Vous êtes sur la page 1sur 1124

DICTIONNAIRE

DE LA BIBLE CONCORDANCE RAISONNÉE

SAINTES ÉCRITURES
CoNTENANT, EN PLUs DE 4,000 ARTICLEs :
! la Biºtrºphie sacrée; — 2. L'Histoire sainte; - 3. L'Archéologie biblique ; — 4. La Géographie biblique ; —
l L'Hiſtoire naturelle biblique, la Botanique, la zoologie ct la Géologie ;-6. L'Esprit de la législation mosaique ;
- 1. Des lntroductions spéciales aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament; - 8. Des Essais sur diverses
º des Ecritures; - 9. L'Interprétation et l'explication d'un grand nombre de passages obscurs ou mal
ºuits; - tº. Des Directions pour l'étude de la prophétie, etc. -

i
PAR |

JEAN. AUGUSTIN B0ST


PASTEU R.

TOME PREMIER.

PA R1S

LIBRAIRIE PROTESTANTE,
RUE TRoNcHET, 2.

ºlMERIE DE MARC DUCLoUx ET CoMPAGNIE,


R UE sA 1 NT - B E N o 1T , 7.

4849
[ S / /O
l ' (.

PRÉFACE.

Sila destructivité est peut-être le caractère dominant de notre siè


de, si la destructibilité est le caractère de toutes les puissances qui
derthent sur la terre un point d'appui; s'il n'y a plus rien ici-bas
qui soit aujourd'hui respecté, si tout est ébranlé, si les royaumes se
dsolvent, si la propriété est menacée d'une transformation, si par
quelques-uns la famille est niée au point de vue humanitaire; si la
tiare pontificale, vulgairement appelée religion, est elle-même com
Pºmise, si les États de l'Église sont menacés dans leur existence
ºmme les Églises de l'État, si les puissances les mieux établies sem
bientèlreà la merci du premier vent qui souffle, il reste encore une
Pºnce que rien n'a jamais pu renverser, ni ébranler : une puis
ante quin'a pu être détruite ni par les révolutionnaires français du
liºhitmº siècle, ni par les révolutionnaires romains du dou
º et du seizième; une puissance contre Mquelle ont échoué les
dºgonmls de Louis XIV, et les flammes du clergé; une puissance
T" a résisté à la force plus délétère encore de l'oubli, de l'indiffé
rence, de l'ignorance, du mépris; une puissance que n'ont pu com
| "quiition,
de l
ni les moines oisifs des couvents, ni les moines furieux
ni ceux qui élevaient leurs bâtards sur le trône des
paº"º qui brûlaient Jean Huss; une puissance qui s'est mon
trée pu
ºrle que les supplices, plus forte aussi que la corruption ;
" Puissance enfin qui depuis dix-huit siècles toujours la même,

Ni584'7"74
toujours sereine et pure, préside à la chute de tous ses ennemis, offre
à tous les malheureux d'ineffables consolations, et reste seule de
bout, seule forte, au milieu des débris nombreux qui jonchent la
terre autour d'elle.
Cette puissance, c'est la Parole de Dieu.
Sa force, c'est de ne renfermer aucun alliage humain. Elle est es
prit et vie. Insensible à toute action terrestre, elle grandit par ses re
vers comme par ses succès, à l'inverse de tous les pouvoirs matériels,
ecclésiastiques ou civils, qui, souillés de terre, tombent par leurs
succès non moins que par leurs revers.
Il semble que la société moderne commence à le comprendre; elle
se détache toujours plus, et surtout en religion, de ces autorités sans
force morale qui pendant longtemps ont voulu s'imposer à elle. As
sez longtemps on lui a dit : Occupez-vous du matériel, je m'occupe
rai du spirituel. Et maintenant ce matériel lui pèse ; elle s'en effraye ;
elle veut, elle aussi, s'occuper du spirituel ; elle le cherche, mais où
le trouvera-t-elle? Dans l'énervante et fade lecture des romans et des

livres d'imagination? elle l'a essayé, et n'en veut plus. Dans les
préoccupations politiques? elle l'a essayé, elle a espéré, elle n'a trou
vé que déceptions. Dans la religion? mais laquelle? A laquelle don
nera-t-on ce nom? Dieu a permis que celle que Voltaire appelait l'in
fâme, et que la main des hommes ne saurait détruire, se détruisît
elle-même, qu'elle tombât de son propre poids, qu'elle arrachât elle
même le bandeau à ses prétendus sectateurs, et qu'elle leur dît : Je
ne suis pas une puissance spirituelle, je ne suis qu'une puissance ma
térielle; je ne succomºerai point; j'ai 300,000 baïonnettes pour me
soutenir. Il a fallu (Dieu l'a permis) qu'elle se montrât non point
la colonne et l'appui de la vérité, mais la fille des armes et du men
songe. Depuis longtemps on le soupçonnait, on le sait aujourd'hui.
Qui recueillera son héritage? -

Il n'y a plus que deux prétendants en présence, la Parole de Dieu,


et l'incrédulité. Le grand nombre sans doute se rangeront dans les
rangs de ce dernier, l'incrédulité, qui peut s'accommoder de toutes
les formes religieuses, parce qu'elle a la conscience qu'elle les dé
- VII -

truira toutes dès qu'elle le voudra. Le petit nombre se grouperont au


tour de la Parole de Dieu, et ils s'y grouperont tous, parce que l'idole
que quelques-uns adoraient encore par habitude ou par préjugé, se
décompose de jour en jour, et perd jusqu'à son prestige extérieur.
Les âmes pieuses de toutes les communions sentent le besoin impé
rieux de s'unir entre elles et de se séparer du monde. L'unité factice,
dont le pesant niveau a si longtemps écrasé les peuples et l'Église, ne
suffit plus aujourd'hui, pas plus en religion qu'en politique; le temps
des fictions est passé, parce que l'âge de majorité est venu. Une lutte
sourde, un travail souterrain s'accomplit au sein de toutes les sectes
de la chrétienté : le protestantisme n'est pas moins divisé que le ca
tholicisme, quoique par sa nature plus spirituelle, il ait moins à
souffrir à l'extérieur : dans aucun pays protestant on n'aurait songé
à faire venir de la troupe pour imposer un pasteur à ses paroissiens.
Mais si, chez nous, la lutte est plus théologique, plus ecclésiastique,
moins mondaine, elle n'en existe pas moins; si le principe de la li
berté, qui est la base de notre constitution comme Église, est lui
même notre sauvegarde contre les excès de la liberté, et ne nous pro
tége pas contre l'incrédulité; sous ce rapport même, parce qu'on n'a
pas l'habitude de se repaître de chimères, de se payer de mots, les
déchirements intérieurs sont plus visibles, plus sensibles, plus appa
rents, et l'on peut compter et classer nos diverses Églises. Mais ce
travail de décomposition, ce travail qui se fait partout, n'est que le
prélude nécessaire de la recomposition : la déformation annonce non
seulement une réformation, mais une transformation. L'énigme est
posée, mais elle n'est pas encore résolue, le mot n'en est pas encore
trouvé. Ce que l'on peut affirmer seulement, c'est que c'est autour
de la Parole de Dieu que l'Église chrétienne se constituera, des frag
ments de tous ces corps qui auront été brisés entre les deux écueils
de la superstition et de l'irréligion, du fanatisme et de l'incrédulité :
la Parole de Dieu sera la seule autorité de l'Église nouvelle, parce
que seule elle est infaillible et spirituelle, parce que son autorité a
déjà subi toutes les épreuves sans ployer et sans rompre sous aucune.
C'est même une chose assez remarquable déjà, quoiqu'on ne puisse
- VIII -

pas en conclure tout ce que les prémices feraient attendre, que la


Bible se soit créé un public en dehors du monde religieux qui fait re
poser sur elle ses espérances et sa foi. Les sciences profanes, la phi
losophie, la philologie, l'histoire naturelle, étudient cet antique do
cument d'un vieux monde passé, et viennent tour à tour lui rendre
hommage; nos grands historiens cherchent dans la divinité la clef, le
secret de l'histoire; c'est dans la religion que les littérateurs vont pui
ser leurs plus belles inspirations; les politiques, les économistes en
appellent à la Bible, et les journalistes même, dans l'examen des ques
tions sociales, empruntent à la législation hébraïque, aux discours
de Jésus, aux enseignements des apôtres des arguments dont le point
de départ, du moins, aurait bien étonné les encyclopédistes, et les
désorienterait tout à fait s'ils n'avaient pas, pour se retrouver en che
min, le point commun d'arrivée et de but. La Bible a rompu les
digues que les hommes avaient élevées pour la contenir, elle est en
trée dans le domaine public, le principe de la réforme a triomphé
comme triomphe toujours tout principe véritable; il reste maintenant
à le développer, à l'appliquer. C'est le moment de la crise. Tous les
partis ont fait cette expérience qu'il est plus aisé de remporter une
victoire que d'en profiter, et que l'organisation définitive est bien ra
rement accomplie par les mêmes mains qui ont fait la conquête.
Quels que soient les hommes nouveaux de cette œuvre nouvelle, et
quels que soient leurs devoirs, ce n'est que dans la Bible qu'ils pour
ront trouver et leur raison d'être et leurs moyens d'action. Ils ne se
ront pas appelés à créer ou à inventer; leur but peut être immense,
mais leur tâche continuera d'être modeste; ils auront à comprendre
la théologie, à l'appliquer, mais ils ne pourront pas en faire une nou
velle. Ils devront autant se garder de faire quelque chose de mo
derne, que d'évoquer les traditions de l'ancienne scolastique. La
simple, mais consciencieuse et savante étude de la Bible doit toujours
plus devenir à cet égard le grand juge des controverses, la règle de
la foi, le mobile de la vie; et cette étude n'est autre que la théolo
gie. Qu'il y ait encore bien des choses à comprendre, et même à ap
prendre, c'est ce qui est évident pour tous ceux qui n'auront pas un
parti pris d'avance de ne rien apprendre, et de ne rien oublier. L'é-
tude des prophéties et plusieurs points de la dogmatique renferment
des obscurités qui ne doivent point être éternelles, et l'on ne saurait
avoir tout dit, quand on a dit : C'est un mystère. Dans la pratique
le degré du renoncement à soi-même, le degré de l'amour que l'on
doit avoir pour son prochain (degré est un triste mot pour des choses
qu'on aime à se représenter comme devant être sans limites), les rap
ports des hommes les uns avec les autres, des riches avec les pauvres,
les droits et les devoirs d'un État chrétien, le point où la désobéis
sance à l'État devient un devoir pour le chrétien (dans la question du
service militaire par exemple), les divertissements légitimes, etc.,
sont autant de sujets sur lesquels il faut réfléchir encore, autant de
points sur lequels la théologie prononcera plus sûrement encore quand
elle sera débarrassée des préoccupations personnelles, des langes du
passé, et de l'ignorance accidentelle ou systématique de ceux que
l'on pourrait quelquefois croire ses représentants.
La théologie ! ce mot ne sera guère bien vu de tout le monde. On
l'a condamné pour l'abus qu'on en a fait.Aux uns il rappelle la sco
lastique du moyen âge; pour les autres il est le synonyme d'idéolo
gie ; c'est pour plusieurs une vaine théorie, une science faussement
ainsi nommée, la foi sans les œuvres, ou une pédantesque érudition.
C'est une chose assez ordinaire de faire porter aux systèmes la peine
des fautes de leurs partisans; le christianisme a été attaqué souvent à
cause de la conduite des chrétiens; la théologie, au même titre, a dû
pâtir des fautes des théologiens; mais l'imputation n'est pas plus
juste dans un cas que dans l'autre. La théologie ne diffère pas plus
du christianisme que la foi ne diffère des œuvres; la théologie c'est
le christianisme acquérant la conscience de lui-même ; la théologie
c'est l'étude des saintes lettres, la contemplation de Dieu en Jésus
Christ. , .
Sans doute on pourra dire encore qu'en définitive la théologie n'est
que de la théorie; mais ce que l'on ne dira pas, c'est le mal qu'un
semblable indifférentisme a fait à l'Église. Ce dédain pour la science
théologique est tout aussi légitime que le serait le mépris º, voyageur
- X -

pour celui dont les rêves ont imaginé l'application de la vapeur à la


mécanique. On peut se passer de la science théologique comme on
peut se passer des élucubrations astronomiques de tous ceux qui ont
tracé et calculé la marche des astres; ils ont travaillé dans le ciel, et
les praticiens sont sur la terre. Comme science, la théologie n'est sans
doute pas le christianisme, mais elle en est à la fois l'avant-garde, et
la sauvegarde. La théologie a souvent fait fausse route, mais qui nous
t dira combien de fois l'ignorance s'est jetée dans les travers du mys
ticisme ou de l'incrédulité? Qui nous dira les écueils contre lesquels
sont venues se heurter des âmes simples et sérieuses naviguant sans la
connaissance des eaux ? Qui nous dira combien de fois, en marchant
sur cette terre inconnue, à tâtons au milieu de précipices dont rien
n'indiquait la présence, des âmes pieuses et des Églises entières ont
versé pour ne se relever qu'avec peine, ou ne point se relever, et com
promis ainsi une cause qu'elles voulaient servir avec zèle, mais sans
connaissance ? Qui nous dira jusqu'à quel point cette ignorance n'a
pas, de nos jours encore, fatalement influé sur la durée, la profondeur
et la réalité du réveil religieux, dont on avait pu concevoir tant et de
si belles espérances! Pourquoi si peu de fruits après tant de fleurs?
Ah! sans doute, lorsque la foi est ce qu'elle doit être, vive, enfantine
et pure, elle peut suppléer à la connaissance, parce qu'elle est elle
même la démonstration des choses qu'on ne voit point. Mais elle ne
le peut qu'à la condition d'être entière et sans tache ni défaut. Elle
ne le peut aussi que parce qu'il est dans sa nature même de ne point
rester incomplète, mais de s'aggréger la connaissance, de s'appro
prier la science, de croître en s'assimilant tous les éléments de la ré
vélation. Elle ne veut perdre aucune des paroles qui lui ont été don
nées comme « propres à enseigner, à instruire, à convaincre, pour que
l'homme de Dieu soit accompli, et parfaitement instruit pour toute
bonne œuvre. » Elle ne se contente pas de connaître en partie, elle
aspire à connaître parfaitement. Du jour où I'ignorance cesse de lui
peser, c'est que l'indifférence a commencé ; c'est que la foi languit ;
alors cette plénitude de vie et de force qui la soutenait au milieu des
difficultés de la route l'abandonne; alors aussi cette connaissance qu
- XI -

était pour elle un besoin intérieur, devient pour elle, bon gré mal
gré, un besoin extérieur. La force qui lui manque au-dedans, il faut
qu'elle la retrouve au dehors ; après comme avant, à la foi il faut
ajouter la science. C'est une nécessité pour l'individu comme pour
l'Église.
Il suffirait d'ailleurs pour s'en convaincre de consulter l'état de
nos paroisses, ou de lire quelques-uns de ces pâles sermons, maigres,
étiques, sans substance, dont on les repaît si habituellement en tant
de lieux. De la morale, de la dogmatique, délayée en trois points
filandreux, de bons vœux, sans doute, parfois des descriptions pa
thétiques, de touchants tableaux, mais le retour invincible aux lieux
communs, au cadre tout fait, au moule convenu, enfin l'horreur des
questions élevées et précises, scientifiques et complètes ; voilà ce qui
leur a valu depuis un certain nombre d'années cette réputation de
somnolence dont ils auront de la peine à se débarrasser. Et pour peu
que cela continue quelque temps encore, nous n'aurons bientôt plus
grand'chose à envier sous ce rapport aux prônes des curés de village ;
nous aurons même le pittoresque de moins. Les paroisses de leur côté,
ou plutôt les paroissiens, ne cessant d'entendre les mêmes choses
sous toutes les formes, et ne distinguant plus les sermons que par les
textes, ne tardent pas à s'imaginer qu'ils en savent aussi long que
leurs conducteurs, et partant ils cessent d'étudier l'Écriture; bientôt
ils cessent même de la lire ; ils ne fréquentent plus le culte, ou s'ils
le fréquentent encore, ce n'est que par accident. On a des anciens
qui ne connaissent plus, même les éléments de la vérité religieuse, et
des catéchumènes dont l'unique préoccupation, puisqu'ils en savent
autant que leurs pères, est d'avoir vite expédié la formalité de l'in
struction religieuse. Il en est sans doute autrement dans les grands
centres, où, sur le nombre, il s'est conservé un noyau vivant de ces
chrétiens de la vieille roche qui veulent encore que la Bible soi étu
diée comme elle doit l'être, sérieusement et à fond ; et ce qui prouve
le mieux en faveur de l'idée sur laquelle nous croyons devoir insis
ter, c'est ce double fait que, partout, ceux qui ont la foi cherchent à
la nourrir et à la fortifier par l'étude de l'Écriture, partout aussi, ceux
- XII -

qui n'ont pas la foi négligent jusqu'à la simple lecture de la Parole


de Dieu.
Et qu'on ne dise pas que cette étude suffise à elle seule et sans au
cune espèce de secours. L'Écriture a beau être simple et claire comme
le jour, pour tout ce qui concerne les points essentiels de la morale
et de la foi, elle n'en renferme pas moins des difficultés de fait, ma
térielles, résultant pour nous des temps et des lieux où elle a été
écrite. On dira sans doute, pour pouvoir continuer de dormir, que
les détails importent peu lorsqu'on est sûr de l'ensemble, et que,
pourvu que les points fondamentaux soient solidement acquis, et
clairs à entendre, on peut se passer de l'intelligence de tout ce qui
n'est que matériel, lettre, et non esprit. Avec ce faux spiritualisme,
invoqué déjà par les docètes, avec cette spirituelle paresse, avec ce
dédain pour les faits et pour les détails, on ira, et l'on a été déjà
plus loin qu'on ne voulait. Le Verbe éternel du Père a été mis dan
un corps humain : les Juifs n'ont crucifié que la matière. La Parole
divine a été incarnée dans un livre : ceux qui le brûlent ne brûlent
que la matière, du papier. On reconnaît la divinité du Saint-Esprit,
mais on nie sa personnalité; on garde l'esprit, on ne repousse que
la forme : on n'a plus qu'un pas à faire pour prétendre, avec Strauss,
conserver l'esprit du christianisme et rejeter le Christ historique, le
mythe, la forme, la matière. Mais, comme en général on est trop
faible, trop inconséquent pour pousser jusqu'au bout les principes,
on taxera d'exagération ces déductions, car la pratique habituelle ne
les justifie pas. Eh bien! l'on aura autre chose. Vous aurez un bon
frère du Béarn qui lira, dans une assemblée chrétienne, la parole
de Jacques : « L'homme est justifié par les œuvres et non par la foi
seulement», et qui, pour tout commentaire de la doctrine de l'apô
tre, vous dira simplement « qu'il y a là sans doute une faute d'im
pression. » Vous aurez tel autre bon frère de la Suisse française, qui
fera un commentaire de dix minutes sur la chrétienne naïveté de

saint Paul qui nous dit : « Il vaut mieux se marier que de sE brûler.»
Vous aurez surtout cette foule de petits docteurs qui ont le bonheur
de ne douter de rien, qui, non-seulement, ne diront pas avec So
- XIII -

crate : Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien ; mais qui
ne diront pas même avec saint Paul : Je ne veux savoir autre chose
que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié. Docteurs irréfragables, mais
non pas angéliques, ils savent tout, affirment tout, et n'admettent
pas même qu'on puisse avoir un autre sentiment que le leur. Si vous
leur faites quelque objection, ils vous citeront, avec plus de mé
moire et de piété que d'intelligence et de sens, une foule de passages
qu'ils comprendront peu, mais dont ils refuseront de discuter la si
gnification réelle; genre de controverse facile, et dont on trouve des
exemples ailleurs que chez ceux qui sont simples de langage, de
fortune, de titres ou de position. Et si c'est à l'orthodoxie qu'on peut
surtout adresser ce reproche, c'est que, seule aussi, elle risque de
tomber dans cet excès : l'indifférence religieuse a tout l'aplomb de la
sagesse et les plus parfaits dehors de la langueur et du marasme. Les
uns ont un zèle sans connaissance, on le leur reproche souvent; les
autres n'ont ni zèle ni connaissance, et c'est ainsi qu'ils se maintien
nent en équilibre. Les premiers lisent la Bible, mais ils ne l'étudient
pas ; les autres ne lisent rien, ou bien ils lisent des romans ou des
journaux. Il serait instructif, sous ce rapport, de comparer le nombre
des protestants de langue française, avec l'écoulement moyen des pu
blications qui leur sont adressées, en ne prenant même que les pu
blications hors ligne par le talent, et qui s'adressent à toutes les in
telligences, à toutes les consciences, à toutes les convictions. Quoi
qu'il en soit, on lit peu ; on ne se nourrit pas, il semble que chacun
tienne à ne se plus nourrir que de sa propre substance, et l'on aura
beau dire, ce ne sera jamais une nourriture fort substantielle ; les
individus languissent, et l'Église ! l'Église elle-même, elle a fait ses
preuves, et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle languit aussi,
c'est qu'elle est affaiblie, c'est que ces temps généreux et forts des
Dubosc, des Jurieu, des Basnage, des Dumoulin, des Drelincourt,
des Duplessis-Mornay, sont passés et n'ont laissé aux siècles qui de
vaient suivre qu'un souvenir toujours vénéré, mais qu'on n'a ni le
courage, ni parfois même le désir d'imiter.
Nous possédons d'excellents ouvrages de controverse, de dogma
- XIV -

A
tique, d'histoire, d'excellents recueils de sermons; notre littérature
religieuse a des richesses de circonstance : elle possède aussi quelques
travaux d'un intérêt général, mais il y en a peu dans le nombre qui
aient directement pour objet l'étude et l'explication de l'Écriture
sainte.

