues, ils détails de sa vie publique et particulière,
les ont saluées. » A cette époque il n'y et l'instruisent malgré lui en lui commu
avait point encore de clergé; le chef de niquant et en le forçant à recevoir des
la famille en était aussi le pontife : la seule idées et des impressions nouvelles. Leur
CUL 251 CUL
Dieu est en même temps leur roi; c'est impossible de faire, son invisibilité qui
le même qui leur donne à la fois des lois semblait consacrer sa toute - présence,
spirituelles et des lois matérielles, les lois étaient de réelles compensations pour les
du culte et les lois de la vie civile, les âmes fidèles qui auraient pu regretter
lois saintes et les lois sanitaires, les lois l'institution d'un seul autel, d'un seul ta
pour le ciel et les lois pour la terre : il bernacle, d'un seul temple. Ceux qui
n'y a pas deux consciences, pas deux mo cherchaient Dieu sincèrement savaient
rales, pas deux règles de conduite : il n'y qu'ils pouvaient le trouver partout, et
pas les péchés connus de Dieu seul, et rien à cet égard ne pouvait plus leur
ceux qui ne relèvent que de la justice hu manquer. Pour les autres, le centre reli
maine. Tout ce qui est délit sera décou gieux était un appel, une prédication.
Vert et puni. Des directions positives, etLes frais du culte, le grand nombre des
négatives, des vœux, des offrandes, des victimes, et l'entretien d'une nombreuse
sacrifices, des ablutions, des jeunes, des catégorie de prêtres et de lévites, n'é-
ſètes, entrent dans la composition du taient point aussi onéreux qu'on pourrait
nouveau culte, et doivent, tout ensemble, le croire au premier abord : il faut réflé
humilier et sanctifier les Israélites : une chir en effet, et se transporter dans ce
pureté légale est établie, exigée, sans pays agricole, à cette époque,chezcepeu
laquelle aucun acte du culte ne saurait ple. Sauf une très légère contribution en
être admis ; la circoncision appartient à argent, Ex. 30, 13., tout l'ensemble des
l'ensemble de ces règles, et les domine; offrandes se composait des produits de la
elle signifie le retranchement du mal, et terre ou des troupeaux, et l'on sait que
rappelle aux Juifs la sainteté de leur vo ce genre d'impôt est celui qui se perçoit
cation. Les solennités religieuses sont en le plus facilement chez tous les peuples.
même temps des fêtes nationales, servant On pourrait presque dire des Lévites
à fondre toujours plus en un seul peuple qu'ils ne recevaient point de traitement
les douze familles. Une caste de prêtres fixe, mais qu'ils étaient nourris par les
appartenant à la famille de Lévi sert d'in personnes qu'ils visitaient, et à la table
termédiaire entre le peuple et Dieu. Un desquelles ils s'asseyaient comme des
seul sanctuaire est établi au centre du amis de la maison : ce n'était évidemment
pays, Deut. 12, 5., pour proclamer l'unité pas une charge publique, chacun s'esti
divine et protester contre le polythéisme mait heureux et honoré de recevoir ces
paien; c'est là seulement qu'on pouyait messagers bénis, personne n'eût voulu
adorer et sacrifier : les besoins religieux spéculer sous ce rapport, ni refuser d'é-
ne pouvaient pas être facilement satis changer une faible partie de ses aliments
faits; c'était une lacune, semble-t-il, et journaliers contre les bienfaits religieux
d'autant plus grande que le culte inté que ces hommes apportaient. On ne voit
rieur était dépassé par le culte extérieur, nulle part de plaintes à cet égard. Quant
et comme assujetti à des formes maté aux offrandes du temple, on peut dire à
rielles : mais cette unité, cette centrali peu près la même chose : quelques vic
sation, outre son importance pour le times succombaient chaque jour, mais
dogme, avait encore l'avantage d'exciter réparties sur un peuple riche en trou
les besoins religieux, et de rendre les peaux, elles n'étaient guère remarquées,
impressions de l'âme plus profondes et guère senties : et si parfois, bien rare
plus durables, lorsque trois fois par an ment, nous voyons ce nombre devenir
née les Israélites se rendaient réguliè considérable, p. ex. 2 Chr. 35, 7.8.9.,
rement à la ville sainte pour y jouir de la c'étaient des exceptions motivées, et qui
présence invisible de leur Dieu. D'ailleurs par là même permettaient d'exiger du
la spiritualité de ce culte , celle surtout peuple des sacrifices plus grands qu'à
de ce Dieu qui ne devait résider nulle l'ordinaire.
part corporellement, dont il était défendu On est indécis sur la question de sa
de faire des représentations matérielles, voir s'il y avait dans le culte juif une par
peintes ou taillées, que d'ailleurs il était tie correspondante à ce que nous appe
CUL 252 CUL
Ions la prédication ;aucun texte bien pré tact avec le reste de ces nations que les
cis ne le dit positivement ; d'un autre Hébreux avaient épargnées, malgré l'or
côté les visites journalières de lévites, et dre positif de leur Dieu. Cette immoralité
les réunions des Israélites pour les so même était peut-être, chez plusieurs, en
lennités, semblent indiquer assez qu'il y tretenue par le culte mosaïque, où le cé
avait des exhortations et des instructions, rémonial semblait l'emporter sur le fond
soit particulières, soit générales : et les de la religion, et les observances rempla
derniers chapitres du Deuteronome ne cer la moralité, expier les désordres de
sont pas autre chose qu'une puissante et la vie. Les prophètes combattirent tou
magnifique prédication. jours ce penchant à la fois incrédule et ·
Mais une lacune que l'on remarque pervers. Après l'exil, différentes sectes
avec étonnemenl dans toute l'institution se formèrent. Pendant que la grande
du culte mosaïque, c'est l'absence de pré masse du peuple s'attachait de plus en
ceptes relatifs à la prière (v. cet art.). plus à la lettre, inventant chaque jour
Nulle part elle n'est prescrite, lorsque de nouvelles minuties, et qu'une certaine
tant d'autres formes sont si minutieuse classe d'hommes, soi-disant éclairés ou
détaillées; il n'en est pas dit un mot, esprits forts, cherchaient à allier la philo
pas une allusion n'y ramène. C'est que sophie à la religion, en retranchant de la
précisément la prière n'est pas une forme; religion tout ce qui ne pouvait être com
et sans doute que dans cette économie pris de leur pauvre intelligence, un petit
toute préparatoire, matérielle, et l'on nombre d'hommes vraiment pieux cher
peut dire presque mécanique, Dieu ne chaient à maintenir l'esprit du véritable
voulait pas risquer de confondre dans culte divin, s'adonnant à la pratique des
l'esprit des Israélites ce qu'il y a de plus bonnes œuvres. de la pureté et de l'hu
intérieur et de plus sacré avec ce qui milité; on les nommait Esséens. Quelques
n'est qu'observances légales. Le réfor siècles après que ces sectes eurent pris
mateur Mahomet a pu faire cela , au mi naissance dans le sein du peuple qui devait
lieu de toutes les cérémonies et prescrip être un dans son culte, on vit naître dans
tions de son culte, il a pu dire aussi : un petit village de Juda, celui qui devait
vous prierez trois fois le jour en vous ramener l'unité sur la terre, niais une
tournant du côté de la Mecque; ce n'était unité de cœur et d'esprit, reposant non
pour lui qu'un anneau dans la chaîne plus sur le même culte ou sur les mêmes
qu'il imposait à ses sectateurs. Jéhova ne cérémonies, mais sur la même foi, sur
l'a pas fait; les prières eussent été un des espérances communes.
piége pour ceux qui n'en auraient pas C'est aussi pour le culte une ère entiè
compris la nature; pour les autres il était rement nouvelle, parce que le culte est le
superflu de les ordonner; de l'abondance reflet de la doctrine et des dispositions
du cœur la bouche parle, et nous voyons intérieures; mais on ne peut plus le dé
par un grand nombre d'exemples que les crire comme on a décrit le culte an
fidèles savaient à qui s'adresser, et com cien; c'est quelque chose de moins tran
ment ils devaient le faire dans le besoin, ché dans les formes, de plus vague, de
dans la détresse, dans la reconnaissance. plus libre. Le jeûne est maintenu comme
Du reste, il faut le dire, le culte tel bon, la confession mutuelle des péchés
qu'il fut institué par Moise, ne fut pres est introduite, le dévouement au règne
que jamais observé dans son intégrité : de Dieu, les visites des malades, des pau
l'histoire juive nous montre dans chaque vres, des prisonniers, sont recomman
période de nombreuses déviations, plus dées; le chant, la conférence des Ecri
ou moins grandes, mais provenant toutes tures, la prière sont appelés à jouer un
de l'immoralité, de la sensualité, qui sem rôle plus capital et plus régulier dans le
ble avoir distingué particulièrement le service divin; mais l'observation des jours
peuple juif, et qui trouvait encore à s'ali et des nouvelles lunes, les pratiques ex
menter dans le voisinage de certaines térieures sont abolies : à la circoncision
peuplades environnantes, ou par le con le baptême est substitué, mais avec une
CUN 253 CUS
idée plus large et plus spirituelle ; à la appelée Berothaï dans le passage paral
Pâque succède un repas fraternel égale lèle, 2 Sam. 8, 8.
ment commémoratif, mais rappelant un CUS, 1°, Gen. 10, 6.7.8., fils aîné de
salut plus cher, plus grand, éternel. Il Cam et père de Nimrod. Il a donné son
n'y a plus de castes sacerdotales; tout nom à une contrée qui est citée frèquem
fidèle est prêtre, chacun appartient à la ment dans l'Ecriture, même avec quel
sacrificature royale : plus de centralisa ques détails assez précis, et sur la situa
tion dans le lieu du culte ; les pères ont tion exacte de laquelle il règne cependant
adôré à Jérusalem, le moment est venu encore, chez les interprètes, bien des in
0ù les vrais adorateurs adorerOnt le Père certitudes. L'Ecriture semble donner à
en esprit et en vérité, partout où ils se ce nom une signification tantôt plus éten
rencontreront : il n'y a plus d'Eglise vi due, tantôt plus restreinte, mais toujours
sible, mais une Eglise invisible, et des avec l'idée générale que les Cusites sont
réunions visibles dans lesquelles le bon des peuples de couleur, habitant vers le
et le mauvais grain seront plus ou moins Sud. La traduction ordinaire est l'Ethio
mélangés : à cette Eglise aucune forme pie : elle est exacte si l'on veut donner
n'est imposée , aux Eglises de détail au au mot Ethiopie le même sens que lui
cune forme non plus. Partout éclate la donnaient déjà les anciens. Un Ethiopien
vie, et la vie seule a droit de régner dés signifie, dans son étymologie grecque,
0rmais sur les hommes : on ne leur im un homme brûlé par le soleil.Avant que
p0sera plus de lourds fardeaux, et si des le nom grec eût prévalu, et même long
séducteurs sont venus ordonner le céli temps après, au temps de Josèphe, les
bat et l'abstinence des viandes, l'Esprit Ethiopiens portaient le nom de Cuséens,
les appelle expressément des révoltés de nom que l'on retrouve encore chez quel
la foi,adonnés aux doctrines des démons, ques auteurs syriens du cinquième siècle.
1 Tim. 4, 1. Dans son sens le plus restreint, le pays
CUMIN, sorte de plante ombellifère, de Cus comprenait donc ce qu'on pour
qui a quelque analogie avec le fenouil, rait appeler l'ancienne Ethiopie, savoir
mais un peu plus petite; sa graine a une toute la contrée située entre la haute
saveur et une odeur très forte et passa Egypte, depuis Syène jusqu'à l'entrée de
blement amère; les anciens s'en servaient la mer Rouge dans l'Océan indien , la
en guise d'épices pour assaisonner leurs Nubie, l'Abyssinie et le royaume d'Adel.
mets. On trouve le cumin en Syrie, dans C'est le sens qu'il faut donner au mot
l'Asie mineure et en Egypte. Esaïe 28, Cus, Es. 18, 1. : « Malheur au pays qui
25.27. dit qu'on le sème dans un terrain fait ombre des deux côtés (entre les tro
bien nivelé, et que lorsqu'il est mûr on piques), qui est au delà des fleuves de
ne se sert pas de la herse ou de la roue Cus!» De mème, 2 Rois 19,9., le royaume
du chariot pour en recueillir la graine, de Tirhaca ne peut être Cus que dans le
mais qu'on emploie des moyens plus doux sens moins étendu, cf. encore Dan. 11,
et qu'on l'abat avec le bâton : le Seigneur 43. Ez. 29, 10. Dans son acception plus
de même réserve aux plus grands pé générale Cus, ou l'Ethiopie, comprend
cheurs les plus grands châtiments, et ne toute la partie sud et sud-est de l'ancien
brise point le roseau cassé. — Le sens de monde, et a pu s'appliquer à plusieurs de
Matth. 23, 23., est facile à comprendre : ces contrées en particulier, Gen. 2, 13.
• Malheur à vous, Pharisiens hypocrites, Nomb. 12, 1. Ps. 87, 4.2 Chr. 14,9. Jér.
VOus observez scrupuleusement les or 13, 23. Cus est appelé Cusan, Hab. 3, 7.
donnances dont l'exécution ne vous coûte Dans le passage de la Genèse, nousvoyons
que peu de chose , vous payez la dîme de un des quatre fleuves du paradis tour
tes petites plantes qui croissent dans vos noyer par tout le pays de Cus; évidem
jardins et dans vos prairies, et vous né ment ce ne peut être en Afrique; nous
# 0I. »
les choses plus importantes de verrons ailleurs quel était ce fleuve, et
comment le nom de Cus se rapporte
CUN. 1 Chr. 18, 8., ville phénicienne, aux contrées situées au sud-est de la mer
CUS 254 CUS
Casplenne et de l'Asie. - Nomb. 12, 1. la vive douleur que lui causait la révolte
Séphora, la femme de Moïse, originaire de de son fils, la désertion de ses braves,
Madian en Arabie, est appelée Cusite ou l'abandon du lâche et ambitieux , mais
Ethiopienne par Moïse lui-même, cf. Hab.habile Achithophel: en même temps, il fait
3,7. En suivant la marche de la postérité à son roi ses offres de service, et se dé
de Cus, on la verra se répandre en rayon clare prêt à le suivre partout. Mais David
nant depuis l'Indu-Cus sur toutes les qui redoute plus encore les perfides con
vallées et les hauteurs de la Chine, sur seils d'Achithophel que ses troupes dé
les deux presqu'îles de l'Inde, et jus sertées, renvoie Cusaï à Jérusalem, lui
qu'aux îles de l'Océan pacifique. - ll est enjoint d'affecter un grand attachement
à remarquer que les auteurs profanes à la cause d' Absalon, d'offrir à ce rebelle
ont, aussi bien que la Bible, distingué ses services, de chercher à gagner sa con
deux classes de Cusites ou d'Ethiopiens : fiance pour obtenir une part dans ses con
« lls demeurent séparément, dit Homère seils, et d'user ensuite de son influence,
(Odys.1,23.), aux frontières les plus éloi soit pour déjouer les plans d'Achithophel,
gnées, les uns au couchant, les autres à soit pour faire connaître à David, par le
l'orient. » v. encore Hérodote 1, 201. 4, moyen des sacrificateurs Tsadok et Abia
11.— Si donc nous voulions établir cette thar, les résolutions auxquelles on se se
grande famille sur une carte géographi rait arrêté. — Cusaï qui ne craint pas de
que, nous lui donnerions toutes les con se mesurer avec le vieux conseiller,
trées comprises entre l'Abyssinie, l'A- obéit; il se rend à Jérusalem et crie vive
rabie, la Perse méridionale, les monts Absalon ! Le jeune rebelle qui connaît
Thibet,l'Himalaya,etleYantsé-Kiangpour l'affection de Cusaï pour son père, s'é-
frontière nord, et l'Océan pour frontière tonne d'abord; mais les succès qu'ila déjà
sud, en laissant ici et là quelques di obtenus l'aveuglent, et le disposent à
stricts plus ou moins grands, qui furent croire à de nouveaux succès, à de n0u
occupés par d'autres branches des descen velles conquêtes ; chaque jour, il voit
dants de Noé. (v. les articles spéciaux, et grossir les rangs de son armée, et Cusai
en particulier Ethiopie). n'a pas de peine à le persuader que lui
2° On trouve encore dans l'épigraphe aussi se range à la bonne cause, accep
du Ps. 7. le nom d'un homme appelé tant pour maître celui que Dieu a désigné,
Cus, et qui a donné beaucoup à faire aux
que le peuple a choisi, et qui d'ailleurs
interprètes. Qui est ce Cus, benjamite,
appartient à la famille royale, à la dyna
ce violent persécuteur du roi David, ce
stie reconnue. Un premier conseil d'A-
fléau dont il demande d'être délivré? Les
chithophel relativement aux femmes de
uns ont pensé à Simhi,2Sam. 19, 16., qui David, passe sans contestation, soit que
est appelé, 16, 11., fils de Jémini, en hé Cusaï n'ait pas été consulté, soit qu'il ait
breu benyemini, et dont on a cru qu'il cru devoir, dans l'intérêt même de son
était Benjamite à cause de cela. D'autres roi, se joindre à une mesure dont le ré
ont pensé à Saül, mais on ne sait pas sultat était de rendre toute réconciliation
pourquoi il serait appelé Cus; d'autres impossible. Achithophel propose ensuite
enfin, rapportant également ce psaume à à Absalon, de fondre immédiatement
l'époque des persécutions de Saül, en avec 12,000 hommes sur la petite troupe
tendent par Cus un individu inconnu, de David, encore faible en nombre, fati
peut-être un parent de Saül. guée, et sans doute facile à intimider.
· CUSAI, 2 Sam. 15, 32., éphraïmite, de Mais un autre conseil intervient : c'est
la ville d'Arki, dont l'histoire offre un Cusaï qui parle : « Le conseil qu'Achi
épisode politique bien rafraîchissant au thophel t'a donné maintenant, dit-il, n'est
milieu des guerres civiles qui ensanglan pas bon. Tu connaîs ton père et ses gens,
tèrent une partie du règne de David. Fi que ce sont des gens forts, et qui ont le
dèle sujet de son roi, Cusaï vint pendant cœur outré, comme une ourse des champs
les troublesdelaconjurationd'Absalon,se à qui l'on a pris ses petits : et ton père est
prosterner devantDavid, en lui exprimant un homme deguerre, qui nepassera point
CUS 255 CUV
la nuit avec le peuple. Voici il est mainn'avait pas osé révéler cette mort, et I'a-
tenant caché dans quelque fosse ou dans vait fait pressentir : « J'ai vu un grand tu
quelque autre lieu; s'il arrive qu'au commulte, mais je ne sais pas exactement ce
mencement on soit battu par eux, qui que c'était : » Cusi n'osa pas davantage
conque en entendra parler, l'ayant su,' dire « Il est mort, » mais à la question de
: dira : Le peuple qui suit Absalon a été David, il répondit : « Que les ennemis du
défait. Alors le plus vaillant, celui-là roi mon Seigneur, et tous ceux qui se
même qui avait le cœur comme un lion, sont élevés contre toi pour te faire du
se fondra;... mais je suis d'avis qu'en di mal, deviennent comme ce jeune homme ! »
ligence on assemble vers toi tout Israël 2° Cusi ou Cusci, Jér. 36, 14. père de
depuis Dan jusqu'à Béer-Sébah, lequel Sélemja; inconnu. — 3° Soph. 1, 1., père
sera en grand nombre comme le sable de Sophonie, et arrière petit-fils d'Ézé
qui est sur le bord de la mer, et que toi chias. | -
que, une grande cuve appelée mer d'ai pèces différentes; les unes plus petites,
rain, particulièrement destinée aux ablu en bois, en ivoire, quelquefois en métal,
tions des sacrificateurs, et dix cuviers que l'on prenait entre le pouce , l'index
plus petits, destinés à laver les victimes et le doigt du milieu, et que l'on frappait
pour les holocaustes, 2 Chr. 4, 6. La mer en mesure, comme les castagnettes es
d'airain est spécialement décrite 1 Rois 7, pagnoles ou arabes; les autres, plus gran
23-26.2 Chr. 4, 2-5. et par Josèphe (An des et tout à fait semblables aux nôtres ;
tiq. 8, 3, 5.); elle avait cinq coudées de cette distinction est marquée Ps. 150, 5.,
hauteur (2 m. 720), et environ dix de dia Hébr. Tseltselim ou Metsillayim.
mètre; elle reposait sur douze taureaux CYPRE (aujourd'hui Chypre), une des
également d'airain ; ses côtés et ses bords îles de la Méditerranée, située au sud de
étaient ornés de fleurs sculptées. l'Asie mineure et non loin des côtes de
Lors de la prise de Jérusalem par les la Syrie. Grande, riche et fertile, elle
Babyloniens, la mer d'airain fut brisée donnait en abondance del'orge, de l'huile,
par les Caldéens et ses débris emportés des grenades, des figues et du vin ; ses
à Babylone ainsi que les soubassements montagnes recélaient des pierres pré
des dix cuviers 2 Rois 25, 13-16. Jér. 52, cieuses et des métaux recherchés, et c'est
17. D'après les rabbins, le temple de Zo de cette île que le cuivre (aes cyprium) a
robabel ne contenait plus qu'un seul cu reçu son nom. La position de Cypre était
vier, et Josèphe, dans sa description du une des plus avantageuses pour le com
temple d'Hérode, n'en mentionne aucun merce, et toutes ses villes s'enrichissaient
(Bell. Jud. 5, 5.). par ce moyen, Salamis, Paphos, Citium,
CYGNE. C'est ainsi que la Vulgate et Amathus, Arsinoé, Soli, etc. Les Juifs
nos versions traduisent l'hébreu Tinchi n'avaient pas été des derniers à s'y éta
meth, Lév. 11, 18. Deut. 14,16., et, com blir pour y faire des spéculations, et ils
me nous l'avons dit à l'article Chat-huant, s'y trouvaient en grand nombre lors du
cette traduction non-seulement n'a rien passage de saint Paul. Les Cypriens
contre elle, mais est encore favorisée par avaient une réputation bien établie de
le contexte. Luther a traduit par cygne, mollesse, de volupté , de luxe et de dé
Lév. 11, 17., le mot shalak, que nos ver bauche : l'extrême douceur du climat fa
sions ont rendu par plongeon , mais v. vorisait chez eux tous ces penchants, et
Cormoran. Calmet veut aussi rendre par c'était à Vénus qu'ils rendaient leurs
cygne l'hébreu Bath Yaaneh, que nous hommages. Les voyageurs modernes par
traduisons par autruche. Mais il n'y a lent encore avec enthousiasme de ce pe
que deux passages qui puissent à la ri tit paradis terrestre , et c'est là, si n0us
gueur se rapporter au cygne, et encore ne nous trompons, que M. Lamartine au
n'est-ce qu'en procédant par voie d'hy rait voulu finir ses jours, si la patrie ne
pothèse. Ce bel animal, si connu dans nos l'avait pas réclamé.
pays et dans des climats plus chauds, est Jusqu'au règne d'Alexandre, l'île fut
mis par Moïse au nombre des animaux divisée en neuf petites principautés, d'a-
impurs. Les païens l'avaient consacré à bord sous la domination perse, puis s0us
leur Apollon, sans doute à cause des sons celle des Macédoniens. Sous les Macca
harmonieux et poétiques qu'il rend, dit bées elle devint l'apanage de Ptolémée ;
on, lorsqu'il va mourir ; Horace l'attelle Caton l'Ancien la soumit à Rome; Au
au char de Vénus. guste en fit d'abord une province de s0n
CYMBALES. 2 Sam. 6, 5.1 Chr. 13,8. vaste empire, gouvernée par un préteur,
16, 5.42. Esd. 3, 10. Ps. 150, 5.1 Cor. puis il finit par l'émanciper, et nous la
13, M. L'un des plus anciens instruments voyons, Act, 13, 7., gouvernée par un
connus, fort aimé des Orientaux en gé proconsul cyprien.
néral, et employé par les Hébreux soit Paul, Marc et Barnabas y arrivèrent de
dans leurs réjouissances publiques, soit Séleucie, prêchèrent à Salamis, dans les
dans la musique du temple. Il y en avait, synagogues, et se répandirent de là dans
comme de nos jours encore, de deux es toute l'île pour annoncer l'Evangile aux
CYP 257 CYR
païens. Ils trouvèrent à Paphos, résidence bien choisi pour la construction de ces
du proconsul Serge Paul, un enchanteur objets, destinés à subsister dans l'eau
Ou faux prophète juif nommé Bar-Jésus, pendant un temps plus ou moins long ;
qui voulut s'opposer à la doctrine chré il vaut cependant mieux, dans ces deux
tienne, et tâchait de détourner Serge de passages, s'en tenir à l'idée générale d'ar
la foi, mais saint Paul frappa ce malheu bre résineux, car gopher s'applique à
reux d'un aveuglement momentané , ce d'autres objets qui ne sont pas le cyprès;
que le proconsul ayant vu, il crut et fut il signifie poix; gopherith signifie soufre,
rempli d'admiration pour la doctrine du et le mot allemand Kiefer signifie un pin
Seigneur. sauvage. — La Vulgate traduit encore par
Plus tard, Barnabas retourna en Cypre cyprès le mot Beroth, Cant. 1, 16., que
avec Marc, Act. 15, 39.; la tradition porte Luther et Martin ont rendu mal à pro
même qu'après avoir été évêque de cette pos par sapin (Tanne). Il est bien pro
le, il y trouva le martyre, qu'il fut lapidé bable, en effet, que ce mot Beroth ou sa
par les Juifs de Salamis, et que son corps forme plus ordinaire Berosch, Es. 37,24.
fut retrouvé sous le règne de l'empereur 55, 13. 60, 13, désigne le cyprès; le cy
lénon, ayant sur la poitrine un Evangile près seul pouvait être mis en parallèle
de saint Matthieu, qu'il avait copié lui avec le cèdre, Es. 14, 8. Zach. 11, 2.; le
mème de sa propre main. sapin ne le pouvait guère; cf. surtout
Conquise par les Arabes, reprise par l'emploi qui est fait de ce bois, soit pour
Richard-Cœur-de-Lion, Cypre fut, pen les lambris du temple, 1 Rois 5, 8. 6, 15.
dant plusieurs siècles, gouvernée par des 34., soit pour des mâts de vaisseaux, Ez.
rois de la famille des Lusignan, jusqu'en 27, 5., soit pour la confection de lan
1489 , elle fut ensuite vendue aux Véni ces, Nah.2, 3. (il s'agit évidemment d'une
tiens, et appartientauxTurcs depuis 1571; arme dans ce verset) ; soit enfin pour des
ils l'ont réduite à l'état le plus déplorable. instruments de musique, 2 Sam. 6, 5 : il
CYPRE. v. Troëne. ne peut être question du sapin dans ces
CYPRES, arbre toujours vert, massif, passages, non plus que Cant. 1, 16.; il
élancé, aux feuilles foncées, étroites, faut penser à quelque bois noble, solide
pointues, et dont le bois. sans être lourd, et beau, qui puisse rivaliser avec le cè
n'est jamais pourri ni vermoulu, résiste dre; la plupart des arbres ont déjà un
aux vers et à l'action de l'eau. On distin nom en hébreu ; le cyprès seul ne serait
glle le cyprès mâle aux branches hori nommé nulle part, s'il ne l'était dans ces
lontales, et le cyprès femelle dont les passages, et l'on ne comprendrait guère
branches s'élèvent obliques ou droites ; qu'un arbre aussi remarquable ne fût pas
C'est de ce dernier que l'on se sert le mentionné dans la Bible , quoiqu'il fût
plus ordinairement pour les travaux de très abondant en Palestine, et particuliè
charpente et de menuiserie. Il ne vient rement sur le mont Hermon.
que difficilement, dit Pline; son fruit est CYRENE, ville importante de la Libye
lllutile, ses feuilles sont amères, son supérieure ou Pentapolitaine, située à 16
ºdeur est trop forte, son ombre même kilom. de la mer, sur une plage africaine,
ºl dangereuse ; superbe et triste à la presque en face des trois promontoires
fois, il était regardé par les Romains com du Péloponèse, à 320 kilom. environ de
meun arbre de deuil, qu'on ne pouvait la capitale de l'Egypte. Ses ruines sub
employer qu'aux funérailles, ou dans d'au sistent encore sous le nom de Caïroan,
lres solennités lugubres. C'est du cyprès et ne comptent qu'un fort petit nombre
qu'il s'agit, selon quelques-uns, dans les d'habitants. Sous les Ptolémées, les Juifs
Passages, Gen. 6, 14. Ex. 2, 3., où il est formaient le quart de la population de Cy
Parlé de la construction de l'arche, et du rène, et jouissaient des mêmes droits que
berceau de Moïse. Le nom hébreu est Go les Cyréniens eux-mêmes. C'est là qu'était
Pher, et l'analogie de ce nom avec le nom né Simon, le père d'Alexandre et de Ru
ºin cupressus, appuierait cette traduc fus, qui eut le bonheur de soulager le
ºu, le cyprès était d'ailleurs tout à fait Christ dans sa marche vers Golgotha,
17
CYR 258 CYR
Matth. 27, 32. Marc 15, 21. Luc 23, 26. dix ans que les choses s'étaient passées, et
Plusieurs de ces Juifs de la Cyrénaïque rien n'était plus facile que de confondre
embrassèrent la foi chrétienne, Act. 11, deux recensements si rapprochés, et dont
20. 13, 1., mais un grand nombre aussi la distinction ne pouvait pas avoir un bien
furent comptés dans les rangs des adver grand intérêt pour l'histoire sacrée et
saires de l'Evangile, et saint Luc les cite pour l'édification des fidèles.
parmi les plus violents de ceux qui s'éle De ces deux dénombrements, le pre
vèrent contre Etienne, Act. 6, 9. — Après mier fut plus général, et pour tout l'em
la destruction de Jérusalem par Titus, les pire ;le second ne regardait que la Judée :
Juifs de Cyrène se soulevèrent contre Ca c'est à ce dernier que Gamaliel fait allu
tulle, gouverneur de cette province; mais sion, Act. 5, 37.
il furent facilement réduits et écrasés. CYRUS, fils de Cambyse, roi de Perse,
CYRENIUS, forme grecque du nom de et de Mandane, fille d'Astyage, roi des
Publius Sulpicius Quirinus, sénateur ro Mèdes. Il existe une demi-douzaine d'his
main, que l'histoire profane nous apprend toires et de biographies, toutes différen
avoir été consul l'an 742 de Rome , puis tes de ce prince fameux, par Hérodote,
758, cinq ans au moins après la naissance Xénophon, Ctésias, Justin, Valère Maxi
de Jésus, gouverneur de la Syrie, et de me, Diodore de Sicile, etc., sans parler
la Judée qui y était annexée. Après l'exil de toutes les fables et traditions orien
d'Archélaüs, il fut chargé de faire un re tales auxquelles sa prodigieuse carrière a
censement ou dénombrement du peuple. donné naissance. Nous nous en tiendrons
Jésus était peut-être alors âgé de dix ans.pour le moment aux données de Xén0
Ces données semblent en contradiction phon (Cyrop. 1, 107. sq.). D'après cet
avec ce qui est dit, Luc 2, 2., que le pre historien, Cyrus vécut jusqu'à sa dou
mier dénombrement (celui pendant le zième année à la cour de son aïeul ma
quel naquit notre Sauveur) fut fait lors ternel, fut mis, à l'âge de seize ans, à la
que Cyrénius avait le gouvernement de tête d'une armée envoyée contre le roi
Syrie. Il y aurait, en effet, une faute de d'Assyrie qui avait fait une irruption
chronologie à rectifier, 1° si l'on ne pou dans les états d'Astyage, et remporta la
vait pas traduire : ce dénombrement se victoire après une suite de brillants suc
fit avant celui qui arriva lorsque Cyrénius cès. Rappelé par son père, il rentra en
avait le gouvernement de la Syrie; ou en Perse et devint général en chef des trou
core : ce dénombrement se fit avant que pes de Cambyse ; il fit la guerre tantôt
Cyrénius, etc. ; 2° si l'on ne pouvait pas pour son compte, tantôt pour celui de s0n
admettre que Cyrénius, alors gouverneur oncle Cyaxare II, fils et successeur d'As
de la Cilicie, ait été envoyé en Syrie avec tyage, qui venait de mourir : il vainquit
mission extraordinaire , pour présider à successivement le roi de Babylone et ses
un dénombrement de la Syrie et de la Ju nombreux alliés, puis Crésus, roi de Ly
dée (Pétau, Grotius, Ussérius), pendant die, ce malheureux qui s'estimait le plus
que Sentius Saturninus était gouverneur fortuné des mortels, et qui sur le bûcher
de la Syrie (Tertullien) ; 3° si enfin il n'y fatal s'écria par trois fois : Solon !Solon!
avait pas des doutes sur l'authenticité de Solon! se rappelant que ce sage Athénien
ce verset (Théod. de Bèze dans ses trois lui avait dit un jour qu'on ne pouvait se
premières éditions, Olshausen, et d'autres prononcer sur le bonheur de personne
commentateurs). avant que sa carriére fût entièrement ter
Ce ne sont pas même là toutes les ex minée. Cyrus ayant appris ce fait rendit à
plications que l'on peut donner, et la l'illustre captif la vie avec la liberté, et
première seule suffirait; on en trouvera se fit un ami d'un ennemi. Après avoir
d'autres encore à l'article Quirinus, dans porté ses armes triomphantes dans pres
Winer, qui du reste ne les admet ni les que toute l'Asie Mineure, il repasse l'Eu
unes ni les autres, et conclut simplement phrate, marche contre l'Assyrie et vient
poursoncompte à un lapsus memoriœ chez assiéger Babylone. Cette ville est impre
saint Luc : il y avait plus de soixante et nable, ses murailles n'ont rien à redou
CYR 259 CYR
ter, ses habitants ont des provisions pour le bon plaisir de l'Eternel; Dieu dit : Il
plus de vingt années , le siége est inu est mon berger : Dieu l'appelle son oint ,
file; Cyrus alors conçoit le projet gigan Es. 44, 28. 45, 1., l'assimilant ainsi aux
tesque de détourner le cours du fleuve : rois d'Israël (1 Sam. 24, 7. 11. 2 Sam. 1,
les eaux vont se perdre dans les marais 14, etc.), soit pour indiquer qu'il avait
et les plaines voisines , et pendant que lui-même consacré Cyrus à la royauté,
Nabonned (Belsatsar) s'abandonne avec soit parce que Cyrus devait être chargé
tout l'orgueil de la sécurité aux débau de ramener le peuple de Dieu dans son
ches orientales, Cyrus s'avançant par le pays. Et lorsqu'après une longue attente,
lit de l'Euphrate pénètre dans la ville cet oint du Seigneur, ce Cyrus de la dé
(538 av. C.) et brise à jamais la puis livrance fut venu au monde, et qu'il eut
sance babylonienne, la monarchie des Cal accompli une partie de sa destinée, il sem
déens, la tête d'or qui va être remplacéeble avoir reconnu lui-même ce Dieu qui
l'avait nommé etsurnommé(désigné) lors
dans l'empire universel par la poitrine et
les bras d'argent, Dan. 2, 32. 38, 39. Ilqu'il n'existait pas encore : son langage,
fait en même temps préparer un palais Esdr. 1, 2., ne permet pas de douter qu'il
pour son oncle Cyaxare, et reçoit de lui n'ait reconnu le Dieu d'Israël pour le vrai
en récompense de ses longs et nombreux Dieu. L'Eternel, le Dieu des cieux, dit-il,
services la main de sa fille unique ( sa m'a donné tous les royaumes de la terre,
cousine germaine), et avec elle le droit et lui-même m'a ordonné de lui bâtir une
de succession à l'empire. Cambyse meurt, maison à Jérusalem. D'après le livre apocr.
Cyaxare meurt, et Cyrus, le puissant bé du Dragon, 1, 40., il aurait dit comme Da
lier à deux cornes, Dan. 8, 3.20., monte rius (1°, q. v.): Que tous les habitants de la
sur leurs deux trônes, et règne à la fois terre craignent le Dieu de Daniel, parce
sur la Perse et sur les Etats médo-baby que c'est le Dieu sauveur, qui fait des
loniens, 536 av. C. — A peine investi prodiges et des merveilles sur la terre,
de l'empire , l'un des premiers usages et que c'est lui qui a garanti Daniel de la
qu'il fait de son autorité, c'est de publier gueule des lions.Suivant le livre de Bel 1.,
Un édit par lequel il permet aux Juifs de Cyrus aurait toujours eu pour Daniel une
retourner dans leur patrie, Esdr. 1,1.5, estime et une affection toute particulière,
13. 6, 3. 2 Chr. 36, 22. cf. Dan. 1, 21.; cf. Dan. 6, 28.; quoique ces détails ne
il dit à Jérusalem : Sois rebâtie ! et au nous soient connus que par des livres
temple : Sois refondé ! Es. 44, 28. apocryphes, rien ne les contredit , et les
Il entreprit encore diverses guerres en déclarations de la parole de Dieu rendent
Syrie et du côté de la mer Rouge, et mou fort probables des rapports de cette na
rut enfin en 530, à l'âge de soixante et ture entre ces deux hommes. Il paraît
dix ans, selon les uns de vieillesse, selon d'ailleurs, par Josèphe (Antiq. 11, 1.), que
les autres dans un combat contre les Scy Cyrus a eu connaissance des prophéties
thes; leur reine Thomiris l'ayant attiré d'Esaïe, et que le passage qui le concer
dans une embuscade, lui aurait fait tran nait a été un des moyens dont Dieu s'est
cher la tête. D'autres disent qu'il fut at servi pour l'amener à sa connaissance.
taché à une potence, d'autres enfin qu'il Dans le passage Es. 21, 7. 9., qui se
Iſl0urut d'une blessure reçue à la ba rapporte à Cyrus, et où il est question
taille. d'unattelage mixte d'ânes et de chameaux,
L'histoire sainte nous donne naturelle quelques-uns ont voulu voir la réunion
ment beaucoup moins de détails sur Cy des troupes de la Médie et de la Perse ;
rus qne l'histoire profane, mais ce sont d'autres interprètes ont mis en avant l'o-
des détails bien autrements grands et so pinion suivante, que nous ne citons que
lennels. Déjà 240 ans avant la naissance pour son originalité, sans qu'il puisse être
de ce puissant monarque, elle l'appelle question de lui accorder aucune valeur :
par son nom, elle annonce la grande œu c'est que le conquérant dont il est parlé
Vre de restauration dont il sera le minis devait être une espèce de métis, issu de
tre; il est dit de lui qu'il accomplira tout deux animaux différents, ainsi que Cyrus
DAG 260 DAM
en effet naquit de deux sangs différents, de ces peuples, voisins de la mer, les pois
du sang des Perses par son père, du sang sons étaient un objet de culte (Hérodot.
des Mèdes par sa mère. A l'appui de ce 2, 72. Xénoph. Anab. 1, 4.9. etc.); et les
sens, l'on cite deux exemples où le nom Babyloniens eux-mêmes avaient une divi
de mulet est donné à Cyrus : Craignez, nité toute semblable, Odakon, mi-homme,
dit un oracle à Crésus , lorsqu'un mulet mi-poisson, l'un des quatre bienfaiteurs
commandera aux Mèdes; et Eusèbe (Pré de l'humanité connus sous le nom d'Oan
par. 9, 41.) rapporte, d'après un ancien nès, et qui remontaient jusqu'aux temps
auteur, que Nébucadnetsar, quelque temps du déluge (Creuzer's Symb. II, 74.78.).
avant sa mort, rempli de l'esprit prophé — D'après un système tout différent, Phi
tique, dit aux Babyloniens : Je vous an lon de Byblos fait dériver le nom de Dagon
nonce un malheur qu'aucune de vos divi de l'hébreu dagan, qui signifie froment,
nités ne pourra détourner; il viendra con blé; il en ferait une espèce de Dieu des
tre vous un mulet persan qui, aidé du se récoltes et des moissons. Cette opinion,
cours de vos dieux, vous réduira en ser partagée entre autres par Bochart, n'a
vitude. Ce sont des jeux de mots, et le guère d'autre appui que l'étymologie ;
texte cité d'Esaïe ne s'y prête pas même mais sous ce rapport la première se jus
dans le cas actuel. tifie également, et de plus elle a pour elle
Admirons cette bonté divine qui, dans des raisons historiques d'un grand poids.
l'exil de son peuple, et par cet exil mê Le temple de Dagon, mentionné Jug.
me, s'est rendu captive l'ame du grand 16, et qui fut renversé par Samson, de
Cyrus. Après l'avoir connu guerrier et vait être construit dans le genre des kios
héros dès nos premières études classi ques de la Turquie ; c'était une vaste
ques, nous le trouvons maintenant roi place entourée de colonnes, et couverte
théocratique, et nous le verrons un jour d'un toit plat sur lequel un grand nom
simple fidèle dans le royaume des cieux, bre de personnes pouvaient se réunir
avec bien d'autres encOre auxquels nous dans des circonstances solennelles et
sommes peut-être loin de penser. pour des réjouissances communes.
DAIM, Prov. 6, 5. v. Gazelle.
D DALMANUTHA, Marc 8, 10. La com
paraison de ce passage avec Matth. 15,
DABBÉSETH, Jos. 19, 11., ville in 39., montre que cette bourgade devait
connue, de la tribu de Zabulon. être située dans le voisinage de Magdala ;
DABRATH, ville située sur la frontière mais c'est tout ce que l'on en sait. D'au
des tribus d'Issacaret de Zabulon, Jos. 19, tres (Calmet, etc.), lisent au lieu de Mag
12., et qui fut donnée aux lévites, Jos. 21, dala Magedan, et comparent la ville de
28. l Chr. 6, 72. Elle est quelquefois ap Médan près du lac Phiala et des sources
pelée Dobrath. Reland la place, avec as du Jourdain, où les Arabes tiennent cha
sez de vraisemblance, au pied méridional que année une grande foire (medan en
du mont Thabor, où Burckhardt a trouvé arabe), qui a donné son nom à l'endroit :
un village nommé Dabury : on pense que c'est à la fois faux et forcé.
c'est le Dabeïra d'Eusèbe. DALMATIE. La province de ce nom,
DAGON, divinité nationale des Philis indiquée dans la Bible, 2 Tim. 4, 10.,
tins d'Asdod et de Gaza, non sans rap comme ayant été évangélisée par Tite,
ports avec Hastaroth et Derceto, Jug. 16, était, selon Pline III, 28., située dans l'an
23.1 Sam. 5, 1.4. sq. De ce dernier pas cienne Illyrie, au bord de la mer Adria
sage on peut conclure qu'elle avait une tique, entre les fleuves Titius et Drinus.
tête, des bras et des mains d'hommes; DAMARIS. Act. 17, 34. Cette femme
d'un autre côté, l'étymologie de ce nom que l'on peut supposer avoir été d'un
(dag, poisson) permet de croire que la rang élevé, et que quelques-uns font fem
partie postérieure de son corps se termi me de Denys l'aréopagite, fut du petit
nait en poisson, comme les tritons et les nombre de personnes qui se convertirent
syrènes des autres païens. Pour la plupart à Athènes par suite de la prédication de
DAM 261 DAM
la voix du ciel, et dans la ville, la rue et « Dan jugera son peuple, aussi bien
la maison où Ananias le baptisa. Cette qu'une autre des tribus d'Israël (Sam
maison fut d'abord changée en église, les son); qu'il sera un serpent sur le che
Turcs en ont fait une mosquée. C'est éga min , et une couleuvre dans le sentier,
lement avec les mêmes garanties qu'on mordant les cornes du cheval, et celui
montre dans les environs de Damas le qui le monte tombe à la renverse, » ce
10mbeau d'Abel, long d'environ 14 mè qui signifie que ses conquêtes et ses
tres, eu égard à la grandeur des pre victoires seront dues à la ruse plutôt
miers hommes. Quelques écrivains, tra qu'à la force (Gen. 49, 16. 17.). Moïse au
duisant le nom de Damas (Dammésec) un contraire dit de cette tribu : « Dan est
sac de sang, pensent que ce fut dans ses comme un jeune lion, » montrant ainsi
environs que se commit le premier meur que, si la ruse est son partage, la force
tre. cependant ne lui manquera pas.
2° La Syrie de Damas, ou Aram Da Quant aux raisons pour lesquelles cette
mas, est le nom qu'on donnait à la partie tribu ne se trouve pas mentionnée avec
de la Syrie qui formait le territoire de la les autres Apoc. 7, 5-8., les commenta
ville de Damas, au nord-est de la Pales teurs sont partagés : on pourrait penser
tine, 2 Sam. 8, 6. cf. Es. 7, 8. 17, 3. Am. que c'est parce qu'elle fut dès le com
1, 5. mencement le principal siége de l'idolâ
DAN était fils de Jacob et de Bilha, trie, Jug. 18, 1 Rois 12, 30. v. Tribus.
Gen. 30, 3. On avait assigné à la tribu DANIEL. 1° Troisième fils de David,
qui porta son nom un territoire entre les par Abigaïl, 1 Chr. 3, 1. — 2° Descen
tribus de Juda, de Benjamin et d'E- dant d'Ithamar, nommé parmi ceux qui
phraïm, Jos. 19, 40.; mais, outre que ces revinrent de la captivité de Babylone,
limites étaient passablement restreintes, Esdr. 8, 2.— 3° Prophète hébreu.
il paraît qu'il se passa un temps assez Daniel le prophète étaitd'une naissance
long avant qu'elle pût en chasser les Ca illustre , et même, selon Josèphe (An
nanéens et en prendre entièrement pos tiq. 10, 10.), il appartenait à la famille
session : c'est ainsi qu'il faut entendre royale et descendait directement d'Ezé
les passages, Jug. 1, 34. 18, 2. Ce fut là chias ; cf. 2 Rois 20 , 18. Fort jeune en
sans doute la cause de l'expédition contre core, àgé peut-être de 12 à 15 ans, il fut
la ville de Laïs, qui eut lieu déjà du temps emmené captif en Caldée , après la prise
de Josué, Jos. 19, 47., mais que nous ne de Jérusalem par Nébucadnetsar, la qua
trouvons racontée avec détails que Jug. trième année de Jéhojakim (av. C. 606).
18. La nouvelle ville qui fut construite Il fut élevé avec trois autres de ses com
sur l'emplacement de Laïs, reçut aussi le patriotes et compagnons d'àge pour le
nom de Dan. Ils possédèrent ainsi tout service de la cour, et reçut le nom de Bel
le cours supérieur du Jourdain, et la par tesatsar , Dan. 1, 7. 2, 26. Il se distin
tie septentrionale du pays, de sorte que gua par ses abstinences et sa fidélité, re
pour dire d'une extrémité à l'autre de fusa de se souiller en goûtant des mets
Canaan, on finit par dire proverbialement qui lui étaient défendus par la loi de Moïse,
de Dan à Béersébah, 1 Sam. 3, 20. etc. v. et commença, au bout de trois années de
Béersébah. Quant à l'ancien territoire de préparation, son service auprès du mo
la tribu, il avait pour voisins et pour enne narque. Les quatre jeunes gens ne tar
mis les Philistins, sous l'oppression des dèrent pas à gagner la confiance de leur
quels les Danites gémirent pendant qua maître par leur sagesse et leur science
rante ans, jusqu'à ce qu'enfin un homme admirables ; Daniel, en particulier, ayant
de cette tribu, Samson, les en eut délivrés, su rappeler au roi un songe remarquable
Jug. 13, 1. 2. Les Danites avaient des que celui-ci avait fait et qu'il avait en
vaisseaux, Jug. 5, 17., et l'on croit qu'ils tièrement oublié, et lui en ayant en même
possédaient la ville de Joppe au bord de temps donné l'interprétation, devint l'ob
la mer. jet d'une haute considération et fut élevé
Jacob, à son lit de mort, annonce que à la dignité d'inspecteur de la caste des
DAN 263 DAN
mages, 2, 46., charge qu'il paraît avoir troisième du royaume. C'était trop tard.
perdue cependant sous l'un des succes Darius le Mède, grand oncle de Belsat
seurs de Nébucadnetsar, et qu'il n'exer sar, et pour quiCyrus avait fait cette con
çait plus sous Belsatsar, 5, 10-16. C'est quête, s'empara du royaumeàl'àge d'envi
revêtu de ce titre nouveau qu'il fut ap ron soixante et douze ans; il continua d'a-
pelé auprès du roi pour lui expliquer un voir pour Daniel le même respect et la mê
second songe , mais personnel à Nébu me considération que luiavaient témoignée
cadnetsar, et plus terrible que le premier; ses prédécesseurs, il établit cent vingt sa
il lui annonça qu'il serait , pendant un trapes dans le pays, au-dessusd'euxtrois
certain nombre d'années, réduit à l'état gouverneurs, et Daniel comme leur chef.
de bête sauvage. Puis, pendant deux ou Darius fut le sixième roi que Daniel fut
trois règnes, ceux d'Evil-Mérodac, de Né appelé à servir d'une manière ou de l'au
riglissor et de Laboroso-Archod, Daniel tre dans l'administration; il servit encore
disparaît de la scène : les armes de Cy plus tard sous Cyrus, Dan. 6, 28. Cepen
rus remplissent déjà l'Asie , sa renommée dant l'envie et la malveillance ne dor
est portée sur toutes les bouches, ici la maient pas : la religion fut le moyen que
crainte, là l'espérance. Daniel, qui sait la l'on mit en avant pour perdre Daniel ; on
succession des monarchies et le renver arracha à Darius un édit par lequel tout
sement de Babylone par la puissance mé homme qui, pendant trente jours, adres
do-perse, Daniel qui sait que la fin de la serait des prières à une autre divinité
captivité, que le terme des soixante et dix qu'au roi lui-même, serait jeté aux lions.
années approche , Daniel enfin qui se Daniel, qui n'a jamais fait étalage de piété,
rappelle que c'est un guerrier du nom de ne craint point non plus de montrer sa
Cyrus qui doit présider au retour des foi; il doit l'exemple à ses coreligionnai
Juifs dans leur pays, dire à Jérusalem : res, il doit les soutenir dans ce combat
sois rebâtie, et à son temple : sois refon entre les dieux de Darius et Jéhova : sa
dé, Daniel attend dans le silence le déve position l'y oblige ; s'il cède, tous céde
loppement et l'accomplissement de ces ront , s'il persévère dans le bien, tous y
faits dont aucun autre peut-être n'a la persévèreront. Aussi, trois fois le jour il
clef. Puis, une nuit, pendant que Belsat ouvre sa fenêtre du côté de Jérusalem, se
sar est dans la salle du festin , Cyrus met à genoux, prie et célèbre son Dieu
marche dans le lit du fleuve mis à sec, et comme il faisait auparavant. Découvert,
l'ange écrit sur la muraille du festin des accusé, condamné malgré le roi que sa
mots mystérieux et redoutables. Après parole engage , on le descend dans la
avoir inutilement consulté les mages et fosse aux lions; mais ces animaux affamés
les devins, Belsatsar mande le prophète respectent l'oint de l'Eternel, et quand,
hébreu. Daniel apparaît; ses paroles sont au joursuivant, Darius, qui croit au Dieu
sévères; il parle à un roi puissant, mais de Daniel, s'approche avec une vague et
qui n'a plus que peu d'heures à vivre; il faible espérance de trouver son ami vi
lui reproche ses crimes et lui déclare que vant, Daniel lui répond : O roi, vis éter
le moment de la vengeance est arrivé : nellement. Mon Dieu a envoyé son ange,
bien loin de profiter de l'expérience de et a fermé la gueule des lions, tellement
sespères, il a résisté au vrai Dieu, il s'en qu'ils ne m'ont fait aucun mal, parce que
est détourné, il a foulé aux pieds les cho j'ai été trouvé innocent devant lui : et
ses saintes; les coupes et les vases sa même à ton égard, ô roi, je n'ai com
crés du temple de Jérusalem sont encore mis aucune faute. Daniel sort du tom
là, sur la table, pleins de vin, destinés à beau triomphant; ses ennemis, qu'on y
passer par les lèvres des courtisans et des jette avec leurs femmes et leurs enfants,
concubines royales. Frappé de terreur, sont dévorés « avant même qu'ils soient
et voulant essayer peut-être de parer le parvenus au bas de la fosse. » Le pro
coup fatal en s'amendant à la hâte, Bel phète reprend dans l'empire son rang et
Satsar fait revêtir Daniel d'écarlate, lui son autorité, Dan. 6, 11.; c'est en grande
met un collier d'or au cou, et le déclare le partie à son influence qu'il faut attribuer
DAN 264 DAN
Susanne, de Bel et du Dragon; on les danse, 2 Sam. 6, 14. 16., Matth. 14, 6.
compte ordinairement à part. v. Apocry Elles faisaient partie des réjouissances
phes. particulières, Luc 15, 25.; on les trouve
Le livre de Daniel contient des vérités aussi pratiquées dans les réjouissances
tellement précises, les miracles qu'il rap publiques , accompagnant les récoltes ,
porte sont si inexplicables, qu'il devait Jug. 9, 27., les fêtes politiques, 1 Sam.
être une pierre d'achoppement pour tous 18, 6. 21, 11. 30, 16., et même les fêtes
les ennemis de la révélation : aussi les religieuses, Ex. 15, 20. Jug. 21, 19-21.
voyons-nous se liguer dans leurs atta 2 Sam. 6, 5. 14. Les femmes s'accompa
ques contre son authenticité, depuis le gnaient du tambourin, Jér. 31, 4., quel
païen Porphyre jusqu'aux rationalistes quefois on y joignait le chant, 1 Sam. 18,
modernes inclusivement. Cette authenti 7. 21, 11., et des instruments de musi
cité, cependant, repose sur des preuves que, cymbales et autres, 2 Sam. 6, 5. Ces
assez solides et assez nombreuses pour danses, en général d'un caractère reli
que sous ce rapport Daniel puisse se me gieux, se justifiaient par le besoin natu
surer avec tout autre livre de l'antiquité rel à l'homme d'exprimer sa joie, sa re
hébraïque. Il existait déjà en collection connaissance pour son Dieu, aussi bien
du temps des Maccabées, 1 Mac. 2, 59, par les mouvements de ses membres, que
60., et Josèphe nous apprend, Ant. 11, par les sons de sa voix ; mais elles n'a-
85., qu'il fut présenté à Alexandre-le vaient aucun rapport avec les dissipations
Grand, fait dont nous n'avons aucune rai et les danses toutes charnelles, habituel
Son de douter. L'auteur montre aussi une lement voluptueuses, des bals et ballets
connaissance si approfondie des mœurs et modernes. On peut conjecturer d'ailleurs
des événements de l'époque dont il parle, qu'elles ressemblaient à quelques égards
qu'il serait difficile d'admettre que ce li aux danses à la fois énergiques et gra
vreait été écrit à une époque postérieure. cieuses de l'Orient actuel. — Plus tard
Enfin et surtout, nous avons en faveur seulement on vit paraître dans le voisi
de son authenticité le témoignage solen nage de la Palestine, et peut-être en Pa
nel de notre Sauveur, qui ajoute : que ce lestine même, des danseuses étrangères,
lui qui lit ce prophète y fasse attention , prostituées et musiciennes, vraies baya
Matth. 24, 15. dères, parcourant les villes, et les amu
Pour l'étude de ce livre difficile nous sant de leurs chants et de leurs danses,
indiquerons parmi les meilleurs ouvrages Es. 23, 16.
à consulter, le Commentaire de Calvin , DARDAH, 1 Rois 4, 31., v. Ethan.
l'Apologétique de Sack, Hengstenberg's DARIUS. Trois rois de ce nOm SOnt
Beitrœge zur Einl. in das Alte Test., le mentionnés dans l'Ecriture, et le nom
commentaire de Haevernick, en anglais même de Darius qui signifie en persan
Tregelles, et en français les Leçons sur un roi, semble indiquer que c'était une
le prophète Daniel, données dans une espèce de titre dynastique commun à tous
école du dimanche, par M. Gaussen. les rois de ce pays, mais plus particuliè
DANNA , Jos. 15, 49., ville de Juda si rement porté par quelques-uns.
tuée dans les montagnes. 1° Le premier dont la Bible nous parle
DANSE. De tout temps les Hébreux est Darius le Mède fils d'Assuérus (As
paraissent avoir été grands amateurs de tyage) et connu dans les historiens grecs
la danse, Prov. 26, 7. Eccl. 3, 4. C'étaient sous le nom de Cyaxare II (Josèphe An
principalement les femmes et les jeunes tiq. X, 11, 1.), d'Astyage dans l'apocry
filles qui s'adonnaient à cet exercice, Jér. phe Dan. 14, 1. Ce fut lui qui avec le
31, 4.Jug. 21, 21., et les enfants les imi secours de Cyrus son neveu réunit à ses
taient dans leurs jeux au milieu des rues, états l'empire babylonien (538 av. C.), et
Matth. 11 , 17. Luc 7, 32.; plus ordinai commença la seconde monarchie annon
rement, les danses se composaient de cée par Daniel. Sur la fin de son règne,
chœurs et de groupes; on voit cependant il se livra à la mollesse et aux plaisirs, et
aussi quelques exemples de solos de abandonna l'exercice de l'autorité royale
DAR 266 DAT
à Cyrus dont il avait fait son gendre, et de son cheval, monta sur le trône aprèsle
qui bientôt fut son successeur dans les mage Smerdis, vers l'an 522 av. C. La
empires réunis. Le trait principal de son 2° année de son règne, et à la parole
règne est, à côté de son affection et de d'Aggée et de Zacharie, il confirma, mal
son estime pour Daniel, la faiblesse avec gré les nombreux ennemis des Juifs,
laquelle il signa le fol édit qui défendait la permission que Cyrus avait donnée de
à tous ses sujets d'adresser des vœux à reconstruire le temple de Jérusalem, et
un autre qu'à lui pendant l'espace de qui avait été momentanément retirée sous
trente jours; cette impie mesure qui flat le règne d'Artaxercès, Esd. 6, 1-15., cf.
tait son orgueil, et qu'il n'avait pas exa 4, 5.24. 6, 1. Agg. 1, 1.2, 1. Zach. 1, 1.
minée davantage, eut pour conséquence Son royaume s'aggrandit par plusieurs
(comme elle avait eu pour motif chez les conquêtes : ce fut sous lui que se révolta
ambitieux ennemis du prophète) l'arresta Babylone, désireuse de retrouver son in
tion de Daniel et sa condamnation. Da dépendance première, mais après un siège
rius, esclave de sa parole et le jouet de et des horreurs sans pareilles, et à la tête
Ses courtisans , crut devoir livrer celui de toutes ses troupes, il fit rentrer cette
qu'il avait établi naguères gouverneur ville dans la soumission , ayant accom
de toutes les satrapies du royaume, et le pli, sans le savoir, les prophéties juives
fidèle fut jeté aux lions. Au milieu de ces d'Esaïe, 47, 1. 48, 14, et de Jérémie, 50,
bêtes féroces et affamées, le vieillard passa 8.9. 51, 1.6.9. 45., cf. Zach. 2, 7. On
une nuit plus tranquille que le malheureux peut remarquer aussi que dans ces pas
mOnarque dans sOn palais et sur sur sa cou sages Dieu donna aux Juifs renfermés
che royale. Dariusavait cependant quelque dans Babylone , le conseil pressant de
faible espérance; un miracle ne lui parais quitter cette ville avant le siége redouta
sait pas impossible : Ton Dieu, lequel tu ble dont elle est menacée.— Bossuet croît
sers incessamment, sera celui qui te déli reconnaître en lui l'Assuérus du livre
vrera, avait-il dit à Daniel; mais avec cette d'Ester ; mais v. cet article.
faible foi de païen, chargé d'ailleurs, dans 3° Darius de Perse. Le roi ainsi nommé,
sa conscience, d'un meurtre qu'il se re Néh. 12, 22., est très probablement Da
prochait à lui-même, parce qu'il eût pu rius Nothus fils d'Artaxercès Longuemain,
le prévenir et l'empêcher, fatigué peut dont le règne très agité dura dix-neufans,
être aussi de se voir la victime de ses in et qui mourut vers l'an 406 av. C. Josèphe,
solents serviteurs, Darius ne put fermer Grotius et Leclerc ont cru qu'il s'agissait
l'œil de toute la nuit; il se rendit à l'aube plutôt du règne de Darius Codoman, par
du jour, et en grande hâte, vers la fosse ce que le souverain sacrificateur Jadduah,
des lions, pour voir si Dieu avait, dans qui semble indiqué dans ce verset comme
sa bonté , réparé le mal que lui, dans sa contemporain de Darius, était à Jérusalem
folie , avait ordonné ou laissé faire. Da lorsque Alexandre le Grand s'approcha
niel était sauvé; on ne trouva en lui au de cette ville, et l'on connaît le rôle qu'il
cune blessure , parce qu'il avait cru en joua dans cette circonstance. Mais on
son Dieu. Alors Darius, comme tous les peut très bien admettre que son père
esprits faibles qui passent promptement Johanan ait seul été contemporain de Da
d'un extrème à l'autre, fit jeter aux lions rius, et Néhémie peut avoir encore vu,
les accusateurs du prophète et leurs fa avant de mourir, le jeune Jadduah com
milles, pensant, par sa cruauté, racheter mencer à exercer la charge de sacrifica
sa faute et expier sa faiblesse. Il réinté teUll'.
gra Daniel dans ses fonctions, et publia DATHAN, frère d'Abiram, q. v.
un édit remarquable qui semble prouver DATTES. Le dattier, maintenant assez
que la délivrance miraculeuse de son mi rare en Palestine, y était autrefois très
nistre favori avait produit une profonde abondant, surtout dans les environs de
impression sur son âme, Dan. 6. Jéricho, de Hen-Guédi, et du lac de Gé
2° Darius fils d'Hystaspe, qui, à l'aide nézareth. C'est l'arbre que nos versions
du hennissement frauduleusement obtenu ont traduit par palme ou palmier, indi
DAv 267 DAv
quant le genre sans désigner l'espèce, que de fils de David. David naquit à
Jug. 4, 5. Joel 1, 12., cf. Josèphe Ant. Bethléhem , 1085 ans av. C. Samuel avait
15, 4.2. Pline 13, 6. Un retrouve le dat alors cinquante-quatre ans. L'heureuse
tier sur des monnaies romaines comme influence du dernier des juges répandait
symbole de la Palestine, et la ville de Jé la piété et la prospérité chez les Israélites.
richo avait reçu le nom de ville des dattes, Le septième et dernier fils d'lsaï, occupé
à cause de la quantité de ces arbres qui dans sa jeunesse à paître les troupeaux,
se trouvaient dans son voisinage. Il y en avait dix-neuf ans lorsqu'il fut désigné,
avait aussi en Egypte, en Perse et en par l'onction sainte répandue sur sa tête,
Arabie, Ex. 15, 27., et ils étaient regar poursuccéder, sur le trôned'Israël, à Saül,
dés dans ces contrées comme des arbres désobéissant et rejeté. Néanmois sa des
utiles et des plus précieux. Le dattier re tinée ne devait se dérouler que successi
cherche les terrains chauds et sablon vement, et Dieu, pour le préparer au
neux, mais sans craindre l'humidité. Il trône, le fit passer à travers bien des vi
s'élève souvent jusqu'à la hauteur de 30 cissitudes et des dangers. Peu après son
mètres, et atteint l'âge de deux siècles. sacre, il fut appelé auprès de Saül pour
Son tronc droit et élancé porte à son distraire, par le charme de la musique, la
sommet un bouquet de branches feuillées, mélancolie du roi que possédait un mau
élégamment recourbées vers la terre, vais esprit. Rentré chez son père , après
assez longues d'abord, mais se raccour le succès de ses soins, il ne tarda pas à
cissant de beaucoup vers le haut de l'ar se faire connaître de nouveau du roi et
bre. Ses fruits sont ramassés en grappes du peuple par sa victoire sur Goliath, le
nombreuses; ils ont la forme de glands, géant Philistin. Il est beau de voir un
mais sont plus grands et recouverts d'une jeune homme de vingt-trois ans, soutenu
peau rougeâtre : ils offrent un manger par sa foi, s'avancer avec une fronde et
délicat, très goûté en Orient, soit frais cinq pierres du torrent, contre un ennemi
et tels qu'ils sont cueillis sur l'arbre, colossal armé de toutes pièces. Il rem
soit pressés en petits gâteaux. On en fait porta la victoire parce que Goliath s'était
aussi une espèce de liqueur connue sous confié dans sa force et avait défié le Dieu
le nom de vin de dattes, et fort estimée; d'Israël, au nom duquel David se présen
v, Cervoise. Après que le premier jus a tait pour le combattre. Dès ce moment,
été exprimé, on verse de l'eau sur les David entra définitivement au service du
dattes qu'on laisse ainsi macérer quelques roi, qu'il ne quitta plus. Mais la jalousie
jours, et l'on en fait une nouvelle liqueur, de Saül , excitée par les louanges du peu
un petit vin peu agréable, mais dont on se ple, s'alluma bientôt contre David et, sauf
Sert volontiers comme rafraîchissement. quelques intermittences, ne cessa de le
Avec les branches de l'arbre, on fabri poursuivre avec un acharnement toujours
que des paniers, avec leurs fibres des croissant. La protection divine, qui repo
c0rdes, avec les feuilles des nattes, et le sait sur David , fit tourner à sa gloire, à
tronc même, quoique assez mou intérieu sa popularité, à l'affermissement de son
rement, comme celui des monocotylédo royal avenir, les missions périlleuses
nes en général, est assez solide au de confiées à sa jeunesse par le mauvais vou
hors pour qu'on puisse l'employer comme loir de Saül, et consacrées par l'enthou
bois de charpente (Xénoph. Cyrop. 7, 5. siasme et la confiance de l'armée. Saül ,
11.)—Gen. 43, 11., v. Pistaches. après avoir , dans le mariage de sa fille
DAVID, fils d'Isaï, de la tribu de Juda, ainée , manqué à la promesse qu'il avait
comptait parmi ses ancêtres Ruth la Moa faite au vainqueur du Philistin, voulut
bite, Rachab l'hôtelière de Jéricho, et faire servir à l'assouvissement de Sahaine
Tamar la Cananéenne. Il fut le chef de l'amour que Mical, sa seconde fille, éprou
la dynastie des rois de Juda, et le Christ, vait pour le jeune capitaine. La prudence
qu'il avait préfiguré dans sa royauté, est et la vaillance de David déjouèrent ces
sorti de sa race, et a porté, comme l'hé perfides manœuvres; Saül dut l'accepter
ritier de son trône, le nom caractéristi pour gendre, et sensible aux remontran
DAV 268 DAV
de Jonathan son fils, l'ami de David, il évitable ou de faire la guerre à son peu
imposa pour un moment silence à son ple, ou de tirer perfidementl'épée contre
injuste animosité. Ce ne fut qu'une trève. un bienfaiteur trop confiant, dont il avait
Les succès du héros d'Israël , dans la accepté l'hospitalité. La méfiance des Phi
guerre qui venait de recommencer contre listins, en le faisant renvoyer, lui épargna
les Philistins, rallumèrent les flambeaux un crime; la prise de Tsiklag, qu'il trouva
de la jalousie et de la haine dans le cœur brûlée et pillée par les Hamalécites, pa
de son puissant ennemi. Deux fois, lors raît avoir été le châtiment dont Dieu se
que la harpe de David cherchait à soula servit pour le faire rentrer en lui-même.
ger les souffrances morales de Saül, souf Près de périr par la main des siens, que
frances d'envie et de rage qui s'irritaient
l'enlèvement de leurs femmes, de leurs
peut-être de leur injustice même, deux enfants et de leurs biens avait exaspérés,
fois, joignant l'ingratitude à la folie ,il se fortifia en son Dieu, apaisa ses
Saül avait cherché à clouer contre la pa gens, poursuivit et atteignit les pillards,
roi, d'un coup de javeline, son chantre reprit tout ce qu'il avait perdu, et fit en
fidèle et dévoué. Parvenue à son comble, outre un immense butin. C'est ce butin
la fureur de Saül force David à s'enfuir. qui lui servit à regagner, par des pré
Délivré une première fois par la puissance sents faits à propos, la bienveillance des
de l'esprit de Dieu qui, en se répandant principaux Israêlites.
sur les émissaires de Saül, et en gagnant Sur ces entrefaites, la mort de Saül lui
Saül lui-même, les contraint d'oublier, ouvrit les avenues du trône, et la tribu
aux pieds de Samuel, leurs mauvais des de Juda le reconnut pour son roi. Il avait
seins, et de glorifier le Seigneur, David trente ans alors; il choisit pour résidence
est bientôt contraint de fuir de nouveau. l'antique ville d'Hébron.Is-Boseth, fils de
Il est secouru par Ahimélec et l'enve Saül, fut mis à la tête d'Israël par les
loppe dans sa disgrâce. Puis, après avoir légitimistes de l'époque, et une longue
tenté de se réfugier auprès d'Akis, roi guerre s'en suivit. La défection et la mort
de Gath, et après avoir placé son père et d'Abner, la trahison de Bahana et de
sa mère en lieu de sûreté, il se met à Récab, qui assassinèrent Is-Boseth, y
parcourir le pays à la tête de gens mal mirent un terme. David, en punissant de
heureux comme lui, vivant dans les lieux mort les meurtriers de Saül d'abord, puis
écartés et mettant sa troupe, forte d'en les lâches assassins du fils de Saül, se
viron 400 hommes , au service de ses montra juste et récompensa dignement
concitoyens, pour les protéger contre les les traîtres. On regrette qu'il n'ait pas
incursions des peuples environnants. montré la même fermeté envers Joab, son
Dans les montagnes, trahi par ceux-là neveu, meurtrier d'Abner. Le crédit et
même qu'il avait aidés et délivrés, il n'é- l'influence de ce vaillant homme de guerre
chappe à la mort que grâce aux mer auprès de l'armée le sauvèrent; David
veilles réitérées de la protection divine, n'osa pas en le punissant compromettre
et, par deux fois, il épargne Saül qu'il une autorité faible encore et précaire.
avait l'occasion de frapper à coup sûr. Maître de tout Israël, à l'âge d'environ
L'ingratitude et la persévérance de son quarante ans, David prend Jérusalem sur
ennemi lassent enfin sa constance et sa les Jébusiens, et y fixe sa résidence. Il
foi, il se retire chez les Philistins, et re abaisse et humilie les Philistins, ces enne
çoit Tsiklag pour refuge et habitation. mis constants du peuple de Dieu. L'arche,
Cette faute grave fut punie par la posi qui depuis la mortd'Héli, était restéesépa
tion fausse et difficile où il se trouva rée du sanctuaire, est conduite avec pom
placé chez les ennemis de son peuple, pe et aux acclamations unanimes du peu
obligé de vivre pendant deux ans envi ple, dans un tabernacle dressé pour elle
ron dans la dissimulation, le mensonge en Sion. David projette la construction
et la cruauté. A la bataille de Guilboah, du temple ; Dieu réserve cette gloire à
conduit par Akis dans les rangs des Phi Salomon, mais prononce dans cette occa
listins, il se trouve dans l'alternative in sion solennelle l'oracle qui fixe dans la fa
DAV 269 DAV
tainement des coupables. La famine fut dégage des nuages pour embraser la terre
pour les Israélites une leçon haute et et les cieux de l'éclat de ses derniers
importante. Ils apprirent par là que le rayons, ainsi les derniers actes publics
Dieu d'Israël, bien que leur protecteur de David , relatifs à la construction du
suprême, ne faisait aucune acception des temple, ont une grandeur et une beauté
personnes : Dieu recherchait sur son peu de foi toute particulière , et couronnent
ple, même en faveur de profanes Cana dignement la vie de ce grand serviteur
néens , les iniquités commises contre de Dieu. Il mourut âgé de 71 ans, en
ceux-ci ; le châtiment leur rappelait que laissant, suivant une dispensation di
le seul titre personnel à la faveur divine vine, le trône à un fils de Bath-Séba.
se trouve dans la justice et dans l'obéis Le testament de David, les ordres qu'il
S:lIlC6º. donna à Salomon, concernant Joab et
Les dernières années de David furent Simhi, se justifient clairement aux yeux
consacrées aux immenses préparatifs de de quiconque les examine avec foi et avec
la construction du temple, réservée à Sa impartialité. David, par diverses causes,
lomon, mais que David eut toujours de au fond desquelles se trouvait une cou
vant les yeux. Moins agitées que les pré pable faiblesse, avait laissé vivre ce ne
cédentes, elles furent cependant trou veu qui, chéri de l'armée, était « trop
blées par le péché du dénombrement, puissant pour lui. » Joab avait d'ailleurs
et par la conspiration d'Adonija. L'or mis le comble à ses crimes, en partici
gueil présida au dénombrement du peu pant à l'entreprise d'Adonija. David or
ple. ll fallait que ce péché fût bien évi donne à Salomon de faire justice. - Da
dent, puisque Joab même, le sanguinaire vid, comme homme, avait pardonné à
et mondain Joab, reprit David à ce sujet. Simhi, et l'avait laissé vivre en paix tout
Toutefois le cœur du roi se montre en le temps que lui-même avait vécu ; main
core dans sa piété généreuse , dans sa tenant qu'il va mourir, qu'il n'a plus rien
confiance pleine et entière en son Dieu, à faire avec les passions de la terre, qu'il
lorsque,appeléà faire le choix douloureux a entièrement et jusque au bout donné
d'un châtiment, il préfère tomber dans la preuve de la sincérité de son cœur en
les mains de celui dont les compassions pardonnant, il peut laisser venir le tour
sont en grand nombre. La mortalité qui de la justice, et faire châtier par le roi
punit l'orgueil de David et décima son son fils un crime contre la royauté. Sa
peuple, est une preuve de plus que le droit conduite envers les meurtriers de Saül et
de Dieu sur les hommes pécheurs est de d'Is-Boseth montre la droiture de son
les faire périr quand et comme il le veut, caractère dans les affaires de ce genre, et
et en même temps, que le dernier mot de prouve que son unique préoccupation
sa justice distributive est réservé pour était le châtiment d'un sujet rebelle, sans
une autre dispensation. A cet événement qu'il s'y mêlât aucun sentiment de ran
se rattache le choix de l'emplacement du cune personnelle.
temple ; ce choix, marqué par un sacrifice Le rôle de David , dans l'histoire du
en dehors du rite lévitiqne , et par une peuple d'Israël, a été capital. ll est le
expiation efficace, puisque c'est là que fondateur de la royauté théocratique. Il
l'ange apparut et que la plaie s'arrêta, a été ce que Saül aurait pu, mais n'a pas
avait ainsi une valeur typique , et rece voulu être. La fondation de la royauté
vait d'en haut une consécration indispen était une déviation du principe de la théo
sable sous l'économie mosaïque. cratie; cette déviation devait trouver son
Comme un flambeau consumé jette un correctif dans le caractère personnel du
dernier éclat avant de s'éteindre, nous re roi et dans l'esprit de la royauté. Saül,
trouvons la fermeté, la décision, l'humi demandé par le peuple, s'est trop souvenu
lité, la piété, tous les beaux traits du ca de l'origine de sa puissance ; il a tout sa
ractère de David, dans sa conduite au su crifié à la popularité. Ce fut la source de
jet de la tentative d'Adonija. Et comme ses désobéissances et la cause de sa ré
le soleil couchant,avant de disparaître, se jection. David a été l'homme selon le
DAV 271 DEB
cœur de Dieu; il a été roi de la part de cœur chaud et dévoué. Sur tous les trô
Dieu, pour diriger le peuple dans les nes et dans tous les temps, il eût été un
voies divines, non pour complaire au peu monarque distingué, le héros de son peu
ple,et par une fatale complaisancel'égarer ple. L'histoire profane, étrangère à l'aus
loin de Dieu. C'est là le trait saillant qui tère simplicité du style biblique, n'eût
distingue les deux rois et les deux royau pas manqué d'exalter ses rares vertus, sa
tés.Celle de Saül (q. v.) a été mondaine, gloire et ses triomphes; elle eût caché ou
celle de David a été sainte. A ce titre il a pallié ses chutes. Il ne pouvait en être de
été type du Messie, et il a eu l'honneur même dans le récit inspiré , car c'est à
d'ètre le dernier des patriarches, ancêtres Dieu seul qu'appartient la gloire; la Bi
désignés du Sauveur. ble a été écrite pour nous donner des
L'œuvre de David, comme prophète, exemples à suivre et non des hommes à
n'a pas été moins importante. Sans par idolâtrer. Mais , pour qui sait apprécier
ler des prédictions nombreuses et dé les choses, pour qui accompagne David
lillées relatives au Christ, qui sont ré d'un œil clairvoyant au milieu des vicis
pandues dans les psaumes ; sans parler situdes si diverses d'une carrière longue
de cet admirable recueil auquel son nom et remplie, pour qui lit dans les mouve
se rattache, et dont il a écrit la plus ments de cette âme si droite, si chaleu
grande partie (v. Psaumes), il fut l'au reuse, souvent si grande dans ses pre
leur d'une révolution importante dans le miers élans, si habituellement dirigée par
culte mosaïque, révolution correspon la pensée et l'amour du Seigneur, l'éloge
dante à la construction du temple qui a biblique si remarquable qui lui a été dé
été son œuvre, autant et plus peut-être cerné à tant de reprises, malgré les côtés
que celle de Salomon. Depuis la mort sombres de sa conduite, n'aura rien qui
d'Héli, l'arche ne se trouvait plus dans le étonne, et l'on répétera avec une convic
sanctuaire, et le culte n'était plus qu'im tion croissante, que c'était bien là « l'hom
parfaitement célébré. Il n'a même pu l'ê- me selon le cœur de Dieu. »
tre de nouveau d'une manière complète L'histoire de David embrasse le pre
que dans le temple où il a été restauré mier livre de Samuël, depuis le chap. 16 ;
avec une splendeur inconnuejusqu'alors : tout le second livre de Samuël, et 1 Rois
David a d'avance organisé le service et 1-2,. Elle est reproduite avec plus ou
lesfonctions des lévites, qui, n'étant plus moins de détails, 1 Chr. 11-29. Son nom,
chargés du transport d'un tabernacle qui signifie bien aimé , reparaît conti
longtemps errant, désormais fixé, deve nuellement dans l'Ancien Testament, et
maient disponibles pour d'autres fonc une quarantaine de fois dans le Nouveau.
ſions. Celles de gardiens et de chantres DÉBIR. Deux villes de ce nom. 1° Une
leur furent dévolues. Cette fonction de dans la tribu de Gad, Jos. 13, 26. 2" Une
chantres qui coïncide avec la première autre qui paraît avoir été située dans le
formation du Psautier signale l'introduc voisinage d'Hébron, Jos. 10, 38.; elle
tion de l'élément de l'édification directe, s'appellait auparavant Kiriath - Sépher,
qui d'abord se mêle au culte typique, pour Jos. 15, 15.; lors de la conquête les en
le remplacer presque entièrement plus fants d'Israël l'enlevèrent aux Cananéens,
lard. Le symbole, à peu près la seule for Jos. 10, 38. Elle fut d'abord incorporée
me du culte sous Moïse, fut aux diffé à la tribu de Juda, 15, 49., puis plus tard
rents âges de l'église judaïque, successi cédée aux sacrificateurs, 21 , 15. 1 Chr.
Wement mélangé avec la parole qui, sous 6, 58.
le christianisme, occupe le culte presque DÉBORA. 1° Nourrice de Rébecca :
entier, et n'a laissé au symbole qu'une elle accompagna en Canaan la jeune fian
place, éminente il est vrai, mais restreinte cée d'Isaac, et paraît avoir été dès lors
dans ce qu'on appelle d'ordinaire les sa traitée avec beaucoup d'affection et de
CI'éIllentS. respect par la famille du patriarche, Gen.
· Tel a été David, homme d'une haute 24, 59. 35, 8. Elle fut ensevelie au-des
Intelligence, d'un noble caractère, d'un sous de Béthel, sous un chêne.—2° Fem
DED 272 DEL
et se livra à cette femme qui le livra aux trer dans l'arche avec sa famille et les
ennemis d'lsraël, Jug. 16.
- - | animaux, Gen. 7, 1. 4.'
DELUGE. lmondation extraordinaire et | 17° jour. — Noé entre dans l'arche un
universelle arrivée l'an du monde 1656 jour de sabbat, et immédiatement la pluie
(2348 av. C.), par laquelle Dieu détruisit | de 40 jours commence, 7, 13. 4.10.11.
rnlièrement toutes les créatures vivantes 12. -
que Moise y ait voulu rattacher la chro Mois intercalaire, Beadar, de 29 jours.
ºlogie du déluge.La computation desan 20e jour. — Dernier jour de la per
ºs de douze mois ordinaires du calen manence des hautes eaux, et fin des 150
ºrier juif ne pouvant suffire aux périodes jours.
dºctroissement, de décroissement et de | 21e jour. — Les eaux commencent à
diminuer. Les sources de l'abîme et les
*jºur des eaux, nous avons été conduits
**upposer que l'année du déluge doit bondes des cieux sont fermées, et le vent
ºir été une de celles où se trouvait le souffle. Peut-être est-cece vent qui poussa
ºis intercalaire de Beadar. Voici ce ca l'arche jusque sur le lieu où elle devait
lendrier : - - s'arrêter, 8, 1. 2. 3. Il semble aussi que
-
º Les causes morales sont indi diluvien , et qui dura quarante jours et
º, ſien. 6, 5-13.; ce sont les péchés quarante nuits, fut la troisième, et proba
ºlummes, leurs extorsions, leur vio blement la moins importante des causes
º, leur mépris de Dieu et de ses com qui amenèrent le déluge. On pourrait
"lemenls. Les causes physiques peu croire que la nouveauté de ce phénomène
ºl se découvrir, Gen. 1, 6.7.9. et 7, parut alors si extraordinaire, que les mots
ll lt Avant le déluge, les eaux appar « les fontaines de l'abîme et les bondes
º à notre planète n'étaient pas dis des cieux » ne se trouvent là que par
º comme elles le sont à présent : amplification , comme par une figure de
ºh lerre antédiluvienne il ne pleuvait rhétorique : mais si l'on fait attention au
º* 5 , l'atmosphère de notre globe texte, l'on verra que la pluie me tombe
ºlourée dune couche liquide,com que pendant quarante jours, 7, 17., tan
ºe sphère aqueuse, désignée dans dis que les eaux continuent à croître par
º par le nom d'eaux supérieures, trois degrés bien marqués, après qu'elle
# qui sont au-dessus de l'étendue . a cessé de tomber, v. 18. 49. 20., crois
ºººux C'est probablement la rup
life del'équilibre de ces eaux que l'Ecri
sance qui ne pouvait plus être attribuée à
la précipitation de l'humidité contenue
"ºitie en disant que, lors du dé dans l'atmosphère.
* les bondes des cieux furent ou En considérant comme des effets ces
lºis , 1, 1I. trois déplacements des substances liqui
"maire côté la Bible, par l'expres des de notre planète, diverses causes ont
" abimes , semble indiquer des été proposées pour en expliquer l'origine.
*deaux souterraines dont l'impor Nous ne répéterons pas ici les théories
*mºusestinconnue ; ce sont les eaux fantastiques de Woodward, Whiston,
ºquelles la terre est fondée et éten Scheuchzer, Demaillet, Lamarck, Rodig,
º 24,2.136, 6, et qui ont été ras Patrim et autres; mais il en est une, celle
ººmmeenunamas dans les lieux de Burnet, qui mérite d'être citée comme
ºdeliterieur de laterre, Ps. 33,7. pius conforme à certains passages de la
ºnt lientlesentraillesduglobe Bible et à certains phénomènes naturels.
DEL 276 DEL
la science avec ce que nous dit la Bible, Bible en nous donnant, Gen. 2, la des
et nous y trouverons un accord remar cription d'une partie du monde antédilu
quable. En parlant des hommes antédilu vien, emploie les noms de lieux actuelle
viens, Dieu dit : « Je les détruirai, et la ment existants, nous parle du Gihon, de
terre avec eux », 6, 13. Soutenir que l'Euphrate, du pays de Havila, du pays de
« toutes choses demeurent dans le même Cus , de l'Assyrie ; c'est donc en ces
état qu'au commencement de la création, lieux, a-t-on dit, et autour de ces lieux,
c'est ignorer volontairement ceci : c'est qu'ont habité les premiers hommes; les
que les cieux et la terre furent autrefois anciens continents sOnt donc aussi les
créés par la parole de Dieu ;» cette terre mêmes que ceux que nous connaissons
« qui fut tirée de l'eau, et qui subsistait aujourd'hui. Mais si l'on insiste sur la si
parmil'eau, périt par ces choses mêmes; » milarité des noms, on oublie les rapports
• le monde d'alors périt étant submergé de position relative qui nous sont indi
par les eaux du déluge, » 2 Pier. 3, 4.5. qués dans ce chapitre, rapports qui ne
6.Or, ces expressions si fortes : « je dé se retrouvent nullement dans les localités
truirai la terre des méchants , » — - le actuellement existantes. En effet, que li
monded'alors périt parles eaux, » peuvent sons-nous 9 « Un fleuve sortait d'Eden
elles s'éntendre d'une submersion mo pour arroser le jardin , et de là il se di
mentanée d'un pays?Supposons que l'An visait en quatre fleuves. » Les savants et
gleterre, par un affaissement des couches les commentateurs de la Bible se sont
souterraines, par une élévation de l'O- donné une peine infinie pour expliquer
céan, ou par toute autre cause, vienne à ce passage ; on a vouſu voir dans lès fleu
être inondée pendant quelques mois; puis ves du paradis quatre rivières existantes
qu'elle ressorte des eaux et se couvre de nos jours. Quant à l'Euphrate, dit-on,
comme auparavant de végétation; qu'un il ne peut y avoir aucun doute, c'est le
petit ndmbre d'Anglais échappent àl'inon fleuve connu aujourd'hui sous ce même
dation dans un vaisseau, avec des ani nom; le Tigre est clairement désigné
maux, puis qu'un an après, lorsque les dans la Bible sous le nom de Hiddekel ;
eaux se sont écoulées, ils débarquent sur : le Phasis est le Pison, et l'Araxe le Gui
ce même pays, qu'ils l'habitent de nou hon : ces quatre fleuves sortent tous de
veau et le cultivent comme auparavant, l'Arménie; c'est là donc qu'étaît le para
pourra-t-on dire que l'Angleterre a été dis terrestre. Maisil est évident que quoi
dêtruite P qu'elle a péri avec tout ce qu'elle que ces rivières prennent leur source
contenait P Non , ces expressions indi dans des contrées peu éloignées les unes
quent une destruction plus complète , des autres, elles n'ont jamais pu fôrmer
telle, par exemple, que celle qui aurait · un seul fleuve divisé en quatre bras. L'Eu
été la conséquence naturelle de l'affaisse phrate a deux sources : celle qui est la
ment des anciens continents et de leur plus voisine de l'origine du Tigre en est
submersion permanente. Ceci explique encore distante de 400 kilom. La source
aussi pourquoi l'on ne trouve point sur de l'Araxe (qui se jette dans la mer Cas
la terre actuelle de fossiles humains; tous pienne ) est, il est vrai, à quelques lieues
les habitants de l'ancien monde, tant hom d'une des sources de TEuphrate, près
mes qu'animaux terrestres, ont dû être d'Erzeroum, mais elle en est ſéparée par
entraînés au fond de l'Océan, où, mêlés une chaîne demontagnes; le Phasis enfin,
avec le limon qui y a été déposé dans la que l'on suppose être le Pison, prend sa
suite des siècles, ils contribueraient main source à près de 320 kilom. au nord de
tenant à la formation des roches subma celle de l'Euphrate. On ne peut donc rat
rines (comme les animaux victimes des tacher les fleuves paradisiaques à l'Eu
révolutions antérieures) , si le jour ne phrate actuel. . - | -
s'approchait pas où la mer sera forcée de Les raisons qui ont été proposées en
• rendre les morts quisont en elle », Apoc. faveur de cette hypothèse pourraient tout
20, 13. - - • jº ;
aussi facilement s'appliquer au Djihoun
A cette théorie l'on a objecté que la (l'Oxus), qui prend sa source à 2,000 ki
DEL • 280 DEL
lom. d'Erzeroum, dans les monts du Be (ou Tigre), et l'Euphrate, portant des
lour, et se jette dans la mer d'Aral. ll noms antédiluviens, quoique dans une
serait facile de chercher dans le Sihon ou position géographique relative très diffé
Jaxartes, et dans deux autres grandes ri rente de leurs prototypes. . l •
· ·· ,· f
| vières dont les sources sont peu éloi Autre difficulté: le mont Ararat, sur le
gnées de celles du Guihon, le Hiddekel , quell'arche de Noé s'arrêta, est aujourd'ui
le Pison et l'Euphrate. couvert de neiges qui ne se fondentja
Si les noms des fleuves sont un guide mais; comment Noé et sa famille ont-ils
incertain pour trouver le site d'Eden, et pu vivre dans une température si froide
par conséquent l'emplacement des anciens et dans un air si raréfié ? —- Réponse :
continents, les noms des pays le sont à mesure que les eaux s'élevaient, les
tout autant. Où est le pays de Havila ? couches atmosphériques s'élevaient avec
Deux descendants de Noé ont porté ce elles, de telle façon que l'air qui envi
nom, l'un fils de Cus, l'autre fils de Jok ronnait l'arche au moment même de la
tan, Gen. 10, 7.29., et cela lors de la dis plus haute crue des eaux, n'était ni plus
persion ; duquel des deux s'agit-il, et où froid, ni plus raréfié que celui qu'on re
leur portion leur a-t-elle été assignée ? spirerait de nos jonrs au niveau de la
Qu'est-ce aussi que ce pays de Cus ? Ce mer à la même latitude. Ceci est d'autant
, nom est donné dans la Bible tantôt à l'A- plus important à remarquer que nous
rabie Pétrée, tantôt à la Bactriane, tantôt | verrons tout à l'heure que l'arche s'est
à l'Assyrie, tantôt à l'Ethiopie ou la Nu probablement arrêtée dans des régions
bie. Après toutes ces incertitudes, qui bien autrement élevées, relativement aux
nous garantit que le pays nommé Assur, basses terres actuelles, que ne le sont les
Gen. 2, 14., soit bien le même qui fut montagnes de l'Arménie.º, ,l! ! n
, plus tard l'Assyrie ? - Pour n'avoir pas voulu recevoir pure- .
Nous ne rappellerons pas ici les diver ment et simplement le récit de Moïse, on
ses hypothèses qui ont été faites pour s'est aussi créé bien des difficultés rela
concilier la description du jardin d'Eden tivement à l'arche. Nous ne les rappelle
avec un endroit quelconque de la terre ; rons pas ici , puisqu'elles sont traitées
il est facile de les réfuter. L'on n'a pu et aplanies dans une autre partie de cet
découvrir jusqu'à présent la véritable po ouvrage (v. Arche); nous ajouterons seu
sition du paradis terrestre, et on ne le lement que, si comme on a tout lieu de
pourra jamais , s'il est vrai, comme nous le croire, la température de la terre était
le croyons, qu'il ait été englouti au fond avant le déluge plus chaude et plus uni
des mers par le déluge avec les anciens forme qu'elle ne l'est de nos jours;si de
continents ; mais l'explication qui nous plus, comme M. de Rougemont l'a établi,
paraît la plus naturelle et la plus simple le nombre des espèces d'animaux était
est celle-ci : de même que les colons eu moindre avant qu'après le déluge, il n'y
ropéens qui se sont établis en Amérique, a rien que de très facile à comprendre
ont donné aux localités nouvelles pour dans tout ce récit. Avant le déluge, les
eux des noms de leur ancienne patrie qui hommes ne formaient qu'un peuple : les
leur étaient chers, comme Nouvelle-Es animaux habitaient probablement ensem
pagne, Nouvelle-Angleterre, New-York, ble les mêmes climats, les mêmes con
Nouvelle-Orléans, ou même des noms eu trées ; par conséquent ils n'eurent pas de
ropéens sans y ajouter l'épithète de nou longs voyages à faire pour se rendre dans
veau, comme Boston, Vevey, Paris, Franc l'arche, ainsi qu'on a voulu le supposer.
fort, etc.; ainsi les Noachides, à leur Nous ne pouvons nous empêcher de
sortie de l'arche, donnèrent probablement faire ici un rapprochement qui offre quel
aux montagnes, aux vallées, aux rivières que intérêt. En 1839, un ouragan effroya
qu'ils découvrirent, les noms qui leur ble avait soulevé les flots du golfe de
avaient été familiers avant le déluge : cela Bengale avec tant de violence que la mer
explique comment on trouve de grandes se porta avec une force extraordinaire
rivières comme le Guihon, le Hiddekel sur les terres, remontantſ à quelques
DEL 281 DEL
lieues dans l'intérieur par le Delta du montagnes d'Ararat, veuille dire simple
Gange; les îles qui se forment à l'em ment au-dessus, mais sans les toucher;
bouchure du fleuve par l'accumulation du s'il en est ainsi , l'on comprend qu'il se
limon, et qui dans ce climat chaud et soit écoulé soixante et douze jours entre
humide se couvrent promptement de vé le moment où l'arche s'arrêta, et celui où
gélation et d'animaux, furent en partie les premiers sommets des montagnes pa
entraînées par les eaux; ce fut en parti rurent , car, pour ne pas parler des hau
culierle sort de lagrande île de Saint-Ed tes cimes des monts Yunnan en Chine,
mond qui était cultivée et habitée par une qui n'ont pas encore été mesurées, le
population assez nombreuse. On vit alors plus haut pic dont on connaisse l'élé
hommes et quadrupèdes, oiseaux et rep vation en nombres, celui du Chamalari
tiles chercher le même abri contre la fu dans l'Himalaya, a 26, 266 pieds, (envi
reur des eaux; dans un jardin dont les ron 9000 mètres); ce qui, en y ajoutant
murs avaient résisté au courant, se réfu 15 coudées, soit 22 pieds, donnerait
gièrent pêle-mèle et sans penser à se pour le maximum de la crue des eaux
nuire réciproquement, des Européens, diluviennes une hauteur totale de 26,288
des Malais, des Indous, des animaux do pieds. Lors donc que le sommet du Cha
mestiques, des serpents, des cerfs et malari parut à fleur d'eau, il y avait en
deux tigres sauvages, tout autre instinct core au-dessus de l'Ararat une couche
ou disposition de timidité ou de férocité de liquide de 14,288 pieds d'épaisseur,
naturelle cédant au besoin de pourvoir à puisque celui-ci n'a que 12,000 pieds
la sûreté individuelle, et disparaissant d'élévation; ou, ce qui revient au même,
devant l'effroi qu'inspirait le combat des le Chamalari devait déjà être de 14,260
éléments déchaînés. , , , , , , pieds hors de l'eau quand le sommet de
Sans doute les animaux furent dirigès l'Ararat parut. Si l'on veut entendre par
vers l'arche par une intervention spéciale le mot sur, Gen. 8, 4, que l'arche toucha
delaProvidence, comme celle qui fit pren effectivement les rochers de l'Ararat, on
dre aux deux génisses des Philistins le peut faire remarquer que le v, 5 du ch. 8,
chemin de Bethsémès, 1 Sam. 6, 9-12. ne parle pas (comme 7, 19.) de toutes les
Mais il est bien possible que l'effroi que plus hautes montagnes qui étaient sous
devait leur causer des phénomènes aussi tous les cieux, mais simplement des mon
effrayants et aussi inaçcoutumés que la tagnes, et cela après avoir fixé la posi
rupture des sources du grand abîme et tion de l'arche : l'on pourrait donc l'en
des cataractes des cieux,ait été un moyen tendre des montagnes de la contrée en
de dompter temporairement leur férocité vironnante; effectivement elles sont bien
naturelle, et de les assujettir au très pe plus basses que l'Ararat, dont le double |
lit nombre d'hommes qui se trouvaient pic, toujours couvert de neiges éblouis
enfermés avec eux. - - * -
·| santes, s'élève comme un géant au milieu
Au cent cinquantième jour, est-il dit d'une vaste plaine et domine toutes les
dans le texte, l'arche s'arrêta sur les hauteurs qui l'entourent. Mais voici une
m0ntagnes d'Ararat; les eaux environ troisième solution qui nous paraît être la
nantes continuèrent à décroître, et ce ne véritable. -
fut que dix semaines plus tard que l'on | Si au lieu de chercher l'Ararat dans
aperçut le sommet des montagnes; il fal le système des monts appartenant au
lait donc que celui de l'Ararat fut exces Caucase occidental , on le cherche dans
sivement élevé en proportion des autres, le Caucase indien, l'Immaüs des anciens,
et cela ne s'accorde pas avec ce qui nous qui comprenait l'Himalaya et le Hindou
est connu des contrées de l'Arménie où Koush , nous arriverons à des résultats
existe de nos jours le volcan de ce nom. plus satisfaisants et qui concorderont
lon peut concilier de plusieurs manières mieux avec le récit biblique, et avec les
Cette contradiction apparente. En effet, traditions des plus anciens peuples. Cette
il est bien possible que la Genèse, en di idée, proposée il y a plus de deux siècles
sant, 8, 4., que l'arche s'arrêta sur les et demi par sir Walther Raleigh, adoptée
DEL 282 DÉL
et soutenue depuis lors par Shuckford, gemont, Fragments, etc. Kirby, Brid
Kirby et quelques autres savants , est gewater Treatise, I, p. 45.46., etc.).
aussi celle qui paraît la plus naturelle. Un fragment de poésie sanscrite, traduit
Nous ne connaissons pas, il est vrai , il y a quatre années dans le Quarterly
de pic ou de cime appartenant à ces chaî Review, nous représente Menou (le Noé
nes qui porte le nom d'Ararat, mais si indien) et les sept personnes qui avaient
nous remarquons, d'une part, que ces avec lui échappé au déluge, comme seuls
pays sont encore fort peu connus des dans le monde sur un grand vaisseau
Européens et, de l'autre, que les noms conduit par un poisson. Après avoir vo
des lieux ont souvent changé, nous ne gué ainsi pendant des années, ils attei
nous étonnerons pas que celui de la mon gnent le plus haut pic du Himavan (Hima
tagne sur laquelle descendit l'arche, ait laya) qui paraissait au-dessus des eaux ;
pu se perdre dans les siècles suivants. le poisson dit à Menou d'y attacher son
Ce qu'il y a de certain, c'est qu'après le navire, et de nos jours encore, dit l'au
déluge, les premiers hommes descendi teur sanscrit, ce pic porte le nom de Nau
rent bientôt des montagnes dans les ré bandhana. Les Afghans croient que l'ar
gions plus basses, étant chassés par le che s'arrêta sur le Suffid-Koh, entre Cà
froid qui augmentait sur les terres éle boul et Peshawur, montagnes couvertes
vées à mesure que les eaux s'abaissaient de neiges éternelles; mais il est probable
ou que les continents surgissaient du que ce n'est pas encore là le véritable
sein des mers; et qu'après avoir che Ararat. , . . -
miné, pendant plusieurs années, d'orient La grande chaîne de rHimalaya, qui
en occident, ils arrivèrent dans le pays forme la frontière septentrionale de l'inde,
de Sinhar où ils bâtirent Babel. Or, s'ils depuis l'Assam au Punjab, perd son nom
étaient venus de l'Arménie, ils auraient après avoir passê l'Indus au nord-est de
cheminé du nord au sud, ou même au Cachemire, et prend celui de Hindou
sud-sud-ouest, ce qui est tout à fait Koush; quoique le nom soit donné par
contraire à l'expression mikkedem, em extension à toute la chaîne qui s'étend de
ployée Gen. 11, 2. | Gilget à Hérat, ce n'est à proprement par
La direction dé l'émigration des pre ler que celui d'un pic immense qui s'élève
miers hommes, indiquée dans le passage à une hauteur si considérable au-dessus
que nous venons de citer , s'accorde des monts environnants, que le voyageur
d'une manière remarquable avec la tra Burnes dit qu'il les fait paraître comme
dition du Zend Avesta sur les premiers des collines insignifiantes (A. Burnes,
établissements des nations sur la terre. general and geographical Memoir on part
Dans le 1er Fargard du Vendidat, Or of central Asia, et, Travels into Ro
§ §conte §e qu'il avait créé khara). Et cependant une de cès collines,
un lieu de délices, nommé Eerteene le Koh-i-Baba, mesuré par Burnes, a
Veedjo ( confondant l'habitation d'Adam 18,000 pieds d'élévatiôn, et le col ou pas
avant la chute, avec celle de Noé après le sage de Kalou sur la route de Caboul à
déluge): là dessus Ahriman , l'esprit du |
Barnian est déjà à 13,000 pieds. Dans ces
mal, crée l'hiver qui chasse les premiers montagnes, cette dernière mesure est
hommes, et les contraint à former d'au bien au-dessous de la limite des neiges
tres établissements; Balkh, Nesa, et Meru dites éternelles; à 10,000 pieds au-dessus
en Khorassan, al Soghd, Caboul, Hérat de la mer on y voit des champs labourés
sont nommés successivement, et toutes que l'on ensemence à la fin de mai pour
ces villes sont aux environs de la haute les moissonner en octobre, tandis que sur
chaîne de montagnes qui lie le système les Alpes on trouve déjà la neige perpé
de l'Himalaya avec les chaînes de l'Asie tuelle entre 8 et 9 mille pieds ( D'après
centrale.(Heeren, Id. ub. die Politik, etc.) Humboldt, la limite des neiges sur les Cor
Les traditions indiennes et chinoises dillières de Quito (sous l'équateur) est
placent aussi dans cette partie de l'A- de 14,760 pieds de roi : sur les Cordil
sie le berceau de l'espèce humaine (Rou lières de Bolivia, elle est même à plus de
DEL 283 DEL
16,000 pieds). — Quant au grand pic au qui s'est écoulè entre le moment où l'ar
quel appartient proprement le nom de che s'y serait arrêtée, et celui de l'appa
Hindou-Koush, il n'a jamais été mesuré; rition des sommets des montagnes voi
mais à en juger par la longueur de son sines, et le voyage des Noachides qui ve
manteau de neige et l'extrême rareté de nait de l'Orient lorsqu'ils arrivèrent au
lair sur le col qui est à sa base, il doit pays de Scinhar; et la tradition du Ven
être probablement la montagne la plus didat sur les premiers établissements des
haute du monde; les hommes les plus ro hommes; et bien d'autres circonstances
bustes des environs, quoiqu'accoutumés encore , entre autres l'application des
à respirer les couches d'air raréfié qui se noms des rivières paradisiaques à des
trouvent à 10 ou 12 mille pieds au-dessus fleuves post-diluviens, et l'ordre de cette
de la mer, ont la plus grande peine à tra application. En effet, supposant que Noé
verser ce col; la respiration devient très et ses enfants eussent abordé sur le Hin
difficile, l'on éprouve des vertiges et des dou-Koush, les premiers hommes se se
vomissements, la plupart des bêtes de ront naturellement répandus sur le haut
somme qui tentent ce passage y périssent, pays environnant; puis la difficulté d'y
et même les oiseaux, ne pouvant se sou voyager les aura engagés à descendre
tenir en l'air, sont contraints de marcher dans des parties plus accessibles, la di
et meurent presque tous sur les neiges. minution de la chaleur leur faisant en
Ce fait est attesté par des historiens an même temps rechercher les plaines. ll
ciens aussi bien que par les voyageursmo n'est point extraordinaire qu'ils aient
dernes. Ceux qui se hasardent dans ce donné aux grands fleuves qu'ils trou
périlleux passage évitent toute espèce de vaient sur leur chemiſi, des noms qui leur
bruit, de crainte, disent-ils, que l'ébran étaient déjà connus; ils auront nommé le
lement ne détermine la chute des avalan premier Pison; peut-être était-ce le Ca
ches. - -
boul ou l'Indus; après avoir exploré une
Puisque les symptômes éprouvés au partie des contrées au sud de l'Hindou
passage du Hindou-Koush sont les mê Koush jusqu'à l'une de ces deux rivières,
mes que ceux qu'on éprouve au sommet trouvant le pays trop montueux, ils se
du Mont-Blanc : que la ligne des neiges seront peut-être tournés vers le nord,
sur le revers septentrional de l'Himalaya puis ils auront donné à l'Oxus le nom de
est, d'après Maltebrun, à environ 15,600 Guihon ou Djihoun, qu'il porte encore
pieds, tandis que sur les Alpes elle est à de nos jours. De là, continuant leur che
$ 220; puisque d'autre part la cime du min d'Orient en Occident, presqu'en li
Mont-Blanc atteint 14,600 pieds, c'est gne droite, de Balkh (ou Bactres) à Ba
à-dire 6,380 pieds au-dessus des neiges bylone, le troisième grand fleuve qui se
éternelles, ce n'est pas trop que de † trouvait sur leur route est le Tigre, qu'ils
p0ser la même différence sur le Hindou auront appelé Hiddékel; le quatrième est
Koush, entre la limite des neiges et le l'Euphrate; c'est le même ordre dans le
haut du col, ce qui donnerait à ce der quel ils sont énumérés dans la Genèse. .
lier près de 22,000 pieds d'élévation ; la Une difficulté reste encore à exami
pyramide du Hindou-Koush, qui s'élève ner : d'où provenait la branche d'olivier
au-dessus du col, pourrait donc avoir une que la colombe rapporta à Noé ? Les com
hauteur totale, égale ou supérieure aux mentateurs qui ont fait aborder l'arche en
plus hautes cimes de l'Himalaya, et l'ar Arménie ont été émbarrassés de trouver
dhe aurait pu s'arrêter sur cet Ararat in que l'olivier ne croissait point dans ce
dien, alors même que l'eau dépassait de pays; mais d'autres ont prouvé qu'il y
beaucoup la hauteur des plus hautes mon croissait anciennement, lorsque la tempé
lagnes qui sont sous tous les cieux. rature de la terre était plus chaude qu'elle
· C'est ce géant entre les montagnes que né l'est de nos jours (Richter, Hausbibel);
hous croyons être le véritable Ararat, et d'autres aussi ont démontré que les oli
sil'on admet cette supposition, elle éx viers peuvent pousser des feuilles sous
plique et la longueur de l'espace de temps l'eau.Mais, d'un autre côté, les géologues
DEL 284 DEL
lement dans ces mêmes régions, et l'on prétendons pas cependant par là, que
sera convaincu que si de nos jours en toutes les îles, et tous les pays aient été
core des îles et des montagnes surgis habités dès le temps de la dispersion ;
sent de l'Océan , tandis que d'autres con au contraire, il est notoire que plusieurs
trées sont englouties par la mer, de sem lieux sont restés inhabités pendant des
blables changements ont bien pu avoir siècles, jusqu'à ce que les progrès de la
lieu il y a 4,000 ans. Dans les îles Aléou navigation y aient fait aborder des hom
tes, par exemple, en 1806, une île sortit mes, soit par suite de voyages, de décou
de la mer, qui avait 4 milles géographi vertes et de conquêtes, soit qu'ils y aient
ques de tour; une autre fut formée en été jetés contre leur gré par des tempê
1814, sur laquelle était un pic de 3,000 tes et des naufrages. Pour ne citer que
pieds de haut. En 1737, par suite de trem l'exemple le plus rapproché de nos pays,
blements de terre et d'irruptions volca l'Islande n'a été découverte que dans le
niques, la côte du Kamtchatka subit de huitième siècle, et la première colonie s'y
grands changements : des lieues entières établit l'an 874 ; ce ne fut qu'un siècle
de côtes s'enfoncèrent dans la mer, des plus tard, qu'un seigneur, Torwald, dé
plaines furent soulevées et devinrent des couvrit le Groënland et s'y établit ; il en
plateaux, de nouvelles baies et de nou est sans doute de même d'un grand nom
veaux lacs furent formés. Le 4 février bre d'îles de la mer du Sud. A ce propos
1797, une étendue de pays de 40 lieues nous ferons remarquer que les pays dont
de long et 20 de large, près de Quito, re nous venons de parler, offrent une nou
cut une forte impulsion d'ondulation qui velle preuve du refroidissement graduel
dura quatre minutes et renversa de fond de la chaleur du globe, car l'Islande et le
en comble toutes les villes et villages ; ce Groënland jouissaient il y a mille ans
mouvement se fit sentir plus ou moins d'un climat doux et tempéré ; il y crois
sur une longueur de 170 lieues du nord sait beaucoup d'arbres les côtes étaient
au sud. et de 40 de l'est à l'ouest , au couvertes de verdure, la mer très pois
pied du volcan de Tunguragua la terre sonneuse et les forêts pleines de gibier,
s'entrouvrit et donna passage à des tor (Mallet, Introd. à l'hist. du Danemark). A
rents d'eau et d'une boue fétide, qui dans la même époque la vigne et le grenadier
des vallées de 1,000 pieds de largeur at croissaient en Angleterre.
teignirent à la hauteur de 600 pieds, On peut reconnaître dans cette inter
laissant sur leur passage des dépôts de ruption des communications, une direc
limon qui interceptèrent une rivière et tion particulière de la sagesse éternelle,
amenèrent la formation de lacs, jusqu'à qui voulait qu'après trente-sept siècles
ce que l'eau accumulée pendant 80 jours, de séparation, les hommes, en se retrou
eut acquis une masse suffisante pour vant, retrouvassent aussi chez presque
rompre et entraîner ces digues. (Lyell, tous les peuples ces traditions si remar
Principles of Geology, vol. l, p. 470.510. quables sur la création, la chute des pre
472.) miers hommes, le meurtre d'Abel et sur
Il serait facile de multiplier à l'infini tout ce déluge duquel date la formation
les exemples, mais nous croyons en avoir de toutes les races actuelles, ce déluge
dit assez pour démontrer la possibilité qu'on voit représenté dans la langue hié
de la rupture des isthmes qui unissaient roglyphique des Chinois, comme sur les
au nord l'Asie avec l'Amérique, au Sud monuments mexicains et sur la médaille
l'Asie avec la Nouvelle-Hollande et t0u d'Apamea Kibotos ; évènement dont le
tes les îles intermédiaires, isthmes qui sOuvenir Se retrouve nOn-Seulement chez
n'étaient plus nécessaires après avoir tOutes les natiOns instruites de l'anti
contribué à l'exécution de l'ordre de quité européenne et asiatique, mais en
Dieu, Gen. 8, 17. 9, 1., en fournissant core aux îles Sandwich, chez les tribus
aux hommes et aux animaux un chemin errantes de l'Amérique du nord, comme
pour se répandre sur la plus grande par chez les Péruviens et les Mozcas dans la
tie de la terre et la peupler. — NOus ne Péninsule méridionale. — Il serait trop
DEL 286 DEL
long de donner ici un résumé de ces tra pour nous donner une grande et effrayan
ditions; ceux de nos lecteurs qui dési te leçon, qui enseigne aux hommes à fuir
reraient examiner ce sujet, trouveront le péché et à s'attacher à l'Eternel comme
des détails intéressants dans les Frag au rocher des siècles, qui seul subsiste,
ment de l'histoire de la terre, de M. F. lorsque les grandes eaux des tribulations
de Rougemont, que nous avons souvent engloutissent tous les rochers terrestres
eu l'occasion de citer ; dans l'ouvrage sur lesquels nous cherchons trop souvent
du docteur Wiseman, intitulé Lectures notre appui. Le déluge est un emblème
on the connexion between science and du châtiment éternel qui atteindra un
revealed Religion, I, 133. 328-371., II, jour les méchants, et l'arche est celui du
127-152.; dans le Dictionnaire des cultes seul moyen de salut qui nous est offert ;
religieux, article Déluge ; v. aussi le Dis il ne servit de rien aux hommes de se te
cours sur les Révolutions de la surface nir près de Noé et de nager à côté de
du globe, par Cuvier, p. 165-179; l'His l'arche en suivant la même direction; c'est
toire des Incas, de Garcilasso de la Vega; dans l'arche qu'il fallait ètre : ainsi l'on
la Conquête du Pérou, par don Augustin aurait beau être près de la vérité, tout
de Zarate ; l'Analyse des traditions reli près de la foi, si l'on n'est qu'à peu près
gieuses des peuples de l'Amérique, par chrétiens à l'heure où l'abîme du tombeau
Kastner, et en général toutes les mytho viendra réclamer sa proie, si l'on n'a
logies. pas contracté alliance avec Dieu par
Quelques auteurs croient que les tra Christ le seul médiateur, cela ne servira
ditions diluviennes qui portent le nom de de rien ; les flots du déluge arriveront
Yao en Chine, d'Ogygès et de Deucalion mugissants, non pas ceux du grand abîme
dans l'occident, ne sont pas des traces seulement , mais les flots de « l'étang ar
défigurées du déluge universel seule dent de feu et de souffre, ce feu éternel
ment, mais se rattachent à des inonda qui est préparé au diable et à ses anges.»
tions postérieures qui auront eu lieu par (Apoc. 19, 20. Jude 6, 7. - Matth. 25,
la rupture de lacs, et divers changements 41.) — Si au contraire, comme Noé, nous
volcaniques ou autres survenus depuis avons trouvé grâce devant Dieu par la
Noé sur la surface du globe ; nous ne foi au sang de Christ, et que comme lui
prétendons pas décider cette question, nous marchions avec Dieu, Gen. 6, 8.9.,
mais ce qui nous paraît certain, c'est qu'à nous n'aurons rien à craindre : quand nous
toutes ces traditions se trouve mêlée l'i- passerons par les eaux, Dieu sera avec
dée du repeuplement de la terre par une nous, et elles ne nous noieront point, Es.
seule paire d'êtres humains, idée qui est 43, 2. Qu'est-ce qui a perdu l'ancien
évidemment la même que celle qui nous monde ? Les mauvaises pensées et leurs
est donnée sous sa véritable forme dans fruits, savoir : la désobéissance, l'impiété,
le récit de Moïse. la malice, la corruption, l'extorsion, Gen.
Nous ne pouvons quitter cet intéres 6, 5.11. 12. 1 Pier. 3, 20.2 Pier. 2, 5.
sant sujet, qui mériterait d'être traité 3, 7., l'incrédulité en un mot, car Noé
bien plus longuement qu'on ne peut le était à l'ancien monde un prédicateur de
faire dans un ouvrage de cette nature, justice pendant qu'il bâtissait l'arche et
sans faire encore quelques rapproche que la patience de Dieu attendait pour la
meIltS. -
pôur lesoulager, avait deux choses à faire: 2 Sam. 12, 16. 13 , 31. Es. 47, 1.
luiprocurer d'abord cet argent nécessaire, Néh. 1, 4. Job 2, 8. 16, 15. Matth. 11,
puis empêcher que ce prêt ne lui devînt 21. ; ils déchiraient leurs vêtements sur
0néreux , ce dernier but fut atteint par la poitrine, Gen. 37, 29. 44, 13. Jug. 11,
la simple défense que le législateur fit 35. 1 Sam. 4, 12. 2 Sam. 1, 2. 11. 13,
aux riches de recevoir aucun intérêt sous 31. 3, 31. ( ordonnance royale pour ho
aucune forme , Ex. 22, 25. Lév. 25, 35 norer la mémoire et le convoi d'Abner :
38. Deut. 23, 19. 20. (excepté des étran ce passage prouve combien cette prati
gers commerçants, Deut. 23, 20.). D'un que était en usage), 1 Rois 21, 27.2 Rois
aulre côté , puisque le riche ne trouvait 5, 8. 6, 30. 11, 14. 19, 1. 22, 11. 19.
aucun intérêt à prêter son argent, et qu'il Esd. 9, 3. Est. 4, 1.; ils se faisaient des
eût pu ne pas le faire , le législateur l'y incisions ou des égratignures au visage
engage, le lui commande, au nom de la et sur le corps, Jér. 16, 6. 41, 5. 47, 5.
fraternité universelle, de la conscience et et 48, 37. , quoique cet usage païen
de Dieu lui-même, Lév. 25, 35. Deut. 15, (AEn. 4, 673. 12, 871.) fût expressément
7.8.11. Maintenant un juste équilibre en défendu par la loi de Moïse, Lév. 19, 28.
lre les droits du prêteur et ceux de l'em Deut. 14, 1 ., comme il l'était aussi par la
prunteur, le riche pourra demander un Loi des douze tables (Cicer. De Legib. 2, .
gage, mais le pauvre choisira ce qu'il lui 23.). Ils jeûnaient (v. Jeûne) lorsqu'ils
conviendra de donner, Deut. 24, 6. 10-12. menaient deuil sur un mort, revêtaient
17. Si enfin l'emprunteur se trouvait dé certains habits de deuil (v. Sac), négli
cidément hors d'état de payer, le capital geaient leurs vêtements et les soins mê
n'était pas perdu pour celui qui avait prê me de la propreté, ne se lavaient point,
té: il était hypothéqué sur le champ du n'oignaient pas leurs corps, 2 Sam. 12,
débiteur, sur ses meubles, sur sa per 20. 14, 2. 19, 24. cf. Matth. 6, 17.; ils
sonne même qui entrait en servage; mais dépouillaient tous leurs ornements en bi
en l'année bénie du jubilé, l'égalité des joux et en broderies, Ez. 26, 16., et,
fortunes venait effacer de nouveau la comme on l'a dit, ils se coupaient la barbe
Créance du riche et la dette du pauvre.— qu'ils ne regardaient pas comme un de
De prisons pour dettes, il n'en est jamais leurs moindres ornements ; ils se cou
question. vraient le bas du visage, Ez. 24, 17. 22.
DEUIL. Les Hébreux, comme en géné Mich. 3 , 7. ou même la tête toute en
ralles Orientaux, exprimaient leur dou tière, 2 Sam. 15, 30. 19, 4. Est. 7, 8., Jér.
leur d'une manière plus vive, plus bru 14, 3.; ils se tenaient courbés et mar
yante, plus extérieure , que ne font les chaient lentement, 1 Rois 21 , 27.; enfin
peuples de l'Occident : quel que fût le su ils montaient sur les plates - formes de
jetde leur affliction, que ce fût le déshon leurs maisons pour y pieurer, Es. 15, 3.
heur, la misère, l'exil, ou la mort d'un 22, 1.
proche et d'un ami, ils criaient et gesti Le temps du deuil pour les morts était
culaient avec violence jusqu'à ce que le en général de sept jours, 1 Sam. 31, 13.
premier paroxisme de leur peine fûtpassé: 1 Chr. 10. 12.; dans des cas extraordi
lls mettaient la main sur la tête, 2 Sam. naires, il était plus long : Aaron et Moïse
13, 19.; ils se frappaient la poitrine ou les furent, chacun, pleurés pendant trente
reins, Nah. 2, 7. Luc 18, 13. Jér. 31, 19. jours, Nomb. 20, 29. Deut. 34, 8., et Ja
(cf. Virg. AEn. 4, 673.); ils s'arrachaient cob pendant soixante et dix jours par les
0u Se rasaient les cheveux de la tête et le Egyptiens, pendant sept autres jours par
poil de la barbe, Esd. 9, 3. Job 1, 20. Joseph, Gen. 50, 3.10.
(cf. En. 12, 870.); ils se versaient des Pendant le deuil, leurs amis venaient
cendres sur la tête, 1 Sam. 4, 12.2 Sam. les visiter, soit pour les consoler, soit
1,2.13, 19. 15, 32. Néh. 9, 1. Ez. 27, pour leur apprêter de la nourriture ,
30. Lam. 2, 10. Job 2 , 12.; ou s'as Prov. 31 , 6.; mais tout ce qu'ils man
seyaient et se roulaient dans la cendre geaient était souillé , Os. 9, 4.
et dans la poussière , Ezéch. 27, 30. DEUTÉRONOME. Ce nom du cinquiè
DEU 292 DIA
me livre de Moïse signifie en grec se où Dieu recueille son esprit et rend à son
conde loi , ou répétition, récapitulation corps les derniers devoirs.
de la loi. Le Deutéronome est ce qu'indi Quelques auteurs ont pensé que le
que son titre, mais il est une récapitula Deutéronome n'était pas de Moïse, puis
tion générale et non minutieuse, d'idées qu'il allait jusqu'à la mort de ce législa
et non de paroles, d'histoire et non de teur : mais rien ne justifie une pareille
détails: il est grand, noble, sérieux, ten supposition ; et l'on peut en détacher le
dre, plein d'onction, plein d'une sublime dernier chapitre seulement, que l'on croit
poésie; c'est presque un chant épique. avoir été, dans l'origine, le commence
Moïse avait cent vingt ans lorsqu'il le ment du livre de Josué. — v. Pentateu
composa ; c'était la dernière année de sa que; cf, aussi le commentaire de Calvin,
vie : il était dans les plaines de Moab et Haevernick, Einl. in das A. T.
(1, 5. cf. 34, 1.) : vieillard deux fois aussi DEVIN, v. Divination.
âgé que tous ceux qui l'entourent (sauf DIABLE. Ce nom qui signifie en grec
Caleb et Josué), il a bien des conseils de accusateur, calomniateur, est celui que le
sage expérience à donner; législateur en Nouveau Testament donne au prince des
voyé de Dieu, il doit à sa mission de lui ténèbres, à l'esprit du mal, au tentateur,
rendre témoignage encore avant de mou Matth. 4, 1. 5.8.11. Apoc. 12, 9. 20, 2.
rir, il maintiendra jusqu'à la fin les lois 1 Jean 3, 8. Le plus grand des anges dé
qu'il a données, les vérités qu'il a prê chus, grandeur sublime tombée, il s'est
chées, et il les maintiendra comme justes séparé de Dieu par un premier essai d'in
et saintes , comme imposées de Dieu, dépendance, qui a été d'autant plus effi
comme étant par là même la seule source cace que sa nature était plus relevée; il
de bonheur pour les Israélites qui vou ne pouvait être médiocre en s'isolant,
dront y obéir ; il les sanctionnera de son mais par là même il s'est perdu : dans sa
dernier souffle. chute il a cherché et réussià en entraîner
La période comprise dans le livre du un grand nombre d'autres, qui l'ont suivi
Deutéronome est de deux mois environ; dans son péché et dans sa ruine ; il a de
elle s'étend depuis le premier jour du on mème séduit et assujetti à la condamna
zième mois de la 40°(Deut. 1,3., plusieurs tion les hommes que Dieu avait d'abord
éditions portent par erreur 4e) année de créés droits. — Différents noms lui sont
la sortie d'Egypte jusqu'au onzième jour donnés : Satan, Job 2, 1.; Bahal Zébub, 2
du douzième mois de la même année. Rois 1, 2., ou Béelzébut, Matth. 12, 24.;
On peut diviser ce livre en quatre par tentateur, Matth. 4, 3.; Antichrist, 1 Jean
ties principales : 1° Récapitulation de 2, 18.22.2 Jean 7.; démon, Jean 10, 20.;
l'histoire des Hébreux contenue dans les serpent ancien et dragon, Apoc. 12, 9.
livres précédents, ch. 1-4.; 2° répétition 20.2.; meurtrier et menteur dès le com
des lois morales, cérémonielles et judi mencement, Jean 8, 44.; enfin dans les
ciaires, 5-26. ; 3° confirmation de la loi, livres apocryphes, Asmodée, Tobie 3, 8.
27-30. ; 4° derniers jours de Moïse ; il 6, 15., démon voluptueux qui tuait les
annonce au peuple que Josué lui succé maris dont il était jaloux.
dera dans le gouvernement général et Le nom de démon était une épithète
dans l'autorité; puis il écrit les choses générale qui, chez les païens, se prenait
qu'il vient de dire, confie aux lévites et dans un sens favorable, signifiant un gé
aux anciens le livre qui contient ses pa nie, une divinité : dans l'Ecriture, il se
roles, et ordonne que lecture en soit faite prend toujours en mauvaise part, tantôt
tous les sept ans dans l'assemblée géné en parlant des esprits infernaux, tantôt
rale, à la fête des Tabernacles : il termine pour désigner les esprits des morts, bons
par un cantique de bénédictions, mais il ou mauvais, réels ou imaginaires, Matth.
annonce en mème tempsaux Hébreux leurs 9, 32. Luc 11, 14. 13, 16.1 Chr. 21, 1. 1
infidélités futures , et veut que ses der Rois 22, 21. Eph. 6, 16. 1 Pier. 5, 8.
nières paroles soient copiées et méditées Mille questions surgissent autour de
de tous; il monte enfin sur le mont Nébo, cet effroyable ennemi du genre humain ;
DIA 293 DIA
l'on se demande comment il est fait, où il ne reste plus que lui. — Quel allége
il habite, quelle est son action sur l'hu ment ! Mais quel allégement plus grand,
manité, quels sont ses moyens de séduc plus doux, plus réel, plus sûr, de se re
tion, quels sont ses rapports avec Dieu, mettre entre les mains de celui qui a brisé
quel sera son sort final : on s'est demandé la tête du serpent, et qui triomphe et nous
enfin si même il existait ! Plusieurs de ces fera triompher au dernier jour. Il n'y a
questions sont permises, mais on ne peut pas une vérité qui ne vaille toutes les er
y répondre : d'autres proviennent de reurs possibles.
mauvaise curiosité, l'on ne doit pas y ré Les raisons qu'on allègue pour essayer
pondre : la dernière est faite par l'incré de soutenir cette thèse moderne qui tue
dulité. d'un mème coup et le péché qui n'a plus
Il faut convenir que de tous les moyens d'origine, et l'enfer qui n'a plus ni prince
de séduction, puisque nous en avons dit ni but : ces raisons, si l'on peut les ap
un mot, le plus habile que puisse em peler ainsi , reviennent toutes à de sim
ployer le malin esprit, c'est d'empêcher ples assertions. On commence par dire
les gens de croire à son existence : avec qu'il n'est pas parlé du diable dans l'An
personne il ne revêtira sa forme natu cien Testament, et par tourner en poésie
relle et repoussante; aux âmes pieuses il les passages les plus historiques où il en
se présentera déguisé en ange de lu est fait mention, Gen. 3, Job 2, 1. 1 Chr.
mière : à ceux que son existence pour 21, 1. Zach. 3, 1., etc. Puis l'on applique
rait gêner, il tâchera de faire croire au Nouveau Testament le même système
d'interprétation, en le modifiantau moyen
qu'il n'est qu'une chimère, qu'il n'existe
réellement pas, qu'il n'est pas ques de la méthode d'accommodation que no
tion de lui dans la Bible, que les an tre Seigneur était censé employer lors
ciens pères et les anciens orthodoxes n'é- qu'il parlaitaux Juifs, adoptant leurs idées
taient que des rêveurs, que depuis qu'on afin de leur mieux inculquer les siennes ;
ne croit plus aux revenants on ne doit plus de cette manière, les passages Matth. 4,
croire au diable non plus. Cette croyance, 1. Luc 4 , 1. Jean 13, 2. 1 Jean 3, 8. l
ou plutôt cette absence de croyance, est Pier. 5, 8. Apoc. 12, 9. 20, 2., et cent
évidemment de nature à soulager beau autres ne prouvent, en effet, absolument
coup celui qui désire être débarrassé d'un rien ; mais avant d'admettre ce système,
frein aussi redoutable : si les uns vous nous attendrons qu'il soit lui-même prou
disent que le diable est le père du péché, vé, et l'on peut poser en fait qu'il n'est
quelle chaîne pour vous que celle qui pas un lecteur sérieux de la Bible qui ne
vous unit à lui : mais si le diable peut voie l'existence du diable clairement éta
vous persuader que la parole de Dieu blie par nos saints livres.
n'est qu'un mauvais songe, quel allége Quant à la forme de cet être malfai
ment! Oui, quel allégement! mais qu'il sant, il est clair que l'on n'en peut rien
durera peu! car après la mort, il n'y a savoir, mais de toutes les imaginations
plus d'illusion possible, et celui qui le de l'homme, la plus belle conception est
premier vous ôtera le bandeau, c'est ce sans contredit celle de ce peintre hardi,
lui qui vous l'avait mis; c'est le prince habile et plein de génie, dont le pinceau
de la terre venant s'emparer des victimes a tracé une figure qui de loin, par le jeu
qu'il aura séduites. Ceux qu'il ne peut des couleurs, paraît pleine de grâce, de
convaincre théologiquement qu'il n'existe fraîcheur, de beauté, mais qui, lorsqu'on
pas, il le leur persuade pratiquement, il s'en approche, est pâle, maigre, déchar
s'en fait oublier, il se met pour eux sur née, ne respirant que la malice et le fiel,
l'arrière-plan ; sur le premier, ses séduc et rongeant une chaîne : c'est le séduc
tions, ses jouissances, ses faux appâts, teur ; il charme de loin, de près il re
de l'or, des places, des parures, des dan pousse.
ses, tout ce que la terre peut offrir, et il Le pieux Bunyan , l'auteur du Voyage
se place derrière tout cela , jusqu'à ce du Chrétien, a publié, en anglais, un se
qu'avec le temps tout cela ayant disparu, cond ouvrage du mème genre que le pre
DIA 294 DIA
passait pour l'une des sept merveilles du DIDRACHME, Matth. 17,24., monnaie
monde. Il avait 425 pieds de long (153m) grecque valant 2 drachmes, et équivalant
et 237 de large; l'extérieur était décoré à peu près à un demi sicle hébraïque ,
de tout ce que la nature et l'art offrent (1 fr. 66 c.)
de plus précieux; l'or, l'argent, les pier DIDYME, Jean 11, 16. 20, 24., nom
reries, les tableaux, les statues, y étaient grec de l'apôtre Thomas, ces deux mots
prodigués : on y comptait, entre autres, signifiant l'un et l'autre jumeau. Ces noms
127 colonnes, dont chacune avait été éri devaient rappeler sans doute la naissance
gée par un roi, qui s'était efforcé de l'em de l'apôtre, et la tradition lui donne ef
bellir et de la rendre digne de cet au fectivement une sœur jumellenommée Ly
guste lieu. Un fanatique, possédé du désir sia (Patres apostol. Ed. Coteler. I, p. 272,
de s'immortaliser, y mit le feu : c'était un cf. p. 501). "D'après Eusèbe, 1, 13., Tho
moyen comme un autre : de nos jours, mas aurait été le même que Judas, frère
on tire sur les rois ou sur les reines. Le de Jésus ; c'est ainsi que le veulent éga
temple de Diane fut détruit la même nuit lement les Actes de saint Thomas (v. Co
dans laquelle naquit Alexandre le Grand. teler.), et cette parenté donnait au surnom
La mémoire de la déesse ne périt point de Didyme une signification tout à fait
dans la grande ville dont elle était la pa grande et honorable : mais rien dans l'E-
trone, et nous voyons. Act. 19, 24. suiv., criture n'appuie cCtte tradition , et il est
un orfèvre faire son principal travail de plus qu'évident que notre Sauveur n'a
la fabrication de petits temples d'argent, pas eu de frère jumeau. v. Thomas.
ou de médailles représentant , aussi bien DIKLA, Gen. 10, 27., nom d'une peu
que la tradition en avait conservé le sou plade sémitique qui habitait l'Arabie, mais
DIM 296 DIM
dime de tout ce qu'il pourrait acquérir Nombres peut la prouver, et les inter
en Mésopotamie, Gen. 28,22. Enfin Moïse prètes juifs et chrétiens, anciens et mo
ordonne et régularise le paiement des dernes, sont peu d'accord dans son ex
dimes, Lév. 27, 30-33. Nomb. 18, 21-24. position et dans l'interprétation des pas
Deut. 12, 6. 14, 22. Chaque Israélite , sages de la Loi. On se demande, par
considéré comme fermier de Jéhovah , exemple, si chaque année il y avait une
devait payer chaque année à son seigneur double dîme sur les troupeaux, s'il n'y
et maitre la dixième partie des produits avait une double dîme que tous les trois
de ses champs et de ses troupeaux, « les ans, ou si tous les trois ans la dîme des
dimes du froment, du vin et de l'huile,» Lévites était remplacée par une dime des
Néh. 13, 5.12. Ce revenu sacré était af pauvres, autant de questions qui ne sont
lecté par la loi à l'entretien des Lévites, pas susceptibles d'une solution bien claire
Néh. 10, 37., à l'étranger, à l'orphelin et d'après les livres sacrés.
à la veuve, Deut 26, 13. On pouvait ce DIMON, Es. 15, 9., et Dimona, Jos.
pendant racheter les dîmes (des fruits) en 15, 22. v. Dibon.
en déposant la valeur, plus le cinquième DINA (jugement), fille de Jacob et de
du prix. Les passages, Deut. 12, 17. 18. Léa, Gen. 30, 21., probablement la fille
14, 22.23., mentionnent un repas géné unique du patriarche. Son nom rappelle
ral qui devait se faire tous les trois ans un événement qui fut pour la famille pa
avec les produits des dîmes (cf. 26, 12.), triarcale un grand malheur. Par une lé
espèce de festin qui n'était pas sans quel gèreté coupable , elle se laissa entraîner
que rapport avec les agapes des premiers à former des relations avec les jeunes
chrétiens. — Les Lévites devaient mettre filles cananéennes qui habitaient Sichem,
à part, pour les prêtres, la dîme de leurs puis elle fut séduite et enlevée par le fils
dimes, Nomb. 18, 26. Néh. 10, 38. Des du prince de cette ville. Les frères de
percepteurs particuliers furent établis Dina ne crurent pouvoir venger cet af
plus tard pour le prélèvement de cet im front que dans le sang des Sichémites ;
pôt, ils eurent leurs commis, et formè dans ce carnage ils égorgèrent celui qui
rentcomme des bureaux de contributions, devait être l'époux de leur sœur; cette
2 Chr. 31, 12. Néh. 12, 44. 13, 10. Mal.action perfide et cruelle fut pour leur
3, 10. Tous ces impôts furent exclusive père un continuel sujet d'inquiétudes et
ment religieux; il est cependant parlé, d'affliction, Gen. 34. On ignore ce que
1 Sam. 8, 15., d'une dime temporelle que
devint Dina; mais elle continua de vivre,
les rois devaient imposer à leurs sujets :
et accompagna plus tard son père en
nous ne voyons pas qu'elle ait en effet Egypte, Gen. 46, 15.
existé sous la royauté, mais la manière DINHABA, ville de l'Idumée, Gen. 36,
dont parle Samuel indique assez claire 32. 1 Chr. 1, 43. Il est possible que ce
ment qu'elle était en usage dans les soit celle qu'Eusèbe indique sous le nom
royaumes de l'Orient, et d'ailleurs une de bourg de Dannéa , et Jérôme sous ce
imposition de ce genre ( puisqu'il faut lui de Damnaba, comme ayant été située
des impôts en tout cas) devait bien être à 8 milles d'Aréopolis, du côté de l'Arnon.
des moins onéreuses dans un pays agri DIOTREPHES, pasteur ou diacre d'une
cole : c'était un impôt à la fois propor Eglise inconnue, 3 Jean 9. On ne sait de
tionnel à la quotité du revenu, facile à lui que ce qu'en dit l'apôtre, c'est qu'il
payer, et fixe dans sa proportion, autant était jaloux d'être le premier, orgueil
de qualités qui devaient le rendre plus leux, médisant et inhospitalier. Quel
supportable que tels autres modes qu'on ques-uns en font un hérétique (OEcume
aurait pu imaginer. nius, Beda); d'autres le font judaïsant,
Le système théocratique des dîmes, d'autres enfin prétendent au contraire
quoique simple en apparence et dans la qu'il ne voulait recevoir que les chrétiens
théorie, ne l'était point dans l'applica convertis d'entre les gentils. Il apparte
lio9; la comparaison des dispositions du nait à la même Eglise que Gaïus (v. 1.),
Deutéronome entre elles et avec celles des probablement à l'une des sept Eglises de
DIS 298 DIV
ètaient le privilége de celui qui n'avait vouloir : c'est là une espèce de divina
' pas péché, a dans tous les temps cherché tion, générale sans doute, mais sûre.
à se soustraire à la matière , à s'émanci Niera-t-on que les songes ne soient
per du corps, à sonder l'avenir, à voir un degré de pressentiment plus avancé
dans les ténèbres, à marcher sûrement que le pressentiment de la veille ? « Le
dans l'incertitude, à découvrir ce qui lui Dieu Fort, dit Elihu à Job (33, 14. 15),
est caché. De là, ces efforts inouïs, gi parle par des songes, par des visions de
gantesques; ces recherches de tous les nuit, quand un profond sommeil tombe
temps, cet amour du merveilleux, cette sur les hommes et lorsqu'ils dorment
croyance à la divination, à la magie; tra dans leur lit; alors il ouvre l'oreille aux
vaux de jongleurs, travaux de chimistes, hommes, et scelle leur instruction. »
travaux de rêveurs; imposteurs, mysti Le magnétisme avec ses merveilles,
ques, oracles, prophètes, charmes, en si longtemps réfuté par de l'esprit et des
chanteurs et devins : de là cette passion plaisanteries, n'en est pas moins acquis
des hommes pour ce qui paraît les faire maintenant à la science comme un fait ;
avancer dans les sciences occultes, espèce ceux qui en doutent appartiennent à la
de succès chez les uns , complaisance à classe la moins éclairée, et ceux qui s'en
croire chez les autres. sont occupés ont vu et vérifié des prodi
Sans s'arrêter à la question dogmatique ges que tout l'art et le génie de l'homme
de savoir si l'homme peut, en dehors de ne sauraient accomplir; ces prodiges
ladresse, de la physique et de la chimie, touchent par plusieurs points à la divi
obtenir des résultats merveilleux ; sans nation.
entrer dans un examen quelconque rela Enfin, une considération tout à fait gé
tifaux moyens par lesquels l'homme peut nérale, mais qui ne laisse pas d'avoir son
arriver au surnaturel, s'il le peut par lui application dans le cas particulier, c'est
même, ou par des forces latentes qu'il qu'une réaction va toujours beaucoup
développe, ou enfin par l'intervention des plus loin qu'elle ne doit et qu'elle ne veut
esprits qui sont dans l'air, bons ou mau aller, comme celui qui veut éviter le pré
vais; sans mème approfondir tout ce qu'il cipice tombe sur le rocher de la monta
peut y avoir de vrai dans certains faits gne; c'est plus sûr, mais ce n'est pas tou
que rapporte l'histoire, ou que l'expé jours sans quelques inconvénients. Long
rience vient chaque jour démontrer de temps on a trop cru aux merveilles des
Ilóuveau contre l'esprit fort moderne, on arts occultes et de la divination , pour un
doit cependant convenir de certains faits fait effectif, le charlatanisme en a forgé
que nous nous bornons à enregistrer, et des milliers de faux, de mensongers, de
qui sont de nature à jeter du jour en les stupides, et, pour le dire en passant, les
simplifiant, sur les questions passable clergés de toutes les sectes n'y ont pas
ment graves, malgré qu'on en ait, qui mal nui dans le moyen àge, jusqu'à l'il
viennent d'être posées. lustre siècle de Léon X : quand une fois
On avoue généralement que toutes les on a voulu rompre avec ces fables, on a
croyances populaires , quelles qu'elles tout rejeté, le bon et le mauvais, le vrai
soient, exagérées ou dénaturées, repo et le faux, parce qu'on se souciait peu de
sent sur un fondement vrai : en les dé la chance, mème infiniment petite, d'être
pouillant de leur entourage, de leurs ad abusé de nouveau. Le pays où les réac
jonctions, de leur écorce, on arrive à un tions se font toujours le moins vivement
noyau substantiel, solide, historique ; or, ressentir, l'Allemagne a su se tenir beau
de toutes les croyances populaires, la coup plus que d'autres peuples dans un
plus invétérée, la plus entêtée, c'est la foi sage milieu, quoiqu'on y trouve aussi l'un
aux sorciers, à la magie, à la divination : et l'autre extrème représentés, notam
ne serait - ce absolument qu'une chi ment celui de l'imagination.
lhère ? Ces choses étant dites, il ne sera pas
Chacun croit aux pressentiments : cha nécessaire de les rappeler à propos de
cun en a, chacun s'y fie, même sans le chaque cas spécial, et nous raconterons
DIV 300 DIV
les croyances de l'Orient sans penser de rent dans leur propre sein surgir de ces
voir les critiquer à chaque fois, sans les industriels auxquels le peuple, comme
donner pour vraies, sans les rejeter tou partout, s'empressait d'apporter de l'ar
jours absolument comme fausses. Chez gent, Mich. 3, 11. cf. Act. 16, 16.
les Israélites, d'ailleurs, il faudra tou Il y avait diverses sortes de divinations
jours distinguer les révélations divines, et de devins; les uns se bornaient à l'exa
et les moyens illicites par lesquels ils men de certaines circonstances, ou ac
pouvaient essayer de satisfaire leur cu cidens naturels, c'est ce qu'on a appelé
riosité ou leur intérêt particulier. magie naturelle; d'autres empruntaient
Les Israélites paraissaient en effet avoir tout simplement le secours de l'art, c'é-
eu plus que d'autres peuples le besoin in tait la magie artificielle ; d'autres consul
térieur de connaître l'avenir ; peut-être taient les morts ou les mauvais esprits
l'avaient-ils apporté d'Egypte, peut-être (magie noire ou diabolique); d'autres en
aussi les prophéties anciennes et glo fin devinaient d'inspiration, de pressenti
rieuses qu'ils n'ignoraient pas, mais dont ment, de seconde vue. A la première
ils n'avaient pas non plus une intelligence classe appartenaient, parmi les exemples
bien claire, leur faisaient-elles désirer qui nous sont conservés dans l'Ecriture :
d'en connaître davantage, et de pénétrer —a)L'interprétation des songes, q. v.—b)
plus avant dans un mystère pour eux plein l'examen des mouvements des serpents :
d'espérances et de charmes. Quoi qu'il en c'est même cette espèce de divination que
soit, le mal existait : Moïse, en leur don semble indiquer le terme hébreu , Lév.
nant la loi qui devait en faire un peuple 19, 26., Deut. 18, 10.2 Rois 17,17.21,6.
à part, leur annonça d'un côté que l'es (nichesh deviner, nachash serpent). Bo
prit de prophétie ne sortirait pas du mi chart a recueilli quelques faits à l'appui
lieu d'eux (v. Urim et Thummim), mais il de cette idée; les Egyptiens avaient des
leur défendit de l'autre sous des peines serpents qu'ils appelaient de bons génies,
extrêmement sévères d'user de divina et dont ils aimaient à placer la figure sur
tion, de pronostiquer le temps, de re leurs abraxas ou talismans : beaucoup de
chercher ceux qui ont l'esprit de Python, peuplades orientales ont encore leurs ser
les devins, les sorciers, les enchanteurs, pents sacrés que consultent les jongleurs,
ceux qui disent la bonne aventure et ceux et l'on se rappelle les serpents de Pallas
qui consultent les morts, Lév. 19, 26.31. (Virg. En. 2.). Les mots grecs et latins
20, 6. Deut. 18, 10. Ces lois étaient si par lesquels les Septante et la Vulgate
rigoureuses que les malheureux animés ont traduit l'hébreu , font entrer dans
de l'esprit de Python, ou qui faisaient leur composition les oiseaux (augures),
seulement profession de l'être, étaient au lieu de serpents; mais il est clair que,
condamnés à mort et lapidés vifs. Lév. soit dans le texte, soit dans les traduc
20, 27. tions, il convient de s'en tenir à l'idée
Malgré ces lois, ou plutôt parce qu'une générale de divination , sans égard aux
loi qui contrarie un penchant l'excite au moyens employés. — c) Les baguettes,
lieu de le réprimer (cf. Rom. 5, 20.), les ou bâtons divinatoires ; on croit en trou
Israélites se montrèrent dans toutes les ver la trace, Ez. 21, 26. (il a secoué les
périodes de leur histoire, et surtout sous flèches), et Os. 4, 12. (mon peuple de
les rois idolâtres, adonnés aux mages, aux mande avis à son bois, et son bâton lui
sortiléges et aux superstitions de toutes répond). Le premier de ces passages con
espèces, cf. 1 Sam. 28, 3.9.2 Rois 21, 6, tiendrait une allusion à l'ancien usage des
23, 24, Es. 8, 19. Jér. 29,8. Mich. 3, 11. Caldéens, d'écrire sur des flèches ou sur
Zach. 10, 2. : ils allèrent même consulter des baguettes le nom des villes où ils
les oracles des païens, 2 Rois 1, 2. Le voulaient se rendre, ou des choses qu'ils
culte de Bahal avait son cortége de prO voulaient entreprendre, de mêler ensuite
phètes divinateurs, 1 Rois 18, 19., les ces baguettes dans un carquois, de tirer
Philistins fournissaient leur contingent, au hasard et de se décider Suivant celle
1 Sam. 6, 2., et les Juifs eux-mêmes vi qui sortait la première. La plupart des
DIV - 301 DIV
peuples ont connu ce moyen de deviner, tion factice et purement physique sur les
qui est peu malin, et que les enfants rem nerfs des pauvres prêtres et prêtresses,
placent chez nous par le jeu d'épingle. qui faisaient de gré ou de force, le triste
Cette interprétation est possible ; le pro métier d'annoncer les choses futures ;
phète dirait alors que ie roi de Babylone, cette excitation se traduisait en gestes
incertain par quel ennemi commencer, a violents et en convulsions que l'on don
jeté sur les villes le sort des flèches, et nait pour les signes de la présence de la
qu'il marchera d'abord contre Jérusalem : divinité, (cf. AEn. 6, 46. et suiv.) : on re
on peut le comprendre cependant autre cueillait les paroles de leur délire, et
ment encore. Quant au passage d'Osée, quelques habiles arrangeaient ces paro
il supporte également cette explication, res à leur guise, et leur donnaient telle
mais d'autres aussi sont permises; ou forme obscure et ridicule qu'ils jugeaient
bien : il consulte ses idoles de bois, et convenable. C'était là ce qu'on appelait
elles lui répondent (par le moyen de leurs insanire, être fou ; il y avait folie en ef
prêtres); ou bien : ce peuple aveugle , fet, et chez le malheureux patient, et
qui ne peut se diriger par la lumière, se chez ce prêtre qui, avec une gravité ma
dirige au moyen de son bâton, en tâton jestueuse, cherchait tant bien que mal la
nant. « Il me semble, dit Calvin , que le raison dans la déraison, la clarté de l'a-
plus simple est d'y voir une condamna venir dans l'obcurité du présent. Cepen
tion contre les Israélites, qui se sont dant il y avait aussi une inspiration plus
adressés à des idoles mortes au lieu de calme, plus naturelle, soit dans le sommeil
s'adresser au Dieu vivant. » (ad Hos. 4, soit dans la veille ; elie se trouvait dans
12.). — d) L'examen des entrailles sacri un état nerveux habituel que l'on peut
fiées était chez les peuples païens un rattacher à un développement considéra
grand moyen de divination ; si les en ble du système ganglionnaire, et qui pro
trailles étaient sèches, dures ou lâches , duisait chez ceux qui étaient atteints de
s'était un présage fâcheux : si au con cette infirmité, un penchant très fort au
traire elles étaient saines et rouges, c'é- sommeil magnétique, au somnambulisme,
lait un bon signe : on peut croire que le et à la seconde vue. Il faut peut-être du
passage, Ez. 21, 26. (il a regardé au courage pour mettre en avant de telles
foie), se rapporte à la divination par les idées, qnand on ne peut ni les dévelop
intestins; mais c'est la seule trace qu'on per, ni les expliquer, ni les appuyer ;
en trouve dans l'Ecriture. — e) La divi mais tout cela trouvera sa place ailleurs,
nation, d'après le coursdes nuages, Deut. et nous ne pouvons entrer ici dans des
18, 10. (pronostiqueurs de temps) 2 Rois détails psycologiques qui demanderaient,
21, 6., ou d'après les signes des cieux, pour être traités convenablement, un ou
Jér. 10, 2., c'est l'hébreu meonen; v. ce vrage tout spécial. Du reste, dans cette
pendant l'art. Enchanteur. — f) Enfin, ligne d'idées ce qui est le plus singulier,
par l'eau ou par la coupe ; v. Coupe. ce n'est pas tant l'explication du fait, que
Quant à la divination par inspiration, le fait lui-même : et comme tous les ef
qui se distingue des précédentes par l'ab forts pour nier les faits ont toujours été
sence d'art, « quod arte careret, » dit Ci inutiles, et qu'il faut bien finir par les
céron, voici comment ce même auteur accepter, la seule chose à faire c'est de
paien la caractérise, Divin 1, 18. « Carent tâcher de les comprendre , autant du
autem arte, qui non ratione aut conjec moins qu'ils peuvent être compris. Le
turà, observatis ac notatis signis , sed passage, Act. 16, 16. sq. cf. 19, 13. sq.,
concitatione quâdam animi aut soluto li paraît expliquer cette vertu divinatoire
beroque motu futura praesentiunt, quod par la possession d'un démon. — v. en
et somniantibus sæpe contingit et non core les art. Enchanteur, Possession, Py
Dunquamvaticinantibus per furorem,» etc. thon, etc.
Souvent chez les païens (et les oracles DIVORCE. La dissolubilité des liens du
reposaient presque tous sur cette théo mariage, le divorce, toujours en honneur
rie), on cherchait à produire une excita partout où le mariage ne l'est pas, où la
DIV 302 D0D
femme est méprisée, cette coutume des lorsqu'il avait en effet trouvé dans sa
peuples païens, et que les patriarches femme des inclinations ou des actions
eux-mêmes ont connue, Gen. 21, 14., réellement déshonnêtes et honteuses. Jé
fut régularisée par la loi de Moïse ; il fut sus dont la doctrine était l'accomplisse
permis, sauf les deux cas où l'homme au ment de la loi, distingue positivement sa
rait, avant son mariage, déshonoré une doctrine de celle de Moïse ; il déclare
jeune fille par des paroles flétrissantes que le divorce a été permis à cause de la
ou par une conduite brutale, Deut. 22, dureté du cœur naturel, mais lui ne le
19. 29. ll fut permis, et voici comment permet que pour le cas d'adultère, puis
Moïse s'exprime à cet égard, Deut. 24, qu'alors les liens du mariage sont déjà
1-4.: « Quand quelqu'un aura pris une dissous de fait : en appuyant ainsi de son
femme et se sera marié avec elle, s'il ar autorité les enseignements de Schamaï
rive qu'elle ne trouve pas grâce devant comme plus saints, il semble indiquer
ses yeux, à cause qu'il aura trouvé en que l'interprétation de Hillel était en ef
elle quelque chose de malhonnête, il lui fet celle qu'on devait donner à la loi de
donnera par écrit la lettre de divorce, et Moïse. Toutefois, malgré cette facilité du
la lui ayant mise entre les mains, il la divorce, il est à remarquer que l'Ancien
renverra hors de sa maison. » La femme Testament ne cite pas un seul exemple
divorcée et remariée ne pouvait plus re de ce cas, depuis la promulgation de la
tourner auprès de son premier mari, loi : on voit même David garder jusqu'à
même après la mort du second. Quelque sa mort les femmes qu'Absalon son fils
étendue que paraisse au premier abord avait déshonorées ; il les enferme, mais
cette facilité d'obtenir le divorce, elle est ne les répudie pas ; et les rabbins écri
limitée par deux restrictions ou difficul vent que l'on ne permit pas à David de
tés, l'une intérieure, l'autre extérieure ; répudier aucune de ses femmes pour
il fallait donner à la femme, par écrit, épouser Abisag, et qu'il dut se contenter
une lettre de divorce; cette gêne, petite de la prendre à titre de concubine parce
en apparence, était pourtant une gêne à qu'il avait déjà le nombre de dix-huit
cette époque où l'art d'écrire était si peu femmes permis par les coutumes. Plu
répandu ; et quelquefois des obligations sieurs passages prouvent cependant que
de ce genre amenant des longueurs peu les Juifs n'usaient que trop souvent de
vent aussi donner le temps de réfléchir. la facilité que la loi leur accordait à cet
L'autre condition du divorce, beaucoup égard ; v. Jug. 15, 2. 19, 2. 3. l'rov. 2,
plus législative et morale, c'est que pour 16. 17. Mich. 2, 9. Mal. 2, 15. Esdr. 10,
l'obtenir il fallait plus qu'un caprice, il 2.3. Néh. 13, 23-30.
fallait un motif suffisant, il fallait que le DIZAHAB, Deut. 1, 1., ville ou bourg
mari eût trouvé en sa femme quelque dans le désert d'Arabie, bâtie peut-être
chose de malhonnéte. Les termes sont dans une localité riche en palmiers, que
bien vagues, il est vrai, et pouvaient éten Burkhardt a retrouvée sur les bords du
dre par leur élasticité ce que la loi avait golfe arabique, sous le nom de Dahab.
voulu restreindre ; les deux célèbres éco DOBERATH, nom que porte dans quel
les juives de Hillel et de Schamaï se dis ques mss. la ville de Dabrath, q. v.
putaient à l'époque de notre Sauveur sur DODANIM (amours). Cette peuplade
l'interprétation qu'on pouvait donner à japhétique étant nommée, Gen. 10, 4.,
ces paroles : la première pensait qu'un avec d'autres qui ont habité la Grèce, On
homme pouvait répudier sa femme pour a rapproché avec assez de vraisemblance
les plus légers motifs, par exemple si son nom de celui de Dodone en Epire.
elle faisait mal la cuisine, s'il trouvait Bochart cite un Targum qui rend Doda
une autre femme qui lui convînt davan nim par Dardanim : on sait que ce nom
tage, ou enfin, s'il découvrait en elle se trouve dans les anciennes fables des
quelque légère difformité. Schamaï sou Grecs : selon eux Dardanus émigra en
tenait au contraire que la loi ne donnait Asie Mlineure où il fonda la ville de
à l'homme le droit de répudiation, que Troie. Dans le passage parallèle, 1Chr. 1,
D0N 303 D0N
7., de même que dans le Pentateuque sa comme une marque d'honneur, et comme
maritain et dans les Septante, nous trou un témoignage d'estime ou d'amitié, Gen.
vons Bodanim qui signifierait selon les 32. Ils consistaient soit en argent, 2 Sam.
uns l'ile de Rhodes, selon les autres mê 48, 11., soit en armes ou vêtements pré
me le Rhône, Rhodanus ; mais c'est aller cieux, 1 Rois 10, 25., soit enfin en fruits,
un peu loin ; d'ailleurs il y a tout lieu de fourrage , ou provisions de toutes es
croire que la leçon conservée dans la pèce, 1 Rois 10, 25. 14, 3. Gen. 24, 53.
Genèse est la primitive ; le copiste du 32, 13. 43, 11. 1 Sam. 9, 7. 16, 20.2 Chr.
livre des Chroniques pouvait facilement 17, 11.; mais comme ils étaient toujours
cºnfondre les deux initiales, qui en hé proportionnés à la fortune des donateurs,
breu ont en effet la plus grande ressem ils se trouvaient être parfois de très peu
blance. -
de valeur, 1 Sam. 9, 8. 16, 20. Des amis
D0EG (soucieux) ; iduméen qui était se faisaient des présents lorsqu'ils se vi
l'inspecteur en chef des troupeaux de sitaient ou à certains jours de fêtes, Est.
Saiil; il était à Nob lorsque David y vint 9, 19., les inférieurs quand ils recevaient
auprès d'Ahimelech lui demander des vi leurs supérieurs, 1 Sam. 9, 7. Gen. 43,
vres et des armes. David qui l'aperçut 11. Matth. 2, 11., surtout les sujets à leur
et qui sans doute le connaissait, craignit souverain, 1 Rois 4, 21. 10, 25. 2 Chr.
une trahison et s'enfuit sans avoir dit à 17, 5.; ce dernier cas paraît même être
Ahimélech quels étaient ses rapports avec devenu une coutume obligatoire, telle
le roi; il feignit même d'être en course ment que ceux qui à l'avènement d'un
p0ur une mission spéciale, et fut bien roi ne lui apportaient pas de présents,
éloigné de vouloir l'entraîner dans une pouvaient être regardés comme de mé
révolte ou dans un complot. Mais Doëg, chants hommes, 1 Sam. 10, 27. Les Hé
sur les instances de Saül qui cherchait breux appelèrent aussi présents les tri
partout des témoins contre David, racon buts qu'ils devaient payer à des monar
la en la dénaturant la conversation qui ques étrangers, pour déguiser sans doute
avait eu lieu à Nob, et chercha à la repré par la douceur de l'expression ce que la
Senter comme une conjuration politique. chose avait de pénible pour tout véritable
Saül qui ne pouvait atteindre David vou Israélite, Jug. 3, 15. 17. 2 Sam. 8, 2.2
lut se venger au moins sur les sacrifica Rois 17, 3. 4. 2 Chr. 17, 11. 26, 8. Ps.
leurs ; il fit comparaître Ahimélech avec 45, 13. 68, 30. 72, 10., etc. Les rois fai
lôute sa famille, les condamna à mort saient de même quelquefois des présents
sans forme ni procès, et chargea ses ar à leurs favoris, 2 Sam. 1 1, 8., à des étran
chers d'exécuter la sentence : sur leur gers, à des ambassadeurs, ou à leurs pro
refus il donna le même ordre à Doég, qui pres employés civils et militaires, Est. 2,
de délateur devint sans peine bourreau, 17.; ces cadeaux consistaient ordinaire
et s'acquitta de sa commission avec ment en vêtements précieux, 2 Rois 5, 22.
Cruauté ; il mit à mort quatre-vingt-cinq Est. 6, 8.8, 15. Dan. 5, 16.29. cf. 1 Sam.
sacrificateurs, et passa au fil de l'épée 18, 4.Dans les jours de fêtes on faisait au
tous les habitants de Nob, 1 Sam. 21, 7. peuple des distributions de vivres,2Sam.
22, 9-23. David a rappelé cette trahison 6, 19. Les rois s'envoyaient mutuelle
Ps. 52, 1. ment des cadeaux lorsqu'ils voulaient
D0IGT. Il est parlé plusieurs fois dans contracter des alliances, 1 Rois 15, 19.2
I'Ecriture du doigt de Dieu pour dési Rois 16, 8. 20, 12. Es. 39, 1.
gner sa puissance, Ex. 8, 19. 31, 18. Ps. C'est dans tout l'Orient une espèce de
*, 3. Es. 58, 9. Luc 11, 20. — Le mot cérémonie que le fait même de la présen
doigt exprime souvent aussi une mesure tation des cadeaux, et elle se fait toujours
Ilaturelle prise de l'homme comme la avec une pompe proportionnée à la gran
Coudée, et équivalant à un peu moins de deur des présents : on va jusqu'à prendre
314 de pouce, Jér. 52, 21. un grand nombre de bêtes de somme pour
D0NS, ou présents. Les dons ont, dès porter un présent qu'un seul homme eût
les temps les plus anciens, été considérés pu présenter : quelquefois on les fait por
DOR 304 DRU
ter par des esclaves, et aucun des porteurs dit : Tabitha, lève-toi! Et elle ouvrit les
ne doit être chargé de manière à en être yeux, et voyant Pierre elle s'assit. Et lui
gêné. ayant donné la main, il la leva et la pré
Il était défendu de faire des présents senta aux saints et aux veuves qui se trou
aux juges et aux témoins : cette honteuse vaient là. Ce miracle fut cOnnu de t0ute
corruption, flétrie Ex. 23, 8. Deut. 16, la ville de Joppe, et un grand nombre de
19. 27, 25. cf. 1 Sam. 12, 3. Ps. 15, 5. personnes crurent à la prédication de l'E-
Prov. 15, 27. Es. 33, 15., n'en a pas moins vangile qui opérait des choses si mer
été souvent mise en usage, et l'on trouve VeilleuSeS.
bien des magistrats qui y ont été acces Il n'y a aucune difficulté dans cette his
sibles, 1 Sam. 8, 3. : aussi les livres sa toire , à moins qu'on ne veuille en trou
crés sont-ils remplis de plaintes et de re ver une dans la résurrection même de
proches à cet égard, Job. 15, 34. Ps. 26, Dorcas ; quelques-uns, en effet, la nient
10. Prov. 17, 23, 18, 16. Es. 1, 23. 5, 23. et prétendent que Dorcas était seulement
Ez. 22, 12. Mich. 3, 11. en léthargie ;la voix de Pierre à son oreil
Cadeaux de noces, v. Mariage. le aurait suffi pour la réveiller. Si l'on ne
DOPHKA. L'un des campements des peut résoudre la difficulté que par la puis
Israélites dans le désert, Nomb. 33, 12. sance de Dieu, on ne peut comprendre
lnconnu. l'objection que par la puissance des té
DOR (demeure). Ville cananéenne si nèbres. -
tuée au bord de la Méditerranée, non loin DOTHAIN, Gen. 37, 17., ou Dothan,
du Carmel ; lors de la conquête, elle fut 2 Rois 6, 13., ville de Palestine qui se
donnée à la tribu de Manassé, Jos. 11, 2. trouvait dans une gorge de montagnes,
12, 23. 17, 11. 1 Rois 4, 11. 1 Chr. 7, 29. non loin de Jizréhel, sur la route que les
On trouve de nos jours, dans cet endroit, caravanes prenaient pour se rendre d'E-
une bourgade sous le nom de Tortura ou gypte en Galaad.
Tantura. DRACHME, monnaie grecque qui passa
DORCAS ou Tabitha (chevreuil, en grec en Palestine après l'exil, 1 Chr. 29, 7.
et en syriaque), femme demeurant à Jop Esd. 2, 69. 8, 27. Néh. 7, 72., et qui était
' pé, disciple, pleine de bonnes œuvres et surtout en usage à l'époque de Christ,
d'aumônes qu'elle faisait, Act. 9, 36. Etant Luc 15, 8.9. Il y en avait plusieurs es
morte après une courte maladie, on lava pèces, qui valaient de 45 à 83 centimes.
son corps et on le déposa dans une cham DRAGON , Es. 43 , 20., v. Chacal.
bre haute; puis pendant que les malheu —Dragon, ou Serpent ancien, Apoc. 12 et
reux menaient deuil auprès d'elle en pleu 13, v. Serpent. — Fontaine du Dragon,
rant, les disciples ayant su que Pierre Néh. 2, 13., v. Siloé.
était à Lydde, où il venait de guérir un DROGUES, Gen. 37, 25., v. Stacte.
homme paralysé depuis plusieurs années, DROITURIER, Jos. 10, 13., v. Jasar.
espérèrent que, peut-être, il pourrait ren DRUSILLE. Féconde en maris, cette
dre à la vie celle qu'ils aimaient comme femme qui est nommée , Act. 24, 24.,
leur bienfaitrice, et envoyèrent auprès de comme l'épouse du procurateur romain
lui deux hommes pour le prier de venir Félix,était fille d'Hérode Agrippale Grand,
sans délai. Pierre étant arrivé, monta dans Act. 12, 23., et sœur d'Agrippa le Jeune :
la chambre haute, où il vit le beau spec elle avait été fiancée d'abord à Antiochus
tacle de ces veuves et de ces pauvres qui, Epiphane; mais comme celui-ci n'avait
pour toute oraison funèbre, montraient pas voulu embrasser le judaïsme, elle
les robes et les vêtements que Dorcas épousa Azizus, prince d'Emessa, puis fi
avait travaillés pour eux. Alors, les ayant nit par se laisser séduire par Félix, dont
fait sortir à l'exemple de son maître, elle eut un fils, Agrippa qui périt plus
Matth. 9, 25. Marc 5, 40., et sans doute tard , comme elle, par une éruption du
pour mieux pouvoir se recueillir, l'apôtre Vésuve. Ces deux époux, curieux d'en
se mit à genoux auprès du lit funéraire, tendre le prisonnier chrétien, le firent
et pria; puis, se tournant vers le corps, il comparaître; mais comme il leur parlait
EAU 305 EAU
de justice, de chasteté, de jugement à 18., les « eaux qui trompent » sont une
venir, Félix tout effrayé le renvoya en lui allusion au phénomène du mirage, alors
disant : Pour le moment va-t-en, et quand que le voyageur altéré croit voir dans le
j'enaurai la commodité je te rappellerai.— lointain un lac au milieu des sables , et
Drusille passait pour la plus belle femme hâte sa marche sans pouvoir approcher
de son temps , mais non pour la plus de cette eau qui n'en est pas une ; des
chaste. eaux plus fidèles sont mentionnées Es.
DUCS, Dan. 3, 2.3., le mème mot qui 33, 16., et pour le chrétien ce sont les
est ordinairement traduit par gouver mêmes que celles de Jean 4, 10.
neurs, Est. 3, 12. Esd. 5, 3. C'était une Il est parlé fréquemment des eaux su
charged'administration, inférieure à celle périeures et des eaux inférieures, de cel
des satrapes : v. Baillis. Le mot traduit les d'en haut et de celles d'en bas, des
par ducs, Gen. 36, 15. sq., signifie plu eaux de l'abime, du grand abîme, etc.,
tôt chefs (de famille ou de tribus). Gen. 1, 6.7. 7, 11. Ex. 15, 5. Deut. 8, 7.
DUMA (silence), 1° ville de la tribu 33, 13. Es. 51, 10. C'est à l'époque de la
de Juda, Jos. 15, 52. ; 2° peuplade arabe création que les eaux de la terre et celles
descendant d'Ismaël, Gen. 25, 14. Es. 21, du ciel furent séparées; au moment du "
11.Le territoire qu'elle occupait est peut déluge elles se réunirent pour noyer et
être indiqué aujourd'hui par une ville si détruire l'ancien monde; v. ces deux ar
tuée dans la province de Nedschend, sur ticles.
la frontière de l'Arabie et du désert de Les eaux de la contestation de Kadès
Syrie, et qui porte le nom de Dumath sont le nom historique d'un lieu qui fut
Aldschandel. pour Aaron et Moïse une occasion de
DURA. Nom d'une plaine de la Baby chute; ce nom fut donné à l'endroit pour
lonie, probablement même celle où la perpétuer le souvenir du péché de ces
ville de Babylone était bâtie, Dan. 3, 1. deux grands hommes de Dieu. Elles s'ap
Hérodot. 1, 178. pellent en hébreu Mé-Méribah-Kadès,
Deut. 32, 51., et sont diversement tra
E duites dans nos versions; v. Méribah,
Mara, Mérom, etc.
EAU. L'eau a dans l'Ecriture diverses On trouve au chapitre cinquième des
acceptions figurées. Elle se prend d'a- Nombres, versets 12-31, l'institution des
bord pour toute espèce de boisson en eaux amères ou eaux de jalousie, desti
général, Deut. 23, 4. 1 Sam. 25, 11. 1 nées à faire reconnaître au mari soup
Rois 13, 18. Elle indique la famille, as çonneux la faute ou l'innocence de sa
cendante ou descendante, les ancêtres ou femme (v. Adultère). Cette épreuve était
la postérité, Es. 48, 1. (cf. Ps. 68, 26.), une espèce de jugement de Dieu, mais
Nomb. 24, 7. Prov. 5, 15. 16. : ce der différait des épreuves du moyen âge en
mier verset doit se traduire par le futur ; ce que par sa nature elle était inoffensive
le bonheur d'une femme fidèle y est re et qu'il fallait un miracle pour punir,
présenté sous l'image d'une fontaine tandis que ces dernières étaient toujours
abondante dont les eaux se répandent ri dangereuses par elles-mêmes et que le
chement au dehors et dans les rues. Ail miracle était nécessaire pour sauver; la
leurs, les eaux marquent des peuples nom loi divine, comme toujours, était davan
breux, Apoc. 17, 15. Elles signifient aussi tage protectrice, l'épreuve des hommes
des malheurs, Lam. 3, 54. Ps. 69, 1, 124, était plus cruelle. — L'intervention con
4.5., ou les larmes, Ps. 119, 136. Jér. stante de l'Eternel était dans cette épreu
9, 1., et la sueur, Ezech. 21, 12. 7, 17. ve, plus peut-être que dans toutes les au
Dieu compare son culte à des eaux vives, tres, une nécessité, parce que si la fem
Jér. 2, 13. Jean 4, 10., et le culte des me coupable ne succombait point, elle et
idoles, comme celui des femmes débau Son complice pouvaient dès ce moment
chées, à des eaux dérobées et étrangères, regarder tout le système de Moïse comme
Prov. 9, 17. — Dans le passage Jér. 15, une dérision, et tourner sans crainte en
I. 20
EBE 306 ECA
en teignait des rideaux, des draperies et pensées est intitulé : « Paroles de l'Ecclé
des tapis de luxe que les riches seuls pou . siaste, fils de David, roi de Jérusalem; .
vaient se procurer, 2 Sam. 1, 24. Prov. c'est un des livres qui ont donné le plus
31, 21. Jèr. 4, 30. Lam. 4, 5. (Jér. 22 , de travail aux interprètes. Que signifie
14. se rapporte aux boiseries, qui sou d'abord le nom même d'Ecclésiaste, ou
vent étaient enduites de riches couleurs, plutôt le nom hébreu de Kohéleth 9 La tra
êt peintes en écarlate). Chez les Romains duction la plus simple en apparence, et
les rois , les princes et les généraux re le plus généralement admise, est celle de
vètaient des manteaux de cette couleur, Prédicateur (Luther : Prediger); Horne
Matth. 27, 28. Plusieurs pièces du taber l'applique soit à la personne chargée de
nacle et des vêtements sacerdotaux étaient convoquer le peuple, soit à celle qui doit le
tissues de fils écarlates, Ex. 25, 4. 28, haranguer. La racine kahal est employée,
5. 36, 8. 38, 18. 39, 1. Nomb. 4, 8. Jos. 1 Rois 8, 1., pour dire que Salomon as
2, 18.; peut-être aussi le voile du temple sembla les anciens; c'est aussi là sa signi
de Salomon, 2 Chr. 3, 14. fication particulière , correspondante à
ECBATANE, ville de Médie, que quel celle du mot grec izz)nzix , d'où nous
ques interprètes croient être désignée , avons fait les mots Ecclésiaste et Eglise.
Esd. 6, 2., par le nom caldéen Achmetha, D'autres traduisent un rassembleur ou
que nOs versions ont traduit par « dans un collecteur, et l'entendent de celui ou de
coffre : » cette traduction est possible, ceux qui auraient rassemblé et rédigé des
comme aussi l'opinion de ceux qui ren paroles prononcées par le fils de David :
dent Achmetha par Ecbatane. Cette ville l'Ecclésiaste serait alors , non pas l'au
est plusieurs fois rappelée dans les Apo teur, mais le rédacteur du livre. La forme
cryphes. Elle fut fondée par Déjocès, roi du mot Kohéleth est féminine (propre
des Mèdes (705 av. C.), et entourée de ment la prédicatrice), mais on l'emploie
sept murailles, qui s'élevaient par étages fréquemment en hébreu, même en par
du dehors an dedans de la ville, et dont lant d'hommes, lorsqu'on veut désigner
les créneaux, au dire d'Hérodote (1, 98.), plus particulièrement une charge, une di
# étaientdesept couleurs différentes,blancs, gnité, un office. Eu égard à cette forme
noirs, rouges, bleus, rouge foncé, argen féminine , quelques docteurs distingués,
tés et dorés : le mur extérieur avait près Carthwight, Heidegger, etc., ont cepen
de 38 kilom. de tour, 178 stades. Depuis dant présenté une interprétation différen
Cyrus elle fut pendant deux mois d'été la te;ils voient dans Koheleth laforme hébraï
résidence des rois de Perse, qu'y attirait que du Pohel, et traduisent ce mot par
la fraicheur de son climat. Elle renfermait « une âme rassemblée » ; selon eux Salo
un palais magnifique , un vaste temple et mon, après avoir été rejeté de l'Eglise,
de riches aqueducs. C'est là qu'Antio chassé de la synagogue à cause de ses dés
chus Epiphanes apprit la déroute des ar ordres, y serait rentré par sarepentance,
mées qu'il avait envoyées en Palestine, serait redevenu membre de cette assem
2 Macc. 9, 3. Plusieurs voyageurs assu blée, et lui aurait été aggrégé de nou
rent qu'on en voit encore quelques chéti veau : le féminin marquerait la profon
ves ruines dans le voisinage de Hama deur de sa conversion, ce ne serait pas
dan, sous les 34° 53'de latit. et 65° 24'de un homme, un roi, Salomon, son corps
longit.(Morier, Voyag. en Perse).—Héro qui aurait été rassemblé, mais son âme ;
dote et Pline mentionnent une autre Ec quelques rabbins appuient cette manière
hatane en Phénicie, non loin du mont de voir en expliquant Kohéleth par un
Carmel, du côté de Ptolémaïs, où Camby homme doué d'une âme réintégrée. En
se mourut, s'étant blessé à la cuisse avec tre ces deux explications principales ,
son cimeterre, comme il montait à che dont l'une fait de l'auteur un maître qui
Val; auj. Caïffa. enseigne, et de l'autre un fidèle qui se
ECCLÉSIASTE. C'est ainsi que s'ap repent et s'humilie, on peut choisir; la
pelle l' auteur d'un des livres sentencieux seconde a peut-être quelque chose de
de l'Ancien Testament. Son recueil de plus séduisant; la première réclame en sa
ECC 308 ECC
faveur un plus grand nombre d'autorités pécheur reproduits par l'Esprit saint pour
et l'analogie de la langue. être combattus. Le but de l'auteur a été
Quant à la personne désignée par le de démontrer la vanité des choses de la
nom d'Ecclésiaste, il est difficile de s'y terre comme telles , et l'excellence de la
méprendre, et il faut beaucoup de bonne sagesse et de la vraie religion ; son ou
volonté pour y voir autre chose que Sa vrage présente une espèce de dialogue
lomon. Ceux mêmes qui veulent, com dont les rôles sont quelquefois assez dif
me Luther, n'y voir qu'une collection, re ficiles à distinguer, parce que les inter
connaissent que les paroles sont des sen locuteurs se rencontrent en plusieurs
tences prononcées par ce sage monarque, points, et que celui qui relève la gran
quoique recueillies par d'autres; rien ne deur divine s'accorde avec l'autre à dire
justifie, du reste, ce système. Au premier que tout n'est que vanité. On peut sup
verset, l'Ecclésiaste se donne comme roi poser avec Grotius un homme de bien
de Jérusalem et fils de David , ailleurs (2, discutant avec un impie ou un Sadducéen;
4. sq. 1, 16. cf. 1 Rois 4,), il parle de ses c'était une forme qu'affectionnaient vo
richesses immenses, de ses maisons, de lontiers les anciens, Platon, Xénophon,
ses campagnes, de ses vignes, des aque etc.; cependant le dialogue n'est pas aussi
ducs qu'il a fait bâtir, de ses viviers, de marqué que dans les ouvrages de ces phi
ses esclaves, de ses trésors en or et en losophes. Il paraîtrait plutôt que Salomon
joyaux, de sa grandeur, qui a été plus discute avec lui-même, soit qu'il repro
élevée que celle de tous ceux qui ont été duise les arguments sadducéens que sa
à Jérusalem avant lui, de sa sagesse di profonde science lui avait certainement
vine; il parle encore des sentences et des fait connaître, soit aussi que le roi péni- .
proverbes qu'il a mis en ordre, Eccl. 12, tent raconte ses erreurs passées, et le
11.12. cf. 1 Rois 4, 32., etc.; il n'V a qu'un matérialisme insensé qui avait été pour
type qui réponde à tous ces caractères. lui le fruit de ses débauches et de son
Toutefois, nous devons mentionner pour idolàtrie. Quoi qu'il en soit, on voit dans
mémoire l'opinion des Talmudistes, qui ce livre des opinions contraires mises en
attribuent cet ouvrage au roi Ezéchias ; présence , il y a donc deux hommes qui
celle de Grotius, qui l'attribue à Zoro parlent, fictifs peut-être, et les doutes de
babel; celle de Kimchi, qui l'attribue à l'un ne sauraient pas plus être comptés
Esaïe. au nombre des paroles sacrées, que les
Au dire des rabbins, cOnfirmé par Saint discours des rois impies, des faux pro
Jérôme, quelques-uns de ceux qui re phètes, et de Satan lui-même, qui sont
cueillirent les livres saints après la cap reproduits en maint endroit par l'Esprit
tivité, furent d'avis de ne pas insérer l'Ec Saint.
clésiaste dans le Canon, de peur que des On a souvent remarqué la solennité
esprits faibles ne fussent scandalisés de avec laquelle s'ouvre le chapitre 5e; l'im
certains passages obscurs qui s'y trou pie, dégoûté, mais non désabusé, a criti
vent, et qu'ils pourraient mal interpréter, qué tout ce qui se fait sur la terre; il
par exemple, 3, 18-22.4, 1-3. 9, 2., etc. s'est plaint de voir prospérer le méchant,
Effectivement , ces versets trahissent un le faible tomber sans consolateur; le Sage
matérialisme et un athéisme révoltants ; lui répond : « Quand tu entreras dans la
ils rappellent dans leur genre ce passage maison de Dieu, prends garde à ton pied;
des Romains 6, 1. : « Péchons , afin que ne te précipite pas à parler ; Dieu est au
la grâce abonde »; et ces paroles du mème ciel et toi sur la terre; c'est pourquoi use
apôtre, 1 Cor. 15, 32. : « Mangeoils et de peu de paroles. » Homme chétif ! tu
buvons, car demain nous mourrons »; si veux critiquer cet univers, qui marche,
les unes et les autres de ces paroles im conduit par la puissante main de Dieu; tu
pies se trouvent dans l'Ecriture, celles du veux aborder le temple mystérieux de la
Nouveau Testament pourront nous expli Providence; tu veux sonder la profonde
quer celles de l'Ancien; dans l'un et l'au Sagesse; eh bien, sois au moins prudent,
tre cas, ce sont les raisonnements du ne te hâte pas de juger, et regarde.
|
Il est difficile de donner une idée exacte mort impénitent : il l'a écrit après, s'il
du plan de cet ouvrage; on peut le di s'est repenti, et cette dernière opinion
viser en trois parties : 1o la thèse 1, 1-3. ; qui semble ressortir de la lecture même
— 2° le développement, 1, 4-12, 8. ;- de l'ouvrage, nous paraît de beaucoup
3° la conclusion 12. 8-16. Le développe la plus probable; c'est presque une œu
ment lui-même comprend deux parties vre de pénitence , et l'on ne peut guère
principales : l'une négative, sur la vanité supposer que celui qui l'a écrite , ait pu
des choses de la terre ; elle va jusqu'à 6, faire plus tard une chute éternelle. Qui
9.; l'autre , positive, sur la nature , l'ex voudrait admettre que nous eussions dans
cellence et les effets bienfaisants de la l'Ecriture l'ouvrage d'un apostat, d'un
révélation divine, jusqu'à 12, 7. Quant à réprouvé! L'inspiration n'y perdrait rien,
l'ordre des idées, on ne peut pas le dé sil'on veut, mais bien le lecteur. D'ailleurs
lerminer, et malgré tous les efforts qu'on il est difficile de croire qu'un homme aussi
a faits. on n'a pas réussi à exposer l'en privilégié de Dieu, en ait été dans la suite
chaînement méthodique des arguments, complètement abandonné (v. Salomon).
soit que l'âme trop pleine du prophète ait On possède 'en français une bonne tra
débordé de tous les côtés, versant à la duction de l'Ecclésiaste, par M. Vivien, et
fois le désespoir et l'espérance, les plain un commentaire explicatif, simple, pro
tes et le repentir, les vieilles erreurs et fond et précieux, de M. F. de Rougemont.
la nouvelle intelligence; soit, comme le dit ÉCOLES. Quelques rabbins parlent d'é-
naivement Heidegger, soit que nos hum coles antédiluviennes, divisées successi
bles esprits ne soient pas capables de vement par Adam, Enos et Noé ; puis par
suivre la logique subtile et déliée d'un si Melchisédec à Kiriathsépher ; il ajoutent
grand roi. — Le dernier chapitre pré qu'Abraham donnait des leçons d'arith
sente à un haut degré ce caractère d'au métique et d'astronomie en Caldée; qu'il
torité que les païens remarquaient dans en donna plus tard en Egypte, et que Ja
les discours de Jésus ; le sage ne discute cob lui succéda dans l'art d'enseigner.
plus, il affirme; il ne raisonne plus, il Ils ne disent pas à quelles sources ils ont
impose : « Jeune homme, marche comme puisé ces traditions, plus qu'incertaines.
ton cœur te mène, mais sache que pour Les écoles proprement dites, destinées
toutes ces choses Dieu t'aménera en ju à la culture intellectuelle du peuple , ne
gement.—Crains Dieu, et garde ses com furent pas plus connues des Israélites
mandements, car c'est là le tout de l'hom avant l'exil , qu'elles ne le furent des
me; parce que Dieu amènera toute œuvre premiers Romains, ce qui n'a rien qui
en jugement, touchant tout ce qui est ca doive surprendre puisque l'antiquité n'a-
ché, soit bien, soit mal. » vait pas un cercle de connaissances élé
Personne n'était mieux qualifié que Sa mentaires bien étendu, la lecture, et sur
lomon pour dire : Vanité des vanités, tout tout l'écriture étant l'apanage presque
est vanité! Il avait joui de tout, abusé de exclusif des riches. On ne saurait douter
tout!Richesses,amour,sagesse, il avait vu que les enfants ne reçussent une instruc
une fin à toutes ces choses, et plusieurs tion religieuse, mais les parents seuls en
l'avaient trompé. D'autres témoignages étaient chargés, Prov. 6, 20.; déjà Moïse
que le sien eussent été moins forts. avait ordonné aux Hébreux d'élever leurs
Quant à l'époque de la composition enfants dans la connaissance de leur loi et
de ce livre, ceux qui supposent un autre de leur histoire, Deut. 6, 7.20. 11, 19.
auteur que Salomon, la fixent naturelle Peut-être les rois avaient-ils pour leurs
ment de très diverses manières, Suivant fils des gouverneurs particuliers. Mais ce
l'auteur qu'ils donnent à l'Ecclésiaste ; ne sont pas là des écoles; il n'en faut pas
nous n'avons pas à nous en occuper. Pour voir davantage dans les enseignements
les autres, ils sont divisés selon qu'ils que Moïse, Aaron et les anciens d'Israël
admettent ou non que Salomon s'est re donnaient au peuple dans le désert.Après
levé de sa chute et de son idolâtrie ; il a l'exil même nous voyons encore les mè
composé l'ouvrage avant sa chute, s'il est res soigner l'instruction de leurs enfants,
EC0 310 ECR
Susan. 3., 2Tim. 3, 15.; la religion forme struire et s'édifier, et saintement élec
toujours la partie la plus importante de trisés par la parole noble et divine de
cette éducation, parce que la religion est leur maître, qui les élevait dans une
intimément liée à l'état civil, et qu'elle sphère plus haute de la vie religieuse, et
est aussi indispensable au citoyen qu'au leur communiquait ainsi des dons qui
fidèle, étant à la fois politique et théo étaient refusés aux âmes moins pieuses,
cratique. Cependant c'est à cette époque moins constamment sous l'influence d'en
à peu près, que prirent naissance les pre haut. Il paraît, d'ailleurs, que les prophètes
mières écoles juives, qui ne furent dans avaient en effet des réunions régulières
le principe qu'une espèce de dépendance d'instruction qu'ils tenaient les jours de
des synagogues. Les jeunes garçons des sabbat , les jours de nouvelle lune, et à
tinés à la carrière des saintes lettres re d'autres moments déterminés; on peut le
cevaient sans doute une instruction pré conclure de 2 Rois 4, 23.
paratoire , avant d'être confiés au scribe Ces réunions subsistèrent jusqu'à la
qui devait les former. On n'enseignait captivité de Babylone; on en trouve peut
que rarement les langues étrangères dans être encore quelques traces, Ezéch. 14, 1.
les écoles de la Palestine; cependant, 20, 1. 8, 1. etc., puis elles furent rem
d'après le Talmud, ce n'est que de la der placées par les synagogues, dont le nom
nière guerre des Juifs que date la dé bre se multiplia tellement au retour de
fense positive d'enseigner le grec aux l'exil, que dans la seule ville de Jérusa
enfants. lem On en compta jusqu'à 394 ou 400 ;
Ecoles de prophètes. Il y en avait dans chaque corps de métier avait la sienne,
différents endroits du pays , notamment les étrangers même en possédaient plu
à Rama, 1 Sam. 19, 19.20., à Jéricho, sieurs.
2 Rois, 2, 5., à Béthel et à Guilgal, 2 Rois ECRITURE. L'écriture fut de bonne
2, 3. 4, 38. Quelques - uns prétendent heure connue des Hébreux ; cependant
qu'Elie avait aussi une école de ce genre l'on n'est pas d'accord sur l'époque où
dans les grottes du Carmel. Les jeunes elle fut introduite d'une manière générale,
gens qui faisaient partie de ces assem et deux opinions passablement tranchées
blées étaient appelés fils des prophètes ; sont encore en présence aujourd'hui.
ils n'étaient pas nécessairement jeunes, Hengstenberg et Haevernick réclament
et pouvaient être mariés, 2 Rois 4, 1.; déjà pour les patriarches la connaissance
ilsvivaient ensemble, quelquefois en nom de l'art d'écrire; Winer ne la fait remon
bre fort considérable, 2 Rois 2, 16. 6, 1., ter qu'aux jours de Moïse ; Hartmann et
(peut-être aussi 1 Rois 18, 4.13.) et pre Bohlen veulent même ne lui donner qu'une
naient leurs repas en commun, 2 Rois 4, origine beaucoup plus récente. Nous ne
38. La musique et le chant jouaient un dirons rien de cette dernière opinion qui
grand rôle dans leurs exercices religieux, n'a pour elle qu'une volonté et des pré
comme on peut le voir par 1 Sam. 10, 5., occupations dogmatiques, non plus que
mais l'Ecriture ne nous donne aucun dé de celle qui attribue à Adam l'invention
tail sur l'ensemble de leurs travaux et | de l'écriture et la composition d'un livre ;
sur l'objet même de l'institution : la pro quant aux prophéties d'Enoch, dont il est
phétie, comme don miraculeux, ne pou parlé Jud. 14. v. Enoch. En faveur de la
vait pas se communiquer par l'enseigne première opinion, Haevernick (Einleit. in
ment ; d'un autre côté, lorsqu'on voit die BB. des A. T., p. 269 sq.) a réuni un
Saül se joindre tout-à-coup aux jeunes grand nombre de passages et de pré
somptions diverses, qui ne sont pas tous
gens qui prophétisent, 1 Sam. 10, 10., on
est presque obligé d'admettre qu'une égalements probants, mais dont l'ensem
grande puissance de l'Esprit se manifes ble milite avec beaucoup de force à l'ap
tait au milieu d'eux. Le plus naturel est,
pui de sa thèse. Les rapports fréquents
ce nous semble, de voir dans ces écoles des Hébreux avec les Phéniciens, les ri
des associations de jeunes gens pieux , chesses et la prospérité de Sidon, ses
réunis autour d'un prophète pour s'in vaisseaux bien connus des patriarches,
ECR 311 EDE
Gen. 49, 13., les relations du Nord avec A l'époque de Moïse on ne peut plus
le Sud, les marchands madianites venant douter que l'écriture ne soit bien con
de Galaad pour se rendre en Egypte , nue : Moïse écrit la loi, la fait lire par le
Deut. 3, 12. Gen. 37, 25., les ornements Lévite, copier pour l'usage des rois,
et autres articles de luxe, mentionnés Deut. 31, 9. 11. 17, 18.; les anciens d'Is
dans Thistoire des patriarches, Gen. 43, raël sont convoqués par écrit, Nomb.
11. 24, 22. 37, 3., les échanges, et l'em 11, 24.26.; les imprécations prononcées
ploi de l'argent comme valeur détermi contre la femme soupçonnée d'adultère ,
née, 20, 16., tout indique un degré de au cas qu'elle soit coupable, sont écrites
civilisation tellement avancé, qu'il est dif dans un livre, Nomb. 5, 23., les pierres
ficile de croire que la culture intellec sont sculptées , même on y grave des
tuelle n'ait pas marché de pair avec un noms, Ex. 35, 33. 28, 36. Deut. 27, 8. en
pareil développement, et que l'écriture lettres tantôt fines , tantôt fort grandes ;
ne soit pas devenue une nécessité. — des passages écrits doivent servir de
L'histoire de Juda et Thamar , Gen. 38, fronteaux aux lsraélites au lieu des amu
18., nous présente une autre trace qui lettes égyptiennes, Ex. 13, 16. Deut. 6,
semble indiquer la connaissance de l'é- 8. 11, 18.; les poteaux des maisons sont
criture; il y est parlé d'un cachet (cf.
recouverts d'inscriptions pareilles, 6, 9.;
Hérod. 1 , 195) ; or un cachet suppose enfin l'époux qui veut répudier sa femme
l'art de graver, qui suppose à son tour doit lui donner une lettre de divorce ,
l'écriture.—Le mot hébreu employé Gen. Deut. 24, 1-4. — On peut voir ensuite,
41, 8. pour magicien, est un composé pour l'époque qui suivit Moïse, Jos. 24,
du mot hhéret, Es. 8, 1., qui signifie 26. 8, 32.34.35. 18, 4. 6.9. Jug. 5, 14.
un burin à graver (une touche de fer, 8, 14. Jér. 52, 25. etc. Ez. 9, 2. - Dans
Job. 19, 24); nouvel indice. — Enfin le les premiers temps, et pour les actes
mot shoterim, traduit par commissaires, d'une certaine importance, des masses
Ex. 5, 6. et ailleurs, et qui se rencontre solides, des rochers, sont les matérianx
fréquemment dans le Deutéronome , mê dont on se sert, Ex. 24, 12. 31, 18.34,
me en parlant de temps antérieurs à 1. Deut. 10, 1.27, 8.; de lourds et puis
Moïse, signifie proprement écrivains, in sants burins de fer sont les plumes des
scripteurs: c'étaient peut-être des espèces écrivains, Job 19, 24. Jér. 17, 1. Des pla
de commis teneurs de livres , comme il ques de métal, et quelquefois de bois,
y en eut plus tard, surtout parmi les Lé servent cependant aussi à recevoir les
vites, un grand nombre, chargés des caractères, Ex. 28, 36. Nomb. 17, 2.;
registres généalogiques et des dénom on trouve encore mentionnés parmi les
brements. - objets en usage l'encre, Jér. 36, 18. cf.
A ces traces antémosaïques on objecte. 2 Jean 12. 3 Jean 13. 2 Cor. 3, 3.; un
que les patriarches sont représentés dans canif, Jér. 36,23.; une pointe de diamant
la Genèse comme se faisant des monu pour graver, Jér. 17, 1. cf. Es. 8. 1.; des
ments naturels, des autels, des monceaux plumes, Jér. 8,8. cf. 3 Jean 13. Du pa
de pierres, des arbres, pour suppléer à pier égyptien semble mentionné 2 Jean
l'absence de l'écriture et pour seconder 12., et des feuilles de parchemin 2 Tim.
la mémoire. On voit en eflet plusieurs 4, 13. On se servait aussi de tablettes
mémoriaux de ce genre; mais d'abord légères pour l'usage journalier, Luc 1,
nous ignorons s'ils ne portaient pas quel 63. Les ouvrages un peu volumineux
ques inscriptions, et ensuite il est peu étaient écrits sur des feuilles réunies en
probable que leur simple existence se rouleaux, Jér. 36, 14. Ez. 2, 9. Zach. 5,
condât suffisamment la mémoire , si dn 1. Ps. 40, 8. cf. Luc 4, 17. 2 Rois 19, 14.
reste aucun signe caractéristique ne ve Apoc. 6, 14., et divisées en colonnes,
nait rappeler l'événement : ces monu Jér. 36, 23.
ments d'ailleurs se retrouvent même après EDEN. 1° Gen. 2, 8. v. Paradis. — 2°
les temps mosaïques, et même denosjours, Am. 1 : 5., ou Beth-Eden , maison de
sans qu'on puisse nier l'art d'écrire. plaisance des rois de Damas, située sur
ED0 312 EDU
le Liban. Selon Gesenius, une ville de ce 3, 19. Am. 1, 11. Ps. 137, 7. Lam. 4,
nom existerait encore à la même place. 21. Ez. 25, 12. 35, 15. Cette inimitié se
—3° Les enfants d'Eden ou Héden, 2 manifesta surtout lors du siége de Jérusa
Rois 19, 12. Es. 37, 12., habitaient le lem par Nébucadnetsar, quoiqu'ils n'aient
pays de Télasar, q. v. D'après Ez. 27, pas pris alors une part active aux com
23. ils faisaient le commerce avec Tyr, bats. Abdias leur annonça que leur joie
et comme ce nOm est lié avec Haran dans maligne serait punie, et cinq années après
tous ces passages, on voit que c'est dans la prise de Jérusalem , Nébucanetsar, ja
la direction est ou nord - est , sur les loux, et se méfiant d'un peuple qu'il con
bords de l'Euphrate ou du Tigre , qu'il naissait perfide, tomba sur Edom et le ra
faut l'aller chercher. — Le mot Eden ou vagea ; ainsi font les alliés de ce monde.
Héden, qui rappelle le grec ºôovi, signi Pendant l'exil, un grand nombre d'entre
fie plaisir, délices. eux vinrent habiter la partie méridionale
EDOM, Edomites ou Iduméens, peu de Juda qui était déserte (cf. Ez. 35, 10.
plade issue d'Esaü, q. v. Ils s'établirent 36, 5.); expulsés de nouveau de ce pays,
dans les montagnes de Séhir, après en ils méditèrent d'y rentrer, Mal. 1, 4., mais
avoir exterminé ou subjugué les anciens sans succès. Plus tard, Judas Maccabée
habitants, Deut. 2, 12.; ils étaient divisés les attaqua et les battit à plusieurs repri
par tribus et gouvernés par des chefs, ses; Jean Hyrcan les subjugua de mème;
Gen. 36, 15. sq. (mal traduit ducs). Moïse il leur imposa l'obligation de se faire cir
demanda au roi d'Edom la permission de concire , et de Se SOumettre aux autres
traverser son pays pour entrer en Canaan, lois de Moïse. Dès lors ils furent en quel
mais Edom refusa, Nomb. 20, 14., et les que sorte incorporés à la nation juive;
Israélites se détournèrent de leur chemin, ils restèrent soumis aux derniers rois de
parce que Dieu leur avait défendu de Judée, et vinrent défendre Jérusalem
traiter hostilement cette peuplade, Deut. contre les Romains; mais bientôt ils quit
2, 4. Ils demeurèrent indépendants jus tèrent la ville, et repartirent pour l'Idu
qu'au temps de David qui les assujettit et mée chargés de butin.— Hérode le Grand
accomplit la prophétie d'Isaac, que Jacob était Iduméen , et l'empereur Philippe,
asservirait Esaü. Les Edomites ne sup dit l'Arabe, l'était pareillement, étant né
portèrent qu'impatiemment le joug des à Botsra.
rois de Judée, et dès la fin du règne de Les Edomites étaient adonnés au com
Salomon, Hadad, iduméen, beau-frère de merce par mer et par terre, à l'agricul
Pharaon , qui avait été transporté en ture et à l'élève des bestiaux, Nomb. 20,
Egypte fort jeune, revint dans son pays 17. Quant à leur religion, elle est peu
et fut proclamé roi , 1 Rois 11, 17-22.; connue : nulle part l'Ecriture ne leur
sa domination ne s'étendit probablement reproche l'idolâtrie ou ne mentionne leurs
que sur l'Idumée orientale, car les autres idoles; il est à croire que la connaissance
Iduméens qui étaient au midi de la Judée du vrai Dieu se conserva parmi eux pen
demeurèrent dans l'obéissance des rois
dant les premières générations depuis
de Juda jusqu'au règne de Joram, fils de Esaü ; une tradition porte même qu'ils
Josaphat; ils essayèrent alors de secouer adoraient Moïse (Epiphane), et ce qui
le joug , et réussirent pour un temps, 2 fortifierait cette opinion, c'est que Jo
Chr. 21. Amatsia, fils de Joas les soumit sèphe appelle Kosé, ou Chosé l'une de
de nouveau, se rendit maître de Pétra, et leurs divinités. Ce nom qui signifie en hé
précipita dix mille d'entre eux du haut breu un voyant, un prophète, s'applique
d'une roche dans la mer, 2 Chr. 25. Ho
parfaitement au législateur des Hébreux.
zias (Hazaria) prit sur eux la ville d'Elath En tout cas, leur religion n'était pas iden
sur la mer Rouge, 2 Rois 14.; mais Ret tique avec celle des Juifs, puisque Hyr
sin la reprit, 16, 6., et ces conquêtes n'eu can ne put les y amener que par la force.
rent pas de suite. Les prophètes repro EDUCATI0N. 1o v. Ecoles. — 2° L'é-
chent fréquemment aux Edomites leur ja ducation ou élève des bestiaux a toujours
lousie et leur haine contre Israël , Joel été en Orient, surtout dans l'antiquité,
EDU 313 EGL
n'y a pas seulement des vases à honneur, leurs conducteurs spirituels. Quant au
mais d'autres à déshonneur, 2Tim. 2, 20. pouvoir proprement dit de l'Eglise, il ne
La preuve que les vases à déshonneur dé réside absolument que dans l'ensemble
signent ici des hommes étrangers à la des fidèles, comme les termes seuls suf
vraie Eglise, se trouve dans les versets firaient pour l'indiquer, puisque le der
qui précèdent, comme dans ceux qui sui nier de ces mots n'est que la traduction
vent immédiatement. C'est encore dans du premier.— La vieille folie d'une prin
ce dernier sens qu'il est dit de l'Eglise de cipauté de saint Pierre n'existe plus qu'à
Sardes, que ce n'étaient qu'un petit nom l'état de fiction, comme la pierre angu
bre de ses membres qui étaient vivants , laire d'une société vermoulue qu'on vou
Apoc. 3, 4., etc. Par conséquent , toute drait renouveler et qu'on craint de dé
congrégation qui s'établit entre ces deux molir ; ce n'est plus une affaire religieu
extrêmes, et qui se donne pour un frag se, c'est une affaire politique et presque
ment de la vraie Eglise, de l'Eglise nor sociale, où l'Eglise n'a rien à démêler.
male, est par cela même dans l'erreur : On a tenté dernièrement (version suisse
elle est trop pure pour être composée se du Nouveau Testament) de traduire le mot
lon les règles de la vraie Eglise visible, Eglise par le mot correspondant français
qui admet tout ; elle n'est pas assez pure que nous avons employé nous-même,as
pour être composée comme l'Eglise par semblée; cette traduction est fort utile et
faite, puisqu'elle renferme encore beau fort importante lorsqu'il s'agit des égli
coup de péché, et qu'elle est toujours su ses particulières, mais le mot ne va plus
jette à receler des hypocrites. Mais com dans la plupart des cas, lorsqu'on l'ap
me professant le christianisme, elle ap plique à l'Eglise en général : on éprouve
partient néanmoins au grand ensemble et alors une espèce de repoussement instinc
à cette Eglise générale qu'elle méprise. tif qui indique assez que le mot ne cor
Nous n'avons point à répéter ici des respond plus à l'idée ; et de fait, quoi
réflexions qui se trouvent ailleurs, et qui qu'il en soit de l'étymologie, le mot Eglise
repoussent au rang des absurdités ces a pris dès l'origine, et a acquis dans le
prétentions d'une portion quelconque de cours des siècles, une signification plus
l'Eglise universelle à former seule l'E- ºmple, plus large et aussi plus spéciale,
glise visible de Christ. Cette observation plus religieuse, que le sens qu'on donne
s'applique par excellence à la secte ca au mot assemblée. L'usage étant « le maî
tholique romaine qui, par son idolâtrie tre souverain des langues », il n'est pas
et ses nombreuses impiétés, ainsi que par toujours permis d'innover, et l'on ne
le caractère charnel de sa puissance, con peut changer le sens de certains mots
stitue plutôt l'un des éléments les plus une fois qu'il est admis et déterminé de
prononcés du règne de Satan dans le puis longtemps.
monde. Cependant, elle aussi, elle appar L'Eglise de Jésus a reçu la promesse
tient à l'Eglise générale, puisqu'elle pro que les portes de l'enfer ne prévaudront
fesse le christianisme. point contre elle , Matth. 16, 18. ; cette
Notre Seigneur n'a établi aucun pou promesse ne se rapporte qu'à elle et non
voir central sur l'Eglise extérieure : les à aucune égliseparticulière, toujours frap
apôtres, lorsqu'ils furent appelés à déci pée au coin de l'homme, et par là même
der pour la première fois une grande incomplète et périssable. L'Eglise ro
question de foi et de discipline, s'adjoi maine renouvelle de nos jours de grands
gnirent les membres les plus âgés de l'E- efforts pour rétablir son règne qui s'en
glise de Jérusalem (ce qu'on a appelé les va; elle sait braver à la fois le ridicule
prêtres), et même la masse des fidèles, et l'indignation publique : le protestan
Act. 15, 22.23. Tout le Nouveau Testa tisme lui-même est dans un état de crise
ment nous annonce l'égalité des fidèles qui l'affaiblit sous quelques rapports, et
entre eux, quoique dans les choses d'ad présidera peut-être à sa régénération ;
ministration, et comme principe d'ordre, l'Eglise ne subsiste que par la vérité, la
ils doivent une déférence particulière à victoire restera à la fraction de l'Eglise
EGY 315 EGY
Es. 31, 1. 36, 9. Jér. 46, 4. Ez. 17, 15.Le des lumières, elle y avait fait croître ex
pays était riche en pierres de construc près le papyrus pour y fixer les décou
tion, granit, grès et calcaire; on y trou vertes fugitives du génie. C'est de ce coin
vait même des mines d'or dans la partie du monde que l'aurore des sciences com
superieure. mença à poindre sur notre horizon, et
L'Egypte, dit Hérodote, est un don du l'on vit bientôt les lumières s'avancer de
Nil; c'est à lui qu'elle doit son existence. l'Egypte vers l'Occident, comme l'astre
Et Napoléon, dans ses Mémoires, pré radieux qui nous vient des mêmes riva
Sente Sur ces inondations les observations geS. »
suivantes : « Elles sont régulières et pro Une forte rosée remplace le bienfait des ,
ductives ; régulières, parce que ce sont pluies du ciel. — Le chamsin, vent brû
les pluies du tropique qui les causent ; lant qui souffle du sud à l'équinoxe du
productives, parce que ces pluies , tom printemps; les moustiques, Ex. 8, 21. cf.
bant par torrents sur les montagnes de Es. 7, 18.; les sauterelles, Ex. 10, les gre
l'Abyssinie, couvertes de bois, entraînent nouilles, Ex. 8, 6. Ps. 78, 45.; enfin la pes
avec elles un limon fécondant que le Nil te, la lèpre, des pustules et l'éléphantia
dépose sur les terres. Les vents du nord sis, sont les plaies principales qui affli
règnent pendant la crue de ce fleuve , et gent l'Egypte, et qui tempèrent les autres
par une circonstance favorable à la ferti avantages que Dieu lui a accordés.
lité, en retiennent les eaux... Le Nil com Les Egptiens, qui atteignent en géné
mence à s'élever au solstice d'été;l'inon ral un àge avancé, n'ont jamais passé pour
dation croît jusqu'à l'équinoxe, après quoi beaux : leurs pieds, en particulier, sont
elle diminue progressivement. C'est donc quelquefois difformes; leur peau est bru
entre septembre et mars que se font tous ne, leur front plat, leurs pommettes
les travaux de la campagne. Le paysage saillantes, leur bouche large, leurs lèvres
est alors ravissant : c'est le temps de la épaisses ; les hommes avaient la réputa
floraison et celui de la moisson. Après le tion d'être grands, Ez. 16, 26., et leur
mois de mars , la terre se gerce si pro crâne était extrêmement dur. Les femmes
fondément, qu'il est dangereux de tra étaient et sont encore d'une fécondité re
verser les plaines à cheval , et qu'on ne marquable.
peut le faire à pied qu'avec une extrême Nous trouvons l'Egypte déjà peuplée
fatigue. Un soleil ardent, qui n'est jamais dans les temps les plus reculés auxquels
tempéré ni par des nuages, ni par de la nous ramènent les documents des nations;
pluie, brûle toutes les herbes et les plan Diodore de Sicile nous y montre des en
tes, hormis celles qu'on peut arroser. fants de l'Ethiopie (3, 3.), Heeren une co
C'est à cela qu'on attribue la salubrité des lonie de prêtres, partout des cultivateurs.
eaux stagnantes qui se conservent en ce Dans l'Ancien Testament (cf. surtout Jér.
pays dans les bas-fonds. En Europe, de 44, 1. Ez. 30, 13.), plusieurs grandes vil
pareils marais donneraient la mort par les égyptiennes sont mentionnées, On ou
leurs exhalaisons ; en Egypte, ils ne cau Héliopolis, Rahmésès, Pithom, Tsoan ou
sent pas même des fièvres. » — Le même Tanis, Noph (Memphis), Bubaste, Sin (Pe
auteur ajoute plus loin : « L'Egypte a, delusium), Daphné, Noammon (Thèbes), et
tout temps, excité la jalousie des peuplesquelques autres. v. ces articles. Les arts
qui ont dominé l'univers. » et les sciences y fleurirent bientôt, quoi
A ce jugement d'un grand juge , nous qu'on ne puisse admettre pour ces der
ajouterons quelques paroles d'un de ses nières, qui ne furent pas d'abord un pri
contemporains, roi comme lui, dans un vilége de la caste sacerdotale, toutes les
autre domaine , M. de Chateaubriand. merveilles que les Grecs en ont rappor
« C'est dans ce pays dont tout amant des tées, soit quant à leur degré de perfec
lettres ne doit prononcer le nom qu'avec tionnement , soit quant à leur nombre :
respect, que nous trouvons les premières il paraît que la physique et les mathéma
bibliothèques. Comme si la nature avait tiques furent plus particulièrement étu
destiné cette contrée à devenir la source diées, et avec le plus de succès; peut-être
EGY 317 EGY
aussi la médecine, q. v. Les ruines de ses que l'Egypte faisait de nombreux échan
temples, les obélisques, les canaux, les ges : ses vaisseaux allaient par les mers
impérissables pyramides , sépulcres de de l'Arabie et de la Perse chercher les épi
tant de rois, et en général tous les pro ces, l'ivoire et les soies de ces régions
duits artistiques qui nous ont été conser lointaines. Ils s'avançaient jusqu'à la Ta
vés de ce peuple, témoignent que le zèle probane, la Ceylandes modernes.Sur cette
et la persévérance jouèrent un plus grand côte, les Chinois et les nations situées au
rôle dans ses arts que le goût. Le fameux delà du cap Comorin apportaient les mar
zodiaque du temple de Dendérah, trans chandises à l'époque du retour périodi
porté en France en 1821, et déjà signalé que des flottes égyptiennes, et recevaient
en 1806 par le ridicule mémoire de Du en échange l'or de l'Occident.
puis, ne ferait pas, s'il était authentique, Quant à la religion, Ex. 12, 12., c'était
l'éloge de l'astronomie égyptienne. Il re une espèce de culte symbolique de la na
présente l'état du ciel à une époque où ture, qui n'était pas le même non plus
le point équinôxial coïncidait avec le si dans toutes les parties du pays ; l'astro
gne de la Vierge, et qui remonte à 15 ou lâtrie dominait; Osiris, Ammon, Isis, et
16 mille ans. S'il avait été fait de visu , d'autres divinités du ciel étaient adorées ;
d'après nature , l'astronomie égyptienne à côté d'elles on trouvait des veaux, des
serait plus vieille que le globe. On a re bœufs, des crocodiles, d'autres animaux
connu depuis qu'il était de fabrique ro encore que la zoolâtrie avait divinisés
maine, fait sous Néron ou sous Domi comme représentants des forces de la na
tien ; selon d'autres, il remonterait au ture. Des temples grandioses et magnifi
temps des Ptolémées. ques leur étaient élevés dans les princi
La caste des prêtres tirait, à ce qu'on pales villes, Jér. 43, 12. Ez. 30, 13.; Thè
croit, son origine de quelque tribu plus bes renfermait un oracle célèbre du dieu
civilisée venue des contrées méridionales, des sables, Jupiter Ammon, Jér. 46, 25.
peut-être aux beaux jours des Pharaons ; cf. Es. 19, 1 .
elle se divisait elle-même en plusieurs La langue égyptienne n'avait pas de
classes, auxquelles appartenaient lessages point de contact avec les langues sémiti
et les magiciens nommés dans l'Ecriture, ques ; elle s'est peu à peu ramifiée et
Gen. 41, 8. Ex. 7, 11. 8, 18. 9, 11. Les fondue dans trois dialectes coptes, et
autres castes indiquées par Hérodote (plus maintenant elle est entièrement perdue,
subdivisées que dans Diodore et Strabon), depuis près de deux siècles. Les noms
sont celles des soldats, des bergers, des propres de l'Egypte, et quelques noms
gardeurs de pourceaux, des merciers, des communs, nous sont conservés par la Bi
interprètes et des bateliers (sur le Nil). ble dans leur langue originale, le Nil,
C'est de la caste des guerriers , placée Yeôr, Pºiaraon, etc. Le copte actuel est
sous la dépendance des prêtres, que sor un mélange du grec avec l'ancien égyp
taient ordinairement les rois dans les tien. La classe des lettrés comptait deux
changements de dynastie. Les prètres et espèces d'écritures, l'une commune, pour
les guerriers seuls pouvaient être pro le peuple et pour le commerce de la vie ;
priétaires du sol. Le métier des pères pas l'autre hiéroglyphique, sainte, indéchif
sait aux enfants, sans que personne pût frable, dont M. Champollion a le premier
changer de profession ; l'artiste ne pou retrouvé la clef depuis longtemps perdue ;
vait cultiver qu'une spécialité, le médecin v. Quatremère, Recherches sur la langue
qu'une branche de son art. La classe des et la littérature de l'Egypte, Paris 1808.
artisans était fort nombreuse ; outre la L'histoire ancienne de cette contrée se
culture du sol, elle s'occupait encore de perd dans les nuages de la poésie et de
broderies, de tissage, de diverses fabri l'imagination des peuples enfants. Quel
cations, et faisait un commerce étendu que ques hordes venues de l'Orient, quel
•º,
| les eaux faciles du fleuve contribuaient ques Arabes dirigés par des chefs nom
beaucoup à favoriser, Prov. 7,16. Es. 19. més Hyksos, passèrent l'isthme de Suez,
9.Ez. 27, 7. C'est surtout avec les Indes et chassèrent devant eux les premiers oc
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cupants, qui s'arrêtèrent dans la Thé et qui la livre pendant trois siècles aux
baïde, et y demeurèrent près de deux Ptolémées, descendants d'un de ses géné
siècles, battus, mais insoumis, jusqu'au raux : Soter, Philadelphe, Evergète, Phi
moment où leurs tribus diverses s'étant lopator, Epiphanes, Philométor, Evergète
réunies sous l'influence de Diospolis, la II ou Physcon, Lathure, Cléopâtre Ier, sa
plus puissante d'entre elles, et guidées fille, femme d'Alexandre Ier, neveu de La
par Thoutmosis Ill ou Mœris, elles pu thure, Alexandre Il, Ptol. Nothus ou Au
rent secouer le joug des rois pasteurs. létés, Ptol. Dénys ou Bacchus, Cléopâtre
C'est donc avant l'invasion des Hyksos, II sa sœur. La bataille d'Actium met fin
qu'Abraham, lsaac, Jacob et Joseph au à cette dynastie. A l'exception des Pha
raient visité cette contrée. — Mais ce raons pasteurs dont il est parlé dans la
n'est guère que depuis Sésostris (1491 Genèse et l'Exode, l'Ecriture sainte ne
av. C.), que l'histoire d'Egypte perd ce nous a conservé les noms propres que
qu'elle a de fabuleux et d'incertain ; elle de quatre de ces rois d Egypte, savoir
commence dès lors à se mêler au mythe, Sisak, 1 Rois 11,40. (Sesonchis ?), Nécho,
la vérité au roman ; c'est l'époque des 2 Chr. 35, 20. Jér. 46, 2.; So, 2 Rois 17,
constructions gigantesques et des rèvo 4. et Hophra, Jér. 44, 30. — v. ces diffé
lutions. Le pouvoir de Sésostris offusque rents articles.
le parti prêtre qui, humilié de n'occuper Les dates égyptiennes sont le labyrin
que le second rang dans la nation, prépa the de la chronologie ; Manéthon, Héro
re ses mesures, laisse passer avec calme dote, Diodore de Sicile varient dans leurs
quelques générations, puis enfin, secon données et ne s'accordent que rare
dé par les Ethiopiens de Méroë, s'élance ment sur les chiffres, ce qui semble indi
sur le trône dans la personne de Séthos, quer déjà que le calendrier égyptien était
et en précipite le dernier roi de la caste jugé diversement chez les divers peuples;
guerrière, Sabakon. Le prêtre-roi gou d'ailleurs le nombre prodigieux d'années
verne avec habileté, mais les guerriers du règne de certains rois, et même de plu
qu'il a refoulés au second rang l'aban sieurs suites de rois, milite passablement
donnent, et son autorité s'éteint avec lui. en faveur de l'opinion que les années de
A cet usurpateur succède l'anarchie, puis l'Egypte n'étaient point les mêmes que les
la dodécarchie, et Psamméticus après avoir nôtres : enfin, nous avons le témoignage
supplanté par la ruse et la force ses onze de Diodore de Sicile qui dit que de son
collègues, devient, en 650, maître de toute temps déjà l'on se méfiait de ces années,
l'Egypte; sa famille occupe le trône en et que quelques-uns les réduisaient à un
core trois générations, Nécho, Psammis mois suivant le cours de la lune ; les an
et Apriès, (c'est apparemment pendant le nées des Egyptiens auraient subi diverses
règne de l'un d'entre eux que nébucad modifications : d'un mois d'abord, ellesau
netsar fait la conquète de l'Egypte an raient été ensuite de deux mois, puis de
noncée par les menaces des prophètes, quatre. C'est dire qu'il n'y a pas moyen de
Jér. 43, 12. 46, 13. Ez. 29, 19. 30, 4.) : s'en tirer, car l'embarras serait, en admet
Apriès est tué dans une émeute popu tant même ces suppositions, de fixer quel
laire, et un homme nouveau, Amasis, est les années auront été d'un mois, ou de
revêtu de la royauté par la volonté na deux, ou de quatre. Le plus sûrest parcon
tionale ; son règne fut le dernier moment séquent de s'en tenir pour la chronologie
de l'indépendance de l'Egypte : son fils égyptienne à quelques dates générales, et
Psamménile (526) n'hérita pas de ses ta notamment aux synchronismes qui sont
lents, et laissa tomber sa couronne entre indiqués dans la Bible : ainsi la contem
les mains de Cambyse, roi des Perses poranéité de Nécho et de Josias et Jého
(521). L'histoire nomme encore les rois jakim, 2 Rois 23, 29. (cf. Ez. 19), celle
Inarus, Achoris, Tuchos, Nectanebus qui de Sédécias et de Apriès (Hophra), Jér.
fut dépouillé par Artaxercès Ochus (346). 44, 30., celle de l'éthiopien Tirhaca et
Dix neuf ans après c'est Alexandre le d'Ezéchias, 2 Rois 19, 9. Es. 36, 6., celle
Grand qui vient y planter ses armes(327), de So et de Hozée, roi d'Israël, 2 Rois
EGY 319 EHU
ternel n'a point égard à ce à quoi l'homme tracta alliance avec l'ammonite Tobija et
a égard, car l'homme a égard à ce qui est lui fit même préparer dans le temple une
devant les yeux, mais l'Eternel regarde vaste chambre, espèce de trésorerie où
au cœur. » La royauté fut donnée au plus l'on mettait auparavant les dîmes des lé
jeune, et l'aîné, resté subalterne, montra vites, des chantres, des portiers et des
par sa jalousie contre son frère que son sacrificateurs. Néhémie, de retour, mit
cœur n'était point fait pour le rendre digne fin à cette profanation, et jeta les meubles
d'occuper le trône théocratique; il s'en du païen hors de la maison. — Quelques
flamma contre David de ce que celui-ci, uns ont douté, mais sans motif suffisant,
descendu pour porter des vivres à ses que cet Eliasib fût le même que le souve
frères, s'enquérait des récompenses pro rain sacrificateur.
mises à celui qui frapperait Goliath, 1 Sam. ELlE (hébr. Eliyahou, mon Dieu l'Eter
17, 28. — Une de ses descendantes, Abi nel), prophète israélite, que Dieu appela
haïl, devint l'épouse de Roboam, 2 Chr. à exercer son ministère sous le règne de
11, 18. — 4°, 1 Chr. 6, 27., inconnu. l'impie Achab, dans un temps où, sans
ELIAKIM. 10 Fils de Hilkija, maître une intervention divine , le peuple tout
d'hôtel de la maison d'Ezéchias, fut en entier semblait près de tomber dans l'ido
voyé avec Sebna et Joah vers Rabsaké, làtrie. La Bible ne nous dit rien sur sa
général de Sanchérib, pour entendre les famille, si sur la première partie de sa
propositions de ce roi d'Assyrie. Accablés vie. Nous savons seulement qu'il était
de douleur à l'ouïe des insolentes paroles originaire de Thisbé, en Galilée, 1 Rois
du païen, ils déchirèrent leurs vêtements, 17, 1. cf. Jean 7, 52. Dieu l'ayant chargé
et vinrent rapporter à Ezéchias ce qu'ils d'un message qui devait lui attirer la co
avaient entendu; ils se rendirent ensuite lère d'Achab, la prédiction d'une grande
auprès d'Esaïe et le supplièrent d'aider sécheresse, lui ordonna ensuite de se re
Ezéchias de ses conseils et de ses prières. tirer dans une partie reculée du pays, au
Ils revinrent consolés et fortifiés, Es. 36, bord du Kérith , où il fut nourri d'une
3, 37, 2.2 Rois 18, 18. sq. Est-ce le même manière miraculeuse, par des corbeaux,
que celui qui est indiqué Es. 22, 20 p On parce que le lieu de sa retraite devait
ne saurait ni l'affirmer ni le nier, mais être ignoré. Cependant, au bout d'un an,
l'identité est probable, et, dans ce cas, le Kérith ayant été mis à sec par cette sé
Eliakim aurait succédé à Sebna dans la cheresse qui ravageait le pays, Elie reçut
charge de maître du palais. l'ordre de se rendre à Sarepta en Phéni
2° Eliakim , v. Jéhojakim ; dix-hui cie, où une veuve devait pourvoir à son
tième roi de Juda. Les deux noms ont en entretien; il fallait de la foi certainement
hébreu la même signification : « celui que pour se hasarder ainsi à entrer dans le
Dieu établit : » l'un composé du not Jého pays de Jésabel, mais la foi d'Elie avait
vah, l'autre du mot Elohim , ou Eli. été affermie par les expériences qu'il ve
3"et 4° Deux Eliakim sont nommés dans nait de faire auprès du torrent, et son
la généalogie de notre Sauveur, l'un fils espérance ne fut point trompée: non-seu
d'Abiud, Matth. 1, 13., l'autre fils de lement il trouva un sûr asile dans la mai
Melca, tous deux inconnus. son de cette femme, mais il devint pour
ÉLIASAPH, fils de Déhuël, chef de la elle un instrument de bénédiction ; il la
tribu de Gad, Nomb. 1, 14. Sauva de la famine. rendit la vie à son fils
ÉLIASlB, fils de Jojakim, et souverain et lui fit connaître le Dieu d'Israël. 1 Rois
sacrificateur de la race d'Eléazar : il suc 17, 2. sq. cf. Luc 4, 25. Vers la fin de la
céda à son père sous Xercès, d'après Jo quatrième année depuis le commence
sèphe. Il commença la reconstruction de ment de la famine, Elie se rendit auprès
Jérusalem après l'exil, et sanctifia les tra du roi, et lui offrit de lui prouver par une
vaux qui furent faits, Néh. 12, 10. 3, 1. épreuve solennelle que ce malheur de
Plus tard, et pendant l'absence de Néhé vait être considéré comme un juste châ
mie, peu encouragé par ses grossiers et timent de l'idolâtrie. Plusieurs centaines
charnels compatriotes, il se relâcha, con de prêtres de Bahal furent rassemblés
|
ELI 323 ELI
sur le promontoire de Carmel , en pré atteint : c'est dans cette occasion qu'à sa
sence du roi et de sa cour, et là le pro prière le feu du ciel consuma les gens de
phète commença par représenter au peu guerre envoyés pour le saisir, 2 Rois 1,
ple l'inconséquence dont il se rendait 3. sq. Elie agit en cela comme exécuteur
coupable en cherchant à allier le service de la justice divine; agent d'une théocra
de Bahal avec celui du vrai Dieu, et la tie, il frappe de peines ecclésiastiques
nécessité de prendre parti pour l'un ou sévères ceux qui l'outragent, comme fit
pour l'autre. L'événement devait déter plus tard Elisée; c'est l'esprit de la loi ;
miner ce choix. Les faux prêtres prient, les paroles de Jésus, Luc 9, 55., ne font
crient, sacrifient, et se font des incisions rejaillir aucun blâme sur Elie, elles dé
dans la chair : mais aucun dieu n'est là clarent seulement ccs peines, ce zèle, ce
pour répondre. Elie supplie l'Eternel de mode d'agir incompatible avec l'esprit de
se manifester, et sa prière est exaucée; la nouvelle économie. Peu après la mort
le feu du ciel, qne les prêtres idolâtres d'Achazia, Elie fut aussi appelé à quit
n'ont pu obtenir par toutes leurs pro ter ce monde ; mais Dieu, voulant ratifier
cessions et leurs macérations, descend et glorifier de nouveau son ministère,
sur l'autel, et le peuple entier tombe à le retira à lui avec des circonstances sur
genoux en s'écriant : « C'est l'Eternel naturelles, et sans le faire passer par la
qui est Dieu, c'est l'Eternel qui est Dieu », mort. Elisée, son disciple et son succes
1 Rois 18. Ce chapitre peut être appelé seur, fut cependant le seul témoin de son
l'Histoire de la Réformation d'Israël; on enlèvement, 2 Rois 2, 1. sq.
y trouve chez les idolâtres et chez le Cette ascension était le chant de l'im
prophète les caractères qu'on a remar mortalité. Neuf siècles plus tard, ce mê
qués dans le mouvement du seizième siè me homme glorifié, le représentant de Ia
cle. Cependant Elie ne devait pas s'énor prophétie, s'entretenait avec son Sauveur
gueillir de ce triomphe; le Seigneur le fit sur le mont Thabor, de même que Moïse
bientôt après passer de nouveau par de le représentant de la loi : ils parlaient de
grandes tentations qui devaient le mainte la Rédemption. v Serm. de Krummacher.
nir dans l'humilité ; c'est ainsi qu'il agit L'Ancien et le Nouveau Testament sont
pleins de la gloire d'Elie : celui qui devait
toujours avecses plus illustres serviteurs.
Forcé de fuir devant une nouvelle per annoncer aux hommes la venue prochaine
sécution de Jésabel, Elie se rend dans le du Messie, Jean Baptiste, porte par avance
désert de Sinaï, où il est saisi d'un pro le nom du grand prophète, Mal. 4, 5.
fond découragement : mais le Seigneur v. encore Jean 1, 21. Luc 1, 17, etc. Rom.
le relève par une action symbolique, et 11,2. Jacq. 5, 17. et ailleurs.
lui ordonne d'oindre Hazaël pour roi de ELIHAM, père de Bathsébah, la femme
Syrie, Jéhu pour roi d'Israël, et de choi d'Urie, 2 Sam. 11, 3., et fils d'Achitophel,
sir Elisée pour son successeur dans l'of 23, 34. Il porte le nom de Hammiel, 1
fice prophétique; ces ordres impliquaient Chr. 3, 5., où la mère de Salomon est ap
la promesse que ces trois personnages pelée Bathsuah.
seraient les instruments de la miseric0rde ELIHEZER (secours de Dieu). 1° Le
comme de la justice divine envers son serviteur d'Abraham, bien connu par la
peuple, 1 Rois 19...1. sq. Un peu plus touchante et noble simplicité de son his
tard, nous trouvons encore le prophète toire, quoiqu'il ne soit nommé qu'une
chargé de la pénible tâche d'annoncer à fois, Gen. 15, 2. Il était de Damas, et
l'impénitent Achab les châtiments nou fort attaché à son maître, dont il était l'hé
veaux qu'il s'est attiré par le meurtre de ritier naturel avant la naissance d'Isaac.
Naboth ; il s'en acquitte avec une entiè C'est lui sans doute qui fut chargé par
re fidélité, 1 Rois, 21 , 17. sq. Sous le Abraham d'aller en Mésopotamie cher
règne d'Achazia, il sort de la retraite cher une épouse au fils de la promesse :
qu'il s'était choisie, et fait annoncer au plein de confiance dans le plus ancien ser
monarque malade et à moitié idolâtre, viteur de sa maison, Abraham lui remet
l'issue fatale de la maladie dont il est le soin de régler seul cette affaire impor
ELI 324 ELI ·
tante, de choisir l'épouse et de fixer les sincérité de son affection : il est homme
conditions du mariage : Elihézer part ac comme Job, et lui parle par expérience et
compagné des vœux de la famille patriar en ami. Quelquefois obscur, son discours
cale, et se rend en Caldée, auprès de Na est admirable par la beauté, la grandeur
cor, parent d'Abraham. On sait quelle fut et la profondeur des idées ; il est évident
sa conduite, ses prières, le signe qu'il que c'est l'auteur lui-même qui exprime
demanda à Dieu, et la manière dont il fut par la bouche d'Elihu son opinion sur ce
exaucé : on se rappelle qu'avant de rien qu'il croit être la vérité. Le discours de
faire il prie, qu'avant de prendre aucun Dieu qui suit celui d'Elihu n'est que le
aliment il veut s'acquitter de son message, développement plus grandiose et divin de
et qu'il se jette à genoux pour rendre ce que vient de dire le sage jeune homme.
grâce à Dieu du succès qu'il vient d'ac ELIM, septième campement des Israé
corder à ses recherches. Il suffit, pour lites dans le désert; ils y trouvèrent douze
être ému, de lire le récit qui nous est sources et soixante et dix palmiers, Ex.
fait de ces pourparlers entre Elihézer et 15, 27. Elim est probablement le El Tor
la jeune fille, entre Elihézer et les parents actuel. .
de Rébecca, pourparlers dans lesquels le ÉLIMÉLEC de Bethléem, mari de Na
serviteur représente le maître avec le zèle homi, Ruth, 1, 2. Chassé de Juda par la
le plus dévoué et le plus éclairé, et mène famine, il se rendit dans le pays de Moab
à bonne fin, en un seul jour, une trans avec sa femme et ses deux fils, Mahlon
action pour laquelle on demande mainte et Kiljon, dont l'un, probablement le der
nant des mois. Quelle confiance et quelle nier, épousa Ruth la Moabite (Calmet fait
simplicité ! Mahlon mari de Ruth, et Ruth femme de
2° Fils de Moïse et de Séphora, Ex. 18, Kiljon, puis Kiljon, à l'article de Horpa,
4. v. Guersom. est encore mari de cette dernière. Voilà
3° Fils de Dodava, 2 Chr. 20, 37., n'est ce que c'est que les conjectures! La Bible
COnnu que par une prophétie menaçante dit seulement que Mahlon et Kiljon épou
contre Josaphat, à qui il annonça la des sèrent Horpa et Ruth). Elimélec mourut
truction de-sa flotte sur la mer Rouge, à sur la terre étrangère, à une date incer
cause de son alliance avec l'impie Achazia, taine. -
qui ne s'employait qu'à faire du mal. La ELIPHAZ. 1° Fils d'Esaü, par Hada fille
prédiction fut bientôt accomplie. d'Elon, Héthien, Gen. 36, 2.4. — 2° Le
4° Plusieurs autres personnages de ce premier des amis de Job qui prit la pa
nom sont encore nommés, 1 Chr. 15, 24. role, Job 2, 11. 4, 1. Il était de Théman,
27, 16. Esd. 10, 23. Luc 3, 29. une des principales villes de l'Idumée,
ÉLIHU, Job 32, 2., fils de Barakéel, Am. 1, 12., et descendait peut-être du
descendant de Buz, second fils de Nacor précédent Eliphaz. C'est le plus modéré
frère d'Abraham, Gen. 22, 21., le plus des trois premiers interlocuteurs, quoi
jeune et le plus sage des amis de Job ; il qu'il ait pu être appelé aussi un consola
prend le dernier la parole. Son caractère teur fâcheux. Il se distingue par sa pro
est celui de la jeunesse, vif, ardent , mais fondeur et son éloquence ; il exprime sou
il est en même temps profond, et consi étonnement de voir au désespoir un hom
dère la position de Job sous le point de me si pieux, et lui conseille d'avoir re
vue dogmatique. ll insiste sur la néces cours à sa piété pour y puiser des conso
sité d'être humble en toute circonstance, lations. Dans ses trois discours, ch. 4 et
à cause du péché qui est en l'homme. Le 5, ch. 15, ch. 22, on remarque facilement
chapitre 32 est à la fois une introduction une progression. Bien disposé d'abord, il
à ce qu'il va dire, et son excuse de ce qu'il s'irrite peu à peu de voir Job rester sourd
ose parler après les hommes sages et ex aux conseils et persister dans sa propre
périmentés dont il vient d'entendre les justice; mais il exagère à son tour les re
discours. Puis il s'adresse à Job comme à proches, et il doit entendre avec ses deux
un adversaire vaillant, dont il tâche de compagnons les paroles sévères que l'E-
gagner la confiance en l'assurant de la ternel leur adresse à cause de leur du
ELI 325 ELI
cédé simple et miraculeusement béni, à cet Hazaël qui devait être contre le peu
l'accident causé par une plante vénéneuse; ple élu un si puissant instrument de la
v. Coloquinte. Bientôt après on le voit justice divine. Nous le voyons également,
nourrir cent personnes avec une vingtaine continuateur de l'œuvre d'Elie, faire oin
de pains, miracle que l'on peut considé dre Jéhu roi d'Israël, et lui confier l'exé
rer comme le type de la multiplication cution de la sentence de mort prononcée
des pains opérée par notre Sauveur. contre l'impie famille d'Achab. Sur son lit
Cependant les Israélites ne devaient pas de mort il reçoit la visite du roi d'Israël
être les seuls objets des bienfaits divins Joas, et par une action symbolique , lui
dont il était le dispensateur et l'instru promet la victoire sur les Syriens qui fai
ment. Naaman, général syrien, atteint de saient alors beaucoup souffrir le royau
la lèpre, recourt à ce qu'il croit être son me. Dieu continua de glorifier ce grand
art ou ses talents. Le prophète s'efface ; et fidèle serviteur, même après sa mort ,
il ne veut pas agir : c'est Dieu seul qui en lui donnant le pouvoir de ressusciter
guérit ; l'eau du fleuve suffira; elle suffit, un mort dont on venait de jeter le cada
en effet, malgré l'humeur et l'incrédulité vre dans le sépulcre où il reposait, 2 Rois
du général. v. Naaman. Elisée qui n'a pas 13. — v. Serm. de Krummacher.
voulu s'attribuer l'honneur du miracle, en Son nom ne se retrouve que Luc 4, 27.
refuse également la récompense : son dés Si Elie, son maître, rappelle la foi, l'é-
intéressement devait égaler son humilité nergie, l'activité de Paul, Elisée rappelle
aux yeux des idolâtres. Il doit donc punir davantage la douceur et la sainteté de
sévèrement l'avare cupidité de son servi Jean.
teur Guéhazi : ce châtiment exemplaire ELITSUR, fils de Sedéur, chef de Ru
était indispensable pour effacer dans l'es ben, Nomb. 1, 5. v. Tribu.
prit du prosélyte Naaman le scandale ELlUD, Matth. 1, 14., fils d'Achim, un
qu'avait dû lui causer cette conduite d'un des ancêtres de notre Sauveur; inconnu.
Israélite. ELJADAH. v. Rezon.
Ses pouvoirs miraculeux se déployè ELKANA, 1°lévite, fils de Jéroham, de
rent encore à l'occasion des nouvelles meurant à Rama, 1 Sam. 1, 1. Epoux d'An
constructions que nécessita l'accroisse ne et de Péninna ; il était surtout attaché
ment de l'école des prophètes, et le fer à la première, quoiqu'elle ne lui eût pas
de la hache surnagea, 6, 1.sq. Il fut une donné d'enfants ; il cherchait à la conso
seconde fois appelé à rendre des services ler dans sa douleur , la protégeait contre
signalés à son roi pendant une invasion l'aigreur de sa féconde rivale : « Ne te
des Syriens, dont l'esprit prophétique lui vaux-je pas mieux que dix fils », lui di
révélait les plans , et ceux-ci ayant voulusait-il. Cet homme pieux devint le père
assouvir leur ressentiment sur sa per de Samuel, qu'il eut de la femme hono
sonne, il les frappa d'éblouissement, au rable qu'il aimait.
moment où ils s'apprOchaient de Dothan 2° Elcana, 2 Chr. 28 , 7., homme in
pour le saisir. Lorsque Ben-Hadad vint connu, qui tenait le second rang après le
mettre le siége devant Samarie, Elisée re roi à la cour d'Achaz, ami, favori, confi
leva le courage des assiégeants , déjà en dent ou ministre.
proie aux horreurs de la famine, par la ELKOS. Il est dit, Nah. 1, 1., que Na
promesse d'une prochaine délivrance. Ef hum était Elkosien, ce que quelques-uns
fectivement, les Syriens saisis d'une ter ont traduit par fils d'Elkos; mais il vaut
reur panique, levèrent subitement le siége mieux entendre Elkos d'une localité ; ce
(Serm. de Croll). Le calme admirable que serait ou bien Elkesei, petit bourg sur la
le prophète montra dans ces deux cir rive occidentale du Jourdain, en Galilée;
constances, ne pouvait être le fruit que ou bien, ce qui est moins probable , Al
d'une foi bien vivante, 2 Rois 6, et 7. kush, en Assyrie, sur la rive occidentale
Peu de temps après, il dut se rendre à du Tigre , on y montre encore le tom
Damas, pour exécuter l'ordre donné à beau prétendu du prophète. Si Elkos est
son maître d'oindre comme roi de Syrie le même que Elkesei, Nahum le Galiléen
ELU 327 EMB
consistait à injecter dans les intestins une ÉMINS, peuple fort et nombreux,
liqueur tirée du cèdre, puis à laisser re d'une haute stature, habitants primitifs
poser le cadavre dans le mitre. Au bout du pays qui fut plus tard habité par les
d'un certain temps, les intestins étant ron Moabites. Deut. 2, 10. Il paraît dans l'his
gés et complètement desséchés, on les toire aux premiers jours d'Abraham, Gen.
retirait par le même canal , et comme le 14, 5.; il subit une défaite, et dès lors il
nitre avait fortement agi sur les chairs , disparaît et se fond dans quelque autre
il ne restait plus au mort que la peau sur peuplade. Leur nom signifie les épouvan
les os, -
tables, les effrayants, et le caldéen l'a
Enfin, ceux qui devaient se contenter à traduit par des hommes courageux ; v.
meilleur marché, injectaient dans l'inté Géants. — lls appartenaient à la grande
rieur une liqueur qui le lavait, puis dé famille cananéenne des Réphaïms, qui
posaient le corps dans le nitre pendant paraît ainsi, dit Schrœder, avoir occupé
soixante-dix jours pour le dessécher. primitivement la presque totalité du pays
Jacob fut évidemment embaumé d'a- situé à l'orient du Jourdain, depuis l'Ar
près le premier procédé ; il est dit qu'on non jusqu'au delà des montagnes de Ga
mit quarante jours à cette opération, soit laad.
qu'on n'ait compté que l'embaumement EMMANUEL, Es. 7, 14. 8, 8. Matth.
proprement dit, sans parler du séjour 1, 23., Dieu avec nous; nom bien signifi
dans le nitre, soit au contraire qu'on n'ait catif du médiateur de la nouvelle alliance,
parlé que de ce séjour, sans parler du annoncé déjà par un prophète, et com
temps que prirent les opérations préli pris de tous ceux qui l'ont adopté pour
minaires. Moïse, du reste, marque bien leur maître; Jésus est doublement Em
que l'on fut soixante-dix jours à faire son manuel, d'abord comme notre ami, étant
deuil entier, Gen. 50, 3. descendu jusqu'à nous; puis dans un au
L'Ecriture mentionne encore l'embau tre sens, parce qu'il est dans sa nature,
mement de Joseph, Gen. 50, 26., celui la réunion de la divinité à l'humanité.
d'Asa, 2 Chr. 16, 14., qui peut-être fut EMMAUS, ville ou bourgade à 60 sta
brûlé, et celui de Jésus, qui fut enseveli des (13 kilom.)de Jérusalem vers le nord;
au milieu des aromates, sans qu'on ait eu quelques voyageurs veulent en trouver
le temps de l'embaumer intérieurement, les restes dans le village actuel de Cubeïbi
Jean 19, 40. au nord-ouest de la ville.Ce bourg est célè
ÉMERAUDE , pierre précieuse men bre par la rencontre que fit Jésus de deux
tionnée, Ex. 39, 10.11. Ez. 28, 13., à ce de ses disciples le jour de sa résurrection,
que l'on suppose ; mais les interprètes ne l'un desquels s'appelait Cléopas, Luc 24,
sont pas d'accord sur le mot qu'il faut 13., l'autre Emmaüs, au dire de saint Am
traduire ainsi; quelques-uns voient l'éme broise. Il s'y trouvait des eaux thermales.
raude dans nophek, les autres dans barè Vespasien y laissa en demeure huit cents
keth, ce qui est plus probable, et appuyé hommes de ses troupes, lorsqu'il quitta
des Septante, de Josèphe et de la Vulgate : la Judée ; et plus tard, on construisit une
nophek serait alors l'escarboucle. L'éme église sur l'emplacement même de la mai
raude (barèketh) est nommée encore, ou son de Cléopas.
tre les passages cités, Ex. 28, 17. et Apoc. Deux autres endroits de ce nom sont
4, 3. 21, 19. C'est une des pierres pré encore nommés : l'un dans la plaine de la
cieuses les plus admirables par sa fraî Judée où Judas Maccabée battit le général
cheur et son brillant ; Pline (H. N. 37, syrien Gorgias, 1 Macc. 3, 40.57., riche
5.) en fait un pompeux éloge. « Aucune en sources d'eau chaude, à 22 milles de
couleur, dit-il, ne charme autant la vue Jérusalem, et qui porta plus tard le nom
que le vert; nous ne reposons nulle part de Nicopolis ; l'autre près de la mer de
nos yeux avec autant de jouissance que Tibériade, également avec des eaux mi
sur la verdure des prairies et des forêts; nérales, Josèphe,Guer. des Juifs, 4, 1.3.
mais de toutes les espèces de vert, au EMMOR, Act. 7, 16.; v. Hémor.
cune n'égale la beauté de l'émeraude. » ENCENSOIR, vase dans lequel s'allu
ENC 329 ENC
mait le parfum sacré. Il est mentionné trie, comme on le voit, avait déjà tous ses
Lév. 16, 12.2 Chr. 26, 19. Ez. 8, 11., degrés et ses subdivisions. Les noms par
mais n'est pas décrit en détail , comme lesquels sont caractérisés les enchanteurs
les autres objets appartenant au culte. Il de toutes espèces, sont, outre ceux que
y a quelque difficulté à concilier Hébr. nous avons déjà marqués à l'art. Divina
9, i. avec Lév. 16, 12.; cependant les tion :
expressions de l'auteur de l'Epître n'o- a. Mecasheph, Ex. 7, 11. Deut. 18, 10.
bligent pas d'admettre que l'encensoir se Dan. 2, 2., ou Cashaph, Jér. 27, 9. cf.
trouvât habituellement dans le lieu très 2 Chr. 33, 6. Matth. 3. 5, Ex. 22, 18.2.
saint; on pourrait restreindre à la durée Rois 9, 22. Mich. 5, 12. Nah. 3, 4. Es. 47.
de la cérémonie expiatoire les expres 12. Quelques-uns entendent par là ceux
sions qui lui assignent sa place derrière qui sont habiles dans l'art de calculer les
le voile dans le Saint des saints; v. Fu éclipses, et qui les annoncent pour cer
migations. taines époques comme des effets de leur
ENCHANTEURS. Les devins, les ma propre volonté (Virg. AEn. 4, 489.). ll est
giciens, les Caldéens et les enchanteurs plus probable cependant qu'il faut avec Ro
avaient beaucoupde caractères communs; senmuller prendre ce mot dans une accep
t0us ils s'adonnaient aux sciences occul tion tout à fait générale, et le dériver du
les, tous ils ne craignaient pas d'user mot syriaque correspondant qui signifie
d'artifices pour suppléer à la faiblesse de prier à voix basse, rendre un culte; puis,
leur art, tous enfin conduisaient à l'ido adorer, et être idolâtre : l'enchanteur
lâtrie, et ils étaient tous en conséquence aurait reçu ce nom soit à cause de sa re
sévèrement proscrits par Moïse. Nous les lation avec l'idolàtrie, soit parce qu'il
v0y0ns de honne heure mentionnés dans murmure des formules au moyen des
l'Ecriture; la première fois que nous quelles il donne ou enlève les charmes.
les voyons paraître, c'est dans l'histoire b. Hhober hhabarim, Ps. 58, 6. Deut.
des magiciens d'Egypte, Ex. 7 et 8, (dont 18, 11. Es. 47, 13. (?) et Ashaph, Dan.
deux sont nommés Jannès et Jambrès, 1, 20, 2, 2.10. 4, 6. (9) On l'entend or
2Tim. 3, 8.), qui imitèrent les miracles nairement des charmeurs de serpents (le
de Moïse, jetèrent leurs verges qui verbe Hhabar signifie lier, associer, réu
devinrent des dragons, changèrent les nir), qui rendent doux et sociables des
eaux en sang, firent monter des gre animaux en général farouches et sauva
n0uilles sur le pays, et ne reconnurent ges; v. Aspic. D'autres donnent à Hha
enfin le doigt de Dieu que lorsqu'ils y bar la signification (arabe) de partager, |
|
furent contraints par leur impuissance à couper, trancher, et l'entendent des as |
imiter la création des poux. Quelques trologues qui, divisant le ciel en zônes, |
|
théologiens nous expliquent comment les vont chercher leurs horoscopes dans les
enchanteurs s'y sont pris pour contrefaire positions relatives des astres dans ces |
les miracles de Moïse et d'Aaron. Nous différentes bandes. Les ashaph (mot pa |
De prétendons pas à la même sagacité. rent de cashaph, v. plus haut) étaient
Tout ce que nous savons, c'est que l'Ecri essentiellement des conjureurs d'ani
ture prend les enchanteurs au sérieux. Le maux, scorpions, serpents, etc.
Pentateuque déjà renferme des direc c. Les Oboth, ou conjureurs de morts,
tions positives contre ceux qui pour Es. 8, 19., nécromanciens qui interro
raient s'adonner aux arts occultes, ou les gent les tombeaux; v. Python.
rechercher dans autrui, Ex. 22, 18. Lév. d. Latim est le nom que donne Moïse
20, 27. Deut. 18, 10, 11. Les termes em aux enchantements dont se servirent les
ployés pour désigner les diverses nuan magiciens hébreux pour contrefaire ses
ces du métier, sont ceux de devin, pro miracles, Ex. 7, 11. 22. 8, 7. 18. Ce mot
nostiqueur, augure, sorcier et sorcière, signifie secret, mystérieux, occulte, et se
enchanteur, homme qui consulte Python, rapporte parfaitement aux procédés se
homme qui consulte les morts, diseur de crets par lesquels ils réussissaient à for
bonne aventure, etc. Cette funeste indus cer la nature,
ENC 330 ENF
lin, enfants de perdition. Les juges et les avec la suivante ; 3° les fidèles, les en
magistrats sont appelés enfants du sou fants de Dieu, la famille de Seth, opposée
verain, Ps. 82, 6., comme les prêtres, Ps. à celle de Caïn. Le nexe, et l'usage de la
29, 1. Enfin l'expression enfants de Dieu, langue favorisent cette dernière opinion;
qui se trouve fréquemment dans le Nou tout indique d'ailleurs que l'Eglise com
veau Testament, 1 Jean 3, 1. 2. Rom. 8, mençait à déchoir : quant à la difficulté
14. Gal. 3, 26., s'applique aux rachetés qui résulte des géants issus de ces unions,
que Jésus n'a point pris à honte d'appe v. Géants.
ler ses frères, et auxquels Dieu, dans sa On verra aux articles fils, fille, ma
grande charité, a bien voulu donner le riage, etc., ce qui concerne les enfants
droit de s'appeler ses enfants, privilége des Hébreux et leurs rapports avec leurs
malheureusement inapprécié comme il est parents. Disons seulement que les en
inappréciable , et dont l'habitude ne pa fants illégitimes étaient flétris jusqu'à la
rait que trop souvent avoir émoussé le dixième génération, Deut. 23, 2., mesure
charme excellent. Un pauvre sauvage con bien propre à combattre l'impureté et la
Vertinous a donné une leçon à cet égard prostitution, et que nécessitait d'ailleurs
lorsque, à la lecture du passage 1 Jean la constitution théocratique du peuple
3, 1. 2., il s'écria en se tournant vers le juif.
missionnaire : « Non, non, ce n'est pas ENFER, littéralement lieux inférieurs,
possible! mais il veut bien permettre que Luc 16, 23., est le nom qui est donné au
nous lui baisions les pieds ! » lieu où les méchants subiront les peines
Lesanges sont appelés enfants de Dieu, qu'ils ont méritées, et dont ils n'ont pas
Job t, 6. 2, 1. Ps. 89, 7., de même que voulu être exemptés par la foi en Jésus
lesjuifs opposés aux gentils, Os. 1, 10. le Sauveur des pécheurs. v. Peines.
cf. Jean 11, 52. ENIGMES. Les Hébreux, comme tous
Le passage Gen. 6, 2. où les fils de les peuples orientaux, aimaient les jeux
Dieusont opposés aux filles des hommes, d'esprit, et se plaisaient à assaisonner
a donné naissance à bien des interpréta leurs repas et leurs festins de quelque
tions; nous en relevons ici les trois prin piquante question dont la solution était
cipales, laissant au lecteur le soin de se demandée aux assistants. C'était même
décider : 1° Les fils de Dieu seraient les parfois un jeu de prince , comme on le
mèmes que Job, 1 , 6. 2, 1., c'est-à-dire voit par les rapports de Salomon avec la
les anges. C'est l'opinion de Rabbi-Elié reine de Séba, 1 Rois 10, 1. Les princi
ler et des premiers pères de l'Eglise, pales énigmes dont le souvenir nous ait
développée dans Lactance II , 4. L'idée été conservé par l'Ecriture sont celles
que les géants étaient le produit d'une de Samson, Jug. 14, 14., celles d'Agur,
alliance entre les anges et les femmes, se Prov. 30, 12. sq., celle d'Ezéchiel, 17,
retr0uve dans toutes les traditions de 2. sq.
Tantiquité, et joue encore un rôle impor ENOCH, ou Hénoc, le septième hom
tant dans le système des Indous. Les meaprès Adam, descendant de ce patriar
grands docteurs de l'Eglise chrétienne che à la sixième génération, fils de Jéred,
ne tardèrent pas à s'élever contre cette père de Méthusélah, vit ses jours abrégés
0pinion, Augustin, Chrysostôme, Cyrille sur la terre, et ne compta que trois cent
d'Alexandrie, et Théodoret. Calvin pré soixante-cinq années, pendant lesquelles
tend qu'elle se réfute d'elle-même, et s'é- il marcha avec Dieu, puis il disparut,
tonne que des hommes savants aient pu « parce que Dieu le prit, » Gen. 5, 21
être éblouis par des radotages si gros 24. Un voile est jeté sur la nature de l'in
siers et si monstrueux : 2° les fils de Dieu time communion de cet homme pieux
Seraient les hommes nobles, fils de ma avec son père céleste; le chrétien seul
gistrats et de princes, opposés aux hom peut comprendre ce que c'est que vivre
mes d'une condition inférieure ; c'est l'o- avec Dieu, et il n'y a qu'un bien grand dé
pinion des Juifs Onkelos, Jarchi, Aben veloppementdelavienouvelle, un dévelop
Etra. On peut combiner cette explication pement extraordinaire, qui puisse en don
ENO 332 EN0
ner une idée exacte; c'est la perfection d'une autre publiée en 1833, d'après l'an
dans la sainteté qui seule peut faire jouir glais. On a tout lieu de croire que l'ou
de la communion parfaite. Un voile est vrage éthiopien est le même que celui
également jeté sur sa disparition. L'au dont parlent les pères de l'Eglise, et le
teur sacré ne dit que juste ce qu'il faut passage cité par Jude s'y trouve presque
pour nous apprendre qu'Enoch n'a point littéralement, quoiqu'un peu abrégé, au
passé par la mort, cf. Hébr. 11, 5. Il ne commencement du second chapitre
se trouva plus, de la même manière que, « Voici, il vient avec des myriades de ses
Gen. 37, 30., Joseph ne se trouva plus saints pour juger le monde, pour dé
dans la fosse lorsque Ruben voulut l'en truire les méchants et pour punir toute
retirer : les mêmes expressions sont em chair, à cause de tout ce que les pécheurs
ployées pour la disparition d'Enoch et et les impies auront fait et commis con
pour l'enlèvement d'Elie, 2 Rois 2, 3. tre lui. »
C'est tout ce que l'Ecriture nous dit sur Mais, malgré cette identité, et quoique
la vie sainte et l'enlèvement glorieux de plusieurs raisons militent en faveur de
ce témoin de la vérité. Le Nouveau Tes l'opinion (Calmet, etc.) qui pense que Jude
tament le ramène sur la terre, Jud. 14 et a transcrit sa citation du livre indiqué.
15, pour faire entendre de lui quelques bien qu'on puisse admettre encore que
solennels avertissements aux fils des hom cet ouvrage apocryphe contienne des vé
mes, sur les jugements que l'Eternel pro rités dont saint Jude, éclairé d'une lu
noncera contre les impies. On se de mière surnaturelle, a pu faire usage pour
mande où saint Jude a puisé cette cita l'édification des fidèles; bien qu'une ci
tion, et quel degré d'authenticité elle peut tation de cet ouvrage n'ait rien qui doive
avoir. La réponse n'est pas facile. De surprendre plus que les citations d'Epi
fait, il existait dans les premiers siècles ménide et de Ménandre, faites par saint
de l'Eglise chrétienne un livre ou recueil Paul , nous ne saurions souscrire à cette
de prophéties, attribué à Enoch, tissu de manière de voir. Le témoignage de saint
fables et d'absurdités dont quelques pè Jude , exprimé comme il l'est dans son
res, Justin , Athénagore, Irénée, Clé Epître, serait en effet non-seulement une
ment d'Alexandrie, Lactance, Tertullien, garantie de la vérité des paroles citées,
faisaient assez de cas, mais auquel Ori mais encore, comme le fait remarquer
gène, Jérôme et Augustin n'accordaient saint Jérôme, un témoignage rendu àl'au
aucune autorité. On l'a cru perdu fort thenticité du livre lui-même. Il nous pa
longtemps, et le seul fragment qu'on en raît beaucoup plus naturel et plus vrai
possédât avait été publié par Scaliger d'admettre que l'auteur du faux livre d'E-
(mort en 1609), d'après l'ancienne chro noch, et Jude, auront l'un etl'autre puisé
nographie de George Syncellus. L'origi à une source commune, maintenant per
nal devait avoir été écrit en hébreu ou en due, source qui pourrait n'être autre que
caldéen, puis traduit en grec; mais l'on la tradition ; et si l'on réfléchit que le fils
n'en trouvait plus aucun exemplaire, lors d'Enoch , Méthusélah, après avoir vécu
qu'on apprit au dix-septième siècle qu'il trois cents ans avec son père, est venu
en existait une traduction éthiopienne, toucher ensuite àl'année mème du déluge,
et que cet ouvrage était lu et fort es il n'est point difficile de comprendre que
timé des Eglises de l'Abyssinie. Long les paroles d'un si grand prophète, à qui
temps les essais que l'on fit pour se le la communion de Dieu devait avoir révé
procurer échouèrent , lorsqu'enfin, en lé sans doute bien des choses à venir sur
la corruption des hommes et les châti
1773, le voyageur Bruce réussit à s'en
ments qui les attendaient (peut-être le
procurer trois exemplaires, qui furent
promptement traduits en anglais et pudéluge sur le premier plan de sa per
spective prophétique, et le jugement final
bliés. En 1834, l'allemand Ruppel en rap
sur le dernier plan), que ses paroles, di
porta égalementd'Ethiopie un exemplaire
dans son pays, et une traduction allesons-nous, aient été religieusement con
mande a paru en 1838, peu différente servées parmi les Juifs pendant une lon
EN0 333 - EPA
gue suite de générations. v. sur ce livre, 44, 5., « se réclamer publiquement du nom
et pour plus de détails, Preiswerk, Mor du Dieu fort », c'est-à-dire, soit prendre
genland, lV, 271. le nom d'enfants de Dieu par opposition
2° Hénoc, fils aîné de Caïn , donna le aux enfants du monde, soit rendre un
nom à une ville que son père bâtit, Gen. culte public à Jéhovah. — cf. Gen. 4, 26.
4, 17. Dans les anciens temps la grandeur 5, 6. 1 Chr. 1, M. Luc 3, 38.
ne faisait pas la ville; on appelait de ce ENSEIGNES. Dans le voyage du désert
nom tout enclos entouré de murailles. chaque troisième tribu avait une enseigne
C'est dans la famille de Caïn que com ou drapeau, Nomb. 1 , 52. 2, 2. 10, 4. ;
mença à se développer le goût d'une vie l'Ecriture ne nous donne aucun détail sur
aisée et artificielle, avec les craintes, l'in la forme , la couleur, la grandeur et les
quiétude, et le besoin de s'abriter, qui en inscriptions de ces enseignes. Les rab
sont toujours la suite. Si les traces de bins, en revanche, se sont chargés de
cette ville n'ont pas entièrement disparu combler la lacune au moyen de leur ima
sous les flots du déluge, elles se retrou gination; ils ont mis un jeune lion sur
vent peut-être dans le nom de Chanogé, le drapeau de Juda (Issachar et Zabulon),
ancienne et célèbre ville de commerce , cf. Gen. 49, 9. ; un homme sur celui de
au nord des Indes , déjà chantée dans les Ruben (Siméon et Gad); d'après Jona
plus anciens poëmes épiques des Indous; than, un cerfau lieu du bœuf, Gen. 49, 6.,
|
Huet voit les débris de la ville d'Enoch qui aurait trop rappelé l'idolâtrie du veau
dans Anuchtha, ville de l'ancienne Perse, d'or; sur celui d'Ephraïm (Manassé, Ben
citée par Ptolémée ; le tha ne serait alors jamin), un taureau; d'après Jonathan, un
qu'une terminaison araméenne. D'autres garçon; sur celui de Dan (Aser et Neph
enfin comparent la peuplade caucasienne thali), unaigle; d'après Jonathan, une cou
des Heniochiens. Mais comme le mot ha leuvre, Gen. 49, 17. – De plus petites
nak , qui est la racine de tous ces autres bannières servaient à distinguer les fa
noms, signifie lui-même commencer, on milles, mais on n'en connaît pas non plus
comprend qu'un grand nombre de famil la forme.-Le mot rendu par enseignes,
les et de villes ont pu porter un nom sem Es. 5, 26. 11, 12. 13, 2. 18, 3. 62, 10.
blable, puisque chaque homme pouvait Jér. 4, 6., etc., serait plus exactement
appeler ainsi son fils aîné, ou la première traduit par « signaux » ; le mot hébreu
ville d'une contrée. qui y est employé est nès, différent de
3° Enoch est encore le nom du fils aîné déguel, grand drapeau, et de othoth, pe
de Ruben, Gen. 46, 9. 4° Enfin, Enoch, tit drapeau : ces signaux étaient élevés
ou plutôt Hanoc, Gen. 25,4., fils de Ma sur de hautes montagnes dans des circon
dian, petit-fils d'Abraham par Kétura. stances extraordinaires, lorsqu'il s'agis
ÉNON, près de Salim, Jean 3, 23., lieu sait, par exemple, d'appeler sous les ar
où Jean baptisait parce qu'il y avait là mes les hommes en état de servir; les
beaucoup d'eau. Le nom même d'Enon uns se représentent ces signaux comme
indique une source abondante; mais il est des feux allumés, d'autres comme d'im
difficile de rien préciser sur l'endroit où menses drapeaux plantés en terre.
cette source existait. D'après Eusèbe et ENSUBLE. Cette partie d'un métier est
saint Jérôme, c'aurait été à huit milles de nommée en hébreu menor orguim, et se
Scythopolis, entre Salim et le Jourdain. trouve employée, 1 Sam. 17. 7. 2 Sam.
ÉNOS, petit-fils d'Adam par Seth, na 21, 19., comme terme de comparaison
quitl'an du monde 235 et mourut en 1140, pour désigner la grosseur de la hampe de
àgé de neufcent cinq ans ; Adam, Seth et la hallebarde de deux géants. Le mot mas
Enoch moururent avant lui ; il fut con seket, Jug. 16, 13. 14., traduit par ensu
temporain de Méthusélah et même de Noé, ble, signifie des fils tissés, une tresse, la
avec qui il vécut encore quatre-vingt chaîne. v. Tisserand.
quatre ans. C'est depuis Enos qu'on com EPAINETE, Rom. 16, 5., n'est connu
mença « d'appeler du nom de l'Eternel », que par ce passage. Saint Paul l'appelle
ce qui signifie, en comparant Es. 42, 4. son disciple bien aimé, et les prémices
EPA 334 EPH
de son œuvre en Asie (le mot Achaïe qui mencement du verset, qui doit être trº- .
est dans nos versions ne se trouve pas duit par « Que mon épaule se détache de
dans les meilleurs manuscrits, et serait ma nuque, » etc, Le shekem sert à dési- ,
en contradiction avec 1 Cor. 16, 15., où gner :-a) la partie du corps qui porte, |
-
|
Stéphanas est appelé les prémicesde l'apô Gen. 9, 23. Es. 9, 5. 22, 22. Job 3l,36,
tre en Achaïe); par Asie il faut entendre Soph. 3, 9. (servir l'Eternel d'un même
naturellement l'Asie proconsulaire. esprit; en hébreu, le servir d'une même ,
EPAPHRAS, Col. 1, 7. 4, 12. Philém. épaule, allusion aujoug) ; — b) lapartie
23., fidéle de Colosses , que saint Paul sur laquelle on fouettait les criminels,les
recommande à l'église de cette ville com omoplates et le dos jusqu'à la ceinture,
me son compagnon de service, comme son Es.; 9, 3.;— c) enfin il s'emploie dans la
compagnon de captivité, et surtout com phrase tourner le dos, fuir, abandonner,
me un fidèle ministre, digne de rempla 1 Sam. 10, 9. et l's. 21, 12., où au lieu
cer l'apôtre absent. Epaphras paraît avoir de « Tu les mettras en butte » , il fautli
été le fondateur de l'église de Colosses; re : « Tu les mettras en dos, en épaule ',
il ne doit pas être confondu avec Epa c'est-à-dire, tu leur feras tourner le d0s.
phrodite, comme font Grotius et Winer; C'est le mot shokh qui est employé en
Olshausen et Steiger ont parfaitement dé parlant de l'épaule d'élévation, Lév. 7,
montré la non-identité.
34. Nomb. 6, 20. 18, 18.;l'épaule droile
ÉPAPHRODITE, Phil. 2, 25. 4, 18. des victimes revenait de droit aux prêtres
Saint Paul nous le montre cOmme un dans les sacrifices d'action de grâce etde
membre de l'église de Philippes, collabo prospérités, et ne pouvait ètre mangée
rateur de l'apôtre dans le bon combat, que dans un lieu pur et saint, Lév. 10, .
député auprès de lui par les Philippiens 14. Quant aux cérémonies de l'élévation :
pour subvenir à ses besoins et lui porter et du tournoiement, v. Leveret 0ffralide.
le produit d'une collecte dans la grande EPEAUTRE, Ex. 9, 32. Es. 28,25.Et.
ville où il était prisonnier. Epaphrodite 4, 9., hébr. cussèmeth, dérive peut-étrº !
fut longtemps le compagnon du captif; de casam être tondu, désigne en loul
mais ayant fait une grave maladie, suite cas une espèce de céréales sans barbe :
MysdeSinhar, qui doit être le terme ex sa première charité ; il ne paraît pas que
lrème de la manifestation du mal dans les saint Jean ni Timothée s'y trouvassent
derniers lemps. encore à cette époque : Timothée y avait
EPHESE, ville importante de l'Ionie souffertlemartyrepeut-être quelquetemps
el,s0us les Romains, de l'Asie proconsu auparavant, et Jean était exilé.— La ville
lire, sur les bords du Cayster, non loin d'Ephèse était l'un des plus grands sié
lehmerd'lcarie, entre Milet et Smyrne, ges de la magie orientale ; cf. Act. 19,
33:0stades(70 kilom.) de cette dernière 13-20.; là aussi nous la voyons succom
| | ville Gràce à sa position elle faisait un
tºmmerce de transit fort considérable ;
ber devant les témoins de la vérité; son
développement, puis sa chute éclatante et
miis ce qui lui assurait le plus une haute rapide, rappellent les succès et la confu
trkbrilé, c'était son temple de Diane. sion des magiciens de l'Egypte.
lelnit par un fou, ce bâtiment que deux Epitre aux Ephésiens. Elle fut écrite
siècles avaient à peine suffi à construire, de Rome, et probablement à la même
péfit dans une seule nuit, mais il fut re époque que celle aux Colossiens, puisque
Mi plus somptueux encore, et conser l'une et l'autre furent envoyées par Ty
ºii l0ute sa magnificence au temps de chique, qui avait ordre de donner en mè
sil Paul, Act. 19, 24, v. Diane. Lors me temps de vive voix aux églises des
que l'apôtre y arriva pour la première nouvelles de l'apôtre. Cette épître ne ren
lis, il y trouva un certain nombre de ferme de polémique contre aucune erreur
liſs qui reçurent l'évangile, Act. 18, 19. déterminée; elle ne contient presque rien
M, iln'y fil d'abord qu'un court séjour, que l'expression des sentiments de l'apô
d pendant son absence le juif Apollos le tre, des exhortations pratiques, et un ex
frmph(a avee beaucoup de succès. Puis posé de la doctrine évangélique, tel qu'on
lalrevint, et continua d'accomplir pen pouvait le présenter à tous les païens
lanl lrois ans, 20, 31., son œuvre d'é- nouvellement convertis. La seule partie
ºngélisation, parmi les Juifs d'abord, spéculative est formée par l'exhortation
Pis parmi les païens, chez qui il trouva à l'union entre les chrétiens - païens et
les amis, même d'entre les Asiarques, les judéo-chrétiens, exhortation fondée
" 31., de sorte que son église fut un sur la doctrine de l'économie divine. L'a-
mélange de Juifs et de Grecs, 20, 21. pôtre ne parle nullement à ses lecteurs
lºt de la qu'il écrivit son épitre aux comme à des personnes qu'il connaisse
ºles et la iº aux Corinthiens. Il dut personnellement, puisqu'au contraire il
lllller la ville en suite de l'émeute de leur fait connaître sa vocation, 3, 2-4. Il
lºmétrius, et au retour de son voyage les salue d'une manière générale, et il est
º Macédoine, passant par Milet, il fit remarquable qu'il ne les salue pas au
Weler auprès de lui les pasteurs d'E- nom d'un seul de ses nombreux compa
list, auxquels il donna de vive voix de gnons, pas même de Timothée. Il est
ºelles instructions, 20, 17.; il ne pa donc évident que cette épître ne peut
ºl pas qu'il y soit retourné depuis, 20, avoir été adressée à l'église que Paul
* quoiqu'onait voulu le conclure d'une avait fondée lui-même à Ephèse : Grotius
ººile interprétation de 1 Tim. 1, 3. A a cru pouvoir en conclure, conformément
ºl partil établit et consacra Timothée à quelques manuscrits, qu'elle fut écrite
ºleur d'Ephèse; plus tard la tradition aux Laodicéens, cf. Col. 4, 16., mais la
ºm0ntre aussil'évangéliste saint Jean grande majorité des manuscrits s'oppose
ºlºurde la même ville : Jean doit y être à cette manière de voir, et l'opinion d'Us
ºſt, ainsi que Marie, la mère de Jésus, serius, appuyée par Hug, Olshausen, Har
º disciple bien-aimé s'était chargé, less, Steiger, nous paraît beaucoup plus
ºrie Madeleine. L'épître écrite à l'an
probable, savoir que c'était une lettre en
#de cette église, Apoc. 2, 1-7., nous la cyclique adressée entre autres aux Ephé
ºlfe dans un état spirituel en général siens, aux Laodicéens et aux églises en
º pr0Spère, quoiqu'il lui soit repro vironnantes ; arrivée à destination et co
* º mème temps d'avoir abandonné piée, il a pu facilement arriver que dans
EPH 336 EPH
mes avaient les leurs pour elles et pour était apparemment de Corinthe, ainsi que
leurs enfants. Elles ne pouvaient être ré l'indiquent et le passage de Timothée, et
pudiées si, avant le mariage, leur époux celui des Romains, « le procureur de la
avait déjà habité avec elles, ou si, après, ville » celle d'où écrivait saint Paul, et qui
il les avait calomniées, Deut. 22, 19.29.; était selon toute probabilité Corinthe.
il est assez probable aussi qu'elles ne pou EREC, Gen. 10, 10. Une des villes bâ
vaient être renvoyées étant enceintes. ties par Nimrod; il y a deux opinions :
Quelquefois, en Orient, les préférences 1° Bochart pense que c'est Arecca, dont
entre les femmes en amenaient entre leurs parlent Ptolémée et Ammien Marcellin,
enfants; la loi de Moïse ne le permettait située sur les bords du Tigre, entre la
pas; elle rendait inamovible le droit de Susiane et Babylone, opinion que Winer
primogéniture, et ne permettait pas qu'un (Realw.) trouve plus probable à cause de
père élevât le fils d'une mère préférée au la place qu'occupent les Arkéviens, Esd.
détriment de l'aîné, Deut. 21, 15-17. v. 4, 9.— 2°Ce serait Edesse, d'après le té
Femmes, Mariage, etc. moignage positif de Jérôme, d'Ephrem et
EPREUVES judiciaires. Ces moyens, de quelques rabbins.
imaginés par l'ignorance et la supersti ÉSAIE. 1° Lévite, Esdr. 8, 19. v. Sé
tion pour découvrir la vérité dans les cas rébia.
douteux, ont joué un grand rôle chez les 2° Prophète hébreu, fils d'Amots. On
peuples et dans les siècles barbares. On n'a que fort peu de notices positives sur
les appelait jugements de Dieu, et tou sa vie et sur sa personne. Son nom signi
jours ils étaient ordonnés de manière à ce fie aide de Dieu. D'après une tradition,
qu'un miracle fût nécessaire pour sauver son père aurait été frère du roi Amatsia,
l'innocent, car le prévenu était censé cou et lui-même aurait été de la famille royale.
pable jusqu'après l'épreuve. L'eau froide, Plusieurs circonstances nous font croire
l'eau bouillante, le fer rouge, certaines qu'il avait reçu, daus sa jeunesse, une
boissons, des sauts dangereux, étaient les éducation distinguée; son style orné et
moyens le plus ordinairement employés ; majestueux, qui décèle une grande éten
quelques-uns étaient connus déjà de l'an due de connaissances, et ses relations
tiquité la plus reculée (Sophocle, Antig. avec la cour viennent à l'appui de la tra
264). Les Juifs n'avaient de cérémonie dition. Il commença les fonctions de pro
pareille que pour un seul cas, et encore phète vers la fin du règne d'Hosias, pro
l'épreuve était-elle en elle-même inno bablement la dernière année de ce roi, si,
cente, redoutable seulement pour la fem comme on peut le croire , le chap. 6 in
me adultère. v. Eau de jalousie. — On dique la consécration d'Esaïe; et il les
peut trouver dans le Dict. historiq. des poursuivit sous les règnes de Jotham, d'A-
cultes, des détails curieux sur les épreu chaz et d'Ezéchias. Il paraît même, d'a-
ves admises 8hez les différents peuples. près 2 Ch. 32, 32. , qu'il a survécu à ce
ER, un des ancêtres de Marie, Luc 3, dernier, et, selon une tradition des Juifs et
28. Inconnu. de l'ancienne Eglise chrétienne, il aurait
ÉRASTE, disciple que saint Paul en vécu jusqu'à l'époque de Manassé , qui
voya d'Ephèse en Macédoine, avec Timo l'aurait fait mettre à mort. Il aurait donc
thée, Act. 19, 22., pour préparer les au fourni une carrière prophétique de plus
mônes des fidèles. On peut supposer qu'il de soixante ans (mort d'Hosias 759, avé
accompagna longtemps l'apôtre dans ses nement de Manassé 698 ou 97), et aurait
voyages, et c'est le même sans doute que atteint un âge fort avancé, au moins qua
l'on retrouve, 2 Tim. 4, 20., demeurant à tre-vingt-dix ans; la tradition même lui
Corinthe, éloigné de Paul qui le regrette. en donne cent vingt, et porte qu'il aurait
Il était ou avait été trésorier, Rom. 16, 23. été scié en deux par les ordres de Manas
(si toutefois ce ne sont pas deux person sé; le passage Hébr. 11 , 37. semble se
nages différents, comme Winer le sup rapporter à cette tradition et la confir
pose), et aurait donné sa démission de sa mer. Esaïe demeura toujours à Jérusa
charge en se décidant à suivre l'apôtre. Il lem, où il était marié, et où il avait au
ESA 339 ESA
niers chapitres contestés par une science d'aînesse pour un plat de lentilles, tom
incrédule, que le Nouveau Testament cite bant par son impétuosité dans les filets
le plus grand nombre de passages, en d'une mère et d'un frère dont il eût dû se
les attribuant clairement à Esaïe. méfier. Il oubliabientôt cette imprudence;
Les commentaires les plus utiles à con il en fit une autre en épousant deux Cana
sulter pour l'étude de ce prophète sont néennes (Héthiennes), Gen. 26, 34.36.1.,
celui de Calvin, celui de Gesenius qu'il v. Elon., et se compromit lui-même gra
ne faut lire qu'avec précaution , ceux vement par cette infidélité, compromet
d'Umbreit et de Hitzig, et la Christologie tant en même temps la paix de la famille
de Hengstenberg. patriarcale. Puis son père étant devenu
ESAR-HADDON, roi d'Assyrie, fils et vieux, et voulant donner sa bénédiction au
successeur de Sennachérib , Es. 37, 38. fils aîné qu'il chérissait, Gen. 27, 1., Ja
2 Rois 19, 37. Esd. 4, 2, indiqué encore, cob l'enfant de la ruse le supplanta par un
sans être nommé, 2 Rois 17, 24., que habile déguisement, et accomplit par un
Calmet et d'autres veulent voir aussi dé péché les plans éternels de la Providence :
signé sous le nom de Sargon, Es. 20, 1., Esaü ne reçut que les restes de la bénédic
mais à tort. Il commença de régner l'an tion paternelle, la promesse d'une nom
681 av. C., et occupa le trône pendant breuse postérité, puissante, belliqueuse et
vingt-neuf ans. Il fit transporter dans les riche, mais parfois soumise à celle de l'aîné
contrées désolées de la Samarie, privée béni. Justement indigné , Esaü croyait
de ses habitants en exil, des colonies de pouvoir se faire justice à lui-même, et ne
gens de Babel, de Cuth, et d'autres villes cachait pas son intention de tuer son frère
babyloniennes ; ces colonies ayant beau après la mort d'Isaac ; mais Jacob ayant
coup à lutter dans leurs premiers tra disparu d'après les conseils de sa mère,
vaux d'établissement contre les bêtes fé Esaü, espérant de rentrer dans la faveur
roces, qui s'étaient d'abord emparées de paternelle , et peut - être dans celle de
ces lieux, crurent que les dieux de ces lo Dieu, par une alliance avec la famille d'A-
calités ne leur étaient pas favorables par braham, épousa une fille d'Ismaël ; ce fut
ce qu'elles ne connaissaient pas la ma en vain ; lorsque le cœur n'est pas sain,
nière de les adorer, et sur leur demande, l'esprit ne peut l'être non plus. La famille
Esar-Haddon leur envoya un des sacrifi d'lsmaël n'appartenait pas à la promesse,
cateurs exilés; mais cette expédition ec et me fit venir aucune bénédiction sur ce
clésiastique fut sans résultat réel, et le lui que l'Eternel avait rejeté hors du
prêtre en fut pour ses leçons de religion : peuple qui devait être le dépositaire de la
les colons apprirent bien la foi juive, vérité, Mal. 1, 2. Héb. 12, 16. Les an
mais ils n'en continuèrent pas moins de nées s'écoulèrent, la haine s'éteignit dans
se faire leurs dieux, qui Nergal, qui Asi le cœur d'Esaü, et lorsque Jacob revint
ma, qui Tartac ; ce fut le commencement de la Caldée, dans l'entrevue qui eut lieu
de la religion des Samaritains, q. v. - entre l'usurpateur et la victime, Gen. 32,
C'est probablement encore Esar-Haddon Esaü se montra bien au-dessus de son
qui fit la guerre à Mallassé et l'emmena frère par la chaleur de son affection, la
captif à Babylone, chargé de doubles noblesse de sa conduite, et son oubli du
chaînes, 2 Chr. 33, 11. 12. - Quelques passé : car, évidemment, tout ce que Jacob
uns pensent que c'est lui qui est connu pouvait lui offrir n'était rien en compa
dans l'histoire profane sous le nom de raison de la bénédiction dont il l'avait dé
Sardanapale; mais v. Pul. pOuillé. Les deux frères se revirent en
ÉSAU ou Edom, premier-né d'Isaac et COre une fois à la mort de leur père, Gen.
de Rébecca, Gen. 25, 25., fut un homme 35, 29. Esaü continua d'habiter au pays
des champs, s'adonnant au labourage et de Séhir, dont Dieu avait assuré la pos
aux travaux de la chasse.Au retOur d'une session à sa postérité, Deut. 2, 5. On ne
de ses violentes excursions, accablé de sait rien sur sa mort.
fatigue et dévoré par la faim, il parla lé Le nom d'Esaü signifie velu (comme un
gèrement de ses lèvres, et céda son droit manteau de poil), Gen. 25, 25., et lui fut
ESA 341 ESC
« Puisse-t-il s'en aller comme un escar 25.;— 4° les voleurs, en cas de non res
s got qui se fond, » manière de parler re titution, devenaient la propriété de celui
posant sur l'opinion populaire que la qu'ils avaient volé, Ex. 22, 3.;—5o quel
trace que l'escargot laisse après lui et qui quefois ils devenaient prisonniers à la suite
doit lui faciliter la marche, le ruine et le de guerres intérieures;— 6° ou bien ils
C0IlSUlIIl8. étaient volés et vendus comme le fut Jo
ESCLAVE. Il y avait chez les Hébreux seph;—7° enfin, rachetés d'un païen par
deux classes d'esclaves, les indigènes et un Hébreu, ils pouvaient être revendus
les étrangers; mais les uns et les autres par celui-ci à un autre Hébreu.
étaient soumis à un régime bien plus doux Dans tous les cas, la loi leur accordait
que les esclaves des Orientaux et des mo une telle protection, qu'après six ans de
dernes en général ; on peut même dire service au plus, ils recouvraient leur li
que l'esclavage n'était qu'une espèce de berté dans l'année sabbatique, et ils ne
domesticité à long bail, et Moïse dans sa devaient point être renvoyés à vide, Deut.
législation paraît avoir eu en vue une 15, 13. 14. Mais si l'esclave, incapable de
transaction entre l'esclavage et le principe profiter de sa liberté, ou satisfait de son
de la liberté individuelle; s'il reconnaît, maître, refusait son affranchissement, son
d'un côté, que l'esclave appartient au maî maître le conduisait devant les juges, et
tre, « car c'est son argent » Ex. 21,21., de lui perçait l'oreille avec une alêne, Ex.21,
l'autre, il limite par de nombreuses res 6. Deut. 15, 17.; dès lors son affranchis
trictions les droits du maître, et donne à sement définitif ne pouvait plus avoir lieu
l'esclave ses droits et ses garanties. qu'en l'année du jubilé, Lév. 25, 41. Jér.
L'esclave étranger, fait prisonnier de 34, 8. Le droit d'affranchissement n'em
guerre, acheté à prix d'argent, ou né dans portait pas pour l'esclave le droit d'em
la maison, Nomb. 31, 26. Gen. 17, 23. mener avec lui sa femme, s'il l'avait épou
Lév. 25, 44., devait être naturalisé et cir sée parmi les esclaves de son maître , ni
concis ; il était tenu à toutes les ordon les enfants qu'il pouvait en avoir eus.
nances cérémonielles : enlevé à sa patrie Pendant toute la durée de la servitude les
sans espoir de retour, il devait adopter esclaves avaient droit, comme leurs mai
en entier l'esprit et les affections, com tres, au repos du septième jour. Ex. 20,
me les obligations de sa nouvelle patrie. 10.
La captive que les chances de la guerre L'esclave pouvait être puni et même
avaient mise au pouvoir d'un Hébreu, battu pour négligence ou désobéissance ;
pouvait devenir son épouse ou celle de mais des limites étaient posées pour le
son fils ; mais un mois lui était donné protéger contre la brutalité d'un maître
pour pleurer son père et sa mère, Deut. violent ou barbare. Si l'esclave périssait
21, 10-13. Si son jeune maître venait à sous les coups, ou qu'il mourût dans la
se marier, elle ne devait rien perdre de journée, le maître était puni comme meur
ses avantages, en aliments, vêtements et trier (on ne sait de quelle peine, et si c'é-
cohabitation ; si même elle cessait de tait la mort) ; si l'esclave était estropié,
plaire, et que son maître n'eût plus d'é- qu'il perdît un de ses membres, ne fût
gards pour elle, elle devenait libre aussi ce qu'une dent, il obtenait la liberté, qui
tôt, et sortait sans rançon. Les femmes était une peine pour son maître, une com
esclaves ne pouvaient jamais être ren pensation pour lui. Mais s'il ne mourait
voyées étant enceintes. v. Concubines. que quelques jours après les mauvais trai
Les Hébreux pouvaient devenir escla tements de son maître, la loi ne sévissait
ves de diverses manières : 1° en cas d'ex plus, et le maître était regardé comme
trème misère, ils pouvaient aliéner leur suffisamment puni par la perte même de
liberté,Lév. 25, 39.;— 2° les enfants pou son esclave, Ex. 21, 20-27., qui équiva
vaient être vendus par leurs parents, lait, par la valeur de celui-ci, à une amen
Ex. 21, 7.; — 3° les débiteurs insolva de de trente sicles d'argent en moyenne,
bles étaient vendus à leurs créanciers, 2 Ex. 21, 32. cf. Lév. 27, 3. Matth. 26, 15.
Rois 4, 1.Es. 50, 1. Néh. 5, 5. Matth. 18, Quelques faits prouveront encorecom
ESD 343 ESP
bien la position de l'esclave était douce tionalité juive, d'abord seul, puis con
s0us la loi de Moïse : 1° il avait le droit jointement avec Néhémie. C'est lui qui est
de faire des économies, et jouissait des l'auteur du livre qui se trouve sous son
fruits de la terre en l'année sabbatique, nom dans l'Ancien Testament ; mais les 3e
comme il avait sa place marquée aux fes et 4e livres d'Esdras qui sont parmi les
tins d'actions de grâce, Ex. 20, 10. Lév. Apocryphes, sont d'une époque de beau
25, 6. Deut. 12, 18. 16, 11.; il était libre coup postérieure. Il paraît aussi à peu près
au point de pouvoir lui-même avoir des certain que c'est lui qui a formé la col
esclaves, 2 Sam. 9, 10.;— 2° il travaillait lection définitive des livres sacrés, et ainsi
avec ses maîtres, il avait même avec eux fixé le canon de l'Ancien Testament (v.
des rapports de peine et de fatigue qui Haevernick, Mél. de Théol. réf., 174-185).
devaient disposer ceux-ci à le traiter en La Bible ne nous apprendrien sur le temps
ami plutôt qu'en mercenaire, en homme et le lieu de sa mort, mais Josèphe nous
plutôt qu'en objet ; — 3° il travaillait un dit (Antiq. 11, 5, 5.) qu'il atteignit un âge
sol destiné à produire des objets de pre fort avancé, et qu'il fut enseveli à Jérusa
mière nécessité qui devaient servir à la lem. Son livre se compose de douze par
consommation, et non point au commer ties principales. Les six premiers chapi
ce; or, il est facile de comprendre com tres contiennent le récit d'évênements qui
ment ils devaient être mieux traités et s'étaient passés avant son retour en Ju
mieux nourris que s'ils eussent été de dée, pendant un espace d'environ vingt
simples instruments producteurs, à l'ali ans, depuis le commencement du règne
mentation desquels le maître eût du pour de Cyrus, jnsqu'à la sixième année de ce
voirpar des dépenses effectives, par l'achat lui de Darius, fils d'Hystaspe ; parmi ces
de rations. événements, le retour de la première co
On peut consulter sur cette partie si lonie sous Zorobabel, et la construction
compliquée de la législation des Hébreux, du nouveau temple, occupent la princi
et sur l'esprit de concessions qui y a pré pale place. Une partie considérable de ce
sidé, Cellérier, Lég. Mos. 1, 284. 2, 147. morceau (4, 8.—6, 18.) est écrite en cal
et ailleurs. déen, probablement parce que Esdras a
ESCOL. 1o Un des alliés d'Abraham rédigé sa narration en Caldée, et d'après
dans son expédition contre Kédor Laho des documents écrits par quelque témoin
mer, Gen. 14, 13. v. Mamré ; — 2° vallée oculaire. Dans les quatre derniers chapi
d'Escol (du raisin), d'où les espions is tres il raconte les événements postérieurs
raélites emportèrent un sarment avec sa à son retour. Mais entre les deux parties
grappe, qu'ils étaient deux à porter.Nomb. il y a une lacune de quarante-sept ans,
13, 24. 32, 9. Deut. 1. 24. Le torrent qui dont trente appartiennent au règne de Da
la traversait était, selon les uns, le Sorek, rius, onze à celui de Xercès, et six à ce
selon d'autres une rivière distincte qui se lui d'Artaxercès.
jette dans la mer près d'Askélon : Winer ESPAGNE. L'antiquité comprenait sous
pense que le torrent d'Escol ne pouvait ce nom la péninsule des Pyrénées toute
se jeter que dans la mer Morte. —Saint entière, qui renferme maintenant l'Espa
Jérôme parle d'une ville de ce nom. gne et le Portugal.Au temps de saint Paul
ESDRAS (secours), scribe, 7, 6.11., elle était province romaine, et comptait
qui en sa qualité de descendant du sa un grand nombre de Juifs parmi ses ha
crificateur Séraja, 7, 1., dont il est parlé bitants, ce qui avait donné à l'apôtre la
2Rois 25, 18., était aussi sacrificateur, se pensée d'y aller faire un voyage mission
trouvait à la tête de la seconde colonie naire : il paraît peu probable qu'il ait exé
qui revint en Judée, la septième année du cuté ce projet, du moins aucun des auteurs
règne d'Artaxercès, roi de Perse,7,8. Par des trois premiers siècles n'en fait-il men
zèle pour la gloire de Dieu et par amour tion. v. Paul. — Des mines de fer, de
pour son peuple, il travailla pendant de plomb, d'or et d'argent constituaient la
longues années à la restauration tempo plus grande richesse de cette presqu'ile.
relle et spirituelle du peuple et de la na v. Sépharad et Tarsis. -
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d'entre les Juifs tous ceux qui pourront opinion; il cherche l'étang supérieur au
ètre purifiés, je détruirai les incorrigi nord de la ville, qui était plus exposé aux
bles dont la présence pourrait t'être en attaques de l'ennemi, et qui n'était pas
scandale.»— D'après Ezéch. 27, 12. Tar fort éloigné du champ du Foulon, q. v.,
sis faisait un grand commerce d'étain ; deux circonstances qui concordent bien
Pline, Diodore de Sicile et d'autres au avec ce que dit Esaïe; on en aurait la
teurs disent la même chose de l'ancienne
trace dans un bassin encore existant, de
Espagne, où il faut, selon Bochart, cher 150 pieds de longueur et large de 40, au
cher la Tarsis de la Bible. nord de Jérusalem; mais la démonstra
ÉTANGS, ou réservoirs destinés à re tion du commentateur est un peu trop
cevoir et à conserver l'eau de pluie ou de laborieuse, et repose sur trop d'hypo
s0urce. Il y en avait dans le voisinage thèses pour qu'on puisse l'adopter. Il
de plusieurs villes israélites , et l'on vaut mieux regarder l'étang du roi comme
trouve encore les restes de plusieurs de identique avec l'étang supérieur et avec
ces bassins, avec leurs murs et leurs de l'étang de Salomon dont parle Josèphe.
grés, à Hesbon, Hébron, Samarie,2 Sam. — Cet historien nomme encore l'étang
4, 12. 1 Rois 22, 38. Cant. 7, 4. et ail des moineaux, vis-à-vis la tour d'Antoine,
leurs. Il est parlé encore de l'étang de celui des amandes, à l'est, et celui des
Gabaon, 2 Sam. 2, 43. La ville de Jéru Serpents, au nord ou nord-ouest. — Jé
salem en possédait seule un assez grand rico avait aussi des réservoirs, au service
n0mbre, soit dans l'intérieur de ses mu de ses palais.
railles, soit en dehors :- 1° Le lavoir de ETHAM. 1° Troisième station des ls
Béthesda, q. v. — 2° L'étang du roi Ezé raélites après leur sortie d'Egypte, main
chias, 2 Rois 20, 20., grand bassin des tenant Etti, Ex. 13, 20. Nomb. 33, 6.
tiné à alimenter un aqueduc qui arrivait 2° Hétham , rocher où se retira Samson
jusque dans la ville ; il recevait peut-être après avoir brûlé les moissons des Phi
lui-même les eaux du Guihon, 2 Chr. 32, listins, Jug. 15, 8.3° 2 Chr. 11, 6.1 Chr.
30. 33, 14., qu'Ezéchias détourna de leur 4, 3.32.,ville de la tribu de Juda, célè
c0urs primitif pour les diriger vers l'oc bre par ses belles eaux et ses beaux jar
cident, et selon quelques-uns par un ca dins, à 60 stades de Jérusalem, vers le
nal souterrain. La tradition en montre midi, dans une contrée riante et fertile.
encore les restes au nord-ouest du mont Roboam la fortifia. — On trouve encore,
de Sion et de l'ancienne ville supérieure. à 20 ou 25 kilom. de Jérusalem, de belles
3"L'étang du roi, près de la porte de la eaux avec les ruines d'un aqueduc qui les
fontaine, au sud-ouest, Néh. 2, 14., et conduisait dans cette ville : on pense que
le réservoir de Siloé, paraissent avoir c'est le même que Pilate fit construire
servi à arroser les jardins royaux, v. Si (Jos., Guerre des J. 2, 13).
loé.-4° L'étang d'en haut, et l'étang ÉTHAN, Héman, Calcol et Dardah,
d'en bas. L'étang supérieur était non loin 1 Rois 4, 31. 1 Chr. 2, 6., quatre frères,
du chemin qui conduisait au champ du fils de Zara et de Mahol, petits-fils de
Foulon, Es. 7, 3. 36, 2.2 Rois 18, 17.; Juda, jouissaient d'une telle réputation
l'on pense généralement que c'est le mê de sagesse que Salomon leur est com
me qui porte, Es. 22, 11., le nom de vieux paré. Ils eurent un cinquième frère, Zi
étang, et qui est opposé à l'étang d'en zim selon les chroniques, Zabdi selon
bas, v. 9.; si c'est le même en effet, sa Josué 7, 1. qui n'est pas nommé dans les
place sera à peu près déterminée par ce Rois, sans doute parce qu'il n'était pas
qui est dit, v. 11, de sa position entre les
aussi célèbre que les quatre autres. —
deux murailles; elles se trouvaient d'a- 2° Ethan, Ezrahite, Ps. 89, 1., ne doit pas
près 2 Rois 25, 4. Jér. 39, 4., près des être confondu avec Ethan, fils de Zara,
jardins du roi; et ceux-ci, d'après Néh. qui est aussi nommé Ezrahite; c'est pro
3, 15., au pied occidental de la montagne bablement le même que le fils de Kisi,
de Sion, vers les degrés qui descendent Mérarite, nommé 1 Chr. 6, 44. On voit
de la cité de David.—Hitzig combat cette par Ps. 89, 39.40. qu'il a vécu longtemps
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après David, quoique avant la captivité; comme les montagnes par des chasseurs
ce Psaume paraît se rapporter aux der et des bergers; le Nil avait la pêche et le
niers temps du royaume de Juda. On a commercer et Méroé expédiait en Egypte
voulu à tort le confondre avec Jéduthun. et en Arabie les produits du sol éthio
ÉTHANIM ( mois des fleuves abon pien, l'ébène, l'ivoire, l'encens, l'or, et
dants). Avant l'exil, les mois étaient sou grand nombre de pierres précieuses qui
vent désignés par de simples chiffres , faisaient de ce pays un symbole person
avant d'avoir reçu des noms définitifs; nifié de la richesse, Es. 43, 3. 45, 14. Le
quelquefois, cependant, on les appelait Commerce unit bientôt étroitement l'E-
du nom de leurs attributs. Ethanim en gypte et l'Ethiopie, et les descendants de
est un exemple. C'est dans ce mois qu'eut Cus, s'avançant vers le nord, peuplèrent
lieu la dédicace du temple de Salomon, une partie de la Haute Egypte, la cultivè
1 Rois 8, 2. Plus tard il reçut le nom de rent en hommes libres, et finirent par
Tisri. changer de patrie en devenant tributaires
ETHBAHAL, 1 Rois 16, 31., roi des et presque indigènes du pays où ils avaient
Sidoniens, beau-père d'Achab roi d'Israël émigré. C'est ainsi qu'on les voit,2 Chr,
(918-897 av. C.). D'après Josèphe, il au 12, 2.3., marcher sous les ordres de Si
rait été d'abord prêtre d'Astarté , et se sak, roi d'Egypte, sans doute le fameux
rait monté sur le trône de Tyr et de Sésonchis de la vingt-deuxième dynastie.
Sidon par le meurtre de Phéles (Sidon Ailleurs, c'est l'Egypte qui obéit à l'E-
était alors tributaire de Tyr). Il régna thiopie, sous les rois Sabacon, So et Tir
trente-deux ans, et mourut âgé de soixan haca, pendant une quarantaine d'années,
te-huit ans. jusqu'àl'avénement de Psamméticus.C'est
ÉTHIOPIE, Act. 8, 27., contrée afri pendant cette période qu'eut lieu la con
caine qui dans les temps les plus anciens quête de Thèbes, Nah. 3, 8. v. No. Puis
portait le nom de Cus, q. v., et qui conl une partie de la caste des guerriers, mé
prend ce que nous appelons maintenant contente, émigra d'Egypte en Ethiopie,
l'Abyssinie, avec une partie assez consi s'y établit, et finit par devenir dominante.
dérable de la Nubie. Elle était bornée à — Pour 2 Chr. 14, 9., v. Zéraph.
l'est par l'Arabie et la mer des Indes, ETHNARQUE, 2 Cor. 11, 32., ou gou
au sud par les contrées intérieures et verneur, préfet militaire du roi arabe
presque inconnues de l'Afrique, à l'ouest Arétas. Ce mot, qui signifie chef d'une
par les déserts et la Lybie, au nord par nation, s'emploie toujours en parlant d'un
les hauteurs de l'Egypte, depuis Syène employé supérieur, qui n'a de compte à
environ. Pour la géographie de ce pays, rendre qu'au roi lui-même, auquel il est
on peut consulter le journal du mission assujetti. C'est le nom que porte legrand
naire Gobat pendant son séjour en Abys prêtre Simon, prince vassal de la Syrie,
sinie, source récente et sûre, pleine d'in 1 Macc. 14, 47.; de même encore Arché
térêt à tous égards. D'arides chaînes de laüs, fils d'Hérode le Grand, obtint d'Au
montagnes, et des côtes sablonneuses, guste, après la mort de son père, le ti
sont coupées par des contrées plus fer tre d'ethnarque de l'Idumée, de la Ju
tiles et arrosées de fleuves nombreux, dée et de la Samârie, en attendant qu'il
Es. 18, 1., Soph. 3, 10. Le Nil y prend pût recevoir le titre de roi, Josèphe, An
sa source, ainsi que l'Astaboras (mainte tiq. 17, 11. 4.
nant Tacazza) qui s'y jette, et forme avant ETIENNE, Act. 6 , 5. 7, 1-60., pre
sa jonction une île considérable, qui était mier martyr de l'Eglise chrétienne, pro
déjà peuplée fort anciennement par des bablement grec d'origine, si l'on en juge
hommes ayant un gouvernement à part. par son nom, et le premier des sept dia
v. Séba. — L'Ethiopie était , quant à sa cres nommés pour aider les apôtres dans
population, le centre de peuples de le service des tables et des pauvres. Plein
mœurs et d'usages très divers, parmi de foi et de puissance, il faisait des mi
lesquels se trouvaient plusieurs colonies racles et des prodiges parmi le peuple,
égyptiennes : les côtes étaient habitées ayant reçu l'imposition des mains. Son
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activité allait plus loin que sa charge, telle ravissement les cieux ouverts pour le re
dumoins qu'on l'entend à présent, et son cevoir, et qui se livre à eux sans résis
am0ur p0ur Son maître lui mérita l'ini tance ; il s'endort au milieu des pier
milié du monde; quelques habitués de la res qui l'accablent, et sa dernière pensée
synagogue, irrités de voir leurs lieux de est une intercession pour ses assassins.
culle toujours moins fréquentés et même Le sang des martyrs est la semence de
abandonnés par un grand nombre de sa l'Eglise, a dit un père (Tertullien); celui
crificateurs , irrités surtout de ne pou qui jaillit des membres meurtris du dia
voir résister à la sagesse et à l'esprit par cre vint tomber sur un jeune homme qui
lequel il parlait , soulevèrent contre le gardait les habits deses meurtriers; cette
disciple, comme on avait fait contre le plante amère devint plus tard un arbre de
maitre, de faux témoins, subornés à prix vie, et Saul fut le grand apôtre des Gen
d'argent, pour l'accuser de blasphème. tils.
Le peuple fut soulevé , une instruction Le discours d'Etienne ne nous est évi
judiciaire commença, le saint dut com demment rapporté qu'en partie, et cette
paraitre, et le ch. 7 des Actes nous donne partie même est abrégée; le fil n'est pas
la première partie du discours qu'il pro toujours facile à suivre, comme aussi per
B0nça pour sa défense. Dans ce discours sonne ne pouvait rapporter d'une ma
lhomme de Dieu, plus jaloux des intérêts nière exacte les paroles mêmes qui avaient
de son maître qu'attentif à la conserva été prononcées; d'ailleurs, interrompu
fion de sa vie, au risque de déplaire aux brusquement, il ne laisse que pressentir
émeutiers qui l'entourent, cherche à mon la marche de son discours; plusieurs au
lrer à ses juges et à ses auditeurs que la teurs ont essayé de diverses manières de
religion chrétienne n'est que le dévelop suppléer ce qui manque : il nous semble
pement du mosaïsme qu'ils aiment , et que ce que nous avons dit est ce qui ca
l'accomplissement des prophéties conte dre le mieux soit avec la position du dia
nues dans les saints écrits qu'ils vénè cre accusé, soit avec la partie connue de
rent, mais en même temps il leur montre son discours. Il faut y voir une prédica
que, dans tous les temps, sous les pa tion plutôt qu'une défense , une accusa
triarches, aux jours de Moïse, dans le dé tion plus qu'une justification ; et le vi
sert, et toujours, les Juifs se sont mon sagedumartyr resplendit d'unejoiesainte,
tres incrédules aux manifestations divi comme le visage d'un ange, quand il se
nes, rebelles au salut, durs de cœur à croi vit appelé à rendre publiquement témoi
re, et charnels : cédant alors à l'émotion gnage de son amour et de sa foi.
comme à l'indignation qui le remplit, ETOILES. v. Astres, Kijun, Remphan,
craignant de ne pouvoir achever de déve Zodiaque, etc.
lºpper sa pensée, voyant peut-être l'agi Etoile des mages. Il est bien difficile
lation du peuple et l'irritation de ceux de trouver une explication quelconque,
qui l'écoutent, il éclate et s'écrie : « Gens un peu naturelle, du miracle qui annonça
de col roide, et incirconcis de cœur et aux mages d'Orient la naissance du roi de
d'oreille, vous vous obstinez toujours Bethléhem, Matth. 2, 2-12. La plus an
contre le Saint-Esprit, vous faites comme cienne hypothèse, qui se trouve déjà chez
Vos pères ont fait. Lequel des prophètes les pères grecs, c'est que cette étoile n'é-
Vos pères n'ont-ils pas persécuté 9 Ils tait qu'un simple phénomène lumineux
0nt même tué ceux qui ont prédit l'avé dans l'atmosphère , lequel , n'étant pas
nement du Juste, duquel maintenant vous soumis aux mouvements qui règlent le
avez été les traîtres et les meurtriers, vous cours des étoiles, pouvait avoir sa marche
qui avez reçu la loi par la disposition des à lui, s'avancer, reculer, s'arrêter et s'é-
anges, et qui ne l'avez pas gardée ». Con teindre : un évangile apocryphe raconte
clusion foudroyante qui achève d'irriter même que cette lumière entra dans l'éta
la populace et cause la mort du prophète; ble avec les mages, et se posa sur la crê
0n se met à crier, on se bouche les oreil che. — Une seconde opinion ( Ideler ,
les, on fond sur le prophète qui voit avec Handb. d. Chron. 2, 410) ne voit dans ce
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phénomène ni une étoile, ni une simple la bienveillance des Hébreux, Ex. 22, 21.
lumière atmosphérique, mais une con 23, 9. Lév. 19, 33. 34. Deut. 10, 18. cf.
jonction de planètes , la même qui fut Jér. 7, 6. Mal. 3, 5.; elle leur accordait
observée en 1827 ; cette hypothèse n'ex plusieurs des prérogatives dont jouis
plique rien, et pour l'admettre il faudrait saient les pauvres, notamment une part
supposer que la marche toute entière de aux repas des dîmes et des fêtes, Deut.
cette étoile a été mal comprise, et qu'elle 14, 29. 16, 10. 14. 26, 11., et aux récol
est mal présentée dans l'Evangile ; d'ail tes de l'année jubilaire, Lév. 25, 6., pré
leurs un phénomène astronomique est vu ceptes fondés sur les devoirs généraux
de tout le monde, et celui-ci ne l'a pas d'humanité, et sur la fraternité des fils
été, v. 7. Il faut donc renoncer à toute d'Adam. Ils avaient devant la loi les mê
hypothèse de ce genre , et par consê mes droits que les habitants du pays,
quent à une troisième, celle de Michaëlis, Ex. 12, 49. Lév. 24, 22. Nomb. 15, 15,
qui voit dans l'étoile une comète, dont Deut. 1, 16. 24, 17. cf. Nomb. 35, 15.,
les mages auraient pu calculer d'une ma mais ils avaient les mêmes devoirs en
nière sûre la marche non point apparente, matière de culte, du moins les mêmes de
mais réelle, et le moment où elle se serait voirs négatifs, et devaient s'abstenir de
arrêtée, arrivée à son périhélie. C'est in tout ce qui était défendu aux Hébreux,
génieux, mais cette explication partage Ex. 20, 10., Lév. 17, 10. 18, 26. 20, 2.
avec la précédente le défaut de faire du 24, 16. Deut. 5, 14. Ez. 14, 7., avec la
miracle un fait naturel, tandis que le phé seule exception mentionnée Deut. 14,
nomène nous est donné comme merveil 21. Il était permis de leur prêter à inté
leux. Quant à la première hypothèse, elle rêt (à usure ?), ce qui n'était pas permis
est mesquine dès qu'on reconnaît le mi pour les Israélites eux-mêmes, Deut. 23,
racle, car il était aussi facile à Dieu de 20. Ils pouvaient être naturalisés à cer
créer ou conduire une étoile que de faire taines conditions et obtenir les droits
marcher un feu errant; et il paraît beau de bourgeoisie en Israël, à condition
coup plus digne et de Dieu et de l'occa toutefois qu'ils se fissent circoncire; les
sion, de supposer que la naissance du Egyptiens et les Edomites acquéraient
Messie fut annoncée par une étoile, que ces droits à la troisièmegénération, Deut.
par un corps brûlant dans l'air avec du 23, 7.8. cf. 1 Sam. 21. 7.; pour les au
gaz enflammé. Toute la difficulté est dans tres peuples un plus long séjour était
le v. 9. Mais l'idée principale est la sta exigé. Les Hammonites seuls et les Moa
tion de l'étoile plus que la désignationdu bites, de même que les eunuques et les
lieu où elle s'arrêta; or il est facile de descendants de femmes de mauvaise vie,
se représenter les mages sortant de Jé étaient complétement exclus du bénéfice
rusalem vers la nuit; ils voient une étoile de la naturalisation, Deut. 23, 3. cf. Néh.
qui suit une marche différente de la mar 13, 1. Cette défense , tombée en désué
che apparente des étoiles fixes; elle est à tude à une époque de relâchement, fut
leurzénith quand ils arrivent à Bethléhem, remise en vigueur lorsque la vie rentra
et les mages, instruits , comprennent et en Israël, Néh. 13, 3. - On voit par ces
s'arrêtent. — Nous n'avons pas besoin dispositions que l'intention de Moïse n'a-
d'ajouter que, dans un pareil domaine , vait pas été d'isoler hermétiquement ls
tout ne peut être que supposition, quant raël des autres nations ; un dénombre
aux détails, mais il faut se rappeler aus ment fait par Salomon, 2 Chr. 2, 17.,
si que Dieu fait des flammes de feu ses mi constata la présence de 153,600 étran
nistres, Ps. 104, 4. gers en Palestine. Aussi, quelque gra
ETRANGERS. La loi de Moïse , en ves que fussent sous le point de vue thé0
prenant toutes les précautions possibles cratique les motifs d'exclusion contre les
pour préserver les Israélites de l'in étrangers, l'on peut dire que ces derniers
fluence des étrangers, se montrait ce étaient traités chez les Hébreux d'une
pendant favorable à ceux-ci partout où manière plus noble et plus conforme à la
elle le pouvait ; elle les recommandait à | dignité humaine, que chez les peuples de
349 EUP
EUN
l'antiquité, les Romains et les Grecs y saient eeunuques pour gagner le ciel,
compris, avec leur fin vernis de philan exempl qui fut suivi par Origène dans
une intention moins prétentieuse, et pour
thropie et de civilisation. se délivrer seulement des tentations char
EUBULUS, disciple inconnu dont saint
Paul envoie les salutations à Timothée, 2 nelles ; on peut aussi prendre ce verset
comme indiquant le simple renoncement
Tim. 4, 21. au mariage et aux plaisirs de la chair,
EUNICE, fille de Loïs et mère de Ti
mothée, 2Tim. 1,5.; juive d'origine, elle sans opêration corporelle; ce serait le
s'était de bonne heure convertie au chris cas de Paul, et les promesses de Apoc.
tianisme : son époux était un prosélyte 14, 4. seraient faites pour eux.
d'entre les Grecs, Act. 16, 1. On ne sait EUPHRATE, hébreu Ph'rath, Gen. 2,
par qui elle avait été amenée à la con 14.15, 18. Jos, 1, 4. Apoc. 9, 14., appelé
naissance de l'Evangile, mais lorsque simplement le fleuve, Ex. 23, 31. Es. 8,7.
Paul la vit pour la première fois à Lystra, 7, 20. Jér. 2, 18. Mich. 7, 12., ou le grand
elle avait déjà le témoignage d'être une fleuve, Deut. 1, 7. De tous les noms géo
femme croyante, mère d'un fils égale graphiques, l'Euphrate est certainement
ment dans la foi.
le plus ancien , puisqu'il est le seul qui
EUNUQUE, signifie littéralement un nous ramène aux jours du paradis ter
homme qui a la garde du lit, et cette ex restre. Ce fleuve, un des plus considéra
pression qui marque un homme mutilé,soit bles de l'Asie, prend sa source au plateau
maturellement, soit par la main des hom de l'Arménie, et sort de la chaîne de mon
mes, se prend aussi dans un sens beau tagnes dont l'Ararat est le sommet le plus
coup plus général pour désigner un offi élevé. A trois journées d'Erzeroum, les
tier de cour quelconque, servant dans deux premiers affluents du fleuve se ren
lintérieur du palais, comme Potiphar, contrent, l'un, le Frat, plus court et ve
eunuque de Pharaon , qui avait femme et nant de l'ouest; l'autre, le Mourad-Tchaï,
enfants, Gen. 39, 17. C'est dans ce sens venant d'orient, plus long et prenant
qu'il faut entendre (à moins qu'ils ne fus naissance au pied des monts Alma-Dagh,
s .
sent étrangers) les eunuques nombreux dans les environ de la ville de Bayazad
que les rois d'Israël et de Juda avaient A leur jonctio n, les deux rivières réunies
t -Sou, ou Eu
à leur cour, 1 Sam. 8, 11. 1 Rois 22 , 9. prennen le nom de Mourad
phrate , et présent ent une masse d'eau
2 Rois 9, 32. 24, 12.15.1 Chr. 28, 1.,
car la loi de Moïse avait défendu expres pareille à celle de nos fleuves les moins
rables, tels que la Moselle. L'Eu
sément à son peuple de faire des eunu considé
ques, et même de mutiler des animaux, phrate coule d'abord vers le sud et sé
Lév. 22.24. Deut. 23, 1.; ceux qui étaient pare l'Arménie de la Cappadoce, puis
ainsi mutilés étaient exclus de l'assemblée bientôt chassé par les racines du Taurus,
du Seigneur. Cette défense avait d'abord il tourne à l'ouest et descend par d'étroits
un grand but d'humanité, elle maintenait passages et de nombreuses chutes, jus
à chaque homme le droit d'être ce qu'il qu'à ce qu'il arrive dans la plaine non
e,
est, et ne de point devoir se dire : Voici, je loin de Samosat où sa course se ralen
suis un arbre sec, Es. 56, 3. Elle tendait tit et continue d'abord au sud, puis à
ensuite à entraver la polygamie, à la ren l'est et au sûd-est, ayant à sa droite la
dre de fait plus difficile, à empêcher l'é- Syrie et l'Arabie déserte, à gauche la Mé
tablissement des sérails par l'impossibi sopotamie. A la latitude de Bagdad il se
lité de se procurer des hommes sûrs. - rapproche du Tigre, dont il n'est plus
C'est dans le même sens encore qu'il faut éloigné que de 200 stades à Séleucie, et
entendre l'eunuque de la cour de Can de nombreux canaux permettent une com
dace, seigneur commis sur les richesses munication libre et facile entre les deux
de la reine d'Ethiopie, prosélyte juif qui fleuves. Il s'éloigne de nouveau du Tigre,
fut converti au christianisme par Philippe passe devant Babylone, envoie une partie
q. v., Act. 8, 27.— Le passage Matth. 19, de ses eaux se perdre dans les marais
12. se rapporte aux ascètes qui se fai sablonneux de l'Arabie, puis revient en
EUT 350 EUT
serpentant vers l'est, et se perd à Kor homme, n'ayant éprouvé qu'une violente
nah dans le Tigre ; là les deux fleuves, secousse, a bien eu besoin du reste de la
sous le nom de Schat-al-Arab (fleuve des nuit pour se remettre, ce qui explique
Arabes), traverSent encore 32 lieues d'un pourquoi au lieu de remonter immédiate
pays noyé, et se jettent finalement dans ment dans la salle, il ne reparut qu'après
le golfe Persique par plusieurs embou le départ de Paul. Nous répondons : le
chures. verset 9 est positif; même s'il n'y a eu
Le cours de l'Euphrate est d'environ que secousse violente on ne se remet pas
1850 kilom.; il est accessible à de petits en quelques heures d'une chute de trois
bateaux pendant la première partie de étages; les paroles du verset 10 ont le mê
Son cours jusqu'à son arrivée dans les me sens que celles de Matth. 9, 24.; saint
chaînes du Taurus, puis il cesse de l'être Paul s'est penché sur le jeune homme
jusqu'à quelques lieues au-dessus de Sa comme le firent Elie et Elisée en pareille
mosate, où sa course longtemps acciden occasion, 1 Rois17,21.2 Rois 4, 34. « En
tée redevient plus douce et plus unie; la fin, ajoute M. Coquerel, s'il n'y a point
vallée s'élargit et les pentes s'affaiblis ici de miracle, l'accident était trop peu
sent; la largeur du fleuve est de 800 important pour être rapporté par saint
pieds ; mais sa profondeur varie encore Luc. Depuis Ephèse jusqu'à Milet, Act.
et ne dépasse jamais dans les eaux basses 20, 1. 15., le récit ne s'arrête point et
10 à 12 pieds, quoique dans la saison des n'offre aucun intérêt ;l'historien aurait-il
pluies elle s'élève jusqu'à 24. La naviga interrompu la rapidité de son narré pour
tion n'y est jamais sûre, et tous les es raconter seulement qu'un dormeur était
sais qui ont été faits jusqu'à ce jour ont tombé par une fenêtre sans se tuer. Saint
échoué contre les caprices du fleuve in Luc, présent à toute cette scène, était
dompté, cf. Es. 8, 7. Les bateaux à va médecin; s'il s'agit d'un évanouissement
peur, le Nitocris et le Nimrod, dans leur et non d'une résurrection, c'est de son
navigation du mois de mars 1841, n'ont aide et non de celle de Paul que l'on avait
fait que constater les difficultés qui res besoin, et en se rappelant que le récit
tent encore à lever pour la navigation est d'un homme de l'art, il est impossi
régulière de ce fleuve. — Son eau est ble de ne pas y voir un prodige divin et
presque toujours trouble, mais ne laisse non un accident vulgaire. » -
pas que d'être saine et d'un goût agréa Il est intéressant de voir avec quelle
ble quand elle est clarifiée. Les Arabes bonté et quelle compassion saint Luc
l'estiment extrêmement. rapporte le fait de ce jeune homme qui
EUROCLYDON, Act. 27, 14., vent du s'endort pendant que le grand apôtre
sud-est, irrégulier et tourbillonnant. parle aux âmes : Eutyche ne cède qu'à
EUTYCHE, Act. 20, 9., jeune homme un profond sommeil, il faisait une cha
de Troas, qui, s'étant endormi sur l'em leur étouffante, et la fumée des lampes
brasure d'une fenêtre pendant un dis nombreuses y ajoutait son influence en
cours de saint Paul , tomba dans la rue gourdissante; c'était extrêmement tard,
et fut relevé mort; mais l'apôtre s'étant minuit ; enfin Paul avait fait un long dis
approché se pencha sur lui, l'embrassa, cours, de l'aveu même de saint Luc : tou
et annonça aux assistants que le jeune tes les circonstances se réunissaient p0ur
homme était revenu à la vie. La réunion faire succomber la chair, et là où bien
ne fut ainsi interrompue qu'un instant, des formalistes se seraient indignés, le
puis les frères s'assemblèrent de nouveau Saint-Esprit n'exprime pas un seul mot
en attendant le départ de Paul, prirent de blâme. Chacun sait que ce n'est pas
la cène, et s'entretinrent jusqu'aujour.— bien de dormir au culte, et l'on peut mê
On a révoqué en doute le miracle , par me dire qu'une âme pieuse n'en éprou
conséquent la mort et la résurrection vera jamais le besoin. Voilà la règle, puis
d'Eutyche, et l'on s'appuie sur le peu vient l'exception, c'est que la chair est
de cérémonies que fait l'apôtre, qui ne toujours chair avec une faiblesse insur
prie pas même ;on dit encore que lejeune montable, inhérente à sa nature; s'il y a
EVA 351 , EVA
des cas où la faiblesse est péché, il y en Dieu a opposé comme remède la mort de
a d'autres où la faiblesse n'est qu'un son fils éternel dont le sang doit à la fois
malheur et doit être pardonnée, et le tact expier et purifier. Ce plan, conçu dès avant
chrétien joint à la charité pure saura tou la fondation du monde a été dévoilé à
jours faire distinguer les uns des autres. l'homme aussitôt après la chute ; et dès
EVANGILE, évangélistes. L'Evangile, lors, développé de plus en plus claire
cette clef de voùte d'une économie nou ment par les sacrifices, par le mosaïsme,
velle où le mystère est remplacé par l'a- par les prophéties, et par la foi des Juifs
mour, l'Evangile, mot sacramentel que les craignant Dieu, il a pris place dans l'his
anges proclamèrent du haut des cieux, toire de l'humanité il y a 1849 ans, le
Luc 2, 10., en annonçant aux hommes Verbe s'étant incarné, ayant souffert,
un grand sujet de joie, l'Evangile, cette étant mort, étant ressuscité, s'étant mon
épigraphe de la religion chrétienne et tré publiquement, ayant été vu, entendu
d'elle seule, ce résumé des gratuités di et touché pendant plusieurs années, ayant
vines, ce nom que chacun réclame dans prêché dans les plaines et sur les monta
l'Europe chrétienne et qui s'avance en gnes, dans les villes et dans les déserts.
conquérant dans toutes les parties du Puis son œuvre étant accomplie, il est re
m0nde, sur les côtes de l'Amérique, dans tourné dans le sein de son Père.
les déserts de l'Afrique, au bord des Tous ces faits avaient pour but unique
fleuves de l'Asie, et dans les îles de l'O- le salut des hommes, et c'est leur en
téanie, jusqu'à ce qu'il ait gagné des semble qui constitue l'Evangile, la bonne
hommes de toute tribu, langue, peuple nouvelle.
et nation, l'Evangile n'est dans son ori Il importe donc extrêmement pour ce
gine comme dans sa signification litté mot comme pour tous les autres, et plus
rale, ni un système de philosophie, ni un encore, d'en conserver présente à la pen
système de devoirs , ni une prédication sée la signification historique et salutai
de morale, mais la publication simple d'un re, afin de ne se pas fourvoyer comme on
fait, d'une nouvelle, d'une « bonne nou le fait souvent, dans des phrases creuses
velle », ainsi que le marque son nom mê et sonores qui n'ont aucun sens ; prati
me, dérivé des deux mots grecS Eû, &yyi quer l'Evangile, la loi de l'Evangile, les
lº, qui ont cette signification. menaces, les foudres de l'Evangile, au
Ce fait, c'est que Jésus est venu cher tant de formules qui dénotent chez ceux
cher et sauver ce qui était perdu, Matth. qui les emploient l'ignorance la plus
18, 11.; c'est qu'il n'y a point sous le ciel triste et la plus déplorable de ce qui fait
d'autre nom qui soit donné aux hommes le fondement de la religion chrétienne.
par lequel il nous faille être sauvés, Act. — Nous ne pouvons développer, ni mê
i, 12.: c'est que Dieu a tant aimé le mon me indiquer ici toutes les idées éga
de, qu'il a donné son fils au monde, afin lement importantes, qu'entraîne après
que quiconque croirait en lui ne pérît elle, et comme conséquence, la bonne
pas, mais qu'il eût la vie éternelle, Jean nouvelle annoncée aux hommes : l'inuti
3, 16. lité d'œuvres supplémentaires à la mort
Fait historique, il repose sur un fait de Christ qui a pleinement accompli le
moral qu'il suppose, celui de la corrup salut, en même temps que la nécessité
tion entière du cœur humain, corruption des œuvres produites par une foi opé
lelle qu'il ne peut plus être question rante dans la charité, ou plutôt la pro
p0ur l'homme d'un simple changement, duction même de ces œuvres qui sont la
dune amélioration, d'un mieux aller, mais conséquence naturelle de la véritable foi,
d'une métamorphose totale, d'une trans du véritable amour pour le Dieu-Sauveur.
formation, d'une conversion, d'une rétro (A. Bost, Qu'est-ce que l'Evangile ? 4°
gradation coº plète et sans restriction au édition.)
cune. Cette base posée, cette corruption On a étendu plus tard, ou restreint, le
reconnue, dont les conséquences natu nom d'Evangile aux livres inspirés qui
relles sont une éternelle condamnation, nous racontent l'histoire de cette bonne
EVE 352 EVE
nouvelle, et dont nous reparlerons aux tence devait se continuer infiniment parsa
articles de ceux qui les ont écrits, et qui descendance; cette espèce d'immortalité
sont appelés évangélistes. Ce dernier nom remplaça pour lui l'immortalité corpo
se donne encore dans l'Ecriture aux hom relle qu'il avait perdue ; il devait encore
mes chargés de faire connaître la mort trouver dans la postérité de sa femme
et la résurrection bénie du fils de Dieu ; une immortalité plus précieuse et plus
ils sont distingués, Eph. 4, 14., des apô glorieuse, mais il ne put la comprendre
tres, des prophètes, et des pasteurs et qu'en partie lorsqu'elle lui fut annoncée.
docteurs, parce que leur mission était L'histoire de la chute et de la peine
plus spécialement la prédication, plutôt prononcée contre la femme est trop con
que la cure d'âmes ou l'enseignement nue pour qu'il y ait lieu à la répéter, on
proprement dit. C'étaient des mission peut se borner à quelques observations.
naires chrétiens, comme paraissent l'avoir La femme fut créée pour l'homme, mais
été Philippe, Act. 8, 5. 21, 8., Timothée, tirée de l'homme; ce double fait établit de
2 Tim. 4, 5., etc., sans doute aussi tous la manière la plus claire les rapports qui
les autres apôtres, quoiqu'ils ne soient doivent exister entre eux, rapports que
pas désignés sous ce nom. Cette charge, les peuples non éclairés de la lumière
la plus grande et la plus belle de celles d'en haut ont vainement cherché à déter
qui se trouvent sous le ciel, ne prend miner, les uns ayant fait de la femme la
vie dans l'Eglise que lorsque l'Eglise elle reine de la société, les autres l'ayant ra
mème a de la vie. Aujourd'hui un grand valée au niveau de la brute. Dieu ayant
nombre de ces saints messagerS parcou destiné l'homme et la femme à vivre en
rent la France, envoyés par des sociétés semble, a dû les faire dissemblables et
fondées dans ce but à Genève, à Paris, à inégaux en force afin d'empêcher les lut
Lyon, à Bordeaux, et dans un grand nom tes et les frottements ; il a fait l'homme
bre de villes. Les chrétiens ne peuvent le chef pour commander, et il lui a donné
faire mieux que de les assister de leurs une aide formée après lui et pour lui, 1
dons et les soutenir de leurs prières : Cor. 11, 8. 9., mais à son image et à sa
c'est l'œuvre directe du Seigneur. On ressemblance, afin d'effacer ainsi ou de
donne plus ordinairement le nom de mis diminuer la distance qui les eût séparés
sionnaires aux évangélistes envoyés chez autrement. Ils sont de même essence et
les peuples non chrétiens, quoiqu'au ber de même nature, ils sont égaux; mais
ceau du christianisme cette distinction la femme est venue après, elle est plus
n'existât point, et ne pût même pas exis faible, elle doit obéir. Cette inégalité de
ter. Cette œuvre de l'évangélisation qui forces a si bien été reconnue déjà dès le
a fait des prodiges, excite naturellement commencement, que c'est à elle que le
les cruelles antipathies de ceux pour qui tentateur s'adresse en premier lieu, c'est
la bonne nouvelle n'est qu'un système contre elle qu'il dresse ses premières
entre plusieurs autres, une théorie bonne embûches, et il la séduit en flattant sa
entre plusieurs autres, et Jésus-Christ sensualité, son orgueil, et son amour
un saint et un ange, mais point l'incar pour ce qui est beau à voir. — La peine
nation de la divinité : tous ceux qui n'au imposée à la femme a paru grande à ceux
ront connu véritablement, ni Jésus, ni le qui regardaient sa faute comme petite,
Père, feront souffrir persécution à ceux mais il n'est aucune femme chrétienne
qui voudront vivre selon la fidélité, et qui ne comprenne cette parole du livre
les ténèbres seront toujours ennemies de Job, que Dieu exige de nous beaucoup
de la lumière. moins que notre iniquité ne mérite (11,
EVE, Gen. 3, 20. 1, 27.2, 18.3, 1. etc. 6.). Saint Paul, dans un passage bien con
2 Cor. 11, 3. 1 Tim. 2, 13., la première nu et souvent mal compris, envisage
femme et la première pécheresse. L'hom comme moyen de salut ce que Dieu infli
me ayant par la chute perdu l'immortalité, gea à la femme comme peine, lorsqu'il
donna à sa femme le nom de vie, Zoh dit : « Elle sera néanmoins sauvée en met
(Sept.), hébr. Hhivvah, puisque son exis tant des enfants au monde, » ou plutôt,
EVE 353 EVE
, par l'enfantement, » 1 Tim. 2, 15. Pour joindre les réserves mises par Paul lui
lintelligence de ce passage, il faut re même à la fin du verset : « Pourvu qu'elle
connaitre que l'apôtre qui a parlé d'Eve persévère dans la foi, dans la charité, et
en passant, généralise cependant ce qu'il dans la sanctification avec modestie. »
a à dire de son sexe : l'idée qu'il déve ÉVÊQUE, en grec iriaxoros, surveil
loppe, c'est que la femme ne doit pas en lant, inspecteur. Employés ecclésiasti
seigner; elle est par nature plus suscep ques, institués, à une époque et d'une ma
tible pour les impressions qui viennent nière inconnue, mais déjà du vivant des
du dehors; Adam ne fut pas tenté par le apôtres; ils portaient encore le nom de
serpent, il le fut par Eve qu'une séduc rpe78Jrspot (prebtres, prêtres), ainsi qu'on
tion extérieure fit tomber , la femme donc le voit dans plusieurs passages où les
doit s'abstenir d'enseigner , cependant deux mots sont employés l'un pour l'au
elle sera sauvée, mais le salut qui lui a tre; Paul étant à Milet fait venir les prê
été promis après la chute ne détruit pas tres (ou anciens) de la ville, et leur dit :
sa position inférieure, ni même les dou « Prenez garde à vous-mêmes, et à tout
leurs de l'enfantement qui lui furent im le troupeau sur lequel le Saint-Esprit
posées comme peine naturelle extérieure. vous a établis évêques. » Act. 20, 17.28.;
Dans l'idée de l'apôtre la femme chré — cf. encore Tite 1 , 5 et 7., où l'apôtre,
lienne ne peut pas dire : « ll est vrai que en engageant Tite à ne choisir pour an
c'est la femme qui est tombée la première, ciens que des hommes recommandables,
et que c'est elle qui est en général la par ajoute : « car il faut que l'évêque soit ir
tie la plus faible, mais il n'y a pas de dif répréhensible, etc. « Cela ressort égale
férence dans le règne de la grâce. » C'est ment du nombre d'évêques qui se trou
aux paroles de Gen. 3, 15. 16., que Se vaient à Philippes, Phil. 1 , 1., où saint
rapportent les exhortations de saint Paul, Paul en salue plusieurs, avec les diacres.
et les douleurs de l'enfantement peuvent Depuis qu'on a établi une hiérarchie il
être considérées comme un exercice de faut plusieurs villes pour un évêque ; aux
la foi. On peut ajouter comme une idée jours apostoliques il yavait plusieurs évê
Secondaire peut-être et cachée dans l'ar ques pour une ville. On le prouve encore
rière-plan, le salut qui devait sortir pour par le fait que lorsque les employés de
la femme comme pour l'homme de la ma l'Eglise sont classés et énumérés, comme
lédiction elle-mème reposant dans l'en 1 Tim. 3, 1. 8. Phil. 1, 1., les évêques
lantement, c'est que de la semence de la seuls sont nommés à côté des diacres,
ſemme devait naître Celui qui briserait la sans aucun dignitaire intermédiaire. Les
tète du serpent, et rendrait à l'humanité pères de l'Eglise sont d'ailleurs tellement
le bonheur éternel qu'il avait perdu par d'accord sur ce point, Clément Romain,
la chute. Mais il faut repousser toute une Irénée, Théodoret et Jérome (olim idem
série d'interprétations sensuelles, qui erat presbyter, qui et episcopus), que
sont contraires à l'analogie de la foi com les catholiques-romains, au moins plu
me au sens naturel du passage, celle qui sieurs d'entre eux, reconnaissent ce fait,
met le salut de la femme dans la vie de et Calmet le dit positivement dans son
famille, et dans l'éducation de ses en Commentaire sur Phil. 1, 1. « Ancienne
fants, celle qui prend le texte à la lettre ment le nom d'évêque et celui de prêtre
(et quelle lettre !), à savoir que la femme étaient communs et réciproques. » Il pa
Sera sauvée en faisant des enfants, ex raît que le titre d'évêque n'était pas ex
cluant de fait celles qui restent vierges trêmement en usage dans les temps pri
ou qui sont stériles, l'idée qu'elle sera mitifs, et qu'on distinguait ces ouvriers
sauvée malgré l'enfantement, celle que par les fonctions plus extérieures de leur
les douleurs de l'enfantement ne seront activité, par les noms de pasteurs et doc
pas mortelles pour elle et qu'elle y résis teurs, Eph. 4, 11., de présidents d'église,
tera (Benson et quelques Anglais), etc. 1 Thess. 5, 12. etc., quoiqu'il y eût aussi
Toutefois, à l'interprétation que nous des anciens (ou évêques)non enseignants,
avons donnée, il ne faut pas oublier de 1 Tim. 5, 17. Il n'y a rien, du reste, dans
I. 23
EVE 354 EXI
les qualités exigées des évêques, qui les implanté en Italie; mais cela n'a réussi
distingue des autres saints sous le rap qu'à moitié, et la plus grande partie de
port religieux, 1 Tim. 3, 1-11. Tit. 1, 5-9.; la chrétienté s'est refusée à porter ce j0ug
et ces derniers conservaient le droit pyramidal, lourde imitation des monu
d'accuser leurs évêques dont les fautes ments de l'Egypte.Voilà où l'on est arrivé
bien constatées devaient être reprises au bout de mille ans, pour s'être écarté
publiquement, 4 Tim. 5, 19. 20. Les évê de la ligne pure et jalouse de la vérité;
ques étaient établis par les apôtres et des inspecteurs de paroisses ont voulu
les autres anciens, Act. 14, 23.1 Tim. 5, devenir les dominateurs du monde entier;
22. Tit. 1, 5., de la part du Saint-Esprit, ils en recueillent aujourd'hui les fruits
Act. 20, 28., mais rien n'indique comment amers.
leurs pouvoirs devaient se transmettre, ni ÉVIL-MÉRODAC, 2 Rois 25, 27. Jér.
même quelle était l'étendue de ces pou 52, 31., roi de Babylone, fils et succes *,
voirs : ce qui est sûr, c'est qu'ils n'étaient seur de Nébucadnetsar, 561 av. C., suc
accordés qu'à ceux qui avaient des dons comba après un règne de deux ans, sous
particuliers pour remplir dignement les les coups de son beau-frère Nériglissar;
nouvelles fonctions auxquelles ils étaient selon Josèphe, il aurait régné dix-huit
appelés. º ans ; dans ce chiffre seraient alors com
Reste à savoir comment cette humble prises les années qu'il aurait régné avec
charge a pu grandir jusqu'à envahir des son père et pendant sa folie , ou bien la
palais, de riches vêtements et de consi vice-royauté de quelque province. Dès la
dérables honoraires, souvent peu hono première année de son règne il tira de pri
rables. Cette marche progressive a été son Jéhojachin, qui y languissait depuis
lente; on a commencé par vouloir intro trente-sept ans , le traita avec douceur,
duire les formes de la hiérarchie juive l'admit à sa table, et lui accorda une pen
dans une économie où tous ceux qui sion jusqu'à la fin de sa vie. L'histoire
croient sont égaux : puis le besoin de profane qui a conservé le nom de ce mo
l'unité a rassemblé quelquefois les pas narque, n'en parle pas d'une manière tou
teurs d'une même contrée, et comme pour jours fort honorable, et raconte qu'il li
se réunir il faut un centre, on a choisi vra aux corbeaux les restes de son père,
tout naturellement le centre politique pour l'empècher de ressusciter du tom
existant, la ville la plus importante des beau, comme il était ressuscité de son dé
environs et, dans cette ville peut-être la lire.
demeure du pasteur; puis, à cause de l'im EVODIE et Syntiche, Phil.4,2., deux
portance de fait donnée à ce pasteur, et à femmes, peut-être diaconesses, de l'é-
cause de son poste et de ses charges plus glise de Philippes, que saint Paul exhorte
considérables, on s'est mis à choisir, pour à vivre dans l'union chrétienne, soit qu'il
• remplir les fonctions ecclésiastiques dans veuille les encourager à y persévérer, soit
un chef-lieu ou dans une capitale, l'un plutôt qu'elles aient été divisées sur quel
des plus anciens, des mieux doués, des ques points particuliers de la doctrine
plus pieux; on lui a accordé peut-être un évangélique. Elles avaient combattu avec
subside pour subvenir aux dépenses plus Paul, pour l'avancement du règne de Dieu,
considérables auxquelles il était appelé. comme on voit que d'autres femmes chré
Jusque-là tout était naturel, tout était tiennes l'avaient fait, Priscille, Phébé, Ly
bien , puis la vie ayant disparu, et les die, Marie de Rome, Junie, Tryphène,
postes étant devenus dignes d'envie, on Tryphose, Perside, et les quatre filles de
les a accordés à l'intrigue, à la vanité, aux l'évangéliste Philippe (v. Rilliet, sur Phil.
protections : on les a toujours plus em 4, 2.).—Le compagnon d'œuvre que Paul
bellis, on a renchéri encore, et par des invite à les aider, v. 3., nous est incon
sus les évêques on a entassé des arche nu; peut-être était-ce un de leurs parents.
vèques, sur lesquels on a mis des cardi EXCOMMUNICATION. v. Bannisse
naux, et pour finir dignement, on a es ment et Interdit.
Sayé de couronner le tout avec un pape EXIL et Captivité. Outre laservitude de
EXI 355 EXI
pouvait faire encore, et était pour elle un d'autres purent être retenus par des obs
gage de l'accomplissement de ses pro tacles réels et insurmontables ; Daniel lui
messes. Ajoutons qu'en dispersant ainsi même, quoiqu'il fût l'âme de tout ce quise
ce qu'il y avait de Juifs les plus influents faisait pour la restauration de sa patrie,
et les meilleurs, et avec eux tous ses pro resta à Babylone, retenu peut-être par son
phètes, Dieu répandait dans le monde des grand âge (plus de quatre-vingts ans),
semences de vérité, et le préparait de loin peut-être par la pensée que sa présence à
pour les temps de l'Evangile. » (G. Mo lacour, auprès de Cyrus, serait plus utileà
nod, Essai d'une Hist. univ., p. 148). ses frères; peut-être enfin par le désir de
L'histoire du retour est également hé ne pas laisser sans prophètes lesJuifs res
rissée de difficultés chronologiques dès tés en arrière. —Sous les successeurs de
qu'on entre dans les détails ; mais les Cyrus, l'empire de Perse était rempli de
traits généraux peuvent être déterminés. Juifs, et nous en trouvons encore un grand
Cyrus monta sur le trône d'Assyrie en nombre à Babylone, au temps des apôtres.
537, et la première mesure de son gou A leur retour dans leur patrie , les
vernement fut la permission donnée aux Juifs y trouvèrent, outre ceux de leurs
Juifs de retourner dans leur patrie. Se frères qui n'avaient pas quitté la Judée,
lon Josèphe, Arch. 11, 1.32., ce fut la une population païenne, reste des Cana
lecture du prophète Esaïe, et l'impression néens, et mélange de Babyloniens qui s'y
qu'il en reçut qui détermina Cyrus à pu étaient établis pendant la dévastation du
blier l'édit de délivrance. Les soixante pays, Esd. 6, 21,9, 1. Néh. 1, 4, 13,. Réu
dix années prédites par Jérémie s'étaient nis à leurs concitoyens, les Juifs revenus
précisément écoulées , et quoiqu'on ne de Babylone parvinrent sans peine, à ce
puisse pas dire à la lettre que Juda eût qu'il semble, à rentrer dans leurs droits
été captifpendant soixante-dix ans, ni sur de propriétaires, Esd.2,70.Chacun d'eux,
tout que Jérusalem eût été en ruines aussi à peu d'exceptions près , avait des piè
longtemps, on peut faire dater le com ces qui constataient le nom de l'ancienne
mencement de la captivité de la première famille à laquelle il appartenait, ou au
prise de Jérusalem par Nébucadnetsar, en moins celui du lieu d'origine de ses aïeux,
laquelle Daniel fut emmené comme otage Esd. 2, 59., ce qui pouvait l'aider à faire
ou captif(606), et les soixante-dix années reconnaitre ses titres légitimes. Chacun
se trouvent accomplies à la fin de la pre d'eux se fixa dans la même ville ou dans
mière année de Cyrus, en 536. Environ le même village que ses ancêtres, Esd. 2,
50,000 Juifs, hommes et femmes, Esd. 1, 70. 1 Chr. 9, 14.— Cf. encore les art.
1., composèrent la première caravane d'é- Juda, Israël, Temple, etc. ; et, pour cette
migrants; à leur tête se trouvait, comme période en général, le Comment. de Hae
chef politique , Zorobabel , fils de Sala vernick sur Daniel.
thiel, fils de Jéojachin, l'avant-dernier roi EXODE. Le second livre de Moïse et
de Juda, Esd. 3, 2., 1 Chr. 3, 17., Matth. de la Bible, appelé en hébreu Ellé sche
1, 12. Le pontife qui les accompagnait moth (voici les noms), des deux premiers
était Jésuah, fils de Jotsadak, de la sou mots par lesquels il commence, porte en
che d'Aaron et d'Eléazar, 1 Chr. 6, 14. français le nom d'Exode, tiré de la ver
Esd. 3, 2.Les peines et les dépenses de sion des Septante, et signifiant la sortie,
premier établissement furent facilitées par espèce de résumé de son contenu. Il con
les ordres du roi, qui assigna aux émi tient la persécution des Israélites en
grants un secours sur les fonds publics, Egypte sous un roi qui n'avait pas connu
en invitant en même temps ses sujets à Joseph, la merveilleuse délivrance qu'ils
les assister par des dons volontaires. Beau obtinrent par Moïse , et le commence
coup de Juifs préférèrent des établisse cement de leur voyage dans le désert, la
ments avantageux formés à Babylone, en traversée de la mer Rouge, la victoire
Mésopotamie et en Perse, à une patrie remportée sur les Hamalécites, la manne
qu'ils n'avaient jamais vue, et qui ne leur descendue du ciel, l'institution de chefs
offrait pas alors beaucoup de ressources ; judiciaires ou magistrats , l'arrivée au
EXO 357 EXP
pied du Sinaï, la Loi promulguée, enfin tre les Juifs (ou[des autres nations) qui
diverses ordonnances relatives au culte avaient le don de chasser les démons
et à l'érection du tabernacle. Il renferme hors des possédés, soit d'une manière na
une période de 145 années ( Ussérius), turelle, par des médicaments et des par
soit depuis l'an du monde 2369, date de fums, soit par des formules ou par la puis
la mort de Joseph, jusqu'à la sortie d'E- sance qui était en eux, Matth. 12,27.Marc
gypte, 2513, plus la première année du 9.38. Act. 19, 13. Ils étaient extrêmement
séjour dans le désert jusqu'au départ de considérés chez les Juifs, et plusieurs
Sinai, 2514, et à l'érection du tabernacle. parcouraient le pays ou les contrées en
L'Exode se divise, d'après son contenu, vironnantes pour exorciser : ils faisaient
en trois parties principales : a) La servi remonter à Salomon leurs livres magi
vitude et les préparatifs du départ, 1-12, ques. v. Enchanteurs et Possessions.