Cette lacune, j'ai essayé de la combler, du moins en partie. L'em


pressement avec lequel l'annonce de cette publication a été reçue
presque généralement, prouve qu'un travail de ce genre était désiré,
: et que le Dictionnaire de la Bible répond à un besoin réel et senti.
L'ouvrage est maintenant entre les mains du public; je n'ai plus à
en expliquer la nature, et chacun pourra voir si j'ai réalisé les pro
messes de mon prospectus. « Le Dictionnaire, disais-je, traite de tout
ce qui est matériellement et naturellemement obscur dans la Bible,
des mœurs, des lieux, des hommes, des noms de plantes, d'ani
maux, de minéraux, etc. J'explique par un mot la signification des
noms hébreux conservés dans les traductions, je rapporte les étymo
logies, les divisions, les opinions diverses; j'ai cherché à donner
des définitions claires et précises, et à éviter tout ensemble les ré
pétitions inutiles et la confusion qui résulterait d'une trop grande
| concision.-J'ai conservé la chronologie d'Ussérius.—J'ai cherché à
mettre à profit la plupart des ouvrages de notre littérature religieuse,
et comme mon travail a pour but l'instruction plus que l'édification
proprement dite, ou plutôt, comme il se propose l'édification de
, l'Église par son développement intellectuel, je suis sobre de ré
flexions, mais je cite habituellement les ouvrages, dissertations,
sermons, commentaires, etc., qui peuvent suppléer à ce que je suis
forcé d'omettre ou d'abréger. » — Je n'ai pas consacré d'articles
spéciaux aux noms de villes ou d'hommes qui ne se rencontrent que
dans les listes généalogiques ou dans les tables géographiques, sans
aucun détail qui les caractérise, parce qu'il n'y avait rien à en dire.
Le Dictionnaire de la Bible de dom Calmet, le Realwœrterbuch de
Winer, la Biographie sacrée de M. Coquerel, ont été mis à profit
pour la composition du présent travail, ainsi que les ouvrages spé
ciaux de l'Allemagne et de l'Angleterre, Harris, Horne, Haevernick,
Hengstenberg, Tholuck, Olshausen, Schrœder, Harless, Steiger, etc.
Quelques amis, MM. le comte de Saint-Georges, A. Bost, Fr. Cha
vannes, Arm. de Mestral, Chatelanat, Woringer, Golliez, etc., m'ont
fourni des articles ou des renseignements utiles. Je dois en particu
lier à M. de Saint-Georges les deux importants articles Déluge et
Création. Élève de l'École de Théologie de Genève, j'ai cru pouvoir
aussi me servir sans indiscrétion des notes de mes anciens maîtres,
auxquels je suis d'autant plus heureux de restituer publiquement une
partie de ce qui leur est dû, que vu le caractère privé de ces em
prunts, je n'ai pu citer chaque fois mes autorités, comme je l'ai fait
lorsqu'il s'agissait de livres tombés dans le domaine public.
Sans doute ce travail , le premier de ce genre qui ait été entrepris
dans notre Eglise, présentera des imperfections; je suis bien loin
de me le dissimuler, mais je ne veux pas anticiper sur la critique,
et surtout je ne veux pas me critiquer moi-même. Assez d'autres se
chargeront de ce soin; et je ne doute pas qu'ils ne soient plus in
dulgents que je ne pourrais l'être et que je ne le suis réellement.
Ils trouveront peut-être aussi que malgré ses imperfections, ce livre
occupera une place utile dans toutes les maisons chrétiennes, et
qu'il est de nature à rendre de vrais services aux familles et aux
Églises.
Quoique j'aie évité les articles de dogmatique proprement dits,
on s'apercevra aisément, et je ne m'en suis point caché, que mes
convictions sont celles qu'on connaît généralement sous le nom d'or
thodoxes, ou évangéliques. J'en bénis Dieu. Mais je ne le bénirais
pas si, sous un rapport quelconque, j'étais un homme de parti ; c'est
là une première réserve. Je n'aime pas les partis, et je n'ai jamais
su m'affilier à aucun; ils sont presque toujours faux, et les parti
sans risquent d'aliéner, entre les mains de leurs chefs, leurs doctri
nes, leur responsabilité, et leur spontanéité. Les partis creusent la
lombe de l'Église, parce que l'Eglise ne vit que d'amour, les partis
que de haine. —Je suis orthodoxe, mais je ne le suis que sous bé
néfice d'inventaire; c'est ma seconde réserve ; on la trouvera très
simple, parce qu'elle ressort de l'idée même du protestantisme, mais
- XVI -

aujourd'hui ce qui est simple et logique n'est guère à l'ordre du


jour. Toutes les fois donc que, dans les 1200 pages de ce livre, je
suivrai la route (d'autres diraient la routine) orthodoxe, je le ferai
non point par devoir, ou comme un parti pris d'avance, mais par
conviction personnelle et réfléchie, qu'il s'agisse d'une question
d'authenticité, d'un miracle, ou d'une interprétation. — Enfin, et
c'est ma troisième réserve, si pour moi l'orthodoxie est essentielle à
la vie, elle n'est cependant point la vie. C'est sur ce point surtout que
j'abonde dans le sens de cette vieille et vraie brochure de mon père :
Christianisme et Théologie, dont l'apparition a fait tant de bruit et
suscité tant de clameurs.

J'ai eu le temps de contracter bien des obligations depuis que j'ai


mis la main à l'œuvre, et je saisis avec joie l'occasion de remercier
ici collectivement les nombreux amis, connus et inconnus, qui m'ont
aidé, les uns de leur collaboration, les autres par l'appui chaleureux
et sympathique de lettres affectueuses auxquelles je n'ai pu répondre
toujours, mais que je conserve comme un des plus doux souvenirs
qui me restent de mon travail. Je dois en particulier des remer
ciements à mon collègue et ami M. le pasteur Bastie, qui a bien
voulu se charger de revoir la plus grande partie de mon manuscrit;
à M. Marc Ducloux dont le désintéressement a assuré la publication
de cet ouvrage, et dont l'intelligente activité a su tenir plus encore
qu'il n'avait promis; à M. Juste Olivier, enfin, l'ancien professeur
de l'académie de Lausanne, le poète populaire qui, lorsqu'il chantait :
Il est doux, il est doux d'avoir une patrie,
Des montagnes, des bois, un lac, un fleuve à soi,
Vignes, vergers, champs d'or, fraîche et verte prairie,
Un cimetière en fleur, un autel pour sa foi !
O qu'il est donc amer d'errer à l'aventure ,
Privé de tous ces biens!.... (1)

ne se doutait pas et ne pouvait guère se douter, qu'un jour ces pa


roles de l'exilé seraient les siennes, et qu'il ne pourrait plus chan

(1) Les Deux Voix, par Juste et Caroline Olivier.


:

- XVII -

lre du ter que de loin (1) cette belle patrie où Dieu l'avait fait naître, et
re, je où ses compatriotes s'étaient habitués à voir en lui le chantre et
º ſerai l'historien naturel de leur nationalité.

is par Les circonstances, en le portant ailleurs, m'ont favorisé d'une


estion collaboration qui m'a été d'autant plus précieuse qu'elle avait pour
in, et objet un travail minutieux et pénible, la surveillance et la vérifica
elle à tion de détails que l'auteur est, moins que personne, à même de
it que faire d'une manière convenable, et qui n'en exige pas moins tous
pére: les efforts d'une intelligence attentive et clairvoyante. M. Olivier a
nité ainsi contrôlé, la Bible sous les yeux, toute cette multitude de chif
fres qui y renvoient, afin de s'assurer que sur ce point capital, où,
e jai avec mon système de notation abrégée, le moindre faux trait de
ercier lettre ou de plume pouvait entraîner aisément et bientôt multiplier
de graves erreurs, les épreuves n'en laisseraient pas subsister.
Le lecteur peut donc avoir à cet égard une sécurité qui, surtout dans
les ouvrages du genre du mien, est une chose assez rare en typo
ºnlts graphie, pour qu'il soit juste de la mentionner ici. —Deux ou trois
IIeſ passages, sur lesquels il y avait eu un malentendu, ont été rétablis
bien dans le supplément.
rit, Je m'arrête. Cependant encore un mot, un mot pour moi plus
inn que pour le lecteur. Après dix années d'un travail pénible que n'en
courageait pas même la perspective d'un heureux dénouement, il
m'est permis d'être ému lorsque je vois enfin tous les obstacles
aplanis, et cette entreprise, peu considérable pour d'autres, mais
très importante pour moi, bien grande en comparaison de mes fai
bles forces, se réaliser au gré de mes désirs et au delà de tout ce que
j'eusse pu espérer. Pour la première fois depuis dix ans, je puis
respirer à pleins poumons l'air pur de la campagne, et voir une amie
dans cette reine des nuits qui s'incline à l'horizon, saluer avec
joie ces premiers feux du jour qui tant de fois m'ont surpris dans
un travail angoissé, qui me trouvent aujourd'hui traçant ces der
mières lignes, le cœur plein de joie et de reconnaissance pour ce Dieu

(!) Les Chansons lointaines.


| – XVIII -

4 fidèle et bon qui seul m'a soutenu et conduit. J'ai fait une fois de
# plus la douce expérience de sa fidélité; j'ai compris une fois de plus
# qu'il vaut mieux se reposer sur l'Éternel que sur les principaux
, d'entre les hommes. C'est pour Lui que j'ai travaillé; c'est entre ses
à mains aussi que je remets avec confiance l'avenir de ce travail, le
suppliant de le bénir pour l'Église comme il l'a béni pour moi
II]0II10,

Templeux-le-Guérard, le 3 juillet 1849, au matin.

| J.-Aug. BosT.
·|

m-46 #--

|-

|
ABRÉVIATIONS.

Outre le système d'abréviation généralement admis pour la désignation des


livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, Gen. pour Genèse, etc., le lecteur
est invité à se rappeler les indications suivantes :
A. C. signifie Avant Christ.
ap. C. — Après Christ.
J.-C. — Jésus-Christ.
(I. V. - Que voyez. (Voyez ce passage, cet article, etc.)
cf. -
Conférez.
l. c. -
Loco citato. (Passage cité.)
Sq. - Sequentes. (Suivants.)
ch. -
Chapitre.
V. - Merset.
v. Ou V. — Voyez. . -

Dans les citations de passages, les chapitres sont distingués des versets par une
virgule, Les chiffres suivis d'un point désignent les versets, à moins que le sens
n'indique clairement le contraire. Plusieurs chapitres cités consécutivement sans
indication de versets, sont marqués de même par la virgule, et quelquefois séparés
par un point-virgule. — On a appliqué un système analogue aux citations d'auteurs
profanes, la virgule et le point servant à distinguer les livres ou les chants, de
leurs chapitres, vers Ou paragraphes, etc.

N. B. Plusieurs passages sont donnés d'après l'original grec ou hébreu, mais ordinairement le lecteur
en est averti. - Pour les Psaumes, on n'a pas compte daus le nombre des versets l'argument ou la
suscription, comme le font quelques versions.
DICTIONNAIRE

DE LA BIBLE
0U

CONCORDANCE RAISONNÉE
D ES

SAINTES ÉCRITURES

AAR

AARON, lévite, fils ou descendant de tes; Moïse monte sur une colline et prie:
Hamram et de Jokébed, frère aîné de la victoire est au peuple qu'il conduit,
Moïse et cadet de Marie, Exode 6, 20. aussi longtemps qu'il étend les mains
Nomb. 26, 59., naquit en Egypte l'an du vers le ciel. Mais Moïse est vieux, ses
monde 2430, une année avant la loicruelle mains sont devenues pesantes, et Aaron
qui ordonnait la destruction des enfants son frère , ainsi qu'un autre ami, le sou
mâles des Hébreux. Il épousa Elisébah, tiennent dans l'attitude de la prière, pen
qui lui enfanta quatre fils, Nadab, Abihu, dant que Josué combat dans la plaine,
Eléazar et Ithamar. On a fort peu de dé Exod. 17, 12. Après la promulgation de
tails sur ses premières années, et c'est à la loi, Aaron, suivi de ses deux fils aî
l'âge de 83 ans seulement que commence nés et de soixante-dix anciens d'Israël ,
pour nousson histoire. Doué d'une grande accompagne Moïse sur le Sinaï. Il s'ar
éloquence naturelle, il fut donné à Moïse rête en chemin avec ses amis; mais il
pour porter la parole soit devant Pha peut voir de près et sans en éprouver au
raon, soit devant le peuple d'Israël, Ex. 4, cun dommage , les signes glorieux par
14-16. Il annonce à ses malheureux com lesquels l'Eternel manifeste sa présence
patriotes les desseins de Dieu à leurégard; à Moïse 24, 1. 2. 9-11. Peu après,
il leur promet une prompte délivrance , Aaron est choisi pour exercer, lui et sa
et dénonce au roi d'Egypte les châti postérité , la sacrificature jusqu'à la ve
ments qui l'attendent s'il refuse de se nue du Messie promis, 29, 1 et suivants.
30umettre à la volonté de l'Eternel. Bien A peine est-il revêtu de cet honneur in
tôt les deux frères accomplissent leurs signe, qu'il fait la chute la plus grave.
menaces, et le peuple, délivré de la ser Sollicité par le peuple de lui faire des
vitude, traverse la mer Rouge et s'avance dieux pour le conduire à la place de ce
dans le désert. Là , deux mois après, les Moïse qui ne revient pas, il rassemble
Hébreux sont attaqués par les Hamaléci tous les bijoux d'or et d'argent qu'il peut
1
AAR AAR

trouver (peut-être pour détourner Israël guérison de cette dernière, Nomb. 12.
de l'idolatrie , en lui demandaut d'im Quelque temps après, Coré et ses com
menses sacrifices), et en fait un veau plices portant à leur tour envie au sou
d'or, à l'imitation du bœuf Apis, que les verain sacrificateur, voulurent s'ingérer
Egyptiens adoraient; il fait placer l'idole dans les fonctions du sacerdoce. Le Sei
sur un piédestal et proclame une fête à gneur ayant détruit miraculeusement ces
l'Eternel. Triste mélange de judaïsme et rebelles , le peuple s'éleva contre les
de paganisme, condescendance d'autant deux frères comme s'ils eussent été les
plus dangereuse qu'elle semblait vou meurtriers de Coré et des siens; mais le
loir conserver le vrai culte avec les céré châtiment ne se fit pas attendre, etl'Eter
monies païennes ! Moïse revient, qui cen nel envoya sur eux un fléau qui menaça
sure avec force son coupable frère. Aaron de détruire la congrégation toute entière.
cherche d'abord à s'excuser; mais bien Aaron, dont les prières avaient déjà ar
tôt il s'humilie , et Dieu lui pardonne. rêté le bras de Dieu lorsqu'il frappait les
Environ deux mois après, il est revêtu premiers coupables , sauva encore, au
des ornements sacerdotaux, ainsi que ses péril de sa vie , ses frères si ingrats et
quatre fils, et Moïse les consacre par des si injustes envers lui. Il court entre les
purifications, par l'onction sainte et par les vivants et les morts, l'encensoir à la
des sacrifices, Lév. 8. Aussitôt Aaron main; il fait propitiation pour leurs pé
Offre un holocauste pour la congrégation chés, et le fléau s'arrête. En récom
d'Israël, et pendant qu'il bénit l'assem pense de sa charité, et pour couper court
blée, le feu du ciel descend et consume le à toute contestation future sur les fonc
sacrifice(ch. 9). Après cela, au mépris de tions sacerdotales, Dieu confirme Aaron
l'ordonnance divine , les deux fils aînés dans son office, en faisant fleurir la bran
d'Aaron, Nadab et Abihu , voulant offrir che d'amandier qu'il avait déposée dans
le parfum, prennentailleurs que sur l'au le tabernacle, tandis que celles qu'y
tel d'airain le feu dont ils remplissent leurs avaient placées les onze autres tribus de
encensoirs et sont consumés par l'Eter meurèrent sèches et stériles, Nomb. 16
nel. Aaron supporte avec résignation ce et 17.
coup terrible, mais juste ; ni lui ni ses fils Il n'est plus reparlé d'Aaron jusqu'à la
ne prennent le deuil de ces rebelles : ce journée de Méribah, en laquelle lui et
pendant ils ne mangent point les restes et Moïse péchèrent par un manque de
de la victime qui avait été offerte en pro confiance en l'Eternel. Pour punir cette
pitiation pour les péchés du peuple , et offense et pour montrer que la sacrifica
Comme Moïse , irrité, leur reproche d'a- ture lévitique n'était pas capable d'intro
voir ainsi violé la loi de l'Eternel, Aaron duire les hommes dans l'héritage céleste,
justifie ses enfants, rappelle la brèche qui Dieu déclara qu'Aaron n'entrerait pas
a été faite dans sa famille, et demande si dans la terre promise. Aussi , bientôt ,
dans cette circonstance douloureuse ils pendant le campement de Motséra, Aaron,
auraient pu se réjouir par un festin(ch. sur l'ordre de Dieu, monta sur le mont
10). Une année s'était à peine écoulée, Hor, où Moïse le dépouilla de ses vête
que Aaron et Marie, jaloux de l'autorité ments sacerdotaux , dont il revêtit son
qu'exerçait Moïse, lui reprochèrent du fils Eléazar; puis il mourut âgé de cent
rement son mariage avec une Ethio vingt-trois ans. Son fils et son frère l'en
pienne. Aaron , dont la présence au ta sevelirent dans une grotte , et le peuple
bernacle était journellement nécessaire mena deuil pendant trente jours; Nomb.
(et qui peut-être était moins coupable), 10. Deut. 10,6. Sa postérité reçut le nom
ne reçut aucun châtiment de son insub de Aaronites, et devint si nombreuse
ordination ; mais Marie fut frappée de que treize villes lui furent données en
la lèpre. Le souverain sacrificateur re héritage dans les tribus de Juda et de
connut aussitôt la faute qu'il avait com Benjamin. 1 Chron. 12, 27. 6 , 54-60.
mise, il demanda son pardon et celui de Jos. 21 , 13-19.
sa sœur, implorant avec instance la Le nom d'Aaron accompagne presque
ABA 3 ABD

toujours les mentions qui sont faites de bord la partie mêridionale de cette chaîne
sa race dans l'Ecriture ; il se trouve en de montagnes , qu'ils laissèrent à gau
core cité Jos. 24, 5. 1 Sam. 12, 6. Ps. che, passèrent le Zéred et l'Arnon, qui
77, 21 ;99, 6; 105, 26; 118, 3 , 133, 2. partagent ces montagnes dans la direction
Mich. 6, 4. Act. 7, 40. Héb. 5, 4; 7, 11; de l'est à l'ouest, et vinrent camper dans
9. 4. la partie septentrionale de ces monts ,
'AB , un des mois de l'année juive ; il au pied du Nébo. Cf. Nomb. 21, 11-13 ;
ne se trouve pas dans la Bible. v. Mois. 33, 44-47. Deutér. 2, 18.24. Jug. 11 ,
ABADDON (destruction) , nom hé 18, et les art. Nébo, Pisga et Péhor.
breu de celui qui est aussi appelé APoL ABBA (syr., père). Plusieurs mots hé
LYoN (grec, destructeur). C'est l'ange de breux ont été conservés par les auteurs
l'abîme, le roi des sauterelles, Apoc. 9, du Nouveau Testament, quoiqu'ils écri
11. Il semblerait que son nom nous vissent en grec ; tels sont Abba, Ho
soit donné en hébreu et en grec pour in sanna, Jéhovah , Sabbat, Alléluia, etc. :
diquer qu'il étendra ses ravages sur les d'Où l'on peut conclure que ces mots ex
Juifs et sur les Gentils. primaient des idées difficiles à rendre dans
ABANA et PARPAR , deux rivières ou une autre langue. C'est ainsi que le mot
fleuves de Syrie, que Naaman le lépreux Abba ne répond pas simplement à l'idée
estimait plus propres à le guérir que de père , mais il renferme encore ce
toutes les eaux d'Israël, 2 Rois 5, 12. quelque chose de tendre et de familier
Abana est probablement le Barrady ou qui se trouve dans l'expression d'amour
Chrysorrhoas qui , venant du Liban , et de confiance d'un petit enfant envers
coule doucement vers le sud, et après un ses parents. Au plus fort de ses souffran
cours de quelques lieues , se divise en ces en Gethsémané , notre Sauveur s'a-
trois branches; la plus considérable, dresse au Père en l'appelant Abba, Père,
celle du milieu , traverse la ville de Da Marc 14, 36. Et saint Paul voulant faire
mas, les deux autres l'entourent et en comprendre aux Romains les glorieux
fertilisent les magnifiques jardins. Ces priviléges qui sont attachés à leur nou
trois rivières se réunissent de n0uveau velle qualité de membres de l'Eglise chré
vers le sud et vont, après un cours d'en tienne , leur dit qu'ils ont reçu l'esprit
viron 22 kilom. , se perdre dans les sa d'adoption par lequel ils crient « Abba,
bles du désert. Maundrel et Benjamin de Père, » c'est-à-dire qu'ils sont avec lui
Tudéla pensent que le bras du fleuve qui dans les relations les plus intimes ; Rom.
traverse la ville est l'Abana , et que les 8, 15. cf. Gal. 4, 6. — On a fait la re
deux bras qui parcourent les jardins por marque bien juste que dans toutes les
taient l'un et l'autre le nom de Parpar ; langues les premiers bégayements des en
cependant il est plus probable qu'il faut fants ont une étonnante ressemblance
entendre par ce dernier l'Orontes, la plus avec l'Abba des Hébreux.
considérable des rivières de Syrie, qui , ABDIAS (serviteur de l'Eternel)(av. C.
prenant sa source un peu au nord ou 904 ). 1o Intendant d'Achab roi d'Is
nord-est de Damas, coule à travers une raël, au temps d'Elie, Pendant que la
plaine délicieuse, passe à Antioche, et méchante Jézabel exterminait les pro
après un cours nord-ouest d'environ 300 phètes, cet homme pieux préserva de la
kilom., va se jeter dans la Méditerranée. mort cent d'entre eux , qu'il cacha dans
ABARIM (les passages), nom d'une deux cavernes et qu'il nourrit secrète
chaîne de montagnes rocailleuses qui s'é- ment aussi longtemps que dura la persé
tendent à l'est de la mer Morte, au sud cution. Plus tard, il entra comme servi
et au nord de l'Arnon, entre le grand teur dans la maison d'Achab, qui lui
désert et le plateau habité par les Moa accorda, sinon son affection , du moins
bites. Elles portent aujourd'hui les noms sa confiance. Pendant que la famine pré
de Orokarayeh, Tarfouyeh et Ghowey dite par Elie désolait le pays, Abdias fut
theh. Les Israélites , en venant du sud , envoyé par son maître pour chercher au
sous la conduite de Moïse, longèrent d'a- près des sources et des fontaines un peu
ABD 4 ABE

d'herbe pour les chevaux du roi. Dans ment en partie sous Nébucadnetsar qui ,
une de ses courses il rencontra Elie, qui cinq ans environ après la prise de Jéru
voulut l'envoyer auprès d'Achab pour salem , se leva contre les nations limi
lui annoncer son arrivée. Abdias crai trophes de la Judée ; en partie sous les
gnant que, pendant qu'il ferait son mes Maccabées.
sage, Elie ne fût transporté ailleurs, et ABED-NÉGO (a. C. 606) ou Habed
lui-même mis à mort pour avoir trompé Négo, nom chaldéen que l'officier du roi
ce roi cruel, hésita d'abord à se charger de Babylone donna à Hazaria, l'un des
d'une mission aussi dangereuse , mais le trois compagnons de Daniel, Dan. 1 , 7.
prophète l'ayant rassuré, Abdias se ren Ce nom signifie serviteur de Négo, le so
dit auprès d'Achab et lui raconta son leil , ou l'étoile du matin, ainsi nommée
entrevue. Cet homme fut sans doute un à cause de son éclat (hèbr. nagah, briller).
des 7,000 qui ne fléchirent point le ge Jeune encore il fut transporté à Baby
nou devant Bahal ; mais on n'a pas d'au lone avec Daniel, Hanania et Misaël , et
tres détails sur sa vie. Quelques-uns l'i- tous les quatre , à la cour du grand roi ,
dentifient avec celui des petits prophètes préférèrent l'abstinence et le jeûne aux
qui porte ce nom ; d'autres ajoutent repas somptueux qu'on leur destinait. Ils
qu'il était l'époux de la Sunamite chez la vécurent ainsi trois ans , et crûrent en
quelle logeait Elisée, et que c'est lui qui beauté extérieure et en sagesse ; leur
fut le troisième centenier envoyé par science fit leur renommée, et sur la re
Achazia pour se saisir d'Elie au mont commandation de Daniel, ses trois jeunes
Carmel ; mais ces traditions ne reposent compagnons furent établis gouverneurs
sur aucun fondement solide. de Babylone, Dan. 2, 49. De pareils suc
2o Abdias, le quatrième des petits pro cès firent des jaloux, et lorsque Nébucad
phètes, et l'auteur du livre le plus court netsar eut élevé dans la plaine de Dura
de l'Ancien Testament. Son nom revient la haute statue que tous les grands sei
fréquemment dans les Chroniques , mais gneurs devaient adorer , Dan. 3, on ac
avec des détails trop vagues pour que cusa Sadrac, Mésac, et Abed-Négo de
l'on puisse y reconnaître le prophète. ne s'être point prosternés. Sur leur re
On ne sait rien de sa famille ni de son fus réitéré de le faire, ils furent jetés
histoire; l'époque même à laquelle il vé dans une fournaise si ardente que leurs
cut est incertaine. On s'accorde généra bourreaux en furent consumés ; mais eux
lement à penser qu'il prophétisa entre la n'en reçurent aucun mal, selon qu'ils
prise de Jerusalem (587 a. C.) et la des l'avaient annoncé au roi idolàtre : « Voici,
truction des Iduméens par Nébucadnetsar notre Dieu peut nous délivrer, et il nous
(583). Il aurait donc été contemporain délivrera de ta main. » Nébucadnetsar,
de Jérémie , qui semble avoir répété et confondu en voyant les trois condamnés
reproduit une partie de ses prophéties ; se promener au milieu des flammes avec
cf. Jér. 49, 14-16.7-10 etAbd. 1-9.—Les un quatrième personnage semblable à un
seize premiers versets annoncent la des fils de Dieu , les appela hors de la four
truction des Edomites , à cause de leur naise : pas un de leurs cheveux n'était
orgueil , de la joie maligne qu'ils té brûlé , leurs vêtements n'étaient point
moignèrent lors de la chute de Jérusa changés , et l'odeur du feu n'avait pas
lem , et de leur lâcheté à augmenter les même passé sur eux. Une si éclatante dé
malheurs des vaincus en cherchant à en livrance augmenta le crédit dont ils jouis
faire leur profit. Depuis le verset 17, le saient , et confondit leurs ennemis.
prophète annonce le rétablissement d'Is Le mot de Nébucadnetsar : « La forme
raël et le relèvement de Jac0b. Luther du quatrième est semblable à un fils de
fait remarquer que ce livre est particu Dieu » , prouve que les nations païennes
lièrement consolant pour ceux qui ont, d'alors, surtout celles qui se trouvaient
comme les Israélites, à gémir de la haine en rapport avec les Juifs , n'ignoraient
ou des insultes de leurs proches. Les ora pas les promesses relatives au Messie.
cles d'Abdias s'accomplirent probable Quelle vive représentation n'avons-nous
ABE 5 ABE

pas d'ailleurs ici, de ce salut accompli par sainte tire souvent ses comparaisons des
le Fils de Dieu ! Il a pris la forme d'un abeilles pour désigner des armées enne
serviteur , il a marché dans la fournaise mies. Moïse, Deut. 1, 44., compare aux
ardente de la colère de Dieu , et il en abeilles les Amorrhéens, le plus acharné
délivre les membres de son Eglise, sans de tous les peuples cananéens contre les
que même une étincelle puisse les attein Israélites, qu'il attaquait avec fureur et
dre.— Le commencement du verset Héb. Sans relâche. v. aussi Ps. 118 , 12. L'a-
11 , 34. est très probablement une allu beille était au nombre des animaux dé
sion à la conservation miraculeuse de ces clarés impurs par la loi cérémonielle. Lév.
trois jeunes fidèles. 11, 20.23.
ABEILLES. Elles ont toujours été et ABEL, Gen. 4 , le second fils du pre
sont encore très nOmbreuses en Orient. mier couple humain , naquit probable
On en élève beaucoup dans des ruches ; ment la 2e ou 3e année du monde ; d'au
les forèts et les campagnes sont remplies tres disent la 15e et même la 30e année ;
d'abeilles sauvages. Le pays de Canaan on ne possède aucune donnée sur ces
était particulièrement riche sous ce rap dates. Certains commentateurs ont exa
port, de sorte que la dénomination de miné la question de savoir si Caïn et Abel
pays découlant de miel, serait presque étaient frères jumeaux (c'est entre autres
littéralement exacte; car les abeilles sau l'opinion de Calvin ) , ou si étant nés en
vages s'établissent dans les fentes des ro des années différentes , ils ont eu cha
chers, sur les buissons, sur les arbres, cun une sœur jumelle , questions qui
dans tous les trous ou ouvertures qui leur n'ont évidemment aucune importance. —
conviennent, pour y construire leurs Ses parents le nommèrent Abel (hébr.
rayons, et la grande chaleur de ces con habél), c'est-à-dire vanité, peut-être
trées fait fondre et répand tout à l'en pour marquer leur conviction que depuis
tour le miel renfermé dans leurs cellules. la chute toutes les jouissances terrestres
v. Miel. n'étaient que passagères. Entre « les di
Jug. 14, 8., nos traductions parlent verses manières dont Dieu a parlé à nos
d'abeilles établies dans la charogne d'un pères par les prophètes », Héb. 1, 1., les
lion : il faut lire « dans la carcasse » , noms prophétiques donnés à certains
car les abeilles fuient toute odeur forte, hommes par inspiration ne sont pas une
et notamment toute odeur de putréfac des moins remarquables. — Abel fut le
tion; mais elles se plaisent à bâtir leurs premier sur lequel s'exécuta cette sen
rayons dans les carcasses desséchées et tence de malédiction : « Tu es poudre,
décharnées des animaux , qui sont pour et tu retourneras en poudre » ; il est
elles des ruches commodes et toutes aussi le premier que l'on puisse citer à
faites. l'appui de la déclaration du Psalmiste :
Il suit de Es. 7 , 18. et suiv. qu'on « Certainement l'homme se promène par
avait alors déjà des abeilles en ruches ; mi ce qui n'a que l'apparence ; ce n'est
car ce passage contient une allusion à que pure vanité de tout homme, quoiqu'il
la coutume de faire sortir les abeilles soit debout » Ps. 39, 5. 6. — Abel était
pour les envoyer dans les champs, et berger et Caïn laboureur ; c'était l'ac
de les rappeler à l'approche d'un orage complissement de cette autre partie de
ou à la chute du jour , ce qu'on faisait la malédiction : « Tu mangeras ton pain
en sifflant. C'est ainsi que l'Eternel me à la sueur de ton visage. » Bien qu'hé
nace de réunir les ennemis de Juda de ritiers de l'empire du monde, ils devaient
tous les côtés , quelque éloignés qu'ils gagner leur subsistance par le travail. —
puissent être , et d'en composer une ar L'auteur inspiré décrit en peu de mots ,
mée formidable, acharnée, irrésistible. mais d'une manière bien propre à fixer
Les abeilles, en Orient,surtout lesabeilles l'attention, le culte qu'ils rendaient à
sauvages, sont beaucoup plus irascibles l'Eternel. « Or, il arriva qu'au bout de
que chez nous ; leur piqûre est plus brû quelque temps... Abel offrit des premiers
lante et plus dangereuse, et l'Ecriture nés de son troupeau et de leur graisse. .
ABE 6 ABE

Ce passage, rapproché de Héb. 11, 4., à la génération qui rejeta le Seigneur,


montre en quoi consistait l'adoration des Matth. 23, 34-38., quels terribles châti
premiers temps. Plein de foi dans le Mes ments ne sont pas réservés à ceux qui ont
sie promis , dans cette postérité de la immolé tant de martyrs à leur haine pour
femme qui devait détruire les œuvres du le Juste, Jacq. 5, 6. Jésus, l'antitype d'A-
diable , Abel offrit son oblation. Ces bel, le chef et le sauveur des martyrs. Cf.
deux circonstances, le choix qu'il fit dans Apoc. 1, 5., etc.
son troupeau (les premiers-nés) , et la ABEL (prairie, plaine,—et deuil), nom
partie de l'animal dont il composa sur propre de plusieurs villes ou places de
tout son offrande , montrent l'idée rele la Palestine, ordinairement accompagnées
vée qu'il se faisait de celui auquel il re d'une épithète.
gardait par la foi ; ce sacrifice offert à — Abel-Beth-Mahaca (ou Abel-Majim,
Dieu était l'ombre ou la représentation plaine des eaux , 2 Chron. 16, 4.) ville
des souffrances et de la mort de Christ forte et assez considérable , située vers
pour les coupables. Dieu eut égard à la partie méridionale du mont Liban, au
Abel et à son oblation. Pourquoi ? Quel nord du lac Mérom, aux environs de Dan,
ques commentateurs ont mis en avant di de Hatsor et de Kédès; elle appartenait
verses conjectures, et ont vu soit dans la probablement à la tribu de Nephthali. Sé
composition, soit dans la nature même bah, fils de Bicri, s'y réfugia , lorsqu'il
des sacrifiçes , le motif de la différence était poursuivi par les troupes de David.
que Dieu fit entre celui d'Abel et celui D'après les conseils d'une femme pru
de Caïn. La meilleure réponse à cette dente, et pour échapper au siége terrible
question se trouve dans le passage déjà dont Joab les menaçait, les habitants fi
cité, Héb. 11, 4. L'offrande d'Abel fut rent périr le rebelle et jetèrent sa tête
plus agréable que celle de Caïn , parce hors de la ville par-dessus la muraille,
qu'il l'offrit avec foi. La manière dont 2Sam. 20, 14-18.—Environ 80 ans après,
Dieu manifesta sa préférence pour Abel Ben-Hadad, roi de Syrie, prit cette place
n'est pas indiquée ; on ne sait pas si le et la dévasta, 1 R. 15, 20. Deux siècles
feu du ciel consuma son offrande , s'il y plus tard Tiglath-Piléser s'en empara de
eut vision ou simple révélation inté même, et en transporta les habitants cap
rieure. Quoi qu'il en soit, Caïn, jaloux tifs en Assyrie, 2 R. 15, 29. Cette ville fut
et irrité , fut rempli de cette haine que rebâtie par la suite, et devint le chef-lieu
l'Apôtre décrit avec tant de force, Jean 8, de l'Abilène. — v. Mahaca.
44. et 1 Jean 3, 12. Abel fut le premier — Abel - Kéramim ( plaine des vi
martyr de sa foi, et cette histoire des pre gnes), bourg situé à l'est du Jourdain,
miers frères ennemis est demeurée dans à 10 kil. de Rabbath , capitale des Am
tous les âges comme un exemple terrible monites. C'est jusque-là que Jephthé
des résultats auxquels peuvent conduire poursuivit ses ennemis vaincus, Jug.
l'envie et la colère. 11, 33.
Abel, quoique mort, parle encore; il est —Abel-Méholah (plaine de la danse),
mis au nombre de ceux qui obtinrent un ville de la tribu d'Issachar, à 25 kil. en
bon témoignage par la foi, de ceux dont viron au sud de Beth-Séan, 1 R. 4, 12;
nous devons imiter la foi et la patience. ce fut près de là que Gédéon défit mira
Il est mort victime du malin, et type de culeusement les Madianites, Jug. 7, 22.
celui qui a souffert par excellence. Le sang La principale gloire de cette localité est
de l'aspersion prononce de meilleures cho d'avoir été la patrie du prophète Elisée,
ses que celui d'Abel, Héb. 12, 24; celui 1 R. 19, 16.
ci criait vengeance, celui de Christ apporte —Abel-Mitsra'im (deuil des Eyptiens),
la paix; mais si le sang d'Abel fut vengé aussi nommé l'Aire-d'Atad, Gen. 50,
jusqu'à sept fois sur Caïn, combien le sang 10. 11. Ce fut là que les Egyptiens firent
de Christ ne pèsera-t-il pas avec plus de le deuil de Jacob , lorsqu'on transporta
force sur ceux qui le crucifièrent ? Et si son corps à Macpélah. Selon saint Jérôme,
le sang d'Abel le juste a été redemandé c'est le mème endroit près de Jérico , à
ABI 7 ABI