37. b) La délivrance et le voyage jusqu'au EXPIATIONS (Fête des). Quand on
pied du Sinaï, 12,38-19,. c) La loi et les voit la place importante que l'idée d'ex
0rdonnances,20-40,. Cette dernière par piation tenait dans le culte israélitique
tie renferme en outre, 32-34, l'idolâtrie et comment toutes ses parties tendaient à
du veau d'or et les tables rompues. réconcilier l'homme pécheur avec la sain
On ne sait à quelle époque de sa vie teté de Dieu , on comprend que la fête
Moise écrivit l'Exode, mais on peut croire des expiations dût en être en quelque
que ce ne fut qu'après l'érection du ta sorte le centre, le cœur ; c'était alors que
bernacle, et dans l'un ou l'autre des cam se faisait une expiation générale, pour le
pements tranquilles où, pendant 38 ans, peuple, pour le sacerdoce , et pour le
les lsraélites attendirent leur mort. sanctuaire , c'était ainsi la plus solen
Le Nouveau Testament fait de fréquen nelle de toutes les fêtes de l'année, la
tes allusions aux faits rapportés dans fête israélitique par excellence; on l'ap
l'Exode; Etienne les résume, Act. 7, 17 pelait le jour des expiations, ou même
45., et saint Paul les rappelle, en en dé simplement le jour. C'était le seul jour
veloppant le sens typique et prophétique, de l'année où le jeûne fût de rigueur, la
dans l'Epître aux Hébreux 11, 23-30. cf. mortification de la chair devant accom
Gal. 3, 19.1 Cor. 10, et ailleurs. Le but pagner la pénitence; et tous les travaux
du livre de l'Exode est de montrer l'ac étaient interrompus, comme au jour du
c0mplissement des promesses faites à sabbat. Elle se célébrait dans le septième
Abraham, que sa posterité posséderait la mois, le dixième jour de ce mois, et ce
terre de Canaan ; il montre la fidélité de choix était certainement en rapport avec
Dieu envers les ennemis de son peuple, la valeur des nombres 7 et 10, symboles,
sa bonté envers les fidèles; il montre le l'un de l'alliance, l'autre de la perfection.
gouvernement de l'Eglise et le salut par C'était essentiellement le souverain sa
la foi en Christ, par le ministère de la crificateur qui officiait, et il se dépouil
loi qui a été donnée aux hommes comme lait pour cela de ses vêtements pontifi
pédagogue, Gal. 3, 24., pour les amener à caux pour ne se vêtir que d'une simple
Christ qui est justice à tout croyant, tunique blanche. Il commençait par offrir
Rom. 10, 4.; il montre la faiblesse de la un veau pour ses propres péchés, con
chair à faire la volonté de Dieu, même formément à Lév. 4, 3.; avec le sang de
après avoir été comblée de biens par lui; ce veau il entrait dans le lieu très saint,
il dit enfin à l'Eglise : Sois fidèle, sup ce qu'il n'avait le droit de faire que ce
p0rte patiemment les épreuves et les seul jour-là, et faisait aspersion par sept
tribulations, obéis à ton maître dans les fois (encore ici le nombre de l'alliance)
plus petites choses, et tu verras le salut sur le propitiatoire, comme étant tout
luire sur toi, tes ennemis s'évanouir, et particulièrement le siége de la sainteté
l'Eternel te couvrir de sa gloire et de sa divine. Puis un bouc ayant été égorgé
bonté. pour les péchés du peuple, la même cé
EXORCISTES , proprement conju rémonie se répétait avec son sang, et
reurs, nom qui était donné à ceux d'en cette expiation s'appliquait alors au ta
EXP 358 EZE
bernacle même et à ses ustensiles, qui ment deux pour représenter les deux
étaint censés souillés aussi par le contact parties de l'idée : de même pour les deux
des pécheurs. Ensuite avait lieu une au passereaux, Lév. 14,. Il faut en outre bien
tre cérémonie qui a donné beaucoup à remarquer que ce qui constituait essen
faire aux interprètes. Un bouc tout sem tiellement la fête, c'était l'entrée du sou
blable à celui qu'on avait immolé, était Verain sacrificateur dans le lieu très saint
amené au souverain sacrificateur , qui , avec le sang expiatoire, et c'est sous ce
posant ses mains sur sa tête, confessait rapport que l'auteur de l'Epître aux Hé
les péchés du peuple, puis le bouc était breux, ch. 9, nous enseigne à la consi
emmené au désert. Il est évident que par dérer comme un type de l'œuvre expia
l'acte symbolique de l'imposition des toire de Christ.
mains, le bouc vivant était censé chargé EZECHIAS (la force de Jéhovah),
des péchés du peuple , mais la difficulté 1°fils et successeur d'Achaz, régna vingt
gît dans les versets 8.9.10 et 26. de Lév. neuf ans sur le royaume de Juda (725
16, et dansl'interprétation du mot Hazazel. 696). Les livres des Rois et des Chroni
Plusieurs commentateurs ont cru pou ques et les chapitres qui le concernent
voir conclure de l'opposition qui existe dans le livre d'Esaïe, nous le présentent
entre les deux parties du verset 8, que le comme un prince très pieux et zélé pour .
mot Hazazel devait désigner un être per la gloire de Dieu, quoique peut-être un
sonnel (comme Dieu), et pouvait s'appli peu enclin à l'orgueil et à la présomption,
quer au malin esprit, au Diable; alors il et qui s'efforça d'abolir l'idolâtrie dans
ne s'agirait pas sans doute d'un sacrifice toute l'étendue de son royaume, et d'y
fait à Satan (idée complétement antibibli rétablir le culte du vrai Dieu ; mais ce
que), mais le sens serait que, tandis que qu'il ne put déraciner entièrement, c'é-
l'un des boucs était offert en sacrifice ex tait l'esprit d'incrédulité , d'immoralité,
piatoire à Dieu, l'envoi du bouc vivant, de propre justice, qui s'était emparé sur
chargé des péchés dans le désert, repré tout des classes supérieures. Le succès
sentait que les péchés étaient renvoyés couronna ses armes et ses négociations
au démon, leur auteur, car on sait que politiques : il humilia les Philistins, 2
les déserts étaient censés être l'habita Rois 18, 8., et par une alliance avec l'E-
tion des mauvais esprits. (v. Christologie gypte parvint à s'affranchir de la dépen
de Hengstenberg, I. 1, 36.). Mais quoique dance dans laquelle son prédécesseur
la doctrine de Satan entrât bien certaine avait vécu à l'égard de l'Assyrie, 2 Rois
ment dans le cercle des croyances israé 18, 7.24. Mais cette alliance lui fut re
lites, elle n'y était cependant pas assez prochée par le prophète Esaïe comme un
prononcée pour être reproduite dans le signe de défiance envers l'Eternel, Es.
culte; c'est pourquoi il paraît préférable 30, 1. sq. 36, 6., et il en fut bien cruel
de se joindre à ceux qui (comme Ewald. lement puni, lorsque le roi d'Assyrie
Tholuck, Baehr), prennent le mot Hazazel, Sanchérib, commença par employer une
non comme un nom propre, mais comme armée qu'il envoyait en Egypte, à pren
la forme Pealpel (avec valeur intensive) dre les principales forteresses de la Ju
du verbe hazal , éloigner, ils traduisent dée, et lui imposa un nouveau tribut, pour
alors LeHazeazel pour le complet éloi le paiement duquel Ezéchias dut avoir re
gnement , c'est-à-dire des péchés. Les cours aux trésors du temple, 2 Rois 18,
péchés étaient ainsi censés tout à fait 13. sq. Sanchérib ne fut même pas a
soustraits aux yeux du Dieu saint, voués paisé par sa soumission; il est probable
à l'oubli, et cette seconde cérémonie était qu'il avait au fond l'intention de détruire
le complément de l'expiation déjà opérée entièrement la puissance des rois de Ju
par le premier bouc; ce qui confirme cette da, qui pouvaient devenir pour lui des
interprétation, c'est que le sort devait rivaux dangereux, 2 Rois 18, 32., et il
être jeté entre les deux animaux; ils vint avec une nombreuse armée mettre
étaient ainsi censés ne former qu'un seul le siége devant la capitale. Ezéchias et
tout, seulement il en fallait nécessaire son peuple se trouvaient dans le plus
EZE 359 FEL
grand danger, mais ils en furent délivrés chapitre 33, nous avons de nouveau des
parune intervention miraculeuse due aux prophéties qui ont pour objet le peuple
prières du prophète : un ange destruc juif, mais promulguées depuis la destruc
teur vint exterminer la plus grande par tion de Jérusalem, et dans lesquelles l'es
tie de l'armée assyrienne et forcer ainsi pérance et la consolation dominent. Les
Sanchérib à la retraite, 2 Rois 19, 35. 2 neuf derniers chapitres (40-48)paraissent
Chr. 32, 21. Es. 37, 36. ll est à remar annoncer, sous l'emblème d'un temple
quer que cette grande défaite de Sanché magnifique, décrit dans tous ses détails,
rib est aussi mentionnée par Hérodote la restauration et l'état glorieux du royau
(2, 141). — Quelque temps après, Ezé me de Dieu, qui a commencé après le re
chias fut atteint d'une maladie qui d'abord tour de l'exil, qui s'est davantage encore
parut mortelle, mais dont il fut guéri, développé par la venue du Messie, mais
Dieu exauçant ses ferventes prières. Pen dont le plein accomplissement est sans
dant cette maladie, le prophète Esaïe doute réservé à l'avenir. En général, ce
exerça son ministère auprès de lui. Com livre se distingue par une grande abon
me signe et gage de la guérison qui lui dance d'images, par un style énergique
fut promise, l'Eternel permit que l'ombre et fortement coloré, par des expressions
de son cadfan solaire rétrogradât de dix hardies, et souvent extraordinaires, qui
degrés, 2 Rois 20, Es. 38,; v. Cadran. le rendent assez difficile à comprendre
A l'occasion de sa guérison, il reçut les pour nous, mais qui étaient bien appro
ſºlicitations des ambassadeurs de Méro priées au génie des Orientaux et aux
dac-Baladan, roi de Babylone; Esaïe lui circonstances du temps. Il a des visions
it comprendre que dans l'empressement plus que des inspirations , il voit la ruine
avec lequel il fit voir à ces étrangers ses de Jérusalem, il voit la restauration du
trésors et les magnificences de son pa temple. Le caractère éminemment poé
lais, il y avait autant d'orgueil que d'im tique de ces prophéties a fait dire à Her
prudence. v. Rochat, Médit. sur Ezéchias. der qu'Ezéchiel était le Shakespeare des
2", 2 Chr. 28, 12.; v. Hazaria. Hébreux. Lamartine l'appelle le poëte des
EZECHIEL (la force de Dieu), pro vengeances. ll est à remarquer encore
phète hébreu, fils du prêtre Busi. Il fut qu'Ezéchiel, dans ses prophéties, s'appuie
emmené en exil lors de la première dé souvent sur celles que Jérémie adressait
p0rtation, avec le roi Jéhojachin et plu de son côté aux Juifs restés en Judée
sieurs autres Juifs de race illustre, et se (Comment. de Haevernick). a !
dans l'occasion pour se défaire de ceux rées de la compagnie des hommes, 1 Sam.
qui lui portaient ombrage; puis contre de 9, 11. Ex. 21, 22. Deut. 25, 11. Ruth 2,
faux messies; il dut chercher à concilier 5.2 Sam. 19, 5.20, 16. Matth. 9, 20. 12,
des querelles entre les Syriens et les 46. 26, 7. Luc 10, 38. Jean 4, 7. Il pa
Juifs, entre les prêtres et les grands. Sa raît même, d'après Deut. 21, 11., qu'elles
vie fut agitée, etl'occasion ne lui manqua suivaient quelquefois à la guerre leurs
pas pour trouver la paix, mais il eût mieux parents ou leurs maris. Cependant la rè
aimé de l'argent. L'apôtre Paul lui avait gle générale resta toujours la convenance
été envoyé par le tribun Lysias, et quoi pour les femmes mariées ou non mariées,
que la cause fut très simple à entendre, de rester chez elles autant que possible,
de l'aveu même de Lysias qui, dans tou et les nombreuses femmes de Salomon
tes les accusations élevées, n'en voyait formèrent certainement un harem bien
aucune qui pût entrainer la mort, ni mê gardé, comme celles de Jéhojachin, dont
me un emprisonnement, Félix, occupé de la surveillance avait été confiée à des eu
ses débauches, le retint deux ans en pri nuques, 1 Rois 11, 3. 2 Rois 24, 15. cf.
son pour l'amener à se racheter par des Est. 2, 3.11. Mais on les voit aussi pa
présents; il voulut même que l'apôtre fût raître en public, 1 Rois 14, 4.2 Sam. 6,
traité avec douceur, et qu'on n'empêchât 20. ; elles prennent part aux fêtes natio
aucun de ses amis de le servir et de le nales, 1 Sam. 18, 6. Jug. 16, 27., et à
visiter, sans doute pour que ceux-cil'en certaines réjouissances de famille, alors
courageassent à obtenir sa liberté et l'ai même qu'il s'y trouve des étrangers ,
dassent par leurs dons. Aucun vice ne Matth. 14, 6.
manqua à cet homme, cruel, tyrannique, Leurs occupations principales étaient
avare, adultère , assassin : mais telle est dans l'intérieur de la maison; elles tra
aussi la force de l'étincelle divine qui vaillaient à la couture, à la broderie, et
reste dans la conscience, que même dans même à la pâtisserie, 1 Sam. 2, 19.2 Sam.
une âme comme la sienne le ravage des 13, 8. Prov. 31 , 13.; elles s'occupaient
passions ne pût pas l'étouffer entière quelquefois aussi de commerce, Prov.
ment, et quand Paul lui parla de juge 31, 24.
ment et de chasteté, Félix, effrayé, trou Leurs devoirs, dans la législation mo
blé, refusa de prolonger la conversation saïque , se réduisaient à la plus entière
et l'ajourna indéfiniment. Deux ans après, obéissance à leurs maris; elles en dépen
Félix reçut son congé; de retour à Rome, daient au point que si l'une faisait un
il fut accusé par les Juifs de Césarée pour vœu, de quelque nature qu'il fût, elle ne
crime de concussion , mais absous par pouvait être tenue de le remplir si son
Néron, sur l'intercession de Pallas. mari s'y opposait le même jour. On peut
FEMME. La femme fut créée pour être voir, 1 Cor. 7, les devoirs que l'apôtre
la compagne de l'homme, v. Eve, quoi leur impose à l'égard de leurs maris; elles
qu'avec une infériorité légale et de fait. doivent leur être SOumises comme à
Les patriarches pieux la respectèrent plus Christ, Eph. 5, 22. Il leur est défendu de
que ne firent, et que ne font encore tous parler ou d'enseigner dans l'église, et d'y
les Orientaux, quoiqu'ils se considéras paraître sans voile et la tête découverte,
sent bien comme les chefs de la famille. 1 Cor. 11, 5. 14, 34. Enfin la modestie
Les femmes avaient chez eux un appar leur est reconmandée, et l'éloignement
tement séparé dans leurs tentes nomades, des frisures, des ornements superflus, et
Gen. 24, 67. 31, 33., mais étaient à la des habits somptueux, Tit. 2, 4.5.1 Pier.
tête des travaux domestiques, et pou 3, 1.3.— Pour le passage 1 Tim. 2, 15.
vaient ainsi être vues et abordées par les v. Eve.—(La Femme, serm. par Ad. Mo
étrangers, Gen. 20, 2. cf. Jug. 4, 17.; les nod).
jeunes filles gardaient les troupeaux , FENÊTRES. Elles ne fermaient pas
Gen. 29, 9. Ex. 2, 16. 1 Sam. 9, 11. Les avec des vîtres chez les Hébreux, ni chez
femmes d'un rang moins élevé ne furent les Orientaux en général, à cause de la
mème pas longtemps officiellement sépa chaleur du climat, mais avec de simples
FER 361 FES
treillis ou jalousies, Cant. 2.9. Ez. 41, 15, 12., à côté de l'acier, est probable
16., que l'on pouvait ouvrir en partie et ment le fer célèbre qui venait des forges
même entièrement. Elles garantissaient des Chalybes, sur les bords du Pont
des rayons du soleil et laissaient péné Euxin, au nord de la Palestine.
trer l'air du dehors, mais aussi les in FESTINS. Ils étaient en général asso
sectes, Joel 2, 9. On pouvait voir par ciés au culte, et comme l'accompagnement
faitement tout ce qui se passait à la rue, obligé des sacrifices volontaires par les
Jug. 5, 28. 2 Sam. 6. 16. Prov. 7 , 6. quels les solennités religieuses étaientcé
2 Rois 9, 30. Les fenêtres des maisons lébrées : les pauvres, les esclaves et les
0rientales s'ouvrent maintenant presque étrangers étaient invités à y prendre part,
toutes sur la cour pour éviter la pous Deut. 12, 12. 16, 11. 1 Sam. 9, 13. 16,
sière, ce qui donne aux rues un aspect 3. 1 Rois 1, 9. 3, 15. Soph. 1, 7. On en
faisait aussi pour solenniser les alliances,
engénéral assez triste. Les fenêtres, fort
les réjouissances de famille, noces, jours
grandes, descendaient jusqu'au plancher,
de naissance, etc. , Gen. 31, 54.21, 8.
etc'est per une fenêtre de ce genre, ou
29, 22. 40 , 20. Jug. 14 , 10. Jean 2, 1.
verte, qu'Eutyche se précipita dans la
rue, Act. 20, 9., comme probablement Job 1, 4. Matth. 14, 6. Os. 7 , 5., au dé
aussi le roi Achazia, 2 Rois 1, 2., cf. en
part et au retour de personnes aimées ou
core Jos. 2, 15. 1 Sam. 19, 12. honorées, Gen. 26, 30. 31, 27. 2 Sam. 3,
FER, métal bien connu, et mentionné 20.2 Rois 6, 23. Luc 5, 29. 15, 23., et
fréquemment dans l'Ecriture depuis Gen. en beaucoupd'autres circonstances, lors
4,22., où il apparaît pour la première fois, que la joie ou tout autre sentiment un
et d'où l'on doit conclure que sa mise en peu vif remplissait le cœur, 2 Sam. 13,
œuvre était connue fort anciennement. 23. 1 Sam. 25, 2.36.2 Sam. 3, 35. Jug.
Moïse cependant ne s'en servit ni dans la 9, 27. Os. 9, 4., v. Repas. Ils avaient
construction du tabernacle au désert, ni lieu généralement le soir. On faisait in
dans l'érection de l'autel de pierres, viter et quelquefois chercher les conviés
Deut. 27, 5., et Salomon n'en mit dans par un esclave, Prov. 9, 3. Matth. 22, 3.,
aucune partie du temple de Jérusalem. on les embrassait à leur arrivée et On
Moïse parle du fer comme étant déjà con leur lavait les pieds, Luc 7, 44.45., on
nu en Egypte de son temps, il vante la leur oignait les cheveux et la barbe, quel
grande dureté de ce métal, Lév. 26, 19. quefois les habits et les pieds avec une
Deut. 28, 23.48., parle de mines de fer, huile odoriférante, Luc 7 , 38. Jean 12,
Deut. 8,9., et du lit de fer du roi Hog de 3. Ps. 23, 5. Am. 6, 6., et on ornait leur
Basan, 3, 11. L'Egypte est dite, 4, 20., tête de guirlandes, Es. 28, 1. Des places
avoir été un fourneau de fer pour les Is leur étaient désignées conformément à
raélites pendant leur servitude. Ce métal leur rang, 1 Sam. 9, 22. Luc 14, 8. Marc
était employé à la confection d'épées, 12, 39. Ils recevaient ordinairement des
Nomb. 35, 16., de couteaux, de haches, portions égales qui leur étaient servies
Deut. 19, 5., et d'instruments à tailler la par le maître de la maison, 1 Sam. 1, 4.
pierre, 27, 5., même à la construction des 2Sam. 6, 19. 1 Chr. 16, 3., et qui étaient
dhariots, q. v. certainement suffisantes, ce qui rendait
Un joug de fer, Deut. 28, 48., un ciel absolument honorifique la distinction qui
de fer, Lév. 26, 19., un sceptre de fer, accordait à certaines personnes des por
Ps. 2,9., Apoc. 2, 27. 12, 5., un nerf tions doubles, triples, et même quintu
de fer, Es. 48, 4., un homme solide.com ples, Gen. 43, 34. 1 Sam. 9, 24. L'archi
meune colonne de fer, Jér. 1 , 18., sont trichlin ou ordonnateur du repas, Jean
desimages qui se comprennent parfaite 2, 8., était presque toujours un ami de
ment, et le faux prophète Tsidkija se fit la maison. Un festin pouvait se distin
des cornes de fer, comme emblème de guer, soit par le nombre des personnes
la victoire qu'Achab devait, selon lui, invitées, Gen. 29,22. 1 Sam. 9,22.1 Rois
remporter sur les Syriens. 1.9.25. Luc 14, 16. 5, 29., soit par la ri
Le fer du Nord dont il est parlé, Jér. chesse de la vaiselle, Est. 1, 7., soit par
FES 362 FET
fleurs sont recouvertes d'une enveloppe mande beaucoup de soins pour réussir
charnue, ce qui a fait douter les anciens convenablement, Prov. 27 , 18. cf. Luc
de la floraison de cet arbre; elles parais 13, 7.
sent avant les feuilles, et mûrissent avant Les vertus médicinales de la figue étaient
elles, en Palestine vers la mi-mars. C'est connues fort anciennement, surtout pour
ainsi qu'on doit s'expliquer peut-être l'é- la guérison des abcès, des ulcères, et de
tonnement de Jésus de ne pas trouver de quelques maladies de la gorge, esquinan
figues sur un figuier déjà couvert de feuil cies, etc., 2 Rois 20, 7. Es. 38, 21.
les, Matth. 21, 19.; mais v. plus bas. Les Amos 7,14., il est dit que le prophète,
fleurs ne sont cependant pas toutes her simple homme des champs, s'occupait à
maphrodites, et il n'y a que les fleurs fe piquer (non pas à cueillir) des figues
melles qui portent des fruits, lorsqu'elles sauvages (shikemim); v. Sycomore.
ont été comme fécondées par un mouche Gen. 3, 7. Les feuilles de figuier dont
ron (cynips psenes) qui, après avoir dé Adam et Eve se firent des ceintures en
posé ses œufs dans les fleurs mâles du fi les cousant ensemble, étaient, à ce qu'on
guier sauvage (caprificus), s'envole, lui ou pense, des feuilles du figuier appelé par
les moucherons nouvellement éclos, et se Linnée musa paradisiaca, beaucoup plus
dirige couvert de pollen vers les fleurs larges, et d'une longueur prodigieuse :
femelles qu'il féconde par ses piqûres et On s'en sert encore dans quelques pays
amène à maturité, fructification artificielle pour des usages semblables, et il y a des
connue sous le nom de caprification , des Sauvages qui couvrent leurs huttes de ces
jardiniers habiles favorisent le travail de feuilles, s'en font à eux-mêmes des côu
ces jardiniers moucherons, et s'occupent vertures, ou en enveloppent leurs cada
à les diriger dans leurs opérations. Les vres. — D'autres ont voulu y voir le ba
figuiers croissent avantageusement au nanier.
bord des chemins et des grandes routes, Matth. 21, 19. Marc 11. 13. Histoire
dont la poussière paraît hâter leur matu du figuier stérile. Pourquoi est-ce que
rité et augmenter leur fertilité. Jésus le maudit, puisque ce n'était pas la
Les figues étaient un aliment sain et saison des figues ? Pour tout autre arbre
fort abondant, 1 Sam. 25, 18.30, 12. Jér. que celui dont il s'agit, la réponse serait
24, 2.; les anciens en connaissaient trois difficile; mais pour le figuier qui doit por
espèces : 1° Les figues hâtives, Jér. 24,2. ter, comme nous l'avons dit, des fruits
cf. Es. 28, 4. Os. 9, 10. (bikkourah), mù presque toute l'année, soit hâtives, soit
rissant après un hiver peu rigoureux vers tardives, on comprend que Jésus ait dû
la fin de juin , et à Jérusalem peut-être s'étonner de n'en trouver aucune, lorsque
plus tôt; elles passaient pour très rafraî du reste l'arbre, bien garni de feuilles,
chissantes. 2° Les figues d'été, mois paraissait fort et vigoureux. ll eût pu ar
d'août: on les séchait ordinairement pour river cependant que l'arbre eût été dé
les conserver ou pour les mettre dans le pouillé de ses fruits, si c'eût été la saison
commerce et en faire des envois; c'est en laquelle on les cueille ordinairement,
par masses compactes ayant la forme de mais ce n'était pas le cas : le Seigneur
gâteaux qu'on les apprêtait pour les ex considère donc cet arbre cOmme jetant
péditions, 1 Sam. 25, 18. 30, 12. 2 Rois toute sa sève et sa force dans un extê
20, 7. Es. 38, 21:3° Les figues d'hiver rieur inutile, etille retranche, voulant si
qui mûrissent tard, lorsque les feuilles gnifier par là qu'il en ferait de mème de
sont déjà tombées, et persistent sur l'ar tous ceux chez qui, cherchant les fruits
bre jusqu'au printemps , lorsque l'hiver de la vraie repentance, il ne les trouve
est doux ; elles sont plus longues que les rait pas. — En tout cas, le passage offre
figues d'été, et ont une couleur foncée ti quelques difficultés qu'on ne peut lever
rant sur le violet. — On voit par là que entièrement.
le figuier porte des fruits pendant une FILS, FILLEs. C'était un honneur aux
grande partie de l'année, surtout dans femmes hébreues, comme aux Orienta
les climats tempérés, cependant il de les, d'avoir des enfants, Gen. 24, 60. Ps.
FIL 365 FLE
113, 9. 128, 3. 6.; la stérilité était con 7. 11, 19.Ps. 78, 5.— Les filles restaient
sidérée comme un malheur et comme une jusqu'à leur mariage sous les yeux de
dure punition du ciel, 1 Sam. 1, 6. Gen. leur mère et vivaient en général assez
16,2. 30, 1.23. Es. 47, 9. 49, 21. Luc 1, retirées. L'autorité des parents sur leurs
23.; les femmes stériles étaient même un enfants, principalement celle des pères,
0bjet d'opprobre, Job 24, 21. Partout, était presque illimitée; cependant elle ne
en 0rient, les enfants étaient une ri s'étendait pas au droit de vie et de mort,
chesse (cf. Est. 5, 41. ), etune postérité et lorsqu'un père, désespérant de corri
nombreuse, surtout des fils capables de ger un enfant vicieux voulait le faire pé
continuer et la race et le nom, étaient rir, il devait suivre une action juridique,
considérés comme une bénédiction d'en le faire accuser par sa mère, obtenir une
haut, Ps. 127 et 128, Eccl. 6, 3. Aussitôt sentence du tribunal, et trouver des voi
après leur naissance (à laquelle avait pré sins qui consentissent à servir de bour
sidé une sage-femme, Gen. 38, 28. Ex. reaux, Deut. 21, 18-21., autant de for
l, 15., quoique pas toujours, V. 19), les malités qui restreignaient de fait les droits
enfants des Hébreux étaient baignés dans du père à cet égard, et prévenaient de
de l'eau, Ez. 16, 4., puis frottés de sel et terribles infanticides.
entourés de langes, cf. Job 38, 9. Au Les enfants n'étaient pas enveloppés
bout de huit jours ils étaient circoncis, dans les sentences prononcées contre
et0n leur donnait un nom, ordinairement leurs parents, Deut. 24, 16. cf. 2 Rois 14,
en rapport avec une des circonstances 6., à l'exception des condamnations pour
qui avaient accompagné ou précédé leur dettes qui pouvaient entraîner pour eux
naissance. L'allaitement était l'aflaire de la perte de la liberté au profit du créan
la mère, 1 Sam. 1,23.1 Rois 3,21.; com cier, chez les Juifs comme chez les Grecs
me chez les Grecs, les femmes du plus et les Romains, 2 Rois 4, 1. Es. 50. 1.
haut rang n'avaient garde de négliger ce Néh. 5, 5. Matth. 18, 25. Lorsqu'une fille
devoir de nature (Iliad. 22, 83. ), et ce avait été vendue comme esclave, c'était
n'était que dans les palais des rois, ou sans retour, elle ne pouvait recouvrer sa
bien lorsque la santé de la mère ne le liberté, Ex. 21 , 7., parce que sans doute
permettait pas, que des nourrices entraient le législateur pensait qu'elle ne tarderait
dans la famille, où elles jouissaient, dès pas à devenir l'épouse Ou la concubine
ce moment, d'une grande considération, de son maître ou de son fils ; v. Esclaves.
Gen. 24, 59. 35, 8. ( cf. Virg. AEn. 7, 1. Les fils héritaient à l'exclusion des fil
0dyss. 1,428.). Le sevrage avait lieu ordi les, ce qui doit toujours avoir lieu dans
Ilairement vers l'âge de trois ans, 2 Mac. une législation qui autorise la polygamie,
7, 27. Gen. 21, 8. Ex. 2, 9.10.; on l'ac mais, lorsqu'il n'y avait pas de fils, les
c0mpagnait d'une offrande, 1 Sam. 1, 24, filles étaient admises à hériter, à condi
et d'un repas de réjouissances, Gen. 21, tion qu'elles se mariassent dans leur tribu
8. Pendant les premières années, les fils pour ne pas y rendre des étrangers pro
et les filles recevaient une éducation com priétaires du sol, Nomb. 26, et 36,. Le fils
mune sous les yeux de leur mère, cf. premier-né avait une double portion, et
Prov. 31, 1.; mais lorsque les premiers était probablement chargé d'entretenir
aYaient atteint un certain àge, ils étaient et de protéger ses sœurs : en tout cas, il
remis, surtout dans les familles un peu paraît que son consentement était néces
aisées, à des précepteurs, 2 Rois 10, 1, saire à leur mariage, même du vivant du
5.(nourriciers), Est. 2,7.1 Chr. 27, 32., père, Gen. 24, 50. cf. 34, 13-17.
qui étaient ordinairement des esclaves FLECHE, v. Arc et Divination.
instruits, mais sur les fonctions desquels FLEUVE. Ce nom se donne quelque
n0us n'avons pas de plus amples détails; fois sans autre désignation à l'Euphrate,
c. Enseignement. Dans les familles moins q. V., au Jourdain, au Nil, et même à la
fiches, ou peut-être moins occupées, le mer, Jon. 2, 4. Hab. 3, 8.9. cf. Ps. 24, 2.
père faisait lui-même l'éducation de ses 74, 15. Hérod. 1, 7. Le Jourdain , l'Ar
euſants, Prov. 1. 8. 4, 3.4. cf. Deut. 6, non, le Jabbok, le Kérith, le Sorek, le
FOR 366 FOR
Kison, le Bézor, le Cédron, sont les prin Rois 5, 14., d'Ephraïm, Jos, 17, 15.1Sam.
cipaux fleuves, rivières ou torrents men 14,25.2Sam. 18,6., de Hérets dans la tri
tionnés dans l'Ecriture; il en sera parlé bu de Juda, 1 Sam. 22, 5., touchant à la
aux articles spéciaux, comme de plusieurs partie sud de laprécédente; de Basan, com
autres qui, presque tous, ont pris le nom posée de chênes, Zach. 11, 2., de Béthel,
de la ville voisine la plus importante. qui faisait peut-être partie de celle d'E-
Quelques interprètes ont voulu voir dans phraïm, 2 Rois 2, 24. cf. v. 23., de Tsa
Es. 57, 6. une trace d'un culte des fleu hanajim, Jug. 4, 11. Les sommets du Car
ves qui aurait existé parmi des Juifs idolâ mel et du Thabor, de même que les rives
tres, mais le vrai sens du passage est : du Jourdain, dans toute leur étendue,
« Les parties désertes, nues et rocailleu étaient également riches en arbres de di
ses des vallées sont ton lot. » verses espèces. Toutefois, si les forêts de
FLUTE, v. Musique. la Palestine étaient considérables lorsque
FOlN. Les passages, Prov. 27, 25. Am. les Hébreux vinrent s'y établir, elles ne
7, 1., montrent que les anciens Hébreux tardèrent pas à diminuer, soit à cause de
n'employaient pas seulement pour four la nombreuse population qui venait y pui
rage l'herbe verte et sur pied, mais en ser constamment, soit à cause des déſri
core l'herbe séchée : le foin servait aussi chements que nécessita la culture des
de combustible, Matth. 6, 30. Luc 12, 28. terres : le fumier et le foin remplacèrent
FONTAINES. ll y en avait de deux es en partie le bois comme combustible.
pèces chez les Hébreux : les puits ou ré FORTIFICATIONS, Forteresses. Dans
servoirs dont nous avons parlé à l'article l'antiquité, comme en général chez tous
Citerne, q. v., et les sources proprement les peuples peu ou point civilisés, chaque
dites. Ces dernières étaient naturellement ville était une espèce de forteresse, ville
bien plus estimées, Jér. 2, 13. Lév. 14, 5. close, enclos muré, abri contre les coups
15, 13. Nomb. 19, 17. Les plus célèbres de main des brigands, ou de peuplades
sont celles de Siloé, de Guihon, de Ro ennemies. La même chose avait lieu chez
guel, de Hen-Guédi ; on trouve encore les Hébreux, à l'époque première de leur
nommées celles de Hen - Sémès, Hen établissement en Canaan. Cependant ils
Guaddim, Hen-Héglajim, etc. (Hensignifie ne tardèrent pas à comprendre la néces
source). — La fontaine d'eaux vives men sité de se retrancher d'une manière peut
tionnée (apparemment comme figure), - être moins générale, mais plus solide et
Cant. 4, 15., se trouverait encore, et fort plus régulière ;aussieurent-ils leursvilles
abondante, au dire de quelques voya fortes déja avant l'exil, situées dans des
geurs, à une lieue de Tyr, dans la plaine. positions avantageuses, particulièrement
Elle est bâtie en forme de tour carrée, sur les frontières de leur pays, Rama,
dit Calmet, et haute de 15 coudées ; les Guebah , Mitspa, Beth-Horon, Tadmor
eaux en sortent par quelques ouvertures et d'autres, 1 Rois 15, 17.22.2 Chr.8, 4.
avec tant d'impétuosité qu'elles font tour 5. 14, 6., etc. Puis au retour de l'exil, les
ner, en sortant de là, un moulin à cinq villes fortes acquirent une plus grande
meules. - La pureté et la chasteté de importance encore, et furent distinguées
l'épouse est comparée à une source close, avec soin des villages ou des villes non
à une fontaine cachetée, Cant. 4, 12., et fortifiées, v. 1 Macc. 4, 61. 12, 35., etc.
l'on a voulu s'évertuer à savoir où était Les fortifications étaient elles mêmes en
située cette fontaine ; on l'a mise à une tourées de fort près d'une ou deux mu
lieue de Bethléhem. C'est pousser le posi railles, 2 Chr. 32, 5., quelquefois fort
tivisme un peu loin. — Enfin l'on mon épaisses, garnies de créneaux, de parapets
tre encore dans la tribu de Dan, près du et de tours, et fermées par des portes très
lieu nommé Lechi, la source qui jaillit solides (doublées de fer à Babylone, Es.
d'une des dents de la mâchoire trouvée 45, 2.), retenues par des verroux énormes
par Samson. également de fer, 1 Rois 4, 13. — Soph.
FORETS. Les plus remarquables et les 1, 16. Es. 54, 12. Jér. 51, 58.12. Ez. 26,
plus fameuses étaient celles du Liban, 1 2. 27, 11. 2 Chr. 26, 45. 14, 7. 32, 5.
FOR - 367 FOU
Au-dessus des portes se trouvait une pe dinairement rasées et toutes les maisons
titetour avec une chambre d'observation,
détruites, la charrue nivelait le sol, du
sel y était semé, les habitants égorgés ou
2Sam. 13, 34. 18, 24. 33.2 Rois 9, 17.
conduits en esclavage, Jug. 1, 25. 9, 45.
2Chr. 26, 9. cf. 14, 7. (C'est dans une
4 Macc. 5, 50. 51. On sévissait moins
de ces chambres que le roi David, ayant
appris la mort d'Absalon, monta pour cruellement contre les villes qui se ren
pleurer ce fils dont la fin l'affligeait au daient. – La loi défendait aux Israélites
tant qu'avait fait sa vie). Autour de cette de nuire aux arbres fruitiers des villes
muraille était un petit mur (hhel) Ou se qu'ils assiégeaient, Deut. 20, 19.; cepen
lon d'autres, mais moins probablement, dant, cf. 2 Rois 3, 25.
un fossé, 2 Sam. 20, 15.1 Rois 21, 23. FORTUNAT, 1 Cor. 16, 17., Romain
Es. 26, 1. Nah. 3, 8. – Il y avait encore d'origine comme l'indique son nom, vint
en rase campagne de petits forts, et des de Corinthe à Ephèse visiter Paul, et re
guérites d'observation, 2 Rois 18, 8.2 tourna avec Stéphanas et Achaïque, porter
Rois 25, 4., et des citadelles dans les vil aux Corinthiens la première épître de cet
les comme dernier refuge, Jug. 9, 51. La apôtre, dans laquelle il reçoit lui-même
place la plus forte de la Palestine de tout un beau témoignage, et est recommandé
temps a été Jérusalem. à la considération des fidèles. Il est du
Avant de mettre le siége devant une reste inconnu.
ville, les Hébreux devaient lui offrir de FORUM d'Appius, Act. 28, 15. (ou
capituler, Deut. 20,10. cf. 2 Rois 18, 17.; marché d'Appius), petite ville d'Italie, à
puis ils disposaient leurs lignes de circon 43 milles (55 kilom.) au sud de Rome,
vallation, Ecc. 9, 14.2 Rois25,1.Jér. 52, près de lavoie Appicnne qui, allant de Ro
4. Ez. 4, 2. 17, 17., et s'occupaient de me (porta Capena) à Brindes, était en cet
dresser une terrasse d'attaque, 2 Sam. endroit interrompue par les marais Pon
20, 15.2 Rois 19, 32. Es. 37, 33. Jér. 6, tins (Horat. Sat. 1, 5.3.). Les voyageurs
6. Ez. 4,2. 17, 17.26, 8. On mettait alors de distinction ne s'y arrêtaient guère,
en œuvre les instruments de siége, béliers soit à cause de la mauvaise qualité de
et autres machines, avec lesquels on bat l'eau, soit surtout à cause de la mauvaise
tait en brèche la muraille ennemie. Ez. réputation que donnait à cette petite ville
26, 9. 21, 27. Le travail des mines sou la conduite de ses habitants, dont un
terraines ne fut connu que plus tard, Les grand nombre étaient matelots. — A 10
assiégés ne se bornaient pas seulement, milles de là, sur la route de Rome, était
pour leur défense, à tirer des flèches du la ville des Trois - Boutiques (auj. Cis
haut de leurs murailles, 2 Sam. 11, 24., terna) également nommée, Act. 28, 15.;
mais ils jetaient encore des pierres, des il s'y trouvait un hôtel ou auberge (ta
meules et tout ce qui leur tombait sous berna diversoria), peut-être trois, que
la main. v. 20 et 21., même de l'huile les voyageurs préféraient en général à
bouillante, d'après Josèphe. Ce n'est que celle du marché d'Appius. Lett. de Ci
plus tard qu'apparaissent les catapultes, céron à Atticus, 2, 11 et 13. Les restes
machines de l'invention d'un ingénieur, de ces deux villes comptent encore quel
dit l'historien sacré, 2 Chr. 26, 15. On ques habitants.
cherchait aussi, par des sorties habile FOUET. De tout temps la peine du
ment préparées, à repousser les assié fouet a été la plus usitée chez les Hé
geants en les affaiblissant, 1 Macc. 6, 31. breux, et la loi la sanctionne, Deut. 25,
Quelquefois les siéges duraient fort long 2., pour les délits civils. Le patient, cou
lemps, et pouvaient affamer les villes les ché, et en présence du juge, recevait les
mieux approvisionnées, au point de les coups, mais jamais plus de quarante, qui
obliger de recourir, pour ne pas mourir lui étaient administrés avec des verges :
de faim, aux aliments les plus dégoûtants les écourgées ou étrivières dont il est
et les plus inaccoutumés, 2 Rois 6, 25. parlé, 1 Rois 12, 11. 14. 2 Chr. 10, 11.
29. 18, 27. Lam. 4, 10.1 Macc. 6, 53. 13, 14., fouets de cuir avec des nœuds ou des
21. Les villes prises d'assaut étaient Or pointes, n'étaient pas permises par la loi.
FOU 368 FRE
Les coups devaient être appliqués sur le foulon étaient blancs, Marc 9, 3. Cepen
dos, entre les deux épaules et la ceinture, dant il y en avait aussi de foncés; ces
jamais sur la plante des pieds comme derniers se blanchissaient ordinairement
dans quelques barbares contrées de l'O- d'un jour, tandis que les premiers exi
rient. Les étrivières vinrent plus tard, geaient trois jours de lessivage.Un champ
et les coups furent appliqués par un Valet de foulon mentionné 2 Rois 18, 17. Es.
de justice, qui reçut l'ordre de ne jamais 7, 3. 36, 2., était situé près de l'étang su
compter plus loin de trente-neuf, afin de périeur, ainsi à l'ouest de la ville; on en
ne pas risquer de dépassser les quarante a conclu que les métiers qui avaient un
s'il lui arrivait parfois de mal compter ; plus grand besoin d'eau, et notamment les
cela explique la manière de parler de foulons, possédaient un district en de
saint Paul, 2 Cor. 11 , 24. La flagellation hors des murs d'enceinte : les foulons ro
avait lieu, outre les délits civils, dans tous mains étaient également établis hors de
les cas qui entraînaient la mort. Il y avait la ville, à cause des exhalaisons insalu
aussi des délits à la répression desquels bres produites par la nature de leurs tra
la synagogue elle-mème pourvoyait en V3lllX.
faisant fouetter les coupables; mais cette FOURMI, insecte fort connu, que Salo
peine, légale et particulière, n'était pas mon cite comme un exemple de vie in
ignominieuse (v. Synagogue), tandis que telligente et laborieuse, Prov. 6, 6.30,
la peine ordinaire du fouet était un sup 25., et auquel les poëtes et les moralistes
plice à la fois infamant et douloureux. de tous les temps ont reconnu avec justice
Notre Sauveur parlant des douleurs de les mêmes qualités, qui brillent dans sa
sa passion, met presque toujours la fla conduite, et particulière et administrative.
gellation en premier lieu, Matth. 20, 19. FRELONS. Le plus redoutable des in
Marc 10, 34. Luc 18, 33.; il subit une sectes de la famille des guêpes ; il a jus
peine civile, condamnation romaine, la qu'à 3 centim. et plus de longueur; un
même qu'éprouvèrent les apôtres, Act. petit nombre suffisent pour tuer un hom
16, 22., mais qui ne pouvait être pronon me ou un cheval. Dans les trois passages
cée contre des citoyens romains, Act. 22, de l'Ecriture où les frelons sont nommés,
25.; le nombre des coups n'était pas li Ex. 23, 28. Deut. 7, 20. Jos. 24, 12. (cf.
mité. Saint Paul parlant des maux qu'il Sapience 12, 8.), ils apparaissent comme
a soufferts, 2 Cor. 11, 24.25., distingue aides des lsraélites dans l'extermination
les coups qu'il a reçus des Juifs, de ceux des peuplades cananéennes. Quelques au
qu'il a reçus ailleurs. teurs ont voulu n'y voir qu'une métapho
FOULON (hébr. kobés, et peut-être re, mais Bochart a prouvé par plusieurs
aussi roguel). Ce métier consistait soit exemples, que rien n'empêche que ces
à donner aux toiles et aux tissus nOuvel passages ne soient pris à la lettre; plu
lement faits la solidité et la fermeté né sieurs peuples ont, en divers temps, été
cessaires, soit à nettoyer et laver les étof dépossédés par l'apparition d'insectes in
fes de laine, manteaux, etc., déjà portées. nombrables et dangereux; Elien, 11, 28.,
Une même opération servait à faire l'une rapporte que les Phasélites, qui demeu
et l'autre chose, cependant le nettoyage et raient sur les montagnes deSolyma,avaient
le blanchissage était l'occupation la plus été chassés de leur pays par des guêpes,
ordinaire des foulons. Les vêtements qui et comme ces Phasélites étaient des Phé
devaient être lavés étaient d'abord trem niciens ou des Cananéens, il est évident
pés dans l'eau, puis foulés aux pieds ou que cet auteur parle du même fait que
broyés d'une autre manière; on employait celui qui est rapporté dans Josué.
encore pour le dégraissage des substan On comprend facilement la déroute
ces àpres, fortes, acides ou piquantes, de qu'un essaim de ces animaux peut mettre
la vapeur de soufre, des sels alcalins, dans une armée : on n'a ni armes, ni bou
Mal. 3, 2., des terres argileuses ou mar cliers qui puissent garantir de leurs atta
neuses, et même de l'urine, Pline 28, 26. ques; on ne sait comment les éviter; c'est
35, 57. La plupart des habits donnés au une mort qui voltige autour des oreilles
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vent que dans ce seul passage, il est très troupes, cf. Gen. 30, 11. (dans Martin),
difficile de rien préciser sur les idoles il lit : Vous dressez la table à une multi
qu'elles désignent, si même il s'agit d'i- tude (de divinités), vous offrez des liba
doles proprement dites. Gesenius et Wi tions à un grand nombre ; c'est-à-dire,
ner prétendent que Gad, qui signifie for vos superstitions n'ont pas de fin , ceux
tune, bonheur, est ici la planète de Ju qui abandonnent le vrai Dieu ne savent
piter, Bel, ou l'astre de la fortune dans plus où s'arrêter. On voit la même chose
les religions astrolâtres de l'Asie anté chez les papistes, ajoute le réformateur.
rieure (Rabbi Mose et tous les autres rab GADARA, ville fortifiée, et d'après Jo
bins après lui) ; ce serait la fortuna ma sèphe, chef-lieu de la Pérée, située sur
jor, v. Caldée : d'après les mêmes au une montagne, à 60 stades de la mer de
teurs , Meni (de manah, compter, ran Galilée; il s'y trouvait des bains chauds,
ger, ordonner)serait la planète de Vénus, et dix sources d'eau chaude entre elle et
fortuna minor : d'autres pensent qu'il le lac. Pline dit qu'elle était située sur le
s'agit peut-être du zodiaque, d'autres du fleuve Hiéromax, mais elle était plus au
système planétaire en entier; Calmet, en midi. Détruite par quelques rois juifs,
fin, traduit Gad par le soleil et Meni par elle fut rétablie par Pompée, en considé
la lune. Peut-être ne faut-il pas chercher ration de son affranchi Démétrius, qui en
un objet général et déterminé pour ces êtait originaire. Auguste la donna à Hé
deux divinités; le culte auquel le pro rode, et après la mort de ce dernier, elle
phète fait allusion pouvait être un simple échut à la Syrie, selon quelques-uns à la
culte domestique, un hommage rendu au Cœlésyrie, selon d'autres à la Décapole.
génie de la maison et de la famille; Gad, Seetzen et Burkhardt croient en avoir
chez les Juifs postérieurs, exprime ce trouvé les restes dans le village d'Omkeis.
que nous appellerions un génie, tandis —C'est dans cette contrée que, d'après
que la planète de Jupiter a un nom par Marc 5, 1. Luc 8, 26., notre Seigneurar
ticulier, Tsèdek; on trouve mentionnée riva après avoir passé la mer de Tibéria
dans le Lexic.talmudic. de Buxtorf, f"387, de, et qu'il guérit un possédé dont il en
une habitude qui semble avoir tiré son voya les démons dans un troupeau de
origine de la même cérémonie contre la pourceaux. D'après Matth. 8, 28., ce
quelle le prophète adresse aux Juifs ces n'est pas dans le pays des Gadaréniens,
reproches : « Ils avaient anciennement, mais dans celui des Gergéséniens qu'il
dit-il, dans leurs maisons, un lit splen arriva; et une troisième variante porte
dide (pour se mettre à table), qui ne ser dans celui des Géraséniens. Gergésa
vait absolument à personne qu'au chef de était située, selon Origène , sur le bord
la maison, ou à la constellation de la for de la mer de Tibériade, près d'un préci
tune, pour se la rendre favorable; on pice, mais c'est le seul auteur qui en fasse
l'appelait en conséquence lit de la bonne mention, et elle est complétement incon
fortune ».—Dans ces deux chapitres d'E- nue. Gérasa était encore plus au sud
saïe, 65 et 66, le culte illicite reproché ouest du lac que Gadara , entre la Pérée
aux Juifs ne paraît pas être l'idolàtrie et l'Arabie , entre Gadara et Rabbath
proprement dite, mais un culte extérieur Hammon (ou Philadelphie), d'après Ritter
de Jéhova, 66, 1.3., entremêlé de céré le géographe, elle porterait aujourd'hui le
monies païennes , et un commerce avec nom de Dscherasch.—Origène préféra la
les démons, défendu par la loi, 65, 3.4. leçon Gergésa, parce que, selon lui, Gé
66, 17.; mais aucun de ces passages ne rasa et Gadara étaient trop éloignées; il
parle explicitement de fausses divinités avoue cependant que Gérasa était de son
ou idoles. D'après l'étymologie de Gad et temps la leçon la plus répandue pour le
de Meni, il paraitrait donc que la meil passage de Matthieu, et c'est la même qui
leure traduction de ces deux mots serait se trouve encore dans nos manuscrits oc
la fortune et le destin. — L'opinion de cidentaux , quant à la leçon Gadaréniens,
Calvin, du reste, est bonne à enregistrer elle se trouve dans les manuscrits B, C, M,
comme toujours : traduisant Gad par les meilleurs instruments, et dans les
GAI 375 GAL
versions syriaques, et doit être préférée, 3 Jean. 1.; une tradition porte qu'il lo
soit pour le sens, puisque Gergésa estin gea chez lui à Ephèse , et qu'il fut chargé
c0nnu et que Gérasa est trop loin, soit à de donner le style à son Evangile, et de
cause de l'importance des autorités. le faire connaître aux églises : ce dernier
GAGES. Le pauvre qui empruntait de détail serait moins invraisemblable que le
vait donner un gage à son créancier précédent. Quelques-uns le confondent,
(t, Dettes), mais il était libre de choisir mais à tort, avec le Gaïus de Corinthe.—
dans sa maison ce qu'il voulait offrir, et D'après Winer, il y aurait:a)un Gaïus de
le préteur ne pouvait pas même entrer Derbe,Act. 20, 4., le même que 3 Jean 1.;
p0ur voir ce que possédait l'emprunteur; b) Gaïus de Macédoine, Act. 19 , 29. ;
sile pauvre avait donné en gage un vê c) Gaïus de Corinthe, 1 Cor. 1, 14. Rom.
lément, le riche devait le lui rendre pour 16, 23. : ces distinctions nous paraissent
la nuit, et personne ne pouvait accepter un peu forcées.
le vêtement d'une veuve, ou l'une des GALAAD, 1° fils de Makir, le premier
meules qui servaient à moudre le blé, né de Manassé , naquit pendant l'escla
car c'est sa vie, dit Moïse , Ex. 22, 25. vage d'Egypte, Nomb. 26, 29. Jos. 17, 1.
26. Deut. 24, 6. 10-12. 17. C'est tou 1 Chr. 2, 21. 7, 14. Ses enfants s'empa
j0urs l'intérêt du malheureux que le lé rèrent d'une contrée à l'est du Jourdain,
gislateur veut protéger. habitée par des Amorrhéens qu'ils dé
GAHAL, Jug. 9, 26., chef de famille possédèrent, et déjà nommée par Jacob
riche et puissant, hâbleur maladroit et Gal-Hed , monceau du témoignage ; ils
ambitieux, se mit à la tête des seigneurs l'appelèrent Galaad, du nom de leur père,
deSichem, révoltés contre Abimélec : on Nomb. 32, 39. Gen. 31, 47.
mange, on boit dans un temple de Si — 2° Contrée de Galaad. Ce nom est
chem , on s'encourage mutuellement à employé par anticipation dans l'histoire
faire bonne résistance, et Gahal, entre des patriarches, Gen. 31, 21.23.26.; il
deux vins, promet monts et merveilles. s'applique tantôt à la contrée elle-même,
Mais quand au lever du soleil, Abimélec, tantôt à la chaîne de montagnes qui s'y
averti par un traître, s'avance avec ses trouvait. Le pays de Galaad , au sud de
bandes,Gahal se laisse battre et disparaît. la vallée de Jabbok, et par conséquent au
GAHAZ, montagne de la Palestine, ap sud du pays de Basan et à l'est du Jour
partenant au plateau d'Ephraïm, non loin dain, est ordinairement distingué du pays
de Timnath-Sérah, où fut enseveli Jo de Basan, auquel il était du reste uni par
sué, Jos. 24, 30. Jug. 2,9. Des vallées du une assez grande conformité de nature,
même nom sont mentionnées 2 Sam. 23, Deut. 3, 10. 13. Jos. 12, 5. 13, 11. 17,
30. I Chr. 11, 32. 1. 2 Rois 10, 33. 1 Chr. 5, 16. Mich. 7,
GAIUS ou Caïus, 1° disciple de saint 14. Il semble désigner le pays de Gad,
Paul, macédonien d'origine, derbien de Jug. 5, 17., et en être distingué, 1 Sam.
naissance, Act. 19 , 29. 20, 4. Compa 13, 7. Cependant, d'après la plupart des
$mon de voyage de l'apôtre, il fut enlevé données que nous possédons, il paraît
par la foule, lors du tumulte d'Ephèse : que Galaad comprenait le territoire des
quelques mois plus tard il suivit Paul en tribus de Gad et de Ruben , et la partie
Asie avec Aristarque, Timothée et d'au méridionale de Manassé, Nomb. 32 , 26.
tres. —2° Disciple de Corinthe , un de 40. Deut. 3, 12. 13. Jos. 17, 1.6. cf. 12,
teux qui avaient été baptisés par Paul 2. 1 Chr. 6, 80. Ses villes principales
lui-même, 1 Cor. 1, 14.; c'est danssa mai étaient Ramoth, Jahzer et Jabès, qui
s0n que se tenaient les assemblées reli sont presque toujours suivies de la dési
gieuses, et Paul logeait chez lui, ainsi gnation de Galaad (cependant v. Nomb.
qu'on le voit par Rom. 16 , 23. (l'Epître 32, 1.). Sa surface forme une espèce de
aux Romains fut écrite de Corinthe). D'a- triangle de 8 à 10 lieues de côté : au
près Origène , ce serait le même qui fut nord, oùil est le plus large, il possède de
dans la suite pasteur de Thessalonique. belles forêts, un air pur et sain, des plai
-3° Disciple bien-aimé de l'apôtre Jean, nes fertiles et de gras pâturages ou pais
GAL 376 GAL
sent des troupeaux très estimés de bêtes ces de pins en couronnent les cimes. En
à corne et à laine; vers le sud, au con hiver, il y tombe beaucoup de neige. Dès
traire, la contrée se change en une cam l'antiquité la plus reculée, les gommes
pagne sans arbres, mais très fertile, sur odoriférantes de ces forêts de montagnes
laquelle s'élèvent un grand nombre de col étaient bien connues, et on les recher
lines crétacées , isolées et de forme ar chait aussi pour leurs propriétés médici
rondie. Toute cette région est si riche, nales; des caravanes arabes les transpor
les pâturages , en particulier, y sont si taient de Galaad par la plaine de Jizréhel,
bons, que de nos jours encore les Bé et le long des côtes de la Méditerranée, en
douins ont coutume de dire : Tu ne sau Egypte, où elles les échangeaient contre
rais trouver un pays comme le Belka du blé. D'après Eusèbe, le mont de Ga
(nom moderne de Galaad). Le baume et laad s'étendait depuis le Liban au nord,
jusqu'au pays de Sihon roi des Amor
les plantes aromatiques de Galaad étaient
renommés, Jér. 8 , 22. 46, 11.—Le nom rhéens, ce qui donnerait à la chaîne une
de Galaad paraît désigner aussi quelque longueur de 60 à 70 lieues. — Quelques
fois tout le pays au delà du Jourdain, uns ont cru, à cause de Jug. 7, 3., que
Deut. 34, 1. cf. 2 Rois 10, 33. Jug. 20, les montagnes de Galaad s'étendaient aus
1. Après l'exil le même nom continua si sur la rive droite, occidentale, du fleu
d'exister, mais il ne se donna plus qu'à ve; mais la traduction est fautive, il faut
la partie la plus méridionale de l'ancien lire : quiconque a peur, qu'il s'en aille dès
pays, aux frontières de l'Arabie : le nom le matin « de la montagne de Galaad, •
de Pérée le remplaça, et comprit une plus qu'il s'en éloigne : c'est de ce côté qu'é-
grande étendue de pays, quoiqu'il ne dé taient venus les Madianites, c'est vers ce
signât pas non plus toute la contrée au côté qu'ils devaient être repoussés, et
delà du Jourdain. La ville principale était ceux qui avaient peur n'avaient qu'à s'é-
Gadara.
loigner de ce but. Il est vrai que de nos
Les montagnes de Galaad, occupant jours on trouve encore à l'occident du
le nord du pays, étaient couvertes de Jourdain une chaîne de montagnes appe
riches prairies et de gras pâturages, lée Dschabl Dschelaad, ou Dscheland,
Deut. 3, 12. Abd. 19. Cant. 4, 1. 6, 5. mais l'identité n'est rien moins que dé
Jér. 50, 19. Elles s'étendaient au tra mOntrée.
vers des tribus de Gad et Ruben, et s'a- On a voulu conclure de Jug. 12, 7. Jér.
Vançaient même jusque dans celle de Ma 22, 6., et surtout Os. 6, 8., qu'il y avait
nassé : c'était une contrée montagneuse aussi une ville de Galaad ; mais les deux
comme les montagnes d'Ephraïm, sans premiers passages ne peuvent rien prou
être exclusivement une chaîne de monta ver, et celui d'Osée peut se traduire « Ga
gnes. Les sommets les plus élevés sont laad est comme une ville d'ouvriers d'ini
au nord-est; ils ont vue d'un côté sur la quité. » Le prophète le compare à une ville
plaine d'Hauran jusqu'à l'Hermon, de plutôt qu'à un pays, parce qu'une ville re
l'autre sur les montagnes de Sichem : c'est présente davantage un rassemblement
cette partie qui fut donnée à la moitié de d'hommes; les traces que l'on trouve en
la tribu de Manassé; elle est située vis-à- core de bourgs ou village nommés Dsche
vis des montagnes occupées par l'autre laad, sont insuffisantes.
moitié de la même tribu, Nomb. 32, 39. GALATIE, province montueuse et fer
40. Deut. 3, 15. Jos. 17, 1. Jug. 5, 17. tile de l'Asie-Mineure, bornée au nord
Le pays jusqu'au Jabbok est d'une telle par la Bithynie et la Paphlagonie, à l'o-
beauté, dit Braem, que l'Europe méridio rient par le Pont et la Cappadoce, au
nale possède bien peu de contrées qui midi par la Phrygie et la Cappadoce, à
puissent lui être comparées. Le climat y l'occident par la Phrygie et la Bithynie :
est excellent , les collines sont couvertes le beau fleuve Halys la séparait du Pont et
de vignes, et les montagnes des plus de la Cappadoce, et répandait une grande
belles forèts ; des chênes toujours verts fertilité sur ses rives. Les villes princi
croissent sur leurs flancs, et diverses espè pales étaient Ancyre, dont Auguste fit
GAL 377 GAL
rant, quoiqu'elle soit appuyée de saint de la tige est garni d'une ombelle à fleurs
Jérôme et de Théodoret). Saint Paul vou jaunes, lesquelles sont remplacées lors
lant répondre aux calomnies de ses ad qu'elle tombent, par des graines oblon
versaires, commence par l'exposé histo gues et cannelées, garnies de petites mem
rique de sa vocation (1 et 2), et prouve branes très fines sur leurs côtés. A quel
qu'il n'a pas été appelé par les hommes, que endroit que l'on coupe ou brise cette
ni de la part d'aucun homme, mais par plante, on voit sortir de la blessure un
Dieu directement; il s'humilie, mais re suc d'un très beau blanc laiteux ; pour se
lève sa mission, il raconte comment lui le procurer en plus grande abondance,
mème, quoique le plus jeune dans l'apo On entame le tronc au-dessus de la ra
stolat, bien loin de se laisser instruire cine à l'époque de la sève montante, et
par les autres, a été à même de les in l'on recueille cette gomme, que l'on con
struire et de les reprendre, et comment il serve dans des vases faits exprès. Elle
a dû censurer Pierre qui ne marchait est d'une saveur âcre et peu agréable,
pas de droit pied et qui en entraînait surtout quand elle est pure ; mais on
d'autres dans son hypocrisie ; la gran peut la mêler avantageusement avec d'au
deur de sa charge étant clairement éta tres parfums. Elle entrait dans la com
blie en réponse aux accusations des Ju position de l'encens sacré qui devait être
daïsants, il passe à l'édification directe ; brûlé sur l'autel d'or dans le lieu très
il expose le dogme de la justification par saint. .
la foi (3 et 4), il dit la valeur secondaire, GALILEE. 1o Ce nom se trouve déjà
temporaire de la loi, son harmonie avec dans l'Ancien Testament avant les temps
les promesses, l'actualité de la foi, sa de l'exil, Jos. 20, 7. 21, 32. 1 Rois 9, 11.
puissance, la filialité et la liberté de l'E- 2 Rois 15, 29. C'est proprement un nom
glise chrétienne. La partie morale com appellatif; il signifie cercle, district,
prend enfin les deux derniers chapitres quartier, et Esaïe 8, 23., parlant de la
(5 et 6), où Paul montre la toute puis Galilée des Gentils, désigne cette portion
sance de la liberté chrétienne et de la du pays, non-seulement qui était le plus
foi, la différence entre la vie selon la chair rapprochée du territoire païen, mais de
et la vie selon l'esprit. Le but de sa lettre laquelle les peuplades païennes n'avaient
est le rapport de la loi à l'Evangile, traité jamais été expulsées entièrement, c'est
polémiquement. à-dire le nord de la Palestine, la portion
L'authenticité de cette épître n'a jamais de la tribu de Nephthali la plus rappro
été révoquée en doute d'une manière un chée du territoire phénicien, celle dont
peu sérieuse. Un grand nombre de com Salomon donna vingt villes à Hiram, 1
mentateurs l'ont expliquée ; outre Cal Rois 9, 11., celle où se trouvaient Kédès
vin et Olshausen, nous ne citerons que et Haroseth des Gentils, Jos. 21, 32.Jug.
Schott, Usteri, et en français Sardinoux. 4, 2. 1 Chr. 6, 76. La Galilée d'alors n'é-
GALBANUM, (hébr. Hhelbna), Ex. 30, tait donc point ce qu'elle fut plus tard,
34. On le fait quelquefois dériver de elle n'était qu'un cercle sans autre nom
hheleb et laban, lait blanc, jus blanc, propre que celui des païens qui l'habi
gomme blanche, comme on sait que dans taient. — 2° Après l'exil, le nom de Gali
plusieurs langues le mot lait s'applique lée fut donné à l'une des quatre grandes
également au suc des plantes. (Lamina divisions de la terre des Juifs, la partie
mollis adhuc tenero est in lacte, quod septentrionale, comprise entre le Jour
intra est. Ovid.) Le galbanum est le suc dain et la Méditerranée, s'étendant au
épaissi d'une ombellifère, appelée meto sud-ouest jusqu'au promontoire de Car
pion, qui croît sur le mont Amanus en mel exclusivement, au sud-est jusqu'à
Syrie, de même que dans quelques par Scythopolis, au nord jusqu'à Tyr et à la
ties de l'Afrique et en Perse : elle a une Pérée. On la divisait en haute et baSSe
tige ligneuse qui s'élève à environ 3 mè Galilée : la Haute Galilée, qui renfermait
tres de hauteur, et qui est garnie de le territoire de l'ancienne Galilée ou Ga
feuilles à chaque articulation. Le sommet lilée des Gentils, était habitée par des
GAL 379 GAL
Phéniciens, des Syriens, des Arabes, et cratique pour pouvoir y trouver un con
même des Grecs : cf. Matth. 4, 15.; elle se tre-poids suffisant, et plusieurs passages
divisait en partie septentrionale, large du Nouveau Testament prouvent assez
chaîne de montagnes en Nephthali, Jos. combien ils étaient méprisés, Matth. 26,
20, 7. Jug. 4, 6., haute d'environ 1,000 69. Jean 1, 46. Act. 2, 7.8., au point que
mètres, calcaire avec quelque peu de ba les pharisiens en étaient venus à vouloir
tº
salte, et partie méridionale, plus basse, cacher ou faire oublier l'origine galiléen
ornée de riches campagnes et de collines ne de quelques prophètes : Elie, Jonas,
verdoyantes; c'est là que se trouve la Nahum (?). Cependant notre Sauveur a
haute plaine de Zabulon qu'entoure une honoré cette contrée en prenant le nom
ceinture de collines; la végétation y est de Jésus de Nazareth, en y habitant, tan
pleine de force, les prairies sont semées tôt dans une ville, tantôt dans une autre,
de fleurs, surtout de cactus qui y attei à Capernaüm surtout, et en y choisissant
gnent une grosseur extraordinaire ; le la plupart de ses disciples ; les anges ap
sol en est maintenant jonché de ruines pelèrent aussi de ce nom, hommes gali
inconnues, et les prairies sont désertes. léens, les apôtres qui cherchaient à sui
La Basse Galilée comprenait les tribus vre dans les cieux le maître qui leur était
d'Aser, de Zabulon, de Nephthali et une enlevé, Act. 1, 11. Ce fut pour les habi
portion d'Issachar, depuis Tibériade jus tants de la Galilée l'accomplissement lit
qu'à Ptolémaïs, depuis la plaine deJizréhel téral de Es. 9,1-6.; ils virent se lever les
jusqu'à Béersébah. Le chemin de la mer, premiers la lumière du monde, parce que
Matth. 4, 15., traversait le milieu du pays. leurs ténèbres étant plus épaisses, ils ar
A l'époque où Jésus parut, la Galilée rivèrent aussi plus vite au sentiment de
comptait un nombre presque incroyable leur éloignement de Dieu. Ils servirent
de villes et de bourgs; au dire de Josèphe en même temps d'intermédiaire entre les
deux-cent-quatre villes et villages, dont Juifs et les païens, et préparèrent la
le moins considêrable avait 15,000 habi grande idée de l'unité religieuse et spi
tants, ce qui faisait une population d'au rituelle, que le christianisme a créée entre
moins 3 millions d'habitants. tous les enfants d'Adam ; ils accomplirent
Les Phéniciens en avaient toujours oc la prophétie de Moïse, Deut. 33, 18. 19.
cupé les côtes et quelques hautes vallées Les Galiléens passaient pour courageux,
du Liban ; ils purent librement s'établir inquiets, turbulents, Luc 13, 1.;c'est chez
dans les villes données à Hiram, et arri eux que prit naissance sous les auspices
vèrent sans doute en plus grand nombre de Judas le Galiléen, Act. 5, 37., la secte
encore lorsque Tiglath-Piléser eut con des Zélotes à laquelle avait appartenu
duit les légitimes possesseurs du pays en d'abord un des disciples de Jésus, Luc 6,
captivité, 2 Rois 15, 29.On y trouve main 15., et qui se caractérisait par un iné
tenant quelques rares habitants, mélange branlable amour d'indépendance, n'ayant
de Juifs, de Druses, de Maronites, de de dévouement que pour la patrie, ne
Motualis, d'Arabes et de Turcomans, qui reconnaissant que Dieu pour chefet pour
adorent pêle-mêle Astaroth, Mahomet, et maître. Judas prétendait que la taxe éta
les prophètes hébreux. | blie par les Romains et réglée par Quiri
Par suite de leur position qui les met- | nius à l'occasion du dénombrement, Luc
tait en contact fréquent avec les païens, | 2, 1. Act. 5, 37., était un nouvel escla
le langage des Galiléens s'était altéré, ils | vage, une servitude manifeste, à laquelle
parlaient un dialecte rude et lourd qui les Israélites devaient s'opposer de tou
les faisaient facilement reconnaître des tes leurs forces ; le peuple approuva ces
habitants de la Judée, Matth. 26, 73.; ils discours, on prit les armes, et cette pe
changeaient par exemple Alfaï en Chlofa, tite guerre domestique grandit bientôt
Alphée en Cléopas. Leur état religieux et et ne se termina qu'avec la ruine de Jé
moral laissait beaucoup à désirer; cor-rusalem et du temple : les habitants de la
rompus par le voisinage des Phéniciens, Galilée furent les plus fermes soutiens
ils étaient trop éloignés du centre théo- de cette révolte commencée par un des
GAL 380 GAM
cette tradition quelque vraisemblance. sur l'autel et gardait le reste pour lui. v.
GANGRÈNE, 2Tim. 2,17. v. Maladies. Libations. - Le gâteau des jalousies que
GARlZlM, v. Guérizim. le prêtre devait offrir pour la femme soup
GASMU, Néh. 6, 6., le même que Gué çonnée d'adultère , Nomb. 5 , 15., devait
sem, 2, 19. 6, 1.2., Arabe, ou peut-être être fait avec la dixième partie d'un épha
Samaritain, se montra l'un des plus lâ de farine d'orge, sans huile ni encens; le
ches ennemis des Juifs au retour de l'exil, prêtre devait le tournoyer et en offrir une
joignit l'ironie à la calomnie contre ce poignée sur l'autel, v. 25 et 26. L'orge,
peuplemalheureux, et entra dans un com au lieu de fine farine, marquait l'humi
plot contre la vie de Néhémie. liation de la femme soupçonnée.
GATEAU. Outre les pains qui avaient GATH (pressoir). Une des cinq grandes
assez ordinairement la forme de gâteaux, villes des Philistins, Jos. 13, 3.1 Sam. 6.
les lsraélites avaient diverses espèces de 17. 21, 10. 27, 2.2 Sam. 1, 20., célèbre
gâteaux proprement dits, dont nous n'énu comme lieu de naissance et principale ha
mérerons pas les noms hébreux, et dont bitation de Goliath, 1 Sam. 17, 4. Elle fut
les nuances ne sont pas toujours bien con conquise par David au commencement de
|
mues. a) Gen. 18, 6. 19, 3.1 Rois 17, 13. son règne, 2 Sam. 8, 1. 1 Chr. 18, 1., et
Et. 4, 12., il s'agit de gâteaux cuits sous fortifiée par Roboam, 2 Chr. 1 1, 8. Le roi
la cendre, ou entre deux pierres brûlan de Gath, Akis, qui vivait sous Salomon,
tes; ils étaient faits quelquefois de fleur 1 Rois 2, 39., était probablement tribu
de farine, quelquefois d'orge. b) Des gâ taire du monarque hébreu, cf. 4, 24. Cette
leaux à l'huile cuits sur le gril , Lév. 2, ville tomba sous Joachaz entre les mains
7. c) Une espèce de pouding ou beignets, des Syriens, 2 Rois 12, 17. Joas en fit de
cuits dans la poéle, 2 Sam. 13, 6-8. d) nouveau la conquête, 2 Rois 13, 25.; puis
Des gâteaux cuits au four, arrosés d'huile, encore Hozias, 2 Chr. 26, 6., après qu'elle
etofferts d'ordinaire en sacrifices, 2 Sam. se fut un moment émancipée, Am. 6, 2.
# 6, 19. Ex. 29, 2. Lév. 2, 4. 7, 12. 8, 26. Elle recouvra de rechef sa liberté, Mich.
Nomb. 6, 15. e) Des beignets ou gâteaux 1, 10.; mais Ezéchias se la soumit encore,
lrès minces, rissolés, faits de fine farine et il paraît qu'elle fut dès lors pour long
et oints d'huile, Ex. 29, 2. Lév. 8, 26. temps assujettie. — Elle n'est pas com
1 Chr. 23, 29. f) Des gâteaux de miel, prise dans la distribution des villes que
Ex. 16,31., encore maintenant en usage; Josué donna aux tribus d'Israël, mais,
ce sont peut-être des gâteaux de cette d'après Josèphe, elle appartenait au ter
espèce qu'il faut voir dans les passages ritoire de Dan. Gath étant la plus méri
mal traduits, 2 Sam. 6, 19.1 Chr. 16, 3. dionale des villes des Philistins, comme
Cant. 2, 5. Os. 3.1., au lieu de flacons Hékron en était le plus septentrionale,
de vin; ce seraient des gâteaux de rai on disait de Gath à Hékron pour dire d'un
sins. g)Jér. 7, 18. 44,19., gâteaux offerts bout du pays à l'autre, 1 Sam. 7, 14. 17,
à la reine des cieux, et dont on ignore la 52. Au temps d'Eusèbe, c'était un gros
C0mposition. bourg à 5 milles d'Eleuthéropolis, sur la
La plupart de ces gâteaux étaient des route de Diospolis; les voyageurs mo
tinés à être offerts dans les temples, ils dernes n'en font pas mention.
appartenaient aux offrandes non sanglan 2° Gathépher (qui creuse le pressoir),
les, ou minhha, et remplaçaient pour les 2 Rois 14, 25., ou Guitta Hépher, Jos. 19,
pauvres des sacrifices d'une plus grande 13., dans la tribu de Zabulon, lieu de nais
Valeur, du moins pour ce qui regarde les sance de Jonas, à 2 milles de Sepphoris,
0ffrandes volontaires, car pour les sacri sur le chemin de Tibériade en Galilée.
fices d'obligation la loi ne permettait que
3° Gath Rimmon ; il y avait plusieurs
l'échange d'un animal contre un autre. villes de ce nom : a) Jos. 19, 45. 21, 24.,
cf. Lév. 14, 21. Les gâteaux devaient tou dans la tribu de Dan ; elle fut donnée aux
jours être salés et sans levain, cuits au Kéhathites; b) Jos. 21, 25., tribu de Ma
four et arrosés d'huile, Lév. 2, 4. 5. ; le nassé, donnée aux Kéhathites; c) 1 Chr.
prêtre en prenait ce qui devait être brûlé 6, 69., tribu d'Ephraïm, donnée aux Ké
GAZ 382 GAZ
hathites. Quelques auteurs pensent tou (Calmet), la petite, Majuma, qui était fort
tefois que c'est une seule et même ville, peuplée, et la grande, qui l'était moins ;
et regardent l'indication c) comme insuf d'autres ont dit que déserte doit s'enten
fisante, celle de b) comme faute de co dre dans le sens de démantelée, ayant
piste. La ville étant peu connue, il est perdu ses murs; c'est aller chercher bien
difficile de prononcer. - loin ce qu'on a sous la main; d'après le
GAZA (fort), une des cinq principales texte, le mot désert peut s'appliquer à la
villes des Philistins, Jos. 15, 47., à la route aussi bien qu'à la ville, et, d'après
frontière méridionale de Canaan, Gen. le sens, il le doit; une route nouvelle pou
10, 19., située sur une hauteur entre Ra vait avoir été construite, laissant l'autre
phia et Askélon, à 20 stades environ (4 moins fréquentée; c'est cette dernière que
kilom.) de la Méditerranée, à 5 stades suivait l'eunuque d'Ethiopie, et l'apôtre
d'Askélon, à 600 milles de Pétra en Ara devait l'y aller rejoindre.
bie (52° 24 long. 31° 37' lat.), et jouis GAZELLE, gentil animal qui est nom
sant d'un port distant seulement de 7 sta mé plusieurs fois dans la Bible comme
des. Sa situation avantageuse a été pour symbole de la grâce, Cant. 2, 9, 17.4.5.,
elle la cause de destinées bien variées et quelquefois de la légèreté à la course, 2
de diverses révolutions : elle passa suc Sam. 2, 18. 1 Chr. 12, 8., ou de la fuite
cessivement des Philistins aux Hébreux, rapide, Prov. 6, 5. Es. 13, 14. L'adjura
et des Hébreux aux Philistins. Josué la tion au nom de la gazelle ou du chevreuil
conquit et la donna à la tribu de Juda, est fréquente en Orient, Cant. 2, 7. 3, 5.
Jos. 15, 47. Jug. 1, 18., elle recouvra sa La gazelle proprement dite (hébr. tsebi,
liberté, à ce qu'il paraît, sous le règne de que nos versions traduisent ordinaire
Jotham ou d'Achaz, peut-être encore plus ment par daim), est l'antilope dorcas de
tôt, Jug. 3, 3. 16, 1. 1 Sam. 6, 17.2 Rois Linnée; c'est la plus commune; elle a un
18, 8. Am. 1, 6, 7. Soph, 2, 4. Zach. 9, 5., peu moins de 1 mètre de hauteur ; ses
puis fut reprise par Ezéchias, 2 Rois 18. cornes ont près de 30 centimètres de long,
Elle obéit encore aux Caldéens vainqueurs elles portent des anneaux entiers à leur
de la Syrie, et aux Perses, puis tomba au base, et ensuite des demi-anneaux jusqu'à
pouvoir d'Alexandre le Grand après une une petite distance de leur extrémité, qui
résistance de cinq mois. Elle ne fut dé est lisse et pointue ; ces anneaux, dont
truite que sous le roi juif Alexandre Jan On compte douze ou treize, marquent les
naeus, 96 ans av. C., après un siége d'un années de l'accroissement, les cornes sont
an : Gabinius, général romain, la releva, en outre sillonnées longitudinalement par
Auguste la donna à Hérode , après la mort de petites stries (Buffon); elles sont per
de celui-ci, elle fut aggrégée à la Syrie. manentes ; ces caractères appartiennent
D'après Méla, Eusèbe et saint Jérome, en prOpre aux gazelles : elles en ont d'au
c'était encore une ville très considérable tres en commun avec le chevreuil, et sur
et bien fortifiée au temps de l'empereur tout avec la chèvre, dont la gazelle est une
Claude. Maintenant elle est sans muraille, variété : le poil est brun clair, tirant sur
et ne compte que 2,000 habitants. le blanc vers le ventre, aux pieds et sur
Al'époque dont il est parlé, Act. 8,26., le haut des cuisses; les oreilles, d'un
Gaza n'était point déserte, quoiqu'un gris cendré, sont longues de 18 centim.;
grand nombre de ses habitants l'eussent les yeux, d'un noir brillant, sont grands et
abandonnée : plusieurs essais ont été faits pleins de feu ; la queue, de 30 centim. de
pour expliquer ce qui paraît être une in long à peu près, est redressée; les jambes
exactitude de l'historien , on a dit que ces sont fortes et solides, capables de faire
mots sont une addition de lui, une dé des bonds de 2 à 3 mètres, et d'une vitesse
termination qu'il ajoute aux discours de incroyable. Cet animal se trouve en Syrie,
l'ange, et qui se trouvait être vraie au en Mésopotamie et dans les autres pro
moment où Luc écrivait, tandis qu'elle ne vinces du Levant, aussi bien qu'en Bar
l'était pas à l'époque où la scène se passa; barie et dans les parties septentrionales
on a voulu distinguer encore deux Gaza de l'Afrique; il vit par troupeaux de cen
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taines et de milliers. Les Orientaux et en effet : leur bois solide et plein tombe
principalement les poètes, l'ont pris en chaque année.
grande affection, et ne manquent jamais GEANTS. Tous les peuples tiennent à
de lui donner une place dans leurs vers, honneur d'avoir eu leurs géants, et ren
quand ils célèbrent les belles et l'amour. dent témoignage par leur accord à l'exis
La chair de la gazelle est d'un goût agréa tence d'hommes d'une taille considéra
ble; la loi de Moïse en avait autorisé l'u- blement au-dessus de la taille Ordinaire
sage comme viande pure, Deut. 12, 15. actuelle. Depuis les géants d'Homère,
22. 14, 5. 1 Rois 4, 23. Othus, Ephialte, les Cyclopes et les Ti
Le nombre des espèces de gazelles est tans, jusqu'aux héros du Mexique et du
fort considérable, Buffon en comptait déjà Pérou, aux genoux desquels atteignaient
treile : outre la tsebi, l'Ecriture parle en à peine la plupart des hommes de leur
c0re de plusieurs autres, qu'il n'est pas temps, il y a large place pour bien d'au
p0ssible de déterminer; le dischon, Deut. tres géants encore, et l'on en connaît de
14, 5., que nos versions rendent par che toutes les mesures, depuis 10 pieds jus
Vreuil (Septante et Vulgate, pygargue), le qu'à 60, 400, et même au delà : l'Inde
même probablement que le strepsicore et en connaît même qui avaient plusieurs
l'addace des anciens, et que le lidmée des lieues de hauteur. Quoi qu'il en soit, de
Africains. Le nom de pygargue signifie tous les contes qui ont été recueillis, et
Cul-blanc, et l'animal indiqué serait re qui se trouvent soigneusement consignés
marquable par ce signe, comme aussi par dans Calmet, y compris une dent de 15 li
des taches cendrées sur les côtes. D'après vres et un crâne qui contenait 15 bois
BuffQn, ce serait l'algazel ou pasan, dit la seaux de blé , il est incontestable non
gatelle d'Egypte, que les traducteurs des seulement qu'il y a eu des géants, mais
Septante étaient en effet bien à même de même qu'il a existé des races, des fa
C0nnaître : elle est beaucoup plus grande milles de géants , et qu'en général les
que la précédente et a le col rouge. hommes des premiers siècles de notre
Le tho ou theo, Deut. 14, 5. Es. 51, 20., monde étaient bien plus grands qu'ils ne
traduit par bœuf sauvage : quelques-uns le sont aujourd'hui, sans toutefois qu'on
l'entendent du buffalo; mais Aben Ezra puisse établir pour la taille le même
aSSure qu'aucune espèce de bœuf sauvage rapport qui existe entre l'ancienne et la
Ile se trouve en Palestine. Il paraît plus nouvelle longévité. Certains restes co
probable qu'il faut l'entendre, avec saint lossals d'animaux qu'on trouve à la sur
Jerôme, de l'oryx des Grecs, ou chèvre face de la terre autorisent à croire qu'il
Sauvage (le bekkar el wash du Dr Schaw); existait une race d'hommes proportion
l'oryx habite les solitudes de l'Afrique et née; et plusieurs monuments d'architec
les confins de l'Egypte, et l'on peut com ture sauvage, qu'on retrouve dans diffé
prendre aisément qu'il se soit jeté quel rents pays, sont évidemment l'ouvrage
quefois dans les déserts qui entourent d'hommes d'une taille et d'une force pro
Canaan; d'ailleurs les Israélites auront digieuses.
pu apprendre à le connaître pendant leur Il est parlé de géants avant le déluge,
séjour en Egypte. Gen. 6, 4.; mais on peut croire que l'i-
Quant au zémer, v. Chameaupard; pour dée fondamentale qui s'attache à ce mot
acko et yael, v. Chamois et Cerf. dans ce passage n'est pas celle de la gran
Le yachmour, Deut. 14, 5.1 Rois 4, deur corporelle, et qu'il faut, comme or
23., traduit par buffle, par bubalus, dans dinairement en hébreu, s'attacher au Sens
les Septante et la Vulgate, est peut-être moral : la traduction littérale du mot ne
l'antilope bubalis, animal au poilroux, du philim, rendu par géants , est « les dé
genre de la gazelle, qui se trouve en Syrie chus » (selon la tradition rabbinique les
et sur les bords de l'Euphrate; on nepeut géants étaient tombés du ciel), « les ré
du reste pas le déterminer; quelques-uns prouvés » ; d'après Schroeder, « les as
pensent au daim, et s'appuient sur l'ana saillants » (ceux qui tombent sur). La ma
logie de l'arabe, qui est assez concluante nière dont il est parlé de ces géants dans
GEA 384 GED
le contexte semble indiquer qu'ils étaient au temps de Moïse tout le pays depuis
issus des fils de Dieu et des filles des Hébron jusqu'aux montagnes de Juda et
hommes (v. Enfants); du moins on peut d'Israël, Jos. 11, 21. Quoique vaincus et
l'entendre ainsi , comme on peut égale chassés, plusieurs d'entre eux reparurent
ment ne voir dans l'indication de Moïse plus tard dans l'histoire des Hébreux, v.
qu'une parenthèse : si les géants sont Goliath, 1 Sam. 17, 4.1 Chr. 20, 4.6.8.;
identiques avec les puissants hommes de mais ils se maintinrent toujours dans les
renom, il y a plus d'unité dans la phrase, quartiers des Philistins, à Gaza, Gath,
mais il serait singulier que le mariage Azot, etc. Jos. 11, 22.
des fils de Dieu avec les filles des hommes On peut voir, par la comparaison de
n'eût produit que des géants, et l'on se l'Ecriture sainte avec les ouvrages pro
rait presque forcé, par cette supposition, fanes, combien la première se distingue
d'admettre chez les fils de Dieu quelque par sa sobriété et toute absence d'exa
chose de surnaturel, de les regarder com gération dans ce qu'elle rapporte des
me des êtres différents des hommes. Le géants ; elle se distingue encore en ce
plus simple nous paraît, en conséquence, qu'elle signale comme une monstruosité,
de regarder comme incidente la mention une dégénérescence, un fruit du péché
des géants, de ne voir dans les fils de Dieu (l'union des Séthites et des Caïnites), ce
que des membres de la famille de Seth, que les païens regardaient comme une
se détournant de la vérité et du culte du gloire ; cf. Odyss. 10, 119, suiv., Aeneid.
vrai Dieu pour suivre les idoles et s'a- 12.900. Juvénal 15, 69. Pline 7, 16. Au
bandonner aux passions de la chair, et les gustin., De Civit. 15, 9. etc.
hommes célèbres et puissants seraient les GEDEON (destructeur), Jug. 6-8; ou
fils de ces mariages, qui auraient eu une Jérubbahal, le cinquième des Juges d'Is
influence d'autant plus considérable qu'ils raël (1245 av. C), délivra son peuple de
appartenaient à des familles différentes, l'oppression des Madianites. Ce chef, de
à la race de Seth par leurs pères, à celle la tribu de Manassé, battait le grain à
de Caïn par leurs mères. Suivant Schroe Hophra avec son père, lorsque l'ange de
der, le fait significatif de ce passage se l'Eternel lui apparut et lui annonça que
rait, non point l'existence de géants (il y Dieu l'avait choisi pour juge. ll dut com
en avait déjà), mais leur production, leur mencer par détruire dans sa propre mai
naissance dans la famille de Seth. son toutes les traces de l'idolâtrie qui
L'Ecriture mentionne encOre cOmme avait envahi
le pays. Les tribus de Ma
races géantes les Réphaïms et les Hana nassé, de Zabulon, d'Aser et de Neph
kins. Les Réphaïms (q. v. ) habitaient, thali, se réunissent sous ses ordres au
avant l'arrivée des Israélites, les contrées nombre de 32,000 hommes contre une
transjourdaines de la Palestine; Hog, roi armée innombrable ; mais l'armée d'Is
de Basan, était un dernier reste de cette raël est trop nombreuse encore, et sur
famille; il fut vaincu par lsraël, Deut. 3,
une proclamation de Jéhovah qui permet
3. 11. cf. Jos. 12, 4. 13, 12. : les Emins,
à tous ceux qui sont timides de s'en re
qui partageaient avec les Réphaïms une tourner, cf. Deut. 20, 1-8., 22,000 quil
commune origine, habitaient le pays qui tent les rangs et s'en vont; 10,000 hom
fut plus tard celui de Moab, Deut. 2, 10.,mes restaient; c'était peu, pour Dieu c'é-
et les Zamzummins, le pays de Hammon, tait trop encore ; une nouvelle épreuve
2, 20. Les Hanakins, ou fils de Hanak, fut ordonnée, et la petite armée fut ré
Nomb. 13, 33. Deut. 9, 2., étaient si duite à 300 hommes seulement : Gédéon
grands, que les espions d'Israël déclarè les divisa en trois bandes, et ne leur
rent qu'ils n'étaient que des sauterelles donna d'autres armes qu'une trompette
auprès d'eux (on peut croire que la peur et un flambeau ; puis, au milieu de la
entrait pour quelque chose dans l'hyper nuit, ils fondent sur le camp des Madia
bole) : leur stature était devenue prover mites qui s'enfuient et s'entre-tuent ; ils
biale, et servait de mesure de comparai passent le fleuve, où plusieurs périssent
son, Deut. 2, 10.11. 21. Ils occupaient sous les coups des Ephraïmites; Gédéon
GEN 385 , GEN
poursuit jusqu'à Hobah les 15,000 hom Jourdain qui le traversent dans sa lon
mes qui restent, les défait entièrement, gueur; elles ne sont troublées que lors
et venge sur les deux chefs Zébah et que des Ouragans sortant subitement des
Tsalmunah ses frères égorgés par ces gorges des montagnes, menacent les navi
princes. Les Israélites lui offrent, à lui gateurs. ll était jadis sillonné par un
et à ses enfants après lui, la couronne grand nombre de bateaux , et comme il
royale, mais il la refuse et se borne à ré est très poissonneux , la pêche était une
p0ndre : Que l'Eternel règne sur vous. occupation importante pour les habitants
Un nuage ternit la gloire de sa victoire : de ses bords, Matth. 4, 18. Luc. 5, 4.
des dépouilles ennemies qui s'élevaient à Jean 1, 44. 21, 3. La contrée est d'une
1,500 livres d'or, il fait une image qu'il merveilleuse beauté ; le climat de ce bas
recouvre de l'éphod ; il veut rappeler au sin profond dont la chaleur est tempérée
peuple les gratuités de l'Eternel, et il par la fraîcheur des eaux, y produisait
sanctionne par son action même l'idolâ une végétation aussi abondante que va
trie ru'il veut condamner : le nom de Jé riée ; les fruits de divers climats y crois
rubbéseth qu'il reçut plus tard, 2 Sam. 11,saient non loin les uns des autres, les dat
21., et qui signifie « il a combattu pour tiers des tropiques près des arbres d'une
la honte » se rapporte peut-être à cette zone plus tempérée : on y trouvait réunis
faute. Le reste de sa vie fut paisible, il la vigne, le citronnier, l'oranger, et le fi
eut soixante-dix fils, et mourut dans un guier, qui mûrissaient sans interruption,
âge fort avancé. —v. pour les détails mes pendant six mois de l'année. Aussi les
Juges d'Isr., p. 49-60. L'histoire profane mahométans en faisaient-ils avec Damas,
semble avoir conservé le nom de Gé Samarcande, et une contrée voisine de
déon.Sanchoniathon, qui vivait à la même Bagdad, un de leurs paradis terrestres. A
époque à peu près, doit s'être servi pour l'est s'élèvent hors du lac des rochers ba
la composition de son histoire, de docu saltiques, et de sombres montagnes qui
ments qui lui auraient été fournis par se terminent en sommets arrondis ; à
Jèrombal (Jérubbahal), prêtre de Jao (Jé l'ouest le terrain s'élève par des gradins
hovah). — Serm. de Gaussen. ou des vallées étagées jusqu'à la hauteur
GEHENNE, v. Hinnom. du plateau; cette côte occidentale était ja
GÉNÉALOGIES, v. Jésus et Tribu. dis couverte d'un grand nombre de villes
GÉNÉSARETH , lac de Génésareth, et de bourgades populeuses : aujourd'hui
Luc 5, 1. mer de Tibériade, Jean 21, 1. ses rives sont presque désertes, et l'on
appelée aussi mer de Galilée, Jean 6, 1., n'y trouve pas même un bateau.
et dans l'Ancien Testament mer de Kin Le voyageur Russegger (1838) re
néreth, Jos. 13, 27. Nomb. 34, 11., ou de garde sa course au lac de Génésareth
Kinnaroth, Jos. 11, 2. 12, 3. Cette belle comme une des plus intéressantes qu'il
nappe d'eau que Ritter et Tholuck com ait faites en Palestine ; et trouva, dit-il,
parent au lac de Genève pour la pureté de dans la magnificence de cette vue une
ses eaux et la richesse de ses bords, que compensation plus que suffisante aux fa
d'autres comparent à la partie septentrio tigues de cette excursion ajoutée à tant
male du lac Majeur, à cause de sa majesté d'autres. Il a calculé, par l'emploi du ba
sauvage jointe aux beautés d'une nature romètre , que la surface de ce lac devait
douce et riante, est située dans un profond être de 625 pieds (203 mètres)au-dessous
bassin entre deux plateaux de montagnes ; du niveau de la Méditerranée; Schubert
de forme à peu près ovale, allongé du n'avait compté qu'une différence de 535
nord au midi, il a environ 140 stades de pieds (162 mètres) entre les deux niveaux.
longueur sur 40 de largeur d'après Jo L'Ancien Testament fait mention de
sèphe, 30 kilom. sur 8 ou 9; les estima ce lac comme d'une frontière, Nomb. 34,
tions modernes lui donnent à peu près la 11., etc. Les faits qui s'y sont passés au
méme étendue. Ses eaux bleues, profon temps de notre Seigneur, le rendent par
des, douces et transparentes, sont cons ticulièrement cheraux chrétiens; v. Matth.
tamment renouvelées par les flots du 4, 18-22.; 8, 23-27.; 11, 20-24.; 14, 24
I. 25
GEN 386 GEN
33. Marc 4, 36-41.; 6, 31. 56.; Luc 5, 1 cles de ce respect qu'exigent les livres
11, 8, 23-25. Jean 6, 18-21.; 21, etc. de Dieu, et que l'on accorde générale
Quant à la ville de Kinnéreth qui ap ment à ces vieux monuments d'une ère
partenait à la tribu de Nephthali, Jos. 19, qui n'est plus, lorsque dans la moitié du
35., on pense que c'est la même que Ti siècle passé un médecin hollandais nommé
bériade, q. v. Astruc, sans doute malheureux dans
GENESE, le premier livre de la Bible l'exercice de son art, eut l'idée de consa
en général, et du Pentateuque en parti crer ses loisirs à démolir ce qui était sa
culier; il s'appelle en hébreu Bereshith cré en théologie, et tomba sur la Genèse,
(au commencement), selon les mots par dont il révoqua en doute l'authenticité
lesquels il commence, et en grec Gene et l'intégrité (Bruxelles, 1753). Son livre,
sis (origine, naissance), nom tiré de son intitulé : « Conjectures sur les mémoires
contenu. L'auteur en est Moïse selon l'an originaux dont il paraît que Moïse se ser
cienne tradition, et d'après les traces qui vit pour composer le livre de la Genèse,»
se trouvent dans le Pentateuque lui réussit auprès de certains théologiens
même. Le but du livre est d'exposer l'o- qui en adoptèrent et en développèrent les
rigine du peuple de Dieu, en la rattachant idées, Eichhorn, Ilgen (1798), puis Vater
à l'origine du monde. La Genèse est une (1801-1805), De Wette, Gramberg (1828).
introduction, une tête nécessaire à l'intel Même l'idée se développa et s'étendit sous
ligence des autres livres de la Bible, qui, le marteau ; selon ces auteurs d'hypothè
sans elle, seraient un acéphale. — Après ses, non seulement le contenu de la Ge
nous avoir donné sur la création quelques nése serait tiré de deux anciens docu•
idées claires, précises et succinctes (v. cet ments, mais dans sa forme actuelle ce li
article), la Genèse nous dit le commence vre ne serait pas même le travail d'un ré
ment de la vie sur la terre, le premier dacteur unique qui aurait composé son
homme et le premier péché, la première ouvrage suivant un plan prémédité ; ce
famille et la première dispersion, la pre serait un recueil de morceaux , d'an
mière chute et la première promesse. Elle ciennes traditions mal arrangées et aug
pose les jalons de l'histoire du genre hu mentées par la fantaisie des narrateurs.
main pendant les vingt premiers siècles Il n'appartient pas à notre plan d'entrer
(Gen. 1-11,) en nous faisant suivre les dans des détails sur cette controverse,
traces des idées théocratiques et des ré mais nous devons au moins en indiquer
vélations divines, jusqu'au moment où les éléments.
elle vient à s'occuper d'une manière plus L'hypothèse du morcellement repose:a)
particulière de la famille d'Héber et de sur ce qu'il y a dans la Genèse plusieurs
son illustre descendant Abraham(11-50,). relations d'un seul fait, par exemple 12,
Elle raconte alors l'histoire des trois 10-20. 20, 1. sq. 26, 6-12.; mais il ressort
grands patriarches Abraham, Isaac, Ja du texte même que ce sont des faits tout
cob ; elle est plus circonstanciée sur la différents ; b) sur ce que l'origine d'un
vie de Joseph, et sur ses destinées qui même nom est racontée de différentes
sont d'une grande importance pour l'his manières, le nom d'Isaac, 17, 17. 19. 18,
toire de la théocratie. Elle finit en rappor 12-15.21, 3.6., celui de Béer-sébah, 21,
tant les paroles de bénédiction adressées 30. 31. 26, 33., de Béthel, 28, 19. 35,
par Jacob mourant à ses fils, l'ensevelis 15.; mais de ce qu'un même nom a pu se
sement de ce patriarche et la mort de Jo trouver vrai dans plusieurs sens, il n'en
seph. - Quant à la langue, c'est l'hébreu résulte pas la nécessité de penser à deux
le plus pur et le plus uni, avec quelques récits dont l'un exclurait l'autre ; c) sur
archaïsmes témoins de l'antiquité du livre; ce qu'il y a de fréquentes répétitions ;
il peut être regardé comme la base et le mais c'est dans le style oriental, et d'ail
modèle de la formation de cette langue leurs l'objection n'aurait de force que si
sainte, dans tous les autres livres du code les mêmes faits étaient racontés chaque
Sacré. fois sans des détails nouveaux , dans la
La Genèse avait joui dans tous les siè même connexion, tandis que c'est le con
GEN 387 GEN
traire qui a lieu ; la répétition se justifie 6-9, et surtout celle de la création, 1-3,
d'elle-même par le but du narrateur, et qui semble prêter le plus à l'hypothèse et
elle ne porte que sur des faits importants. même lui avoir donné naissance : elle se
d) ll y a des morceaux isolés et décou divise en deux parties, 1-2, 3. et 2, 4.-3,
sus; mais dans un récit aussi succinct les 1. La première est le récit général : l'au
transitions seraient souvent des hors teur nous fait connaître l'origine du mon
d'œuvre, l'antiquité du livre et son carac de, il énumère les créatures, il nomme le
tère oriental ne les auraient pas suppor créateur, c'est Elohim; dans la seconde,
tées. e) On s'appuie enfin sur la présence l'auteur reprend son sujet, mais sous le
de certains titres comme indiquant le point de vue spécial de l'homme considéré
commencement de nouvelles péricopes; comme être moral : c'est là qu'il est ques
ainsi 5, 1. 6, 9.10, 1. sq. 25, 12. etc. Mais tion du péché, de la loi, du jugement, de
ces titres, qui sont en quelque sorte des l'Evangile qui sauve : c'est alors Jéhovah
sommaires de chapitres, indiqueraient qui paraît, c'est l'Eternel; le nom de Dieu
plutôt le contraire; ils servent de transi lui est joint pour bien montrer qu'il ne
tions naturelles, et indiquent le plan de s'agit pas d'un autre Dieu, mais du même
l'auteur et le soin avec lequel il coor considéré sous un autre point de vue,
donne ses généalogies. précaution bien nécessaire dans un temps
L'hypothèse des deux documents re où l'on pouvait être porté à croire à une i,
pose sur la manière dont les noms de pluralité de dieux. — Voilà tout le secret
Dieu et de l'Eternel sont employés (Elo de l'emploi alternatif de ces deux noms,
"him et Jéhovah); les inventeurs de l'idée non pas seulement dans des morceaux
pensent que le rédacteur s'est servi de différents, mais aussi dans un même mor
deux sources ou documents, dont l'un ceau, et c'est faute d'avoir compris leur
aurait tout rapporté à Dieu, l'autre tout à grandeur et leur signification qu'on en
l'Eternel. Si l'on y fait attention, l'on est venu à la supposition de deux docu
trouvera qu'en effet il y a des chapitres, ments primitifs. Cette hypothèse, déjà
0ufragments de chapitres, dans lesquels bien ébranlée, tombera comme est tom
l'un des deux noms est employé à l'exclu bée celle d'un Evangile primitif qu'on
sion de l'autre, quelquefois aussi les deux défendait il y a quelques années encore
noms concurremment. Remarquons d'a- avec tant de suffisance. — v. Umbreit,
bord que si l'on veut conclure quelque Theol. Stud. und Kritik, 1831, p. 412,
chose, il faudra appliquer la même con Ranke, Recherches sur le Pentateuque,
clusion à l'AncienTestament presque tout Haevernick, Introd. à l'Ancien Testament,
entier, où les noms de Dieu et de l'Eternel et l'excellent Commentaire de F. W. J.
sont alternativement employés : qu'on lise Schrœder (Das erste Buch Moses, ausge
par exemple le prophète Jonas, on y trou legt, Berlin 1486), dont on annonce une
Vera la même observation justifiée, et ce traduction française par M. le pasteur
pendant personne n'osera ou n'a osé faire Bastie; cet ouvrage a démontré, selon
de ce petit livre une mosaïque composée nous d'une manière évidente, l'unité du
de divers documents. Mais une explication livre et du narrateur.
très simple et tirée de l'observation don GENET, genièvre, genévrier. 1° Le
nera la clé de l'emploi de ces deux noms, mot hébreu rothem se trouve 1 Rois 19,
dans la Genèse comme ailleurs : c'est que 4. 5. Job 30, 4. Ps. 120, 4, et les Septante
le nom de Dieu, Elohim, s'applique pres l'ont traduit de quatre manières diffé
que partout au Créateur, juge de l'uni rentes, ce qui prouve qu'ils n'avaient pas
vers, maître de la race humaine, dans ses une connaissance bien claire et précise de
rapports avec le monde ; l'Eternel, Jého l'arbre indiqué : Josèphe lui-même, en
vah, au contraire, est le Dieu de son parlant de l'arbre sous lequel s'assit Elie
peuple, le père de ses enfants, le Sauveur dans le désert, 1 Rois 19, se borne à dire :
qui se manifeste. On peut lire, en prenant « sous un certain arbre. » Jérôme, d'a-
garde à cette distinction, l'histoire du sa près Aquila, l'a traduit par genévrier, le
crifice d'Isaac, 22, 1., celle du déluge, syriaque par térébinthe, et le caldéen par
GE0 388 G0G
genêt : nos versions ont conservé genêt 40, 31., pour se convaincre combien
dans le passage des Rois et ont mis gené étaient exactes, justes et conformes aux
vrier dans les deux autres ; il est très vérités découvertes seulement plus tard,
difficile de décider ; Calmet pense qu'il les doctrines des prophètes juifs sur ce
faut l'entendre d'une manière générale de point. Quant à la géographie mème, les
tout arbuste sauvage; Winer penche pour Hébreux ne connurent d'abord que les
le genêt d'après l'analogie de l'arabe ra pays qui les entouraient de plus près ou
tam (cf. l'espagnol retama, venu des avec lesquels ils avaient des rapports ré
Maures). Le genêt, genista rœtem, est un guliers, la Syrie, l'Egypte, l'Arabie, la
arbuste peu considérable des plaines de Phénicie : peu à peu, naturellement, ce
l'Arabie, avec des rameaux petits, can cercle s'agrandit par les relations d'Israël
nelés, opposés, feuilles simples, fleurs avec l'Assyrie, la Médie et la Babylonie ;
blanches, fruit en cosse, allongé, avec ils connurent, par ouï-dire sans doute,
deux rangs de graines. La racine est ex peut-être par les Phéniciens, l'existence
traordinairement amère et ne peut servir de contrées et d'îles plus éloignées à
de nourriture qu'en cas d'extrême be l'est, et même au nord de l'Asie, Gog et
soin; la fin de Job 30, 4. peut se traduire, Magog, cf. Ez. 27, Jér. 51, 27. La disper
ou bien comme nos Bibles l'ont rendu sion augmenta leurs connaissances, et l'on
« pour se chauffer, » ou bien « la racine peut croire qu'ils connurent tout l'ancien
des genêts pour leur pain (nourriture); » monde, tel du moins que le connaissaient
cette dernière traduction est favorisée les anciens eux-mêmes, surtout la Grèce
par le contexte. Le genêt servait aussi et l'Italie. Ils regardaient Jérusaleſh
comme moyen de chauffage , il donnait comme le centre du monde connu, Ez. 5,
des charbons très ardents et d'une com 5. 38, 12.
bustion lente et durable; la langue du GERBOISE, v. Saphan.
méchant leur est comparée pour ses ef GERGESENIENS, v. Gadara.
fets désastreux, difficiles à réparer, Ps. GETHSEMANE , village ou jardin sur
120, 4. Grèle et sec, cet arbuste donne le penchant occidental du mont des Oli
peu d'ombre, toutefois on sait encore viers : c'est là que notre Sauveur lutta
l'apprécier sous ce rapport dans les landes pour nous contre la mort, Matth. 26, 36
de sa patrie, et le prophète fuyant les fu 50. Marc 14, 32-52. ; il avait l'habitude
reurs de Jésabel, recherche dans le dé de s'y rendre, Jean 18, 2., et Judas ls
sert son ombrage protecteur, 1 Rois 19, cariot, qui connaissait cette sainte retraite,
4. — 2o Genêt, employé dans le sens de y conduisit la troupe qui devait s'emparer
coursier par quelques-unes de nos ver de son maître. Jésus suait des grumeaux
sions, 1 Rois, 4, 28, est un vieux mot de sang en attendant l'heure fatale, et un
français que Martin a trouvé bon pour ange vint des cieux pour le fortifier, Luc
éviter de répéter deux fois dans un ver 22, 39-53. Un mur élevé désigne et en
set le mot cheval. toure ce lieu, Où sont encore huit oliviers
GÉOGRAPHlE. Les Hébreux n'avaient d'une extrême vieillesse, et qui portent le
des idées ni bien claires, ni bien étendues nom de Dschesmanije. Géthsémané signi
sur la configuration de la terre et sur les fie pressoir à olives (selon quelques-uns
pays dont elle était couverte. Ils étaient champ d'olives, selon d'autres encore,
cependant bien plus avancés que tous les pressoir des signaux ?).
peuples de l'antiquité sur la grandeur et GIRAFE, v. Chameaupard.
sur la forme de notre globe. Gesenius a GOB, ville ou plaine dans laquelle les
voulu conclure de Es. 11, 12. qu'ils se fi Israélites eurent deux combats à soutenir
guraient la terre carrée, mais il n'est pas contre les Philistins, 2 Sam. 21, 18.19.
nécessaire d'une supposition semblable Elle est appelée Guéser dans le passage
pour comprendre une expression que nous parallèle, 1 Chr. 20, 4., peut-êtrepar er
pourrions employer nous-mêmes.On peut l'eul'.
comparer d'ailleurs les passages tels que GOG, roi de Magog, q. v., Ez. 38, 2.
Ez. 5, 5. Prov. 8, 27. Job. 26, 7.10. Es. 39, 1.
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ment, quant au pouvoir royal, qu'il était certain rang, 1 Rois 9,23. Les valets des
absolu, tel qu'il se trouve encore aujour provinces qui apparaissent pour la pre
d'hui dans les cours orientales : les rois mière fois sous Achab, 1 Rois, 20, 14.,
n'étaient pas le centre et les représen étaient apparemment des prévôts élevés
lanls du pouvoir, ils étaient le pouvoir au-dessus des municipalités de provin
lui-même, les propriétaires, en quelque ces, et qui transmettaient à ces dernières
s0rte, de la puissance et du royaume. Ce les ordres du roi, 1 Rois 22, 9. 2 Rois
n'est que depuis l'établissement de la 10, 1. On peut voir encore à l'article
royauté qu'il se forma, en Israël, une ma Tribu, la part qu'avaient dans le gouver
chine politique régulière, avec ses roua nement d'Israël les chefs de ces tribus.
ges et ses employés ordinaires. Le roi, Plus tard , pendant la captivité de Ba
qui régnait et gouvernait tout ensemble, bylone, Guédalia, d'origine juive, fut éta
était secondé, dans son travail admini bli comme Sar ou chef (cf. César, Czar)
stratif, par des conseillers de cour qui sur la contrée désolée, 2 Rois 25, 22.,
n'avaient que voix consultative, sans pou pendant que les satrapes des provinces
voir, par un vote, s'opposer à la volonté persanes , assistés d'une chancellerie
royale, 2Sam. 15, 12. 1 Rois 12,6.1 Chr. composée d'un secrétaire et de ses as
27, 32. A leur tête se trouvait le chance sesseurs , servaient d'intermédiaires en
lier qui était, à ce que l'on peut croire, tre la cour de Perse et la colonie israé
plus qu'un simple historiographe, et qui lite, Esd. 4, 8.9. 8, 36. Néh. 2, 9. cf. en
remplissait véritablement le rôle de pre core Esd. 5, 6. 6, 6.7. Néh. 5, 14. 18.
mier ministre, 2 Rois 18, 18.37.; puis le Agg. 1, 1. 14. 2, 2.21., etc.
Secrétaire, 2 Sam. 8, 17, 20, 25. 2 Rois GOUVERNEUR. C'est par ce mot, as
18, 18. 19, 2. 22, 3. 10. Jér. 36, 10., ou sez vague peut-être, que nos versions ont
les secrétaires, car il y en avait quelque traduit : a) l'hébreu péchah qui désignait
ſois plusieurs ensemble, 1 Rois 4,3., dans en général un chef de province dans la
un mème bureau, Jér. 36, 12. L'inten Babylonie et la Perse, mais différent des
dant de la maison royale, maire du palais, satrapes, Dan. 3, 2. Est. 3, 12. 8, 9. Zo
était aussi quelquefois appelé à s'occuper robabel et Néhémie reçurent aussi le mê
des affaires publiques, 1 Rois 18, 3.2 Rois me nom, Esd. 5, 14. 6, 7. Néh. 5, 14. 12,
18, 18., et pouvait acquérir une grande 26., comme gouverneurs de la Judée.
influence, Es. 22, 15. Heureux les rois Sur les honoraires de ces chefs, v. Néh.
quand, parmi leurs conseillers, se trou 5, 14. 18.— b) Dans le Nouveau Testa
vaient des hommes pieux et des prophè ment, il désigne soit le gouverneur ro
les tels que Nathan, l'ami de David, et main de la Syrie, soit les procurateurs de
Esaie, l'ami d'Ezéchias. Ces conseillers la Judée ; cf. Act. 25, 12.; v. Procura
0u ministres étaient préposés, en géné teurS.
ral, à l'administration extérieure et fi GOZAN, 2 Rois 19, 12. Es. 37, 12.;
nancière du pays; le droit de rendre la contrée située dans le nord de la Méso
justice était dévolu aux prêtres et aux lé potamie, et traversée par le fleuve Cha
Vites, Deut. 17, 9.; v. Justice ; mais le roi boras, 2 Rois 17, 6. 18, 11. Ptolémée, 5,
lui-mêmeprononçait en dernièreinstance, 18., l'appelle Gauzanite, et, de nos jours
0u même il jugeait seul lorsqu'il s'agis encore, elle porte le nom de Kauschan.
sait de causes importantes. Il y avait dans GRECE. Ce pays est désigné dans la
chaque province des pourvoyeurs de la table des peuples et ailleurs, Gen. 10, 2.
cuisine royale , et des receveurs géné Es. 66, 19. Ez. 27, 13. Joël 3, 6., sous le
raux;Salomon comptait jusqu'à douze de nom de Javan, q. V.; c'est proprement
ces derniers : toutes les parties de l'ad l'Ionie. Plus tard, dans les livres apocry
ministration, du reste, avaient leurs chefs phes et dans le Nouveau Testament, les
spéciaux, 1 Chr. 27, 25., et nous voyons Grecs sont appelés du nom d'Hellènes ,
parmi les officiers de la cour de Salomon, 1 Macc. 8, 18. Act. 19,10.20,21.21.28.
550 employés, au nombre desquels il faut Rom. 2, 9. 1 Cor. 1, 24. 12, 13. Gal. 3,
' sans doute compter les subalternes d'un 28. Col. 3, 11., quelquefois de Barbares,
GRE 392 GRE
Rom. 1, 14. Col. 3, 11. Les Juifs, depuis Cant. 8, 2., désigne ou un véritable vin
Alexandre le Grand, donnèrent le nom fait de ce fruit, ou plutôt un vin acidulé
de Grecs à tous les peuples païens en avec du jus de grenade, selon l'usage que
général, soumis à l'empire des Grecs, et l'on trouve maintenant encore en Orient.
ce nom devint, dans le style du Nouveau Le grenadier sauvage est plus rude et
Testament, synonyme de Gentils. plus épineux que le précédent, ses fleurs
La langue grecque, si glorieusement sont astringentes, et sont employées uti
immortalisée par Homère, Sophocle et lement dans les pharmacies. On le trouve
Platon, est tombée aux jours d'Alexandre en Palestine, en Syrie, en Arabie, et
le Grand ; elle avait fait son effort, et ne dans la plupart des contrées du midi;
fut plus, pour ainsi dire, qu'une langue c'est l'arbor punica de Pline, le punica
de la conversation, un amalgame de dia granatum de Linnée.
lectes jusqu'alors distincts. Elle prit une Les espions du désert, en rapportant
teinte plus judaïsante, plus orientale, dans de Canaan des grenades avec des figues
la traduction des Septante et dans les et des raisins, prouvent combien ce fruit
livres apocryphes; la plume des Israélites était estimé, Nomb. 13, 24. 20, 5., et ex
lui donna un coloris nouveau, et la lan pliquent les regrets des Hébreux au sou
gue profane succéda à la langue sainte venir de l'Egypte, où ce fruit se trouvait
pour dire aux hommes que le voile était en abondance. Moïse lui-même, dans l'é-
déchiré, que la paroi mitoyenne était numération qu'il fait des richesses de Ca
rompue. Il ne paraît pas que les Juifs de naan, mentionne expressément la grenade
la Palestine s'enservissent régulièrement; à côté du blé, de l'orge, de l'olive et des
cependant on voit par Marc 7, 24.26. autres produits de la terre, Deut. 8, 8.
Jean 7, 35. 12, 20., et ailleurs, que Jésus La forme et la beauté de la grenade l'ont
la connaissait et pouvait même enseigner fait mettre comme frange à la robe du
dans cette langue. souverain sacrificateur, avec des clochet
V. sur le grec du Nouveau Testament tes d'or, les clochettes alternant avec les
la grammaire allemande de Winer. On grenades brodées des couleurs les plus
annonce depuis longtemps une traduction éclatantes, bordure qui signifiait peut
française de cet important ouvrage. être que le ministre du Seigneur doit, en
Quant aux Grecs, Act 6, 1. 9, 29., v. marchant, porter des fruits excellents et
Hellénistes. faire retentir le message dont son maître
GRENADE, grenadier. Hébr. rimmon. l'a chargé, Ex. 28, 34. cf. Ecclésiastique
Nomb. 13, 24. 20, 5. 1 Sam. 14, 2. et ail 45, 9. 1 Rois7,18.20.42.2 Rois 25,17.,
leurs. On distingue le grenadier sauvage où l'on voit que des grenades étaient l'un
et le grenadier domestique ; ce dernier , des principaux ornements des colonnes
hautd'environ trois mètres, a des rameaux du temple de Salomon. Une tranche de
menus, anguleux , armés de quelques grenade est employée, dans le style orien
épines, et revêtus d'une écorce rougeâtre; tal et poétique, comme le plus bel emblè
ses feuilles, semblables à celles du myr me d'une joue rose et fraîche, Cant. 4,3.
te, sont moins pointues, et d'un vert GRENOUILLES, Ex. 8, 2-14. Ps. 78,
tirant sur le rouge; la fleur est grande, 45. 105, 30. Apoc. 16, 13. Quelques au
belle, rouge pourpre et d'une forme élé teurs (v. Aben-Ezra) ont cru que l'hé
gante; le calice est dur, oblong, et en breu tsephardeah, dans ces passages, de
forme de cloche; le fruit est une espèce vait être entendu du crocodile; mais on
de pomme couverte d'une écorce rougeâ est généralement d'accord maintenant à
tre en dehors, et rouge en dedans, il regarder la traduction de grenouille com
s'ouvre en long, et ses neuf ou dix loges me seule vraie et bien prouvée. Cet ani
renferment des grains pleins de pepins mal si peu redoutable devait devenir une
et d'une espèce de jus rouge comme du plaie pour l'Egypte. Dieu eût pu envoyer
vin. La grenade participe à toutes les des tigres, des lions, ou seulement des
qualités des fruits d'été, elle rafraîchit, chacals , pour punir le rebelle Pharaon ;
et apaise la soif; le moût de grenadier, mais en de si grandes calamités on eût
GRE 393 GUE
º
sans doute oublié la cause première, pour plus chauds : la manne du ciel est com
ne penser qu'à ces bêtes féroces : on eût parée à ces perles argentées.
organisé des parties de chasse pour les GRUAU. v. Froment.
repousser : les chefs du peuple auraient GRUE , Es. 38, 14. Jér. 8, 7. ; c'est
moins souffert que le peuple lui-même, et l'hébreu hagour, que nos versions ont
seseraient aventurés peut-être à chercher rendu par hirondelle, q. v.
un divertissement dans le malheur public. GUÉBAH. v. Gabaon.
Dieu envoya les grenouilles, race toute GUEBAL (la fin), Ps. 83, 7. Ez. 27, 9.,
inoffensive, mais qui, par sa prodigieuse district nommé avec Hammon, Hamalek,
multiplication, devait être une plaie im et le pays des Philistins; il se trouve pro
p0rtune et dégoûtante. Il n'est pas néces bablement sur les confins de l'Arabie Pé
saire de penser à une création surnatu trée ; de nos jours encore un canton sé
relle de grenouilles ; ces animaux, assez
paré du district de Kérek par la vallée de
nombreux sur les bords du Nil, y dépo El Ahsa, porte le nom de Dschebal. La
sent chaque année des milliards d'œufs,ville de ce nom, appelée Byblos chez les
dont un grand nombre périssent, et les Grecs, Jos. 13, 5., faisait partie de la terre
autres viennent éclore dans les marais promise ; ses habitants étaient connus
langeux que le fleuve laisse chaque fois comme de bons marins et d'habiles ar
derrière lui après ses inondations pério chitectes : elle était célèbre par son tem
diques; il suffit donc de penser qu'en ple et était le siége du culte d'Adonis :
cette année aucun des embryons ne pé on y trouve encore de nombreuses ruines
rirent, et qu'ils servirent tous à endurcir de tours remarquables, des colonnes, etc.
le cœur de Pharaon et à préparer l'af GUEBIM (sauterelles), Es. 10, 31.,
franchissement des Israélites.— Les ma ville inconnue de la Palestine , située , à
giciens imitèrent le miracle comme ils ce qu'il paraît, dans les environs de Jé
purent, et sur une toute petite échelle; rusalem.
ils se fussent montrés plus habiles et plus GUEDALIA (la grandeur de l'Eternel),
puissants s'ils avaient détruit l'œuvre de 1° fils d'Ahikam, et gouverneur de la Ju
Moise et rendu la paix au pays : ils ne le dée au nom du royaume de Babylone ,
purent, et Pharaon, qui comprit la vanité après la destruction de Jérusalem, 2 Rois
de cette science mondaine, dut recourir 25, 22. Jér. 40, 3. Il demeurait à Mitspa,
à celui qui avait fait venir le mal sur le où se trouvait une petite garnison baby
Pays. - La circonstance que les gre lonienne, 2 Rois 25, 25. Jér. 40, 6.8. Il
nouilles purent pénétrer partout, dans eut des relations d'amitié avec le prophète
les maisons, dans les chambres à cou Jérémie, selon l'exemple de son père, et
cher, dans les fours et dans les huches, fut chargé, par Nébucadnetsar, de veiller
s'explique par la construction même des à sa sûreté. Il rappela un grand nombre
maisons orientales, q. v. (Bochart a con de Juifs qui s'étaient enfuis dans les
sacré soixante-dix pages à la grenouille contrées d'Hammon et de Moab, favorisa
et aux différentes questions que soulève de nouveau leur établissement, leur as
son histoire, et le rôle qu'elle jouait en sura une vie tranquille et paisible , mit
Egypte. Hieroz. III, p. 563.) ses efforts à les rendre heureux , tout en
Un auteur anglais, M. Bryant, a cru leur conseillant la soumission , et leur
pouvoir conclure de ce qui est dit Apoc. procura même les moyens d'élever un au
46, 13., que la grenouille était ancienne tel sur les ruines du temple : c'est du
ment le type hiéroglyphique des magi moins ce qui paraît résulter de Jér. 41,
ciens et des prêtres égyptiens. 5. Il fit donner des champs et des vignes
GRESIL, Ex. 16, 14. Ps. 147, 16. Job aux pauvres qui étaient demeurés de reste
38, 29., phénomène assez commun chez dans le pays, et l'on pouvait espérer que
nous dans les froides matinées du prin sous cet humble mais digne successeur
temps et de l'automne. Il est plus remar des rois d'Israël, le pays ne tarderait pas
quable dans les climats du Midi , ou des à recouvrer quelque prospérité. Un meur
nuits plus fraîches succèdent à des jours tre empècha la réalisation de ces espé
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rances. Prévenu, par le fidèle Johannan, compense qu'avait refusée son maſtre : il
des coupables projets d'Ismaël, Guédalia mentit pour l'avoir, mentit pour cacher
refusa d'y croire, défendit à Johannan de son mensonge, puis mentit au prophète
prévenir le coup fatal, et fut assassiné, en disant : Ton serviteur n'a été nulle
victime de sa trop généreuse confiance, part. Mais la lèpre de Naaman s'attacha
deux mois à peine après la ruine de Jé à lui avec ses richesses, et lui fut don
rusalem (Jos. Ant. 10, 9.3. Jér. 40, 14.) née en souvenir éternel de son avarice
Ce fut le dernier coup porté aux espé et de sa fausseté, 2 Rois 5. Nous retrou
rances des Juifs. Un jeûne solennel fut vons encore Guéhazi, mais on ne sait en
institué en mémoire de cet événement , quelle occasion, racontant à Joram les
Zach. 8, 19., et beaucoup de Juifs, ef grandes choses qu'avait faites Elisée, 2
frayés, émigrèrent pour l'Egypte, Jér. Rois 8, 4. , la Sunamite étant survenue
42 et 43,. pour présenter une requête au roi, le ser
2° Guédalia, fils de Pashur, Jér. 38, 1., viteur la reconnut, raconta son histoire,
et officier de Sédécias, exerçait avec Sé et intéressa tellement le monarque en sa
phatia, Jucal et Pashur, une grande et fà faveur, qu'il lui fit rendre ses champs et
cheuse influence sur l'esprit du roi : ils tout ce qui lui avait appartenu. Il est évi
incitèrent, à différentes reprises, le fai dent que Joram, pendant tout cet entre
ble monarque contre le prophète Jéré tien, observa les prescriptions cérémo
mie, qui conseillait à la ville de se ren nielles exigées à l'égard des lépreux :
dre, et obtinrent la permission de le trans d'autres pensent que les faits sont inter
férer desa prison dans une fosse profonde vertis, et que cette conversation eut lieu
et boueuse, où il eût péri si Dieu n'eût en avant la guérison de Naaman; d'autres,
voyé à son secours Hébed Mélec. Guéda enfin, supposent, mais sans fondement ,
liah, dans ses persécutions, ne fit qu'imi que Guéhazi repentant aurait reçu du pro
ter la haine de son père. Cf. 1 Chr. 9. phète son pardon et sa guérison, et que
3° Grand'père du prophète Sophonie, c'est lui déjà que l'on voit, 2 Rois 6, 15.,
Soph. 1, 1. à côté de son maître à Dothan.
4° Lévite, 1 Chr. 25. 3. GUE-HINNOM. v. Hinnom.
GUEHAZI (vallée de vision), 2 Rois 4, GUÉMARIA (achevé par l'Éternel), fils
12., serviteur d'Elisée, suivit son maître de Saphan, secrétaire du temple sous Jé
chez la Sunamite, jouit de la confiance de hojakim, Jér. 36, 10. C'est dans sa cham
l'un et de l'autre, et obtint du prophète, bre, près de la porte du temple, que Baruch
pour son hôtesse , la promesse qu'un fils fit d'abord lecture des paroles de Jérémie
lui serait donné ; mais bientôt ce fils fut contre le roi; Guémaria fut également
enlevé à l'amour maternel, et la pieuse présent à la lecture qui en fut faite à
femme, pleine de foi, comprit que celui Jéhojakim, et joignit ses efforts à ceux
qui le lui avait donné et qui le lui avait d'Elnathan et de Delaïa pour obtenir que
ôté, pourrait aussi le lui rendre : elle le roi respectât le précieux rouleau. —
courut vers Elisée, et celui-ci envoya Il ne faut pas le confondre avec celui
Guéhazi, mais, soit manque de foi chez ce dont il est parlé Jér. 29, 3. v. Elhasa.
serviteur, soit que la mère elle-même ne GUEPES. Es. 7, 18. v. Frelons.
vît qu'avec défiance le départ de ce mes GUERAR (pèlerinage), Gen. 10, 19,
sager bien indigne de son maître, Gué ville des Philistins, située près de Béer
hazi posa en vain le bâton du prophète sébah dans une fertile plaine basse; elle
sur le visage de l'enfant, l'enfant ne re servit de refuge à Abraham et à Isaac pen
dant une famine, et fut pour l'un et l'autre
vint pas à la vie ; Guéhazi avait plus de
foi en son maître qu'en Dieu, et son inun lieu d'humiliations et d'épreuves, Gen.
20 et 26; elle était entre les déserts de
crédulité ne pouvait opérer des miracles.
— Plus tard, Naaman ayant été guéri de Kadès et de Sur, à trois journées de Jéru
salem. Elle marqua plus tard le terme des
sa lèpre par le prophète hébreu qu'il était
venu consulter, Guéhazi courut après lepoursuites triomphales d'Asa, vainqueur
gènéral syrien pour lui demander la ré de l'armée d'Ethiopie commandée par Zé
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rah, 2 Chr. 14, 13. — Des sources d'eau cette fête nationale, une différence de
setrouvaient dans son voisinage, Gen. 26, version sur laquelle on a beaucoup écrit
17, et sont mentionnées par Sozomène, 6, et beaucoup discuté. Dans le samaritain
32.9, 17. -
de Deut. 27, 4, on lit Garizim, tandis
GUÉRIZIM. Le mont Garizim ou Gué que l'hébreu, appuyé de toutes les an
rizim et le mont Hébal, sont deux som ciennes versions, porte Hébal. Mais les
mets des montagnes d'Ephraïm, situés Samaritains sont à juste titre suspects
vis-à-vis l'un de l'autre en demi-cercle, d'avoir altéré sciemment le texte sacré
et formant l'étroite vallée au fond de la pour le mettre d'accord avec leurs cou
quelle se trouve la ville de Sichem ou Na tumes; en effet, après le retour de l'exil,
plouse. Le mont Hébal, le plus septen ils bâtirent sur le mont Guérizim un
trional, est un rocher désert et aride, temple qui fut détruit deux siècles plus
d'unaspect triste et sévère; aucune herbe tard par Jean Hyrcan : cet endroit n'en
ne croit sur ses flancs désolés, et les continue pas moins d'être regardé par
s0mbres cavernes y abondent. Le Guéri eux comme sacré et béni; et le petit reste
lim, qui s'élève au midi, est au contraire de Samaritains qui sont encore actuelle
fertile, d'un aspect riant, riche en ver ment à Naplouse, l'appellent toujours le
dure, émaillé de fleurs et abondant en mont sacré, et y tournent leur visage
fruits de toute espèce. Ces deux mon quand ils font leur prière. ll y a plusieurs
tagnes avaient été choisies par le légis autres traditions sur ce sujet : quelques
lateur mourant pour y célébrer la fête sé uns disent que les Samaritains, outre le
rieuse et solennelle de l'alliance de l'An vrai Dieu, adoraient des idoles qu'ils te
den Testament, Deut. 11, 29. 27, 12. naient cachées sur cette montagne, cf. 2,
Sur le mont Hébal, dont le front portait Rois 17, 33. Les Samaritains prétendent
déjà l'empreinte sinistre de la ruine, six aussi que Jacob construisit des autels sur
tribus durent répondre: Amen! aux ma le Guérizin, et que c'est là qu'Abraham
lédictions qui devaient être prononcées se rendit pour sacrifier Isaac; mais v.
contre les transgresseurs de la loi; ce fut Morija.
aussi là qu'on érigea l'autel et qu'on offrit Eusèbe et saint Jérôme placent ces deux
les holocaustes et les sacrifices, sur la montagnes beaucoup plus loin, à l'orient
mème montagne où le péché devait être de Jérico et de Guilgal ; et Epiphane va
montré et représenté avec ses terribles jusqu'à les mettre au delà du Jourdain ;
conséquences ; le remède devait se trou ces opinions ne sont pas soutenables ;
Ver à côté du mal et les promesses à côté Guérizim était si près de Sichem que Jo
de la transgression, à côté de grandes ma atham, fils de Gédéon, parla du haut de
lédictions un grand sacrifice. Une scène la montagne aux Sichémites assemblés
bien différente se passait au même mo dans la vallée. Jug. 9, 7.
ment sur le mont Guérizim dont déjà la GUERRE. C'est les armes à la main
nature avait fait un emblème de bénédic que les Israélites commencèrent leur
tion; là, les six autres tribus répondaient : existence comme peuple ; c'est dans une
Amen! aux promesses de bénédiction guerre de conquète qu'ils entreprirent
faites à ceux qui auraient accompli les pour la première fois de faire connaître
exigences de la loi divine. L'ordonnance qu'ils n'étaient plus seulement une fa
de la solennisation de cette grande fête mille, mais une nation. Lorsqu'ils quit
était comme le sommaire de la législation tèrent l'Egypte, ils étaient sans patrie,
m0saïque, le point dans lequel se trouvait mais leurs ancêtres avaient habité la terre
C0ncentrée et le plus fortement pronon qu'occupaient maintenant les tribus cana
cée la profonde signification de cette an néennes, et ils résolurent, sous la con
cienne économie, le cadre, le miroir dans duite de Moïse, d'aller s'y établir et d'en
lequel se reflétait paravance le but de tout chasser les propriétaires légitimes et na
Ce système préparatoire. turels; d'esclaves ils se firent soldats ;
Il y a entre le texte hébreu et le texte Dieu légitimait pour eux cette conquête,
samaritain, au sujet de la célébration de qui eût été sans cela aussi odieuse que
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le sont toujours les expropriations des quelques peuples modernes, suivi d'un
peuples. Devenus maîtres du pays, les cri effroyable poussé par l'armée entière,
Israélites durent encore, pendant plu 1 Sam. 17, 20. Es. 42, 13. Soph. 1, 14. Jér.
sieurs siècles, rester sur la défensive, 50, 42. Ez. 21, 22. (cf. Iliad. 3, 3. 4, 452.
continuellement exposés aux attaques de 2, 144. 394. Tit. Liv. 5, 39. Tacit. Germ.
leurs ennemis vaincus mais non anéantis ; 3. — v. encore la plupart des anciennes
ce fut la période des juges. Les guerres batailles de la Suisse, Morgarten, Sem
n'étaient alors que des successions de pe pach, etc.) — L'ordre de bataille était
tits combats sans ordre ni plan ; chaque tout à fait simple, et la tactique n'avait
roitelet s'insurgeait dès qu'il avait quel guère d'autre complication que la divi
ques soldats disponibles, sans chercher sion de l'armée en trois corps ou ailes,
à s'entendre avec ses voisins. L'art de la Jug. 7, 16.19.1 Sam. 11, 11.2 Sam. 18,
guerre ne fit des progrès que sous les 2. (cf. Es. 8, 8. et Job 1, 17.), quelque
rois, sous Saül d'abord, puis surtout sous fois quatre, 2 Macc. 8, 21. Après quel
David, et les Israélites furent bientôt en ques flèches tirées, le combat commen
mesure d'opposer à leurs ennemis des cait corps à corps, les guerriers retrous
troupes aussi régulières et aussi bien saient leurs vêtements et mettaient leurs
disciplinées que pouvaient l'être celles bras à découvert, Ez. 4, 7. Es. 52, 10.
de ces ennemis eux-mêmes. On voit une fois deux guerriers dé
Avant d'ouvrir une campagne, ce qui cider en combat singulier du sort des
avait lieu ordinairement au printemps, 2 armées dont ils sont les représentants,
Sam. 11, 1., on commençait par consulter David et Goliath, 1 Sam. 17 ; cf. encore
l'Urim et le Thummim, Jug. 20, 27. 1 2. Sam. 2, 14. Les ruses de guerre sont
Sam. 14, 37. 23, 2. 28, 6. 30, 8., ou quel peu nombreuses et peu variées dans l'his
qu'un des prophètes, 1 Rois 22, 6. 2 Rois toire juive ; on remarque l'attaque subite
19, 2.2 Chr. 18, 4. Puis venait la pro de Gédéon, Jug. 7, 16., les embûches,
clamation faite par les officiers du camp Jos. 8, 2. 12. Jug. 20, 36. 1 Sam. 15, 5.,
aux hommes timides, aux nouveau-pro les surprises, 2 Sam. 5, 23., enfin l'es
priétaires, aux nouveau-mariés, etc., pionnage, Jos. 6, 22. Jug. 7, 10.1 Sam.
qu'ils eussent à se retirer. Suivait la dé 26, 4. etc. (cf. 2 Rois 7, 12.). Les Hé
claration de guerre : on s'approchait de breux avaient de plus l'habitude , pour
la ville ou du camp ennemi, et l'on de assurer le succès de leurs armes, de
mandait la paix , une explication, ou la porter avec eux l'arche de leur alliance,
réparation des torts suivant les cas : la 1 Sam. 4, 4. cf. 1 Sam. 5, 11 .
paix entraînait nécessairement pour le L'antiquité tout entière s'est montrée
peuple ennemi son assujettissement à Is barbare à l'égard des vaincus, les Hé
raël , si la paix n'était pas acceptée la breux n'ont pas fait exception à cette
guerre commençait, guerre d'extermina règle; on tranchait la tête au général en
tion dans laquelle les deux combattants nemi, Jug. 7, 25.1 Sam. 17, 54. 31,9.,
cherchaient mutuellement à s'anéantir, on pillait et saccageait tout ce que l'on
Deut. 20. On voit des exemples de décla pouvait atteindre, 1 Sam. 31, 8., les pri
rations de guerre, Jug. 11 , 12. 1 Rois sonniers étaient , ou emmenés en escla
20, 2.2 Rois 14, 8. Une fois en présence vage, Deut. 20, 14. ou mis à mort, Jug. 9,
de l'ennemi, un sacrifice était offert pour 45., et quelquefois d'une manière cruelle,
l'heureux succès de l'entreprise, et un 2. Sam. 12, 31. 2 Chr. 25, 12. cf. Jug. 8,
prêtre ou le général en chef lui-même 7., ou enfin mutilés, Jug. 1, 6. 1 Sam.
adressait aux soldats une allocution mili 11, 2. On exerçait les mêmes rigueurs
taire de nature à stimuler leur courage contre les femmes et contre les enfants,
et leurs forces ; 1 Sam. 7, 9. 13, 8. Deut. même contre les tout petits enfants, que
20, 2.2 Chr. 20, 20. Les trompettes don l'on écrasait et broyait sur des rochers
naient le signal de l'attaque, et ce signal ou au coin des maisons, 2 Rois 15, 16.
était chez les Hébreux comme chez tous cf. 8, 12. Es. 13, 16. Am. 1, 13. Os. 10,
les peuples de l'antiquité, et même chez 14. 13, 16. Nah. 3, 10. On coupait les jar
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rets des chevaux, 2 Sam. 8, 4, Les villes veloppé. La religion qui a pu en être le
étaient brûlées ou détruites, Jug. 9, 45., prétexte, n'a été que cela. Et pour tout
et les temples des dieux étrangers anéan dire en un mot, si Dieu a permis la guerre
tis, 1 Macc. 5, 68.; même les champs et aux Juifs, c'est parce qu'ils étaient Juifs,
les campagnes étaient ravagés, 1 Chr. 20, et non chrétiens. Ils représentaient un
1.2 Rois 3, 19.25. Puis on célébrait la peuple, et non l'humanité, la secte, et non
victoire par des cris de joie, des chants l'Eglise ; secte, ils devaient être intolé
de triomphe et des danses, Jug. 5. 1 Sam. rants, et l'on sait combien peu la reli
18, 6.2 Sam. 22, 1. Jug. 16, 24., et l'on gion a de part, même dans les guerres
dressait quelque monument commémora dites de religion. Le christianisme, d'ac
tif, 1 Sam. 15, 12.2 Sam. 8, 11. Il paraît cord avec la logique, le bon sens, et l'in
même que l'on déposait dans le temple stinct de l'humanité, flétrit l'idée qui pré
en guise de trophées, et comme mémo side à la guerre ; le chrétien ne peut être
rial de l'assistance du Très-Haut, les ar rendu complice des haines ou des ambi
mes enlevées à l'ennemi, 1 Sam. 21 , 9. tions de ce monde, et la loi de Dieu reste
cf. 13, 10. 2 Rois 11, 10.1 Chr. 10, 10. supérieure à la loi des hommes, en ce
cf. Virg. AEn. 7, 183. Tacit. Ann. 1, 59, point comme en tout autre. Le travail de
2. Des récompenses étaient accordées à M. Rochat ne nous a pas convaincu que
ceux qui s'étaient distingués par des faits le chrétien puisse rejeter sur l'Etat la
d'armes, Jos. 15, 16.1 Sam. 17, 25. 18, responsabilité de son service militaire.
7.1 Chr. 11, 6. cf. 2 Sam. 18, 11. La GUERSOM ou Guerson, et Elihézer,
garde de David paraît avoir été un poste fils de Moïse et de Séphorah, Ex. 2, 22.
d'honneur accordé aux plus vaillants, 2 18, 3, 1 Chr. 23, 15. Ils sont peu connus,
Sam. 23, 8. L'armée honora de bonne et paraissent être restés toute leur vie
heure par un deuil officiel, ses chefs tom d'humbles et simples lévites, pendant que
bés dans la bataille, 2 Sam. 3, 31., on les leurs cousins, fils d'Aaron, brillaient au
ensevelissait avec leurs armes (Ez. 32, sommet de la hiérarchie pontificale. C'est
27.); en général c'était aux soldats sur probablement de Guerson, fils de Moïse
vivants de donner la sépulture à ceux de qu'il est parlé Jug. 18. 30, quoique le
leurs camarades qui avaient succombé, texte porte fils de Manassé : la différence
1 Rois 11 , 15. — v. encore Armée, Ar n'est que d'une N dans l'original (Mshé,
mes, Camp, Forteresse, Nombres, Sab Mnshé), et cette N aura été ajoutée par les
bat, etc. copistes pour éviter de compter dans la
Il y a quelque chose de choquant pour postérité du législateur, et à la seconde
la piété, dans le nombre et le caractère génération déjà, le premier prêtre ido
des guerres des Israélites. On peut les lâtre, Jonathan.
expliquer, on peut même les justifier, GUERSON fils aîné de Lévi, Gen. 46,
puisque la plupart de ces guerres ont été 11, a donné son nom à l'une des grandes
commandées de Dieu même; elles avaient familles des Lévites. Les Guersonites
un caractère théocratique ; c'était le rè comptaient 7,500 hommes au moins après
gne du Seigneur que les Israélites éta la sortie de l'Egvpte, Nomb. 3, 21. Ils
blissaient, en défendant leur territoire, étaient chargés de soigner et de porter
et en détruisant leurs ennemis ; ils se les voiles et les draperies du pavillon,
battaient, à leur point de vue, pour la et avaient dans le camp leur place à l'oc
bonne cause. Mais quoi qu'on dise et cident du tabernacle. Nomb. 3, 23. 25.
qu'on fasse, la guerre, ce meurtre en cf. Ex. 6, 16.1 Chr. 6, 1.
grand, ce meurtre organisé, la guerre GUERUTH, Jér. 41, 17. v. Kimham.
qui représente en morale la haine, et en GUESUR (pont) ou Gessur. 1o District
justice le droit du plus fort, la guerre au delà du Jourdain dans la demi-tribu
n'a pu être, même pour Israél, qu'une de Manassé, Deut. 3, 14. Jos. 12, 5. 13,
concession divine, aux circonstances peut
13., et dans le voisinage de Mahacath et
être, ou à l'endurcissement et au maté de la Syrie, ce qui explique comment
rialisme d'un peuple charnel et peu dé cette contrée peut être appelée Guésur
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de Syrie, 2 Sam. 15, 8. (quoique quel habitée par les Cananéens, Jug. 1, 29.1
ques auteurs, Jahn et Gesenius, aient Rois 9, 16., et nous la trouvons, auxjours
voulu voir là un autre Guésur que celui de David, entre les mains des Philistins,
dont il est parlé dans le Deutéronome). 2Sam. 5, 25. 1 Chr. 20, 4. Pharaon l'ayant
Guésur, à l'époque de Salomon, formait prise sur ces derniers, la donna à Salo
encore un petit Etat monarchique indé mon en présent de noces, et Salomon la
pendant, dont le roi était beau-père de fortifia, 1 Rois9, 16.17. On ignore pour
David et grand-père d'Absalon, 2 Sam. quoi Pharaon la fit réduire en cendres,
3, 3. 13, 37. 14, 23. 15, 8. v. encore 1 puisqu'il voulait l'offrir au roi d'Israël ;
Chr. 2, 23. Les Gessuriens, dit Braem, peut-être avait-elle été incendiée par un
sont, à ce qu'on suppose, des Ismaélites de ses prédécesseurs; peut-être aussi n'y
qui, par des circonstances inconnues, se a-t-il eu là qu'une vengeance àl'orientale.
seraient établis dans les montagnes qui Elle porta plus tard le nom de Gazara ou
forment le bras sud-est de l'Hermon. Ce Gazéra, Gazer chez Eusèbe, et Gadaris
sont les Ituréens, que les auteurs grecs chez Strabon.
et romains disent être un peuple de bri GUIBHA, 1° ou Guibhath-Saül, ville de
gands, la plus barbare de toutes les na la tribu de Benjamin. La première fois
tions. Manassé ne les a pas soumis sans qu'elle apparaît dans l'histoire, c'est com
de grands efforts, et Rome dans toute sa me le théâtre d'un grand crime commis
puissance leur a fait longtemps la guerre dans ses murs, et par ses habitants, sur
avant de les dompter. On les croit an la personne d'une femme qui tomba morte
cêtres des Druses, peuple belliqueux et à la suite de leurs outrages, Jug. 19, 14.
passionné de sa liberté, dont la religion Les chap. 20 et 21 renferment la guerre
est un mélange de l'idolâtrie syrienne et des tribus contre Benjamin, qui refusa
du mahométisme. de punir ses ressortissants, et la presque
2° Une autre peuplade de ce nom est complète extermination de la tribu tout
mentionnée, 1 Sam. 27, 8., comme habi entière. Le nom de Guibha, qui signifie
tant le Sud de la Palestine avec les Guir colline, étant fort répandu, cette ville se
ziens et les Hamalécites; ils étaient sans distinguait des autres villes du même nom
doute voisins des Philistins, tirant du par l'addition du nom de la tribu à la
côté de l'Egypte, mais on ne peut déterquelle elle appartenait, 1 Sam. 13, 2. 14,
16.2 Sam. 23, 29. Guibha ne tarda pas à
miner au juste leur territoire, d'autant
moins que l'historien des livres de Sa être rebâtie; mais elle resta toujours un
muel semble indiquer que de son temps petit bourg. Elle donnale jour à Saül, dont
déjà les Guésuriens avaient changé de elle prit le nom, et fut la résidence ordi
demeure. naire de ce premier roi, 1 Sam. 10, 26.
GUETHER, Gen. 10,23., peuplade ara 11, 4. 15, 34.23, 19.26, 1. Es. 10, 29.—
méenne complétement inconnue. Saint Elle était située à 20 ou 30 stades (5 ou6
Jérôme a pensé aux Cariens, Josèphe aux kilom. ) au nord de Jérusalem, près de
Bactriens, Saadias à une peuplade qui du Rama.
temps de Mahomet occupait la contrée 2° Ville de Juda, Jos. 15, 57.
de Mosul ; Bochart a regardé vers le 3° Guibhath de Phinées, dans la mon
fleuve Centrites qui séparait les Cardu tagne d'Ephraïm. Eléazar, fils d'Aaron, y
chiens des Arméniens ; Leclerc, enfin, avait son tombeau, Jos. 24, 33 (au lieu
songe à la ville de Carthara sur le Tigre, de coteau il faut lire Guibhath). Quelques
dont il est parlé dans Ptolémée 5, 18. uns la confondent avec la première. D'a-
GUEZEM. v. Gasmu. près Eusèbe, elle était à 12 milles d'Eleu
GUEZER, ville royale des Cananéens, théropolis, et renfermait le tombeau du
Jos. 10, 33. 12, 12. 16, 3.10. 21, 21., si prophète Habacuc.
tuée entre Beth-Horon et la mer Médi GUIBBETHON, ville des Philistins,si
terranée, plus tard frontière occidentale tuée sur le territoire de Dan, Jos. 19, 44.
de la tribu d'Ephraïm, et ville lévitique ; Elle fut donnée à la tribu de Lévi, Jos. 21,
elle continua cependant toujours d'être 23., mais les Philistins continuèrent d'en
GU1 399 GUI
demeurer les maîtres, malgré les efforts plateau, l'Araxe est celui dont l'identité
des lsraélites, qui cherchèrent à s'en em se justifierait le mieux. C'est, entre au
parer comme d'une ville frontière, im tres, l'opinion de Winer et de Preiswerk.
portanteparce qu'elle était fortifiée, 1 Rois Ajoutons que les Arabes, en appelant l'A-
15,27. 16, 15. raxe Gihun Elras (Erras ou Arras), ont
GUIDHOM, Jug. 20, 45., ville incon réuni le nom ancien et le nom moderne,
llll8, ont ajouté au nom hébreu sa traduction
GUIHON, 1° Gen. 2, 13., un des qua grecque, puisque le grec &pazzo a la même
tre fleuves du paradis, celui qui coule en signification que l'hébreu giah, circon
t0urnoyant par tout le pays de Cus, Quel stance qui semblerait prouver qu'origi
est-il maintenant ? Les uns en ont voulu nairement l'Araxe a porté de préférence
faire le Nil (!), d'autres l'Oxus, d'autres le nom de impétueux, de Guihon.
l'0ronte, d'autres l'Araxe. La première 2° Montagne au dos large et rocailleux,
de ces suppositions est inacceptable, et du haut de laquelle on domine Jérusalem.
l'0n ne comprend pas comment les Pères 3° Vallée à l'ouest de Jérusalem; elle va
de l'Eglise, Josèphe, les mahométans, et du nord au sud, entre le mont Guihon et
denosjours encore Gesenius, ont pu pen le promontoire de la ville; son inclinai
ser à faire du Nil un des fleuves du pa son est considérable, et sa profondeur
radis, en lui donnant une source com augmente rapidement ; elle contient plu
mune avec l'Euphrate : une interprétation sieurs étangs; vers le sud sa largeur s'ac
tr0p étroite du nom de Cus, q. v., aura croît jusqu'à 2,700 pieds, et elle débouche
amené ce résultat bizarre. Quant aux au dans la vallée de Josaphat. v. Topheth,
tres fleuves que l'on a voulu entendre par Hinnom, Haceldama, etc. —Ce nom s'ap
le Guihon, nous avons vu, à l'article Dé plique d'une manière spéciale à la partie
luge, combien ce grand bouleversement septentrionale de la vallée de Hinnom ;
avait dû changer l'état de choses indiqué c'est là que fut proclamé Salomon, 1 Rois
par Moïse. L'Oxus porte en effet, encore 1, 33.38. 45. cf. 2 Chr. 32, 30.
de nos jours, le nom de Guihoun ou Dji GUILBOAH, montagne de la tribu d'Is
h0un, mais cela ne suffit pas à établir une sacar, à l'extrémité sud-est de la plaine
preuve ; car la racine de ce mot, giah, si de Jizréhel, selon Jérôme et Eusèbe, à 6
gnifiant jaillir avec impétuosité, bondir milles de Bethsan (Scythopolis). C'est sur
(c'est le terme employé en parlant du cette montagne que Saül et Jonathan per
cheval, Job 39,23.), et conservant cette dirent la vie , en combattant contre les
signification dans presque tous les dialec Philistins, 1 Sam. 28, 4. 31, 1.; David,
les sémitiques, il est clair que ce nom, dans l'hymne funèbre qu'il composa sur
0u un nom semblable, a dû être donné à cet événement, semble indiquer que cette
beaucoup de fleuves en Asie; ainsi, le montagne était fertile, 2 Sam. 1, 6. 21.;
Volga s'appelle en perse Gihun Atel, le il la maudit pour avoir étè le théâtre d'une
Gange Gihun Kank, l'Araxe Gihun El scène de deuil si affligeante, et de nos
ras, l'Oxus Gihun, et la fontaine de Si jours elle est sèche et stérile (Keith, Juifs
lºé Guihon, à cause de l'abondance de ses d'Eur. etc., p. 267). Au temps d'Eusèbe,
taux, 1 Rois 1,33.38. Le Guihon ne pou on y voyait encore un gros bourg nommé
Want ainsi se retrouver ni par son étymo Gelbos, et près delà la sourceTubania.
lºgie, ni par les anciennes autorités, ni GUILGAL, 1° Jos. 12, 23. Quelques
Par l'usage de la langue de nos temps, uns pensent que cette ville est la même
ll0us sommes réduits à des conjectures. que celle qui est indiquée Jos. 4, 19., et
Dans le système que nous avons exposé dont nous allons parler; d'autres confon
(º. Déluge), la difficulté n'en est pas une; dent Guilgal des Gentils avec la Galilée
si, au contraire, on se rattache à l'opinion des Gentils, Es. 9, 1., en supposant une
qui place le paradis dans le voisinage de erreur de copistes. Il paraît plus proba
l'Ararat actuel, si l'on croit que les fleu ble que c'était une ville à part, à 6 milles
Vºs du paradis puissent encore se retrou au nord d'Antipatris, appelée Galgule par
Ver, quoique bouleversés, sur un même Eusèbe.
GUI 400 HAB
juive, Josèphe, Guer. des Juifs, 2, 18, 5. dumée nommés par Moïse, il est le seul
L'empereur Claude lui accorda les droits dont on connaisse un exploit; il défit les
de bourgeoisie romaine, et elle prit le Madianites Sur le territoire de Moab. —
nom de colonie de Claude César, Pline 2° Edomite de race royale , qui, lors de
5, 17. 36, 65. Elle s'appelle maintenant l'invasion d'Israël en Idumée, sous David,
Saint-Jean-d'Acre, mais les Arabes lui 2 Sam. 8, 14., fort jeune encore, s'enfuit
Ont conservé sOn ancien nom de Hacc0 : d'abord en Madian, puis en Egypte, avec
c'est le meilleur port de la côte syrienne, quelques serviteurs; il y trouva une prin
la clef de la Galilée, le débouché de la cesse à épouser , la sœur de Tachpénès,
route de Damas à la mer; elle est dans une femme du roi régnant, 1 Rois 11, 14., et
plaine fertile où prospèrent les grains, la vécut en prince, préparé de Dieu à de
soie et le coton, dont on fait des expor venir l'ennemi de Salomon.Après la mort
tations considérables. de David, il essaya de reconquérir en
HACELDAMA. Dans la vallée de Gui effet le territoire que son père avait per
hon, sur les flancs de la montagne méri du, mais l'Ecriture, dans son rapide ré
dionale, au sud de Sihon, se trouvaient cit, ne nous apprend pas quelle fut la fin
la plupart des grottes funéraires de l'an de cette tentative, 1 Rois 11, 22. ; il pa
cienne Jérusalem , et entre autres, le ci raît cependant qu'elle échoua , puisque
metière des étrangers et des pèlerins, Salomon continua de rester possesseur
qui reçut le nom de Haceldama, ou champ des ports de l'Idumée. D'après Josèphe,
du sang, Matth. 27, 7.8. Act. 1, 19., par Antiq. 8, 7. 6., Hadad aurait fait alliance
ce qu'il avait été acheté avec l'argent qui avec Rézon, roi de Syrie, se serait joint
avait payé le sang de Jésus. C'était au à lui pour inquiéter Israël, et lui aurait
paravant le champ d'un potier, qui s'en finalement succédé sur le trône de Syrie.
défit sans doute parce qu'il en avait épuisé, HADADHESER ou Hadarhéser, fils de
ou à peu près , la partie argileuse. On Réhob, roi de Syrie, demeurant à Tsobah,
voit maintenant encore une place de q. v. Sa domination s'étendait de la Sy
30 mètres de long sur 15 de large, com rie de Damas à l'Euphrate; plusieurs pe
prise entre les rochers et une muraille; tites provinces marchaient sous ses or
la moitié en est occupée par un ossuaire dres; seul entre tous les rois voisins de
voûté, de 10 mètres de haut, dans lequel Canaan, il pouvait espérer de lutter con
on introduit les cadavres par cinq ou tre David avec quelque chance de succès;
VertUll'eS. trois fois il s'éleva contre le royaume
HACOR, profonde vallée de la Pales d'Israël , mais les trois fois il fut vaincu
tine, au nord de Jéricho, Jos. 7, 26. 15, 7.
et repoussé avec perte. La première fois,
Os.2, 15. Es. 65, 10. Ce nom était encore2 Sam. 8, 3.4., il laissa à l'ennemi 1,700
en usage au temps d'Eusèbe et de saint cavaliers, 20,000 hommes et 100 cha
Jérôme. riots. La seconde fois, dans l'alliance de
HACSA, Jos. 15, 16. Jug. 1, 12. 1 Chr. Hanun, deux villes de Syrie , Tsobah et
2, 49., fille de Caleb, l'ami de Josué, et Béth-Réhob envoyèrent de rechef20,000
femme de Hothniel, son cousin, le pre hommes qui furent encore battus, 10, 6
mier des juges. Sa main fut le prix de la 14. La troisième fois, les Syriens de t0ut
valeur; peu contente de sa dot, elle ne se le pays, espérant de relever l'honneur
gênapas de prier son père d'ajouter quel de leurs armes en s'unissant les uns aux
ques sources aux terres qu'il lui avait autres, se rassemblèrent sous les ordres
données; il paraît même qu'elle mit quel d'Hadarhéser, 10 , 16-19., et de Sobac,
que vivacité dans sa demande , sans que son général en chef, mais David lui-mème
cependant il y ait rien qui soit de nature sortit contre cet intrépide et redoutable
à flétrir son caractère, ou à la faire passer adversaire, l'attaqua à Hélam en bataille
pour particulièrement avide. rangée, lui prit ou tua 40,000 cavaliers
HADAD, 1° fils de Bédad , fut chef ou et 700 chariots, et mit à mort son géné
roi d'Idumée, et succéda à Husam, 1 Chr. ral Sobac lui-même. — v. 1 Chr. 18, 3.
1, 46. Gen. 36, 35. De tous les rois d'I- 19, 6. *
HAD 403 HAI
HADAD-RIMMON, Zach. 12, 11., ville 15, 35. Elle avait été d'abord la résidence
de la vallée de Jizréhel, non loin de Mé royale d'un des petits rois de Canaan, 12,
guiddo. C'est là que le roi Josias perdit 15. Elle était probablement sur la lisière
la vie dans un combat, 2 Rois 23 , 29. des montagnes et du bas pays, dans la
2Chr. 35, 20. ; le deuil dont il est parlé contrée que traverse la route de Jaffa à
dans le passage de Zacharie est une allu Jérusalem. Roboam la fit fortifier, 2 Chr.
sion à cette circonstance.—Saint Jérôme 11, 7. cf. Mich. 1, 15., et elle subsistait
appelle encore cette ville Adadremmon, encore après l'exil de Babylone, Néh. 11,
mais il y joint le nom de Maximianopolis, 30. En entrant dans les montagnes on
qu'elle reçut plus tard en l'honneur de trouve une contrée rocailleuse et une
l'empereur Maximien : elle était à 17 mil multitude de grandes cavernes qui ser
les de Césarée de Palestine. vent aujourd'hui de repairesaux brigands
HADARHESER, v. Hadadhéser. arabes. Une de ces cavernes est mention
HADASSA (myrte), un des noms d'Es née dans l'histoire de David, 1 Sam. 22,
ter, q. v. Est. 2, 7. 1. 2 Sam. 23, 13.1 Chr. 11, 15. Ce mo
HADATTA, Jos. 15, 25., ville située narque s'y était réfugié pendant que l'ar
au midi de la tribu de Juda, non loin des mée des Philistins occupait la vallée des
frontières iduméennes. Réphaïms. .
HADID, Néh. 11, 34., ville habitée par HAGARENIENS, descendants d'Agar
des Benjamites et située dans le voisinage et d'Ismaël, par conséquent membres de
de Lod et d'Ono, Esd. 2, 33. Néh. 7, 37. la grande famille des Ismaélites, auxquels
Il ne paraît pas qu'elle ait appartenu pri on donne aussi le nom d'Arabes, et sur
mitivement à Benjamin, et l'on peut croire tout de Sarrasins (de sarak, voler ?). Ils
qu'elle ne lui fut cédée qu'après la capti étaient fixés au delà du Jourdain, 1 Chr.
vité, v. Hadithajim. 5, 10. 19. 20. Ps. 83, 7. Le livre des
HADINO, v. Jasobham. Psaumes compte les Hagaréniens au
HADITHAJIM, Jos. 15, 36., et Hédasa, nombre des nations voisines et ennemies
15, 37, villes inconnues. Eusèbe connaît d'Israël; il les joint aux Moabites; et
deux villes de ce nom, l'une vers Gaza, l'on voit dans les Chroniques que la tribu
l'autre vers Lydde. Il est encore parlé de Ruben, au temps de Saül, fit la guerre
d'une Adida, 1 Macc. 12, 38. Josèphe, à cette peuplade, se rendit maîtresse du
Ant. 13, 15, 2. Il est possible que ce soit pays et la chassa devant elle, ce qui in
l'une de ces deux, peut-être aussi Hadid. dique la direction vers le sud ou sud-est.
HADORAM (leur beauté), 1° Gen. 10, On pense que c'est la même tribu que
27. 1 Chr. 1, 21., descendant de Héber celle des Agréens, qui sont rangés dans
parJoktan, père d'une peuplade dont nous Strabon, 16, 767., avec les Nabathéens
nesavons absolument rien. Bochart pense et les Chaulotes parmi les habitants de
aux Dirmates ou Drimates, sur le golfe l'Arabie septentrionale : ce nom se re
Persique ; Schulthess aux Adramites. — trouve encore (Hachar, Hagar) sur le
2° v. Joram. golfe Persique ; et les habitants de cette
HADRAC, Zach. 9, 1., district, proba peuplade, grands bédouins, conduisent
blement voisin de la Palestine, contre le chaque année en Syrie des milliers de
quel Zacharie a prononcé tout un de ses chameaux pour les vendre. Il est possible
oracles. Le rabbin Jose de Damas con que ce soit la même tribu ; elle aurait
naissait cette ville ; il la place à l'est de émigré vers le sud, comme émigrent tou
Damas, et dit qu'elle était assez considé tes les tribus nomades. - D'autres pen
rable. On peut voir aussi dans Ugolini sent à une ville de ce nom dans l'Arabie
l'opinion d'un certain Alphen, qui trouve Pétrée.
dans Hadrac le nom de la divinité Ater HAI, Jos. 7, 2., ou Haia, Néh. 11, 31.,
gatis ou Derceto. ou Haiath, Es. 10, 28., ville fort an
HADULLAM (leur témoignage), ville cienne, déjà nommée Gen. 12, 8. 13, 3.,
fort ancienne, Gen. 38, 1.12.20., dans et appartenant aux Cananéens , était si
la plaine basse de la tribu de Juda, Jos. tuée sur une montagne près de Bethaven,
HAK 404 HAM
à l'est de Béthel, et au sud d'une vallée montée des scorpions.Jos. Ant. 12, 8, 1.
qui descend du côté du Jourdain. Après HALAMOTH, Ps. 46, 1.1 Chr. 15,20.,
une première défaite que les Israélites probablement indication d'une mesure,
essuyèrent dans son voisinage, par suite ou d'un ton musical, v. Psaumes.
du péché de Hacan, ils s'emparèrent de HALMON , ville lévitique de la tribu
cette ville sous Josué et la détruisirent, de Benjamin, Jos. 21, 18. Dans le pas
Jos. 7, 2. 8, 1.;mais ils la rebâtirent plus sage parallèle, 1 Chr. 6, 60., il y a Ha
· tard, comme il ressort de Es. 10, 28., et lemeth. Un autre Halmon est indiqué
les Benjamites l'habitèrent après l'exil, Nomb. 33,46. parmi les stations d'Israël.
Esd. 2, 28. Néh. 7, 32. Il n'en restait HAMALEC. Il est nommé pour la pre
plus que des ruines insignifiantesau temps mière fois Gen. 36, 12. (1 Chr. 1, 36.);
d'Eusèbe et de Jérôme; une vallée du on ne sait rien de lui, sinon qu'il était
même nom était au nord de la ville , Jos. petit-fils d'Esaü par Eliphaz et Timnath.
8. 1 1 . Mais les Hamalécites eux-mêmes sont
Le passage Jér. 49, 3., dans nos ver nommés déjà à l'époque d'Abraham, à
sions, parle d'une ville de Haï, mais elle côté des Amorrhéens, Gen. 14, 7., d'où
ne peut être confondue avec la précé l'on voit clairement qu'ils ne descendaient
dente; il faudrait plutôt admettre qu'il y point de l'arrière-petit-fils d'Abraham,
a eu dans le pays de Hammon une ville comme le disent quelques auteurs. Ba
de ce nom, dont rien ailleurs ne prouve laam aussi les appelle le commencement
l'existence. Peut-être, cependant, vaut-il des nations, c'est-à-dire une nation fort
mieux traduire avec Dahler le mot hébreu ancienne, Nomb. 24, 20. Leur vie no
Haï, ou plutôt Hi, qui signifie monceau made ne permet pas qu'on assigne des
de ruines : le sens du pasSage serait alors limites bien déterminées au pays qu'ils
« Hurle , ô Hesbon , car elle est dévas habitèrent; nous les trouvons occupant
tée, un monceau de ruines », en le rap d'une manière générale les contrées au
portant à la ville de Rabba, mentionnée sud de la Palestine, Nomb. 13, 30.; c'est
au verset précédent. dans les déserts de l'Arabie Pétrée qu'ils
HAJIN, 1° ville de la Palestine, qui viennent fondre sur le camp voyageur
appartint d'abord à la tribu de Juda, Jos. d'Israël, Ex. 17, 8. Ils sont alliés avec
15, 32., puis à celle de Siméon, 19, 7. les Hammonites, Jug. 3, 13., avec les
1 Chr. 4,32., et fut enfin donnée aux Lé Madianites, 6, 3. 7, 12., avec les Kéniens,
vites, Jos. 21 , 16. Peut-être est-ce la 1 Sam. 15, 6.; on les trouve dans le voi
même que Hen-Rimmon de la tribu de sinage des Philistins,27,8., et des monts
Juda, Néh. 11, 29. D'après Eusèbe, ce de Séhir, 1 Chr. 4, 43., comme près de la
serait Béthanie (Beth Henajin), à 4 milles
ville de Sur en Egypte (Pelusium), 1 Sam.
de Hébron. 2° Une autre Hajin est indi 15, 7. C'est donc entre l'Egypte, le désert
quée Nomb. 34, 11. comme située à la de Sinaï, Edom, et les possessions des
frontière nord-est de la Palestine. Ce Philistins, qu'il faut les placer. Cepen
nom signifiant source, plusieurs inter dant on les trouve aussi établis au milieu
prètes, au lieu d'une ville, y ont vu la de la Palestine avec quelques familles ca
source même du Jourdain, mais c'est peu nanéennes, et ils paraissent s'y être long
probable. temps maintenus, Jug. 12, 15. 5, 14.; du
HAKRABBIM (les scorpions). C'était moins On ne sait guère comment expli
le nom d'une hauteur faisant partie de la quel autl'ement , le nom de Hamalécite
chaîne de montagnes qui forme la fron donné à une partie de la montagne d'E-
tière sud de la Palestine, Nomb. 34, 4. phraïm.
Jos. 15, 3. Jug. 1, 36. Elle était ainsi Les Hamalécites en vinrent fréquem
nommée à cause des nombreux scorpions ment aux mains avec les Israélites; d'a-
qui s'y trouvaient , et qui s'y trouvent bord dans le désert, où ils attaquèrent le
encore, v. Volney. Un district de l'Idumée peuple fugitif et pauvre, sans qu'on en
est appelé Acrabattine, 1 Macc. 5, 3., et sache le motif ou l'occasion, Ex. 17, 8.;
devait se trouver dans le voisinage de la ils furent défaits parce que, pendant que
HAM 405 HAM
Josué combattait dans la plaine, Moïse était satisfait; mais un homme, un seul,
priait sur la montagne ( cf. Deut. 25, 17. refusait de lui accorder les marques
1 Sam. 15, 2.). Les Hamalécites rempor d'honneur auxquelles il avait droit de par
tèrent une légère victoire, Nomb. 14,40., le roi , et cet homme c'était un étranger,
sur quelques chefs israélites qui voulu un Hébreu, Mardochée. On ne pouvait
rent se mettre en campagne malgré les répandre trop de sang pour venger une
Ordres de Moïse; ce fut une leçon pour pareille injure ; sacrifier Mardochée n'eût
lsraél sans être un triomphe pour Hama pas valu la peine, il fallait la ruine de la
lec. Puis ce peuple ennemi fut de nou nation tout entière à laquelle appartenait
veau battu , longtemps après, par Saül , le coupable; Haman jeta les sorts et trouva
1 Sam. 14, et 15, par David, 1 Sam. 27, que le douzième mois était celui auquel
8.30, 1.2 Sam. 8, 12., et enfin, sous Ezé il conviendrait de faire le carnage. Il
chias, par les hommes de la tribu de Si parla de la chose au roi, qui n'y enten
méon, qui paraissent en avoir presque ex dait rien; il lui représenta que ce peuple
terminé les derniers restes, 1 Chr. 4, 43., d'esclaves dispersés dans ses états était
accomplissant la prophétie de Balaam, un peuple de rebelles, vivant sous des
Nomb. 24, 20. — Les rois Hamalécites lois particulières, et soumis de cœur à
portaient, à ce qu'on croit, le nom géné un autre roi : il fit surtout résonner à ses
ral de Hagag, Nomb. 24, 7.1 Sam. 15, 8. oreilles dix mille talents d'argent qu'il
20, 32. remettrait dans les caisses du royaume
Il est parlé, 1 Sam. 15, 5., de la ville s'il était autorisé à publier le décret d'ex
principale d'Hamalec, mais le nom n'en termination. Dix mille talents! le roi se
est pas indiqué. hâta de les gagner, il n'eut pour cela qu'à
D'après des traditions arabes, les Ha ()ter sa bague et la remettre au bourreau.
malécites auraient été de race camite, de Mais le Juif avait eu connaissance de
vrais Arabes, et se seraient établis dans les cette Saint-Barthélemy que les païens
lieux qu'habitèrent plustard les Ismaélites voulaient donner à son peuple ; il en
et les Joktanides; ils auraient été parents avertit la reine sa parente, et celle-ci ré
d'Ismaël, par conséquent aussi d'Esaü et solut, avec l'aide de Dieu, d'anéantir ce
d'Hamalec son petit-fils, et les descen projet en anéantissant celui qui l'avait
dants de celui-ci se seraient mélangés et formé. Haman fut invité à un festin par
confondus avec les anciens Hamalécites. Ester, et cette invitation fut suivie d'une
HAMAN, Est. 3, 1. etc. On pourrait seconde pour le jour suivant. Son cœur
donner pour épigraphe à l'histoire de cet bondissait d'orgueil au sortir du palais,
homme, ces paroles du sage : « L'orgueil quand la vue de Mardochée vint lui rap
marche devant l'écrasement. » Prov. 16, peler que, seul dans tout le royaume, ce
18. Il était fils d'Hammédatha, et sur malheureux refusait de faire son bon
nommé Agagien, ce qui a fait croire à heur , en lui refusant ses hommages : il
quelques-uns qu'il était Hamalécite, des se fit violence pour cacher son humeur,
cendant des rois Agag; cette épithète et s'en fut raconter à sa femme et à ses
n'a cependant pas une signification aussi amis les joies et les honneurs de sa jour
absolue, et pourrait n'indiquer qu'un lieu née. Tout cela, disait-il, ne me sert de
de naissance, une simple parenté ou mê rien pendant que je vois Mardochée , ce
me une fonction. La tradition qui fait Juif, assis à la porte du roi. La femme
Haman macédonien ne peut être ni prou et les anis du favori pensèrent qu'un gi
vée ni démentie. Ce favori parvenu, qui bet de 50 coudées (25 mètres) satisferait
Ile devait peut-être son élévation qu'à un à ce qu'Haman pouvait regretter, et l'on
caprice de son maître, occupait le pre décida que la mort de Mardochée prélu
mier rang à la cour de Perse; il était le derait à la destruction de sa race. Le len
premier de tous les seigneurs, et n'avait demain Haman devança l'heure du festin
au-dessus de lui que le roi. La foule se pour aller au palais demander la permis
prosternait devant lui, les seigneurs lui sion de faire pendre son superbe ennemi.
rendaient hommage, son amour-propre mais le roi le prévint : « Que faudrait-il
lIAM 406 HAM
faire à un homme, dit-il, que le roi prend ses intérêts, et lui fit voir que les dix
plaisir d'honorer P » Haman , ne doutant mille talents offerts par l'oppresseur ne
pas que ce ne fût une nouvelle galanterie compenseraient pas le dommage que le
que le roi lui préparait, et sur laquelle il roi en recevrait. ll paraît que le roi n'a-
le consultait d'une manière indirecte et vait plus présente à l'esprit la permission
délicate, ne se contraignit point dans qu'il avait accordée à son favori, soit
l'expression de ses désirs; il imagina qu'il l'eût donnée dans un moment de
pompe sur pompe ; cheval royal, vête distraction , soit qu'au milieu de tous ses
ments royaux, couronne du roi, rien ne autres intérêts la chose lui parût peu im
pouvait être trop beau, et le plus grand portante, puisqu'il ne s'agissait que de
des seigneurs de la cour devait accompa quelques esclaves étrangers et rebelles.
gner dans les rues de la ville la marche Ester dut nommer le coupable, et Haman
triomphale de ce sujet bienheureux. « Eh voyant bien à l'expression du roi qu'il
bien! lui dit le roi, hâte-toi, et fais ainsi était perdu, profita d'une absence de ce
à Mardochée, le Juif. » Quelle que fût la lui-ci pour se jeter aux pieds de la reine
fortune et la grandeur d'Haman, il n'é- et lui demander la vie. Mais le roi qui
tait qu'un esclave auprès du roi et ne put rentrait, ayant vu ce mouvement, l'inter
qu'obéir : il dut lui-même honorer celui préta mal comme on fait toujours dans la
dont il venait quelques minutes aupara colère, et n'en fut que plus irrité, la sen
vant demander la mort, il dut crier de tence fut prononcée, et, sur l'observa
vant lui dans les rues : « C'est ainsi qu'on tion qu'un gibet dressé par Haman pour
doit faire à l'homme que le roi prend Mardochée s'élevait près de là, le favori
plaisir d'honorer. » Une nuit d'insomnie disgracié y fut conduit et pendu.
avait tout fait; le roi avait pris connais Il n'y a rien dans cette prompte chute,
sance d'une conjuration qui avait été dé et dans ce passage subit des plus hautes
couverte sous son règne par Mardochée, distinctions au supplice le plus infâme,
et, s'étonnant que Mardochée n'eût pas qui puisse étonner quand on connait la
reçu de récompense pour un si grand justice expéditive et sommaire de l'Asie.
service, il avait résolu de réparer cette Rien ne peut étonner non plus dans la
ancienne faute, et de la réparer d'une permission donnée par le roi à un de ses
manière éclatante. Après sa fatale prome serviteurs d'exterminer une partie des
nade, Haman rentra chez lui tout affligé, hommes qui habitent son territoire, hom
et ayant la tête couverte ; il se hâta de mes qui n'ont point d'histoire pour lui, et
donner à sa femme et à ses amis la clef qu'il ne connaît que par les renseignements
de cette énigme inconcevable, et de leur incomplets et tronqués que lui donne un
expliquer comment , allant demander la homme puissant, qui veut s'en défaire,
mort de Mardochée , il avait dû servir parce qu'un d'entre eux l'offusque. Ce
lui-même à son élévation : alors ces sages que les voyageurs modernes nous disent
comprirent que ce ne serait pas un fait de l'Asie, depuis Constantinople ou
isolé, et que l'ancien favori tomberait Alexandrie jusqu'à Pékin , n'est que trop
devant le nouveau, Haman devant le Juif. d'accord avec cette brutalité de l'aut0
En même temps les officiers du roi vin crate et bouillant Xercès; ces monarques
rent chercher Haman pour le conduire n'ordonnent que par caprice , et peuvent
au festin de la reine : On peut se repré envoyer à la mort des populations entiè
senter qu'il y triompha moins que la res, aussi bien que leurs femmes ou leurs
veille. Sur la fin du repas, Ester ayant favoris ; il suffit que celui qui veut obtenir
été invitée par le roi à lui demander tout le décret sache bien choisir son moment.
ce qu'elle voudrait, jusqu'à la moitié de Dans la lutte entre Ester et Haman, la
son royaume, demanda la vie pour elle et victoire ne fut à la reine que parce que
pour son peuple, découvrit qu'elle était le roi se trouvait bien disposé, Est, 4, 11.
Juive elle-même, et par là enveloppée dans 5, 2., et Dieu travailla avec la pieuse Juive
le décret de proscription, représenta au parce que celle-ci, de son côté, exposait
roicombien cette mesure était contraire à sa vie pour sauver son peuple.
HAM 407 HAM
HAMASA. 1° 1 Chr. 2, 17.2 Sam. 17, que ce chef aurait abandonné l'armée des
25., fils de Jéther ou Jithra, et d'Abigal, dix tribus, pour se ranger dans celle de
fut nommé par Absalon chef d'armée, en Juda 9 c'est ce que l'on ne saurait déter
remplacement de Joab son cousin qui pré miner.
féra le service du roi. Hamasa survécut à HAMATH, Hamathiens. C'était la prin
labataille dans laquelle Absalon fut vaincu cipale ville d'Aram Tsoba q. v., 2 Chr. 8,
et tué; et David, soit par politique et pour 3.1 Chr. 18, 3. Elle fut fondée par des Ca
se l'attacher, soit par répugnance pour nanéens, Gen. 10, 18., et remonte ainsi à
Joab le meurtrier de son fils, le maintint la plus haute antiquité, demême que Damas
à la tête des troupes, 2 Sam. 19, 13. Joab et Sidon. Elle faisait partie de la terre pro
irrité et jaloux, voyant d'ailleurs le peu mise, dont elle formait la limiteseptentrio
de zèle que Hamasa témoignait pour le nale, Nomb. 13, 22.34, 8. Ez. 47, 16. Jos.
service du roi contre les rebelles, 20, 5 13, 5. 1 Rois 8, 65. 2 Rois 14, 25., du
7., et impatient de se venger, surprit son côté de Damas, Zach. 9, 2. Jér. 49, 23.
rival près de Gabaon, et le frappa en fei L'entrée de Hamath dont il est parlé plu
gnant de l'embrasser ; après cette lâche sieurs fois, Jos. 13, 5. Jug. 3, 3., était le
action, Joab marcha sur l'ennemi, et défit défilé qui conduisait de Canaan en Syrie
Sébahcontre qui Hamasa avait été envoyé. par la vallée qui est entre le Liban et
Le corps de Hamasa resta quelque temps l'Anti-Liban. Josué assigna cette ville à la
au milieu de la route , et un serviteur de tribu de Nephthali, 19, 35. Elle eut cepen
Joab se tenait là pour engager ceux qui dant toujours sa banlieue ou son territoire
passaient à se joindre à Joab et à le recon particulier, 2 Rois, 23, 33. 25, 21., et se
maitre comme général de l'armée de David; gouverna par ses propres rois, l'un des
mais comme on s'arrêtait à ce triste spec quels vécut avec David en bonne harmo
tacle, l'officier poussa le cadavre hors du nie et en respectant sa supériorité, 2 Sam.
chemin dans un champ, et jeta un vêtement 8, 9. 1 Chr. 18, 9. La ville resta ainsi in
sur lui pour le cacher. — Hamasa paraît dépendante, sauf une courte interruption,
avoir été ambitieux et politique; il sert le 2 Rois 14, 28., jusqu'au moment où les
rebelle contre son père, puis après que Assyriens s'en emparèrent sous Ezéchias,
le royaume est pacifié, il se met au service Es. 10, 9. 36, 19. Amos lui donne le nom
du père, mais craint de se compromettre de grande, 6, 2., et aujourd'hui encore,
en marchant contre ceux dont il fut autre sous le même nom de Hama, elle compte
fois le chef, et qui résistent encore à son 100,000 habitants ; elle doit son impor
Il0uveau maître. tance à sa position sur une grande route
2° v. Hazaria 4°. de commerce. Elle est située sur les deux
HAMASAI, un des hommes de Juda et rives de l'Oronte, dans une vallée étroite
Benjamin, qui vinrent à David avec beau dont les flancs sont des parois de rochers
c0upd'autres, lorsqu'il était enfermé dans au milieu de jardins et de vergers. Sous la
la forteresse de Tsiklag à cause de Saül. domination macédonienne en Syrie, elle
David n'accueillit qu'avec défiance des li porta le nom d'Epiphanie; Théodoret, Jé
bérateurs qui lui venaient de la tribu de rôme et Cyrille comptent deux Hamath,
Saül, et craignit une trahison, mais Ha mais ne s'entendent guère sur la position
masaï, revêtu de l'esprit, lui dit : « Que la de ces villes; il est bien possible cepen
paix soit avec toi, ô David, fils d'Isaï ! dant que la ville de Hammath nommée
Paix soit à ceux qui t'aident, puisque ton Jos. 19, 35., soit différente de Hamath la
Dieu t'aide ! » David, dont ces paroles is grande, Am. 6,2., celle dont il a été ques
raélitiques vainquirent la défiance, les re tion ici.
(ut au nombre de ses capitaines. HAMINADAB (mon noble peuple) 1°v.
HAMASIA, 2 Chr. 17,16., fils de Zicri. Aminadab ; 2o Cant. 6, 12. Si ce verset
• Il s'était volontairement offert àl'Eter était bien rendu dans nos versions, Ha
nel, » et servait sous Josaphat : ces paro minadab aurait été un cocher ou un écuyer
les indiquent-elles un vœu particulier, célèbre par la vitesse de ses chevaux. Mais
Ou bien un service volontaire, ou enfin il y a hami-nadib, qui signifie princesse
HAM 408 l1AN
de mon peuple, et qui paraît devoir être déens, qui firent la guerre au roi Jéhoja
traduit, au lieu d'être pris comme nom kim, 2Rois 24,2.; mais dans la suite leurs
propre. Le verset aurait alors ce sens dans ambassadeurs se rêunirent à Jérusalem ,
la bouche de l'épouse : « Je suis descen avec ceux des autres peuples qui voulaient
due au verger des noyers, etc., pour voir secouer le joug de Babylone.
la nature et la végétation, et je ne pensais Les prophètes leur reprochent leur hai
pas, mon âme ( ou en moi-méme), étre ne invétérêe et leurs constantes hostilités
mise sur le char de triomphe commeprin contre lsraël, Am. 1, 13, Soph. 2, 8. Ez.
cesse de mon peuple. » 25, 3., et ils leur annoncent la dévasta
3° 1 Chr. 6, 22., fils de Kéhath, frère tion de leur pays, Jér. 49, 1. sq., pro
de Coré. phétie dont les voyageurs modernes ont
HAMMIEL. v. Eliham. démontré leparfait accomplissement(See
HAMMON, ou Ben-Hammi, père des tzen, Buckingham, Burkhardt), bien qu'ils
Hammonites, Gen. 19, 38., fils de Lot par aient été momentanément rétablis, selon
la plus jeune de ses filles. C'était une po l'oracle de Jérémie, et qu'on les retrouve
pulation sœur des Moabites, et apparen opposant à Israël des troupes nombreu
tée avec les Israélites, puisque Lot était ses, 1 Macc. 5, 6. Justin martyr dit aussi
fils d'un frère d'Abraham; aussi Dieu dé que de son temps encore ils formaient
fendit à Moïse et à son peuple de les trai une peuplade considérable. Mais dès lors
ter en ennemis, Deut. 2, 9.19. Nomb. 31, ils ont été confondus sous le nom d'Ara
cf. chap. 22-25,.Vainqueurs des Zamzum bes, et la prophétie a été accomplie qui
mims, les Hammonites demeurèrent pri dit : « On ne se souviendra plus des en
mitivement entre l'Arnon, le Jourdain et fants d'Hammon parmi les nations », Ez.
le Jabbok; les Amorrhéens leur enlevè 25, 10. Il n'en reste plus maintenant au
rent une partie de leur territoire ; puis, cune trace : le sol qu'ils occupèrent est
quand les Israélites ayant vaincu Sihon, foulé par d'autres peuplades, qui viennent
roi des Amorrhéens, vinrent s'établir en tour à tour passer quelques saisons sur
Galaad, Nomb. 21, 21., les Hammonites les nombreuses ruines de cette contrée,
voulurent faire valoir de nouveau leurs qui est un monceau de désolation. Jér.
prétentions sur ce pays qu'ils avaient an 49, 2. 3.
ciennement possédé; mais ils furent re C'est chez les Hammonites qu'on trou
poussés par les Israélites, sous la con vait l'affreuse idole de Moloch.
duite de Jephthé, Jug. 11. De temps à au HAMRAM, fils de Kéhath et petit-fils
tre, la guerre éclatait entre ces deux de Lévi. Il épousa Jokébed, sa tante, dont
peuples, qui auraient dû vivre en paix. il eut Aaron, Moïse et Marie. Il mourut
Saül remportaune victoire sur eux, 1 Sam. en Egypte, à l'âge de cent trente-sept ans,
11, 47., David assiégea et prit leur capi Ex. 6,20. Nomb. 3, 19. 26, 58. 1 Chr. 6,
tale Rabbath-Hammon, 2 Sam. 10, 1-14, 2. 23, 12. Des raisons chronologiques por
11, 1.sq. Plus tard, s'étant unis aux Moa tent quelques auteurs à croire qu'il ne fut
bites et aux Iduméens, ils vinrent atta pas le père de Moïse, mais un de ses an
quer Josaphat; mais la discorde se mit cêtres : c'est lorsqu'on admet un séjour
dans leurs rangs, et les alliés se détrui d'environ quatre siècles en Egypte, Gen.
sirent les uns les autres , 2 Chr. 20. Ils 15, 13. 16. Ex. 12, 40. Si, au contraire,
furent encore vaincus par Jotham, 2 Chr. on ne donne à ce séjour que deux cent
27, 5. Après que les tribus transjourdai quinze ans, comme on peut le conclure
nes eurent été les premières emmenées de Gal. 3, 17., il faut admettre que Ham
en captivité par les Assyriens, les Ham ram fut réellement le père de Moïse.
monites s'emparèrent de leur pays, ce qui HANA, l'un des chefs de l'Idumée,avant
leur est reproché, Jér. 49, 1-6. Après la que les descendants d'Esaü s'y fussent
bataille de Carkémis , où Nébucadnetsar établis, Gen. 36, 24.1 Chr. 1, 40. Lamen
défit les Egyptiens, il paraît qu'ils devin tion qui en est faite est accompagnée des
rent tributaires de ce prince , et ils joi mots : Cet Hana est celui qui trouva les
gnirent leurs troupes à celles des Cal mulets au désert quand il paissait les ânes
HAN 409 HAN
de Tsibha son père. Le mot jemim, qui par le prophète auraient été accomplies,
est traduit par mulets dans l'arabe, ne se la paix renaîtrait au pays, et que l'on con
trouve que dans ce seul passage : le texte tinuerait d'acheter et de vendre.
samaritain l'entend de la race géante des HANAMMELEC. v. Adrammélec.
Emims, q. v.; mais la plupart des inter HANAN, père de Jigdalia, q. v.
prètes sont maintenant d'accord à penser HANANI, 1° père du prophète Jéhu,
qu'il faut lire « des sources thermales »; et prophète lui-même, vécut sous le règne
0n en trouve encore plusieurs dans la d'Asa, et reprocha à ce prince son alliance
c0ntrée. avec Benhadad, et son manque de foi en
HANAB, Jos. 11, 21. 15, 50., ville des vers l'Eternel, « dont les yeux regardent
montagnes de Juda, à 4 milles est de Dios çà et là par toute la terre, afin qu'il se
p0lis (Lydde), selon d'autres à 8 milles, montre puissant en faveur de ceux qui
mais c'est moins probable. sont d'un cœur intègre envers lui. » Il lui
HANAK, Hanakins.On ne sait à quelle dit que certainement il aurait été délivré
ép0que ranger Hanak, fils d'Arbah. Il fut des Syriens comme il l'avait été déjà des
le père d'une race de géants que les es Ethiopiens et des Lybiens, mais que son
pions israélites découvrirent dans leur manque de foi serait puni. Le voyant fut
voyage d'exploration en Canaan, Nomb. mis en prison à cause de ces paroles, et
13,23.29.34. Les Hanakins se divisaient persécuté de même que plusieurs autres
en trois branches ou tribus, celles de Sé hommes du peuple, 2 Chr. 16, 7. 19, 2.
sal, de Ahiman et de Talmaï ; ils demeu 20, 34. 1 Rois 16, 1.2.
raient au midi du pays, dans les monta 2° Hanani, un des frères de Néhémie,
gnes de Juda, et principalement dans les Néh. 1, 2., vint le rejoindre de Jérusalem
villes philistines de Gaza, Gath et Asdod; à Susan, peut-être envoyé par Esdras, et
mais Josué, Caleb, et les tribus d'Israël, l'informa du sort des Juifs restés en Pa
les dépossédèrent entièrement, et en fi lestine, ou revenus de la captivité. Il ac
rent presque disparaître la race tout en compagna sans doute Néhémie (ch. 2.) à
fière, Deut. 9, 2. Jos. 11, 21. 22. 14, 15. son retour en Judée, et fut chargé par
Jug. 1, 20. v. Géants. L'opinion de Mi lui de veiller à l'exacte ouverture et fer
chaélis, que les Hanakins étaient une race meture des portes, conjointement avec
de Troglodytes, n'est pas dépourvue de le fidèle et pieux Hanania, capitaine de
raison, v. Jos. 11, 21.; d'autres compa la forteresse, 7, 2.3.; c'était un poste de
rent aussi le nom d'Inachus, un des hom confiance, important et difficile, dans les
mes de l'âge héroïque de la Grèce. circonstances où se trouvait alors Jéru
HANAMEEL (la miséricorde de Dieu), Salem.
fils de Sallum et parent de Jérémie, ven HANANIA. 1° Cet officier de Néhémie
dit au prophète, peu avant la prise de Jé dont on vient de parler, v. Hanani 2° ;
rusalem, un champ qu'il possédait près de on ne sait rien de plus sur sa personne.
Hanathoth, Jér. 32, 7. On ignore si c'é- 2° Gabaonite, fils de Hazur, et faux
lait une propriété lévitique ou un do prophète qui vivait à la cour de Sédécias
maine héréditaire qu'il pouvait avoir reçu au commencement de son règne. On voit
d'une aïeule : à cet égard la loi de Moïse par Jér. 28, qu'il se distinguait des au
est explicite en ôtant aux lévites le droit tres faux prophètes par l'assurance et la
de posséder, Nomb. 18, 20. Deut. 10, 9., hardiesse avec laquelle il débitait ses
saufdans les villes et banlieues consacrées oracles, ce qui prouve en même temps
Nomb. 35. Mais la coutume peut avoir in qu'il appartenait au parti alors dominant:
tr0duitd'autres droitsque ceux qui étaient il exprime les plus folles espérances et
établis par la loi de Moïse, et l'on ne peut les vues de la faction, qui étaient plus
que difficilement décider sur des ques faites pour plaire au peuple et aux sacri
#
tions pareilles. Cette vente, qui ne fut cateurs, que les menaces de Jérémie : et
,
qu'une vente pour Hanaméel, fut pour Jé comme l'envoyé de l'Eternel lui donne
#
remie un symbole, et un signe donné au un démenti clair, positif et public, au mi
|
peuple que lorsque les menaces proférées lieu du temple où tout le peuple est ré
|
HAN 410 HAR
uni, Hanania prend de dessus le cou du bron ; elle est du reste inconnue.
prophète le joug de bois que celui-ci HANNETONS, Joel 1, 4. etc. v. Saute
porte comme symbole de l'asservisse relles : Deut. 28, 42., v. Mouches.
ment du peuple, et le brise, répondant à HANUN, 2 Sam. 10, 1. 1 Chr. 19, 2.
un emblème par un autre ; mais Jérémie sq., fils et successeur de Nahas, roi de
lui répond de la part de Dieu : Tu as Hammon. David ayant envoyé des am
rompu les jougs qui étaient de bois, mais bassadeurs pour lui exprimer sa sympa
au lieu de ceux-là, a dit l'Eternel, fais-en thie au sujet de la mort de son père, et
qui soient en fer. En même temps il lui le féliciter de son avénement au trône,
ann0nce qu'il mourra dans l'année en Hanun, jeune et sans expérience , plus
punition de sa révolte et de ses menson enclin à croire le mal que le bien, à ce
ges, et deux mois après la prophétie s'ac qu'il paraît, accueillit trop avidement les
Complit. Aucun des faux prophètes, pas soupçons de ses courtisans, traita les en
même Tsidkija, ne peut être comparé à voyés du roi d'Israël comme des es
Hanania pour la hardiesse de l'imposture pions, leur fit raser la moitié de la barbe,
et la persistance dans le mal : son endur couper les vêtements jusqu'aux hanches,
cissement n'a pu être vaincu que par la et les renvoya ainsi déshonorés et com
mOrt. me des esclaves. Les sentiments bienveil
3° Nom hébreu de Sadrac, q. v. lants de David se changèrent en une ir
4° Il y avait dans la tribu de Benjamin ritation violente; ce fut une déclaration
une ville de ce nom, Néh. 11, 32. de guerre, et Hanun, malgré le secours
HANATHOTH, ville lévitique de la tri que lui porta Hadadhéser, roi de Syrie,
bu de Benjamin, sur la grande route qui vit d'abord son armée en déroute, puis
mène du nord à Jérusalem, 1 Rois 2, 26. sa capitale assiégée tomber entre les
Jos. 21, 18. 1 Chr. 6, 60. Néh. 11, 32. mains de l'ennemi ; les habitants de Rab
Es. 10, 30. Elle donna le jour au pro bath furent massacrés , et Hanun lui-mê
phète Jérémie 1, 1. 29, 27. cf. 32, 7., me périt, à ce que l'on croit, dans cette
mais eut le malheur de repousser son guerre où l'avait jeté une fougue impru
ministère et alla jusqu'à vouloir le faire dente et mal conseillée. — Sermon de
mourir, 11, 21. D'après Eusèbe et Jé Gaussen.
rôme elle était située à 3 mille rOmains HAPHARAJIM, dans la tribu d'Issa
au nord de Jérusalem, d'après Josèphe car, Jos. 19, 19. C'était encore un bourg
elle en était un peu moins loin, à 20 sta au temps d'Eusèbe.
des. Elle est maintenant entièrement rui HAPHRA, ou plutôt en hébreu, Beth
née, et ne doit pas être confondue, com le-Haphra, Mich. 1, 10., ville inconnue
me quelques-uns le font, avec Saint-Jéré du royaume de Juda.
mie, qui est trop éloigné de Jérusalem. HAR, Nomb. 21, 15. Deut. 2, 9., appe
HANER. 1° Un des alliés d'Abraham lée encore Har-Moab, Nomb. 21, 28. Es.
contre Kédor-Lahomer, Gen. 14, 13. v. 15, 1. Jos. 13, 25., ou Rabba, était la ca
Mamré. — 2° Ville lévitique de la tribu pitale des Moabites, située au sud de
de Manassé, 1 Chr. 6, 70. l'Arnon. Les Grecs l'appelaient Aréopo
HANES, ville d'Egypte nommée Es. lis : elle fut détruite au temps de saint
30, 4., peut-être l'Ehnès actuelle dans Jérôme par un tremblement de terre.
l'Egypte moyenne, et l'Anusis d'Héro Quelques voyageurs modernes, Burk
dote 2, 137., cf. l'Egypte de Champollion, hardt, Seetzen, en ont retrouvé les rui
1, 309. C'est déjà l'opinion de Vitringa, nes, encore assez considérables, d'une
adoptée par Michaélis, Rosenmuller, Ge demi-lieue de circonférence, sur une col
senius et Winer. Saint Jérôme ne con line qui domine toute la plaine, à l'ex
naissait pas cet endroit, et le caldéen le trémité méridionale d'un ancien chemin
rend par Daphné, près de Pélusium. pavé.
HANIM, ville des montagnes de Juda, HARA, district de l'Assyrie dans le
Jos. 15, 50. Eusèbe la nomme Anaïa, et quel furent transportés quelques colons
la met à 9 milles environ au sud de Hé israélites, 1 Chr. 5, 26. D'après Bochart,
HAR 411 HAR
Damas ; Ptolémée nomme en effet une pourrait lui donner comme proches pa
ville de Syrie Auéïra. Une troisième ex rents bien des mots en différentes langues,
plication indiquée par Calvin est peut en grec ztvºpz, en latin canere, et gingri
être plus sûre et plus simple ; il consi tus qui se dit du cri ou du sifflement de
dère Haroher comme un nom purement l'oie. Les mots français canard et canari
appellatif, dérivé du verbe harar, être rappellent accidentellement par leur as
nu, dépouillé, isolé, de sorte que le sens sonance une étymologie avec laquelle ils
serait : « Les villes mises à nu seront n'ont aucun rapport. Quoi qu'il en soit, le
abandonnées, » quoique pour la forme kinnor désigne comme le nebel un in
Haroher doive rester nom propre, la per strument à cordes qui est mentionné en
sonnification d'un état de choses. core Ps. 33, 2. 43, 4. 49, 5. 71, 22. Job
HAROSETH des Gentils, ville du nord 30, 31. Es. 5, 12., et qui est peu facile à
de la Palestine, située dans le district de déterminer. Le kithros de Dan. 3, 5., est
la Galilée , q. v. C'était la rèsidence du probablement l'un ou l'autre des instru
général Siséra, Jug. 4, 2. 13, 16. v. Cho ments ; nos versions l'ont traduit par
razin. harpe. — v. Musique.
HARPE. Instrument que l'on a lieu de HASABIA. v. Sérébia,
croire désigné par l'hébreu nébel; les lan HASAEL. v. Hazaël.
gues occidentales ont emprunté le mème HASAN ou Gor Hasan, 1 Sam. 30,
mot pour désigner la même chose, nabla 30., ville lévitique de la tribu de Siméon,
chez Athénée, nablium chez Ovide ; d'a- 1 Chr. 5, 32. 6, 59. Jos. 19, 7., à 15 ou
près Josèphe elle avait douze cordes et se 16 milles à l'ouest de Jérusalem.
jouait avec la main ; saint Jérôme avec HASMAL. v. Airain.
plusieurs autres auteurs lui donnent la HASTAROTH 1°(ou Hastoreth).v.Cal
forme d'un delta renversé v, ce qui s'ac déens et Bahal. 2° Ville du royaume de Ba
corde encore passablement, si l'on veut, san, Deut. 1, 4., qui fut donnée à la demi
avec la signification appellative du mot tribu de Manassé, Jos. 13, 31., puis aux
(nebel, outre, cruche). Le nombre des lévites de la famille de Guersom, 1 Chr.
cordes a du reste varié, et chez les Hé 6, 71. Elle était primitivement la capitale
breux, il y avait des harpes à dix cordes d'un des deux royaumes fondés par les
seulement. Ps. 33, 2. 144, 9. — L'Ecri Amorrhéens dans le haut pays oriental ;
ture Sainte parle encore de la harpe, elle était située au nord du Jabbok, et por
Ps. 57, 9. 81, 3. 92, 4. 108, 3. Es. 5, tait aussi le nom de Hasteroth de Car
12.Am. 5, 23. 6, 5. cf. aussi Ps. 71, 22. naïm, Gen. 14, 5. ; il s'y trouvait une race
1 Chr. 16, 5. où nebel est traduit par de géants qui fut battue par Kédor-Laho
musette, de mème que 1 Rois 10. 12. mer et ses alliés. D'après Eusèbe, elle
2 Sam. 6, 5. était à 6 milles d'Edréhi et à 25 de Bos
Une autre opinion voit dans le nebel la tra. — L'addition de Carnaïm (cornes)
lyre, et la harpe à dix cordes dans le kin n'indique pas qu'elle fût située entre
nor, que nos versions ont malheureuse deux pics ou dents de montagnes, mais
ment traduit par violon, Gen. 4,21.2Sam. elle se rapporte plutôt au culte d'Astarté
6, 5.1 Rois 10, 12., et ailleurs. Le kinnor qui était, au dire de Sanchoniathon, re
était l'instrument dont jouait le roi Da présentée sous l'image d'un taureau à
vid, et on se le représente plus volontiers longues cornes. Le Carnaïm dont il est
avec une harpe qu'avec un violon à quatre question, 1 Macc. 5, 43., est le même
cordes et un archet, d'autant plus qu'il lieu incontestablement. Un village nom
jouait avec la main sans autre secours mé Mézaraïb occupe aujourd'hui la place
pour faire résonner les cordes de son de Hastaroth.
instrument, 1 Sam. 16, 16.23. 18, 10. 19, HATALIE. v. Athalie.
9. Le nom de kinnor vient du verbe ca HATAROTH, 1o ville de Gad, Nomb.
nar qui indique le bruissement de l'air 32, 3.34., propre à tenir du bétail, ce
frôlé par les cordes ou par toute autre qui fut cause de la demande que firent
résistance à la fois dure et élastique; on les Gadites de pouvoir s'établir dans la
HAU 413 HAV
partie transjourdaine du pays. —2° Ville ment, ou peut-être celle où s'étaient réfu
frontière de la tribu de Benjamin, Jos. giés les derniers débris de cette petite
lf,7: c'est la même que Hatroth-Addar, nation, est rappelée parmi celles dont Jo
Jos. 16, 5. 18, 13. sué devait encore faire la conquête, Jos.
HATHAC, 1° Est. 4, 4-10., un des eu 13, 3.
nuques d'Assuérus, qui servit d'intermé HAVA, 2 Rois 17, 24., ou Hiwa, 2 Rois
diaire entre Ester et Mardochée, et dut 18, 34. 19, 13. Es. 37, 13., capitale d'un
être, par conséquent, dans la confidence petit état monarchique dont les Assyriens
de cette reine juive, épouse d'un païen ; s'emparèrent, et dont Salmanasar envoya
il se montra serviteur fidèle et dévoué. des habitants comme colons en Samarie.
—2°Ville de Juda, 1 Sam. 30, 30. Il n'en reste aucune trace ni dans les an
HATR0TH, 1° ville de Gad, Nomb. 32, ciens auteurs ni dans les ouvrages mo
35.;— 2° de Juda, 1 Chr. 2, 54. dernes de topographie orientale. Quel
HATSATSON-THAMAR (multitude des ques-uns ont pensé au fleuve Ahava, Esd.
palmiers), nom primitif de Henguédi, q.v. 8, 21., d'autres à la ville phénicienne d'A-
tf. 2Chr. 20, 2., et Gen. 14, 7. vatha, ou à celle d'Abeje entre Béryte et
HATS0R, 1o ville de la tribu de Juda, Sidon, qui était la résidence d'un chef des
Jos. 15, 23; au verset 25 se trouve en Druses; mais tout cela est plus qu'incer
t0re Hatsor surnommée Haditha, c'est-à- tain.
dire, la nouvelle (Hadatta n'est pas le nom HAVILA. 1° Contrée mentionnée Gen.
d'une ville à part, comme l'indiquent nos 2, 11. Elle est traversée par le Pison et il
Versions). Eusèbe mentionne l'une et s'y trouve de l'or. Bohlen voit dans ce
lautre. — 2° Dans la tribu de Nephthali, pays l'Arabie méridionale, Gesenius l'In
los. 19, 36. Elle fut d'abord la résidence de, Bochart la Nubie , chacun s'est fait son
d'un roi cananéen, et le resta jusqu'aux système, mais on n'a pas assez considéré
j0urs de Débora, Jos. 11, 10. Jug. 4, 2. le contexte, et remarqué que le pays de
Salomon lafitplus tard fortifier, 1 Rois 9, Havila doit être traversé par un des qua
15., ce qui n'empêcha pas le roi d'Assy tre fleuves qui sortent du Paradis. Si l'on
rie Tiglath-Piléser de s'en emparer, 2 s'écarte du système que nous avons déve
Rois 15, 29. D'après Josèphe, elle était loppé à l'article Déluge, le Havila ne peut
située au-dessus du lac Mérom. — 3° guère être autre chose que la Colchide
Dans Benjamin, Néh. 11, 33.— 4° Petit des anciens. Voici les observations par
r0yaume dont il est parlé, Jér. 49, 28., lesquelles on justifie ordinairement cette
probablement un district de l'Arabie, voi manière de voir (Reland, Winer). a) L'af
sin de celui de Kédar. Le nom hébreu finité étymologique entre ces deux mots.
halsor pris appellativement, signifie une Havila s'écrit en hébreu Chavilah, et sans
maison rustique, ou, collectivement, un les voyelles, Chvlh ou Cholh, c'est-à-dire
assemblage de maisons rustiques, un vil Colchide moins la terminaison. b) Lesan
bge dont les habitants pourraient être ciens, et notamment Strabon, 15, racon
en conséquence opposés à ceux qui vivent tent que l'on trouvait beaucoup d'or dans
H0mades sous des tentes, c'est-à-dire, cette contrée , le Phasis qui la traverse en
aux habitants de Kédar. Les deux pays charriait passablement, et les habitants du
seraient ainsi désignés par le caractère pays, pour s'en procurer, faisaient passer
de leur genre de vie. les eaux du fleuve sur des peaux de mou
HAUVIENS, peuplade cananéenne qui ton : de là la fameuse fable de la toison
avait dressé ses tentes sur les rivages de d'or donts'emparèrent les Argonautes.c)
la Méditerranée dans la partie méridio La mer Caspienne, qui baigne l'ancienne
lale de la Palestine, vers la contrée de Colchide, s'appelle encore actuellement
Gala, mais que déjà, avant l'entrée des Is chez les Russes Chwalinskoje More, nom
faelites en Canaan, les Caphtorim (Phi qui dérive d'un ancien peuple sur lequel
listins) avaient dépossédée, repoussée et Müller, dans le Magasin géographique de
presque entièrement détruite, Deut. 2, Busching dit : « Il n'y a que les auteurs
13. La contrée qu'elle occupait primitive russes qui nous parlent du peuple des
HAV 414 HAZ
6, 10., et le seul fait que nous connais consacrées qui n'avaient pu trouver place
sions suffit en effet à la distinguer. Ha dans la maison de l'Eternel, il y fit pré
zaria n'a fait que ce qu'il devait, mais il parer de nouvelles chambres, et même de
l'a fait. nouveaux intendants pour en prendre
6° Hazaria, Bérécia, Ezéchias et Ha soin. — Hazaria est appelé gouverneur et
masa, Ephraïmites, remplissaient dans le conducteur de la maison de Dieu, 1 Chr.
royaume des dix tribus des fonctions qui 9, 11.2 Chr. 31, 13.
ne sont pas très clairement déterminées 8° Hazaria, fils de Hosahja, Jér. 43, 2.,
par le nom de chefs qui leur est donné; appelé aussi Jézania, 42, 1. 40, 8., de
elles étaient importantes comme ce nom Mahaca. Il fut un de ceux qui restèrent
l'indique, et leur conduite prouve égale en Palestine pendant l'exil du peuple :
ment qu'ils jouissaient d'un grand crédit. soumis à Guédalia, il se montra prêt avec
Ayant entendu les paroles du prophète Johanan à frapper lsmaël l'ennemi de
Hoded, ils se rendirent au devant de leur leur chef; mais ce zèle pour un homme
roi Pékach qui revenait avec son armée, qu'il aimait n'était pas le zèle de la vé
amenant captive une grande multitude rité, et Hazaria fut un de ceux qui ap
d'hommes et de femmes du royaume de puyèrent le plus violemment la proposition
Juda (sous le règne d'Achaz), et s'adres de Johanan et de ses amis de quitter la
sant à l'armée, ils demandèrent qu'on ren Judée pour l'Egypte. Il accusa Jérémie de
dît immédiatement la liberté aux prison s'être laissé gagner par les ennemis du
niers, sans aucune distinction, et qu'Israël peuple pour proférer des mensonges, et
n'ajoutât pas à tous ses autres crimes ce finit par exécuter ce plan d'émigration.
lui de réduire à l'esclavage ses frères de 9° Dan. 1, 6., v. Abed-Négo.
Juda. L'armée entière répondit à ces pa 10° et 11". Deux officiers de ce nom
roles généreuses; on se hâta de délivrer sont indiqués 2 Chr. 23, 1. comme ayant
les prisonniers, on leur rendit le butin secondé le souverain sacrificateur Jéhoja
qu'on avait fait sur eux. Et pour ne pas dah pour assurer la vie et la royauté de
laisser incomplète leur œuvre d'excellente Joas fils d'Achazia contre les cruautés
charité, Hazaria et ses trois amis pour d'Athalie.
vurent à ce que rien ne manquàt à ceux 12° et 13°. Deux fils de Josaphat roi
qu'ils venaient de délivrer; ils leur four de Juda, 2 Chr. 21, 2.—14° v. Prêtres.
nirent des vêtements et de la nourriture, Ce nom se retrouve encore plusieurs
et les accompagnèrent eux-mêmes avec fois, mais sans que nous sachions rien
des ânes jusqu'à Jéricho, chez leurs frè sur ceux qui le portaient; d'après Tobie,
res, 2 Chr. 28, 12. — Ce trait, peut-être 5, 15., l'ange Raphaël prit ce nom, qui si
unique dans l'histoire ancienne, montre gnifie secours de Dieu, lorsqu'il s'offrit
combien les inspirations du Dieu d'Israël pour conduire le jeune Tobie dans son
étaient plus nobles, plus humaines, que voyage.
celles des religions ou de la politique de HAZAZEL. v. Expiations.
l'antiquité. HAZEKA, Jos. 15,35., ville de la tribu
7° Hazaria, principal sacrificateur, de de Juda, située au pied du plateau, dans
la famille de Tsadoc, aida Ezéchias dans la plaine de Séphélah, 1 Sam. 17, 1. Jos.
les travaux qu'il fit pour rétablir exté 10, 10. Jér. 34, 7., Néh. 11,30. C'est près
rieurement et spirituellement le culte du de là, du côté de Soco, qu'étaient campés
vrai Dieu. Les dîmes entre autres ayant les Philistins dans l'armée desquels se
été rétablies, le peuple montra tant d'em trouvait Goliath. Nébucadnetsar l'assié
pressement à apporter ses offrandes, qu'il gea et la prit , mais après le retour de la
y en eut abondamment de reste, même captivité les Juifs s'y établirent de nou
après que les prêtres eurent prélevé la V6:ll1.
portion ordinaire de leur entretien; on HÉBAL. v. Guérizim.
mit ces dîmes par monceaux, et le roi s'é- HÉBED-MÉLEC(serviteur du roi), Jér.
tant informé de ce que c'était et ayant ap 38,7., eunuque éthiopien, sans doute pro
pris par Hazaria que c'étaient les dîmes sélyte, et officier à la cour de Sédécias.
llEB 417 IIEB
Ayant appris les mauvais traitements dont elle par un même nom, comme il lui était
Jérémie était la victime, il se rendit au uni déjà par une même foi. — Peut-être
près du roi, intercéda pour le prophète , aussi la signification du nom d'Héber (de
et reçut l'ordre de le délivrer , aussitôt il l'autre côté, au delà), est-elle entrée pour
court à la fosse au fond de laquelle Jéré beaucoup dans le choix qu'Abraham a fait
mie est comme enseveli dans la boue, lui de ce nom. « C'est en Abraham que le nom
jette des cordes et des haillons qu'il passe d'Héber trouve son accomplissement lit
sous ses bras, et le rend à la liberté et à téral ; car les descendants d'Héber par
la vie. Cet étranger, en luttant contre le Péleg s'établirent au delà de l'Euphrate,
parti si puissant de Guédalia, avait exposé tandis que les autres ne franchirent pas
ses jours : son courage et sa générosité ce fleuve. » Schrœder. C'est aussi l'expli
furent récompensés; Jérémie annonça à cation de Jarchi et de Maïmonides. Nomb.
Hébed-Mélec, 39, 17., qu'il serait le tran 24, 24., Héber est mis pour les Hébreux,
quille témoin de la prise et de la destruc comme ailleurs Israël pour les Israélites.
tion de Jérusalem, et qu'il ne lui arrive 2° Héber, descendant de Hobab le
rait aucun mal. -
beau-frère de Moïse. Sa famille, sans
HEBER, Gen. 10, 24. 11, 14. (1 Chr. 1, doute prosélyte, s'attacha d'abord à la
25. Luc 3, 35.), arrière-petit-fils de Sem, tribu de Juda, et s'établit à Jérico; puis
fils de Sélah et ancètre d'Abraham par six elle descendit vers le sud, et dressa ses
générations. Ildevint père de Péleg, à l'âge tentes dans les déserts de Juda, près de
de cent trente-quatre ans, et mourut âgé Harad, ou même plus au sud encore, sur
de quatre cent soixante-quatre ans (1817 le territoire d'Hamalec, 1 Sam. 15, 6. Il
ansav. C.), vingt-neufans après Sem, qua paraît que Héber se sépara de sa famille
tre ans après Abraham, ayant ainsi ense lors de la guerre de Jabin, car on le trouve
veli six générations, et voyant Jacob qui à cette époque établi avec Jahel, sa fem
formait la huitième, àgé de dix-neufans. me, auprès d'une forêt de chênes vers Ké
Il avait vécu deux cent quatre-vingt-trois dès, où ses tentes sont dressées, Jug. 1,
ans avec Noé. Héber est le dernier des 16.4, 11.5, 24. Il était Kénien d'origine,
patriarches à longue vie , et , comme on et compta dans sa postérité Réchab et Jo
vient de le dire, il survit à ses fils, petits nadab, 2 Rois 10, 15.
fils et arrière-petits-fils, jusqu'à la sixiè 3° Héber, 1 Chr. 4, 18. Jos. 15, 35.,
me génération; la vie du plus àgé d'en père de Soco, ville de Juda. º
tre eux va jusqu'à deux cent trente ans, HEBREUX. Pour éviter des répétitions
et Nacor meurt à cent quarante-huit. inutiles, et pour ne pas renfermer sous
C'est de ce patriarche que les Hébreux ce titre tous les articles du Dictionnaire,
ont pris leur nom, et l'on ne sera pas car il serait facile de grouper en un seul
étonné que parmi tous ses ancêtres Abra article tout ce qui concerne la vie natio
ham ait choisi celui-ci pour en faire plus nale des Hébreux, leur législation, leurs
spécialement le chef de sa postérité, si l'on coutumes, leur religion, leur histoire, la
réfléchit à ce qui a été dit sur la longévité géographie de leur pays, etc., nous devons
proportionnellement si grande de Héber, renvoyer aux articles spéciaux, et nous
si on se le représente à travers les siècles borner icià quelques considérations géné
présidant toujours à de nouvelles nais rales sur leur langue et sur leur histoire.
sances et à de nouvelles morts; si l'on se La langue hébraïque est appelée, dans
rappelle que jusqu'à Héber aucun des an l'Ancien Testament, langue de Canaan,
cêtres d'Abraham n'a été proprement un Es. 19, 18., et langue judaïque, 2 Rois
chef de famille, puisqu'Héber était tou 18,26. Néh. 13, 24. Les Juifs, dans leurs
jours au-dessus d'eux ; si l'on se rappelle Targums , l'appellent volontiers langue
enfin que c'est au temps d'Héber qu'eut sainte, et le Nouveau Testament l'appelle
lieu la dispersion des peuples révoltés, et langue ou dialecte hébraïque. L'hébreu
que la famille hébérienne ayant soigneu appartient à la catégorie de langues qu'on
sement conservé le bon dépôt de la vérité, a longtemps appelées orientales d'après
il importait à Abraham de se rattacher à saint Jérôme, et que l'on a commencé de
27
HEB 418 HEB
puis quelques années à appeler sémiti une mation qui leur fermait en quelque
ques, dénomination plus précise, quoi sorte ses portes par son isolement, et l'on
qu'elle laisse encore quelque chose à de trouve chez eux les fables les plus ridi
sirer. L'hébreu est une langue pauvre en cules et les accusations les plus étranges;
mots : il n'en possède que 5,642, d'après Josèphe qui a puisé aux sources inspirées,
le savant Leusden, et à peine 500 racines; peut être accusé d'avoir quelquefois em
mais il est riche par l'ingénieux dévelop belli par patriotisme, et aux dépens de
pement de son organisme grammatical. l'exacte vérité, les faits dont il avait con
la flexibilité de ses verbes, et le grand naissance ; mais son histoire n'en est pas
nombre de nuances synonymiques qu'il moins utile à consulter. v. encore en fran
possède , principalement pour exprimer çais Prideaux et G. Monod (Essai, etc.).
des idées abstraites : ainsi l'on a compté On divise ordinairement en quatre
18 mots pour l'idée de briser, broyer ; périodes l'histoire des Hébreux jusqu'à
14 pour la confiance en Dieu ; 25 pour l'exil : 1° D'Abraham à Moïse, environ
l'observation de la loi, etc. — v. sur ce 600 ans; — 2° de Moïse à l'établissement
sujet, qui n'intéresse directement qu'un de la royauté, 500 ans; — 3° de Saül à
petit nombre de personnes, l'excellente Salomon, 120 ans ;— 4° depuis le schisme
grammaire de M. le professeur Preiswerk des deux royaumes jusqu'à l'exil, 387 ans
(Genève 1838), et, en allemand, celles de (de 975 à 588 av. C.). Dans la première
Gesenius, de Freytag, d'Ewald et de période, la postérité d'Abraham se mul
Stier (1re partie). Nous n'indiquons que tiplie et devient peuple ; dans la seconde,
celles-là, quoiqu'il y en ait d'autres en elle reçoit et accepte une constitution
latin, en allemand, en anglais, et mème en théocratique dont Dieu est le roi : c'est
français (Cellérier) ; mais elles sont, les une époque de miracles, l'intervention
unes abandonnées , les autres discrédi divine dans le gouvernement direct : dans
tées, faibles ou mauvaises, et les cinq la troisième, changement de constitution :
ci-dessus nommées, surtout le Lehrgebaü le roi est faillible, et le sort du peuple
de de Gesenius, et celui de Stier, suffi dépend de la fidélité de son roi; dans la
sent amplement pour une étude appro quatrième, rivalités, schismes, usurpa
fondie du texte sacré, comme la grammaire tions, guerres civiles, meurtres, idolâ
française de Preiswerk suffit à celui qui trie et châtiments. Avec Juda, Jérusalem
veut seulement se mettre à même d'étu tombe en ruines, 587 av. C. Le chef-lieu
dier dans l'original le sens de la parole politique et le sanctuaire religieux sont
divine : l'introduction à ce dernier ou renversés; le peuple est emmené captif,
vrage renferme l'histoire de la langue hé il n'y a plus de Juifs, mais seulement des
braïque, et des considérations générales colons, et les Hébreux eussent perdu à
sur la structure de l'hébreu, qui ne seront tout jamais leur nationalité, s'ils eussent
pas sans intérêt même pour des lecteurs pu la perdre.
étrangers à cette étude. Epître aux Hébreux. Elle a été écrite
L'histoire des Hébreux appartient à la pour des Juifs, comme son titre l'indique,
partie la plus admirable et la plus sûre de ou pour des chrétiens convertis du ju
l'histoire ancienne, et quoiqu'elle se pré daïsme ; il paraît en outre, par divers
sente rarement unie à celle des autres na détails, qu'elle était adressée à une con
tions, quoiqu'elle ne soit guère entrée grégation particulière ; cela se voit par
dans le concert politique de ces temps re la salutation que l'auteur adresse à ses
culés, elle n'en mérite pas moins, com lecteurs de la part des fidèles d'ltalie,
me elle l'a toujours obtenue, l'attention et par la promesse qu'il leur fait de se
des sages, des savants et des historiens. rendre bientôt auprès d'eux avec Timo
L'Ecriture sainte est la seule source au thée. Storr a pensé aux Juifs de la Gala
thentique qui nous ait transmis les faits tie, Bengel à ceux de l'Asie Mineure
et gestes des Hébreux ; ce qu'en racon (Pont, Cappadoce, Galatie et Bithynie);
tent les auteurs profanes est empreint de Semler à ceux de la Macédoine, d'autres
l'ignorance dans laquelle ils étaient sur à ceux de Rome, d'autres à ceux d'Espa *
HEB 419 HEB
gne, Ziegler et Bœhme à ceux d'Antioche, imposassent pas comme un joug aux gen
Hase à ceux d'une portion peu visitée tils, et qu'ils n'y cherchassent pas pour
de la Palestine, que notre Sauveur n'a- eux-mêmes leur justification , ou un de
vait pas évangélisée, et qui était livrée gré plus élevé de sanctification. Mais,
aux influences des Nazaréens et des Ebio malgré ces réserves, l'expérience montra
nites. On voit que les hypothèses ont que cette indulgence temporaire n'avait
fait le tour de l'empire romain; on a pas été heureuse, car au lieu de croître
cherché les Hébreux partout ailleurs que dans la connaissance de Christ comme
dans leur siége naturel, la Palestine, et fin de la loi et source de la justice, ils
Jérusalem en particulier : c'est là cepen continuaient à être zélés pour la loi céré
dant qu'il faut, selon toute apparence, monielle, Act. 15, et 21 , et à se confier
les chercher; les lecteurs de cette épître plus ou moins en leurs œuvres comme
se présentent en effet d'une manière bien moyen de salut, ce qui les retardait dans
différente des Juifs ou des judaïsants, or la connaissance de l'Evangile, Hébr. 5,
dinairement combattus par saint Paul ; 12.-14. C'est à ce sujet que l'apôtre crut
on voit en eux des hommes qui ont con - devoir leur écrire pour les détourner de
servé un grand attachement pour le ré ce dangereux formalisme; il s'applique
gime lévitique du temple, ainsi que pour essentiellement à établir cette grande vé
la hiérarchie sacerdotale , dispositions rité générale, que l'économie mosaïque
qui se comprennent mieux chez des habi n'était qu'une économie inférieure, d'at
tants du centre théocratique que chez des tente et de figures, qui devait être et qui
exilés. L'épître, d'ailleurs, ne trahit au est remplacée par l'économie supérieure
cun indice de la présence ou du voisi des réalités, les prêtres et la loi ancienne
nage de chrétiens d'origine païenne, ou étant infiniment inférieurs au Grand Prê
de démêlés entre les uns et les autres, tre et à la loi de la nouvelle alliance, et
et des allusions à ce fait n'eussent pas ne leur ayant servi que de types, comme
manqué, si les Juifs s'étaient trouvés cette loi elle-même en rendait témoignage.
hors de leur patrie religieuse. Nous L'Epître aux Hébreux est une lettre, et
n'hésitons pas à nous ranger sur ce point non point un traité, comme pourraient le
à l'opinion des Pères, Clément d'Alexan faire croire ce plan méthodique et régu
drie, Eusèbe, Chrysostome (?), Jérôme lier que l'on y trouve, ce style calme et
et Théodoret. travaillé , cette marche soutenue et cette
Le but de l'auteur est de détacher les pensée logique qui en font aimer la lec
chrétiens judaïsants des formes extérieu ture à chacun. Les allusions à des faits de
res auxquelles ils continuent d'accorder détail, et les salutations prouvent que
encore trop d'importance. Quoique les c'était une lettre. On peut cependant la
Juifs convertis crussent bien à la d0c considérer aussi comme un traité sur les
trine fondamentale du christianisme, sa rapports de l'ancienne et de la nouvelle
voir que Jésus de Nazareth était le Mes alliance , et cette question n'importe pas.
sie promis, cependant plusieurs d'entre Une question plus grave a été soulevée,
eux ne comprenaient pas bien que son déjà fort anciennement, sur l'auteur de
règne différât en plusieurs points de l'é- cette épître : mais disons-le de suite, ce
conomie de Moïse, et surtout ils ne pou n'est pas une question d'authenticité ou
vaient pas se faire à l'idée que, pour ac d'inspiration, c'est simplement une ques
complir cette loi en esprit, le Messie l'a- tion d'auteur. Des théologiens pieux peu
bolirait dans ses formes. La loi de Moïse vent admettre, et il y en a qui le font,
avait été virtuellement abolie par la mort notamment Luther et Calvin, que l'épître
de la grande victime expiatoire, mais par aux Hébreux n'a pas été écrite par Paul
tolérance, par égard pour la faiblesse de comme on le croit généralement, et il
conscience de quelques Juifs convertis, faut avouer qu'aucun témoignage inspiré
on leur avait accordé encore la permis n'appuie la paulinité de cette épître, et
sion d'observer les cérémonies particu qu'elle-même ne porte aucun nom d'au
lières de cette loi , pourvu qu'ils ne les teur (le nom de Paul n'a été ajouté au ti
HEB 420 HEB
tre que beaucoup plus tard). Ces théolo Rome, et en 63; A. Bost, Makenzie, etc.
giens acceptent comme inspirés tous les Parmi les nombreux ouvrages, disser
livres du Canon, et c'est pour eux quel tations, et commentaires qui ont paru
que chose de peu essentiel que tel ou tel sur cette épître depuis quelques années,
livre ait été écrit par tel ou tel disciple, nous ne citerons que les suivants : en al
apôtre ou prophète. C'est le seul point de lemand, Bleek et Tholuck ; en anglais,
vue à la fois raisonnable et conforme au Mac Knight, Mac Lean , Mac Neil , Man
respect que l'on doit à la parole de Dieu : deville, et Moses Stewart : en français,
quelques orthodoxes à vues étroites, ont une excellente thèse du professeur Henri
oublié quelquefois que ce n'est pas la Laharpe, et l'Epitre aux Hébreux (bro
paulinité qui importe, mais la divinité, chure), avec notes et marginales, pu
et ils ont appelé rationalisme l'opinion bliée à Genève.
qui attribue cette épître à Apollos, Bar HEBRON, ville de la tribu de Juda, et
nabas, Clément Romain , ou Luc : c'est plus tard ville des Lévites et ville de re
compromettre en pure perte et par une fuge, Jos. 21, 11.13.; elle portait aussi
mesquine obstination, l'inspiration mê le nom de Kiriath-Arbah , ville d'Arbah,
me des Saints écrits. du nom de son fondateur, le père de Ha
Mais cela étant dit, si nous en venons nak, Jos. 14 , 15. 15 , 13. C'est une des
à la question de fait, il nous paraît que plus anciennes villes du monde ; elle fut
la paulinité doit être maintenue. Les ar bâtie sept ans avant Tsohan d'Egypte,
guments historiques sont faibles de part Nomb. 13, 23, et on la trouve déjà dans
et d'autre, mais faibles surtout chez ceux l'histoire des patriarches : Abraham y
qui nient la paulinité, ce que plusieurs dressa ses tentes, et plus tard il en fit son
font par des raisons essentiellement inté sépulcre, celui de Sara et celui d'Isaac,
rieures et dogmatiques.Saint Paul n'ayant Gen. 13, 18. 14, 13.23, 2.37, 14. L'Eter
pas mis son nom en tête de sa lettre, sans nel l'avait promise à son serviteur Caleb,
doute pour ne pas effaroucher des lec et après que Josué en eut fait la con
teurs très prévenus contre lui à cause de quête et en eut tué le roi Horam, Jos. 10,
son radicalisme en religion , il n'est pas 3. 23, 39., Caleb, avec ses frères de Juda,
étonnant que les auteurs nombreux qui vint la réclamer, 14, 6-15. 15, 13. Josué
ont cité cette épître, aient eux-mêmes lui accorda le droit de s'en emparer et
négligé d'en nommer l'auteur, et l'on d'en chasser les Hanakins, ce qu'il fit avec
ne peut rien inférer de ce silence. La re le concours du vaillant Hothniel, Jug. 1,
cherche et l'examen des témoignages 12. 13., son neveu et gendre. Après la
historiques n'appartient pas"au travail mort de Saül, David en fit sa résidence,
actuel, et cette question si compliquée comme roi de Juda, pendant sept ans et
ne saurait être résolue que dans une dis demi, 2 Sam. 2, 1. 5, 3.Absalon y com
sertation spéciale. Ajoutons seulement mença sa révolte, 2 Sam. 15, 7., et R0
que si l'on n'adopte pas l'opinion de Bèze boam la fit fortifier en l'entourant de mu
sur la paulinité, l'opinion la plus raison railles, 2 Chr. 11, 10. Pendant la capti
nable serait celle de Hug, qui veut que vité de Babylone, les Edomites s'étant je
Luc ait été le secrétaire de Paul en cette tés dans la partie méridionale de Juda,
occasion'; peut-être aussi celle d'Olshau s'emparèrent d'Hébron, mais après le re
sen qui pense que l'épître n'a pas été tour de l'exil, nous la retrouvons dans la
écrite au nom d'un individu, mais au nom possession de la tribu de Juda, Néh. 11,
d'une Eglise où Paul se trouvait présent ; 25. Plus tard, pendant l'époque des Mac
l'apôtre l'aurait lue et approuvée et y cabées, il paraît qu'elle retomba au pou
aurait ajouté une apostille de sa main. voir de l'Idumée, 1 Macc. 5, 65. Josèphe
Il est clair que la personne de l'au Ant. 12 , 8. 6. Enfin, dans la dernière
teur n'étant pas connue d'une manière guerre des Juifs, elle fut prise par les
sûre, on a moins de données encore sur Romains et brûlée, Jos., G. des J., 4, 9.9.
le lieu d'où l'épître fut écrite, et sur sa Hébron était située dans une contrée
date. On la fait ordinairement partir de montagneuse, fertile en gras pâturages,
HEK 424 HEL
à 20 milles romains de Jérusalem, à l'ouest 13, 3. Elle fut d'abord donnée en parta
de la belle vallée de Sittim, qui devint ge à la tribu de Juda, puis à celle de Dan,
plus tard la mer Morte. On peut consul 15, 45. 19, 43., mais ellê continua de res
ter, pour la géographie comme pour l'his ter de fait entre les mains des Philistins,
toire de cette ville, les voyages de Schu 13, 3. 15, 11. 19, 43. Ceux-ci y trans
bert et de Robinson, et le Voyage au Le portèrent l'arche de l'Eternel , qu'ils
vant, t. III. Elle est encore aujourd'hui, avaient fait prisonnière, et dont la pré
sous le nom d'El Khalil, l'endroit le plus sence à Asdod avait été si fatale aux As
considérable de toute la contrée sud : une dodiens, 1 Sam. 5 et 6. Le dieu d'Hé
verrerie et le commerce des raisins secs kron était Bahal-Zébub, nom qui fut don
lui donnent une certaine importance, et né au prince des mauvais anges lorsque
les Arabes des contrées environnantes y cette ville eut été habitée par un grand
viennent échanger leurs produits contre nombre de Juifs , 2 Rois 1 , 2. sq. cf.
les objets qui leur manquent.On y compte Matth. 12, 24.—Au temps d'Eusèbe cette
5 à 600 Juifs. ville, sous le nom d'Accaron, était encore
HED (témoin), Jos. 22, 34. C'est le un gros bourg assez peuplé, entre As
nom que les tribus transjourdaines don dod et Jamnia.
nèrent à l'autel, ou monceau de pierres, HEL et Lahda, petits-fils de Juda par
qu'elles élevèrent sur les bords du Jour Séla; ils se distinguèrent par leurs fabri
dain pour rappeler leur parenté avec les ques de toilerie et de fin lin, établies à
dix autres tribus, et s'assurer ainsi à elles Asbéath en Egypte, à une époque où les
et à leurs descendants une part aux bé Hébreux étaient encore estimés en Egypte,
nédictions de l'Eternel. Les dix tribus et par conséquent dans les premiers temps
ayant cru y voir un commencement d'ido de leur séjour, 1 Chr. 4, 21.
lâtrie et la formation d'un cuite à part, HELAM, peuplade asiatique, déjà nom
montèrent pour s'en expliquer avec leurs mée Gen. 10, 22., et qui se trouve liée
frères, mais ayant entendu les explica tantôt avec la Babylonie, Gen. 14, 1., tan
tions qu'elles désiraient, elles se réjoui tôt avec la Médie, Es. 21, 2. Jér. 25, 25.,
rent fort; l'autel fut maintenu, et on lui tantôt encore avec l'Assyrie, Es. 22, 6.,
donna le nom de Hed, « car, dirent les et qui est comptée, Esd. 4, 9., comme
deux tribus, il est témoin entre nous que une province de la Perse. Le même mot
l'Eternel est Dieu. » désigne tantôt le peuple et tantôt le pays ;
HEDEN. v. Eden. c'est la province d'Elymaïs, au sud de la
HÉGAI, un des eunuques d'Assuérus, Médie, à l'orient de la Babylonie, à l'oc
celui qui avait la charge du sérail. Ester cident de la Perse et au nord du golfe
lui ayant été présentée, elle lui plut entre Persique. Depuis Cyrus, Hélam fut le
toutes les autres : il crut pressentir le centre de la monarchie des Perses; de là
choix de son maître et eut pour sa fu vient que dans les livres postérieurs on
ture reine des attentions qui devaient d'a- trouve Hélam pour la Perse. Il y a, du
vance lui concilier sa faveur, Est. 2, 3. reste, toujours quelque chose d'un peu
8. 9.15. Son nom a été conservé par un vague dans l'emploi qui est fait de ce nom,
des historiens grecs du règne de Xercès. car les Hélamites primitifs s'étaient in
Il s'écrit plutôt Hégué. sensiblement répandus jusque sur les
HÉGLON, 1° ville de la tribu de Juda, bords mêmes de l'Oronte et dans les en
non loin d'Hadullam, Jos. 15, 39., et pré virons de la mer Caspienne. D'après Da
cédemment résidence d'un roi cananéen, niel8, 2., Suse était la capitale d'Hélam, et
Jos. 10, 3.—2° Roi de Moab qui, s'étant c'est de la Susiane que venaient, à ce
allié avec les Hammonites et les Hama qu'on pense, les Hélamites mentionnés
lécites, frappa Israël et l'asservit pendant Act. 2, 9.
dix-huit ans. Il fut mis à mort par Ehud, HELBA, ville de la tribu d'Aser, Jug.
Jug. 3, 12-26. 1, 31. Calmet pense que c'est la même
HEKRON, la plus septentrionale des que Helbon.
cinq grandes villes des Philistins, Jos. HELB0N. Le vin de Helb0n est indi
HlEL 422 HEL
qué Ez. 27, 18. parmi les objets princidressé depuis les jours de Josué, Jos. 18,
paux du commerce de Tyr. (La Vulgate 1. On sait la dure apostrophe qu'il adressa
et le caldéen s'appuyant sur la significa
à la pieuse Anne, et comment il répara
tion de Heleb, ont traduit par méprise, vin
son tort en lui promettant un fils : on se
gras, ou vinum dulce coctum. On est en rappelle comment ce vieux pontife, trop
général d'accord à penser que ce Helbon lâche dans le Saint exercice de ses de
est l'ancienne Chalybon de Syrie, ville voirs de père, de pontife et de juge, fut
principale de la province que Ptolémée averti d'abord par un homme de Dieu, 1
appelle Chalybonite, sur le terroir de la Sam. 2, 27., puis par les révélations ar
quelle croissait un vin fort estimé des rivées au jeune Samuel, des malheurs qui
rois de Perse : on croit aussi que c'est la allaient fondre sur lui. On sait enfin com
même que notre Alep actuelle (Haleb), ment tOuS ces tristes événements se réa
peuplée encore de 80 à 90,000 habitants, lisèrent , lorsque l'arche ayant été em
et dont les vins sont très renommés. Mi menée du tabernacle, les Israélites eurent
chaélis veut au contraire voir Chalybon été défaits, 30,000d'entre eux mis à mort,
dans le bourg de Kennesrin, et les écri les fils d'Héli tués, et l'arche même faite
vains bysantins cherchent Alep dans l'an prisonnière. Le vieux pontife ayant ap
cienne Bérée. Questions peu sûres, mais pris ce dernier malheur, tomba à la ren
heureusement aussi, peu importantes. verse, et se rompit la nuque.
HELDAI ou Hélem, Zach. 6, 10. 14., Héli, trop faible pour être admiré, n'en
Tobija, Jédahia, et Josias ou Hen, quatre doit pas moins être regardé comme un
Juifs auprès desquels, à leur retour de homme de Dieu, humble et résigné sous
la captivité, Zacharie se rendit de la part la main de l'Eternel, et jaloux de la gloire
de Dieu pour prendre de leur or et de et des intérêts de son maître, quoique
leur argent et en faire des couronnes des peu propre à les servir; il s'honora en
tinées à Jéhosuah, le souverain sacrifi se montrant plus sensible à la perte de
cateur. Cet emblème devait signifier l'u- l'arche qu'à la mort de ses fils. C'est à
nion de la sacrificature et de la royauté tort qu'on verrait une expression de sté
sous les Asmonéens, mais surtout l'union rile faiblesse dans cette belle réponse à
de ces deux honorables fonctions dans la la nouvelle des châtiments qui allaient
personne de Jésus-Christ, qui devait re frapper sa maison : C'est l'Eternel, qu'il
vêtir l'un et l'autre office pour le salut de fasse ce qui lui semblera bon !
l'humanité et pour la gloire de son Père. 2° Luc 3, 25.; inconnu. — 3° Luc 3, 23.,
Les couronnes furent ensuite déposées fils de Matthat et père de Joseph, ou plu
dans le temple, en souvenir des dona tôt père de Marie et beau-père de Jo
teurs, comme pour les récompenser de seph, car les anciennes généalogies, sur
leur offrande, ou pour inviter les Juifs tout celles des Juifs, substituaient sou
absents à les imiter, soit dans leur géné vent le nom des hommes à celui de leurs
rosité, soit dans leur retour. — Heldaï et femmes ; d'anciens documents portent,
Josias portent deux noms : Tobija et Jé d'ailleurs, que le père de Marie s'appelait
dahiah sont peut-être les mêmes que en effet Héli.
Esd. 2, 60. Néh. 7, 39. HELKATH, 1°ville d'Aser, Jos. 21, 31.
HELEM. v. Heldaï. 2° Helkath-Hatsurim, lieu près de Gabaon,
HELI. 1°le quatorzième des juges, suc dans lequel une escarmouche se livra en
cesseur immédiat de Samson, et souve tre douze hommes du parti de David et
rain pontife ; il descendait d'Ithamar, se douze du parti d'Is-Boseth, fils de Saül,
cond fils d'Aaron, qui était entré en 2 Sam. 2, 16.
possession du sacerdoce au détriment de HELLADE, v. Grèce.
la branche aînée d'Eléazar. 1 Sam. 1, 3. HELLENISTES. Ce nom fut de bonne
(1137 av. C.). Il était àgé de cinquante heure employé dans l'Eglise par opposi
huit ans lorqu'il devint juge du pays, et tion à celui de judéo-chrétiens : on voit
mourut âgé de quatre-vingt-dix-huit ans, déjà, Act. 6, 1., une dissension entre les
4, 15. 18., à Silo, où le tabernacle était chrétiens des deux partis. Dans ce pas
HEM 423 - HEN
sage il faut entendre par Hébreux les an mor, et son fils l'époux de leur sœur.
ciens habitants de la Palestine, convertis Jacob avait déjà eu quelques relations
au christianisme, tandis que les Hellénis avec Hémor, et il en avait acheté un champ
tes seraient, ou bien des chrétiens con pour la valeur de cent pièces d'argent,
vertis d'entre les Juifs établis à l'étran Gen. 33, 19. C'est à ce fait probablement
ger, lesquels parlaient grec pour la plu que nous trouvons une allusion dans le
part, ou bien des convertis d'entre les discours d'Etienne, Act. 7, 16., quoique
Grecs proprement dits. Parmi les sept le nom d'Abraham soit mis au lieu de ce
diacres qui furent élus à cette occasion , lui de Jacob. Pour faire disparaître cette
un seul, Nicolas, est nommé positivement contradiction de nom, les uns lisent Ja
comme prosélyte converti du paganisme, cob, les autres notre père, au lieu d'A-
et les six autres, quoique portant des braham; d'autres enfin supposent qu'il
noms grecs, étaient peut-être des Juifs, s'agitd'un fait qui ne nous est pas rapporté
mais de ceux quiavaient eu longtemps leur dans l'Ancien Testament : mais ce sont
résidence en dehors de la Judée. Le nom des suppositions et des conjectures for
d'Hellénistes servait donc à distinguer les cées : il vaut mieux dire , comme Calvin
Juifs parlant grec des Juifs palestiniens et Olshausen, qu'Etienne s'est trompé de
parlant syro-caldéen, indépendamment de nom, ce qui ne tire pas à conséquence,
leurs rapports avec le christianisme; c'est le nom n'important pas dans cette affaire,
ainsi que les Grecs de Act. 9, 29. étaient, ou qu'il a confondu ce fait avec celui qui
à ce que l'on croit, des Juifs étrangers. est rapporté Gen. 23, 16.; Gerlach (Bon
Mais au chap. 11, 20., il s'agit de Grecs net et Baup) met la faute sur le compte
proprement dits, c'est-à-dire de païens, d'un copiste ignorant. —v. encore Jug.
comme l'indiquent à la fois le parallélis 9, 28.
me et quelques manuscrits. HÉMORRHOIDES. v. Maladies et Phi
HEMAN. 1o v. Ethan. 2° L'auteur du listins.
Ps. 88 ; il est nommé Ezrahite, ou fils HEMORRHOISSE. La femme dont il
de Sara, 1 Chr. 2, 6., du reste entièrement est parlé dans l'Evangile, Matth. 9, 20.
inconnu. Quelques-uns le confondent avec Marc 5, 25., souffrait d'une perte de sang
le précédent, mais à tort. 3° Héman le qui, en se prolongeant, pouvait devenir
chantre, lévite de la famille des Kéhathi mortelle. Son histoire est connue, sa
tes, 1 Chr. 6, 33., et fils de Joël, 15, 17. guérison est inexplicable : quelques-uns
Il était avec Asaph et Jéduthun à la tête ont pensé que l'effroi dont elle fut frap
des chantres, q. v., établis par David,25, pée lorsque Jésus se retourna vers elle,
1. Héman est appelé le voyant du roi (ou la saisit tellement que son sang cessa de
le prophète), 1 Chr. 25, 5. couler (on reconnaît l'école) ; d'autres
HEMOR, père de Sichem le ravisseur pensent à une espèce de magnétisme ani
de la fille de Jacob, était roi des Héviens, mal , et s'appuient sur ce que dit Jésus :
Jos. 24, 32. Désireux d'expier le crime « Une vertu est sortie de moi. » Sans in
de son fils, il demanda à Jacob de donner sister sur l'idée de magnétisme plus qu'il
Dina pour femme à Sichem. Jacob n'y n'est juste, c'est cependant bien dans cet
put consentir qu'à la condition que les ordre d'idées qu'il vaut le mieux cher
Héviens se feraient circoncire ; et comme cher la solution, en se rappelant que ce
l'alliance du patriarche promettait d'être lui qui guérit l'hémorrhoïsse est en même
pour la peuplade cananéenne une source temps le maître de toutes les forces de
de bénédictions temporelles, les Héviens la nature.
se soumirent à cette formalité. Mais au HEN. v. Heldaï.
troisième jour, lorsque la douleur était HENAH, 2 Rois 18,34. 19, 13. Es. 37,
le plus forte, Lévi et Siméon, par un acte 13. On pense que c'est la même ville quc
de lâche et maudite perfidie, se jetèrent celle dont parlent Abulféda et les géo
avec leurs hommes sur la ville incapable graphes arabes; elle était située en Mé
de se défendre, et en passèrent au fil de sopotamie, sur une des îles de l'Eu
l'épée tous les habitants, y compris Hé phrate, et s'étend maintenant sur les deux
HEN 424 HEP
rives de ce fleuve. Aujourd'hui Anah ? Hen-Guédi, d'après Ez. 47,10., doit faire
HENDOR, petite ville de la tribu de l'une des extrémités de la mer Morte,
Manassé, dans la plaine de Jizréhel, et dont Hemhéglajim serait l'autre; or ce
dans le voisinage de Scythopolis, Jos. 17, dernier endroit était au nord.
11. Elle était le séjour de la pythonisse Les montagnes voisines forment le dé
que Saül alla consulter peu de jours avant sert d'Hen-Guédi, appelé aussi les rochers
la bataille de Guilboah, 1 Sam. 28, 7. Eu de Guédi ou des chamois, 1 Sam. 24, 1.
sèbe la place à 4 milles au sud du mont 3. L'eau qui tombe du ciel y disparaît im
Thabor. On montre encore, au pied du médiatement dans un Sol calcaire et cre
petit Hermon, un chétif village nommé vassé; il n'y croît quelques plantes que
Endur ; mais les ruines de l'ancien Hen dans la saison des pluies. Parmi les nom
dor sont plus loin , dans le voisinage debreuses cavernes de ces montagnes qui
Denuni, à 2 112 stades sud-ouest de Na sont aujourd'hui les uniques habitations
zareth. des bergers de la contrée, on en distin
HEN-GANNIM. 1° Ville des plaines de gue une, dit Braem , dans une vallée, au
Juda, non loin de Béthel, Jos. 15, 34. sud-est de Tékoah, dans laquelle 30,000
2° Ville lévitique, située dans la tribu hommes doivent avoir trouvé un asile, et
d'Issacar, Josué 19, 21. 21, 29. — Eu qui est peut-être celle où David a épar
sèbe cite encore un troisième endroit du gné son persécuteur Saül, l'oint du Sei
même nom , qu'il place au delà du Jour gneur. Deux ouvertures dans des rochers
dain, près de Gérasa. perpendiculaires conduisent par d'étroits
HEN-GUEDI (source des chamois ), passages dans une première salle spa
ville du sud de la Palestine , de la tribu cieuse dont le toit, en forme de voûte, est
de Juda, située près des bords de la mer soutenu par des piliers : et, de là, de lon
Morte, dans une contrée semée de ca gues et étroites allées mènent plus avant
vernes et de rochers, Jos. 15,62. Ez. 47, dans le sein de la montagne, où l'on trouve
10.1 Sam. 24, 1.2. Son nom primitif était plusieurs autres salles.
Hatsatson-Thamar ( multitude des pal HEN-HAKKOREH. v. Léhi.
miers) 2 Chr. 20, 2. Gen. 14, 7., et elle HENHEGLAJIM, Ez. 47, 10. v. Egla
le devait à la richesse et à la fécondité gim..
de sa végétation, à ses dattiers, ses pal HENOC. v. Enoch.
miers, ses bananiers. Hen-Guédi formait HENSEMES, Jos. 15, 7. (fontaine du
une petite oasis au milieu des déserts ; la soleil). Elle était située sur les frontières
délicieuse vallée qui l'entourait était tra de Juda et de Benjamin, mais on ignore si
versée par un ruisseau qui descendait de c'était une ville ou seulement une fontaine,
la contrée d'Hébron pour se jeter dans la On prétend montrer encore la fontaine,
mer Morte. Salomon célébra sa beauté et au delà de Béthanie du côté du Jourdain,
ses riches vignobles, Cant. 1,14., et Cha mais l'identité n'est pas prouvée.
teaubriand , dans son voyage en Pales HEPHA, Es. 60, 6., tribu inconnue.
tine, a rendu le même témoignage. Jo Hépha était fils de Madian, Gen. 25, 4.
sèphe dit que Hen-Guédi est éloigné HEPHER, 1 Rois 4, 10., contrée in
de Jérusalem de 300 stades ( 64 kilo connue, peuplée sans doute par les des
mètres). D'après cette donnée, Reland et cendants de Hépher fils de Madian, Gen.
d'autres auteurs le placent au nord de la 25, 4. — 2° Descendant de Manassé par
mer Morte, près de l'embouchure du Galaad, Nomb. 26, 32. 33. 27, 1.; il était
Jourdain : saint Jérôme au contraire le père de Tsélophcad.
place à l'extrémité méridionale de cette HEPHRON, Gen. 23, 8., fils de Tsohar,
mer; enfin Seetzen, et Grimm d'après lui, chef héthien. C'est de lui qu'Abraham
le mettent entre les deux extrémités , là acheta le champ où se trouvait la caverne
où se trouve maintenant Ayn - Djiddi. de Macpélah dont il voulait faire un sé
Dans cette incertitude, l'opinion de saint pulcre pour sa femme et toute sa famille.
Jérôme, qui est très précise, nous paraît Héphron, après lui en avoir fait connaître
devoir être préférée, d'autant plus que la valeur qu'il évaluait à 400 sicles d'ar
HER 425 HER
Act. 13, 1., fils du précédent par Mal dans son impiété lorsqu'il désire de voir
thace. Il succéda à son père l'an 1 du Jésus, Marc 6, 14.; sadducéen de croyance
Christ, et partageant la Palestine avec ses et n'ayant pas même foi dans son incré
deux frères, il reçut la Galilée et la Pérée dulité, puisqu'il penche à admettre la ré
avec le titre de tétrarque et 200 talents surrection de Jean-Baptiste, Luc 9, 7. ;
par année. Jésus de Nazareth ressortissait làche dans ses craintes lorsqu'il fait don
ainsi à sa juridiction, Luc 23, 7. Hérode ner à Jésus le conseil de s'enfuir; il re
résidait à Séphoris non loin du mont doute son voisinage et n'ose pas s'en dé
Thabor; il agrandit beaucoup cette ville faire à cause du peuple, Luc 13, 31. ;
et l'appela Dio-Caesarea (elle n'est pas lâche encore dans ses serments de dé
mentionnée dans la Bible); il bâtit aussi bauche, lorsqu'une femme l'oblige à te
Tibériade, qui a donné son nom au lac de nir une promesse de meurtre contre un
Génésareth. Après avoir épousé en pre homme qu'il respectait malgré lui-même
mières noces la fille du roi arabe Arétas, et dont il recherchait les pieux conseils,
il épousa sa nièce et belle-sœur Hérodias, Matth. 14, 1.; lâche dans le procès de Jé
la fille d'Aristobule, fils de Mariamne I, sus, puisqu'il ne prolonge l'interroga
première épouse de son frère Philippe toire que pour entendre cet homme dont
encore vivant. Ce crime en amena un plus il était si curieux, et puisque le recon
grand encore, l'adultère appela le meur naissant innocent, Luc 23, 11. 15., il
tre, et Jean-Baptiste fut mis à mort sur COnsent à sa mort et tr0uve dans cette
la demande d'Hérodias, Luc 3, 19. Matth. ignominieuse condescendance le moyen
14,1.Larépudiation,l'incesteetlemeurtre de se réconcilier avec Pilate dont un abus
furent punis par le roi d'Arabie, qui, brù de pouvoir l'avait éloigné, Luc 23, 7.Act.
lant de venger sa fille déshonorée, déclara 4, 27. Dans cette entrevue depuis si long
la guerre à Hérode et le battit. Le peuple temps désirée et qui n'a lieu qu'au der
y vit le juste châtiment des crimes de son nier jour du Sauveur, Hérode, voyant une
maître. Hérode Agrippa, frère d'Héro figure qui n'est pas celle de Jean-Baptiste,
dias et neveu en même temps que beau renaît à la confiance : il ne craint plus
frère d'Hérode Antipas, ayant obtenu le qu'un revenant lui reproche sa lâcheté,
titre de roi, Hérodias, jalouse, poussa et se livrant sans réserve à sa curiosité,
son mari à faire des démarches auprès de il interroge à son aise le prisonnier et se
Caligula pour obtenir la même dignité. flatte de lui voir faire un miracle, mais
Ils se rendirent à Rome (an 39), quoique il n'en reçoit pas de réponse : Hérode se
Antipas fît les choses malgré lui, aimant venge du mépris du Saint par le mépris
mieux le repos que l'honneur; mais là, de cour, se moque de Jésus, le déguise
sur les plaintes du peuple, jointes à celles en roi terrestre et le renvoie à Pilate. —
d'Agrippa, son beau-frère, Antipas fut dé C'est ce même Hérode que Jésus appelle
claré déchu de tous ses droits en Pales un renard, Luc 13, 32.; c'est de lui qu'il
tine : Caligula l'exila, d'abord à Lyon dans s'agit encore lorsque Jésus recommande
les Gaules où Hérodias le suivit, puis en à ses disciples de se garder du levain
Espagne où il mourut. d'Hérode, Marc 8, 15., c'est-à-dire, des
C'est cet Hérode que nous voyons dans fâcheux exemples de ce prince édomite
l'Evangile pendant toute la vie de notre et des doctrines sadducéennes qu'il avait
Sauveur. Josèphe ne le traite pas d'une embrassées, Matth. 16, 6. 12.
manière très défavorable et ne raconte 30 Hérode Philippe, v. Philippe 2°.
pas de lui ces innombrables iniquités qu'il 4° Hérode Agrippa I, petit-fils d'Hé
reproche au grand Hérode; mais au fond rode le Grand par Mariamne, et fils d'A-
le fils ne valait pas mieux que le père. ristobule par une Bérénice fille de Salo
Luc, 3, 19., parle de tous les maux, ou mé; il n'apparaît dans l'histoire Sainte
plutôt de toutes les méchancetés qu'il a que Act. 12.Après la mort de Tibère (37),
faites; on le voit d'ailleurs adonné à toutes il reçut en 38 la tétrarchie de Philippe son
les passions de la chair, Matth. 14, Jo oncle, qui était mort en 35 et dont la pro
sèphe, Ant. 18, 4. 5.; curieux et frivole vince avait été jointe à la Syrie. Frère
-
HER 428 HER
Josèphe dit qu'elle épousa d'abord Phi des gens de la maison d'Hérode qui vou
lippe le tétrarque, fils d'Hérode le Grand lurent sonder Jésus par curiosité, etc.
par Cléopâtre, à la fois son oncle et son HERODION, Rom. 16, 11., disciple de
grand-oncle, et en secondes noces son Rome, parent de saint Paul; du reste, in
cousin Aristobule, fils d'Hérode, roi de connu.
Chalcide, dont elle eut plusieurs enfants. HERON, Lév. 11, 19. Deut. 14, 18.
Elle vécut ainsi plus de trente ans après C'est le mot par lequel nos versions ont
l'exil de ses parents. traduit l'hébreu anaphah. Il y a de l'in
HERODIENS. Cette secte est seule certitude sur le sens de ce mot : les uns
ment nommée dans l'Evangile sans que l'ont traduit par cigogne, q. v., les autres
rien la définisse , Matth. 22, 16. Marc. 3, par poule sauvage, d'autres par perro
6. 12, 13. Josèphe même et Philon n'en quet, Bochart par faucon des montagnes ;
parlent pas. Calmet les confond avec les il compare le grec 2vortéz d'Homère ,
Zélotes, disciples de Judas gaulonite, qui Odyss. 1, 320., qui rappelle en effet l'hé
auraient reçu, dit-il, le nom d'hérodiens breu anaphah. La racine anaph signifie
parce que Gaulon appartenait au terri aspirer fortement par les naseaux, com
toire d'Hérode Antipas ; mais c'est forcé. me cela se fait dans la colère ; il signifie
Le plus probable c'est que c'étaient des de là se mettre en colère, comme Ps. 2,
Juifs qui, pour une raison Ou pour une 12., et d'après Harris cette étymologie
autre, tenaient le parti d'Hérode, et par convient parfaitement au héron qui est
conséquent des Romains dont il était le d'un naturel très irritable. On ne peut
vassal, contre le reste du peuple juif qui rien décider, mais la traduction de nos
supportait impatiemment le joug de l'é- Bibles a au moins autant de chances que
tranger, et n'aspirait qu'à le secouer. les autres, et même un peu plus. — Le
Les hérodiens formaient donc un parti héron est, comme on sait, un animal aqua
politique , peut-être sans organisation tique et sauvage, distingué par ses lon
extérieure, mais réel , et puissant par gues jambes, et son long bec emmanché
l'appui du gouvernement. Ils s'unirent d'un long cou ; il vole très haut et s'abat
aux pharisiens pour tendre un piége à le long des marais, des rivières et des
lacs pour y pècher le poisson dont il fait
Jésus, et lui demandèrent s'il fallait payer
le tribut à César ou non : s'il répondait
sa principale nourriture. Il y a plusieurs
non, les hérodiens l'auraient appelé un espèces de hérons, le blanc, le gris-cen
séditieux ; s'il répondait affirmativement,
dré (petit et grand), le chàtain, le crêté,
les pharisiens triomphaient, ils en appel'étoilé, le noir, qui tous diffèrent par
laient au peuple, et lui représentaient Jé
quelques points de grosseur ou de cou
sus comme un ennemi de la nationalité leur, mais se ressemblent par les carac
juive. Notre Sauveur les rendit confus tères généraux ; ils nichent dans les bois
par sa divine sagesse, et leur montra de haute futaie.
que, aussi longtemps qu'ils acceptaient HERSE. v. Chars.
les avantages de la domination romaine, HESBON, ville du pays oriental, située
ils devaient en supporter les charges, au dela du Jourdain, au nord de l'Arnon,
qu'ils ne pouvaient pas refuser l'impôt presque vis-à-vis de Jérico. D'abord ré
s'ils acceptaient l'argent. sidence d'un roi moabite, elle passa en
On compte huit ou neuf opinions par suite à Sihon roi des Amorrhéens, Nomb.
ticulières sur l'origine des hérodiens ; 21, 26. cf. Deut. 2, 9. Plus tard elle fut
outre l'opinion de Calmet, il faut noter donnée à la tribu de Ruben, Jos. 13, 17.
encore celle qui veut que les hérodiens Nomb. 32, 37., puis à celle de Gad, Jos.
aient tenu Hérode pour leur messie (mais 13, 26. 1 Chr. 6, 81., et devint ville lévi
quel Hérode ?), celle du père Hardouin, tique, Jos. 21, 39. 1 Chr. 6, 81. On la
que c'étaient des platoniciens qu'Hérode retrouve moabite, Jér. 48, 2. Es. 15, 4.,
avait essayé de mettre en vogue; selon mais elle redevint juive sous Alexandre,
d'autres, c'étaient les sujets païens du Jos. Ant. 13, 15.4. Eusèbe et Jérôme l'ap
territoire d'Antipas, ou bien simplement pellent Esbous, et la mettent à 20 milles
HET 430 HEZ
du Jourdain : un évêque y résida dans les lèbre, duquel Salomon faisait partir ses
premiers siècles du christianisme. Il en vaisseaux pour Ophir, 1 Rois 9, 26. 22,
reste encore des ruines assez considéra 49.2 Chr. 8, 17. Son nom peut signifier
bles, qui portent le même nom d'Hesbon. grottes des rochers (des récifs), et d'a-
« Cette ville, dit Burkhardt, est située près Büsching, le port de cette ville au
sur une colline, au sud d'El Haal; on y rait été en effet dominé par une quantité
voit encore un grand nombre de puits de rochers très élevés et remplis de ca
taillés dans le roc et un grand bassin vernes ; mais Büsching parle du port de
d'eau ;» sans doute les viviers de Cant. Scherm, qui est trop éloigné de l'endroit
7, 4. où devait être celui d'Hetsjon-Guéber, et
HÉSEK, Gen. 26, 20. Une des fontai il vaut mieux chercher le port de Salomon
nes que les bergers de Guérar disputè dans la populeuse ville d'Assyun, près
rent à ceux d'Isaac qui l'avaient creusée : d'Aïla, dont parle Burkhardt. La flotte de
ce nom signifie querelle, violence. Josaphat y périt, 2 Chr. 20, 37., ce qui
HESMON, ville située dans la partie semblerait confirmer la signification du
méridionale de la tribu de Juda, Jos. 15, nom de ce port.
27. HETZRON, 1 Chr. 2, 5., v. Esrom.
HÉTHER, d'abord dans la tribu de HEURES. v. Jours, et Montres.
Juda, puis dans celle de Siméon, Jos. 15, | HEVIENS, peuplade cananéenne, éta
42. 19, 7. Saint Jérôme l'a retrouvée près blie en Palestine avant l'arrivée des Hé
de Malatha, dans le district de Daromas, breux, Gen. 10, 17. Ex. 3, 8. 17. 23, 23.
mais Eusèbe croit que ce n'est pas le Jos. 3, 10. Une partie d'entre eux habi
même endroit. taient le sud du pays dont ils furent ex
HETHIENS, peuplade cananéenne que pulsés parles Philistins, Deut. 2, 23. Jos.
les Israélites trouvèrent en Palestine et 12, 8.; d'autres étaient fixés au centre, à
qu'ils dépossédèrent, Gen. 15, 20. Ex. 3, Sichem et à Gabaon, Jos. 11, 19. Gen. 34,
8. 23, 23. Ils descendaient de Canaan par 2.; la plus grande partie cependant de
Heth, son second fils, et habitèrent d'a- meuraient au pied de l'Hermon et dans
bord la contrée de Hébron, avec et parmi les environs de l'Anti-Liban, Jos. 11, 3.,
les Amorrhéens, Gen. 23, 7. 3. Nomb. et même il paraît par Jug. 3, 3., qu'ils
13, 30. Plus tard on les retrouve au nord furent repoussés encore plus au nord
de Béthel, Jug. 1, 24., et même ils pa ouest. Au temps de David, on les voit éta
raissent s'être maintenus dans certains blis dans la contrée du Liban, 2 Sam. 24,
districts du pays sous quelques-uns des 7. cf. 1 Rois9, 20. Après Salomon ils dis
rois israélites, 2 Sam. 11 , 3. 6. 23, 39. paraissent et leur nom ne se retrouve
Salomon asservit et rendit tributaires les plus.
restes des Héthiens, 1 Rois 9, 20.; ce HEZER, 1°, 1 Chr. 4, 4., père de Husa,
pendant une partie d'entre eux apparaisfonda peut-être une ville de ce nom, cf.
sent encore indépendants et régis par 2 Sam. 21, 18. — 2° Le plus vaillant des
leurs propres rois sous Joram, roi d'Isguerriers de David, Gadite de naissance,
raël, 2 Rois 7, 6. 1 Rois 10, 29. Cettevint au secours de son roi, lorsqu'il était
peuplade est encore mentionnée après enfermé à Tsiklag à cause de Saül; il
l'exil, Esd. 9, 1 . passa le Jourdain avec ses compagnons,
HETHLON, ville de la Syrie occiden au premier mois, lorsque les eaux de ce
tale, nommée Ez. 47, 15. 48, 1., comme fleuve, grossies par la fonte des neiges,
formant la limite septentrionale de la débordent de toutes parts, et ils réussi
terre promise. Elle était sur la Méditer rent à chasser des vallées environnantes
ranée, entre Posidium et Laodicée. tous les énnemis de David. C'étaient, dit
HETSJON-GUÉBER, prèsd'Elath (il ne l'auteur sacré, des hommes forts et vail
faut pas confondre ces deux villes comme lants , experts à la guerre, maniant le
le fait Braem), ville iduméenne , sur le bouclier et la lance ; leurs visages étaient
bras élanitique du golfe d'Arabie, Nomb. comme des faces de lion, et ils semblaient
33, 35. Deut. 2, 8. Elle avait un port cé des daims sur les montagnes, tant ils
HID 431 HIE
frappés, une maladie ou un accident ; couverte d'une copie eût produit sur lui
nous ne le savons pas : on peut croire une telle impression qu'il déchirât ses vê
qu'ils périrent de mort violente, en suite tements dans sa douleur : il connaissait
même des travaux qui se faisaient, que le la loi de Dieu, mais la vue de l'exemplaire
gage du péché fut la mort, et qu'ils trou primitifauquel se rattachaient tant de sou
vèrent leurs tombeaux sous des décom venirs, lui rappela sans doute, avec une
bres et des éboulements.-v. Jérico. nouvelle force, les égarements d'Israël et
HIERAPOLIS , Col. 4, 13., ville de la les outrages faits à la sainteté divine. Jo
grande Phrygie, à l'est de Colosses, et à sias envoya aussitôt Hilkija avec quelques
6 milles nord de Laodicée ; elle était cé autres consulter Hulda la prophétesse ,
lèbre par ses nombreuses sources miné qui répondit en annonçant un règne pros
rales et par une grotted'où s'exhalaient des père au pieux Josias, mais des calamités
vapeurs fétides, dans laquelle, dit-on, les prochaines à ses successeurs. Hilkija,
prêtres seuls de la magna mater pouvaient soutenu par la parole de Dieu, continua
entrer sans danger, Pline2, 95. Epaphras, son œuvre réformatrice et acheva de pu
de Colosses, a porté l'Evangile jusque dans rifier le temple, et de détruire les hauts
cette ville, et Paul lui rend un beau té lieux. Bientôt la Pâque fut célébrée, « et
moignage à cet égard. Hiérapolis s'appelle certainement jamais Pâque ne fut célébrée
maintenant Pampuk Kulasi (château de ni dans le temps des juges, qui avaient
coton); elle est bâtie sur un sol blanc et jugé en Israël, ni dans tout le temps des
rocailleux. rois d'Israël et des rois de Juda, comme
HIJON, ville forte de Nephthali, 1 Rois cette Pàque qui fut célébrée en l'honneur
15, 20.2 Chr. 16, 4. Elle fut prise par de l'Eternel dans Jérusalem, la dix-hui
Ben-Hadad sur Bahasa, roi d'Israël. tième année du roi de Josias », 2 Rois 23,
HILEN, ville lévitique de la tribu de 22.2 Chr. 35, 8. Hilkija, qui y présida, se
Juda, 1 Chr. 6, 58. distingua par une riche offrande; il donna,
IIlLKIJA, 1°père d'Eliakim, Es. 36, 3. avec Zacharie et Jéhiel, 300 bœufs et 2,600
2° Hilkija, souverain sacrificateur sous Jo agneaux ou chevreaux. Quelques années
sias, 1 Chr. 6, 13. 2 Rois22, 4.2 Chr. 34, plus tard, l'impiété releva la tête, et ne la
9, fut chargé, par ce pieux monarque, de baissa plus qu'en traversant le Jourdain
veiller au recouvrement des impôts du pour se rendre dans l'exil, où elle s'étei
culte et des offrandes du peuple, et d'ad gnit. — Fils de Sallum, ou peut-être son
ministrer la somme recueillie, en la dis petit-fils, et fils d'Hazaria, Hilkija devait
tribuant à ceux qui travaillaient aux ré être fort âgé, puisque son père avait servi
parations du temple. Cette réformation, à sous Ezéchias, et qu'il avait dû traverser
laquelle travaillaient de concert le chef dès lors les cinquante-cinq années de Ma
politique de la nation et le chef du culte, nassé, les deux d'Amon, et les douze pre
fut bénie d'en haut, et l'Eternel fit trou mières de Josias.
ver à Hilkija, au milieu des objets sacrés HIN, mesure creuse des Hébreux pour
que l'on sortait d'une longue poussière, les liquides , la sixième partie du bath,
le saint livre de la loi (623 av. C.). C'était, un peu plus de quatre pintes d'après Cal
sans aucun doute, le Pentateuque tout en met (litres, 5, 83).
tier (cf. Deut. 17, 18.31, 9.26.) que Moï HINNOM, 1° inconnu, peut-être pro
se avait fait placer à côté de l'arche de priétaire d'une possession dans la vallée
l'alliance pour y être conservé, et qu'un à laquelle il a donné son nom. — 2° Val
prêtre fidèle aura enlevé dans des temps lée de Hinnom, ou Gué-Hinnom, Jos. 15,
de persécution, sous Athalie, Achaz ou 8., Gué-Ben-Hinnom, 2 Rois 23, 10., val
Manassé, pour le préserver d'une destruc lée délicieuse au sud-sud-est de Jérusa
tion sacrilége ; on peut croire même que lem, servant de limite entre les tribus de
c'était l'autographe de Moïse, car il serait Juda et de Benjamin , Jos. 18 , 16. Elle
étonnant qu'il n'y eùt eu à la connaissance touchait à l'occident à la vallée de Guihon,
de Josias aucun exemplaire du saint livre et à l'orient à celle de Josaphat. Agréa- .
dans tous ses Etats, et que la simple dé ble et fertile, elle était couverte d'arbres
HIR 433 HIR
verdoyants, et l'on y trouvait les jardins Salomon monta sur celui d'Israël. Il le fit
des rois. Plus tard, Jérusalem idolâtre et féliciter lors de son avénement, et vécut
parjure y sacrifia sous ses ombrages, et avec lui dans la plus étroite amitié, sans
entendit les cris des enfants brûlés dans qu'on sache s'il a été son vassal ou son
les bras de Moloc, 2 Rois 23, 10. Es. 30, allié. Lorsque Salomon entreprit de con
33. Josias le réformateur mit fin auxab0 struire le temple, Hiram lui fournit du bois
minations qui s'y commettaient : il pro de cèdre et du sapin en abondance, et re
fana cette vallée, dit l'auteur sacré, et çut en échange du vin, du froment et de
on ne la nomma plus qu'avec horreur l'huile; il lui fournit encore 120 talents
(Topheth), cf. Jér. 19, 13. Elle devint une d'or, en payement desquels Salomon lui
place maudite, un lieu d'exécution pour donna vingt villes ou villages de la Gali
les criminels, et la grande voirie de Jéru lée, situées probablement en dehors des
salem. Son nom de Gué-Hinnom, ou en
limites du pays, et que Hiram refusa; car,
grec géhenne, servit à désigner les mal après les avoir visitées, il trouva que c'é-
heurs temporels et éternels les plus tait un don peu généreux, et les appela,
grands, Matth. 5, 22. Marc 9, 43. Luc 12, par dérision, Cabul (q. v.). C'étaient des
5. Jacq. 3, 6. — v. encore Néh. 11, 30. villes à moitié désertes et des terres dif
Jér. 7, 31. 19, 2.32,35. On peut lire sur ficiles à cultiver; il les rendit à Salomon.
ce sujet (Topheth), une courte mais in Mais il ne paraît pas que leur amitié ait
téressante note de M. Stapfer, dans l'His souffert de cet épisode : car, au dire de
toire de la Révolution d'Angleterre de Josèphe, ils continuèrent une correspon
M. Guizot.
dance d'énigmes à résoudre, se payant
HIR(ville), 1° Hir-Hammélach, ville du des amendes l'un à l'autre lorsqu'ils ne
désert de Juda, Jos. 15, 62. Nos versions pouvaient en deviner le mot. Ces deux
l'ont traduit d'après sa signification litté princes firent encore ensemble le com
rale, la ville du sel. 2° Hir-Nahas, ville de merce du pays d'Ophir, les Hébreux plus
Juda, fondée par Téhinna, 1 Chr. 4, 12. riches, les Tyriens plus habiles dans le
3° Hir-Sémès (ville du soleil), Jos. 19, maniement des vaisseaux : ils s'aidèrent
41., ville de la tribu de Dan, peut-être mutuellement dans ces lointaines entre
la même que Beth-Sémès. prises, et mirent en commun leurs diffé
HIRA de Hadullam, intime ami de Juda, rents avantages. Hirammourut aprèstren
fut l'entremetteur de son mariage d'a- te-trois années d'un règne heureux et
bord, puis de ses débauches, Gen. 38, 1. paisible, ayant embelli sa capitale et fait
12.20. Triste amitié ! • prospérer son royaume ; il avait cinquan
HIRAM, 1° roi de Tyr, contemporain te-trois ans. Son nom se retrouve dans
de David, fit féliciter ce monarque lors les auteurs profanes qui ont écrit l'his
de son avénement au trône, et lui fournit, toire des rois de Tyr avant Josèphe.
en ouvriers et en bois de cèdre, tout ce
3° Hiram ou Huram , fils d'une veuve
qui lui était nécessaire pour la construc de la tribu de Nephthali ou de Dan, 2 Chr.
tion de son magnifique palais; on ne sait 2, 14., et d'un père tyrien ; il était fort
s'il était allié ou tributaire de David. Quel expert en toutes sortes de travaux d'ai
ques-uns (Calmet, Winer) l'ont confondu rain, et Hiram, roi de Tyr, l'envoya à
avec le suivant, et le font ainsi vivre pen Salomon pour l'aider dans les principaux
dant les quarante années du règne de Da et les plus délicats ouvrages de l'intérieur
vid, et pendant une grande partie de ce du temple, les colonnes, les pommes de
lui de Salomon, ce qui ne concorde guère grenade, la grande mer portée par douze
avec les autres données que nous pOssé bœufs, etc., 2Chr. 4, 11.1 Rois 7, 13. Il
dons.
est surnommé Abi (mon père), soit que ce
2° Hiram, Hirom, ou Huram, petit-fils fût un nom propre, soit que le roi de Tyr
du précédent et fils d'Abibal, 1 Rois 5, lui eût donné ce titre d'honneur pour le
1. 9, 11.27. 10, 11. 2 Chr. 2, 3. 8, 2. recommander d'autant plus à Salomon.
18. 9, 10., fut contemporain de David et HlR0NDELLES. Ce nom a servi chez
se trouvait sur le trône de Tyr lorsque différents interprètes pour la traduction
28
HIR 434 HIS
des chants historiques, peut-être même de Dieu. Si l'histoire des autres peuples
par les généalogies, qui étaient en quel et des autres temps avait été écrite par le
que sorte le fond, le cadre de leur his même Esprit, combien elle ressemblerait
toire, et que les Orientaux de nos jourS peut-être à celle des Juifs, combien d'in
estiment encore à une si grande valeur , structions on y trouverait encore ! Qu'on
Gen. 5, 10, 25, etc. — Sous les succes se représente l'histoire de France , les
seurs de David , on voit déjà quelques croisades, la réformation, les guerres
annalistes; ils appartiennent pour la plu de la ligue, les massacres des protestants,
part soit aux officiers de la cour, soit écrits comme les livres de Samuel ou des
surtout à l'école des prophètes, 1 Rois 4, Rois !
3.2 Rois 18, 18.37.2 Chr. 34, 8. Es. 36. HIWAH. v. Hava.
3, 22. Les cours orientales avaient éga HOBAB, Nomb.10,29.Quelquesauteurs
lement leurs historiographes, cf. Est. 10, confondent Hobab avec Jéthro son père,
2. Esd. 4, 15. 6, 2.— C'est par des pro le beau-père de Moïse, appliquant le nom
phètes qu'ont été écrits les livres histo de beau-père, dans le passage indiqué, à
riques de l'Ancien Testament ; ils citent Hobab et non à Réhuel comme il faut le
eux-mêmes les biographies dont ils se faire ; Réhuel n'est qu'un surnom de Jé
sont servis, et qu'ils se sont parfois thr0, et Hobab est ainsi le beau-frère de
bornés à extraire. Moïse. On pense que, lorsque Jéthro re
On peut remarquer , pour l'ensemble tourna dans son pays, il laissa auprès de
des ouvrages historiques de l'Ancien Tes Moïse Hobab son fils qui, après avoir
tament, qu'il s'y trouve une complète ab d'abord refusé, finit, sur les instances et
sence de préoccupation chronologique : les promesses de Moïse, par consentir à
comparés les uns avec les autres, ils pré servir de guide aux Israélites. Il paraît
sentent des contradictions inconciliables, que dès lors il resta avec le peuple dont
dont on peut mettre les unes sur le compte Son parent était le chef, et on voit ses
des copistes, lesautres sur ce que, peusou enfants sous les juges, à l'époque de Dé
cieux de lachronologie, un historien comp bora, habitant quelques déserts d'Israël,
tait à double certaines années, celles, par près de Kédès, Jug. 4, 11.
exemple, pendant lesquelles un fils avait HOBAH, Gen. 14, 15. (Beaucoup d'é-
été associé à son père sur le trône; compte ditions, et même la Concord. de Macken
exact aussi longtemps peut-être qu'il zie, portent Hobar; c'est une faute d'im
ne s'agit que de la vie d'un seul homme, pression.) C'était une ville, ou un bourg,
mais inexact lorsqu'on résume l'histoire dans la plaine fertile de Damas, à gauche,
de la nation par celle de ses rois. On par conséquent au nord de cette ville.
trouvera dans des considérations de ce Abraham, à la tête de ses serviteurs, pour
genre la clef de presque toutes ces in suivit jusque-là les rois qui avaient dé
exactitudes dont on a tant parlé : un mot pouillé Lot son neveu, Gen. 14, 14-16.
répond à tant d'attaques, c'est que le but Calmet pense que c'est Abila, dans la val
de l'historien sacré n'était pas de fournir lée entre le Liban et l'Anti-Liban ;Schrœ
aux chronologistes modernes des dates der mentionne un village de ce nom qui
et des jalons pour leurs époques, mais de subsisterait encore dans cette contrée.
donner aux enfants de Dieu la nourriture HOBAL, Gen. 10, 28., ou Hébal, 1 Chr.
dont ils avaient besoin, les leçons d'un 1, 22, peuplade arabe de la race des Jok
peuple riche en expériences de tous gen tanides. Bochart pense aux Avalites, pe
res. Il est remarquable de voir aussi la tite tribu troglodyte qui habitait les côtes
manière dont l'histoire est racontée dans orientales de l'Afrique près du détroit de
ces livres de Dieu; ce ne sont pas les lBabel-Mandeb ; d'autres ont comparé la
rois qui gagnent les batailles, ni les peu peuplade iduméenne des Gobolites, mais
ples qui se délivrent à main forte et à c'est déjà moins probable : on ne peut rien
bras étendu, ni les conseils qui délibè affirmer.
rent, mais partout intervient l'action pro HOBED-ÉDOM, Lévite de Gath-Rim
videntielle, la main suprême, le conseil mon dans la tribu de Dan, 2 Sam. 6, 10.
H0G 436 HOM
1 Chr. 13, 13. L'arche était depuis soi preuve de la miséricorde et de la fidélité
xante-dix ans dans la maison d'Aminadab, divines.
lorsque David, peu après son avénement HOLOCAUSTE, sacrifice qui se distin
au trône, résolut de la transporter à Jé guait de tous les autres en ce que la vic
rusalem. Effrayé peut-être par la mort de time était entièrement consumée, sauf la
Huza, il n'osa pas accomplir son dessein peau, qui devenait la propriété du sacri
et se borna à la déposer dans la maison ficateur, Lév. 1,6. 7, 8. C'était donc dans
d'Hobed-Edom, qui se trouvait près de là l'holocauste que l'idée fondamentale du
et, à ce que l'on peut croire, sur le bord sacrifice se trouvait le plus complétement
du chemin. Hobed-Edom ne craignit pas réalisée; aussi voyons-nous que ces sa
de recevoir chez lui ce dépôt sacré, et crifices ont commencé les premiers; ils
la présence de l'Eternel fut en bénédic datent du déluge, peut-être de la créa
tion à sa famille tout entière. Hobed-E- tion, Gen. 8, 20. 4, 4.; ce sont aussi les
dom eut huit fils et soixante-deux petits holocaustes qu'on offrait le plus fréquem
fils, « car Dieu l'avait béni, » et sa posté ment, tous les jours pour le peuple, Nomb.
rité fut attachée au service du temple, les 28.3. Ex. 29, 18., dans les grandes fêtes
uns comme portiers à la porte du midi, solennelles, Lév. 23, 37., pour les diffé
les autres comme trésoriers, 1 Chr. 26, rentes purifications, Lév. 12, 6. 14, 19.
4.8. 15. 2 Chr. 25, 24. 15, 15., et en général avec presque tous
· HODED. 1° Père du prophète Hazaria, les autres sacrifices, q. v., Nomb. 15, 8.
q. v. 2° Hazaria lui-même, 2 Chr. 15, 8. 2 Rois 16, 13. 15.
3° Autre prophète, qui provoqua la dé HOLON, ville lévitique des montagnes
marche généreuse de Hazaria (5°) et de de Juda, et ville de refuge pour les meur
ses amis auprès de l'armée triomphante triers involontaires, Jos. 15, 51 . 21, 15.
de Pékach, roi d'Israël, et qui fit mettre — 2° Ville moabite, située probablement
en liberté les prisonniers de Juda.2 Chr. dans la partie de Moab appelée la plaine,
28, 9. Jér. 48, 21., mais du reste inconnue. Wi
HOG, roi de Basan, guerrier fort et ner pense à Horonajim.
vaillant, le dernier descendant des Ré HOMER, 1° ou Chomer, mesure creuse
phaïms, Deut. 3, 11.Nomb. 21,33.32,33. des Hébreux pour les choses sèches : elle
Deut. 1, 4. 3, 1. 29, 7.31, 4. Il possédait contenait 10 baths (350litres), Ez. 45, 11.
soixante forteresses ou villes fortifiées, 14. C'est la même mesure que le core, Ez.
non compris les villes et les villages. 45, 14. Nomb. 11, 32.— 2° Le homer ou
Après que Sihon eut été défait par Moïse, ghomer, Ex. 1 6, 16.36. Os. 3, 2., était la
Hog, craignant les progrès d'un pareil dixième partie de l'épha, et contenait ainsi
adversaire, résolut de le prévenir; il ras cent fois moins que le précédent (3litres,
sembla son peuple et s'avança jusqu'à 50) : c'est de cette mesure que se ser
Edréhi contre l'armée des Hébreux, mais vaient les Israélites pour recueillir la
il fut taillé en pièces et perdit la vie avec manne du désert.
la bataille. — Pour nous donner une idée HOMRI, sixième roi d'Israël, 1 Rois
de sa taille gigantesque, Moïse dit que 16, 16. Général en chef des armées d'Ela,
son lit avait neuf coudées de longueur, il assiégeait pour son maître la ville de
et quatre de largeur, ce qui suppose tou Guibbethon, lorsqu'il apprit qu'Ela avait
jours une taille extraordinaire en admet été assassiné par Zimri , et qu'à son cri
tant même un peu de luxe dans les dimen me le meurtrier avait ajouté celui de l'u-
sions. On retrouva plus tard, à Rabbath surpation. Zimri n'avait pas pour lui la
Hammon, un lit de fer de la grandeur sanction populaire; l'armée se pressa au
indiquée, que la tradition disait être le tour d'Homri, le nomma roi et partit avec
même que celui de Hog, mais ce n'est lui pour aller assiéger dansTirtsa, la capi
pas prouvé. — Le nom de Hog est plu tale d'Israël , celui qui lui disputait la
sieurs fois rappelé dans l'Ecriture , Jos. couronne. Au bout de huit jours la ville
2, 10. 9, 10. 12, 4. 13, 12. Ps. 135, 11. fut prise ; Zimri, plutôt que de se rendre,
136, 20. Néh. 9, 22., etc., comme une mit le feu au palais, et périt dans les
H0M 437 HOP
flammes, 929 av. C. Cependant un parti HOPHEL, 2 Chr. 27, 3.33, 14., un
de mécontents suscita au nouveau roi un des quartiers de Jérusalem, situé à l'o-
second rival dans la personne de Tibni ; rient, sur une éminence voisine du tem
les armées étaient à peu près égales, la ple et du torrent de Cédron, et occupée
guerre civile recommença, on se battit depuis le retour de l'exil par les Néthi
pendant quatre ans. Homri finit par triom niens attachésau service du temple rebâti,
pher, et dès lors il régna en paix sur les Néh. 3, 26. 11, 21.—Mich. 4, 8., le mot
dix tribus réunies. Après être demeuré Hophel désigne appellativement le tem
deux ans à Tirtsa, dont le palais royal ple et la ville de Jérusalem tout entière ;
était détruit, il acheta pour deux talents c'est une prophétie que Michée rapporte
d'argent la montagne de Samarie , où il lui-même, v. 10., au retour de la capti
bâtit la ville de ce nOm , et y transporta vité, et dont Néh. 3, 26. 27. est le litté
le siége de son royaume, l'an 924. Il ral accomplissement. — 2° 2 Rois 5, 24.,
mourut en 918, après un règne de onze au lieu de lieu secret, il faut lire Hophel,
ou douze ans, ayant surpassé en ini endroit inconnu du centre de la Pales
quités tous ses prédécesseurs. Il fut le tine.
chef de la dynastie qui donna à lsraél HOPHNI, 1° ville de Benjamin, Jos.
Achab et Hatalie ; il paraît n'avoir pas 18, 24.—2° Hophni et Phinées, fils d'Hé
été dépourvu de talents administratifs et li, 1 Sam. 1, 3. 4, 4. 11. 17. Ces deux
politiques, et travailla, par le mariage de malheureuxjeunes prêtres furent pendant
son fils Achab avec une princesse phéni plusieurs années le scandale dupeuplejuif;
cienne, à consolider sa famille sur le abusant de leur position pour s'enrichir,
trône. v. 2 Rois 8, 26.2 Chr. 22, 2. Mich. ils extorquaient à force de menaces et de
6, 16. violences une part des offrandes consa
Les versets 15.23. et 29. de 1 Rois 16, crées, et, joignant la débauche à la cupi
offrent quelques difficultés chronologi dité, s'abandonnaient ouvertement à la
ques : d'après le verset 15, Zimri, et par corruption la plus grossière, jusqu'à sé
conséquent Homri, commence à régner la duire les femmes qui se rassemblaient
vingt-septième année d'Asa. Dans la tren par troupes à la porte du tabernacle d'as
te et unième année d'Asa , verset 23, signation. Ils ne se laissèrent pas arrêter
Homri a déjà régné six ans, et doit en ré dans leurs débordements par les sages,
gner encore six; enfin, verset 29, Homri mais trop faibles conseils de leur père,
meurt et Achab lui succède dans la trente et achevèrent de déshonorer leur charge
huitième année du même roi de Juda. Les en méprisant les avis du souverain sacri
douze années d'Homri sont donc compri ficateur. Des hostilités ayant éclaté entre
ses entre la vingt-septième et la trente les Israélites et les Philistins, Hophni et
huitième d'Asa ; elles doivent ainsi se ré Phinées touchèrent à l'arche sainte pour
duire à onze années et une fraction ; de se donner la victoire, et l'emmenèrent de
plus, les deux moitiés du règne d'Homri Silo dans le camp, malgré l'expresse dé
sont marquées par la trente et unième fense de l'Eternel.Au lieu de la résidence
d'Asa, ce qui ferait exactement quatre ans du Dieu fort, cette arche ne fut pour eux
pour la première moitié et sept pour la qu'un talisman humain, et après l'avoir
seconde. Partant de la vingt-septième an vu tomber entre les mains de l'ennemi, ils
née d'Asa, et admettant qu'Homri n'a pas succombèrent eux-mêmes dans la bataille,
régné douze années pleines, on arrive bien 1117 av. C., 1 Sam. 4.
à placer sa mort dans la trente-huitième HOPHRA, 1° un des Pharaons, roi d'E-
d'Asa, entre 918 et 919. Quant au détail gypte, et selon toute probabilité le mê
du verset 23, il marque le commence me qui est connu dans l'histoire profane
ment de la partie paisible du règne d'Hom sous le nom d'Apriès ou Vaphrès, fils et
ri, sans appuyer sur la parfaite égalité des successeur de Psammuthis, et huitième
deux moitiés, la première, comprenant roi de la vingt-sixième dynastie. Après
cinq années (27-31), la seconde, six et une heureuse guerre contre les Cypriens
une fraction (31 ou 32-38). et les Phéniciens, il fit contre les Cyré
HOR 438 H0R
néens une campagne dans laquelle il fut HOREB. 1° Horeb et Zéeb, deux chefs
défait; en même temps son peuple se ré madianites que les Ephraïmites firent
voltait contre lui, sous la conduite d'A- prisonniers au passage du Jourdain, lors
masis, et Nébucadnetsar attaquait son qu'ils fuyaient devant Gédéon ; le pre
royaume. Pressé par ces deux ennemis, mier fut mis à mort auprès d'un rocher
et n'ayant plus autour de lui qu'une fai auquel il donna son nom; l'autre dans un
ble armée, il tomba entre les mains d'A- pressoir qu'il s'était choisi pour refuge,
masis, qui le fit périr et lui succéda. — ou dont on lui avait fait une prison. —
Sédécias avait recherché l'alliance d'Ho v. encore Ps. 83, 12. Es. 10, 26.
phra contre Nébucadnetsar , Ez. 17, 15., 2° Horeb est le nom que l'on trouve
et cette alliance lui avait été de quelque Deut. 1, 6. 4, 10. etc., pour désigner la
secours lors du dernier siége de Jérusa montagne sur laquelle fut donnée la loi,
lem, Jér. 37, 5. 7. (586 av. C.), mais elle et qui est appelée Sinaï dans les autres
devait présider à la perte de l'un et de livres du Pentateuque ; v. aussi Mal. 4,
l'autre royaume. Lorsque plus tard quel 4. C'était le nom particulier d'une des
ques Juifs menés par Hazaria et Johan sommités du Sinaï, probablement de la
nan voulurent profiter, malgré les mena pointe inférieure, de celle par laquelle on
ces de Jérémie, de la liberté d'établisse passe pour arriver au Sinaï proprement
ment que Hophraleur accordait en Egypte, dit, q. v.
Jérémie leur annonça la triste fin de ce HORIENS, peuplade des frontières
royaume d'Egypte et son renversement, méridionales de la Palestine, habitant les
Jér. 43, 9. 44, 30. 46, 25. montagnes de Séhir, dont elle fut plus tard
Les prophéties d'Ezéchiel, ch. 29 et repoussée par les Edomites, Gen. 14, 6.
suiv., contre Pharaon, devaient s'accom Deut. 2, 12.22. Elle était divisée en plu
plir sous Hophra, le dernier roi de sa sieurs tribus, Gen. 36, 20., et vivait, ainsi
dynastie, mais elles ne se rapportaient à que son nom l'indique (hor, trou) dans
ce roi que comme roi et non comme in ces cavernes et ces fentes de rochers si
dividu. abondantes dans les montagnes de l'Idu
2° Hophra, ville de la tribu de Benja mée. D'après Michaélis, ils auraient été
min dans la partie nord-est, située d'après d'origine cananéenne. Calmet suppose
Eusèbe, à cinq milles est de Béthel, 1 Sam. que les Grecs auront emprunté leur mot
13, 17. Quelques-uns pensent que c'est la héros, ºpos, à l'hébreu horim, qui est pris
même que Haphra, Mich. 1, 10. quelquefois dans le sens appellatif de
3o Patrie et demeure de Gédéon dans la grands, puissants , comme ils ont pris
tribu de Manassé, Jug. 6, 11. 24. 8, 27. leur mot byz# à l'hébreu Hanak, le père
Le récit n'indique pas clairement si elle des Hanakins.
était au delà ou en deçà du Jourdain; il HORMA (interdit), d'abord appelée
me paraît cependant probable, contre l'o- Tsephath', ville cananéenne, et résidence
pinion la plus répandue, qu'elle était en royale, Jos. 12, 14. Nomb. 14, 45.21, 3.
deçà, du même côté que fut livrée la ba Elle fut détruite par les tribus de Juda et
taille entre Gédéon et les Madianites. de Siméon, et successivement donnée en
HOR, nom d'une montagne au sud partage à la première, puis à la seconde
est de la Palestine, aux confins de l'Idu des tribus, Jos. 15, 30. 19, 4.1 Chr. 4,
mée, à l'est d'El-Araba, qui fait partie du 30. v. encore 1 Sam. 30, 30.
désert de Tsin : c'est là que mourut Aa HORONAJIM, ville moabite, Es. 15, 5.
ron, Nomb. 33, 38. cf. 20, 22. ; l'on y Jér. 48, 3. 5. 34., probablement située
montre encore son tombeau. Elle porte sur une colline. Elle a donné naissance à
le nom de Dshebel-Nabi-Harun (monta Samballat gouverneur perse en Palestine,
gne du prophète Aaron), ou de Sidna Néh. 2, 10. 19. Plus tard elle fut jointe au
Harun. — 2° Il y avait encore une autre territoire de la Judée, Jos. Ant. 14, 15.4.
montagne du même nom au nord de la HORPA, Moabite, belle-fille de Na
Palestine , dont elle formait la frontière homi, épouse de Mahlon (º), et belle
septentrionale, Nomb. 34, 7.8. sœur de Ruth. Elle essaya de suivre sa
HOS 439 HOS
rice; l'insulter ou troubler son repos était trement. Les anciens Hébreux ne con
une grossièreté sans nom, Gen 19, 4. naissaient pas les caravansérails, cf. 2Rois
Après l'exil, l'hospitalité entre Juifs et 4, 8. Gen. 28, 11. Dans les passages
Samaritains ne fut plus qu'une vertu no Gen. 42 , 27. Ex. 4, 24. 2 Rois 10, 12.
minale : castes distinctes, ces deux peu Jér. 9, 2., il s'agit probablement d'une
ples se haïssaient avec la fureur ordinaire espèce de bivouac où l'on passait la nuit,
des castes; les Juifs aimaient mieux faire dans des tentes ou dans des cavernes,
un détour que de s'exposer à demander comme les Orientaux de nos jours savent
l'hospitalité à des Samaritains, et ces der encore s'abriter partout où ils se trouvent
niers, peut-être moins obstinés dans leur lorsqu'ils n'ont pas de caravansérail à
haine, Luc. 10, 33., repoussaient cepen leur disposition. Quelques versions voient
dant de leurs maisons les Juifs qui se ren aussi une hôtellerie Jos. 2, 1., mais la tra
daient à Jérusalem, surtout lorsqu'ils pa duction de nos Bibles doit être mainte
raissaient s'y rendre pour les fêtes reli nue. L'habitude de l'hospitalité rendait
gieuses, Luc 9, 53. Notre Sauveur, dans presque inutile l'établissement d'hôtelle
la parabole du bon Samaritain, montre ries; à l'époque même de notre Sauveur,
combien l'idée de prochain doit rester in l'hospitalité était plus généralement en
dépendante de toutes considérations per vogue que l'usage des hôtelleries, qui,
sonnelles ou religieuses, lorsqu'il s'agit d'ailleurs, ne se trouvaient guère que dans
de la charité dont l'essence est d'être uni les contrées désertes, comme celle de Jé
verselle. rico, et sur le bord des grands chemins.
D'après Homère, l'hospitalitédes païens HOTHNIEL (1405 av. C.), Jug. 3, fils
aurait été fondée sur la croyance que les de Kénas et neveu de Caleb, obtint en
dieux, déguisés en simples mortels, se mariage Hacsa, la fille de ce dernier, la
promènent quelquefois sur la terre pour quelle avait été promise en récompense
éprouver les hommes, les récompenser de à celui qui ferait la conquête de Kiriath
leur hospitalité, ou les punir de leur du Sépher, Jug. 1 , 13. Il fut le premier des
reté : cette idée sublime a été rappelée juges d'Israël, et délivra son peuple du
par notre Sauveur, et bien peu modifiée, joug de Cusan-Rischatajim, roi de Méso
lorsqu'il dit à ses disciples : « Celui qui potamie, qui l'opprimait depuis huit ans.
vous reçoit me reçoit «, Matth. 10, 40.41. Il se mit à la tête des Hébreux, les ran
cf. 25, 34-45. « Par elle, dit encore un gea en bataille, et vainquit : une paix de
apôtre, quelques-uns ont logé des anges, quarante ans fut le fruit de sa victoire, et
n'en sachant rien, » Héb. 13, 2. il exerça pendant tout ce temps les fonc
HOTELLERIE. A la place de nos au tions de juge. — On l'a confondu, mais
berges et de nos hôtels , on trouve en sans raison, avec le pieux Jahbets, 1 Chr.
Orient des caravansérails, appelés aussi 4, 9. 10, — Hothniel est, depuis la mort
khans, ou mensils, espèces de grands bâ de Josué, le premier chef du peuple qui
timents ou hangars, propres à offrir au soit mentionné dans l'Ecriture; on ne sait
voyageur et à ses bêtes un abri gratuit pas quelle espèce de gouvernement rem
pour la nuit, et quelquefois aussi, mais plit l'intervalle de vingt ans qui sépare le
rarement, des vivres et du fourrage à un grand capitaine du premier juge; il est
prix modéré. Il y en a dans les villes, dans probable même qu'il n'y eut pas de gou
les villages , parfois même au bord des vernement régulier, et que chacun fit ce
grandes routes; et c'est probablement de qui lui plut, chaque tribu, chaque famille,
pareilles hôtelleries qu'il est parlé Luc 10, chaque individu. C'est dans cette période
34. Jér. 41, 17., peut-être aussi Luc 2, que se place la petite guerre contre Ado
7., quoiqu'on pense généralement que la ni-Bézec.
maison dans laquelle est né notre Sau HOZIAS, dixième roi de Juda, nommé
veur fût une maison particulière, mise au Hazaria dans le second livre des Rois
service de quelques voyageurs à cause (sauf 15, 30.32), fils d'Amatsia et de Jé
des circonstances dans lesquelles le pays colia. Après le meurtre de son père, le
se trouvait par suite de l'édit d'enregis peuple l'appela au trône de Juda ; il était
H0Z 441 HUI
à peine àgé de seize ans, 2 Rois 14, 21. le rongeait. Jotham, son fils, gouverna
Il régna cinquante-deux ans dans l'esprit en son nom quelques années, et à sa
du Dieu de Moïse (809-758); il s'opposa mort, Hozias ne fut pas même enseveli
aux progrès de l'idolâtrie sans cependant dans les sépulcres des rois ses pères; on
réussir en tous lieux, 2 Rois15, 3., écouta le relégua dans un champ qui les entou
les avis du pieux pontife Zacharie, et fit rait.
fleurir son royaume au dehors. Il re Ilfut contemporain des rois d'Israël Jé
conquit Elath, que les Iduméens avaient roboam II, Zacharie, Sallum, Ménahem,
prise sous Joram; il mit sur pied 300,000 Pékachia et Pékach, et des prophètes A
hommes avec lesquels il abattit les Phi mos, Osée et Esaïe, peut-être encore de
listins, dont il rasa les forteresses; il re Joel. On voit par Amos 1, 1. cf. Zach. 14,
poussa les tribus arabes et rendit les 5., qu'un tremblement de terre marqua le
Hammonites tributaires, 2 Rois 14, 22. règne de ce monarque, mais on ne sait à
sq. 15, 1. 2 Chr. 26, 1. Il construisit des quelle époque il faut le placer. Il est mar
arsenaux. Les laboureurs et les bergers qué, Matth. 1, 8., comme fils de Joram,
vécurent en paix sous sa protection; il mais trois générations sont omises, v.
leur éleva des forteresses au désert, et les Jésus.
montagnes de Juda regorgèrent des biens HUILE. L'Orient ancien , comme l'O-
de la terre. Heureux comme administra rient moderne, faisait un très grand usage
teur et comme capitaine, ce grand roi vou de l'huile et de toutes les graisses végé
lut être aussi sacrificateur. Ebloui par tales, soit parce qu'étant fraîches, elles
tant de succès, son cœur se gonfla, et il sont plus fines que la graisse animale,soit
dut apprendre que l'orgueil marche de aussi parce qu'elles se conservent mieux
vant l'écrasement. Il oublia ou méprisa et plus longtemps. Les Hébreux ne fai
les lois du Seigneur sur le culte; il ou saient pas exception à cette règle; la loi
bliaque les fonctions sacerdotales avaient même leur prescrivait en plusieurs cir
été confiées à la famille d'Aaron seule, constances l'emploi de l'huile au lieu de
Nomb. 3, 10., et que la malédiction frap graisse : le législateur voulait peut-être,
perait les rois qui empiéteraient sur les pour attacher les Hébreux à leur sol, fa
prérogatives des pontifes. Un jour il en voriser ainsi les travaux de l'agriculture
tre dans le temple et se saisit de l'encen et les obliger d'une manière indirecte à
soir pour offrir le parfum sur l'autel ; multiplier leurs plantations. lls se ser
mais le pontife Hazaria est là avec quatre vaient d'huile : a)pour leurs repas et pour
vingt prêtres du Seigneur; ils s'opposent l'assaisonnement des viandes, de la fari
au sacrilége et Hazaria, le roi du culte, ne, des légumes et de presque tous les
dit à Hazaria, le roi du pays : Il ne t'est mets pour lesquels on emploie le beurre
pas permis d'offrir de l'encens devant le dans nos cuisines, Ez. 16, 13. C'est une
Seigneur, sors du sanctuaire ». Hozias, ir graisse plus pure que les substances ani
rité de cette courageuse résistance, croit males et qui paraît devoir donner un goût
vaincre les prêtres de Dieu comme il a plus délicat aux aliments ainsi préparés.
vaincu les Philistins ; l'encensoir à la b) Les gâteaux de sacrifices, et toutes les
main, il les menace; mais au même instant offrandes , étaient oints ou accompagnés
la lèpre paraît sur son front, il est impur d'huile fine, Lév. 2, 1.15. 5, 11. 14, 10.
et les prêtres le chassent parce que sa Nomb. 5, 15. 8, 8., etc. Il y avait même
présence souille le temple : lui-même ne des aspersions d'huile sur les sacrifices,
résiste plus; il est épouvanté, car il sent Lév. 14, 12., et ailleurs : cf. Mich. 6, 7.
que la main de l'Eternela vengé l'outrage c) On s'en servait : pour oindre le corps,
fait au lieu saint. Le vieux roi s'était per les cheveux, la barbe, les pieds, etc., sur
du par son obstination. Hosias demeura tout lorsqu'on donnait un festin ou lors
ainsi lépreux jusqu'à sa mort; il fut re qu'on recevait des hôtes qu'on voulait
tranché du peuple et confiné dans une honorer, Deut. 28, 40.2 Sam. 14, 2. Ps.
maison écartée, tant était grande l'hor 23, 5.92, 11. 104, 15. 133, 2. Mich. 6,
reur des Juifs pour la plaie impure qui 15. Luc. 7, 46.; sous ce rapport, l'huile
HUL 442 HUP
était devenue un objet de luxe, Prov. 21, HULDA (623 av. C.), prophétesse,
17, v. Onction; d) comme combustible épouse ou veuve de Sallum, l'intendant
pour l'alimentation des lampes dans le de la garde-robe royale,2 Rois 22,14.15.
temple, Ex. 25, 6. 27, 20. 35, 8. cf. Esd. 2 Chr. 34, 22. Elle demeurait à Jérusalem,
6, 9., et chez les particuliers, Matth. 25, « au collége; » l'hébreu porte bamishneh,
3.; e) enfin, comme remède : les Juifs oi que l'on trouve aussi Soph. 1, 10., et qui
gnaient la tête d'huile pour chasser un signifie littéralement dans la seconde par
mal de tête, et appliquaient cette même tie de la ville, cf. Néh. 11, 9. Quelques
substance presque dans tous les cas de uns l'entendent d'un séminaire ou d'une
maladie, soit qu'il y eût souffrance inté école de prophètes. Hulda n'est connue
rieure, soit qu'il y eût lésion extérieure,
que par un seul oracle. Hilkija venait de
Es. 1, 6. Luc 10, 34. Il y avait aussi des retrouver dans le temple la loi de l'Eter
bains à l'huile, Jos. Ant. 17, 6. 5. Deux nel, avec ses menaces contre l'idolâtrie.
passages se rapportent à l'emploi de Emu à la vue du livre sacré, le roi Josias
l'huile comme remède, Marc. 6, 13.Jacq. comprit qu'il fallait rentrer en plein dans
5, 14. Les disciples oignaient d'huile les la voie de la sainteté et de la fidélité, et
malades. Il faut se rappeler que les dis il députa quelques hommes auprès de la
ciples n'étaient pas médecins, et que ce prophétesse (Jérémie vivait déjà, mais on
n'est pas comme tels que Jésus les avait peut supposer qu'il était absent. puisque
envoyés : le premier des deux passages le roi s'adresse à une femme). Hulda dé
a son commentaire dans ces paroles du clara aux envoyés du roi que lui, Josias,
second : « Et la prière faite avec foi sau vivrait et mourrait en paix, parce que son
vera le malade. » cœur s'était amolli et qu'il s'était humilié
On voit par ce qui précède que l'abon devant Dieu, mais que toutes les menaces
dance d'huile était un sûr indice de pro de la loi divine s'accompliraient à la ri
Spérité; elle appartenait en quelque sorte gueur contre ce peuple qui avait aimé de
aux objets de première nécessité, cf. Jér. faux dieux et leur avait offert des encen
31, 42.; un présent d'huile était toujours sements. « Ma colère, dit Jéhovah par la
bien venu, Os. 2, 5. 1 Chr. 12, 40., et bouche de sa servante, a fondu sur ce
dans les promessesde bonheur et d'abon lieu-ci, et elle ne sera pas éteinte. » —
dance qui sont faites au peuple, l'huile L'exil fut le sceau de cette prophétie.
n'est jamais oubliée, non plus que la vi HULOTTE, hébreu thachmass, Lév,
gne et le figuier, Joël 2, 19.cf. Deut. 28, 11, 16. Deut. 14, 15., est rendu dans nos
40. Sur les prémices et les dîmes de versions par hulotte; v. Chat-huant.
l'huile, v. Deut. 12, 17. 18, 4.2 Chr. 31, HUPPE, Lév. 11, 19. Deut. 14, 18.,
5. Néh. 10, 37. 39. 13, 12. | hébreu doukiphat. La traduction de nos
HUL, le second des fils d'Aram, Gen. Bibles est appuyée par l'arabe, les Sep
10, 23. Ce nom est peu connu. Josèphe tante, saint Jérôme et Luther, et il n'y a
et saint Jérôme ont cherché sa postérité rien qui soit de nature à l'invalider. La
dans l'Arménie, mais sans fondement ni huppe (upupa epops L.) est un oiseau
vraisemblance. Rosenmuller et Gesenius bien connu en Orient; il est de la gros
Comparent le nom arabe d'une vallée ou seur d'une grive, assez beau, mais sans
d'un bassin situé au pied du mont Her voix; les ailes et la queue sont noires
mOn, entre le Dshebel-Safat et le Dshebel avec des raies blanches, le cou et la poi
Heisch, qui porte maintenant le nom de trine tirent sur le roux ; sur la tête une
Erets Alhullah (v. Seetzen et Burkhardt) : petite aigrette de plusieurs couleurs s'é-
c'est le bassin dans lequel le Jourdain lève et s'abaisse à volonté : il est très peu
prend sa source : au midi se trouve le lac délicat sur le choix de sa nourriture,
Mérom, qui s'appelle aujourd'hui El Hou mange de tout ce qu'il rencontre, et mé
leh. Cette opinion, qui est la plus pro ritait bien d'être rangé par Moïse au
bable, se rapproche de celle de Michaélis, nombre des animaux impurs. Les huppes
qui cherche Hul dans la Cœlésyrie, entre de l'Egypte sont extrêmement recher
le Liban et l'Anti-Liban jusqu'à Alep. chées pour leur excellente graisse et leur
HUS 443 HUZ
chair succulente. v. Sonnini, Russel, et chef d'une plus grande et plus ancienne
Bochart, Hieroz. III, 107. famille. La comparaison des passages de
HUR. 1° Fils de Caleb et d'Ephrata, né Job et de Jérémie peut nous mettre sur la
pendant le séjour en Egypte, 1 Chr. 2, 19. voie : c'est au nord de l'Arabie qu'il faut
—2° Ami de Moïse, et, d'après Josèphe, chercher Huts, car Job appartient aux fils
époux de Marie, la sœur de Moïse ; selon de l'Orient (1, 3.), nom qui est ordinai
d'autres, fils de Marie. On ne sait que rement donné aux Arabes ; il devait être
peu de choses sur son compte, mais on de plus dans le voisinage des Caldéens et
voit qu'il était fort considéré du législa des Sabéens, puisque ces peuples font de
teur. Lorsque Josué marcha au-devant chez eux des invasions sur la terre de
d'Hamalec dans le désert, Moïse monta Huts (1, 15. 17.) : il ne devait pas être
sur la montagne avec Hur et Aaron, qui éloigné de l'Idumée d'après le passage des
soutinrent ses bras fatigués, Ex. 17, 10. Lamentations, et Jérémie nomme les rois
Hur fut encore, dans une autre circon de ce pays entre ceux de l'Egypte et des
stance, associé à Aaron pour exercer, en Philistins. On peut donc placer Huts dans
l'absence du législateur, la vigilance et la partie septentrionale de l'Arabie Pétrée,
l'autorité souveraine. ll mourut dans le vers l'Euphrate et la Mésopotamie : son
désert. — 3° Roi de Madian, tué dans un nom même concorde avec cette opinion.
combat que lui livra Phinées, Nomb. 31, C'est là que se passèrent les scènes du
8. — 4° Gen. 11, 31., ville des Caldéens. livre de Job.
v. Ur. HUZA, 2 Sam. 6, 3.1 Chr. 13, 7. (1045
HURAI, natif des vallées de Gahas, av. C.), lévite, fils d'Abinadab et frère
l'un des braves de David, 1 Chr. 11, 32., d'Ahjo. L'arche, rendue par les Philistins,
nommé Hiddaï 2 Sam. 23, 30. était restée oubliée dans la maison d'Abi
HURAM. 1° v. Hiram. — 2° Benjamite, nadab jusqu'à la fin de la guerre que Da
1 Chr. 8, 5. vid avait entreprise contre les ennemis de
HURBEC. v. Sauterelles. son peuple , mais une fois victorieux, Da
HUS ou Huts, Gen. 10,23. 36, 28. Job vid put réaliser le dessein qu'il avait de
1, 1. Ce nom désigne en arabe un pays transporter à Jérusalem le gage sacré de
doux et fertile ; il a donné lieu à des hy la présence de l'Eternel : tout le peuple
pothèses bien différentes. Quelques-uns accompagnait le saint convoi;30,000 hom
l'ont pris pour Edom, mais le nom déjà mes d'élite, choisis dans l'armée, le sui
rend la chose peu vraisemblable, car l'I- vaient. Arrivés près de l'aire de Nacon,
dumée est plus ou moins aride et stérile. sur un terrain foulé, sec et glissant, les
On se fonde pour appuyer cette idée sur bœufs bronchèrent, l'arche fut ébranlée,
ce qui est dit Lam. 4, 21. : « Réjouis-toi, et Huza qui se tenait auprès, la voyant
fille d'Edom, qui demeure au pays de chanceler, porta sa main pour la retenir,
Huts; » mais ce passage prouve seule et fut frappé de mort. « La colère de l'E-
ment que les Edomites avaient pu faire ternel s'enflamma contre lui, et Dieu le
quelques conquêtes dans ce pays, et d'ail frappa de mort à cause de son indiscré
leurs Jérémie, 25,20.21., distingue Huts tion. » cf. Ex. 33, 20. Nomb.4, 15. 18, 3.
et Edom. Les anciennes généalogies four — Il n'est pas nécessaire d'exagérer le
nissent, l'une un Huts fils aîné d'Aram, crime de Huza pour en comprendre le
l'autre un Huts descendant d'Edom. Les châtiment : c'est une faute que tout autre
fils d'Aram sembleraient devoir diriger Israélite eût probablement commise com
les recherches vers le nord (v. Ilul), si me lui, une faute presque involontaire et
l'on était obligé de croire que les quatre machinale, en même temps une faute à in
ont suivi la même direction ; la postérité tention respectable.Mais c'était une trans
d'Esaü a son territoire assez connu, et gression de la loi, et la loi des Juifs ne
quant à ces deux Huts d'origine différente souffrait ni interprétations, ni exceptions.
ils ont pu, ou bien se confondre par des Huzaavait manqué au sanctuaire, à l'arche
alliances, ou bien s'établir à part , et le sacrée ; ses mains d'homme s'étaient ap
fils d'Aramaurait été le plus connu comme prochées du saint vase que l'Eternel avait
HYE 444 HYS
choisi pour en faire au milieu de son peu elle est parfaitement justifiée par le pa
ple le domicile arrêté de sa demeure, et si rallélisme, cf. v. 8 et 11.; on peut suppo
Huza avait pu le toucher impunément, ser que les Septante étaient assez bien
l'arche sainte était déconsidérée, et n'é- placés pour connaître et le sens de l'hé
tait plus qu'une arche sans prestige, sans breu, et l'histoire naturelle de la Pales
rayons et sans gloire. Qu'on se rappelle, tine ; enfin l'hébreu tsabouah, par son
d'ailleurs, que dans l'économie théocrati étymologie, confirme encore cette traduc
que le gage du péché c'est la mort, et que tion. (Tsabah signifie plonger, rayer, bi
les fruits de la transgression suivent la garrer ; il signifie aussi piller, butiner;
trangression comme une conséquence na deux sens qui conviennent très bien à la
turelle ; Dieu n'a pas puni Huza, mais hyène, soit qu'on regarde à sa voracité,
Huza a été puni par où il avait péché, l'ar ou à son poil rayé de diverses couleurs.)
che meurtrière l'a tué, parce qu'on ne pou Cet animal, d'ailleurs, était connu en Pa
vait pas la toucher sans périr, comme un lestine comme en Egypte, et il porte en
poison empoisonnera toujours ceux qui core un nom semblable dans plusieurs
le prendront, qu'ils le fassent machinale contrées voisines, sur les bords du Tigre
ment, involontairement, à bonne inten zibee, en Arabie tsabehon ou dsuba, en
tion, ou de toute autre manière. syriaque tsabu, de même encore en di
HYACINTHE, le onzième fondement de vers dialectes dubba, dsabuon, sheeb, etc.
la céleste Jérusalem, Apoc. 21, 20. On Cette traduction est appuyée, outre les
connaît sous ce nom une pierre précieuse, Septante, par Aquila, Symmachus, Théo
une couleur et une fleur; cette dernière dotion, Bochart, Ludolf, Gesenius, Wi
n'est jamais mentionnée dans l'Ecriture ; ner, Harris, et la plupart des voyageurs
la couleur, quelques-uns la trouvent dans en Orient. — Théodotion a en outre tra
l'hébreu thekéleth, Ex. 25, 4., mais sans duit, 1 Sam. 13, 18., la vallée de Tséboïm
raisons suffisantes, v. Cramoisi. La pierre par vallée des hyènes (cf. aussi Néh. 11,
de ce nom, hébr. leshem, n'est rappelée 34.);le Targum caldéen, lisant Tséphoïm,
que deux fois dans l'Ancien Testament, l'a rendu par vallée des vipères.
Ex. 28, 19. 39, 12., où nos versions l'ont Calmet/ et quelques autres voient la
traduite ligure, en lui conservant son nom hyène dans l'hébreu bath-yaaneh, Lév.
grec; l'autorité des Septante, de Josèphe 11, 19., mais v. Autruche.
et de Jérôme appuie suffisamment cette HYMENEE et Philète, 1 Tim. 1,20.2
traduction. L'hyacinthe est une pierre Tim. 2, 17., chrétiens apostats de l'Eglise
dont on trouve différentes espèces : les d'Ephèse, qui voulurent faire du rationa
anciens en comptaient quatre, celle qui lisme, et s'y prirent un peu tôt pour prê
tire sur la couleur du rubis, l'hyacinthe cher les vérités modernes ; ils annon
jaune doré, l'hyacinthe citron, et une çaient que la résurrection était déjà arri
quatrième de la couleur du grenat. Elle vée symboliquement, et par conséquent
est dure et transparente, et perd sa cou la niaient en la confondant avec la régé
leur au feu. nération ; leur parole rongea comme une
HYENE, Jér. 12, 9. Les Septante ont gangrène, ils séduisirent la foi de plu
rendu le commencement de ce verset par sieurs, et Paul livra Hyménée à Satan. –
« mon héritage est-il une tannière de Mosheim voulait entendre deux Hyménée
hyène ? » traduction qui vaut mieux sans différents dans ces deux passages, mais
doute que l'oiseau peint de nos versions. il ne l'a pas prouvé.
Dahler traduit, « Oiseaux de proie, inon HYSOPE, plante de la famille des gym
dez de sang mon héritage ! » mais il n'est nospermes, de la classe des didynamia.
arrivé là que par un léger changement Son calice à cinq feuilles est cylindrique,
de texte, et l'adjonction du mot sang. On et soudé par le bas ; les pétales sont sé
a essayé encore de plusieurs autres ver parés, les étamines droites et distinctes;
sions, mais sans succès. Je ne comprends la fleur, d'un bleu céleste, sort de la tige
pas pourquoi plusieurs auteurs ont tenu comme un épi; les feuilles un peu allon
à repousser la traduction des Septante ; gées en forme de lance sont dures, odo
IBT 445 IDD
entre la dynastie de Juda et la maison gence des choses saintes, elles dénaturent
d'Israël : ce fut l'idolâtrie cananéenne, 2 le culte, l'abaissent, matérialisent la Di
Rois 8, 18. 27.; ailleurs, c'est celle desvinité et arrêtent les regards au lieu de
Ammonites, 16, 3., ailleurs encore, c'est les diriger. Et cette défense, non-seule
celle de la Phénicie et la Syrie, 21, 3. ment d'adorer, mais même de se faire des
La réforme de Josias même, quoique images était si sévère, si expresse, qu'elle
large et vigoureuse, ne dura pas; le roi est répétée à plusieurs reprises dans la loi,
réformateur avait entrepris plus qu'il ne et qu'elle a même sa place dans le déca
pouvait faire, et l'on voit par quelques logue, Ex. 20, 4. Deut. 4, 16. 5, 8, 27,
passages des prophètes, qu'à la fin de son 15. Les Hébreux ne s'en laissèrent pas
règne, le culte païen avait repris la place moins entraîner à suivre le penchant na
du vrai culte, Soph. 1, 4. Jér. 2, 20. 3, 6. turel de leurs cœurs et l'exemple des
5, 7., etc. Ez. 7, 20. 16, 15. Avec l'ido autres nations. Ils avaient vu les Egyp
lâtrie marchaient les sciences Occultes, la tiens adorer des dieux visibles, animaux
magie, les enchantements, 2 Rois 23, 24; ou végétaux, ou tout au moins des repré
et les faux prophètes, luttant contre les sentations de la Divinité, et ce culte ex
messagers de l'Eternel, soutenaient avec térieur leur paraissait plus séduisant et
quelque succès les impostures et les Su plus commode que le saint et solennel
perstitions du paganisme, Jér. 29, 8. Os. Jéhovisme, si l'on peut s'exprimer ainsi;
9, 7. Mich. 5, 12. Le culte de Bahal, amené ce n'est qu'avec peine qu'ils supportaient
en Israël par une princesse sidonienne, s'y un Dieu-esprit, même avec toutes les ma
organisa pareillement et dura plusieurs nifestations extérieures et les cerémonies
générations, 1 Rois 16, 31., etc., 2 Rois qui accompagnaient la célébration de son
10, 25. culte. Ce Dieu s'étant manifesté d'une
Le culte rendu à ces divinités étran manière visible en Sinaï, les Hébreux en
gères consistait en des vœux, des encen furent épouvantés, mais cela dura peu :
sements, des offrandes sanglantes et non on cesse bien vite de craindre celui qu'on
sanglantes, peut-être mème des sacrifices ne voit plus, et quelques semaines s'é-
humains, 1 Rois 11, 8.2 Rois 22, 17. Jér. taient à peine écoulées qu'ils dansaient
1, 16.7, 9. Les hauts lieux et les bocages autour d'une image. Aal'on lui-même
étaient plus particulièrement affectés à ce donna les mains à cet acte incroyable d'i-
culte; cependant on l'exerçait aussi sur dolâtrie, Ex. 32. Le serpent d'airain dont
les toits, sous des arbres touffus, dans l'élévation fut ordonnée de Dieu pour un
les jardins et dans les vallées, Jér. 19, 13. temps, ne peut être rangé au nombre des
1 Rois 14, 23. Jér. 2, 23. Es. 65, 3.1, 29. actes de l'idolâtrie des Hébreux, Nomb,
L'impureté et des débauches effrénées 21, cf. Jean 3, 44., mais il prouve com
présidaient à la plupart de ces impies cé bien l'usage de ces signes matériels était
rémonies, et ne contribuaient pas peu à dangereux, puisque pendant des siècles
concilier à ces cultes étrangers les volup ce morceau d'airain fut conservé pour
tueux et charnels Hébreux, cf. encore. Es. être en scandale et en pierre d'achoppe
65, 4. 66, 17. Les prètres étaient en gé ment aux faibles qui s'en firent une reli
néral nombreux, et se soignaient bien, 1 que, 2 Rois 18, 4. Sous les juges, on voit
Rois 18, 22. 2 Rois 10, 21. Os. 10, 5. de même plusieurs fois ce besoin d'ima
2° A côté du culte des faux dieux, les ges. Jug. 17, 4. 18, 17., besoin d'autant
Hébreux pouvaient être exposés à la ten plus facile à comprendre que dans ce
tation d'adorer.Jéhovah, le vrai Dieu, sous temps il ne paraît pas qu'il y ait eu au
une forme matérielle, celle d'images pein cun service public organisé. David et
tes ou sculptées. Dieu, qui avait tant ac Salomon, rois théocratiques, ne permi
cordé à la faiblesse humaine, ne voulut rent pas cette infraction à la loi divine ;
cependant pas accorder les images à son mais aussitôt après le schisme, le pre
peuple, précisément parce qu'elles sont mier roi d'Israël qui sent le besoin d'af
tout à fait humaines, et que bien loin fermir par de nombreuses concessions sa
d'élever la piété, et de faciliter l'intelli nouvelle dynastie et sonnouveauroyaume,
ID0 448 IMP
établit le culte des images; des veaux tien pourrait-il céder à tous ces petits
d'or sont placés aux frontières du pays, à arguments de théorie, s'il ne se rappelait
Dan et à Béthel; ces deux siéges de l'ido qu'en pratique il en est tout autrement,
lâtrie résistent à tous les efforts des rois et que le peuple n'a jamais tardé à abuser
pieux qui plus tard veulent restaurer le de ces dessins ou de ces sculptures pour
culte de Jéhovah, et qui réussissent par les adorer; s'il ne se rappelait surtout,
tout ailleurs à détruire les autels et à ar avec une sainte horreur, que pour faire
racher les bocages, 1 Rois 12, 28.2 Rois place aux images , l'Eglise idolâtre a dû
10, 25. 29. 17, 2.Am. 8, 14. De là ces ôter de la Bible et du décalogue un com
menaces fréquentes prononcées contre mandement spécial qui les condamne.
Béthel qui était le plus rapproché de Juda, Quant au culte des peuples païens, v.
et où les rois idolâtres paraissent avoir eu Astres, Caldée, etc. Les prophètes y font
l'habitude de se rendre, 1 Rois 13, 1. de fréquentes allusions, et décrivent avec
Am. 3, 14.Os. 10, 15. Jér. 48, 13. Mème véhémence l'impiété de ces cérémonies ;
après la ruine d'Israël, Béthel continua leur vanité, leur impuissance, la fabrica
de subsister comme siége de l'idolâtrie, tion des petits dieux, etc., 1 Rois 18,27.
jusqu'à ce que le roi Josias en eût extirpé Es. 2, 8.20. 44, 10. 48, 5. Jér. 10, 14.
les emblèmes impies, 2 Rois 17, 28. 23, Os. 13, 2. Ps. 115,4.5. Hab. 2, 18. Deut.
15. 4, 28. 28, 36. Ces idoles étaient tantôt
Depuis la captivité, les Hébreux ont re fondues, tantôt taillées; on les assujet
noncé auximages comme aux dieux étran tissait avec des chaînettes pour qu'elles
gers, et il est surprenant qu'une grande ne tombassent pas, et qu'on ne pût pas
secte de l'Eglise chrétienne ait cru de les dérober, et les aller revendre ailleurs;
voir recueillir ce déplorable héritage. Es. 41, 7. Jér. 10 , 4. Les plus belles
L'Eglise occidentale. ou du moins une étaient plaquées d'or ou d'argent, et cou
partie de cette Eglise, essaya, vers le sep vertes de riches vêtements, Es. 2, 20.30,
tième siècle, d'introduire les tableaux et 22. 31, 7. Jér. 10, 4. Os. 8, 4. On les
les statues dans les églises , c'était du pa menait à la guerre, 2 Sam. 5, 21., et les
ganisme réchauffé. Sérénus de Marseille vainqueurs faisaient prisonniers les dieux
combattit cette innovation , l'Orient la des nations vaincues, en gage de la fidé
combattit; Léon III l'Isaurien (717) s'op lité de celles-ci, Es. 46, 1. Jér. 48, 7.49,
posa aux iconolâtres; on connait les sui 3. Os. 10, 5. Dan. 11 , 8. Les temples
tes de la lutte entre Rome et Constanti d'idoles étaient ornés des trophées et des
nople sur ce sujet, le schisme affreux qui armes qu'on avait enlevées aux nations
en résulta, et la ruine de l'Eglise d'Orient voisines, 1 Sam. 31, 10.
que l'on peut attribuer à la division de IDUMÉE, v. Edom.
l'Eglise en deux camps ennemis, et no IMPOTS. On a vu ailleurs que les im
tamment à l'infidélité de la secte, païenne positions de tous genres qui pesaient sur
de la veille, chrétienne du lendemain, tou les Hébreux faisaient annuellement un
jours romaine et réactionnaire, qui n'em total assez considérable, qui dépassait de
brassa l'Evangile que pour mieux l'étouf beaucoup le tiers des revenus; cependant
fer. les Hébreux ne pensaient pas à s'en plain
On pourrait essayer d'excuser cette ido dre, et n'hésitaient pas à payer; ils le
lâtrie, on pourrait la représenter comme faisaient même de bon cœur, soit à cause
un enfantillage qui doit être pardonné, de la répartition habile, naturelle, et frac
comme un culte peu intelligent du beau, tionnée, de ces diverses obligations, soit
comme une concession peu sage à la fai parce qu'elles leur étaient demandées
blesse humaine, mais faite à bonne in sous la forme d'offrandes volontaires,
tention ; on pourrait dire comme Gré soit enfin parce qu'une partie de ces dons
goire le Grand (591), que ces images étaient destinée à des festins ou à des ré
ne sont que pour l'ornement des églises, jouissances auxquelles tous avaient part.
et pour la conservation de la mémoire Les impôts étaient de deux sortes, reli
des grandes actions. Peut-être un chré gieux, et civils.
IMP 449 INS
Impôts religieux. Le principal était concussions, qui finirent par devenir pour
le demi-sicle du sanctuaire, que chaque le peuple de véritables charges fort oné
Israélite, àgé de vingt ans et au-dessus, reuses, Néh. 5, 15. 9, 37. Les prêtres et
devait apporter en tribut pour le taber les lévites cependant restèrent francs de
nacle du témoignage. Ex. 30, 13.2 Chr. toute imposition sous le règne de Xer
24, 6. v. Cens. Cette obligation continua cès, Esd. 7, 24,
de subsister après le retour de l'exil, INCESTE. v. ParentS.
Matth. 17 , 24. (selon d'autres elle ne INDES, Est. 1, 1.8, 9. (hébr. Hoddou
commença qu'alors), et pesait sur tous pour Hondou); sans doute la même con
les Juifs de la Palestine et de la disper trée que nous connaissons encore sous
sion. Après la destruction de Jérusalem, ce nom, et dont les limites touchent aux
Vespasien ordonna que la même somme frontières méridionales de la Perse. Les
serait perçue annuellement pour le tem Juifs ne commencèrent à connaître les
ple de Jupiter Capitolin. On ignore si, Indes d'une manière positive que depuis
dans le passage Néh. 10, 32.33., le tiers l'exil, quoiqu'ils en connussent et même
de sicle qui fut imposé aux Israélites fut qu'ils en exploitassent les produits long
une contribution supplémentaire, motivée temps auparavant, cf. Ex. 30, 23. 1 Rois
par la pauvreté du tabernacle, ou une ré 10, 22. v. aussi Cus, et Ophir. On sait
duction de l'impôt ordinaire d'un demi quelles sont les richesses naturelles de
sicle, fondée sur la pauvreté des fidèles : ce pays, et comment elles ont toujours
Winer pense successivement l'un et l'au excité la cupidité des peuples commer
tre dans ses deux articles Abgaben et çants.
Tempel, et chaque fois il motive son INSCRIPTIONS. 1° v. Dénombrement.
opinion, ce qui prouve tout au moins que — 2° C'était une habitude des anciens de
le texte n'est pas positif. — v. Aumône, mettre au-dessus de la tête des condam
' Culte, et 0ffrandes. nés à mort un écriteau portant la cause
Impôts civils. Ils étaient complétement de la condamnation et le crime du cou
inconnus avant l'établissement de la pable : on voulut suivre à l'égard de Jé
royauté, et quand le peuple avait contri sus la même coutume, et l'on écrivit au
bué pour le culte, il avait tout fait ; avec dessus de sa tête en grec, en latin et en
les rois cela changea, Samuel l'avait pré hébreu (syriaque ou caldéen) : « Jésus
dit : il y eut non-seulement des corvées Nazarien, roi des Juifs. » Socrate parle
et des travaux publics, 1 Sam. 8, 12. 16., de cet écriteau, mais sans dire ce qu'il
mais encore des impôts en nature, et mê est devenu : faites à la hâte et sans être
me dans les cas extraordinaires des im destinées à servir de reliques, la plupart
positions personnelles, 1 Sam. 8, 15. 17, de ces inscriptions étaient bientôt dé
25.2 Rois 3, 4. 15, 20. 23, 35. Es. 16, 1. truites, soit par le bourreau, soit par le
Am. 7, 1. Les rois s'arrangèrent en outre temps ou par accident. Les catholiques
.pour obtenir des présents volontaires de n'en ont pas moins su conserver l'origi
la part de leurs sujets, 1 Sam. 10, 27.16, nal, sans qu'on puisse dire comment ils
20.1 Rois 10, 25. 2 Chr. 17, 5., ce qui se se le sont procuré ; ils prétendent même
voit encore de nos jours. Ils paraissent en avoir deux exemplaires, l'un à Tou
aussi avoir eu des apanages, une liste ci louse, l'autre à Rome en l'église de Sainte
vile, 1 Rois 4, 27.; des droits de transit Croix ; nous laissons ces deux originaux
paraissent indiqués 1 Rois 10, 15., et l'on débattre entre eux la question d'authen
voit une régie 1 Rois 10, 28. cf. 9, 26. ticité. v. Calvin. -
22, 49. Les rois étrangers qui assujet INSECTES. Ces malheureux petits ani
tirent le peuple juif se gênèrent encore maux, l'un des tourments de la vie hu
moins, et les Perses firent peser sur les maine, semblent être (comme les poisons)
colonies exilées des taxes, des gabelles le fruit de la malédiction prononcée con
et des péages, Esd. 4, 13. 20. 7, 24. Il tre la terre après la chute, Gen. 3, 17.;
paraît même que les gouverneurs parti la théorie longtemps admise de leur gé
culiers se permirent maintes et maintes nération spontanée, attribuait également
29
INT 450 ION
leur naissance à la matière inanimée, à la lion politique, et c'en était une dans le
terre elle-mème. Ils se développent par principe de la loi. C'est par le même
ticulièrement dans les climats chauds, et principe sans doute, quoiqu'il s'y joignît
se multiplient par myriades innombra encore d'autres considérations, que la
bles sous le Soleil ardent du Midi : la Pa conquête de Canaan dut être accompa
lestine n'a pas été plus privilégiée que gnée de l'extermination de ses habitants ;
tous les pays situés sous la même latitu les Israélites devaient s'habituer à l'idée
de, elle a eu ses frelons et ses sauterelles de voir en Dieu le roi des rois et le mai
de toutes espèces, dont nous traiterons tre de la terre, en même temps que le
aux articles spéciaux. chef de tout culte, de toute religion , de
INTERDIT, ou anathème. Ces deux toute morale : pour les Israélites la mort
mots signifient, le premier (hébr. cherem) devait être la conséquence naturelle et
perdre, détruire, vouer à l'extermination, nécessaire de l'abandon du vrai Dieu, et
le second, en grec, ce qui est mis à part, l'extermination des Cananéens devait dire
Séparé , dévoué. L'un et l'autre s'em-- aux nouveaux possesseurs du pays qu'un
ploient pour indiquer un retranchement sort pareil serait la récompense d'une
quelconque, physique ou moral, et parti idolâtrie pareille, cf. Deut. 2, 34. 3, 6.
culièrement le retranchement d'un hom Jos. 6, 17. 10, 28.35.37.40. 11, 11. L'in
me, repoussé soit de la société par la terdit emportait la destruction de tout se
mort, soit de l'Eglise par l'excommuni qui se trouvait dans ces villes coupables;
cation. Des animaux, des villes, des peu les hommes et le bétail étaient mis à mort,
plades, pouvaient être vouées à l'interdit, brûlés, lapidés ou passés au fil de l'épée,
et cette peine emportait toujours dans le les maisons étaient rasées et les murs
style de l'Ancien Testament la mort des démolis, mais l'or et l'argent, ainsi que
personnes ; quant aux animaux et autres les vaisseaux d'airain et de fer, étaient
objets de valeur, ils étaient quelquefois mis à part pour le trésor de la maison
également détruits, d'autres fois ils deve de l'Eternel, Jos. 6, 21.24. Quelquefois,
maient l'apanage du sacerdoce, cf. Lév. cependant, l'interdit n'était prononcé que
27, 28. 29. Nomb. 18, 14.1 Sam. 14, 44. contre les habitants de la ville, tandis
Ez. 44,29. L'interdit était considéré com que le bétail était épargné, et se distri
me la propriété de l'Eternel, comme un buait avec le reste du butin entre les
don irrévocable offert en hommage au soldats du parti vainqueur, Jos. 8, 26.
roi du peuple, et il est appelé à cause de 27. Deut. 2, 34. 3, 6. — Celui qui violait
cela une chose sainte, Lév. 27, 21. Ces un interdit était lui-même mis à l'inter
sortes de vœux étaient prononcés par la dit, Jos. 6, 18.; Hacan fut assommé de
libre volonté du peuple qui voulait se pierres et brûlé, 7, 25., et Saül fut rejeté
rendre Dieu favorable dans une entre de Dieu pour avoir épargné Agag, roi
prise importante.Quelquefois, cependant, des Hamalécites, 1 Sam. 15, 23. cf. Deut.
un vœu était imposé à l'armée par son 13, 17. -
ISAAC, Gen. 17,19.21 ,3. 22, 2. (1896 tagèrent diversement l'affection de leurs
av. C.), fils d'Abraham et de Sara; il fut parents, le tranquille Jacob étant le bien
pour son père le fils de la promesse et de aimé de sa mère, Esaü, le fougueux chas
la foi. Son nom indique le rire, et lui futseur, faisant les délices de son père, parce
donné, soit parce que Sara avait souri que celui-ci aimait fort la venaison. Bien
d'incrédulité lorsque la naissance d'un fils
tôt une famine força Isaac de quitter les
lui avait été annoncée, soit à cause de la lieux où il habitait; il projeta d'abord de
joie que lui causa la naissance de ce fils se rendre en Egypte, mais Dieu l'en dé
si longtemps désiré, 18, 13. 21,6., v.en tourna. L'on peut remarquer que c'est à
core 17, 17. Il fut circoncis au huitième peu près à cette époque qu'eut lieu l'in
jour, et passa ses premières années sous vasion de l'Egypte par les rois pasteurs.
le toit paternel. Au dire des Hébreux, son Isaac se rendit à Guérar, où régnait Abi
éducation aurait été commencée par les mélec, 26, 1., et tomba par la même ten
patriarches Sem et Héber, dont il fut con tation dans le même mensonge qu'Abra
temporain, du premier pendant cinquante ham avait déjà fait à un autre roi du mê
ans (1896-1846), du second pendant me nom. Pour sauver sa vie, il risqua de
soixante-dix-neuf ans (1896-1817), du compromettre l'honneur de son épouse ;
moins d'après la chronologie reçue, Sa mais Dieu veillait sur la mère de Jacob,
naissance augmenta les dissensions qui et Isaac, convaincu de mensonge, avoua
existaient entre les deux épouses , et Is ses craintes et son incrédulité. Dieu con
maël dut s'éloigner avec Agar sa mère. tinua de le bénir dans ses champs, et il
Quelques années après, lorsque Isaac eut recueillit dans une seule année le centu
atteint, à ce que l'on croit , sa vingt ple de ce qu'il avait semé. Cependant les
deuxième ou vingt-cinquième année, il Philistins, voyant la multitude des ser
accompagna son père sur le mont Morija. viteurs et des troupeaux d'Isaac, devin
Familier avec l'idée des sacrifices, il vit rent jaloux de cette fortune toujours
sans étonnement le bois et le feu destinés croissante : ils cOmblèrent les citernes
au bûcher, mais il ignorait quelle devait qu'avait creusées Abraham, et Abimélec
être la victime ; il l'apprit et se résigna lui-même, entraîné par son peuple, con
sans murmurer, parce que la même foi seilla ou ordonna à Isaac de se retirer.
qui consolait son père , le fortifiait lui lsaac obéit et se rendit d'abord dans la
même et le soumettait captif à la volonté vallée de Guérar, non loin des plaines de
de Dieu. Vrai type de notre Sauveur im ce nom; il nettoya et rouvrit les puits
molé par son père, « il a été mené à la que ses ennemis avaient comblés, et leur
boucherie comme un agneau et comme une conserva les noms qu'Abraham leur avait
brebis muette devant celui qui la tond, et donnés; il en creusa de nouveaux et
il n'a point ouvert sa bouche. » Mais trouva des eaux vives pour ses troupeaux.
Isaac devait survivre à l'èpreuve, et le Mais ces puits furent une source intaris
sanglant sacrifice ne s'accomplit point; un sable de querelles, et, après bien des con
bélier remplaça sur l'autel le fils d'Abra testations, Isaac prit le parti de s'éloi
ham , et des bénédictions temporelles gner encore davantage et se rendit dans
nombreuses furent la récompense de la lesplaines de Béer-Sébah. Là Dieu lui ap
foi. Isaac vécut nomade comme son père; parut, la nuit même de son arrivée, et lui
il parcourut les plaines et les vallées de confirma les promesses qu'il avait faites
Canaan et de la Philistie, où Dieu le bé à son père; un autel fut élevé, le nom de
nit abondamment, surtout dans la culture l'Eternel fut invoqué et les bénédictions
de la terre, 26, 12. A l'âge de quarante abondèrent. Abimélec s'empressa de re
ans il épousa sa parente Rébecca, qu'Eli venir auprès d'Isaac, avec son plus intime
hézer avait été chercher pour lui en Cal conseiller et son général d'armée , et
dée. Au bout de vingt ans de mariage, comme Isaac se montrait surpris de les
elle lui donna deux enfants, Esaü et Ja voir le rechercher , Abimélec lui répon
cob, qui naquirent quinze ans seulement dit : « Nous avons vu clairement que l'E-
avant la mort d'Abraham, et qui se par ternel est avec toi, et nous avons dit :
•,*
« Qu'il y ait maintenant un serment solen Bénis-moi aussi, bénis-moi, mon père ! »
nel entre nous, et traitons alliance avec Dieu permit qu'Isaac pùt encore donner
toi. » Isaac reçut avec joie cette proposi à son fils bien-aimé quelques promesses
tion, il offrit un festin à ses nouveaux al de consolation : « Ton habitation sera en
liés, et le lendemain ils se séparèrent en la graisse de la terre, lui dit-il, et en la
paix. rosée des cieux d'en haut : tu vivras par
Isaac étant devenu vieux, Gen. 27, 1., ton épée, et tu seras asservi à ton frère ;
et ses yeux s'étant fermés tellement qu'il mais il arrivera qu'étant devenu maître,
ne pouvait plus voir, il sentit qu'il de tu briseras son joug de dessus ton cou. »
vait s'attendre à une mort prochaine, et Isaac comprit cependant qu'il n'avait été
ne voulut pas différer davantage de don que l'instrument de la volonté du Dieu
ner sa bénédiction à l'aîné de ses fils. des cieux ; il se soumit à cette dispensa
Ignorant la cession du droit d'aînesse tion providentielle, et conserva toute son
faite par Esaü à Jacob, ignorant aussi, et amitié à Jacob. La colère d'Esaü était à
peut-être par un manque de foi, que Dieu craindre pour le frère supplanteur , et
avait aimé Jacob et haï Esaü, il allait bé lsaac, soit pour ce motif, soit pour éviter
nir l'enfant qu'il préférait, et voulut d'a- que Jacob épousât des païennes et ame
bord se procurer encore une fois cette nât dans la maison des germes de que
sensuelle jouissance qui influençait peut relles, comme avait fait Esaü « 26, 35., en
être chez lui l'affection paternelle : il fit gagea le fils béni à se rendre en Mésopo
venir Esaü et lui commanda d'aller à la tamie auprès des parents de Rébecca.
chasse chercher quelque pièce de gibier. Cette absence dura plus de vingt ans;
« Apprête - moi des viandes d'appétit, mais Isaac eut encore avant de mourir la
comme je les aime, et apporte-les-moiafin joie de revoir ce fils qui était devenu pour
que j'en mange. » Mais Dieu avait réser lui un successeur théocratique, et le chef
vé à Jacob les droits de primogéniture, de sa postérité : il mourut entre ses bras
Jacob se les était acquis en abusant de la à l'âge de cent quatre-vingts ans, et fut
fatigue et de l'impétuosité de son frère : recueilli avec ses peuples. Esaü et Jacob
ces droits étaient à lui, mais au lieu de l'ensevelirent dans la grotte de Macpéla,
s'en remettre à celui qui est fidèle, au 35, 27.28. 49, 31.
lieu de laisser Dieu agir, il voulut inter Abraham , Isaac et Jacob sont trois fi
venir, et sa mère, plus rusée encore , gures d'élection qui sont fréquemment
hâta, par un mensonge sans excuse, l'exé rappelées ensemble dans l'Ecriture : celle
cution du plan divin. Jacob , âgé de d'Abraham est la plus belle, celle de Jacob
soixante-dix-sept ans, se moqua d'un ne peut être comprise que par la foi, par
vieux père aveugle et lui soutira par son le sens chrétien ; celle d'Isaac est davan
déguisement la grande bénédiction qu'I- tage passive. Ce qu'il y a de grand en lui,
saac voulait donner à Esaü. Isaac, trop c'est sa naissance miraculeuse, c'est aussi
cOnfiant, soupçonna une ruse, et se laissa l'ordre donné à Abraham de le sacrifier
néanmoins convaincre : il entendait la sur Morija ; c'est enfin, si l'on ose le
voix de Jacob et touchait la barbe du velu dire, sa bénédiction surprise et déplacée.
chasseur; mais les plats étaient là, et Dans ces trois faits il est passif, dans
pendant qu'Esaü courait après le gibier, tout le reste de sa vie il paraît nul. Dieu
son frère cadet, dont le nom en hébreu veut que les colonnes de son édifice visi
signifie supplanteur, recevait les béné ble n'aient pas d'autre gloire, pas d'autre
dictions paternelles. Grande fut la dou action que la sienne : et comme la force
leur du père en découvrant qu'il avait été des fidèles est de se tenir tranquilles
trompé, mais il ne pouvait retirer sa bé pendant que l'Eternel combat pour eux,
nédiction : « J'ai béni ton frère, dit-il, et leur gloire est aussi de disparaître der
aussi il sera béni. » — « Et ne m'as-tu rière l'image de celui dont ils ne doivent
point réservé de bénédiction :' s'écria que refléter les vertus et la splendeur. La
Esaü, plein de désespoir et d'amertume : passivité d'lsaac fut de celles que chacun
n'as-tu qu'une bénédiction, mon père ? doit envier : partout ce patriarche se mon
ISA 453 ISB
tre humble, simple , tranquille et calme ; sa cour David qui était habile musicien ,
jamais il ne résiste, il se laisse immoler par lsaï le lui envoya en le chargeant de pré
son père, marier par Elihézer, chasser sents pour ce roi dont il devait bientôt
par Abimélec, vexer par des bergers, hériter, 1 Sam. 16, 19. Isaï cependant
tromper par sa femme, tromper par son continua de voir sOn fils, et le retint
fils, inquiéter par ses belles-filles; une même fréquemment auprès de lui, lorsque
seule fois il pèche par timidité : partout le service de Saül n'exigeait pas sa pré
ailleurs il se fait admirer par sa douceur sence, (cf. 1. Sam. 17, 17.); il l'envoya
et sa résignation, partout il accepte l'Eter
une fois visiter ses frères qui avaient
nel comme Providence, et reconnaît la sa suivi Saül dans son expédition contre les
gesse de celui qui mène les hommes et Philistins. Plus tard, pendant les rivalités
les choses. Il a une vie de famille toute de Saül et de David, ce dernier obtint du
particulière, aimant sa Rébecca malgré ses roi de Moab un asile pour son père, 22,
torts, et n'ayant qu'elle pour épouse ; il 3.; c'est la dernière trace de l'histoire
vit avec elle et avec ses deux fils , sans d'Isaï.
paraître rechercher beaucoup des rela Le nom de fils d'Isaï servit quelquefois
tions extérieures; ses goûts sont dans la comme terme de mépris pour désigner
maison , casaniers et parfois un peu sen David, ainsi que Jésus était dédaigneuse
suels, comme ceux des hommes doux et ment appelé le fils de Joseph , le fils du
sans ambition. Sa piété paraît avoir été charpentier, 1 Sam. 20, 27. 22, 7. 25, 10.
plus juive que chrétienne, il a moins de 2 Sam, 20, 1. 1 Rois 12, 16. 2 Chr. 10,
confiance et plus de crainte qu'Abraham, 16.; mais lorsque David fut devenu un roi
et Jacob jure par la frayeur d'Isaac, 31, de gloire, le nom de son père ne fut plus
42., qui est le commencement de la sa qu'un jalon genéalogique, destiné à rap
gesse. Il est le symbole de la douceur et peler aussi la race de laquelle devait naître
de l'amour. le Sauveur, Es. 11, 1. Rom. 15, 12.
Son nom se retrouve fréquemment dans ISBI-BENOB, ouJisbi,des un Réphaïms,
les livres saints, 1 Chr. 1, 28. Matth. 1, géant d'entre les Philistins. Il avait ré
2. Luc 3, 34. Rom. 9, 7. Gal. 4, 28. Hébr. solu, dans une guerre contre David, de
11, 18, 20., et ailleurs. frapper ce chef lui-même : armé tout à
ISAI ou Jessé, Ruth 4. 17. 1 Chr. 2, neuf, et portant une lance d'un poids
12. Matth. 1, 5. Luc 3, 32. Act. 13, 22. énorme, il fondit, en effet, sur David qui,
1Sam. 17, 12.17., Bethléémite, fils d'Obed vivement pressé par ce puissant ennemi,
et petit-fils de Booz et de Ruth ; il fut ne dut son salut qu'au secours que lui
père de huit fils et de deux filles (v. ce apporta son cousin Abisaï. Les amis et les
pendant 1 Chr. 2, 15.); le plus jeune était guerriers de David jurèrent alors : « Tu
David. Après la réjection de Saül, Sa ne sortiras plus avec nous en bataille, de
muel apprit de Dieu qu'un des fils d'Isaï peur que tu n'éteignes la lumière d'Israél,»
était désigné pour le remplacer sur le paroles qui feraient supposer que cet évé
trône ; aussitôt il convie à Bethléem toute nement eut lieu dans la dernière guerre
cette famille pour sacrifier à l'Eternel : où David combattit en personne, 2 Sam.
les sept fils aînés d'Isaï passent successi 21, 16. -
confiance qu'il avait acquise par la dissi celui de la nation tout entière, dont elles
mulation, il se jette sur Guédalia, au mi formaient la plus grande partie, tandis
lieu d'un festin, et le tue ; il égorge en que la douzième tribu, celle de Juda, qui
suite ceux des adhérents de Guédalia qu'il marchait avec David, resta tout ensemble
rencontre, et les Caldéens qui sont en tribu et royaume de Juda, 2Sam. 2,9.10.
garnisonà Mitspa.Quelques hommesdeSi cf. 19, 40. Ces deux noms de Juda et d'Is
chem, de Silo, de Samarie, en tout quatre raël servirent donc à désigner en quel
vingts, allaient ayant la barbe rasée et les que sorte, dans les temps de trouble, la
vêtements déchirés, offrir de l'encens et minorité et la majorité du royaume, et
des dons en la maison de l'Eternel. Ismaël après la mort de Salomon, lorsque le pays
en est instruit; il comprend que ces pieux tout entier se partagea (975 av. C.), les
Israélites seront les amis de l'ordre , et, tribus de Juda et de Benjamin gardèrent
par conséquent, ses ennemis à lui-même, le nom de royaume de Juda , tandis que
il les attire par ruse à Mitspa, où il les les dix autres prirent le nom de royaume
fait égorger et précipiter dans une fosse. d'Israël, qu'elles méritaient moins que les
Dix d'entre eux s'échappent seuls , en deux premières, puisqu'elles s'éloignaient
promettant de livrer à Ismaël ce qu'ils de la branche théocratique, abandonnant
possèdent de provisions en froment, or le roi que le Dieu d'Israël leur avait don
ge, huile et miel, cachées au milieu des né. Ces dix tribus sont Ephraïm, Dan,
champs. Il emmène ensuite captifs avec Siméon, Manassé, lssacar, Zabulon, Aser,
lui une partie des habitants de Mitspa, et Nephthali, Gadet Ruben, auxquelles il faut
les filles du roi qui avaient été confiées joindre la partie tributaire de Moab et les
à Guédalia, et prend le chemin du pays autres peuplades et terres qui avaient été
de Hammon, où il espère ètre suffisam conquises par Salomon. La capitale de ce
ment protégé contre la vengeance proba royaume fut d'abord Sichem, 1 Rois 12,
ble de Nébucadnetsar. Mais Johannan et 25., puis Tirtsa, 1 Rois 14, 17. 15, 21.,
d'autres capitaines des villes de Judée, et enfin, depuis Homri, Samarie. La puis
ayant appris les crimes d'Ismaël, mettent sante et toujours jalouse tribu d'Ephraïm
sur pied leurs gens de guerre, le pour (cf. 1 Chr. 5, 1. Gen. 48, 17. Jug. 8, 1.
suivent et l'atteignent près des grosses 12, 1.) fut sans doute à la tête de ce mou
eaux de Gabaon. Les prisonniers repren vement de séparation : elle se glorifiait
nent courage et s'enfuient auprès de Jo d'avoir donné le jour à Josué, et Jéro
hannan, qui vient à leur aide, et Ismaël, boam, quiséparale royaume, était Ephraï
avec huit hommes qui lui restent, gagne mite:aussi le nom de royaume d'Ephraïm
au plus vite les terres de Bahalis, affligé serait-il beaucoup plus justifié que celui
sans doute que tant de crimes aient été de royaume d'Israël , et les auteurs sa
inutiles. On ignore où et comment il mou crés l'emploient-ils quelquefois, Ps. 78,
rut, 2 Rois 25, 23. Jér. 40, et 41. 9. 67. 68. Os. 6, 4. Es. 11, 13. Neuf ré
ISRAEL. Ce nom, qui signifie vain volutions successives, toujours accompa
queur de Dieu, fut d'abord donné en gnées de leurs calamités ordinaires, ame
surnom à Jacob par Dieu lui-même, lors nèrent sur le trône neuf dynasties diffé
de la rencontre du Jabbok et de la lutte rentes quine comptèrent pas plus de dix
de Jacob avec l'Eternel, parce que, dit huit rois, et ne durèrent ensemble que 240
l'ange, tu as été le maître en luttant avec ans à peu près (975-729), ce qui donne
Dieu et avec les hommes , et tu as été le pour chaque roi une moyenne de 13 ans,
plus fort, Gen.32, 28. 35, 10. Le nom d'Is et pour chaque dynastie une moyenne de
raël devint ensuite celui de la postérité 26 ans et demi.
bénie, et les douze tribus le portèrent en 1re dyn. Jéroboam règne 22 ans
commun. Lors de la première division du Nadab — 2
royaume, après la mort de Saül, sous Da 2e dyn. Bahasa — 24
Elah — 2 -
vid et Is-Boseth, les onze tribus qui mar 3e dyn. Simri - 7 jours.
chaient sous les armes de ce dernier, 4e dyn. Homri – 12
conservèrent le nom d'Israël , qui était Achab — 22
ISR 456 ISR
Achazia — 2
Joram — 12
ralisation du peuple par les guerres in
5e dyn. Jéhu — 28
testines. Le principe de la révolution
Joachaz – 17 porta ses fruits, et huit usurpations suc
Joas — 16 cessives furent autorisées par l'usurpa
Jéroboam II — 41
Zacharic - 6 mois
tion de Jéroboam. En religion ce fut pire
6e dyn. Sallum - 1
encore, cf. 1 Rois 15, 34. 16, 2. 22, 53.
7e dyn. Manahem — 10 2 Rois 3, 3. 10, 29. 13, 2. 14, 24. 15, 9.
Pekachia — 2
17, 22.; le culte du veau d'or ayant été
8e dyn. Pékach — 20
9e dyn. Hosée — 9
établi par Jéroboam, et celui de Bahal par
la maison d'Achab , les prêtres, les lévi
Total 241 ans,7 mois, 7 jours.
tes , et tous les hommes pieux et zélés
Les années étant exprimées en nom pour le culte du vrai Dieu abandonnèrent
bres ronds, on ne doit pas s'étonner que Israël et se réfugièrent en Juda, 2 Chr. 11,
dans les détails. les fractions négligées 13-16. Les prophètes de l'Eternel cepen
amènent une différence de quelques an dant ne manquèrent jamais en Israël,
nées en plus, et le synchronisme des même dans les périodes de la plus som
rois de Juda compte, pour le même espace bre idolâtrie et des plus profondes ténè
de temps, 260 années. Sans entrer dans bres, et il se rencontra toujours, mème
des discussions chronologiques qui pour à la cour des rois, quelques hommes qui
raient nous mener loin sans nous mener ne fléchirent point le genou devant un
nulle part, nous nous bornerons pour autre que Jéhovah, 1 Rois 18, 4. Dans les
le moment aux observations suivantes : premiers temps de son existence , Israël
1° On doit admettre que les années sont fut quelquefois inquiété par Juda, mais
indiquées d'une manière générale , sans sans succès; les entreprises des Philistins
égard aux fractions, et le récit sacré l'in furent également passagères et n'amenè
dique lui-même en plusieurs endroits, rent pas de résultat, 1 Rois 16, 15. Bien
comme on peut s'en convaincre par la tôt la séparation des deux royaumes fut
comparaison des passages suivants, 1 Rois si bien reconnue que les deux cours ri
15, 9. et 25.; 15, 25 et 33.; 2 Rois 14, 1. Vales, se regardant comme indépendan
cf. 14, 17. 13, 1. et ailleurs. — 2° Quel tes, en vinrent à contracter des alliances,
quefois un fils a commencé à régner pen soit politiques, 1 Rois 22,2.2 Rois, 3,7.
dant les dernières années de son père, 8, 28., soit mème domestiques, 2 Rois
et les années de cette ass0ciation sont 8, 18, 27. Mais Israël trouva un ennemi
quelquefois attribuées à l'un et à l'autre Opiniâtre et puissant dans les rois de la
tout ensemble, et par conséquent dou Syrie de Damas, qui, à diverses reprises,
blées. — 3° Il y a eu des interrègnes passèrent les frontières, 1 Rois 20, 34.
qui , n'étant pas comptés dans la chro 22, 3., et réduisirent Ephraïm à la der
nologie des rois, diminuent d'autant les nière extrémité, 2 Rois 13, 7.; cependant,
années de cette époque, et doivent y être sous Jéroboam II, grâce à la puissance
ajoutées pour les compléter; c'est ce qu'a assyrienne qui s'élevait, et qui affaiblis
fait DesVignoles dans sa chronologie de sait ainsi par son voisinage le royaume
l'histoire sainte. Ajoutons encore que, de Syrie, les Israélites redressèrent la
lorsqu'il y a désaccord, il faut donner la tête, repoussèrent vigoureusement le Sy
préférence aux dates du royaume de Juda, rien, s'emparèrent d'une portion de son
parce que l'histoire de ces deux tribus territoire, et s'élevèrent à une hauteur de
est plus simple, mieux suivie, moins com prospérité que jusqu'alors ils ne connais
pliquée d'anarchie, d'interrègnes et de saient point. Cela dura peu ; le bien-être
révolutions, et par conséquent moins su engendra le luxe, la volupté, le relâche
jette à erreurs.— Les suites de la scission ment : ce furent les délices de Capoue ;
furent, pour Israël, sa décadence comme les querelles de parti se renouvelèrent,
nation, l'abaissement de sa puissance po une fausse politique commença à prédo
litique, l'anéantissement de son commerce miner, Os. 5, 13., et Israël, devenu tri
et de sa prospérité intérieure, la démo butaire d'Assyrie, 2 Rois 15 , 19., vit
1SS 457 1TH
bientôt une partie de ses habitants con de la division du pays, les meilleurs en
duits en captivité, 2 Rois 15, 29. cf. Es. droits de la terre, la belle et riche plaine
8, et 9. Dès lors il n'y eut plus rien que de Jizréhel, s'étendant depuis la chaîne
de précaire dans l'existence de ce pauvre du Carmel jusqu'au lac de Génésareth,
pays, sa ruine parut inévitable, et la mal ayant au midi la demi-tribu de Manassé,
heureuse alliance d'Osée avec le roi d'E- au nord celle de Zabulon, à l'occident la
gypte fut le dernier acte politique de ce Méditerrannée, à l'orient le Jourdain et
royaume ; Israël tout entier fut déporté l'extrémité de la mer de Tibériade. Elle
et mené en exil, 2 Rois 18, 9., environ occupait avec Zabulon le grand pays de
131 ans avant la chute du royaume de Juda. passage de Canaan, et les habitants de ces
Aussitôt après avoir raconté cette cata deux tribus comptèrent, à l'époque de Jé
strophe, l'historien sacré énumère les sus-Christ, parmi les plus civilisés des
causes qui l'ont amenée, et met en pre Galiléens ; la plupart des apôtres appar
mière ligne l'idolâtrie intellectuelle et mo tenaient à l'une ou à l'autre de ces tribus,
rale de ce peuple. Les Israélites qui de et par le message de l'Evangile ils accom
meurèrent dans le pays se mêlèrent peu plirent entièrement la prophétie de Moïse:
à peu avec les colons qui y furent envoyés « Ils appelleront les peuples en la mon
d'Assyrie pour le cultiver et le défendre; tagne, ils offriront là des sacrifices de
ils retournèrent cependant au culte de justice. » Deut. 33, 19. » • ! "
l'Eternel, et plusieurs d'entre eux se réu L'auteur du livre des Chroniques dit
nirent à Juda pour l'exercice de ce culte, des Issacariens qu'ils étaient , fort intel
2 Rois 23, 15. 19. 2 Chr. 34, 33. 35, 19. ligents dans la connaissance des temps
v. Exil. pour savoir ce que devait faire Israël, »
ISSACAR, neuvième fils de Jacob, cin éloge qui ne se rapporte probablement
quième de Léa, Gen. 30, 18. Son nom si ni à des connaissances astronomiques, ni
gnifie prix ou récompense, et Léa le lui à la science des saisons par rapport à l'a-
donna, « car, dit-elle, Dieu m'a récom griculture, mais à une certaine habileté
pensée parce que j'ai donné ma servante à pratique ou politique, qui du reste ne
mon mari. » ll naquit 1749 ans av. C., et peut être précisée davantage par l'his
eut quatre fils : Tolah, Puva, Job et Sim toire.
ron, 46, 13. Sa vie est peu connue, et ne lTHAMAR, quatrième fils d'Aaron et
paraît pas avoir rien présenté de saillant. d'Elisébah (1490 av. C.) Ex. 6, 23. Il fut
La bénédiction de Jacob mourant lui pré consacré avec ses fils, Nomb. 3, 2., mais
dit un avenir matériel et peu honorable : il n'exerça jamais la souveraine sacrifica
« Issacar, dit-il, est un âne essu, couché ture, qui, après la mort de Nadab et d'A-
entre les barres des étables : il a vu que bihu, fut donnée à la famille d'Eléazar.
le repos était bon et que le pays était Lui-même fut chargé dans le désert de
beau, et il a baissé son épaule pour por surveiller les travaux du tabernacle et de
ter, et s'est assujetti au tribut. » Moïse diriger les Guersonites et les Mérarites
annonce qu'il vivra paisible dans ses ten dans le transport de l'arche de l'alliance.
tes, qu'il partagera avec Zabulon l'abon Ex. 38, 21. La souveraine sacrificature
dance de la mer et les richesses du com entra, l'on ne sait comment, dans sa fa
merce, Gen. 49, 14.15. Deut. 33, 18.19. mille par Héli, juge d'Israël, et en sortit
Lors du dénombrement d'Israël dans le de nouveau par la déposition d'Abiathar,
désert, Issacar comptait 54,400 hommes après avoir fourni, outre ces deux pon
en état de porter les armes. Cette tribu tifes, Ahitub, Ahija, et Ahimélec, q. V.
est louée dans le cantique de Débora pour — cf. 1 Chr. 6, 3. 24, 1. Nomb. 4, 28.
son zèle à prendre les armes. Jug. 5, 15. 26, 60.
Elle a donné naissance au juge Tolah, qui lTHIEL et Ucal, inconnus. C'est à eux
gouverna le pays pendant vingt-trois ans, qu'Agur adressa les maximes contenues
sans autre gloire que celle de la paix, dans le 30e chapitre des Proverbes; on
Jug. 10, 1.2. peut supposer qu'ils étaient fils, amis ou
La tribu d'Issacar reçut en partage, lors ! disciples de ce sage.
1TU 458 IVR
153. Elle ressemble beaucoup à l'orge, mec et Hada, Gen. 4, 20., « fut père de
surtout quand elle est jeune. Ses grains ceux qui habitent dans les tentes, et des
sont cependant plus foncés, parfois jau pasteurs. » La vie nomade est ainsi sé
nâtres, allongés, plus épais à une extré parée de la vie pastorale. On peut dire
mité et couverts de bourre. Mêlée avec que l'un et l'autre de ces genres de vie
du pain, l'ivraie est dangereuse pour la existaient déjà de fait avant lui. car Abel
santé, elle gâte l'estomac et porte à la était berger, et les patriarches étaient
tête ; elle enivre, et c'est même de là que nomades par cela même qu'ils n'étaient
lui vient son nom, comme peut-être en pas organisés en société, qu'il n'y avait
allemand celui de Tollkorn. Il n'en ar point de ville, et que chacun se trans
rive pas moins que, vu la difficulté du portait où il voulait avec le modeste bien
triage, on pétrit quelquefois l'ivraie avec dont il était possesseur. La gloire de Ja
le blé, lorsque la proportion du mauvais bal fut probablement d'avoir régularisé la
grain n'est pas considérable. Selon quel vie nomade en apprenant aux hommes à
ques auteurs, l'ivraie ne serait qu'un blé se servir de tentes, à les dresser, et à les
dégénéré, susceptible même de redeve plier au besoin pour se remettre en cour
nir froment, si elle est semée en bonne se, Gen. 4, 20.
terre. JABBOK. Ce torrent, maintenant Zer
lZEBEL. v. Jésabel. ka, se forme de ruisseaux qui viennent de
l'est et du nord, et d'un ruissean qui ar
J rive du sud et coule près de Rabbath
Hammon. La source principale descend
JAAZANJA, 1°filsd'unJérémie inconnu de la partie de la haute plaine qui touche
(695a.C.),et l'undes chefs de lamaisondes au grand désert. Le Jabbok coule vers
Réchabites, Jér. 35, 3. Jérémie le prophè l'ouest, dans une vallée assez large dont
te le fit appeler, lui et les siens, et voulut le fond se maintient à une certaine élé
les contraindre à boire du vin contre les vation; plus bas il rencontre comme une
ordonnances de leur aïeul Jéhonadab ; ils fente profonde dans le plateau, et se fraye
refusèrent tous, et Jérémie, qui l'avait sa route dans une gorge étroite entre des
bien prévu, se servit de ce fait pour re parois de rochers de 500 pieds de hauteur,
procher aux Juifs leur rébellion contre déchirure singulière qu'on aperçoit seu
la loi de Dieu, tandis que la voix d'un lement en arrivant sur ses bords , du
homme était encore obéie dans la famille haut desquels on entend bouillonner dans
de Réchab. l'abîme les eaux de la rivière (Rouge
2° Fils de Saphan, Ez. 8, 11. (594 av. mont). L'endroit où le Jabbok sort de ce
C.). A la tête de soixante et dix des anciens défilé et du plateau est peut-être le gué
d'Israël, il se tenait dans une des salles de Péniel, Gen. 32, 22. sq., que d'autres
du parvis du temple, ornée de toutessortes voyageurs croient avoir retrouvé plus à
de figures de reptiles et de bêtes tout à l'est sur le plateau. Le Jabbok se jette
l'entour, et il leur offrait de l'encens. Ezé dans le Jourdain, à 6 kilom. de l'endroit
chiel était en Caldée, quand l'Eternel lui où il sort des montagnes, et à peu près
montra en vision toutes ces abominations à égale distance du lac de Tibériade et
et beaucoup d'autres qui se commettaient de la mer Morte. La partie supérieure de
à Jérusalem ; il annonça alors aux Juifs son cours, appelée aussi le ruisseau de
qui étaient avec lui les châtiments qui de Rabbath-Hammon, était la frontière qui
vaient fondre sur ces impies idolâtres ; séparait les Hammonites à l'est, des A
mais on n'ajouta point foi à ses paroles. morrhéens, et plus tard de Gad à l'ouest.
3° Jaazanja, fils de Hazur, inconnu, Ez. La partie inférieure était la limite nord
11, 1. On suppose qu'il était un des mem des Amorrhéens sous leur roi Sihon , et
bres du sénat sous le règne de Sédécias ; la limite sud du royaume de Basan , plus
sa parole perfide et pleine d'iniquité sé tard elle sépara Gad de Manassé, Nomb.
duisait le peuple par de mauvais conseils. 21,24. Deut. 2, 37. 3, 16. Jos. 12, 2. Jug.
JABAL, descendant de Caïn par Lé 11, 13. 22. -
JAB 460 JAC
que son père et ses frères vinrent le re nées. Les deux épouses rivales divisent
joindre, c'est-à-dire en la deuxième an la maison du patriarche ; Rachel est la
née de la famine, il en avait par consé préférée, mais Léa est féconde et s'élève
quent trente-neuf (45, 6.). A cette épo au-dessus de sa sœur qui ne l'est pas,
que Jacob en a cent trente (47, 9.) ;Jo Gen. 30. Pour complaire à celle qu'il ai
seph est donc né dans la quatre-vingt me, Jacob donne le titre de concubine à
onzième année de Jacob. Or Joseph est Bilha, la servante de Rachel , et Léa lui
né vers la fin des quatorze premières an demande la même faveur pour Zilpa , sa
nées que Jacob passa chez Laban (30, 22. servante. La famille de Jacob s'accroît
25.), après avoir quitté la maison d'Isaac, ainsi considérablement, mais il n'est en
ce qui donne l'àge de soixante-dix-sept core que le serviteur de son oncle et beau
ans pour l'époque de son entrée en Méso père ; il exprime le désir de retourner
potamie. auprès de sa famille et demande à Laban,
Ce voyage fut pour Jacob la fin de l'en avec son congé , la récompense de ses
fance et le commencement de la vie : sa travaux. Ces deux hommes rivalisent de
mère n'était plus là pour le mener, il de ruse pour se tromper l'un l'autre, et Ja
vait se sentir à la fois libre et responsa cob est le plus fort; il demande à Laban
ble, et le remords dut se faire sentir à de lui donner toutes les bêtes picotées de
son cœur. Sans doute il emportait la bé son troupeau et s'engage à le servir quel
nédiction de son père , mais Dieu lui ac ques années encore. Laban accepte et
corderait-il la sienne ? Accablé de fatigue consent; mais d'abord il éloigne du trou
et peut-être aussi de pensées découra peau, pour les confier à ses fils, toutes
geantes, il s'endormit un soir près de Luz, les bêtes déjà picotées, afin de diminuer
et Dieu qui avait fait de lui un vase d'é- d'autant la chance qu'il en naisse de nou
lection, voulut le rassurer, et lui envoya velles. Jacob, de son côté, s'éloigne avec
cette grande et belle vision de l'échelle les chèvres et les brebis blanches. Il de
qui, partant de la terre pour se perdre vait savoir que Dieu ferait tourner ce con
dans les cieux , servait d'intermédiaire trat en sa faveur (31, 11.); il voulut, com
entre l'homme et l'Eternel par le moyen me toujours, forcer la fortune et accom
des anges, qui montaient et qui descen plir par des ruses la volonté divine; il
daient, saints et brillants messagers du plaça donc devant les auges et les abreu
Dieu d'Abraham , d'Israël et de Jacob. voirs de jeunes branches dont il avait
Saintement effrayé, le voyageur s'écria : pelé et mis à blanc quelques parties, de
« C'est ici la maison de Dieu, c'est ici la sorte que les troupeaux ne pouvaient
porte des cieux. » Il oignit d'huile la boire sans arrêter les yeux sur ces di
pierre qui lui avait servi de chevet , et verses couleurs et sans en être frappés.
changea le nom de Luz en celui de Béthel, Jacob pensait que de cette manière les
qui signifie maison de Dieu. Cependant, brebis, quoique blanches, donneraient
il ne comprit pas toute la grandeur des des agneaux de couleur; et le résultat ré
promesses qui lui étaient faites, et il se pondit à ses espérances, soit que Dieu in
borna à quelques vœux pour l'heureux tervint directement , soit aussi que le
achèvement de son voyage et pour son stratagème employé par Jacob fût réelle
heureux retour auprès d'lsaac. Bientôt il ment efficace, ainsi que paraissent l'éta
arrive en Mésopolamie, où Rachel ac blir certains faits. En tout cas , Jacob
cueille avec joie son cousin presque oc s'enrichit en fort peu d'années, et ses
togénaire. Le cupide Laban met à de ru grands biens ne tardèrent pas à exciter
des épreuves la patience et l'amour de Ja la jalousie de Laban et de ses fils. Jacob
cob; après sept ans de service il lui donne s'en aperçut, et averti par une vision di
Léa, sa fille aînée, au lieu de Rachel qu'il vine, il résolut de s'enfuir sans délai. Ses
aimait et qu'il avait demandée. Jacob se femmes sont d'accord avec lui. Il part
plaint de cette substitution , et obtient donc « à la dérobée » , emmenant sa fa
qu'on lui accorde aussi Rachel, pour la mille, ses serviteurs et ses troupeaux, et
quelle il offre de servir sept nouvelles an après avoir traversé les gués de l'Eu
JAC 462 JAC
fait connaître, au sein de l'Eglise aposto mant Jacques il était donc obligé de dire
lique, trois hommes de ce nom, savoir : duquel il voulait parler, et il donne au
Jacques frère de Jean et fils de Zébédée, fils d'Alphée le nom de frère du Seigneur,
bientôt décapité, Act. 12, 2.; Jacques, fils parce que sa relation avec Jésus était
d'Alphée, sur la vie duquel nous n'avons alors une marque plus caractéristique et
aucun détail : et Jacques, frère du Sei plus connue, d'autant plus qu'Alphée était
gneur, Gal. 1, 19., le conducteur de l'E- un homme obscur (c'est pour la même
glise de Jérusalem, et le chef de la por raison que le fils de Zébédée est quel
tion encore judaïsante de cette Eglise. quefois appelé le frère de Jean). Reste à
Plusieurs théologiens regardent ces deux savoir pourquoi Jacques est appelé le frère
derniers comme identiques, d'autres les du Seigneur s'il n'était que son cousin ;
distinguent (Sardinoux) , d'autres regar et ici la difficulté est réelle; car, quoiqu'on
dent le Jacques frère du Seigneur, comme puisse dire et même prouver que le mot
son cousin, et par conséquent distinct frère s'employait quelquefois pour dési
encore du Jacques de Matth. 13, 55. Sans gner une parenté collatérale plus éloi
entrer dans un examen approfondi de gnée (v. Xen. Cyrop. 1, 5. $ 4. Tit. Liv.
cette question, que j'ai fini par trouver 35, 10. Cicer. ad Attic. 1, 5. Gen. 13, 8.
insoluble à force de l'avoir examinée, il 29, 15.), cependant la chose n'était point
convient de dire au moins quelles sont passée en loi, ni même en usage, et dans
les raisons qui paraissent établir plutôt le cas particulier, comme il est constant
leur identité. Saint Luc, dans son Evan que Jésus avait non-seulement des cou
gile et dans les Actes, distingue toujours sins, mais des frères de mère, cf. Matth.
Jacques fils d'Alphée, de Jacques fils de 13, 55., Jacques était peut-être l'un d'en
Zébédée, jusqu'à la mort de ce dernier ; tre eux, et il serait possible que celui
mais depuis lors, Act. 12, 2., il ne se sert qui est mentionné, Gal. 1, 19., comme
plus que de la simple dénomination de une des colonnes de l'Eglise, et qui par
Jacques, v. 17. Il paraît donc que depuis conséquent se retrouve partout comme
la mort du fils de Zébédée il ne resta plus seul Jacques depuis la mort du fils de Zé
dans l'Eglise qu'un seul Jacques assez dis bédée, fût le même que Matth. 13, 55.; la
tingué, et il est peu probable que ce seul chose est possible en elle-même, mais
Jacques ait été le troisième, le frère du elle n'est que cela, et il faudrait prouver
Seigneur, car on ne saurait alors ce que qu'elle est sûre, il faudrait lever l'invrai
serait devenu Jacques fils d'Alphée , on se semblance qu'il y a dans l'apparition su
verrait obligé de construire un édifice bite d'un nouveau Jacques, accompagnée
d'hypothèses comme De Wette qui fait de la disparition également subite du
mourir le fils d'Alphée subitement , et fils d'Alphée. Ajoutons que dans ce pas
sans que les auteurs sacrés en disent sage, Gal. 1, 19. cf. Act. 9, 27., Jacques
rien, et qui élève rapidement au plus haut est appelé apôtre, et que nous ne voyons
degré d'estime dans l'Eglise apostolique, nulle part qu'un Jacques, frère de Jésus,
le frère du Seigneur jusqu'alors inconnu. ait été élevé à cette dignité, jusqu'à être
Saint Luc n'est pas le seul non plus qui, mis au même rang que Pierre. Nous nous
depuis la mort du fils de Zébédée, semble en tenons donc à l'opinion généralement
ne reconnaître qu'un seul Jacques dans reçue qui pense qu'il n'y a eu que deux
l'Eglise, v. 1 Cor. 15, 7. Gal. 2, 9. 12. Jacques, en renvoyant pour un plus ample
Jud. 1. Le passage Gal. 1, 19., semble examen de la question au Comment. de
contredire cette manière de voir, et éta Winer sur Gal. 1, 19. à Néander, Apost.
blir l'existence d'un troisième Jacques, Kirche, II, 421., aux Beitraege de Schnec
différent du fils d'Alphée et de celui de kenburger, et à un article de Steiger dans
Zébédée , d'un Jacques frère germain de l'Evangelischse K. Z. de Hengstenberg,
Jésus. Mais ce seul passage ne saurait 1834, n° 95 et suiv.
suffire, et il s'explique assez facilement 1° Jacques, fils de Zébédée et de Salo
sans cela. Paul parle d'un temps où le fils mé, surnommé le Majeur, frère de Jean
de Zébédée était encore en vie ; en nom l'évangéliste, racommodait ses filets sur
l. 30
JAC 466 JAC
élevé contre les priviléges que le cœur l'authenticité de cette épître, c'est qu'elle
humain est trop facilement porté à accor se trouve déjà dans la Peschito, ce qui
der aux riches, Jacques reprend ce qu'il prouve que l'Eglise syrienne au deu
a déjà dit sur la nécessité de montrer sa xième siècle la connaissait et l'avait ac
foi par ses œuvres.— Chapitre 3. Exhor ceptée. Pour plus de détails, v. Guerike,
tations relatives à la tempérance de la lan Beitraege zur Einleitung, $ 3. etc., Com
gue. — Chapitre 4. Contre la frivolité, la ment. de Stier.
légèreté, l'esprit mondain, etc. - Chapi JADDUAH, Néh. 12, 11. 22., souverain
tre 5. Condamnation des richesses ini sacrificateur, le dernier qui soit nommé
ques, avertissements aux riches; diverses dans l'Ancien Testament. Il vivait à l'é-
autres exhortatiOnS. poque de Darius de Perse et d'Alexandre
Les sujets que traite cette épître sont le Grand, 336 av. C. C'est probablement le
importants à méditer, particulièrement en même que ce Jaddus dont Josèphe raconte
certaines époques. On peut dire, je crois, la courageuse résistance à Alexandre. Oc
que saint Jacques ne suscitera jamais un cupé au siége de Tyr, l'empereur de Ma
réveil religieux, mais c'est surtout dans cédoine envoya demander du secours et
un temps de réveil religieux qu'il pourra des vivres à Jadduah en exigeant de lui
exercer une grande et salutaire influence, qu'il le reconnût pour maître au lieu de
parce que la foi étant le grand et vrai le Darius; mais Jadduah, fidèle à celui qu'il
vier de tout réveil, comme elle est aussi reconnaissait pour son souverain, refusa.
le seul moyen de salut, on risque, à force Alexandre, irrité, dissimula jusqu'aprèsla
de relever l'importance de la croyance, réduction de Tyr, puis il marcha contre
de la doctrine, d'oublier que la croyance Jérusalem. Jadduah, rassuré par une vi
seule n'est pas la foi, et que pour mériter sion divine, ouvre les portes de la ville
ce nom elle doit être accompagnée de ce et va au-devant d'Alexandre, revêtu des
qui en constitue la réalité, c'est-à-dire ornements pontificaux, accompagné des
des bonnes œuvres. Saint Jacques ne dif prêtres et suivi du peuple en vêtements
fère point de saint Paul sur ce point, ni blancs. A cette vue, Alexandre, qui venait
saint Paul de saint Jacques ; l'un veut la pour se venger, se prosterne devant Jad
foi et les œuvres, l'autre veut les œuvres duah pour l'adorer, et comme Parménion
et la foi, et chacun insiste sur celui des s'en étonne, il lui répond que dans le
points de vue qui lui paraît le plus négli temps où il délibérait s'il passerait en
gé dans les circonstances où il écrit, et Asie, Dieu lui était apparu sous la forme
le plus important à mettre en saillie. On de ce grand prêtre et l'avait encouragé à
peut voir sur ce sujet la dissertation du ne rien craindre et à exécuter hardiment
Dr Néander, dans ses Kleine Gelegen son dessein. Puis il entre dans la ville,
heitsschriften; elle a été traduite en fran offre des sacrifices, accorde aux Juifs la
çais dans le Narrateur religieux, 1837. liberté de conscience et des priviléges
Quant à l'authenticité de l'épître, elle relatifs à l'impôt.-Jaddus eut pour suc
a été attaquée par des hommes de cou cesseur Onias Ier, son fils. Un de ses
leurs bien différentes ; cependant De frères, Manassé, gendre du Samaritain
Wette lui-même, qui avait d'abord émis Samballat, se retira auprès de son beau
quelques doutes, les a complétement ré père et obtint d'Alexandre la permission
tractés dans la deuxième édition de son de bâtir sur Guérizim un temple dont il
Einleitung etc., p.316 et suiv. Clément de fut le premier grand prêtre.
Rome et Hermas, l'auteur du Berger, JAHATS, Nomb. 21, 23. Deut. 2, 32.
connaissaient déjà cette épître, et Irénée Es. 15, 4., ou Jathsa, Jér. 48, 21., ville
a fait une allusion à 2, 23., en se servant située au delà du Jourdain, non loin de
d'expressions empruntées presque litté l'Arnon; elle fut donnée d'abord à la tribu
ralement à cette épître ; Origène, Denys de Ruben, Jos. 13, 18., et devint ensuite
d'Alexandrie et Eusèbe la mentionnent ville lévitique, 1 Chr. 6, 78. Elle paraît
également et l'attribuent à saint Jacques; avoir appartenu plus tard aux Moabites.
enfin une circonstance très favorable à JAHAZIEL, lévite d'entre les enfants
JAH 468 JAI
d'Asaph, n'est connu que par un seul graphes, comme d'Anville, placent dans
oracle, 2 Chr. 20, 14. ; il annonce à Jo leurs cartes, près de Jahzer, un lac d'où
saphat et au royaume de Juda une prompte sort une petite rivière qui va se déchar
et complète victoire sur les Moabites et ger dans le Jourdain, mais ils le font peut
les Hammonites, prophétie qui ne tarda être uniquement à cause du passage cité;
pas à s'accomplir en effet (897 av. C.). or ce passage est emprunté presque litté
JAHBETS. 1° Un des descendants de ralement à Es. 16, 8., sauf la mention du
Juda par Pharez; il vivait apparemment lac, et quelques interprètes supposent
du temps des juges, 1 Chr. 4, 9. Il n'est qu'il y a dans Jérémie une faute de co
connu que par une prière qu'il adressa à piste (ad iam au lieu de adei), conjecture
Dieu ; mais elle est sublime par l'abon que Dahler trouve ingénieuse, mais qui a
dance de foi dont elle est l'expression : le malheur de n'être appuyée par aucune
« O, si tu me bénissais abondamment, et espèce d'autorité. Il n'y a rien d'ailleurs
que tu étendisses mes limites, et que ta qui empêche qu'un lac, maintenant dis
main fût avec moi, et que tu me garan paru, ait existé dans cette contrée, et
tisses tellement du mal que je fusse sans Seetzen dit : « J'arrivai près des sources
douleur ! » Il demandait beaucoup, et Dieu de Nahar-Szir, que je prends pour Jahzer.
lui accorda ce qu'il avait demandé. ll fut Personne ne savait rien de l'existence d'un
distingué entre ses frères. Quelques-uns lac dans le voisinage, mais j'y trouvai
ont cru que c'était le même que Hothniel, quelques étangs. » Ces étangs peuvent
le premier des juges, opinion qui ne peut fort bien être les restes d'un lac lentement
être ni soutenue ni réfutée. Il s'établit desséché, et cette supposition, tout à fait
probablement dans la contrée de ce nom. naturelle, est beaucoup plus admissible
— 2° Jahbets, 1 Chr. 2, 55., ville de la que l'altération du texte sacré, si révéré
Palestine, située, à ce que l'on croit, dans des Juifs. C'est aussi l'opinion de Winer.
la tribu de Juda. JAIR. 1o Fils de Ségub; il descendait
JAHEL, Jug. 4, 17. (1285 av. C.), de Juda par son père, et par sa mère de
femme d'Héber, assassina par surprise le Manassé, dont il était l'arrière-petit-fils
général Siséra, qui lui avait demandé un par Makir et sa fille, 1 Chron. 2, 21. cf.
asile, fuyant Barac; elle lui donna du lait, Nomb. 32, 41. Deut. 3, 14. Jos. 13, 30. Il
lui promit l'hospitalité, le cacha sous une s'empara de toute la contrée d'Argob à
couverture, et profita de son sommeil l'est du Jourdain, et donna son nom aux
pour lui enfoncer dans la tempe un des vingt-trois bourgs nomades dont il fit la
clous qui servaient à retenir en terre les conquète et qu'il laissa subsister ; selon
toiles de la tente; action que nous serions d'autres passages, le nombre des villes
disposés à juger tout autrement que ne conquises s'élevait à soixante, et l'on ne
fait Débora, Jug. 5, 6. 24., et qui dans la concilie pas facilement ces deux données,
vie ordinaire ne serait qu'une infâme et quoiqu'on puisse supposer que le chiffre
lâche trahison. moindre n'ait égard qu'aux endroits plus
JAHZER, ville de Galaad, 2 Sam. 24, considérables, et que le plus élevé com
5. Nomb. 32, 1. 1 Chr. 26, 31. Après avoir prenne les petits villages aussi bien que
appartenu d'abord aux Moabites, elle fut les villes plus étendues. C'est dans la der
donnée à la tribu de Gad, puis aux Lé nière année de Moïse qu'on doit sans doute
vites, Jos. 21, 39. Elle redevint plus tard placer cette expédition, 1451 av. C. —
ville moabite, Es. 16, 8. Jér. 48, 32., et 2° Jair, Jug. 10, 3., Galaadite, de la tribu
hammonite depuis l'exil, l Macc. 5, 8. D'a- de Manassé, le huitième des juges d'Israël,
près Eusèbe, elle était située à 8 ou 10 descendait probablement du précédent.
milles ouest-nord-ouest de Philadelphie Il jugea le pays pendant vingt-deux ans, et
(Rabbath-Hammon), et Seetzen a trouvé s'enrichit pendant son administration : il
dans cette direction les ruines de deux eut trente fils, qui avaient trente villes,
villes, Szér et Szâr, sur un petit fleuve. toutes nommées du nom de leur père,
Qu'est-ce que la mer ou le lac de Jahzer villes de Jaïr, peut-être. en grande partie
dont il est parlé Jér. 48, 32. º Les géo du moins, celles qu'avait conquises leur
JAM 469 JAP
aïeul, et auxquelles de nouvelles posses nius, et chez Pline, qui, énumérant les
sions auraient été ajoutées. Cette même différentes sectes ou partis de magiciens,
contrée conservait encore le nom de Jaïr Semble mettre Moïse et Jamnès Sur le
sous Salomon, 1 Rois 4, 13.— 3° Père de même rang. — C'est Théodoret qui sup
Mardochée, Est. 2, 5. — 4° Les villes ou pose que Paul a puisé dans la tradition
bourgs de Jaïr. v. plus haut. non écrite, et cela n'aurait rien d'éton
JAIRUS, chef ou président d'une syna nant, d'autres faits ayant été également
gogue de Capernaüm ; il n'est connu que empruntés à la tradition. v. Act. 7, 22.
par l'histoire de la résurrection de sa On possède encore une histoire qui doit
fille, Matth. 9, 18. Marc 5, 22. Luc 8, 41. avoir été racontée par saint Macaire, fort
La foi du père fut le salut de sa fille, et ancien moine de l'Egypte; il affirme en
trouva dans cette résurrection un re particulier avoir vu leurs tombeaux.
doublement de force et d'assurance : il JANNA, Luc 3, 24., fils de Joseph ;in
croyait, comme le centenier, et il fut aidé connu. .
dans son incrédulité. JANNES. v. Jambrès.
JAKE, Prov. 30, 1., père d'Agur; in JANOAH, ville située sur les frontières
C0IlIlUl. des tribus d'Ephraïm et de Manassé, Jos.
JAKIM, Matth. 1, 11., probablement 16, 6.; ses habitants furent transportés
un autre nom ou un nom abrégé de Jé en Assyrie par Tiglath-Piléser, 2 Rois 15,
hojakim : mais il doit être rayé de la liste 29. Eusèbe nomme un bourg Janô situé
généalogique de Joseph, parce qu'il ne à 12 milles est de Sichem, et que l'on
se trouve pas dans le plus grand nombre croit être le même que Janoah.
des meilleurs manuscrits; en le conser JAPHET, l'aîné des trois fils de Noé
vant, on trouverait d'ailleurs quinze gé comme il paraît d'après Gen. 10, 21. La
nérations au lieu de quatorze dans la troi bénédiction que son père prononça sur
sième classe. La comparaison de 1 Chr. lui est tirée de la signification même de
3, 15. 16. justifierait sans doute l'authen Son nom, 9, 27. Martin a traduit « Que
ticité du texte reçu, si l'omission de chaî Dieu attire en douceur Japhet, » mais le
nons intermédiaires n'était pas facile et
mot hébreu emporte à la fois l'idée de
même ordinaire dans les généalogies l'extension et de la liberté, et le sens de
orientales. v. Jésus. cette bénédiction serait plutôt « Que Dieu
JAKIN et Boaz. v. Boaz. permette à Japhet de s'étendre libre
JAMBRES et Jannès, 2Tim. 3,8., deux ment, » par opposition à Cam qui sera
des faux magiciens qui résistèrent à Moïse restreint dans ses limites et dans sa li
et à Aaron, Ex. 7, 11., en imitant leurs berté; par opposition aussi à Sem dont le
miracles. Leurs noms ne sont pas rap sceptre sera plus spirituel, dans la famille
portés dans l'Ancien Testament, mais il duquel sera choisie la race théocratique,
est probable que saint Paul les a puisés et dont l'empire dans ce monde sera
dans la tradition orale : selon quelques moins étendu comme pouvoir temporel.
rabbins, ces enchanteurs auraient été les Voici le tableau de sa descendance, tel
fils du faux prophète Balaam. D'après qu'il se trouve indiqué Gen. 10, 1-5.
Origène, il existait fort anciennement JAPHET
déjà un livre apocryphe intitulé Jamnès
et Mambrès, auquel on supposait que 1. Gomer(Askénas, Riphath, Thogarma).
l'apôtre avait emprunté le nom de ces im 2. Magog.
3. Mada'i.
posteurs, ce qui aurait donné à quelques
uns l'occasion d'attaquer mal à propos 4. Javan (Elisa, Tarsis, Kittim, Doda
- l'authenticité de cette seconde épître à Ti nim).
mothée. Ces mêmes noms se trouvent dans 5. Tubal.
les apocryphes, chez les rabbins, dans 6. Mésech.
7. Tiras.
quelques ouvrages mahométans (Abulfa
radsch), et même chez les auteurs païens, Pour les détails, v. les articles spéciaux.
notamment chez le pythagoricien Numé Il y aura bien ci et là des choses peu sû
JAR 470 JAS
res et reposant en grande partie sur des les châtiments du ciel le terme de leurs
conjectures plus ou moins vraisembla cérémonies étrangères, v. Gad.
bles ; mais ce qui est évident, c'est que JAREB, Os. 5, 13. 10, 6., surnom ou
la race de Japhet est celle que les natu épithète donnée probablement à Tiglath
ralistes appellent race du Caucase : la plu Piléser, et qui signifie adversaire, ven
part de ces peuples ont en effet franchi le geur ou médiateur; selon d'autres, le roi
Caucase pour peupler le Nord , et leur Jareb signifierait un roi grand et puis
famille a fini par occuper tout le nord de sant, titre que prenaient assez volontiers
l'Asie, l'Europe, et probablement encore les rois d'Assyrie, cf. 2 Rois 18, 19.
l'Amérique et la Polynésie. Quant à cette JARED, ou Jéred, fils de Mahalaléel,
partie de la prophétie « que Japhet loge vécut neuf cent soixante-deux ans (de
dans les tentes de Sem, » elle n'annonce 3544 à 2582 av. C.). Il devint père, à l'âge
à Japhet ni des conquêtes, ni l'escla de cent soixante-deux ans, d'Hénoc, à qui
vage, mais simplement la pºrticipation il survécut quatre cent trente-cinq ans ;
aux bienfaits de la révélation divine dontil est, après son petit-fils Méthusélah, ce
Dieu avait fait la descendance de Sem dé lui des patriarches qui a atteint le plus
positaire. On y doit peut-être aussi join long àge, Gen. 5, 16.1 Chr. 1, 2. Luc 3,
dre l'idée de la supérioritè intellectuelle | 37
généralement reconnue de la race cauca JARHAH, serviteur égyptien de Sé
sienne sur les autres, et de l'usage que san, probablement affranchi et prosélyte,
les descendants de Japhet sauront faire épousa une des filles de son maître, 1
des inventions et des idées de leurs frè Chr. 2, 34., seul fait de ce genre qui soit
res sémites. rapporté dans l'Ecriture ; il se place à
Le nom de Japhet s'est conservé dans l'époque du séjour en Egypte.
le titan des Grecs Japet, et les traditions JARMUTH, 1°ville des plaines de Juda,
indiennes donnent à leur Noé (Manu Sat Jos. 15, 35. Néh. 11, 29., ancienne rési
ja, c'est-à-dire le juste), trois fils, Schar dence d'un roi cananéen, Jos. 10, 3. 12,
mae (Sem), Charma et Jyapeti ; la malé 11. 15, 35. Saint Jérôme la place à 4 mil
diction de Cam y est aussi rapportée les d'Eleuthéropolis, ailleurs à 10 mil
et pour des motifs semblables à ceux les de la même ville, ce qui est probable
dont parle la Genèse. ment une erreur. 2° Ville lévitique de la
JAPHIA, ville de Zabulon, Jos. 19, 12., tribu d'Issacar, Jos. 21, 29., la même qui
peut-être la même que Sycamine sur la est appelée Remeth dans le passage paral
Méditerranée, non loin du Carmel, entre lèle, 19, 21.
Ptolémaïs et Césarée, à 20 milles de cette JASAR, 2Sam. 1, 18., auteur inconnu
dernière ; peut-être aussi la même que d'un recueil historique et poétique, si l'on
celle que Pline appelle Jebba (5, 17.), et admet la version de nos Bibles. Mais il
qu'il distingue de Sycamine, mais dont il vaut mieux traduire ce nom qui signifie
ne reste plus aucune trace. le juste, le droit, et y voir le titre du mê
JARDINS, v. Gethsémané, Paradis, etc. me livre du Droiturier déjà nommé Jos.
Les passages Es. 1, 29. 65, 3.66, 17., qui 10, 13., ainsi que probablement Nomb.
parlent de sacrifices et de purifications 21, 14., dans une note du texte hébreu.
faites au milieu des jardins, sont une al On a cru, il y a quelques années, avoir
lusion à l'usage idolâtre des Perses, qui retrouvé, dans une bibliothèque de l'O-
accomplissaient leurs lustrations et au rient, ce livre si longtemps perdu.
tres cérémonies sacrées dans les jardins JASOBHAM, 1 Chr. 11, 11., appelé Jo
et hors des villes; nous ne pouvons plus seb-Basébeth dans le passage parallèle
déchiffrer maintenant le détail de ces 2 Sam. 23, 8., où il porte aussi le nom ou
mystères nocturnes, auxquels étaient cen surnom de Hadino, à moins qu'en admet
sés présider Adonis et Vénus ; les Juifs, tant une corruption du texte, on ne doive,
idolâtres par la chair comme par le cœur, avec Gesenius, traduire ce mot et le sui
avaient accepté en grand nombre ce culte vant, et rendre ainsi la fin du verset :
impur, et le prophète leur annonce, avec « c'est lui qui, brandissant sa lance, eut
JAT 471 JEA
le dessus sur 800 hommes, etc. », traduc trict de Daromas, qui était tout entier peu
tion qui est autorisée par la comparaison plé de chrétiens.
de 1 Chr 11, 11. Le nom de Joseb-Basé JAVAN, quatrième fils de Japhet, et pè
beth signifie celui qui habite dans la paix. re d'Elisa, Tarsis, Kittim et Dodanim,
Jasobham, fils de Hacmoni, était le chef Gen. 10, 2. 4. Son nom se retrouve en
des trois principaux guerriers de David, core Ez. 27, 19. Zach. 9, 13., etailleurs. On
et par conséquent le premier de ses hom est d'accord à penser qu'il désigne la Grè
mes d'élite après Joab, qui était établi ce, l'Ionie, q. v.; son nom hébreu n'est
sur tous, 2 Sam. 23, 8.9. Il n'est connu même pas autre chose que Jon, et dans
que par l'exploit mentionné dans ce pas l'Iliade, 13, 685., les loniens sont appelés
sage, et comme l'un des trois chefs qui Jaoniens. Plus tard, les Grecs prirent le
exposèrent leur vie pour procurer un peu nom d'Hellènes, et celui d'Ioniens fut ré
d'eau à leur roi. —v. Abisaï. servé à quelques-uns d'entre eux seule
JASON, parent de saint Paul, Rom. 16, ment, qui passèrent dans l'Asie Mineure,
21., et son hôte à Thessalonique, Act. 17, dont ils peuplèrent une partie des côtes.
5. Il dut comparaître devant les gouver JEAN. L'Ecriture mentionne quatre
neurs de la ville, en l'absence de Paul, personnages de ce nom, le Baptiste , le
que les Juifs, ses ennemis, n'avaient pu fils de Zébédée, un juge de la race sacer
retrOuVer. Accusés de sédition et de com dotale, et le disciple plus ordinairement
plots politiques, Jason et ses amis ne pu appelé Marc. Ce nom, en hébreu Jochan
rent être convaincus, et furent relâchés nan, signifie accordépar la grâce de Dieu,
Sous caution. On pense que Jason accom et correspond ainsi, pour le sens, aux
pagna l'apôtre à Corinthe. Les Grecs le noms de Samuel , Nathanaël , Nathanja,
font évêque de Tarse en Cilicie. Matthieu , Théodore , Diodati , Doro
JASPE, Ex. 28, 18. 39, 11. Ez. 28, 13. thée, Adéodat, etc.
Apoc. 21, 19. Pierre précieuse qui, dans 1° Jean - Baptiste, fils de Zacharie et
presque toute les langues connues, porte d'Elisabeth, Lévite et de la race sacerdo
le même nom dérivé de l'hébreu yashpèh, tale, Luc 1 , 13., fut le dernier prophète
de sorte que l'identité n'est pas difficile à de l'ancienne économie, Elie ressuscité,
établir. C'est plutôt un marbre qu'une le précurseurimmédiat du Messie.Sanais
pierre précieuse proprement dite; il n'est sance fut miraculeuse comme celles d'I-
pas transparent et approche de la nature saac , de Samson, de Samuel, et l'ange
de l'agate. Le plus beau jaspe est vert, qui l'annonça dans le temple lui imposa
avec des veines blanches et des taches aussi le nom qu'il devait porter. Il naquit
jaunes ou rouges; on estime aussi le jaspe six mois avant Jésus, dans les montagnes
incarnat, le pourpre et le rose. Les an de Juda, peut-être à Hébron ou à Jutta
ciens faisaient grand cas d'ornements et (Jos. 21, 16.), et resta dans ces solitudes
de bijoux de jaspe, et Pline dit que si cette jusqu'au commencement de sa vie publi
pierre est surpassée en beauté par plu que, environ l'an 15 de Tibère. Il appa
sieurs, elle conserve toujours le prestige rut au monde avec toute l'austérité de vie
que lui donne sa priorité et l'usage qu'on des anciens prophètes, Nazaréen dans la
en a fait de tout tempS. sobriété de sa nourriture et la simplicité
JATBA (et non Jotba, comme le portent de ses vêtements. Il demeurait mon loin
nos versions), lieu de naissance de Mes de la mer Morte, et c'est là qu'il exhorta
sullémet, mère du roi Amon, 2 Rois 21, le peuple à la repentance et à un complet
19., antique ville de la Judée, dit saint Jé changement de vie, l'engageant à fuir la
rôme. colère à venir, et lui administrant le si
JATHSA. v. Jahats. gne symbolique du baptême pour marquer
JATTIR, ville lévitique des montagnes que toutes choses devaient être faites
de Juda, Jos. 15, 48. 21, 14. cf. 1 Sam. nouvelles. Le peuple accourait à lui de
30, 27. 1 Chr. 6, 57. Eusèbe la nomme toutes parts ; riches et pauvres, phari
Jétheïra, et la place à20 milles d'Eleuthé siens et sadducéens, tous s'empressaient
ropolis, non loin de Malatha, dans le dis auprès du prophète qui venait, après plu
JEA 472 JEA
le besoin. Il a été chef d'une école, et parateur n'était pas achevée, et refuser
cette école a compté des disciples en de de licencier ses disciples pour les adres
hors de la Judée, dans l'Asie Mineure, ser à un chef qui ne se présentait pas
en Grèce, peut-être même à Alexandrie, avec un caractère public. A sa mort, ses
Act. 18, 25. 19, 3. On voit par Luc 11, 1., disciples continuèrent d'attendre le Mes
qu'il avait été jusqu'à leur donner un mo sie, mais ils restèrent en l'état où Jean
dèle de prière, ce qui indique à la fois les avait laissés; ils n'avancèrent pas en
une grande spiritualité dans sa manière lumière, et leur secte, devenue station
de comprendre le royaume de Dieu, une naire, ne fit pas un pas vers Jésus; privés
grande étendue dans la portée de ses en d'un maître qu'ils avaient grandement
seignements, et une grande autorité sur honoré, ils eussent cru se montrer infi
l'esprit de ses adeptes. Mais on se de dèles à sa mémoire s'ils se fussent tour
mande avec quelque surprise comment il nés vers celui dont leur chef n'avait été
se fait qu'il y ait eu une si longue riva que le précurseur ; ils annoncèrent en
lité entre ses disciples et ceux du Messie, core le Messie, mais ils ne le virent pas,
Matth. 9, 14., Luc 5, 33. 11, 1., rivalité ils ne le reçurent pas, ils ne le recon
qui se produit soit à propos du jeûne, soit nurent pas malgré toutes les manifesta
à propos de la prière, soit à propos du tions de sa gloire, et de nos jours encore,
baptême et des succès croissants de on trouve en Orient une secte qui porte
l'œuvre de Jésus ? On se demande pour le nom des disciples de saint Jean (les
quoi, si Jean a reconnu son parent pour Mandéens, Nazaréens, ou Sabéens), et
« celui qui devait venir, » il ne s'est pas dont les livres saints sont empreints du
joint à lui avec tous ses disciples, pour gnosticisme le plus complet.
quoi il a continué d'exercer son activité On peut donc regarder comme une
d'une manière si indépendante, au lieu de tache dans la vie du Baptiste, comme le
se subordonner au Messie et de devenir fruit d'une trop prudente irrésolution, la
l'un de ses agents ? Pourquoi, puisqu'il prolongation de son ministère de précur
ne se considérait que comme le précur seur. C'est aussi peut-être à un affaiblis
seur, n'a-t-il pas envoyé ses disciples à sement momentané de sa foi que l'on doit
celui qu'il regardait comme le chemin, la attribuer l'étonnante question qu'il fit
vérité et la vie ? Pourquoi n'a-t-il pas faire à Jésus par deux de ses disciples :
déclaré sa tâche accomplie dès le moment Es-tu celui qui devait venir, ou si nous
· où le Saint-Esprit fut descendu sur Jésus devons en attendre un autre ? Matth. 11,
aux bords du Jourdain ? Il faut peut-être, 2., Luc 7, 19. Quelques auteurs pensent
pour le comprendre, admettre que le Bap que Jean n'envoya des disciples à Jésus
tiste a partagé jusqu'à un certain point le que pour fortifier leur foi incertaine et
préjugé d'un règne temporel du Messie les affermir dans la vérité ; mais il serait
et les espérances qu'une interprétation étrange que des hommes aussi dévoués à
trop littérale de l'Ancien Testament avait leur maître n'eussent pas reçu son témoi
fait naître chez les Juifs même les plus gnage sur ce qui faisait la partie la plus
pieux. Il se regardait comme l'avant-cou essentielle de son œuvre, et que Jean eût
reur officiel du roi du monde, et pensait dû les persuader en les envoyant auprès
peut-être que son œuvre ne devait s'ar de celui dont ils étaient jaloux et en qui
rêter que lorsque le Messie lui-même se même ils ne croyaient pas. D'autres théo
serait officiellement déclaré comme tel. logiens pensent que sous la forme d'une
Or, aussi longtemps qu'il voyait Jésus question, le prophète qui était dans les
faire des miracles, prêcher, gagner les fers, voulait engager le Seigneur à hâter
âmes à lui, mais vivre dans l'obscurité, sa manifestation, à accélérer l'exécution
dans le renoncement à lui-même, ne faire de ses plans de miséricorde et de royauté,
que des conquètes spirituelles, et souffrir, à venir le délivrer lui-même de la prison
ce qui, pour les disciples même du Mes dans laquelle il languissait, n'ayant d'es
sie, était encore une énigme impénétrable, pérance que dans le Messie, et voyant la
il pouvait croire que sa mission de pré réalisation de ces espérances indéfini
JEA 474 JEA
ment ajournée. Cette dernière explica à Jésus. Et certes, celui qui demande à
tion se rapproche davantage de ce qui Dieu s'il est Dieu, et au Sauveur s'il est
nous paraît être la vérité; mais il faut en Sauveur, celui-là n'est pas en dehors de
retrancher l'espèce de conseil que Jean la foi : un seul rayon du ciel dissipera
aurait l'intention de donner à Jésus. La l'obscur nuage qui pèse sur son âme.
manière même dont la question est posée Aussi ne voyons-nous aucune contradic
prouve qu'en la faisant, Jean pensait plus tion dans les doutes de Jean, et le témoi
à lui qu'à Jésus, plus à sa position per gnage que Jésus lui rend immédiatement
sonnelle qu'à la mission de Christ; et c'est après avoir répondu aux deux messagers ;
dans l'âme du prisonnier plus que dans c'est bien par rapport à Jean que Jésus
Son esprit que le doute qu'il présente a dit : Bienheureux celui qui n'aura pas été
dù prendre naissance. L'expérience inté scandalisé en moi , mais ces paroles sont
rieure, dit Olshausen, peut seule nous tout ensemble un encouragement et un
faire comprendre la pensée de Jean-Bap avertissement. Le Sauveur est bref parce
tiste. Il y a dans la vie de chaque fidèle que ces combats intérieurs doivent être
des moments où les convictions les plus livrés intérieurement, et que le secours
fortes et les mieux assises viennent à être même ne peut venir du dehors; il voyait
ébranlées; les ténèbres succèdent à la d'ailleurs que, pour Jean, la victoire était
lumière, et l'on est comme abandonné du proche. Puis, quand les messagers sont
Saint-Esprit; or il est à croire que Jean partis, il s'adresse à la foule et leur de
a eu ses moments de faiblesse et de doute mande: Qu'êtes-vous allés voir au désert ?
COmme nous tous. On s'habitue trop en Vous n'y êtes certainement pas allés pour
général à considérer les caractères bi voir seulement des roseaux ou d'autres
bliques comme étant tout d'une pièce, objets de ce genre : vous avez voulu voir
fermes et inébranlables; on les divinise un prophète, et vous l'avez vu; c'est même
trop, et en les élevant trop au-dessus de plus qu'un prophète, c'est l'Elie qui de
l'humanité on leur fait perdre ce qu'il y a vait venir. Peut-être aussi le r0seau et
p0ur nous d'instructif dans leur foi triom l'homme vêtu de vêtements se rappor
phant de leurs doutes; en tout cas, on taient-ils directement à Jean et étaient
sort de la vérité. Un seul a vécu sans pas ils une allusion à la fermeté de la foi et
Ser alternativement du bien au mal et du à la sévérité de sa vie. Quoi qu'il en soit,
mal au bien; un seul a vécu immuable Jésus reproche à la foule d'avoir été seu
dans sa force, parce qu'il était lui-même lement pour voir cet homme admirable,
le Fort, le Puissant; tous les autres ont dû pour voir un prophète, comme s'il y avait
lutter contre les ténèbres intérieures, et là quelque chose à voir, et de n'avoir pas
tous ont pu succomber, pour tous il a pu compris qu'il fallait surtout entendre,
y avoir des jours d'obscurcissement. Et si écouter ses exhortations, les mettre en
l'on se représente le précurseur dans son pratique, et forcer le royaume des cieux.
Cachot, on ne sera pas surpris qu'il ait Jean a été appelé par Jésus le plus grand
eu ses heures d'angoisses, qu'en de pa des prophètes, et c'est lui aussi qui ter
reils moments la tranquille et lente acti mine la longue liste des prophètes de
vité de Jésus lui ait paru peu divine, sus l'ancienne alliance, en même temps qu'il
pecte peut-être, et qu'il ait oublié toutes sert de point de départ au ministère de
ses expériences précédentes pour se lais la nouvelle économie, Mal. 4, 5. Luc 1,
ser aborder par des doutes. Mais dans 17. Act. 1, 22. 10, 37. Matth. 11, 11.
ces doutes encore, que de confiance! dans 13., etc. Esaïe l'avait annoncé (40, 3.),
cette incrédulité, que de foi ! C'est à Jé de même que Malachie 3, 1., et ce der
sus lui-même qu'il s'adresse dans son nier prophète (4, 5.) l'avait fait l'ègal du
incertitude, et sa question n'est autre que plus grand des prophètes, Elie, le contem
cette prière : « Je crois, Seigneur, aide porain d'Achab. Jean-Baptiste a eu sur
moi dans mon incrédulité! » ll ne s'in Elie l'avantage d'avoir vu sa mission cou
terroge pas lui-même, il ne va pas auprès ronnée d'un grand succès, et si le pre
des docteurs et des pharisiens, il va droit mier Elie a fui dans les déserts pour y
JEA 475 JEA
désespérer, le second a vécu dans les Jean paraît avoir possédé une demeure
mêmes solitudes, mais pour accomplir son à lui, Jean 19, 27.: tout cela marque suf
œuvre, prècher et baptiser. — Heureux fisamment qu'il y avait plutôt de l'aisance
ceux qui croient, car le plus petit sous dans cette famille, quoiqu'elle ne fùt
la nouvelle économie est plus grand en point riche. Quant aux rapports de Jean
core que Jean-Baptiste, et les doutes du avec Caïphe, Jean 18, 15., ils prouvent
précurseur ne sont plus permis à ceux peu de chose sur cette terre où le riche
qui savent que le Christ est mort et qu'il et le pauvre se rencontrent.
est véritablement ressuscité. Si Jean était un homme sans lettres,
2° Jean, l'apôtre, d'abord pêcheur de Act. 4, 13., on ne peut douter qu'il n'ait
poissons, puis pêcheur d'hommes, était été élevé dans la crainte de Dieu et dans
fils de Salomé et de Zébédée, cf. Matth. l'attente du Messie; il entendit les ensei
27, 56. Marc 15, 40. Ses parents pa gnements du précurseur, et fut baptisé
raissent avoir été du nombre de ceux qui par lui dans les eaux du Jourdain. Puis,
attendaient la consolation d'Israël; aussi lorsqu'il eut vu Jésus, ce disciple, avide
voyons-nous Zébédée laisser aller son fils de lumière, se tourna entièrement vers
au moment où Jésus l'appelle, et consen lui, l'accepta pour son maître, et fut si
tir aux sacrifices nombreux que Salomé captivé par une première conversation
fait pour Jésus. Ils étaient de Bethsaïda , qu'il resta avec lui depuis quatre heures
ce que l'on conclut de leur association du soir jusqu'à la nuit, Jean 1, 39. Néan
pour la pêche avec les familles de Pierre, moins la sagesse de Jésus ne donnantja
d'André et de Philippe, qui appartenaient mais aux esprits au delà de ce qu'ils peu
à ce village, cf. Matth. 4, 18.21. Jean 1, vent porter, il se borna pour cette pre
44.21, 3-7. ; peut-être étaient-ils comme mière fois à jeter la semence dans l'âme
eux domiciliés à Capernaüm, Luc 4, 31. du disciple, et il l'y laissa germer; ce ne
38. Marc 1, 21.29. Quoi qu'il en soit, ils fut que quelque temps après, que Jésus,
demeuraient au bord du lac de Génésa sur les bords de la mer de Galilée, appela
reth, sur les rives duquel une école de le jeune homme, qui le suivit aussitôt. Il
prophètes avait écouté les enseignements jouit dès lors non-seulement de ses ensei
d'un grand maître sous l'ancienne al gnements, mais de son amitié toute spé
liance; la première école de la nouvelle ciale, et Jésus, après lui avoiraccordé la fa
économie devait partir des mêmes ri veur d'assister à la guérison de la belle
vages. Quelques anciens auteurs ont cru mère de Pierre, Marc 1, 29., à la résurrec
que la famille de l'apôtre était pauvre : tion de la fille de Jaïrus, 5, 37., à la trans
c'est l'opinion de Chrysostome, qui le figurationsurle Thabor, 9,2., et àl'agonie
conclut de ce que Zébédée élevait ses fils de Gethsémané, 14, 33., lui légua encore
dans son propre métier, de ce qu'il rac sa mère en quittant la vie, Jean 19, 26. Il
commode lui-même ses filets, de ce qu'ils a pu être appelé celui que Jésus aimait,
comme Abraham avait été nommé l'ami de
pêchent non point dans la mer mais dans
un petit lac, enfin de ce que les pêcheurs Dieu ; et dans les scènes du Calvaire, il
lui fut seul fidèle. Sans doute il s'enfuit
S0nt ordinairement misérables. Cette der
avec les autres au premier moment de
nière raison n'en est pas une : quant aux
l'arrestation , mais il revint plus tard
autres, elles sont bien faibles, et l'on peut
(l'anecdote racontée Marc 14, 51. 52. se
supposer au contraire que Zébédée jouis
sait d'une honnête médiocrité, car le lac rapporte plus probablement à Marc lui
de Génésareth était fort poissonneux et même qu'à Jean, quoique cette dernière
fournissait à ses riverains une grande opinion ait ses défenseurs), il entre dans
ressource commerciale. Zébédée a des la cour du palais de justice, il se montre
ouvriers, Marc 1, 20., ce qui prouve tout au pied de la croix, lui seul entre les
au moins une certaine extension dans douze, il recueille l'héritage de son ami,
l'ensemble de ses travaux; Salomé assiste il le voit expirer, il voit l'eau et le sang
Jésus de ses biens et achète de l'encens jaillir d'une blessure qui lui est faite d'un
pour l'embaumer après sa mort; enfin coup de lance, et il peut sceller le té
JEA 476 JEA
moignage qu'il rend, de ces paroles : Ce n'ont rien de surprenant si l'on se rap
lui qui le témoigne l'a vu, Jean 19, 35. Au pelle que l'antiquité lui en attribue un
troisième jour il arrive le premier au sé grand nombre, et que la vertu des mira
pulcre, et il croit le premier à la résurrec cles résidait abondamment dans la per
tion de son maître, Jean 20. Pendant les sonne des apôtres, si bien que leur om
quarante jours qui s'écoulent entre la bre même guérissait les malades. On peut
résurrection et l'ascension , il demeure reléguer sans risque au nombre des lé
avec les autres apôtres, il fait avec eux le gendes l'histoire de la coupe de ciguë qui
voyage de la Galilée, et lorsque Jésus se lui fut donnée à boire; cette anecdote ne
fait voir sur les rives du lac, c'est encore repose sur aucune preuve authentique,
lui qui le reconnaît le premier. Le même et nous ne la rappelons que parce que
jour a lieu la réintégration de Pierre dans saint Jean est quelquefois représenté ,
l'apostolat, et Jean, qui avait été le té dans les statues qu'on lui élève , tenant
moin du reniement, fut aussi le témoin à la main une coupe au fond de laquelle
du pardon. Apres l'ascension de Jésus et se trouve un serpent.
l'effusion du Saint-Esprit, il demeura à Une violente persécution ayant éclaté
Jérusalem, probablement encore quelques en 95, sous le règne de Domitien, plu
années ; on le voit surtout avec Pierre, sieurs Eglises furent privées de leurs
Act. 3, 1. 4, 13. 8, 14. Ensemble ils gué chefs, et Jean fut envoyé en exil à Pat
rissent un impotent; ensemble ils sont mos, l'une des Sporades, non loin d'E-
accusés, détenus et relâchés ; ensemble phèse (96). Cet exil est un fait constant et
ils vont bénir la Samarie et faire descen avéré; il n'est sans doute pas en opposi
dre le Saint-Esprit sur ces bourgades sur tion directe avec la translation de Jean à
lesquelles Jean, dans le premier zèle de Rome sous Domitien, et son supplice dans
son ignorance, avait voulu faire tomber l'huile bouillante, mais si Tertullien et
le feu du ciel, Luc 9, 54. Paul, lors de Jérôme racontent ce dernier fait, le si
son premier voyage à Jérusalem, avant lence d'Eusèbe et d'Irénée semble le dé
l'an 40, n'y trouve point Jean, Gal. 1, mentir. C'est pendant son séjour à Pat
18. 19., mais à son second ou troisième mos que l'apôtre fut honoré de ces ma
voyage, il l'y trouve fixé et établi, et l'ap gnifiques révélations qu'il écrivit plus
pelle une des colonnes de l'Eglise, Gal. 2, tard pour l'édification et l'instruction des
9. Dès lors le Nouveau Testament garde fidèles, v. Apocalypse. A son retour à
le silence sur la vie de cet apôtre, dont il Ephèse, Jean trouva l'Eglise en désordre
ne mentionne plus que l'exil à Patmos. et ses membres dispersés. C'est là que
ll paraît qu'il resta à Jérusalem jusqu'à prend place l'histoire bien connue, racon
la mort de Marie, dont la date est incer tée par Eusèbe, Chrysostome et Clément
taine, et que pendant quelques années il d'Alexandrie, du jeune homme qui s'est
vécut missionnaire , évangélisant, à ce joint à une bande de voleurs et que Jean,
que l'on croit, le sud-est de la Palestine; déjà vieux, poursuit jusque dans les mon
mais il est probable que plus tard il alla tagnes. A supposer qu'en passant de
vivre au milieu des Eglises de l'Asie Mi mains en mains, cette anecdote se soit re
neure, et qu'il fixa sa résidence à Ephèse vêtue d'ornements étrangers, comme tout
(60-66). Il devint doublement nécessaire ce qui passe par les mains de Rome, le
dans cette grande ville quand Paul, et fait lui-même n'en paraît pas moins avoir
après lui Timothée, eurent abandonné ce eu lieu, et plusieurs témoignages respec
champ de travail si important , qui se tables le confirment. Enfin, Jérôme nous
trouvait placé comme un point centralen a conservé un dernier trait qui clôt di
tre l'Asie et l'Europe. On comprend qu'il gnement la sainte carrière de l'ami de Jé
ait exercé une suprématie de fait sur tou sus. Vers la fin de sa vie il était trop fai
tes les Eglises environnantes. C'est à ble pour se rendre à pied aux assemblées
Ephèse qu'une maison de bains a dû s'é- des frères, il était trop faible même pour
crouler sur Cérinthe, et que Jean a dû parler aux jeunes gens; mais il répétait
ressusciter un mort, deux miracles qui cependant toujours : Mes petits enfants,
JEA 477 JEA
aimez-vous les uns les autres ; et quand caractère plus vif, plus impétueux, plus
on lui demandait pourquoi il insistait sur ardent qu'on ne se le figure d'ordinaire :
ce devoir, il répondait : « C'est que c'est cela se voit par son opposition au disci
le commandement du Seigneur. » Les an ple qui faisait des miracles sans suivre
ciens sont unanimes à lui donner un grand Jésus, Marc 9, 38., par la demande qu'il
âge; il a vu, selon Irénée, l'avénement fait à son maître d'appeler le feu du ciel
de Trajan, en 98, et il est mort à Ephèse, sur une bourgade des Samaritains, qui
où l'on a longtemps montré son tombeau; avait refusé de les recevoir, Luc 9, 54.,
quoiqu'on l'ait appelé martyr, il ne paraît par la requête orgueilleuse de Salomé en
pas que sa mort ait été violente. Un mal sa faveur et en faveur de Jacques, son
entendu sur les paroles de Christ, Jean frère, Matth. 20, 20., enfin par le nom
21, 22. 23., a accrédité parmi les anciens de Boanergès, q. V., qui fut donné à ces
le bruit que Jean n'était pas mort, et deux frères.
qu'il ne mourrait pas jusqu'à la fin du Evangile. Ce n'est pas une histoire
monde, tandis que Jésus n'avait parlé que proprement dite du ministère de notre
de la destruction de Jérusalem; on l'a en Sauveur , on pourrait l'appeler plutôt ses
conséquence cherché longtemps sur la mémoires ou ses pensées. Il paraît sup
terre, tout en oubliant qu'il parle et qu'ilposer la connaissance des trois autres
vit encore dans ses écrits. Son grand Evangiles, et passe sous silence plusieurs
âge est pour nous un précieux gage de faits rapportés dans ces derniers, la nais
la canonicité des écrits du Nouveau Tes sance du précurseur, celle du Messie, son
tament, et l'on ne peut douter que ce té baptème, sa tentation, l'appel définitif de
moin, qui a vu l'Eglise se former, n'ait plusieurs des apôtres, le nom qu'il leur
aussi eu l'influence d'un témoin sur les donne, leur mission, l'envoi des septan
livres qu'on admettait comme authenti te, un grand nombre de miracles et de
ques, et dont on faisait usage dans l'E- paraboles, plusieurs des instructions de
glise, et que le témoignage qu'il a rendu Jésus, et en particulier le sermon sur la
à la vérité des autres Evangiles n'ait con montagne, la transfiguration, l'institution
tribué à confirmer aux yeux de tous leur de la cène, les angoisses de Gethsémané,
authenticité. l'ascension; il omet ou se borne à rap
Quant au caractère de Jean, c'est un peler ce qui est connu, et se montre ori
mélange admirable de force et de dou ginal dans toute son étendue. La plupart
ceur; une espèce de charme l'entoure, des faits qu'il rapporte ont eu lieu à Jé
c'est le charme des dons de l'esprit, la rusalem ou dans les environs, et il dési
paix de Jésus, l'humilité, la charité, l'a- gne avec plus d'exactitude que les trois
mour, la piété la plus profonde; c'est le autres évangélistes (synoptiques) le lieu,
charme d'un grand zèle et d'un grand sé le temps, les personnes, les circonstan
rieux, mèlé de douceur et de bonté. Si la ces, les usages. Les miracles qu'il raconte
paix est le trait saillant de son cœur et de sont principalement ceux qui sont liés
son activité, ce n'est pas qu'il ait manqué aux enseignements du Sauveur, ou qui
d'énergie, au contraire; mais ses vertus ont fait quelque sensation publique. On
douces nous font oublier ses vertus for ne peut nier qu'il n'y ait une grande dif
tes, parce qu'il n'est pas dans notre na férence, entre cet Evangile et les autres,
ture de comprendre à la fois deux extrê mais encore ne faut-il pas exagérer cette
mes, et les hommes sont rares qui, re différence, comme le fait très bien remar
nommés pour leur douceur, eussent écrit quer Tholuck , et si l'image qu'il nous
ces paroles de 2 Jean 10. : « Si quelqu'un donne des discours, de la vie, de la per
vient à vous et qu'il n'apporte point cette sonne de Christ, est plus grande, elle n'est
doctrine, ne le recevez point dans votre cependant pas autre, et De Wette lui-mê
maison, et ne le saluez point. » i'lusieurs me, qui cherche plutôt les différences que
traits semblent montrer aussi que, dans les ressemblances, avoue que dans ce cas
sa jeunesse, et avant d'avoir eu la pleine particulier les différences sont dans la
connaissance de la vérité, Jean avait un forme plutôt que dans le fond, et qu'el
JEA - 478 JEA
les se comprennent facilement. Notre plan Tholuck avoir mieux compris saint Jean ;
ne comporte pas un examen détaillé des mais tous les deuxl'ont commenté en chré
rapports qui se trouvent entre Jean et les tiens, et leur travaux resteront. Tholuck
synoptiques : on les retrouvera dans les réunit à la brièveté le mérite de fournir
ouvrages spéciaux , parmi lesquels nous tous les moyens exégétiques de lire avec
recommandons surtout Sander, traduit en fruit cet Evangile, comme en général les
français, avec une excellente préface de autres écrits du Nouveau Testament qu'il
M. de Rougemont sur le même sujet(Neu a commentés. — En anglais, Leçons ex
châtel). — Jean a écrit son Evangile à plicatives de Bird Summer.
Ephèse, quoique plusieursauteurs préten Epîtres de saint Jean. Elles sont au
dent qu'il l'a composé pendant les loisirs nombre de trois, et quoiqu'elles ne por
de Patmos. Irénée et Jérôme sont posi tent point de nom d'auteur, non plus que
tifs dans leur témoignage, tandis qu'un l'Evangile, elles ont été attribuées à cet
écrit apocryphe (les douze apôtres) est apôtre, presque sans contestation, les té
la première source connue de la tradition moignagesanciens ne laissant aucun doute
en faveur de Patmos. Quant au temps , à ce sujet. La première porte le nom de
les uns (Basnage, Lampe, Wegscheider) catholique, parce qu'elle a été adressée à
veulent que Jérusalem subsistât encore un ensemble de congrégations, et l'on
lorsque Jean a fait son travail, et ils met pense généralement que Saint Jean l'en
tent la composition de cet Evangile envi voya de Patmos aux Eglises de l'Asie
ron vers l'an 67, opinion qui ne peut guè Mineure et à celle d'Ephèse en particu
re se soutenir. D'autres pensent que Jean lier, malgré certains témoignages apocry
l'a écrit avant l'exil de Patmos, et par phes d'après lesquels l'apôtre l'aurait des
conséquent avant l'Apocalypse; ils s'ap tinée aux Parthes ou aux Juifs convertis
puient sur ce que, Apoc. 1, 5.9., Jean dit d'entre ceux qui étaient exilés parmi les
qu'il a rendu témoignage à Jésus, paro Parthes, au delà de l'Euphrate. Jean y
les qu'ils estiment se rapporter néces combat les mêmes erreurs que dans son
sairement à son Evangile: mais cette preu Evangile; on y retrouve le même plan, le
ve prouve peu. Reste enfin la troisième même style, le même vocabulaire peu ri
opinion, qui place la rédaction de l'Evan che, et dont le verbe aimer semble faire
gile après celle de l'Apocalypse : elle est le fond. L'Homme-Dieu y est annoncé
appuyée par Irénée, Jérôme, Epiphane et d'une manière éclatante; la manière claire
Eusèbe; le style de l'Evangile a aussi quel et précise dont y est présentée la doctrine
que chose de plus soigné, de plus mûri, de Dieu a fait donner à Jean le nom de
comme celui d'un homme plus habitué à théologien par excellence; il expose que
écrire et plus versé dans le maniement de la Parole était au commencement, qu'elle
la langue grecque. était avec Dieu, qu'elle était Dieu lui
On comprend qu'un écrit aussi beau et même; il appelle antichrists, menteurs et
aussi important ait trouvé de nombreux faux prophètes ceux qui le nient, et com
commentateurs; nous n'indiquerons, par me ces séducteurs ennemis de la croix
mi ceux de la Réforme, que Zwingle, Lu commençaient à mettre en avant leurs doc
ther, Mélanchthon, Calvin et Bèze ; puis, trines déjà vers la fin du premier siècle,
au siècle dernier, en 1724, Lampe d'U- saint Jean, le dernier des écrivains du
trecht, plein d'érudition, de sagacité et Nouveau Testament, a élevé ce boulevard
de chaleur chrétienne. Parmi les auteurs inébranlable contre lequel se meurtris
plus récents, nommons Paulus dont la ré sent les faux théologues de nos jours.—
putation comme orthodoxe moderne est La seconde et la troisième épître sont
faite et perdue depuis longtemps; Kui adressées à des particuliers ; on a voulu
nœl, bon répertoire; Lucke; Clarke; Ols leur donner pour auteur un autre Jean,
hausen (trad. en français); enfin Tholuck : mais le témoignage d'Irénée repousse
ces deux derniers sont les plus connus, cette supposition. et le style, comme aucsi
et peut-être aussi les plus dignes de l'ê- la pensée intime, affectueuse et dogmati
tre. Olshausen paraît avoir mieux senti, que, rappelle la manière de saint Jeanl'a-
JEB 479 JEC
pôtre, celle de l'Evangile, celle de la pre de l'entrée des Israélites en Palestine, ils
mière épître. occupaient, avec les Héthiens et les autres
On a voulu entendre, par la dame élue, tribus de la même race, les montagnes si
une Eglise particulière; d'autres même tuées entre le Jourdain et la Méditerra
(comme Hammond) l'ont entendu de l'E- née, Nomb. 13, 30. Jos. 9, 1. 11, 3. Ils se
glise chrétienne tout entière. Ce sont des gouvernaient monarchiquement, Jos. 10,
jeux d'esprit. Le plus simple est de pren 1. 23. Ils s'allièrent à Jabin, roi de Hat
dre les mots pour ce qu'ils sont, et de sor, pour faire la guerre à Israël, mais Jo
voir dans cette dame une dame, et dans ses sué les défit après plusieurs batailles, et
enfants des enfants ; l'épithète élue se les mit pour plusieurs années hors d'état
rapporte soit à quelque distinction ter de recommencer, Jos. 11, cf. 24, 1 l. Quant
restre, soit plutôt à l'élection du Sau à Jébus, leur ville principale, celle qui
veur. L'époque de la rédaction est incer porta plus tard le nom de Jérusalem (q.
taine, mais elle se place dans la vieillesse v.), il ne paraît pas que Josué ait entre
de l'apôtre. pris de la réduire, et dans tous les cas
La troisième épître enfin est adressée à elle resta au pouvoir des Jébusiens jus
un certain Gaïus, qui paraît avoir été con qu'aux jours de David, qui en fit la capi
verti par l'apôtre, V. 4., et qui est aussi tale de son royaume, Jos. 15, 8. 63. 18,
différent du Gaïus dont il est parlé Rom. 28.2 Sam. 5, 6. 1 Chr. 11, 4. Sous les ju
16, 23. 1 Cor. 1, 14., lequel était un en ges, les Jébusiens apparaissent comme la
fant spirituel de Paul. Date incertaine; plus forte des tribus cananéennes, Jug.
probablement contemporaine de la secon 19, 11.; un petit nombre d'lsraélitesseu
de. Jean loue Gaïus de l'accueil bien lement réussissent à s'établir dans leur
veillant et hospitalier qu'il accorde aux ville, Jug. 1, 21. cf. 3, 5.; mème lorsque
frères missionnaires, et il blâme la con Jébus est conquise, les Jébusiens ne peu
duite d'un certain Diotrèphe, orateur, s'é- vent en être entièrement chassés, 2 Sam.
vaporant en mauvais discours, inhospita 24, 16. 18., et Salomon doit encore lutter
lier pour son compte, et cherchant à pro avec eux pour achever de les soumettre
pagersa présomptueuse intolérance, parce au tribut, 1 Rois 9, 20. On retrouve des
qu'il aime à être le premier. Jébusiens jusqu'après l'exil, Esd. 9, 1.
Apocalypse. v. cet article. JECHONIAS(que l'Eternel établit), fils
3° Jean, Act. 4, 6., sacrificateur, peut de Jéhojakim et petit-fils de Josias, por
être le fils d'Anne, dont Josèphe parle à tait aussi les noms de Chonja et de Jého
plusieurs reprises. Il est nommé parmi jachin, 1 Chr. 3, 16. Matth. 1, 12. 2 Rois
ceux qui assistèrent à la comparution de 24, 6.2 Chr. 36, 8. Il fut, dès l'âge de
Pierre et Jean devant le conseil, après la huit ans, associé au trône de son père,
guérison de l'impotent. avec qui il régna dix ans, puis il lui suc
4° Jean. v. Marc. céda, mais seulement pour trois mois et
JEANNE, Luc 8, 3., épouse de Chuzas dix jours. Il fit le mal comme son père et
et l'une des pieuses femmes qui ont con fut puni comme lui. Jérémie lui fit révé
sacré, pendant plus de trois années, une ler par deux fois les malheurs qui devaient
partie de leur fortune à l'entretien du fondre sur lui (13, 18. 22, 24.) ; bientôt
Christ et des douze missionnaires qui ces oracles s'accomplirent : Jéchonias fut
voyageaient avec lui. Fidèle au Sauveur assiégé par Nébucadnetsar, pris avec sa
jusqu'à sa mort, elle vint lui faire une vi famille et les principaux d'entre les Juifs,
site au sépulcre avec Marie Madeleine et et conduit à Babylone, où il demeura tren
les autres amies de Jésus, et ne l'ayant te-six ans dans une dure captivité, jus
point trouvé, elles allèrent raconter en qu'à ce qu'à lamort de Nébucadnetsar Evil
sembleaux apôtres l'apparition des anges, mérodac le sortit de sa prison, le traita
les paroles qu'ils leur avaient dites, et la avec honneur, et le mit au-dessus des au
résurrection de leur maître, Luc 24, 10. tres rois qui étaient comme lui captifs à
JÉBUS, Jébusiens, Gen. 10, 16., peu Babylone, 2 Rois 25, 27. Jér. 52, 31. On
plade de la famille des Cananéens. Lors peut croire , par l'heureux changement
JEH 480 JEH
qu'il éprouva dans son extérieur, que l'é- alors qu'il s'était attiré ces malheurs par
preuve lui avait été salutaire, et qu'il s'est ses fautes, et parce qu'il avait suivi en
tOurné vers Dieu en se repentant de ses toutes choses les traces de son père; il
fautes. Son nom se trouve encore Ez. 1, s'humilia, il implora le pardon de l'Eter
2. Est. 2, 6. Jér. 24, 1. 28, 4. 29, 2. 37, nel, et quoique sa conversion fût bien im
1. v, Jésus et Salathiel. parfaite, Dieu daigna y avoir égard , et
JEDAHIA. v. Heldaï. lui accorda quelque repos. Son fils Joas
JEDD0. v. Hiddo. lui succéda et rétablit la prospérité du
JEDIDJA, 2 Sam. 12, 25., un des noms pays. cf. 2 Rois 14, 1.2 Chr. 25, 17.
de Salomon, q. v. Il signifie aimé de Dieu. JEHOJACHIN. v. Jéchonias.
v. verset 24. JEHOJADAH (que l'Eternel connaît),
JEDUTHUN. v. Asaph. ou Joad, 2 Rois 11, 4.2 Chr. 23, 1., etc.
JEHlEL, 1° Rubénite, 1 Chr. 5, 7.—2° souverain sacrificateur, successeur de Ha
Benjamite et fondateur de Gabaon. 1 Chr. zaria, époux de Jéhosébah, et père de Za
9, 35. 8, 29. Peut-être ne fut-il que le charie. Il vécut aux jours d'Achazia et
chef des Benjamites qui s'établirent dans d'Hatalie, et put soustraire à leur fu
cet endroit. reur le jeune Joas, neveu de son épouse
JEHOACHAZ (que l'Eternel possède), et dernier rejeton de la race royale de Da
1° v. Achazia. 2° Jéhoachaz ou Sallum, 1 vid. L'enfant, encore à la mamelle, fut ca
Rois 23, 30. 2 Chr. 36, 1. cf. 1 Chr. 3, ché dans le temple avec sa nourrice (884
15. Jér. 22, 11., fils de Josias (probable av. C.), et ce n'est que dans la septième
ment le second, mais en tout cas ni l'aî année que Jéhojadah crut pouvoir le re
né ni le plus jeune), et son successeur au véler à sa nation, et renverser ainsi du
trône de Juda, fut le dix-septième roi de même coup l'usurpatrice et les idoles. La
ce pays (611 av. C.). Il fut appelé par le conjuration théocratique réussit, et le
peuple à porter une couronne que sa nais peuple retrouva son Dieu avec son roi.
sance ne lui donnait pas ; il fut sacré à Le temple de Bahal fut démoli ; Jéhoja
Jérusalem, mais il suivit les égarements dah rappela l'alliance de l'Eternel avec le
de ses ancêtres, et rétablit les idoles que roi et le peuple, et aussi longtemps qu'il
son père avait renversées. Son règne fut vécut le royaume prospéra, parce que le
court ; au bout de trois mois il fut fait peuple fut fidèle à son Dieu. Il résolut de
prisonnier, emprisonné d'abord à Ribla, faire au temple des réparations devenues
en Syrie, puis emmené en Egypte par nécessaires, par suite d'un long abandon,
Pharaon Néco. Sophonie, contemporain et il fit amasser pour cela des sommes
de Jéhoachaz, fait de l'état moral de Juda considérables dans toutes les villes de
un tableau qui laisse facilement compren Juda ; mais ce projet ne se réalisa entiè
dre comment, après les mesures pieuses rement que lorsque le roi, devenu ma
et réformatrices de Josias, l'idolâtrie et jeur, put joindre son autorité à celle du
l'impiété purent cependant éclater de nou souverain pontife, et presser les lévites
veau avec tant de force dans ce malheu trop indolents. La régence de Jéhojadah
reux pays. — C'est peut-être de Jéhoa est justifiée et louée par ce qui est dit de
chaz qu'Ezéchiel a voulu parler, 19, 3., Joas, qu'il fit ce qui est droit devant
SOuS l'emblème d'un lionceau. l'Eternel pendant tout le temps que Jé
3° Jéhoachaz, 2 Chr. 25, 17., ou plus hojadah le sacrificateur l'enseigna : l'é-
ordinairement Joachaz, onzième roi d'Is lève a fait l éloge du maître, et rien dans
raél, fils et successeur de Jéhu. ll régna toute la conduite de Jéhojadah ne vient
dix-sept ans (856-839), 2 Rois 13, 1., et ternir la pureté de son désintéressement.
paraît, d'après le verset 10, avoir admis Il mourut à l'âge de cent trente ans (834
son fils à la régence dans les dernières av. C.), et fut enseveli dans les tombeaux
années de sa vie. Le royaume eut beau des rois à Jérusalem, « parce qu'il avait
coup à souffrir des invasions des Syriens fait du bien en Israël envers Dieu et en
(Hazaël et Benhadad), et Joachaz fut ré vers sa maison, » 2 Chr. 24, 16. — Son
duit à la dernière extrémité , il comprit nom ne se retrouve que Jér. 29, 26.
*.
2° Jéhojadah ou Jojadah, Néh. 12, 10., Rois 24, 6. 2 Chr. 36, 8. Jér. 22, 19. 36,
grand sacrificateur, successeur d'Eliasib, 30.; les deux dernières semblent contre
contemporain de Néhémie. La date pré dire les premières ; Prideaux, Jahn et
cise de son pontificat est inconnue com Haevernick cherchent à concilier ces no
me l'année de sa mort. tices différentes, en supposant que Jého
JEHOJAKIM ou Eliakim (que l'Eter jakim a péri pendant le siége dans une
nel établit, ou ordonne), 1 Chr. 3, 15.2 sortie dont il n'est pas parlé dans les li
Rois 23, 34. 2 Chr. 36, 4., fils aîné de vres historiques , on peut cependant se
Josias et de Zébudda, ne monta sur le passer de cette hypothèse, admettre que
trône qu'après que son frère Jéhoachaz Jéhojakim est mort de mort naturelle à
en eut été renversé. Il règna onze ans Jérusalem, et que Nébucadnetsar, à son
(610-599) et fut d'abord tributaire du roi arrivée trois mois après, irrité de ne
d'Egypte, Nécho, qui lui avait fait obte plus pouvoir le punir vivant, l'aurait fait
nir la couronne. Il marcha dans les voies arracher à son tombeau et jeter hors de
de l'iniquité, comme faisait alors la nation la ville. Le cadavre de ce roi portait la
toute entière. Au commencement de son marque des incisions qu'il s'était faites
règne il fit poursuivre le prophète Urie en l'honneur des faux dieux ; on put lire
en Egypte où il s'était réfugié, il le fit sur son corps le sort des idolâtres. —
périr par l'épée et refusa à son cadavre Quant au caractère de Jéhº,akim, voici le
les honneurs de la sépulture, Jér. 26, 1. portrait qu'en fait Jérémie, 22, 13-18. « Il
21. 2 Rois 24, 1. Plus tard, Jérémie rem bâtit sa maison par l'injustice, et ses éta
plit auprès de ce malheureux monarque ges sans droiture ; il se sert pour rien
les fonctions d'un fidèle interprète de la de son prochain et ne lui donne point le
volonté divine, et n'échappa qu'avec peine salaire de son travail : tes yeux et ton
et par la protection du Seigneur aux or cœur ne sont adonnés qu'à tOn gain dés
dres donnés de l'arrêter, lui et Baruc, honnête, qu'à répandre le sang innocent,
persécutions qui ne manquent jamais aux qu'à faire tort et qu'à opprimer. » — Son
témoins de la vérité vis-à-vis d'une gé nom se trouve encore, mais comme sim
nération corrompue.Jéhojakim jette mê ple indication de date, ou accompagné du
me au feu, après l'avoir déchiré avec un nom de son fils, Jér. 1, 3. 52, 2. 25, 1.
canif, le recueil des oracles célestes, 27, 1. 24, 1. 35, 1. 28, 4. C'est aussi lui
comme l'autruche qui pense échapper aux qui est nommé Jakim, Matth. 1, 11., dans
coups du chasseur en cachant sa tête dans la seconde division de la liste généalo
le buisson, comme aussi les hommes ir gique du Sauveur ; l'existence de ce nom
régénérés qui refusent de penser à la dans les premiers manuscrits n'est pas
mort parce qu'elle leur fait peur. — En prouvée; il est probable qu'il a été ajouté
606, Nébucadnetsar, corégent de son père plus tard et qu'on doit le supprimer.
Nabopolassar, bat les Egyptiens à Circé JÉHONADAB. v. Jonadab.
sium à l'embouchure du Chaboras dans JEHONATHAN, Jér. 37, 15. 38, 26.,
l'Euphrate, Jér. 46, 2.; il s'avance jusque peut-être le même que Jonathan fils de
près de la Méditerranée, menace Jéhoja Karéah, 40, 8., un des secrétaires de Sé
kim de l'emmener captif à Babylone, et décias; il laissa changer sa maison en pri
finit par lui laisser son trône moyennant son pour y retenir dans les fers Jérémie
un fort tribut; il emporte en même temps qu'il haïssait. Le prophète maltraité sup
les vases du temple, et prend en ôtages plia le roi de lui donner un autre loge
Daniel et ses amis. Trois ans après, en ment, soit que la prison fût malsaine,
603, Jéhojakim se révolte contre Nébu soit que Jérémie eût à se plaindre du
cadnetsar, qui, trop occupé des guerres geôlier; en tout cas il dit que s'il devait
importantes qu'il livre en Orient, ne peut y rester ce serait pour y mourir.
songer que plus tard (599) à punir la dé JEHOSEBAH, femme de Jéhojadah le
fection de son vassal. Jérusalem est prise, souverain sacrificateur, q. v., et tante du
et son roi périt. On a, sur la mort de Jé roi Joas ; fille de Joram, probablement
hojakim, les quatre données suivantes, 2 par une autre femme que Hathalie, et sœur
I. 31
JEH 482 JEP
neuvième juge d'Israël était l'enfant illé Guédor, de même que Pénuël, 1 Chr. 4,
gitime de Galaad et d'une de ses concu 18.4. Ils étaient de la tribu de Juda, et
bines. Repoussé de la famille par la flé paraissent avoir été fondateurs ou prin
trissure de sa naissance, il vécut long ces de la ville de Guédor, mais on ignore
temps en aventurier dans les solitudes l'époque à laquelle ils vécurent.
de Tob en Syrie ; mais son pays eut be JEREMIE. 1° Prophète hébreu, fils de
soin de lui, les Hammonites s'étaient Hilkija, de la race sacerdotale, natif de
avancés contre Galaad , et Jephthé con Hanathoth, dans la tribu de Benjamin,
sentit à les repousser, à condition que le Jér. 1, 1.32, 8.Sa vocation était déjà an
pouvoir lui restât, s'il était vainqueur : il noncée avant sa naissance, et fort jeune
le fut; le guerrier devint juge du pays, encore, âgé de quatorze ans à peine, il
mais le père dut offrir en sacrifice sa fille Commençal'exercice de son ministère dans
qu'il avait vouée aux dieux païens. Après la treizième année du roi Josias (628
cette victoire, si tristement couronnée, 627 av. C.). Il demeura jusque près de sa
Jephthé fut appelé à une victoire égale fin à Jérusalem, seul , sans famille (16,
ment triste sur ses frères d'Ephraïm, qui 2.), presque sans amis, annonçant le mal
s'élevèrent contre lui, redoutant sa supé heur à ses concitoyens, qui ne s'en ef
riorité ; les négociations qu'il entama frayaient point; le bonheur, et ils refu
avec eux, et les explications qu'il leur saient d'y croire. Presque toujours me
donna n'ayant amené aucun résultat, il naçant dans ses prophéties, il vit pres
dut prendre les armes, et les vainquit ; que toujours les hommes répondre à ses
42,000 hommes périrent dans cette guer oracles par des menaces ou de mauvais
re. Dès lors Jephthé jugea en paix Israël traitements; il dut pleurer sur lui-même
pendant six ans, puis il mourut et fut en en pleurant sur les autres, mais il ne sut
seveli en Galaad. Son nom est rappelé jamais faiblir ni déguiser la vérité, quel
dans un discours de Samuel, 1 Sam. 12, les que fussent les prières ou les mena
11., et dans l'épître aux Hébreux, 11, ces. Il ne se laissa point décourager par
32. Les diverses questions que soulève l'opiniâtre résistance , ni aigrir par la
l'histoire de ce chef célèbre sont exami malveillante fureur de ses ennemis : il les
nées dans mes Juges d'Isr., p. 86-95. On aimait, il les plaignait, et ne cessa de les
y trouvera aussi une poésie de M. le pas conjurer de chercher leur bonheur dans
teur Fréd. Chavannes, le Dernier Chant l'accomplissement de la volonté divine ;
de la fille de Jephthé. dévoué à son pays, à cette Judée qui le
JERAH, Gen. 10, 26., Joktanide nom persécutait, il resta le témoin infatigable
mé entre Hatsarmaveth et Hadoram; in de la vérité , l'ennemi, toujours ferme
connu. Jérah signifie, en hébreu, la lune, dans sa modération, de l'erreur, de l'in
et se retrouve également dans le nom de crédulité, de l'obstination ; il remplit
Jérico, d'où quelques targums ont voulu dignement sa mission d'ambassadeur des
induire que Jérah avait été le fondateur cieux, et fut en Juda comme un homme
de cette ville, mais c'est une explication d'un autre monde ou d'un autre temps.
qui ne peut se soutenir. Michaélis, avec Sa vie a été remplie d'événements, et n'en
plus de raison, quoique l'on ne puisse est pas moins monotone , parce que ces
rien décider, pense à la côte et à la mon événements se ressemblent tous, ils se
tagne de la Lune, en Arabie, près la mer passent tous dans la sphère de la fidélité
des Indes. . d'une part, de la persécution de l'autre.
JERAHMEEL. 1° Fils de Kis, 1 Chr. Il commença sous le règne de Josias et
24, 29. — 2° Fils aîné de Hetsron, frère continua sous Jéhoachaz, Jéhojakim, Jé
de Ram et de Célubaï, de la tribu de Ju chonias et Sédécias. Après avoir prophé
da, 1 Chr. 2, 9.25.26.27. —3° District tisé d'abord à Hanathoth, il se rendit à
de la partie méridionale de Juda; il fut Jérusalem, 11 , 21. 22. cf. 12, 5. 6., et
occupé sans doute par les descendants du l'on ne connaît aucun détail de son his
fils de Hetsron, 1 Sam. 27, 10. 30, 29. toire jusqu'en la quatrième année de Jé
JÉRED, 1° v. Jared. 2° Jéred, père de hojakim, où il faillit périr pour avoir
JER 484 JER
nel notre Justice ; et 31 , 31-36. 33, 8., abandonnée. Les quatre premiers chapi
qui annoncentl'efficace de l'expiation faite tres sont cOmpOsés de strophes acrosti
par la mort de Jésus, le caractère spiri ches suivant l'ordre alphabétique ; au
tuel de la nouvelle alliance, et l'influence chapitre 3 les strophes sont de trois ver
profonde et intérieure de l'Evangile, sets : ce même genre de poésie se re
cf. Hébr. 8, 8-13. 10, 16.—Le prophète trouve dans quelques psaumes et dans
Jérémie est cité, Matth. 27, 9., au lieu de quelques chapitres des Proverbes ; l'au
Zacharie, 11, 12., soit que Jérémie, étant teur sacré, en y ayant égard, a consulté
l'un des plus importants des prophètes, peut-être le goût de son temps, peut-être
eût donné son nom comme titre général aussi la mémoire de ceux à qui s'adres
au recueil de toutes les prophéties, soit saient ses chants. POur un autre Ordre
qu'il y ait eu une faute ou une addition on ne saurait en chercher; le prophète
de copiste, ou un manque de mémoire s'abandonne à ses sentiments douloureux
chez saint Matthieu, soit enfin par une plus qu'il ne s'attache à leur donner une
confusion (appelée synchyse) de deux forme, et ses plaintes ne sont pas un dis
passages en un seul , cf. le passage cité cours ; l'espérance qui le soutient au mi
de Zacharie avec Jér. 32, qui n'est pas lieu de ses peines, c'est la pensée que
sans analogie matérielle avec Matth. 27. lors même que la terre est déserte et le
On peut opter entre ces divers moyens de temple détruit, Dieu règne encore et peut
conciliation; il y en a encore treize au COntracter avec son peuple une alliance
treS à ma cOnnaisSance. nouvelle, pleine de grâce, pourvu que le
Lamentations. Recueil de cinq chapi peuple retourne à Dieu par un repentir
tres, contenant autant de chants ou élé sincère et véritable.
gies dans lesquels le prophète déplore Le nom et les prophéties de Jérémie
les diverses calamités qui ont affligé sa sont rappelés, 2 Chr. 36, 21. Esd. 1, 1.
patrie ; le cinquième est un épilogue Dan. 9, 2. cf. Jér. 25, 12. 29, 10.
ajouté aux quatre premiers chants.Jéré L'Ecriture Sainte mentionne encore
mie est auprès de Dieu l'interprête du d'autres hommes de ce nom : le père de
peuple qui demande le pardon de ses pé Hamutal, épouse de Josias, 2 Rois24, 18.;
chés et la restauration d'Israël. Quelques un vaillant chef de la tribu de Manassé,
anciens auteurs pensent que c'est des La 1 Chr. 5, 24.; enfin deux héros de l'ar
mentations qu'il est parlé 2 Chr. 35, 25. mée de David, 1 Chr. 12, 4.10.13.
(Josèphe, saint Jérôme, OEcolampade), JERICO ou Jéricho, ville de la tribu de
mais il paraît évident que le chant funè Benjamin sur les frontières d'Ephraïm, à
bre prononcé sur la mort de Josias, est 8 kilom. du Jourdain, et à 28 de Jérusa
un autre ouvrage de Jérémie qui ne doit lem, dont elle était séparée par une con
pas être confondu avec les Lamentations, trée rocheuse et déserte, Jos. 16, 7. 18,
et Calvin appelle ce sentiment une gros 21. C'est peut-être à cause de cette cir
sière erreur (crassum ; v. aussi Bullin constance que Jésus a placé entre ces
ger). Jarchi veut encore que les Lamen deux villes la scène du Samaritain misé
tations soient le livre qui a été écrit par ricordieux, Luc 10, 30. Les environs de
Baruc, sous la dictée de Jérémie, après Jérico , véritable oasis au milieu des sa
que Jéhojakim dans sa stupide fureur en bles de la solitude, bornés à l'ouest com
eut jeté au feu le premier rouleau; mais me en amphithéâtre par des montagnes
le contenu des Lamentations n'est paS calcaires, hautes et sans verdure, étaient
en accord avec ce qui est dit, Jér. 36, 2., fécondés par de riants cours d'eau, et
des choses renfermées dans le livre dicté extrêmement f rtiles. Ils produisaient
à Baruc ; peut-être y a-t-il une allusion surtout des palmiers, dont la ville a pris
à ce livre à la fin de 36, 32., mais On n'en son nom, Deut. 34, 3. Jug. 1, 16. 3, 13.
sait rien. L'époque de la rédaction est On y trouvait également des rosiers et
inconnue ;les Septante et la version arabe du baume odoriférant ; (le nom de Jé
disent que Jérémie l'écrivit pendant la rico peut se dériver.à cause dé cela de
captivité et sur les ruines de Jérusalem l'hébreu riach, sentir, en allemand rie
JER 486 JER
les grandes fêtes les y appelaient trois son nom le plus ordinaire, celui qu'elle
fois l'an, ces voyages eussent pu tôt ou porta depuis que David en eut fait la ca
tard les rattacher à la dynastie légitime, pitale de son royaume. Elle était située à
il faut à tout prix les prévenir. C'est à 8 milles de Joppe et à 5 du Jourdain, sur
quoi il parvint en établissant aux deux un plateau assez élevé au-dessus du reste
extrémités de son royaume, à Dan et à du pays, ce qui explique la locution mon
Béthel, le culte du veau d'or, prodigieux ter à Jérusalem, employée par les Juifs
acheminement à l'idolâtrie, et en faisant de toutes les tribus. Son sol était pier
desservir ce nouveau culte par des per reux et calcaire, mais très fertile.
sonnes qui n'appartenaient point à la tri Primitivement, et lorsqu'elle apparte
bu de Lévi ; il maintint ces mesures im nait encore aux rois de Canaan, Jos. 10,
pies, ces innovations antithéocratiques, 1. 23., elle n'occupait que la colline de
malgré les avertissements des prophètes, Sion, et se composait de la citadelle très
malgré leurs miracles, 1 Rois 13, et ne se forte de ce nom, 2Sam. 5, 7., et de la ville
laissa pas même toucher par la mort pré proprement dite. Cette dernière avait déjà
maturée de son fils Abija, bien qu'à cette été prise et habitée, concurremment avec
occasion il eût paru vouloir se rappro les Jébusiens, par les hommes de Juda et
cher un instant du vrai Dieu, 14, 1. En de Benjamin, à l'époque des Juges, Jos.
fin, comme il était assez naturel de s'y 15, 63. Jug. 1,21. cf. 1Sam. 17, 54.; mais
attendre, il ne donna pas la paix à son la forteresse opposa toujours aux lsraé
pays, et fut, pendant tout le temps de son lites, jusqu'aux jours de David, la plus
règne, en guerre avec Roboam, roi de vigoureuse résistance. David réussit en
Juda, et avec son successeur, 1 Rois 11 fin à s'en emparer, 2 Sam. 5, 6.; il y fixa
15, 2 Chr. 10-13. Son histoire à été écrite sa résidence, et la nomma de son nom,
par le prophète Jiddo, 2 Chr. 9, 29. cité de David, 2 Sam. 5, 7.9. 6, 12. 16.
12. 15. 1 Rois 3, 1.8, 1. 2 Rois 9, 28. 14, 20. cf.
2° Jéroboam II, treizième roi d'Israël, Néh. 12, 37. Dès lors Jérusalem fut le
fils de Joas, régna sur Israël pendant cin centre politique et religieux du royaume;
quante et un ans, 825-784. Par ses riches elle prit un accroissement considérable.
ses et de nouvelles conquêtes qu'il fit sur Salomon la fortifia, 1 Rois 3, 1. 9, 15.; il
les Syriens, auxquels il reprit Damas et y fit élever le temple sur la colline de Mo
Hamath, il éleva au plus haut degré de puis rija, 1 Rois 6, et se construisit à lui-mê
sance et de splendeur le royaume que son me un palais magnifique, 1 Rois 3, 1. 9,
père avait déjà laissé dans la plus floris 15. Hosias, Jotham, Ezéchias et Manassé
sante prospérité; il lui rendit ses ancien l'agrandirent encore et continuèrent de
nes limites orientales, et parut béni de la fortifier, 2 Chr. 26,9. 27, 3. 32, 5. 33,
Dieu. Mais en même temps le luxe et la 14. Elle n'en succomba pas moins dans
corruption des mœurs firent de nouveaux plusieurs siéges, 1 Rois 14, 26.2 Rois 14,
progrès, et le culte du veau d'or fut main 13., et finit par tomber entre les mains
tenu comme sous le premier Jéroboam, des Caldéens, qui la démolirent, 2 Rois
ainsi qu'on peut le voir par la lecturê des 24, 25, (588 av. C.). La Bible ne donne
prophètes contemporains Amos et Osée. pas beaucoup de détails sur le genre d'ar
Après lui, Israël ne fit que décliner, 2 Rois chitecture et le mode de construction des
13, 13. 14,23-29. maisons de Jérusalem : on voit seulement
JERUBBAHAL et Jérubbéseth. v. Gé que les murailles étaient garnies de tours
déon. -
et de créneaux, 2 Chr. 26, 9. 15. 32, 5.;
JERUSALEM.Cette ville célèbreaporté l'une de ces tours est spécialement dési
différents noms, d'abord Jébus, Jug. 19, gnée, Jér. 31, 38. Zach. 14, 10. Hophel et
10.1 Chr. 11, 4., puis, poétiquement, Sa Millo paraissent avoir été comme deux
lem, Ps. 76, 2., et dans le sens religieux forts détachés, 2 Sam. 5, 9.1 Rois 9, 24.
ville sainte, ville de Dieu (Hiéropolis), 11, 27.2 Chr. 32, 5. 27, 3. 33, 14. Il est
Néh. 11, 1. 18. Matth. 4, 5., ou ville de parlé des portes de la ville Jér. 39, 4.2
justice (Sédec), et enfin Jérusalem, qui est Chr. 32, 6., et les auteurs sacrés nom
JER 488 JER
ment la porte des poissons, 2 Chr.33, 14.; rition des premiers tracés. Le nom des
celle du coin, 2 Rois 14, 13. Zach. 14,10.; portes fut changé, et l'on en trouve douze
celle de Benjamin, Jér. 37, 13. 38, 7. nouvelles, mentionnées Néh. 3 et 8, : celle
Zach. 14, 10.; celle d'Ephraïm , 2 Rois des eaux, des chevaux, du bercail, des
14, 13.; la première porte, Zach. 14, 10.; poissons (Soph. 1, 10.); la porte vieille
celle de la vallée, 2 Chr. 26, 9.; celle des (probablement la même que la première
chevaux, Jér. 31, 39. ; celle du potier, porte, Zach. 14, 10.) ; celle d'Ephraïm,
vers la vallée de Hinnom, Jér. 19, 2.; en Néh. 8, 16.; celle de la vallée, Néh. 2, 13.
fin la porte du milieu, Jér. 39, 3. Quant 15.; celle de la fiente, Néh. 2, 13.; celle
à leur position présumée, v. plus bas.— de la fontaine, Néh. 2, 14.; la porte orien
La haute porte de Ez. 9, 2. était, selon tale, celle de Miphkad (du conseil), et
toute apparence, une des portes du tem celle de la prison. Il n'est plus parlé de
ple. Comme places publiques, on remar celles du coin, du potier et de Benjamin.
que celle de la porte et celle des boulan (Quant aux portes mentionnées Ez. 48,
gers, 2 Chr. 32, 6. Jér. 37,21.Autour de 31., elles appartiennent à une vision , et
la ville étaient deux étangs provenant de sont prophétiques). On ne peut guère pré
la source de Siloé, Es. 7, 3. 36, 2., et les ciser la position de ces différentes portes;
jardins royaux qui étaient arrosés et fé le chap. 12 de Néhémie ne donne même
condés par ces étangs, Jér. 39, 4. 52, 7. à cet égard que de vagues indications. Au
Néh. 2, 14. nord-ouest, la porte du coin et celle d'E-
Une question qui ne peut se résoudre phraïm (qui était peut-être la même que
complétement est celle de savoir à laquelle celle de Benjamin, 2 Rois 14, 13. cf. Zach.
des deux tribus de Juda ou de Benjamin a 14, 10.); du nord-ouest au sud-est, la
appartenu Jérusalem avant le temps de vieille porte, celle des poissons et celle
l'exil. D'après Jos. 18, 28. cf. 15, 8., elle du bercail, Néh. 3, 1-6. 12, 39.; entre
a été donnée en partage aux Benjamites, elles étaient celle des chevaux, et celle de
et bien qu'ils soient mêlés aux Jébusiens, l'eau ; celle d'Ephraïm et la vieille porte
c'est eux que l'on y voit demeurer, Jug. étaient voisines, sans qu'il y en eût au
1, 21.; le passage Jér. 6, 1. confirme la cune autre entre elles, Néh. 12, 39.; du
même opinion. D'un autre côté, d'après sud-ouest au nord-ouest, la porte de la
Jug. 1, 8,, ce sont ceux de Juda qui s'em fontaine (Siloé) ; celle de la fiente et celle
parent de la ville ; ce sont eux encore qui de la vallée (Guihon); la porte du potier
s'y mêlent aux Jébusiens, Jos. 15, 63., était peut-être la même que celle de la
et le Ps. 78, 68. semble donner Jérusalem fontaine ; quant à la porte du m ieu, on
à cette tril On peut concilier ces deux ne la connaît pas : s'il y a eu avant l'exil
versions en admettant que si les hommes une ville inférieure, on peut croire que
de Juda ont en effet occupé la plus grande c'est la porte qui joignait les deux villes.
partie de Jérusalem, la ville cependant et Les portes nommées 2 Rois 11, 6. 15, 35.
son territoire appartenait réellement aux 1 Chr. 11, 18. 26, 16.2 Chr, 23, 5. Jér.
Benjamites, et qu'elle était située en de 36, 10. cf. 26, 10., appartenaient au tem
dans des frontières de cette tribu. ple ou à des villes voisines.
Aprèsl'exil, et dans les premiers temps Il n'est parlé que de deux tours sur les
de la reconstruction de Jérusalem (536 murailles de la ville, celle de Hananéel,
av. C.), on trouve d'autres détails, Néh. et celle de Méah, Néh. 3, 1. 12, 39. Zach.
3, et 8. On mit sans doute à profit, pour 14, 10., toutes les deux proche de la porte
ce nouveau travail, ce qui subsistait en du bercail, du côté de celle des poissons,
core des anciens fondements et des an vers l'est. — On ne trouve dans cette pé
ciennes fortifications, et l'on rebâtit les riode le nom d'aucune place et d'aucune
murs et les portes autant que possible sur rue. La partie la plus forte de Jérusalem
leuremplacement primitif, cependant avec paraît avoir été alors la cité deSion, nom
des différences amenées soit par des be mée aussi ville de David, qui avait été for
soins d'agrandissement, soit par les cor tifiée par les Syriens, et que l'on regardait
rections jugées bonnes, soit par la dispa comme imprenable, 1 Macc. 1, 35, 3, 45.
JER 489 JER
4, 2. 9, 52. 10, 6., jusqu'au moment où le avait trois rangs de murailles; le sud
prince Simon réussit à s'en emparer, 1 (Sion et Morija) n'en avait qu'un seul, ces
Macc. 14, 37. collines étant suffisamment protégées, à
La troisième époque est celle de Jésus l'est, au sud, et au sud-ouest, par les ra
et des apôtres jusqu'à Josèphe : cet his pides vallées qui étaient à leur pied. On
torien lui-même est une source précieuse voit que Jérusalem pouvait à juste titre
de renseignements de tous genres sur la passer pour une forte citadelle. Josèphe
topographie de Jérusalem aux temps qui lui donne une lieue et demie de tour
précédèrent la conquête des Romains, et (33 stades) Hécatée lui donne 50 stades, et
par conséquent aux temps de Jésus, puis une population de 120,000 âmes, chiffre
que la ville resta à peu près la même jus bien peu élevé en comparaison de l'éva
qu'à sa destruction , sauf l'achèvement et luation de Josèphe, qui porte à 2,700,000
la mise en état de défense de la nouvelle le nombre des hommes qui se trouvaient
ville. D'après Josèphe, Jérusalem était bâ dans la sainte cité les jours des fêtes so
tie sur quatre collines, et se composait de lennelles.
trois parties principales : la ville d'en Outre le temple, dont nous reparlerons
haut, située vers le midi sur la colline de en son lieu, il faut nommer parmi les édi
Sion, la plus élevée de toutes; la ville fices les plus remarquables de Jérusalem :
d'en bas, sur la colline d'Acra, au nord a) La citadelle Antonia, bâtie par Jean
de Sion et de Morija : la nouvelle ville, au Hyrcan, qui lui donna d'abord le nom de
nord, sur une colline qui était primiti Baris, puis fortifiée et embellie par Hé
vement plus basse, et qui fut élevée par rode en l'honneur de Marc Antoine. Elle
des travaux et des terrassements subsé était située sur un rocher escarpé de 50
quents : c'est cette ville neuve que Hérode coudées de hauteur, au nord-ouest du
Agrippa chercha à réunir à la vieille ville. temple, avec lequel elle communiquait
Entre la haute et la basse ville passait du par des passages dérobés; elle présentait
nord-ouest au sud-est, jusqu'à la source dans son intérieur toute l'apparence d'une
de Siloé, la vallée des faiseurs de fromage ville, des places, des allées, des statues,
(Tyropéens), devenue peu à peu une rue et un grand nombre de bâtiments. Aux
par les nombreuses constructions qui y quatre coins étaient des tours, dont celle
furent faites. Au sud-est s'élevait le tem du sud-ouest, qui était la plus rapprochée
ple sur la montagne de Morija, qui touchait du temple, avait 70 coudées de haut ; elle
au nord-ouest, par la forteresse Antonia, dominait ainsi non-seulement le temple,
à la ville inférieure, et communiquait par mais la ville toute entière, et les Romains
des ponts avec la ville d'en haut : cette y entretinrent longtemps une garnison ;
dernière était fortifiée par une muraille c'est là que Paul fut conduit et détenu,
garnie de soixante tours ou tourelles, Act. 21, 34.37. 22, 24. 23, 10.
dont les trois plus importantes (Hippique, b) Le palais d'Hérode. magnifique bâti
Phasaël et Marianne) avaient été élevées ment de marbre, entouré de murs de 30
par Hérode le Grand, et qui formaient coudées de hauteur, non loin des trois
COmme une couronne autOur de la col tours septentrionales de la ville supé
line , la ville d'en bas, qui touchait au sud rieure.
à la ville d'en haut, était garnie d'une mu c) le Xyste, grande place publique en
raille avec quatorze tours à sa partie sep tourée d'allées et de galeries vers la par
tentrionale; enfin la muraille de la nou tie est-nord-est de la ville d'en haut, com
velle ville était la plus forte et la plus so muniquant par un pont avec le temple.
lide de toutes, ayant 20 coudées (11 mè d) La tour d'Ophel, q. v., vers la mu
tres) de haut, ou 23 (11m, 50) en comptant raille orientale de la ville supérieure.
les créneaux et les parapets, et construite e) Le prétoire, v. cet article et Procu
probablement en zigzag, puisque Josèphe I'atelITS. -
lui donne quatre-vingt-dix tours, dont la Hérode Agrippa II semble avoir le pre
principale, au nord-ouest, avait 70 cou mier imaginé le pavage des rues.
dées de haut. Vers le nord, Jérusalem Les environs de la ville, surtout vers
JER 490 JES
tés et ses doctrines idolàtres , le nom qui La nature de Christ et les caractères
lui est donné n'est probablement qu'une de sa mission, sa présence et son œuvre,
épithète, un souvenir de l'ancienne Jésa SOn apparition dans l'histoire et son rôle
bel, qu'elle rappelait par sa scandaleuse en dehors du temps, tout est pour la pen
conduite. On pense que c'est une femme sée une source de questions pleines d'in
de haut rang, que Jean n'a pas voulu nom térêt sans doute, mais aussi pleines d'obs
mer. curité. Comment concevoir et définir la
JESSÉ. v. Isaï. personnalité du Fils, ses rapports avec le
JÉSUAH, ou Jéhosuah, Esd. 2, 2.3, 2. Père et le Saint-Esprit, l'union de la di
4, 3. 5, 2. Néh. 7, 7. 12, 1. (536 av. C.), vinité et de l'humanité dans sa personne;
fils de Jéhotsadak, exerça, sous Zoroba son œuvre de roi, de sacrificateur et de
bel, les fonctions de souverain sacrifica prophète; son origine, sa naissance, sa
teur, auxquelles il avait droit quoique son vie, sa mort, sa résurrection, son action
père n'eût pu les exercer; il se montra dans l'Eglise et auprès du Père; son se
digne de sa tâche, combattit les machina cond avénement, son règne futur ?
tions des Samaritains, et travailla sans re Que peuvent dire et la physiologie et
lâche à la reconstruction de Jérusalem et la psychologie pour expliquer son corps
du temple. Son nom se retrouve Agg. 1, et son âme P— ce corps formé tout à la
1. 2, 2. Zach. 3, 1. 6, 11. Dans ces deux fois et par l'influence du Saint-Esprit et
derniers passages, il est nommé comme dans le sein de la chair, cette âme douée
emblème du peuple, d'abord opprimé puis de toutes les facultés, accessible à toutes
restauré, et il rappelle, par sa lutte avec les émotions humaines, et empreinte de
Satan, que le véritable empire et la véri toutes les perfections, de toute la majesté
table Sacrificature d'Israël ne trouveront divine ;— ce corps qui, en forme de chair
leur réalité qu'en Christ. de péché, naît débile, croît, se développe,
JESUS. 1° Jésus-Christ, v. l'art. sui ressent la fatigue et la souffrance, subit
vant. 2° v. Juste. 3° Jésus, fils de Sirach, la mort, mais ne peut être retenu par elle,
auteur du livre de l'Ecclésiastique ou la sort du sépulcre, encore susceptible d'ac
Sapience ; il a vécu sous Ptolémée Ever complir les fonctions animales, et pour
gète, et on ne le rappelle ici que pour mé tant échappe aux lois de la matière, et s'é-
moire. — Jésus est la forme grecque de lève d'une manière visible vers ce royaume
l'hébreu Josué ou Yéhôshuah; il signifie où la chair et le sang ne peuvent entrer;
sauveur, et fait du premier Josué qui a - Cette âme qui, elle aussi, se développe,
introduit la race élue dans la Canaan ter croît en sagesse, souffre, se réjouit, s'at
restre, un vrai type de celui qui a ouvert tache, ressent la tentation, s'abat dans la
la Canaan céleste à ceux qui croiront en tristesse, puis se relève triomphante au
lui. milieu de toutes les faiblesses, pure de
JESUS-CHRIST. Devant ce nom, qui toute souillure, et ferme, sereine, sainte,
est à la fois celui d'un homme et celui de radieuse, révèle au monde l'idéal d'une
Dieu manifesté en chair; ce nom, le seul grandeur humaine qui se confond avec la
qui ait été donné aux hommes par lequel grandeur même de Dieu P—Tous ces pro
nous puissions être sauvés; ce nom à l'ouïe blèmes peuvent à peine être indiqués ici.
duquel tout genou se ploie, dans le ciel Nous ne saurions songer, nous ne disons
et sur la terre ; devant ce nom la raison pas à les résoudre, la science de l'homme
s'humilie dans le sentiment profond de n'y suffirait pas, mais même à les exami
son impuissance, et la foi, posant son ner dans leurs détails. Ils sont d'ailleurs
doigt divin sur nos lèvres, nous invite à du ressort de la dogmatique, de la psy
adorer en silence ces choses que l'œil n'a chologie et de la philosophie, et ne sau
point vues, que l'oreille n'a point enten raient être ab0rdés dans ce travail.
dues, qui ne sont point montées au cœur Nous n'avons pas davantage la préten
de l'homme, et dans lesquelles les anges tion d'écrire une biographie de Jésus.
eux-mêmes désirent de regarder jusqu'au Par des motifs de convenance, plusieurs
fond. auteurs ont cru bien faire que de suppri
JES 492 JEs
mer l'article entier ; une telle vie est trop bre des oracles relatifs au Messie. Ces
haute, disaient-ils, et trop riche, pour deux ouvrages n'en ont pas moins une
qu'une plume purement humaine réus grande valeur, et méritent d'être étudiés.
sisse à en tracer un tableau satisfaisant : Les faits principaux de la vie de Jésus
la main des évangélistes, guidée par l'es sont annoncés clairement : l'époque de sa
prit même de Christ, a pu seule se char naissance, Dan. 9, 25.; le lieu, Mich. 5,
ger de ce soin. Nous comprenons ce 2.; sa naissance d'une vierge, Es. 7, 14.;
scrupule, mais sans le partager entière son nom, ibid.; son surnom (Nazarien, re
ment, et ce qui nous arrête, c'est moins jeton) Es. 11, 1.; son retour d'Egypte,
cette pensée, que la considération même Os. 11, 1.; le massacre des innocents, Jér.
de l'étendue du sujet , et les développe 31, 15.; l'œuvre du précurseur, Es. 40,
ments considérables qu'il exige pour être 3. Mal. 3, 1. 4, 5.; la mission de Christ,
traité d'une manière convenable. Tout Es. 53; son entrée dans Jérusalem, Zach.
l'Evangile, d'ailleurs, se résume en Jésus; 9, 9.; son humiliation, ses souffrances, sa
en lui se résume aussi l'histoire de ceux mort expiatoire, le prix auquel il serait
qui l'ont vu, annoncé, accompagné et livré, les méchants qui seraient mis à
prêché; sa vie se rattache à une foule mort avec lui, sa glorieuse sépulture, sa
d'hommes et de faits qui trouvent déjà résurrection, Ps. 22, Es. 52, 13.-53, 12.
leur place ailleurs, et qui, se reprodui Zach. 11, 13. cf. Jér. 18, 1. sq.; l'Eglise
sant ici, feraient nécessairement double enfin qui naîtrait de son travail, de sa
emploi. doctrine, et de son sang, Zach. 6, 12., etc.
Nous nous bornons donc à donner Il est beaucoup d'autres prophéties immé
quelques explications sur les points sui diatement et exclusivement applicables à
VantS. Christ ; nous avons indiqué les principa
1° Le nom de Jésus signifie Sauveur; le les. On peut voir encore Agg. 2, 6-9.
nom de Christ signifie oint : ce sont à la Zach. 12, 10. Dan. 2, 44. 7, 13. Ps. 2, 45,
fois des noms propres et des noms d'at 102, 110, etc.
tributs. Le dernier est la traduction grec 3° L'année de la naissance de Jésus ne
que de l'hébreu Messie ou Mashiach. Jé peut pas être déterminée d'une manière
sus s'appelle encore Emmanuel, q. v., le exacte; mais ce qui paraît prouvé, et as
dernier Adam, Scilo, David, Os. 3,5. Jér. sez généralement admis, c'est qu'elle est
30, 9., germe, Jér. 23, 5. Zach. 3, 8., de quelques années antérieure à l'an 1 de
Micaël, Dan. 12, 1., roi, prophète, avocat, l'ère chrétienne. On voit, en effet, par
Nazarien, roi des rois, pâque, défenseur, Matth. 2, 1-6., que Jésus est né du vivant
souverain sacrificateur, etc. La Concord. d'Hérode le Grand, mais peu de temps
de M. Mackenzie, p.734, sq., compte près avant sa mort. Or Hérode mourut l'an
de deux cents noms et titres donnés à Jé 750 de Rome , un peu avant Pâque (Jos.
SuS, dans l'Ecriture. Ant. 17, 8, 1.-14, 14, 5.-17, 9, 3.). Si, de
2° La venue de Jésus est supposée d'un cette date, nous défalquons les jours de la
bout à l'autre de l'Ancien Testament, de purification, le temps de la visite des ma
puis l'instant de la chute, Gen. 3, 15. ges, le voyage en Egypte, le séjour dans
Les cérémonies du culte lévitique, le mo ce pays jusqu'au moment de la mort
saïsme tout entier, le sacerdoce et les d'Hérode (et six mois ne seront pas un
prophètes l'annoncent et lui rendent d'a- chiffre exagéré), il en résulte que le Christ
vance témoignage; Jésus a mis le sceau à est né au plus tôt dans l'automne de l'an
leurs visions, cf. Dan. 9, 24. Les types 749 de Rome, quatre ans avant notre ère.
et les prophéties messianiques abondent; — Une scconde donnée historique nous
il faut se tenir en garde toutefois contre apprend, Luc 3, 1.2., que Jean-Baptiste
l'imagination qui pourrait en faire voir commença son ministère en la 15e année
partout. Girard des Bergeries a peut-être de Tibère; Jésus au moment de son bap
exagéré les types, Hengstenberg, dans sa tême avait trente ans, Luc 3, 23. L'un et
Christologie, a été préoccupé outre me l'autre étaient sans doute entrés en fonc
sure de son sujet, et a multiplié le nom tions au même âge, conformément à l'u
JES 493 JES
sage lévitique, Nomb. 4, 3. 35. sq. Si ceux qui, avec Keppler et Ideler, voient
nous reculons de trente ans en arrière, dans l'étoile des mages la conjonction de
nous arriverons à connaître l'année de la Jupiter et de Saturne qui eut lieu cette
naissance des deux cousins. Auguste était année-là. — Il résulte de ce qui précède
mort le 29 août 767 ; il fut immédiate que Jésus a dû naître quatre à cinq ans
ment remplacé par Tibère, qui était déjà au moins avant l'ère vulgaire, et qu'il a
son associé sur le trône depuis deux ou pu naître quelques années plus tôt encore.
trois ans. Ces années de corégence comp L'ère vulgaire a été fixée au vIe siècle, par
tent habituellement dans la vie des rois : l'abbé Denys (Dionysius) Exiguus qui lui
Tibère serait donc monté sur le trône en a donné son nom; elle a été employée par
765 ou même en 764; sa 15° année tOmbe Bède le Vénérable (première partie duvIIIe
rait sur l'an 773, d'où il suivrait que Jean, siècle) dans ses ouvrages historiques, et
né trente ans auparavant, serait né en 748, bientôt après dans des actes publics, par
et notre Seigneur en 749. (Si cependant les rois francs Pepin et Charlemagne. —
on ne date les années du règne de Tibère L'époque de l'année en laquelle Jésus na
que depuis la mort d'Auguste, la nais quit est plus difficile encore à déterminer;
sance du Seigneur tombe sur l'an 752, ce qu'il y a de sûr, c'est que ce ne fut pas
résultat sensiblement différent de celui en hiver, puisque les bergers gardaient
que donne Matthieu). — On trouve un les brebis dans les champs. Selon Lard
troisième indice , mais également sujet à ner, ce serait entre la mi-août et la mi
incertitude, dans Jean 2, 20. : « On a été novembre ; selon l'archevêque Newcome
quarante-six ans à bâtir ce temple. » Josè qui prend la moyenne, ce serait le 1er oc
phe dit qu'Hérode a commencé la restau tobre; Winer donne une marge plus
ration de cet édifice la 18e année de son grande, et n'exclut que la saison froide.
règne, maisailleurs il nomme la 15° (Ant. En fait, il n'y a aucune donnée positive ;
15, 11, 1. Guer. d. J. 1, 21, 1.), comme le 25 décembre commença à prévaloir au
il donne aussi tantôt trente-sept, tantôt Iv° siècle, comme jour de la nativité, et
trente-quatre ans au règne de ce monar si l'on en croit Léon le Grand, qui mou
que, suivant qu'il le fait commencer à la rut en 461, il y avait bon nombre de gens
mort d'Antigone, ou à sa confirmation par à Rome qui célébraient ce jour bien moins
les Romains. Ce n'est qu'en 714 qu'il fut à cause de la naissance du Sauveur qu'en
proclamé roi ; la 18e année de son règne l'honneurdusoleilrenaissant (Serm. xxI,
tomberait donc sur l'an 732, et la pre ch. 6.).
mière Pâque de notre Sauveur, dans la 47e 4° Les généalogies. Matthieu 1, 1-16.
année du temple restauré, sur l'an 779. et Luc 3, 23-38., donnent l'un et l'autre
Jésus avait alors trente ans et quelques la généalogie de Jésus; l'un, écrivant pour
mois, et sa naissance remonterait à l'au les Juifs, prend Abraham pour point de
tomne 748. — Notons enfin une tradition départ; le second, écrivant pour les na
conservée par les pères latins (Tertullien, tions, remonte jusqu'au chef de l'huma
Lactance, Augustin), portant que la mort nité, Adam, et jusqu'à Dieu. Matthieu di
de notre Seigneur eut lieu sous le consu vise ses générations en trois groupes de
lat de Rubellius et de Fufius, c'est-à-dire quatorze membres chacun ; le premier
l'an de Rome 782. Si, comme on le sup groupe, période de la promesse, va d'A-
pose ordinairement, la vie de Jésus a été braham à David; il y manque plusieurs
de trente-trois ans et demi, sa naissance anneaux, notamment entre Salmon et Jes
tomberait encore sur l'an 748 ; mais c'est sé. — David, qui est le dernier terme de
une question à part. — Quelques écrivains la première division, compte aussi comme
modernes se fondant sur Matth. 2, 16., et le premier de la seconde ; il est deux fois
prolongeant le séjour d'Egypte, pensent compris dans les quatorze , cette seconde
que Jésus avait déjà deux ou trois ans à période, celle des types rois, s'éten l jus
la mort d'Hérode, et le font naître par qu'aux jours de la transportation ; au ver
conséquent déjà en 747 (Münter, etc.). set 8., entre Joram et Hozias, il manque
C'est la même année que fixent également trois anneaux, Achazia, Joas, Amatsia ;
;.
JES 494 JES
au verset 11., les meilleures autorités por que légalement, civilement, et non selon
tent simplement : « Et Josias engendra la chair. Jésus était l'héritier naturel, lé
Jéchonias, etc. », en omettant la mention gitime, de Joseph, puisque Joseph, qui
de Jakim, qui n'est qu'une glose, mais la avait d'abord voulu renvoyer Marie, l'a-
glose bien naturelle d'un copiste qui avait vait, sur l'ordre de Dieu, épousée avant
remarqué une lacune, et qui voulait la la naissance de Jésus, verset 18.; ses
combler ; seulement elle a été maladroi droits au trône de David passaient ainsi
tement comblée. Historiquement, Josias à celui qui légalement était son fils aîné ;
engendra Jéhojakim et ses frères; Jého en même temps il doit rester établi pour
jakim n'engendra que Jéchonias, et peut les lecteurs que Joseph n'était point le
être un Sédécias mort bientôt, 2 Rois 23, père de Jésus, mais seulement le mari de
34. 2Chr. 36. 4. cf. 1 Chr. 3, 15. 16. Les Sa mère.
frères de Jéhojakim sont donc les oncles En comparant les deux généalogies,
de Jéchonias, et le verset 11 doit se tra nous trouvons dans chacune une partie
duire, quant au sens du moins : « Josias qui commence à David et se termine à
engendra (fut le père ou grand-père de) Salathiel, mais par deux filiations diffé
Jéchonias, et ses oncles. » Il manque donc renteS :
à cette division quatre noms au moins, et Matthieu 1. David Luc 3.
au lieu de quatorze on en devrait compter , --^--
dix-huit, ce qui a fait supposer à quelques SalomOn Nathan
commentateurs que le v. 17. n'était qu'une | |
note qu'un copiste aurait plus tard fait pas Jéchonias Néri
ser dans le texte; mais l'accord des manu
Salathiel
scrits s'y oppose. Il est plus probable que
ces quatre noms étaient habituellement Zorobabel, etc.
omis dans les tables généalogiques, sans Ainsi, Matthieu désigne Salathiel com
qu'il y ait pour cela de motif à nous ap me fils ou descendant de Jéchonias et de
préciable (on peut voir une omission sem Salomon, tandis que Luc le désigne com
blable dans la généalogie d'Esdras, 7, 1 me fils de Néri et de Nathan. L'hypothèse
5. cf. 1 Chr. 6, 3-15.). Dans le troisième de Paulus qui, pour écarter la difficulté,
groupe (abolition de la royauté et des ty suppose deux Salathiel, est trop hardie.
pes rois), Salathiel est noté comme père On peut voir ailleurs l'explication que
de Zorobabel (Matth. et Luc), tandis que, nous avons donnée de cette espèce de
d'après 1 Chr. 3, 19., Zorobabel était fils divergence; Salathiel est fils d'Assir, de
de Pédaja, son frère; il faut donc suppo fait et de droit, et petit-fils de Néri se
ser, avec Hug (II, 269), que Zorobabel lon la chair, de Jéchonias selon la loi. v.
était le fils aîné de Pédaja et de la veuve Salathiel.
de Salathiel, qui était mort sans enfants, On est assez généralement d'accord à
et que pour cela il fut inscrit sur les re supposer, quoique rien ne le dise positi
gistres de Salathiel, conformément à la vement, que Luc a donné la généalogie
loi du lévirat, Deut. 25, 6. Au verset 13, de Marie ; les rapports de Joseph à Héli,
Abiud, et Luc 3, 27., Résa, sont nom verset 23, seraient ceux de gendre à
més comme fils de Zorobabel; leurs noms beau-père, relation légale d'ascendance
ne se trouvent pas 1 Chr. 3, 19., mais cela et de descendance, que le texte ne con
n'a guère d'importance. Enfin, verset 16., tredit point, puisque les relations de pa
nous voyons en quelque sorte l'esprit de renté ne sont indiquées que par la juxta
cette généalogie; elle est légale : Jésus position des noms dont l'un régit l'autre,
descend de David légalement, par Joseph, sans indication du degré; le génitif peut
le mari de Marie ; la formule « engendra » sous-entendre père, fils, etc. ; le texte
disparaît entre Joseph et Jésus ; après porte littéralement : « Fils, comme on
avoir suivi la filiation officielle de Joseph, l'estimait, de Joseph d'Héli », ces deux
Matthieu constate que, si Jésus appartient noms n'étant point unis par le mot fils. Il
à la famille de Joseph, il ne lui appartient serait étonnant, d'ailleurs, que la descen
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dance directe de Joseph fut indiquée dans cette régulière répétition du même mot,
la branche de Nathan, lorsqu'on pouvait qui finit par signifier quelque chose, qui
le rattacher directement à la branche beau n'est plus un accident, mais une inten
coup plus glorieuse de Salomon. S'il s'a- tion, nous ajoutons le nom de premier-né
gissait, en effet, de la généalogie de Ma donné à Jésus, Matth. 1,25., dans un pas
rie, fille d'Héli, Luc l'aurait donnée pour Sage où il est parlé des relations de Jo
établir que Jésus descendait de David, seph et de Marie (cf. aussi verset 18.,
nOn-Seulement selon la loi, mais aussi se avant qu'ils fussent ensemble), on doit
lon la chair. Marie était réellement de la convenir que la probabilité prend un ca
famille royale, ce qui nous paraît ressor ractère plus déterminé, plus positif. Le
tir de Luc 1, 27. (« qui était de la maison fait que ces frères et sœurs sont constam
de David », se rapporte à « une vierge .); ment avec la mère de Jésus, est également
de 2, 5., où l'enregistrement de Joseph et Caractéristique : ce cortége s'explique s'il
de Marie dans le même endroit suppose s'agit d'enfants, il ne s'explique pas s'il
une même origine et une proche parenté ; s'agit de neveux et de nièces. On l'a si
enfin etsurtout de Rom. 1,3.(Hébr.7,14.), bien compris, que plusieurs auteurs ont
où Jésus est appelé fils de David selon la fini par reconnaître qu'il s'agissait là des
chair.v. Orig. cont. Celse, et S. Basnage, frères de Jésus, mais frères selon la loi,
Ann. I, 88. - Ceux qui pensent que Luc fils de Joseph, et non de Marie : cette ex
donne, comme Matthieu , la filiation de plication lève quelques difficultés, mais
Joseph, font d'Héli et de Jacob deux frè elle en laisse subsister d'autres, notam
res, dont l'un serait mort sans enfants ; ment Matth. 1, 18.25. Le passage Jean 19,
Joseph, le fils aîné du survivant, serait 26., qu'on a parfois invoqué pour prou
légalement attribué au défunt. —Sur l'en ver que Marie n'avait pas d'enfants, prou
semble de cet article, dont nous n'avons ve seulement que Jean était plus digne
pu qu'effleurer les difficultés, v. les com de recueillir la vieillesse de Marie , alors
mentaires, et spécialement en anglais Ro pres que sexagénaire, que des frères qui
binson. n'avaient pas cru en lui, et qui même une
5° Parents de Jésus. a) Marie, sœur de fois avaient voulu faire arrêter Jésus com
la mère de Jésus, Jean 19, 25., femme de me aliéné, Marc 3, 21.; il paraît qu'ils fu
Cléopas ou Alphée. b) Elisabeth, cousine rent convertis par la résurrection du Sei
de Marie, Luc1, 36. c)Jacques, Joses, Si gneur, Act. 1, 14., et que ce fait mer
mon et Judas, frères de Jésus, Jean 7,3. veilleux les décida de se joindre à l'Eglise.
5.10. 1 Cor. 9, 5. Matth. 12, 46. 13.55. Les sœurs de Jésus sont mentionnées
Marc 3, 32. Luc 8, 19. Jean 2, 12.Act. 1, Matth. 13, 56. cf. Marc 6, 3. — d) La tra
14. On a voulu donner au mot &ô:)pot le dition fait de Salomé, femme de Zébédée,
sens de cousins, pour concilier ces nom la sœur de Joseph, père de Jésus; mais
breux passages avec la soi-disant virgi le NouveauTestament se tait sur cette pa
nité perpétuelle de Marie ; ce sens est renté.
possible, mais il est forcé: onne comprend 6° Jésus fut élevé à Nazareth , et l'on
pas, en effet, l'affectation avec laquelle les conclut de Jean 7, 15., qu'il ne fréquenta
évangélistes emploieraient continuelle pas l'école publique (rabbinique) de la
ment le mot frères dans un sens qui n'est ville. Il apprit l'état de son père, suivant
pas ordinaire, pour éviter le mot propre, l'usage de ce temps, et l'on croit qu'il
qui ne se prête à aucune équivoque. Plus continua, même pendant sa carrière évan
la chose était importante, plus il importait gélique, d'y chercher, comme les rab
aussi de la dire de manière à éviter tout bins, une partie de sa subsistance. Une
malentendu; les apôtres ont employé une variante assez recommandable de Marc 6,
expression qui laisse des doutes sur le 3.appuierait cette opinion. Sesamis et dis
degré de cette parenté, et il en résulte au Ciples pourvoyaient du reste à tout ce qui
moins ceci, qu'ils n'attachaient aucune pouvait lui manquer, Luc 8, 3. Marc 15,
importance au fait, en effet bien indiffé 41., et dans ses voyages il trouvait une
rent, de la virginité de Marie. Mais si, à hospitalité distinguée, et des soins qu'il
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thro retourna dans son pays, il laissa au contre l'influence d'un corps de péché qui
près de Moïse Hobab, son fils, qui l'avait devrait être dompté et soumis à l'esprit.
accompagné, et qui devait servir de guide La loi de Moïse était du reste bien so
aux lsraélites dans les solitudes qu'ils bre en préceptes relatifs au jeûne ; une
traversaient. Ex. 3, 1. 18, 1. seule fois dans tout le cours de l'année,
Jéthro descendait d'Abraham par Ké dans le jour solennel des expiations, le
turah; quoique placé en dehors du peuple jeûne le plus sévère était ordonné aux
béni, il avait conservé quelque connais Hébreux, Lév. 16, 29. 23, 27. cf. Act. 27,
sance du vrai Dieu, sa foi avait pu être 9.; ils devaient alors s'abstenir non-seu
éclairée et fortifiée par ce qu'il avait vu lement du manger et du boire, mais en
et entendu précédemment; elle le fut da core de toutes les autres jouissances ma
vantage encore par les récits de Moïse, et térielles qui les auraient éloignés des pré
par l'ouïe de toutes les délivrances mer occupations sérieuses auxquelles ils de
Veilleuses que Dieu avait accordées à son vaient se livrer. D'autres jeûnes, mais
peuple, et il n'hésita pas à se joindre à spéciaux, individuels ou facultatifs, sont
Moïse et aux anciens pour offrir un sacri mentionnés dans l'histoire sacrée, celui
fice en l'honneur de l'Eternel, grand par de Josué, 7, 6., celui des onze tribus,
dessus tous les dieux. Jug. 20, 26., celui des Juifs en Mitspa, 1
, JETUR, Naphis et Nodab, 1 Chr. 5, Sam. 7, 6., celui de David, 2 Sam. 12,
19., Hagaréniens, chefs de tribus ismaé 16.; v. encore Jon. 3, 5. Joel 2, 12. Jér.
lites , les deux premiers descendaient 36, 9. 1 Rois 21, 12. 2 Chr. 20, 3. 1
d'Ismaél, Gen. 25, 15., mais Nodab était Sam. 31, 13. - Après l'exil, des jeûnes
d'une autre famille, à moins qu'il ne soit furent établis régulièrement : en mémoire
le même que Kedma ou tel autre des fils de la ruine de Jérusalem et du temple au
d'Ismaël nommés dans ce passage. cinquième mois, Zach. 7, 5. cf. 2 Rois 25,
JEUNE, exercice d'abstinence qui a été 8. Jér. 52, 12.; de la mort de Guédalia et
dans tous les temps et dans tous les pays des Juifs qui étaient avec lui, 2 Rois 25,
une marque de deuil et d'affliction, par 25. Jér. 41, 1.; de la première invasion
ce qu'il en est la manifestation naturelle. des Caldéens à Jérusalem, au quatrième
En Orient surtout, et les mahométans ont mois, Jér. 52, 6.; du commencement du
encore leur ramadan, ou jeûne d'un mois, siége au dixième mois, 2 Rois 25, 1. Zach.
le jeûne a joué un grand rôle dans les 8, 19., et d'autres événements plus ou
cérémonies religieuses, et l'on peut dire moins affligeants de l'histoire nationale
qu'il est plus qu'une cérémonie , c'est un juive , et la passion des jeûnes vint au
acte, mais individuel, recommandé même point qu'ils en établirent un au huitième
par l'exemple et par les préceptes de Jé jour du quatrième mois contre la traduc
sus et de ses apôtres. On peut le consi tion des Septante. Le sanhédrin en pres
dérer comme acte de pénitence, ou comme crivait aussi quelquefois d'extraordinai
préparation de fait à une vie moins char res, lorsque la terre était menacée de sé
nelle, moins terrestre, plus pure. Les an cheresse, ou dans l'attente de toute autre
ciens le considéraient davantage sous le calamité publique; alors les animaux eux
premier point de vue, les chrétiens doi mêmes pouvaient être obligés de jeûner,
vent s'attacher davantage au second. Chez Jon. 3, 5.7., et Virgile fait dire à un ber
les Juifs comme chez tous les Orientaux, le ger déplorant la mort de César, que les
jeûne était l'expiation des fautes passées, animaux eux-mêmes jeûnèrent en cette
le moyen de prévenir les châtiments di Occasion :
vins, cf. Jon. 3, 5., une espèce de sacri Non ulli pastos illis egere diebus
fice, surtout le sacrifice des pauvres. Pour Frigida, Daphni, boves ad flumuna; nulla neque amnem
le chrétien ce doit être un préservatif Libavit quadrupes, nec graminis attigit herbam.
(EGLoG. 5, 24.)
contre les passions, un moyen presque
naturel de les amortir et de les mater, On voit des jeûnes de famille (dans les
une sorte de crucifixion de la chair, un mèmes circonstances où nous les trOuve
protecteur, trop negligé des chrétiens, rions chez nous, si cette coutume avait su
JEU 500 JEU
s'établir dans nos mœurs faibles et sen dinaires, et on ne peut pas mieux les ex
suelles), 1 Sam. 1, 7. 20, 34. 31, 13. 2 pliquer que les nier, Ex. 24.18. Deut. 9,
Sam. 1, 12. 1 Rois 22,27. Esd. 10, 6. Néh. 9. 18. Matth. 4, 2.
1, 4., et quelquefois dans l'attente d'un Jésus ne prescrivit aucun jeûne à ses
malheur prochain, et pour le détourner, apôtres, Matth. 9, 14., cependant ils con
2 Sam. 12, 16. Est. 4, 16. Tob. 1, 12. tinuèrent longtemps d'observer les jeûnes
Au temps de Christ, le jeûne avait at judaïques, Act. 13, 2. 14, 23. 2 Cor. 11,
teint en importance des proportions un 27., et les premiers chrétiens jeûnaient,
peu trop colossales : à défaut de piété on soit seuls, soit ensemble, mais volontai
avait cherché la religion dans les prati l'8IIleIlt.
ques et dans le jeûne ; les personnes pieu Voici quelques paroles de l'abbé Fleury
ses savaient jeûner et se réjouir dans l'at sur le jeûne ; il regrette les anciens temps,
tente d'un Sauveur, Luc 2, 37.; les autres et après avoir cité pour modèles les Juifs,
ne savaient que jeûner ; pour eux jeûner les apôtres et les premiers chrétiens, il
c'était tout; les disciples de Jean-Baptiste,
ajoute : « Je sais que l'on est aujourd'hui
qui n'étaient pas encore entrés dans la peu touché de ces exemples. On croit que
vive lumière de l'Evangile, partageaient ces anciennes austérités ne sont plus pra
les préjugés des mérites du jeûne, Matth. ticables. La nature, dit-on, est affaiblie
9, 14.; les pharisiens étaient dévoués à depuis tant de siècles. On ne vit plus si
cette idée, etils se montraient jeûnant deuxlongtemps. Les corps ne sont plus si ro
fois par semaine, Matth. 9, 14. Luc 18, bustes. Mais je demanderais volontiers
12., le cinquième jour de la semaine au des preuves de ce changement; car il n'est
quel Moïse monta sur le Sinaï, et le se point ici question des temps héroïques
cond auquel il en descendit. Les esséens de la Grèce, ni de la vie des patriarches
et les thérapeutes jeûnaient aussi beau ou des hommes avant le déluge : il s'agit
coup, et si plusieurs d'entre eux étaient du temps des premiers empereurs ro
animés de sentiments pieux et vraiment mains, et des auteurs-grecs et latins les
israélitiques, plusieurs aussi ne voyaient plus connus. Que l'on y cherche tant que
non plus dans leur jeûne qu'un mérite l'on voudra, on ne trouvera point que la
dont ils s'enorgueillissaient. vie des hommes soit accourcie depuis seize
On voit que Daniel se préparait par le cents ans. Dès lors, et longtemps devant,
jeûne aux révélations divines, 10, 3. 9, elle était bornée à soixante-dix ou quatre
3. C'est aussi par le jeûne que se pré vingts ans. Dans les premiers siècles du
parait l'exorcisme de ceux qui étaient pos christianisme , quoiqu'il y eût encore
sédés de mauvais esprits, Matth. 17, 21., quelques Grecs et quelques Romains qui
et les apôtres n'imposaient les mains aux pratiquassent les exercices de la gymnas
anciens qu'après avoir jeûné avec prières, tique pour se faire de bons corps, il y en
Act. 13, 3. 14, 23., toujours afin de di avait encore plus qui s'affaiblissaient par
minuer les forces de la chair et de déga les débauches, particulièrement par celles
ger l'esprit de son enveloppe. qui minent le plus la santé, et qui font
Les Israélites jeûnaient ordinairement qu'aujourd'hui plusieurs d'entre les Le
d'un soir à l'autre, mais jamais aux jours vantins (Orientaux) vieillissent de bonne
de sabbat ou de fête, et cette longue abs heure. Cependant de ces débauchés d'E-
tinence leur était plus facile qu'à nous à gypte et de Syrie sont venus les plus
cause de l'ardeur de leur climat. Quelque grands jeûneurs, et ces grands jeûneurs
fois le jeûne se prolongeait de plusieurs ont vécu plus longtems que les autres
jours, et alors l'abstinence ne portait que hOmmes. »
sur les aliments les plus substantiels, JEUX. Les Hébreux n'étaient riches en
Dan. 10, 3. On voit cependant, Est. 4, divertissements d'aucun genre ; leur ca
16., l'exemple d'un jeûne entier de trois ractère était trop sérieux, leur éducation
jours. Quant aux deux jeûnes de quarante trop sévère, leur religion trop pure,
jours, celui de Moïse et celui de Jésus, même dans son formalisme. Les vers de
ils sortent de la règle et des moyens or Racine le font admirablement sentir :
JEU 501 JIZ
seillé ; il ne manqua pas d'énergie, mais intentions cachées de Dieu, parce que
de volonté, et ce qu'on lui fit vouloir, il l'expérience montre toujours que si Dieu
sut l'exécuter avec résolution : triste ré impOse des souffrances aux hommes
solution qui a imprimé à sa mémoire une pieux, ces souffrances servent à leur vé
tache ineffaçable. S'il devait mal finir il ritable bien, et seront pour eux la source
eût mieux valu pour lui qu'il n'eùt pas de joies d'autant plus grandes, d'autant
bien commencé. plus excellentes ; il y aurait, par consé
4° Joas, fils et successeur de Joachaz, quent, de l'injustice à tirer du bonheur
fut le douzième roi d'Israël, et régna seize Ou du malheur d'un homme des conclu
ans (840-825). Ce que l'histoire sacrée sions à l'égard de ses dispositions mo
nous dit de lui nous donne l'idée d'un rales.
caractère assez mélangé. D'un côté l'on Cette idée n'est pas développée seule
voit chez lui un certain courage, un cer ment par une théorie, elle est mise en ac
tain degré de foi, quelque confiance, et tion et présentée d'une manière visible ,
beaucoup d'estime pour le prophète Eli sous une forme d'histoire. La Providence,
sée; de l'autre, il paraît avoir suivi les dans ses conseils, choisit un fils de cette
égarements de ses prédécesseurs, et être terre pour réaliser par ses épreuves la
resté fidèle au culte du veau d'or. Il pleu vérité de sa sagesse et de sa bonté. Cette
ra quand il apprit que le prophète était personne est empruntée à l'antiquité la
près de sa fin; il vint le voir et frappa plus reculée; les charmes qu'ont pour lui
trois fois la terre de ses flèches; c'était les lieux où ont vécu ses ancêtres l'en
un oracle, et Elisée lui dit qu'au lieu d'ex tourent; Job, le riche patriarche, l'heu
terminer les Syriens il ne les frapperait reux père, l'émir de l'Arabie, devient le
qu'en trois rencontres; il réussit en effet plus malheureux des mortels ; sa piété
à reprendre aux Syriens quelques villes grandit avec son malheur; au milieu des
situées sur la rive droite du Jourdain, maux qui l'accablent il ne murmure pas,
que son père avait perdues, mais il ne il reste un modèle de patience jusqu'au
poussa pas plus loin ses avantages. Il fut moment où l'on vient attaquer sa droi
également heureux contre Amatsia, roi ture et sa piété elle-même.
de Juda. Malgré ses efforts pour main Les trois amis de Job représentent les
tenir la paix, il dut prendre les armes et jugements du monde : ils répètent sans
pénétra jusque dans Jérusalem, qu'il ran cesse, et sous différentes formes, que
çonna, et qu'il laissa ainsi appauvrie et Dieu fait du bien aux bons et du malaux
ruinée à son roi naturel, dédaignant de méchants. Cette pensée peut être vraie
le détrôner , 2 Rois 13, 9-25. 14, 1-18. en elle-même, elle peut être juste, elle
2 Chr. 25. — A tout prendre, pour un est fausse dans certaines limites, dans
roi d'Israël, il n'a pas été un mauvais roi, l'application qu'ils en font; ils mécon
et sa mémoire ne doit pas être sans es naissent la piété de Job parce qu'ils ont
time. Son nom est rappelé Os. 1 , 1. des idées fausses sur ce qu'est la vraie
Am. 1, M. piété, et Job remporte la victoire sur
JOB. L'idée principale de tout le livre eux sans avoir cependant entièrement
qui porte le nom de Job, revient à cette raison lui-même. La vérité est entre les
question dont plusieurs autres documents deux. Elihu survient alors, il entre en
de la littérature hébraïque Se sOnt aussi scène et fait des reproches aux deux par
occupés, l'Ecclésiaste par exemple : Pour tis; il montre à Job ses torts, c'est qu'il
quoi l'homme le plus pieux est-il souvent s'est cru innocent, et s'est regardé com
le plus souffrant, tandis que les plus mé me Dieu ; Job a discuté avec sa propre
chants peuvent se réjouir dans l'abon justice, aussi bien que ses amis. Elihu est
dance du bonheur P L'auteur répond à donc destiné à humilier Job ; il prépare
cette question, non par le raisonnement, ainsi l'apparition de Dieu lui-même, qui,
mais par une résignation pieuse , il n'en dans une brillante théophanie et dans un
sait rien : c'est une hardiesse coupable discours plein de majesté , déclare qu'il
de se permettre des jugements sur les est le seul souverain , montre à Job les
JOB 505 J0B
Job à Hastaroth-Karnajim. — En résu compare ce livre avec ceux qui ont été
mé, il paraît évident que l'auteur a, com composés au temps de l'exil, et l'on verra
me les poëtes, puisé son sujet dans l'his que l'influence de l'araméen dans Job a
toire, qu'il l'a développé poétiquement, été tout à fait originale, comme celle d'une
et qu'il a approprié l'histoire à son but ; langue beaucoup plus rapprochée de l'hé
dans tous les cas, il serait hardi de vou breu qu'elle ne l'était lors de la captivité.
loir déterminer ce qui appartient absolu Une autre influence, d'ailleurs, se fait sen
ment à l'histoire et ce qui est absolument tir, que l'on oublie entièrement, c'est celle
fiction. de l'arabe ; il y a dans Job des formes et
Quant à l'époque de la composition de des constructions qu'on ne peut expliquer
ce livre, plusieurs pensent qu'il a été que par l'arabe, et si quelques auteurs
rédigé pendant la captivité (le Talmud, ont été un peu trop loin en voulant voir
Gesenius, De Wette); mais il y a'eu une des arabismes là où il n'y en avait pas
foule d'autres idées émises sur ce sujet, (Schultens), cependant on en trouve qui .
et toutes aussi probables ou improbables ne peuvent nullement s'expliquer si l'on
que celle-là. Cette première idée s'ap place la rédaction du livre au temps de la
puie de présomptions plutôt que d'argu captivité.
ments. On dit, par exemple, a) que l'idée D'autres théologiens ont fixé l'âge de
de Satan assistant au conseil de Dieu est Salomon comme celui de la composition
venue aux Hébreux par les Caldéens; on de Job ; on a voulu même donner à ce li
suppose alors que la Genèse a aussi été vre Salomon pour auteur (Grégoire de
écrite dans ce temps ; quand on en vient Naziance, Luther, Dœderlin, Richter, Ro
là, on n'a plus d'opinions, mais des pré senmuller). Cette opinion ne repose que
jugés, des préoccupations dogmatiques. sur l'analogie que l'on trouve entre quel
b) On trouve dans la doctrine des anges ques phrases de Job et des Proverbes,
un coloris caldéen, 4, 18. 5, 1. 15, 15.21, preuve qui ne prouve pas beaucoup : car
22. 33, 23. 24. 38, 7. Il est vrai que la rien n'est plus naturel que cette analogie,
doctrine des anges, dans Job, a quelque parce que Job parle souvent en forme de
chose de particulier, d'étrange, mais ce sentences, construction peu susceptible
doit être expliqué en grande partie par le d'une grande diversité. En général la
caractère des personnes qui parlent; les poésie de Job est telle qu'elle a dû fré
détails que Daniel nous donne sur les Cal quemment servir de modèle aux auteurs
déens ne s'appliquent pas ici, et la foi de postérieurs.
l'Orient a toujours été qu'il y a dans les Enfin, une troisième opinion très-ré
cieux des saints qui sont les serviteurs pandue regarde Moïse commeauteur de ce
de Dieu ; rien n'empêche d'accorder à livre (quelques talmudistes, plusieurs Pè
cette doctrine une haute antiquité. c) On res, Jacques d'Edesse, Ephrem Syrus, Eu
a vOulu voir des allusions aux tristes évé sèbe, Jahn, Michaélis). Ce qui plaide en
nements de l'exil dans 9, 24. 3, 14. 12, faveur de cette hypothèse, c'est que Job
17-25. 15, 28. 16, 7. 30, 14.15.; mais il renferme des allusions assez fréquentes
faut pour cela une imagination à la fois à l'Egypte, et que la description du cro
vive et pauvre, et on ne peut le faire à codile en particulier suppose une certaine
toute rigueur qu'en détachant ces passa connaissance de ce pays ; on ajoute que
ges de leur contexte; c'est, au reste, le le séjour de Moïse dans les déserts de
même principe en vertu duquel quelques l'Arabie peu après sa fuite d'Egypte, a été
théologiens modernes (De Wette) veulent un temps très favorable à la composition
donner à des psaumes un caractère ex d'un livre où l'auteur expose que la pros
clusivement national. d) On se fonde en périté n'est pas une preuve de justice, ni
fin sur le coloris araméen du langage ; le malheur une preuve de péché. On re
mais cette objection ne repose que sur marque enfin l'analogie qu'il y a entreJob
un examen très superficiel de la langue, et le Pentateuque pour le style. Ces cir
car c'est un coloris tout à fait particulier constances prouvent seulement que l'épo
que celui de la langue de Job. Que l'on que de Moïse, fort ancienne, doit avoir
JOB 507 JOB
été celle de la composition de cet ouvra Le jugement est dans les mains du pa
ge; mais, dit Eichhorn, le style des li triarche, 31, 13. Les bêtes sauvages du
vres de Moïse et celui de Job sont trop désert, les lions, les onagres, sont fré
différents pour que leur composition quemment employées comme images, 4,
puisse être attribuée au même auteur.— 10. 11, 12. 24, 5.; de même les caravanes
L'archevêque Magee a émis une opinion qui traversent le désert, les fleuves, les
partagée par Horne, et qui rentre dans brigands, 6, 5. 19. 14, 11. 30, 3. Il a vécu
celle qui précède, c'est que Job aurait sous le ciel, il a observé les étoiles com
écrit lui-même l'ouvrage primitif, et que meun Arabe, et montre des connaissances
Moïse l'aurait transcrit en l'appropriant remarquables en astronomie (v. Ideler,
aux besoins des Juifs, et en le sanction Recherches sur l'origine et la significa
nant de son autorité. tion du nom des étoiles dans Job, Berlin
Pour parvenir à un résultat sur cette 1809 ). 4° D'autres circonstances encore
question, fixons quelques points comme montrent évidemment la haute antiquité
jalons directeurs. 1° On voit d'abord que du livre. Il est question , dans Job, des
l'auteur du livre connaît l'histoire la plusCaldéens, que Moïse connaît aussi, mais
ancienne du genre humain; il renferme qui ne reparaissent dans l'histoire qu'au
des allusions à la création et à la chute temps d'Esaïe, et alors comme un peu
de l'homme, 9, 8.9. 10,9. 12, 7-10.15, ple beaucoup plus civilisé. L'usage des
7. 20, 4. 26, 6-13. 27, 2. 31, 33. 38, 4. Romains, de déposer un enfant nouveau
sq. cf. Gen. 1-3. Il connaît aussi le nom né aux pieds de son père, qui était libre
de Jéhovah, ce qui prouve qu'il était Hé ou de le laisser, de l'abandonner, ou de
breu et au courant des plus anciennes le relever (de là élever un enfant) et de
traditions des Hébreux. On pourrait donc le prendre sur ses genoux en signe d'a-
croire qu'il a vécu en Palestine, après doption : cet usage contraire à la loi hé
Moïse. 2° Mais il ne paraît connaître ni braïque, et dont on trouve des traces dans
la loi, ni la constitution politique d'Is la Genèse, 50, 23. 30, 3., se montre aussi
raël. Le grand nom de la Thorah (la loi), dans le livre de Job,3, 12.Nommons en
si solennel pour les Juifs, n'est pris, 22, core la description du cheval, qu'un Hé
22., que dans le sens d'instructions, de breu n'eût pas faite avec autant de com
préceptes; et, quant à des allusions, cel plaisance, 39, 22-28., etl'on se convaincra
les que l'on a voulu chercher et trouver, facilement que la patrie de l'auteur n'était
prouvent plutôt le contraire, par exem pas la Palestine, et que la scène même
ple 24, 3. Il y a même dans Job des usa se passait en Arabie. 5° Enfin, c'est avec
ges contraires à la législation mosaïque, cette opinion seulement qu'on peut se
cf. 42, 15. et Nomb. 27, 8. Job est prêtre rendre compte de plusieurs particularités
lui-même et sacrifie des victimes à l'Eter que présente le style de cet ouvrage : on
nel; ailleurs, 12, 20., les prêtres sont re y trouve des formes tout à fait antiques,
gardés comme les chefs et les princes de un seul genre pour le pronom person
la nation, ce qui rappelle les temps d'A- nel, 31, 10. etc. : des expressions cal
bram à Mamré, Gen. 13, 18. Nous som déennes et l'influence de l'arabe nOuS
mes conduits de là à fixer notre attention renvoient à un temps où les dialectes
sur un temps antérieur à la théocratie. étaient séparés d'une manière moins tran
3° Tout est patriarcal dans ce livre; Job chée, comme les dialectes grecs au temps
est un prince, un émir; nomade comme d'Homère.
un arabe ; les vieillards sont l'autorité Ce que l'on oppose à cette opinion est
dont la sagesse est prise pour arbitre, 5, assez insignifiant; on a voulu voir dans les
13.22.8, 8. 12, 12.20. 15, 10.18. 32, 6.; ruines, les tombeaux, les mausolées dont
lui-même atteint un âge qui appartient il est fait mention, les traces d'une époque
plus aux jours d'Abraham qu'à ceux de plus moderne; mais Bertholdt a montré
Moïse. Il distingue, avec la simplicité (Anmerkungen) qu'avec une connaissance
d'un Arabe bédouin, le pays, c'est-à-dire plus approfondie de l'antiquité toutes ces
difficultés disparaissent. - • !
sa patrie, et le dehors, l'étranger, 18, 17.
JOE 508 J0H
Il n'y a donc que deux dates principales son histoire. Ce qu'il y a de sûr, c'est que
entre lesquelles il faille opter : ou le livre c'est dans le royaume de Juda, et pour ce
de Job est fort ancien, ou il est tout à fait royaume, qu'il exerça son ministère pro
moderne; et alors le choix n'est nulle phétique. L'examen de ses prophéties,
ment douteux. Quant à des hypothèses de dans lesquelles on peut reconnaître plu
détail sur le temps et la personne de l'au sieurs rapports avec celles d'Amos, v. p.
teur, il serait absurde d'en faire; on ne ex. Joel 3, 4. Amos 1, 9. et Joel 3, 16.
peut rien décider que négativement. Am. 1, 2., a engagé la plupart des criti
Quelques Allemands modernes, par un ques à le placer sous le règne d'Hozias,
espritd'hypercritique, ont imaginé denier en 758, (Abarbanel, Vitringa, Rosen
l'authenticitéde quelques portions de Job; muller, De Wette, Preiswerk). Les cir
ils ont rejeté le prologue, l'épilogue, et le constances dans lesquelles il prophé
discours d'Elihu; (Baerenstein, De Wette, tisa sont donc celles qui sont décrites 2
Ewald). Ils trouvent en particulier qu'E- Chr. 26. — Le contenu de son livre est
lihu, en répondant à Job, montre qu'il ne assez général, et ce serait mal l'inter
l'a pas compris; « mais, dit Haevernick, préter que de considérer ses prophéties
toute la question consiste à savoir, puis comme épuisées par tel ou tel événement
que ces théologiens ne comprennent pas particulier. Elles annoncent d'abord, sous
Job de la même manière qu'Elihu, si c'est l'image d'un fléau de sauterelles, les châ
Elihu, ou si ce ne sont pas eux qui ont timents quel'Eternel se propose d'envoyer
mal compris. ll leur paraît encore singu à Juda par le moyen des peuples étran
lier que Job ne réponde rienà ce discours : gers ; puis, un retour de la bénédiction
c'est probablement que le point de vue de divine provoqué par la repentance, l'hu
Job est qu'il ne faut pas répondre quand miliation sincère du peuple, et comme le
on se reconnaît battu, tandis que ces dis point le plus élevé de cette bénédiction,
puteurs voudraient qu'on discutât éter l'effusion du Saint-Esprit; enfin, comme
nellement. » un autre côté du tableau, le châtiment des
En fait de commentaires on n'en a pas ennemis du royaume de Dieu. La période
beaucoup sur Job; en français, on peut se messianique est dépeinte par le prophète,
prOcurer celui de Bridel de Lausanne; en et même avec beaucoup de clarté, de vi
allemand, l'un des meilleurs et des plus gueur et de magnificence, mais il s'atta
modernes est celui d'Umbreit, deuxième che plutôt aux caractères de l'œuvre du
édition, bon à étudier pour la langue et Messie qu'à sa personne. Le langage de
pour l'esprit. Joel est élevé et pur; son style est des plus
Quant à la maladie de Job, v. Lèpre. beaux; il se montre poète distingué, son
JOBAB. 1° Gen. 10, 29, peuplade arabe ouvrage semble avoir été bien médité, et
nommée avec Ophir et Havila, mais du présente un plan net et bien arrangé. Cet
reste inconnue. Bochart compare les Jo écrit est, précisément à cause de sa géné
barites de Ptolémée, tribu qui habitait ralité, une riche source d'édification pour
la côte orientale de l'Arabie; il suppose tous les temps; il est rappelé par saint
avec Saumaise qu'il faut lire Jobabites, et Pierre, Act. 2, 16.
Michaélis s'est joint à cette idée, mais elle
JOGBÉHA, ville de la tribu de Gad,
ne tient qu'à un fil. Nomb. 32, 35. Jug. 8, 11.
2°Jobab, filsde Pérah de Botsra, 1 Chr. JOHANAN (don de l'Eternel), 1° fils
1 , 44., ou de Zérah, Gen. 36, 33., un des
aîné de Josias; son nom, qui se trouve
chefs de l'Idumée. C'est sans aucune rai dans la généalogie de 1 Chr. 3, 15., n'est
son que quelques auteurs ont voulu l'i- mentionné nulle part ailleurs, ni pendant,
dentifier avec Job. ni après le règne de Josias, ce qui fait
JOEL (Dieu l'Eternel, ou celui dont supposer avec raison qu'il est mort jeune
l'Eternel est le Dieu). 1° Fils de Samuel. et avant son père.
v. Abija 1°.—2°Joel, fils de Pèthuel, le se 2o Johanan, fils de Karéah, 2 Rois,25,23.
cond des petits prophètes. On ne sait Jér. 40, 8. (588 av. C.) Il fut l'un des pre
rien de particulier sur sa famille et sur miers qui reconnurent l'autoritédusage et
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pieux Guédalia, et celui qui travailla le plus soins qu'elle prit pour la conservation
à la lui conserver; ill'avertit des complots de son fils cadet, et comment après avoir
formés contre sa vie par Ismaël, et lui ot été obligée de l'exposer, elle eut le bon
frit d'en prévenir l'exécution par la mort heur d'être choisie par la fille de Pharaon
de son ennemi; ses services n'ayant pas pour le nourrir. Paul rend à sa foi et à
étéacceptés, et Guédaliaétant mort victime celle de Hamram un beau témoignage; ils
de sa confiance, Johanan, qui n'avait pu le ne craignirent pas l'édit du roi ; et ce se
sauver, le vengea, délivra les prisonniers rait chercher bien loin l'explication de
qu'avait faits Ismaël, continua sa marche leur foi que de la faire reposer sur des
vers Bethléem, et là, incertain dans une promesses directes qui leur auraient été
route sans issue, craignant que Nébucad faites de la part de Dieu, touchant la vie
netsar ne vengeât sur toute la Judée la et les hautes destinées de leur fils.
mort du gouverneur qu'il y avait placé, i ! JOKIM, 1 Chr. 4, 22. 23., fils de Séla
résolut avec ses partisans de se rendre et petit-fils de Juda, chef d'une famille
en Egypte.Jérémie, consulté, n'ayant pas qui primitivement s'était emparée d'une
répondu d'une manière conforme à leurs grande autorité en Moab, et dont une
projets et à leurs désirs, ils s'emportèrent branche, à l'époque où les Israélites
contre lui, l'accusèrent d'être à la solde étaient encore libres en Egypte, travail
de Baruc pour travailler à leur perte ou à lait à des fabriques de poterie et de por
leur servitude, et refusèrent de l'écouter. celaine dans les domaines et pour le
Johanan, et surtout Hazaria, étaient à la compte du roi, tandis qu'une autre bran
tête des mécontents; ils résolurent de che faisait le commerce d'ouvrages de fin
donner suite à leur idée, et ne voulant pas lin, v. Hel.
laisser Jérémie en arrière comme un re JOKMHEAM, ville d'Ephraïm,1 Rois 4,
mords, ils l'entraînèrent de force avec 12., qui fut plus tard donnée en partage
eux; mais le prophète qui n'avait pu les aux Lévites de la famille de Kéhath, 1 Chr.
détourner de l'Egypte, ne put non plus, 6, 68.
lorsqu'ils furent arrivés à Taphnès, les JOKNÉHAM,ancienne résidenceroyale
détourner de l'idolâtrie, et sa seule mis d'une peuplade cananéenne, au pied du
sion fut dès lors de leur prédire les châ mont Carmel, Jos. 12, 22. Elle était com
timents qui devaient leur arriver. — On prise dans le territoire de Zabulon, mais
ne peut s'expliquer que par la peur et fut donnée aux Lévites, 21, 34.
l'incrédulité la chûte de ce Johanan qui JOKTAN, Sémite, fils de Héber, et père
avait si bien commencé et qui finit si mal; de plusieurs peuplades de l'Arabie Heu
ses intentions étaient bonnes, mais il n'a reuse, Gen. 10, 25. 26-30. Les Arabes le
pas su ce qui était bien; il est tombé parce nomment Kachtan, et sont d'accord à dire
qu'il a refusé de voir la lumière. que tous les vrais Arabes, habitants de
JOHANNA , fils de Rhésa, un des an l'Yémen, lui doivent leur origine.Joktan
cêtres de Marie, Luc 3, 27., inconnu. eut treize fils; les Arabes ne lui en don
JOJADAH. v. Jéhojadah 2°. nent qu'un seul, nommé Jaarab, dont l'ar
JOKDEHAM, ville des montagnes de rière-petit-fils Sébah est la souche de
Juda, Jos. 15, 56. tout l'Yémen ; on montre encore son
JOKEBED ou Jokbed, fille ou descen tombeau dans la contrée de Keshin, et
dante de Lévi, née en Egypte, et mère Niebuhr parle d'une ville nommée Kach
ou ancêtre de Moïse, Nomb. 26, 59. Ex. tan à trois journées de Nedcheran; Edrisi
6, 20. Elle épousa Hamram son neveu. Si nomme également une ville Baischat-Jak
elle a été la fille de Lévi elle n'a pu être la tan dans l'Yémen. Ces données ne con
mère de Moïse, et réciproquement, à tredisent en rien les notices bibliques, et
cause du long espace de temps qui s'est l'on ne risque pas de se tromper en les
écoulé entre l'un et l'autre; le plus pro admettant.
bable, c'est qu'elle a été effectivement JOKTHEEL. 1° Ville de Juda, Jos. 15,
la mère de Marie, d'Aaron et de Moïse, 38.2° Ville principale de l'Arabie Pétrée,
et qu'elle descendait de Lévi. On sait les primitivement nommée Sélah, et qui reçut
JON 510 JON
Son nouveau nom de Amatsia qui la con peine vers les montagnes de Juda et vers
quit, 2 Rois 14, 7.2 Chr. 25, 11. Eusèbe le mont de Sion pour adorer. Les Réca
pense avec raison que c'est la même que bites formaient ainsi un ordre, mais li
Pétra; v. Sélah. bre, et cette institution resta toujours fi
JONA, dont le nom signifie colombe, dèle à la loi de Moïse, toujours fidèle aussi
était père de Pierre et André, Matth. 16, aux vœux de son fondateur, jusqu'au mo
17. Jean 1, 42. 21, 15.; il est du reste ment où elle disparaît à l'époque de la
complétement inconnu. On pense qu'il ruine de Jérusalem. Quant aux rapports
était pêcheur comme ses fils sur les bords de Jonadab avec Jéhu, ils s'expliquent par
du lac de Génésareth, et que probable l'intérêt qu'il y avait pour ce dernier à
ment il était mort lors de la vocation des s'attacher un homme influent et bien
deux apôtres, puisqu'il n'est mentionné connu par sa piété, pour Jonadab de con
nulle part. cilier à sa nombreuse famille le chef de
· JONADAB, 1° fils de Samma ou Simha, la nouvelle dynastie.
et neveu de David, 2 Sam. 13, 3. 1 Sam. JONAN, fils d'Eliakim, un des ancêtres
16, 9., est dépeint comme un homme très de Jésus par Marie, Luc 3, 30.; inconnu.
rusé. Il seconda les vues incestueuses JONAS. Le cinquième des petits pro
d'Amnon son cousin, et ne lui donna pas phètes, le même qui est nommé sous
de regrets à sa mort ; il parut plutôt vou Jéroboam II, roi d'Israël, comme ayant
loir justifier Absalon, à qui la mort d'Am annoncé les victoires de ce monarque et
non donnait les droits à la couronne ; l'extension de son royaume, 2 Rois 14,
après avoir cherché la faveur du fils aîné, 25, car, Jonas 1, 1., il est également in
il chercha celle du second , il n'aima ni qué comme fils d'Amittaï. On ne connaît,
l'un ni l'autre, et se montra vil et obsé du reste, autre chose de son histoire que
quieux pour leur plaire à tous deux, hi l'épisode qui nous en a été conservé dans
deux dans le service qu'il rendit au pre le livre qui porte son nom. Ce livre ren
mier, calme et froid dans la manière dont ferme le récit de la mission du prophète
il excusa le second aux yeux de David. auprès de la ville de Ninive, alors capi
2° Jonadab ou Jéhonadab, Kénien, tale du puissant empire d'Assyrie, et dé
fils de Récab, 2 Rois 10, 15. 1 Chr. 2. veloppe d'une manière pleine d'intérêt
55 (884 ans av. C.), salua le premier Jéhu les différentes scènes de ce drame, les
l'usurpateur à son entrée à Samarie, mon efforts de Jonas pour se soustraire à cette
ta sur son char, et fut témoin de l'exé mission, la tempête à laquelle est exposé
cution des prêtres de Bahal. Il est plus le vaisseau qui le porte, la conservation
connu par ce que Jérémie nous dit de miraculeuse du prophète dans le ventre
sa sagesse et de sa piété, Jér. 35, 6. : d'un grand poisson, q. v., sa prédication
chefd'une grande famille, il voulut l'unir, à Ninive, enfin ses résultats, ses heureux
elle et ses descendants, par des formes succès, et les tristes sentiments de dépit
obligées et des vœux sévères, qui devaient qu'ils lui inspirent.
assurer à la fois leur indépendance et leur Bien des questions ont surgi à propos
fidélité au vrai Dieu. En leur interdisant de ces quatre chapitres. On a commencé
le vin, en leur défendant de semer et de par ne rien en croire du tout, et ensuite
planter, il leur défendait de posséder des on s'est demandé si le poisson dans le
champs, ils les détournait ainsi de la vie quel Jonas a passé trois jours et trois
agricole vers la vie pastorale, il les for nuits est un véritable poisson, si ce ne
çait ainsi de loger dans des tentes, et de Serait pas plutôt le cachot du vaisseau,
voyager à la suite de leurs troupeaux : et qui avait pour enseigne un grand pois
la défense qui leur est faite de posséder Son , d'autres supposent qu'il a quitté le
des maisons, était presque devenue inu navire et qu'il a été obligé, par indispo
tile par l'impossibilité où ils eussent été sition, de passer trois fois vingt-quatre
de s'en servir. Ce genre de vie leur ren heures à l'hôtel du Grand Poisson qui
dait ainsi plus facile le pèlerinage de Jé se trouvait au bord du rivage , d'autres,
rusalem, et leurs pas se portaient sans et en particulier M. Coquerel, pensent
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que le grand poisson est une caverne ou et l'idolâtrie subsista jusqu'au jour où ils
un enfoncement de rochers au bord de quittèrent le pays, et tout le temps que
la mer, dans lequel Jonas se sera sauvé l'arche demeura à Silo, c'est-à-dire jus
à la nage. Ces théologiens sont ainsi d'ac qu'au temps où l'arche ayant été prise,
cord à ne voir dans l'histoire de Jonas les Philistins obtinrent une suite de suc
qu'une allégorie, un mythe emprunté à cès sur les Hébreux. ll a vécu entre Jo
une tradition païenne qui rattache à la sué et Hothniel.
ville de Joppe le séjour d'Hercule dans 2° Jonathan, fils de Saül et d'Ahino
le sein d'un monstre marin. ham, l'intime ami de David, 1 Sam. 14,
Mais pour ceux qui admettent l'auto 49.13, 2. 1 Chr. 8, 33. 9, 39. (1095 av.
rité du Nouveau Testament la question C.). Il se distingua dans la guerre et dans
est tranchée, puisque évidemment le Sei la paix, débuta dans la vie militaire par
gneur a présenté ce récit comme une his-. un brillant fait d'armes qu'il accomplit à
toire véritable, et cela dans tous ses dé la tète de mille hommes, en chassant les
tails, par deux fois, Matth. 12, 39. 16, 4. Philistins du coteau de Kiriath-Jéharim,
Luc 11, 29-32.; et il est bien plus naturel puis, seul avec son écuyer, il réussit à
et plus logique de faire dériver la tradi s'emparer d'un avant-poste ennemi. C'est
tion païenne de la tradition biblique, que après cette expédition qu'il faillit devenir
de procéder à l'inverse. Le fait lui-même victime d'un vœu imprudent que son père
a une grande importance, d'abord en ce avait fait ; accablé de fatigue et de be
qu'il est une prophétie de la vocation des soin, il avait goùté de quelques rayons de
Gentils, par opposition aux fausses idées miel sauvage, et Saül avait juré la mort
du particularisme juif et d'une manière de quiconque prendrait quelque nour
charnelle de comprendre l'élection, erreur riture avant la nuit : Jonathan, prêt à
dont Jonas était le représentant , ensuite, mourir, ne dut sa conservation qu'aux
parce que l'Esprit saint nous autorise et regrets unanimes du peuple. Ce héros ai
nous invite même, dans les passages ci ma un autre héros ; il aima le vainqueur
tés, à considérer la conservation du pro de Goliath, il l'aima comme son âme, et,
phète dans le ventre du poisson pendant fidèle à son père comme à son ami, il évita
trois jours et trois nuits, par la puissance de se prononcer dans les longues que
divine, comme un type de la résurrection relles qui divisèrent le roi tombé et le roi
du Christ. — On peut lire sur ce livre futur ; il chercha à les réunir, à les ré
les articles qui ont paru dans la Gazette concilier; il y réussit une fois ; mais le
Evangélique de Berlin 1834, n° 27-29.; plus souvent sa sollicitude dut se borner
et en français les Sermons de E. Guers à avertir son ami des piéges que son père
sur Jonas. lui dressait. Déjà David a cessé de venir
JONATHAN (don de l'Eternel), 1°jeu à la cour, Saül s'en irrite, Jonathan veut
ne lévite, fils de Guerson et petit-fils de l'excuser, et ce père, aveuglé par sa rage,
Moïse, Jug. 17, 7. 18, 30. Résolu de cher cherche à le frapper de sa hallebarde,
cher fortune hors de Bethléem, sa pre mais le manque. A cette haine, Jonathan
mière demeure, il arriva dans les monta comprit ce dont il ne s'était peut-être pas
gnes d'Ephraïm, où il consentit, moyen encore douté, que David était le succes
nant une honnête rétribution, à servir de seur désigné de Saül, celui qui arrache
prêtre aux faux dieux de Mica ; mais rait à la famille du premier roi le trône et
bientôt les Danites s'étant emparés de ces la couronne d'Israël. Privé de son ave
petites idoles, et Jonathan ayant voulu nir, parce que Dieu l'avait ainsi résolu,
s'opposer à ce vol, ils le séduisirent lui Jonathan ne voulut pas perdre encore un
même par l'appât d'une plus forte récom ami : il se rendit auprès de David, dans
pense, et l'emmenèrent avec eux à Laïs, les déserts de Ziph, et lui demanda d'être
où il consentit à servir les mêmes idoles le second dans son royaume, et de gar
chez ces nouveaux propriétaires. Ses en der sa place auprès de lui : « Tu régneras
fants lui succédèrent comme sacrificateurs sur Israël, et je serai le second après toi,
au milieu de cette petite colonie danite, et Saül, mon père, le sait bien. » Les deux
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amis ne se revirent plus, et Jonathan mou çait que la distinction entre les Juifs et
rut sur la montagne de Guilboah, en com les Gentils devait cesser, Act. 9, 36. 10,
battant avec son père contre les Philis 5. 11, 5. 13. Plus tard elle fut détruite
tins, 1 Sam. 31, 2.2 Sam. 1, 4. 1 Chr. 10, par le général romain Cestius; ayant été
2. Son nom se retrouve 2Sam. 1, 17. 4, 4. rétablie et étant devenue un repaire de
9, 7.21, 14. C'est une des figures les plus pirates, elle fut de nouveau rasée par Ves
pures de l'Ancien Testament; il reste sans pasien, qui fit construire sur ses ruines
tache, guerrier intrépide, tendre ami, fils un château-fort, et bientôt une jeune ville
respectueux ; il est appelé à tous les sa reparut tout à l'entour. Elle est nommée
crifices, et consent à tous sans murmu Jaffa dans les auteurs du moyen-âge (dé
re, donnant sa vie à son père et la cou jà chez Anne Comnène), et ce nom lui est
ronne à son ami, ne pensant qu'à ses de resté jusqu'à nos jours; elle compte main
voirs et jamais à ses droits, ne pensant tenant 7,000 habitants. Au temps de Jé
qu'au bonheur des autres et jamais à lui rôme, on montrait encore le rocher et les
même. marques de la chaîne à laquelle Andro
3° Jonathan, 2Sam. 15, 27. 17, 17., fils mède avait été attachée, lorsqu'on l'ex
du grand prêtre Abiathar, fut le premier posa au monstre marin qui devait venir
qui vint avertir les complices d'Adonija la dévorer. Ce mythe grec bien connu a
que leurs projets étaient découverts. On sans doute été forgé sur l'histoire de Jo
ne sait pas s'il était du nombre des con nas, comme d'autres traditions mytholo
jurés, ou si, par l'avis qu'il donna, il vou giques qui reposent sur un fondement
lut sauver seulement la vie de son père , historique, et souvent sur des faits de
en l'engageant à fuir pendant qu'il en était l'histoire sainte.
temps encore. Lors de la révolte d'Ab JORAM. 1°Joram, ou Hadoram, fils de
salon, il était resté fidèle à David et avait Tohi, roi d'Hamath en Syrie, 2 Sam. 8,
même rempli pour lui une mission diffi 10. 1 Chr. 18, 10., fut envoyé par son
cile, mais une première fidélité n'en ga père pour féliciter David de la victoire
rantit pas une seconde, et l'exemple seul qu'il venait de remporter sur Hadad-Hé
de son père Abiathar suffit à le prouver. ser son ennemi (1040 av. C.)
4° Oncle de David, scribe et conseiller 2° Joram, cinquième roi de Juda, fils
de ce prince, 1 Chr. 27,32., renommé pour aîné de Josaphat, régna huitans(891-883).
sa sagesse. - Mais pour concilier les passages 1 Rois 22,
5° Neveu de David, et fils de Simha, 1 24.2 Rois 1, 17. 3, 1. 8, 17., il faut admet
Sam. 16, 9.1 Chr. 20, 7.2 Sam. 21,21. Il tre que déjà pendant cinq années il avait
tua un géant philistin de Gath, de la race été associé au trône de son père comme
de Rapha, qui avait six doigts à chaque corégent. Son alliance avec la famille d'A-
main et à chaque pied, et qui était venu chab par Hathalie, la fille de Jésabel, l'en
défier Israël. traîna dans le péché et l'idolâtrie, et fut
JOPPE, très ancienne ville des Philis une source de maux pour son royaume,
tins, sur les frontières de la tribu de Dan, qui eut beaucoup à souffrir par les inva
Jos. 19, 46., et sur les bords de la Mé sions successives des Edomites, des Ara
diterranée , avec un port assez connu , bes et des Philistins , lui-même fut affligé
quoique peu sûr à cause des rochers qui d'une terrible maladie, qui dura deux ans
s'avancent dans la mer, 2 Chr. 2, 16. Jon. et termina ses jours. Il mourut sans être
1, 3. Esd. 3, 7. Joppe était située dans regretté, et ne fut pas enseveli dans les
une belle plaine, à six milles ouest de sépulcres des rois, 2 Rois 8, 16-24.2
Rama, ayant Jamnia au midi et Césarée Chr. 21. Quant à la lettre du prophète
de Palestine au nord , à l'extrémité Occi Elie qui lui fut remise, et dans laquelle
dentale de la route des montagnes qui ces châtiments se trouvaient annoncés, 2
joint Jérusalem et la mer. Elle apparte Chr. 21, 12-15., il n'est pas nécessaire de
mait à la Syrie aux jours des apôtres; Ta supposer qu'Elie l'eût préparée par une
bitha y demeurait, et c'est dans cette ville prévision prophétique avant de quitter la
que Pierre reçut la vision qui lui annon terre, car il vécut certainement pendant
JOS 513 JOS
une partie du règne de Joram, comme on cesseur d'Asa, régna vingt-cinq ans (914
peut le conclure de 1 Rois 22, 51. cf. 2 889), et fut certainement l'un des meil
Rois 2, 11. 1, 16.17.— Quelques auteurs leurs princes que ce royaume ait pos
pensent qu'au lieu d'Elie il faut lire Jéhu. sédé. Son histoire nous est rapportée
3° Joram, neuvième roi d'Israël, second avec beaucoup de détails dans le livre des
fils d'Achab et de Jézabel, monta sur le Chroniques, 2 Chr. 17-20, dont l'auteur
trône à la mort de son frère Achazia, et S'est plu à conserver le souvenir de tout
régna douze ans (896-884). Il n'imita pas ce que Josaphat fit pour bannir l'idolâ
entièrement les égarements de son père, trie et restaurer le culte du vrai Dieu. Il
mais n'alla jamais jusqu'à une réforme s'occupa avec zèle d'une bonne organisa
véritable de ses mœurs et de celles de son tion de la justice , il construisit des for
royaume. Il renonça au culte de Bahal, teresses , établit des greniers publics ,
mais conserva celui des veaux d'or, qui créa des magasins de blé; en même temps
paraît avoir été comme le fondement de la il se rappela l'essentiel, il n'oublia pas de
politique d'Israël, sa base à défaut de la pourvoir au bien-être spirituel de son
base théocratique. Les Moabites s'étaient peuple, en chargeant des lévites de ré
révoltés contre Israël peu de temps après pandre partout l'instruction religieuse.
la mort d'Achab; grâce au secours de Jo Sa piété, sa confiance entière dans le se
saphat, roi de Juda, et surtout à celui du cours du Dieu de ses pères, se manifesta
prophète Elisée , dont les divins avertis d'une manière particulière, lorsque, me
sements le mirent longtemps à même de nacé par une peuplade arabe, il convoqua
déjouer les plans et les projets de ses en tout son peuple à un grand jeûne natio
nemis, Joram réussit à ramener les Moa nal, 2 Chr. 20, qui fut de nature à lais
bites à l'obéissance. Elisée lui rendit de ser dans l'âme de tous une profonde im
plus grands services encore dans ses guer pression. Le succès justifia sa confiance,
res contre les Syriens, qui envahissaient et il eut le bonheur de voir triompher ses
continuellement ses états, qui finirent armes contre les Syriens. Mais, d'un au
même par assiéger sa capitale Samarie, tre côté, l'alliance et les relations trop in
et lui firent souffrir toutes les horreurs times qu'il forma avec l'impie Achab, roi
de la famine (Serm. de Gaussen). Il reçut d'Israël, furent de sa part un acte de fai
une grande blessure dans une de ces cam blesse qui ne lui attira que des revers,
pagnes, se retira à Jizréhel pour s'y faire en particulier lorsqu'ils entreprirent d'é-
soigner, laissant son armée sous les or quiper une flotte à frais communs. La
dres de Jéhu, et bientôt après fut assas flotte des deux rois réunis fut brisée par
siné par ce même Jéhu, que, sur l'ordre une tempête dans le port d'Hetsjon-Gué
de Dieu, Elisée avait oint roi d'Israël, 2 ber , et Josaphat , comprenant cette le
Rois 3-9. C'est sous le règne de ce prince çon, refusa, malgré les instances d'A-
· qu'eut lieu la guérison miraculeuse de chab, de renouveler cette entreprise.C'est
Naaman; d'autres miracles encore, égale ainsi que l'on peut très bien concilier les
ment admirables, ont été faits sous ses passages en apparence contradictoires de
yeux ; le ministère et les soins d'Elisée 1 Rois 22, 50. 2 Chr. 20, 35. L'alliance
semblaient appeler ce fils d'Achab à se qu'il forma plus tard avec Joram fut plus
repentir et à se soustraire ainsi, lui et ses heureuse ; la campagne qu'ils firent en
descendants, aux coups d'un Dieu si puis semble pour soumettre les Moabites ré
sant, et si terrible quand on l'irrite; mais voltés fut couronnée de succès, mals Dieu
ces appels furent vains, Joram ferma les lui montra par des miracles que c'était à
yeux, et sa dynastie, la quatrième d'Is sa faveur seulement , et non point aux
raël, fut vouée à la destruction. forces de son allié, qu'il était redevable
JORIM, fils de Matthat, un des ancê de ses victoires, 1 Rois 22, 41.2 Rois 3,
tres de Jésus par Marie, Luc 3, 29., du 14. 2 Chr. 17, 10. Sa mémoire est restée
reste inconnu. bénie et respectée, 2 Chr. 22, 9., et l'on
JOSAPHAT (jugement de l'Eternel), peut dire qu'il fut à la fois homme de
1" le quatrième roi de Juda, fils et suc bien et homme de talent, Vaillant à la
I. 33
J0S 514 J0S
guerre, sage pendant la paix. Juda n'a de Jacob, que l'on consultait comme un
peut-être joui sous aucun de ses rois devin , et avec une sagesse qui lui était
d'autant de bonheur que sous Josaphat. donnée d'en haut, il annonça les sept an
— 2° La vallée de Josaphat, Joël 3, 2. nées d'abondance qui devaient être sui
12., n'était, dans l'intention du prophète, vies de sept années de famine, et invita
qu'un nom allégorique , on a voulu l'ex le roi à se précautionner dans les pre
pliquer par 2 Chr. 20, 26. Quoi qu'il en mières contre les dernières. Pharaon ne
soit de cette explication, la tradition s'est Crut pouvoir mieux profiter de révéla
emparée du nom et l'a donné à cette tions aussi importantes qu'en chargeant
étroite et rapide vallée qui sépare le tem Joseph lui-même de l'administration des
ple de Jérusalem de la montagne des affaires publiques, et il le fit son pre
Oliviers, se dirige au sud-est du côté de mier ministre (1715av. C.), en changeant
la mer Morte, et est traversée par le Cé son nom en celui de Tsaphenath-Paha
dron qui lui dispute son nom. néah, qui, dans le haut style de la chan
JOSÉ, fils d'Eliézer, nommé parmi les cellerie égyptienne, signifiait le salut du
ancêtres de Christ et de Marie, Luc 3, siècle, ou selon saint Jérôme, le sauveur
29., est inconnu. du monde.Joseph avait alors trente ans;
JOSEB-BASÉBETH. v. Jasobham. il épousa Asenath, fille de Potiphérah, qui
JOSEPH (accroissement). 1° Le onziè lui donna deux fils, Ephraïm et Manassé.
me fils de Jacob , l'aîné de Rachel, Gen. Les années de famine avaient com
30, 24. 33, 2. 37, 2. 46, 19. 1 Chr. 2, 2. mencé, et de toutes parts on venait ache
5, 1. (1745 av. C.). Son histoire est de ter du blé en Egypte, lorsqu'un épisode
celles qu'il est le moins nécessaire de ra d'une grande importance vint rendre Jo
conter, soit parce qu'elles sont trop con seph à sa famille. Parmi les nombreux
nues, soit parce qu'elles perdent plus que marchands étrangers qui venaient se pro
d'autres à être racontées dans des ter sterner aux pieds du sage ministre de
mes différents de ceux de la Bible. On se l'Egypte, Joseph , un jour, crut recon
rappelle sa jeunesse, ses dix-sept ans et naître ses frères; il ne se trompait pas,
l'affection de son père, la jalousie de ses un de ses songes d'enfance venait de
frères, ses rêves singuliers, sa tunique s'accomplir. Il ne pouvait penser à se
bigarrée, son arrivée auprès de ses frè venger d'eux, il était trop grand de ca
res à Dothaïm, comment il fut vendu à ractère et de position; mais il crut de
des lsraélites et revendu à Putiphar, et voir les éprouver avant de se faire con
comment là , après une longue prospé naître : il leur parla brutalement, les traita
rité, il vit s'ouvrir pour lui les portes de en espions, retint Siméon auprès de lui,
la prison parce qu'il avait su respecter exigea la promesse qu'à un prochain
l'honneur de sa maîtresse, et son hon voyage ils amèneraient Benjamin avec
neur à lui-même. Cet honorable prison eux, et fit remettre l'argent dans leurs
nier devint bientôt comme le geôlier de sacs. Après un assez long espace de temps,
ses compagnons , et deux officiers dis que les hésitations de Jacob avaient en
graciés de Pharaon apprirent de sa bou core prolongé, Joseph vit revenir auprès
che, l'un sa mort , l'autre son prochain de lui ses frères et Benjamin ; son ton fut
retour en grâce ; trois jours après, l'heu affectueux et doux , ses paroles furent
reux échanson rentrait à la cour; mais aimables, il leur rendit Siméon, et fit pré
ingrat dans la bonne fortune, il oublia son parer pour eux un repas dans sa maison;
compagnon de prison, et deux années s'é- l'émotion parfois était plus forte que lui,
coulèrent sans apporter à Joseph aucun il eût voulu se jeter au cou de Benjamin;
changement. Alors Pharaon songea, ses cependant il se contint, les fils de Jacob
songes le troublèrent, tous les sages fu avaient encore une épreuve à subir, celle
rent consultés inutilement, et l'échanson de la coupe; ils s'en tirèrent à leur hon
se rappela Joseph. « C'est Dieu, et non neur, Joseph eut la certitude que le re
pas moi, qui expliquera ce qui concerne mords était entré dans le cœur de ces
' a prospérité de Pharaon, » répondit le fils méchants frères, et lorsque Juda se fut
JOS 515 J0S
offert en sacrifice à la place de Benjamin, crédit en cour et de son affection frater
Joseph, hors de lui d'émotion, fit sortir nelle. Sa vie dès lors fut tranquille et
tout le monde, et s'écria : « Je suis vo calme, il vit encore ses arrière-petits
tre frère, je suis Joseph; mon père vit-il fils, et s'endormit à l'âge de cent-dix ans,
encore ? » C'est une scène qu'on ne peut après avoir exprimé le vœu d'être ramené
décrire ; il semble que chacun y assiste, dans la terre promise pour y être ense
que chacun partage l'émotion de Joseph veli avec ses pères lorsque la postérité
et celle de ses frères, surpris, heureux et de Jacob quitterait l'Egypte. Moïse se
troublés. Des ordres furent aussitôt don rappela
ce vœu de Joseph et Josué fut
nés pour que Jacob pût venir en bonne chargé de l'exécuter, Ex. 13, 19. Jos. 24,
vieillesse achever ses jours en Egypte, et 32.
Pharaon lui-même s'intéressa à la famille
Il est impossible de trouver nulle part,
de son premier ministre. Le vieux père dans tout ce qui s'est écrit depuis le com
ne se fit pas longtemps attendre, et Jo mencement du monde, un récit plus at
seph, après l'avoir présenté à Pharaon, tachant, plus émouvant que celui de la
lui assigna pour demeure la fertile con vie de Joseph; sans doute, les scènes de
trée de G0scen en Rahmésès. la rédemption sont plus sublimes et plus
Cependant Joseph ne négligeait pas ses déchirantes, et bien des enfants, bien des
devoirs envers l'Egypte; il se souvenait pauvres sauvages, bien des chrétiens
qu'il était administrateur et politique, et aussi ne peuvent les lire sans pleurer
sa politique n'êtant guère autre que l'au (qu'ils sont heureux!); mais elles sont trop
tocratie orientale, il mit tous ses soins à pures, trop célestes, trop surhumaines
obtenir des Egyptiens, en échange de pour que chacun consente à les com
son blé, leur argent, leurs terres et leur prendre; on peut s'y refuser : mais pour
liberté, pour pouvoir ensuite les admi les scènes de Joseph, elles sont tellement
mistrer comme des fermiers, les parquer à la portée de chacun, si simples, si na
selon que l'intérêt du pays le voulait, et turelles dans leur grandeur, si humaines,
les imposer au profit de la couronne : la que les plus grands ennemis de la révéla
population fut dès lors et pendant long tion sont contraints d'avouer que tout
temps astreinte à abandonner au roi le leur paganisme, et le paganisme encore
cinquième des récoltes , le clergé seul plus noble des anciens, n'a rien produit
étant exempté, et le pays fut dans la main qui puisse être comparé à cet admirable
du roi. récit. Aussi, bien des auteurs ont-ils
La fin de Jacob approchait; le patriarche Voulu rattacher leur nom à une imitation
fit promettre à Joseph que ses os seraient de Joseph; la poésie s'en est emparée, et
transportés en Palestine et ensevelis dans l'art dramatique lui doit une de ses créa
le sépulcre d'Abraham, puis Joseph amena tions les plus sérieuses et les plus admi
auprès du vieillard mourant Ephraïm et rables, dont la musique, peu française de
Manassé, vit avec surprise la plus grande caractère quoique française d'origine,
bénédiction retomber sur la tête du plus semble rappeler l'âge théocratique, l'âge
jeune, entendit le testament prophétique des patriarches, l'israélitisme des pre
du patriarche à ses fils, et recueillit son miers temps.
dernier soupir. Après l'avoir fait embau Une chose peut surprendre dans l'his
mer, Joseph, fidèle à sa promesse, con toire de Joseph, c'est qu'il soit-resté
duisit en Canaan, accompagné d'un im vingt-deux ans sans s'enquérir de sa fa
mense cortége, la dépouille paternelle, et mille, surtout lorsque sa position le met
la déposa dans la grotte de Macpélah près tait à même de le faire facilement. ll est
des restes de ses ancêtres. De retour en difficile de se l'expliquer; on
ne peut
Egypte, il dut rassurer ses frères qui douter qu'il n'ait souvent désiré de re
craignaient que ses vengeances, compri voir son père et ses frères, et surtout de
mées par la vie de Jacob, n'éclatassent rendre à son père le bonheur qu'il avait
après sa mort ; il pleura avec eux, et leur perdu ; mais à cette époque les relations
promit de nouveau tout l'appui de son étaient rares entre les deux pays, long
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temps Joseph fut hors d'état de commu dont il n'est point parlé, d'autant plus
niquer avec le dehors; quand il redevint que l'on voit Jacob revenir de chez La
libre et maître, les soins du gouverne ban avec la nourrice de sa mère.
ment durent l'absorber; il se consolait Le nom de Joseph se retrouve Ex. 1,
peut-être par la foi qu'il puisait dans les 5. Ps. 105, 17. Jean 4, 5. Act. 7, 9.
songes de sa jeunesse, et croyait ne pas Hébr. 11, 22. Il sert aussi à désigner
devoir hâter un moment que Dieu avait quelquefois les tribus, soit d'Ephraïm,
lui-même fixé dans sa providence; peut Apoc. 7, 8., soit de Manassé, Nomb. 13,
être craignait-il de troubler la paix de sa 12., soit toutes les deux à la fois, Deut.
famille en révélant après treize ans d'ab 33, 13. v. Tribu.
sence le crime de ses frères; et si au 2°, 3°, 4°. Trois hommes du nom de Jo
contraire il fit pour retrouver son père seph sont nommés parmi les ancêtres de
des recherches dont il ne nous est pas Jésus et de Marie, Luc 3, 24.26.30.; ils
parlé, peut-être les voyageurs eurent-ils SOnt les uns et les autres inconnus.
de la peine à trouver une famille nomade 5° Joseph, fils de Jacob, Matth. 1, 16.
et sans nom, dont le siége pouvait va Luc 1, 27. 3, 23. Il descendait de la fa
rier considérablement d'année en année; mille de David, et se fiança avec une jeune
peut-être enfin put-il se tenir lui-même parente d'une origine royale comme la
au courant de ce qui se passait chez Ja sienne, mais devenue modeste aussi par
cob, sans vouloir cependant, et sans suite de l'abolition de la royauté. Divi
croire pouvoir lui faire connaître qu'il vi nement averti des choses merveilleuses
vait encore. Il faut le dire aussi, les sen qui étaient arrivées à Marie, il renonça à
timents de tous genres n'étaient pas aussi une séparation qu'il avait d'abord cru
tendres et efféminés chez ces anciens nécessaire ; il continua de vivre à Naza
patriarches que chez nous, et si les affec reth de son métier de charpentier, et se
tions de famille sont une des plus douces rendit à Bethléem à l'époque du dénom
jouissances qu'il soit accordé à l'homme brement; là il vit les mages adorer Jésus
de goûter sur la terre, encore doit-on et Siméon saluer l'enfant de ses bénédic
savoir au besoin être plus fort que ces tions prophétiques; mais sa surprise s'ac
affections, les dominer au lieu de s'en crut quand, au lieu de la grandeur qu'il
laisser dominer, et penser là comme ail pouvait attendre, il se vit obligé, par
leurs au but de la vie et non point à ses une vision divine de s'enfuir, d'abord en
jouissances. La séparation d'Abraham et Egypte (pendant deux ans?), puis en Ga
de Lot, celle d'Abraham et de Nacor, lilée, pour échapper aux cruelles persécu
celle d'Isaac et de Jacob surtout, pré tions d'Hérode et de son fils et succes
sentent le même caractère , on voit Ja seur Archélaüs. Israélite pieux, Joseph
cob avoir été séparé de son père pendant faisait chaque année le pèlerinage de Jé
vingt ans au moins, de 77 à 97 ans, s'être rusalem; c'est dans une de ces courses que
marié, avoir eu onze ou douze enfants et Jésus, âgé de douze ans, resta en arrière
avoir fait fortune, sans qu'il paraisse s'être dans le temple, et Joseph partagea à son
inquiété en aucune façon du sort de sa égard les inquiétudes de sa mère. Dès
famille : doit-on l'attribuer à un vice d'or lors, cet homme qui paraît avoir été
ganisation, à un manque de développe humble et doux, disparaît de l'histoire; on
ment des sentiments de famille et d'af sait qu'il eut de Marie quatre fils et deux
fection, ou bien à certaine force de ca filles, Marc 6, 3., mais comme il n'est plus
ractère qu'on ne peut plus comprendre reparlé de lui, tandis qu'il est souvent
de nos jours, qui paraît tout au moins question de la mère, des frères et des
exagérée, et qui est en tout cas le con sœurs de Jésus, on conjecture avec rai
tre-pied de la sensibité moderne ? Mais Son qu'il était mort lorsque soIl fils adop
comme la Bible ne nous raconte pas tous tif entra dans la carrière publique, et les
les détails de la vie des personnages, nous paroles de Jésus, Jean 19, 27., prouvent
pouvons croire aussi qu'il y a eu, entre qu'au moins à l'époque de la crucifi
les absents et leurs familles, des rapports xion Marie était veuve. Le nom de Joseph
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se trouve dans les généalogies rapportées dans des familles parentes, les enfants
par saint Luc et saint Matthieu; on est portent les mêmes noms. La parenté de
généralement d'accord à penser que celle Joses offre sous ce rapport les mêmes
de Matthieu renferme seule la descen difficultés que celles de Jésus et de Jac
dance de Joseph, tandis que celle de saint queS, q. V.
Luc renferme celle de Marie ; Joseph a JOSIAS (le feu de l'Eternel), 1° sei
été substitué à Marie dans cette dernière, zième roi de Juda, fils et successeur d'A-
d'après l'ancien usage de l'Orient et des mon, régna trente-et-un ans (642-611), 2
Hébreux de ne comprendre dans leurs Rois 22 et 23, 2 Chr. 34 et 35. Il ne sui
listes que les hommes, et de nommer le vit point la mauvaise voie de ses ancêtres,
mari comme fils et descendant, alors il fit au contraire tous ses efforts pour
même qu'il n'était entré dans la famille combattre l'idolâtrie et réveiller la foi
que par une alliance. Il fallait que le dans son royaume; il fit une guerre achar
Christ fût fils de David, selon la chair par née aux autels, aux hauts lieux, aux boca
Marie, et selon la loi par Joseph, son père ges, aux idoles de tout genre, détruisant,
putatif, en quelque sorte son beau-père démolissant , profanant partout où il les
(en anglais, l'expression father in law rencontrait les moindres vestiges de ce
exprime parfaitement les rapports de Jo culte impie et adultère, ne se conten
seph et du Christ). tant pas de demi-mesures, mais résolu
6° Joseph d'Arimathée, Matth. 27, 57. d'exterminer impitoyablement jusqu'à la
Marc 15, 43. Luc 23, 50. Jean 19, 38., racine tous ces débris d'importations
membre du sanhédrin et ami caché de étrangères et païennes. Mais s'il fut im
Jésus, refusa de consentir par son vote à placable envers les idées, il fut charitable
la mort de Jésus et ne fut point écouté. envers les hommes, et pourvut à la sub
L'épreuve le manifesta; prudent lorsque sistance de tous ces prètres auxquels il
rien n'était à craindre, il ne craignit pas enlevait, avec leurs autels, le produit des
de se compromettre quand il y eut du autels, 2 Rois 23, 9. Il ne fit mettre à
danger à le faire, et il demanda à Pilate mort que les sacrificateurs de Béthel, et
le droit de rendre les derniers devoirs à peut-être ceux de Samarie, mais on peut
celui dont il avait reconnu, sans la com conclure de toute sa conduite que cette
prendre encore, la mission divine. exception particulière fut justifiée aussi
7° Joseph. v. Barsabas. par des circonstances particulières, peut
JOSES, frère de Jacques, de Simon et être par une tentative de soulèvement de
de Jude, fils de Marie, Matth. 13, 55. 27, leur part. Josias ne borna pas son œuvre
56. Marc. 6, 3. 15, 40. Ses trois frères réformatrice à son royaume seulement, il
devinrent apôtres, et lui seul ne le devint entreprit aussi la réformation d'Israël
pas, circonstance remarquable, soit qu'on et traversa les dix tribus en saint et vail
les regarde comme fils de Cléopas ou lant triomphateur. Cependant on voit par
comme fils de Joseph le charpentier, les plaintes d'un prophète contemporain,
comme les cousins de Jésus ou comme Jérémie 3, 6., qu'il ne réussit pas aussi
ses frères. Dans l'un et l'autre cas, les bien que son cœur l'aurait désiré. Mais
quatre paraissent avoir été de ceux qui une circonstance providentielle vint en
prirent Jésus pour un fou et voulurent core à son aide : la dix-huitième année de
s'emparer de lui, Marc 3, 21.; on pour son règne, les hommes occupés aux répa
rait croire que l'exclusion de Joses tient rations du temple retrouvèrent un exem
à ce qu'il s'est montré, dans cette circon plaire du Pentateuque, peut-être l'origi
stance, plus violent et plus obstiné que nal écrit de la main même de Moïse, qui
ses frères. Plus tard cependant, il fut ga avait été pendant longtemps égaré ou né
gné à la vérité comme les autres, et prit gligé, et dont la lecture fit une grande im
part aux réunions des fidèles après l'as pression. Les travaux de Josias qui, appa
cension, Act. 1, 14. On ignore d'ailleurs raissent , dit un auteur allemand, comme
s'il y a eu deux Joses, l'un frère, l'autre un regard du soleil avant la nuit tombante
cousin de Jésus ; il arrive souvent que à travers les nuages d'un soir orageux,
JOS 518 JOS
ces travaux, et le nom même du réforma phétiser, Nomb. 11, 28. ll fut un des
teur, avaient été déjà annoncés trois siè douze espions envoyés en Canaan, Nomb.
cles auparavant à Jéroboam , 1 Rois 13, 13, 9., et c'est alors que son nom fut
2., et l'oracle accompli était venu répon changé pour lui rappeler, à lui et à ses
dre à la longue attente du petit nombre de compagnons, qu'il n'y a qu'une seule déli
fidèles qui n'avaient jamais cessé d'espé vrance efficace; mais seul avec Caleb, il
rer. montra par ses œuvres la fermeté de sa
Si le règne de Josias fut honorable, il foi, et seuls ils échappèrent à la sentence
ne fut cependant qu'une trève dans les de mort prononcée contre tout Israël
malheurs comme dans les iniquités du (Eléazar et les lévites furent probablement
peuple; la prophétesse Hulda, consûltée, aussi exceptés). Son courage, ses talents
lui rendit un oracle bien consolant pour et sa fidélité éprouvée, le firent sans doute
lui-même, bien terrible pour son royaume : choisir par Moïse pour le remplacer dans
des malheurs allaient fondre sur Juda, et la conduite des milliers d'Israël, et il fut
Josias ne devait avoir d'autre consolation revêtu de l'autorité suprême en présence
que celle de mourir avant qu'ils arrivas du peuple et d'Eléazar le souverain sacri
sent. Aussi, quoique les jugements de ficateur, Nomb. 27, 18., Deut. 31, 3. Il
Dieu sur son peuple fussent bien près de reçut encore les ordres de son maître,
s'exécuter, son règne fut en général heu Nomb. 32, 28., entendit avec joie son der
reux et paisible. Il trouva la mort dans nier cantique de bénédictions, Deut, 32,
une bataille qu'il livra au roi d'Egypte 44., et entra Sans difficultés dans l'exer
Pharaon Néco, qui voulait malgré Josias cice de ses nouvelles fonctions, Jos. 1, 1.
traverser la Syrie pour porter la guerre Son ministère est inauguré par une vi
en Caldée : cette bataille est mentionnée sion magnifique, destinée à lui confirmer
par Hérodote 2, 159. On peut s'étonner de la part de l'Eternel les promesses qui
du rôle que Josias joua dans cette occa lui ont été faites par Moïse, et à l'encou
sion, et lui-même paraît presque ne pas rager à monter hardiment contre les na
avoir agi avec pleine bonne conscience, tions guerrières et puissantes qu'il a de
car il se déguisa pour se mettre à la tête vant les yeux et dont la conquête lui est
de ses troupes; cependant on se l'expli assurée. Des espions sont envoyés; sur
que par la supposition que ce roi prudent leur rapport, Josué donne trois jours à
et pieux était vassal de Nabopolassar, et l'armée pour se préparer, les eaux du
qu'il dut agir comme sujet fidèle de la Jourdain se partagent miraculeusement
Caldée, et non comme roi de Juda. Ce pour donner au peuple élu un libre et
vasselage, qui comprenait probablement franc passage dans la terre de la promesse,
aussi le royaume d'Israël , pouvait dater un autel s'élève en souvenir de cette con
du temps de Manassé. — Le nom de Jo sécration solennelle de la mission de Jo
sias se retrouve encore Sophonie, 1, 1. Sué, semblable à celle qu'avait obtenue
2° Josias, contemporain d'Esdras; v. Moïse dans le lit de la mer Rouge. Avant
Heldaï. . de procéder à la conquête de Jérico, les
JOSUE (Dieu est la délivrance), nommé Israélites sont circoncis; ils célèbrent la
d'abord Osée (délivrance), était fils de Pâque, qu'ils n'ont pas encore célébrée
Nun, de la tribu d'Ephraïm; il sortit d'E- depuis le départ de l'Egypte, et qu'ils ne
gypte, le pays de sa naissance, sous la devaient pas célébrer non plus, Ex. 13,
conduite de Moïse à qui il devait un jour 5.; enfin la manne cesse de tomber, et le
succéder dans le commandement du peu peuple se nourrit de la nourriture de
ple. Chef des guerriers au désert, il se l'homme et trouve du grain en abondance,
distingua d'abord par la défaite des Ha Jos. 5, 11. Les ennemis d'Israël, quoique
malécites, Ex. 17, 9., accompagna Moïse vaillants et résolus à se défendre avec
sur le Sinaï, 24, 13., fut chargé de la garde courage contre le petit peuple qui veut
du tabernacle d'assignation , 33, 11., et, les envahir, deviennent lâches, et leurs
jaloux des priviléges de son maître et ami, cœurs se fondent à l'ouïe des merveilles
voulut empècher des prophètes de pro que Dieu a faites pour lsraël. Une pre
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mière conquête achève d'effrayer les an à Adonitsédec, et malgré leur multitude
ciens habitants de Canaan, et d'encourager ils ne furent pas plus heureux, ils ne s'as
les nouveaux; c'est la prise de Jérico, la semblèrent que pour être détruits d'un
clef du pays, la ville forte, la ville aux so seul coup. Josué les chargea à l'impro
lides murailles. Elle tombe devant les cris viste, et les battit tellement qu'il n'en
de joie et d'espérance du peuple, devant laissa échapper aucun; il revint de là à
ses promenades solennelles etsilencieuses Hatsor, qu'il brûla ainsi que toutes les
que trouble seulement le bruit éclatant villes d'alentour, et en fit mourir les en
des trompettes; les murailles s'écroulent, fants, les rois et les chevaux. Mais il fal
la ville est mise à sac, tout est égorgé ou lut quelques années pour réduire à l'obéis
brûlé, Rahab seul est épargnée parce sance tout le pays, car ces petits rois se
qu'elle avait épargné ses hôtes. De là, sur le succédaient les uns aux autres à mesure
rapport de quelques espions, 3,000 hom que Josué en abattait quelques-uns, et il
mes sont envoyés contre Haï; mais Josué fallut leur faire la guerre à tous, aucun
avait oublié de consulter l'Eternel, les ne s'étant rendu sans combat. Ce ne fut
3,000 hommes sont battus, et Dieu ré donc que six ou sept ans après leur entrée
véle à Josué les causes de cette défaite, en Canaan que les Israélites purent com
le péché d'Hacan. Après le châtiment du mencer le partage des terres, étant maî
coupable, Israël, prêt à faire la volonté de tres alors de tout le pays, à l'exception de
l'Eternel, peut marcher en avant, Haï est quelques villes, Gaza, Gath et Asdod, qui
aisément subjuguée, et Dieu permet aux étaient restées aux Hanakins, et de quel
vainqueurs de se partager les dépouilles ques peuplades qui purent conserver long
au lieu de les mettre à l'interdit. Cepen temps encore leur indépendance, n'ayant
dant les rois de Canaan se réunissent pas été exterminées lorsqu'elles pouvaient
pour combattre l'ennemi commun; les Ga l'être, et comme Dieu avait ordonné à Jo
baonites seuls, usant de ruse, réussissent Sué de le faire.
à se mettre sous la protection d'Israël, et On suppose en général que le sacrifice
s'ils deviennent coupeurs de bois et pui du mont Hébal(8, 30-35.)dont nous avons
seurs d'eau, ils ont au moins le droit d'ha parlé en son lieu, ne fut célébré qu'alors,
biter en la maison de l'Eternel, et d'être une fois que le peuple put se reposer en
protégés par Israël dans la mauvaise for fin de ses longues et pénibles guerres.
tune. Irrités de cette défection, les rois C'est dans le même temps à peu près que
de Canaan commencent les exploits de se passa la touchante scène d'une noble
leur ligue par le siége de Gabaon, mais querelle, de franches explications, et d'ai
là déjà ils éprouvent les coups de Josué, mable réconciliation : ce furent des jours
en même temps que les Gabaonites peu de réveil qui peuvent compter parmi les
vent se féliciter de l'alliance qu'ils ont plus beaux de toute l'histoire d'Israël ;
Jos. 22. •
au soleil et à la lune, non-seulement fe tous les cas, les historiens juifs sont bien
rait supposer, mais prouve même que Jo excusables d'avoir attribué à une inter
sué, ou celui qui lui dictait ses paroles, vention de Dieu en leur faveur le pro
ne confondait point à cet égard l'appa longement de jour qui leur a assuré la
rence avec la réalité. Mais on peut regar victoire, etc. Mais si ces réponses sont
der comme sérieuses les trois objections faibles, nous pouvons demander aussi
suivantes , auxquelles nous répondrons quelles conclusions l'on veut tirer de
en peu de mots : a) Si la terre s'est réel l'objection. En conclura-t-on que la sta
lement arrêtée, tout ce qui était alors de tion du soleil et le double jour qui en
bout, principalement dans les zones tor est résulté soient des faits imaginaires ?
ride et tempérées , arbres , maisons , Ici nous en appelons à la géologie , et
hommes, animaux, doit avoir été à l'in nous trouvons une fois de plus, que le
stant même renversé et brisé par la vio plus ancien de tous les livrés en est aussi
lence du choc de l'atmosphère. — Oui, si le plus vrai, à quelque point de vue qu'on
l'atmosphère ne s'est point arrêtée avec le considère, et que la science ne mérite
la terre; non , si au contraire l'atmo son nom que lorsque ses progrès l'ont
sphère, qui fait en quelque sorte partie conduite jusqu'à rendre témoignage à la
intégrante du globe , s'est arrêtée avec révélation.
lui; non, surtout, si l'arrêt, au lieu d'être Si la terre s'est réellement arrêtée, que
subit, a été graduel. b) Il répugne d'ad le temps d'arrêt ait été de 40 secondes,
mettre comme historique un passage dont ou de 18 minutes, peu importe (v. Gaus
on s'est autorisé pour condamner Gali sen, Théopneustie, p. 360. sq.), l'im
lée et le véritable système du monde. — mensité des eaux de la mer a dù néces
Sans doute; mais comme ce passage n'a sairement continuer le mouvement qui
été qu'un prétexte mal compris , on au lui était commun avec le globe, et se dé
rait tort de conclure de l'abus contre verser ainsi sur les continents ; et, en
l'usage. c) Mais la plus grave objection, second lieu, le globe cessant d'être sol
c'est que , d'après le récit biblique, ce licité à s'aplatir vers les pôles par la ro
dérangement du système de l'univers, ce tation, a dû tendre à reprendre sa forme
bouleversement de toutes les lois du mou sphérique originelle, se renfler vers les
vement des corps célestes, ce cataclysme pôles, se rétrécir à l'équateur ; de là des
général, n'aurait eu lieu que pour donner convulsions, des tremblements de terre,
aux Israélites le temps de consommer la des ruptures. Or, la géologie et les tra
déroute de leurs ennemis, lorsqu'il y au ditions rendent témoignage de ce double
rait eu une foule d'autres moyens moins phénomène.
effrayants, moins effroyables, pour obte La tradition : en effet, le déluge de
nir le même résultat. — Les réponses à Deucalion, selon la chronologie vulgaire,
cette objection sont faibles, du moins à remonte à l'an du monde 2504 environ ;
notre point de vue. On peut dire que Josué, né l'an 2460, aurait eu alors qua
Dieu subordonnait la terre entière aux rante-quatre ans (il était certainement
succès de son peuple, comme il subor plus âgé, mais lorsqu'il s'agit de déluges,
donne à notre globe le récit de la créa et dans des temps où l'art des dates n'é-
tion tout entière; que la prise de pos tait pas très avancé, l'on doit se conten
session des Israélites devait être marquée ter de dates qui concordent à un demi
par des signes dans le ciel et sur la terre; siècle près); la coïncidence entre ces
que Dieu se proposait peut-être de dé deux événements paraît prouvée; on peut
truire une partie du monde d'alors par en dire autant du déluge d'Ogygès, ap
un déluge partiel (v. plus bas), et que les pelé aussi Ogygus, et peut-être le même
deux faits ont coïncidé ; que dans la bou que l'Augias des fables grecques, dont
che de Josué, inspiré de l'Esprit de Dieu, Hercule nettoyales étables par une inon
ces paroles sont moins un ordre qu'une dation. Platon, dans son Timée, fait in
proclamation , qu'il se borne à annoncer tervenir des prêtres égyptiens, qui re
le fait que Dieu lui a révélé; que, dans prochent aux Grecs de ne parler jamais
J0S 522 JOS
que d'un seul déluge, alors qu'il y en a périeure en haut. Ce fait démontre la
eu plusieurs, « un déluge , entre autres, soudaineté et la brièveté de la catastro
accompagné de tremblements de terre, phe. Les forêts souterraines qu'on trouve
qui dura l'espace d'un jour et d'une nuit ensevelies sous les sables de la Russie
(24 heures),..... et engouffra l'Atlantide
septentrionale sont dirigées du nord
elle-même , qui disparut entièrement, Ouest au Sud-est ; enfin l'on voit en Au
abîmée sous les flots, » etc. Le long jour vergne des produits volcaniques et pseu
des Hébreux se retrouve encore sous le dovolcaniques, alternant avec les sables
déguisement d'une double nuit, dans les et graviers qui recouvrent les formations
traditions des Latins et des Grecs, qui Secondaires les plus récentes de ces con
l'attribuèrent aux voluptueux caprices de trées, et l'on a reconnu parmi les fossi
Jupiter (Ovid. Amor. 1, 13. Prop. 2, 22. les carbonisés, au-dessous d'un de ces
Lucain, Phars. 6.). La double nuit cor amas volcaniques, une planche travaillée
respond au double jour si, comme on va par la main de l'homme (à Boutaresse),
le voir, la station de la terre a eu lieu ce qui semble faire remonter à une date
peu après le lever du soleil; alors il de comparativement peu ancienne l'amas de
vait encore faire nuit chez les Grecs, et ces terres sableuses et crétacées, et le
la variante de la tradition prouve,'mieux gisement de cette formation.
que ne ferait son entieraccord, la réalité ' Ces faits qui rendent plausible, proba
même du fait. -
ble, et même nécessaire, l'interruption
La géologie, avons-nous dit, rend té momentanée du mouvement de rotation
moignage à l'histoire. Au moins on a de la terre, ces faits dont le souvenir s'est
constaté une formation de terrains ter conservé ailleurs que chez les Hébreux,
tiaires de transports dont on a été long et qui semblent écrits sur les ruines qui
temps avant de reconnaître le caractère couvrent la surface du globe, sont déve
spécial, et qu'on ne peut expliquer que loppés dans les Eléments de géologie du
par une inondation violente , subite, modeste et savant Chaubard (1833), de
courte, générale, mais partout partielle, manière à ne laisser presque aucun doute
dirigée de l'occident à l'orient, et par dans l'esprit. Il nous a paru convenable
fois, par suite de circonstances particu d'en reproduire les traits principaux, à
lières, du nord-ouest au sud-est, beau cause de l'importance du sujet, et de
coup plus forte vers l'équateur que vers l'invraisemblance apparente du miracle.
les pôles, autant de caractères qui ne La station de la terre se place donc, com
s'expliquent que par une suspension mo me phénomène, sur le même rang que le
mentanée du mouvement de rotation du phénomène de la création et celui du dé
globe. Cette formation, confondue tan luge, et si sa cause nous paraît moins di
tôt avec les terrains secondaires supé gne du but, nous répondrons encore avec
rieurs, tantôt avec les alluvions moder Chaubard : Quelles conclusions veut-on
nes qui se forment sous nos yeux, com en tirer 9 -
prend les grands dépôts de sable de l'A- | Ajoutons, d'après le même géologue :
frique occidentale (Sahara, etc.), des cô a) que Josué se trouvait vers la position
tes occidentales et boréales de l'Europe de Beth-Horon-la-Basse au moment où
et de la Nouvelle-Hollande, les dépôts le soleil suspendit sa course; b) que, vu
arénacés de la Sibérie, avec les gros qua de là, le soleil avait en ce moment 24° 10'
drupèdes qui y ont conservé leurs poils environ d'amplitude ortive nord ; c) que
et leur peau, les brèches coquillières ou ce jour est postérieur au 20 mars et an
falun, les brèches osseuses du calcaire térieur au 24 juillet; Chaubard le fixe au
jurassique, les cavernes à ossements du 5 juillet environ : la lune devait se trou
même dépôt ; les coquillages bivalves ver dans son troisième quartier; d) enfin,
qu'on y rencontre y sont entassés sans que le soleil n'était levé que depuis 26 ou
ordre, tandis que dans les autres forma 27 minutes lorsqu'il s'est arrêté.
tions ils sont toujours dans leur posi Voir sur l'ensemble de cette question
tion naturelle, c'est-à-dire, leur valve su Chaubard, Elém., p. 267-334. La géolo
JOT 523 JOU
gie renferme encore tant de mystères et florissant : il pourvut à la sûreté du
que l'on ne saurait rien affirmer; chaque royaume par la construction de places for
savant présente son système , et nous tes, et agrandit la porte principale du
commande le doute par son absolutisme temple. Au dehors ses armes triomphè
même. Il suffit d'ouvrir un ouvrage quel rent des Hammonites, et il en reçut pen
conque pour s'en convaincre. Le travail dant trois années un riche tribut en ar
de Chaubard nous a paru ne pas répon gent et en blé. Il mourut en paix, et fut
dre à tout d'une manière satisfaisante , enseveli dans les sépulcres de ses pères.
mais il a le grand mérite d'être simple, Son nom se retrouve Es, 1, 1. 7, 1. Os.
sans prétentions, naturel, et de se rap 1, 1. Mich. 1, 1. 1 Chr. 5, 17. Matth. 1,
procher de la révélation plus que tous 9. Son avénement au trône fut marqué
les autres systèmes, ce qui est une ga par le commencement du ministère d'E-
rantie contre l'erreur, car c'est toujours saïe, qui fut son contemporain, ainsi que
là qu'il faut en revenir. Ce qu'il dit des Osée et Michée.
terrains de la dernière formation est · JOTSADAK. v. Jéhotsadak.
d'ailleurs plus fort et plus solide que les JOUR. Les Hébreux comptaient leurs
raisons qu'il allègue pour expliquer les jours d'un coucher de soleil à l'autre, se
formations précédentes. lon le commandement de Moïse, Lév. 23,
2° Josué de Bethsémès, 1 Sam. 6, 14. 32. Les Romains avaient deux sortes de
C'est au milieu de son champ que s'arrê jours avec des noms différents, le jour ci
tèrent les jeunes vaches que les Philistins vil et le jour naturel : le premier était
avaient attelées au char qui devait emme le même que chez nous : le second, qui
ner du milieu d'eux l'arche sainte. Les était celui de la vie ordinaire , commen
deux génisses furent offertes en holo çait à six heures du matin, et finissait à
causte à l'endroit même où elles s'étaient six heures du soir. Le jour civil des Juifs
arrêtées, mais l'indiscrète curiosité des variait en longueur, suivant les saisons de
Bethsémites donna à ce lieu un renom de l'année, mais était toujours partagé en
malheur, à cause de la plaie soudaine qui douze parties ou heures, Jean 11, 9., qui
fut leur châtiment. devaient elles-mêmes varier considéra
J0TBA. v. Jatba. blement, puisque les plus longs jours
JOTHAM, 1o le plus jeune des fils de allaient jusqu'à 14 heures 12 minutes,
Gédéon, et celui qui échappa seul au mas tandis que les plus courts ne comptaient
sacre de toute la famille, ordonné par que 9 heures 48 minutes, et que la diffé
Abimélec, Jug. 9, 5. Il est connu par la rence était ainsi de 4 heures 28 minutes.
fable qu'il raconta aux gens de Sichem, la Il ne paraît pas du reste que les Hébreux,
première fable que l'on découvre dans avantl'exil, aient connu d'autres divisions
toute l'antiquité, et qui prend place deux du jour que la division naturelle du ma
siècles au moins avant le grand fabuliste tin, du midi, Gen. 43, 16. Deut. 28, 29.,
de l'Orient : cette fable de l'égoïsme puni et du soir; on peut y joindre encore l'au
se distingue par son élégance, sa poésie, rore et le crépuscule : c'est des Babylo
et la justesse de son application. Jotham niens qu'ils ont pris, comme les Grecs
ne tira, du reste, pas d'autre vengeance aussi, d'après Hérodote 2, 109., la divi
des Sichémites qui avaient abandonné la sion du jour en 12 heures, Dan. 4, 19.
famille de son père, et il s'enfuit en dili 5, 5., division qui fut dès lors générale
gence à Béer entre Jérusalem et Béthel. ment adoptée et qu'on retrouve dans le
2° Jotham, onzième roi de Juda, fils et Nouveau Testament. C'est à la même épo
successeur d'Hozias, occupa le trône pen que probablement que remonte aussi la
dant seize ans (759-743). Il fit le bien de division dujour en quatre parties, et celle
vant l'Eternel, sans pouvoir cependant de la nuit en quatre veilles, q. v.—Quant
extirper l'idolâtrie de Juda, 2 Rois 15, aux jours de fête, v. Fêtes.
35. cf. 2 Chr. 27 , 2. La nation seule fut C'est par journées de chemin que les
coupable du bien qu'elle empêcha le roi premiers patriarches, et même les Juifs
de faire, et Jotham eut un règne prospère postérieurs, jusqu'apres les temps de
JOU 524 J0U
l'exil, appréciaient les distances, Gen.30, son sol noir et gras, et des bêtes sauva
36. 31, 23. Ex. 3, 18. 5, 3. Nomb. 10, 33. ges, des sangliers et des serpents y cher
33, 8. Deut. 1, 2. 1 Rois 19, 4.2 Rois 3, chent leur demeure. De là la vallée se ré
9. Jon. 3, 3. cf. 1 Macc. 5,24. 7, 45. Tob. trécit extrêmement, et le Jourdain par
6, 1. La même expression se retrouve en court 25 kilom. environ, avec une très
core dans le Nouveau Testament, Luc 2, grande rapidité, entre le bras est de l'Her
44., et dans Josèphe. Dans les anciens mon et les montagnes de Nephthali. (A
temps cette manière sommaire de mesu deux kilom. au-dessous du lac Mérom est
rer l'éloignement de deux villes était la un pont qu'une tradition inexacte a nom
plus ordinaire, peut-être la seule, comme mé pont de Jacob). Après une quaran
elle est encore en usage de nos jours chez taine de kilom. il entre dans le lac de Gé
les Arabes et les Perses ; mais sous le nésareth, qu'il alimente et d'où il ressort
point de vue géographique c'est une éva 25 kilom. plus bas. Son cours se régula
luation sans valeur, les journées des ca rise alors, et l'espace de 100 kilom. en
ravanes variant aisément de 6 à 12 lieues; viron il marche du nord au sud, presque
la journée moyenne est évaluée à 7 lieues ; parallèlement à la Méditerranée, dans une
Hérodote, 4, 101., qui a donné à la jour vallée chaude et profonde appelée la gran
née moyenne le chiffre le plus élevé, lui de vallée du Jourdain (arabe, El Ghor),
donne 200 stades ou 8 lieues. très étroite d'abord, mais qui s'élargit
JOURDAIN , le plus grand fleuve de la vers le midi. Les deux parois de monta
Palestine. Son nom (en hébreu, Jarden gnes qui forment cette vallée ne présen
ou Yarden) vient, selon les uns de yeor tent aucune interruption sensible, et,
ou yôr, qui signifie fleuve, et Den ou Dan, comme le Jura du côté de la Suisse, elles
fleuve qui a sa source près de Dan; selon semblent dans le lointain être de hautes
les autres, et avec plus de probabilité, de murailles d'un bleu à la fois mat et foncé.
yarad, descendre, couler avec impétuo La chaîne orientale est la plus élevée , la
sité (comme en allemand Rhein, le Rhin, plus continue et la plus uniforme. La val
vient de rinnen, couler). Il a plusieurs lée du Ghor se divise en trois parties :
Sources, dont deux principales : l'une est la supérieure, qui participe à la nature du
l'Hasbény ou Hasbéya, ruisseau qui par lac de Tibériade ; la moyenne, dont la
cOurt la haute vallée de l'Hermon sur un largeur est de 7 à 8 kilom. , et qui pré
sol noir, basaltique et poreux; l'autre est sente de beaux pâturages, quelques ha
le Banjas, qui sort d'une grotte profonde bitations et quelques ruines; enfin le Ghor
au pied des flancs boisés de l'Hermon, inférieur, qui participe à la nature de la
dans une belle et pittoresque contrée ; ce mer Morte; sa largeur est de 20 kilom. ;
second ruisseau, dont les eaux arrivent, il comprend la campagne de Moab, sur la
dit-on , du lac de Thiala par des canaux rive orientale, Nomb. 22, 1. 26, 3.63.33,
souterrains, acquiert immédiatement une 48., et celle de Jérico, Jos. 4, 13.5, 10.,
largeur considérable. Le Banjas est le sur la rive occidentale. La largeur et la
bras le plus considérable du Jourdain : il profondeur du Jourdain varient beaucoup,
se réunit, quelques lieues plus bas , à suivant les lieux et les saisons de l'année.
l'Hasbény et à plusieurs autres ruisseaux A son entrée dans le lac Mérom on éva
qui descendent de tous les côtés, et for lue sa largeur à 20 pas, à 80 lorsqu'il sort
me le lac Mérom, dont les rives sont ma du lac de Génésareth, de 60-90 pieds près
récageuses. Lorsque les eaux sont hau de Jérico, de 2 à 300 à son embouchure
tes, à l'époque de la fonte des neiges, ce dans la mer Morte; sa profondeur près de
lac remplit la vallée presque entière, sur Jérico est de 5 à 6 coudées , elle n'est
une largeur de trois lieues ; en d'autres que de 6 ou 7 pieds à 800 pas au sud de la
temps, au contraire, il n'est plus qu'un mer de Tibériade, et en été seulement de
marais, ou parfois même il se dessèche 3 pieds. (Ces diverses mesures sont pri
et disparaît presque complètement (Seet ses dans divers ouvrages ; on craindrait,
zen). Alors des roseaux, le papyrus et en les réduisant à l'unité, de commettre
d'autres plantes aquatiques, croissent sur ' des erreurs, les mots pieds, pas, coudées,
JUD 525 JUD
etc., n'ayant pas toujours la même va et de Léa, Gen. 29, 35. 35, 23. 37, 26.
leur). Le Jourdain est poissonneux, ses 1 Chr. 2, 1. Matth. 1, 2. Luc, 3, 33 (1755
rives sont couvertes d'arbres et de ro av. C.). Ce fut lui qui sauva la vie de
seaux, de joncs, de cannes et de saules ; Joseph, et qui conseilla de le vendre au
ses eaux sont troubles et jaunâtres, plu lieu de le tuer. Après un si grand crime,
tôt tièdes que froides, mais potables et l'union ne pouvait plus exister parmi des
pouvant se conserver assez facilement.— frères aussi jalousement haineux. Juda
L'Ecriture sainte parle du Jourdain en s'éloigna de sa famille, et vint demeurer
près de deux cents endroits : on sait les à Hadullam. Il y fit la connaissance d'une
miracles dont ce fleuve a été le témoin, Cananéenne, nommée Suah, qu'il épousa,
le partage de ses eaux sous Josué, 3, 13.; et dont il eut trois fils. Il maria succes
comment Elie et Elisée le passèrent à sec, sivement les deux aînés à une jeune fille,
2 Rois 2, 8.; comment le fer de la hache Tamar, idolâtre comme Suah, et, après
surnagea, 2 Rois 6, 6. 7., et la descente leur mort, il la destina encore pour
du saint Esprit sur notre Sauveur lors de épouse à Séla, le plus jeune de ses fils ;
son baptême, Matth. 3, 16. v. encore Gen. mais il tardait à accomplir ce mariage,
14, 14-20. cf. Ps. 110, 4. Hébr. 5,6.10. soit que Séla fût trop jeune, soit plutôt
7, 1-4. — Nomb. 23, 24, 25, 31, 12. cf. que Juda craignît pour son cadet un sort .
Apoc. 2, 14. - Jos. 1, 2. 14. Jér. 12, 5. semblable à celui des deux aînés. En at
49, 19. 50, 44. Zach. 11, 3. tendant, il devint veuf; quand les jours
JOZABAD ou Jéhozabad, etJozacar ou de son deuil furent écoulés, il se rendit à
Zabad, fils, le premier d'une Moabite, le Timnath, non loin d'Hadullam, et, ayant
second d'une Hammonite, tous deux pro rencontré une femme qu'il prit pour une
sélytes, assassinèrent Joas sur son lit, prostituée, il vint vers elle, lui promit
pour venger la mort de Zacharie, et fu un chevreau, et lui donna des gages.
rent mis à mort eux-mêmes par Amatsia, Bientôt après, on lui rapporta que Ta
fils et successeur de Joas, 2 Rois 12, 21 . mar, sa belle-fille, était enceinte ; qu'elle
14, 5.2 Chr. 24, 26. 25, 3. avait violé la foi promise à Séla, qu'elle
JUBAL, Gen. 4, 21., fils de Lémec et était adultère : le supplice du feu, en
de Hada, et frère de Jabal. Il inventa, di usage contre ce crime parmi les anciens
sent nos versions, le violon et les orgues, peuples (Jug. 15,6.), est impitoyablement
ou, d'une manière plus générale et sans prononcé par Juda contre Tamar : mais il
pouvoir préciser davantage, les instru doit révoquer sa sentence lorsqu'elle lui
ments à cordes et les instruments à vent, prouve, en lui montrant les gages qu'elle
peut-être une espèce de guitare et une a reçus de lui, que c'est de lui-même que
sorte d'harmonica. Chez tous les peuples, lui vient son déshonneur. Cette honteuse
l'invention de ces instruments de musi histoire se lit au 38e chapitre de la Ge
que remonte à une haute antiquité, et nèse, triste épisode dans une vie qui a eu
l'on aime assez à l'attribuer à quelque des moments sublimes à côté de beau
personnage important; c'est ainsi que les coup de faiblesses et de lâchetés. On
Grecs ont leur Apollon, dont le nom n'est ignore à quelle époque On en doit placer
pas sans quelque rapport étymologique le commencement et la fin; il est probable
avec celui de Jubal. Remarquons encore que, lors de la vente de Joseph aux Is
combien la découverte de cet art, si dif maélites, Juda était déjà marié; car, de
ficile en même temps qu'il est si naturel, puis ce moment jusqu'à la reconnaissance
touche de près à l'époque où les premiers de Joseph en Egypte, il ne se passa que
métiers utiles ont commencé d'être inven vingt-deux ans, temps qui serait trop
tés, combien l'agréable et l'utile ont ai court pour comprendre toute l'histoire
mé à marcher de front dans l'histoire du de Suah et de Tamar, le mariage de Juda,
développement de l'humanité. v. Musique. la naissance de trois fils, et le mariage
JUBILE. v. Année du Jubilé. possible de son cadet : or, lors du voyage
JUCAL. v. Jéhucal. d'Egypte, tout cet épisode est terminé.
JUDA. 1° Le quatrième fils de Jacob Sur le mariage successif d'une femme à
JUD 526 JUD
trois frères, cf. Deut. 25, 5. L'impres l'exception peut-être de celui de Manas
sion que ce récit laisse dans le cœur est sé. Il combatttit longtemps contre les
un dégoût profond, une sorte de mépris Cananéens de son territoire, contre les
pour la licence effrénée d'une époque pa Philistins, les Iduméens et les autres
reille. v. Grandpierre, Essais sur le Pen peuples Yoisins, avant que de les soumet
tateuque. Nous ne voudrions pas avoir tre entièrement. Ses ennemis étaient
parmi nos ancêtres le fils illégitime d'un plus redoutables encore que ceux de Ma
beau-père et de sa belle-fille; mais Jésus nassé, et ses frontières plus importantes
ne l'a pas craint : il est descendu en ligne que celles de l'Hauran, mais il en vint à
directe de ce Pharès, l'un des deux ju bout; la prière de Moïse fut exaucée : « O
meaux de Juda et de Tamar. Eternel, écoute la voix de Juda ! que ses
A l'époque de la famine, on trouve de mains lui suffisent, et sois-lui en aide
nouveau Juda rèuni à son père et à ses contre tous ses ennemis ! » (Deut. 33, 7.)
frères, Gen. 43, 3. C'est lui qui décide Ja Les prédictions du vieux Jacob s'accom
cob à laisser venir avec eux Benjamin; c'estplissaient aussi : « Juda est un faon de
lui qui porte la parole devant Joseph, lion ; il s'est couché comme un lion qui
quand il voit Benjamin sur le point d'être est en sa force, comme un vieux lion ;
retenu comme esclave ; c'est enfin lui qui le réveillera ? — Sa main a été (sous
qui vient annoncer à Joseph l'arrivée de David) sur le collet de ses ennemis, et
son père. (depuis la royauté davidique), ses frères
Juda, qui paraît avoir hérité du droit se sont prosternés devant lui, » Gen. 49,
d'aînesse, en suite de l'inceste de Ruben 8. Juda habitait un pays de vignobles, et
avec Bilha, et de la violence de Siméon et ses déserts même étaient de bons pâtu
de Lévi contre les Sichémites, est le rages, selon ce que Jacob avait annoncé
chef de la plus grande des tribus d'Is (ibid. 11 et 12.) « Il attache à la vigne
raël. On la voit la plus nombreuse dès le son ânon, et au cep excellent le petit de
temps de Moïse, Nomb. 1, 26.27., mar son ânesse; il lave son vêtement dans le
chant dans le désert à la tête des autres, vin, et son manteau dans le sang des
Nomb. 2, 3. 10, 14. et s'avançant la pre grappes ; il a les yeux vermeils de vin,
mière au combat. Jug. 1, 2. 20, 18., et les dents blanches de lait. »
comme elle figure aussi la première dans Après la mort de Saül, la tribu de Ju
l'énumération de 1 Chr. 12, 24. Son ter da se sépara des onze autres, et recon
ritoire s'étendait, à l'est, jusqu'à la mer nut seule la royauté de David, alors âgé
Morte; à l'ouest, jusqu'à la Méditerra de trente ans, pendant qu'Is-Boseth, fils
née; au sud, il allait de l'extrémité de de Saül, régnait sur tout le reste du pays.
la mer Morte au ruisseau d'Egypte; au Juda soutint son roi les armes à la main,
nord, de l'autre extrémité de la même et vit, au bout de sept ans et demi, son
mer jusqu'à Jamné, par la vallée du Cé parti victorieux et les tribus ennemies se
dron et par Kiriath-Jéharim. Juda était réunir à lui : cette vaillante tribu devint
donc, par sa position, le défenseur natu ainsi la première du royaume en influen
rel des frontières méridionales du pays ce; elle conserva ses avantages, et David
contre les Philistins, les Hamalécites, les y fixa sa résidence. Mais celle d'Ephraïm
Edomites et l'Egypte. ll reçut en partage ne put voir sans jalousie ce triomphe qui
115 villes : dont 29 dans des contrées in assurait à une autre tribu la prépondé
connues, voisines d'Hamalek et d'Edom , rance à laquelle elle avait toujours as
dans le pays du midi ; 42 dans la plaine, piré; et, profitant du mécontentement
depuis le pied des montagnes du plateau qui s'était manifesté chez plusieurs tri
à la Méditerranée; 38 sur la montagne bus sous le règne de Salomon, et qu'elle
ou sur le plateau, et 6 dans le désert qui s'était sans doute appliquée à entretenir,
est à l'ouest de la mer Morte. Quoiqu'il elle se mit à leur tête à la mort de ce mo
en ait cédé plusieurs à Siméon, à Dan et narque, et, ne pouvant réunir à elle le
à Benjamin, son territoire resta cepen royaume tout entier, elle proclama la di
dant encore plus grand qu'aucun autre, à vision du royaume en deux parties, dont
JUD 527 JUD .
l'une fut appelée, de son nom, royaume l'orient, par de puissantes frontières na
d'Ephraïm (quelquefois, mais impropre turelles, contre ses ennemis extérieurs ;
ment, royaume d'Israël), et l'autre, royau mais, des trois autres côtés, il était pres
me de Juda. que sans défense. Sa durée, jusqu'à sa
Deux tribus seules, celles de Juda et destruction par les Babyloniens, a été,
de Benjamin, composèrent le royaume de d'après les calculs les plus exacts, de 387
Juda ; il faut y joindre cependant aussi ou 388 ans (Ezéchiel, 4, 5., en nombres
quelques villes de Dan et de Siméon, ronds dit 390), c'est-à-dire de 975-588
2 Chr. 11, 10. 1 Rois 19, 3. Mais si ce av. C. Les chiffres indiqués dans les li
royaume fut petit, il n'en resta pas moins vres historiques pour le règne de chaque
le plus important des deux, non-seule roi porteraient la somme totale des an
ment parce qu'il avait à sa tête la dynastie nées à 393 ans et six mois; mais les an
légitime, la royauté davidique, mais en nées n'étant pas toujours complètes, il est
core parce qu'il renfermait la plus grande bien facile de réduire ce chiffre à celui
ville de toute la Palestine, Jérusalem, et de 387 sans altérer la justesse des cal
le temple et le tabernacle, seul sanc culs. Voici la liste de ces vingt rois :
tuaire vers lequel pussent se tourner les Roboam régna 17 ans, 1 R. 14, 21.
Juifs pieux et fidèles du royaume des dix Abijam -
3 — 15, 1.2.
tribus; enfin, Juda commandait à l'Idu Asa — 41 — 15, 10.
mée, dont les ports lui étaient assujettis, Josaphat — 25 – 22, 42.
et pouvaient être pour lui d'une grande Joram – 8 2 R. 8, 17
utilité militaire ou commerciale; mais il Achazia — 1 — 8, 26
ne sut pas toujours profiter de ses avan Hathalie — 6 — 11, 3.
tages.La faiblesse numérique du royaume Joas – 40 — 12, 1.
de Juda ressort de ce qui est dit, 1 Rois Amatsia – 29 — 14, 2
12, 21., que Roboam, voulant attaquer Jé Hosias — 52 — 15, 2
roboam , ne put mettre sur pied que Jotham — 16 — 15, 33
180,000 hommes, chiffre bien peu consi Achaz — 16 — 16, 2
dérable quand on se rappelle ce que nous Ezéchias — 29 — 18, 2.
avons dit des armées de ces anciens Manassé – 55 — 21, , 1.
temps: on voit encore, par 2 Rois, 14,9., AmOn — 2 — 21, 19.
l'immense différence que le roi d'Israël Josias – 34 — 22, 1.
mettait entre sa puissance et celle de Ju Joachaz - 3 mois — 23, 31.
da. Mais, dans l'esprit du peuple, la dy Jéhojakim – 11 — 23, 36.
nastie de Juda fut toujours considérée Jéhojachin - 3 mois – 24, 8.
comme la légitime, tandis que celle d'Is Sédécias — 11 — 24, 18.
raël était sortie d'une révolution, et n'a-
vait pas pour elle ce droit divin que, Ce fut, pendant toute l'existence du
seule parmi toutes les dynasties qui ont royaume, une seule et même dynastie;
existé, celle de David a pu revendiquer à le fils (et presque toujours l'aîné) monta
juste titre ; les prophètes n'ont pas man sur le trône à la place de son père, et
qué de relever toujours cette légitimité cet ordre ne fut changé ni par l'usurpa
du royaume de Juda. Sans doute, un pro tion momentanée d'Hathalie, ni par le
phète prédit à Jéroboam son avénement meurtre de Joas, ni par celui d'Amon, ni
au trône d'Israël, et lui annonça même même par l'intervention étrangère qui
qu'il serait béni s'il était fidèle; mais une détrôna Joachaz et lui donna pour suc
prédiction n'est pas une autorisation ; v. cesseur Eliakim son frère (Jéhojakim),
d'ailleurs 1 Rois 14, 14. Jéhu même, nou et qui, plus tard encore, remplaça Jé
vel usurpateur, fut également consacré hojachin par son oncle Mattania (Sédé
roi d'Israël par un prophète, 2 Rois 9, cias), frère de Joachaz. 2 R. 11, l. 12,
1 sq., et la dynastie de Jéroboam tomba 20. 21, 23. 23, 34. 24, 17. Malgré la so
comme elle s'était élevée. lidité du trône de Juda, presque aucun de
Le royaume de Juda était garanti, à ses règnes ne fut tranquille : dès le com
JUD 528 JUD "
mencement il dut lutter contre Israël, et dont il profita pour rallier sous son au
acheta le secours des rois syriens; puis torité religieuse ceux qui étaient demeu
l'anarchie du royaume schismatique lui rés de reste en Israël; mais bientôt, jeté
donna la paix pour quelques années, 1 R. entre les armées d'Egypte et d'Assyrie,
14-16. Lorsque Israël se fut raffermi, les il devint la proie de la première de ces
deux cours rivales conclurent unealliance, puissances; la dynastie cède à l'influence
1 R. 22, bientôt suivie d'un mariage, 2 malfaisante de l'Egypte, contre laquelle
R. 8, 18., qui blessa le royaume de Sy les prophètes avaient déjà de bonne
rie, premier allié de Juda. Les suites de heure essayé de la mettre en garde;
cette alliance furent fâcheuses, Sous le d'un autre côté Nébucadnetsar, le con
double point de vue politique et reli quérant de Babylone, creuse la fosse où
gieux, pour le royaume de Juda qui doit périr l'indépendance et la royauté
n'eût point dû rechercher la faveur des terrestre de ce petit royaume : il chasse
tribus rebelles. Une nouvelle révolution vers l'occident de l'Asie ses troupes in
dans le royaume des dix tribus mit fin à nombrables, pille Jérusalem, conduit en
cette alliance, et les Syriens irrités fon captivité la meilleure partie du peuple, et
dirent alors sur Juda, qui dut racheter sa finit par bouleverser et détruire entière
faiblesse par de grands sacrifices, 2 Rois ment capitale et royaume, sous le règne
12, 17. Un succès momentané rendit à et par la fausse politique de Sédécias,
Juda son premier courage et remonta qui n'avait que l'ombre du pouvoir et qui
son ardeur : il réussit à ramener sOus le ne la sut pas même conserver, 2 Rois 24,
joug les Edomites qui l'avaient secoué 20. Ez. 17, 15.
naguère, 2 Rois 14, 7., et enivré de cette Le culte du vrai Dieu ne fut jamais en
victoire, il déclara la guerre au royaume tièrement abandonné, alors même que
d'Israël, 2 Rois 14, 8.; mais Jérusalem fut l'idolâtrie avait pris possession du pays,
pillée, et la guerre cessa. L'anarchieayant et plusieurs rois s'efforcèrent, comme
recommencé en Israël, Juda put respirer Josias, de maintenir la pureté du culte
un moment plus à l'aise et jouir en paix et de lui rendre l'éclat qu'il avait eu aux
de ses conquêtes sur l'Idumée, 2 Rois 14, premiers temps de la royauté juive, sous
22. Puis Israël, remis de ses troubles in David et Salomon; cependant ce ne fut,
térieurs, renouvela ses attaques contre le plus souvent, qu'une religion exté
Juda, et s'allia aux rois de Syrie, qui rieure et cérémonielle, Jér. 6, 20. 7, 4.
s'emparèrent à leur tour des ports d'E- Les prêtres jouirent d'un grand crédit à
dom, 2 Rois 16, 6. Juda, trop faible pour la cour de plusieurs rois, mais ne réus
résister seul, crut se fortifier par une sirent pas toujours à purifier les mœurs,
nouvelle alliance avec une puissance in contre le relâchement desquelles les pro
fidèle, et rechercha le secours de l'Assy phètes, et notamment Esaïe, s'élevèrent
rie, qui s'étendait déjà vers l'Euphrate ; souvent et avec énergie. — Dans la pé
mais au lieu d'être son allié, Juda fut riode qui s'écoula depuis Ezéchias jus
bientôt son vassal tributaire, 2 Rois 18, 7.; qu'à la fin, une lutte s'éleva entre la
il dut, comme le cheval de la fable, ser royauté et l'aristocratie, Ez. 22, 6., et les
vir de monture à son libérateur. Il es grands essayèrent plus d'une fois de met
saya de secouer ce joug, se reposant sur tre les rois faibles dans une hOnteuse
l'appui qu'il attendait de l'Egypte, 2 Rois dépendance ; parfois ils réussirent, Jér.
18, 24.; mais il est probable qu'il n'eût 4, 9. 36, 12. 37, 15. 38, 25.
fait qu'aggraver sa position, si un mi Comme mœurs publiques, l'Ecriture
racle de l'Eternel ne fût venu lui rappe fait ressortir : un fort penchant à l'in
ler, en dispersant l'armée d'Assyrie, qu'il crédulité, Es. 5. 19. 7, 13. 28, 9. 29, 11.
vaut mieux se confier en Dieu que de se 30, 9., et un système de désobéissance à
reposer sur les grands, 2 Rois 19. Israël quelques-unes des prescriptions de la loi
fut emmené captif, les armées de l'Assy divine, la violation du jour du Seigneur,
rien durent se tourner vers d'autres en Jér. 17, 21. 34, 9. Ez. 5, 6., un luxe, une
nemis, et Juda eut un temps de répit, mollesse effrénée, Es. 3, 16. 5, 14., qui
JUD 529 JUD
douze. Enfin, selon Hégésippe, les petits que Jude pût se servir de son nom com
fils de Jude auraient été dénoncés à Do me d'une recommandation suffisante, et
mitien comme sectateurs de Christ, pré si Jude n'y a pas ajouté le nom de son
tendu roi d'Orient et descendant de Da père, c'est qu'Alphée était peu connu et
vid; mais l'empereur, voyant leur pau qu'il n'a servi à distinguer les deux Jac
vreté et leur profonde ignorance poli ques qu'aussi longtemps que le fils de
Zébédée était encore en vie.
tique, les aurait fait relâcher aussitôt.
Epître de Jude. L'auteur lui-même se On ne sait rien de positif sur l'époque
nomme Jude, serviteur de Jésus-Christ, de la composition de cette épître, non
frère de Jacques. Plusieurs opinions ont plus que sur l'occasion qui lui a donné
été mises en avant ; cependant celle qui naissance. ll y a un rapport intime entre
regarde Jude l'apôtre comme auteur de cette lettre et la seconde de Pierre, et
l'épître l'emporte de beaucoup sur les nous en reparlerons à propos de cette
autres, soit par l'unanimité de la tradi dernière. Il est probable que c'est aux
tion, soit par l'autorité des théologiens mêmes lecteurs que l'une et l'autre ont été
nombreux qui l'ont adoptée, soit enfin, adressées; elles ont toutes deux le même
par l'évidence des arguments qui militent but, celui qui est indiqué versets 3 et 4.
en sa faveur. 1° De Wette, et d'autres Un mal immense s'était glissé dans les
avec lui, voient l'auteur de l'épître dans Eglises, mal semé par les faux chrétiens
Jude frère de Jacques et fils d'Alphée, qui poussèrent les doctrines de l'Evan
mais différent de celui qui est surnommé gile, et notamment celles de Paul sur la
Lebbée ou Thaddée, lequel Jude selon lin de la loi et sur la liberté, jusqu'à la
eux devrait être entendu comme fils et licence dans la conduite, en propageant
non frère de Jacques, Luc 6, 16. Act. des idées qui plus tard se développerent
1, 13. Jude Lebbée serait ainsi fils d'un dans le gnosticisme, et selon lesquelles
Jacques inconnu. Ils s'appuient, entre le Dieu des Juifs, organisateur de l'uni
autres, sur ce que l'auteur de l'épître Vers et objet du culte judaïque, aurait
ne prend pas le nom d'apôtre. Mais on été un esprit subordonné et même malin;
peut répondre que l'auteur était libre de c'était en un mot une satire faite sur la
se désigner comme il l'entendait, et qu'il a doctrine de Paul. Pierre et Jude, qui ha
omis son titre d'apôtre comme Paul, Phil. bitèrent longtemps l'Orient, virent le mal
1, 1. Il a préféré se faire connaître quant et s'y opposèrent. Jude commença, et
à son autorité par le titre de serviteur Pierre vint plus tard le soutenir de son
de Christ, et quant à son individualité autorité plus connue sinon plus réelle,
par celui de frère de Jacques.—2° Wel en développant la lettre de Jude à laquelle
ker a pris Jude pour Judas Barsabas, il a emprunté plusieurs détails. — L'au
et Schott, lisant Judas Bar-Zébed, ferait thenticité de cette épître n'a jamais été
de ce Jude un troisième fils de Zébédée, sérieusement contestée; elle ne fut reçue
opinion qui n'a pas même besoin d'être ré dans le canon syrien qu'au quatrième
futée.—3°Grotius, qui voudrait voir dans siecle, et Eusèbe raconte qu'elle était re
cette épître une allusion à la secte gnos çue par les uns et lue dans les Eglises,
tique des carpocratiens, l'attribue à un mais que d'autres ne la reconnaissaient
Jude évêque de Jérusalem sous Adrien, point, non plus que celle de Jacques et
vers 130, et retranche en conséquence les deux dernières de Jean. On comprend
les mots « frère de Jacques, » contre l'au facilement qu'une si petite lettre, qui de
torité de tous les manuscrits.—4° Enfin, plus n'était pas de la main de Paul, et
l'opinion à laquelle nous n'hésitons pas qui fut adressée à des Eglises de l'Asie
à nous ranger, attribue l'épître à l'apôtre Mineure, ne soit pas entrée en circulation
Jude surnommé Lebbée et Thaddée, frère aussi vite que d'autres.Jérôme nous ap
de l'apôtre Jacques et fils d'Alphée. Jac prend encore une raison qui a pu retar
ques, l'évêque de Jérusalem, si connu et der la reconnaissance publique de cette
épître , c'est une de ces raisons dogma
si estimé dans l'antiquité chrétienne, était
le seul qui eût assez de célebrité pour tiques que les pères ont souvent préfé
JUD 532 JUG
pas assez clairement, on consultait l'É- avait pas un vengeur du sang, c'étaient
ternel, Lév. 24, 12. Nomb. 15, 34. 35. d'ordinaire les spectateurs qui remplis
On voit par ces détails que les formes saient cet office en lapidant la victime.
étaient toutes en faveur de l'accusé. Les témoins, plus solennellement respon
A l'époque des juges. ce furent ces sables, devaient jeter la première pierre.
hauts magistrats qui décidèrent des ques Deut. 17, 7. 5. 25, 2. Jér. 37, 15.
tions difficiles, Jug. 4, 5. Samuel paraît Des contrats de vente se faisaient aussi
avoir établi une espèce de jurisprudence assez souvent en public, Jér. 32, 10.44.,
plus régulière, faisant lui-même, et plus devant les juges ou simplement devant
tard faisant faire par ses fils le tour du des témoins, Jér. 32, 25. Ruth. 4, 9., et
pays pour l'administration de la justice, ce genre de notoriété pouvait remplacer
1 Sam. 7, 16. 8, 1. Après lui, les rois pour eux les preuves écrites.
furent juges, et non-seulement en der Pendant l'exil et après le retour, un
nière instance, mais encore juges ordi ordre semblable de judicature continua
naires, et abordables à tous ceux de leurs de subsister, et Esdras institua des juges
sujets qui venaient pour demander jus de chaque ville pour la nouvelle colonie.
tice; on peut en voir des exemples 2 Esd. 7, 25. 10, 14.
Sam. 15, 2.6. cf. 2 Chr. 19, 4.5. 1 Rois Sur tout ce sujet, v. Cellérier, Esprit
3, 16.2 Sam. 14, 4.2 Rois 15, 5. Cepen de la Lég. mos. I, 183. sq. II, 80. sq.
dant on trouve sous David et sous Salo JUGES. C'est le nom particulier que
mon l'établissement de tribunaux spé l'Ecriture donne à ces hommes extra0r
ciaux pour les différentes localités, cf. 1 dinaires qui furent suscités entre les
Chr. 23, 4. 26, 29. Lors de la réorga jours de Josué et ceux de l'établissement
nisation judiciaire qui fut faite par Josa de la royauté, charge en dehors des
phat, ces tribunaux eurent à régler tout autres, fonction passagère, et toujours
ensemble les cas de conscience et les une manifestation spéciale de la bonté de
procès civils ou criminels; ils se compo l'Eternel. Le peuple n'était pas encore
saient des sacrificateurs, ou d'un seul, maître du territoire, il n'en occupait au
réunis au juge du lieu ou bien au chef du cune portion d'une manière complète et
pays; dans ce dernier cas c'était la cour définitive; partout les Cananéens étaient
suprême, 2 Chr. 19, 8.11. mêlés aux Israélites qui, dans le com
Les prophètes et le livre des Proverbes mencement, avaient voulu, contre l'ordre
montrent que de nombreuses plaintes s'é- de Dieu, ménager leurs ennemis, et qui
levaient sur la partialité des juges, et l'on ne purent plus les déposséder entière
peut se convaincre que, malgré les sévères ment lorsqu'ils le voulurent. Ce premier
défenses de la loi à cet égard, Deut. 1, désavantage politique était encore aug
17., la vénalité des juges était presque menté par le penchant naturel de ce peu
générale, comme aussi les faux témoins ple au sensualisme religieux; et bien loin
étaient à l'ordre du jour, Es. 1,23.5,23. de songer toujours à repousser les pre
10, 1. Jér. 22, 3. Am. 4, 1. 5, 12. 6, 12. miers habitants du pays, ceux d'Israël se
Mich. 3, 11. 7, 3. Zach. 7, 9. Prov. 18, laissèrent entraîner plus d'une fois à par
10. 24, 23. 6, 19. 12, 17. 19, 5. 21, 28. tager leur idolàtrie : c'est ainsi qu'avant
cf. déjà 1 Sam. 8, 3. la venue de Jephthé, nous les voyons ado
Les rois avaient le droit, principale rer les uns après les autres, ou tous à la
ment en matières criminelles, de pronon fois, les dieux de Syrie, de Sidon, de
cer des sentences de leur chef; c'était Moab, des Hammonites et des Philistins.
une justice de cabinet, comme on la ren N'ayant ainsi ni territoire assuré, ni prin
contre encore de nos jours en Orient, 1 cipes religieux auxquels ils s'attachassent
Sam. 22, 16.2 Sam. 4, 9. 1 Rois 22, 26.2 d'une manière sûre et ferme, ils étaient
Sam. 12, 5.2 Rois 21, 16. Jér. 36, 26. sans force; et l'histoire sainte nous
Selon l'usage oriental l'exécution sui montre, dans ces six différentes servi
vait de près la sentence ; lorsque la peine tudes, autant de châtiments pour autant
de mort avait été prononcée et qu'il n'y de chutes religieuses. Ces servitudes con
JUG 534 JUG
sistaient parfois en de simples tributs à tous me le peuvent pas, et l'on ne doit les
payer, Jug. 3, 15.; d'autres fois c'étaient regarder que comme des essais. Ussérius,
une série d'hostilités, des atteintes con au lieu de 462 ans, n'en compte que 389,
tinuelles à la propriété, l'enlèvement des Bonnechose 389, Archinard 331, etc.
moissons ou des troupeaux, Jug. 6,3.11., Livre des Juges. L'auteur en est in
avec quelques intervalles de repos. Lors connu, mais comme le livre tire toute son
que la détresse était arrivée à son comble, autorité du Dieu qui l'a fait écrire, et nOn
les Juifs idolâtres retournaient à Jéhovah de celui qui l'a écrit, cela importe peu.
qui, seul, pouvait les délivrer; c'est alors Les Hébreux l'attribuent généralement à
que Dieu leur envoyait des juges revêtus Samuel sur la fin de sa vie, et c'est l'opi
de toute puissance, qui chassaient l'enne nion la plus probable, celle qui peut le
mi et ramenaient le peuple au sanctuaire. mieux se soutenir en l'absence de preu
Quinze juges gouvernèrent ainsi le pays ves positives. Des passages tels que Jug.
avec des interrègnes plus ou moins longs, 17, 6. 18, 1. 21, 25., montrent que la
Ce SOIlt :
royauté existait déjà en Israël, et que
Hothniel, 1405 av. C. Jug. 3, 9. cependant le royaume n'était pas encore
Ehud, 1325 — — 3, 15. divisé. D'un autre côté, la brusque inter
Samgar, 1305 — — 3, 31. ruption du livre au chap. 16, après le ré
Débora, 1285 — — 4, 4. cit des exploits et de la mort de Samson ,
Gédéon, 1245 — — 6, 12. lorsque la vie d'Héli et de Samuel eussent
Abimélec, 1236 — — 9, 1. dû le compléter, semble indiquer que ces
Tolah, 1233 — — 10, 1. deux hommes vivaient encore, qu'ils ap
Jaïr, 1210 — — 10, 3. partenaient à l'histoire contemporaine, et
Jephthé, 1188 — — 11, 1. que l'auteur n'a pas jugé convenable, peut
Ibtsan, 1182 — — 12, 8. être pas même nécessaire, de raconter
Elon, 1175 — — 12, 11. des faits connus de tous. Cette lacune
Habdon, 1165 — — 12, 13. | surprend d'autant plus que le commence
Samson, 1157 — — 13, 24. ment du livre, dont les deux premiers cha
Héli, 1137 — 1 Sam. 1, 9. pitres sont l'introduction , annonce un
Samuel, 1116 – — 7, 15. plan suivi, l'histoire complète d'une épo
On peut voir chacun de ces articles en que; or Héli, et surtout Samuel, ne pou
son lieu et place, ainsi que mon Histoire vaient être passés sous silence dans un tra
des Juges. Quant à la chronologie, on ne vail de ce genre : un contemporain seul a
peut la déterminer; en additionnant toutes pu n'en rien dire, ou faire sur ces deux
les dates qui se trouvent dans le livre des judicatures un travail à part, et les rai
Juges, on arrive pour cette seule période, sons intérieures sont toutes en faveur de
au chiffre de 462 ans qui ne peut s'ac l'opinion que nous avons exprimée. D'au
corder avec celui de 480 indiqué, 1 Rois tres ont attribué ce travail à Esdras, d'au
6, 1., pour toute la période qui s'est tres enfin supposent que chaque juge a
écoulée depuis la sortie d'Egypte jusqu'à écrit l'histoire de son administration , et
la construction du temple. On a donc été qu'un compilateur quelconque en a fait le
obligé de réduire ce chiffre, ce que l'on livre canonique des Juges. — Les trois
a essayé de faire, soit en regardant comme premiers chapitres sont un exposé de
simultanées des administrations qui sem l'état du pays après la mort de Josué, de
blent indiquées comme successives (par l'humiliation des Israélites d'abord, puis
exemple Samgar et Débora), soit en con de leur première idolâtrie; les chap. 4
fondant la durée des servitudes avec celle 16 renferment l'histoire des six oppres
du gouvernement du juge qui a précédé sions et des six délivrances ; c'est l'his
ou suivi (par exemple Ehud et l'oppres toire desjuges proprement dite; les chap.
sion de Jabin; l'oppression des Philistins 17-21 contiennent enfin deux épisodes de
et les judicatures de Jephthé, Ibtsan, Elon, la profonde immoralité qui s'était intro
Habdon et Samson). Ces calculs sont ar duite en Israël après la mort de Josué,
bitraires; plusieurs peuvent se justifier, et qui amena sur ce malheureux pays tant
JUI 535 JUP
lier à Guérizim, 2 Macc. 6, 2. A l'époque ciations avec le roi d'Edom, Nomb. 20,
des apôtres, Barnabas fut pris pour Jupi 14. Jug. 11, 17., la défaite d'un de ses
ter en même temps que Paul pour Mer rois par Josué, Jos. 12, 22., enfin la dé
Cure, et On vOulut leur offrir des sacrifi fiance de Moïse et d'Aaron au sujet du
ces dans le temple de Jupiter qui était rocher d'eau vive, et leur condamnation,
à Lystre, Act. 14, 12. 13. Des taureaux Nomb. 20, 2. Cette ville est donnée plus
Couronnés sont désignés dans ce passage tard comme frontière méridionale du pays,
comme victimes, cf. Iliad, 2, 402.AEneid. et notamment de la tribu de Juda, Nomb.
3, 21. 9, 627. 34, 4. Jos. 15, 3. Il est possible cepen
JUSTE. 1° v. Barsabas. — 2° Juste, dant que Méribah-Kadès soit différent de
chrétien d'entre les gentils, logea Paul à Kadès-Barné ; mais il en était, en tout
Corinthe lorsque celui - ci eut quitté cas, peu éloigné ; quant à Méribah, v. cet
Aquila pour se tourner des Juifs vers les article.— On distingue encore un autre
païens. D'anciens manuscrits portent qu'il Kadès, ou plutôt Kédès, q. v.
s'appelait Tite Juste, d'où Chrysostome KADMONIENS (les Orientaux), nom
et Grotius ont cru que c'était le même d'une peuplade cananéenne, Gen. 15, 19.,
que Tite à qui Paul a écrit; mais c'est du reste inconnue, que l'on place au-delà
une opinion peu probable.—3° Jésus ap du Jourdain, à l'orient de la Phénicie, et
pelé Juste, honorablement mentionné par non loin du Liban. Quelques-uns pensent
saint Paul parmi le petit nombre de ceux que Cadmus avait appartenu à cette tribu,
qui, Juifs de naissance, travaillaient acti et qu'Hermione, sa femme, avait reçu son
vementavec l'apôtre à l'évangélisation des nom du mont Hermon; ils trouvent une
Juifs, Col. 4, 11. Du reste inconnu. analogie de plus : les Kadmoniens étaient
JUSTICE. v. Juge. Héviens, et la racine de ce dernier nom
JUTTA, ville sacerdotale de la tribu de signifie serpent ; de là, disent-ils, la fa
Juda, située sur un plateau à peu de dis ble des dents de dragon semées par Cad
tance d'Hébron, Jos. 15, 55. 21, 16. mus, et des hommes vaillants qui en na
Non loin de là se trouvait une des sources quirent.
du Bésor. Quelques-uns pensent que KAGAB, Lév. 11, 22. v. Sauterelles.
c'est la ville indiquée Luc 1, 39., et ils li KAMON, ville de Galaad. appartenant
sent la ville de Juda ou Jutta, au lieu de à la tribu de Manassé, et dans laquelle
une ville, trouvant cette dernière expres fut enseveli Jaïr, Jug. 10, 5.
sion trop vague pour Luc qui aime à pré KARKAA , ville située dans la partie
ClS0I'. méridionale de la tribu de Juda, Jos. 15,3.
KARKOR, lieuau-delà du Jourdain, du
K côté de l'Arabie, Jug. 8, 10. Eusèbe et
Jérôme pensent au château de Carcaïa ou
KAB. v. Cab. Carcaria, à une journée de Pétra, ce qui
KABTSEEL. v. Jékabtséel. s'accorde assez bien avec le récit sacré, si
KADES, le même que Kadès-Barné, Nobah, qui paraît avoir été à l'est de Kar
Nomb. 20, 14. cf. 32, 8. Jos. 14, 7., et kor, 8, 11., est, en effet, comme l'a dit
peut-être aussique Méribah-Kadès, quoi Eusèbe, à 8 milles sud d'Esbus. v. Nobah.
que diverses circonstances puissent faire KEBAR, ou Chaboras, fleuve de la
douter de l'identité. C'était une ville en Mésopotamie, qui prend sa source près
tourée d'un district du même nom, au de Ras-el-Aïn, et qui coule d'abord à
sud-est de la Palestine, dans le désert de l'est, puis au sud, et à l'ouest, reçoit le
Tsin, sur les frontières d'Edom, non Mygdonius, et se jette dans l'Euphrate,
loin de Guérar, Gen. 14, 7. 16, 14. 20, près de Circesium. Une partie des dix
1. Nomb. 20, 1. 27, 14. 33, 36. 34, 4. . tribus avait été transportée sur les rives
Deut. 32, 51. Jos. 10, 41. Plusieurs sou de ce fleuve, et c'est de là qu'Ezéchiel a
venirs se rattachent à son nom : la mort daté plusieurs de ses prophéties, Ez. 1,
de Marie, sœur de Moïse, Nomb. 20, 3. 3,15.23. 10, 15.22.
l'envoi des douze espions, et les négo KEDAR et Kédaréniens, peuple des
KED 537 KEN
cendant d'Ismaël, Gen. 25, 13., horde vements des rois de la plaine : ils furent
nombreuse vivant dans des tentes, tou battus; ceux de Sodome et de Gomorrhe
jours nomade, et dont on ne peut pas in furent tués ; tous s'enfuirent ou furent
diquer, d'une manière précise, le terri faits prisonniers; leurs vivres et leurs
toire, puisqu'ils en changeaient souvent. richesses tombèrent au pouvoir de l'en
Ils erraient dans les déserts de l'Arabie, nemi. Mais, parmi les captifs, il s'en
loin de la Palestine, étaient riches en trouvait un qui craignait Jéhovah : c'était
troupeaux, faisaient un grand commerce, Lot; sa présence devait être la délivrance
de tous. Abraham, informé du malheur
et excellaient à tirer de l'arc, Es. 21, 16.
42, 11. 60, 7. Cant. 1, 5. Ps. 120, 5. Ez. de son neveu, part avec 318 de ses servi
27, 21. Jér. 2, 10. 49, 28. Ce sont pro teurs, partage ses troupes en bandes, fond
bablement les Cédréens de Pline. La de nuit sur le camp ennemi, met en fuite
langue de Kédar, chez les rabbins, désigne Kédor et ses alliés, et leur reprend, avec
l'arabe. . leurs prisonniers, toutes les richesses
KEDEMOTH, ville de Ruben, apparte qu'ils avaient injustement enlevées. Ké
nant aux Lévites, Jos. 13, 18. 21, 37. 1 dor s'enfuit jusqu'à Hobar, près de Da
Chr. 6, 79. Près de là se trouvait un dé II13S.
sert, Deut. 2, 26. KÉHATH, second fils de Lévi, Gen.
KEDES ou Kadés. 1° Ville de Nephtha 46, 11. Nomb. 3, 17. 1 Chr. 6, 1., na
li, lévitique, et l'un des six lieux de re quit en Canaan, et fut père de Hamram,
fuge d'Israël, d'abord résidence d'un roi et, par lui, grand-père de Moïse et
cananéen, Jos. 12, 22. 19, 37. 20, 7. 21, d'Aaron, Ex. 6, 16-20.; il vécut cent
32. Jug. 4, 6. Elle était fortifiée, 2 Rois trente-trois ans. Ses descendants, l'une
15, 29. 1 Chr. 6.76. Josèphe la met sur des trois branches lévitiques, furent char
les frontières de la Galilée et de la Phé gés, dans le désert, de porter l'arche et
nicie, et lui donne les environs de Tyr les ustensiles du tabernacle, Nomb. 4, 4.
pour territoire. 2° Ville au sud de Juda, Ils étaient au nombre de 2,750 personnes,
Jos. 15, 23.; 3° d'Issacar, 1 Chr. 6, 72. de trente à cinquante ans, à la sortie
v. Kison. d'Egypte.
KEDOR-LAHOMER, Gen. 14, 1. (1912 KEHILAH, ville des plaines de Juda,
av. C.), roi d'Hélam. Plus fort que tous Jos. 15, 44.1 Chr. 4, 19. Néh. 3, 17. 18.
les autres petits chefs des contrées avoi Elle fut prise par les Philistins, et déli
sinantes, il avait su, pendant douze an vrée par David, 1 Sam. 23. Elle était située
nées, se rendre et se conserver tributaires à quelques lieues est d'Eleuthéropolis, et
les rois de Sodome, de Gomorrhe et des une ancienne tradition y place le tombeau
autres villes de la plaine qui, enfin, lasses du prophète Habacuc.
du joug, se soulevèrent et refusèrent de KEMOS, divinité nationale des Moabi
payer le tribut. Au bout d'une année, tes et des Hammonites, Nomb. 21, 29.
pendant laquelle Kédor, sans doute, avait Jug. 11, 24. 2 Rois 23, 13. cf. Jér. 48,
pris ses mesures, il s'avança contre les 7., dont Salomon même autorisa le culte
· rebelles, accompagné de trois rois, ses en Israël, 1 Rois, 11, 7. Quelques-uns,
voisins. Les princes des cinq villes s'ar sur l'autorité de Jérôme, la confondent
mèrent et vinrent au-devant de lui ; mais avec Bahal-Péhor; d'après l'étymologie,
déjà Kédor-Lahomer était triomphant ; il on pourrait la croire identique avec Béel
venait de conquérir toute la vallée orien zébub; d'autres croient que c'était le dieu
tale du Jourdain ; il avait pénétré jusque de la guerre. Une tradition juive porte
dans l'Idumée, et la défaite des cinq rois que Kémos avait pour emblème une étoile
n'était plus pour lui qu'un succès facile ; noire. On en fait encore Saturne, ce que
il les rencontra dans la vallée de Siddim, son rapprochement de Moloch, 1 Rois
pleine de l'asphalte qui donna plus tard 11, 7. 2 Rois 23, 13., rend assez vrai
son nom à la mer qui engloutit les cinq semblable. v. Caldéens.
villes. Ce terrain de bitume et les crevas KENAN. v. Caïnan. -
ses qui le traversaient, gênèrent les mou KENATH, ville de Galaad, à laquelle
KEP 538 KIK
Nobah donna plus tard son nom, Nomb. min, Jos. 9, 17. 18, 26. — 2° Fils de Ki
32, 42. Jug. 8, 11. 1 Chr. 2, 23. Eusèbe riath-Harim, Esd. 2, 25.
et Jérôme l'appellent Kanatha et la pla KÉREN-HAPPUCH. v. Jémima.
cent en Arabie (Trachonite); Ptolémée et KÉRÉTIENS, 1 Sam. 30, 14. etailleurs.
Josèphe la mettent en Célésyrie et la Ce nom qui désignait sans doute primi
comptent avec la Décapole. — Burckhardt tivement les habitants de l'île de Crète,
a trouvé des ruines assez considérables fut conservé ensuite à leur descendants
portant le nom de Kanuat. les Philistins ;v. Caphtorim.
KENAZ, Jos. 15, 17, v. Kéniziens. KÉRlJOTH. 1° Ville de Juda, Jos. 15,
KENIENS ou Kiniens, 1 Chr. 2, 55., 25., probablement le lieu d'origine de
peuplade dont le nom correspondrait à Judas le traître, q. v. 2° Ville moabite,
celui des Troglodytes grecs ; ils habi Jér. 48, 24.41. Am. 2, 2.
taient des montagnes et des rochers KÉRITH, 1 Rois 17, 3-6., un des af
inaccessibles, Nomb. 24, 21. C'était une fluents du Jourdain, sur les bords duquel
des tribus cananéennes, Gen. 15, 19.; Elie fut nourri par les corbeaux de l'air ;
leur demeure était au couchant de la mer il descend des montagnes d'Ephraïm.
Morte, vers le sud, et s'étendait assez en KETSIHA. v. Jémima.
avant, du côté de l'Arabie, sur le terri KÉTURA, Gen. 25, 1. 1 Chr. 1, 32.,
toire des Hamalécites, puisque Jéthro, le seconde femme d'Abraham, ou plutôt une
beau-père de Moïse, était Kénien, Jug. 1, simple concubine qu'il prit après la mort
16, et que, du temps de Saül, les Ké de Sara ; quelques-uns pensent qu'elle
niens étaient mêlés avec les Hamalécites, était cananéenne, d'autres croient que
1 Sam. 15, 6. Il paraît que la parenté d'al c'est Agar qu'Abraham rappela auprès de
liance qui existait entre Moïse et cette lui, les motifs de son expulsion n'exis
peuplade, fut pour elle une branche de tant plus. On n'en sait rien, mais ce der
salut ; car, quoique les Kéniens fussent nier cas est peu probable. Elle donna au
du nombre de ces Cananéens qui devaient prophète six fils, qu'il renvoya comme
être exterminés pour céder la place à Is Ismaël après leur avoir fait des présents,
raël, on en retrouve plusieurs vivant en ce qui semble bien prouver qu'il ne
diverses parties de la Palestine, princi voyait pas en eux sa postérité, et qu'il
palement dans le nord, Jug. 4, 11. 17.5, ne les considérait pas comme légitimes.
24.; peut-être ceux qui se soumirent fu —Quelques auteurs prétendent qu'Abra
rent-ils admis à jouir de ce privilége, ham avait déjà épousé Kétura du vivant
comme sous Josué les Gabaonites; les de Sara.
autres se retirèrent en Idumée. Leur ter KIDON, 1 Chr. 13, 9., v. Nacon.
ritoire faisait partie de celui qui fut don KIJUN, Am. 5, 26., v. Caldéens.
né plus tard à la tribu de Juda. KIKAJON, Jonas 4,6-10.Saint Jérôme,
KÉNIZIENS, peuplade cananéenne in après avoir traduit l'hébreu par lierre,
connue ; elle n'est nommée que Gen. 15, avoue qu'il ne se contente de cette tra
19. On croit qu'ils habitaient le midi de duction inexacte que parce que le mot
la Judée. Le nom de Kénizien se retrouve propre manque en latin , et qu'il aime
Nomb. 32, 12. Jos. 14, 6. 14.; est-ce mieux cependant mettre dans ce passage
qu'il rappelle cette tribu ? Est-ce que un mot bien connu que d'y laisser sub
Kénaz, Jos. 15, 17. Jug. 1, 13., aurait sister le terme hébreu, qui pourrait don
pris lui-même son nom de la tribu à la ner lieu à des malentendus plus fâcheux
quelle auraient appartenu ses ancêtres ? encore que l'inexactitude. Il pense d'ail
Ou bien n'y a-t-il là qu'un rapport acci leurs comme Celse (et plus tard Bochart,
dentel, et le nom de Kénaz serait-il de Calmet, Michaélis, Rosenmuller, Harris,
venu, à son tour, un nom patronymique ? Gesenius, Winer, etc.), que le kikajon
On ne peut décider, mais cette dernière est la même plante que les Egyptiens ap
supposition est la plus probable. pellent kiki, et les Arabes el kéroa, en
KÉPHIRAH. 1° Ville des Gabaonites français le ricin ou la palme de Christ.
qui fut ensuite cédée à la tribu de Benja « En Grèce, rapporte Hérodote (2, 94.),
KIK 539 KIK
cette plante croît spontanément et sans et sur le devant de leurs boutiques pour
culture; mais les Egyptiens la soignent, se procurer ainsi quelque ombrage.
ils la Sèment sur les bords des rivières Ces détails sont d'accord avec ce que
et des canaux, et lui font produire en le passage de Jonas fait connaître du ki
grande abondance des fruits d'une odeur kajon, pourvu toutefois qu'on ne presse
très forte, qu'ils pressent ensuite, et dont pas outre mesure les mots du récit : rien
ils extraient une huile bien connue, qui n'indique combien de temps cet arbuste
a des qualités médicinales, et qui brûle à mis à croître, quoiqu'il soit évident que
avec autant d'éclat et de facilité que l'hui son développement a été fort prompt ;
le d'olive. Les Egyptiens appellent la Dieu le prépara, est-il dit, et les paroles
plante sillicyprion, et l'huile kiki. » — du verset 10 : « il est venu en une nuit, »
Niebuhr, dans sa description de l'Arabie, marquent simplement, ou bien en général
décrit ainsi l'el kéroa : « Cette plante a la rapidité de son accroissement, ou bien
la forme d'un arbre, quoique son tronc qu'en une nuit il a crû assez pour don
n'ait pas la consistance du bois ; chacune ner au prophète le bienfaisant ombrage
de ses branches est terminée par une qu'il lui refusait la veille encore, quoiqu'il
seule large feuille à six ou sept lobes; le eût déjà une certaine hauteur et des feuil
sujet que j'examinai était près d'un ruis les en germe. Le desséchement de la
seau qui l'arrosait continuellement ; en plante s'explique de la même manière ; il
cinq mois il avait crû de 8 pieds et por a été rapide, comme sa venue : l'ardent
tait alors des fleurs et des fruits , mûrs soleil dont Jonas se plaint aura nui à l'ar
et non mûrs : les feuilles et les fleurs que buste, et le ver qui le ronge peut être
je détachai de la tige se flétrirent en pris littéralement, comme aussi l'on peut
fort peu de minutes, comme font celles l'entendre d'une espèce de chenilles noi
de tous les végétaux d'un rapide accrois res, assez grandes, et fort nombreuses,
sement. On l'appelle à Alep palma Christi. qui pendant les jours les plus chauds de
Les chrétiens et les juifs de Mosul (Ni l'année éclosent sur certains arbres, no
nive), disent que ce n'est pas cette es tamment sur le kikajon, et en rongent en
pèce dont il est parlé dans l'histoire de une seule nuit toutes les feuilles, sans
Jonas, mais une autre aux feuilles plus qu'il rêste plus de l'arbre autre chose
nombreuses et plus larges, et d'un déve qu'un squelette. Mais si cette histoire
loppement plus prompt. » — Le ricin tout entière peut s'expliquer naturelle
(classe XXI, monadelphia de Linnée), est ment, elle n'en a pas moins été amenée
une plante bisannuelle qui atteint en quel par l'intervention directe de l'Eternel
ques jours la hauteur d'un arbre pouvant Dieu, et il est possible que la venue et
cacher un homme sous l'ombrage de ses la mort du kikajon aient été plus rapides
feuilles ; sa tige, d'abord herbacée , de qu'elles ne le sont d'ordinaire.
vient plus tard ligneuse, mais elle est A cet arbuste malheureux se rattache le
creuse en dedans, pleine de nœuds et souvenir du grand égoïsme du prophète;
d'articulations, et munie de grandes feuil Jonas voulait que Ninive pérît, mais il
les à longs pétioles, ayant la forme de voulait épargner le kikajon, parce que le
feuilles de vigne, plus lisses et plus noi salut de Ninive compromettait la vérité
res que celles du plane, dentelées en de sa prophétie, et que la mort de l'arbris
forme de scie : les fleurs sont jaunes, et seau était pour lui une cause de souf
dans les deux sexes, sans corolles ; leur france physique : il recherchait son inté
fruit est une gousse ou silique triangu rêt propre, et tenait peu compte de la
laire, munie de poils durs et piquants, vie de 120,000 hommes.
dont les grains donnent l'huile blanche Plus tard le même arbrisseau a été une
ou jaunâtre dont nous avons parlé. On source de troubles dans une portion de
trouve principalement cet arbuste en Ara l'Eglise chrétienne. Saint Augustin, s'ap
rabie, en Egypte et en Syrie, et le rabbin puyant de l'autorité des S-ptante, du sy
Kimhi raconte que les Orientaux ont l'ha riaque et de l'arabe, croyait que le kika
bitude d'en planter devant leurs maisons jon signifiait la citrouille ; saint Jérôme,
KIR 540 KIR
Débir, Jos. 10,38. cf. 15, 15. Jug. 1, 11., le plus restreint de ce mot, il faut enten
ou Kiriath-Sannah, Jos. 15, 49., ville dre l'île de Chypre, puis dans un sens
cananéenne, Jos. 10, 38., fut donnée au plus éloigné, les autres îles et les côtes
territoire de Juda, Jos. 15, 49. Jug. 1, 11., septentrionales de la Méditerranée; v. Ez.
puis déclarée ville lévitique, Jos. 21, 15. 27, 6. Dan. 11, 30. Nomb. 24, 24. Jér.2,
1 Chr. 6, 58. Elle paraît ne pas avoir été 10. Es. 23, 1. Aucun de ces passages ne
située loin d'Hébron, v. Jos. 10, 36.38., contient des indications bien précises, et
etc., et les meilleures cartes portent, en les interprètes varient d'opinion sur la
effet, un bourg Dabir à l'ouest de cette situation de Kittim; les uns, comme Cal
ville. met, s'appuyant sur 1 Macc. 1, 1.8, 5., y
KIS. 1° Fils d'Abigabaon et de Mahaca, ont vu la Macédoine ; d'autres, comme
1 Chr. 8, 30. — 2° Fils de Ner et père de Bochart, ont entendu par là les Romains ;
Saül, berger et guerrier, nous est dépeint l'opinion de Josèphe enfin, celle qui se
comme un homme de grand courage. Quel justifie le mieux, et que nous avons adop
ques ânesses de ses troupeaux s'étant éga tée, s'appuie d'abord sur ce que le nom
rées, il envoya son fils Saül à leur re de Kittim s'est conservé en Chypre dans
cherche, 1 Sam. 9,3., mais bientôt inquiet la ville de Cittium, puis sur ce que les ha
de l'absence prolongée du jeune homme, bitants de cette île sont évidemment d'o-
dont il paraît avoir ignoré les futures des rigine phénicienne, et que le dieu Bahal y
tinées, il le fait chercher, et ne le revoit était adoré. L'île de Chypre fournissait en
que roi d'Israël, 10, 2.11. Son nom se abondance une espèce de bois de cèdre
retrouve 2 Sam. 21, 14. 1 Chr. 12, 1.8, ou de pin dont les Tyriens faisaient usage
30. 9, 39. 26, 28. Act. 13, 21. — 3° Lé pour la construction de leurs vaisseaux.
vite, fils d'Habdi, de la famille de Mérari, Ce nom doit être pris figurément et
2 Chr. 29, 12. d'une manière tout à fait générale, Nomb.
KISJON, ville lévitique d'Issacar, Jos. 24, Jér. 2, pour désigner des peuples oc
19,20.21,28., appelée Kédès dans le pas cidentaux.
sage parallèle 1 Chr. 6, 72. KORAH, Gen. 36,16., v. Coré 1°.
KISLOTH, Jos. 19, 12., v. Tabor.
KISON, maintenant MokataouMekatta, L
fleuve ou rivière de la Palestine, qui for
mait la frontière naturelle de Zabulon LABAN, Gen. 25, 20. 24, 29. (1856 av.
vers le sud et l'ouest, se jetant dans le C.), riche propriétaire de troupeaux dans
golfe de Ptolémaïs, au nord-ouest de Kai les plaines de la Mésopotamie, fils de Bé
fa, après avoir traversé la plaine de Jiz thuel, petit-fils de Nacor le frère d'A-
réhel, Jug. 4, 7. 5, 21. 1 Rois 18, 40. Ps. braham, et ainsi petit-neveu de ce pa
83, 9. Ses eaux sont abondantes en hi triarche. Il consentit avec empressement
ver, mais en été l'on peut le traverser à au mariage de sa sœur Rèbecca avec le
gué sans difficultés. ll prend sa source au fils unique du riche Abraham, avec Isaac,
mont Tabor, dont il baigne le pied mé cousin germain de son père Béthuel. Plus
ridional, cf. Jug. 4, 12-14. 5, 19-21. Il tard, c'est chez lui que le fils de sa sœur,
coule au pied du Carmel, et partout ré Jacob, vient chercher un asile contre la
pand la fertilité sur ses rives. L'Anglais colère d'Esaü qu'il redoute. Ces deux
Shaw l'a confondu avec le Raz-al-Kison, hommes rusés se font pendant une ving
qui a sa naissance et coule à l'est du taine d'années une sourde guerre, qui
mont Tabor. préluda de la part de Laban, par la substi
KITRON, ville de Zabulon, mais long tution de Léa à Rachel dans le mariage
temps habitée, et peut-être toujours, par de Jacob, Gen. 29. Le missionnaire Hart
des Cananéens, Jug. 1, 30.; peut-être la ley, dans son voyage en Grèce, rapporte
même que Kattath, Jos. 19, 15. un exemple analogue d'un jeune Armé
KITTIM, peuplade nommée Gen. 10,4. nien à qui l'on donna, grâce au voile
parmi les descendants de Javan, à côté nuptial qui couvre presque entièrement la
d'Elisa, Tharsis et Dodanim. Dans le sens personne, une sœur aînée au lieu de la
LAB
• • *
542 LAI
cadette qu'il avait demandée en mariage, conservé que le nom du vrai Dieu. Hom
et des faits de ce genre ne sont pas pré me de la terre, il lui fallait un dieu de
cisément rares en Orient. terre pour représenter le céleste qu'il
Après que Jacob eut gagné ses deux ne pouvait voir ; et bientôt le dieu de
femmes par quatorze années de travail, terre était devenu son dieu unique, il
Laban s'arrangea avec lui de manière à l'avait multiplié pour suppléer par le
ce que l'un et l'autre trouvassent leur nombre à l'insignifiance. Le paganisme,
avantage à cet accord mutuel; maisJacob, chez Laban comme chez tous ceux qui ont
par des subterfuges dont nous avons parlé connu la vérité et qui en ont renié la
à cet article, s'enrichissait chaque année force, a toujours commencé par le cœur;
au détriment de son beau-père, ce qui mé et quand on jette les yeux sur ce qu'on
contenta bientôt et les fils de Laban et La appelle maintenant la chrétienté, on ne
ban lui-même. Les rapports des deux fa trouvera que trop de chrétiens, ou plu
milles s'aigrissaient et s'envenimaient ; la tôt de païens comme Laban, qui ont leurs
confiance avait disparu, l'amitié avec elle, dieux et leurs deesses, à côté du grand
et dans cet état de rivalité jalouse et de Dieu de la Loi et de l'Evangile. La doc
tension continuelle, Jacob finit par com trine des images et le culte des saints
prendre qu il devait partir. Il profite, sont, dans l'église romaine, un achemi
pour l'exécution de son dessein, d'une nement bien clair vers cette foi double et
absence de Laban, et celui-ci, à son re bâtarde qui veut allier Dieu et le monde,
tour, ne trouve plus ni son gendre, ni ses la religion et l'idolâtrie, le christianisme
filles, ni ses petits-fils; aussitôt il assem et le paganisme , et, sans qu'on s'en doute,
ble ses parents et ses serviteurs, et plein la religion de Laban a pour partisans
de colère, se met à la poursuite des fugi tous ceux dont les œuvres ne correspon
tifs. Mais en chemin une vision l'arrête : dent pas à la profession qu'ils font d'être
Dieu lui défend de nuire à Jacob qu'il chrétiens; Dieu est dans leur bouche,
protége, et lorsque, près des montagnes mais ils cherchent les idoles du monde,
de Galaad, les deux familles se rencon et, comme Laban, ils ne les trouveront
trent, la colère de Laban est apaisée ; point.
il reproche seulement au patriarche son LAC. v. Mer, et les articles spéciaux.
départ précipité et l'enlèvement de ses LADHA. v. Hel. - -
dieux, et finit par lui proposer une solen LAHMAS, ville des plaines de Juda,
nelle alliance d'amitié. Un simple monu Jos. 15, 40. Quelques manuscrits portent
ment de pierres fut élevé en souvenir de Lahmam.
cette journée qui se termina par un sa LAHMI, 1 Chr.20, 5., frère de Goliath,
crifice et un festin offert par Jacob. La et digne de lui : la hampe de sa halle
ban jura l'alliance par les dieux d'Abra barde était comme l'ensuble d'un tisse
ham , de Nacor et de Taré, Jacob par le rand. il fut tué par El-Hanan. Dans le
Dieu redoutable que craignait lsaac son passage parallèle, 2 Sam. 21, 19., le texte
père, et les deux familles se séparèrent; est corrompu et porte, au lieu de Lahmi,
Laban partit de grand matin et s'en re Bethhallahmi, que nos versions ont tra
tourna en son pays. Son histoire s'ar duit par bethléémite, et qu'elles ont dû
rête-là. joindre au nom du vainqueur, en sous-en
Quelle était sa religion ? Il reconnais tendant alors frère de devant le nom de
sait l'Eternel (24, 50. 30, 27.) et jurait Goliath.
par les dieux de Nacor, 31, 53., même il LAlS, ville de l'extrême frontière nord
rendait un culte à des théraphims. C'était de la Palestine, Jug. 18, 7. Jér. 8, 16.
un commencement de paganisme et d'ido Deut. 34, 1. D'abord colonie sidonienne
lâtrie. Toujours membre de la grande qui portait aussi le nom de Lésem, Jos.
famille des patriarches , et descendant 19, 47., au pied du Liban, dans une con
d'Hé,oer, il n'était cependant pas descen trée fertile, près des sources du Jour
dant d'Abraham; sa foi s'était obscurcie, dain, elle fut plus tard appelée Dan par
ou plutôt sa foi était morte, et il n'avait les Danites qui s'y établirent, et bâtirent
LAN 543 LAN
une nouvelle ville sur les décombres de coup de théologiens chrétiens très res
l'ancienne qu'ils avaient détruite, Jos. pectables, à Grégoire de Nysse en parti
19, 47. Jug. 18, 29.; ce dernier nom lui culier, qui ne voit dans le récit de Moïse,
est déjà donné par anticipation, Gen. 14, Gen. 11, qu'une chose fort simple et fQrt
14. Laïs fut, sous tous ses noms, un siége naturelle, savoir, que les hommes s'étant
célèbre d'idolâtrie, et Jéroboam y insti séparés pour un motif quelconque, il ré
tua le culte d'un veau d'or, 1 Rois 12,29. suita de leur dispersion que, chacun fai
LAIT. v. Bœuf, et Nourriture. sant quelques changements à la langue
LAKlS, résidence d'un roi cananéen, qu'il avait apprise de ses pères, ils finirent
ville située dans les plaines de Juda. Jo par ne plus pouvoir s'entendre. D'un
sué la conquit et la donna à la tribu de autre côté, le texte littéral du récit sa
Juda, Jos. 10, 3. 31. 15, 39. Elle fut for cré semble favoriser davantage l'autre
tifiée par Roboam contre les Philistins, opinion, que Dieu, par un effet subit de
2 Chr. 11, 9., assiégée plus tard par Sa tOute-puissance, fit oublier aux hom
Sanchérib dans sa campagne contre l'E- mes, ou à la plus grande partie d'entre
gypte, 2 Rois 18, 14. Es. 36, 2. 37, 8. eux, leur langue primitive, et leur en ap
(v. encore 2 Rois 14, 19.), et enfin dé prit de nouvelles, ou les força de s'en
truite par Nébucadnetsar dans la guerre créer d'autres par le besoin de se com
d'extermination des Caldéens contre le prendre et l'impuissance où ils se trou
royaume de Juda, Jér. 34, 7. Elle repa vaient de se servir de la langue qu'ils
raît encore après l'exil, Néh. 11, 30. Le avaient parlée précédemment.
prophète Michée, 1, 13., semble faire de A cette question se rattache celle de .
cette ville le centre de l'idolâtrie de Ba savoir quelle est la langue primitive, celle
hal qui couvrit le royaume.— Lakis sub que tous les hommes parlaient avant le
sistait encore sous le même nom au temps jour de la confusion. Nous laissons en
d'Eusèbe et de Jérôme, qui la mettent à tièrement de côté toutes les théories et
7 milles d'Eleuthéropolis vers le sud, tous les débats relatifs à l'histoire de la
dans le district de Daromas. langue naturelle de l'humanité, de cette
LAMEC, Luc 3, 36., v. Lémec 2°. langue innée que quelques savants idéo
LAMENTAT10NS. v. Jérémie. logues prétendent devoir exister au moins
• LANCE. v. Armes. virtuellement, bien que personne ne la
LANGUE. Lors de la construction de connaisse : la langue étant une affaire de
la tour de Babel Dieu confondit les lan convention, et, dans tous les cas, le lan
gues pour séparer les hommes, comme gage naturel ne pouvant plus se retrou
aux jours de la Pentecôte il donna mira ver nulle part ni jamais, à cause de l'exis
culeusement de nouvelles langues pour tence actuelle des langues connues, la
recueillir son peuple. Mais l'un et l'autre question serait pour le moins nécessaire
de ces événements remarquables donne ment sans solution, et il y a peut-être
lieu à une série de questions épineuses quelque avantage à n'y pas perdre son
qu'il n'est ni facile ni même possible de temps. - Il y a peu de langues qui
résoudre toutes. Pour traiter ce sujet, il n'aient revendiqué l'honneur d'être la
faudrait en avoir fait une étude longue et langue primitive, l'hébreu, le caldéen,
spéciale; peu d'hommes font ce travail et l'arabe, le syriaque, le chinois, et jus
nous devons nous borner à des généra qu'au flamand (v. Gorope Becan, Ori
lités. gines, etc., Anvers,), etc.; et devant cette
La confusion des langues est-elle la concurrence d'ambitions, on se demande
conséquence immédiate de l'intervention avant tout si cette langue primitive n'est
divine, et fut-elle la cause de la disper peut-être pas éteinte, et si nous la con
sion P ou bien, au contraire, la différence naissons encore. Voici comment Preis
des langues a-t-elle été la suite naturelle werk résout cette question dans sa gram
de la dispersion des hommes ? Cette der maire hébraïque, Introd., xx. « Nous de
nière manière de voir n'appartient pas vons admettre, dit-il, que l'ancienne lan
aux rationalistes seuls, mais aussi à beau gue des pieux ancètres du genre humain
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s'est conservée dans la famille d'Héber, ble-t-il, que l'étude des langues étran
fidèlement et indépendamment de la con gères ait été assez cultivée des Juifs, si
fusion de langage des autres peuplades, non par goût, du moins par nécessité, car
et que la langue que nous connaissons ils avaient de continuels rapports de com
sous le nom de langue hébraïque re merce avec les Egyptiens, par exemple, et
monte jusqu'aux premiers jours de l'hu avec les Assyriens, le grec cependant pa
manité. Entre plusieurs raisons qui prou raît avoir fait exception, et l'on raconte
vent que l'hébreu était la langue des pa que Jérusalem étant un jour assiégée par
triarches, nous n'en citerons qu'une : les Asmonéens, fut livrée par un Juif qui
c'est que les noms propres des patriar parlait grec, et que depuis ce temps on
ches jusqu'à Adam sont évidemment hé maudit quiconque parlerait cette langue
breux. » La même thèse a été soutenue perfide et traîtresse.
et savamment traitée d'abord par Calmet, La question du don des langues ne peut
puis, de nos jours, par Haevernick, Ein ètre traitée par la science; elle ressort
leit. $ 26. p. 145-155. Winer et d'au de la foi. L'on ne peut rien ajouter ni
tres savants n'hésitent pas, en revanche, retrancher à tout ce qui est raconté Act,
à se prononcer fortement en faveur de la 2, et 1 Cor. 14 ; et pour celui qui se
priorité du sanscrit. On comprend que, tient à cette révélation avec un cœur
pour discuter cette question, il faudrait simple et pur, la lumière ne lui manquera
entrer dans des développements que le pas. Ce miracle subsista dans l'Eglise
travail actuel ne permet pas, dans des aussi longtemps qu'il le fallut pour la
· recherches et des digressions de philo conversion et l'affermissement des païens;
logie et de linguistique qui n'intéresse il subsistait encore aux jours d'Irénée.
raient que fort peu de lecteurs, pas Dieu seul connaît à cet égard ce qu'il doit
même tous ceux qui pourraient les com donner à son Eglise, mais chaque fidèle
prendre. L'ouvrage de Haevernick est doit savoir ce qu'il doit demander.
celui qui se recommande le plus aux sa v. Néander, le Siècle apostol., trad. par
vants sous ce rapport, et plusieurs ratio Fontanès, et une thèse intéressante de
nalistes , ordinairement assez injustes Le Fort.
pour ceux qui ne partagent pas leurs LAODICÉE, ville de l'Asie Mineure,
idées, ont parlé de ce travail avec grande qui fut des premières évangélisée , et
estime. dans laquelle on trouva de bonne heure
Outre l'hébreu, 2 Rois 18, 26. Néh. 13, une église chrétienne, mais qui s'endor
24. Est. 8, 9., la Bible fait encore men mit dans le relâchement, Apoc. 1, 11. 3,
tion de quelques autres langues, le cana 14. Saint Paul adressa à cette église, Col.
néen, Es. 19, 18., le caldéen, Dan. 1,4., 4, 16., une lettre qui, selon les uns, s'est
l'araméen, que les mages parlaient à la perdue ; ou plutôt (v. ce que nous avons
cour de Babylone, Dan. 2, 4., et qui est dit à l'art. Ephèse ) c'était la même que
aussi employé dans quelques édits des la lettre aux Ephésiens, et elle devait ser
gouverneurs perses en Palestine, Esd. 4, vir d'encyclique à plusieurs églises de
7. cf. 2 Rois 18, 26., l'asdodien , Néh. l'Asie Mineure. Laodicée était dans le
13,24., et dans le Nouveau Testament le voisinage d'Hiérapolis et de Colosses, à
syro-caldéen, le grec, le latin et le lycao 7 lieues de cette dernière ville, Col. 4,
nien, Jean 19, 20. Act. 14, 11. 21, 37. 13. 15. On trouve encore sur une inscrip
Apoc. 9, 11. Luc 23, 38., sans parler des tion Laodicée, I.ycus, Caprus; et sur
langues qui furent parlées le jour de la d'autres, Laodicée sur le Lycus, pour la
Pentecôte, Act. 2, 8.—On ne trouve du distinguer d'autres villes ou endroits du
reste chez les Juifs aucune trace d'inter mème nom. Laodicée était en effet située
prètes, sauf le seul cas Es. 36, 11. où il non loin du Cadmus, où le fleuve assez
ne s'agissait pas même d'une langue dif considérable du Lycus prend sa source,
férente, mais seulement d'un autre dia et près du confluent du Caprus et du
lecte de la même langue. De cette absence Méandre. C'était une ville fort commer
de truchemans on peut conclure, sem çante; On y trouvait surtout des changeurs
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d'argent. Elle porta d'abord le nom de pidation. La même peine est aussi pro
Diospolis, plus tard celui de Rhoas; ce noncée une seule fois contre un animal,
lui de Laodicée lui fut donné en l'hon le taureau qui aurait tué un homme, Ex.
neur de Laodice, épouse d'Antiochus IIle 21, 28. cf. Lév. 20, 15.
Divin. Une source considérable d'eau L'Ecriture sainte ne décrit nulle part
chaude se trouvait entre Laodicée et Apa la manière dont la sentence était exécu
mia, exhalant une espèce de fumée qui tée : on voit seulement que c'était sur la
planait sur sa surface. Quelques-unes place publique, en dehors de la ville,
des eaux de Laodicée même avaient la Lév. 24, 14.23. Nomb. 15, 36. 1 Rois
vertu de pétrifier les objets. Strabon dit 21, 10. 13. Act. 7, 56., et que les té
que les murs dont On entourait ces sour moins devaient les premiers jeter la pier
ces, se faisaient en bois, et qu'ils ne tar re au condamné, Deut. 17, 7. Act. 7,
daient pas à être pétrifiés par la source. 57. cf. Jean 8, 7. D'après les rabbins, il
L'an 66 de Christ, sous Néron, cette y avait deux sortes de lapidation, l'une
ville fut détruite par un tremblement de consistant simplement à accabler de pier
terre, mais déjà rétablie sous Marc Au res le coupable, l'autre d'après laquelle
rèle. Tacite place ce tremblement de terre on le conduisait sur une hauteur escarpée
dans la septiéme année de Néron, c'est élevée d'au moins deux longueurs d'hom
à-dire entre 60 et 61, en ajoutant que, me; un des témoins le précipitait et l'au
malgré la grandeur du désastre , les ri tre, pour l'achever, lui roulait une grosse
ches habitants de Laodicée la firent re pierre sur le corps; si cela ne suffisait
construire, au moins en grande partie, pas, la multitude elle-même achevait le
dans la même année. v. Phrygie. On en malheureux.-La lapidation servait aussi,
voit encore des ruines assez considéra dans certains cas , à l'exécution d'une
bles sous le nom d'Eskihissar. prompte justice ou d'une vengeance po
LAPIDATION. Ce supplice (v. Juge pulaire, la multitude grossière sachant se
débarrasser ainsi de ceux qui avaient eu
ments, Peines) était infligé, d'après les
lois israélitiques, à tous ceux qui avaient
le malheur de lui déplaire, Ex. 8, 26. 17,
outragé la majesté de Jéhovah, aux ido 4. Matth. 21, 35. Luc 20, 6. Jean 10,
lâtres, séducteurs, blasphémateurs, vio 31. 11, 8.Act. 5, 26. 7, 57. 14, 19., non
lateurs du sabbat, faux prophètes, de seulement chez les Juifs, mais chez d'au
vins, prOnOstiqueurs, etc., comme à ceux tres peuples, depuis les jours de Moïse
qui avaient soustrait ou dérobé une chose jusqu'à ceux de Jésus.
vouée à l'interdit, Lév. 20, 2. 27. 24, LAPIN. v. Shaphan.
14. Deut. 13, 1. 6. cf. 18, 20. 17, 2. LAPPIDOTH. Débora est appelée épou
Nomb. 15, 32. 1 Rois 21, 10. Jos. 7, 25. se de Lappidoth, Jug. 4, 4., et il est assez
Act. 6, 13. 7, 58., à des fils notoirement probable en effet que c'est là le nom de
et obstinément rebelles, vicieux et déso Son mari : quelques-uns cependant ont
béissants, Deut. 21, 18., à des fiancées voulu y voir le nom de son village, et
ou à des épouses infidèles, et à leur sé d'autres le nom de sa profession, fai
ducteur, Deut. 22, 20.23. — D'après les seuse de lampes.
rabbins (v. Mishna Sanhed.7, 4.), les en LASEE. v. Crète. -
être fils d'Abraham selon la chair, et ne LÉBONA, ville au nord de Silo, Jug.
pas reposer dans le sein d'Abraham : on 21, 19. Maundrell la retrouve dans le vil
en peut tirer aussi cette autre terrible con lage de Leban, à 4 lieues sud de Naplou
clusion qui a été développée dans un ser se, du côté de Jérusalem, ce qui est as
mon de M. de Félice, c'est que ceux qui sez possible. Burckhardt nomme ce village
ne sont pas touchés et convertis par la Lemna, et fait l'éloge de sa grande beauté.
lecture de la Parole, resteraient également LEHABIM, Gen. 10, 13., peuplade pro
insensibles aux manifestations les plus bablement identique avec les Lubim ou
magnifiques de la puissance divine. Lybiens, 2 Chr. 12, 3. La Lybie s'éten
LÉA, fille aînée de l'araméen Laban, dait depuis Alexandrie jusqu'à Cyrène, et
sœur de Rachel, Gen. 29, 16. Plus âgée et peut-être encore plus loin ; elle servait
moins belle que sa sœur, Léa n'avait pas à désigner d'une manière générale le nord
inspiré à Jacob les mêmes sentiments, et de l'Afrique, comme la Scythie le nord
ne devint son épouse que par une ruse de de l'Asie, et les Indes le centre et le sud
son père. Moins aimée, elle donna ce de cette partie du monde.
pendant plus d'enfants à Jacob, d'abord LEHI, et plus complétement Ramath
Ruben, Siméon, Lévi et Juda, Gen. 29, Léhi (hauteur, côteau de la mâchoire),
32., puis Issacar et Zabulon, Gen. 30, 17. Jug. 15, 17. 19. C'est le nom que Sam
35,23., et enfin une fille, Dina, 34, 1. Elle son donna d'abord au lieu qui avait été
eut encore par sa servante Zilpa, qu'elle témoin de sa victoire sur les Philistins.
donna à son mari, Gad et Aser, Gen. 30, Plus fort que mille, le Ilazaréen s'était
9. Ce fut là toute sa vie ; on ignore l'é- cru un Hercule , mais bientôt la fatigue
poque de sa mort, qui eut lieu en Ca et la chaleur l'épuisèrent ; aucune source
naan, où elle fut ensevelie dans les sé ne se trouvait dans le voisinage : il se
pulcres de sa famille, près d'Hébron, là rappela qu'il dépendait de Dieu, et l'in
où reposaient déja Sara, Abraham et Isaac, voqua. Dieu l'exauça et, au lieu d'un nom
49, 31. — On s'étonne de ne pas la trou destiné à célébrer sa victoire, Samson
ver mentionnée dans le voyage de Jacob donna à la source un nom qui devait rap
en Egypte, 46, 5., mais du fait même du peler sa faiblesse, celui de Hen-Hakko
lieu de sa sépulture on peut croire qu'elle reh (la source de celui qui crie). Un mi
était déjà morte à cette époque. — Son racle lui avait donné de l'eau, une dent
nom est rappelé Ruth 4, 11., parmi les s'était ouverte, une source limpide en
vœux adressés à Booz par le peuple et par jaillissait. On croit généralement que c'est
les anciens. — Léa , est-il dit, avait les une des dents de la màchoire d'âne qui
yeux tendres. Le mot hébreu n'exprime se partagea pour livrer le passage à l'eau
pas précisément l'idée de tendresse, mais qui devait désaltérer le grand juge, et le
plutôt celle de mollesse, de faiblesse, op texte, comme le génie de l'hébreu, appuie
posée à celle de vivacité, peut-être à celle cette manière de voir. Cependant la ver
de grandeur. Dans les rivalités et les lut sion de nos Bibles contient un mot de
tes de jalousie qui ont eu lieu entre elle trop : « Dieu fendit une des grosses dents
et sa sœur, elle a dû avoir toujours le de cette màchoire d'âne » ; l'hébreu porte
sentiment de ses torts, la conscience simplement : « Dieu fendit une grosse
qu'elle était entrée dans la maison de Ja dent de la mâchoire (ou de Léhi) » ; et en
cob par une usurpation ; elle avait sans hébreu, comme chez nous, le mot dent
doute consenti à la tromperie qui lui don peut signifier un rocher élevé, un pic (la
nait un époux, cependant Laban prend la Dent du Midi, les Dents d'Oches) ; on
faute sur lui, comme il est probable aussi peut donc traduire, sans faire aucune vio
que c'était lui qui avait imaginé l'échange lence au texte : « Dieu fendit un des ro
et qui l'avait fait exécuter; peut-être Léa chers de Léhi », un des rochers de cette
n'a-t-elle fait qu'obéir à la volonté pa élévation sur laquelle était le vainqueur
ternelle. Mère de Juda, elle compte par des Philistins. Que l'on choisisse main
mi les ancêtres de Jésus. tenant entre les deux miracles, cela im
LEBBÉE. v. Jude. porte peu, le miracle n'en reste pas moins
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grand : l'eau jaillissant du rocher a quel « Ai-je donc tué quelqu'un P et d'ailleurs
que chose de plus naturel : l'eau sortant Dieu ne me le pardonnerait-il pas?» D'au
de la nrâchoire avait peut-être plus d'à- tres, enfin, supposent que ces paroles
propos, et Dieu disait par là que seul il n'expriment que les projets d'une fierté
pouvait donner à cet instrument de car féroce. « Je me sens plus fier et plus mé
chant que Caïn; si quelqu'un me touche,
nage la force dont s'était glorifié Samson
comme s'il l'eût trouvée en lui-même.je le tue, quand il ne me ferait qu'une
(M. Coquerel affirme « qu'un enfonce légère blessure. » Peut-être le plus sim
ment du sol s'ouvrit aux pieds de Sam ple est-il de prendre le chant de Lémec
son », et il donne son idée comme la seule comme une composition poétique d'un
version que le texte autorise. C'est une mauvais genre que la tradition aurait con
erreur : à peine cette traduction peut servée, et que Moïse rappelle en y ratta
elle être acceptée en seconde ou troisiè chant en même temps la peinture du ca
me ligne; dans tous les cas elle est moins ractère de son auteur. « Ce Lémec est celui
probable et moins justifiée que celles que qui a composé le méchant et sanguinaire
nous avons indiquées, et d'autres ratio couplet bien connu : « Ecoutez, etc. » v. le
nalistes, comme Winer et Gesenius, ne Comm. de Schrœder.
mentionnent pas même, ou repoussent 2° Lémec ou Lamec, Gen. 5, 25.1 Chr.
fortement, la traduction qu'on veut faire 1, 3. Luc 3, 36., descendant de Seth et
croire seule autorisée). fils de Méthusélah, vécut sept cent cin
LÉMEC. 1° Cinquième descendant de quante-trois ans. Il devint père de Noé à
Caïn, le premier polygame connu, Gen. l'âge de cent quatre-vingt-huit ans, et
4, 19. 23., épousa Hada et Tsilla, qui, lui donna son nom, qui emporte l'idée
d'après Josèphe, lui donnèrent soixante de repos, « parce que, dit-il, celui-ci nous
dix-sept fils; la Bible ne nomme que Jabal, soulagera de notre œuvre et du travail de
Jubal , Tubal-Caïn et Nahama. « Epouses nos mains sur la terre que l'Eternel a
de Lémec, dit-il un jour à ses femmes, en maudite. » Ces paroles, qui dans leur sens
tendez ma voix, écoutez ma parole ; je le plus simple pourraient ne se rapporter
tuerai un homme, s'il me fait une bles qu'à la joie de Lémec d'avoir un fils pour
sure, même un jeune homme, s'il me fait aide et compagnon de sa vie, renferment
une meurtrissure, car si Caïn est vengé aussi une première trace des espérances
sept fois, Lémec le sera soixante-dix-sept messianiques : Lémec voyait que le péché
fois. » Qu'est-ce que ce chant énigma était arrivé à son comble, et que le juge
tique 9 Les interprètes s'y sont perdus. ment de Dieu ne pouvait se faire atten
Quelques-uns pensent qu'un double meur dre ; il prévoyait que son fils serait un
tre l'accable, celui de Caïn qu'il aurait tué instrument remarquable dans la main de
par inadvertance, dit la tradition, et celui Dieu, et il aura, comme tant d'autres,
de son fils Tubal-Caïn, qu'il aurait tué rapproché dans la perspective prophéti
comme l'auteur involontaire de ce pre que des événements qui devaient être sé
mier meurtre : il cherche alors à se con parés par des siècles, la délivrance de Noé,
soler au sein de sa famille par l'espérance la délivrance du monde par Jésus.
que la miséricorde divine qui a protégé LÉMUEL, Prov. 31, 1. Selon les uns
Caïn lui serait aussi accordée, et même c'est un nom symbolique, mais il ne pré
en proportion de ses crimes; ou bien il Senterait comme tel aucun sens conve
veut amuser ses femmes en leur chantant nable , d'autres y voient, au moyen de
ses crimes, et en se moquant de la ven quelques changements de lettres, le nom
geance céleste ; il y ajoute l'ironie, et de Salomon; d'autres, en recourant à l'a-
suppose que Dieu, l'amateur du crime, rabe, y trouvent le nom d'Ezéchias; et la
lui saura plus gré encore de son double mère de ce roi serait, ou bien Bathsébah,
meurtre, et le protégera davantage. D'au ou bien Abi; d'autres pensent enfin à
tres pensent que Lémec, voyant ses fem quelqu'un de ces petits rois inconnus, voi
mes effrayées de toutes les armes inven sins de la Judée, mais c'est encore moins
tées par ses fils, leur dit pour les rassurer : vraisemblable. L'opinion la plus générale,
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qui prend Lémuel pour Salomon, a quel égales, on arrose le tout de beurre fondu,
que chose de naturel quand on considère et c'est pour la classe moyenne son prin
l'ensemble du recueil des Proverbes ; elle cipal et presque unique régal, surtout
se justifie aussi par le contenu de ce 31e pour le repas du soir (Burckhardt). Dio
chapitre, qui renferme de si beaux con gène de Laerte, comme Esaü, a nommé
seils à un jeune roi, v.2-9., et de si sages ce potage un plat roux, et cette dénomi
avertissements d'une mère pieuse à son nation lui convient d'autant mieux qu'en
jeune fils, une description si pleine de Orient les lentilles ont une cosse rouge
grâce et de vérité du caractère d'une brun. Il résulte du passage d'Ezéchiel
épouse vertueuse, 10-31 ; et l'on com qu'on faisait aussi du pain de lentilles ;
prend parfaitement ces paroles dans la Athénagore et Celse disent la même
bouche de Bathsébah, qui, enlevée à son chose, et Sonnini l'appuie de son témoi
premier époux, aurait dû partager le re gnage pour l'Egypte actuelle, mais seu
pentir du séducteur si elle avait été com lement dans les temps de famine et pour
plice, et dans tous les cas se rattacher les classes pauvres.
toujours plus fortement à la vertu conju LEOPARD, Cant. 4, 8. Es. 11, 6. Jér.
gale, qui seule peut assurer le bonheur 5, 6. 13, 23. Os. 13, 7. Hab. 1, 8. Dan.
de l'époux et de l'épouse. Mais on se de 7, 6. Apoc. 13, 2. C'est par ce mot que
mande pourquoi et à quel propos Salomon nos versions traduisent partout l'hébreu
aurait pris ici le pseudonyme de Lémuel ; namer : d'autres, comme Luther, Wi
on ignore pourquoi Salomon se serait ca ner, etc., le traduisent par panthère. Il
ché sous un faux nom, et il suffit de cette n'est pas facile de décider laquelle de ces
improbabilité pour faire rejeter cette sup deux traductions doit être préférée, vu
position. On doit admettre que Lémuel que tous les détails que l'Ecriture sainte
était peut-être, comme Agur, un des sages donne de cet animal conviennent aussi
dont il est parlé 24, 23.; ou bien que c'est bien à l'un qu'à l'autre : la seule chose
un nom fictif, et que Salomon, ou un autre qui prouverait en faveur de la panthère,
auteur inspiré, aura mis dans la bouche c'est qu'elle paraît avoir été connue en
d'une mère, également fictive, les conseils Palestine (v. Seetzen et Burckhardt), tan
qu'il fait adresser au jeune roi. — Les dis que le léopard y aurait été rare et
deux fragments de ce chapitre sont com peut-être même inconnu. D'un autre côté,
plétements indépendants l'un de l'autre, l'analogie du caldéen, du syriaque, de
pour la forme comme pour le fond. l'arabe et de l'éthiopien (Bochart), de
LENTILLES, l'eruum lens de Linnée même que l'uniformité de traduction des
(Cl. XVII, 3.), petit légume bien connu, Septante, de Jérôme et des anciens, sem
et dont il est parlé Gen. 25, 34.2 Sam. bleraient militer fortement en faveur de
17, 28. 23, 11. Ez. 4, 9. Les lentilles d'E- nos versions. Mais à la base de tout cela
gypte était fort estimées des anciens, règne une confusion d'histoire naturelle,
principalement celles d'Alexandrie; on la confusion de trois espèces voisines et
les cultivait également en Palestine, 2 différentes, la panthère, l'once, et le léo
Sam. 23, 11., où elles étaient, comme au pard. La pardalis des Grecs a eu succes
jourd'hui encore en Orient, une nourri sivement en latin les noms de panthère,
ture sans doute toujours frugale, mais de pard, et de léopard; c'est la panthère
appétissante, et que ne dédaignent pas proprement dite, que les Arabes nomment
même les riches et les grands. D'après le encore aujourd'hui alnemr ou nemer, et
voyageur Shaw, on fait bouillir un plat que Bochart a nommée léopard tout en
de lentilles avec de l'huile et de l'ail; ainsi voulant désigner la panthère. La petite
apprêtées, elles forment une espèce de panthère d'Oppien est sans doute l'ani
bouillie couleur chocolat, qu'Esaü a bien mal que les voyageurs modernes ont ap
pu appeler « de ce roux, » et qui est en pelé once, plus petit que la panthère et
core la nourriture la plus habituelle de que le léopard. Enfin le léopard est un
presque toutes les classes. En Arabie, on animal de la Guinée, du Sénégal, et d'au
mèle du riz et des lentilles par portions tres pays méridionaux, que les anciens pa
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raissent n'avoir pas connu du tout; son ment fréquentés par ces féroces animaux;
nom, qui faisait alors double emploi avec ainsi Nimra au-delà du Jourdain (de ne
celui de panthère, a été depuis déterminé mer), Nomb. 32, 3., Beth-Nimrah, ibid.
d'une façon plus spéciale, et appliqué au 36. Jos. 13, 27., les eaux de Nimrim, Es.
léopard proprement dit. Il n'y a donc rien 15, 6. Jér. 48, 34. (Il serait possible ce
d'étonnant à ce que les anciennes traduc pendant que ces noms , v. Nimrah, eus
tions, qui étaient exactes vu le sens que sent une autre étymologie); enfin la mon
l'on donnait à ce mot, ne le soient plus tagne des panthères, Cant. 4, 8.
maintenant, et leur accord prouve d'au Esaïe, faisant la description du règne
tant mieux que ce que les Hébreux nom glorieux du Messie sur la terre (11, 6.)
maient namer est la panthère de nosjours. dit qu'alors la panthère gîtera avec le che
Le corps de cet animal (felis pardus, L.), vreau, bel emblème, si ce n'est qu'un em
lorsqu'il a pris son entier accroissement, blème, de la paix qui animera le monde,
a environ deux mètres de longueur, outre et du changement qui se sera opéré dans
la queue, qui est longue de plus de 70 cen les cœurs violents, haineux, durs et pas
timètres; la peau est d'un fauve plus ou sionnés, à l'égard des faibles et des dé
moins foncé sur le dos et sur les côtés, bonnaires.
blanchâtre sous le ventre; elle est mar LEPRE, lépreux. Cette impure et dé
quée de taches noires en grands anneaux solante maladie, endémique en Egypte et
ou en forme de roses, vides au milieu, dans la partie méridionale de l'Asie mi
parfois avec une tache au centre; il n'y a neure, était aussi l'un des fléaux les plus
que des taches pleines sur la tête, la poi redoutés des Juifs, chez qui elle était assez
trine, le ventre et les jambes; cf. Jér. 13, fréquente ; c'était une épouvantable cala
23. La panthère vit en Afrique et en Ara mité, Deut. 24, 8.; on la regardait comme
bie, sur le Liban et aux Indes. Elle est or envoyée de Dieu, Nomb. 12, 10. 2 Chr.
dinairement nommée à côté du lion dans 26, 19., et on ne la souhaitait comme ma
l'Ecriture. Fière, sauvage, indomptable, lédiction qu'à un ennemi mortel, 2 Sam.
elle ne redoute aucun animal, et ne craint 3, 29. 2 Rois 5, 27.
pas d'attaquer l'homme lui-même, ce que La lèpre se manifeste d'abord à l'épi
le tigre et le lion n'osent faire que lors derme, mais elle ne tarde pas à attaquer
qu'ils sont pressés par la faim ou provo le tissu cellulaire, les membranes grais
qués au combat. Sa course est rapide, seuses, les os, la moelle et les articula
ses yeux sont vifs et continuellement en tions; ses progrès sont lents, mais elle
mouvement, son expression est cruelle se communique très facilement, surtout
et méfiante; elle a les oreilles courtes et par la cohabitation, et le père la lègue à
le cou épais; ses pieds de devant ont ses enfants jusqu'à la troisième et qua
cinq doigts, ceux de derrière n'en ont trième génération, s'affaiblissant à me
que quatre, mais tous armés de griffes sure, et perdant de son intensité de telle
fortes et aiguës, qui lui servent à retenir sorte que chez le fils de l'arrière-petit
sa proie aussi solidement que les dents. fils, sa présence ne se constate plus que
Carnivore, et dévorant énormément de par des dents gâtées et tartreuses, une
nourriture, elle est néanmoins toujours haleine fétide, et une apparence débile et
maigre. Cet animal est d'une remarquable maladive.
fécondité, mais il a pour ennemis le tigre Le développement de la lèpre est favo
et le lion, et ces races terribles se font risé par une atmosphère humide et mal
la guerre les unes aux autres ; c'est ainsi saine, par la malpropreté, et par une nour
que Dieu a pourvu à ce que, pour un riture grasse et huileuse; ses indices
temps du moins, leur multiplication ne avant-coureurs sont de petites taches de
fût ni trop rapide, ni trop grande. la grosseur d'une pointe d'épingle, qui at
Plusieurs passages prouvent que les teignent bientôt la dimension d'un grain
panthères étaient très nombreuses en Pa de lentille ; d'autres fois ce sont des dar
lestine, et nous trouvons des lieux dont tres et des croûtes, qui se distinguent de
le nom indique qu'ils étaient primitive l'exanthème de la lèpre apparente en ce
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plus élémentaires de l'hygiène. plus résolu que les autres, leur dit qu'ils
C'est l'éphantiasis que plusieurs savants ne devaient attendre de secours ni de
(Michaélis, Reinhard), croient reconnaître Dieu ni des hommes, et leur conseilla de
dans la maladie de Job, dans cet ulcère l'accepter pour chef et guide, ce qu'ils
malin, 2, 7., qui rappelle l'ulcère d'Egypte firent. Peu importe le plaisir que cette
par son nom et par ses caractères. D'au anecdote a pu faire à tous les ennemis
tres, comme Jahn, pensent à la lèpre des Hébreux depuis Manéthon jusqu'à
noire qui, du reste, ne diffère guère de Shaftesbury, depuis Tacite jusqu'à Bo
la précédente que parce qu'elle est accom lingbroke; ce qu'il y a de mieux prouvé,
gnée d'une démangeaison plus vive et c'est que la lèpre appartient à la terre
plus constante. La peau devient rude et d'Egypte, c'est que tous les anciens, Ro
inégale, elle se crevasse et se pèle en mains et autres, Pline et Lucrèce, sont
écailles d'un rouge noirâtre; la teigne s'y d'accord à regarder cette maladie comme
joint et attaque principalement les bras et naturelle au pays, favorisée par les dé
les jambes ; les doigts se raccornissent et bordements du Nil; c'est que, par consé
refusent de procurer aux démangeaisons quent, les Egyptiens étaient lépreux par
du malade un soulagement même momen eux-mêmes sans que les Israélites leur
tané; toutes les extrémités se gangrènent, aient apporté ce fléau, qu'ils n'ont appris
meurent et tombent, l'haleine est empoi à connaître eux-mêmes que depuis leur
sonnée. On ne peut nier que ces caractères séjour en Egypte; et comme le dit Cel
ne conviennent parfaitement à la maladie lérier (Espr. de la Lég. Mos. II, 320.), si
de Job; mais, d'un autre côté , ceux de les Egyptiens voulaient se délivrer radi
l'éléphantiasis s'y rapportent également, calement de la lèpre, il était inutile de
et comme ces deux maladies ont bien des faire partir les Hébreux, ils auraient dû
points de contact et qu'on peut aisément partir eux-mêmes. Le récit de Tacite n'est
les confondre, il n'est pas facile, comme donc qu'une évidente fausseté, y compris
il n'importe pas non plus, de décider de les absurdités qui l'accompagnent et que
laquelle des deux il s'agit dans le récit sa nous nous sommes dispensés de repro
cré, d'autant plus qu'on ne saurait pren duire.
dre littéralement, ni comme exacte des On peut croire qu'à leur sortie d'E-
cription pathologique, tous les détails que gypte, un assez grand nombre d'Israélites
le livre de Job renferme sur sa maladie, étaient en effet souillés de cette maladie,
détails dont plusieurs se rapportent plu jusqu'alors inconnue pour eux, et de la
tôt à l'état de son âme qu'à celui de son quelle ils n'avaient pas su se garantir ;
corps. elle joue dès lors un grand rôle, non
Enfin Moïse distingue soigneusement seulement dans la législation, mais même
encore une espèce de lèpre apparente dans les miracles du législateur, Ex. 4,
qu'il déclare sans contagion et sans dan 6-8. Nomb. 12, 10-15.
ger, Lév. 13, 39.; Niebuhr l'a retrouvée Les lois de Moïse relativement aux lé
en Egypte sous le même nom et avec le preux, sont un développement des lois
même caractère inoffensif; c'est une sorte sur la pureté légale, en même temps
de teigne blanchâtre qui passe d'elle qu'elles tendaient à prévenir la conta
même après avoir duré de deux mois à gion de cette hideuse maladie. Aucun re
deux ans, sans laisser ni dans le corps ni mède n'est indiqué; les sacrificateurs
sur la peau aucune trace fâcheuse. SOnt chargés d'examiner les premières
Manéthon, prêtre égyptien, Lysimaque, traces du danger, et l'exactitude des dis
Molon, Tacite et Justin racontent grave tinctions établies par Moïse, la sagesse des
ment que les esclaves hébreux furent diagnostics qu'il indique pour mettre les
chassés d'Egypte à cause de la lèpre dont prêtres à même de prononcer avec con
ils étaient infectés ;Tacite ajoute (Hist. 5, naissance sur l'existence du mal comme
3.) que ces malheureux, abandonnés dans sur sa guérisôn, font encore aujourd'hui
de vastes solitudes, se laissaient aller aux l'admiration des gens de l'art. v. Lév. 13,
larmes et aux plaintes, lorsque Moïse, 1.sq. 14, 1. sq. Nomb. 5, 1-4. Deut. 24,
LEP 553 LEP
8.9. Lorsqu'un homme était reconnu lé lée avec un fer rouge. Il avait la tête nue,
preux, le sacrificateur le déclarait impur, et ses cheveux, absolument de la couleur
l'excluait du commerce des hommes, le de sa peau, tombaient en longues mèches
reléguait à la campagne dans la société sur ses epaules décharnées. Ses yeux, à
d'autres lépreux, 2 Rois 7, 3. Luc 17, 12., l'exception de la prunelle, étaient d'un
ou dans des lieux inhabités; on lui dé rouge foncé; il les tenait constamment
chirait ses vêtements en signe de deuil, fixés vers la terre comme s'il lui eût été
et s'il voyait quelque étranger s'appro douloureux de regarder en l'air; il mar
cher de lui sans défiance, il était tenu de chait avec lenteur et faiblesse, et sa mai
l'avertir en lui criant de loin, Souillé ! greur était aussi effrayante à voir que
souillé! Aucun rang ne pouvait soustraire celle d'un squelette vivant. Il s'arrêta à
à cet isolement; la sœur de Moïse dut sorquelques pas de moi; je m'avançai, mais
tir du camp, Nomb. 12, 15., et Hozias de il recula. Alors il me supplia de lui don
meurait dans une maison écartée, 2 Chr. ner quelque chose pour l'empêcher de
26, 21. Cette solitude n'était cependant mourir, parce qu'il était pour tous un su
pas un emprisonnement, et on les voit jet de mépris et qu'il ne pouvait aller ni
dans l'Evangile, comme de nos jours en chez lui, ni chez ses amis. Il me dit de ne
core en Arabie, se promener librement; pas m'approcher d'une créature souillée,
il paraîtrait même, d'après Lightfoot, objet d'aversion pour tout le monde, con
tre laquelle chacun levait la main et qui
qu'ils étaient admis dans les synagogues.