3 ou 4 kil. du Jourdain, qui , plus tard, nija, 1 R. 1, 7., et trahit dans sa vieillesse
reçut le nom de Beth-Agla. son vieil ami, son vieux roi. David ne le
— Abel-Sittim ( plaine des acacias ), à punit point lui-même, mais Salomon, tout
14kil, est du Jourdain, vis-à-vis de Jérico, en lui faisant grâce de la vie, le priva deson
dans le pays de Moab et près du mont office et le relégua à Hanathoth, 2, 26.27.
Péhor. Cette ville s'appelle quelquefois C'est ainsi que la famille d'Héli se vit à
simplement Sittim, Nomb. 25, 1. Jos. 3, 1. jamais exclue du souverain sacerdoce ,
C'est là que les Hébreux campèrent peu comme Dieu le lui avait annoncé, 1 Sam.
avant la mort de Moïse : ils y tombèrent 2, 30.31.36. La sacrificature rentra dès
dans l'idolâtrie et dans la souillure par la lors dans la famille d'Eléazar, fils aîné
séduction des Moabites , et surtout par d'Aaron, dont elle était sortie pour pas
celle des femmes madianites. Punis par ser par Héli dans la branche d'Ithamar.
la mort de 24,000 d'entre eux en un seul Le nom d'Abimélec, 1 Chr. 18, 16., et
jour, leurs lamentations firent peut-être celui d'Ahimélec, 2 Sam. 8,17., désignent
donner à cet endroit le nom d'Abel, qui dans ces deux passages le fils d'Abiathar,
signifierait alors deuil de Sittim, Nomb. et non son père. Cela peut s'expliquer ou
33, 48.49. par une transposition du copiste, ou par
ABI (mon père). 1° Fille de Zacharie, le fait assez probable que le père et le fils
épouse d'Achaz, et mère d'Ezéchias, 2 R. auraient eu l'un et l'autre le double nom
18, 2; elle s'appelle Abija 2 Chron. 29, 1. d'Abiathar et d'Ahimélec. (Dans le pas
2° Surnom de Hiram, q, v. sage des Chroniques, il est possible en
ABIA, v. Abija. core qu'il faille lire Ahimélec au lieu de
ABIASAPH ( un père consumant), fils Abimélec.)Le nom d'Abiathar, Marc 2,26.
oupetit-fils de Coré, Exod. 6, 24.1 Chr. 6, cf. 1 Sam. 21, 1., désignerait alors son
23. père ; mais il pourrait cependant aussi se
ABIATHAR(père excellent), le dixième rapporter au fils, car il est certain qu'il
des souverains sacrificateurs depuis Aa vivait alors, et Son nOm Se trouverait là
ron, et le quatrième depuis Héli. Quand comme indication de l'époque ( au temps
Saül,àNob, fit mourir Ahimélec son père et d'Abiathar), parce qu'il était plus connu
lesautres sacrificateurs, Abiatharéchappa que son père.
seul et s'enfuit au désert auprès de Da ABIB (ou Nisan, Néh. 2, 1. Est. 3, 7),
vid, 1 Sam. 22. Il emporta l'Ephod avec premiermois de l'année religieuse, et7e de
lui dans sa fuite, et put servir de sacrifi l'année civile des Juifs ; il était de trente
cateur à l'armée de David; nous le voyons jours et correspondaità notre mois demars
en effet consulter l'Eternel à Kéhila et à (fin de mars et commencement d'avril).
Tsiklag, 1 Sam. 23, 9. 30, 7. Pendant ce Ce mot signifie « fruit mûr oumùrissant » ;
temps Saül, en haine d'Ahimélec qu'il nos versions le traduisent par « au mois
croyait avoir trahi ses intérêts, avait con que les épis mûrissent, » Exod. 13, 4.23,
féré le sacerdoce à Tsadoc, de la branche 15. Deut. 16, 1. C'est dans ce mois que
d'Eléazar; lorsque David monta sur le les Juifs commençaient leurs moissons :
trône il ne renversa point Tsadoc, mais le 10e jour on mettait à part l'agneau de
il lui adjoignit Abiathar qu'il voulait ré Pâque, le 14e on le mangeait; pendant les J.

compenser de sa fidélité, 2 Sam. 20, septjours suivants on observait les pains


25 : il y eut donc deux sacrificateurs tout sans levain, et le dernier de ces sept jours
le temps de son règne. Abiathar présida avait lieu une convocation solennelle,
aux cérémonies qui accompagnèrent le Exod. 12 et 13. Le 15 du mois ils cueil -

retour de l'arche, demeurée jusqu'alors laient la gerbe des prémices de l'orge, et


chez Hobed-Edom, 15, 24; il resta fidèle ils l'offraient le lendemain , après quoi ils
à David pendant la révolte d'Absalon, 15, pouvaient commencer la moisson, Lév. 23,
35. 17, 15. calma les esprits après que les 14.Le 29, ils demandaient, par des prières
troubles eurent cessé, 19, 11 ; puis, par publiques, les pluies de l'arrière-saison.
une triste et inconcevable contradiction, — Les Juifs modernes observent encore
se joignit au parti du conspirateur Ado plusieurs jeùnes pendant ce mois : le 1er
ABI ABI

pour la mort de Nadab et d'Abihu, le 10 ABIHU (mon père lui-même) fils d'Aa
pour la mort de Marie, sœur de Moïse, ron le souverain sacrificateur, et d'Elisé
et le 27 pour la mort de Josué. — v. An bah, Ex. 6, 23., fut consumé avec son frère
née, Mois, etc. Nadab par le feu de l'Eternel (la foudre
ABIDAN, chef de la tribu de Benjamin ou une flamme sortie de l'autel P), parce
dans le désert, Nomb. 1, 11.— v. Tribu. qu'ils avaient offert l'encens avec du feu
ABIEL (mon père est Dieu), 1 Sam. 9, pris ailleurs que sur l'autel des holocaus
1. appelé aussi Jéhiel 1 Chr. 9, 35.36. tes (1490 av. C.); v. l'art. Autel. Cet évé
père de Kis et de Ner, grand-père de nement terrible et souvent rappelé, Lév.
Saül. 10, 1. 16, 1. Nomb. 3, 4. 26, 61. 4 Chr.
ABIGAIL (joie de mon père), femme de 24, 2., eut lieu peu de jours après la dé
bon sens et helle de visage, 1 Samuel dicace du tabernacle et la consécration
25, 3., ayant appris la manière dont le d'Aaron et de ses fils, peu de jours après
riche Nabal, son époux, avait traité les qu'ils eurent été admis à l'insigne faveur
serviteurs de David en fuite qui, à l'épo de voir le Dieu d'Israël, Ex. 24, 9.10.
que de la tonte des brebis, étaient venus De la défense qui est faite immédiate
lui demander quelques provisions pour ment après aux sacrificateurs de boire du
leur maître, se hâta de réparer le mal que vin, l'on peut supposer que les deux frè
Nabal avait fait. Elle se rappelait que Da res étaient dans un état d'ivresse lors
vid avait protégé dans le désert de Paran qu'ils se présentèrent devant l'Eternel
et sur le Carmel de Juda les troupeaux de pour officier. Quelques commentateurs
son mari; elle savait d'ailleurs que David prétendent qu'il n'y avait au fond rien de
était assez fort pour châtier l'insolence très criminel dans la conduite des deux
de Nabal : sans consulter personne elle fils d'Aaron, mais qu'ils furent punis
fait une ample provision de vivres, qu'elle avec cette sévérité pour apprendre aux
met sur des ânes, et descend, accompa ministres du Seigneur l'exactitude et la
gnée de quelques serviteurs, à la ren fidélité qu'ils doivent mettre dans l'exer
contre de David qui s'approchait. Ses cice de leurs fonctions. On peut y voir
présents et ses paroles pleines de sagesse cependant une instruction plus grande
lui gagnèrent l'estime de David, qui con encore : c'est un exemple éclatant de la
sentit à pardonner à Nabal. Heureuse de colère divine contre ceux qui prétendent
ce qu'elle avait fait, Abigaïl retourna sur servir Dieu autrement qu'il ne l'a com
la montagne auprès de son mari, et lui mandé, et qui vont allumer leur encens
raconta le lendemain le danger dont elle ailleurs que sur l'autel sur lequel s'est
l'avait préservé. Peu de jours après Nabal offerte la victime qui sauve les pécheurs
étant mort, elle épousa David, le suivit et sanctifie leur culte.
à Gath, 27, 3., fut prise à Tsiklag, resta ABIJA (l'Eternel est mon père). 1o Se
prisonnière jusqu'après la victoire de cond fils de Samuel et frère de Joël ou
David sur les Hamalécites, 30, 5. 18. et le Vasni, 1 Sam. 8, 2. 1 Chr. 6.28. Samuel
suivit à Hébron, 2 Sam. 2, 2. Elle n'eut leur ayant confié l'administration de la
de David qu'un seul fils, nommé Kiléab, justice et le gouvernement du peuple, ils
2 Sam. 2, 3. et Daniel 1 Chr. 3, 1. s'acquittèrent si mal de leurs fonctions,
ABIHAIL(la force de mon père). 1o Fils se détournant après le gain déshonnête
de Huri et père de Micaël, Messulam et et recevant des présents, que les Israé
quelques autres, 1 Chr. 5, 14. 2° Père delites y trouvèrent un prétexte pour de
Zariel de la famille de Mérari, Nomb. 3, mander un roi (1095 av. C.).
35. 3° Père d'Ester et Oncle de Mardo 2° Abija ou Abia, 1 Chr. 24, 10. Luc
chée, Est. 2, 15. 9, 29. 4° Fille d'Eliab, 1, 5., descendant d'Ithamar, se trouva
frère de David, et femme de Roboam roi le chef du huitième Ordre de Sacrifica
de Juda, 2 Chr. 11, 18. teurs, lorsque David en fit la distribution
ABIHALBON (père d'intelligence ), en vingt-quatre classes (1016 av. C.).
natif d'Arbath, un des vaillants guerriers 3° Abija, fils de Jéroboam le premier
de David, 2 Sam. 23, 31. roi des dix tribus, étant tombé dange
AB1 9 ABl

reusement malade, sa mère se rendit au entendre, et Abija fut vainqueur. Jéro


près du prophète Ahija pour l'interroger. boam fut humilié pour tout le temps que
Ahija l'ayant reconnue à travers son dé le fils de Rob0am fut sur le tròne. —
guisement lui annonça la mort de son Quant à l'énormité des chiffres indiquant
enfant; il ajouta que seul de sa famille il le nombre des hommes d'armes, v. les
recevrait les honneurs de la sépulture et art. Armées et Nombres.
serait pleuré d'Israël, mais que tous les 5° Abija, fille de Zacharie, femme d'A-
autres seraient mangés des chiens ou dé chas, et mère d'Ezéchias, 2 Chr. 29, 1.
vorés par les oiseaux , en punition de ABIJAM. v. l'art. préc.
l'ingratitude et de l'impiété de Jéroboam. ABILENE, beau défilé et petit canton
La parole du prophète fut accomplie ; de la Syrie, situé au N.-O. de Damas, en
Abija mourut au moment où sa mère, de tre le Liban et l'Antiliban, ainsi nommé
retour, franchissait le seuil du palais. de sa capitale Abila dont parlent Ptolé
(954 av. C.) Il fut retiré de devant le mal,mée, Polybe et Josèphe, et qu'il ne faut
et sa mort ne fut un châtiment que pour pas confondre avec une autre Abila dont
Son père. les ruines se trouvent encore aujourd'hui
4° Abija, 1 Chr. 3, 10. 2 Chr. 13, 1. en Décapolis. Ni l'une ni l'autre de ces
ou Abijam, 1 Rois 15, 1., fils de Roboam deux villes n'est mentionnée dans la Bi
et de Mahaca, succéda à son père sur le ble; mais Luc 3, 1. nous parle de la pro
trône de Juda, dont il fut le second roi vince d'Abilène, comme étant une des
depuis la séparation des dix tribus. Abija quatre tétrarchies, gouvernées par des
n'était sans doute pas l'aîné des nombreux princes indigènes, mais sous la tutelle
enfants de Roboam; mais il était le fils de des Romains. Lysanias en était le gou
l'épouse préférée, et ce fut cette raison verneur dans la quinzième année de Ti
quil'éleva au-dessus de ses frères, 2Chr. bère, lorsque Jean-Baptiste commença
11,21.22. Il descendait de David par son l'exercice de son ministère. L'histoire de
père et par sa mère, mais dans les trois cette petite province est peu connue,
années de son règne (957-955) il suivit parce que ce n'est qu'en passant que les
le mauvais train de son père, et mourut auteurs la mentionnent.
en paix au milieu de ses 18 femmes et de ABIMAEL, fils de Joktan et patriarche
ses 60 concubines. Hiddo le prophète a d'une tribu arabe, Gen. 10, 28. Les sa
recueilli non-seulement ses actions, mais vants ont fait beaucoup de recherches
plusieurs de ses paroles, 2 Chr. 13, 22., pour trouver les traces d'une ville ou
ce qui permet de croire qu'il avait des d'une province de ce nom. Ptolémée et
talents et de l'esprit; d'ailleurs son dis Abulféda parlent d'un endroit nommé
cours, 2 Chr. 13, montre une grande Mani près de la Mecque. Théophraste
finesse et beaucoup d'habileté. Il fut en mentionne une tribu Mali (ou Mani) dans
guerre pendant sa vie avec Jéroboam roi les mêmes contrées; peut-être ces noms
d'lsraël; ce dernier vint avec 800,000 pourront-ilsnousdiriger dans larecherche
h0mmes contre Abija, qui n'en avait que des descendants d'Abimaël. v. Sem.
400,000. Abija s'était campé dans les ABIME. L'Ecriture donne ce nom à
montagnes d'Ephraïm, à peu près là où l'enfer, Luc 8, 31. Rom. 10, 7. Apoc 9, 1.
fut bâtie depuis la ville de Samarie. Pen 11, 7. etc. ; aux profondeurs de la mer,
dant qu'il haranguait ses troupes et qu'il Gen. 7, 11. Ex. 15, 5. etc., et au chaos
les engageait au nom de l'Eternel à mon sur lequel l'Esprit de Dieu se mouvait à
ter hardiment contre leur ennemi ado l'origine du monde, au milieu des ténè
rateurdes faux dieux, Jéroboam,joignant bres, Gen. 1, 2. C'est dans l'abîme que
la ruse à la force, dressait des embûches l'Ecriture nous montre les trépassés ,
à ceux de Juda et envoyait ses troupes Prov. 15,24. Ps. 71, 20. et notaniment les
pour les cerner de toutes parts. Mais l'E- rois orgueilleux et cruels qui se sont éle
lernel combattit avec le descendant de vés contre le peuple de Dieu : ceux de
David, ceux de Juda poussèrent un cri Babylone, Es. 14, 9., ceux de Tyr, Ezéch.
de joie, les trompettes sacrées se firent 26, 19., ceux d'Egypte, ib. 31, 18. 32, 19.
ABI 10 ABI

L'Apocalypse appelle abîme la demeure tions, et qu'Abraham s'empressa d'ac


des impies, des démons et de Satan. Dans cepter (1897 av. C.).
l'opinion des Hébreux, Eccl. 1, 7., les 2o Abimélec, fils et successeur du pré
sources et les rivières venaient de l'a- cédent à ce que l'on croit (1804 av. C.),
bîme ou de la mer ; elles en jaillissaient fut trompé par Isaac comme son père l'a-
par des canaux invisibles et y retournaient vait été par Abraham : mais ayant aperçu
en suivant les lits qu'elles s'étaient creu de sa fenêtre quelques familiarités entre
sés.Au moment du déluge les fontaines Isaac et Rébecca, il en conclut qu'ils
du grand abîme furent rompues et fran étaient dans des rapports plus intimes
chirent les limites qui leur étaient as qu'ils ne le lui avaient avoué. Il fit donc
signées, Prov. 8 , 28. 29; les sources venir Isaac et lui reprocha la gravité de
forcèrent leurs digues et se répandirent son mensonge. Isaac n'allégua d'autre
sur la terre, en même temps que les excuse que la beauté de sa femme et la
bondes du ciel éclataient pour inonder crainte qu'il avait eue qu'on ne le fît
le monde pécheur, Gen. 7, 11. v. Dé mourir afin de pouvoir s'emparer d'elle.
luge. Abimélec défendit en conséquence à tous
ABIMELEC (mon père est roi). 1° Roi ses sujets , sous peine de mort , de faire
des Philistins. Ayant été frappé de la aucun mal aux deux époux. Mais comme
beauté de Sara femme d'Abraham qui Isaac s'enrichissait, et que sa prospérité
était venu se fixer à Guérar, et croyant excitait la jalousie des Philistins, Abi
d'après ce qu'Abraham lui avait dit qu'elle mélec l'engagea poliment à quitter son
n'était quesasœur, il l'enlevaetlapritchez territoire; Isaac se rendit d'abord dans
lui dans l'intention d'en faire sa femme. la vallée de Guérar, puis à Béer-Sébah,
Dieu ne permit pas que ce mariage s'ac où les bénédictions divines continuèrent
complît; il apparut en songe à Abimélec de s'attacher à sa maison; ce qu'ayant vu
et le menaça d'une mort soudaine s'il Abimélec, il se repentit de ce qu'il avait
ne renvoyait cette femme à son mari : fait, et voulut renouveler avec Isaac l'al
déjà même, en châtiment de ce péché d'i- liance qui avait existé entre leurs pères ;
gnorance, la famille et la maison de ce il vint donc auprès de lui avec Ahuzat son
prince toute entière avait été frappée de ami et Picol chef de son arn1ée, et con
stérilité. Abimélec, dont rien ne prouve firma solennellement cette alliance à Béer
qu'il fût idolâtre, s'excusa auprès de l'E- Sébah, où Isaac lui donna un grand festin,
ternel sur ce qu'il avait été induit en er Gen. 26.
reur par Abraham, rendit à ce dernier sa Le nom d'Abimélec paraît avoir été
femme en le censurant à cause de son celui des rois Philistins en général, comme
mensonge, lui fit un présent considérable, Pharaon celui des rois d'Egypte, et le
et lui demanda de prier pour sa famille Psaume 34, qui donne le nom d'Abimélec
malade. Abimélec donna entre autres à au roi Akis, cf. 1 Sam. 21, 10., en est une
Sara mille pièces d'argent (env. 2600 fr.) preuve convaincante. v. Akis.
pour acheter un voile dont elle pùt cou 3° Fils illégitime de Gédéon; méchant,
Vrir son visage encore éclatant de beauté ambitieux et sanguinaire, il réussit, à
malgré ses quatre-vingt-dix ans. C'était à force d'énergie et d'habileté, dans les
la fois reconnaître publiquement Sara plans de destruction qu'il conçut contre
comme l'épouse du patriarche, et blâmer ses frères et contre les Sichémites. Il fi
ce dernier pour la dissimulation dont il nit par trouver la mort sous les murs de
avait usé à son égard. Abraham continua Tébets, qu'il assiégeait, et périt par la
de demeurer à Guérar, et environ qua main d'une femme (1235 av. C.).
torze ans après, lors de la naissance d'I- 4° — v. Abiathar et Ahimélec.
Saac, Abimélec craignant la puissance ABINADAD (mon père est prince, ou
toujours croissante de son riche voisin, père d'un noble). 1o Lévite de Kiriath
vint avec Picol, le général de ses troupes, Jéharim dans la maison duquel l'arche
lui proposer un traité qui atteste le rang rendue par les Philistins fut déposée, et
éminent du patriarche au milieu des na où elle resta pendant soixante-dix ans
ABI 11 ABI

sous la garde de son fils Eléazar (1116 cessa jamais de lui être fidèle. Etant en
av. C.) 1 Sam. 7, 1.2° Fils aîné d'Isaï et tré avec David dans la tente de Saül , il
frère de David, 1 Sam. 16, 8.3° Fils de sollicita la permission de tuer le tyran ;
Saül tué en Guilboah, 4 Sam. 31, 2. mais David n'y voulut point consentir,
1 Chr. 8, 33. 10, 2. 4° Inconnu, dont le 1 Sam. 26, 7.11. Il fit la guerre contre
fils, un des douze commissaires d'Israël, Is-Boseth, et poursuivit vigoureusement
épousa Taphath, fille de Salomon, 1 R. l'ennemi dans sa fuite, 2 Sam. 2, 18-24.
4, 11. Dans la guerre contre les Iduméens il
ABlRAM (mon père est haut élevé). tailla en pièces 18,000 hommes, 1 Chr.
1° Dathan et Abiram, fils d'Eliab, con 18, 12. Dans la campagne contre les Sy
spirèrent avec Coré contre Moïse et Aa riens et les Hammonites, ce fut lui qui
ron : Coré, par jalousie de famille peut engagea le combat avec ces derniers et
être; Dathan et Abiram, comme chefs de qui les mit en déroute, 2 Sam. 10, 10-14.,
la tribu de Ruben, qui aurait voulu voir et dans la guerre des Philistins, il tua de
tout le gouvernement d'Israël entre les sa propre main Jisbi-Bénob, géant fameux
mains du premier-né de Jacob. Moïse qui était près de faire tomber David sous
ayant engagé le peuple à se retirer dans ses coups, 21, 16. 17. Une autre fois il
leurs tentes, car un cas tout nouveau de attaqua seul un corps de 300 hommes et
vait atteindre les rebelles, Abiram et Da les détruisit tous jusqu'au dernier, 23,
than restèrent debout avec les leurs , 18. 19, 1 Chr. 11, 20.21. Irrité des in
dehors, pour braver l'Eternel; mais la solences de Simhi, il l'aurait frappé de
terres'entr'ouvrit sous eux et les englou son épée si David ne s'y fût opposé,
tit, eux, leurs familles, leurs adhérents 2 Sam. 16, 9-11. Enfin il commanda le
et leurs biens, Nomb. 16, etc. Cet évé tiers des troupes qui défirent Absalon,
nement est rappelé Ps. 106, 17. v. Coré. 18, 2. et fut mis à la tête des soldats de
2o L'aîné des fils de Hiel, de Béthel. la maison du roi, qui poursuivirent Sé
Il perdit la vie lorsque son père voulut bah, fils de Bicri, 20, 6. 7. On ignore
rebâtir les murs de Jérico, 1 Rois 16, 34. l'époque et le genre de sa mort. Sa bra
Sa mort fut l'accomplissement d'une pro voure et sa force le placèrent dans l'ar
phétie de Josué 6, 26. mée de David immédiatement après les
ABISAG (I'erreur de mon père), jeune trois plus grands guerriers de ce prince.
femme de Sunam , dans la tribu d'Issa Le premier ordre ou la première liste
char, remarquable par sa grande beauté, était composée de Jasobham, Eléazar et
et que les serviteurs de David donnèrent Samma; Abisaï forma avec Bénajaet Hazaël
à leur maître pour femme, lorsque, l'âge la seconde; on sait que la troisième se
ayant diminué la chaleur vitale, le vieux composait de trente hommes, du moins
roi ne put plus trouver dans l'abondance d'après les indications de 2 Sam. 23, 23.,
des vêtements la chaleur dont il avait be car dans 1 Chr. 11, le nombre de ces
soin. Abisag s'attacha tendrement à lui guerriers est plus considérable , diffé
et lui donna tous les soins qu'une fille rence qui tient soit à ce que la première
donnerait à son père. Après la mort de de ces listes fut formée au commence
David, Adonija la demanda en mariage, ment du règne de David, et la seconde à
moins par amour sans doute que par am la fin, soit peut-être à ce que la première
bition ; mais Salomon ayant démêlé les fut plus tard complétée ensuite de diver
motifs qui le faisaient agir , et pensant ses réclamations. Ces catégories de guer
avec raison qu'Adonija voulait se frayer riers étaient apparemment des espèces
le chemin du trône en épousant la veuve d'ordres honorifiques semblables à ceux
du défunt roi, le fit mettre à mort. (1013 de la chevalerie.
av. C.) 1 Rois 1, 3, et suiv. ABISUAH, v. Prêtres.
ABISAI(récompense de mon père), fils ABIUD, Matth. 1, 13. Un des ancêtres
de Tséruia, sœur de David, 1 Chr. 2, 16., de Jésus-Christ selon la chair, et fils de
Zorobabel, q. v.; on a cru le reconnaître
vaillantguerrierquifut des premiersà em dans
brasser le parti de son oncle et qui ne le Hodaïvahu de 1 Chr. 3, 24 , d'au
ABN 12 ABR

tres n'y ont vu qu'un surnom signifiant tin auquel David l'avait invité, que Joab,
père de Jude. informé de ce qui se passait, tâche de per
ABLUTIONS, v. Baptême. suader au roi son oncle qu'Abner est
ABNER (lampe de mon père), fils de venu dans de perfides intentions. Puis,
Ner, cousin de Saül, 1 Sam. 14, 50, et sans s'ouvrir davantage sur ses desseins,
général de ses troupes. Comme il était il envoie à Abner un messager qui le ra
habituellement à l'armée et qu'il y occu mène à Hébron ; là, il le tire à l'écart et
pait une place importante, il n'est pas lui donne la mort, poussé à ce crime par
étonnant qu'il ne connût pas David lors le souvenir du meurtre de son frère Ha
que celui-ci vint à Soco et combattit zaël, mais sans doute aussi par la crainte
Goliath, 1 Sam. 17, 55-58; mais il est plus de voir Abner prendre rang sur lui dans
difficile de concevoir qu'il gardât assez les armées et dans la faveur du roi. David
mal son maître pour que David et Abisaï détesta cette coupable action de son ne
aient pu pénétrer dans le camp sans être vefl, qui avait répandu durant la paix le
aperçus, 26, 5-14. Après la mort de sang qu'on répand en temps de guerre,
Saül, Is-Boseth son fils lui succéda et fut 1 R. 2, 5; il rendit de grands honneurs à
couronné par Abner, qui pendant sept ans la dépouille mortelle du général, il com
soutint les prétentions de la famille dé posa un hymne sur sa mort, et près de
chue ; mais dans presque toutes les ba sa fin rappela à Salomon ce crime qui ne
tailles il dut se retirer avec perte. Les devait pas rester impuni. 1 R. 2, 5. 32
troupes de David et celles d'Is-Boseth 34. v. encore 2 Sam. 2 et 3.
s'étant rencontrées près de Gabaon, (Le capitaine Abner, qui joue un si
Abner eut la barbarie de proposer, soit beau rôle dans l'Athalie de Racine, est un
comme simple prélude, soit pour gagner personnage purement fictif qui n'a pas
du temps, un combat singulier entre de correspondant dans l'histoire sainte.)
douze hommes de chaque parti. Les vingt ABRAM ou ABRAHAM, Gen. 11, 26
quatre combattants se furent bientôt égor 25, 10., fils de Taré, naquit à Ur, ville des
gés les uns les autres, une affreuse mê Chaldéens, l'an du monde 2008, av. C.
lée s'ensuivit, et les troupes d'Abner 1996. Il passa les premières années de
furent mises en pleine déroute. Vivement sa vie dans la maison de son père, qui
poursuivi par Hazaël , Abner frappa ce était idolâtre; peut-être adora-t-il lui
guerrier et l'étendit sur le carreau après même les idoles pendant quelque temps,
l'avoir d'abord vainement sollicité de mais Dieu lui ouvrit les yeux , et l'on
s'éloigner ; mais Joab et Abisaï, frères prétend qu'Abraham fut, à cause de sa
d'IIazaël, n'en furent que plus acharnés à conversion, exposé à toutes sortes de
poursuivre l'armée ennemie; enfin, au persécutions de la part de ses compa
coucher du soleil, Abner demanda que le triotes. Il paraît assez probable que Taré
combat fût suspendu, et profita des té fut aussi convaincu de la vanité des faux
nèbres pour se retirer avec les siens. dieux, puisqu'il partit d'Ur avec son fils
Cependant Abner avait noué une intri et qu'il l'accompagna dans le lieu que
gue avec Ritspa, concubine de Saül; Is l'Eternel leur avait désigné. Ils se ren
Boseth, soit qu'il y vît une tache pour sa dirent d'abord à Caran en Mésopotamie,
famille, soit qu'il crût y voir plutôt les où Abraham eut la douleur de perdre
prétentions de son général au trône, lui son père : de là, il vint en Palestine avec
en fit des reproches. Abner, piqué au vif, Saraï sa femme , Lot son neveu, leurs
répondit avec aigreur, rappela à Is-Boseth serviteurs et leurs troupeaux, et ils se
les services qu'il lui avait rendus, et jura fixèrent momentanément dans cette con
de livrer tout le royaume entre les mains trée habitée par les Cananéens, mais dont
de son adversaire. Aussitôt il entre en Dieu promit à Abraham que sa postérité
effet en correspondance avec David, lui la posséderait. Toutefois, Abraham n'y
fait rendre sa femme Mical que Saül avait possédajamais lui-même un pouce de ter
donnée à un autre, et se rend auprès de rain (sauf la caverne qu'il acheta pour y
lui à Hébron. A peine est-il sorti du fes ensevelir son épouse), mais il y demeura
ABR 13 ABR

toujours comme étranger. Peu de temps uns pensent que ce fut plutôt à Dieu qu'il
après son établissement dans ce pays, il offrit ce pain et ce vin en sacrifice d'ac
survint une grande famine qui le contrai tions de grâce ; Abraham lui donna la
gnit de descendre en Egypte, et, dans la dîme du butin, Héb. 7, 4. A cette occa
crainte que les Egyptiens frappés de la sion, l'Eternel renouvela les promesses
beauté de sa femme ne voulussent la lui qu'il avait faites à son serviteur, lui réité
ravir et ne lui ôtassent la vie à lui-même, rant l'assurance qu'il posséderait le pays
peut-être aussi pour se soustraire à l'op de Canaan; un fils lui fut promis, et Dieu,
probre que lui aurait causé la stérilité de le conduisant hors de sa tente, lui an
Saraï, il la fit passer pour sa sœur. Pharaon nOnça que sa postérité serait aussi nom
la fit en conséquence enlever et voulut la breuse que ces étoiles qui brillaient au fir
mettre au nombre de ses femmes; mais mament. Abraham offre alors un sacrifice
averti par une vision et par les châtiments d'après l'ordre que Dieu lui en donne,
divins, il se hâta de la rendre à son mari une génisse de trois ans, une chèvre de
avec de grands présents. La famine ayant trois ans, un bélier de trois ans, une
cessé, Abraham retourna en Canaan avec tourterelle et un pigeon ; puis, quand le
Lot qui l'avait toujours accompagné jus Soir est venu, il voit en vision le feu du
qu'alors , et dressa ses tentes entre Bé ciel passer entre les victimes, et Dieu lui
thel et Haï, où précédemmentil avait élevé dévoile l'avenir, lui annonce la captivité
un autel. De fréquentes contestations en d'Egypte, sa fin glorieuse, et les biens
tre les bergers de l'oncle et du neveu au qui seraient le partage de sa descendance.
sujet des citernes et des pâturages dont Cependant ces promesses ne se réali
ils voulaient jouir exclusivement les uns et saient pas ; le patriarche avançait en âge,
les autres, leur montrèrent que « la terre et tout semblait annoncer qu'Elihézer
ne les pouvait porter pour demeurer en son intendant serait aussi l'héritier de
semble. » Abraham laissa généreusement à ses richesses. Saraï, pensant que peut
Lot la liberté de choisir le premier l'en être ce n'était pas à elle qu'était destiné
droit où il se fixerait; et Lot ayant choisi l'honneur de donner un fils à Abraham,
l'Orient et le Midi , toute la plaine du engagea son mari à prendre pour femme
Jourdain, Abraham se rendit dans les Agar sa servante égyptienne, espérant
plaines de l'Amorrhéen Mamré près d'Hé que Dieu accomplirait ses promesses
bron (1920,av. C.)Quelquesannées après, dans les enfants qu'il aurait d'elle ; Saraï
Lot ayant été fait prisonnier par Kédor de son côté les aurait adoptés et pris
Lahomer et ses alliés, Abraham avec 318 pour siens, suivant la coutume de ces
de ses serviteurs et quelques Cananéens temps. Mais quand Agar se vit sur le
de son voisinage, part, poursuit les vain point de devenir mère , elle méprisa sa
queurs, les joint à Dan, près des sources maîtresse et voulut s élever au - dessus
du Jourdain, délivre son neveu, lui fait d'elle. Abraham maintint Sara dans ses
rendre tout ce qui lui avait été enlevé et droits; Agar maltraitée dut s'enfuir, mais
reprend le chemin du retour. Les rois de l'ange de l'Eternel lui apparut au désert
la plaine voulaient abandonner à Abraham et lui Ordonna de retourner chez Abraham
tout le butin qu'il avait fait, et ils le sup et de se soumettre à sa maîtresse; elle
plièrent de leur rendre au moins les pri obéit et donna le jour à Ismaël. ( 1910
sonniers, mais Abraham leur rendit le tout av. C.)
ne voulant rien garder pour lui-même et Treize ans après, le Seigneur renouvela
réservant seulement une faible part pour son alliance avec le patriarche, et changea
les Cananéens qui l'avaient secondé dans son nom d'Abram (père illustre) en celui
son expédition. Comme il passait devant d'Abraham (père d'une multitude), et ce
Salem (plus tard Jérusalem), Melchisédec, lui de Sara'i (ma princesse) en celui de
roi de cette ville et sacrificateur du Dieu Sara (princesse). Comme signe et pour
fort souverain , vint à sa rencontre , le confirmation de l'alliance, il lui ordonna
bénit, et lui offrit du pain et du vin pour de se circoncire lui et tous les mâles de
le restaurer lui et ses gens. Quelques sa famille et de sa maison, et il lui pro
ABR 14 ABR

mit positivement qu'avant le terme d'une seconde fois, fit passer Sara pour sa sœur
année, il lui naîtrait un fils de Sara. (v. Abimélec); mais sa ruse, de nouveau
Mais les énormités qui se commettaient découverte, eut pour Abimélec les mêmes
dans la contrée où Lot s'était retiré, à suites qu'elle avait eues pour Pharaon,
Sodome, à Gomorrhe, et dans les villes et attira au patriarche des reproches plus
voisines, avaient décidé l'Eternel à les vifs encore. C'était la dernière fois que
détruire toutes avec le sol même sur le ce subterfuge était possible, car bien- .
quel elles reposaient. Un jour qu'Abraham tôt après, la même année, Sara donna à
était assis à la porte de sa tente, il vit Abraham un fils qui rendit leur union ma
s'approcher trois personnages, Gen. 18. nifeste et plus intime. L'enfant fut nommé
Sans les attendre, il court à eux, les invite Isaac, et lorsqu'on le sevra, Abraham
à entrer pour se rafraîchir, leur lave les fit un grand festin : ce fut alors, à ce
pieds, et prépare avec Sara de quoi leur qu'il paraît, que Sara vit Ismaël tourmen
servir à manger. Quand ils eurent achevé ter son petit frère, et qu'elle supplia son
leur repas, ils se firent connaître pour ce mari de chasser le fils de l'Egyptienne,
qu'ils étaient, et répétèrent au patriarche afin qu'il ne partageât pas l'héritage avec
la promesse que l'Eternel lui avait faite Isaac. Abraham, connaissant les pro
peu de jours auparavant. Mais Sara messes relatives à Ismaël, refusa d'abord
n'ayant pu retenir un sourire d'incrédu de complaire à sa femme; mais, sur un
lité, l'Eternel dit à Abraham : « Pour avertissement de l'Eternel qui lui con
quoi Sara a-t-elle ri? Y a-t-il quelque firmait ce qu'il lui avait annoncé au sujet
chose qui soit difficile à l'Eternel ? » Puis de cet enfant, il n'hésita plus à le ren
les messagers célestes reprirent leur voyer, ainsi que sa mère.
voyage, marchant vers Sodome, et Abra Vers le même temps à peu près, Abi
ham les accompagnait. C'est ici que se mélec se rendit en visite auprès du pa
place une des scènes les plus touchantes triarche et fit alliance avec lui. Il s'agis
dont il soit fait mention dans l'Ecriture, sait d'un puits que les serviteurs du
une scène qu'on ne peut lire sans la plus prince avaient enlevé par violence aux
vive émotion, l'intercession d'Abraham bergers du patriarche. Abraham le ra
auprès de l'Eternel en faveur des villes cheta en offrant volontairement sept jeu
de la plaine. Pendant que les deux anges nes brebis en échange; ils appelèrent ce
marchaient en avant, l'Eternel communi lieu Béer-Sébah (puits du serment), parce
quait à Abraham ce qu'il allait faire à l'é- que leur traité fut ratifié par un serment
gard de ces villes, et Abraham ne cessa de solennel. Abraham y planta un bois de
plaider pour leur conservation que lors chêne et y demeura quelque temps.
que les réponses pleines de grâce et de Vingt années environ se passèrent sans
miséricorde du Seigneur l'eurent per qu'il arrivât rien de remarquable dans la
suadé que ces malheureuses cités étaient vie ou dans la famille du patriarche ; le .
tombées en effet dans la plus affreuse dé fils sur lequel reposaient tant d'espé
gradation. Les dix justes ne se trouvaient rances et de promesses précieuses gran
pas dans toute cette contrée. Au jour sui dissait et semblait réaliser déjà tout ce
vant, Abraham, se levant de bon matin, que ses parents en attendaient , lorsqu'il
vint à l'endroit Où la veille encore il s'était faillit être enlevé à leur tendresse par
tenu devant l'Eternel; une fumée comme l'ordre de ce même Dieu qui l'avait ac
celle d'une fournaise s'élevait à la place cordé à leurs prières et à leur foi. Abra
qu'avaient occupée les villes maudites. hamdut offrir son Isaac en holocausteàl'E-
Quelque temps après, Abraham quitta ternel, épreuve terrible, mais nécessaire,
les plaines de Mamré et, se dirigeayt vers et qui devait faire d'Abraham le père des
le sud, alla demeurer à Guérar où régnait croyants : il prit donc son fils et deux de
Abimélec. Eprouvant en ce lieu les mêmes ses serviteurs, et se mit en chemin pour se
craintes qu'il avait déjà eues en Egypte, rendre à la montagne que Dieu devait lui
il employa le même moyen pour échap indiquer. Deuxjours devoyagefurent pour
per au danger qu'il redoutait et, pour la Abraham un exercice de foi dans lequel
ABR 15 ABR