Lorsqu'un lépreux se croyait guéri, il n'inspirait de pitié à personne. Je le
allait se montrer au sacrificateur, sans la questionnai : il me dit qu'il avait souffert
permission duquel il ne pouvait rentrer de la lèpre pendant plusieurs années
chez lui, et s'il était véritablement reconnu d'une manière horrible, et que le mal,
net, il passait par diverses cérémonies et quoique guéri maintenant, lui avait lais
purifications destinées à représenter la sé ces marques de souillure qui l'empê
purification de l'âme par l'aspersion du chaient de retourner vers ses semblables.
sang de Christ, puis il rentrait dans la En effet, la couleur de sa peau était aussi
société des hommes purs, et dans l'usage blanche que celle d'un cadavre, et en le
des choses saintes. voyant, personne ne pouvait douter qu'il
Cette maladie, apportée en Europe par n'eût eu la lèpre. »
les saints et galants chevaliers des croi Le christianisme prend soin des lé
sades, a été dans un temps tellement com preux; le paganisme des Indes les brû
mune, que l'on comptait jusqu'à 19,000 la lent vivants.
dreries, lazareries, lazarets ou léproseries; —Moïse parle encoredelalèpre des mai
maintenant elle a presque diparu de chez sons et de celle des étoffes, Lév. 13,47-59.
nous, ou du moins elle a changé de nature, 14, 33-53.; mais la science moderne n'est
et quelques habiles médecins veulent en pas encore fixée sur la solution de ce pro
reconnaître une variété dans les maux se blème d'histoire naturelle , quelques sa
crets; mais on la retrouve en Egypte et vants (Michaélis, Winer, Volney, l, 55)
dans les deux Indes avec tous les carac voient dans la lèpre des maisons l'effet du
tères que nous avons mentionnés. Le salpêtre sur les murs, taches d'un rouge
voyageur Caunterraconte, dans les termes verdâtre qui rongent peu à peu les pierres
suivants, la rencontre qu'il fit un jourd'un et la chaux, et qui, sans endommager peut
lépreux dans l'Inde : « Pendant que je être d'une manière notable les bâtiments,
me promenais un soir sur le rivage de la corrompent l'atmosphère et peuvent me
mer, je vis venir vers moi un être si ex nacer la santé des habitants; Calmet croit
traordinaire que je ne pus en détacher que cette espèce de lèpre est causée par
mes yeux ; c'était un homme vêtu seule de petits vers qui rongent la pierre, longs
ment d'un morceau d'étoffe autour du d'environ deux lignes, grisâtres et munis
corps (c'est le vêtement des castes infé de quatre mâchoires; les rabbins ne s'ex
rieures de l'Inde). Il avait la peau tout-à- pliquent pas sur ce point, ils y voientd'une
fait blanche, comme si elle avait été brû manière générale une plaie divine. Il est
LET *. 5 54 LEV
probable que l'on ne tardera pas à obte qu'ils avaient un ordre à expédier ou une
nir plus de lumières sur ce sujet par les communication à faire connaître; c'était
études qui sont commencées en Egypte, un service du moment et non régularisé;
Où ce curieux phénomène a encore été les rois perses, au contraire, avaient déjà
remarqué par Volney. La lèpre des étoffes un commencement d'organisation des
est aussi peu connue; on l'a remarquée, postes, et des angares ou courriers, dis
non-seulement sur des draps de laine, posés par stations, Est. 8, 10. — Les
mais encore sur des peaux et sur du cuir; lettres n'étaient et ne sont presque ja
elle se trahit comme celle des maisons mais cachetées en Orient; cependant,
par des taches rouge-vert, et Michaélis lorsqu'elles sont adressées à des per
l'attribue à des insectes fort petits qui sonnages distingués, on les place dans
Se développent plus facilement dans les de magnifiques bourses que l'on scelle
laines de mauvaises qualités, notamment avec de l'argile; cette coutume est fort
dans la laine de moutons morts de ma ancienne, mais d'origine inconnue. Il
ladies. Il faut attendre des renseigne semble que les Hébreux aient fait excep
ments ultérieurs sur cette lèpre qui s'at tion à la règle; dans l'Ancien Testament
tache à des objets inanimés. Quant aux il est, en effet, encore parlé de lettres
prescriptions de Moïse à cet égard, la cachetées, 1 Rois 21, 8.; une lettre dé
destruction des maisons et des étoffes lé cachetée est mentionnée comme excep
preuses, elles avaient pour but, d'abord tion, Néh. 6, 5., et l'on peut croire que
de prévenir des maladies contagieuses et Samballat a voulu donner à Néhémie une
d'empêcher les miasmes provenant d'une marque de mépris par cette façon d'agir.
fermentation putride, ensuite d'affermir L'usage de lettres circulaires, ou du moins
la loi principale en l'entourant, comme copiées à un grand nombre d'exemplaires,
d'un rempart, de toutes ces lois secon estindiqué2Rois 10,1-6., et nousvoyons,
daires relatives à la souillure légale. Esd. 4, 6. 17., un rapport écrit adressé à
La lèpre était un emblème du péché; Artaxercès et un édit royal également en
pour exprimer la délivrance du lépreux, voyé sous forme de lettre; cf. Act. 23,
c'est toujours le mot nettoyé, jamais celui 25. et les épîtres du Nouveau Testament
de guéri dont se servent les auteurs sa qui témoignent du développement qu'a-
crés; la lèpre était considérée comme vait pris la correspondance à cette époque
une souillure encore plus que comme une de renaissance et de réveil. — 2o Lettres,
v. Ecriture.
maladie.
LESA, Gen. 10, 19., dans les environs LEVAIN, pâte aigrie en usage dans
de la mer Morte sur ses bords orientaux, toutes les maisons, et déjà bien connue
est, d'après saint Jérôme, la ville de Calli dans l'antiquité, qui en comptait de di
rhoé où se trouvaient des eaux thermales. verses espèces, Pline 18, 26.; il sert à
LETHEK, mesure valant un demi-ho faire lever et fermenter la pâte en même
mer, Os. 3, 2., ou cinq baths, environ temps qu'il lui donne plus de goût , et
175 litres. même, suivant quelques auteurs, une sa
LETTRES. La correspondance n'a ja veur irritante et sensuelle, Les Hébreux
mais été aussi active en Orient qu'en Oc le préparaient comme on le fait ordinai- .
cident; dans l'antiquité, elle était pres rement chez nous, en laissant reposer la
que nulle; de nos jours encore elle est pâte deux ou trois jours,jusqu'à ce qu'elle
assez rare. Les messages ordinairement s'aigrît; d'autres fois, et pour obtenir plus
se faisaient de bouche; cependant on vite du levain, ils pétrissaient la farine
trouve çà et là dans l'Ancien Testament avec de la lie ou du moût de vin. S'ils
des traces de lettres écrites, cf. 2 Sam. étaient extrêmement pressés, ils faisaient
11, 14. Esd. 4, 8., qui étaient portées ou leurs pains sans levain, Gen. 19, 3. Jug.
par des courriers exprès, 2 Chr. 30, 6., 6, 19., comme le font encore de nos jours
ou par des voyageurs en passage, Jér. les Arabes bédouins. L'emploi du levain
29, 3. Les rois hébreux envoyaient des était expressément interdit aux Hébreux
courriers extraordinaires toutes les fois pendant les sept jours de la Pâque, Ex.
LEV 5 ;5 LEV
12, 8.15.20. 13, 3. 6., et ils ne pou soit que cette expression se rapporte aux
vaient pas même offrir à Dieu des gâteaux mauvais désirs et aux inclinations cor
levés ou miellés, Lév. 2, 11. Am. 4, 5. ; rompues qui n'occupent souvent que trop
il leur était même défendu d'avoir du le de place dans le cœur même de l'homme
vain dans leurs maisons, et le soir du 14 régénéré. L'une et l'autre de ces expli
nisan tous les Juifs veillaient soigneuse cations se justifient par le contexte et par
ment à ce que tout levain et toute chose l'analogie de la foi. L'apôtre appelle le
levée fût emportée et brûlée, sans qu'ils vain la méchanceté et la malice, et il ap
pussent même s'en servir pour leurs four pelle la sincérité et la vérité des pains
neaux, et en tirer ainsi quelque profit. Sans levain.
D'après les rabbins, lamême défense s'ap Matth. 16, 6., Jésus engage ses disciples
pliquait encore aux animaux. La Pâque à se garder du levain des pharisiens et des
passée, ils pouvaient recommencer à faire sadducéens; dans Marc 8, 15., c'est du
du levain, et les prêtres avaient droit aux levain d'Hérode, c'est-à-dire de cette in
prémices de tout ce qui se pétrissait, crédulité commune au parti soi-disant re
Nomb. 15, 20.— Il est évident que dans ligieux et rationaliste des sadducéens, et
la symbolique juive cette substance, qui au parti religieux politique des héro
n'était qu'une corruption de la pâte pri diens; le levain des pharisiens était la
mitive, et une corruption corruptrice, propre justice, ou, comme dit saint Luc,
était considérée comme l'emblème du pé l'hypocrisie, la vertu extérieure, 12, 1. Le
ché, qui peut être peu de chose en appa mauvais levain, c'est la mauvaise doctri
rence, mais qui envahit, qui se propage, ne, Matth. 16, 12., une prétendue morale,
qui entraîne les masses dans la corrup une prétendue raison.
tion et dans la perdition. On trouve la C'est à tort que l'exégèse ordinaire du
même idée exprimée dans Plutarque, et passage Matth. 13, 33. Luc 13, 21., prend
chez Aulu-Gelle qui dit : Farinam fer le mot levain en bonne part, comme dé
mento imbutam attingere flamini diali fas signant l'Evangile, tandis que le mot pâte
non est (v. Casaubon, sur la Ire satire de signifierait le monde. Le mot pâte est
Perse). Les pains du cinquantième jour, toujours pris en bonne part, et dans ce
ou de Pentecôte, qui devaient représen passage il désigne l'Eglise; le mot levain
ter la nourriture ordinaire de l'homme qui est toujours pris en mauvaise part,
(et spirituellement le péché), étaient en se rapporte au monde; on peut s'éton
conséquence pétris avec du levain , Lév. ner qu'une exégèse aussi absurde ait pu
23, 17., de même que les gâteaux d'ac prévaloir si longtemps. Notre Seigneur
tions de grâces qui accompagnaient les raconte dans les sept paraboles de Matth.
tourteaux sans levain, et qui devaient 13, les destinées de l'Eglise, et il veut la
leur servir comme d'assiettes, Lév. 7, 12. mettre en garde contre l'erreur et l'infi
13., c'est-à-dire être à leur égard dans délité en apparence les moins graves et
une position d'infériorité et de moins les moins dangereuses; un peu de levain
grande pureté. fait lever toute la pâte, cf. 1 Cor. 5, 6.
1 Cor. 5, 6., Paul s'adresse à une com LEVER. L'élévation et le tournoiement
munauté chrétienne qui paraissait s'en étaient deux cérémonies que l'on ren
orgueillir de ce que tout n'était pas cor contre quelquefois parmi celles qui ac
rompu dans son sein, et supposer que la compagnaient les sacrifices lévitiques. Le
pureté pourrait se maintenir à côté de l'in Sacrificateur levait en mémorial l'offrande
cestueux. Vous n'avez pas sujet de vous du gâteau, Lév. 2, 8.9.; il levait de même
glorifier, leur dit-il, ne savez-vous pas une poignée de fleur de farine, l'offrande
qu'un peu de levain fait lever toute la étant alors de nature à ne pouvoir être
pâte ? Puis il les exhorte (v. 7 et 8) à faire tenue à la main dans son entier, 6, 15., et
disparaître, comme les Juifs aux appro enfin toute la graisse des sacrifices pour
ches de la Pâque, le vieux levain, soit qu'on le péché ou des sacrifices de prospérité,
doive entendre par là les méchants et les 4, 8.10.; c'est-à-dire que toutes les cho
impies qui se trouvaient au milieu d'eux, ses qui étaient destinées à être consu
LEV 556 LEV
mées sur l'autel étaient d'abord levées, Chr. 2,1.), se joignit à Siméon pour ven
et ce n'est qu'après cette cérémonie qu'on ger d'une manière perfide et violente l'in
y mettait le feu. Le tournoiement avait jure qui avait été faite à leur sœur Dina,
lieu non-seulement pour les offrandes Gen. 34,25. Lorsqu'il descendit en Egypte
non sanglantes, Ex. 29. 24. Lév. 8, 27. avec son père, il avait déjà ses trois fils
Nomb. 5, 25., huiles, farines, gâteaux, Guerson, Kéhath et Mérari, 46, 11., qui
prémices des fruits et des blés, Lév. 23, furent chefs d'autant de familles, Ex. 6,
11.12.20., mais encore pour les victimes 16., et une fille, Jokébed, qui épousa
sacrifiées ; et alors tantôt on ne faisait Hamram son neveu, fils de Kéhath, et fut
tournoyer, notamment dans les sacrifices la mère de Moïse, Nomb. 26, 59. Il mou
d'actions de grâces, que quelques parties rut à l'âge de cent trente-sept ans ; sa
du corps de l'animal, la poitrine ou l'é- postérité devait être dispersée en Israël,
paule droite, Ex. 29, 26. Lév. 7, 30.34. suivant la sentence prophétique du vieux
9, 21. 10, 14. Nomb. 6,20., tantôt on fai Jacob, Gen. 49, 7., mais cette menace fut
sait tournoyer la victime entière, Lév. 14, changée en bénédiction : les liens inti
12. 23, 20.; et les lévites eux-mêmes pa mes qui unissent en Orient les membres
raissent avoir été soumis à cette cérémo d'une famille de bergers furent brisés
nie lors de leur consécration, Nomb. 8, pour cette famille ; mais le sacrifice des
11. 15. La partie tournoyée appartenait affections domestiques fut compensé par
aux prêtres, mais ne pouvait être mangée la gloire du sacerdoce, et Moïse mourant
que par eux et leurs enfants, et cela dans annonça les hautes et saintes destinées
un lieu pur et consacré, Lév. 10, 14. C'é- qui continueraient d'honorer la tribu de
tait une portion de leurs revenus, et de la Lévi, honneur et charge tout ensemble,
part de ceux qui l'offraient c'était moins Deut. 33, 8. Avant sa consécration publi
un sacrifice qu'une contribution pour les que, et dans le voyage du désert, cette
besoins du culte. — On n'a que peu ou tribu était déjà comme préparée à ses
même point d'indications précises sur la fonctions futures par le soin du taberna
nature de ces cérémonies qui , dans tous cle et de ses ustensiles, qui lui était con
les cas, étaient fort différentes l'une de fié; ils devaient assembler et désassembler
l'autre dans leurs formes comme dans le pavillon à chaque départ et à chaque
leur but. L'élévation s'explique d'elle campement, et veiller à ce que personne
même, et cette figure judaïque a été imi n'en approchât, Nomb. 1, 50. Peu nom
tée par l'église romaine dans ce qu'elle breuse relativement aux autres, la tribu
appelle l'élévation de la messe; l'offrande de Lévi comptait cependant déjà dans le
est élevée devant l'autel, en sacrifice au désert 22,000 màles dont 8,580 entre
Dieu qui trône dans le ciel. Le tournoie trente et cinquante ans. Ces 22,000 fu
ment, qui se faisait sur les paumes des rent appelés à remplacer, dans le service
mains, avant le sacrifice et devant l'au des choses saintes, les premiers-nés des
tel, Ex. 29, 24. Lév. 8, 27., était une élé fils d'Israël qui avaient été primitivement
vation accompagnée de mouvement, soit consacrés à ce service, et dont le nombre
de droite à gauche, soit d'avant à arrière,s'élevait , lors du même recensement , à
soit aussi, comme les Juifs le prétendent, 22,273. La cérémonie de consécration est
vers les quatre points cardinaux du ciel, racontée, Nomb. 3, cf. Deut. 10, 8. Plus
lorsqu'il ne s'agissait que de brebis, ou tard, dans le dénombrement qui fut fait à
de pièces peu considérables. Quant au Sittim aux plaines de Moab, le chiffre des
tournoiement des lévites et à leur pré Lévites s'élevait à 23,000; mais ils ne fu
sentation comme offrande, on peut croire rent pas compris dans le recensement gé
que le mouvement qui leur était imprimé néral, la tribu étant devenue une caste,
par le souverain sacrificateur était un va Nomb. 26, 62. Ils n'eurent en consé
et vient dirigé vers l'autel, rappelant le quence, aucun territoire, mais quarante
porricere des Romains. huit villes avec leur banlieue leur furent
LÉVI, 1° troisième fils de Jacob et de assignées pour y habiter, dispersées au
Léa, Gen. 29, 34. 35, 23. (Ex. 6, 16. 1 milieu des douze tribus, Jos. 21, et ils
LEV 557 LEV
eurent droit à des dîmes et redevances en presque tous les interprètes sont d'ac
nature pour leur subsistance journalière, cord à y voir le crocodile (Rosenmuller,
cf. Deut. 10, 9. 14, 29. Jos. 13, 14.33. Gesenius, Winer, Preiswerk, Haevernick),
Privés de capitaux, ils ne devaient avoir et cette opinion se justifie amplement par
que des revenus; leur sort fut en quel l'accord des détails du livre sacré avec
que sorte assuré sur la piété des fidèles. tout ce que nous connaissons de cet ani
Ils avaient de plus l'avantage de pouvoir, mal. Le morceau de Job se divise en deux
dans les villes qui leur appartenaient, ra parties ; la première (40, 20.-41, 2.) est
cheter en tout temps, sans même attendre destinée à montrer, à faire ressortir la
l'année jubilaire, les maisons qu'ils avaient faiblesse de l'homme en présence de ce
pu être forcés d'aliéner un instant, Lév. redoutable animal, si fort et si bien armé
25, 32., tandis que d'un autre côté la pour résister et se défendre; elle amène
maison ou le champ qui avait été voué au naturellement la conclusion : Comment
temple, et qui pouvait être racheté, deve celui qui ne peut lutter contre la créa
nait, en cas de non rachat, propriété lévi ture, essaierait-il de le faire contre le
tique et inaliénable en l'année du jubilé, créateur 9 La seconde (41, 3-25.) est une
27, 16-21., v. Lévites. description des différentes parties de l'a-
2° et 3°, Luc 3, 29. 24., ancêtres incon nimal, de son caractère, de sa force et de
nus de Marie. — 4° v. Matthieu. sa férocité, description si vivante qu'il
LEVIATHAN. Cette expression hé semble qu'on ait le léviathan devant les
braïque emporte avec elle l'idée de mou yeux, la gueule ouverte, jetant des flam
vements sinueux et tortueux; elle dirige IIl0S.
l'attention vers ces grands amphibies qui « Tireras-tu le léviathan avec un ha
s'ébattent à l'aise au milieu des eaux, les meçon ? Prendras-tu sa langue avec une
serpents et le crocodile. C'est, il paraît ligne ?
aussi, la signification générale de ce mot, « Lui passeras-tu une corde de jonc
et selon quelques auteurs il aurait tour à dans le nez P et lui perceras-tu d'un croc
tour l'une et l'autre signification : il fau les mâchoires 9
drait l'entendre plus spécialement des ser « T'adressera-t-il beaucoup de prières ?
pents, Job 3, 8. Es. 27, 1., du crocodile, Te dira-t-il de belles paroles ? (s'humi
Job 40, 20., et des monstres marins en liera-t-il devant toi ?)
général, Ps. 104, 26. 74, 13., pris dans « Fera-t-il une alliance avec toi , que
ce dernier passage comme symboles de tu le prennes pour serviteur à toujours ?
redoutables ennemis. (La dernière partie T'en amuseras-tu comme d'un oiseau,
de Job 3, 8., doit se traduire « ceux qui et l'attacheras-tu pour tes jeunes filles ?
sont habiles à conjurer les léviathans. »)Si (comme en Orient les enfants aiment à
l'on peut admettre ces divers sens d'un jouer avec de petits animaux, dont un
même mot, v. Serpent, il est un passage léger fil suffit pour assurer la captivité.)
au moins dans lequel on doit le préciser « Les associés pêcheurs en font-ils
davantage, c'est dans la description qui commerce ? le partagent-ils entre les
est faite de cet animal, Job 40,20.-41,25. marchands ?
Et d'abord il est évident que ce morceau « Rempliras-tu de pointes sa peau P(de
qui célèbre la grandeur de Dieu dans la manière qu'il y en ait assez pour le tuer),
création, contient la description d'un ani et du harpon des pêcheurs sa tête ?
mal réellement existant , et non point « Mets sur lui ta main, essaie la lutte ;
d'un être fabuleux et chimérique, ainsi tu n'y reviendras plus.
que l'ont supposé quelques auteurs. Un « Voici, l'espérance de celui qui l'es
assez grand nombre d'idées ont été émi saierait s'évanouira : est-ce qu'à sa vue
ses sur cette question, et plusieurs, no déjà il n'est pas atterré ?
tamment Schultens dans son commen « Il n'en est pas d'assez vaillant pour
taire, ont soutenu qu'il fallait entendre l'éveiller. Et qui est celui qui se présen
par léviathan les plus grosses espèces de terait devant moi (pour me résister) ?
serpents marins ; mais depuis Bochart « Qui m'aurait fait des avances que je
LEV 558 lLEV
doive les lui rendre ? Tout sous tout le une pierre, dur (de fonte) comme une
ciel est à moi. pierre de meule de dessous.
« Je ne me tairai point de ses mem « Quand il se lève, des héros s'épou
bres, l'expression de ses forces, la beau Vantent; ils sont hors d'eux-mêmes d'ef
té de Son armure. froi.
« Qui découvrira le dessus de son vê « L'attaque-t-on avec l'épée, elle ne
tement(lacuirasse qui recouvre sa peau)? prend pas ; ni dard, ni lance, ni cuirasse
Qui s'aventurera dans sa double denture ? 7le Servent.
« Qui ouvrira les portes de son visage ? « Il estime le fer comme de la paille,
Ses dents tout à l'entour sèment l'épou l'airain comme du bois pourri.
VaIlte. « Le fils de l'arc (la flèche) ne le fait
« Fières sont les rangées de sa cuiras pas fuir, en chaume se changent pour lui
se, serrées comme d'un étroit cachet. les pierres de la fronde.
« L'une touche à l'autre, un souffle ne « La massue lui semble comme du
passerait pas entre elles. chaume; il rit du sifflement du javelot.
« Chacune est collée à sa voisine; elles « Sous lui sont des têts aigus (les
tiennent l'une à l'autre, et ne peuvent écailles de son ventre); il traîne sur la
être séparées. vase une herse à battre le blé (c'est-à-
« Ses éternuements rayonnent la lu dire il laisse dans la vase, partout où il
mière, ses yeux sont comme les paupières Se repose, des traces de son passage et
de l'aurore (c'est-à-dire comme les pre l'empreinte de ses dures et fortes écailles
miers rayons du jour. Les anciens avaient qui labourent le terrain, comme si la .
déjà remarqué que lorsque le crocodile herse y avait passé.)
sort du fond des eaux, on voit briller, « Il fait bouillonner la profondeur
avant même de voir son corps, ses yeux comme un chaudron, et rend la mer
qui annoncent ainsi sa venue, comme semblable à un parfum (ou à un vase de
l'aurore annonce le soleil.) parfumeur. Cette partie de la comparai
« De sa bouche sortent comme des son n'est pas claire ; l'auteur veut dire
flambeaux; des étincelles de feu en jail que le léviathan agite et trouble les flots :
lissent. De ses narines sort une fumée, mais quel rapport cette agitation a-t-elle
comme d'un pot bouillant ou d'une chau avec du parfum ?)
dière. « Derrière lui brille son chemin; l'a-
« Son souffle flambe comme un brasier bîme apparaît comme une tète blanchie (à
(ou allumerait des charbons), et une flam cause de l'écume que la rapidité de ses
me sort de sa gueule. » mouvements forme autour de lui).
Ces versets se rapportent au crocodile « Rien sur la terre ne l'égale ; il a été
s0rtant du fleuve et chassant avec violen fait pour ne rien craindre.
ce par les naseaux et par la bouche l'eau « Il voit au-dessous de lui (ou il fixe)
qui s'oppose à ses mouvements impé tout ce qui est élevé ; il est roi sur tous
tueux; ce sont des jets qui rayonnent les orgueilleux (animaux). »
dans tous les sens, et qui ont, selon quel Tous les détails de cette poétique des
ques auteurs, une lumière phosphores cription concordent avec ce que les na
cente quand l'animal est échauffé ou ir turalistes et les voyageurs, anciens et
rité ;le voyageur Bartram parle aussi de modernes, nous disent du crocodile. Cet
cette vapeur qui sort de ses narines com animal, géant dans la famille des lézards,
me une fumée. habite particulièrement les bords du Nil,
« En son cou repose la force, et devant et devait être bien connu d'un auteur qui
lui danse l'effroi. avait vécu en Egypte, comme celui du li
« Les fanons de sa chair sont fermes, vre de Job. C'est là qu'il atteint sa plus
coulés (ou fondus) en lui, rien ne bouge. grande longueur, qui va jusqu'à 10, et
(L'image de la fonte exprime la dureté et même 12 mètres; en Amérique, il n'en
l'adhèsion des parties entre elles.) dépasse pas 6 ou 8. Son corps est vert,
« Son cœur est dur (de fonte) comme tacheté de noir; le ventre est d'un blanc
LEV 559 LEV
jaunâtre. La tête est au moins deux fois et la regardent comme un morceau déli
aussi longue que large, et sa gueule, gar cat; mais elle est dure et répand une
nie à la mâchoire supérieure de trente forte odeur de musc. — On peut voir de
six,à l'inférieure de trente dents, longues très intéressants détails et des extraits
et pointues, s'ouvre jusque derrière les du voyage de Bartram, dans le Morgen
yeux et les oreilles. Ses mâchoires sont land de Preiswerk, 1839, avril.
extrêmement fortes ; mais, comme elles LEVIRAT. Le mot ne se trouve pas
ne peuvent se mouvoir que du haut en dans l'Ecriture, mais la chose s'y trouve.
bas, et nullement de droite à gauche, le Levir, en latin, signifie le frère du mari ,
crocodile ne peut rien mâcher, et doit (lege vir, comme en anglais in law, dé
avaler sa nourriture telle qu'elle entre signe les parentés acquises par le ma
dans sa gueule; il y joint quelquefois des riage), et ce nom a été donné à la loi de
pierres pour faciliter la digestion. Ses Moïse qui obligeait un frère à épouser la
yeux et ses oreilles se recouvrent, quand veuve de son frère mort sans enfants, de
il est dans l'eau, de peaux très fines qui telle sorte que l'aîné des enfants qui naî
ne gênent pas les fonctions de ces orga traient de cette union n0uvelle héritât des
nes, et servent à les protéger. Son cou biens et du nom du défunt, Deut. 25, 5
est court, et son dos si raide que tous 10. cf. Marc 12, 18. sq. Cet usage, par
les mouvements de côté, un peu rapides, ticulier,à ce qu'il semble, à la famille des
lui sont impossibles, ce qui permet faci Hébreux, était antérieur à Moïse, Gen.
lement à ceux qui sont poursuivis de lui 38, 6-8., et n'a été peut-être conservé
échapper. Les écailles de son dos, toutes par lui qu'à cause du sentiment national,
égales entre elles, sont rangées sur dix qui regardait comme un devoir de ne pas
sept bandes, et se distinguent par leur laisser éteindre la race et le nom d'un
forme carrée et régulière. Ce que l'on a homme mort prématurément, ou privé
dit des larmes et du ton plaintif de cet de descendance. Cette loi favorisait d'ail
amphibie, n'est qu'une fable : sa voix (s'il leurs l'esprit de famille, la division des
en a une, ce qui est nié par quelques fortunes et la perpétuité des héritages ;
uns), serait une sorte de mugissement elle était une exception formelle et mo
rauque et élevé, sans rapport avec les tivée aux lois sur l'inceste, v. Lév. 18,
cris d'un enfant. Il a le sang froid, et en 16. Le droit ou le devoir d'épouser pou
petite quantité, rougeâtre, et il peut en vait se transmettre à un parent plus éloi
perdre la plus grande partie sans en être gné; mais le frère qui renonçait à la
sensiblement éprouvé. La femelle dépose main de la veuve pour se soustraire à
dans le sable de trente à soixante œufs, cette charge, quelquefois gênante et coû
légèrement plus grands que ceux de nos teuse, était flétri officiellement et publi
poules, et les laisse éclore au soleil, se quement, flétrissure qui, du reste, fondée
bornant à les surveiller pour les défendre sur le préjugé, devait s'affaiblir avec lui ;
au besoin. Quand les petits brisent leur c'est ainsi que, dans le livre de Ruth, on
coquille, ils ont déjà 20 à 25 centim. de voit déjà l'opinion modifiée, et la cérémo
longueur; leur peau est tendre, mais ils nie destinée d'abord à jeter un blâme sur
n'en sont pas moins vifs et voraces. celui qui refuse, n'est plus qu'un moyen
Le crocodile passe Volontiers ses jour judiciaire de faire constater son refus,
nées sur terre, étendu sur le sable aux Ruth 4, 1-10. —Les prêtres étaient dis
brûlants rayons du soleil africain, et som pensés d'obéir au lévirat, Lév. 21, 13.,
meillant; le soir, il retourne à l'eau. Sa ainsi que probablement les hommes hors
pâture, il la cherche partout, mais s'at d'âge d'avoir des enfants, et les prosé
tache de préférence aux êtres vivants ; lytes. C'était le frère le plus âgé du dé
des enfants, des femmes, des hommes funt qui était le premier obligé, et il ne
même, deviennent victimes de sa féro paraît pas que la circonstance qu'il aurait
cité; il fond sur eux à l'improviste, et les été marié lui-même fût un motif suffisant
entraîne dans le fleuve. Quelques peupla de refus. — Le lévirat, au surplus, a été
des africaines se nourrissent de sa chair retrouvé aux Indes et en Perse, à Siam,
I,EV 560 LEV
à Pégu, chez les Afghans; Niebuhr l'a lépreux, Deut. 24, 8. 1 Chr. 26, 20.2
découvert chez les Circassiens; Bergeron Chr. 31, 12. Néh. 13, 13.; ils assistaient
chez les Tartares; Bruce chez les Gallas, les prêtres dans le sacrifice et le dépouil
en Abyssinie. lement des victimes, dont ils recueillaient
LEVITES. Dans son acception la plus le sang, 2 Chr. 29, 34. 30, 17. 35, 11.;
générale, ce nom comprend tous les des ils faisaient les collectes pour les répara
cendants de Lévi, fils de Jacob, Ex. 6, tions du temple, et dirigeaient les ou
25. Lév. 25, 32. Jos. 3, 3. Ez. 44, 15. vriers dans les travaux de construction,
Dans le sens plus restreint et aussi plus 2 Chr. 34, 9.12.; ils devaient enfin pour
ordinaire, il sert à désigner tous ces des voir au bois du sacrifice, et faire respec
cendants, moins la famille d'Aaron, qui ter le jour du sabbat, Néh. 10, 34. 13,
était de la branche de Kéhath, et spécia 22. Cependant ils furent remplacés dans
lement destinée à la sacrificature. v. Prê plusieurs de ces fonctions, et notamment
tres. Nomb. 3, 6. 18, 2. Il désigne donc, dans les plus pénibles ou les plus abjec
dans le premier cas, la tribu, pauvre et tes, par les Gabaonites ou Néthiniens, q.
dépossédée en Israël , dans le second, la v. Depuis les jours de David, plusieurs
partie inférieure de la caste sacerdotale, Lévites furent appelés aussi à remplir des
la postérité de Guersonet de Mérari, celle fonctions publiques, judiciaires ou muni
de Jitshar et de Huziel, enfants de Ké cipales, 1 Chr. 23, 4. 2 Chr. 19, 11. ct.
hath, et celle de Hamram par Moïse, cf. Deut. 17, 9. 21, 5. (c'est du moins l'opi
Ex. 6, 16. sq. C'est de ceux-là seule nion de Michaélis, combattue par Cellé
ment que Dieu pouvait dire : « J'ai entiè rier, II, 294.sq.), et le roi Josaphat paraît
rement donné les lévites à Aaron,» Nomb. leur avoir confié l'enseignement religieux
8, 19. 18, 6. 3, 6. Ils étaient ainsi les du peuple dans tout le pays, 2 Chr. 17,9.
serviteurs naturels du sanctuaire, les Lorsqu'ils furent mis à part et solen
aides des prêtres et des sacrificateurs, nellement consacrés au service du sanc
obligés de les servir ou de les remplacer tuaire, Nomb. 3, 4., les Lévites n'avaient
partout où la sainteté des cérémonies pas encOre des fonctions aussi définiti
n'exigeait pas la présence exclusive du vement arrêtées qu'elles le devinrent par
sacerdoce supérieur, comme l'exigeait le la suite; ils étaient les serviteurs du ta
service de l'autel et de ce qui était au bernacle d'une manière générale, mais le
dedans du voile. Dans le désert, ils de temps seul pouvait régulariser leur acti
vaient monter et démonter le tabernacle vité; ils ne prirent de consistance et de
à chaque station, Nomb. 1, 51., couvrir corps, ils ne s'organisèrent que sous Da
et porter l'arche du témoignage et les vid et Salomon. A cette époque, ils étaient
vases sacrés, Nomb. 4, Deut. 31, 25. cf. 38,000, dont a) 24,000 servaient dans le
1 Sam. 6, 15. 1 Chr. 15, 2.27.2 Chr. 5, temple, b) 6,000 étaient prévôts et juges,
4. Lorsqu'un centre plus stable eut été c) 4,000 portiers, et d) 4,000 musiciens.
donné au culte, et que Jérusalem fut de Les premiers portaient par excellence le
venue le siége de la théocratie, ils furent nom de lévites ; ils étaient, comme les
chargés de la garde du temple et du soin prêtres, divisés en vingt-quatre éphémé
d'en ouvrir et d'en fermer les portes, 1 ries , chacune ayant son chef, qui se re
Chr. 9, 27. 23, 32. 26, 12., des vases sa levaient tous les huit jours, entrant en
crés et de leur entretien, 1 Chr. 9, 28, semaine le jour du sabbat, et en sortant
2 Chr. 29, 16., de la préparation des au sabbat suivant. Les lévites étaient ap
pains de proposition et des autres of pelés à servir depuis trente jusqu'à cin
frandes de farine pétrie, 1 Chr. 9, 32. 23, quante ans, Nomb. 4, 3.23.30.47.1 Chr.
29., du chant et des instruments de mu 23, 3.24. (il faut probablement lire trente
sique pour le service du temple, 1 Chr. au lieu de vingt), cf. Nomb. 8, 23. 26.;
15, 19. 23, 5. 25, 1. 2 Chr. 5, 12. 7, 6. ce dernier passage fait commencer le ser
Esd. 3, 10. Néh. 12, 27. Ils eurent, de vice à l'âge de vingt-cinq ans, ce que l'on
concert avec les prêtres, la surveillance a essayé d'expliquer soit en admettant
des trésors du temple et l'inspection des cinq années préparatoires (Rosenmüller),
LEV 561 LEV
soit en supposant qu'au chapitre 4, il ne 11.; même une fois on les voit participer
s'agit que du transport des pièces du ta au partage du butin, après la défaite des
bernacle (Maïmonides), soit enfin (Kanne) Madianites, Nomb. 31. 30. Il semble que
en regardant le chapitre 4 comme parlant ces dimes aient dû leur assurer une assez
de ce qui doit se faire dans les besoins ac grande aisance, mais d'un côté ils étaient
tuels du service, et le chapitre 8, comme nombreux, de l'autre, ils avaient des fa
prévoyant les besoins plus grands du milles à entretenir; en outre le paiement
peuple quand les douze tribus seront éta des dîmes et des prémices était laissé
blies dans leurs territoires respectifs, presque entièrement à la bonne volonté
disséminées et non plus groupées. Plus des propriétaires, il dépendait en grande
tard, quand les travaux des lévites furent partie de leur régularité à faire trois fois
devenus moins pénibles, et qu'ils n'eu par an le voyage de Jérusalem, et sou
rent plus à porter le tabernacle et les us vent la négligence venait se joindre à la
tensiles pour son service , ils entrèrent mauvaise volonté : les choses étaient ar
en fonctions plus jeunes, et dans les der rangées de telle sorte que les Lévites eus
niers jours de David, ils sont dénombrés sent besoin de l'estime et de l'affection de
depuis l'àge de vingt ans, 1 Chr. 23, 27. leurs concitoyens; cette dépendance était
2 Chr. 31, 17. cf. Esd. 3, 8. — On ne à la fois un bien et un mal, mais elle exis
voit pas dans la loi que des défauts cor tait, et si les sacrificateurs nous appa
porels les aient rendus inhabiles, comme raissent en général comme étant dans une
cela avait lieu pour les prêtres, à remplir position plutôt riche que moyenne, les
les fonctions de leur charge, et un seul Lévites nous sont au contraires repré
motif de dispense aurait été , selon les sentés comme pauvres , assimilés à la
Juifs, un vice dans l'organe de la voix. veuve, à l'étranger, à l'orphelin, presque
Sur leur première consécration v. recommandés à la charité des agriculteurs.
Nomb. 8, 6., et l'art. Lever. — La loi leur avait encore donné en tOute
La loi ne leur prescrivait pas un cos propriété quarante-huit villes ou villages,
tume particulier, et les vêtements de fin ou plutôt trente-cinq, car ils devaient en
lin dont ils sont revêtus 1 Chr. 15, 27. abandonner treize aux prêtres; c'etait en
2 Chr. 5, 12. ne sont pas mentionnés quelque sorte la dîme des villes ou des
comme uniformes. Ce n'est que beaucoup maisons, et dans un pays où chacun était
plus tard, sous Agrippa II, six ans avant agriculteur et propriétaire, et où l'on ne
la ruine de Jérusalem, que les lévites mu trouvait par conséquent pas d'apparte
siciens, qui par leur présence habituelle ments à louer, cette disposition de la loi
dans le temple, et par la beauté de leur était absolument nécessaire pour fournir
emploi, avaient plus que les autres gagné des demeures à tous les membres de la
en considération, obtinrent la permission tribu de Lévi : quand ils étaient de ser
de porter la tunique de lin; Josèphe, à ce vice à Jérusalem, ils habitaient les appar
sujet, fait remarquer qu'on n'avait jamais tements réservés près du tabernacle et du
impunément abandonné les anciennes cou temple, mais lorsqu'ils n'y étaient plus, ils
tumes du pays. devaient avoir un abri assuré pour eux et
Leurs revenus consistaient dans les dî leurs familles; Nomb. 35, 1-5. Ces villes,
mes de toutes les récoltes et les premiers avec un faubourg de mille ou deux mille
nés des troupeaux, que les Hébreuxétaient coudées en dehors des murs, étaient dis
tenus d'abandonner aux serviteurs du persées sur le territoire de neuf tribus
temple, mais les Lévites devaient eux en deçà et au delà du Jourdain; Juda, Si
mêmes payer la dîme de cette dîme à la méon et Benjamin n'avaient pas de villes
famille d'Aaron, aux sacrificateurs, Nomb. lévitiques, mais les treize villes sacerdo
18, 24-28.2 Chr. 31, 4. Néh. 10, 37.38. tales étaient renfermées dans leurs fron
12, 44. 13, 10.; ils avaient, en outre, leur tières. Il est sûr que cette dispersion dut
part aux repas de dîmes qui se faisaient influer avantageusement sur la culture et
après les récoltes, etàd'autres repas d'ac l'instruction religieuse des tribus; quant
tions de grâces, Deut. 14, 29. 12, 18.16, au nom des villes v. Jos. 21, 20. sq. ; dix
36
LFV 562 LEZ
d'entre ellesappartenaientaux Kéhathites, Nomb. 21, 6. 2 Rois 2, 24. 17, 25. Ez. 5,
treize aux Guersonites, et douze aux Mé 17.; et la conservationde ce peuple comme
rarites. peuple distinct est encore un commen
Les Lévites étaient, d'après Josèphe, taire vivant du verset 44., une preuve de
dispensés du service militaire, et ils ob plus de la vérité des prophéties).
tinrent aussi, des gouverneurs étrangers Le Lévitique comprend l'histoire du
après l'exil , l'exemption des impôts et premier mois de la seconde année que les
péages, Esd. 7, 24. Israélites passèrent dans le désert, et il
Il est assez remarquable que le Deuté s'arrête au premierjour du deuxième mois,
ronome n'indique nulle part que les sa Nomb. 1, 1. cf. Exod. 40, 2. 17.; c'est
crificateurs dussent appartenir à une fa du moins dans l'intervalle de ces deux
mille particulière de la race de Lévi, et dates que tous les événements qu'il rap
même ilsemblerait, par 18, 6., que le corps porte se sont passés, sans que l'on puisse
sacerdotal se composât et se recrutât de déterminer au juste combien de jours ils
tous ceux des Lévites qui sentaient en ont duré. On ignore l'époque de la ré
eux-mêmes une vocation intérieure spé daction, mais il est probable qu'elle a or
ciale pour le service du sanctuaire; ceux dinairement accompagné, ou suivi de très
là, comme véritables ministres de l'autel, près la promulgation des lois ou la cé
avaient seuls le droit d'être nourris de lébration des solennités. v. Pentateuque.
l'autel, tandis que les autres Lévites, non Le meilleur commentaire du Lévitique
fonctionnants, étaient simplement recom est celui qu'en donne l'apôtre dans l'Epî
mandés à la générosité des lsraélites. Si tre aux Hébreux ; ce n'est que par cette
c'est en effet ainsi que l'on doit entendre épître qu'on peut comprendre tant de
le passage indiqué du Deutéronome, il préceptes qui sans cela n'auraient aucune
serait un premier pas vers une manière signification ; v. aussi G. des Bergeries,
plus spirituelle de comprendre le sacer Moïse dévoilé, et Guers, le Camp et le
doce, et l'on doit se rappeler que ce livre Tabernacle. Le Lévitique nous montre
a été écrit environ quarante ans après la dans toutes ses pages la haine de Dieu
première institution, et qu'il a pu modi pour le péché , et le sacrifice comme seul
fier déjà quelques-unes des lois, quel moyen de salut; c'est la lumière, mais
ques-uns des principes existants. Toute encore faible, et unauteur anglais, Boyle,
fois la chose est incertaine, elle doit être dit très bien que la loi cérémonielle,
examinée, mais ne peut se décider. avec tous ses rites mystérieux, nous mon
LÉVITIQUE. C'est le nom qui a été tre l'enfant Jésus enveloppé de langes,
donné au troisième livre de Moïse, parce comme la crèche le montra aux bergers.
qu'il traite de l'institution des lévites, et LEZARD, animal dont on connaît plu
des lois et ordonnances qui devaient les sieurs espèces de diverses grandeurs, et
régir. Dans les sept premiers chapitres, il que, selon quelques commentateurs, on
décrit les sacrifices de divers genres qui retrouve dans l'Ecriture sous six noms
devaient être offerts par le peuple, et la différents, qui sont traduits dans nos
manière dont ils devaient être présentés. versions, Lév. 11, 29.30., par les noms
Le paragraphe suivant (ch. 8-10) est plu de tortue, hérisson, crocodile, lézard, li
tôt historique; il raconte la consécration mace, taupe. Disons quelques mots sur
des prêtres et le châtiment que subirent chacun de ces animaux, en réservant tou
Nadab et Abihu pour avoir offert devant jours l'incertitude qui règne sur tous ces
l'Eternel un feu étranger. Les chapi noms, dont la plupart ne se trouvent
tres 11-22 contiennent les lois sur la pu qu'une seule fois dans l'Ecriture :
reté légale et cérémonielle; enfin, la fin du 1° Hébr. tzâb (Martin, tortue); l'ani
livre, 23-27, renferme des prescriptions mal désigné par nos versions est un am
sur les fêtes, les vœux et les dîmes. (Le phibie dont le nom est tout à fait déplacé
chapitre 26 renferme des prophéties qui au milieu de ceux qui l'entourent, et que
se sont accomplies d'une manière bien la plupart des commentateurs, déjà les
explicite à l'égard des Juifs, cf. v. 22 avec Septante, Damir, Avicenne, puis Bochart,
LE7 563 LEZ
21. 2 Chr. 29, 35. Elles étaient présen LIBERTINS (ou affranchis). Il y avait
tées soit au nom de personnes isolées, à Jérusalem, au temps des apôtres, une
soit au nom du peuple entier, tous les Synagogue dans laquelle se réunissaient
jours, Ex. 29, 40., d'autres aux jours de ordinairement, outre les Juifs de Cyrène
sabbat, d'autres enfin, lors des fêtes so et d'Alexandrie, les Juifs appelés liber
lennelles, Nomb. 28, 7. 9. 14. 29, 4. La tins, Act. 6, 9. La synagogue avait reçu
libation qui accompagnait le sacrifice d'un le triple nom de ceux qui avaient l'habi
agneau était 1/10 d'épha de farine, 114 hin tude de la fréquenter ; c'est de son sein
d'huile, 114 hin de vin ; pour un bélier, que sortit la première opposition au mi
2/10 épha de farine, 113 hin d'huile, 1/3 nistère d'Etienne, que furent jetées les
hin de vin ; pour un veau ou pour un premières attaques, les premières accu
taureau, 3/10 épha de farine , 1p2 hin sations, les premières pierres. Quelques
d'huile et autant de vin, Nomb. 15, 4. 28, interprètes (Bèze , Valkenaer), ont cru
14. sq. 29, 9. Lév. 14, 21. Dans les temps qu'il fallait lire Libistiniens au lieu de li
de leur égarement les Israélites faisaient bertins, estimant que les trois noms de
des libations semblables aux faux dieux la synagogue dans le passage cité devaient
qu'ils adoraient, Es. 57, 6. 65, 11. Jér. 7, avoir un caractère géographique ; ce se
18. 19, 13. 44, 17. Ez. 20, 28., usage qui rait une forme rare, sinon précisément
n'avait rien d'étrange pour les païens, et poétique, du nom de Libyens ; mais cette
qu'on retrouve dans Virgile, quand Sinon supposition ne repose sur aucun fonde
parle du sort qu'on lui réservait : ment critique, et n'est appuyée sur aucun
Jamque dies infanda aderat, mihi sacra parari, manuscrit. D'autres conservent le nom de
Et salsae fruges, et circum tempora vitta . Libertins, mais lui font signifier habitants
( En. II, 132. 133.)
de la ville ou contrée (inconnue) de Liber
et lorsque Didon s'apprète à faire un sa tum, qu'ils supposent avoir existé dans
crifice : l'Afrique propre ou proconsulaire, parce
Ipsa tenens dextrà pateram pulcherrima Dido qu'au synode de Carthage,411, se trouvait
Candentis vaccae media inter cornua fundit. un évêque ayant pour titre Libertinensis.
(IV, 60. 61.) L'opinion généralement reçue, c'est que
Des libations d'eau étaient faites pen les libertins étaient des esclaves libérés
dant la fête des tabernacles, q. v., cf. 1 qui avaient conservé ce nom, euX et
Sam. 7, 6. On en retrouve encore d'autres leurs descendants, soit des affranchis ro
exepmples avant l'exil, 2 Sam. 23, 16. mains qui auraient passé au judaïsme,
Quant au fait rapporté 1 Rois 18, 34. sq., soit des Juifs que Pompée et Sosius au
l'eau qu'Elie répandit sur l'autel était raient emmenés captifs de Palestine en
une libation extraordinaire , dont le but Italie, et qui, ayant obtenu leur liberté
était symbolique en ce qu'il devait an (Tacit. Annal. 2, 85.), se seraient établis
noncer la pluie de bénédiction qui allait à Rome jusqu'au moment où Tibère chassa
venir sur le pays, en même temps que de ses états les superstitions étrangères;
cette profusion d'eau que le feu du ciel il est naturel que dans ce cas ils se soient
allait bientôt consumer, était destinée à retirés à Jérusalem, et en assez grand
mettre en évidence le ministère divin du nombre pour y posséder en tiers une des
prophète. quatre cent quatre-vingts synagogues
S'ir une libation d'huile, Gen. 35, 14., qui s'y trouvaient au dire des rabbins.
v. Pierres. — On ne peut dire avec certitude si, Act.
On sait que les païens avaient coutu 6, 9., il est question de trois synagogues,
me de boire du vin mêlé de sang lors ou d'une seule avec trois noms , mais ce
qu'ils se réunissaient par serment pour qui est probable, c'est que ces noms n'é-
une entreprise importante, dangereuse taient que des noms, et que la synagogue
et non avouée, par exemple pour une des libertins ne comprenait pas des li
conjuration (Sallust. Catil. 22.); on a cru bertins à l'exclusion des autres Juifs, et
trouver des allusions a cet usage, Ps. 16, qu'elle ne les comprenait pas tous non
4. lach. 9, 7. plus.
LIB 367 LlC
LIBNA. 1° Ville Sacerdotale et ville de la célèbre Thèbes (v. No.) fut aussi dé
refuge dans les plaines de la tribu de Ju fendue par les armées libyennes. Daniel
da, ancienne résidence royale des Cana 11, 43. prouve que des rapport ethno
néens, Jos. 10, 29. 12, 15. 21, 13. 1 Chr. graphiques existaient entre les Egyp-.
6, 57. Elle se détacha du royaume de Ju tiens, les Lybiens et les Cushites; et les
da sous l'infidèle Joram, et, à ce qu'il Léhabim nommés Gen. 10, 13. parmi
paraît, par attachement à la foi de ses les descendants de Mitsraïm (l'Egypte),
pères, 2 Rois 8, 22. 2 Chr. 21, 10., mais sont, sans aucun doute, les mêmes que
plus tard elle rentra dans l'obéissance ;au les Lubim ou Lybiens. Chez les Romains
temps d'Ezéchias, Sanchérib l'assiégea, ce nom n'avait qu'une portée ethnogra
2 Rois 19, 8. Es. 37, 8.; on ignore s'il phique et non point géographique; il in
réussit à s'en emparer. v. encore 2 Rois dique vaguement la contrée, Act. 2, 10.,
23, 31. 24, 18. Eusèbe la place dans la et désigne plutôt les habitants. La côte
contrée d'Eleuthéropolis sous le nom de d'Afrique, depuis l'Egypte jusqu'à Car
Lobana. — 2° Campement des lsraélites thage, se divisait en trois districts prin
au désert, Nomb. 33,20. — 3° Sihor Lib cipaux, la Marmarique, la Cyrénaïque et
nat (et non Sihor vers Benath), Jos. 19, l'Afrique propre; cependant Ptolémée
26., rivière qui servait de limites à la nomme le premier de ces districts Mar
tribu d'Aser; son nom peut se traduire marique libyenne, et comprend les deux
ruisseau de verre. C'est probablement le autres sous le nom général et commun de
Bélus ou Béleus des anciens; non loin de Lybie propre ou intérieure. Pline appelle
son embouchure, il coule à travers des Libye le district Maréotis.
sables très fins. On raconte que des vais LICORNE. C'est par ce mot que nos
seaux sidoniens chargés de salpêtre y versions ont traduit l'hébr. reém ; les
abordèrent, et que les gens de l'équipage, Septante, monocéros. La première ques
voulant préparer leur repas et ne trou tion qui se présente regarde l'existence
vant point de grosses pierres pour con même de cet animal; les anciens l'ont
struire leur foyer, se servirent à cet effet admise sans hésitation, mais paraissent
de grands morceaux de salpêtre, qui se avoir plus d'une fois confondu dans leurs
fondirent au feu et se mêlèrent avec les descriptions la licorne et le rhinocéros
cendres et le Sable : il en résulta une ma (Pline 8, 30. MElian. Anim. 16, 20.); un
tière transparente; c'était du verre. Dès bon nombre de voyageurs plus modernes
lors le sable du Bélus fut transporté à semblent avoir commis une méprise du
Sidon, où l'on perfectionna l'art de tra même genre; d'autres, distinguant bien
vailler le verre; et aujourd'hui encore les ces deux espèces de mammifères, ont cru
Vénitiens en chargent leurs vaisseaux pouvoir établir l'existence de l'un et de
pour les belles fabriques de leur patrie l'autre, mais varient dans la description
(Rougemont). qu'ils font de la licorne, que la plupart
LIBYE, contrée de l'Afrique septen d'entre eux avouent n'avoir pas vue de
trionale. Les Grecs, depuis Homère et leurs propres yeux et ne connaître que
Hérodote, désignaient par ce nom la race par ce que leur ont dit les naturels des
inculte et cuivrée qui habitait les côtes pays qu'ils ont visités. Le portugais Jean
sablonneuses et stériles de l'Egypte; ces Gabriel raconte pour sa part qu'il a vu
peuplades furent plus tard chassées et dans le royaume de Damor une licorne
repoussées vers l'intérieur encore peu qui avait une belle corne blanche au
connu du pays, par l'arrivée d'une colo front, longue d'un pied et demi, poil de
nie grecque à Cyrène, et d'une colonie la queue et du cou noir et court, forme
phénicienne à Carthage. Les Libyens et grandeur d'un cheval bai. Vincent le
s'enrôlèrent dans le service étranger Blanc en a vu une autre dans le sérail du
sous Xercès (Hérodot. 7, 71.86.), sous roi de Pégu, elle avait la tête plutôt d'un
Sésak, roi d'Egypte et sous Sérah, roi cerf que d'un cheval; et Louis Barthémo
d'Ethiopie, 2 Chr. 12,2. 16, 8. cf. 14, 9.; (xvIe siècle), dit qu'il en a vu, chez le sul
il parait même, d'après Nah. 3, 9., que tan de la Mecque, deux qui lui avaient été
LlC 568 LIC
envoyées par un roi d'Ethiopie; la plus Après cette question préalable, et dont
grande des deux avait sur le front une la solution n'est pas sans importance, on
corne de trois aunes (?!) de long, la doit se demander si, en admettant même
tête ressemblait à celle d'un cerf, la peau l'existence de la licorne, c'est bien de cet
était brun foncé, le pied fendu et l'ongle animal qu'ont voulu parler les auteurs sa
d'une chèvre. Ne seraient-ce pas là de crés sous le nom de reém. Pour cela,
véritables antilopes qui auraient perdu voyons les caractères qu'ils lui donnent,
une corne par accident ? Enfin, pour ne et examinons brièvement chacun des pas
pas tout citer, Hodgson, président de la sages où il en est parlé : 1° Nomb. 23, 22.
Compagnie des Indes à Nepal, reçut de et 24, 8., il n'est question que des forces
la ménagerie du raja un animal qu'on lui du reém ; 2° Deut. 33, 17., les forces de
dit habiter les parties méridionales du Joseph sont comme les cornes d'un reém,
Thibet, qu'il reçut comme licorne et dont ou plutôt comme des cornes de reém,
il envoya la peau au musée de Calcutta ; sans que rien soit préjugé sur le nombre
la peau était fauve et blanche sous le qu'en porte chaque individu (de même
ventre : au milieu du front s'élevait une Ps. 22, 21.); le reém est mis en parallé
longue corne pointue, noire, formant lisme avec le taureau, probablement sous
trois légers coudes, avec des anneaux le rapport de la force et de la puissance ;
circulaires à la base ; l'animal avait en cf. aussi Ps. 29, 6.; 3° Job 39, 12. 13.,
outre deux petites touffes de poils aux le reém ne se laisse pas attacher à la
narines, passablement de soies autour du charrue comme fait l'âne et le bœuf, il
nez et de la bouche, et la chevelure épaisse rompt ses liens; on ne peut ni l'apri
comme ne formant qu'une seule masse, voiser , ni le dompter; 4° Ps. 22, 21., le
autant de caractères qui donnaient à la reém est dangereux, sa corne ou ses
tête quelque chose de lourd et de repous cornes lui servent d'armes; 5° Ps. 29, 6.,
sant : cette peau serait un témoignage le petit du reém est nommé à côté du
décisif, s'il était prouvé que l'animal était veau, comme animal aux ébats joyeux et
une licorne et non point une antilope légers; 6° Ps. 92, 10., la corne du reém
monstre. Dans cette incertitude, plu est élevée, ce qui implique tout ensemble
sieurs hésitent, pendant que d'autres ont une certaine longueur, sa position à peu
embrassé plus ou moins chaudement. soit près perpendiculaire sur la tète, sa direc
l'affirmative (Bochart, Ludolf, Meyer, tion vers le ciel, et sa force; le singulier
Rosenmuller), d'autres la négative (Cu ne prouve rien, pas plus que lOrsque nous
vier). Disons seulement que l'existence disons : « la corne du taureau est plus
d'une licorne me serait nullement impos courte que celle du bœuf; » 7° Es. 34,
sible, qu'elle pourrait se justifier en ana 7. (grande hécatombe offerte en l'honneur
tomie, et que si l'animal que l'on dit du Seigneur), les reéms descendront avec
avoir habité l'Egypte et l'Ethiopie ne s'y les béliers (v. 6.), et les veaux avec les
trouve plus, cela provient peut-être de ce taureaux, c'est-à-dire les forts et les Sau
qu'il a été refoulé dans les déserts plus vages avec les faibles et les inoffensifs; le
intérieurs de l'Afrique, comme cela est caractère du reém est ici d'une manière
arrivé pour d'autres espèces d'animaux. générale la force, peut-être la férocité.
Quoi qu'il en soit, les voyageurs et les — Il résulte de ces sept ou huit passages
naturalistes qui croient encore à l'exis que le reém est sauvage, cornu, vif, in
tence de la licorne, lui assignent pour sé dépendant et dangereux; cela peut s'ap
jour les montagnes du Thibet où elle pliquer à la licorne si elle existe (ainsi
marche par grandes bandes, et l'Afrique, font Meyer, Schmidt, et presque Rosen
depuis le grand désert jusqu'aux confins muller), mais cela peut aussi se rappor
de la Cafrerie; elle ressemble au cheval, ter à beaucoup d'autres animaux ; c'est
a 48-52 pouces de hauteur, sur le front ainsi, que suivant les traces d'Aquila et
une longue corne un peu recourbée vers de Saadias, Michaélis, Bruce et Harris
le milieu; son caractère est sauvage et in pensent qu'il s'agit du rhinocéros; Schul
domptable. - tens, Bridel, Gesenius, De Wette, Hitzig,
LIE 569 LIE
faisaient et défaisaient à volonté, comme que dans 1 Chr. 15, 27. le bouz a été
le tabernacle dans le désert, et qu'elles substitué au bad de 2 Sam. 6, 14.; dans
ornaient de riches tapisseries. ce dernier passage, il n'est question que
LIEVRE (hébreu arnébeth, de arah de l'éphod, et dans les deux l'étoffe in
nib, tondre les produits du sol, d'après diquée est la même, du fin lin, du bad,
Bochart); cet animal était rangé par la loi et non du coton ou bouz.)
mosaïque au nombre des viandes impu 2° Bouz, le byssus des Grecs et des
res, Lév. 11, 6. Deut. 14, 7. Les Turcs et Latins; c'est l'étoffe du manteau de Da
les Arméniens détestent le lièvre, que les vid, 1 Chr. 15, 27.; elle se travaillait dans
Arabes au contraire, ainsi que les Grecs des fabriques juives en Palestine, 1 Chr.
et les Romains, regardaient comme un 4, 21.; c'est le fin lin de 2 Chr. 2, 14., du
manger très délicat. C'est peut - être à voile du temple, 3, 14., et des lévites
cause de ses habitudes de lasciveté bien chantres, 5, 12. Le même mot se retrouve
connues que Moïse l'a déclaré souillé ; Est. 1, 6. 8, 15. Ez. 27, 16. cf. Apoc.
quant à sa chair, elle avait parmi les an 19, 8. 14. Luc 16, 19. Il appartient dans
ciens médecins la réputation d'épaissir le tous les cas à l'hébreu postérieur et a
sang et de rendre mélancolique. Le lièvre une origine étrangère. Luther l'a traduit
a quatre doigts de pieds derrière, et cinq soie, de même que shesh. Winer, Gese
devant, avec des ongles, et le dessous des nius, Parkhurst, Harris (dans son Ap
pieds garni de poils; s'il ne rumine pas, pendice), et d'autres le rendent par coton,
puisqu'il n'a qu'un seul estomac et assez et le font synonyme de l'expression shesh
vaste, cependant il paraît ruminer, et plu plus ancienne ; quelques-uns entendent
sieurs auteurs sont même dans le doute par bOuz exclusivement le coton de l'ar
à cet égard. Quelques-uns pensent que buste, et par shesh celui de l'arbre, ce
le lièvre dont parle Moïse est celui que dernier étant plus commun en Egypte ,
les Arabes nomment encore de nos jours et l'autre en Syrie, cf. Ez. 27, 7. et 16.;
arneb, erneb ou eraneb. Fort abondant mais il ne faut pas trop presser ces fi
en Syrie, il l'est cependant moins que nesses d'histoire naturelle (v. Coton).
dans nos contrées. 3° Shesh, étoffe dont fut revêtu Joseph
LIGURE, Ex. 28, 19. 39, 12. v. Hya lorsqu'il fut établi gouverneur en Egypte,
cynthe. Gen. 41, 42. Le pavillon et ses courtines
LIMACE. v. Lézard 5o. étaient également de shesh retors, Ex. 26,
LlN. Il y a en hébreu quatre ou cinq 1. 27, 9. 18., ainsi que les deux pièces de
expressions différentes qui sont toutes vêtements indiquées 28, 39., et la robe
rendues par lin ou fin lin dans nos tra dont s'habille la vaillante femme, Prov.
ductions; disons d'abord quelques mots 31, 22. Ez. 16, 10. 13. 27, 7. cf. Luc 16,
de chacune d'elles. 19. C'était une étoffe précieuse dont les
1° Bad; les sacrificateurs ont des caleçons riches seuls pouvaient faire usage. Elle
de lin, Ex. 28, 42. 39, 28. Lév. 6, 10.; au est suffisamment déterminée par ce qui a
pluriel, un ange est vêtu de lin, Ez. 9,2.3. été dit plus haut; ajoutons seulement que
Dan. 10, 5.; la plupart des commentateurs le nom de shesh s'appliquait probablement
maintiennent cette signification, et Winer aussi par extension à d'autres étoffes, et
pense qu'il s'agit du lin le plus fin, ce qui notamment au fin lin égyptien, qui pour
semble assez probable puisque l'Ecriture la douceur et la délicatesse pouvait bien
en fait le vêtement des anges et celui des souvent se comparer au coton, ainsi Ex.
sacrificateurs ; Harris au contraire voit 39, 28. cf. 28, 42. Lév. 16, 4. (dans l'ori
le très fin lin dans le shesh. — Le bad ginal). Il faut remarquer d'ailleurs, que
était encore l'étoffe de l'éphod dont dans plusieurs dialectes de l'Orient un
David était vêtu lors du solennel trans même mot sert souvent encore pour dési
port de l'arche, 2 Sam. 6, 14. 1 Chr. 15, gner le lin et le coton.—Quant à la tra
27., tandis que le manteau dont il était duction soie, elle doit être repoussée (v.
ceint était de bouz, apparemment moins Harmer), par le fait que ce tissu qui de
fin.(Winer se trompe, I. 167., en affirmant nos jours est abondant et presque com
LIN 571 LIO
mun, était alors si rare et si précieux qu'il un composé, un mélange; mais quelques
se vendait son pesant d'or, et que l'em auteurs pensent qu'il s'agit aussi bien
pereur Aurélien dut en refuser une robe d'une bigarrure de couleurs que d'un mé
à l'impératrice, qui la lui demandait avec lange de matières différentes. v. Calmet,
instances ; on ne peut donc croire que ad h. l., et notre article Accouplements.
treize siècles avant lui, aux jours de Salo LINUS, 2 Tim. 4, 21., chrétien incon
mon, les soieries aient pu être comprises nu, était, selon quelques-uns, fils de
au nombre des objets dont s'occupait l'in Claudia, dont il est parlé dans le mème
dustrie féminine des Hébreux. verset. On veut qu'il ait été évêque de
4° Pishthah ou pishthéh (de pashath, Rome pendant douze ans et quelques
carder), est l'expression propre qui est le mois; mais, selon les uns, il aurait suc
plus ordinairement employée dans l'An cédé immédiatement à Pierre, qui n'a ja
cien Testament pour désigner le lin; elle mais été dans cette ville ; selon les au
se trouve Ex. 9, 31. Lév. 13, 47.48.52. tres, il aurait été évêque de Rome déjà
59. Deut. 22, 11. Jos. 2, 6. Jug. 15, 14. du vivant de l'apôtre; d'où il résulte qu'on
Prov.31,13. Es. 19,9. 42,3. 43, 17. (trad. ne sait rien de positif, et que la seule
lumignon) Jér. 13, 1. Ez. 40, 3. 44, 17. chose probable ou possible , c'est que
18. Os. 2, 5.9. — et 2ivo» dans le Nou Linus ?it été pasteur de ce petit troupeau.
veau Testament, Matth. 12, 20. Apoc. 15, LION. Ce vaillant et fier monarque des
6. Cette plante bien connue était cultivée déserts, ce roi de la création sauvage,
avec beaucoup de succès en Egypte, n0 qui n'a pour rivaux que le tigre et l'élé
tamment dans le Delta et aux environs de phant, pour maître que l'homme seul,
Pelusium, de même qu'en l'alestine : sa tige n'est connu que lorsqu'on l'a contraint
y atteint encore une hauteur d'un mètre d'abdiquer, lorsqu'il n'est plus lui-même,
et l'épaisseur du roseau. Les Hébreux et que sa couronne a été changée en un
s'en faisaient des vètements, des cordes, et licol de fer: sa crinière, longue, abon
même des mèches ou lumignons, et chacun dante et fine, flotte alors sur des épaules
de ces objets fabriqués pouvait prendre esclaves; mais son rugissement, qui n'est
le nom de la substance dont il était fait. plus celui de la menace et de la liberté,
Les riches se servaient de bad ou fin lin, jette dans l'âme une terreur secrète et
dont la plus grande partie venait d Egypte, involontaire, comme celle du tonnerre
tandis que les pauvres se contentaient qui gronde dans le lointain, qui ne me
souvent de lin grossier et non roui. L'é- nace plus, et qui ne laisse pas que de re
toupe (neoleth) est mentionnée Jug. 16, muer et de saisir. Vaincu. il reconnaît
9. Es. 1, 31., à moins qu'il ne s'agisse son vainqueur, et peut se laisser frapper
dans ces passages de cette espèce de par une femme ou par un enfant , mais
chaume qui tombe à terre quand on teille libre il ne reconnaît personne ; il règne
le lin, et qui n'est bon qu'à être brûlé.- pour lui-même ; sans haine comme sans
D'après Forster, (De bysso) et Michaélis, pitié, inaccessible à la peur, mais sans
le pishthah aurait aussi en hébreu, comme cruauté, il tue, parce qu'il ne trouve sa
il l'a en copte, la signification accessoire vie que dans la mort des autres, mais il
de coton, et ils s'appuient sur ce qu'il est ne tue pas pour tuer, il tue pour vivre ;
dit, Jos. 2, 6., que Rahab cacha les es on dit l'avoir vu généreux, épargner des
pions israélites sous des tiges qui, selon victimes, et, moins sanguinaire que le ti
eux, ne peuvent avoir été que des tiges gre etd'autres animaux carnassiers moins
de coton et non des tiges de lin, mais la terribles, laisser la vie à ceux dont la mort
preuve manque à cette assertion. ne lui était pas nécessaire. « Son extérieur,
Enfin il est parlé, Lév. 19, 19. Deut. dit Buffon, ne dément point ses grandes
22, 11., d'une étoffe nommée sha'atnez, qualités intérieures ; il a la figure impo
nom étranger à la langue hébraïque, et sante, le regard assuré, la démarche fière,
que nos versions ont traduit par « de la voix terrible; sa taille n'est point ex
laine et de lin ; » il résulte, en tOut CaS, cessive comme celle de l'éléphant ou du
du contexte, que ces étoffes devaient être rhinocéros : elle n'est ni lourde cOmme
Ll0 572 LI0
fait de linge bouilli et étendu est bien loin appeler à sa cour, « pour lui faire du bien. .
de remonter à une époqueaussiancienne; L0G, Lév. 14, 10. 12. 24., mesure
il n'a guère qu'un peu plus de sept siècles pour les objets liquides, le douzième du
de date, quoiqu'on ne puisse déterminer hin, équivalent, en conséquence, au con
l'époque précise de son invention (v. tenu de six coquilles d'œufs, d'après les
Montfaucon, Charta bombycina). rabbins : c'est la mème quantité que le
Nous renvoyons aux articles spéciaux quart du cab dont il est parlé 2 Rois, 6,
pour ce qui regarde les différents livres 25., qui ne s'employait que pour les ob
de l'Ecriture sainte, et à l'article Bible, jets solides.
où l'on trouvera les noms des livres per LOI. Le judaïsme est essentiellement
dus qui sont rappelés dans l'Ancien Tes une loi, et le Nouveau Testament qualifie
tament. souvent de cette manière, soit l'économie
Les desseins de la volonté divine, et elle-même, soit les livres qui en sont les
les noms des fidèles élus, sont représen documents, Jean 7, 49.40, 34. 12, 34.
tés en divers passages, comme étant in 15, 25.1 Cor. 14, 21. Hébr. 7, 12. 10, 1.
scrits dans le livre de la sagesse éter (prof. S. Chappuis, De l'Ancien Testa
nelle, ou au livre de vie ; on peut compa ment dans ses rapports avec le christia
rer, sous ce rapport, Ex. 32, 32. Es. 4, nisme, p. 71, sq.). Tout, en effet, se ré
3. Ez. 13, 9. Ps. 69, 28. Dan. 12, 1. Luc sume en lois chez les Juifs, à tel point
10, 20. Phil. 4, 3. Apoc. 3, 5, 13, 8. 20, que le nom même de la Thorah (la loi)
15. 22, 19. Les livres scellés dont il est était révéré chez eux presque à l'égal du
parlé Es. 29, 11. Apoc. 5. 1., ne sont nom de Jéhovah lui-même.
autres que les prophéties d'Esaïe et de En groupant autour du nom d'Abra
saint Jean. ham une portion déterminée de la famille
LOD, 1 Chr. 8, 12. Esd. 2, 33. Néh. de ce patriarche, en faisant de cette fa
11, 35., paraît avoir été habitée par les mille un peuple, et de ce peuple le dépo
Benjamites au retour de la captivité. C'est sitaire de la vérité, en leur accordant
la même ville qui est appelée Diospolis ainsi des priviléges inappréciables, Dieu
par les Grecs, et Lydde dans le Nouveau leur imposait des devoirs adéquats aux
Testament, que Pierre visita, et où il droits qu'il leur concédait. La loi était,
guérit le paralytique Enée, Act. 9, 32 en quelque sorte, le prix de leur privi
35. Elle est située à 4 ou 5 lieues est lége : bénédictions d'une part, obéis
de Joppe, sur le chemin de Jérusalem à sance de l'autre, tels étaient les termes
Césarée de Philippe. A l'époque de la do de ce contrat, de cette alliance. De la part
mination syrienne, elle appartenait à la des Juifs, tout devait donc aboutir à Dieu;
Samarie, mais en fut démembrée, avec Dieu était leur chef, leur maître, un maî
deux autres toparchies, pour être donnée tre absolu; Dieu était comme la base
aux Juifs par Démétrius Soter. Réduite même de leur nationalité : leur législa
en cendres par le général romain Cestius, tion devait porter l'empreinte de cette
lors de la dernière guerre des Juifs, elle situation exceptionnelle. Israël ne pou
se releva de ses décombres, et fut quel vait être ni monarchie, ni république, ni
que temps le siége d'une académie. Ce aristocratie; c'était en principe, ce devait
n'est plus maintenant, sous le nom de être en fait, une théocratie. Le Dieu
Lud ou Lidda, qu'un petit village presque d'Israël se proclamait l'auteur des insti
entièrement en ruines, et qu'on aperçoit, tutions politiques, comme celui des insti
à peu de distance de la route de Joppe à tutions religieuses. La charte du pays
Jérusalem, au milieu d'une forêt d'oli était le décalogue; toutes les autres lois
viers. n'en étaient que le développement. ll n'y
LODÉBAR, 2 Sam. 9, 4. 5. 17, 27. avait point là d'Eglise à côté de l'Etat,
Situation inconnue, mais probablement l'Etat n'était point juxtaposé à l'Eglise,
au-delà du Jourdain et non loin de Maha au-dessus, au dessous, ou au dedans ;
najim : c'est là que demeurait Méphibo l'Etat et l'Eglise n'étaient qu'un; rien ne
seth, fils de Jonathan, lorsque David le fit les distinguait. Il n'y avait pas un do
L0I 575 LOI
celle des juges qui lui succédèrent, étaient font point partie de l'assemblée de l'Eter
dictatoriales ; il y avait peu de politique nel, mais ils seront traités humainement ;
à faire sous un souverain absolu. Mais des distinctions sont faites entre les uns
Moïse, dans le conseil d'anciens dont il et les autres, Deut. 23, 3. sq. 25, 17. La
s'entoura, jetait déjà le germe du libéra loi règle encore les rapports des maîtres
lisme, et cette assemblée, d'abord mo avec les esclaves, et proclame d'une ma
deste, devint plus tard le grand sanhé nière absolue l'autorité des pères sur les
drin. La loi prévoyait la royauté. Elle enfants, ne réservant à la justice que le
renfermait quelques dispositions fiscales droit de vie et de mort.
touchant l'impôt, les amendes, les rachats 3° Lois morales. Elles forment le code
pécuniaires et la capitation ; il n'est pas le plus parfait qui ait jamais été donné à
probable qu'il y eût, pour le culte et pour aucun peuple : il suffit de lire Exod. 21
l'Etat, deux trésors séparés. — Tout Is 23, Lév. 19, Deut. 15,24, 25,. ll est pour
raélite de vingt ans était soldat, sauf les vu au sort de la veuve, de l'orphelin, du
exceptions prévues par la loi. La guerre lévite, du pauvre, de l'étranger, de l'es
était supposée, parfois ordonnée; mais clave; (tu ne livreras point l'esclave échap
elle est toujours considérée comme souil pé, mais tu le traiteras avec bonté).
lant l'homme; le soldat ne peut rentrer Moïse se préoccupe même des animaux,
dans ses foyers avant de s'être purifié. des nids d'oiseaux, etc.
Les prescriptions de Moïse offrent, sous 4° Lois sanitaires. Elles sont présen
ce rapport, un singulier mélange : on y tées comme des lois de pureté, et ten
voit, à côté de l'ancien droit des gens, daient indirectement à rappeler la pureté
barbare et reculé, l'esprit d'humanité et morale intérieure que Dieu exige de ceux
de douceur que devait apporter sur la qui le servent. Mais elles sont réellement
terre la religion divine. Souvent tous les toutes calculées sur l'ardeur du climat de
ennemis doivent être passés au fil de l'Orient, sur la nécessité d'une propreté
l'épée; d'autres fois, Moïse s'occupe avec constante, sur le danger de certains ali
sollicitude du sort des captives, et dé ments, sur la fréquence des maladies de
fend qu'on touche aux arbres fruitiers des la peau, et surtout de la lèpre, sur le vif
villes assiégées. — Les lois civiles sont, et dangereux penchant des Orientaux
avant tout, des lois agraires dans le vrai pour la volupté, etc. On comprend, dans
sens du mot. Moïse veut changer une cette classe : a) les lois relatives à la dis
horde, une tribu nomade, en un peuple tinction des animaux purs et impurs, lois
sédentaire et agricole ; tout converge alimentaires ; b) celles qui tendaient à
vers ce but; il n'y aura pas de pauwºes préserver les Hébreux de la lèpre, à con
dans le pays, Deut. 15, 4.; les terres sont stater le mal, etc.; c) toutes celles qui
distribuées par le sort entre les familles, traitaient des ablutions, purifications et
proportionnellement au nombre de leurs autres cérémonies destinées à effacer les
membres, et cela d'une manière défini souillures, physiques ou légales, que
tive que ne modifieront point les ventes pouvaient avoir contractées, volontaire
temporaires qu'en pourraient faire leurs ment ou involontairement, hommes et
premiers possesseurs, Nomb. 26, 53. femmes, telles que le contact d'un cada
Lév. 25, 23. De là l'institution du jubilé ; vre, etc. — La propreté était une reli
de là encore la loi du lévirat, la loi sur gion.
les héritages, les lois sur les dettes, la 5° Lois judiciaires et pénales. Elles
difficulté pour les étrangers d'obtenir le étaient remarquables par leur grande dou
droit de cité, etc. Les mariages mixtes ceur. Les législations antiques n'ont ja
(avec des païens) et les mariages inces mais approché d'une perfection sembla
tueux étaient sévèrement interdits ; la po ble ; les modernes n'ont pas fait mieux.
lygamie est tolérée, mais réglée et gênée; L'accusé était entouré de toutes les garan
le divorce est toléré, mais dans des con ties désirables. Un témoin ne suffisait
ditions qui le rendent difficile. Il est pas pour une condamnation à mort; les
pourvu au sort des étrangers ; ils ne faux témoins étaient épouvantés; les té
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moins véritables étaient même retenus là, et bientôt il se sera mis à couvert.
par la crainte de devoir servir de bour On a été trop loin dans les deux sens,
reaux sileur témoignageentraînaitlapeine les uns en prétendant que la législation
de mort. Les jugements étaient publics et hébraïque avait été calquée d'après les
oraux, habituellement sommaires, tou autres législations alors existantes, que
jours sans frais. Les villes de refuge of Moïse pouvait avoir étudiées; les autres
fraientun sûr asileaux meurtriers involon en niant d'une manière absolue toute in
taires. La question, la torture, ces raffine fluence des lois de l'Egypte, sanitaires et
ments de la justice sacerdotale du moyen autres, sur telle ou telle partie des pres
âge, étaient inconnues; les épreuves (le criptions mosaïques. Tout ce recueil est
sacrifice de jalousie)étaient innocentes endivinement inspiré, mais la personnalité
elles-mêmes. Les peines étaient à la fois de Moïse se montre partout, ses souve
modérées et proportionnées aux délits; nirs, ses expériences, ses impressions.
le talion pouvait être prononcé par le Il importe peu, d'ailleurs, que Moïse
juge. Les crimes commis contre Dieu, ait ramené d'Egypte ses prescriptions
contre la religion, l'idolâtrie, le blas contre la lèpre, et l'interdiction de la
phème, la violation du sabbat, étaient pu viande de porc, si l'Esprit lui a révélé ces
mis de mort , et cette sévérité n'étonne mesures comme bonnes à conserver. llim
que lorsqu'on oublie que le Dieu des Juifs porte peu que des lois agraires, qu'une
n'était pas un être de convention, mais la caste sacerdotale, aient été établies à l'i-
vérité même, et le roi souverain auquel mitation de l'Egypte, si Dieu a montré à
tOut le peuple devait rendre une obéis Moïse que c'était provisoirement ce qu'il
SanCe abs0lue. Les crimes contre les y avait de mieux à faire pour la formation
mœurs étaient aussi sévèrement punis. et le développement de la nationalité
— v. les art. spéciaux. juive. Moïse a suffisamment montré, cf.
Ce rapide aperçu , cette aride nomen Lév. 18, 3., qu'il n'entendait point faire
clature, suffit cependant à rappeler d'une une copie du paganisme. et l'esprit de
manière générale les détails qu'on a lus sa législation porte assez le caractère de
ailleurs. ll est impossible de n'être pas l'indépendance , pour qu'à cet égard il
frappé de deux choses : d'un côté Moïse ne soit pas suspect, même lorsqu'il pa
fait des concessions à l'esprit de son raît emprunter. Les absurdités de Bo
temps, de l'autre il lui résiste et le fronde lingbroke et de Voltaire sous ce rap
avec une énergie surprenante. Cette ap port , se réfutent d'elles - mêmes. Ce
parente contradiction dans le système qu'ils ont dit de plus sérieux se rapporte
provient de ce que, si Moïse veut isoler à cet isolement national que Moïse éta
les Hébreux des nations voisines, il sait fºht, à ce cordon sanitaire dont il entoure
qu'il ne pourra pas les isoler d'eux-mê son jeune peuple, à ce particularisme
mes. Il commence d'abord par couper les étroit qu'il prêche et qu'il commande. En
communications avec l'ennemi, puis il le théorie, le reproche est fondé; Dieu a fait
combat à l'intérieur, et il compte pour d'un même sang tout le genre humain :
cela non sur une destruction immédiate, qui comprend l'humanité perd peu à peu
mais sur le temps, sur ces moyens dila l'idée de la nationalité; mais en pratique
toires, sur ces réserves nombreuses, sur le peuple juif était non-seulement un
ces gênes cachées qu'il introduit partout, peuple à part, mais un peuple mis à part,
et qui d'abord ne paraissent pas avoir choisi, élu de Dieu dans un but spécial,
une grande portée. Cependant le père ne une exception dans le monde, et son his
tuera pas son enfant. parce qu'il faut que toire n'a que trop bien montré combien
ce soit la mère de l'enfant qui l'accuse, les barrières de la loi étaient même insuf
les voisins qui le tuent ; le divorce de fisantes pour le préserver du mal. Le re
mandé n'aura pas lieu, parce que le mari proche d'ailleurs aurait une plus grande
ne sait pas écrire; le meurtrier involon portée si, en lui imposant le particula
taire est livré au vengeur du sang, mais il risme, Dieu avait aussi imposé à son peu
ne mourra point, les villes de refuge sont ple l'égoïsme ; mais bien loin de là, les
I. 37
LOI 578 L0T
étrangers peuvent s'établir sur ce terri réel entre la loi et la grâce; c'est aller
toire d'Israël, partout ils sont recom trop loin, au moins dans la forme de l'ex
mandés à la bienveillance publique, et pression. Le chrétien n'est sans doute
lorsqu'ils jouissent de tous les avantages, plus sous la loi, mais c'est qu'il est devenu
ils n'ont pas même à supporter toutes les loi à lui-même. Rien ne lui est plus dé
charges. fendu, mais l'Esprit qui est au dedans de
On peut consulter utilement sur ce qui lui, et qui ne parle pas deux langages, lui
fait l'objet de cet article, E. de Bonne sert de règle et de loi. Quant à celui qui
chose, Hist. sacrée, p. 125, sq.; Cellérier, n'est pas converti, comme il n'a pas l'Es
Esprit de la Législ. Mos., deux vol.; les prit, comme il n'est pas sous la grâce, il
ouvrages plus spéciaux de Pastoret (Pa reste sous la loi, et les difficultés prati
ris 1817) et de Salvador (Paris 1828), et ques qu'on a soulevées sur cette question,
la dissertation du prof. S. Chappuis, citée sont d'une solution facile dès qu'On Se
plus haut (Lausanne 1838); en allemand place à ce point de vue. Ces questions, du
on a les ouvrages classiques de De Wette reste, appartiennent à la dogmatique.
(Archaeologie), Tholuck (Beil. zum He LOT, fils de Haran et neveu d'Abra
braeerbrief), Baehr (Symb. des Mos. Cul ham, Gen. 11, 27., accompagna son on
tus), et quelques travaux de Nitsch, Sack, cle d'Ur et de Caran en Canaan, et par
Hengstenberg, Twesten, Néander, dont tagea d'abord sa vie nomade dans les
la portée est tout à la fois dogmatique et contrées méridionales de la terre pr0
scientifique. mise, 11, 31. 12, 4.; mais, comme l'un
Le Nouveau Testament nous apprend à et l'autre avaient de grands troupeaux,
considérer la loi sous un double point de et que leurs bergers se querellaient sou
vue. Elle était caduque et périssable, dans vent au sujet des puits et des citernes
ce qu'elle avait de particulier, de spécial, du désert, ils durent se séparer, et Lot
de local ; elle était faite pour un temps, choisit pour demeure la verte et riante
pour un peuple, pour un pays. D'un autre vallée de Sodome, arrosée par les flots
côté elle est éternelle dans ce qui en fait du Jourdain, 13, 11. (1920 av. C.). Quel
l'idée fondamentale, et Jésus n'est point ques années après, le roi de Sodome
venu pour l'abolir, mais pour l'accom ayant été attaqué et pillé par Kédor-La
plir. Avant Jésus, elle servait d'institu homer, et Lot fait prisonnier avec tous
teur, de pédagogue, pour conduire les les siens, Abraham vint au secours des
hommes, par le sentiment de leurs péchés, vaincus, les délivra et leur rendit à tous,
au Messie qui devait apporter le salut. et à son neveu en particulier, les biens
Depuis Jésus, elle subsiste, mais gravée dont ils avaient été dépouillés. Lot con
sur les tables charnelles du cœur. On tinua dès lors d'habiter Sodome ; il y
peut la considérer, soit comme le fonde fiança ses filles, et vivait en plus ou moins
ment caché en terre sur lequel s'élève l'é- bonne harmonie avec ses impies et im
difice de l'Eglise chrétienne, soit comme purs voisins, lorsque deux anges vinrent,
l'échafaudage qui a servi à son élévation, et l'engagèrent à fuir le feu du ciel qui
échafaudage qui n'a plus maintenant au allait fondre sur la ville. On connaît l'ac
cune valeur. On peut la considérer comme cueil hospitalier qu'il fit à ces messagers
le commencement de l'œuvre que Jésus du ciel, bien qu'il ne les connût pas, et
est venu finir, ou comme un système pro le dévouement lâche et faible par lequel,
visoire qui n'était là qu'en attendant, oc pour sauver ses hôtes de l'opprobre, il
cupant et préparant le lieu pour le Sau offrit ses propres filles à la brutalité de
veur. Les deux points de vue ont leurs ses concitoyens. Le lendemain, de bonne
défenseurs; les uns et les autres ont rai heure, réveillé par les anges, il part, sous
son ; la loi est tout ensemble un fonde leur protection, avec sa femme et ses deux
ment et un échafaudage ; cette double filles, laissant en arrière les époux de
idée se rencontre partout dans le Nou celles-ci, que leur incrédulité avait aveu
veau Testament. On ne saurait en dire glés, comme le reste des Sodomites, sur
autant de ceux qui voient un antagonisme les malheurs qui leur étaient divinement
LOT 579 LOT
annoncés. Toute la plaine devait être en texte, qu'elle resta en arrière, qu'elle re
gloutie, et les fuyards devaient se rendre tourna peut-être, se confiant en ce qu'a-
sur la montagne de Tsohar : mais, sur vaient dit les anges, que le malheur ne
leur route, se trouvait la ville de Bélah, commencerait que lorsque Lot et les
petite, et par cela même peut-être moins siens seraient arrivés à Tsohar, et qu'elle
corrompue que les autres; Lot demanda fut surprise dans ses délais, ses lenteurs
qu'elle fût épargnée, afin qu'elle pût lui et ses regrets. Quant à sa mort, une
servir de retraite, et sa prière fut exau quantité d'opinions et de fables se sont
cée. C'est de Bélah, devenue Tsohar, fait jour. La statue de sel a pour elle la
qu'il put contempler l'affreux spectacle lettre, quoi qu'on en dise, et l'ancienne
d'une plaine entière détruite par le feu tradition : le sel pouvant se prendre
et le soufre ; mais déjà sa femme n'était pour sel de roche, on ne peut pas objec
plus avec lui : ménagère, peut-être avare, ter qu'elle a dû se fondre tout entière aux
peut-être incrédule, et, dans tous les cas, premières pluies, comme aussi rien n'in
désobéissante aux ordres célestes, elle dique qu'elle ne se soit pas fondue. Tou
s'était retournée, et elle avait péri. Après tefois, le texte peut se traduire dans un
un séjour dont la durée n'est pas déter sens plus large, et la tradition ne mérite
minée, mais qui ne fut, sans doute, pas guère de confiance à cause de son carac
bien long, Lot et ses filles quittèrent Bé tère exagéré. La statue a été vue, dit-on,
lah, et se réfugièrent sur la montagne par beaucoup de voyageurs ; mais ils ne
voisine de Tsohar pour y demeurer. La sont pas d'accord sur sa position, les uns
· solitude pouvait convenir au vieillard, la plaçant au nord, les autres au midi, à
veuf, sans fils, dépouillé de tous ses l'orient ou à l'occident; ils auront pris
biens, et témoin récent d'un déluge de pour statue de la femme de Lot quel
feu, vengeur de l'immoralité d'une plaine qu'une de ces créations bizarres de la na
dépravée ; mais ses filles, plus frappées ture, comme on en rencontre en divers
que lui de la destruction de leurs villes lieux, et qui affectent tantôt une forme,
et de leur isolement présent, faisant vi tantôt une autre. Ce rocher de sel con
vre et périr le monde tout entier avec le servait, selon eux, toutes les infirmités
monde de leur vallée, privées de leurs féminines : il pleurait en certains temps,
époux avant de les avoir possédés, con et il avait ceci de singulier, qu'il conser
damnées, selon toute prévision, à un cé vait toujours la même grandeur, quoi
libat perpétuel, et bien instruites dans le qu'on en arrachât souvent des morceaux
mal par les leçons de Sodome, enivrèrent pour souvenir et par curiosité. D'autres
leur père (singulier, mais touchant témoi auteurs pensent qu'il faut entendre que
gnage rendu indirectement à la pureté la femme de LOt étant retournée en ar
deses mœurs), et l'entraînèrent au crime; rière (elle périt et) devint un monument
c'est de ce double inceste que sortirent de sel (éternel, impérissable) du cour
les Moabites et les Hammonites. Cette rOux divin cOntre les rebelles et les in
tache est le dernier trait que l'Ecriture crédules ; d'autres encore, qu'elle fut
nous rapporte de la vie de Lot; mais le étouffée, et que, par l'abondance des ma
nom de ce patriarche est rappelé ailleurs tières salines renfermées dans l'air et
comme celui d'un juste, honorable de dans le sol, son corps fut comme pétrifié
vant Dieu, 2Pier. 2, 7. cf. Luc 17, 28.32. ou embaumé, de manière à ne pouvoir
Deut. 2, 9. 19. Ps. 83, 9. être atteint par la corruption, comme
Quel a été le crime de la femme de cela arrive des corps qui sont soumis à
Lot, et quel a été son chàtiment P La l'action des flots de la mer Morte, ou
cOncision de l'écrivain sacré autorise d'une source pétrifiante quelconque.
l'interprétation littérale, mais ne l'exige D'autres, enfin, ne prennent que l'idée
pas : « La femme de Lot regarda en ar générale du verset : la femme de Lot
rière, et elle devint une statue (ou un resta attachée au sol, morte et sans mou
monument) de sel. » On peut croire, et vement; mais c'est l'explication qui se
même traduire sans faire violence au justifie le moins, bien qu'elle renferme
º
LOU 580 LUC
pour nous la même leçon d'obéissance à rait peut-être aussi l'allemand dieb, l'an
la parole du maître. glais thief.
L'éblouissement dont furent frappés les LUC (abrégé pour Lucain, comme Si
Sodomites, et qui sous bien des rapports las pour Sylvain), l'auteur de l'Evangile
était une conséquence presque naturelle et des Actes, était d'après Eusèbe, Jérô
et souvent observée de débauches pareil me et Nicéphore, natif d'Antioche en Sy
les aux leurs, peut être comparé à celui rie, et médecin de profession. Juif de reli
dont Dieu frappa les soldats syriens des gion, mais païen par sa naissance (cf. Col.
cendus vers Elisée, 2 Rois 6, 18. cf. aussi 4, 14.2 Tim. 4, 11.), il avait une culture
Jean 8.59. 10, 39. lettrée qui se montre soit par la pureté de
LOUP. Cet animal, bien connu dans son style , soit par quelques réminiscen
nos climats, l'est également en Urient, ces des profanes. On ignore comment il
où son nom rappele comme chez nous vint à la connaissance de la vérité, mais
des idées de voracité, de violence et de on peut croire que ce fut par le ministère
làche cruauté : c'est aux brebis surtout de saint Paul , dont il fut toujours l'ami
qu'il se rend redoutable, c'est à la pour et le compagnon de travail. Parmi les tra
suite des faibles qu'il s'attache, Matth. 7, ditions, il en est qui le font ami de la
15. 10, 16. Luc 10, 3. Jean 40, 12.Act. Vierge, vierge lui-même, peintre, l'un des
20, 29. Il est représenté comme altéré de soixante-dix disciples, et le compagnon
Sang, Ez. 22, 27., et les principaux d'Is de Cléopas sur la route d'Emmaüs ; c'est
raël lui sont comparés pour leur avidité. possible comme sont possibles toutes les
Ses déprédations nocturnes l'ont peut choses dont on ne sait rien, mais c'est
être fait appeler loup du soir, Hab. 1, 8. peu probable, et notamment sa mission
Soph. 3, 3. Gen. 49, 27. Jér. 5, 6., quoi au nombre des soixante-dix disciples pa
que selon quelques auteurs (les Septante) raît contredite par Luc 1, 1-3.; c'est en
il faille traduire loup d'Arabie, ce qui core moins probable, s'il est vrai qu'il
n'est guère probable. La prophétie nous fût d'origine païenne : on ajoute qu'a-
annonce pour l'époque messianique, qu'a- près avoir entendu les enseignements du
lors on verra paître dans les mêmes pâ Christ, il s'en détourna, scandalisé des
turages, le loup et l'agneau conduits par paroles du maître : « Celui qui ne mange
un enfant, promesse que l'on prend assez pas ma chair et ne boit pas mon sang,
généralement dans un sens purement n'est pas digne de moi ; » mais il revint
symbolique en la rapportant à la récon plus tard à la foi, à la suite d'une prédi
ciliation des Juifs et des païens, des fidè cation de saint Paul. Son histoire ne com
les et des infidèles, mais qui paraît se mence pour nous qu'au voyage de Troas,
rapporter d'une manière plus entiére aux Act. 16, 10., probablement le premier
jours à venir où le Seigneur Jésus, ré qu'il fit avec l'apôtre, car ce n'est qu'a-
gnant lui-même sur la terre, soumettra lors qu'il commence à parler à la pre
au même sceptre les hommes et toute la mière personne ; il suit Paul à Philippes .
nature , Es. 11, €. 65, 25. Benjamin est dans la maison de Lydie, et paraît avoir
appelé par le vieux Jacob un loup qui dé séjourné quelque temps dans cette ville,
chire, Gen. 49, 27.; les interprètes cal malgré la persécution qu'y essuyèrent
déens entendent cette figure du grand Paul et Silas ; nous l'y retrouvons encore
nombre d'holocaustes qui étaient conti plusieurs années après, Act. 20, 6. Il re
nuellement offerts sur l'autel de Jérusa prend alors avec l'apôtre le cours de ses
lem, ville de Benjamin ; d'autres la rap voyages, et l'accompagne par Troas, As
portent à la violence des Benjamites, Jug. sos, Mitylène, Rhodes, Tyr, et Césarée, à
21, d'autres encore à Ehud, à Saül ou à Jérusalem, Act. 21, 15., ou il resta pro
saint Paul, qui appartenaient à cette mê bablement jusqu'au départ de Paul pour
me tribu. Rome, 27, 1. Fidèle à son ami, Luc parta
Le nom hébreu du loup est zeéb, dont gea tous les dangers et toutes les fatigues
on a cru trouver la racine dans l'arabe de cette périlleuse navigation , et, arrivé au
zaab ou daaba (effrayer), et d'où dérive terme du voyage, il continua de lui donner
º
* LUC 581 LUC
ses soins et demeura au moins quelque composés, pour que l'on puisse aperce
temps avec lui, comme on le voit par la voir l'usage que Luc en a fait, il diffère
mention qui en est faite deux deux épîtres de l'un et de l'autre par une tendance
écrites de cette ville, Philém. 24. Col. 4, éminemment catholique, générale, uni
14.; enfin dans le moment suprême, lors verselle. Saint Marc est à cet égard sans
que Paul écrit sa dernière épître, son caractère bien prononcé, bien qu'il ait
testament, il peut dire : « Luc est seul été écrit sous l'influence de saint Pierre ;
avec moi. » 2 Tim. 4, 11. C'est ici que mais l'évangile de Matthieu porte le ca
s'arrêtent les indications de rÉcriture chet juif à chaque passage, tandis qu'on
sur l'histoire du pieux médecin, du mo trouve dans saint Luc le caractère de
deste et constant ami de saint Paul ; la Paul, le Christ de l'humanité, l'alliance
tradition ne fournit que des données in de Dieu avec la terre toute entière. On
certaines sur le reste de sa vie et sur sa aperçoit déjà cette différence dans leurs
mort. Saint Jérôme le fait mourir à l'âge généalogies du Sauveur, Matthieu faisant
de quatre-vingt-quatre ans ; d'après Epi remonter les ancêtres de Jésus jusqu'à
phane, il aurait prêché l'évangile en Dal Abraham , le père des Juifs, Luc les
matie et dans les Gaules, et d'après Nicé comptant jusqu'à Adam, le père des hom
phore il aurait souffert le martyre en mes; Matthieu ne parle que des douze apô
Grèce. Les pères de l'Eglise lui connais tres représentants des douze tribus, tan
saient déjà passablement de tombeaux, à dis que Luc y joint les soixante-dix dis
Thèbes, en Béotie, en Bithynie, à Ephè ciples représentants de l'humanité : Mat
se, à Elée, dans le Péloponèse, etc.; on thieu insiste partout sur le caractère juif
sait l'estime qu'on devra faire de ces re du Messie, Luc sur son caractère humain,
liqués. évitant de raconter ce qui aurait pu faire
C'est probablement à Rome, avant la de son œuvre une œuvre particulière,
rédaction des Actes, et par conséquent une mission juive. Saint Luc a aussi dans
dans les deux premières années de son sé la forme, quelque chose de plus intime,
jour, que Luc aura écrit l'évangile auquel de plus affectueux, son Messie est plus
la tradition unanime a donné son nom. un Sauveur qu'un Roi ; il raconte volon
On le conclut de ce que les deux ouvra tiers ses conversations plutôt que ses
ges sont adressés à la même personne, discours, et fait parler les interlocuteurs,
Théophile(q.v.), qui était Romain, et dont enregistrant leurs questions et leurs ré
saint Luc avait sans doute fait la con ponses ; il s'attache aux détails, il raconte
naissance à Rome même ; l'auteur entre la naissance de Jean-Baptiste et celle du
dans beaucoup de détails sur la géogra Sauveur, le premier entretien de Jésus
phie et l'archéologie juives, qu'il paraît dans le temple , la résurrection du jeune
supposer peu connues de son lecteur, homme de Naïn, l'envoi des soixante-dix,
tandis qu'il passe en courant et sans ex la parabole du Samaritain miséricordieux,
plications ni indications aucunes, sur tout l'histoire de Marthe et Marie, la guérison
ce qui regarde la topographie de l'Italie, des dix lépreux, la visite de Jésus à Za
comme étant trop connu pour qu'il faille chée, la conversion du brigand sur la
caractériser ou préciser : arrivé au séjour croix, la rencontre qui eut lieu sur le
de Paul à Rome, le narrateur s'arrête et chemin d'Emmaüs , il donne un récit cir
ne dit presque rien des épreuves, de l'ac constancié et suivi d'un grand voyage
tion et de la vie de Paul, ce qui n'eût pas missionnaire de Jésus, et parle souvent
manqué d'intéresser les lecteurs de Jéru de la miséricorde divine et de l'efficacité
salem si Luc eût écrit pour eux, mais ce de la prière.
qui était aussi superflu pour des lecteurs L'authenticité de cet évangile n'a guère
romains qui étaient autant que Luc au été contestée, et même les hérétiques an
courant des affaires de Paul. Nous avons timosaïques, tels que Marcion, l'ont re
parlé des Actes à leur article ; quant à connue, comme cela était assez naturel à
l'évangile, bien qu'il ait assez de rapports cause de sa tendance antijudaïque, tandis
avec ceux de Matthieu et de Marc déjà qu'ils rejetaient les trois autres évangi
LUD 582 LUN •
les; mais encore l'ont-ils tronqué en plus Jér. 46, 9., à la solde des Egyptiens :
d'un endroit, comme l'ont remarqué Ter Esaïe les appelle gens tirant de l'arc, 66,
tullien et Epiphane, partout où les paroles 19., c'est pourquoi Bochart les prend
du Messie étaient en désaccord avec leurs pour les Ethiopiens qui, selon les an
vues exagérées sur la loi et l'Ancien Tes ciens auteurs (Hérodote 7, 69.), avaient
tament. (v. Olshausen, uber die Evang.) pour arme principale un arc de 4 aunes
Les Actes des apôtres sont la suite im de longueur, au moyen duquel ils tiraient
médiate et naturelle des Actes du maître ; des flèches courtes, munies de pierres
saint Luc les a écrits sans doute peu de aiguës. Cependant leur demeure ne peut
temps après son premier ouvrage, et a être déterminée avec parfaite certitude ;
réuni l'un à l'autre par le court avant Michaélis compare les Luday, sur la côte
propos qui est en tête du second livre. Occidentale de l'Afrique au sud de Ma
Outre ces deux ouvrages, on a attri roc, et le fleuve Laud qui coule vers la
bué à ce disciple la composition de l'épi Tingitane (Tanger); cette opinion, et celle
tre aux Hébreuac, q. v., ainsi que celle de Hitzig, qui voit dans les Ludim les
d'autres écrits que nous ne possédons Lybiens, sont moins probables que celle
plus. de Bochart, adoptée par Calmet, Winer,
LUCHITH. Ville des Moabites, Es. 15, Dahler, Preiswerk (Morgenl.), Schrœ
5. Jér. 48, 5.; suivant Eusèbe et saint Jé der, etc.
rôme, elle était située dans une contrée 2° Gen. 10, 22., peuplade sémite nom
montagneuse, entre Aréopolis et Tsohar, mée entre Arpacsad et Aram, selon toute
et portait encore de leur temps son an probabilité les Lydiens (Josèphe, Eusèbe,
cien nom. saint Jérôme, Bochart, Calmet, Winer,
LUCIUS de Cyrène, prophète et doc etc.). La Lydie , royaume célèbre sous
teur de l'Eglise d'Antioche en Syrie, Act. Crésus, est une province de l'Asie Mi
13, 1., et parent de Paul, Rom. 16, 21.; neure ; Sardes en était la métropole, et
selon quelques auteurs, il aurait été l'un l'on y trouvait encore Ephèse et Smyrne.
des soixante-dix disciples. Origène, Cal LUNATIQUES. v. Possession.
met, et d'autres encore, distinguent deux LUNE. Ce grand luminaire fut créé au
Lucius, et croient que celui dont il est quatrième jour pour dominer sur la nuit,
parlé dans les Romains est le même que et pour servir de signe pour les saisons,
saint Luc l'évangéliste; mais rien ne justi les jours et les années, Gen. 1, 16. Ser
fie cette opinion, le nom de Lucius n'était vante de la terre, elle fut bientôt érigée
pas de nature à être abrégé, et si Luc est en maîtresse et reine du ciel par l'idolà
une abréviation, il dérive de Lucain et trie : on lui attribua une puissante in
non de Lucius ; d'ailleurs au moment où fluence sur la fécondité du sol et sur le
Paul écrivait de Corinthe aux Romains, Sort des hommes, et dans les siècles de
Luc n'était pas avec lui, mais plutôt à la plus haute antiquité elle était déjà l'ob
Philippes, Act. 20, 2. 6.; de plus, si Luc jet d'un culte impie, v. Job 31, 26. Les
est appelé compagnon d'œuvre de saint Egyptiens l'adorèrent d'abord sous le
Paul, Philém. 24., Lucius n'est appelé que nom d'Io, et plus tard sous celui d'Isis ;
son parent, dans l'épître aux Romains, et les Israélites malgré la défense for
où il eût pu être appelé son compagnon melle de la loi, Deut. 4, 19. 17, 3., lui fi
d'œuvre comme l'est Timothée ; enfin rent aussi des offrandes, Jér. 8, 2. 19,
pourquoi Paul caractériserait-il la même 13.2 Rois 21, 3., qui consistaient princi
personne de deux manières si différentes palement en encensements, en libations
dans le passage des Romains, et Col. 4, et en gâteaux de miel ayant la forme de
14. ! croissants, Jér. 7, 18. 44, 17. 19. cf. Hé
LUD, le pays, et Ludim, les habitants. rodote 8, 41. La lune comptait aussi des
1° Gen. 10, 13., le premier des descen adorateurs en Arabie (Bochart, Phaleg 2,
dants de Mitsraïm , nommé à côté de Put 19.); les Romains lui rendaient un culte
frère de Mitsraïm, Ez. 27, 10. 30, 5.; ils sous le nom d'Hécate, la même que Diane,
font la guerre au service des Tyriens, et avec cette seule exception que Diane etait
• LUN 583 LUN
chaste, tandis que la première était répu repos qui avaient leur place au commen
tée pour ses aventures galantes.Macrobe, cement de chaque mois, l'année juive
dans ses Saturnales, affirme que pour sa étant supputée en mois lunaires ; elles
crifier à la lune les hommes se déguisaient étaient en quelque sorte des sabbats de
en femmes et les femmes en hommes, et mois, comme le samedi était le sabbat de
Maïmonides croit que c'est une des rai la semaine. Les Juifs se reposaient alors
sons pour lesquelles Dieu avait défendu de leur travaux, et consacraient en entier
aux Juifs ce double travestissement. Sur ces jours au service de Dieu. On offrait
les rapports de la lune avec Astarté, v. au sanctuaire des sacrifices spéciaux,
Bahal et Caldée. Quant à la reine des Nomb. 10 et 28, 11-15. cf. 1 Chr. 23, 31.
cieux dont parle Jérémie, 44, 18., il pa 2 Chr. 2, 4.8, 13. 31, 3. Esd. 3, 5. Néh.
rait, malgré l'opposition de quelques sa 10, 33.; le peuple se rassemblait en as
vants (v. Gesenius), que c'est de la lune semblée solennelle, Es. 1, 13. Ez. 46,
qu'il est question, et non point de la bril 1., et les sacrificateurs sonnaient des
lante planète de Vénus, ou de l'armée des trOmpettes sur les holocaustes, Nomb.
cieux en général. Le passage, Ps. 121, 6., 10, 10. cf. Ps. 81 , 4. On faisait des
semble se rapporter à l'influence maligne, banquets sacrés, et l'on se réjouissait
ou réputée maligne, de la lune sur ceux d'une sainte joie ; un festin avait lieu à la
qui dorment en plein air, sous le ciel pur cour de Saül, 1 Sam. 20, 5. 24., et les
et serein de l'Orient, ou sur la vue de plus pieux cessaient de jeûner ; il n'y
ceux qui la fixent trop souvent lorsqu'elle avait ni travail ni commerce, Am. 8, 5.
brille de tout son éclat. « L'astrologie Néh. 10, 31. On faisait la lecture de la
naturelle, dit Calvin, montrera bien que parole de Dieu, 2 Rois 4, 23. Cette fête,
les corps d'ici-bas prennent quelque in à cause de son importance , et peut-être
fluxion de la lune, parce que les huîtres aussi à cause de son analogie éloignée
se remplissent ou se vident avec icelle ; avec le sabbat, est souvent nommée à côté
pareillement, que les os sont pleins de du jour du Seigneur, 2 Rois 4, 23. Am.
moelle ou en ont moins selon qu'elle 8, 5. cf. Os. 2, 11.Col. 2, 16. Chaque sep
croît ou diminue. » Dans tous les cas, et tième néoménie (nouvelle lune), comme
quoi qu'il en soit, le psalmiste annonçant le sabbat d'une semaine de mois, était
que le soleil ne donnera pas sur l'homme célébrée d'une manière plus solennelle,
· pieux de jour, ni la lune de nuit, parle le avec un holocauste de plus ; c'était un
langage de son pays et de son temps, et mémorial de jubilation, Lév. 23, 24.
veut indiquer d'une manière générale, Nomb. 29, 1. — Tacite (Germ. 11), et
qu'il sera préservé de tout accident fâ d'autres auteurs parlent d'un usage pa
cheux, de toute influence malveillante, reil chez quelques peuples de l'antiquité,
soit que cette influence existe, soit qu'il de prières adressées à la nouvelle lune,
y crût lui-même, soit qu'il eût simplement et de festins joyeux, célébrés le jour où
égard à une certaine crainte populaire le sacrificateur chargé de cet office an
mais indéterminée, comme le sont pres nonçait publiquement que la reine des
que toutes les superstitions, soit enfin cieux recommençait à croître ; il ne s'a-
qu'il eût le pressentiment de cette nou gissait évidemment pas de la détermina
velle terre où il n'y aura plus ni jour ni tion mathématique de la conjonction de
nuit.— L'obscurcissement du soleil et de la lune et du soleil, mais de la phase ap
la lune (et il n'est pas nécessaire d'en parente et du croissant visible. — Les
tendre par là des éclipses), est fréquem Juifs modernes n'ont pas abandonné cette
ment indiqué comme devant accompa tradition de la loi, mais ils n'interrom
gner de grands événements, la chute de pent pas pour cela leurs travaux ni leurs
l'empire assyrien, de Babylone, et la fin affaires ; les femmes seules ne font rien
du monde, Es. 13, 10. 24, 23. Ez. 32, 7. ce jour-là : le soir après le renouvel
Joel 2, 10. 3, 15. lement de la lune, dès qu'ils aperçoi
Les Juifs célébraient les nouvelles lu vent le croissant, ils se rassemblent pour
nes , c'étaient des jours de fête et de faire une prière à Dieu, dans laquelle ils
LYC 584 LYD "
Fappellent créateur des planètes, et res caonienne, Act. 14, 11., était, d'après
taurateur de la nouvelle lune ; ils font en Jablonsky, une espèce d'assyrien; d'au
même temps une commèmoration de Da tres croient que c'était un grec corrompu;
vid, et se séparent après s'être salués. le problème n'est pas résolu, et ne se ré
LUZ, ancien nom de Béthel (q. v.), soudra pas. — Selon Pline, un petit dis
Gen. 28, 19. 35, 6. Jos. 18, 13. Jug. 1, trict à l'orient du pays, du côté de la
23., située sur les frontières de la tribu Cappadoce, aurait cependant conservé le
de Benjamin, mais sans qu'on en puisse nom politique de Lycaonie; il y place
déterminer la position. C'est la famille Thebasa sur le Taurus, et Hyde sur les
de Joseph qui la conquit après l'avoir fait frontières de la Galatie et de la Cappa
explorer ; une famille de Luzites ayant doce ; Ptolémée y ajoute encore Iconium.
été épargnée dans le massacre général, LYCIE, Act. 27, 5., province de l'Asie
à cause d'un service que son chef avait Mineure, sur la côte sud-ouest, et vis-à-
rendu aux espions de Joseph, elle se re vis de Rhodes; elle appartenait encore à
tira au pays des Héthiens, et y bâtit une la rêgion du mont Taurus, qui formait
ville qui fut nommée Luz en souvenir de sa frontière nord-ouest, et la séparait, en
l'ancienne, mais on ne sait où il faut la allant vers le sud, de la Pisidie et de la
chercher ; Rosenmuller pense à Luza, Pamphylie; un bras de cette chaîne s'a-
qu'Eusèbe place à 3 milles de Sichem ; vançait dans l'intérieur du pays, sous le
l'opinion de Studer qui la cherche sur nom de Kragus, parallèlement au Tau
les côtes de la Phénicie, quoique non rus; entre les deux, coulait le Xanthe,
prouvée, serait plus probable. célébré par les poètes de l'antiquité. La
LYCAONIE, province de l'Asie Mi Lycie était donc une contrée monta
neure, dans laquelle se trouvaient, d'a- gneuse, malgré quelques plaines et quel
près Act. 14, 6.11., les villes de Lystre et ques ports; à l'ouest, elle avait la Carie;
de Derbe, qui, cependant, appartenaient Telmesse êtait la dernière ville dans cette
alors d'une manière plus exacte à la Ga direction ; au nord et au nord-est, la
latie ; car cette dernière province en avait Phrygie et la Pisidie; à l'est, la Pamphy
absorbé quelques autres plus petites, et lie; au sud, la Méditerranée, appelée aus
le nom de Lycaonie n'avait conservé au si mer Lycienne près des côtes, qui sont
cune valeur politique ou diplomatique ; il escarpées et rudes, mais munies de ports
s'employait dans les relations ordinaires commodes. Son sol et son climat sont à
et dans la conversation, comme renfer peu près les mêmes qu'en Cilicie : la terre
mant une idée géographique connue et n'était pas sans fertilité ; cependant, c'est
déterminée, de même qu'on dit en France du voisinage de la mer, plus que de la
le Languedoc, la Provence ou le Limou culture du sol, que les Lyciens, toujours
sin, et surtout comme on emploierait les réputés bons marins, au dire d'Hérodote,
noms des départements si l'ancienne di tiraient les plus grands avantages. Parmi
vision géographique venait à être réta les villes assez nombreuses de cette con
blie. La Lycaonie appartenait au plateau trée, le Nouveau Testament nomme Pa
du Taurus qui la séparait, au midi, de la tara, la capitale, Phaselis et Myra, q. v. —
Cilicie; c'était une longue plaine acci Longtemps cette peuplade républicaine
dentée, située entre deux chaînes de sut, par sa conduite sage et les alliances
montagnes, et dont le sol, fortement im que ses villes avaient formées entre elles,
prégné de matières salines, n'offrait que défendre sa liberté contre les tentatives
fort peu de sources potables, au point des Romains ; mais l'empereur Claude
que, dans quelques endroits, l'eau était réussit enfin à la soumettre à son scep
devenue une marchandise : mais les pâtu tre, et la fit administrer par un président
rages y étaient d'autant meilleurs, et le ou légat, conjointement avec la Pam
commerce du menu bétail y avait acquis phylie.
une grande importance. On trouvait LYDDE. v. Lod.
beaucoup d'ânes sauvages errants dans LYDIE. 1° Province de l'Asie Mineure
les districts montagneux. La langue ly qu'Antiochus-le-Grand, vaincu par les
LYD 585 LYS
Romains, dut abandonner à leur allié, mille. Unie ainsi aux apôtres par le lien
Eumènes, roi de Pergame. Elle avait été de la foi, elle insiste auprès d'eux (Paul,
le centre d'un grand empire, dont le der Luc et Silas), pour qu'abandonnant le lo
nier roi, Crésus, vaincu par Cyrus, 548 gis mercenaire qu'ils occupent dans Phi
av. C., est bien connu. A la mort d'At lippes, ils viennent demeurer chez elle,
talus lII Philométor (133 av. C.), la Ly et y goûter les douceurs de l'hospitalité
die, avec toute la contrée circonvoisine chrétienne. Sa maison paraît être deve
soumise à la couronne de Pergame, passa nue le centre du petit troupeau qui se
Sous la domination immédiate des Ro forma dans cette ville, et cOnserVa pour
mains, et fut dès lors considérée comme saint Paul un vif sentiment d'affection,
une partie de la province d'Asie. Son qui se perpétua chez tous ceux qui se
territoire s'étendait, à l'exception des joignirent plus tard à cette première fa
villes de la côte ionienne, depuis le pro mille chrétienne. (v. Rilliet, Comm. aux
montoire de Mycale jusqu'à l'embouchure Philipp., p. 17-20).
de l'Hermus ; sa frontière septentrionale LYRE. v. Musique et Harpe.
aturelle était un bras de la chaîne du LYS. C'est de cette fleur magnifique et
aurus, tandis qu'à l'orient et au midi, pure qu'il est sans doute parlé 1 Rois 7,
un autre embranchement de la même 19. 22. 26, 2 Chr. 4, 5. Cant. 2, 2. 16.
chaîne, longeant la rive droite du Méan 4, 5. 5, 13. 6, 2. 3. 7, 2. (mal traduit
dre, séparait la Lydie de la Phrygie et de muguet dans nos versions). Os. 14, 5.
la Carie.Une autre montagne, le Tmolus, Matth. 6, 28. Luc 12,27; elle a fourni au
traversait la contrée, qui avait cependant Cantique de Salomon de belles images, et
aussi quelques plaines considérables, et aux ornements du temple de beaux mO
jouissait d'un climat agréable et d'une dèles. Le lys (Cl. VI. Monogynie de Lin
grande fertilité. Parmi les villes lydien née) a un périgone de six feuilles qui,
nes, le Nouveau Testament nomme Sar soudées par le bas en forme de cloche,
des, Thyatire et Philadelphie.Les Lydiens se séparent, en s'évasant vers les bords,
apparaissent déjà dans l'Ancien Testa comme une couronne. ll croît, sans cul
ment sous le nom de Lud; très réputés ture, dans les campagnes de la Judée, où
pour leur habileté industrielle, pour leurs il a fourni à notre Sauveur une de ses
magnifiques travaux de pourpre et pour plus touchantes comparaisons sur la sol
l'étendue de leur commerce, ils s'amolli licitude universelle de la Providence di
rent et s'efféminèrent sous la domination vine. On en trouve de blancs, de rouges,
des Perses (Hérodote). de jaunes et d'orangés. ll y a des lys de
2° Nom propre d'une marchande de jardins et des lys de montagnes, des lys
pourpre de Thyatire, établie à Philippes, de neige et des lys de feu.— Selon quel
en Macédoine. Païenne de naissance, ques auteurs cependant (Souciet), c'est de
mais prosélyte juive, elle suivait assidû la couronne impériale (fritellaria) qu'il
ment le culte du vrai Dieu : c'était hors serait parlé dans l'Ecriture, autrement
de la ville, dans un lieu sans doute mo nommée encore lys royal, lys persique,
deste, et près du fleuve Strymon ; car les le tusaï ou tusac des Perses, dont la fleur
Juifs de la dispersion, souvent persécu ne diffère guère de celle du lys que par
tés ou difficilement tolérés, n'avaient pas sa couleur rouge-brun, et parCe qu'elle
partout, dans les villes, des synagogues s'incline, et se renverse presque comme
ou des lieux de culte réguliers ; ils se une couronne, à l'extrémité de la tige qui
réunissaient comme ils pouvaient, en est surmontée par un toupet de feuilles ;
plein air, peut-être dans des lieux consa la tige est environ de la grosseur du
crés à d'autres objets, et recherchaient doigt, ronde, d'un pourpre foncé, et
volontiers le voisinage des rivières plus haute d'un mètre. La fleur est souvent
favorable aux ablutions. C'est dans une double, et le nombre, comme l'ordre de
de ces réunions que Lydie entendit saint ses feuilles, est assez variable dans ce
Paul; le Seigneur lui ouvrit le cœur : elle cas. Chaque feuille de cette fleur a, dans
fut convertie et baptisée avec toute sa fa le fond, une glande qui sécrète une hu
LYS 586 LYS
meur aqueuse, laquelle se forme ordinai Luc peut et doit suffire, quand 0n serr
rement, vers le milieu du jour, en une pelle son exactitude ordinaire et l hi
perle très blanche, et distille peu à peu lité avec laquelle, originaire d'Anti0ch d
des gouttes d'eau très pures et très voisin d'Abilène, il aura pu c0nnaitre tl
claires; c'est à cause de cette particularité, détail l'histoire de cette petite tétrarchie,
comparée avec Cant. 5, 13. (elles distil LYSIAS (Claude), Act. 23,26, Chilir
lent la myrrhe franche), que quelques au que romain, tribun commandant de l
teurs, notamment Rosenmuller, ont cru garnison qui se trouvait à Jérusalem dans
devoir traduire l'hébreu shushan par cou la forteresse Antonia, et à la tête de h
ronne impériale. Cette traduction con quelle il était placé en l'absente du
vient dans tous les passages cités, mais gouverneur Félix, lorsque au cinquitmt
le lys va également bien : peut-être le voyage de Paul dans cette ville, il futap
même mot peut-il s'appliquer aux deux pelé à intervenir entre lui etle peuple l
fleurs, à cause de leurs divers rapports s'empara de l'apôtre et le fit charger #
extérieurs ; mais l'accord des anciens fa chaînes, puis l'interrogea sur les mºis
vorise davantage la traduction lys : on de son arrestation; il croyait tenir !
sait, d'ailleurs, combien cette fleur était prisonnier célèbre, un Egyptien luiquº
recherchée, ainsi que la rose (v. Virg.
quesjours auparavant, avait excitéunest
Egl. 10,25.), et l'excellent parfum que les dition et emmené au désert 4,000 Mº
anciens savaient en préparer (Plin. 15, mes. La défense de l'accusé n'ayant º
7.). Le nom hébreu de cette plante si répondu à l'attente du tribun, celuiºiº
gnifie six, et vient peut-être du nombre lait lui faire donner la question qº !
de ses feuilles, peut-être aussi de la Su apprit que Paul était Romain; le leº
siane, province persane, d'où les lys pa main il le fit comparaître devantlesº
raissent avoir été importés en Palestine ; drin ; mais ces magistrats comme le Pº
ce peuvent aussi n'être là que des rap ple ne trouvèrent que des cris, desº
ports accidentels d'assonance. Quelques férations, des menaces et des violº
psaumes, 45, 1., etc., portent pour épi opposer à la vérité. Lysias dut derº
graphe : • pour le chanter sur sosan faire protéger Paul militairement lº
nim ; » Jérôme et Aquila traduisent ce seconde comparution devait avoit lº
mot par lys , il vaut mieux, peut-être, mais ce n'était qu'un prétexte pourſ -
entendre par là un instrument à six cor nir à une quarantaine d'assassins lº
des. v. cet art. sion d'enlever et de tuer Paul lº
LYSANIAS, gouverneur ou tétrarque fut averti de ce complot par le nººº
de l'Abilène lorsque Jean-Baptiste com l'apôtre et prit ses mesures entº
mença sa mission, n'est nommé que Luc 3, quence : 470 hommes, archers et º
1., et nulle part dans l'histoire profane; on liers, furent commandés pour condº
pense qu'il était fils ou petit-fils d'un autre l'apôtre en sûreté à Césarée Strat0isº
Lysanias qui fut mis à mort par Marc An bord de la mer, et le remettreenºº
toine (34 av. C.), et donna une partie de mains de Félix à qui Lysias écrivilº
son royaume à Cléopâtre. Paulus et d'au lettre favorable à l'accusé. - Toulº !
tres rationalistes ont VOulu conclure du conduite de Lysias est digne d'unlº
silence de l'histoire et de Josèphe en par soldat; ignorant de bien des choses !º
ticulier, que le nom de Lysanias dans le comprend rien aux questions théºlº
passage de saint Luc, était une erreur, ques juives, il prend Paul pour un º
lutionnaire égyptien, il s'étonne dº
une faute de copiste, et qu'il fallait lire :
. Philippe, tétrarque de l'Iturée, de laprendre qu'il sait le grec, il nesinfº
Trachonite et de l'Abilène de Lysanias, pas même sison prisonnier est Romiiºº
c'est-à-dire de l'ancienne Abilène ; » mais veut procéder avec lui de la manièreº
ce n'est qu'une supposition, et l'accord dinaire dont on traitait les étrangºº
des manuscrits la repousse; il n'y avait mais tout est chez lui ferme, jusle d
aucune raison pour que Josèphe parlât de loyal; il s'assure du prévenu autant pº
ce Lysanias, et le témoignage de saint le protéger que pour s'en emparer d
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DE LA BIBLE OU
CONCORDANCE RAISONNÉE
SAINTES ÉCRITURES
CoNTENANT, EN PLUs DE 4,000 ARTICLEs :
1. La Biographie sacrée ; — 2. L'Histoire sainte ; — 3. L'Archéologie biblique ; — 4. La Géographie biblique ; -
5. L'Histoire naturelle biblique, la Botanique, la Zoologie et la Géologie ;— 6. L'Esprit de la législation mosaique ;
— 7.Des Introductions spéciales aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament; — s. Des Essais sur diverses
portions des Ecritures ; — 9. L'Interprétation et l'explication d'un grand nombre de passages obscurs on mal
traduits ; — 10. Des Directions pour l'étude de la prophétie, etc.
PAR
PA R IS
LIBRAIRIE PROTESTANTE,
RUE TRoNCHET , 2.
1s49
DICTIONNAIRE
DE LA B| BLE
OU
CONCORDANCE RAISONNÉE
D ES
SAINTES ÉCRITURES
MAC
saint Jérôme pense à celle de Siloh, le listins, Jug. 8, 3. 12. 6, 2.; mais enfin
paraphraste caldéen à celle de Cédron, Gédéon les surprit dans les plaines de
Rosenmuller à celle des faiseurs de fro Jizréhel où ils s'étaient rassemblés, Jug.
mage, v. Jérusalem ; ce sont autant de 6, 33., et les repoussa au-delà du fleuve
suppositions en l'air. Le nom de Mactès, au sud de Scythopolis, les frappa de re
qui signifie alvéole, a fait croire à quel chef dans le voisinage de Succoth et en
ques auteurs (Calmet) que ce lieu était le délivra définitivement le peuple dont il
, même que Ramath-Léhi, où Samson vit était juge, 7 et 8; cf. Ps. 88, 9.41. Es.
s'ouvrir une dent de laquelle jaillit une 9, 3. 10, 26. Hab. 3, 7. Leur nom est en
fontaine; c'est une explication un peu core rappelé comme celui d'un peuple
forcée ; le mieux est certainement de ne commercant, Es. 60, 6., dans un passage
rien décider. où le prophète, parlant des temps messia
MADIAN, Madianites. Peuplade arabe niques, et racontant quelle sera alors la
descendue d'Abraham par Kétura, Gen. gloire finale du peuple juif, dit que toutes
25, 2. 4. Elle ne tarda pas à se répandre les nations s'empresseront de venir dé
et à devenir forte et commerçante, puis poser devant lui leurs tributs.
qu'aux jours de Jacob, nous voyons déjà , Il est difficile de déterminer exactement
les Madianites formés en caravane, tra d'après l'Ecriture, le territoire qu'occu
verser le désert pour se rendre de Galaad pait cette peuplade , les géographes arabes
en Egypte, au travers de la Palestine, du moyen âge (Edrisi et Abulféda) parlent
Gen. 37, 28. 36. Ils paraissent avoir ha des ruines d'une ville nommée Madian
bité d'abord, comme bergers nomades, qui était située sur les côtes orientales du
les vastes plaines de l'Arabie Pétrée, voi golfe élanitique ;Jospèhe connaît de même
sines de l'Egypte, Ex. 2, 15.; ils vivaient une ville Madiène au bord de la mer Rouge,
sous l'autorité d'un chef à la fois sacrifi ce qui placerait le pays de Madian entre
cateur et prince, Jéthro, et poussaient la partie du golfe d'Arabie, l'Arabie Heu
leurs troupeaux jusqu'aux environs du reuse, et les plaines de Moab. On com
mont Sinaï, 3, 1. Cependant ils ne s'y prendrait, dans ce cas, que les Madianites
trouvaient pas au moment où les lsraé aient pu faire le commerce de caravane
lites traversèrent le désert, et Jéthro, entre l'Egypte et l'Arabie ; mais il reste
parent de Moïse, dut quitter les lieux douteux que ce soit là qu'on doive cher
qu'il habitait pour venir à la rencontre cher cette peuplade sous Jéthro, d'autant
de celui-ci, Ex. 18, 1. Nomb. 10, 29. Plus plus qu'à une époque postérieure, 1 Rois
tard nous les trOuvOns à l'orient de la 11, 18., Madian est placé entre les Edo
terre promise, dans les plaines de Moab, mites et le désert de Paran. ll vaut donc
ou de bonne heure déjà des conflits mieux admettre qu'à côté des Madianites
avaient eu lieu entre les Moabites et les proprement dits, qui formaient comme le
Madianites, Gen. 36, 35.; alors ces deux corps de la nation, et dont le territoire
peuples sont alliés, et ils s'unissent dans était au sud de Moab, il se trouvait une
le mal pour séduire Israël et le perdre, autre peuplade, plus nomade, détachée de
Nomb. 22; issus d'Abraham, ils devaient la grande famille, ou d une souche diffé
être épargnés par leurs frères d'Israël, rente, qui habitait les déserts de l'Arabie
mais les honteuses machinations dont ils entre Canaan, Edom et le mont Sinaï;
se rendirent coupables attirèrent sur eux c'est l'opinion de Rosenmuller. Quelques
la vengeance divine; Moïse les attaqua et auteurs (Calmet) admettent qu'outre Ma
en fit un grand carnage, Nomb. 25 et 31, dian fils d'Abraham , il y avait un autre
cf. Jos. 13, 21. Sous les juges, lorsque Madian fils de Cus, et ils se fondent sur
les Israélites furent définitivement établis ce que Séphora fille de Jéthro et femme
en Canaan, les Madianites alliés aux Ha de Moïse, est appelée cusite (éthiopienne),
malécites et à d'autres hordes arabes, Nomb. 12, 1., bien qu'elle fût Madianite,
firent de fréquentes incursions sur leur si toutefois c'est de Séphora qu'il s'agit
territoire et ravagèrent leurs moissons dans ce passage, ce qui est incertain; ils
jusque sur la frontière du pays des Phi-' comparent encore Hab. 3, 7., où Madian '
MAG 3 MAG
appelaient probablement ainsi leurs sa qu'ils venaient d'Arabie; mais cette preu
vants, et Jérémie aura répété ce titre ve est ridicule; car de l'or, de la myrrhe
comme il l'avait entendu de leur bouche. et de l'encens, on peut en acheter par
Les Caldéens possédaient en effet une tout. L'opinion qui se justifie le plus est
caste de prêtres savants très distingués, celle qui les fait venir de Perse ou des
et organisés à peu près de la même ma contrées voisines de la Perse ;le système
nière que celle des Perses, cf. Jér. 50, de la religion Zend est celui des systèmes
35. Dan. 2, 12., et ils étaient indifférem païens qui renfermait peut-être le plus de
ment nommés mages ou caldéens par les germes de la vérité; on y trouvait, entre
Romains et les Grecs. Ils vivaient disper autres, l'idée d'un Sosiosh, d'un Ré
sés dans toutes les villes du pays, et pou dempteur qui devait venir. Les rapports
vaient posséder. Comme leur religion des Perses avec les Juifs avaient favorisé
etait passablement une affaire d'étoiles, pour eux une certaine fusion des doctri
Ils avaient construit de bonne heure sur nes israélitiques dans le système de leur
le temple de Bélus un observatoire qui religion populaire. L'étoile (q. v.) qui
était le complément obligé de leur culte; sert de guide aux mages, rappelle cette
c'est de là qu'ils prédisaient des calamités religion astronomique des Perses, et peut
publiques ou des bouleversements de la avoir été choisie de Dieu comme un
nature, lisant dans les astres, dans le vol flambeau qui ne leur était pas inconnu,
des oiseaux .. et dans les entrailles des et qui devait, plus sûrement qu'un autre,
victimes, tout à la fois prêtres, augures en tenant compte de leurs préoccupations
et devins, Es. 47, 9.13. Dan. 2. lls appa habituelles, les amener vers une lumière
raissent dans le livre de Daniel sous plu plus grande, la seule véritable ; enfin,
sieurs noms différents qui se rapportent peut-être, le souvenir des calculs de Da
sans doute aux différentes classes ou bran niel, qui avait été chef des mages, et dont
ches de l'ordre, à leurs diverses spécialités, les travaux avaient été sans doute étudiés
mais que nous ne sommes pas en mesure et médités par les plus fidèles de ses
de déterminer d'une manière précise (v. adhérents, aura contribué à donner aux
Haevernick, Comm. sur Dan.) Au-dessus mages cette assurance et cette foi qui ne
de la caste se trouvait un chef ou surinten les abandonna jamais, qui surprend celui
dant, Jér. 39, 3., et nous voyons que Da qui n'entend rien aux choses de Dieu,
niel, un étranger, un Hébreu, fut établi mais qui ne saurait étonner celui pour
dans cette haute dignité par la faveur qui la parole divine est une règle suffi
royale, Dan. 2, 4S. Sante de doctrine et de conduite. On sait
Le nom de mages fut donné plus tard, combien, d'après le témoignage des au
sous les Romains, à tout ce qui s'occu teurs profanes, le monde entier était
pait de théosophie ou de magie orientale, dans l'attente d'un roi puissant qui de
à tous les astrologues, devins et jongleurs vait se lever dans les mêmes contrées où
ambulants de l'Asie, qui joignaient à tous le soleil se lève; mais cette attente, vague
ces titres déjà usés, le mérite d'être un et incomprise chez ceux mêmes qui la
peu médecins. On voit par Act. 8, 9. 13, partageaient , était plus claire et plus
6. 8. qu'ils avaient pénétré bien avant grande chez les mages; le roi qu'ils at
dans la faveur et l'estime publique. tendaient n'était pas un conquérant qu'ils
On s'est perdu en conjectures pour sa dussent fuir, c'était un sauveur qu'ils de
voir quels pouvaient être les mages qui vaient chercher. L'ancienne église a vu,
vinrent chercher, pour l'adorer, le Sau dans cette visite des mages, la salutation
veur du monde, Matth. 2, 1. Ils venaient reconnaissante et respectueuse avec la
d'Orient, nous dit Matthieu, et cette ex quelle le monde païen devait accueillir
pression vague (v. 9), de mème que celle celui qui venait rompre la clôture de la
du verset 12, montrent qu'il ne pouvait, paroi mitoyenne, rendre à Dieu l'huma
ou qu'il ne voulait pas en dire davantage. nité, aux hommes l'espérance et leur
Quelques auteurs ont cru trouver, dans Dieu.
les dons qu'ils apportaient, une preuve La tradition, l'on ne sait trop pour
MAG 5 MAH
quoi, a fait de ces mages des rois, et a bataille au peuple de Dieu, pour essayer
fixé leur nombre à trois, qu'elle a bapti de l'anéantir. La prospérité d'Israël le
sés : Gaspard, Melchior et Balthasar. Ce tentera, la piété de ce peuple l'irritera; sa
seraient les seuls rois qui eussent adoré faiblesse enfin, ses villes sans murailles,
le Roi des rois pendant son séjour sur la ses portes sans verroux, ses habitants
terre, et rien ne justifie une tradition qui paisibles et sans méfiance, lui feront es
n'a pris naissance que tard, et que Cal pérer une victoire facile, un grand butin,
met et d'autres catholiques regardent à un grand pillage; mais cette guerre con
la fois comme indifférente en elle-même, tre les saints, que Magog estimera devoir
et sans fondement dans l'histoire. C'est être la dernière, le sera, en effet, mais
toujours la même passion de vouloir in autrement qu'il ne le pense. En prenant
troduire la grandeur terrestre dans la les armes, il renversera, comme Crésus,
grandeur céleste. un grand empire, mais le sien : Dieu se
L'adoration des mages a heureusement révèlera des cieux ; les tours et les mu
inspiré M. L. Delâtre dans un morceau railles seront abattues; les montagnes
de ses Chants de l'eacil (chez Gosselin) : seront renversées : tout ce qui respire
Le voyage est fini, l'étoile aux ailes d'or sera épouvanté ; Magog et son roi seront
Sur l'humble Bethléem arrête son essor, etc.
détruits ; Israël sera délivré ; ce sera la
MAGIE, Magiciens. v. Divinations, fin des tribulations du monde ; les élus
Enchanteur, etc. jouiront éternellement de leur victoire et
MAGOG, Gen. 10, 2., fils de Japhet, d'un triomphe dont rien de fâcheux ne
et frère de Gomer, de Madaï, de Javan , viendra plus jamais ternir l'éclat,ou dimi
de Tubal, de Mésec et de Tiras. Le nuer l'allégresse.
même nom se retrouve, Ez. 38, 2. cf. 39, Le nom de Gog, Apoc. 20, 8., est em
6., comme celui d'un pays voisin de Mé ployé librement et poétiquement pour dé
sec et de Tubal, et sur lequel règne Gog : signer le pays, bien qu'il soit le nom
le texte de ces passages indique un pays propre, ou peut-être le nom appellatif du
situé vers le nord ou le nord-est. Les souverain qui règnera sur Magog. - v.
auteurs orientaux font mention des peu sur ce sujet, Haevernick, Comm. sur
ples Jagoug et Magoug, comme habitant Ezéch., p. 594 et suiv.
le nord de l'Asie et le nord-ouest de MAHACA. 1° Mère d'Absalon, 2 Sam.
l'Europe. Un mur qui, à partir de Der 3, 3. 1'Chr. 3, 2. — 2° Fille d'Abisalom,
ben, passe de la mer Caspienne à la mer seconde femme de Roboam, et mère d'A-
Noire, et qui a été bâti par un des rois bijam, roi de Juda, 1 Rois, 15, 2. On peut
de l'ancienne Perse contre les invasions conclure de 2 Chr. 11, 20-23. que ce fut
des barbares du nord, porte le nom du par son influence que les fils du premier
mur de Jagoug et Magoug. — Les des lit furent dépossédés de la couronne.
cendants de Magog sont probablement Quelques auteurs pensent que la Mahaca,
les peuples que les anciens nomment, nommée la mère d'Asa, 1 Rois 15, 10.,
d'une manière générale, Scythes (Josè était proprement sagrand'mère, et qu'elle
phe, Jérôme); Suidas l'entend des Per serait appelée sa mère, selon l'usage
ses ; Braunschweig, dans un travail très oriental de noter et de faire ressortir
remarquable (Leipsig, 1833), croit que, dans les généalogies, les personnages les
de cette race, dérive le peuple des Mant plus distingués, en omettant ceux qui le
choux, qui a fait la conquête de la Chine sont moins; et, en effet, cette Mahaca
au dix-septième siècle. s'est rendue célèbre par son idolâtrie, au
La mention prophétique qui est faite point qu'Asa, son fils ou petit-fils, dut
de cette nation et de Gog, son roi, dans lui retirer la régence. Toutefois, si l'iden
les passages cités d'Ezéchiel, et Apoc. tité du nom de Mahaca, et de son père
20, 8., nous la représente comme une Abisalom, dans les deux passages, sein
puissance formidable ; c'est presque le ble autoriser cette manière de voir, elle
paganisme personnifié qui viendra, dans ne la prouve pas; l'usage de la langue
les derniers jours, livrer une dernière même ne peut pas être rigoureusement
MAH 6 MAH
invoqué, attendu que nulle part ailleurs lomOn en fit l'une des douze villes char
le mot em, qui signifie mère, n'est pris gées de pourvoir aux approvisionnements
pour grand'mère. Une autre opinion voit de la cour, 1 Rois 4, 14. David s'y retira
simplement une faute de copie dans 1 pendant la révolte d'Absalon, et c'est non
Rois 15, 2., et se fonde sur ce que la loin de là que périt ce fils ambitieux et
mère d'Abijam est appelée, 2 Chr. 13, 2., dénaturé, 2 Sam. 17, 24. 27. cf. encore
Micaja, fille d'Uriel de Guibha. — Quoi 1 Rois 2, 8. Ce nom disparaît après les
qu'il en soit, et malgré son rang et son jours de l'exil.
pouvoir presque royal, 1 Rois 15, 13.2 MAHER-SALAL-HAS-BAS, très bien
Chr. 15, 16., elle vit Asa mettre en piè traduit par Luther Eilebeute, Raubebald,
ces l'idole qu'elle avait faite, et la brû Es. 8, 1.3., et assez lourdement dans nos
ler, de même, sans doute, que le bocage, versions « qu'on se dépêche de butiner,
théàtre de son idolâtrie. Quelle était cette il hâte le pillage. » C'est un peu long
idole ? c'est ce qu'on ignore; on doit pour un nom d'enfant, et on pourrait le
penser que c'était une invention nou remplacer peut-être par « presse-butin,
velle, impure et bizarre. pille-vite. » Ces quatre mots durent être
3° etc. D'autres Mahaca sont encore placés en grosses lettres, par le prophète,
nommées, 1 Chr. 2, 48. 7, 15.16., et des sur un écriteau destiné à être lu par tout
hommes du même nom, Gen. 22, 24. 1 le peuple ; la concision de ce langage
Rois 2, 39. 1 Chr. 11, 43. 27, 16., etc. permettait à chacun d'apprendre et de
MAHACATH, ou Mahaca, ou plus retenir dans sa mémoire la promesse de
complétement et dans un sens plus dé la délivrance, en même temps qu'elle ex
terminé Aram Mahaca ( dans l'hébreu), primait la rapidité avec laquelle, au jour
1 Chr. 19, 6., ville ou province de Syrie, indiqué, la vengeance divine fondrait sur
gouvernée monarchiquement, à l'orient les ennemis. Achaz, roi de Juda, était vi
et au nord des sources du Jourdain, vement pressé par les armées alliées de
nommée plusieurs fois à côté de districts Retsin et de Pékak, Es. 7, 1.; idolâtre et
syriens, 2 Sam. 10, 6. 8. 1 Chr. 19, 6. incrédule, il ne méritait pas le secours de
Jos. 13, 14., et placée, Deut. 3, 14., sur Dieu, mais Dieu voulait punir les enne
les frontières de la partie transjourdaine mis de son peuple sans sauver Achaz ; il
d'Israël, notamment près des tribus de annonça donc au prophète la naissance
Gad et de Ruben, Jos. 13, 13. Sa position d'un fils auquel il devait donner le nom
est inconnue, et plusieurs hypothèses qui de Maher-Salal-Has-Bas, et ajouta qu'a-
ont été mises en avant, restent à l'état de vant que l'enfant pùt prononcer le nom
pures présomptions. de son père, Juda serait délivré : cette
MAHALALEEL, fils de Caïnan ou Ké prophétie ne tarda pas à s'accomplir, 2
nan, naquit l'an 395 du monde, et devint Rois 16, 9., et le roi d'Assyrie s'enrichit
père de Jéred à l'âge de cent soixante des secours que lui avait donnés Achaz,
cinq ans; il a vécu huit cent quatre ainsi que du butin qu'il fit sur les rois
vingt-quinze ans, Gen. 5, 12. 1 Chr. 1, d'Israël et de Syrie.
2. ll est nommé dans la généalogie de MAHLON. v. Elimélec.
Marie, Luc 3, 37. MAHON. 1° Ville de la tribu de Juda,
MAHALOTH. v. Psaumes. Jos. 15, 55., non loin d'un désert du mè
MAHANAJIM (les deux camps), ville me nom, et près du Carmel ; David de
d'au-delà le Jourdain, au nord du Jab meura pendant quelque temps dans ces
bok, Gen. 32, 2. 22., sur les frontieres contrées pendant que Saül le poursui
de Gad et de Manassé. Dans le partage, vait, et Nabal y possédait des propriétés
elle fut d'abord comprise dans le terri dans le désert, 1 Sam. 23, 24.25, 2. -
toire de la première de ces deux tribus, 2° Peuplade étrangère qui se trouve, Jug.
puis donnée aux Lévites, Jos. 21, 38. cf. 10, 12., en relation avec les Hamalécites,
1 Chr. 6, 80. Elle fut choisie pour siége les Philistins et les Sidoniens ; peut-être
de la royauté passagère et rebelle d'Is la même que celle qui est mentionnée
Boseth, 2 Sam. 2, 8, 12. 29. 4, 5., et Sa sous le nom de Méhunites (ou Méoniens),
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2 Chr. 26, 7., et 1 Chr. 4, 41. dans le Ke cale peut surprendre les membres subi
ri (trad. habitations) ; ils furent vaincus tement, c'est alors une paralvsie, et il est
par Hozias. On croit retrouver leur nom probable que les cas dont il est parlé, 4
dans l'ancienne Maân (Abulféda, Burck Rois 13, 4. et Jean 5, 3., étaient des cas
hardt), située dans l'Arabie Pétrée, au de cette nature. Jéroboam fut frappé de
sud de Wadi Musa, sur la route de la paralysie par celui qui dit à la maladie :
Mecque, où se voient encore des ruines Viens, et elle vient. v. Paralytique.
assez considérables de villes et de villa MAINAN, Luc 3, 31.; inconnu.
ges. Rosenmuller compare, mais sans MAISONS. Elles étaient ordinairement
preuves, la ville de Beth-Méhon, q. V. - en Palestine bâties de briques cuites, ou
3° Fils de Sammaï, et père ou fondateur même simplement séchées au feu, ce qui
de Beth-Sur, 1 Chr. 2, 45. Jos. 15, 58. ne leur assurait ni une grande solidité,
MAIN. Le lavage des mains et des ni une longue durée, Matth. 7, 25. Ez. 12,
pieds, acte de propreté en soi, était sou 5. 7. 13, 13. Job 4, 19. Il y en avait ce
vent considéré comme le symbole de la pendant aussi qui étaient faites de pierre,
pureté ; ainsi Pilate lave ses mains pour et les palais étaient construits en pierre
déclarer qu'il est innocent du sang du de taille, ou mème en marbre blanc, Lév.
Juste; saint Pierre veut que ses mains 14, 40. 42. 1 Rois 7, 9. Es. 9, 9. 1 Chr.
soient lavées par Jésus ; le juste lave ses 29, 2. (il paraît d'après Esd. 3, 10. Job
mains dans le sang des méchants en ap 38, 6. 7. cf. Zach. 4, 7., qu'il y avait des
prouvant la vengeance que Dieu tire de fêtes particulières et des invocations so
leur iniquité; il lave ses mains dans l'in lennelles lors de la pose des fondements.)
nocence; Matth. 27, 24. Jean 13, 9. Ps. Le mortier, la chaux ou le gypse, et peut
58, 10. 26, 6. Verser de l'eau sur les être aussi l'asphalte, servaient de ciment
mains de quelqu'un, c'est remplir à son dans les constructions, Jér. 43, 9. Es. 33,
égard l'office de serviteur, 2 Rois 3, 11. 12. Deut. 27, 4. Gen. 11, 3., et un enduit
S'appuyer sur la main de quelqu'un est de chaux venait recouvrir les parois ex
un acte de supériorité, 2 Rois 7, 2. 17. térieures, Lév. 14, 41. Matth. 23, 27. Ez.
5, 18. Tendre la main signifie, ou deman 13, 10.: pour les palais cette couche était
der ou faire alliance, Lam. 5, 6. cf. Rom. colorée, Jér. 22, 14. La charpente était
10, 21. La main du Seigneur exprime sa ordinairement en sycomore, puis, mais
puissance ou l'influence de son esprit, rarement, en Olivier, en cèdre ou en san
Ps. 19, 1. 118, 16. Jér. 1, 9. cf. Es. 6, dal, Jér. 22, 14.1 Rois 6, 15.33. Des co
6.1 Sam. 5, 6.7. La main élevée du pé lonnes (les plus belles étaient de marbre,
cheur, Deut. 32, 27., désigne son inso Cant. 5, 15), et même quelquefois de lon
lence. — On comprend du reste facile gues galeries de colonnes, servaient d'or
ment la signification de ce mot partout nements extérieurs aux bâtiments de luxe,
où il est pris dans un sens figuré. — La 1 Rois 7, 6.15.2 Rois 25, 13. v. Temple.
main (ou la paume), est plusieurs fois Les maisons des grands et des riches,
employée comme unité de mesure (= ordinairement bâties en carré, avaient
0m,09), cf. 1 Rois 7, 26. Lév. 2, 2. etc. plusieurs étages, 1 Rois 7, 2.Act. 20, 9.
- Quant à la main sèche que Jésus gué Autour de la maison, ou quelquefois au
rit, Matth. 12, 10. Marc 3, 1. Luc 6, 6. milieu, lorsque c'était un grand bâtiment,
8., c'est un engourdissement du bras ou se trouvait une vaste cour pavée, entou
d'une portion du bras, produit par l'ob rée d'une ou de plusieurs rangées de co
struction de certains canaux qui empêche lonnes en galerie, ornée d'arbres, avec
la nourriture d'arriver en quantité suffi une fontaine et quelquefois avec des
sante, eta pour résultat le dépérissement, bains ; c'était dans la belle saison la pièce
la dessication et la mort de l'organe ; la plus importante, celle où se tenaient
c'est une atrophie locale comme chacun les maîtres, et où ils recevaient leurs
peut en éprouver momentanément, mais amis, 2 Sam. 17, 18. 11, 2. Matth. 26, 69.
: qui est souvent aussi permanente et in Néh. 8, 16. cf. Est. 1, 5. 5, 1. Les toits
curable. Quelquefois aussi, cette mort lo (q. v.) étaient plats, entourés d'un para
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pet très peu relevé, et servaient de ter remplissant les mêmes fonctions que les
rasses : on s'y réunissait pour jouir de nôtres, 2 Sam. 18, 26. Jean 18, 16. Act.
l'air frais du soir, quelquefois on y cou 12, 13.15. Luc 13, 25. Matth. 7, 7. Quant
chait, ou bien l'on y célébrait le culte et aux fenêtres, v. cet article. Il y avait pour
l'on y dressait des autels : il y avait or les femmes des appartements particuliers
dinairement une communication directe et retirés, dont l'entrée était absolument
entre le toit et la chambre haute, 2 Rois interdite à tout autre homme que le maî
23, 12.; cette pièce, qui était la plus éle tre. Les grandes maisons avaient leurs
vée de la maison, et qui était située im chambres d'hiver et leurs chambres d'été;
médiatement au-dessous du toit, était les premières se chauffaient apparemment
une chambre privée, le plus souvent une de la même manière que de nos jours,
chambre à coucher, ou une retraite tran au moyen d'un feu allumé au milieu de
quille pour les malades, 2 Sam. 18, 33. la pièce dans un enfoncement circulaire ;
l Rois 17, 19. Act. 9, 37. 39. 1, 13 20, on le couvrait, lorsqu'il était éteint, d'une
8.; elle avait souvent deux escaliers, dont espèce de tambour carré, garni d'un ta
l'un, extérieur, communiquait avec la rue, pis, destiné à conserver la chaleur, Am.
l'autre avec l'intérieur de la maison. Chez 3, 15. Jér. 36, 22. Jug. 3, 20. cf. Niebuhr
les grands, il y avait devant la porte une II, 394. Tavernier I, 376. On voyait aussi
petite cour qui servait de vestibule ou dans les palais des chambres à manger
d'antichambre, Jér. 32. 2. Marc 14, 68. indépendantes, Joseph. Ant. 8, 5. 2.
Jean 18, 16., et qui d'un côté s'ouvrait Les meubles principaux étaient des so
dans la cour proprement dite, et condui phas ou lits de repos, des siéges, des ta
sait de là dans l'appartement, de l'autre bles et des chandeliers, que la magnifi
communiquait avec le toit et avec l'étage cence orientale s'attachait à charger d'au
supérieur par un escalier tournant, 1 Rois tant d'ornements que possible, Ez. 23,
6, 8., qui était souvent fait d'un bois re 41. Am. 6, 4. Prov. 7, 16. 2 Rois 4, 10.
cherché et précieux, 2 Chron. 9, 11. Les On a parlé de la lèpre des maisons à
chambres du rez-de-chaussée, qui compo l'article Lèpre.
saient la partie la plus importante et la D'après les récits des voyageurs, l'ar
plusconsidérable del'appartement, étaient chitecture orientale moderne ne différerait
ornées dans le goût du luxe oriental, qui pas essentiellement de l'ancienne, et l'on
attache plus de prix à la pompe inté peut voir dans Niebuhr, Volney, lady
rieure, qu'à l'embellissement des murs Montague, Hartley, Buckingham, Schu
extérieurs ; une boiserie magnifique, des bert, etc., combien peu de changements
lambris incrustés d'or et d'ivoire, des il s'est fait sous ce rapport depuis plus
garnitures en tapisserie, des tableaux, de vingt siècles. « Les maisons, dit Buc
un plancher quelquefois de marbre, de kingham, se composent de séries d'ap
porphyre ou d'albâtre, voilà ce que pré partements donnant sur une cour qui se
sentaient à leurs hôtes les riches habi trouve au milieu de chambres Souterrai
tants de la Palestine ; un parquetage de nes pour se mettre pendant le jour à l'a-
bois de cèdre était déjà moins splendide, bri de la chaleur, et de terrasses décou
et le plancher des plus pauvres était un vertes pour prendre le repas du soir et
simple travail de gypse et de terre, ou de pour dormir pendant la nuit. Ces ter
briques cuites; 1 Rois 7, 7. 22, 39. Jér. rasses sont quelquefois partagées en
22, 14. Am. 3, 15. Ps. 45, 8. Est. 1, 6. cf.
compartiments séparés, ayant chacun son
Horac. Od. II, 18 (15), 2. Odyss. 4, 72., escalier, et formant ainsi autant de cham
etc. — Les portes tournaient sur des pi bres découvertes. »
vots ou sur des gonds, et se fermaient MAITRE d'hôtel, Jean 2, 8., en grec
en dedans au moyen de verroux de bois architriclin. Les noces duraient souvent
que l'on poussait ou retirait avec des es six à huit jours, et une personne quel
pèces de clefs, Jug. 3, 25. Prov. 26, 14. 1 conque, serviteur ou même parent, était
Rois 7, 50. Cant. 5, 5. Luc 11, 7. Les ri choisie pour être l'ordonnateur des repas,
ches avaient des portiers ou des portières veiller à la distribution régulière des
'MAL 9 MAL
plats, notamment des aliments plus re phète, dont le nom ne se trouve mulle
cherchés et des boissons, pour remplir part ailleurs que dans son livre. Déjà
en un mot les fonctions de maître d'hô
quelques docteurs juifs, traduisant le nom
tel ou de maître des cérémonies. Cette
de Malachie par messager ou ange de l'E-
charge ne doit probablement pas être ternel, avaient émis l'idée qu'Esdras était
confondue avec celle du président de l'auteur de cet oracle, caché SOus un nonl
table (symposiarque, rex convivii) qui symbolique; v. aussi Jérôme, Calmet et
était choisi ou tiré au sort entre les con Simonis; Vitringa, et après lui Hengs
vives eux-mêmes et qui était le roi de la tenberg, ont généralisé cette idée en la
fête au lieu d'en être le serviteur. Cepen modifiant, et pensent qu'un prophète
dant v. Wetstein, Novum Testamentum, quelconque a pris ce nom appellatif si
l, 847.; le passage de Jean n'a rien qui re bien en rapport avec ses fonctions; ils se
pousse positivement l'identité des deux fondent en particulier sur ce que le nom
charges. de Malachie n'est accompagné d'aucune
MAKIR. 1° Petit-fils de Joseph, fils de autre désignation de personne ou de fa
Manassé et d'une concubine syrienne, 1 mille : mais v. Abdias 1, 1. Habac. 1, 1.,
Chr. 7, 14. Ses enfants purent encore où le nom des prophètes est également
jouir de la vue et des soins de leur aïeul, isolé sans que personne ait songé à en
le gouverneur d'Egypte, Gen. 50, 23.; faire des noms appellatifs. D'autres en
plus tard ils occupèrent une partie du core (Origène) ont pensé que Malachie
pays de Galaad dont ils s'étaient emparés, était un ange incarné. Il n'y a pas de rai
v. Jaïr. Nomb. 32, 39. Deut. 3, 15. Jos. sons pour nier l'existence de Malachie,
13, 31. 17, 1. Le nom de Makir se re et s'il y a dans son nom un appel et une
trouve encore Nomb. 26, 29. 27, 1. 36, 1. grande solennité, on peut dire la même
1 Chr. 2, 21. 7, 14. et Jug. 5, 14., où il chose d'Osée, de Joel, etc. On ne sait du
semble représenter toute la tribu de Ma reste rien, ni de sa personne, ni de sa
nassé. famille, ni de son activité. Quant à l'é-
2° Fils de Hammiel et probablement un poque où il prononça et rédigea les pro
ancien ami de la maison de Saül; il avait phéties qui portent son nom et qui ne
recueilli le seul descendant qui restât du forment qu'un seul oracle, on est d'ac
premier roi d'Israël, Méphiboseth, et c'est cord maintenant, depuis les travaux de
dans sa maison à Lodebar que les em Vitringa, à la faire coïncider à peu près
ployés de David trouvèrent ce jeune avec le second voyage de Néhémie en
prince. Peut-être la nourrice de Méphi Palestine, sans que l'on puisse détermi
boseth appartenait-elle à la famille de Ma ner si ce fut immédiatement avant SOn
kir, et l'on comprendra que, soit affec départ, pendant son absence ou après
tion, soit compassion, soit espérance son retour. Malachie fut avec Néhémie
de temps meilleurs, elle l'eût retiré chez dans les mêmes rapports qu'Aggée avec
elle pour le conserver. ll ne paraît pas Jéhosuah, que Zacharie avec Zorobabel ;
qu'il y eût de la politique dans l'affection l'activité intérieure de l'un cOncOurt avec
de Makir pour les enfants de Saül, car l'activité extérieure de l'autre : elles s'as
On le voit plus tard apporter des vivres à socient mutuellement. Malachie reproche
David fuyant devant Absalon, et le secou aux sacrificateurs leur négligence dans
rir lui et les siens au milieu du désert, 2 l'exercice de leurs devoirs, au peuple son
Sam. 4, 4, 9, 4. 17, 27. refus de payer les dîmes, et le choix d'of
MAKKEDA, Jos. 15,41. cf. 10, 28.29., frandes et de victimes méprisables : il re
ville de Juda, située, d'après Eusèbe, à 8 proche à tous leur indifférence religieuse
milles est d'Eleuthéropolis. Elle fut prise et leurs murmures, et le portrait qu'il
par Josué qui poursuivit jusque là les Ca fait du peuple de Dieu rappelle parfaite
nanéens, et compléta par cette victoire la ment celui que fait Néhémie, cf. Mal. 2,
prise de possession du sud du pays. 8. 3, 10. et Néh. 13, 10. 30., etc. Le
MALACHIE. Plusieurs opinions ont été même parallèle pourrait s'établir dans
mises en avant sur l'existence de ce pro tout le cours de l'histoire juive entre la
MAL 10 MAL
mission des prophètes et la vie des rois, autour d'elle la chair et le système ner
entre les paroles des premiers et les actes veux jusqu'à la mort compléte (sphacèle)
des seconds, entre Esaïe et Ezéchias, de l'organe attaqué; le couteau peut seul
entre Jérémie et Josias. Malachie ajoute arrêter les progrès de ce mal auquel sont
des menaces à ses reproches, et termine comparés les faux docteurs, les fausses
en annonçant la venue du précurseur qui doctrines et les disputes vaines, — v. en
sera immédiatement suivie de celle du core les articles spéciaux, Médecine, Né
Messie. — Si cet auteur n'est pas nom bucadnetsar, Vers, etc.
mé dans le Nouveau Testament, il y est Les Juifs regardaient en général les
au moins cité à diverses reprises, soit maladies comme des châtiments divins,
directement, soit indirectement; v. Matth. Job 7, 20. Jean 5, 14. 9, 1., etc., et l'E-
11, 10. 17, 10-12. Marc 1, 2. 9, 11.12. criture nous les fait aussi considérer
Luc 1, 16. 17. 7, 27. Rom. 9, 13., etc. comme les suites du péché, Gen. 3, 16.
MALADlES. Malgré la salubrité du cli Jésus en parle comme en étant le maître
mat de la Palestine et des contrées envi absolu, les envoyant ou les rappelant
ronnantes, et quoique la régularité de la comme on ferait d'un serviteur, Matth. 8,
vie et la sobriété soient presque un pré 8., et c'est à la possession des démons
servatif immanquable de tous les maux, qu'est attribuée dans l'Evangile la cause
il y a quelques maladies qui se dévelop de la plupart des maladies, Luc 13, 11.
pent là comme ailleurs, qui rappellent aux 16. Matth. 17, 15. 18.1 Cor. 5, 5. 11, 30.
habitants les conséquences du péché, et 2 Cor. 12, 7. cf. Deut. 28, 22.27. 7, 15.
les avertissent que l'homme n'est que MALCHUS, serviteur du souverain sa
poudre, que le temps passe, que la fleur crificateur Caïphe ; son nom se trouve
se fane et tombe. Ce ne sont en général Jean 18, 10. Comme il allait mettre la
que des maladies de courte durée. La main sur Jésus pour le saisir, Pierre lui
langueur, la fièvre (chaude), les ulcères, coupa l'oreille d'un coup d'épée, soit que
la gale, la gonorrhée, les hémorrhoïdes, la l'oreille fût entièrement détachée de la
lèpre, sont nommées en plusieurs pas tête, soit qu'elle ne fût pas entièrement
sages des livres de Moïse, Lév. 15, 3.26, coupée; il est assez probable que saint
16. Deut. 28, 22.27., etc. Les dyssen Pierre avait envie de lui couper la tête,
teries en été, la fièvre au printemps et dit Calmet. Mais Jésus qui donnait sa vie
en automne, paraissent avoir régné chez ne pouvait pas faire payer au serviteur
les Juifs, comme elles sont encore de nos les fautes de son maître; juste et miséri
jours en Orient les maladies de la saison, cordieux, il guérit la plaie qu'avait faite
Act. 28, 8. Matth. 8, 14. Luc 4, 39. Jean 4, son disciple peu intelligent de l'épée qui
52. cf. Burckhardt, Arab. 615., etc. L'E- doit servir à la défense du christianisme ;
criture parle encore de coups de soleil, il toucha l'oreille blessée, et son dernier
2 Rois 4, 19., d'hypocondrie et de mélan miracle avant d'être livré, fut pour un de
colie noire, 1 Sam. 18, 10., mais les ma ses ennemis, cf. Matth. 26, 51. Marc 14,
ladies les plus communes étaient la lèpre, 47. Luc 22, 50. Jean qui était en relation
la cécité, la paralysie, les pestes, et dans avec la cour du pontife, nous a seul con
le Nouveau Testament, les maladies d'es servé le nom de ce serviteur. - La tra
prit ou possessions, q. v. — La maladie dition porte que Malchus se convertit plus
dont le pays fut frappé sous Joram, 2 Chr. tard (Corn. ad. Lapid.). — Ce nom, déri
21, 15., était probablement une longue et vé de mélech, roi, se retrouve ailleurs
violente dyssenterie qui faisait de cruels dans l'histoire, et Josèphe (Ant. 13, 5.
ravages dans le corps, entraînait avec 14, 14., etc.), parle d'un Malchus, roi des
elle du sang et déchirait les entrailles. — Arabes, qui avait de très grandes obli
L'hydropisie était bien connue, Luc 14, gations à Hérode, fils d'Antipater.
2. La gangrène, nommée 2 Tim. 2, 17., MALKIEL, 1 Chr. 7, 34., inconnu,
est une espèce de combustion froide qui de la tribu d'Aser, prince ou fondateur
commence quelquefois à la suite de coups d'une ville, Birzavith, également incon
ou de blessures, et qui ronge peu à peu Ill10.
MAL 11 MAN
MALKIJA, 1° fils de Hammélec, Jér. 38, dans son expédition contre Kédor-Laho
6., et peut-être frère de Jérahméel, 36, mer. On peut croire, sans toutefois l'af
26., n'est connu que pour avoir donné firmer, qu'ils avaient, comme Melchi
son nom à la citerne dans laquelle fut jeté sédec, renoncé à l'idolâtrie en suivant
le prophète Jérémie, et qu'il avait pro Abraham. Mamré avait donné sOn nOm à
bablement fait creuser lui-même.—2°Père une forêt de chênes située au sud de Jè
de Pashur, Jér. 21, 1.38.1. rusalem, à l'orient des montagnes de Ju
MALTE, île bien connue de la Médi da, près de la haute, large et fertile val
diterranée, située entre la Sicile et la côte lée d'Hébron, et qui fut, pendant quel
africaine; elle a environ 28 kil. de longque temps, la résidence ordinaire d'A-
sur 16 de large, et 85 de circuit. Selon braham et des siens, Gen. 13, 18. 18, 1.
Diodore, des Phéniciens, ayant remarqué 23, 17.25.9. 35, 27. 49, 30. 50, 13. La
qu'elle avait plusieurs ports commodes, vallée de Mamré portait aussi le nom de
en chassèrent les Phéaques, et y établi vallée du Térébinthe, à cause d'un arbre
rent une nouvelle colonie qui s'enrichit de cette espèce qui s'y trouvait, et qui
par son commerce et son industrie ; les passait pour aussi ancien que le monde,
habitants excellaient surtout à fabriquer Jos., G. des Juifs, 4, 17. 7. Eusèbe,
des étoffes d'une beauté et d'une finesse Prép. év., 5, 9., etc. On prétendait qu'A-
admirables. Ovide parle de sa prodi braham était assis à l'ombre de cet arbre
gieuse fertilité en grains ; maintenant, on lorsqu'il fut visité par les anges qui al
n'y trouve plus que du coton et des laient à Sodome. Plus tard, on vit les
fruits, principalement des oranges.Selon Juifs, les chrétiens et les païens, y célé
les poètes, après la mort de Didon, Anne, brer, chacun à leur manière, les solenni
sa sœur, qui l'avait suivie en Afrique, se tés de leur religion ; l'on y sacrifiait des
retira dans l'île de Malte, d'où Pygma victimes, on ornait de lampes allumées le
lion ayant voulu l'enlever, elle se sauva puits du patriarche, et l'on y jetait du
en Italie, et fut très bien reçue par Enée. vin, des gâteaux et des pièces d'argent.
Malte passa successivement des Cartha Constantin défendit cette idolâtrie, et y
ginois aux Romains. Le consul Tib. Sem fit bâtir une église. Le chêne de Mamré
pronius fit voile de Sicile à Malte, où ne survécut pas longtemps à cette persé
Carthage entretenait une garnison (218 cution religieuse : il n'en restait que le
av. C.). Dès qu'il parut, on lui livra Amil tronc au temps de saint Jérôme ; sans ce
car, fils de Giscon, qui commandait dans la, il est à croire que les mahométans se
l'île. v. Bochart, Can. 1, 26. C'est sur raient venus joindre leur idolâtrie à celle
les côtes de cette île que Paul, après être qui dut être supprimée par Constantin.
sorti de Crète, fit naufrage, et l'on dit Quelques voyageurs modernes ont cru
que, depuis son départ, il ne se trouve retrouver les ruines du tronc près des
plus de bêtes venimeuses dans l'île. ruines de la chapelle ; mais il est difficile
Quelques auteurs ayant donné à la mer de s'y fier.
Adriatique, Act. 27, 27., le sens moderne MANAHEM, frère de lait d'Hérode le
de golfe de Venise, ont cherché cette île Tétrarque, élevé avec celui qui fit mettre
dans la petite île de Mélite, près de la à mort Jean-Baptiste, eut le bonheur de
côte d'Illyrie; mais cette opinion est se convertir, et devintl'un des prophètes
combattue par la direction que prit le et docteurs de l'église d'Antioche, Act.
vaisseau en partant de l'île, et par le fait 13, 1. Saint Luc, en faisant le rapproche
que le voyage s'acheva sur un navire qui, ment de ces deux hommes, qui, après
venant d'Alexandrie, ne pouvait avoir avoir reçu la même éducation, finirent
fait, pour se rendre à Rome, le détour d'une manière si différente, semble vOu
que cette opinion suppose et nécessite.v. loir nous dire : « L'un fut pris, et l'autre
Adriatique. laissé. » — On ne sait rien autre, d'ail
MAMRE , Escol et Haner, Gen. 14, leurs, sur sa vie ; quelques-uns le font
13., trois frères amorrhéens, amis et al fils d'unessénien, ami d'Hérode le Grand,
liés d'Abraham, qui aidèrent le patriarche qui prédit à celui-ci son avènement au
MAN 12 MAN
trône, et un règne long, mais injuste; rent, sur les bords du Jourdain, un autel
d'autres ajoutent qu'il fut l'un des soixan destiné à témoigner en leur faveur, ou
te-dix disciples. même, au besoin, contre elles, et à les
MANASSE. 1° Fils aîné de Joseph et relier ainsi aux neuf autres tribus, Jos.
d'Asénath, fut dépouillé de son droit 22, 10. sq. — La seconde demi-tribu,
d'ainesse par son aïeul Jacob, qui lui an dont le territoire fut placé à côté de celui
nonça une moins grande prospérité et d'Ephraïm, était comprise entre le ruis
une postérité moins nombreuse qu'à son seau de Cana, la Méditerranée, la chaîne
frère cadet, Ephraïm, Gen. 41, 51. 46, du Carmel, et à l'est les montagnes d'E-
20. 48, 1. 1 Chr. 7, 14. Les deux frères phraïm, Jos. 16, 9. 17, 1. Elle avait
sont réunis, sous le nom de Joseph, dans aussi pour voisins Aser et Issacar, sur
les dernières bénédictions du vieillard, le territoire desquels elle paraît même
Gen. 49, 22., ainsi que dans celles de avoir eu quelques parcelles enclavées,
Moïse, qui leur promet à chacun « ce qu'il 17, 11., qu'elle ne put, sous les juges,
y a de plus précieux sur la terre » ; mais défendre entièrement contre les Cana
à Manassé des milliers de descendants, et néens, Jos. 17, 12, Jug. 1, 27. — Après
à Ephraïm des dix miIliers, Deut. 33, la mort de Salomon, les deux demi-tri
13-17. Manassé apparaît comme chef de bus, sous la puissante main d'Ephraïm,
tribu, Nomb. 1, 10. 2, 20. 7, 54., et le passèrent au royaume des Dix tribus,
nombre de ses hommes d'armes, au mo dont elles suivirent les destinées. Le nom
ment de la sortie d'Egypte, est de 32,000 de Manassé se trouve, Apoc. 7, 6.8., avec
(1, 35.). Les deux tribus sont presque celui de la tribu de Joseph, qui, dans ce
toujours nommées ensemble, Nomb. 26, cas, désigne Ephraïm.
28. Jos. 14, 4., etc. Lors de l'entrée en 2° Manassé, père de Guersom, et
Canaan, Manassé se divisa en deux demi grand-père de Jonathan, Jug. 18, 30.
tribus; Makir, parce qu'il fut homme de Peut-être faut-il lire Moïse (v. Guersom);
guerre, reçut en partage Galaad et Basan; peut-être aussi les noms de Moïse et de
il devait servir de boulevard à Israël con Guersom se trouvaient-ils parmi les Lé
tre les peuples inquiets et brigands de la vites. Dans tous les cas, il ne faut pas
Trachonite, contre les Syriens de Damas, confondre ce nom avec celui du fils de
et contre les Gessuriens de l'Anti-Liban. Joseph ; car Jonathan descendait de Lévi,
« Les maîtres de l'arc ont irrité Manassé, 17, 7.12.; il était Lévite, et non Manas
Ont lancé contre lui des flèches, l'ont at site.
taqué; mais son arc a conservé sa force, 3° Manassé, quatorzième roi de Juda,
et ses bras leur vigueur, et il a, de sa fils indigne et successeur d'Ezéchias, ré
corne, heurté les peuples jusqu'aux ex gna cinquante-cinq ans (698-643), 2 Chr.
trémités du pays. » Il habita des contrées 33, 2 Rois 21. A douze ans il perdit son
bénies par l'Eternel, les riches plaines père et monta sur le trône; mais le parti
de l'Hauran, les belles montagnes de Ga antithéocratique s'empara de son esprit,
laad, et, dans ses vastes limites, il s'est l'entoura et régna par lui; ce fut le triom
étendu « comme un rameau fertile près phe de l'impiété et de l'idolâtrie; le jeune
d'une source, » Nomb. 32, 39. cf. 34, roi suivit fidèlement les principes de ses
14. Jos. 12, 6. 13, 7. Cette demi-tribu conseillers ; il rétablit les hauts lieux que
était séparée de Gad par le Jabbok, et son père avait détruits, adora les idoles
comprenait, dans son territoire, Hasta païennes, dressa des autels à Bahal et à
rOth et Edréhi ; elle s'étendait ainsi as tous les astres jusque dans les parvis du
sez loin vers l'est, Deut. 3, 13.Jos. 13, temple de l'Eternel, consulta les devins,
29., et, comme son éloignement du sanc et opposa des imposteurs aux prophètes
tuaire, qui était à Silo, pouvait avoir, que Dieu lui envoyait et dont il fit verser
par la suite, des conséquences fâcheuses à Jérusalem le sang innocent : Esaïe, selon
pour ses descendants, qui pourraient ou la tradition juive, mourut victime de ses
blier leur culte, ou voir leurs droits mé fureurs, et c'est peut-être à cette mort
connus, les tribus transjourdaines élevè que l'apôtre fait allusion, Hébr. 11, 37.
MAN 13 MAN
(ils ont été sciés); enfin, pour n'oublier cette prière est belle, mais sa forme li
aucune abomination, il brûla ses propres turgique suffirait pour la faire recon
enfants devant les faux dieux ! Les mena naître comme apocryphe.
ces divines étaient méprisées, elles s'ac Le second livre des Rois ne parle que
complirent, et l'Eternel prononça cette des crimes et des malheurs de Manassé;
terrible sentence : « J'étendrai sur Jéru il ne dit mot de sa repentance, mais in
salem le cordeau de Samarie et le niveau dique en passant qu'à sa mort il n'était
de la maison d'Achab; je torcherai Jéru plus prisonnier : ce dernier détail montre
salem comme une écuelle qu'on essuie et qu'il n'y a pas contradiction entre le ré
qu'on renverse sur son fond. » Manassé cit des Rois et celui des Chroniques, mais
tomba entre les mains des Assyriens, l'omission d'une partie aussi importante
peut-être lorsque Ezar-Haddon trans de la vie de Manassé ne s'explique pas :
portait ses colons dans le royaume d'E- On pourrait croire que l'auteur des Chro
phraïm, Esd. 4, 2.; il fut, malgré l'appui niques, qui a puisé à plus de sources, a
de l'Egypte qu'il avait recherché, saisi trouvé aussi plus de détails; mais la con
dans les halliers, chargé de chaînes, et version de Manassé n'est pas un détail
conduit à Babylone la vingt-deuxième dans sa vie, et caractérise son histoire tout
année de son règne : ce fut la fin de la entière; tout Israêlite, historien ou non,
première partie de sa vie, de son idolà devait connaître un événement de cette
trie et de ses malheurs (Seder-Olam). importance.
Dans la détresse et dans l'angoisse, il MANDRAGORE. Cette plante, dési
s'humilia, se repentit de ses crimes, et gnée par certains auteurs sous le nom de
supplia l'Eternel avec larmes ; il obtint mandegloire, et qui dans son étymologie
son pardon, et fut bientôt rétabli sur son grecque signifie ornement des cavernes,
trône, peut-être à la condition de rester est l'atropa mandragora des Latins, et
vassal assyrien; c'est ce que rendent pro appartient à la cinquième classe (pen
bable les événements qui eurent lieu dans tandrie monogynie) de Linnée. De tout
les derniers jours de Josias son petit-fils. temps et dans tous les pays où elle se
—Sa conversion était sincère : il le prou trouve, elle a été l'objet des opinions les
va en faisant son possible pour remédier plus contradictoires, comme des fables les
aux maux dont il était lui-même l'auteur : plus absurdes. Elle aime les pays chauds,
il rétablit le culte du vrai Dieu, purifia le la Palestine, la Grèce, l'Italie, l'Espagne,
temple, renversa les bocages et détruisit et ne croît que très difficilement dans
les autels. La fin de son long règne fut nos jardins, mais dans les lieux qu'elle
consacrée à en faire oublier le commence habite elle préfère les endroits sombres,
ment, et il vit prospérer son activité et tels que l'entrée des cavernes. La racine
son administration intérieure : il releva est épaisse, longue, fusiforme, ordinai
les murs de Jérusalem à l'occident de rement bifurquée, ou même divisée en
Guihon, ceignit Hophel d'ouvrages éle trois, fauve extérieurement, blanchâtre à
vés, rétablit l'ordre dans l'armée, et lui l'intérieur : les feuilles sortent du collet
donna une discipline et des chefs. Il mou de la racine, grandes, ovales, pointues,
rut à l'âge de soixante-sept ans, et fut en vertes, ondulées sur leurs bords, et dis
seveli dans un sépulcre qu'il s'était pré posées en faisceau : entre ces feuilles
paré au milieu de ses jardins. naissent plusieurs pédoncules simples,
On croit que Joel prophétisa sous son courts, portant chacun une fleur dont la
règne; c'est à la même époque aussi que corolle est campanulée, rétrécie vers sa
quelques auteurs (Bossuet, Calmet, Bon base en forme de cône renversé, un peu
nechose) placent l'histoire de Judith et velue en dehors, blanchâtre, légèrement
d'Holopherne. La tradition a conservé, teinte de violet : le fruit est une baie
sous le nom de prière de Manassé dans sphérique ressemblant à une petite pom
l'angoisse, un chapitre qui a été ajouté me, jaunâtre dans sa maturité, molle,
dans quelques exemplaires grecs et latins charnue, pleine d'une pulpe qui contient
à la fin du second livre des Chroniques ; des graines réniformes, placées sur un
MAN 14 MAN
seul rang. Cette baie, narcotique et stu disiaques. L'une et l'autre de ces plantes
péfiante, n'est dangereuse que lorsqu'elle peuvent exercer une certaine influence sur
est prise en certaine quantité. l'homme; elles peuvent stimuler, exciter,
Le nom de la mandragore se trouve irriter; Vénus est appelée mandragoritis,
deux fois dans l'Ecriture sainte, Gen. 30, et l'empereur Julien, dans son épître à
14. Cant. 7, 13.; c'est ainsi que les tra Calixène, dit qu'il boit du jus de man
ducteurs ont entendu l'hébreu dudayim ; dragore pour s'exciter à la volupté; mais
dans le premier passage, c'est la vertu elles ne peuvent rien sur les femmes, sur
prolifique de la plante qui est relevée; tout elles n'ont pas les vertus qu'on leur
dans le second, c'est son odeur agréable prête. Les bulbes de l'orchis se cueillent
et forte. ll s'en faut du reste de beaucoup à la fin de l'année; on les lave, et, après
qu'il y ait eu unanimité pour cette inter qu'on les a soumises pendant quelques
prétation, qui a été appuyée par Jacq. minutes à l'action de l'eau bouillante, on
Thomasius dans une dissertation spéciale, les fait sécher au soleil ou dans un four ;
1739, mais déjà fortement combattue par c'est dans cet état qu'elles entrent dans
1) Ant. Densing (1659), qui entend par le commerce sous le nom de salep de
dudayim le petit melon de Perse odorant Perse ou de salap; elles sont connues
(cucumis dudaïm, L); de même Sprengel, pour leurs propriétés nutritives, émol
Faber, la traduction persane, etc.; 2) Lu lientes et lubrifiantes; mais c'est par ces
dolf, dans son Hist. d'Ethiop., soutient qualités seules, et à cause de son abon
qu'il faut entendre par là un certain fruit dance en principes assimilants, que le sa
que les Syriens appellent mauz, dont la lep peut être considéré comme aphrodi
figure et le goût ont beaucoup de rap siaque, et il ne l'est qu'à la manière des
ports avec le ficus indica; 3) Celse en œufs, de la viande ou du lait, c'est-à-dire
tend une espèce de lotus, 4) Pfeiffer y parce qu'il est nourrissant.—Hasselquist,
voit une espèce de lys; 5) Calmet, Bo Michaélis, Maundrell, de même que l'abbé
chart, Browne croient pouvoir donner à Mariti (Voyag. II, 195), sont favorables à
l'hébreu le sens de citron ; 6) Junius tra la traduction mandragore, et leurs preu
duit : des fleurs agréables; 7) Codurque, VeS, Sans être très convaincantes, ont ce
des truffes, 8) Hiller, des cerises ;9)d'au pendant un certain poids : ce qui est dit
tres, des violettes ou du jasmin; 10) d'au du dudayim s'applique en tous points à
tres enfin, Virey, ChauIneton, l'entendent la mandragore; c'est au temps de la mois
de l'orchis. ll ressOrt de tOutes ces di son des blés (mai) que leur fruit mûrit,
vergences que la véritable signification cf. Genèse 30, 14.; elles ont une odeur
du mot est perdue, et même qu'elle l'a agréable ; elles peuvent se conserver, et
été de bonne heure ; on voit par le pas Soutiennent une espèce de comparaison
sage de la Genèse que la plante dont il avec les grenades. Ces caractères sont, il
s'agit passait pour donner la fécondité, faut l'avouer, assez vagues pour permettre
et le nom même de dudayim (dod, amour) l'incertitude, et si l'on n'admet pas la tra
pourrait bien être en rapport avec cette duction orchis, le mieux est peut-être de
opinion. La mandragore et l'orchis sont s'en tenir à la version traditionnelle.
les deux plantes qui harmoniseraient le Pour l'étude des miracles et des fables
mieux peut - être avec le peu que nous relatives à cette plante historique (dont un
connaissons du dudayim, la première par des plus grands torts est de nous avoir
la bifurcation de sa racine, à laquelle, avec donné la Mandragore de Machiavel), on
un peu de peine et de bonne volonté, on peut consulter Théophraste, Pline, Dios
pourrait encore donner la forme du corps coride, Calmet, Hiller, et Celsius, ainsi
humain, de là le nom d'anthropomorphos que les monographies de Ileiddeger, de
qui lui a été donné par Pythagore ; la Drusius, de Thomasius, de Laurent Cate
seconde, par la grossière ressemblance lan (Rare et curieux discours de la plante
qu'on a cru trouver dans ses bulbes or appelée mandragore, Paris, 1639), de
dinairement géminées, et qui a amené la Holzbom, 1702, et de Garnier de Nîmes.
préconisation ridicule de ses vertus aphro MANNE, Ex. 16, Nomb. 11, Deut.8,3.
MAN 15 MAN
Jos. 5, 12. La nourriture que Dieu donna Juifs au sujet de Jésus le vrai pain cé
aux Israélites dans le désert, depuis Sin, leste, Luc 4, 36., car il était pour eux
leur huitième campement, jusqu'à la fin de une apparition également inconnue, mais
leur séjour. Moïse la décrit comme quel plus bénie encore.
que chose de menu, blanc, rond comme du Outre les passages déjà cités, la manne
grésil, comme de la semence de coriandre, est rappelée Néh. 9, 20. Jean 6, 31. 49.
et ayant le goût de beignets. Elle tombait 58. Ps. 78, 24. Apoc. 2, 17. Ce dernier
chaque matin avec la rosée, et lorsque la passage contient une allusion évidente à
rosée avait disparu sous l'action des pre l'urne d'or renfermant la manne : la
miers rayons du soleil, la manne restait manne commune et corruptible du désert
seule sur le roc ou sur le sable, où les était la nourriture du corps mortel; mais
Israélites venaient la ramasser, mais seu la manne cachée dans l'urne est incor
lement en quantité suffisante pour la jour ruptible, c'est la nourriture du corps im
née, à l'exception du vendredi où il en mOrtel.
tombait une quantité double et où les Is Ps. 78, 24.25.— «... bien qu'il eût fait
raélites devaient aussi faire la provision pleuvoir la manne...; tellement que cha
du sabbat. Elle se gâtait du jour au len cun mangeait du pain des puissants. »
demain, et ceux qui, se méfiant de la di Nos versions rendent exactement le sens
vine Providence, voulurent essayer d'en de l'hébr. abirim , mais la phrase n'est
conserver, la virent se corrompre et les pas claire et ne se comprend pas : la Vul
vers s'y mettre. Chacun avait droit à un gate, l'anglais, et Luther ont « le pain des
homer (litres 3, 50), et celui qui en avait anges, » ce qui ne se justifie pas par
recueilli beaucoup n'en avait pas plus, l'usage de la langue ; Hengstenberg pa
comme celui qui en avait recueilli peu raphrase : le pain venu des lieux habités
n'en avait pas moins, c'est-à-dire qu'ils par les anges ; Durck propose le pain des
répartissaient entre eux, proportionnelle taureaux, qui d'après l'analogie de Soph.
ment au nombre des membres de chaque 1, 17., pourrait signifier la viande des
famille, ce qu'ils avaient ramassé, de sorte taureaux; abirim a en effet quelquefois
que celui qui en avait trop communiquait le sens de taureaux, Ps. 22, 12. 50, 13.
de son superflu à celui qui n'avait pas 68, 30. Es. 34, 7. Jér. 50, 11., et l'au
assez, et ramenait l'égalité voulue de teur entendrait que, outre la manne, Dieu
Dieu. Le passage 2 Cor. 8, 15. semble a aussi donné aux lsraélites de la chair à
établir ce sens, en même temps qu'il manger, ce qui ne s'accorde ni avec le
trace aux chrétiens une ligne de conduite sens du passage, ni avec l'histoire du
qui n'est malheureusement que bien peu désert. Dimock pense qu'au lieu de abi
stlivie. En commémoration de cette mer rim il faut lire Elohim, ou Abir Jéhovah
veilleuse Providence qui nourrit pendant (cf. Ex. 16, 15-16. Jean 6, 33.), et tra
tant d'années un peuple tout entier dans duire le pain de l'Eternel. Harris enfin
un désert, Dieu voulut qu'un homer de prend abirim dans le sens de ailes pour
manne fût recueilli dans un vase d'or et oiseaux, « chacun mangea(outre la manne)
placé devant le témoignage à côté de du pain, c'est-à-dire de la chair d'oiseaux;
l'arche sainte, cf. Hébr. 9, 4. il leur envoya de la nourriture à les ras
Cette nourriture comme telle, et cette sasier. » Mais toutes ces explications sont
substance considérée en elle-même, était un peu recherchées, et la traduction fran
quelque chose de tout à fait nouveau pour çaise, qui est la plus littérale, n'a besoin
les Israélites, si bien qu'en la voyant pour que d'être comprise dans le sens du génie
la première fois couvrir le sol, ils se de de la langue hébraïque : le pain des puis
mandèrent les uns aux autres : Qu'est sants ou des riches, c'est un pain excel
ce ? (hébr., man), et ce nom interrogatif lent, ou, d'une manière générale, une
resta à ce pain descendu du ciel : man nourriture excellente. Dieu envoya aux
hou, qui signifiait qu'est ce que cela?fut Israélites la manne, le froment des cieux,
traduit : cela est de la manne. C'est la tellement qu'(au lieu de disette) chacun
même question que firent plus tard les avait en abondance un mets très recher
*
MAN 16 MAN
ché, une nourriture agréable et délicate. règles, soit enfin par la multiplication .
L'auteur de la Sapience (16, 20. 21.) l'augmentation en nombre ou en volume,
dit que la manne s'accommodait tellement des effets que des causes physiques au
au goût de ceux qui la mangeaient, que raient aussi produits, mais en moindre
chacun y trouvait de quoi satisfaire son quantité. Admettant que la manne céleste
appétit, et quelques-uns l'ont entendu en n'ait pas été une création nouvelle, le mi
ce sens qu'elle prenait pour chacun le rac'e reste dans son abondance, sa régu
goût particulier qu'il désirait y trouver. larité, sa périodicité, interrompue le sab
Josèphe dit plus simplement qu'elle était bat, mais précédée d'une quantité dou
si excellente qu'on ne pourrait rien dé ble de nourriture la veille, sa prompte
sirer de meilleur; et saint Augustin, corruption pendant la semaine, et sa
qu'elle se conformait au goût de ceux conservation au septième jour, sa pro
qui en usaient, en faveur des enfants de duction au milieu des sables quand d'or
Dieu, lesquels ne s'en lassèrent pas, tan dinaire elle ne se trouve que découlant
dis que pour les autres elle ne fut plus des arbres, etc., tout autant de caractères
bientôt qu'un objet de dégoût, Nomb. qui ne sont point naturels, mais que
11,6. Dieu a pu miraculeusement ajouter pour
La manne n'est pas une substance qui un temps à l'une des productions de la
soit entièrement inconnue ou perdue : elle nature orientale, les uns pour conserver
se retrouve encore en divers lieux, en son peuple, les autres pour l'habituer au
Pologne, dans le Dauphiné, en Calabre, respect de la loi qu'il avait donnée. —
en Arabie, sur le Sinaï, sur le Liban, et Disons cependant que les voyageurs don
ailleurs. La plus estimée est celle d'Ara nent à la manne du désert quelques pro
bie, espèce de miel condensé qui suinte priétés qui ne rendent pas l'identité ab
des feuilles et des branches, et que l'on solue. Cette gomme qui découle goutte
recueille quand elle a pris une certaine à goutte ne se laisse ni piler, ni broyer,
consistance. On peut augmenter de beau comme faisait la manne israélite, et de
coup la récolte qu'on en fait, au moyen plus elle a une vertu légèrement purga
d'incisions pratiquées à l'arbre, et c'est au tive et affaiblissante, qui se perd, il est
mois d'aoùt surtout que cette opération vrai, pour celui qui, par un fréquent
se fait avec le plus de succès : parfois c'est usage, en a pris l'habitude, comme on sait
un petit insecte, le coccus, qui se charge que l'estomac peut s'accoutumer à une
de piquer l'arbre avec son aiguillon, et nourriture qui lui est naturellement con
de provoquer ainsi l'écoulement de la ré traire.
sine. Saumaise pense que c'est de cette Les Hébreux et les Orientaux pensent,
manne qu'il est parlé dans l'histoire du à l'inverse de Saumaise , que la manne
désert, et que le miracle a consisté moins était un miracle, jusque dans la mature
dans la production même que dans l'a- mème de sa substance, et c'est bien, à
bondance et la régularité de cette pro tout prendre, l'opinion qui paraît le mieux
duction. Son opinion peut parfaitement justifiée par la lettre de l'Ecriture; mais
se soutenir en ce sens qu'elle n'enlève rien ils sont tellement jaloux de la gràce que
à tout ce qu'il y a eu de miraculeux dans Dieu leur fit en cette occasion, qu'ils vont
presque tous les détails de cette alimen jusqu'à prononcer l'anathème contre ceux
tation providentielle ; en général on peut qui ne partagent pas entièrement leur
remarquer dans la plupart des miracles manière de voir à cet égard (Aben Esr.
de la Bible , qu'ils ne contrarient pas la ad Ex. 16, 15.); c'est aller un peu loin.
nature, qu'ils ne sont pas des monstruo On peut consulter sur la manne la Phy
sités en dehors du cours des choses ; sique sacrée de Scheuchzer avec les notes
mais qu'ils se distinguent soit par des de Donat, la dissertation de Faber, l'Hist.
modifications apportées à certaines lois de la manne de Buxtorf, Saumaise, les
physi ues, soit par l'accélération d'effets Notes de Rosenmuller sur Bochart, le
qui se produisent également dans la na Traité d'Altomare, et un art. dans les
ture, mais lentement et suivant certaines Comptes rendus de l'Académie des scien
MAN 17 MAR
ces, 1846, t. II, p. 452, séance du 31 août. son éducation, subi ou accepté l'influence
MANOAH, Jug. 13,2., de Tsorhah, père de son faible père. Sa jeunesse indomp
de Samson. Cet homme faible et crain tée et ses fougueuses passions l'éman
tif, mais bien intentionné, gémissait sur cipèrent de bonne heure ; Manoah vécut
les malheurs que l'idolâtrie de ses com assez pour voir, sans pouvoir l'empêcher,
patriotes avait amenés sur la commune le mariage de son fils avec une Philistine,
patrie, lorsque sa femme,, plus pieuse mais son nom qui ne reparaît plus que
apparemment, et plus éclairée que lui, dans le nom de son sépulcre, 16, 31.,
vint lui annoncer que sa longue stérilité porte à croire qu'il ne fut pas le témoin
qui les affligeait l'un et l'autre, allait enfin des derniers excès, de la gloire, et de la
cesser, et qu'un prophète de l'Eternel lui cOnversion de son fils.
avait promis un fils; bien plus, ce fils de L'apparition de l'ange à Manoah rap
vait être le libérateur d'Israël, et pour le pelle celles dont jouirent Abraham, Ja
préparer à sa grande et sainte mission, cob et Gédéon : le refus de l'ange de se
elle devait elle-même observer jusqu'au faire connaître, rappelle le même refus
moment de sa naissance toutes les pres qu'éprouva Jacob dans sa lutte merveil
criptions du nazaréat. Manoah, tout en leuse au bord du Jabbok, Gen. 32, 29.
semble troublé et réjoui, demanda au Sei MANTEAU. Ce mot qui a déjà un sens
gneur de lui faire voir à lui-même ce mes assez vaste dans notre langue, en avait
sager de bonnes nouvelles, afin qu'il pût un plus étendu encore en hébreu ; il
apprendre de lui la conduite qu'il aurait S'appliquait à plusieurs espèces de vête
à tenir à l'égard de ce fils béni. Bientôt ments, tunique, manteau, vêtement de
après, en effet , l'ange apparut de nou dessus, etc. La pièce d'habillement dont
veau à la femme, qui alla chercher son il est parlé, Marc 12, 38., à propos des
mari : mais il ne répondit pas aux ques scribes, et qui peut aussi se traduire par
tions prématurées de l'humble Manoah ; manteau, était un large pan d'étoffe, des
il se borna à répéter à la femme qu'elle cendant jusqu'à la cheville du pied. v.
Vêtements.
devait, pendant tout le temps de sa gros
sesse, vivre dans l'abstinence nazaréenne, MARAH (amertume). 1° Une des pre
et Manoah n'insista plus; mais désireux de mières stations des Israélites dans le dé
retenir auprès de lui ce prophètede l'Eter Sert , ils lui donnèrent ce nom à cause de
nel, et de l'honorer selon les usages de l'amertume de ses eaux, Ex. 15,23. Nomb.
l'antique hospitalité, il lui offrit un festin ; 33, 8.Les voyageurs ne sont pas d'accord
l'ange le refusa, mais engagea son hôte à Sur la situation de ce lieu; Shaw a cru le
présenter un holocausteà l'Eternel. L'ange trouver dans un endroit appelé maintenant
refusa de même de déclarer son nom, car Corondel ou Gharendel, où coule encore
il est admirable, dit-il (cf. Es. 9, 5.). de nos jours un ruisseau dont les eaux
Manoah qui jusqu'alors n'avait vu dans sont amères; Niebuhr, dans le Aijun Musa
celui qui lui parlait qu'un simple prophète, (fontaine de Moïse), à 2 lieues sud-est de
ne tarda pas à comprendre que c'était Suez, à une demi lieue du golfe d'Ara
l'Eternel lui-même; car lorsqu'il eut of bie ; Burckhardt le place à 15 lieues plus
fert son holocauste, et que la flamme s'é- au sud, où il a trouvé une source appelée
levant de l'autel vers les cieux, l'EternelHowara, dont les eaux sont si amères
y fut monté avec la flamme, Manoah s'é- que les chameaux mèmes refusent d'en
cria : Certainement nous mourrons, par boire, à moins qu'ils ne soient très alté
ce que nous avons vu Dieu ! Sa femme rés; le mème voyageur pense que Moïse
comprit mieux que lui, la faveur que cette se servit des baies du gharcad ou hamra
manifestation divine leur promettait à eux pour adoucir l'amertume de cette source,
et à leur fils : elle y puisa de nouvelles (Michaélis raconte de même , qu'il y a
forces, un nouveau courage, une nou aux Indes un arbre qui a la propriété de
velle confiance dans la fidélité de celui qui rendre douces les eaux devenues amères).
ne peut mentir.—L'enfant naquitautemps L'opinion de Niebuhr est conforme à la
indiqué, mais il ne paraît pas avoir, dans tradition, mais celle de Burckhardt paraît
II, 2
MAR 18 MAR
que cette vie agitée et l'éloignement de prosélytes qu'il faisait chaque jour, et
sa patrie, avaient fatigué son zèle encore des attaques victorieuses qu'il avait por
jeune, et sa foi encore peu éprouvée, peu tées à leur culte idolâtre ; son corps fut
habituée aux renoncements de la vie mis brûlé selon les uns, transporté selon les
sionnaire. Marc rentra cependant dans la autres à Venise, où un temple magnifi
carrière, et probablement après un inter que qui porte son nom lui aurait été
valle qui ne fut pas fort long ; mais saint donné comme mausolée. Tous ces bruits
Paul ne le voulut pas d'abord pour com ont leur teinte fabuleuse, et l'on sera
pagnon de voyage, il prit Silas avec lui, d'autant moins porté à y ajouter foi que
tandis que Marc et Barnabas retournaient déjà Cyprien, Tertullien et Augustin re
en Chypre. Aucun détail ne nous est don fusent à l'Eglise d'Afrique une origine
né sur les résultats de sa mission dans apostolique.
cette île, mais il faut croire qu'elle fut Son Evangile est le second en date :
bénie, et qu'il se distingua par un redou Eusèbe dit que c'est à Rome, à la de
blement de zèle pour faire oublier ses mande des fidèles de cette église, et sous
précédentes hésitations ; plus tard en ef les yeux de Pierre, qu'il l'a composé.
fet, il est rentré en grâce auprès de saint Quelques manuscrits grecs, le perse, l'a-
Paul, qui le compte à Rome au nombre rabe, et le Pseudo-Damase dans sa vie de
de ses compagnons d'œuvre, Philém. 24, Saint Pierre, ajoutent, en outre, que cet
le recommande à l'Eglise de Colosses, Ouvrage a été primitivement écrit en la
Col. 4, 10., et prie Timothée de le lui tin, ce qui est aussi l'opinion de quel
ramener, 2 Tim. 4, 11. ll paraîtrait que, ques modernes, Selden, Baronius, Bellar
pendant l'espace de temps qui sépara les min , mais il n'est pas mème sûr que ce
deux captivités de Paul, Marc fut le com soit en Italie que Marc a écrit, et plu
pagnon de Pierre, auquel l'unissait une sieurs auteurs, cités par Chrysostome,
affection filiale, et qui l'avait auprès de p0rtent que ce travail a été fait en
lui quand il écrivit sa première épître, 5, Egypte, et pour l'Egypte. Quant à la part
13. D'autres pensent que le Marc nommé que Pierre a prise à la rédaction de cet
dans ce passage était véritablement un évangile, la tradition est assez unanime,
fils de l'apôtre, ce qui serait bien possi au point que saint Athanase, Eutyche
ble, puisqu'il était marié; mais la tradi d'Alexandrie, et d'autres pères grecs et
tion n'est pas favorable à cette opinion. Orientaux, ont cru que cet apôtre l'avait
D'autres encore, afin de multiplier autant dicté, et peut-être écrit de sa propre
que possible, les saints et les évêques main. Supposé même que Marc eût écrit
des temps primitifs, et de pourvoir ainsi à Rome pour les chrétiens de cette ville,
tous les évêchés, ont distingué trois Marc, il ne serait pas prouvé qu'il se fût servi
le fils de Marie, le fils de Pierre et l'évan du latin : le grec était connu ; les deux
géliste ; c'est encore plus improbable, et ouvrages de Luc sont en grec, et l'épître
cette manière de voir n'a pas même pour aux Romains l'est aussi, sans que per
elle les apparences. Si, comme on doit le sonne ait prétendu que Paul eût dû se
conclure de 2 Tim. 4 , 11., Marc assista servir d'une autre langue que celle qu'il
aux derniers jours de Paul, on peut sup parlait ordinairement en s'adressant aux
poser qu'après la mort de cet apôtre, il païens. Il y aurait bien un moyen de dé
revint en Asie, et qu'il y rejoignit Pierre. cider cette question, puisque le texte ori
Une tradition ajoute que Pierre l'envoya ginal de saint Marc se trouve encore ac
prêcher l'évangile en Egypte, qu'il fonda tuellement à Venise, où il est soigneuse
à Alexandrie une Eglise considérable, ment conservé, depuis 1564 (Calmet),
que ses travaux en divers lieux de la dans un caveau dont la voûte est plus
Basse et de la Haute Egypte, et jusqu'à basse, en tout temps, que la mer voi
' Cyrène, furent couronnés des plus beaux sine; mais, malheureusement, ce manus
succès, et qu'enfin il fut massacré au mi crit est tellement altéré et illisible, que
lieu d'une fête païenne par les païens l'on ne peut pas même en déchiffrer quel
d'Alexandrie, irrités du grand nombre de ques lettres pour voir si elles sont grec
MAR 20 MAR
ques ou romaines. Ce manuscrit (qui est jeune homme enveloppé d'un linceul,
peut-être tout autre chose qu'un saint qui suit la troupe qui vient d'arrêter Jé
Marc) est écrit s'Ir du papyrus d'Egypte sus, quelques mots sur Simon Cyrénéen,
extrêmement délicat, et Montfaucon le la pierrerouléeàl'entrée du sépulcre,etc.,
fait remonter au moins au quatrième ainsi qu'un grand nombre d'observations
siècle. Cet auteur veut y avoir remarqué de détail qui donnent du relief à l'action,
des caractères latins ; mais un autre au et trahissent le témoin oculaire qui a di
teur qui l'avait vu avant lui, et, par con rigé l'auteur. v. p. ex. 1, 13. 20. 29.
séquent, dans des conditions meilleures 33.35.45. 3, 5.6. 4, 26. 5, 5. 13.26.
et dans une moins grande vieillesse et 6, 13. 10, 46. 50., etc. Il ajoute quel
détérioration, croit avoir distingué des ques traits de la vie de saint Pierre, et en
lettres grecques. Ce débat, au reste, n'a omet d'autres qui seraient à l'honneur
plus d'importance, comme il ne se résou de cet apôtre, Matth. 16, 16. 17, 24. Il
dra jamais non plus. ne le nomme pas, non plus que Mat
Quant au but que Marc s'est proposé thieu, dans l'anecdote de Malchus.
en écrivant son évangile, on croit qu'il a On ne peut rien déterminer sur l'épo
eu sous les yeux le travail de saint Mat que de la rédaction : au dire d'Irénée,
thieu, et qu'il a voulu le mettre à la por saint Marc n'aurait écrit qu'après la mort
tée des lecteurs païens, en en retranchant de Paul et de Pierre; mais, comme la
tout ce qui se rapportait trop exclusive mort de Pierre n'est pas connue, cette
ment aux mœurs, aux espérances et aux vague indication ne suffit pas, et l'on
préjugés des Juifs : il a un but plus ca doit, avec Valois, Heidegger, Calmet,
tholique que le premier des évangélistes, cOnsentir à ne rien décider.
mais sa couleur, sous ce rapport, est MARCHANDS. v. Commerce.
moins prononcée que celle de saint Luc, MARCHE. v. Forum.
qui l'a suivi. Il est, avant tout, historien MARD0CHEE, Benjamite de naissance,
évangélique ; il raconte ce que le Sau fils de Jaïr, et arrière-petit-fils de Kis,
veur a fait, et l'on pourrait donner, pour l'un de ceux qui avaient été emmenés
épigraphe à son livre, ces paroles de captifs avec Jéchonias, demeurait à Suze
saint Pierre, qui fut son compagnon et avec Ester, sa cousine, orpheline de père
son père spirituel : « Il allait de lieu en et de nière. Il laissa sa jeune parente
lieu, faisant du bien, » Act. 10, 38. Tout courir la carrière des honneurs, et la di
est rapide dans son récit, tout est bref, rigea de ses conseils ambitieux, sages et
et le mot aussitôt (en grec) se rencontre politiques : lui-même obtint à la cour une
neuf fois dans le chapitre premier ; il dit charge qui lui permit de correspondre
les faits, et omet ou abrège les paroles et avec Ester et de veiller à ses intérèts.
les discours. Le chap. 1 renferme déjà la C'est pendant qu'il faisait son service à
mission de Jésus et celle du précurseur, la porte du roi, qu'il découvrit et déjoua
l'effusion du Saint-Esprit sur le Sauveur une conjuration tramée contre Assuérus :
après son baptême, l'histoire de la tenta un si grand bienfait avait droit à une bien
tion, la vocation de quatre apôtres, la grande récompense ; mais il fut d'abord
guérison d'un démoniaque, celle de la oublié, et ce fut plus tard seulement que
belle-mère de Pierre, l'évangélisation de Dieu le remit en mémoire à celui qui en
la Galilée, et la guérison d'un lépreux. avait été l'objet. Mardochée nourrissait
Il ne fait guère de réflexions, et entre en son cœur une haine jalouse et violente
sommairement en matière. Cependant, il contre Haman, le favori du roi, haine qui
ne s'est pas borné à compléter saint n'avait peut-être d'autre motif qu'un in
Matthieu, et à donner à l'évangile un ca stinct secret, un pressentiment confus,
ractère universel ; il le complète confor une mystérieuse antipathie, et la crainte
mément à son plan, et l'on y trouve beau de voir cet homme puissant travailler un
coup de faits que saint Matthieu n'avait jour à la perte de la favorite. Orgueilleux
pas rapportés, l'histoire de l'aveugle dont d'être Juif, orgueilleux d'être le plus pro
la guérison est progressive, celle du che parent de la reine, orgueilleux d'a
MAR •) 1 MAR
leur assure dans l'empire une position riait naturellement suivant la fortune et
tranquille et honorable. La faveur popu la condition des familles : un minimum
laire ne lui défaut pas plus que la con de 50 sicles est indiqué, Deut. 22, 29.,
fiance royale, et des cris de joie saluent et n'a pas même toujours été donné, Os.
son avènement au pouvoir. 3, 2. D'autres fois l'époux devait, par
Quant à la chronologie de cette his son travail, mériter sa fiancée : d'autres
toire, le livre d'Ester nous offre trois fois encore, celle-ci apportait elle-même
dates : Vasti fut répudiée la troisième an quelque portion de bien que son père lui
née d'Assuérus (q. v.) 1, 3.; quatre ans donnait. Qu'une femme eût à s'occuper
après, dans la septième année de son de la recherche d'un mari, c'était consi
règne, Assuérus épouse Ester, 2, 16., et déré, par les Orientaux, comme une vé
le décret de destruction est lancé dans sa ritable calamité, et c'est dans ce sens
douzième année, 3, 7. L'année où Mar qu'on peut comprendre Es. 4, 1. Le con
dochée découvrit le complot des deux eu sentement des frères, notamment du frère
nuques n'est pas déterminée, et les pa aîné, paraît avoir été aussi requis pour
roles, 2, 19., ne jettent aucun jour sur le mariage de leurs sœurs. Le contrat
la question. Il n'y eut, entre le décret de était passé verbalement entre les parents
destruction et celui de la révocation, en présence de témoins ; quelquefois le
qu'un intervalle de deux mois et dix serment intervenait, Mal. 2, 14.; ce ne fut
jours, et nous pouvons apprendre de là que plus tard, après les jours de l'exil,
que, même dans les circonstances les que les contrats par écrit furent connus.
plus critiques et les plus désespérées, le On trouvera ces détails sur le mariage
peuple de Dieu peut toujours se confier, chez les Hébreux, Gen. 21, 24, 29, 34,
avec assurance, en celui qui seul dispose et 38 ; Exod. 22; Deut. 22 ; Jos. 15;
des événements, et qui a promis que les Jug. 1, et 14; 1 Sam. 18 ; 2 Sam. 3; 1
portes de l'enfer ne prévaudront jamais Rois 2, et 3; Tobie 7; cf. Iliad. 11, 224.
contre son Eglise. Odyss. 3, 281. 8, 318. Tac. Germ. 8; Hé
MARESA, Jos. 15, 44., ville des plai rod. 1, 196. 6, 127. Diod. Sic. 4, 42.64.
nes de Juda, que Roboam fit, plus tard, Il était, jusqu'à certain point, permis
fortifier, 2 Chr. 11, 8, cf. 14, 9. 10. à un homme d'avoir plusieurs femmes.v.
Mich. 1, 15. Il en restait encore quelques Concubines, et Polygamie.
ruines au temps d'Eusèbe. Josèphe en Les mariages étaient défendus, d'abord
fait une possession des lduméens, mais entre les Israélites eux-mêmes, dans cer
quileur fut enlevée, plus tard, par Alexan tains cas de proche parenté, par consan
dre (Ant. 12, 8, 6. cf. 13, 15, 4.). v. guinité ou par alliance, Lév. 18 et 20,
MoréSeth. Deut. 27, Jos. Ant. 3, 12, 1., et cette
MARIAGE. Chez les Hébreux, comme prohibition avait pour sanction, quelque
en général chez les Orientaux, et de nos fois la peine de mort, d'autres fois une
jours encore, c'étaient les pères, et, à simple peine théocratique, la privation
leur défaut, les mères, qui arrangeaient d'enfants, soit qu'on doive l'entendre
seuls les mariages de leurs enfants, de d'un simple vœu de malédiction pronon
sorte qu'il arrivait souvent que ceux-ci cé par le législateur, soit que Dieu ren
étaient fiancés avant de s'être jamais vus. dît tout inceste stérile, soit enfin que la
Ordinairement la famille du fils faisait les loi refusât de reconnaître ces enfants
premières démarches, et offrait une dot comme légitimes. Une pareille défense
pour le prix de la jeune fille, vieille et reposait sur le besoin de garantir les fa
universelle coutume toujours justifiée milles qui eussent été trop facilement en
par les circonstances, que l'on retrouve vahies par l'impureté, de protéger les
chez les Grecs de l'antiquité, chez les filles et les sœurs contre des passions
Germains, les Babyloniens, les Assy qu'un contact habituel, intime et familier,
riens, et maintenant encore en Arabie et eût embrasées facilement si le mal n'eût
dans le Kurdistan, ainsi que chez presque été coupé d'avance dans sa racine, et si
tous les peuples de l'Asie. Cette dot va les esprits n'eussent été détournés par
MAR 23 MAR
une loi positive, de nourrir avec com des familles protestantes, dispersées dans
plaisance un amour plutôt sensuel et vo un grand nombre de villages, sont pres
luptueux que conjugal ; c'était, en outre, que toutes parentes entre elles, et ne
une barrière de plus, élevée entre le forment guère d'alliances au-dehors.
peuple juif et les nations qui l'entou Les mariages entre les Israélites et les
raient, depuis l'Egypte jusqu'à la Syrie, Cananéens étaient de même formellement
où les mariages entre les plus proches pa prohibés, quoique les premiers pussent
rents n'étaient pas rares : la Grèce et l'I- épouser des femmes étrangères; les Ca
talie avaient déjà, sous ce rapport, des nanéennes seules étaient exclues, et les
mœurs moins relâchées. On ne peut guère autres devaient en outre être natura
s'expliquer comment la princesse Tamar lisées, Ex. 34, Deut. 7 et 21, Gen. 24,
peut parler de la possibi'ité d'une union 3. 28, 1. Ruth, 1, 4.4, 13. Nomb. 12; 1
entre elle et son beau-frère Amnon, 2 Chr. 2, 17. 1 Rois 3, 1. 14, 21., etc. (cf.
Sam. 13, 13.: ce n'était peut-être, dans Jug. 3, 6. 14, 1. 1 Rois 11, 1. 16, 31.).
sa bouche, qu'un moyen de chercher à se Mais après l'exil, un rigorisme nouveau
soustraire à ses violences. — On voit, du et légitime s'introduisit dans les mœurs ;
reste, par Ezéch. 22, 11., que les Israé on comprit que ces alliances étrangères,
lites ne respectèrent pas toujours cette quoique permises, tendaient à compro
loi mora e, et cela n'a rien d'étonnant mettre la foi et le monothéisme : les pro
lorsqu'on songe à "ous les autres crimes phètes, les législateurs, le peuple se pro
auxquels les poussa leur sensualité orien noncèrent énergiquement dans ce sens,
tale. Les Hérodes, en particulier, ne se Esd. 9, 2. 10, 3. Néh. 13, 23 (cf. Jug. 3,
firent pas faute d'alliances défendues, et 6.).
l'on en voit un épouser la fille de son Sur un cas de mariage voulu par la loi,
frère, Jos. Ant. 12, 4. 6. 17, 1. 3. etc. v. Lévirat.
cf. Matth. 14, 4. Tacit. Hist. 5, 5. 2. On De secondes noces n'étaient pas répu
se montra lâchement tolérant avecles pro tées très honorables chez les Grecs et chez
sélytes, et, sous prétexte que pour eux les Romains, surtout de la part des fem
les liens du sang avaient été rompus par mes, Virg., AEn. 4, 23. Diod. Sic. 13, 12.
leur conversion, on leur permit des al Les Juifs pensaient de même, cependant
liances monstrueuses, cf. 1 Cor. 5, 1. — ils étaient moins prononcés, et les pha
Sur les conditions relatives au mariage risiens eux-mêmes avaient quelque tolé
des prêtres, v. cet article. — Les tribus rance sous ce rapport; le prêtre Josèphe,
pouvaient s'allier l'une à l'autre; il n'y a après avoir renvoyé sa première femme,
qu'une seule restriction à cet égard, rela procéda sans scrupule à un second ma
tive aux héritières, qui devaient se ma riage : mais on regardait cependant com
rier dans leur tribu pour maintenir intacte me plus conforme à la sainteté de la vie
la division des propriétés et des terri et au respect dû à la femme de ne pas se
toires, Nombr. 36, 6. cf. Tob. 4, 3. remarier, cf. Luc 2, 36. 1 Cor. 7, 8. Cette
(Une disposition semblable existait chez question a été l'objet de vifs débats dans
les Athéniens). On remarque enfin que, | l'Eglise primitive; elle a fini par être ré
dans l'antiquité juive, comme de nos solue dans le sens naturel, l'Ecriture ne
· jours encore en Orient, les familles ai renfermant aucune prescription positive
maient à maintenir leur unité par des ma à cet égard : les premières noces étaient
riages contractés entre parents aux de appelées lex (la règle), les secondes jus
grés autorisés, Gen. 24, 4. 48. 26, 34. § droit), les troisièmes avaient obtenu
28, 1. 8. 29, 19.; pour les patriarches, | moins de faveur.
un motif religieux se joignait aux motifs Les esséniens se distinguèrent par leur
d'affection; ils tenaient et devaient tenir | mépris pour le mariage, et c'était se
à ce que la vérité divine, qui leur avait ' distinguer, en effet, au milieu d'un peu
été confiée, ne fût pas altérée par le con ple qui regardait la vie de famille, non
tact de femmes païennes et idolâtres; la seulement comme honorable, mais comme
même chose se voit encore en France où : ordonnée de Dieu, Gen. 1, 28. cf. 1 Tim.
MAR 24 MAR
4, 3. L'âge de dix-huit ans était fixé par toujours disposés à se révolter contre
les rabbins pour le mariage d'un homme ; leur chef, et Dieu ne fit pas attendre son
une femme pouvait se marier depuis douze jugement; Marie et ses frères durent
à treize ans, et devait le faire au plus tôt. comparaître au tabernacle d'assignation,
Quelques récits ou paraboles du Nou et la vengeance divine frappa d'une lèpre
veau Testament renferment des allusions subite la sœur qui, dans son âge avancé,
aux coutumes pratiquées par les Juifs n'avait pas craint de troubler par ses mé
dans les noces et dans les fiançailles, disances la paix d'une famille, et par son
ainsi Luc 14, Jean 2, Matth. 25 et 22, cf. ambition l'ordre du camp d'Israël, Nomb.
Ps. 45, Jug. 14, Ezéch. 16, 12., etc. W. 12, cf. Deut. 24, 9. Mais à la requête de
Jowett's missionary researches; missSar Moïse, la santé lui fut rendue, elle fut
doe, City of the sultan; Hartley's christian nettoyée de la lèpre, et les formalités né
Researches; Maltby, Coutumes bibliques, cessaires à la purification des lépreux, un
Lamartine, Chateaubriand, etc. — v. en exil de sept jours hors du camp, furent
core les articles Adultère, Divorce, La la seule peine de sa révolte. Elle mourut
ban, Eve, Femme, etc. au désert de Tsin, quelque temps avant la
MARIE (hébr. Mireyam, leur rebel fin du grand voyage, après avoir vécu
lion). 1° La sœur aînée de Moïse et d'Aa cent vingt ans avec le frère dont elle avait
ron, fille ou descendante comme eux de été la jeune libératrice; on peut croire
Hamram et de Jokébed, de la tribu de qu'elle avait au moins cent trente ans.
Lévi, Nomb. 26, 59. 1 Chr. 6, 3. Elle Josèphe la fait épouse de Hur l'ami de
veilla sur le sort de son plus jeune frère Moïse. - Quelques auteurs rapportent à
déposé dans un coffret de jonc parmi les la mort très rapprochée de Marie et de
roseaux du Nil, Ex. 2, et sut avec au ses deux frères ce qui est dit Zach. 11, 8.
tant de grâce que de présence d'esprit, « Je supprimai trois pasteurs en un mois,
rendre à sa mère le fils qu'elle croyait car mon âme s'est ennuyée d'eux. » Les
perdu. Plus tard elle mérita le titre de noms de ces trois grandes autorités sont
prophétesse, et rassemblant sur l'autre rappelés et réunis, Mich. 6, 4.; mais il
rive de la mer Rouge les femmes d'Israël ne paraît pas que Marie ait joui elle
au son du tambourin, elle chanta un can même d'une autorité autre que l'autorité
tique de délivrance et les actions mer naturelle que lui donnaient ses relations
veilleuses de l'Eternel en faveur de son d'intime parenté avec le chef et le souve
peuple, Ex. 15. Une tache apparaît dans rain pontife d'Israël. — Eusèbe dit qu'on
sa vie et s'ajoute à tous les exemples montrait encore de son temps le tombeau
qui prouvent que les personnes les plus de Marie à Kadès.
saintes sont encore sujettes à faillir , elle 2° Marie, fille de Méred, inconnue, 1
eut avec sa belle-sœur, la femme de Chr. 4, 17.
Moïse, une contestation dont l'écrivain 3° Marie, fille d'Héli et mère de Jésus ;
sacré ne nous dit pas la nature; peut-être épouse fiancée à Joseph, mais encore
que jalouse de l'autorité de Moïse, et vierge, elle vit s'accomplir en elle les an
n'osant l'attaquer directement, elle re tiques promesses faites à la maison de
proche à la femme cusite sa qualité d'é- David, et servante de l'Eternel, cette
trangère, afin de faire rejaillir sur son humble femme donna la nature humaine
frère la honte d'une alliance antithéocra à celui qui, à la fois homme et Dieu, de
tique et indigne de lui. Aaron se joignit vait délivrer les hommes de leurs péchés
à sa sœur, ils parlèrent mal de Moïse, s'é- en vivant et en mourant pour eux. Dans
levèrent contre son autorité, et se préva une visite à sa cousine Elisabeth, qui por
lurent des grâces que Dieu leur avait faites tait comme elle en son sein un gage de
pour méconnaître le pouvoir législatif la faveur divine envers elle et envers tous
et civil que Dieu n'avait donné qu'au seul les hommes, elle composa le cantique si
Moïse. Leurs paroles répétées dans le humble et si triomphant qui porte son
camp risquaient d'être accueillies avec nom, et qui rappelle les paroles d'Anne,
trop d'empressement par les Israélites la mère de Samuel ; puis lorsque le mo
MAR 25 MAR
ment de la délivrance de sa cousine fut rité maternelle, elle crut pouvoir adres
proche, Marie revint à Nazareth où elle ser à l'enfant de tendres reproches, ex
habitait, et où elle se proposait d'attendre pression des inquiétudes auxquelles elle
dans la retraite les jours de sa gloire; avait été en proie, mais elle ne comprit
mais l'oracle de Michée, 5, 2., devait s'ac pas la réponse du Messie, sa justification
complir, et César Auguste, en ordonnant et la revendication de ses droits dans
le recensement de la Judée, contraignit l'exécution de ses devoirs. Il ne paraît pas
Joseph de se rendre à Bethléem, où Marie même que dans les dix-huit années qui
le suivit, soit qu'elle ne voulût pas se sé suivirent, elle ait fait des progrès dans
parer de son époux dans les circonstances la connaissance et dans l'intelligence de
où elle se trouvait, soit qu'elle dût aussi, la vérité éternelle, car aux noces de Cana,
comme fille unique héritière et proprié Où nous la retrouvons pour la première
taire d'un immeuble dans sa tribu, se fois après ce long intervalle, elle s'attire
présenter elle-même au lieu où elle pos de la part du Sauveaur des paroles où
sédait. Mais son terme était accompli, l'on est obligé de reconnaître quelque
elle enfanta dans une étable son fils pre dureté, Jean 2, 1-4. (cf. Jug. 11, 12. 2
mier-né, qui n'eut qu'une crèche pour Sam. 19, 22. 2 Rois 9, 18., etc.); c'est
berceau, et dont la royauté terrestre ne ainsi que l'ont entendu les pères de l'E-
devait pas avoir un lieu où reposer sa glise les plus distingués, Chrysostome,
tête. Cette humble fin de tant de glo Augustin, Théophylacte, Origène et Cal
rieuses espérances devait ètre une dé met lui-même. Marie n'eut jamais au
ception pour Marie, qui ne comprenait cune part au ministère de son fils, et lors
pas encore la nature de la gloire et de la que Jésus fut appelé, soit par une folle
grandeur de Jésus; mais les manifesta béatification que l'on voulait faire de sa
tions célestes qui présidèrent à défaut de mère, soit à propos d'une interruption
pompes terrestres à la naissance de l'en qu'elle occasionna en se présentant avec
fant, furent pour la mère un enseigne ses autres fils pendant que la foule, at
ment qu'elle garda dans son cœur et qui tentive à ses discours, l'environnait et
lui devint clair plus tard, bien qu'elle soit l'écoutait avidement, à parler de celle à
restée de longues années encore avant qui il devait son corps et sa nature hu
de comprendre les mystères qui l'entou maine, ce fut pour répondre la première
raient (Luc 1, et 2,). Après avoir vu les fois : « mais plutôt heureux ceux qui en
mages d'Orient s'humilier aux pieds de tendent la parole de Dieu et qui la pra
Son fils, et lorsqu'elle eut accompli les tiquent, Luc 11, 28., » et la seconde fois :
quarante jours de purification exigés des « Qui est ma mère et qui sont mes frères P
jeunes mères par la loi de Moïse, Lév. quiconque fera la volonté de mon père
12, 2., les jours de tribulation commen qui est aux cieux. » Matth. 12, 48. Marc
cèrent pour elle; divinement avertie, elle 3. 35. Luc 8, 21. - Cependant l'époque
partit pour Jérusalem, où elle offrit dans où le Fils de l'homme devait être glorifié,
le temple le sacrifice des relevailles, et le approchait ; Marie toujours bornée dans
vieux Siméon, heureux de tenir dans ses Ses espérances, dans ses désirs et dans
bras le gage de la rédemption d'Israël, ses vues sur la grandeur de son fils à qui
bénit son jour, mais ne cacha point à Ma un trône était promis, n'était pas prépa
rie les peines qu'elle aurait à souffrir et rée aux scènes douloureuses dont elle de
l'épée qui devait percer son âme. Elle vait être témoin ; elle monta encore de
passa de Jérusalem en Egypte, où elle at Nazareth à Jérusalem pour y faire la Pâ
tendit la mort du tyran qui eut lieu dans que, et l'oracle de Siméon s'accomplit,
le courant de la même année. Lorsque qui lui avait annoncé qu'une épée perce
Jésus eut atteint l'âge de douze ans, sa rait son âme; elle accompagna vers le
mère, qui se rendait selon l'usage à Jé lieu du supplice le fils qu'elle avait tant
rusalem pour y célébrer la Pâque, le per aimé sans le comprendre : elle se tenait
dit de vue et ne le retrouva qu'après trois là avec ses pieuses compagnes , elle re
jours de recherches; usant de son auto gardait de loin, Matth. 27, 55. Marc 15,
MAR 26 MAR
40. Luc 23, 49., et s'étant approchée gnaient le Christ et qui le soutenaient
pour recueillir en silence le dernier sou de leurs dons, même avant la femme de
pir du Juste condamné, elle eut le bon Chuzas intendant d'Hérode, et l'on en
heur d'entendre encore sa voix qui la re a conclu qu'elle appartenait probable
commandait au disciple bien-aimé, lé ment à la haute classe de la société, et
guant à celui-ci une mère, à celle-là un qu'elle jouissait d'une fortune assez con
fils, Jean 19, 26. Elle se retira en effetsidérable ; rien du moins ne peut faire
chez saint Jean, et la tradition porte croire le contraire. Elle fut délivrée par
qu'elle passa onze années sous son toit la puissance du Sauveur, de sept esprits
hospitalier; son nom se retrouve, Act. 1, immondes dont elle était possédée, et
14. avec celui des disciples réunis en cette délivrance fut pour elle une nais
prières après l'ascension du Christ res sance nouvelle ; dès lors, pleine de re
connaissance, elle se dévoua sans réserve
suscité; dès lors il n'en est plus question
ni directement, ni indirectement dans au à son maître, et le suivit jusqu'au calvai
cun des livres du Nouveau Testament, re et dans le jardin de Joseph. Elle vou
dans aucune des vingt et une épîtres, qui lut contribuer ou pourvoir aux dépenses
traitent cependant de tous les dogmes et de l'embaumement, et se rendit de bonne
de toutes les vérités religieuses, non plus heure au tombeau le lendemain du sab
que dans la description que saint Jean bat ; mais la pierre était roulée, et le
(Apocalypse) nous fait de la demeure des corps n'y était plus. Les femmes qui m'ont
bienheureux. Le silence de l'Ecriture sous pas encore aperçu les anges gardiens,
ce rapport, est la meilleure réponse à la s'inquiètent et s'étonnent ; Marie court
doctrine mariolâtre de l'Eglise romaine. à Jérusalem avertir les apôtres (Jean 20.),
On ne sait, ni où, ni quand mourut Ma et revient au sépulcre, où elle ne trouve
rie, mais elle devait avoir plus de soixante plus personne que les deux anges qu'elle
ans ; on ne sait pas non plus comment les ne reconnaît pas, et à qui elle confie le
papistes ont pu se prOcurer tout le lait secret de son angoisse ; et quand Jésus
qu'ils montrent de la sainte Vierge, et lui-même s'approche, encore toute trou
comme dit Calvin, elle eût été vache, et blée, elle le prend pour le jardinier, le
nourrice toute sa vie, que l'on compren supplie de lui rendre le corps de son
drait encore difficilement la prodigieuse maître, et ne le reconnaît que lorsque sa
quantité que l'on en vend en tant de lieux. voix bien connue et pénétrante, l'appelle
Il est affligeant pour le christianisme que de son nom, Marie ! Elle se jette alors à
M. de Chateaubriand ait osé parler de ses pieds, qu'elle embrasse en s'écriant :
cette beauté qui s'interpose entre Dieu et Rabboni ! mon maître! Mais il la relève et
les hommes; nous voulons aussi appeler lui dit : ne me touche point, car je ne suis
Marie bienheureuse, mais c'est parce pas encore monté vers mon père (v. 17);
qu'elle a été reçue en grâce, parcequ'elle paroles difficiles à comprendre, et dont
a eu un Sauveur ; le silence des livres on ne peut espérer de percer l'obscurité:
saints, aussi bien que la manière dont ils peut-être renferment-elles un reproche à
parlent de Marie, quand ils le font, doit Marie sur son incrédulité : « Tu n'as pas
nous rappeler qu'un seul est adorable, besoin de me toucher, tu peux être sûre
qu'un seul est intercesseur. Sur la ques que je vis encore; » peut-être une exhor
tion de controverse, v. A. Bost, Ador. de tation, « ne perds pas de temps, et va
Marie; Malan, Comment pourrais-je, etc.; dire à mes frères que je vis, » ou bien,
Puaux, Anat. du Pap.; Roussel, Portrait « ne te préoccupe pas de mon corps, il
de Marie, et plusieurs autres ouvrages et n'est pas encore glorifié, il est charnel,
brochures. et tes regards doivent s'élever plus haut;»
4° Marie Magdeleine (v. Magdala), peut-être enfin n'est-ce qu'une parole
Matth. 27 et 28, Marc 15 et 16, Luc 8, d'amitié, « tu n'as pas besoin de m'ado
23, et 24, Jean 19 et 20. Elle est toujours, rer, je suis encore le Fils de l'homme,
sauf Jean 19, 25., nommée la première l'un des vôtres; » ou bien, « calme ta joie,
parmi les pieuses femmes qui accompa nous nous reverrons encore avant que je
MAR 27 MAR
monte vers mon père , ce qui ne tardera pas le fils unique de Marie, mais son pre
cependant pas, » ( cf. Calvin, Bèze, Tho mier-né, Matth. 1, 25. Luc 2, 7. Ceci est
luck, Olshausen, etc.)— Ici s'arrête son positif, peu importent les noms de ses
histoire ; la tradition ajoute, mais sans frères ; et si les deux sœurs, si les deux
le moindre fondement, que c'est elle qui, Marie ont porté le même nom, il est pos
pauvre pécheresse, après une vie d'im sible qu'elles aient aussi donné à leurs
puretés, trouva son pardon aux pieds de enfants des noms semblables.
Jésus qu'elle oignait de nard pur en les 5o Marie, sœur de Lazare et de Mar
arrosant de ses larmes, Luc 7, 37.; l'artthe, Luc 10, 39. Jean 11 et 12. Dans une
s'est emparé de ce nom, et rien n'est visite, peut-être la première, que Jésus
plus commun en poésie et en peinture, fit à la famille de Béthanie, Marie était
que les pécheresse Madeleine, et les Ma assise aux pieds du Sauveur, écoutant sa
deleine repentante ; il suffit de se rap parole, et se réjouissant de la vérité ;
peler qu'avant sa conversion elle était Marthe, plus vive, plus extérieure, et
affligée d'infirmités qui ne pouvaient seS'Occupant de recevoir de son mieux un
concilier avec les désordres de conduite hôte si cher et si vénéré, voyait avec im
qu'on lui prête ; la pécheresse d'ailleurs patience le calme de sa sœur, mais Jésus
était de Naïn et non de Magdala. La tra rendit à celle-ci ce beau témoignage :
dition (Nicéphore), fait encore venir Ma « Marie a choisi la bonne part qui ne lui
rie Madeleine à Rome, et raconte qu'après sera point ôtée, » parole qui se rappor
avoir porté plainte contre Pilate, elle se tait tout ensemble à la bénédiction du
retira dans les Gaules comme évangéliste, moment, et aux bénédictions à venir, à
mais rien ne le prouve, et il est plus que l'avantage de recueillir les instructions
vraisemblable que ce n'est qu'un conte. du maître, et au salut qui devait en dé
— Le caractère de Marie Madeleine est couler pour la femme disciple.
un des plus purs portraits de femme du Lorsque Lazare fut mort, Marthe cou
Nouveau Testament ; il ne présente pas rut au devant du Seigneur; Marie l'atten
les mêmes taches que celui de la mère du dait, mais quand elle sut que Jésus la
Sauveur, et son amour pour le maître est demandait, elle s'empressa de se rendre
empreint de plus d'intelligence, de plus à son invitation, et se jetant à ses pieds,
d'élévation, et si on peut le dire, d'un sans beaucoup de raisonnements ou de
christianisme plus évangélique. paroles, elle dit seulement : Seigneur, si
5° Marie, femme d'Alphée ou Cléopas, tu eusses été ici, mon frère ne serait pas
Jean 19, 25., et mère de Jacques le Mi mort. Au tombeau de son frère, oppres
neur, de Joses, de Simon et de Jude. Elle sée peut-être par la douleur, en mème
était sœur de la mère de Jésus, et comp temps qu'agitée par l'espérance, et sou
ta parmi les pieuses femmes qui assistè tenue par la foi, elle garda le silence,
rent le Sauveur pendant sa vie, le suivi mais un silence plus significatifque toutes
rent au Calvaire, se rendirent au sépulcre les paroles de sa sœur. Peu de jours après
pour l'embaumer, et annoncèrent sa ré la résurrection de son ami Lazare, Jésus
surrection aux apôtres, Matth. 27 et 28, étant encore à Béthanie Où tant de Sou
Marc 15 et 16, Luc 23 et 24. Trois de ses venirs et tant d'affections l'attiraient, il
fils devinrent apôtres, Joses seul ne le fut invité à un repas chez Simon dit le lé
fut pas. D'après d'autres passages, ces preux : là, Marie qui célébrait avec les
quatre enfants auraient été fils de Marie, autres convives la résurrection de SOn
femme de Joseph, Matth. 13, 55. Marc 6, frère, sut plus qu'eux tous, plus même
3., et l'apôtre Jean, 7, 5., leur rend le que les apôtres, rendre la gloire à celuià
triste témoignage qu'ils ne croyaient pas qui appartient la gloire, et répandit sur la
en Jésus : v. Jacques. Sur cette question tête et sur les pieds du Sauveur un par
à laquelle les romanistes ont donné plus fum précieux qui avait été destiné peut
d'importance qu'elle n'en a réellement, être à la sépulture de Lazare, et essuya de
nous croyons qu'un mot peut suffire ; Jé ses cheveux les pieds qu'elle venait d'ho
sus était le fils unique du Père, il n'est norer ainsi. Un témoignage si naturel de
MAR 28 MAT
17. A la fois prêtre de divinités étran son genre de mort : quelques-uns disent
gères et soutien d'une couronne usurpée, qu'il évangélisa la Judée et que les Juifs le
il périt selon les menaces de la loi, Deut. lapidèrent; d'autres lui font souffrir le
18, 20. Ex, 22, 20. martyre en Ethiopie, d'autres enfin pré
MATTANA, un des campements des tendent qu'il fut décapité en Macédoine.
Israélites dans le désert ; il était près des MATTHIEU, aussi nommé Lévi, était
frontières de l'Arabie et de Moab. Nomb. fils d'Alphée, probablement d'un premier
21, 18. mariage de ce disciple. Quoique Hébreu,
MATTHAN, un des ancêtres de Jésus il exerçait à Capernaüm les fonctions de
par Joseph, Matth. 1, 15., inconnu. publicain, si méprisées et si détestées
MATTHANIA. v. Sédécias. des Juifs, qu'ils alliaient presque toujours
MATTHAT, deux hommes de ce nom, ensemble les noms de péagers et de gens
Matthata, et deux Matthatie, ancêtres de de mauvaise vie : on peut croire par la
Jésus par Marie, mais inconnus, Luc 3, grandeur du repas qu'il offrit à Jésus, et
24. 25. 26. 29. 31 . par le nombre des convives invités, qu'il
MATTHIAS , Act. 1, 23., l'un des était riche, comme l'étaient presque tous
deux disciples que les apôtres choisirent, ceux qui exerçaient la même profession.
et sur lesquels ils jetèrent le sort pour Il était assis devant le bureau du péage
trouver le successeur de Judas lscariote. quand le Sauveur le vit et l'appela; comme
Quelques-uns pensent que c'est le même André, comme Pierre, comme les fils de
que Nathanaël, Jean 1, 45. Il résulte des Zébédée, il suivit le Seigneur sans hésiter,
paroles de saint Pierre, Act. 1, 21.22., et abandonna ses biens et l'emploi dont
que Joseph et Matthias avaient été au il était revêtu. Le jour même, ou quelque
nombre des soixante-dix disciples, et temps après, il réunit dans un grand re
l'honneur que leur font les apôtres prouve pas plusieurs de ses amis, afin de leur
que ces deux hommes s'étaient distingués fournir l'occasion d'entendre le Seigneur,
dans leur mission par leur foi, leur zèle et son nom ne se retrouve plus qu'avec
et leur piété. Matthias fut élu et admis ceux des frères qui se réunirent pour
au nombre des douze, mais il reste dès prier après que Jésus fut remonté vers
lors ignoré, et c'est une question de sa son pèreº Matth. 9, 9. 10, 3. Marc 2, 14.
voir si les apôtres, en procédant comme 3, 18. Luc 5, 27.6. 15. Act. 1, 13.
ils ont fait, ont agi par l'esprit de Christ; Saint Matthieu est généralement re
saint Paul, qui ne se montre que plus tard, gardé comme l'auteur de l'évangile qui
apparaît comme étant véritablement le porte son nom , mais on n'est pas d'ac
douzième apôtre, appelé par le Seigneur cord sur la langue dans laquelle ce livre
lui-même à compléter le collége aposto a été d'abord écrit, si ce fut en hébreu,
lique, et devenant le plus puissant instru en syro-caldéen ou en grec. La question
ment dans la main de Dieu. L'auteur sa est très ardue et difficile à résoudre.
Cré ne paraît pas jeter le moindre blâme Comme évidemment cet évangile a été
sur cette élection par le sort, et nous écrit pour les Juifs, il serait assez natu
Voyons qu'elle fut précédée de la prière, rel de penser qu'il fut écrit en hébreu ou
mais il faut se rappeler aussi que les apô en syro-caldéen, dans la langue parlée par
tres n'avaient pas encore reçu l'effusion ceux auxquels il s'adressait ; mais comme
du Saint-Esprit, et que leurs actes offi d'un autre côté l'on n'a jamais trouvé un
ciels n'avaient par conséquent pas tou seul manuscrit hébreu, et que d'ailleurs
jours à cette époque une sanction divine le texte grec a tous les caractères d'un
et spirituelle. Si donc c'est une question, travail original et non d'une traduction,
ce n'est que cela, et personne ne peut la la force de la première présomption en
trancher, ni en blâme, ni en approbation. est considérablement affaiblie : Matthieu,
— Eusèbe et Clément d'Alexandrie man receveur des péages, devait savoir le grec,
tionnent un ou deux ouvrages apocryphes et les derniers travaux faits en Allema
de Matthias, un évangile, et peut-être gne et ailleurs, semblent militer forte
des mémoires; les traditions varient sur ment en faveur d'un texte primitif grec,
MAT 3() MEC
ou du moins d'un texte écrit en grec par de parler, est celle d'un Juif parlant à des
saint Matthieu. On peut, avec Olshausen, Juifs de leurs communes espérances dont
reconnaître que le témoignage de pres il a vu l'accomplissement : sa conclusion
que tous les pères qui touchent ce sujet, est en parfaite harmonie avec son com
est pour un texte syro-caldéen, et admet mencement ; il montre s'élevant vers les
tre en même temps que saint Matthieu a cieux comme Roi celui qui en était des
lui-même traduit son ouvrage en grec, cendu pour pardonner. Simple et sans
afin de le mettre à la portée d'un plus apprêt, il ne se laisse pas lier par l'ordre
grand public; la langue grecque étant plus chronologique, et il groupe volontiers
répandue, les manuscrits dans cette lan des événements, des discours ou des pa
gue auront été plus nombreux, plus usi raboles qui ont un même but, qui doivent
tés, et auront fini par absorber entière produire un même effet , alors même
i ent les copies hébraïques qui ne pou qu'ils ont été séparés dans l'action. Seul
vaient avoir d'utilité que pour les chré il donne avec quelques détails l'histoire
tiens d'entre les Juifs, presque toujours de l'adoration des mages , avec quelque
en minorité dans la plupart des Eglises suite le sermon sur la montagne, avec un
(Olsh., Hist. des Evang. p. 19.). Quelques plan déterminé les paraboles du royau
auteurs modernes , notamment Schleier me , beaucoup plus que les autres il cite
macher et De Wette, ont voulu refuser à l'Ancien Testament. Comme on l'a dit ail
l'évangile, tel que nous le possédons, un leurs, Matthieu a un caractère moins uni
caractère apostolique , ils s'appuient en versel, moins catholique que saint Luc,
particulier sur des indices extérieurs, et et il arrête la généalogie du Sauveur à
ceux-là sont précisément de ceux qui Abraham au lieu de la faire remonter à
nous paraissent parler le plus haut en Adam ; il est moins homme qu'il n'est
faveur de l'inspiration divine de cet ou Juif. La grandeur n'est pas pour cela
vrage, que l'antiquité chrétienne a placé étrangère à son récit ; au contraire ; il
en tête des livres du Nouveau Testament. cherche partout l'esprit, et s'embarrasse
Quant au lieu et à l'époque de la rédac peu des détails et de la forme ; les faits
tion, l'on ne peut que conjecturer avec ne sont pour lui que l'accessoire de la
un plus ou moins grand degré de certi pensée, et souvent il est bref là où les
tude, sans rien déterminer ; les notices autres évangélistes ne craignent pas d'ê-
de la tradition sur la vie et sur l'activité tre abondants. Partout il est plein de la
de cet apôtre sont si vagues et si contra grandeur de son maître, et il la comprend
dictoires , que tout ce qui s'y rattache d'autant mieux qu'il la cherche dans le
doit aussi rester dans le vague : les uns ciel et non point sur la terre : il contras
le font mourir en Palestine, d'autres en te avec le messianisme charnel de ses
Ethiopie, d'autres en Syrie ou en Perse ; compatriotes qui attendaient un roi com
il mourut de mort naturelle selon Nicé me en ont les autres peuples, mais il ne
phore , et martyre selon Isidore, Am s'élève pas au spiritualisme de saint Jean,
broise, etc. Le plus probable si l'on con que les anciens avaient appelé l'évangile
sidère les caractères intérieurs de son spirituel par opposition à celui de saint
évangile, c'est qu'il écrivit en Palestine, Matthieu qui était pour eux l'évangile
à Jérusalem peut-être, et avant la des corporel ; non point qu'ils le missent au
truction de cette grande ville, dont il an dessous, ou qu'ils lui refusassent l'inspi
nonce la ruine comme prochaine (24, 1. ration divine, mais comme en Christ il y
sq.); ce serait entre 60 et 70. avait deux natures, et qu'on pouvait l'en
Il s'attache essentiellement à présenter visager sous diverses faces, ils dési
Jésus comme le Christ, le Messie promis, gnaient ainsi le point de vue différent
le roi qui doit monter sur le trône de auquel s'étaient attachés ces deux évan
David, le grand prophète, Deut. 18, 18., gélistes , Matthieu a dit la vie du Sau
le législateur et le juge; il se tient,autant veur, il est essentiellement historien.
que possible, aux prophéties de l'Ancien MECHONA, ville de la tribu de Juda,
Testament, et son langage, sa manière Néh. 11, 28.; peut-être le bourg de Mé
MEI) 31 MED
chanus dont parle Jérôme, qui était situé mais sans donner à cette difficile science
entre Eleuthéropolis et Jérusalem. un bien grand développement. L'emploi
MEDAD. v. Eldad. des médecins, assez rare avant l'exil , 2
MEDEBAH, ville frontière de la tribu Chr. 16, 12. Jér. 8, 22., fut plus fréquent
de Ruben, Jos. 13, 16. Les Hébreux l'a- dans la suite, Marc 5, 26. Luc 4, 23. 5,
vaient prise sur les Hammonites, mais 31. 8, 43.; les esséniens en particulier,
elle avait d'abord appartenu aux Moabi consacrèrent leurs loisirs soit à l'étude,
tes, qui la reconquirent plus tard, Nomb. soit au traitement des maladies. Le livre
21, 30. 1 Chr. 19, 7. Es. 15, 2. Eusèbe de l'Ecclésiastique (38, 1-3.), tout en ra
la place dans les environs d'Hesbon et menant à Dieu la guérison du malade,
Burckhardt en a encore trouvé les ruines professe un grand respect pour la méde
à 8 lieues de cette ville. cine « que Dieu a créée, » dit-il. Les re
MEDECINE. La première fois que cet mèdes le plus ordinairement employés
art est mentionné dans l'Ecriture sainte, étaient l'huile, le baume, des bains, des
c'est Gen. 50, 2., en parlant du corps de eaux thermales et des emplâtres, Jér. 8,
Jacob que Joseph fit embaumer par les 22. 46, 11. 51, 8.2 Rois 20, 7.5, 10. Luc
médecins : l'Egypte, alors la terre clas 10, 34. Jean 5, 2. Joseph. Antiq. 17, 6,
sique de toute les sciences, était célèbre 5. Parfois aussi, dans la méfiance qu'in
dans le monde païen par ses secrets mer spirait encore un art si jeune et si inexpé
veilleux, et par l'habileté de ses jon rimenté, l'on avait recours à des devins
gleurs, de ses prêtres et de ses médecins, ou magiciens, qui par leur rites super
à guérir les malades ou à les embaumer stitieux, leurs amulettes, leurs prières et
s'ils venaient à mourir, Hérod. 2, 84. leurs chants, devaient guérir les malades
Odyss. 4, 229. Diod. Sic. 1, 82. Les Hé et notamment les possédés : c'est proba
breux, et Moïse en particulier, pendant blement l'emploi de remèdes de ce genre
le séjour d'Egypte, avaient pu s'initier qui attira sur Asa le blâme et la peine
aux connaissances égyptiennes, et ils en qu'il encourut, et qui l'empècha de se re
avaient profité; l'on voit par Ex. 21, 19., lever de son lit de maladie, 2 Chr. 16, 12.
qu'ils étaient plus ou moins en état de cf. 2 Rois 5, 11. Jér. 8, 17. Une espèce
soigner toutes sortes de maladies, natu de police de santé est instituée, Lév. 13
relles ou accidentelles, et quelques au et 14, contre la lèpre, et l'exercice en
teurs ont voulu même attribuer à la était confié aux prêtres; ils n'étaient pas
science de Moïse ses préceptes sur le flux, chargés de guérir ou de nettoyer, mais
la lèpre, les animaux purs ou impurs, etc. d'inspecter et de constater la présence
Dans le principe la médecine était sur ou la guérison de cette hideuse maladie,
tout chirurgicale, se renfermant presque Luc 17, 14. D'autres prescriptions sanitai
exclusivement dans le traitement des res étaient également établies par Moïse,
plaies, blessures ou affections extérieu relatives soit à la nourriture, soit aux
res; il y avait déjà depuis longtemps des purifications. D'après Lightfoot, un mé
sages-femmes pour aider de laborieux decin particulier (medicus viscerum) au
enfantements, Ex. 1 , 15., et l'on peut rait été attaché au service du temple, à
croire que l'étude de cette inévitable cause des fréquentes indispositions et
souffrance avait commencé avec les dou des refroidissements auxquels étaient
leurs elle-mêmes. Plus tard , les méde exposés les prètres, qui devaient remplir
cins hébreux, parmi lesquels on comp leurs fonctions nus-pieds.
tait plusieurs prophètes, continuèrent de MEDIE, Mèdes. Cette contrée, qui
pratiquer, en le perfectionnant, l'art de porte, dans l'Ecriture sainte, le nom du
soigner les blessures, 2 Rois 4, 21. 5, 10. troisième fils de Japhet, tirait son nom,
8, 7.9.29. 9, 15. 20, 7. Es. 1, 6. 38, 1. suivant les Grecs, de Médus, fils de Mé
sq. Ez. 30, 21.; ils y joignirent la méde dée, qui fut femme d'Egée, roi d'Athè
cine proprement dite, le traitement des nes. Obligée de fuir l'Attique, parce
maladies internes, même des maladies de qu'on découvrit les embûches qu'elle
l'esprit, 2 Chr. 16, 12. 1 Sam. 16, 16., dressait à Thésée, elle se retira dans le
MED 32 MEI)
pays qu'on appelait alors plus particuliè six tribus ou peuplades, les Mèdes avaient
rement Asie, et donna le nom de Médes été de bonne heure assujettis par Ninus,
à ses habitants. La Médie n'a pas tou qui en avait fait une satrapie assyrienne ;
jours eu les mêmes limites : ses défaites mais, après la destruction du premier
et ses victoires ont quelquefois apporté, empire assyrien par Arbace, ils s'affran
dans son étendue, de notables change chirent du joug ; à l'esclavage succéda la
ments. Elle touchait au nord à l'Armé liberté, à la liberté la licence, et l'anar
nie, dont elle était séparée par l'Araxe, chie fit regretter au peuple le despotisme
et bordait ensuite le rivage méridional de de ses rois. Quelques historiens assurent
la mer Caspienne ; à l'orient, était l'Asie qu'Arbace régna sur eux, mais il n'en
proprement dite ; au midi, la Perse et la est pas fait mention dans Hérodote, qui
Susidme : au couchant, l'Assyrie ; elle dit, au contraire, qu'ils se donnèrent un
était comprise entre les 34-40° lat. nord, roi de leur nation, et qu'ils élurent, à
et vers le 70° long.. La partie septen cet effet, un simple juge de village, Dé
trionale, sur les côtes de la mer Cas jocès, fils de Phraortès, qui était devenu,
pienne, était humide, froide, malsaine ; par sa réputation de probité, l'arbitre de
une chaîne de montagnes qui rejoignait tous les bourgs. Après lui vinrent Phra
plus loin l'Anti-Taurus, la séparait du ortès, Cyaxare et Astyage, et les quatre,
reste de la Médie. Une peuplade rude, d'après Hérodote, régnèrent cent cin
forte et indépendante, habitait ces de quante ans. Eusèbe et Syncelle comptent
meures sauvages qui portent encore, de encore, avant Déjocès, quatre autres rois,
nos jours, le nom de Masanderan ou et portent à deux cent cinquante-neuf
Silan. Au sud, se trouvait la Médie Atro ans la durée totale du règne des huit.
patène, séparée, à l'ouest, de l'Arménie Aucun des premiers n'est nommé dans
par le mont Caspius qui vient de l'Ara l'histoire sacrée, où les Mèdes n'appa
rat, et resserrée, au sud et au sud-est, raissent que comme sujets du roi d'As
entre les montagnes de l'Oronte, qui tra syrie Salmanassar, 2 Rois 17, 6., au
versent toute la Médie. Cette contrée, temps d'Hosée, roi d'lsraël, 731 av. C.
maintenant presque tout l'Aderbidschan, Plus tard, sous Nébucadnetsar, on les
renfermait un grand nombre de plaines voit indépendants et gouvernés par leurs
et de vallées fertiles et bien cultivées, propres rois, Es. 13.17. Jér. 25, 25.51,
dont le produit suffisait à l'entretien de 11. 28. On peut donc croire que, peu de
ses habitants; le nord seul était froid et temps après Arbace, ils retombèrent sous
improductif. Un troisième district, enfin, le joug assyrien, et que, plus tard seule
était la Grande Médie, au sud-sud-est ment, profitant des guerres lointaines de
de l'Oronte, traversée par le mont Za Sanchérib, ils s'émancipèrent entière
grius, qui la sépare de la Perse à l'ouest ment pour se donner, depuis Déjocès,
et au sud; des déserts la bornent à l'est, une suite de rois de leur choix. Au dire
et la mer Caspienne la met en communi d'Hérodote, ils subjuguèrent, sous Cyaxa
cation avec l'Hyrcanie et les Parthes. re, Ninive et l'empire assyrien, jusqu'à
C'est un plateau élevé, mais riche en ce que, soumis par Darius et Cyrus (v.
fertiles vallées et en gras pâturages , il Darius), et réunis à la Perse, ils cessè
jouit d'un climat tempéré, salubre et se rent d'exister comme nation indépen
rein ; son nom actuel est lrak-Adshemi. dante ; dès lors, les noms des Perses et
Sa capitale était Ecbatane, q, v. Là se des Mèdes sont réunis, Dan. 5, 28. 6,
trouvaient aussi Ragès, ville bien connue 15. 8, 20. Est. 1, 3.18. 10, 2. La Babylo
par l'histoire du jeune Tobie, et les plai nie, également sous Cyrus, fut aussi ré
nes de Nysa, célèbres par leurs nombreux duite en province de ce double empire
haras, d'où sortaient des chevaux très médo-perse. Après deux siècles, cette
estimés qui servaient aux rois et aux immense monarchie tomba sous les coups
grands de leur cour. d'Alexandre le Grand, 330 av. C.; puis,
La Médie avait été d'abord une pro après la mort de celui-ci, Séleucus Nica
vince de l'empire d'Assyrie. Divisés en tor détacha la Médie de l'empire uni, et
MEH 33 MEL
en fit une province du nouveau royaume aux Sidoniens, Jos. 13, 4. Quelques-uns
de Syrie, jusqu'à ce que, après une suite Ont cru la retrouver dans la ville de Ma
de victoires incertaines, cette province rathos, citée par Strabon, 16, 753.; d'au
fut définitivement aggrégée à l'empire tres y ont vu l'inexpugnable caverne si
des Parthes, fondé 250 av. C. donienne (cavea de Tyro), célèbre dans
Les anciens Médes passaient pour un l'histoire des croisades ; d'autres enfin
peuple belliqueux, redoutable surtout par (Grotefend, Winer), la ville sidonienne
son habileté dans le maniement de l'arc ; de Moyra, dont il est parlé dans Sancho
les montagnards conservèrent le plus niathon, 8, 88.
longtemps leur indépendance et leur MEHUMAN. v. Mémucan.
force, tandis que les habitants des plaines MELANGES. v. Accouplements.
et des villes, livrés de bonne heure aux MELCA, et deux Melchi, Luc3, 31.24.
arts et à l'industrie, s'adonnèrent au luxe 28., ancêtres inconnus de Jésus par Ma
et à la mollesse qui en firent, pour leurs l'18.
ennemis, une proie facile. Leur vêtement, MELCHISÉDEC, Gen. 14. Son nom
qui se composait d'un manteau et d'un signifie roi de justice ; il était en même
large pantalon, fut adopté par les Perses temps roi de Salem, soit que ce nom dé
d'abord, puis généralement en Asie, par signe Sichem ou Jérusalem, qui, l'une et
les riches et les nobles. Ils adoraient les l'autre, paraissent avoir porté le nom de
astres : le soleil et la lune occupaient, Salem, soit que Salem, qui signifie paix,
pour eux, le premier rang ; puis venaient doive être pris dans son sens purement
Jupiter,Vénus, Saturne, Mercure et Mars. appellatif. Melchisédec était donc un roi
v. Caldéens et Mages. Deux langues non distingué par son amour de la justice et
sémitiques étaient parlées dans l'ancien de la paix : il était, en même temps, pon
ne Médie : le zend au nord, et le pehlvi tife et sacrificateur, comme Jéthro, com
au sud ; cette dernière devint la langue me plusieurs autres princes-prêtres dont
dominante des Parthes. il est parlé dans l'Ancien Testament, où
MEDITERRANEE. v. Mer. nOuS vOyOns, avant l'établissement de la
MEGUIDDO, appeléeaussi Meguiddon, loi, ces deux fonctions et dignités fré
Zach. 12, 11., ville située sur le terri
quemment réunies en la même personne.
toire d'Issacar, mais appartenant à laNous ne nous arrêterons pas à recher
tribu de Manassé ; d'abord résidence cher qui pouvait être ce grand person
royale des Cananéens, elle fut prise par
nage, comme nous n'indiquerons pas non
Josué, puis reprise par ses premiers pos
plus toutes les suppositions, plus hardies
sesseurs, Jos. 12, 21.17, 11. Jug. 1,27.
et plus bizarres les unes que les autres,
Elle était située dans une plaine du pla
qu'on a faites sur sa personne. On a vou
teau de Jizréhel, 2 Chr. 35, 22., et fut
lu mettre du mystérieux là où il n'y avait
témoin de plusieurs batailles, 2 Rois 23,
que de la concision, et quelques-uns ont
29.30. Dans son voisinage, se trouvaient
voulu voir en Melchisédec un ange, et
les eaux de Méguiddo, Jug. 5, 19., promême Jésus-Christ; rien, dans l'Ecriture
bablement une manière poétique de désisainte, n'autorise de pareilles hypothèses,
gner le torrent du Kison, verset 21, qui
et l'on doit admettre que ce n'était qu'un
a sa source au pied du Tabor. Salo homme comme un autre, un roi comme
mon fit fortifier cette ville, qui avait pour
les rois de la plaine, mais pieux et ado
rateur de l'Eternel, ainsi qu'il s'en trou
lui une très grande importance militaire,
comme clef occidentale du pays entre le
vait encore quelques-uns à côté de la fa
nord et le midi ; il y établit aussi un des
mille du grand patriarche. Il alla au-de
douze commissaires pourvoyeurs de la vant d'Abraham lorsque celui-ci revenait
maison royale, 1 Rois 4, 12. 9, 15. de la défaite des rois impies, et, sans
MÉ-HAJARKON, ville danite, Jos. 19, doute heureux de saluer un ami si puis
46. — Les Septante ont traduit mer de sant qui venait de châtier la rapine et la
Jarkon. brutalité, il lui fit apporter du pain et du
MÉHARA, ville ou bourg appartenant vin. Sacrificateur, il bénit le patriarche,
II. 3
MEL 34 MEM
défendre contre les inondations du fleuve, dans sa vivacité, il ait parlé avant d'y
lui servirent aussi de défense militaire. être appelé. Il condamna Vasti, dans la
Elle avait déjà des rois au temps d'Abra crainte, dit-il, qu'un exemple de désobéis
ham, et le nom de Mesr, que lui donnent sance impunie venant de si haut, n'en
quelques historiens arabes, peut faire courageât une rébellion générale de tou
supposer que la terre de Misraïm qu'oc tes les dames de la Perse et de la Médie
cupèrent en Egypte Abraham et ses des contre l'autorité de leurs maris. On peut
cendants, était le territoire de Memphis. croire que son vote était dicté par des mo
Fondée par Uchoréus, cette ville devint, tifs, sinon meilleurs, du moins plus sé
sous Psammétique, la résidence du maître rieux, et que peut-être il haïssait la favo
de l'Egypte et la capitale de tout le pays ; rite, ou qu'il en était haï. Ces sages, ou
elle s'accrut en même temps que Thèbes conseillers du roi, étaient choisis entre
s'abaissait. Diodore de Sicile lui donne les grands du royaume, et devaient être
150 stades de circuit ; outre le château versés dans la connaissance des lois et
royal, elle renfermait une foule de ma du droit ; c'étaient des politiques, et ils
gnifiques monuments, le temple de Phtha formaient une espèce de conseil d'Etat ou
(Vulcain), la cour d'Apis, etc. Après la conseil des ministres.
prise de Péluse par Cambyse, Psamménite MENAHEM, seizième roi d'Israël,
s'avança contre lui avec une nombreuse usurpa une couronne déjà teinte de sang
armée qui fut défaite dans un combat par l'usurpation de Sallum qui la portait,
sanglant, et, du temps d'Hérodote, on et qu'il fit assassiner. Fils de Gadi, il
voyait encore les crânes des Egyptiens, avait été probablement officier de Zacha
Solides et durs, couvrir la terre à côté de rie. A la mort de son maître, il accou
ceux des Perses, si mous qu'on les per rut, le vengea dans sa capitale, tua le
çait avec facilité. Memphis commença à meurtrier et lui succéda sur le trône. Son
déchoir quand elle cessa d'être la rési règne de dix ans fut fécond en crimes et
dence des rois; dans la suite, lorsque en cruautés : la ville de Thiphsa ayant
Alexandrie s'éleva, elle perdit encore refusé de lui ouvrir ses portes, il s'en
davantage ; mais elle ne fut démolie, ni empara, tua tous les habitants jusqu'aux
par Nébucadnetsar, ni par Cambyse : le femmes enceintes, et ravagea son terri
premier se contenta d'en transporter les toire. Idolâtre comme ses prédécesseurs,
habitants, le second exerça surtout sa fu il vit Pul, roi d'Assyrie, fondre sur Is
reur sur les temples, et fit périr le bœuf raël, et dut se reconnaître son tribu
Apis. Aux jours de Strabon, Memphis taire ; il lui paya mille talents, et fit pe
s'en allait doucement en ruines; plusieurs ser cette dette sur les riches du royaume,
de ses grands bâtiments étaient dégradés, qu'il taxa à cinquante sicles par tête, à la
et, bien qu'elle fût encore riche et peu décharge du pauvre peuple, dont il sut,
plée, on pouvait prévoir sa fin prochaine. par cette mesure, se gagner l'affection et
La construction du Caire, dans son voi s'assurer l'appui. Il se maintint ainsi dix
sinage, acheva ce que le temps et la années sur le trône, et mOurut la cin
guerre avaient commencé. Aujourd'hui, quantième année du règne d'Hozias, roi
l'on ne voit plus que de faibles restes de de Juda. Sa mort fut naturelle, ce qui
cette grande ville, en sorte qu'on a été était bien rare alors dans le royaume des
longtemps incertain sur le lieu qu'elle Dix tribus (770-760) 2 Rois 15. Les pro
avait occupé autrefois. Ce sont les Sarra phètes Osée et Amos virent, sous son
sins qui l'ont démolie. règne, leurs oracles dédaignés, mais n'en
MEMUCAN ou Méhuman, Est. 1, 10., continuèrent pas moins leurs avertisse
etc., l'un des sept conseillers intimes ments et leurS menaceS.
d'Assuérus, celui qui prit le premier la MÉNI, idole, Es. 65, 11. v. Gad 3°.
parole pour condamner la reine Vasti, MÉPHAAT, ville lévitique de la tribu
soit qu'il fût le plus grand et que le roi de Ruben, non loin de Kédémoth, Jos. 13,
l'eût interrogé le premier, soit qu'il fût 18.21,37.1 Chr. 6, 79.; elle fut plus tard
le plus jeune et le plus impétueux, et que, acquise par les Moabites, Jér. 48, 21. Eu
MEP 36 MER
sèbe la nomme Méphath et en fait une ci boseth, et l'esprit se fortifia d'autant que
tadelle romaine située vers l'Arabie. la chair s'affaiblit. — Lorsque, à la dé
MEPHIBOSETH. 1° Fils de Saül, v. Ar mande des Gabaonites, David leur livra
moni. 2° Fils de Jonathan ; il est aussi sept enfants de Saül pour être mis à mort
appelé Méribaal, 2 Sam. 4, 4.1 Chr. 8, (parmi lesquels se trouvait l'autre Méphi
34.9, 40. Fort jeune encore à la mort de boseth), le fils de Jonathan fut encore re
son père, il fut recueilli par sa nourrice devable de son salut à la mémoire de son
qui le laissa tomber dans sa fuite, et il père et à l'affection de David, 21, 7. ;
resta boiteux toute sa vie en suite de cet c'est le dernier fait de son humble vie
accident. Il vécut longtemps dans l'obs raconté dans l'Ecriture : il n'est rien dit
curité ; son épreuve était à cette époque de sa mort.
plus encore qu'aujourd'hui, de nature à MER. 1° Méditerranée, appelée merin
l'éloigner de la scène du monde, et il térieure par les Romains ; les Hébreux la
n'eût plus jamais reparu à la cour si l'ami désignaient par grande mer, Nomb. 34,
de son père, si David, aidé de Tsiba, ne 6.7. Jos. 1, 4., mer d'occident, Deut. 11,
l'eût cherché et découvert dans la maison 24. Zach. 14, 8., mer des Philistins. Ex.
de Makir. Les biens de son aïeul lui 23, 31., ou simplement la mer, 1 Rois 5,
furent rendus, il s'établit à Jérusalem et 9.; elle formait toute la frontière occi
fut admis à la table du roi, 2 Sam. 9. Une dentale de la Palestine. Le rivage de la
incroyable calomnie le perdit, 2 Sam. 16, Méditerranée est escarpé et souvent à pic
3. Tsiba accusa le timide boiteux de se de Tyr à Ptolémaïs; vers le sud il s'a-
poser en prétendant et d'attendre, pour baisse et devient sablonneux après avoir
se décider, l'issue de la guerre d'Absalon; formé près du mont Carmel le grand
le calomniateur obtint pour récompense golfe d'Acco ou Ptolémaïs, le seul port
les biens et la fortune de sa victime. Ab naturel de toute la côte : des mouillages
salon était déjà maître de Jérusalem; Mé artificiels ont été de bonne heure creusés
phiboseth, fidèle à son roi légitime, ne à Césarée, Joppe et Gaza. La marée, très
rendit point hommage au vainqueur et peu considérable dans la Méditerranée,
porta publiquement le deuil, laissant est presque insensible et très irrégulière
croître sa barbe et ne changeant pas de sur les côtes de la Palestine. Un courant
vêtements, pour protester de son atta qui va du sud au nord se fait apercevoir,
chement à la maison de David, 19, 24. surtout à l'époque des inondations du
Bientôt après, il trouva l'occasion de se Nil, et dépose sur les côtes d'immenses
justifier devant le roi, il se contenta d'é- amas de sables et de boue; aussi a-t-on
tablir son innocence sans demander au remarqué depuis quelques siècles que la
cune réparation, et répondit par un vœu rive méridionale gagne du terrain sur la
humble et touchant à la seconde injustice mer. On a découvert entre Gaza et Joppe
que lui fit David en ne lui rendant que la des bancs de corail, et ces eaux sont très
moitié de ses biens, et en laissant l'autre poissonneuses. Le commerce juif eût trou
au calomniateur. Son caractère est hum vé dans la Méditerranée un puissant auxi
ble et modeste, et l'on ne saurait douter liaire, mais déjà l'Egypte et la Phénicie
que l'infirmité n'ait mûri son âme d'une avaient pris possession de l'empire mari
manière salutaire; il ne réclame qu'une time, et d'ailleurs les empêchements que
seule chose, l'affection de David et l'inté la loi de Moïse mettait au commerce ex
grité de sa propre réputation ; quant à térieur ne permirent pas de longtemps
son patrimoine il l'abandonne, et il bénit aux Hébreux de profiter des avantages
ses ennemis au lieu de s'indigner en les que la nature leur procurait ; les bois du
voyant abuser de leur force contre sa fai Liban, destinés à la construction du tem
blesse. Les désavantages physiques as ple furent cependant transportés par mer
souplissent le caractère quand il ne l'ai à Joppe , c'est également sur la Méditer
grissent pas, et c'est une chose singulière ranée que Jonas s'embarqua pour échap
que ce contraste dans les fruits de la dif per à la mission divine.
formité; la bonne part échut à Méphi 2° Mer Morte; c'est le plus grand des
MER 37 MER
son atmosphère; sur ses rives orientales le moyen âge pourquoi l'eau bénite du
on trouve des sources chaudes contenant Jourdain se versait dans la mer de malé
du soufre et un asphalte gras et foncé, diction, dans la mer du Diable. La mer
qui passe de ces sources dans la mer, sur Morte est toujours citée dans l'Ecriture,
laquelle il nage en masses parfois très comme un exemple permanent des juge
considérables; on les recueille soit pour ments de Dieu, et elle est mentionnée seu
médicaments, soit pour la teinture des lement dans l'Ancien Testament, qui ne
laines, soit pour la construction des bâ parle qu'en passant du lac de Kinnéreth,
timents à la place de chaux ; c'est de là tandis que le lac de Génésareth et ses vil
que la mer Morte a pris aussi le nom de les ont été le principal théâtre de la vie
lac Asphaltite. de notre Sauveur.
La place qu'elle occupe était jadis un 3° Mer Rouge (hébr. mer des roseaux);
pays délicieux comme un jardin de Dieu. appelée par les Grecs et les Latins golfe
L'ardeur du soleil y était adoucie par des Arabique. On ne sait d'où lui vient son
eaux abondantes, et elle favorisait pro nom de mer Rouge ; quelques-uns l'at
bablement ici, comme sur les rives du tribuent à certaines herbes marines abon
lac de Génésareth, la production en une dantes dans ses eaux, et dont les feuilles
même contrée , des fruits les plus va sont tachetées de rouge, d'autres à un "
riés ; la fertilité du sol y était encore ancien roi Erythros (rouge), ou Edom,
accrue, ainsi que dans la plaine de Ba qui a la mème signification, et qui par sa
bylone et ailleurs, par sa nature bitumi puissance aurait peut-être bien mérité
neuse. Mais les habitants de la plaine de donner son nom à cette mer (Calmet);
de Siddim, q. v., étaient des hommes mé d'autres enfin (Reland et Rosenmuller), le
chants, et leurs péchés'attirèrent sur eux regardent comme synonyme de mer mé
les jugements du Seigneur : il les avait ridionale, les poètes appelant quelquefois
en vain avertis, Gen. 14, et il fit pleu la zône torride zône rouge à cause de
voir du feu et du souffre sur Sodome, l'ardeur de son climat. L'ancien nom de
Gomorrhe, Tseboïm et Adama ; la fumée mer Rouge servait d'abord à désigner
monta du pays comme d'une fournaise. toute la mer qui sépare l'Afrique et les
Nulle contrée sur la terre entière n'offre Indes, et comprenait ainsi les deux golfes
une telle désolation, et l'état où a été ré principaux, celui de l'Arabie et celui de
duite cette vallée jadis si belle, atteste Perse , plus tard cependant sa significa
depuis nombre de siècles que le jour tion s'est restreinte au seul golfe qui sé
du Seigneur vient sur tous ceux qui se pare l'Egypte de l'Arabie, l'Afrique de
croient en sûreté, tout en vivant dans l'Asie : vers le nord il se divise en deux
l'oubli de Dieu et dans le péché. — On branches , l'Héroopolitanus, maintenant
peut conférer les passages suivants de Bahhr Assuez ou Baahr el Kolsum, et à
l'Ecriture, où il est parlé de ce terrible l'orient, l'AElanites ou golfe élanitique,
événement, Es. 13, 19. 1, 9.10. Jér. 23, maintenant Bahhr El Akaba : ces deux
14. 49, 18. 50, 40. Ez. 16, 46. Os. 11, 8. branches comprenaient entre elles l'Ara
Soph. 2, 9. Deut. 29, 23. Matth. 10, 15. bie Pétrée. La longueur de la mer Rouge
11, 23.24.2 Pier. 2, 1-10. Jude 7.— Au depuis le détroit de Bab-el-Mandeb est
temps de notre Seigneur, et de nos jours de 300 milles géographiques en suivant la
encore, quelques voyageurs peut-être un rive africaine ; la largeur varie beaucoup
peu faciles à persuader, croient avoir vu et ne dépasse guère 6 milles au détroit;
près des bords de cette mer des ruines la profondeur est également très diverse,
de murs et de palais dans l'emplacement de 300 pieds en plusieurs endroits, et de
des villes détruites. — Cette contrée doit 27 seulement près de Suez (Niebuhr). Le
être un jour renouvelée, Ez. 16, 53.55. flux et le reflux s'y font sentir sur tous
56.47, 8. sq. les bords d'une manière très remarqua
Il existe un contraste frappant entre ble, atteignant près de Suez 2 mètres en
cette mer et le lac de Génésareth, si riant temps ordinaire, et 26 décimètres dans
et si fertile ; et l'on recherchait pendant le mauvais temps (Dubois-Aymé). Sa sur
MER 39 MER
face est, sauf dans le bras de Suez, cou près là que passèrent les Hébreux, et
verte d'une espèce d'algue, de mousse Moïse aura choisi le gué le moins pro
ou de roseau appelé en hébreu souph, fond et le moment du reflux. Quant à la
d'où elle a tiré son nom; v. Roseaux. — difficulté de faire traverser ce gué à
Quant à ce qui concerne la description 600,000 hommes, sans compter les fem
géographique des côtes de la mer Rouge, mes et les petits enfants, pendant les six
nous n'avons pas à nous en occuper ici ; ou sept heures seulement que dure la
on trouvera ces détails dans tous les li marée basse, elle est levée par la circon
vres de géographie, notamment dans Rit stance, mentionnée v. 21., d'un grand
ter, Erdk. II.204.245. etc.; v. aussi Ro vent d'orient qui retint les eaux, comme
zière, Description de l'Egypte; Dubois cela se voit souvent en temps d'orage, et
Aymé; Gobat, Voyage en Abyssinie, etc. Michaélis admet à cause de cette circon
· Le plus célèbre événement auquel se stance, une marée double qui dura douze
rattache le souvenir de la mer Rouge, est heures, et dont le retour plus violent et
le passage miraculeux des Israélites, ra plus rapide, parce qu'il avait été long
conté Ex. 14. On a cherché à l'expliquer temps arrêté, fut pour les Egyptiens le
d'une manière naturelle, et l'on a substi messager de mort. Dubois-Aymé fait dis
tué la science et la sagesse de Moïse à paraître encore quelques autres difficul
la puissance de Dieu ; il faut avouer qu'il tés en supposant que le passage s'est ef
y a en effet quelque chose de simple et fectué plus au nord de Suez, là où l'on
de naturel dans plusieurs détails de cette voit maintenant, au sud d'Adsherud, un
explication, et nous la reproduisons d'a- banc de sable qui paraît s'être formé
près les divers auteurs qui l'ont dévelop d'une manière lente et progressive sur
pée. Moïse, parfaitement au fait des heu un lit peu profond, par les sables du mi
res de la marée, connaissant aussi les di ; le lit de Suez aurait aussi été ancien
gués de la mer Rouge, aurait sous ces nement beaucoup plus bas qu'il n'est au
deux rapports choisi les circonstances jourd'hui. Josèphe compare le miracle du
les plus favorables pour effectuer, avec la passage de la mer Rouge avec le passage
plus grande promptitude possible, la tra de la mer de Pamphylie par les Macédo
versée que l'approche des Egyptiens avait niens sous Alexandre, Jos. Ant. 2, 16, 5.
rendue nécessaire, et à laquelle il n'aurait cf. Strabon 14, 458.Liv. 26, 46.;mais dans
peut-être pas pensé sans cela. Sans rien ces passages il est plutôt question de ri
pouvoir déterminer sur l'endroit qu'il ves côtoyées que de bras de mer traver
choisit, il est de fait qu'anciennement le sés : cette observation de l'historien juif
golfe qu'ils passèrent s'étendait beau est peut-être ce qui a fait croire à quel
coup plus au nord, et qu'il avait là une ques anciens pères et rabbins, du reste
largeur beaucoup moins grande que plus peu importants, que les Hébreux n'avaient
bas; près de Suez encore (Niebuhr), cette fait que côtoyer la mer Rouge, mais elle
largeur ne dépasse guère 1500 pas, ce n'a pas eu grand succès ; il en est de
qui équivaut à quatre fois seulement la même de plusieurs autres essais de solu
largeur de l'Elbe. En plusieurs endroits tions rationalistes, comme aussi de la né
il y a des gués ou des bancs de sable, gation même du fait. L'explication du
qui pendant la basse marée sont pres passage † pendant la marée basse, a
que à fleur d'eau, et très faciles à fran 0Il revanche rouvé un grand nombre de
chir. Christophe Fürer de Heimendorf, partisans, depuis les prêtres de Memphis,
patricien de Nuremberg, travérsa en 1565 qui, au rapport d'Artapane, s'étaient pro
ce bras de la mer Rouge près de Suez, noncés dans ce sens (Eus., Prép. évang.
mais non toutefois sans danger ; on en 9, 27. cf. Philon Op., II, 108), jusqu'aux
cite d'autres exemples encore. Le fond temps modernes où elle a été développée
de l'eau vers le nord de ce golfe est uni, par beaucoup de savants et de théolo
sans coraux, et presque sans algues ni giens, Leclerc, Michaélis, Ritter, Paulus,
herbes marines; il se compose essentiel Dœderlein, Winer, etc. Il n'y a contre
lement de sable. On sait que c'est à peu elle qu'une seule objection, mais elle est
MER 40 MER
grave ; c'est que le texte sacré, soit de dages, etc., Nomb. 4, 29. Cette famille
Moïse, soit des auteurs inspirés qui rap comptait alors déjà 3,200 personnes de
pellent cet événement, parle clairement trente à cinquante ans.
d'un fait miraculeux, d'un passage de la MERCURE (v. Caldéens), divinité bien
mer Rouge d'une rive à l'autre dans.un connue qui représentait chez les Grecs et
lit très vaste, que les eaux retirées leur les Romains le commerce, l'éloquence et
laissèrent à sec ; que l'on confère seule le vol : messager des dieux, son esprit
ment Ex. 14, 16. 17. 15, 8. Ps. 78, 13. souple et intrigant le rendait propre aux
114, 3. 5. 77, 16. Es. 63, 11. Hab. 3, 15. négociations ; il faisait une espèce de
v. aussi Sapience 10, 17. 18. 19, 7.8. Ce service régulier du ciel à la terre, et
n'est qu'après avoir maintenu la sépara accompagnait presque toujours Jupiter
tion des eaux comme miraculeuse, que dans ses excursions , aussi les habitants
l'on peut y joindre, mais plus comme se de Lystre crurent voir dans les personnes
cours ou comme explication, la coïnci de Paul et de Barnabas ces deux divini
dence de faits naturels, de bas fonds ou tés voyageuses, et prirent Paul pour Mer
de marée basse, comme points de con cure à cause de son éloquence et de la
tact entre la nature et le surnaturel, en puissance de sa parole. Quelquefois il
tre le connu et l'inconnu ; le verset 21 était représenté avec de la barbe, d'au
établit en effet, comme on le voit d'ail tres fois il était imberbe, mais toujonrs
leurs par l'examen de presque tous les dans la force de l'âge, comme l'était aussi
miracles, que si Dieu peut créer des saint Paul au commencement de son mi
moyens miraculeux, il peut se servir nistère, lors de son passage à Lystre.
aussi des moyens ordinaires d'une ma MERED, 1 Chr. 4, 17., v. Pharaon 3°.
nière miraculeuse. MERIBAH (querelle). C'est un des
4° Mer de Tibériade, v. Génésareth. noms que donna Moïse au campement de
5° Le mot de mer est encore employé Réphidim, q. v., parce que les Israélites
dans l'Ecriture en diverses acceptions manquant d'eau s'élevèrent contre lui et
moins étendues, pour désigner une por voulurent le lapider : il appela aussi ce
tion de la mer, Es. 11, 15., un étang, v. lieu Massa (tentation), parce qu'ils tentè
Jahzer, ou les grands fleuves, le Nil , rent Dieu, Ex. 17, cf. Ps. 81,8. Hébr. 3, 8.
l'Euphrate, le Tigre, etc. Une langue de Sur la fin du voyage dans le désert, l'eau
mer désigne ce que nous appellerions étant venue de rechef à manquer, les mur
une langue de terre. Quant à la mer d'ai mures du peuple éclatèrent de nouveau,
rain ou de fonte, v. Cuve ; quant à la et Moïse partagea ce mécontentement;
mer de sable, v. Mirage. il parla légèrement de ses lèvres, Ps. 106,
MERAB, fille aînée de Saül et d'Ahino 33., et Dieu qui ne fut pas glorifié par
ham, 1 Sam. 14, 49. Fiancée d'abord à eux, se glorifia en eux, il rendit l'eau au
David, elle fut donnée à Hadriel, sans rocher, et annonça aux chefs mêmes du
que l'on sache à quoi attribuer cette rup peuple qu'ils mourraient avant d'avoir
ture, sinon à l'esprit de jalouse inimitié vu la terre promise, Nomb. 20. Cet en
qui anima toujours le premier roi d'Israël droit, qui était Kadès dans le désert de
Contre celui qui devait être son succes Tsin, au nord-est de Kadès-Barné, fut
Seur, 18, 17. sq. C'est par erreur que appelé Méribah-Kadès pour le distinguer
sa sœur Mical est nommée au lieu d'elle, de l'autre Kadès et de l'autre Méribah,
2 Sam. 21, 8. cf. encore Nomb. 27, 14. Ez. 47, 19. 48,
MERARI, Gen. 46, 11. Ex. 6, 16. 28., etc. — Selon quelques auteurs ce
Nomb. 3, 17. 1 Chr. 6. 1., troisième et pendant les deux Méribah ne seraient
dernier fils de Lévi, naquit en Canaan, et a qu'un seul et même endroit, et ce serait
donné son nom à l'une des branches lévi par manque de coordination que le même
tiques, celle qui dans le désert fut chargée fait est raconté deux fois et avec des cir
de veiller à l'entretien et au transport de constances différentes; cette opinion doit
la partie extérieure du tabernacle d'assi être repoussée par ceux qui regardent
gnation , piliers du parvis, clous, cor l'histoire de Moïse comme inspirée, et
MER 41 MES
les jours de Moïse, lorsque leurs familles épouse Rébecca, Gen. 24, 10.25,20.; c'est
se furent accrues : ils se rendirent en dans ces plaines que servit Jacob, qu'il
Guédor jusqu'à l'orient de la vallée, cher épousa Rachel, c'est là encore qu'il vit
chant des pâturages pour leurs trou naître presque tous ses fils, 28, 2. 35, 26.
peaux ; là ils trouvèrent un pays spa 46, 15. Plusieurs villes, et des villes as
cieux et fertile, dont ils chassèrent les sez considérables, s'élevaient sur les rives
premiers habitants, descendants de Cam, des deux grands fleuves et de leurs af
et où ils s'établirent ; plusieurs d'entre fluents le Chaboras et le Mygdonius, v.
eux se fixèrent même dans le voisinage Caran, Carkémis, Edesse et Tsobah : leurs
des montagnes de Séhir, et achevèrent habitants étaient d'origine syrienne et
de détruire ceux qui restaient des Hama parlaient un dialecte araméen. La partie
lécites. — Le verset 41 doit se traduire :
méridionale, depuis Carkémis et Mossul,
« Ceux-ci donc qui ont été écrits par est une plaine inculte et déserte, qui con
leurs noms du temps d'Ezéchias, vinrent traste singulièrement avec la richesse et
etc. » Il paraît qu'Ezéchias avait fait re la beauté de la partie supérieure ; à l'ex
cueillir les noms et les hauts faits des ception des rives, qui ont une forte végé
anciens héros d'Israël, et que c'est alors tation et un sol susceptible de culture, ce
que l'on découvrit cette expédition sin ne sont que des landes sans eau, habitées
gulière de quelques chefs isolés. par des lions, des autruches et des bri
MES0P0TAMIE. Cette contrée dont gands arabes ; autrefois on y trouvait
le nom signifie un pays entre deux fleu aussi des ânes sauvages. Cependant une
ves (littéralement au milieu des fleuves), route traversait ce désert, et servait aux
apparaît dans l'Ancien Testament sous les caravanes qui faisaient le commerce en
noms de Padan Aram ou campagne de tre l'Euphrate et Babylone ou Séleucie ;
Syrie, Gen. 31, 18. sq., de Sadeh Aram maintenant encore on va d'Anah à Bag
ou plaine de Syrie, Os. 12, 13., d'Aram dad.
Naharayim ou Syrie des deux fleuves, L'histoire de ce pays jusqu'à la domi
Gen. 24, 10., d'Aram ou Syrie, Nomb. 23, nation des Perses est peu connue; Cusan
7., et de Padan ou champ, plaine, Gen. Rischatajim dont il est parlé, Jug. 3, 8.
48, 7. Le nom de Mésopotamie dont l'u- 10., comme d'un roi de la Mésopotamie,
sage ne remonte guère au-delà des jours ne régnait probablement que sur une
d'Alexandre le Grand, se trouve employé partie de la contrée voisine de l'Euphra
dans le Nouveau Testament, Act. 2, 9. 7, te; il en est peut-être de même des rois
2. — La Mésopotamie comprenait tout le de la Syrie de Tsoba qui apparaissent
pays entre le Tigre et l'Euphrate, espèce sous David, 2 Sam. 8 , 3. v. Tsoba. Huit
de grande île, bornée au nord par le Ma siècles avant Christ , Salmanassar, roi
sius appartenant à la chaîne du Taurus, d'Assyrie, avait déjà assujetti et réuni les
au sud par la Babylonie, à l'est par le diverses peuplades de cette contrée, 2
Tigre qui la séparait de l'Assyrie, à l'ouest Rois 19, 13., qui depuis lors partagèrent
par l'Euphrate, la Syrie et l'Arabie Dé les destinées des grands empires qui s'é-
serte; elle s'étendait entre les 33o-38° la levèrent pour se détruire et se succéder
titude, et les 55° à 61° longitude. Elle en Orient, Babylone, la Perse et la Macé
ne formait pas un état à part, et son nom doine. A la mort d'Alexandre la Mésopo
se rapporte plus à une désignation de tamie échut aux Séleucides de Syrie, puis
géographie naturelle, qu'à une division elle devint un grand champ de bataille où
politique ; les Romains continuèrent de les armes parthes, arméniennes et romai
l'employer, bien que sous les empereurs nes se heurtèrent, jusqu'à ce que Trajan
la Mésopotamie fût administrativement victorieux y apporta la paix avec sa do
jointe à la Syrie. C'est dans sa partie sep mination.
tentrionale, dans ce plateau si riche et si MESSULLAM, fils du sacrificateur Bé
fertile, qu'habitèrent d'abord les ancêtres récia, fut un de ceux qui contribuèrent à
nomades des Hébreux, Gen. 14, cf. Act. la restauration de Jérusalem, Néh. 3, 4.;
7, 2. v. Ur: c'est de là qu'Isaac reçut son mais plus tard, ayant donné sa fille au
MES 44 MES
fils de Tobija, on peut croire qu'il s'asso bath, 35 litres; dix faisaient un homer.
cia, en partie du moins, aux complots de 4° Le gomer ou homer (différent du pre
ce lâche ennemi de Néhémie, 6, 18. mier), la dixième partie de l'épha, Ex. 16,
MESURES. Il est parlé assez souvent 36., litres 3,50. 5° Le sat, 2 Rois 7, 1.;
dans la Bible, mais toujours en passant, d'après les rabbins c'était le tiers de l'é-
des mesures des Israélites ; leurs rap pha, litres 11,70. 6° Le cab, sixième par
ports, leurs grandeurs relatives, sont tie du sat, d'après les rabbins, litre 1,94.
quelquefois déterminées, cf. Ex. 16, 36,, Dans le Nouveau Testament, les évalua
mais nous n'avons aucune donnée sùre et tions sont faites quelquefois en mesures
positive sur leur grandeur absolue ; l'u- grecques; ainsi le chenix, Apoc. 6, 6., et
nité de poids ou de mesure n'est fixée les métrètes de Jean 2, 6.; cette dernière
nulle part, et nous devons pour ce qui mesure qui répondait au bath des Hébreux
concerne ce sujet nous en tenir aux in et à l'amphore attique, était d'une grande
dications fournies par Josèphe, l'auteur capacité; Eisenschmidt a calculé qu'elle
qui compare avec le plus de soin les me devait contenir environ 72 bouteilles.
sures hébraïques avec les mesures en Mesures de longueur. 1° Le doigt ou
usage de son temps chez les Grecs et pouce (pris en largeur), Jér. 52, 21.,
chez les Romains ; resterait à savoir si, mètres 0,0225. 2° La largeur de la main,
à cette époque, les anciennes mesures 1 Rois 7, 26. 3° La paume ou palme va
étaient encore bien connues des Hébreux lant 12 pouces, Ez. 43, 13, 0",09. 4° La
eux-mêmes, et si elles n'avaient pas été coudée, v. cet article. 5° La canne ou
dénaturées ou oubliées pendant les jours verge, Ez. 41, 8., de la longueur de six
de l'exil et de la captivité. On verra sous coudées. 6° Le gomed de Jug. 3, 16. est,
leurs différentes lettres les détails rela à ce qu'on suppose, un peu plus qu'une
tifs à chacune de ces mesures, nous ne coudée, peut-être une aune.
faisons que les indiquer ici avec leurs va Mesures de distance. Le pas était la
leurs relatives, et leur réduction approxi plus petite, 2 Sam. 6, 13: il équivalait à
mative en mesures françaises décimales. environ 0m,54. On comptait aussi par
Ajoutons seulement que les Hébreux , journées et par nuits de voyage, 1 Rois
peuple agricole, aimaient à compter ou à 19, 8., mais cette mesure variait naturel
mesurer en partant de certaines données lement beaucoup et ne peut être détermi
naturelles; et comme les œufs de poule née; il en est de même du kiberath haa
ont une grandeur assez régulièrement la rets, Gen. 35, 16. 48, 7. 2 Rois 5, 19.,
même, ils l'avaient prise pour unité de qu'on doit traduire vaguement par me
mesure ; les figues et les olives étaient sure, petit espace de pays, station, etc.;
aussi des unités de mesure pour des la version syriaque et la version perse
quantités plus petites ; la fève du carou traduisent parasange, environ 1 lieue 112,
bier était l'unité de pesanteur (un gué 6 kilomètres. Les Septante l'entendent
rah); v. Mishna Chelim, 17, 6.7. sq. La de l'espace qu'un cheval doit parcourir
loi de Moïse avait de même pris dans chaque jour pour conserver ses forces et
l'usage ordinaire, une main pleine, une son activité, c'est-à-dire au moins une
poignée, comme unité pour la mesure lieue; d'autres pensent au chemin qu'un
des choses sèches, Lév. 2, 2. 5, 12. 16, cheval peut faire à la course sans s'arrê
12. etC. ter, environ 3 lieues, etc. — Les Juifs
Mesures de capacité. — A. Pour les li comptaient encore par chemin d'un sab
quides. 1° Le bath, 1 Rois 7, 26., 35litres. bat, par milles romains, et par stades
2o Le hin, six fois plus petit, litres 5,83, grecs, q. V.
3° Le log, douze fois plus petit que le hin, Mesures de pesanteur. 1° La plus pe
litre 0,486. tite était le guérah, que nos versions ont
— B. Pour les choses sèches. 1° Le ho rendu par obole, q. v., grammes 0,58 en
mer valant dix baths, Ez. 45, 11., aussi viron; c'était probablement le grain, la
appelé core, 350 litres. 2° Le léthek ou fève du caroubier. 2o Le békah, Gen. 24,
demi-core, 175 litres. 3° L'épha, égal au 22. Ex. 38, 26., traduit dans nos versions
MET 45 MET
par demi-sicle (ou drachme), valait 10 grément. — Il est parlé dans l'AncienTes
guérahs, grammes 5, 83.3° Le sicle, vingt tament, du fer, de l'acier, du cuivre ou de
guérahs, grammes 11 , 667. Ex. 30, 13. l'airain, de l'argent, de l'or, de l'étain et du
Lév. 27, 25. Ez. 45, 12. 4° La mine, 1 plomb ; cf. Nomb. 31, 22. Ez. 22, 18. 27,
Rois 10, 17., valait, d'après Winer, cent 12., et les différents articles. Le com
sicles (grammes 1,100), d'après la traduc merce de ces métaux se trouvait prin
tion vulgaire de Ez. 45, 12., 15 sicles cipalement entre les mains des Phéniciens
(grammes 175), d'après une traduction de Tyr, qui les tiraient soit de leurs co
préférable de ce même passage, v. Mine, lonies, et notamment de l'Espagne, soit
suivie par Mackenzie, la mine valait cent de l'Arabie, soit des contrées voisines du
sicles, environ une livre, ou grammes Caucase, Ez. 27, 12. 13.19. Jér. 10, 9.
583,333. 5o Enfin le talent valait 30 mines, Ils paraissent n'avoir pas ignoré l'art de
ou 3,000 sicles, 15 kilos ; cf. Ex. 38, 25. fondre ensemble et de combiner plusieurs
Sq. — v. Sicles. espèces de métaux, et l'on a cru voir des
Pour tout cet article, on peut consulter compositions de ce genre dans l'airain
l'appendice qui est à la fin du dictionnaire brillant d'Apoc. 1, 15., dans le Hasmal
de Calmet; il contient la réduction des d'Ez. 1, 4. et dans dans le Pouk de Jér.
mesures juives aux anciennes mesures de 4, 30. (v. Airain et Antimoine), comme
France, mais peut-être avec une précision dans l'aurichalque des Romains ;le cuivre
exagérée, qu'il n'est pas possible de jus resplendissant (Muts'hab) d'Esd. 8, 27.
tifier en tous points; il évalue la coudée appartenait probablement aussi à cette
juive à 1 pied, 8 pouces 112, et le stade à classe.
125 pas géométriques, v. Mille 2°. On est surpris de voir avec quelle pro
Michaélis, (Mos. Recht $ 226), fait re fusion l'or et l'argent se trouvaient ré
marquer que le tabernacle fournissait aux pandus aux jours de Salcmon, non-seu
Hébreux un état exact et constant des lement pour les ornements du temple et
poids et mesures; en effet, dans la déter du palais royal, mais par tout le pays, au
mination législative des pièces qui en point « que l'argent n'était rien estimé,
traient dans sa composition, l'on trouvait que l'or et l'argent n'étaient pas plus pri
la valeur primitive et rigoureuse de toutes sés dans Jérusalem que les pierres, tant
les mesures de longueur, de poids et de il y en avait, » 1 Rois 10, 21. 2 Chr. 1,
capacité en usage chez le peuple. Sans 15. cf. 1 Chr. 22, 14. 29, 4. La même ri
insister plus qu'il n'est juste sur cette ob chesse en métaux précieux se remarquait
servation, et sans attribuer, ni à Moïse, ni aussi dans les anciennes cours de l'Orient,
aux sacrificateurs l'idée que le tabernacle particulièrement en Perse où les vases et
dût servir à déterminer de pareils détails, les ornements d'or et d'argent abondaient
il faut avouer que le fait est intéressant, et frappaient la vue partout où elle s'ar
et que plusieurs fois peut-être le lieu rêtait; mais aucun ustensile d'argent ne
Saint a pu conserver ainsi chez les Israé se trouvait dans la maison de SalOmOn,
lites les usages et les coutumes des temps tout y était or, l'argent trop commun
anciens, gages de leur nationalité. servait au luxe des petits. C'étaient l'A-
METAUX. Les montagnes de la Pales frique et l'Inde qui pourvoyaient aux dé
tine renfermaient diverses espèces de mé lices des rois, l'argent venait d'Espagne
taux et particulièrement du cuivre (l'airain et du nord de l'Asie pour l'usage des
était un mélange), Deut. 8,9.: cependant il peuples.
ne paraît nulle part que les Hébreux aient On travailla de bonne heure les métaux,
connu l'art d'une exploitation régulière et nous voyons dans l'Ancien Testament le
des mines, et c'est des contrées voisines, fer employé pour la confection de haches,
de l'Asie et de l'Europe, d'Ophir ou d'Es de scies, de poëlons, de plaques, de chai
pagne, qu'ils faisaient venir les métaux nes, verroux, couteaux, charriots, etc.; le
dont ils avaient besoin, précieux ou com cuivre, d'une exploitation plus facile,
muns, bruts, en lingots, en plaques, ou dé parce que la terre le livre en masses plus
jà travaillés en objets d'art, d'utilité ou d'a- considérables, et d'un travail de fabrica
MET 46 MET
tion plus simple, parce qu'il a besoin d'une 12. Jér. 6, 29. Ez. 22, 18. Prov. 17, 3.
moins grande chaleur que le fer pour de La fusion et le travail au marteau étaient
venir ductile et malléable, était aussi d'un les procédés les plus ordinaires pour la
usage plus répandu , on en faisait des manipulation des métaux. La fusion n'a-
casques, des boucliers, des lances, des vait pas seulement pour but la mise en
harnais, des chaînes, des armes, des mi œuvre et la production d'un objet d'art ;
roirs, des vases de toute espèce; lorsque quelquefois elle ne se faisait que pour
la grandeur de l'objet que l'on voulait l'épuration des métaux nobles, pour sé
faire, ne permettait pas le travail au mar parer de l'or et de l'argent l'alliage qu'ils
teau, on opérait par la fonte; c'est ainsi pouvaient renfermer, l'écume et l'étain,
que la grande cuve et les colonnes du Es. 1, 25. Ez. 22, 18. 20.; il paraît que
temple de Salomon sortirent du creuset, pour faciliter et accélérer cette sépara
1 Rois 7; toutefois l'art de mouler n'était tion, l'on se servait d'ingrédiens particu
encore, aux jours de Salomon, qu'une im liers que l'on ajoutait dans la masse fon
portation de la Phénicie, un art étranger due, comme ayant avec l'alliage plus d'af
aux Hébreux et qui ne se naturalisa que finité qu'avec l'or ou l'argent, ainsi du
plus tard, au service de l'idolâtrie, Es. 44, plomb, Jér. 6, 29., du savon, Es. 1, 25.
10., etc. Les Grecs et le monde d'Homère (ce passage doit se traduire « je refon
se servaient comme les Hébreux, d'armes drai ton écume comme avec du savon, et
de fer et de cuivre, Hésiod. Trav. et j'ôterai, » etc.). Il n'est jamais question
Jours, 134. Lucret. 5, 1285. - L'or et de la fonte proprement dite qu'en par
l'argent servaient principalement à la fa lant de l'or, de l'argent ou du cuivre,ja
brication des objets de luxe, boucles, mais du fer, Ex. 25, 12. 26, 37. Es. 40,
bagues, bracelets, etc.; on en faisait ce 19. Quant au martelage, ou battage en
pendant aussi des vases, des coupes et feuilles, il en est parlé, Nomb. 16, 38. cf.
d'autres ustensiles à l'usage des grands ; Es. 44, 12, Jér. 10, 4.; de soudure, Es. 41,
c'est ainsi que tous les vaisseaux du temple 7., de polissage, 1 Rois 7, 45., de pla
étaient faits de ces précieux métaux, Esd. cage en airain, or ou argent, Ex. 25,
5, 14., et qu'ils tentèrent d'autant plus 11. 24. 1 Rois 6, 20. sq. 2 Chr. 3, 5. cf.
l'avidité des conquérants. L'idolâtrie se Es. 40, 19.; enfin de l'épreuve des mé
fit des dieux d'or et d'argent, Ex. 20, 23. taux par le feu ou la pierre de touche,
Es. 2, 20. Dan. 3, 1. Act. 17, 29., ou Prov. 17, 3. 1 Pierre 1 , 7. Différents
d'autres reliques précieuses, Act. 19, 24., corps de métiers s'étaient déjà distingués
et se borna souvent aussi à plaquer d'or en Israël longtemps avant les jours de
ses amulettes lorsqu'elle ne pouvait suf l'exil : ceux qui travaillaient le fer, Es.
fire à les faire d'or massif. - Quant au 44, 12., ceux qui étaient habiles dans les
plomb, moins connu et moins estimé, il ouvrages d'airain, 1 Rois 7, 14., et les
servait comme matière inerte et pesante ; orfèvres qui ne s'occupaient que des mé
on en faisait des poids et on les suspen taux nobles, Jug. 17, 4. Mal. 3, 2. Le tra
dait aux fils à plomb, Zach. 5, 8.Am. vail des métaux utiles remonte d'ailleurs
7, 7. cf. Zach. 4.10. Il paraîtrait, d'après aux plus anciens jours du monde, et nous
Job. 19, 24. qu'on s'en servait aussi voyons, Gen. 4, 22., Tubalcaïn s'en occu
comme de tablettes pour y écrire, même per et forger des instruments de toute
des ouvrages entiers, cf. Pausan 9, 31. espèce. La construction du tabernacle
Plin. 13, 21.; cependant Jarchi, Rosen dans le désert, et plus tard celle du tem
muller et Umbreit pensent qu'il ne s'agit ple de Salomon, prouvent que les Israé
là que d'inscriptions faites dans les ro lites ne se laissèrent ni devancer, ni sur
chers et reproduites au moyen de plomb passer; aussi leurs vainqueurs surent-ils
fondu que l'on y versait. toujours apprécier leurs connaissances
Les instruments nommés comme ser en ce genre, et nous voyons les serru
vant au travail des métaux, sont l'enclu riers, les maréchaux et les armuriers,
me, le marteau, les tenailles, le soufflet, emmenés en captivité chez les ennemis
le creuset et le fourneau, Es. 41, 7.44, d'Israël, et obligés de mettre au service
MET 47 MET
des tailleurs, des fraters sachant prati chaînes, même on les aveuglait, ce qui
quer la saignée, des orfèvres, des cré avait le double effet de paralyser des for
pisseurs, et des orfèvres bijoutiers; tou ces qu'ils auraient pu mal employer en les
tefois ces métiers étaient rangés au nom portant plus loin, et d'empêcher le ver
bre de ceux qui rendaient inhabiles ceux tige que le mouvement de la meule pro
qui les exerçaient à pouvoir jamais de duit naturellement, Jug. 16, 21. Lam. 5.
venir Sacrificateurs. 13. On trouve, Jér. 25, 10., une allusion
Les ateliers, boutiques ou magasins, au bruit que la meule fait en tournant,
étaient, dans les grandes villes, réunis sur bruit agréable par ses souvenirs, agréable
les places publiques ou dans des rues comme espérance et par liaison d'idées,
très fréquentées, Jér. 37, 21.: il y avait agréable, parce qu'il promet du pain à la
aussi des boucheries, un marché aux famille, et parce qu'il rappelle la paix et
viandes, et une vallée où se réunissaient la tranquillité du chez soi ; on peut com
les fabricants de fromages, et qui en a parer à l'impression produite par ce bruit,
reçu le nom grec de vallon des Tyro celle que fait le bruit du moulin à café : ce
péens. bruit cessera comme tant d'autres jouis
MEULE (mouture). Dans les premiers sances, lorsque s'accompliront les mena
temps, lorsque l'agriculture était encore ces de l'Eternel. Les meules étant regar
dans l'enfance, comme l'humanité elle dées comme objets de première nécessité,
même, on rôtissait les grains, puis on les ne pouvaient être prises en gage, Deut.
pilait dans un mortier, cf. Nomb. 11, 8. 24, 6.
et Serv. ad. AEn. 1, 184. Au dire de Burck Il est parlé plus tard, dans le Talmud
hardt, le même usage subsiste encore chez et dans le Nouveau Testament, v. Matth.
18, 6., de meules d'ânes, c'est-à-dire de
les Arabes de nos jours, et dans les petits
ménages de l'Orient. Cependant les mou meules pour la mise en mouvement des
lins à bras, sous leur forme la plus sim quelles l'homme étant trop faible, on se
ple, ont été connus de très bonne heure ; servait d'ânes (asini molarii); les Grecs,
les Hébreux eux-mêmes en avaient déjà les Romains avaient des meules de ce
connaissance pendant le séjour de l'E- genre, et les Orientaux de nos jours s'en
gypte, Nomb. 11, 8., et ils continuèrent servent encore, et les font mouvoir par
de tout temps à s'en servir comme s'en des ânes ou des mulets, quelquefois par
servent encore aujourd'hui les Orientaux. plusieurs esclaves réunis, Ovid. Fast. 6,
Ces moulins consistaient en deux meules 318. v. Burckhardt, et ailleurs. Sur la
posées l'une sur l'autre, la supérieure coutume d'attacher une meule d'âne au
étant mobile et appelée en conséquence cou de certains criminels, et de les préci
le char ou le coureur, Deut. 24, 6.2 Sam. piter dans l'eau pour les noyer, v. Peines.
11, 21. Jug. 9, 53.; l'inférieure immobile, MEURTRE, meurtrier. Le droit cri
Job 41, 15., était la borne, on l'appelait minel des Israélites reconnaissait comme
aussi quelquefois l'âne, c'est-à-dire le l'ont fait toutes les législations, la dis
porteur. Dans les familles pauvres et peu tinction entre le meurtre proprement dit
nombreuses, c'étaient les femmes qui de et l'homicide involontaire, quoiqu'elle se
vaient moudre; dans de grandes familles servît du même nom pour désigner l'un
où ce travail devenait considérable et pé et l'autre, cf. Nomb. 35, 25. sq. Le meur
nible, il était remis à des esclaves, soit tre entraînait toujours après lui la peine
hommes, soit plus ordinairement femmes, de mort sans possibilité de commutation,
Matth. 24, 41. Luc 17, 35., et en général Lév. 24, 17. : la loi n'était ainsi que l'écho
aux plus méprisés et à ceux qui n'étaient de la première institution de cette peine,
pas capables d'un travail plus délicat, Ex. lorsque Dieu dit à Noé au sortir de l'ar
11, 5. Es. 47. 2. Jug. 16, 21. Eccl. 12. 5. che, « quiconque aura répandu le Sang
C'était surtout comme punition, comme de l'homme, son sang sera aussi répan
peine corporelle, qu'on infligeait à des du, » Gen. 9, 5. 6. L'homicide involon
hommes cette occupation, et lorsqu'ils taire pouvait aussi quelquefois amener
étaient dangereux on les chargeait de la mort pour le meurtrier, en vertu de
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l'ancienne coutume qui abandonnait aux pendant vengée par la mort du meurtrier,
membres de la famille du mort le droit parce que dans ce cas il y avait double
de la vengeance du sang , le coupable meurtre, et que la cause de la mort n'é-
était innocent devant la loi , mais, à cause tait pas un accident, mais un esprit de
du sang et de la terre qui en était souil querelle qui en lui-mème déjà mérite un
lée, les parents pouvaient poursuivre le chàtiment, et qui doit être responsable du
meurtrier; la justice refusait de sévir, mal dont il est la cause, Ex. 21, 23. Il
mais laissait libre cours aux ressenti n'est pas sûr que la peine de mort fût pro
ments privés; l'institution des villes de noncée contre le propriétaire d'une mai
refuge était la seule garantie que la loi son dont le toit, non garni d'une balus
donnât dans ce cas à l'homicide inno trade, aurait occasionné la chute et la
cent, Nomb. 35, 25. Deut. 19, 5. Quand mort d'une personne, Deut. 22, 8. Mi
le meurtre avait été commis par un ani chaélis penche pour l'affirmative, Winer
mal, par un bœuf, par exemple, l'animal croit, au contraire, que le législateur se
était mis à mort, et son propriétaire, ren borne à mettre cette responsabilité sur
du responsable par la loi, devait une in la conscience du propriétaire. Lorsqu'un
demnité à la famille du défunt, et si la esclave frappé par son maître mourait
famille du défunt ne se contentait pas de sous les coups, le maître était puni ; rien
cette réparation, elle avait le droit de n'indique de quelle nature était ce châti
vengeance comme dans le cas de l'homi ment, mais on peut croire qu'il était sé
cide involontaire, cf. Ex. 21, 28-30. Mais vère, puisque pour une dent ou pour un
s'il y avait eu meurtre volontaire, ou même œil l'esclave était affranchi ; les rabbins
simplement intention de donner la mort, pensent que le maître était puni de mort,
accompagnée de voies de fait et de vio mais ils ne s'appuient sur aucune raison
lences sur la personne d'un homme libre, suffisante : si cependant l'esclave survi
la peine capitale était inévitablement pro Vait de quelques jours à ces mauvais trai
noncée, Ex. 21, 12. Nomb. 35, 16. Deut. tements, la loi, tenant Compte du droit
19, 11. Il pouvait même ne pas y avoir de frapper, devenait impuissante, et la
intention de donner la mort, mais coups perte de l'esclave était considérée comme
portés par haine et suivis accidentelle une peine assez forte pour qu'il ne fallût
ment de la mort par un faux mouvement | pas l'aggraver par une condamnation spé
de celui qui était menacé; la loi par sa ciale « c'est son argent. » Ex. 21, 20. En
sévérité pressentait dans ce cas cette belle fin, dans le cas d'un meurtre inconnu,
maxime du Messie : « Celui qui hait est Deut. 21, 1-9., le lieu le plus voisin de
un meurtrier; » le coupable était consi l'endroit où le délit avait été commis était
déré comme assassin. Le meurtre d'un chargé de la responsabilité, et les anciens
voleur surpris pendant la nuit en flagrant de la ville sacrifiaient en expiation, dans
délit n'était pas punissable ; mais si le une vallée solitaire et abrupte, une jeune
soleil était levé, il était considéré comme génisse à laquelle on coupait le cou com
un meurtre ordinaire, et puni comme tel, me on l'aurait fait au criminel, au lieu
Ex. 22, 2.; pendant la nuit, en effet, deux de la mettre à mort suivant l'usage ordi
circonstances pouvaient excuser l'homi naire.
cide qui se trouvait dans ce cas : le soin La constatation d'un meurtre ne pou
de sa propre défense, à laquelle il doit vait avoir lieu que sur la déposition d'au
pourvoir seul, puisque chacun dort autour moins deux témoins, Nomb. 35, 30.; le
de lui; puis l'incertitude de ses coups, faux témoignage en pareille matière était
qu'il ne peut pas diriger comme il le vou puni de mort par la loi du talion, Deut.
drait dans l'obscurité, et du funeste ré 19, 16-20. Les témoins, dans le cas de
sultat desquels il ne saurait ètre juste lapidation, devaient les premiers jeter la
ment rendu responsable. La mort d'une pierre au condamné ; lorsqu'il y avait dé
femme enceinte, lorsqu'elle était pro capitation, c'était, semble-t-il, au vengeur
duite, involontairement sans doute, dans du sang de remplir l'office de bourreau,
une rixe entre deux hommes, était ce Nomb. 35, 19. 21. On peut voir, 2 Sam.
II. 4
MIC 50 MIC
14, l'exemple d'un cas où les rois d'Israël refuse de l'entendre, et il rentre chez lui,
se sont arrogé le droit de grâce à l'égard désolé d'avoir perdu des dieux qui n'a-
de meurtriers reconnus; mais on ne peut vaient pourtant pas su le défendre, et
pas généraliser la conclusion tirée de ce dont au contraire la possession avait été
cas particulier. pour lui une cause de ruine, en attirant
La loi ne renferme aucune disposition l'attention et la convoitise des soldats
relative à l'infanticide, et ce crime paraît pillards. L'histoire de Mica, épisode
avoir été inconnu des Israélites, les cau peu intéressant d'une époque où il n'y
ses qui l'amènent dans nos sociêtés mo avait en Israël ni état ni gouvernement,
dernes n'existant pas chez eux, où tout reste comme un exemple de l'aveuglement
tendait à le prévenir. Il n'est rien dit non où l'idolâtrie jette ceux qui abandonnent
plus du parricide. Les Juifs postérieurs la droite voie, et du malhêur qui s'attache
ont appliqué à l'empoisonneuse ce qui est à ceux qui veulent suivre à la fois Dieu et
dit de la sorcière, Ex. 22, 18., et ils pu le monde, les ténèbres et la lumière. Ce
nissaient de mort ceux qui préparaient pauvre Juifa été peut-être plein de bonnes
des poisons, alors même qu'on ne s'en intentions par devers lui, mais un zèle
était pas servi. sans connaissance n'a pas de prix aux yeux
Enfin, il n'y a rien dans la loi qui soit de l'Eternel, lorsque c'est par sa faute
relatif au suicide ; Josèphe le condamne que le pécheur manque des connaissances
dans une digression théologique, et l'on qu'il devrait avoir dans la doctrine de la
trouve des exemples de cas de ce genre, vérité.
1 Sam. 31, 4., où Saül se perce de son MICAEL (qui est comme Dieu ?), un
épée ainsi que son écuyer; 2Sam. 17, 23., des grands anges ou archanges dont
où Achitophel s'étrangle, et Act. 1, 18., l'existence et le nom nous sont révélés
où le traître se fait justice à lui-même; cf. par l'Ecriture. Micaël, appelé Michel en
aussi 2 Macc. 14, 41 . grec, Jud. 9., était regardé comme le re
V. encore les articles spéciaux. présentant du peuple juif devant Dieu,
MICA ou Michée (Jug. 17 et 18), Israé et en quelque sorte sa personnification.
lite de la tribu d'Ephraïm, vivait proba Les rabbins l'opposent souvent à Sam
blement pendant l'époque qui s'écoula maël, le prince des ténèbres. C'est comme
entre la mort de Josué et l'institution ! protecteur d'Israël qu'il apparaît Daniel
des juges, vola à sa mère 1,100 pièces 10, 13.21. 12, 1., et saint Jean nous le
d'argent qu'il ne tarda cependant pas à montre remportant aux derniers jours la
lui rendre; une partie de cette somme fut victoire sur Satan et ses anges, Apoc. 12,
consacrée à l'achat de deux images, le 7. Ces différents passages n'ont pas be
reste dut subvenir aux frais de ce culte soin d'explication, mais le combat rap
idolâtre. Mica fit lui-même un éphod et des porté Jud. 9., entre l'archange et le dé
théraphims, et consacra l'un de ses fils mon, présente de graves difficultés. On a
pour prêtre à l'Eternel, mêlant ainsi dans cru trouver dans ce passage une allusion à
sa conduite le paganisme et la religion Zach. 3, 1.2. (Bèzeet Vitringa), mais pour
révélée, et paraissant ne pas s'apercevoir appuyer cette opinion, il faut changer le
de toutes ses inconséquences. Bientôt un texte et lire (au lieu de Michel) Jésus, Jo
lévite passe, et Mica l'engage comme sué, ou Jéhosuah, trois noms qui n'en
prêtre au service de sa maison, dans l'es sont qu'un dans l'original avec de légères
poir que l'Eternel lui fera du bien pour modifications , cette variante n'étant
ce singulier acte de fidélité ; mais cette qu'une hypothèse sans fondement doit
espérance est vaine, son lévite le trahit, être abandonnée, d'autant plus qu'il fau
quelques espions danites envoyés à la drait encore, en l'admettant, prendre Mi
découverte deviennent maîtres de ses se caël pour Jéhovah , et le corps pour la
crets, et les livrent avec ses trésors à la personne. D'autres théologiens, parta
troupe armée qui les accompagne. Il ré geant la même opinion sans accepter les
clame, il poursuit, mais ses paroles variantes, pensent que le corps de Moïse
comme ses démarches sont inutiles, on représente le judaïsme personnifié dans
MIC 51 MIC
cond mariage auquel David n'avait pas ne dira que ce que Dieu lui dira. Il con
consenti, furent nuls aux yeux de David, naît les mauvaises dispositions d'Achab,
qui ne put appliquer à ce cas l'interdic il me craint pas de les irriter encore par
tion prononcée par la loi, Deut. 24, 4., l'ironique amertume de son début. Achab
et qui reprit son épouse aussitôt qu'il voit que ses promesses de bonheur ne
le put, 2 Sam. 3, 13. Le dernier trait de sont que dérisoires, et, lorsque le pro
la vie de Mical n'est pas à sa louange ; phète, changeant de langage, lui annonce,
elle aimait son époux, elle n'aimait pas d'une voix solennelle, la confusion de
le roi théocratique et prophète : lorsque ses armées, la dispersion du peuple, sa
l'arche fut transportée de la maison mort à lui-même, il voit murmurer le
d'Hobed-Edom à Jérusalem, David, plus monarque et ses faux prophètes; il con
joyeux des bénédictions divines que soi tinue alors, il instruit le procès de cha
gneux du décorum et de l'étiquette, Da cun, il frappe le roi, il frappe les messa
vid qui n'avait pas pris des leçons de gers de mensonge, il raconte une vision
royauté à la cour de Saül, s'abandonnait à divine, le conseil de Dieu et de ses an
toute l'allégresse dont son àme était ges, l'esprit d'étourdissement envoyé sur
pleine ; Mical le vit sautant de toute sa Achab, de mensonge sur ses prophètes
force devant l'Eternel, et elle le méprisa courtisans. En vain l'orgueilleux et vio
dans son cœur : puis à son retour elle lent Tsidkija donne un soufflet à Michée;
l'accueillit avec des paroles ironiques, en vain Achab fait jeter le prophète en
qui lui valurent une réponse pleine d'a- prison, l'oracle ne saurait être changé,
mertume, et qui amenèrent entre ces la vérité demeure, les prédictions s'ac
deux époux qui se comprenaient pour les complissent, lsraël est vaincu, Achab est
choses de la terre, mais qui ne se com tué. — L'Histoire sainte s'arrête ici,
prenaient plus lorsqu'il était question des sans donner aucun détail ultérieur sur la
choses du ciel , un refroidissement qui vie et l'activité de ce prophète; mais,
dura jusqu'à la mort de Mical (6, 16. sq. dans ce peu de détails, on reconnaît par
1 Chr. 15, 29.). Le récit sacré finit en tout l'homme ferme, juste, fidèle à son
disant qu'elle n'eut point d'enfants jus maître comme à la vérité : rien ne l'é-
qu'au jour de sa mort, ce qui emporte meut, rien ne l'abat, rien ne l'irrite. Il
tout à la fois l'idée d'un châtiment de était contemporain d'Elie, et rappelle, à
Dieu sur la fille de Saül, et de la cessation quelques égards, ce grand caractère plein
des rapports entre David et son épouse. de feu, d'énergie, et parfois d'ironie. On
La sagesse de Dieu est souvent folie de se demande pourquoi Josaphat, désirant
vant les hommes ; le chrétien fidèle peut entendre un prophète du vrai Dieu, fait
être un objet de ridieule pour les bien chercher Michée plutôt qu'Elie. C'est
pensants de ce siècle et pour les Phari peut-être qu'on ignorait où se tenait ce
risiens du bon ton. dernier : peut-être aussi parce que la
MICHEE. 1o Prophète, fils de Jimla, haine d'Achab contre le grand prophète
897 av. C., fut, à la demande de Josa était trop implacable : plus probablement
phat, consulté par Achab sur l'issue de et plus simplement enfin parce que Mi
la campagne qu'il se proposait d'entre chée était là, et qu'il avait aussi l'esprit
prendre contre la Syrie, 1 Rois 22, 2 du Seigneur comme Elie.
Chr. 18. Achab le haïssait à cause de 2° Michée, le sixième des petits pro
plusieurs oracles qu'il avait déjà pronon phètes (758-699). Nous n'avons sur sa
cés contre lui, et peut-être ce prophète personne et sur sa famille d'autres in
est-il le même que celui dont il est parlé
dices que ceux qu'il nous donne lui
1 Rois 20, 28.41. Mandé auprès du mo même, 1, 1. ll était de Moréseth, et fut
narque, il est averti en chemin que tous contemporain des rois Jotham, Achaz
les autres prophètes, au nombre de 400, et Ezéchias, contemporain, par consé
ayant annoncé l'heureux succès de la quent, du prophète Esaïe, d'Osée et d'A-
guerre, il ait à en faire autant; mais, mos, et de deux siècles postérieur au fils
prophète de l'Eternel, vrai prophète, il de Jimla, dont il a été parlé ci-dessus,
MIC 53 MIC
Les royaumes de Juda et d'Ephraïm, ce | trouve cet oracle si clair et si connu des
dernier surtout, étaient dans ces jours de Juifs, de la naissance du Messie en Beth
crise qui préparaient leur ruine : Salma léem de Juda. - Esaïe, 2, 2-4., a copié
nassar se levait contre Ephraïm, Sanché presque littéralement Mich. 4, 1-3; du
rib contre Juda, et, malgré quelques dé moins l'opinion inverse qui suppose que
livrances momentanées et miraculeuses, c'est Michée qui a copié Esaïe se justifie
le temps était à l'orage. Cependant le moins bien, de même que celle qui veut
peuple n'y prenait pas garde, et cette fa que tous les deuxaient emprunté ces ver
tale sécurité, qui précède les grandes ca sets à un troisième prophète plus ancien.
tastrophes, régnait sur les habitants des — v. Preiswerk, Morgenl. 1839, p. 129.
deux royaumes et les endormait. Les pro S([.
phètes seuls veillaient. Michée déclare 3° Fils de Guémaria, Jér. 36, 11.Ayant
tour à tour à Jérusalem et à Samarie, à entendu lire dans la salle de son père les
Juda et à Ephraïm, les châtiments qui les oracles de Jérémie contre Jéhojakim, et
attendent, et les invite à la repentance et peut-être ayant vu l'impression que ces
au salut , mais il sait bien qu'on ne l'é- paroles avaient faites sur le peuple, il
coutera pas ; il le dit lui-même : « Un trouva la chOse assez importante, et cou
esprit d'erreur, un prophète de mensonge rut avertir les princes. Il ne paraît pas
qui prêcherait le vin et la cervoise, voilà qu'il se proposàt de nuire au prophète,
qui serait un prophète pour ce peuple , et l'on aurait tort de voir en lui un déla
(2, 11). Son nom et l'amertume de ses teur; il a voulu servir les intérêts de ses
prédictions contribuèrent, cent ans plus maîtres, et n'a pas cru pouvoir mieux les
tard, à sauver les jours de Jérémie (26, servir qu'en leur faisant connaître la pa
18. cf. Mich. 3, 12.), que les principaux role de l'Eternel ; il était assez naïf pour
de Jérusalem voulaient mettre à mort, croire que les grands et les chefs des na
parce qu'il avait censuré leur mauvais tions désirent d'être éclairés. Si le roi
train, et annoncé la ruine de la ville s'est irrité, si la vie du prophète a été en
sainte. — Le style de Michée est vif, cha danger, la faute n'en est point à lui, mais
leureux, animé, pittoresque : il abonde en aux mauvaises dispositions de Jéhojakim
figures, et revêt, par moments, la forme et à son inimitié contre la vérité.
du dialogue. Son livre se divise en trois MICHEL. v. Micaël.
parties : 1° les chapitres 1-3, qui renfer MICHMÉTHA, ville situéesur les fron
ment la description de l'état moral du tières d'Ephraïm et de Manassé, non loin
peuple, et les châtiments qui l'attendent; de Sichem, vers l'est-nord-est, Jos. 16,
2° les chapitres 4 et 5 sont une prophétie 6. 17, 7 .
messianique, un coup d'œil dans l'avenir, MICMAS, ville des Benjamites, Esd. 2,
la perspective de jours meilleurs; 3° re 27. Néh. 11, 31. cf. 7, 31., au sud de Mi
tour à la première partie, 6 et 7. On gron, dans la direction de Jérusalem,
peut aussi le diviser historiquement en Es. 10, 28., et à l'est de Béthaven, 1 Sam.
trois parties, dont la première (1-2, 10.) 13, 5. C'est dans le défilé de ce nom, si
renferme les oracles prononcés sous Jo tué à l'est de la vallée d'Ajalon, que Jo
tham, roi de Juda, et sous son contem nathan remporta, par la foi, la victoire
porain, Pékah d'Israël : la seconde (2, sur les Philistins, après avoir jeté l'épou
10.-4, 8.) a été prononcée sous Achaz et vante dans leur camp. La position de
sous Ezéchias, qui fut associé à son trône Micmas était importante sous le point de
pendant les dernières années de sa vie, vue militaire, à cause des deux rochers
ainsi que pendant la fin du règne de Pé qui fermaient l'entrée du défilé, cf. Es.
kah en Israël ; la troisième enfin appar 10, 29. 1 Sam. 14, 4. et 1 Macc. 9, 73.
tient au règne d'Ezéchias, dont les six Ses environs étaient extrêmement ferti
premières années coïncident avec la plus les. On trouve encore quelques ruines,
grande partie du règne d'Osée, le der et mème des cabanes habitées, Sur l'em
nier roi d'Israël (4, 9.-7,). C'est dans cette placement de l'ancienne Micmas, mais il
dernière portion de son livre que se faut les chercher plus loin qu'Elbir, et
M1E 54 MIE
affamé lorsqu'il s'est un peu reposé et MILET, ville de l'Asie Mineure, peu
qu'il a pris quelque nourriture. M'ais éloignée d'Ephèse ; d'abord appelée Le
comme de violents désirs ont de violen légeis elle a pris successivement les noms
tes fins, et que la voracité s'engloutit et de Pityusa, d'Anactolia et de Milet, et
se tue elle-même dans sa satisfaction, Sa Ses ruines portent maintenant le nom de
lomon a choisi l'exemple du miel pour Palat ou Palatsa : Chandler, dernier édi
recommander à l'homme la sobriété, teur des marbre de Paros, paraît du
Prov. 25, 16. moins avoir bien établi l'identité de ces
Les Hébreux appelaient bakbuk le vase deux endroits, car à Palat il a trouvé sur
destiné à contenir le miel coulé , 1 Rois le côté du théâtre qui avoisine la mer,
14, 3.: d'après Jér. 19, 1. 10., il paraît une inscription en gros caractères, gros
que c'étaient des vases de terre, et nos sièrement taillée, dans laquelle le nom de
versions ont improprement traduit ce la ville de Milet est répété sept fois. —
mot par bouteille, car il est évident que Célèbre par la finesse de ses laines et la
c'est de vaisseaux évasés et non de vases beauté de ses étoffes, Milet, capitale de
à longs cous que les Hébreux devaient l'Ionie, avait ouvert quatre ports au com
se servir, pour y mettre une liqueur si merce, et possédait un grand nombre de
rupeuse aussi facile à se candir que le colonies : Thalès, Anaximandre et Cad
miel. mus étaient originaires de cette ville,
MIGDAL. 1° Migdal-El, ville de la qui possédait encore beaucoup d'autres
tribu de Nephthali, Jos. 19, 38. L'endroit citoyens illustres ; mais plus tard des ha
dont parle Eusèbe sous le nom de Mag bitudes de luxe et de volupté corrompi
diel, tombe en dehors des limites de rent les mœurs, et avec elles s'évanouit
cette tribu, et ne doit ainsi pas être con la bonne réputation de sagesse et d'in
fondu avec cette ville. — 2° Migdal-Gad, telligence qu'avaient longtemps méritée
dans les plaines de Juda, Jos. 15, 37. ses habitants. L'apôtre Paul y passa se
MIGDOL, ville d'Egypte située non rendant de Macédoine à Jérusalem, et il
loin du golfe arabique, à la frontière sep y eut une conférence avec les pasteurs
tentrionale du pays, Ex. 14, 2. Nomb. 33, d'Ephèse, qu'il avait fait venir ne pou
7. Jér. 44, 1. 46, 14. Ez. (hébr.) 29, 10. vant se rendre auprès d'eux, Act. 20, 15.
30, 6. La version d'Alexandrie, et Héro 17. cf. aussi 2 Tim. 4, 20.
dote, la nomment Magdol, et dans la lan MILLE. 1° Nombre qui se prend sou
gue des Egyptiens elle s'appelait Meschtôl vent dans l'Ecriture pour exprimer une
au dire de Champollion. Elle était entre quantité considérable, mais indéfinie,
Pelusium et Daphné, à environ 4 lieues 1p2 Deut. 5, 10.7, 9. Ps. 84, 10.105, 8.Apoc.
de Pelusium. 20, 2.3.4. C'est sur ce dernier passage
MIGRON, ville au sud-sud-ouest d'Aï, que repose toute la doctrine du chiliasme
et au nord de Micmas, Es. 10, 28. 1 Sam. Ou du règne personnel de notre Sauveur
14, 2. D'après Rosenmuller il y aurait eu sur la terre pendant mille ans, doctrine
aussi un endroit de ce nom près de Guib que nous ne pouvons examiner ici, qui a
hath-Saül, et c'est de cette place qu'il se été crue des premiers pères comme elle
rait question dans le dernier passage ; l'était des Juifs, qui a été condamnée par
il s'appuie sur ce que Saül étant à Guib l'Eglise à cause des aberrations de ses
hath, 13, 16., et les Philistins à Micmas, sectateurs, et qui, si elle doit être accep
13, 23., il ne pouvait avoir franchi l'ar tée par le chrétien fidèle et humble, doit
mée ennemie pour se rendre au-delà, à l'être simplement, et sans les additions
Migron ; mais comme le fait observer et les développements d'une fausse sa
Winer, c'est une difficulté qu'une con gesse ou d'une riche imagination, car il
naissance plus exacte des lieux et des y a autant et plus de danger à la défigu
défilés ferait peut-être disparaître ; il rer qu'à la rejeter ; dans le premier cas
n'est d'ailleurs pas probable que si près on flatte la chair en matérialisant l'es
, de Migron, se trouvât un endroit du mê prit, dans le second on se prive d'une
me nom sans désignation spéciale. espérance et d'un privilége.
MlL 56 MIN
2° Mille, Matth. 5, 41., mesure de dis tieux que les Orientaux donnaient à l'a-
tance qui varie beaucoup d'un pays à griculture; le laboureur met le blé en
l'autre : les Juifs ne connurent que de ligne, l'orge à sa place, et l'épeautre pour
puis la domination romaine cette mesure bordure.
qui leur fut donnée par les conquérants; MINES. 1° Bien que les montagnes de
le milliare ou milliarium comptait mille la Palestine fussent riches en divers mé
pas géométriques, soit 5,000 pieds, soit taux, il ne paraît pas que les Hébreux en
plus exactement encore 1,800 mètres, ou aient jamais fait une exploitation régu
bien un tiers de lieue de 25 au degré ; lière, et maintenant encore, on ne trouve
c'est le mille anglais, ou le tiers du mille aucune trace de mines, anciennes ou mo
géographique. Les talmudistes ont con dernes dans ce pays. Les allusions faites
servé à cette mesure le nom de mil, mais à l'art des mines, Job 28, 1.sq., prou *-
ils la réduisent à 7 1/2 au lieu de 8 stades. vent que cet art a été connu fort ancien
Les Romains établirent sur les grandes nement, mais non qu'il ait été connu, et
routes de la Palestine des pierres mil encore moins qu'il ait été pratiqué des
liaires qui indiquaient les distances des Hébreux. Il est parlé 1 Macc. 8, 3. des
villes les plus rapprochées ou les plus mines d'or et d'argent qui se trouvaient
importantes. v. Villes. en Espagne ; elles étaient célèbres dans
MILLET, plante qui doit avoir reçu son l'antiquité et ont fait une partie de la for
nom de son abondante et facile reproduc tune des Phéniciens, qui en écoulaient les
tion, parce qu'elle rend beaucoup plus que produits par Tyr dans tous les marchés
toute autre, et qu'un épi peut porter si de l'Asie.
non mille grains, au moins un nombre 2° Mine, monnaie grecque-attique, éva
très considérable (Martin, Lexic. étym.). luée à cent drachmes, un peu plus de 80
Il est encore, selon Niebuhr, très abon francs de notre monnaie, Luc 19, 13. (dans
dant en Egypte et dans l'Arabie Heureuse, le texte). La mine paraît avoir été d'abord
où il forme la nourriture la plus ordinaire une mesure de poids, et c'est comme telle
des pauvres, mais il est si désagréable au qu'on la trouve mentionnée 1 Macc. 14,
goût que ce voyageur lui préfère de beau 24. cf. 15, 18.; le bouclier d'or dont il
coup le pain d'orge : on l'appelle durra. s'agit dans ce passage, aurait pesé, d'a-
On a cru le reconnaître dans le dochan près l'évaluation ordinaire de la mine,
d'Ez. 4, 9., et dans le nisman d'Es. 28, plus de 880 livres. — Les Hébreux avaient
25. Il est probable, en effet, que par do une mine différente de celle des Grecs,
chan il faut entendre une espèce de mil tout à la fois mesure de poids pour les
let (holcus dochna L.) qui atteint une hau vases d'or ou d'argent, 1 Rois 10, 17., et
teur de 2 à 3 mètres, et dont les grains, monnaie fictive pour l'appréciation de
à peu près semblables au riz, donnent sommes d'argent considérables, Esd. 2,
une farine peu délicate; on en fait la 69. Néh. 7, 71.; d'après 2 Chr. 9, 16. cf.
moisson au commencement de novembre. 1 Rois 10, 17., elle pesait 100 sicles; Ezé
Mais le passage d'Esaïe est moins facile chiel, 45,12., parle d'une mine plus petite,
à comprendre , quelques auteurs ont du poids de 60 sicles ou même de 50 seu
voulu lire sesame au lieu de nisman, et lement. si l'on admet la correction plus
l'on a fait plusieurs hypothèses de ce probable de cet obscur verset « Alors
genre ; d'autres, prenant nisman pour (dans le nouveau royaume d'Israël) le
un nom de plante, l'ont un peu au hasard sicle vaudra 20 oboles, une pièce de 5
traduit par millet, et lisent à la fin du sicles vaudra 5 sicles, une pièce de 10 en
verset : « ne sème-t-il pas dans sa terre vaudra 10, et la mine en vaudra 50 ; » c'est
du froment, de l'orge, du millet et de la à-dire que les poids et les monnaies une
vesce, chacun en sa place ; » nos versions fois fixés, ne seront pas exposés à perdre
sont meilleures, elles regardent nisman de leur valeur par des altérations ou des
comme un adjectif pris adverbialement, et dépréciations.
elles portent « l'orge en son lieu assi MINNITH, ville située au-delà du Jour
gné. » Ce verset rappelle les soins minu dain dans le pays des Hammonites, entre
MIR 57 M1S
après les avoir vaincus, on ne trouve plus épousé des femmes moabites et hammo
aucune mention d'un tribut qu'ils auraient nites. Dès lors, le nom de Moab se perd ;
payé, 2 Rois 3, 4.2 Chr. 20, 1.;il paraît il n'en est plus guère fait mention que
qu'ils se relevèrent sous Joas, mais que Dan. 11, 41., et Jos. Ant. 13, 14, 2. 15.
Jéroboam Il les soumit de nouveau, 2 et 4. Guer. des Juifs 3, 3, 3., et il se con
Rois 13, 20. 44, 25. Am. 6, 14. Après fond probablement sous le nom plus gé
que les tribus transjourdaines eurent été néral d'Arabes.
emmenées en captivité par les Assyriens, Le nom des Moabites apparaît souvent
les Moabites s'emparèrent peut-être de dans les oracles des prophètes, mais il
toute la contrée qu'elles avaient occu est toujours accompagné de menaces et
pée, peut-être aussi furent-elles bientôt de malédictions qui se rattachent aux
refoulées au-delà de l'Arnon par l'inva rapports politiques et religieux de Moab
sion de Tiglath-Pilézer, qui eut lieu peu et d'Israël depuis les jours de Balaam, Es.
de temps après, 1 Chr. 5, 26. C'est peut 11, 14. 15, 16, 25, 10. Jér. 48, Am. 2, 1.
être à cette époque que se rapporte l'ora Soph. 2, 8. cf. Ps. 60, 8. 83, 6., etc.
cle d'Esaïe (15 et 16), ainsi que celui de Le pays de Moab, une partie du Kérek
Jér. 48. Les Moabites, soumis par l'ar de nos jours, était en général monta
mée caldéenne, et rendus tributaires de gneux, mais coupé de riches vallées et
Nébucadnetsar, conservèrent cependant de plateaux fertiles, arrosé par les eaux
leurs propres chefs, et mirent bientôt au de l'Arnon , du Séred , et du torrent du
service du conquérant des troupes auxi désert, Am. 6, 14. Es. 15, 7. (mal tra
liaires qui agirent de concert avec lui duit dans ce dernier passage la vallée
contre Juda, 2 Rois 24, 2.; puis, lorsque des Arabes): le blé, la vigne et les arbres
l'armée caldéenne eut quitté la Palestine, fruitiers y étaient cultivés avec avantage,
les princes moabites, avec les chefs de et le bétail y prospérait, Ruth 1, 1. 2
quelques états voisins, cherchèrent à dé Rois 3, 4. Es. 16, 8.
tourner Sédécias de la fidélité qu'il avait La capitale du pays était Har-Moab ,
promise, comme vassal, à Nébucadnet ou Rabbath-Moab,(Aréopolis) située près
sar, Jér. 27, 3. On ne connaît pas le ré de i'Arnon, à 6 lieues est de la mer Morte,
sultat de cette démarche ; mais on sait et à 12 lieues sud-est de Calirrhoé : on
qu'après la ruine de Juda, sous son der remarquait encore la forteresse de Kir
nier roi, les Moabites firent éclater, sur Moab, et dans la partie méridionale du
les malheurs de ce royaume, une joie pays Tsohar et Luhith, Es. 15, 5.
maligne que les prophètes leur repro Nous avons peu de données sur la
chent amèrement, Soph. 2, 8. Ez. 25, 8., constitution politique et religieuse des
ce qui n'a pourtant pas empêché quelques Moabites ; ils paraissent avoir été régis
Juifs, fuyant la guerre des Caldéens, de monarchiquement, Nomb. 22, 4. Jug. 3,
trouver un asile parmi eux, comme on le 12. 1 Sam . 22, 3. Jér. 27, 3., et avoir
voit Jér. 40, 11. L'historien Josèphe conservé leurs rois (vassaux) même sous
(Ant. Jud. 10, 9, 7.) rapporte que, cinq la domination des lsraélites, 2 Rois 3, 4.;
ans après la destruction de Jérusalem, mais à côté de ces rois se trouvaient,
Nébucadnetsar fit la guerre aux Moabites, comme chez les nations voisines, les chefs
et qu'il les subjugua. Cependant la date de famille, anciens et seigneurs, espèce
de cette expédition n'est pas très sûre; d'aristocratie dont les prérogatives mo
il paraîtrait même qu'elle doit être placée déraient ce qu'il y avait de trop absolu
encore onze ans plus tard, après la prise dans l'exercice de la royauté, Nomb. 22,
de Tyr, qui eut lieu seize ans après celle 8. 14. 23, 6. La religion de Moab était
de Jérusalem. Quand les Juifs furent ren un culte (voluptueux) de la nature, Nomb.
trés dans leur pays, au retour de la cap 25, 1., de Bahal-Péhor, et de Kémos,
tivité, le pays de Moab était habité comme Nomb. 21, 29. 25, 3.; des sacrifices hu
auparavant, mais la population était mé mains sont aussi mentionnés 2 Rois 3, 27.
langée; on voit même, Esd. 9, 1. Néh. MOINEAU. Ce désagréable petit oi
13, 23., que beaucoup de Juifs avaient seau, mi-domestique, mi-sauvage , au
M0I 60 MOI
nom duquel Buffon donne la même éty 15. Deut. 16, 1.; c'est celui dans lequel
mologie qu'au nom de moine , à cause tombait la Pâque, et qui fut plus tard le
de son caractère solitaire , et de son nisan; le zif, ziv, ou mois de la floraison,
isolement habituel, est compris en grec 1 Rois 6, 1.37.; le bul, qui signifie peut
sous le nom général de 2 rzou0i2», puis être le mois des pluies, 1 Rois 6, 38.; et
désigné plus spécialement sous celui de l'éthanim, ou mois des gros torrents, 1
rco/2irm; : le premier seul apparaît dans Rois 8, 2. C'est surtout à l'époque de
l'Ecriture, Matth. 10, 29. Luc 12, 6., David et de Salomon que prirent nais
mais peut signifier aussi l'hirondelle, cf. sance ces noms appellatifs : nous ne con
Tobie 2, 9. : il correspond à l'hébreu naissons que ces quatre appartenant à
tsippor, qui s'applique aux oiseaux purs cette époque. Après le retour de la cap
dont la chair n'était pas défendue par la tivité les Juifs adoptèrent les noms en
loi, et peut désigner aussi quelquefois le usage parmi les peuples chez lesquels ils
paSSereau , le moineau ou l'hirondelle, avaient été esclaves, noms qui sont évi
quoiqu'il y ait pour ce dernier oiseau un demment d'origine caldéenne, à l'excep
nom particulier. On peut conclure des tion de adar qui est syrien, 2 Macc. 15,
deux passages du Nouveau Testament ci 37. : ainsi on lit chez les auteurs posté
tés plus haut , que la chair du moineau, rieurs les noms de nisan, sivan, kisleu ,
qui est très abondante en Orient, servait tebeth, sebat, et elul, Est. 3, 7.2, 16.8, 9.
parfois de nourriture aux pauvres gens. Zach. 1, 7.7, 1. Néh. 6, 15.; mais l'usage si
M0IS. Les mois des Israélites étaient naturel de désigner les mois par leur rang
lunaires, et le nom même de mois êtait dans l'année ne fut point abandonné en
chez eux, comme dans plusieurs langues tièrement, comme on peut le voir Agg. 1,
modernes, le même que celui de lune; on 1. 2, 1. Néh. 8, 2. Dan. 10, 4. Esd. 3,
sait qu'en allemand les deux mots ont 1. Est. 9, 1., etc. Les Quakers ont con
beaucoup de rapports , monat et mond, servé ou adopté le même usage.
peut-être en anglais de même, moon et MOISE, chef et législateur des Juifs,
month. Le mois commençait avec la nou descendant de Lévi, fils d'Hamram et de
velle lune, et toute l'organisation des fê Jokébed, Ex. 6, 20. 2, 1. sq., naquit en
tes mosaïques est basée sur une année Egypte pendant les jours de l'esclavage
lunaire. Pour marcher avec la lune, les (1571 av. C.) : il était divinement beau, dit
mois durent être d'abord alternativement l'apôtre, Hébr. 11, 23. Il fut adopté par
de 30 et de 29 jours : on appela les pre une princesse égyptienne, qui lui donna,
miers pleins, et les seconds vides : plus en souvenir de sa naissance et de sa dé
tard encore on s'aperçut qu'outre les 29 livrance, le nom qu'il a toujours porté
jours et 12 heures il y avait un surplus depuis (en égyptien m6 signifie l'eau, et
d'environ 3/4 d'heure, tellement qu'au ysès ou oudsché sauvé, d'après Jablonsky;
bout de 32 lunaisons on se trouverait en ou bien selon Renaudot, moou signifie
retard d'un jour ; on ajouta donc ce jour l'eau, et si tiré). L'Histoire sainte se tait
à chaque troisième amnée qui compta ainsi presque entièrement sur les quarante pre
355 jours au lieu de 354, et qui fut ap mières années de sa vie : elle raconte seu
pelée abondante : mais comme cette lement qu'il fut instruit dans toute la
quantité était un peu trop forte , on dut science des Egyptiens, et le Pentateuque
retrancher de temps en temps un jour à qu'il a écrit porte partout l'empreinte des
l'année qui ne fut ainsi que de 353 jours, profondes connaissances qu'il avait ac
et fut nommée dèficiente (Heidegger). quises; Moïse y apparaît comme un hom
Les Hébreux me distinguèrent d'abord me versé dans toutes les spécialités. En
les mois que par leur rang dans l'année, touré de pompes et d'espérances, avec la
le premier, le second , etc., v. Gen. 7, perspective peut-être de monter sur le
11. 8, 3. 4. 2 Rois 25, 27. Jér. 52, 31. trône des Pharaons, il préféra le ciel à la
Ez. 29, 1. On trouve cependant quelques terre, et l'opprobre de Christ à la gloire
mois désignés par leurs caractères : ainsi de ce monde : il quitta la cour et voulut
celui d'abib ou des épis, Ex. 13, 4, 23, devenir semblable à ses frères qui gémis
M0I 61 MOl
plus de valeur que le premier; mais tout de son autorité en rendant témoignage à
ce qu'on a voulu voir de merveilleux dans la gloire et à la grandeur de sa mission ;
la mort de Moïse, on a été obligé de l'y v. Jos. 1, 1.3, 7. 8, 31. 9, 24. etc. 1 Sam.
mettre. Le texte biblique nous dit clai 12, 6. 1 Rois 8, 53. Néh. 9, 14. Ps. 77,
rement et simplement : « Moïse mourut 20. 103, 7. 105, 26. 106, 16. etc. Es. 63,
là, selon le commandement de l'Eternel, 11. 12. Jér. 15, 1. Dan. 9, 11. Mich. 6,
et il l'ensevelit dans la vallée, » Deut. 4. Mal. 4, 4. — Dans le Nouveau Testa
34, 5. 6. Ce qui peut donner lieu à dis ment plusieurs de ses prophéties sont
cussion, ce n'est donc point le fait de sa rappelées, Jean 1, 45. Act. 3, 22. 7, 37.
mort, mais ce qui est dit, Jud. 9., de la Rom. 10, 19.: son nom sert à désigner
dispute du démon avec l'archange Michel, non-seulement ses ouvrages, mais tous
au sujet de son corps. v. ce qui a été dit ceux qui furent écrits dans l'esprit de son
à l'art. Michel. économie, Matth. 8, 4. Marc 1, 44. Luc 2,
9° Moïse, d'après la chronologie ordi 22. 20, 28. 24, 27. Act. 6, 11. 13, 39. 15,
naire, à vécu de 1571-1450 av. C., et 1. Rom. 5, 14. 1 Cor. 9, 9. 10, 2. Hébr.
nous nous contentons de cette date, faute 3, 2. 7, 14. et ailleurs. Il serait trop long
d'une base chronologique plus sûre ; de citer tous ces passages ; notons au
d'autres placent sa naissance à l'an 1726, moins encore quelques expressions par
d'autres en 1948. La détermination des ticulières, telles que celle de disciples
dynasties égyptiennes dont le législateur de Moïse, opposée à celle de disciples
des Hébreux a été contemporain, serait de Christ, Jean 9, 28.; celle de chaire
d'un grand secours pour la fixation des de Moïse, désignant la fonction de l'en
dates , si cette détermination même était seignement mosaïque, Matth. 23, 2.;
possible, mais à cet égard aucun fait n'est celle de cantique de Moïse, comme sym
acquis à la science : les uns placent la bole des chants de triomphe des rache
fuite des Hébreux sous le neuvième roi tés à leur entrée dans la gloire, Apoc.
de la 18° dynastie, celle des Pharaons, 15, 3. L'Epître aux Hébreux est une com
dans la 16e ou 17e année de ce roi ; d'au paraison suivie des deux économies et
tres la mettent au commencement de la de leurs chefs; d'autres comparaisons de
19e dynastie , d'autres enfin , mais c'est détail se lisent Jean 6, 32. 1 Cor. 10, 2.
évidemment erroné, à l'époque de la 2Cor. 3, 7. etc. v. enfin Jud. 9.
24e dynastie , qui doit avoir été contem M0ISS0N. C'est ordinairement vers le
poraine de Pékah, roi d'Israël. milieu d'avril, ou d'abib, que tombait et
10° On suppose que Moïse a employé que tombe encore en Palestine, la sai
les loisirs des quarante années qu'il pas son des moissons, Jean 4, 35., quoiqu'en
sa en Madian, à la composition de la Ge plusieurs endroits aussi les épis com
nèse, et probablement du livre de Job ; mencent à mûrir déjà vers la fin de mars.
il a écrit les quatre autres livres qui por La moisson était olficiellement et solen
tent son nom, pendant le voyage des Ilé nellement ouverte le deuxième jour de
breux dans le désert , à l'exception du Pâque, soit le quinzième de nisan, par
dernier chapitre du Deutéronome, que - l'offrande des prémices dans le sanctuai
l'on attribue à Esdras, ou plus probable re de la nation, Lév. 23, 10., et durait
ment encore à Josué son successeur. v. depuis ce moment jusqu'à la Pentecôte,
Pentateuque. On croit aussi que c'est lui c'est-à-dire sept semaines, comprenant
qui a composé le psaume 90. v. Psaumes. les travaux de tous genres, depuis la fau
11" Le nom de Moïse, le plus grand cille jusqu'à l'aire et au van, Deut. 16, 9.
homme qui ait jamais existé, le chef de Ex. 23, 16. Lév. 23, 10. sq.; puis on of
l'ancienne alliance, reparaît constamment frait derechef à l'Eternel un gâteau nou
dans les Ecritures , tout repose sur lui veau. On recueillait d'abord les orges, 2
dans l'Ancien Testament, tout achève son Sam. 21 , 9. Ruth 1, 22. 2 , 3., puis vers
oeuvre dans le Nouveau. Josué le rappelle la fin d'avril ou même plus tard le blé,
à chaque page , les Juges, les Rois et les Gen. 30, 14. Jug. 15, 1. Ruth 2, 23. 1
Prophètes, se réclament de son nom et Sam. 6, 13. 12, 17., et enfin l'épeautre.
MOl 6{, M01L
Partout on entendait les cris joyeux des voleurs, eussent le droit de s'y opposer,
moissonneurs, Es. 9, 2. Ps. 126, 6.; au Jér. 4, 17. Deut. 23, 25. Matth. 12, 1.
milieu du jour ils se reposaient de leurs MOLADA, ville située dans la partie
pénibles travaux, et se rafraîchissaient méridionale de la tribu de Juda, sur la
avec du pain trempé dans du vinaigre, frontière d'Edom, Jos. 15, 26. Elle avait
Ruth 2, 14. La faucille était, comme elle d'abord appartenu à la tribu de Siméon,
l'est encore en beaucoup de lieux, l'in Jos. 19, 2.1 Chr. 4, 28. Après l'exil on
strument du moissonneur, Deut. 16, 9. la retrouve encore, Néh. 11, 26. Josèphe
23, 25. Le blé était ensuite lié en gerbes, parle d'une ville iduméenne nommée Ma
que l'on amassait les unes sur les autres latha ; il est bien possible que ce soit la
jusqu'à ce que la moisson fût finie, Ps. même, les limites de Juda ayant pu être
129, 7. Ruth 2, 16. 3, 7. Jug. 15, 5. Cant. resserrées, et une partie de son territoi
7, 2. Es. 17, 5. (?) : puis on foulait et on re conquis par les Iduméens.
vannait le grain, souvent dans le champ MOL0C, ou Molec, Milcom, Malcam ;
même, Ruth 2, 17. (v. cependant Néh. 13, les Septante traduisent ce nom hébreu
15.), et la récolte était ainsi portée dans en grec archonte ou roi. C'était une di
des greniers ou granges, qui étaient le vinité des Hammonites, affreuse idole à
plus ordinairement des trous fabriqués laquelle on sacrifiait de petits enfants ;
en terre, des espèces de puits ou de statue creuse, que l'on chauffait intérieu
creux, destinés à préserver le grain de la rement , à forme humaine et à tête de
chaleur et du froid, des vers et des vo bœuf, dont les bras étendus et brûlants
leurs, Matth. 3, 12. 13, 30. Luc 3, 17. recevaient les innocentes victimes qui
Job 5, 26. v. Puits. Ces puits sont encore étaient ainsi consumées, 1 Rois 11, 5.
en usage dans les pays méridionaux ; on 7.33.2 Rois 16, 3. 21, 6. 23, 10.13. Lév.
les nomme silos en Algérie, et plus d'une 18, 21. 20, 2-5. Jer. 2, 23. 7, 31. 19, 5.
fois ils ont été vidés par les armées fran 32, 35. 49, 1.3. Salomon, séduit par les
çaises. Les Juifs, surtout les riches, femmes de son sérail, introduisit le pre
avaient cependant aussi quelquefois des mier en lsraël ce culte abominable, et il
bâtiments construits exprès pour recueil paraît que dès lors, en dépit de la loi qui
lir le grain, cf. Luc 12, 18. — La loi ren punissait de mort une pareille idolâtrie,
fermait diverses prescriptions d'humani Lév. 20, 2., les Juifs continuèrent sans
té, auxquelles les Juifs se sont presque interruption de rendre à cette divinité,
toujours scrupuleusement soumis, et que dans la vallée de Hinnom, le culte qu'elle
leurs docteurs ont déterminées d'une était censée demander, jusqu'à ce que
manière plus exacte encore, afin de ne vint Josias qui en renversa de fond en
laisser aucun subterfuge ; Moïse voulait comble les odieux sanctuaires. Quelques
qu'on laissât quelques épis debout pour auteurs ont cru que l'expression « faire
les pauvres, et les rabbins ont fixé pour passer les enfants par le feu, » indiquait
cela au moins la soixantième partie de la simplement leur consécration à Moloc, et
moisson, mesure qu'ils étendaient aux ils pensent qu'on se bornait à faire sau
fruits des arbres comme aux grains des ter les enfants sur un feu, ou à les faire
champs ; en outre, les moissonneurs ne passer entre deux feux consacrés à cette
devaient pas faire trop attention aux épis idole; mais des passages tels que Ps. 106,
qui pouvaient tomber des javelles, ni re 38. Es. 57, 5. Ez. 16, 21. 23, 39., ne peu
tourner dans les champs pour chercher vent laisser aucun doute sur la nature du
une gerbe oubliée par mégarde, Lév. 19, culte de Moloc. v. Adrammélec. — Les
9. Deut. 24, 19. Ruth 2, 2. De même, pen Phéniciens, les Carthaginois et les Cré
dant que les blés déjà mûrs étaient en tois sont, au rapport des historiens, les
core sur pied, chaque passant pouvait peuples qui dans l'antiquité se signalèrent
pour son usage du moment en cueillir le plus par leurs sacrifices humains, et
ce qu'il lui fallait, sans que les gardes même en Afrique cette coutume barbare
établis pour protéger les champs contre ne fut entièrement abolie qu'au temps de
les oiseaux, les bêtes sauvages et les Tibère. - D'après les caractères connus
Il. 5
MON 66 MON
Sous la domination romaine, les Juifs gnent au sud les hauteurs de l'Idumée et
adoptèrent aussi le système monétaire de l'Arabie Pétrée. Au delà du Jourdain
de leurs vainqueurs, et même il paraît l'Anti-Liban se termine par le Djebel
que du temps de Jésus c'était, sans ex Heisch qui s'abaisse par une pente douce
clusion des autres, celui qui avait le plus et fertile vers l'orient, tandis que sa face
généralement cours ; on trouve mention Occidentale se précipite en rochers basal
nés dans le Nouveau Testament : le denier, tiques jusqu'au bord du lac de Génésa
q. v. (0,83 cent.); l'as, Matth. 10, 29. Luc, reth. Le fleuve Hiéromax coupe un in
12, 6., à l'effigie de l'empereur; il était de stant le terrain de l'est à l'ouest, puis un
cuivre et valait d'abord 1110, puis seule nouveau plateau s'élève, riche et varié,
ment 1118 du denier; enfin le quadrain de fertile, entrecoupé de vallées et de ruis
cuivre qui valait 114 d'as, Matth. 5, 26. seaux, de plaines et de grottes, jusqu'à
Marc 12, 42., selon d'autres 0,07 cent. — l'Arnon, frontière de l'ancienne Canaan,
Pour se faire une idée, non point exacte et communique, au sud de ce fleuve dont
sans doute, mais approximative de la va les bords escarpés font la clef de la Pales
leur relative de l'argent aux différentes tine, avec les montagnes iduméennes :
époques de la vie juive, on peut compa vers l'est les montagnes de ce plateau se
rer les chiffres suivants : en temps ordi perdent dans les plaines fécondes du Hau
naire le sat de fine farine valait un sicle, ran, et dans les sables arabes; à l'ouest
et pour le même prix on pouvait avoir elles se jettent en pentes rapides sur les
deux sats d'orge, 2 Rois 7, 1.; un cheval rives du Jourdain. Dans la Palestine occi
d'Egypte valait sous Salomon 150 sicles, dentale les chaînes du Liban et de l'Anti
1 Rois 10, 29.; le prix ordinaire d'un es Liban marchent parallèlement jusqu'au
clave était de 30 sicles, Ex. 21, 32. cf. sud-ouest de la Galilée, et se terminent
Gen. 37, 28. Matth. 26, 15.; sous les non loin de Ptolémaïs, en coteaux que le
juges un homme donna 10 sicles par an Kison sépare du mont Carmel; mais elles
au sacrificateur de sa maison, Jug. 17, s'élèvent à l'orient, forment le plateau de
10.; un bon cep de vigne est évalué à un Jizréhel, et s'abaissent en terrasses vers
sicle. Es. 7, 23.; David achète pour 50 les bords du lac de Génésareth : c'est là
sicles une aire avec une paire de bœufs, que se trouve le cœur de la Palestine, ses
2 Sam. 24, 24.; une vigne doit rapporter plus fertiles districts, sa nature alpestre
à Salomon 1,000 sicles par an, Cant. 8, la plus bénie, tandis que le nord-nord
11.; cf. encore Jug. 17, 4.1 Sam. 9, 8.ouest ne présente guère que des rochers
Néh. 5, 15. Dans le Nouveau Testament, sauvages non susceptibles de culture, et
nous voyons la journée de travail payéeque le sud offre plus de jolies vallées et
de gras pâturages, que de montagnes à
un denier, Matth. 20, 2., et les soins don
nés à un malade dans un caravansérail forte végétation, à plantations faciles, à
pour plus d'une journée, rétribués deux fertiles vignobles. Au milieu de ce pla
deniers, Luc 10, 35. Plusieurs de ces teau s'élève presque isolé, et comme
chiffres laissent de l'incertitude dans frontière entre la haute et la basse Pa
l'esprit à cause de l'indétermination des lestine, le puissant Mont-Tabor. Plus au
poids et des mesures; il en ressort pour sud, des montagnes terminent le plateau,
tant d'une manière générale que la vie et couvrent dans presque toutes les di
n'était pas chère, et que les denrées né rections la plus grande partie de l'an
cessaires à la vie étaient bon marché aussi cienne Samarie, escarpées et rocheuses,
bien que la main d'œuvre. mais avec quelques plaines et quelques
MONTAGNES. La Palestine est une vallées : elles s'avancent dans la Judée un
contrée fort montagneuse, partagée par peu au nord de Jérusalem, et la couvrent
le Jourdain du nord au sud en deux par aussi presque entièrement : au sud de la
ties naturelles d'inégale grandeur, Deut. ville sainte le plateau s'élève davantage,
11, 11. Ez. 34, 13. Ex. 15, 17.1 Rois 20, les montagnes courent au sud-sud-est où
23. Les chaînes qui la traversent se rat leurs flancs escarpés donnent une cein
tachent toutes au mont Liban, et rejoi ture à la mer Morte, ou bien se confon
MON 68 MON
dent dans la plaine haute d'El Tyh avec gnes éternelles, parce qu'elles datent des
les rochers de l'Arabie Pétrée. A l'ouest jours de la création, Gen. 49, 26. Deut.
les chaînes du centre et du midi de la Pa 33, 15. Ailleurs cependant elles sont da
lestine n'arrivent pas au bord de la mer, vantage mises en rapport avec les terribles
mais s'abaissent par degrés, et se termi phénomènes, avec les bouleversements
ment par des plaines qui deviennent tou qui leur ont donné naissance, Ps. 18, 13
jours plus larges à mesure qu'on avance 15. 104, 6.8.97, 5. 144, 5. Zach. 14, 4.
vers le sud ; à l'est elles s'arrêtent brus 8., etc. Le nom de montagnes de ravage
quement aux rives du Jourdain , et ne leur est donné Ps. 76, 4., parce qu'elles
laissent que près de Jérico se former une étaient souvent des retraites de voleurs.
petite plaine qu'elles entourent comme — On remarque le rôle important que
en amphithéâtre. La double chaîne, dans les montagnes ont joué dans les grandes
sa plus grande largeur, n'a nulle part plus époques de la religion ; le sacrifice d'I-
de 15 à 20 milles allemands (env. 50 kil.), saac, la promulgation de la loi , la mort
et l'on peut aisément, en trois journées du Sauveur, ont lieu sur des hauteurs ;
de voyage, la franchir partout de l'est à c'est également sur des montagnes que
l'ouest. — Ces montagnes sont presque vont se promener les pieds des prophètes,
toutes calcaires et de la même formation et Jésus-Christ s'y est souvent entretenu
que le Jura : on y trouve aussi beaucoup avec son père pendant la nuit : c'est sur
de craies et de silex, surtout sur les hau le Tabor qu'il a été transfiguré, c'est du
teurs; très peu de sommets ont des nei mont des Oliviers qu'il s'est élevé vers
ges éternelles, et leurs formes présen les cieux.
tent beaucoup de variétés et d'irrégula La montagne d'assignation, Es. 14,
rités. Le nord-est offre dans une cer 13., ne désigne pas la montagne sur la
taine étendue un terrain basaltique dont quelle était construit le temple à Jérusa
les couches et les ramifications s'avancent lem, comme on l'a cru quelquefois en
jusqu'aux bords du lac de Génésareth. comparant Es. 38, 20. Si l'on fait atten
Les montagnes les plus célèbres dont tion à la personne qui parle, on verra
il est parlé dans l'Ecriture, sont celles que son idée ne pouvait rien avoir de
de l'Idumée , le mont Horeb, le Hor, le théocratique : ses vœux et ses espéran
Sinaï, le Guilboah, le Nébo, le Tabor, le ces lui sont reprochés; il est probable
Liban , les monts d'Hen-Guédi, le Cal que le prophète introduit ici les idées
vaire, Hébal et Guérizim, les montagnes babyloniennes sur une ancienne et sainte
de Galaad, le mont d'Hamalec, Morija, montagne située vers les confins du sep
l'Hermon, le Gahaz, le Paran, le Pisga, tentrion, et dans laquelle résidaient les
le mont des Oliviers, le Carmel, etc., les sources de la vie; on peut comparer ici
montagnes d'Ephraïm, de Juda, de Neph l'Al Bordsch des Perses, les Kuen-lun
thali, les monts Abarim, etc. La carte de la des Chinois, le Mérou des Indiens, et l'O-
terre sainte est encore à faire pour ce qui lympe des Grecs : le Nord était regardé
concerne les montagnes, leur direction, comme le commencement du monde, son
leur hauteur et leurs ramifications. Les origine, son principe , et chaque peuple
voyageurs n'en ont guère étudié et tracé mettait ses dieux sur la montagne la plus
que les sommets et les chaînes princi septentrionale de son territoire.
pales, et la carte de Grimm, la meilleure Les Syriens, après avoir éfé battus par
de toutes, laisse encore beaucoup à dési les Israélites dans une rencontre, préten
rer : si quelque chose avait pu être fait dirent que ceux-ci étaient protégés par
avec les données actuelles, le génie actif, les dieux des montagnes, 1 Rois 20, 23.
laborieux et facile, de Ritter l'aurait fait. On ne sait presque rien de ces espèces
L'Ecriture nous apprend à regarder de dieux, si ce n'est qu'ils devaient pro
les montagnes comme aussi anciennes téger ceux qui se confiaient en eux, et
que le monde, Ps. 90, 2. 104, 6. 8. Prov. qu'ils dirigeaient tout ce qui avait lieu
8, 25.; en plusieurs endroits elles sont sur leurs flancs : quelques-uns d'entre
appelées coteaux d'éternité, ou monta eux avaient des noms particuliers : Pan
MON 69 M0R
de clepsydres pour l'usage ordinaire, dans MORT. v. les art. Meurtre, et PeiIles.
MOR 7() M0R
Conjurer les morts , v. Python. Mer mort, dit Salomon, Cant. 8, 6., c'est-à-
Morte, v. Mer. Le nom de mort a, dans dire que l'amour triomphe de tout, de
l'Ecriture, différentes significations que même que rien ne peut résister à la mort.
l'on ne doit pas confondre : d'abord le Les Hébreux avaient, pour les corps
sens simple et matériel, la séparation du morts, un grand respect, autant par l'i-
corps et de l'àme, la fin de la vie physi dée de la souillure légale qui résultait de
que, la mort qui est entrée dans le monde leur contact, qu'à cause de leur croyance
avec le premier péché, comme un déran en la résurrection des corps ; ils regar
gement, un affaiblissement de la nature daient comme un malheur réel la priva
primitive qui avait été créée saine et im tion de sépulture, 1 Rois 14, 11. 16, 4.
mortelle. Cette mort n'est point natu 21, 24. Jér. 7, 33. 8, 2.9, 22., etc. Ez.
relle ; c'est, au contraire, un accident 29, 5., etc. Ps. 79, 3., etc. cf. Sophocle,
violent dont la nature a été troublée, mais Ajax 1156. Le livre de Tobie 1, 21. 2,8.,
qui a passé dans le cours ordinaire des met au nombre des œuvres de charité la
choses comme le péché. Puis l'ensemble sépulture de cadavres abandonnés. C'était
de la vie actuelle, négation permanente aux plus proches parents, aux fils, qu'é-
de la vie primitive, est également dési tait imposé le devoir d'enterrer leurs
gné dans l'Ecriture sous le nom de mort; pères et leurs mères, Matth. 8, 21.Si un
l'homme ne vit pas : il est mort dans ses corps restait exposé ou abandonné, il
fautes et dans ses péchés, Eph. 2, 1. risquait de devenir promptement la proie
Cette mort est aussi appelée la colère de de bandes de chiens affamés et sans maî
Dieu, et il faut en être délivré pour hé tres, ou celle des oiseaux de l'air, 1 Rois
riter le royaume du bonheur éternel, 14, 11. 16, 4., etc. 2 Rois 9, 35. cf.
Eph. 2, 3. Si cette mort se consomme, Iliad. 22, 41.; mais ce cas était rare chez
elle est appelée la condamnation : c'est les Juifs, et n'arrivait presque qu'en
dans ce sens que la parole de Dieu, qui temps de guerre, car les criminels eux
parle d'une nouvelle naissance, parle aus mêmes étaient ensevelis après leur exé
si de la conversion comme d'une résur cution, Deut. 21, 23. Matth. 27, 58. Il
rection, Col. 3, 1. Enfin, il faut distin n'en était pas toujours de même chez les
guer le sens mystique du mot, la mort Egyptiens, Gen. 40, 19. D'après le Tal
du chrétien au monde et à la vie exté mud, il y aurait eu à Jérusalem des sé
rieure, la mort des sens, dont la mort de pulcres spécialement destinés aux sup
Christ a été l'image sans préjudice à sa pliciés. La sépulture, ou enterrement, a
propre réalité; elle est appelée une vie été chez les Juifs, dès les temps les plus
cachée avec Christ en Dieu, Col. 3, 3. anciens, la manière ordinaire de faire dis
Celui qui est mort au monde a cessé paraître les cadavres, Gen. 23, 19. 25, 9.
d'être sujet à la mort du péché; le réta 35, 8. 19. Jug. 2, 9.1 Sam. 25, 1. Jean
blissement de l'être a commencé, il n'at 11, 17., etc. L'usage grec de les brûler
tend plus que la résurrection du corps n'existait pas, et le seul exemple que nous
comme dernière délivrance. — La mort en trouvions, 1 Sam. 31, 12., se présente
Seconde désigne aussi la damnation éter avec des circonstances extraordinaires,
nelle, Apoc. 20, 6. 14. qui ont pu justifier ou provoquer cette
On trouve dans l'Ecriture plusieurs mesure également extraordinaire. Saül
expressions poétiques et comparaisons était rejeté de Dieu : roi d'Israël, il s'é-
particulières pour rendre l'idée de mort ; tait suicidé, et les usages, comme les né
mais elles se comprennent facilement. La cessités de la guerre, la mutilation, et
mort est appelée le roi des épouvante peut-être la décomposition des corps,
ments, Job 18, 14.; les portes de la mort exigeaient qu'ilen fût ainsi. On peut com
désignent le tombeau, Ps. 107, 18.; les parer encore Amos 6, 10., dont l'idée
instruments de mort sont des armes principale est que le malheur des temps
meurtrières ; un fils de la mort, c'est un voudra que les corps soient brûlés (et ce
homme condamné à mourir, ou qui a mé la, par les plus proches parents, à défaut
rité la mort. L'amour est fort comme la d'autres), comme le seul moyen de s'en
MOU 71 MOU
défaire sans danger. Après l'exil, l'usage déterminé, après deux ou trois mille ans,
de brûler les corps n'entra pas davantage lorsque rien d'ailleurs ne tend à le faire
, dans les mœurs judaïques : le Talmud en connaître. Les pères de l'Eglise, les Sep
fait exclusivement une coutume païenne, tante, Origène et saint Augustin, disent
et Tacite (H. 5, 5. 4.) dit aussi que les qu'il s'agit d'un insecte fort petit, pres
Juifs ne se défaisaient pas de leurs morts que invisible à l'œil nu, fort inquiétant,
autrement que par l'inhumation. voltigeant toujours, et revenant à mesure
L'Ecriture ne donne pas beaucoup de qu'on le chasse. Hasselquist et Maillet
détails sur les cérémonies funèbres et parlent aussi de fort petits insectes dont
sur l'ensemble des funérailles : on peut ils ont été tourmentés en Egypte, et qui
voir ce que nous avons dit aux articles pourraient bien être les mêmes. D'un au
Cadavre, Deuil, et Sépulcres. Le corps tre côté, le docteur Clarke pense que l'es
était ordinairement enveloppé de linges, pèce de poux qui affligea l'ancienne Egyp
Jean 19, 40. 11, 44., et emporté les pieds te est l'acarus sanguisugus, qui se trou
devant. Comme on ne se servait pas tou ve dans cette contrée, et jusque dans la
jours de bières, il n'était pas besoin d'un Cafrerie (v. Voyage d'Arbousset au nord
long temps entre la mort et la sépulture, du Cap, p. 138); il est plus gros que la
on le voit par l'exemple d'Ananias et de mouche ordinaire, et d'une forme plate
Séphirah. Anciennement, des pleureuses et presque ronde : il tourmente singuliè
à gages et des joueurs d'instruments ac rement les hommes et les animaux.
compagnaient le convoi, auquel devaient Le moucheron de Matth. 23, 24. est-il
se joindre, par respect, tous ceux qui le le même que le ken del'Egypte ? C'est ce
rencontraient, usage auquel notre Sau qu'on ignore, puisqu'on ne peut connaî
veur semble faire allusion, Luc 7, 32., et tre celui-ci; mais il paraît plutôt que ce
saint Paul, Rom. 12, 15. doit être le culex vinarius, l'hôte imper
MOSEL , Ez. 27, 19., v. Uzal. ceptible du vinaigre, et les raisons allé
MOUCHES, Moucherons, Moustiques. guées par Bochart semblent ne laisser
On trouve en Orient, et surtout dans les aucun doute sur ce point.
plaines marécageuses de l'Egypte, un 3° Harob. Nos versions le traduisent :
nombre fort considérable d'insectes ai un mélange d'insectes; c'était la quatrième
lés, aussi incommodes par leur multitude plaie de l'Egypte, Ex. 8, 21. cf. Ps. 78,
que dangereux par leurs piqûres, et qui 45. 105, 31. Selon quelques auteurs, c'est
attaquent indistinctement les hommes et le tabanus ou taon. Ruppel pense à de pe
les bestiaux. L'existence d'un Dieu des tits insectes qui naissent, pendant les
mouches, ou Bahalzébub, ne pouvait ainsi grandes chaleurs, du limon déposé dans
manquer d'être inventée par des peuples la vallée du Nil. lls se précipitent avec
qui divinisaient tout ce qu'ils craignaient, fureur sur les hommes et sur les ani
tout ce qu'ils haïssaient. v. Bahal. Trois maux, pénètrent dans les narines et dans
expressions différentes sont employées les oreilles, et causent aux yeux des dou
dans la Bible pour désigner les insectes, leurs infinies ; mais ce voyageur n'ayant
maisl'exacte signification de chacune n'est pas décrit l'insecte dont il parle, on ne
pas bien déterminée : sait à quelle famille il appartient. Oed
1o Zébub, Eccl. 10, 1. Es. 7, 18. C'est mann croit qu'il s'agit de la blatta orien
probablement le nom général de toute la talis de Linnée, connue chez nous sous
classe des insectes ailés. le nom de teigne, animal qui s'attache
2° Ken (ou kinnim ), Ex. 8, 17. cf. aux vêtements comme aux hommes : cette
Ps. 105, 31. Nos versions l'ont traduit manière de voir souffre aussi de grandes
par poux; mais cette signification est fort difficultés. D'autres enfin ont traduit ce
peu probable, et la plupart des voya mot par loups, mais sans raison.— Harob
geurs, comme la plupart des interprètes, dérive, selon les uns, d'un mot arabe qui
la rejettent, sans s'accorder, du reste, sur signifie manger; selon les autres, du mot
l'espèce d'insecte qu'il faut entendre par hébreu harab, mêler, et c'est de cette der
là. Un simple nom d'animal ne peut être nière étymologie que sont partis les tra
MUL 72 MUS
ducteurs français, Luther, etc. C'est, dans aussi bien que les chevaux, confiés aux
l'incertitude, la traduction la plus sûre et soins d'un inspecteur en chef, 1 Rois 18,
la moins compromettante. 5. Les mulets étaient employés comme
Luther a traduit de même le mot tse montures en temps de guerre, 2Sam. 18,
latsal, Deut. 28, 42., où nos versions 9. cf. Zachar. 14, 15., et en Perse, les
portent hanneton. Il est plus probable,courriers du gouvernement s'en servaient
étymologiquement, qu'il faut entendre comme de chevaux et de dromadaires, Est.
par là le grillon, gryllus stridulus de8, 10.1 4. Le transport de fardeaux se fai
Linnée. v. Sauterelles. sait aussi à dos de mulet, 2 Rois 5, 17. cf.
Toutes les mouches étaient déclarées Es. 66, 20. 1 Chr. 12, 40. Esd. 2, 66.,
impures par la loi, Lév. 11, 42. et la force, comme la marche sûre et
M0UT. v. Vin. ferme de cet animal, le faisait générale
MOUTARDE, Matth. 13, 31. 17, 20. ment préférer au cheval et à l'âne, dont il
Marc 4, 31. Luc 13, 19. 17, 6. La famille réunissait en lui-même les différentes
du sénevé compte treize espèces, dont qualités. On voit, 1 Rois 10,25., que par
cinq étaient particulières à l'Egypte. C'est mi les tributs que les peuples voisins
un arbrisseau à siliques qui vient souvent payaient annuellement à Salomon, se
sans culture, mais dont plusieurs espèces, trouvent des mulets ; la contrée de Tho -
et notamment la sinapi nigra, et l'alba, garma (Arménie), était surtout renommée
sont aussi cultivées avec soin, comme pour ses beaux produits en ce genre, Ez.
épices et assaisonnement, soit en Orient, 27, 14., qui sont encore admirés de nos
soit même dans l'Europe méridionale. jours; un mulet de Syrie se paie de 750 à
Les Juifs en cultivaient dans leurs jar 850 ou 900 francs(Burckhardt).— Le nom
dins. Les grains de moutarde, employés hébreu est péred ou pirdah : quelques an
déjà par les anciens comme un piquant ciens interprètes ont cru que les jemim
assaisonnement, désignaient proverbia de Gen. 36, 24., signifiaient aussi des
lement une chose extrêmement petite, mulets, et ils attribuent à Hana l'honneur
Matthieu 13, 32. Il paraît aussi, d'après d'avoir découvert le mélange du cheval et
ce passage, que, dans les pays chauds, de l'âne, mais v. Hana.
le sénevé devenait un arbre véritable, MURIER, Luc 17, 6., v. Sycomore.
et atteignait une certaine hauteur, non MUSETTE. v. Musique.
point seulement par extraordinaire, mais MUSIQUE. Cet art, presque aussian
assez habituellement; en Europe, il ne cien que le monde, et qui doit survivre
s'élève guère qu'à 70 centimètres de au monde, cet art magique dont la puis
terre. sance se fait sentir pour le mal comme
M0UT0N. v. Brebis. pour le bien, qui élève les âmes vers
MUGUET. v. Lys. l'Eternel, et qui souvent divinise la ma
MULET, produit stérile de l'âne et du tière et favorise tant de désordres, qui
cheval; participe toujours plus des quali souffle la guerre, qui inspire la volupté,
tés de son père que de celles de sa mère; qui, tour à tour, calme les douleurs ou ar
l'espèce inférieure, produit de l'âne et de rache des larmes aux cœurs joyeux, puis
lajument, est cependant la plus répandue. sant dans le Ranz des vaches, puissant
On peut croire, à cause de la défense in dans la Marseillaise, puissant dans les
diquée Lév. 19, 19., que les Hébreux ne Te Deum, bienfaisant et malfaisant, reli
firent point naître de mulets, mais il ne gieux ou impie, cet art, connu des an
leur était pas défendu d'en acheter et de ciens Hébreux, et maintenant encore cul
s'en servir; nous voyons en effet, sur tivé avec tant de succès par leurs descen
tout depuis les jours de David, que les dants, depuis Asaph jusqu'à Mendelsohn,
mules et les mulets étaient assez com a été connu dès avant les jours du déluge,
muns parmi eux ; ils servaient même de et peut-être que le premier homme a en
monture aux rois, 1 Rois, 1, 33.38.44., tendu déjà les chants meurtriers des en
aux princes, 2 Sam. 18, 9. 13, 29., etc., fants de Caïn. C'est à cette famille, en
et dans les écuries royales ils étaient, effet, que l'Ecriture sainte attribue l'in
MUS 73 MUS
litique, et même si cela était, ils n'au aussi ce mélange communiquait-il au vin
raient pu fournir qu'une notation très une vertu étourdissante, et l'employait
incomplète. L'Occident n'a connu les on à cause de cela pour amortir chez les
noles de musique qu'au onzième siècle, suppliciés le sentiment trop vif de la dou
et rOrient m0derne ne fait pas remonter
les siennes au-delà leur, Marc 15, 23. — La myrrhe décou
du dix-septième. Qu'il
lait, soit naturellement, soit par des in
y ait eu quelques expressions destinées cisions artificielles, de l'écorce d'un arbre
à indiquer soit la mesure, soit des chan ou arbrisseau de l'Arabie et de l'Ethiopie,
#ºments de ton, c'est possible, mais il ne
que les anciens, qui ne ne le connais
faut Pas en demander davantage. v. les saient que par oui-dire, n'ont pas décrit
articles Psaumes, Sélah, Séminith, Hala d'une manière exacte et suffisante. Les
ºoth, Guittith, etc. — Quant au chant naturalistes modernes eux-mêmes n'ont,
des psaumes, il ne faut pas le juger par pendant longtemps, pu déterminer non
la m0n0tone et souvent nasillarde cantil
plus d'une manière précise l'arbre de la
lation qu'on entend dans les synagogues myrrhe, et l'on s'est contenté de voir et
modernes; ce devait être un chant pro d'apprécier dans le commerce ces mor
prement dit, c'est-dire de la musique ; ceaux de parfum, durs, opaques, en forme
IIlaIS Si l'on
Se rappelle que le chant des
de larmes, que les marchands orientaux
Grecs même n'a pu être encore détermi venaient échanger contre nos produits.
!º, 0n comprendra que pour celui des Ehrenberg, en 1829, est le premier qui
Juifs Il ne soit guère possible non plus de ait décrit l'arbre auquel on donne main
dire ºutre chose que des généralités.
tenant le nom de balsamodendron myr
MYRA, ville maritime de la Lycie, Act. rha ;l'écorce en est unie et d'une couleur
27, 5.; elle était située, d'après Strabon gris cendré, le bois est d'un jaune blan
à 20 milles de la mer, Sur une colline. : châtre, les feuilles fort nombreuses re
MYRRHE, parfum végétal qui découle posent soit isolées, soit réunies en fais
º #ºmme d'un arbrisseau commun en ceaux, sur des pétioles courts et unis ;
Arabie. On la mélangeait quelquefois à elles se composent de trois folioles
d'autres parfums, surtout pour le service ovées d'inégale grandeur; les fruits re
du sanctuaire, Ex. 30, 23. Cant. 3, 6; ou posent également sur des pétioles; ils
bien on l'employait pour parfumer les
sont ovés et se terminent en pointe, leur
Vêtements, et les lits, pour embaumer les peau est brune. La résine d'abord hui
ºrº, et pour oindre les personnes qu'on leuse, puis de la consistance du beurre,
aimait ºu qu'on honorait, Est. 2, 12. Ps. est d'un blanc jaunâtre; elle passe ensuite
45, 9. Prov. 7, 17.Jean 19, 39. Cant. 5, 5. au jaune doré et devient rougeàtre en se
0n peut conclure de Matth. 2, 11., que la durcissant. Il est probable que d'autres
myrrhe ne croissait pas naturellement en arbrisseaux donnent cependant aussi de
Palestine, quoiqu'elle ait pu être cultivée la myrrhe, et Belon dit avoir trouvé en
dans quelques jardins et sur quelques co Palestine près de Rama, un buisson qui
ºaux, Cant. 4, 6. Dans tous ces passages distillait cet encens. — Ce qui est appelé
!ºst question de cette myrrhe si rec§
chée de l'ancien monde, qui a été vantée de la myrrhe franche, Ex. 30, 23.
Cant.
5, 5., ou plutôt de la myrrhe libre, c'est
par Pline (13, 2. 21, 18.), par Dioscoride celle qui coule d'elle-mème et sans inci
(1,73.), parAthénée(3,101.), par Euripide sions, c'est l'essence de la résine de
(Troad. 1064.), et par tant d'autres.Al'état l'arbre; elle est encore connue et recher
liquide ouàl'état solide, gomme ou huile, chée de nos jours sous le nom de myrrha
elle était l'ingrédient principal dont on electa.
Composait les encens ou les parfums les MYRTE, arbuste de l'Asie qui s'élève
plus précieux; on la mêlait aussi au vin, quelquefois à une hauteur de 6 à 7 mè
non pour le rendre plus fort, mais pour lui tres. ll a l'écorce rougeâtre, des rameaux
donner un goût plus fin, quelque chose de forts et flexibles, des feuilles unies, ovées
plus recherché (comme on fait infuser de et toujours vertes; des fleurs blanches,
l'angélique dansdel'eau-de-vie);peut-être tirant parfois sur le rouge, et entourées
MYS 77 NAA
d'un calice à trois sépales. Elles appa des autres. La Mysie était, en tout cas,
raissent au mois de mai, et donnent nais un petit district; sous les empereurs, il
sance à des baies ovales, pleines de pe touchait à l'Hellespont et à la Propontide,
pins blancs et d'un goût très fort; ces et comprenait les embouchures de l'AEso
baies deviennent noires en mûrissant. pus et du Granique. On comptait peut
Les feuilles, comme les fleurs, répandent être encore dans l'origine, comme ap
une odeur agréable ( Virg., Egl. 2, 54.), partenant à la Mysie, le district occiden
et ont un goût épicé avec une vertu légè tal qui longeait la mer Egée jusqu'au
rement astringente. Le myrte choisit de fleuve Caïcus, et qui prit le nom d'AEoli
préférence les vallées et le bord des ruis de depuis que les AEoliens s'en furent
seaux (amantes littora myrti, dit Virgile), emparés. v. Strabon 12, 564.
cf. Zach. 1, 8. Virg., Géorg. 4, 124. On
en trouve cependant aussi sur les hau N
teurs, Néh. 8, 15. Plin. 16, 30. Les an
ciens faisaient du myrte un des plus NAAMAN (beau), 1° 2 Rois 5, chef des
beaux ornements de leurs jardins, soit à armées de Benhadad, roideSyrie,jouissait
cause de son feuillage toujours vert, soit d'un grand crédit auprès de son maître,
à cause de son parfum ; ils en connais parce qu'il avait sauvé son pays; mais cet
saient et en cultivaient plusieurs espèces. homme, fort et vaillant, était lépreux, et
Le myrte d'Egypte passait pour le plus n'espérait aucun remède à sa triste ma
odoriférant. Dans toutes les solennités, ladie. Une jeune fille d'Israël, qui avait
dans toutes les fêtes publiques ou domes été faite prisonnière, et attachée au ser
tiques, on ne manquait jamais de décorer vice de l'épouse de Naaman, fut employée
les maisons et les appartements avec des de Dieu pour guérir son maître de la lèpre,
branches de myrte; des couronnes étaient et lui faire reconnaître Jéhovah, le Dieu
tressées pour ceindre la chevelure des d'Israël, comme le seul vrai Dieu, Elle
jeunes gens et des jeunes filles, et le parla à sa maîtresse du prophète Elisée,
front chauve des vieillards, Plin. 15, 36. et celle-ci engagea son époux à lui aller
Théophr. Plant. 4, 6. Les Hébreux ont faire une visite en Samarie. Naaman part
aussi cultivé le myrte, comme on peut le avec de riches présents pour le prophète,
conclure de Es. 41, 19. 55, 13. Cependant, et des lettres de recommandation du roi
il est possible aussi qu'ils n'aient connu de Syrie pour le roi d'Israël, intimant,
cet arbuste que dans son état sauvage, le en quelque sorte, à Joram l'ordre de
myrtus sylvestris. pourvoir à la guérison de son serviteur.
MYSIE, Act. 16, 7., province de l'A- Mais les prophètes ne sont pas unis à
sie Mineure, voisine de la Bithynie, au l'Etat; ils n'ont rien à faire avec la diplo
nord de la Troade. Lors du voyage de matie, souvent les rois ne les connais
Paul, ce district appartenait tout entier sent pas, ou les oublient après s'en être
à la province romaine de l'Asie, q. V., et servis, et Joram déchire ses vêtements,
le nom de Mysie ne servait plus que protestant contre l'ordre que lui donne
comme ancienne dénomination, facile à
Benhadad, ordre inexécutable pour lui,
comprendre et d'un usage commode, et qui n'est, dit-il, qu'un prétexte du roi
comme celui des anciennes divisions, de de Syrie pour rompre avec lui. Elisée ap
même qu'en France on se sert encore prend l'arrivée de Naaman, reproche à
plus volontiers de la division par provin Joram de l'avoir oublié, et fait venir le
ces que de celle par départements. On di général syrien. Celui-ci se rend à la voix
sait la Mysie comme on dit le Languedoc, du prophète, arrive avec sa suite, et s'ar
la Bourgogne; mais les géographes étaient rête devant la porte de la maison, soit par
d'autant plus embarrassés pour donner respect pour la mission d'Elisée, soit à
des limites exactes à ce district, que les cause de la lèpre qui le rend impur. Il
Mysiens et les Phrygiens avaient maintes espère que le prophète viendra au-devant
fois, par suite de diverses circonstances, de lui, et qu'il fera, en sa faveur, des in
occupé une portion du territoire les uns vocations et des cérémonies qui le net
NAA 78 NAA
NABAL, 1 Sam. 25, descendant de David contre ses ennemis, et contre Saül
Caleb, riche et grossier berger de Mahon, en particulier, dont la cause était com
près du mont Carmel, méconnaît les ser promise aux yeux des fidèles par le châ
vices que lui a rendus David en proté timent de Nabal. -
NACON, 2 Sam. 6, 6., ou Kidon, 1 ce roi théocratique ait permis à son fils
Chr. 13, 9., nom de l'aire près de laquelle si jeune (il avait dix-huit ou dix-neufans),
Huza fut tué ; quelques-uns traduisent de former des relations ou peut-être une
simplement l'aire préparée, d'après la si union intime avec une païenne; peut-être
gnification de l'hébreu nacon, et l'en était-elle prosélyte; dans tous les cas, il
tendent de l'aire d'Hobed-Edom, qui avait est fort probable, quoique son fils ait hé
été en effet disposée pour recevoir ce mo rité du royaume, qu'elle n'a été que con
nument de l'alliance : d'autres l'entendent cubine. — 3° Ville des plaines de Juda,
d'une des stations préparées le long du Jos. 15, 41.
chemin pour le voyage de l'arche ; le NAHARAH, Jos. 16, 7., ville des fron
plus grand nombre enfin voit dans Na tières de la tribu d'Ephraïm, la même qui
con et Kidon des noms propres dési est appelée Naharan, 1 Chr. 7, 28., située,
gnant soit une même personne, soit les d'après Eusèbe, à 5 milles de Jérico.
possesseurs successifs de l'aire. En tout NAHARAI (nez) de Bééroth, écuyer de
cas, le lieu désigné était dans Jérusalem, Joab, peut-être le chef de ces dix jeunes
ou du moins fort près de cette ville. gens qui frappèrent Absalon, 2 Sam. 18,
NACOR, v. Nachor. 15.; il appartenait à la troisième classe
NADAB (prince). 1° Fils d'Aaron. v. des guerriers de David, 23, 37. 1 Chr.
Abihu. — 2° Second roi d'Israël et fils de 11, 39.
Jéroboam, 1 Rois 14, 20. 15, 25. Il fit NAHAS (serpent, rusé, singe). 1° Père
ce qui déplaît à l'Eternel, conserva l'i- d'Abigal et de Tséruïa, les sœurs de Da
dolâtrie de son père, et mourut après un vid. Ce nom ne se trouve que 2 Sam. 17,
règne de deux ans, victime d'une conju 25., et l'on se demande si ce serait un
ration ourdie par Bahasa, qui le frappa premier ou un second mari de la mère de
devant Guibbethon pendant qu'il assié David, ou bien un surnom d'Isaï, ou enfin,
geait les Philistins. Sa famille fut anéan ce qui est le moins probable, le nom de
tie par son assassin qui fut en même la femme d'Isaï. — 2° Nahas, roi des
temps son successeur. Hammonites, 1 Sam. 11 , 1. 12, 12.2 Sam.
NAGGE (clarté), un des ancêtres de 17, 27., père de Sobi, fit le siége de Jabès
notre Sauveur, par Marie, Luc 3, 25.; de Galaad pendant que Samuel n'était plus
inconnu. juge et que Saül n'était pas encore roi.
NAHALAL, ville de la tribu de Zabu Les agitations d'Israël paraissaient favo
lon, resta cependant encore longtemps riser ses desseins, et les assiégés allaient
entre les mains des Cananéens, Jos. 19, capituler honteusement en consentant à
15. Jug. 1, 30. se laisser crever l'œil droit, ce qui les
NAHAMA (belle). 1° Fille de Lémec et eût rendus pour jamais incapables de tirer
de Tsilla, nommée peut-être ainsi à cause de l'arc; ils obtinrent cependant un délai
de sa grande beauté : elle doit avoir in de sept jours, et pendant ce temps, un
venté plusieurs arts, de même que son coup vigoureux et inattendu frappé par
frère Tubal-Caïn. — 2° Hammonite et le roi d'Israël qui apprit ces choses en
mère de Roboam, 1 Rois 14, 21.31. 2 revenant du labourage, les sauva; l'ar
Chr. 12, 13. On ne peut dire à quel titre mée de Nahas fut taillée en pièces et dis
elle a été épouse de Salomon, si elle fut persée. — Quarante ans après, nous re
épouse légitime, ou seulement concubine trouvons le nom de Nahas roi de Ham
et du nombre de ces épouses étrangères mon, et David en parle comme d'un
parmi lesquelles se trouvaient les Ham homme qui lui aurait rendu des services;
monites, 1 Rois 11, 1. Puisque ce fils avait l'ennemi juré de Saül aurait-il été l'ami
quarante et un ans quand il est monté de David P c'est possible; il est plus pro
sur le trône, il était né un an avant l'a- bable cependant que ce Nahas, père de
vénement de Salomon à la couronne, ce Hanun, était le fils du précédent, et peut
lui-ci ayant régné quarante ans; par con être frère ou oncle de Sobi, q. v., 2Sam.
séquent il était né encore du vivant de 17, 27.
David, et l'on a peine à comprendre que NAHOMI, Ruth 1, 2., épouse d'Elimé
NAH 81 NAH
lec de Bethléem, suivit son mari dans le q. v.; mais c'est tout ce que l'on connaît
de sa personne. Son nom signifie con- •
pays de Moab où leurs fils se marièrent
avec des femmes du pays ; mais bientôt solation. L'argument de son livre est la
elle devint veuve, et ses fils suivirent leur charge de Ninive; ce sont des menaces
père dans la tombe : elle resta seule avec contre Ninive, on plutôt contre l'empire
ses deux belles-filles et résolut de re des Assyriens, dont elle était la capitale.
tourner en Israël. Horpa et Ruth ayant La repentance des Ninivites en suite des
manifesté le désir de l'accompagner, elle prédications de Jonas, n'ayant été que de
chercha à les dissuader de le faire , courte durée, Nahum fut chargé de leur
ébranla la résolution de Horpa, mais dut annoncer leur ruine finale et inévitable,
céder aux instances de Ruth qui voulait de la part d'un Dieu tardif à colère, mais
partager avec elle sa misère, sa patrie et dont la patience a un terme; ils ne pour
son Dieu. Quand les deux voyageuses fu ront, pas plus que Thèbes en Egypte, ré
rent arrivées à Bethléem, Nahomi depuis sister aux coups de sa vengeance, 3, 8. Le
longtemps oubliée, se vit l'objet de l'in prophète, en même temps, ranime par ses
différente curiosité des habitants de l'en menaces le courage de ses compatriotes
droit, qui se demandèrent avec surprise : opprimés et leur rend l'espérance : Salma
« Mais n'est-ce pas là Nahomi ? » Oh! leur nassar les avait déportés, Sanchérib son
répondit-elle, ne m'appelez plus Nahomi fils les menaçait de plus de maux encore, 2
(joie), mais Marah (amertume). Car en se Rois 18,10.13., mais Dieu les délivrerait.
retrouvant comme étrangère dans son Il résulte de ces prophéties que l'époque
village, veuve et n'ayant plus d'enfants, où vécut Nahum, peut être assez aisé
elle se reportait avec plus de tristesse ment déterminée, et l'on ne se trompera
vers les temps anciens, et sentait avec guère en le faisant contemporain d'Esaïe
plus de vivacité tout ce qu'elle avait perdu. et des derniers temps d'Ezéchias, de 720
Mais Ruth était là pour la consoler et lui 698 av. C., cf. 3, 8. avec Es. 20,6;son mi
tenir lieu de fille : c'était le commence nistère se place entre la captivité de l'As
ment de la moisson, et Ruth offrit à sa syrie et celle de Babylone. Quelques au
mere d'aller recueillir pour elle dans les teurs cependant le font contemporain de
champs le bien des pauvres; elle ne se Manassé (Abarbanel) : Clément d'Alexan
doutait pas en entrant dans les champs de drie le met après Ezéchiel et les temps de
B0oz, qu'elle était sur les terres d'un pa Jéhojakim; mais ces dates sont fort in
rent, bien moins encore qu'elle pût avoir certaines. Le style de Nahum est plein
des droits à la main de ce riche proprié de richesse, de magnificence, et d'indi
taire. Nahomi lui fit connaître les privilé gnation : il commence par célébrer la
ges que la loi juive lui donnait, elle lui grandeur, la puissance et la bonté de l'E-
enseigna ce qu'elle avait à faire , et lors ternel, puis son amour envers son peu
que ses soins maternels eurent obtenu de ple ; au chapitre 2, il raconte la ruine de
la bienveillance de Booz ce qu'elle pou Ninive avec de si vives couleurs qu'on
vait désirer de plus heureux pour sa fille, dirait qu'il a sous les yeux le spectacle
son bonheur n'excita pas l'envie, et les de la destruction; au 3e il revient sur ce
femmes de Béthléem vinrent la visiter et sujet et dit les causes de la condamnation,
la féliciter. Elle eut bientôt la joie de te les désordres de Ninive, ses péchés, sa
mir entre ses bras un fils de sa fille bien méchanceté. L'accomplissement de cette
aimée , et sa vieillesse fut plus heureuse prophétie a donné lieu à bien des contro
que les orages de sa vie n'auraient pu le lui verses; d'un côté les paroles relatives au
faire espérer. — Nahomi se distingue par débordement du fleuve qui amena la prise
sa foi, son désintéressement , et sa Sa de la ville, semblent ne pouvoir s'appli
gesse; ce n'est qu'avec peine qu'elle per quer qu'à la première prise de Ninive
met à Ruth de la suivre , et dès lors elle sous Ezar-Haddon ; d'un autre côté l'en
l'adopte et fait tout pour elle. semble de la prophétie paraît se rappor
NAHUM (consolation). 1° L'un des ter plutôt à la ruine totale et entière de
douze petits prophètes; il était d'Elkos, cette ville qui eut lieu 626 av. C., la 16°
II. 6
NAP 82 NAR
il une allusion au rejeton du tronc d'Isaï C'est le nom que la loi de Moïse donnait
(Es. 11. 1.). v. du reste l'art. Nazarien. à l'Israélite, homme ou femme, qui fai
C'est dans cette contrée isolée et cachée, sait pour un temps ou pour la vie entière
dit Braem, dans cette ville paisible, au le vœu du nazaréat, professant la sobriété
milieu d'une nature variée et pittores en toutes choses, et renonçant complè
que, que le Sauveur du monde, charpen tement au vin, au vinaigre, aux raisins, à
tier comme Joseph, attendit pendant tout ce qui tenait de près ou de loin aux
trente ans l'heure de son père, et il y vé produits de la vigne, naturels, travaillés
cut tellement ignoré que le pieux Natha ou fermentés, laissant croître ses che
naël, qui demeurait à 2 lieues de Naza veux sans y toucher, évitant toute souil
reth, à Cana, n'avait jamais entendu par lure cérémonielle ou réelle, et recommen
ler de lui. La ville compte aujourd'hui, Çant tOuteS les cérémonies de sa consé
suivant les divers récits des voyageurs, cration au nazaréat, Jug. 13, 14., lorsqu'il
de 3 à 5,000 habitants, et, d'après Buc avait été souillé fortuitement, comme par
kingham, seulement 2,000, dont un tiers la vue d'une personne morte en sa pré
de chrétiens. Une église, qui est, avec Sence, ou dont il aurait trouvé le cadavre
celle du saint Sépulcre, la plus belle de sur son chemin, Nomb. 6, 1.2. cf. Am. 2,
la Syrie, renferme une grotte où, suivant 11. 12. Si les catholiques ont vu dans
la tradition, l'ange apparut à Marie, et Cette institution le germe du monachisme,
une autre qu'on prétend avoir été la cui ils doivent reconnaître que ce germe
sine dans la demeure de la mère de Jé renfermait de tout autres éléments que
sus. A peu de distance de la ville, dans ceux qu'on leur a substitués; la fainéan
une vallée, est la fontaine de Marie, la tise était bien loin de constituer une par
seule de tous les environs qui ne tarisse tie intégrante du nazaréat, et le mariage
jamais, et où maintenant, comme jadis, était si peu compté parmi les impuretés,
les femmes de Nazareth vont puiser de même cérémonielles, qu'il n'en est pas
l'eau avec une cruche sur la tête. Du côté seulement fait mention dans les pres
méridional de la ville se voient, dans le criptions données à ce sujet, et que Sam
rocher, un certain nombre de grottes Son, le nazarien à vie, était marié. Lors
très anciennes qui ont servi d'habitations, que le temps du nazaréat était accompli,
et plus bas plusieurs sources. Napoléon, la personne qui avait fait le vœu se pré
après la bataille du Tabor, passa quel sentait au temple, offrait un mouton en
ques heures et dîna à Nazareth, le lieu le holocauste, une brebis d'un an en sacrifice
plus septentrional qu'il ait touché en Sy d'expiation, un bélier en sacrifice d'ac
rie (trad. Rougemont). Hasselquist et des tions de grâces, une corbeille pleine de
voyageurs plus modernes disent que la gâteaux sans levain de fine farine, enfin
vallée, dont la forme circulaire rappelle l'huile et le vin nécessaires à toutes les
celle des cratères, est fermée, de tous libations. Le prêtre alors coupait les
les côtés, par des montagnes de craie, cheveux du nazarien, et les brùlait sur
hautes, blanches, escarpées et arides; le le feu de l'autel ; puis il mettait entre
fond est une plaine inégale, d'un quart les mains du nazarien l'épaule cuite du
de lieue de largeur, bien cultivée, riante, bélier, un pain et un gâteau, pour les re
et très fertile. Burckhardt trouve cette prendre entuite et les offrir à l'Eternel
contrée une des plus délicieuses de tout en offrande tournoyée, Nomb. 6, 1. et
le district d'Acre. Une gorge étroite suiv. Plusieurs de ces cérémonies avaient
et profonde, d'une lieue de longueur, également lieu lors de la consécration
conduit de la vallée dans la plaine de Jiz des prêtres, Lév. 8, 26. Si l'on se rap
réhel, et, depuis les hauteurs, on jouit pelle que l'usage du vin et du vinaigre ,
d'une fort belle vue sur cette plaine, était presque général en Palestine, que
ainsi que sur le Tabor, le Guilboah, et dans ces climats chauds le poids d'une lon
les montagnes d'Ephraïm qui apparais gue chevelure était fort incommode, que .
sent au-dessus de l'Hermon. - .' les cas de souillure cérémonielle étaient,
NAZARlEN, Nazaréat (hébr. Nazir). passablement multipliés, et que l'on tienue
* NAZ 86 NAZ
compte des frais considérables que l'ac dans plusieurs sens différents, nous som
complissement du vœu entraîne, on com mes appelés à considérer de plus près les
prendra que le nazaréat, même à temps, passages suivants.
était un vœu considérable. Aussi les per 1° Gen. 49, 26. Joseph est appelé le
sonnes riches qui ne se trouvaient pas en nazarien d'entre ses frères : les Septante
état, ou qui n'avaient pas le loisir d'en traduisent ce terme par chef, celui qui
observer les cérémonies, cherchaient-elles est honoré, et si l'on a égard à la si
souvent à s'associer en quelque sorte gnification primitive de nézer, on con
aux nazariens, en participant aux frais prendra que Joseph ait pu être ainsi dé
des sacrifices, Jos. Ant. 19, 6, 1. Maï signé : le nom de nazir ou nezir était
monid. in Num. 6. Ceux qui faisaient le d'ailleurs comme il est encore dans plu
vœu du nazaréat hors de leur patrie se siéurs cours d'Orient, un nom de dignité,
contentaient d'observer les abstinences de charge publique, correspondant aux
marquées; ils se coupaient les cheveux au fonctions de vice-roi que Joseph exerçait
lieu où ils se trouvaient à l'expiration de en Egypte.Peut-être aussi, et dans le can
leur vœu, et les offraient plus tard, ou les tique du vieux Jacob il semble que ç'ait
faisaient offrir par d'autres dans le tem été plus naturel, le nom de nazarien dé
ple, avec les victimes et les offrandes or signait-il simplement que Joseph avait
données. Samson, Samuel et Jean-Bap été mis à part, choisi de Dieu pour lui
tiste sont les seuls exemples de nazaréat être saint, et pour être le bienfaiteur de
à vie que nous présente l'Ecriture, Jug. ses frères, celui devant qui sa famille se
13, 4.14.1 Sam. 1, 12. Luc. 1, 15. Lors prosternerait.
qu'un enfant à naître était ainsi voué au 2° Quelques auteurs ont entendu du
nazaréat perpétuel, sa mère observait à sa nazaréat temporaire le vœu que fit saint
place, jusqu'au moment de sa naissance, Paul en deux circonstances de sa vie,
les prescriptions de la loi. Les rabbins Act. 18, 18. 21, 24., mais ce n'est qu'une
opposent au nazaréat perpétuel celui de hypothèse, et nous en reparlerons aux
Samson qui leur paraît avoir été moins art. Paul et Vœu.
rigoureux que le premier, attendu que 3° Dans plusieurs passages du Nouveau
Samson a plusieurs fois vu et touché des Testament, Act. 2, 22. 22, 8. 24, 5., on
corps morts, Jug. 14, 15, sans qu'il soit lit nazoréen au lieu de nazaréen, et ce
fait mention de sacrifices purificatoires simple changement de voyelle donne au
qu'il ait offerts. — On trouve chez pres mot une signification comme une éty
que tous les anciens peuples quelques cé mologie différente, remplaçant la cou
rémonies semblables à celles du naza ronne par le mépris; v. plus loin.
réat, et l'on remarque en particulier que 4o Nazaréen désigne souvent un homme
les Egyptiens, les Syriens, les Grecs et natif de Nazareth, quel qu'il soit, et sans
les Romains avaient l'habitude d'offrir qu'aucune idée, autre que celle du fait,
leurs cheveux et leur barbe dans les tem s'y rattache, Marc 10, 47. Act. 4, 10.
ples de leurs divinités, comme, de plus, 5° Matthieu, 2, 23., cite une prophétie
certaines coutumes d'abstinence étaient d'après laquelle Jésus devait être appelé
imposées aux prêtres de l'Egypte : quel Nazaréen. Il est évident que, selon cet
ques auteurs, Porphyre, Spencer, Mi apôtre, il y a un rapport intime entre le
chaélis, ont cru voir dans le nazaréat hé
séjour de Jésus à Nazareth et le surnom
breu une tradition de l'Egypte, mais de Nazaréen qui lui avait été donné; il
les analogies sont en elles-mêmes trop faut donc dès l'abord rejeter l'explication
vagues pour qu'on puisse en tirer une de ce nom tirée du nazaréat, Nomb. 6, 2.,
conclusion pareille, et l'on doit se rap
quelque respectables et nombreux que
soient les soutiens de cette opinion (Wett
peler que loin de vouloir établir un lien,
Moïse a toujours creusé un abîme entre stein, Spanheim, Erasme, Calvin, Bèze,
Luther, Zwingle, Grotius, etc.) : ce serait
les coutumes de son peuple et celles des
nations voisines. un jeu de mot assez mauvais, et d'autant
Le nom de nazarien se prenant encore plus que les prophètes n'ont jamais an
NAZ 87 NEB
,
noncé Jésus-Christ comme devant ètre phétisant sans le savoir, lui ont donné le
Nazaréen. Il faut donc supposer que le nom de rejeton, habitant issu de la ville
nom de Nazareth, ou d'habitant de Naza des rejetons. Cette explication, à notre
reth, renferme une idée qui, d'après les sens bien moins satisfaisante que celle
prophéties, devait être un attribut de qui précède, a été soutenue par Surenhu
Christ : cette idée peut, ou bien se trou sius, Vitringa, et dernièrement encore
ver dans l'étymologie de ce nom, ou bien par Hengstenberg, dans une dissertation
se rattacher à l'opinion publique. On sait sur ce sujet, qui se trouve en tête du 2e
qu'une assez mauvaise renommée pesait volume de sa Christologie.
sur Nazareth, et qu'il suffisait d'en être NEAPOLIS, Act. 16, 11., maintenant
originaire pour être méprisé, Jean 1, 46. la Cavala ; ville maritime à 3 lieues sud
7, 52. Or ce que les prophètes annoncent, est de Philippes : elle a sur les côtes de
c'est que le Christ sera méprisé de ses la mer Egée un port avec une position
contemporains, Ps. 22, 7.8. Es. 53, 3. avantageuse pour le commerce. Après
Peu importe ce que l'on a dit : que les Na avoir appartenu à la Thrace, elle passa, au
zaréens n'étaient pas plus méprisés que temps de Vespasien, sous la domination
les autres Galiléens ; l'un et l'autre re romaine. On raconte que c'est aux habi
viennent au même, les deux nOms Servent tants de cette ville qu'on est redevable de
également de termes d'injure , cependant l'art de tailler la vigne, et qu'eux-mêmes
en examinant Jean 1, 47., On trouvera que l'avaient appris d'un âne : ils remarquè
Nazareth était plus particulièrement mé rent que les vignes mordues par cet ani
prisé, puisque le reproche en est fait, mal croissaient mieux et rapportaient plus
dans un entretien amical, par Nathanaël que les autres. —Saint Paul y passa en se
à Philippe, ces deux hommes étant l'un et rendant de Samothrace à Philippes. C'est
l'autre Galiléens. Il faut ajouter que le le lieu de naissance de Méhémet-Ali.
nom de Nazaréen prêtait bien plus que NÉBAJOTH, fils aîné d'Ismaël, Gen.
celui de toute autre ville de la Galilée, 25, 13., et père des Nébajoth ou Naba
aux mauvaises plaisanteries auxquelles théens, que nous trouvons à côté de Ké
les Juifs étaient assez enclins : en chan dar, Es. 60, 7., formant une riche peu
geant nazar en nazor (méprisé), les Juifs plade renommée par l'excellence de ses
pouvaient exprimer d'une manière très moutons. Ils occupaient, selon saint Jé
directe et fort simple le mépris qu'ils rôme, tout l'espace de pays compris entre
avaient pour ces gens-là (v. 3°), et il est l'Euphrate et la mer Rouge, non qu'ils
bien vraisemblable qu'en appellant notre en fussent les seuls possesseurs, mais ils
Sauveur et ses disciples de ce nom, avec y étaient en majorité : d'après quelques
ou sans le jeu de mots, ils avaient l'inten auteurs (Diod. de Sic.), la mer Morte ap
tion de jeter sur eux du ridicule; dans ce partenait à leur territoire, et Denys le
cas (et surtout si saint Matthieu a écrit en géographe les fait avancer jusque près du
hébreu ou en syriaque), ces paroles de Liban ; il est probable en effet que, s'ils
vaient avoir une très grande force : « on possédaient en propre l'Arabie Pétrée, ils
lui a donné le surnom de Nazareth, ainsi ont empiété aussi, d'un côté sur l'Arabie
que les prophètes ont annoncé qu'il serait Heureuse, de l'autre sur les contrées si
en butte à toutes les moqueries de ses tuées au nord-est, et qu'à leurs villes de
ennemis. » On comprend alors aussi la Pétra et de Médaba ils en ont joint d'au
parole de Jésus à Saül : « Je suis ce Naza tres plus septentrionales, et voisines de
réen que tu persécutes. »-Quant à l'in Galaad ;mais nomades comme ils l'étaient,
terprétation tirée de l'étymologie, et mise libres et indépendants, ils ont recherché
en avant par Jérôme, elle se fonde sur le l'air et les pâturages plus que les villes
sens de nezer, rejeton, buisson : saint habitées, et leur territoire n'a jamais été
Matthieu ferait ressortir alors que, de limité ni déterminé : plusieurs d'entre
même que les prophètes ont appelé Jésus eux s'adonnaient au commerce, et entre
un rejeton, Es. 11, 1., un germe, Es. 4. prenaient de longs voyages dans ce but.
2. Zach. 6, 12., de même les impies, pro lls avaient des rois du nom d'Arétas, et
NEB 88 NEB
|
lorsque Pompée vint en Syrie, il envoya tion. Son nom se rattache presque ex
· des troupes contre eux et les défit. Il est
clusivement, dans la mémoire de chacun,
plusieurs fois parlé des Nabathéens dans aux grandes scènes qui sont racontées
les livres des Maccabées; lorsque tous lesdans les premiers chapitres de Daniel ;
peuples voisins de la Judée se soulevèrentcependant son histoire commence long
contre les Hébreux, les Nabathéens seuls temps auparavant, et les détails en sont
leur témoignèrent de l'affection ; ils ac épars dans les livres des Rois, des Chro
cueillirent fort bien Judas Maccabée mar niques, de Néhémie, d'Esdras, d'Ester,
chant au secours de ses frères en Galaad, de Jérémie, d'Ezéchiel, et de Daniel. On
mais plus tard ceux de Médaba en parti peut la composer en comparant ainsi 2
culier trahirent Jean Maccabée, le tuèrent, Rois 24, 25, 26. 2 Chron. 36, Néhém. 7,
et s'emparèrent de tout le bagage militaire Esd. 1, et 5; Est. 2, 6. Jér. 21, 22, 24,
qu'il était venu leur confier, 1 Macc. 5, 25, 27, 29, 34, 37, 39, 43, 44, 46, 49,
24.25.9, 35. et 52. Lam. 4. Ez. 17, 21, 26-32, et Dan.
NEBO. 1° La plus haute cime de la 1-5.
montagne de Pisga, qui appartient à la Sa vie militaire a compté quatre cam
chaîne des monts Abarim : elle était sur pagnes principales qui l'ont toutes rap
le territoire des Moabites d'l temps de proché de la Palestine, si elles n'ont pas
Moïse, et était située en face de Jérico, toutes eu pour premier but de l'envahir
de l'autre côté du Jourdain. C'est là que et de la réduire. La première est celle
mourut Moïse, Deut. 32, 49. 34, 1. v. dont il est parlé Dan 1, 1.; elle eut lieu
Pisga. — 2° ville de Ruben, dans le voi la troisième année de Jéhojakim. Pharaon
sinage de la montagne de ce nom, Nomb. Néco faisait acte de souveraineté sur
32. 3. 38. Elle avait appartenu d'abord Circesium ou Carkémis, et Nébucadnet
aux Moabites, et plus tard il s'en rendi sar, chargé par son père de la disputer
rent maîtres de nouveau, Es. 15, 2. Jér. au roi d'Egypte, obtint sur ses ennemis
48, 1. Eusèbe en place les ruines à 8 milles un succès facile, et les poursuivit à tra
sud de Hesbon. — 3° Ville de Juda, Esd. vers l'Arabie, jusque sur les bords du
2, 29. 10, 43. : elle est appelée l'autre Nil ; puis, se tournant vers Jéhojakim, le
Nébo, Néh. 7, 33., pour la distinguer de malheureux allié de Néco, il triompha
la précédente : c'est de celle-ci que parle sans peine de la Judée, prit Jérusalem, et
Eusèbe, d'après Calmet. - 4° Idole des Se disposait à emmener son roi prison
Caldéens, dont le nom se retrouve dans nier lorsque, changeant de caprice ou
la composition de plusieurs noms pro d'idée, il lui rendit la liberté, et le fit son
pres. Dans le passage Es. 15, 2., le pro Vassal tributaire, au lieu de le traiter en
phète parle peut-être d'un temple consa esclave : il emmena seulement quelques
cré à cette idole sur la montagne de Nébo ôtages, au nombre desquels se trouvaient
en Moab; mais 46, 1 . se rapporte à l'idole Daniel et ses trois amis. Il poursuivit
caldéenne dont nous avons parlé à l'ar quelque temps encore ses conquêtes, et
ticle Caldée, et dont le culte fut détruit acheva d'affaiblir les Egyptiens en leur
probablement par Cyrus. enlevant toutes leurs possessions com
NÉBUCADNETSAR ou Nabuchodono prises entre l'Euphrate et le Nil. C'est
sor, fier et puissant conquérant, fléau dans pendant ces victoires qu'il apprit la mort
la main de Dieu, chargé d'exécuter les de son père : il retourna précipitamment
vengeances divines et d'accomplir les à Babylone, et monta sur le trône (604 ou
prophéties; il était fils, et fut le succes 605 av. C.), 2 Rois 24, 1-7.2 Chr. 36,6.
seur de Nabopolassar sur le trône de Ba 7. Dan. 1, 1, sq. 5, 2. Esd. 1, 7. L'an
bylone. Il porte déjà le titre de roi, Jér. née suivante, il fit son fameux songe des
25, 1. 46, 2., quoiqu'il ne fût encore à quatre monarchies, qu'il oublia sans en
cette époque, lors de ses premières ex conserver autre chose qu'une impression
péditions, que l'associé de son père à la de frayeur telle, qu'il voulait faire mettre
couronne; peut-être aussi les historiens à mort les mages qui ne pouvaient venir
sacrés le momment-ils ainsi par anticipa en aide à Sa mémoire troublée : c'est
NEB 89 NEB *
alors qu'il nomma le jeune prophète is traiter avec plus de rigueur que jamais.
raélite chef des mages, et qu'il lui confia L'approche du roi d'Egypte qui s'avance
le gouvernement de la Babylonie, parce contre lui, l'oblige à laisser un instant
qu'il avait vu que Dieu était avec lui, et respirer Sédécias; il envoie ses captifs
que Daniel seul avait les secrets de l'E- en Caldée, et marche sur son nouvel ad
ternel, Dan. 2, 1. sq. versaire; mais celui-ci ne l'attend pas
Trois ans après sa première conquête même, et s'enfuit avant d'avoir pu faire
de la Judée, Nébucadnetsar dut tourner, Sa jonction avec les armées de Juda. Né
pour la seconde fois, ses armes contre ce bucadnetsar revient alors, continue le
pays : Jéhojakim s'était soulevé, et avait siége, et reste un an avant de venir à
refusé le tribut. Nébucadnetsar envoie bout de la place : la famine désole les ha
d'abord contre lui les armées de Syrie, bitants de Jérusalem, qui n'en persistent
de Moab et de Hammon, qui ravagent la pas moins à se défendre; enfin, pendant
Judée, et font un grand nombre de pri une absence du roi de Babylone, qui s'é-
sonniers qui sont envoyés à Babylone, tait rendu à Ribla, en Syrie, une brèche
Jér. 52, 28. Jérusalem est assiégée, Jé est faite à la ville, les principaux officiers
hojakim périt lui-même en se défendant; des Caldéens y pénètrent, Sédécias et les
Jéchonias le remplace sur le trône, et siens s'enfuient, mais ne tardent pas à
continue à se défendre : mais Nébucad être atteints et faits prisonniers. Nébu
netsar arrive en personne au bout de trois zar-Adan, chargé de la destruction de Jé
mois : il se met à la tête des troupes, serre rusalem, s'en acquitte selon les souhaits
la ville de plus près, et ne tarde pas à de son maître, qui fait venir auprès de lui
s'en rendre maître. ll envoie JéchOnias les principaux captifs, fait mettre à mort,
finir ses jours dans une prison de Baby sous les yeux de Sédécias, ses fils et ses .
lone, dépouille le temple et le palais, grands, et l'envoie lui-même à Babylone,
brise les vases sacrés, emmène l'élite des après lui avoir fait crever les yeux. Dans
habitants, et part en laissant à Sédécias l'ivresse de son triomphe, il ménage en
un trône en ruines, en échange d'un ser core Jérémie, et le recommande à Nébu
ment de fidélité, 2 Rois 24, 10. 2 Chr. zar-Adan, 2 Rois 24, 20. 25, 1.2 Chr.
36, 10. Jér. 22, 25. 37, 1. Ez. 17, 12. 36, 13. 17. Jér. 34, 37, et 39, etc.
13. Sa puissance va se consolidant, rien C'est probablement après cette expédi
ne résiste à ses armes, et les faux pro tion qu'il fit élever, dans la plaine de
phètes qui annoncent le déclin de son Dura, cette fameuse statue d'or que l'on
pouvoir sont frappés et mis à mort, Jér. suppose avoir été comme l'apothéose de
29, 21. cf. 27, 6. 28, 2. son père, et qui faillit coûter la vie aux
Cependant Sédécias ne tient pas le ser jeunes Hébreux qui refusaient de l'ado
ment qu'il a prêté à l'ennemi de son pays, rer. Admirant le prodige que le Dieu de
et, au bout de huit ou neuf ans de sou Daniel avait fait en faveur de ses jeunes
mission, la seizième année de Nébucad amis, Nébucadnetsar n'hésita pas à décré
netsar, il se révolte et refuse sa soumis ter la divinité du Dieu des Hébreux, et
sion : son exemple gagne les peuples qui ordonna qu'on rendît à Jéhovah les mê
l'entourent, et l'Egypte paraît les favori mes honneurs qu'il réclamait pour son
ser. Le roi de Babylone rentre en cam idole.
pagne ; c'est sa troisième expédition. In C'est après cela, que d'après Josèphe,
certain par quel ennemi il doit commen car l'Ecriture n'en parle pas, Nébucad
cer, il tire le sort sur les flèches, et se netsar entreprit le siége de la puissante
décide bientôt; c'est Jérusalem qui rece ville de Tyr, ce siége infructueux de treize
vra ses premiers coups, Ez. 21, 25-27. laborieuses années si souvent prédit par
En peu de temps, la Judée presque en les prophètes, mais dont toute l'histoire
tière est soumise : Jérusalem, Lakis et est encore et restera toujours obscure.
Hazéka seules résistent encore, Jér. 34, Les passages qu'il importe le plus de con
7.; il marche sur Jérusalem qu'il a déjà sulter sur ce point, sont : Es. 23 et Ez.
conquise deux fois, et se prépare à la 26-28, 20. Josèphe, Archéolog. 10, 11. 1.
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Contre App. 1, 19. 20. Il paraît, d'après avait fait, allait recevoir son exécution ;
ces données, que Nébucadnetsar employa l'Orgueilleux monarque fut chassé d'entre
treize ans à ce siége, et qu'il ne fut pas les hommes, il mangea l'herbe comme les
payé de sa peine, soit qu'il n'ait pu venir bœufs, n'ayant d'autre abri que le ciel,
à bout de son entreprise, soit plutôt que exposé à toutes les intempéries de l'air
les habitants de la ville, s'étant retirés comme à la haine de ses sujets auxquels
dans une île voisine avec toutes leurs ri il n'inspirait plus qu'une horreur mêlée
chesses, il n'ait trouvé que des ruines à de pitié; son poil crût comme celui de
offrir en pâture à ses soldats exténués l'aigle et ses ongles comme ceux des oi
(573 av. C.). Honteux de rentrer à vide seaux. Sept temps se passèrent ainsi,
dans son royaume et voulant se dédom puis le sens lui revint, il bénit le souve
mager de sa triste victoire, il se tourna rain duquel toutes les œuvres sont véri
derechef contre l'Egypte, la ravagea dans tables, dont les voies sont justes et qui
toute son étendue, mêla le sang des peut abaisser ceux qui marchent avec or
hommes aux flots du Nil, et put ramener gueil , et il remonta sur son trône, Dan.
son armée glorieuse et chargée d'un riche 4. Il vécut encore une année et mourut
butin. Ce furent là ses dernières victoires après avoir régné quarante-trois ans,
et sa dernière expédition. 561 av. C.
Il n'avait, du reste, plus rien à desirer; Plusieurs observations sont nécessaires
il s'était élevé aussi haut que jamais roi à l'intelligence de son histoire.
conquérant a pu le faire; tout ce qui Les historiens grecs ne parlent pas de
peut se vaincre par des forces humaines, Nébucadnetsar, et ce règne à la fois long
il l'avait vaincu, et ses armes, tOujours et glorieux ne nOuS est connu que par ce
victorieuses contre Jérusalem, la ville du qu'en disent les historiens sacrés, Jo
vrai Dieu, paraissaient l'élever au-dessus sèphe et quelques historiens de l'Orient ;
de ce Dieu qui inspirait Daniel et qui sau de là plusieurs incertitudes chronolo
vait ses amis : la tète tOurnerait à une giques et des dates peu sûres et difficiles
moins grande hauteur, et le vieux mo à déterminer, d'autant plus que les his
narque, au milieu d'une capitale que ses toriens sacrés comptent diversement les
guerres lointaines n'avaient fait qu'enri années de ce prince, suivant qu'ils font
chir, pouvait être pris de vertige au sou commencer son règne à la mort de son
venir de toutes ses gloires. Un songe père, comme Daniel et les Babyloniens,
ou qu'ils datent du moment de son asso
divin l'avertit de prendre garde ; il vit un
arbre immense renversé par terre à la ciation à l'empire avant la bataille de Cir
voix d'un ange et couché sans rameaux cesium, comme Jér. 25, 1. et les autres
ni verdure pendant sept années. Le chef historiens hébreux. Il y a en outre, dans
des mages, prophète de l'Eternel, lui fit plusieurs de ces données, un manque de
voir dans les détails de ce songe un aver coïncidence dont il n'est pas facile de se
tissement et une menace, mais une année rendre compte, et quelques divergences,
d'intervalle que Dieu lui accordait pour pour lesquelles il faut consulter les ou
s'humilier, ne servit qu'à l'endormir dans vrages spéciaux, notamment Des Vignoles
l'espérance que la parole divine ne serait et les commentateurs modernes Dahler
pas exécutée, ou peut-être à la lui faire sur Jérémie, Haevernick sur Daniel et Ezé
oublier. Son orgueil s'éleva à la hauteur chiel. Les traits de la vie de Nébucadnet
de sa position terrestre, et comme il se sar étant épars dans plusieurs livres de
promenait dans le palais royal de sa ca la Bible, les uns prédits, les autres ra
pitale, il s'écria dans une ivresse fréné contés, souvent sans suite et sans ordre
tique d'exaltation : N'est-ce pas ici Baby chronologique, il est arrivé que plusieurs
lone la Grande que j'ai bâtie pour être la des faits attribués par les uns à l'une de
demeure royale par le pouvoir de ma ses expéditions, sont d'après d'autres,
force et pour la gloire de ma magificence ! attibués à une autre, et que l'on ne peut
Alors une voix des cieux lui répondit, lui se faire toujours une idée juste des dé
annonçant que le songe terrible qu'il tails dont chaque cadre doit ètre rempli:
NEH3 91 NEB
nous avons suivi l'ordre qui nous a de leur propre ruine; ils étaient punis
paru le plus probable; Dahler et Winer par où ils avaient péché. Un prophète
arrangent les événements d'une manière seul pouvait, après avoir prié son Dieu,
différente, et Calmet, par exemple, place connaître ce songe, le rappeler au roi et
l'histoire de la statue d'or ainsi que le lui raconter la succession des quatre mo
supplice des trois jeunes Hébreux, à la narchies; il est remarquable que Daniel
fin de la vie de Nébucadnetsar et après ait eu lui-même, bien des années après,
SOn retour à la raison. la même vision céleste, le même songe
Ce qui frappe le plus dans la vie mili sous d'autres symboles, Dan. 7. La pre
taire de ce conquérant, ce sont ses at mière puissance était celle de Nébucad
taques sans cesse renouvelées contre le netsar lui-même; la seconde était celle
faible royaume de Juda, attaques tou des Perses qui vinrent sous Cyrus, 538
jours suivies de victoires et toujours plus av. C., renverser l'empire de Babylone ;
douloureuses dans leurs résultats; la pre après eux vinrent les Grecs conduits par
mière fois, il fait de Jéhojakim son vassal, le puissant et rapide Alexandre, repré
et n'emmène avec une partie des trésors senté dans le songe de Daniel sous la fi
du temple que des ôtages; la seconde fois, gure d'une panthère ailée à quatre têtes,
il dépouille le temple, emprisonne le roi qui signifient les quatre royaumes qui
infidèle, emmène l'élite des Juifs, mais S0rtirent de la mort d'Alexandre et se di
laisse encore à ceux qui restent un roi de visèrent en restant unis. La quatrième
leur nation ; la troisième fois enfin, il puissance enfin, c'est l'empire de Rome.
exporte les habitants en masse, fait mettre Il y a, pour ainsi dire, unanimité parmi
à mort les principaux d'entre eux et les interprètes sur la signification de ces
charge leur roi de chaînes après l'avoir deux songes, et l'on peut consulter pres
privé de la vue. Autant de secousses suc que indifféremment les divers travaux ou
cessives devaient faire comprendre aux commentaires qui ont paru sur ce sujet ;
Juifs que c'était bien de la part de leur v. le Morgenland de Preiswerk, I, p. 33,
Dieu que Nébucadnetsar ruinait ainsi leurs sq., le Commentaire de Haevernick, Gaus
forces et leur vie nationale ; et véritable sen sur Daniel, etc.
ment, à lire les écrivains sacrés, il semble Le second songe de Nébucadnetsar,
que ce roi de Babylone n'ait eu, en effet, plus clairement encore expliqué et ac
d'autre mission que d'accomplir les pro compli, n'a pas besoin d'être développé
phéties et les vengeances divines; c'est davantage. Remarquons seulement que le
à cela que se réduit sa biographie, et ses terme employé pour marquer la durée de
coups prolongés pendant une carrière de sa terrible maladie, est celui de sept
quarante-trois années devaient faire ré temps; on entend ordinairement par là
fléchir les Juifs plus que n'eussent fait sept années, mais on peut l'entendre au
les coups épars de rois qui se seraient trement encore, et sept années de folie
succédé sur le même trône : Nébucad ne prennent pas facilement place dans la
netsar devait être pour les Juifs l'homme vie si occupée de Nébucadnetsar : l'année
de la fatalité, et l'on pense involontaire asiatique se divisant en six termes de deux
ment à la vieille et glorieuse figure de mois chacun, on pourrait entendre les
Louis XIV, qui a été l'épreuve du peuple sept temps de sept de ces doubles mois,
de Dieu, comme le roi de Babylone en de sorte que la maladie de Nébucadnet
avait été le châtiment. sar n'aurait duré que quatorze mois; Se
La conduite de Nébucadnetsar à l'égard lon d'autres, il auraitſ été malade trois
des mages, n'est autre que celle d'un au ans et demi, selon d'autres encore, seu
tocrate oriental; la tête de quelques mages lement sept mois. Quant à la nature de
n'était rien pour lui ; satisfaire un caprice cette maladie, on pense généralement
au prix de plusieurs vies était peu de qu'il s'agit de l'insania canina ou lupi
chose. Le songe qu'il avait oublié, ces na, la lycanthropie, pendant laquelle
hommes devaient le lui dire; et leur char l'homme n'a plus de l'homme que les in
latanisme spéculateur devait être la cause stincts animaux; se croyant changé en
NEB 92 NEC
taire du roi de Babylone, il crût devoir n'étaient qu'une ruse pour se débarras
refuser le passage à son ennemi, marche ser plus vite du pieux Josias en en appe
contre l'armée égyptienne. Néco cherche à lant à son Dieu, si l'historien sacré n'a-
le détourner de son opposition : « Ce n'est joutait aussitôt, 2 Chr. 35, 22. : « Josias
pas à toi que j'en veux, lui dit-il, mais à n'écouta point les paroles de Néco qui
une maison qui me fait la guerre, et Dieu procédaient de la bouche de Dieu. » Et
m'a dit que je me hâtasse. » Nonobstant quoiqu'il paraisse étrange que les oracles
ces propositions de paix, il est forcé de célestes aient été révélés à un païen, ce
combattre, la bataille s'engage dans la fait n'est pas le seul de son espèce dans
plaine de Méguiddo et le roi d'Egypte l'histoire Sainte.
remporte une éclatante victoire, tandis La durée de son règne a été de six ans
que Josias, blessé à mort, expire bientôt d'après Manéthon, de seize d'après Hé
après. Néco continue sa marche sans se rodote, de quarante-six enfin d'après Ge
laisser arrêter plus longtemps, il s'empa senius qui trouve les termes précédents
re de Circesium, y met une garnison et trop ccurts pour cadrer avec les dates
réunit dans ses intérêts contre les Cal de la dodécarchie égyptienne contempo
déens, presque toutes les peuplades des raine d'Ezéchias.
environs, la Syrie, les Hammonites, les NÉGUINOTH. v. Psaumes.
Moabites, peut-être aussi les Edomites et NÉHÉLAM. v. Sémahia 2°.
quelques peuplades arabes. A son retour NEHEMIE, fils de Hacalia, d'une ori
en Palestine, au bout de trois mois, il gine du reste incertaine, de la race des
dépose et fait prisonnier Jéhoachaz fils prêtres selon les uns, selon d'autres de
de Josias, que les Juifs avaient élu quoi la tribu de Juda et de la famille royale.
qu'il ne fût pas l'aîné, le remplace par Le livre qui porte son nom renferme
Eliakim ou Jéhojakim, l'héritier naturel presque toute son histoire. Il remplissait
du trône de son père, impose au pays auprès d'Artaxercès - Longuemain la
une cOntribution en le rendant son vas charge d'attirsatha ou d'échanson, et usa
sal, et retourne en Egypte. — D'autres dignement de sa position pour le salut
auteurs pensent que Néco ne marcha con de ses frères. Ayant appris par Hanani et
tre la Caldée qu'après s'être entièrement quelques Juifs revenus de Juda, le triste
vengé sur Juda; mais cette manière de état dans lequel se trouvait sa patrie, et
voir présente plus de difficultés que celle la misère de ses compatriotes, son cœur
que nous adoptons. — Quoi qu'il en soit, fut navré de leur récit, ses larmes coulè
le roi d'Egypte ne jouit pas longtemps du rent, il mena deuil, il jeûna, et recourut
fruit de ses conquêtes, car nous voyons, par la prière à celui qui devait bander les
Jér. 46, 2., que la quatrième année de plaies de son peuple ; il s'humilia, mais
Jéhojakim, Circesium lui fut reprise par rappela aussi à l'Eternel les promesses
Nébucadnetsar, malgré l'appui que Juda qu'il avait faites aux Juifs de les ramener
prêta à Néco en cette occasion. après les avoir dispersés. Il pria Dieu de
Hérodote parle du conflit qui eut lieu vouloir toucher le cœur de son roi, et sa
en Méguiddo, mais il le place à Migdol prière fut exaucée. Artaxercès ayant re
ou Magdola, sans doute parce qu'il con marqué la tristesse inaccoutumée de son
naissait cette dernière ville, et qu'il savait serviteur, la lui reprocha d'abord, et peut
qu'elle était située sur le chemin naturel être assez sévèrement , comme une mau
d'Egypte en Palestine; il a pu se tromper vaise disposition d'esprit inconciliable
facilement, tandis qu'on ne peut suppo avec le devoir d'un homme de cour; Né
ser que les historiens juifs aient commis hémie craignit d'avoir déplu à son mai
une erreur de cette nature. — Quant au tre, mais il lui répondit avec douceur et
message de Dieu que Néco dit avoir reçu, simplicité : « Comment mon visage ne se
l'on suppose généralement que c'est par rait-il pas défait, puisque la ville qui est
le moyen de Jérémie que la volonté di le lieu des sépulcres de mes pères de
vine lui a été manifestée; on pourrait meure désolée, et que ses portes ont été
croire que ces paroles du roi d'Egypte consumées par le feu. » Et comme le roi
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lui demandait ce qu'il pouvait désirer de ranime le courage des faibles, et rappelle
faire, Néhémie, après avoir invoqué en à tous qu'ils ont à combattre pour Dieu ,
core le secours et l'assistance de son l'honneur, la patrie et leurs familles. Les
Dieu, demanda au roi de le renvoyer en ennemis sont déconcertés par cette s0
Judée pour y rebâtir Jérusalem. C'était lennelle manifestation qui leur a montré
une demande hardie, mais le roi dont un chef vigilant, un général habile, et
Dieu avait disposé le cœur, l'accorda à une armée résolue : les travaux repren- .
son échanson ; il lui donna en outre une nent leur cours, mais depuis ce moment
escorte militaire, des lettres pour les la moitié seulement des jeunes gens
gouverneurs des provinces qu'il devait tra s'occupe des constructions, tandis que
verser, le droit de prendre du bois dans l'autre moitié se tient toujours prête en
les forêts royales, et sa protection pour cas de surprise ; même les travailleurs
tout ce qu'il entreprendrait. Néhémie gardent encore l'épée au côté.
partit donc avec ses pleins pouvoirs, et A côté des ennemis extérieurs, Néhé
arriva bientôt à Jérusalem. La main de mie doit combattre aussi les ennemis in
l'Eternel était bonne pour lui (2, 8. 19.) térieurs, l'usure, et l'abus que les riches
Il débute par un examen prudent et avaient fait de leur position aux dépens
silencieux de l'état des choses ; les en du pauvre ; le peuple était opprimé, il
nemis des Juifs sont trop puissants et avait dû mettre en gages ses champs, ses
trop nombreux pour qu'il puisse rien maisons, ses fils et ses filles. Une mesure
tenter avant d'avoir sondé le terrain; le héroïque devait être prise, et pouvait
mal est trop grand pour que Néhémie Seule sauver Jérusalem d'une révolution :
prenne des mesures avant d'en avoir Néhémie convoqua les grands, les magis
compris toute l'étendue. Mais lorsque trats, et les sacrificateurs ; il les censura
ses plans sont arrêtés, il rassemble les pour le trafic infâme, pour la vente qu'ils
magistrats, les sacrificateurs et les prin avaient faite de leurs frères, et après
cipaux d'entre les Juifs, leur expose le leur avoir représenté le danger de la si
but de sa mission, ses droits et ses des tuation et l'opprobre dont leur conduite
seins. Quelques étrangers, Samballat, devait couvrir la nation sainte, il leur
Tobija, et Gasmu, essaient en vain de proposa la restitution complète des héri
contrecarrer son œuvre par de méchantes tages, et la remise des dettes, se donnant
moqueries et de perfides insinuations : lui-même à eux, et il en avait le droit,
Néhémie les repousse en leur rappelant comme un exemple de désintéressement.
qu'ils sont étrangers au peuple juif, et Sa voix fut écoutée, l'assemblée dit amen !
qu'ils n'ont aucune part dans les affaires à la malédiction que Néhémie prononça
de la ville et de la maison de Dieu. Le contre ceux qui ne tiendraient pas la pa
peuple qui a retrouvé un chef dont la role jurée, et Néhémie sauva le peuple
voix l'inspire, dont l'exemple l'encou d'une crise qui eût pu être terrible, dans
rage, se met à l'œuvre ; les murs, les un moment Où l'étranger ne demandait
portes, les remparts, sont reconstruits. pas mieux qu'un prétexte pour intervenir.
Jérusalem sort de ses ruines ; la ville Néhémie qui, depuis douze ans qu'il était
sainte se relève malgré les efforts jaloux gouverneur, avait renoncé à tous les avan
des peuples voisins, et paraît sur le point tages de sa place, engageant sa fortune
de se rendre indépendante et libre. Mais particulière au service de Jérusalem, à la
les Arabes, les Hammonites et les Sama reconstruction des murs, aux frais de re
ritains se liguent contre les Juifs, et pro présentation exigés par sa position, Né
jettent de fondre sur leur métropole hémie était bien placé pour demander à
avant que les remparts achevés ne ren ceux pour lesquels ils se sacrifiait, de se
dent toute invasion plus difficile, toute sacrifier aussi ; personne mieux que lui
victoire plus incertaine; Néhémie, à qui ne pouvait s'écrier : « O Dieu, souviens
les machinations de Samballat et de ses toi de moi en bien, selon tout ce que j'ai
partisans n'ont point échappé, range le fait pour ce peuple. » Le zèle courageux
peuple en armes le long des murailles, de cet homme sans peur et sans repro
NEH 95 NEH
lée, de prendre une part active aux guer vertueux, modeste, ami de la paix et de
res qu'Israël dut soutenir pour le main la justice , il était fortifié dans ces heu
tien de son indépendance, Jug. 5, 18. 6, reuses dispositions par Burrhus et Sénè
35. 7, 23. Sous le schisme de la royauté, que, les instituteurs de sa jeunesse. Il
Nephthali adhéra au nouveau royaume annonça au sénat que son désir était de
d'Israël, et eut déjà, sous son troisième prendre Auguste pour modèle, et dans
roi, Bahasa, beaucoup à souffrir d'une ir les premiers temps on le vit s'efforcer de
ruption des Syriens de Damas, 1 Rois15, tenir sa promesse ; il diminua les impôts,
20. 2 Chr. 16, 4.Aux jours de Pékach, fit de grandes largesses au peuple pour
une partie de ses habitants fut emmenée Se concilier son affection, et lui donna
captive par les Assyriens, 741 av. C., 2 des jeux splendides. Malheureusement il
Rois 15, 29. cf. Es. 8, 23. était faible et passionné ; il prit pour di
NEPHTOAH (ouverture) , Jos. 15, 9., recteur son confident Narcisse, scélérat
fontaine située sur les frontières de Juda et fourbe consommé, qui fit de lui cet
et de Benjamin. On prétend encore en atroce Néron dont le souvenir fait fris
montrer la place aux voyageurs, près sonner l'histoire. C'est à l'instigation de
d'une église construite plus tard, et dé Narcisse qu'il fit assassiner Britannicus,
diée à Jean-Baptiste , qui doit avoir de son frère adoptif, puis sa mère, Agrip
meuré avec ses parents non loin de cette pine, à qui il devait la vie et l'empire (v.
S0lll'C8. Claude). Ce pas fait, rien ne devait natu
NER (lampe, lumière). 1° Père de Kis, rellement l'arrêter, il prit un affreux plai
1 Chr. 8, 33. 9, 39., nommé Abiel 1 Sam. sir à l'odeur du meurtre, et fit massacrer
9, 1.— 2° Fils du précédent, frère de une foule inouïe d'innocents. Cependant
Kis, père d'Abner, et oncle de Saül, 1 son premier crime ne le laissa jamais
Sam. 14. 51, 26, 5.2 Sam. 2, 8. 3, 23.1 tranquille, et ses remords le poursuivi
Rois 2, 5. On le voit 1 Sam. 10, 14. s'in rent partout jusqu'à la mort. Pour s'é-
former avec curiosité des démarches de tourdir, pour étouffer les cris de sa con
son neveu auprès de Samuel, mais l'on science, en même temps que pour assou
ne sait pas si ces questions étaient dic vir ses passions désordonnées, il se li
tées par l'affection ou par la jalousie; ce vrait aux plus honteuses débauches. ll
dernier cas est rendu plus probable par répudia sa femme Octavie, sœur de Bri
le secret dans lequel Saül se renferme à tannicus, pour épouser l'infâme Poppée,
son égard. et bientôt il fit périr à son tour d'un coup
NÉRÉE, Rom. 16, 15., disciple in de pied cette seconde épouse et l'enfant
C0IlIlll. qu'elle lui promettait. Avec cela il se pi
NERGAL (espion), idole des gens de quait d'être artiste, poète et musicien ; il
Cuth, 2 Rois 17, 30. C'est sans contre prenait part lui-même aux jeux publics
dit la planète Mars, que les Sabéens ado et aux représentations dramatiques : là il
raient sous le même nom : les rêveries Se montrait vêtu en histrion, entouré des
rabbiniques lui ont donné la forme d'un histrions qui faisaient sa société habi
coq.— v. Caldée, et Sareétser. tuelle, jouant du luth ou récitant ses
NERI, fils de Melchi, l'un des ancêtres poésies, se mêlant enfin parmi les lut
de notre Sauveur par Marie, Luc 3, 27., teurs, et combattant lui-même. ll fit ainsi
inconnu. plusieurs voyages en Campanie, à Naples,
NÉRON, cinquième empereurde Rome, en Grèce, sans autre but que de se don
n'est jamais nommé dans l'Ecriture autre ner en spectacle au peuple, et d'obtenir
ment que par son titre d'empereur ou de ses applaudissements.
César, parce que dans les divers passages Sous son règne un immense incendie
où il est question de lui , ce n'est pas de consuma les plus beaux quartiers de
sa personne, mais de son titre qu'il est Rome, et cette capitale fut presque en
parlé. On sait comment dès le commen tièrement la proie des flammes : pendant
cement de son règne il fit concevoir à cette désolation, lui-même du haut d'une
tous les plus belles espérances ; doux, tour de laquelle il pouvait à son aise con
NET 99 NIC
templer les ravages et les progrès du feu, 43. 7, 7. Néh. 7, 46., etc. C'est le nom
il chantait en s'accompagnant de sa lyre, que les auteurs postérieurs donnent aux
un poème qu'il avait composé sur l'em Gabaonites d'entre les Cananéens qui
brasement de Troie. Il est incertain s'il conclurent avec Josué une alliance dans
fut lui-même l'auteur de cet incendie : laquelle celui-ci fut joué par eux , v. Ga
du moins il fit quelque chose pour en baon. Ils furent donnés, comme l'indique
soulager les victimes. Quoi qu'il en soit, leur nom , aux lévites pour servir sous
il imputa le crime aux chrétiens , et or leurs ordres aux travaux extérieurs de
donna contre eux une persécution qui fut l'entretien du temple, Esd. 8, 20., et ils
la première et la plus violente de toutes. sont nommés à côté des serviteurs de Sa
lomon, Esd. 2, 58. Néh. 7, 60. 11, 3., qui
Ce fut sans doute vers cette époque que
l'apôtre Paul reçut à Rome la couronneétaient probablement des prisonniers de
du martyre.—La 12e année de son règne guerre, devenus prosélytes, Néh, 10, 28.,
une conspiration formée contre ses jours et affectés par ce roi au service du culte
lui fut découverte par la perfidie d'un es public. Ils étaient fort méprisés, et ne
clave; non-seulement tOus les conjurés pouvaient contracter alliance avec les
périrent, mais avec eux presque tous filles d'Israël.
leurs alliés, parents ou amis. Sa fureur NÉTOPHA, Esd. 2, 22. Néh. 7, 26.,
ne connaissait pas de bornes : sur un ville probablement située entre Bethléem
simple soupçon les plus honnêtes ci et Hanathoth.
toyens étaient sacrifiés; Rome fut inon NEZIB, ville des plaines de Juda, Jos.
dée de sang. Le poète Lucain, Burrhus, 15, 43., située, d'après Eusèbe à 9 milles,
Sénèque, subirent le sort de tant d'autres d'après Jérôme à 7 milles d'Eleuthéropo
hommes illustres. Enfin le châtiment ar lis, vers Hébron.
riva : Néron fut précipité de son trône NIBCHAZ, idole des Haviens, 2 Rois
par une révolte de l'armée, et se tua au 17, 31., nommée aussi parmi les divinités
moment où on allait le saisir, âgé de Sabéennes : son nom renferme l'idée d'a-
trente-et-un ans , après en avoir régné boiement, et selon les interprètes juifs,
quatorze. La nouvelle de sa mort causa elle aurait été adorée en effet sous la for
une joie inexprimable , ses statues fu me d'un chien. On trouvait autrefois sur
rent renversées et trainées dans la boue, une hauteur, en Syrie, à trois journées
mais on lui fit des funérailles magnifi de Béryte vers Tripoli, la statue colossale
ques. d'un chien, symbole peut-être de Mer
Il ressort de Phil. 4, 22. que quelques cure, qui était adorée comme la protec
ersonnes de sa maison avaient embrassé trice du pays, et qui a donné son nom
a foi chrétienne. C'est à cet empereur que à la rivière voisine.
Paul en appela du jugement de Festus. NICANOR, l'un des premiers diacres
uelques commentateurs ont entendu de de l'Eglise de Jérusalem, Act. 6, 5. Sa
éron le lion de la gueule duquel Paul persOnne est du reste inconnue : selon
avait été délivré, 2 Tim. 4, 17. Mosheim quelques pères il aurait été l'un des
pense que l'apôtre parle dans ce passage soixante-dix disciples, et aurait souffert
sans figure, et qu'il veut dire qu'il a failli le martyre en même temps qu'Etienne.
être condamné à combattre les bêtes fé N1CODEME, pharisien et membre du
roces. Cependant le sens le plus simple sanhédrin à Jérusalem. Homme sincère
c'est le sens général figuré : « J'ai échappé et de bonne foi, il avait reconnu à ses
à un grand danger. » miracles que Jésus était un prophète ve
NETHANMIELEC (don du roi), eunu nu de Dieu , mais timide, il n'osait avouer
que, chargé sous Josias de soigner les ouvertement ses doutes et peut-être mê
chariots et les chevaux du soleil ; il de me ses convictions : il vint de nuit à Jé
meurait au faubourg de Parvarim ou Par sus, et apprit de lui la nécessité de la
bar à l'occident du temple, 2 Rois 23, 11. régénération ou nouvelle naissance pour
1 Chr. 26, 18. obtenir l'entrée dans le royaume des
NÉTHINIENS, 1 Chr. 9, 2. Esd. 2, cieux. Notre Sauveur suivit avec lui cette
NIC 100 NIC
marche pleine d'autorité, dont il avait c'est pourquoi j'ai parlé, l'Ecriture nous
seul le secret ; à ses questions incertai fait apprécier à sa juste valeur une foi
nes, il répondait par de nouvelles vérités qui ne parle pas. Puissent tous les Nico
incompréhensibles à l'homme charnel, dèmes en timidité devenir aussi dans les
laissant au Saint-Esprit le soin de les plus mauvais jours des Nicodèmes en fer
expliquer et de les développer, Jean 3. meté ! — Ajoutons encore que s'il est
L'œuvre de l'Esprit se fit lentement en important de ne pas renier Jésus sur la
Nicodème; il resta longtemps encore dis croix, il est important aussi, et peut-être
ciple secret ; ce ne fut que d'une manière plus difficile, de le reconnaître et de le
détournée, en en appelant aux formes or professer dans la vie de chaque jour,
dinaires de la justice , qu'il essaya de alors qu'aucune circonstance extraordi
prendre la défense du Messie au milieu naire ne paraît provoquer une profession.
du sanhédrin , et il se laissa réduire au La profession est un devoir de tous les
silence par une réponse aussi dure que instants ; nous nous la devons à nous
mensongère, Jean 7, 50. cf. Deut. 17, 8. mêmes, à nos frères, et à Dieu. Savoir
19, 16. Mais à la mort du maître il ne se joindre à tous les chrétiens en tout
cacha plus qu'il était son disciple ; réveiltemps, montrer toujours et partout que
lé en quelque sorte par l'injuste condam l'on est membre du corps de Christ, mar
nation qui avait frappé le Juste, il se sen cher non-seulement avec les chrétiens
tit la force en même temps que le devoir dans l'honneur, mais avec les chrétiens
de protester publiquement contre cette sous l'opprobre, c'est la science difficile,
iniquité légale, et d'accord avec Joseph et c'est une épreuve à laquelle Dieu nous
d'Arimathée, il vint en plein jour enlever soumet tous les jours.
en pleurant le corps du supplicié, appor NICOLAS, prosélyte d'Antioche et l'un
tant un mélange des plus riches parfums des sept diacres de l'Eglise de Jérusalem,
pour son embaumement, 19, 39. sq. Act. 6, 5. C'est à lui que la plupart des
Le nom de Nicodème réveille au pre pères de l'Eglise depuis lrénée, attribuent
mier abord la double idée d'une inintelli l'origine de la secte honteuse des nico
gence des vérités divines, et d'une timi laïtes, condamnée par saint Jean, Apoc. 2,
dité contraire à l'esprit du christianisme 6. 15. Il ne résulte cependant pas claire
dans la confession de la foi. Ses trop ment de leurs paroles que Nicolas ait été
naïves questions sur la nouvelle naissan coupable lui-même, et l'on peut croire
ce ne sont plus répétées , et peut-être que des hommes hérétiques et impurs ont
vaudrait-il mieux qu'elles le fussent ; le pris occasion de quelques paroles de ce
mot de régénération a passé dans le lan disciple, pour justifier des désordres qu'il
gage chrétien , mais pour plusieurs ce avait plutôt voulu condamner; c'est ainsi
n'est qu'un mot, et il ne réveille pas tou que ses paroles « il faut abuser de sa
tes les idées qu'il renferme, et dont la chair », citées par Clément d'Alexandrie,
profondeur, nouvelle pour Nicodème, lui pouvaient signifier pour lui « il faut la
paraissait insondable. Heureux ceux qui mâter, en réprimer les passions et les
savent ce que c'est , heureux aussi, ceux mouvements désordonnés » , tandis que
qui, l'ignorant, ne craignent pas de le de ses soi-disant partisans auront pu leur
mander ! — La timidité dans la profession donner un sens tout à fait différent, « il
a depuis longtemps été flétrie du nom de faut tuer la chair à force de se livrer à
nicodémisme, et il ne se trouve que trop, ses désirs ». ll règne du reste sur cette
à toutes les époques, de ces caractères secte une telle obscurité, que son exis
faibles qui, sous une foule de prétextes, tence même n'est pas démontrée pour
se contentent de croire dans le fond de tous, que plusieurs ne voient dans les
leur cœur, et craignent de témoigner, re paroles de l'Apocalypse qu'une prédic
tenus soit par de faux ménagements pour tion relative aux erreurs gnostiques, que
la religion d'autrui, soit par l'opprobre parmi ceux qui reconnaissent une secte
qu'ils redoutent, soit par simple paresse de nicolaïtes, les uns lui donnent pour
ou lâcheté d'esprit. En disant : j'ai cru, chefun autre Nicolas que celui des Actes,
NIL 101 NIL
que parmi ceux qui pensent qu'il s'agit diterranée près de Rosette ; l'autre près
du diacre Nicolas, les uns le regardent de Damiette. Dans des temps plus recu
comme innocent, les autres comme cou lés, il avait sept embouchures. La digue
pable, et enfin que plusieurs regardent du Nil se coupe au Caire dans le cou
la secte des nicolaïtes comme identique rant de septembre, quelquefois dans les
avec celle de Balaam, verset 14., les deux premiers jours d'octobre. « Si l'on sup
noms de Balaam et de Nicolas ayant l'un pose que tous les canaux qui saignent
en hébreu, l'autre en grec la même signi le Nil pour en porter les eaux sur les
fication, celle de peuple vainqueur. On terres soient mal entretenus ou bouchés,
peut voir sur ce sujet, Iren. 2, 27. Clém. son cours sera beaucoup plus rapide,
d'Al., Strom. 3. Les erreurs que le Saint l'inondation s'étendra moins, une plus
Esprit signale dans la doctrine des nico grande masse d'eau arrivera à la mer et
laïtes sont au nombre de deux, et appar la culture des terres sera fort réduite.
tiennent à la vie plus directement qu'à la Si l'on suppose au contraire, que tous les
foi. canaux d'irrigation soient parfaitement
NICOPOLIS, ville dans laquelle saint saignés, aussi nombreux, aussi longs et
Paul passa un hiver, et d'où il écrivit à profonds que possible, et dirigés par l'art
Tite qui était en Crète, de le venir trou de manière à arroser en tout sens une
ver, Tit. 3, 12. Il y avait plusieurs villes plus grande étendue de désert, on con
de ce nom, l'une en Epire, l'autre sur çoit que très peu des eaux du Nil se
le Nessus dans l'intérieur de la Thrace, perdent dans la mer, et que les inonda
l'autre en Cilicie, et l'on a trouvé des tions fertilisant un terrain plus vaste,
raisons pour faire de chacune de ces vil la culture s'augmentera dans la même
les la résidence de l'apôtre. Cependant proportion. Il n'est donc aucun pays où
c'est entre les deux premières que l'on l'administration ait plus d'influence qu'en
hésite ordinairement, et la plupart sont Egypte sur l'agriculture, et par consé
d'accord à penser que c'est à Nicopolis quent sur la population. Sous une bonne
en Epire que Paul a demeuré. La ville de administration, le Nil gagne sur le désert;
Cilicie est celle qui a le moins de preu sous une mauvaise, le désert gagne sur
ves en sa faveur, et le plus de témoigna le Nil. En Egypte, le Nil ou le génie du
ges contre elle. bien, le désert ou le génie du mal, sont
NIGER, Act. 13, 1., v. Siméon. toujours en présence; et l'on peut dire
NIL, fleuve d'Egypte qui prend sa que les propriétés y consistent moins
source dans les montagnes de l'Abyssi dans la possession d'un champ, que dans
nie, coule du sud au nord et se jette dans le droit fixé par les réglements généraux
la Méditerranée après avoir parcouru l'A- d'administration, d'avoir à telles époques
byssinie, les déserts de la Nubie et l'E- de l'année et par tel canal, le bienfait de
gypte. Son cours est de 800 lieues, dont l'inondation. » Ainsi parle du Nil et de
200 sur le territoire égyptien : il y entre l'Egypte le grand conquérant de notre
à la hauteur de l'île de Philé ou d'Elé siècle, tout ensemble profond observateur
phantine, et fertilise les déserts arides et grand écrivain. A ces extraits de ses
qu'il traverse. Ses inondations sont ré Mémoires, nous ajouterons quelques dé
gulières et productives ; v. Egypte. tails sur le rôle que le Nil occupe dans
Il y a 150 lieues de l'île d'Eléphantine l'Ecriture. Il y est presque partout dési
au Caire, et cette vallée qu'arrose le Nil, gné par le mot égyptien yeôr qui signifie
a une largeur moyenne de 5 lieues. Après le fleuve, nom qui se retrouve sur l'in
le Caire, ce fleuve se divise en deux bran scription de Rosette, et qui est conservé
ches et forme une espèce de triangle, le dans les dialectes memphitiques et sa
Delta, qu'il couvre de ses débordements. hidiques (Jaro et Jero) : le Nil était le
Ce triangle, composé d'alluvions, a 60 fleuve par excellence de l'Egypte, comme
lieues de base, depuis la tour des Arabes le Jourdain était celui de la Palestine, et
jusqu'à Péluse, et 50 lieues de la mer au le nom de fleuve suffisait à le désigner.
Caire : un de ses bras se jette dans la Mé Ce n'est que beaucoup plus tard que le
NIM 102 NIM
Jér. 2, 18.; de là aussi les louanges que NIMROD, Gen. 10, 8-10. 1 Chr. 1, 10.,
les Egyptiens accordaient à leur fleuve, fils de Cus et petit-fils de Cam. L'historien
les honneurs qu'ils lui rendaient, et les sacré le dépëint comme un puissant chas
récits exagérés faits de ses différentes seur devant l'Eternel, puissant sur la
vertus; il donnait la fécondité aux hom terre, et fondateur de Babel au pays de
mes et aux animaux. Le Nil était, comme Sinhar : son nom était devenu proverbial
il l'est encore, fort poissonneux, Es. 19, et avait peut-être été chanté par les poè
8. cf. Nomb. 11, 5., à tel point qu'une tes. Sans que l'on puisse déterminer exac
partie de la population ne se nourrit pres tement la portée de ces expressions dans
que que de poissons dans les mois d'avril des temps aussi reculés, elles indiquent
et de mai. Des crocodiles habitent ses évidemment une grande puissance et une
rives ombragées, surtout dans la Haute grande gloire. ll est probable que ce cé
Egypte. — On comprend que les bien lèbre chasseur ne fut pas un conquérant
faits des inondations du Nil aient fait moins célèbre; il est probable aussi que,
considérer ce fleuve comme le bienfaiteur le premier, il substitua un règne au ré
du pays, et lui aient mérité des païens les gime patriarcal ; il est possible enfin qu'il
surnoms de bienveillant et de béni; les ait dirigé la construction impie de la
prophètes aussi, parmi les maux dont ils grande tour de Babylone, Gen. 11, 4., et
menacent l'Egypte, n'oublient pas de Josèphe le rend probable. ll fonda Babel,
compter le desséchement de ses marais Erec, Accad, et Calne, autant d'empires
et de ses canaux, Es. 19, 5. Ez. 29, 10. et de grandes villes auxquels l'histoire
30, 12. Le sept années d'abondance et les profane donne d'autres fondateurs, soit
sept années de famine qui eurent lieu qu'elle n'ait pu remonter plus haut dans
pendant l'administration de Joseph, ont cette nuit de l'histoire, soit que le royau
dû se rattacher évidemment au plus ou me de Nimrod se soit écroulé sur lui pour
moins grand accroissement des eaux du renaître plus tard sous d'autres chefs,
Nil, Gen. 41, 1. sq. comme les Gaules après Charlemagne,
NIMRAH, Nomb. 32, 3., nommée aussi soit enfin que les Bélus, les Sémiramis,
Beth-Nimra, Nomb. 32, 36. Jos. 13, 27., et les Ninus aient donné un lustre nou
ville de la tribu de Gad, à 5 milles nord veau, une forme et une vie nouvelles à
de Beth-Haran ou Livias, d'après Eusèbe d'anciens établissements, à des amas de
qui l'appelle Bethnabris; Burckhardt croit maisons, à des enclos qui n'avaient servi
en avoir vu les ruines. Les Talmudistes jusque-là qu'à des bergers ou à des chas
NIN 103 NIN
seurs, et qui devaient recevoir les rois prise une seconde fois, en 625, par Cya
de la guerre et les chefs de la civilisation. xare roi des Mèdes et Nabopolassar roi de
Selon plusieurs commentateurs, Nimrod Babylone. Elle tomba pour ne plus se re
aurait aussi possédé l'Assyrie, et fondé lever. Ainsi s'accomplirent, et à la lettre,
Ninive sa capitale : ils s'appuient sur une les prophéties diverses éparses dans le
traduction possible du verset 11, par la livre de Nahum, après qu'un repentir mo
quelle les faits attribués à Assur appar mentané, suscité par les prédictions de
tiendraient à Nimrod, et il font la re Jonas, eut d'abord épargné Ninive, ou
marque, assez plausible, que la généalo plutôt différé sa destruction, cf. Jon. 1-4,
gie de Cam, v. 6-20, se trouve, avec la Soph. 2, 13. etc. Au moment de la der
traduction ordinaire de nos versions, in nière conquête de cette ville, un grand
terrompue, contre l'habitude des Oriennombre d'exilés juifs vivaient et végé
taux, par la mention d'un membre de la taient captifs dans l'enceinte de ses mu
famille de Sem, Assur, ce qui est peu railles; v. Tobie 1, 11. 11, 14. et ailleurs.
probable. On peut répondre cependant Où sont-ils maintenant ces remparts de
Ninive ? s'écrie Volney; et plus de vingt
que ce verset épisodique se rattache in
siècles en arrière le prophète juif lui
timement au contexte, et qu'il renferme
peut-être l'histoire d'une rébellion heu répond : « L'Eternel réduira son lieu à
reuse de plusieurs habitants de Sinha néant. » En effet, l'on a ignoré longtemps
contre l'absolutisme du gouvernement de jusqu'au lieu même où cette immense cité
Nimrod, et leur séparation d'avec lui. s'était enivrée de sa gloire ; et si jusqu'au
NINIVE, appelée par les Grecs et les treizième siècle, Strabon, Tacite et Abul
Romains Ninus, et dont le nom hébreu faradsch semblent nous indiquer encore
signifie demeure de Ninus, était la célè quelques vestiges de ses ruines, un vil
bre capitale de l'empire d'Assyrie. Son lage, ou un castellum, cette trace même
origine se perd dans les temps les plus s'est perdue depuis lors : vis-à-vis de Mos
reculés de l'histoire, Gen. 10, 11. Elle fut soul se trouve un petit hameau que l'on
longtemps le séjour des rois, Nah. 3, 18. suppose avoir été bâti sur les décombres
2 Rois 19, 36. Soph. 2, 13. cf. les auteurs de Ninive, puis quelques lieues à la ronde,
profanes Strab. 2, 84. Hérodot. 1, 193. les villages de N'bih Jouna (le prophète
5. 53. Ptolém. 6, 1. Diod. de Sic. 2, 23. Jonas), Nimrud, et la colline de Nunia.
Tacit. Ann. 12, 13. etc. Elle était située Cependant des recherches faites derniè
sur la rive orientale du Tigre, et, si l'on rement par le consul de France, M. Botta,
en croit les historiens , ses murailles fils de l'historien de ce noii,, paraissent
avaient 100 pieds de hauteur, et 15 à 20 avoir déterminé avec évidence l'emplace
lieues de circuit, d'autres disent même da ment de l'antique Ninive, dont il croit
vantage ; elles étaient flanquées de quinze avoir retrouvé quelques ruines au-des
cents tours, dont chacune avait 200 pieds sous du sol, soit à Nunia, soit dans ses
d'élévation. Le fleuve qui la traversait en environs, notamment à Khorsabad. Ses
partie, et ses solides murailles, la ren lettres, adressées au savant orientaliste
daient imprenable. Elle était le centre du allemand Jules Mohr, à Paris, ont été re
gouvernement, de la richesse, et d'un produites en 1842 par presque tous les
immense commerce, Nah. 2, 10.12.3,4. journaux français. M. Flandin, dans un
16. Les conséquences de cette prospérité article de la Revue des Deux Mondes
furent l'orgueil et la dissolution, Nah. 3. (1845), a donné également des détails du
1. Sardanapale en fut le triste et vrai re plus haut intérêt sur les dernières décou
présentant : huit siècles avant Christ, vertes faites à Ninive. Nous lui emprun
vers l'an 747, au temps d'Achaz, sa capi tons ce qui suit, en l'abrégeant.
tale fut prise, après un siége de trois ans, « Aux bords du Tigre, en face de Mos
par les Mèdes, conduits par Arbacès. soul, s'élevent deux monticules assez
Cette ville recouvra un moment, sous Ni étendus auxquels se relient les extrémi
nus, son ancien éclat : elle se releva ainsi tés d'une vaste enceinte, évidemment les
que tout l'empire d'Assyrie, mais elle fut restes d'un rempart très épais et encore
NIN 1 04 NIN
très élevé. L'une de ces éminences est palais était couvert d'une voûte dans la
factice. L'autre, qui est naturelle, porte quelle avaient été ménagés des jours.
un village arabe appelé Neïniveh ou Nebi « Le palais de Khorsabad est riche en
Oumous, prophète (et non tombeau de) sculptures. Les murs des salles et les fa
Jonas, à cause d'une pierre ornée de ca çades extérieures sont décorés de ta
ractères que les Musulmans ne laissent bleaux taillés dans la pierre avec une ad
pas voir, mais qu'ils gardent dans leur mirable fécondité de ciseau. Rois et vi
mosquée comme la pierre sépulcrale du sirs, prètres et idoles, eunuques et guer
prophète. A quatre lieues de Mossoul se riers, combats et fêtes joyeuses, tout est
trouve le village de Khorsabad, peuplé représenté : la vie des Ninivites vient se
de Kurdes demi-sang croisé d'Arabes : il dérouler miraculeusement devant nous,
est bâti sur une éminence isolée au mi depuis les symboles religieux jusqu'aux
lieu de la plaine, éminence factice de 12 usages domestiques, depuis l'orgie du
à 13 mètres de hauteur. Sur le plateau triomphe jusqu'au supplice des vaincus.
qui forme le sommet étaient bâties une Ce palais passe aux yeux des habitants
cinquantaine de maisons d'assez pauvre étonnés pour une création de Satan. Sur
apparence. C'est en creusant l'emplace les façades sont admirablement représen
ment d'une de ces chaumières que M. Bot tés des personnages ailés, coiffés de bon
ta découvrit les premières sculptures as nets à corne ou à tète d'épervier, présen
syriennes. Bientôt on résolut de les dé tant une pomme de pin de la main droi
molir toutes et de poursuivre les fouilles. te, tandis qu'à leur main gauche est sus
Après six mois de travaux exécutés par pendue une corbeille ou un sceau. Un
des Nestoriens que les Kurdes avaient homme les accompagne, le front orné
décimês, on avait mis au soleil les restes d'une bandelette, la main élevée, condui
d'un vaste palais, comprenant quinze sal sant un bouc; —sans doute le prêtre as
les attenantes les unes aux autres, et for sistant la divinité.
mant un plan d'ensemble de 22,000 mè « Après les dieux et leurs acolytes,
tres carrés. La plupart de ces salles. dont vient le roi qui s'avance vers le chef des
quelques-unes ont de 30 à 35 mètres de mages; puis un cortége immense d'eunu
longueur, communiquent entre elles par ques, de guerriers, de personnages ap
des portes : d'autres sont isolées, plus portant des tributs. Les costumes, la
petites, et semblent avoir été réservées chevelure et la barbe, prouvent que la
pour l'habitation secrète. coquetterie la plus raffinée et la recher
« Ce palais est élevé sur une terrasse che la plus minutieuse, étaient d'étiquet
de 12 à 13 mètres en briques crues, sou te à la cour de Ninive.
tenue par un mur en pierres parfaitement « On remarque encore sur les façades
taillées et assemblées, toutes de même les gigantesques taureaux ailés, à tête
grandeur. Le système de construction humaine, coiffés d'une énorme tiare, qui
est celui de Babylone : il consiste en gros ornent les portes d'entrée. lls ont com
murs de 3 à 6 mètres d'épaisseur, en munément 5 mètres de hauteur et autant
briques séchées au soleil, posées à plat de longueur : c'est chez tous les peuples
et liées par un peu de boue : le bitume de ces contrées le symbole du créateur.
est aussi employé fréquemment, mais Il paraît qu'un lion de petite taille, en
sans doute, malgré ce qu'a dit Diodore chaîné, était placé au pied de chaque tau
de sa source intarissable, celle d'où il reau. Mais ces lions étant en métal ont
provenait n'aurait pu suffire pour ces été pillés. Les ennemis de Ninive ont
gros murs. Ces murs sont revêtus de exécuté à la lettre le passage de Nahum,
plaques d'un marbre gypseux, dur et gri 2, 9.
sâtre, qui se trouve dans le pays, et « A l'intérieur et sur les murs des Sal
dont les bancs énormes gisent à la sur les, des bas-reliefs très variés représen
face du sol. — Les murs ne portant pas tent soit des combats, soit des festins, où
trace de fenêtres, et leur hauteur n'étant tous les détails de la vie militaire et de
que de 4 mètres, il est probable que le la vie domestique sont reproduits, soit
NIN . 105 NIS
encore des exercices de chasse, etc. mes qui les accompagnent. Plusieurs frag
« On ne peut méconnaître sur ces mo ments, les plus importants, ont fait le
numents les guerres des Assyriens con chargement d'un navire, et ont été trans
tre les Juifs. Un roi , Osée peut-être, se portés à Paris. Quoiqu'il en soit , ajoute
remarque parmi les vaincus.Ailleurs, on M. Flandin, « la découverte de M. Botta
reconnaît des Ethiopiens et des Nubiens, justifiera Hérodote et la Bible aux yeux
qui sont peut-être ceux qu'Ezéchias as de ceux qui les accusaient d'exagération. »
siégé par Sennachérib avait appelés à son Ce résultat nous a paru assez impor
aide, et que le prince de Ninive poursui tant pour motiver les détails qui précè
vit dans leur pays. Parmi ces prisonniers dent. Devant la lumière de la science,
il en est qui sont tenus par des chaînes tombent les railleries naguère si puissan
passées dans la lèvre inférieure, ce qui tes du voltairianisme. Les récits de la
rappelle la menace, 2 Rois 19, 28. Bible ne sont pas des contes enfantés
« Un détail confirme aussi le témoigna par l'ignorance d'un petit peuple qui,
ge de l'Ecriture , qui dit que les chariots grossier et inculte, aurait admiré les
et les chevaux n'étaient pas en usage chez moindres choses comme des prodiges.
les Syriens et les Juifs ; on n'en voit pas La civilisation , le luxe, la grandeur de
dans les tableaux qui représentent des Ninive et de l'Assyrie, étaient en effet
combats avec ces peuples. — prodigicuses. Grande leçon de réserve et
« En parcourant la plaine immense qui d'humilité qui nous est ici donnée, et qui
s'étend de Mossoul ou Neïniveh jusqu'à doit nous faire sentir le besoin d'entou
Khorsabad (distance qui suppose quatre rer de notre respect les faits même qui
heures de marche), on rencontre de nom nous semblent étranges, lorsqu'ils nous
breuses traces de constructions et une sont attestés par cette parole qui s'affir
quantité considérable de tumuli hérissés me toujours plus comme la vérité.
de fragments de pierres et de briques. NISAN. v. Abib.
Evidemment des habitations, une ville, NISROC, idole des Ninivites, 2 Rois 19,
Ont Occupé ce vaste territoire à une seu 37. Es. 37, 38. Elle est complétement in
le époque ou à deux époques différentes. connue, et les fables des rabbins ne mé
Personne ne peut dire si, à l'une ou à ritent aucune confiance : les uns veulent
l'autre de ces époques, Ninive a compris qu'elle ait été faite avec une planche de
tout cet espace : mais on peut le présu l'arche, d'autres lui donnent la forme de
mer parcc qu'en Orient, dans ces temps la colombe, en souvenir de celle que Noé
reculés, il n'y avait pas plus qu'aujour envoya pour examiner la terre; d'autres
d'hui, entre la superficie des villes et prétendent qu'elle représentait Assur, le
leur population, la proportion qui existe fondateur du royaume des Assyriens ;
en Europe. On peut donc comprendre d'autres l'entendent d'un aigle, symbole
que Ninive ait eu cette étendue, surtout d'Ormuzd dans la religion des Perses ;
en se rappelant ce que Jonas en a dit. d'autres enfin de la planète de Saturne,
« Il y a cinq princes dont les conquê divisée en deux moitiés par l'anneau
tes glorieuses peuvent avoir été figurées qui l'entoure. Toutes ces opinions s'ap
sur les murs de Khorsabad : Tiglath-Pilé puient, d'une part, sur l'étymologie du
ser, Salmanassar, Sanchérib, Esarhaddon, mot qui, suivant les lettres qu'on en
et Nébucadnetsar I. On peut attribuer prend, peut signifier à peu près tout ce
Ces monuments soit à Sanchérib, soit à qu'on veut ; d'autre part, sur quelques
Esarhaddon , en supposant dans ce der usages connus de l'idolâtrie des anciens
nier cas, qu'Esarhaddon aura voulu re Perses. C'est en présence de cette idole
produire à la fois le souvenir des con que fut commis un affreux parricide : le
quêtes de son père et celui des siennes père ne fut point sauvé de la mort par le
propres. » culte qu'il lui rendait, ni les fils du crime.
M. Flandin a dessiné la totalité de L'idolâtrie ne donne ni le bonheur, ni la
ces bas-reliefs, tandis que M. Botta co moralité; elle ne garantit ni du péché, ni
piait les inscriptions en lettres cunéifor du malheur.
NO 106 N0
NITRE, sel qu'on ne trouve dans la ville, et lui donnaient des eaux pour mu
nature qu'à l'état de nitrate. On en dis railles. D'ailleurs, le sort de cette ville
tingue deux espèces différentes, l'une est cité à Ninive comme exemple ; Ninive
minérale, l'autre végétale : la première, et No sont comparées l'une à l'autre, et
connue des Hébreux sous le nom de né No doit, par cela même, avoir été en me
ther, est un sel lixiviel qu'on tire, en sure de supporter la comparaison. On
grande quantité, de l'eau salée de deux est donc assez généralement d'accord,
lacs de la vallée du Nil, et qu'on mêle ou, pour mieux dire, il est reconnu pres
avec de l'huile pour en faire du savon, de que sans contestation, qu'il s'agit, dans
nos jours encore. Les Egvptiens s'en tous ces passages, de la grande Thèbes
servaient pour l'embaumement des corps des anciens. Dans Nahum, No est accom
et pour le lavage des vêtements, Hérod. pagné du surnom de Amon ou Ammon
2, 87. cf. Jér. 2, 22. Prov. 25, 20. La (mal traduit la nourricière), qui lui avait
seconde, le borith, que nos versions ont été donné sans doute à cause du magni
traduit par savon, Mal. 3, 2. Jér. 2, 22., fique temple de Jupiter Ammon qu'elle
et par pureté, Job 9, 30., est un sel alca possédait, et c'est peut-être aussi com
lin qu'on tire de la cendre de certaines me allusion à ce culte que, dans Ezéchiel,
plantes salées, et qui, mêlé avec de elle est précédée d'un mot d'une asso
l'huile, est employé à fouler et à nettoyer nance à peu près semblable, hamon, qui
les habits : saint Jérôme fait remarquer, signifie multitude, et qui pouvait rappe
dans son commentaire sur le passage de ler l'idolâtrie de ses habitants. Le passage
Jérémie, qu'une espèce de ces plantes sa de Jérémie doit être traduit : « Je vais
lées portait encore, de son temps, le nom punir Ammon, dieu de No, » et non com
de borith. Le nitre végétal est l'objet me le portent nos versions. Amon était la
d'un commerce considérable dans les personnification du soleil quand il se
marchés de l'Orient ; mais la botanique trouve dans le signe du bélier, et Amoun,
n'a pas encore distingué et classé, d'une dans la langue de l'ancienne Egypte, dé
manière exacte et sûre, les différentes signait celui qui produit, celui qui fait
plantes salées des contrées méridionales. sortir la lumière des ténèbres. No signi
Les émanations animales sont indispen fie la possession ou la propriété, la por
sables à la formation de la plupart des tion, la résidence. No Amon était ainsi la
nitrates. possession d'Amon, la ville du dieu des
N0, Ez. 30, 14-16. Jér. 46, 25. Nah. sables, de Jupiter, dont le symbole était
3, 8. Les Septante l'ont presque partout le bélier. — Thèbes était l'une des plus
traduit par Diospolis. C'était, comme on anciennes, et peut-être la plus ancienne
le voit par ces passages, une ville consi des villes de l'Egypte. Fameuse dans la
dérable de l'Egypte ; mais il y avait en plus haute antiquité, elle avait reçu le
Egypte deux villes de ce nom : l'une, la nom de ville aux cent portes; son circuit
célèbre Thèbes, située dans la partie su était de 9 lieues. Elle était la résidence
périeure du pays ; l'autre dans la Basse des anciens rois d'Egypte, avant qu'ils
Egypte. Strabon dit de cette dernière eussent transporté leur cour à Memphis.
qu'elle est entourée de lacs ; c'est d'elle Elle couvrait les deux rives du Nil; ses
aussi que quelques auteurs, et notam maisons avaient de quatre à six étages ;
ment Champollion (l'Egypte Il, 131), ont elle était ornée de temples nombreux,
cru qu'il était question Nah. 3, 8., parce parmi lesquels on remarquait surtout ce
qu'il est dit d'elle qu'elle est située entre lui de Jupiter, dont on admire encore les
les fleuves, et qu'elle a la mer pour rem ruines colossales. On a dit que son éton
part. Cependant cette détermination peut mante population et ses richesses la met
s'appliquer à l'une comme à l'autre de ces taient en état de faire sortir ensemble
villes, comme à presque toutes celles de 200 charriots et 10,000 combattants par
l'Egypte, à cause des canaux nombreux chacune de ses cent portes. Les tom
qui, coupant le sol dans toutes les direc beaux des rois étaient magnifiques, et se
tions, isolaient, pour aiusi dire, chaque ressentaient souvent de la culture scien
NOD 107 NOE
temps de Strabon, elle n'était plus qu'un NODAB, 1 Chr. 5, 19., v. Jétur. 4
grand souvenir. Cornélius Gallus, pre NOE, fils de Lémec, Gen. 5, 29.,
mier préfet d'Egypte, l'ayant entièrement homme juste et intègre parmi ses con
renversée, il se forma, sur son emplace temporains, marchant avec Dieu, 6, 9.,
ment, plusieurs villages habités, comme fut au milieu de la condamnation générale
aujourd'hui, par des pâtres. Les restes de du monde de son temps, l'objet de la
quelques édifices qui donnent encore une grâce divine. Il fut épargné, lui et sa fa
idée de sa splendeur, sont répandus en mille, lorsque Dieu envoya les eaux du
divers lieux, dont les plus connus sont déluge pour couvrir la terre : seul juste
Axor et Luxor. L'obélisque admiré à Pa il fut seul sauvé. Sa justice était un té
ris appartient à cette grandeur dont les moignage vivant au milieu des hommes,
prophètes ont annoncé la fin. - On ne Son salut dut l'être de mème. Il construi
sait pas au juste à quelle destruction de sit l'arche, et Dieu la peupla des animaux
cette ville Nahum fait allusion , la plupart qui devaient ètre conservés pour la terre
des auteurs pensent que c'est Salmanas future, 6. 14. 7, 8. Quand les eaux se
sar qui l'aurait détruite, mais il n'est pas furent retirées, que l'arche se fut arrê
établi qu'il se soit avancé jusqu'au cœur tée sur l'Ararat et que la terre amollie
de l'Egypte : Rosenmuller pense au gé par le long séjour des eaux eut repris sa
néral assyrien Tartan, sous Sargon, et, fermeté, 8, 4. sq., Noé sortit avec les
dans cette supposition qui n'a rien d'in siens, bàtit un autel, offrit des holocaus
vraisemblable, l'allusion de Nahum se tes, et reçut avec l'arc-en-ciel l'assurance
rattacherait à la prédiction d'Esaïe 20, qu'un pareil événement ne se reproduirait
contre l'Egypte et l'Ethiopie. plus sur la terre avec les mêmes circons
NOB, ville de la tribu de Benjamin, si tances, 8, 18. sq. Dieu renouvela avec ce
tuée sur une colline rocailleuse du haut nouveau chef de la création l'alliance qu'il
de laquelle on embrasse d'un coup d'œil avait faite avec Adam, il lui remit les clefs
toute la contrée de Jérusalem, Es. 10, du monde, et lui annonça que dès ce m0
32. Le sanctuaire s'y trouvait du temps ment la viande des animaux qui lui était
de Saül, ainsi que le souverain sacrifica auparavant interdite, lui était accordée
teur Abimélec, 1 Sam. 21, 1. 22, 9. Jo pour son usage. Noé s'adonna aux tra
sèphe l'appelle Noba. vaux de la terre, planta la vigne, apprit à
NOBAH. 1° Homme. 2° ville, Nomb. connaître par une triste expérience les
32, 42. v. Kénath. effets dégradants du jus de ce fruit, mau
NOCES. v. Mariage. dit Cam, et mourut à l'âge de neuf cent
NOD, Gen. 4, 16, pays situé à l'orient cinquante ans, après en avoir passé six
d'Eden. C'est là que Caïn s'enfuit après cents dans l'ancien monde, un dans l'at
son fratricide. D'après l'analogie de tous tente, et trois cent quarante-neuf sur la
les anciens noms il faut combiner ce nom terre renouvelée, 9, 1-29.
avec son étymologie : il signifie exil ; La plupart des observations que nous
Caïn s'enfuit dans la terre de l'exil. Mais aurions à présenter sur son histoire ont
en mème temps, comme le texte hébreu été faites à l'article Déluge, q. v., car ce
ne porte point d'article, nous devons y mot aussi résume sa vie, son caractère et
NOE 108 NOE
son activité. Disons cependant encore dant quarante jours; après ce temps elles
quelques mots sur sa personne. commencèrent à se retirer et l'arche s'ar
1° Son nom lui fut donné, parce que, rêta sur la crête de l'Ararat; le déluge
dit son père, « celui-ci nous soulagera avait duré jusque-là cinq mois ou cent-cin
de notre œuvre et du travail de nOs quante jours ; ce fut le dix-septième jour
mains sur la terre que l'Eternel a mau du septième mois. En l'an 601 de la vie
dite. » Lémec exprime ici une espérance de Noé, le premier jour du premier mois
qui se rapporte aux promesses faites par les eaux avaient disparu, mais ce ne fut
Dieu après la chute de l'homme. C'est que le vingt-septième jour du deuxième
une des premières traces de l'espérance mois que Noé sortit de l'arche. Les meil
messianique. Lémec voyait que le péché leurs chronologistes sont de l'avis qu'il
était arrivé à son comble, et que le juge faut commencer par l'équinoxe d'automne
ment ne pouvait guère se faire attendre : l'année dont il est question dans notre
il prévoyait que son fils serait un instru texte ; l'an 600 de la vie de Noé aurait
ment remarquable dans la main de Dieu, ainsi commencé vers l'équinoxe d'autom
et il paraît que lui aussi, comme tant ne, l'an 1656 du monde.
d'autres, a rapproché dans la perspective 4° L'histoire de Noé s'est conservée
prophétique des faits qui sont séparés dans les traditions de tous les pays et
par des siècles, le jugement prochain et même chez les sauvages des Antilles et de
le dernier jugement, 5, 29. l'Amérique du nord. On a retrouvé quel
2° On a remarqué l'emploi alternatif du ques médailles frappées à Apamée en
nom de Dieu, et de celui d'Eternel, et Phrygie, où l'on croyait que l'arche s'était
l'on a cru pouvoir en conclure que l'his arrêtée; elles portent sur une des faces
toire de Noé était un composé de deux l'effigie soit de l'empereur Philippe, soit
documents distincts, dont l'un, (celui de Septime Sévère Pertinax, et sur l'au
d'Eternel), serait exclusivement israéliti tre revers une arche flottante, un vaisseau
que; on ajoute que c'est dans celui-là carré long, dans lequel sont un homme et
seulement que se trouve la distinction une femme; sur l'arche est un oiseau; un
établie plus tard par le mosaïsme, des autre oiseau s'avance en volant, tenant
bêtes nettes et des bêtes impures. Nous entre ses pattes une branche d'olivier ;
renvoyons à ce que nous avons dit sur ce sur l'arche on lit distinctement le nom de
sujet à l'art. Genèse. Quant à la distinc No ou Noé : près de là ce même couple
tion des animaux nous croyons avec plu apparaît debout sur la terre ferme, éle
sieurs auteurs, qu'elle n'est point ici lé vant la main droite vers les cieux. Le seul
gale, mais naturelle, et que Noé a pris exposé des traditions du déluge chez les
sept paires des animaux qui sont utiles à Mahométans, les Indous, les Chinois, etc.,
l'homme , tels que le bœuf, la brebis, le formerait un volume : qu'il suffise de ré
chameau, tandis qu'il n'en a pris qu'une péter que partout ce fait est conservé, et
des animaux sauvages ou féroces, le ti qu'il est rare que ce soit avec des détails
gre, le lion, le serpent, etc. On comprend beaucoup différents de ceux que la parole
qu'avec le droit nouveau donné à l'homme de Dieu nous a transmis. Si l'on désire
de se nourrir de chair, il était nécessaire encore des faits et des exemples, on peut
qu'il eût à sa disposition des animaux lire l'intéressant ouvrage de Grotius De
purs en nombre suffisant, car leur propa Veritate Rel. Christ. I, et les rapports
gation eût été trop lente pour les besoins des missionnaires chez les peuples païens,
du nouveau monde. Et quant aux carni Kranz au Groenland, Oldendorp aux An
vores, il suffisait qu'ils pussent se re tilles, etc.
produire, et le genre même de leur nour 5° L'ivresse de Noé fut une faute évi
riture exigeait qu'ils ne fussent pas trop demment involontaire, soit que le fruit
nOmbreux dès l'abord. de la vigne avant le déluge n'eût pas en
3° Le déluge a commencé l'an 600 de core sa force enivrante, soit plutôt que la
la vie de Noé, au dix-septième jour du vigne n'eût pas encore été cultivée et que
deuxième mois; les eaux s'accrurent pen son usage fût alors inconnu. Il est pro
NOE 109 N0M
bable qu'avec l'usage d'une nourriture mille, est une image de l'église dans la
plus solide et certainement moins saine quelle Christ sauve ses élus, sa parenté
que Dieu accorda à l'homme, le besoin spirituelle, sa chair et ses os, Hébr. 2,
d'une boisson plus forte se fit également 14. Eph. 5, 30; d) par le sacrifice qu'il
Sentir , l'un et l'autre de ces aliments au offrit à Dieu et dans lequel celui-ci flaira
ront contribué à l'exécution de la menace une odeur d'apaisement, disant qu'il ne
divine quant à la durée de la vie humaine ; maudirait plus la terre, Gen. 8, 21. cf.
ils auront influé lentement sur les généra Eph. 5, 2. , , !…!
Sérug, à 230, Nacor, à 148, Taré, à 205, NOM. Chez les Orientaux et, en par
Abraham, à 175, Isaac, à 180, Jacob, à ticulier, chez les Hébreux, tous les noms
147. L'ivresse était un spectacle entière avaient, en règle générale, une significa
ment nouveau pour le monde, et il est à tion appellative plus ou moins claire et
croire que l'irrévérence de Cam se rap simple, comme cela se voit encore assez
portait à l'état de son père en général et souvent chez les peuples modernes, et,
non pas seulement à ce que son corps en français, dans des noms tels que Du
était découvert. v. Cam. moulin, Deschamps, Leroy, Hardy, Agri
6° Si la grandeur de Noé est dans son col, Legendre, etc. C'étaient ordinaire
sort, ce sort même a dû être le prix de sa ment les mères qui donnaient le nom aux
grandeur. Il avait mérité d'être sauvé, il enfants, et ce nom rappelait, soit les cir
l'avait mérité par sa foi. Au milieu de la constances qui avaient précédé ou accom
dépravation universelle, il était resté juste pagné leur naissance, soit des préoccu
devant Dieu, Gen. 7, 1. Son nom est rap pations, des craintes ou des désirs, des
| pelé avec éloge à côté de ceux de Job et Souvenirs ou des vœux ; ils faisaientainsi
de Daniel, Ez. 14, 14. 20. Son époque, connaître, tantôt un détail de l'histoire
tranquille au milieu des vices, incrédule de l'enfant, tantôt les pressentiments de
sous la menace du déluge, est donnée en la mère , on peut voir ce que dit l'Ecri
exemple au monde nouveau, au monde ture au sujet des noms d'Eve, de Caïn,
chrétien, par celui qui doit revenir pour d'Abel, de Noé, etc., Gen. 3, 20. 4, 1.
exercer ses jugements sur la terre, et le 5, 29. 29, 32., etc. Tous les noms hé
Sauveur avertit les hommes qu'on n'évi breux commençant ou finissant par El,
tera pas la destruction par l'insouciance Eli, Jo, Jéh, tels que Elkana, Samuel,
et l'incrédulité, Matth. 24, 37. 38. Luc Eliakim, Josias, Jéhoachaz, etc., ont une
17, 26. 27. L'apôtre loue la foi de Noé, signification dont Dieu est le sujet ou
Hébr. 11, 7., et saint Pierre, en le nom l'objet, cf. Gen. 29, 35. 1 Sam. 1, 20. 4,
mant, l'appelle le prédicateur de la jus 21. Es. 7, 14. Matth. 1, 23.; de même
tice, 1 Pierre 3, 20. 2 Pierre 2, 5. Esaïe les noms araméens, assyriens ou phéni
a appelé les eaux du déluge, du nom de ce ciens, dans lesquels se rencontrent les
lui qui seul a échappé à cette catastrophe, syllabes Bel, Bahal, Nébo et Nébu, ont
les eaux de Noé,54, 9. trait aux faux dieux de ces nations. En
7° Considéré comme type, ce second français, nous avons les noms de Louis
chef de l'humanité annonce le Sauveur du de Dieu, de Dieudonné, d'Espérandieu,
monde: a) par son nom, cf. Matth. 11, qui rappellent l'antique usage des Ilé
29.; b) comme héraut de la justice, c) parce breux; en allemand aussi Gottlieb, Ehre
que l'arche dans laquelle il a sauvé sa fa gott, etc. D'autres noms, tels que Ra
NOM 110 NOM
chel, Thamar, Ketsiha, donnés plus gé sonnes de même nom, un nom du lieu
néralement à des femmes, rappellent des d'origine, Marie •§
Judas Isca
idées aimables et gracieuses; ce sont par riote, etc. C'était, comme nous l'avons
fois des noms de fleurs ou de jolis ani dit, la mère ou, en général, les plus pro
maux, rose, biche, etc. Plus tard, lors ches parents qui donnaient le nom à l'en
qu'on eut suffisamment usé du droit d'in fant, Gen. 29, 32. 35, 18. 1 Sam. 1, 20.
venter, on se mit à donner aux enfants 4, 21. cf. Odyss. 18, 6.; des voisins amis,
des noms déjà existants, que l'on choisit espèces de parrains, y contribuaient quel
tantôt par goût, tantôt parmi ceux des pa quefois comme chez nous, Ruth 4, 17.
rents les plus rapprochés ou les plus con Luc 1, 59.
sidérés. Le nom du père passait ordinai Il arrivait aussi que le nom d'une per
rement à son fils aîné, Tobie 1, 10. Luc 1, sonne était changé dans le cours de sa
61.; parfois aussi la préfixe bar, qui si vie, par suite d'une destination divine
gnifie fils, s'ajoutait simplement au nom nouvelle, d'une promesse, ou d'un chan
d'un homme pour désigner son fils, ainsi gement de dispositions, soit que le nou
Barthélemi, Bartimée, Barjona, peut-être veau nom remplaçât entièrement l'ancien,
Barrabas; les exemples de ce dernier soit qu'il en prît la place petit à petit, et
mode appartiennent surtout aux derniers que le surnom finît par éclipser le nom
temps de la nation juive et à la domina véritable, Abraham pour Abram, Israël
tion romaine. Les Juifs postérieurs abré pour Jacob, Josué pour Osée, Pierre
gèrent souvent les anciens noms : ainsi pour Simon, Barnabas pour Joses, etc.
Jésuah pour Jéhosuah, Lazare pour Eléa Le nom des rois changeait souvent à leur
zar; ils admirent des noms araméens, avènement, 2 Rois 23, 34. 24, 17., exem
tels que Marthe, Caïphe, Tabitha. Sous ple que les princes-papes ont imité : il
les Séleucides, les Juifs prirent des noms en était de même de personnes subalter
grecs, ou traduisirent en grec leurs noms nes dans des moments importants de leur
hébreux : Lysimaque, Antipatros, Béré vie, Nomb. 13, 17. cf. Jean 1, 42. Act.
nice, Hérode, se trouvent, soit dans les 4, 36., comme les moines, à leur entrée
Maccabées, soit dans Josèphe; Dosithée dans le cloître, prennent, pour ensevelir
est la traduction de Sabdiel ; Nicolas, de leur passé, un nom nouveau, qui est
Balaam ;Ménélas, de Jonia; d'autres noms censé en faire des hommes nouveaux.
hébreux, enfin, furent grécisés dans leur Nathan donne à son royal élève le nom
forme, et Alkimos n'est autre qu'Elia de Jédidja, 2 Sam. 12, 25. Eliakim fut
kim. Ce qui n'était peut-être d'abord nommé Jéhojakim par Pharaon-Néco qui,
qu'une manie ou une obligation passa par ce changement, voulut rendre sensi
bientôt dans les mœurs : on prit des noms ble la dépendance du roi de Juda, 2 Rois
· grecs par goùt, on y joignit même des 23, 34. — Le surnom de Boanergès, que
noms latins, tels que Justus. Avec le Jésus donna à Jean et à Jacques, Marc
temps, et par suite de ce mélange des 3, 17., ne paraît pas leur être resté; il
deux langues, il se trouva des hommes n'avait trait qu'à une circonstance bien
qui portaient deux noms : Jean Marc , tôt effacée, et ne portait qu'un jugement
Jésus Juste, Col. 4, 11.: si ces cas n'é- momentané sur un caractère parfois trop
taient pas très rares, on les a cependant fougueux. Les exemples cités Gen. 41,
trop généralisés en voulant y trouver la 45. Dan. 1, 7. 5, 12., sont des change
solution d'un grand nombre de difficul ments de noms nécessités non - Seule
tés historiques ou généalogiques des li ment par un changement de carrière,
vres saints. Un homme pouvait porter, à mais encore et surtout parce que CeS
côté de son nom, celui de son père avec hommes, Joseph et Daniel,appelés à rem
l'affixe Bar, comme Joseph Barrabas, ou plir de hautes fonctions dans une cour
bien tel nom ou surnom de circonstance, étrangère, ne pouvaient pas continuer
Simon Céphas ou Pierre, Joses Barnabas, d'y porter leurs noms hébreux.v. encore
Simon Cananite, Simon de Cyrène, ou l'article Paul, et d'autres.
bien encore pourdistinguer plusieurs per NOMBRES. On ne sait pour ainsi dire
NOM 111 NOM
rien de tout ce qui concerne les connais ver dans toute l'étendue du royaume
sances arithmétiques des Hébreux, mais 1,300,000 combattants ; Abija en oppose
il ressort des chiffres et des sommes 400,000 aux 800,000 de Jéroboam, 2 Chr.
considérables mentionnées en plusieurs 13, 3.; et l'armée du seul Josaphat, roi
endroits, et pour lesquels l'addition et la de Juda, se compose de 1,160,000 hom
soustraction n'eussent pas suffi, qu'ils mes, 2 Chr. 17, 14-18 ; chiffres énormes
devaient connaître au moins les quatre si l'on pense à la conscription française,
règles principales et les fractions. Ils se ou aux services à court temps des Etats
servaient, comme on le voit entre autres de l'Allemagne, mais qui ne sont plus
par les médailles samaritaines, de lettres aussi étonnants quand on se rappelle les
au lieu de chiffres, de même que presque milices des pays libres, tels que la Suisse
tous les anciens peuples jusqu'aux Grecs et les Etats-Unis, et les levées en masse
et aux Romains. Quelques auteurs (Des de l'antiquité et du moyen-âge, v. Ar
Vignoles, I, 29), ont cru cependant que mées.Ces chiffres ne sont pas pour nous
les Hébreux avaient aussi des chiffres des articles de foi; nous admettons vo
particuliers, mais dans tous les cas ces lontiers que, d'après la notation hébraï
chiffres ne remonteraient pas au-delà de que, des erreurs de chiffres fussent assez
l'exil. La numération en lettres, et en faciles, et que les livres des Chroniques
lettres dont plusieurs ne différaient que spécialement puissent en renfermer quel
par des caractères presque insensibles, ques-unes, mais il faut remarquer que
pouvait amener dans la transcription tous les manuscrits sont d'accord sur les
beaucoup d'erreurs. On s'est attaché à ce mêmes chiffres, et que la traduction des
point de vue pour faire ressortir l'ap Septante les maintient également. D'ail
parente exagération qui se trouve dans leurs ces 12 ou 1,300,000 hommes suppo
plusieurs des chiffres cités dans l'Ancien sent une population de 4,800,000 âmes,
Testament. Ainsi les chiffres de 600,000 en admettant quatre personnes par fa
hommes de pied, sans compter les petits mille, ou de 6 millions en calculant sur
enfants, de 603,550 hommes au-dessus cinq personnes par familles, et ces nom
de vingt ans, Ex. 12, 37. 38, 26., qui bres ne sont pas exagérés quand on les
porteraient à 2 ou 3 millions la popula compare à la densité de population si
tion totale des Israélites au sortir d'E- prodigieuse qu'on rencontre dans les
gypte, issue de 70 personnes après un pays de l'Orient, et notamment dans
laps de 430 années au plus, ont paru exa quelques provinces de la Chine. ll paraît
gérés, soit quant au fait même de la repro même que plus tard, sous Titus, la Pales
duction, soit quant au terrain qu'ils occu tine était beaucoup plus peuplée encore
paient en Egypte, soit quant à la difficulté que sous David, et l'historien Josèphe
que ce peuple aurait eue à se procurer des assure que la Galilée seule comptait deux
vivres dans le désert. Mais qu'on se rap cent quatre villes et bourgs, dont le
pelle l'étonnante fécondité du peuple juif, moins considérable avait 15,000 habi
l'incertitude qui règne surlaplus ou moins tants; ce serait donc plus de 3 millions
grande durée du séjour d'Egypte, la lon d'âmes pour une seule des quatre pro
gévité des patriarches, et l'absence de vinces de la Palestine. On ne risque donc
guerres ou d'autres sources de destruc point de se tromper en admettant les
tion extraordinaires, et l'on arrivera fa données bibliques, et l'examen de la
cilement par des calculs très simples à science vient encore une fois appuyer et
un chiffre de population plus élevé qu'on non contredire le récit biblique sur des
ne s'y attendait d'abord ; ces impossibi points en apparence bien secondaires.
lités matérielles se résoudront comme se On a remarqué dans l'Ecriture la re
sont résolues celles qu'on avait essayé production fréquente de certains nom
de faire sur la petitesse de l'arche de Noé, bres, destinés, soit à exprimer des som
desquelles on ne parle plus maintenant. mes rondes, soit à rappeler certaines
· - Plus tard, aux jours de David, nous idées sacramentelles ; ainsi les chiffres
voyons, 2Sam. 24, 9., qu'on pouvait trou Sept, soixante-dix, deux, quatre, dix,
NOM 112 NOM
quarante, trois, douze, etc. Disons un notes principales en musique, et les sept
mot de chacun. planètes. On sait enfin le rôle que ce chif
Le chiffre sept, et son multiple soixan fre sept joue dans la nature et dans le
te-dix, sont ceux qui se retrouvent le plus développement de l'homme. Ce n'est pas
souvent : les nations païennes les regar ici le lieu d'entrer dans des détails ; avec
daient comme des n0mbres sacrés, et si l'observation et un peu de bonne volonté,
l'Ecriture ne sanctionne pas ce qu'il y a on pourrait multiplier à l'infini des faits
de superstitieux dans le culte des chif et des exemples analogues. On a abusé
fres, elle en a cependant consacré quel du droit d'imagination , mais à l'origine
ques-uns en leur rattachant des doctri de toutes les recherches discrètes ou in
nes ou des lois. Le septième jour de la discrètes qu'on a faites sur ce nombre,
semaine, l'année sabbatique, la septième se trouve évidemment l'œuvre de Dieu
nouvelle lune, les sept semaines de mois aux jours de la création; le septième jour
sons qui séparaient Pâques de Pentecôte, a été un point d'arrêt, un nœud : il était
les sept jours de la Pâque, les sept impossible qu'un début pareil n'exerçât
agneaux qu'on sacrifiait à chaque jour pas sur l'esprit de tous les hommes une
de cette sainte semaine, en sont quelques grande influence. Sept a été considéré
exemples ; on peut citer aussi la fête des comme le chiffre de l'alliance, Dieu s'u-
tabernacles, qui durait sept jours et tom nissant avec l'homme : les Hébreux l'ont
bait sur le septième mois, de même que si bien compris que chez eux le même
celle des expiations. Sept jours étaient mot shéba (sieben), signifie également
la durée légale des purifications cérémo sept et alliance (v. Béersébah, puits du
nielles ;la consécration des prêtres du serment), et l'on sait que les peuples de
rait sept jours : dans les sacrifices pour l'Orient ont l'habitude de faire intervenir
de graves péchés, l'aspersion du sang se le nombre de sept dans leurs contrats,
faisait par sept fois, etc. La doctrine pos et de jurer sur sept pierres. S'il y a là
térieure des anges comptait sept archan quelque chose de plus nous le saurons
ges ou anges principaux. On peut voir un jour, mais on aurait tort de ne répon
ces différents articles. Rappelons encore dre à la superstition que par l'incrédulité
parmi les exemples de l'Ancien Testament ou la raideur de l'esprit fort. Le livre de
les sept nations cananéennes, les soixante la nature ne nous est pas encore tout
dix semaines de Daniel, les soixante-dix ouvert, et s'il renferme des mystères que
années de la captivité, les soixante-dix nous reconnaissons sans les comprendre,
anciens d'Israël(les soixante-dix disciples il en renferme d'autres peut-être que nous
de Jésus, la lettre aux sept Eglises), etc. pressentons sans les reconnaître.
cf. Gen. 2, 2. 7, 2, 8, 10. 12. 29, 27.30. Le chiffre deux, la dualité, marque ha
41, 2-7. 46, 27. Nomb. 23, 1. Jos. 6, 4. bituellement l'opposition, et par consé
6. 8. 13. 15. Jug. 16, 8. 13. 19. 1 Sam. quent une imperfection, un état anormal,
10, 8. 11, 3. 13, 8. 1 Rois 8, 65. 2 Rois Dieu et le diable, le jour et la nuit, une
5, 10. 14. Eccl. 11, 2.; puis dans le lan famille sans enfants : c'est aussi l'amitié,
gage des prophètes, Es. 4, 1. Ez. 39, 12. l'association, mais limitée, incapable de
| 14. 40, 22. 26. 43, 25. 44, 26. 45, 21.23. se reproduire ou de se continuer.
25. Zach. 3, 9. 4, 2.10. Dan. 4, 16.23. 9, Trois exprime la plus simple des plu
24. Mich. 5, 5., et dans le Nouveau Tes ralités complètes, le plus petit groupe
tament, Matth. 15, 34. 36. Act. 6, 3. 21, possédant son milieu et ses extrémités ;
8. Apoc. 1, 4. 12. 8, 2.6. 10, 3. 11, 13. c'est la forme fondamentale du dévelop
12, 3. 13, 1. 15, 1.6. 16, 1. 17, 1. 21, 9. pement : il est en quelque sorte naturel et
Les écrits de Philon montrent combien se manifeste en psychologie dans les tri
les Juifs philosophes de son temps atta ples facultés physiques, morales et intel
chaient une importance mystérieuse à lectuelles de l'homme : il se retrouve dans
ces chiffres ; les pythagoriciens grecs y la notion du passé, du présent et de
voyaient de même bien des choses, et l'avenir , le chrétien le voit dans l'unité
rappelaient les sept couleurs, les sept mystérieuse du Père, du Fils et du Saint
NOM 1 13 NOM
Esprit, et dans les trois jours de la sé nombre rond. Cependant, comme mul
pulture. On le retrouve dans la constante tiple de quatre (le monde) et de dix (la per
et significative reproduction de certaines fection, le tout parfait), on a cru qu'il
formules : la foi, l'espérance et la charité ; était d'une manière spéciale l'emblème des
Abraham, Isaac et Jacob; Pierre, Jacques actes ou choses qui travaillent à perfec
et Jean (aujourd'hui on dit Liberté, Ega tionner le monde, qui servent à le para
lité, Fraternité). Pour les Juifs, il se chever, bien ou mal, presque toujours
trouvait dans l'obligation de célébrer trois l'épreuve dans son sens le plus large.
fois l'an une fête solennelle, et de se ren Aux jours du déluge il plut pendant qua
dre trois fois à Jérusalem, Ex. 23, 14. rante jours et autant de nuits; Isaac était
Deut. 16, 16.; dans la triple bénédiction âgé de quarante ans quand il se maria ;
de l'Eternel qui rappelle l'invocation pro Esaü de même; la vie de Moïse est par
noncée sur le baptême d'eau, Nomb. 6, tagée en trois époques de quarante an
24. cf. Matth. 28, 19.; dans la triple sain nées chacune; Moïse resta quarante jours
teté rappelée par les Chérubins, Es. 6, 3., sur le Sinaï, l'exploration de Canaan dura
et expliquée Jean 12, 41. On peut voir quarante jours, le voyage du désert qua
encore Jér. 7,4. 22, 29. Jon. 2, 1. Jean 2, rante ans; Hothniel procura aux lsraé
19.2 Cor. 12, 8. et un grand nombre lites un repos de quarante ans, Débora
d'autres passages, soit de l'Ancien, soit de même ; c'est d'un servage de quarante
du Nouveau Testament. — Les trois heu ans que Gédéon delivra son peuple ; Elie
res de prière de Daniel et des Juifs pos marcha quarante jours et quarante nuits
térieurs, Dan. 6, 10., se rattachent à la jusqu'en Horeb ; notre Sauveur passa
division du jour en trois parties plus qu'à quarante jours au désert de la tentation,
la signification du chiffre trois lui-même. il monta au ciel quarante jours après sa
Quatre est le chiffre du monde ; il se résurrection; v. encore Gen. 8, 6.32, 15,
trouve dans les quatre points cardinaux Jos. 14, 7. Ez. 29, 1 1. Jon. 3, 4. etc.
et dans les quatre bras du fleuve d'Eden, D'autres nombres reparaissent encore
de même que dans le tétragrammaton, les ci et là dans l'Ancien Testament avec une
quatre lettres hébraïques du nom de Jé certaine régularité qui, toutefois, n'était
hovah le Créateur. absolument qu'une affaire d'habitude ;
Dix est l'addition des chiffres Sacra ainsi huit précédé de sept désigne une
mentels trois et sept; il représente la per quantité indéterminée, Mich. 5, 5. Eccl.
fection. 11, 2. (v. sur tout ce sujet les ouvrages
Douze, trois par quatre, c'est le déve allemands de Baehr, Symb. du culte mos.
loppement du monde, le monde travail l, 155, et Schrœder sur la Genèse).
lant à revenir à son état naturel de paix Le nombre de la bête, ou de son nom,
et d'ordre, Dieu travaillant dans le monde Apoc. 13, 17. 18., désigne le chiffre qui
déchu pour le relever en le régénérant : s'obtient en calculant la valeur des lettres
les douze fils de Jacob, les douze tribus, qui composent ce nom : ici est la sagesse,
les douze apôtres, les douze portes et les dit l'apôtre, et malgré tous les essais faits
douze fondements de la nouvelle Jérusa jusqu'à ce jour, on n'a pas encore trouvé
lem. Pressentiment ou science positive , ce nom mystérieux; on y a vu tour à
l'année a toujours été divisée en quatre tour Néron, César, Mahomet, plusieurs
saisons de trois mois chacune, ou douze papes, quelques rois de France, et même
mois, après lesquels la nature se retrouve Luther, mais pour trouver ce dernier
dans le même état qu'à son point de dé chiffre il faut écrire Loulther, ce qui
part; ce sont les douze signes du zodiaque change un peu. Nous n'insistons pas sur
qui partagent le ciel. ce chiffre dont la recherche appartient à
Le chiffre quarante, qui se reproduit l'étude de la prophétie, et nous ne pro
assez souvent dans l'Ancien Testament, posons, ni n'adoptons aucun nom : la bête
ne se rattache à aucune loi ni institution ; ne s'est pas encore pleinement manifes
il est en quelque sorte accidentel, et tée, et ses efforts pour abrutir l'humanité
sert peut-être quelquefois à désigner un et lui ôter sa foi ne sont pas encOre ar
II. 8
NOU 11 4 NOU
rivés au point extrême où elle méritera et leur avait interdit absolument l'usage
de toute manière le nom que l'Ecriture des viandes suivantes, soit pour des rai
lui donne. sons hygiéniques, soit par des motifs de
2o Livre des Nombres, ainsi nommé gouvernement intérieur, pour attacher
parce que ses trois premiers chapitres les Hébreux à l'agriculture, ou pour éle
contiennent les dénombrements des Hé ver entre eux et les peuples païens une
breux, qui se firent après la consécration barrière infranchissable.
du tabernacle. Les Hébreux l'appellent a) Toute bête morte de mort naturelle,
Vayedabber (et il parla), d'après les mots ou trouvée dans les champs déchirée
par lesquels il commence, ou Bammid par quelque animal sauvage. Celui qui en
bar (dans le désert), parce qu'il renferme avait mangé devait se baigner et laver ses
l'histoire des trente-neuf années que les habits, et il était regardé jusqu'au soir
Hébreux passèrent au désert après la comme entaché de souillure légale, Ex.
promulgation de la loi, entre le désert de 22, 31. Lév. 17, 15. Deut. 14, 21. cf. Ez.
Sinaï et les plaines de Moab. Il y a peu 4, 14. Le Nouveau Testament appelle ces
de chose à dire sur sa composition : les viandes du nom général de bêtes étouffées,
incrédules ont naturellement cherché à le c'est-à-dire dont la vie ne s'en est pas
morceler, ils y ont vu tout ce qu'ils ont allée régulièrement avec le sang, mais a
voulu, des intercalations, des mythes, été en quelque sorte comme comprimée
des fables, des exagérations; le chrétien et étouffée intérieurement, Act. 15, 20.
y voit l'ouvrage de Moïse et la vérité di 29. 21, 25. Le Coran rappelle des pré
vine. Nous ne réfuterons pas des erreurs ceptes analogues, et le motif en est dans
qui n'ont pas de champions chez nous, le dégoût naturel que chacun éprouve
et pour ceux qui désireraient connaître pour un cadavre : Moïse le rattache à la
ce qu'on a mis en avant et ce qu'on a sainteté devant Dieu et à l'isolement dans
répondu, nous renvoyons à Haevernick, lequel son peuple doit vivre du monde et
Einl. in das alte Test. I. 481-521. — On de ses souillures.
divise ce livre en trois parties principales. b) Le sang et toute chair sanglante (le
1o Ch. 1-1 1, préparatifs pour le départ, poisson peut-être excepté), Lév. 3, 17.
dénombrement, diverses lois et prescrip 7, 26. 17, 10-14. 19, 26. Deut. 12, 16.23.
tions. 2° Ch. 14-21, voyage dans le dé cf. 1 Sam. 14, 32. Ez. 33, 25. Act. 15,
sert, murmures et incrédulité du peuple, 20. L'usage en était interdit sous peine
châtiments, exploration du pays, rébel de mort, Lév. 7, 27. 17, 10. cf. Judith 11,
lion de Coré, mort de Marie , serpents 11. Cette défense reposait, soit sur l'idée
brûlants, Hog et Sihon, arrivée dans les que l'âme de la bète est dans son sang,
plaines de Moab sur les confins de Ca soit aussi sur le fait que le sang des ani
naan. — 3° Ch. 22-36, dispositions du maux appartenait à l'Eternel, comme ex
peuple, histoire de Balaam, recensement, piation des péchés, Deut. 12, 23. Lév. 17,
récapitulation, ordonnances, guerre avec 11.; peut-être aussi était-ce une interdic
les Madianites, lois sur les héritages. tion destinée à faire ressortir la coutume
NOPH, Es. 19, 13., v. Memphis : ville criminelle des Phéniciens et d'autres peu
royale d'Egypte, avec des temples de ples païens qui dans leurs sacrifices man
faux dieux; elle comptait des Juifs parmi geaient du sang , ou le mêlaient avec du
ses habitants, Jér. 2, 16.44, 1. 46, 14. vin pour le boire, cf. Psaum. 16, 4. Un
Ez. 30, 13. 16. principe d'humanité s'y rattachait égale
NOPHAH, ville moabite située au-delà ment, et les Hébreux devaient puiser dans
du Jourdain, Nomb. 21, 30. l'horreur du sang l'horreur de la cruauté
NOURRITURE. On peut voir aux dif envers les animaux. — Le Coran contient
férents articles quels étaient les aliments une défense semblable.
dont, parmi les Hébreux, les riches et les c) Certains morceaux de la graisse du
pauvres se servaient le plus habituelle bœuf, de la chèvre et de la brebis, notam
ment. La loi avait jusqu'à un certain point ment la queue, ordinairement très four
réglé sous ce rapport leur mode de vivre, nie de graisse, de ce dernier animal. Ces
NOU 115 NOU
et ils en indiquent quatre, Mishna Chol leur moyenâge, ont emprunté au judaïsme
lin 3, 6. aboli, et au paganisme qu'ils condamnent,
Comme fondement et source de toutes des interdictions de viande, déjà annon
ces prescriptions, se trouvait avant tout cées par saint Paul, qui appelle en con
le principe théocratique, Lév. 20, 24. ; séquence ces docteurs « des révoltés de la
mais il s'y mêlait, ainsi que nous l'avons foi, adonnés aux doctrines des démons, »
vu, un grand nombre d'idées secondaires, 1 Tim. 4, 1-3. -
tes avaient été les témoins, et l'arche le des réunions privées à côté du culte pu
théàtre, pendant les quarante années du blic. Rom. 16, 5. 1 Cor. 16, 19. Une
désert, un symbole visible de la présence troisième explication entendait « l'Eglise
de Dieu ; de même encore, Ex. 40, 34. qui est en sa maison » du culte domestique
Es. 6, 4. Ez. 10, 4. Saint Jean dit pareil de Nymphas; mais une famille ne s'assem
lement dans l'Apocalypse, 15, 8. « Et le ble pas, elle est toujours réunie.
temple fut rempli de la fumée qui procé
dait de la majesté de Dieu et de sa puis 0
sance. » Une nuée est comme l'enveloppe
extérieure de celui qui ne se montre point OBED, Ruth 4,17-1 Chr. 2, 12. Matth.
à des yeux d'homme, et qui veut se ma 1, 5. Luc 3, 32., fils de Booz et de Ruth,
nifester dans sa gloire et non dans son père d'Isaï , et grand-père de David, si
humanité. Les païens ont pressenti, ou toutefois aucune génération n'est passée
emprunté au judaïsme, ce symbole, et SOus silence. Il se trouve sur les deux
leurs divinités vont jusqu'à prêter aux listes généalogiques de notre Sauveur,
hommes qu'elles protégent la nuée qui mais sa personne ne nous est connue que
doit les soustraire à la vue des mortels, par la joie que sa naissance causa à ses
Virg. AEn. liv. I. pieux parents. -
NUIT. Chez les anciens Hébreux, elle OBLATION, nom général qui, dans le
précédait le jour, et c'est ainsi que s'ex gouvernement théocratique de la Judée,
plique l'expression ordinaire des jours de pouvait s'appliquer aux impôts civils,
la création : « Ainsi fut le soir, ainsi fut aussi bien qu'aux dons volontaires des
le matin. » Elle se divisait, comme le fidèles. v. Impôts, et Offrandes.
jour, soit en douze heures, soit en trois OBOLE, signifie littéralement une barre
ou quatre parties. v. Veilles. La nuit, dans de fer, puis une monnaie grecque de la
un sens figuré, signifie des jours de tri valeur de 15 centimes environ, parce
bulation, d'adversité, Ps. 17, 3. Es. 21, que, dans leurs temps primitifs, les Grecs
12. cf. Jean 9, 4.1 Thess. 5, 2. Les en s'étaient servis de fer en guise de mon
fants de la nuit sont, dans le sens moral, naie, comme les Latins aussi disaient :
les méchants qui ont besoin des ténèbres œs libratum, de l'airain pesé (on en a ré
pour faire le mal, 1 Thess. 5, 5. Enfin, se cemment décOuvert un monceau : ce SOnt
lever la nuit signifie s'occuper d'une cho des pièces presque cubes d'airain, et qui
se avec empressement et sans retard. Dieu ne portent point de coin ni aucune mar
même emploie cette expression pour mar que. v. Bulletin archéol. de Rome). Six
quer le zèle qu'il a témoigné pour le bien oboles formaient une drachme, littérale
des hommes, les soins qu'il apporte à ment une poignée (de fer), et 4,000
l'œuvre de leur salut, Jér. 25, 3. 26, 5. drachmes, ou à peu près 3,600 fr., un
29, 19. 44, 4. talent, c'est-à-dire un bassin de balance
NYMPHAS. Saluez les frères qui sont (plein de fer). Hug fait remarquer (Einl.
à Laodicée, et Nymphas avec l'Assemblée in die BB. des N. T.) que la mention de la
qui est en sa maison, dit saint Paul, Col. monnaie grecque, dans la Bible, est une
4, 15. Il résulte de ce passage, ou bien preuve de la véracité et de l'exactitude de
que dans Laodicée même, Nymphas avait, ses auteurs, parce que, en effet, du temps
onne sait pour quelle raison, une réunion de Jésus-Christ, trois systèmes moné
particulière à côté des assemblées publi taires différents avaient cours en Pales
ques, ou bien, comme le soupçonne Gro tine : la monnaie juive, la grecque et la
tius, qu'il demeurait à la campagne, non romaine, systèmes correspondant ainsi
loin de Laodicée, et que sa maison était aux trois langues parlées, et employées
le lieu où se rassemblaient les chrétiens dans l'inscription de la croix. La mon
des environs. Ces deux opinions se re naie grecque avait été introduite par les
eommandent également, et la première rois de Syrie, successeurs d'Alexandre
ne peut pas être repoussée, car on sait le Grand, dont le premier, Antigonus,
qu'Aquila et Priscille avaient également père de Démétrius Poliorcète, avait été
O1S 118 OIS
n'ai pu vérifier si ce mode de greffe, con il est surmonté de trois sommets, dont le
traire à ce que l'on pratique ordinaire septentrional (d'après'Maundrell, d'au
ment, est réellement justifié en botani tres disent celui du milieu) est le plus
que; , plusieurs commentateurs, Winer, élevé : la cime méridionale est célèbre
Reiche, le contestent faiblement; d'autres par l'apostasie de Salomon, qui y éleva des
Olshausen, Schulz, affirment que les cho antels aux idoles de ses femmes, 1 Rois
Ses se passent ainsi, mais ils sont plus 11, 7.2 Rois 23, 13.; elle fut appelée pour
forts en théologie qu'en histoire naturelle, cette raison mashchith, c'est-à-dire mon
et leur témoignage n'est pas en cette ma tagne de la perdition ou du scandale. C'est
tière d'un fort grand poids Dans tous les Sur le penchant oriental que la tradition
cas, l'idée est la même). L'idée que saint place l'ascension de notre Sauveur, non
Paul veut amener ou expliquer par la si loin de Béthanie, et si ce n'est pas dit ex
militude tirée de cet arbre, est que les gen pressément Act. 1, 12. Luc, 24, 51., ce
tils ont pris dans l'organisme de la syna pendant toutes les probabilités appuient
gogue ou de l'Eglise, la place que les Juifs cette tradition. -
n'étaient plus propres à occuper ; ils ont Le mont des Oliviers serait à peine une
été entés à l'endroit mème de la blessure, colline en Suisse, par exemple : mais il
là où finit le tronc et où commencent les s'élève de beaucoup au-dessus des petites
branches; les païens, pas plus que les montagnes qui l'entourent en Juda , et
Juifs, n'ont en eux-mêmes la source de la SOn élévation est double de celle de Mo
vie, mais ils sont mis à même par la rija et de Sion : de son sommet l'on jouit
greffe, de participer aux propriétés du d'une vue aussi remarquable par sa beauté
tronc. Les enfants de Japhet sont venus que par son étendue, et il n'est sur la
se loger dans les tabernacles de Sem; terre aucun endroit qui réunisse un tel
pour eux c'est un don tout gratuit, qui spectacle à d'aussi grands souvenirs. De
leur sera retiré bien plus facilement qu'il la même place on peut tour à tour porter
ne l'a été aux Juifs, s'ils s'en rendent in ses regards sur la mer Morte ou sur la
dignes. Méditerranée, sur les plaines de Moab ou
Les rameaux d'olivier Servaient à faire sur les déserts de la Quarantaine, sur les
des tabernacles dans les jours de fêtes monts Hébal et Guérizim, ou sur Jérusa
solennelles, Néh. 8, 15., et le bois de l'o- lem, qui se montre dans toute sa magni
livier franc, qui est ferme, dur, et sus ficence, et présente au spectateur ses
ceptible d'un fort beau poli, était em places, ses rues, ses collines, ses vallées,
ployé dans la construction des palais ou et l'édifice musulman bâti sur ies ruines
des temples, 1 Rois 6, 23. Le feuillage et du temple de l'Eternel. Le mont des Oli
les branches de l'olivier (franc) étaient un viers était l'une des promenades ordinai
symbole de la joie, 2 Macc. 14, 4. res de Jésus, Matth. 24, 3. Marc 13, 3.
Montaqne des Oliviers, Zach. 14, 4. Luc 19, 37-44. : c'est de là qu'il pleurasur.
Elle était située au nord-est de l'ancienne la ville, et qu'il en annonça la prochaines
Jérusalem, à un quart de lieue environ et inévitable destruction.
de ses murailles extérieures, et en était OLYMPE ou Olympias, disciple de
séparée par la vallée du Cédron : d'après de Rome, salué par l'apôtre Paul, Rom.
Act. 1, 12., elle était éloignée de Jéru 16, 15.; inconnu.
salem le chemin d'un sabbat. Les nom OMEGA, la dernière lettre de l'alpha
breuses plantations d'oliviers qui avaient bet grec, employé proverbialement pour
donné le nom à cette montagne n'existent dire la fin d'une chose, comme l'alpha ou
plus : le côté oriental est complétement première lettre désignait le commence
nu; sur le côté occidental , les arbres sont ment, Apoc. 1, 8.11. 21, 6. 22, 13. v.
rares ; on y trouve cependant encore de Alpha.
la vigne, des figuiers, des amandiers et ON. 1° Fils de Péleth, descendant de
des dattiers; c'est sur ce penchant que se Ruben, nommé Nomb. 16, 1., parmi les
trouvait le jardin de Gethsémané. Le mont principaux membres de la conspiration
des Oliviers se dirige du nord au sud, et de Coré ; comme il ne reparait plus dans
ONA 121 0NC
ménagement pour son ami; Onésime lui-| que l'enseigne l'Eglise romaine; car selon
même ne regarde pas au danger, mais au les papistes, prier pour les morts, c'est
devoir. Il part, accompagné de Tychique, demander qu'une personne morte dans la
porteur d'une lettre de l'apôtre à Philé foi, mais dont les œuvres n'ont pas été suf
mon, dans laquelle saint Paul recommande fisantes pour la laver entièrement, puisse
l'esclave à l'indulgence du maître. Les passer du purgatoire au ciel , tandis que
deux voyageurs sont en outre chargés de l'apôtre parle ici d'un homme qui a eu la
lettres pour les églises d'Ephèse et de foi, et qui par ses œuvres en montre la réa
Colosses. On peut croire qu'Onésime ob lité : ces paroles n'expriment donc que
tint facilement son pardon demandé par la reconnaissance de Paul qui, ne pou
saint Paul, et que le fer rouge dont les vant récompenser Onésiphore, prie Dieu
anciens marquaient les esclaves fugitifs, de le faire selon sa promesse, ce qui est
ne passa pas sur son front. tout à fait conforme à la doctrine de
Onésime était de Colosses, comme on Christ et des apôtres, cf. Matth. 5, 7. 25,
le voit par la comparaison des textes Phi 36. 39. 40. Jacq. 2, 13.
lém. 1, 2.Col. 4, 9, 17. (Serm. de Rochat, ONO, ville bâtie par les Benjamites, 1
t. I.) La tradition ajoute qu'il fut affran Chr. 8, 12., et habitée par eux"après
chi, que saint Paul le consacra lui-même l'exil, Néh. 11, 35. Dans ces deux passa
évêque de Bérée en Macédoine, et qu'Oné ges elle est immédiatement précédée du
sime finit par souffrir le martyre à Rome. nom de Lod (Lydde), cf. aussi Esd. 2,
Dans le chapitre 1 de la lettre d'Ignace 33. Néh. 7, 37., ce qui fait penser qu'elle
aux Ephésiens, il est fait mention d'un était située dans son voisinage, et que la
Onésime, évêque d'Ephèse et successeur vallée d'Ono était une continuation de la
de Timothée, mais rien n oblige à croire plaine de Saron.
qu'il s'agisse là de l'esclave de Philémon. ONYX. C'est ainsi que saint Jérôme,
ONÉSIPHORE, fidèle d'Ephèse , ami nos versions et beaucoup d'autres, de
de saint Paul ; étant venu à Rome, soit même que Michaélis, Eichhorn, etc., tra
pour des affaires de commerce, soit pour duisent l'hébreu shoham, Gen. 2, 12. Ex.
d'autres affaires particulières, il chercha 28, 9. Job 28, 16. Ez. 28, 13. Onkélos et
l'apôtre avec grand soin jusqu'à ce qu'il les autres targummim le rendent par bé
l'eût trouvé. Il ne faut pas conclure de la ril, de même que les Septante , Reland et
peine qu'eut le disciple à trouver l'apôtre, Calmet le traduisent par émeraude. Tout
que celui-ci eût été jeté dans une miséra ce qu'on peut dire sur cette pierre n'est
ble prison, dans un cachot secret; on qu'incertitude et hypothèse. L'onyx est
peut, sans cette hypothèse, comprendre une espèce d'agathe rayée de blanc et de
qu'en arrivant de l'étranger dans la vaste noir, et comme le blanc tire sur l'ongle,
ville de Rome, Onésiphore n'ait pu trou on lui a donné le nom d'onyx ou ongle.
ver facilement le prisonnier qu'il cher L'onyx était la onzième pierre du pectoral
chait, et dont le délit n'était pas de na du grand-prètre : sur deux pierres d'onyx
ture à le faire classer dans une prison étaient gravés aussi les noms des douze
d'un ordre particulier. On a voulu con tribus. Par extension, le nom d'onyx a
clure aussi de 2 Tim. 1, 16. cf. v. 18. et pu signifier un vase ou flacon de cette
4, 19., qu'Onésiphore était déjà mort au matière, comme dans ces paroles si con
mOment Où Paul écrivait sa lettre : mais nues d'Horace, mardi parvus onyx.
il est fort possible qu'Onésiphore ne fût 2o Le même mot est employé dans un
pas encore de retour à Ephèse, et cela autre sens, et comme traduction de l'hé
expliquerait pourquoi Paul ne salue que breu shehheleth, Ex. 30, 34. Saint Jérôme
sa famille, en même temps qu'il lui adresse d'après les Septante le rend par ongle aro
indirectement des remerciements pour matique; d'autres par laudanum; d'autres,
l'affection que son chef lui a témoignée. comme Bochart, par bdellion. L'onyx ma
A supposer même qu'Onésiphore fût mort, rinus, blatta Byzantia, est un coquillage
le passage 1, 18. ne justifierait ni le droit, univalve semblable au poisson à coquille
mi le devoir de prier pour les morts, tel nommé purpura : le nom d'onyx lui a été
oPH 124 oPH
donné à cause de la couleur desacoquille, | ments; le premier est tiré du fait qu'O-
qui ressemble à la teinte rosâtre de l'on phir est cOmpté au milieu des fils de
gle. On le pèche dans les marais de l'Inde Joktan qui ont occupé l'Arabie , mais il
où croit le spica nardi dont cet animal se n'y a rien là de concluant, puisque Gen.
nourrit, et c'est ce qui rend son écaille 10, 4., Tarsis, qui est situé en Espagne,
si odorante : on va recueillir ce coquil est nommé parmi des peuplades qui ap
lage, lorsque la chaleur a desséché les partiennent évidemment à la Grèce.
marais : les Indiens, les Perses et les La seconde preuve mise en avant, c'est
Arabes en font l'un des ingrédiens prin le nom d'Ophir, El Ophir ou Ophar, que
cipaux d'un parfum extrêmement estimé. Seetzen a trouvé dans la province d'Oman,
Le meilleur onyx se trouve dans la mer au sud-est de l'Arabie. On peut ajouter
Rouge , il est blanc et gros : le babylo que selon Eupolemus dont un fragment
nien, au dire de Dioscoride, est moins nous a été conservé par Eusèbe (Prép.
estimé; il est noir et plus petit. év. 9, 30.), Ouphré (Calmet porte Durphé)
3° Yahalom, Ex. 39, 10. Ez. 28, 13.; serait une île de la mer Rouge, et cet au
v, Sardonyx. teur la regarde comme une partie du
OPHIR, pays compté, Gen. 10, 29., pays d'Ophir. -
parmi les Joktanides (qui habitaient pour Selon d'autres commentateurs c'est
la plupart des districts de l'Arabie), et à dans les lndes qu'il faut aller chercher
destination duquel Salomon faisait partir, cette contrée. Ils s'appuient sur ce que
des ports édomites, des vaisseaux qui ne les Septante écrivent toujours Sophir,
revenaient qu'au bout de trois ans, char nom que les Cophtes donnent encore aux
gés d'or, de poudre d'or, de pierres pré Indes; sur ce que la version arabe traduit
cieuses, d'argent, de singes, de paons, Ophir par El Hend ; sur ce que dit Josè
et de bois précieux, 1 Rois 9, 28.10, 11. phe (Arch. 8, 20, 4.) que Sophira est une
cf. 22. 49. L'or d'Ophir était regardé contrée de l'Inde : sur ce que les objets
comme le plus pur et le plus fin qui exis que Salomon tira d'Ophir sont des pro
tât, Job. 28, 16. Ps. 45, 10. Es. 13, 12. duits que l'on trouve en effet dans les In
Les interprètes sont loin d'être d'ac des; et que les noms donnés aux singes
cord sur la contrée désignée sous le nom et aux paons sont des noms indiens (koph
d'Ophir, et il est difficile de se pronon est le sanscrit kapi, thukiim est le tokei
cer au milieu des différentes opinions, de Malabar); sur le temps que prenait ce
qui s'appuient toutes sur des arguments voyage, puisque le retour n'avait lieu
plausibles, mais dont aucune ne peut of qu'au bout de trois ans, ou si l'on veut,
frir de preuve décisive. dans le cours de la troisième année; en
Quelques-uns ont cherché Ophir en fin sur ce qu'il y avait près de Goa dans
Amérique, et notamment dans l'île nom l'Inde, un endroit nommé Suppara, et chez
mée Espagnole (Haïti) par Colomb; on les Arabes Souphara, ce qui expliquerait
sait qu'en parlant de l'or de cette île il l'orthographe suivie par les Septante. . '
avait coutume de dire qu'il avait trouvé D'autres ont cru qu'il s'agissait de l'A-
l'or d'Ophir. D'autres prennent Ophir frique, et ils trouvent Ophir sur la côte
pour le Pérou. Cette manière de voir, orientale, à Sofala, vis-à-vis de l'île de
quelque peu anticipée, n'a guère pour Madagascar , on assure que les habitants
partisans que les Jésuites ses auteurs, de cette contrée ont des traditions et
Postel, Genébrard, Vatabre. Elle s'ap même des livres qui portent que Salomon
puie sur l'abondance de certaines mines y envoyait une flotte tous les trois ans
d'or de l'Amérique, et sur la supposition pour chercher de l'or; le portugais Jean
que la flotte qui partait pour Ophir, fai dos Santos ajoute qu'il y a, non loin de
sait en même temps le voyage de Tarsis là, une montagne abondante en minerai
(Cadix), et franchissait le détroit de la d'or et qui porte le nom d'Afura. Si l'on
Méditerrauée. pouvait se fier à ces données, elles se
D'autres pensent qu'Ophir désigne raient certainement intéressantes; toute
l'Arabie, et ils présentent deux argu fois le nom de Sofala dans lequel on pour
OPH 125 ORG
rait, à toute rigueur, trouver celui d'O- tance elle-même reste problématique; il
phir, rappelle plutôt dans les langues faut donc s'en tenir à son nom et à ce
sémitiques le nom de sbephélah qui si que la tradition nous donne comme le
gnifie côte, rivage; ce serait ainsi une plus probable. Sous ce rapport, nous
désignation tout à fait générale, un nom nous rapprocherons volontiers de l'opi
que tous les pays maritimes pourraient nion de Bochart, modifiée par Heeren et
revendiquer. - par quelques autres modernes. Bochart
Au milieu de ces incertitudes, il faut croit que le nom d'Ophir a été donné à
commencer par réduire à leur juste valeur deux pays dont l'un serait l'Arabie, l'au
deux données dont on a exagéré l'impor tre les Indes. Heeren prend Ophir comme
tance. Ophir pouvait fort bien n'être un nom général désignant les riches con
qu'une ville de commerce abondamment trées des côtes méridionales de l'Arabie,
pourvue de tous les produits de l'Orient de l'Afrique et des Indes; Volney com
et du Midi, et dans laquelle Salomon en pare l'île d'Ofor à l'entrée du golfe Per
voyait régulièrement et à des époques sique. Il est possible qu'Ophir, fils de
déterminées, des vaisseaux pour appro Joktan, se soit établi en Arabie, et que
visionner sa cour, son harem et son parmi ses descendants il y ait eu des émi
royaume. L'or d'Ophir (évidemment déjà grations et des colonies fondées par eux
travaillé, ou tout au moins épuré), pou dans les Indes, à Ceylan, peut-être plus
vait avoir reçu ce nom, sans être un pro loin encore. Si l'on pouvait établir l'au
duit du pays, mais parce que c'était là thenticité de plusieurs fragments de San
qu'il était le mieux purifié et le mieux choniathon, découverts il n'y a pas long
mis en œuvre. D'ailleurs, comme On l'a temps, la question ferait un grand pas ;
vu plus haut, le nombre des pays où l'on on y lit, en effet, le récit d'une expédi
trouve de l'or est assez grand pour que tion faite par Joram (Hiram), roi de Tyr,
ce caractère doive cesser d'être un guide et Irenius (Salomon, roi de paix), roi
dans les recherches. — En second lieu, des Juifs, vers une île fort éloignée qui,
la durée du voyage ne peut pas non plus d'après les caractères indiqués et la com
servir à fixer même d'une manière ap paraison de Pline 6, 24., ne peut être
proximative la distance à laquelle Ophir autre que Taprobane ou Ceylan; et Hee
devait être de Jérusalem, car l'or arrivait ren, dans un article spécial sur cette île,
dans le pays chaque année, 1 Rois 10, 14.2 a montré quelle a été son importance
Chr. 9, 13.; il n'est pas dit que le voyage dans l'histoire du cOmmerce de l'ancien
de trois ans fût le voyage d'Ophir, 1 Rois monde. Dans l'incertitude où l'on est sur
10, 22.; quand cela serait encore, cela l'authenticité de ce morceau, on s'abstient
ne prouverait rien, attendu l'extrême de s'en servir comme d'un argument,
lenteur de la navigation des temps an mais si la donnée qu'il renferme n'a pas
ciens, les détours possibles, les séjours beaucoup plus de garanties que les hypo
plus ou moins prolongés que les vais thèses qu'on a faites, en tout cas elle n'en
seaux pouvaient faire dans les ports a pas moins.
intermédiaires pour attendre soit des Notons encore, avant de terminer, l'o-
vents favorables, soit des vaisseaux en ·pinion qui cherche Ophir en Espagne,
retard ou n'arrivant qu'une fois par an celle qui le place à Carthage (qui n'a été
née. Saint Jérôme nous dit (Ep. 95), que fondée que longtemps après Salomon), et
dans le cas le plus favorable, un vaisseau le travail que Calmet se donne pour éta
avait besoin d'au moins six mois pour blir (avec Eustache d'Antioche), qu'Ophir
parcourir le golfe arabique dans sa plus était dans l'Arménie, dont l'une des quatre
grande longueur, et de nos jours encore, parties s'appelait Sophara sous Justinien ;
les vaisseaux marchands ne font qu'une quoi qu'on pense de son point de vue,
fois par année le voyage de Suez à Jidda. on peut lire avec fruit sa dissertation sur
– ll résulte de ces observations, que si ce sujet.
les produits retirés d'Ophir ne peuvent OR. v. Métal, et Monnaie.
servir à faire reconnaître ce pays, sa dis ORGE, hébr. sehorah. Les Egyptiens
0RI 126 ORM
Plantes (5, 8.), que les Syriens et les Phé extrêmes de son ministère ont donc été
niciens se servaient de cèdre pour l'é- Jéroboam qui mourut 784 av. C., et Ezé
quipement de leurs vaisseaux, parce chias qui monta sur le trône en 725, ce
qu'ils n'avaient pas de pins, tandis que qui constitue une activité prophétique
les habitants de Chypre se servaient des d'au moins soixante années; si l'onprend,
pins qui croissent dans leur île plus au contraire, pour extrêmes l'avènement
nombreux et meilleurs qu'en terre ferme. deJéroboam et la mort d'Ezéchias, on at
— Il n'est, du reste, pas question d'orme teint le chiffre de cent vingt-deux ans ;
dans la Bible, mais il est clair que le premier est plus
ORNAN, le même que Arauna, q. v. près de la vérité que le second. Sous ce
OSÉE. 1° v. Josué. 2° Dernier roi rapport, Osée rappelle Jérémie et Daniel,
d'Israël, v. Hosée. 3° Le premier en rang qui commencèrent dès leur jeune âge, et
des douze petits prophètes, et aussi l'un poursuivirent, pendant leur longue car
des trois plus anciens dans l'ordre chro rière, leur laborieuse mission. Osée et
nologique. Quant à sa personne, tout ce Jérémie apparaissent comme les anges
que l'on en sait, c'est qu'il était fils d'un gardiens de leur patrie, se voilant la face
certain Bééri qui, du reste, est complé parce que leurs paroles ne peuvent réveil
tement inconnu. L'ingénieux rapproche ler leurs compatriotes, ni les sauver de
ment de ce nom avec celui de Bééra, Ru la destruction qui les menace.
bénite, 1 Chr. 5, 6., ne peut rien démon Osée vivait pendant l'époque la plus
trer. On ignore même si Osée appartenait sombre de la politique d'Israël. Avec Jé
au royaume de Juda ou à celui des Dix roboam, la maison de Jéhu se précipitait
tribus , les arguments pour ou contre ces vers sa ruine. Des troubles intérieurs,
deux hypothèses se contrebalancent à peu des attaques du dehors sous Phul et Ti
† comme le font remarquer Winer et glath-Piléser, menaçaient l'indépendance
e Wette ; cependant, l'opinion qui fait et l'existence même du pays. Après la
d'Osée un sujet du roi d'Israël, se justi chute de la maison de Jéhu, sous Zacha
fierait plutôt par les considérations sui rie, quelques aventuriers heureux, Sal
vantes, développées par Haevernick (Einl. lum, Manahem, Pékach, réussirent à s'em
Il, S 234). D'abord il est rare qu'un pro parer, les uns après les autres, du trône,
phète de Juda ait été envoyé auprès des mais sans pouvoir tenir les rênes de l'E-
Dix tribus; les seuls exemples connus tat, qui était réellement livré à l'anar
sont ceux de 1 Rois 13, Amos 7, et, dans chie sous l'apparence de la royauté.Au
ces deux cas, il y a, en quelque sorte, une point de vue religieux, les Ephraïmites
justification, une explication de ce fait, faisaient au prophète la position la plus
ce qui n'a pas lieu pour Osée. Puis le lan difficile ; s'ils eussent été complétement
gage de ses oracles, un peu rude et semé idolâtres, Osée eût pu directement s'éle
d'araméismes, semble indiquer que l'au ver en témoignage contre leur abandon
teur appartenait aux districts septentrio du vrai Dieu ; si, tout en se livrant aux
naux de la Palestine. Enfin, la connais désordres de la vie, de la chair et du pé
sance détaillée que le prophète possède ché, ils eussent conservé, pur et sans
des diverses localités du royaume schis mélange, le culte de l'Eternel, le pro
matique, 5,1.6, 8.9. 12, 12. 14, 6., etc., phète eût pu en appeler de leurs œuvres
et surtout certaines expressions, comme à leur foi, et les convaincre de péché par
le pays, 1, 2., notre roi, 7, 5., ne s'ex leur propre profession ; mais ils avaient
pliquent guère que dans la bouche d'un adopté un mélange philosophique de ju
natif du pays, d'un sujet de Jéroboam II. daïsme et de paganisme, un amalgame du
Le temps auquel vécut Osée est indi culte de Bahal avec la religion de leurs
qué dans le premier verset de son livre, pères, qui les relevait à leurs propres
qui sert de titre à tout le recueil. ll a pro yeux, les endurcissait dans leur demi
phétisé sous le règne des rois de Juda, erreur, et semblait leur permettre de
Hozias, Jotham, Achaz et Ezéchias, et du croire que, pourvu qu'ils restassent atta
roi d'Israël Jéroboam II. Les époques chés à l'Eternel, il n'était point néces
OSE 128 OSE
saire qu'ils renonçassent au culte de Ba port ; puis, après les menaces, viennent
hal et des veaux de Dan et de Béthel. aussi peu à peu les promesses. La transi
Dans la supposition la plus favorable,Osée tion est à la fois naturelle, intelligible, et
ne pouvait leur apparaître que comme un bien appropriée aux besoins et aux pré
enthousiaste, un fanatique bien inten jugés des Juifs. Mais les oracles relatifs
tionné. — Les mœurs devaient naturel aux Gentils ne pouvaient leur être adres
lement se ressentir et de l'anarchie poli sés de vive voix ; ils devaient être écrits.
tique, et de l'apostasie religieuse. La Osée, en écrivant ses prophéties pour les
puissance que le royaume avait un in Juifs, prépare ainsi la voie à ceux qui
stant recouvrée sous Jéhu, n'avait servi écriront pour Tyr, l'Arabie, et les nations
qu'à frayer la voie à tous les vices : en plus éloignées.
s'enrichissant, le peuple s'était corrompu ; ll embrasse moins l'avenir que le pré
avec le relâchement des liens civils, les sent, dont il fait un tableau varié, vivant,
autres liens s'étaient également relâchés ; et remarquablement coloré. Son style ly
la religion n'avait plus d'influence sur les rique est obscur et difficile, composé de
cœurs, parce que ceux qui l'avaient faite phrases sentencieuses, courtes et sacca
l'avaient, comme toujours, modelée sur dées, qui indiquent plutôt qu'elles n'ex
les passions de la multitude, et façonnée pliquent la pensée du prophète. Il semble
au gré du grand nombre. La mesure était parler parfois en hiéroglyphes, et l'on se
comble. De là le caractère particulier des surprend souvent à désirer qu'il déve
oracles du prophète. S'il rappelle Amos loppe et coordonne les idées qu'il ne pré
en plusieurs passages (cf. Os. 4.15. Am. sente que détachées et comme voilées.
5, 5. Os. 5, 5. 7, 10. Am. 6,8. Os. 10, 4. Le recueil de ses prophéties se divise
Am. 6, 12. 5, 7. Os. 8, 14. Am. 2, 5.), en deux parties principales : la première,
c'est comme Esaïe 2, rappelle Michée 4 ; chapitres 1-3, est en prose : elle date du
comme 2 Pierre rappelle Jude; son indi commencement de son ministère, 1, 2. et
vidualité, son caractère ne disparaît pas contient l'histoire de ses rapports avec
sous ces rapprochements. Il ne vient pas deux femmes, dont l'une, Gomer, fille de
tant pour consoler son peuple et lui ou Diblajim, fut son épouse légitime, et lui
vrir des perspectives de bonheur, que donna plusieurs fils ;l'autre, femme d'une
pour l'instruire, l'avertir et le censurer; conduite irrégulière, conclut avec lui un
car l'homme enflé de sa propre sagesse marché par lequel elle consentait à habi
n'aspire pas vers des temps meilleurs; il ter dans sa maison, mais sans aucun au
faut surtout chercher à le convaincre de tre rapport que celui de la protection
l'immoralité de ses actions, afin d'en dé qu'Osée lui promettait. La signification
duire clairement son appauvrissement symbolique de cette double relation de
spirituel sur lequel il se fait illusion. vait rappeler aux Juifs, d'une manière
C'est probablement avec Osée que com frappante, les rapports de Dieu avec eux,
mence la transition de la prophétie par et leur défection représentée souvent
lée, à la prophétie écrite, et l'on a tout comme un adultère dans les oracles des
lieu de croire qu'il est le premier qui ait prophètes. Un grand nombre d'auteurs,
rédigé et recueilli ses oracles. Tout chez Calvin entre autres, scandalisés de l'in
lui semble indiquer non le commencement terprétation littérale de ces premiers cha
d'une ère nouvelle, mais la fin de l'an pitres, ont voulu n'y voir qu'une simple
cienne. Il reste éminemment juif; sa mis parabole.Hengstenberg et Haevernick vont
sion se borne au royaume d'Ephraïm ; ce un peu plus loin, et pensent que ces faits
n'est qu'en passant qu'il parle de celui ont dû se passer réellement, mais pas
de Juda, et, quant aux nations étrangères, extérieurement, dans l'esprit et non
il n'a rien pour elles, pas même des me dans la vie du prophète, qui raconte ici
naces. Des menaces seraient, en effet, des expériences intimes, et les développe
déjà un avertissement, par conséquent une à l'usage du peuple. Il serait trop long
marque d'intérêt, et les prophètes posté d'entrer ici dans la réfutation de ces sys
rieurs s'occupent des païens sous ce rap tèmes allégoriques ; nous renvoyons aux
OSE 129 OUR
articles de Preiswerk dans le Morgen nier chapitre qu'il jette comme un regard
land (1841, p. 129 étsuiv., 161 et suiv.), furtif sur les jours du salut; alors il ne
et traduits en francais sous le titre de : sera plus question de recourir aux puis
« Les douze petits prophètes, » par la sances temporelles de l'Egypte et de l'As
Société de Neuchâtel : nous nous borne syrie (14, 3.); l'idolâtrie aura pris fin,
rons à faire remarquer que si le fait lui v.8., Israël converti de cœur se réjouira
même était de toute autre nature, on n'au en l'Eternel seul, 1.2. 4. Osée n'en dit
rait pas eu l'idée d'en nier la réalité ; pas davantage sur ce sujet : il annonce
qu'il s'agit pour Osée d'un mariage réel ; des malheurs prochains, mais le moment
que Gomer peut aussi bien avoir été une n'est pas venu d'amnoncer clairement les
femme idolàtre, païenne ou juive, qu'une promesses : d'ailleurs qui les compren
femme débauchée ; que, dans les rapports drait ? qui est celui qui est sage ? C'est
d'Osée avec la seconde femme, rien n'in avec cette parole plaintive qu'il se rétire
dique qu'il y ait eu commerce intime et de la scène prophétique, laissant à ses
illégitime ; que les détails donnés par le Successeurs le bonheur de faire connaî
prophète sur le nom de la première fem tre à un peuple châtié et mieux préparé,
me et de son père, le prix de la seconde, les moyens de grâce que l' Eternel a en
le sexe des enfants, seraient tout à fait réserve pour ceux qui le craignent. .
oiseux si l'histoire n'était qu'une allégo Plusieurs passages d'Osée sont rappe
rie : qu'enfin un ordre de Dieu enlève à lés dans le Nouveau Testament ; ainsi
une action quelconque tout caractère d'im Matth. 2, 15 9, 13. Luc 23, 30.1 Cor. 15,
moralité. — Quant au sens de cette pre 55. etc.: le prophète est nommé Rom. 9,
mière partie, l'auteur a pour but de faire 25.26. -
ils ont été communs en Arabie et en Pa existent ; elles contiennent 250 litres),
lestine. Lorsqu'ils sont irrités ou affamés, tantôt avec des peaux d'ânes ou de cha
ils attaquent des taureaux, des troupeaux meaux, le plus ordinairement avec des
entiers, et même des hommes, 1 Sam. 17, peaux de boucs ; ces dernières sont pe
34. 2 Rois 2, 24.: ils deviennent furieux, tites et servent pour les usages domesti
les femelles surtout, quand on leur en ques : quand la peau est préparée, on la
lève leurs petits, 2 Sam. 17, 8. Prov. 17, coud solidement à la place qu'occupaient
12.Os. 13, 8.: un ours à jeûn, quêtant sa les jambes de l'animal, et le cou sert
proie, est pris pour emblème de ce qu'il d'ouverture. Quelquefois elles sont en
y a de plus terrible, Prov. 28, 15. La voix duite de poix à l'intérieur, d'autres fois
de l'ours, dit Buffon, est un grondement, elles sont ointes de graisse au dehors,
un gros murmure, souvent mêlé d'un fré soit pour empêcher l'eau de suinter au
missement de dents qu'il fait surtout en travers, soit pour l'empêcher de s'évapo
tendre lorsqu'on l'irrite. Il faut qu'il y rer par l'effet de la chaleur du soleil. Les
ait quelque chose de plus que ce gros outres sont indispensables aux voyageurs
murmure, pour expliquer le rugissement du désert ; encore faut-il qu'ils aient bien
plaintif dont il est parlé Es. 59, 11.; Ho soin de les remplir ou d'en renouveler
race nous dit aussi, Epod. 16 (11), 51.: l'eau à chaque source qu'ils rencontrent.
Nec vespertinus circum gemit ursus ovile. Le passage Ps. 119, 83., marque la fidé
et Ovide, Métam. 2, 485., rappelle son lité du psalmiste au milieu des épreuves
gemitus assiduus. les plus desséchantes ; « comme une outre
On peut remarquer sur 1 Sam. 17, 35., exposée à la fumée se rétrécit et se ride,
que la tête de l'ours étant sa partie la de même mon corps est tout consumé
plus faible, il est aisé, pourvu qu'on ait par les chagrins ; mais je ne t'ai point
force et courage, comme l'avait David, oublié, et je chercherai du secours là où
de tuer cet animal d'un fort coup de bâ je suis sûr d'en trouver. » — Elihu se
ton appliqué sur cette partie.—Esaïe, 11, compare, Job 32, 19., à une outre de vin
7., décrivant le paisible bonheur du règne toute neuve, mais près d'éclater à cause
du Messie, dit qu'alors on verra le bœuf de la fermentation du liquide privé d'air.
et l'ours paître ensemble dans les champs, Bien que le cuir ait jusqu'à un certain
et leurs petits vivre en paix dans la mê point la propriété de s'étendre, il se
me étable : Calmet ajoute que l'ours dé rompt lorsque la pression devient trop
signe les païens, et le bœuf les Juifs ! — forte ; le Dr Walsh, dans le récit de son
L'ours figure dans la description des qua voyage sur les côtes de la Grèce, racon
tre grandes monarchies, Dan. 7, 5., com te qu'une outre avait éclaté par suite de
me représentant l'empire des Perses, et la fermentation du vin nouveau, et parce
Cyrus en particulier : et il est dit de la qu'on avait oublié de la laisser ouverte :
bête de l'Apocalypse, 13,2., qu'elle avait à cela se rapportent ces paroles de notre
les pieds d'un ours. Sauveur, Luc 5, 38., sur la nécessité de
OUTRE. Les Juifs et les Orientaux en mettre le vin nouveau dans des vaisseaux
général, ne se servaient pas comme mous neufs, c'est-à-dire d'avoir un cœur nou
de bouteilles de verre, ou de vaisseaux veau pour saisir la nouvelle doctrine.
de bois, pour le transport ou la conser Lorsque David s'écrie Ps. 56, 8.: « Mets
vation des liquides, mais de sacs de cuir mes larmes dans tes vaisseaux, » il veut
ou de peau désignés dans nos versions, dire, « qu'elles soient continuellement
tantôt sous les noms de bouteilles, vases devant toi, daigne en conserver le sou
Ou vaisseaux, tantôt sous leur nom véri venir, » faisant allusion peut-être à une
table d'outres, Gen. 21, 14. Jos. 9, 4. 13. coutume qui se retrouvait chez les Ro
Jug. 4, 19. 1 Sam. 16, 20. 25, 18. Matth. mains , et qui existe encore de nos jours
9, 17. cf. Marc 2, 22. Luc 5, 37. Les ou en Perse, celle de remplir de larmes de
tres étaient faites tantôt avec des peaux petites urnes ou bouteilles, de différentes
de bœufs (les gerba des Arabes sont, au formes et couleurs, et de les placer sur
rapport de Bruce, les plus grandes qui des tombeaux comme signe d'affliction.
131 PA1
PAI
Les Persans ajoutent que ces larmes ont haut, dans lesquelles on faisait le feu avec
le pouvoir de guérir des maladies pour du bois ou de la fiente séchée, Es. 44,
lesquelles tous les autres remèdes sont 15. Ez. 4, 12., et dans lesquelles ou sur
inutiles.—On se servait quelquefois d'ou lesquelles on faisait ensuite cuire le pain
tres, ou de vessies remplies d'air, pour ou les gâteaux , après les avoir fermées
faciliter la traversée des fleuves, ou la na pour empêcher la chaleur de se perdre
vigation de canots qui en étaient entou trop rapidement. D'autres fois on faisait
rés, mais on ne trouve aucune trace de simplement rougir des cailloux dans une
petite fosse d'un demi-pied de profon
cet usage dans la Bible, et l'allusion qu'on
a voulu y voir dans Job 9, 26., est non deur, puis lorsque la fosse avait été suf
seulement forcée, mais contraire aux ter fisamment chauffée, on en retirait les cail
mes mêmes de ce passage. loux, on y déposait la pâte, et l'on recou
Vrait le trOu : On se servait aussi du même
P procédé à l'égard des cruches que l'on
chauffait avec des cailloux rougis au feu,
PAGHIEL, fils de Hocran, et chef de la c'est peut-être de ce procédé qu'il est
tribu d'Aser dans le désert, Nomb. 1, 13. parlé 1 Rois 19, 6. Enfin l'on cuisait en
2, 27.; v. Tribu. core le pain sous des cendres chaudes,
PAHU, Gen. 36, 39., ancienne ville Gen. 18, 6. 1 Rois 17, 13., etc.
d'Edom , et chef-lieu de tribu : elle est Dans le langage de l'Ecritnre le pain
appelée Pahi, 1 Chr. 1, 50. désigne toute sorte de nourriture, la
PAIN. Dans les anciens temps, l'occu nourriture en général, Gen. 3, 19. 18, 5.
pation de faire le pain était presque exclu 28, 20. Ex. 2, 20. Deut. 9, 9. 18. cf. Ps,
sivement réservée aux femmes, Gen. 18, 42, 3.80, 5. 127, 2. Prov. 4, 17. 20, 17.
6. Lév. 26, 26. 1 Sam. 8, 13. 28, 24. 22, 9., etc., Matth. 6, 11. La manne est
2 Sam. 13, 8. Matth. 13, 33. cf. Jér. 7, appelée le pain du ciel, Ex. 16, 4., de
18. 44, 19. Plus tard cependant l'on voit même que Jésus-Christ, Jean 6, 31.sq.
des hommes se livrer à ce travail spécial On peut voir à l'art. Levain ce que nous
sous le nom de fourniers ou boulangers, avons dit des pains sans levain.
Os. 7, 4. 6., et l'on trouve même à Jéru Pains de proposition, proprement
salem une place ou rue dite des boulan pains de la face (de l'Eternel), appelés
gers, Jérém. 37, 21. La pâte, de froment, aussi pains d'exposition, ou encore pain
d'orge, ou d'épeautre, était préparée, ai continuel , Nomb. 4. 7. C'étaient douze
grie et pétrie dans des huches (maies) pains, selon le nombre des tribus d'Israël,
de bois ; chaque maison qui faisait son ou douze gâteaux faits de fine farine et
pain possédait la sienne, Ex. 8, 3. Lors sans levain, qui étaient placés dans le
qu'on était pressé, l'on ne mettait point de lieu saint du temple , en deux rangées,
levain dans la pâte, Gen. 19, 3. Ex. 12, sur une table d'or mobile, comme sym
34. 39. Jug. 6, 19. 1 Sam. 28, 24. On bole de la nouriture ordinaire et quoti
faisait les pains tantôt longs, tantôt plus dienne de l'Eternel. La forme et l'usage
ou moins ronds, de la grandeur d'une as de ces pains sont indiqués Lév. 24, 5-9.;
siette et de l'épaisseur d'un pouce à peu ils étaient probablement salés, et peut-être
près; leur peu d'épaisseur faisait que pour poudrés d'encens pur, v. 7, à moins qu'on
les manger, au lieu de les couper comme n'entende ce verset comme Josèphe, qui
chez nous, on se bornait à les rompre, Es. dit que l'encens était placé dans des vases
58,7. Jér. 16,7.Matth. 14,19.26, 26. Luc au-dessus des deux rangées, v. Ex. 25,
9, 16. Act. 20, 11.1 Cor 10, 16. Les fours 30.35, 13.39,36. Hébr. 9,2. On les chan
à cuire le pain , dont on trouve plusieurs geait tous les sabbats. Du moment où ils
qui sont publics dans les villes orientales, avaient été enlevés, ils appartenaient aux
ne différaient pas essentiellement des nô sacrificateurs qui seuls avaient le droit de
tres. Il faut mentionner cependant des les manger, mais dans le lieu saint seule
fours portatifs, des cruches de pierre ment, Ex. 29, 32. Lév. 24, 8.9. David
de 1 mètre de hauteur, ouvertes par en nous fournit une exception à cette règle,
PAI 132 PAL
justifiée par des circonstances exception mais quelque peu apocryphe, porte que
nelles, 1 Sam. 21, 6. cf. Matth. 12, 4. Luc la table enlevée par Antiochus avait été
6, 4. sq. L'encens était allumé au feu sa donnée au temple de Jérusalem par Pto
cré de l'autel des holocaustes , Lév. 24, lémée Philadelphe, et Josèphe la dépeint
7. Quelques prêtres de la famille des Ké comme ayant été très riche et magnifi
hathites était spécialement chargés du quement travaillée.
soin d'apprêter ces pains, 1 Chr. 9, 32., et Enfin la table qui fut enlevée par Titus
un Targum ajoute que l'art de les prépa au temple des Hérodes était d'or et du
rer était devenu un secret de famille chez poids de plusieurs talents, dit Josèphe,
ceux qui en avaient la charge. Dans le mais il n'ajoute pas d'autres détails. Elle
second temple, la grandeur de ces pains est représentée sur l'arc de Titus dont
fut fixée, la longueur à 10 largeurs de l'exécution appartient aux jours de Domi
mains, la largeur à 5, et l'épaisseur à 7 tien; elle est haute de 12 à 15 pouces ;
pouces : ces mesures sont prises dans la ses quatre pieds se terminent en pieds
Mishna Menach, 11, 4.— On peut remar d'animaux; elle est entourée d'une bor
quer que c'était chez plusieurs des an dure ciselée, mais qui ne s'élève pas au
ciens peuples un usage d'offrir à leurs dessus du tablier.
dieux de la nourriture (lectisternia), Es. Philon, Clément d'Alexandrie, la plu
65, 11. l'apocryphe de Dan. 14, 6. Ba part des pères, et la plupart des théolo
ruch 6, 26. Diod. de Sic. 2, 9., etc. Ce giens modernes ont examiné la significa
pouvait être le symbole de la reconnais tionsymbolique des prescriptions relatives
sance, comme aussi un acte d'anthropo à cette table, et des parties dont elle était
morphisme; dans le premier cas, l'idée composée : on peut voir le Moïse sans
était bonne, mais combien elle était rare ! voile, de G. des Bergeries, et surtout
combien aussi les prêtres en ont abusé Baehr, Symb. des Mos. Cult. I, 433. sq.
souvent pour s'engraisser aux dépens du Disons encore pour en finir sur ce su
pauvre ! jet, qu'il est difficile de déterminer la na
La table des pains de proposition était ture des vases d'or destinés au service de
de bois de Sittim, couverte et ornée d'or cette table, Ex. 25, 29. Quatre mots sont
pur, Ex. 37, 10 : sa longueur était de encore employés pour les désigner; on
deux coudées (1 mètre), sa largeur d'une croit que les deux premiers se rappor
(0 m, 50), et sa hauteur d'une et demie taient à des vases, coupes, ou plats dans
(0 m, 75); elle reposait sur quatre pieds lesquels on mettait des objets solides,
et avait une bordure d'or tout à l'entour : tandis que les deux derniers désignaient
au-dessous des quatre coins, étaient les des vases plus profonds destinés à conte
anneaux au moyen desquels on la portait. nir des liquides, du vin ou de l'huile odo
Josèphe en donne une description assez riférante; l'arc de Titus les représente
détaillée, Ant. 3, 6.6. par deux urnes. En spécifiant davantage,
Salomon en fit faire dix d'or massif, on croit que sur les premiers de ces us
comme il paraît résulter de 2 Chr. 4, 8. tensiles on plaçait les pains, dans les se
cf. 1 Chr. 28, 16. 1 Rois, 7, 48. Cepen conds, l'encens, dans les troisièmes, le
dant Winer croit qu'il continua de n'y en vin qui accompagne tout festin, et que
avoir qu'une, cf. 2 Chr. 29, 18., et il le quatrième terme désigne les coupes ou
est vrai que dans le passage le plus im gobelets destinés à recevoir le vin versé
portant de ceux qui précèdent, 2 Chr. des urnes plus grandes.
4, 8., il n'est parlé que de dix tables sans PALESTINE. Ce nom, qui ne se trouve
indication de l'usage auquel elles pou pas dans l'Ecriture sainte, a été donné à
vaient être destinées. la terre promise par les Grecs et les Ro
Antiochus Epiphanes enleva avec les mains : il ne désignait proprement que la
autres ustensiles sacrés, la table des pains côte habitée par les Philistins (nos ver
du second temple, 1 Macc. 1, 23., et lors sions, Ex. 15, 14. Ps. 60, 8.Joel3, 4., tra
de la restauration du temple on dut en duisent à tort par Palestine l'hébreu Pe
faire une nouvelle, 4, 49.; une tradition, lèshet, qui désigne le territoire des Phi
PAN 133 PA0
veille au soir (jeudi), n'avait été que la pascale, réelle, mais plus étendue et
préparation de la fête dans laquelle on moins cérémonielle que la fête propre
avait mangé l'agneau pascal, Jean 19, 14.; ment dite. La Cène est une pâque réité
explication qui est presque généralement rée et fréquente ; elle est la commémora
rejetée; les autres donnent aux expres tion de la mort de celui qui est notre pâ
sions manger la pâque et préparation de que, et ce souvenir doit accompagner la
la pâque, Jean 18, 28. 19, 14., un autre pensée du chrétien, non-seulement dans
Sens que celui dans lequel on les prend la grande solennité que l'Eglise a consa
ordinairement, expliquant la première de crée , mais dans toutes les Occasions où
l'un ou de l'autre des diffèrents sacrifi il s'approche de la table du Seigneur. Il
Ces journaliers qui se faisaient dans le se rappelle alors qu'il a été délivré com
Courant de la semaine sainte, et la se me le Juif, mais d'une servitude plus ter
conde de la préparation qui se faisait la rible, mais par un sang plus précieux,
veille du sabbat de pâque : explications mais pour un avenir de joies plus gran
un peu dures et contraires à l'usage gé des, plus sûres, plus durables, pour la
néral. sainteté et pour la vie éternelle.
Au milieu de ces incertitudes, il paraît Rappelons encore, en terminant, les
plus vraisemblable que Jésus n'a pas fait querelles qui éclatèrent dans les pre
la pâque avec ses disciples, d'autant plus miers siècles de l'établissement du chris
que s'il l'eût faite, il eût agi contre les tianisme, entre les évêques orientaux et
observances juives en quittant le même les occidentaux, sur le jour auquel il fal
soir, pendant la nuit, la maison et la ville lait célébrer la pâque. Les orientaux vou
> de Jérusalem, Matth. 26, 30.Marc 14,26. laient s'en tenir à l'usage que leur avaient
Luc 22, 39. v. sur cette question le com légué saint Jean et les apôtres, de la célé
mentaire d'Olshausen sur la Passion de brer le quatorzième jour de la lune de
notre Seigneur, d'après les quatre évan mars; les occidentaux la célébraient le
gélistes, traduit de l'allemand par le pro dimanche qui suivait. Polycarpe et Ani
fesseur Chappuis. cet eurent sur ce point des conférences
Quoi qu'il en soit, du reste, la pâque qui n'aboutirent à aucun résultat, l'évê
chrétienne à succédé à la pâque juive ; que de Rome ne voulant pas se plier à
elle a pris sa place dans l'année et dans l'usage apostolique, et Polycarpe ne vou
le cœur de ceux qui ne sont plus sous la lant pas y renoncer. Plus tard, Victor Ier
loi, mais sous la grâce. Il n'importe pas (196) envenima la discussion, et rompit
que Jésus-Christ l'ait célébrée ou indi la communion avec les évêques d'Orient ;
quée avant sa mort; il l'a fondée par sa Irénée, évêque de Lyon, réussit à faire
In0rt, COmme cela ressort non-seulement entendre raison au pape, qui rétracta ses
de cette parole de l'apôtre : « Christ, notre mesures antichrétiennes. Les deux Egli
pâque, a été sacrifié pour nous, » 1 Cor. ses ont dès lors continué d'observer leurs
5, 7., mais encore des rapports évidents jours particuliers.
et nombreux qui ont fait de son sacrifice PARA, ville de Benjamin, Jos. 18, 23.
I'accomplissement perpétuel de ceux qui PARADIS, nom grec du jardin placé
devaient être offerts par les Juifs. Il se en Eden, et dont Dieu avait fait l'habita
rait trop long d'énumérer ici tous ces tion bénie du premier homme, Gen. 2, 8.
rapports entre le Christ et l'agneau pas 3, 8 23. 4, 16. L'Ecriture nous dit qu'un
cal, de même que ceux que les auteurs fleuve sortait du pays d'Eden, pour arro
Sacrés font ressortir entre le sacrifice de ser le paradis, et que de là il se divisait
Christ et la pâque : v. Moïse sans voile, en quatre têtes, le Pison, le Guihon, le
par Des Bergeries, p.112.sq.,219. sq. Hiddekel et l'Euphrate : quelques détails
Il ressort aussi de l'institution de la généraux sur chacun de ces fleuves, et la
Cène, soit qu'elle ait eu lieu le 14 nisan, circonstance qu'Eden était en Orient,
ou le 13, qu'elle était destinée à rappeler sont tout ce que nous savons sur ce jar
le souvenir de la mort de Christ, et qu'elle din, tout ce qui peut diriger les recher
avait sous ce rapport une signification ches des commentateurs, des théologiens,
PAR 139 PAR
sayer de déterminer avec autant de cer 2° En suivant les indications que don
titude que possible quel était le pays ne Moïse, l'Euphrate et le Tigre nous
d'Eden, ou quel était l'emplacement du renvoient au plateau de l'Arménie ; c'est
paradis, car ces deux questions se con dans le voisinage du mont Ararat qu'ils
fondent, et la première est presque tou prennent leur source, et c'est dans la mê
jours absorbée par la seconde, qui seule me contrée aussi que naît l'Araxe que
a de l'intérêt. Calvin, Huet, Bochart, Mo l'on prend pour le Guihon, de même que
rin, Grotius, Hottinger, Rosenmuller et le Phasis ou Pison. Ce pays est très fer
Gesenius, doivent être comptés au nom tile, et riche sous tous les rapports; il y
bre de ceux qui ont fait sur ce sujet les a plusieurs lacs entre les montagnes, des
travaux les plus consciencieux ; mais la cimes couvertes de neiges éternelles, des
fréquente divergence de leurs vues de traces d'éruptions volcaniques. Cette ma
détail, et les résultats différents auxquels nière de voir est entièrement celle de Re
ils sont arrivés, disent suffisamment land et de Calmet, en grande partie celle
qu'une base sûre nous manque, et si de Jahn, Winer, etc.
l'on continue de s'occuper de cette re 3° Si l'on demande maintenant où est
cherche, c'est à cause de l'intérêt qui se ce pays d'Eden, où ce fleuve qui arrosait
rattache à l'examen même de la question, le jardin, où ce jardin lui-même, où la
plutôt que dans l'espérance de la résou source commune de ces quatre fleuves
dre ; le déluge qui nous sépare de l'an qui aujourd'hui sortent bien d'un même
cien monde, et qui a doublement boule plateau, mais non du même bassin, il faut
versé la face du globe, est la plus sûre répondre que ce sont précisément ces
garantie de la complète inutilité de tou choses qui ont été détruites. Moïse lui
tes les recherches. même parle du chérubin qui défend l'en
Plusieurs systèmes ont été examinés à trée du paradis, il nous raconte le déluge
l'art. Création, q. v., et l'auteur a déve qui a passé par-dessus toutes les hau
loppé le sien de manière à ne laisser au teurs de la terre ; il n'a donc pas voulu
cun doute dans l'esprit de ceux qui dans nous dire que le pays puisse encore être
cette question consentiront à se décider, trouvé. Le paradis n'existe plus, les fleu
et à le faire en rompant avec les tradi ves coulent encore. L'aveu que nous fai
tions scientifiques du passé. sons pour l'ensemble de la question, l'on
Dans le présent article, nous nous bor est obligé de le faire au moins pour les
nerons à exposer brièvement l'opinion détails, et l'on compromet ainsi ce qu'on
généralement admise. Ce qui a été dit avait cru prouver d'abord.
aux articles spéciaux sur les quatre fleu 4° Parmi un grand nombre d'opinions
ves et sur les pays qu'ils parcourént, a sur la situation du paradis, dont la plu
déterminé en quelque sorte la position part ne méritent pas d'être réfutées, nous
du paradis. On ajoute : 1° que Moïse ne mentionnerons cependant encore celle de
nous présente pas une géographie my Calvin, Grotius, Huet, Bochart, qui le pla
thique; il ne parle pas non plus, comme le cent dans la Babylonie ; les quatre fleu
voudrait Leclere, d'une contrée qu'il ré ves sont alors le Tigre, l'Euphrate, et
garde comme perdue, ou qui ne puisse deux sources du Shat-al-Arab.
être retrouvée : il parle à ses contempo Les auteurs arabes ont conservé en la
rains, et il veut leur faire connaître la modifiant la tradition biblique; leurs qua
contrée où a été le premier séjour des tre fleuves sont le Tigre, l'Euphrate, le
· hommes nouvellement créés; ainsi que le Dschi-Houn (Oxus des anciens), et le Si
dit Calvin : Topographiam suam Moses hon (Iaxartes) : ce sont les quatre plus
dd sud dºtatis tractum accommodavit; grands de l'Asie, l'Indus et le Gange ex
non-seulement il indique des pays et des ceptés. - D'après le Zend Avesta le pa
PAR 140 PAR
radis, la pure Ivan, serait situé dans ce que, qui paraît être sa patrie Originaire.
que nous appelons aujourd'hui Erivan, On a voulu reconnaître aussi le tétanos
Où coulent encore les fleuves Khur et emprosthetonus dans la maladie mention
Arass : une partie de ce paradis, dans la née Luc 13, 11.; elle consiste dans un
quelle est né Zoroastre, s'appelle Eden, raidissement des muscles du cou, accom
qui signifie dans la langue pehlvi lieu de pagné d'une courbure générale du corps
repos. Les Arméniens sont persuadés que d'arrière en avant ; d'autres ont cru qu'il
le paradis était situé près de l'Ararat, si s'agissait là d'une autre espèce de mala
non même sur son penchant meridional, die, peut-être de douleurs rhumatisma
et le couvent d'Etschmiatsim aurait été, les ; les médecins varient beaucoup sur
selon quelques-uns, construit sur le lieu ce qu'ils entendent par paralysie dans la
même de son emplacement. Bible , mais il est constant que dans la
PARALYSIE, maladie assez connue plupart des cas, il s'agit de véritables pa
et assez fréquente, qui consiste dans le ralysies. — La main sèche de Jéroboam,
relâchement des muscles de certaines 1 Rois 13, 4., et celle dont il est parlé
parties du corps, et dans l'incapacité pour Matth. 12, 10. Marc 3, 1., n'étaient appa
le patient de se servir librement et à sa remment autre chose que des membres
volonté des membres ainsi attaqués : mal paralysés; Ackermann pense que dans le
gré cette affection musculaire les organes cas de Jéroboam il est question d'une
conservent en général la circulation du affection tétanique.
Sang, la chaleur animale, et leurs sécré PARAN, ou plutôt Pharan, désert si
tions particulières. La paralysie frappe tué au sud de la Palestine, Gen. 21, 21.
les bras, les jambes, la langue, les yeux, cf. v. 14., entre ce pays et l'Egypte. Les
etc.. souvent en suite d'une attaque d'a- Israélites y passèrent pendant le voyage
poplexie. Elle n'est du reste générale du désert, après qu'ils eurent quitté les
ment accompagnée d'aucune douleur au solitudes du Sinaï, trois jours après avoir
tre qu'un léger picotement facile à sup quitté la montagne même sur laquelle la
porter. Sa guérison est toujours difficile : loi leur avait été donnée, Nomb. 10, 12.
les frictions, et les remèdes électriques 33. C'est peut-être aussi à cause de ce
Sont au nombre des moyens dont on se souvenir que le nom de Paran est resté
Sert avec le plus de succès.—Les anciens attaché à celui du Sinaï, Deut. 33, 2.,
connaissaient, ou plutôt distinguaient, d'autant plus que le mont de Paran était,
une autre espèce de paralysie ; les mus selon toute apparence, attenant à la chaîne
cles au lieu d'être relâchés, sont excessi du Sinaï, cf. Hab. 3, 3. On a cru retrou
vement tendus, et n'obéissent plus à la ver Paran dans le Wady Feiran, belle et
volonté de leur maître, mais ils n'en sont fertile vallée, arrosée d'un ruisseau qui
pas moins dans une activité constante et déborde quelquefois, et renfermée entre
Convulsive , c'est à cette classe qu'appar des montagnes hautes et escarpées (Shaw,
tiennent la catalepsie, l'épilepsie, et les Niebuhr); mais cette vallée, proche du Si
différents genres de tétanos, tous accom naï, est située au nord-ouest, tandis que
pagnés de violentes douleurs. Le Nou celle de Paran était située entre le Sinaï
Veau Testament nous présente plusieurs et la Palestine. du côté de la frontière
exemples de ces maladies, et c'est peut iduméenne, et Makrizi (v. Burckhardt)dis
être dans cette dernière espèce qu'il faut tingue positivement le Paran biblique du
ranger la paralysie dont il est parlé Wady Feiran. Il est plus probable qu'une
Matth. 8, 6., ainsi que le font divers au trace de Paran se trouve dans la mention
teurs qui l'entendent du tétanos, maladie que font Eusèbe et saint Jérôme d'une
moins rare dans les pays chauds que chez ville de Pharan, située à trois journées
nous, et si douloureuse qu'elle précipite nord-est d'Elana. v. aussi Josèphe, Guer.
rapidement et presque inévitablement de Jud. 4, 9. 4. — Quant à la ville de
dans le tombeau, tous ceux qu'elle at Phara, située sur les rives de la mer
teint; le tétanos est cependant moins fré Rouge, et mentionnée par Ptolémée, elle
quent encore en Orient que dans l'Afri se rapporterait plutôt à la vallée de Fei
PAR 141 PAR
pays distincts, mais établit plutôt, en réu l'autre, qui a vécu 243 ans avec le pre
nissant ces noms , qu'il désignent deux mier et 600 ans avec le second ; ou bien
parties séparées du même pays. Cette Enos, petit-fils d'Adam , qui a vécu 695
opinion est confirmée encore par le fait ans avec son aïeul, et 84 ans avec Noé;
que les Pathrusim, qui étaient probable ou bien encore Kénan, Mahalaléel, Jared,
ment les habitants de Pathros, sont comp qui tous ont vu le premier et le dernier
tés parmi les descendants de Mitsraïm. homme de l'ancien monde, ces trois der
· PATMOS, Apoc. 1, 9., rocher nu et niers ayant vécu avec Noé 179, 264 et
stérile de la mer Egée, au sud-est d'Ica 366 ans. Dans le nouveau monde, Noé vit
ria : cette île, l'une des Sporades, n'est encore 128 ans avec le père d'Abraham,
connue que pour avoir été le lieu d'exil et ne meurt que 2 ans avant ce patriarche,
de l'apôtre saint Jean; on montre encore de sorte qu'entre Adam le père des hom
dans la baie de Nestia la grotte dans la mes, et Abraham le père des croyants,
quelle il doit avoir reçu ses révélations. pour un espace d'environ 21 siècles,
PATRIARCHES. Ce nom, dont la signi nous ne trouvons que trois chaînons né
cation revient en grec à celle de chef de cessaires, Seth, Noé, et Tharé. De ces
famille, est employé dans cette significa longues vies, et de ces synchronismes si
tion générale en parlant de David et des étendus, il résulte évidemment une très
fils de Jacob dans le Nouveau-Testament, grande sûreté pour les traditions histori
Act. 2, 29. 7, 8.9. Dans un sens plus ques, de grandes garanties pour l'exacti
restreint, il désigne les fondateurs de la tude de l'histoire des premiers temps.
nation juive, et les pères du genre hu La longévité des patriarches a trouvé
main, ou plutôt parmi eux et d'une ma bien des incrédules, et ceux qui, respec
nière plus particulière, ceux qui appar tant l'autorité de l'Ecriture, désirent n'en
tiennent à la ligne directe dans laquelle admettre que ce qu'ils veulent croire, ont
se sont perpétuées les promesses, ainsi, cherché à concilier leur respect avec leur
parmi les enfants d'Adam, la ligne de raison ou leurs habitudes. De là, quel
Seth, parmi ceux de Noé, la ligne de Sem, ques-uns ont entendu de familles entières
parmi ceux d'Héber, celle des Hébreux, les chiffres qui indiquent l'àge des pa
Tharé, Abraham, lsaac, etc. Ordinaire triarches ; idée malheureuse, car on ne
ment, et, d'après une espèce de conven peut pas dire que la famille d'Adam se
tion tacite mais universelle, on regarde soit éteinte au bout de neuf cent trente
Jacob comme le dernier des patriarches. ans; que la famille d'Enoch ait étè enle
Dans ce sens, le Nouveau Testament ne vée tout entière pour être avec Dieu ;
donne ce nom qu'au seul Abraham, Hébr. que la famille de Noé, outre ses trois
7, 4. fils, soit entrée dans l'arche, etc. On a
Leur histoire, que l'on trouvera sous donc cru faire quelque chose de plus rai
chaque article particulier, ne peut nous sonnable en diminuant la longueur des
occuper ici, nous nous bornerons à quel années, et on les a prises pour des mois ;
ques observations sur le grand âge au mais cette hypothèse arbitraire, que rien
quel ils sont tous parvenus, problème ne justifie, amène le résultat ridicule de
tout ensemble de physiologie et de chro Mahalaléel ou de Hénoc, pères de famille
nologie, qu'il ne s'agit du reste pas de à l'âge de cinq ans et demi. Il a donc
résoudre, mais d'expliquer. La moyenne fallu allonger un peu ces années d'un
de leur vie depuis Adam jusqu'à Noé, mois, et on les a faites de trois mois ;
Enoch excepté, est de 900 ans ; depuis mais, d'après ces calculs, on arrive déjà
Sem dont les jours ne sont plus que de à des vies de plus de deux siècles, ce qui
600 ans, la vie des patriarches va en di répugne moins sans doute, mais toujours
minuant : Joseph meurt à 110 ans. — un peu, à ceux qui veulent que ce qui
Quelques rapprochements ont de l'in est maintenant ait toujours été; d'ailleurs
térêt : un seul homme sert de chaînon l'histoire du déluge, avec ses douze mois
entre la création et le déluge, entre Adam de trente jours, Gen. 7, 11. 24. 8, 3.4.
et Noé, c'est Méthusélah qui a vu l'un et 5. 13.14., renverse complétement toute
PAT 144 pAU
hypothèse de cette nature. On n'a donc sait de l'immortalité à la mort; par con
que le choix d'accepter les chiffres avec séquent aussi, en remontant en arrière,
leur valeur historique, ou de les considé chaque génération devait avoir une durée
rer comme les rêves mythiques des pre plus longue que celle qui la suivait. Et si
miers poètes qui ont composé les origines les désordres des peres frappent la santé
du monde et les premiers temps du genre de leurs enfants, cette influence devait
humain.—La seule objection qu'on élève être moindre dans un temps où la sen
contre le grand âge des patriarches, et sualité ne se satisfaisait qu'avec peine,
contre le récit biblique, n'est véritable dans une famille surtout dont le caractère
ment pas sérieuse ; on n'arrive plus de était la recherche de la sainteté, et dont
nos jours, dit-on, à une pareille vieillesse, un des membres fut enlevé avant le temps
on n'y est donc jamais parvenu. Mais on ne pour être avec Dieu. « Jusqu'au déluge,
trouve plus maintenant non plus le mam dit Bossuet, toute la nature était plus
mouth, ni l'iguanodon avec ses 20 mètres forte et plus vigoureuse : par cette im
de longueur, ni la bête de l'Ohio qui était mense quantité d'eaux que Dieu amena
plus grande que l'éléphant, et avait des sur la terre, et par le long séjour qu'elles
défenses de plus de 4 mètres de longueur, y firent, les sucs qu'elle enfermait furent
ni cette espèce de cerfs dont le crâne pe altérés ; l'air, chargé d'une humidité ex
sait 40 kilog., et dont le bois, avec ses cessive, fortifia les principes de la cor
ramifications, comptait 5 mètres. Et si le ruption, et la première constitution de
règne animal, avant le déluge, avait des l'univers se trouvant affaiblie, la vie hu
proportions parfois colossales, et supé maine, qui se poussait jusques à près de
rieures à celles auxquelles il a été réduit mille ans, se diminua peu à peu. »
dès lors, qu'y aurait-il d'étrange à ce que Cette tradition de longévité, d'ailleurs,
la race humaine elle-même eût participé n'appartient pas à la Bible seule ; la mé
à ces proportions plus fortes, à cette con moire en a été conservée chez plusieurs
stitution plus robuste, à cette vie plus auteurs païens, Hésiode, etc.
longue ? Ce n'est pas, du reste, que nous PATROBAS, disciple de Rome, connu
voulions rattacher la longévité à un plus seulement par la salutation de saint Paul,
ou moins grand développement physique Rom. 16. 14. Les Grecs l'ont fait évêque
de la taille de l'homme. Faisant abstrac de Pouzzoles.
tion de l'action de Dieu, qui a certaine PAUL, d'abord nommé Saul, Juif de
ment dù intervenir pour faciliter un ra la tribu de Benjamin , natif de Tarse, en
pide accroissement de la population du Cilicie, témoin consentant à la mort d'E-
globe, et le maintien des vérités tradi tienne, persécuteur de l'Eglise, puis un
tionnelles, on peut comprendre qu'une des plus fidèles apôtres de ce Jésus qu'il
vie dont la longueur nous surprend, fût le persécutait, Phil. 3, 5.Act. 9, 11. 21,39.
partage d'hommes chez qui la sève de la 22, 3. Un de ses ancêtres était devenu ci
création, si l'on peut s'exprimer ainsi, toyen romain, et c'est à cela peut-être
avait encore quelque chose de sa force qu'il faut attribuer le nom latin qu'il prit,
première; d'hommes qui vivaient dans un assez semblable à son nom hébreu pour
milieu plus pur et moins altéré, dans une le rappeler, assez différent aussi pour
atmosphère peut-être moins corrompue; faire reconnaître sa bourgeoisie romaine;
d'hommes dont la vie était sobre, et qui c'est du moins l'hypothèse la plus simple
ne connaissaient ni le vin, ni la viande, pour expliquer ce double nom. D'autres
dont toutes les occupations étaient saines,
ont voulu voir dans Saul le nom du Juif,
et qui vivaient en plein air, au milieu deet dans Paul celui du chrétien, apôtre
leurs champs et de leurs troupeaux. Si des gentils, décidé à rompre radicale
chaque géneration perd sur celle qui la ment avec toutes les formes du judaïsme.
précède quelques mois dans la moyenne On ne connaît rien de sa jeunesse : on a
de sa durée, cette perte devait être beau voulu conclure de certains passages qu'il
coup plus considérable dans les premiers avait acquis la connaissance des lettres
temps du monde, alors que l'homme pas grecques, mais c'est incertain , et les
PAU 145 PAU
épreuve pour l'apôtre, destinée à répri connus que par cette mention rapide et
mer l'impatience qu'il pouvait avoir d'en abrégée. — On peut remarquer que saint
trer dans l'évangélisation, et de commu Paul, malgré l'excommunication générale
niquer aux hommes le changement qui prononcée contre ceux qui confesseraient
s'était opéré en lui, et les dons qu'il avait le nom de Christ, Jean 9, 22., n'a jamais
reçus ; mais cette interprétation est peu été excommunié, et qu'il est toujours en
naturelle. tré librement dans les synagogues pour
4° Parmi les événements de sa vie qui enseigner et discuter, liberté qui s'ex
ne sont pas racontés dans les Actes, et plique peut-être par la circonstance que
dont il rappelle, en quelques mots, le Paul avait été docteur de la loi, et que,
souvenir parfois d'une manière obscure, pour ces hommes privilégiés, l'excommu
il faut compter l'allusion faite 1 Cor. 15, nication était toujours uIie mesure à la
32.: « Si j'ai combattu contre les bêtes à quelle on ne se décidait que difficilement.
Ephèse... » Faut-ilentendre ce passage à la 5° Son activité consistait principale
lettre, ou l'èntendre, au sens figuré, d'une ment dans la prédication de l'Evangile : il
vive contestation dans laquelle Paul au baptisait quelquefois, 1 Cor. 1, 14., mais,
rait couru le danger de perdre la vie ? en général, il abandonnait cette fonction
Faut-il enfin n'y voir qu'un raisonnement à ses compagnons d'œuvre, dont il avait
hypothétique 9 C'est ce que l'on ne peut toujours un certain nombre avec lui, qu'il
décider, et les trois opinions offrent pres employaitcomme aides et émissairesapos
que d'égales difficultés. Le sens figuré toliques, Act. 19, 22. 17, 16., etc. Après
ne se justifie pas par la langue, et, dans qu'il se fut séparé de Barnabas et de Jean
tous les cas, l'image serait trop forte Marc, Act. 15, 37., il fut surtout accom
pour toute autre espèce de danger ; le pagné jusqu'à la fin de sa vie, et tour à
sens littéral ne se justifie pas par l'his tour, par Silas, Timothée, Luc le méde
toire, les Actes ne racontent rien de sem cin, Tite, Démas, Eraste, et d'autres en
blable, les Pères ecclésiastiques n'en par core qui travaillèrent avec lui. Ce fut par
lent pas davantage, et saint Paul, dans Barnabas qu'il fut d'abord mis en contact
l'énumération qu'il fait, 2 Cor. 11, 23., avec les apôtres immédiats de Jésus, et
de tous les dangers qu'il a courus, n'en avec les anciens de l'église-mère de Jé
dit mot; d'ailleurs , comment aurait-il rusalem, 15, 25., et il eut souvent, dès
échappé à la mort dans ce terrible com lors, l'occasion de cultiver leur connais
bat ? Ajoutons que ce supplice destiné sance dans ses voyages qui le ramenè
aux esclaves et aux prisonniers de guerre rent fréquemment au milieu d'eux, Act.
ne pouvait être prononcé contre un hom 15, 4. 21, 18. Gal. 2. Ses principes sur
me libre et romain, et que Paul n'aurait les rapports de la loi juive avec le chris
pas manqué de faire connaître ses titres tianisme n'harmonisaient pas toujours
et de revendiquer ses droits en cette oc avec ceux des apôtres judéo-chrétiens, et
casion, comme il l'a fait en d'autres cir il eut même une contestation assez vive
constances moins critiques. La désigna avec l'apôtre Pierre sur ce sujet, Gal. 2,
tion du lieu, le nom d'Ephèse, ne per 11. Cette divergence de vues qui ne dura
mettent pas de supposer qu'il y ait ici un pas longtemps entre les apôtres, mais qui
simple raisonnement sans allusion à un dura longtemps entre leurs disciples, fut
fait ; quand on raisonne sur des hypo toujours, dans l'Eglise de Jérusalem, une
thèses, on ne leur donne pas les carac source de méfiance contre Paul, Act. 21,
tères du récit historique. - La plupart 21., et maintint sans doute de la froi
des faits que Paul énumère encore, 2 Cor. deur dans leurs rapports, ce qui n'em
11, 24., ne peuvent être datés avec certi pêcha pas l'apôtre, toutes les fois qu'il le
tude; plusieurs appartiennent sans doute crut nécessaire, de faire où il se trouvait
à son séjour à Corinthe ; quant aux au des collectes pour les pauvres de Jérusa
tres, ils ont eu lieu dans la première par lem et de la Judée, Rom. 15, 25. 1 Cor.
tie de sa carrière, avant qu'il écrivît cette 16, 2 Cor. 8, Gal. 2, 10. Son champ de
lettre aux Corinthiens ; mais ils ne sont travail s'étendait depuis la Syrie indéfini
PAU 152 PAU
ment vers le nord et le nord-ouest; car il un passage dont On a voulu tirer de sin
choisissait de préférence l'évangélisation gulières conséquences dogmatiques , il
dans les lieux où d'autres n'avaient pas suffit de remarquer, 1° que saint Pierre
encore travaillé, Rom. 15, 20.2 Cor. 10, ne mentionne dans les épîtres de Paul
15.; cependant là mème il ne put pas res que quelques points difficiles à entendre ;
ter à l'abri des intrigues des Juifs de la2° que la difficulté porte non sur la ma
Palestine, 1 Cor. 1, 12. 3, 32. Gal. 2, etnière dont Paul présente ces points, mais
3. En général, on peut dire que sa vie sur la profondeur même des sujets qu'il
fut une lutte continuelle contre des en traite ; 30 que malgré ces points difficiles
nemis aussi malveillants qu'infatigables, les épîtres avaient été écrites à de sim
non-seulement contre les Juifs, ses an ples fidèles, et que saint Pierre ne cher
ciens coreligionnaires, qui le poursui che pas à les détourner de les lire : il n'y
vaient, pour sa conversion au christianis a que les ignorants et les mal assurés qui
me, avec toute la violence d'une haine puissent en faire un mauvais,usage, mais
l'eligieuse et nationale, mais encore con ceux-là même s'en trOuveraient-ils mieux
tre les judéo-chrétiens, dont les uns, dans s'ils venaient à ne faire des lettres de
le sein même de l'Eglise, tantôt ouverte Paul et des autres Ecritures aucune es
ment, tantôt d'une manière indirecte et pèce d'usage 9 C'est là la question : l'E-
cachée, cherchaient à faire dominer leurs glise romaine qui aspire à faire autre
tendances judéo-chrétiennes : dont les ment et mieux que les apôtres, la décide
autres essayaient de mêler au christia autrement qu'eux , l'Eglise protestante
nisme pur des spéculations gnostiques qui ne reconnaît d'autre modèle que
orientales ; et, pendant qu'il devait, con Christ et les apôtres inspirés, suit leur
tre les premiers, empêcher que la liberté exemple , et recommande aux fidèles de
de la loi morale du christianisme ne fût lire des épîtres écrites pour les fidèles, et
transformée de nouveau en un code légal non pour une caste privilégiée seule.
de prescriptions morales,il devait, contre 2° Paul. v. Serge.
les seconds, maintenir l'importance du PAUVRES. La loi mosaïque avait sage
christianisme historique, et le sens litté ment et libéralement pourvu , soit à res
ral chrétien des Ecritures.—Au reste, si treindre autant que possible le nombre
Paul était décidé et ferme sur la question des pauvres, soit à entretenir et secourir
des principes à l'égard de la fin du ju ceux qui avaient eu le malheur de tomber
daïsme, il ne se montrait pas rigoriste dans l'indigence. Elle leur assurait en ef
dans ses rapports avec les faibles, 1 Cor. fet :
9, 20.; mon-seulement il provoqua la cir 1° A l'époque de la récolte, un gla
concision de Timothée, mais il consentit nage suffisant dans les champs, et d'abon
à faire un vœu pour ne pas scandaliser dants grapillages dans les vignes, dans
les Juifs de Jérusalem, Act. 16, 3. 21, les plantations d'oliviers, et probable
24. Ce n'est que lorsque le parti juif se ment aussi dans les vergers à fruits, Lév.
montrait audacieux, insolent et provoca 19, 9. Deut. 24, 19. cf. Ruth 2, 2. Jos.
teur, que Paul lui résistait en face pour Ant. 4. 8, 21,;
l'humilier, Gal. 2, 4.; malgré cela, ses 2° Dans l'année sabbatique une libre
adversaires ne laissaient pas de dépré participation à tous les produits de la
cier son ministère, mème par des calom terre, croissant sans culture dans les vi
nies, et en l'accusant d'hésitation, de fai gnes, dans les champs, et dans les jar
blesse et de versatilité, 2Cor. 1, 17. 10, dins en repos, Lév. 25, 5.
10., et ils allèrent jusqu'à attribuer à l'a- 3° Tous les trois ans ils venaient s'as
pôtre de fausses lettres qu'il n'avait point seoir à la table des riches, et célébraient
écrites, 2 Thess. 2, 2., et qu'ils répandi le repas des dîmes, q. v. Deut. 12, 12.
l'eIll S0uS SOn nom. 14, 22, 16, 10. 26, 12. cf. Luc 14, 13. .
6° En dehors du livre des Actes et de - 4° En l'année jubilaire tous ceux qui
ses Epitres, le nom de Paul ne se retrouve avaient été forcés de vendre leurs pos
qu'une seule fois. 2 Pierre 3, t5., dans sessions, redevenaient de droit, eux ou
PAU 153 PAU
leurs fils, propriétaires des biens qu'ils déjà c'était l'usage, et il fut conservé sous
avaient aliénés, de sorte que les terres les empereurs, d'affermer à bail, ordinai
restaient non-seulement dans les mêmes rement pour cinq ans, à des chevaliers,
tribus, mais encore dans les mêmes fa ou à des associations de chevaliers ro
milles, v. Année. mains, l'exploitation entière des impôts
En outre, la loi qui recommandait d'une d'une province. Ces riches et grands pu
manière générale la bienveillance et la blicains traitaient ensuite en détail avec
bienfaisance envers les pauvres, Deut. des particuliers, romains ou provinciaux,
24, 12. Prov. 14, 31. 22, 16. 31, 9. etc., de l'exploitation spéciale de certaines vil
renfermait aussi des prescriptions posi les frontières, ou ports de mer, et ils
tives, telles que l'ordre de leur prêter cherchaient naturellement à retirer le plus
sur gage sans intérêt, même à l'approche grand profit possible de ces espèces de
de l'année sabbatique, la défense de rete marchés. Ces subordonnés, que les au
nir après le soleil couché des objets in teurs profanes connaissent sous les noms
dispensables, et que le pauvre aurait été d'exacteurs, de visiteurs, percepteurs ou
cependant obligé de mettre en gage, tels autres, sont appelés dans le Nouveau Tes
que cOuverture pour la nuit, meule à tament des péagers (à Jérico il y avait un
moudre le grain, etc., Deut. 24, 12. 13. chef des péagers, sans doute à cause du
15, 7-11. Lév. 25, 35. sq. L'impartialité transit considérable de baume , Luc 19,
la plus entière était recommandée aux 2.). Leur nom est souvent associé à celui
juges dans les causes des indigents, Ex. des gens de mauvaise vie, des femmes de
23, 3.6. Lév. 19, 15. etc. mauvaise vie, des méchants, et des païens,
Toutefois, il ne paraît pas que ces sa Matth. 9 , 10. 11 , 19. 18, 17. 21 , 31.
ges ordonnances aient été longtemps res Luc 5, 30. 7, 34. Les rabbins même les
pectées, et nous voyons les prophètes assimilent aux voleurs de grands chemins
faire entendre des plaintes fréquentes sur et aux meurtriers, et ceux des Juifs qui
la dureté des riches à l'égard des pau embrassaient cette profession étaient dé
vres, et sur la vénalité des juges, Es. 10, clarés incapables de témoigner en pu
2. Am. 2, 6. Jér. 5, 28. Ez. 22, 29. etc. blic, et chassés de la synagogue. Cette
La bienfaisance était considérée par les haine profonde qui a toujours poursuivi
Juifs comme une des principales vertus, et qui poursuit encore les péagers, les
Tobie 2, 16. etc. Luc 19, 8., et la sainte douaniers et tous les hommes attachés à
té pharisaïque faisait un grand étalage ce genre d'occupation, s'explique soit par
des misères qu'elle soulageait, Matth. 6, l'impatience naturelle avec laquelle on
2. (on a voulu rattacher à ce passage l'u- supporte généralement les systèmes de
sage de certains mendiants orientaux qui douanes et toutes les gênes prohibitives
soufflent dans une corne pour exprimer de la liberté de circulation, soit et sur
leurs besoins, mais c'est trop recherché). tout à cause de la brutalité avec laquelle
— La constitution mosaïque ne reconnaît ces employés bouleversent et maltraitent
pas de mendiants proprement dits ; seule les effets des voyageurs ou les marchan
elle avait pu décréter en principe, qu'il dises qui passent par leurs mains, à cause
n'y avait point de pauvres dans le pays, du zèle souvent plus qu'indiscret qu'ils
parce qu'elle avait pourvu à ce qu'il n'y témoignent pour les intérêts de l'Etat, à
en eût point, et que c'était Dieu, et non cause de leurs estimations souvent arbi
les hommes, qui avait fait la loi. traires, et par conséquent plus difficiles
PAVÉ (le), Jean 19, 13., v. Gabbatha. à supporter et plus équivoques, à cause
PÉAGE, Péagers. Depuis que les Ro de leur rapacité intéressée; enfin, à cause
mains se furent emparés de la Palestine, de leurs extorsions, de leurs concus
ils y établirent, comme dans les provin sions et des fraudes dont ils se rendaient
ces voisines de l'Asie, leurs impôts ou fréquemment coupables, et contre les
droits d'octroi, qui pesaient essentielle quelles il n'y avait d'appel qu'auprès d'un
ment sur les importations, parfois aussi pouvoir qui profitait lui-même de ces
sur les exportations. Sous la république vexations et qui se croyait intéressé à
PEI 154 PEI
épuiser la fortune particulière au profit 11,24. cf. Jos. Ant. 4, 8, 21. Les cas dans
de la fortune publique. D'après Stobaeus lesquels cette peine était appliquée étaient
(Serm. 2, 34), Théocrite répondit un jour ordinairement ceux pour lesquels, selon
à une personne qui lui demandait quels la rigueur de la loi, il y aurait eu con
étaient les animaux les plus rapaces etles damnation à mort; c'était donc ainsi une
plus redoutables : Dans les montagnes, commutation. Il résulte de Matth. 10, 17.
les ours et les lions; dans les villes, les 23, 34., que la flagellation était quelque
péagers et les traîtres (sycophantes). fois appliquée dans les synagogues, v.San
Matthieu et Zachée étaient péagers hédrin, et de Act. 5, 40., que le grand
avant leur conversion; ils paraissent s'ê- sanhédrin était compétent pour ordonner
tre enrichis l'un et l'autre, mais si leur cette peine dans certains cas. Notre Sau
condition antérieure nous est inconnue, veur, avant sa crucifixion, et les apôtres
on peut dire d'une manière générale que à Philippes, furent fouettés à la romai
ce n'étaient jamais que des gens du com ne, avec des lanières de cuir, Jean 19,
mun peuple qui s'engageaient dans une 1. Matth. 27, 26. Act. 16, 22. Saint Paul
occupation aussi méprisée que haïe, et protesta contre cette discipline et sut,
cette circonstance ne pouvait qu'empirer dans une autre circonstance , s'y sous
avec le temps la haine et le mépris, en y traire en revendiquant ses droits de ci
ajoutant le préjugé et l'habitude. toyen romain, parce qu'en cette qualité,
PECTORAL. v. Prêtres. il ne pouvait être frappé qu'avec des ver
PEDAJA. v. Zorobabel. ges, Act. 16, 37. 22, 25. cf. Cic. Verr. .
PEINES. v. quelques idées générales 6, 56. -
sur le cadre d'un tambour 2 c'est ce que été faits pour conserver le respect dû
l'on ne saurait décider, et les diverses à l'Ecriture, tout en rejetant le sens or
† de la Vulgate, d'Hésychius dinaire et littéral de quelques passages
et d'autres, ne jettent pas de lumières sur souvent invoqués, tels que Dan. 12, 2.
ce sujet. Matth. 18, 8. 25, 41 46.. Apoc. 20, 10.
Nous voyons enfin rappelés dans l'Ecri 2 Thess. 1, 9., etc.; mais dans l'exa
ture quelques supplices exercés par les men de cette question , sans doute bien
nations païennes, et que les Israélites sérieuse, mais qui n'est que secondaire
n'ontjamais connus. 1° Des hommes jetés pour le chrétien qu'elle ne concerne pas
Vivants dans une fournaise, Dan. 3, peut directement, on a souvent oublié qu'il est
être aussi 2 Sam. 12, 31., coutume qui, des vérités que nous ne pouvou, ni ne
d'après Chardin et Rosenmuller, existe devons approfondir, notamment outes
encore en Perse de nos jours : quelque celles qui sont relatives à ce qui est éter
fois les condamnés étaient brûlés à petit nel ou infini. Adorons un Dieu de justice
feu, Jér. 29, 22. 2 Macc. 7, 5. — 2° La et d'amour, et attendons que nous puis
fosse aux lions, Dan. 6. — 3° On étouf sions connaître parfaitement, comme nous
fait les victimes au moyen de cendres avons été connus ; bien des choses alors
brûlantes, 2 Macc. 13, 5.— 4° On broyait surprendront nos intelligences bornées,
les enfants contre des rochers, et l'on et Dieu sera pour nous sans voile.
éventrait des femmes enceintes, surtout PÉKACH, fils de Rémalia ; il était ca
au sac d'une ville, 2 Rois 8, 12. 15, 16. pitaine aux gardes de Pékachia, et de
Es. 13, 16. 18. Os. 10, 14. 13, 16. Nah. vint par le meurtre de son maître le dix
3, 10. cf. Ps. 137, 9. Am. 1, 13. — 5° huitième et avant - dernier roi d'Israël.
La crucifixion, v. Croix. — 6° Enfin les Vingt années de règne n'ont pu donner à
Combats contre les bêtes féroces, et la cet usurpateur une gloire ou une réputa
meule d'âne pendue au cou de ceux que tion quelconque, et son caractère, par le
l'on précipitait dans la mer, 1 Cor. 15, 32. fait même qu'il est peu connu, ne paraît
Matth. 18, 6., sont deux supplices qui ne pas avoir mérité de l'être. On peut le ca
sont mentionnés qu'en passant : les ractériser un ambitieux d'un génie mé
noyades étaient cependant connues déjà diocre, un homme de guerre dont les vues
fort anciennement en Egypte, Ex. 1, 22., ne vont pas plus loin que le poignard qui
et les Romains avaient dans l'origine ré le mène au trône. Sa vie dont les frag
servé ce genre de mort aux parricides ; ments sont épars en trois livres diffé
plus tard, sous les empereurs, on en gé rents, 2 Rois 15 et 16, 2 Chr. 28. Es. 7,
néralisa l'emploi davantage , en l'appli 1. 8, 1.-9. 6. cf. 17, 1-11., ne présente
quant à tous ceux qui, par leurs crimes, pas un tout bien lié. Idolâtre comme ses
avaient mérité une peine sévère , une prédécesseurs, il fit alliance avec Retsin
mort cruelle ; on leur pendait alors au roi de Syrie, contre Achaz roi de Juda,
col une pierre ou tel autre objet pesant obtint d'abord de grands succès, fit un
qui assurât leur destruction et empêchât grand nombre de prisonniers qui ne du
leur corps de revenir flotter à la surface rent leur liberté qu'à l'intervention d'Ho
de l'eau, cf. Jér. 51, 63. Quant aux com ded et d'Hazaria, mais dut renoncer au
bats contre des bêtes féroces, v. l'art. siége de Jérusalem qu'il avait entrepris,
Jeux. pour retourner dans ses états menacés
Nous n'avons pas à examiner ici la ques par Tiglath-Piléser, qui ne tarda pas à lui
tion dogmatique de la peine que Dieu a enlever les provinces situées à l'est du
prononcée contre le pécheur, ni la ques Jourdain et au nord de la Palestine. Il
tion plus difficile encore des peines éter mourut bientôt, assassiné par Hosée;
nelles. Bien des doutes ont été soulevés, après avoir régné de 758-738 av. C.
bien des solutions ont été proposées : la PEKACHIA, fils et successeur de Mé
raison, le sentiment ont tour à tour élevé nahem, fut le dix-septième roi d'Israël; il
la voix pour adoucir ou changer la ré monta sur le trône 781 ans av. C. et fut
vélation : des efforts consciencieux ont assassiné par Pékach après deux ans d'un
PEL 157 PEN
règne obscur et idolâtre, 2 Rois 15, 22. hommes miraculeux par leur force et leur
PÉLATJA, fils de Bénaja, un des prin courage, v. Rois. -
cipaux du peuple sous Sédécias, et com PÉLICAN. C'est ainsi que doit être tra
plice de l'idolâtre incrédulité de Jaazanja, duit l'hébreu kaath , ainsi qu'on l'a vu à
Ez. 11, 1. 13., peut-être en partie ado l'art. Cormoran. Quant au mot racham,
rateur du soleil, cf. 8, 16. Pendant qu'Ezé rendu par pélican, il désigne plutôt le
chiel annonçait à la faction contraire à vautour percnoptère qui porte encore le
Jérémie, dont cet homme était l'un des même nom chez les naturalistes arabes, et
conducteurs, les vengeances de l'Eternel, que l'on trouve en Arabie , en Syrie, et
Pélatja tomba mort subitement ; cette surtout en Egypte; sa taille varie entre
mort était déjà un échec pour son parti , celle d'une grosse corneille et celle d'un
elle le ſievenait davantage encore en ce fort aigle commun. D'une vilaine figu
qu'elli représentait le commencement des re et mal proportionné, cet oiseau est
jugements de Dieu, et comme le nom de lourd, paresseux, lâche, se laissant battre
Pélatja signifie le secours de l'Eternel, par les corbeaux, toujours criant, lamen
chacun put dire « le secours de l'Eternel atant, dit Buffon, toujours affamé, et cher
pris fin, » il n'y a plus de délivrance à at
chant les cadavres; il est en outre dégoû
tendre dans les maux dont nOuS SOmmeS tant par l'écoulement continuel d'une hu
accablés. — Les ennemis de Jérémie se meur qui sort de ses narines. On com
moquaient de l'image d'une chaudière em prend que Moïse l'ait rangé au nombre
ployée par Jérémie, 1, 13. cf. Ez. 11, 3., des oiseaux impurs, Lév. 11, 18. Deut.
Ezéchiel la reprend pour son compte et 14, 17.; Hasselquist dit de son aspect
la développe de nouveau, 11, 7. 24, 3., qu'il est horridus quantum quis videre
comme pour sanctionner par son témoi potest.
gnage les paroles d'un prophète persé PELUSIUM. v. Sin.
cuté et méprisé. PENIEL. v. Jabbok. -
PÉLEG, Gen. 10, 25. 11, 16. 1 Chr. 1, PÉNINNA, 1 Sam. 1., l'une des épou
19. 25., appelé Phaleg Luc 3, 35. Des ses d'Elkana, mère de plusieurs enfants,
cendant de Sem, fils d'Héber, et frère de et jalouse, malgré ce bonheur, des soins
Joktan. Son nom, qui signifie partage, lui et de l'affection que son mari témoignait
fut donné par son père, parce qu'en son à Anne sa stérile rivale. Aigre , dure et
temps la terre fut partagée. Il mourut méchante, cette femme devait être pour
âgé de deux cent trente-neufans. Le nom Elkana une épine continuelle, comme elle
de Péleg se rapporte sans aucun doute à était pour Anne une tracassière persécu
la confusion des langues qui divisa les trice; elle était dans son temps une con
hommes, et les partagea non plus en fa damnation vivante de la polygamie.
milles seulement, mais en nations , v. PENTATEUQUE. Les cinq livres de
Babel. , Moïse forment un ouvrage unique, que
PÉLÉTHIENS, 2 Sam. 8, 18. 20, 23. nous nommons le Pentateuque (d'après le
1 Rois 1, 38. 1 Chr. 18, 17., soldats cé nom que les Grecs lui donnèrent : Ilsvrz
lèhres sous le règne de David, de même rsºzos sc. Bi3)os). Les Juifs le nommaient
que les Kéréthiens : comme ces derniers ordinairement le livre de la loi (sépher
rappelaient par leur nom les Crétois ou hatthorah), parce que la loi mosaïque en
Caphthorim, q. v., de même les Pélé forme pour ainsi dire le centre. Les Juifs
thiens rappelaient les Philistins, et il y de Palestine désignaient chacun des cinq
avait entre ces divers peuples ou peupla livres qui le composent par le mot qui les
des d'intimes liens de parenté. Les Pélé commence : ainsi Beréschith (la Genèse,
thiens étaient originairement de la ville littéralement : au cOmmencement), etC. ;
de Gath. Suivant différentes étymologies mais ceux d'Alexandrie leur donnèrent
possibles de leur nom, quelques auteurs des noms en rapport avec leur cOntenu,
ont voulu voir en eux, soit les membres Tévez ; ou Genèse (origine de toutes cho
du grand sanhédrin, soit des destruc ses), Egoôo; ou Exode (sortie d'Egypte),
teurs, des hommes qui brisent, soit des Asuirvo; (lois du culte lévitique), 'Apiºuot
- ,: r .
PEN ; 158 PÉN"
ou Nombres (parce que ce livre com alliance (Ex. 24,12.-31,). Ensuite le récit
mence par un dénombrement), et Asvre de la révolte du peuple, qui vint retarder
povbpuo» (répétition de la loi); ce sont ces l'exécution de cet ordre (Ex. 32-34,), de
derniers noms qui ont passé dans notre vait naturellement précéder le morceau
langue. qui traite de la construction du taberna
Pour nous convaincre que ces cinq li cle (Ex. 35, jusqu'à la fin du livre). —
vres forment un tout bien lié, un ouvrage Après la construction du tabernacle, c'é-
sorti de la plume d'un même auteur, et tait le lieu de placer les ordonnances re
composé d'après un plan régulier, et non latives au culte qui devait s'y célébrer,
pas, comme on l'a prétendu, un recueil et c'est ce qui forme le sujet du Léviti
de fragments, il suffit de jeter un coup que, dans lequel, avec un peu d'attention,
d'œil sommaire sur son contenu. On peut il ne sera pas non plus difficile de re
y distinguer un certain nombre de sec connaître un ordre bien suivi. Après les
tions principales. lois sur les sacrifices, signes et gages de
Sect. I. — Relation primitive de l'hom la grâce divine (1-7,), on devait attendre
me avec Dieu; rupture de cette relation celles sur les personnes sacrées char
par le premier péché; développement et gées de les offrir (8,). La consécration
châtiment du péché; premières promesses solennelle du tabernacle accompagnèe
d'un Rédempteur (Gen. 1-11,). d'une manifestation sensible de la divi
Sect. II. — Préparation du salut an nité, racontée au chapitre 9, justifie en
noncé dans la 1re section, par le choix quelque sorte le sévère châtiment infligé
d'un peuple qui doit être le dépositaire aux deux fils d'Aaron qui manquèrent au
de la révélation, et donner naissance au respect dû à l'Eternel (10,). Viennent en
Rédempteur. Cette section laisse pres suite les lois sur la pureté, d'après les-'
sentir une suite, car, à la fin, nous trou quelles devait se régler l'admission dans
vons le peuple d'Israël en Egypte, hors l'édifice sacré (11-15,); et à ce morceau
du pays qui lui a été assigné par la pro se rattachent très directement le chapitre
messe (Gen. 12-50,). 16, contenant la description de la grande
Sect. III. — Dans cette section nous fète annuelle, par laquelle devaient être
voyons le commencement de l'accomplis expiées toutes les souillures du peuple,
sement de la promesse relative au pays et le chapitre 17, qui attribue au taber
de Canaan. L'auteur, après avoir montré nacle le privilége exclusif de servir au
comment Moïse, qui devait être l'instru culte, et défend l'usage alimentaire du
ment de la délivrance, fut préparé pour sang, à cause de son emploi dans les ex
cette mission, raconte les miracles qui piations. Suit une énumération des pé
précédèrent et déterminèrent la sortie chés dont la souillure rendrait les Israé
d'Egypte, l'institution d'un mémorial de lites indignes de porter le nom de peu
ce bienfait (la pâque), et enfin le voyage ple saint à l'Eternel, et de posséder au
jusqu'au mont Sinaï, où le peuple, main milieu d'eux la demeure du Très-Haut
tenant préparé par l'épreuve et la recon (18-20,) ; dans les deux chapitres sui
naissance, doit recevoir la loi qui fixe sesvants, les loix sur la pureté, tant morale
rapports avec son Dieu (Ex. 1-18,) qu'extérieure, sont appliquées particu
Sect. lV. — Cette section, qui a pour lièrement aux personnes chargées du cul
sujet la législation, forme proprement le te (21, 22,). Le chapitre 23 contient le
noyau du Pentateuque. Elle embrasse à catalogue des fêtes solennelles , qui tou
peu près les événements d'une année. tes devaient se célébrer auprès du taber
L'auteur, après avoir donné la loi fonda nacle. Le chapitre 24, après quelques dé
mentale (Ex. 19-24, 11.), raconte com tails sur les objets sacrés qui devaient
ment Moïse reçut sur la montagne des di se trouver dans le tabernacle, raconte
rections très détaillées sur la construc un fait qui se passa dans ce temps-là, la
tion de l'édifice qui devait être le centre punition d'un blasphémateur; enfin, les
du culte, et l'habitation visible du Dieu trois derniers chapitres renferment les
avec lequel Israël venait de contracter lois sur le jubilé, l'année sabbatique, etc.,
PÉN ! 159 PEN !
qui devaient rappeler aux Israélites les 21,); l'histoire de Balaam est racontée
droits de Dieu sur le pays de Canaan avec beaucoup de détails pour montrer
dans lequel ils allaient entrer, — Après comment toutes choses doivent concou
avoir parlé du tabernacle et du culte qui rir au bien des enfants de Dieu (22-24,),'
s'y rattachait, Moïse était conduit à in mais immédiatement après, Moïse doit
diquer sa place dans le camp et la ma raconter comment Dieu châtie aussi d'une
nière de le transporter pendant le voyage manière terrible les péchés de son peu
(Nomb. 1-4,); il raconte comment, en ple (25,). Un dénombrement de la nou- .
conséquence des lois sur la pureté men velle génération qui allait entrer en pos
tionnées dans le Lévitique, un certain session du pays de Canaan, devait natu
nombre de personnes furent en effet ex rellement avoir lieu, et se trouve ici à sa
clues du camp (5, 1-4.) ; il énumère di place (26,). Il fallait raconter encore "
verses ordonnances qui furent données comment, dans la prévision de la pro
occasionnellement à cette époque (5, 5 chaîne mort de Moïse, Josué fut désigné
31., 6,); puis, comme les dons faits par et consacré comme son successeur (27,).
les douze chefs de tribus pour le service Les trois chapitres qui suivent (28-30,),
du tabernacle, furent alors seulement re sont consacrés à l'exposé général de
mis aux lévites pour cet usage, ils sont tout ce qui concernait les sacrifices et les !
inscrits et énumérés (7,); la consécration vœux, parce que le moment approchait
solennelle des lévites et leur entrée en où, étant entrés en possession de la terre
charge trouve naturellement ici sa place promise, les Israélites pourraient s'ac
(8,). Le chapitre 9 contient quelques dé quitter de ces obligations, là beaucoup
tails sur la célébration de la pâque et sur plus complétement qu'ils n'avaient pu le
la nuée merveilleuse, et quelques pres faire dans le désert. Le chapitre 31 rap
criptions amenées par les circonstan porte comment le châtiment que les Ma
ces; enfin, comme les Israélites allaient dianites méritaient à cause de leurs ten
se remettre en route, les dix premiers tatives de séduction, fut exécuté : le cha
versets du chapitre 10 devaient parler des pitre 32, comment le pays déjà conquis
trompettes sacrées. (Cette section va ain en deçà du Jourdain, fut partagé entre
si de Exode 19, à Nombres 10, 10.) les tribus de Gad, Ruben, et la moitié de
Sect. V. — Les événements qui s'écou Manassé. Le livre des Nombres se termi
lèrent depuis le départ de Sinaï jusqu'au ne par une énumération sommaire des
commencement de la quarantième année principales stations du voyage, et quel
du voyage, sont assez brièvement racon ques ordres relatifs aux frontières et au
tés; le plus saillant est la révolte du peu partage du pays de Canaan dans lequel
ple, lors du retour des espions, pour la on allait entrer (33-36,).
quelle, après être arrivé à la frontière du Sect. VII. — L'ouvrage de Moïse au
pays de Canaan, il fut condamné à errer rait été évidemment incomplet, s'il ne
encore trente-huit ans dans le désert, et nous avait pas conservé le souvenir des
tous les Israélites âgés de plus de vingt derniers efforts qu'il fit pour le bien spi
ans exclus du pays promis. (Nomb. 10, rituel des Israélites, dans ce moment so
11.-19,). lennel où ils allaient, après leur long pè
Sect. Vl. — Le récit du voyage de la lerinage, voir se réaliser enfin les pro
nouvelle génération, depuis Kadès-Barné messes faites à leurs pères. C'est aussi
jusqu'aux plaines de Moab , occupe le là le but et l'objet du Deutéronome.
reste du livre. Les deux premiers chapi Les quatre premiers chapitres sont une
tres nous montrent que la nouvelle gé sorte d'introduction, et renferment un
nération , était non moins que celle qui discours dans lequel Moïse récapitule
avait été condamnée à périr peu à peu l'histoire des quarante dernières années,
dans le désert, l'objet des manifestations en en déduisant des enseignements et des
de la justice aussi bien que de la grâce applications pour la conduite future du
de Dieu; eaux miraculeuses, victoires sur peuple. Nous voyons ensuite, c'est là le .
les ennemis, serpent d'airain, etc. (20 et noyau du livre, comment Moïse rappelle
PEN 160
PEN
les lois déjà données précédemment au vanche, défendue par Jahn, Rancke, et
pied du Sinaï, insistant sur leur obser surtout d'une manière victorieuse par le
vation, avec de nouveaux motifs emprun docteur Hengstenberg (Beytraegezur Ein
tés à'l'histoire et aux circonstances, les leitung in das. A. T.), et par Haevernick
appliquant toutes directement au séjour (Einleit. in das. A. T.). Vu la grande im
en Canaan, quelquefois les développant, portance de cette controverse, qui n'est,
et ajoutant de nouvelles directions, ainsi pour ainsi dire, pas connue en France,
celles des chapitres 13 et 18 sur la pro nous donnons le résumé des principaux
phétie qui devait continuer l'œuvre de la arguments pour et contre.
révélation, et celles du chapitre 17 sur le L'authenticité s'établit par les raisons
gouvernement monarchique dont il fal Suivantes :
§ p§ 27 ) Lestrºis 1° Moïse se donne lui-même clairement
chapitres suivants contiennent les der comme l'auteur de ces livres. Cela est
nières et touchantes exhortations du lé évident d'abord quant à certaines parties
gislateur, dans lesquelles, pénétré de l'es de l'ouvrage, Ex. 34, 27. Nomb. 33, 2.
· prit prophétique, il découvre au peuple, Deut. 31, 22.; mais il y a, comme nous
d'un côté les bénédictions, de l'autre les l'avons montré, une liaison si étroite, si
· terribles jugements qui lui sont réservés intime, entre toutes ses parties, que de
dans l'avenir (28-30,). On sent que la fin ces passages On peut conclure plus loin.
de Moïse approche toujours plus; au cha Le passage, Ex. 17, 14., où il est ques
pitre 31, il nous raconte commentil trans tion du livre, est aussi à remarquer.
mit solennellement son office à son suc 2° Le contenu du Pentateuque ne peut
cesseur Josué, et remit le livre de la loi s'expliquer qu'en admettant que Moïse en
entre les mains des prêtres. Le chapitre est l'auteur. En effet, l'auteur montre
32 nous conserve le magnifique cantique une si exacte connaissance de l'Egypte,
dans lequel il prophétise la chute et le de son sol, de ses mœurs, qu'il faut sup
rétablissement final de son peuple, et dans poser qu'il y a fait un séjour plus ou
le chapitre 33, nous lisons les bénédic moins long, comme c'était le cas pour
tions qu'il prononça sur les douze tribus. Moïse. La vérité du Pentateuque, sous
Sect. VllI.—Le chapitre 34 est un ap ce rapport, a été mise dans tout son jour
pendice écrit par une main étrangère, par les découvertes de Champollion. —
probablement par Josué , et complète les On voit que l'auteur connaissait à fond
longs mémoires de la vie de Moïse, par l'histoire des douze tribus israélites, et
le récit succinct de sa mOrt. qui était mieux placé pour cela que Moïse ?
Les adversaires de la révélation, recon — ll y a tellement d'allusions au voyage
naissant bien que le Pentateuque était la dans le désert, tout est tellement basé sur
pierre angulaire de la Bible, ont mis tout les circonstances de ce temps-là, qu'il
en œuvre pour l'ébranler. Hobbes et Spi est impossible d'attribuer la composition
nosa avaient déjà dirigé contre lui quel de ce livre à une époque postérieure.
ques attaques partielles; ces attaques de 3° Le Pentateuque est attribué à Moïse
vinrent toujours plus hardies vers la fin par tous les autres livres de l'Ancien Tes
du siècle dernier. On trouva que le moyen tament. Ici, nous pouvons alléguer d'a-
le plus simple était d'en contester l'au bord un grand nombre de passages di
thenticité; c'est ce que firent Bauer, Pau rects , ainsi Jos. 1, 7. 8, 31. 23, 6. 2
lus, Berchtold, encore avec une certaine Rois 14, 6. 2 Chr. 23, 18., etc. Quant
modération, et en laissant subsister, com aux citations d'Esdras et Néhémie, nous
me authentiques, quelques fragments as pouvons nous dispenser de les énumérer,
sez considérables, jusqu'à ce qu'enfin De parce que les adversaires nous accordent
Wette et de Bohlen prirent le parti de que le Pentateuque existait de leur temps.
tout contester à Moïse, et d'attribuer la Mais il sera facile de remarquer que tout,
composition du Pentateuque à un auteur dans les livres postérieurs, lois, usages,
d'une époque beaucoup postérieure. L'au jugements moraux, etc., est basé sur le
thenticité du Pentateuque a été, en re Pentateuque , sans le Pentateuque, toute
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4 EN 161 pEN
, -, , , , *; º* Cl. '1 ( t»,t | ºi ! . · · · · · , · u - ni l it b.ej t :
0 contrée, comme on peut le conclure de 2
"†
| 4° Notre Seigiieur # pôtres attri Sam. 24, 6., où l'une des deux villes est
buent le Pentateuque à Moïse d'une ma appelée Dan-Jahan, pour la distinguer
nière si claire, que l'on ne peut plus at de l'autre. — On s'est étonné de trou
taquer l'authenticité de ce livre, sans ver, Ex. 23, 19., l'expression : « maison
porter atteinte à leur autorité et à leur de l'Eternel, » qui semble faire allusion
infaillibilité.Voyez, par exemple, Matth. au temple de Jérusalem ; mais ne peut
19, 8. Jean 5, 45.46., etc. elle pas s'appliquer tout aussi bien au ta
Contre l'authenticité, l'on allègue : | bernacle qui allait se construire ? — On
1° Que du temps de Moïse les Hébreux a encore allégué que le chapitre 17 du
ne connaissaient pas l'écriture. Mais ne Deutéronome ne peut pas avoir existé du
pouvaient-ils pas l'avoir empruntée, com temps du prophète Samuel, puisqu'il dé
me d'autres connaissances, aux Egyp clare la royauté inconciliable avec la théo
tiens ou à quelque peuplade sémitique ? cratie; mais il faut remarquer que la po
Des passages prouvent que cet art (v. lémique de Samuel ne se dirige point con
Ecriture) était non seulement connu du tre le gouvernement monarchique en gé
temps de Moïse, mais qu'il avait passé néral, mais contre son introduction dans
dans la vie ordinaire, Deut. 6, 9.11, 20.;
les circonstances d'alors, et les disposi
le passage Deut. 24, 1., où il est ques tions qui le faisaient désirer, etc.
tion des lettres de divorce, l'existence 4° On a dit encore que l'état moral du
d'une classe d'employés appelés sophe peuple, tel qu'il nous est représenté dans
rim, espèce de scribes, etc. les livres postérieurs, ne peut se conci
| 2° On trouve que la langue du Pen lier avec la supposition que le Pentateu
tateuque a trop de rapports avec celle que fût connu. Mais la loi s'accorde-t-elle
des livres postérieurs. Mais observons donc tant avec les inclinations de l'hom
que cette immutabilité de la langue s'ex me naturel, que l'on ne puisse pas com
plique d'abord par la structure des lan prendre que, tout en étant connue, elle
gues sémitiques , si différente de celles n'était pas mise en pratique ? Avec cet
de l'Occident; puis, par cette circonstance argument-là ne pourrait-on pas renver
que les Hébreux restèrent, beaucoup plus ser aussi l'authenticité du Nouveau Tes
que d'autres peuples, à l'abri des influen tament, et prouver que la chrétienté
ces étrangères. D'ailleurs, l'assertion contemporaine n'en a pas eu connais
même n'a pas toute la force qu'on lui sance ?
suppose, témoin le nombre assez grand 5° Enfin, on a fait grand bruit de cet
d'archaïsmes que l'on peut observer; ainsi exemplaire du livre de la loi trouvé dans
le mot kèseb (pour agneau), ainsi l'ex le temple sous le roi Josias, 2 Chr. 34,
pression : « être recueilli vers ses pères, . 14., et l'on en a conclu que ce livre pou
et beaucoup d'autres encore, de même vait bien avoir été fabriqué par les prê
que certaines formes de langage, ne se tres. Mais que le Pentateuque (car c'est
trouvent quê dans le Pentateuque (v. la de ce livre tout entier qu'il s'agit dans ce
Grammaire d'Ewald). - passage) existât du temps de Josias et
* •• • .
3° On a prétendu trouver, dans beau avant, c'est ce que prouvent les nom
coup de passages, des traces d'une épo breuses allusions des prophètes, et en
que postérieure; mais quand on y re particulier de Jérémie. Il est naturel de
garde de près, cet argument s'écroule supposer que c'était l'exemplaire sacré,
aussi. Nous en citerons quelques exem écrit de la main même de Moïse, qui avait
ples : on a dit qu'en nommant la ville de été égaré sous des rois impies, et l'on
Dan, Gen. 14, 14., l'auteur postérieur Se comprend que sa découverte, surtout
trahit, puisque cet endroit ne reçut le dans les circonstances où se trOuvait le
nom de Dan que lors de la circonstance royaume, ait dù faire une profonde im
mentionnée Jug. 18, 29.; mais on n'a pas pression.
fait attention qu'il existait une seconde Sous le rapport littéraire, nous nous
ville de Dan à peu près dans la même bornerons à citer ici les paroles d'un
II. 11
PEN 162 PEN,
écrivain qui, sans négliger peut-être le Act. 2, 5. 20, 16. Joseph. Ant. 44, 13.4.,
fond, s'attache davantage à la forme, et etailleurs.Un nouveau cinquantièmejour,
dont le témoignage, en pareille matière, une nouvelle Pentecôte eut lieu après que
est intéressant, quoiqu'il ne soit pas les disciples du Sauveur eurent célébré
neuf : « Il n'est pas nécessaire, dit-il dans avec la dernière Pâque juive la première
, sa Bibliothèque sacrée, d'insister sur Pâque chrétienne; cette Pentecôte a fait
l'excellence du Pentateuque, à le consi oublier l'ancienne, comme le Saint-Es
dérer seulement sous le rapport littéraire. prit a remplacé la loi dans le cœur de
On sait que tous les peuples se sont ac ceux qui sont devenus de nouvelles créa
cordés à y chercher les modèles du su tures. — Quelques remarques de détail
blime, et que l'histoire de Joseph, qui achèveront de déterminer le caractère
termine la Genèse, est un chef-d'œuvre de la Pentecôte juive, ainsi que ses rap
de naïveté, d'éloquence et de sentiment, ports avec celle des chrétiens.
auquel rien ne peut être comparé dans 1° D'après Lév. 23, 15. 16. cf. v. 11.,
l'ancienne littérature. » (Nodier). les sept semaines étaient comptées du
| M. Grandpierre, dans ses Essais sur le jour qui suivait le sabbat de Pâque,
Pentateuque (que leur titre ne caractérise c'est-à-dire du 16 nisan, de sorte que la
pas d'une manière très exacte), a exami fête était célébrée un lendemain de sab
né la plupart des questions qui, dans les bat, cinquante jours après la Pâque ;
livres de Moïse, soulèvent des difficultés c'est ainsi que les rabbanites l'enten
morales, historiques ou naturelles. Son dent , les caraïtes comptent au con
travail, sur les points qu'il traite, est bon traire les sept semaines à dater du jour
à consulter comme commentaire; c'est de Pâque, et célèbrent ainsi la Pente
même à peu près le seul ouvrage que côte le jour du sabbat : il est bien pro
nous possédions dans ce genre. bable en effet que l'oblation des premiers
PENTECOTE. C'était la seconde des pains devait correspondre à celle des
trois grandes fêtes solennelles que les premiers épis, qui avait lieu le jour du
Juifs célébraient à Jérusalem. Son nom sabbat; les sept semaines intermédiaires
vient du grec, et signifie cinquantième : étaient consacrées à la moisson, Deut. 16,
Elle fut dans l'origine instituée en mé 9. La loi n'avait déterminé qu'un seul
moire de la promulgation de la loi sur le jour pour la fête, mais les Juifs depuis
mont Sinaï, qui eut lieu cinquante jours l'exil, et de nos jours encore, célèbrent
après la sortie d'Egypte. Elle portait aussi le lendemain, et donnent deux jours à la
les noms de fête de la moisson, Ex. 23, Pentecôte.
16.; fête des semaines ou des sept se 2° Les pains offerts à l'Eternel étaient
maines, Ex. 34, 22. Deut, 16, 16.; fête faits avec du levain, comme les pains dont
des prémices ou des premiers fruits, on se servait dans l'usage journalier; ils
Nomb. 28, 26., parce que, célébrée cin étaient présentés au nom de tout le peu
quante jours après le commencement de ple avec un dixième d'épha de fine farine,
la moisson, ou sept semaines après le Lév. 23, 17. : le Talmud ajoute que les
lendemain du sabbat de Pâque, elle était pains avaient sept pouces de long et quatre
un service public d'actions de grâces pour large. Les prêtres devaient les manger de
la moisson heureusement terminée, Lév. en un seul jour sans en réserver rien
23, 15. Ex. 23, 16. Outre les sacrifices et pour le lendemain. Ces différentes of
les oblations ordinaires, les Israélites de frandes étaient toutes tournoyées devant
vaient présenter en ce jour un gâteau nou l'autel, Lév. 23, 17.
veau, deux pains levés, et un bouc pour 3° D'après Lév. 23, 18., les offrandes
le péché, Lév. 23, Nomb. 28, Deut. 16, Consistaient en sept agneaux d'un an, un
10. De joyeux repas égayaient cette fête veau, deux béliers, avec les aspersions
du bonheur que les Juifs fréquentèrent nécessaires, plus un jeune bouc pour le
toujours avec empressement, même après péché, et deux agneaux en sacrifice de
que les jours de l'exil eurent détruit plu prospérité : d'après Nomb. 28, 27., l'ho
sieurs de leurs habitudes religieuses, locauste se composait de deux veaux, un
PEN : 163 PER'
bélier, sept agneaux d'un an, et un jeune étaient rimage de l'Israël selon l'esprit,
bouc de propitiation. Plusieurs auteurs la figure de fassemblagé des Saints "
n'ont pas remarqué cette différence ; 7º La première Pentecôte eut lieu hors
d'autres, et notamment les Juifs, l'expli de la terre promise et dans un désert,
quent d'une manière assez satisfaisante, juste image des suites et de la nature de
en regardant les offrandes du Lévitique cette alliance; la seconde eut lieu à Jé- .
comme celles qui devaient accompagner rusalem, ville sainte, et sur Sion. monta
les pains, et celles des Nombres comme gne de prédilection, Ps. 87, 3.132, 13.,
addition ou supplément, de sorte qu'il La première n'eut pour témoins que des
faudrait additionner le nOmbre des vic
Juifs, la seconde des gens de toutes na
times mentionnées; c'est ce que fait aussi tions, Act. 2, 9. etc. Celle-là fut accom
Josèphe (Ant. 3, 10, 6.) qui compte qua pagnée de scènes effrayantes; celle-ci,
torze brebis, trois veaux et deux boucs; réalisation des prophéties qui annon-"
ce dernier chiffre est probablement mis çaient d'heureux jours, Jér. 31, Joel 2,
par erreur au lieu de trois. est aussi extraordinaire , mais elle n'a
4° D'après Josèphe, le nom de la Pen rien qui fasse trembler; on entend bien,
tecôte était de son temps Asartha, ou un son, mais c'est celui de l'Evangile; un
Hatsartha, fête du rassemblement, fête vent véhément se fait bien sentir, mais
en quelque sorte par excellence ; et ce c'est le Saint-Esprit qui manifeste sa
même nom se retrouve dans le Talmud. vertu efficace et bienfaisante; il apparaît
5° La Pentecôte juive n'est pas direc bien un feu, mais c'est celui qui éclaire
tement rattachée dans son origine à la et qui sanctifle. — (V. Girard des Berge
promulgation de la loi, mais il est aisé de ries, Moïse dévoilé.)
voir, comme le veut la tradition, qu'elle PÉNUEL. v. Jéred 2°.-v. aussi 1 Chr.
eut lieu en effet cinquante jours environ 4, 4.8, 25. -
premier mois ou nisan, Ex. 12. 6. sq., et PERDRIX. C'est ainsi que l'on traduit
ce fut dans les quatre ou cinq premiers ordinairement l'hébreu khoré, 1 Sam. 26,
jours du troisième mois qu'ils reçurent 20. Jér. 17, 11., et non-seulement rien
la loi en Sinaï, Ex. 19, 1. 16. etc. Si la ne contredit ce sens, mais encore il pa
parfaite coïncidence des chiffres ne peut raît justifié par la signification même du
être prouvée, il n'en est pas moins vrai nom (celui qui appelle), semblable peut
qu'il y a entre les faits mêmes des rap être, sous ce rapport, au nom allemand
prochements remarquables à faire. La de Rebhuhn , où Winer voit Rufhuhn; il
Pâque juive représentait une délivrance est constant que le cri de la perdrixa sou
matérielle, la Pâque chrétienne une dé vent une intonation provocatrice ou plain
livrance spirituelle; la Pentecôte juive ou tive, qui ressemble à un appel, et que les
la promulgation de la loi était le fonde chasseurs ontainsi désignée. Mais si cette
ment de l'ancienne économie, la Pente traduction paraît bien établie, comme elle
côte chrétienne est celui de la nouvelle. a été adoptée par les Septante , la Vul
Cinquante jours après avoir délivré son gate et tous les anciens commentateurs,
ancien peuple, Dieu lui donna la loi; cin elle est, d'un autre côté, extrêmement va
quante jours après avoir sauvé l'Eglise, gue, les anciens, et même Aristote, ayant
Jésus lui envoya cet Esprit qui seul peut confondu, sous ce nom généralement
faire aimer, comprendre, et observer la connu, une quantité d'espèces moins con
loi. nues et moins observées. Le passage de
6° Le but moral de la fête lévitique était Jérémie ne peut servir de guide, car il
de rappeler aux Israélites les grâces d'un donne à cet oiseau un trait de caractère,,
Dieu qui les avait choisis pour être son qui n'est pas le sien; il n'est pas prouvé
peuple, et qui leur avait donné en héri que la perdrix enlève des œufs à d'autres,
tage une terre fertile et bénie. Son but oiseaux pour les couver; souvent , au
typique était de leur rappeler qu'ils contraire, elle les détruit, mais il suffisait
PER 164 PER
2 ! "
PER 165 PER
lon quelques auteurs, notamment selon veau Monde ont offert de mouvelles ri
les commentateurs juifs, par l'hébreu pe chesses sous ce rapport; leurs perles ont
ninnim, Prov. 3, 15. 8, 11. 20, 15. 31, une eau verdàtre, qui les fait moins re
10. Job. 28, 18. Lam. 4, 7 (où nos ver chercher peut-être que les perles gris de
sions ont mis pierres précieuses) : plu lin des mers du Nord, que les perles rose
sieurs rabbins entendent aussi des perles rouge de l'Océan des Indes, mais qui n'en
l'hébreu dar, d'après l'étymologie de l'a- est pas moins pure, délicate, et souvent
préférable et préférée. Le coquillage qui
rabe, Est. 1, 6. v. Marbre, et le b'd6lach,
v. Bdellion. On fait observer le rapport les sécrète est le mytilus margaritiferus
qu'il y a entre l'hébreu peninnim et le de Linnée, long et large parfois de 30 cen
latin pinna, nageoire, poisson, qui dé timètres et de l'épaisseur d'un doigt; la
signe aussi par extension le coquillag coquille, sans forme et rude à l'extérieur,
qui produit les perles; la circonstance est polie et d'une blancheur éblouissante
que le nom hébreu est toujours au plu en dedans. Les naturalistes ne sont pas
riel, et le contexte qui met toujours les d'accord sur le mode de formation des
peninnim à côté des métaux et des pierres perles; on sait seulement que ce sont des
précieuses, sans qu'elles soient ni l'un ni excrétions de l'animal, soit accidentelles,
l'autre, militent en faveur de la traduc soit destinées à boucher de petites cavités
tion adoptée; enfin, le fait que les perles formées dans le tissu du coquillage. La
ont été connues fort anciennement , et grosseur, la forme et la beauté des perles
notamment dans les contrées voisines de qu'on trouve dans un même individu va
la mer Rouge et du golfe Persique, où rient beaucoup : l'on en trouve de rondes,
elles sont fort abondantes, mérite d'être d'ovales, d'allongées en poire et d'angu
pris en considération.Maisd'un autre côté leuses : leur nombre varie également, et
le passage des Lamentations, qui donne l'on en a découvert jusqu'à cent cinquante
aux peninnim la couleur vermeille, ne dans une seule mère-perle, mais elles
cadre guère avec l'idée qu'il s'agisse là n'étaient pas toutes achevées au même
de perles, à moins qu'on n'admette l'as degré. Les plus grosses appartiennent
sertion de Calmet, que l'eau des perles aux îles de Ceylan, de Sumatra et de Bor
de l'Orient tire sur l'incarnat, ou l'expli néo, les plus fines au golfe Persique. On
cation de Bochart qui prend le mot rouge en trouve quelques-unes, mais peu ap
ou vermeil dans le sens d'éclatant, bril préciées et peu solides, dans les huîtres
lant, ainsi que cela se fait quelquefois en communes, et dans les rivières de l'Eu
arabe, et comme n0us en avons un exem rope, en Bohême et en Silésie.
ple dans les purpurei olores d'Horace. PERSE. Cette contrée, si voisine du
Gesenius repousse cette signification se berceau du genre humain, et par consé
condaire du mot, et donne avec Michaélis quent bien connue dès la plus haute anti
et d'autres à peninnim le sens de corail, quité, n'apparaît dans les premiers écrits
q. v. Il est difficile de décider. de l'Ancien Testament que sous le nom
Quant aux perles , elles ont servi au d'Elam, q. v. Plus tard seulement, et de
luxe dès la plus haute antiquité; elles puis l'exil, elle reçoit le nom de Perse qui
étaient un article de commerce fort im désigne alors (outre la Perse proprement
portant que les Orientaux tiraient assez dite, le Persis ou Farsistan) tout l'immense
ordinairement de l'Arabie, sur les côtes royaume fondé par Cyrus, qui compre
de laquelle on en pêchait en grande abon nait la plus grande partie de l'Asie con
dance; l'île de Tylos était en particulier nue, depuis le voisinage de l'Indus jus
renommée pour ses nombreuses et belles qu'à la mer Egée : à la Perse qu'il avait
pêcheries de perles et de nacre, que des héritée de ses aneêtres, le conquérant
plongeurs allaient chercher aux pieds des avait joint ce que la domination des Mèdes
rochers; On en trouvait également en fort avait embrassé jusqu'au fleuve Halys, le
grand nombre dans la mer des Indes, royaume de Lydie au delà de ce fleuve, et
Pline 6, 32. 9, 54. Strabon 16, 767. De celui de Babylone. Son successeur, Cam
puis quelques siècles les côtes du Nou byse, y ajouta l'Egypte. Cet empire ne
PER 166 PER
subsista que deux siècles, et fut conquis montagnes portent des neiges éternelles;
par Alexandre. Après la mort du roi de le climat est dur, la terre stérile ; on n'y
Macédoine, les provinces de l'Orient tom trouve que des bergers, des nomades,
bèrent au pouvoir de Séleucus Nicator, des voyageurs, et des brigands. Des laes
mais ses successeurs en Syrie perdirent et des rivières arrosent et fertilisent les
une partie de ces provinces, qui leur plaines et les vallées de la Perse centrale,
furent enlevées par les Parthes. Sous la qui nourrissent beaucoup de bétail, prin
domination de ces derniers, la Perse eut cipalement des chameaux.
· des rois particuliers; on a l'énumération C'étaient les habitants de cette pro
des provinces qui composaient l'empire vince qui portaient plus spécialement le
· des Parthes; la Perse et même la Susiane nom de Perses; ils étaient parents des
et la Carmanie n'y sont pas comprises, et Mèdes et se divisaient en plusieurs hordes
sont ainsi considérées comme indépen ou tribus dont trois passaient pour no
'dantes. Leurs princes furent néanmoins bles, les Pasargades, les Maraphiens et
dans un état de dépendance jusqu'au troi les Maspiens; seules elles recevaient une
sième siècle. Un Persan, qui prit le nom certaine culture, les autres labouraient
d'Artaxercès, secoua le joug des Parthes, les terres, gardaient les troupeaux, ou
en anéantissant leur puissance, la rendit étaient confinées dans les montagnes, sau
aux Perses qui en jouirent environ quatre vages et sans instruction. La famille roya
cents ans, jusqu'à l'invasion des Arabes le, et Cyrus en particulier, appartenait aux
sous les premiers califes successeurs de Achéménides, la famille la plus noble des
Mahomet; dès lors le nom de Perse s'est Pasargades.
conservé pour désigner tout le pays com La langue perse était proche parente
pris depuis les limites de la domination de la langue zend parlée dans la Médie
turque jusqu'à l'Indostan. supérieure, laquelle, à son tour, tirait
La grande Perse était divisée en cinq ses racines du sanscrit ; elle différait
provinces ou satrapies, la Susiane, v. Su complétement des langues sémitiques.
san; la Perse proprement dite, la Carma Nous ne pouvons entrer ici dans l'exa
nie et la Gédrosie (Kerman et Mékran), men des rapports qui ont été remarqués
l'Arie ou Khorasan, et l'Hyrcanie; on peut entre le persan, le sanscrit et l'allemand,
y joindre encore la Margiane, qui a fait soit quant aux mots, soit quant aux con
partie de l'empire des Parthes. Chacune structions et à la syntaxe ; on trouvera
d'elles avait une administration complète sur ce sujet les indications qu'on pourra
et la direction de ses colonies; mais elles désirer, dans l'ouvrage allemand de Wahl,
relevaient toutes aussi du roi, qui était Histoire des langues et de la littérature
le centre et le chef du gouvernement. orientale, p. 129, et suiv.
La Perse proprement dite s'étendait du La constitution politique de la monar
nord au sud jusqu'au golfe Persique, en chie perse, comme état indépendant, res
tre les 27° et 33° de latitude ; elle était semblait à celle de la Médie, et en géné
séparée de la Médie au nord par les ral de tous les anciens royaumes de l'A-
monts Parachoatras, maintenant Apras sie. La Perse a eu des rois dès les anciens
sia, touchant la Susiane à l'ouest par les temps : ils s'intitulaient eux-mêmes rois
monts Baktiori pleins de passages et de des rois, et vivaient inabordables pour
défilés étroits et dangereux; à l'est était leurs sujets dans des palais magnifiques
la Carmanie. Le pays, qui est montueux et solidement construits, le printemps à
déjà dans la partie septentrionale de la Ecbatane, l'été à Susan, Néh 1, 1. Dan.
Susiane, continue de l'être dans la Perse 8, 2. Est. 1, 2.5., etc., l'hiver à Baby
et jusqu'au centre de cette province. La lone, q. v. Ils avaient un harem nombreux
contrée maritime a des plaines maréca et bien choisi, placé sous la surveillance
geuses et stériles où il règne des vents d'eunuques, Est. 2, 11., une femme prin
impétueux, une chaleur excessive et des cipale ou sultane, qui pouvait quelquefois
exhalaisons malsaines. Entre le nord et exercer une certaine influence sur les af
· le milieu du pays, de hautes et rocheuses faires publiques, Est. 7, Néh. 2, 6., une
PER 167 PER
riche et brillante collection de courtisans, des lieux élevés, des sacrifices, ainsi qu'à
et un échanson, Néh. 2, 1. Leur table était la lune, au feu, etc. Le mage (importation
naturellement abondante et recherchée, mède) qui présidait au sacrifice, divisait
Est. 1, 5., et les provinces du royaume, l'holocauste en cinq parties; les dieux
devaient tour à tour pourvoir à son en n'entraient point dans ce partage, parce
tretien, Hérodot. 1 , 192. cf. 1 Rois 4, 27. que, disaient les Perses, la divinité ne
Le mode de gouvernement était éminem veut que l'âme de la victime. On ne peut
ment despotique; la volonté du monar déterminer jusqu'à quel point cette ado
que était la loi suprême, sa parole était ration de la lumière et du feu se combi
un jugement en dernière instance. S'il y nait avec les doctrines dualistes de Zo
avait quelquefois conseil tenu entre le roi roastre, mais il paraît que ces dernières
et ses ministres ou ses courtisans, ce n'é- n'ont point été étrangères aux Perses. ,
fait que dans des circonstances extrême La Perse, après n'avoir été qu'une sa
ment graves, et pendant ou après un re trapie sous Phraortes, roi de Médie, qui
pas, Est. 1, 10-19. 5, 5. 7, 2. Une mesure vivait quatre-vingt-quatorze ou quatre
qui avait été érigée en édit avec le sceau vingt-dix-sept ans avant Cyrus, ne com
du roi, sa signature et son nom, était ré mence à compter comme royaume indé
putée irrévocable, Est. 1, 19. Dan. 6, pendant, ayant son histoire propre, que
8. 15. Les provinces, qui sous Darius sous Cyrus, qui fut son premier roi, au
Hystaspe s'élevèrent au nombre de vingt dire de tous les chroniqueurs historiens,
(120 sous Darius le Mède, Dan. 6, 1.). qui, au milieu de leurs divergences, s'ac
étaient gouvernées par des satrapes, qui cordent cependant sur ce point, Hérodote,
, souvent appartenaient à la famille royale ; Ctésias, Xénophon. Mais Cyrus a-t-il
ils tenaient une cour de princes, avaient vaincu le dernier roi des Mèdes, Astyage;
sous leurs ordres, pour les districts de ou bien, gendre de Cambyse II, a-t-ilhé
leurs provinces, des employés spéciaux et rité d'une partie de ses Etats 9 C'est ce
s'occupaient du gouvernement général et qui ne peut être décidé.Quoi qu'il en soit,
de la perception des impôts en argent et Cyrus ne tarda pas à joindre la Babylo
en nature, Est. 3, 12. 13. 8, 9. Nèh. 2, 8. nie à sa couronne, 539 av. C. Il mourut
16. Ils n'avaient qu'un pouvoir adminis en 529. Après lui vinrent Cambyse, 529;
tratif et civil, mais des commandants de Smerdis, ou plutôt le faux Smerdis, pré
troupes étaient mis à leur disposition et tendu frère de Cambyse, 522; Darius Hys
répartis entre leurs divers districts. Des taspe, 521 ;Xercès, 485, qui fut égorgé la
courriers (q.v.)faisaient le service de pos vingtième année de soD règne par Arta
te entre le roi et les satrapes. Autour du ban, qui lui succéda et ne régna que sept
trône royal se tenait un conseil de sept mois;Artaxercès Longuemain, 465ou464;
princes ou ministres, Est. 1, 14. Esd. 7, Xercès II, son fils, 424, ne régna que
14., qui étaient probablement les sept ju deux mois; Sogdiane, 424, sept mois; Da
ges inamovibles dont parle Hérodote, 3, rius Nothus (Ochus), 424; Artaxercès II,
31., mais qu'il ne faut pas confondre avec 404; Artaxercès Ochus, 364; Arsès, 338;
les sept eunuques de Est. 1, 10.12. 6, 14. Darius Codoman, 335. Ce fut lui qui,
L'armée perse, non compris les garni après un règne d'environ six ans, fut
sons, consistait en infanterie (notamment vaincu à Arbèles par Alexandre de Macé
en archers), et surtout en cavalerie; elle doine, 330 av. C. Il vit tomber ainsi la
était équipée avec ce luxe qui, principa monarchie perse après une existence de
lement depuis la conquête des Lydiens, deux cent dix-neuf années.
était iin des caractères saillants des Ceux des rois perses dont il est parlé
mœurs du pays, Hérod. 1, 71.9, 79. dans l'Ecriture sainte, les seuls dont nous
On n'a pas beaucoup de détails sur la ayons à nous occuper, portent quelqne
religion des Perses; on sait seulement fois chez les auteurs sacrés des noms dif
- d'une manière générale qu'ils adoraient férents de ceux que leur donnent les his
| le soleil, qu'ils ne lui dressaient ni sta toriens profanes, des noms hèbraïsés;
tues, ni autels, et qu'ils lui offraient sur d'autres fois leur nom étant donné sans
PER 168 PER
leur surnom caractéristique, il est diffi Bagoas. Ochus poursuit les entreprises
cile de reconnaître toujours avec certi de son père, humilie les Phéniciens et se
tude duquel des successeurs de Cyrus il soumet de nouveau l'Egypte. Depuis lors,
est question. Nous avons examiné aux et jusqu'à la fin de la monarchie perse,
articles Cyrus, Darius, Artaxercès, etc., les Juifs restèrent tranquilles de ce côté.
ces questions de détail : rappelons encore — Ce fut pendant la durée de cette mo
ici d'une manière sommaire les rapports narchie que les Samaritains élevèrent leur
de l'histoire des Juifs avec celle de leurs temple sur le mont Guérizim.
conquérants. PERSEPOLIS, ville perse dont Antio
Cyrus, après la conquête de Babylone, chus Epiphanes essaya vainement la con
permet aux Juifs exilés de retourner dans quête, 2 Macc. 9, 2.Capitale de la Perse
leur patrie, et contribue à la reconstruc proprement dite, elle était située à 100
tion du temple, Esd. 1, 2. Sous Cambyse, lieues de Suse, et bâtie au pied d'une
après le succès de son expédition d'E- montagne, non loin du fleuve Araxe.
gypte, on cherche à noircir les Juifs dans Xercès y avait fait bâtir un palais magni
l'esprit du roi pour les perdre, Esd. 4, 6., fique qu'Alexandre, après la bataille d'Ar
mais ce n'est que sous son successeur, bèles, fit brûler sur la suggestion de ses
le faux Smerdis, qu'on obtient qu'il fasse courtisans, pour venger l'incendie de la
cesser les travaux commencés à Jérusa ville d'Athènes. Malgré ce commence
lem, Esd. 4, 7. Darius Hystaspe, mieux ment de destruction, Persépolis continua
disposé en faveur des Juifs, révoque cet de demeurer une ville importante, jus
interdit la deuxième année de son règne, qu'au moment où elle fut détruite sous le
Esd. 5, 6. : il commence avec gloire la califat d'Ali; ses débris servirent à bâtir
série des guerres gréco-perses et conti Schiraz. Au sud, mais à une distance qui
nue de témoigner de la bienveillance à n'est pas déterminée, se trouvait l'an
ses sujets hébreux. Les folles entreprises cienne capitale de la Perse, Pasargades,
de Xercès, accompagnées parfois de sen avec les tombeaux des rois; Cyrus, dit
timents généreux, sont connues ; il or
on, l'avait fait construire en mémoire de
donne et rétracte aussitôt les cruelles
la défaite d'Astyage. Toute cette contrée,
mesures proposées par Haman et com comprise entre Persépolis et Pasargades,
battues par Ester. Artaxercès Longue est encore couverte de ruines magnifi
main marche contre l'Egypte révoltée, et ques et monumentales, de colonnes en
se voit contraint de faire la paix avec les core entières, de figures d'une élégance
Grecs. La Palestine se ressent d'une ma et d'une beauté achevées. Les ruines
nière fâcheuse des expéditions tentées mêmes de Persépolis, situées sur une
contre l'Egypte; la nouvelle colonie juive hauteur qui domine la grande plaine de
menace de tomber en ruine; Néhémie ob Merdasht, sont appelées Tschihl-Minar,
tient de son maître la permission de re ou les quarante colonnes : elles sont im
joindre ses frères pour essayer de relever portantes pour l'histoire des anciens cos
leur courage et leur foi, et de réorgani tumes orientaux. — Le nom de Pasar
ser plus fortement l'ensemble de leur ad gades signifiant lieu, ou camp des Perses,
ministration gouvernementale. Sous Da c'est-à-dire presque la même chose que
rius Nothus, qui a des ennemis à combat Persépolis, qui en est la traduction grec
tre de tous côtés, la Phénicie, voisine de que, quelques auteurs, comme Heeren,
la terre sainte, devient un champ de ba ont cru que ce n'était sous deux noms
taille entre les armes perses et celles des différents qu'une seule et même ville ;
Arabes et des Egyptiens réunis.Artaxer d'autres les séparent par une distance
cès Mnémon, bien que fort occupé ail de 36 lieues; il y a de la place entre ces
leurs, ne perd cependant pas non plus deux extrêmes pour d'autres variantes :
l'Egypte de vue, et rencontre ses armées c'est assez dire qu'il règne sur ce point
dans des plaines également voisines des une incertitude qu'on ne peut pas espérer
frontières des Juifs, qui ont beaucoup à de voir s'éclaircir.
se plaindre de la conduite du général perse PERSIDE, Rom. 16, 12., ou Persis, sa
PES 169 PEU
luée par saint Paul qui la loue d'avoir est presque aussitôt suivie de la mort ;!
beaucoup travaillé en notre Seigneur. plus tard le malade vit ordinairement jus
Son nom fait supposer qu'elle était une qu'à trois jours; peu à peu le poison perd
esclave, ouuneaffranchie, perse d'origine. de sa force, et le nombre de ceux qui se
PERTE de sang, v. Hémorrhoïsse. rétablissent devient de jour en jour plus
PESTE, maladie épidémique fréquente considérable; mais personne ne se guérit
en Orient, surtout en Egypte et en Tur sans avoir eu des tumeurs de peste, es
quie, plus rare déjà en Syrie et dans les pèces d'ulcères qui sont comme la pous
contrées voisines. Elle se propage d'un sée de la maladie, son éruption, mais qui
endroit à un autre avec une incroyable ne sont pas toujours un gage de guéri
rapidité, et enlève des milliers d'hommes son : car, même dans les cas les plus fa
avant qu'on ait seulement une conscience vorables, les malades restent encore qua
claire de sa présence. En 1610, elle dé rante jours en danger de mort. Ces tu
truisit le quart de la population de la meurs apparaissent surtout sur les parties,
Suisse, 4,000 personnes àBâle, 5,000 à délicates et tendres de la peau, sous les
Zurich, 2,000 dans le petit canton de aisselles, quelquefois aux oreilles, aux
Glaris, 33,584 dans celui de Thurgo joues, sur la nuque, etc.; elles sont rondes
vie , etc. : en 1714, Constantinople vit ou ovales, d'abord rouges, puis bleues,
mourir 300,000 honmes ; en 1760, Saint et très douloureuses : quand elles sont
Jean-d'Acre perdit en cinq mois 7,000 mûres, elles percent d'elles-mêmes, ou
hommes sur 26,000 habitants; d'autres bien on les ouvre , et il en découle une
exemples pourraient être multipliés. On humeur épaisse et infecte. Quelquefois,
connaît les effrayantes descriptions qu'en mais rarement, elles se dissipent, et se
ont faitesThucydide, Manzoni, et d'autres. perdent sans inconvénient pour le ma
L'Egypte est en quelque sorte sa pa lade. Quand la maladie est heureuse et
trie, Ex. 9,3. : elle gagne de là les contrées qu'au troisième jour une abondante tran
maritimes qui l'avoisinent, la Palestine, spiration a brisé la force de la fièvre, ces
la Syrie, et règne ordinairement depuis tumeurs et des taches répandues sur les
décembre jusqu'à la mi-juin. Il est plu différentes parties du corps, sont pour
sieurs fois parlé de la peste dans l'Ecri ainsi dire les seuls symptômes qui sub
ture, 2 Sam. 24, 13. 15. 1 Rois 8, 37. sistent encore, les seules traces que la
Jér. 14, 12. 21, 6. 24, 10. Ez. 5, 12. 7, peste ait laissées de son passage. Une
15. : elle est dénoncée comme menace et diète sévère est alors, comme pour pres
châtiment, Lév. 26, 25. Nomb. 14, 12., et que toutes les maladies, la seule prècau
fréquemment réunie à l'épée et à la fa tion que le malade ait à prendre : les re
mine, comme aussi dans la nature ces mèdes de la médecine sont ordinairement
trois fléaux se rencontrent souvent en sans emploi, sauf un puissant sudorifique
semble, parce que les uns sont les effets qu'on lui administre dès le commence *
des autres, Matth. 24, 7. Luc 21, 11. ment de l'attaque. La peste peut frapper
Celui qui est atteint de la peste, par le à plusieurs reprises, et l'on a des exem
contact d'une personne ou d'un objet qui ples de personnes qui en ont été atteintes
en est infecté, commence par éprouver du jusqu'à douze fois.
dégoût pour les aliments, des maux de Le nom de peste, ou pestilentiel, est em
tête et de reins, un violent besoin de ployé plusieurs fois d'une manière figu
dormir, un affaiblissement physique, sou rée dans l'Ecriture sainte, comme il l'est
vent aussi moral et intellectuel; les yeux chez nous dans le langage ordinaire pour
s'obscurcissent, la langue s'appesantit, dire quelqu'un ou quelque chose de dan
quelquefois même elle se paralyse com gereux, de redoutable, etc., Os. 13, 14.
plétement de même que le sens de l'ouïe; Ps. 91, 3. Act. 24, 5.
puis viennent les vomissements, la diar PETHOR, ville de la Mésopotamie, si
rhée, une fièvre violente et le délire. Dans tuée sur22,l'Euphrate, et patrie
Nomb. 5. Deut. 23, 4. de Balaam, -- 's
les premiers jours de l'épidémie la ma
ladie ne dure guère qu'un instant, et elle PEUPLIER, Nos versions traduisent
PHA 170 PIIA
ainsi l'hébreu libnéh, Gen, 30, 37. Os. sœur, mais divinement averti de son er
4, 13., sur l'autorité des Septante (dans reur, il ne tarda pas à la lui renvoyer.
le second passage), de l'arabe, du syria C'est presque la même histoire que nous
que, et de l'étymologie; et Celse, dans avons vue chez Abimélec, roi des Philis
sa botanique sacrée, accepte cette traduc tins, et si un troisième enlèvement de ce
tion comme bonne, d'autant plus que l'on genre a lieu encore aux jours d'Isaac, la
trouve en Palestine beaucoup de peupliers fréquence de ces faits, loin d'en dimi
blancs, et que cet arbre était déjà estimé nuer la vraisemblance, nous montre com
dans l'antiquité à cause de son bel om bien ils étaient conformes aux mœurs
brage, Théocrit. 7,8. Ovid.Met. 10, 555, d'alors. On voit aussi par ces rapports
Horace, Od. 2. 3, 9. Cette opinion peut se entre les Egyptiens et la famille d'Abra
soutenir; cependant, dans le passage de la ham, que cette horreur des premiers pour
Genèse, les Septante et Saadias ont tra la vie pastorale et nomade n'existait pas
duit ce mot par storax, q. v.; le rabbin encore, et l'histoire nous montre, en ef
Jona vient encore à l'appui de cette ver fet, qu'elle n'a commencé que sous la 17°
sion; l'usage de l'arabe la recommande, dynastie, sous celle des rois pasteurs,
et l'étymologie qui n'emporte que l'idée conquérants étrangers dont la vie et les
de blancheur, peut aussi bien être invo mœurs devaient, par une sorte de préjugé
quée en faveur de la résine blanc de lait naturel, devenir un objet de haine et de
du storax, qu'en faveur du peuplier blanc. mépris pour leurs nouveaux sujets; com
Entre ces deux traductions il est difficile me cette aversion paraît déjà aux temps
de prononcer; nous adopterions plutôt la de Joseph, il ne faut pas remonter bien
dernière. haut en arrière pour trouver le Pharaon
PHALEG. v. Péleg. d'Abraham, et l'on suppose avec bien de
PHANUEL, de la tribu d'Aser, Luc 2, la probabilité, qu'il appartenait à la 16e
36., père d'Anne la prophétesse ; du dynastie, l'une de celles des rois thé
reste, inconnu. bains (2272 av. C.), celle qui précéda im
PHARAON, nom commun de tous les médiatement la conquête de l'Egypte par
rois de l'ancienne Egypte, comme Ptolé les rois pasteurs. Les découvertes mo
mée fut plus tard le nom des rois égyp dernes ne nous conduisent pas aussi haut
tiens d'origine grecque macédonienne. dans l'histoire de l'ancienne Egypte, et
Quelquefois, mais rarement, un nom per ses monuments gigantesques et mysté
sonnel est joint à celui de la royauté, rieux maintenant expliqués, ne nous font
comme pour Pharaon Néco, Hophra, remonter qu'aux règnes de la 17e dynas
Tirhaca, etc. Le nom de Pharaon signifie tie. D'après la chronologie vulgaire que
roi, ainsi que l'établit déjà Josèphe, puis nous suivons ordinairement, Abraham au
Jablonsky, d'après le copte ouro, et avec rait été contemporain du cinquième et du
l'article Pe-ouro ou Ph'ouro; on ne le sixième roi de la dynastie des rois pas
trouve qu'accidentellement dans les his teurs (la 17e), mais on ne s'expliquerait
toriens grecs, Hérodot. 2, 111.; en re plus bien leurs rapports réciproques, et le
vanche, il est presque la seule désigna caractère mème d'un Pharaon conquêrant
tion des rois d'Egypte dans l'Histoire serait étrange, tel du moins qu'il se peint
sainte; onze personnages de ce nom appa dans sa conduite avec Abraham.
raissent à différentes époques de la vie 2° Pharaon, contemporain de Joseph,
du peuple juif ; l'incertitude de la chro Gen. 37, 39, et 40. Il fait mettre en pri
nologie amenant de l'incertitude dans les sonJoseph : puis, plus tard, deux de ses
synchronismes, il n'est pas toujours fa serviteurs, son échanson et son pane
cile de déterminer quels sont, dans l'His tier, pour des crimes qui nous sont incon
toire profane, les pharaons nommés dans nus. Sa sévérité, puis sa grâce pour l'un
l'Ecriture. des captifs, et la peine de mort qu'il pro
1° Pharaon, contemporain d'Abraham, nonce contre l'autre, ne furent peut-être
Gen. 12, 15. Il fit enlever l'épouse du pa que des caprices, des suites d'intrigues,
triarche que celui-ci donnait pour sa quelques changements dans la faveur
PHA 171 PHA
toujours mobile des cours de l'Orient et Sujets, puisque ceux-ci, en leur qualité
de l'antiquité. Deux songes qui le trou de sujets, eussent été déjà ses esclaves.
blent amènent la grâce et l'élévation de Quelques détails encore trahissent un
Joseph, qu'il fait son premier ministre, monarque étranger : cette ombrageuse
et qu'il autorise à appeler auprès de lui, concentration des Egyptiens dans les vil
en Egypte, toute sa famille , il leur assi les, mesure peut-être moins générale que
gne pour demeure le district de Goscen, le texte ne paraît l'indiquer, et restreinte
pour ménager la susceptibilité des Egyp à certaines familles, à certains individus
tiens, peut-être aussi pour mettre la fa suspects , espèce d'arrêts domestiques
mille de Jacob à l'abri des conflits conti destinés à prévenir des complots, isole
nuels qui devaient avoir lieu entre la ment forcé sous la surveillance de la
nouvelle dynastie et l'ancienne, mécon haute police, déplacement des intelli
tente, et ambitieuse de reprendre sa place. gences et des influences, Gen. 47, 21.;
Deux opinions sont en présence : la chro ces complaisances affectées et intéressées
nologie vulgaire fait Joseph contemporain pour la caste sacerdotale (41, 45. 47, 22.
de la 18e dynastie; la chronologie de Cham 26.); ces relations suivies et fréquentes,
pollion le fait vivreau commencement de la malgré le malheur des temps, des Pha
17e de celle des rois pasteurs.Indépendam raons avec Canaan, leur première pa
ment des considérations chronologiques, trie, celle des Hycsos et des rois pas
la première opinion s'appuie sur ce que dit teurs, Gen. 47, 14. 15. La 18e dynastie,
Joseph à ses frères, que les Egyptiens Pharaons égyptiens rétablis sur les ruines
ont en horreur les bergers, et elle attri des étrangers, n'eut pas mis à la tète de
bue cet avertissement à la haine pro l'Etat un Joseph étranger, et, jalouse à
fonde que le souvenir de la domination l'excès de sa nationalité, elle l'eùt cOn
étrangère avait laissée dans le cœur des servée en acceptant les conseils, peut-être
Egyptiens. Mais les paroles de Joseph aussi les services, mais non la personne
doivent s'entendre des nomades, et non d'un prisonnier venu de Canaan.— C'est
des bergers, ce qui serait ridicule, puis ce Pharaon dont le nom se retrouve Act.
que les Egyptiens eux-mêmes étaient 7, 10. 13.
bergers, possesseurs de troupeaux. Jo 3° Pharaon, 1 Chr. 4, 18., n'est connu
seph veut dire à ses frères : « Ne vivez que pour avoir donné sa fille en mariage
pas en nomades, mais fixez-vous quelque à Méred, descendant de Juda; mais cette
part, , et il choisit pour lieu de leur ré date même est inconnue. Toutefois cette
sidence la terre de Goscen, remplissant alliance prouve que les Hébreux n'étaient
ainsi le double but de les soustraire à la pas encore esclaves sur la terre égyp
haine des Egyptiens, et de les éloigner tienne, et ce Pharaon a dù être l'un des
du théâtre probable de guerres intes premiers successeurs du précédent, par
tines. La chronologie nouvelle s'appuie conséquent un roi pasteur ; c'est proba
sur des raisons intérieures qui ne sont blement lui aussi qui protégea les tra
pas sans force : il est évident que l'ad vaux de Hel et de Jokim, 1 Chr. 4, 21-23.
ministration de l'Egypte pendant la fa 4° Pharaon, l'un des trois ou quatre
mine, n'avait rien de national, et qu'elle rois contemporains de Moïse. On ne peut
ressemblait plutôt à une exploitation qu'à dire si le « nouveau roi, » Ex. 1, 8., qui
ungouvernement. Il n'yavait qu'un étran se signala par une oppression si impoli
ger qui pût, en échange de la vie, deman tique des Hébreux, et qui en donna
der à ses sujets leur or, leur argent, leur l'exemple , est le même que celui qui
bétail, puis leurs terres, et enfin leur li donna l'ordre plus barbare encore de faire
berté. Une vente aussi impitoyable ne périr leurs enfants màles, Ex. 1, 16-22.,
pouvait être le fait que d'un avide con et qui, Sans le savoir, servit de père
quérant, sans rapports d'origine avec ses adoptif à l'un d'entre eux, à Moïse, qu'il
administrés ; d'ailleurs il faut ajouter élevait à sa cour, et qui devait affranchir
qu'un roi légitime, et véritablement égyp ses frères captifs. Si ce sont deux per
: tien, n'eût pu acheter la liberté de ses sonnages distincts, le premier est incon
• t .
PHA 172 PHA
nu; le second serait, d'après la chrono peuple, et ils s'appuient sur ce que ce
logie mouvelle, Thoutmosis Il, cinquième n'est pas dit expressément dans le texte,
roi de la 18e dynastie, qui est monté sur et sur le silence pOstérieur des histo
le trône l'an 1736 av. C. Son nom se re riens sacrés sur un si grand événement ;
trouve Act. 7, 18. Hébr. 11,23. mais cette mort résulte de la simple lec
5° Pharaon, deuxième contemporain ture du texte, faite sans préoccupation
de Moïse, celui sous le règne duquel le chronologique.
futur législateur du peuple juif essaya, 7° Pharaon, contemporain de David,
pour la première fois, de se faire recon 1 Rois 11, 18., et suiv. Il accorda sa pro
naître comme tel à ses frères, en tuant tection, et donna sa belle-sœur en ma
un Egyptien, Ex. 2, 23. 4, 19. Act. 7, riage à Hadad, roi d'Idumée, dépossédé
23. On pense que c'est Aménophis lI, par les Hébreux. Cette protection était
huitième roi de la 18e dynastie, 1687 av. un acte d'hostilité contre David; elle dura
C. Les paroles, Ex. 4, 19.: « Tous ceux pendant toute la vie de ce prince, et
qui cherchaient ta vie sont morts » se rap prouve combien les Pharaons étaient puis
portent aux parents de l'Egyptien tué par sants, puisqu'ils ne craignaient pas de bra
Moïse, et non à Aménophis, car celui-ci ver le monarque israélite aux jours de sa
était mort depuis bien des années, au plus grande prospérité. — Ce Pharaon a
moins dix ans, et s'il ne se fût agi que été l'un des rois de la 21e dynastie, celle
de lui, Dieu eût pu, longtemps aupara des Tanites, qui a duré de 1101 à 971 av.
vant déjà, faire savoir à Moïse qu'il pou C. On présume qu'il doit être distingué
vait quitter Madian pour l'Egypte. du suivant, et que plusieurs rois tanites
6° Pharaon , troisième contemporain se succédèrent avant celui qui fit alliance
de Moïse, Ex. 3, 10. 4, 21. 5, 1., régnait avec Salomon. Hadad était fort jeune
depuis plusieurs années, quand le cri de quand il s'enfuit en Egypte, et il avait un
la liberté vint retentir au sein du peuple fils élevé parmi les fils du roi, lors de la
juif, dont il avait rendu plus dure encore mort de David.
la captivité. Sommé par les deux frères 8° Pharaon, contemporain de Salomon,
hébreux, mais appuyé de Jannès et de 1 Rois 3, 1. 7, 8. 11, 1. Cant. 1, 9.2
Jambrès, il voit successivement dix fléaux Chr. 8, 11. (1001 ou 1013 av. C.). Il fit
ravager son pays, et ne cède enfin que alliance avec Salomon, lui donna sa fille
lorsqu'il se voit frappé lui-même dans la en mariage, et donna à celle-ci, pour dot,
personne de son fils aîné ; mais il ne cède la ville de Guézer, que ses troupes avaient
qu'à la force, et, quand sa douleur com prise sur les Philistins, et qu'elles avaient
mence à se calmer, sa politique reprend incendiée peut-être par vengeance. Der
le dessus, il se lève avec son armée, et nier roi de la dynastie des Tanites, il fut
vient périr avec elle dans les flots de la détrôné, et peut-être tué par Sisac ; c'est
mer Rouge, en essayant de poursuivre à lui qu'on pense que Salomon fait allu
les esclaves que Dieu affranchissait, Ex. sion, Eccl. 4, 14.
14, 3. Ce Pharaon serait, d'après les cal 9° Pharaon, v. Tirhaca.— 10° v. Néco.
culs modernes, Hor ou Horus, neuvième — 11° v. Hophra.
roi de la 18e dynastie : il a commencé à PHAREZ, Gen. 38, 29. 46, 12., un des
régner 1657 av. C. Son nom se retrouve jumeaux , fils de Juda et de Tamar, et
fréquemment Ex. 15, 4. 18, 10. Deut. 6, l'un des ancêtres de notre Sauveur,
21. 7, 8. 11, 3. 29, 2. 34, 11. Ps. 135, 9. Matth. 1, 3. Luc 3, 33. Il n'est connu que
136, 15. 2 Rois 17, 7. Néh. 9, 10. Hébr. par un singulier détail de sa naissance,
11, 27. Sa vie a été, en quelque sorte, qui lui assura le droit d'aînesse quand
une lutte continuelle contre Dieu ; mais tout pouvait faire croire que Zara son
lui-mème n'y a voulu voir qu'une lutte frère viendrait au monde avant lui. Par
entre ses magiciens et ceux des Hébreux. tout ailleurs il n'est mentionné de lui
Il s'est endurci, et Dieu a ôté les roues que son nom, Nomb. 26, 20. Ruth 4, 18.
de ses chariots dans la mer. Quelques 1 Chr. 2, 4.4, 1.
auteurs doutent qu'il soit mort avec son PHARISIENS.Trois classes, ou sectes,
PHA 173 PHA
4.
tres. Leur origine n'est pas bien connue; posaient. La plupart ne chérchaient dans
il est probable que bientôt après la cap la pratique de ces minuties qu'une cer
tivité babylonienne, des hommes pieux taine réputation de sainteté; quelques
ou feignant de l'être, commencèrent à se uns cependant étaient sans doute sèrieux,
distinguer, surtout alors que la grande et pensaient mériter de cette manière la
synagogue n'existait plus. Le commande faveur divine; mais c'était une erreur,
ment de la grande synagogue d'entourer dans un sens, tout aussi dangereuse que
la loi d'une haie (Pirke Aboth. 1.), et l'in l'hypocrisie des autres, puisqu'elle intro
fiuence de la civilisation grecque, qui duisait cette idée de mérite, de justifica
avait gagné du terrain dans l'Asie Anté tion propre, si fatale au salut comme à la
rieure depuis Alexandre le Grand, ne SanctificatiOn de l'âme.
pouvaient pas manquer de provoquer Il faut reconnaître que les pharisiens
parmi les Juifs, le zèle de plusieurs indi ont formé dans l'Eglise juive une opposi
vidus qui se crurent appelés à la défense tion absolument nécessaire, d'un côté,
de la vérité révélée à leurs pères. Il est contre le bras séculier, de l'autre, contre
encore probable que c'étaient au com l'esprit mondain et la civilisation incré
mencement de vrais fidèles , et les hom dule des Grecs; ils ont été les gardiens
mes pieux qui dans la guerre des Mac fidèles de la révélation écrite, et c'est à
cabées se sont mis en avant pOur com leur fermeté, à leur opiniâtreté, que nous
battre et mourir en l'honneur de la reli devons peut-être en grande partie la con
gion des pères, appartenaient peut-être servation du recueil des auteurs Sacrés
à cette secte. Mais en tout temps si une de l'ancienne alliance.
œuvre de Dieu a grandi, l'orgueil humain Leur autorité était grande auprès du
et l'hypocrisie la déshonorent ou la rem peuple, et les princes étaient obligés de
placent, et ceux qui étaient dans l'origine les ménager et de compter avec eux.
des hommes pieux, se présentent plus On voit sous ces rapports que cette
tard dans l'histoire comme pharisiens, secte occupait au milieu de l'Eglise juive
mettant tous leurs efforts à être distin la même place que la secte romaine au mi
gués des hommes. lieu de l'Eglise chrétienne : l'une et l'autre
Le caractère principal de leur doctrine ont eu les mêmes qualités, les mêmes vi
était leur attachement aux traditions de ces, le même genre d'influence, comme
leurs maîtres, à la Kabbala (on peut voir, jusqu'à un certain point une origine sem
sur la Kabbale, un Discours ou disserta blable, et une même mission.
tion du prof. Pétavel de Neuchatel, 183s); Le Talmud, à sa manière, donne le ta
ils en faisaient plus de cas que de l'Ecri bleau suivant des diverses nuances ou
ture elle-même : leur système théologique subdivisions du pharisaïsme : 1° Ceux qui
se composait ainsi de doctrines d'origine ont les épaules inclinées vers la terre ;
juive, et de doctrines d'origine étrangère, 2° celui qui traîne les pieds à force de
qu'ils savaient, au moyen d'une méthode piété;3° celui qui se fait saigner: il ferme
allégorique, trouver, ou, pour mieux dire, toujours les yeux pour ne rien voir qui
mettre dans l'Ancien Testament. Ils pré l'induise en tentation, et souvent il se
tendaient que plusieurs des faits de l'an heurte et se blesse ; 4° le pilon : celui qui
cienne alliance n'étaient que des allégo est tout retiré, recoquillé sur lui-même;
ries grossières, qui révélaient à l'homme 5° le pharisien sincère, qui ne veut faire
spirituel une doctrine d'un ordre plus éle autre chCse que son devoir ; 6° celui qui
vé. Ils enseignaient, contrairement à l'er fait tout pour être récompensé de Dieu ;
reur saducéenne, l'immortalité de l'âme, 7° ceux qui craignent l'Eternel : c'est la
des rétributions et un jugement après la meilleure classe. (v. Wettstein, Nouveau
mort, et la résurrection des corps. Testament, 1,262.474., Schœttgen, Horae
Leur culte était surtout extérieur; c'était hebr. etc. 1, 176.) -
dition le fait mème évêque de cette ville, ments marchaient sans lui vers l'exécution
et rapporte qu'ila souffert le martyre sous de cette idée chrétienne; et si quelques
le règne de Néron. D'après le faux Doro missionnaires romains ont individuelle
thée il aurait été évêque de Gaza. On mon ment parlé d'affranchissement au Para
trait encore sa maison à Colosses au cin guay ou dans les Indes, ils l'ont fait parce
quième siècle. Philémon serait probable que leurs liens avec Rome s'étaient des
ment tout à fait inconnu sans la lettre que serrés; ils ont été seuls, leur Eglise n'a
lui écrivit l'apôtre au sujet d'Onésime son rien fait; on connaît la conduite aux An
esclave. Cette épître dont l'authenticité tilles, de ces prêtres qui n'étaient pas
n'est pas contestée, modèle d'onction et eux-mêmes affranchis par l'Evangile.
d'éloquence persuasive, fut écrite de PHILETE. On ne sait rien de positif
Rome pendant la première captivité de sur sa personne ; v. Hyménée.
l'apôtre, v. 23., et portée par l'esclave PHILIPPE. Les livres apocryphes con
repentant qui, sans cette recommanda naissent trois hommes de ce nom, que
tion, eût pu craindre les transports phry nous ne rappelons ici que pour mémoire,
giens d'un maître justement irrité, soit le père d'Alexandre-le-Grand, 1 Macc. 1,
que le christianisme n'eût pas encore en 1. 6, 2., le roi de Macédoine fils de Dé
tièrement adouci le caractère de Philé métrius II, vaincu par le proconsul Quinc
mon, soit qu'Onésime ne fût pas lui tius Flaminius ; il y est fait allusion 1
même assez avancé pour comprendre les Macc. 8, 5.; enfin un favori d'Antiochus
effets de la grâce sur le cœur (Médit. de Epiphanes qui fut nommé gouverneur de
Rochat, t. I). la Judée, 2 Macc. 5, 22.