il put se demander bien souvent ce qu'al d'éclatantes révélations ni de grandes


laient devenir ces promesses qui lui épreuves. Les jours des fidèles, même les
avaient été faites d'une innombrable pos plus éminents, ne sont pas tous marqués
térité : mais il connaissait l'Eternel et par des interventions signalées du Sei
savait qu'il n'est pas homme pour mentir gneur, et il est beaucoup de ses servi
ni fils de l'homme pour se repentir, et il teurs qui s'en vont tout doucement et
estimait que Dieule pourrait même ressus sans éclat dans le lieu du repos. Telle fut
citer d'entre les morts. Au troisième jour la fin de la carrière d'Abraham; il mourut
la montagne funèbre apparut : c'est là que rassasié de jours et fut recueilli vers ses
devait se consommer un sanglant sacri peuples.Son corps retourna dans la terre
fice. Isaac cherche où est la victime pour comme celui de ses ancêtres, et son âme
l'holocauste; son père lui répond : « Mon rejoignit celle des hommes qui avant lui
fils, l'Eternely pourvoira. » Déjà les deux avaient appartenu au peuple de Dieu, Héb.
patriarches ont atteint seuls le sommet 11, 13-16. Il fut enseveli dans la grotte
de la colline; le bois est prêt, l'autel est de Macpélah par ses fils Isaac et Ismaël
dressé, la victime est liée, le bras du père (av.C. 1821); ce dernieravaitalors 89 ans,
est levé sur son fils comme le couteau et Isaac 75.
du sacrificateur sur sa victime. Abraham L'antique figure du patriarche est une
n'hésite pas; mais du haut des cieux une des plus belles que nous présente l'An
voix se fait entendre, la voix de celui qui cien Testament ; elle est noble, vivante
n'a permis qu'un seul sacrifice humain, et prophétique; elle n'a rien de plastique,
celui de l'homme-Dieu son fils. L'épreuve comme celle de Noé ; elle est davantage
avait été suffisante, et un bélier remplaça la représentation d'une vie réelle : Abra
sur l'autel le fils unique de l'ami de Dieu. ham n'est pas le dieu des abîmes et du
Ils rejoignirent donc leurs serviteurs et déluge, il est le père des croyants.
retournèrent à Béer-Sébah.— Douze ans Parmi les observations nombreuses
après, Sara mourut à Hébron. Abraham, auxquelles son histoire pourrait donner
étranger dans le pays et n'y possédant lieu, nous nous bornerons aux suivantes :
aucun fonds de terre, acheta de Héphron 1° L'auteur sacré introduit Abraham
le Héthien, pour le prix de 400 sicles d'une manière très abrupte, en quelque
d'argent (environ 1300 francs), le champ sorte sans préparation : « Et Dieu dit à
de Macpélah où se trouvait une caverne Abraham, etc. » Gen. 12, 1. Mais pour
propre à servir de lieu de sépulture, et qu'un homme entreprenne un voyage
il y ensevelit sa femme après en avoir lointain, fatigant, et sans terme à lui
fait le deuil suivant l'usage du pays. connu, il faut nécessairement qu'il ait
Se sentant vieillir, Abraham envoya confiance en celui par qui l'ordre et le
Elihézer, son intendant, en Mésopotamie, signal du départ est donné. L'Eternel
pour y chercher une jeune fille de sa pa avait donc fait entendre sa voix à Abra
renté qu'il pût donner en mariage à Isaac. ham auparavant, et peut-être même à
C'était trois ans après la mort de Sara. plus d'une reprise, quoique nous ne sa
Le fidèle serviteur s'acquitta de sa mis chions pas de quelle manière. Or, indé
sion avec zèle, sagesse et promptitude, pendamment de ce que l'Ecriture nous
et obtint pour son maître la main de Ré atteste Jos. 24, 2. 14. v. Taré, nous ap
becca fille de Béthuel, petite-fille de Nacor prenons par d'autres sources que l'ido
et petite-nièce d'Abraham. Le patriarche lâtrie régnait en Caldée à cette époque,
vécut encore 35 ans depuis le mariage de et tout porte à croire que ce fut un des
son fils, et il eut de Kéturah, sa seconde principaux motifs du déplacement d'A-
femme, six fils qui furent pères de divers brahamº
peuples ou peuplades de l'Arabie et des 2° Abraham n'était point dépourvu de
environs. Il mourut âgé de 175 ans, un moyens de subsistance lorsqu'il se mit
siècle après son arrivée dans le pays de en route pour le pays de Canaan : « il prit
Canaan. Il ne parait pas que, durant les avec lui Saraï et Lot, et tout leur bien
35 dernières années de sa vie, il ait eu ni qu'ils avaient acquis et les personnes
ABR 16 ABR

qu'ils avaient eues à Caran. » Ce ne fut mais quelque devoir difflcile, ne rem
donc pas dans un intérêt terrestre, et porte jamais quelque victoire sur le pé
comme ferait un aventurier qui cherche ché, sans que Dieu ne lui donne un sen
fortune, qu'il quitta sa famille et sa pa timent plus vif de sa miséricorde; c'est
renté pour se rendre en d'autres lieux. à-dire que la grâce qui sauve sanctifie
3°La première épreuve de lafoid'Abra l'âme qu'elle veut sauver, et console celle
ham fut dans la famine qui le contraignit à qu'elle sanctifie.— Après qu'Abraham eut
quitter momentanément cette terre de montré sa foi par ses œuvres dans sa
Canaan que l'Eternel avait promise à sa conduite avec Lot, l'Eternel lui renouvela
postérité. L'épreuve fut plus forte qu'on ses promesses, les lui rendit plus claires
ne le suppose au premier moment, et il et même les agrandit, car il ne lui avait
est impossible de ne pas voir que la foi pas encore annoncé que sa postérité se
du patriarche en souffrit d'abord quel rait innombrable, Gen. 13, 14 - 17. La
que peu; car, se méfiant de l'Eternel pen même chose lui arriva plus tard en de
dant qu'il est en Egypte, il s'abandonne semblables occasions, particulièrement
à des craintes excessives qui le font tom après la défaite des rois de la plaine, 15,
ber dans le péché. Son mensonge n'est 1. et après le sacrifice d'Isaac 22, 16.
sans doute pas des plus grossiers et des 7° Nous avons une preuve de la gran
plus révoltants; néanmoins, en donnant deur et de la puissance d'Abraham dans
à entendre autre chose que la stricte vé l'histoire de la délivrance de Lot. Il fallait
rité, il induisait son prochain en erreur qu'il eût de grands biens, celui qui pou
et pouvait devenir l'occasion d'un grand vait armer 318 esclaves nés dans sa mai
crime ; en sorte que les reproches de son, car cela suppose naturellement qu'il
Pharaon, parfaitement fondés, durent hu en avait d'autres qui n'étaient pas nés
milier le patriarche plus que ne le réjoui chez lui, en qui il avait peut-être moins
rent les grands présents qui lui furent de confiance, et qu'il laissa pour la garde
offerts. de ses troupeaux. Si l'on y ajoute encore
4° On apprécierait bien mal la valeur les femmes et les petits enfants, on com
morale des actions humaines, si l'On en prendra que les Héthiens aient pu lui
jugeait toujours parleurs résultats les plus dire : « Tu es un prince excellent parmi
prochains.Abraham semble récompensé nous, » 23, 6. Ainsi s'accomplissait déjà'
de son mensonge par les grands biens une partie des promesses qui lui avaient
qu'il emporta d'Egypte, mais cet ac été faites. Ce qui n'est pas moins à re
croissement de fortune fut la cause d'un marquer, c'est le désintéressement et l'es
de ses plus grands chagrins domestiques : prit de justice qui le portèrent à refuser
il dut se séparer de Lot, son neveu, qu'il la propriété du butin, tout en réservant
aimait tendrement et qui était pour lui la part des Cananéens qui lui avaient
comme son fils adoptif. donné du secours, 14, 21.24.
5° Si la foi des enfants de Dieu a ses 8° Quant à l'union d'Abraham etd'Agar,
éclipses, comme le soleil les siennes, elle on s'exposerait à porter un faux jugement
ne reparaît ensuite que plus brillante. Il si l'on voulait juger cette action d'après
n'est personne qui n'ait remarqué la dé nos mœurs et en se mettant uniquement au
bonnaireté, la douceur et la confiance en point de vue de l'Evangile. D'abord.il est
Dieu qu'Abraham manifesta dans sa con évident que le patriarche ne contracta
duite avec Lot lorsqu'ils durent se sépa pas ce mariage, ou plutôt cette union
rer, Gen. 13. C'est ainsi que le père des passagère, pour satisfaire les inclinations
croyants fut relevé de sa chute par la de la chair; de plus, il le fit non pas mal
grâce du Seigneur. pº gré Saraï, ni avec le simple consentement
6o Le salut du fidèle est fondé sur les de son épouse légitime , mais sur sa de
promesses et sur la véracité de l'Eternel : mande expresse ; enfin, la polygamie était
« Ce n'est point par les œuvres, afin que déjà généralement adoptée par les mœurs
nul ne se glorifie. » Cependant le fidèle dégénérées de l'Orient. On peut ajouter
ne fait jamais une œuvre, n'accomplit ja que l'Eternel n'avait pas encore dit à
ABR 17 ABR

Abraham que c'était de Sara que naîtrait raélites, qui demeurent une grande na
la postêrité promise : il pouvait donc s'a- tion au milieu des peuples de la terre.
bandonner à la pensée qu'une autre fem Enfin, lorsque le temps marqué fut ac
me devait accomplir pour lui la parole compli, la famille d'Abraham prit posses
de l'Eternel. Tout cela peut expliquer sa sion de ce pays de Canaan promis depuis
conduite, et diminuer ce qu'elle eut de plusieurs siècles. Voilà pour le temporel.
blâmable sans toutefois la justifier pleine —Quant au spirituel, un Rédempteur est
ment. Cependant, quand on réfléchit venu, qui selon la chair, est fils d'Abra
' qu'Abraham est le premier des descen ham sa vraie postérité, et par qui le salut .

· dants de Sem qui se soit écarté de l'insti a été acquis aux pécheurs de toute langue,
tution primitive du mariage, que cet écart de toute tribu, peuple et nation. Abraham
fut le résultat d'une faiblesse dans sa foi, lui-même, et tous les fidèles qui l'avaient
l'on ne peut s'empêcher d'y voir une précédé, ainsi que ceux qui l'ont suivi,
chute. Comme Adam, Abraham eut tort ont été bénis en ce Rédempteur promis
d'obéir à la parole de sa femme, Gen. 3, dès les premiers jours du monde aux
17; il eut tort de penser un seul instant deux premiers pécheurs. Cette grande
qu'il dût amener la réalisation des pro bénédiction spirituelle, qui était la partie
messes divines par une voie de péché; essentielle de l'alliance faite avec Abra
et certes, cette fois comme toujours, la ham, donne à toutes les parties de cette al
peine du péché fut à la porte. Dès ce mo liance une signification spirituelle. Abra
ment Abraham eut de grands chagrins do ham est grand par sa foi et parce qu'il est
mestiques, la division se mit dans sa fa le père des croyants ; de lui sortent spiri
mille, et plus tard il dut renvoyer de chez tuellement tous les vrais fidèles qui sont
lui cet Ismaël qu'il aimait tendrement, et sa postérité, et une postérité aussi nom
cette Agar qui, selon toute apparence, breuse que les étoiles du firmament : en
était redevenue simplement son esclave, fin il possède avec eux, pour l'éternité, la
puisqu'il n'en eut pas d'autres enfants, Canaan céleste, dont la terrestre n'était
Gen. 25, 1. 2., mais qui n'en était pas que le type.
moins la mère de son premier-né. v. 10° Il importe de remarquer ici, quoi
Gaussen ( Abraham épousant Agar ); que ce ne soit pas le lieu d'entrer dans
Grandpierre, sur le Pentateuque. des détails sur ce point, que l'ange qui
9° L'alliance de l'Eternel avec Abraham apparut au patriarche sous les chênes de
était à la fois temporelle et spirituelle ; Mamré, qui lui annonça la naissance d'un
elle reposait d'ailleurs tout entière sur fils et la destruction de Sodome, Gen. 18,
des promesses. Abraham sera grand, il qui lui retint plus tard le bras lorsqu'il
aura une nombreuse postérité, plusieurs allait sacrifier son unique, 22, 15. etc.,
nations sortiront de lui, et le pays de Ca etc. , est constamment appelé du nom de
naan sera son héritage. D'autre part il l'Eternel, et qu'il ne cesse de parler lui
lui est annoncé que toutes les familles même comme le Dieu tout - puissant.
de la terre seront bénies en sa postérité. v. l'art. Ange. -

— Abraham est grand, même à ne parler 11o L'Ancien et le Nouveau Testament


que selon la manière de voir des hommes ; sont remplis de la gloire d'Abraham , de
son nom est vénéré non-seulement des son nom, de sa mémoire, de son alliance,
juifs et des chrétiens, mais encore des de ses épreuves, de sa foi. Sans entrer
musulmans, c'est-à-dire par la moitié de dans l'examen des divers passages où il
la race humaine : il n'y a pas d'homme est parlé de lui, nous nous bornerons à
qui ait eu une gloire pareille, et tous les en indiquer ici rapidement les princi
détails de sa vie occupent une grande pauX :
place dans les traditions des Orientaux. Anc. Test. Genèse, passim. Exod. 2 ,
De lui sont sortis divers peuples : par 24. 3, 6. 15. 16. 6 , 3. 32, 13. 33, 1.
Ismaël, les Arabes; parles fils de Kéturah, Lév. 26, 42. Nomb. 32, 11. Deut. 1, 8.
les Madianites et d'autres encore ; par 6, 10.9, 5. 29, 13. 30, 20. 34, 4.Jos. 24,
Esaü, les Iduméens, et par Jacob, les Is 3.1 Rois 18, 36. 2 Rois 13, 23. 1 Chr. 16,
2
ABS 18 ABS

46. 29, 18. 2 Chr.20, 7. 30, 6, Néh. 9, 7. 2Sam. 14, se présenta devant David pour
Ps. 47, 9. 105, 6.9.42. Esaïe 29, 22. 51, solliciter sa protection ; elle se disait
2. 63, 16. Jér. 33, 26. Ezéch. 33, 24. veuve et n'avait que deux fils , l'un des
Mich. 7, 20. quels avait tué l'autre dans une querelle,
Nouv. Test. Matth. 3, 9. 8, 11. Luc 1, et sa famille voulait venger le mort par
55. 3, 8. 13, 16.28. 16, 22. 19, 9. Jean la mort du meurtrier , de telle sorte
8, 33. etc. Act. 3, 13. 7, 2. 13, 26. Rom. qu'elle serait privée des deux à la fois, et
4, 1. 9, 7. 11 , 1. 2 Cor. 11 , 22. Gal. 3, elle suppliait le roi d'intercéder en fa
6. etc. 4, 22. Hébr. 2, 16. 7, 1 etc. 11 , veur du coupable. David comprit ce qu'on
8. 17-19. voulait , et devina même l'auteur de la
Le sein d'Abraham, Luc 16, 22, dé ruse : il consentit à ce qu'Absalon fût
signe le ciel ou le lieu du repos. Les rappelé de son exil ; mais il refusa de le
Juifs avaient trois manières d'exprimer le voir , et deux nouvelles années se pas
bonheur des justes à leur mort : ils al sèrent. Cependant Absalon, fatigué de
laient au jardin d'Eden , sous le trône de cette longue disgrâce, cherchait à en
gloire, ou dans le sein d'Abraham. Ce sortir , et comme il ne pouvait pas mê
patriarche étant le père des croyants , me obtenir une entrevue avec Joab, il le
leur semblait devoir être naturellement contraignit à venir , en faisant mettre le
chargé de les recueillir dans la félicité feu à un champ d'orge que Joab possé
céleste. Cette même expression se re dait près d'une propriété appartenant à
trouve dans ce que dit notre Seigneur, Absalon. Ils entrèrent en pourparlers ;
que les fidèles seront à table avec Abra Joab intervint auprès du roi , et Absalon
ham, Isaac et Jacob ; car on sait que les ayant reçu de David l'assurance d'un en
anciens se plaçaient à table de telle ma tier pardon, profita de sa libertê et de
nière que chacun se trouvait comme cou l'influence qui lui était rendue, pour con
ché sur le sein de son plus prOche voisin. spirer presqu'aussitôt contre son père. Il
ABSALON ( père de paix) , troisième trompa le peuple par sa popularité , se
fils du roi David , eut pour mère Mahaca, concilia sa faveur par des intrigues et des
fille de Talmaï, roi de Guésur. Ce qui le promesses, employa toutes sortes d'arti
distinguait entre les fils de David, c'était sa fices pour parvenir à ses fins, se pro
grande beauté et surtout sa longue cheve cura des chevaux et des chariots, et s'en
lure; illa coupait chaque année, ou plutôt, toura d'une garde permanente de 50
comme on peut aussi traduire, à de certai archers. Enfin, la quatrième année de
nes époques, et elle pesait jusqu'à 200 si puis son retour de Syrie, il se rendit à
cles, c'est-à-dire environ deux kilog. et de Hébron , sous prétexte d'y accomplir un
mi. Il eut trois fils, qui moururent en bas vœu : deux cents personnes de distinc
âge, et une fille remarquablement belle, tion l'y attendaient , mais sans suspecter
nommée Tamar, 2 Sam. 14, 27., du nom ses desseins. Aussitôt il s'ouvre à ceux
d'une des sœurs d'Absalon , qui fut vic qui étaient là , et fait proclamer dans
time de l'amour incestueux d'Amnon, un toutes les villes d'Israël qu'il a fixé le
autre fils de David. Absalon , résolu de siége de son empire à Hébron, là même
venger l'insulte faite à sa sœur , attendit où David, son père, avait été sacré roi
l'occasion de le faire. Au bout de deux quarante ans auparavant, 2Sam. 2, 1-11.
ans, lors de la tonte des moutons, il fit Achithophel est des premiers à joindre
un festin auquel il convia son frère, et l'usurpateur; la masse du peuple suit cet
lorsque celui-ci fut ivre, il le fit égorger exemple, et David s'enfuit de Jérusalem
par ses serviteurs, et s'enfuit à Guésur, avec une poignée d'amis sûrs et fidèles.
auprès de son grand-père. ll y était de Absalon s'y rend aussitôt , et le vengeur
puis deux ans, lorsque Joab, voyant que d'un inceste devient lui - même inces
David ne serait pas éloigné de pardon tueux, d'après l'avis de son principal
ner à son fils, imagina, pour le faire conseiller, en se faisant livrer les femmes
rappeler, une ruse qui lui réussit com de son père, pour rendre toute réconci
me il l'espérait. Une femme de Tékoah, liation impossible. Achithophel voulait
ABS 19 ACA