Cette épître qui semble maintenir les On trouve dans le Nouveau Testament
droits d'un maître sur son esclave, est quatre hommes et une ville de ce nom.
cependant, à la bien considérer, le pre 1° Philippe, fils d'Hérode le Grand et
mier pas fait vers l'abolition de l'escla-, de Cléopâtre, qui devint à la mort de son
vage. Onésime avait eu tort de s'enfuir, père tétrarque dans la Batanée, la Gaulo
et il en est blâmé; Philémon avait ac nite, la Trachonite, la Panéade, l'Auranite
quis des droits matériels sur cet es et l'Iturée, Luc 3, 1. D'un caractère doux
clave, et il ne pouvait en être dépouillé et facile, de beaucoup le meilleur des fils
sans être en même temps indemnisé ; d'Hérode, il s'occupa avec zèle des affaires
c'est ce que l'apôtre paraît indiquer aussi; publiques, agrandit la ville de Bethsaïda
mais en réalité quels droits un homme qu'il nomma Juliade en l'honneur de la
peut-il avoir sur un autre homme 9 Oné fille d'Auguste, embellit et fortifia la ville
sime devenu chrétien n'est plus un es de Panéade au pied du Panium, non loin
clave, il est au-dessus d'un esclave, c'est des sources du Jourdain, la nomma Césa
un frère, un frère bien-aimé; l'apôtre le rée en l'honneur de Tibère, et vit son
recommande comme ses entrailles, il de nOm réuni à celui de son maître dans la
mande qu'il soit reçu comme il le serait désignation de cette ville qu'il était né
lui-même. C'est le langage d'unabolition cessaire de distinguer de l'autre Césarée,
niste, et il ne saurait en être autrement; Matth. 16, 13. Marc 8, 27. Il mourut
le christianisme émancipe; aussi partout à Juliade, la vingtième année de Tibère,
où la religion chrétienne a été reçue et l'an 33 ou 34 de l'ère chrétienne, après un
comprise, l'esclavage a été flétri comme règne d'environ trente-cinq ans. Comme
il devait l'être ; c'est une des gloires du il n'avait point d'enfants, ses possessions
protestantisme d'avoir le premier levé le passèrent à la province romaine de Syrie.
drapeau de l'affranchissement, les frères 2° Philippe, Luc 3, 19., connu dans
Moraves aux Antilles, le quaker Bénézet l'histoire sous le nom d'Hérode, paraît
(de Saint-Quentin) en Amérique , Wil avoir, en effet, porté ces deux noms. Il
berforce, Buxton, Clarkson, partout : le était frère de père du précédent, fils de
catholicisme s'est fait traîner à la remor Hérode le Grand et de la seconde Ma
que, et il ne s'est décidé qu'il y a peu riamne, fille du grand-prêtre Simon. Dés
d'années, lorsqu'il a vu que les gouverne hérité par son père, il eut une vie obs
II. 12
#4!*
cure, et n'est guère connu que par sa rend avec lui auprès du Seigneur : la ré
† sa fille. Hérodiade, aigrie peut ponse qu'il leur donna permet de croire
être de obscurité de son mari, se laissa que ces Grecs nourrissaient à son sujet
séduire par Hérode Antipas, frère de ce quelques-unes des idées alors assez répan
lui-ci, Matth. 14, 3. Marc 6, 17. Salomé dues d'une royauté terrestre, cf. Matth.
sa fille épousa, dit-on, son oncle, Phi 20, 20. Marc. 10, 35.; ils avaient peut
lippe, celui dont il est parlé ci-dessus, v. être été témoins de son entrée triom
Hérode. phale à Jérusalem, ils avaient entendu les
3° Philippe, apôtre, de Bethsaïda, dis cris et les vœux de la multitude, ils dési
ciple d'abord de Jean-Baptiste, puis de raient voir pour se le concilier le futur
Jésus, Matth. 10, 3. Marc 3, 18. Luc 6, roi du pays. L'historien sacré ne dit pas
14. Act. 1, 13. Il fut l'un des premiers à si la réponse du Seigneur les attira ou si
qui le maître dit : Suis-moi. C'est l'Evan elle les repoussa, s'ils se joignirent à lui
gile de saint Jean qui nous donne le plus ou s'ils s'en éloignèrent. Enfin, 14, 8.,
de détails sur sa vie, sans qu'il y en ait comme Jésus enseignait ses disciples et
assez cependant pour qu'on puisse déter qu'il les préparait à une prochaine sépa
miner bien exactement son caractère. ration en leur disant que quiconque le
Ainsi sa vocation est racontée 1, 43.sq., connaissait connaissait aussi son père,
et d'après les détails qui en accompa Philippe, dont la foi n'était pas encore as
gnent le récit, d'après la conversation de sez simple pour comprendre le sens na
Philippe avec Nathanaël, on voit que Jé turel des paroles de son maître, ni assez
sus avait eu déjà un entretien particulier éclairée pour se rappeler qu'il y a dans les
avec son nouveau disciple, et qu'il s'était révélations de Dieu des mystères inson
fait connaître à lui. Les paroles de Phi dables, lui dit : « Montre-nous le père, et
lippe à Nathanaël : « Viens et vois » mon cela nous suffit ; » il recut pour réponse
trent déjà que l'esprit du christianisme ces paroles pleines à la fois de douceur
est le prosélytisme, et en outre que c'est et de reproche : Philippe, je suis depuis si
un prosélytisme chrétien qui repose sur longtemps avec vous, et tu ne m'as point
la preuve et la persuasion.—6, 5. Le Sei connu ! celui qui m'a vu a vu mon père.
gneur veut éprouver la foi de Philippe, Paroles qui résument toute la doctrine
c'est pour cela qu'il lui dit lors du mira chrétienne sur les rapports du Père et
cle de la multiplication des pains : « Où du Fils, en établissant leur inséparable
achèterons-nous des pains afin que cette unité sans confusion des deux personnes,
multitude ait à manger ? » Il est inutile de et qui devaient en même temps rappeler
rechercher si Philippe était chargé de au chrétien, encore juif par ses habitudes
quelques fonctions spéciales dans le col et ses souvenirs, que le Dieu d'Abra
lége des apôtres ; c'est peu probable, et ham, d'Isaac et de Jacob ne se manifeste
d'ailleurs ce n'est pas là qu'on doit cher aux yeux de la chair que dans la personne
cher pourquoi notre Seigneur s'adresse à de son fils.
Philippe plutôt qu'aux autres ; l'évangé Le caractère de cet apôtre apparaît donc
liste nous explique la demande du Sei comme un mélange de promptitude et de
gneur. L'apôtre ne comprenant pas même timidité, de droiture et de simplicité, de
que Jésus voulût l'éprouver, lui répond respect et de confiance.
comme ayant oublié les miracles précé Depuis le moment où le récit sacré le
dents de son maître : Deux cents deniers nomme pour la dernière fois, Act. 1, 13.,
de pain ne suffiraient pas, quand chacun sa vie est peu connue. La tradition lui
n'enprendrait qu'un petit morceau.Sa foi, donne une femme et des enfants. Il prê
comme celle de ses collègues, avait encOre cha l'Evangile en Phrygie, et mourut à
besoin d'être raffermie. — 12, 21. Quel Hiérapolis; on ignore s'il souffrit le mar
ques Grecs prosélytes, ou des Juifs de tyre. Un évangile apocryphe a été écrit
meurant parmi les gentils, désirant voir sous son nom : les gnostiques l'ont reçu
Jésus, s'adressent à Philippe qui n'ose les comme authentique. On lui a attribué la
présenter seul, consulte André, et se demande faite à Jésus qu'il lui fût permis
PHI | 179 lºlll
d'ensevelir son ère ayant de le suivre, ment en ce sens que le Saint-Esprit trans
† †
l'établit, et le silence de saint Jean est une
porta Philippe mystérieusemen †
airs, et que l'eunuque, qui le cherchait
forte présomption contre rexactitude de des yeux, fut étonné de sa disparition.
cette tradition. ' " On peut les comprendre d'une manière
-
samaritaine, mais encore dans 1 Chr. 1, au vrai Dieu, Jug. 10,7 li. 13, 1.14, 1.
12., où le passage de la Genèse est ré 15, 4 1. Sous Héli ils s'emparèrent même
pété. Une faute de copiste ancienne se de l'arche sainte, mais une défaite san
comprend, du reste, aussi bien qu'une glante qu'ils éprouvèrent à Mitspa mit
faute plus moderne; si l'on yeut maintenir fin à leur domination de quarante ans,
la double descendance, on peut voir, à l'ar que les travaux de Samson n'avaient pu
ticle Caphthor, la solution la plus proba suffire à repousser complétement, 1 Sam.
ble de cette difficulté. Quoi qu'il en soit, 4, et 7. Le règne de Saül n'en eut pas
on ne met pas en doute que les Philistins moins à compter avec eux, et il les vit
ne soient aussi descendants de Caphthor, aussi souvent vainqueurs que vaincus, 1
et toute la question est de savoir quel Sam. 13, 17. 23, 28. 24, 2.; le courage
est le pays ou le peuple ainsi désigné ; intelligent de Jonathan son fils, et la
nous l'avons examinée à l'article Caph vaillance de David portèrent de rudes
th0r. coups aux agresseurs, 14, 1., etc. 17, 1.
Les Philistins, qu'Abraham trouva déjà 18, 27. 19, 8. Ce dernier, même après
dans ces contrées, constitués en royaume s'être séparé de Saül, continua de tenir
à Guérar, Gen. 21, 34. 26, 1., etc., sont les Philistins en échec, 23. 1,, jusqu'au
célèbres dans l'histoire des Israélites moment où, contraint de chercher à Gath
comme leurs ennemis implacables. Af un refuge, il fut presque amené à faire
franchi de la captivité d'Egypte et mar cause commune avec les Philistins con
chant vers Canaan, le peuple de Dieu tre son roi légitime, mais abandonné
n'osa point aborder le territoire des Phi de Dieu, 27, 1. Vainqueurs dans un der
listins, quoique ce fût le chemin le plus nier combat, les Philistins mirent à mort
court, celui que suivent encore de nos les fils du roi vaincu, qui lui-même se
jours les caravanes qui se rendent d'E- tua pour ne point survivre à son honneur
gypte en Judée (v. Journal d'un Voyage et à sa famille, 31, 1. Leurs attaques ne
au Levant, III), et Dieu les conduisit par se ralentirent point sous le règne de
une route plus longue, afin que leurs David, mais elles furent infructueuses;
troupes nombreuses, mais embarrassées, ils furent battus à plusieurs reprises et
ne fussent pas exposées aux attaques de perdirent même leur ville de , Gath, 2
Cette † forte et courageuse, Ex. Sam. 5, 18. et 21.; cf. 1 Chr. 18, 1. et 2
13, 17. Sous Josué, les Philistins appa Sam. 15, 18.; des guerriers israélites se
raissent comme une espèce de confédéra signalèrent dans ces luttes par des faits
tion d'Etats réunis sous cinq chefs dont d'armes isolés, rapportés 2 Sam. 23, 11.
les résidences sont Gaza, Asdod, Aské Ils furent tranquilles sous Salomon et
lon, Gath et Hékron, Jos. 13, 3, cf. Jug. sous le règne des premiers rois d'E-
3, 3.; leur territoire comprend d'ailleurs phraïm, quoique nous les voyions pen
d'autres villes non murées, 1 Sam. 6, 18. dant cette époque résider assez avant sur
On ne voit pas que Josué ait eu des con le territoire d'Israël, 1 Rois 15, 27. 16,
flits avec eux, et la division du pays telle 15. Tributaires du vaillant Josaphat, 2
que ce général l'ordonna, n'était sans Chr. 17, 11., ils se relèvent sous Joram,
doute qu'un projet dontk réalisation de se joignent aux Arabes, marchent contre
vait s'effectuer † longue, au fur et à Jérusalem, pillent les trésors royaux et
mesure que quelques tribus seraient § enlèvent le sérail et les enfants de la
lidement établies, Jos. 15, 45. 19, 43. famille royale, 2 Chr. 21, 16. cf. Joel 3,
lutte commença presque avec le gouver 4-6.; mais Gath est menacée sous Joas
ment des juges, et parcourut bien des par la Syrie, qui menace aussi Jérusalem,
phases diverses; les tribus méridionales 2 Rois 12, 17.; les Philistins sont de nou
eurent surtout à souffrir de leur belli veau vaincus sous Hozias, 2 Chr. 26, 6.,
queux voisinage, Jug. 3, 31.; les Philis † vainqueurs sous Achah, à qui ils en
tins s'avancèrent assez avant dans le pays, èvent quelques villes de la Judée oc
v. Timna, et asservirent parfois pour cidentale, 2 Chr. 28, 18. cf. peut-être #.
longtemps les tribus devenues infidèles 14, 29. Ezèchias, dans les premières an
PHI 183 PHI
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de leur temps continuaient de porter ces puis, qu'entre les deux autres versions
bandelettes de parchemin; les chrétiens l'une est plus complète que l'autre, mais
de certains lieux commençaient à imiter non contradictoire ou différente. On voit
cet usage superstitieux; Gélase, évêque de d'abord, Jean 1, 40. sq., que Pierre, dis
Rome, l'a condamné pour ce qui le con ciple de Jean - Baptiste, fut instruit de
cernait; il serait à désirer que ses suc bonne heure par André son frère, de la
cesseurs l'eussent imité en cela; le dix venue et de l'œuvre du Messie; Jésus pé
neuvième siècle n'eût pas vu naître la mi nétrale futur apôtre, et lui prédit les des
raculeuse médaille-phylactère, qui a rap tinées auxquelles il était réservé; toute
porté 70,000 fr. aux jésuites de Fribourg, fois, il ne l'appela point encore à le sui
et n'a pas empêché leurs troupes d'être vre, comme il en avait appelé d'autres.
| battues, leurs soldats d'être tués. Un second récit, celui de la vocation pro
PIBESETH, ville nommée Ez.30, 17., prement dite de Pierre, se lit Matth. 4,
à côté de plusieurs autres villes d'Egypte. 18. Marc 1, 16.; mais il est abrégé. Saint
D'après les Septante et la Vulgate ii s'a- Luc 5, 1, sq., le développe et l'étend ;
git de Bubaste, chef-lieu du district de ce c'est dans sa narration qu'on a voulu
nom, dans la partie orientale de la Basse trouver une troisième version d'un même
Egypte, sur un canal dérivé du bras pé même fait (Winer). -
versations avec plus ou moins de bon du figuier séché, Matth. 21,20.Marc 11,
heur. Sa belle-mère est guérie par Jésus, 21.; il prend part aux entretiens qui sui
qui était devenu son hôte, Matth. 8, 14. vent les oracles de Jèsus sur la destruction
§ 1, 29. sq. Luc 4, 38. Le lendemain, de Jérusalem, Marc 13,3.; il est chargé de
il va comme les troupes à la recherche de faire avec Jean les préparatifs de la der
Jésus qui s'était retiré pour prier; il a le nière pâque, Matth. 26, 18. Marc 14, 13.
bonheur d'ètre le premier à le rejoindre, Luc 22, 8. Et pendant que le maître veut
Marc 1, 35. Luc 4, 42. Après le premier donner à tous une leçon d'humilité, peut
miracle de la multiplication des pains, la être pour répondre à leurs contestations
nuit, il voit le Seigneur marcher sur les sur la place qu'ils occuperaient dans la vie
eaux, et veut marcher à sa rencontre, à venir (Matth. 18, 1. Marc. 9, 33. Luc 9,
mais sa foi n'est pas à la hauteur d'une 46. 22, 24.), Pierre, toujours vif, refuse
épreuve aussi forte, il doute, et les eaux par deux fois de se laisser laver les pieds
s'entr'ouvrent sous ses pieds, Matth. 14, et ne cède à une affectueuse injonctiqn,
22. Marc 6, 45.Jean6, 17.—A Bethsaïda, que pour se jeter alors dans un autre ex
il fait une profession éclatante de sa foi trême, Jean 13, 6., etc. — Il est moins
en celui qui a les promesses de la vie prompt à juger et à interroger quand Jé
éternelle, Jean 6, 68. : il la réitère dans sus annonce que l'un des douze le trahi
une autre circonstance aux environs de ra : soit que Judas eût réussi à conser
Césarée de Philippe, et reçoit en récom ver jusqu'alors la confiance de ses frè
pense de sa foi de mémorables oracles ; res, soit que Pierre repoussât des soup
mais pour qu'il ne s'élève point au-dessus çons qu'il craignait de voir justifiés, soit
de ses frères, le Seigneur lui fait voir qu'il qu'il désirât voir le traître démasqué, soit
ne comprend pas encore les choses qui enfin que l'incertitude leur fût plus péni
sont de Dieu, et le repousse en termes ble que la réalité, et que devant un oracle
sévères comme un tentateur, Matth. 16, aussi étrange, aussi solennel et inatten
13. sq. Marc8, 27. Luc 9, 18.Témoin de la du, ils en fussent tous venus à se redou
transfiguration, il ne la comprend pas et ter eux-mêmes, à se défier d'eux-mêmes,
confond le repos des saints avec la dou Pierre, voulant connaître le nom du trai
ceur du repos et de la paix terrestres, tre, mais n'osant le demander à haute
Matth. 17, 1. Marc9,2. Luc9, 28.2 Pierre voix, fit signe à Jean, voisin du Seigneur,
1, 16.— A Capernaüm, il consent à payer de l'interroger. Il ne se doutait guère que
pour son maître l'impôt des didrachmes, la peur lui ferait commettre un crime sem
Ex. 30, 13.; Jésus, en lui faisant com blable à celui que la cupidité avait inspiré
prendre, que maître de toutes choses, il à Judas , mais dans la même soirée il re
eût pu s'en dispenser, répond par un mi çut par deux fois des avertissements tout
racle, et le statère se trouve dans la bou ensemble sinistres et consolants. « Là où
che du poisson, Matth. 17, 24. Judas pos je vais, tu ne peux maintenant me suivre,
sédait sans doute cette somme dans la mais tu me suivras ci-après. » — « Si
bourse apostolique, mais le Fils de l'hom mon, Simon, voici, Satan a demandé à
me devait montrer à tous que l'or et l'ar vous cribler tous comme le blé (Am. 9,
gent lui appartiennent, Agg. 2,8., et que, 9.), et j'ai prié pour toi, afin que ta foi
s'il conteste, c'est sans intérêt; s'il cède, ne faiblisse point; toi donc, quand tu se
c'est pour accomplir toute justice et ne ras un jour converti (relevé de ta chute),
point scandaliser les faibles. - Dans les fortifie tes frères, » Luc 22, 31. Et com
questions relatives au pardon des offen me le fidèle, mais présomptueux apôtre,
ses, Matth. 18,21., et à la récompense que protestait de sa confiance en lui-même,
les apôtres pouvaient espérer de leur fidé son triple reniement lui fut prédit, Jean
lité, Matth. 19, 27. Marc 10, 28. Luc 18, 13. Un peu plus tard, dans la même soi
28., Pierre montre que ses idèes sont en rée, comme les apôtres se rendaient en
· core confuses sur la sainteté de la vie nou Gethsémanè, Jésus les enveloppant tous
velle et sur la spiritualité du royaume de dans une même sentence prophétique,
| Christ. — Il voit et remarque le miracle leur dit : Vous serez tous cette nuit scan
|| | |
PIE 188 PIE
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dalisés † qu'il est écrit , je de toutes parts, lui semblent autant d'en
frapperai le berger, et les brebis seront nemis; il ment encore et dit : Je ne le
dispersées; cf. Zach. 13, 7.; et Pierre, connais point. Mais il est inquiet; il vou
que la sentence isolée prononcée contre drait sortir, il change de place, il entre
lui, avait sans doute humilié et affligé, sa au vestibule, Marc 14, 68., et là, une
tisfait de se voir de nouveau réuni à ses heure environ après le second reniement,
frères, quoique dans la faiblesse, voulut un parent de Malchus le reconnaît et lui
protester encore de sa fidélité, mais en dit : Ne t'ai-je pas vu au jardin avec lui ?
vain; il ne reçut pour réponse que la con Nier n'eût plus suffi devant une accusa
firmation de son triple reniement, Matth. tion aussi directe, et Pierre, accablé de
26, 31. Marc 14, 27., etc. —Témoin de frayeur, était en outre retenu par la honte
l'agonie de son maître, il ne peut, non d'avouer enfin son maître, en avouant qu'il
plus que Jacques et Jean, veiller avec lui ; l'avait renié deux fois; il ne lui suffisait
malgré les recommandations de Jésus, ils plus de reconnaître Jésus, il devait en
s'endorment, et Luc, le médecin, nous dit core reconnaître sa lâcheté;l'épreuve était
que c'était de tristesse qu'ils dormaient, trop forte pour l'homme appuyé sur ses
Luc 22, 45. La faiblesse de la chair suc propres forces; il renie encore, en jurant
combait aux émotions, et l'esprit n'était et en prononçant des imprécations. Mais
pas assez fort pour en triompher. Il était la mesure était comblée, la tentation était
plus facile de se battre que de prier, et terminée; le disciple pouvait savoir à quoi
Pierre se réveilla quand les soldats vin s'en tenir sur son courage, sa force, sa
rent pour prendre Jésus, Matth. 26, 51. fidélité; c'était le point du jour, le coq
Marc 14, 47. Luc 22, 49. Jean 18, 10. chanta; un regard de Jésus tomba sur
D'un coup d'épée il blessa Malchus à l'o- son disciple, l'accusant sans le trahir ni
reille, ayant pris à la lettre quelques ex le compromèttre, et Pierre revint à lui
pressions dont le Sauveur s'était servi même; bouleversé de son crime, tou
quelques instants auparavant dans un sens ché de l'amour de son maître, il sortit et
figuré, Luc22, 36.38. Mais ce n'était pas pleura amèrement; ces larmes étaient
là le courage que réclamait de ses disci sans doute, quoique amères, les plus
ples celui qui donnait librement sa vie ; douces et les plus pures qu'il eût encore
les soldats entraînèrent le maître; les dis versées ; sa douleur était selon Dieu, elle
ciples s'enfuirent. Pierre, engagé par ses ne pouvait qu'être heureuse; pour la pre
paroles à faire mieux que les autres, re mière fois peut-être, il avait un pressenti
vint cependant en arrière; il voulait tenir ment de la vie nouvelle, du christianisme.
sa parole, il allait réaliser celles de son Trois jours après, averti par Marie Ma
maître. Arrivé devant la porte de Caïphe, deleine, il court au sépulcre avec Jean,
il la voit s'ouvrir devant lui sur la recom n'arrive qu'après lui, mais entre le pre
mandation de Jean, mais la cour est pleine mier dans la grotte, examine, admire,
de soldats, d'huissiers, de domestiques et sans comprendre encore que son maître
de curieux. Pendant le premier interroga est ressuscité, et retourne à Jérusalem,
toire du Seigneur, la portière qui avait ou Luc 24, 12. Jean 20, 2. On conclut pres
vert à Pierre, croit reconnaître en lui un que avec certitude, de 1 Cor. 15,5. cf. Luc
des disciples de l'accusé et l'interpelle. 24, 34,, que le même jour encore, avant
Saisi, surpris, étonné d'être reconnu, pré son entretien sur la route d'Emmaüs, le
occupé d'autres pensées qui lui font à la Christ ressuscité s'est montré à Pierre,
fois oublier l'oracle du Christ et désirer de et l'on conjecture qu'il lui a donné, ou
couper court à une conversation qu'il n'a réitéré spécialement, l'ordre de se ren
pas envie de poursuivre, il ment et renie dre, avec le reste des apôtres, en Galilée,
son maître sans trop songer peut-être à ce où il le verrait de nouveau : Pierre, qui
qu'il fait. Une question § lui est s'était exclu lui-même de la société apos
adressée un moment après, et déjà il a eu tolique, ne pouvait savoir si le maître le
le loisir d'examiner sa position; la frayeur reconnaîtrait encore, ou s'il le renierait ,
l'environne, et les témoins qui l'entourent à son tour; il eût hésité peut-être à sui
PIE 189 PIE
1 # ,
vre les apôtres, s'il n'avait été en quel sa triple confession, l'apôtre eut expié
que sorte personnellement convoqué. Du aux yeux de son maître son triple renie
reste, aucune parole, aucun détail de cet ment. Simon le pêcheur est redevenu
entretien n'est rapporté dans les Evan Pierre l'apôtre. Quelle solennité dans
giles, et l'on conçoit qu'il ne concernât cette réintégration, et pourtant quelle
que le chef de l'Eglise et son disciple re douceur dans le châtiment, si même on
laps ; Pierre sans doute versa de nouvel peut donner ce nom aux interpellations
les larmes, mais il sentit qu'il était réin du Sauveur. Saint Pierre pardonné re
tégré ; il allait reprendre sa place, mais prend bientôt ses anciennes habitudes,
la remplir plus humblement. et lorsqu'il eut appris de la bouche du
Il se rend à Capernaüm où il possédait Sauveur le sort qui lui était réservé, il
une maison (Matth. 8, 14. Marc 1, 29. Luc lui demanda quel serait celui de l'apôtre
4, 38.), et après quelques jours d'une at Jean qui les suivait ; mais Jésus refusa de
tente inutile, il dit à ceux des apôtres qui répondre à cette question d'une vaine cu
étaient avec lui qu'il s'en allait pêcher, riosité, et il ne permit pas que Pierre ou
Jean 21, 2. Ils le suivirent, mais la pêche bliât aussi promptement les avertisse
de la nuit fut inutile. Au matin, Jésus, ments qu'il venait de recevoir. -
l'idée desavocation, c'est en quelque sorte Que les sages, les entendus
son nom d'honneur : il le porte Act. 10, 5. N'ont point de part dans cette affaire.
18., et si quelquefois les deux noms de C'est que ce sont des choses qu'on ne
Simon Pierre sont réunis, celui de Pierre peut enseigner que lorsqu'on a été soi
finit par prévaloir, ce qui explique pour même enseigné de Dieu, et pour en venir
quoi les évangélistes, en parlant de lui, là les simples et les savants ont le même
l'appellent le plus souvent simplement chemin à faire, et ces derniers y répu
Pierre. gnent davantage, embarrassés qu'ils sont
b) Sa famille est peu connue. Son père, du bagage d'une science faussement ainsi
pêcheur comme lui, s'appelait Jonas; la nommée. Ce qui a été vrai aux jours du
tradition donne à sa mère le nom de Seigneur est vrai toujours, c'est que ses
Jeanne; l'apôtre André était son frère, vrais serviteurs sont ceux qu'il a choisis
probablement plus jeune que lui. Il était lui-même, quelle que soit du reste l'esti
marié, comme il ressort de Luc 4, 38. 1 me dont ils jouissent aux yeux de la
Corinth. 9, 5. : la tradition est unanime à chair ; et l'on est étonné, si l'on veut y
cet égard, et dom Calmet n'a pas l'air de faire attention, de trouver souvent des
chercher à s'en cacher. ll avait un fils disciples zélés, fidèles, et bénis, bien ail
nommé Marc, 1 Pierre 5, 13., et les Pères leurs que là où l'on penserait à les cher
lui donnent en outre une fille nommée cher.
Pétronille : ils varient sur le nom de sa d) Pierre apparaît dans le collége apos
femme, que les uns appellent Concorde, tolique revêtu d'une espèce de primauté
les autres Perpétue. Plusieurs le regar que les écrivains protestants ont parfois
dent comme le plus àgé des douze apô trop méconnue, et que les auteurs catho
tres; les détails qu'ils donnent sur sa fi liques romains ont en revanche exagérée
gure et sur son apparence ont peu d'au jusqu'à en faire une principauté.Non-seu
tOrité. lement il était l'un des amis les plus inti
c) Nous avons vu comment il est facile mes du Seigneur (non le plus intime),
de concilier les apparentes divergences comme on le voit par Matth. 17, 1.Marc9,
des évangiles qui racontent l'élévation de 2. 14, 33. et ailleurs, mais encore on le
Pierre à l'apostolat. Mais la grande diver voit tantôt parler au nom des douze, tan
gence, celle qui frappe le moins, parce tôt répondre en leur nom quand ils sont
que l'on y est habitué, c'est celle qui se interrogés ; Jésus lui-même le nomme
trouve entre la condition de l'appelé, et la quand il s'adresse aux apôtres, Matth. 16,
charge à laquelle il est appelé.Un pècheur 16. 19, 27. 26, 40. Marc 8, 29. Luc 12,41.
de poissons devient pêcheur d'hommes; Le passage Matth. 17, 24., ne prouve du
un batelier devient apôtre; l'ignorance reste pas, comme on a voulu le croire,
doit instruire le monde, et passer du banc qu'en dehors du cercle des douze, Pierre
de sa nacelle aux chaires de la vérité. Per fût considéré comme le chef et le repré
sonne n'eût confié à Simon la charge la sentant naturel de ses collègues : ce peut
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n'avoir été qu'un cas fortuit, une circon tés après lui, quels qu'ils fussent, indé
stance accidentelle, et si l'on voulait don pendamment même de leur foi et de la
ner trop de poids à cette preuve, plusieurs réalité de leur christianisme.
des apôtres, Philippe , André, etc., au A quoi il a été répondu: que chacun
raient des titres semblables à faire valoir, est le fils de ses œuvres; qu'il n'y a plus
Jean 12, 21. sq. Le caractère personnel de SOus le christianisme d'autorité de droit
l'apôtre a pu contribuer pour beaucoup à divin que celle qui prouve sa divinité
le faire considérer comme un représentant par sa puissance et par sa sainteté ; que,
de tous, non qu'il fût meilleur, mais parce relativement à saint Pierre, les paroles
qu'il était plus voyant : il avait été d'ail qui lui furent adressées en suite de sa
leurs l'un des premiers appelés, et il était confession du nom de Christ, n'impli
peut-être l'aîné de tous, ce qui explique quent aucune supériorité de droits; que
aussi pourquoi dans toutes les listes il la pierre sur laquelle l'Eglise chrétienne
est nommé le premier, sauf Gal. 2, 9. devait être bâtie, c'était la confession de
Après l'ascension , il continue pendant foi elle-même, et non celui qui l'avait
quelque temps de se produire, d'agir, de faite; que le droit de lier et de délier,
parler, avec cette promptitude et cette celui de pardonner et de retenir les pé
Supériorité d'intelligence qui lui avaient chés, a été donné à tous les chrétiens
donné sur ses collègues une espèce d'au dans la même mesure qu'à saint Pierre,
torité morale, que ceux-ci n'avaient jamais Jean 20, 23., c'est-à-dire qu'il ne consti
contestée parce qu'elle n'avait jamais été tue pas un pouvoir, mais qu'il n'emporte
formulée, ni affichée : cf. Act. 1, 15. 2, que le simple droit de déclarer, de con
14. 4, 8. 5, 29. Mais bientôt il cesse len stater un fait ; que les paroles : pasce
tement de briller dans l'histoire aposto oves meos, ou meas, ne sont que la sim
lique, soit que l'âge ait brisé ou ralenti ple réintégration de l'apôtre dans des
l'activité de SOn caractère et l'autorité fonctions dont il s'était lui-même, en
qui s'y rattachait, soit qu'un homme plus quelque sorte, démis, et que notre Sau
jeune, plus fort, également bien doué, veur n'a pas été appelé à rendre aux au
l'ayant remplacé dans la vie active, Pierre tres apôtres des droits que ceux-ci avaient
ait vu passer naturellement dans les mains conservés; que la différence de sexe,
de saint Paul une influence qu'ils ne de meos et meas, ne signifie rien, attendu
vaient l'un et l'autre qu'aux dons qu'ils que ces mots sont, dans le langage bibli
avaient reçus et à l'usage qu'ils en avaient que, pris fréquemment l'un pour l'autre
fait. comme signifiant tous les deux le trou
e) Ce n'est pas ici le lieu de discuter peau, observation qui est renforcée par
les questions controversées entre l'Eglise Cette autre, péremptoire, que sous la nou
de Rome et l'Eglise réformée; indiquons velle alliance il n'y a plus la vieille dis
les seulement, et posons quelques prin tinction des hommes en ecclésiastiques et
cipes. Les théologiens romains estiment laïques, en clergé et troupeau, vu que
que Pierre a été mis au-dessus des apô tOus les chrétiens sont à la fois hommes
tres, ayant autorité sur eux, autorité sur du peuple et hommes de l'Eglise, laïques
l'Eglise, en vertu du passage Matth. 16, et ecclésiastiques ; que le Nouveau Tes
16-18.: que le droit de pardonner ou de tament ne nous montre nulle part saint
condamner lui a été également donné, et Pierre revêtu d'une autorité absolue, que
à lui seul ; que la surveillance et la direc s'il est le premier souvent, il n'est jamais
tion de l'Eglise, des évêques et des trou primat, il cherche à convaincre par des
peaux, du clergé et des laïques, lui a été arguments solides, mais il n'ordonne pas;
confiée en vertu des paroles de sa réinté qu'il ne part jamais de son autorité com
gration : « Pais mes agneaux , pais mes me d'un principe, et qu'au concile de Jé
brebis, » Jean 21, 15.; que Pierre a été à rusalem il ne préside pas, il ne commence
Rome, qu'il y a été évêque, évêque pen pas, il ne clôt pas la discussion ; que les
dant vingt-cinq ans ; qu'il a enfin légué frères ne le reconnaissent nulle part com
sa puissance aux évêques qui sont mon me ayant une autorité de chef de l'Eglise,
PIE 193 PIE
des baisers pour leurs pantoufles. Nous fût loin d'être la même : Pierre avait alors
croyons enfin avec saint Pierre, que dans déjà reçu les dons du Saint-Esprit, il était
le temple de Dieu sur la terre, dans son plus éclairé, sa faute était plus grande, et
' Eglise, il n'y a qu'une pierre fondamen en outre elle était réfléchie. Sans doute
tale qui est Christ, et que tous les chré bien des excuses pouvaient se présenter
tiens entrent dans la construction de l'é- à son esprit, pour motiver une conduite
difice comme autant de pierres vives, 1 si peu conforme à ses antécédents et aux
Pierre 2, 4. 5.; Rome, au contraire, esti ordres qu'il avait reçus du Seigneur; mais
me qu'il n'y a qu'une pierre, et que cette des excuses ne justifient point, et Pierre
pierre c'est Pierre. — Mais assez. a passé condamnation. Plusieurs docteurs
f) D'après ce qui a été dit plus haut, catholiques romains ont cherché à sauver
comme aussi d'après la simple lecture de l'infaillibilité du saint siége et la réputa
l'Evangile, on peut se faire une idée assez tion de saint Pierre, en attribuant cette
exacte du caractère de l'apôtre. Vif, bouil conduite à un autre Céphas, l'un des soi
lant, entreprenant, résolu, dévoué, mais xante-dix disciples, qui doit avoir été plus
se confiant trop en lui-même, il a trouvé tard évèque d'lconium ; mais le sentiment
dans ses dispositions naturelles les causes général, c'est qu'il s'agit bien ici de saint
de sa grandeur et de ses chutes. Ces ca Pierre lui-même. « Saint Pierre, dit dom
ractères agissent plus qu'ils ne vivent; ils Calmet, reçut cette répréhension avec si
sont plus capables de grandes actions que lence et humilité, et ne se prévalut point
de persévérance, et la vigilance n'est pas de sa primauté pour soutenir ce qu'il avait
leur côté fort : moins homogène que saint fait. » Je crois bien; et dans tous les cas
Jean, Pierre a paru davantage, il a peut il n'eut garde de parler d'infaillibilité. Et
être fait davantage, mais il n'a pas été aimé si l'on objecte que ce n'est là que l'opi
de son maître comme l'apôtre de la cha iiion de Calmet, celle d'un particulier,
rité. Dans une circonstance solennelle, « toute l'Eglise, dit le pape Pélage, révère
dans un interrogatoire en forme, Pierre l'humilité avec laquelle il a cédé aux rai
n'eût peut-être pas renié son maître; il sons de saint Paul , et changé de senti
eût veillé. Devant un simple interroga ments. » Oui, mais encore Pélage bat l'in
toire, devant une servante dont les ques faillibilité dans la personne du premier
tions importunes ne lui paraissent pas pape, et il faut avouer qu'alors on n'avait
dignes de réponse, il le renie; il le renie pas encore connaissance de cette absurde
parce qu'il ne veut pas se laisser troubler prétention dont on a fait depuis une vé
dans ses tristes pensées par d'indifférents ritable incorrigibilité.
interlocuteurs; il reste pour ne pas aban g) Le corps de Pierre est à Rome, moi
donner son maître, et il le renie encore : tié dans l'église de Saint-Pierre, moitié
il est sans vigilance. Le chant du coq le en celle de Saint-Paul; sa tête est encore
réveille, et c'est alors seulement qu'il se à Rome, dans l'église de Saint-Jean-de
rappelle qu'un reniement devant cette Latran, où l'on montre également une
foule indifférente, indiscrète, sans droits à dent à part; puis il y a de ses os partout;
le questionner, est cependant aussi un re à Poitiers, la mâchoire avec la barbe; à
niement; il pleure alors, parce qu'il com Trèves, quelques os; ailleurs, plusieurs
prend la grandeur du péché qu'il a com encore ; à Genève. lors de la réformation,
mis, parce qu'il veille. Chrysostome, Lu l'on montrait, sur le grand autel de la ca
ther, Mélanchthon et Calvin, renferment thédrale, sa cervelle précieusement en
de belles et touchantes pages sur ce re châssée : à l'examen , on vit que c'était
niement de l'apôtre, et si l'on doit éviter une pierre ponce. Sa chaire épiscopale et
d'être à cet égard plus indulgent que saint Sa chasuble sont à Rome; l'autel devant
Pierre ne l'a été pour lui-même, il ne faut lequel il chantait la messe se trouve à la
pas non plus se montrer plus sévère que fois à Rome et à Pise; on conserve éga
Jésus. — La conduite de Pierre à Antio lement le couteau avec lequel il coupa
che, Gal. 2, 11., s'explique plus ou moins l'oreille de Malchus ; sa crosse se voit à
de la même manière, quoique la position Saint-Etienne-des-Grès, à Paris; son
PiE 195 PIE,
bourdon est à la fois à Cologne et à Trè été persécutés, et vingt ans après l'époque
ves ; on montre enfin à Saint-Anastase fixée pour la composition de cette lettre,
(Rome) le pilier sur lequel il fut marty la peste y avait fait encore des ravages
risé. Sa fille Pétronille a son corps entier terribles, surtout parmi les Juifs. Suivant
à Rome, en l'eglise de son père; plus, des plusieurs auteurs (v. Assemani), Babylone
reliques à part à Sainte-Barbe, plus, dere était encore habitée aux temps de l'héo
chef le corps entier au Mans, dans le cou dose le Grand, 379-395, et selon Abulfé
vent des Jacobins : il guérit des fièvres. da, il y avait encore au quatorzième siè
Le jour où l'on en finira avec ces pitoya cle un bourg appelé Babel sur la place
bles absurdités n est pas loin , le mouve même de l'ancienne Babylone. Tout con
ment des itonge et des Czersky ne fait que court donc à prouver que Pierre, qui avait
de commencer; ils ont attaqué les reli visité les Eglises nommées au commence
ques, les baïonnettes étrangères attaque:t ment de son épître, et qui avait porté son
l autorité mème dont elles sont l'émana activité jusque chez les Parthes, n'a pu
tion et la 1aison suprème : c'est le propre désigner sous le nom de Babylone que la
des armes de tuer ce qu'elles touchent ville généralement connue sous ce nom.
h) 1r° Epître de saint Pierre. On voit (« Celle qui est à Babylone, élue avec
par 5, 13., qu'elle a été écrite de Baby vous, » désigne, selon quelques-uns, l'E-
lone ou des environs; mais les auteurs glise de cette ville, selon d'autres, et c'est
ne sont pas d'accord sur la signification le plus probable, la femme de l'apôtre,
de ce nom; plusieurs Pères ont pris cette comme « Marc mon fils » se prend aussi
expression comne allégorique, et pensent dans son sens simple et littéral : non-seu
qu'elle désigne Rome : c'est, en effet, un lement la tradition nous montre la femme
moyen de faire aller saint Pierre à Rome, de Pierre voyageant avec lui, mais elle
mais ces exégètes sont précisément ceux rapporte que Pierre lui-même a conduit
qui repoussent le plus absolument le sens sa femme au martyre en lui parlant de la
de Rome que l'on veut donner à la Baby gloire à venir, Clem. Alex. Strom. 7, 11.
lone de l'Apocalypse, et cependant, dans S 63. Néander regarde cette question com
le langage mystique et nécessairement me décidée). — Il est difficile de rien fi
obscur de ce dernier livre, on comprend xer sur la date de cette lettre; elle ne ren
beaucoup mieux qu'une ville soit dési ferme aucun indice suffisant; la seule hy
gnée symboliquement, qu'on ne peut le pothèse possible repose sur l'état général
comprendre dans une épître où toutes les des églises auxquelles la lettre est adres
expressions sont prises dans leur sens sée; ces églises sont représentées comme
ordinaire et naturel; rien ne pouvait en existant déjà depuis un certain temps, et
gager Pierre à cacher à s s lecteurs le l'apôtre cherche à les préparer à de gran
nOm de la ville où il se trouvait. — Les des persécutions; on a cru pouvoir en
chrétiens d'Egypte, jaloux de posséder conclure que la composition de cette let
une trace du passage de l'apôtre au mi tre doit être placée entre 62 et 65. — Les
lieu d'eux, ont à leur tour, et déjà avec lecteurs de l épître étaient, d'après Mi
plus de raison, prétendu qu'il s'agissait chaélis, des prosélytes juifs passés au
ici de la petite forteresse de Babylone christianisme, d'après Steiger, des paga
qui se trouvait en Egypte; c'était un poste no-chrétiens, d'après Hensel et d'autres,
fortifié pour loger une légion romaine ; des judéo-chrétiens ; chacune de ces hy
il avait été construit par Cambyse, roi de pothèses semble s'appuyer sur quelques
Perse, lors de la conquête de l'Egypte ; versets, d'où il résulte que nous serons
mais on ne comprend pas pourquoi l'on plus près, et de la vérité et de la vraisem
irait chercher cette petite station militaire blance, si nous admettons que l'épître
au lieu de la grande Babylone. Celle-ci était adressée aux Eglises telles qu'elles
avait été ruinée en effet, mais sa destruc existaient, composées des uns et des au
tion n'avait pas été si complète qu'il n'y tres; il ressort cependant de 1, 1., que
fût resté un certain nombre d'habitants. c'étaient es judéo-chrétiens que l'apôtre
D'après Josèphe, les chrétiens y avaient avait plus particulièrement en vue, com
PIE 196 PIE
me le tronc sur lequel les autres chré poids qu'ailleurs. Un passage obscur du
tiens avaient été entés; ni Pierre, ni Jac canon de Muratori, l'appui de Théodore
ques ne regardaient l'alliance de Dieu avec de Mopsueste qui rejette toutes les épîtres
Israël comme dissoute ; ils estimaient que catholiques, celui des Pauliciens, sont les
c'était l'alliance fondamentale, et que les seuls témoignages que l'on puisse invo
païens y entraient par le fait de leur con quer ; ils ne sont pas considérables.
version au christianisme. — Quant au but Deux commentaires distingués, à citer
et au contenu de l'épître, on voit qu'elle entre plusieurs autres, sur cette épître,
s'adresse aux chrétiens dans une époque sont celui de l'archevêque Leighton de
où de graves persécutions allaient éclater, Glasgow, traduit et retouché en français
où l'Eglise se trouvait à la veille d'événe par L. Bonnet, et celui de Steiger, en al
ments sérieux, à la veille des persécutions lemand. v. aussi Blunt, Méditations.
de Néron, de la destruction de Jérusalem, i) 2e Epître de saint Pierre. Adres
de la mort des apôtres. Saint Pierre rap sée aux mêmes églises que la précé
pelle aux Eglises que leur foi est bien fon dente, et dans les derniers temps de la
dée, que c'est dans la vraie foi qu'ils ont vie de l'apôtre, en 66 ou 67, cette lettre
été instruits, 1, 25. 5, 12., puis, illes ex a pour but de fortifier les chrétiens con
horte à persévérer dans la sanctification, tre la tiédeur et le relâchement, contre
à rester fidèles i ême dans les persécu les attaques des faux docteurs et contre
tions, et à ne pas perdre de vue la félicité les doutes qui naissaient chez plusieurs,
à venir. Dans le premier chapitre, après la de ce que le retour du Seigneur sur la
salutation et des exhortations qui se rap terre n'avait pas encore eu lieu. Au 1er
portent à lavie intérieure, l'apôtre montre chapitre l'apôtre exhorte, et confirme la
dans la foi en Christ le motif et le mobile vérité de l'Evangile. Dans le 2°, il com
de la sanctification. Chap. 2°. Exhorta bat directement les faux docteurs, ou pour
tions relatives à la vie civile; les motifs mieux dire, les faux chrétiens. Dans le 3°,
en sont pris dans notre vocation céleste il parle de la venue de Christ, et exhorte
et dans l'exemple de Christ. Les huit pre les fidèles à ne pas se laisser ébranler par
miers versets du chapitre 3 renferment des doutes à cause du retard de l'avéne
divers préceptes sur la vie domestique. ment de Christ.Ily acomme une gradation
Jusqu'à la fin du chapitre 4 viennent des dans cette épître; ce sont d'abord les dou
exhortations générales qui se rapportent tes en général que l'apôtre combat, puis il
à la position des chrétiens vis-à-vis d'un attaque les faux docteurs qui , en flattant
monde persécuteur. Chap. 5. La vie dans la chair, usent d'un redoutable moyen de
l'Eglise, et conclusion. séduction en disposant l'âme à douter ;
On a remarqué et exagéré plusieurs enfin il combat les doutes sur un point
rapports qui se trouvent entre les épîtres particulier.—Cette lettre avait une valeur
de Pierre et celles de Paul et de Jacques, de circonstance ; l'apôtre parlait à ses
mais il n'y a rien là qui ne s'explique très contemporains d'une manière conforme à
naturellement, soit parce que dans leurs leurs besoins et à leur position. Mais les
citations les apôtres Se Servaient souvent maux et les périls contre lesquels il cher
des Septante, soit parce qu'ils ont eu con chait à armer la foi des fidèles, sont ceux
naissance des lettres les uns des autres, aussi qui ont ravagé l'Eglise de Christ
soit parce que ces hommes de Dieu, inti dans les siècles suivants, et ses exhorta
mement liés par une même foi, avaient eu tions ont quelque chose de prophétique.
fréquemment l'occasion de s'entretenir Cette épître est donc pour l'Eglise un
des mêmes vérités. héritage précieux de l'apôtre mourant ;
L'authenticité de cette épître n'a guère ce sont les dernières paroles d'un homme
été contestée ; la plupart des Pères la ci qui a été l'une des colonnes de l'Eglise,
tent, la plupart des canons la renferment. de Pierre qui marche au martyre. S'il est
Les arguments intérieurs et extérieurs de triste que des doutes se soient élevés sur
De Wette, qui attaque presque toutes les la valeur de ce document, il faut se rap
authenticités, ont ici encore moins de peler que l'Ap0calypse, qui renferme les
PIE 197 PIE
paroles du Sauveur glorifié, n'a pas eu des dOuteS Sur SOn authenticité. Mais des
un meilleur sort. circonstances, à nous connues ou incon
Si cette épître n'a pas été écrite par nues, ont pu en empêcher la circulation ;
saint Pierre, dont le nom est inscrit au une publicité retardée, voilà tout ce que
premier verset, elle est l'ouvrage d'un l'on peut conclure de ce demi-silence :
imposteur; il ne s'agit donc plus de sa l'argument tiré de la Peschito ne prouve
voir si elle a été écrite par l'un ou l'au pas plus contre 2 Pierre qu'il ne prouve
tre des apôtres, mais si elle l'a été par contre Jude, ni contre 2 et 3 Jean, épî
Simon Pierre , ou par un faussaire. La tres qui ont peu circulé et que la version
question est tout autre que celle que nous syriaque n'a pas connues. Ecrite peu avant
avons examinée au sujet de l'Epître aux la mort de Pierre, au milieu des troubles
Hébreux; elle est de la dernière impor de la persécution de Néron, à des églises
tance, mais On ne saurait ici la traiter en de l'Orient, cette épître a pu être pen
détail , et nous devons nous borner à dant un temps cachée et oubliée : à sa
quelques observations et à l'examen des réapparition elle a pu rencontrer quel
faits principaux. ques doutes, parce qu'au milieu des nom
Il n'y a pas contre cette épître de té breux écrits apocryphes qui se publiaient
moignages historiques directs, tels que sous le nom de Pierre, les églises se te
serait celui d'un homme distingué, ou ce naient sur leurs gardes pour n'être pas
lui de toute une Eglise. Personne n'a trompées. On peut voir d'ailleurs, par
montré, ni dans les anciens temps, ni de 1 Thess. 5, 27., que la publicité donnée
nos jours, qu'elle renfermât une doctrine aux lettres des apôtres n'était pas une
ou même une expression contraire à la chose qui allât sans dire, puisque saint
vérité, tandis que les Pères de l'Eglise, Paul doit conjurer les anciens, au nom du
en réfutant les écrits apocryphes de leur Seigneur, de faire lire sa lettre à tous les
temps, ne manquent jamais de relever ce frères.
qu'il y a de faux dans ces compositions 2°. On insiste sur la différence de style
supposées. On remarque au contraire, qu'on trouve entre les deux épîtres du
dans toute l'épître, une parole vraiment même apôtre. A cette différence on peut
apostolique. Et cet argument, déjà fort opposer au contraire beaucoup de res
en lui-même, le devient davantage enco semblance, et l'objection se trouve con
re lorsqu'on réfléchit que si ce n'est pas trebalancée. Mais, en outre, il faut ob
un apôtre, c'est un imposteur qui a dû server que le langage et le style ne peu
parler ainsi, avec cette onction, cette pu vent pas porterun caractère très prononcé
reté d'une âme inspirée de Dieu. Un im dans une lettre qui n'est pas composée
posteur n'y aurait-il pas mêlé des erreurs, avec un soin rhétorique, écrite quelques
des hérésies plus ou moins cachées, mais années plus tard, dans un autre endroit,
toujours apparentes. L'auteur de l'épî en des circonstances fort différentes, au
tre se donne à connaître en plusieurs milieu de la persécution, avec l'empres
passages, 1, 1. 16. 3, 1.2. 15., de la ma sement et la hâte que provoque toujours
nière la plus claire, et l'analogie du lan un danger imminent, dans une langue
gage entre la première et la deuxième qui n'était pas la langue maternelle de
épître de Pierre, a toujours été remar l'auteur. La différence de sujet doit sur
quée. v. les Prolég. de Pott sur cette tout être prise en considération; dans la
épître, l'Introduction de Hug (trad. par première lettre on voit des exhortations
Cellérier) , et l'opuscule d'Olshausen, douces et paternelles pour engager les
Preuves de l'auth. des écrits du canon chrétiens à supporter patiemment les
du Nouveau Testament, Hambourg 1832. épreuves; dans la deuxième, c'est un lan
A ces arguments on oppose: 1° que cette gage ferme contre les hommes qui cor
épître n'a été connue que tard , Eusèbe rompent le christianisme. Olshausen ajou
étant le plus ancien témoignage direct, te que l'apôtre a peut-être dicté seule
la Peschito ne comprenant pas cette épi ment les idées de sa lettre, sans en dicter
. tre, Origène et saint Jérôme exprimant les expressions.
PIE 198 P1E
3° On invoque contre l'authenticité les mais elle est probable. entre des apôtres
rapports intimes. et l'affinité remarqua qui avaient visité les mêmes Eglises.
ble qui se trouvent entre le 2e chapitre 4° Enfin l'on tourne contre Pierre lui
de notre épître, et l'Epître de Jude. Cette même les efforts qu'il fait pour se faire
dernière portant des caractères assez évi reconnaître : mais cette preuve n'en est
dents de priorité, on se demande s'il est pas une. Vis à vis des faux docteurs et
possible et probable que Pierre ait fait des faux frères, il était nécessaire de
un emprunt aussi considérable aux écrits faire valoir l'autorité apostolique, et saint
d'un autre apôtre. Il y a plusieurs répon Paul dans des circonstances semblables
ses à faire à cette objection. Olshausen n'agissait pas différemment , comme on
d'abord ne craint pas de supposer, et peut le voir par les Epîtres aux Corin
cela se rapporte aux deux épîtres de thiens et aux Galates.
Pierre, que l'apôtre, âgé, et n'ayant pas Telles sont les objections les plus im
beaucoup de facilité pour s'exprimer en portantes. Que prouvent-elles ? Que la
grec, aimait à se servir des phrases et composition de c tte lettre et les circon
des expressions allant à son but qui pou stances qui l'accompagnèrent ne sont pas
vaient se trouver dans d'autres écrits. et bien connues, toute l'antiquité apostoli
cela d'autant plus que le style chrétien que étant voilée pour nous.Elles ne prou
grec était une chose toute nouvelle, qui vent pas, comme rien ne prouvera, que
n'avait pris naissance qu'à une époque l'écrit d'un imposteur ait pris place dans
où l'apôtre était déjà avancé en âge, et le canon du Nouveau Testament.
où le chemin frayé par saint Paul lui pa k) Un Fvangile, un livre des Actes, et
raissait plus naturel à suivre. Ces consi une Apocalypse apocryphes, ont êté attri
dérations peuvent avoir de la valeur, mais b :és à saint Pierre ; nous n'avons pas à
elle ne suffisent cependant pas pour ren nous en occuper.
dre compte de la connexion de forme et PIERRES. Elles abondaient en Pales
d'idées qu'il y a entre les deux épîtres qui tine, et les Israélites les employaient sui
nous occupent. ll faut supposer qu'avant vant leur grosseur, aux différents usages
qu'elles fussent composées, il y avait eu auxquels elles peuvent servir : on en fai
des rapports intimes soit entre les deux sait des murailles, des bâtiments de luxe,
apôtres. soit entre les lecteurs des deux des autels, des meules à moudre le grain,
épîtres, ou peut-être les deux choses en des couteaux pour la circoncision , des
semble. Dans le premier cas, Pierre avait portes pour fermer l'ouverture des tom
parlé à Jude et lui avait communiqué ses beaux, des puits, ou des cavernes ; elles
idées avant que ce dernier eût composé servaient aussi, comme chez nous, pour
son épître ; Jude, en écrivant, a dévelop marquer des limites (lapides terminales),
pé les idées qui avaient fait le sujet de et la loi de Moïse défendait sévèrement
leurs entretiens , et Pierre, en écrivant de changer la place de ces frontières ar
plus tard sa 2e épître, se sera servi pour tificielles (Deut. 19, 1'4. 27, 17. cf. Prov.
rendre ses idées, des expressions dont 22, 28. Os. 5, 10. Job 24, 2.) cf. Ex. 4,
Jude les avait revêtues. Dans le second 25. Jos. 5, 2. 10, 18. 27. 1 Sam. 17, 40.
cas, Jude aurait écrit une lettre qui au Gen. 29, 2. 1 Rois 5, 17. 6, 7. 15, 22.2
rait été mal reçue, et Pierre, écrivant aux Rois 12, 12. 22, 6. 1 Macc. 13, 27. Matth.
mêmes lecteurs, aurait indirectement sou 27, 60.
tenu l'autorité de Jude, en faisant passer C'était aussi un usage particulier des
dans sa lettre le contenu de celle de son anciens, d'élever des pierres monumen
collègue. Et si l'affinité des deux épîtres tales, destinées à conserver le souvenir
est le résultat d'une sympathie et d'une d'événements importants, sur la place
coopération apostolique et fraternelle, on mème qui en avait été le témoin, Gen. 28,
ne peut voir dans l'emprunt fait de l'un à 18. 35, 14. Deut. 27, 2. Jos. 4, 3. 20. 24,
l'autre, rien qui soit indigne ni de l'acti 26. 1 Sam. 7, 12. cf. Hérodote 4, 92.; ce
vité, ni de l'humilité d'un apôtre : or cette n'étaient le plus souvent que des pierres
coopération non-seulement est possible, brutes, ordinairement placées à l'ombre
PIE 199 . PIE
rent de celui du pectoral , qu'au lieu de tres font natif du Dauphiné, d'autres en
douze pierres il n'y en a que neuf, et que fin de Rome, ou au moins de l'Italie, fut,
l'or y est joint comme un ornement spé selon les uns, le cinquième, selon d'au
cial, tandis que dans le pectoral il ne ser tres, le sixième procurateur de la Judée ;
vait qu'à enchâsser les pierres précieuses : il succéda à Valérius Gratus vers l'an 25
d'ailleurs l'énumération des pierres n'eût ou 26 de l'ère chrétienne, gouverna pen
pas été nécessaire, et l'idée que l'on veut dant dix ans sous le règne de Tibère,
y voir eût mieux ressorti d'une indication donna, par des mesures arbitraires et
plus générale. Il vaut donc mieux avec violentes, naissance à plusieurs émeutes
Haevernick et Kœster, voir dans cette énu des Juifs , qui crurent voir leur religion
mération la continuation del'idée qui pré menacée (Josèphe, Antiq. 18, 3, 1. 4, 1 .
cède, de la gloire d'Eden dont jouissait le Guerre des Juifs 2, 9.2.), fit massacrer
roi de Tyr; l'or et les pierreries apparte un grand nombre de Samaritains dans le
naient en effet aux magnificences du pa village de Tirabata, à l'occasion d'un ras
radis, car si l'on voit, Gen. 2, 10-12., une semblement du peuple qui, sous la con
description géographique, il faut cepen duite d'un imposteur, se disposait à mon
dant y ajouter plus que cela; ces versets ter sur le Guérizim pour y chercher des
nous parlent du paradis comme d'une trésors enfouis; accusé devant Vitellius,
terre modèle qui renfermait primitive gouverneur de la Syrie, il fut suspendu
ment dans son enceinte tous ces trésors de ses fonctions et envoyé à Rome pour
qu'on ne trouve plus maintenant qu'épars y rendre compte de sa conduite à l'em
dans les diverses cOntrées de la terre. pereur; il n'y arriva qu'après la mort de
On explique mieux ainsi la gloire du roi Tibère, qui eut lieu le 16 mars de l'an
de Tyr, le nombre des pierreries, la pré 37. Dès lors on n'a rien de certain sur la
sence de l'or , et l'ensemble de cette fin de sa vie ; quelques traditions dou
phrase qui nous peint l'orgueil suivi de teuses portent qu'il fut envoyé en exil à
l'écrasement. — On sait quel était et quel Vienne, dans les Gaules, et qu'il s'y don
est encore le luxe en pierreries des rois na la mort en se précipitant; d'autres,
de l'Orient, et ce n'est pas une chose plus incertaines encore, disent qu'il fut
rare ou inouïe de voir ces monarques décapité sous Néron; d'autres enfin por
donnant audience, tellement surchargés tent qu'il se jeta dans un petit lac de la
de joyaux de toutes espèces , qu'on peut Suisse, situé sur la montagne à laquelle
à peine distinguer les différentes parties il a donné son nom.
des vêtements ainsi déguisés. Parmi les cruautés qui lui furent re
PI-HAHIROTH (passage de la liberté), prochées, l'Evangile n'en rapporte qu'une
campement des Israélites à leur départ de seule, Luc 13, 1., la mort de quelques
l'Egypte ; il était situé entre Migdol et la Galiléens dont il mêla le sang avec leurs
mer Rouge, Ex. 14, 2. 9. Nomb. 33, 7.; sacrifices. Fut-ce un massacre ou un sup
mais on ne peut déterminer davantage sa plice P Les termes dont se sert l'historien
position. D'après Shaw, il aurait été dans sacré favorisent plutôt la première sup
l'étroite vallée de Bédéah, à 5 milles de position ; mais ils sont trop vagues pour
Suez; d'après Pococke, il serait identique pouvoir suppléer au silence de l'histoire
avec la ville d'Arsinoë ou Cléopatris. Si contemporaine, et ils ne peuvent se rap
Etham est le Bir-Suez actuel, comme le porter ni à l'émeute suscitée par Judas
présume Bois-Aymé dans sa Description Gaulonite, qui enseignait que les Juifs ne
de l'Egypte, VIII, 113, Pi-Hahiroth pour devaient pas payer le tribut à des princes
rait être le village de Hadjeroth, situé à étrangers, ni à celle que fit naître Pilate
3 milles de là; en le faisant précéder de par son projet de construire un aqueduc
l'article pi, ce serait en effet presque le aux dépens du trésor du temple, ni au
même nom. rassemblement de Guérizim, qui n'eut
PILATE (Ponce), que Théophylacte lieu qu'après la mort de Jésus. Pilate fit
croit avoir été originaire du Pont, à tuer des Galiléens dans le temple pen
cause de son nom de Pontius, que d'au ldant qu'ils sacrifiaient, c'est tout ce que
PIL 201 PIL
son crime. On n'y répond que par de l de ces paroles de Pilate, et il faut que
nouveaux cris. Las de cette lutte, il fait | l'impression que l'accusé avait faite sur
fouetter Jésus, espérant satisfaire ainsi à son juge ait été bien vive et bien pro
la soif de sang de cette multitude sau fonde pour amener celui-ci à croire à
vage; il reparaît après l'exécution, il voit la possibilité d'une origine divine. Tou
Jésus couvert de sang et des insignes de tefois cette impression n'était ni sé
la royauté, il le montre à la multitude, et rieuse, ni religieuse, et la preuve s'en
répète qu'il n'a trouvé aucun crime en trouve, ce nous semble, dans le silence
lui. Ce spectacle sanglant porte ses fruits ; du Seigneur; il eût répondu à une âme
le peuple se tait : les sacrificateurs seuls angoissée et consciencieuse; il ne répon
et leurs employés recommencent leurs dit pas à Pilate, et comme celui-ci voulut
vociférations, et comme Pilate indigné essayer de la menace, car il ne voyait
s'écrie : Prenez-le vous-mèmes et le cru déjà plus un demi-dieu dans cet homme
cifiez, ils persistent à vouloir couvrir leur qui se cachait, Jésus lui répondit, à la
responsabilité de celle de la juridiction fois pour rabattre son orgueil , et pour
romaine, et ils articulent un nouveau su l'absoudre d'une portion du crime qu'il
jet de plainte : d'après notre loi il doit allait commettre : « Tu n'aurais aucun
mourir, car il s'est fait fils de Dieu, cf. pouvoir sur moi s'il ne t était donné d'en
Deut. 13 5. 18, 20. C'était en effet là haut; c'est pourquoi celui quim'alivré en
leur grief, le grief du sanhédrin, mais ce tre tes mains acommis un plus grand péché
ne pouvait en être un devant une cour que toi ; » paroles qui évidemment ne se
romaine : s'ils le formulent. ce n'est plus rapportent ni à la puissance impériale de
pour demander à Pilate un jugement po Tibère, ni à celle de Vitellius, gouver
litique, c'est pour vaincre sa résistance, neur de la Syrie, mais d'un côté à Dieu
et réduire son rôle à la confirmation d'un qui a établi Pilate dans sa charge, de
jugement ecclésiastique déjà rendu par l'autre aux Juifs qui lui ont livré le Sau
l'autorité compétente. A ce nom de fils veur. Il semble que Pilate ait conservé
de Dieu , qui rappelle au préteur païen de cet entretien particulier une impres
les enseignements de sa mythologie, des sion toujours plus favorable à Jésus, car
pensées se présentent, des souvenirs se il fit de nouveaux efforts pour le délivrer,
réveillent peut-être dans l'esprit de Pi Jean 19, 12. Mais les ennemis du juste
, late : il avait remarqué la tenue calme et redoublent leurs cris : Si tu délivres cet
extraordinaire du prévenu, et le songe homme, tu n'es point ami de César ! triste
de sa femme se joignant à la déclaration et perfide refrain qui devait ébranler un
des Juifs, il put croire qu'il y avait en homme dans un temps où l'on était cou
effet quelque chose de surnaturel en Jé pable dès qu'on était suspect (cf. Tacit.
sus , un demi-dieu peut-être ; on sait Annal. 3, 28.). Il essaie de montrer en
combien la superstition s'allie facilement core aux Juifs l'absurdité de leur accu
à l'irréligion, et chez les plus grands des sation ; par un mouvement d'humeur per
Romains, les deux choses souvent n'en sonnelle, par une ironie dirigée contre
faisaient qu'une. Pilate croit que Jésus les Juifs, et non contre la victime, il fait
hésite à s'expliquer en public; il va l'in monter Jésus près de son siége judicial,
terroger en particulier dans le prétoire ; sur un endroit élevé, et s'écrie : Voilà
d'où es-tu 9 lui dit-il. Pilate savait qu'il votre roi! Voilà cet homme que vOuS aC
était de Galilée, cette question ne pou cusez de conspirer ! Crucifierai-je votre
vait donc se rapporter ni à sa ville, ni à roi ? Mais le sort en est jeté. Pilate va li
sa patrie , elle se rapportait à sa nais vrer l'innocent au bourreau pour plaire
sance, à sa famille , et nous ne pouvons à une foule fanatisée, pour sauver une
mieux la comprendre qu'en nous rappe réputation qu'une accusation pourrait
lant ces paroles de Jésus : Vous savez compromettre, peut-être pour en finir.
d'où je suis, Jean 7, 28. Es-tu vraiment Mais auparavant il se fait apporter un bas
un homme du ciel, COmme tant de cho sin, se lave les mains solennellement de
ses semblent l'indiquer ? Tel est le sens vant tous, et dit : Je suis innocent du
PII. 203 PIL
sang de ce juste, vous y aviserez. La foule tous ces faits assez nettement dessiné, et
accepte la responsabilité de son crime ; cependant il a été l'objet des jugements
mais Pilate n'a pu se décharger de la les plus contradictoires. Les Juifs qu'il
sienne, et ses mains lavées d'eau n'en avait opprimés, les chrétiens dont il avait
sont pas moins restées tachées de sang, livré le chef, l'exécrèrent, et dans la pas
Matth. 27, 24. Se condamnant lui-même sion manquèrent de justice à son égard :
en condamnant les sacrifica'eurs, il pous en revanche, quelques modernes ont voulu
se ses protestations jusqu'au bout, et fait le réhabiliter plus qu'il n'est possible et
placer sur le haut de la croix un écriteau juste de le faire. Il est évident qu'il a re
qui, devant porter, selon l'usage, le nom gardé Jésus comme innocent, qu'il a vu
et le crime du condamné , ne renfermait en lui une déplorable victime du fanatisme
que ces mots écrits en trois langues : juif, et qu'il a désiré de le sauver: il est
Jésus Nazaréen, roi des Juifs. C'était dire impossible d'ailleurs qu'il n'ait rien su,
assez qu'il était condamné sans cause, que avant cette époque, de la douce et chari
rien de sérieux n'avait pu lui être repro table activité du ministère de Jésus, et si
ché, qu'au milieu de tant de cris et de dans son point de vue il n'a pas fait grand
murmures il n'avait pas été possible de cas de ses miracles, il aura pu avoir une
produire une charge positive contre lui, conviction pleine et entière du peu de
et qu'au point de vue romain , c'était la danger politique que présentait l'exis
seule accusation un peu plausible qui pût tence de cet homme. Mais il manquait en
justifier cette exécution. C'était aussi une général de fermeté dans son caractère,
ironie contre les sacrificateurs, et, lors car l'opiniâtreté qu'il montrait quelque
que ceux-ci réclamèrent contre la rédac fois n'est que la force de la faiblesse : les
tion de l'écriteau, Pilate qui, d'ailleurs, Constitutions apostoliques, 5, 14., lui re
n'aurait rien pu y changer, leur fit ré prochent même la lâcheté. Il manquait de
pondre, san : doute avec humeur : Ce que fermeté pour le bien, et les menaces des
j'ai écrit, je l'ai écrit. Il permit ensuite, Juifs frappaient peut-être d'autant plus
afin que les corps ne restassent pas ex fort que sa conscience n'était pas entiè
posés le jour du sabbat. Jean 19, 31. cf. rement à l'aise. Un grand combat l'a agité
Deut. 21, 23., que les soldats abrégeas pendant la courte durée de cette inique
sent le supplice des condamnés en leur procédure, et la cruauté a chez lui triom
brisant les membres , mais Jésus avait phé de la justice. Son mot fameux : Qu'est
déjà fini de souffrir.Peu demomentsaprès, ce que la vérité? si éloquemment com
comme Joseph d'Arimathée venait de menté par M. le professeur Vinet, peint
mander le corps de Jésus pour l'enseve son caractère tout entier : il a eu la vérité
lir, Pilate fit venir le centenier pour s'as entre ses mains, et il l'a sacrifiée. Jésus
surer si Jésus était, en effet, déjà mort ; avait d'ailleurs répondu à cette question
sur sa réponse, il accéda à la demande de dans sa prière sacerdotale : Ta parole est
Joseph. Le lendemain , Matthieu 27, 62., la vérité. — Il est probable que Pilate a
quelques membres du Sanhédrin deman adressé à Tibère un rapport détaillé sur
dèrent encore à Pilate de faire garder le la vie et la mort de Jésus; Justin Martyr,
sépulcre jusqu'au troisième jour, de peur, Tertullien, Eusèbe, et Orose en parlent,
dirent-ils, que ses disciples ne viennent et pendant longtemps des Actes de Pilate,
de nuit enlever le corps, et ne disent au peut-être authentiques, circulèrent parmi
peuple : Il est ressuscité des morts : car les premiers chrétiens : les écrits et let
cette dernière imposture serait pire que tres que l'on montre maintenant sous ce
la première. Peu importait à Pilate : qu'é- nom , sont de fabrique postérieure. Les
tait-ce que la vérité pour lui! Vous avez commentaires d'Olshausen et de Tholuck,
la garde du temple, dit-il, allez, et assu renferment sur le caractère et la conduite
rez le sépulcre comme vous l'entendrez. de Pilate de riches et bonnes observa
Ici s'arrête son histoire : son nom est tions, ainsi que des explications sur les
rappelé Act. 3, 13. 4, 27. 13, 28. 1 Tim. difficultés que présentent plusieurs des
6, 13. Le caractère de Pilate ressort de questions qu'il fit aux Juifs ou à Jésus.
PIL 204 PIS
amertume, v. Ps. 69,124, Lam. 3, 5. Des 33, 14. Néh. 3,3. 12, 39, Cette viande ne
caractères donnés par les livres saints à figure jamais dans les sacrifices, non
cette plante vénéneuse, il est aisé de con qu'elle fût souillée, mais parce qu'elle
clure au rejet de plusieurs des supposi était considérée comme peu forte, peu
tions que nous avons indiquées : il l'est nourrissante, et peu digne d'être offerte à
moins de se prononcer définitivement la divinité; d'après Hérod. 2, 37., il était
pour l'une ou pour l'autre. — Miarc 16, même défendu aux prêtres d'Egypte d'en
18. renferme une allusion à l'usage d'a- manger. "- •
doucir ou d'abréger au moyen du poison Il ne paraît pas que les Hébreux aient
les souffrances du condamné. — 2 Macc. su désigner les différentes espèces de
10, 13. nous offre un cas de suicide par poissons par des noms particuliers; du
empoisonnement. moins on n'en trouve aucun exemple nulle
POISSONS. On voit par Nomb, 11, 5. part; le poisson même qui engloutit Jonas
Ez. 29, 4.5., que l'Egypte, et notamment n'est pas désigné autrement en son lieu
le Nil, abondait en poissons de toute es que par l'épithète de grand, Jon. 2, 1.;
pèce ; cf. Ex. 7, 18. Hérod. 2, 93. Stra il est appelé baleine dans la mention qui
bon 17, 823. La Palestine en possédait en est faite, Matth. 12, 40., d'après la
également beaucoup dans ses rivières et traduction des Septante, mais on est pres
dans ses lacs, et le lac de Génésareth était que généralement d'accord à penser qu'il
sous ce rapport tout particulièrement re ne s'agit pas de la baleine dans ce passage :
nommé, Jean 21, 11. cf. Matthieu 14, 17. Hare l'entend de l'orque, grand poisson
15, 34. Les habitants de ses rivages vi de l'espèce du dauphin ; Bochart et la
vaient de la pèche, Luc 5, 2., mais tra plupart des commentateurs actuels, du
Vaillaient chacun pOur Son compte sans requin (squamus, ou canis carcharias); ce
être réunis en corporation ou en corps grand poisson répond ainsi aux termes
de métier. On se servait pour pêcher, employés dans le livre de Jonas : ses
de filets de différentes grandeurs et de quatre cents dents placées sur six ran
différentes formes, Matth. 4, 18. Jean 21, gées sont aigués et tranchantes comme
6., de hameçons, Es. 19, 8. Hab. 1, 15. des rasoirs; sa gueule est si large qu'un
et de crochets, crocs ou sorte de harpons, homme peut à son aise y passer tout
Am. 4, 2. cf. Job 40, 20.21. C'était sur entier : on a trouvé souvent dans son
tout la nuit, Luc 5, 5., ou au matin avant estomac des hommes, des chevaux, d'au
le lever du soleil, Pline 9, 23., que les tres animaux; et dans un de ces animaux
pècheurs Vaquaient à leur tranquille et si qui ne pesait que 400 livres, on a trouvé
lencieuse occupation. Les Phéniciens fi jusqu'à dix thons. On raconte qu'un mate
rent connaître les poissons de mer à la Jé lot fut un jour avalé vif par un requin, et
rusalem restaurée et reconstruite, Néh. que celui-ci ayant été atteint par un boulet
13, 16., du moins il n'en est pas fait men de canon, le rejeta immédiatement, sans
: tion plus tôt. Il ressort de plusieurs pas qu'il eût éprouvé le moindre mal. — Nous
sages que les Juifs, surtout les Juifs pos avons parlé du poisson de Tobie à l'article
térieurs à l'exil, mangeaient volontiers le Cécité, et du culte des poissons à l'article
poisson, en comprenant S0uS ce nOm tous Dagon. v. aussi Béhémoth et Léviathan.
les animaux aquatiques munis d'écailles POITRINE de tournoiement. v. Lever.
et de nageoires, car les autres, tels que POIX, en hébreu zèphèh ou zèpheth,
la murène, le polype, la sèche, étaient dé Ex. 2, 3. Es. 34, 9., substance bien con
clarés impurs par la loi, Lév. 1 l, 9.; v. nue, susceptible d'être liquéfiée à une
Nomb. 11, 5. Néh. 13, 16. Matth. 14, chaleur peu considérable, et souvent em
17. 15, 36. Luc 9, 43. 24, 42. Jean 6, 9., ployée comme enduit. On la tire de cer
etc. ; mais ils n'en faisaient pas, comme taines résines végétales.
les catholiques romains, une des délica · POLITESSE. Cette forme extérieure
tesses du jeûne. Il y avait à Jérusalem un de bienveillance, cette espèce de bien
marché spécial destiné à la vente de la veillance de surface, provisoire, transi
· pèche, et une porte des poissons, 2 Chr. toire, que son nom caractérise seul par
POL 212 poL
faitement, et qui accompagne souvent, et d'un souhait de prospérité, Tob. 5, 21.
supplée quelquefois, la bienveillance du ll † ois aussi qu'au lieu
cœur, la bonté, l'amitié, a eu de tout de se † une sim le et courte sa
temps chez les Orientaux un développe lutation, les Hébreux qui se rencontraient
ment et des proportions beaucoup plus s'adressaient de longues et verbeuses for
considérables que chez les Européens, mules de bienveillance, 1 Sam. 25, 6., et
moins formalistes et plus positifs. Les c'est à ces longueurs que font allusion les
anciens Hébreux ne faisaient pas excep défenses mentionnées 2 Rois 4, 29. Luc
tion sous ce rapport aux usages des peu 10, 4. Les voyageurs modernes, Niebuhr,
ples au milieu desquels ils vivaient isolés, Arvieux, Russel, racontent que les Orien
et nous trouvons dans l'Ecriture la trace taux, et, en général, presque tous les peu
de la plupart de ces coutumes qui se sont ples à moitié civilisés, ont conservé l'usage
perpétuées jusqu'à nos jours en Orient. de ces salutationscirconstanciées, qui sont
En se rencontrant ou en se séparant, 2 inutiles et fastidieuses pour des hommes
Sam. 18,21., les inférieurs saluaient pro occupés, et plus attachés à la réalité qu'aux
fondément leurs supérieurs, quelquefois formes de la politesse. — Dans la con
jusqu'à terre suivant la distance sociale versation, l'inférieur parlait de lui-même
qui les séparait, Gen. 19, 1. 23, 7.2 Sam. à la troisième personne, en se disant le
9, 8., même à plusieurs reprises, Gen. serviteur de celui à qui il s'adressait, et
33, 3.1 Sam. 20, 41. : devant des prin en l'appelant mon seigneur, ou même
ces, des gouverneurs, des hommes haut mon maître, si c'était un prophète ou
placés, on avait même l'habitude de se je quelque personnage très distingué par
ter par terre, à leurs pieds, ou de se met son rang, Gen. 18, 3. 19, 2. 24, 18. 43,
tre à genoux, Gen. 42, 6. 44, 14. 50, 18. 28. Jug. 19, 19. 1 Sam. 26, 18. 2 Rois
1 Sam. 25, 23.2Sam. 1, 2. 14, 4. 19, 18.2 5, 13. 6, 21. 13, 14., etc.; parfois même,
Rois 1, 13. Matth. 2, 11. 27, 29., etc. On pour mieux marquer son respect, l'infé
ne voit pas d'exemples de l'usage actuel rieur se rabaissait jusqu'à se donner des
de mettre la main droite sur la poitrine, titres injurieux, comme chien , ou chien
en inclinant la tête devant un supérieur. mort, 2 Sam. 9, 8. 2 Rois 8, 13. Il pa
Si un inférieur étant à cheval rencontrait raît que les Juifs postérieurs poussèrent
un de ses supérieurs, il descendait de sa le scrupule dans leurs rapports avec les
monture pour faire les révérences d'u- païens jusqu'à refuser de les saluer, Matth.
sage, Gen. 24, 64. 1 Sam, 25, 23. Il n'est 5, 47., comme, en Egypte et en Syrie ,
pas dit, mais il est probable qu'en pareil les chrétiens et les mahométans de nOs
cas les Hébreux de la classe inférieure, jours passent encore à côté les uns des
comme les anciens Egyptiens et les Ara autres sans remplir ce devoir de polites
bes de nos jours, sortaient du chemin se. Une convention tacite avait, à la mê
pour laisser un libre passage à la per me époque, dispensé de répondre à un
sonne plus élevée qu'ils rencontraient. salut certaines personnes, et presque
Les formules de la salutation étaient certaines classes, notamment les hommes
simples; elles exprimaient des vœux de attachés au clergé, et entourés d'une ré
bénédiction, Gen. 43, 29. 1 Sam. 25, 6. putation de vertu et de piété, ce qui n'em
Jug. 6, 12. cf. Ruth 2, 4., où nous voyons pêchait pas ceux-ci de rechercher les sa
à la fois le salut et sa réponse ; ou bien lutations avec une petitesse d'amour-pro
c'étaient des informations touchant l'état pre et de vanité qui leur a mérité les re
de la santé, 2 Sam. 20, 9. 2 Rois 4, 26. proches de notre Sauveur, Marc 12, 38.
Jug. 18, 15. 1 Sam. 10, 4., et cette der Luc 11, 43. 20, 46. La place de droite, à
nière habitude était tellement générale table ou ailleurs, était déjà, dans l'anti
qu'on disait : demander à quelqu'un com quité hébraïque, la place d'honneur, 1
ment il se porte, pour : le saluer. Le sa Rois 2, 19. Psaum. 45, 9. Matth. 25, 33.
lamalec des Arabes n'est autre sous ce Les témoignages du respect, de la joie,
rapport que le shalom aléka des Hébreux : ou de la reconnaissance publique, ren
paix te soit ! On accompagnait les partants dus à un monarque, consistaient dans des
213 POL
PoL
cris d'allégresse, parmi lesquels on dis rait certain, disons-nous, que la polyga
tinguait celui de : Vive le roi! Lors mie était devenue presque générale avant
qu'on le pouvait, on y joignait de la mu Noé : car elle convenait aux maîtres du
sique (instrumentale), 2 Sam. 16, 16. 1 monde, et nul frein ne les retenait plus
Rois 1, 40.2 Rois 9, 13. Judith 3, 8.; on sur la pente où les entraînaient leurs pas
couvrait le chemin de tapis, de vêtements, sions. — La polygamie fut-elle permise
et le peuple qui était trop pauvre, de aux patriarches9 On ne saurait l'affirmer.
branches d'arbres ou de fleurs, AEschyl. Ils la pratiquèrent, mais dans de cer
Agam. 909. Tacit. Hist. 2, 70. 2 Rois 9, taines limites. Abraham n'eut à la fois
13. Matth. 21, 8.; et, si le personnage qu'une femme et une concubine, croyant
qu'on attendait faisait son entrée de nuit, devoir réaliser dans la chair des promes #
on l'escortait avec des flambeaux, 2 Macc. ses qui étaient faites à l'esprit; Isaac
4, 22. n'eut qu'une femme ;Jacob eut deux fem
- •' " | " • .!
-
On peut voir aux articles Age, Baiser, mes, dont la première lui fut imposée, et
Salive, d'autres préceptes relatifs à la deux concubines qu'il prit pour obéir à
politesse. Quelques autres détails encore ses femmes. Ils ne trouvèrent, ni les uns
sont conservés par les rabbins, ainsi l'ha ni les autres, le bonheur dans ces demi
bitude de saluer celui qui éternue, et de désordres. Les lois de Moïse supposent
lui souhaiter du bien, l'éternuement étant cet usage, sans l'approuver ni le condam
regardé comme un présage en général ner, Deut. 21, 16. 17. Ex. 21, 8. Lèv.
fàcheux. (Dans le texte de 1 Rois 16, 11. 18, 18., et plusieurs exemples de poly
21 , 21., le mot qui a été traduit par gamie sont rapportés, ou du moins indi
homme, ou, pour mieux dire, qui n'a pas qués, dans les livres saints, principale
été traduit, fait allusion à un acte qui ment sous l'époque desjuges, Jug. 8,30,
dénote une éducation grossière, et peut 10, 4. 12, 9.14.1 Sam. 1, 2.2 Sam. 3,
être un manque affecté de respect; il y a 7. 12, 8. Le législateur avait néanmoins
dans l'hébreu : « depuis celui qui urine gêné, par diverses restrictions et pres
contre la muraille, » c'est-à-dire depuis criptions, l'exercice de la polygamie, qu'il
l'homme le plus commun, ou depuis l'en n'avait pas combattue directement, peut
fant, le gamin, « jusqu'à un chien. » être parce qu'elle était le moindre de plu
POLYGAMIE. Cette plaie de l'Orient, sieurs maux entre lesquels il fallait choi
nécessitée, disent les uns, par l'influence sir pour faire l'éducation du peuple; elle
d'un climatardent sur les hommes, par la était une forme adoucie de l'esclavage
grande disproportion, disent les autres, des femmes, un remède contre des abo
qui se trouve entre les naissances mascu minations communes chez les peuples
lines et les naissances féminines, mais orientaux. Les obstacles que la loi oppo
qui, en réalité, n'est entretenue que par sait aux excès de la polygamie étaient de
elle-même, qui produit elle-même ses trois sortes : 1° Il ne devait se trouver
Causes , cette plaie n'a pas été inconnue aucun eunuque dans le pays, Deut. 23, 1.;
aux anciens Hébreux, et elle existait long or, la polygamie sans eunuques ne se
temps avant leur constitution comme rencontre nulle part : lorsque les maîtres
peuple. Lémec, de la famille de Caïn, sont obligés d'être eux-mêmes les gar
est le premier polygame connu, et son diens de leurs harems, ils sont peu ten
nom, sa famille, ce qu'on sait de sa vie, tés de les agrandir, et, lorsque les fem
n'est pas une recommandation en faveur mes peuvent toujours espérer de trouver
de la polygamie, Gen. 4, 19-24. On croit un époux, elles sont moins tentées d'a-
encore trouver,Gen. 6, 2., dans ces mots: liêner leur liberté pour partager la cou
« de toutes celles qu'ils choisirent, » un che d'une rivale. 2° La souillure con
second indice de ce genre de désordre tractée par l'homme, Lév. 15, 18., deve
avant le déluge. Il paraît certain, en tout nait, pour celui-ci, une incommodité et
cas, malgré l'opinion de quelques Pères, un fardeau insupportable lorsque le nom
notamment de Tertullien qui dit qu'avant bre de ses femmes se multipliait. 3° Il
le déluge personne n'imita Lémec; il pa était défendu d'avoir une femme privilé
P0L 214 ÉOM
- , ** -
giée ;l'homme leur devait à toutes, ainsi polygamie successive les secondes noces,
qu'à leurs enfants, la même bienveillance, et quelques auteurs, d'accord avec l'E-
Ex. 21,8., et, comme le cœur d'un hom glise grecque, ont cru que les passages
me ne peut pas facilement flotter entre 1 Tim. 3, 2. Tit. 1, 6. interdisaient po
plusieurs, comme il a besoin de se fixer, sitivement aux évêques et conducteurs
comme, par conséquent, cette prescrip d'églises les secondes noces.Au lieu de :
tion de la loi ne pouvait être observée mari d'une seule femme, ils lisent alors :
que rarement et difficilement, les excès n'ayant été le mari que d'une seule fem
de la polygamie étaient réprimés d'au me , ils s'appuient sur ce que la polyga
tant. Ajoutez que les jalouses rivalités mie étant interdite aux chrétiens en gé
des femmes d'un seul homme, qui sont néral par Jésus, qui a ramené le mariage
presque une suite inévitable de la po à son institution primitive, Matth. 19, 5.
lygamie, cf. 1 Sam. 1, 6.2 Chr. 11., 21., cf. 1 Cor. 7, 2., elle l'était, par consé
étaient, pour celui-ci une cause de cha quent, aux évêques, sans qu'il fût néces
grins domestiques presque continuels, Saire de le spécifier. Mais cette considé
qui devaient lui faire désirer la suppres ration qui est la plus sérieuse de celles
sion de la polygamie elle-même; Elkana qu'on avance, perd de sa valeur si l'on se
en est une preuve frappante. Il résultait rappelle que la polygamie, bien que peu
de ces entraves que les Israélites, malgré estimée des Grecs et des Romains , exis
l'espèce de liberté dont ils jouissaient, se tait cependant encore chez eux comme en
contentaient , en général , d'une seule Orient : or, nous pouvons supposer que
femme, Prov. 12, 4. 19, 14. 31, 10., à la des hommes quiavaient deux ou plusieurs
quelle ils adjoignaient tout au plus, et femmes se soient convertis; rien ne nous
cela contre la loi, deux concubines. Après autorise à croire qu'en pareil cas les apô
l'exil, la monogamie devint générale, et tres aient contraint le prosélyte à se sé
elle tendit à être toujours mieux comprise parer de ses femmes. Calvin fait observer
dans sa portée et dans son sens moral, Ec avec justesse que cette séparation, ce
clésiastiq. 26,1. Quantaux rois,illeurétaitdivorce, aurait été un nouveau crime;
défendu, par Deut. 17, 17., d'avoir plu l'Eglise ne pouvait donc faire autrement
sieurs femmes. Cependant, nous voyons que tolérer les conséquences d'un fait qui
que la loi fut fréquemment éludée, et la s'était passé en dehors de l'Eglise. Tou
plupart des rois, Saül , David , Salomon, tefois, et c'est à ces cas que se rappor
Roboam, Abija, jusqu'à Hérode le Grand, tent les paroles de l'apôtre, des hommes
ont eu des sérails, quelques-uns même dans une position semblable, ne pouvant
extrêmement nombreux, plusieurs fem jouir de la considération dont un évêque
mes, et un beaucoup plus grand nombre doit être entouré , étaient exclus de l'é-
encore de concubines, 2 Sam. 5, 13. 12, piscopat, ainsi que ceux qui s'étaient re
8. 1 Rois 11, 3.2 Chr. 11, 21. 13, 21. mariés après un divorce illégitime, ou
Ils remplaçaient alors par des eunuques ceux qui entretenaient une concubine à
étrangers les hommes qu'ils ne pouvaient côté de leur femme légitime. Heiden
pas se procurer en Judée. v. Eunuque. reich, dans son commentaire sur les épî
— On peut remarquer la sagesse des en tres pastorales, 1826-1828, a soutenu
traves apportées par le législateur à une l'opinion que nous combattons, et la plu
coutume qu'il voulait déraciner sans l'ar part des sociétés de missions agissent
racher; les résultats ont été obtenus : Ma dans le même sens, en contraignant les
homet a combattu les excès de la polyga prosélytes polygames à renvoyer toutes
mie de manière à sanctionner le principe leurs femmes moins une.
et à enraciner l'usage, lorsqu'il a limité POMMIER. Hébr. thapouach. Cet ar
à quatre (Coran 4, 3.) le nombre des bre si connu, de la famille des rosacées,
femmes légitimes qu'il est permis d'a- n'est nommé que Joel 1, 12. Cant. 2, 3.
voir, sans, du reste, rien statuer sur le 8, 5., et ses fruits, Cant. 7, 8., où leur
nombre des concubines. agréable odeur est comparée au souffle
On appelle, en termes de scholastique, de la bien-aimée. Rosenmuller et d'au
PON 215 P0R
tres ont cru, à cause de cela, qu'il s'agis sion volontaire de ses états à Néron. Cet
sait dans ces passages du cognassier et empereur réunit le Pont et la Cappadoce
du coing, dont l'odeur est plus forte que sous une seule administratiOn.
celle de la pomme ; mais les pommes de P0RC. La chair de cet animal était
Syrie, au rapport d'Avicenne, ont une mise par la loi de Moïse, au nombre des
odeur plus forte que les nôtres, quoique viandes impures et défendues, Lév. 11,7.
fine et délicate, et la comparaison du Can Deut. 14, 8., et les Juifs ont été dans
tique pouvait être facilement comprise. tous les temps fidèles à l'horreur qu'elle
Un argument qui prouverait davantage leur inspirait, à tel point que plusieurs
en faveur de l'opinion de Rosenmuller, d'entre eux aimèrent mieux SOuffrir le
c'est que dans le langage de l'amour martyre sous Antiochus Epiphanes, que
oriental, le coing joue un rôle plus ordi de consentir à en manger, ou même à faire
naire qu'il ne fait et ne pourrait faire semblant d'en manger, 2 Macc. 6, 18. 7,
chez nous. ll est possible au reste qu'en 1. etc. L'épithète de mangeurs de pour
hébreu comme en grec, un même mot dé ceau désignait les idolâtres les plus cor
signât l'un et l'autre fruit ; mais il res rompus et les plus endurcis, Es. 65, 4.
sort de plusieurs noms de villes, Jos. 15, 66, 17. D'après plusieurs rabbins, les
34. 17,7., que le thappuah était un arbre Juifs ne pouvaient pas même posséder
assez commun dans l'ancienne Palestine, des pourceaux, et les troupeaux mention
et certainement la culture du pommier nés Matth. 8, 30. cf. Luc 15, 16., appar
avec son fruit légèrement acide, mais tenaient sans doute à des étrangers, ou
doux et rafraîchissant, était plus utile, peut-être à des Galiléens, qui pouvaient
plus recherchée, que celle du rude et bien sous ce rapport, comme ils l'avaient
âpre cognassier. LeTalmud d'ailleurs, par fait sous tant d'autres, s'être relâchés de
les détails qu'il donne sur le pommier, la sévérité des prescriptions de leur loi,
appuie suffisamment la traduction géné en nourrissant des animaux qu'ils ne de
ralement adoptée. vaient revendre qu'à des étrangers; d'ail
PONT, contrée de l'Asie, nommée à leurs les Juifs modernes ne se font pas
côté de la Cappadoce, Act. 2, 9. 1 Pierre de scrupule à cet égard, et ils vendent
4, 1., et qui, d'après ces passages, était des porcs aussi bien que des vaches. On
habitée par des Juifs. Le Pont, dont le peut croire qu'en interdisant comme im
nom, qui signifie mer,lvenait du voisinage pure l'usage de cette viande, le législa
du Pont-Euxin qui baignait au nord ses teur avait un but diététique, attendu que
rivages, était borné au sud par la Cappa cette nourriture forte et grasse favorise
doce, à l'est par la Colchide et la Grande le développement des maladies de la peau,
Arménie, à l'ouest par la Galatie et la auxquelles les habitants de l'Orient ne
Paphlagonie, dont il était séparé par le sont déjà que trop sujets ; on dit en par
fleuve Halys. Il êtait montagneux vers le ticulier que le lait de truie engendre la
sud-est; le reste du pays était plat. Con lèpre. Les habitudes sales de cet animal,
stitué en satrapie par Darius fils d'Hys 2 Pierre 2, 22., et les boutons dégoûtants
taspe, le Pont prit le titre de royaume dont il est fréquemment affligé, ne pou
sous Mithridate qui en fut le premier roi. vaient qu'augmenter l'horreur des Juifs,
L'avant-dernier des Mithridates, Eupator, en fortifiant la nécessité de l'interdiction;
fit aux Romains pendant quarante-six ans il fût resté immonde quand il n'aurait pas
une guerre acharnée et cruelle ; son fils, été déclaré tel. Les anciens Egyptiens, les
le parricide Pharnace, soumit sa personne Arabes, les Ethiopiens, les Phéniciens, et
et ses états aux ennemis de son père (66 peut-être en quelques lieux les Indiens,
av. C.), qui partagèrent le pays en plu partageaient le même dégoût, et Maho
sieurs petites provinces ou royaumes in met a imposé à ses sectateurs la même
dépendants, connus sous les noms de abstinence que Moïse au peuple de Dieu.
Pont de Galatie, Pont de Cappadoce, et Les Egyptiens cependant, et quelques au
Pont Polémoniaque, du nom de plusieurs tres peuples, offraient des porcs en sacri
rois Polémon, dont le dernier fit une ces fice à certaines divinités, et les Crétois
POS 216 P0S ;
º# cet animal comme sacré. vées plus tard, et partagées entre les des
porc sauvage, ou sanglier, est nom cendants des premiers propriétaires. Cet
mé Ps. 80, 13.; terrible au sol, aux ar inconvénient même n'aurait pas existé si,
bres, et aux jardins, il se trouve encore comme Hug le prétend, les ainés héri
en Syrie et en Palestine. On a cru aussi taient seuls de la propriété foncière, mais
que les bêtes sauvages des roseaux, Ps. ce n'est qu'une hypothèse qui ne s'appuie
68, 30., désignaient des sangliers, parce sur aucun texte, et qui semble combat
que cet animal s'établit volontiers dans les tue par Deut. 21, 17. Il pouvait arriver
terrains marécageux, au milieu des joncs; aussi des translations forcées d'une fa
mais la définition est un peu trop vague mille à une autre famille, lorsqu'un hom
pour qu'on puisse en faire un trait ca me mourait sans enfants, ou ne laissait
ractéristique. que des filles qui en se mariant faisaient
PORTES, Portiers. v. Maisons. nécessairement passer sous un autre
POSSESSION. Le terrain foncier, les nom, et sans retour, la possession de
biens-fonds, sont la plus grande richesse leurs ancêtres. Et de toute manière, si
d'un peuple adonné à l'agriculture, com l'on tient compte surtout de la fécondité
me l'étaient les Israélites. D'après la con hébraïque, cette institution devait à la
stitution du pays, chaque individu, à l'ex longue entraîner bien des inconvénients,
ception des membres de la tribu de Lévi, et finir par tomber en désuétude. Les
avait droit à une portion du sol de la terre priviléges accordés au premier né, qui
sainte, qui était partagée au peuple comme obtenait la part de deux, Deut. 21, 17.,
une propriété de l'Eternel, et ce terrain mesure qui tendait à conserver à la fa
appartenait à sa famille en propriété in mille sa possession, allaient d'un autre
aliénable, Lév. 25, 23. (La constitution de côté à l'encontre du but du législateur en
Lycurgue avait introduit chez les Spar rompant l'égalité de richesse, et ils con
tiates une disposition semblable). Le pro tribuèrent pour leur part à l'abandon du
priétaire pouvait cesser un moment d'en principe constitutif de la propriété.Aussi
être le possesseur; il pouvait la vendre, voit-on déjà dans l'Ancien Testament des
l'aliéner pour éteindre des dettes, mais possessions acquises ou abandonnées, la
il conservait toujours le droit, lui ou ses suite des héritiers de familles rompue, les
plus proches parents, de la racheter quand riches entassant propriété sur propriété,
il le voulait, Lév. 25, 25. cf. Jér. 32, 7., joignant maison à maison, approchant un
et en outre elle rentrait de droit dans sa champ de l'autre, Es. 5, 8. Mich. 2, 2. cf.
famille l'année du jubilé, sans qu'il eût à Néh. 5, et les rois eux-mêmes s'appro
en payer le rachat, v. Année. Ce princi priant par des confiscations, judiciaires
pe prévenait dans le pays, d'un côté la ou arbitraires et violentes, les propriétés
mendicité, de l'autre l'aristocratie des ri des particuliers, 1 Rois 21, 16. cf. 2Sam.
chesses, la noblesse des terres avec ses 16, 4. Ez. 45, 9. 46, 18. Après l'exil, après
Suites économiques et politiques; il main qu'un grand nombre de familles eurent
tenait, ou ramenait bientôt l'égalité des par leur séjour prolongé dans la terre de
citoyens, il stimulait et favorisait l'agri leur captivité, renoncé de fait à leurs
culture, il détournait le peuple de l'indus droits sur la terre d'Israël, après que les
trie et du commerce avec les nations voi limites des tribus elles-mêmes, et bien
sines. Le trop grand morcellement des plus encore celles des héritages de famil
propriétés, qui devait être la suite de leur les, eurent été effacées, oubliées, trans
division et subdivision entre les descen posées, les lois relatives à la fixité des
dants du propriétaire primitif, pouvait possessions devinrent en plusieurs lieux
être retardé, du moins pour un certain impossibles, partout difficiles à exécuter ;
temps, par le fait que lors du premier elles furent presque généralement aban
partage, il resta dans le pays une quan données, des métiers s'établirent, l'indus
tité de terres encore incultes qui, ne trie rapportée de Babylone s'éleva à côté
pouvant être travaillées par une popula de l'agriculture, et de nombreux men
tion moins nombreuse, purent être culti diants couvrirent le pays. - Pour plu
P0S ! 217 POS !
sieurs détails, v. encore Héritages, Lévi sans qu'il s'y joigne aucune influence
rat, Vœux , etc. ' · l ,
morale : un possédé est muet , Luc'11,
POSSESSIONS, Possédés. Ces affec 14., mais il peut se rencontrer des muets "
tions malheureuses, affligeantes, effrayan qui ne soient pas possédés, des hommes
»
tes, dont les Evangiles renferment divers à qui l'on a coupé la langue, d'autres en
exemples, appartiennent au nombre des core qui ont cette infirmité de naissance
faits qui ont suscité le plus de débats dans et qui glorifient Dieu dans leur vie : un
l'Eglise chrétienne, et parmi les théolo possédé est fou, maniaque, mais un autre ,
giens. Il est impossible d'approfondir ici peut l'être aussi, peut avoir eu l'esprit !
tout ce qu'il y a de grave dans les ques dérangé par un accident, une peur, sans "
tions qui ont été soulevées à ce sujet ; qu'on puisse conclure à une possession !
l'essentiel, les traits généraux devront chez lui. |
suffire. L'Ecriture nous montre partout Si l'on rassemble les traits communs
que la source du bien et du mal n'est pas aux démoniaques dont parle l'Ecriture, on
dans l'humanité elle-même. Elle mOntre y voit le résultat d'un singulier mélange
le bien comme quelque chose d'absolu, le d'affections morales, et d'affections physi
mal comme étant seulement relatif, quoi ques antécédentes. La possession apparaît
que réel: le principe du bien existe seul, COmme un châtiment. -
le mal n'est pas un principe, mais une En premier lieu, elle présuppose tou- .
position, une opposition, une négation. jours un certain degré de culpabilité mo
La rédemption n'est possible qu'autant rale, de désordre, non que l'âme ait par
que le mal est en dehors de l'humanité, méchanceté recherché le mal comme mal,
dans une sphère d'esprits plus élevée ; si mais asservie à un corps sensuel, elle s'est
l'humanité était elle-même le mal, le pé adonnée sous son empire aux plaisirs des
ché, la corruption, il n'y aurait plus lieu sens et particulièrement à la volupté, tout
à restauration, à rédemption ; on ne ra en résistant intérieurement à des péchés
chète que ce qui est perdu, mais non le qui lui répugnaient, qui la dégoûtaient.
principe même de la destruction. De mê L'étincelle du bien n'était point éteinte ;
me que le principe du bien se manifeste profondément ensevelie, elle fumait enco
dans les anges de lumière, le mal s'indi re et n'attendait pour se rallumer que le
vidualise dans les esprits de ténèbres, et moment où l'âme, retrouvant la conscience
l'influence pernicieuse de ces forces oc de son affreux état, soupirerait après la
cultes se révèle dans ceux que l'Ecriture délivrance. — Il résultait de cet état m0
appelle possédés , comme il se manifeste ral, et c'est un second trait caractéristique
aussi d'une manière plus spirituelle, plus des démoniaques, un affaiblissement gé
intérieure dans ceux qui sont appelés néral de l'organisme et notamment du
d'une manière générale les méchants. Les système nerveux; et plus l'influence des
représentants du mal dans le monde sont nerfs sur les facultés est grande, plus cet
d'une part les faux prophètes, les anti affaiblissement devait réagir d'une ma
christs, les méchants, qui ne sont jamais nière fâcheuse sur l'organisme intellec
appelés des possédés , quoiqu'il soit dit tuel, et sur l'harmonie de la vie intérieure
de Judas Iscariot que Satan entra en lui, tout entière. Ce désaccord moral, cette
Jean 13,27.; de l'autre, les possédés.Chez désorganisation, devait se produire avec
ces derniers le mal moral est toujours ac d'autant plus de force que le malheureux
cOmpagné de certaines affections mala avait davantage le sentiment qu'il était la
dives, principalement de crampes épilep seule cause de son malheur, qu'il était
tiques, en même temps que la conscien l'auteur de son mal, et que ce qu'il avait
ce qu'ils ont d'eux-mêmes est émoussée fait, il ne lui était pas possible de le dé
ou détruite. Ces affections ne constituent faire. Le méchant, celui qui a vécu dans
cependant pas le caractère exclusif, mi des péchés extérieurs plutôt qu'intérieurs,
même distinctif, de la possession, car qui n'a pas ruiné son corps par le mal,
elles peuvent se reproduire en d'autres conserve un certain équilibre de ses fa
circonstances purement accidentelles, cultés; il peut, comme Judas, être poussé
P0S 218 POS
du plus connu de nos animaux domesti était fort commune parmi les Juifs, et le
ques ; ce silence, au reste, ne peut être Nouveau Testament parle, en divers en
interprété qu'en faveur de la chair de cet droits, de coqs, Matth. 26, 34. (Marc 14,
animal. Un grand nombre d'interprètes 30. Luc 22, 34. Jean 18, 27.), et de pou
ont cependant cru trouver la poule, les les, Matth. 23, 37. Luc 13, 34. Cepen
uns dans un nom, les autres dans un au dant la Mishna Baba Kama, 7, 7., parle
tre. Ainsi l'hébreu zarzîr, Prov. 30, 31., d'une exception à cet égard, et dit que
que nos versions ont traduit par cheval, les habitants de Jérusalem, non plus que
et qu'on est d'accord à entendre du che les prêtres, n'avaient pas le droit de nour
val de bataille (Bochart, Gesenius, Wi rir des poules, et les interprètes qui ont
ner, Umbreit), a été entendu du coq par cru à cette exception , ou qui admettent
les anciens commentateurs; d'autres le qu'elle existait déjà du temps de Jésus,
traduisent encore par léopard , abeille, ont appliqué ce qui est dit du chant du
lévrier,zèbre; il signifie proprement celui coq lors du reniement de saint Pierre,
qui est ceint, retroussé, préparé. — Ainsi soit au cri du guet, Soit au cri du héraut
le mot sèkevi, Job 38, 36., que nos ver chargé de convoquer le peuple pour le
sions rendent par cœur, avec la plupart jugement, soit à l'appel des gardiens du
des interprètes, a été également entendu temple qui devaient, chaque matin, ré
du coq, et de son intelligence à marquer, veiller les prêtres en frappant à la porte
par son chant, les heures de la nuit; les de Beth-Moked ; d'autres encore ont pen
Septante semblent l'entendre d'une fem sé que la maison de Caïphe était près des
me habile dans l'art de broder. — De murs de la ville, et que de là, pendant le
même Jér. 17, 11., « une perdrix couve silence de la nuit, on pouvait facilement
et n'a point pondu, » le mot hébreu da entendre le cri du coq dans la campagne.
gâr, que Jahn, entre autres, paraît pren Mais ces suppositions, d'ailleurs si peu
dre pour le nom d'une espèce de poule, vraisemblables, ne sont même pas néces
est simplement un verbe. — Le mot ga saires; Reland avait émis déjà l'opinion
ber, qui signifie vaillant homme, a été tra que cette exception talmudique était posté
duit, Es. 22, 17., par coq : Voici, l'Eter rieure à l'ère chrétienne, et Schulz a
nel te transportera comme on transporte prouvé qu'elle n'avait même probable
un coq (au marché). La traduction de ment jamais existé.
nos versions est bonne ;seulement lemot: P0URCEAU. v. Porc.
0 homme! doit être entendu d'un vaillant POURPRE, belle couleur de teinture
homme, d'un guerrier.— Enfin, les bar que la plus haute antiquité paraît avoir
burim de 1 Rois 4, 23., qui apparaissent déjà connue, et dont la légende raconte
partout où il y a des difficultés zoologi qu'elle fut découverte par Hercule Ty
ques, ont été entendues par des poules, rien, dont le chien, ayant mangé d'un
après l'avoir été des canards, des oies, poisson à écailles, revint auprès de son
des faisans, etc.; nos versions, en le tra maître les lèvres teintes de pourpre. Mais
duisant par le terme général de volailles, ici l'histoire remonte plus haut encore
conservent jusqu'à un certain point l'in que la légende, et la pourpre fut employée
certitude du mot, quoique cette traduc par les lsraélites avant d'avoir été con
tion paraisse indiquer plutôt des poules nue des Tyriens. On distingue principa
que d'autres oiseaux; mais, dans le doute, lement deux espèces de pourpre, la rou
on ne saurait indiquer aucune expression ge et la violette, l'une et l'autre se sub
préférable. Les anciens interprètes ne divisant en plusieurs nuances et qualités
connaissaient déjà plus le sens de ce mot, différentes. La première, hébr. argaman,
et ils l'entendaient d'oiseaux en général, se tire du coquillage à pourpre propre
d'après l'analogie du syriaque et du sa ment dit, le tocpupo; ou zuozyh des Grecs,
maritain.Mais à côté de ce silence de l'E- le purpura des Latins, qui se prend dans
criture qui étonne, sans rien prouver, le la mer au moyen d'amorces. La seconde,
Talmud présuppose, en plusieurs passa hébr. thekèleth, est le produit d'une es
ges, que l'habitude d'élever des poules ! pèce d'escargot qui s'attache aux rochers,
POU 222 PRE
et qui portait chez les Romains le nom de turer les plus importants. Lesi Lydiens,
buccinum, murex, ou conchylium. L'un Act. 16, 14.; avaient aussi acquis dans ce
et l'autre coquillage est tordu en spirale, genre de travail une réputation méritée.
mais le premier se termine en pointe; le —On a vu, à l'article Cramoisi, les diéff
second est arrondi en trompette ou en rentes espèces de rouge connues des Hé
forme de cor. Les naturalistes modernes, breux ; mais , dans le langage ordinaire,
et notamment Lamark dans son His On nommait souvent l'un pour l'autre,
toire naturelle des animaux sans vertè lorsqu'il n'importait pas d'apprécier la
bres, ont observé et décrit plusieurs co nuance ; les anciens confondaient surtout
quillages à pourpre, chez lesquels la sé fréquemment le pourpre et le cramoisi,
crétion colorante, située dans une espèce comme on peut le voir encore dans la com
de sac ou de réservoir, près de l'esto paraison de Marc 15, 17. Jean 19, 2. avec
mac, est d'abord jaune, puis Verte, et ne Matth. 27, 28.
devient rouge que lorsqu'elle a été ex POUSSINIERE. v. AStreS.
posée à l'air et au soleil, circonstance qui P0UX. v. Mouches 2°.
ne s'accorderait pas tout à fait avec les POUZZOLES, ville maritime de l'Italie
observations des anciens. Mais les clas Inférieure, à 4 lieues sud-ouest de Naples :
sifications des différentes espèces de co Saint Paul y descendit en venant de Reg
quillages dans les systèmes modernes, gio, et y séjourna sept jours, Act. 28, 13.
chez Lamark et chez Cuvier, varient tel Elle tirait son nom de Puteoli, soit du
lement, qu'on ne peut encore déterminer grand nombre de puits qui étaient dans
exactement quel était le coquillage dont ses environs, soit de la puanteur de ses
les anciens tiraient leurs belles couleurs. eaux sulfureuses. Pouzzoles avait été fon
C'est principalement sur les côtes de la dée et peuplée par une colonie de Samiens,
Phénicie, du Péloponèse et de l'Afrique et appartenait à la Campanie; les Romains
septentrionale, qu'on faisait la pêche de s'en emparèrent de bonne heure et y en
la pourpre, et, comme chaque coquillage voyèrent à diverses reprises des colons.
ne fournissait que quelques gouttes de Son port était un des plus animés de l'Ita
couleur, la pêche ne pouvait jamais être lie, et un entrepôt de première classe.
fort abondante , aussi la pourpre se ven C'était là en particulier que débarquaient
dait-elle fort cher, à l'égal des métaux et que déchargeaient ordinairement les
les plus précieux, et ce n'étaient, en thèse vaisseaux venant d'Alexandrie ; c'était là
générale, que les princes et les statues aussi que descendaient le plus volontiers
des dieux qui pouvaient porter des vête les Syriens qui faisaient le voyage de
ments de cette couleur, Jér. 10, 9. Ez. Rome, car c'était le dernier port parfaite
23, 6. Cant. 7, 5. Jon. 3, 6., commeaus ment sûr où ils pussent aborder jusqu'à
si, chez les Hébreux, il entrait beaucoup l'embouchure du Tibre.
de pourpre dans les tapisseries du taber PREMICES. De même que lanation d'Isr
nacle et dans les ornements du grand raël toute entière offrait une gerbe et des
prètre, Ex. 25, sq. Les rois donnaient gâteaux de fine farine en prémices à l'E-
des vêtements de pourpre comme la ré ternel , comme symbole de la reconnais
compense de services signalés, Dan. 5, sance nationale, Lév. 23, 10., la gerbe à Pàr
7. 16. 29., ou comme preuve d'une bien que et les pains à la Pentecôte, chaque Is
veillance particulière, 1 Macc. 10, 20. 62. raélite individuellement était tenu d'offrir
64. cf. 11, 58. A Rome, une loi impériale à l'Eternel pour sa part des prémices de
restreignait à certaines classes le droit de tous les produits de la terre, soit bruts,
porter de semblables vêtements, Suéton. comme du blé, des fruits, des raisins, soit
Cés. 43. Néron 32. — On teignait de travaillés, comme du moût, de l'huile ,
pourpre les étoffes de laine, quelquefois de la farine , même du levain, avant de
aussi du lin et du coton, et c'étaient les pouvoir user du reste de la récolte, Ex,
Phéniciens qui faisaient ce travail avec le 23, 19, Nomb. 15,20. 18, 12. Deut. 26, 2.
plus de perfection, Ez. 27, 16., et qui Néh. 10, 38. cf. Prov. 3, 9. Tobie 1, 6.
possédaient les établissements de tein Ces prémices n'étaient cependant pas dér
PRE 223 PRE
posées sur l'autel, mais remises aux prê Nomb. 28, 26., comme celle des taberna
tres pour leur usage, Nomb. 18,12. Deut. cles fête de la récolte, Ex. 23, 16. — Le
18, 4. cf. Ez. 44, 30. La quantité de l'of but politique de cette institution était
frande n'est déterminée nulle part, elle l'entretien des sacrificateurs; son but
était abandonnée à la bonne volonté de moral était de rappeler aux lsraélites que
chacun ; le Talmud fixe pour les prémices tous les biens viennent de Dieu seul ; son
des produits déjà travaillés, la 60e partie but typique ou mystique , de tourner les
comme minimum; donner le 30e était se regards des fidèles vers Jésus, les pré
montrer libéral. mices de l'Eglise, celui en qui seul nous
On distinguait deux espèces de prémi pouvons être agréables à Dieu, les pré
ces, les biccourim, et les therouphoth, qui mices de ceux qui dorment, 1 Cor. 15,
étaient comprises l'une et l'autre sous le 20., celui qui nous demande aussi nos
nom général de réshith (commencement). premières années, et les premiers mo
Les biccourim ne se prélevaient que sur ments de chacune de nos journées., Ps.
les produits entièrement naturels, nom 119, 147. 57, 8. Eccl. 12, 3.
més Deut. 8, 8., savoir le blé, l'orge, L'usage de ces prémices explique des
les raisins, les figues, les grenades, et les façons de parler assez communes dans
olives, et seulement sur ceux qui avaient l'Ecriture, et qui marquent comme les
crû dans la Terre Sainte : les Israélites premiers fruits et les premières produc
qui habitaient fort loin de Jérusalem pou tions d'une chose (G. des Bergeries).
vaient envoyer ces prémices sèches, mais Ainsi Paul appelle prémices de l'Esprit,
elles devaient toujours être choisies par Rom. 8, 23., le commencement de joie et
mi ce qu'il y avait de meilleur (Mishna). de paix qui donne aux fidèles l'assurance
On ne les offrait jamais avant Pentecôte, que Dieu achèvera en eux la bonne œu
ni après la fête de la dédicace. Le céré vre qu'il a commencée; ainsi encore il ap
moniel qui accompagnait leur perception pelle Epaïnète et Stéphanas les prémices
et leur translation, est décrit Deut. 26, 2.; de l'Achaïe, parce qu'ils avaient été les
les Juifs postérieurs y ajoutèrent quelques premiers qui s'y étaient donnés à Dieu, 1
formalités, quelques détails qu'on peut Cor. 16, 15. Rom. 16, 5.; ainsi encore
lire, si l'on veut, dans la Mishna Biccour. saint Jean qualifie du titre de prémices à
3, 2. — Les therouphoth étaient les pré Dieu et à l'Agneau ceux qui sont déjà glo
mices des produits travaillés; destinés rifiés dans le ciel, Apoc. 14, 4.
aux prêtres, ils n'étaient pas portés au PREPARATION. On appelait ainsi le
temple, mais remis aux prêtres eux-mê jour, ou tout au moins le soir qui pré
mes, peut-être dans les villes qui leur cédait le sabbat, Matth. 27, 62. Marc 15,
étaient assignées pour demeures; ils se 42. Luc 23, 54.; lors de la passion de no
prélevaient sur les produits de toutes les tre Seigneur, il coïncidait avec le premier
propriétés juives, qu'elles fussent situées jour de Pâques et des pains sans levain,
en Egypte, en Syrie, en Moab, Hammon, Matth. 26, 17. On l'appelait préparation
ou en Babylonie. Les biccourim qui rap parce qu'il était tout naturel que la veille
pelaient les droits de Dieu sur la terre, ne du sabbat chacun s'y préparât d'avance,
pouvaient être perçus que sur cette terre soit en multipliant ses occupations pour
elle-même ; les autres qui étaient desti en décharger le jour suivant, soit au con
nées à l'entretien des ministres du culte, traire, quand on le pouvait, en donnant
devaient se payer partout où il y avait un déjà quelques moments de plus au recueil
culte. Les laïques qui mangeaient les pré lement. Il en était de toutes les autres
micesavecintention, ou même parinadver fêtes comme du sabbat, elles étaient pré
tance, étaient soumis à des peines plus ou cédées d'une soirée de préparation, cf.
moins sévères. On donnait aussi les prémi Jean 19, 14., alors même qu'elles tom
ces du miel, et de la laine des moutons, 2 baient sur l'un des jours ouvrables. — v.
Chr. 31, 5. Deut. 18, 4., chacun selon ses Pâques.
facultés et sa bonne volonté. La fête de PRESENTS. v, Dons.
Pentecôte était appelée fête des prémices, PRÈT. v. Dettes. Le prêt à intérêt était
| 1:1 ;
pRÉ 221 RE
· · ,l º,,! ... ſº ! .
défendu, et l'usure inspirait le plus pro rue pour crier : Crucifie, crucifie !— Le
· fond mépris, quoique du resteaucune pei même nom de, prétoire est employé dans
ne civile me fût portéecontre ce délit, Prov. le sens de palais, Act. 23, 35., où il n'est
28,8, Ez. 18,8. 13. 17. 22, 12. Ps. 15, 5. pas parlé de la demeure officielle du pro
109,1A. cf. Luc7,42.,—excepté sans dou curateur romain. Et saint Paul dit, Phil.
te la restitution lorsqu'une plainte était 1, 13., que ses liens en Christ ont été
portée (Talmud). Des créances et obliga rendus célèbres dans tout le prétoire, et
tions étaient écrites en pareil cas, et régu partout ailleurs. On a entendu ce mot di
lièrement signées par l'emprunteur, de versement dans ce passage. 1° Les uns,
puis les jours de l'exil, Luc 16, 6. Le prê comme Périzonius, Beausobre et Lenfant,
teur avait le droit d'exiger un gage, mais pensent qu'il se rapporte au camp des
avec plusieurs restrictions, Ex. 22, 25. soldats prétoriens établi par Séjan sous
Deut. 24, 6. sq. cf. Ez. 18, 7. Job 24, 3. Tibère, en dehors des murs de Rome, et
Toutes ces mesures étaient à l'avantage du sous les ordres du préfet du prétoire de
pauvre, mais malheureusement elles ne cette ville. Paul, pendant sa captivité, avait
furent pas toujours pratiquées, et souvent un logement particulier dans lequel il
le créancier traitait son débiteur d'autant était gardé par un prétorien, Act. 28, 16.;
plus durement que la loi ne statuait rien les soldats alternaient dans cette surveil
directement à l'ègard de ceux qui étaient lance, et il est fort possible que l'Evan
insolvables, Job 22, 6. 24, 3.; elle sem gile ait ainsi pénétré peu à peu toute la
blait seulement impliquer l'esclavage mo garnison.—2° OEder l'explique du palais
mentané du débiteur trop pauvre, Lév. de Gallion à Corinthe, mais on ne saurait
25, 39., et c'est de ce passage où la loi plus ce que signifie la salutation de 4,22.
recommande au riche l'humanité, qu'ils —3° Paulus de Heidelberg, et Rilliet, en
se servaient, ainsi que de quelques autres tendent le prétoire du palais d'Hérode à
encore, pour dépouiller les malheureux Césarée, où Paul fut écroué sur l'ordre
de leurs biens, de leurs familles, de leur de Félix, Act. 23, 35.— 4° Enfin l'on peut
liberté, Prov. 22, 27. 27, 13. Job 24, 3. entendre par là le palais impérial de Né
2 Rois 4, 1. Néh. 5, 5. Es. 50, 1. Matth. ron; le prétoire signifierait la même chose
18, 25.: ceux qui avaient cautionné le dé que la maison de César, 4, 22. C'est l'o-
biteur étaient poursuivis comme lui, Prov. pinion de Chrysostome, Huber, Grotius,
20, 16. 22, 26. 27, 13. Wolff,Steiger. On objecte que cette signi
PRETOIRE. On nommait ainsi le palais fication n'est pas prouvée, que la maison
où résidaient et jugeaient en province de César s'appelait palais, et non pré
les gouverneurs romains : ils y demeu toire. Mais les provinciaux habitués à
raient avec leurs familles, et tous les em donner le nom de prétoire au palais des
ployés de leur administration. C'est au commissaires impériaux, pouvaient bien,
prétoire de Jérusalem que Jésus fut con par ignorance ou par habitude, conserver
duit pour y être jugé par Pilate, Jean 18, ce nom au palais de l'empereur lui-mê
28.33. Matth. 27, 27. Marc 15, 16.; c'était me. D'ailleurs il est bien prouvé que le
l'ancien palais des Hérodes, un magnifi nom de prétoire commençait dans ce
que bâtiment, au dire de Josèphe, Ant. temps à être employé dans le sens plus
15, 9. 3., devant lequel était le siége ju général de palais, v. Juvén. 10, 161.Suet.
dicial, orné d'un de ces pavés en mosaï Oct. 72. Calig. 37. Paul entendrait alors
que que l'on trouve presque partout où les habitants de la maison impériale , et
les Romains ont passé. Le prétoire avait non les soldats qui y faisaient le service ;
une vaste cour dans laquelle se tenait on peut le conclure des derniers mots du
une cohorte de soldats romains, Matth. verset, car le prétoire était plus impor
27, 27. Marc 15, 16.; une espèce de loge tant comme palais que s'il ne se fût agi
ou de vestibule ouvrant sur la rue don que des soldats.
nait l'entrée de la cour , c'est là que les PRÊTRES. Ce fut, pendant la période
Juifs refusèrent d'entrer, craignant de se patriarcale et jusqu'à Jéthro, le père de
souiller ; ils aimaient mieux rester à la famille qui fut prêtre et sacrificateur dans
5 PRE
PRE 22
sa maison; Caïn et Abel les premiers, près l'âge de vingt ans, mais comme plus
puis Noé, Abraham, Melchisédec, Abi tard on voit l'exemple d'un jeune homme
mélec, Laban, Isaac, Jacob, Job, Jéthro, déjà souverain sacrificateur (Jos. Ant. 12,
Moïse même, nous apparaissent les uns 3, 3.), il est évident qu'avec les simples
après les autres dans l'histoire, tour à tour prêtres on avait fini par devenir moins sé
princes et pontifes. Mais après que les vère encore. Ils étaient tenus de prouver
descendants d'Abraham eurent pris la leur filiation directe de la famille Sacer
consistance d'un peuple, une tribu d'en dotale, et ils attachaient à cause de cela
tre les douze fut choisie de Dieu et mise une grande importance à leurs registres
à part pour le service du sanctuaire, et généalogiques, Esd. 2, 62. Néh. 7. 64. La
dans cette tribu, qui se composait de trois première consécration des prêtres fut faite
familles principales, une caste sacerdo par Moïse en la personne d'Aaron et de
tale fut choisie d'entre les Kéhathites; tous ses fils, Ex. 29, Lév. 8; on ignore si une
les autres enfants de la tribu furent des cérémonie semblable se renouvelait à l'en
tinés d'une manière générale au service trée en fonctions de chaque prêtre, ou si
du tabernacle comme aides, serviteurs, elle fut faite une fois pour toutes, les
frères laïques (v. Lévi); les Kéhathites, et prêtres n'ayant plus qu'à faire constater
parmi eux la famille d'Aaron seulement, leurs droits et leur aptitude, ou si enfin
Nomb. 4, 2. Ex. 28, 1., furent appelés à ils étaient tenus à l'offrande du gâteau,
fournir des pontifes à la nation, et la Lév. 6, 12. 14., mais à cela seulement.
peine de mort fut prononcée contre tous Quant au souverain sacrificateur dont la
ceux qui, appartenant à une autre famille, consécration était plus solennelle que celle
tenteraient de remplir les fonctions sacer des simples prêtres, on doute qu'elle se
dotales, Nomb. 3, 6.38. 16, 40. Hozias, renouvelât à chaque élection nouvelle,
roi de Juda, qui voulut offrir l'encens à telle qu'elle avait eu lieu en la personne
l'Eternel, fut frappé de la lèpre, mis hors d'Aaron, et l'on croit que l'on se conten
de son palais et exclu des affaires publi tait de revêtir le nouveau pontife des ha
ques jusqu'à sa mort, 2 Chr. 26, 19. On bits de son prédécesseur, comme cela se
voit cependant que dans certaines occa fit à la mort d'Aaron, Nomb. 20, 25.26.
sions, mais seulement en rase campagne cf. 1 Macc. 10, 21.
et toujours hors du temple, des hommes Les prêtres portaient pendant qu'ils of
non prètres, des juges et des rois d'Is ficiaient, et peut-être toutes les fois qu'ils
raël, surtout avant que le tabernacle eût étaient dans le temple, des vêtements de
été fixé dans Jérusalem, ont offert des fin lin, décrits d'une manière générale Ex.
sacrifices à l'Eternel, 1 Sam. 7, 9. 9, 13. 28, cf. Lév. 6, 10. Josèphe donne quel
16, 5.2 Sam. 6, 13. 24, 24. 1 Rois 18, 33. ques détails sur les diverses pièces de cet
2 Chr. 1, 5., ou porté l'éphod, consulté habillement, Ant. 3, 7, 1.2.3.; sur les ca
le Seigneur et béni le peuple, 2 Sam. 6, leçons, espèce de large pantalon comme
14. 18. 1 Sam. 23, 9. 30, 7. 1 Rois 8, 55. en portent généralement les Orientaux ;
56. Les interprétations données pour ex sur la tunique, qui était sans couture; sur
pliquer ces faits autrement que d'une part la ceinture, de diverses couleurs, tissue
active, mais partielle et momentanée, prise fort lâche, large de trois doigts, creuse
par ces personnages au sacerdoce public, comme la peau d'un serpent; sur le bon
sont forcées et presque toutes inadmissi net ou turban, composé de plusieurs tours
bles, tandis qu'il est assez naturel de d'une bande de lin repliée et cousue, avec
croire qu'en faveur de quelques élus, tels une toile qui enveloppe le tout et des
qu'Elie et David, Dieu ait autorisé des cé cend jusque sur le front pour cacher la
rémonies qui étaient peut-être calculées difformité des coutures. Les rabbins et
pour préparer les Juifs à l'idée du sacer saint Jérôme varient sur quelques détails
doce universel. peu importants.
L'Ecriture ne fixe pas l'année en laquelle Le souverain sacrificateur se distinguait
les prêtres pouvaient entrer en fonctions; des autres prêtres par plus de richesse
d'après les Guémaristes, ce n'était qu'a- dans ses vêtements, et par quelques pièces
II. 15
PRE" 226 - PRE'!
quelles les prêtres étaient sujets. On sait
accessoires. Le rochet ètait une robe qui que
tenait depuis le cou jusqu'aux genoux chez les Egyptiens, les prêtres ne
tout autour du corps; elle était composée pouvaient non plus célébrer leurs mys
de filets très déliés, de couleur hyacinthe; tères que nu-pieds. -
au bas étaient des figures de grenades, Quant à leurs fonctions, les prêtres
de lin retors et de pourpre, entre lesquel étaient appelés à instruire le peuple dans
les pendaient de petites clochettes d'or la loi de Dieu, Lév. 10, 11. Deut. 33, 10.
afin qu'on en entendît le son lorsque le Ez. 3, 17.;à le bénir selon l'ordre du Sei
sacrificateur entrait dans le sanctuaire ou gneur, Nomb. 6, 23. Deut. 21, 5.; à dis
en sortait ; ce qui signifie que le chrétien, tinguer suivant l'ordonnance lévitique ce
en marchant dans ce monde, doit porter qui est pur et ce qui est impur, Lév. 10,
des fruits et faire entendre le bruit de 10. Deut. 17, 18., les différentes sortes
l'Evangile, joindre la pratique à l'ensei de lèpres, les causes de divorce, les souil
gnement. Les fruits marquaient aussi tout lures légales et cérémonielles; ils admi
ce qu'il y a de doux et de rafraîchissant nistraient les eaux de jalousie à la de
dans les paroles de la vie éternelle; les mande d'un mari soupçonneux, Lév. 13
clochettes d'or, le son de la prédication de et 14, Nomb. 5, 11. sq. — Dans les par
l'Evangile qui doit se faire entendre en vis du temple ils égorgeaient et prépa
temps et hors de temps. — Nous avons raient les victimes pour les offrir en sa
crifice selon l'ordre et les cérémonies
parlé de l'éphod en sa place. — Le pec
toral de jugement était un drap doublé, que Dieu lui-même avait prescrites, et
de même matière et de même travail que c'est de cette fonction, qui était la plus
l'éphod. Il était carré, de la grandeur commune et la plus apparente de leur
d'une palme (9 centimètres) de chaque charge, qu'ils avaient reçu le nom de sa
crificateurs. — Dans le lieu saint ils de
côté, ayant à ses coins quatre anneaux
d'or, attachés en haut par deux chaînes vaient allumer tous les jours les lampes,
d'or et en bas par deux bandes de pour y conserver l'huile, et les faire luire de
pre qui tenaient le pectoral lié de tous les puis le soir jusqu'au matin, Lév. 24, 2.;
côtés. Sur ce pectoral étaient quatre rangs faire tous les jours le parfum devant l'E-
de pierres précieuses, et à chaque rang ternel, Ex. 30, 7. cf. Luc 1, 10.; poser
trois sortes de pierres sur chacune des les pains de proposition sur la table qui y
quelles était gravé le nom d'une des tribus était dressée, et les changer à chaque
d'Israël; il renfermait l'Urim et le Thum sabbat, Lév. 24, 5. 2, 9. — Le souverain
mim, q. v. — La tiare ou mitre du sou sacrificateur qui était appelé à faire toutes
verain sacrificateur était non-seulement ces choses dans le lieu saint lorsqu'il le
plus riche et plus façonnée que le bonnet pouvait, avait en outre des fonctions par
des simples prêtres, mais elle portait en ticulières; il devait, une fois l'an, faire
core une forme de couronne à l'entour, et une solennelle expiation pour le sanc
sur une bande d'hyacinthe une bande d'or tuaire, pour lui-même, et pour toute l'as
qui ceignait le front, avec ces mots gravés : seniblée; il entrait dans le lieu très saint;
La sainteté à l'Eternel! symbole de la il priait, il intercédait pour le peuple, en
sainteté que nous devons toujours pour fin il bénissait solennellement l'assemblée.
suivre, et que nous ne pouvons trouver — Il est parlé encore de quelques autres
que dans la justice de Jésus-Christ. — Il occupations moins spécialement en rap
ne paraît pas que les prêtres portassent port avec la charge des prêtres; ils de
de souliers; il n'en est fait mention nulle vaient en certains moments déterminés
part, et l'on croyait en général qu'on ne sonner de leurs trompettes d'argent,
pouvait fouler que pieds nus une terre Nomb. 10, 8.2 Chr. 5, 12. 7, 6. 29, 26.
sacrée, cf. Ex. 3, 5. Jos. 5, 15.; les rab Néh. 12, 41.; faire l'estimation des vœux,
bins, d'ailleurs, affirment positivement Lév. 27; rendre la justice dans les causes
que les prêtres officiaient sans chaussures difficiles, Deut. 17, 8. 19, 17.21, 5.2 Chr.
ét ils trouvent dans ce fait une des cause, 17, 8.; le roi Josaphat établit lui-même à
principales des maladies d'entrailles aux Jérusalem un tribunal supérieur de prè
PRE ! 227 PRE ,
tres et de lévites, 2 Chr. 19, 8. Quant à teté et de pureté qui en entourait l'exer
leur rôle dans les armées, p. Guerre. Ils cice et les ministres, cf. Jér. 18, 18.; ces
avaient aussi quelques occupations parti derniers, malheureusement, voulurent al
culières à remplir pour lesquelles ils al lier le sanctuaire et l'esprit du monde : on
ternaient, se distribuant par le sort leurs les vit souvent manquer à tous leurs de
jours de fonction, la garde du temple pen voirs, et opprimer le peuple qu'ils de
dant la nuit (on en trouve probablement vaient paître ; ils recherchèrent les biens
une trace, Act.4,1.5,24.Luc 22,52.?peut terrestres et la satisfaction de la chair,
être aussi Jér. 20, 1.), la surveillance des et compromirent, avec leur ministère,
trésors du temple, des vases sacrés, du leur religion, Jér. 5, 31. 6, 13. 23, 11.
Vestiaire, etc. Lam. 4, 13. Ez. 22, 26. Os. 6, 9. Mich.
Pour l'accomplissement de leurs fonc 3, 11. Soph. 3, 4. Mal. 2.
tions, les prêtres devaient être dans les Treize villes, d'entre les quarante-huit
conditions de la pureté légale et céré quiavaient été donnéesaux Lévites, étaient
monielle, et il leur était interdit de pren spécialement destinées à être la résidence
dre du vin, ou tout autre breuvage eni des prêtres ; elles étaient réunies dans le
vrant, quand ils entraient dans le taber voisinage de Jérusalem, dans les tribus
nacle, et pendant qu'ils y officiaient, Lév.
de Juda, de Benjamin et de Siméon, Jos.
10, 9. Ez. 44, 21. Jos. Ant. 3, 12, 3. Ils
21, 4.10.; c'étaient Hébron, Libna, Jathir,
devaient s'abstenir de mener deuil pour Estemoab, Holon, Débir, Hajin, Jutta,
un mort s'il n'était leur proche parent, Beth-Sémès, Gabaon, Guébah, Hanathoth,
et même le souverain sacrificateur ne pou et Halmon; plusieurs d'entre elles furent
vait le faire pour qui que ce fût, Lév. encore après l'exil la demeure de quel
21, 11. 10, 6. Il ne devait y avoir en eux ques prêtres, Néh. 7, 25., et le sacrifica
aucun défaut corporel, ni mutilation de teur de Luc 10, 31., faisait sans doute
membres, comme aussi leur réputation pour affaires d'office le voyage de sa ville
devait être sans tache, Lév. 21, 17. Jos. à Jérusalem, ou le retour ; cependant le
Ant. 3, 12, 2. Leurs femmes mèmes de plus grand nombre des prêtres paraissent,
vaient répondre à cette idée de sainteté Néh. 11, 10., s'être fixés définitivement
dont toutes les prescriptions précédentes à Jérusalem, le centre de leur travaux.
étaient des conditions ; ils ne pouvaient Il était pourvu de diverses manières à
épouser aucune personne de mauvaise l'entretien des prêtres; les restes des sa
vie, ou répudiée, ou de réputation équi crifices, et c'étaient souvent des restes
voque, Lév. 21, 7. Les veuves n'étaient fort considérables, étaient pour eux, Lév.
point exclues de leur choix, sinon pour le 2, 3. 10. 5, 13. 6, 16. 7, 6. etc., 10, 12.
Souverain sacrificateur, qui devait épou Nomb. 6, 20. Deut. 18, 3.; les prémices,
ser une vierge, Lév. 21, 13.; du reste, ils les offrandes tournoyées, une portion
avaient le droit de choisir dans toute la des dîmes, les pains de proposition, leur
nation, sans être limités par des considé appartenaient encore, Nomb. 31, 29. Lév.
rations de famille ou de tribu ; les étran 24, 9. Matth. 12, 4., ainsi que l'argent
gères seules leur étaient défendues, Esd. provenant d'amendes pour cause de souil
10, 18.; mais, en général, ils se mariaient lure, du prix de rachat des vœux ou des
plus volontiers entre eux, et ils épou premiers-nés, Lév. 27, Nomb. 18, 14.
saient des filles de race sacerdotale, cf. 15. En outre, ils étaient exempts des im
Luc 1, 5. Les préceptes d'une pureté par pôts et du service militaire, immunités
faite s'étendaientjusqu'aux filles des prê dont ils continuèrent de jouir après l'exil
tres, qui étaient punies de mort lors et sous la domination étrangère, Esd. 7.
qu'elles manquaient aux lois de la chas 24. Jos. Ant. 12, 3, 3.
teté, Lév. 21, 9. L'institution du sacer lls étaient partagés déjà du temps de
doce était ainsi recommandée au respect David en vingt-quatre classes ou éphémé
et à la vénération publique, non seule ries, qui avaient chacune leur chef, et va
ment par la grandeur même de ses fonc quaient alternativement au service public
tions, mais encore par l'auréole de sain pendant sept jours, d'un sabbat à l'autre,
228 PRE
PRE | | |*
1 Chr. 9, 25. 24, 3.2 Chr. 8, 14. 23, 4. fonctions des prêtres, sans en être repris
35, 4. Néh. 12, 7. Esd. 10, 5.2 Rois, 11, ni punis, cf. Jug. 6, 18. 17, 5. 18, 27.1
9. Luc 1, 5. — Après le schisme des dix Sam. 30, 7, 2 Sam. 6, 18. 1 Rois 9, 25.
tribus, ils ne continuèrent à fonctionner Comme les familles lévitiques for
que dans le royaume de Juda, 1 Rois 13, maient environ la treizième partie de la
33. 2 Chr. 11, 13. population totale, leur entretien par le
C'est ainsi que jusqu'à la destruction peuple pourrait être considéré comme
de Jérusalem et de son temple par les ayant dû être pour celui-ci une charge
Romains, cette caste subsista comme un extrêmement lourde, en admettant même
corps respecté et généralement respecta que le sort des Lévites n'ait jamais rien
ble, exerçant sur le peuple une influence eu que de bien modeste. Cependant il
utile, et dirigeant ses pensées vers la vérité faut remarquer : a) d'abord, que dans une
par des rites symboliques, lui rappelant contrée agricole et fertile, la remise des
toujours l'unité de Dieu, la condamnation prémices et des dîmes ne pouvait être
du péché, et la réconciliation avec Dieu onéreuse, là surtout où la propriété du
par l'expiation. S'ils exercèrent parfois sol était garantie aux familles propriétai
une espèce d'influence politique, si même res; b) que la plupart des offrandes, vœux,
ils prirent quelque part au gouverne sacrifices de prospérité, etc., n'étaient !
ment génêral du pays, ce fut comme une point imposées, mais laissées à la libre !
conséquence de leur caractère et de leur volonté, à la piété des donateurs; c) qu'à !
position, et non un oubli de leurs fonc l'exception des prêtres et des rois, tous les !
tions, Nomb. 27; 31, 12. 32, 2. Deut. 27, Israélites étaient producteurs, et qu'ainsi !
9. Jos. 17, 4. Sous les rois ils apparais le nombre des consommateurs non pro--
sent comme médiateurs entre le peuple et ducteurs était extrêmement restreint; il*
son chef, 2 Sam. 19, 11.; mais plus tard; n'yavait ni milices régulières, ni corpora
et lorsque la corruption fut devenue tou tions savantes à entretenir; d) que les re
jours plus manifeste et plus générale, ils devances en nature ne dépendaient point
se joignirent aux rois et aux princes pour de l'augmentation de la famille lévitique,
essayer de mettre un frein à la liberté de mais qu'elles étaient fixées pour toujours
langage du ministère prophétique, Jér. au dixième de la moisson; e) que la tribu
20, 1. 26, 7., ce qu'ils étaient d'autant de Lévi avait les mêmes droits que les au
plus portés à faire que leur amour pour tres au partage du sol, et que si elle en
la forme et les cérémonies du culte ne avait été dépouillée, il n'était que juste
pouvait que leur faire redouter tout ce de l'en dédommager en lui assurant une
qui tendait à donner de l'esprit et de la partie des produits recueillis; les dîmes
vie à la foi. étaient donc plus qu'un salaire, elles
La construction du temple avait puis étaient un intérêt, une rente. |.
Samment cOntribué à rendre Solide et Il n'est pas facile de donner une suite l'
ferme la constitution et l'organisation sa claire et complète des souverains sacrifi-º
cerdotale.Jusqu'alors, et malgré les pres cateurs qui se sont succédé en Juda dans '
criptions positives de la loi, il semble l'exercice de ces hautes fonctions. La fa-"
qu'il y ait eu plus d'arbitraire et d'indé cilité avec laquelle on néglige des noms
cision dans les rapports du peuple avec peu connus, le fréquent usage de deux !
le sanctuaire ; sous les juges, des mai noms pour un seul personnage, peut-être
sons particulières louaient des prêtres des idées différentes sur la nature du sa
pour leur service; après eux, des rois et cerdoce, la distinction entre le droit et le
des prophètes paraissent remplir quel fait, ont pu influer sur les divergences
ques fonctions exclusivement réservées qu'on remarque entre les différentes listes
aux prêtres ; des hommes sans caractère de ces pontifes. Nous donnons ci-dessous
public offrent des sacrifices; à côté du ta la succession pontificale, telle qu'elleres
bernacle de Silo on se rend sur les hau sort de différents endroits des livres sa
teurs et dans les bois pour adorer; Da crés, comparée à celle qui se trouve 1
vid, et même Salomon, empiètent sur les Chr. 6, 3. sq. · · · · · ·+ :
, - ** . . - · '!ti J i
|| || | 1,4
PRE PR
- 1 , , ,1 1 2 11,2 -
-
22. Hazaria IlI. 22. Sérajah. Josèphe et la Seder Olam des Juifs
23. Hilkija. 23.Jéhotsadac. nous ont conservé deux autres listes des
24. Eliakim, ou Jéhoja- 24. Jésuah. grands prêtres hébreux depuis Aaron jus
kim. qu'à la captivité; elles diffèrent entre elles,
25. Hazaria IV. et s'éloignent l'une et l'autre des deux
26. Sérajah. que nous avons rapportées; du reste elles
27. Jéhotsadac. SOnt sans intérêt.
28. Jésuah. Esd. 2, 2. Quant aux souverains sacrificateurs qui
Dans ces deux listes, on remarque les succédèrent à Jésuah après le retour de
analogies et les dissemblances suivantes : la captivité, nous trouvons dans les livres
a) Les six premiers noms sont les mêmes d'Esdras, de Néhémie et de Josèphe, les
et ne font pas difficulté. b) Les nos 7 à 11 nOms suivants, que nOuS rattachOns à la
de la première sont les noms des pontifes première de nos listes.
qui ont exercé, quoiqu'ils appartinssent 29. Jéhojakim (483 av. C.), Jos. Ant. 11,
à la branche cadette d'Ithamar, tandis que 5. Néh. 12, 10.
les nos 7 à 10 de la seconde disent la suite 30. Eliasib (453), Néh. 12, 10. sq.
de lapostérité d'Eléazar, quoique ces hom 31. Jojadah (413), ibid.
mes n'aient pas fonctionné : les deux lis 32. Jonathan (373), ibid.
tes se rejoignent à Tsadoc, qui réunit la 33.Jadduah (341), ibid.
qualité de pontife à celle de membre de 34. Onias I (321).
la branche aînée. c) Les nos 12 à 19 de la 35. Simon l, dit le Juste (300).
première liste correspondent exactement 36. Eléazar (292).
aux nos 11 à 18 de la seconde. d) L'omis 37. Manassé (276).
sion du nom d'Urie dans la seconde liste 38 Onias Il (250).
entre 18 et 19, tient peut-être au rôle 39. Simon II (217), père des quatre sui
honteux qu'il a joué sous Achaz, 2 Rois VaIltS. -
Un seul acte de ce genre paraît indiqué, firent partie de la liturgie publique après
Deut. 26, 13., comme souvenir d'actions le retour de la captivité. Le peuple #
de grâces pour les récoltes, mais ce n'est tait dehors en prière pendant le sacrifice,
qu'en passant, et l'on peut y voir une Luc 1, 10., soit en gardant le silence du
profession de foi, une reconnaisance des recueillement, soit en se joignant aux
droits de Dieu comme propriétaire du prières du sacrificateur. Le plus bel
sol, aussi bien qu'une prière. Cette grave exemple que l'Ancien Testament ait con
lacune dans l'organisation du culte juif, servé d'une prière officielle, est celle que
cet oubli de Moïse serait étrange, si par prononça le roi Salomon lors de la dédi
son étrangeté même il ne laissait pas en cace du temple, 1 Rois 8, 22.; plusieurs
trevoir une intention bien marquée, bien des psaumes de David sont également
positive et réfléchie. On sent que Moïse des prières , et ils étaient destinés au
n'a pu oublier la prière, et il n'est pas culte public.
difficile de se rendre compte des motifs L'Ancien Testament, et surtout l'his
qui l'ont empêché de la prescrire au peu toire des anciens temps de la nation juive,
ple. C'est précisément parce qu'il savait ne nous fournit pas beaucoup d'exemples
ce que c'est que la prière, qu'il n'a pu de prières particulières, et c'est assez fa
songer à en faire l'objet d'ordonnances cile à comprendre : la vie particulière de
spéciales. La prière ne se commande pas, chacun appartient peu à l'histoire. Il ré
et le Juif pieux devait puiser dans son sulte cependant de Es. 1, 15. (et cela ré
cœur des actions de grâces pour le Dieu sulterait déjà de la nature des choses), que
qui l'avait tiré d'Egypte, et cette con la prière était un des actes ordinaires du
fiance en lui qui porte à la prière : la culte individuel ; v. aussi 1 Rois 18, 42.
prière ne pouvait être que naturelle chez Plus tard, vers les temps de l'exil, depuis
lui ; elle ne pouvait au contraire exister l'exil, et aux jours de Jésus-Christ, à me
pour celui qui n'avait ni reconnaissance, sure que l'histoire des temps et des hom
ni amour, ni foi , et la lui imposer, com mes prend un caractère plus biographi
me on imposait à tous des purifications, que, et dêtaillé , on trouve des mentions
des ablutions, Ou des sacrifices, c'eût été plus fréquentes de la prière individuelle ;
n'en faire plus qu'une formalité, une cé Néhémie en est un exemple frappant,ainsi
rémonie, un opus operatum. Moïse laissa que Daniel, David déjà dans plusieurs de
à la prière son caractère de spontanéité ses psaumes, et d'autres encore. La prière
pour le culte particulier comme pour le et le jeûne étaient devenus deux des ca
culte public, et ne régla rien de ce qui la ractères les plus saillants de la vie reli
concernait, parce qu'il n'y avait rien à gieuse de chacun, Tobie 12, 8. Judith 4,
régler. Les lsraélites récitèrent peut-être 12. On invoquait le secours de Dieu avant
moins de prières, mais ils prièrent da de se mettre en voyage, avant une décla
vantage.Au dire de quelques rabbins, les ration de guerre, avant une bataille, en
sacrifices journaliers qui se faisaient ma général avant de commencer une entre
tin et soir dans le temple, auraient été, prise quelconque un peu importante, 4
même avant l'exil, accompagnés de priè Macc. 5, 33. 11, 71.2 Macc. 15, 26. cf. 8,
res, et quoiqu'on ne puisse guère regar 29. Judith 13, 7. Act. 9, 40. D'ordinaire
der cet usage comme fort ancien, l'on on se recueillait trois fois le jour pour
trouve cependant en effet quelques traces adresser à Dieu une prière spéciale, indé
de son existence, 1 Chr. 23, 30. cf. Néh. pendamment de la prière continuelle d'un
11, 17. Après l'exil, l'usage semble en cœur pieux, Dan. 6, 10. Ps. 55, 17. Les
être devenu plus ordinaire ; Esdras a heures fixées étaient : le moment du sacri
composé, dit-on, dix-huit prières, aux fice du matin dans le temple, la troisième
quelles Gamaliel en a joint une dix-neu heure du jour, 9 heures d'après notre
vième, et toutes célèbrent Dieu, en le glo manière de calculer le temps , la sixième,
rifiant et le suppliant : quoi qu'il en soit ou midi, le milieu du jour , et la neuviè
de l'authenticité de ces prières plus que me, ou 3 heures de l'après-midi, lors
douteuses, plusieurs sont belles, et elles qu'on offrait le sacrifice du soir, Actes 2,
PRI 232 PRI
15. 3, 1. 10, 9.30. On prononçait aussi qu'ils invoquaient; on le voit par Dan.
avant et après chaque repas une prière 6, 10.2 Chr. 6,34.1 Rois8,44. cf. Ps. 5,
d'actions de grâces, Matth. 15, 36. Jean 7.; les Samaritains se tournaient vers le
6, 11. Act. 27, 35. Les pharisiens et les mont Guérizim. Quant à la posture, elle
esséens tenaient beaucoup à la prière, n'importait pas plus que le reste ; elle
mais les premiers s'y livraient avec une était dictée par les besoins de l'âme, et
ostentation qui est sévèrement blâmée ne se commandait pas; on se tenait de
par notre Seigneur, Matth. 6, 5. 7., et bout ordinairement, 1 Sam. 1, 26. 1 Rois
l'oraison dominicale qu'il donne pour 8, 22. Dan. 9, 20. Matth. 6, 5. Marc 11,
modèle à ses disciples est, par Sa riche 25. Luc 18, 11. Dans l'humiliation, ou
brièveté, une censure des longues et vai dans de plus vifs sentiments de piété et
nes redites que les pharisiens avaient in de besoin, on s'agenouillait, 2 Chr. 6, 13.
ventées, et qu'ils avaient enseignées à 1 Rois 8, 54. Esd. 9, 3. Dan. 6, 10. Luc
leurs sectateurs. On voit par Luc 11, 1., 22, 41.Act. 9, 40.; quelquefois même on
que Jean-Baptiste avait aussi donné à ses se prosternait en terre dans de grandes
disciples des modèles de prières toutes douleurs, Néh. 8, 6. Judith 9, 1. Matth.
faites, et Jésus eut moins dans l'esprit de 26, 39. Tantôt on élevait vers le ciel ses
donner aux siens une prière à réciter, mains après les avoir lavées, 1 Rois 8,
qu'un exemple de prière chrétienne, et 22. Néh. 8, 6. Lam. 2, 19. 3, 41. 2 Macc.
l'idée de la marche à suivre, des deman 3, 20., et saint Paul, insistant sur la né
des à faire, de l'esprit qui doit régner cessité d'une purification spirituelle re
dans l'âme lorsqu'elle s'élève à Dieu. L'o- présentée par la purification matérielle,
raison dominicale est en plusieurs points veut que celui qui prie élève vers Dieu
l'abrégé d'une prière qui se prononçait des mains pures, 1 Timoth. 2, 8. (Qui
dans les synagogues, et qui selon toute cunque manibus sordidis orat , mortis
apparence fut composée pendant la capti reus est, dit un rabbin ; cf. aussi Odyss.
vité , elle commençait ainsi : O Dieu, que 2, 261.); d'autres fois on étendait les
ton nom soit magnifié et sanctifié dans le mains, Es. 1, 15., ou bien on les croi
monde que tu as créé selon ton bon plai sait sur la poitrine en se frappant, Luc
sir; fais régner ton règne ; que la ré 18, 13.; on baissait la tête en signe d'hu
demption fleurisse, que le Messie vienne miliation; on la plaçait entre ses genoux,
promptement et que son nom soit célé ce qui ne se faisait que dans un grand
bré, etc. Le peuple répondait Amen. deuil, ou dans une fervente prière, 1 Rois
Les Israélites choisissaient, pour prier, 18, 42.
des endroits retirés et solitaires, dans L'intercession, la prière pour d'autres
leurs maisons des cabinets particuliers, que pour soi, étaient fréquentes, et l'on
une chambre haute, le toit; dans la cam voit souvent des personnes se recom
pagne, ils montaient, lorsque cela pouvait mander à d'autres, notamment à des hom
se faire, sur une petite hauteur ; à Jéru mes connus par leur sainteté , on atta
salem, ils se rendaient volontiers dans les chait à leurs prières une importance quel
parvis du temple ; et d'après les rabbins, quefois exagérée, cf. Gen. 20, 7.17. Ex.
mais cela a une couleur toute formaliste, 32, 1 1. 1 Rois 17, 20.2 Cor. 1, 11. Phil.
celui que l'heure de la prière surprenait 1, 19. 1 Timoth. 2, 1.1 Thess. 5, 25.2
au milieu de son chemin, s'arrêtait tout Thess. 3, M. Hébr. 13, 18. Jacq. 5, 16.
court pour remplir son devoir; cf. Matth. Notre Seigneur lui-même nous a donné
6, 6. 14, 23. Marc 6, 46. Luc 6, 12. 18, l'exemple de l'intercession dans sa prière
10. Act. 1, 13. 3, 1. 10, 9. Dan. 6, 11. sacerdotale, comme nous voyons aussi
Judith 8, 5. Tobie 3, 11. cf. 1 Rois 18, que l'Esprit prie pour nous par des sou
42. Es. 56, 7. ll paraît que c'était une pirs qui ne se peuvent exprimer, Jean
habitude assez ordinaire aux Juifs, quoi 17, Rom. 8, 25. Deux espèces d'interces
que ce ne fût point une obligation, de sions , en usage dans l'Eglise romaine,
tourner leur visage vers la sainte mon sont les seules défendues et inutiles, celle
tagne où Se trouvait le Sanctuaire du Dieu des vivants pour les morts, celle des morts
PRI 233 PRl
pour les vivants; elles ne reposent sur de secte de la chrétienté, d'être ainsi
aucun précepte de la parole de Dieu , et descendue au-dessous du judaïsme, au
sont contraires à tout son esprit. La pre niveau, même au-dessous du mahomé
mière cherche à s'appuyer d'un passage tisme, et ce reproche qui tombe, non point'
apocryphe , 2 Macc. 12, 43., où nous sur tous ses prêtres, ni sur tous ses fi
voyons Judas Maccabée offrir un sacri dèles, mais sur tout son système, suffit à
fice pour des soldats morts, qui avaient lui seul pour le caractériser et le stigma
violé la loi par une espèce de sacrilége, tiser. - ,
un temps plus ou moins long de jachère, quelquefois aussi les pieds et le cou, Job
et une diminution dans le revenu. 13, 27. 33, 11. Act. 16, 24., quelquefois
Sous les rois, alors que par l'accumu encore les pieds et les mains; ils étaient
lation des richesses entre certaines mains, traités comme le sont les esclaves dans
la pauvreté, qui devait être inconnue dans les colonies où l'êmancipation n'a pas en
le pays, avait fini par se montrer, la pri core eu lieu : Jérémie fut mis aux ceps,
son put être aussi substituée à l'amende, 20, 2. Une nourriture maigre et rare
mais ce ne fut pas législativement; ce fut était une aggravation de peine , 2 Chr.
plutôt arbitrairement, sous de méchants 18, 26. Simhi est un exemple d'arrêts
rois, et contre des hommes de Dieu trop privés, 1 Rois 2, 37. - On peut conclure
libres dans leurs censures, 2 Chr. 16, 10. de Matth. 25, 36. cf. Jér. 32, 8., que les
Jér. 20, 2. 32, 2. 33, 1. 37, 15. Après visites aux prisonniers étaient, en Orient,
l'exil, elle devint beaucoup plus habi moins difficiles, moins entourées de for
tuelle, notamment sous la domination malités qu'elles ne le sont chez nous. "
étrangère, Matth. 11, 2. Luc 3, 20., et on PROCHORE n'est connu que pour avoir
l'appliqua soit à ce que les Juifs appe été l'un des sept premiers diacres, Act.
laient des délits religieux, la prédication 6, 5. D'après Dorothée, après avoir été
de l'Evangile, Act. 5, 18.21.8, 3. 12, 4. l'un des soixante-dix disciples, il serait
22, 4. 26, 10., soit à l'insolvabilité des devenu plus tard évêque de Nicomédie en
débiteurs, Matth. 18, 30. Bithynie. -
indiquer, si l'on peut se hasarder sur le C'est à tort qu'on a voulu conclure de
terrain des hypothèses, un état prophé Act. 3, 24., que le ministère prophétique
tique plus habituel, le dernier, quelque ne datait que des jours de Samuel, com
chose de plus temporaire, en quelque me aussi l'on a donné aux écoles dont ce
sorte de plus accidentel; l'un est celui prophète était le chef, peut-être le fon
qui voit, qui a pour ainsi dire la vue pro dateur, une importance qu'elles n'avaient
phétique, l'autre, c'est celui qui a quel point, et une organisation trop compli
quefois des visions. L'expression nâbi, quée, dont les détails ne reposent d'ail
celui qui parle, qui se répand en paroles, leurs que sur des hypothèses : le passa
est celle qui caractérise le mieux la mis ge 1 Sam. 2, 27., suffit à montrer que,
sion du prophète, et son activité compa même aux jours de Samuel, on voyait
rée à celle du sacerdoce. En effet, le prê des hommes inspirés de Dieu, indépen
tre ne parlait pas, ou du moins, chez lui dants de l'action de ce prophète, et avant
la parole était subordonnée à l'accomplis que son ministère public eût commencé.
sement des cérémonies du culte; son mi La vision et la prophétie dont parle
nistère était éminemment symbolique, cf. Daniel, 9, 24., remontent aux premiers
Lév. 10,10.11. Le prophète, au contraire, âges du monde, et si à cause de l'obscu
parlait. Et il se distinguait d'autres hom rité de leur foi, l'on veut contester à
mes de Dieu, pieux, sages et savants, en Enoch, à Noé, à Abraham, à Jacob le titre
ce qu'il ne proposait pas ses propres de prophètes, on ne pourra du moins pas
idées, mais que ce qu'il disait lui était méconnaître que Moïse et Marie ne l'aient
communiqué immédiatement de Dieu 1par
- - - !
mérité, Evidemment un esprit et une vie
· · · - "
PR(); 238 PR0,
prophétiquesſont présidé à la formation une chaîne non interrompue, comme s'ils
du système théocratique, et pendant cette devaient remplacer une sacrificature qui
période cet esprit a soufflé sur plusieurs, n'existe pas : Elie consacre solennelle
comme l' importance des temps le ferait ment son successeur, 1 Rois, 19, 16., et
déjà supp0ser, et comme le prouvent des C'est sOus les yeux des prophètes que la
passages tels que Nomb. 11, et Deut. 13. portion pieuse du peuple célèbre les fêtes
Sous les juges quelques Voix prophéti de la loi ; c'est entre leurs mains qu'ils
ques se font entendre encore, mais elles déposent les offrandes dues aux prêtres,
sont isolées, 1 Sam. 3, 1. Le cantique de 2 Rois 4, 23.42. Jérico, Béthel , Guilgal,
Débora est un écho des beaux temps qui et d'autres lieux qui étaient saints avant
ne sont plus , les autres oracles ne sont que le tabernacle eût été fixé à Jérusalem,
ue des annonces de châtiments; les pro SOnt leurs demeures habituelles. Ils sont
êtes ne sont pas nommés, Jug. 2, 1-5. pour lsraël un souvenir des temps pas
6, 8. 1 Sam. 2, 27, La conquête de Ca sés, et les fonctions qu'ils remplissent
naan avait tourné les cœurs vers la pos tendent à faire revivre la loi dans les
session des biens de la terre , des juges cœurs, et à rappeler l'image de Dieu.
avaient remplacé les prophètes. - Une Telle est jusqu'à la fin, et même pendant
époque nouvelle commence avec Samuel ; la captivité, leur mission de paix et de
sa naissance, son éducation, sa destinée, sainteté, de lumière et de vérité. Mais
les grâces que Dieu lui accorde, les or elle doit s'étendre au-delà du moment
dres qu'il lui donne, font de lui un nou présent ; l'impiété gagne du terrain, les
veau législateur, un second Moïse, Jér. cœurs se durcissent, et les prophètes
15, 1. Ps. 99, 6.; il doit montrer que la dont les paroles ne sont plus écoutées
conduite extérieure du peuple de l'allian de leurs contemporains, doivent annon
ce ne peut reposer que sur une base in cer des châtiments et Servir de témoins
térieure et morale. ll prépare la prospé aux générations suivantes ; leurs oracles
rité que le culte et la royauté atteignent sont déposés par écrit : ils serviront de
sous David et sous Salomon. Il rompt en commentaire à la loi quand le jour sera
visière avec la sacrificature corrompue de venu ; la littérature prophétique prend
la famille d'Héli, qui ne tarde pas à être naissance. v. pour les détails les diffé
réorganisée en rentrant dans la branche rents articles.
aînée. Saül mérite par moments le titre C'est vers le neuvième siècle avant
de nâbi, Gad et Nathan sont la continua Christ que commence ce qu'on peut ap
tion de Samuel, et tous ensemble contri peler dans le sens le plus restreint du
buent à remettre la royauté entre des mot, la littérature prophétique. Cepen
mains aimées de Dieu.— Le schisme d'Is dant les prophètes écrivaient même avant
raël, et la division en deux royaumes, est ce temps, mais ils s'adonnaient surtout à
une crise dans la vie du peuple, par con des ouvrages historiques : comme ils par
séquent une époque nouvelle dans l'ac laient pour le présent, ils écrivaient aussi
tivité prophétique. Les hommes de Dieu pour le présent. Lorsqu'ils parlèrent pour
ont pour mission de faire envisager cette l'avenir, leurs écrits prirent un caractère
catastrophe sous son vrai point de vue. analogue, et il faut remarquer avec quel
La maison de David a les promesses, soin ils rappellent souvent que c'est par
mais une grande partie de son territoire la volonté de Dieu, d'après son ordre,
est donnée à Jéroboam, qui la conservera qu'ils déposent leurs prophéties par écrit,
avec la bénédiction de l'Eternel s'il mar Jér. 29, 4. 30, 2. 3. 36, 1. Es. 8, 1-16.
che dans la piété, lui et ses descendants, 30, 8. Dan. 7, 1. 12, 4.9.; leur intention
1 Rois 11, 29-39. Cet oracle d'Ahija est formelle était donc que leurs oracles fus
le thème de tous ceux qui se reprodui Sent soigneusement conservés, et on les
sent dans le cours de cette période, 1 réunit au fur et à mesure qu'ils les pro
Rois 12, 15. 13, 1.sq. 14, 7.2 Chr. 11, 2. nonçaient , au recueil des livres histori
Dans le royaume des dix tribus les pro ques existants. Il est aisé de reconnaître
phètes forment presque une corporation, que la collection des prophètes, et no
PRO ! 239 PR0
tamment des douze petits prophètes, est grands et les douze petits prophètes, d'au
arrangée chronologiquement, sauf quel tres, comme nous l'avons vu, doivent être
ques détails (nous parlons de l'ordre des comptés : Enoch, Noé, Abraham, Isaac,
livres dans le canon hébreu) : quant aux Jacob, Moïse, Aaron, Josuê, Job, Débo
différents oracles d'un mème prophète, ra, Nathan, David, Gad, Jiddo, Jéduthun,
cet ordre n'existe pas toujours, et Jéré Elie, Elisée, les apôtres, les évangélistes
mie offre de nombreux exemples de mor Philippe, Etienne, Barnabas, etc. Clé
ceaux transposés ; on y reconnaît plutôt ment d'Alexandrie, Strom. I, en a voulu
un ordre des matières et des sujets, qu'un compter dans l'Ancien Testament cinq
ordre des temps ; cela se voit pareille avant Moïse, trente-cinq depuis Moïse et
ment, et d'une manière frappante, chez cinq prophétesses. Epiphanes en compte
les petits prophêtes. soixante-treize outre dix prophétesses,
La question de l'inspiration des pro tant dans l'Ancien que dans le Nouveau
phètes, du mode et du degré de cette Testament; mais ces calculs sont incom
inspiration, appartient à la dogmatique, plets et arbitraires. - " , ! * !
de même que la question, plus grave en L'étude des prophéties, bien négligée
core, du degrê de cette inspiration chez par beaucoup de chrétiens, est un de
les saints hommes de Dieu qui ne sont voir; rien ne peut nous en dispenser, ni
pas ordinairement considérés comme pro l'obscurité des oracles non accomplis, ni
phètes. Nous restons dans les limites de la pensée que d'autres parties de l'Ecri
notre travail en rappelant les faits sui ture nous offrent une nourriture plus fa
vants. 1° Toute l'Ecriture est divinement cile et en quelque sorte une lecture plus
inspirée, 2 Timothée 3, 16. (peu importe, édifiante. La meilleure nourriture de l'â-
quelque traduction que l'on donne de ce me, c'est l'obéissance, c'est de faire la vo
passage). - 2° Aucune prophétie ne pro lonté de Dieu, et plus la tâche est ardue,
cède d'aucun mouvement particulier....., plus le Seigneur est près de nous. On
mais les saints hommes de Dieu, étant exagère d'ailleurs les difficultés de cette
poussés par le saint Esprit, ont parlé, 2 étude, et l'on oublie que trop souvent
Pierre 1, 20.21. — 3° Il n'est fait nulle la première cause de cette obscurité vient
part ni réserve, ni restriction, ni excep de ce qu'on n'étudie pas, de ce qu'on ne
tion à l'inspiration des livres de l'Ecriture, lit pas, ou de ce qu'on lit mal et avec in
ni différence quant à la nature de cette différence. Il faut avouer, qu'en français,
inspiration. — 4° Les difficultés ne sont nous ne possédons que peu d'ouvrages
jamais des objections en présence d'un qui puissent aider à la lecture des pro
principe reconnujuste. — 5° L'individua phètes (dans le nombre, quelques publi
lité qu'on remarque chez les historiens et cations de MM. Digby, Darby, Basset,
chez les auteurs dogmatiques, se remar Vivien, Barbey, Fivaz, Gaussen, Newton,
que également chez les prophètes. — 6° l'histoire ecclésiastique de M. Guers, etc.),
Quantaux prophètes en particulier, comme et en outre, que cette portion des études
ils revendiquent pour eux-mêmes une ins théologiques est complétement perdue de
piration pleine et entière, ou plutôt, com vue dans l'éducation de ceux qui se des
me ils ne donnent jamais leurs paroles tinent au ministère de la parole ; il devrait
comme les leurs, mais comme celles de y avoir des cours de Prophétique comme
l'Eternel, on ne peut méconnaître ce ca ilyades cours d'Apologétique,de Polémi
ractère de leur inspiration sans leur re que, etc., et s'il est vrai qu'à propos d'Es
fuser en même temps toute créance. — chatologie on dise quelques mots de mil
v. la Théopneustie de M. Gaussen. lénium, etc., ce n'est guère, et ce ne peut
Quant au nombre des prophètes, com être que d'une manière fort superficielle,
me il y a beaucoup d'arbitraire dans l'i- parce que l'étude de la prophétie forme
dée qu'on s'est faite de cette charge, il tout un ensemble dont il est impossible
y a eu également des différences dans les de traiter un détail isolément. Mais n'ou
listes qu'on a faites des hommes et des blions pas que c'est par la prophétie que
femmes qui l'ont remplie. Outre les quatre la prophétie s'éclaircit, comme la Bible
PRO 240 PRO
par la Bible, et que la plus ou moins n'étaient pas considérés comme Juifs, ce
grande abondance de livres ou de secours pendant ils n'étaient déjà plus païens; ils
humains ne doit ni ne peut augmenter ou formaient une espèce de classe intermé
diminuer pour nous le devoir de sonder diaire; ils étaient encore impurs, mais pas
les prophéties. v. Apocalypse. assez pour que des rapports avec eux fus
— L'Ecriture donne quelquefois le nom sent de nature à souiller les Juifs. Leur
de prophètes à des personnages qui ne le nom venait de ce qu'ils avaient le droit
méritent pas dans le sens religieux du mot, de demeurer dans le pays et chez les Hé
à des imposteurs, à de faux prophètes, à breux; ils étaient appelés : « l'étranger
des poètes païens ; dans ces cas elle ne qui est dans tes portes, » Ex. 20, 10., etc.
fait que se conformer soit à l'usage, soit cf. Lév. 25, 47. En bornant provisoire
aux prétentions de ceux qui revendi ment ses exigences à l'observation des
quaient un titre qu'une foule aveuglée commandements noachiques, la loi avait
leur laissait prendre sans contestation. peut-être pour but de leur frayer douce
PROPOSITION (pains de). v. Pain. ment et sans les effaroucher, la voie à l'ac
PROSELYTES, nom grec qui signifie ceptation pleine et entière du judaïsme.
étranger, comme l'hébreu ger. C'est le C'est des prosélytes de la porte qu'il s'a-
nom par lequel les Juifs désignaient les git probablement lorsqu'il est parlé de
gentils qui s'étaient convertis au judaïs prosélytes qui servaient ou qui craignaient
me. On distinguait, d'après les rabbins, Dieu, Act. 13, 43. 16, 14. 17, 4. 17. 18,
deux espèces, ou deux degrés de prosé 7., etc. Le syrien Naaman, le général Né
lytes : ceux de la porte, et ceux de la jus buzar Addan, l'eunuque de Candace, le
tice. centenier Corneille, et d'autres encore,
a) Les prosélytes de la porte étaient ces appartenaient probablement à cette classe
étrangers, esclaves ou libres, qui, pour de prosélytes.
avoir le droit de résider en Palestine au b) Les prosélytes de la justice deve
milieu des Israélites, étaient obligés d'a- naient de vrais Juifs; ils s'engageaient à
dorer le vrai Dieu et de souscrire aux sept recevoir la circoncision , et à observer
préceptes donnés à Noé, lesquels compre tous les usages et toutes les lois de l'al
naient, au dire des rabbins, le droit na liance divine : ils étaient solennellement
turel commun à tous les hommes indiffé admis dans la théocratie, et on les appe
remment. Ces préceptes défendaient le lait de parfaits Israélites. La circoncision,
blasphème contre Dieu, le culte des astres le baptême, et une offrande (pour les
et des divinités étrangères, la désobéis femmes le baptême et l'offrande seule
sance aux magistrats, l'inceste et les ment), étaient les cérémonies de la ré
crimes contre nature, le meurtre, le vol ception. Le baptême s'administrait après
et le manger de viandes sanglantes ou de que la plaie de la circoncision était gué
bêtes étouffées (cf. Act. 15, 20.29.21, rie; on plongeait tout le corps dans un
25.). Rien ne prouve que ces préceptes bassin d'eau en présence de trois juges
aient été donnés à Noé, et l'on n'en trouve appelés comme témoins, car cet acte était
aucune trace, ni dans l'Ancien, ni dans considéré comme appartenant à l'ordre
le Nouveau Testament, ni chez Josèphe, judiciaire : cette cérémonie ne se réitérait
ni dans Philon, Onkélos, Origène, Jé jamais ni à l'égard du prosélyte , lors
rôme, ni dans aucun des Pères. Ces pré même qu'il aurait apostasié depuis sa con
ceptes sont connus d'ancienneté, mais version, ni à l'égard de ses enfants, à
leur origine noachique n'est rien moins moins qu'ils ne fussent nés d'une mère
qu'assurée. Quoi qu'il en soit, les prosé païenne, auquel cas on les baptisait com
lytes de la porte étaient tenus de les ob me païens de naissance; car on partait de
server, et à ces conditions ils pouvaient l'idée, si généralement admise partout,
non-seulement habiter dans le pays, mais excepté chez les peuples très civilisés,
encore travailler comme manœuvres pour qui cependant seraient le mieux en po
le service du temple et de la religion, Ex. sition de l'admettre , que l'enfant suit la
12, 19. Lév. 17, 12. 24, 16. Ez. 14, 7. lls condition de sa mère : partus sequitur
PRO 241 PR0
tinés au culte public. Souvent le roi-pro genre : on les trouvera dans l'Introduc
phète ne chante que ses propres impres tion de Horne, dans l'ouvrage anglais,
sions, celles du moment, l'effet que pro Companion to the Bible (trad. par Mme
duit sur lui la pensée de Dieu contemplé Rilliet-Constant), et dans plusieurs com
dans ses ouvrages, ou celle des dispen mentaires français sur les Psaumes. La
sations de Dieu à l'égard de ses enfants, Polyglotte française de Bagster, et la Con
et de ses ennemis ; ailleurs il se réjouit cordance de Mackenzie, indiquent aussi
dans l'attente d'un Sauveur, et dans la l'ordre chronologique. t ,!
premiers ont été traduits par Marot, les Vrit une sOus un hangar attenant à la mai
Cent autres par Théodore de Bèze (Crot son, dans laquelle il trouva des pots de
tet, Chronique prot., p. 130). Le dernier terre , quelques épis de maïs, un mor
essai qui a été fait en ce genre, est la ceau de sel gemme et plusieurs ustensiles
traduction de M. Malan , publiée sous le de ménage. » Xavier De Maistre, les Pri
titre de Chants d'Israël. La réputation sonniers du Caucase.
des Chants de Sion, du même auteur, a PUL, ou Phul, 2 Rois 15, 19., le pre
jeté de l'ombre sur son dernier recueil. mier roi d'Assyrie dont il soit parlé dans
- On peut recommander aussi les tra la Bible. Il envahit Israël sous le règne
ductions en prose de Vivien, et de Per de Ménahem, peut-être pour venger les
ret-Gentil. revers que l'Assyrie avait éprouvés sous
PTOLEMAIS. v. Hacco. Jéroboam II , mais un tribut de 1,000 ta
PUBLIUS, gouverneur de Malte, lors lents, que Ménahem perçut sur les plus
que saint Paul fut jeté sur les côtes de riches de son royaume, apaisa le roi
l'île par un naufrage, Act. 28, 7.8. Il ne conquérant, qui l'affermit sur le trône
demeurait pas loin du lieu où le navire qu'il venait d'usurper par la violence et
avait échoué, et il fut des premiers à le meurtre. Pul devait voir avec joie le
pourvoiraux besoins de Paul et des siens, renversement de la 5° dynastie, qui l'a-
qui trouvèrent dans sa maison , pendant vait vaincu, et il croyait laver sa honte en
les trois premiers jours, une hospitalité appuyantl'avénement d'une dynastie nou
que Publius continua sans doute jusqu'à velle. Il ne laissa pas cependant que d'em
la fin à l'apôtre qui avait guéri son père mener en captivité les habitants des tri
d'une maladie dangereuse. — Saint Luc bus transjourdaines, 1 Chr. 5, 26. On
donne au gouverneur de Malte le titre de pense que Pul est l'Anacindaraxès ou
premier ou de principal, que l'on a re Anabaxarès des historiens profanes, le
trouvé dans une inscription antique,com père de Sardanapale, appelé, selon la
me désignant la charge du magistrat coutume des Orientaux, Sardan-Pul, c'est
exerçant dans cette île l'autorité suprême. à-dire Sardan, fils de Pul (Calmet, Bos
PUDENS, 2 Timoth. 4, 21. Inconnu. suet); cette opinion est peu probable. On
v. Claudia. ajoute que Pul est ce roi de Ninive qui
PUHA , Ex. 1, 15., v. Siphra. fit pénitence avec tout son peuple à la
PUlTS. v. Citernes, et Maisons. Ils prédication de Jonas, et si l'on se rap
servaient souvent de retraites ou de ma pelle que Jonas était contemporain de Jé
gasins, et cet usage s'est conservé chez roboam II, on peut croire que, dans sa
plusieurs peuples et peuplades del'Orient. jeunesse, Pul a entendu la voix du pr0
« Les habitants du Caucase qui, pour la phète. D'autres croient que Pul est Sar
plupart, sont à demi nomades et souvent danapale lui-même ; d'autres enfin qu'il
exposés aux incursions de leurs voisins, fut son fils et successeur, Sardanapale ll.
ont toujours, auprès de leurs maisons, Le nom de Sardanapale, en caldéen, si
des souterrains dans lesquels ils cachent gnifie encore : donné de Dieu.
leurs provisions et leurs effets. Ces ma 2° Pul, Es. 66, 19., peuplade nommée
gasins, de la forme d'un puits étroit, sont à côté de Lud, au milieu d'autres contrées
fermés avec une planche, ou une large éloignées d'Israël. Bochart pense à la pe
pierre recouverte soigneusement de terre, tite île de Philœ située sur le Nil, entre
et sont toujours placés dans des endroits l'Egypte et l'Ethiopie, au sud d'Eléphan
où le gazon manque, de peur que la cou tine , et commune aux habitants de ces
leur de l'herbe ne trahisse le dépôt. Mal deux pays, Strab. 17, 818. Diod. de Si
gré ces précautions, les soldats russes cile 1, 22. Plin. 5, 10. La position de Cette
les découvrent souvent ; ils frappent la île frontière cadrerait assez bien avec le
terre avec la baguette de leurs fusils, CODteXte. | |
dans les sentiers battus qui sont près des PUNITIONS. v. Peines, et Châtiments.
habitations, et le son leur indique les ca PURAH, Jug. 7, 10, 41., serviteur de
vités qu'ils recherchent. Ivan en décou Gédéon, choisi de Dieu pour accompa
PUR 251 PUR
gner son maître jusqu'aux avant-postes des cuves spéciales, destinées à ces lus
des Madianites, et partager ses dangers. trations , étaient placées dans les parvis'
PURETÉ , Purifications. La malpro du temple. ». Prêtres.
preté du corps est plus commune et plus Les idées de pureté et de souillure por
dangereuse dans les pays chauds de l'O- taient sur les animaux et sur les chOses,
rient, que dans nos climats froids ou tem aussi bien que sur les personnes. Cer
pérés, plus ordinaire parce qu'elle résulte tains animaux étaient déclarés impurs par
de la transpiration, plus dangereuse parce la loi, et il était défendu d'en manger.
qu'elle engendre facilement ces maladies Les habits, les maisons, les lits, et quel
de la peau dont la lèpre est le dernier ques ustensiles de ménage, étaient sus
terme. De là ces nombreux usages et ob ceptibles de certaines impuretés, et il
servances des Orientaux, ces préceptes était défendu de s'en servir aussi long
de leurs lois , cette sanction que leurs temps qu'ils n'avaient pas été purifiés; on
religions donnent aux habitudes de pro appelait encore impures, d'une manière
preté pour leur imprimer un caractère générale, toutes les choses dont les Israé
d'impérieuse mécessité. — Comme tous lites ne pouvaient user ou s'approcher
les peuples de l'Orient, comme les Egyp sans être souillés. Les motifs qui avaient
tiens en particulier (Hérodot. 2, 37.), les dicté au législateur ces interdictions é
lsraélites ont eu des lois de propreté taient, la plupart, fondés sur la nature
qui étaient tout ensemble pour eux, des même des choses; ils étaient à la fois
lois sanitaires et des lois morales; Maho hygiéniques, politiques, symboliques et
met les leur a presque toutes emprun religieux, et ne tenaient, ni les uns ni les
tées. Les ablutions et le bain étaient na autres, exclusivement de l'un de ces ca
turellement au premier rang de ces me ractères pris à part. Prévenir certaines
sures ; on se baignait notamment lors maladies , isoler le peuple des peuples
qu'on se disposait à visiter un supérieur, voisins, lui rappeler la pureté du cœur, et
Ruth 3, 3. Judith 10, 3. On fut particu le maintenir dans la dépendance de l'E-
lièrement exact à observer toutes ces ternel, tel était le but de la loi de Moïse,
formalités dans la période qui suivit l'exil, et chacune de ses prescriptions sur la
et les pharisiens s'étaient fait, à cet égard, pureté légale et sur les purifications, ten
une réputation de minutie qui touchait au dait au même résultat. On peut dire que
ridicule pour les petites choses, et qui les défenses sur le toucher ou sur le
était bien loin d'être méritée pour les manger étaient toutes fondées, sans au
plus importantes, Matth. 15, 2. Marc 7, cun caractère arbitraire, sur des impu
3. Luc 11, 38. retés réelles, sur une insalubrité consta
La propreté du corps étant le symbole, tée, et sur un dégoût naturel à l'homme
bien souvent méconnu, de la pureté in pour les objets dont il avait à s'abstenir ;
térieure, il en résultait pour le culte, d'a- ainsi les cadavres des animaux ou des
bord que personne ne pouvait se présen hommes, Nomb. 19, 11., les maisons et
ter dans le temple ou dans une synago les vêtements atteints de la lèpre, les lé
gue, ni remplir un acte de culte quelcon preux, les hommes et les femmes souillés
que, prière ou sacrifice, sans s'être au de diverses infirmités, dont plusieurs
paravant lavé, ou même baigné, suivant étaient une suite du péché , Lév. 11-15,
l'importance de ce qu'il allait faire, 1 Sam. Nomb. 19, les femmes nouvellement ac
46, 5. cf. Jos. 3, 5.2 Chr. 30, 17. Ex. couchées, etc. A l'exception des animaux
19, 10. Il en résultait ensuite que cette dont la chair était impure, mais que l'on
ptireté extérieure était plus rigoureuse pouvait cependant toucher sans en être
ment exigée à mesure qu'on avait le droit souillé, le contact avec les personnes ou
d'approcher de plus près de l'Eternel, et objets qui viennent d'être énumérés, suf
que les prêtres, à leur entrée en fonc fisait pour procurer une souillure plus ou
tions, ou lorsqu'ils étaient sur le point moins longue : dans plusieurs cas, celui
de vaquer à certains offices, devaient se qui était devenu impur communiquait son
purifier avec soin, Ex. 29, 4. Lév. 8, 6.; impureté à ceux qui l'approchaient et à
PUR 252 PUR
ce qu'il totichait; dans d'autres, sa souil au septième jour, il se lavait et se rasait
lure demeurait individuelle,
et n'était pas de nouveau; puis au huitième, après avoir
contagieuse. On peut voir, aux articles offert deux agneaux et une brebis d'un an
spéciaux, quelques détails sur les prin sans tare, avec de l'huile et trois dixièmes
cipales causes d'impureté légale; nous de fine farine, il se présentait devant le
rappellerons seulement encore la souil sacrificateur, qui le touchait avec du sang
lure que la loi imposait, en les obligeant en trois endroits et répandait de l'huile
de la contracter, à ceux qui sacrifiaient sur sa tète, faisant propitiation pour lui
la vache rousse, et qui en répandaient les dêvant l'Eternel. Un holocauste était of
cendres, Nomb. 19, et à ceux qui devaient fert, et le lépreux purifié recouvrait toute
conduire au désert le bouc Hazazel, et la pureté légale. -
brûler au feu la chair des deux victimes · Celui qui était dans un état d'impureté
pour le péché, dans le jour des expia légale était exclu du culte, des repas eu
tions, Lév. 16, 26. 28. Cette dernière charistiques, et de la libre communication
souillure était la moindre de toutes, et il avec les autres Hébreux. Son état ne
suffisait de se baigner et de laver ses vê constituait pas un délit, pourvu qu'il fît
tements pour en être immédiatement pu ce qui dépendait de lui pour le faire ces
rifié. ser, mais s'il restait volontairement im
· Dans la plupart des cas, les souillures pur, s'il cachait son état, ou s'il en bra
contractées duraient, les moindres un vait les conséquences, il devenait d'au
jour, c'est-à-dire jusqu'au soir, les autres tant plus criminel que la loi, plus facile à
sept jours, ou une semaine; les habits violer, exigeait davantage le concours de
devaient être lavés aussitôt , et un bain la conscience pour conserver son action.
pris au troisième jour rendait au septième L'Hébreu, et l'Hébreu fidèle, étant seul
la pureté légale à celui qui l'avait perdue. pur devant la loi, tout autre étant néces
Lorsque les souillures tenant à des cau sairement impur, les Israélites étaient
ses naturelles, étaient à la fois plus graves isolés au milieu des autres peuples, et
et plus longues, des sacrifices de purifica considéraient leur pureté comme une dé
tion devenaient nécessaires. Deux tour coration extérieure, comme un privilége,
tereaux SOnt mentionnés Lév. 15. Une comme un titre de gloire, auquel ils s'at
mère, trente-trois jours après la nais tachaient d'autant plus qu'il était comme
'sance d'un fils , soixante-six après celle le signe de la faveur divine. — C'en était
· d'une fille, devait présenter au sacrifica le signe en effet : le pharisaïsme a voulu
teur un agneau d'un an en holocauste, et en faire la réalité, et la lettre a tué l'es
· un pigeonneau ou une tourterelle, Lév. prit. -
12, 6.8.; sielle était trop pauvre, deux pi PURIM ou Pur, mot persan plutôt
geonneaux, l'un pour l'holocauste, l'autre qu'hébreu, et qui signifie le sort ou les
en offrande pour le péché, pouvaient suf sorts. Haman voulant faire périr la na
fire. Quant aux offrandes du lépreux net tion juive, mais n'ayant pas la résolution
toyé, v. Lév. 14. Sa purification devait se qui parfois mène à bien les projets les
faire en deux fois : la première il apporplus criminels, s'en remit au sort pour
taitdeuxpassereaux, dontl'unétait égorgé fixer l'époque de cette horrible exécu
au-dessus d'un vaisseau de terre plein tion, Est. 3.7. Il ignorait que l'homme
d'eau vive, dont l'autre, trempé dans le met la main au giron, mais que ce qui
sang du passereau mis à mort, avec un en sort est de par l'Eternel, Prov. 16,33.
bouquet de cédre, d'hysope, et de laine Le sort jeté au premier mois décida, puis
écarlate, servait à faire aspersion par sept que Dieu l'avait ainsi décidé, que l'entre
fois sur le lépreux, puis était rendu à prise tentée contre les Juifs ne serait pas
la liberté, comme s'il devait emporter la exécutée avant le douzième mois, Celui
souillure; le lépreux se lavait alors, ra d'adar. Ce long délai permit aux Juifs
sait tout son poil, était déclaré net, ren de détourner le coup qui les menaçait,
trait dans la villeºmais ne pouvait pas en et à Ester d'effacer dans l'esprit d'Assué
· core habiter sa maison. La seconde fois, rus les mauvaises impressions qu'on lui
PUR 253 PYT
avait données contre Israël. Haman tom te défense, mais attaché au gibet un jeu
ba victime de sa cruelle et trop confiante ne chrétien qu'ils fouettèrent jusqu'à la
vanité. Les Juifs , heureux et reconnais mort, furent punis du dernier supplice.-
sants de cette délivrance toute miracu La fête qui se célébrait le 14 à Suse, et
leuse, instituèrent la fête des sorts ou de dans les villes murées, se célébrait le 15
Purim pour en conserver le souvenir.On dans les bourgs et les villes non murées,
la célèbre le 14 adar, Est. 9, 21., et par Est. 9, 18-21.24. 26. Elle est appelée le
deux fois sil'année complémentaire comp jour de Mardochée, 2 Macc. 15, 37.; et
te les deux mois d'adar et de beadar, mais plusieurs commentateurs pensent que la
alors la seconde fète n'est qu'un souve fête des Juifs mentionnée Jean 5, 1., n'est
nir de la première, et porte le nom de autre que celle des sorts ou de Purim,
petit Purim par opposition au grand Pu Lücke, Olshausen, Tholuck.
rim qui est la fète véritable. La veille on , PUT ou Phut, peuple camite que Moïse
observe un jeûne rigoureux, si c'est un place, Gen. 10, 6., entre Mitsraïm et Cus,
jour où l'on puisse jeûner , si c'est un et qui est nommé encore ailleurs avec Cus,
sabbat ou une veille de sabbat, on antici Ludim, et Lubim, Jér. 46, 9. Ez. 27, 10. 30,
pe le jeûne , on observe pendant vingt 5. 38, 5. Nah. 3, 9. Josèphe (Ant. Jud. 1,
quatre heures l'abstinence la plus com 6, 2.) pense qu'ils habitaient la Maurita
plète, et les enfants y sont astreints déjà nie (le Maroc), et il cite un fleuve de cette
depuis l'âge de treize ans : on fait des contrée qui portait le même nom : Pline
aumônes abondantes pour que les pau appelle ce fleuve Fut, et Ptolémée Phtuth;
vres puissent participer à la joie géné il se jetait dans l'Atlantique. Selon l'in
rale, et le jour de la fète on leur fait part terprète alexandrin et la Vulgate, Put dé
des biens dont Dieu a couvert les tables signerait les Lybiens ( Dahler, Haever
de ceux qui vivent dans l'aisance. Le soir nick). On ne peut rien fixer de précis,
du 13, la veille encore, on se réunit dans mais on peut croire d'une maniere géné
les synagogues, et à la lueur des lampes, rale que Put avait peuplé le nord, le nord
au moment où les étoiles commencent à est, et le centre de l'Afrique, et que ses
se montrer, on fait la lecture du livre descendants sont nègres. Les habitants
d'Ester sans en rien omettre ; ce livre de Put servaient comme soldats dans la
ou rouleau de vélin, est appelé le livre marine tyrienne, et dans l'armée d'Egyp
par excellence. Le lendemain matin, jour te; ils sont même indiqués comme faisant
de la fête, on retourne à la synagogue, partie de l'armée de Gog. On sait que les
· où après avoir lu la déroute d'Hamalec Mauritaniens étaient aussi de bons sol
dans l'Exode, on recommence la lecture dats, et qu'ils servaient dans les troupes
| de l'histoire d'Ester; puis chacun retour de Carthage, Tite-Live 21, 22.
ne dans sa maison, et le jour se passe PYTHON, Pythonisse.Apollon, le dieu
dans le jeu et dans toutes sortes de ré de la divination, avait reçu des Grecs le
jouissances ; la dissolution va jusqu'aux nom de Python, en souvenir du fameux
, dégui nts les plus sévèrement défen serpent qu'il avait tué : ce nom ou sur
, dus, Deut. 22, 5., et les rabbins ensei nom fut appliqué plus tard à ceux en qui
gnent qu'il est permis de boire du vin l'on croyait reconnaître des dons divina
jusqu'à ne plus pouvoir distinguer entre toires, et qui avaient été nommés d'abord
i maudit soit Haman, et maudit soit Mar ventriloques parce qu'on estimait qu'un
| dochée, Véritables bacchanales ! Les Juifs démon renfermé dans leur corps parlait
- ajoutaient à la fète l'érection d'une croix par leur bouche, puis eurycléites du nom
- ou gibet; on y suspendait un homme d'Euryclès, en qui le premier l'on avait
- de paille que l'on nommait Haman, et remarqué ce phénomène. Le Nouveau
n que l'on finissait par brûler. Cette por Testament nous parle d'une femme qui
· 2 tion de la fète qui parut plus tard une avait l'esprit de Python et qui rapportait
insulte faite aux chrétiens, fut supprimée un grand profit à ses maîtres, Act. 16,
en 408 par ordre de Théodose II, et quel 16-18. Dans l'Ancien Testament nos ver
, quesJuifs ayant non-seulement bravé cet sions ont traduit l'hébreu oboth par py
PYT 254 RAB
thon, esprit de python, pythonisse, qui ce puisse être une force infernale, puis
ne † pas exactement au sens | celle que les conjurations de la femme
de l'original, Lév. 19,31,20, 6. Deut. 18, aient été de nature à produire cet étran
11. Les esprits de python annonçaient les ge phénomène, et nous pensons que pour
choses futures, les oboth étaient les âmes punir Saül de son impie curiosité, Dieu
des morts revenant à la surface de la a permis, à l'occasion des paroles de la
terre ; on appelait maîtres et maîtresses magicienne , que l'esprit du vieux pro
des oboth ceux qui avaient la puissance phète, troublé dans la paix du sépulcre,
de les faire revenir, et il est remarqua retrouvât quelque forme et quelques ac
ble que des femmes seules soient men cents pour déclarer encore une fois la
tionnées comme exerçant ce métier.La déchéance de celui qu'il avait sacré roi
loi de Moïse interdisait sous peine de quarante ans auparavant.-Tous les peu
mort de les consulter, mais comme on en ples de l'antiquité étaient d'accord à at
trouvait en Egypte, Es. 19, 3., on en tribuer une voix extrèmement faible à ces
trouva toujours aussi dans le royaume esprits revenant sur la terre , et cela est
d'Israél, surtout aux époques où des rois naturel ; la voix tient du corps : on peut
idolâtres occupèrent le trône de David, 1 citer la vocem exiguam de Virgile, En.
Sam. 28, 3. sq. 2 Rois 21, 6.2 Chr. 33, 6. 6, 493. cf. 3, 39. lliad. 23, 101. v. aussi
Es. 8, 19. 29, 4. Saül qui avait chassé ou Es. 8, 19. 29, 4. La ventriloquie venait
exterminé toutes les espèces de sorciers, pour cela merveilleusement en aide aux
et qui s'était rendu redoutable à ces in imposteurs, qui, par un murmure à peine
dustriels par la guerre qu'il leur avait sensible, savaient faire parler les morts
faite, passa par une transition naturelle qu'ils prétendaient faire apparaître dans
de l'intolérance à la superstition, et se l'ombre, et visibles seulement pour une
rendit auprès d'une femme célèbre dans imagination déjà frappée.
l'art de conjurer et d'évoquer les morts.
Samuel apparut et prédit à Saül sa mort
prochaine et la défaite d'lsraël. C'est une Q
controverse déjà bien ancienne que celle
qui a été soulevé par ce récit, et nous ne QUARTUS, Rom. 16, 23. Disciple in
connu, probablement Romain, dont saint
pouvons pas y entrer. Samuel est-il réel
Paul, écrivant de Corinthe, transmet aux
lement apparu, ou n'a-ce été qu'une trom fidèles de Rome les salutations.
perie de la magicienne, une illusion de
Saül ? Si Samuel est apparu, a-ce été en QUIRINUS. v. Cyrénius. .
suite de l'évocation de la femme, par la
puissance du démon, ou par la puissance R
et la volonté de Dieu ? Le démon a-t-il
de la puissance sur l'âme des morts, et RABBA. 1° Ville des montagnes de
notamment sur l'âme de ceux qui sont Juda, Jos. 15, 60. Ce nom, qui signifie
morts au Seigneur P A-t-il eu cette puis grande, désigne une ville distinguée, soit
sance au moins jusqu'aux jours où notre par son étendue, soit par son rang com
Seigneur étant descendu aux enfers a me capitale d'un pays ; il était ainsi com
vaincu l'esprit malin ? Et si Satan a cette mun à plusieurs villes, et pour les distin
puissance, peut-il la mettre au service de guer, on ajoutait à ce nom celui du pays
créatures humaines, de conjureurs et de ou du peuple auquel la ville appartenait.,
conjureuses ? Autant de questions, au C'est ainsi que nous avons encore 2" llal
tant de doutes. Il paraît cependant par le bath-Hammon, capitale des Hammonites,
récit biblique que l'ombre de Samuel est Deut. 3, 11. Jos. 13, 25. Après l'injure
réellement apparue, et qu'elle a fait en faite aux députés d'lsraël, elle fut assié
tendre les paroles prophétiques qui ren gée par Joab et conquise par David, 2
versèrent Saül. Mais quant à la force qui a Sam. 11, 1. 12, 26. cf. 1 Chr, 20, 1., mais
fait sortir du tombeau l'âme du prophète, elle ne resta pas entre les mains des ls
nous repoussons d'abord la pensée que raélites, Jér. 49, 2.A l'époque de la domi
RAB 255 RAB
nation macédonienne, elle reçut de Ptolé grand que le rab, mais le rabban est plus
mée Philadelphe le nom de Philadelphie, que le rabbi. Les Juifs ne comptaient que
et c'est sous ce nom qu'elle est citée par sept rabbans, dont le principalestSiméon,
les écrivains grecs et romains, ainsi que fils de Hillel, à peu près contemporain de
par Josèphe en plusieurs endroits; elle Jésus. On ignore l'époque précise à la
est aussi mentionnée sur des médailles quelle ces noms et leurs nuances ont pris
romaines comme ville de l'Arabie, ou plus naissance.
exactement de la Cœlésyrie et de la Déca RABMAG, Jér. 39, 13., doit être tra
pole, et comme chef-lieu du district arabe duit par chef des mages ; c'était le titre de
de Philadelphène. Cependant elle a con Nergal-Saréetzer.
servé sur les lieux son ancien nom, qu'A- RABSAKE, 2 Rois 18, 17. Es. 36, 2.,
bulféda donne encore à ses ruines. Dé général des troupes de Sanchérib, envoyé
fendue par son assiette naturelle, fortifiée de Lakis par son maître pour assiéger Jé
par l'art, située sur les bords d'une grande rusalem, 712 av. C. Arrivé près de la ville
rivière et au milieu d'une contrée fertile, vers le torrent de Cédron, il conféra avec
elle existait depuis plusieurs siècles, lors Eliakim et d'autres délégués d'Ezéchias,
que 600 ans av. J.-C. Jérémie écrivait : qu'il étonna et qu'il effraya par l'audace de
Rabba sera un monceau de désolation, 49, ses éloquentes bravades. Parlant aux en
2. Rien ne faisait prévoir alors l'accom voyés du roi de Juda, il voulait être en
plissement de cette prophétie, et les Ham tendu du peuple et des soldats, et c'est à
monites ne pouvaient imaginer que leur eux bien plus qu'à Eliakim qu'il s'adresse
capitale, leurs forteresses et leurs opu réellement. ll insiste sur tous les motifs
lentes cités seraient un jour transformées qui doivent engager Ezéchias à se sou
en vastes champs découverts où vien mettre; il fait ressortir la faiblesse du
draient paître les chèvres et les brebis. royaume de Juda, divisé et mécontent des
Cependant la prophétie s'est accomplie, réformes religieuses, la faiblesse de l'E-
Seetzen et Burckhardt décrivent avec dé gypte dont on songeait à réclamer le se
tails ce qu'ils ont vu sur l'emplacement cours, les horreurs d'un long siége qui fi
de l'ancienne Rabba ; l'on y trouve en nirait cependant par une capitulation, la
core des ruines remarquables qui attes protection divine acquise à l'Assyrie.
tent une splendeur qui n'est plus, des pa Mais ses menaces comme ses promesses
lais, des temples, des débris de murail furent inutiles, et après avoir probable
les, les restes d'un amphithéâtre, de ma ment laissé Tarta et Rabsaris devant les
jestueuses colonnades, un pont dont les murs de Jérusalem, il retourna auprès de
arches sont élevées, un château qui a dû son maître au camp de Libna. — Rabsa
être très fort, une plaine jonchée de rui ké, qui signifie en caldéen échanson, est
nes d'édifices particuliers. v. Keith, chap. plutôt un titre qu'un nom propre. Les of
lV. Ammon. ficiers de la maison royale en Orient, ser
3° Rabbath-Moab, capitale des Moabi vent aussi cOmme Officiers militaires du
tes. v. Har. plus haut rang.
RABBI (mon maître), et Rabboni, titre RABSARIS, 2 Rois 18, 17., officier de
d'honneur des docteurs de la loi juive au Sanchérib, qui fut envoyé, avec Rabsaké,
temps de Jésus, comme de nos jours les sommer Jérusalem de se rendre, et qui
titres de magister, de docteur, de maître resta sous les murs de la ville, après que
ès-arts ou ès-sciences. Le peuple, et en Rabsaké fut retourné auprès de Sanché
particulier leurs élèves, donnaient cette rib. Le nom de Rabsaris qui signifie chef
qualification à ceux qui remplissaient au des eunuques, se retrouve encore Jér. 39,
milieu d'eux ces fonctions, Matth. 23, 7. 13., Où il doit être traduit comme dési
Jésus l'a de même reçue de ses disciples gnant la charge de Nébusazban et non
et de ses adhérents, Matth. 26, 25.49. comme le nom d'un personnage nouveau.
Marc. 9, 5. 10, 51. 11, 21. Jean 1, 38.4, Il est possible aussi que dans le passage
31. 20, 16, Il y avait une hiérarchie doc 2 Rois 18, 17., il désigne un office plutôt
torale, et l'on disait que le rabbi est plus qu'un nom propre.
1RAC 256 RAC
iul RAGAL, ville de la tribu de Juda, 1 voit nulle part, quoi qu'il en soit de l'é-
Sam. 30, 29, -
tymologie, les mots qui désignent Rahab
, RACHABtou Rahab, femme chez la désigner autre chose qu'une femme per
quelle les envoyés de Josué entrèrent à due, mais il faut se rappeler aussi que les
lérico, et dans la maison de laquelle ils malheureuses qui avaient une fois mérité
trouvèrent un asile assuré contre les pour ce nom, le conservaient alors même
suites des gouverneurs de la ville, Jos. 2, qu'elles ne vivaient plus dans la pratique
1. 6, 17, Elle reçut en échange de son du mal, cf. Matth. 21, 31.32. Rahab doit
hospitalité sa gràce et celle de sa famille, donc être considérée comme une femme
lorsque les lsraélites se furent rendus qui a exercé le métier de prostituée, mais
maîtres de Jérico; un fil écarlate, pro qui, touchée par la grâce de Dieu, frap
bablement une pièce d'étoffe de cette cou pée à l'ouïe des miracles que le Dieu d'Is
leur pendue à sa fenêtre, servit à désigner raël avait faits en faveur de son peuple, a
aux vainqueurs la maison qu'ils devaient renoncé à sa mauvaise conduite et à son
épargner, comme dans la dernière nuit de idolâtre incrédulité. En recevant les es
la captivité égyptienne, les poteaux des pions, en les favorisant contre son pro
· portes, teints de sang, arrêtèrent le bras pre peuple, en demandant miséricorde
de l'ange exterminateur qui se promenait pour elle et pour sa famille, au lieu d'ar
sur le pays. Elle avait cru au Dieu d'Is rêter les projets d'Israël dès leur premier
raël et fut reçue comme prosélyte par la essai d'accomplissement, et de trahir ceux
nation sainte, qui l'adopta , elle épousa qui cherchaient la ruine de Jérico, elle
Salmon, et donna le jour à Booz, Ruth 4, a montré sa foi par ses œuvres; elle a
21. Matth. 1, 5. — Le livre de Josué la reconnu que l'on ne pouvait rien contre
désigne comme une femme de mauvaise Dieu, mais tout pour Dieu. Le langage des
vie. Le Nouveau Testament, Hébr. 11, apôtres nous montre dans la conduite de
31. Jacq. 2, 25., tout en paraissant lui Rahab une conversion du mal au bien, et
conserver le même titre, rend hommage à en joignant son nom à celui d'Abraham,
sa foi et à ses œuvres. Répugnant à l'idée celui de la cOurtisane à côté de celui du
de compter une débauchée parmi les an père des croyants, ils ont voulu faire res
Cêtres de David et du Sauveur, les Juifs sortir que devant Dieu, ni la circonci
et les chrétiens ont essayé de donner au sion, ni l'incirconcision n'ont aucune ef
· mot grec et au mot hébreu, qui tous les ficace, mais la foi agissant par la charité.
· deux désignent une courtisane, mais qui, RACHEL, fille cadette de Laban, Gen.
étymologiquement, peuvent aussi signi 29, 6. 46, 19. Elle fut la première personne
fier une hôtelière, cette dernière significa que rencontra Jacob lorsque, fuyant la co
tion. C'est ce qu'ont fait en particulier les lère d'un frère, il se rendit en Mésopo
Targums et Chrysostome. Mais il n'y avait tamie. La beauté de la jeune fille frappa
pas d'auberges proprement dites dans les Jacob, alors àgé de soixante-dix-sept ans;
anciens temps, comme dans l'Orient mo cousin de Rachel, il songea à une alliance
derne on n'en rencontre pas partout non plus intime avec elle, et sept années de
plus. ll faut remarquer ensuite que Rahab service furent le prix auquel Laban la cé
était établie, qu'elle avait sa maison à elle, da à son neveu. Elle n'épousa cependant
et que, dans l'énumération de ses parents, Jacob qu'après que celui-ci eut épousé d'a-
elle ne fait cependant mention ni de mari, bord sa sœur Léa, Inoins belle, et moins
ni d'enfants; or, soit qu'elle ait été hô aimée; comme elle ne donnait point d'en
telière, ou qu'elle ne l'ait pas été, l'éta fants à son mari, elle essaya de faire à sa
blissement d'une fille indépendante de ses sœur, plus heureuse, une étrange con
parents est significatif, surtout si l'on currence; Bilha, sa servante, devint la
tient compte de la sévérité des mœurs concubine de Jacob, et Rachel adopta les
orientales à l'égard des femmes honnêtes enfants issus de ce commerce illégitime.
et de la facilité avec laquelle la liberté des Les deux sœurs, souvent aigries l'une
mœurs était interprétée en mauvaise part. contre l'autre, finirent cependant par se
L'usage de la langue est positif, et l'on ne rapprocher; des mandragores cimentè
RAC 257 | RAG
rent la paix, et la naissance de Joseph, père d'une pratique superstitieuse, en lui
fils de Rachel, finit par ôter à l'épouse enlevant les objets de son culte intérieur p
préférée tout sujet de jalousie et d'irrita mais le vol serait un singulier moyen de
tion. Lors du départ de Caldée, voyant prosélytisme. Nous croyons plutôt que
son mari en butte à de sourdes inimitiés Rachel ne s'est pas rendu compte de son
de la part de sa famille, elle n'hésita pas action, et qu'elle a dérobé les théraphims,
à le suivre, déroba les marmousets ou cédant à un attachement instinctif et non
théraphims de Laban, et les cacha sous réfléchi pour les dieux de sa jeunesse,
le bàt de son chameau, quand Laban, pour aussi bien qu'à une de ces envies si fré
les retrouver, vint fouiller les tentes de quentes chez les femmes dans sa position.
Jacob. Fort avancée dans sa dernière gros Quant au prétexte qu'elle donne, 31, 35.,
sesse, elle marchait la dernière avec Jo pour ne pas se lever, la manière dont on
seph, lorsque Jacob attendait avec crainte l'entend ordinairement n'aurait pas même
la rencontre d'Esaü, et bientôt après, non eu l'apparence de la plausibilité, et il faut
l9in de Bethléem, elle mourut en don le rapporter plutôt à la grande fatigue du
nant le jour à Benjamin, 35, 16. 48, 7. Voyage pour une femme qui devait bien
Jacob éleva sur son sépulcre un monu tôt mourir en donnant la vie à un fils. —
ment qui prit son nom, et que l'on con Le nom de Rachel est rappelé avec celui
naissait encore aux jours de Saül, 1 Sam. de sa sœur dans les vœux que Booz reçut
40, 2. Le térébinthe dit de Tabor, qui se des habitants de Bethléem, Ruth, 4, 11.
trouvait non loin de ce tombeau, porte Dans le passage Jérémie 31, 15., Rachel
maintenant, d'après Troïlo, le nom de té pleure ses enfants, et refuse d'être con
rébinthe de la sainte Vierge. Le caractère solée : ce morceau prophétique fut inspiré
de Rachel n'est pas assez connu pour p0u à l'occasion du séjour de Jérémie à Rama,
voir être apprécié bien exactement : Nie parmi les captifs que Nébuzar-Adan y
meyer la met au-dessous de Léa quant à faisait passer en revue, 40, 1. La voix est
la bonté du cœur, et il faut avouer qu'elle isolée, mais elle exprime la douleur de
se montre jalouse, et vive dans la mani bien des mères, de toutes les mères de
festation de sa jalousie; mais, d'un autre Bethléem dont les fils sont conduits dans
côté, l'offense première était venue de l'exil, de toutes les mères de Benjamin
l'intrigante ou trop obéissante Léa, et Ra dont Rachel est l'aïeule, et par extension,
chel pouvait à bon droit n'être pas con des deux tribus que Rachel représente
tente.Quant au reste, elle se montre sous pleurant à Rama sur son tombeau, parce
un jour aimable, fille et femme docile, que les Juifs de ce royaume sont arra
peu riche en ruses, et maladroite quand chés du sol que Dieu leur avait donné.
elle essaie de l'intrigue. On ne comprend Saint Matthieu, 2, 18., applique ce pas
pas, en particulier, à quelle intention elle Sage au massacre des enfants de Beth
a dérobé les idoles de son père; ce ne léem, et l'on peut croire que Jérémie lui
pouvait être pour empêcher Laban de les même, au milieu des souffrances du mo
consulter sur la route de Jacob, car une ment, pensait aux souffrances de l'avenir,
fois découverte, elle refuse encore de les et aux promesses de l'Eternel, quand il
rendre : il est difficile de supposer que ce s'écrie quelques versets plus loin : « Jus
Soit par cupidité, car, ces marm0uSets ques à quand seras-tu agitée, fille rebelleP
eussent-ils été d'or ou d'argent, ce qui car l'Eternel a créé une chose nouvelle
n'est pas prouvé, ces métaux n'avaient sur la terre, une femme environnant un
pas alors le prix qu'ils ont de nos jours, homme puissant (comme la mère entoure
et n'eussent ajouté que bien peu de chose l'enfant qui est dans son sein). »
àl'immense fortune des fugitifs. Pour se RAGAU, Luc 3, 35., appelé Réhu ou
venger de l'artifice qui lui avait substitué Réhhu, Gen. 11, 18. 1 Chr. 1, 25., fils de
sa sœur P mais la faute était vieille de Péleg, et père de Sarug, mourut à l'âge de
treize ou quatorze ans, et Rachel avait eu trois cent trente-neuf ans. ll est nommé
bien du temps pour se venger ou pour parmi les ancêtres de Marie dans la gé
oublier son offense. Pour détacher son néalogie du Sauveur.
II. 17
RAM - 258 RAM
· RAHAE, º Rachab. ºii :: •1 •: , --
l RAMA. 1° On donnait ce nom, d'une
* RAHMA , descendant de Cam par Cus, manière générale, à toute la contrée qui
Gen. 10,7 1 Chr. 1, 9., nommé à côté entourait Bethléem, Matth. 2, 18.: c'est
de Seba dans le premier de ces passages, une montagne de vignobles, entourée de
et Ez. 27, 22:, où l'on voit que le pays toutes parts de vallées qui sont, du côté
où il'se fixa avec ses descendants, abon oriental,très profondes et très escarpées,
dait en encens, en or et en pierres pré et qui seraient d'une très grande fertilité
cieuses, et qu'il trafiquait avec Tyr et la Si elles étaient mieux cultivées. Le sol de
Syrie. Les Septante rendent ce nom par toute la contrée est excellent; on y voit
Rhegma, ville qui, selon Ptolémée 6, 7., de gras pâturages, des champs fertiles,
était située dans la Caramanie, sur les des plantations d'oliviers, des grenadiers,
bords du golfe Persique. D'autres pla des amandiers, et surtout des figuiers. "
cent Rahma en Afrique, mais cétte opi 2° Rama, ville de la tribu de Benjamin,
nion ne repose sur aucune base solide. située sur les montagnes d'Ephraïm, non
Braunschweig, enfin, voit dans Rahma loin de Guibha, Jos. 18, 25. Jug. 4, 5.
le père des Indous, et les idées obscènes 19, 13. Es. 10, 29. Os. 5, 8. Elle appar
de ce peuple sur la religion rendent as tint plus tard au royaume d'Israël, com
sez probable sa filiation de Cam; on peut me ville frontière entre ce royaume et
aussi comparer avec Rahma, le héros des celui de Juda, et sa position était telle
Indous devenu dieu sous le nOm de qu'elle pouvait interrompre toute com
Brahma. . , munication entre les deux états, ce qui
RAHMESES. 1° District de la Basse engagea un roi d'Israël à en faire une
Egypte, qui comprenait le territoire de ville forte, 1 Rois 15, 17-22. 2 Chr. 16,
Goscen ; peut-être aussi la contrée de 1. Jér. 40, 1. C'est dans son voisinage
Goscen tout entière, sous un autre nom que Rachel fut ensevelie, Jér. 31, 15.cf.
que Jablonsky dérive des deux mots cop 1 Samuel 10, 2., et, d'après cet indice,
tes : rem ou romi, homme, et shos, ber saint Jérôme la place à 6 milles, Josèphe
ger ; Remshos ou Rahmésès désignerait à 40 stades au nord de Jérusalem, sur le
donc un pays de bergers. — 2° Rahmé chemin de Béthel. Rama signifie la hau
sès, ville de la Basse Egypte, que les Hé teur : elle est nommée aussi Ramathu ;
breux durent fortifier, et qui fut aussi Ramoth, les hauteurs, à cause des mon
leur première station dans leur fuite, Ex. tagnes voisines; Ramathajim , ou les
1, 11. 12, 37. Nomb. 33, 3.5. Tous les deux hauteurs, peut-être à cause de sa si
anciens interprètes ont conservé ce nom, tuation sur deux collines; Ramathajim
excepté le Pseudo-Jonathan, qui le traduit Tsephim, c'est-à-dire Rama dans le pays
par Pélusium, évidemment à tort, et Saa de Tsouph, ou du miel, 1Sam. 4, 4.7, 17.
dias, qui le rend par Héliopolis ; Jablon 9, 5. Plusieurs villes ont porté ce nom,
sky a essayé, par des raisons étymologi ou un nom semblable, à cause de leur
ques, de soutenir cette dernière opinion; position ; on bâtissait en effet plus volon
ré signifie soleil, et méêsè champ; champ tiers sur les hauteurs, qui présentent le
du soleil ne diffère que peu de ville du double avantage d'un air plus sain que
soleil ou Héliopolis ; mais cette dernière celui des vallées, et d'une meilleure posi
ville est généralement désignée sous le tion militaire. La ville dont nous parlons
nom d'On, et elle est positivement dis ici fut la patrie de Samuel; il y naquit, y
tinguée de Rahmésès, Ex. 1, 11. On a demeura, y mourut, 1 Sam. 1, 1. 2, 11.
pensé encore à Héroopolis, à Avaris, que 7, 17. 15, 34. 16, 13. 25, 1. On trouve
Salatis, roi des Hycsos, fit fortifier; à encore un village nommé Samuële, du Ne
Amris, à l'ouest du bras du Nil de Rosette; bi-Sahamiel, et, près de là, de fort belles
mais ce ne sont que des hypothèses, et ruines en marbre qui occupent un espace
presque toutes invraisemblables ou im de deux lieues de circuit ; l'on y montre,
possibles. dans une mosquée, un tombeau que les
• RAISIN. v. Vignes. chrétiens, les Juifs et les mahométans,
RAM. v. Aram 3°. s'accordent à désigner du nom de Samuel.
RAP 259 REB
» ºu Rama est appelée Ramathem, 4 Macc, 14, de cette famille, celle qui régna en Ba
, , , 34., Arimathée dans les Evangiles, Ar san, et qui est mentionnée déjà du temps
mathem chez Eusèbe. Quelques essais d'Abraham, paraît s'être éteinte, en par
tendant à prouver la non identité de ces tie dans ses luttes contre les Moabites
endroits n'ont pas réussi. et les Hammonites, en partie dans les
3° Ville de Nephthali, Jos. 19,36., pro guerres d'extermination de Josué, Gen.
bablement la même qui est désignée com 14, 5. 45, 20. Deut. 3, 11. Jos. 12, 4.
me frontière au verset 29. 43, 12. Leur territoire fut donné à la
RAMATH. 1° v. Léhi.2° Ramath-Mit tribu de Manassé.Une autre branche sub
spé, v. Ramoth. 3° Ramath-Nègeb, ou sistait encore aux jours de Saül et de Da
Rama du midi, ville de la tribu de Si vid, mais peu nombreuse, et, pour ainsi
méon, Jos. 19, 8. Elle est appelée Ra dire, fondue avec la race des Philistins,
m0th-Nègeb, ou du midi, 4 Sam. 30, 27. de telle sorte que ce n'est qu'accidentel
, RAMOTH. 1° Ramoth de Galaad, ou lement, et pour des hommes extraordi
Ramath-Mitspé, ville lévitique, et ville de naires, que cette ancienne origine est
refuge, située en Galaad, sur le terri rappelée. Les Réphaïms désignaient aus
- t0ire de la tribu de Gad, Deut. 4, 43.Jos. si, dans un sens plus général, toutes les
13, 26. 20, 8. 24, 38., probablement la peuplades géantes qui habitaient l'ancien
même qui est appelée Mitspé de Galaad, ne Canaan, les Emins, q. v., les Zamzum
lug. 44, 29. v. Mitspa 1°. Sous Salomon, mims et les Hanakins, Deut. 2, 11.20.,
elle fut la résidence d'un des pourvoyeurs ce qui favoriserait assez l'opinion de ceux
de la maison royale, 1 Rois 4, 13. Plus qui prétendent que le mot Rapha ou Ré
tard, elle tomba entre les mains des Sy phaïm n'était pas un nom propre, mais
riens, auxquels Achab essaya inutilement signifiait géant dans la langue de ces
de la reprendre, 1 Rois 22. Elle finit ce penples.
pendant par être rendue à Israël, 2 Rois La Vallée des Réphaims, qui se trou
9, 1. cf. 8, 28., et 2 Chr. 18. Eusèbe la vait dans le voisinage de Jérusalem, sur
place à 45 milles ouest de Philadelphie. les frontières de Juda et de Benjamin, 2
Elle était située sur une montagne qui Sam. 5, 48. 22. 4 Chr. 44, 9.43. 44, 45.
domine la vallée du Jabbok et le plateau Es. 47, 5., semblerait indiquer que des
de Galaad. On y trouve aujourd'hui une Réphaïms s'étaient, dans des temps fort
Ville dont les valeureux habitants sont anciens, établis en deçà du Jourdain.
Presque indépendants des pachas turcs ; Ps. 88, 10. « Les trépassés se relève
placée entre des sommets escarpés, elle ront-ils pour te célébrer P » Nos traduc
est défendue par une grande forteresse tions sont exactes. Le terme hébreu Ré
qui0ccupela pointe rocheuse d'unede ces phaïm peut désigner les morts; c'est dans
hauteurs; aux environs, sont un grand ce sens qu'il est pris en plusieurs passa
nombre de jardins et de vergers, et ses ges, et le sens de la phrase exige qu'il en
Vignes en terrasses produisent en abon soit de même ici. La Vulgate l'a traduit
dance des raisins, qu'on sèche pour les par médecins, ce qui se justifie par la
Vºlldre. La vue, depuis les cimes de la langue, mais non par l'esprit.
Ill0Iltagne, est très-étendue. REBECUA, Gen. 22-27, fille du mo
22º Ramoth, ville lévitique d'Issacar. made araméen Béthuel. Abraham la fit
4Chr. 6, 73., probablement la même que demander, par Elihézer, en mariage pour
Remeth, Jos. 19, 21., et Jarmuth, q. v. son fils lsaac ; elle lui fut accordée avec
RAPHA, 2 Sam. 21,16.1 Chr. 20, 4., empressement par cette famille, dont tous
Chef de tribu qui paraît avoir été, comme les membres paraissent avoir eu une ten
Arbah et Hanak, d'une taille et d'une dance plus ou moins prononcée à la cu
force remarquable. On ne sait à quelle pidité. Après vingt ans d'une union sté
époque il a vécu; ses descendants furent rile, pendant laquelle, à Guérar, elle avait
uommés, de son nom, Réphaïms, et c'est couru le même danger que Sara, elle
S0us ce nom qu'ils apparaissent, à diver donna le jour à deux jumeaux, Jacob et
Ses reprises, dans l'histoire. Une branche Esaü. Elle avait déjà pressenti leurs dis
REB 260 REC
cordes futures ; par ses prières (car on che ou fait pardonner l'esprit d'intrigue ;
ne peut entendre autrement les dernières on n'aime en elle ni l'épouse, ni la mère,
paroles de 25, 22.), elle avait consulté ni la femme, car on n'aime pas les four
l'Eternel, qui lui avait annoncé que des beries méditées pendant des années, et,
intérêts contraires diviseraient les enfants si la ruse qui fit donner à Jacob la béné
qu'elle portait dans son sein, et que le diction paternelle fut ourdie en un in
premier-né serait assujetti au plus jeune. stant, elle se rattachait cependant à tout
Soit inintelligence de ses devoirs de mère, un ensemble de projets et d'espérances
soit affection naturelle d'une mère pour qu'elle croyait ne pouvoir réaliser que
celui de ses enfants qui lui ressemble le par de mauvais moyens, oubliant que l'E-
plus, soit sympathie pour celui qui se ternel règne. Saint Paul, en paraissant
présentait le plus jeune, le plus faible, le légitimer sa conduite, Rom. 9, 10., ne
plus féminin, soit caprice, soit désir de parle que du résultat qui était conforme
se concilier d'avance les bonnes grâces à la volonté de Dieu , mais non de ces
de celui dont elle savait bien qu'il finirait stratagèmes que la conscience humaine
par triompher, soit esprit de foi, et con réprouve, que les lois divines condam
fiance en Dieu qui lui avait fait les pro nent, et que Dieu n'a pas tardé à punir de
messes, et, dans tous les cas, il y a eu de la manière la plus cruelle pour le cœur
la foi dans sa conduite, sans qu'il soit d'une mère. Dieu qui dicta à Jacob les
facile de dire en quelle proportion sa foi bénédictions qu'il avait à prononcer sur
se combina avec ces autres éléments ter la tète de ses petits-fils, aurait su dicter
restres, elle témoigna, dès l'abord, pour aussi à Isaac ses volontés; Rébecca a vou
Jacob, une préférence coupable et im lu prendre sa place, mais elle a eu le
prudente qui, à elle seule, eût suffi pour temps de s'en repentir. Meyer (dans ses
diviser la famille, et qui fut pour tous la Blaetter fur hœh. Wahrheit) a exagéré ce
source de longues épreuves. Forte des qu'il y a eu de foi chez Rébecca ; d'autres
promesses divines qui semblaient annon ont essayé de lui ôter tout caractère de
cer que le droit d'aînesse serait trans foi, et ils n'ont pas moins exagéré ; Ré
mis à Jacob, la faible créature voulut se becca savait ce que c'est que consulter
conder les desseins du souverain, et, par l'Eternel.— Elle devait être âgée de cent
une suite d'intrigues dont le plat de len vingt ans au moins au départ de Jacob,
tilles fut peut-être le premier anneau, et qui en avait alors soixante-dix-sept. (Isaac
le faux gibier le dernier, de tromperie en en avait alors cent trente sept).
tromperie, elle finit par soutirer à Isaac RECA, un des chefs de la tribu de Juda
la bénédiction de son cher Jacob. Elle parmi les descendants de Pharez, 1 Chr.
n'avait rien obtenu qu'elle ne dùt obte 4, 12. Son nom est mentionné sans doute
nir : mais elle avait péché pour l'obtenir, à cause de quelque illustration particu
et elle fut punie par où elle avait péché. lière, peut être comme chef d'une expé
La juste colère d'Esaü menaçait la vie de dition qui pendant le séjour d'Egypte
Jacob ; Rébecca dut se séparer du fils sera venue se fixer en Canaan. D'autres
qu'elle aimait tant; elle cache son véri pensent que Réca est le nom d'une villé
table motif derrière une nouvelle accu dont il ne serait parlé qu'ici , et qui au
sation qu'elle dirige contre Esaü : Isaac rait été l'un des premiers établissements
éloigne Jacob, et Rébecca ne revoit plus des Hébreux, mais l'expression « hommes
ce fils pour lequel elle s'était rendue si de Réca » indique plutôt la descendance
coupable. Lorsqu'au bout de vingt ans que l'établissement. i , , , !
confirmer l'explication que les interprè Diodore de Sicile rac0nte des Naba
tes hébreux donnent de ce passage, savoir théens, peuplade de l'Arabie, des faits
que les Récabites étaient admis aux fonc semblables à ceux qui concernent la con
tions de lévites dans le temple. Mais d'un stitution des Récabites, 19, 94. Afin de
maintenir leur liberté ils se sont imposé
autre côté la loi est trop positive, qui fait
de ces fonctions le partage exclusif des la loi de ne pas semer de blé, de ne plan
enfants de Lévi, pour que l'on puisse ad ter aucune espèce d'arbres à fruit, de ne
mettre cette explication. Celle de Vatable, point boire de vin, de ne point bâtir de
adoptée par Dahler, qui compare Ps. 102, maison, et de punir de mort celui d'entre
28., nous paraît donc devoir être préfé eux qui ferait l'une ou l'autre de ces
rée. « Ils jouiront constamment de ma ch0ses. |
naissait en général des lieux ayant droit me un délit contre la société.Si le meur
d'asile, mais ces lieux n'étaient pas aussi trier sortait de la ville de refuge avant la
nombreux, leur protection n'était pas mort du grand prêtre, il pouvait être tué
aussi efficace, aussi absolue, qu'elle l'é- impunément par la famille du défunt ,
tait chez les païens, qu'elle le fut plus Nomb. 35, 28. Lorsque c'était un assassin
tard chez les romanistes. L'autel, dont le qui se réfugiait dans la ville, et que l'en
coupable empoignait les cornes, dans le quête établissait que le meurtre avait été
tabernacle d'abord, puis dans le temple, volontaire, il était remis entre les mains
fut le premier asile que les Hébreux re des juges ordinaires, qui le condamnaient
connurent comme tel, Ex. 21, 14., sans à mort, Nomb. 35, 21.
doute parce que le regardant comme siége L'antiquité païenne qui avait accordé
de la divinité, ils ne pensaient pas que la le droit d'asile aux autels, aux temples,
justice humaine pût intervenir là où celle à leurs parvis, à certaines villes et à leur
de Dieu se taisait. Mais cette protection se banlieue, y protégeait non-seulement les
bornait au seul cas d'homicide involon meurtriers involontaires, mais encore les
taire. Dans la suite, lorsque les Israélites débiteurs insolvables, et les pauvres es
furent établis en Canaan, la loi, pour con claves fuyant la barbare cruauté de leurs
cilier les droits du sang répandu avec maîtres. Daphné près d'Antioche, 2 Macc.
l'équité qui ne permet pas d'assimiler un 4, 33., et le temple de Diane à Ephèse,
crime à un malheur ou à une imprudence, étaient les lieux de refuge les plus re
permit au parent du mort de poursuivre nommés de l'antiquité , et leurs droits
le meurtrier, mais accorda à celui-ci le d'asile s'étaient considérablement accrus
droit de fuir, et lui assura un asile pour avec la suite des siècles.
le cas où il saurait atteindre une ville de RÉGUEMMÉLEC et Saretser. Deux
refuge avant d'avoir été frappé. Six villes Juifs qui pendant la captivité de Baby
jouissaient du droit d'asile, trois à l'oc lone, ou peu de temps après le retour, fu
cident du Jourdain , Kadès, Sichem, et rent envoyés, probablement de Béthel à
Hébron, trois à l'orient, Betser, Ramoth Jérusalem, pour s'informer auprès des
de Galaad, et Golan, Jos. 20, 7.8. cf. sacrificateurs de la maison de l'Eternel,
Nomb. 35, 6. Deut. 19, 3. Ex. 21, 13. et savoir si certains jours de jeûne so
C'étaient des villes Sacerdotales ou léviti lennel établis et célébrés en mémoire de
ques.Elles devaient être d'un accès facile, leurs'désastres, de la destruction du tem
avec des routes partout bien entretenues, ple, de la mort de Guédalia, de la prise de
et des ponts là où il en était besoin : là où Jérusalem, etc., devaient continuer d'être
le chemin se bifurquait, on avait soin d'y célébrés, Zach. 7, 2. sq. Le prophète, en
mettre un écriteau indiquant la direction répondant que ces jours étaient d'insti
de la ville de refuge. Chaque année les tution humaine, ajouta qu'ils seraient
magistrats faisaient la visite des chemins changés en des jours de joie, d'allégresse
pour s'assurer que leur entretien était et de réjouissances, 8, 19. . -
rent dressées, peut-être aussi un chan RÉHUM, Esd. 4, 8., officier du roi'd
gement de nom expliquent cette lacune Perse, et l'un des plus violents ennemis
Ou cette omission. * . ! des Juifs à l'époque de la reconstruction
REHOB (rue, place). Deux villes de la du temple. Il obtint d'Artaxercès, par une
tribu d'Aser, dont l'une était échue en lettre insidieuse, un édit qui interdisait
partage aux Lévites, portaient ce nom, la continuation des travaux commencés,
Jos. 19, 28.30. cf. 21,31. L'une des deux et de concert avec quelques amis de son
cependant ne fut pas conquise, et conti espèce, il pourvut lui-même à ce que cet
nua de rester au pouvoir des Cananéens, ordre fût exécutè. D'après le titre de la
Jos, 19, 28. Jug. 1, 31. C'est probable lettre on peut croire que c'étaient des
ment la même qui est mentionnée, Nomb. Babyloniens, mais la haine jalouse #
13, 22., comme étant à l'entrée de Ha témoignent contre la ville sainte, et l
math, et formant la frontière extrême de connaissance qu'ils paraissent avoir de
la Palestine vers le nord, par opposition son histoire indiqueraient plutôt une ori
au désert de Tsin qui était au midi. C'est gine samaritaine.—Réhum est appelé pré
† aussi la même que Beth sident du conseil, et l'on croit que ses
éhob, Jug. 18, 28.; elle était située à amis et lui formaient une administration
quelque distance de Kidon, dans une val spéciale, une espèce de conseil des colo
lée de l'Anti-Liban, près de Laïs ou Dan, nies, ou des affaires êtrangères.
et non loin des sources du Jourdain (Ro RÉMPHAN, Act. 7, 43, º, Caldée.
senmuller). On la comptait comme faisant RENARD (hébr. Shou'hal). Cet animal
partie de la Syrie ou Aram, et l'état d'A- êtait autrefois plus connu en Palestine
ram-Beth-Réhob (la Syrie dans la contrée qu'il ne l'est de nos jours, cf. Matth. 8,
du passage), 2 Sam. 10, 6., avait encore 20. Ez. 13, 4. Il dévastait les vignobles,
ses rois indépendants aux jours de David. Cant. 2, 15. cf. Aristoph. Chev. 1076.
, RÉHOB0TH, nom qui indique propre Théocr. 5, 112. Notre Seigneur en fait le
ment des rues ou une grande place. - symbole de la ruse cruelle, et de la per
1o Isaac appela ainsi un puits qu'il avait fidie, Luc 13, 33. Le passage Néh. 4, 3.,
creusé, et pour lequel il n'y eut pas de désigne d'une manière ironique la fai
contestation, Gen. 26, 22.—2° Réhoboth blesse des murailles de Jérusalem, qui
· Hir, que nos versions traduisent littéra sont telles qu'un renard peut les renver
lement par « les rues de la ville, » Gen. ser en essayant de les franchir. Le terme
10, 11., comme Platée en Béotie pourrait hébreu peut aussi désigner le chacal dans
'se traduire d'une manière analogue. C'é- les passages Jug. 15, 4. Ps. 63, 10., mais
| tait une ville d'Assyrie au sujet de laquel cette signification n'est pas nécessaire
le les
· les unsanciens
# seraitinterprètes varient; selon
Sittacé au sud de l'As
ment prouvée, tandis que Lam. 5, 18., il
s'agit évidemment de renards. Il y a d'ail
syrie, différente d'une autre Sittacé près leurs en hébreu un terme spécial pour
du Tigre, sur l'emplacement de l'ancienne marquer le chacal, q. V.
* Ba ; selon Ephrem ce serait la pro REPAS. Les festins proprement dits
ºvince d'Adiabène; Schulthess pense à Ra avaient lieu dans la soirée, comme de nos
haba,ville de Mésopotamie à l'est de l'Eu jours encore le repas principal, chez les
phrate, Bochart cherche autre chose en Perses et chez les Orientaux, se fait ha
core, de sorte qu'en définitive cette ville bituellement vers les six ou sept heures
est complètement inconnue,-3 Rého
" 9! )
du soir, souvent même plus* tard. Mais
i *: i ' .
REP 264 REP
cette c0utume n'eût pu convenir à un verses traces dans les écrits postérieurs .
peuple agriculteur, tel que les Hébreux, Prov. 23, 1. Am. 6, 4.6. Ez. 23, 41. Est.
et il résulte de divers passages, 1 Rois 1, 6.7, 8., et dans le Nouveau Testament,
20, 16. Gen. 43, 25. Act. 10, 9. 10. cf. Matth. 26, 7. 9, 10. Marc 14, 3. Luc 5, 29."
Susan. 7.13., que midi était l'heure ordi 7, 36. 14, 10. Jean 13, 23.25. Trois per
naire de leur dîner. Dans la matinée ils sonnes prenaient place d'ordinaire sur
prenaient un repas plus léger, un déjeû chaque divan; appuyées sur le bras gau
ner, qui ne se faisait généralement qu'a- che, elle retiraient en arrière leurs pieds ,
près la première prière de la journée, Luc déchaussés. Le convive de droite avait la
14, 12. Jean 21, 12. Act. 2, 15., et l'on tête sur le sein de son voisin de gauche ;
croit que les jours de sabbat, à cause de de là les paroles de Jean 13, 23. 21,2o.;!
l'heure de la synagogue, les Juifs posté c'était par conséquent la place de l'épouse
rieurs ne mangeaient rien avant midi (Jo préférée, ou de l'intime ami. La place !
sèphe, Vita 54.). On se lavait soigneuse d'honneur était au milieu. Les tables
ment avant le repas, surtout lorsque, étaient basses. — La plupart de ces usa
après l'exil, les Pharisiens eurent mis en ges existent encore en Perse et à la table
VOgue leurs traditions, Matth. 15, 2.Marc des rois orientaux. On buvait du vin pen
7, 2. Luc 11, 38., puis le père de famille, dant et après le repas, mais surtout après.
ou la personne la plus respectée de celles Une prière d'actions de grâces et des
qui étaient à table, prononçait la bénédic ablutions d'eau sur les mains terminaient
tion sur les aliments, au-dessus desquels non-seulement les festins, mais les repas
il étendait les mains, Luc 9, 16. Jean 6. Ordinaires.
11. Matth. 14, 19. 15, 36. 26, 26. cf. 1 Les anciens Hébreux étaient aussi ré
Tim. 4, 3. Dans quelques maisons juives, servés dans le choix de leurs compa
c'est encore un usage de réciter le psau gnies, que peu délicats sur le choix des
me 23 en se mettant à table. La prière aliments. Du temps de Joseph, ils ne
terminée, on apportait la viande coupée mangeaient pas avec les Egyptiens, Gen.
en morceaux, et quelques légumes, ser 43, 32.; du temps de Jésus , ils ne man
vis dans un plat large et profond où cha geaient pas avec les Samaritains, Jean
Cun se servait à sa fantaisie, prenant avec 4, 9., et, non contents de cette sépara
les doigts pour le mettre sur son pain, tion religieuse et nationale , on les voit,
le morceau qu'il avait choisi, et le man parmi leurs propres concitoyens, dédai
geant sans couteau ni fourchette, cf. Prov. gner la table de leurs inférieurs, et blâ
19, 24., comme les paysans de beaucoup mer le Seigneur qui mange avec des péa
de pays.S'il y avait du jus ou de la sauce, gers et des gens de mauvaise vie, Matth.
on y trempait son pain, Matth. 26, 23. 9, 11. A l'égard des vivres, la quantité
Quelquefois aussi le père de famille met importait plus que la qualité, comme on
tait devant chacun la portion qui lui re le voit par le veau et l'énorme pain qu'A-
venait, et donnait aux uns plus qu'aux braham sert aux trois anges, Gen. 18, 6.
autres suivant l'honneur qu'il croyait de 7., et, en général, partout où une civili
voir leur faire, mais toujours de façon à sation avancée ne vient pas encore au se
ce que ceux qui avaient le moins eussent cours de la sensualité ou de l'appétit.Les
encore du superflu, 1 Sam. 1, 4. Jean 13, héros d'Homère rôtissent des bœufs et
26. Gen. 43, 31. En plusieurs endroits on des porcs tout entiers; les soldats dans
trouve encore des gens qui croient vous leurs bivouacs en font presque autant de
faire honneur en vous pressant de man nos jours, et, dans plusieurs contrées,!
ger. — Il paraît que primitivement les les riches habitants des campagnes, agres-/
Hébreux étaient assis à table comme on tes dans leurs habitudes, font consistèr
l'est chez nous, Gen. 27, 19. Jug. 19, 6. la splendeur de leurs repas dans ll'énor
1 Sam. 20, 24. cf. Iliad. 10, 578.; plus tard mité des quartiers de viande. ' - •, l
seulement ils suivirent l'usage oriental et Comme assaisonnement, les Hébreux i
mangèrent couchés sur des lits de table, employaient le sel, le beurre , l'huile, le
Ou espèces de divans ; on en trouve di miel, l'anis, le safran, le gingembre, et
REP 265 RES
quelques autres herbes souvent nommées encore par le miracle du rocher de Horeb. '
dans l'Ecriture , et qui servaient à des La position de Réphidim n'est pas facile !
sauces ; la plupart de nos épiceries leur à déterminer, et la pierre de Moïse, que "
étaient inconnues. — La musique et les l'on montre au pied du mont Sérieh, avec
parfums accompagnaient ordinairement les douze bouches desquelles l'eau décou-^
leurs repas de réjouissances. v. Festins. lait, n'est pas très authentique : un'ruis-"
Le sang, certaines graisses, et le mus seau coule au pied de la montagne. Nous !
cle de la cuisse, étaient prohibés par la n'avons à examiner ici ni la réalité du mi
loi, Lév. 3, ainsi que la viande de certains racle qui ne saurait être contestée, ni son !
animaux, Lév. 11,v. Animaux; et les Hé mode d'action. Le rocher suivait-il les
breux furent fidèles à observer cette dé Israélites ? Etait-il porté à la suite du
fense. Quelques rabbins avaient même dé camp ?Son eau seule les suivait-elle dans !
fendu l'usage de la chair et du poisson le cours de leurs voyages ? Etait-ce un
dans le même repas; mais cette tradition ruisseau qui avait jailli, et dont les Is--
a eu le sort que doivent avoir toutes les raélites suivaient le courant ? Etait-ce unei
traditions humaines, et les Juifs de nos fontaine permanente à laquelle les Israé
jours se sont mis au-dessus de ce règle lites avaient recours lorsque leur provi- !
ment pharisaïque. sion d'eau était épuisée, et à laquelle ils
, Des repas de deuil sont mentionnés S'approvisionnaient de nouveau pOur un
Os. 9, 4. Ez. 24, 17. Jér. 16, 7. et ail certain temps P C'est au lecteur de se dé
leurs, notamment dans les apocryphes, cider; mais quelques-unes de ces suppo
Baruc 6, 31. Tob. 4, 18. Sir. 30, 18. Il sitions seraient non-seulement contraires
s'en faisait pendant les funérailles, et aux lois de la nature, mais encore con
ceux qui y prenaient part étaient regar traires au bon sens. Le passage 1 Cor.
dés comme souillés à cause des obsèques 10, 4.: « La pierre spirituelle qui les sui
du mort, ou après les funérailles, et on vait était Christ, » a été si lourdement
les considérait comme un honneur rendu expliqué par divers interprètes, et no
au défunt. Le passage Jér. 16, 7., se rap tamment par les rabbins, qu'il n'est pas
porte à ces repas funèbres que les amis nécessairedeleur répondretl'apôtre,d'ail
du mort donnaient à ceux qui étaient en leurs, répondassez en parlantd'une pierre
deuil, pour les distraire de leur tristesse, spirituelle ; il veut dire évidemment que
cf. Deut. 26, 14. 2 Sam. 3, 35. Mais ces cette même grâce de Christ, qui leur four
repas, dit le prophète, n'auront plus lieu nit de l'eau en Réphidim, les suivit dans
à cause du grand nombre de morts dans tout leur voyage (Calvin, Olshausen). Si
chaque famille, et parce que la famine plus tard l'eau vint à manquer de nou
obligera tout le monde à se borner au veau, ce fut une épreuve de leur foi, et
strict nécessaire. — Les païens avaient, ils se montrèrent plus faibles que l'é-
en outre, l'habitude de faire un petit re preuve; Dieu leur rendit de nouveau le
pas sur le tombeau du mort, et de laisser témoignage de sa fidèle présence, mais il
Sur les sépulcres quelque nourriture ré chàtia leur incrédulité. v. Méribah. L'his
servée aux âmes errantes; Trivia, la torien Tacite (Hist. 5, 3.), a conservé le
déesse des rues et des carrefours, était souvenir de cette tradition, et il l'expli
censée venir chercher elle-même ces ali que d'une manière naturelle : des ânes
ments : mais, en réalité, c'étaient les pau sauvages s'étant dirigés vers un rocher
Vres qui venaient les prendre pendant la garni d'arbres verdoyants, Moïse les sui
nuit. v, encore Sacrifices, Festins, Dîmes, vit, et reconnut, à la fraîcheur de l'herbe,
Nourriture, etc. l'existence de sources intérieures qu'il
mit à découvert. • • !
· REPHAIMS. v. Rapha.
REPHIDIM, station et campement des RESEN, grande ville placée, d'après
Israélites dans le désert, Ex. 17, 1., si Gen. 10, 12., entre Ninive et Calah; son
tuée, d'après Nomb. 33, 14., entre Alus nom signifie bride, et si cette étymologie
et le mont Sinaï. Elle est célèbre par le a un sens pour ce cas particulier, Résen
combat de Josué contre Hamalec, et plus aurait été peut-être une ville construite .
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pour tenir en bride des peuples assujettis. vatrices. Les se'irim de Es. 13, 21.34.
On n'a, du reste, aucune autre trace de son 14. cf. Lév. 17, 7.2 Chr. 11, 15., seraient
existence et de sa situation. Bochart pense des hommes-boucs, espèces de revenants
au Larisse de Xénophon, sur la rive est semblables aux satyres des Grecs et des
du Tigre; Ephrem lit Rosaine, village as Romains, démons dansant dans les lieux
Syrien situé, d'après Assemann, au-delà sauvages, conformément à l'opinion gé
du Tigre, dans la contrée de Mossoul; nérale des anciens habitants de l'Egypte
Schulthess pense à une autre Resaina et de l'Asie, v. Matth. 42, 43. et Apoc. 18,
placée par Ptolémée entre Charres et Ni 2. Les shedim (idoles, ou démons)de Deut.
sibis, mais comme cette dernière villeap 32, 17. Ps. 106, 37., étaient des démons
partenait, non à l'Assyrie, mais à la Mé du même genre, et le bouc Hazazel lui
Sopotamie, cette supposition ne peut être même, avec une signification tout à fait
admise. particulière, devait rappeler au peuple les
RESERVOIRS. v. Etangs. démons du désert, Lév. 16, 10.21. — v.
RETSIN, roi de la Syrie de Damas, 2 au reste ce que nous avons dit à l'article
Rois 15, 37. Hostile d'abord à Jotham, Possédés. - Quant à ce que l'on appelle
il finit par s'allier avec son successeur, pr0prement chez nous des revenants,
Pékach, roi d'Israël, contre Achaz, roi de l'exemple de la pythonisse évoquant l'om
Juda (740 av. C.), obtint de grands avan bre de Samuel, est le seul qui nous four
tages, fit des prisonniers, mais échoua nisse l'occasion d'en parler, v. Saül, et
devant Jérusalem, 2 Rois 16, 5. Es. 7, 1. Pythonisse.
Renonçant à cette entreprise qui, si elle REZEPH, ville araméenne qui fut sou
eût réussi, lui eût facilement assujetti tout mise par les Assyriens, 2 Rois 19, 12. Es.
le reste de la Judée, il se tourna contre 37,12. Abulféda mentionne plusieurs vil
Edom et fut plus heureux; il s'empara les de ce nom : la Résapha de Ptolémée
du port d'Elath qui appartenait alors à (5, 15.), était située dans la Syrie Palmy
Juda, et devint ainsi le maître du com réné, c'est peut-être la même que la Ré
merce de l'Idumée et des contrées voi sapha Heschami d'Abulféda, située à en
sines. Cependant il ne jouit pas longtemps viron une journée à l'ouest de l'Euphrate;
de son triomphe; l'année suivante, selon il est probable que c'est celle dont parle
qu'Esaïe l'avait annoncé, 8, 6.9, 10.. Ti le texte sacré. Une autre Rézeph était si
glath-Piléser devint maître de Damas, ré tuée sur les bords de l'Euphrate, plus au
duisit ses habitants en esclavage. fit met midi, dans la contrée où est aujourd'hui
tre Retsin à mort, et la Syrie finit avec Bagdad. *4 !
1 *
tions, 1 Rois21, 16. cf. Ez. 46,18.2 Sam. criait des vivats et des vœux de prospé
16, 4., soit de régies, 1 Rois 10, 14.26. rité, 1 Sam.40.24.Ps. 2, 12. Dan. 2, 4.3,
AIn. 7, 1-, soit de corvées, 4 Rois 5, 43. 9.Jos. Bell. Jud. 2, 1.1. On se faisait une
9,2l. cf. 1 Sam. 8, 13., soit d'impôts en haute idée de leur intelligence et de leurs
nature perçus régulièrement sur le peu facultés, et l'on cherchait à capter leur
ple, ou sur les pays conquis, 1 Sam. 8, bienveillance quand on se l'était aliénée,
45. 17, 25. Es. 16, 4. Il est parlé encore 2 Sam. 19, 18.20. A leur entrée dans les
d'une espèce d'impôt foncier levé dans villes ils étaient reçus avec grande pom
des mouments de besoins extraordinaires, pe, 2 Rois9, 13.1 Sam. 18, 6. Les offenses
2 Rois 23, 35.; le roi, enfin, s'appropriait à la majesté royale étaient punies de mort,
toujours dans les guerres heureuses une 4 Rois 21, 10.; si le coupable appartenait
notable portion des dépouilles ennemies, à la famille même du roi, On se conteIl
2 Sam. 8, 2. v. Butin, et Impôts. — Avec tait de l'éloigner de la cour, 2 Sam. 14,
de pareilles sources de revenus on s'ex 24.28. Les rois hébreux étaient d'ailleurs
plique ces trésors royaux parfois si con beaucoup plus populaires que tous les
sidérables, ces riches garde-robes, ces autres monarques de l'Orient; ils se mon
monuments, ces palais, ces jardins de traient fréquemment au milieu de leurs
plaisance, et ces riches et somptueuses sujets, et se laissaient facilement aborder
tables auxquelles c'était un si grand hon par eux, 2 Sam. 19, 8.1 Rois 3, 16. 20,
neur d'être invité comme convive ordi 39.2 Rois 6, 26. 8, 3. Jér. 38, 7. A leur
naire, 1 Rois 2, 7.4, 22. 7, 1. 10, 21. 14, mort ils étaient déposés dans les sépul
26.2 Sam. 9, 7.2 Rois 14, 14.10, 22. 21, cres royaux, les rois de Juda étaient en
18. 25, 4. Jér. 39, 4. 52, 7. Dan. 5, 1. Est. terrés à Jérusalem, 1 Rois 2, 10. 11, 43.
1, 3. Un harem nombreux ne tarda pas 14, 31.; quelques rois vicieux furent ce
à faire partie des plaisirs des rois, 2 Sam. pendant privés de cet honneur, 2 Chr. 28,
5, 13. 12, 8.2 Chr. 11,21.1 Rois 11, 1. 20, 27., ce qui ne va pas jusqu'à établir que
3.; gardé par des eunuques, il apparte les Israélites eussent, comme les Egyp
mait à l'héritage du successeur , celui qui
tiens, la coutume de juger les rois après
s'en approchait et qui s'appropriait une leur mort; ce pouvait fort bien n'être que
des femmes du monarque, se posait en l'explosion momentanée et spontanée de
prétendant; la déclaration d'amour deve l'irritation publique. Entre eux, les rois
nait une déclaration de guerre , Abner s'honoraient par de riches présents, 1
contre la famille de Saül, Absalon contre Rois 10,2., et par des ambassades n'ayant
son père, Adonija contre son frère Salo d'ordinaire qu'une mission spéciale de fé
mon, manifestèrent de cette manière leurs licitations ou de condoléances, 2 Sam. 10,
prétentions à la couronne ;2Sam. 16,22. 2.2 Rois 20, 12.
1 Rois 2, 47. Les principales charges de la cour
Les rois témoignaient leur bienveil étaient : 1° celle de grand-maître, 4 Rois
lance par de riches présents en argent, 4, 6. 18, 3.2 Rois 18, 18. 19, 2. Es. 22,
en armes Ou en Vêtements , c'était une 15.; les portiers du palais, 2 Rois 7, 11.,
distinction particulière s'ils faisaient as lui étaient subordonnés, et il avait l'in
seoir quelqu'un à leur droite, 1 Rois 2, spection générale de tout ce qui concer
19. Le respect qu'on leur devait était très nait la maison royale ; 2° le percepteur
grand, Prov. 24, 21.; On Se jetait à terre des impôts, commis sur les tributs,2Sam.
devant eux, de telle sorte que le front 20, 24. 1 Rois 4, 6. 12, 18. cf. 11, 28.-
touchât la poussière, 1 Sam. 24, 9. 25, 3° Le maître de la garde-robe, inspecteur
23.2 Sam. 9, 6. 19, 18.; les femmes du du vestiaire, 2 Rois 10, 22. - 4° Le mi
roi elles-mêmes étaient obligées à de pa nistre ou commis des finances, intendafit
reilles démonstrations, 1 Rois l, 16.: ce des villes, châteaux, vignobles, jardins de
lui qui se trouvait sur le passage du roi, la couronne, 1 Chr. 27, 5.;il y avait doute
devait descendre de sa monture, 1 Sam. directeurs des domaines dans les douze
25, 23. On embrassait les rois, et dans cercles du pays, 1 Rois 4, 7., et il est à
les rues ou dans les audiences, on leur croire que Chuzas et l'officier de Canda
| ||
« c ;r :
ROI 273 -- R0I r »i ſ1 ! .
ce, Luc 8, 3. Act. 8, 27., remplissaient Nathan, Ahija, Hiddo, Sémaja, Jéhu, etc.,
des fonctions de ce genre, à la fois in ces deux livres racontent l'histoire d'ls
specteurs, percepteurs, et payeurs. Les raël et de Juda, depuis Salomon jusqu'à
serviteurs du roi étaient en général des Sédécias et Jéhojachin, qui fut tiré de
eunuques, 2 Rois 8, 6. Jér. 52, 25., de prison la trente-septième année de sa
même que l'échanson, 1 Rois 10, 5. Est. 1. captivité, et vécut en liberté jusqu'au jour
10.Ceux qui se tenaient près de la person de sa mort, sous Evilmérodac, roi de Ba
ne du roi, et dont parle Jérémie, étaient bylone, qui lui accorda une pension. Ce
peut-être une classe spéciale deserviteurs; dernier trait sert à fixer l'époque de la
peut-être aussi ces mots désignent-ils rédaction définitive de ces livres. On as
simplement les plus hauts fonctionnaires siste à la mort de Jéhojachin; il meurt
de la cour, ceux qui avaient l'honneur sous Evilmérodac, et, au dire de Bérose,
d'approcher le roi de plus près. — ll faut rapporté par Josèphe, Evilmérodac n'a
nommer encore les gardes du corps, régné que deux ans. La date est précise,
chargés de pourvoir à la sûreté du château ou à peu près. Or, sauf une mention inci
et du palais, 2 Rois 11, 5., de remplir l'of dente faite d'Urie (v. Jér. 26, 20.), Jéré
fice de bourreaux à l'occasion, et de faire mie est le seul prophète de cette époque,
exécuter les édits dans les provinces. Ce Où les Oracles de Dieu étaient rares. Jé
n'est que par exception que les princes rémie paraît donc avoir été le collecteur
du sang avaient quelquefois une garde, rédacteur de ces deux livres qui condui
2 Sam. 15, 1. Les Kéréthiens et les Pélé sent jusqu'à son temps, et le témoignage
thiens mentionnés 2 Sam. 15, 18. 20, 7.1 talmudique (Baba Bathra), qui n'est ja
Rois 1, 38.44., et réunis sous les ordres mais complétement à mépriser, reçoit,
de Bénaja, 2 Sam. 8,°18., comme gardes dans ce cas particulier, la sanction de la
du corps de David, étaient peut-être des vraisemblance et de toutes les probabili
soldats appartenant à des tribus paren tés réunies. Les Livres des Rois sont pla
tes des Crétois et des Philistins ; mais cés, dans le canon hébreu, parmi les li
leur nom a aussi une Signification parti vres prophétiques (N'biim), ce qui sup
culière, et l'on peut traduire les exécu pose qu'au point de vue des Juifs ils
teurs et les courriers (karath signifiant jouissaient d'un haut caractère d'inspira
tuer, et palath s'enfuir, se hàter, courir). tion. Le style a beaucoup d'analogie avec
On voit par 1 Rois 2, 25.34., que les sol celui de Jérémie, et les rapports sont sou
dats du roi étaient souvent chargés des vent frappants, quelquefois textuels, cf.
hautes-oeuvres, de même qu'en Egypte et par exemple 2 Rois 17, 10. Jér. 2, 20.-2
en Babylonie, Gen. 37, 36.40, 3.41, 10. Rois 25, t. Jér. 39, 1. — 2 Rois 17, 14.
Dan. 2, 14., et par 2 Chr. 30, 6., qu'ils Jér. 7, 26. — Quelques idées reviennent
faisaient l'office de messagers estafettes. avec fréquence dans les Rois et dans Jé
Cette traduction est préférable à celle qui rémie, notamment celle de la permanence
ferait de ces noms des noms propres; on de la maison de David sur le trône, cf. 1
comprendrait difficilement en effet, que Rois 2, 4. 8, 25. 9, 5. Jér. 33, 17. 13, 13.
David se fût fait une garde de soldats 17, 25. 22, 4., et l'auteur des deux ou
étrangers et païens; c'eût été une mesure vrages affecte de rechercher volontiers
antithéocratique et impopulaire au der des expressions empruntées à la loi de
nier point, et de nos jours, les quelques Moïse, les appliquant d'une manière tan
monarques qui se font garder encore, ou tôt historique, tantôt prophétique, sui
restaurer par des soldats étrangers, ont vant le but qu'il poursuit, cf. Deut. 13,
pu comprendre que c'est un danger plu 17. 2 Rois 23, 26. Jér. 4, 8. Quant au
tôt qu'un secours. — v. Gouvernement, rapport qu'il y a entre Jér. 52, et 2 Rois
Israël, Juda, etc. 24, 18. sq., on peut voir que ce morceau,
• Livres des Rois. Composés d'après un tout à fait conforme à l'ensemble de l'his
grand nombre de sources qui sont indi toire des Rois, et sorti de la même plume,
quées au fur et à mesure, et qui ont pres se présente isolé à la fin des prophéties,
que toutes pour auteurs des prophètes, et il est évident que le collecteur des pro
II. 18
1/ ),i
R0 | li • i . R0M
:| - , !
phéties de Jérémie ne la placé à la fin de | ROME ( Empire de Rome). Sans nous
ce recueil que parce qu'il ne pouvait y . arrêter ici à faire une histoire même fort
avoir aucun doute sur la personne de son abrégée de ce vaste empire, si puissant
auteur; en outre, comme ce morceau, qu'il n'a fini par mourir que pour renaî
dans Jérémie, est plus développé qu'il ne tre bientôt après avec d'autres noms, et ,
l'est dans le Livre des Rois, il y avait de sous une autre forme; sans essayer non ,
l'intérêt à ce qu'il ne fùt pas retranché et plus de rappeler comment les différents
laissé de côté. Le prophète avait écrit les commentateurs Ont voulu trouver l'em
mémoires de son temps comme d'autres pire romain tour à tour dans les Kittim
l'avaient fait avant lui, et ce sont ces mé de Nomb. 24, 24., et dans le Tubal d'Es.
moires qui terminent à la fois ses oracles 66, 19., à côté d'explications, v. Edom,
et son histoire des rois. L'opinion qui et de contradictions plus bizarres encore,
fait d'Esdras ou d'Ezéchiel l'auteur de nous nous bornerons à rappeler les rap
cette collection, se justifie difficilement, ports de l'histoire romaine avec l'histoire
et n'a pour elle ni la tradition , ni des juive, tels que nous les indiquent les li
raisons suffisantes. vres canoniques du Nouveau Testament
Le but que s'est proposé l'auteur de et les apocryphes de l'Ancien. Les pro
l'histoire des rois est à la fois didactique phètes déjà, et Daniel en particulier, ont
et prophétique : il a moins en vue de ra parlé de cet empire, mais d'une manière
conter et de décrire, que d'instruire et trop obscure, et dans un but trop spé
de rendre attentif. ll apprend aux peuples cial, pour que l'examen de leurs oracles
et aux rois que le principal de la sagesse, appartienne à notre travail.
c'est la crainte de l'Eternel , il leur rap Ce fut l'an 164 av. C. que les Juifs en
pelle les avantages de la piété, les maux trèrent, pour la première fois, en rap
de l'idolâtrie, l'incertitude des choses hu port avec les Romains comme nation.Ju
maines; il met enfin devant leurs yeux das Maccabée conclut avec eux une al
l'unique et véritable roi de Juda selon liance défensive, qui devait mettre son .
l'Esprit, Jésus le descendant des rois se pays à l'abri des tentatives, toujours re
lon la chair, dont la sainteté, les perfec nouvelées, de Démétrius, roi de Syrie, 1
tions, la justice, doivent être prises d'a- Macc. 8. Ce furent cependant moins ces
vance pour modèles par ceux qui occu alliances que les querelles de succession
pent le trône que le Messie doit occuper au trône de Syrie, qui procurèrent aux
un jour. Il met en relief aussi les rap Juifs le repos, et qui donnèrent à leurs
ports du prophétisme avec la royauté, princes un certain poids et une certaine
faisant pénétrer l'un dans l'autre, et indépendance dans les questions de la
montrant combien la royauté est essen politique de l'Orient, 1 Macc. 10, et 14.
tiellement théocratique, puisqu'elle suc Jonathan, en 144, puis Simon , l'un et
combe toutes les fois qu'elle méconnaît 1'autre frères de Judas Maccabée, renou
les enseignements transmis de Dieu par velèrent successivement encore l'alliance
la bouche des prophètes. Les oracles et avec le sénat romain, 1 Macc. 12, 1-16,
la vie de ceux-ci occupent une aussi gran 14, 24., et Simon, ayant envoyé Numé
de place dans ces deux livres que les ac nius avec un grand bouclier d'or, eut
tions des rois, et se combinent avec elles l'avantage de voir son ambassadeur très,
de manière à n'offrir aux lecteurs qu'un bien reçu, et son peuple appelé l'ami, l'al )
ensemble d'enseignements éminemment lié, le frère du peuple romain, dangereux,
religieux et pratiques. Le premier livre honneur qui ne lui valut jamais rien de
renferme l'histoire de 118 ans , le second bon.Jean Ilyrcan, son successeur, sut Sº,
raconte les faits des 320 dernières années maintenir, seul et sans secours étranger,.
de la vie nationale d' Israël et de Juda. au milieu des agitations continuelles de
on peut voir, à ces deux articles, ce que la Syrie, et ne sentit qu'une fois, à pro
nous avons dit sur les difficultés chrono pos de quelques déprédations occasion
logiques qui résultent de la comparaison nées par Antiochus Sidétès, l'utilité de
de ces livres avec les Chroniques. l'alliance romaine (Jos. Antiq. 13.9, 2.).
R0M 275 ROM
qui furent données, en 52, au tétrarque Dans les autres provinces de l'empire,
ROM 276 ROM
les Juifs, non-seulement continuèrent de on voit qu'elle était déjà assez nombreu
jouir de leur pleine et entière liberté re se, quoiqu'elle n'eût encore eu aucun mi
ligieuse, mais ils étaient même exempts nistère régulier, et que le grand apôtre
du service militaire ; les nombreux Juifs des gentils ne l'eût pas encore visitée.
d'Alexandrie étaient en particulier, depuis , Saint Paul, cependant, déjà dès son troi
les Ptolémées, les objets de faveurs tout | sième voyage missionnaire, s'était pro
à fait spéciales , au dire d'Alabarque, ils posé d'aller visiter ces chrétiens, Act.
avaient même une espèce de représenta-19, 21. Rom. 15, 23.; il s'y rendit en ef
tion nationale. On peut en dire autant des fet, mais comme prisonnier, Act. 28, 16.
Juifs d'Antioche. v. Paul. -
2° Rome (la ville). Cette vieille capitale Dans l'Apocalyse, Rome est clairement
du paganisme, sise sur sept collines aux désignée sous le nom symbolique de Ba
bords du Tibre, avecsestrente-sept portes bylone, 14, 8. 16, 19. 17, 5. 18, 2. etc.
et une circonférence de treize mille pas, Siége du paganisme, elle est opposée à
est nommée pour la première fois dans Jérusalem, le siége du judaïsme, et le lieu
le premier livre des Maccabées, où elle de naissance du christianisme : la corrup
désigne d'une manière générale tout l'em tion est opposée à la sainteté, les ténèbres
pire, puis plusieurs fois dans les Actes, sont mises en présence de la lumière.
et enfin dans l'Apocalypse, mais en ter Déjà les Juifs avaient l'habitude de dési
mes prophétiques. La ville éternelle et gner sous le nom fatal de Babylone, cette
toujours la même, était habitée au com Rome qu'ils haïssaient, et les prophètes
mencement de l'ère chrétienne par un en regardant l'avenir y voyaient le paga
grand nombre de Juifs qui s'étaient éta nisme ressuscitant toujours aussi païen,
blis dans un quartier spécial au-delà du mais avec des dehors chrétiens, avec un
Tibre, où ils pratiquaient leur culte en nom chrétien. Les sept collines et la do
toute liberté, faisant même à ce qu'il pa mination du monde, 17, 9. et 18., ne peu
raît, beaucoup de prosélytes. C'étaient vent laisser aucun doute sur la ville qué
pour la plupart des affranchis, des des saint Jean avait en vue. Elle est appelée la
cendants de ceux que Pompée avait em Bête, et son chiffre est 666; on a trouvé
menés en captivité. L'empereur Tibère, et de ce chiffre diverses solutions, grecques,
Claude après lui, les chassèrent de la ville, latines, hébraïques, arabes, allemandes,
Suétone ne dit pas en quelle année; d'a- françaises, etc. Le mot latin en grec, Az
près Orose, ce serait en la neuvième de
rstvos, dont toutes les lettres ont une va
ce dernier règne; le nom de Chrestus, leur en chiffres, donne par l'addition 666;
mêlé à ce décret comme celui d'un agi A 30
tateur dont les désordres auraient pro 1
voqué l'expulsion des Juifs, n'est peut 300
être que la corruption du nom de Christ; 5
peut-être aussi qu'un fait spécial dont un 10
Chrestus (nom assez général et qui repa 50
raît sur plusieurs inscriptions), aurait été 70 ' |
la Bête; la solution est ingénieuse et pro prouver que l'Epître aux Romains avait
bable; si nous étions moliniste, ou parti d'abord été écrite en araméen; le P. Har
san des traditions, nous n'hésiterions pas douin soutient en revanche que saint
à l'accepter. La curiosité peut être enga Paul l'a écrite en latin, telle qu'elle se
gée dans ces recherches, et elle l'est or trouve dans la Vulgate, et il a un certain
dinairement plus que la foi; le nom de intérèt à l'établir ; mais sauf ces deux
Mahomet a fourni son contingent d'expli tentatives désespérées , l'ancienne tradi
cations, et il n'y a pas jusqu'au nom de tion est restée généralement admise, que
Luther dans lequel on n'ait trouvé le chif saint Paul a écrit en grec. La circonstan
fre 666, à la condition toutefois qu'on l'é- ce que l'apôtre écrivait en Grèce, dans
crive Loulthr, en lettres et chiffres hé une ville entièrement grecque, et l'exa
braïques. —Au reste, ces mystères trou men du texte dont le style trahit un tra
vent mieux leur place dans un commen vail original, seraient, lors même qu'il n'y
taire qu'ici. aurait pas de tradition, des arguments
3° Epttre aux Romains. Dictée par suffisants pour répondre à toutes les in
l'apôtre à un certain Tertius, et portée ductions contraires. La langue grecque
aux chrétiens de Rome par la diaconesse était d'ailleurs parfaitement connue à Ro
Phébé (Rom. 16, 1. sq.), cette épître ren me, et chacun la comprenait (Suet., Clau
ferme, sur le lieu et l'époque de sa ré de, 4. Dial. des Orat. c. 29. Juvénal, Sat.
daction, des indices si positifs, que les IV, 185.)
opinions n'ont jamais beaucoup varié sur Si l'on se rappelle que cette épître a
l'un et sur l'autre point. Ce fut après avoir été écrite avant le voyage de Paul à Rome,
été chassé d'Athènes, et pendant son sé on s'étonnera que, lors de son arrivée, les
jour en Macédoine, que Paul, étant à Co Juifs parlent à l'apôtre comme ne sachant
rinthe, écrivit cette lettre. On voit par rien de cette secte, sinon qu'on la con
1 Cor. 16, 3.4., que l'apôtre se proposait tredit partout, Act. 28, 22. Comment les
de faire un voyage à Jérusalem pour as chrétiens de Rome qui avaient attiré l'at
sister les saints, après qu'il aurait été re tention de l'apôtre-missionnaire absent,
cueillir à Corinthe les dons de la libéralité et qui étaient assez nombreux pour avoir
chrétienne ; or, d'après Rom. 15, 25., il plusieurs lieux de culte, qui s'étaient mê
est sur le point d'entreprendre ce voyage; me avancés jusque près des marches du
il était donc à Corinthe en écrivant ces trône, comment pouvaient-ils n'être pas
lignes. Aquila et Priscille, qui étaient en connus, surtout des principaux d'entre les
core à Ephèse lorsque saint Paul écrivait, Juifs ?L'Eglise n'était-elle composée que
M Cor. 16, 19. cf. Act. 18, 18.26., étaient de païens convertis ? même dans ce cas
arrivés à Rome, Rom. 16, 3. Enfin le elle n'eût pu rester cachée. Ce n'est d'ail
voyage que Paul avait résolu de faire à leurs pas probable, et l'Epître aux Ro
Rome après celui de Jérusalem, Act. 19, mains semble indiquer que parmi ceux
21., il annonce qu'il va le faire, Rom. auxquels l'apôtre s'adresse, il y avait si
15, 28., se proposant même de se rendre non des divisions et des divergences de
jusqu'en Espagne. D'autres détails con vues, tout au moins des positions et des
firment encore l'opinion généralement re origines différentes, des païens et des
çue; il salue les chrétiens de Rome de la Juifs. L'ignorance des chefs de la syna
part de Caïus, 16, 23., or Caïus était à gogue à leur égard, a donc lieu de sur
Corinthe, 1 Cor, 1, 14. : il les salue de la prendre, et les théologiens ont essayé de
part d'Eraste, et celui-ci demeurait à Co l'expliquer de diverses manières;Tholuck
rinthe, 2 Tim. 4, 20.; Phébé la diaconesse et Reiche pensent que les Juifs feignaient
était de Cenchrée, port de Corinthe, etc. seulement de n'en avoir pas entendu par
D'après ce que nous avons dit ailleurs, ler : d'autres, comme Olshausen dans sa
ce serait donc vers l'an 58 ou 59 que cettepremière édition, croient que par suite
lettre aurait été écrite. des persécutions de Claude, la petite Egli
Bolten et Berthold, prenant toujours le se avait été dispersée et presque anéan
parti de l'invraisemblance, ont essayé de tie; mais on ne comprend pas les motifs
R0M 278 ROM
qui auraient pu porter les Juifs à fein Le chapitre 16 enfin est un épilogue qui
dre, et quant à la persécution de Claude, renferme les vœux de l'apôtre, et de nom
comme elle avait eu lieu avant la rédac breuses salutations.
tion de l'Epître aux Romains, et qu'à cette L'importance de l'Epître aux Romains
époque l'Eglise paraît de nouveau consti a été sentie de tout temps , c'est ce qui
tuée , elle ne peut non plus expliquer lui a valu d'être placée en tête des autres
l'ignorance des principaux des Juifs. Il épîtres, quoiqu'elle ne soit pas la pre
vaut donc mieux admettre avec Olshau mière en date. La grandeur du sujet, la
sen, dans son Introduction à l'Epître aux profondeur des pensées, l'énergie du lan
Romains (1835), que les Juifs ne con gage, la puissance du raisonnement, la
naissaient pas l'existence des chrétiens, clarté et la précision de la doctrine, font
parce que ceux-ci avaient cru devoir, de cette lettre une lettre à part, et lui as
peut-être par des motifs politiques, se signent aux yeux des chrétiens, une place
séparer entièrement et catégoriquement spéciale dans le canon du Nouveau Tes
du parti juif, afin d'échapper aux mesures tament ; et si le sermon sur la montagne
de proscription auxquelles ceux-ci étaient a été considéré comme le commencement
exposés sous Claude : les chrétiens, mê de l'Evangile, on peut dire que l'Epître
me les judéo-chrétiens, ne voulaient pas aux Romains en est le dernier mot. L'a-
être confondus avec les Juifs, comme pôtre a cru, c'est pourquoi il a parlé, et
plus tard aussi, lors du siége de Jérusa jusque dans les plus petits détails, on re
lem, ils durent se séparer d'eux d'une connaît que l'inspiration divine n'a parlé
manière ostensible, pour pouvoir se ré qu'à travers l'expérience intime et per
fugier dans la citadelle d'AElia ; cette sé sonnelle de l'apôtre. On ne peut le com
paration qui leur était dictée par leur in prendre aussi que lorsqu'on a fait les mê
térêt, fut peut-être facilitée au point de mes expériences que lui ; il faut avoir
vue dogmatique, par l'influence de quel reconnu d'abord qu'au milieu des œuvres
ques disciples de saint Paul qui ensei de la loi, l'on se trouvait encore faire la
gnaient la complète rupture avec les tra guerre à Dieu et persécuter le Sauveur,
ditions juives. pour renoncer entièrement au salut par
En admettant cette explication, l'on les œuvres et ne plus chercher d'autre
comprend aussi que les questions qui justice que celle qui est par la foi.
s'agitaient ailleurs, et les divisions entre Il n'est peut-être pas d'ouvrage qui ait
judéo et pagano-chrétiens, ne fussent pas été l'objet de plus de recherches et de
à l'ordre du jour dans l'Eglise de Rome. travaux dans la Bible que l'Epître aux
L'apôtre, en écrivant aux frères, reste Romains ; le nombre des commentateurs
donc sur le terrain abstrait de l'exposi qui l'ont expliquée est considérable ; on
tion, et ne parle de la position que l'Evan en trouve la liste dans Reiche, page 95
gile fait aux Juifs et aux païens que d'une et suiv., et dans le commentaire d'Oltra
manière générale, sans que rien dans les mare, quoique cette dernière ne soit pas
circonstances de l'Eglise ait provoqué ces complète. Il est à remarquer que saint
observations. Les rapports de la loi et de Augustin et Luther n'ont pas abordé ce
l'Evangile sont le sujet de sa lettre. Dans travail de front; le premier n'a commen
les dix-sept premiers versets il introduit té que quelques « propositions » de l'épi
et expose son sujet, savoir que l'Evangile tre; le second a pu, en commentant les
est la puissance de Dieu, en salut à tout Galates, examiner la doctrine de saint
croyant, et que la justice de Dieu se ré Paul sur la justification par la foi, sans
vèle en lui pleinement de foi en foi. La rencontrer aussi directement sur son che
seconde partie va de 1, 18. à 11, 36.; elle min la doctrine de la prédestination. Par
est consacrée aux développements dog mi les pères, Chrysostome et Théodoret,
matiques, et forme comme le noyau de nons ont laissé des commentaires homi
l'épître. Dans la troisième (12, 1.-15,33.), létiques sur les Romains; nous ne pos
Paul examine les conséquences morales sédons le travail d'Origène que dans la
et pratiques de la justification par la foi. traduction de Rufin ; Jérôme et Cassio
· ROS 279 ROS
dore nous ont conservé un commentaire de peuple, aussi bien que Tubal, et la cir
de Pélage; OEcumenius et Théophylacte constance qu'il n'est parlé de ce peuple
'n'ont rien laissé de bien saillant dans nulle part ailleurs dans l'Ancien Testa
leurs travaux sur cette épître; en général ment, cesse d'être une objection dès qu'on
les Pères grecs ne la comprenaient pas se rappelle la position particulière du pro
' bien, et les latins, sauf l'Ambrosiaster, phète. Il était en Babylonie, et par con
ont évité de se prononcer clairement. Le séquent en rapports plus faciles avec les
travail de Mélanchthon. et surtout celui de peuples païens du Nord, ou du moins
* Calvin, sont les véritables ouvrages pa avec leur géographie, que les écrivains de
tristiques sur la matière, et l'on y trouve la Palestine. Il est du reste difficile de
tout le génie de la réformation. Parmi les préciser la position de Ros, et ce que
modernes, nous ne mentionnerons que nous avons dit à l'article Mésec peut suf
le commentaire de Tholuck qui se distin fire. Les Ras dont il est parlé dans le
gue au point de vue scientifique, celui de Coran (Sur. 25, 40. et 50.) comme d'un
Stier qui est plus pratique, celui d'Ols peuple qui a cessé d'être, ne sont pro
hausen, le plus dogmatique, le plus pro bablement pas sans analogie avec le Ros
fond des commentaires allemands, et dans d'Ezéchiel ; les commentateurs les pla
tous les cas celui qui se lit avec le plus cent au Nord, sur les bords de l'Araxe.
d'entraînement; en anglais, celui de Hod Les écrivains byzantins parlent souvent
ges et celui de Haldane, tous deux tra des Ros, ce qui indiquerait qu'ils n'en
duits en français, le premier plus inté étaient pas fort éloignés; et si l'analogie
ressant, le second plus dogmatique et de ce nom avec celui de Russie n'est peut
plus profond : en français, celui de Mou être qu'accidentelle, il n'en est pas moins
linié, l'un des meilleurs ouvrages de ce frappant de voir Ros, Tubal, et Mésec
vénérable champion de la vérité à Genève, réunis autrefois sous le sceptre d'un seul
· et celui d'Oltramare qui n'est pas encore prince, comme le sont maintenant la Rus
' achevé, savant, grammatical, intéressant sie, Tobolsk et Moscou. -
comme étude, mais manqué au point de ROSE. C'est par ce mot que Luther a
vue dogmatique. Les noms de Zwingle, traduit, Cant. 2, 1.4, 5., l'hébreu shoshan
d'OEcolampade, de Grotius, de Flatt, de que nos versions , également à tort , ont
' Ruckert, de Reiche, de Néander, de Glœck rendu par muguet; v. Lys. Nos versions
ler, d'Usteri, de Meyer, de Moses Ste ont traduit de même par rose, Cant, 2,
wart, et d'Erskine, doivent également 1., le terme hébreu que nous avons vu
être rappelés ; nous n'avons d'ailleurs désigner le narcisse, q. v. Il ne paraît
pas nommé les commentateurs qui, ayant pas qu'il soit nulle part question des ro
expliqué tout le Nouveau Testament, ont ses dans l'Ecriture, mais il en est quel
· par conséquent aussi publié des travaux quefois parlé dans les apocryphes, comme
sur l'Epître aux Romains. de belles fleurs dont on se servait volon
Les questions spéciales relatives à cette tiers pour faire les guirlandes, Sir. 39,
épître sont traitées aux articles spéciaux, 16. 50, 8. Sap. 2, 8. L'espèce dite de Jé
" Paul, etc., si elles sont historiques : quant rico était particulièrement estimée, Sir.
' aux difficultés dogmatiques, ce n'est pas 24. 18., et le climat fertile de ce dis
'' ici qu'ellès doivent être résolues. trict pouvait en effet faciliter la culture
- ' ROS. 1° Fils de Benjamin, Gen. 46, 21. de diverses espèces rares et remarqua
º - 2" Ez. 38, 2. 3. 39, 1. Nos versions bles. Les roses de Cyrène passaient dans
" ont traduit « prince des chefs » au lieu de l'antiquité pour les plus odoriférantes,
º ' prince de Ros, de Mésec, etc.; mais l'ana Pline, 21, 10.
-"ºlogie de la langue hébraïque n'autorise ROSEAU. On distingue ordinairement
º'pas une semblable traduction; il faudrait trois espèces de roseaux dans l'Ecriture :
"I'article hébreu, et cela d'autant plus que 1" Le roseau d'eau que l'on trouve dans
"le mot prince se rapporte au nom de Gog les marais, dans les étangs, au bord des
· quine précèdepasimmédiatement. Ros,ou fleuves, du Nil, du Jourdain, etc., Ex. 2,
· Rosh, doit donc être pris comme un nom 3.1 Rois 14, 15. Job 8, 11, Es. 49, 6.
R0S 280 R0S
35,7. Ses sous-espèces les plus con filets qui forment l'effet d'une chevelure.
nues sont l'arundo phragmites, et le ca La racine a l'épaisseur du bras, et l'on
lamogrostris. —2° Une espèce plus forte s'en servait au lieu de bois; de la tige
dont on fait des bâtons et des cannes, 2 on fabriquait de petites et légères embar
Rois 18, 21. Ez. 29, 6. Matth. 27, 29., cations, Ex. 2, 3. Es. 18, 2. (papyraceae
parfois aussi une mesure de longueur, naves, Plin. 6, 24. etc.), qui, au dire
Ez. 40, 3. Apoc. 11, 1. 21, 15. C'est l'a- d'Héliodore, étaient fort rapides : la pel
rundo donax, dont le tronc dur et li licule et les parties membraneuses de la
gneux, atteint la hauteur de 3 mètres, et plante, d'un vert-clair, et ressemblant as
l'épaisseur de 3 décimètres. ll est aussi sez à la couche la plus fine de l'écorce
très abondant sur les bords du Nil. —3° Le d'arbre, servait à divers usages; On en
roseau à écrire, arundo scriptoria, 3.Jean faisait des voiles, des matelas, des sOu
13., que les Arabes nomment kalam (ca liers, des cordes, des cribles, des mèches,
lamus). Il croît dans les marais de la Mé et surtout du papier. Le nom de cette
sopotamie, entre le Tigre et l'Euphrate, plante est berd, ou berdi, en arabe. --
près d'Hellah, dans le golfe Persique, etc. Quant à la canne odoriférante, Ou rOseau
Lorsque le tuyau, qui est rempli de moelle, aromatique, dont il est parlé Ex. 30, 23
a été d'abord amolli, puis séché, on le Jér. 6, 20. Es. 43, 24. Ez. 27, 19. Cant.
fend et On le taille , à peu près comme 4, 14., c'est l'acorus calamus de Linnée ,
nos plumes, et c'est après cette prépara plante dont la racine surtout se distingue
tion que l'on s'ensert. Il manque du reste par son odeur agréable et sa forte saveur,
une description exacte et complète de et qui croissait, selon Pline, en Arabie,
cette plante, qui croissait autrefois dans en Syrie et aux Indes; selon Théophraste,
l'Asie Mineure, en Egypte, et même en on trouvait aussi la canne dans les vallées
Italie, Plin. 16, 35. Toutes ces espèces du mont Liban : elle n'était peut-être pas
sont connues en hébreu sous le nom gé étrangère non plus aux contrées méridio
néral de kanneh', cannes, Le terme ag nales de l'Europe, mais la meilleure était
mon employé Es. 9, 13. 19, 15., comme celle des Indes et celle de l'Arabie. C'é-
faisant opposition au rameau (de palmier), tait un des ingrédients dont on composait
désigne peut-être aussi bien le jonc que l'huile sacrée, et l'on en faisait des en
le roseau ; on en faisait des cordelettes, censements. — Les roseaux de mer dont
Job 40, 21., comme on en fait mainte il est parlé Jon. 2, 6., désignent une es
nant encore avec le jonc et le roseau. Le pèce d'algues marines (fucus natans de
mot achou, d'origine égyptienne, Gen. Linnée) que l'on trouve en quantité près
41, 2. 18., est assez bien traduit dans nos des rivages de la Méditerranée, de l'Hel
versions par herbe des marais, Job8, 11.; lespont, et de la mer Rouge; cette dernière
il désigne en effet la laîche, ou le carex, en a même tiré son nom de Yam Souph,
et saint Jérôme l'explique par tout ce qui oumer des Algues. La tige en est noueuse,
est verdure dans les marais. Le gomé, rameuse et filamenteuse; les feuilles sont
Es. 35, 7. Job 8, 11., traduit par joncs, longues, pointues, et dentées en forme de
est le papyrus si célèbre des anciens; il scies. On en trouve différentes espèces
n'appartient pas à la famille des roseaux, dans la mer Rouge; le latifolius est le plus
c'est le cyperus papyrus de Linnée : on le commun. | ºr,!
trouvait autrefois dans tous les marais de ROSEE. Elle est siabondante en Orient
l'Egypte et sur les bords du Nil, mais il pendant les chaudes nuits d'été, qu'elle
y est maintenant fort rare, et au dire de fait l'effet d'une petite pluie, Dan. 4,215.
Minutoli ce n'est plus qu'aux environs de 23. Cant. 5, 2. Elle tempère les violentes
Damiette qu'on le trouve; sa tige trian ardeurs du jour et rafraîchit les plantes
gulaire, garnie de longues feuilles qui se qui, sans elle, périraient de sécheresser
recouvrent par le bas, atteint une hau sans la rosée on ne peut attendre aucune
teur de 3 mètres et plus, et se termine végétation, aucune récolte, tout est stér
par un bouquet de feuilles rougeâtres au rile, Gen. 27, 28. Zach. 8, 12.Agg. 1, 10.
milieu desquelles se trouve une touffe de Job 29, 19., et elle est toujours nommée
ROU 281 ROU
à côté de la pluie comme une des plus munication plus ou moins parfaits aient
grandes bénédictions que Dieu accorde à relié entre eiles les différentes villes, enº
la terre, Deut. 33, 28. Elle a fourni aux tre eux les différents villages de la Pales
poètes de belles et gracieuses images, tine; la liste de ces petites routes serai
soit qu'ils décrivent le bonheur et la fer sans valeur et resterait nécessaireme
tilité, soit qu'ils en fassent le symbole de incomplète. Nous n'avons à nous occuper
la rapidité avec laquelle disparaissent les ici que des routes principales du pays,
jouissances de la vie, ou les bonnes dis lesquelles servaient en même temps à
positions de ceux qui ne sont pas fondés mettre Israël en communication avec les
en Christ, 2Sam. 17, 12. Ps. 110, 3. Prov. contrées voisines; elles sont restées jus
19, 12. Os. 6, 4. 13, 3. 14, 5. Mich. 5, 7. qu'àaujourd'hui à peu près les mêmes que
Es. 18, 4. 26, 19., etc. ce qu'elles étaient autrefois. — La confi
ROTIS. Cette manière d'apprêter les guration de la Palestine donne à ses rou
viandes, la plus ancienne peut-être, et tes deux directions principales; les unes
dans tous les cas la plus ordinaire encore sont longitudinales et courent du nord au
dans l'Orient moderne, n'est mentionnée sud, les autres sont transversales et vont
qu'en passant dans l'Ecriture, 1 Sam. 2, de l'est à l'ouest. Parmi les premières,
15. Es. 44, 16. Ex. 12, 8. on remarque : 1° la route maritime qui
ROUTES. Les grandes routes de la Pa conduit de Sidon en Egypte, en suivant
lestine devaient être, d'après la nature du les côtes de la Méditerranée; elle passe
terrain, les unes montueuses et rocheu par Tyr; sa première station en Palestine
ses, les autres planes et sablonneuses : est Acre ou Acco; longeant de près le ri
les premières étaient les plus difficiles, vage, et souvent taillée dans le roc, elle
et dans les temps de pluies, lorsque les passe au pied du Carmel, traverse Césa
eaux découlaient en abondance des mOn rée, Joppe, les villes principales des Phi
tagnes, improvisaient des ruisseaux et listins, Askélon, Gaza, où de fertiles gra
grossissaient des rivières, le passage de dins commencent à faire place à un ter
ces routes était dangereux, parfois même rain inculte et sablonneux; près d'El
impraticable ; elles avaient d'un autre Arish on trouve le vrai désert de Sur,
côté l'avantage d'être solides, fermes, du puis Pélusium et l'Egypte. -
res, ce qui est considérable dans un 2° Sur l'étroit plateau du haut pays oc
pays où l'on n'est pas, comme dans l'an cidental est une seconde route longitu
cien Orient, bien avancé dans l'art des dinale qui, de Jérusalem, conduit vers le
ponts et chaussées. Le passage Deut. 19, sud à Hébron et relie les principales villes
3., relatif à l'entretien des routes con de la Judée, et vers le nord s'avance jus
duisant aux villes de refuge, est tout à qu'en Galilée, et sert de communication
fait isolé dans l'Ecriture; et si Josèphe entre les trois provinces, puisqu'elle tra
semble indiquer que les routes à l'entour verse la Samarie en entier. Une forte
de Jérusalem avaient été pavées par Salo journée conduit de Jérusalem à Sichem;
mon, c'est le seul indice que nous en la route touche à Samarie, traverse la
plaine de Jizréhel, et aboutit à Nazareth.
ayons. On voit au reste, par l'analogie de
Es. 40, 3., que lorsque les rois se met 3° La vallée du Jourdain n'a jamais of
taient en voyage on préparait la route fert une route régulière et facile; les Ga
liléens, qui voulaient éviter la Samarie en
devant eux, en rendant praticable et sans
danger le chemin qu'ils devaient suivre.se rendant à Jérusalem, traversaient le
Les Romains furent les premiers qui con fleuve au midi près de Bethséan, et le re
struisirent en Orient des routes régu passaient de nouveau au nord près de Jé
rico ; cette route défectueuse s'arrêtait
lières, et en organisèrent un réseau dans
les pays soumis à leurs armes; ils élevèlà, et ne longeait la mer Morte ni à droite,
rent aussi, mais seulement sous les der ni à gauche. -
niers empereurs, des pierres milliaires Parmi les routes transversales, on dis
en Palestine. tinguait surtout celle d'Acco à Nazareth,
Il est naturel que des moyens de com au nord, et celle de Joppe à Jérico par
, ROU 282 , RUB
pos, Es. 56, 2. 58, 13. Ezéch. 20, 16.22, Le Nouveau Testament nous montre par
8. Lament. 2, 6. Néh. 13, 15.; ce n'est plusieurs exemples, jusqu'à quel point les
que depuis l'exil que le sabbat fut observé pharisiens avaient poussé la fatuité et le
en Israël avec un scrupuleux respect; on microscopisme. Cueillir des épis en se
chercha même à compenser par de rigou promenant, guérir un malade, même par
reuses minuties les négligences du temps une simple parole, et pour le malade, char- .
passé, et l'on fit un sabbat judaïque du ger son petit lit après sa guérison et s'en ,
jour qui devait être un sabbat divin. On aller, étaient pour les pharisiens et leurs
voulut préciser les choses que le législa adhérents autant de profanations du saint .
teur avait désignées sous le nom de tra jour, tandis que l'on ne se faisait aucun
vail alors que le législateur n'avait pas scrupule, en cas de besoin pressant, de
cru devoir le faire, laissant à l'opinion vaquer à des occupations domestiques
publique et à la conscience individuelle parfaitement contraires à la lettre et à
le soin de déterminer ce qui constitue un l'esprit de la loi, Matth. 12, 11. Luc 14,
travail, et de résoudre les cas douteux. 5. Un traité spécial de la Mishna sur le
Une seule chose était positivement défen sabbat, compte trente-neuf occupations
due dans la loi, c'était de faire du feu dans défendues, plus leurs subdivisons; d'au- .
les maisons pour cuire les aliments, Ex. tres écrits vont plus loin encore dans ,
16, 23. 35, 3., de sorte qu'il fallait cuire leurs subtilités; les secours médicaux ne
et préparer d'avance la nourriture du sab doivent être administrés que là où il y :
bat. La sagesse humaine voulut aller plus aurait péril pour la vie à renvoyer aujour .
loin que ce qui était écrit, et l'on vit sur suivant; pour une jambe cassée il faut
gir une véritable casuistique à propos du remettre au lendemain, on peut atten-.
quatrième commandement. La défense de · dre, etc. -
SAB , 286 . SAB
Le sabbat devait être consacré à la mé quoiqu'il existâtlauparavant déjà, cf. Ex.
ditation de la loi, et c'est en ce jour que 16, 23.; c'est à un texte positif, à la lettre
le culte se célébrait presque générale bien connue, qu'ils en appellent, et cette
ment dans les synagogues, par la prière, lettre ne date que de Moïse. — Il est évi
la lecture, et l'explication des saints li dent que cette fête religieuse si caracté
vres, 2 Rois 4, 23.Marc 1, 21. 6, 2. Luc ristique ne pouvait être empruntée ni à
4, 31. 6, 6. 13, 10. Act. 13, 27.44. 16, des religions étrangères, ni par des reli
13. 17, 2. 18, 4. On célébrait de joyeux gions étrangères, et qu'entre les Juifs et
festins, Luc 14, 1.; on revêtait ses plus leurs voisins païens à qui ils étaient en
beaux habits; on ne jeûnait jamais, Ju horreur, il ne pouvait se trouver aucun
dith 8, 6. lien commun à cet égard, aucune com
A l'exception d'Antiochus Epiphanes, munication religieuse. Or le cycle hebdo
toutes les puissances étrangères qui do madaire, parfaitement connu des Egyp
minèrent sur Israël laissèrent aux Juifs tiens et commençant au jour de Chronus
la liberté de fêter le jour du sabbat à leur (le temps), le septième jour consacrè à
manière, 1 Macc. 1, 45. 48. 10, 34. 2 Saturne par les Romains (samedi), et les
Macc. 6, 6., et dans leurs institutions ju saturnales qui, rappelant l'âge d'or, ren
diciaires elles surent tenir compte des us daient pour un jour la liberté aux escla
et coutumes des Hébreux, mais sans les ves, démontrent que la tradition d'un
respecter ni les observer pour leur pro septième jour était connue des païens dès
pre usage : les Romains en particulier se l'antiquité la plus reculée. Prétendre que
moquaient des Juifs comme de paresseux, les Juifs auraient emprunté cette coutume
Juvén. 14, 105., et ailleurs. aux Egyptiens, serait un simple non-sens
Il paraît, d'après Gen. 2, 2.3., que le théologique et historique, quin'aurait pas
sabbat fut observé SOus toutes les dis mème l'avantage de résoudre la question,
pensations, et même avant la promulga car il faudrait toujours se demander com
tion de la loi : nous ne pOuvOns examiner ment les habitants de l'Asie, de l'Afrique
ici cette question qui ressort des com et de l'Europe, se seraient trouvés d'ac
mentaires et des ouvrages spéciaux aux cord à mettre à part un des jours de là ''
quels nous renvoyons (sept Sermons de semaine, et partout le même : l'univer
Wilson, Haldane, Comment. deSchrœder, salité, ou la presque généralité de cette '
Victor Mellet, le Narrateur, etc.); mais observance, ne peut s'expliquer que par
il ressort évidemment de l'histoire de la l'unité et l'antiquité de son origine.1lse
création elle - mème, que la célébration rait difficile de comprendre d'ailleurs que
du septième jour était dans l'ordre naturel Dieu, en imposant à l'homme le travail
des choses, de telle sorte que le sabbat rude et la fatigue, n'eût pas dès le com
n'eût-il été imposé aux Juifs que sur le mencement annoncé qu'il levait cette ma-"
Sinaï, il n'en existait pas moins pour les lédiction à des intervalles déterminés :
hommes depuis qu'Adam l'avait vu solen l'homme n'eût pu la supporter à la longue,.
niser par le repos de l'Eternel. Ce jour et neuf cents années d'un travail non
appartient en quelque sorte à la loi natu interrompune se peuvent concevoir; d'un
relle, et si les lois ne furent articulées et autre côté, le travail interrompu sans
déclarées telles que par Moïse, elles n'en autorisation divine fût devenu un péché
subsistaient pas moins avant lui, écrites nécessaire, et nulle part, même dans les"
dans les cœurs, et elles subsistent encore plus sévères de ses lois, Dieu n'a de
après l'écroulement de l'échafaudage ju mandé à l'homme des choses impossibles!
daïque, non plus sur des tables de pierre, à ses forcés physiques. De même qué le
mais sur les tables du cœur des chrétiens, repos, la sanctification et la mise à part
2Cor.3, 3. ll est arrivé de ce commande d'unjour sur sept appartient aux lois éter-"
ment comme des autres, que lorsque les nelles, et la phase juive qui a été la ma-"
prophètes le rappellent, ils ne peuvent le nifestation la plus éclatante de la volonté
rattacher qu'au jour de sa promulgation, divine se traduisant en paroles humaines,º
Ez. 20, 12. Néh. 9, 14. cf. Deut. 5, 14., n'a été qu'une des phases de rhistoire du
· · | · | . ' 1,:11
* • •
tant plus facilement que la chair allait de ſet sans défaut physique; leur âge même
venir partie intégrante de la vie et de la est l'objet de l'attention de Moïse; à l'ex
nourriture des hommes : c'est peut-être à ception des tourterelles, ils ne devaient
cette introduction des sacrifices sanglants pas avoir moins de huitjours, Lév.22,27.,
que remonte aussi l'usage d'allumer le la chair trop jeune étant déjà par elle
bois du bûcher, et d'embraser l'autel. Que même une chOse malsaine et souvent dé
Dieu ait le premier donné aux hommes goûtante. Le sexe des victimes était in
l'ordre ou même la seule idée de lui offrir différent dans les offrandes pour le péché,
des sacrifices, c'est ce qu'il n'est pas fa et dans les sacrifices d'actions de grâces,
cile de prouver; mais que ces sacrifices Lév. 3, 1., etc. 5, 6.; mais, comme holo
aient eu dans l'esprit de ceux qui les of causte, on ne pouvait offrir que des vic
fraient une signification dogmatique, con times du sexe le plus parfait. Le choix
fuse si l'on veut, mais réelle et positive, des victimes était , dans la plupart des
c'est ce qu'il est impossible de nier. Le cas, laissé à la volonté de celui qui faisait
sacrifice était évidemment un rapport que le sacrifice, Lév. 1, 3., mais il est déter
l'homme voulait établir (ou maintenir) miné dans les sacrifices pour le péché, etc.,
avec Dieu ; c'était en outre un acte d'hu Lév. 4, 3.; des boucs sont souvent or
miliation; il renfermait l'idée que l'homme donnés pour ce dernier cas. - Les Israé
n'est pas aussi près de Dieu qu'il le de lites professaient la plus grande horreur
vrait, que cette séparation doit cesser, pour les sacrifices humains, Ps. 106, 37.
que cet intervalle doit être comblé, qu'il Es. 66, 3. Ez. 20, 26.31. non-seulement
peut l'être, mais qu'une offrande est né parce qu'ils étaientd'origine païenne, Lév.
cessaire : un sentiment religieux quel 18, 21. 20, 2. Deut. 12, 31., mais parce
conque présidait par conséquent à tout qu'ils sont contraires à tous les senti
sacrifice, et la foi fit voir à Abel ce que les ments de la nature et de l'humanité.
autres ne faisaient que pressentir et en L'exemple d'Abraham sacrifiant Isaac ne
trevoir confusément, Hébr. 11, 4. peut rien prouver contre ce fait, non plus
- Ce que les lsraélites avaient reçu par que le sacrifice de Jephthé: le premier
tradition , leur législation le fixa et le obéissait à un ordre spécial et positif de
compléta, en déterminant la nature et le Dieu, qui n'en permit pas même l'exécu
mode des sacrifices, le rituel, et tout ce tion ; le second obéissait à un vœu irré
qui s'y rapportait : fléchi qu'il ne se croyait plus le maître de
1° L'objet de l'offrande, animal ou vé ne pas accomplir.
gétal, déposé sur l'autel de Jéhovah, de 2° Le lieu où les sacrifices seraient of
vait appartenir au nombre des aliments ferts fut déterminé : il ne pouvait y en
purs dont les Ilébreux étaient appelés avoir qu'un : ce fut le tabernacle dans le
ou autorisés à faire eux-mêmes usage. On désert, puis le temple à Jérusalem. Ce
distinguait les menachoth et les zebachim, lieu devait être unique pour rappeler l'u-
ces dernières étant des victimes sanglan nité de Dieu, puis pour maintenir l'unité
tes, par opposition aux premières, 1 Sam. du peuple, et faciliter la fusion des tribus
2, 29, 3, 14. Ps. 40, 6. Hébr. 8, 3. Une rivales en les réunissant autOur d'un seul
substance minérale soluble, le sel, ser et même sanctuaire. Tout sacrifice offert
vait d'assaisonnement aux offrandes de ailleurs qu'au lieu désigné était considéré
ces deux classes. Les offrandes végétales comme un acte d'idolâtrie et puni de
étaient ou sèches, ou liquides : sèches mort, Lév. 17, 4. Deut. 12, 5.1 Rois 12,
(mincha), comme la fine farine, des grains 27. La loi ne fut cependant pas toujours
rôtis, du pain, des gâteaux, de l'encens ; rigoureusement observée, au moins pen
liquides (nèsek), comme l'huile et le vin. dant la période des juges, et jusque sous
Les offrandes animales consistaient en David, 1 Rois 3, 2. 3.; on sacrifiait ail
animaux purs, cf. Gen. 8, 20., taureaux, leurs, particulièrement sur des collines,.
chevreaux, brebis, tourterelles, etc.;au des hauts lieux; Samuel même l'a fait, et
cun poisson ne pouvait être offert. Ces David l'a souffert, Jug. 2, 5.6, 26.13, 19.
animaux devaient être nets de toute tache ! 1 Sam. 7, 17. Les sacrifices sur les hauts
• • • , Il. - 19
SAC , 290 SAC
cf. Esd. 10, 19. 1 Sam. 6, 3. — 3° Quand 6, 10. 14.; f) quand l'assemblée, ou un
on avait nié un dépôt, ou gardé un objet prêtre, ou un simple Israélite avait par
perdu par un autre, ou dérobé quelque mégarde transgressé un des commande
chose, ou prêté un faux serment, Lév. 6, ments de Dieu, Lév. 4, Nomb. 15, 24. cf.
2.3.— 4° Dans le cas de séduction exer 2 Chron. 29, 21.;g) quand un homme ap
cée sur une esclave fiancée à un homme, pelé à témoigner par serment, d'une chose
et non encore rachetée, Lév. 19, 20. — qu'il avait vue ou entendue, refusait de
5o Un lépreux après sa guérison, un na le faire, lorsqu'il avait touché un homme
zarien qui s'était souillé par la vue ou le ou une chose impure, lorsqu'il avait juré
contact d'un cadavre, devaient également à la légère de faire une chose, bonne ou
offrir un sacrifice pour le délit, Lév. 14, mauvaise, et qu'il oubliait son serment,
12. Nomb. 6, 12. — La peine, car le sa Lév. 5, 1-5.; h) v. enfin à l'article Vache
crifice en était une, variait suivant les rousse, une dernière espèce de sacrifices
cas ; dans les quatre premiers il fallait pour le péché (hhatath). — Pour tous ces
offrir un bélier, dans le dernier un cas l'objet du sacrifice était, selon le degré
agneau ; en cas de vol il fallait restituer et la nature du mal commis, un jeune tau
l'objet détourné et y ajouter un cinquiè reau, un bouc, une brebis ou une chèvre,
me de la valeur, qui revenait de droit un pigeon, ou un tourtereau, et dans un
soit au prêtre (1°), soit au propriétaire cas spécial des oiseaux quelconques, dont
(3°). L'animal était égorgé du côté sep l'espèce n'était pas déterminée, mais qui
tentrional de l'autel, son sang était ré devaient être purs. C'étaient des taureaux
pandu tout à l'entour, les graisses étaient lorsque le sacrifice était offert pour l'as
brûlées, le reste des viandes apparte semblée ou pour un prêtre, un bouc lors
naient aux prêtres, Lév. 7, 1-6. Des cé que le pécheur était nazarien, un bélier
rémonies spéciales, notamment quant à pour la consécration des prêtres, deux
l'emploi symbolique du sang , étaient oiseaux pour la purification d'une maison,
prescrites pour la purification du lépreux, lépreuse, etc. Tous ces détails sont mar-,
Lév. 14, 14. qués aux passages cités. r*
Quant aux sacrifices pour le péché(hha Les parties grasses des animaux à qua
tath) il y en avait d'ordinaires, et d'ex tre pieds étaient toujours consumées sur
traordinaires ou spéciaux. On offrait les l'autel ; les autres parties étaient, 1° ou
premiers : a) pour tout le peuple, aux jours bien brûlées hors de la ville, pour les sa
de nouvelle lune, à Pâque, à Pentecôte, crifices ordinaires, Ex. 29, 14. Lév. 4 et
aux fêtes des trompettes et des taberna 16, 2" ou dans les cas spéciaux, aban
cles, au grand jour des expiations, Nomb. données aux prêtres pour servir à leur
28, et 29, Lév. 16; b) pour les prêtres nourriture dans le parvis du sanctuaire,
et les lévites lors de leur consécration, Lév. 6, 25. 4, 25.
Nomb. 8, 8. Ex. 29; c) pour le souverain Quant au sang, on en faisait un usage
sacrificateur au grand jour des expia différent suivant les différents cas. Celui
tions.- Les sacrifices extraordinaires et de la grande victime expiatoire était tout
non réguliers étaient offerts en diverses entier porté dans le lieu très saint, on
Occasions : a) pour les relevailles d'une en arr0sait l'arche de l'alliance et l'on en
femme nouvellement accouchée, Lév. 12, frottait les cornes de l'autel, Lév. 16, 14.
6.8.; b) pour la purification d'un lépreux 18. Dans les sacriflces ordinaires pour le
Ou d'une maison attaquée de la lèpre, q. péché on en portait une partie dans le
v., Lév. 14; c) pour la purification d'un lieu saint, on le versait en aspersions près
homme guéri de lagonorrhée, Lév. 15,15.; du voile qui servait d'entrée au lieu très
d) pour la purification d'une femme long saint, et l'on en oignait les cornes de
temps souffrante d'une perte de sang, l'autel des parfums ; le reste était répan
Lév. 15, 29.; e) lorsqu'un nazarien avait du au pied de l'autel des holocaustes, Lév.
été souillé par la présence d'un corps 4, 5.16.Enfin, dans les sacrifices spéciaux
mort subitement près de lui, ou lorsque pour le péché, l'on en mettait une partie
le temps de son vœu était expiré, Nomb, sur les cornes de l'autel des holocaustes,
•,
SAC 293 SAC " * |
et le reste était répandu au pied de cet Lév. 5, 1-13., qui présente quelques obs
autel, Lév. 4, 25. 30. 34. cf. 2 Chr. 29, curités, on peut dire que les offrandes pour
22. D'après Ex. 29, 12., il semblerait que le délit étaient réclamées pour des fau
cette dernière manipulation du sang fût tes commises par erreur, par négligence,
également en usage pour les sacrifices dont la commission était en quelque sorte
ordinaires et réguliers, ce qui ne s'ac regardée comme involontaire, ou comme
corderait pas avec Lév. 6, 30.; mais au inévitable, pour l'ensemble des péchés,
milieu de tous ces détails, et presque à pour la souillure publique ou sacerdotale
cause de ces détails mêmes , il est diffi qui trouvait son expiation dans les sacrifi
cile de se représenter d'une manière ces annuels, dans les sacrifices de consé
exacte l'ensemble de ces cérémonies, qui cration, enfin pour la purification de la
variaient si souvent et à propos des plus lèpre qui dans la symbolique juive repré
petites nuances. D'autres détails, le bouc sentait la souillure du péché. Le point de
Hazazel, etc., sont encore mentionnés, v. vue de cette sorte de sacrifice était pour
Lév. 5, 8. 14, 49.53. Ex. 29, 19. ainsi dire objectif, et celui qui le présen
D'après ce qui précède on voit que les tait semblait s'accuser d'une faute posi
offrandes pour le délit et celles pour le tive, mais involontaire et dont il n'était
péché (asham et hhatath , en allemand pas coupable : il semblait dire : Je suis in
Schuldopfer et Sundopfer), analogues par nocent, mais la loi a été violée. Dans
leur nature et leur objet sous bien des l'autre cas, au contraire , dans celui des
rapports, constituaient cependant deux sacrifices pour le péché, la faute était
espèces de sacrifices, distinctes l'une de non-seulement positive, mais précise, et
l'autre aux yeux des Hébreux et dans volontaire : le point de vue du sacrifice
l'esprit de la législation de Moïse, comme était plutôt subjectif; celui qui apportait
cela ressort non-seulement du fait qu'il son offrande le faisait dans le sentiment
est parlé de chacune séparément, Lév. 4, d'une transgression volontaire d'un com
6.25. cf. 5, 15. 7, 1-10., mais encore des mandement spécial de Dieu : il s'accusait
passages où elles sont nommées l'une à la d'une faute qu'il aurait pu éviter, il était
suite de l'autre, et des cas de souillure coupable parce qu'il l'avait bien voulu,
ou de culpabilité où elles sont prescrites cf. aussi Lév. 19, 20.
comme devant être offertes l'une et l'au Josèphe, Ant. 3, 9, 3., a reconnu et
tre. Le rituel en était différent, notam établi cette distinction. Cependant elle
ment en ce qui concerne la manipulation n'est pas toujours maintenue dans la loi,
du sang : la destruction des viandes hors et le principe du législateur n'apparaît pas
de la ville, prescrite dans certains cas de toujours d'une manière claire : quelques
sacrifices pour le péché, ne l'est pas dans répétitions du livre des Nombres sem
les offrandes pour le délit, et quant à blent destinées à interpréter ou à com
ces dernières, le choix des victimes était pléter, peut-être même à modifier les rè
bien plus facile, bien moins embarrassé gles posées dans le Lévitique , et à les
de restrictions et d'ordonnances que modifier dans un sens qui ne s'explique
pour les sacrifices pour le péché. que par le but téléologique de la législa
, , Mais si l'on doit tenir ces deux ordres tion mosaïque.Ainsi nous voyons, Nomb.
de sacrifices pour distincts, il n'est pas 6, 12. que la mort d'un homme dans le
facile de dire en quoi consistait la diffé voisinage du nazarien, souillait celui-ci,
rence morale qui les séparait, le principe alors même qu'il en était innocent, de telle
spécial qui les caractérisait l'un et l'autre. sorte qu'il était obligé d'offrir pour sa
ºi A première vue on peut dire que les purification un sacrifice pour le péché,
délits paraissent avoir été d'une moins hhatath : l'intention du législateur était
grande importance que les péchés, les évidemment de faire ressortir ce fait que
asham que les hhatath ; les offrandes le nazarien était un homme à part, et que
sont en général moins considérables, le ce qui n'était pas péché pour les autres,
rituel moins sévère dans le premier cas le devenait pour lui. Quant aux prescrip
que dans le second; et sauf le passage tions relatives aux maladies des femmes,
*
Lév. 15, 25., elles se concilient fort bien péchés (hhatath), et ne serait plus carac
avec ce que nous avons dit plus haut, et téristique. D'autres, comme Michaélis,
avec les idées que la loi devait donner ont vu dans les asham les péchés d'omis
aux Juifs sur le pur et l'impur. sion, et dans les hhatath les péchés de
Reland, Baur, et Winer, partagent avec commission expiés; mais les passages
nous l'opinion de Josèphe sur la carac Lév. 5, 17. 15, 25., réfutent à eux seuls
téristique de ces sacrifices , telle qu'elle cette interprétation. Grotius a vu le con
peut être saisie et que nous l'avons ex traire, qui se réfute également par Lév.
posée. — Le passage Lév. 5, 1-13., sem 4, 2. 13,27, L'opinion de Saubert est en
blerait cependant faire objection à ce core moins soutenable : il voit dans les
point de vue. Les expressions asham et asham la réparation de péchés faits avec
hhatath s'y confondent en effet tellement, mauvaise intention et par méchanceté, et
et paraissent si souvent se substituer dans les hhatath, celle de péchés commis
l'une à l'autre, que l'on ne sait parfois de par ignorance; l'appui que donne à cette
quel sacrifice il est question ; on peut se opinion l'autorité de Philon et d'Aben Es
demander même s'il y a entre les deux ra (du moins en partie) est plus que ren
offrandes, une distinction établie. Cepen versé par l'examen même des textes. No
dant, comme le mot hhatath est formel tons enfin l'explication d'Abarbanel, qui
lement employé, en parlant de l'offrande, pense que les sacrifices pour le péché
aux versets 6.7.8.9.11.12., nous n'a- étaient offerts dans les cas d'une violation
vons pas hésité à ranger ces sacrifices au positive et intentiomnelle d'un comman
nombre des sacrifices pour le péché;mais dement de Dieu , les sacrifices pour le
il faut avouer que la distinction faite surdélit dans les cas douteux ; c'est de l'es
la nature des deux offrandes est ébranlée, prit rabbinique tout pur.
ou que, cette distinction existant, Moïse Nous avons maintenant à nous deman
n'a pas cru devoir la maintenir ou l'ob der quelle idée les Juifs attachaient à la
server dans tous les cas, ou enfin que les mort des victimes offertes en sacrifice,
détails de cette distinction nous échap s'ils n'y voyaient qu'un présent fait à la
pent, et que nous avons perdu la clef dedivinité offensée, ou, comme le veut Mi
ces nuances, qui ne sont plus pour nous chaélis, une amende exigée comme châ
que de fines subtilités, alors même qu'el timent, comme peine, ou enfin, dans l'acte
les pouvaient avoir pour les Hébreux une du sacrifice, une substitution, et dans la
importance considérable, relativement à victime un suppléant, un remplaçant des
l'ensemble de l'économie mosaïque. Nous tiné à souffrir pour eux la mort qu'ils
n'en maintenons donc pas moins l'expli avaient méritée. Cette dernière opinion
cation que nous avons donnée ci-dessus, est celle de plusieurs rabbins, et, parmi
et cela d'autant plus que les essais que les théologiens modernes, celle de Bauer,
l'on a faits d'uneinterprétation différente, De Wette, Gesenius, Scholl, Tholuck,
sont loin de nous satisfaire au même de Cœlln, Winer, Schrœder, etc. Elle a été
gré. Cramer, par exemple, et d'autres, combattue, avec plus de force que d'ar
ont voulu voir dans les asham (délits) la guments, par Klaiber, qui a été plus né
violation d'un contrat tacite fait avec des gatif que positif, et qui prouve fort bien
hommes, concitoyens, prêtres, époux, que cette doctrine des Juifs ne se trouve
etc., et, dans le sacrifice, la manifesta pas dans certains passages, sans avoir
tion du remords et le cri de la cOnscien prouvé qu'elle ne se trouve pas"dans
ce; c'est trop raffiné, et, d'ailleurs, le dé d'autres. Nous n'insisterons pas sur fès
tournement des choses consacrées à l'E- formules : « Le sacrificateur fera ainsi
ternel, qui appartient à cette sorte de dé propitiation pour eux, et il leur sera par
lits, ne se rangerait pas à cette expli donné, » ou « il fera propitiation pour
cation , à moins d'étendre l'idée de la son péché, » etc., formules qui se retrou
violation aux contrats, à l'alliance faite vent fréquemment, Lév. 4, 20.26. 5, 10.
avec Dieu; mais alors l'explication irait 13.18., et qui ne sont cependant pas sans
trop loin, car elle s'étendrait jusqu'aux importance; l'acte de poser la main sur
SAC 29 5 SAC
la tête de la victime, acte qui, au grand qu'un être pût souffrir et être puni d
jour des expiations, indiquait positive Dieu à la place d'un autre, se retrouve
ment la transmission des péchés, Lév. 16, fréquemment dans l'ancienne alliance,
21., pourrait ne pas avoir eu, dans les non-seulement 2Sam. 12, 15. 24, 40. Es.
autres sacrifices, la même signification, et 53, 4. Dan. 11, 35., surtout 9, 26., mais
notre conviction qu'il en était cependant déjà dans la loi de Moïse, à l'occasion du
ainsi, n'aurait pas la valeur d'une preu meurtre dont l'auteur restait inconnu,
Ve; enfin la circonstance que, dans cer Deut. 21, 6. 8., etc.; puis encore dans la
tains cas, la victime était regardée com signification symbolique du sacrifice de
me souillée, ce qui suppose nécessaire l'alliance, Jér. 34, 18., dans le rituel du
ment qu'elle était chargée des péchés de sacrifice du bouc expiatoire, Lév, 16,21.;
celui qui l'offrait, n'est pas prouvée pour enfin, Es. 43, 3., où le mot de rançon est
tous les cas, Ex. 29, 14. Lév. 13, 46. 16, exprimé par l'hébreu kopher, qui s'em
28., et semblerait même contredite par ploie sifréquemmentlorsqu'ilestparlé des
des passages tels que Lév. 4, 12. 6, 27. sacrifices expiatoires. Le mot hhitteh (ex
Nous renonçons à faire usage de ces di pier) est employé avec le régime direct,
Vers textes, quelque forts qu'ils puissent Gen. 31, 39., dans le sens de remplacer,
paraître, et qu'ils soient en effet, parce expier une chose, supporter une perte,
qu'ils ne sont convaincants que lorsqu'on et c'est le même mot, au même temps,
est déjà convaincu par les déclarations et mode et régime, qui est traduit par of
les faits plus explicites qui suivent, et que frir, Lév. 6, 26 (19). 9, 15.
nOuS allons examiner : D'autres peuples de l'antiquité étaient
Lév. 17, 11. « L'âme de la chair est encore familiers avec l'idée d'une expia
· dans le sang ; c'est pourquoi je vous ai tion, que nous estimons avoir été celle
Ordonné qu'il soit mis sur l'autel, afin de que les Hébreux attachaient à leurs sa
faire propitiation pour vos âmes, car c'est crifices ; Hérodote, Jules César, Ovide,
le sang qui fera propitiation pour l'àme.» Porphyre, parlent des Egyptiens, des Gau
On ne peut entendre ces paroles de deux lois, et d'autres nations chez qui une vic
manières : elles disent clairement que time, homme ou bête, était censée expier
l'àme de la bête, qui est répandue avec les péchés, et prendre la place de celui
son sang, est offerte au lieu de l'âme du qui l'offrait en sacrifice. La même idée se
pécheur en propitiation.Il n'est pas même retrouve chez plusieurs peuples sauvages
besoin d'insister sur le sens de kipper, de nos jours, et paraît profondément en
expier; le seul parallèle entre l'âme de la racinée dans le cœur humain. Elle a pres
chair et vos âmes implique l'idée de sub que partout, et presque toujours, marché
stitution, par conséquent d'expiation. de pair avec l'idée de Dieu. On peut con
L'effusion du sang de la victime et l'u- sulter, pour les citations, Tholuck, dans
sage qu'on en faisait, prouve que la mort Guido et Julius, et pour l'exposition, les
de l'animal n'était pas la seule chose à sermons de M. Martin sur la Rédemption.
considérer dans ces sacrifices, comme Au reste, il est peu de questions qui aient
dans d'autres offrandes où la combustion été plus souvent examinées, et qui aient
des viandes sur l'autel était la chose prin eu l'honneur d'un examen plus profond
cipale. Or, que pouvaient signifier ces et plus sérieux, de sorte que la liste des
aspersions de sang, sinon que la vie elle ouvrages à consulter, si nous voulions la
même était dispersée, perdue, jetée loin, donner, serait considérable.
et entièrement détruite P l'effusion du Remarquons enfin que toutes les au
sang n'était pasun moyen, celui,parexem tres explications qu'on voudra donner du
ple, de tuer l'animal, mais un but; or, elle principe et de l'idée des sacrifices sont
ne peut avoir été un but que si l'on se forcées, obscures et peu naturelles, ainsi
représente la vie du pécheur mystique que le remarque Winer lui-même, qui ne
ment unie à celle de l'animal, et anéantie se pique pourtant guère d'orthodoxie.
avec elle. Michaélis voit dans le sang le principe de
L'idée d'une substitution, la pensée la vie, de la sensualité, du péché : l'effu
SAC 296 SAD
sion du sang lui paraît un symbole de la portant du culte juif, et ont fini par n'en
destruction du péché ; mais ni l'Ancien plus faire qu'une cérémonie; on voit mê
ni même le Nouveau Testament, ne justi me (Tamid. 3, 3.) que dans le second
fient une pareille hypothèse. La supposi temple une place particulière était réser
tion de Steudel est encore moins soute vée à la partie nord-ouest du bâtiment
nable, et n'aurait pas suffi à faire la ré comme étable des brebis destinées à ces
putation de son auteur. Il admet que le Sacrifices.
principal, dans ces sacrifices, était la ré Quant aux offrandes de purifications,
conciliation du pécheur avec Dieu, par le on en a parlé à l'article Pureté. Nous ren
moyen d'une offrande, et que les cérémo voyons de même aux articles spéciaux
nies qui entouraient le sacrifice, n'avaient sus-mentionnés, pour tout ce qu'il y au
d'autre but que de témoigner le repentir rait à dire encore sur les sacrifices hé
du coupable, et son horreur pour la trans breux, les aspersions, libations, holo
gression qu'il avait commise de la loi di caustes, festins, etc.
vine. Klaiber, enfin , est encore au-des SADDUCEENS, secte juive fréquem
sous de ses prédécesseurs : il ne consi ment mise en scène dans le Nouveau Tes
dère que la pureté nécessaire à la bête tament comme hostile aux pharisiens,
du sacrifice, et pense que l'offrande d'un mais se liguant avec eux dans une com
animal, sans défaut et sans tache, devait mune hostilité contre l'ennemi commun,
rappeler au pécheur la pureté que la loi Jésus-Christ, qui venait renverser les su
exigeait de lui. Ce point de vue, qui s'ap perstitions des uns et l'incrédulité des
pliquerait aussi bien à tous les autres sa autres, Matth. 3, 7. 16, 1.6. 12. 22, 23.
crifices qu'aux sacrifices pour le péché, Luc 20, 27. Act. 4, 1.5, 17. 23, 7. Ils fai
a, en outre, le grave inconvénient de ne saient dériver leur nom de Tsadoc, dis
tenir aucun compte du sacrifice en lui ciple d'Antigone de Socho, et l'on pré
même, et du rituel qui l'entourait. L'idée tend que c'est la doctrine de ce dernier ,
d'expiation, de substitution, ne peut donc qui avait engagé Tsadoc à quitter son !
pas nous paraître devoir être sacrifiée à école et à se faire chef de secte. Antigo
d'aussi insignifiantes théories, et les pas ne, par un excès de spiritualité, en était
sages cités qui l'appuient, puisent, dans venu à exagérer l'amour pur, ou du
le Nouveau Testament, leur dernière et moins, s'il ne l'avait pas exagéré, il l'a-
complète justification. Un sacrifice expia vait présenté sous un faux jour : Travail
toire, une victime sans tache, offerte en lez, disait-il à ses disciples, travaillez nOn
lieu et place des pécheurs, est venue point comme des serviteurs en vue des
prouver à ceux qui doutaient, que les sa récompenses, mais obéissez à Dieu sans
crifices symboliques et typiques de l'an vue d'intérêt et sans espérer aucune ré
cienne alliance avaient, en effet , une si compense de vos travaux ; que la crainte
gnification expiatoire, et que les victimes du Seigneur soit sur vous. Tsadoc, dit
représentaient la mort d'une victime, à la on, en conclut fort à tort, qu'il n'y aurait
place de ceux qui avaient mérité et en pas de rétributions dans l'autre monde,
couru la condamnation divine. par conséquent aussi pas de vie future. Ce
Les sacrifices du matin et du soir men qu'on sait des rapports d'Antigone et de
tionnés Ex. 29, 38-42. Nomb. 28, 3-8. Tsadoc est au reste fort confus et ne sem
ble pas justifier cette origine des saddu • 1º
Esd. 3, 5., étaient un holocauste journa
lier de deux agneaux d'un an qui étaient
céens; il est plus probable que ces sectai- . **
offets, l'un le matin, l'autre le soir, au nom
res, qui se seraient réunis d'une manière ,
du peuple entier ; ce sacrifice était conti
beaucoup plus simple et par la seule sym- / !
pathie de l'incrédulité, auront fini lors-nu,
nuel, et n'était supprimé ni les jours de
qu'ils auront eu l'idée de se constituer en
sabbat, ni les jours de grandes fêtes ;
lorsque d'autres sacrifices étaient présen
confrérie, par rechercher un nom célèbre !
tés, celui-ci prenait place avant eux. Les
auquel ils pussent se rattacher, et qui pût
rabbins ont fixé et multiplié les cérémo
leur servir de base et de point d'appui; , , ,
nies qui accompagnaient ce symbole im une parole de Tsadoc, interprétée d'une
SAD 297 ' SAF :
manière favorable à leur système, aura sent été admis à siéger au sanhédrin com-'º
servi de transition entre les fils et le père me ils le faisaient, Act. 23, 6., etc. . "
supposé. — Les rabbins nous apprennent Les sadducéens étaient peu nombreux ; |
eux qui eussent porté la parole. On voit, que Salomon régnerait avec justice et
par l'histoire de Salomé, combien l'a- fermeté. Joab fut mis à mort comme
mour maternel peut égarer les meilleurs meurtrier d'Abner et d'Hamasa;Adonija,
esprits : heureux si l'on peut apprendre qui renouvela sous une forme détournée
avec elle que, pour être grand dans le ses prétentions à la couronne, fut puni
royaume des cieux, il faut se faire petit de mort; Simhi, qui avait enfreint la con
à ses yeux! — Salomé était aussi le nom dition de son salut, fut puni de mort ;
de la fille d'Hérodias, q. v, Abiathar, qui avait trempé dans la con
SALOMON, fils de David et de Bathsé spiration d'Adonija, vit la peine de mort
bah, le dixième fils de David selon la liste commuée en celle de l'exil, en considé
de 1 Chr. 3, 5., et son successeur sur le ration des services qu'il avait rendus à
trône de Juda. Son règne de quarante an son père; Barzillaï et ses enfants reçu
nées va de 1015 à 975 av. C. Son histoire rent la récompense de leur fidélité.— En
est renfermée dans les onze premiers cha exerçant ainsi la justice, en montrant
pitres du premier livre des Rois, et ra qu'il ne s'arrêtait pas au rang du crimi
contée de nouveau sous un autre point nel, mais qu'il frappait le crime, quel
de vue, et avec quelques omissions im qu'en fût l'auteur, Salomon affermit le
portantes, 2 Chr. 1-9. Elève de Nathan, Sceptre entre ses mains. Jusque là il n'a-
il était appelé au trône par les promesses vait fait que suivre les inspirations de
que Dieu avait faites à David, son père, son père, et il avait réussi; il devait ap
2 Sam. 7, 12. 1 Chr. 17, 11.Ps. 132, 11. prendre à régner seul. Il assembla le
1 Rois 8, 20. Une conspiration ayant pour peuple à Gabaon, où était encore le taber
but de le renverser hâta son couronne nacle, et il y offrit mille holocaustes à la
ment. Il fut présenté au peuple par Na fois, splendide inauguration d'un règne
than, Tsadoc et Bénaja, reçut avec mo qui devait rétablir et achever de régler
destie les applaudissements de la multi le culte. La nuit suivante, Dieu lui appa
tude, déjoua, par son élévation, le com rut en songe, et lui demanda de choisir
plot qui devait lui ravir la couronne avant ce qu'il désirait, grave etsolennelle épreu
qu'elle fût posée sur sa tête, et pardonna ve pour le cœur d'un jeune homme ! (On
à SOn imprudent et malheureux frère Ado se rappelle involontairement l'épreuve de
nija, n'exigeant de lui qu'un avenir de Pâris sur le mont Ida). Salomon répondit
fidélité pour expiation d'une révolte pas par une prière touchante et pleine d'hu
sée. On suppose que c'est à l'àge d'envi milité, et, sage, il demanda la sagesse. Il
ron vingt ans qu'il monta sur le trône ; éprouva ce que l'homme a tant de peine à
Josèphe ne lui donne que quatorze ans, croire, que toutes choses sont données
d'autres encore moins, à cette époque de par dessus à celui qui cherche première
Sa vie. ment le royaume des cieux et sa justice,
Des révoltes à peine étouffées, des Matth. 6, 33. Dieu lui accorda la sagesse
guerres à peine finies, l'habitude de l'a- qu'il avait demandée, les richesses et la
gitation chez le peuple, des haines de fa gloire qu'il n'avait pas demandées. Plein
mille, des rivalités sacerdotales, voilà ce de joie, il revint à Jérusalem achever de
que le jeune roi trouvait sur le trône à un vant l'arche sainte les sacrifices qu'il avait
âge où l'on n'a pas encore d'expérience, commencés devantle tabernacleà Gabaon.
et après une éducation qui, en l'éloignant Ilfut bientôtappeléà donnerpubliquement
du tourbillon de la vie publique, n'avait une preuve de sa sagesse, etl'histoire des
pu remplacer pour lui l'expérience. Des deux femmes réclamant l'une et l'autre,
troubles politiques et des troubles reli comme le leur, un même enfant, est un
gieux! Mais le ciel ne resta pas long des plus beaux épisodes de sa vie, une
temps sombre : les nuages se dissipèrent, des plus belles et des plus naïves pein
et le soleil parut. tures de la vie et des mœurs judiciaires
Quelques actes énergiques commandés de l'ancien Orient. Bientôt la gloire de
par une sage politique, et par le testa Salomon se répandit au dehors ; sa puis
ment de David, firent COnnaître au peuple Sance s'affermit sur tous les pays com
SAL 303 SAL
pris entre l'Euphrate et le torrent d'E- nue de toutes les parties du royaume;
gypte; les trésors affluèrentà Jérusalem. l'arche fut conduite avec pompe, accom
En paix avec tous ses voisins, il vit tout pagnée de tous les chefs d'Israël, et dé
prospérer à l'intérieur: le commerce par posée solennellement dans le lieu très
terre et par mer se développa considéra saint; au moment où le voile qui devait
blement; des vallées furent comblées; la cacher aux yeux du peuple fut abaissé,
Jérusalem fut ceinte de remparts; des pa la nuée de l'Eternel remplit le temple,
lais furent construits; des villes et des et Salomon prononça la magnifique prière
villages s'élevèrent et s'agrandirent; Pal de consécration que l'Ecriture nous a con
myre fut fondée au milieu des déserts servée; après s'être levé il bénit le peu
vaincus et peuplés ; de glorieuses allian ple, le feu du ciel tombe et consume les
ces le mirent en contact avec tous les premiers holocaustes; la nuée sainte se
princes de son temps, qui vinrent le vi répand dans le temple, et le peuple entier
siter et admirer sa sagesse autant que ses se prosterne comme un seul homme. Pen
trésors; l'argent enfin, et l'or, nous dit dant cette double fête qui dura deux se
l'historien, pour résumer en un mot la maines, les sacrifices, les holocaustes, les
splendeur de ce règne, n'étaient pas plus chants sacrés continuèrent sans interrup
estimés à Jérusalem que les pierres, ni tion; Jérusalem, ornée de feuillage, em
les cèdres du Liban que les figuiers de la bellie par ses nouveaux bâtiments, animée
plaine. par la présence de ses innombrables hô
Le culte de l'Eternel ne pouvait rester tes, fut ce jour-là la reine du monde et
oublié au milieu de la prospérité géné devait présenter un coup d'œil enchan
rale ; le temple dont David avait conçu teur; la chair de 22,000 bœufs et de
le dessein et dont Dieu avait promis l'exé 120,000 brebis offerts en sacrifices par
cution à Salomon, ne pouvait pas tarder à Salomon, servit aux festins de ces nom
s'élever et devait éclipser en splendeur breux convives qui remportèrent dans
tout ce qui avait été fait jusqu'alors. Le leurs tribus, dans leurs villes et dans
moment était venu de fixer l'arche et le leurs campagnes, bien des joies et de bien
tabernacle qui, depuis des siècles, avaient beaux souvenirS.
été errants de Silo à Nob, puis à Bahalé, L'Eternel apparut alors une seconde
puis à Gabaon, puis à Jérusalem, d'abord fois à Salomon; en lui rappelant les pro
chez Hobed-Edom, puis sous une tente messes de Gabaon, il lui rappela aussi que
élevée par David; le moment était venu de saprospérité dépendrait de sa fidélité. Cet
réunir d'une manière stable les divers avertissement était nécessaire à ce roi de
objets du culte jusqu'alors dispersés, et trente-deux ou trente-trois ans; il était à
de donner à la religion juive un centre où craindre que tant d'élévation ne lui don
le peuple vînt adorer une magnificence nât le vertige. Salomon ne répondit rien.
qui répondît aux charnelles objections des Quelques années heureuses et pures s'é-
idolâtres, qui excitât l'esprit charnel des coulèrent encore. Le fils de David avait
Hébreux indifférents. David avait déjà as épousé une Pharaon, convertie sans doute
semblé les premiers matériaux, 1 Chr. 22, au Dieu d'Israël, mais toujours considérée
3.; Salomon continua; ses rapports avec par le peuple comme une étrangère, et ce
le roi de Tyr lui rendirent la tâche plus fut probablement pour céder à l'opinion
facile; des ouvriers tyriens et les bois du publique, peut-être aussi par un scrupule
Liban furent mis à sa disposition; plus personnel, que Salomon ne permit pas
de 150,000 hommes travaillèrent à ce qu'elle habitât la maison de David où
grand ouvrage qui, entrepris dans la qua l'arche était restée quelque temps.Cette
trième année du règne de Salomon, fut Egyptienne était la reine de l'empire, de
entièrement achevé en sept ans et demi. préférence aux autres épouses de Salo
La dédicace du temple eut lieu l'année mon, parmi lesquelles on trouve encore
suivante et dura sept jours, puis vint se plusieurs païennes d'origine, Hammoni
confondre avec la fète des tabernacles qui tes, Moabites, Héthiennes, Sidoniennes,
commençait. Une foule immense était ve etc.Sil'on se rappelleles parolesdeMoïse,
SAL 304 SAL
ses vues, développa son intelligence, rem tement : le peuple, destiné à la culture de
plaça pour lui l'expérience par une pro la terre, voulut imiter la pompe de la cour
fonde sagesse et par une connaissance et du culte ; la simplicité des mœurs avait
instinctive des affaires , mais laissa son disparu, l'orgueil avait pris sa place, et
cœur libre, et ne contraignit sa volonté les murmures de la nation ne furent étouf
ni vers le bien, ni vers le mal. On com fés que par la grandeur et la puissance
prend dès lors que le plus sage des rois d'un roi qui n'avait rien à redouter : à sa
ait pu devenir le plus faible des hommes, mort ils éclatèrent, et les successeurs de
et que l'idolâtrie ait pu s'y glisser pour Salomon durent comprendre que la sa
un temps à la faveur de la volupté. A la gesse dans l'obéissance eût mieux valu
sagesse politique Salomon joignait des que la simple science de la royauté. Le
talents particuliers, et sa facilité naturelle grand commerce de Salomon ne fut que
pour apprendre trouva de grands avanta le prélude de ses autres infidélités, et le
ges dans les loisirs de la paix, dans les cOmmencement de la fin.
découvertes des voyageurs, dans les rap 5°On a beaucoup discuté, et même plai
ports qui l'unissaient avec les rois des Santé, à prOpOs des immenses richesses
contrées voisines, dans les produits étran de Salomon, et vraiment il n'en valait pas
gers que lui apportaient d'année en an la peine. Dieu lui avait promis les riches
née ses navires de commerce, et dans les ses, il les lui a données par les voies les
impôts en nature Ou dans les cadeaux plus naturelles. Les guerres victorieuses
que les pays tributaires faisaient affluer de David avaient rapporté au trésor de
à sa cour. La richesse vint en aide à la riches butins ; d'immenses contrées tri
science. butaires apportaient chaque année leur
3° Quant au commerce de Salomon, offrande à Jérusalem ; Israël en paix fé
quant aux pays d'Ophir, de Tarsis, et aux condait ses champs et ses montagnes ;
produits ou aux objets de ce commerce, aucun fléau, ni guerre, ni armée, ni sé
on trouvera aux articles spéciaux les dé cheresse, ni famine, ne forçait une année
tails et éclaircissements nécessaires. Nous à nourrir l'année suivante, et chacun
croyons seulement que toutes ces belles jouissait en plein de son revenu du mo
entreprises furent plus conformes à la ment; tous les bras étaient occupés ; les
sagesse humaine qu'à la sagesse divine ; travaux étant nombreux , le salaire était
plusieurs étaient positivement contraires suffisant, les vivres étaient à la portée de
au texte de la loi, notamment les amas de tous, et il n'en faudrait pas davantage à
chevaux que Salomon faisait venir d'E- nos nations modernes pour qu'elles s'es
gypte, et si l'administration sembla d'a- timassent heureuses et prospères. Or Sa
bord y trouver une source de prospérité, lomon avait davantage encore; et le com
le royaume ne tarda pas à apprendre que merce qui fit seul la richesse de l'Espa
ce n'est pas impunément qu'on trans gne et du Portugal il y a quelques siècles,
gresse les ordres de Dieu. L'industrie le commerce qui place l'Angleterre et les
vint à la suite du commerce, les arts et Etats-Unis à la tête des peuples moder
métiers fleurirent;les constructions nom nes, le commerce vint faire regorger de
breuses entreprises par Salomon favori ses riches produits les coffres déjà pleins
, sérent le développement de l'architecture, de Jérusalem. Toutes ces causes de pros
, de la sculpture, de l'ébénisterie, de l'or périté font paraître, non point ordinaire
févrerie, de la bijouterie, et si les travaux sans doute, mais bien naturel, un état de
, les plus fins et les plus délicats furent choses qui paraît au premier abord pres
d'abord confiés à des étrangers, il est que merveilleux, et la seule chose dont
bien probable que ceux-ci laissèrent des on s'étonne, c'est qu'on ait pu être éton
élèves, et que l'industrie devint nationale né de cet assemblage de richesses dont
en Israël. l'absence seule, en d'aussi propices cir
4° Mlais l'industrie et le commerce ame constances, aurait le droit de surprendre.
nèrent le luxe à leur suite, avec le luxe Ajoutons, et ce sera peut-être une res
la pauvreté, et des germes de méconten triction, que c'est le roi et non point le
II. 20
SAL 306 SAL
royaume qui profitait directement de ces nements plus d'honneur qu'à la simplici
richesses; les sujets n'en subissaient que té du tabernacle du désert, et plusieurs
l'heureux contre-coup, leur abondance se sont fiés sur des paroles trompeuses,
n'était que le reflet de la prospérité du en disant : C'est ici le temple de l'Eternel,
monarque. Salomon avait le bénéfice de le temple de l'Eternel, le temple de l'E-
tous les transits, le monopole de tous les ternel! Jér. 7, 4. Il semble que le judaïs
commerces ; rien ne se faisait qu'en ré me déjà, et par les deux plus grands de
gie, et l'Orient ancien n'est à cet égard ses rois, ait dû protester contre le culte
encore que le frère aîné de l'Orient mo des formes. Les Juifs avançaient assez
derne, où la cour est plus que l'Etat. La lentement dans les voies de la piété, re
liste civile en provisions de bouche pour tenus qu'ils étaient par la pesanteur de
chaque jour était considérable, 1 Rois 4, leur sensualisme, sans qu'il fût néces
22., et douze commissaires, établis sur au saire de les rattacher encore à la matiè
tant de districts, avaient tour-à-tour à re, et ce que Salomon fit pour l'extérieur
pourvoir aux besoins de la table royale ; du culte, il le fit au détriment du culte
la vaisselle d'or abondait, et absorbait intérieur; il ne fut pas le dernier à en
une partie des capitaux nationaux ; le ves faire l'expérience personnelle. L'autori
tiaire ne le cédait en rien en magnificen sation que Dieu donna à l'érection d'un
ce aux splendeurs de la table et à la riches temple n'est pas une approbation, c'est
se des appartements et du trône ; un sé à peine un consentement : il dit à David :
rail, composé en grande partie de fem je n'en ai pas besoin, ton fils me bâtira
mes étrangères, représentait au sein de une maison. Il semble protester pour sa
l'Etat un Etat privilégié qui dépensait part, constater un fait, et en laisser l'au
sans rien produire. Le peuple, deson côté, teur entièrement responsable.
contribuait à donner de l'éclat au trône, 7° La visite de la reine de Séba est
et s'il en recevait quelque bien, il lui mentionnée avec une sorte d'éclat au mi
donnait cependant davantage ; les impôts lieu de toutes les autres visites qui fu
et les corvées fournissaient à bien des rent faites à Salomon. Les offrandes qu'el
besoins, mais n'enrichissaient que le roi ; le apportait, la beauté et la grandeur de
le peuple était épuisé, 1 Chr. 29, 6., et il Son cortége, son admiration pour la scien
finit par le montrer. — S'il restait encore ce et l'esprit du roi hébreu, sont rappor
des doutes sur les énormes richesses tés avec complaisance; ses discourssem
dont pouvait disposer le fils de David, ils blent annoncer qu'elle était digne de l'hô
devront céder devant une considération te qu'elle venait admirer.Notre Seigneur,
qui n'est pas une preuve, et qui peut en la louant de ce qu'elle avait fait, Matth.