encore qu'Absalon lui remît le soin de signer ce qui est généralement désagréa
poursuivre immédiatement David , avec ble, nuisible et pernicieux : et le para
12,000 hommes de troupes choisies; mais phraste caldéen appelle cette plante « ab
cet avis ne fut pas écouté, grâces à Cusaï, sinthe de mort. » Les versions Orientales
qui, feignant d'entrer dans la révolte, afin et les rabbins traduisent l'hébreu Lahenah
de mieux servir son maître légitime , et par absinthe , tandis que les versions
flattant l'amour-propre d'Absalon , lui grecques d'Alexandrie lui substituent le
conseilla d'attendre , de réunir d'abord nom des choses représentées.Ainsi, Deut.
tout le peuple en une formidable armée, 29, 18., elles traduisentabsinthe paramer
et de marcher ensuite lui-même à la tête tume : Jérém. 9,15., par nécessité;23, 15.,
de ses troupes. Une victoire brillante lui par douleur. Les idolâtres sont représen
était assurée. Pendant qu'Absalon ras tés, Deut. 29 , 18., sous l'image même
semblait ainsi le peuple, il donnait à d'une racine qui produit de l'absinthe,
David le temps de réunir ses vieux sol cf. Héb. 12, 15.La Bible lui compare aussi
dats, et ce furent eux qui le délivrèrent les attraits d'une femme de mauvaise vie,
de ses ennemis dans la bataille qu'ils li Prov. 5, 4 : les juges iniques, Amos 5,
vrèrent au milieu des forêts d'Ephraïm. 7. 6, 12. Jér. 9, 15.23 , 15 : les souf
Vingt mille hommes restèrent parmi les frances et les tribulations, Lam. 3, 15.19.
morts , et Absalon lui-même , en traver Quelques savants pensent, mais sans rai
sant l'épaisseur de la forêt, demeura sus son , que la plante mentionnée dans la
pendu aux branches d'un arbre, entre Bible n'est pas l'absinthe ordinaire, mais
lesquelles sa tête ou sa chevelure s'em l'absinthium santonicum , ou chiha des
barrassa.Son cousin Joab l'ayant appris, Arabes, qui croît librement et sans cul
il courut en hâte, et, de sa propre main, ture dans les plaines de la Palestine.
lui arracha la vie, malgré la défense ex ACACIA. v. Sittim (bois de).
presse du roi, qui voulait qu'on l'épargnât. ACCAD , ville bâtie par Nimrod au
(1021 av. C.) Ce fut donc un neveu de pays de Sinhar, Gen. 10, 10. Il faut la
David qui le priva d'un fils, bien coupable chercher en Babylonie ou en Assyrie. Les
sans doute et peu digne d'intérêt, mais Septante lisent Arcad, ce qui a fait pen
auquel son père n'avait pas retiré son ser à Bochart qu'elle était située aux envi
affection. Absalon, pour éterniser sa mé rons du fleuve Argade, dans la Sittacène.
moire, s'était fait ériger un monument , ACC0UPLEMENTS HÉTÉRoGÈNES. Il
près duquel il désirait peut-être qu'on était défendu aux Hébreux d'allier, dans
I'ensevelit. L'historien Josèphe dit que le cours de leur vie et dans les affaires les
c'étâit une colonne de marbre, et qu'elle plus ordinaires, les choses qui ne devaient
était à 300 pas de Jérusalem , dans la pas naturellement aller ensemble , Lév.
vallée de Josaphat. Mais son corps fut 19 , 19. Deut. 22, 9 et suiv. Ils ne pou
jeté dans une fosse immédiatement après vaient pas, en particulier : 1° porter des
le combat, et recouvert d'un monceau de habits faits d'étoffes différentes, de laine
pierres. Quand David apprit la mort de et de lin ensemble (demi-laine) ; 2° se
son malheureux fils, il versa sur lui d'a- mer dans un même champ deux sortes de
bondantes larmes, dont l'amertume était graines différentes ; 3° atteler à la char
bien justifiée par une si triste vie suivie rue deux animaux différents , un âne et
d'une si triste fin , 2 Sam. 18, 33. - Le un bœuf; 4°accoupler pour la propagation
nom d'Absalon ne se trouve, en dehors des bêtes d'espèces différentes qui au
des livres historiques, que dans l'épigra raient produit des animaux neutres et
phe du Ps. 3. -
bâtards , des mulets.
ABSINTHE. Cette plante, bien connue L'Ecriture n'explique nulle part la
chez nous, contient un jus amer. Les cause de cette défense, et les Juifs eux
Hébreux, qui regardaient les plantesamè mêmes ne paraissent pas l'avoir comprise
res comme nuisibles, et comme vénéneu d'une manière plus claire. Mais l'idée qui
ses ( v. Apoc. 8, 10, et 11 ), se servent se présente le plus naturellement à l'es
souvent du nom de cette plante pour dé prit, et qui est le plus conforme à l'en
ACC 20 ACH

semble des dispositions mosaïques, c'est absolument que la laine de moutons, et


que le législateur voulait, en défendant qu'elle permettait celle de chameaux et
l'union de choses étrangères , inculquer d'autres animaux; que cette défense ne
toujours plus fortement au peuple à part s'appliquait qu'aux vêtements , et point
l'horreur des alliances étrangères , soit à tous les autres tissus que l'on pouvait
avec les Egyptiens qu'ils venaient de quit faire, tapis, linges, couvertures, essuie
ter, soit avec les Cananéens qu'ils allaient mains , etc. Ces explications de détail ne
rencontrer, et avec lesquels ils ne de mènent guère loin.
vaient se rencontrer que pour les dép0s ACHAB (918 av. C.), 1 Rois 16, 28-22,
séder et les extirper. La semence Sainte 40., fils et successeur de Homri , monta
allait se trouver sur le même sol que la sur le trône d'Israël lorsque Asa régnait
semence maudite : ils devaient avoir h0r à Jérusalem; il fut le plus impie de sa
reur de cet alliage, de ce mélange qui race, et ne fut surpassé peut-être que
les souillerait; ils devaient l'empêcher par par sa digne compagne Jésabel ou Izebel,
l'extermination du mal. fille d'Ethbahal, roi de Sidon. Son idolà
La défense d'accoupler des animaux trie fut punie par une famine qui désola
d'espèces différentes se comprend mieux le pays pendant trois ans et six mois, et
que les autres. Pervertir en effet le cours qui lui fut annoncée par le prophète Elie.
de la nature pour essayer de produire ce A la fin de ce temps, une épreuve solen
que Dieu n'a pas créé, forcer ou favori nelle fut proposée par Elie : les minis
ser une marche différente de celle qui tres de Bahal se réunirent au Carmel, Of
est établie, et faire des monstres, était frirent des sacrifices et prièrent leur dieu
une pensée qui devait répugner déjà au qu'il voulût bien faire tomber la pluie sur
simple sens moral et religieux, et pro la terre ; mais ils prièrent en vain pendant
voquer des mesures préventives ; en ou une demi-journée. Elie, s'approchant à
tre, et a fortiori, cette interdiction disait son tour, bâtit un autel et pria le Dieu
le dernier mot sur le crime de la bestia d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, de se ma
lité si fréquent parmi les anciens païens, nifester comme le seul et vrai Dieu : le
et que le législateur n'a pas même osé feu du ciel consuma l'holocauste, un petit
nommer ; ce crime , la plus grande des nuage parut à l'horizon, comme la paume
monstruosités morales, était banni même de la main, et Achab , montant sur son
de la loi , comme le parricide l'était des char, s'enfuit en hâte à Jizréhel avant
lois de Solon. — Du reste il n'était pas que l'orage l'atteignît. Quelques années
défendu d'acheter et de nourrir des mu ap. ès commença la guerre avec Ben-Ha
lets, et les Israélites en faisaient venir dad, roi de Syrie, et trente-deux autres
pour leur usage des pays étrangers. rois, 1 Rois 20; mais quelque nombreux
Quant à la défense d'atteler à une mê que fussent les ennemis d'Israël, l'Eter
me charrue des animaux différents, Josè nel n'était point avec eux, et leur déroute
phe et Philon la regardent comme une loi fut complète ; ils furent vaincus par deux
d'humanité en faveur des animaux labou fois sur la montagne et dans la plaine.
reurs; on sait, en effet , que de sembla Achab pouvait et devait exterminer Ben
bles attelages sont pour l'un et l'autre Hadad, mais par orgueil, ou par une gé
animal une charge pénible et difficile , à nérosité hors de saison et que Dieu ré
cause de la différence de pas , de forces prouvait, il préféra faire alliance avec lui.
et d'allure. - Cette désobéissance lui devint fatale : un
Les rabbins ont donné encore beau prophète, 20, 35 (probablement le même
coup d'autres explications, toutes plus Michée que 22, 8), lui annonça que puis
ou moins satisfaisantes : ils ont dit, par qu'il avait laissé échapper l'homme que
exemple, qu'il était défendu au peuple de Dieu lui avait donné à détruire, sa vie
porter des vêtements mi-laine, parce que répondrait pour celle de Ben-IIadad, et
ce devait être le costume des seuls sacri son peuple pour le sien. Irrité de ces pa
ficateurs, ce qui n'est pas prouvé. lls ont roles prophétiques, de l'accomplissement
dit encore que par laine la loi n'entendait desquelles il ne pouvait douter, Achab
ACH 21 ACH

revint à Samarie et me fit que pécher da devant lui ; et il lui dressa un autel, et fit
vantage au lieu de chercher à apaiser l'E- un bocage, » 1 Rois 16, 30-33. Son his
ternel. Sa femme fit lapider Naboth dont toire est la plus triste peut-être de toutes
la vigne plaisait à Achab; mais pendant celles des rois d'Israël et de Juda, et l'E-
que le malheureux roi parcourait sa nou criture Sainte s'en sert comme d'un terme
velle possession, Elie se présenta devant de comparaison pour juger l'impiété de
lui, et l'âme coupable et bourrelée s'écria ses successeurs. v. 2 Rois 8 , 18. 9, 7.
Comme le démoniaque du Nouveau Tes 10, 1, 21, 3. 2 Chr. 21, 6. 22, 3. Mich.
lament : « Pourquoi viens-tu me tour 6, 16.
menter ? Me chercheras-tu toujours ? 2o Achab, fils de Kolaja, et Sédécias,
Suis-je ton ennemi ? » Tu l'es, lui répon faux prophètes qui séduisaient le peuple
dit le prophète, et en même temps il lui juif captif à Babylone, et qui joignaient à
annonça les maux qui devaient l'accabler des paroles de mensonge des mœurs im
lui-même et fondre sur sa coupable fa pures, Jér. 29, 21. 22. Leur mort passera
mille. Epouvanté de tant de malheurs, en proverbe et deviendra un formulaire
Achab déchira ses vêtements dans cette de malédiction, dit Jérémie, et l'on dira :
vigne même dont un crime l'avait rendu « Que l'Eternel te mette en tel état qu'il
l'infortuné propriétaire, il se couvrit d'un a mis Achab et Sédécias, lesquels le roi
Sac et Se trainait en marchant. L'Eternel de Babylone a grillés au feu. » On ne
eut égard à cette humiliation, sincère sait rien de plus sur leur compte ; quel
peut-être, mais passagère, et renvoya ques-uns ont voulu les confondre avec
d'une génération l'accomplissement de les deux anciens de l'histoire de Suzanne;
ses menaces. « Tant il est vrai, ajoute mais, même en admettant cette histoire
Saurin, ce que nous disons, que Dieu comme vraie, l'identité serait plus que
aime tant la repentance qu'il en couronne douteuse, car il est dit que les deux vieil
quelquefois les dehors, et qu'il en récom lards furent lapidés et non point brûlés.
pense quelquefois jusqu'aux apparences. » ACIIAlE. Act. 18, 1-12. 2 Cor. 1, 1.
(Serm. sur les dévot. passag.) Trois an Originairement ce nom ne désignait que
nées après, 2 Chron. 18 , Achab s'unit à la côte septentrionale du Péloponèse,
Josaphat, roi de Juda, pour reprendre la mais du temps des apôtres il comprenait
ville de Ramoth de Galaad, et fit mettre toute la province romaine, c'est-à-dire
en prison le prophète Michée, qui lui pré l'ancienne Hellas (Livadie) et le Pélopo
disait sa mort et la défaite de son armée. nèse (Morée). Elle fut successivement ré
Cette mesure séculière n'empêcha pas gie par des proconsuls et des procura
l'accomplissement de la parole divine : teurs. Elle avait pour capitale Corinthe,
Achab fut blessé malgré son déguise la seule ville un peu considérable de son
ment et mourut malgré son armure ; une territoire; Gallion y résidait lorsque
flèche tirée presque au hasard le frappa Paul y prêcha l'Evangile et qu'il y fonda
•au défaut de la cuirasse, il tomba au fond plusieurs congrégations chrétiennes.
deson chariot et mourut vers le soir, bai ACHAIQUE, disciple de saint Paul,
gné dans son sang, après un triste règne dont le nom semble indiquer la patrie.
de 22 ans (897 av. C.). On lava son char On ne sait rien de particulier sur sa vie,
et ses armes dans le vivier de Samarie, et et son nom ne se trouve que 1 Cor. 16,17.,
les chiens léchèrent son sang, ainsi que où nous voyons saint Paul le recomman
l'Eternel l'avait annoncé. L'auteur sacré mander avec force aux Corinthiens. En
nous trace en deux mots le caractère de voyé de Corinthe vers l'apôtre, avec Sté
ce méchant prince. « Achab fit ce qui dé phanas et Fortunat, ce fut peut-être en
plaît à l'Eternel, plus que tous ceux qui core lui qui fut chargé de remettre aux
avaient été avant lui. Et il arriva que, fidèles de sa patrie la 1re épître qui leur
comme si ce lui eût été peu de chose de est adressée.
marcher dans les péchés de Jéroboam, ACHAZ, 2 Rois 15, 38. 16, 20. 23, 12.
fils de Hébat, il prit pour femme Izebel ; 2 Chron. 28 ; fils de Jotham, roi de Juda,
puis il alla et servit Bahal et se prOsterna épousa, fort jeune encore, Abija dont il
ACH 22 ACH

eut Ezéchias. Il monta sur le trône à l'âge tiles : d'autres prophètes, plus nombreux
de 20 ans, 742 av. C., et régna 16 ans. Il et plus agréables, flattaient les goûts du
s'adonna tout entier à l'idolâtrie, fit pas roi et de la multitude, et Achaz, se plai
ser ses enfants par le feu en l'honneur de sant en leurs voix séductrices, mourut
Moloch, et sacrifia aux idoles dans le au milieu de ses iniquités, 726 av. C. On
temple même de Jérusalem. Bientôt il vit l'ensevelit à Jérusalem , mais on ne lui
réunis contre lui Retsin, roi de Syrie, et donna pas de place dans le sépulcre à
Pékach, roi d'Israël, avec une armée for côté des rois ses ancêtres. —Son nom ne
midable ; vaincu dans une sanglante ba se retrouve plus que pour servir de date
taille, il s'enferma dans sa capitale où ses aux oracles des prophètes, Es. 1, 1. Os.
ennemis l'assiégèrent, pendant que d'un 1, 1, etc.—Cadran d'Achaz, v. Cadran.
autre côté les Iduméens et les Philistins ACHAZIA. 1° Fils d'Achab, d'abord
ravageaient ses états, s'emparaient de ses son associé pendant un an, puis son suc
forteresses et dépouillaient tous ceux cesseur au trône d'Israël, 1 Rois 22, 40. 2
qu'ils rencontraient. Achaz fit alors al Rois 1, 2 Chr. 20, 35-37., marcha dans
liance avec le roi d'Assyrie Tiglath-Pilé l'idolâtrie comme son père et comme sa
ser, dont le secours ne lui fut pas fort mère Jésabel, fut malheureux dans une
avantageux. Dans ces tristes circonstan alliance qu'il contracta avec Josaphat
ces, Dieu restait encore à la postérité de pour l'équipement de vaisseaux de com
David; il envoya vers le malheureux mo merce, et laissa les Moabites se soustraire
narque le prophète Esaïe, pour lui annon à son pouvoir. Il tomba de son palais de
cer une prochaine délivrance, Es. 7 et 8. Samarie « par le treillis de sa chambre
Esaïe offrit même au prince, en garantie haute, » qui donnait à la fois sur la cour
de cette promesse, de lui donner tel signe intérieure du palais par une trappe, et sur
qu'il voudrait; mais Achaz, sous prétexte la rue ou sur les parvis extérieurs par la
de ne pas tenter Dieu, Deut. 6, 16, re balustrade dont le toit était environné,
fusa; sa véritable crainte était justement v. Maison; comme il était fort malade de
de recevoir ce signe, qui l'aurait alors sa chute, il envoya consulter Bahal-Zébub,
obligé de suivre la voie indiquée par le dieu de Hébron; ses serviteurs ne purent
prophète, et d'abandonner l'alliance assy remplir leur message et revinrent an
noncer à leur maître qu'un prophète les
rienne. Toutefois ce signe lui fut donné :
une vierge enfanterait un fils, et avant ayant rencontrés leur avait annoncé la
que l'enfant pût prononcer les noms de mort prochaine et sûre d'Achazia. Le roi,
père et de mère, Achaz serait délivré. sur la description qui lui en fut faite, re
Cette prophétie eut son accomplissement: connut le prophète Elie, et, pensant tuer
le roi d'Assyrie, pour des raisons peut la prophétie en tuant le prophète, il en
être personnelles, fondit sur les ennemis voya l'une après l'autre deux compagnies
de Juda, prit Damas dont il transporta les de cinquante hommes au Carmel pour le
habitants, et fit mourir Retsin. Achaz alla saisir. Une troisième troupe fut encore
rendre visite au vainqueur et lui fit hom envoyée, dont le chef(v. Abdias), au lieu
mage des trésors du temple et du palais de prendre le ton impérieux qui avait at
de Jérusalem. Frappé de la beauté d'un tiré le feu du ciel sur les deux premiers ,
autel d'idoles qu'il vit à Damas, il en en s'agenouilla devant le prophète et le sup
voya le modèle au grand prêtre Urie, et plia de le suivre auprès du roi. Elie des
lui enjoignit d'en faire construire un cendit, alla vers le roi et lui répéta ce
semblable pour le mettre à la place de qu'il avait déjà dit à ses serviteurs : « Tu
celui de Salomon dans le temple de l'E- ne descendras pas du lit sur lequel tu es
ternel, auquel il fit encore plusieurs au monté, mais certainement tu mourras. »
tres changements également coupables et Il mourut en effet, suivant la parole du
impies. Pendant ce temps, Esaïe et le Seigneur, et sans postérité, un an après
prophète Michée, 3, 3-12., ne cessaient la mort de son père, 896 av. C. ; Joram,
de prononcer contre Jérusalem de redou son frère, lui succéda.
tables menaces, Elles demeuraient inu 2° Achazia, 2 Rois 8, 25. 9, 29, ou
ACH 23 ACS