être davantage : ces richesses sont de 12, 42. Luc 11, 31., blâme les Juifs de ne
notoriété publique ;Salomon a laissé dans pas pressentir le roi de gloire, la sagesse
tout l'Orient la réputation du plus riche éternelle qui est au milieu d'eux.— Une
des rois, et des réputations de ce genre tradition éthiopienne porte que la reine
ne s'usurpent jamais. de Séba eut de Salomon un fils, Ménilé
6o On verra, à l'article Temple, ce qu'il hek, duquel les rois actuels d'Abyssinie
y a à dire sur le matériel de cette con prétendent encore descendre en ligne di
struction. Bornons-nous pour le moment recte. v. Sheba. |
à une observation. Le temple qui dans 8" La relation des Chroniques est en
l'idée de David devait être un hommage général plus courte que celle des Rois,
de plus rendu à l'Eternel, qui pour Salo et elle supprime certains détails qui ne
mon était tout à la fois un acte de piété manquent pas d'importance, notamment
et un acte de splendeur, n'a pas rendu la chute et l'idolâtrie de Salomon, et les
de grands services à la religion; il l'a exécutions qui inaugurèrent son règne.
plus centralisée, il l'a rendue encore plus Le plan particulier de ces deux livres ex
nationale qu'elle n'était auparavant, mais plique ces différences, et en explique
il l'a matérialisée, fixée, figée , il en a fait d'autres encore : les Rois racontent, ainsi
un opus operatum , on a rendu à ses or que leur titre l'indique, l'histoire des
SAL 307 SAM
rois; les Chroniques racontent davantage vingts ans que Josèphe donne à ce règne;
l'histoire du royaume théocratique. Plu en faisant mourir Salomon à quatre-vingt
sieurs actes de Salomon, Sa chute entre quatorze ans, il en fait une sorte de
autres, furent des actes personnels, et Louis XIV, moins les guerres et les per
c'est moins pour ménager sa gloire que sécutions religieuses.
pour s'en tenir à ce qu'exigeait leur plan, 11° Le nom de Salomon est souvent rap
que les Chroniques ont passé sous silen pelé dans l'histoire de ses successeurs, ou
ce des faits, instructifs sans doute com à propos du temple et du culte. En dehors
me histoire d'un individu, mais presque des liyres historiques de l'Ancien Tes
sans relation avec l'histoire du royaume. tament, on le trouve Ps. 72, 1. Jér. 52,
Si l'on se rappelle ensuite que les Rois 20. Néh. 13, 26. Matth. 6, 29. 12, 42.
sont l'histoire des prophètes et, pour Luc. 11, 31. 12, 27. Jean 10, 23. Act. 3,
ainsi dire, du culte libre, et que les Chro 11. 5, 12. 7, 47., et il est à remarquer que
niques nous racontent l'histoire dans ses dans tous ceux de ces passages où il sert
rapports avec le culte lévitique, national, de terme de comparaison, il est nommé
on comprendra certaines autres varian avec défaveur et comme terme inférieur.
tes, omissions, ou additions, lelles que 2 SALUT, salutation. v. Politesse.
Chr. 2, 17. cf. 1 Rois 5, 13.2 Chr. 5, 11 SAMARIE, en hébreu Schomrôn, en
14. cf. 1 Rois 8, 10. 2 Chr. 8, 12. cf. 4 caldéen Schomraym. 1° Ville du centre de
Rois 9, 25. La conciliation de quelques la Palestine, située sur le plateau d'une
autres différences, ou le jugement à por colline et entourée de montagnes plus éle
ter sur leur nature, n'appartient pas à vées, 4 Rois 16, 24., noble situation pour
notre travail ; c'est l'affaire des commen une ville royale : isolée, la colline de Sa
taires. -
virentl'exil,Samarie était encore une ville à étendre le nom de Samarie au pays tout
forte; Jean Hyrcan la prit après un blocus entier, 1 Rois 13, 32.2 Rois 17, 26. 23,
d'un an , et la détruisit. Son territoire, au 19.Jér. 31, 5. Ez. 16, 51. 23, 4. Os. 7, 4,
temps'd'Alexandre, appartenait encore 8, 5. Am. 3, 9. Mich. 1, 5. L'expression:
aux Juifs : le général romain Gabinius re champs de Samarie, ou territoire de Sa
leva la ville, Pompée la donna à la Syrie, marie, se présente pour la première fois
et Gabinius acheva de la fortifier; l'empe Abd. 19., comme désignant d'une ma
reur Auguste la donna à Hérode le Grand, nière positive et claire, le pays sous le
qui l'embellit, y mit une garnison de vé nom de sa capitale; plus tard cet usage
térans, la fortifia encore, et lui donna en gagna naturellement du terrain, d'autant
l'honneur de son maître le nom de Sé plus qu'il n'y avait pas d'autre nom con
baste (Augusta), qu'elle a conservé dans venable pour désigner cette contrée, les
ses ruines sous la forme altérée de Su anciens noms ayant perdu leur valeur, ou
buste (Maundrell, Buckingham, Keith, p. ne rappelant plus que de tristes souvenirs.
214, etc.). La prospérité naissante de Si C'est dans les apocryphes, 1 Maccab, 10,
chem (Néapolis) porta le dernier coup à 30. 11, 28., que le nom de Samarie com
l'existence de Sébaste qui ne fit que dé mence à être employé pour désigner le
périr; on ne trouve plus sur l'emplace pays habité par les Samaritains, en op
ment de l'ancienne capitale des dix tribus position à la Judée et à la Galilée; ce
qu'un petit village tout à fait insignifiant, pays intermédiaire qui s'étendait de la
auquel Clarke et d'autres voyageurs re mer au Jourdain et qui était l'un des plus
fusent même l'honneur d'occuper la place riches de la Palestine, fut constitué en
de l'ancienne Samarie, qu'ils croient être province par les rois de Syrie, et compre
à quelques lieues de là, à Santorri ou San nait le territoire d'Ephraïm, celui de Ma
hûr, où l'on voit encore les ruines d'un nassé Occidental et la partie sud - est
vieux château. — Les prophéties sont ac d'Issacar ; ses villes principales étaient
complies, et lorsque tant d'autres villes Samarie, Sichem, Sunem, Ephraïm, Tim
conservent encore quelque chose d'im nath-Sérah, Silo, etc. Césarée, qui ap
posant dans leurs ruines, Samarie n'est partenait au territoire de Samarie, était
plus qu'un monceau de pierres dans les cependant une résidence des gouverneurs
champs, Mich. 1, 6.; ses ruines mêmes de la Judée, v. Josèphe, G. des Juifs 3,
ont été démolies dans l'intérêt de l'agri3.4. Le nom de cette province apparaît
culture, ses pierres ont été précipitées fréquemment dans le Nouveau Testament.
dans la vallée et entourent le trOnc des Jésus la visita, et l'Evangile y fut annoncé
oliviers; ses fondements ont été décou par Philippe, Luc 17, 11. Jean 4, 4.Agt.
verts, et les débris d'une église grecque 4, 8. 8, 1. 9, 31. 15, 3. - | | |||
insiste sur la nature et la spécialité des comedat carnem porcinam), et leur refusa
dieux qu'ils adoraient, distinguant leurs même le droit dont jouissaient tOus les
dieux les uns des autres : Jéhovah, qu'ils autres peuples païens, d'embrasser, en
adorèrent aussi, ne fut pour eux qu'un qualité de prosélytes, la religionjudaïque,
dieu de plus, le dieu du pays, et ils n'eu v. Jean 4, 9, 27. Le nom de Samaritain
rent garde de lui manquer, mais voilà devint, parmi les Juifs, une injure (8,48),
tout. Lorsque les Juifs revinrent de la et l'on voit des Samaritains refuser de
captivité, les Samaritains leur offrirent recevoir Jésus, parce qu'il se rendait à
de rebâtir le temple, la ville et les murs Jérusalem pour y faire la pâque, Luc 9,
de Jérusalem, de concert avec eux ; mais 52-56. Notre Seigneur, par ses actes, a
Zorobabel et Jésuah, se souvenant que protesté contre ces haines nationales,quel
* Dieu n'aime pas les cœurs partagés, re que justifiées qu'elles pussent paraître,
jetèrent leur demande ; irrités et blessés et, non-seulement il a accepté l'hospita
de ce refus, ils s'opposèrent dès lors, de lité que lui offrirent des Samaritains dont
toutes leurs forces, à la construction du la foi le reconnaissait pour le Sauveur du
nouveau temple, et réussirent, par leurs monde, Jean 4, 40.42., mais il avait au
délations et leurs calomnies, à faire in paravant envoyé chez eux ses disciples
terrompre les travaux jusqu'en la deuxiè pour acheter des vivres, v. 8. — Sous
me année de Darius Hystape, 250 av. C., Alexandre, les Samaritains, avec Sichem,
Esd. 4, Néh. 4. Néhémie sut briser les leur capitale, furent sujets macédoniens;
obstacles qu'ils accumulèrent sur sa rou à sa mort, ils partagèrent le sort du reste
te. Mais ces luttes eurent pour résultat de la Palestine, mais esquivèrent, sous
d'aigrir toujours plus l'une contre l'au Antiochus Epiphanes, les mauvais traite
tre deux populations qui n'avaient déjà ments de la domination syrienne, en con
pas trop de raisons pour se voir d'un bon sacrant leur temple à Jupiter Hellénius.
'œil, et l'irritation finit par une scission Plus tard, le roi juif Jean Hyrcan s'em
complète, politique et religieuse. Les Sa para de la Samarie, prit Sichem, détrui
- liiaritains élevèrent sur le mont Guéri sit le temple qui subsistait depuis deux
''zim, près de Sichem, un temple rival de siècles, et finit par démolir la ville même
* celui de Jérusalem, et y établirent leur de Samarie. Sous le roi juif Alexandre,
, culte : ce fut au temps d'Alexandre le la Samarie fut de nouveau le théâtre de
1 Grand. Manassé, frère du souverain sacri la guerre : elle retomba au pouvoir des
ficateur Jaddaeus, ayant épousé la fille de Juifs jusqu'au moment où Pompée vint
" Samballat, le gouverneur persan, se re rétablir l'indépendance des Samaritains.
'tifa dans la Samarie avec un grand nom Cette période romaine ne fut pas plus fa
bre de Juifs qui avaient, comme lui, épou vorable à l'une qu'à l'autre des deux na
- sé des femmes païénnes au mépris de la tionalités; la Samarie devint une provin
"lôi de Moïse, et qui refusaient de s'en sé ce du royaume d'Hérode, qui en rétablit
"parer ; avec la permission d'Alexandre, la capitale, et la peupla de soldats. Pen
| ils bâtirent leur temple, et Manassé en de dant les dix années suivantes, elle appar
ºvint le premier prêtre; c'est peut-être de tint à Archélaüs, puis fut donnée à la
·'lui qu'il est question Néh. 13, 28., quoi Syrie. Sujets immédiats de Rome, les Sa
- que son nom ne soit pas indiqué. Dès maritains eurent quelquefois l'occasion
º lors la haine nationale s'accrut au point d'éprouver la dureté de leurs chefs pro
"qu'il'n'y eut plus, entre les Juifs et les vinciaux ; mais il faut avouer aussi qu'ils
"Samaritains, aucune communication, Ec surent la mériter. Claude ne fit des Juifs
* clésiastiq. 50, 26. 27. Une malédiction et des Samaritains qu'un lot, qu'il adju
- prononcée publiquement à Jérusalem con gea à Hérode Agrippa, que Caligula avait
9"tre ces derniers, interdit aux Juifs toute déjà établi roi sur le nord de la Palestine.
º"relation avec eux, déclara aussi impures Ces rapports ne durèrent que peu d'an
( "que la chair du porc toutes les produc nées, et la Samarie, séparée de la Judée,
# tions de leur pays (nam quicumque com fut associée dans son histoire aux autres
" edit buccellam samaritanam, est ac si provinces romaines de l'Asie antérieure.
310 SAM
" Depuis la destruction du temple des guent par une vie paisible et exemplaire,
Samaritains, la montagne de Guérizim, Ils observent la loi mosaïque plus fidèle
sur laquelle ils l'avaient bâti, continua ment même que les Juifs, célèbrent an
d'être pour eux un lieu saint, le centre nuellement le sacrifice de la pâque dans
de leur culte, bien qu'ils possédassent, en leur temple ou sur le mont Guérizim, et
d'autres endroits, des maisons de prières : ont un souverain pontife qui descend, à
ils avaient abandonné le culte des faux ce qu'ils assurent, de Manassé. Leur phy
dieux, ils adoraient l'Eternel, mais ils ne sionomie n'est pas juive. Autour d'eux,
le connaissaient pas. Comme les Juifs, des mahométans sont établis comme mai
ils attendaient le Messie, et Jésus a trou tres du territoire; protégés par leurs
vé parmi eux beaucoup de personnes bien montagnes escarpées et leurs étroits dé
disposées, Jean 4, Luc 17, 11-20. On filés, vivant dans des bourgs situés com
pourrait presque conclure de quelques me des forteresses sur le sommet des col
uns de ces passages, v. surtout Luc 10, lines, ils sont plus à l'abri des incursions
33., que la haine nationale était moins des Arabes que les habitants d'aucune
forte chez eux que chez les Juifs, et que autre partie de la Palestine, et ils jouis
les intolérantes mesures de ces derniers sent, ainsi que les Druzes et les Maroni
continuaient seules à maintenir entre les tes dans les hautes vallées du Liban,
deux peuples une barrière que les Sama d'une grande liberté politique. Ils se dis
· ritains auraient aimé à voir tomber. La tinguent par leur amour de l'indépen
principale erreur théologique que les Juifs dance, sont toujours armés dans les cam
leur reprochaient, c'était le rejet de tous pagnes, n'obéissent qu'à la force, et sont
les livres canoniques de l'Ancien Testa constamment prêts à se révolter contre
ment, à l'exception de la loi. Les Sama les pachas. Sichem, en particulier, for
ritains ne recevaient, en effet, que le me, avec une centaine de villages voi
Pentateuque; ils rejetaient tout le reste, sins, un petit état qui est gouverné par
et surtout, ce que les pharisiens ne pou ses propres chefs, et qui peut mettre sur
vaient leur pardonner, ils rejetaient les pied une armée de 6,000 hommes. Leur
traditions rabbiniques. En tout cas, ils riante et fertile contrée est trois fois plus
s'attachaient avec conscience à l'observa peuplée que la Judée : elle possède 900
tion de ce qu'ils connaissaient de la loi habitants par lieue carrée, autant que le
divine, et ce qu'ils y ajoutèrent quelque Liban. Enfin, ils sont aussi intolérants
fois ne peut être considéré que comme que l'étaient leurs prédécesseurs au temps
une interprétation spirituelle des passa de Jésus-Christ, et ils ne souffrent pas
ges de leur livre. Ils furent les premiers, aisément des Juifs et des chrétiens par
après les Juifs, à recevoir l'Evangile, et mi eux (Braem, trad. Rougemont). On
l'on reconnaît en eux, à l'époque de Jé trouve dans les Juifs d'Europe et de Pa
sus, un peuple qui, dans le sentiment de lestine, par Keith, Black, etc., pag. 197
sa misère, éprouvant le besoin d'un ré 214., d'intéressants détails sur la Sama
parateur, cherche le remède à ses maux rie et ses habitants; la visite des pieux
auprès des magiciens et des faux prophè voyageurs à la synagogue de Sichem, et
tes, avant que de le trouver auprès de quelques détails sur le Pentateuque sa
celui qui est la vraie puissance de Dieu, maritain qui leur fut montrè, et, qu'on
Act. 8, et 9. leur dit avoir été écrit, il y'a 3600 ans,
Les Samaritains prirent les armes avec 'par Abisuah, fils de Phinées, méritent
les Juifs contre Vespasien. Sous Justi particulièrement d'être lus. La langue
nien, ils persécutèrent les chrétiens de dans laquelle est écrit ce vieux monu
la manière la plus cruelle. Plus tard, ils ment de leur foi, est un dialecte qui tient
furent dispersés dans plusieurs villes de le milieu entre l'hébreu et l'araméen, et
la Palestine. De nos jours, ils sont fort qui trahit par la présence de mots assy
| peu nombreux , leur secte compte envi riens que les grammairiens désignent
ron cent cinquante adhérents à Sichem, sous le nom de cuthéeus, une origine
| quelques familles à Jaffa, qui se distin moins ancienne que celle qu'on se plaît à
SAM 311 SAM
' leur assigner. Ce Pentateuque, quelle que Junon, qui y avait un temple magnifique.
soit son antiquité, ne saurait être plus Pythagore y naquit 608 av. C., et y mou
ancien que les Samaritains eux-mèmes, rut à l'âge de quatre-vingt-dix-huit ans.
et remonte tout au plus au retour de l'exil. Elle avait porté anciennement le nom de
SAMBALLAT, Néh. 2, 4, 6, 13; païen Parthénie, et s'appelle aujourd'hui Sus
moabite, natif d'Horonajim, un des chefs sam-Adassi. L'air y est sain et le sol fer
des colonies samaritaines. Il s'est fait tile; les figuiers, les pommiers, et la vigne
connaître des Juifs par tout le mal qu'il a même, selon Athénée, y portent des fruits
cherché à leur faire sans y réussir, et par deux fois par an, mais le raisin n'y est
le courage qu'il a eu de contracter une pas aussi bon que celui des îles voisines,
alliance de famille avec ceux qu'il avait de Chios, par exemple. La terre y est ex
essayé de persécuter. Il a joué, sous Né cellente pour la poterie, et l'on attribue
hémie, le même rôle que Réhum sous aux Samiens l'invention de ces sortes
Zorobabel. Il a voulu s'opposer à la re d'ouvrages : la Vulgate a inséré le nom
construction des murailles de Jérusalem ; de Samos dans le passage Es. 45, 9., à
menaces, ruses, diplomatie, tentative de propos d'argile et de pots de terre, liberté
meurtre sur la personne de Néhémie, ro de traduction qui s'explique par la répu
domontades, conseils, levée de troupes, tation de cette île en cette matière. Il pa
il a tout essayé, mais il a toujours échoué raît que la prédication de l'Evangile n'a-
contre la sagesse, la fermeté, la prudence, vait pas été vaine à Samos; saint Paul y
et la vigilance du prophète-gouverneur. ayant passé dans un de ses voyages, s'ar
Pour en finir, il donna sa fille en mariage rêta à Trogyle, Act. 20, 15.
à un petit-fils du grand prêtre Eliasib, ne SAMOTHRACE, Act. 16, 11., île de la
doutant pas qu'une union aussi mal as mer Egée, située au nord de Lemnos,
sortie ne causât de la peine à son triom vis-à-vis de l'embouchure du fleuve Lis
phant ennemi. La ressemblance du nom, sus, a porté d'abord le nom de Leucosia,
et quelques détails de son histoire, ont puis celui de Samos; la proximité de la
fait croire que ce Samballat est le même Thrace a fait joindre le nom de ce pays à
qui obtint d'Alexandre le droit de faire son nom d'ile, et maintenant elle s'appelle
bâtir un temple pour les Samaritains; il encore Samotraki, ou selon d'autres Sa
n'y a qu'une objection contre cette iden mandrachi. Elle avait une ville du même
tité de personne, mais elle est sérieuse : nom, avec un temple où l'on célébrait en
c'est qu'il est peu probable que l'ennemi l'honneur des dieux Cabires, des mystères
de Néhémie ait vécu jusqu'aux jours d'A- aussi fameux que ceux d'Eleusis : le tem
lexandre le Grand. ple de ces divinités était un asile sacré et
SAMGAR, Jug. 3,31.5,6.(1305 av. C.), inviolable, et l'on avait pour elles un si
troisième juge d'Israël, n'exerça proba grand respect que de les nommer passait
blement son ministère que dans la partie pour un crime.—Cette île ne compte plus
Occidentale et mèridionale du pays , il aujourd'hui qu'un seul village, et fort peu
n'est connu que par le seul fait qu'il tua d'habitants. C'est la patrie d'Aristarque.
| ou défit 600 Philistins avec un aiguillon à SAMSON, Israélite de la tribu de Dan,
bœufs. Débora rappelle l'état déplorable et juge d'Israël pendant vingt ans (Jug.
du pays au temps où Samgar se leva. 13, à 16,), apparaît dans l'histoire com
| SAMMA, un des trois plus illustres me un homme à part. Sa naissance mi
guerriers de David, partagea la gloire et raculeuse est presque la moindre des
· les dangers de Jasobham et d'Eléazar, 2 merveilles de sa vie. Nazarien, et béni de
Sam. 23, 11. cf. 1 Chr. 11, 11. sq. Dieu, il fut la Providence des tribus mé
, SAMOS, île de la mer Egée qui porte, ridionales, qu'il protégea par divers ex
près de là, le nom de mer Icarienne ; elle ploits contre les brigandages des Philis
'est séparée par un canal étroit de Pryène, tins; mais elles lui surent si peu gré d'ê-
de Mycale, et de Pan-lonium, non loin des tre l'ennemi de leurs ennemis, qu'elles es
côtes de l'Ionie, à 40 stades du cap Tro sayèrent une fois de le livrer entre leurs
gyle. Elle est célèbre comme patrie de mains. Vif et bouillant de caractère, em
SAM 312 ; SAM
porté, mais gai, ironique, presque bouf sent par leur orgueil, il se fortifie par son !
fon, il se fait un jeu des travaux les plus humiliation : privé de la vue et tournant !
gigantesques, et dépense parfois ses for la meule, il sent flotter de nouveau sur
ces en pure perte, pour étonner plutôt ses épaules le symbole du nazaréat; la
que pour nuire , avec ironie et malice. paix est rentrée dans son cœur et avec
C'est presque toujours à l'improviste, elle le sentiment de sa force. Les Philis
d'une manière inattendue qu'il apparaît, tins, en un jour de fête, le font venir pour
et ses vengeances particulières servent se réjouir de sa honte ; ils dansent, mais
souvent la vengeance nationale. Sansar , ils ne savent pas que c'est sur un volcan1; -
mes il tue un lion, et n'en tire d'autre Samson aveugle les amuse , mais quell,
profit que de proposer une énigme à SeS jeu ! Ses bras puissants saisissent les pi- ,
amis de noce, et de manger le miel que liers sur lesquels la maison est appuyée,4
les abeilles ont déposé dans la carcasse. et trois mille Philistins périssent enseve-n
Trompé aujeu, il tue trente Philistins pour lis avec lui sous les décombres de ce vaste
avoir les trente robes de rechange qu'il bâtiment, Sa mort fut pour ses ennemis
doit payer. Trompé par son beau-père, un coup fatal qui les affaiblit considéra
qui donne sa femme à un autre, il prend blement, et permit à sa famille de venir !
trois cents chacals qu'il attache deux à sans crainte réclamer son cOrps; il fut
deux avec un flambeau entre les deux enseveli dans le sépulcre de son père, en
queues, les lâche au milieu des blés et des tre Estaol et Tsorah.
plantations des Philistins et détruit en un De nombreuses difficultés sont à ré
jour les récoltes de l'année. Livré aux soudre dans cette vie : de nombreuses ré
Philistins par les hommes de Juda qui flexions se pressent dans l'esprit lors
trouvent qu'il les défend trop bien (fidèle qu'on la lit avec sérieux, et en se rappe
image de ces protestants relâchés qui lant que Samson fut un juge choisi de !
marchent plutôt contre leurs conducteurs Dieu; on a vu ailleurs la solution de
avec leurs ennemis, que contre leurs en quelques difficultés, la réponse à quel-/
nemis avec leurs conducteurs), il se laisse ques questions, v. Léhi, Nazarien, Ma-i
conduire par 3,000 hommes jusqu'en pré noah, Lion, Abeille, etc. Nous résume
sence de l'ennemi; les cordes neuves qui rons ce qui reste à dire sur ce sujet. l !
l'enchaînent tombent alors de ses bras, 1° Samson, dont le nom signifie petit
et d'une màchoire d'âne il abat mille Phi soleil, était le type du soleil de justice :
listins qui ne s'y attendaient pas ; il cé il n'a pas été le libérateur d'Israël, il n'a
lèbre sa victoire par ses chants, mais il fait que préparer, commencer sa déli
oublie que sa force lui vient de Dieu ; vrance et sa restauration, que Samuelau
Dieu doit lui rappeler sa faiblesse, v. Léhi. point de vue juif, Jésus-Christ au point
Enfermé à Gaza , il n'essaie point de fuir de vue chrétien, ont achevée entièrement.
en cachette , il sort par la porte, de la 2° Comment a-t-il pu, malgré son vœu
ville, qu'il enlève en passant et qu'il va de nazaréat, s'approcher du cadavre du
placer, à quelque distance de là, sur une lion, et manger le miel qu'il y a trouvé ?
colline qui se trouve sur la route d'Hé On peut répondre de deux manières, Ilt,
bron. Il plaisante Délila sur sa curiosité, est presque sûr, d'abord, que ce cadavreii
mais finit par céder à la persistance de n'était plus un cadavre, mais un squeletten
ses intrigues féminines; il lui livre son désinfecté; autrement les abeilles nlyse- ,
secret, il est nazarien, et la marque de raient pas venues; or un squelette ne pou-il
son nazaréat, son énorme chevelure, vait pas le rendre impur. Puis, il faut le
tombe sous les ciseaux philistins : à son dire, et plusieurs détails de la vie du héros ,
réveil, sentant sa tête dégarnie, il sent nous y autorisent, Samson n'ytregardait2
qu'il n'est plus nazarien, il comprend que pas de très près, et après avoir avalé le p
Dieu s'est retiré de lui, et il va faire dans chameau il avait du moins la droiture et
la prison de Gaza de sérieuses réflexions le bon esprit de ne pas couler le mour
sur sa coupable et malheureuse légèreté. cheron. • !, ! • | | || ||
Mais pendant que SeS ennemis s'affaiblis 3° Le mariage de Samson avec une Phi
SAM ^ | 313 SAM
listine, ses désordres à Gaza, ses rela struit à Rome par Curion partisan de Cê-"!
tions illicites avec Délila, sont une preu sar, et dont toute la solidité dépendait !
ve évidente des passions voluptueuses du de celle d'une simple charnière. (v. mes -
juge d'Israël, et pèsent sur lui beaucoup Juges d'Israël, page 96-112.) " !
plus que le contact du lion décharné. Il 5° Les cheveux de Sams0n ne faisaient "
est impossible de l'absoudre, car Dieu pas sa force; ils en étaient l'emblème ma- '
lui-même l'a condamné ; des tromperies, turel, car la force de l'homme est pres
la prison, le supplice, la mort ont été la que toujours accompagnée d'un grand º
suite de son péché, et il a pu compren développement chevelu; ils en étaient en
dre que les pieds de la femme débauchée outre le sceau divin, car ils étaient le si
conduisent à la mort, Prov. 5, 5. 7, 27. gne de son nazaréat, de la mission dont
Mais nous ne devons pas non plus nous il était revêtu, et de l'assistance que Dieu"
montrer plus sévère que Dieu même ; devait lui prêter : en perdant ses cheveux,
Samson, comme notre Seigneur, a été Samson n'a perdu ses forces que parce !
seul à fouler au pressoir; seul pendant qu'il sentait qu'il avait mérité d'être !
toute sa carrière, sans secours, sans sym abandonné de Dieu : il n'avait plus de foi"
pathie chez ses compatriotes, isolé com en Dieu, ni peut-être de foi en lui-même,º
me un prophète, combattant pour la vérité, et l'on sait que la foi en soi-même dou-"
mais abandonné de ceux qui l'auraient dû ble et triple les forces.
défendre, il a souffert en son âme de son 6° Il est dit, à plusieurs reprises, que
isolement, et ses faiblesses s'expliquent l'Esprit de Dieu fut sur Samson quand il
sans l'excuser. Si Dieu ne lui a jamais s'apprêtait à faire le mal, ou que ses in
fait défaut, c'est que le juge d'Israël n'a clinations vicieuses venaient de l'Eternel :
jamais manqué; l'homme a péri, le juge a la réponse à cette difficulté est du res
triomphé. La foi de Samson brille en sort de la dogmatique; disons seulement
quelque sorte d'un éclat d'autant plus que si l'Eternel dirige le cœur de l'hom
vif que ses fautes comme individu ont été me comme des ruisseaux d'eau , il ne lui
plus grandes, et si l'apôtre Paul le comp enlève point sa liberté. L'homme, esclave
te au nombre des héros de la foi, Hébr. naturel du péché, suivait les désirs de la
11, 32., ce n'est bien sûrement pas à cause chair, et Dieu le laissait faire, sachant
de ses fautes, mais parce que malgré ses qu'il tirerait le bien du mal. -
· fautes il n'a jamais désespéré des pro 7° La force miraculeuse du fils de Ma-'
messes et de la fidélité divines. La foi du noah, a été regardée par plusieurs com-"
chrétien, c'est de croire que Dieu est me une force fabuleuse, et peu s'en faut !
toujours fidèle, alors même que nous ces que les rationalistes n'aient fait de Sam
SOns de l'être. son un être imaginaire, un héros fantas
4º La chute si prompte et si complète tique, un mythe, comme on dit de nos !
du temple de Dagon, occasionnée par le jours. De ce que presque toutes les na
seul ébranlement de deux piliers, peut à tions ont conservé le souvenir d'un hOm
juste titre causer une surprise mêlée de me aux exploits prodigieux, on a failli
doute, lorsqu'on se représente ce bâti conclure qu'il n'y a jamais eu de Samson,
ment cOnstruit dans les conditions Ordi ou tout au moins, et c'est alors une cri
naires de l'architecture moderne. Mais il tique et une exégèse à part (on pour
est facile de se représenter une construc rait dire rétroactive), que le Samson des
tion et une architecture différente : le Juges a été emprunté à l'Ovide des Ro
voyageur Shaw raconte qu'il a vu, à Alger mains, aux traditions grecques sur Her
et ailleurs , des maisons et même de cule, ou au Rama des Indiens. Le lion de
grands édifices construits de telle sorte Némée, en effet, la biche de Diane, le tau
que le tout croulait si les colonnes du reau crétois, la défaite de l'armée d'Er
centre étaient enlevées; l'architecte Chris gine par Hercule et sa massue, la nais
tophe Wren a décrit la manière dont une sance miraculeuse d'Hercule, Hercule aux
pareille construction pouvait se faire, et pieds d'Omphale, le Crotoniate Milon, les
Pline mentionne un théâtre immense gon exploits de Thésée qui charge sur ses !
SAM 314 SAM
1° La vie de Samuel a été une crise per rendit à Samuel un tout autre témoignage
pétuelle depuis les malheurs de la maison que cette espèce de savants théologiens,
d'Héli, jusqu'à la chute de la maison de 1 Sam. 12, 3., et ce peuple avait connu le
Saül. En politique, la royauté se substi joug de Samuel , il jugeait en connais
tuait à la république aristocratique , en sance de cause. -
religion, l'arche était déposée chez Abi 3° Samuel est le même depuis sa nais
nadab, le tabernacle était tour à tour à Sance jusqu'à sa mort ; il semble qu'au
Silo, à Nob, à Gabaon ; Ahimélec était milieu de tous les changements dont il
souverain sacrificateur, et Samuel offrait est témoin, seul il ne change pas ; calme
le sacrifice, sacrait deux rois, jugeait et tranquille, ferme, prudent, il se mon
le pays, opposait le prophétisme au sa tre un homme de foi jusque dans les plus
cerdoce, et méritait d'être nommé à côté petits détails de sa conduite ; il annonce
de Moïse et d'Aaron, Ps. 99.6. La splen les oracles de Dieu, mais il ne fait rien
deur du culte auquel il présidait, mais pour en procurer l'accomplissement; il
d'une manière extra-légale, est rappelée communique à Héli les menaces divines,
2 Chr. 35, 18. mais il ne change rien à ses rapports avec
2° Accusé d'égoïsme par bien des com Son vieux maître; il rejette Saül devant
mentateurs, Samuel se lave de ce repro les anciens du peuple, mais il évite de
che par ses actes. On a voulu voir dans l'humilier , il oint David pour succéder à
les objections qu'il fait à l'établissement Saül, mais il se retire en sa ville, laissant
de la royauté, dans son opposition à Saül, à Dieu le soin de faire triompher le jeune
dans l'élection de David, autant de preu berger , actif pour ce qu'il doit faire, pas
ves d'égoïsme, d'amour-propre et de re sif pour le reste, il se montre sans fraude
cherche de soi-même. Mais si l'on se rap et réalise le type du chrétien. Les luttes
pelle le temps où il a vécu : si l'on tient politiques ne l'intéressent pas; il défend
compte des circonstances extraordinaires la république pied à pied; lorsqu'elle est
qu'il a traversées et qui nécessitaient des renversée, il soutient la monarchie dont
mesures extraordinaires; si l'on réfléchit il sacre le premier roi ; il passe de Saül à
que les tribus, divisées entre elles, n'é- David, se bornant à constater ce change
taient unies par aucun lien commun, et ment de dynastie, cette révolution, et ne
que leurs dissensions maintenaient le pays reconnaît de légitime que le roi théocra
dans un état de continuelle agitation : si tique, obéissant et fidèie. La forme du
l'on oppose le courage tranquille, l'esprit gouvernement lui importe peu, il les sert
de sagesse et de courageuse persévéran tOuS, mais il les veut t0uS Soumis au roi
ce, les grandes vues, et la fermeté d'exé des rois, le maître de tous. C'est le prin
cution des plans de Samuel, à la fougue cipe évangélique, Rom. 13, l.
brutale et à l'orgueilleux arbitraire de la 4° Sur l'évocation de l'ombre de Sa
conduite de Saül; si l'on réfléchit combien muel, v. Pythonisse.
la déchéance de Saül et son remplacement 5° On lui attribue la composition des
par David ont été merveilleusement justi livres de Ruth, Juges, et 1 Sam. 1-6, ou
fiés par leurs conséquences : si l'on re 4-13, v. les différents articles.
connaît enfin que Samuel n'avait rien à 6° Son nom est rappelé, outre les pas
gagner à l'élection de David qui ne de sages cités, par Jérémie, saint Pierre et
vait monter sur le trône qu'après sa mort, saint Paul qui le citent à l'égal de Moïse,
let qu'il compromettait au contraire la paix le placent parmi les plus grands hommes
de ses vieux jours par cet acte solennel d'Israël et caractérisent par son nom toute
- d'opposition, on se fera une idée de ce une époque, Jér. 15 1. Act. 3, 24. 13, 20.
º que vaut le reproche fait à Samuel d'avoir Hébr. 11, 32.
été dur, barbare, arbitraire, égoïste, in Livres de Samuel. Les deux livres
· téressé, on comprendra ce que valent les connus sous le nom du juge-prophète
jugements du rationalisme extrême dont n'en formaient qu'un dans le canon juif ;
l'Allemagne semble avoir seule le mono ce sont les Septante qui les partagèrent
pole. Le peuple, et c'est beaucoup dire, en deux parties; la Vulgate suivit cet
SAM 316 SAN
-- -- | " " | | | -- 2 -- -- -
exemple qui fit depuis à cause dé la'di les !ouvrages des prophètes, historiens
vision plus commode en chapitres et ver des temps passés.— Bien que trois bio
ºts adopté§
braïques, mème pour nosdepuis
seulement hé graphies forment le fond des deux livres
versionsBom
de Samuel, il est aisé de voir que ce n'est
berg. Les Séptante appelèrent ces livres pas dans un intérêt biographique qu'ils
premier et second livre des Rois; la Vul ont été composés : les noms de Samuel,
gate latine imita son original grec, mais de Saül et de David appartiennent à l'his
le nom primitif, le nom par lequel les toire théocratique; leur prospérité etleurs
Hébreux désignaient ce livre, est celui de revers renferment des enseignements pu
Samiuel, non qu'il se rapporte à l'auteur, blics qui ne se comprennent qu'au point
Ou qu'il caractérise tout le contenu du de vue théocratique. Dieu est le roi. Da
livre et qu'il en épuise la matière, mais vid commet de plus grandes fautes à nos
parce qu'il commençait par l'histoire de yeux que Saül, et il en est puni par de
Samuel, et que Samuel en était le prin grands malheurs (concatenata infortunia,
cipal personnage, celui dont le rôle était dit très bien Heidegger), mais ces mal
le plus important; cf. 1 Chr. 29, 29, — heurs sont individuels comme sa faute :
Les livres de Samuel reprennent l'histoire Saül perd son trône, parce que son péché
là où celui des Juges s'arrête, et la pour est un acte de rébellion contre son Roi,
Suivent jusqu'au point où ceux des Rois contre Dieu, Saül a péché comme roi, et
la continuent. Diverses sources ont été c'est comme tel qu'il est puni; David pè
consultées pour la composition de ces li che comme homme, et n'est puni qu'en
Vres, des recueils de poésies, des ou cette qualité. Les livres de Samuel ne sont
Vrages prophétiques, et les annales du bien compris que si l'on se rappelle la
royaume. On est assez d'accord à penser royauté de celui qui est le maître de toutes
que plusieurs auteurs ont travaillé à la choses, et qui avait spécialement voulu
rédaction du premier livre de Samuel. être le maître d'Israël. Ils sont riches en
Selon Grégoire le Grand, Théodoret et détails, et leur lecture offre à tous les es
Procope, Samuelaurait composé lui-même prits l'intérêt le plus grand et le plus sou
les vingt-cinq chapitres qui racontent sa tenu. -
| Vie, mais les éloges nombreux qui lui sont SANCHÉRIB, 2 Rois 18, 13.2 Chr. 32,
donnés ne seraient guère bien placés dans 1. Es. 36, 1., etc., roi d'Assyrie, fils et
Sa bouche ou sous sa plume. Quant à ceux successeur de Salmanéser.Voulant seven
qui attribuent à David la composition des ger d'Ezéchias qui refusait de payer le
chapitres suivants, Isidore, etc., la for tribut annuel, il marcha contre le royaume
mule fréquemment employée « jusqu'à ce de Juda dans la quatorzième année du rè
j0ur, » semble s'opposer à leur opinion, gne d'Ezéchias (711 ou 712 av. C)i une
dans les passages surtout où certains actes forte contribution de guerre qui lui est
de David sont racontés commeayant laissé payée à condition qu'il retirera ses trou
un long souvenir qui ne pouvait évidem pes, ne fait qu'encourager son humeur
ment pas s'éteindre de son vivant, 1 Sam. conquérante et faciliter ses succès ; il met
27, 6. 30, 24.25. Il semble qu'en faisant le siége devant Jérusalem, ne voulant pas
allusion aux livres de Samuel le passage sans doute laisser entre les mains dun
1 Chr. 29, 29. doive nous mettre sur la vassal peu sûr une place de aiissi †
Voie, et l'on ne risquera pas beaucoup de importante sur le chemin de l gypte, car -
naissances solides et étendues, soit sûr ve rien dans cette question, ni pour, ni
tout de l'intelligence du texte sacré(Hart contre, et, quant à la condamnation d'E-
mann). Dans des cas pressants, le conseil tienne, elle porte les caractères d'une
s'assemblait dans la maison de son pré vengeance populaire plutôt que ceux d'un
sident, Matth. 26, 3.; mais, hors de là, il jugement régulier. La tradition rabbini
se réunissait journellement dans une salle que est unanime à dire que, quarante ans
des sessions, située aux alentours du avant la destruction de Jérusalem, le san
temple, du côté du midi. Plus tard, dans hédrin avait été dépouillé par les procu
les quarante années qui précédèrent la rateurs du droit de vie et de mort, et Jo
chute de Jérusalem, il se réunit à Hanoth, sèphe (Ant. 20, 9, 1.) raconte que Iors
dans certaines demeures (tabernae) si de l'exécution de Jacques le Juste, quel
tuées, selon les rabbins, sur la montagne ques-uns des meilleurs membres de ce
du temple en descendant : de là, il des corps accusèrent le souverain pontife
cendit plus bas encore dans la ville de Anne auprès du procurateur Albinus,
Jérusalem, et, s'éloignant toujours plus comme ayant outrepassé ses pouvoirs et
du temple, il se fixa à Jérico, puis à Usa, sa compétence, en prononçant la peine de
puis ailleurs, et enfin à Tibériade, où il mort. Ajoutons que si les paroles, Jean
demeura jusqu'à son entière extinction. 18,31., n'ont pas le sens qu'on leur don
Ce tribunal décidait seul des questions ne ordinairement, elles n'en ont aucun ;
de droit qui pouvaient s'élever entre tri que si elles expriment une idée fausse,
bus : les rois, les grands-prêtres, les faux on ne comprend pas que ceux qui les
prophètes. les cas de guerre volontaire et ont prononcées aient osé le faire, et en
de blasphème, appartenaient également à fin que le silence de Pilate, en présence
la connaissance de ce tribunal, et de lui de cette réponse des Juifs, serait inexpli
seul. Les accusés et les témoins étaient cable si les Juifs avaient avancé un fait
entendus, et, suivant les cas, le sanhé faux, lorsqu'il avait lui-même le plusgrand
drin prononçait, soit l'une des quatre intérêt à se débarrasser d'une affaire qui
peines capitales, le feu, la corde, la dé engageait sa responsabilité sans lui rap
capitation et la lapidation, ou la peine porter ni profit ni honneur. Il faut donc
du fouet, Matth. 26, 60.Act. 4, 7. 5, 40. admettre que, du temps de notre Sei
6, 13. Jésus comparut devant ce tribu gneur, le sanhédrin était dépouillé du
nal comme faux prophète et faux Mes droit de prononcer une condamnation à
sie; Pierre, comme thaumaturge, s'attri mort, quoique les causes qui pouvaient la
buant des forces divines; Jean, comme provoquer fussent encore de son res
faux prophète et séducteur du peuple; sort, et qu'il fût chargé de l'instruction
Etienne, comme blasphémateur; Paul, du procès pour les délits ou les crimes
comme enseignant de fausses doctrines, ecclésiastiques qui devaient être jugésd'a-
Jean 11, 47. Act. 4, 8., etc. Le droit d'ar près les principes de la loi mosaïque. Au
restation était naturellement dans les at reste, le grand sanhédrin n'était pas seu
tributions de ce conseil, et l'on voit, par lement une cour de justice, mais encore
Act. 9, 2., qu'il s'étendait au-delà des li le pouvoir suprême en matière de légis
mites de la Palestine. Relativement à lation et d'administration ecclésiastique ;
l'exercice de la justice criminelle, on a il fixait le commencement des nouvelles
trouvé dans Jean 18,31., le texte de nom lunes, et veillait, d'une manière géné
breuses difficultés : malgré la précision rale, à tout ce qui concernait les besoins !
des termes, portant que les Juifs (le san et l'exercice du culte. • º,i ! .
• 1 , *
hédrin) n'avaient pas le droit d'appliquer Les Talmudistes font remonter l'ori-l
la peine de mort, plusieurs interprètes gine du grand sanhédrin à Moïse, qui,u
ont contesté ce fait, et n'y ont voulu voir dans le voyage du désert, Nomb. 11, 16., !
qu'un échappatoire des Juifs pour se nomma un collége de soixante-dix an
soustraire à la responsabilité du crime ciens chargés de le seconder dans l'ad-tº
qu'ils voulaient pouvoir rejeter sur Pi ministration de la justice, et dans l'appli
- late. Le passage Matth. 10, 17., ne prou cation des règlements de la police juive;
SAN 319, SAP.
44,07., et déclaré impur, quoiqu'il ru grave sans doute, mais qui n'eût pas ex
mine, parce, qu'il n'a pas l'ongle fendu : clu le repentir, et leur prompt châtiment
on y a vu tour à tour le lapin, la mar ne prouve pas qu'ils soient morts dans
motte, et la gerboise; mais il paraît plu l'impénitence finale; autrement il faudrait
tôt que c'est un habitant spécial des dé dire que tout chrétien qui est surpris par
· serts de l'Idumée, nommé oueber par les la mort dans l'accomplissement d'un acte
indigènes, retrouvé, décrit, et dessiné coupable, perd par là-même le bénéfice
par L. de Laborde, une espèce de gros de la grâce divine. v. Ananias.
rat, moins gros que l'écureuil, de couleur SAPIN. C'est par ce mot que nos ver
grisâtre, avec les pieds de devant et la sions françaises et allemandes, à l'exem
queue du rat; il a les jambes de derrière ple de la Vulgate, ont traduit l'hébreu
plus longues que celles de devant ;il ru b'rôsh, Es. 14, 8. 37, 24. 55, 13. 60,
mine, il aime la demeure des rochers, et .43 Cant. 1, 46. Zach. 11, 2. Ez. 27, 5.
marche par troupes, caractères qui con Nah. 2, 3. 2 Sam. 6, 5. 1 Rois 5, 8. 6,
viennent au saphan de l'Ecriture, cf. 15. 34., etc. Cette traduction est dé
Prov. 30, 26. Ps. 104, 18. mentie par le rôle même que cet arbre et
SAPHIR, pierre précieuse qui porte le son bois jouent dans les passages cités ;
même nom en hébreu, Ex. 24, 10. 28, nous la remplaçons , avec la plupart des
18. 39, 11. Ez. 28, 13. D'un bleu céleste auteurs modernes (Gesenius, Rosenmul
et d'un bel azur, cf. Ez. 1, 26., le saphir ler, etc.), par cyprès, q. v. D'autres ont
est dans les prophètes la couleur du trône pensé au pin, mais les objections restent
de Dieu : il est transparent, et plus dur les mêmes.
que le rubis. Les anciens paraissent avoir SARA ou Saraï , femme d'Abraham,
aussi appelé de ce nom la substance du mère d'Isaac, Gen. 11,29.12, 5. sq., était
lapis lazuli, également bleue, mais opa probablement fille de Taré comme son
que, tournant sur le bleu foncé ou le mari, mais d'une autre mère, Gen. 20,
violet, et semé de taches d'un jaune d'or, 12., quoique un grand nombre de com
Pline 37, 39.; mais comme cette pierre mentateurs, Josèphe, Jérôme, Augustin,
n'est pas assez précieuse pour avoir mé l'identifient avec Jisca, fille de Haran, pe
rité d'être nommée Job. 28, 6.16., et que tite-fille de Taré, et nièce d'Abraham, 11,
d'ailleurs elle ne se travaille pas bien, ce 29. Elle naquit en Caldée, suivit son mari
qui ne concorderait pas avec Ex. 28., il d'abord à Caran, puis en Palestine et en
est probable que c'est du véritable sa Egypte, où Dieu la délivra une première
phir qu'il est question dans ces passages, fois des dangers auxquels sa beauté et la
quoique la version perse l'ait traduit une faiblesse d'Abraham l'avaient exposée.
fois par lazurad, lapis lazuli. Privée d'enfants et sans espérance d'en
SAPHlRA, Act. 5, 1., femme d'Ana avoir, elle donna sa servante Agar pour
nias, et sa complice dans le mensonge par concubine à son mari, ne se doutant pas
lequel ils ont tenté le Saint-Esprit. Inter de tous les maux dont cette concession
rogée à part, elle répondit comme son aux usages d'alors serait la source : elle
mari, et fut frappée comme lui d'une mort fut mère en effet par Agar, mais cettema
subite; une même tombe recueillit à quel ternité usurpée porta des fruits amers;
ques heures de distance les deux coupa Agar mépris sa amaîtresse, qui se vengea
bles, bien dignes de mourir ensemble. Ce d'autant mieux qu'Abraham consentit à
serait aller plus loin que l'Ecriture, si l'on sa vengeance. Dieu, cependant, se rappe
affirmait qu'ils sont morts réprouvés de lait les promesses qu'il avait faites à son
Dieu; un grand exemple devait être donné serviteur, et n'oubliait pas Sara, dont le
à l'Eglise naissante, et ce malheureux cou premier nom Saraï signifiait noblesse, ét
ple l'a donné ; peut-être que rachetés de dont le second signifie princesse, changel
Dieu, ils n'ont été frappés de mort subitement qui indiquait sans doute que, noble
pour leur dernier péché qu'afin de servir par l'alliance du grand Abraham, elle
d'enseignement à l'Eglise. Leur déplora s'élèverait à un rang plus haut encore
ble chute n'était peut-être qu'une chute, en donnant une postérité au père des
SAR 0321 SAR
croyants. Ces promesses'furent répétées sa femme à l'adultère, et celfe-epy a con
avec plus de précision lors de la visite senti. Augustin fait au contraîre l'apol6
des anges au patriarche, et Sara qui les gie d'Abraham, len disant : 1° Qu'il n'a
entendit fixer l'époque de la naissance pas menti en disant que Sara'était sa
de son fils ne put pas réprimer un sou sœur, et qu'il s'est borhé à taire une vé -
rire dans un premier moment d'incrédu rité qu'il n'était pas obligé de découvrir.
lité : ce sourire fut le nom de son fils et
2° Qu'il'était exposé à la mort et au dés
dut lui rappeler à la fois sa joie et son honneur de sa femme, s'il parlait, et
-manque de foi. Pour éviter un'iInème qu'il ne pouvait éviter ni l'un ni l'autre ;
danger, elle commit à Guérar le même ! qu'en se taisant, il avait au moins la chan
péché de ruse et de mensonge qu'elle ce d'éviter la mort. 3° Qu'il laissait à Dieu
avait commis en Egypte, et l'intervention le soin de conserver l'honneur de Sara,
divine put seule la préserver de ses ter et qu'il agissait en cela par la foi. 4° Que
,ribles conséquences. Enfin les promesses dans la pire supposition, l'adultère ayant
se réalisèrent à son égard;' elle donnai été involontaire, il aurait été sans crime
le jour à un fils, et le nourrit elle-même, et sans infamie. Mais ona beau expliquer,
24, 7. Mais les épouses rivales furent et invoquer peut-être les mœurs brutales
aussi des mères jalouses, et comme les de cette époque, ce double épisode for
mères, les enfants se haïrent, Gal. 4, 29.; me une double tache dans l'histoire d'A-
Sara demanda le renvoi de sa servante et braham et de Sara, et c'est se tacher soi
de son fils, et le patriarche, cédant à un même que de l'excuser. Le père des
ordre de Dieu, dut y consentir : il four Croyants a manqué de foi là même où
· nit aux exilés les vivres nécessaires à! l'honneur seul aurait pu lui en tenir lieu.
· leur voyage, et adoucit sans doute par de SARDES, ancienne capitale de la Ly
riches présents la dureté d'une séparation die, splendide résidence de ses rois, était
qui lui était imposée par une volonté qui située au pied septentrional du mont Tmo
n'était pas la sienne : confiant dans les lus, à 30 lieues sud-est de Pergame, dans
promesses divines, 16, 10. 17,26.21, 13., une plaine fertile arrosée par le Pactole.
il abandonna son fils entre les mains de Elle fut prise par Cyrus, sous Crésus, 545
celui qui devait valoir mieux pour lui que av. C.; plus tard, au temps d'Antiochus,
isalmarâtre. Sara ignora sans doute le elle passa sous la domination romaine,
projet du sacrifice d'Isaac, qui peut-être mais elle ne tarda pas à décliner. Un trêm
même n'eut lieu qu'après sa mort ; les blement de terre la détruisit sous Tibère,
précautions et le silence du patriarche mais les empereurs la firent rebâtir, et
prouvent assez que dans cette circon elle conserva sa grandeur et sa dignité
stance le combat ne fut connu que de Dieu jusqu'à sa prise par Tamerlan, vers 1402.
et de lui. Sara mourut à Hébron, âgée de Ce n'est plus maintenant qu'un pauvre
cent vingt-septans, de dix ans plus jeune petit village nommé Sart, où l'on distin
que son mari, et fut ensevelie dans la ca gue les ruines de deux anciennes égli
verne de Macpéla; 23, 1. 49, 31. — Belle Ses, qui sont peut-être les restes des édi
jusque dans l'âge le plus avancé, Sara fices dans lesquels se réunissaient ces
montre plutôt des instincts que du carac chrétiens qui avaient le bruit de vivre,
tère : simple et soumise, elle aime son mais qui étaient morts. — Les habitants
mari, et obéit à ses ordres les plus étran de Sardes étaient fort méprisés à cause
ges , sans tseulement paraître les avoir de leur mauvaise foi et de leur passion
discutés ;i saidocilité est rappelée avec pour le libertinage et la bonne chère; ils
éloge,11 Pier, 3,6.; saint Paul loue sa foi, représentent parfaitement, Apoc. 3, 1.,
Hébl'. 41, 14.Son nom se retrouve encore
l'Eglise dans les temps qui précédèrent
Es, 54, 2. Rom. 4, 19.9, 9. (Sermon de la réformation, cette Eglise corrompue
Gaussen). où il ne se trouvait plus que peu de per
•,l Origène et Chrysostome blâment Abra sonnes qui n'eussent pas souillé leurs
ham et Sara de leur conduite envers Pha vêtements, et qui s'illustra par Wicleff,
raon et Abimélec : le patriarche a exposé Jean Huss et Jérôme de Prague. Le livre
II. 21
SAR 322 SAR
comme résidence d'un roi cananéen, est l'Evangile, et qui reste telle devant Dieu,
peut-être la même dont il a été parlé ci quoique à nos faibles yeux il puisse pa
dessus; les faubourgs de Saron, 1 Chr. 5, raître qu'il y a toutes sortes de gens, et
· 16., paraîtraient se rapporter à une ville des degrés infiniment divers dans la pié
située au delà du Jourdain, si l'on n'était té et dans l'impiété; cf. 2 Cor. 6, 14.sq.
autorisé à croire que les tribus transjour 1 Jean 3, 10. Jean 8, 44. etc.
daines, occupées de bestlaux, possédaient Luc 10, 18.Jésus contemple Satan tom
aussi des établissements et des pâturages bant du ciel comme un éclair ; il le dit
en dehors des limites de leur territoire. aux soixante-dix disciples qui, après leur
Enfin, une ville de ce nom, Saronas, était mission, viennent lui rendre compte de
située, d'après Eusèbe, au nord de la Pa leurs travaux et de leurs succès. Les dé
lestine, entre le mont Tabor et le lac de mons mêmes leur sont assujettis, et le
Tibériade. Sauveur, rappelant en son cœur les vi
, SARUG, Luc 3, 35., ou Sérug, fils de sions qu'il a eues, répond à la joie de ses
Réhu, père de Nacor, mourut à l'âge de envoyés par cette déclaration, que le chef
trois cent trente ans. Il est nommé dans même des démons a été vaincu , il l'a vu
la généalogie de Marie. La tradition fait tomber, comme ailleurs il est dit d'Abra
de lui un des apôtres de l'idolâtrie. ham qu'il a vu la journée de Christ ; c'est
SAT. v, Mesures. la vue de la foi, Jean 8, 56.Jésus, en pro
SATAN, mot hébreu qui signifie en nonçant ces paroles, a sans doute eu pré
nemi, accusateur, calomniateur, et qui est Senles à l'esprit celles d'Es. 14, 12., où le
parfaitement traduit par le mot grec dia roi de Babylone, symbole de l'ennemi de
ble. Il est employé en parlant de David, Dieu, est comparé à l'étoile du matin qui
4 Sam. 29, 4., où l'original porte : « pour tombe des cieux.
qu'il ne devienne pas pour nous un satan;* Luc 13, 16. Satan est considéré comme
en parlant de Hadad et de Rézon, 1 Rois l'auteur, sinon de toutes les maladies, du
11, 14.23.25., où nos versions l'ont ren moins d'un certain nombre des affections
du par ennemi; de saint Pierre, Matth. qui affligent l'humanité.Avec ce passage
16, 23. Marc 8, 33. Son sens le plus ordi On n'a pas de peine à comprendre ce qui
maire est cependant celui de diable, de dé est dit d'Ilymènée, d'Alexandre, et de
mon, de chef des démons, Job 1, 6.7. 2, l'incestueux de Corinthe, livrés à Satan
1. 7. Ps. 109, 6. Zach. 3, 2.1 Rois 22, 21. pour leur salut, 1 Tim. 1, 20. 1 Cor. 5, 5.
Jud. 9. Matth. 12, 26. Marc 3, 23. Apoc. 2, Si quelques auteurs, et spécialement ceux
9.13.12,9. 20, 2. etc. On peut voiraux ar de l'Eglise romaine, pensent qu'il ne s'a-
ticles Anges, et Diable, ce qu'il y a à dire git ici que de l'excommunication, il est
en général sur ce sujet; il n'y a que peu évident cependant que saint Paul a en vue
de choses à ajouter sur ce mot spécial. quelque chose de plus grave qu'une pé
Matthieu 12, 26. Satan est représenté nitence ecclésiastique ; il s'agit d'un châ
COmme un roi qui a sous ses Ordres une timent réel qui devait détruire la chair,
armée dont la discipline fait la force, cf. et tout en reconnaissant que ces pécheurs
Marc 3, 23. Luc 11, 18. Jésus accusé par étaient excommuniés, nous sOmmes con
les pharisiens (qui du reste ne croyaient traints d'admettre que la sentence de l'a-
pas un mot de ce qu'ils disaient) de chas pôtre entraînait avec elle une peine cor
ser les démons par Béelzébul, prince des porelle, une maladie grave, fruit du pé
- démons, fait ressortir l'absurdité de cette ché et infligée par Satan.
accusation, en montrant que, de la part Apoc 2, 9. La synagogue de Satan se
· de Satan, ce serait se faire la guerre à rapporte dans ce passage aux Juifs incré
lui-même. dules, qui n'avaient de juif que le nom et
11, Act. 26, 18. Saint Paul montre qu'il les traditions, mais qui, en repoussant
1 n'y a pas de milieu entre Dieu et Satan ; Jésus, prouvaient qu'ils repoussaient l'es
on est de l'un ou de l'autre, sous l'influen prit de Moïse et de tout l'Ancien Testa
ce de l'un ou sous celle de l'autre, vérité ment. La même expression est employée
, qui ressort de toutes les déclarations de 3, 9., où il est question de l'Eglise chré
SAT 324 SAU
tienne, et elle désigne les chrétiens de vaise grâce à dire qu'il s'accommodait
nom qui mentent en s'appelant chrétiens, aux superstitions et aux préjugés po
parce qu'ils n'ont pas gardé la parole de pulaires, que dans la plupart des cas il
Dieu ; c'est dire que ce nom désigne l'E- aurait pu tout au moins s'abstenir, que
glise de Rome, déjà désignée 2, 13. com ses déclarations n'étaient nullement pro
me le siége et l'habitation de Satan; les voquées, et que celui qui était venu ap
mystères de cette église, ses ruses pour porter la vérité sur la terre, ne saurait
séduire et corrompre les consciences, être soupçonné d'y avoir au contraire en
sont désignées, 2, 24., sous le nom de tretenu le mensonge et l'erreur.
profondeurs de Satan. Satan sous ses divers noms de Diable,
Apocal. 20, 1. sq. Satan est lié pour de Malin, de Béelzébul, Belsébub, ou Bel
mille ans, puis délié pour un peu de temps sébuth, de Bélial, ou Béliar, 2 Cor.6, 15.,
après le millénium; après cela, vaincu par est représenté dans l'Ecriture comme la
l'armée céleste, il sera de nouveau saisi source de tous les maux, Luc 10, 19. 13,
et jeté avec les siens dans l'étang ardent 16. 22, 31., comme l'ennemi du règne de
de feu et de soufre, où ils seront tour Dieu, Matth. 13, 39. Luc 10, 18.Jean 12,
mentés jour et nuit aux siècles des siè 31. 14, 30. 16, 11., comme le tentateur et
cles. séducteur des croyants, 1 Cor. 7, 5. 4
Luc 22, 31. Satan est représenté, de Thess. 3, 5. 1 Pierre 5, 8., lequel avait
même que dans le prologue de Job, com essayé même de tenter le fils de Dieu,
me cherchant à séduire les élus de Dieu ; Matth. 4, 1. La première manifestation de
la prière, l'intercession de Jésus est le son influence malfaisante remonte aux
seul moyen de sortir victorieux de cette jours de la création, au jardin d'Eden, v.
lutte. Tous les apôtres étaient menacés Hébr. 2, 14. 2 Cor. 11, 3. cf. Apoc. 12,
par les manœuvres de Satan ; saint Pierre 9., et par le péché il est devenu le père
était par son caractère le plus exposé à de la mort, 1 Cor. 15, 26. Hébr. 2, 14. Il
succomber, Jésus prie pour lui ; Judas avait été créé droit, de même que les dé
était dans ces dispositions intérieures mons qui le servent, mais par leur pro
pour lesquelles il n'y a plus de prières, pre faute, par leur orgueilleuse rébellion,
cf. 1 Jean 5, 16.;il restait sans défense en ils sont tombés, ils ont été chassés du
tre les mains de celui à qui il s'était livré. ciel, Jean 8, 44.2 Pierre 2, 4.Jude 6., et
La foi aux démons est aussi ancienne maintenant ils règnent sur les ténèbres,
que la foi en Dieu, et ceux qui ont conçu ils sont dans l'air, ils pèsent sur l'huma
l'idée du bien n'ont pu le faire qu'en ad nité déchue, Eph. 2, 2. 6, 12. cf. Col. 1,
mettant la notion contraire, l'idée du mal. 13.Jean 13, 2. sq. 2Cor. 4, 4., et finiront
Chez les Hébreux l'idée de Dieu prédo par éprouver un terrible jugement, car
minait cependant, et c'est l'idée capitale ; Christ est apparu pour renverser et dé
Dieu était admis comme thèse, la notion truire l'empire de Satan, 1 Jean 3, 8. v.
contraire appartenait plutôt à la contro aussi Apoc. 20. -
vine; il lui avait imposé enfin une consti les signes qu'il reçoit, sa rentrée dans la
tution qui devait mettre le peuple à l'abri vie privée, tout porte le cachet de l'épo
des empiétements du pouvoir royal. Tout que, et pour se moquer de ces détails, il
cela ne servit de rien ; Saül ayant atteint faut, comme dit Winer, ne pas connaître
à une hauteur qu'il ne rêvait peut-être l'antiquité et ne pas savoir s'y reporter
pas lorsqu'il cherchait les ânesses de son en esprit. L'élection de Saül est racon
père, fut saisi de ce vertige qui tourne les tée de deux manières; Gramberg y a na
têtes trop faibles à une certaine élévation; turellement vu la preuve de deux docu
il oublia qu'il était le serviteur de Dieu, ments compilés par l'auteur; il eût été
pour se rappeler seulement qu'il était le facile cependant de se rendre compte de
roi du pays, et sans s'en rendre compte, cette double élection sans recourir à une
mais entraîné par le manque de foi, il se hypothèse aussi dénuée devraisemblance.
coua le joug de l'Eternel et voulut régner La première fois Samuel oint Saül et lui
par lui-même. Au sacrifice de Guilgal, sa déclare, mais en secret, les desseins de
déchéance fut annoncée, elle fut arrêtée Dieu à son égard ; évidemment cela ne
et décidée après que, par ses ménagements pouvait pas suffire; le choix devait être
envers Agag, il eut prouvé que la parole rendu public, et Samuel, pour écarter
de l'Eternel ne lui était pas sacrée. Ce ne toute idée de préoccupation personnelle,
sont pas les détails, ce n'est pas même en appelle publiquement à la voie du sort,
l'ensemble des faits que le prophète lui persuadé que le résultat était entre les
reproche; c'est le manque de foi, le man mains de l'Eternel; le sort se prononce
que de respect pour un ordre divin, le en faveur de Saül. Ce n'est pas une se
manque de confiance en celui qui peut conde relation, c'est un second fait. .
d'un mot remplacer les troupes qui dé 2° L'âge de Saül n'est indiqué nulle
sertent, la désobéissance à celui qui aime part, non plus que la durée de son règne.
mieux obéissance que sacrifice. La dynas Josèphe le fait régner quarante ans, d'a-
tie de Saül est déshéritée du trône parce près une fausse traduction de 2 Sam. 2,
que Saül a oublié qu'il n'était pour ainsi 10.; cependant le chiffre en lui-même n'a
dire roi qu'en second. Et si l'on regrette rien d'invraisemblable. Quant à son âge,
que l'aimable et généreux Jonathan porte on peut remarquer seulement que, dès les
la peine des fautes de son père, il faut premières années de son règne, il avait
se rappeler que cette solidarité du péché déjà un fils en état de porter les armes
était générale à cette époque et dans ces et même de commander, 1 Sam. 13, 2.,
pays, qu'elle a été longtemps sanctionnée de sorte qu'on ne pouvait pas lui donner,
de Dieu d'une manière générale, et que à l'époque de son avénement, moins de
dans l'espèce le péché de Saül entraînait trente ou trente-cinq ans. Le passage 1
nécessairement cet ordre de châtiment ; Sam. 13, 1., omis dans les Septante, doit
c'est moins l'homme que le roi qui a pé se traduire littéralement : « Saül était fils
ché, et la peine que Dieu inflige, comme de — an, quant à son règne; » les uns
les peuples, aux rois coupables, c'est la suppléent le chiffre, et disent : Saül avait
déchéance de leur dynastie. Saül aurait eu régné un an (nos versions); d'autres tra
les qualités d'un bon capitaine, il a de la duisent par : — chargé d'ans, àgé ; d'au
· grandeur, il ne manque pas de généro tres enfin (Heine)supposent que l'écrivain
sité, il est courageux, prompt, mais il n'a sacré a laissé en blanc le chiffre de l'àge
pas les qualités d'un roi, bien moins en de Saül qu'il ignorait et qu'il se proposait
cOre celles d'un roi d'Israël. d'intercaler plus tard, et que cette lacune
Quelques détails de sa vie nécessitent n'a jamais été comblée. Quoi qu'il en soit,
des observations spéciales. si l'on admet la traduction de nos verT
1° Les circonstances de son élection sions, il faut en changer la ponctuation,
sont d'une simplicité tout à fait antique autrement le verset n'aurait aucun sens ;
et patriarcale, bien en rapport avec la vie la première partie du verset se reporte
presque idyllique de ces temps reculés. rait à ce qui précède, la seconde à ce qui
Le but de son voyage, sa visite à Samuel, suit immédiatement.
SAU 327 SAU
tonnement public, lorsqu'on apprend que mais les passions, l'envie, la haine sont
Saül est aussi au nombre des prophètes, plus fortes, et elles étouffent les semences
prouve surabondamment que ce n'était du bien. -
pas une chose commune, et si l'on ne veut 4° La mélancolie de Saül est la suite
pas admettre cette inspiration accompa naturelle de sa réjection. Il y avait là en
gnée de visions qui caractérisait les pro effet de quoi troubler le cœur et l'esprit
phètes d'un ordre supérieur (hhosé), on d'un homme. C'est la tristesse du re
doit admettre au moins que Saül était ani mords. Il n'est pas nécessaire d'y voir
mé de l'esprit de Dieu, plongé dans une autre chose. Abandonné de Dieu, aban
extase surnaturelle, ravi hors de lui-mè donné de Samuel, contraint de s'avouer
me, dans un étât d'exaltation involontai que c'est par sa faute, il sent trembler
re, dans laquelle il parlait et enseignait, dans ses mains le sceptre qui déjà n'est
louait et bénissait Dieu, avec une force et plus à lui; l'image de David le poursuit
une effusion intérieure que l'Esprit d'en partout comme une ombre; il veut la frap
haut pouvait seul produire. Son esprit, per et la faire disparaître; l'amitié de Jo
son cœur, sa conscience étaient réveillés ; nathan pour son rival lui paraît une ré
Saül n'était plus Saül, il était un autre volte dénaturée, l'enthousiasme du peu
homme, l'intermédiaire de la pensée di ple pour le jeune guerrier lui paraît une
vine qui se révélait à lui, et qu'il ne pou rébellion, les succès d'autrui lui semblent
vait méconnaître. Alors il s'oubliait lui une injure, l'asile donné par un sacrifi
même, et son ravissement était tel qu'il cateur au capitaine qui se dit envoyé de
fut une fois, une nuit et un jour entier, sa part, lui apparaît comme une conjura
'«-* C0uché sur la terre et dépouillé de ses tion ; il voit un complot dans l'absence de
Vêtements. Mais on se demande comment David, une ruse de guerre dans sa fuite,
un homme, animé de pareilles disposi peut-être même une insulte dans sa pitié.
tions, a pu être en même temps un hom Son esprit est perdu, son jugement est
me sans foi et rejeté de Dieu. La réponse égaré, sa vue se trouble, les faits les plus
est aisée: sa piété s'évanouissait avec les simples sont grossis et dénaturés, les ob
circonstances extraordinaires qui en avait jets ne lui apparaissent plus sous leur as
provoqué les mystérieux élans, Os. 6, 4.; pect ordinaire ; alors on le voit tour à
all lieu de retenir dans son cœur les en tour se faire le bourreau de son fils que
seignements qu'une faveur singulière de le peuple lui arrache, l'assassin de son
Dieu lui envoyait par intervalles, il lais gendre qué sa fille lui dérobe, le meur
sait s'éteindre le lumignon qui fume, il trier des sacrificateurs de Nob que Doëg
côntristait, il repoussait le Saint-Esprit ; lui livre et met à mort, le meurtrier des
et notre Seigneur, en parlant de ceux Gabaonites que Dieu venge plus tard,
qui ont prophétisé en son nom, quoiqu'il l'insensé conjureur d'une pythonisse, et
ne les ait jamais connus, Matth. 7, 22., enfin le suicidé de Guilboah. Rien dans
n0us montre la possibilité de cette exis sa conduite ne trahit une folie propre
tence du caractère prophétique chez des ment dite, mais depuis sa désobéissance,
hommes voués à la réprobation. C'est une tout en lui porte le caractère d'une mé
grâce extérieureque Dieu leuraccorde, ils lancolie noire; il est sombre comme Char
la repoussent en faisant usage de leur li les IX après la Saint Barthélemy; c'est un
berté morale; ils se montrent des exem phénomène physiologique fréquemment
ples vivants et terribles de ce mystérieux observé, et les moyens employés pour
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lmer le malheureux sont plutôt desti Sam. 1, 17, 2,4. 5, 2. 7, 15. 12, 7. 16,
nés à le distraire qu'à l'exorciser; l'em 8. 22, 1. 1 Chron. 26, 28. Ps. 18, 52, 54,
ploi de la musique dans des cas de ce 57, 59, (suscr,). Sa résidence est quel
genre est général, et ses heureux succès quefois désignée par son nom, 1 Sam.
ont été constatés toutes les fois qu'il en 15, 34. Es. 10, 29. Le seul passage du
a été fait usage. Le terme de malin es Nouveau Testament qui en fasse mention
prit envoyé par l'Eternel, 1 Sam. 19, 9., est Act. 13, 21 .
ne contredit en rien cette explication, car SAULES (Salices). C'est la traduction
nous ne nions nullement que cette mala généralement admise de l'hébreu érèb,
die noire ne fût l'œuvre d'un malin es ou arab. Il en est parlé Lév. 23, 40. Job
prit, et qu'elle ne le soit en général, com 40, 17., comme d'un arbre touffu et d'un
me nous admettons que les bonnes dis ombrage agréable, Es, 44, 4, et ailleurs,
positions du cœur sont l'œuvre du bon comme d'un arbre croissant le long des
esprit de Dieu. eaux (amnicolae salices, Ovid. Met. 40,
5° v. à l'art. Samuel ce que nous avons 96., umbrosae, Fast. 3, 17.). C'est du saule
dit sur les mobiles de la conduite du pro pleureur qu'il est sans doute question Ps.
phète à l'égard du roi déchu. 137, 2.; il vient naturellement en Babylo
6° Quant à la consultation de la pytho nie et a reçu le nom technique de salix ba
nisse d'Endor, v. Pythonisse. bylonica. Le zaphzepha de Ez. 17,5., dési
7° La mort de Saül est racontée de deux gne aussi une espèce particulière de saule
manières différentes, 1 Sam. 31, 2 Sam. différente de celle qui précède : mais les
1. Dans le premier passage, Saül se tue, descriptions qu'ont données du safsaf les
dans le second, il est tué par un jeune rabbins et les voyageurs modernes ne
Hamalécite; Gramberg y trouve une nou s'accordent pas assez pour qu'on ait pu
velle preuve à l'appui de son hypothèse le classer d'une manière définitive; d'a-
des deux documents. Le récit prouve que près Rauwolfcet arbre aurait même beau
le jeune Hamalécite a fait un conte dont coup de rapport avec le bouleau par la
il espérait une autre récompense que longueur, la finesse, et le jaune mat de
celle qu'il a reçue, de sorte qu'un second ses feuilles; les descriptions des talmu
document n'a rien à faire ici; dans le cas distes se rapporteraient au salix caprea.
où cette explication ne suffirait pas entiè — Le torrent des Saules que nos ver
rement, rien de plus simple que d'ad sions ont, d'après les Septante, traduit
mettre avec Josèphe une fusion des deux par torrent des Arabes, Es, 15, 7., est le
récits; Saül a essayé de se tuer, et comme Wady el Ahsa qui arrose la frontière mé
il n'avait plus la force d'achever son cri ridionale du pays des Moabites : il prend
me, il a prié le jeune Hamalécite qui pas sa source près du château d'El Ahsa sur
sait de mettre un terme à ses souffrances. le chemin de la Syrie, et coulant au nord
8o L'extermination des Gabaonites n'est ouest, va se jeter à l'extrémité sud de la
connue que par l'allusion renfermée 2 mer Morte. Hitzig a traduit le torrent de
Sam. 21, 1. Les uns supposent que Saül la plaine (ou du désert) en comparant le
fit égorger avec les prêtres de Nob les passage Am. 6, 14. Dans ce dernier pas
Gabaonites employés au service du tem sage quelques commentateurs, notam
ple ; d'autres pensent que les Gabaonites, ment Rosenmuller, pensent qu'il s'agit
n'ayant rien à perdre et tout à gagner à du Cédron, parce que le nom de plaine
une révolution, prirent le parti de David s'appliquait spécialement à la contrée des
contre Saül, ce dont celui-ci se serait environs de Jérico; mais comme il est
vengé par leur complète extermination. opposé à Hamath la frontière septen
L'on ne peut rien affirmer à cet égard si trionale, il doit nécessairement signifier
ce n'est que Saül a commis le crime, et la frontière méridionale, et désigner le
que ses enfants l'ont expié. même torrent que celui dont il est parlé
9° Le nom de Saül est rappelé plusieurs dans le passage d'Esaïe. -
fois dans les livres historiques et dans les SAUTERELLES. Leur incroyable fé
Psaumes de David; v. en particulier 2 condité fait de ces insectes un des fléaux
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les plus redoutés et les plus terribles des rête; c'est en vain qu'on met'le'fºu'aux
pays chauds, de l'Orient en particulier, herbes et aux broussailles, c'est en vain
Ex. 10, 4.1 Rois 8, 37.2 Chr. 6, 28. 7, même qu'on envoie contre elles des §
13. Elles sortent de terre au printemps, pes de soldats (Pline 11, 35.); elles évi
surtout dans les années dont la séche tent tous les dangers, et ne sauraient
resse a favorisé la maturité des innom être évitées. Elles pénètrent jusque dans
brables œufs qu'elles déposent toujours les habitations, et en rongent non-seule
dans la terre ; c'est de l'Arabie qu'elles ment les ustensiles de bois, mais encore
sortent en plus grand nombre, et portées les boiseries, les planches et les poutres,
sur les ailes des vents, elles viennent s'a- Pline 11, 29. Ex. 10, 6. Joel 2. Quelques
battre en tourbillonnant et comme d'épais oiseaux leur font une guerre redoutable,
nuages sur les plaines de l'Egypte, de la qui en fait périr un grand nombre, mais
Palestine ou de la Syrie. Ces nuages ont c'est surtout la mer qui est chargée de
quelquefois de 4 à 6 lieues de longueur, leur donner la mort. Fatiguées de leur
de 2 à 3 lieues de largeur. Elles sont en vol, elles s'abattent sur les eaux comme
core loin que déjà le bleu sec du ciel se sur la terre, Ex. 10, 19. Joel 2, et leurs
nuance d'un jaune fade et mat ; lors légers cadavres, entraînés vers les riva
qu'elles approchent elles voilent le ciel, ges, viennent bientôt y apporter la peste,
couvrent la terre de leur ombre, et font et les désoler par leur mort, après les
entendre le dur et assourdissant frôle avoir désolés par leur vie.
ment d'un million d'ailes et de pieds. Où On a remarqué que les sauterelles dé
elles s'arrêtent, et on chercherait vaine pouillées de leurs accessoires, avaient en
ment à les en empêcher, elles forment petit une forme assez semblable à celle
sur la terre qu'elles cachent, une couche des chevaux, Joel 2, 4. Apoc. 9, 7. Leurs
épaisse qui parfois dépasse la hauteur ailes sont d'ordinaire vertes ou jaunâtres,
d'un mètre; elles rongent alors en un quelquefois rouges ou brunes. Leur lon
clin d'œil, de leurs dents aigües, et avec gueur varie entre 3 et 15 centimètres.
un bruit qui, au dire de Volney, rappelle Il était permis aux Hébreux de s'en
la marche rapide de la cavalerie, l'herbe, nourrir, Lév. 11,22. (Oken prétend à tort
les feuilles, les fruits, surtout les raisins, que ce sont quatre espèces d'oiseaux qui
et jusqu'à l'écorce et à la racine des ar sont désignées dans ce passage) ; cepen
bres ; leurs goûts et leur nourriture va dant elles ne passaient guère pour un ali
rient; chez les unes le goût est plus fin, ment délicat, Matth.3, 4. Marc 1, 6. D'au
chez les autres il est plus grossier ; cf. tres peuples de l'ancien Orient les man
Joel 1, 4. Lorsqu'elles ont tout dévasté, geaient de même, au rapport de Strabon,
elles se remettent en marche, ne laissant de Diodore de Sicile, de Pline, etc., et de
derrière elles que leurs œufs, leurs ex nos jours encore on les porte par voitu
créments, et quelques cadavres qui pro res sur les marchés de l'Arabie (Taver
duisent une odeur d'une telle infection, nier, Niebuhr,Joliffe, Burckhardt; d'après
que la peste se déclare souvent après Gobat, Voyage en Abyssinie, p. 392, on
leur passage ; cf. Jug. 6, 5. Joel 1, et 2 ; les entasse dans des tonneaux). On les
Jér. 46, 23. 51, 14. Nah. 3, 17. Ps. 109, fait bouillir dans de l'eau, quelquefois on
23.78, 46. 105, 34. Es. 33, 4. Leur mar les rôtit, après leur avoir arraché les
che est très régulière, Prov. 30, 27. Joel pieds et les ailes, on les saupoudre de
2, 8.25.; elles volent par colonnes, de sel, et on les mange. Elles doivent être
jour seulement, et avec des intervalles de meilleures que des pigeonneaux, et aussi
repos; le soir elles s'établissent sur la bonnes que des écrevisses.
terre, repartent le matin si elles n'ont Il est parlé dans la Bible de plusieurs
rien à manger, volent , ou marchent si la espèces de sauterelles ; les principales
rosée de la nuit a mouillé leurs ailes, Nah. sont l'arbéh, le solham, l'hargol, le kagab
3, 17.; elles vont droit devant elles, et (ou hhagab), le tsaltsal, le yélèk, le hhasil,
presque toujours du sud au nord. Aucun et le gazam, Lév. 11, 22.Joel 1, 4. L'arbéh
mur, aucune haie, aucun fossé, ne les ar est l'espèce la plus connue et le plus sou
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vent mentionnée : c'est le gryllus grega ils des chefs d'autant de peuplades diffé
rius de Linnée : le poitrail vert et forte rentes ? Rosenmüller le pense, et il re
ment bombé, une tête aplatie, des yeux trouve la troisième famille Job 1, 15.,
rouge-brun , des antennes de 3 centimè où cependant il est plus naturel de l'en
tres de long, des ailes supérieures d'un tendre des Arabes en général, de trou
jaune gris et tachetées de jaune à la par pes d'Arabes. L'identité de nom des deux
tie inférieure, et des ailes de dessous frères pourrait faire penser à une iden
vertes et très larges, caractérisent cette tité des individus, nos 1° et 3°, si la des
espèce. Ce sont les ailes supérieures, et cendance n'était pas différente, la pre
mière étant camite et la troisième sémite.
les pattes de derrière, qui produisent le
bruit qu'elles font en volant. Le hhargol Quant aux deux premiers chefs, Michaé
lis essaie de les fondre en une seule fa
est peut-être la jeune sauterelle qui ne
vole pas encore : les Septante traduisent mille, ou plutôt en une alliance de famil
chenille. Quant aux autres espèces, il n'est les, tellement que le pays de Sheba au
pas possible de les déterminer exacte rait été habité en partie par des Cusi
ment : les termes hébreux sont diverse tes, en partie par des Joktanides; Vater
ment traduits par les anciens interprètes, et Bohlen y voient au contraire deux tra
qui seuls auraient pu fixer leur significa ditions différentes sur l'origine d'une mê
tion, et les indices étymologiques sont me peuplade; Schrœder tient le milieu
trop vagues pour qu'on essaie d'en tirer entre ces deux opinions, mais inclinant
parti. La sauterelle à tête pelue (Dahler), davantage vers la première : les Sabéens,
le gryllus cristatus, ou Kammheuschrecke, dit-il, ont dans cette table généalogique,
qui se rencontre souvent en Orient, et un double élément d'origine, ils remon
qui est mangeable, doit être l'une de ces tent par une fusion de races à Cam et à
espèces, cf. Apoc. 9,8., et OEdmann la voit Sem, et peut-être les uns à Cam, les au
dans le yélèk à cause de Jér. 51,27., où tres à Sem, mais habitant le même ter
l'épithète de samar qui signifie chevelue ritoire et ne formant plus qu'un seul
lui est donnée : le tsaltsal, d'après Tych peuple, sinon une même famille. On ne
sen, serait le gryllus stridulus.Le nom de doute pas qu'il ne s'agisse sous le nom de
gob, Am. 7, 1. Nah. 3, 17., semble être Sheba, des célèbres Sabéens de l'Arabie
le nom générique de l'espèce entière. Heureuse, habitant le nord de l'Yémenac
L'examen de Apoc. 9, 3. et suiv. appar tuel, selon d'autres une partie de l'Arabie
tient aux commentaires; v. Ewald,Vivien, méridionale, Joel 3, 8. Ps. 72, 10. Jér. 6,
20. Leurs caravanes traversaient les dé
Digby, etc.
SAVON. v. Nitre. serts, et portaient jusqu'aux ports mar
SCEAU. v. Cachet. Les sceaux de l'A- chands de la Méditerranée, les trésors de
pocalypse 5, 9. sq., qui tiennent fermé leur riche végétation et de leurs précieu
le livre de l'avenir, désignent le mystère ses mines, de l'or, des pierreries, des
dont les choses futures sont encore en épices, de l'encens, de la casse, etc. Ez.
veloppées, et que Jésus-Christ seul a ac 27, 22. 38, 13. Job 6, 19. Es. 60, 6. Cette
quis le droit de connaître et de pénétrer. peuplade riche et belle, la plus grande
SCEBA, ou Sheba. 1° Descendant de de l'Arabie, devait à ses richesses la con
Cam et de Cus par Rahma, nommé à côté sidération générale dont elle était entou
de Dedan, Gen. 10, 7. cf. 1 Chr. 1, 9. — rée, et les parfums aromatiques de ses
2° Descendant de Sem et de Héber par rivages donnaient lieu aux récits les plus
Joktan, Gen. 10, 28. cf. 1 Chr. 1, 22. La exagérés, aux légendes les plus fabuleu
ses. Ils faisaient le commerce de transit
tradition arabe a conservé cette origine
pour une de ses peuplades. — 3o Fils de entre l'Asie et l'Europe, et leurs carava
Joksan, et petit-fils d'Abraham et de Ké nes allaient jusqu'en Syrie et en Mésopo
tura, Gen. 25, 3. Il est également nommé tamie; ils paraissent même avoir été en re
à côté de Dédan. (Quant à Séba, fils aîné lations d'affaires avec les Indes.Leur capi
de Cus, v. Séba.) Ces trois hommes du tale, bâtie sur une colline, portait le nom
nom de Sheba sont-ils différents 9 sont de Sabas, et resplendissait de palais et de
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temples aux colonnes plaquées d'or; des de, qui sont enterrées avec ceux qui en
travaux d'art, gigantesques, et de la plus ont joui sur la terre. La houlette du ber
haute antiquité, réunissaient au-dessus de ger a peut-être donné naissance à l'idée
la ville les eaux des montagnes voisines, du sceptre royal, car les premiers rois
et formaient un lac artificiel dont les eaux, ne furent que des princes nomades, cf.
en s'écoulant par un nombre considéra Ps. 2,9., et le sceptre ne devait être en ef
ble de petits canaux, assuraient aux jar fet qu'une houlette, l'emblème du gouver
dins, aux prairies, et aux plantations d'ar nement, de la direction. Il n'a pas tardé à
bres, une fertilité digne du paradis. Des devenir une verge. D'après Diodore de
cendants de Cus, les Sabéens, déjà grands,Sicile, le sceptre des rois d'Egypte aurait
trouvèrent un nouvel élément de gran rappelé par sa forme un instrument d'a-
deur et de puissance dans leur fusion griculture, le grand bras de la charrue.
avec les Sabéens joktanides, auxquels se Le sceptre d'Assuérus était d'or, ou pla
joignirent plus tard encore, comme troi qué d'or, Est. 4, 11., ainsi que celui de
sième élément d'une nationalité qui gran plusieurs rois absolus de l'antiquité, Iliad.
dissait en se mélangeant, les Sabéens is 1, 15. Cyrop. 8, 7, 13. Strabon parle des
sus d'Abraham et de Kétura. Ils parais autres ornements dont le sceptre est sus
sent avoir fait un commerce d'esclaves, ceptible, et qui étaient particulièrement
Joel 3, 8. recherchés des Orientaux. Abaisser son
La reine de Sheba qui visita Salomon, sceptre était de la part d'un roi un acte
1 Rois 10, était selon toute apparence de grâce, un signe de pardon ; en baiser
originaire de cette contrée, et c'est à tort l'extrémité était de la part d'un sujet, un
que Josèphe la fait venir d'Ethiopie ; les acte de soumission et de dévouement, Est.
détails qui accompagnent le récit de sa 5, 2.Saül, roi militaire, paraît avoir porté
visite s'accordent mieux avec la première avec lui sa hallebarde en guise de scep
supposition qu'avec la seconde.Les Abys tre, 1 Sam. 18, 10. 22. 6., et Justin ra
sins, du reste, ont accepté la tradition de conte qu'aux premiers temps de la fon
Josèphe comme donnant un certain lus dation de Rome , les rois portaient des
tre à leur histoire ;ils ajoutent qu'elle se lances au lieu de diadème, comme signe
nommait Maqueda, et qu'elle eut de Sa caractéristique de leur dignité, et que les
lomon un fils qui ressemblait tellement à Grecs donnèrent à ces lances le nom de
son père que celui-ci, jaloux, le ren sceptre (43, 3.).
voya; le jeune Menihélec emporta l'arche SCÉVA, principal sacrificateur, ou plu
de l'alliance, qui l'aida un jour de sabbat tôt rabbin principal d'Ephèse, et père de
à traverser une rivière, et ce miracle le sept jeunes gens qui faisaient de ville en
convertit (Gobat, p. 322) : la reine elle ville le métier d'exorcistes, Act. 19, 14.
même aurait aussi embrassé le judaïsme. Jaloux de saint Paul qui faisait plus de
Preiswerk, dans le cinquième volume miracles qu'eux, et ne voyant en lui qu'un
du Morgenland, p. 50., voit dans Sheba concurrent plus heureux, ils essayèrent
et Dedan, les deux familles principales de de lui emprunter sa formule, et invo
l'lnde, unies ou séparées par le Gange, quèrent contre le malin esprit dont un
et place Sheba à l'orient; cette opinion homme était possédé, le nom « de ce Jé
ne peut guère se soutenir, quoiqu'elle ait sus que Paul prêche. » Mais cette invo
aussi pour elle l'appui de Bohlen. cation du nom de Jésus n'étant pour eux
º SCEPTRE, bâton de bois de la hauteur qu'une formule, elle ne servit qu'à pro
d'un homme, que déjà les rois de l'anti voquer encore plus le malin esprit, qui ne
duité portaient comme les insignes de leur reconnaissait aucune puissance : il
leur autorité, Am. 1, 5. Zach. 10, 11. Ez. se jeta sur eux, les maltraita et les chassa
19, 11. cf. Gen. 49, 10. Nomb. 24, 17. Es. honteusement. Nous ne reviendrons pas
14, 5. et Iliad. 1, 234.2, 183. D'après Jo sur ce que nous avons dit ailleurs des
sèphe ils emportaient même leur sceptre possessions, et par conséquent des exor
dans la tombe, vrai symbole de la vanité cismes : que toutes les maladies, ou qu'un
des gloires et des puissances de ce mon certain nombre d'entre elles seulement
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soient produites par l'habitation d'un vengea par des cruautés nouvelles, des
malin esprit, et deviennent susceptibles cruautés que lui avait fait commettre son
d'être guéries par des prières pleines coupableamour, et il s'en vengea sur ceux
de foi, par des secrets diaboliques, ou là même qui en avaient été la cause certes
par des influences humaines d'un ordre fort innocente, sur les habitants de la ville
surnaturel, peu importe; l'histoire des qu'assiégeait le généreux Urie, trop con
fils de Scéva nous montre un homme ma fiant pour prendre garde à sa femme, et
lade, dont la maladie a résisté aux paroles se méfier de son roi.
sans foi de quelques charlatans, et qui a SCILO, Gen, 49, 10. v. Silo.
reconnu la puissance de Paul par Jésus. SCORPION, mauvais petit insecte des
SCHIBBOLETH, mot hébreu qui signi climats chauds, particulier à l'Orient,
fie fleuve, ou épi de blé. Il a pris dans mais bien connu partout pour le danger
notre langue le sens de « signe de recon mortel que présentent ses piqûres. Il en
naissance, » à cause du rôle qu'il a joué est parlé dans la Bible, tantôt dans le sens
à la suite d'une bataille entre Jephthé et matériel du mot, tantôt d'une manière fi
les hommes d'Ephraïm, Jug. 12, 6. sq. gurée pour représenter les méchants,
Les Ephraïmites avaient été défaits, et Deut. 8, 15. Ez. 2, 6. Luc 10, 19. 11, 12.
Jephthé qui s'était emparé des gués du Apoc. 9, 3., etc. Le scorpion a beaucoup
Jourdain, coupa le passage à tous ceux derapports avecl'écrevisse des rivières, et
qui furent reconnus comme membres de n'est guère plus petit; il se tient volon
cette tribu. Les Ephraïmites avaient à ce tiers dans les lieux humides, sous les pier
qu'il paraît, un défaut de prononciation ; res, dans des caves, dans des trous de
ils ne pouvaient pas dire schibboleth, murailles; dans les nuits d'été il se pro
mais sibboleth, et comme ce mot, à cause mène sur les escaliers et dans les rues.
de sa signification, devait se reproduire Sa tête et sa poitrine semblent ne faire
naturellement dans la conversation de qu'un; son front est orné de deux grosses
gens en fuite qui ont un fleuve devant pinces, et de six ou huit yeux; de sa poi
eux, qu'il s'agit de traverser pour sauver trine sortent huit jambes qui se divisent
sa vie, ils se trahissaient involontaire en six parties couvertes de poils, dont la
ment, sans qu'il soit nécessaire de sup dernière est munie d'un petit ongle. Son
poser que leurs ennemis les obligeassent ventre est une grosse queue comp0sée
à le prononcer, comme un signe spécial de six anneaux qui sont liés comme des
de reconnaissance. grains de chapelet (Calmet); du dernier,
SCIE. Les Hébreux connaissaient l'u- sortent un et quelquefois deux aiguillons
sage des scies à marbre, 1 Rois 7, 9. creux qui laissent échapper, d'une glande
Malheureusement ils paraissent avoir fait sise à leur origine, un venin froid très
de cet instrument un usage dont rien ne âcre qui pénètre dans la partie blessèe; à
justifie la cruauté ; à l'instar des Egyp moins d'un prompt secours, une fièvre
tiens, des Perses, des Thraces, et même ardente conduit rapidement le malade à
des Romains, ils ont pratiqué à l'égard de la mort. On dit que le meilleur remède
leurs prisonniers de guerre, et notamment consiste à écraser immédiatement le scor
des chefs, le supplice de la scie, 2 Sam. pion sur la plaie; c'est qu'entre la piqûre
12,31. 1 Chr. 20, 3., et l'allusion de Hébr. et l'injection du venin il se passe tôu
11, 37., semble se rapporter au genre de jours un instant, quelque court qu'il soit,
mort qu'Esaïe selon la tradition, souffrit et la mort immédiate de l'animal peut
sous Manassé; cf. Hérod, 2, 137.Val.Max. souvent l'empêcher de consommer
9, 2. Sueton. Calig. 27., etc. On regrette dernier acte. On sait que les orties, frois
que le nom du roi David soit taché du sées avec force, ne font aucun mal, parce
souvenir d'aussi atroces barbaries, et l'on que la glande ne peut s'ouvrir; c'est
ne peut comprendre de pareils actes qu'en peut-être le même fait qui se produit,
se rappelant qu'ils furent contemporains quoique sous une autre forme, dans ce
de ses crimes et de ses remords, anté qu'on appelle l'application du scorpion en
rieurs à sa réconciliation avec Dieu. ll se emplâtre. Les scorpions d'Europe (Italie)
SCR 333 SCR
· les sabéens, dont il est ici question, au ruines, porte maintenant le nom d'Atba
'raient occupé une grande presqu'ile for rah
mée par le Nil et l'Astaboras, sous le 16° SEBNA, trésorier du palais sous Ezé
ou 17o de latitude, à laquelle Cambyse au chias, n'est connu que par les reproches
·rait donné plus tard le nom de sa sœur, du prophète, Es. 22, 15. La destitution et
d'autres disent de sa femme, Méroé (Jo l'exil lui sont annoncés, comme châtiment
sèphe, Strabon, Diod. de Sicile, etc.). Les de ses malversations, de son orgueiI,
anciens, qui n'en connaissaient que le peut-être aussi d'autres faits plus graves
nord, pensaient que c'était une île, et encore qui ne sont pas racontés. On
Winer est tombé dans la même erreur. ignore si c'est le même dont il est parlé,
Sébah était le centre d'un grand com Es. 36, 3. 37, 2.2 Rois 18, 18.; dans ce
merce qui se faisait entre l'Ethiopie, l'E- cas, son remplacement aurait déjà eu lieu,
gypte, l'Arabie, l'Afrique septentrionale son exil serait terminé, et il ne serait ren
et l'Inde.v. Heeren, Idées sur la politique tré en grâce que pour remplir la place plus
et le commerce des anciens, II, 371. Hé modeste de secrétaire. Il fut député avec
rodote dit que les Ethiopiens (et les Sa Eliakim qui l'avait remplacé, pour enten
béens appartenaient à ce peuple) étaient dre les propositions de Rabsaké.
célèbres par leur haute stature, et par la SECANIA. 1° Fils de Jéhiel, de la fa
longue durée de leur vie (120 ans); ils mille d'Hélam, une des plus distinguées
avaient même reçu , pour cette dernière de Jérusalem du temps d'Esdras, 10, 2.
qualité, le nom de Macrobiotes. Leur Il seconda avec énergie les mesures du
taille était évaluée à 12 pieds : Ethiopes chef d'Israël contre les mariages mixtes,
duodecim pedes longi (Solinus 30). Inu et montra dans cette circonstance autant
tile d'ajouter que l'imagination de l'au de résolution que d'intelligence; sa pa
teur était fort grande, ou que les pieds role porta coup. On ignore s'il était lui
étaient fort petits. Il y a de même de même au nombre des coupables; il sem
l'exagération dans ce que dit Hérodote, ble s'humilier avec les autres, 10, 2.;
que les captifs mêmes portaient des chai peut-être s'humiliait-il au nom des au
nes d'or, parce qu'on n'avait pas d'autre tres, car son nom ne se trouve pas dans
métal; mais cette tradition prouve au la liste de ceux qui renvoyèrent leurs
moins que les Sabéens étaient fort riches, femmes étrangères, 10, 26.
· et qu'ils avaient la réputation de l'être. 2° Fils d'Arah, Néh. 6, 18. 7, 10. Esd.
— La capitale du pays portait aussi le 2, 5. Beau-père de Tobija, il trempa dans
nom de Méroé ; le trône était électif; il la trahison de son gendre et dans les com
était donné au plus riche, à celui qui se plots de Samballat contre Néhémie; qui
distinguait le plus par la manière d'éle se ressemble s'assemble. On ne sait si le
rver les troupeaux. Les prêtres tenaient le gardien de la porte orientale, Néh. 3,29.,
premier rang dans l'Etat; leur pouvoir était fils de celui-ci ou du précédent.
était si grand qu'on les a vus ordonner la SECOND, de Thessalonique, compa
mort d'un roi et désigner son succes gnon de saint Paul dans quelques-uns de
seur. Ergamène, par la suite, leur résis ses
tionvoyages, n'est
qui en est faiteconnu que 4.par la men
Act. 20, • *
sur les rives desséchées de la mer Morte, Le sel était le symbole : 1° De la durée,
dont les eaux débordées chaque année, de la perpétuité , de la sincérité, car le
laissaient, en se retirant, des flaques sel préserve de la corruption et de la dis
qu'une rapide évaporation ne tardait pas à solution; ainsi l'on disait une alliance de
réduire en lits de sel, cf.Soph. 2.9. Ez. 47, sel, Nomb. 18, 19.2 Chr. 13, 5. cf. Lév.
11. Ils en trouvaient aussi beaucoup dans 2, 13., soit que les contractants missent
la vallée du Ghor (ou du sel), et sur les quelques grains de sel dans leur bouche
flancs d'une montagne longue de 3 lieues en gage de leur sincérité, soit que cet
qui en forme le flanc occidental. Ces deux acte extérieur n'eùt pas lieu.
mines sont loin d'être épuisées : c'est là 2° De l'hospitalité. ll y avait un enga
que les Arabes vont de nos jours encore gement moral contracté entre ceux qui
chercher le sel nécessaire à leurs besoins avaient mangé le même sel , maîtres
personnels, et ils font de cette denrée un et serviteurs , hôtes et voyageurs , cf. ,
article de commerce fort lucratif qu'ils Esd. 4, 14., et les Arabes modernes ont
exportent principalement en Syrie. conservé la même tradition d'inviolable
Le sel ne servait pas seulement d'assai dévouement à ceux qui ont mangé leur
sonnement pour les mets, Job 6, 6., mais sel ou leur pain (Niebuhr, Rosenmuller,
SEL 339 SEL
Lamartine , Voyage en Orient , etc. ) moyen employé par Elisée allait plutôt à
3° De la sagesse, de la pureté dans la l'encontre du but qu'il se proposait : ce
vie et dans la conversation, Marc 9, 49. moyen devait faire ressortir avec d'autant
Col. 4, 6. plus d'évidence la mission divine du pro
4° De la stérilité; on saupoudrait de sel phète.
les terrains maudits et condamnés à res Vallée du Sel. Célèbre par une victoire
ter toujours déserts et stériles, Jug. 9, de David sur les Syriens, 2 Sam. 8, 13. 1
45. Soph. 2, 9. cf. Deut. 29, 23. Ps. 107, Chr. 18, 12. cf. Ps. 60, (suscr.), cette val
34. (Job, 39, 9.; l'hébreu porte salée au lée, large d'environ 3 kilom., est située
lieu d'inhabitée); v. aussi Pline, H. N. 31, à l'extrémité sud de la mer Morte; elle
7, 39. Virg. Georg. 2, 238-240. Ces pas ne présente pas le moindre vestige de
sages semblent ainsi offrir une contra végétation, mais abonde en couches sa
diction avec Matth. 5, 13., où les fidèles lines.
sont appelés le sel de la terre. Calmet ré Maundrell, dans ses voyages, cite un
sout cette difficulté en changeant la si fait qui sert à nous faire comprendre ce
gnification du mot ; il pense qu'il s'agit là que c'est que le sel qui a perdu sa sa
de la marne avec laquelle on fume les veur, Matth. 5, 13. Dans la vallée du Sel,
terres dans certains pays. On peut l'ex près de Gebul (à environ 4 journées d'A-
pliquer aussi d'une manière peut-être lep), il y a un petit précipice causé par
plus simple en donnant au mot terre le de continuels éboulements de sel. J'en
sens de monde, cf. v. 14. : le sel serait brisai un morceau, dit-il, dont la partie
alors le symbole de la pureté ; c'est aux qui avait été exposée à la pluie, au soleil
fidèles de préserver le monde de la cor et à l'air, quoiqu'elle eût le brillant du
ruption. sel et des particules salines, en avait ce
Quant à la statue de sel de la femme de pendant complétement perdu la saveur.
Lot, v. Lot. L'intérieur, qui tenait au roc, conservait
Mer de sel, ou mer Salée, Gen. 14, 3. le goût salé, comme j'en fis l'épreuve.
v. mer Morte. D'après le Dr Daubeny, les Dans un des historiens byzantins, on trou
eaux de la mer Morte ne contiennent ve un commentaire vivant et frappant de
d'autres substances que le sel muriatique, ce texte. Echabolius avait fait profession
circonstance en harmonie avec l'origine d'être chrétien sous le règne de l'empe
volcanique du pays environnant. reur Constantin, mais sous celui de Julien
Ez. 16, 4. Sur l'usage de frotter de sel l'Apostat il était retombé dans le paga
les enfants nouveau-nés, v. le commen nisme. Poussé plus tard à la repentance,
taire de Haevernick. Cet usage reposait il se déclara de nouveau chrétien, et se
sur des considérations médicales (saint prosternant sur le seuil de l'église, il
Jérôme, Gallien, etc.), mais il s'y ratta s'écria : Foulez-moi aux pieds, car je suis
chait sans doute aussi une pensée sym du sel qui a perdu sa saveur. -
bolique, celle de la pureté à laquelle nous SELA. 1° Ancêtre de notre Seigneur par
sommes appelés, peut-être celle de l'in Marie, v. Sala. — 2° Fils de Juda et d'une
corruptibilité, de l'immortalité, de l'éter Cananéenne, Gen. 38, 5.1 Chr. 2, 3. Il
nelle durée de l'homme. La salis sparsio ne contracta probablement jamais l'union
qui accompagne le baptême dans l'Eglise dont il est parlé Gen. 38, 11. cf. 26. Il
romaine, se rattache peut-être, comme est nommé Nomb. 26, 20., et sa famille
tant d'autres cérémonies, à cette coutume fut une des plus industrieuses d'Israël,
des Juifs, que d'autres peuples de l'anti 1 Chr. 4, 21.
quité connaissaient du reste également. SELAH (rocher, petra), ville édomite,
· Le sel que le prophète Elisée jette dans située au midi de la vallée du Sel; le roi
la fontaine de Jérico pour adoucir l'amer Amatsia la conquit, 2 Rois 14, 7., mais
tume de ses eaux, 2 Rois, 2, 21., ne peut plus tard il paraît que les Moabites s'en
avoir été un moyen naturel d'assainis emparèrent à leur tour, Es. 16, 1. Elle
sement ; les eaux de Jérico se ressen est bien connue sous le nom de Pétra,
taient du voisinage de la mer Morte, et le comme capitale des Nabathéens, dans l'A
SEL 340 SEL
rabie Pétrée. Elle est située à 40 lieues tous les éléments d'une décision, la con
de Jérusalem, dans une petite vallée, fer naissance des secrets de la langue et celle
tile, bien arrosée, et entourée de rochers de la musique hébraïque. Herder n'é-
escarpés. Sa position était aussi avanta prouve aucun embarras : le mot sélah,
geuse au point de vue militaire que sous dit-il, ne saurait être ni une pause, ni un
le rapport du commerce : deux routes signe de répétition, mais un avertisse
principales s'y croisaient, et la ville ren ment pour changer de ton, changement
fermait des dépôts considérables à l'usage qui se manifestait par une augmentation
des caravanes, et les trésors d'or et d'ar de force, ou par le passage d'un mouve
gent qu'elles y déposaient en échange de ment, d'un mode, à un autre mouvement,
leurs marchandises. Les rocs infranchis à un autre mode. (Les Orientaux aiment
sables qui l'entouraient en faisaient une encore aujourd'hui une musique mono
place forte, et le désert qui séparait Pétra tone que les Européens trouvent triste,
de la Judée en rendait, de ce côté du et qui, à certains passages des paroles,
moins, l'abord presque impossible pour change tout à coup de mesure et de mo
une armée. Pendant la période romaine de. Le mot sélah indiquerait ces brus
Pétra fut une résidence royale , elle fut ques variations). Quand le contenu ou
en particulier la demeure d'Arétas, roi de l'expression du chant se modifiait, on se
l'Arabie Pétrée. Trajan la Soumit, ainsi servait sans doute de ce signe pour aver
que la contrée environnante, et Adrien tir le musicien qu'à cette place , il fallait
paraît, d'après quelques médailles, l'avoir Varier la mélodie, qui n'était jamais défi
honorée de son nom. Burckhardt a re nitivement arrêtée. Cette opinion paraît
trouvé ses ruines dans le Wady Mousa, à d'autant plus fondée que le mot sélah se
deux journées nord-est d'Akaba.Un pas trouve souvent dans les chants passion
sage très étroit, arrosé d'un ruisseau qui nés, et jamais dans les psaumes didacti
coule entre des rochers de 80 pieds de ques. Quand il se trouvait à la fin d'un
hauteur, semés de tombeaux et de monu psaume, c'était pour avertir qu'il fallait y
ments, conduit, à l'ouest, dans une plaine en ajouter un autre, car il est certain
qui va en s'élargissant, et où l'on trouve qu'on aimait ces sortes d'additions et
les ruines nombreuses et imposantes de d'enchaînements. Cette opinion qui est
l'ancienne Pétra; à l'ouest et au nord, aussi, plus ou moins, celle d'Ewald, a été
des rochers à pic semblent les protec combattue par Gesenius au point de Vue
teurs naturels de cette solitude , deux de la langue, et par Hengstenberg quant
cents hommes pourraient défendre, à au sens. L'étymologie la plus simple et la
l'est, le passage qui conduisait dans la plus naturelle de ce mot se trouve dans
ville. le verbe syriaque shala, qui a aussi, en
SÉLAH (l'orthographe de ce nom n'est hébreu, la signification de reposer; sélah
pas la même en hébreu que celle du nom serait alors ou un substantif, repos, pau
qui précède). Terme hébreu qui se ren se, ou un impératif, arrète, repose-toi.
contre soixante-treize fois dans les Psau Cette pause, se rapportant aux paroles,
mes, et trois fois dans Habacuc. Les an était en même temps un signe musical,
ciens interprètes, les Septante, Théodo parce que la musique s'accordant avec
tion, le traduisent par pause. De Wette les paroles doit s'arrêter, et rester, en
et Winer pensent qu'il indiquait un chan quelque sorte, suspendue, là où le sens
gement de mesure, ou la répétition de de la phrase fixe l'esprit, provoque la mé
l'air sur un ton plus élevé, da capo (Sui ditation , et demande un moment de re
das, Hesychius). D'autres, et quelques pos. L'examen des différents passages où
unes des plus anciennes versions, Aquila, sélah est employé, rend cette explication
Symmaque, le Targ. de Jonathan, tradui très vraisemblable , et nous l'adoptons
sent, mais sans justifier étymologique comme la plus probable et la mieux jus
ment leur traduction, par : toujours, éter tifiée de toutes les hypothèses et opinions
nellement, aux siècles des siècles. Il est produites jusqu'ici. t ' , i** .
Sem, Gen, 40, 24. Inconnu. force provocatrice du mal : d'ailleurs, s'il
SELEPH, Gen. 10, 26. 1 Chr. 1, 20., est des choses qui ne doivent pas être
peuplade arabe dont le chef est compté nommées, un blasphème, une malédiction
parmi les descendants de Joktan. Bochart lancée contre l'Eternel, ne pouvait passer
pense que cette peuplade pourrait dési sous la plume d'un écrivain inspiré.
gner les Salapéniens qui, selon Ptolémée SELUMIEL, préposé de la tribu de Si
6, 8., étaient une des tribus habitant l'in méon pour faire avec Moïse et Aaron le
térieur de l'Yémen. premier dénombrement d'Israël, Nomb.
SELEUCIE. Il y avait plusieurs villes 1, 6. 2, 12.; du reste inconnu.
de ce nom dans l'Orient ancien. Celle SEM, second fils de Noé, Gen. 5, 32. 6,
dont il est parlé dans le Nouveau Testa 10. 7, 13. 9, 23.1 Chr. 1, 4. Luc 3, 36.
ment, Act. 13, 4., appartenait à la Syrie : Sauvé du déluge, il montra du respect
elle était située sur la Méditerranée près pour son père plongé dans l'ivresse, et fut
de l'embouchure de l'Oronte, à 7 lieues béni avec Japhet au nom de « l'Eternel,
sud-ouest d'Antioche à qui elle servait de Dieu de Sem »; le nom de Jéhovah, l'Eter
port. Elle était très forte et passait pour nel, indiquait une protection plus tendre,
imprenable. Fondée par Séleucus-Nica plus paternelle que le seul nom de Dieu,
nor, capitaine d'Alexandre, qui devint d'Elohim, et ce titre annonçait des grâces
après la mort de ce prince roi de Syrie, toutes particulieres pour ses descendants.
et fut le chef de la dynastie des Séleuci Deux ans après le déluge, Sem, âgé de
des, elle fut la capitale de la province de cent ans, eut un fils, Arpacsad, le pre
Séleucie sous les rois de Syrie, et fut dé mier enfant peut-être du nouveau monde.
clarée ville libre sous Pompée. Elle por Il mourut âgé de six cents ans (2446
tait le surnom de Pieria, du mont Pierius 1846 av. C.).
au pied duquel elle était bâtie; on l'ap Voici, d'après Gen. 10, le tableau de
pelait aussi Séleucie près la mer (ad sa postérité :
mare) pour la distinguer d'autres villes SEM
du même nom qui se trouvaient en Sy --"-_-_-•"---,
4 2 3 4 5
'rie. Séleucus y fut enseveli. On en re
trouve aujourd'hui les ruines près d'un Hélam Assur Arpacsad Lud Aram
village nommé Kapse. | 1 Hus
SÉLOMITH , mère d'un homme israé Sélah 2 Hul
lite qui fut lapidé pour avoir blasphémé, | 3 Guéther
Lév. 24, 11, 14. Elle avait épousé quel Héber 4 Mas
qu'un de ces Egyptiens qui avaient quitté
Israël avec le peuple de Dieu ; peut-être Péleg Joktan
même que cet homme ne s'était décidé à | |
Réhu Almodad
ce voyage que parce qu'ils étaient déjà
mariés, Ex. 12 , 38. Il ne paraît pas que | Séleph
Moïse énonce un blâme contre Sélomith Sérug Hatsarmaveth
en rappelant cette union avec un étran | Jérah
Nacor Hadoram
ger; depareils mariages dans les premiers
temps de l'existence du peuple juif n'é- | Uzal
Taré Dikla
taient peut-être pas encore flétris, etl'on
voit Deut. 23, 7., que des relations inti | Hobal
mes avec les Egyptiens sont moins sévè ABRAHAM Abimaël
ſrement interdites qu'avec d'autres nations Séba
païennes. Le nom du blasphémateur n'est Ophir
Havila
pas prononcé; le crime en ces temps re
Jobab
culés n'avait pas le privilége de faire des
réputations : le blasphème lui-même n'est Ses descendants s'établirent ainsi dans
pas rapporté, parce que c'eût été un appel les plus belles provinces de l'Orient, ils
indirect à l'imitation, tant est grande la dépossédèrent les enfants de Cam et s'em
SEM 342 SEM
voulait-il, en restant caché dans sa maison le cours de la lune, dont chaque quar
et s'enveloppant de mystères, frapper l'i- tier ne dure qu'environ sept jours (7 et
magination de Néhémie, et le mieux per 378). Ideler, et après lui Winer, adop
suader. tèrent volontiers cette origine naturelle
SEMAHJA, prophète contemporain de de la semaine. Dion Cassius prétend que
Roboam. Il eut le bonheur de prévenir les Egyptiens furent les premiers qui di
la guerre civile entre les deux royaumes, visèrent les mois en semaines, et que les
1 Rois 12, 22.2 Chr. 11. Plus tard, lors sept planètes leur en donnèrent l'idée, et
de l'invasion de Sisak roi d'Egypte, il eut Blondel cherche à expliquer par un calcul
e mission pénible à remplir auprès de fait d'après les planètes dominantes de
uda ; il vint lui dire au nom de l'Eter chaque jour et de chaque heure, pour
nel : Vous m'avez abandonné, et je vous quoi les noms des jours ne sont pas ran
abandonne au roi d'Egypte. Le peuple et gés dans l'ordre des planètes considé
le roi se repentirent alors, et détournè rées par rapport à leurs distances. Court
rent une partie des menaces divines : Jé de Gébelin établit que le nom des jours
rusalem fut épargnée, mais le reste du est indiqué dans l'ordre harmonique des
royaume fut asservi pour un temps, 2 différentes planètes. Quoi qu'il en soit
Chr. 12, 5. Sémahja est nommé, 2 Chr. du plus ou moins grand degré d'antiquité
12, 15., comme auteur d'une vie de Ro de la semaine chez les Egyptiens, ils pro
boam. fessaient une grande vénération pour le
SEMAlLLES, v. Semence. nombre sept et ses multiples. Quant aux
SEMAINE (hébr. Shebouah, sept, une Grecs, ils divisaient le mois en trois dé
septaine). Pour les juifs comme pour les cades ; cependant ils regardaient chaque
chrétiens, la division de l'année et des septième jour comme un jour saint, et
mois en semaines est d'origine divine ; dans Hésiode, le premier, le septième et
elle remonte à la création. Dieu créa l'u- le quatorzième jour du mois sont indi
nivers en six jours, et non-seulement il qués comme des jours heureux.
se reposa le septième, mais encore il le La semaine s'appelle, en hébreu, une
bénit pour qu'il fût célébré d'àge en âge. septaine et quelquefois aussi un sabbat :
Les Hébreux comptèrent par semaines Je jeûne deux fois par sabbat, dit le pha
longtemps avant Moïse; et sans parler de risien orgueilleux, Luc 18, 12. Les Juifs
plusieurs passages de la Genèse, 4, 3. n'ont aucun nom particulier pour dési
(v. les commentaires) 8, 10. 29, 27., on gner les jours de la semaine, à l'excep
pourrait le déduire du décalogue, dans tion du mercredi qu'ils appelaient meo
lequel Dieu ne prescrit pas l'observation roth (les luminaires), en souvenir du
du sabbat comme une loi nouvelle, mais quatrième jour de la création; quant aux
comme une loi ancienne qu'il confirme. autres, ils les désignent par la place qu'ils
Cette ancienne loi fut d'abord respectée occupent relativement au sabbat passé ou
dans tout l'Orient. Les rois de la Chine prochain, comme font les quakers. Les
faisaient au septièmejour, appelé le grand auteurs du Nouveau Testament font de
jour, fermer les portes des maisons; on même, Marc 16, 2. etc. (v. Bridel, de
ne faisait en ce jour-là aucun commerce, l'Année juive.) -
Sans entrer dans des détails qui ressor ' (est) celui qui désole; (mais) la destruc
tent des commentaires, il suffira de dire tion et la fin (l'extermination) atteindra ,
que, dans notre opinion, le commence le dévastateur. Verset 27.
ment des soixante-dix semaines doit être SÉMED, Benjamite, fondateur de deux !
daté du moment où Esdras a commencé villes situées non loin du Jourdain, 1 Chr.
Son œuvre réformatrice, la vraie recon 8, 12. Du reste inconnu.
struction de la vraie Jérusalem, de la Jé-| SEMEI, inconnu; l'un des ancêtres de
rusalem spirituelle et théocratique (457 Jésus par Marie, Luc 3, 26.
av. C., 483 ans avant la prédication de SEMENCE. La loi défendait de semer
Jean-Baptiste). Les travaux préparatoires dans un même champ deux sortes de grai- .
du rétablissement de Jérusalem, l'ordre mes, Lév. 19, 19. Les uns ont vu dans
de Cyrus, 536 av. C., l'ordre de Darius cette interdiction une mesure tout à fait
Hystaspe, 520 av. C., le secours accordé théologique, v. Accouplements; les au
par Artaxercès à Esdras, vers 457, l'auto tres n'y ont vu qu'un précepte agricole,
risation de partir accordée par le même et s'appuient sur l'expérience d'anciens
monarque à Néhémie vers 445, sont des agronomes, cf. Virgile, Géorg. 1, 193.
faits extérieurs qui ne concernaient que Varron, R. Rust. 1, 52 : ils pensent que
la Jérusalem matérielle, le berceau de la Moïse avait pour but d'engager les Israé
Jérusalem vivante, de la Sion sainte; le lites à trier soigneusement leurs grains
prophète a plutôt en vue uue restaura avant de les confier à la terre, et qu'il ren
tion spirituelle, non celle des rues et dait ainsi indirectement impossible l'in
des murailles, mais celle du culte; ce ré troduction des mauvaises herbes, de l'i-
tablissement spirituel coïncide d'ailleurs vraie, du lolium temulentum en particu
avec le départ d'Esdras sous Artaxercès, lier. D'après Lév. 11, 37., un corps mort
et à peu près avec celui de Néhémie. Le qui tombait par accident sur des graines
verset 25 parle de la sortie de la parole, destinées à être semées me les souillait '
d'un ordre donné : par qui P Plusieurs pas, à moins que ces graines ne fussent
interprètes ont pensé à quelque roi perse; mouillées, parce que l'humidité absorbe !
mais la comparaison du verset 23 prouve beaucoup plus facilement les gaz et les
que c'est de Dieu qu'il s'agit. Ces soi particules impures que ne font les corps "
xante-dix semaines sont divisées en trois secs.— Il paraîtrait, d'après les Targums,
termes de sept, soixante-deux, et une se que les Hébreux avaient déjà découvert
maines.Pendant les sept premières, c'est une espèce de semoir, ou de machine à
à-dire pendant une cinquantaine d'années semer, et que l'honneur de l'invention
à peu près, Dieu continua de se mani n'appartient pas à notre siècle. '
fester encore par les saints hommes qu'il SEMER, possesseur de la montagne de
avait choisis, les Esdras, les Néhémie, Samarie, la vendit pour deux talents d'ar
les Malachie; puis vint une longue et gent à Homri roi d'Israël, qui y bâtit sa
sombre période de soixante semaines, où capitale, et lui conserva le nom de son !
la parole écrite remplaça la parole parlée, ancien propriétaire, 1 Rois 16,24. Comme
et où se forma la triste théologie des la vente des héritages de famille était dé- !
scribes et des pharisiens; ces soixante fendue aux Israélites, Lév. 25, 23.,'on a
neuf semaines finissent avec l'arrivée de supposé que Sémer était un descendant !
Jean-Baptiste, l'an 26 ou 28 de notre ère, de ces Cananéens qui n'avaient pas été"
l'an 30 de Jésus, et alors commence la dépossédés lors de l'entrée de Josué dans !
dernière semaine à la fin de laquelle l'al le pays, d'autant plus que son nom, con-!
liance doit être confirmée à plusieurs ; trairement à l'usage, n'est accompagné !
c'est au milieu de cette semaine que, par d'aucune notice généalogique. D'un autre !
la mort de Christ, cesse le régime des côté, les lois de Moïse étaient assez ou
sacrifices et des oblations. Après cela (la bliées et violées en Israël, pour que l'on !
date n'est pas indiquée d'une manière puisse admettre aussi que la loi des héri
précise) vient la ruine de Jérusalem et tages n'ait pas été respectée par Sémer
du temple : sous les ailes de l'horreur et Homri dans le contrat de vente.
SEP 345 SEP -
SÉMINITH. Ce mot qui est traduit par v. l'art. suiv.; d'autres enfin pensent à 2
octave, 1 Chr. 15, 21., signifie le hui Sparte, q. v. l' ºt , , , ! '11 ) |
tième, ou les huit. Il est employé dans SÉPHARVAJIM. District d'abord in- p
l'inscription des Ps. 6 et 12, et a été di dépendant, 2 Rois 19, 13., puis assujetti •
versement interprété : les uns y ont vu à la domination syrienne, et d'où une co- .
un instrument à huit cordes, une espèce lonie fut envoyée en Israël pour repeu
de lyre ou de guitare, ce qui est d'autant pler le territoire de Samarie, 2 Rois 17,
moins probable qu'un autre instrument, '24. cf. 18.34. Es. 36, 19. D'après Rosen- .
le néguinoth , est indiqué comme devant muller, ce serait la Sipphara de Ptolémée,
accompagner le Ps. 6. D'autres, comme située au sud de la Mésopotamie sur la
Hengstenberg, pensent que c'est l'indi rive orientale de l'Euphrate, la même que
cation du ton. v. Musique, et Psaumes. la ville desSipparéniens d'Eusèbe, et peut
On pourrait traduire l'inscription du Ps. être que l'Hipparenum de Pline. Vitringa
6 : « Psaume de David, donné au maître et d'autres, concluent au contraire de ce ,
chantre, air de basse, avec accompagne que, dans Es. 36, 19., cette ville est nom
ment d'un instrument à cordes. » mée avec deux autres villes syriennes,
SENIR. v. Hermon. qu'elle doit être cherchée en Syrie mê
SENNACHÉRIB. v. Sanchérib. me, mais ils pensent que la place exacte
SÉPHAR, montagne, ou plutôt ville, ne saurait en être déterminée. Schulthess
qui servait de frontière orientale aux la voit dans le Seidenaïa du pachalik de
Joktanides, Gen. 10, 30. Selon quelques Damas. Mais la ville de Hénah mention
uns, Bochart, Gesenius, ce serait Taphar, née Es. 37, 13. à côté de Sépharvajim,
Ou Dâfar, située sur les frontières de nous ramène en Mésopotamie, et proba
l'Hadramaouth. Il est plus probable ce blement à l'explication de Rosenmuller.
pendant (Winer, Preiswerk), qu'il s'agit SEPHATIA, Jér. 38, 1.v. Guédalia 2°.
de la ville désignée par Pline et Ptolémée, SEPHELAH, mot hébreu qui est tra
sous le nom de Saphar, à l'extrémité sud duit par plaine, Jos. 9, 1. 10, 40. 11, 16.
de l'Arabie Heureuse, à quelque distance Jér. 32, 44. 33, 13. Zach. 7, 7., et qui ne
de la mer. Le mot montagne d'orient est se présente comme nom propre que 1
probablement une indication générale de Macc. 12, 38. On suppose généralement
la contrée, comme le nom d'un départe que ce nom désignait tout le littoral de
ment ajouté à la suite d'un nom de ville la Palestine, ou du moins une partie des,
ou de village. On suppose qu'il s'agit ici de côtes baignées par la Méditerranée, et le
la chaîne qui traverse l'Arabie depuis les plus souvent d'une manière spéciale la .
environs de la Mecque jusqu'au golfe Per partie des côtes possédée par les Philis
sique. Les deux noms de ville marque tins, depuis la plaine de Saron.
raient les limites nord et sud du pays ; SEPHORA, Madianite, fille de Jéthro,
les montagnes indiqueraient la position et femme de Moïse, Ex. 2, 21. 4, 25. etc.
de l'est à l'ouest : c'est aussi plus ou moins La scène mystérieuse de l'hôtellerie a
ce que la tradition nous a laissé sur le beaucoup tourmenté les interprètes ; de
pays de Joktan. toutes les explications, la plus simple
SEPHARAD. Cette ville Ou cOntrée nous paraît être celle qui est aussi le plus
était habitée par des Juifs exilés, Abd.20., généralement admise. Moïse tombe gra
mais elle est inconnue, et les commen vement malade dans une hôtellerie (l'E-
tateurs sont loin de s'entendre sur la va ternel cherche à le faire mourir) , cette
leur de ce nom, qui ne se trouve qu'ici. maladie peut n'être que la suite naturelle
Les Septante et la version arabe portent de ses fatigues et de ses travaux ; sa fem
Ephrata ; le syriaque et le caldéen ont me, conformément à l'idée alors généra
Ispania, l'Espagne, ce qui est très impro lement répandue, que les épreuves sont
bable. Saint Jérôme pense au Bosphore des châtiments (Gen. 42, 21.22. Job), se
en suivant une étymologie assyrienne ; demande avec inquiétude quel crime ou
Hardt à Sipphara en Mésopotamie, mais quelle faute a pu attirer sur eux la colère
cette ville avait un autre nom en hébreu, divine ; elle se rappelle que son second .
SEP 346 SEP
fils n'a pas encore revêtu le sceau de la lestine contient beaucoup de grottes na
famille d'Abraham, elle le circoncit, et à turelles, cependant on aimait mieux en
la vue du sang qu'elle fait couler, elle général en construire d'artificielles, faire
jette avec dépit ou frayeur son couteau creuser dans un rocher une chambre, ou
aux pieds de Moïse, et s'écrie : Tu m'es un caveau régulier parfois très étendu,
un époux de sang. Moïse se rétablit, et à comprenant plusieurs compartiments ré
tort Ou à raison, elle établit entre son unis par des galeries, et destiné soit à
obéissance et la guérison une relation qui une famille entière, soit à des personnes
pouvait exister dans la pensée de Dieu, privilégiées, Es. 22, 16.2 Chr. 16, 14.
ou n'être qu'accidentelle. Peut-être Sé Matth. 27, 60. Jean 11 , 38. Luc 23, 53.
phora s'était elle opposée à la circonci Quelquefois aussi ces tombeaux étaient
sion de son fils, peut-être trahit-elle trop placés sur des montagnes, 2 Rois 23, 16.
de vivacité dans cette circonstance ; elle cf. Virg. AEn. 11, 849. On voit par Es. 14,
dut se séparer de son époux qui conti 18. 1 Rois 2, 34.2 Chr. 33, 20., que des
nua seul son voyage : plus tard elle vint personnes pouvaient obtenir l'autorisa
le rejoindre en Horeb, Ex. 18, 2., et le tion de se faire enterrer dans leurs mai
suivitavec ses fils dans les campements du sons, c'est-à-dire sur leur propriété, dans
désert. On ignore quand elle mourut. On le jardin attenant à leur maison.Les prin
ignore également si c'est d'elle qu'il est ces et les grands n'étaient pas seuls à
question Nomb. 12, 1., mais c'est proba posséder des tombeaux de famille, 2 Rois
ble : le sujet de la querelle n'est pas indi 9. 28.2 Chr. 32, 33. 35, 24., mais on en
qué; peut-être sa qualité d'étrangère fai trouvait dans presque toutes les familles
sait-elle l'objet du débat, mais après qua aisées et respectables, Gen. 23, 20. Jug.
rante ans et plus, c'eût été s'y prendre 8, 32.2 Sam. 2, 32. 1 Rois 13, 22. Tobie
bien tard pour critiquer la convenance 14, 13., et c'était un vœu naturel des m0u
de ce mariage ; peut-être Séphora s'était rants d'être ensevelis dans les sépulcres
elle glorifiée des faveurs que Dieu accor de leurs pères, Néh. 2, 3. Gen. 47, 29.50,
dait à Moïse, et Aaron en avait-il été 5.2 Sam. 19, 37. 1 Rois 13, 22.31., et
blessé ? La réponse de Marie et d'Aaron l'on voit par Jér. 26, 23., que c'était pour
infirmerait qu'il y avait quelque chose de les grands une grave peine que d'être
semblable, mais Séphora eût été blâmable ensevelis dans le cimetière commun.Ceux
dans ce cas, et l'on ne s'explique pas la qui n'avaient pas de tombeaux de famille,
condamnation dont Marie fut frappée. Il désiraient au moins d'être ensevelis dans
est plus probable qu'Aaron et Marie eu leur patrie, en terre sainte. On fermait
rent les premiers torts envers elle, v. les sépulcres avec de grosses portes, ou
Marie. en roulant une pierre à leur ouverture,
SEPT. v. Nombres. surtout pour les préserver du carnas
SEPULCRES, Sépultures. Les Hé sier chacal, Matth. 27, 60. 28, 2. On les
breux , comme de nos jours encore les reblanchissait à neuf après la saison des
Orientaux, avaient l'habitude d'enterrer pluies, au mois de mars, Matth. 23, 27.,
leurs morts hors des villes, et loin des et les rabbins ajoutenf que c'était pour
habitations, Gen. 23, 9. Jos. 24.33. Luc prévenir les nombreux voyageurs qui se
7, 12. Jean 11, 30. Les rois seuls, et les rendaient à Jérusalem pour la pâque, de
prophètes, paraissent avoir eu quelque ne pas se souiller en s'arrêtant trop près
fois le privilège d'avoir leurs tombeaux de la demeure des morts. La Palestine,
dans des villes, 1 Sam. 25, 1. 28, 3. 1 la Syrie, et le vieux Edom, renferment
Rois 2, 10. 2 Rois 10, 35. 12, 21.2 Chr. encore un grand nombre de ces monu
16, 14, 28, 27. D'ordinaire ces tombeaux ments : les uns sont creusés perpendicu
étaient des grottes ou des cavernes, et lairement dans la terre, et l'on y descend
l'on choisissait de préférence des en par des degrés : les autres sont placés
droits ombragés, des jardins entourés horizontalement, et l'on y entre de plain
d'arbres, Gen. 23, 17. 35, 8. 1 Sam. 31, pied : à l'intérieur on trouve le plus sou
13, 2 Rois 21, 18.26. Jean 19, 41.; la Pa vent deux ou trois pièces ou divisions,
SEP 347 SER
dont la seconde est plus basse que la phètes vivants et de les honorer morts.
première : la plupart ont dans la muraille — v. Mort, Synagogues, etc.
des niches ou enfoncements de 6 à 7 pieds SERAH, fille d'Aser, et petite-fille de
de long, dans lesquels on déposait les ca Jacob, nommée on ne sait pourquoi, et
davres. contre l'habitude des généalogistes juifs,
Parmi les tombeaux qui entourent Jé dans le recensement de Nomb. 26, 46. Les
rusalem, les plus remarquables sont les rabbins n'ont pas manqué de raconter un
sépulcres des rois, 2 Chr. 21, 20. 28, tissu de fables plus ou moins merveil
27. Néh. 3, 16. Ils sont situés au nord leuses sur son compte, mais on ne sait
de la ville, se composent d'un vestibule réellement pas à quel fait elle doit son
et de sept chambres, et paraissent réelle illustration et la place qu'elle occupe dans
ment être des tombeaux de rois; mais il le dénombrement.
est peu probable que ce soient ceux des SERAIA. 1° Le dernier grand-prêtre
anciens rois de Juda. Les tombeaux des d'Israël avant la captivité, 1 Chr. 6, 14.
juges (des membres du sanhédrin), au 2 Rois 25, 18. Jér. 52, 24. Esd. 7, 1. Le
· nord-ouest de Jérusalem, sont moins re roi de Babylone le fit égorger à Ribla,
marquables et encore plus entourés de c'est tout ce que nous savons de lui, mais
mystère quant à leur authenticité. la mort d'un martyr permet de soupçon
De bonne heure l'usage s'introduisit ner sa vie, et la conduite qu'il a tenue au
d'élever des monuments sur les tom milieu des troubles de sOn pays.
beaux : ce ne furent d'abord que des 2° Fils de Nérija et frère de Baruc, Jér.
pierres brutes ou grossièrement travail 51, 59. La charge qu'il occupait à la cour
lées, cf. Job 21, 33. Iliad. 23, 255. Virg. de Sédécias est diversement expliquée par
AEn. 6, 365.; plus tard, ce furent de ma les interprètes : chef de la prophétie (Vul
gnifiques mausolées, souvent enrichis gate), maréchal des voyages (syriaque),
d'inscriptions. de sculptures ou de bas chef des largesses ou présents (alexan
reliefs symboliques, 2 Sam. 18, 18. 1 drin et caldéen), grand chambellan (Dah
Macc. 13, 27.28. La violation des sépul ler); cette dernière explication est la plus
cres, le vol des ornements, des armes, probable. Envoyé à Babylone par Sédé
Ez. 32, 27., et, en général, de ce qu'on cias, il reçut de Jérémie l'ordre de faire
pouvait avoir dépose avec les morts dans connaître aux Juifs les oracles écrits du
la tombe, la sacrilége exhumation des os prophète contre Babylone, et il remplit
sements, passait déjà, dans l'antiquité , ainsi à la fois deux missions opposées,
pour une honteuse et barbare profana l'une de dépendance au nom de son roi,
tion, Jér. 8, 1. Baruc 2, 24. Quelque l'autre d'espérance et de liberté au nom
fois on dérobait les cadavres pour les de l'Eternel.
employer à des sortiléges, et l'on a cru 3° Complice d'Ismaël, 2 Rois 25, 23.
voir Es. 65, 4., une allusion à cette cou Jér. 40, 8.
tume; mais il est plus probable qu'il s'a- 4° Fils de Hazriel, chargé d'arrêter Ba
git, dans ce passage, ou de sacrifices su ruc et Jérémie, Jér. 36, 26.
SERAPHINS. Etres mystérieux qui ne
perstitieux offerts sur les tombeaux pour
apaiser les mânes des morts, ou d'une
sont nommés que Es. 6, 2-6. Ils entou
rent l'Eternel et célèbrent ses louanges ;
espèce de nécromancie qu'on pratiquait
ils ont la forme humaine, et six ailes ; de
, la nuit sur les tombeaux.Après l'exil, on
rechercha soigneusement les tombeaux
deux ils couvrent leur face en témoigna
des prophètes et des saints hommes de
ge de respect, de deux ils couvrent leurs
l'ancienne alliance, on rétablit ceux qui
pieds, de deux ils volent. Des nombreu
tombaient en ruines, et on les embellit de
ses hypothèses qui ont été faites pour
divers ornements, Matth. 23, 29., signe
expliquer leur nature, voici les trois plus
de respect que l'antiquité grecque connut
importantes : 1o On déduit le mot de l'hé
aussi, mais qui ne sauva pas les Juifs des
breu saraph, qui signifie brûler : ce se
raient des êtres brillants, et comme de
accusations méritées de Notre Seigneur
et du reproche de persécuter les pro feu (Gesenius); il est bien possible qu'ils
• ' , ' c ' ! ) SER 348 SER
aient été nommés ainsi comme les servi faires publiques, soit dans la vie privée,
teurs de celui qui est un feu consumant, soit en présence des tribunaux, la vérité
Deut. 4,24, Hébr. 12, 29. 2° On compare de ses paroles passées ou présentes, Gen.
le titre arabe de shérif, qui désigne un 24, 37. 50, 5. Ex. 22, 11. Lév. 6, 3. 5.
noble, un chef de tribu, et comme tels Jug. 21, 5. 1 Sam. 19, 6. 20, 17.2 Sam.
les séraphins seraient les puissances des 19, 23. 15, 21. 1 Rois 18, 10. Esd. 10, 5.
cieux. 3° Les serpents brûlants (et vo Matth. 26, 74. Nous voyons confirmés par
lants) du désert, Nomb. 21, 6., ont été serment un traité d'alliance, Gen. 31, 53.
aussi pris comme terme d'analogie et de Jos. 9, 15.2 Rois 11, 4., et une promes
comparaison (Vatke) ; on allègue ensuite se de secours et d'assistance à la vie et
le culte rendu aux serpents dans plusieurs à la mort, 2 Sam. 15, 21. Le serment re
religions orientales, et la divinité égyp posait sur une idée éminemment reli
tienne Sérapis (Hitzig), et l'on en conclut gieuse ; son nom hébreu (une septaine)
que les séraphins étaient des figures qui indique déjà qu'une pensée de perfection
avaient quelque ressemblance avec les dans la vérité présidait à son usage ; c'é-
serpents par leur forme, avec l'homme tait dire sept fois la vérité. Quant à sa va- .
par leur figure, avec les oiseaux par leurs leur juridique et à sa forme, la législa
ailes ; d'autres pensent que c'étaient des tion mosaïque ne nous a donné aucun dé
corps d'homme, avec des têtes de ser tail, et ce fait semble en faire une œuvre
pents. D'autres supposent que les séra de conscience et de bonne foi, échappant
phins ne sont qu'un autre nom des ché aux prescriptions légales. Le plus sou
rubins. D'après Michaélis enfin, ce se vent, on jurait par l'Eternel, Jug. 21, 7.
raient des prêtres célestes offrant l'en Deut. 6, 13. 1 Sam. 24, 7. 2 Sam. 19. 7.
cens sous la forme des chérubins. 1 Rois 1, 29. 2, 23. Es. 19, 18. 65, 6.
SÉRÉBIA, fils de Mahli, lévite, hom Jér. 38, 16., etc.; les Israélites idolâtres
me intelligent, établi à Casiphia pendant juraient par de faux dieux, Jér. 5, 7. 12,
la captivité, se décida, à l'instigation de 16, Amos 8, 14. Soph. 1, 5. On jurait
Iddo, à retourner à Jérusalem avec Es aussi par la vie de la personne à laquelle
dras et sa caravane ; les ustensiles sacrés on s'adressait, 2 Rois 2, 2. 1 Sam. 1, 26.
et les présents qu'Esdras emportait, fu 20, 3.; par la vie du roi, 1 Sam. 17, 55,
rent, pendant le voyage, confiés à ses 25, 26.2 Sam. 11, 11.; plus rarement par
soins et à ceux de ses amis, Hasabia et sa propre vie, Matth. 5, 36.; quelquefois,
Esaïe, Esd. 8, 18. 24. On le retrouve en chez les païens, par un des membres les
core, sous Néhémie, parmi les prêtres plus précieux du corps, par ses yeux,
qui font dans le temple l'explication de la Ovid. Amor.3,3, 13.; par la terre, Matth.
loi et les prières solennelles, Néh. 8, 7. 5, 35.; par le ciel ou le soleil, Matth. 5,
9, 5. 34. Virg. AEn. 12, 176; par les anges, par
SERGE-PAUL, Act. 13, 7., sénateur le temple, ou par quelqu'une de ses par
romain, préteur de l'île de Cypre. Hom ties, Matth. 23, 16.; par Jérusalem enfin,
me intelligent, dégoûté des erreurs du la sainte ville, Matth. 5, 35. cf. encore
paganisme, désireux de connaître la vé l'adjuration de Cant. 2, 7. Quant aux cé
rité, il avait admis auprès de lui Bar-Jésu, rémonies qui accompagnaient la presta
l'enchanteur, espérant que peut-être sa tion du serment, elles étaient simples et
doctrine satisferait les besoins de son peu nombreuses; dans l'époque patriar
âme. L'arrivée de l'apôtre Paul excita de cale, il paraît que l'on plaçait sa main
nouveau sa religieuse curiosité; Serge sous la cuisse de celui à qui l'on prêtait
assista à une entrevue qui eut lieu entre serment, Gen. 24, 2. 47, 29.; plus ordi
l'apôtre et le magicien, et, plein d'admi nairement, on étendait sa main vers le
ration pour la doctrine chrétienne, qu'un ciel, Gen. 14, 22. 23. cf. Deut. 32, 40.
éclatant miracle confirma en sa présence, Ex. 6, 8. Ez. 20, 5. Plus tard, à ce que
il crut et embrassa l'Evangile. dit Maïmonides, mais on ne saurait préci
- SERMENT. Moyen assez ordinaire chez ser à quelle époque remonte cette coutu
les Hébreux d'établir, soit dans les af me, les Juifs jurèrent entouchant les phy
SER 349 SER
nimeux, dont l'espèce ne saurait être dé raélites furent mordus par des scorpions,
terminée de plus près. fort abondants dans cette contrée, où ils
6° Le ephehéh, serpent venimeux, Job Ont même donné leur n0m à la vallée
20, 16. Es. 30.6. 59, 5. On le trouve, en d'Hakrabbim, et que ces scorpions furent
tre autres, en Egypte. D'après Avicenne, nommés brûlants (saraph), à cause de la
le mot arabe correspondant désigne la douleur cuisante que causaient leurs mor
vipère à tête plate, au col étroit, à la sures; mais cette explication est inadmis
queue émoussée , qui fait du bruit en sible , et l'On doit se contenter de l'idée
rampant, et fait entendre un léger siffle générale exprimée par saraph, de ser
ment; c'est le coluber vipera d'Egypte, pents très venimeux.
de Hasselquist, et l'animal nommé dans Le serpent d'airain, que sur l'ordre de
le Nouveau Testament, Matth. 3, 7. 12, Dieu, Moïse dressa à la vue de tout le
34. 23, 33. Luc 3, 7. Act. 28. 3. camp, afin que ceux qui le regarderaient
8° Le nachash, Gen. 3, 1. Ex. 4, 3. 7, fussent guéris, a naturellement fort pré
15.; d'après l'étymologie, ce serait un occupé les interprètes. Les uns ont mis la
serpent qui siffle; d'après le contexte des force curative du remède dans la force
divers passages où il est nommé, ce se d'imagination du malade, aidée de quel
rait un serpent en général, sans désigna ques herbes ou potions administrées con
tion spéciale; il est probable que c'était jointement avec la foi au serpent; d'au
en effet le nom de l'espèce et non celui tres ont pensé que c'était un échantillon,
d'un genre en particulier. Il rappelait ce un m0dèle destiné à faire connaître aux
pendant l'idée de grandeur, et a donné Israélites la forme de l'animal, de maniè
son nom à la constellation du serpent, v. re à ce qu'ils pussent le distinguer et l'é-
Astres. Cf. aussi Es. 27, 1., et ce qui en viter; pour d'autres, le mouvement que
sera dit plus loin. Se donnaient les Israélites mordus dans la
8° Le saraph, ou serpent brûlant, que campagne pour arriver au plus tôt en pré
les lsraélites rencontrèrent dans les dé sence de l'image, était le véritable remè
serts de l'Arabie, Nomb. 21, 6.8. Deut. de; la course faisait transpirer, et le ve
8, 15. Le même saraph est désigné com nin sortait avec la sueur, comme on dit
me un animal qui vole, Es. 14, 29. 30, 6., en ltalie que le mouvement de la danse
mais par le contexte même, on doit re guérit de la tarentule celui que la piqûre
connaître dans ces mots une image poé de cette araignée a affligé de la rage de
tique plutôt qu'une description zoologi la danse. D'autres, beaucoup plus simple
que , car, bien que plusieurs auteurs, les ment encore, prétendent que le serpent
anciens surtout, Hérodote, Elien, et mê d'airain était l'enseigne de l'hôpital gé
me quelques modernes, aient soutenu néral où ceux qui avaient été mordus,
l'existence de serpents volants en Arabie étaient sûrs de trouver tout ce dont ils
et en Egypte, cet animal n'a pas été vu avaient besoin, médecins, médecines, in
de ceux en l'assertion desquels on pour firmiers, etc. On voit que ces explications
rait avoir le plus de confiance; et comme sont tout à fait naturelles et passablement
les plus dignes de foi de ces témoins ajou ridicules. Quelques Juifs en ont donné de
tent expressément que ces serpents ailés plus recherchées, et ils expliquent lavertu
ont des pieds, il est fort à croire qu'ils du serpent d'airain par l'influence des !
auront confondu des serpents avec des constellations sous lesquelles il avait été |
lézards. ll paraît, en effet, que dans cer fondu et travaillé. Mais la vraie vertu du
taines parties du sud de l'Asie, on trouve remède, le vrai sens dans lequel doivent
une espèce de lézards volants, dont les être prises les paroles de Moïse, nous est
pattes parallèles sont unies par une fine indiqué dans le chapitre même; le peuple º
membrane semblable à celle des ailes de
s'était repenti, Moïse avait supplié l'Eter-"
la chauve-souris. Les théologiens ne sont nel, et Dieu, pour guérir des blessures !
pas d'accord sur l'espèce de serpents dé inguérissables, devait intervenir miracu
signée sous le nom de serpents brûlants. leusement; il ne mettait à la guérison de
Le Voyageur Laborde pense que les Is tous qu'une condition, la foi; il guéris
SER 351 SER
sait par sa puissance tous ceux qui, en sous sa peau; il ne paraît pas, quoique
ce fût une opinion répandue chez les
faisantacte de confiance, montraient qu'ils
regrettaient leurs rébellions et leurs mur
Grecs et les Romains, qu'aucun serpent
mures passés. Le serpent d'airain n'étaitmange de la terre , dans sa condamna
qu'une image, un signe visible; mais com tion, Gen. 3, 14. Mich. 7, 17. cf. Es. 65,
me ila plu à Dieu, même sous la nouvelle 25., il n'est pas dit qu'il mangera volon
alliance, de rattacher à des signes visibles tiers de la terre; on peut entendre, au
des grâces réelles, de même, la contem contraire, que la privation de ses pieds,
plation de ce signe, acte d'obéissance et le forçant de ramper, l'obligera souvent
de foi, procurait aux malades croyants la à avaler de la poussière malgré lui; il y a
guérison de leurs corps. Le signe n'était cependant aussi une terre grasse et argi
rien en lui-même, et les Juifs, en s'en leuse que certaines espèces de serpents
faisant une relique, v. Néhustan, se sont aiment à manger.
montrés infidèles à leur foi; Ezéchias a 2° La ruse et la prudence du serpent
brisé la relique, Rome l'a raccommodée. sont indiquées dans l'Ecriture comme des
Saint Jean, 3, 14. 15., nous apprend, qualités qui le distinguent de tous les au
quant à ce détail de l'histoire juive, ce que tres animaux, Gen. 3, 1. Matth. 10, 16.,
saint Paul nous dit de l'histoire juive tout et l'ancien Orient a développé cette mê
entière, 1 Cor. 10, 11. Hébr. 3, 4., que le me idée sous toutes les formes; il n'est
serpent d'airain était un type de Jésus sorte de fables qu'on n'ait inventées : le
Christ. Le venin est le symbole du péché serpent a l'art de se rajeunir ; quand il
qui donne la mort; les serpents brûlants boit, il jette sa première gorgée de peur
rappellent le serpent ancien qui est Sa de s'empoisonner; il se bouche les oreilles
tan, et Jésus, comme le serpent d'airain, pour ne pas entendre la voix de l'enchan
de même forme et non de même nature, teur, cf. Ps. 58, 4.5., etc. Dans ce der
a dû être élevé, crucifié pour être vu de nier passage, le psalmiste fait allusion aux
tous, et guérir tous ceux qui auraient con préjugés reçus, sans entendre ni les par
fiance en lui ; v. Moïse dévoilé, et le ser tager, ni les confirmer. — La docilité du
mon de Gaussen sur ce sujet. serpent entre les mains des enchanteurs
Ajoutons encore ici quelques observa de l'Orient, aura aussi contribué à lui
tions détachées. -
et il tuera la baleine qui est dans la merLa secte des séthiens qui parut au,
(ou à l'Occident, car le même mot dési deuxième siècle , prétendait que deux,
gne les deux choses; ce serait l'empire couples primitifs avaient été créés, l'un
d'Occident, la Rome païenne, et la Rome par les anges de ténèbres, Caïn en des
papale). Le mot léviathan est pris ici dans cendait, l'autre par le démiurge ; ce der
son sens le plus général, puis il est dé nier couple fut vaincu en la personne
terminé deux fois par le mot serpent avec d'Abel : la sagesse aurait alors créé, pour
deux épithètes dont la seconde est facile à le remplacer, Seth, qui serait le père des
comprendre, mais dont la première n'a spirituels, par 0pp0sition aux charnels ;
S[C 353 S[C " , , **
mais la lutte aurait continué entre ces avec sesnombreux jardins qu'arrosent des
deux races, et Seth, pour assurer le triom sources abondantes, apparaît au voyageur
phe de sa postérité, aurait cru devoir pa comme une épaisse forêt d'arbres frui
raître de nouveau dans la persOnne du tiers : elle s'ouvre tout près de la ville,
Messie. — La secte opposée avait pour sur la campagne de Jacob, qui forme une
héros Caïn dans l'Ancien Testament, et plaine agréable et fertile, arrosée par un
Judas Iscariot dans le Nouveau. Telles ruisseau limpide, et entourée de toutes
sont les ruses de l'enfer que des hommes parts de collines verdoyantes. C'est là
tordent les Ecritures à leur propre per probablement la plaine où Abraham ha
dition. bitait dans le bois de Moré, où Jacob fut
SETHARBOZNAI, v. Tattenaï. troublé en voyant ses fils attaquer et pil
SEVA, fils de Sahaph, continua ses tra ler Sichem, où il fut affligé à cause de
vaux, et fut nommé père ou prince de l'idolâtrie de sa famille, Gen. 34, et 35.
Macbéna et de Guibba, en Juda, Jos. 15, Le champ qu'il y avait acheté resta sa
57. 1 Chr. 2, 49. propriété, 33, 18-20.; ses fils y paissaient
SIBBOLETH, v. Schibboleth. leurs troupeaux, 37, 12. 13. Plus tard, il
SIBBECAI de Husa, l'un des chevaliers le reconquit sur les Amorrhéens avec
de l'ordre de Jasobham, chef lui-même de l'arc et l'épée, et, près de mourir, en
24,000 hommes, n'est connu que par sa Egypte, il le donna, plein de foi, à son
victoire sur Saph ou Sippaï, géant philis fils Joseph, en demandant d'y être ense
tin, 2 Sam. 21, 18. 1 Chr. 11, 29. 20, 4. veli, 48, 21. 22. La dépouille de Joseph
27, 11. y rejoignit plus tard celle de ses pères,
SIBHA, Gen. 26, 33., puits que les ser Jos. 24, 32. cf. Gen. 50, 25. Sous Josué,
viteurs d'Isaac creusèrent, et qu'ils ap Sichem entendit les bénédictions et les
pelèrent sept ou serment, shibeah. La malédictions solennellement prononcées
ville porta le nom de Béersébah, ou puits du haut des monts, Deut. 27, 12.; puis
du serment, q. v. elle fut déclarée ville de refuge et ville
SIBMA, ville de Ruben, située au-delà lévitique, Jos. 20, 7. 21, 21., et servit,
du Jourdain, Nomb. 32, 38. Jos. 13, 19. pendant sa vie, de centre aux douze tri
On y cultivait la vigne, Es. 16, 8.Après la bus, 24, 1. 25. Pendant la période des
destruction du royaume d'Israël, les Moa juges, elle fut quelque temps la résidence
bites s'en emparèrent et l'habitèrent, Jér. de la royauté improvisée par Abimélec,
48, 32. D'après saint Jérôme, elle n'au qui, après avoir perdu sa couronne, dé
rait guère été éloignée d'Hesbon que de truisit la ville qui lui avait donné une as
cinq cents pas. sistance passagère, Jug. 9; ainsi, la mé
SIBRAJIM, ville qui n'est nommée que chanceté des hommes de Sichem, Dieu la
Ez. 47, 16., entre Damas et Hamath, et fit retourner sur leurs têtes. Du reste,
dont on ne trouve d'ailleurs aucune trace ; elle ne tarda pas à être rebâtie, cf. Ps.
la version syriaque l'a confondue avec 60, 6. Roboam y convoqua cette assem
Sépharvajim. blée populaire qui fut si fatalement déci
SICIlEM. 1° Fils d'Hémor, enleva Di sive pour le royaume, 1 Rois 12, 1., et la
na, fille de Jacob, la fit ensuite demander scission s'étant opérée, Sichem passaavec
en mariage à son père, et périt victime sa tribu à Jéroboam, qui en fit longtemps
de la violence et de la perfidie de Siméon sa résidence royale, 1 Rois 12,25. 14, 17.
et"de Lévi, Gen. 34, cf. Act. 7, 16. La Elle échappa aux désolations de l'exil,
ville de Sichem existait probablement dé Jér. 41, 5., et fut, après le retour, le
jà, et l'on suppose que les noms d'Hé centre principal du culte samaritain , cf.
môr et de Sichem s'étaient conservés dans Jean 4, 20. Jean Hyrcan la conquit, et en
cette famille. détruisit le temple situé sur le mont Gué
2° Sichem, hébreu Shekem, ville d'E- rizim. Depuis les temps apostoliques, le
phraïm, située entre l'Hébal et le Guéri nom de Sichem est remplacé par celui de
zim, dans une étroite vallée, au milieu Naplouse ou Néapolis, et l'on trouve sur
d'une belle et fertile contrée. La vallée, des médailles ce dernier nom, et le nom
23
SIC .354 SIC
plus complet de Flavia Néapolis, qui lui SICLE. Le sicle a été, dès les plus an
fiit donné en l'honneur de Flavius Vespa ciens temps, l'unité de poids des Hébreux,
sien, qui la rétablit après qu'elle eut été comme chez nous la livre d'abord, puis,
presque détruite pendant la guerre des aujourd'hui, le gramme. C'est au poids
Juifs. Elle ne paraît pas, du reste, avoir qu'ils mesurèrent longtemps la valeur des
été reconstruite à la même place, ou du objets, des marchandises, du blé, des
moins elle n'occupe plus tout l'espace épices, mais surtout des métaux, de l'or,
qu'elle occupait anciennement; Josèphe de l'argent et du fer, Gen. 24, 22. Ex.
même donne à la nouvelle ville le nom de 38, 24, Nomb. 31, 52. Jos. 7, 21. Jug. 8,
Mabortha, et Pline celui de Mamortha, 26. 2 Sam. 14, 26. Ez. 4, 10. Ce poids dé
qu'on essaie de rattacher au nom du val terminé, et qui variait peu, ce poids or
Moré, qui était près de là. Elle était si dinairement d'argent, ne tarda pas à ac
tuée à 12 milles nord de Silo, à 28 milles quérir une valeur courante, et il finit par
de Béthel, à 390 stades de Jérusalem. devenir également une unité monétaire,
Mieux protégée par sa situation contre avant même que la monnaie existât, et le
les attaques imprévues des Arabes que même mot servit à désigner deux unités
beaucoup d'autres villes de la I'alestine, différentes, comme chez nous aussi la
Sichem , aujourd'hui Nablus, a conservé livre a longtemps servi d'unité de poids
jusqu'à nos jours une assez grande im et de valeur tout à la fois ; le mot pound
portance; entourée de toutes parts d'ar en anglais, et quelquefois pfund en alle
bres fruitiers, au-dessus desquels bril mand, réunissent encore les deux signi
lent ses dômes et ses minarets , elle fait fications. On ne pesa plus seulement, on
un commerce assez actif; on y trouve en compta en sicles. Les prestations des Is
core une soixantaine de Samaritains, qui raélites pour le sanctuaire, les amendes,
vivent tranquilles et sans bruit. D'après les dédommagements, les estimations sa
Keith (les Juifs d'Eur., etc., p. 205), leur cerdotales, les impôts civils, les mar
nombre s'élèverait à 150. chandises, tout fut évalué en sicles, Ex.
| On a beaucoup discuté sur le nom de 30, 13. Lév. 5, 15. 27, 3. Nomb. 18, 16.
Sichar, Ou Sychar, que Jean, 4, 5., donne Néh. 5, 15.2 Sam. 24, 24.2 Rois 7, 1..
à cette ville. Les uns pensent que ce sont etc. Toutefois, même avec la valeur re
les Samaritains eux-mêmes qui ont occa connue du sicle, on continua de péser,
sionné ce changement de lettre en substi comme on pèse encore quelquefois cer
tuant l'r à l'm, comme on cite d'autres taines monnaies d'or, Gen. 23, 16. Jér.
changements analogues entre les lettres 32, 9., quoiqu'il paraisse que , pour le
liquides, Béliar pour Bélial, Nébucadret commerce de détail, de petites pièces
sar, Jér. 46, 13., etc. D'autres pensent d'argent de la valeur d'un sicle, et ses
que ce sont les Juifs qui ont changé le fractions, peut-être frappées, aient été
nom de Sichem en Sychar, soit pour rap mises en circulation. Outre le sicle vul
- peler l'hébreu sheker, qui signifie men gaire, on comptait encore le sicle du
teur, ville idolâtre, apostate, soit en sou sanctuaire, d'après lequel étaient perçus
venir de Es. 28, 1., où les habitants d'E- les impôts ecclésiastiques, Ex. 30, 13.
phraïm sont appelés des ivrognes (hébr. Lév. 5, 15., etc., et, sous David, le sicle
shikkor); les Juifs se seraient ainsi ven royal, 2 Sam. 14, 26., qui servait †
gés des Samaritains, qui donnaient à Jé sure pour la perception des impôts ci
rusalem la sainte (mik'dash) le nom de vils. On suppose que ces deux derniers
Mik'thash, ville de percussion, de meur ne faisaient qu'un seul et même † et
triers (Lightfoot, Reland, etc.). Heng qu'ils ne se distinguaient du sicle ordi
stenberg pense que c'est Jean lui-même naire que par un peu plus de pesauteur,
qui , en passant, aura cru devoir pro et par conséquent de valeur; ils étaient
tester par ce nomironique contre l'ensem la mesure officielle, normale, qui est tou
ble trompeur du culte samaritain ; c'est jours un peu plus élevée que la valeur
peu probable. courante. v. Mesures, et Poids. Ce serait
v. encore Jacob, Samarie, etc. se donner une peine inutile que d'es
SID 35
5 , sID
sayer de déterminer plus exactement la Phéniciens, fondée par Sidon, le fils aîné
valeur relative des différents sicles, com de Canaan, Gen. 10, 15. Son nom, qui
me aussi de traduire en valeurs moder signifie la pêche, ou la pêcheuse, se rat
nes la valeur exacte de l'ancien sicle. tachait sans doute à l'abondance de pois
Calmet l'évalue à 32 sous 1l2 de notre sons (sid, sidôn) que l'on trouve dans ses
monnaie;Winer, Eisenmenger, à 7 gros; eaux jusqu'à nos jours. Située au bord de
De Wette à 8 gros; dans le système phi la Méditerranée, dans une plaine étroite,
létérien (v. Concord. de Mackenzie), le à 3 lieues nord de Tyr, à 12 de Béryte
poids du sicle serait de grammes 11,667. (Baïruth), à 22 de Damas, avec un bon
On ne peut décider non plus si le sicle port naturel, elle ne tarda pas à mériter le
d'or avait la même valeur ou le mème premier rang parmi les villes de la Phé
poids que le sicle d'argent; dans le pre nicie, et fonda des colonies au près et au
mier cas, il aurait été plus petit , dans le loin. Le nom de Sidon la grande lui est
second, il aurait valu davantage. La der déjà donné Jos. 11, 8. 19, 28. On croit
nière supposition paraît plus vraisembla même que Tyr, qui effaça bientôt la gloire
ble, d'autant plus que le sicle d'or n'est de sa rivale, était primitivement une co
employé que comme mesure de pesan lonie Sidonienne. Lors de la conquête de
teur, et l'on peut parfaitement compren Canaan elle échut en partage à la tribu
dre une cuillère d'or pesant 10 sicles, d'Aser, et dut servir de limite septen
Nomb. 7, 14., et une couronne d'or en trionale à la terre promise, Jos. 19, 28.;
pesant 3,000 , 2 Sam. 12, 30., sans ad mais cette tribu ne sut ni la conquérir,
mettre un sicle plus petit. - Le mot si ni la conserver, Jug. 1, 31.3, 3., et l'on
cle est souvent omis, précisément parce serait plutôt en droit de conclure, de 10,
qu'il était l'unité courante, comme on 12., que les Sidoniens opprimèrent pen
omet en français le mot francs quand on dant un temps les habitants de cette tri
dit : cet homme possède plusieurs mil bu, ou du moins, qu'ils eurent le dessus
lions dans une rencontre. Ce passage est d'ail
· Après l'exil, le prince Simon ayant ob leurs le seul qui nous montre cette pai
tenu de la Syrie le droit de battre mon sible cité en lutte avec le royaume d'Is
naie, l'an 173 ou 174 de l'ère des Séleu raël. Les habitants de Sidon avaient un
cides, donna aux Juifs leur première mon commerce fort étendu par terre et par
naie proprement dite, 1 Macc. 15, 6., et mer, comme en général les Phéniciens,
fit frapper des sicles, des demi-sicles, et q. v., Es. 23, 2. Ez. 27, 8. cf. Diod. Sic,
des quarts de sicles en argent, Matth. 26, 16, 41. 45. Leurs fabriques de verre,
15, 27, 3.; on trouve encore plusieurs de leurs manufactures en tous genres, en
ces pièces dans nos cabinets de numis lin, étoffes précieuses, objets d'art, etc.,
matique. Les légendes sont écrites en étaient renommées dans l'antiquité païen
hébreu avec les vieux caractères Samari ne, v. Iliade 6, 289. 23, 743.AEn. 4, 75.
tains, et portent la valeur de la pièce, Leurs architectes étaient fort recherchés,
l'année de l'émission, parfois le nom du 1 Rois 5, 6. 1 Chr. 22, 4. Esd. 3, 7., v.
prince, et pour empreinte tantôt une Temple.- Aux jours de David, cette peu
coupe, tantôt une palme, ou l'urne où la plade industrieuse paraît être sous la dé
manne était renfermée. Les successeurs pendance de Tyr (1015 av. C.), mais elle
de Simon et les Hérodes firent faire tou secoue le joug de sa rivale lors de l'inva
tes les inscriptions en grec. sion de Salmanéser, et elle se soumet au
, Quant à Ez. 45, 12., v. Mine. -
vainqueur : il paraît cependant qu'elle
SIDDIM, charmante vallée du sud-est conserva ses rois nationaux sous la do
de la Palestine, qui faisait autrefois la mination des Syriens, comme plus tard
gloire et les délices de ses habitants, et sous celle des Caldéens et des Perses,
que Dieu détruisit en la recouvrant des Jér. 25, 22. 27, 3. Sous cette dernière,
lourdes eaux de la mer Morte. Gen. 14, sa marine paraît avoir pris un développe
et 19. , ment considérable. Elle s'émancipe sous
- SlDON, ancienne et célèbre ville des Artaxercès Ochus, qui la reprend malgré
SID 3 56 SIL
une opiniâtre résistance, et la détruit. est dit des marchands de Sidon, Es. 23,
Ses habitants la relèvent de ses ruines ; 2., des dieux de Sidon, 1 Rois 11, 5.33.
après la bataille d'Issus, les Sidoniens se 16, 31. 2 Rois 23, 13., des femmes de
placent sous le protectorat, c'est-à-dire Sidon, 1 Rois 11, 1. de la langue sido
sous la dépendance d'Alexandre, qui dé nienne, Deut. 3, 9. Quant au nom de roi
poseStraton, offre inutilement la couronne de Sidon qui est donné à Ethbahal roi de
à deux jeunes frères, et la place enfin Tyr, 1 Rois 16, 31., il s'explique par le
sur la tête d'Abdolonyme, qu'il retire de fait que ces deux villes n'étaient régies
son obscurité, pauvre, et vivant du tra que par un seul et même roi. Les poètes
vail de ses mains : en récompense de ses grecs employaient de même dans son
vertus il augmente même ses états d'une sens le plus absolu l'épithète et le nom
partie des dépouilles des Perses. Ce petit de sidonien. — v. encore les articles Tyr
royaume partage néanmoins les vicissi et Phénicie.
tudes de la Syrie, et finit par tomber avec SIHON, roi des Amorrhéens, refusa à
elle sous la domination romaine. - Il Moïse le passage sur son territoire, mais
n'en est parlé qu'incidemment dans l'E- fut complétement défait, et vit sa capitale
vangile, et toujours conjointement avec réduite en cendres, Nomb. 21, 21. 32, 33.
Tyr, Matth. 11, 21. Marc. 3, 8. Luc 4, Deut. 1, 4., etc. Cette victoire célébrée
26, etc. Dans les Actes 12, 20. 27, 3., par un chant de triomphe, est rappelée
nous voyons la communauté d'intérêt des en plusieurs passages des Ecritures et
Tyriens et des Sidoniens, menacés par plus souvent que son importance appa
Hérode, et une visite de Paul aux chré rente ne semblerait le comporter, ce qui
tiens de Sidon, ce qui montre que l'Evan tient sans doute à ce qu'elle est un des
gile y avait pénétré.— C'était encore une premiers exploits du peuple devenu libre,
ville importante du temps de Méla. Au Jos. 2, 10. 9, 10. 12, 2. 13, 10.1 Rois 4,
jourd'hui Saïda ou Seyde, peuplée de 8000 19. Ps. 135, 11. 136, 19. Néh. 9, 22. Le
habitants, appartient au pachalik turc nom de Sihon est toujours joint à celui !
d'Acre ; elle n'est pas tout à fait sans im de Hog son contemporain, sauf Jug. 11,
portance pour le commerce, bien que son 19. -
port, recouvert de sable, n'offre plus de SIH0R. 1° Le fleuve ainsi nommé ES.
grande garantie aux vaisseaux : du côté 23, 3. Jér. 2, 18., est, de l'accord de tous !
de l'est ses fortifications subsistent en les interprètes, le Nil, de même que 1
core ; deux mosquées aux minarets élan Chr. 13, 5. et Jos. 13, 3., où sont indi
cés, sont les seuls édifices qui dominent quées non les limites historiques de la Pa
ses autres constructions; un pont de neuf lestine, cf. Nomb. 34, 5., mais les limites
arches, souvenir des croisades, unit la qui lui avaient été promises, Gen. 15, 18.
ville à la forteresse, bâtie sur un rocher L'hébreu sichor signifie noir (trouble) et
dans le port : derrière la ville, jusqu'au se rapporte au limon noirâtre (nigra are
pied des montagnes, il y a des jardins ma na, Virg.) que le Nil en se retirant laisse
gnifiques et très productifs, arrosés par déposé sur ses bords ; les Grecs appe
une rivière considérable qui descend du laient ce fleuve Mélas, le Noir, et d'après
Liban et se jette dans la mer. L'ancienne Bohlen le mot Nil aurait en sanscrit la
magnificence de Sidon a disparu, confor même signification, celle de noir ou de
mément aux prophéties, Ez, 28, 21.23., bleu foncé. —2° Sihor, Jos. 19, 26., v. !
et ses marchands ont cessé de sillonner Libnah. •
les mers, Es. 23, 4. SIKRON (ivresse), Jos. 15, 11., ville !
Le nom de Sidon a continué de dési frontière septentrionale de la tribu de*
gner la Phénicie tout entière, dont cette Juda. |
ville fut si longtemps le plus glorieux re SILAS(hébr. trois), Act. 15, 22.sq.,ap- '
présentant sous le rapport des arts et du pelé Silvain dans les épîtres de Paul, fut le
commerce, même après qu'elle eut perdu compagnon des voyages de l'apôtre de-'
sa prépondérance et sa richesse : et c'est puis le concile de Jérusalem. Citoyen ro-'
dans ce sens qu'on doit entendre ce qui main comme lui, et exerçant le ministère .
S[L 357 SIL
prophétique dans l'église de Jérusalem, ser en mettant le pied sur la terre pro
il le suivit dans son second vovage mis mise. Gesenius entend que Juda ayant la
sionnaire en Asie Mineure , passa avec prééminence sur les autres tribus , fera
lui en Macédoine, partagea sa prison à respecter son droit d'aînesse, et n'abais
Philippes, resta quelque temps seul à Bé sera son sceptre qu'après avoir obtenu
rée, et ne rejoignit Paul qu'à Corinthe, d'une manière générale la paix et le re
où il se distingua par son zèle évangéli pos. Dans ce sens , et quoique ce ne
que, Act. 15, 18, 1 Thess. 1, 1.2 Thess. soit pas l'intention de Gesenius, les pa
1, 1. 2 Cor. 1, 19. C'est probablement le roles de Jacob sont encore une prophétie
même dont il est parlé 1 Pier. 5, 12. La messianique.
tradition grecque le fait évêque de Co 3° Tuch traduit librement : Le sceptre
rinthe sous le nom de Silas, et de Thes restera entre les mains de Juda jusqu'à ce
salonique sous celui de Silvain. que la conquête de Canaan soit achevée
SILO ou plutôt Shilóh, Gen. 49, 10., et que le sanctuaire national soit élevé à
mot difficile, et sur la signification duquel Silo ; littéralement, jusqu'à ce qu'on soit
les interprètes ont beaucoup varié (v. venu à Silo. Shilôh n'est donc pour lui
Grandpierre, Essais, etc.). Voici les prin qu'un nom géographique. Mais le motif
cipales explications qu'on en a données. allégué ci-dessus contre la simple allu
Le sceptre, est-il dit, ne se départira pas sion à Silo, reste le même quand l'allu
de Juda, jusqu'à ce que le Shilôh vienne, sion se change en affirmation directe; Ju
et que les peuples lui obéissent. da n'a pas eu la conduite du peuple jus
1° Quelques commentateurs, les plus qu'à ce moment; ni Moïse, ni Aaron, ni
anciens, lisent shélôh, qui d'après un cal Josué n'appartenaient à cette tribu. D'ail
daïsme signifie à qui il (c'est-à-dire ap leurs, comme le fait remarquer Hengs
partient); ils traduisent en conséquence : tenberg, Silo ne nous apparaît, Jos 16, 6.
Le sceptre ne se départira point de Juda 18, 1., que comme un lieu de campement
jusqu'à ce que vienne celui à qui il (ap et non comme une ville ; ce n'est que peu
partient) : selon les uns le Messie, ce se à peu que Silo grandit et paraît dans
rait alors une prophétie messianique, et l'histoire; aux jours de Jacob, il n'était
le Messie appartenant à la tribu de Juda, rien encore, et rien ne pouvait faire pré
la phrase reviendrait à dire que le sceptre sager au patriarche que l'arrivée de ses
ne sortira jamais de cette tribu ; selon descendants en cet endroit serait pour
les autres, Salomon, et alors la promesse eux une époque décisive. On peut même
ne s'étendrait que jusqu'à ce monarque, se demander avec Hofmann, si en effet
le sceptre ayant été brisé sous son suc Silo a jamais été pour Israël, et pour Ju
cesseur. - Cette explication, sous cette da en particulier, une époque décisive,
forme du moins, est presque générale quand et comment ?
ment abandonnée. 4° En laissant à Silo le sens de repos,
2° Shilôh signifierait dans ce passage, Hengstenberg, Haevernick et Schrœder,
le seul où il aurait ce sens, repos. C'est qui varient pour les détails, s'accordent à
ainsi que l'entendent Herder, Gesenius, lui donner une signification appellative et
Hofman, etc., mais avec des nuances dans personnelle; « jusqu'à ce que vienne le
leurs interprétations. Le bàton de con repos, c'est-à-dire, celui qui donnera le
ducteur en chef ne quittera jamais Juda, repos, le pacificateur, le prince de paix. »
le bâton de héros le suivra dans tous L'abstrait est employé pour le concret, ce
ses voyages (ses pieds), jusqu'à ce qu'il qui est parfaitement autorisé par le génie
soit arrivé au lieu de repos, etc. (Herder); de la langue hébraïque. On peut rappro
ce dernier mot, le même que Silo, paraît cher de ce passage, Ez. 21, 32., où des
une allusion à l'arrivée des Israélites en calamités sont annoncées jusqu'à ce que
Canaan, à Silo, mais On peut objecter avec vienne celui à qui appartient le gouver
raison que jusqu'à cette époque Juda n'a nement (le droit), c'est-à-dire, le Messie
pas eu le bàton de commandement, et à qui appartient le droit de juger sur la
qu'il n'eût pu par conséquent le dépo terre, le véritable réparateur et dispen
SIL 3 58 SIL
sateur de la justice dans le monde, Es. 9, l'endroit le plus favorable pour les con
6.42,1.Jér.23, 5. Ps. 72, 11. Les idées de vocations du peuple, et en fit pendant trois
droit et de repos sont corélatives ; celui siècles, depuis Josué jusqu'à Héli et Sa
qui amène l'un, amène l'autre, et l'on est muel, le siége du tabernacle, Jos. 18, M.
d'autant plus fondé à croire qu'Ezéchiel a 9. 19, 51. 21, 2. 22, 9.12.1 Sam. 1, 3.,
en vue le passage de la Genèse, qu'il fait etc. 2, 14. 3, 21. 4, 3. 14, 3. cf. Ps. 78,
de fréquentes allusions à la prophétie de 60. Jér. 7, 12. Silo apparaît encore aux
Jacob sur Juda, 19, 2.10. 21, 15. Cette jours de Jéroboam comme ville d'Israël,
analogie nous montre en outre comment 1 Rois 11, 29. 14, 2.4., mais paraît avoir
Ezéchiel expliquait le Silo ; non-seule souffert lors de la destruction de ce royau
ment il nous donne la plus ancienne ex me, Jér. 7, 12. 14. 26, 6.9. Elle subsis
plication de ce mot dans le sens messia tait cependant encore pendant l'exil, Jér.
nique, mais encore il nous y fait voir l'i- 41, 5. Saint Jérôme y trouva les restes
dée d'un Messie personnelle, et l'idée ab d'un autel, et de nos jours encore Schu
straite de repos exprimée par Jacob est bert croit en avoir vu les ruines.
traduite par Ezéchiel en l'idée person SILOE (envoyé), village, réservoir, et
nelle d'un individu ayant des droits et SOurce célèbre des environs de Jérusa
exerçant le gouvernement. Le sceptreres lem, Jean9, 7. Le village est situé à droite
tera dans la tribu de Juda jusqu'à ce que quand on remonte la vallée de Josaphat,
soit venu le (prince du) repos, issu de et il est comme suspendu sur le sommet
Juda, mais élevé au-dessus de toute tri escarpé du mont du Scandale, sur lequel
bu et de tout peuple; alors ce ne sera Salomon avait bâti un temple à ses dieux
plus à Juda, mais à son enfant comme étrangers. La source, appelée aussi fon
souche d'un nouveau pouvoir, que sera taine de la Vierge, jaillit au fond d'une
due l'obéissance des peuples. Il n'y a rien vaste caverne taillée en partie par la main
d'étonnant à ce qu'au moment de mou des hommes dans les flancs rocailleux du
rir, le patriarche ait jeté un regard pro mont Morija, dans la vallée de Josaphat;
phétique sur l'avenir, et qu'il ait entrevu deux rampes de degrés, aussi unis et
l'objet des promesses faites à ses pères. aussi blancs que du marbre, conduisent à
ll serait surprenant, au contraire, qu'un la source, dont les eaux qui coulent dou
fait aussi important que celui de la venue cement, Es. 8, 6., se réunissent par une
d'un réparateur, eût été omis au milieu pente presque imperceptible dans un ca
des autres événements que Jacob entre nal souterrain qui, après avoir traversé
voit. Abraham, en léguant à Isaac, Isaac à toute la colline, reparaît dans la vallée
Jacob, le droit de primogéniture, avaient des Tyropéens, et dépose ses eaux dans
tracé la ligne de leur postérité dans la le réservoir du même nom. Ce réservoir
quelle le Christapparaîtrait; Jacob fait de a la forme d'un parallélogramme, les murs
même, il désigne Juda comme le premier en sont de pierres de taille; après avoir
né de droit, c'est à Juda qu'appartiendra grimpé un moment dans une grotte tail
l'autorité jusqu'au moment où la nation, lée dans le roc, on descend quelques de
cessant d'exister comme théocratique, grés pour arriver à l'endroit où l'eau se
verra son sceptre devenir un pouvoir spi jette dans le réservoir; elle y arrive, non
rituel et passer entre les mains de celui point en se versant par-dessus l'ouver
qui donne la paix en faisant régner le ture de la grotte, mais en filtrant secrè
droit. La paix, qui est le triomphe du tement par dessous : une grande ahon
Messie, est aussi le triomphe de l'humani dance de fleurs sauvages croissent sur
té; le monde cessera d'être travaillé et ses bords. De là, par un petit canal creusé
tourmenté ; il aura trouvé le repos. dans le rocher, l'eau du réservoir va ar
SILO, ville d'Ephraïm, située sur une roser les jardins situés plus bas sur des
, hauteur au nord de Béthel, au sud de Li terrasses (cf. Cant. 4, 15.), et connus sous
bona, Jug. 21, 19., à 4 lieues de Sichem, le nom de jardins du roi, Néh. 3, 15. En
presque au centre du pays, ce qui lui va ne distinguant pas toujours la source de
lut d'être considérée sous Josué comme son réservoir, on est arrivé, soit à con
SIL 3 «) 9 SIM
fondre la source de Siloé avec la fontaine les voyageurs : Chateaubriand l'a trouvée
du Foulon, v. Roguel, soit à voir des saumâtre; Lamartine, limpide et savou
cOntradictions dans les données bibli reuse; Richter, bonne; Robinson lui a
ques, soit à changer la position du réser trouvé un goût un peu salé, mais point
voir; Gesenius, Tholuck, Hitsig, d'après du tout désagréable : du reste il avoue
quelques anciens, placent cette source à qu'en de certaines saisons, elle a un mau
l'angle sud-ouest de Sion : Winer la con vais goût. De nos jours encore, les plus
fond avec le bassin inférieur du Guihon. incrédules ne manquent pas de s'y laver
Il faut remarquer que la source de Si les yeux pour se préserver d'ophthalmies.
loé, qui n'est nommée qu'une ou deux Winer pense que le fons perennis aquae
fois dans l'Ancien Testament, et trois fois de Tacite, Hist. 5, 12., est le même que
dans le Nouveau, n'est jamais accompa Siloé.
gnée du moindre renseignement topogra SILVAIN. v. Silas.
phique, de sorte que c'est à la tradition SIMEON (exaucement). 1o Fils de Ja
seule qu'on doit en appeler pour la fixa cob et de Léa, Gen. 29, 33. Ex. 6, 15. 1
tion de son emplacement, comme nous Chr. 2, 1. (1757 av. C.) D'accord avec
l'avons fait. Il en résulte ,aussi que la
Lévi, il vengea par la violence et la per
grande réputation que ces eaux ont ac fidie l'injure faite à Dina sa sœur, que
quise, n'est qu'une renommée légendaire Sichem le ravisseur voulait réparer d'une
et traditionnelle, qui n'a rien de biblique;
manière plus douce et plus naturelle. La
le doux murmure d'une source tranquille, religion servit de prétexte et de moyen à
ornée d'un beau nom, et quelques moines leur vengeance, et le pillage couronna
intéressés à la faire valoir, ont fait de Si
dignement cette œuvre sanglante. Ce cri
loé un poste important, que les anciens me fit tache sur toute la vie de Siméon,
habitants de Jérusalem seraient étonnés et sur l'avenir de sa postérité, Gen. 34,
de voir si grandement apprécié. 25. 49, 5.7. Plus tard, il fut choisi com
Abandonnée pendant la captivité, la me otage par Joseph en Egypte, et ne fut
porte de Siloé (?) fut reconstruite ou ré délivré qu'au retour de ses frères rame
parée par Sallum, Néh. 3, 15. Il y avait nant avec eux Benjamin, 42, 24. 43, 23.
une tour au-dessus de la source, dans le On a voulu voir dans le choix que fit Jo
village de Siloé, et son écroulement, qui seph de cet otage, un indice que Siméon
écrasa dix-huit personnes, donna lieu à avait été le plus coupable dans la vente
Jésus de redresser les fausses idées des de Joseph, qu'il en avait pris peut-être
Juifs sur la relation des châtiments avec l'initiative; mais ce n'est pas prouvé. Jo
le péché, Luc 13, 4. C'est au réservoir de seph voulait s'assurer de la persomne d'un
Siloé que Jésus envoya l'aveugle-né la des aînés, mais laisser l'aîné à la tête de
ver ses yeux qu'il avait guéris avec de la la famille ; l'aîné était pour lui une per
boue, un jour de sabbat, Jean 9, 7. —v. sonne sacrée : d'ailleurs Ruben lui avait
Salive. sauvé la vie : il prend le second.
Sans qu'il y ait intermittence complète, Siméon fut le chef d'une des douze
les eaux de cette source sont par mo tribus, mais d'une tribu « divisée en Ja
ments, et tour à tour, beaucoup plus cob, et dispersée en Israël, » Gen. 49, 5
rares et beaucoup plus abondantes; Ro 7. Depuis le dénombrement de Sinaï jus
binson a constaté ce phénomène, qui avait qu'à la fin des voyages du désert, elle
déjà été attesté par Chateaubriand et par avait diminué de plus de moitié ;de 59,300
d'autres; l'eau est troublée subitement hommes elle était descendue à 22,200,
par les eaux nouvelles qui se précipitent, Nomb. 1, 23. 26, 14. Elle ne reçut que
'et peut-être que la vertu du réservoir de dix-sept villes (dont deux lévitiques),
| Béthesda, Jean 5, 7., provenait d'un fait éparses au milieu du territoire de Juda,
analogue qui mettait en mouvement des vers les frontières de l'Idumée et du dé
· matières ayant des propriétés curatives sert d'Arabie, et en majeure partie dans
spéciales. L'eau de Siloé a été goûtée et les montagnes, Jos. 19. Elle ne fait la
diversement appréciée par presque tous guerre que de concert avec Juda son frè
,SIM 360 SIM.
re, quand les autres tribus la font sépa puis bien des années, et sa venue faisait
rément, Jug. 1, et lors du partage des sans doute l'objet de leurs conversations
douze tribus en deux royaumes, elle pa quand ils se réunissaient chaque jour
raît s'être unie au royaume de Juda, sous dans les parvis du temple ; mais ils l'at
la dépendance et sur le territoire duquel tendaient sous une forme glorieuse. Le
elle se trouvait; ainsi Béersébah etTsiklag témoignage d'un pharisien, d'un homme
sont nommées, 1 Rois 19, 3.1 Sam. 27, 6., pieux, d'un homme universellement esti
comme appartenant à Juda; cf. 1 Sam. 30, mé, devait contribuer à renverser ce fu
30. et Jos. 19, 4. Elle possédait de nom neste préjugé, et Jésus fut dès sa nais
breux troupeaux, et du temps d'Ezéchias, Sance prOclamé roi sauveur dans le tem
comme elle s'était beaucoup multipliée, ple de Jérusalem, par la voix d'un Israé
grâce peut-être à l'air salubre de ses lite non suspect et qui savait fixer l'at
montagnes, et que ses limites primitives tention : cet événement ne put rester
n'étaient plus assez grandes pour la con Secret, et la ville put apprendre que le
tenir, une colonie s'avança vers l'est, tra libérateur était venu.— On a voulu hono
versa la vallée du Sel, et trouva de gras rer Siméon en le faisant fils du célèbre
pâturages dans les montagnes de Séhir, Hillel, et père de Gamaliel, mais la tradi
où elle s'établit après avoir détruit les tion ne nous fournit que son assertion.
Hamalécites qui y demeuraient, 1 Chr. 4, L'âge de Siméon ne peut même être dé
34-48. L'accroissement de Juda avait terminé, et l'on a tort peut-être d'en faire
peut-être aussi empiété sur le territoire de un vieillard.
Siméon, et motivé cette émigration. Le 4° Siméon, ou Syméon, 2 Pierre 1, 1.
nom de Siméon est omis dans la bénédic ou Simon, surnom de Pierre, q. v.
tion de Moïse, Deut. 33; le législateur 5° Siméon, prophète et docteur de l'E-
du peuple ne connaît pas, ou du moins glise d'Antioche, Act. 13, 1. Le surnom
ne veut pas reconnaître, cette faible tribu de Niger qu'il avait reçu, semble indi
que le péché de son fondateur a flétrie et quer qu'il avait de fréquents rapports
réduite à presque rien : ce silence est une avec Rome et l'Italie.
sentence de destitution. Son nom est ce SIMHI. 1° Benjamite, fils de Guéra et
pendant rappelé Ez. 48, 24. Apoc. 7, 7., parent de Saül, n'est guère connu que
parce que l'Eternel ne tient point à tou par les lâches insultes dont il poursuivit
jours sa colère ; le fils de Jacob est ren David fugitif, et par les lâches excuses
tré en possession des promesses : sa pla qu'il lui fit après la défaite d'Absalon, 2
ce lui est rendue en Israël. Sam. 16, 5. 19, 16. David légua à Salo
2° Siméon, ancêtre de Marie et de Jé mon par son testament, le soin de ven
sus, Luc 3, 30.; inconnu. ger une injure qu'il avait laissé impunie,
3° Siméon, le pieux témoin de la pré 1 Rois 2, 8. etc., et Simhi fut consigné
sentation de Jésus dans le temple, Luc 2, dans l'enceinte de Jérusalem ; il savait
25. Une révélation intérieure lui fit re que la mort punirait la rupture de son
connaître dans ses langes et dans son ban, et pendant trois ans il fut fidèle à
humilité celui qui devait être la gloire Son serment , mais soit imprudence, soit
d'Israël ; son cantique, sa prière, les pa sécurité, soit cupidité, il se mit à la pour
roles qu'il adresse prophétiquement au suite de deux de ses esclaves qui s'étaient
Messie et à sa mère, fixent l'attention sur enfuis à Gath, et à son retour il périt
cette scène imposante et simple qui se d'une mort violente, selon la sentence de
dessine comme au frontispice de la vie David. Simhi est une âme basse, qui s'at
de Jésus ; on aime et l'on vénère cet tache au vainqueur, qui fait le brave en
homme si plein de foi qui, ayant vu la présence d'un ennemi faible ou désarmé,
journée de l'Eternel, est prêt à s'endor et qui rachète par la violence de ses in
mir en paix, avant d'avoir vu se réaliser jures la lâcheté de ses procédés. Mais là
toutes les espérances que la venue de che, il était redoutable, parce que son
Christ devait faire naître en lui pour la honneur perdu n'avait plus rien à per
terre. Les Juifs attendaient le Messie de dre, et Salomon crut devoir le garder
SIM 361 " SIM
sous sa surveillance à Jérusalem, au lieu rient : les unes le font évêque de Jèrusa
de lui permettre de vivre sur ses terres. lem, et martyr sous Trajan ; d'autres di
Lorsqu'il maudissait David, il jetait de la sent qu'après avoir évangélisél'Egypte, la
poussière en l'air, selon l'usage des Orien Cyrènaïque, la Mauritanie, et la Libye, il
taux actuels qui, lorsqu'ils maudissent un finit par se rendre en Angleterre où il fut
homme, lui crient encore : Tu seras bien crucifié ; d'autres enfin le font voyager
tôt comme cette poussière. David lui par en Perse et en Babylonie, et mourir à
donna de son vivant comme homme et Suanyr (Sunir). -
comme roi; il le fit punir comme roi théo 4° Simon le pharisien, Luc 7, 40., de
cratique après sa mort, lorsqu'il n'avait Naïn. ll invite Jésus à prendre un repas
plus de vengeance à savourer, de rancune chez lui, soit pour lui donner un témoi
à garder : ce point de vue est essentiel à gnage de respect, soit pour satisfaire sa
rappeler pour tout l'ensemble du testa curiosité. On ne peut soupçonner ses in
ment de David. tentions d'être mauvaises, mais la récep
2° Officier de David, 1 Rois 1, 8. Il ne tion qu'il fait à son hôte est digne de l'or
prit point de part à la révolte d'Adonija. gueil pharisaïque ; croyant avoir assez fait
Quelques-uns l'ont confondu avec le pré en l'invitant à sa table, il se dispense non
cédent. Il est plus probable que c'est le seulement de toute bienveillance, mais
même, fils d'Ela, qui fut chargé sous Sa encore de toute politesse à son égard.
lomon d'administrer les revenus de Ben Une femme, une ancienne pécheresse, en
jamin, 1 Rois 4, 18. tre dans la salle, et fait avec amour et
3° La famille de Simhi, nommée Zach. dévouement ce que Simon n'a pas voulu
12, 13., représente selon les uns les fa faire ; Simon comprend cette leçon plus
milles des docteurs de la loi, selon d'au qu'indirecte, mais elle est pour lui une
tres les premières familles de Jérusalem offense, et comme les orgueilleux, il élu
à cette époque. La tradition montre qu'un de la leçon et ne cherche à s'excuser
grand nombre de docteurs célèbres ont qu'en accusant intérieurement, et la fem
pOrté ce nom. me, et Jésus dont ce contact doit, selon
SIMON. 1° Père de Judas Iscariot, lui, compromettre la dignité prophétique.
n'est nommé que dans saint Jean 6, 71. Jésus alors prend la parole, et par une
12, 4. 13, 2. 26., sans doute après sa comparaison claire, mais embarrassante,
mOrt. Il est du reste inconnu. oblige Simon à reconnaître que cette fem
2° Simon Pierre. v. Pierre. me, beaucoup pardonnée, aime plus que
3° Simon Cananéen, surnommé aussi lui dont les vertus n'ont pas demandé de
Zélotes, fils de Cléopas et de Marie, frère pardon. La femme se retire avec l'assu
de Jacques, de Jude, et de Joses, l'un rance de son salut, et Simon reste avec
des douze apôtres, Matth. 10, 4. 13, 55. le désagrément d'une scène qui I'a pris
Marc 3, 18. 6, 3. Luc 6, 15. Act. 1, 13. à l'improviste et dont l'issue n'a pas tour
On ne connait rien de lui, ni action, ni né à l'avantage de son amour-propre. On
parole. Le surnom de Zélotes qui lui était ne sait pas si Jésus avait eu des rapports
donné, le même que Cananéen qui dérive antérieurs avec Simon ; on ne sait pas
de l'hébreu kana (avoir du zèle), prouve davantage si la leçon que Jésus lui donne
qu'il avait appartenu à cette secte des zé était d'une manière générale une leçon
lotes dont parle Josèphe, Guer. des Juifs, d'humilité, ou si elle se rapportait à quel
IV, 3.9., laquelle se distinguait par son que circonstance secrète de la vie de Si
zèle pour la patrie et la religion. Ce zèle mon; on ignore enfin si cette leçon a pro
de libéralisme, Simon l'appliqua plus tard duit de l'effet, ou si au contraire le pha
à son propre affranchissement spirituel. risien, enfoui dans son orgueil, n'aura pas
Quelques-lms dérivent le nom de Cana profité de l'évidente supériorité que la
néen de Cana, et font Simon combour parabole lui accordait sur la pécheresse,
geois de Nathanaël. D'autres distinguent pour s'endurcir dans son impénitence.(v.
Simon Zélotes de Simon de Cana, et en Serm. de Saurin.) — C'est à tort qu'on a
font deux individus. Les traditions va voulu le confondre avec le suivant. '
SIM 362 SIM
5°Simon de Béthanie, Matth.26,6.Marc Dieu. Mais une vertu plus grande et plus
14, 3. cf. Jean 12, 1. Il était surnommé le vraie vint le confondre. Il entendit Phi
lépreux, à ce qu'on croit, parce que Jésus lippe, il vit ses miracles, et mieux que
l'avait guéri de cette maladie. C'est dans personne il fut à même de reconnaître
sa maison qu'eut lieu, peu après la résur dans les apôtres la puissance de Dieu : il
rection de Lazare, et quelques jours avant fut baptisé, et demanda pour de l'argent
Pâque, le repas qui devait célébrer le les dons du Saint-Esprit; Pierre lui ré
retour de Lazare à la vie. Marthe servait, pondit par une foudroyante apostrophe,
ce qui semble indiquer des rapports de et flétrit en Simon la simonie que celui-ci
parenté ou d'intimité entre sa famille et a léguée à une secte célèbre, qui prétend
celle de Simon ; la liberté d'action de Ma compter au nombre des siens celui qui
rie, la présence de Lazare, confirmeraient l'a le plus vigoureusement condamnée.
cette idée. Quelques traditions font en Sous l'empire d'une émotion pleine de
effet de Simon le père de Lazare, d'autres honte, Simon se recommande aux prières
le font le mari de Marthe; c'est possible, des apôtres, mais il ne paraît pas qu'il
mais ce n'est pas prouvé. Ce n'était peut comprît lui-même la portée de ses paro
être qu'un ami de la famille. La présence les et de ses vœux ; il a peur, et la peur
de Lazare au festin devait témoigner de n'a jamais été de la piété. Dès ce moment,
sa complète guérison. (Sermons de Bon la tradition ne nous le montre plus qu'au
net.) nombre des ennemis du christianisme. Il
6° Simon le Cyrénéen, Matth. 27, 32. se rend de la Samarie à Antioche, où il
Marc 15, 21. Luc 23, 26., était originaire épouse une femme nommée Hélène : il
de Cyrène où se trouvaient un grand nom passe avec elle à Rome, où une inscrip
bre de Juifs.On pense qu'il était déjà dis tion mal comprise par Justin martyr a
ciple de Christ, quant des soldats bru fait croire qu'il avait été reçu au nombre
taux, prophétisant sans le savoir, le con des dieux. Il renverse tous les esprits par
traignirent, par un acte arbitraire que ses sortiléges ; il se fait fort de s'élever
rien ne justifiait, à porter la croix de Jé dans les cieux ; il monte au Capitole, se
sus, cf. Matth. 10, 38. etc. Simon devait jette dans les airs, vole un moment avec
éprouver autant de joie à soulager son des ailes factices, mais à la prière de saint
maître, que de douleur à porter l'instru Pierre ses ailes se détachent, et le mal
ment de son supplice, et sa famille tout heureux se précipite et meurt. Cette tra
entière fut bénie avec lui ; ses fils, et sa dition peut avoir quelque chose de vrai,
femme, que Paul chérissait comme sa mais elle est compromise par le nom de
mère, Rom. 16, 13., durent conserver Pierre, qu'on y fait intervenir si mal à
longtemps le souvenir de cet épisode propos, et la plupart des historiens se
déplorable, et ils comprirent dans toute montrent un peu incrédules sur cette fa
son étendue la portée de cette parole de ble. Ce qui est plus probable, c'est que
Jésus que les bourreaux avaient matéria Simon a voulu fonder une religion nou
lisée avec tant d'ironie : Celui qui veut velle qui aurait été, comme celle de Ma
me suivre doit porter ma croix. homet, un mélange de judaïsme, de chris
7° Simon le magicien, Act. 8, 9. etc. tianisme, et de paganisme. Irénée lui fait
Il était suivant la tradition natif de Gitta dire qu'il avait paru parmi les Samaritains
ou Gittim en Samarie, selon d'autres de comme Père, parmi les Juifs comme Fils
l'île de Chypre. Il étudia de bonne heure (Messie; c'est peu probable), et parmi les
la philosophie platonicienne, et les scien païens comme Saint-Esprit. Il prétendait
ces qui d'après les Orientaux condui que son corps était uni à l'un des plus
saient à la philosophie ; un peu d'astro nobles et des plus sublimes Eons, et que
nomie, de médecine, de physique, et beau Dieu l'avait envoyé dans le monde pour
coup d'adresse, en firent un célèbre char amener les hommes à la vérité; il ajoutait
latan prestidigitateur. Il se faisait passer que sa femme avait également en elle un
pour un grand personnage, et le peuple Eon femelle, appelé Ennoga, qui avait
disait de lui qu'il était la grande vertu de enfanté les esprits, et qui avait précé
SIN 363 SIN
demment habité plusieurs corps, notam les). C'est le nom général que rEcriture
ment celui de la fameuse Hélène de Troie. donne au désert et au massif de mon
—Ses disciples s'adonnèrent à l'impureté. tagnes, formant une espèce de triangle
8° Simon le corroyeur, hôte de saint compris entre le désert de Tsin ou Paran
Pierre à Joppe, probablement disciple, (El Tyh) au nord, et les deux bras de la
Act. 9, 43. 10, 6. Un voyageur raconte mer Rouge. Au sud du plateau El Tyh,
qu'il a logé à Jaffa dans une maison que commencent à s'élever ces montagnes si
l'on assure être bâtie sur les ruines de célèbres de l'ancien monde juif. La crête
celle du corroyeur : on montre même un des hauts sommets court du nord au sud
vieux pan de mur qui en faisait partie, dans la même direction que le Liban ; le
dit-on. -
met plus élevé, le Djebel Musa, ou mont qu'il n'appartient qu'aux commentaires de
de Moïse, qui est le Sinaï proprement dit; résoudre. v. Olshausen, Sardinoux, etc.
son sommet n'a guère que 60 pieds de SINGES. Il n'en est parlé que 1 Rois
tour. En face du Sinaï se trouve le mont 10, 22.2 Chr. 9, 21. Les anciens en con
Sainte-Catherine, ainsi nommé d'un cou naissaient plusieurs espèces et les avaient
vent voisin qui est à 3,500 pieds au-des classés d'après divers caractères, singes
sus de la mer; son sommet, chauve et nu, à queue, singes sans queue, etc. On les
est le plus élevé des trois : pour y arri tirait surtout des Indes et de l'Ethiopie,
ver, on prend, en redescendant par l'Ho parfois aussi de la Mauritanie. De leur
reb, une vallée à l'ouest dans laquelle s'é- nom indien kapi est venu leur nom hé
lève le monastère d'El Erbaïn. Rüppel a, breu koph, qui se retrouve aussi presque
pour la première fois en 1831, mesuré sous la même forme en grec.
avec un baromètre la hauteur de ces mon SINHAR, nom primitif de la plaine de
tagnes : le mont Saint-Catherine a 2,814 Babylone, Gen. 10, 10. 11, 2. 14, 1. Jos.
mètres de haut, le Djebel Musa environ 7, 21. Dan. 1, 2. On y trouvait, non-seu
2,470. C'est dans la vallée que domine lement Babylone, mais encore Erek, Akad,
l'Horeb (Réphidim) que Moïse vit le buis Calné : d'où il résulte que cette contrée
son ardent, qu'il garda les troupeaux de désignait, non-seulement l'ancienne Ba
Jéthro, et qu'il fit jaillir l'eau du rocher, bylonie, mais encore une partie de la Mé
Ex. 3, 1.2. 17, 6. cf. 19, 2. On prétend S0p0tamie orientale. Le nom actuel de
encore montrer près de là ce rocher mi Sinsjara, ou Singara, est le seul souvenir
raculeux, un bloc granitique de 4m,48 qui reste de cet ancien nom si célèbre ; il
carrés, avec une rigole et quelques stries désigne, d'après Niebuhr, une chaîne de
Ou coupures formées par l'écoulement des montagnes qui s'élève au sud de la route
eaux. C'est peut-être sur l'Horeb aussi de Mossoul à Merdin, au milieu d'une
que Moïse pria pour le succès des armes plaine fertile, et qui est la seule chaîne
de Josué, lors de l'attaque des Hamalé un peu importante qui se trouve sur tOute
cites, 17, 8. D'après la tradition, ce se l'étendue de l'ancien territoire de Sinhar.
rait également sur l'Horeb, et non sur le SINIENS, SINIM, deux pays ou peu
Sinaï, que la loi aurait été promulguée, plades dont l'orthographe est la nlême en
Ex. 20; mais divers auteurs chrétiens, hébreu, sont nommées, l'une Gen. 10, 17.,
d'accord à repousser cette tradition, pen où il s'agit d'une race cananéenne habi
sent que ce doit avoir été sur l'un ou tant le Liban, probablement le sud-ouest,
l'autre des deux sommets plus élevés, et où l'on retrouve encore un bourg Sin
sans que rien puisse trancher la question nas (Syn), déjà mentionné par Strabon et
d'une manière absolue. Aujourd'hui, le par saint Jérôme; — l'autre, Es. 49, 12. Il
nom de Sinaï s'applique d'une manière ressort du contexte mème que ce peuple
générale à tout le groupe, et il est pos ne saurait être confondu avec la peuplade
sible qu'il en fût de même dans l'anti cananéenne; les Siniens y sont représen
quité; Horeb serait alors le nom de la tés comme les habitants d'une contrée
moins élevée des trois cimes principales. fort éloignée qui doit être cherchée à
Le nom de Sinaï est rappelé Jug. 5, 5. l'orient; les commentateurs, depuis Arias ,
Ps. 68,8.17. Néh. 9, 13. cf. Hébr. 12, 18., Montanus, sont presque tous d'accord à i,
comme ayant été le théâtre d'une des ma reconnaître qu'il est question de la Chine
nifestations les plus solennelles et les plus dans ce passage. Les Chinois portent un
redoutables de la grandeur divine. La nom semblable déjà dans Abulféda, et il
mention faite de cette montagne, Gal. 4, n'est pas étonnant que le nom de ce peu- ,
25., la circonstance que le Sinaï était ap ple immobile se retrouve partout et tou
pelé Hagar par les descendants mêmes de jours le même, comme celui des Indous :
la servante d'Abraham, ce que Paul pou dans les livres saints des bouddhistes, la
vait avoir appris pendant son long séjour Chine est appelée Dschina; en chinois,
en Arabie, et l'usage que fait l'apôtre de dschin signifie homme. L'opinion de Bo
cette circonstance, offrent des difficultés chart, ressuscitée des anciens qui fai
SI0 365 SIP
saient des Siniens les habitants de Sin 23. Jér. 8, 19., etc.; et le nom du mont
(Pelusium), q. v., est généralement aban Morija sur lequel le temple était construit,
donnée, de même que celle qui confond disparaît ainsi devant le nom plus solen
les Siniens avec la peuplade issue de Ca nel de la Sion sainte. Plusieurs auteurs,
naan; cette dernière était au nord, Pé Olshausen entre autres, étonnés de ce
luse au sud, et c'est à l'orient qu'il faut fait, en sont venus à conclure contre toute
chercher les Siniens de la prophétie. Le la tradition que les deux noms de Sion et
règne de Dieu est venu jusqu'à eux. de Morija ne désignaient qu'une seule et
SION, dont le nom signifie un lieu sec même colline, celle du temple. - Des ca
et haut, ou exposé au soleil, était la plus veaux creusés dans les flancs du mont de
élevée des quatre collines sur lesquelles Sion renfermaient les sépulcres de David
était construite l'ancienne Jérusalem; Ro et de plusieurs de ses successeurs, dont
binson lui donne 2,360 pieds au-dessus de il est écrit qu'ils furent ensevelis dans la
la mer; d'autres 2,475. Elle était située cité de David, 1 Rois 2, 10. 11, 43., etc.
au sud-sud-ouest de la ville ; la vallée des Jean Hyrcan, puis plus tard Hérode le
Tyropéens la séparait de Morija, d'Ophel Grand, firent ouvrir ces tombeaux et en
et d'Acra. Le mont de Sion s'abaisse ra arrachèrent tout ce qu'ils renfermaient de
pidement à l'ouest et au sud vers les pro précieux ; au dire de Dion Cassius, une
fondes vallées de Gihon et de Ben-Hin partie du tombeau de Salomon s'écroula,
nom ; son sol, comme celui des trois au sous Adrien, pendant le second siége de
tres collines, est calcaire et blanchâtre. Jérusalem. Quoi qu'il en soit, ces monu
La montagne, du reste, est rarement ci ments existaient encore au temps des apô
tée comme telle ; sa position n'est indi tres, Act. 2, 29., et il est probable que
quée nulle part d'une manière positive, et des fouilles faites dans le mont de Sion
Josèphe, on ne sait pourquoi, non-seu les feront découvrir et reconnaître tôt ou
lement ne donne aucun détail précis sur tard ; une petite mosquée est aujourd'hui
la situation de la colline, mais semble bâtie sur la place où la tradition prétend
même éviter de prononcer son nom. L'in que se trouve le tombeau de David. —
certitude qui règne sur l'identité des noms Sion, dont la moitié seule est encore com
actuels avec les lieux anciennement dési prise dans les murailles de la Jérusalem
gnés par les mêmes noms, n'a pas épar moderne, est véritablement désolée; ses ,
gné la montagne de Sion, et Lightfoot (de tours et ses forteresses sont détruites,
même que Calmet), suivant les traces d'A- sauf la tour d'Hippicus qui s'élève sur la
ben Esra, et s'appuyant sur une fausse place même du fort de David, et en pré
interprétation de Ps. 48, 2. Ez. 40, 2., l'a sence de tant de ruines, quand la mon
placée au nord de Jérusalem. Mais sauf tagne reste seule debout, on comprend
cet essai malheureux, l'on est d'accord à l'exclamation du psalmiste, 125, 1.; la
reconnaître que la Sion actuelle est bien charrue se promène sur ces mêmes ter
la même que l'ancienne. — Après que Jé rains où s'agitaient jadis les bannières
rusalem eut été conquise par les Jébu des guerriers, et la prophétie s'est ac
siens, la citadelle de Sion, élevée sur la complie, Mich. 3, 12.
colline de ce nom, fut fortifiée davantage Sion est aussi le nom d'une ville d'Is
encore, et devint le principal boulevard sachar, Jos. 19, 19., que l'on trouvait en
de la terre sainte, 2 Sam. 5, 7.1 Chr. 11, core au temps d'Eusèbe et de Jérôme sous
5. Jérusalem, située au nord-est, fut ap le nom de Séon. — ll résulterait enfin de
pelée la fille de Sion, et ce nom, dans le Deut. 4, 48. cf. Ps. 133, 3., que le mont
langage des prophètes désigne souvent la Hermon était quelquefois appelé Sion.
ville sainte tout entière ; on dit aussi la SIPHRA (éclat, beauté), et Puah (la
montagne de Sion, 2 Rois 19, 31. Ps. 48, brillante, d'après Simonis; sifflante, d'a- .
2. 78, 68. 133, 3. Es. 4, 5.29, 8. Abd. 17, près Mackensie), sages-femmes qui, ayant
Hébr. 12, 22;— la montagne sainte, Ps. reçu l'ordre de Pharaon de mettre à mort .
2, 6. Joel 3, 17; — la demeure du Dieu tous les fils qui naîtraient aux Hébreux,
d'Israël, Ps. 9, 11. 74, 2. Es. 8, 18. 24, éludèrent cet ordre et répondirent par
SIT 366; SIT
un mensonge aux reproches qui leur fu Nadab et d'Abihu, Lév. 10, 4., soit qu'il
rent faits par le roi au sujet de leur déso fût mort, soit pour tout autre motif.
béissance. Elles craignaient le Dieu d'Is SITNAH, Gen. 26, 21. Ce nom, dérivé
raël, et Dieu les récompensa, non pour de satan, discuter, quereller, fut donné
leur mensonge, mais pour leur foi; Dieu par les bergers d'Isaac à un puits dont
leur donna des maisons, Ex. 4, 15., etc. les bergers cananéens leur disputèrent la
SIPPAI, v. Saph. possession.
SIRA, 2 Sam. 3, 26., citerne située SITTIM. 1° Campement des Israélites,
près d'Hébron. connu par de grands péchés et de grandes
SIRJ0N. v. Hermon. -
folioles qui se terminent en pointes; les La seconde opinion serait rendue plus
fleurs sont jaunâtres, odorantes, formées vraisemblable par l'orthographe orientale
en épis ; elles donnent une cosse d'un des noms.
brun-noirâtre. La gomme qui découle de SOBAC , 2 Sam. 10, 16., ou Sophach,
cet arbre est bien connue sous le nom de 1 Chr. 19, 16., chef des armées d'Hadad
gomme arabique. — b) L'acacia arabica héser, marcha contre David jusqu'à Hé
ressemble beaucoup au précédent ; il a, lam, où il fut défait ; il mourut sur le
comme lui , des épines, une écorce bru champ de bataille, tué peut-être de la
nâtre, des feuilles disposées par paires, main mème de David.
et une cosse de la grosseur d'une gro SOBAL, père ou prince de Kiriath-Jé
seille. — Le bois de l'acacia est extrê harim, où l'arche fut longtemps déposée,
mement dur, et résiste même à l'action 1 Chr. 2, 50. On trouve aussi ce nom ré
de l'eau ; il est en même temps fort léger, pété parmi les descendants d'Esaü, Gen.
et brunit avec le temps; lorsqu'il est 36, 20. 23. 29., etc., et l'histoire des
vieux, il est presque aussi noir que de croisades nous parle d'une Syrie de So
l'ébène ; aussi était-il très estimé des an bal, située au sud de la Palestine, dans
ciens, et l'on s'en servait en particulier l'Arabie Pétrée, et d'une ville forte de ce
pour la construction des vaisseaux. Il0IIl.
SMYRNE, ville de l'Ionie, célèbre sur SOBI, fils de Nahas, et frère ou neveu
tout comme place de commerce. Elle était du dernier roi des Hammonites, désap
située à 15 lieues nord d'Ephèse, à l'em prouva sans doute l'outrage fait aux am
bouchure du Mélès, sur un golfe de la mer bassadeurs de David, et contribua à sou
Egée, à laquelle elle avait donné son nom. tenir, en lui envoyant des provisions, le
Fondée, dit-on, par l'amazone Smyrna, monarque hébreu fuyant devant son fils.
elle était peu de chOse dans les commen Sobi continua de vivre paisiblement à Rab
cements ; détruite par les Lydiens, elle ba, où il exerça peut-être même quelque
resta presque déserte pendant quatre cents autorité Sur les débris soumis de son
ans, se releva sous Alexandre le Grand, peuple, 2 Sam. 17, 27.
ou, d'après Strabon, sous Antigone (à 20 SODOME, ville de la vallée de Siddim,
stades de son ancien emplacement), fut dans laquelle Lot s'était établi, attiré par
renversée par un tremblement de terre en la beauté et la fertilité de ses environs,
178 ou 180, fut restaurée par Marc Au plus sans doute que par l'hospitalité et
rèle, et atteignit sous les empereurs ro les mœurs de ses habitants, Gen. 13, 12.
mains le plus haut degré de prospérité ; 14, 12. 19, 1. Elle était gouvernée par
ses rues étaient pavées et coupées à an ses propres rois, Gen. 14, 2.8., etc. Elle
gle droit. Le christianisme y fut annoncé partagea le sort de Gomorrhe et des au
de bonne heure, et une église s'y fonda, tres villes de la plaine, Gen. 18, et 19; le
Apoc. 1, 11. 2, 8. La Smyrne actuelle est feu du ciel embrasa son sol bitumineux,
encore la place la plus commerçante de l'A- qui se fondit, s'abîma dans les eaux sou
sie Mineure; elle compte environ 120,000 terraines qu'il recouvrait, et la mer Morte
habitants, dont 9,000 Juifs, 1,000 Euro occupe depuis cette époque la place d'une
péens, 8,000 Arméniens, et 20,000 Grecs. vallée qui avait la réputation d'être une
SO, roi d'Egypte, dont Osée rechercha espèce de paradis terrestre. — Josèphe,
l'alliance, mais qui ne sut pas défendre et depuis lui quelques voyageurs, parlent
son protégé contre Salmanéser, roi d'As d'une espèce de fruit auquel ils donnent
syrie, 2 Rois 17, 4. On peut même con le nom de pomme de Sodome, beau à voir,
clure de Es. 20, que Sargon, l'un des et en apparence bon à manger, mais qui
princes assyriens, aurait remporté sur se réduit en cendres quand on le touche
lui de grands avantages. So est ou le Sa pour l'ouvrir. Il serait difficile de contes
bacon de l'histoire profane, de race éthio ter d'une manière absolue l'existence de
pienne, chef de la 25° dynastie, ou Sévé produits analogues à celui dont on parle,
chus, son fils, ou, selon Hitzig, Set ou mais c'est à l'histoire naturelle d'en éta
Séthon, de la 23e dynastie, dite tanitique. blir et surtout d'en expliquer la nature
SOL 368 S0L
et † - Les auteurs sacrés rap mée par quelques auteurs, ne puisse pas
pellent souvent le nom de Sodome pour être prouvée ; mais les fêtes d'Adonis, et
montrer que, de tout temps, le jour du les célèbres temples du soleil élevés à Hé
Seigneur vient sur ceux qui se croient en liopolis, Emèse, Palmyre, Hiérapolis, sont
sûreté dans l'oubli de Dieu et au sein de des preuves du culte que les Syriens, les
leurs péchés, Es. 1, 9. 13, 19.Jér. 49, 18. Phéniciens, et sans doute aussi d'autres
50, 40. Soph. 2, 9. Ez. 16, 46. Deut. 29, peuplades cananéennes, rendaient à cet
23. Matth. 10, 15., etc. Au temps de no agent vivificateur de la nature. Les tribus
tre Seigneur, et même à une époque égarées loin du vrai Dieu glissèrent au
moins ancienne, on doit avoir vu, près bord du précipice, et diverses traces nous
des bords de la mer Morte, des ruines de montrent qu'au milieu de leurs autres ido
murs et de palais dans l'emplacement des lâtries, elles surent donner une place au
villes détruites; plusieurs notices parlent culte du soleil. Nous voyons en effet, 2
même de Sodome comme d'une ville épis Rois23, 11., le char d'Apollon et les qua
copale, et c'est un Sévère, évêque de So tre chevaux blancs que les Perses atte
dome, qui souscrivit l'un des premiers au laient au blanc chariot du soleil : ce fu
symbole du synode de Nicée. — Cette rent des rois de Juda qui se rendirent
contrée doit être un jour renouvelée, Ez. coupables de ce crime. Ailleurs, Jér. 19,
16, 53. 47, 8., etc. 13. Soph. 1,5. cf. 2 Rois 23, 5., c'est une
SOIE. Cette substance précieuse que allusion à la coutume d'offrir à l'armée
l'Orient vendait aux Grecs etaux Romains des cieux, aux astres, des parfums du
au poids de l'or, et qui paraît originaire haut des toits, coutume empruntée aux
de la Chine et du Thibet, où du moins on Nabathéens. Les paroles d'Ez. 8, 17.:« Ils
commença de la travailler, n'est nommée mettent une écharde à leurs nez, » ont
d'une manière positive et incontestée que aussi été, par quelques commentateurs,
Apoc. 18, 12. On n'oserait affirmer qu'elle rapportées au culte du soleil. Winer, par
soit nommée dans l'Ancien Testament, exemple, en modifiant la traduction et en
quoique Luther, Calmet et d'autres au lisant : « Ils tiennent des épines devant
teurs, aient cru la trouver dans certains eux, » voit dans ce passage une allusion"
passages, tels que Ex. 25, 4. Est. 1, 6. 8, à la coutume des Perses de saluer le so
15. Es. 19, 9. Lam. 4, 5. Ez. 16, 10.13. leil en tenant à la main un barsom, un
27, 16, Il serait possible cependant qu'elle faisceau de branches de palmiers ou de
fût désignée par le meshi de Ez. 16, 10. grenadiers; mais cette explication est for
13., ( Gesenius, Haevernick ). Au temps cée, et il vaut mieux entendre la phrase,
des Ptolémée, la soie était l'un des arti soit proverbialement avec Lightfoot, dans
cles les plus importants du commerce le sens de : ils jettent de l'huile sur le
alexandrin, et les lsraélites peuvent l'a- feu, soit avec Haevernick comme une allu-'
voir reçue d'eux, soit directement, soit sion à la coutume païenne de se déchirer
par l'intermédiaire des Phéniciens. le visage dans le deuil. v. encore Deut. 4,
SOLEIL. v. Création. Ce grand lumi 19. 17, 3. Job 31, 26. sq. Ez. 8, 16.;en-"
naire, dont la lumière et la chaleur répan fin Lév. 26, 30., et Es. 17, 8., où le mot
dent sur le monde entier tant de bien hammanim, traduit par tabernacles, signi-'
faits, est l'une des créations qui ont été fie probablement statues du soleil; le dieu !
l'une des premières, et bien naturelle du soleil est appelé Bahal Hammam sur"
ment, substituées au créateur dans le des inscriptions phéniciennes. — Leso-º
culte impur d'une humanité remplie de té leil sert, dans les écrivains sacrés,'à la '
nèbres, Hérodot. 1 , 212.216., etc. Ce plupart des plus nobles similitudes, Es."
culte du soleil, familier aux Sabéens, aux 13, 10.24, 23. Jér. 15, 9. Ez. 32, 7. Joelº
Egyptiens, aux Perses, aux Grecs et aux 2, 31. Amos 8,9. Trois miracles extraor-º
Romains, qui l'adoraient sous les noms dinaires dont cet astre futl'objet, sont rap-º
d'Apollon, Osiris, On, Mithra, etc., ne fut portés dans l'histoire sainte : le soleil'
pas étranger aux Cananéens, quoique l'i- s'arrête à la voix de Josué, son ombre re
dentification de Bahal et du soleil, affir cule sur le cadran d'Achaz, il perd sa lu
SON 369 SON
mière à la mort du Sauveur, Jos. 10, 12. quer. Les rois cananéens, les patriarches,
2 Rois 20, 11. Matth. 27, 45.; on verra, les juges, offrent aussi de fréquents exem
aux articles spéciaux, les essais d'expli ples de ce mode de révélation, Gen. 20,
cation qui en ont été donnés. Jésus est 3. 31, 10. 24. 37, 5. Jug. 7, 13. 1 Sam.
appelé le soleil de justice, Mal. 4, 2. (Un 28, 6.1 Rois 3, 5. cf. Matth. 27, 19. Chez
beau sermon de M. Laget sur ce texte mé les prophètes, les songes étaient souvent
rite d'échapper à l'oubli). Le soleil est accompagnés de visions, Nomb. 12, 6.
considéré comme l'emblème de l'éternité, Joel 2, 28., et pendant la période de la
Ps. 72, 5. 89, 36. cf. Es. 30, 26. La fem captivité babylonienne, ce fut surtout par
me revêtue du soleil, Apoc. 12, 1., c'est des songes que Dieu découvrit l'avenir,
l'Eglise personnifiée. soit à ses prophètes, soit aux rois païens
SOLHAM, Lév. 11, 22., v. Sauterelles. victimes de leur vain orgueil, Dan. 2, 2.
SONGES. Indépendamment de ces rè 4. 5. 5, 12. 7, 1., etc. C'était tantôt une
veries sans valeur, qui peuvent provenir manifestation claire et parlée de la volonté
d'un état maladif, ou d'un accident quel divine, Gen. 20, 3.1 Sam. 28, 15. Matth.
conque, et qui sont le symbole du néant, 1, 20. 2, 12.19., tantôt une image symbo
Job, 20, 8. Es. 29, 7. Eccl. 5, 3. Ps. 73, lique dont il fallait rechercher la signifi
20., les Hébreux, comme tous les peu cation, Gen. 37, 7. Jug. 7, 13. Dans ce
ples de l'antiquité, et comme les Orien dernier cas, l'on s'adressait à ceux qui
taux en particulier, comptaient des son faisaient profession d'expliquer les son
ges significatifs et prophétiques. Ces ges, et qui étaient en général des per
Songes, songes du matin surtout, ne se sonnages très recherchés et très consi
raient autre chose que le développement dérés, Gen. 41, Dan. 1. Les mages de la
d'une faculté que personne ne pense à Caldée s'étaient en particulier acquis dans
méconnaître entièrement, celle du pres ce genre d'exercice une grande réputa
sentiment; elle se développerait d'une tion, comme les esséens parmi les Juifs.
manière plus active, lorsque le corps Mais s'il est vrai qu'il y ait, ou qu'il puisse
ayant cessé ses fonctions laisse le sys y avoir dans les songes des indices des
tème nerveux , et l'âme, plus libres d'a- choses futures, le chrétien ne saurait leur
gir. L'Ecriture, Job. 33, 15., et l'obser accorder qu'une faible et prudente atten
Vation se réunissent pour lever un coin tion; plus que le Juif, il est à même de
du voile qui recouvre les mystères du consulter le grand prophète suscité de
Sommeil, et les explications les plus natu Dieu, Deut. 18, 15-18. La loi et le témoi
relles n'empêcheront pas que les songes gnage doivent lui suffire, et il n'est au
ne soient dans certaines circonstances cun de nos intérêts, comme aucun de nos
ce qu'ils ont déjà été, des instructions devoirs, que la sagesse éternelle n'ait par
et des avertissements. Les païens, vivant faitement prévu , cf. Lév. 19, 26. Deut.
sans Dieu, mais ne pouvant se passer de 18, 10. Les faux prophètes avaient aussi
directions supérieures, avaient multiplié leurs songes, et ils en abusaient pour sé
les signes et symboles de l'avenir ; tout duire le peuple, Jér. 23, 25. 27.; le suc
Servait à des divinations; les songes ne cès même et la réussite de leur divination
furent pas négligés, et les auteurs pro étaient un piége de plus tendu aux sim
fanes sont remplis d'allusions à ces légè ples, et la peine de mort était prononcée
res divinités que les dieux envoyaient contre ceux qui, s'appuyant sur l'accom
aux hommes pour les sauver ou pour les plissement de leurs prédictions, cher
perdre, cf. Cic. Divin. 1, 43., etc.; des chaient à semer l'idolâtrie en Israël, Deut.
hommes spéciaux étaient chargés d'expli 13, 1-3. Satan fait aussi des miracles.
quer les songes dans les cas difficiles, et SONNETTES. On a parlé, à l'article
nous voyons cet usage régner déjà chez Prêtre, des sonnettes d'or (72, disent les
les Egyptiens, Gen. 40, 5.8.4l, 8.15. Juifs) que les prêtres portaient à la frange
Joseph seul comprend des avertissements inférieure de leur rochet, Ex. 28, 33. 39,
envoyés de Dieu, et que les habiles du 25. Il résulte aussi de Zach. 14, 20., que
pays se sont déclarés incapables d'expli les chevaux , comme dans l'Orient mo
ll. 24
SOP 370 SOR
derne, étaient souvent ornés de petites meilleurs parmi les modernes, est l'ou
clochettes. Ce sont les seuls cas où l'An vrage latin de Strauss (F. A.), Berlin1843.
cien Testament en fasse mention. 2° Sophonie, Zach. 6, 10.14., père de
SOPATER, Act. 20, 4., probablement Josias, inconnu.
le même que Sosipater, Rom. 16, 21., 3° Sophonie, fils de Mahaséja, sagan ou
était parent de saint Paul, natif de Bérée, second sacrificateur (vicaire, Jér. 52, 24.,
et, selon la tradition , fils d'un nommé c'est le seul passage de l'Ecriture, où
Pyrrhus. Il suivit l'apôtre de Grèce en cette charge soit mentionnée ; le sagan
Asie Mineure. suppléait le souverain sacrificateur dans
SOPHACH. v. Sobac. les cas où celui-ci était empêché de fonc
SOPHONIE (Tsephanyah; celui que tionner.) Sophonie, vicaire de Séraja, pa
l'Eternel a caché, ou, celui à qui l'Eternel raît avoir été au nombre des ennemis ca
a révélé les choses cachées, ou encore, chés de Jérémie ; ayant reçu de Sémahja
guérite de l'Eternel). 1° Le neuvième des de Babylone une lettre où Jérémie lui
petits prophètes, fils de Cusi, appartenait était dénoncé comme faux prophète, il en
à une grande famille, et remontait par fit publiquement la lecture en présence
quatre générations au roi Ezéchias : il du prophète, qui n'hésita pas à répondre
prophétisa sous Josias, après Habacuc, et immédiatement par une lettre dans le sens
avant la destruction de Ninive, 2, 13-15., de ses précédents oracles, Jér. 29, 25. Il
deux dates bien vagues qu'indique le li avait été deux fois chargé par Sédécias
vre lui-même, probablement avant la dix d'aller demander les conseils de Jérémie,
huitième année de Josias, et l'achèvement 21, 1. 37, 3., mais on n'a aucun détail
des réformes opérées par ce prince, cf. sur la manière dont il remplit son mes
1, 4. 3, 4. 2 Rois 23, 4. 5. Il a concen sage. ll fut mis à mort à Ribla par ordre
tré dans la courte prophétie qui nous de Nébucadnetsar, 2 Rois 25, 18. Jér. 52,
reste de lui, le résumé des prophéties 24.
qu'il dut prononcer pendant l'époque SOREK, vallée située entre Askélon
de son ministère public , la censure des et Gaza, et traversée par un torrent du
vices de son temps, des avertissements même nom, le plus grand de toute la côte
aux pécheurs endurcis qui marchent sans jusqu'au Carmel, le Bésor excepté; les
crainte à la rencontre d'une vie qu'ils auteurs ne sont cependant pas d'accord
ignorent, des avertissements à ceux dont sur le torrent désigné par ce nom ; les uns
la conscience n'est pas encore endurcie disent qu'il se jette dans la mer près
aux appels de Dieu , l'assurance donnée d'Askélon, les autres entre Asdod et Hé
aux justes qu'ils seront épargnés aujour kron. Délila, maîtresse de Samson, était
de la vengeance, et l'espérance glorieuse native d'un petit bourg situé près de
réservée à la fille de Sion. La promesse là, Jug. 16, 4., et Eusèbe dit que de son
succède à la menace, la grâce vient après temps on voyait au nord d'Eleuthéropolis
la justice, ou pour mieux dire, là, comme un village nommé Kaphar Sorek (village
partout, en petit comme en grand, l'Evan de Sorek) où la tradition portait que Sam
gile succède à la loi. ll n'est pas néces son avait vécu habituellement. ll n'ya nul
saire d'admettre pour cela, comme le font doute que ce bassin auquel appartenaient
la plupart des modernes, que le livre se lavallée desTérébinthes et celle d'Escol ou
divise en deux oracles distincts ; car d'a- des Raisins, n'ait reçu son nom des belles
bord, la limite qui sépare les deux ora vignes qui croissaient sur son terroir ;
cles, n'est pas bien déterminée, puisque c'était une petite espèce de raisins fort
ceux qui l'admettent, diffèrent sur l'en doux, et dont la graine est si molle qu'on
droit où commence le second, puis il est a dit quelquefois qu'ils n'avaient pas de
très naturel que dans le même oracle, pépins; ce plant originaire de Syrie, où
le prophète, après avoir censuré les pé il porte encore le nom de serki, serait
cheurs, console les justes , et encourage nommé Es. 5, 2. Jér. 2, 21. Gen. 49, 11 .
ceux qui s'amendent.— ll y a peu de com SORT. L'usage du sort est fort ancien
mentaires spéciaux sur ce livre ; l'un des chez les peuples orientaux, comme chez
sol 371 SOS
tous les peuples primitifs dont l'intelli divine semble accorder une espèce d'ap
gence n'a pas encore été développée par la probation à cette manière hasardée de
connaissance. Non-seulement il plaît à l'i- trancher les questions difficiles, Dieu lui
magination en lui fournissant une préoc même décidant toujours des événements,
cupation vive et facile, mais encore il ne quels que soient les moyens qu'on em
fatigue pas le jugement, il le laisse repo ploie. La Bible ne donne pas de détails
ser, et décharge de toute responsabilité Sur la manière dont le sort était jeté ; on
celui qui s'abandonne en aveugle à l'aveu suppose que c'était de dés (une fois de
gle destin, ou le fidèle qui dévotement flèches) qu'on se servait habituellement ;
pense avoir le droit de s'en remettre à quelques-uns pensent aussi, mais à tort,
Dieu seul pour les décisions importantes que l'Urim et le Thummim était une es
de sa vie. L'Ancien Testament nous four pèce de sort.— Quant à la fête des sorts,
| nit plusieurs exemples de païens consul v. Purim. Les chrétiens ne sont pas d'ac
tant le sort , Haman le consulte, Est. 3, cord sur la légitimité actuelle de l'emploi
7., pour fixer le jour où les Juifs devront du sort; quelques-uns, les frères Moraves
être exterminés ; les nautonniers l'inter surtout (v. Bost, Hist. des Moraves, II,
rogent, Jon. 1, 7., pour connaître quel p. 74. et ailleurs) l'emploient sans scru
est au milieu d'eux le coupable que pour pule, et peut-être trop souvent, là même
suit sur la mer la vengeance céleste; Né où les directions ordinaires de l'Evangile
bucadnetsar le jette sur deux flèches pour devraient suffire ; d'autres regardent
Savoir le chemin qu'il doit prendre, Ez. comme un péché d'y avoir recours : c'est
21, 26., etc. Les Hébreux aussi le con un point sur lequel nous croyons que la
sultent, d'après l'ordre de Dieu, pour le conscience chrétienne doit rester libre,
partage de Canaan conquis, Nomb. 26, Le sort n'est pas défendu, et nous voyons
55. 33, 54. 34, 13. 36, 2. Jos. 14, 2. 18, le collége apostolique nous donner le
6. 19, 51. C'est le sort qui assigne à cha premier l'exemple non-seulement de la
que famille son héritage, et aux Lévites tolérance, mais de l'usage même. Il peut
les villes de leur possession ; de même se présenter des cas décidément douteux,
au retour de l'exil, Néh. 11, 1. Le sort et dans ces cas s'en remettre au SOrt avec
décide, au temps de David, de l'ordre dans un esprit de prière , c'est s'en remettre
lequel les vingt-quatre classes de prê au Seigneur.
tres doivent servir dans le temple, 1 Chr. SOSANNIM. v. Musique.
6, 54.61. cf. Néh. 10, 34. Luc 1, 9. Il dé SOSIPATER. v. Sopater.
signe ceux des hommes du pays, dix sur SOSTHENES. Successeur de Crispus
cent, qui doivent prendre part à l'expé comme chef de la synagogue de Corinthe,
dition contre les Benjamites, Jug. 20, 10. à l'époque de Gallion et du second voyage
Il préside au partage du butin, 1 Chr. 24, missionnaire de Paul, Act. 18,17.Compro
et 25, et les vêtements de notre Sauveur mis dans l'émeute prOvOquée parsOn trou
sont jetés au sort, Matth. 27, t35. Jean peau contre les chrétiens, et le tribunal
19, 24. cf. Ps. 22, 18. Dans les enquêtes ayant décliné sa compétence en matière
| criminelles, et en l'absence de témoins de controverses religieuses, il fut battu
suffisants, on procède de la même ma par les Grecs, qui voulaient peut-être faire
nière : Hacan, Jonathan, Jonas sont dé leur cour au président du tribunal, en
· couverts, Jos. 7, 14. 1 Sam. 14, 42. Jon. protestant de cette manière contre l'appel
1,,7, Saül enfin est nommé roi, et Mat au bras séculier que les Juifs avaient inu
thias apôtre par le sort, 1 Sam. 10, 20. tilement tenté. D'autres leçons, moins
Act. 1, 26. -La législation mosaïque ne probables, portent que ce furent les Juifs
fournit qu'un seul exemple où l'emploi qui battirent leur chef, soupçonné d'être
1 du sort soit commandé, c'est celui de la favorable à l'apôtre. Il paraît en effet, qu'à
: mise en liberté d'un des boucs offerts l'exemple de son prédécesseur, il se joi
pour le peuple en expiation de ses péchés, gnit plus tard aux disciples, 1 Cor. 1, 1 .
, Lév. 16, 8-10., et les passages Prov. 16, (Michaélis, Winer, etc., pensent qu'il ne
· 33, 18, 18., sont les seuls où la sagesse s'agit pas de la même personne dans ce
SOU 372 SPA
tion, soit que ce fût par une idée de pu SPARTE. Cette célèbre capitale de la
reté, soit enfin qu'il n'y eût là qu'une Laconie, au sud-est du Péloponèse, cette
marque conventionnelle de respect, com capitale de la république lacédémonienné,
me dans la mode européenne de se dé cette ville si irrégulièrement bâtie sur
couvrir la tête. Dans un grand deuil, on plusieurs collines, qui n'eut jamais d'au
marchait aussi déchaussé, 2 Sam. 15, 30. tres remparts que sa situation et le cou
Ez. 24, 17.23. Es. 20, 2. La coutume ju rage de ses habitants, et dont il ne reste
STA 373 STE
plus maintenant que des ruines, n'est àcre. Une résine transparente. blanchâtre
nommée nulle part dans l'Ecriture sainte. Ou d'un rouge brun, tendre, plus agréa
Elle ne trouve de place ici que parce que ble à l'odorat qu'au goût, découle de cet
quelques auteurs ont voulu l'identifier arbre, soit naturellement, soit par le
avec Sépharad, Abd. 20., et parce que moyen d'incisions qui, en rendant le pro
· une tradition juive fait descendre les duit plus abondant, nuisent cependant au
Spartiates d'Abraham, 1 Macc. 12, 21. développement et à la vie de l'arbre. —
Josèphe, Ant. 13, 5.8. 12, 14.9. Gro On a cru aussi que l'hébreu nekoth, tra
tius et Calmet, sont parmi les modernes, duit par drogues, Gen. 37, 25. 43, 11.,
les plus fortes autorités qui aient pris désignait le stacte ou le storax ; les Sep
cette parenté sous leur patronage ; Bo tante l'ont rendu par aromates en géné
chart, Huet et Michaélis, se donnent en ral : le sens n'en est pas exactement dé
revanche beaucoup de peine pour expli terminé ; l'analogie de l'arabe fait sup
quer comment un malentendu a pu don poser qu'il s'agit d'une espèce d'astra
ner lieu à cette tradition. Quant au fond gale, le tragacanthe, qui produit une
de la question, nous n'avons pas à l'exa gomme blanche et dure, sans goût ni
miner. odeur, que l'on trouve sous ce nom dans
STACHYS, disciple de Rome, ami de nos pharmacies. — C'est aussi par stacte
Paul, Rom. 16, 9., probablement Grec que Luther a traduit à tort l'hébreu sheh
d'origine ; du reste, inconnu. La tradi heleth. v. Onyx.
tion le fait évêque de Constantinople. STADE. 1° Mesure de chemin, grec
STACTE, gomme odoriférante qui dé que d'origine, et qui depuis Alexandre
coule naturellement de l'arbre de myrrhe, le Grand , fut généralement admise en
et à laquelle aucune autre ne saurait être Orient : elle est souvent employée dans
préférée, Pline 12, 75. On a cru, d'après les Apocryphes, régulièrement dans Jo
les Septante, qu'elle était désignée par sèphe, et quelquefois dans le Nouveau
l'hébreu nataph, Ex. 30, 34., et nos ver Testament, Luc 24, 13. Jean 6, 19. 11, 18.
sions ont suivi cette traduction. Mais la Apoc. 14, 20. 21, 16. Le stade olympique
myrrhe a déjà un autre nom hébreu, et comptait 600 pieds grecs, ou 125 pas ro
d'ailleurs il ne paraît pas qu'elle fût em mains (625 pieds), environ 220 mètres ;
ployée sèche et froide, tandis que c'est 8 stades faisaient un mille, soit la 4° par
après avoir été pilée que la substance tie d'une lieue géographique, ou la 60e
mentionnée dans l'Exode, entrait dans la partie d'un degré.—2° Le mot lice, 1 Cor.
composition du parfum du sanctuaire. On 9, 24. cf. Hébr. 12,1., devrait proprement
croit plutôt que le nataph désignait la plus se traduire par stade. On appelait ainsi le
fine gomme du storax, et que l'arbre lui lieu où se faisaient les exercices publics
même est désigné Gen. 30, 37.Os. 4, 13., de la course, parce que la longueur était
sous le nom de libneh (le blanc), que précisément d'un stade. Celui qui arrivait
nos versions ont rendu par peuplier, q. le premier, recevait du juge des jeux le
v, Le storax croît en Syrie, en Arabie, prix de la course, une couronne, 1 Cor.
dans l'Asie Mineure, en Ethiopie, et même 9, 25., de verdure. Chaque ville un peu
dans les contrées méridionales de l'Eu considérable de la Grèce, et des colonies
rope ; il atteint une hauteur de 4 à 7 mè grecques de l'Asie, avait un lieu destiné
tres et ressemble sous quelques rapports à ces exercices, indépendant ou aggrégé
au cognassier; il jette une quantité de au gymnase. Le Nouveau Testament ren
petites branches; ses feuilles, ovées et ferme plusieurs allusions aux jeux pu
pétiolées, ont 6 à 8 centimètres de long, blics, et à celui-là en particulier.
sur 4 à 5 de large; ses fleurs sont d'un STATERE, Matth. 17, 27., pièce de
blanc de neige et terminent en bouquet monnaie de la valeur d'un sicle, q. v. —
l'extrémité des branches; elles répandent v. aussi Monnaie.—Le statère d'or valait
une odeur fort agréable; le fruit est une près de 20 fr. (19 fr. 82 c.); le statère
espèce de petite noix qui contient deux d'argent, Matth. 17, 24., valait 1 fr. 66 c.
graines, dures, lisses et d'un goût très STEPHANAS, disciple de Corinthe,
*
dont Paul avait baptisé la famille, la pre ses poussins, l'entendent de la Poussi
mière de l'Achaïe qui se fût convertie au nière (ou des Pléïades), de sorte que nous
christianisme, 1 Cor. 1, 16. 16, 15. Cette aurions ici le nom, conforme à la théolo
famille se distingua par sa piété et son gie de Babel, d'une divinité astrologique.
hospitalité, et Paul en recommandel'exem Winer, d'après Selden et Grotius, pense
ple aux fidèles de Corinthe ; quelques qu'il s'agit de tentes dans lesquelles les
uns de ses membres remplissaient, à ce filles se prostituaient en l'honneur de la
qu'on suppose, des charges importantes Vénus babylonienne, Milytta, et le parallé
dans l'Eglise. On croit que Stéphanas était lisme ne combat pas d'une manière abso
mort lorsque saint Paul écrivait aux Co lue cette interprétation, que recomman
rinthiens. dent d'ailleurs plusieurs autorités, et no
STORAX. v. Stacte. tamment Hérodote 1, 199. Hengstenberg
STRYMON. La plupart des commenta traduit par : petits temples des filles (de
teurs voient dans le Strymon qui coule à Bel et de Milytta). Gesenius enfin modifie
14 lieues de Philippes, le fleuve désigné le texte, et lit : les tentes des hauteurs,
Act. 16, 13., mais il est évident que c'est ou des hauts lieux.
l'aller chercher beaucoup trop loin. Ril SUKIENS, 2 Chr. 12, 3., peuplade afri
liet pense, avec beaucoup plus de vraisem caine qui, avec les Libyens et les Cusites,
blance, qu'il s'agit dans ce passage, d'un prit part à l'expédition de Sisak ; elle est
courant d'eau formé par la réunion des du reste inconnue. Les Septante et la Vul
sources qui s'échappaient du pied de la gate traduisent par Troglodytes, et pen
colline sur laquelle Philippes était bâtie, sent sans doute à ces Troglodytes éthio
ou de la rivière Gangitès, qui n'était qu'à piens qui habitaient la côte occidentale de
18 stades (3 kilom.) de la ville : Comment., la mer Rouge, et étaient célèbres par la
p , SUAH,
12. fils d'Abraham par Kéturah, rapidité de leur course et leur habileté à
manier la fronde. D'après Pline 6, 29., il
Gen. 25, 2. Bildad était originaire du lieu y aurait eu dans cette contrée une ville
peuplé par les descendants de Suah, Job nommé Suché, peut-être le Suaken d'au
2, 11. 8, 1. 25, 1., c'est-à-dire de la Sac jourd'hui. -
cf. Act. 15, 21., et les rabbins allaient gues étaient le plus souvent bâties dans
même jusqu'à en faire une institution pa l'intérieur des villes, et presque toujours
triarcale ; les tentes de Jacob, Gen. 25, en un lieu élevé; ce n'est que plus tard
27., leur faisaient l'effet de synagogues. qu'on en éleva aussi dans le voisinage
On s'appuyait surtout sur Deut. 31, 11. des cimetières. Les frais de construction
et Ps. 74, 8., pour prOuver cette ancien et d'entretien étaient à la charge de la
neté de l'institution; mais l'un de ces pas communauté, mais on voit aussi que sou
sages ne se rapporte qu'à la lecture de la vent de simples particuliers, parfois mê
loi, l'autre aux lieux saints où l'Eternel me des païens, Luc 7, 5., contribuaient
s'était manifesté, sans que l'idée de sy pour une forte part à ces dépenses, qui
magogue y soit même exprimée (nos ver n'eussent pu être couvertes par les con
sions ont traduit le général par le parti tributions volontaires de l'assemblée. Les
culier). C'est surtout pendant l'exil, alors · Juifs se faisaient une très haute idée de '
qu'Israël n'avait plus de centre religieux, la sainteté de ces lieux de culte, et ils en
plus de terre sainte, plus de sanctuaire, respectaient la place alors même que le
que le besoin de réunions d'édification se culte avait été transféré ailleurs. On se
fit sentir plus vivement aux Juifs; il est réunissait dans les synagogues les sab
fort probable que ce fut alors que prit bats, les jours de fête, et plus tard le deu
naissance l'institution des synagogues, ce xième et le cinquième jour de chaque
culte sans sacrifices , dont ils durent se semaine, les femmes ayant des places sé
contenter, et auquel ils finirent par s'at parées, et fermées par des jalousies. Ces
tacher tellement qu'ils en transportèrent réunions étaient consacrées à la prière en
l'idée dans leur patrie dès qu'il leur fut commun, et à la lecture d'une portion de
permis d'y retourner, cf. Néh. 8, 1. Au la loi ou d'un livre quelconque de l'An
temps de Jésus, on trouve au moins une cien Testament, Act. 13, 15. 15, 21., faite
synagogue dans toutes les villes un peu par un des membres de l'assemblée, Luc
importantes de la Palestine, à Nazareth, 4, 16., par un prêtre ou par un ancien,
Luc 4, 16., à Capernaüm, Marc 1, 21.Luc d'après Philon : quelques paroles d'édifi
7, 5. Jean 6, 59., ainsi que dans les villes cation, simples et libres, sur la lecture ! »
de la Syrie, de la Grèce, ou de l'Asie Mi qui venait d'être faite, complétaient ce
neure, Act. 9, 2. 13, 5. etc. 14, 1. 17, 1. genre de culte, qui se rapproche à tant
18, 4. 19, 8. Dans les villes plus consi d'égards des habitudes religieuses de nos "
dérables on trouvait un plus grand nom Eglises. Un passage de Philon fait suppo
bre de synagogues, proportionnellement ser que le lecteur et celui qui expliquait
aux besoins de la population, et Jérusalem la lecture n'étaient pas ordinairement la
en eut jusqu'à 460, ou 480 : chaque cor même personne. L'assemblée se retirait '
poration, chaque nationalité, paraît avoir ensuite après avoir répondu par un amen
eu la sienne, cf. Act. 6,9. Les proseuques, solennel à la bénédiction donnée par un !
maisons de prière, ou oratoires, ne doi prêtre, 1 Cor. 14, 16. ,, ! " * !
vent pas être confondus avec les syna Les employés de la synagogue (officiers
gogues (v. Rilliet, Comment. sur l'Epître du culte) étaient : 1o le chef, ou 2gytavvg
aux Philippiens, Introd. p. 12. sq.); c'é- 76,yo;, qui exerçait en général'les fonc- '
taient des lieux de réunion , ordinaire tions de président, veillant à l'ordre, di-"
ment non couverts, et situés près d'une rigeant l'assemblée, et s'occupant de tout "
eau courante, à cause de l'habitude des ce qui concernait le culte, Luc 8, 49 13º
Juifs de se laver avant de faire leur priè 14. Marc 5, 35. Act. 13, 15. 18,8.17. C'é-ºl
re, Act. 16, 13. Il est probable que ces tait lui qui donnait la parole à ceux qu'il"
proseuques, premier et modeste essai de en jugeait capables, et aux étrangers "
culte des Juifs dispersés dans les centres dont on pouvait attendre de l'édificationº
païens, prirent souvent une consistance —2° Les anciens, Luc 7, 3., appelés aussi"º"
plus forte, et se changèrent avec le temps les principaux, Marc 5, 22. Act. 43, 155"!
en de véritables synagogues, tout en con et en hébreu les pasteurs, ou les prési
servant leur nom primitif. Les synago dents. Ils formaient, sous la présidence .
SYN 377 . SYR ^
du chef, un conseil de délibération, une d'exécuteur.v. Fouet. - º" " ! "
espèce de consistoire.—3° Le légat de l'E- Le mot grec synagogue est employé !
glise, son envoyé, qui faisait les prières, dans son sens étymologique pour dési- º
servait de secrétaire, et parfois de mes gner des assemblées chrétiennes, Hébr. :
sager au conseil des anciens ; sa charge 10, 25.Jacq. 2, 2. ' º ° º° º
n'est pas bien définie. — 4° Le bedeau ou V. encore les articles Ecoles, Liber-! "
marguillier, Luc 4, 20., qui ouvrait et fer tins, Satan, etc. | : t"
preté du local, prenait soin des livres du SYRACUSE, Act. 28, 12., célèbre ville '
culte, et peut-être quelquefois entonnait de la côte orientale de la Sicile : fondée
et dirigeait le chant. Il y avait pent-être par Archias de Corinthe, elle comprenait
aussi des collecteurs, chargés de réunir primitivement cinq villes qui, avec le
les aumônes de la congrégation en faveur temps, ne formèrent plus que cinq quar
des pauvres, mais ce n'est pas Matth. 6, tiers réunis par un mur d'enceinte de 180
2., qui suffirait à le prouver, et ce que stades de longueur (Strabon). Célèbre
les rabbins nous disent des synagogues c0mme berceau de Théocrite et comme
en général ne doit pas être entendu d'une tombeau d'Archimède, elle finit sous Au- !
manière absolue quant à l'antiquité des guste par n'être plus qu'une colonie ro
usages , les synagogues dont ils parlent maine. Saint Paul y aborda dans son
ne sont pas celles que l'on trouvait du voyage en Italie, et y demeura trois
temps de Jésus, et dans les jours des apô jours, Act. 28, 12. Siragossa n'est plus
tres; et sous le rapport des ornements maintenant, comparativement à son an
matériels, la beauté des descriptions qu'ils cienne grandeur, qu'un bourg qui s'ho
en donnent, contraste singulièrement avec nore de quelques ruines qu'on trouve
la simplicité qui caractérisait les lieux de dans son voisinage; il compte 14,500 ha
culte, dans les àges plus anciens et dans bitants, et ne possède aucun monument
les dernières années de Jérusalem.Ainsi m0derne.
l'on ne voit mentionnés, Matth.23,6, Jacq. SYRIE. Hérodote dit que c'est le nom
2, 3., que des siéges , c'était en quelque d'Assyrie, abrégé par les Grecs (7, 63);
sorte la partie constituante du matériel d'autres pensent que c'est une corrup
de la synagogue , les premiers étaient ré tion de l'hébreu Tsor, Tyr. Quoi qu'il en
servés aux anciens et aux scribes ; on soit, la Syrie est l'ancien Aram, passé en- '
peut croire cependant que même à cette tre les mains des Grecs et des Romains, "
époque il y avait en outre une espèce de avec ses incertitudes géographiques. Dans !
tribune, ou de siége plus élevé pour le les Apocryphes, ce nom désigne essentiel- º
président, et une armoire pour les saints lement le royaume des Séleucides, dont "
rouleaux de la loi.-Certaines peines dis Antioche était la capitale; dans le Nou
ciplinaires, et pour ainsi dire ecclésiasti veau Testament, la Syrie est une province "
ques, étaient subies dans les synagogues, romaine, qui comprenait la Phénicie, Act.
en particulier la flagellation, Matth. 40, 21, 3., et à laquelle, sauf de courts inter
17.23, 34. Marc 13, 9. Luc 12, 11. cf. 21, valles, la Judée se rattachait depuis six
12.Act. 22, 19. 26,11.2Cor. 11, 24.Mais ans avant la naissance de Christ. Si ce
autant le fait est constaté, autant les mo nom se rencontre quelquefois dans nos
tifs et les circonstances qui l'accompa traductions de l'Ancien Testament, il n'y
gnaient restent obscurs pour nous; selon a été introduit que par la substitution des
quelques auteurs, la flagellation, quarante noms nouveaux aux noms anciens, car
coups moins un, était une commutation l'original désigne uniformément la Syrie ,
de la peine capitale ; selon d'autres, elle et ses subdivisions par le nom d'Aram, '
remplaçaitl'excommunication pour les sa q. v. Les données des anciens géographes
vants et les étudiants , elle s'appliquait sur les limites de la Syrie, varient consi- .
dans les cas d'hérésie, ou de péché scan dérablement. Les limites les plus proba- .
daleux, v, Peines; l'un des fonctionnaires bles et les plus constantes seraient au
de la synagogue remplissait les fonctions nord le Taurus, à l'ouest la Méditerranée, .
SYR 378 SYR
au sud l'Egypte et les déserts de l'Arabie, la Syrie passa avec la Judée et la Phéni
à l'est des plaines arides et monotones cie sous la domination perse, puis sous
s'étendant jusqu'à l'Euphrate, la Phéni celle des Grecs au temps d'Alexandre,
cie et la Judée étant exceptées, et demeu 330 avant C. On se rappelle comment la
rant indépendantes à côté de ce puissant mort soudaine de ce conquérant, 323 av.
et redoutable voisinage. Au nord du Li C., fut l'occasion de luttes acharnées en
ban, des chaînes de montagnes couvrent tre ses généraux, comment la posses
en se ramifiant la partie haute du pays, et sion de la Syrie fut longtemps disputée,
vont s'abaissant d'un côté vers l'étroite comment enfin, après la bataille d'Ipsus
côte de la Phénicie, de l'autre vers les (301 av. C.), elle passa, moins la Cœlésy
vastes déserts qui se maintiennent long rie et la Palestine, sous le sceptre de Sé
tempS à une hauteur considérable avant leucus Nicator, qui l'occupait déjà depuis
de s'incliner vers l'Euphrate. Une vallée vingt ans comme gouverneur, avec : la
profonde sépare la Syrie occidentale et Mésopotamie, la Babylonie, et toutes les
maritime de la Syrie orientale et inté conquêtes orientales des armes macédo
rieure; elle est arrosée par l'Oronte qui, niennes. La Syrie proprement dite fut dès
prenant sa source dans la contrée du Li lors, pendant une période assez longue,
ban, court au nord-ouest et se jette dans le noyau d'une grande monarchie, qui re
la Méditerranée un peu au-dessous de Sé çut le nom des Séleucides ses maitres, et
leucie, après avoir baigné les murs d'An eut Antioche pour capitale. Les puissants
tioche; le Chrysorrhoas fertilise les en et rapides progrès de ce royaume (qui ne
virons de Damas, et ces deux fleuves, fé tarda pas à former des relations avec la
condant les prairies et les rendant propres Judée), et les premiers symptômes de sa
à l'élève des bestiaux, tempèrent en mê décadence, sont compris entre Séleucus,
me temps l'ardeur du climat, qui est doux son fondateur, et Antiochus III, dit le
et salubre. Les tremblements de terre et Grand(301-187 av. C.). Antiochus II avait
les nuées de sauterelles sont malheureu déjà perdu les Parthes (256), qui s'étaient
sement deux plaies qui, tour à tour, visi constitués en un royaume séparé; Antio
tent la Syrie, et mettent à néant les espé chus III, après avoir donné la Palestine
rances que ce beau pays serait par lui et la Cœlésyrie en dot à sa fille Cléopâtre,
même de nature à faire concevoir. épouse de Ptolémée V roi d'Egypte, suc
La Syrie a été de tout temps la grande comba dans la bataille de Magnésie (189),
voie de communication entre l'Orient et sous les armes romaines qu'il avait in
l'Occident, et Damas, le principal entre considérément provoquées, et dut aban
pôt du commerce entre les deux mondes. donner toutes les provinces situées en
Strabon divise la Syrie en un certain deçà du Taurus. Un grand nombre de
nombre de provinces, qui sont, en venant Juifs s'étaient déjà établis en Syrie, no
du nord, la Comagène, la Séleucie, la tamment à Antioche, où ils éprouvèrent,
Cœlésyrie, la Phénicie et la Judée; Pto comme en Palestine, la protection des
lémée en compte davantage, mais omet les maîtres du pays.
deux dernières. La Bible mentionne les La seconde période de l'histoire de ce
subdivisions suivantes, sans que rien in royaume va de Séleucus Philopator à Dé
dique qu'elles forment un tout complet: métrius Soter (187-151) : la Cœlésyrie et
Aram-Mahaca, c'est-à-dire les contrées la Palestine sont de nouveau provinces
voisines de l'Hermon, 2 Sam. 10, 6-8. syriennes; le cruel Antiochus Epiphanes
Deut. 3, 14.; Aram-Dammések (la Syrie (175) opprime les Juifs, et les pousse à
de Damas), 2 Sam. 8, 5. 6.; Aram-Beth cette résistance désespérée dont les Apo
Réhob, ou laSyrie dans la contrée du pas cryphes ont essayé d'esquisser le tableau,
sage (qui conduit à Hamath), 2 Sam. 10, La guerre de succession qui commence à
6-8.; Aram-Tsoba, ibid. ; etc. sa mort, finit par assurer la victoire aux
Quant à l'histoire de ce royaume jus patriotes juifs, qui érigent leur pays en
qu'à Alexandre le Grand, v. Aram, et une principauté libre, 4 Macc. 13. Les rois
Damas. Après la domination caldéenne, de Syrie la flattent et cherchent à se la
SYR 379 SYR
Cevoir que des chaloupes. Le danger est faciles à transporter, n'étant pas toujours
encore augmenté par les attérissements assurés de trouver pour la nuit un abri
qui changent de place, et par les écueils ou un gite hospitalier. Les patriarches
dont le milieu du golfe est semé , comme demeuraient dans des tentes, Gen. 13, 3.
la côte qui le borne. C'est dans la petite 12. 18, 1. 26, 25., et plusieurs expres
Syrte que le vent d'est poussa les vais sions du Pentateuque, qui n'ont pas dans
seaux d'Enée, v. aussi Horace, Od. I, 22, nos traductions la même valeur, sont em
5. On pense que c'est de la grande Syrte pruntées à la manière de planter, de dres
qu'il est questionAct. 27, 17.(où nos ver ser ou d'enlever les tentes. Elles étaient
sions ont traduit par bancs de sables), at d'abord couvertes de peaux; plus tard on
tendu que le navire de Paul étant dans le y substitua des couvertures de laine ou
voisinage de la Crète, pouvait craindre de poilde chameau, ordinairement noires,
d'être entraîné par le vent du nord vers ou du moins foncées, Cant. 1, 4.; celles
Ces dangereux bas-fonds. qui étaient tissées avec du poil de chèvre
passaient pour les meilleures contre la
T pluie; les chèvres de Cilicie fournissaient,
sous ce rapport, les matières les plus es
TABBAT, ville de Palestine, qui fut le timées, et l'on croit que c'est à faire des
terme de la fuite des Madianites, Jug. 7, étoffes de ce genre que s'occupait l'apô
22. Elle n'est connue que par cette men tre Paul de Tarse. La couverture, sup
tion. portée par une ou plusieurs perches, était
TABEAL, Es. 7, 6., père de l'homme assujettie dans la terre par des pieux, et
à qui les rois alliés de Syrie et d'Israël se fortement tendue. La forme des tentes de
proposaient de donner la couronne de l'Orient moderne , est ronde , ou ovale
Juda, après avoir détrôné Achaz. On sup comme la coque renversée d'un vaisseau ;
pOse, à cause du verset 5, et à cause des l'intérieur est divisé, par des rideaux ou
prétentions bien connues d'Ephraïm, que tapis, en trois compartiments, dont le
Tabéal était Ephraïmite, et quelques au premier est réservé aux animaux délicats
teurs pensent que son fils était l'ambi (les autres restent dehors), le second aux
tieux Zicri. hommes, le troisième aux femmes. Les
TABEEL. v. Bislam. riches avaient même pour les femmes, et
TABERNACLE. Ce mot qui a fini par spécialement pour les veuves, des tentes
prendre, dans notre langue, une signifi séparées, Gen. 24, 67. 31,33., comme Ies
cation, ou, pour ainsi dire, une couleur émirs de nos jours en Arabie. La pre
particulière, n'est autre que le mot latin mière division mème, au lieu d'être affec
qui signifie tente, et nous réunissons, tée au bétail, sert quelquefois de vesti
dans un même article, ce qu'il y a à dire bule chez les grands personnages, et de
sur les tentes des Hébreux, et sur les di chambre pour les gens de service. Le sol
Vers tabernacles dont il est parlé dans est garni de tapis ou de nattes, qui font,
l'Ecriture. la nuit, l'office de lits. L'ameublement
Les tentes sont le plus ancien système de ces tentes est toujours fort simple :
d'habitations que la civilisation ait donné une lampe pour éclairer l'intérieur, et un
aux hommes; comparées aux cavernes des tapis de cuir, coupé en rond, pour servir
hommes primitifs, elles sont le premier de nappe à l'occasion. Les villages no
pas vers le progrès, et les peuplades no mades campent ayant leurs tentes dispo-"
mades, les Arabes en particulier, en con sées circulairement, et gardées par de
servèrent l'usage longtemps après l'in gros et mauvais chiens (Arvieux). Il est
troduction d'un mode d'habitation plus parlé de villages semblables, Gen. 25, 16:
solide, Hab. 3, 7. Les soldats, les ber Es. 42, 11.: ce sont plutôt des campeº
meIltS. • • • " ,
raël s'assemblait dans le désert pour le sa largeur de 40 (21 m, 60).' Par dessus
service divin, était une grande tente mo ce premier voile s'étendait, pour le pré
bile, garantie des injures du temps par plu server de la pluie, une tenture en poils de
sieurs couvertures que Moïse construisit chèvre, ayant 30 coudées de long, et 44
d'après le modèle que Dieu lui-même lui de large; puis une troisième couverture
en avait donné sur le Sinaï, Hébr. 8, 5. en peaux de moutons teintes en rouge,
Ex. 25-27, surtout 26, 15-30. et 36, 3.sq. et enfin une quatrième, couleur de terre,
Le tabernacle était un rectangle dont de peaux de blaireaux, ou taissons, q.'v.
la largeur et la longueur étaient entre Les deux premiers tapis étaient fixés au
elles comme 8 à 20; il était fermé de trois tabernacle par des crochets ou agrafes
côtés, au nord, au sud, et à l'ouest, par d'or; les autres couvertures étaient su
des ais d'acacia couverts de lames d'or, perposées, et n'avaient d'autre but que
avec des bases d'airain, hauts de 10 cou de protéger les premières contre les in
dées, larges de 1 coudée 112, emboîtés tempéries de l'air. On y a vu cependant
l'un dans l'autre par deux tenons, l'un en un type, la protection dont Christ couvre
haut, l'autre en bas, et portés par deux son Eglise, Christ aux enfers, Christ sur
bases l'une supérieure, l'autre intérieure, la croix, et Christ dans la gloire, succes
où il y avait deux mortaises dans les sivement figuré par la couleur de terre,
quelles ils s'emboîtaient : pour soutenir par le rouge, et par le bleu ; ou encore
le tout, comme le tabernacle devait être Christ (le rouge) servant d'intermédiaire
souvent démonté et remonté, il y avait entre Dieu et la terre, le bleu et le tais
à chaque ais cinq anneaux d'or à égales son. L'intérieur du tabernacle était divisé
distances, dans lesquels on passait cinq en deux compartiments, le lieu saint, long
bâtons de bois d'acacia, plaqués en or. La de 20 coudées, et au fond le saint des
longueur du tabernacle était de 30 cou saints, long, large, et haut de 10 (5", 40),
dées (vingt ais de 1 coudée 112) 16 m, 20; séparé du lieu saint par un voile de pour
sa largeur de 12 (huit ais de 1 112)6m,48: pre, orné de figures de chérubins, sup
l'intérieur n'avait que 10 coudées de lar porté par quatre piliers d'acacia plaqués
ge, 15", 40., soit que l'on admette avec en or. Le lieu saint contenait la table des
Baehr que l'épaisseur des ais fût de 1 pains de proposition, le chandelier d'or,
coudée, ce qui n'aurait pas rendu le ta et l'autel des parfums; dans le saint des
bernacle très portatif, soit que les ais du saintsétaitl'arche del'alliance.(Monfrère
plus petit côté fussent posés horizontale le pasteur J. Bost, de La Force, a recon
lement , et protégeassent par une saillie struit d'après les données bibliques, et en
de 1 coudée de chaque côté les coins du réduisant la coudée à 1 centimètre, le plan
tabernacle, v. Ex. 26, 24. L'entrée, tour complet du tabernacle, avec tous ses ac
née vers l'orient, se fermait par un ma cessoires, couleurs, boiseries, tentures,
gnifique voile ou tapis de fin lin, teint en etc. C'est la meilleure manière de se for
pourpre, et brodé, attaché par des an mer une idée exacte et précise de ce mo
neaux d'or à cinq colonnes de bois pla nument du mosaïsme Il serait utile de le
quées d'or. reproduire, et peut-être sur une échelle
· Le tabernacle n'avait aucun jour; d'é- un peu plus grande. Je crois qu'on pour
· paisses tentures le recouvraient de toutes rait, malgré quelques difficultés d'exécu
parts; la première de ces draperies, celle tion, faire un travail analogue pour le
de dessous, était la plus précieuse; c'était temple de Salomon.)
un tapis de fin coton retors, bleu foncé, Le tabernacle était entouré d'une gran
pourpre, et cramoisi, semé de figures de cour, le parvis des lévites et des sa
de chérubins ; il garnissait l'intérieur du crificateurs, qui seuls avaient le droit d'y
tabernacle, et retombait des deux côtés entrer. Ce parvis avait 100 coudées de
jusqu'à environ une coudée du sol; il n'é- long, et 50 de large ; il était fermé par
tait visible au dehors que du côté de l'o- des courtines de fin coton retors, attachées
rient, fermant l'entrée du sanctuaire; sa à des colonnes, 20 dans la longueur, 15
longueur était de 28 coudées (15", 12), dans le fond : quatre piliers avec leurs
TAB 882 TAB
sont indiqués dans les passages ci-dessus, du Tabor, entre les collines qui l'entou
on devait prendre des fruits des plus rent, sont plusieurs vallons boisés où se
beaux arbres, des branches de citroniers, tiennent des panthères et des sangliers :
de palmiers ou de saules (d'où son nom non loin de là, vers le sud, s'élève le petit
de fête des palmes), des rameaux d'arbres Hermon. Le Tabor formait la limite des
branchus, et les porter en signe de ré tribus d'lssacar et de Zabulon, Jos. 19,
jouissance, Lév. 23, 40.Les Juifs du temps 22. cf. Jug. 4, 6. 12. 14. Il s'élevait au
de notre Seigneur chantaient aussi dans centre de la Galilée, entre la plaine de
ces jours-là, des cantiques entremêlés Jizréhel et Scythopolis, à 5 stades du
d'Hosannas (sauve, je te prie !). La tra Jourdain, à deux journées de Jérusalem,
dition ajoute que, depuis l'exil, les Juifs à 11 kilom.sud-est de Nazareth.Les voya
allaient, pendant les jours de cette fête, geurs s'accordent dans les éloges qu'ils
puiser de l'eau à la fontaine de Siloé, et font de son aspect enchanteur, de la ma
qu'ils venaient en faire aspersion dans le gnificence du spectacle que l'on découvre
· temple, en chantant les paroles de Es. 12 : de son sommet. Il en est parlé plusieurs
Vous puiserez de l'eau avec joie des sour fois dans l'Ancien Testament, Jér. 46, 18.
ces de cette délivrance; peut-être le pas Os. 5, 1. Ps. 89, 12. La tradition ajoute
sage Jean 7, 37., renferme-t-il une allu que c'est la montagne sainte, 2 Pierre 1,
sion à cette coutume. — La fête commen 18., sur laquelle a eu lieu la transfigura
çait au milieu du septième mois (tisri), le tion, Matth. 17, Marc 9. Les catholiques et
quinzième jour après la nouvelle lune de les Grecs y célèbrent encore aujourd'hui
septembre ; les travaux de la campagne une espèce d'anniversaire de ce mer
étaient finis, et la fraîcheur de la saison veilleux événement ; mais cette tradition
n'était pas encore assez sensible pour ne repose sur aucun fondement sérieux.
rendre incommode ou désagréable le sé — La ville de Tabor, ou Kisloth-Tabor,
jour des pavillons de feuillage. 1 Chr. 6, 77. Jos. 19, 12. 22., appartenait
TABlTHA. v. Dorcas. à Zabulon, et fut donnée aux Mérarites ;
TABLES de proposition. v. Pain. on ne la connaît pas autrement.
TABOR, ouThabor, aujourd'hui Djebel TABRIMON, 1 Rois 15, 18. v. Hezjon.
Tor, belle et grande montagne calcaire, TACHPENES, reine d'Egypte, femme
entièrement isolée, qui s'élève comme un de Pharaon, contemporaine de David,
cône tronqué, à environ 1,000 mètres au n'est connue que pour avoir élevé un fils
dessus du niveau de la mer, et à 366 mè de sa sœur, femme de Hadad l'Iduméen.
tres au-dessus du niveau de la plaine de On ignore si cette adoption, qui rappelle
Jizréhel, au nord-est de laquelle elle est celle de Moïse, fut dictée par l'amour
située. Ses flancs uniformes et rapides d'une tante, ou par la politique : ce der
sont, grâces à d'abondantes rosées, ferti nier cas serait beaucoup plus probable,
les jusqu'au sommet, et sont aujourd'hui par le fait même que cette mention n'au
couverts en partie de bois de chênes et rait aucune importance s'il ne s'agissait
de listachiers, en partie de bons pâtura que d'une affaire de famille; 1 Rois 11, 19.
ges, semés de mille fleurs. Le sommet, TADMOR, ou Thadmor (palmier), en
souvent garni de nuages au matin, est grec Palmyre, ville du désert syrien, que
plat et a une demi-lieue de circonférence ; Salomon fit bâtir (ou agrandir) et forti
on y trouve les ruines d'une muraille qui fier, comme un boulevard contre les inva
en faisait le tour, d'une forteresse, et sions des Syriens et des Arabes, 2 Chr.
de deux églises, constructions qui datent 8, 4. 1 Rois 9, 18. Elle était située dans
1 probablement du temps des croisades. La une oasis, qui devint dès lors non-seule
vue s'étend au loin sur les montagnes de ment un lieu de repos, mais un lieu de
la Samarie ; on voit le Carmel, les monts protection pour les marchands qui se
de Guilboah, Basan, l'Hermon, et les mon rendaient d'Orient à Damas par la grande
tagnes de la Galilée, la Méditerranée, le route des caravanes.Ses ruines, à 268 kil.
Kison, la plaine de Jizréhel, et selon quel nord-est de Damas, sont au nombre des
ques auteurs, le lac de Tibériade. Au pied plus vastes et des plus magnifiques que
TAI 384 TAL
l'on connaisse ; elles ont été éloquem de mouton teinte en rouge. D'autres in
ment décrites par Volney. terprètes entendent ce mot d'un animal,
TAHANAK, ville cananéenne située et l'emploi du pluriel le rendrait vraisem
en-deçà du Jourdain, non loin de Mé blable, mais ils ne sont pas d'accord sur
guiddo; elle fut donnée à la tribu de Ma la nature de cet animal. La traduction du
nassé, qui à SOn tour dut la céder aux Lé rabbin Salomon, adoptée par Luther, et
vites, Jos. 12, 21. 17, 11. 21, 25. Jug. 5, appuyée par une ressemblance de nom
19. Les Cananéens continuèrent de l'ha (allemand, Dachs), doit être abandonnée:
biter pendant la période des juges (1, quelques-uns pensent à une espèce de sy
27.); mais elle apparaît sous Salomon rène, le trichechus manatus de Linnée,
comme entièrement conquise, 1 Rois 4, d'autres à une espèce de chien marin, le
12. phoca vitulina, très abondant dans la mer
TAHANATH-SILO, Jos. 16, 6., ville Rouge, et dont la peau, qui passait pour
des frontières d'Ephraïm, située, d'après écarter la foudre, servait souvent à faire
Eusèbe, à 10 milles est de Sichem, vers des tentes; mais cette peau est trop rude
le Jourdain. pour qu'on puisse en offrir des souliers
TAISSON. C'est le mot par lequel Mar de luxe à une femme ; d'autres pensent à
tin a rendu dans nos versions l'hébreu une espèce de rat (Iltis, v. Bochart); d'au
thachash, Ex. 25, 5. 26, 14. 35, 23. 36, tres enfin, sur les traces de Rüppel, à un
19. 39, 34. Ostervald traduit, avec les Sep animal nommé dugong, qu'il a trouvé en
tante, par peaux de couleur hyacinthe ; Afrique, et auquel, dans la persuasion où
Sacy, par violet; Luther a peaux de blai était ce savant que c'est là le vrai tha
reau ; les versions varient beaucoup, et chash, il a donné le nom de halicorus ta
l'on a peu de chances de trouver la signi bernaculi : mais il faut attendre de nou
fication exacte de ce m0t. Le contexte veaux renseignements avant de se pro
n'est pas d'un grand secours ; il s'agit de noncer sur l'identité de cet animal qui
la quatrième couverture du tabernacle, doit appartenir à l'espèce syrène.
de celle qui recouvrait et cacbait les au TALlON. Les lois égyptiennes, comme
tres : si l'on s'attache à l'idée qu'elle de les lois de tous les anciens peuples, jus
vait servir à protéger les autres contre qu'aux Grecs et aux Romains, jusqu'aux
les intempéries de l'air, on penche vers lois ecclésiastiques et canoniques, admet
l'opinion qui fait de cette couverture taient la loi du talion, au moins en prin
quelque chose de grossier, mais de soli cipe, et très souvent dans l'application.
de : si l'on s'attache au contraire à l'idée Moïse l'a également conservée dans sa lé
que c'était une couverture extérieure, et gislation, mais en l'adoucissant, en la
par conséquent, la seule visible, du ta restreignant au meurtre, aux lésions cor
bernacle, on penche vers l'opinion qui en porelles des hommes libres, et au cas de
fait un ornement, un objet de luxe. D'a- faux témoignage, et en en plaçant l'exer
près Nomb.4, 6.8.10., où l'on voit les cice entre les mains, non de l offensé,
vases sacrés enveloppés pour le voyage mais des juges. Cette loi, dit saint Au
dans des peaux de thachash, il semble de gustin, est la justice d'hommes injustes.
nouveau que ce ne devaient être que des Notre Seigneur l'a solennellement con
couvertures solides , puis, Ez. 16, 10. (où damnée, Matth. 5, 38., et le christianisme
Martin a adopté la traduction hyacinthe), seul pouvait venir à bout de remplacer la
on voit qu'on en faisait des chaussures vengeance par le pardon , car si le talion,
précieuses. - La plupart des anciens in quant à l'offenseur, n'est que la justice
terprètes voient dans thachash une cou sous sa forme la plus simple, quant à
leur, les Septante l'hyacinthe, le syriaque l'offensé, ce n'est autre chose que la ven
et le caldéen une nuance entre le pour geance sous sa forme la plus hideuse ; ce
pre et l'écarlate, l'arabe le noir ou le bleu n'est pas une peine moralisante, ce n'est
foncé , couleur du dauphin ; Niebuhr ra pas une garantie pour la sécurité publi
conte qu'un juif d'Arabie lui a dit que le que, ce n'est pas une satisfaction donnée
thachash n'était autre chose qu'une peau à la morale ou à l'opinion publique, c'est
TAM 385 TAR -
TAUPE. Cet animal paraît désigné par TELABIB (du blé nouveau), sur le
le nom de hholed, il est rangé, Lév. 11, Chaboras en Mésopotamie : une colonie
30., au nombre des animaux impurs. Il de Juifs y était établie, Ez. 3, 15. C'est
ne s'agit pas là cependant de notre taupe peut-ètre le Thalaban de la carte de d'An
européenne, quoique celle-ci se trouve ville.
aussi en Syrie, mais de la taupe asiatique, TÉLAJIM (agneaux), 1 Sam. 15, 4., non
spalax microphthalmus, qui a les paupiè loin de la frontière hamalécite, peut-être
res entièrement fermées.Elle creuse dans le même endroit que Télem, Jos. 15, 24.,
la terre des galeries horizontales, rejette qui appartenait à Juda vers Edom.
au-dehors des taupinières, comme nos TELAZAR, ou Thélassar,2 Rois 19, 12.
taupes, et se nourrit surtout de plantes Es. 37, 12., province inconnue, placée
aromatiques à fortes odeurs. — Luther et sous la domination assyrienne. On com
d'autres commentateurs ont encore tra pare ce nom avec celui d'Ellasar, Gen. 14,
duit par taupes les mots thinshèmeth, 1. 9., qui se trouve en connexion avec
Lév. 11, 30. v. Lézard., et hheparpéroth, Elam et Sinhar, et que le Targum de Jo
Es. 2, 20.(d'après Jérôme et Théodotion); nathan a rendu par Thelassar; la version
Gesenius entend par ce dernier mot, des arabe le rend par Arménie. Dans la ver
rats, Hitzig , des moineaux : Winer, d'a- sion de Luther, Judith 1, 6., le roi Arioc
près l'étymologie, traduirait d'une ma Ellasar est fait seigneur de Ragau (Ra
nière générale : des animaux qui creusent gès), dans les Septante, il est roi des Ely
la terre (pour y chercher leur nourritu méens (Elam), et dans la Vulgate, rex Eli
re); la traduction qui donnerait le meil corum.Toutes les notices indiquent donc
leur sens, est celle qui s'attache à la lan d'une manière générale un pays situé
gue arabe : « dans des trous de souris. » vers la mer Caspienne, au nord de la Mé
TÉBETS, ville du centre de la Pales die.
tine, située non loin de Sichem, Jug. 9, TELHARSA et Telmélah, Esd. 2 , 52.
50.2 Sam. 11, 21. On en trouvait encore 59. Néh. 7, 61., villes inconnues de la
les restes au temps d'Eusèbe. Babylonie.
TÉHINNA, de la tribu de Juda, des TEMOINS. La loi de Moïse avait con
cendant de Pharez, n'est connu que com sacré et reconnu l'importance et la né
me fondateur de Hirnahas en Juda, 1 Chr. cessité du témoignage oculaire en matiè
4, 12. re pénale ou criminelle, et dans la pra
TEIGNE, Luc 12, 33. L'hébreu et le tique de la vie ordinaire, des témoins
grec désignent souvent le même insecte, étaient fréquemment appelés dans les cas
que nos versions traduisent tantôt par où chez nous la signature et le cachet
teigne, tantôt par ver ou par vermisseau, suffisent. La condamnation d'un homme
Job 4, 19. 13, 28. Es. 50, 9. 51, 8. cf. accusé de meurtre ne pouvait avoir lieu
Matth, 6, 19. Il s'agit probablement dans que sur l'accusation de deux ou de trois
ces passages de la phalaena tinea sarti témoins, Nomb. 35, 30. Deut. 17, 6. cf.
cella, de ce ver qui ronge les vêtements Hébr. 10, 28. Et en général pour tout
de laine, et qui est si universellement crime ou délit, ce nombre de témoins de
connu et redouté. vaient être entendus , Deut. 19, 1 5- cf.
TEKOAH (son de la trompette), ville Matth. 18, 16. 1 Tim. 5, 19. Jean 8, 17.
située au sud-est de Bethléem , sur le Les témoins devaient être Israélites ,
sommet d'une montagne (Jér. 6, 1.)allon hommes, et libres : les femmes, les en
gée, sur laquelle se voient encore des rui fants, les étrangers, les esclaves ne pou
TEM 389 TEM
vaient témoigner. Les témoins, cités de été dit ailleurs, nous paraissent devoir
vant le juge, étaient assermentés , et ne être conciliés ; l'Eglise rendra témoigna
pouvaient se refuser à porter témoignage, ge pendant toute la durée de la lutte, et
Lév. 5, 1.; et afin qu'il sentissent dans quand l'Antichrist personnel viendra ré
tous les cas la gravité de leurs paroles, sumer toute la haine du monde contre
pour qu'ils fussent solennellement res Christ, deux témoins, personnels aussi,
ponsables du sang versé sur leur décla résumeront par leur mort la fidélité de
ration, ils devaient mettre la main sur la l'Eglise, et par leur résurrection, la puis
tète de l'accusé, et lui jeter la première sance et la fidélité de Jésus, le chef de
pierre s'il était condamné, Deut. 17, 7. l'Eglise.
cf. Jean 8, 7. Act. 7, 58. Celui qui avait TEMPÉRATURE. Le climat de la Pa
sciemment porté un faux témoignage, et lestine, comme celui de tous les pays qui
chargé un innocent, était puni avec toute s'étendent sur plusieurs degrés de lati
la rigueur du talion, et subissait la peine tude, et qui renferment des hauteurs et
qu'avait encourue et peut-être subie sa des vallées, des montagnes et des côtes
victime, Deut. 19, 16. Ces précautions, le maritimes, est extrêmement varié ; dans
serment, l'exécution, le talion, cf. encore les vallons et les plaines, il est chaud en
Ex. 23, 1., n'étaient que des mesures ex été, doux en hiver : sur les montagnes, il
térieures ; elles n'avaient de garantie que est doux en été, rude en hiver. En géné
, dans la conscience des individus ; là où ral, cependant, on peut dire que la tempé
. cette conscience manquait, les mesures rature est modérée, et plus règulière que
étaient inefficaces, et dès les temps de la chez nous. Arago, dans l'Annuaire du
royauté, lorsque la piété était sur son dé Bureau des Longitudes de 1834, compte
clin, on vit souvent les témoins se faire que la température moyenne du Caire
un jeu de leur parole et de leur serment, étant de 22°, celle de Jérusalem qui est
Prov. 6, 19. 12, 17. 14, 5. 19, 5. 24, 28. située à 2° plus au nord doit être de 21°
Ps. 27, 12. On voit enfin par Ruth 4, 9. environ, et les observations la portent
Jér. 32, 10., que même en dehors des en effet à 21 1/2°. Il en résulterait que
questions judiciaires, le témoignage était depuis trois mille trois cents ans le cli
employé pour la conclusion d'affaires par mat de la Palestine n'a pas beaucoup
ticulières, contrats, ventes, etc. Le Tal changé, car la culture de l'orge ne com
mud renferme encore beaucoup de dé porterait pas une chaleur de plus de 23°
tails secondaires qui ne sont pas men 25° en moyenne, et la limite inférieure
tionnés dans la Bible, sur la qualité des est fixée par la production de l'arbre à
témoins, les peines des faux témoins, les baume, qu'on trouvait à Jérico, et qui
épreuves auxquelles ceux-ci étaient sou exige une température d'au moins 21°
mis, etc. 22°. En outre les Juifs célébraient la fête
Les deux témoins de l'Apocalypse, 11, des Tabernacles après la vendange , en
3-10., sont expliqués dans chaque systè octobre, et de nos jours c'est encore à la
me d'après l'analogie du système. ll y en fin de septembre, ou au commencement
a deux, parce que le Seigneur envoie tou d'octobre, qu'on cueille le raisin dans la
jours ses serviteurs deux à deux pour se contrée de Jérusalem. La moisson se fai
fortifier mutuellement, Moïse et Aaron, sait anciennement entre la mi-avril et
Elie et Elisée, Zorobabel et Jéhosuah, etc.; la fin de mai, et des voyageurs modernes
et aussi parce que,toute parole sera con ont vu les épis déjà mûrs en avril dans le
firmée par la bouche de deux ou de trois midi de la Palestine, le 13 mai aux envi
témoins. Ils représentent l'Eglise fidèle rons de Saint-Jean-d'Acre. En Egypte,
en général, pendant les 1260 ans du règne où le climat est un peu plus chaud, on
de l'Antichrist (Guers), et spécialement coupe les blés vers la fin d'avril et au
les Vaudois et les Albigeois (Digby) : ce commencement de mai. La chaleur qui
seront deux individus (Newton, Pensées), devrait être insupportable en été, d'après
et probablement Moïse et Elie, ou Enoch la latitude de la Palestine, puisqu'en juin,
et Elie. Les deux systèmes, ainsi qu'il a à midi, le soleil n'est qu'à 9° ou 10° du
TEM 390 TEM
zénith, est considérablement combattue cent. C'est le temps de la moisson, Le
par la brièveté des jours. Le plus long tonnerre et la grêle ne sont pas rares en
jour d'été n'a que 14 heures 12 minutes, mai. Dans les trois mois suivants, la cha
le soleil se levant vers 5 heures, et se leur devient souvent insupportable, les
couchant déjà vers 7 heures du soir. Le nuits même sont ardentes, et beaucoup
plus court jour d'hiver a encore 9 heu de ruisseaux tarissent. Septembre pré
res 48 minutes. L'année se divise en deux pare le retour de l'hiver.
saisons, la pluie et le beau temps, l'hiver TEMPLE. Ce mot qui, dans le Nouveau
et l'été. L'hiver commence en octobre et Testament et dans quelques passages de
finit en avril : des pluies presque conti l'Ancien, se prend dans un sens spiri
nuelles le caractérisent, parfois aussi de tuel, pour désigner tantôt l'Église de Jé
la grêle, ou de la neige pendant les plus sus-Christ, 2 Thess. 2, 4 Apoc. 3, 12.,
grands froids, en janvier et en février ; tantôt le ciel, Ps. 11, 4. (mal trad. palais),
mais cette neige, comme les glaces de la Apoc. 7, 15., tantôt l'âme du croyant,
nuit, se fond ordinairement pendant le 1 Cor. 3, 16. 6, 19., signifie génèrale
jour ; cf. Esd. 10, 9. Le froid n'est jamais ment un lieu de culte consacré au ser
excessif, mais il est suffisant pour que vice d'une divinité quelconque. On trouve
les personnes qui le peuvent, s'en garan mentionnés dans l'Écriture les temples
tissent encore quelquefois par des feux païens, de Dagon à Gaza, Jug. 16, 23.;
de cheminée, ou des brasiers, Jér. 36, 22. de Dagon à Asdod,"1 Sam. 5, 1.2. cf .
La mention faite de l'hiver, Math. 24, 1 Macc. 10, 84.; de Bahal à Samarie,
1 Rois 16, 32.; le temple de Hastaroth,
20., se rapporte plus au mauvais état des
chemins qu'à l'idée du froid. L'hiver légal, 1 Sam. 31, 10.; celui de Rimmon, 2 Rois
tel qu'on pouvait l'entendre pour les con 5, 18.; celui de Nisroc à Ninive, Es. 37,
trats, loyers, etc., allait, d'après le Tal 38.; ceux de Kémos et de Molec, 1 Rois,
mud, depuis la fête des Tabernacles jus 11, 7.; le temple de Babylone , Dan. 1,
· qu'à Pàques. L'été comprenait le reste de 2.; ceux du veau d'or à Dan et à Béthel,
l'année , une chaleur toujours croissante, 1 Rois 12, 28. sq. (d'après Josèphe, on
un ciel pur et sans nuages, d'abondantes aurait encore trouvé les restes du temple
rosées pendant la nuit, des orages, mais de Dan près du petit Jourdain); le tem
très rares, cf. Prov. 26, 1. 1 Sam. 12, ple de Diane à Ephèse, Actes 19, 27.
17., sont dans tout l'Orient, et dans la enfin le temple des Samaritains à Guéri
Palestine en particulier, les caractères de zim , 2 Macc. 6, 2. cf. 5, 23.; celui de
la bonne saison. C'est à la fin d'octobre, Nanéa, 2 Macc. 1, 13., et celui de Bel.
lorsque les jours étant encore agréables, Hist. de Bel et du dragon, 1, 9. Mais le
les nuits commencent à devenir froides, plus célèbre de tous, sans contredit, ce
que surviennent les pluies de la première lui dont le nom revient le plus souvent
saison, Deut. 11, 14. Jér. 3,3.5,24.; elles dans les Écritures, celui dont nous avons
augmentent en novembre, le mois des aussi plus spécialement à nous occuper,
semailles, et, en décembre, elles devien c'est le temple de Jérusalem, ordinaire
nent toujours plus fortes et plus abon ment désigné sous le nom de temple de
dantes, se changent quelquefois en neige Salomon, son premier fondateur. Dans
dans le mois de janvier, mais laissent l'Ecriture, il est aussi appelé maison de
apercevoir déjà en février l'approche du Dieu, Esd. 5, 13.16. Eccl. 5, 4.; mais0n
printemps. Dès lors, jusqu'à la mi-avril, de l'Eternel , sanctuaire, 1 Chr. 22, 19.;
c'est la pluie dite de la dernière saison, temple de l'Eternel, Esd. 3, 6. Jér. 7, 4.;
cf. Jacq. 5, 7., qui vient féconder la terre; tabernacle du Seigneur, Apoc. 21, 3.d.
la chaleur devient plus sensible, mais les Ps. 76, 2.; palais de la sainteté de l'Eler
nuits sont encore froides, cf. Jean 18, 18. nel, Ps. 5.7. 138, 2. cf. Jon. 2, 8. (Le
Quelques orages épurent l'atmosphère. mot de temple, ou maison de l'Eternel,
Vers la fin d'avril, le ciel achève de se est même employé par les auteurs Sacres
découvrir presque entièrement; l'air de pour désigner le tabernacle à une ép0que
vient sec et chaud, les rosées commen où les Hébreux n'avaient pas encore de
TEM 391 TEM
temple à Jérusalem, Ex. 23, 19. Jos. 6, il fait reculer l'autel d'airain, il ôte la
24., 1 Sam. 1, 24.) mer d'airain de dessus les bœufs qui la
Avant d'en esssyer la description, il supportent, il enlève les cuviers d'airain,
convient de retracer rapidement les dif brise les vases sacrés, supprime la tri
férentes phases de son histoire : les faits bune du roi, et finit par faire fermer le
étant à leur place, on pourra mieux se temple, 726 avant C., 2 Chr. 28, 21.
rendre compte de la valeur des témoi 2 Rois 16, 10. ; — en 726, Ezéchias rou
gnages qui se rapportent à l'architecture vre le temple et le répare, 2 Chr. 29, 3 ;
du temple, on ne confondra pas, comme puis, en 713, pour payer Sanchérib, il le
l'ont fait quelques auteurs , le passé, le dépouille de nouveau, 2 Rois 18, 15.; on
présent et le futur, et l'on trouvera la clef croit qu'il le rétablit plus tard; — Ma
des différences , et même des contradic nassé profane le temple et y met des ido
tions apparentes, qui se trouvent dans les les, 2 Rois 21, sq. 2 Chr. 33 , 5-15. ;
récits des historiens sacrès, relativement mais, à son retour de la captivité (676),
aux ornements, à la disposition, et aux il répare le mal qu'il a fait , et retourne
dimensions du temple. au culte du vrai Dieu ; — en 624, Josias
David en eut la première idée, mais il travaille à rétablir et à restaurer le tem
ne lui fut pas donné de l'exécuter : Dieu ple, 2 Rois 22, 2 Chr. 34 et 35; — Né
lui permit seulement de tout préparer bucadnetsar le pille, le dépouille, en fait
pour cette construation, matériaux et ou enlever les vases et les trésors, d'abord
vriers , 2 Sam. 7; 1 Chr. 17; 18, 1-8.; sous Jéhojakim, puis sous Jéhojachin, et
quel que fût le rôle que Dieu avait assi enfin le ruine complétement sous Sédé
gné à la guerre dans les rapports d'Israël cias, en 588, 2 Chr. 36, 6. 10. 18. 2 Rois
avec les autres peuples, il la déclarait ce 25.; — le temple reste abandonné et en
pendant lui-même inconciliable avec l'é- ruines pendant cinquante-deux ans, jus
dification de son Eglise. Un prince paci qu'à la première année de Cyrus, qui en
fique pouvait seul ériger un temple au autorise la reconstruction (536), 2 Chr.
Dieu de paix : ce fut l'œuvre de Salomon. 36, 23. Esd. 1, 2. : c'est dans cet inter
Il jeta les fondements du temple 1012 ans valle, entre la ruine du premier temple
avant C., l'an 2994 du monde, au second et l'édification du second, que se place la
mois (zif) : l'ouvrage fut achevé l'an description prophétique d'Ezéchiel , 40
1006, et la dédicace eut lieu l'année sui 48 ; — en 535, Jésuah et Zorobabel jet
vante, 1005 avant C., après sept années tent les fondements du second temple,
de travail, 1 Rois 6, 38., la onzième an mais l'année suivante , 534, les travaux
née du règne de Salomon. Des ouvriers sont interrompus par ordre supérieur,
étrangers, spécialement des Phéniciens Esd. 3 et 4. ; — en 519, sous Darius fils
fournis par le roi Hiram de Tyr, furent d'Hystaspe , les travaux de reconstruc
presque exclusivement chargés de cette tion sont repris; le second temple, ou
construction ; ils apportèrent avec eux du temple de Zorobabel, est achevé et con
bois du Liban, 1 Rois 5, 18. sacré en 515, Esd. 6, 15. ; — il est pro
Depuis sa solennelle consécration, le fané par Antiochus Epiphanes qui le pille
temple eut à subir diverses révolutions : et le consacre aux idoles, 1 Macc. 1, 23,
en 971 avant C., Sisak, roi d'Egypte, en 49.4, 38.2 Macc. 6,2-5. (175-163): Judas
lève les trésors qui y sont renfermés , Maccabée, après l'expulsion des Syriens,
1 Rois 14, 26. 2 Chr. 12, 9.;—de 858 à l'an 165 , le rétablit, le purifie, le res
856, Joas le répare et y fait de nouveau taure, et y ajoute un grand nombre d'or
amasser de l'argent, 2 Rois 12, 7.2 Chr. nements nouveaux, 1 Macc. 4, 43.2 Macc.
· 24, 8. ( Hatalie et la famille d'Achab 1, 18. 10, 3.; le temple est même forti
avaient achevé l'œuvre de Sisak, 2 Chr. fié de divers côtés pour être mis à l'abri
24, 7.);-en 740, Achaz dépouille le tem de nouvelles attaques et de profanations
ple pour payer des alliés païens, le roiultérieures, 1 Macc. 4, 60. 6, 7. cf. 13,
d'Assyrie, qui le trompe ; il y place un 53.; — plus tard, Alexandre Jannée, 106
autel sur le modèle de celui de Damas ; avant C., sépare le parvis des prêtr# du
TEM 392 TEM
parvis extérieur ; — Pompée, 63, arrose ment, nous nous bornerons à rassembler
de sang les parvis, profane le saint lieu, les détails historiques qui peuvent servir
pénètre même dans le lieu très saint , de guide pour la construction du plan de
mais laisse intact le trésor : — en 37, ces trois temples.
lorsque Hérode le Grand s'empare de TEMPLE DE sALoMoN.
Jérusalem , le temple éprouve de nom Il s'élevait sur le haut de la colline de
breux dommages : quelques-unes de ses Morija, 2 Chr. 3, 1 . : cela n'est dit ex
cours et de ses galeries sont dévastées ; pressément que dans ce seul passage,
— Hérode, qui veut plaire aux Juifs et tandis qu'en plusieurs autres il est parlé,
qui trouve le temple de Zorobabel trop mais d'une manière, ou vague, ou poéti
mesquin pour sa royale résidence, le re que, du mont de Sion comme étant la
bâtit à neuf, au moins dans quelques-unes montagne de l'Eternel : le passage cité
de ses parties : les travaux sont commen est, dans tous les cas, formel, et il a pour
cés 13 ans avant Christ , selon d'autres but spécial de désigner l'emplacement. Vu
20 Ou 21 ans avant l'ère chrétienne, 46 la grandeur du temple et de ses abords, il
ans avant la première pâque de Christ, fallut commencer par déblayer et niveler
Jean 2, 20. Le temple fut achevé en un le terrain : lorsqu'on eut ainsi créé sur le
an et demi, les parvis en huit ans : mais Sommet de la montagne une plaine artifi
on continua d'y travailler pour l'embellir cielle, on dut, pour la maintenir et la ren
et en mieux terminer les détails. Le tem dre capable de supporter le poids énorme
ple d'Hérode, ou troisième temple, sub dont elle devait être chargée, l'entourer
sista soixante-dix-sept ans, jusqu'en l'an d'épaisses murailles de revêtement, faites
73 de Jésus-Christ : Josèphe en a laissé avec les pierres de taille que l'on trouvait
une description détaillée. en abondance dans la vallée; ces travaux
On connaît les nombreux essais que furent surtout importants sur le côté
l'on a faits pour reconstruire, au moyen oriental : Josèphe dit même que Salomon
des indications que nous ont données les ne fit fortifier ainsi que le flanc est de
historiens sacrés et Josèphe, le plan du Morija, et que les autres côtés ne furent
célèbre temple de Jérusalem : on connaît construits qu'au fur et à mesure que le
les travaux du doyen Prideaux , et les besoin s'en fit sentir, Guer. des Juifs 5,
trois in-folio du savant jésuite Villal 5, 1.; mais dans un autre passage il at
pande (mort le 22 mai 1608) sur ce su tribue tous ces travaux à Salomon, Ant.
jet : il est peu d'auteurs qui n'aient es 15, 11, 3. L'Ecriture se tait entièrement
sayé de jeter quelques lumières sur ce sur ce point. .
point enveloppé de tant d'obscurités, et Les chapitres qui seuls renferment mne
avec les mêmes données on est arrivé aux description proprement dite du temple,
résultats les plus différents : soit parce quoiqu'on trouve ailleurs encore quel
que l'imagination a dil suppléer à plu ques détails épars, sont : 1 Rois 6 et 7 ;
sieurs lacunes, et que chacun s'est cru 2 Chr. 3 et 4. Ces chapitres disent fort
libre d'imaginer quelque chose de neuf peu de chose sur le plan général ; ils s'at
(Villalpande surtout s'est distingué à cet tachent en revanche beaucoup à décrire
égard comme inventeur et comme archi certains détails, et varient ou se contre
tecte); soit parce que l'on n'a pas suffi disent sur le chiffre de quelques dimen
samment distingué, non seulement les sions, erreurs qui s'expliquent aisément
trois temples différents, mais encore les par la méthode défectueuse de la numé
restaurations successives de chacund'eux; ration écrite chez les Hébreux, v. Nom
soit enfin parce qu'on a voulu donner à la bres; les deux relations renferment beau
vision d'Ezéchiel une valeur matérielle et cOup de termes obscurs, beaucoup de la
monumentale que la simple lecture de ces cunes; et celle des Chroniques, en outre,
huit ou neuf chapitres condamne et réfute en qualité de relation postérieure, et peut
cependant de la manière la plus péremp être aussi de relation sacerdotale, con
toire ; nous reviendrons plus loin sur tient des détails étrangers à la première, .
le qractère de cette vision , pour le mo et fait mention d'ornements et de dorures
TEM 393 TEM
qui n'appartenaient peut-être pas aux pre Meyer, queletemple était bâtisurunterre
mières années de l'existence du temple, plein à 3 coudées au-dessus du sol, que
mais qui y furent ajoutés plus tard par la le portique avait comme le reste du tem
piété des fidèles, ou par la libéralité des ple, 20 coudées de hauteur, plus les 3
rois qui , appelés à restaurer un édifice coudées du remblai, et que les colonnes
pillé à diverses reprises, ne se bornèrent situées sur le sol même, n'atteignaient
pas à ramener les choses dans leur ancien avec leurs 23 coudées que le niveau mè
état, mais profitèrent de l'occasion pour me de la hauteur du temple. On ne sau
faire mieux. L'historien Josèphe, qui a rait choisir entre ces diverses hypothèses;
ajouté à la description biblique des détails les anciens connaissaient, comme nous,
nouveaux , quoiqu'il n'eût pas plus que l'usage des tours s'élevant au-dessus des
nous le temple de Salomon sous les yeux, temples, comme on le voit par les médail
Antiq. 8, 3., est souvent en contradiction les du temple de Paphos, mais le chiffre
avec la Bible ; et lorsqu'il en supplée les paraît cependant trop considérable, et le
lacunes. il paraît le faire par de simples livre des Chroniques renferme sous ce
conjectures architectoniques, ou en pui rapport plus d'une difficulté, l'on peut
sant ses renseignements dans Ezéchiel , dire plus d'une erreur de chiffres. Le por
ce qui ôte à son travail descriptif une par che était garni dans sa partie intérieure
tie de sa valeur. de nombreuses dorures (de pur or, 2 Chr.
On distingue dans le temple de Salo 3, 4.). — Le lieu saint avait 40 coudées
mon plusieurs parties principales, con (21m, 60) de long, 20 (10", 80) de large,
centriques, indépendantes : le temple pro et probablement 30 (16m, 20) de haut, (1
prement dit, les bâtiments du temple, le Rois6,2.);les murailles et la voûte étaient
parvis des prêtres, et le parvis d'Israël. lambrissées intérieurement d'ais de cè- '
De grands murs ou des galeries couver dre; le sol était planchéié de lattes de cy
tes séparaient ces divers compartiments. près, v. Sapin ; l'extérieur était tout bâti !
a) Le temple proprement dit se divisait de pierres fines, semblables au marbre
# !
lui-même en trois parties, le vestibule, le blanc : les lambris intérieurs étaient or-º
,s :"
lieu saint , et le lieu très saint; il avait nés de diverses figures en relief, couver-'
« "!
60 coudées (32m, 40) de long, 20(10m, 80) tes de lames d'or jusqu'à la hauteur de
de large, et 30 (16m, 20) de haut, 1 Rois 20 coudées. Dans le lieu saint se trou
g -
6; 2 Chr. 3.— Le portique , porche, ou vaient l'autel du parfum, les tables des
vestibule, était à l'orient; il avait ainsi pains de proposition, les chandeliers d'or
20 coudées de long ; sa profondeur était et quelques autres ustensiles, Hébr. 9, 2.
de 10 coudées (5m, 40); d'après 2 Chr, 3, — Le lieu très saint, appelé aussi le saint
4., suivi par Josèphe, sa hauteur était de des saints, le sanctuaire, et l'oracle, avait
| .120 coudées (64m, 80), ce qui aurait formé 20 coudées dans toutes ses dimensions; il
une tour non-seulement fort considéra avait ainsi 10 coudées de moins en hauteur !
* ble, mais encore hors de proportion avec que le lieu saint, mais on ignore si cette
les autres dimensions du bâtiment. Stieg différence se faisait apercevoir par l'abais
litz y a vu deux tours de 60 coudées cha sement de la toiture (comme dans les tem
cune (32m, 40), mais cette manière de ré ples égyptiens), ou si, avec un toit d'égal
soudre la difficulté n'a pas trouvé de par niveau, il y avait au-dessus du lieu très
tisans : d'autres voient dans ce chiffre une saint un espace vide de 10 coudées for
exagération ou une erreur; Hirt supprime mant une espèce de grenier; mais dans
le chiffre 100, et ne laisse subsister que ce dernier cas, la hauteur de la muraille !
20 coudées, mais comme les deux colon qui séparait le lieu saint du très saint n'é-
nes qui sont devant le portique, Jakin et tant que de 20 coudées, 1 Rois 6, 16., ce
Boaz, ont avec leurs chapiteaux, 23 cou vide aurait été visible à l'intérieur et n'au-"
dées de hauteur, on ne saurait raisonna rait été dissimulé que par les chaînettes
blement supposer le portiqne moins éle d'or et le voile , ou réseau, dont il est
vé : Winer pense arbitrairement que le parlé v. 21. Quelques auteurs pensent que !
porche avait 25 coudées de hauteur ; la hauteur intérieure du lieu saint n'était
TEM 394 TEM
que de 20 coudées (6, 16.) comme celle le passage correspondant, Ezéch. 44, 2.
du très saint, et que au-dessus de l'un et 3., la porte du lieu saint aurait eu 10 cou
de l'autre se trouvait un espace vide de dées de large, celle du lieu très saint 6
10 coudées; le toit, dans ce cas, serait coudées. Le saint des saints ne contenait
supposé incliné, et il aurait recouvert éga
que l'arche de l'alliance.
lement, et sans différence de niveau, les b) Les bâtiments du temple étaient trois
deux bâtiments intérieurs du temple. La étages de chambres qui entouraient le
hauteur de 30 coudées serait la hauteur temple au sud, à l'ouest et au mord, com
du temple vu de dehors (Hirt pense que muniquant ensemble par des portes, et
l'espace de 10 coudées compris entre le destinées aux provisions, aux vases sacrés
toit et le lieu très saint contenait une ma et aux trésors du lieu saint, 1 Rois, 7, 54 .
chine électrique, destinée aux opérations 15, 15.2 Rois, 11, 10. La hauteur de ces
divines ; Winer trouve cette idée mal chambres, ou appentis, étaient uniformé
heureuse; il y a là en effet de quoi com ment de 5 coudées (2m, 70), leur profon
promettre un homme et un parti). Le lieu deur augmentait d'une coudée par étage.
saint et le saint des saints étaient séparés de 5 coudées au premier, de 6 au second,
par une porte à deux battants de bois de 7 au troisième, l'épaissseur des murs
d'olivier, chacun des battants se pliant diminuant à mesure qu'ils s'élevaient et
lui-même en deux. et étant orné de di qu'ils avaient une moindre charge à sup
verses figures en relief, 1 Rois 6, 31.; on porter, 1 Rois 6, 6. Les rétrécissements
ne sait pas au juste ce qu'était ce voile de dont il est parlé dans ce passage (mig'
l'oracle, ni quel était son usage, si c'était raoth)s'expliquent d'une manière à la fois
un simple ornement, ou un réseau à larges claire et simple par le passage corres
mailles étendu au-dessus de la porte pour pondant de Ezéch. 41, 6.; il en résulte
laisser s'échapper la fumée du sacrifice. - que pour que le lieu saint ne servît pas
Quant aux deux colonnes, il en a été parlé en quelque sorte d'appui matériel aux
à l'article Boaz; on n'est pas d'accord sur bâtiments qui l'entouraient, un contre
leur position; elles étaient devant le por mur était adossé à la muraille du temple,
tique, mais s'élevaient-elles indépendan et que les soliveaux des chambres en
tes ? c'est ce qui semblerait le mieux jus traient dans cette muraille extérieure sans
tifier la solennelle importance que leur toucher les murs mêmes du temple. D'au
donne l'écrivain sacré; ou supportaient tres, cependant, entendent que le mur du
elles une espèce de toit plat, à l'ombre et temple était, à l'extérieur, construit en
à l'abri duquel on pouvait se réfugier forme d'escalier (trois différences d'épais
(Meyer)9 d'autres enfin les placent à l'en seur), et que les solives des chambres
trée même du temple, derrière la porte, s'appuyaient sur ces espèces de degrés
et adossées aux murailles latérales. extérieurs, sans qu'il eût été nécessaire
Les murs du temple étaient, selon toute de faire des trous dans la muraille pour y
apparence, de pierres massives, comme faire entrer les solives. La longueur des
ceux du palais de Salomon, 1 Rois 7, 10. chambres n'est pas déterminée : Ezéchiel
C'est à tort, et par suite de fausses inter parle de trente chambres, dix par étage,
prétations ou de vagues conjectures, que ce qui ferait quatre pour chaque côté de
quelques auteurs ont pensé que les fon la longueur, et deux pour la largeur der
dements seuls étaient de pierre, et que rière le lieu trés saint ; avec les dimen
le corps de l'édifice était en bois. La toi sions admises plus haut , ces chambres
ture seule, comme les parois intérieures, auraient eu ainsi, les plus grandes, 15
étaient faites de bois de cèdre, 1 Rois 6, 9. coudées (8", 10) de long, les deux autres,
15., la charpente de même , rien n'indi 10 coudées. - L'entrée de ces chambres
que si le toit était plat ou incliné. La porte était au côté droit sud de la maison , l'on
d'entrée, dont la largeur ni la hauteur montait par une vis, ou escalier tournant,
ne sont marquées, était en cyprès plaqué au deuxième étage, et de là au troisième.
d'or, avec diverses figures en relief, des — La hauteur de ces bâtiments était de
fleurs, des palmes, des chérubins , d'après 15 coudées; il restait ainsi de la place
TEM 395 TEM
pour les fenêtres du temple, même dans 7.; mais il est plus difficile de déterminer
la supposition, peu admissible, que le jusqu'à quel point leurs ornements et
temple n'eût que 20 coudées de hauteur leurs dépendances, bâtiments, chambres,
au-dedans. Les fenêtres étaient larges à réduits , et autres, dont quelques-unes
l'intérieur, et rétrécies par dehors, comme furent assez considérables pour avoir un
les fenêtres de nos vieux châteaux, et les nom spécial, appartiennent à son règne ;
meurtrières de nos forteresses. On n'en v. Jér. 35, 2.4. 36, 10.20.21.2 Rois 23,
connaît au reste ni la grandeur, ni le 11. cf. 11, 19.6. 15, 35. 2 Chr. 24, 8.
nombre, ni la forme (peut-être étaient 35, 15. Jér. 20, 2. 26, 10. Ez. 8, 3. 5. 9,
elles treillissées ?); elles servaient plutôt 2. 10, 19. 11, 1. Il ressort même de plu
à rafraîchir l'air qu'à donner du jour. sieurs de ces passages que des change
Le lieu très saint n'en avait point. ments et des modifications eurent lieu sous
c) Immédiatement autour du temple les rois suivants, et l'histoire du temple
était le parvis intérieur, 1 Rois 6, 36., nous a montré en quelles circonstances
qui est appelé parvis des prêtres, 2 Chr. ces adjonctions ont pu être nécessitées,
4, 9., parce qu'il n'était accessible qu'à et quelles causes les ont produites.
eux et aux lévites. C'est là qu'ils offraient D'après ce qui précède, on peut se faire
les sacrifices et accomplissaient la plupart une idée assez juste, peut-être assez claire,
de leurs fonctions; c'est là qu'étaient l'au de ce qu'était le temple de Salomon : plus
tel des holocaustes, la mer d'airain , les riche que majestueux, plus magnifique
cuves et les deux colonnes. C'était un que grandiose, fait pour Dieu plutôt que
carré de 100 coudées (54m) de côté; il pour les hommes, bien proportionné dans
avait trois portes, une à l'orient, une au son ensemble, mais petit en comparaison
sud, une au nord. On descendait de là de la multitude de peuple qui ne devait
par huit marches dans l'enceinte exté avoir que ce seul sanctuaire; sacerdotal
rieure, appelée : et non populaire, puisque les simples Is
d) Le parvis d'Israël ou parvis du peu raélites ne pouvaient pas même pénétrer
ple : il avait 500 coudées de côté (270m), et jusqu'au parvis qui l'entourait immédia
quatre portes d'airain aux quatre vents ; tement. Son espèce de clocher, ses ap
il était sans toiture, et pavé de marbres pentis latéraux et la dépression de la par
de différentes couleurs. tie Occidentale du bâtiment, ont été sinon
Ces deux parvis étaient séparés par une copiés, du moins imités dans la construc
muraille de trois rangées de pierres po tion de plusieurs temples catholiques, et
lies, et d'une rangée de poutres de cè l'église de Dresde est citée par Winer,
dre, 1 Rois 6, 36. Josèphe dit que sa comme répondant assez exactement à l'i-
hauteur n'était que de 3 coudées (1m, 62), dée qu'on doit se faire du temple de Sa
afin que le peuple, de son parvis, pùt lomon par les récits bibliques.
voir ce qui se faisait dans celui des sacri A peine le temple fut-il achevé que Sa
ficateurs, Ant. 8, 2. (détail qui ne s'ac lomon y fit transporter l'arche de l'al
corderait pas avec une différence de ni liance, et qu'il le consacra lui-même d'une
veau marquée par les huit marches). De manière solennelle, comme le temple de
chaque côté de la muraille étaient des tout le peuple. Mais peu d'années après
portiques et des loges pour les lévites et la mort de son fondateur, les change
les sacrificateurs, des réduits pour divers ments politiques qui survinrent, déta
ustensiles, pour le bois et pour les pro chèrent du temple de Jérusalem la plus
visions nécessaires , 1 Chr. 28, 12. Le grande partie des ressortissants des dix
mur extêrieur du parvis du peuple était tribus schismatiques, et le temple de Sa
en outre bordé de galeries magnifiques, lomon ne fut plus que le centre religieux
soutenues par deux ou trois rangs de co du petit royaume de Juda; encore fut-il
lonnes, sous lesquels on pouvait s'abriter à plusieurs reprises profané et consacré
et se promener. — On ne saurait nier aux idoles par des rois de la famille de
que ces deux parvis ne fussent l'œuvre David, 2 Rois 21, 4. 23, 4., etc. Lorsque
de Salomon, 2 Rois 21, 5. 23, 12. Ez. 9, Nébucadnetsar le détruisit et le brûla, il
TEM 396 TEM
comptait environ quatre cent dix-huit an l'idée messianique, mais ils la présentent,
nées d'existence. comme toujours, sous un point de vue
Dom Calmet, dans son dictionnaire, en charnel; Ezéchiel a vu le temple tel qu'il
tasse sur un seul temple tous les détails existera matériellement lors de la venue
relatifs aux trois temples qui se succé du Messie. Ewald, qui partage en quel
dèrent, et au temple d'Ezéchiel. De là que sorte cette manière de voir, ajoute que
des contradictions sans nombre. C'est la si le prophète décrit si minutieusement
science du pêle mêle. certaines parties du temple et de l'autel,
vIsIoN D'ÉzÉCHIEL. maintenant détruits et perdus, c'est pour
Avant de passer à la description du tem que du moins le souvenir en reste, et
de Zorobabel, c'est ici le lieu de dire quel qu'on puisse les reproduire et les recon
ques mots de la vision renfermée dans les struire lorsqu'Israël sera délivré et ré
neuf derniers chapitres d'Ezéchiel, et spé tabli. La conscience chrétienne a si for
cialement des chapitres 40, 1. - 43, 12. Le mellement protesté contre cette interpré
prophète, qui, malgré les malheurs de sa tation judaïque, que par réaction sans
patrie, attend la restauration d'Israël, et doute, et par un excès de spiritualisme,
qui termine son livre par ce long cri d'es on en est venu à appliquer généralement
pérance, de joie et de triomphe, voit en et exclusivement toute cette vision à l'E-
vision le saint lieu rétabli, le sacerdoce glise du Nouveau Testament. Quelques
réintégré dans ses fonctions, le culte re théologiens ont essayé de tempérer cette
nouvelé, Jérusalem restaurée, une source vue exagérée, en admettant qu'Ezéchiel a
de bénédictions nouvelles descendre Sur bien voulu faire la description d un tem
un peuple longtemps coupable, mais puni ple matériel que les Juifs devraient bâtir
et pardonné, et l'Eglise sortie de ces un jour, mais que ce temple serait l'image
ruines, se partager de nouveau Canaan et la représentation de l'Eglise. Il y a dans
pour y servir à toujours l'Eternel. Si l'on toutes ces interprétations quelque chose
oublie le sens de cette vision, l'on tombe de trop arbitraire ou de trop dogmatique.
aussitôt dans le non-sens; Villalpande, en La vision d'Ezéchiel ne peut être prise ni
voyant dans ce temple symbolique une ré comme une description matérielle, ni com
miniscence du temple de Salomon (ce qui me un travail d'imagination, ni comme un
est cependant contredit par la différence composé de l'une et de l'autre, ni comme
des détails), Grotius, en y voyant une ré un simple type; elle est un symbole. llim
miniscence du temple tel qu'il était lors porte en effet, de remarquer: a) que le
qu'il fut détruit par Nébucadnetsar, mé temple de Zorobabel n'a pas été construit
connaissent le caractère spirituel de la d'après les données d'Ezéchiel, quoique
prophétie. Dœderlein, au contraire, en les contemporains du prophète fussent
ne voyant que le côté idéal de cette vi encore vivants ; preuve qu'on n'estimait
sion, en n'y voyant qu'une description pas qu'il eût voulu imposer de la part de
poétique, une œuvre de fantaisie, un élan Dieu la forme du nouveau temple. b) Plu
d'imagination, ou bien encore une œuvre sieurs détails de la description étaient
d'art, un plan médité à loisir, méconnaît d'une exécution matériellement impossi
la mission religieuse du prophète et de la ble, n'ayant qu'une valeur symbolique ;
prophétie en général, mission positive, ainsi, l'étendue de l'enclos autour du
pratique, féconde, messianique. Herder, temple, 500 cannes de côté (1800 mè
Eichhorn et d'autres n'ont ni mieux com tres), 42, 16 sq.; la gloire de Dieu qui
pris, ni mieux réussi en cherchant à ré se manifeste, 43, 2.; les eaux qui sortent
unir ces deux points de vue différents, et de dessous le seuil de la maison, qui aug
en disant qu'Ezéchiel voulait laisser à la mentent en volume jusqu'à devenir un
génération nouvelle le modèle d'un tem torrent que le prophète traverse à la
ple à reconstruire lorsqu'ils seraient ren mage, quoiqu'elles n'aient point d'affluent,
trés dans leur patrie, et qu'il a fait ce plan qui finissent par se jeter dans la mer d'O-
moitié de souvenir, moitié d'imagination. rient, la mer Morte, et qui en assainis
Lescommentateursjuifs se rapprochent de sent les eaux, 47, 2. sq. ; le nouveau
TEM 397 TEM
partage du pays entre les douze tribus, Il appartient aux commentaires d'en
partage qui n'a jamais eu lieu, 47, 13., trer à cet égard dans des développements;
etc. c) Ezéchiel, le lévite, avec son ca ce qui précède suffit pour montrer que le
ractère sacerdotal et mosaïque, si atta temple symbolique du prophète ne peut
ché à la loi de l'Eternel, d'ordinaire si servir que par d'incertaines analogies à
attaché à la lettre du Pentateuque, l'aban la reconstruction du temple de Salomon
donne ici à plusieurs reprises, n'en con ou du temple de Zorobabel. On peut lire
servant que l'esprit, et semble entrer dans l'excellent commentaire de Haever
dans une voie nouvelle de développement, nick les détails exégétiques que notre
comme s'il pressentait celui qui n'est pas travail ne comporte pas.
venu abolir la loi, mais l'accomplir; com TEMPLE DE ZOROBABEL.
s'il presse.itait l'ère nouvelle de la loi On n'a pas de détails sur la forme, la
parfaite, Moïse remplacé par Jésus, la grandeur et l'architecture de ce temple ;
synagogue par l'Eglise. d) La prophétie on suppose qu'il était construit à l'instar
est présentée sous la forme d'une vision, du premier, sur l'emplacement duquel il
et c'est le propre d'une vision de présen s'élevait; mais il n'en égala ni la richesse,
ter des idées abstraites sous des formes ni la splendeur, Esd. 3, 12. Agg. 2, 3. Il
concrètes, matérielles, physiques; le pro avait des parvis, des portiques, et quel
phète se voit lui-même transporté dans ques bâtiments ou cellules dans leur en
un temps nouveau, il participe aux bé ceinte, 1. Macc. 4, 38.48. Les vieillards
nédictions que la vision lui montre; il ne qui avaient vu le premier temple pleurè
pouvait pas voir l'ère de Christ sous une rent en voyant combien le second lui
forme spirituelle. e) Le prophète lui-mê était inférieur; mais Aggée les consola
me en plusieurs autres passages, notam en prophétisant que la gloire de cette se
ment 20, 40. (cf. aussi 11, 19. 36,26., et conde maison serait plus grande que celle
surtout 37, 26-28.), semble déjà fixer no de la première, car le maître de cette
tre attention sur une époque où le culte maison devait un jour l'honorer de Sa
sera esprit et vie, où Dieu sera le sanc présence, Agg. 2, 9. cf. Mal. 3, 1. (Les
tuaire de son peuple comme il l'a déjà été, Juifs ne savent comment expliquer cette
11, 16. f) L'analogie des autres prophè supériorité, puisqu'ils n'admettent pas
tes appuie le sens symbolique de ce pas que la présence de Jésus en a été le plus
sage : ainsi Jérémie, 31, 38., représente la bel ornement.) Les docteurs juifs disent
restauration du culte et de la théocratie qu'il manquait à ce temple cinq choses
SouS l'emblème de la reconstruction de qui étaient dans celui de Salomon : l'es
Jérusalem ; v. aussi 33, 17. cf. encore prit de prophétie, l'oracle, le feu sacré
Aggée, 2, 7. Es. 60, 10. Zach. 2, 2. sq.; qui devait brûler continuellement sur
4; 6, 13.; 14,. g) Le Nouveau Testament, l'autel, l'Urim et le Thummim. Dieu vou
et spécialement les deux derniers chapi lait que, peu à peu, ces types fissent
tres de l'Apocalypse, confirme pleinement place à la réalité, Jér. 4, 4.
et péremptoirement l'explication symbo TEMPLE D'HÉRoDE.
lique de la vision d'Ezéchiel, comme étant Il est quelquefois appelé second, quel
la seule juste, la seule conforme à l'ana quefois troisième temple : ceux qui lui
logie de la foi. h) La lecture enfin de cette donnent ce dernier nom veulent faire
prophétie reste obscure à quelque point mentir la prophétie d'Aggée relative à la
de vue qu'on se place, mais elle acquiert gloire du temple de Zorobabel; c'est donc
une entière clarté si l'on abandonne le plutôt une question dogmatique qu'une
sens matériel, ou simplement poétique et affaire de chiffres qui distingue ces deux
prophétique, pour ne voir dans ces ma titres, l'un et l'autre, du reste, également
gnifiques descriptions que le langage justifiés. Hérode fit faire au temple de
symbolique du chrétien à qui Dieu ré Zorobabel de tels changements, que l'on
vèle une économie nouvelle, une dispen put l'appeler un nouveau temple , mais
satiôn nouvelle de grâces, de bénédic ces changements qui ne détruisirent à
tions, de joie, de paix et de fidélité. peu près rien de ce qui existait déjà, ne
TEM 398 TEM
furent, dans un autre sens, que la conti enfin, sur le temple même, construit en
nuation des travaux commencés au re plateforme et garni d'une balustrade. Le
tour de l'exil. Le nom importe peu, sol de ce parvis était pavé de pierres
pourvu qu'on se rappelle que le temple plates de différentes couleurs : une ba
d'Hérode ne fut que celui de Zorobabel lustrade de fer, avec des colonnes de
enrichi et augmenté. Josèphe , dans la distance en distance et des inscriptions
Guerre des Juifs 5, 5., et dans ses Anti grecques et latines, marquait le point au
quités 15, 11, 3., le Talmud dans le traité delà duquel il était défendu aux gentils,
de Middoth (Mishna 5, 10.), nous en ont sous peine de mort, de pénétrer. Ce pre
conservé la description ; cette dernière mier parvis est appelé, par les archéolo
autorité est moins sûre, et quelquefois gues chrétiens, le parvis des Gentils,
suspecte. d'après l'analogie de Apoc. 11, 2.
Le temple, avec ses abords, avait qua On montait de là, par quatorze degrés,
tre stades de tour (864 m), un stade à une espèce de petite terrasse large de
(216 m) par côté. Il s'élevait par une 10 coudées, que l'on traversait pour ar
suite de terrasses, chaque parvis inté river au parvis proprement dit. La mu
rieur étant plus élevé que celui qui l'en raille qui l'entourait, avait 40 coudées
tourait immédiatement, et le temple cou de haut; mais elle paraissait moins éle
ronnant et dominant ses parvis et la ville vée à cause des degrés, qui en dissi
tout entière. Le parvis extérieur avait mulaient une partie. On entrait dans ce
plusieurs portes, quatre à l'ouest, une à parvis par neuf portes (quatre au sud,
chaque autre côté (selon d'autres, deux quatre au nord et une à l'est), auxquelles
au sud); ce parvis était entouré, au moins conduisaient cinq degrés. A l'est était le
de trois côtés, d'un double rang de ga parvis des femmes, séparé par une mu
leries en bois de cèdre , larges de 30 raille du parvis des hommes, et moins
coudées, et soutenues par des colonnes élevé. Quinze degrés conduisaient dans
de marbre hautes de 25 coudées : là le parvis des Israélites par la porte orien
se trouvait, à ce qu'on pense, le por tale, qui formait l'entrée principale. Cinq
tique de Salomon, Jean 10, 23. Act. 3, degrés seulement, mais plus élevés, abou
11.La porte surnommée la Belle, Act. 3, tissaient du parvis des hommes à la même
2.10., était probablement la porte orien entrée. Des appartements étaient con
tale, dite porte de Susan, parce qu'un struits au-dessus des portes, jusqu'à la
tableau de la ville de ce nom y était re hauteur de 40 coudées; deux colonnes de
présenté. Une synagogue, Luc 2, 46., 4 coudées de diamètre étaient placées
des chambres pour les lévites, une mai comme ornement devant chacun de ces
son de change et un marché s'abritaient vastes bâtiments. Les portes proprement
sous les colonnes de cette galerie; là on dites étaient à deux battants : elles avaient
vendait les objets nécessaires aux sacri 30 coudées de haut et 15 de large; l'or
fices sanglants et non sanglants, de la fa et l'argent les recouvraient du haut en
rine, de l'huile et des animaux. Le mar bas. Une simple galerie supportée par
ché était naturellement plus fréquenté à de hautes et belles colonnes, courait le
certaines époques de l'année; à Pâques, long des murs intérieurs du parvis. C'é-
par exemple, une hausse artificielle pou tait le parvis d'Israël.
vait se faire sentir dans le prix des mar Le mur qui le séparait du parvis des
chandises, et les cris des acheteurs, des prêtres, n'avait qu'une coudée de hau
vendeurs et des animaux ne pouvaient teur. Ce dernier entourait immédiate
que troubler la dévotion des lsraélites ment le temple de tous les côtés. L'un et
pieux qui visitaient le temple, cf. Matth. l'autre étaient pavés de dalles plates, et
21, 12. Jean 2, 14. C'est sur ce portique, comme les prêtres devaient remplir leurs
bâti au bord d'un précipice, que quelques fonctions nu-pieds, ils étaient assez fré
auteurs pensent que Jésus fut mené par quemment exposés à des indispositions
le diable (De Wette); d'autres croient que plus ou moins graves; un ou plusieurs
ce fut sur le portique du roi, d'autres, médecins étaient, en conséquence, atta
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chés au service du temple. Dans le par ceux qui les avaient imaginées. L'espace
vis des prêtres était l'autel des holo compris entre le toit et la hauteur du
caustes; c'est là qu'on sacrifiait, qu'on temple était occupé par des appartements
priait. qu'on bénissait, et que les lévites et des chambres pour les prêtres, les
chantaient les doux cantiques d'Israël. provisions et les vaisseaux du temple.
Enfin, à 12 coudées au-dessus du par De même que l'intérieur, l'extérieur du
vis, s'élevait le temple lui-même, ayant bâtiment était couvert d'or, et brillait au
100 coudées de haut, autant de long, et soleil du plus vif éclat; tout ce qui n'é-
autant de large par devant, son immense tait pas dorure était marbre, et ces
portique faisant Saillie des deux côtés, énormes blocs d'une blancheur éclatante
et s'avançant de 15 à 20 coudées à donnaient de loin au temple l'apparence
droite et à gauche. Ce portique avait d'un monticule couvert de neige.
également 100 coudées de haut; le fron Ce temple, dans les parvis duquel notre
ton en était couvert de dorures; un cep Seigneur se promenait ordinairement
de vigne colossal, d'or ou doré, s'élevait pendant ses séjours à Jérusalem, et où il
au côté de la porte, et laissait retom prononça quelques-uns de ses plus beaux
ber à profusion des grappes d'or de hau discours aux nombreux rassemblements
teur d'homme, symboles du bonheur pro de peuple qui s'y formaient naturelle
mis par les prophètes, Jér. 2, 21. Ez. 19, ment chaque jour, était en contact im
10. cf. Joel 1, 7.; occasion peut-être du médiat avec la basse ville, et il se reliait à
discours de Jésus, Jean 15; (c'est à ce la haute ville bâtie sur Sion, au moyen
fait qu'il faut probablement rattacher la d'un pont à plusieurs arches. ll était lui
tradition qui porte que les Juifs ado même dominé par le fort Antonia, qu'Hé
raient Bacchus). Sous le portique on rOde fit construire au commencement de
trouvait deux tables, l'une de marbre, SOn règne, à l'extrémité nord-ouest de la
l'autre d'or, sur lesquelles le sacrifica montagne du temple, et qui communi
teur déposait, en entrant dans le temple quait avec ce bâtiment par le moyen de
et en en sortant, les pains de proposition. souterrains inconnus. De l'une des tours
Deux portes d'or à deux battants, hautes de la forteresse on pouvait voir tout ce
de 55 coudées et larges de 16, devant les qui se passait dans le temple, et une gar
quelles pendait, à l'intérieur, un riche ri nison romaine l'occupait habituellement,
deau de broderie, ouvraient sur le lieu pour comprimer de là toute espèce de
saint, haut de soixante coudées, large de tentative que pourraient faire les Juifs
20, long de 40; il renfermait le chandelier pour procurer leur émancipation. Plu
d'or à sept branches, la table d'or des sieurs mouvements eurent lieu en effet,
pains de proposition, et l'autel d'or des mais ils restèrent infructueux et ne pro
parfums. Un rideau magnifique, celui qui duisirent que des dévastations partielles.
se déchira à la mort du Sauveur, Matth. Le lieu saint resta intact sous Hérode et
27, 51., (les rabbins disent deux rideaux sous ses fils; on songeait même, sous
éloignés d'une coudée l'un de l'autre) Hérode Aprippa Il, à reprendre quelques
conduisait au lieu très saint, qui était réparations , mais le dernier soulève
vide, l'arche ayant disparu lors de la ment qui eut lieu, et la manière dont les
captivité de Babylone ; au dire des Juifs, Romains s'en rendirent maîtres, rendirent
une pierre massive en occupait la place. inutile ce projet; la dernière heure avait
Le saint des saints avait 20 coudées sonné. Des troupes juives furent caser
de long , 20 de large et 60 de haut. nées dans les parvis du temple, et leurs
Le toit était probablement plat, quoique armes furent suspendues aux portes mê
Josèphe n'en dise rien, et que De Wette mes du saint lieu; c'était là le dernier
pense le contraire. Il était garni de flè boulevard de l'indépendance nationale.
ches d'or ou dorées (d'une coudée de Les Romains (l'an 70), sous Titus, s'y
haut), qui devaient empêcher les oi précipitèrent du fort Antonia; les Juifs,
seaux de s'y établir, et qui purent aussi au désespoir, mirent le feu au parvis; un
faire l'effet de paratOnnerres à l'insu de soldat romain jeta un tison ardent contre
TEM 400 TEM
les bâtiments qui tenaient au temple vers on mettait le produit de l'année, dans l'au
le nord , la flamme s'élança, Titus essaya tre les paiements arriérés de l'année pré
en vain d'arrèter les progrès de l'incen cédente. Ces richesses accumulées , et
die, et tout fut dit. Les vainqueurs n'eu parfois exagérées, attirèrent souvent l'at
rent plus qu'à réunir sur un char de tention des généraux et des princes qui
triomphe, les débris qu'ils purent arra s'emparèrent de Jérusalem, 1 Macc. 1,
cher à l'incendie, la table des pains de 24., etc. Les chambres du trésor furent
proposition, le chandelier d'or, le livre brûlées par l'armée romaine , mais Titus
de la loi, et deux trompettes ; ces insi ne put se rendre maître des richesses
gnes de la victoire furent plus tard re qu'elles renfermaient.
présentés en relief sous la voûte de l'arc On infère de plusieurs passages, Deut.
de Titus, et l'on en possède plusieurs co 31, 26. 2 Rois 22, 8.2 Macc. 2, 13., qu'il
pies. y avait dans le temple, ou plutôt dans un
Les fondements du temple avaient été des bâtiments voisins, des archives ecclé
épargnés : quelques murailles sans doute siastiques et nationales , mais ces passa
restaient encore debout, et pouvaient ser ges ne suffisent pas à le prouver, quoi
vir de centre de ralliement aux Juifs fa que le fait n'ait en lui-même rien d'in
natisés. Adrien (136), en élevant sur la vraisemblable ; 1 Macc. 14, 49., et Josè
place de l'ancienne Jérusalem la ville phe, Ant. 5, 1. 17. Guerre des Juifs. 7,
nouvelle d'AElia Capitolina, construisit un 5, 5., ne sont pas davantage des témoi
temple de Jupiter sur la place et avec les gnages péremptoires.
débris du temple de l'Eternel, et interdit Ce fut toujours une coutume , dès la
aux Juifs l'entrée de la ville. Quelques plus haute antiquité, chez les Juifs com
tentatives malheureuses de ces derniers me chez les païens, d'offrir au temple des
méritent à peine d'être mentionnées, et présents, soit de prières, soit d'actions
lorsque Julien, en 368, voulut essayer de grâces, lorsqu'on partait pour une
lui-même cette œuvre d'hostilité contre expédition , ou qu'on en revenait. Les
Dieu, des flammes sorties des fondements Philistins firent une offrande de ce genre
découverts, le forcèrent d'abandonner lorsqu'ils renvoyèrent l'arche de l'allian
cette entreprise. Aujourd'hui c'est une ce, 1 Sam. 6. Les livres apocryphes citent
mosquée magnifique, l'une des trois plus d'autres exemples de princes païens, ou
belles des mahométans, qui s'élève au de riches prosélytes qui prirent plaisir à
sommet de la ville sainte; elle fut con orner le temple. Ces sortes d'eac voto qui
struite en 636 par le calife Omar, avec n'étaient pas en numéraire , étaient pu
les débris d'une église chrétienne. bliquement exposés, soit dans l'intérieur
Quant au sicle du sanctuaire, v. Impôt, du temple, soit dans le portique ou dans
et Sicle. La perception de cet impôt était les parvis, et leur nombre était si consi
proclamée le 1ºº adar , les bureaux des dérable qu'il ne pouvait manquer d'atti
changeurs s'ouvraient le 15 dans les pro rer l'attention des promeneurs, cf. Luc
vinces, et le 25 à Jérusalem. Il fallait en 21, 5. Ptolémée Philadelphe en particu
effet que les Juifs sujets à l'impôt, pus lier, témoigna par la richesse de ses dons,
sent se procurer au lieu, de la monnaie sa reconnaissance pour la traduction grec
courante, la monnaie ancienne dans la que desSeptante qui lui fut envoyée.Quel
quelle l'impôt était perçu, et le change ques trophées se trouvaient aussi mêlés
se faisait contre un certain agio. Il y avait aux ornements du temple, 2 Rois 11, 10.
une amende pour celui qui ne s'était pas cf. 1 Sam. 21, 9.
acquitté au 25. Les villes éloignées en Un nombreux personnel était naturel
voyaient leur recette en or pour la faci lement attaché au service de bâtiments
lité du transport. On évalue à près de 2 aussi vastes et aussi nombreux. La police
millions de francs le produit annuel de du temple avant l'exil était spécialement
cet impôt, du temps de Christ. Les som confiée aux lévites, q. v.; cf. aussi 2 Chr.
mes reçues étaient dépOsées dans deux 23, 19.; cependant nous n'avons aucun
troncs du parvis des femmes; dans l'un détail sur l'organisation de ces services.
TER 401 TER
Après l'exil, au dire de Josèphe, les gar ment une petite amande blanche et char
diens du temple furent placés sous les nue, mangeable, mais d'une digestion dif
rdres d'un chef spécial ; l'ouverture et ficile. Le bois de l'arbre est blanc et dur.
a fermeture des portes exigeait le tra Le tronc donne une espèce de résine que
vail de vingt hommes, et se faisait par les l'on rend plus abondante au moyen d'in
soins des prêtres. Le chef des gardiens cisions artificielles; mais l'on n'en retire
est quelquefois cité à côté du souverain jamais une bien grande quantité : quatre
sacrificateur; il avait un secrétaire, et térébinthes de soixante ans donnent en
veillait à l'ordre, à la propreté, et à la viron 1 kilog. 1 [2 à 2 kilog., et l'île de
tranquillité des parvis : on suppose qu'il Chios tout entière n'en rapporte guère
était choisi parmi les prêtres du premier annuellement que 600. La vraie térében
rang. Les prêtres avaient trois postes thine était en conséquence comptée au
autour du temple, les lévites en avaient nombre des essences les plus précieuses
vingt-un aux portes des parvis , ils de de l'Orient; lamédecine entirait un grand
vaient veiller à ce qu'aucun homme im parti. On dit que le térébinthe atteint un
pur, ou femme souillée, ne dépassât les àge fort avancé, environ mille ans, cf. Es.
limites qui lui étaient posées; on ne pou 6, 13., et Josèphe raconte que l'on en
vait aborder le temple avec un bâton à la montrait de son temps à Hébron un aussi
main, ni avec des souliers, ni avec des vieux que le monde ! C'est le cas, ou ja
pieds non lavés; on ne pouvait non plus, mais, de passer au moins au déluge.
comme cela se pratique de nos jours en Les voyageurs s'arrêtaient volontiers
core en plusieurs lieux, traverser avec sous l'ombrage touffu et bienveillant de
une charge, corbeille ou autre, les parvis cet arbre, Jug. 6, 11. 19.1 Rois 13, 14.;
du temple pour abréger son chemin. on y adorait des idoles, Ez. 6, 13. Os. 4,
· Un temple juif avait été construit, 180 13. : on y élevait des monuments, Jos. 24.
145 av. C., à Léontopolis, en Egypte, par 26., on y enterrait ses morts, 1 Chr. 10,
le souverain sacrificateur Onias, sous le 12.— Nos versions, à l'imîtation des an
règne de Ptolémée Philométor, sur le ciennes, et Sans doute à cause de laires
modèle de celui de Jérusalem, mais en semblance des noms hébreux, ont pres
petit. Le décrire serait sortir des limites que toujours confondu le térébinthe avec
de notre plan. Il fut détruit sous Vespa le chêne, q. v. — v. aussi Vallée.
sien. TERES. v. Bigthan. -
de l'ancien monde qui puisse lui être com TERTIUS n'est connu que parce qu'il
parée sous ce rapport. v. aussi Cuvier, servit de secrétaire à saint Paul, lorsque
Discours, etc.; Chaubard, Eléments de celui-ci écrivit son épître aux Romains,
Géologie, etc. Rom. 16, 22., soit qu'il ait recopié la let
Il est difficile de se former une idée tre autographe de l'apôtre, soit plutôt
des opinions des Hébreux relativement à qu'il ait écrit sous sa dictée. Lightfoot
la structure de la terre; il est probable suppose que Tertius est le même que Si
même qu'ils ne s'étaient pas posé la ques las, ce dernier nom pouvant signifier, en
tion. Les descriptions poétiques de Ps. hébreu, le troisième. Quelques éditions
104, 5. Job 9, 6. 38, 6. Ps. 75, 3., qui grecques portent Térentius. On ne sait,
nous parlent des bases et des piliers de du reste, rien de positif sur sa vie.
la terre, ou de Ps. 24,2.136,6., quinous TERTULLE, orateur, rhéteur ou avo
représentent la terre comme fondée sur cat, dont le nom signifie imposteur. Il ne
doit sa réputation qu'à son plaidoyer con
l'Océan, ne doivent pas plus être prises
tre saint Paul à Césarée, devant Ananias
à la lettre que celle de Es. 11, 12., qui
semble indiquer une terre carrée (Gese et le gouverneur Félix, Act. 24, 1. Quoi
mius); de Job 26, 7., qui la représenteque son discours ne nous soit rapporté
planant dans l'espace, soutenue par la qu'en extrait, on y reconnaît, soit pour
puissante main de Dieu, ou de Prov. 8, le fond, soit pour la forme, tout ce qui
TET 403 THA
-caractérise les époques de décadence, des reçut le titre de roi. Mais, après sa mort,
précautions oratoires stéréotypées, de la le royaume fut de nouveau partagé entre
violence et de l'exagération dans la plain deux de ses fils, Antipas et Philippe, qui
te, et ce système d'intimidation qui pro furent appelés tétrarques, tandis que le
, vient de la peur que causent à ceux qui troisième, Archèlaüs, régna sous le nom
gouvernent les moindres innovations, et d'ethnarque. Avec eux s'éteignit pour la
• surtout les mouvements de la piété. C'est famille d'Hérode la charge du tétrarchat;
au nom de la tranquillité publique qu'il mais elle reparut dans la personne de Ly
- combat la liberté des cultes; c'est au nom sanias. D'après Josèphe et Pline, il y
, de l'ordre qu'il demande le châtiment d'un avait encore des tétrarchies aux environs
apôtre. Il n'y a rien de nouveau sous le du Liban et dans la Cœlésyrie, comme,
: soleil. en général, pendant la fin de la républi
- , TESTAMENT. v. Alliance, et Bible. que et sous les empereurs, le nom de té
· TETRARQUE, nom sous lequel régnè trarque fut donné à de petits princes vas
rent en Palestine, et dans son voisinage, saux, auxquels on ne voulait pas laisser
plusieurs princes vassaux de Rome, no le titre de rois. v. Sallust. Catil. 20, 7.
tamment Hérode Antipas, fils d'Hérode le Tacit. Ann. 15, 25.
Grand, tétrarque de Pérée et de Galilée, THABOR. v. Tabor.
Luc 3, 1., qui fit trancher la tête de Jean THADDEE. v. Jude.
Baptiste; Philippe, également fils d'Hé THADMOR, Thamar, etc. v. Tadmor,
rode le Grand, et tétrarque de la Tra Tamar, etc.
chonite, Luc 3, 1., de la Batanée et de la THAMMUS. Ce mot ne se trouve que
Gaulonite; enfin Lysanias, prince d'Abi Ez. 8, 14. Au milieu des visions qui lui
lène. v. leurs articles. Le premier est montrent l'idolâtrie ravageant le pays et
, nommé roi, Matth. 14, 9. cf. 2, 22., par souillant l'autel du Seigneur, le prophète
suite de l'extension donnée à la significa voit des femmes assises qui pleurent
tion primitive de tétrarque, ou, pour Thammus. C'était le dieu du deuil, une
mieux dire, ce mot qui signifiait d'abord divinité qu'adoraient les femmes dans les
, chef d'un quart du pays, avait compléte larmes de leur douleur, l'Adonis des Phé
ment perdu sa signification pour ce qui niciens;tous les commentateurs sontd'ac
concerne les princes de la famille d'Hé cord à cet égard. Son culte principal se
rOde, comme chez nous plusieurs titres célébrait à Byblos; il était aussi adoré en
subsistent encore, qui n'ont plus de réali Syrie et en Chypre, et de bonne heure,
té, duc de*Dalmatie, prince de la Mos quoique avec des modifications, ce culte
| kowa, duc d'Isly, comte de Montebello, passa en Grèce. L'Adonis de nos mytho
etc. C'est au démembrement de la Thes logies ne doit donc pas être confondu
salie en quatre tétrarchies, par Philippe avec l'Adonis de l'Orient. Chez les Phé
de Macédoine, qu'il faut remonter pOur niciens, la fête d'Adonis se célébrait au
trouver l'origine de ce mot et son vérita mois de juin, qui fut peut-être, à cause
ble sens, Puis trois tribus galliques ayant de cela, nommé Thammuz par les Israé
émigré de Thrace en Galatie, partagèrent lites après le retour de l'exil; elle com
chacune leur territoire en quatre cercles mençait par le deuil, et finissait par la
ou districts, dont les chefs reçurent le joie. Les femmes poussaient des cris
• nom de tétrarques. Dès lors ce titre s'est plaintifs, se rasaient la tête, et allaient
conservé jusque dans la période romaine, jusqu'à offrir leur virginité dans le tem
quoiqu'il n'y eût plus à cette époque qu'un ple en l'honneur du dieu qu'elles avaient
seul tétrarque, Déjotarus. En Palestine, perdu ; l'on enterrait ensuite solennelle
ce furent d'abord les fils d'Antipater, Hé ment l'idole, avec toutes les cérémonies
: rode et Phasaël qui, après avoir été long en usage. Alors venait la seconde partie
, temps à la tête des provinces, reçurent de la fête : le dieu était retrouvé, ressus
, d'Antoine moins les fonctions que le nom cité, et des réjouissances sans nombre
, de tétrarques. Plus tard Hérode, devenu succédaient aux lamentations et au dés
, chef de toute la Palestine et de l'Idumée, espoir. Le sens de cette fête était clair et
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simple. Adonis était le symbole du soleil, tard; peut-être l'intimité qui s'établit en
tour à tour perdu et retrouvé, et, sous ce tre lui et Luc permit-elle à celui-ci de
rapport, il n'est autre que l'Osiris des supprimer dans son second ouvrage un
Egyptiens. Il résulte de la vision d'Ezé titre que l'étiquette lui imposait dans le
chiel que cette idolâtrie avait aussi ses premier. On n'en sait rien; on ignore si
sectateurs à Jérusalem; mais on se de Théophile était païen ou juif d'origine,
mande d'où vient ce nom de Thammus gouverneur romain ou souverain sacrifi
qui, nulle part ailleurs, n'est employé cateur juif, quand, comment et par qui
dans ce sens. Haevernick est peut-être le il fut converti; on ignore tout, et l'on
seul commentateur qui ait convenable n'a pas même quelque vague tradition à
ment résolu cette question : selon lui, le invoquer. Cependant, comme il est dans
prophète évite de prononcer le nom d'A- la nature des interprètes de vouloir tout
donis, qui a trop de rapport avec le nom savoir, et il faut le leur pardonner, les
de l'Eternel, Adonaï, et il le remplace suppositions se sont multipliées autour
par un mot appellatif composé, qui rap de ce personnage ;Morus en fait un Athé
pelle l'idole d'une manière assez claire nien, Hase un Alexandrin, Eichhorn un
pour être comprise. Thammus qui, selon Italien, etc. D'autres pensent que Luc dé
saint Jérôme, signifie abstrus, caché, con signe par un faux nom un homme qu'il
viendrait assez au secret dont On enve ne veut pas nommer, gouverneur ou au
loppait les mystères de ce dieu , mais une tre, qui penchait vers le christianisme,
autre étymologie, développée par Haever que son Evangile décida, et qui dès lors
nick, semble meilleure encore : Tham se lia d'une amitié intime avec lui; d'au
mus serait une contraction de Tham'sus tres enfin croient que le nom de Théo
ou de Thanmus, qui signifie celui qui s'en phile, ami de Dieu, désigne d'une ma
va, qui s'évanouit, qui meurt. nière générale tous les chrétiens. L'opi
THEATRE. v. Jeux. Il n'en est parlé nion qui se recommande le plus au milieu
qu'une seule fois dans l'Ecriture, à l'oc de toutes ces hypothèses, est celle d'Eich
casion du tumulte d'Ephèse, Act. 19, 29. horn, que Théophile habitait l'Italie; elle
THÉMAN (parfait, sud). 1° Chef édo se fonde sur ce que Luc, ordinairement
mite, fils d'Eliphas et petit-fils d'Esaü, si exact dans ses détails géographiques,
Gen. 36, 11.15.42. 2° Ville et district pour la Palestine, l'Asie et la Grèce, se
de l'Idumée, Jér. 49, 7.20. Ez. 25, 13. borne pour la Sicile et l'Italie à la simple
(opposé à Dédan),Amos 1, 12. Hab. 3, 3. mention des noms, comme si Théophile
Abd. 9. Au temps d'Eusèbe et de Jérôme, devait suffisamment connaître ces con
Théman avait encore une garnison ro trées; la fin subite du livre des Actes qui
maine. Les Thémanites, Gen. 36, 34., par s'arrête en quelque sorte au moment le
tageaient avec les autres Iduméens la ré plus intéressant, aux luttes de Paul avec
putation d'une grande sagesse, et pas les puissances de Rome, fortifie ce sen
saient pour ne s'exprimer qu'en un lan timent; Luc ne dit plus rien, parce que
gage sentencieux, Abd. 8. Jér. 49, 7.; le Théophile était là qui pouvait suivre par
plus sage des trois consolateurs de Job, lui-même l'histoire de l'apôtre.
Eliphas, est Thémanite, 2, 11.4, 1. THERAPHlMS, sans doute des dieux
THÉOPHILE (ami de Dieu), person domestiques, une espèce de pénates, que
nage qui n'est absolument connu que par les premières générations de la famille
la mention qu'en fait saint Luc en lui dé d'Abraham paraissent avoir hérités de
diant ses deux ouvrages, Luc 1, 3. Act. leurs ancêtres, Gen. 31, 19.34. cf. Ez.21,
1, 1. On suppose, par le titre de très ex 26., et qu'ils consultaient comme des ora
cellent, qui lui est donné dans l'Evangile, cles, Jug. 18, 5. cf. 17, 5. Zach. 10, 2.
qu'il était un homme de distinction, cf. Pour les croyants, ce culte était une ido
Act. 23, 26. 24, 3. 26, 25., où cette épi lâtrie, 2 Rois 23, 24. Os. 3, 4. Il y avait
thète n'est donnée qu'à de hauts person des théraphims de toute grandeur, depuis
nages; peut-être occupait-il un poste émi ceux que Rachel déroba et cacha, jus
nent à cette époque, et le perdit-il plus qu'à celui que Mical plaça dans le lit de
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David, 1 Sam. 19, 13.16. Ils avaient des Phrygie et la Galatie, il eut êtê poussé par
visages humains. Quelques auteurs ont l'Esprit à porter l'Evangile en Europe.
Cru que c'étaient des cadrans solaires, Forcé de quitter Philippes, il avait pris
des anneaux constellés, des espèces de si la grande route le long de la côte, et il
lènes, etc.;il n'est naturellement pas d'ab était arrivé à Thessalonique par Amphi
surdités que les rabbins n'aient accueil polis et Apollonia. Il prêcha pendant trois
lies ou du moins recueillies sur ce sujet. sabbats consécutifs, et gagna à Christ
THESSALONIQUE (victoire des Thes quelques Juifs et un grand nombre de
saliens), ville importante, qui était au païens attachés au culte juif, Act. 17, 1
temps des Romains la capitale du second 4.; mais les Juifs incrédules, qu'on voit
district de la Macédoine, et la résidence avoir été nombreux, riches et influents,
du praeses et du questeur, les deux pre causèrent un tumulte en se servant, com
miers magistrats romains. Appelée d'a- me de juste, des hommes oisifs et fai
bord Emathia, puis Halia, puis Therma, néants qu'ils trouvèrent sur la place pu
elle reçut, à ce qu'il paraît, son nouveau blique; le mot de saint Luc, &yopxio , de
nom de Philippe, père d'Alexandre (les vrait proprement se traduire par flaneurs
anciens géographes et scoliastes varient [(Steiger, notes manuscrites); ils rassem
cependant sur ce point), ou de son gen blèrent la populace, en grande partie
dre Cassandre, soit enl'honneur de Thes sans doute composée de leurs débiteurs,
salonique, fille de Philippe, épouse de et qui, par ce motif, était d'autant mieux
Cassandre, soit en l'honneur d'une vic préparée à suivre l'impulsion qu'ils leur
toire remportée sur les Thessaliens. Si donneraient; suivis de cette foule, ils
tuée au fond du golfe qui porte son nom, cherchèrent Paul et Silas dans le dessein
sinus Thermaeus, la ville faisait un grand de les faire paraître en jugement devant
commerce par lequel elle s'enrichissait l'assemblée populaire, Act. 17, 5. Ne les
de plus en plus; au temps de Pline, elle ayant pas trouvés, ils s'en prirent à Jason
avait le titre de ville libre, plus tard elle et à ses amis, tous hommes de distinction,
devint métropole ; au cinquième siècle, qu'ils n'osèrent pas juger sommairement
grande, populeuse, riche, elle était la ca et qu'ils traduisirent devant le sénat en
pitale d'un pays d'une très grande éten formulant une accusation bien propre à ef
due ; maintenant elle s'appelle Salonichi, frayer une autorité municipale soumise
et compte environ 70,000 habitants, qui au joug des Romains. Jason et les siens
vivent en grande partie du commerce. ne furent point incarcérés, mais durent
D'après le récit de Strabon, Philippe, en fournir un cautionnement. Saint Paul dut
renouvelant la ville, y fit entrer les habi fuir; il se retira d'abord à Bérée, puis à
tants des petites villes voisines, ce qui Athènes, et enfin à Corinthe. C'est de là,
augmenta singulièrement sa population; qu'après avoir travaillé avec bien du suc
plus tard, un assez grand nombre de Ro cès, il écrivit sa -
mains vinrent s'y fixer aussi, comme dans 1re aux Thessaloniciens, v. 1 Thess. 1,
toutes les villes considérables de l'empire; 8. 3, 6. L'occasion de cette lettre se trou
enfin, le commerce y attira encore des ve dans l'arrivée de Timothée auprès de
Juifs. Le nombre paraît en avoir été as saint Paul; il lui apporte des nouvelles du
sez considérable, car ils y possédaient beau réveil de la Macédoine, de ce réveil
même une synagogue, ou plutôt, pour dont Paul n'avait vu que les premiers
rendre précisément l'expression des Ac moments, mais qui s'était développé après
tes, la synagogue, ce qui implique que son départ sous la direction de Silas et
c'était la synagogue, non-seulement de la de Timothée, non-seulement dans la ville
ville, mais encore des environs, la syna même de Thessalonique, mais aussi dans
gogue dont la proseuque de Philippes les environs, parmi les Juifs et au milieu
pourrait n'avoir été qu'une simple an des païens, réveil qui fournit plus tard à
nexe. C'est dans cette synagogue que l'apôtre des collaborateurs et des aides,
Paul commença à prêcher, lorsque après Act. 20, 4. Paul loue les Thessaloniciens
avoir passé pour la première fois par la pour leur foi et leur charité, il les exhorte
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à la persévérance, leur donne quelques Flatt, Pelt, Schott, et surtout celui d'Ols
préceptes généraux, et s'attache à com hausen.
battre des vues fausses qui s'étaient in THEUDAS (ou Théodas, contracté de
troduites dans l'Eglise sur divers points, Théodore), célèbre émeutier juif, nommé
spécialement sur le retour du Seigneur dans le discours de Gamaliel, Act. 5, 36.,
et le jugement dernier. On peut diviser comme ayant réussi à se mettre à la tête
cette épître en cinq parties : a) 1-2, 16. de 400 hommes, qui du reste ne tardèrent
Paul rappelle aux Thessaloniciens leur pas à être défaits. Son histoire se place
histoire spirituelle, la manière dont l'E- donc avant Gamaliel qui la raconte, et
vangile fut reçu dans leur ville, l'impres avant celle de Judas le Galiléen, ainsi
sion qu'a produite sur d'autres leur con qu'il résulte du verset 37, par conséquent
version, etc. b) L'amour de l'apôtre pour avant Tibère, ou au plus tôt sous son rè
cette Eglise, et sa sollicitude pour les fi gne. C'est donc à tort qu'on a voulu le
dèles depuis son départ, 2, 17.-3, 13. c) confondre avec un autre factieux du mê
4, 1-12. Exhortations morales, de la con me nom dont la révolte, arrivée sous le
duite des chrétiens en général, et de règne de Claude, et sous le gouverne
l'amour fraternel. d)4, 13.-5, 11.Réponse ment de Cuspius Fadus, vers 44, est ra
aux doutes, aux erreurs, et aux préoccu contée par Josèphe. Pour les confondre
pations des Thessaloniciens sur le second on est obligé de recourir à trop de sub
avènement de Christ, consolations, et ex terfuges, jusqu'à supposer que Luc met
hortations à la vigilance. e) 5, 12-24. Ex dans la bouche de Gamaliel un anachro
hortations relatives à l'Eglise et à la mo nisme, et lui prête un discours qui n'a pu
rale. sans doute être prononcé à cette époque,
2° auac Thessaloniciens. Elle fut écrite mais qui du moins renfermait pour les
également de Corinthe, et peu de temps lecteurs des Actes une allusion facile à
après la première, pour rassurer ses amis comprendre. L'interrègne qui suivit la
qu'une fausse interprétation de sa pre mort d'Hérode le Grand fut fécond en
mière lettre, ou qu'une lettre supposée, émeutes, moitié politiques, moitié reli
et exploitée dans de mauvaises intentions, gieuses, et le nom de Theudas était assez
avait alarmés et troublés. Il censure avec commun pour qu'on puisse admettre, à
plus de force encore ceux qui vivent dans quelques années d'intervalle, deux chefs
l'oisiveté et dans une curiosité inquiète ; de ce nom.
il exhorte l'Eglise à s'attacher toujours THOMAS, surnommé Didyme, deux
plus à la saine doctrine, et à surmonter noms qui, l'un en hébreu, l'autre en grec,
avec constance les persécutions présentes signifient jumeau ; (d'après la tradition,
ou futures, 1,1-12.;illeurannonce l'hom sa sœur jumelle s'appelait Lysia) : apôtre
me de péché, le mystère d'iniquité, 2, 1 de Jésus, Matth. 10,3. Marc 3, 18. Luc 6,
12., et les engage à se garder de toute sé 15. Act. 1, 13., que l'on suppose avoir
duction, 2, 13.-3, 1-6., et à éviter tous été originaire de la Judée, cf. Jean 21, 2.
ceux qui ne se conduisent pas d'une ma L'Evangile de saint Jean est celui qui
nière régulière, 3, 7-18. nous le fait le mieux connaître, quoiqu'il
L'authenticité de ces deux épîtres, ne mentionne que des faits relatifs aux
prouvée par les témoignages des Pères, derniers temps de la vie de Jésus, et l'on
, Polycarpe, Justin martyr, Irénée, Tertul peut dire qu'il est peu d'apôtres dont le
lien, Clément d'Alexandrie, n'a guère été caractère soit généralement plus mal con
révoquée en doute que par quelques sa nu et plus faussement apprécié. Thomas
vants tout à fait modernes, qui n'ont pas est presque toujours pris pour le sym
même trouvé du crédit auprès de leurs bole du doute, du manque de foi ; et si
collègues, les autres rationalistes. La se une circonstance de sa vie, Jean 20, 24.
conde épître a en sa faveur des témoigna cf. 14, 5., semble indiquer en lui un hom
ges encore plus anciens que la première. me positif, qui ne se paie pas de paroles,
, Quant aux commentaires, on peut citer il faut ajouter que ses doutes furent par
celui de Turretin (1739), ceux de Koppe, tagés par tous les disciplés, que ses dou
THO 407 TIB
tes ne forment pas non plus l'unique patriarches qui ont dû espérer, jusqu'aux
trait, ni le trait distinctif de son carac futurs membres de cette Eglise chrétien
tère. C'est lui qui, voyant Jésus partir ne qui ne pouvait rep0ser que sur la foi.
pour la Judée où l'attendait la famille de —Si quelque chose distingue Thomas de
Lazare, s'écrie en songeant aux dangers Saint Pierre, c'est plus de modestie, moins
que son maître allait courir : Allons-y de confiance en lui-même ; il a moins pro
aussi, et mourons avec lui, Jean 11, 16.: mis, et sa chute n'a été que celle des au
fait seul montre que Thomas était dé tres disciples ; à cela près on trouve en
voué, chaleureux, mais d'une vivacité lui la même droiture et la même chaleur.
d'esprit semblable à celle de Pierre, sou Il assista à la réintégration de saint
vent peu réfléchie; comme Pierre l'aurait Pierre, Jean 21, 2., et aux assemblées
fait, il interrompt Jésus qui préparait ses qui suivirent l'Ascension, Act. 1, 13. ;
disciples à sa fin prochaine, par cette ex dès lors on perd ses traces, et l'on en
clamation : Seigneur nous ne savons où est réduit aux traditions qui le font, les
tu vas, comment pourrions-nous en Sa unes évangéliser les Parthes et mourir à
voir le chemin ? Jean 14, 5. Et lorsque Edesse, les autres passer aux Indes et y
le berger eut été frappé, lorsque les bre mourir martyr. L'existence des chrétiens
bis se trouvèrent dispersées,Thomas éloi de Saint-Thomas, sur la côte de Malabar,
gné des autres apôtres par un motif quel a donné à cette dernière opinion quelque
conque, ayant quitté peut-être, comme les probabilité, et elle est presque générale
disciples d'Emmaüs, un théâtre de deuil ment admise. En revanche son Evangile
et d'amers souvenirs, ne put assister à la et ses Actes, mentionnés par les Pères et
première apparition du Sauveur à ses déjà condamnés par Gélase, sont rejetés
disciples. Ceux-ci n'avaient pas cru à la comme apocryphes. -(Serm. de Saurin.)
role des femmes qui étaient venues THRACE. On suppose que cette con
eur annoncer la résurrection du maître ; trée, à peu près la Turquie actuelle, an
ils ne crurent que lorsqu'ils l'eurent vu. ciennement si fertile, si populeuse et si
Thomas n'eut pas plus de foi qu'eux, mais riche, est désignée par le mot Thiras ou
il n'en eut pas moins, et lorsqu'il eut Tiras, q. v., Gen. 10, 2. Il n'en est, du
entendu leur récit, il s'écria comme eux, reste, parlé nulle autre part dans l'Ecri
mais dans un langage plus expressif • Si ture, et aucune de ses nombreuses villes
je ne vois les marques de ses clous en ses n'y est mentionnée. v. 2 Macc. 12, 35.
mains, et si je ne mets mon doigt dans la THUMMIM. v. Urim.
plaie des † et si je ne mets la main THYATIRE, Act. 16, 14. Apoc. 1, 14.
,
ans son côté , le ne croirai point. » Le 2, 18. Ville de la province de Lydie, plus
imanche suivant il obtint la preuve qu'il anciennement nommée Pélopia, et Evip
demandait, et Jésus faisant allusion à ses pia, située sur le Lycus, à 33 milles nord
aroles, l'engagea à vérifier par lui-même de Sardes. C'était une colonie macédo
§ de sa résurrection.Thomas, con nienne, assez importante sous le double
fus et transporté, ne put que s'écrier dans point de vue militaire et commercial.
l'élan de sa joie : Mon Seigneur et mon Ses habitants s'occupaient surtout de fa
Dieu !Jésus n'ajouta pas un mot de blâme, briquer des étoffes de pourpre. Il se
et les † : « Ne sois pas incrédule, trouvait dans cette yille une petite com
mais fidèle, » sont plus une exhortation munauté chrétienne à laquelle saint Jean
qu'une censure.De même les paroles qui reproche de s'être laissée envahir par les
suivent : « Bienheureux ceux qui n'ont mœurs païennes. - C'est maintenant un
† vu mais qui ont cru, » sont à l'adresse bourg nommé Akhissar, où l'on trouve
les disciples de tous les temps; ce qu'elles encore quelques vieilles ruines, et des
avaient d'actualité se rapportait aux au monuments grecs.
tres apôtres comme àThomas, et ce qu'el TIBERE, Luc 3, 1., fils adoptif de l'em
les avaient de général n'est qu'une décla pereur Auguste, et second empereur de
ration des promesses faites à tous ceux Rome. D'abord juste et modéré, comme
qui ont dù croire sans voir, depuis les le sont presque toujours les monarques
TIB 408 TIB
dustrieux. On croit qu'il est désigné, Os. TIMOTHEE, (craignant Dieu), évangé
5, 13.10, 6., sous l'épithète de Jareb. On liste, et l'un des plus fidèles compagnons
ignore sous quel nom il est connu dans de Paul, 2 Tim. 4, 5., était probablement
l'histoire profane, mais il paraît que c'est Lycaonien, natif de Derbe, fils d'une fem
à peu près à l'époque du démembrement me juive, Eunice, et d'un père païen, Act.
de l'ancien royaume assyrien, sous Sarda 16, 1.3. 20, 4.2 Tim. 1, 5. Sa mère, et
napale, qu'il faut placer ces événements, son aïeule Loïs, furent probablement
alors que des ruines de l'empire surgis converties lors du second séjour de Paul
saient les trois monarchies nouvelles des en Lycaonie, et peut-être que lui-même,
Assyriens, des Babyloniens et des Mèdes. quoique fort jeune, reçut à cette époque,
TIGRE. 1° Fleuve, le Hiddekel du pa des impressions sérieuses que les soins
radis, q. v. Gen. 2, 14. Dan. 10, 4.—2° pieux de sa famille n'eurent pas de peine
Animal qui n'est pas mentionné dans l'An à développer, 2 Tim. 1, 5. 3, 15. Les pas
cien Testament, quoique quelques ver sages 1 Tim. 1, 2.2 Tim. 4, 2. 1 Cor. 4,
sions aient cru le trouver dans l'hébreu 17., n'indiquent pas nécessairement que
laish, Job. 4, 11., qui signifie lion, q. v. Paul ait été l'instrument de la conver
TILLEGATH-PILNEESER (celui qui sion de son jeune ami ; elles peuvent se
délivre les captifs), v. Tiglath-Piléser. rapporter à l'influence qu'il exerça sur
TILLEUL. Luther a Cru que le élon de lui en le formant à l'évangélisation. Ti
TIM 410 TIM
mothée justifiait, par une bonne réputa plus difficile de raconter la vie de Ti
tion, sans doute aussi par des dons natu mothée; des faits sont indiqués çà et
rels, les prophéties positives qui avaient là, mais aucune date ne les lie ; peut-être
été faites à son sujet, 1 Tim. 1, 18. 4, 14., est-il à Rome avec son maître. Quoi qu'il
et il se recommandait ainsi à l'attention ensoit, après cette première captivité, l'on
de l'apôtre qui n'hésita pas à se l'atta peut supposer (tOus les interprètes en
cher.Après l'avoir circoncis et lui avoir sont réduits à des suppositions sur ce
donné l'imposition des mains (l'an 52), point) que Paul, passant à Ephèse ou près
Paul le prit avec lui pour se rendre par de là, y laissa Timothée muni de quelques
Troas en Macédoine, Act. 16, 1. 3. 1 instructions qui cependant n'étaient point
Tim. 4, 14. 6, 12.2Tim. 1, 6. Il le laissa suffisantes, 1 Tim. 1, 3.; qu'il poursuit
d'abord à Bérée, l'envoya peu de temps son voyage par Philippes, jusqu'à Troas,
après à Athènes, puis à Thessalonique 2 Tim. 4, 13.; qu'il revient de la Macé
pour avoir des nouvelles de cette Eglise, doine dans l'Asie - Mineure pour y voir
au sujet de laquelle il était inquiet, Act. Timothée, ainsi qu'il le lui avait promis
17, 14.15.1 Thess. 3, 2. Timothée, ap dans sa première épître ; qu'il lui fait des
portant des nouvelles de Thessalonique, adieux solennels , 2 Tim. 1, 4., comme
rejoint Paul à Corinthe (52 ou 53), et s'il allait entreprendre un voyage long et
signe, avec lui, ses deux lettres aux dangereux; que dans ce voyage il laisse
Thessaloniciens, 1 Thess. 1, 1. 3, 6. cf. Trophyme malade à Milet, et Eraste à
Act. 18, 5.2 Thess. 1, 1. Ici nous per Corinthe, 2 Tim. 4, 20.; qu'il pousse
dons de vue Timothée; la narration des peut-être jusqu'en Espagne, et qu'enfin
Actes est interrompue quant à ce qui le il arrive à Rome, soit libre, soit prison
COnCerne, et ce n'est qu'après un certain nier; qu'il envoie de là quelques-uns de
temps que nous le retrouvons ; il est Ses cOmpagnOnS cOmme missionnaires, 2
à Ephèse, Act. 19, 22. Paul l'envoie de là Tim. 4, 10.; qu'il fait peut-être prévenir
en Macédoine et à Corinthe, Act. 19, 22. verbalement Timothée de venir le joindre
1 Cor. 4, 17. 16, 10. (l'an 56 ou 57); ce (Supposition nécessaire pour expliquer
pendant, en écrivant sa première lettre Sa seconde Epître, où il s'adresse à Timo
aux Corinthiens (16, 10.), Paul ne sait en thée comme si celui-ci connaissait déjà
cOre rien de l'arrivée de Timothée au mi son emprisonnement); qu'ayant été en
lieu d'eux; les résultats de ce voyage, tendu par le juge, et n'espérant plus re
cOmme en général plusieurs points de la couvrer sa liberté, Paul presse Timothée
vie de Timothée, restent assez obscurs, de venir le voir avant l'hiver, et d'amener
et l'on a de la peine à découvrir comment Marc avec lui, 2 Tim. 4, 11. 21. La se
cadrent ensemble les récits des Actes et conde Epître à Timothée aurait donc été
des Epîtres, la vie de Paul et celle de Timo écrite de Rome en 67, et adressée au dis
thée. Nous trouvons de nouveau ce der ciple à Ephèse. Quant à la première, elle
nier en Macédoine, auprès de Paul, lors se place naturellement pendant le voyage
de l'envoi de la seconde aux Corinthiens, que fit Paul en Macédoine après qu'il eut
1, 1., et l'on suppose que retenu par di établi Timothée à Ephèse, de sorte que la
verses occupations,Timothée n'a pu aller notice ajoutée dans les éditions ordinaires
jusqu'à Corinthe, ce qui expliquerait le à la fin de l'épître est fausse, comme d'au
silence que garde l'apôtre, 2Cor., sur la tres qui font dater la lettre d'Athènes.
présence et l'activité de Timothée dans L'Epître à Tite fut écrite à la même épo
cette ville. Mais lorsque, plus tard, Paul que, ainsi que cela résulte de sa grande
écrit de Corinthe aux chrétiens de Rome ressemblance avec la première à Tim9
(58), Timothée paraît être auprès de lui, théc. La tradition ajoute à ces données du
Rom. 16, 21. Paul, revenant par la Macé récit biblique, que Timothée fut évêque
doine , envoie Timothée à Troas, Act. d'Ephèse, et qu'il souffrit le martyre sous
20, 4., et nous le perdons de vue encore Domitien (81-96 ap. C.). On suppose que
une fois. Puis vient la captivité de Paul le Timothée de Hébr. 13, est le mème que
à Rome , et dès lors il devient toujours le disciple de Paul, mais on ne sait à quel
TIM 411 TIM
événement de sa vie l'apôtre fait allusion destinées à recevoir une certaine publi
en parlant de sa mise en liberté, si toute cité. Ce qui a été dit plus haut sert à fixer
fois cette traduction doit être admise, ce les dates de ces lettres, les lieux d'où
qui est contesté par plusieurs commen elles furent écrites et leurs circonstan
tateurs. — Le caractère de Timothée est ces : il faudrait un livre spécial pour ré
assez relevé par la confiance et l'amitié de soudre les doutes et prouver les asser
saint Paul; on peut dire qu'il est sans ta tions ; ce n'est point ici notre tâche.
che; pur, égal, aimant et doux pour les Il n'est aucune épître dont l'authenti
autres, il ne se ménageait pas assez lui cité ait éprouvé de plus rudes attaques
même, et l'apôtre ne lui reproche que que la première Epître à Timothée; c'est
trop de sobriété, un ascétisme trop rigou Schleiermacher qui lui a porté les pre
reux et trop austère, 1 Tim. 5, 23. Heu miers coups, s'appuyant de la logique, de
reux les pasteurs qui ne méritent pas la philologie et de l'histoire.On lui prouva
d'autre censure ! Le ministère si fécond (Planck) que la plupart de ses arguments
de Timothée n'est connu que par les let s'appliquaient avec la même force aux
tres qu'il a reçues d'un apôtre; sa car deux autres épîtres pastorales, et Eich
rière si importante serait entièrement horn, profitant de la leçon, ne tarda pas
oubliée sans cette circonstance, et l'on à attaquer les trois épîtres ensemble ;
peut se faire une idée, par ce seul exem d'autres ont suivi leurs traces, mais ils
ple, de ce que doit avoir été l'activité des ont été réfutés à plusieurs reprises par
premiers apôtres et missionnaires, sur la Bœhm, Heidenreich, Schneckenburger,
vie desquels nous n'avons aucun détail. Il etc. La violence des attaques a fait faire
semble aussi qu'on doive se réjouir de des recherches consciencieuses qui ne
ce qu'au milieu de toutes les peines de sont pas restées sans résultat. Il est dif
sa vie, Paul ait eu la douceur de rencon ficile de donner une analyse de ces épî
trer un ami comme Timothée, qui pouvait tres, surtout de la première à Timothée,
si bien le comprendre et sympathiser avec où il y a plus d'abondance que d'ordre,
lui, 2 Tim. 3, 10. De pareilles amitiés où toute disposition oratoire est négligée,
ne peuvent s'établir qu'entre chrétiens ; plus encore que dans les autres épîtres de
elles sont durables et parfaites, parce Paul, et où l'apôtre semble avoir jeté, au
qu'elles unissent la connaissance et le fur et à mesure qu'ils se présentaient à
sentiment, la vérité et la charité; cf. 2 lui, les préceptes, les sentences, les sou
Jean 2. venirs, l'expression de ses sentiments
Epîtres pastorales. On désigne sous personnels, des directions générales, des
ce nom les deux Epîtres à Timothée, et détails intimes, les conseils de l'apôtre et
I'Epître à Tite. Elles se distinguent de les conseils de l'ami. Les docteurs et les
toutes les lettres de Paul qui nous sont doctrines que Paul s'attache à combattre,
parvenues, en ce qu'elles sont les seules ou qu'il signale à l'attention du pasteur
qu'il ait adressées à des compagnons de d'Ephèse, sont les mêmes tendances qu'on
service : elles se distinguent aussi par là a vu combattues dans les Epîtres aux
de l'Epître à Philémon , qui n'est qu'une Ephésiens et aux Colossiens; il lui re
simple lettre de particulier, et quine traite commande de les combattre SurtOut en
que d'un seul objet de la plus grande sim proclamant l'Evangile, en opposant aux
plicité, d'une demande pour laquelle une erreurs les vérités contraires, l'autorité
exposition longue et variée était moins de son ministère au charlatanisme des
nécessaire qu'une manière persuasive de faux docteurs.
la présenter. Dans les épîtres pastorales, La seconde à Timothée parle également
· au contraire, Paul est convaincu d'avance des faux docteurs, mais d'une manière
que son lecteur est disposé à recevoir plus vague, moins circonstanciée, 3, 1-5.
les préceptes qu'il lui donne. Ce sont des 4, 3. etc.; c'est, en quelque sorte, un
lettres d'amitié, mais ce sont aussi des supplément d'instructions ; elle est, du
lettres d'affaires : elles ont ce double ca reste, plus personnelle, plus intime, et,
ractère, et il est évident qu'elles étaient comme on l'a dit, elle reflète les disposi
TIR 412 TIR
tions de l'âme de l'apôtre, qui s'attendait trouver les descendants de Tiras dans les
à un prochain délogement, et qui fait son Thraces, les habitants actuels de l'Alba
testament avant de mourir, instituant, en nie. Tyras était l'ancien nom du Dniester,
quelque sorte, Timothée pour son héri et l'affinité de nom devient plus frappante
tier et exécuteur testamentaire. encore quand on se rappelle que le # des
L'Epître à Tite ne traite, pour ainsi Grecs (Thrax) se trouve dans l'alphabet à
dire, qu'un seul sujet, la nécessité de la place de l's des Hébreux. v. Thrace.—
nommer des anciens dans les villes de Il y avait aussi une ville de Thyrée dans
l'île de Crète ; il ne s'agit pas, comme dans le Péloponèse, et, comme Tiras était frère
les précédentes, de redresser ou de com de Javan, cette parenté pourrait établir le
pléter un ordre de choses déjà existant, voisinage de leurs descendants. Schrœ
mais en partie affaibli ou corrompu ; il ne der, enfin, pense aux Tyrrhéniens (Tyr
s'agit, par conséquent, pas de combattre : séniens est probablement une faute d'im
aussi les prèceptes donnés par Paul sont pression), qui étaient unis ou identiques
ils tout à fait simples. Le reste de l'épître aux Pélasges, et célèbres comme naviga
traite de la doctrine et de l'enseignement. teurs et comme pirates. Les noms de To
L'Evangile avait pénétré en Crète d'assez ersha (Tiras), et de Mashoach (Mésec), se
bonne heure, mais d'une manière en quel retrouvent à côté l'un de l'autre sur di
que sorte privée; onyvoyait des croyants, V0TS8S insçriptions égyptiennes, comme
on n'y trouvait pas d'Eglise, et Tite fut les noms de peuples ou peuplades qui
chargé d'organiser ces troupeaux. L'ab ont été en guerre avec l'Egypte.
sence de conducteurs spirituels et le con TIRHACA, le Taracus de Manéthon, le
tact des idées juives avaient pu favoriser Téarcon de Strabon, le troisième roi de
l'action du principe judaïsant, et l'antique la25e dynastie égyptienne (l'éthiopienne),
mauvaise renommée des Crétois, justifiée dont le nom est confirmé par les monu
par leur immoralité, continua de subsis ments et les inscriptions de l'Egypfe, n'est
ter même après l'établissement partiel du connu que par l'alarme qu'il jeta dans le
christianisme dans cettte île. camp de Sanchérib, et l'heureuse diver
Chacune des trois épîtres pastorales a sion qu'elle fit en faveur d'Ezéchias, 2
donc son caractère, chacune forme un en Rois 19, 9. Es. 37, 9. (714 ou712av. C.).
semble dont les différentes parties se On ignore si ce fut une panique imagi
lient, d'une manière conforme au but naire, ou si Tirhaca porta réellement ses
particulier de l'apôtre, et aux circonstan armes en Assyrie. D'après Strabon, ce
ces dans lesquelles elle a été composée. prince, plus fort que ses prédécesseurs,
– Comment. Heidenreich. aurait, dans ses expéditions, poussé jus
TIPHSAH, 1 Rois 4,24., ville frontière qu'aux colonnes d'Hercule. Il doit avoir
du royaume de Salomon, vers le nord-est. régné dix-huit ans, de 714-696. C'est
Son nom signifie passage, et elle était, en peut-être lui qui est désigné Es. 30, 2.,
effet, la clef militaire et commerciale de si ces oracles se rapportent à Ezéchias,
l'Euphrate. C'est le Thapsacus des an et l'on croit que Es., 19, annonce les évê
ciens, grande et populeuse cité, bâtie sur nements qui suivirent sa mort, et l'avè
la rive occidentale de l'Euphrate, à une nement d'une dynastie nouvelle.
forte journée à l'est de Palmyre. Elle re TIRTSA (grâce, beauté), ville cana
çut, depuisSéleucus Nicator, le nomd'Am néenne et résidence royale, Jos. 12, 24.,
phipolis, et s'appelle maintenant El-Déir. devint, par la suite, la capitale du royau
—Il ne faut pas la confondre avec la ville me d'Israël, depuis Jéroboamjusqu'à Hom
nommée 2 Rois 15, 16.; car, à cette épo ri, 1 Rois 14, 17. 15, 21.33. 16, 8. Son
que, la frontière du désert n'appartenait palais fut brûlé dans une des dernières
plus aux successeurs de Salomon, et, vu guerres de succession, 1 Rois 16, 15. 17,
sa signification, le même nom a pu être 23., et Homri choisit Samarie pour sa ré
donné à bien des villes différentes. sidence. Tirtsa est célébrée à cause de la
TIRAS, Gen. 10, 2. Depuis les Targu beauté de ses environs, Cant. 6, 4., mais
mistes, tous les interprètes croient re on ne connaît plus au juste son emplace
TIS 413 TIT
ment; on croit qu'elle était situéeau nord criture sont la navette, Job 7, 6.; l'ensu
est de Sichem, sur le plateau d'une belle ble, 1 Sam. 17, 7.2 Sam. 21, 19.; la che
montagne. Quelques voyageurs du trei ville du métier avec la chaîne, Jug. 16,
zième et du quinzième siècle pensent en 14. (mal traduit dans Martin, l'attache de
avoir trouvé les ruines, sOus le nom de la tissure avec l'ensuble); la chaîne et la
Tersa, à 3 lieues est de Samarie. trame, Lév. 13, 48.; les pesnes, Es. 38,
TISBE, ville de la tribu de Nephthali, 12., etc. La fréquence de ces expressions
en Galilée, Tobie 1, 2.; d'autres, à cause et l'usage qu'en font les prophètes dans
de 1 Rois 17, 1., croient que Tisbé était leurs poétiques comparaisons, montrent
en Galaad. Elle n'est cOnnue que comme que le métier du tisserand était assez gé
patrie d'Elie ; mais il suffit de cette men néral parmi les Israélites, quoique l'on
tion pour réfuter l'assertion des phari puisse conclure de Prov. 7, 16., qu'ils
siens, Jean7, 52., car il n'est pas de ville continuèrent de tirer d'Egypte leurs tis
aussi petite qui puisse revendiquer l'hon sus les plus estimés. Ils travaillaient sur
neur d'avoir donné le jour à un prophète tout le coton, le lin et la laine, peu ou
plus grand qu'Elie le Tisbite. point la soie , ils faisaient entre autres
TISSERAND. L'art de faire des tissus des étoffes grossières de poil de chèvre
est fort ancien. On peut croire qu'il fut et de poil de chameau qui servaient d'ha
l'une des premières découvertes de l'es bits de deuil, de vêtements pour les pau
prit humain, car il était pour l'homme vres, ou de garnitures de tentes, Matth.
une nécessité, et s'il est compliqué dans 3, 4. Ex. 26, 7. 35, 6. Cant. 1, 5. On sait
son exécution, il est du moins tellement qu'il n'entrait jamais deux matières diffé
simple dans son idée première, que cette rentes dans un même tissu, Lév. 19, 19.
idée, fécondée par le besoin, ne dut pas Il est difficile de déterminer exactement
tarder à porter ses fruits et à donner aux la nature des diverses étoffes mention
hommes, avec un art nouveau, des res nées dans l'Ecriture ; on voit seulement
Sources nouvelles. Hérodote nous montre qu'il y en avait de plusieurs sortes, des
déjà les Egyptiens travaillant le lin et le quadrillés, des croisés, des espèces de
coton ; la Bible, confirmant les assertions damas avec des dessins symboliques en
de l'histoire profane, parle de magnifi broderies, etc. La robe sans couture,
ques tissus blancs de fin lin travaillés en Jean 19, 23., quelque simple qu'on l'i-
Egypte, Gen. 41, 42. Es. 19, 9., et plus magine, montre à quel haut degré de dé
tard de tapis de fin lin moirès ou semés veloppement ils avaient déjà porté le tra
de dessins, dont l'Egypte faisait le com vail de la fabrication.
merce, Ez. 27, 7. cf. Prov. 7, 16. C'est TITE, aide et compagnon de Paul, était
là probablement que les Israélites avaient païen d'origine, et ne revêtit point, même
fait leur apprentissage, puisque dans le après sa conversion, le signe de la natio
désert ils avaient déjà des ouvriers assez nalité juive, Tite 1, 4. Gal. 2, 3. Les
habiles pour confectionner tous les tapis Actes ne le nomment nulle part, et il n'est
et tentures du tabernacle, Ex. 35, 35. un peu connu que par l'épître qu'il a re
Chez eux cependant, c'étaient plutôt les çue de Paul, et par la mention qui est
femmes, mème les princesses, et souvent faite de lui à plusieurs reprises dans la
les esclaves, qui s'occupaient de tisser 2° aux Corinthiens. C'est à Antioche
comme de filer, Prov. 31, 13. 19. cf. 21. que nous le trouvons d'abord ; député
22. 24. Ex. 35, 25. 2 Rois 23, 7. Cepen par cette église au concile de Jérusalem,
dant cette règle avait ses exceptions, il s'y rend avec Paul, son père spirituel,
Ex. 35, 35. cf. 1 Chr. 4, 21. En Egypte Gal. 2, 3. cf. Act. 15. Paul l'envoie plus
au contraire, c'étaient les hommes qui tard d'Ephèse à Corinthe sur les traces
tissaient, Hérodote 2, 35. cf. Es. 19, 9. de Timothée , pour travailler à rétablir
Le métier du tisserand était chez les an l'ordre troublé dans cette Eglise. Tite y
ciens assez élevé, de telle sorte que l'ou est bien reçu, remplit avec succès la mis
vrier travaillait debOut. sion qu'il a acceptée, et refuse toute es
Les diverses pièces nommées dans l'E- pèce de don ou de récompense, 2 Cor. 7,
TOB "444 TOI
13. 12, 18. Il rejoint en Macédoine, peut sib pour se faire concéder l'usage d'un
être à Philippes, son maître, qui l'a vai des'appartements du temple. Néhémie,
nement attendu à Troas, 2 Cor. 2, 12. de retour, le fit honteusement chasser et
13. 7, 6. Paul le renvoie de nouveau à jeter ses meubles hors des parvis : ce
Corinthe pour y organiser ou y presser fut là sans doute ce qui lui fut le plus
des collectes, 2 Cor. 8, 6., etc. On croit sensible. Cette âme basse et inconsé
que ce fut lui qui porta la seconde lettre quente ne connaissait que deux passions,
de Paul aux Corinthiens. Dès lors on a l'envie et la cupidité, Néh. 2, 10. 4, 3.
plus de peine à suivre son histoire. Après 6, 1. 13, 4. - 2° contemporain d'Esdras,
sa première captivité, Paul laisse Tite en v. Heldaï.
Crète avec la mission spéciale d'organi TOGARMA, Gen. 10, 3. D'après une
ser les troupeaux en mettant des anciens ancienne tradition qui s'est conservée en
à leur tête ; là, Tite reçoit la lettre de l'a- Arménie, Togarma serait le père des Ar
pôtre qui lui demande de venir le trou méniens. Comme les Septante tradui
ver à Nicopolis, Tite 1, 5. 3, 42. Il ac sent constamment Togarma par Thorga
compagne Paul dans son second voyage ma, d'autres ont cru voir dans ces peu
à Rome, mais le quitte au bout de quel ples les Turcomans ou les Turcs. Les
que temps pour se rendre en Dalmatie , deux opinions peuvent être vraies, et il
2 Tim. 4, 10. Les plaintes de l'apôtre est difficile de décider entre elles. La
qui, après avoir dit : Tous m'ont aban mention de Ez. 38, 6. 27,14., montre que
donné, mentionne spécialement l'absence cette peuplade ou nation s'oceupait sur
de Tite, peuvent être aussi bien un re tout de l'élève des chevaux, des mulets,
gret qu'un reproche, et rien, ni dans les et par conséquent des ânes. La tradition
paroles de Paul, ni dans la vie de Tite, arménienne nomme, comme souche de ce
ne permet de croire que le voyage de peuple, Haïk, fils de Thorgom, petit-fils
Dalmatie fût pour Tite une affaire d'inté de Gamer (Schrœder).
rêt ou de peur. La tradition ajoute que TOHI, 2 Sam. 8, 9. 1 Chr. 18, 9., roi
Tite devint évêque de Crète et qu'il mou de Hamath, ville de Syrie, fut heureu
rut dans cette île à un âge fort avancé. sement débarrassé par David de Hadad
— Quant à son épître, voyez Timothée. héser, son puissant voisin, avec lequel il
TOB, district situé au delà du Jourdain, était toujours en guerre. Il envoya son
dans le voisinage d'Hammon et de la Sy fils Joram féliciter le vainqueur et lui
rie, Jug. 11, 3.2 Sam. 10, 6., peut-être porter des présents, démarche qui doit
le même que le Tubin ou Tubius de être placée non après la première vic
1 Macc. 5, 13. Ptolémée compare Thau toire de ce prince, mais après la seconde,
ba dans l'Arabie Déserte, d'autres pen qui consomma sans retour la ruine to
sent à Tabaï en Pérée. - tale de son adversaire; il eût été impru
TOBIJA. 1° vil intrigant hammonite dent, en effet, de se réjouir avec trop d'é-
qui, d'esclave affranchi, était devenu chef clat lorsque toute chance de salut n'était
d'une tribu Samaritaine, et n'usa de son pas encore perdue pour le roi de Syrie.
influence que pour se faire le complice TOIT. On sait que les toits de l'Orient
de Samballat et son agent dans toutes ses sont plats, comme ils l'ont toujours été :
perfidies contre les Juifs et contre Né la sécheresse habituelle du climat per
hémie en particulier. Il avait épousé la met ce genre de construction, qui chez
fille de Sécania, son fils était gendre de nous compromettrait la solidité des mai
Messullam, et par ces relations avec deux sons par le long et fréquent séjour de
des premières familles de Jérusalem, il pluies sans écoulement. Il était du reste
pouvait se tenir facilement au courant de pourvu , par une légère inclinaison du
tout ce qui se faisait. Longtemps la pré plancher, partant du milieu ou de l'un
sence de Néhémie déjoua ses projets : une des côtés, à ce que l'eau, pendant la sai
absence de ce gouverneur l'enhardit, il son des pluies, pût s'écouler facilement;
s'établit à Jérusalem, et profita de son in elle était conduite de là par des tuyaux
timité avec le souverain sacrificateur Elia dans les citernes destinées à la recevoir.
TOI 415 TOP
Un parapet peu élevé courait autour du toit au-dessus de ma tête, et j'admirais
toit, servant de barrière et d'appui, Deut. combien l'action des amis du paralytique
22, 8. 2 Rois 1, 2. (?) Le toit était fait était facile.Au-dessus des poutres était
d'une espèce de bousillage à peu près une couche de grands roseaux; ces ro
imperméable, sur lequel on trouvait quel seaux étaient couverts de broussailles, et
quefois, comme sur nos toits, une espèce par dessus tout cela était une couche de
d'herbe qui, presque sans racines , ne terre, battue au point de former une masse
tardait pas à sécher, Ps. 129, 6. 2 Rois solide. ll leur fut très aisé de remuer la
19, 26. Es. 37, 27. Parfois aussi, mais terre, puis les broussailles, et enfin les ro
rarement, le toit était formé de dalles de seaux; cela ne leur eût pas été plus dif
pierres. Il servait à différents usages : on ficile lors même que la terre eût été cou
s'y rendait pour se reposer, pour se dis verte de tuiles, cf. Luc 5, 19.; ils ne pou
traire, pour prendre l'air frais du soir, vaient incommoder en aucune manière les
2 Sam. 11, 2. Dan. 4, 29.; on y dormait personnes qui étaient au-dessous dans la
l'été; on s'y retirait pour des entretiens maison en enlevant les tuiles et la terre,
intimes, ou pour s'abandonner librement ces personnes étant garanties par les
à sa douleur, 1 Sam. 9, 25. 26. Es. 45, broussailles et les roseaux qui devaient
3. Jér. 48, 38.; on y dressait des tentes, être remués les derniers. — Le même
on y célébrait la fête des Tabernacles et missionnaire explique encore Es. 22, 4.,
d'autres solennités religieuses, 2 Rois 23, par la coutume turque de monter sur les
12. Jér. 19, 13. Soph. 1, 5. Act. 10, 9., toits quand on entend crier au feu ! pour
comme si l'on y était plus près de Dieu ; voir de quel côté l'incendie s'est déclaré.
on y faisait aussi des choses que l'on dé — v. Maisons.
sirait voir connues du public, 2 Sam. 16, TOKEN, ToLAn, villes inconnues, de
22., telles que des proclamations, Matth. Siméon, 1 Chr. 4, 29.32.
10, 27. Luc 12, 3.; on observait ce qui se TOLAH. 1° Fils aîné d'Issaccar, Gen.
passait au dehors, Jug. 16, 27. Es. 22, 46, 13. Nomb. 26, 23. 1 Chr. 7, 1. - 2° Le
1.; On s'y défendait contre des attaques, septième des juges d'Israël, de la tribu
Jug. 9, 51.2 Macc. 5, 12.; on y exposait d'Issacar, peut-être d'une famille distin
les ustensiles et objets de ménage que guée; il gouverna le pays pendant vingt
l'on voulait sécher, etc. , Jos. 2, 6.; en trois ans après la mort d'Abimélec, et
un mot, l'on s'en servait comme de véri profita sans doute des douceurs de la paix
tables terrasses, pour tous les usages pour réparer le mal qu'avaient fait les
possibles; mais l'on n'y demeurait pas guerres précédentes, et l'usurpation d'A-
d'habitude, et l'image de Prov. 21, 9. cf. bimélec, Jug. 10, 1. Il mourut à Samir,
25, 24., dit assez combien c'eût été une lieu de sa résidence.
triste existence que de vivre sur un toit TOMBEAUX. v. Sépulcres.
et exposé aux intempéries de l'air. TOPAZE, hébr. pitdah, Ex. 28, 17.
On montait sur le toit par deux esca Ez. 13, 28, Job. 28, 19. Les traducteurs
liers, l'un intérieur, l'autre extérieur ; il sont en général d'accord sur la traduction
était en outre facile d'enjamber d'un toit du mot, mais ils ne s'entendent plus sur
sur le toit voisin et d'aller ainsi d'un bout la couleur de la topaze; les Grecs disent
de la rue à l'autre, Matth. 24,17. Marc 13, qu'elle est d'un jaune d'or, Pline la fait
15. Luc 17, 31. verte, ce qui a porté les modernes à pen
D'après ce qui précède, on comprend ser que l'ancienne topaze est la chryso
comment les amis du paralytique purent lithe d'à présent; la mention de Job est,
porter leur malade sur le toit quand la du reste, d'accord avec celle de Pline, Job
foule les empêchait d'entrer par la porte, cherche la belle topaze en Ethiopie, Pline
Marc 2, 3.4. la trouve dans une île de la mer Rouge.
Quelques observations du révérend Ce qu'on appelle aujourd'hui topaze, est
Hartley compléteront ce qu'il y a à dire une pierre transparente d'un jaune ci
sur ce sujet : Quand j'étais à Egine, dit tron, ou tirant sur la couleur du vin ; on
il, j'étais souvent occupé à regarder le en connaît aussi de blanches.
TRA .416 TRE
TRONE, le siége officiel sur lequel , Rome avec saint Paul. Incertain.
revêtus de vêtements magnifiques, s'as TRYPHENE et TRYPHosE, Rom. 16,
seyaient les rois, soit à leur avénement, 12., peut-être deux sœurs, disciples de
soit dans des audiences solennelles, ou Rome, qui travaillaient pour le service du
lorsqu'ils rendaient la justice, 1 Rois 2, Seigneur ; elles ne sont connues que par
19. 22, 10. 2 Rois 11 , 19. Est. 5, 1. cette honorable mention, et par des tra
Prov. 20, 8. C'était un grand fauteuil ditions sans valeur.
avec un marchepied, parfois aussi avec TSAANAN, Mich. 1, 11., ville de Pa
plusieurs degrés, Es. 6, 1. Le trône de lestine que Bochart et Michaélis identi
Salomon est célébré dans l'Ecriture com fient avec le Tsénan de Jos. 15, 37.
me une merveille, 1 Rois 10, 18., et les TSADOC, fils d'Ahitub, descendant d'I-
rois de l'Orient en général ont toujours thamar, 1 Chr. 6, 8. 18, 16.2 Sam. 8, 17.
attaché une grande importance à la beau 20, 25., connu par sa fidélité à David. ll
té et au luxe des ornements de ce siége ; régla, de concert avec Abiathar, tout ce
le trône des Hérodes était d'or ou doré, qui concernait le transport de l'arche à
Josèphe, Guer. des Juifs 2, 1, 1.; v. aussi Jérusalem, 1 Chr. 15, 11., obéit à David
Odyss., 1, 130. 4, 136., la description que lors de la révolte d'Absalon , resta dans
fait Homère des trônes de ses princes. la ville sainte auprès du traître, et fit pas
Le trône était l'un des signes distinctifs ser à David par l'intermédiare de son fils,
du pouvoir royal, Gen. 41, 40.; les ex de sages et précieux avis, 2 Sam. 15,24.
pressions : être assis sur le trône, ou 17, 15. Il calma l'effervescence populaire
s'asseoir sur le trône de quelqu'un, sont après la mort d'Absalon, 2 Sam. 19, 11.,
souvent prises dans un sens figuré, pour prit parti contre Adonija, et sacra Salo
régner ou succéder à un roi, Detht. 17, mon roi d'Israël pendant que la conspi
18. 1 Rois 1, 13. 16, 11. 2 Rois 10, 30. ration se tramait. Ses services furent ré
L'Ecriture contient un grand nombre d'i- compensés par la collation de la souve
mages empruntées à cet emblème de la raine sacrificature, qui fut enlevée à Abia
royauté : les cieux sont le trône de l'E- thar exilé, et qui rentra ainsi dans la
ternel, et la terre est le marchepied de branche aînée, 1 Rois 1, 8. 2, 35. 4, 4.
ses pieds, Es. 66, 1. cf. Ps. 89, 14. 110, (sans que l'on sache comment elle en
1. Luc 22, 69. Act. 7, 49. Jésus lui-mê était sortie). Quelques auteurs pensent
me et les vieillards de l'Apocalypse sont qu'Abiathar et Tsadoc avaient exercé si
assis sur des trônes pour juger le monde, multanément la sacrificature, l'un à Jéru
Apoc. 3, 21. 4, 4. | salem, l'autre à Gabaon, 1 Chr. 16, 39.;
TROPHIME, disciple d'Ephèse, païen d'autres, que Tsadoc était sagan ou vicaire
de naissance, qui accompagna Paul dans d'Abiathar ; mais la déposition de ce der
son troisième voyage missionnaire, d'a- nier et son remplacement par Tsadoc,
bord de Troas en Macédoine, puis à Jéru montre évidemment qu'ils se sont succé
salem où il fut l'occasion des persécu dé, et l'historien sacré a pu dire, sans se
tions qu'éprouva l'apôtre et qui le con contredire, qu'ils avaient tous deux exer
duisirent à Rome, Act. 20, 4. 21, 29. On cé la sacrificature de leur temps.
ne le retrouve plus dès lors que malade TSAHANNAJIM, Jug. 4, 11., et Tsa
à Milet, 2Tim. 4, 20., et ceux qui, com hanannim, Jos. 19, 33. (par erreur Tsa
me Winer, n'admettent pas deux capti hannim dans quelques éditions françai
vités de Paul à Rome, avouent qu'ils ne ses), une des villes frontières de Neph
peuvent expliquer ce détail ; Trophime thali, probablement vers le nord; quel
ne fut laissé malade à Milet par l'apôtre ques auteurs ont traduit le Alôn de Tsa
que lorsqu'ils y passèrent une seconde hanannim de Jos. 19, 33., par le chêne
fois, c'est-à-dire après la délivrance de des nomades, v. Rosenmuller : mais si
la première captivité, puisqu'après y avoir cette traduction est possible, il est cepen
passé une première fois ils continuèrent dant peu vraisemblable que, dans une dé
ensemble leur voyage jusqu'en Judée. La limitation de frontières, un chêne serve
tradition porte qu'il souffrit le martyre à de limites, et que deux moins soient ainsi
TSE 423 TSI
pris dans un sens appellatif. — On a cru Jos. 18, 22. — 2o Une des montagnes
que cette ville est le Saana de Ptolémée, d'Ephraïm, 2 Chr. 13, 4., peut-être celle
entre Abila et Ina (9). sur laquelle fut bâtie la ville de ce nom.
TSALMUNAH (ombre). v. Zébah. TSEMARIENS, Gen. 10, 18., peuplade
TSARTHAN (détresse), en deçà du cananéenne, nommée entre les Arvadiens
Jourdain, Jos. 3, 16., et non loin de ses et les Hamathiens : on croit en retrouver
rives, vis-à-vis de Succoth, 1 Rois 7,46.; les traces (Schrœder) dans la ville phéni
probablement le même endroit que Tsar cienne de Simyra, située au pied du Li
thana, 1 Rois 4, 12., ou Tseredatha, 2 Chr. ban, sur le fleuve Eleutherus, Ptolém. 5,
4, 17. (dans l'hébreu), ou Tséréra, Jug. 7, 15. Plin. 5, 17. Shaw en a vu les ruines à
22., ou Tséréda, 1 Rois 11, 26. (lieu de environ 8 Ou 10 lieues sud-est de Tor
naissance de Jéroboam) : dans ce cas elle tosa. L'opinion de Hamaker qui place les
aurait appartenu à la tribu d'Ephraïm. Tsemariens sur les bords du Tamyras en
Presque toutes ces légères différences ne tre Béryte et Sidon, ne s'appuie que sur
proviennent que de la facile confusion cette analogie de nom; et les rabbins,
des lettres hébraïques r et d, et des finasuivis par Jérôme, qui pensent à la ville
les locales. d'Emesa ou Emissa, magnifique ville si
TSEBOIM (chèvres, biches).1° Ville de tuée sur l'Oronte en Syrie, avec un tem
Benjamin située dans une vallée, Néh. 11, ple du soleil, nous transportent trop loin,
34. 1 Sam. 13, 18.— 2o Une des villes de et oublient que cette ville ne fut con
la plaine, qui furent détruites avec Sodo struite que beaucoup plus tard.
me et Gomorrhe, dans la vallée de Siddim, TSÉRÉRA. v. Tsarthan.
Gen. 10, 19. 14, 2.8. Deut 29, 23. Os. TSÉRUIA, sœur de David, fille de sa
41, 8. mère, d'un premier mari nommé Nahas,
TSÉLAH (côte), ville de Benjamin, n'est connue que par ses trois fils Joab,
dans laquelle furent enterrés Saül et son Abisaï, et Hazaël, 2 Sam. 2, 18. 17, 25. 1
père, 2 Sam. 21, 14. Jos. 18, 28. Chr. 2,16. Elle est souvent nommée avec
TSÉLOPHCAD (ombre de la crainte), eux ; son mari est complétement inconnu.
1 Chr. 7, 15. Nomb. 26, 33. 27, 1. Jos. TSIBA (soldat, guerrier), 2 Sam. 9, 2.,
17, 3., était fils d'Hépher, de la tribu de ancien serviteur de Saül, se distingua plus
Manassé, resta en dehors de la conspi sous le nouveau régime par son habileté
ration de Coré, mais mourut au désert que par sa fidélité. Nommé par David in
conformément à la condamnation divine tendant des domaines restitués à Méphi
prononcée contre la génération du dé boseth, il goûta les douceurs de l'indé
sert.Il ne laissait après lui que cinq filles, pendance, et ne rêva rien moins que de
qui se trouvèrent déshéritées en vertu de devenir le propriétaire des biens qu'il ad
la loi des héritages qui n'accordait de ministrait ; lors de la révolte d'Absalon,
terres qu'aux enfants mâles ; le nom de il vint au-devant de David sur le mont
leur père allait s'éteindre, celui de leur des Oliviers, lui offrit quelques provi
aïeul périssait, si l'on n'établissait qu'en sions, et fut naturellement interrogé sur
l'absence d'enfants mâles les filles deve ce qu'il savait ; il dénonça son maître,
naient aptes à hériter. Leur réclamation, Méphiboseth, comme aspirant à la cou
portée devant Moïse, fut trouvée juste, ronne, et cette infâme calomnie, quoique
et elles eurent un territoire assuré. MaiS mal inventée et mal racontée, lui assura
la tribu de Manassé réclama à son tour, la possession de ces domaines qu'il con
craignant que le mariage de ces filles avec voitait, 2 Sam. 16,. Lorsque la victoire fut
des hommes d'une autre tribu ne dimi assurée à David, et qu'il eut repris le che
nuât son territoire, et un second décret min de Jérusalem, Tsiba, craignant que la
statua qu'une fille, après avoir hérité des lumière ne se fît jour pendant la paix,
biens de son père, ne pourrait se marier vint avec ses quinze enfants et vingt ser
que dans sa tribu, Nomb. 36, 6.Les filles viteurs, se mit à la suite de Simhi qui
de Tsélophcad s'y conformèrent. sollicitait son pardon, ne vit ses intrigues
TSEMARAJIM. 1° Ville de Benjamin, qu'à moitié déroulées, et n'eut à restituer
TSI 424 TS0
que la moitié des biens qu'il avait si hon au sud du pays, au pied des montagnes
teusement acquis. Il eut tous les dons de Juda, et sur un torrent qui se jette
qu'il faut pour réussir par le mal, et dans le Bésor.
n'eut aucune des qualités qui font une TSIN (bouclier), désert de l'Arabie Pé
bonne réputation : de l'esprit, mais point trée. Les Israélites du désert y arrivèrent
de cœur. de Hetsjon-Guéber, Nomb. 33, 36., espé
TSIDKIJA (justice de l'Eternel), fils de rant de là pénétrer en Canaan en traversant
Kénahana, 1 Rois 22, 11. 2 Chr. 18, 10., le pays des Edomites quil'avoisine, Nomb.
imposteur et chef d'une école de faux 34, 3. C'est un plateau dont la partie la
prophètes. Le front armé de cornes de plus élevée (1,500 à 2,000 pieds au-dessus
fer, symboles d'une puissance extraordi de la mer) est située vers le sud et vers
naire, Mich. 4, 13., il se présenta devant l'est, et qui s'abaisse au nord vers les
Achab qui le consultait sur la guerre montagnes de Juda, et surtout à l'ouest
qu'il allait porter en Ramoth de Galaad, vers la Méditerranée, Nomb. 13, 22. Jos.
et flattant ses désirs, il lui annonça une 20, 1. Le sol est d'une extrême aridité;
victoire éclatante, au nom de l'Eternel. à peu près aucune source ; rien que des
Le prophète Michée ayant osé lui répon réservoirs et des puits taillés dans le ro
dre par des oracles plus vrais, Tsidkija cher , pas un seul ruisseau qui atteigne
s'emporta violemment contre lui jusqu'à la mer; des rochers nus et inhabités; des
le frapper ; Michée en appela à l'accom serpents et des scorpions. Kadès est la
plissement, et annonça à cet imposteur seule ville nommée comme appartenant à
une honte et une fuite prochaine. L'ac cette solitude désolée, Nomb. 20, 1. 27,
complissement de cet oracle ne nous est 14. Le désert de Tsin et celui de Paran
pas raconté, Tsidkija et les siens parais qui le touche, portent aujourd'hui le nom
sent n'avoir pas été compris dans l'exé de Djebel el Tyh Beni Israjël, la monta
cution des faux prophètes ordonnée par gne des errements des fils d'Israël. Il ne
Elie, cette dernière n'ayant porté appa faut pas le confondre avec le désert de
remment que sur les prêtres de Bahal, 1 Sin, q. v.
Rois 22, 6. cf. 18, 19. Il fallait que l'im TSINNA, ville de Juda, située proba
posteur jouît à la cour d'Achab d'une bien blement au midi, Nomb. 34, 4. Jos. 13, 3.
grande faveur pour avoir osé s'emporter TSOBA, ou plus complétement Aram
devant le roi, et cette colère qui à elle Tsoba, la Syrie de Tsoba, 2 Sam. 10, 6.
seule eût suffi pour prouver l'imposture, Ps. 60, petite monarchie syrienne dont
prouve aussi que la majesté d'Achab était les rois, sous Saül d'abord, puissous Da
complice des fourberies du faux pro vid, s'unirent fréquemment avec des puis
phète. sances voisines, les Araméens, les Ham
TSIHOR (petit), Jos. 15, 54., ville des monites, pour faire la guerre à Israël ,
montagnes de Juda, située, d'après Eu mais furent défaits par David en deux
sèbe qui croit en avoir retrouvé les res rencontres, 1 Sam. 14, 47.2 Sam. 8 et
tes, entre Jérusalem et Eleuthéropolis. 10. D'après le nombre de leurs troupes,
TSIKLAG (mesure pressée), ville cana et la richesse du butin qu'ils laissèrent
néenne, qui, après avoir appartenu suc entre les mains des Israélites, on peut
cessivement aux tribus de Juda et de Si conclure qu'ils étaient assez puissants, et
méon, Jos, 15, 31. 19, 5., était retombée le pays paraît leur avoir offert assez de
entre les mains des Philistins, et Se trou ressources pour que bientôt après une
vait, aux jours de David, sous la dépen défaite importante ils aient pu de nouveau
dance du roi de Gath, 1 Sam. 27, 6. Elle Se remettre en campagne, 2 Sam. 8, 3.
fut assignée pour demeure à David qui en 10, 6. Peut-être avaient-ils au-dessous
fit le centre de ses expéditions militaires, d'eux des rois vassaux, 2 Rois 10, 6. Le
4 Sam. 30, 1. 14. 26. 2 Sam. 1, 1.4, 10. nom d'Hadadhéser, q. v., était commun,
Dès cette époque, elle redevint israélite, probablement héréditaire chez les Rois de
et après l'exil on la retrouve habitée par Tsoba. Malgré l'espèce d'importance de
des Juifs, Néh. 11, 28. Elle était située ce petit pays, ou ne sait au juste ou il était
TSO 425 TUB
situé; d'après 1 Sam. 14,47., il aurait été vironnante aurait produit du baume.
proche voisin de la Palestine, tandis que TSOPHAR,Job2, 11., Nahamathite, soit
2 Sam. 8, 3. 10, 6. le renvoie aux rives que ce nom désigne sa famille ou sa patrie,
de l'Euphrate, et que 2 Sam. 8, 5.9., le est le plus obscur des trois amis de Job ;
place dans le voisinage de Hamath et de il est à la fois le plus violent et le plus
Damas : les deux noms Bétah et Bérothaï, faible ; il parle dans un langage affecté,
2 Sam. 8, 8., sont trop peu connus pour et, à la fin de son discours, il ne sait que
fournir une indication, et l'on peut sup se répéter lui-même. Ses reproches rou
poser que David n'aura pas poussé beau lent surtout sur la prétention de Job d'ê-
coup plus loin que les villes frontières. tre innocent. En ne parlant que deux
Le plus probable c'est que la Syrie de fois, il se rend justice, Job 11, 1. 20, 1.
Tsoba s'étendait au nord-est de Damas, Hl assiste au sacrifice qui termine le livre
entre l'Oronte et l'Euphrate, peut-être Job. 42, 9., et, selon le système de quel
jusqu'à ce dernier fleuve. Les rabbins ques commentateurs, il est lui-même la
pensent qu'il s'agit de la contrée d'Alep, victime expiatoire.
d'autres à Accad, Gen. 10, 10., d'autres TSORHA, ville située dans les plaines
au pays de Nisibis, Bochart enfin à la par de Juda, dans la partie septentrionale de
tie de l'Arabie la plus voisine de Damas Sephéla, Jos. 15, 33., mais appartenant à
vers le sud. la tribu de Dan, Jos. 19, 41. Voisine
TSOHAN, ville d'Egypte, Nomb. 13, d'Estaol, elle est célèbre comme lieu de
23., de la Basse-Egypte, Ps. 78, 12.43., naissance, et comme séjour habituel de
qui paraît être devenue une des capitales Samson, Jug. 13, 25. cf. 18, 2. 8. 11.
de ce pays aux jours d'Esaïe, 19, 11.13. Dans la suite, elle devint forteresse fron
30, 4., et d'Ezéchiel 30, 14. Elle porte tière du royaume de Juda, 2 Chr. 11, 10.,
dans les Septante et dans les historiens et fut, après l'exil, encore habitée par des
profanes le nom de Tanis, et paraît avoir Juifs, Néh. 11, 29.
été, avant Psammétique, le siége d'une TSUR, l'un des cinq rois de Madian,
dynastie royale. Elle était située au mi sans doute le chef d'une des cinq bran
lieu du du lac Manzalé ou Tanis, formé ches de cette famille (Gen. 25, 4.) Nomb.
par trois bouches du Nil, et l'on en trouve 31, 8. Père de l'impudique Cozbi, il périt
encore sous le nom de Zôn ou Tsôn des dans la guerre qui suivit les désordres de
ruines assez considérables sur le bord sa fille, Nomb. 25, 15. 31, 8.
oriental du bras tanitique de ce fleuve, à TUBAL ou Thoubal (la terre, le mon
quelques lieues de Manzalé (Diospolis). de), l'un des descendants de Japhet, nom
TSOHAR, d'abord nommée Bélah, Gen. mé Gen. 10, 2., entre Javan et Mésec ;
14, 2. cf. 19, 22., ville située à l'extrémité et il est encore nommé avec ces deux
sud de la mer Morte, Gen. 13, 10. cf. Deut. peuplades Ez. 27, 13., avec Mésec seu
34, 3. Es. 15, 5. Jér. 48, 34., dans une lement, Ez. 32, 26. 38, 2.3. 39, 1., avec
plaine fertile et très large. Elle était gou Javan seul, Es. 66, 19. La peuplade à la
vernée par ses rois propres au temps quelle il donna son nom était représentée
d'Abraham, Gen. 14, 2., et fut épargnée dans ces passages comme une race bel
lors de la catastrophe qui abîma les autres liqueuse, soumise à Gog, et qui amenait
villes de la plaine, Gen. 19, 22. Elle n'ap sur le marché de Tyr du cuivre et des
partintjamais aux Israélites; les Moabites esclaves, Ez. 27, 13. On a vu à l'art. Mé
la possédèrent, Jér. 48, 34. Après l'exil, sec que ce sont probablement les Tiba
ce furent les Arabes qui s'en emparèrent, réniens qui représentent l'ancienne race
et ce sont encore eux qui la possédent de Tubal; c'est l'opinion de Bochart et
aujourd'hui ; elle est habitée par 300 pau de Michaélis, et elle s'accorde parfaite
vres familles de paysans , qui montrent tement avec ce que l'Ecriture nous dit des
aux voyageurs, pour de l'argent, les pré produits de Tubal, car on sait que dès les
tendus restes de la statue de la femme de plus anciens temps les montagnes de
Lot. D'après Eusèbe, les Romains y au l'Arménie et du Caucase ont été riches en
raient eu une garnison, et la contrée en métaux, surtout en cuivre, et que, de nos
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bien remplie, fut, jusqu'à la fin, honorée mêmes : Tyr se mit à acheter et à reven
de la confiance de l'apôtre. La tradition dre des prisonniers israélites faits par
fait de Tychique un évêque de Chalcé d'autres peuples, et s'attira par là la co
doine en Bithynie. lère du Dieu d'Abraham, qui lui fit adres
TYR, la plus méridionale, la plus gran ser de sévères avertissements, Amos 1,
de, la plus puissante des villes phénicien 9. Joel 3, 4-8., et finit par la frapper ;
nes, déjà nommée Jos. 19, 29. cf. 2 Sam. Nébucadnetsar marcha contre elle et l'as
24, 7.1 Rois 9, 12. Es. 23, 1. Os. 9, 13. siégea; le siége dura treize ans, et l'an
Les déclarations de l'Ecriture à son égard cienne Tyr fut détruite. Mais ses habi
sont remarquables : quelques-unes de ses tants, avant d'être réduits à la dernière
prophéties sont obscures, et le rôle de extrémité, s'étaient retirés dans une île
cette célèbre cité a été assez important voisine de la côte : le manque d'espace les
pour que Hengstenberg ait consacré à obligea de donner aux habitations une
son histoire un ouvrage spécial. | hauteur considérable ; ce fut Tyr la nou
Il y avait, à proprement parler, deux velle ; l'ancienne, rasée jusqu'aux fonde
villes de ce nom: Tyr ou Turza, Turos, ments, ne présenta plus qu'un village. La
en hébreu Tsor (rocher. Sarranus, dans jeune ville qui s'élevait du milieu des
Virgile, désigne un Tyrien, Géorg. 2,506., flots, raide et fière, riche et populeuse,
le changement de l's en t étant facile et avait atteint au même degré de puissance
fréquent chez les Arméniens). L'ancienne et de gloire que la première ville, quand
Tyr, ou Palaeo-Tyrus, était à une lieue Alexandre le Grand vint, à son tour, en
environ de la nouvelle. Elle fut bâtie par faire le siége. Désespérant de l'atteindre
les Sidoniens, ce que rappelle Esaïe 23, par mer, il résolut de la réunir à la terre,
12., en l'appelant fille de Sidon; mais elle et se servit des matériaux de l'ancienne
devait éclipser sa mère. Construite sur le Tyr pour construire un môle ou une
continent, au sommet d'un rocher de 50 chaussée, qui donnât passage à ses trou
pieds de hauteur et dans une position pes. Au bout de sept mois la ville fut
très forte, elle était la première ville de prise. Cependant elle redevint encore flo
commerce et la plus grande ville maritime rissante, et fut pendant longtemps une
de l'ancien monde. Elle s'enrichissait par ville chrétienne. Mais les oracles de Dieu
le négoce et par ses fabriques, dont les sont accomplis : la domination destruc
principales étaient celles de verre, de fin tive des Turcs a exécuté les jugements an
lin et d'étoffes teintes en pourpre; elle noncés par les prophètes, Es. 23, Jér. 25
était puissante par ses nombreuses colo et 27, Ez. 26-28.
nies; elle était le marché des productions On a suivi dans ce qui précède l'opi
d'Israël. Ses ouvriers étaient habiles dans nion la plus répandue et la plus généra
l'art de tailler les pierres, de travailler le lement reçue : mais il y a des contradic
bois, et de mettre en œuvre les métaux. teurs importants sur presque tous les
David etSalomon eurent des rapports d'a- points de cette grande existence si mys
mitié avec Hiram, roi de Tyr, qui contri térieusement détruite. Sans les discuter,
bua directement à la construction du pa nous indiquerons, en terminant, les opi
lais royal et du temple de Jérusalem, ainsi nions divergentes. Hengstenberg , Hae
qu'à l'extension de la marine juive, 2Sam. vernick, et d'autres , soutiennent que
5, 11. 1 Rois 9, 11.27. 10, 22.2 Chr. 2, l'ancienne Tyr fut bâtie dans l'île : son
3. 11. Cinquante ans plus tard, Achab, nom , quelques détails, l'antiquité du
roi d'Israël, épousa une princesse tyrien temple d'Hercule qui s'y trouvait, une
ne, Jésabel, qui est appelée sidonienne, correspondance de Hiram et de Salomon,
1 Rois 16, 31., parce que Ethbahal, son quelques passages de Josèphe , de Mé
père, régnait à la fois sur Tyr et sur Si nandre et de Bius, sont les autorités dont
don (Ménandre). Après plusieurs siècles ils s'appuient : l'ancienne Tyr, ou Paléo
de prospérité, la cupidité tyrienne, ne tyr, le Tsor de Jos. 19, 29., qui marque
connaissant plus de bornes, s'imposa d'une la frontière septentrionale d'Israël , re
manière intolérable aux Israélites eux monterait également à des temps fort re
TYR 428 TYR
culés, soit comme ville indépendante, soit quelque temps le commerce tyrien, com
COmme annexe ou banlieue de la ville in me le blocus général de Napoléon gêna
sulaire : leurs destinées auraient été dif le commerce de l'Angleterre. Le siége
férentes; l'île aurait été vainement assié de Nébucadnetsar dura treize ans, mais
gée pendant cinq ans par Salmanéser, qui, le résultat ne paraît pas en avoir été fort
en définitive, aurait été obligé de se con satisfaisant, Ez. 29, 18. Tyr ne fut pas
tenter de Paléotyr. Les difficultés de cette détruite ; car après la mort du roi Itha
opinion ont amené Hitzig , et presque bal, qui mourut la dernière année du
Haevernick , à reconnaître que Paléotyr siége, l'histoire énumère encore des rois
est plus ancienne, mais qu'une ville ayant et des juges de Tyr.Sans doute Nébucad
ensuite été bâtie sur l'île, et ayant reçu netsar n'était pas homme à se retirer
de cette île le nom de Tsor, rocher, Pa après des efforts de treize années, n'em
léotyr aurait pris le même nom; d'où il portant que la honte de son expédition ;
résulterait que Paléotyr serait la vieille sans doute il obtint quelque satisfaction ;
ville, mais que la ville insulaire aurait eu sans doute il avait gravement compromis
la première et le plus anciennement le la prospérité tyrienne : mais enfin Tyr
nom de Tyr. était encore là, debout, et elle sut si bien
Une seconde divergence porte sur la reconquérir tout ce qu'elle avait perdu,
formation de la digue; les uns pensant, qu'à l'approche d'Alexandre le Grand elle
comme Hengstenberg, que ce sont les osa résister seule au conquérant de l'A-
Tyriens eux-mêmes qui l'ont formée sie, et ne fut prise qu'après un siége de
pour se mettre en rapport direct avec la sept mois, en 332. Alors encore elle ne
terre ferme, les autres estimant avec les fut pas détruite; elle ne perdit son impor
plus anciennes données historiques que tance commerciale que peu à peu, surtout
cette digue fut une œuvre ennemie; d'au par suite de la concurrence d'Alexandrie
tres enfin pensant — ou que l'œuvre en en Egypte; elle n'entassa plus de trésors,
nemie d'Alexandre étant pour les Ty elle ne fonda plus de colonies; elle dé
riens un précédent indestructible , ils clina lentement, pour mourir de vieil
n'avaient qu'à en tirer le meilleur parti lesSe,
possible, soit pour leurs relations avec On voit par Act. 21, 3. qu'il s'y forma
le continent, soit au point de vue mili de bonne heure une Eglise chrétienne.
taire, — ou qu'une digue naturelle ayant Guillaume, archevêque de Tyr vers 1180,
été formée avec le temps par les flots de auteur d'un ouvrage historique sur les
la mer, Alexandre n'eut qu'à profiter de Croisades, dépeint Tyr comme une ville
cette facilité inattendue pour achever un encore riche et florissante. Ce ne fut
travail si bien commencé. qu'après la défaite des chrétiens dans
Une troisième divergence se rapporte l'Orient qu'elle tomba entre les mains
à l'accomplissement des prophéties. Nous des mahométans et qu'elle fut définitive
avons vu l'ancienne Tyr frappée par Né ment détruite. Cette histoire peut se lire
bucadnetsar à la suite des oracles de Joël presque entière, verset par verset, Esaïe
et d'Amos, et la nouvelle par Alexandre 23. Ce n'est plus aujourd'hui, sous le nom
et par les siècles à la suite des prophé de Sour, qu'un misérable village de 1500
ties d'Esaïe, de Jérémie et d'Ezéchiel. habitants, vivant de la pêche et du cabo
D'autres pensent que Salmanéser accom tage; et encore à peine est-on sûr qu'il
plit les premières prophéties (Grotius et soit bien situé sur l'emplacement de l'an
Gesenius), et Nébucadnetsar les secon cienne reine des mers.
des. Ces deux opinions sont également TYRANNUS, Act. 19, 9., Ephésien
erronées : les Oracles sont accomplis au qui, pendant deux ans, prêta ou loua à
jourd'hui, mais ils ne le furent à aucune Paul une salle d'école dans laquelle celui
de ces deux ou trois époques. Le siége ci continua ses instructions après s'être
de Salmanéser, qui dura cinq ans, ne fut retiré de la synagogue. On ne sait rien de
pas couronné de succès ; ce fut un blocus sa personne. Quelques-uns ont même cru
qui n'eut d'autre résultat que d'entraver que ce n'était pas un nom propre, mais
URB 429 URI
Sam. 23, 9., révélait à celui qui l'interro depuis Salomon jusqu'à la destruction du
geait la volonté du Dieu fort, Nomb. 27, temple.
21. 1 Sam. 28, 6., cf. Esd. 2, 63., Néh. 7, Au milieu de toutes ces incertitudes,
65. C'est à l'Urim qu'on avait recours voici ce que l'on peut reconnaître comme
toutes les fois qu'il est parlé de consul prouvé, ou comme probable : — 1° L'Urim
ter l'Eternel, 1 Sam. 22, 10.2 Sam. 2, 1 . était différent du pectoral, mais intime
Voilà tout ce que l'on connaît de précis ment lié avec lui, Ex. 28, 30. cf. Lév. 8, 8.
relativement à cette pièce importante du Le texte ne décide pas s'il était dessus ou
pectoral, et ce que l'on peut ajouter ne dedans. — 2° Il était différent des pierres
repose que sur des traditions contraires, précieuses elles-mêmes, puisque dans ce
et sur des hypothèses. Deux écrivains même chapitre, Ex. 28, 17., Moïse a déjà
juifs de la race sacerdotale, mais qui pa ordonné qu'elles fussent placées sur le
raissent n'avoir pas vu ce dont ils par pectoral. On peut supposer aussi qu'il
lent, diffèrent beaucoup dans les détails était caché dans la doublure du pecto
de leur exposition. D'après Josèphe, l'U- ral, car on ne comprendrait pas qu'un
rim et le Thummim n'était autre chose que Saint mystère eût été exposé à la vue de
les douze pierres précieuses du pectoral, tous, et que dans ce cas on n'eût pas des
qui, par leur éclat extraordinaire, ren renseignements plus clairs et plus précis
daient une réponse affirmative. D'autres sur sa nature. — 3° Le sort était quel
pensent que l'Urim et le Thummim était quefois employé en même temps que l'U-
quelque chose d'ajouté au pectoral, soit rim était consulté, 1 Sam. 10, 20. 14, 36.
dessus, soit à côté, dans une bourse très 42., ce qui n'implique point, comme le
riche, soit dedans ; Philon croit que c'é- croit M. Coquerel (Biogr. sacr. 176), que
taient deux figures brodées sur le pectoral, l'Urim lui-même fût employé pour le ti
représentant l'une la vérité, l'autre l'in rage au sort. — 4° Ce serait conclure sans
tégrité ; Cyrille pense que ces deux mots prémisses suffisantes que de conclure de
étaient simplement gravés sur deux pier 1 Sam. 28, 6., que l'Urim était une espèce
res précieuses, ou sur une lame d'or, ou de voix intérieure, comparable aux son
brodés sur le pectoral entre les rangs des ges ou à l'inspiration des prophètes. La
pierres précieuses : quelques rabbins pen même observation s'applique à la conclu
sent que c'était le vrai, mais indéchiffra sion qu'on a voulu tirer du silence de l'o-
ble nom de Jéhovah, le saint tétragram racle, 1 Sam. 14, 37. 28, 6.; car il y a bien
maton, qui était écrit sur une lame d'or, d'autres oracles, témoin la baguette divi
ou un collier de pierreries descendant sur natoire, qui ne répondent pas toujours
la poitrine du grand prêtre, ou trois pier quand on les interroge. Il faudrait savoir
res précieuses, l'une portant le mot oui, au juste ce que c'était que l'Urim, avant
l'autre non , et la troisième sans inscrip de pouvoir se prononcer sur le sens réel
tion (Michaélis). Il y a plus de divergence de ces passages.
encore sur la manière d'interroger cet USURE. v. Prêt.
oracle, et sur les circonstances dans les UZAL, fils de Joktan, et souche d'une
quelles il était permis de le consulter. peuplade arabe, Gen. 10, 27. Depuis Bo
Quelques rabbins enfin, suivis par Spen chart, et sur le témoignage d'un astro
cer, mais contredits par Josèphe et Philon, nome juif portugais du dix-septième siè
pensent que l'usage de consulter l'Urim, cle, nommé Abraham Zachuth, on croit
en lsraël, ne subsista que sous le taber que c'est l'ancien nom de la capitale ac
nacle, et qu'il cessa avec la construction tuelle de l'Arabie Heureuse, Sanaa, au
du temple et l'avénement de la royauté, trefois résidence des rois de l'Yémen, et
l'Urim appartenant à la théocratie, ou qui a maintenant pour gouverneur des
gouvernement direct de Dieu, qui prit imans, dont l'un ſit, en 1807, et par cu
fin lorsque la royauté héréditaire eut été pidité, empoisonner le célèbre Seetzen.
établie en lsraël : ce qui confirmerait ce Le village d'Oezar, près de Sanaa, con
sentiment, c'est que l'on ne trouve dans serverait peut-être la racine de l'ancien
l'histoire sainte aucune trace de l'Urim nom. - Le Mosel de Ez. 27, 19., ou plu
VAC 431 VAI
tôt Méouzal (d'Uzal), signifierait, avec une et plus estimées. On ignore si ce sacri
meilleure traduction, que d'Uzal on fai fice était annuel, c'est peu probable ;
sait le commerce avec Tyr par des Java quelques auteurs juifs prétendent même
niens. (v. Javan.) qu'on ne brûla qu'une vache rousse de
puis Moïse jusqu'à Esdras, et seulement
V six à neuf jusqu'à la destruction du tem
ple par les Romains. — Les Malabares,
VACHE. v. Bœuf. Elles sont le symbo les Perses, les Grecs et les Romains
le des femmes riches, délicates, volup avaient aussi une espèce d'eau sainte faite
tueuses qui font de leur plaisir leur dieu, avec de la fiente pulvérisée d'une vache
Os. 4, 16. Am. 4, 1. sainte, ou avec l'urine d'un taureau.
Le sacrifice de la vache rousse, était VAISSEAUX, flotte, marine. La posi
l'un des plus remarquables sacrifices ex tion de la Palestine, baignée par les flots
piatoires, Nomb. 19. Cette vache, ou gé d'une mer aussi fréquentée que la Médi
nisse, devait être prise du bétail des Is terranée , et la circonstance qu'elle pos
raélites et amenée au sacrificateur ; elle sédait encore sur son territoire un lac
devait être rousse , entière, Sans tare, et navigable, le lac de Tibériade, sont deux
n'ayant jamais porté le joug, Deut. 21, 3.; causes qui expliquent la fréquente men
il fallait qu'elle fût égorgée par le peuple tion de vaisseaux et de flottes dans l'An
hors du camp, que le sacrificateur prît du cien Testament. Il n'y est du reste ques
sang avec le doigt , et en jetât par sept tion que de la navigation extérieure, et
fois contre l'entrée du tabernacle ; qu'on des vaisseaux qui faisaient le service de
brûlât sous ses yeux sa peau, sa chair, la Palestine et des côtes voisines, car dès
son sang , tout ce qui lui appartenait ; les temps les plus anciens, Joppe de la
qu'après cela le sacrificateur prit du bois contrée des Philistins, et Tyr de Phéni
de cèdre, de l'hysope et de l'écarlate, et cie, étaient des ports célèbres desquels
jetât le tout au milieu du feu qui avait partaient des vaisseaux de long cours, 2
consumé la génisse ; qu'un homme net Chr. 2, 16. Jon. 1, 3. cf. 2 Macc. 12, 3.
ramassât les cendres de la génisse pour Es. 23, 1. Ez. 27, Act. 21, 7. Leur marine
les mettre en réserve hors du camp, dans mit de bonne heure les Tyriens en com
un lieu pur; enfin, que de ces cen dres, munication avec le pays d'Israël, et l'on
mêlées avec de l'eau, On fit une eau peut conclure de Gen. 49, 13., que la tri
appelée eau de séparation, et dont on se bu de Zabulon ne fut pas des dernières à
servait, avec de l'hysope qu'on y trempait, entrer dans la marine marchande. Lors
pour arroser la tente , les ustensiles, les que les ports d'Elath et de Hetsjon-Guéber
vêtements et le corps de ceux qui avaient eurent été conquis par les armes, et an
été souillés, afin de les purifier et de les nexés au royaume d'Israël, Salomon éta
mettre en état d'assister à la Sainte con blit aux frais de la couronne, et avec le
grégation avec le reste du peuple. Ceux concours des mariniers de Phénicie, un
qui avaient pris part à ce sacrifice étaient service de navigation, qui cependant ne
souillés jusqu'au soir, et ils devaient la lui survécut pas, et que Josaphat essaya
ver leurs vètements et leur chair, avant en vain quelques années plus tard de re
de rentrer dans le camp. La vache rousse lever, 1 Rois 9, 26. 10, 22. 22, 49.50. A
était un type de Jésus-Christ, Hébr. 9, l'époque des Maccabées, Joppe était un
13., et les analogies sont nombreuses et port juif, 1 Macc. 14, 5., mais Hérode le
faciles à trouver ; v. G. Des Bergeries, p. Grand en fit construire un beaucoup plus
143 etc., E. Guers, Le Camp etc., p. 56 considérable à Césarée, quoique le com
et suiv. Selon Spencer, ce sacrifice aurait merce maritime juif ne fût pas assez flo
été établi par opposition aux superstitions rissant pour pouvoir le demander : c'est
des Egyptiens qui ne tuaient jamais d'ani dans ce port que Paul mit à la voile pour
maux femelles, et qui avaient le poil roux Rome, Act. 27, 2. On considérait la voie
en horreur ; Reland croit au contraire par Alexandrie comme plus sûre et mê
que les vaches rousses étaient plus rares me plus courte que le trajet direct par
VAI | 432 VAL
Brindes, pour se rendre de Syrie ou de gne qui donnait son nom au bâtiment,
Palestine en Italie ;Pouzzoles était le lieu Act. 28, 11.: l'effigie de la divinité tuté
de débarquement. Il n'est parlé qu'en pas laire était à la poupe (Virg. AEn. 10, 11.);
sant de la flotte marchande de Babylone quelquefois les deux images n'en fai
Es. 43, 14. Quant aux vaisseaux de Tar saient qu'une seule, et le navire portait
sis, du Nil, etc. v. ces articles. le nom de son dieu protecteur. Chaque
Dans le Nouveau Testament, outre les vaisseau avait un canot de sauvetage,
voyages de Paul, qui tant de fois sillonna plusieurs ancres, et une sonde, Act. 27,
les eaux de la Méditerranée, nous voyons 16-40. La voile d'artimon, Ou selon d'au
les rives romantiques du lac de Génésa tres du perroquet, est nommément dési
reth, et ses eaux claires, mais orageuses, gnée Act. 27, 40.; on la déployait pour
devenir le théâtre de scènes entièrement modérer la violence du vent. L'opération
nouvelles, ou la tribune de laquelle des de Act. 27, 17., qui consistait à lier le
cendent les paroles d'une sagesse et d'une vaisseau par-dessous comme avec une
doctrinejusqu'alors inconnue.Tour à tour ceinture , pour l'empêcher de s'entr'ou
Jésus monte sur une nacelle de pêcheurs vrir s'il venait à heurter contre un écueil,
pour enseigner le peuple qui l'écoute du est souvent mentionnée chez les anciens
rivage, Matth. 13, 2. Luc 5, 3., ou pour (Horace, Od. 1, 14,6.). En cas de danger,
traverser ce lac, seul, ou dans la compa on jetait à la mer la charge du navire
gnie de ses amis, Matth. 8, 23.9, 1. 14, pour l'alléger, et si l'on échouait, on es
13.Jean6, 17. Des souvenirs l'attachaient sayait de gagner le rivage à la nage ou
à ces rives sur lesquelles il avait trouvé en canot. Chaque vaisseau avait un capi
ses premiers disciples, pêchant ou rac taine et un pilote ; c'est du premier qu'il
commodant leurs filets, Matth. 4, 21. Jean est question Jon. 1, 6. Les anciens sui
24, 3. Luc 5, 5. vaient en général les côtes autant que
Les vaisseaux tyriens étaient les mieux possible (comme le font encore aujour
construits et le plus richement ornés, les d'hui les vaisseaux de la mer Rouge), ce
boiseries étaient en cyprès, la mâture en qui rendait les navigations très longues,
cèdre, les voiles en fin lin d'Egypte bro 1 Rois 10, 22.S'ils étaient obligés de ga
dé, les rames en chêne, tenues par des gner la pleine mer, ils se dirigeaient en
rameurs assis sur des bancs ornés d'ivoi l'absence de boussole, d'après les étoiles,
re, Ez. 27, 1-7. Il n'est parlé expressé les Pléiades, les deux Ourses, Orion, etc.
ment ni des cordages, ni du gouvernail, Les Dioscures, q. v., étaient les divinités
quoique Umbreit ait cru voir ce dernier privilégiées qu'ils invoquaient dans le
désigné Prov. 23, 34. (traduction qui of danger. Les tempêtes étant plus fréquen
fre des difficultés étymologiques, mais tes ou plus redoutables en hiver, les an
qui irait bien pour le sens). Le gouver ciens, Grecs et Romains, ne naviguaient
nail est nommé dans le Nouveau Testa guère que l'été ; la saison marine com
ment, Act. 27, 40.; il y en avait quelque mençait en mars et finissait en novembre ;
fois deux, ou même quatre, pour les gros un vaisseau retardé, et surpris par les
bâtiments, à la poupe, à la proue, et aux vents au milieu d'une navigation un peu
deux côtés (Tacit. Annal. 2, 6). Les cha longue, cherchait un port pour y passer
pitres 27 et 28 des Actes, renferment au l'hiver, Act. 27, 12.
reste presque tous les détails relatifs à On a cru trouver une trace de la pira
la construction, aux agrès, et à la manœu terie dans une traduction nouvelle de Job
vre d'un vaisseau marchand, pendant la 24, 18.
VALLÉES. Une contrée aussi monta
période romaine. Les vaisseaux mar
chands étaient plus profonds et moins al gneuse que la Palestine, aussi acciden
longés que les vaisseaux de guerre; ils tée, devait renfermer un nombre consi
allaient plutôt à la voile qu'à la rame, tan dérable de vallées, de bas-fonds, de ra
dis que ceux-ci comptaient souvent de vins, et s'il en est nommé quelques-unes
deux à cinq rangs de rameurs (birèmes, dans la Bible, il en existait certainement
trirèmes, etc.). A la proue était l'ensei un beaucoup plus grand nombre encore.
VAL .433 VAL
Les Hébreux avaient, pour exprimer ces dente, au nord-ouest de la route de Ramla
enfoncements de terrain, quatre expres à Jérusalem, au sud-ouest de cette ville,
sions différentes : nachal, gaye ou gué, entre Soco et Azéka, avec un ruisseau
hémek, et bik'hah , qui exprimaient au qu'un pont traverse aujourd'hui.
tant de nuances différentes que nous ne 6° Autour de Jérusalem, et communi
pouvons cependant saisir que d'une ma niquant l'une avec l'autre, la vallée du
nière approximative. Nachal semble dési Cédron, le gué Hinnom et le hémek Ré
gner une vallée arrosée par un ruisseau, phaïm , cette dernière, très fertile, était
gaye un bas-fond sans irrigation régu sur les frontiéres de Juda, Jos, 15, 8. 18,
lière, hémek une plaine basse pouvant 16., non loin de Bahal Pératsim, 2 Sam.
servir de campement ou même de champ
5, 20., et de Béthléem, 2 Sam. 23, 13.;
de bataille , 1 Sam. 17, 2.2 Sam. 23, 13., elle s'ouvrait du côté du pays des Philis
bik'hah une plaine entourée d'une cou tins et était assez vaste pour renfermer
ronne de montagnes. La plupart des val tout un camp, 2 Sam. 23. On la montre
lées nommées dans l'Ecriture ne peuvent aujourd'hui au sud-ouest de Jérusalem, à
pas être décrites d'une manière exacte, gauche du chemin qui mène à Béthléem.
soit parce que le terrain n'a pas été ex 7° Au nord de Jérusalem on trouve la
ploré dans toutes les directions, les voya vallée royale, ou vallée du roi (hémek),
geurs suivant en général les routes tra Gen. 14, 17.2 Sam. 18, 18.
cées, et ne visitant que les lieux célèbres 8° Au nord-est de Jérusalem, la vallée
déjà explorés avant eux, soit parce que de Hacor, sur la frontière de Juda vers
les bourgs et les localités qui donnaient Benjamin, Jos. 7, 26. 15, 7.
leur noms à la vallée, ayant été détruits,
9° Dans la tribu de Benjamin, au nord
il n'est pas toujours possible de consta
ouest de la précédente, près de Micmas
ter à quelle vallée se rapporte l'ancien probablement à l'est, était la vallée des
nom des Ecritures. Nous nous bornerons et
donc à nommer, en allant du sud au nord,
Hyènes ou de Tsébohim, Néh. 11, 34.
C'est également près de là que devait
les principales vallées auxquelles se rat être la vallée des Harashim, ouvrier ou
tachent des souvenirs bibliques : s
manœuvres, Néh. 11, 35. cf. 1 Chr. 4,
1° Au sud-est, la vallée d'Hébron (hé 14., Où se trouvait colonie d'artisa
une ns
mek), près de la ville du même nom, cé fondée par Joab.
lèbre par le séjour de Jacob, Gen. 37, 14.
10° Près de Haï, vers la frontière nord
La moderne Hébron est adossée à une
de Benjamin, était un gué, qui probable
montagne ou colline, mais aucun voya ment portait
le nom de la ville, Jos. 8,
geur n'a donné une description exacte de 11.
la contrée qui l'entoure. 11o La vallée de Gabaon, près de la
2° Non loin de là, le nachal Escol, pro ville de ce nom, à la frontière ouest de
bablement à l'ouest de la ville , le torrent Benjamin, Es. 28, 21., assez spacieu
se
ne pouvait se jeter que dans lamer Morte; pour qu'une armée pût la traverser et se
cette vallée était célèbre par ses vigno rendre par Béthléem dans la vallée d'Aja
bles, Nomb. 13, 24. 32, 9. Deut. 1, 24. lon, Jos. 10, 12.
cf. Hen-Guédi.
12° Au centre de la Palestine on trou
3° Au sud-ouest, le gué Tsiphthah, vait la célèbre vallée de Jizréhel, q. v.
près de Marésa, vallée assez spacieuse 13° Au nord, sur la frontière d'Aser et
qui fut le témoin d'un engagement meur de Zabulon, la vallée de Jiphtahel, Jos.
trier; elle aboutissait du côté de Guérar, 19, 14.27.
et ouvrit à une armée égyptienne le che 14° Au-delà du Jourdain, la vallée de
min de la Judée, 2 Chr. 14, 9. Succoth (hémek), près de la ville du mê
4o A peu près dans la mème contrée, me nom, dans la vallée de Gad, Jos. 13,
au nord d'Eleuthéropolis, était le nachal 27., probablement celle que parcourt le
Sorek, Jug. 16, 4. Jabbok, cf. Gen. 33, 17. Ps. 60, 6.
5° Le hémek Elah, ou vallée des Téré 15° La vallée des Passants, Ez. 39, 11.,
binthes, n'était pas éloignée de la précé à l'est du lac de Génésareth; on croit que
II. 28
VEA 434 VEA
c'est la vallée située au sud de ce lac, et peu de jours après la promulgation de
près du village actuel de Szammagh, où la loi, Ex. 32, 4. Deut. 9, 21. cf. Néh. 9,
la rivière est guéable. 18. Ps. 106, 19. Act. 7, 41., et dont le
ll est parlé avec plus de détails, à cha culte fut renouvelé par Jéroboam après
que article, de celles de ces vallées qui son retour d'Egypte et son avénement au
sont le plus connues; v. aussi Méguiddo, trône d'Israël, 1 Rois 12, 28.32.2 Rois
Liban, etc. En dehors du territoire de la 10, 29. cf. 17, 16. Os. 8, 5. 10, 5. Tobie
terre sainte, il est parlé de la vallée du 1, 5., fut véritablement une importation
Sel, de celle de Sittim, et d'une vallée en égyptienne, une imitation du bœuf Apis,
Moab; v. ces articles et Netopha. symbole d'Osiris, ou du bœuf Mnévis,
VASIN. v. Abija 1°. symbole du soleil, dont l'un était adoré
VASTI, reine perse, sultane favorite à Memphis, l'autre à Héliopolis. Ce fut
d'Assuérus (Xercès), qui fut disgraciée sans doute l'image d'un de ces bœufs,
pour avoir noblement résisté à une sotte probablement celle d'Apis, qui servit de
et honteuse prétention de son époux ex modèle au veau d'or, quoique Philon es
alté par les vapeurs du vin, Est. 1. Elle time, par des raisons théologiques plutôt
donnait un festin à ses femmes pendant qu'historiques, que le veau représentait
qu'Assuérus avait réuni ses gentilshom le Typhon égyptien. On a fait de vains
mes, et le dernier jour, le tyran ivre, efforts pour disculper Aaron de sa parti
ayant voulu montrer son épouse aux cipation à ce dieu de fonte ; on a dit
hommes de sa cour pour leur faire ad qu'il avait voulu faire l'image (théocra
mirer sa beauté, elle refusa de paraître, tique) des chérubins, et que le peuple, se
ne doutant pas qu'Assuérus à jeun ne lui méprenant à cette ressemblance, crut re
sût gré de sa conduite et ne se repentît trouver ses souvenirs d'Egypte et l'ado
lui-même d'avoir oublié à ce point l'éti ra; d'autres estiment qu'Aaron, ayant
quette orientale et l'honneur de sa fem voulu fondre en lingot l'or apporté par
me. Mais les seigneurs prirent, séance te les Israélites, ce lingot se trouve acci
nante, contre elle, une résolution extrême dentellement avoir une forme de veau,
à laquelle Assuérus adhéra; elle fut dé que le peuple y vit un miracle, et adora ;
clarée rebelle à son mari, et indigne d'être d'autres encore disent qu'Aaron, voyant
plus longtemps son épouse. Assuérus ne le peuple entraîné par ses souvenirs, ré
tarda pas à la regretter, Est. 2, 1., mais clamer le culte d'Apis, le trompa en lui
il était déjà trop tard pour revenir en ar faisant de fausses concessions, qu'il lui
rière, et des ordres furent donnés pour donna une apparence de veau, mais qu'il
le choix d'une nouvelle sultane. La juive prit soin de bien rappeler que c'était l'E-
Ester succéda à la généreuse Vasti. — ternel qu'il fallait adorer. Concession ou
Josèphe et Justinien l'absolvent en s'ap non, ce qui est sûr, c'est qu'Aaron fut
puyant sur les coutumes de l'Orient; Ro coupable, et que cette idolâtrie, qui pous
senmuller et d'autres, s'appuyant d'un sait l'impudence jusqu'à s'étaler devant
passage d'Hérodote, 5, 18., pensent au le Sinaï, fut, non-seulement blâmée, mais
cOntraire, qu'elle a violé ces coutumes et sévèrement punie par la mort de 3,000
qu'elle eût dû paraître pour faire honneur hommes ; Aaron lui-même reconnut sOn
aux assistants. Chacun cependant se sent crime, et n'échappa que par l'interces
pressé de l'absoudre intérieurement : on sion de Moïse, à cette juste exécution.
admire sa conduite, et si l'on en croit La plus grande difficulté de toute cette
quelques interprètes juifs, tout ce qui histoire se trouve Ex. 32, 20., dans la
pourrait excuser Vasti n'est pas consigné pulvérisation du veau d'or (massif), qui
dans le livre d'Ester; l'antiquité profane fut brûlé au feu, moulu jusqu'à ce qu'il
offre d'autres exemples de fantaisies pa fût réduit en poudre, puis cette poudre
reilles, et des abominations ou des cruau répandue dans de l'eau, et donnée à boire
tés qui en ont été les suites. au peuple. On ne peut guère s'expliquer
VEAU. v. Bœuf.— Le veau d'or, adoré ce fait qu'en supposant à Moïse des con
par les Israélites, au pied même du Sinaï, naissances chimiques très étendues, qu'il
VEA A35 VEN
pouvait avoir puisées dans l'étude des fort ancienne, puisque ceux qui l'avaient
mystères et des sciences de l'Egypte. contractée étaient encore vivants.
On connaît, en effet, plusieurs moyens VEILLES de la nuit. Les Hébreux, com
d'obtenir ce résultat, soit la calcination me les Grecs et les Romains, partageaient
de l'or par le natron, soit sa dissolution les nuits en veilles de plusieurs heures,
par trois parties de sel de tartre et deux d'après les moments de relevée des gar
parties de soufre, soit sa fusion qui s'ob des de nuit. Avant l'exil, les Hébreux ne
tient à 32° du pyromètre de Wedgwood, comptaient que trois veilles, dont la pre
soit sa dissolution provoquée par du mière est nommée le commencement des
chlore dissous dans de l'eau. On peut le veilles, Lam. 2, 19.; la seconde est appe
dissoudre encOre en versant dans un ma lée la seconde garde , Jug. 7, 19., et la
tras deux parties d'acide hydrochlorique troisième la veille du matin, Ex. 14, 24.
et une partie d'acide azotique, et en plon 1 Sam. 11, 11. Pendant la période ro
geant de l'or solide dans le produit ainsi maine, les Juifs reçurent de leurs maîtres
obtenu : la présence du métal détermine la division de la nuit en quatre veilles
aussitôt un dégagement d'Oxyde d'azote, égales, indiquées Marc 13, 35., par ces
et le produit de la réaction est un chlo mots : le soir, minuit, l'heure que le coq
rure d'or ou la liquéfaction du métal chante, et le matin. Les rabbins ont con
(Berzélius). Selon M. Orfila, 8 parties tinué de n'admettre que trois divisions,
d'acide hydrochlorique à 22° de concen et ils regardent la quatrième comme ap
tration, et 2 parties d'acide azotique à partenant au jour; mais il ressort de Act.
4°, ajoutées l'une à l'autre, peuvent dis 12, 4. que le système romain était admis,
soudre, à l'aide d'une légère chaleur, 1,9 au moins militairement, par les Hérodes.
partie d'or (Traité de chimie, II, 273). v. La nuit étant tantôt plus courte, tantôt
encore Lettres de quelques Juifs portu plus longue, et les veilles s'adaptant par
gais, l, p. 80; Grandpierre, Essais sur le quarts à sa longueur, elles étaient elles
Pentat., p. 410 et suiv. — L'or, rendu mêmes plus ou moins longues, suivant la
potable par le soufre ou le natron, est dé saison, quoique toujours elles fussent di
· testable au goût, et, en faisant boire aux visées en trois heures. — Il est parlé,
coupables ces débris du veau d'or, Moïse Cant. 3, 3. 5, 7. cf. Ps. 127, 1., de gar
associait, en quelque sorte, à la condam des de nuit faisant le guet ; cette institu
nation de l'idolâtrie des souvenirs désa tion, d'ailleurs, est si naturelle chez un
gréables qui, par liaison d'idées, devaient peuple policé, qu'on l'aurait devinée en
rendre odieuse toute réminiscence de ce l'absence de tout témoignage.
culte. L'amère libation couronnait digne VENGEANCE. C'est sous ce nom qu'il
ment des fètes impies. est parlé, Act. 28, 4., de la déesse grec
Le culte du veau d'or est fréquemment que et romaine de la Justice (Aiza), fille
rappelé dans Osée, et sous différentes de Jupiter et de Thémis, presque égale
formes, 8, 5. 6. 10, 5. 13, 2. 14.2., etc. au premier, à la puissance (c'est, en ger
· Plusieurs de ces passages ont même exer me, la distinction des pouvoirs, la justi
cé la sagacité des interprètes, qui y ont ce indépendante de l'Etat). Comme puis
vu des sens nouveaux et des choses nou sance vengeresse, elle est souvent con
velles. v. les Commentaires. fondue avec Némésis ; on lui attribuait
Jér. 34, 18. 19. renferme une allusion spécialement la punition du meurtre, Eu
à un usage dont nous trouvons déjà les rip., Médée,1390.Sophoc., OEdip.à Col.,
traces Gen. 15, 9-17. En passant par les 1384, Les Hébreux et les chrétiens ne
deux moitiés des victimes placées l'une connaissent pas cette divinité; ils se rap
vis-à-vis de l'autre, les parties contrac pellent qu'elle n'est qu'un attribut de
tantes déclaraient leur intention de per Dieu, que c'est à Dieu seul que la ven
dre la vie comme la victime, si elles vio geance appartient, que l'homme ne sau
laient leur foi. v. Alliance. On ne sait rait se faire justice à lui-même. Le chré
quand fut jurée l'alliance dont il est par tien reconnaît cette vérité sans restric
lé dans ce passage; mais elle n'était pas tion, le Juifl'admettait comme règle gé
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VERGE, mesure de longueur, q. v.— VESCE, plante traînante dont les feuil
On a beaucoup parlé de la verge de Moï les sont longuettes et étroites, les fleurs
se qu'on a voulu retrouver dans le cadu rougeâtres et quelquefois blanches, les
cée de Mercure, et de la verge d'Aaron gousses semblables à celles des pois, mais
que des savants, guidés par un mot d'Eu plus courtes et plus grêles ; ses grains
ripide, ont cru être devenue le thyrse de ronds et noirâtres servent à la nourriture
Bacchus. La verge de Moïse, instrument des pigeons. C'est par ce mot que nos
de ses premiers miracles, Ex. 4, 2. 14, versions ont traduit l'hébreu kètsach,
16. 17, 5., n'a pas laissé de traces histo Es. 28, 25.27.; mais il est plus proba
riques ; dom Calmet lui-même, tout en gellable que ce mot désigne la nielle, le, ni
melanthium. •'
supposant que Moïse l'a léguée à Josué,
reconnaît qu'on n'en a pas de preuves, VÊTEMENTS. On peutvoir les articles
et la regarde comme perdue. La verge spéciaux pour les détails : ici quelques
d'Aaron, qui fleurit miraculeusement lors remarques générales suffiront. L'Ecriture
de la rébellion de Coré, Nomb. 17, 8., qui nomme diverses pièces de vêtements,
fut placée dans le tabernacle, peut-être ne parle nulle part de leur forme et de
dans l'arche, en souvenir de cet événe leur coupe, à l'exception de ce qui con
ment, Nomb. 17, 10. Hébr. 9, 4. cf. 1 Rois cerne les prêtres et le souverain sacrifi
8, 9. On l'adore à Rome dans Saint-Jean cateur ; mais on peut conchure de l'usage
de-Latran comme une précieuse relique ; général de l'Orient ancien et moderne,
mais elle ne porte plus ni feuilles, ni et des besoins du climat , que les vête
fleurs, ni boutons; les Egyptiens ont ments des Juifs étaient amples et à lar
également prétendu en posséder les res ges replis; les modes changent peu, lors
tes dans le temple d'Isis, et lui ont pareil qu'elles sont indiquées ou commandées
lement rendu un culte religieux. par la nature : et quelques bas-reliefs re
VERRE. Il n'est pas douteux que les trouvés à Babylone, à Persépolis, et dans
Israélites n'aient appris de bonne heure les nécropoles de Thèbes, confirment ce
à connaître ce produit de l'industrie phé que l'induction fait soupçonner. Le cos
nicienne : leurs relations de voisinage et tume des femmes ne différait pas essen
de commerce ne purent leur laisser igno tiellement de celui des hommes : quel
rer longtemps une découverte aussi re ques pièces de plus, quelques ornements,
marquable qu'utile, et nous voyons déjà peut-être une étoffe plus fine et plus ri
le verre mentionné dans Job 28, 17., sous che, servaient à distinguer les deux sexes,
le nom de zekoukith, quoique quelques et la défense faite aux hommes de se dé
interprètes pensent que ce nom désigne guiser en femmes, ou l'inverse, Deut. 22,
le cristal de roche, et que nos versions 5., ne porte que sur ces quelques carac
(et Luther) l'aient rendu par diamant. Les tères extérieurs, et non sur un costume
Arabes actuels n'ont qu'un mOt pOur dé complet : cette défense n'avait d'autre
signer le cristal et le verre, et il est pos but que de prévenir les désordres que
sible qu'il en ait été de même des Hé provoquent si souvent les méprises et
breux. D'après le Targum de Jonathan , les quiproquos des mascarades.
c'est aussi au verre que Moïse fait allu La confection des habits fut dans pres
sion dans la bénédiction de Zabulon et que tous les temps l'une des occupations
d'Issacar, lorsqu'il dit qu'ils suceront l'a- des femmes, et même des plus distin
bondance de la mer, et les choses les plus guées par leur rang, 1 Sam. 2, 19. Prov.
cachées dans le sable, Deut. 33, 19. Il 31, 21. Act. 9, 39. L'exemple de Péné
est enfin parlé de verre dans le Nouveau lope montre qu'il en était de même chez
Testament, Apoc. 21. 18. 21. cf. 4, 6. d'autres peuples de l'ancien monde. Chez
15, 2. Les anciens ne s'en servirent pen les Juifs, l'ensemble du costume se com
dant longtemps que pour faire des vais posait de deux parties principales : 1° le
seaux à boire et des vases à liqueur : l'u- vêtement de dessous, espèce de robe ou
sage des fenêtres et des miroirs ne fut de tunique, nommée en hébreu k'toneth,
introduit que plus tard. que l'on retenait autour du corps au
VET 4.39 VET
moyen d'une ceinture, et qui recouvrait blancs, de lin ou de coton, étaient égale
quelquefois une chemise de lin (hébreu, ment considérés comme très précieux, et
sadin), Jug. 14, 12. Prov. 31, 24. Es. 3, cette couleur, le symbole de l'innocence,
23., passages qui sont les uns et les au est recommandée par Salomon, dans un
tres traduits dans nos versions de ma sens figuré, à celui qui veut vivre juste
nière à écarter ce dernier mot; les riches ment, Eccl. 9, 8. Le vêtement du Christ
n'étaient pas seuls à posséder ce vête transfiguré devint tout blanc, Luc 9, 29.,
tement nécessaire : la classe ouvrière, les et les anges qui apparurent aux femmes,
pêcheurs en particulier, portaient aussi après la résurrection, sont représentés
des chemises, de manière à pouvoir au comme vêtus de robes blanches, Matth.
besoin jeter la tunique en arrière pour 28, 3.; mais, dans ces deux cas, la cou
faciliter les mouvements, sans être tout leur exprime plutôt la splendeur, le rayon
à fait nus; dans ce dernier cas, cepen nement de la pure lumière du ciel, cf. Luc
dant, lorsqu'un homme n'avait plus que 24, 4. D'après la loi de Moïse, les prê
sa chemise, on disait souvent qu'il était tres seuls pouvaient être vêtus de blanc.
nu, 1 Sam. 19, 24.2 Sam. 6, 20. Es. 20, Il paraît que, sous les derniers rois, un
2. Jean 21, 7. Les grands et les hommes luxe dévergondé s'introduisit dans l'ha
en voyage portaient quelquefois aussi billement, Jér. 4, 30. Lam. 4, 5. Soph. 1,
deux tuniques, dont l'une supérieure et 8.; c'est un caractère de toutes les épo
avec des manches (mahatapha) était tou ques de décadence, et il durait encore
jours plus grande que celle de dessous, parmi les Juifs au temps des apôtres,
qui était sans manches (mehil), 1 Sam. 1 Timoth. 2, 9. 1 Pierr. 3, 3. Jacq. 2, 2.
15, 27. 18, 4. 24, 5. Esaïe 3, 22.; mais Des personnes soi-disantpieuses suivaient
cette habitude fut toujours considérée la mode à cet égard , et ne faisaient dis
comme une affaire de luxe, Matth. 10, 10. parate que par leur mise recherchée, Luc
Marc 6, 9. Luc 3, 11. 9, 3. — 2° Un vête 20, 46. cf. Matth. 23, 5. -
ment de dessus, ou manteau (simla, bè Les Orientaux ont toujours aimé chan
ged, etc.). Cette pièce, qui était la plus ger fréquemment d'habits, Gen. 41, 14.
apparente, variait aussi le plus dans sa 1 Sam. 28, 8.2 Sam. 12, 20.; les riches
forme, et avait différents noms suivant sa Hébreux avaient ordinairement une gar
coupe, sa finesse, le sexe qui devait s'en de-robe bien montée et un grand nombre
servir, etc. En général, c'était un vête de vêtements de rechange, Es. 3, 6.7. Job
ment très ample, mais qu'on a eu tort de 27, 16. Luc 15, 22. Les rois, en particu
croire régulièrement doublé de fourrures, lier, avaient, comme ils ont encore au
d'après Gen. 25, 25. Zach. 13, 4., quoi jourd'hui, des provisions d'habits de cé
† aujourd'hui encore, même en été, les rémonie destinés à être offerts en ca
rientaux, et notamment les Turcs, ai deaux, 1 Sam. 18, 4.2 Rois 5, 5. Est. 4,
ment à se couvrir de riches pelisses.Ces 4. 6, 8. 11. La souillure légale motivait
deux passages citent un vêtement parti un changement de vêtements, Lév. 6, 11.
culier qui, bien loin de faire règle, sem 27. 11, 25. 15, 13. cf. Gen. 35, 2.
ble précisément n'être indiqué que com Pendant le deuil, les Juifs s'habillaient
me exception. L'ampleur du manteau p0u de vêtements grossiers, de couleur fon
Vait, à l'occasion, servir de poche ou de cée et sans ampleur. Les prophètes por
Sac, Ruth 3, 15. Ps. 79, 12. Luc 6, 38. La taient un costume analogue, à cause du
robe qui fut donnée à Joseph par son père, sérieux de leur vie, 2 Rois 1, 7.8. Matth.
et celle que portait Tamar, Gen. 37, 3.2 4.
Sam. 13, 18. (hébr. passim), étaient pro 3, V. encore Accouplement, Lèpre (des
bablement des manteaux bigarrés de di étoffes), Rois, Soulier, Turban, etc.
verses couleurs et de broderies; ils étaient Deut. 8, 4. peut s'entendre littérale
extrêmement recherchés, Jug. 5, 28. 8, ment d'une miraculeuse préservation des
26.2 Sam. 1, 24. Prov. 31, 22. Est. 8, 15t vêtements des Israélites dans le désert,
Ez. 16, 10. On les faisait, en partie, ve ou, d'une manière plus simple, du soin
nir du dehors, Soph. 1, 8. Les vêtements merveilleux avec lequel Dieu pourvut à
VEU 440 VEU
cette partie des besoins d'Israël. La pre mort sans enfants, v. Lévirat, la loi de
mière interprétation, quoique plus simple Moïse renfermait encore en faveur des
en apparence, offre plusieurs difficultés de veuves les prescriptions suivantes : 1°
détail : les vêtements grandissaient-ils, Comme les étrangers et les orphelins, les
grossissaient-ils avec ceux qui les por veuves devaient être invitées aux festins
taient ? Comment les enfants nouveau d'actions de grâces et au repas des di
nés étaient-ils vêtus ? Que devenaient les mes, Deut 16, 11. 12, 18. 26, 12.—2° Il
habits de ceux qui mouraient 9 etc. La leur revenait de droit quelques gianures
seconde opinion n'est pas contraire au de la moisson, Deut. 24, 19. —3° Leur
texte, et se rapproche davantage, quant vêtement, comme aucun ustensile néces
à l'esprit, de ce qu'on remarque dans la saire, ne pouvait être pris pour gage,
conduite ordinaire de Dieu envers son Deut. 24, 17. cf. Job 24, 3.21.
peuple. Le veuvage, de même que la stérilité,
Jean 19, 23. La robe sans couture a étaient peu estimés en Israël, Es. 54, 4.,
beaucoup préoccupé les interprètes, mais à moins d'être volontaire et de provenir
à tort; elle avait été faite au métier, et de l'affection d'une veuve pour la mémoire
l'art du tisserand était déjà assez perfec de son époux décédé. On supposait qu'une
tionné anciennement pour que de pareils femme qui ne trouvait pas un second
travaux qui, aujourd'hui, ne sont qu'un mari, avait quelque défaut secret, ou une
jeu, pussent être exécutés. Josèphe dé réputation équivoque. La loi cependant
crit, comme étant sans couture, la robe recommandait les veuves au respect pu
du souverain sacrificateur (Ant. 3, 6.), et blic, et à la justice des magistrats, Ex.
l'on en connaissait de diverses espèces, 22, 22. Deut. 10, 18. 27, 19. Zach. 7, 10.
les unes n'ayant d'ouverture que pour Mais les Juifs ne tinrent pas longtemps
passer la tête, d'autres en ayant aussi compte d'une recommandation qui frois
pour les bras. — Cette fameuse robe, que sait leurs préjugés, et ils méritèrent plus
Calvin appelle saye ou hoqueton, est pré d'une fois les reproches des prophètes,
sentement à Trèves et à Argenteuil : le Job 22, 9. 24, 3.21. Es. 10, 2.Jér. 7, 6.
premier de ces deux exemplaires a déchi 22, 3.Ez. 22, 7. Mal. 3, 5. Matth. 23, 14.
ré la grave Allemagne, et le nom de Ron cf. Luc 18, 3.sq.
ge lui est asssocié pour toujours par con Il était défendu au souverain sacrifica
traste. La robe de Trèves n'est d'ailleurs teur d'épouser une veuve, Lév. 21, 14.,
pas une tunique, mais une chasuble, ce parce qu'une idée de pureté et de virgi
qui ajouterait à l'invraisemblance de l'im nité devait l'entourer dans sa personne et
posture s'il était nécessaire d'y ajouter dans tous ses actes. Il semblerait même
quelque chose. résulter de Ez. 44, 22., que par la suite
En fait de vêtements grecs et romains, cette interdiction s'étendit également
nous ne trouvons mentionné dans les aux simples prêtres, ce qui n'est pas ah
Apocryphes, que la chlamys, vaste man solument prouvé, mais ce qui cadrerait
teau dont se servaient les chasseurs, les assez avec l'esprit généralement rigoriste
soldats, et surtout les cavaliers, 2 Macc. des Juifs des derniers temps. La tradition
12, 35.; dans le Nouveau Testament, tendait à remplacer la loi.
un manteau de voyage, 2 Tim. 4, 13., que On ne saurait conclure de Gen. 38,
les Romains mettaient par dessus la tuni 24., comme on l'a voulu faire, que les
que, et qui était garni d'un capuchon veuves qui tombaient sous la loi du lévi
pour préserver la tête de la pluie ou du rat, mais qui, n'en admettant pas les bé
froid, et le manteau d'écarlate, Matth. 27, néfices, se livraient à un autre homme que
28., manteau de laine teinte que portaient leur beau-frère, fussent condamnées au
ordinairement les généraux et les offi feu comme adultères, et que la loi de Moise
ciers romains, et même les empereurs ait, par son silence, sanctionné cette bar
jusqu'au temps de Dioclétien. bare coutume. Il est vrai qu'en renonçant
VEUVES. Outre l'obligation pour un aux avantages du lévirat, elles ne remplis
frère d'épouser la veuve de son frère saient pas le but de la loi, et qu'elles meri
-
VIG 441 VIG
taient un châtiment sévère en anéantissant lité, que par l'abondance et la grosseur
ainsi le nom de leur époux, mais c'était des grains. La vigne est en conséquence
aux parents de ce dernier qu'était donné nommée très souvent au nombre des
l'ordre de veiller à perpétuer la race de principaux produits de la Palestine, Gen.
leur frère ; la veuve était, pour ainsi dire, 49, 11. Deut. 6, 11. 8, 8. Nomb. 16, 14.
hors de cause, elle était passive, et quand Jos. 24, 13. 1 Sam. 8, 14., à côté du fi
la loi ne la frappe pas solennellement, on guier, Jér. 5, 17.Os. 2, 12. 2 Rois 18,
ne peut supposer qu'elle la frappe sans 32., et de l'olivier, Jos. 24, 13. 1 Sam. 8,
l'avertir, et de la peine la plus cruelle. 14. 2 Rois 5, 26.; elle ne manque presque
Les veuves des rois ne pouvaient pas jamais d'être mentionnée dans les prophé
se remarier, et ceux qui aspiraient à les ties qui promettent le bonheur au pays,
épouser passaient pourcandidats au trône, ou qui le menacent d'être désolé ; v. en
et risquaient leur tête, 1 Rois 2, 13-17. core Es. 7, 23. 61, 5. Zach. 8, 12. Mal. 3,
cf. 2 Sam. 16, 21. 20, 3. 11. L'expression être assis sous sa vigne,
Job. 27, 15. et Ps. 78, 64. représen ou manger du fruit de sa vigne, est l'i-
tent comme un grand malheur pour un mage de la paix et de la prospérité, 1 Rois
homme de mourir sans être pleuré par sa 4, 25. Mich. 4, 4. Zach. 3, 10.
femme ; on sait que les lamentations des On comptait un grand nombre de vi
veuves faisaient une partie importante gnobles dont quelques-uns ont conservé
des funérailles chez les anciens. jusqu'à nos jours des droits à une bonne
Le Nouveau Testament perpétue les réputation; les plus célèbres étaient ceux
traditions de l'Ancien quant au soin à de Hen-Guédi, ceux d'Hébron situés dans
prendre des veuves, 1 Tim. 5, 3-9. Celles la vallée des Raisins, ceux de Sichem,
qui sont vraiment veuves doivent être de Carmel , du Liban, ceux de la contrée
assistées par l'Eglise ; elles doivent en transjourdaine, Es. 16, 8. Jér. 48, 32.,
même temps se rendre utiles par leurs ceux des rives du lac de Génésareth, etc.
conseils, et faire participer les jeunes v. ces différents articles; cf. encore 1 '
femmes aux fruits de leur expérience, cf. Sam. 8, 14. Jér. 39, 10. 2 Rois 25, 12.
Tite 2, 3.4. Néh. 5, 3.4.5.11. Plusieurs villes avaient
Il a été dit quelques mots, à l'art. Ma même tiré leur nom des vignobles (ké
riage, du veuvage et des secondes noces. rem) qui les entouraient, Abelkeramim,
Toutes les questions morales qui se rat Bethkérem, etc. C'était ordinairement sur
tachent à ce sujet sont traitées de main des hauteurs que l'on plantait la vigne,
de maître , et avec un tact parfait , dans Es. 5, 1. Jér. 31, 5. Am. 9, 13. Virg.
l'ouvrage intitulé Veuvage et Célibat (Ge Georg. 2, 113.; quelquefois cependant on
nève, 1848); c'est , malgré son intérêt en trouvait aussi dans les plaines. Chaque
comme lecture, un bon traité de théolo vignoble était entouré d'une haie ou mê
gie sur la matière. me d'un mur destiné à le protéger contre
VIANDE. v. Chair. les animaux des champs, sauvages ou mon,
VIGNES. La vigne était l'un des prin renards, lièvres, chèvres, chacals , etc.,
cipaux objets de la culture israélite, com Cant.2.15. Es. 5, 5. Matth. 21, 33.Nomb.
me on trouvait également, dans les con 22, 24. Prov. 24, 31. Ps. 80, 12. cf. Virg.
trées environnantes, des vignobles esti Georg. 2, 371. 380. Theocrit. 1, 48. 5,
més : dans le pays des Philistins, Jug. 14, 112 Une ou plusieurs tours servaient de
5.15, 5.; en Edom, Nomb. 20, 17.21,22.; logement soit aux vignerons, soit aux
en Moab, Nomb. 22, 24. cf. Es. 16, 8.: en maîtres, Es. 1, 8. 5, 2. Matth. 21, 33.; on
Hammon, Jug. 11, 33.; en Egypte, Nomb. veillait de là à ce qu'il ne se fît aucun dé
20, 5.; en Phénicie, Plin. 14,9.; en Syrie, gât dans la vigne, Cant. 1, 6., mais on
Strabon 15, 735. Le sol de la Palestine, n'avait pas le droit d'empêcher les pas
ses coteaux tournés vers le soleil, son cli sants de cueillir autant de raisin qu'ils en
mat, étaient particulièrement favorables à pouvaient manger, Deut. 23, 24. Les ceps
la culture de la vigne, dont le fruit se dis de la Palestine se distinguaient, et se dis
tinguait autant par la douceur et la qua tinguent encore aujourd'hui par leur hau
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teur et leur force, Ps. 80, 11.; un voya me dans tous les pays de vignobles, à
geur moderne trouva sur le versant mé de grandes réjouissances, Jug. 9, 27. Es.
ridional du Liban, un cep de vigne qui 16, 10. Jér. 25, 30. On cueillait les rai
avait 10 mètres de hauteur, et 0m, 50 de sins, que l'on déposait d'abord dans des
diamètre; ses rameaux s'étendaient tout corbeilles : puis on les portait au pressoir,
autOur, et cOuvraient de leur ombre un avec des chants et des cris de jubilation,
espace de 16 à 18 mètres de terrain en Jér. 6, 9. On prélevait les prémices et
longueur et en largeur. Les ceps de la la dîme sur le moût, Deut, 18, 4. Néh. 10,
Cœlésyrie atteignent, d'après Belon, une 37. 13, 5.12., que l'on enfermait dans des
hauteur moyenne de 4 mètres. Ils portent outres de peaux, Job. 32, 19. Matth. 9,
pour la plupart des grappes rouges, Prov. 17. Marc 2, 22., ou dans de grandes cru
23, 31. cf. Gen. 49, 11. Deut. 32, 14., et ches de grès, dont on se sert encore en
en général fort grosses, Nomb. 13, 24.; Orient : on l'y laissait fermenter, quel
on en voit même encore qui ont jusqu'à quefois on le cuisait en sirop; v. Miel.
1 mètre de longueur, qui pèsent 6 kilog., On buvait aussi le moût avant qu'il eût
et dont les grains sont comme de pe fermenté, Os. 4, 11. Joel 1, 5. Quand le
tites prunes; Schulz raconte que quelque vin était bien cuit, on avait l'habitude de
fois, surtout vers le sud, on coupe une le transvaser pour le purifier et l'amélio
grappe, qu'on la pose sur une planchette, rer; Jér. 48, 11. renferme une allusion à
et que les amis, assis autour, en cueillent cet usage. **
les fruits, qu'ils mangent avec un peu de La loi contenait, au sujet de la vigne,
pain pour leur repas. L'espèce de raisin les prescriptions suivantes : 1° Tout vi
le plus estimé paraît avoir été le sorek ou gnoble était soumis au repos de l'année
soreka, Gen. 49, 11. Es. 5, 2. Jér. 2, 21. sabbatique, Ex. 23, 11. Lév. 25, 3. —
Kimhi, dans son livre des racines, dit que 2o Il était défendu de Semer aucune es
c'est une espèce de raisin dont les grains pèce de grain au milieu d'un vignoble,
sont fort petits et fort doux ; on assure soit qu'il s'agisse, dans ce passage, d'un
même qu'ils ne contiennent point de pe enclos de blé renfermé dans un plant de
pins, ce qui doit être entendu en ce sens vigne, soit plutôt qu'il soit question d'é-
que ces pepins sont si petits et si tendres puiser la terre en semant du blé dans les
qu'on ne les aperçoit pas. C'est apparem chemins de la vigne, entre les lignes des
ment la même espèce qui porte encore huttins, comme cela se fait en diverses
aujourd'hui au Maroc le nom de serki; on contrées, Deut. 22, 9. La confiscation de
la trouve également en Syrie et en Arabie la récolte punissait tout délit de cette na
sons un nom semblable. On a fort peu de ture. Outre l'idée générale du législateur.
détails sur la manière dont les Hébreux qui voulait prévenir des mélanges hétéro
cultivaient la vigne, comment ils en aug gènes, v. Accouplements, le but de cette
mentaient et multipliaient les plants, s'ils défense était de ménager le sol, de ne
la laissaient traîner à terre comme cela pas l'épuiser, de ne pas nuire non plus à
se fait dans presque tout l'Orient, s'ils l'un des produits en détournant une par
la dressaient en huttins ou cordons, ou tie des Sucs de la terre vers un autre tra
s'ils la soutenaient par des appuis donnés vail. Spencer croit, d'après un passage de
à chaque cep. Il résulterait de Ez. 17, 7. Maïmonides, que Moïse voulait prémunir
Psaum. 80, 11., que la vigne était souvent les Juifs contre l'idolâtrie, les Sabéens,
soutenue, soit par un échalas, soit par et les Arabes ayant coutume de mêler
un arbre autour duquel elle entrelaçait ainsi dans leurs champs la vigne et le
ses sarments, comme cela se voit encore blé, pour les mettre sous le patronage
parfois en Palestine, et au sud de l'Eu réuni de Cérès et de Bacchus; mais c'est
rope. On émondait les ceps avec une une supposition aussi hasardée qu'inu
serpe, on retournait la terre, on l'épier tile. — 3° Le propriétaire n'avait pas le
rait, Jean 15, 2. Luc 13, 8. Es. 5, 2. La droit de faire une vendange minutieuse,
vendange commençait en septembre et fi il devait abandonner les grappillages aux
nissait en octobre, et donnait lieu , com pauvres et aux étrangers, Lév. 19, 10.
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Deut. 24, 21. — 4° Les passants avaient le lorsqu'ils mûrissent, ce qui est rare : v.
droit de cueillir pour leur usage et pour Es. 5, 2. 4.
les consommer en chemin, les fruits La vigne de Naboth est devenue l'image
qui bordaient la route, Deut. 23, 24. — de tout bien enlevé au pauvre par la
5° Celui qui avait planté une vigne, mais puissante méchanceté du riche, 1 Rois
qui n'en avait pas encore recueilli du 21 , 4 .
fruit, était dispensé du service militaire, VILLES. C'est de ce nom, trop pom
Deut. 20, 6. cf. 1 Macc. 3, 56. Or, d'après peux dans l'origine, qu'on décora d'abord,
Lév. 19, 23., il était défendu de manger dès les temps des patriarches, les établis
du fruit des trois premières années d'un sements fixes des familles agricoles, par
plant, verger ou autre, probablement opposition aux camps volants des noma
aussi de la vigne, et il eût été trop dur des. Ces établissements étaient entourés
d'enlever pour le service celui qui, après de murailles ou de murs, et chaque ville
quatre années d'un travail inutile, pou était une forteresse, Nomb. 32, 17., ce
vait espérer enfin de recueillir quelque qui explique les siéges nombreux dont il
fruit de ses peines; la législation mosaï est parlé dans le livre de Josué. On choi
que tenait compte du droit individuel sissait d'ordinaire une hauteur, une mon
comme du droit public. tagne, ou tout au moins un mamelon,
La vigne fournit, non-seulement des pour y fonder une ville , la place était
détails à bien des comparaisons, Jug. 8, plus facile à défendre, et d'ailleurs, en
2. Es. 1, 8. 34, 4. Jér. 6, 9. Os. 14, 7., beaucoup de cas, il n'était guère possible
mais souvent le thème même d'une para de faire autrement, car, à cause des mou
bole tout entière, d'une allégorie, d'une vements du terrain, on n'avait de choix
fable ou d'un apologue, Matth. 20, 1. 21, qu'entre la hauteur et le ravin. C'est à
28. Jean 15, Jug. 9, 12. C'est surtout le peu près là tout ce qu'on sait sur la con
peuple de Dieu qui est habituellement re struction des villes de la Palestine, Jéru
présenté sous l'image d'une vigne que salem seule, q. v., étant exceptée.
Dieu a tirée d'Egypte, établie en Palestine, Les villes modernes de l'Orient sont
entourée d'une barrière (la loi, et aussi bâties largement, sans économie de ter
l'isolement produit par les frontières na rain, et renferment dans leur intérieur de
turelles); une vigne dont il espérait de grandes places et de vastes jardins; un
bons fruits, et qui n'a produit que des voyageur à cheval a besoin d'une journée
grappes sauvages, Es. 5, cf. 3, 14. Ps. pour faire le tour d'Ispahan. Il est proba
80, 8. Jérém. 2, 21. Ez. 17, 6. Os. 10, 1. ble qu'il en était de même des villes de
Matth. 20, 1. Jésus-Christ lui-même se l'ancienne Asie, dont l'étendue, d'après le
compare à un cep, dont les sarments sont témoignage des historiens les plus di
les hommes, les uns sont émondés, les gnes de foi, était presque fabuleuse, v.
autres rejetés, Jean 15. Babylone, Ninive, etc. Les portes des vil
Le plant de Sodome, Deut. 32, 32., les étaient des lieux de rendez-vous ; on
était connu pour son amertume, comme s'y entretenait des affaires publiques et
tous les autres fruits qui s'aventuraient à particulières, et l'on y rendait la justice ;
croître sur les bords maudits de la mer elles donnaient ordinairement sur une
Morte; ses grappes étaient de fiel et son place plus ou moins grande qui servait
vin un venin de dragon. Que tous ces aussi de marché, Néh. 8, 1.16. Job 29,7.
fruits tombassent en poussière quand on Cant. 3, 2. Esd. 10, 9. 2 Sam. 21, 12. 2
les ouvrait, c'est ce qu'on ne saurait ga Rois 7, 1.2 Chr. 32, 6. Les rues n'étaient
rantir, malgré le témoignage de Tacite, sans doute pas aussi étroites qu'elles le
Hist. 5. sont aujourd'hui (à Saint-Jean-d'Acre,
On appelle lambrusques une espèce de deux chameaux chargés ne sauraient pas
raisins sauvages qui croissent sans cul ser l'un à côté de l'autre, même dans les
ture le long des chemins, au bord des rues les plus larges). Elles avaient sou
haies ou dans les champs en friche; leurs vent, surtout dans les grandes villes, des
grains sont petits, et deviennent noirs noms empruntés aux denrées, marchan
VIL 444 VIL
dises, objets quelconques qui s'y fabri temps, à cause des terreurs de la guerre,
quaient ou s'y vendaient, Jér. 37, 21., car On se mit à fortifier celles des villes en
chaque rue avait souvent sa spécialité, core existantes qui semblaient avoir le
comme à Londres Paternosterrow est la plus de chances de pouvoir se défendre.
rue des libraires, comme en Orient les Jérusalem en particulier, devint une place
rues larges (ou bazars), ne sont souvent de guerre, et l'on bâtit même des tours
Occupées que par un seul genre d'indus et des forts isolés, 1 Macc. 9, 50. 12, 36.
trie ou de négoce. Les rues de Jérusalem 38. Pendant la période romaine, et sur
étaient pavées dans la dernière période de tout par les soins des Hérodes, des villes
son existence, probablement déjà avant nouvelles s'élevèrent en Palestine, d'au
Hérode Agrippa II, puisque celui-ci fit pa tres furent agrandies et embellies ; les
ver une grande rue à Antioche, dans une maîtres donnèrent des théâtres, des gym
ville qui lui était étrangère, ce qu'il n'eût nases, des stades, des temples et d'autres
pas fait sans doute si Jérusalem n'avait monuments à leurs sujets, pour adoucir
pas joui du même avantage; mais il est le joug de leur esclavage; les citadelles,
probable que les autres villes de la Pa les forts de montagnes furent également
lestine n'étaient pas pavées, ce qui, d'ail multipliés, comme on le voit par divers
leurs, était peu nécessaire dans un pays passages de Josèphe: et la topographie
Où plusieurs d'entre elles étaient bâties nouvelle de la Palestine compta un grand
Sur le rOc, et d'autres, surtout au nord nombre de lieux qui ne sont pas men
est, sur du basalte. La mention la plus tionnés dans l'Ancien Testament; tandis
ancienne qui soit faite d'une espèce de que d'autres lieux, anciennement célè
pavé, est celle des dalles dont Salomon fit bres, avaient complétement disparu. La
garnir le parvis du temple.— 1 Rois 20, Galilée était particulièrement riche en
34. nOuS montre des concessions de ter villes et villages ; elle en comptait,au rap
rain faites dans des villes étrangères, port de Josèphe, environ 204.
comme conditions de la paix. Les noms des villes de la Palestine
Jérusalem avait déjà des aqueducs avant avaient presque tous, comme dans tous
l'exil, Es. 7, 3. 22, 9. 2 Rois 20, 20., tan les pays primitifs, une signification par
dis que les autres villes se contentaient ticulière, tirée de leur situation, de leurs
de puits et de citernes construites à alentours, ou de leur histoire; Rama, Ga
grands frais. baon, Jérico, Bethléem, etc. v. ces arti
On n'a que des données incertaines et cles. Plusieurs étaient composés, cqm
incomplètes sur la statistique des villes mençant par beth (maison), hir ou kiriath
de Canaan jusqu'à l'exil. Plusieurs de ces (ville), hatsar (la terminaison correspon
villes furent détruites au temps d'Abra dante, cour, est très fréquente en Fran
ham, Gen. 19, 24. D'autres furent ren ce, notamment en Picardie, Hargicourt,
versées sous Josué, lors de la prise de Achicourt, Jancourt, etc.), hémek (vallée,
possession du pays, et mises à l'interdit, vallon), abel (pré, prairie), beér (puits,
Jos. 6, 24. 26. 11, 11., puis en partie re comme en français Fontainebleau), hen
construites plus tard ; et dans presque (source), — et après l'exil, surtout par
tous les passages où il est parlé de villes kephar, ou capher (village, Capernaüm).
fondées par des Israélites, il faut l'enten Les noms commençant par bahal trahis
dre plutôt de villes rétablies, agrandies, sent une origine cananéenne, comme on
embellies et surtout fortifiées, Jug. 1, 26. trouve dans tous les pays quelques res
18, 28. 1 Rois 12, 25. 15, 17.21. 16, 24. tes de leurs anciens habitants païens(Tem
cf. 2 Chr. 8, 5. Les invasions successi pleux, Templum Esi, etc.).Quelques noms
ves des Caldéens détruisirent un grand affectaient la terminaison du duel, d'au
nombre de villes, d'autres tombèrent en tres celle du pluriel; ailleurs, v. Beth
ruines pendant l'exil, et les rois de Syrie, horon , on distinguait par supérieure et
dans leurs luttes avec les Maccabées, ne inférieure deux villes voisines du même
firent que continuer cette œuvre de dé nom (chez nous Aizecourt-le-Haut, Aize
solation, 1 Macc. 5, 65. 9, 62. En même court-le-Bas) : si ces villes du même nom
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étaient éloignées l'une de l'autre, on les vain public : les anciens paraissent avoir
distinguait par le nom de tribu, ou par tel été les conseillers de ville, comme juges
autre caractère distinctif, comme on dit et comme administrateurs, et avoir formé
Châlons-sur-Saône ou Châlons-sur-Mar un véritable conseil municipal, sans le
ne, Francfort-sur-le-Mein, ou Francfort nom. Depuis l'exil, il est parlé de magis
sur-l'Oder. Les Hérodes changèrent plu trats présidés ou dirigés par un archonte,
sieurs noms anciens, et les remplacèrent Ou chef (Josèphe), et de chefs, surveil
par des noms romains en l'honneur des lants, ou commissaires de districts, dont
maitres du pays, Césarée, Sébaste, Néa les attributions ne sont pas déterminées;
polis, Diospolis, mais il n'est que peu de v. aussi Sanhédrin.
ces noms qui aient réussi à déposséder Aux portes des villes se tenaient des
l'ancien ; Neapolis ou Naplouse est pres sentinelles qui faisaient le guet, et don
que le seul que l'on connaisse générale naient des avertissements, soit en criant,
ment, mais on n'a pas oublié Sichem, et soit au moyen d'une trompette ou d'un
les habitants du pays ont jusqu'à nos cor, 2 Sam. 18, 24.2 Rois 9, 17. cf. Es.
jours conservé en partie les noms pri 21, 11. Ps. 127, 1. Jér. 6, 17. Ez. 33, 6.
mitifs des lieux qu'ils occupent. Des gardes de nuit sont mentionnés Cant.
· On ne sait que fort peu de chose de la 3, 3.
population des villes israélites, v. Jéru Quant aux communications des villes
salem, et les chiffres épars desquels on entre elles, v. Routes. Des pierres mil
pourrait essayer de tirer une conclusion, liaires marquant la distance qui les sépa
sont si rares qu'on ne saurait s'y atta rait furent posées pendant la période ro
cher. La différence entre les villes (forti maine. On n'a presque pas de données,
fiées), et les bourgs ou villages (sans mu soit sur la distance , soit sur la position
railles), n'est pas marquée dans l'Ancien respective des différentes villes ; les in
Testament ; ce n'est que vers la fin que dications ne sont qu'approximatives, et se
l'on commence à l'apercevoir, Ez. 38, 11. rapportent au cours du soleil, Gen. 12,
Néh. 11, 25. Le Nouveau Testament dis 8. Jug. 21, 19. Les travaux de Josèphe,
tingue en revanche les villes des bourgs d'Eusèbe, surtout de Jérôme, les vieux
ou bourgades, Matth. 10, 11. Marc 1, 38. itinéraires, les tables d'Abulféda, sont
6, 56. 8, 27. Luc 8, 1. 13, 22. Act. 8, 25. particulièrement précieux à consulter. Les
Les bourgs sont par exemple Bethphagé, travaux modernes, en revanche, ne peu
Emmaüs, Bethléem. Cependant cette dif vent être lus qu'avec beaucoup de précau
férence n'est pas toujours rigoureuse tions, la manie de l'ignorance étant de
ment maintenue, ni dans le Nouveau Tes deviner, le danger des hypothèses étant
tament (v. Bethsaïda), ni dans Josèphe, de flatter l'amour-propre, et de convain
qui donne une fois le nom de bourg à une vre leur auteur plus que ne ferait sou
ville très peuplée et entourée de murail vent la certitude , et l'Orient ancien ne
les. La plupart des endroits dont le nom pouvant plus guère être que deviné. Le
commence par Caper étaient des bourgs, Voyage de Schubert est parmi ceux qui
quoique Caper signifie village, et l'on renferment le plus d'observations impor
doit supposer qu'après n'avoir été d'abord tantes, et le moins d'hypothèses affirmées.
que des villages, ils s'étaient petit à petit Les Français sont restés bien en arrière
agrandis, comme tant de villes en Alle des Allemands sous le rapport des re
magne dont le nom se termine par dorf cherches consciencieuses, et sauf l'Itiné
(village). raire de Chateaubriand, leurs ouvrages
Nous n'avons pas de détails non plus sont plutôt des affaires de poésie ou d'im
sur les autorités locales, ou municipales, pressions. -
si l'on peut employer ces mots en parlant Pour ce qui concerne les villes de re
de la nation juive. Il est parlé de juges fuge et les villes des Lévites, v. ces arti
Deut 16, 18. (shôterim), mais l'expression cles.
est douteuse, et Hengstenberg y verrait VIN. Quant à sa fabrication, v. Vignes.
plutôt une espèce de greffier ou d'écri Quant à son usage dans les festins et dans
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les sacrifices, v. ces articles et Libations. dui sont faites en l'honneur de Dieu, il
— Act. 2, 13. mentionne une espèce par faut remarquer que, dans ce passage, c'est
ticulière de vin, renommée par sa dou la vigne qui parle, un être imaginaire,
ceur, et non du vin nouveau , car ce n'é- mythologique, sans aucune prétention à
tait pas la saison; il est possible que chez devenir une autorité dogmatique. Sa dé
les Juifs ce nom s'appliquât par excellence claration n'est pas plus bonne à croire
au vin de sorek (ci-dessus, p. 442). que son égoïsme à imiter. -
On ignore si les Juifs avaient, comme Prov. 31, 4-6. parle d'un vin que l'on
les Grecs et les Romains, l'habitude de donnait à ceux qui étaient affligés, et, se
mettre de l'eau dans leur vin : Es. 1, 22. lon les rabbins, il s'agirait dans ce pas
2 Cor. 2, 17. parlent de vin frelaté. Les sage d'un vin falsifié, ou d'une liqueur
Orientaux modernes boivent le vin à part, forte, qu'on faisait boireà ceux qui étaient
et l'eau à part. Quoique le Talmud parle condamnés au dernier supplice pour les
de vin mêlé d'eau, il est probable que étourdir moralement, ou même pour les
les anciens Israélites cherchaient plutôt à engourdir physiquement, et provoquer
augmenter la force du vin au moyen de une sorte d'insensibilité semblable à celle
diverses épices, de la myrrhe, de l'o- que produit l'éther ou le chloroforme.
pium, etc. Es. 5, 22. Ps. 75, 8. Cant. 7, 9. C'est de ce vin qu'on aurait offert à Jésus
D'après Hitsig cependant, Esaïe parlerait sur le lieu de son supplice, Marc 15, 23.,
d'un mélange du vin avec de l'eau, mais et quelques-uns le distinguent du vinai
avec de l'eau chaude. Le vice de l'ivr0 gre mêlé de fiel qu'on lui aurait offert
gnerie était commun chez les Hébreux, d'abord, et qu'il aurait également refusé,
et soit que Noé connût déjà l'usage du Matth. 27, 34. Luc 23, 36. Cependant, il
vin, soit qu'il l'ait inventé ou expérimen ne s'agit dans ces passages que d'une
té le premier (ce qui n'est pas constant), seule et même boisson, dont l'amertume
il en a légué les dangers à tous ceux à était le caractère principal, Ps. 69, 21. Jé
qui il a légué le vin ; les prophètes en sus la refusa, non parce qu'elle était
parlent fréquemment, Es. 5, 22. 19, 14. amère, mais parce qu'il voulait mourir
28,1. Os. 7, 5.Jér. 23,9.cf. Prov. 23,20., avec la conscience du supplice et de la
et les livres historiques en rapportent mort, et vider la coupe jusqu'au bout. Il
quelques exemples, 1 Sam. 25, 36.1 Rois ne faut pas confondre ce vin amer avec le
16, 9. La loi même y fait une allusion, vinaigre qu'on approcha plus tard de ses
Deut. 21, 20. — Le vin était défendu aux lèvres, Marc 15, 36., soit pour le soula
nazariens et aux prêtres, pendant tout le ger, soit pour raviver ses douleurs en ra
temps qu'ils étaient occupés au service nimant ses forces.
de l'autel, Nomb. 6, 3. Lév. 10, 9. Les Vin artificiel, v. Cervoise.
Récabites avaient reçu et accepté de leur VINAIGRE. Il y en avait apparemment
père la même défense, Jér. 35. de deux sortes : l'une dont les gens du
Gen. 49, 11. annonce que la tribu de peuple buvaient ordinairement pour se
Juda sera une terre abondante en bon désaltérer, en le mélangeant d'eau ou
vin, et c'est sur son territoire, en effet, d'huile, Ruth 2, 14., l'eaune pouvant dès
qu'on remarque les meilleurs vignobles. altérer à la longue sous ce soleil ardent :
Ez. 27, 18. parle d'un vin de Helbon c'était une espèce de piquette, ou de pe
(ou gras, onctueux), que l'on vendait aux tit vin, que les nazariens devaient s'in
foires de Tyr, et qui était particulière terdire comme le vin véritable, Nomb. 6,
ment recherché. Le vin du Liban, Os. 14, 3.;— l'autre était plus acide, et ne se bu
7. (mal traduit dans Martin, celle du Li vait que difficilement, Ps. 69, 21. Prov.
ban), était célèbre par son arome (ou bou 10, 26.25, 20. On faisait du vinaigre avec
quet); peut-être était-il fabriqué. du vin, de la bière, du cidre, et même
On s'est beaucoup trop préoccupé du avec de l'eau; le vin de palmier s'aigrit
passage Jug. 9, 13., où il est parlé du vin si on le garde trois ou quatre jours. Les
qui réjouit Dieu et les hommes. Outre Orientaux, jusqu'à nos jours, aiment à se
qu'on pourrait l'expliquer des libations rafraîchir avec de bon vinaigre étendu
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d'eau, et les soldats romains ne buvaient nous échappe, mais l'éternité qu'il nous
guère autre chose dans leurs expéditions. offre, et les épreuves sont des appels au
Si le vinaigre qu'on offrit à Jésus sur la bonheur; l'affligé est rappelé tout ensem
croix, Matth. 27, 48., est le même que ce ble au sérieux et à l'espérance; l'homme
lui qu'on lui avait offert avant le supplice, heureux est appelé à la reconnaissance et
on peut voir ce qui a été dit à l'art. Vin. à la foi.
On y faisait dissoudre du fiel ou de la VOEUX. On en distinguait de deux sor
myrrhe, qui en augmentaient l'amertume. tes chez les Hébreux : les vœux positifs,
Dissoute dans de bon vin, la myrrhe lui et les vœux négatifs, ou la promesse faite
donnait un fort goût aromatique (lauda à Dieu de s'abstenir de certaines choses;
tissima); le vin de myrrhe était exquis, le nazaréat était le plus important de ces
et il n'est guère probable qu'au milieu derniers, parmi lesquels on peut compter
de tant d'ignominie, ce soit du vin qu'on aussi l'interdit, q. v. Quant aux vœux po
ait offert au Sauveur; il a goûté le vinai sitifs, c'est-à-dire la promesse de faire
gre amer. une chose à l'honneur de l'Eternel, on en
VIOLON. v. Musique. retrouve la trace dès les temps les plus
VIPERE, serpent vivipare. v. Serpent. anciens : Jacob promet à Dieu la dîme de
VISIONS. v. Prophètes. ses biens, si Dieu bénit son voyage en
VISlTES. La Bible ne donne que peu Mésopotamie, Gen. 28, 20. Tous les peu
de détails sur le cérémonial des visites ples de l'antiquité ont connu cette espèce
que les Israélites se faisaient entre eux. d'engagement de l'homme vis-à-vis de
Le lavage des pieds paraît avoir été l'une Dieu (Iliad. 6, 308. Odyss. 3, 382. Virg.,
des parties les plus essentielles et les Enéid. 5, 234., etc.), et la cause s'en
plus ordinaires de ce cérémonial, Gen. 18, trouve dans les idées anthropomorphiques
4. 24, 32. Jug. 19, 21. 1 Sam. 25, 41.Luc et anthropopathiques qu'on se faisait de
7, 44. De nos jours encore, ce devoir Dieu, comme s'il ne consentait à accorder
Subsiste. On brûle de l'encens devant certaines choses que sous condition, et
son hôte, Dan. 2, 46., ou l'on arrose sa en réclamant pour sa part quelques avan
barbe d'une huile odoriférante, cf. Luc 7. tages correspondants. Ce point de vue
Après ces témoignages d'affection, l'on n'est pas contraire à la piété, mais il est
se hâte de lui fournir de la nourriture, et contraire à la vérité, et des idées saines
l'on prend soin de sa monture, s'il y a sur Dieu et sur l'homme ne s'accorderont
lieu, cf. Gen. 18, 4.24,32.Jug.19,21.Des jamais avec une théorie des vœux, sou
présents réciproques étaient également vent fatale, toujours inintelligente. On
chose ordinaire dans les visites faites ou faisait des vœux lorsqu'on se trouvait
reçues. dans une position pénible ou désespérée,
Les épreuves et les afflictions sont sou Jug. 11, 30. Jon. 1, 16., quelquefois pour
vent appelées des visites ou visitations obtenir la possession d'une chose dési
de Dieu, Ex. 20, 5. 32, 34. Lév. 18, 25., rée, 1 Sam. 1, 11.2Sam. 15, 8., et leur ac
expression bien surprenante dans un li complissement était considéré comme un
vre qui nous parle d'un Dieu d'amour; des plus impérieux devoirs, Jug. 11, 39.
mais c'est aussi un Dieu de justice, et le Eccl. 5, 4. cf. Ps. 66, 13. 76, 11. 116, 18.
même mot se prend ailleurs en bonne Moïse ne combattit pas les vœux en théo
part, Gen. 21, 1. Ex. 3, 16.1 Sam.2, 21. rie, quoiqu'il ne les recommandât pas non
Luc 1, 68. L'idée fondamentale qui justi plus; mais, comme toujours, il en res
fie l'emploi de ce mot, c'est que rien ne treignit l'usage par des prescriptions de
se fait sans la volonté de Dieu ; tout ce nature à prévenir, autant que possible, les
qui arrive, bien ou mal, doit rappeler à inconvénients domestiques ou publics qui
l'homme que Dieu a passé par là, que pouvaient en résulter. Un vœu devait im
Dieu est là, qu'il se manifeste ; ce qui manquablement et entièrement être rem
nous paraît douloureux ne l'est que d'une pli, Deut. 23, 21.Nomb. 30, 3.; aussi Sa
manière relative; l'action de Dieu sur lomon recommande-t-il de n'en faire ja
l'homme a pour objet, non le temps qui mais qu'avec circonspection, Prov. 20,25.
VOE | 448 VOI
Des personnes non indépendantes, telles des mœurs païennes, notamment de celles
que des esclaves, des femmes, des filleS des Phéniciens, qui déposaient dans les
(il n'est pas parlé des fils qui, cependant, temples de leurs dieux le prix de la pros
ne sauraient être absolument exceptés), ſtitution. - L'accomplissement d'un vœu
n'avaient pas le droit de faire un vœu sans était Souvent accompagné de sacrifices et
le consentement formel de leurs supé de festins, comme aussi un sacrifice pou
rieurs, maîtres, parents oututeurs, Nomb. vait avoir été lui-même l'objet d'un vœu,
30, 4. Un vœu fait intérieurement ne sut Lév. 7,16.22, 18.21. Nomb. 15, 3. Deut.
fisait pas : pour lier, il devait avoir été 12, 17.1 Sam. 1, 21.2 Sam. 15, 7.
fait à haute voix, Deut. 23, 23. II va sans Quant au vœu de Jephthé,v. cet article.
dire qu'on ne pouvait pas vouer à Dieu | Dans le Nouveau Testament il n'est
quelque chose d'imparfait, lorsqu'on était parlé de vœux que deux # chose
en état de faire mieux; mais il résulte de singulière ! c'est à propos de apôtre des
Mal. 1, 14. que la lésinerie s'en était mê gentils, de Paul, de celui qu'on accusait
lée, et qu'avec le temps les vœux ne com de renverser la loi. On ne sait à quelle
portaient plus un bien grand renonce occasion il fit son premier vœu, Act. 18,
ment; c'était un moyen de se débarras 18.: on suppose qu'il avait couru quel
ser pieusement de ce dont on ne pouvait que grand danger, et que selon l'usage
plus faire usage soi-même. juif il fit un vœu, non point de nazaréat
Tout ce qui avait été voué pouvait se proprement dit, comme le pensent cer
racheter, moyennant un certain prix fixé tains auteurs, mais de purification ou
d'avance, même les personnes (les enfants d'actions de grâce, de nazaréat tempo
par exemple) qui s'étaient vouées, ou raire. Ce vœu consistait à promettre un
, avaient été vouées à l'Eternel par leurs Sacrifice, à s'abstenir de vin trente jours
parents, pour le service du tabernacle, à l'avance, et à se faire couper les che
Lév. 27, cf. 1 Sam. 1, 11. Des animaux Veux. On s'explique ainsi la hâte avec la
l | impurs, des maisons, des héritages pou quelle, venant de Cenchrée, Paul traver
' yaient être rachetés ; l'estimation en était sa Ephèse pour se rendre à Jérusalem. Il
· faite par le prêtre, et il fallait payer un n'est pas probable que ce vœu ait aucun
· cinquième en sus de leur valeur. Celui rapport avec celui dont il est parlé plus
, qui ne rachetait pas son champ en était tard, Act. 21, 24.; ce dernier fut fait à
légitimement et pour toujours dépossédé ; l'instigation de Jacques et des chrétiens
en l'année jubilaire ce champ était réuni de Jérusalem, qui désiraient que Paul
aux domaines du temple, si celui qui l'a- prouvât par un acte public, qu'il était en
vait voué en était le vrai possesseur par core attaché aux formes et aux habitudes
héritage ; s'il n'en était propriétaire que du judaïsme ; la cérémonie qu'on lui de
, par achat, ce champ retournait à son maî mandait, était de ces choses qu'il pouvait
, tre primitif, pour que la succession des faire sans mentir à ses principes; en con
héritages ne fût pas interrompue. On ne tribuant à la dépense de la purification de
| voit du reste aucun exemple de vœux pa quatre chrétiens juifs, il montrait sa lar
reils, et il paraît que les réserves et les geur d'esprit et sa tolérance pour les
| restrictions imposées par la loi étaient as formes. Ce vœu néanmoins laisse quel
· sez gênantes pour équivaloir dans ces cas que trouble dans l'esprit; Dieu ne le bé
| à une interdiction réelle. — ll n'était pas nit point ; une émeute éclata, Paul fut ar
| permis de vouer à l'Eternel ce qui lui rêté, incarcéré, conduit à Rome, et s'il
| appartenait naturellement, comme les eut l'occasion d'y rendre témoignage à
" premiers-nés. Le salaire de la débauche l'Evangile, ce fut au prix de sa vie.
ne pouvait non plus être affecté aux cho VOILE. v. Tabernacle. Dans l'Orient,
ses saintes, qu'il s'agit d'une femme ou ancien et moderne, le voile a toujours été
· d'un homme, Deut. 23, 18. (dans ce pas l'une des parties les plus importantes de
, sage le mot chien a le même sens que la toilette d'une femme; les esclaves seu
| Apoc. 22, 15. cf. Rom. 1, 24.) : cette dé les, et les danseuses qui étaient en même
· fense était une condamnation formelle temps filles publiques, faisaient exception
|!
VOL " 449 VOL
· à cette règle, quelquefois aussi les fem cipe de la restitution, et de cette manière
mes de la dernière classe. Le même usa elles agissaient aussi efficacement que des
ge régnait également parmi les Juifs, mesures plus répressives. La constitution
quoique chez eux, notamment à l'époque du pays, où chaque individu était pro
patriarcale, l'étiquette fût en général priétaire foncier, rendait ce système plus
moins sévère. On voit chez leurs familles applicable qu'il ne le serait dans nos so
nomades, des filles, et même des fem ciétés modernes, où une partie de la for
mes, sortir sans voile ; mais la fiancée se tune consiste souvent dans des créances
voilait devant son époux (nubere viro), insaisissables. — Le vol simple était puni
Gen. 12, 14. 20, 16. 24, 65. Le voile dont d'une restitution double, si l'objet volé
s'enveloppa Tamar, Gen. 38, 15., était n'avait été ni dénaturé, ni vendu; dans
plutôt un déguisement que l'enseigne le cas contraire, la restitution était quin
d'une prostituée. Es. 3, 22. Cant. 5, 7., tuple pour un vol de bœufs, quadruple
montrent combien les voiles étaient re pour un vol de brebis, Ex. 22, 1.4.7.9.
cherchés : ils étaient à la fois l'ornement (Les bœufs et les brebis expriment ici
de la pudeur et celui de la beauté ; les des objets d'une valeur plus ou moins
'femmes de distinction en portaient sou considérable , le concret est mis pour
vent plusieurs les uns sur les autres. Les l'abstrait, selon l'habitude de la loi ; le
' différents noms sous lesquels ils sont dé juge devait suivre l'esprit et ne pas s'en
signés, ne peuvent suffire à caractériser tenir à la lettre). Le vol du bétail était
' leur nature ou leurs différences; l'étymo puni plus sévèrement que celui d'autres
| logie mème, dans des affaires de mode, objets, soit à cause de son importance
n'est presque jamais un guide auquel chez les Hébreux, soit à cause des facili
On puisse se fier, ou dont on puisse at tés qu'on avait pour en détourner quel
tendre des éclaircissements. Le rahal ques pièces. Celui qui ne pouvait payer
était probablement une espèce de voile l'amende devenait l'esclave de son créan
composé de deux pièces réunies près des cier, si toutefois l'amende équivalait au
yeux, de manière à les laisser libres ; prix d'un esclave, Jos. Ant. 16, 1, 1. D'a-
l'une des pièces était rejetée en arrière près Prov. 6, 31., la restitution aurait été
sur le dos, l'autre retombait en avant sur portée au septuple au temps de Salomon,
la poitrine, Es. 3, 19. Le radid, Es. 3,23. modification qui, d'après Michaélis et Cel
Cant. 5, 7., était un grand voile de gaze lérier, s'expliquerait par l'insuffisance de
qui enveloppait la tête entière, et redes la règle ancienne quand le luxe et le com
cendait assez bas de tous les côtés, com merce vinrent, sous les rois, changer la
me les voiles des mariées ou des catéchu nature de la propriété : toutefois ce pas
mènes. On trouve encore en Syrie et en sage est susceptible d'une interprétation
Egypte, une troisième espèce de voile plus large, et le chiffre indiqué serait un
qui part des yeux, et ne couvre que le nombre rond souvent employé. Le voleur
bas du visage, le cou et la poitrine; il est de nuit pouvait être tué s'il était surpris
probable qu'il était connu des Israélites, en flagrant délit, Ex. 22, 2.3., soit parce
et quelques bas-reliefs des ruines de Per qu'on était censé ne pas connaître ses
sépolis prouvent qu'il est fort ancien ; intentions et sa force, soit parce que la
mais ce serait trop hasarder que de pré difficulté de le reconnaître diminuait les
tendre, comme on l'a fait, le retrouver chances d'une restitution. — Les lois de
dans le tsahiph de Gen. 24, 65. 38, 14., Solon et des anciens Romains avaient plus
ou dans le tsamma de Cant. 4, 1. Es. 47, d'uu rapport avec celle des Juifs sur le
2., la signification de ce dernier mot n'é- vol ; elles admettaient la restitution mul
tant même pas assurée. tiple, et le droit de tuer un voleur noc
Voiles de vaisseau. v. Vaisseau. turne.—Le vol d'hommes était impitoya
VOL. Les lois de Moïse sur le vol, Ex. blement puni de mort, Ex. 21, 16. Deut.
20, 15., avaient pour le moins autant pour 24, 7. cf. 1 Tim. 1, 10. C'était une espèce
objet d'indemniser le volé que de punir de traite fort facile dans un pays dont
le voleur; elles étaient basées sur le prin presque la moitié des frontières étaient
II. 29
VOY 450 VOY
10., dans la Galilée méridionale, près des trompé, et ait confondu le père du pro
tribus de Nephthali au nord, Jos. 19,34., phète, v. 5°, avec celui du pontife).
et d'Aser à l'ouest, Jos. 19, 27. C'est à 2° Prophète ou ministre qui dirigea les
Cause de ce voisinage que la tribu de Za heureux commencements du règne d'Ho
bulon est souvent nommée avec celle de zias, 2 Chr. 26, 5, On ignore s'il était
Nephthali, Jug. 4, 6.10. 5, t8. 6, 35. Ps. lévite. Il est appelé intelligent dans les
68, 27. Es. 8, 23. Son territoire touchait visions de Dieu (ou habile pourvoir Dieu),
à l'est au lac de Génésareth, vers l'ouest ce qui peut s'appliquer à ses dons ou à sa
au Carmel, à la Méditerranée, à la Phéni piété, en faire un prophète , ou un doc
cie; selon la prophêtie de Jacob, Gen. teur. Quelques-uns pensent avec assez
49, 13., il touchait au port des mers. Ce de raison que c'est le même dont la fille
devait être une tribu très commerçante, épousa Achaz et devint mère d'Ezéchias,
cf. Jos. 19, 11., et sa position la rendait 2 Rois 16, 20. 2 Chr. 29, 1.
pr0pre à faire connaître la vérité aux 3° Zacharie, fils de Jéroboam II, suc
païens, à appeler les nations sur la mon céda à son père dans la trente-huitième
tagne de Sion, Deut. 33, 19. Elle paraît année d'Hozias (772 av. C.), et devint
avoir acquis par le commerce une culture ainsi le quatorzième roi d'Israël ; mais il
Scientifique plus grande que d'autres tri marcha sur les traces impies de ses pré
bus, Jug. 5, 14. Pendant la période des décesseurs, et périt au bout de six mois,
Juges, elle dut souffrir sur son territoire assassiné par Sallum qui convoitait son
des villes cananéennes tout entières, Jug. trône. Sa dynastie périt avec lui, n'ayant
1, 30,; des Phéniciens s'y fixèrent plus compté que cinq rois, selon la prophétie
ZAC 452 ZAC
prononcée contre Jéhu, 2 Rois 15, 12. celles d'Ezéchiel et d'Aggée, et ne sont,
On suppose qu'après la mort de Jéroboam pour ainsi dire, qu'un commentaire de
et avant l'avénement de Zacharie, il y eut ces dernières, un développement d'Ag
un interrègne plus ou moins long, causé gée. Les circonstances dans lesquelles
par les troubles du pays; en tout cas, l'ac vécurent Aggée et Zacharie et dans les
cord des chronologies rend nécessaire quelles ils prophétisèrent, sont les mê
une supposition de ce genre. mes; deux mois seulement les séparent.
4° Fils de Jérébecja, choisi par Esaïe Le livre de Zacharie se divise en trois
comme témoin de son mariage et du nom parties bien distinctes. La première, cha
symbolique de Lemahersalal-Hasbas don pitres 1-6, se compose d'une série de vi
né d'avance à l'enfant qui devait naître de sions, introduites par les six premiers
cette union, 2 Chr. 29, 13. Es.8, 2. C'était versets du livre, qui sont pour ainsi dire
sans doute un homme distingué par son l'inauguration , la consécration du pro
rang, appartenant à l'une des familles les phète. Toutes ces visions, le prophète les
plus considérables de Jérusalem; on a cru a eues dans une seule nuit ; elles sont en
que c'était le même que le conseiller d'Ha rapport intime quant à leur contenu, les
zaria (v. ci-dessus 2°), mais il faudrait, premières étant plus générales, les der
vu la distance des temps , supposer que mières étant plus précises et plus détail
ce prophète avait atteint un âge fort a lées ; elles annoncent la restauration de
vancé. Jérusalem et la nouvelle théocratie, et
5° Le onzième des petits prophètes, ont pour but immédiat d'encourager le
Zacharie, était fils de Barachie, et petit peuple à reprendre les travaux de la con
fils de Hiddo, Zach. 1, 1.7. ; il est appelé struction du temple. — La seconde partie
fils de Hiddo, Esd. 5, 1. 6, 14., selon (7 et 8) nous montre le prophète dans son
l'habitude des généalogies d'omettre les activité pratique; elle renferme des ex
générations peu importantes, ce qui prou hortations, des promesses, et fut pro
verait que le grand-père de Zacharie était noncée deux ans après les visions qui
plus célèbre que son père, supposition précèdent. — La troisième partie com
confirmée par Néh. 12, 4. 12. 16.; dans prend la fin du livre (9-14). On n'y re
ce dernier passage, Zacharie est marqué trouve plus cette préoccupation des be
comme successeur de son aïeul dans les soins présents et temporels qu'on remar
fonctions sacerdotales, mais l'époque pré que dans les deux premières. Le prophète
cise n'en est pas indiquée ; on voit seu s'occupe des destinées futures du peuple
lement que ce fut sous le successeur de juif et des espérances messianiques (qui
Jéhosuah, sous le souverain sacrificateur sont d'ailleurs le thème du livre entier) :
Jojakim, qu'il entra en fonctions. Dès lors c'est un chant prophétique; et après avoir
on ne retrouve plus le titre de prophète éveillé dans le peuple la haine du mal et
rattaché à son nom, ce qui ferait croire l'esprit de la repentance, il lui montre le
qu'après avoir prophétisé pendant sa jeu Sauveur, tantôt sous l'image d'un roi ,
nesse, il se serait spécialement consacré, tantôt sous celle d'un prophète , tantôt
dans son âge mûr, aux fonctions de son comme l'idéal de l'homme de douleur,
ministère sacerdotal. Son livre, tout em mis à mort pour les péchés de tous, et le
preint de l'abondance et du feu de la jeu livre se termine par l'annonce du dernier
nesse (Ewald), confirmerait assez cette jugement et de la victoire complète du
idée, et comme il fut écrit dans la seconde royaume de Dieu.
année de Darius Hystaspe, dix-huit ans La troisième partie de ces oracles a,
, après le retour de l'exil, on doit croire depuis deux siècles, éprouvé des attaques
que Zacharie était fort jeune quand il de divers genres : on l'a d'abord attribuée
quitta Babylone. Peut-être même n'est à Jérémie, surtout à cause de la citation
ce qu'à cette époque qu'il revint en Ju de Matth. 27, 9. cf. Zach. 11, 12. 13. (c.
dée, ou du moins à Jérusalem. Ses pro l'art. Jérémie) ; puis on en a compléte
· phéties font toute son histoire. Elles ont, ment nié l'authenticité ; d'autres , l'ont
pour le style, beaucoup de rapports avec partagée en deux parties dont on a attri
ZAC 4 o3 ZAC
charge, qui n'avait au-dessus d'elle que ZEBUL (demeure), Jug. 9, 28., officier
la souveraine sacrificature, embrassait d'Abimélec, rendit à son maître un ser
tOutes les affaires civiles et contentieu vice signalé, lors de la rébellion et des
Ses, et décidait des conflits où les in menées de Gahal. Confident de ce der-,
térêts du roi et ceux du gouvernement nier, et n'osant lui résister ouvertement,
étaient en présence, lorsque la jurispru il feignit d'entrer dans ses vues, mais fit
dence fixée par Moïse ne suffisait pas. On avertir Abimélec en secret , lui conseil
a cru que Es. 10, 1-4. renfermait une al lant d'attaquer Sichem au lever du soleil.
lusion aux membres de ce tribunal. Avant de lever le masque, il amuse Ga
ZEBAH (victime) et Tsalmuna (ombre), hal, le persuade que ce qu'il prend pour
Jug. 8, 5. cf. Ps. 83, 11. Chefs madianites des hommes n'est que l'ombre des mon
qui, après avoir été battus par Gédéon, tagnes, laisse à Abimélec le temps d'ap
se retirèrent sur l'autre rive du Jourdain, procher, puis le temps venu, il rappelle à
acceptèrent de nouveau le combat avec Gahal ses bravades de la veille, et lui
leurs 15,000 hommes, mais furent défi coupe le chemin de Sichem. On admire
nitivement vaincus, et emmenés captifs. rait cette fidélité à un méchant, si ce n'é-
Loin de chercher à adoucir celui qui tient tait pas une complicité.
leur vie entre ses mains, ils le provo ZÉEB. v. Horeb. -
quent, se vantent d'avoir fait périr ses ZÉNAS, disciple qui paraît avoir rem--
frères, et méprisant Jéther, le fils de leur pli en Crète les fonctions d'évangéliste,
vainqueur, qui hésite à les tuer, ils enga Tit. 3, 13., et qui probablement porta à
gent Gédéon lui-même à se jeter sur eux. Tite la lettre dans laquelle saint Paul le
Ils meurent ainsi des mains d'un des ju recommandait. Il est appelé docteur de la
ges d'Israël, égalant dans leur mort tout loi, ce qui peut tout aussi bien désigner
ce qu'on sait de l'intrépidité des sauva un jurisconsulte romain, qu'un sage in
ges attachés au poteau fatal; ils meurent struit dans les saintes lettres.Son nomin
conlme meurent les Mohicans et les Peaux dique une origine grecque. On l'a compté
Rouges, insoucieux, et ignorant la mort, parmi les soixante-dix disciples, et on lui
comme ils ont ignoré la vie. a donné l'évêché de Diospolis.
ZEBEDEE, époux de Salomé, père de ZÉRACH, général ou roi cusite, qui
Jean et de Jacques le Majeur, exerçait marcha contre Asa, roi de Juda (955-91 4
l'état de pêcheur sur les rives du lac de av. C.), à la tête d'une immense armée,
Genésareth (à Capernaüm ?), et fut pré en partie composée de Libyens, mais qui
sent à la vocation de ses deux fils, Matth. fut battu à Marèsa dans la tribu de Si
4, 21. Marc 1, 19. Luc 5, 9. : il n'opposa méon, et poursuivi jusqu'à Guérar, 2Chr.
ZER 455 ZIM
14, 9. 16, 8. Le chiffre d'un million appli situation changeait du tout au tout.
qué à son armée, est ou une erreur de ma · ZICRI (mon souvenir), 2 Chr. 28, 7.,
nuscrit, ou une manière de parler pour puissant chef d'Ephraïm, qui profita de
désigner un nombre très considérable ; la victoire de son maître Pékach, roi d'Is
aucune vallée en Juda n'eût été assez vaste raël, sur le royaume de Juda, pour entrer
pour que deux armées de cette taille eus dans Jérusalem, et mettre à mort un des
sent pu s'y développer. On est d'accord, fils du roi, l'intendant des biens royaux,
depuis Des Vignoles, à penser que Zérach et le favori ou premier ministre d'Achaz ;
est l'Osorchon (ou Osoroth, ou Osorthos) on ignore si ces morts furent des assas
des légendes égyptiennes, le successeur sinats, ou des accidents de la guerre. —
de Sisac ou Sesonchis, le second roi de Quelques-uns le font fils de Tabéal, q. v.
la 22e dynastie, dite bubaste, mais pen ZILPA (bouche dédaigneuse), servante
dant longtemps l'épithète de cusite, ou de Laban, fut donnée à Léa lors de son
éthiopien, a embarrassé les interprètes ; mariage avec Jacob. Sur l'ordre de sa
on a cherché en Arabie, en Madian, en maîtresse elle devint concubine de son
Ethiopie, un roi de ce nom, et mainte maître, et lui donna deux fils, Gad et
nant qu'on sait qui est Zérach, on a en Aser, Gen. 29, 24. 30, 9.35, 26. 37, 2.
core à se demander comment il a pu être 46, 18. Elle est du reste inconnue, ce
appelé Cusite, ou Ethiopien; les uns pen qui vaut mieux pour elle que la triste
sent que cette désignation se rapporte à célébrité de sa compagne Bilha.
l'origine de sa dynastie, d'autres pensent ZIMRI (mon champ, ma vigne). 1° Si
qu'elle s'expliquerait si nous avions plus méonite, fils de Salu, Nomb. 25, 14., af
de lumières sur les rapports géographi ficha avec hardiesse son impudicité, et
ques et politiques de l'ancienne Egypte conduisit Cosbi dans sa tente, lorsque
avec l'Ethiopie. — C'est par erreur que déja les principaux coupables payaient de
quelques versions lisent Zéraph au lieu leur vie leur obéissance aux infâmes con
de Zérach (de même M. Coquerel). seils de Balaam. Son impudence ne le !
ZERED, torrent situé à l'est de la mer préserva pas du châtiment; il périt à
Morte, au sud de l'Arnon, dans le pays l'instant même, tué par Phinées.
des Moabites, Nomb. 21, 12. Deut. 2, 13., 2° Zimri, 1 Chr. 2, 6., ou Zabdi (doté),
c'est probablement le Kérek ou le Wadi Jos. 7, 1., fils de Zara, petit-fils de Juda,
Karrak actuel. n'est pas compris dans l'éloge qui est
ZERES, femme d'Haman, Est. 5, 10., fait de ses quatre frères, dont la sagesse
oubliant que l'orgueil marche devant l'é- est comparée à celle de Salomon, 1 Rois
crasement, donna à son époux des con 4, 31., soit qu'en effet il ne les ait pas
seils de vengeance arbitraire, imagina le égalés, soit plutôt qu'il fût leur père, et
gibet qui devait mettre fin aux insolences fils unique de Zara, ce que la méthode des
de Mardochée, mais pressentit ensuite généalogies permet de supposer, et ce qui
aux premiers mots le discrédit d'Haman, s'accorderait mieux avec la chronologie.
et comprit que tout était perdu. Comme, 3° Zimri ou Simri, cinquième roi d'Is
en Orient surtout, il n'y a jamais de de raël, 1 Rois 16, 9., n'était d'abord que
mi-disgrâces, la faveur dont commen général, ou officier dans l'armée de son
çaient à jouir Ester et Mardochée fut un prédécesseur Ela; il ourdit une conspira
trait de lumière pour elle. Deux Juifs se tion contre son jeune maître, le surprit
relevaient: c'est que la nation était par à Tirtsa, le tua, et jouit pendant sept
donnée, c'est qu'une politique nouvelle jours du fruit de ses crimes (928 av. C.).
succédait à celle d'Haman; la ruine d'Ha Il n'eut que le temps d'exterminer la fa
man était certaine, Est. 6, 13. Les paro mille de Bahasa, selon la prophétie de
les de Zérès et des mages n'emportent Jéhu, et bientôt assiégé dans Tirtsa par
pas qu'ils eussent confiance en la protec l'armée, qui refusait de le reconnaître, il !
tion spéciale de Dieu pour les enfants mit le feu à son palais, et périt au milieu
d'Abraham, comtne l'ont cru quelques au des flammes, après un songe d'uIle se
teurs : elles signifient simplement que la maine. •
Z0R 4 e )6 Z0R
ZIPH (bouche). 1" Fils de Jéliallélel, de die, d'entraver les travaux, et de faireavor
la tribu de Juda, de la famille de Caleb. ter l'œuvre. Des obstacles sans nombre .
2° Ville de Juda, peut-être fondée par amenèrent de l'incertitude : les travaux
Ziph, et entourée d'un désert dans lequel souvent interrompus pendant les derniè
David demeura caché quelque temps, 4 res années de Cyrus, et sous le règne de
Sam, 23, 14.15. cf. 26, 1. - !Cambyse, furent entièrement suspendus !
!
3o Autre ville du même nom, JOs. 15, sous le faux Smerdis (Artaxercès), par
55., située probablement aux environs de suite des menées de Réhum. Zorobabel,
* .
Mahon et du Carmel de Juda. . : ". pendant ce temps, disparaît de l'histoire,
ZODIAQUE (les douze signes du). C'est découragé, ou vaincu par les circonstan- .
ainsi qu'il faut traduire l'hébreu Mazza ces. Mais dans la seconde année de Darius
loth, 2 Rois, 23, 5., que nos versions ont fils d'Hystape, il reparaît, soutenu par la
rendu par astres. Le mot hébreu signi voix puissante d'Aggée et de Zacharie; les
fie proprement les demeures, et rappelle machinations des Samaritains tournent
à leur confusion, les travaux continuent,
l'expression cycle des palais par laquelle
les Arabes désignent les douze signes du et au bout de quatre ans, le temple, re
zodiaque, comme les splendides habita construit, est publiquement rendu au cul
tions qui sont successivement choisies par te par une dédicace dont l'humble pompe
le dieu du jour. Le mot Mazzaroth, tra contraste avec la splendide inauguration
duit par signes du zodiaque, Job 38, 32. du premier temple. Douze jeunes boucs
(dans la Vulgate, Lucifer), est le même offerts en expiation des péchés, selon le
mot, avec la seule différence du change nombre des tribus d'Israël, montrent, ou
ment assez ordinaire des lettres r et l. v. que les Juifs de retour entendaient re
Astres. -
présenter la nation dans son intégrité,
ZOROBABEL (étranger à Babylone), ou qu'en effet un certain nombre de Juifs
ou Sesbatsar (joie dans la tribulation), des dix tribus avaient profité, avec les
Esd. 1, 8.11. 5, 14., fils de Salathiel, ou deux autres, du bénéfice du retour. Dès
son petit-fils, 1 Chr. 3, 17., appartenait à lors le culte continua d'être célébré ré
la famille royale de David, 1 Chr. 3, et gulièrement, et la pâque réunit à Jérusa
était prince de Juda. Il fut le chef de la lem tous les fidèles qui avaient conservé
colonie juive qui retourna la première de le souvenir et la sainteté des beaux jours
Babylone à Jérusalem, sous Cyrus (536 de leur patrie. On ignore quand et com
av. C.), Agg. 1, 1. Esd. 1, 8., et il rem ment Zorobabel mourut; il laissa sept fils
plit en Judée les fonctions de gouverneur et une fille, 1 Chr. 3, 19.
sous le titre perse de Pécha (pacha), du Sa généalogie offre quelques difficultés :
moins sous Darius Hystape, Agg. 1, 1.14. il est appelé fils de Salathiel, Esd. 3, 2.
2, . 241. Esd. 6, 7. Après avoir rétabli Math. 1, 12. Luc 3, 27., fils de Pédaja et
l'autel des holocaustes, il fit célébrer so petit-fils de Salathiel, 1 Chr. 3, 19. Les
lennellement la fête des tabernacles, qui noms de ses enfants sont indiqués dans
se faisait en plein air , puis il commença ce dernier passage, mais on n'y trouve ni
la reconstruction de Jérusalem en posant celui d'Abiud, Math. 1, 13., ni celui de
la première pierre du temple devant une Rhésa, Luc 3, 27., qui sont comptés pour
foule immense, où les cris de joie de la ses fils, si toutefois le Zorobabel de la
jeunesse étaient presque couverts par les généalogie de Joseph est le même que
lamentations des vieillards, qui se rappe celui de la généalogie de Marie, et si l'un
laient avec douleur la gloire incompara et l'autre sont identiques avec le restau
ble du temple de Salomon. Les Samari rateur de Jérusalem et avec celui de 1
tains ayant essayé, mais sans succès, de Chr. 3, 19., ce qui a été contesté ; v. Sa
faire reconnaître leur nationalité juive, lathiel. On ne peut, dans tous les cas, rien
en demandant de prendre part aux tra conclure au sujet de ces généalogies;
vaux du temple, se tournèrent dès lors d'un côté il est évident que les Chroni
contre Zorobabel, dont ils tentèrent à di ques ne nomment pas individuellement
verses reprises, par la violence ou la perfi chacun des petits-fils de Zorobabel, dont
Z0R , 457 ; ZUZ
la famille était très nombreuse, de l'autre apparaît dans une des visions de Zacha
que Matthieu, en ne nommant que dix rie, 4,6.sq., où les promesses les plus en
descendants de Zorobabel jusqu'à et y , courageantes lui sont faites sous la forme
compris Joseph, n'a pu énumérer tous | la plus poétique! « Qui es-tu, grande mon
les membres de cette lignée qui remplit ·tagne, devant Zorobabel ? Une plaine ! »
l'espace de cinq cent trente ans. Les hy Tous les obstacles seront aplanis sur son
pothèses n'ont pas manqué, depuis Jérô | chemin ; sa force sera « non point une
me, jusqu'à Jansénius, Kuinoel et Paulus, armée , mais l' esprit de l'Eternel. »
mais elles n'ont pas fait avancer la ques ZUZINS, peuplade inconnue, de Ca
tion. . | | | naan , au temps d'Abraham, Gen. 14, 5.;
Le caractère de Zorobabel est peu des d'après Calmet, qui en a fait des géants, et
siné : il brille plus par sa position et sa le contexte autorise cette supposition, ce
mission, que, par les faits; il serait im Seraient les mêmes que les Zamzummims,
prudent cependant d'en rien conclure Deut. 2, 20. Leur territoire, au dire de
contre ses talents ou son activité; les Schrœder, devait s'étendre jusqu'à l'Ar
meilleurs administrateurs ne sont pas non, entre celui des Réphaïms au nord,
toujours ceux dont on parle le plus. ll et celui des Emims au sud.
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SUPPLÉMENT
(Outre un fort petit nombre de corrections proprement dites, ce Supplément contient plusieurs articles
qui, étant théologiques, ne rentraient pas necessairement dans le plan de cet ouvrage, et de plus, sur
les sujets déjà traites, quelques développements nouveaux et importants.)
AME
les quatre passages, ne peuvent avoir que plus loin l'article Immortalité. .
le sens qui a été indiqué : la force serait º « L'âme dit Calvin, est prise pour la
alors l'expansion au dehors des impres volonté et désir, à savoir, d'autant qu'elle
sions reçues, des désirs, et des résolu est le siége de la volonté et du désir. En
tions formées par l'activité intérieure. | ce sens, il est dit que l'âme de Jonathan
L'emploi et la distinction des mots était liée à l'âme de David, et l'âme de
cœur et âme, dans les plus anciens livres Sichem adhéra à Dina, fille de Jacob...
des Hébreux, indiquent déjà, même en Quelquefois l'âme est simplement prise
admettant un certain matérialisme, que pour la personne, ou homme ayant âme,
les Juifs avaient une idée de§ comme quand il est dit que « septante-sir
de l'homme. Comme la plupart de leurs âmes descendirent avec Jacob en Egypte.»
notions religieuses, théologiques, philo Item. : « L'âme qui aura péché mourra...,
sophiques, psycologiques, cette idée était Et davantage, l'Ecriture use de cetté fa
confuse et vague, parce que l'analyse n'é- çon de parler que « l'âme se dêpart, • an
tait pas intervenue, parce que le temps ne lieu que nous disons coutumièrement :
l'avait pas mûrie. Moïse pouvait dire : « rendre l'âme... » Davantage,nous savons
L'âme de la bête est dans son sang, Lév. que quand ces deux mots, âme et esprit,
17, 11. Deut. 12, 23. cf. Gen. 9, 4., sans sont conjoints ensemble, par l'âme est
être accusé d'hérésie, sans heurter le sen signifiée la volonté, et par l'esprit l'en
timent public et la délicatesse des sages. tendement;... il faut prendre en ce même
Longtemps après, on pouvait confondre sens ce que l'apôtre aux Hébreux dit, que
encore par une même expression l'âme « la parole de Dieu est vive et pleine d'ef
et la vie matérielle, pvzh, Matth. 16, 26. ficace, et plus pénétrante que tout glaive
Mais l'idée n'en existait pas moins qu'une à deux tranchants, et atteint jusqu'à la di
substance immatérielle, qu'une réalité vision de l'âme et de l'esprit... » Toute
spirituelle était jointe au corps, à la ma fois, en ce dernier passage, aucuns aiment
tière ; quelque intime que fût l'union, ce mieux par l'esprit entendre cette essence
n'était qu'une union, et non une identité, en laquelle est la raison et la volonté...,
une confusion. En disant l'esprit, l'âme et par l'âme, le mouvement vital, et les
et le corps, l'Ecriture renferme des in sens que les philosophes appellent supé
dices, sinon une théorie formelle sur la rieurs et inférieurs. » || | · · ··| |
saints seront mis en possession du royau pieds; par Stieler (éd. de 1839), à 16,100:
me. Cette période forme donc un grand par d'autres, à 10, 11, 12, et 12,700. Rien
calendrier prophétique de 2,520 ans, ou de plus incertain.
sept fois 360 ans. Les 1260 jours prophé-| ASTRES, I, p. 100, 1re col., ligne 9, au
tiques de Daniel et de saint Jean, dési lieu de : avec les étoiles, l'hébreu de Job,
gnés aussi par trois ans et demi (d'an 38, 32., porte : avec ses enfants.
nées), en forment la dernière moitié. Les
trois premières bêtes, celles qui dési BALAAM, l, p.116.Son histoire est ra
gnaient les Babyloniens, les Perses et les contée Nomb. 22 à 24.
Macédoniens, avaient déjà été englouties, BAPTÈME. La controverse relative au
du temps de saint Jean, par la quatrième baptème des adultes, toujours fort vive en
bête, qui représentait la puissance romai Angleterre, aux Etats-Unis et aux Indes
ne, Ainsi, les pl'ophéties de l'Apocalypse Orientales, n'a jeté qu'une lueur fugitive
ne concernent que cette dernière, qui sur le continent, où des questions mal
existait alors seule sur la terre. Le théâtre heureusement bien plus graves, ont dû
de l'Apocalypse, c'est donc l'empire de forcément accaparer et absorber l'atten
Rome. , , , , tion des chrétiens. C'est à Genève, en
· Les destinées de cet empire et de l'E- 1825, que cette question a été le plus
glise qu'il renferme, sont écrites dans le chaudement discutée (la Famille Baptis
liyre mystérieux scellé de sept sceaux, te, la Famille Baptisée, etc.); dès lors les
5, 1. sq. C'était un grand volume formé baptistes suisses, tout en conservant leurs
de sept volumes distincts, roulés l'un sur principes, se sont fondus dans les trou
l'autre à la manière des livres anciens. peaux déjà existants , quelques Eglises
L'arrangement de toutes les prophéties pédobaptistes ont même pris des mesu
apocalyptiques est admirable : elles sui res spéciales, destinées à faciliter aux
vent un ordre chronologique. Le septiè baptistes leur admission sans gêner en
me volume, sept fois plus grand que les rien leur conscience. Parmi les rares ou
six premiers, renferme la vision des sept vrages publiés en France en faveur du
trompettes, laquelle nous conduit jusqu'à baptême exclusif des adultes, nous cite
la fin des temps, et pareillement, la sep rons, comme complet et curieux, le Caté
tième trompette, qui est la dernière, cf. 1 chisme du Baptême d'après les saintes
Cor. 15, 52. 1 Thess. 4, 16., comprend Ecritures et un grand nombre d'auteurs
les sept coupes par lesquelles la colère de pédobaptistes (Douai 1843), Des rapports
Dieu est accomplie.Ainsi le septième vo entre le Baptême et la Cène (1849), Re
lume, la septième trompette et la septiè cherches sur le Baptême, par J.-B. Crétin.
lne coupe, se terminent tous ensemble Au reste, la question de fond ne peut
avec la chute du dernier royaume terres sérieusement souffrir de difficultés; le
tre et l'établissement du règne visible de baptême des petits enfants est la consé
Jésus-Christ sur la terre. quence logique du système des Eglises
A ce grand volume scellé, l'esprit de nationales ; le baptême des adultes, des
prophétie a ajouté un codicille, ou une ré adhérents, des professants, est la consé
capitulation prophétique : c'est le petit qence logique du système des Eglises de
livre ouvert qui commence par ces mots : professants, quelque nom qu'on leur don
« Il faut que tu prophétises derechef, » ne d'ailleurs, Eglises indépendantes, li
· elc., 10, 11. Ce livre ouvert concerne bres, dissidentes ou autres. L'Eglise pri
principalement les événements des 1260 mitive baptisait ceux qui croyaient, parce
jours prophétiques de la révolte de l'E- qu'alors, l'accession à l'Eglise était un fait
glise de Rome, et nous en trouvons l'ar individuel et volontaire; si l'on fait de
chétype dans les visions du prophète Ezé l'Eglise, en en dénaturant la notion, un
, chiel, contenues dans le petit livre qui établissement d'évangélisation et d'appel,
lui fut donné à manger, Ez. 2, 8. point de vue qui peut se soutenir par des
· ARARAT, I, p.78. Sa hauteur est éva raisons spirituelles et morales plutôt que
luée, par l'Edinburgh Gazetteer, à 9,500 scripturaires et ecclésiastiques, le baptê
BIB 462 BIB
me des enfants est justifié; les baptisés Pami les commentaires allemands, nous
sont les appelés; mais si l'Eglise ne com citerons encore la Haus-Bihel de Richter.
prend que les adhérents ou les élus, le | C'est par une méprise inexplicable que
baptême n'appartient plus qu'aux adultes. les publications de MM. Bagster and Sen
L'honorable B. Noël, en quittant l'Eglise ont été oubliées. Les travaux bibliques
anglicane, s'est fait rebaptiser; il a été de cette librairie, ses nombreuses et éle
plus logique dans sa conduile que ceux gantes éditions, ses polyglottes, ses com
qui l'ont précédé ou suivi en Suisse, en mentaires, ses cartes, son atlas biblique, |
Ecosse et en France; il n'a pas quitté un lui ont fait une réputation plus qu'euro
nationalisme pour un autre. . péenne, et placeront son nom dans l'his
Les baptistes compromettent souvent toire à côté de celui des Etienne pour le
leur cause par l'étroitesse et l'exclusisme zèle chrétien, des Elzévirs pour la perfec
avec lequel ils s'attachent, non-seulement tion typographique. - Notons aussi The
à leur point de vue quant au baptème des Domestic Bible du révérend ingram Cob
adultes, mais encore au baptême par im bin (Partridge et Oakey), avec commen
mersion. Une forme n'est pas un dogme taires, parallèles, plusieurs Geniaines de
fondamental. A cet égard, ils subiront gravures, etc.; et la nouvelle édition il
lustrée du commentaire de Mlatthieu IIen
aussi l'influence de l'alliance évangélique.
BARABBAS. Son histoire se lit Matth. ry, faite par les soins des révérends E.
27, 16. sq. Jean 18, 40. Bickersteth, docteur Steane, Brown, Cob
BARSABAS 1°. Le seul fait de sa pré bin. Leifchild, Forsyth, et Bunting.
sentation montre de quelle estime il jouis Les Septante et la Vulgate sont les tra
sait dans l'Eglise. ductions les plus célèbres, sinon par leur
BARTHELEMI ; ajoutez : Matth. 10, 3. mérite, au moins par leur antiquité, et le
BIBLE, t. I, p. 145.Aux éditions françai rôle qu'elles ont joué. Il y a diverses tra
ses du Nouveau Testament, nous devons ditions sur l'origine des Septante, et leur
ajouter celle qui a été faite à Genève (im histoire, qui se perd dans la nuit qui sé
primée à Bruxelles, 1843), à l'usage des para les derniers prophètes de l'ancienne
catholiques romains. Elle restera comme alliance et les jours apostoliques, pré
un monument de l'activité des pasteurs de sente plus d'une obscurité. D'après Aris
Genève, et du zèle avec lequel les dames tobule, le Pentateuque aurait déjà été tra
de cette ville ont su faire, pour la parole duit en grec avant Ptolémée Philadelphe
de Dieu, ce que leurs mères avaient déjà et Démétrius de Phalère ; ce dernier au
fait pour conserver à leur patrie une rait conçu le plan de la traduction de tout
précieuse collection d'histoire naturelle. l'Ancien Testament, il l'avait conseillée à
Dans cette édition, tous les chapitres et Ptolémée Lagus, et le successeur de ce
passages dont la lecture est plus particu lui-ci, Philadelphe, l'aurait exécuté, On
lièrement recommandée, sont notés d'une connaît l'ardeur avec laquelle les rois
raie bleue, parallèle à la marge; les pas d'Egypte cherchaient à enrichir leur fa
sages qui réfutent d'une manière directe meuse bibliothèque d'Alexandrie, et l'on
les erreurs de l'Eglise romaine, sont sou comprend facilement qu'ils aient désiré
lignés à l'encre rouge, et de nombreuses avoir aussi un exemplaire du code sacré
notes, toutes de controverse, sont collées des Hébreux; les Juifs exilés se sont
en regard des versets auxquels elles ser empressés de procurer à l'Académie un
vent de commentaires, ou dont elles sont exemplaire authentique et reconnu par
destinées à faire ressortir le sens. Ce tra le sénat (sanhédrin) de Jérusalem, com
vail, fait à la main, a dû exiger un temps posé de soixante-dix ou soixante-douze
considérable, et fait l'éloge de ceux qui membres (de là, peut-être, le nom de
l'ont conçu et de celles qui l'ont exécuté. version des Septante ?) Ce code, compose
On peut regretter cependant que les dans une langue inconnue, fut lraduit en
auteurs de ce commentaire d'un nouveau grec. Le Pentateuque est peut-être le
genre, n'aient pas utilisé davantage les seul morceau qu'on envoya au roi ; il fut
passages relatifs au salut par la foi. traduit avec plus d'intelligence et de soin;
BIB 463 BIB
toure l'avenir, de ce mystère qui l'envi et cf. surtout 2 Cor. 12, v. 2 et v. 4. (où
ronne, et qui s'interpose comme un nuage le troisième ciel est appelé paradis). Et,
entre nous et le bonheur, on a bien vi.e si quelque chose nous paraît probable,
conclu au vague du bonheur lui-même, et c'est que la terre renouvelée sera le sé
l'on a fait du ciel quelque chose de vapo jour de l'homme renouvelé, comme la
reux, d'éthéré, de vague. On en est ve terre primitive a été le séjour de l'hom
nu , involontairement, à identifier le ciel me primitif, et la terre maudite celui de
des rachetés avec le ciel des astres et avec l'homme maudit. Cette terre renouvelée
celui de l'atmosphère : les âmes nageront (un autre astre si l'on veut, une autre
ou voleront dans l'immensité. Le nuage planète, mais pas d'air, pas de nuages),
qui nous sépare du ciel est devenu le ciel sera appropriée aux besoins de l'homme
lui-même; le vague qui l'environne est dans lequel l'image de Dieu aura été res
presque devenu la réalité. On a paru ou taurée; cette terre renouvelée sera ce
blier la résurrection de la chair, du corps. qu'on appelle ordinairement le ciel, et les
Elie et Jésus s'élevant dans les airs et nouveaux cieux se rapporteraient à l'es
montant aux cieux, 2 Rois2, 11.Marc 16, pace, à l'atmosphère, ou aux rapports
19., Etienne voyant les cieux ouverts, nouveaux dans lesquels cette terre bénie
Act. 7, 55., les fidèles enlevés au-devant Se trOuvera avec les astres du nouveau fir
du Seigneur en l'air, 1 Thess. 4, 17., on mament. La mcr n'existe plus, Apoc. 21,
a été conduit naturellement à placer le 1.;avec un peu de géologie, on comprend
ciel en l'air, et l'on a oublié d'abord, combien ce seul fait changera tout le mo
quant au langage, et vu les conditions ac de de vivre actuel; une pareille terre mé
tuelles de l'existence de notre globe, qu'il ri.e bien le nom de nouvelle terre. Le so
était difficile de parler autrement; puis, leil et la lune ne luisent plus sur la terre,
et surtout, que la vie à venir ne commen 21, 23. 22, 5., il n'y aura plus là de nuit,
cera que lorsque la terre et les cieux au voilà les nouveaux cieux. La sainte Jéru
ront été détruits et renouvelés. ll va sans salem descend du ciel, de devers Dieu, sur
dire que nous n'avons pas la prétention cette nouvelle terre, qui nous est ainsi
d'aborder ici un sujet trop fécond en hy dépeinte comme le futur séjour de l'hom
pothèses de tout genre; mais il peut être me, etla clarté de Dieu l'éclaire,TAgneau
utile de protester contre un point de vue est son flambeau. La main de Dieu qui à
qui ne tend à rien moins qu'à dissoudre lancé la terre actuelle dans l'orbite qu'elle
complétement l'homme et la vie éternelle parcourt aujourd'hui, peut-être au troi
à force de les spiritualiser. Ce ne sont sième jour de la création, peut-être après
évidemment pas là les idées que nousdon la chute, et qui, par deux fois déjà, au
nent les saints livres, ni saint Paul quand déluge, et lors de la victoire de Josué, a
il parle de la résurrection de la chair, ni modifié son cours, saura bien, quand l'ac
saint Pierre quand il parle des nouveaux complissement des temps sera venu, l'ar
cieux et de la nouvelle terre, ni saint rêter de nouveau dans sa course, et d'un
Jean, dans les deux derniers chapitres de mot la placer ailleurs, et faire toutes cho
l'Apocalypse, lorsqu'il décrit le séjour Ses n0uvelles.
des bienheureux dans la vie future. Que C'est à cette vision de la gloire êter
l'espace puisse servir de demeure aux nelle qu'il faut rapporter ce que dit saint
âmes en attendant la résurrection, c'est Paul, Rom. 8, 17-22., cf. aussi Matth. 19,
possible, nous ne pouvons rien en sa 28. Act. 3, 21. Quant à ceux qui n'y ver
voir; mais qu'après la résurrection, lors raient qu'une description de la splendeur
que les âmes auront revêtu de nouveaux du millénium, ils pourront s'édifier sur
corps, il continue d'en être de même, ce sujet en lisant dans l'Essai de Vivien
c'est ce qui ne paraît pas sérieux. Il est sur l'Apocalypse les pages 142 et suiv.
à remarquer que si le paradis, le jardin Le mot royaume des cieux est employé
d'Eden, n'est jamais appelé ciel, le ciel, dans le Nouveau Testament dans deux
en revanche, est trois fois appelé paradis sens différents; quelquefois il désigne la
dans le Nouveau Testament, v. plus haut, prédication de l'Evangile et son rèsultat
1 oºº p - iºuooºU , et L2 <t -
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469
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mélangé dans ce monde, c'est-à-dire l'E- le sens de l'original; car j'ai, pendant
glise extérieure, l'amalgame de bons et ma vie entière, essayé mes forces sur ce
de méchants qui professent la foi en livre, à plusieurs reprises et avec grand
Christ , d'autres fois, il ne s'applique travail et grande application ; mais je n'ai
qu'au règne de Dieu considéré dans sa pu tirer aucun profit de tous les com
gloire future, ou dans sa pureté et sa mentaires et ouvrages des anciens, jus
spiritualité : de sorte que, dans ce der qu'à ce que j'aie en quelque sorte conquis
nier sens, il ne comprend que les enfants l'intelligence du texte hébreu. Tout ce
de Dieu, et présente un tout autre as livre avait été interprété faussement, con
semblage que dans la première acception tre le texte et contre la doctrine chré
de ce mot. - v. A. Bost, Recherches, tienne, et gàté de fond en comble ( au
p. 51 et suiv. : « Matthieu est le seul des temps de la Réforme, les docteurs catho
écrivains du Nouveau Testament qui em liques appliquaient d'une voix unanime à
ploie l'expression de royaume des cieux ; la société même, telle que Dieu l'a réglée,
les autres disent toujours royaume de au mariage, aux diverses vocations de
Dieu. Les deux expressions reviennent l'homme, aux biens terrestres, ce que
au même; mais il semble que celle de Salomon dit des abus par lesquels l'hom
Matthieu a quelque chose de plus doux, me pécheur et insensé altère l'ordre di
et que Dieu ait voulu que le livre de la vin des choses et les dons de la Provi
nouvelle alliance s'ouvrît par cette ma dence, et ils déclaraient vanité l'œuvre
nière si attrayante de représenter le but de Dieu aussi bien que l'humaine folie.
divin de l'Evangile dans ce monde, et ré Rougemont)... Je recommande cet écrit,
pandît ainsi sur le début de cette écono continue Luther , à tous les chrétiens
mie comme une teinte d'aurore qui con pieux... L'Ecclésiaste est un livre tout
traste admirablement avec l'économie sé particulièrement utile aux rois, princes
vère de la loi, qui pesait encore sur le et seigneurs, à leurs conseillers et à tous
genre humain. » ceux qui sont dans le gouvernement,
| CORINTHIENS (Epîtres aux). Ajoutez: ainsi qu'à ceux qui ont femme et enfants
Commentaire de Heidenreich(1825-1828), à élever... On pourrait encore nommer
Pott (1826), Flatt (1827), Billroth (1833), ce livre l'écrit de Salomon sur les Eglises
et Olshausen. et les écoles, etc. »
- | | " " M. de Rougemont, dans son Explica
ECCLÉSIASTE. On lit dans Calmet : tion de l'Ecclésiaste, a fait un rapproche
« Luther a dit avec sa liberté, ou plutôt ment très remarquable entre ce livre et
son insolence ordinaire, que l'Ecclésiaste les écrivains profanes. Nous en repro
lui paraissait un auteur plat, qui mar duirons ici la première partie (la seconde
chait sans bottes ni éperons, ce sont ses est une analyse du poème de Pétrarque
termes ; qu'il ressemblait au Talmud et intitulé les Triomphes) :
était un ramas de plusieurs ouvrages ; « L'Ecclésiaste, dans sa triple recher
que l'on avait recueilli les maximes de che du bonheur terrestre, passe par les
table que Salomon prononçait dans la dé états de l'âme les plus divers, et il exp0se
bauche et dans la bonne chère, et qu'on ainsi les bases de tous les systèmes prin
les avait écrites dans ce livre. » cipaux de morale. ·
L'opinion de Luther a été si souvent « Il commence et finit, comme Héra
citée, que nous croyons ne pouvoir faire clite, par considérer toutes choses sous
mieux que de laisser parler Luther lui le jour le plus sombre. Mais dans le cours
même. Entre son jugement authentique de ses recherches il lui vient plusieurs
et l'autorité plus que douteuse de ses fois à l'esprit que la vraie sagesse pour
Propos de table, on ne peut hésiter : rait bien être d'être toujours gai et joyeux,
« Je puis dire en toute vérité , écrit-il 9, 7-9. 3, 22. sq.
en tête de son Commentaire, que j'eus « On a dit avec raison que Faust et
une grande joie lorsque, pour la première Don Juan résumaient l'humanité péche
fois, je saisis et découvris quelque peu resse et inconvertie. Le premier se perd
ECC 470 ECC
par les jouissances intellectuelles, le se ment d'esprit, et déjà, s'élevant vers les
cond par les plaisirs des sens. L'Ecclé sublimes hauteurs de l'Evangile, il pro
siaste a dit avec Faust : « J'appliquerai clame le néant de tous les biens terres
mon cœur à savoir ;» et avec Don Juan : tres, 6, 7., et la béatitude de la souf
« Allons, mon cœur, que je t'éprouve par france, 6, 12., 7, 1-7.
lajoie, et jouis du bien, » 1, 16-18. 2, 1.2. « Mais il ne se soutient que peu d'in
« Six siècles avant Aristippe et Epi stants à ces hauteurs , et il s'abat sur
cure, l'Ecclésiaste, fils de David, érigeait l'humble colline qu'Aristote choisira plus
en système et mettait en pratique la mo tard pour sa demeure : La vertu, dit-il,
rale du plaisir allié à la vertu, chap. 3. est le milieu entre deux extrêmes, 7,
Mais bientôt le voilà qui s'écrie, à la vue 4 1-22.
du sage qui meurt comme l'insensé : C'est « Son cœur, sa conscience, l'avertit de
pourquoi j'ai haï la vie..... j'ai haï tout son erreur, et le voilà, comme Diogène
mon travail... j'ai désespéré de tout ; et le cynique, cherchant partout un homme
ces accents d'une insondable tristesse et ne le trouvant pas, 7, 28.
traversent tous les siècles sans être ré « L'impunité du crime, l'adversité des
pétés par un seul écrivain, jusqu'au jour gens de bien, la parfaite indifférence avec
où le plus grand poète de la France ac laquelle Dieu traite les justes et les in
tuelle dit à son tour : justes, font de lui un déiste qui se per
Mais quand ces biens que l'on envie suade que Dieu ne peut qu'approuver tout
Déborderaient dans un seul cœur, ce que font les hommes, et que la pensée
La mort, au terme de la vie, de l'immortalité Ile doit influer en rien
Fait un supplice du bonheur. sur notre conduite et ne troubler aucune
Voilà pourquoi mon âme est lasse de nos joies, chap. 8 et 9.
Du vide affreux qui la remplit..... « Enfin, après bien des doutes encore
(LAMARTINE, Harm., III, 9.) et des hésitations, il croit que la sagesse
« A peine l'Ecclésiaste a-t-il fait taire est préférable à tout, parce qu'elle con
sur ses lèvres le murmure du désespoir, tient les plus grandes chances de bonheur,
à peine a-t-il entrevu un éclair de bon et il anticipe de vingt-sept siècles sur
heur, 2, 24., qu'il se transforme sous nos l'utilitarisme moderne, chap. 10 et 1 1.
regards en un dur stoïcien qui ne de « Cependant les accents qui dominent
mande la joie qu'à la vertu, et qui baisse, dans le discours philosophique de l'Ec
en résistant, la tète sous le joug d'une clésiaste, sont ceux de l'eudémonisme.
immuable et insensible fatalité, qui lui Aussi cet écrit n'offre-t-il que fort peu
distribue la souffrance et le plaisir sans de points de comparaison avec les autres
lui permettre même de la fléchir par la livres inspirés (tandis que sa conclusion
prière, 3, 14. est le résumé de tout l'AncienTestament),
« Mais bientôt il tombe plus bas en et ses vrais parallèles se trouvent dans
core; la vue des désordres de la société les ouvrages des philosophes païens, et
lui inspire la plus ancienne profession de en particulier chez les Epicuriens et chez
scepticisme qui se lise dans les fastes de Horace.
l'histoire, et, jusqu'aux encyclopédistes « L'Ecclésiaste et Horace recomman
du siècle passé, personne ne niera l'im dent constamment de modérer et res
mortalité de l'âme en termes aussi rudes treindre ses désirs, et l'un comme l'autre
et durs, 3, 18-22. (Notons toutefois que fait l'éloge de la vie des champs, et décrit
l'Ecclésiaste ne met nulle part en doute toutes les inquiétudes des grandes ri
l'existence de Dieu. La démence seule chesses, cf. Eccl. 4, 4.8. 5, 9-12. Epo
peut dire : Il n'y a point de Dieu, Ps. 53, des 2, Sat. 2, 6; Odes 2, 18; 16; 3, 1; 16.
1., et le sage n'aurait plus mérité ce nom « Pour être heureux, dit l'Ecclésiaste,
s'il eût mis en doute la plus incontesta il faut saisir la joie quand elle se présente
ble de toutes les réalités.) et ne pas regimber contre l'adversité,
« Cependant il se relève de cet abîme, il 2, 24. 5, 18. 7, 14. etc. Horace parle de
prêche la crainte de Dieu et le contente même : « Le seul mortel heureux est ce
ECC U 471 ENF
lui qui, maître de soi, peut dire chaque | des temps présents , qui sont pires que
jour : J'ai vécu. » Odes 3, 29; puis 1,9;11. | les jours passés.
Tu quamcumque Deus tibi fortunaverit horam, « Au-dessus des grands est le roi, dit
' Gratâ sume manu, nec dulcia differ in annum. . l'Ecclésiaste, et au-dessus d'eux tous est
• • • • • Quod petis, hie est,
• - -
| Dieu, 5,8. » Et Horace, Odes 3, 4. :
Est Ulubris, animus si te non deficit aequus. Regum timendorum in proprios greges,
(Epist. 1, 11.) Reges in ipsos imperium est Jovis.
Omnem crede diem tibi diluxisse supremum : « Ces parallèles, auxquels on pourrait
Grata superveniet, quae non sperabitur, hora.
en ajouter bien d'autres, prouveraient à
(Epist. 1, 4.)
eux seuls que le livre de l'Ecclésiaste ne
« L'Ecclésiaste dit : « Ne sois ni trop peut contenir dans tous ces passages la
sage ni trop méchant, 7, 16-17. Prends pensée définitive d'un sage inspiré. Mais
le juste milieu : Inter utrumque tene ; ne quand bien même on voudrait ne voir en
quid nimis; ou avec Horace : lui que le prédicateur de la joie mon
Insani sapiens nomen ferat, aequus iniqui, daine, encore diffère-t-il totalement d'Ho
Ultra quam satis est virtutem si petat ipsam. race en ce qu'il connaît une jouissâhce
Virtus est medium vitiorum et utrimque reductum. des biens terrestres qu'accompagne, pu
(Epist. 1, 6.)
rifie, accroît la pensée et la crainte de
, « Horace veut des vêtements blancs Dieu. D'ailleurs ce n'est que pendant de
aux jours de fête, Sat. 2, 2., et l'Ecclé courts instants qu'il parle comme Ho
siaste en tout temps, 9, 8. L'Ecclésiaste race a fait toute sa vie, et l'Hébreu qui
sait que l'argent répond à tous nos dé s'abaisse de temps en temps jusqu'à don
sirs, 10, 19., et Horace paraphrase ainsi ner la main à l'épicurien du siècle d'Au
cette pensée, Ep. 1, 6. : guste, a l'âme assez grande pour em
Scilicet uxorem cum dote fidemque et amicos brasser tous les contraires, assez haute
Et genus et formam regina pecunia donat. et noble pour ne voir que vanités dans
« Mais l'un et l'autre n'ignorent point toutes les joies de la terre, assez forte,
que l'âme n'est pas rassasiée par les biens assez passionnée pour haïr la vie telle
de la terre, 6, 7., et que le péché l'a faite, assez sérieuse pour
Crescunt divitiae, tamen préférer le deuil aux rires, et c'est enfin
Curtae nescio quid semper abest rei. lui qui, sur les ruines de tout espoir de
« L'Ecclésiaste revient constamment bonheur, plante le céleste étendard de
la crainte de Dieu. »
sur cette mort qui pèse sur les bons
comme sur les méchants, à laquelle nul ECOLES, ligne 2; divisées, lisez : di
ne peut se soustraire, qui empoisonne rigées.
toutes les joies et qui jette l'homme dans ENFER. Ce mot ne se trouve que sept
le sépulcre ténébreux où il n'y a ni œu fois dans l'Ecriture, et il n'a jamais le
vre, ni discours, ni science, 2, 14. 3, 18. sens que lui a donné la théologie du
6, 2. 8, 8-14. 9, 1-12. 11, 8. Et c'est là moyen âge. Job 11, 8., Osterwald a rendu
encore une des pensées qui préoccupent par enfers le mot sheôl (Martin, abîmes),
le plus habituellement Horace, Odes 1, qu'il traduit ailleurs par sépulcre, Es. 5,
28; 2, 3; 3, 1. : 14. Dans le Nouveau Testament, ce mot
Eheu fugaces, Posthume, Posthume,
se trouve Matth. 11 , 23. 16, 18. Luc 10,
Labuntur anni..... (Odes 2, 14.) 15. 16, 23. Apoc. 1, 18. 6, 8. Le grec
Nos ubi decidimns porte Aôn; ou àtôz; qui signifie littéra
Quo pius MEneas, quo Tullus dives, et Ancus, lement lieu invisible; c'est ainsi que l'a
Pulvis et umbra sumus. partout traduit la version de Lausanne.
(Odes 4, 7.) Mais une traduction est plus facile qu'un
« Horace aussi songe souvent avec cha commentaire, et le lieu invisible, sans
grin à ces héritiers auxquels passeront autre détermination , ne dit absofument
ses biens, Ecclés. 2, 18-26. 4, 8. Horace, rien à l'esprit. Le mot enfer (inférieur)
Odes 4, 7; 2, 3. Ep. 1, 4. etc. avait été préféré, parce qu'il renfermait
« Il se plaint avec l'Ecclésiaste, 7, 10., une idée, peut-être fausse. En tout cas,
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il est toujours pris dans un mauvais sens, spiritualisé le ciel, plus on a matérialisé
comme puissance ennemie de l'Eglise, l'enfer. Serait-ce que l'homme comprend
Comme lieu du séjour des réprouvés, mieux la douleur que le bonheur P Se
COmme COmpagnOn de la mort, et l'idée rait-ce que dans scn état actuel, déchu,
de lieu inférieur ressort de Matth. 11, l'homme puisse mieux se représenter le
23. : « Tu seras abaissé jusque dans le malheur que la joie infinie ? Il en résul
lieu invisible, » cf. Es. 14, 13-15. Ps. terait alors qu'il faudrait prendre le con
139, 8. Ce lieu invisible est généralement tre-pied de l'imagination des hommes, et ,
COnsidéré comme le lieu où les âmes at Spiritualiser le mal, comme nous avons
tendent le grand jour du jugement de vu (art. Ciel) que le bien avait été trop
l'Eternel, et si les âmes ne dorment point, idéalisé.
il est dans l'analogie de la foi de croire Ubi est infernus ? Quales futuri sunt
que l'état d'attente est pour elles la con cruciatus isti 9 dit Hutterus. Où est l'en
tinuation de la vie présente et le com fer 9 Quels en seront les tourments ? Et
mencement de la vie à venir. De là les après avoir posé cette double question,
limBes et le purgatoire de l'Eglise ro il refuse d'y répondre. L'Ecriture ne nous
maine, avec cette différence que, d'après en dit rien, sinon que notre intelligence
cette Eglise, on peut sortir du purgatoire ne les saurait concevoir ni aucune langue
pour de l'argent, tandis que, d'après la les décrire.
Bible, « il y a un grand abîme, » telle La rage aux yeux hagards, le délire effréné,
ment que ceux qui veulent passer de l'un Le vertige troublant l'esprit désordonné,
à l'autre, du lieu invisible au sein d'A- La colique tordant les entrailles souffrantes,
braham, ne le peuvent, Luc 16, 26. Les ulcères rongeurs, les pierres déchirantes,
Et la triste insomnie au teint pâle, à l'œil creux,
| L'enfer, dans le sens théologique du Et la melancolie au regard langoureux,
m0t, est appelé dans la Bible le feu éter La toux, l'asthme essoufflé, dont la fréquente haleine
nel, la géhenne du feu, Matth. 18, 8.9. ; Par élans redoublés entre et sort avec peine ;
la géhenne, le feu inextinguible , où Et l'enflure hydropique, et l'étique maigreur,
Et des accès fiévreux la bouillante fureur ;
le ver ne meurt point et où le feu ne L'évanouissement, la langueur défaillante,
s'éteint point, Marc 9, 43. sq. (d'après Et la goutte épanchant son âcreté brûlante,
Esaïe 66, 24., à qui déjà les apocryphes Et du catarrhe affreux les funestes dépôts,
Ont emprunté cette expression , Ecclé Et la peste qui, seule, égale tous ces maux.
siastiq. 7, 17. Judith 16, 21.); la mort, Est-ce l'enfer dont M'ilton offre ici le
1 Cor. 15, 55. '56. 1 Jean 5, 16.; la pu désolant tableau ? ( Paradis perdu, xI,
nition éternelle, Matth. 25, 46.; le juge trad. Delille.) Non, il ne s'agit que de la
ment ou la ruine éternelle , Marc 3, 29. vie présente, d'une partie seulement des
2 Thess. 1, 9.; l'étang ardent de feu et maux physiques de l'humanité. Que sera
de soufre, Apoc. 19, 20. : la mort secon donc l'enfer ! et comment le décrire, lors
de, Apoc. 20, 14.;des liens éternels, Jude qu'on peut à peine décrire tout ce que
6 ; les ténèbres du dehors, où seront les notre monde recèle de douleurs et d'an
pleurs et les grincements de dents, Matth. goisses ?...
8. 12.; un opprobre et une infamie éter Les deux premiers chants de Milton,
nelles, Dan. 12, 2., etc. bien dignes de ce vaste et noble génie,
Il est évident que ces expressions sont, suffisent cependant à prouver l'insuffi
sOus la plume des écrivains inspirés, des sance même du génie et de l'imagination
figures, des images humaines , dont le la plus colorée pour dire les norreurs de
sens général est que l'enfer sera un sé l'existence infernale.
jour affreux. Mais est-ce que sous la fi Aucun auteur moderne, à ma connais
gure on doit voir aussi la réalité, le ver, sance, n'a touché ce sujet, au moins di
le feu, les ténèbres, le soufre, les liens ? rectement. Je n'ai pas de système, ni
Il serait certainement aussi téméraire de même de vues générales, à présenter sur
le nier que de l'affirmer, et nous n'ose une matière où l'Ecriture, en empruntant
rions aller jusque-là ; mais il n'est pas aux hommes leur langage, semble par là
Sans intérêt de remarquer que plus On a mème refuser de les initier aux Secrets *
ENF 473 ! ENF
de l'avenir. Mais quand l'enfer ne serait 43. sq. Jean 3, 36. 2Thess. 1, 9. Apoc. 9,
qu'une peine négative, la privation de la 6. 20, 10. (Jud. 6.7.), le sens simple et
vue du Seigneur, avec la conscience d'a- naturel que l'église chrétienne de tous les
voir mérité cette peine, l'enfer justifierait temps leur a toujours reconnu. C'est une
déjà l'horreur que son nom seul inspire. chose hors de question; la réjection des
Les réprouvés seront comme oubliés de réprouvés sera étermelle. Nous n'épilo
Dieu ; leur nom ne passera plus par ses guerons pas sur les mots, quoique ce soit
lèvres, Ps. 16, 4. Il est lumière, ils se ici que se posent les questions : que si
ront dans les ténèbres. Il est la source gnifie le mot éternel ? quelle sera la na
de la vie, il ne sera plus rien pour eux. ture de la réprobation ? Les partisans de
Ils ont refusé de porter son joug , son la doctrine du rétablissement final, peu
joug ne pèsera plus sur eux : celui qui vent aspirer à la restauration harmonique
étail souillé se souillera toujours davan de toutes choses : ils peuvent en trouver
tage : ils iront en empirant, creusant tou une preuve morale dºns l'idée, juste d'ail
jours plus l'abîme qui les sépare de celui leurs, qu'ils se font de la bonté de Diçu ;
sans qui ils ne sauraient vivre ; et s'en une preuve philosophique dans †
fonçant toujours plus dans la fange de tive répulsion qu'on éprouve pour un
l'étang bourbeux où ils sont plongés, bonheur éternel fondé sur des débris tou
progressant dans la mort comme les ra jours palpitants et souffrants, pour l'idée
chetés dans la vie, ils se seront vus privés d'une paix éternelle en présence d'un
par leur faute des biens que Dieu leur dualisme toujours subsistant, d'une lutte
avait offerts, et souffriront de cette dé noyée dans la victoire, mais se montrant
cadence morale et intellectuelle que l'E- encore dans les imprécations des vaincus,"
criture appelle la seconde mort. Sera-ce et dans cette fumée qui s'élève de l'étang
l'anéantissement ? ardent où ils maudissent encore et tou
Quelques personnes, qui attachent à la jours le vainqueur; on l'établira avec plus !
doctrine de l'éternité des peines, comme ou moins de sagesse sur l'apparente dis
dogme, une grande importance (et elles proportion qui se trouverait entre l'of
ont raison), trouveront peut-être hardi, fense et la peine (argument que les éter
peut-être hérétique, le simple doute de la nitaires ont toujours éludé ou faiblement
possibilité d'un anéantissement. Il ne combattu); on en trouvera d'autres preu
nous paraît positivement contredit par ves enfin, dans une interprétation équi
aucun passage, mais comme ce n'est qu'un voque de quelques passages douteux, Es.
doute, il y aurait mauvaise grâce à y in 45, 23. Rom. 14, 11. Phil. 2, 10. Act.*3,
sister, et nous nous rapprocherons de la 21. 1 Pier. 3, 18., et surtout: Rom. 5, 12
doctrine reçue en disant : sera-ce l'abru 21..... « Par une seule justice justifiante,
tissement ? la dégradation de l'être tout le don est venu sur tous les hommes, »
entier poussée à sa dernière limite ? etc.; 1 Tim. 4, 10 : « Le Dieu vivant,
Nous ferons encore un pas, et laissant qui est le sauveur de tous les hommes,
subsister l'être moral, nous demande et principalement des fidèles, » etc.; 1
rons : Sera-t-il simplement privé de la Cor. 15, 28..... « Après que toutes cho
COnscience de soi-même P de l'idée de ses lui auront été assujetties, alors aussi,
temps ? de l'idée d'éternité ? le Fils lui-même sera assujetti à celui qui
Doutes et questions qui nous parais lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu
Sent légitimes, et dont nous hésitons soit tout en tous. » - " *
d'autant moins à nous occuper que la Quelle que soit la valeur de ces preu
doctrine des peines éternelles nous pa ves, elles ne peuvent détruire ni l'évidente
raît plus clairement, plus positivement clarté des passages indiqués plus haut, ni
établie par la lettre de l'Ecriture. Il n'y a cet autre sentiment instinctif que corro
pas d'exégèse, en effet, ni d'interpréta bore l'expérience, que celui qui est plon
tion qui puisse ôter à des passages tels gé dans le mal, s'y enfonce toujours plus,
que Es. 66, 24. Dan. 12, 2. Matth. 3, 12. à moins du secours d'en haut, qu'il s'y
42, 32. 18, 8. 25,41. 46. 26, 24. Marc 9, dégrade sans retour, et que son abrutis-
ETE 474 ETE
Semênt ne Saurait av0ir d'autl'e terme noncés sans une voyelle. C'est le itpo»
que sa vie. rsrcxyp2uuxrov, les saintes quatre lettres
Mais c'est précisément à cause de l'é- du nom essentiel et incommunicable de
vidence de cette doctrine, et parce que le Dieu. Les Juifs disent, que comme il est
rétablissement final des réprouvés nous impossible de « voir Dieu et vivre, » ce
paraît impossible à établir par l'Ecriture, lui qui réussirait à prononcer le vrai nom
que nous crOyOns pouvoir, soit à cause de l'Eternel, mourrait sur le champ, et
de la bonté de Dieu, soit à cause de l'im que ce nom ne sera révélé que lorsque
périeux besoin d'harmonie qu'on éprouve, l'Eternel lui-même se manifestera au
quoiqu'on en veuille, à la pensée du bon monde, à la dernière crise. — Quant à la
heur à venir, laisser une porte ouverte au signification de ce nom et à ses rapports
doute sur la nature même de la peine. avec le nom plus personnel d'Elohim, v.
L'anéantissement n'exclut pas l'éternité, ce qui a été dit à l'article Genèse.
et c'est une chose au moins remarquable, 2° Le mot éternité, et l'adjectif éternel
non-seulement que la condition des ré (en hébreu holam, en grec zió,» ou xió,vtos),
prouvés soit appelée la mort seconde, représententuneidéeabsolue dans le passé
ainsi qu'on l'a vu, mais qu'elle soit en comme dans l'avenir (aeternitas a parte
core appelée la mort par opposition à la ante, et aeternitas a parte post). Les ter
Vie, Rom. 6, 21-23., et que la condamna mes grecs et hébreux ne sont cependant
tion de ceux qui désobéissent au Fils soit pas toujours pris dans un sens aussi ab
prOnOncée en ces mots : « Ils ne ver solu qu'ils le sont dans notre langue : ils
rOnt point la vie, » Jean 3, 36. peuvent signifier, et dans certains passa
Si Dieu nous a tracé la ligne des pen ges ils signifient positivement un espace
sées et des paroles dont nous devons nous de temps considérable , mais limité. La
servir en parlant du jugement des pé Bible ne connaît pas les termes abstraits,
cheurs, il est évident aussi qu'il ne nous métaphysiques; il en est une foule que la
a pas tout dit, et que la clef de ces ef théologie a pu, peut-être dû, inventer ou
frayants mystères est encore entre ses accepter. Il est nécessaire de se le rappe
llldlIlS. ler pour ne pas abuser du mot éternel
ESTAOL, Jos. 15, 33. 19, 41., ville de dans tous les passages où il est employé,
la tribu de Dan non loin de laquelle Sam mais on se tromperait si l'on croyait pou
son, fort jeune encore, eut la première voir tirer de cette réserve des inductions
impression de la mission à laquelle il était relatives à la non-éternité des peines :
appelé ; c'est aussi près de là qu'il fut en les passages sur lesquels se fonde cette
seveli, Jug. 13, 25. 16, 31. Les Estaoliens doctrine (v. Enfer)ne renferment pas tous
sont encore nommés 1 Chr. 2, 53. ce mot, et il ne constitue pas la force de
ETERNEL, éternité. 1° Le nom hébreu ceux dans lesquels on le trouve. D'un
par lequel l'Eternel est si souvent dési autre côté, tout ce qui touche à l'infini
gné dans l'Ancien Testament, est Jého échappe à notre conception s'il n'échappe
vah, Yehovah, celui qui est; une fois pas à nos définitions, et c'est là peut-être
Eheyèh, celui qui suis, Ex. 3, 12. 14. cf. que nous devons prendre la plus grande
Jean 8, 58. Mais ce nom de Jéhovah n'est leçon de prudence. On pourra définir l'é-
en quelque sorte qu'un nom de conven ternité, c'est même très facile, mais on
tion, les véritables voyelles qui doivent ne pourra la concevoir ; l'imagination
en accOmpagner les cOnsOnnes ayant été peut accumuler les années, entasser les
perdues de bonne heure, à ce que disent siècles, mettre à la suite les uns des au
les Juifs, et les prêtres les ayant rempla tres autant de chiffres qu'elle voudra, elle
cées par les voyelles du nom de Adonai, n'atteindra que le fini, le temps, une por
Seigneur. Les quatre lettres subsistent tion infiniment petite de cette éternité que
seules incontestées, IHVIl, et encore la trop souvent elle aspire à comprendre, et
première et la troisième sont-elles, en dont elle croit disposer. La meilleure
hébreu, beaucoup plus vagues que chez preuve de l'impossibilité où l'on est de se
nous, le I ni le V ne pouvant être pro rendre compte de l'idée d'étermité, et de
FES 475 G0M
la facilité avec laquelle le relatif peut à cet grante de la famille ancienne, ne sont pas
égard remplacer l'absolu , c'est l'usage mentionnés à part.
qu'on fait tous les jours dans la conversa Des repas avaient encore lieu àl'époque
tion ordinaire, des mots éternels, éter de certaines fètes publiques, Deut. 16,
nité : il y a une éternité qu'on ne vous a 11.sq., et notamment le festin des dîmes,
vu; c'est un éternel causeur. Si donc on a q. V.
pu traduire ziºv par siècle, Matth. 12, 32., · Chez les païens, c'était tantôt dans les
et ailleurs, on peut traduire le mot zió,vuo; temples, tantôt dans des maisons parti
par séculaire, aussi bien que par éternel, culières, que se célébraient les festins
Matth. 25, 46., et ailleurs. L'expression des sacrifices, 1 Cor. 8, 10. Nous en trou
même « à la fin des siècles » r& ri)z röy vons un exemple, Nomb. 25, 2. Y parti
oiºvov, qui paraîtrait avoir une portée ciper était regardé de la part des Israé
plus grande que le seul mot « les siècles », lites comme une participation à l'idolà
est employée, 1 Cor. 10, 11., en parlant trie, Ps. 106, 28. (Tob. 1, 12.) 1 Cor. 10,
de l'époque apostolique, ou, dans un sens 20.Apoc. 2, 14., et les apôtres les avaient
plus général, de l'économie évangélique. sévèrement interdits aux chrétiens, Actes
15, 29. 21, 25.1 Cor. 8, 1. Cependant ils
n'y attachaient pas l'idée d'une souillure se
FESTINS (des sacrifices). Toute l'anti communiquant d'une manière sacramen
quité païenne a connu l'usage d'offrir, à telle, ex opere operato, ce n'étaient pas
l'issue de certains sacrifices, un festin les viandes qui souillaient, mais la sympa
composé des viandes qui n'avaient point thie ou l'adhésion tacite à des cérémonies
été consumées sur l'autel. Cette coutume, païennes : aussi , lorsque des victimes
fondée sur la nature même de quelques avaient été offertes aux idoles, il arrivait
uns de ces sacrifices destinés à célébrer souvent que les pauvres (et les avares,
la joie et la reconnaissance, était favori Théophr. Caract 10.) en revendaient une
sée ou facilitée par les nombreux restes partie au boucher pour s'indemniser de
des victimes; et peut-être que Moïse, en leurs frais, ou diminuer la grandeur de
consacrant et en réglant cette coutume, a leur sacrifice. Dans ce cas, ces viandes
été dirigé, comme pour tant d'autres dé rentraient en quelque sorte dans le droit
tails de la constitution hébraïque, par le commun, et saint Paul permet aux chré
double désir d'associer l'idée de joie à tiens d'en acheter et d'en manger, sans
l'idée d'obéissance, et de faire participer s'en inquiéter pour la conscience, 1 Cor.
les pauvres aux libéralités du riche; Deut. 10, 25. Ce n'était plus de la viande des
12, 6. cf. 1 Sam. 9, 19. 16, 3.5.2 Sam. sacrifices, c'était de la viande de bouche
6, 19. (Tobie 1, 12.). Chez les Hébreux, I'10.
bouche ce trait singulier, que nous avons IDOLATRlE, I, p.446., 2° col., à l'a-
tenu à enregistrer. — V. Gen. 10, 2.3. linéa. Le passage Jug. 3, 19. (cf. 2, 49.)
GOZAN, selon Truden, Holden et d'au est cité comme preuve que Guilgal fut
tres, signifie pâturages. En consultant le sous les juges le principal siége de l'ido
lexicon hébreu de Gesenius, on voit que lâtrie; cette citation ne s'explique , pas
le g et le z varient souvent entre eux, tan avec la traduction ordinaire de nos Bibles ;
dis que les mots dans lesquels ces lettres au lieu de carrières, il faut, en effet, lire
sont employées, conservent la même si idoles, v. Guilgal. • , .
Gen. 47, 9. Ek. 20, 12. Deut. 4, 40. 6, 2. Olshausen pense au contraire quel'idée
11,9,(Eph.6,2.3.): on n'y trouve aucune de l'immortalité manquait en effet, non
§ et positive à une existence point sans doute chez Moïse ni chez les
quelconque de l'âme après la mort. Pour hommes les plus spirituels et les plus dé
quoiº Deux opinions conîraires, et cepen veloppés de la mation, mais chez ceux qui
dant toutes les deux justes, cherchent à formaient la masse du peuple, et que
expliquer ce matérialisme de la révélation Moïse a dû ainsi rattacher toute ses idées
mosaïque. de peines et de récompenses à la vie pré
· « Ainsi, dit M. de Rougemont, tandis sente, qui seule apparaissait comn1e réelle
que les Egyptiens et les Grecs, les Perses à leurs intelligences encore charnelles et
et les Indiens, et tous les peuples païens grossières.
et polythéistes de l'antiquité admettaient, L'un et l'autre de ces points de vue
non-seulement la vague possibilité d'une peut se justifier et se défendre; mais il
existence des âmes après la mort, mais est évident aussi que si la notion de l'im
un lieu de châtiments et de souffrances, mortalité de l'âme n'est point enseignée
et un lieu de rècompenses et de bonheur explicitement dans les écrits de Moïse,
qu'ils décrivaient comme d'incontestables elle s'y trouve d'une manière implicite et
réalités, les Hébreux, la seule nation mo latente. Ainsi, lorsqu'il est dit Gen. 5, |
nothéiste, la seule qui rapportait au Dieu 24., qu'Enoch ne parut plus parce que |
Vivant toutes ses actions et toutes ses pen Dieu le prit; ainsi, l'expression « être
sées, auraient cru qu'il en est de l'hom recueilli vers ses peuples, ou vers ses
me comme de la bête, et que tout finit pères, » Gen. 15, 15, 25, 8.49, 29.33. cf.
p0ur lui avec cette terre. Nous confessons 37, 35. Nomb. 20, 24. Deut. 31, 16. 32,
ici l'absolue incapacité où nous sommes, 50. (qui, d'après Gesénius lui-même, n'im
de concevoir l'état d'une âme qui se sau plique pas seulement l'idée de sépulture,
rait mortelle et qui croirait néanmoins mais encore celle de réunion); ainsi, le
fermement en Dieu; et Moïse, écrivant le mot sheôl, Gen. 37, 35. 42, 38. 44, 29.
C0mmandement sublime d'aimer Dieu de Nomb. 16, 30., qui emporte l'idée d'un état
tout son cœur, et ne croyant pas à une quelconque des âmes après la mort, et
vie après la mort, nous paraît un bien suffirait à prouver que les Juifs du temps
autre miracle que tous ceux qu'il a faits. de Moïse avaient déjà la conscience ou la
La foi à l'immortalité est une partie in conviction que l'âme ne mourait point avec
tègrante de notre être, nous pouvons le corps, mais continuait de vivre d'une
aussi peu nous en séparer que de notre vie indépendante; ainsi le vœu de Balaam,
volonté ou de nos sens; elle se retrouve Nomb. 23, 10., qui n'aurait guère de sens
jusque chez les peuples les plus sauvages, s'il n'avait connu que la mort physique ;
même chez les habitants abrutis de la Nou ainsi les promesses d'avenir faites à la na
velle Hollarde; il n'est pas un tombeau tion, Deut. 26, 19.28, 1.sq., etc., qui sem
qui ne la proclame, car sans elle nous blent supposer une vie s'étendant au-delà
devrions jeter à la voirie les corps de nos des limites d'une génération, et une âme
femmes et de nos enfants avec ceux de capable de jouir après la dissolution du••!
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IMM 478 IMM
voir que, dans ce passage, le nom de Dieu En dehors du Pentateuque, il est facile
n'emporte pas seulement l'idée de Pro de multiplier des citations de passages,
vidence, dans le sens général du mot; qui établissent combien le dogme de l'é-
Dieu n'est pas appelé le Dieu d'Adam, ni ternité de l'âme était, sinon familier aux
le Dieu de Moïse, ni, dans le Nouveau Tes Hébreux, du moins inhérent à leur théo
tament, le Dieu de Pierre ou de Paul, com logie et à leur morale. Déjà l'antique li
me aussi nous ne pourrions pas dire dansvre de Job, contemporain de Moïse , si
un sens spécial le Dieu de Luther et de même il n'est son ouvrage, renferme cette
Calvin : il est à remarquer que, dans le célèbre parole : « Je sais que mon ven
Nouveau Testament, Dieu est appelé le geur est vivant, et qu'il viendra enfin sur
Dieu (et père) de Jésus-Christ, Rom. 15, la terre. Et après ma peau , quand ceci
6. Eph. 1, 3., et que, dans l'Ancien, cette (ma chair) aura été rongé, je verrai Dieu
expression n'est employée qu'en parlant de ma chair (la résurrection du corps).
de Sem, Gen. 9, 26. Si Dieu est le Dieu Je le verrai moi-même, et mes yeux le
de tous les hommes, comme leur Créa verront, et non comme un adversaire.
teur et Providence, il ne l'est plus, dans Mes reins se consument (tant je soupire
un sens particulier, que de ceux qui lui après ce bonheur). Car alors vous direz :
appartiennent par le lien de la vie nou Pourquoi, » etc. Job 19, 25-27. (mal tra
velle. Il eût pu être appelé Dieu de Noé, duit dans nOs versions).
puisque Noé était le prédicateur de la jus Dans les Psaumes : 12,7. Toi, Eternel,
tice, mais Noé représentait plus l'huma garde-les, et préserve à jamais chacun
nité tout entière, bonne et mauvaise, que d'eux ;—16, 10. Tu n'abandonneras point
la portion sainte de l'humanité, et Sem mon âme au sépulcre ; - 17, 15.Je se
son fils, comme chef de la branche bénie, rai rassasié de ta ressemblance, quand je
a seul pu voir son nom uni à celui de serai réveillé, — 23, 6. Mon habitation
Dieu. Cette locution renferme donc l'idée sera dans la maison de l'Eternel pour
de rapports plus intimes, et en se pro longtemps ;— 30, 12.Je te célébrerai à
clamant le Dieu d'Abraham et celui de sa toujours ; — 49, 15. sq. Dieu rachètera
postérité par Isaac et Jacob, le Dieu de mon âme de la puissance du sépulcre
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vin, après avoir combattu avec plus de ru 5 ou 6 av. C.— (Introduction à l'Evan
desse que de force l'opinion de « mes gile de saint Luc.)— L'ange Gabriel ap
sieurs les dormeurs, » qui estiment que paraît à Zacharie, et lui annonce la nais
les âmes dorment en attendant le jour de sance de Jean-Baptiste. - Jérusalem ;
la résurrection, conclut ainsi sur cette dans le temple. (Luc 1, 1-25.) -
question spéciale : « L'esprit est l'image 5 av. C. — Six mois après, le même
de Dieu, à la similitude duquelila vigueur ange annonce à Marie la conception mira
et intelligence, et est éternel; et, tandis culeuse, et la naissance de Jésus-Christ.
qu'il est en ce corps, il montre ses ver Nazareth.-Visite de Marie à Elisabeth.
tus, et, quand il sort de cette prison, il Jutta ? Hébron ?— Naissance de Jean
s'en va à Dieu, du sentiment duquel il Baptiste. Jutta ? — Vision dé Joseph ;
jouit, cependant qu'il repose en l'espé l'ange lui explique la grossesse de Marie.
rance de la résurrection bienheureuse, et
ce repos lui est un paradis. Mais, quant
#º (Luc 1, 26-80. Matth, 1, 1s
24. " : ri -- i - - !
à l'esprit de l'homme réprouvé, cependant 4 av. C.— Naissance de Jésus Beth
qu'il attend le terrible jugement sur soi, léem. - Un ange des cieux apparaît aux
il est tourmenté de cette attente, laquelle bergers. Environs de Bethléem. — Cir
l'apôtre, pour cette cause, appelle redou concision de Jésus, et sa présentalion
table. S'enquérir plus outre, c'est se plon dans le temple. Bethléem, Jérusalem-—
ger dedans l'abîme des secrets de Dieu, Les mages. Ibid. — Fuite en Egypte.
vu que c'est assez d'apprendre ce que le Cruautés d'Hérode. Retour de lesus.
Saint-Esprit, qui est un très bon maître, Bethléem, Nazareth.- Les généalogies.
s'est contenté d'enseigner, lequel ditain (Matth. 1, 25.2, 1-23.1, 1-17. Luc 2, 11
- si : « Ecoutez-moi, et votre âme vivra! » 40. 3, 23-38.)
8 ap. C. - Jésus, âgé de douze ans, se
º JEAN-Baptiste. Les reliques de ce pro rend à Jérusalem pour la pâque , il en
phète sont malheureusement nombreuses. seigne dans le temple. (Luc 2, 41-52.)
·Son visage se trouve à Amiens et à Saint DEUXIÈME PARTIE. ,
rejoint pendant l'orage en marchant sur Samarie., Envoi des soixante-dix disci
les eaux qu'il apaise. Contrée de Géné ples. Dix lépreux nettoyés. (Luc 9, 51
sareth. Discours à la multitude dans la 62. 10, 1-16. 17, 11-19. Jean 7,2-10.)-,
synagogue de Capernaüm ; il se déclare C'est ici que l'harmonie des Evangiles
le vrai pain de vie; plusieurs, scandalisés présente le plus de difficultés, et que les
de ses discours, l'abandonnent; Pierre interprètes varient le plus dans leurs es
confesse que le Christ est le Fils de Dieu. sais de coordination.
(Matth. 9, 35-38. 10, 1. 5-42, 14, 4.14, !. SIXIÈME PARTIE. i, -
1.2.6-36. Marc 6, 6-16. 21-56. Luc 9, Depuis la féte des Tabernacles, jusqu'à
1-17. Jean 6, 1.-7,1. , , , l'arrivée de notre Seigneur à Béthu
cINQUIÈME PARTIE, . nie, siac jours avant la pâque.
Depuis la troisième pâque du ministère (Six mois, moins une semaine.) !
de notre Seigneur, jusqu'à son # An 29-30 de l'ère vulgaire. - Jésus
de la Galilée pour la célébration de la monte secrètement à Jérusalem, à la fête
féte des Tabernacles. · des Tabernacles ; il se montre vers le mi
(Espace de six mois.) lieu de la fète. Discussion avec les Juifs
An 29 de l'ère vulgaire. — Les phari sur sa mission divine ; il offre à tous ceux
siens accusent les disciples parce qu'ils qui en ont soif les grâces de son Saint
mangent sans se laver les mains; Jésus Esprit.—La femme surprise en adullère.
les défend contre le formalisme. Tradi - Il condamne les prétentions des Juifs,
tions pharisaïques. Capernailm.-Voya et échappe miraculeusement à ceux qui
ge dans la contrée de Tyr et de Sidon ; voulaient le lapider (Jean 7, 11-53.8;).
guérison de la fille de la syrophénicienne. Réponse au docteur qui demande à Jé
Retour par la Décapole ; guérison d'un sus ce qu'il faut faire pour avoir la vie
sourd-muet; nombreuses guérisons sur éternelle. Définition de l'amour du pr0
uné montagne aux environs du lac : 4,000 chain. Parabole du bon Samaritain.Aux
hommes nourris miraculeusement. Les environs de Jérusalem. Jésus chez Mar
pharisiens et les sadducéens demandent the et Marie, à Béthanie. Il apprend à ses
un miracle. Près de Magdala. Pendant la disciples comment il faut prier avec per
traversée, Jésus met ses disciples en gar sévérance (environs de Jérusalem); re
de contre le levain des pharisiens, etc. tour des soixante-dix disciples ; le Sall
Côte nord-est de la mer de Galilée. Gué veur guérit un aveugle-né, en un jour de
rison d'un aveugle à Bethsaïda. (Matth. sabbat : discours et discussions touchall
15; 16, 1-12. Marc 7 : 8, 1-26.) cet événement. Jérusalem. Jésus à Jéru
Aux environs de Césarée de Philip salem pour la fête de la dédicace. ll Sº
pes, Pierre confesse de nouveau la foi retire au delà du Jourdain, à Béthabara,
de l'Eglise, et Jésus lui donne un témoi Résurrection de Lazare. Béthanie. Prü
gnage éclatant de son approbation.Jésus phétie de Caïphe; les principaux des Juifs
annonce ses souffrances, sa mort et sa décrètent la mort de Jésus. Jésus quille
résurrection ; Pierre le reprend et Jésus Jérusalem et se retire à Ephraïm. (Luc
le repousse comme tentateur.- La trans 10, 17-42. 11, 1-13. Jean 9 ; 10; 11, l
figuration. Entretien de Jésus avec ses 54.)
trois disciples touchant Elie. Guérison Des multitudes suivent Jésus au delà
d'un démoniaque que les apôtres n'ont du Jourdain ; guérison (un jour de sal
pu guérir. Retour en Galilée. Jésus an bat) d'une femme malade depuis dix-huit
nonce de nouveau Sa mort et sa résur ans. Vallée du Jourdain, Pérée. Notre
rection. Miracle pour payer le demi-sicle Seigneur s'avance de nouveau vers Jérii
d'impôt; Capernaiim. Dispute entre les salem à petites journées, enseignant et
apôtres sur la supériorité : Jésus les ex guérissant les malades ; on l'avertit de
horte à l'humilité, au support, et à l'amour prendre garde à Hérode. Il dine un jour
iraternel. (Matth. 16, 13-28. 17; 18; Marc de sabbat chez un des principaux d'entre
8, 27-38. 9 ; Luc 9, 18-50.) les pharisiens ; il guérit un hydropique,
· Départ pour Jérusalem. Il traverse la par plusieurs paraboles il prépare ses
JES 483 JES
disciples à une vie de renoncement et de prochaine destruction et les persécutions
sacrifices. Paraboles de la brebis perdue, qu'auront à souffrir ses disciples. Mont
de l'enfant prodigue, de l'économe infi des Oliviers. Signes précurseurs de la
dèle, du mauvais riche, et de Lazare. — destruction de Jérusalem ; Christ est la
Exhortations à une vie irréprochable, au fin de l'économie juive. Il passe de là, par
pardon et à l'humilité. Il annonce que son une transition naturelle, aux grands évé
règne viendra soudainement et sans éclat, nements qui précéderont et accompagne
et prédit la ruine de Jérusalem. Parabo ront la fin du monde et le jugement der
les du juge inique, du pharisien et du nier. Exhortations à la vigilance. Parabo
péager ; préceptes relatifs au divorce ; les des dix vierges, des cinq talents, etc.
Jésus reçoit et bénit de petits enfants ; Ibid. Scènes du jugement dernier. — Les
le jeuné homme qui avait de grands biens; chefs conspirent. Le souper de Béthanie.
parabole des ouvriers. Jésus annonce Trahison de Judas. (Matth. 24; 25; 26,
p0ur la troisième fois sa mort et sa ré 1-16. Marc 13; 14, 1-11. Luc 21, 5-36.
surrection. Ambitieuses prétentions des 22, 1-6. Jean 12, 2-8.)
fils de Zébédée. Pérée. — Guérison de HUITIÈME PARTIE.
deux aveugles aux environs de Jérico. — Quatrième pâque. La passion, jusqu'à
Visite à Zachée ; parabole des dix mi la fin du sabbat juif.
nes , ibid. Jésus arrive à Béthanie, six (Deux jours.)
jours avant la pâque. (Matth. 19;20; Marc Préparation de la pâque. Béthanie. Jé
10; Luc 13, 10-35. 14; 15; 16; 17 ; 18 ; rusalem. La pâque. Nouvelle dispute des
19, 1-28. Jean 11, 55-57. 12, 1. 9-11.) apôtres quant à leur supériorité. Jésus
SEPTIÈME PARTIE. leur donne l'exemple de l'humilité en leur
Depuis l'entrée publique de Jésus dans lavant les pieds. Pendant le repas Jésus
Jérusalem jusqu'à sa quatrième pâ désigne le traître, et Judas se retire. Jé
que. sus annonce la dispersion des douze et
(Cinq jours.) le reniement de Pierre.Jérusalem.(Matth.
An 30 de l'ère vulgaire.— Jésus porté 26, 17-25. 31-35. Marc 14, 12-21.27-31.
sur un ânon fait son entrée triomphale Luc 22, 7-18. 21-38. Jean 13,.)
dans Jérusalem. Il pleure sur la ville. Le A la fin du repas Jésus institue la sainte
figuier stérile. Il chasse de nouveau les cène (Matth. 26, 26-29. Marc 14, 22-25.
marchands du temple. Béthanie. Jérusa Luc 22, 19.20. cf. 1 Cor. 11, 23-25.)Jé
lem. Le figuier stérile est séché. Christ, rusalem.
interrogé sur l'origine de son autorité, Jésus exhorte et console ses disciples
confond les membres du sanhédrin, et au sujet de son départ; il leur promet le
les reprend par la parabole des deux fils. Saint-Esprit. Discours de Jésus ; il se re
Paraboles des méchants vignerons, et du présente comme le vrai cep. Ses disciples
festin des noces. Question insidieuse des seront haïs du monde et doivent se pré
pharisiens et des hérodiens touchant le parer à souffrir persécution ; il leur an
tribut ; réponse de Jésus. Questions des nOnce de nouveau les dons du Saint-Es
sadducéens sur la résurrection, et des prit, les exhorte à prier, et leur promet
pharisiens sur le plus grand commande sa protection et celle de son père. Prière
ment. Comment Christ est le fils de Da sacerdotale (Jean 14, à 17,). Jérusalem.
vid ? Jésus exhorte les troupes à se tenir L'agonie en Gethsémané; Jésus trahi
en garde contre les scribes et les phari et emmené prisonnier. Mont des Oliviers.
siens. Il pleure sur Jérusalem. La pite de Jésus devant Caïphe. Jérusalem. Pierre
la veuve. Il passe la nuit sur la montagne le renie trois fois. Jésus devant Caïphe
des Oliviers (?). (Matth. 21-23; Marc 11 et le sanhédrin ; il déclare qu'il est le
et 12. Luc 19, 29-48. 20 ; 21, 1-4. Jean Christ ; il est fouetté et moqué. Le san
12, 12-19.) hédrin le renvoie à Pilate, Pilate à Hérode.
Quelques Grecs désirent de voir Jésus. Pilate cherche à délivrer Jésus; les Juifs
Réflexions sur l'incrédulité des Juifs. Jé demandent Barabbas. Jésus, condamné
sus, en quittant le temple, annonce sa à mort, est frappé de verges et insulté.
JES 484 JES
Après de nouvelles tentatives pour le dé le Royaume des cieux sur la terre, etc.);
livrer, Pilate livre enfin Jésus aux bour et dans un point de vue plus général ,
reaux. Repentir de Judas, son suicide. E. Buisson, les Paraboles. -
(Matth. 26, 26-75. 27, 1-30. Marc 14, 26 —On trouve bien peu de choses dans les
72. 15, 1-19. Luc 22, 39-71.23, 1-25. commentaires sur les circonstances qui
Jean 18, 1.-19, 16. Act. 1, 18.19.) ont accompagé la mort de Jésus. L'Ecri
Jésus est conduit au lieu du supplice. ture nous dit qu'il y eut des ténèbres sur
Simon de Cyrène. Crucifixion. Les sept tout le pays (la Judée, ou la Palestine),
paroles. Ténèbres. Jésus expire, le voile depuis la sixième heure jusqu'à la neu
du temple est déchiré : le centenier re vième (de midi jdsqu'à 3 heures). ainsi
connaît Christ pour le Fils de Dieu. Les pendant toute la durée de la crucifixion,
femmes au pied de la croix. La descente — et qu'à la mort du Sauveur le voile du
de la croix. Sépulture. Gardiens du sé temple se déchira en deux, depuis le haut
pulcre.Jérusalem. (Matth. 27,31-66.Marc jusqu'au bas, et la terre trembla, et les
15, 20-47. Luc 23,26-56.Jean 19, 16-42.) rochers se fendirent, et les sépulcres s'ou
NEUVIÈME PARTIE. vrirent, et plusieurs corps des saints qui
Depuis la résurrection jusqu'à l'ascen étaient morts ressuscitèrent, et étant sor
Sl01l .
tis de leurs sépulcres, après sa résurrec
(Quarante jours.) tion, ils entrèrent dans la sainte cité, et
Le matin de la résurrection. La visite ils apparurent à plusieurs personnes,
des femmes au sépulcre ; Marie Magde Matth. 27, 45.51.sq. — On a voulu ex
leine retourne à Jérusalem. Les anges au pliquer par une éclipse de soleil les té
sépulcre. Jésus se montre aux femmes nèbres qui accompagnèrent la crucifixion,
sur le chemin de Jérusalem. Pierre et et cela a pu paraître d'autant plus natu
Jean courent au sépulcre. Le Seigneur et rel que saint Luc ajoute, 23, 45. : « Le
Marie Magdeleine. Rapport des gardes. soleil s'obscurcit. » Mais une considéra
Jésus apparaît à Pierre, puis aux deux tion péremptoire s'y oppose, c'est que le
disciples, sur le chemin d'Emmaiis.A Jé mois de nisan commençait avec la nou
rusalem il apparaît au milieu des apôtres, velle lune, et que la pâque avait lieu le
Thomas n'étant pas avec eux. Huit jours 15 nisan , par conséquent pendant la
après il se montre à eux, Thomas étant pleine lune. Tous les commentateurs sont
au milieu d'eux. Jérusalem.—Les apôtres d'accord à repousser une explication na
retournent en Galilée ; Jésus se montre turelle tirée de cet ordre d'idées , mais il
à neuf d'entre eux sur les bords du lac ne le sont plus quant à ce qui doit lui
de Tibériade : il se fait voir aux apôtres étre substitué. Une cause physique quel
et à cinq cents frères sur une montagne conque (on ne saurait la déterminer da
de la Galilée. — Il se montre à Jacques, vantage) a pu produire ce phénomène, et
puis à tous les apôtres. Jérusalem.—Son quand on se rappelle non-seulement l'é-
ascension ; Béthanie. — Conclusion de ternelle prescience de Dieu qui exclut
l'Evangile de Jean. (Matth. 28 ; Marc 16 ; toute idée de hasard, mais encore l'im
Luc 24; Jean 20, et 21 ; Act. 1, 1-12. 1 portance immense, unique, de la mort
Cor. 15, 5-7.) du Sauveur pour celui qui dispose à son
gré de toutes les forces de la nature, on
— Les paraboles de Jésus, qui renfer ne peut méconnaître que celui qui a sa
ment toutes ou le germe de sa doctrine, ou lué la naissance de Jésus par un concert
le germe de sa morale, ont fixé dans tous des anges dans les cieux, a dù aussi con
les temps l'attention des commentateurs. sacrer le moment de sa mort par un bou
Elles ont été dernièrement expliquées ou leversement dans les lois naturelles. D'ail
méditées par un grand nombre de théo leurs, ce n'est point le soleil seulement
logiens ou de prédicateurs français, spé qui s'obscurcit , la terre s'émeut, et l' é
cialement au point de vue de leurs indi conomie du mont Sinaï est déchirée dans
cations sur la nature de l'Eglise chré ce voile mystérieux qui fermait l'entrée
tienne (A. Bost, Recherches ; A. Saintes, du lieu très saint; le sépulcre et la mort
JES 485 JES
— Chacun de ces prodiges, outre le but En général, on n'a pas assez remarqué
général de réveiller l'attention et la crain combien toutes les circonstances impor
te d'un peuple stupide et endurci, ren tantes de l'humanité sont intimement ml
ferme un enseignement particulier. Le ses en rapport avec des faits correspon
voile du temple, cf. Ex. 30, 10. Lév. 16, dants dans l'ordre physique et naturel,
2. sq., indiquait que la demeure du Dieu combien l'esprit et la matière semblent
vivant et Saint était inaccessible à l'hom unis par une même vie. Quelquefois on
me pécheur, et même au peuple de l'al a exagéré ce point de vue ; le plus sou
liance , jusqu'à l'accomplissement des vent on l'a méconnu. Il y a peut-être plus
temps. Ce voile, déchiré au moment où d'esprit que de vérité dans ce parallèle
se consommait sur la croix le vrai sacri qu'Olshausen établit entre l'histoire de
fice d'expiation pour le péché, proclamait la chute et celle de la Passion : « L'arbre
d'une manière frappante aux yeux de tout de la science a amené la chute de l'hom
· le peuple assemblé dans le temple pour me, l'arbre de la croix son relèvement;
l'ablution du soir (trois heures), que dé c'est dans le jardin d'Eden que le pre
sormais l'accès du trône de la grâce (figu mier a succombé en mangeant du fruit
ré par l'arche de l'alliance dans le lieu très défendu, c'est dans le jardin de Gethsé
, saint) était ouvert, et que l'homme pé mané que le second Adam a triomphé,
cheur, banni du ciel, pouvait tourner ses dans le jardin encore qu'il a goûté au
regards et ses espérances vers les de sépulcre le repos du sabbat; le premier
meures éternelles de la maison du Père, homme a trouvé la mort dans le fruit
cf. Hébr. 10, 20. — La terre, théâtre du d'Eden, c'est dans le fruit du vrai cep
péché, tremble sous le jugement de Dieu (symbole de la communion) que les
qui lui annonce à la fois sa destruction croyants goûtent la vie éternelle. Le pé
et sa rénovation future. — Les rochers, ché a fait croître les épines qui ont for
moins insensibles que l'homme aux souf mé la couronne du Fils de Dieu, martyr,
frances du Fils de Dieu et aux coups de vainqueur et roi. » Mais, quoi qu'il en
la justice divine (v. Serm. d'Ad. Monod), soit de ces détails, l'Ecriture nous ap
se fendent et accomplissent littéralement pelle à considérer la terre comme le corps
cette parole de Jésus à l'égard de ses dis de l'humanité; elles sont unies comme le
ciples maintenant dispersés : « Si ceux corps et l'âme ; l'une n'est que matière,
JUG 486 MlL
l'autre est esprit; mais l'esprit réagit sur me et nourris de lui jour par jour pen
la matière. Il semble que ce soit une loi dant quarante ans comme s'ils n'eussent
de la nature créée. A l'homme parfait pas été de la terre. Cette phase-là, qui ne
une terre parfaite ; au racheté qui sou s'est présentée nulle part ailleurs, ètait
pire en attendant l'adoption, une créa exceptionnelle, et n'appartient pas à l'his
tion qui soupire et qui est en travail, toire humaine de la théocratie; ce fut un
Rom. 8, 21.22.; à l'homme nouveau une long et brillant éclair au milieu duquel les
nouvelle terre. L'alliance de Dieu avec ombres terrestres du caractère hébreu
lsraël, sur le Sinaï, est scellée par l'é- parurent plus ténébreuses sans doute et
branlement des puissances de l'air. La bien nombreuses, mais comme des om
naissance du Sauveur est célébrée dans bres seulement sur un fond céleste. Dieu
les cieux. A sa mort, la lumière pénètre était tout et en tous, à la fois législateur,
jusque dans le lieu invisible. Des trem pourvoyeur, guide, prophète, juge et roi.
blements de terre annonceront les der Ce temps miraculeux passa lorsque le peu
niers temps; la résurrection des deux té ple fut établi dans son pays et constitué
moins, Apoc. 11 , sera accompagnée de comme nation : bien des miracles se fi
signes semblables, et la Révélation nous rent encore; mais l'organisation juive
montre à plusieurs reprises le soleil noir était devenue la base de la vie israéliti
comme un sac de poil et la lune comme que, et l'intervention visible de Dieu ne
du sang, jusqu'au jour où la terre, elle fut plus, à son tour, qu'une exception,
même renouvelée par un baptême de feu, quoique fréquente encore; des chefs, des
rentrera en grâce et sera rendue à l'hom prêtres, des juges administraient le pays
me pour qui elle avait été créée. ou étaient censés l'administrer ; les déli
On a cherché, naturellement, à expli vrances venaient de la terre même, et ce
quer d'une manière purement symbo furent des hommes suscités de Dieu, non
lique, mythique, les bouleversements qui plus Dieu en personne, qui accomplirent
ont accompagné la mort du Sauveur. Mais pendant le cours des quatre siècles de
les historiens sacrés, parlant à leurs con cette période, les grandes choses que
temporains de faits récents, ne pouvaient l'Eternel voulut faire en faveur de la pos
guère espérer de les tromper sur des dé térité d'Abraham, d'Isaac et fde Jacob.
tails de cette importance; et quant à l'o- Israël est plus indépendant, il jouit de la
pinion qui veut que ces faits se soient protection divine; mais il vit comme peu
passés dans l'ordre moral, dans le cœur ple au milieu d'autres peuples, étant
des disciples, ou dans la conscience agi chargé lui-même de sa défense et de son
tée de Pilate et des prêtres, elle est com gouvernement. Des crimes atroces et de
battue par cette circonstance, que le cen grandes vertus se montrent dans cette
tenier païen et ses soldats, qui gardaient histoire sans unité; des guerriers, des
Jésus, furent fort effrayés et tellement héros paraissent, libres, agissant pour
frappés de ce tremblement de terre, qu'ils eux-mêmes, chefs de chevaliers errants,
s'écrièrent : « Véritablement cet homme tantôt poussés par l'esprit de Dieu pour
était le Fils de Dieu. » le salut d'lsraël, tantôt sans autre mo
JUGES. L'histoire des juges renferme bile que leurs passions ou leur ambition.
une des périodes les plus intéressantes Cette histoire, si elle eût été écrite par
de la vie du peuple d'Israël, une période d'autres que par les saints hommes de
qui se retrouve également dans la vie de Dieu, porterait certainement le cachet
toutes les nations, sous les noms divers de merveilleux et de mythologie que
de temps fabuleux, héroïques, chevale l'on retrouve chez les poètes de l'anti
resques ou féodaux. Plus que tout autre quité ou chez les minnesaenger du Nord.
état social, cet état d'enfance prête à l'i-
magination; ce ne sont plus ici les grands MILLÉNIUM. On est d'accord sur le
miracles du voyage dans le désert, ce mot. Les interprètes ne peuvent faire au
n'est plus la vie singulière des Hébreux trement, en présence du vingtième cha
vivant sur la terre conduits par Dieu mê pitre de l'Apocalypse, que de reconnaître
MIL 487 MIL
clairement un règne de mille ans comme Paul fait valoir, à fortiori, le second mi
prédit; mais ils sont extrèmement divisés nistère comme infiniment plus glorieux
quant à la manière de le concevoir. Les que le premier, s'en va dans le vide si sa
uns le présument terrestre, comme un rè gloire n'est que la gloire à venir, car la
gne visible et personnel de Christ au mir gloire céleste est le but dans l'éternité, et
lieu de l'Eglise et sur le monde vaincu et non le moyen dans le temps; et une fois
Soumis, qui tentera cependant de se sou le but atteint, il n'est plus question d'un
lever une dernière fois. C'est proprement ministère qui, en attendant, n'aura point
la théorie apocalyptique. Il y a quelques été glorieux : le ministère alors sera aboli
présomptions assez fortes, à priori, en fa comme la foi , l'espérance, le don des lan
veur de cette idée. gues, et toute cette divine et brillante ar
| 1" L'Eglise étant présentée comme plus mure dont l'Eglise aura été revêtue au
glorieuse , mème extérieurement , que temps de ses combats.
l'ancien lsraël, on ne voit point que cette On explique le millénium terrestre par
promeSSe Soit accomplie dans son exis l'idée d'un grand jour.sabbatique, en ap
tence actuelle, où tout bien est invisible, pliquant à ce jour d'une manière littérale
et où toute gloire est cachée. le principe de saint Pierre : Un jour de
2° Les promesses faites aux Juifs sur vant le Seigneur est comme mille ans. Ce
lerétablissement de Jérusalem comme mé serait le septième jour de l'œuvre entière
tropole du monde, et où son Messie enfin de Dieu, le jour où cette œuvre serait plei
reconnu dominera en étendant sa loi sur nement bénie et sanctifiée. On aurait
tous les peuples, prophéties qui ont quel compté deux mille ans avant la loi, deux
que chose de littéral et qui n'ont jamais mille ans sous la loi, et deux mille anssous
eu d'accomplissement encore et n'en ont le Messie. Christ , la lumière du monde,
un possible que dans cette hypothèse, le vrai soleil de justice, venant à la fin du
Jér. 32,37-44. 33,20.24.25.26. quatrième millénaire, correspondrait à la
Le seul argument qu'on puisse invo création du soleil qui eut lieu le quatriè
quer contre ce système est la déclaration me jour. Le septième millénaire serait le
de Christ : Mon règne n'est pas de ce grand sabbat, le grand repos terrestre au
monde. Mais comme d'autre part son rè quel se rapporte cette promesse de l'Epi
gne doit être sur la terre , n'y aurait-il tre aux Hébreux , qu'il reste encore un
pas quelque vraisemblance à ce que l'E- repos pour le peuple de Dieu, et cet àge
glise eût une période visible, glorieuse, d'or décrit par Esaïe, et cette déclaration
et qui la rendît supérieure à l'ancienne, à de l'Apocalypse, qui nous représente Sa
laquelle elle est certainement inférieure tan lié pour mille ans.
depuis l'éclipse presque totale des dons Pendant cet âge bienheureux, le Christ
miraculeux. Elle n'est plusmême ce qu'elle régnerait sur la terre visiblement, c'est
a été à son origine, et pendant ses beaux à-dire, selon les uns, par de grandes et
jours, où les croyants étaient comme des fréquentes manifestations : selon les au
dieux sur la terre, et paraissaient mani tres, même personnellement comme roi,
festement les enfants du Souverain par après avoir renversé les pouvoirs établis,
l'exercice de cette grande puissance qu'ils les puissances terrestres, les royautés et
déployaient en défiant même leurs persé les puissances , et concentré dans ses
cuteurs.Aujourd'hui tout est réduit, quant mains les rênes du gouvernement du mon
aux priviléges du peuple de Dieu, à une de entier. Les saints alors jugeraient le
spiritualité nue, à un mode moral dépouillé monde ;tel serviteur serait établi sur cinq
de tout caractère triomphant; et pourtant, villes, tel autre sur dix. Les saints du Sou
avant de le détruire, Christ doit voir le verain posséderaient le royaume selon
monde à ses pieds, autrement les promes l'oracle de Daniel , ce qui n'a jamais eu
ses nombreuses qui s'y rapportent sem lieu ; les apôtres seraient assis sur douze
blent n'avoir pas de sens, et n'offrent , trônes, jugeant les douze tribus d'Israël,
pour les saisir, ni corps , ni substance. comme le dit Jésus, Matth. 19, 28. Luc
Tout le parallèle 2 Cor. 3, 7. sq., où saint 22, 30. Car, qu'est-ce que peut être ce
MlL ' 488 ! M1L
me elle, être en quelque sorte régénérée, le nazaréat l'explication de Luc 22, 18.
convertie avant sa destruction (et elle le On a dit : Israël d'abord, puis les gentils
serait par le règne de Christ), pour être en la personne de Pilate, ayant répudié
rendue digne d'être renouvelée et de de l'envoyé du Père, et mis hors de la vigne
venir éternelle, en passant, comme l'hom le grand dépositaire de toute bénédiction,
me, par la mort de la destruction qui mar de toute puissance et de toute autorité,
quera les derniers temps et le dernier Jésus, dès l'institution de la cène, a pris
jour. - en quelque sorte, relativement à la terre,
le signe du nazaréat et l'a gardé jusqu'à
NATURALISATI0N. Le droit de cité ce jour. C'est pourquoi, dans la dernière
en Israël était héréditaire, mais en de pâque qu'il célèbre avec ses disciples, il
hors de la naissance, il pouvait encore leur dit : « Je ne boirai plus du fruit de
être acquis à de certaines conditions et la vigne jusqu'à ce que le règne de Dieu
dans de certaines limites. Le titre de ci soit accompli; » indiquant par là qu'il
toyen romain, la ta2treiz de Act. 22, 28. allait être séparé du monde et n'atten
(jus civitatis), fut octroyé du temps des drait plus aucune joie du présent siècle
empereurs à des villes et à des provinces jusqu'au jour où il recevra le royaume
entières, comme à des individus isolés, de la main du Père. Il est le nazaréen par
sans qu'ils eussent besoin, comme de nos excellence; ses disciples doivent l'imiter
jours en quelques pays, d'appartenir à (Guers).
une commune particulière : les individus NOMBRES. Un vieillard plus qu'Oct0
étaient naturalisés, soit par suite de leur génaire, et qui depuis longtemps s'oc
affranchissement s'ils étaient esclaves, ou cupe sérieusement de la parole de Dieu,
de leur adoption par un citoyen romain, nous a communiqué sur le chiffre de la
soit surtout s'ils avaient rendu quelque bête, Apoc. 13, 18. (v. Nombres, Rome),
service signalé à l'Etat, à l'empereur, ou le résultat de ses recherches personnelles, '
à sa famille (Suétone, August. 47); sous et si nous leur donnons une place ici,
Caracalla et sous Justinien, les empereurs c'est moins à cause de leur valeur réelle
poussérent encore plus loin la générosité que parce qu'elles sont curieuses à enre
à cet égard. Ce droit s'acquérait égale gistrer. Il pense trouver ce chiffre dans
ment pour une somme d'argent; Act. 22, nos rois de France, qui, depuis Louis XI,
28. Paul, comme on l'a vu ailleurs, était ont porté le nom blasphématoire de rois
citoyen romain, distinction qu'il n'avait très chrétiens. Il estime qu'il en doit être
pas obtenue personnellement, mais qu'il fini de ce nom comme nom de rois, et
avait héritée de ses parents. Les droits que la France contribuera puissamment à
dont jouissaient les citoyens romains se la chute du papisme, comme pour châtier
distinguaient, dans les temps florissants et renverser celui qui, en dotant ses chefs
de la république, en droits politiques ou de ce nom de blasphème, les a poussés à
publics, et droits civils ou privés : ils n'é- commettre tous les crimes, et à persécu
taient pas toujours réunis dans la même ter les saints de Dieu. Le nom de Louis,
concession, et ainsi le droit de cité obte en latin Ludovicus, donne en effet, par la
nu par la naturalisation, n'était souvent somme de ses lettres considérées COmme
que partiel. Le seul de ces droits qui soit chiffres, le total de 666.
mentionné dans le Nouveau Testament
c'est que les citoyens romains ne pou-|
vaient être frappés de verges (virgis, ou
flagellis caedi), ni condamnés à mort par
aucun tribunal romain, Act. 16, 37., et le
seul appel d'un prévenu à son titre de ci
toyen (civis romanus sum), suffisait pour
faire suspendre le cours des violences ju
diciaires. v. aussi Cicer. Verr. 5, 57, 65.
NAZAREEN. On a cru trouver dans
NOM 490 NOM
Les huit rois, Apoc. 17, 10. sq., qui nent la terre, mais surtout celui de l'hu
devaient donner leur puissance au pa manité réconciliée sur la terre. — Quatre
pisme, sont : Louis XI, Louis XII, Louis monarchies. — Quatre vents de la terre.
XllI, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, — Quatre coins de la terre. — Quatre
Louis XVII, qui n'a pas régné, mais qui anges. (Zach. 2, 6. Dan. 7, 8, Apoc. 7.)
n'en est pas moins compté dans l'ordre Ce nombre et le nombre trois offrent
de succession (c'est le septième, celui deux divisions du nombre sept, ordinai
dont il est dit : il faut qu'il demeure rement assez distinctes dans l'Apocalypse.
peu), et enfin Louis XVIII. Cinq est un nombre relativement petit.
- Nous empruntons à un travail de (Lév. 26, 8. cf. Jos. 23, 10. Es. 30, 17.)
M. J.-B. Rossier sur l'Apocalypse (jour Comme suivant le nombre quatre et pré
nal le Témoignage, publié par le pasteur cédent le nombre six, il tend à un accom
Recordon de Vevey, nos de septembre plissement.
1848 et février 1849), l'étude suivante Six est un nombre qui, dans deux cas
Sur les nombres considérés dans leur remarquables, complète le mal extérieur
Sens symbolique. Il peut être intéressant et intérieur avant que la purification ait
de comparer ce travail avec celui que lieu. (Lév. 12, 5. Apoc. 13, 18.) Ce nom
nous avons fait nous-même; on y trou bre est comme un signal qui annonce ce
Vera quelques indications qui ne sont pas qui suit définitivement.
dans le nôtre, mais peut-être aussi re Sept. Ce nombre se rapporte, dans
marquera-t-on un peu plus d'arbitraire l'Ancien Testament, à des relations mo
dans la manière de fixer les rapports, et rales : sanctification, salut, paix, joie. Le
comme un parti pris de faire de chaque septième mois avait trois fêtes; le sabbat
nombre un emblème. était le septième jour; la septième année
Un est le signe de la Divinité, en tant était l'année de relâche; le jubilé revenait
que Dieu est seul. (Rom. 3, 29. Gal. 3,20. au bout de sept fois sept ans; les asper
Eph. 4, 3-8. Hébr. 2, 11.) sions par sept fois. Ce nombre se com
Deua est, suivant quelques-uns, le pose de trois et de quatre par addition,
signe naturel de l'opposition et du com par superposition, et forme ainsi un tout
bat. • Considère les œuvres du Très indivisible, composé de deux chiffres,
Haut. Deux, deux. Un contre l'un. Toutes dont l'un est celui de la Divinité, I'autre
choses sont par couples, un contre un. » celui de la création. Expression de l'al
(Sirach 33, 16.42, 25.) Dans la magie, liance de Dieu avec son peuple. Nombre
le nombre deux était celui des êtres dé de la perfection, de la plénitude intérieure.
chus de l'unité, du téméraire et du mé Dieu et l'humanité réunis en un.
chant. Mais dans l'Ecriture il n'en est Sept indique, dans le Nouveau Testa
point ainsi, le mariage est une véritable ment, la plénitude, la perfection, l'har
communauté, et une parfaite réunion qui monie. • . "
complète chacun des époux par l'autre. Il y a, dans l'Apocalyse, sept épîtres à
Jésus envoya les douze deux à deux.— sept Eglises, sept chandeliers, sept étoi
Si deux d'entre vous s'accordent sur la les, sept anges, sept esprits, sept yeux,
terre. - Deux tables de la loi. — Deux sept cornes, sept lampes, sept années,
témoins. — Deux prophètes.— Deux oli sept attributs dans la louange, sept ton
viers. — Deux chandeliers. — Deux ailes. nerres, sept sceaux, sept trompettes et
- Deux cornes. — « Deux valent mieux Sept coupes.
qu'un. » (Ecclés. 4, 9-12.) Chaque nombre sept, lorsqu'il est dé
taillé, se divise en trois et quatre, ou en
Trois est le vrai chiffre de la Divinité,
le nombre de l'union opérée entre l'unité quatre et trois; le point de division étant
et la diversité. (Apoc. 1, 4.8.1 Jean 5, 7.toujours indiqué d'une manière ou de
cf. Ecclés. 4.12.) l'autre, sans altérer l'ensemble.
Quatre. Le nombre du monde entier Chaque nombre sept des sceaux et des
en tant que créé. C'est plus particulière trompettes offre ceci de remarquable,
ment un nombre des choses qui concer qu'il renferme en lui-même un nouveau
N0M 491 PYT
partient qu'à Dieu seul de prévoir ce qui pratique et sage; à Philippe de Macé
doit arriver. Esaïe 41, 22.23.45, 21. . doine succède Alexandre le Grand : à Pè
pin, Charles le Grand; à Henri l'Oise
RÉSURRECTION. v. plus haut les ar leur, Otton le Grand ; à Louis XIII, Louis
ticles Ame, Chair, Ciel, Enfer, Eternité, le Grand. -
de mation civilisée; car on ne saurait mais toujours égale. Une seule victoire
donner ce nom aux tribus telles qu'elles lui suffit pour humilier les Philistins pen
existaient avant lui sous les juges. Avec dant toute sa vie.
Samuel, le peuple commence à se recon Ses voyages, ses visites dans toutes les
connaître , à avoir la conscience de lui parties du pays, les soins qu'il donnait
même, et les tribus s'unissent pour ne avec tant de zèle au peuple qu'il voulait
former qu'un seul corps; l'isolement po relever, amenèrent enfin Israël à un cer
litique des diverses parties du pays dis tain degré de prospérité nationale et de
paraît. La loi divine, comme nous avons développement intellectuel et religieux;
eu souvent l'occasion de le voir, n'avait mais Samuel était âgé, ses fils ne suivaient
pas encore pénétré les esprits; Samuel pas ses voies, et l'on s'en servit comme
fait ce qu'il peut pour les nationaliser, si prétexte pour demander un roi. Il est
l'on peut s'exprimer ainsi, et ses efforts vrai que les craintes des Israélites n'é-
sont couronnès ; des écoles de prophètes taient pas sans fondement; on pôuvait
sont établies, et leurs élèves deviennent prévoir qu'après la mort de Samuel les
pour le corps social et ecclésiastique de Philistins reprendraient courage, et que
la nation ce que sont pour le corps hu les tribus réunies par sa puissante alº
main les nerfs qui conduisent les esprits rité, se dissoudraient ou se désuniriit
vitaux. Pendant l'espace de sept siècles, de nouveau lorsque les unes ou les aU
il en sOrt une succession non interrom tres auraient été attaquées par l'ennemi.
pue de prophètes jusqu'à Malachie, et Il était nécessaire de prendre des mt
saint Pierre voit en Samuel le chef de ce sures pour éviter que tous les avantages
divin ministère, Act. 3, 24. obtenus par Samuel ne fussent pas per
Il commença sa carrière dans le temps dus en peu peu de temps. Mais il ne fallait
de la plus grande décadence, et l'on ne pas pour cela un roi « comme en Ont les
peut savoir ce que le peuple serait deve autres nations ;» on n'avait qu'à s'alt
nu sans lui. Les Philistins étaient les maî cher sincèrement à la constitution thé -
tres de la plus grande partie du pays; les cratique donnée par Moïse, dans laquelle
Hébreux, découragés , étaient dans un la sagesse de son auteur avait assel tu,
profond abaissement ; le sort de Samson égard à l'union des forces nationales et à
prouvait que la régénération d'Israël ne leur facile concentration sans l'interven
pouvait être opérée par un homme sem tion de la royauté. L'organisation matiº
blable aux autres juges, mais qu'on avait nale, qui jusqu'alors avait été patriar
besoin d'un remède plus général, plus cale, devait être remplacée par une ºrgº
profond, plus intérieur, et que la restau nisation plus civilisée ; mais celui qui
ration nationale devait être basée sur une s'était manifesté d'abord comme Père Slk
réformation religieuse. C'est qu'aussi la prême, pouvait également, pour une ſº
religion même semblait ne plus se trou tion plus avancée dans son développe
ver nulle part en Israël. Le mal, comme ment, se manifester comme seul et Vral
une gangrène, avait envahi jusqu'au sanc roi. Les Hébreux montrèrent donc dans
tuaire; la parole de l'Eternel était rare en cette occasion combien peu ils étaient pè
ces jours-là, et il n'y avait point d'appa nétrés de l'esprit de la révélation divine
rition, ni de vision; Héli sans doute re ils voulaient un roi en dépit de la v0l0llle
connaissait encore la voix de Dieu, mais et de la miséricorde célestes , qui leur
ses fils faisaient mépriser le culte du Sei avaient donné un esprit directeur et 0r
gneur, qui déjà ne consistait plus que dans ganisateur, se manifestant dans le sallº
le matériel de quelques cérémonies. La tuaire de son tabernacle. Samuel dut cº
mort du pontife, la défaite des Israélites, der à leur obstination : Dieu leur dommail
la perte de l'arche, furent le comble du un roi dans sa colère, Osée 13, 11.
malheur, et c'est aussi dès ce moment que Maintenant que le vœu du peuple ts
date la renaissance ; l'activité de Samuel exaucé; maintenant que, selon ses désirs,
commence dès lors à se déployer et à s'ac une royauté politique a remplacé larºyº
croître, tranquille mais profonde, lente té théocratique, nous verrons si desjºuº
SAU 495 SAU
plus heureux se lèveront pour cette pau 9, 3-12. et Joel 2, 4., ont été cités à l'ar
vre nation tourmentée depuis des siècles. ticle Sauterelles comme ne se rapportant
Dieu continuera d'en être le Vrai souve qu'à l'insecte proprement dit, mais il est
rain, le pays sera toujours le royaume de bien évident, et tous les commentateurs
l'Eternel, 1 Chr. 28, 5.; la révolution s'est sont d'accord sur ce point, qu'on doit
faite avec la permission divine, et c'est le les entendre d'une manière figurée. « Je
grand Samuel qui a sacré les deux pre pense, dit Newton (Pensées), que comme
miers rois de la jeune monarchie. Celui les chérubins, les sauterelles qui sortent
qui se manifestait par les prophètes, les de l'abîme sont des représentations sym
pontifes ou les juges, se manifestera tou boliques d'un caractère de pouvoir dont
jours, mais par l'intermédiaire des rois ; certains agents vivants vont être revêtus.
la théocratie subsistera toujours, mais Ceux-ci paraissent avoir le même rapport
sous une autre forme dont le peuple s'est à l'abîme que les chérubins au ciel. Les
promis des avantages merveilleux , l'his chérubins représentent le pouvoir qui est
toire montrera si cette nouvelle forme sous le contrôle suprême de Christ, et
sera favorable à la nation, si la prospérité dont les serviteurs de Dieu et de Christ
sera plus grande, la piété plus sincère. seront revêtus pour tout ce qui appartient
Dieu est toujours le même, il ne s'est pas à la vie, à la gloire, et à la bénédiction.
opposé au changement voulu par les Is Les sauterelles, semblables à des scor
raélites; il a même promis de les bénir pions, et dont la forme est plus compli
s'ils sont fidèles, il ne leur demande pas quée que celle des chérubins mêmes, sont
autre chose ;de beaux jours peuvent com sous la direction d'Apollyon leur chef,
mencer. Si l'histoire du rOyaume est et elles représentent, à mon avis, le pou
moins glorieuse, moins heureuse que voir dont ses serviteurs seront revêtus
l'histoire ancienne d'Israël, ce n'est point pour l'œuvre qui leur est assignée, de
parce que c'est un royaume, c'est parce tourmenter d'un tourment infernal. . —
que le cœur s'est corrompu, parce que Vivien va plus loin (Essai) : « Evidemment
Dieu a été oublié. nOuS avOns ici l'emblème d'une armée
SATAN. II, p. 324. Noter encore les qui envahit la Palestine sous la conduite
passages Zach. 3, 1., et surtout 1 Rois du Destructeur. Nous trouvons dans Joël
22, 21. — Il est probable que Milton, une prophétie tout à fait parallèle, et par
dont le génie ne regardait pas de très conséquent bien propre à confirmer notre
près à l'exactitude historique (son sujet, interprétation. Au chapitre 1,2-7., le pro
d'ailleurs, ne le comportait pas), a puisé phète prédit un jugement terrible qui doit
dans Apoc. 12, 4. sq., l'idée de Satan en tomber sur la nation juive; il l'annonce
traînant avec lui dans sa révolte la troi sous l'emblème des sauterelles, et il dit
sième partie du ciel. Peut-être aussi n'y que cette nation a des dents comme des
a-t-il eu que simple réminiscence, car dents de lion, 1, 6. cf. Apocal. 9, 7. 8.
cette idée était naturelle et simple , Sa Après avoir exhorté le peuple au jeûne
tan ne pouvait être ni égal, ni trop infé et au deuil, il décrit ce jugement 2, 1-11.
rieur à Dieu. Egal, c'eût été le placer trop Qu'on lise attentivement cette descrip
haut; trop inférieur, c'eût été rendre la tion, et l'on ne pourra s'empêcher de re
lutte illusoire et nuire à l'intérêt de l'ac marquer l'analogie frappante qui existe
tion. entre la prophétie de Joël et la première
(Le nom grec de l'ennemi du genre trompette de malheur (la cinquième). Le
humain, ôzÉo)o;, de ôtz3zzzo, qu'on tra texte même de cette prophétie suffit de
duit ordinairement par adversaire, ne se plus pour prouver qu'elle n'a point en
rait-il pas mieux rendu par le vieux mot core été accomplie. Il suit de là que cette
français traversier, celui qui traverse ? cinquième trompette, comme les quatre
Il y aurait, pour cette traduction, l'analo premières, ne concerne directement que
gie du serpent traversant de nos ver la nation juive, conclusion qui se déduit
SiOnS. naturellement de la transaction qui a pré
SAUTERELLES. Les passages Apoc. cédé l'ouverture du septième sceau, et
SAU -496 SCE
\ *' !
de ce qui est dit ici de l'ordre donné aux dois, furent presque exemptés de cette
sauterelles de ne nuire qu'aux hommes plaïe, et si les Sarrasins, ayant franchi les
qui n'ont pas le sceau de Dieu sur le Pyrénées, s'abattirent un moment sur le
front. » centre de la France, les Pauvres de Lyon
Ceux qui regardent la plus grande par sauvèrent le royaume par leurs prières et
tie des prophéties apocalyptiques comme leur fidélité. Charles-Martel, suscité de
accomplies, voient dans les sauterelles de Dieu, remporta sur les Sarrasins une vic
la cinquième trompette les Sarrasins du toire décisive sous les murs de Poitiers.
septième siècle, et si, à d'autres égards, Digby fait observer encore « qu'il ne fut
on peut avoir des doutes légitimes quant pas permis à ces sauterelles de tuer les
à la valeur de leur système d'interpréta hommes, mais seulement de les tourmen
tion, il faut avouer que sur ce point, du ter, » et qu'en effet, aprèsavoir tourmenté
moins, leurs raisons ne manquent pas de pendant longtemps les états de la chré
vraisemblance. Les sauterelles sont ori tienté qui étaient tombés dans l'apostasie,
ginaires de l'Arabie; sur leur tête, est-il ils finirent par se retirer sans avoir pu,
dit, sont des couronnes semblables à de ni renverser l'empire romain, ni établir
l'or (les turbans jaunes des Sarrasins); à (comme les Turcs le firent plus tard)
les voir il semble qu'on voie des chevaux un empire mahométan sur les ruines d'un
(et ils courent comme des cavaliers), des empire chrétien. La durée du pouvoir de
visages comme des visages d'hommes, ces sauterelles symboliques devait être
des cheveux comme des cheveux de fem de cinq mois prophêtiques, c'est-à-dire
mes, des dents comme des dents de lions, de cent cinquante ans, et l'histoire nous
des cuirasses comme des cuirasses de fer, apprend que cent cinquante ans après le
et le bruit de leurs ailes est comme un bruit commencement de la carrière de Maho
de chariots à plusieurs chevaux qui cou met (612), les Sarrasins, fatigués de la
rent au combat; leur puissance de nuire guerre et las d'errer depuis si longtemps,
est dans leur queue, et Esaie nous dit : se tournèrent vers l'agriculture, et bâti
La queue, c'est le prophète qui enseigne rent sur les bords du Tigre, en 762, la
le mensonge, 9, 14. Ces sauterelles ne ville de Bagdad, à laquelle ils donnèrent
feront de mal ni à l'herbe, ni à la verdure, le nom de Cité de la Paix, en témoignage
ni aux arbres, mais aux hommes, et à de leur nouvelle résolution. Quant au roi
ceux-là seulement qui n'ont point la mar de ces sauterelles, Digby le voit naturel
lement dans Mahomet lui-même. | | |
que de Dieu sur leurs fronts. Gibbon, et
ce n'est pas une autorité suspecte, rap SCEAUX. L'explication suivante des
porte qu'Abubeker, successeur de Maho sept sceaux apocalyptiques a de l'inté
met, donna à ses sectateurs cet ordre re rêt comme résumé des vues d'une école,
marquable : « Ne faites aucun mal à l'herbe l'école allégorique ou école des prophéties
de la terre, ni aux arbres, au delà de ce accomplies. Nous ignorons si son auteur,
qui est nécessaire; et quand vous trou M. Guers, persiste dans ce point de vue
verez des hommes qui, comme simples qui, à bien des égards, nous paraît trop
chrétiens, adorent Dieu, laissez-les et ne spirituel. La deuxième édition de son his
leur faites aucune violence. Mais quant à toire de l'Eglise, qui est annoncée, nous
ceux qui ont la téte rasée, qui se pros dira ce qui en est. Dans tous les cas, l'au
ternent devant les saints et les idoles, teur ferait bien de justifier par une intro
ayez soin de leur fendre la tête, et ne les duction sur l'étude de la prophétie, un
laissez vivre qu'à condition qu'ils se sou système qui a été bien des fois attaqué et
mettent et qu'ils paient le tribut. » — qui n'a pas encore été solidement dé
Cette nuée de sauterelles couvrit et ra fendu.
vagea pendant un siècle et demi la chré Les sceaux apocalyptiques, dit-il, pa
tienté tout entière, soit en Orient, soit raissent se rapporter à de grands juge
en Occident; mais deux pays, ceux dans ments que Dieu déploie, dès les premiers
lesquels étaient cachées les vraies Eglises siècles de l'Eglise, contre Rome idolâtre
du moyen âge, les Albigeois et les Vau et persécutrice, et les autres ennemis de
»!
SCE "497 - SHE
, , , ! . -
tion est d'ailleurs toujours censée unir le étaitpour lui un enchaînement de lois im
chef de la tribu avec ses administrés ; muables qui régissent l'homme invaria
c'est l'aïeul, ce n'est point un conqué blement; le fatalisme en devait découler,
l'ant. et, comme Zénon maintenait le fait de la
SONNETTES des chevaux. Quand il volonté individuelle, il ne pouvait se tirer
est dit, Zach. 14, « En ce temps-là, il sera de cette contradiction entre ses dogmes
écrit sur les sonnettes des chevaux : Sain que par un sophisme. Sa logique était
teté à l'Eternel », cela signifie que, dans trop subtile ;Sénèque, qui était lui-même
le monde à venir, toutes choses, jusqu'aux stoïcien, blâmait leur genre de dialecti
plus modestes, seront consacrées à Dieu. que, et l'a parodiée dans le raisonnement
(Guers.) bien connu : Mus est animal, sed mus
STOICIENS. Cette secte que l'Evan etiam syllaba, igitur animal est syllaba.r
gile rencontra de bonne heure sur son La théologie de Zénon était le panthéisme,
chemin, et contre laquelle Paul fut ap sans que peut-être il s'en rendît bien !
pelé à lutter à Athènes, Act. 17, 18. cf. compte à lui-même. En morale, et c'était .
v. 22-31., représentait la propre justice, la partie principale de sa philosophie,
et correspondait ainsi aux pharisiens Zénon voulait que lavertu(sequi maturam)b
d'entre les Juifs, comme les épicuriens fût le seul mobile de la conduite de l'hom
(ibid.) répondaient aux sadducéens par le me. Il n'admet d'autre bien que la vertu,
sensualisme et le matérialisme de leurs d'autre mal que le vice, et trace du vrai
doctrines. La philosophie avait alors rem sage un tableau idéal qui le place bien p
pli le cercle de la pensée humaine livrée au-dessus de l'humanité; il condamne ,
à elle-même, et tout ce qu'elle a ensei toutes les passions comme autant de fai- !
gné depuis ne sont que les mêmes idées blesses et de maladies de l'âme, et donne ,
sous d'autres formules avec des lambeaux ainsi à sa morale quelque chose de para- !
de vérité arrachés au christianisme (Ger doxal et de farouche. .!
lach); elle oscille sans cesse, et ne con M. Vinet, dans ses Essais de Philoso-!
naît que deux pôles extrêmes. La vérité phie, p. 30 et suiv., tout en recomnaissant 2
ne peut être saisie que par l'esprit de vé qu'on peut « s'humilier devant le stoï
rité. cisme, et l'admirer, mais avec effroi, avec :
Zénon fut le fondateur de cette secte. compassion », le juge et le condamne en l'
Né en Chypre vers 340 ans av. C. (la ces termes : « Le stoïcisme, c'est l'hom-º
mème année qu'Epicure, d'autres disent me qui, pour avoir un Dieu, se fait dieu "
en 362), il se retira du commerce après y lui-même. Le stoïcien, à la vérité, parle !
avoir éprouvé des pertes considérables. quelquefois des dieux, mais dans un sens !
A Athènes, il se mit en relation avec le sur lequel il ne faut pas se tromper. Ils
cynique Cratès, le mégarique Stilpon, et sont un autre nom de son idéal, non la !
d'autres philosophes, et ne tarda pas à se règle ni la raison première de sa volonté.
vouer lui-même à la philosophie. Il s'éta Le stoïcien a conçu la vertu sous la n0
blit dans un local nommé Sréz Trotzt) ) ; tion de la force, non sous celle de l'obéis
c'est de là que son école fut nommée le sance. Elle ne se présente pas à lui sous
Portique, et ses partisans stoïciens. ll l'aspect du devoir, mais sous celui de la
réunit autour de lui un grand nombre de dignité, soit personnelle, soit collective.
disciples , et captiva même le roi de Ma Sans doute que dans le lointain, le senti
cédoine, Antigone Gonatas, qui l'honora ment obscur du devoir se décèle cOmme
toujoursd'une estime particulière.Son but la source de cette notion de la vertu ;
était de rendre à l'homme sa vigueur pre mais le stoïcien se cache à lui-même cette
mière qui tendait à s'énerver par le luxe origine ; et si, dans cette religion de l'or
et la mollesse. Il parvint à un âge très gueil, le mot devoir se prononce encore,
-
avancé, et ayant fait une chute, il pensa c'est d'un devoir envers soi-même qu'il
que la terre le rappelait, et il donna l'exem est question, et le respect envers soi
ple du suicide. Il était matérialiste. La même est le motif et la substance de tout
nature, qui dicte à l'homme ses devoirs, bien. lly a dans cette religion les appa
ST0 499 TRI
des Juifs à Jérusalem, prédit lui-même On avait répondu jusqu'ici par des con
une restauration de la maison de Joseph jectures de deux espèces. Les premières
(père d'Ephraïm ) avec celle de Juda désignaient, comme originairement des
(chap. 10). cendues des dix tribus, des nations ou
2° C'est qu'Ezéchiel a soin de mention des races d'hommes qui ne s'en doutaient
ner ce petit nombre d'Israélites des dix plus, les Américains, les Welches ou
tribus, qui se joignirent aux Juifs reve Bretons, et les Irlandais; les autres allé
nant de Babylone, et de nous dire qu'il guaient des peuples dont certaines tradi
s'agira de bien autre chose dans la res tions, et peut-être des tables généalogi
tauration dernière. Il prend un bâton, et ques, paraissent attester une origine
il écrit dessus : « Pour Juda, et pour les éphraïmite, les Juifs blancs de Cochin,
enfants d'Israël, ses compagnons. » Voi les Afghans surtout. (v. sir H. Jones,
là pour le premier. Mais il reçoit l'ordre Asiatic Researches, vol. I, p. 336).
aussi d'en prendre un autre, et d'écrire D'autres contrées, telles que le Cache
dessus : Pour Joseph le bâton d'Ephraïm, mire et l'intérieur de l'Afrique, avaient
et pour toute la maison d'Israël , ses été désignées comme le séjour actuel des
compagnons. » Voilà donc les deux na dix tribus ; mais nous avons l'espérance
tions qui, dans l'avenir, doivent ne for que les découvertes de Grant vont enfin
mer qu'un seul et même peuple ; c'est, jeter un grand jour sur cette intéressante
d'un côté, Juda, avec le petit nombre des question.
Ephraïmites qui se joignirent à lui ; c'est, Cependant, il importe encore de faire
de l'autre, Ephraïm, avec tout le reste observer que l'obscurité répandue depuis
des dix tribus. — « Ils ne seront plus plusieurs siècles sur l'existence de ce
deux nations : ils ne se souilleront plus peuple prophétique ne devait nullement
par leurs infamies; je les retirerai de ébranler notre foi sur l'accomplissement
toutes les demeures dans lesquels ils ont littéral des prédictions qui le concernent.
péché » (v. 22), dit l'Eternel. Ez. 37, 16. Il fallait plutôt y voir, au contraire, une
3° Enfin, c'est que les Israélites réta confirmation de leur vérité. Les Ecritures
blis n'auront alors qu'un seul et même elles-mèmes nous parlent de la nuit où
roi de la maison de David (Ez. 37, 22.24. seront cachées ces populations miracu
Jér. 30, 3.9. Ez. 34, Os. 3, 4. 5. Zach. leuses jusqu'au jour de leur restauration.
12, 10.). Ce fait n'a jamais eu lieu depuis C'est une observation de M. Brooks, dans
le temps de Cyrus jusqu'à celui de Titus : ses « Eléments d'interprétation prophé
TRI 501 TRI
tique » (p. 267-277), (v. dans Esaïe, chan. roide, comme leurs pères de l'Ancien
11, qu'il a soin de distinguer les rejetés Testament. Ces allusions accidentelles à
d'Israël d'avec les dispersés de Juda. v. leurs ancêtres hébreux, prouvent d'une
Es. 49, 21.22. 16, 3.4. v. enfin les ob manière victorieuse que leur tradition
servations de M. Keith sur Daniel, 11, 41). est généralement reçue comme une véri
Le livre du docteur Grant (les Nesto té. Quoique cela tourne à leur confusion,
riens, ou les Tribus perdues), à la préfa pas un d'entre eux ne nie qu'il ne soit
ce duquel nous avons emprunté les lignes enfant d'Israël. Le savant et l'ignorant, le
qui précèdent, établit l'identité des dix jeune homme et le vieillard, tous recon
Tribus et des Nestoriens par des preuves naissent cette relation.
plutôt morales et traditionnelles, que po 2° La haine qui existe entre les Nesto
sitives et écrites. Cependant, elles ne riens et les Juifs écarte toute idée d'une
manquent pas d'une certaine force, sur tradition fabriquée. Quel motif pourrait
tout si l'on réfléchit que chez ces pauvres les conduire à vouloir s'affilier à leurs
Nestoriens l'instruction est nulle; que, plus implacables ennemis ? Est-il croyable
par conséquent, des documents écrits ne qu'une tradition, dénuée de fondement,
sauraient avoir pour eux une grande va et prétendant les lier à un peuple avec
leur, et si l'on se rappelle ensuite qu'ils lequel ils ne veulent pas même manger,
SOnt d'autant moins intéressés à revendi eût été universellement adoptée parmi les
quer une communauté d'origine avec les diverses tribus des Nestoriens ? Par qui,
Juifs. qu'ils ne sont pas, en général, en et à quelle époque de leur histoire, leur
très bons termes les uns avec les autres. aurait-elle été imposée ? Comment aucu
Les Juifs qui sont au milieu d'eux ne ne réclamation ne se serait-elle élevée au
nient point le fait de leur parenté avec milieu d'une nation si nombreuse P Là,
les Nestoriens ; mais ils sont profondé comme partout ailleurs, les Juifs sont les
ment humiliés de voir une pareille apos plus méprisés et les plus persécutés de
tasie au sein de leur nation, et ils évitent, tous les peuples : la haine est donc atta
le plus qu'ils peuvent, d'avoir à se pro chée à tout ce qui s'allie à eux. Par crain
noncer sur ce point. te de cette haine, j'ai vu des Nestoriens
o Voici comment Grant (p. 102 et suiv.) hésiter à répondre quand on les interro
établit l'identité, depuis longtemps soup geait sur leurs ancêtres, et cependant ils
connée, de ces deux peuples si distincts finissaient tous par convenir de leur ori
maintenant : gine juive.
1° Je remarque d'abord, dit-il, que cette 3° Leur ignorance des prophéties ne
tradition est généralement répandue et permet pas non plus de supposer que cette
reçue parmi les Nestoriens de l'Assyrie et tradition ait pris sa source chez les con
de la Médie. Ils en parlent volontiers en ducteurs religieux, en vue des grandes
t0ut lieu et en toute occasion. Smith et bénédictions temporelles promises aux
Dwhigt, dans leur courte visite aux Nes Juifs. Ils n'ont aucune idée de benédic
toriens, furent frappés de les entendre tions de ce genre pour les Israélites en
affirmer qu'ils étaient les descendants des particulier ; ils croient au triomphe final
dix tribus. Ils reconnaissent ce fait dans du christianisme dans le monde, mais ne
leurs conversations entre eux, aussi bien réclament pour eux-mêmes aucune préé
que vis-à-vis des étrangers. Un de leurs minence sur les autres chrétiens. Ils li
prêtres reprochait à son peuple les fautes sent peu les prophètes, et les compren
et la responsabilité qui se trouvaient ac nent encore moins; leur interprétation
Cumulées sur eux à cause de leur étroite des écrits prophétiques est, en général,
relation avec ceux « à qui appartiennent mystique et confusg.
l'alliance et les promesses, » et son lan 4° La situation écartée du grand corps
gage était celui de la réprimande, bien de l'Eglise nestorienne s'oppose presque
plus que celui de la flatterie. Souvent j'ai entièrement à ce que l'idée de leur ori
entendu leurs ecclésiastiques faire la re gine juive leur ait pu être suggérée par
marque qu'ils étaient un peuple de cel les nations voisines. Ils habitent princi
TYP | 502 TYP
palement des montagnes presque inacces 'quelles en figuraient d'autres qui devaient
sibles, dans lesquelles ils sont tenus à l'a- se réaliser dans le Nouveau. C'est en ce
bri de toute influence du dehors. Les sens qu'il est dit, par exemple, qu'Adam
étrangers n'ont que bien rarement péné était le type de celui qui devait venir, sa
tré jusqu'à eux, et je ne connais aucun voir de Jésus-Christ, Rom. 5, 14. (Les
peuple qui entretienne aussi peu de rap mots ombre et figure, axt2, Ltbôeryux, sont
ports avec ceux qui l'entourent; bien quelquefois synonymes du mot type, Col.
plus, si leurs voisins les avaient assimilés 2, 17. Hébr. 10, 1., et l'accomplissement
aux Juifs, n'auraient-ils pas repoussé jus du type, sa réalisation, est appelée anti
qu'à la pensée d'une semblable connexion ? type, ou corps, rò &vrirv7rov, cºux.)
Est-il croyable qu'ils l'eussent reçue com C'est ce dernier sens que la théologie
me base d'une tradition générale 9 et, dogmatique donne le plus habituellement
quand il serait probable qu'une pareille au mot type, et ce sens étant convenu, il
falsification se fût introduite en quelque reste encore à s'accorder sur ce qu'ilsi
localité, comment aurait-on pu induire la gnifie ; car, bien que l'on soit d'accord
nation tout entière à admettre une im d'une manière générale, on ne l'est plus
posture contre laquelle se révoltaient tous quand on en vient aux détails. La doctri
leurs sentiments naturels ? ne, la théorie, et à certaines époques la
Plus loin, au chapitre 12, page 110 et manie des types a pris des développe
suiv., M. Grant s'attache à prouver que ments si considérables, qu'on a fini par
les lieux habités aujourd'hui par les Nes tomber, d'un côté dans les jeux d'esprit,
toriens, sont précisément ceux dans les de l'autre dans la négation même desty
quels les dix tribus furent transportées, et pes, et dans leur rejet absolu. .
c'est une chose assez remarquable que, Hl est extrêmement difficile, si même
quoique emmenées captives par différents c'est possible, de donner une définition
conquérants, et à quatre-vingt-dix ans exacte des types, de manière à les distin
d'intervalle, toutes les tribus furent éta guer nettement des symboles, des allégo
blies dans la même contrée; rien ne prou ries, et même des rapports accidentels.
ve ou ne fait même supposer qu'elles aient Où commencer ? où s'arrêter 9 Quel sera
été déplacées ; au cinquième siècle, dans le juste-milieu entre ceux qui, avec quel
tOus les cas, elles habitaient encore la ques théologiens modernes, ne voient de
terre de la captivité. types que dans les sacrifices, l'agneau
TYPE. Ce mot grec, rÙTo;, dérivé du pascal, et la grande fête des expiations,
verbe rótro qui signifie frapper, est em et ceux qui prétendent, avec Philon, que
ployé dans divers sens par les auteurs du laver le ventre de la victime signifiait se
Nouveau Testament. Il désigne : nettoyer de toute souillure, que laver les
1o L'effigie, l'empreinte, l'impression pieds des victimes c'était se détacher de
que fait une chose dure sur une autre la terre et tendre vers les cieux , et avec
qui l'est moins, par exemple l'empreinte Augustin, que le serpent d'airain a été
d'un cachet sur la cire; Jean 20, 25., les fait, non de pierre ou de bois , mais de
marques des clous sur les pieds et sur métal travaillé au feu, parce que Jésus
les mains du Sauveur. Christ n'a pas été, comme les autres hom
2° Toute ressemblance entre deux ob mes, le fruit d'une union conjugale, mais
jets, modèle, image, simulacre, plan, Phil. a dû la naissance au feu du Saint-Esprit.
3, 17.1 Thess. 1, 7.1 Cor. 10, 11. Act. 7, Les définitions les plus simples, comme
43., contenu exact (d'une lettre), Act. les plus compliquées, laissent à l'arbi
23, 25. traire une marge considérable.
3° Un modèle à suivre, un exemple dont On peut se borner à dire avec M. Guers
nous devons tirer des leçons, 2Thess. 3, que : « nul type ne doit être reçu que
9. Tite 2, 7. etc. sur l'autorité de la parole de Dieu ; tout
4° Ce mot désigne encore dans l'Ecri symbole qu'elle ne sanctionne pas doit
ture certaines choses qui appartenaient à être rejeté : tout symbole qu'elle admet
l'économie de l'Ancien Testament, les doit être reçu avec une entière soumis
TYP , 503 TYP
sion de foi; ainsi, par exemple, celui du avancer la question, et ces définitions ne
tabernacle. » définissent rien.
On peut avec G. des Bergeries, rédui , On peut, comme on le fait habituelle
"re à quatre les marques d'un véritable ment, distinguer les types en personnels,
type. La première, si l'Ecriture pronon sacramentels, rituels, lévitiques, dogma
ce quelque part que telle chose charnelle tiques, locaux, etc., ou bien admettre
est le type, le signe ou l'ombre d'une avec Bickersteth des personnes typiques
chose spirituelle. La seconde, si le nom (Adam, Melchisédec), des chOses typi
ou la description d'une chose décrite, ques (l'arche de Noé, la manne), des in
prédite ou instituée sous l'Ancien Testa stitutions (la circoncision), des lieux (les
ment, est appropriée à une chose spiri villes de refuge), des instruments (le
tuelle sous le Nouveau. La troisième , si chandelier d'or), des offrandes et sacri
l'on ne peut apercevoir aucune raison fices (presque tous), des époques (la pâ
pour laquelle une chose est instituée, si que, la pentecôte), et enfin des purifica
ce n'est en ayant recours à quelque mys tions typiques (la purification de la lèpre);
tère de type. La quatrième, si la chose l'admission ou le rejet de tous ces types
instituée dans le Vieux Testament a une dépendra évidemment de la définition mê
belle et naturelle analogie avec une autre me qu'on donnera du mot pour commen
chose spirituelle qui appartienne à l'Evan cer. Car tout est là.
ile. • Ce sont les Pères de l'Eglise qui, les
Malgré la forme, tout cela est singuliè premiers, et par une fausse spiritualité
ment vague. dont ils ont donné d'autres preuves en
On peut encore dire avec le ministre core, ont ouvert cette abondante carrière
Reymond, éditeur du livre de Bergeries : de types; c'était dans leur caractère et
« Sans être de ceux qui voient des types dans la nature de leur foi. Leur maxime
partout, qui poussent la manie des types était que « les paroles des livres saints si
jusqu'à la licence, nous pensons cepen gnifient tout ce qu'elles peuvent signifier, »
dant que nous pouvons et devons cher et Augustin ne s'est pas rappelé cette au
cher un sens mystique et figuratif dans tre maxime si sage, qu'il avait lui-même
bien des faits, dans bien des récits et formulée : « En pressant le raisin, on
dans maintes circonstances où nous IIe obtient du vin, mais en le pressant trop,
soupçonnons pas de sens caché. Qui au on obtient une piquette amère. « Ils ont
· rait vu et trouvé, avant l'apôtre Paul, une voulu aller au-delà de ce qu'avaient fait
institution typique dans la défense d'em les apôtres, et pour les imiter et perfec
museler le bœuf qui foule le grain ? Il en tionner leur ouvrage, ils ont cherché et
est de même de l'allégorie qu'il tire d'A- trouvé partout des sens typiques et allé
gar et de Sara : le plus spirituel des chré goriques. -
tiens n'aurait osé voir dans ces deux fem Ainsi le pressoir où Gédéon battait son
mes l'alliance des œuvres, et l'alliance de blé, le blé qu'il battait, l'ange qui lui ap
grâce. Nous ne nous serions pas avisés paraît, l'arbre sous lequel se fit cette ap
davantage de chercher des types dans ce parition, tout enfin, dans l'Ancien Testa
qui arriva aux enfants d'Israël au désert, ment, est devenu pour eux des types. Jus
et cependant le même apôtre nous ap tin et Clément d'Alexandrie ont frayé
prend que « ces choses leur arrivaient cette voie dans laquelle se sont jetés plus
en figures, et qu'elles sont écrites pour ou moins Chrysostome, Bernard , Am
notre instruction (1 Cor. 10,). » Les types broise, Grégoire, Jérôme même, et par
de Jonas, de Jérusalem et de son temple, dessus tous Augustin et Origène. « Le
ne se seraient pas d'abord présentés à fils de Dieu, dit Augustin, est appelé la
, notre esprit, et cependant le Nouveau vigne, car c'est lui qui était figuré par la
| Testament ne laisse pas la moindre in grappe de raisin que les deux espions
, certitude à cet égard. » rapportèrent de Canaan, suspendue à un
Toutes ces assertions, car on ne sau bâton, pour marquer le Sauveur sus
- rait les appeler autrement, ne font pas pendu à la croix. Les deux hommes qui
TYP 504 TYP
prélats chantant la messe, n'y sont que qu'on classât ces objets parmi les types,
parce qu'il est écrit au Ps. 60 : « Je jet fussent-ils dépourvus de tout témoignage
terai mes souliers contre Edom » , leurs biblique. Les autres, au contraire, mal
gants viennent de ce qu'il est écrit : gré ces témoignages, n'inspirent que des
« Que votre main droite ne sache pas ce doutes sur leur nature emblématique. Ils '
que fait votre main gauche » (Matth. 6, 3.); offrent, avec les objets chrétiens, des rés- "
et ces gants sont de peau, et non pas de semblances tellement accidentelles, qu'ils
soie ou de filoselle, parce que Jacob avait donnent naissance à une forte objection,
les mains couvertes de peaux quand il sur non-seulement contre leur qualité de ty
prit la bénédiction d'Isaac (Innocent III, pes, mais encore contre celle des objets !
liv. I des Myst., chap. 41 et 57., v. Puaux, de la premiére classe, par la difficulté ap
Anat. du Papisme, p. 265.) parente de poser entre eux une ligne de
De pareilles aberrations font naturel démarcation. , , , , , !
lement réfléchir. On aurait tort sans doute Si l'on savait mieux distinguer entre
de conclure de l'abus contre l'usage, mais types et comparaisons, on limiterait ra
On est conduit à examiner les titres mêpidement le nombre des premiers, etl'on
mes de l'usage, et la question se pose serait plus libre de donner, en bonne
encore ici : que faut-il entendre par un conscience, carrière à son imagination
type ? pour ce qui concerne les autres. Le Nou- .
Lorsque nous examinons nos saints li veau Testament lui-même, qu'on invoque,
vres, nous trouvons un assez grand nom serait interprété d'une manière plus judi
bre de comparaisons que Jésus-Christ et cieuse et plus simple, et l'on ne se heur
les apôtres ont établies entre certains ob terait plus contre certaines comparaisons
jets des deux alliances, qui paraissent que les plus intrépides défenseurs des ty
renfermer des figures de Christ et de ses pes reconnaissent qu'ils n'auraient eux
bienfaits. C'est ainsi que par rapport à la mêmes pas eu le courage de considérer
TYP 505 TYP
comme tels ; ainsi Gal. 4, v. plus haut. bre en comparaison du corps, de la réali
La Bible ne donne pas des directions té qui est Christ, cf. encore Tit. 3, 9.
très précises sur le sujet des types, qui Hébr. 7, 18. 8, 6. Paul rabaisse évidem
est bien loin de jouer chez elle le même ment la loi de Moïse pour relever celle de
rôle que dans quelques-uns des ouvrages Christ.
de notre littérature religieuse, ancienne Hébr. 8, 5. 9, 23. Le tabernacle et les
et moderne. L'Ancien Testament garde objets du culte sont appelés une image
sur ce point un silence complet (sauf peut et une Ombre des chOses du ciel. La fin
être Deut. 10, 16. Jér. 4, 4., qui donnent du premier de ces deux versets (le second
un sens figuré à la circoncision, et Ps. 110, n'est qu'un parallèle du premier) explique
où le sacerdoce de Jésus-Christ est com le sens de l'image : le tabernacle n'est pas
paré avec celui de Melchisédec). Quant au appelé l'ombre de quelque chose à venir,
Nouveau Testament, il renferme quelques mais la simple et grossière copie du mo
passages peu nOmbreux qu'On a l'habitude dèle que Moïse avait vu, l'imparfaite imi
d'invoquer, et qui méritent d'être exami tation de quelque chose de plus relevé :
nés sous ce point de vue. c'est donc moins un type qu'une copie,
Le passage classique, fondamental, est un souvenir, et ces passages ne sauraient
1 Cor. 10, 6.: « Ces choses ont été des suffire à fonder une doctrine.
exemples (grec, types) pour nous. » Il Nous ne prétendons pas que l'écono
s'agit des Corinthiens, dont la vie n'était mie juive n'ait aucun rapport avec le
pas en harmonie avec la doctrine chré christianisme, car presque partout leurs
tienne, et qui pensaient qu'après avoir rapports généraux sont indiqués d'une
reçu le baptême et la sainte cène, ils manière générale; mais ces rapports, se
étaient enfants de Dieu, indépendamment lon nous, tiennent plus à la nature des
de la réalité de leur foi. Saint Paul leur choses qu'à une institution, ou intention
rappelle des faits analogues de l'Ancien proprement dite, et sont tels qu'on doit
Testament, la traversée de la mer Rouge, les attendre de deux révélations données
le séjour sous la nuée, la manne du dé par le même Dieu, et qui ne diffèrent
sert, l'eau du rocher, et il conclut : « Mal qu'en ce que l'une est plus étendue et
gré ces grâces signalées, nos pères n'en plus parfaite que l'autre. Il y a d'ailleurs
ont pas moins péri à cause de leurs pé une similitude générale dans toutes les
chés... Ces choses sont pour nous des opérations de la Providence, et une ana
exemples (types), afin que nous ne nous logie des choses, dans le monde moral
abandonnions pas à nos mauvais désirs, aussi bien que dans l'ordre naturel, d'où
comme ils firent. » L'idée d'exemple do il est aisé d'argumenter par forme de pa
mine évidemment : les types regardent rité, et il est même très commun de le
l'avenir et l'annoncent. Paul, ici du moins, faire.Ainsi la chenille, tour à tour ver,
ne considère pas les faits sous ce rap chrysalide et papillon, peut très bien re
port; il voit dans le passé des souvenirs présenter la vie, la mort, et la résurrec
qui doivent être utilisés dans le présent. tion de l'homme, sans qu'on veuille affir
Le mot type importe peu. mer, pour cela, que les chenilles ont été
Col. 2, 17. La loi est appelée par l'a- créées spécialement pour préfigurer notre
pôtre l'ombre, la figure des choses à ve destinée. De même encore les livres saints
nir. De même encore Hébr. 10, 1. (aziz comparent la fragilité de la vie et de la
gloire de l'homme aux fleurs qui se fa
ro» ut)io»ro»). Mais la simple lecture de
nent, sans qu'on imagine de voir là autre
ces deux passages prouve que, si l'idée de
ressemblance entre pour quelque chose chose qu'une comparaison pure et simple.
dans la pensée de l'apôtre, cependant Les deux révélations, qui ont la même
c'est l'idée d'infériorité surtout à laquelle
origine et qui tendent vers un mème but,
il s'attache. La circoncision, la distinc
ne sauraient autrement que d'avoir de
tion des mets, différents jours de fètesnombreux points communs ; mais vouloir
institués par Moïse, sont les faibles etque chaque détail de l'une soit l'annonce
pauvres rudiments de Gal. 4, 9., une om d'un détail analogue dans l'autre, c'est
TYP ·506 TYP
à la fois puéril et dangereux. est vrai, et conclure que tout ce qui res
Les types, comme on l'a dit plus haut, semble, de près ou de loin, à l'un des
ne peuvent exister pour nous que s'ils traits de la vie de Jésus, fût destiné à
existaient déjà pour ceux à qui ils étaient l'annoncer, ce qui serait faux, et d'ail
nécessaires. A nous, ils ne nous impor leurs prouverait trop.
tent, non plus que les prophéties, que com Deux grands caractères doivent donc
me les détailsde ce vaste ensemble prépa être réunis pour qu'il y ait type : il faut
ratoire qu'on appelle le mosaïsme; les ty 1° que le symbole annonce Jésus-Christ,
pes ne nous annoncent rien, les prophéties et 2° qu'il l'annonce assez clairement pour
déjà accomplies ne nous annoncent rien. que les Juifs aient pu le comprendre.
Pour les Juifs au contraire, les types, C'est presque dire : il faut que les types
comme les prophéties, devaient être une aient été utiles. Avec cette définition sur
révélation de l'avenir dans un sens spé la rédaction de laquelle nous ne voulons
cial ; c'était là leur but; ils n'avaient par pas insister , mais qui nous paraît tout
conséquent pas le droit de se cacher : comprendre, on n'acceptera guère com
c'était une des conditions de leur exis me types véritables que a) les sacrifices
tence. M. Robert Haldane, dans un de ses en général, b)l'agneau pascal, c) la grande
meilleurs ouvrages (Evid. de la div. Rév., fête des Expiations, et peut-être d) la va
p. 227 et suiv.), a pressenti, sans la for che rousse, e) le sabbat, f) le tabernacle
muler, une règle qu'il n'a pas suivie lui dans son sens le plus général. (M. Guers
même, et qui renferme le germe de la qui, dans son ouvrage Le Camp et le Ta
doctrine sur ce point : « Le plan prépa bernacle, paraît avoir eu pour but de
ratoire de la venue du Messie, dit-il, était combattre les exagérations des frères de
amené à sa fin... par une série de phé Plymouth, a lui-même encore poussé le
nomènes typiques et paraboliques qui figurisme un peu loin ; par exemple, dans
frappaient les sens, par lesquels l'œuvre ses réflexions sur « la position du propi
de la rédemption était figurée et restait tiatoire entre le coffre de l'arche et la
sous les yeux des hommes. » C'est en ef gloire de Dieu, » p. 286, sq. Et nous
fet l'idée de la rédemption que nous de mêmes, dans le cours de ce long ouvra
vons surtout rechercher dans les types; ge , nous avons fait bien des concessions
mais il ne faut pas oublier, et cela res à l'habitude, mais on verra plus bas dans
sort de ce que dit M. Haldane, que c'est quel sens.) -
fortes encore : ad 1 Cor. 10, 11. « Puta C'est ainsi, mais de cette manière seu
re, dit-il, quicquid Deus promisit vel lement, que nous pouvons comprendre
prœstitit Israelitis, tantum prœfigurasse l'extension donnée au système des types;
quod reverà post adventum Christi im c'est dans ce sens que nousy avons adhé
pleri debebat, pestilentissimum est deli ré en plusieurs endroits, et que nous
rium. » —Et Saurin : « Ceux qui ont fait pouvons accorder à la typologie une cer
attention à l'origine des hérésies dans la taine influence sur la vie religieuse, L'é-
théologie et la morale, reconnaîtront sans tude en est intéressante, et, puisque l'his
peine que ce même esprit, qui a porté à toire juive a été écrite pour nous, afin
établir la religion sur de faux arguments, qu'elle nous fournît des exemples (la seule
fournit des armes pour la combattre, et histoire, sans doute, qui ait été écrite dans
que l'erreur reprend insensiblement sur ce but), nous ne pouvons pas trop l'é-
la vérité par cette façon de raisonner, plus tudier sous ce rapport. Le Nouveau Tes
que la vérité n'avait pris sur l'erreur. » tament, d'ailleurs, nous y convie; ce qui
Mais si l'on doit rejeter, comme n'é- était le premier n'était pas ce qui est spi
tant pas d'institution divine, la plupart rituel, 1 Cor. 15, 46. Le développement
des rapprochements auxquels on a donné successif de la même vérité sous diverses
le nom de types dans le sens qu'on atta formes, les résultats divers des divers
che d'ordinaire à ce mot, on n'en a pas états de développement, les nombreuses
moins le droit de faire, pour son usage comparaisons de l'Ancien Testament avec
personnel, des rapprochements et des le Nouveau, tout nous montre d'abord un
comparaisons qui, souvent, peuvent être but immédiat d'instruction, puis l'ache
utiles à la foi et développer la piété, pour minement graduel à un ordre de choses
vu que là encore on évite l'exagération. supérieur, et enfin un plan unique, pro
Il est évident que l'Ancien Testament, qui fondément médité, et parfaitement d'ac
était une économie charnelle, renferme cord avec lui-même. L'histoire, les hom
bien des choses, des faits, des récits, des mes, les institutions du judaïsme, solli
exemples, qui étaient de nature à élever citent notre attention autant que les pro
l'esprit des Juifs vers un ordre d'idées phéties, et prouvent que ce qui a fini par
plus spirituel. A cet égard, nous accepte être, Jésus-Christ, n'était que la grande
rions volontiers une théorie qui, en clas consommation de ce qui avait été long
sifiant les types d'après leur degré, ferait temps préfiguré d'avance , le corps de
ressortir ce qu'il y avait de caché, de l'ombre , l'accomplissement parfait de
symbolique, dans l'ensemble de la légis pressentiments imparfaits, la concentra
lation et de l'histoire des Hébreux. Aux tion de tant de rayons épars, la clef de
types sacramentels qui, outre les deux tant d'énigmes,l'explication et la réalisa
caractères indiqués plus haut , empor tion de faits isolés, qui n'eussent, sans ce
taient encore l'idée d'obligation, de de grand fait, jamais été compris, jamais été
voir, tels que le sabbat, les sacrifices, dignes de l'être.
nous joindrions, comme formant une se
conde catégorie, les types spirituels des VAUTOUR. La nombreuse famille des
tinés à élever l'âme au-dessus de la loi oiseaux de proie semble désignée en hé
VAU 509 VAU
breu sous le nom général de nésher, qui par des habitudes un peu sociables; il ne
cependant s'applique le plus habituelle lui faut pas à lui seul, comme à l'aigle,
mens à l'aigle, parce que c'en est l'espèce un grand espace de terrain à exploiter;
la plus répandue et la mieux connue. Les il vole par bandes, et quelques natura
Hébreux avaient en outre, pour chaque listes modernes ont relevé ce trait par
espèce, des noms particuliers, et l'on ticulier dont ils font même un des carac
croit que le mot daiah désigne une es tères distinctifs de l'espèce. Quant au
pèce de vautour. Cet oiseau est classé, genre il y a naturellement plus d'incerti
Deut. 14, 13., au nombre des viandes tude encore ; on pense, et c'est le plus
impures; Esaïe, 34, 15., le distingue d'au probable, qu'il s'agit du vautour commun,
tres oiseaux d'une espèce voisine, et le ou cendré (vultur cinereus), oiseau plus
dépeint comme vivant par troupes. Les gros que l'aigle ordinaire, au plumage
anciennes versions, qui, du reste, ne sont brun foncé, dont les grosses plumes seu
pas d'accord eutre elles, ne favorisent les sont entièrement noires. Au bas de la
guères cette interprétation, mais leur té nuque, il a comme une large tache bleuâ
moignage sur ce point n'a pas une gran tre, presque dégarnie; autour du col,
de portée, et ce qui appuierait la traduc une espèce de collier de plumes grisâtres
tion du daïah par vautour, c'est ce fait, qui s'avancent jusque sur la poitrine.
déjà remarqué par Aristote (Anim. 6, 5. D'après les Septante et Saadias, le daah
º, 3t. ), que le vautour est de tous les de Lév. 11, 14. désignerait aussi le vau
Oiseaux de proie le seul qui se distingue tour, mais ce n'est pas probable.
-
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INDEX
Des principaux passages de la Bible, traduits, commentés, ou expliqués dans ce
DICTI0NNAIRE.
(Les chiffres romains I et II indiquent le volume, les chiffres arabes la page, et les lettres a et b
la 1re et la 2e colonne.)
15, 350 a.
10, 12. sq. I. 520 sq.
30, 192 b.
10, 40. 11, 2. II, 345 b.
5. Sq. 251 a.
11, 4. , 187 b.
17. sq. 297 a.
11, 27. 12, 7. II, 338 a.
186 a. 383 a.
12, 9. 18, 22. I, 137 a.
189 b.
12, 23. I, 399 b.
297 a.
13, 3. II, 356 b.
291 a.
342 a.
| 13, 24. sq. I, 373 b.
18, 8.9. I, 174 a.
233 b.
19, 26. I, 567 a.
135 a.
19, 34, sq. 20, 7.II, 97 b.
65 a.
22, 10. II, 12, b.
4 62 a.
24, 33. I, 398 b.
270 a.
193 b. JUGES.
7, 3. l, 376 b. 4. II, 50 a. -
9, 7. sq. I, 10 b.
2° LIVRE DE sAMUEL.
9, 37. I, 192 b.
10, 3. sq. I, 468 b. 1.sq. II, 328 a.
11, 1. sq. I, 482 b. 48. l, 470 b.
12, 7. I, 376 b. 7. I, 212 b.
13, 10. II, 311 b. 3. sq. I, 443 b.
14, 8. l, , 5 a. 5. 14. I, 265 b. -
RUTH.
34 . I, 188 b. II, 155 b.
23. I, 113 a.
2, 16. sq. II, 65 a. 1.sq. II, 49 b. 50 a. ' ,
4, 1.-10. l, 559 b. 2. I, 441 b. , 'l
4, 6. 7. II, 300 a. 26.sq. I, 18 a. II, 354 b. **
1er LivRE DE sAMUEL. 1.sq. II, 36 a. ,- !
19. I, 369 b. - ,ºi
2, 27. II, 237 b. 6. I, 366 b. -! .. !
5, 6. sq. II, 183 b. 4 1. I, 178 a. eº ,ur
6, 1 4. I, 523 a. 33. I, 19 a.
7, 1. I, 321 a. 1. sq. II, 328 a.
8, 1. sq. II, 270 a. 19. I, 321 b. 542 b. .!
8, et 9, Il, 326 a. sq. 8. I, 470 b. ,i
10, 25. Il, 270 a. 20. I, 189 a. ſ ! ,-
13, 1. sq. II, 325 a. sq. 5. I, 411 b. .* t ,'.
13, 1. II, 326 b. 9. Il, 111 a. · '.
14, 2. Il, 55 a. 1er LIVRE DES ROIS.
14, 27. sq. II, 54 b.
1 4, 44. I, 450 a. 10. II, 346 a.
15, 33. II, 155 b. 7 34. II, 346 b.
16, 14. sq. II, 327 b. 3. II, 492 a.
16, 23. Il, 73 b. 9. Il, 304 b.
17, 4. I, 389 a. 223 b. 46. lI, 172 b.
17, et 18, I, 267 b. sq. 23. I, 183 b. 383a.II,221 a.
17, 26. I, 202 a. 33. I, 445 a.
18, 4. I, 178 a. • 28. l, 388 a.
18, 7.21,11. I, 265 b. 17. 18. lI, 391 a.
18, 25. I, 202 a. 1. I, 534 a. ,
12.
15.
1.sq. I, 513 b.
I,
II,
512
10
b.
a
7,
8,
9.
9.
8, 17.
I,
I,
Il,
362 a.
449 b.
241 b.
|
17. l, 23 a.
20. II, 347 a. J0B.
1. Sq. I, 23 a 1, 1. I, 443 a.
6. I, 23 a. 1, 3. ll, 126 h.
15. I, 367 a 1, 15. Il, 330 h.
24.34. II, 290 b 1, 17. I, 161 a.
2-15. II, 137 a 2, 7. I, 552 a.
5. Il, 223 a 3, 8. I, 557 a.
17. I, 561 a. 3, 13. 14. Il, 479 a.
5.33, 14. I, 487 b 4, 10.11. I, 572 b.
20. II, 346 b 4, 18. I, 56 1.
22. l, 442 b 6, 16. I, 177 b.
3. I, 83 a 12, 20. l, 507 a.
3. sq l, 517 b 16, 13.(20,14.)l, 363 b.
24. Il, 346 b 18, 13. Il, 233 a.
3. 4 I, 481 a 18, 14. II, 70 a.
8. I, 481 b 18, 17. I, 507 a.
10.20. I, 82 b. 355 a. 19, 24. II, 46 a.
ESDRAS - 19,
23, 25.
8. sq. II, 126
II, 478 b.a.
63. II, 430 a 28, 16. lI, 124 a.
6. I, 96 b. 28, 17. II, 438 a.
6.8.17. I, 554 a. b. 28, 18. II, 165 a.
9. 5, 6. I, 66 b. 30, 4. I, 388 a.
10. II, 129 b 31, 22. I, 334 a.
1 4. Il, 338 b 33, 15. II, 3ºº a
15. 6, 2. I, 435 a 38, 7 I, 55 b.
1.6, 14. II, 452 a 38, 31. II, 126 h.
#7# 2.
.1 1 .
I, 307 a
I, 89 a
38,
39,
36.
3.
II, tº
# # º,
d,
6. I, 343 a 39, 4. I ls a tº
1
27. II, 45 b 39, 8.9. I, 55 a.
8. I, 450 b 39, 9. II, 339 a.
NÉHÉMIE. 12. sq.
39, 16. 13. 568 b.
I, 107
1.12, 39. I, 488 b. 39, 29. I, 3ºi !
3. II, 263 b. 39, 30-33. I, 36 b.sº
5. I, 554 b. 40, 10 sq. l, lºº! l5l l.ll
10. II, 342 b. 40, 20. sq. I, 557 a º
65. II, 430 a. II ##
16. I, 488 b. 41, 15. ' § § 9m6 a 8: º
4. ll, 452 a. 42, 14. # # a 206 a !
22. l, 266 b. rsAtur .
13, 19. ll, 285 b. 11, 6 Il, # !
13, 28. II, 309 a. 16, 4 II, 473 a,
18, 33. I, 146 a. 1. I, 34 a.
21, 12. I, 334 b. 16. II, 479 a.
29, 6.22,21. I, 568 b 31 . II, 221 a.
29, 9. , 146 a. 17. 24. I, 178 a.
34, 1. , 38 a. 21 . II, 438 b.
40, 6.7. II. 289 a. ECCLÉSIASTE.
45, 1. , 586 a.
48, 2.3. II, 365 a. II, 469 a. sq.
55, 7. I, 206 a. 4. I, 307 b.
56, 8. II, 130 b. 8. II, 73 b.
57, et suiv I, 45 b. 11. 7, 29 II, 492 b.
58, 9. I, 341 b. 8. H, 439 b.
60, 1. Il, 424 b. 1. II, 71 a.
60, 8. II, 372 b. 181 b. 2. II, 113 b.
63, 10. II, 263 b. 5. II, 48 a.
68, 15. I, 206 b. 7. I, 172 a.
68, 30. Il, 216 a.
CANTIQUE DES CANTIQUES.
74, 8. II, 376 a.
78, 24.25, lI, 15 b. 4. II, 465 a.
80, 13. ll, 216 a. 44. II, 83 b.
81, 8. II, 40 b. 46. I, 257 b. 177, a.
83, 9. I, 541 a. 4. II, 279 b. 82. b.
84, 3. I, 434 a. 2. (4, 5.) I, 585 b.
84, 6. I, 111 b. 15. II, 263 b.
87, 4. II, 183 b. 8. I, 549 b.
88, 10. II, 259 b. 12. I, 366 a.
89, 12.42, 6. I, 425 b. 13. II, 83 b.
91, 5. II, 436 b. 1 4. I, 45 a.
92, 10. I, 568 b. 15. I, 366 a.
102, 6. I, 219 b. 5. II, 76 b.
104, 11. I, 55 a. 11. 7, 5. 4, 1. I, 194 b.
106, 28. I, 446 a. 4 2. I, 206 b.
106, 33. II, 40 b. 13. I, 586 a.
408, 9. II, 372 b. 5. I, 195 a.
120, 4. I, 387 b. 12. I, 407 b.
120, 5. II, 42 b. 13. II, 14 a.
121, 6. I, 583 a. 14.8, 2. I, 392 b.
133, 3. I, 426 a. II, 365 b » 6. II, 70 b.
137, 2. II, 328 b
ESAIE.
147, 9. I, 215 b
18. I, 227 b.
PRovERBEs.
25. I, 344 b. II, 46. b.
5, 19. I, 146 a. 186 a. 6. II, 126 b.
6, 21. II, 185 b. 20. I, 191 b. II, 388. a.
7, 16. lI, 413 b. 16. sq. I, 33 a.
16, 11. ll. 210 a. • 1. sq. II, 22 b.
19, 12. l, 572 b. 8. II, 216 b.
24, 23. II, 243 b. 22. I, 181 a.
25, 23. II, 436 b. 26. l, 333 b.
26, 2. I, 434 a. 28. I, 194 a.
26, 11. I, 196 a. 1. sq. I, 338 b.
26, 13. l, 572 b. 2. II, 347 b.
27, 26. 27. I, 195 a. 2. l, 336 b.
7, 18. 65, 44. I, 373 b.
8, 6. 66, 20. II, 72 b.
9, 1. Sq. JÉRÉMIE.
9, 2. a.
9, 4. 1, 11. I, 46 a.
10, 9. sq. 2, 26. 27 II, 208 a.
11, 6. 4, 5.(6,30) II, 335 a.
11, 12. 4, 17. , 65 b.
13, 21. sq. . 183. a. 5, 6. I, 549 bi 580. a.
44, 13. 7, 18. I, 295 b,
14, 23. 7, 31 . I, 433 a.
14, 30. 8, 7. I, 434 a. II. 446
15, 7. b 12, 9. I, 444 à.
15, et 16, :• 14, 5. I, 146 a.
17, 2. 15, 12. I, 301 al b.
48, 1. I, 253 17, 11. II, 221 a. 163 b.
19, 6.(37,25. )I, 315 18, 14. II, 97 a.
19, 8. II, 211 19, 1. 10. II, 55 a. -
LAMENTATIONS. I, 355
II. 110
4. 3. I, 107 a. I, 264
4, 7. II, 165 a. I, 115
4, 21. I, 443 a.
I, 264
5, 13. Il, , 48 b. Il, 74 SQ|.
5, 18. II, 263 b. y I, 131
- EzÉcHIEL. II, 167
I, 549
1, 4.27. Il I, , 37 b. I, 195
4, 9. · I, 334 b. 363 b. 549 a.
I, 64
5,
8, 17.
5. Il, 402 b.
d II, 368 b.
8, 14.d , 3 , II, 403 b.
10, 1. I, 193 a.
4
I, 96
II, 237
I, 541
#:
b.
I. 90 a.
zAcnAnIE. 458 b.
555 b.
II, 452 a. . Sq. I, 427 a. sq. 472b. s4
. II, 46'a. . Sq. II, 141 a. l, 214 a.
I, 337 b. I, 555 b.
I, 499 b. . SQ[. II, 192 a.
I, 403 a. 261 b. II, 61 b.
I, 54 a. II, 219 a.
11, I, 177 a. I, 500 a.
11, II, 24 b. II, 48 b.
14, I, 488 b. 349 a.
44 7 II, 369 b. 497 b. 185 b.
MALACHIE. 124 b.
. Sq.
3, 10. I, 297 a. 364 b.
. Sq.
476 b.
MATTHIEU.
1. Sq. , 478 a.
| »
1-16. (Luc 3, 23. sq.) I, 493 b. 185 a.
4 - 5. II, 256 a. 253 a.
4 » 4 1. l, 469 a. 494 a. ' 71 b.
4 • 4 6. I, 516 b. 121 a.
1• 25. I, 495 b. 453 a.
— 521 —
27,12.14.
27, 17.40. II, 437 b.
II, 432 a. GALATES,
ÉPHÉSIENS.
9, 3. I, 118 b. 2, 3. l, 183 a.
11, 17.24. II, 119 b. 4, 11. I, 352 a.
16, 7.9. I, 53 a. 75 b. 5, 25. Il, 467 a.
16, 21. II, 370 a. 6, 11-20. I, 88 a. 152 b.
16, 23. I, 479 b.
PHlLIPPIENS.
1 CORINTHIENS. l, 1. I, 353 b.
8. II, 40 b.
1 sq. Il, 506 b. 2, 6.15. II, 100 b.
5. 9, 23. II, 505 a. 2, 7. II, 467 b.
4. l, 82 d. 2, 9. II, 323 b.
7. S0[. I, 358 b. 2, 12. Sq. Il, 1 64 b.
26. sq. I,2 147 a. 2, 17. II, 199-
a.
34. sq. I, 5 a.338b. II, 155b. | # # lI, 45 b. 37 b.
2. I, 440 a. 2, 20. I, 490 b.
3, - 9. II, 323 b.
JACQUES. 6, 16. I, 154 a,
- 7, 5-8. l, 262 b.
11. II, 437 a. 9, 3. sq. II, 495 a.
20. ll, 460 b. 9, 7. sq. Il, 329 b. sq.
3. II, 377 a. 11, 1. 21, 15. ll, 280 a.
25. lI, 256 a. 11, 3-10. II, 389 a.
16. II, 232 b. 12, 4. sq. lI, 495 a.
1 PIERRE. 12,
13, 17,7.18. II,
II, 50
113 b.
b. 276 b.
23. Il, 467 a. 17, 5.12.18. II, 276 b.
4. 5. II, 194 a. 20, 1, sq. Il, 324 a.
# 21 . I, 120
-