Jehoachaz, 2 Chr. 21, 17. 22, 1 , appelé thophel, prévoyant que David serait vain
aussi Hazaria 22, 6 (à moins que ce ne queur, et sachant bien qu'il ne pouvait en
soit une faute de copiste), fils de Joram espérer aucun pardon, fit seller son àne,
et d'Hatalie, monta sur le trône à l'âge revint à Guilo, mit en ordre ses affaires
de 22 ans, 885 av. C., et ne régna qu'un et s'étrangla, 1021 av. C.
an. Il combattit avec Joram contre les ACHMETHA, v. Ecbatane.
Syriens, et lorsque celui-ci , blessé, eut ACIER, v. Fer.
dû s'enfuir à Jizréhel, Achazia vint lui ACSAPH (un prisonnier), ville cana
faire visite. Cependant Jéhu, simple ca néenne dont le roi fut vaincu par Josué,
pitaine, que son maître avait laissé au Jos. 11, 1. 12, 20., et qui fit plus tard
siège de Ramoth de Galaad, ayant été partie de la tribu d'Aser, 19, 25. Elle
oint roi par Elisée, se souleva, tua Joram était près du mont Thabor. M. Bucking
et poursuivit Achazia qui, bien que blessé ham, qui a visité ces lieux en 1816 , dit
mortellement à la montée de Gur, put que c'est actuellement une petite ville
encore s'enfuir dans la contrée de Sama nommé Idippa ou Ecdippa, près de la
rie, à Méguiddo, où Jéhu l'ayant décou Méditerranée, entre Tyr et Ptolémaïs.
vert le fit mettre à mort. Ses serviteurs Au temps de saint Jérôme, environ quatre
l'emmenèrent à Jérusalem, et il fut ense siècles après Christ, c'était, à ce qu'il
veli avec ses pères, 2 Rois 8, 25. 9, 29. paraît, un petit village nommé Chassalus.
ACHIM, fils de Sadoc, père d'Eliud, de ACTES (actions ou faits ) DES APO
la tribu de Juda, nommé dans la généalo TRES. Ce livre est le 5e et dernier des
gieduSauveur, Matth. 1,14, mais du reste," livres historiques du N. T. Il fait suite
inconnu. aux Evangiles et sert d'introduction pré
ACHlTHOPHEL (frère de ruine ou de paratoire aux apôtres. ll contient l'his
folie), 2 Sam. 15, 16 et 17, natif de Gui toire inspirée de ce que les apôtres ont
lo, père d'Eliham, 2Sam. 23,34, et grand fait et souffert depuis l'ascension du Sei
père de Bathsébah, cf. 14, 3, courtisan gneur; il est plein de récits d'un haut in
fort habile dont les avis étaient reçus térêt et fournit une foule de preuves écla
comme des conseils de Dieu, 16, 23, fut tantes du pouvoir et de la grâce de Dieu.
des premiers à embrasser le parti d'Ab Pierre, Jean, Paul et Barnabas en sont
salon révolté contre son père, et l'on sup les principaux personnages. Après avoir
pose que ce fut pour venger l'affront fait raconté l'ascension de Jésus-Christ, les
par ce prince à la personne de sa petite Actes parlent du choix qui fut fait de Mat
fille. Du moins on ne voit pas quel inté thias en remplacement de Judas, puis de
rêt aurait pu porter ce vieillard à trahir l'effusion du Saint-Esprit à la Pentecôte,
son premier maître; et toute sa conduite, de la prédication miraculeuse des apôtres,
ses paroles, ses conseils, ses actions res de leurs succès, des persécutions qu'ils eu
pirent la haine personnelle la plus vio rent à éprouver. On voit ensuite l'élection
lente contre David. Il veut une rupture des diacres, le martyre d'Etienne, la dis
complète et conseille à son nouveau roi persion des fidèles en Samarie, la honteuse
d'abuser en public des femmes de son conduite de Simon le magicien, le baptême
père, afin que tout le peuple, en voyant de l'eunuque d'Ethiopie. Les chap. 9-15
ce crime, comprenne qu'Absalon ne re nous montrent Pierre ressuscitant Dorcas,
culera pas devant tous les autres; puis baptisant Corneille, annonçant l'Evangile
il demande qu'on lui donne 12,000 hom aux païens et s'en justifiant auprès des
mes, avec lesquels il partira la nuit même Juifs convertis. Partout on recueilſe des
et poursuivra le roi sans lui donner de aumônes pour les fidèles de Jérusalem
repos; il se jettera sur lui et ne frappera qui souffrent de la famine; Jacques est dé
que lui. Ce féroce conseil était bon et capité ; Pierre emprisonné est délivré par
digne d'un homme d'Etat consommé, mais un ange, Hérode est rongé des vers. L'as
Dieu le dissipa. Cusaï, ami secret de Da semblée de Jérusalem condamne ceux qui
vid, conseilla des lenteurs qui furent ap veulent faire de l'observance des cérémO
prouvées et qui perdirent Absalon. Achi nies lévitiques une condition de salut ,
ACT 24 ADA

mais elle ordonne de s'abstenir des choses sieurs systèmes peu sûrs celui qui pré
consacrées aux idoles, de la fornication, sente le plus de garanties , nous ren
des viandes étouffées et du sang. — Le voyons nos lecteurs français aux Deux
reste du livre (et déjà les chap. 11 et 13, dissertations de M. Bost sur le droit des
et une portion du 9°), raconte la conver Papes, suivies d'une table chronologi
sion , les travaux et les souffrances de que des Actes des apôtres, — et à l'His
Paul, et fait l'histoire abrégée de la toire de l'établissement du Christianisme,
fondation et du gouvernement de l'Eglise par le même, 1er vol., p. 5-53; v. encore
chrétienne pendantenvirontrente années. l'ouvrage de Néander, traduit par M. Fon
L'évangéliste Luc est l'écrivain dont tanès (Etabl. et direction de l'Egl. chr.
Dieu s'est servi pour nous transmettre par les ap.); quelques pages de Sardi
ces faits, et le livre des Actes est la suite noux (sur les Galates), et de Rilliet (Phi
immédiate de l'Evangile du même disciple. lippiens); Concordance de Mackenzie ,
L'usage fréquent de la première personne Introd., etc.
du pluriel montre que l'auteur a été sou ACZIB (menteur), 1° ville de la tribu
vent le témoin des choses qu'il racOnte. d'Aser, Jos. 19,25.29., peut-être la même
On croit que son principal dessein, en que Acsaph.
entreprenant ce travail, a été d'opposer 2o Autre ville du même nom dans la
une véritable histoire des apôtres aux tribu de Juda, Jos. 15, 44. Michée, jouant
faux actes et aux contes absurdes que sur la signification du nom de cette ville,
l'on commençaità répandre en grand nom dit (1, 14.) : « Les maisons d'Aczib men
bre. Le premier et le dernier verset "tiront aux rois d'Israël, » c'est-à-dire que
de ce livre déterminent tout ce que l'on les gens d'Aczib et leurs forces ne leur
peut savoir quant à l'époque à laquelle seront d'aucun secours pendant l'inva
il fut composé : ce fut après l'Evangile, sion des Assyriens.
et après le séjour de deux ans que saint ADAM. Dieu dit au cOmmencement :
Paul fit à Rome. Saint Luc l'écrivit en « Faisons l'homme à notre image, » et
grec et dans un style plus élégant que l'homme fut tiré de la poudre ; Dieu les
celui des autres écrivains sacrés du N. T. créa mâle et femelle , Gen. 4 , 26. 27.
— L'authenticité de ce livre n'a jamais Le mot Adam signifie terre ; c'est un
été contestée ; quelques hérétiques seuls, nom qui aurait pu , dans sa généralité ,
dont les doctrines s'y trouvaient trop for s'appliquer à tous les individus de la
tement condamnées, les marcionites et les race humaine , mais qui est demeuré le
manichéens, l'ont rejeté. Les ébionites le nom propre de notre premier père. —
traduisirent en hébreu et le défigurèrent Quand l'organisation matérielle de ce
grossièrement. D'autres essayèrent, mais vaste univers fut achvée, le Créateur
en vain, de faire admettre par l'Eglise plu compléta son œuvre en créant l'homme à
sieurs imitations de ce livre, sous les ti son image et selon sa ressemblance.
tres mensongers d'Actes des apôtres par Dieu fit l'homme droit, non pas impec
Abdias , Actes de Pierre, de Paul, de cable, non pas doué de la toute puis
sainte Thècle (qui nous raconte le bap sance, ni de la toute-science, mais pur
tême d'un lion ), de Jean, d'André, de de cœur et sain d'entendement C0mme
Thomas, de Philippe, de Matthias, etc. de corps. En connaissance, en justice et
v. Paul et Luc. en vraie sainteté, il réfléchissait l'image
La plus grande difficulté du livre des sans tache de son puissant Créateur, et
Actes est certainement la partie chrono il était pourvu de ce qu'il lui fallait pour
logique : on a déjà fait beaucoup de tra exercer l'empire sur les œuvres de la créa
vaux à cet égard sans arriver à des résul tion. Celles-ci étaientalors « très bOnnes »
tats bien satisfaisants et bien concluants ; à tous égards. Ce vaste ensemble n'était
mais, comme en pareille matière il vaut qu'harmonie et bénédiction ; le gouver
mieux avoir une idée fixe et arrêtée, fût neur suprême en remit la domination à
elle même fausse , que de n'en avoir Adam, et fit passer devant lui toutes les
point, et puisqu'il faut choisir entre plu créatures afin qu'il les nommât et qu'il
ADA 25 ADA

décidàt ainsi de leur rang et de leur qua traire lui arrivera : la mort naturelle ,
lité, car c'est ce qu'emportait chez les la mort spirituelle , la mort éternelle se
Hébreux le droit de donner le nom à ront son partage, à moins que la miséri
quelqu'un ou à quelque chose. Mais tout corde divine n'intervienne ; mais Dieu
ce monde et ces milliers d'êtres ne pré ne lui fait encore aucune promesse à cet
sentaient pas à l'homme le secours et la égard , parce qu'il ne veut pas préjuger
communion de sympathie dont il avait be sa chute.
soin; Adam était seul ; nul être ne pou Le grand adversaire que nos versions
vait partager son bonheur et répondre à appelle Satan et le Diable, celui qui est
ses sentiments. C'est pourquoi l'Eternel menteur dès le commencement, et père
le plongea dans un profond sommeil, et du mensonge, se sert du serpent pour
d'une de ses côtes lui forma une com séduire la femme, il parvient à glisser la
pagne : la femme est créée, le mariage tentation dans son cœur. La convoitise
est institué , et l'homme exprime, en de la chair, la convoitise des yeux , l'or
termes pleins d'énergie, ses nouvelles af gueil de la vie, 1 Jean 2, 16, suffirent
fections et le sentiment qu'il a de l'inti à faire succomber Eve : quand elle vit
mité qui doit régner entre lui et celle qui que le fruit de l'arbre était bon à man
est un autre lui-même : le nom qu'il lui ger, et qu'il était agréable à la vue, et
donne d'abord (Adamah, Hommesse, 2 , que cet arbre était désirable pour donner
23.), est destiné à rappeler constamment de la science, elle en prit du fruit et en
ce fait. Comme les saisons n'avaient point traîna son mari dans sa chute; ( v. un
encore leurs intempéries, et que le sen Sermon de Hor. Monod sur les trois
timent de la honte et de la pudeur, pre Convoitises. ) Dès lors l'image de Dieu
mier fruit du péché, était inconnu à nos dans l'homme fut effacée; Adam et Eve
premiers parents, ils marchaient dans sont morts spirituellement, et leur com
l'innocence des petits enfants, sans son munion avec Dieu se trouvant rompue, ils
gerà voiler leur corps par des vêtements. apprennent ce que c'est que le trouble et
(r. Création, Eve, Femme.) la honte; ils cousent ensemble des feuilles
Phus l'homme était haut placé, plus de figuier et s'en font une ceinture au
l'autorité que l'Eternel lui avait donnée tour des reins ; puis, lorsque la voix, la
sur les œuvres de la création était grande, parole de l'Eternel, se fait entendre dans
plus il importait aussi que quelque chose le jardin, ils se cachent au milieu des
vint sans cesse lui rappeler qu'il avait un arbres et pensent pouvoir céler à Dieu
maitre au-dessus de lui, un Seigneur qui ce qu'ils ont fait. Bien plus, quand Adam
l'avait créé pour sa gloire et auquel il voit que tout est découvert aux yeux
devait hommage et obéissance. Peu im de celui à qui nous devons tous rendre
portait en soi quel que fût le signe de compte, il essaye de rejeter toute la faute
cette dépendance. Dieu défendit sévère sur celle qu'il devait aimer comme lui
ment à l'homme le fruit d'un des arbres
même, et indirectement, par un horrible
du jardin qui, pour cela, fut nommé blasphème, sur l'Eternel qui lui avait
l'Arbre de la connaissance du bien et du
donné cette compagne. Toutefois, avant
mal. Le bonheur d'Adam était ainsi entre
de frapper, l'Eternel fait entendre aux
ses mains et dépendait de ses œuvres : coupables l'Evangile, la bonne nouvelle
s'il obéissait au commandement, lui et les du salut, c'est que la postérité de la
siens, il jouirait avec eux et à toujours femme brisera la tête du serpent : puis il
d'un bonheursans mélange, dans la com leur annonce la malédiction qui reposera
munion de Dieu. Vie éternelle, vie spiri sur Adam et sur toute sa race , même sur
tuelle, voilà ce qui lui avait été donné avec les élus qui auront part à la grande déli
la vie naturelle, et ce que son obéis vrance finale. Infirmités, douleurs de l'en
sance devait lui conserver. L'arbre de vie
fantement et sujétion à son mari, telle sera
qui est au milieu du jardin sert de signe la part spéciale de la femme; travail et fati
a ces promesses. Mais s'il manque à la loi gues, récoltes précaires et arrosées de
qui lui est imposée, alors tout le con sueurs, toutes sortes de peines et d'in
ADA 26 ADA

fortunes, et la mort après tout, voilà ce semblance. »


qui attend Adam et le genre humain tout 3° « Dieu souffla en l'homme une respi
entier dont il est le représentant et le ration de vie, et l'homme fut fait en âme
père. « Tu es poudre et tu retourneras vivante, ce qui veut dire, non-seule
dans la poudre, » sentence pleine de mi lement que Dieu donna la vie à l'homme
séricorde pour le fidèle quand on la com comme il l'avait déjà donnée aux animaux,
pare à l'éternelle mort qu'il a méritée, mais encore qu'il lui donna une âme, siége
et quand on pense à l'éternelle félicité de l'intelligence et du sentiment, et qu'il
que la grâce de Dieu lui assure. le doua d'un sens moral qui était la vie de
Adam nomma sa femme Eve, c'est-à- son âme et son privilége essentiel. Par
dire vivante , parce qu'elle devait être la ses sens, dont rien ne troublait le libre
mère des vivants : l'immortalité de l'in et droit exercice, l'homme était en rap
dividu fut remplacée sur la terre parcelle port avec la nature matérielle, et les fa
de la race, mais ce fut toujours l'immor cultés de son entendement dans leur
talité. Puis l'Eternel, les ayant revêtus de force originelle le mettaient en état de
robes de peaux, les chassa du paradis, saisir tous ces rapports et de les com
dont il fit garder l'entrée par un ange biner, en sorte qu'il avait, hors de lui et
armé d'une épée flamboyante. Bientôt en lui, la source de toutes les connais
après naquirent Caïn et Abel portant l'un sances naturelles qu'il devait progressi
et l'autre l'image de leur père terrestre, vement acquérir. D'un autre côté, il pou
c'est-à-dire pécheurs et mortels comme vait s'élever par le sens moral aux rela
lui. D'autres enfants en grand nombre, tions qui l'unissaient à Dieu, et les pieu
des fils et des filles, furent donnés à Adam ; ses affections de son cœur devaient ten
Seth est le seul dont le nom soit con dre à se développer par la contemplation
servé ;il naquit la 130e année de son père. et par l'exercice. Tel nous parait avoir
Adam mourut huit siècles après, à l'âge dù être le premier homme quand il sortit
de 930 ans. Lémech, père de Noé, en avait des mains de son Créateur, sans toute
alors 56. fois que nous croyions possible d'arriver
Observations détachées. 1° Ona pensé, à quelque chose de bien certain sur sa
mais sans fondement, que le mot Adam nature, vierge encore de toutes impres
signifiait premier créé; d'autres ont cru sions, que les uns croient avoir été ex
y reconnaître le mot sanscrit Adim, qui trêmement développée, et que d'autres
signifie le premier ; enfin, l'on a prétendu comparent à celle d'un enfant admirable
qu'il dérivait d'un mot hébreu signifiant ment doué de la puissance d'acquérir,
ressemblance. Ce qui est plus probable, mais qui n'a encore rien acquis.
c'est qu'il vient de Adamah, terre : le 4° La dégradation dans laquelle tombe
corps d'Adam fut formé de terre, et c'est le premier homme, et les rapides progrès
encore à présent la terre végétale, ou ter qu'il fait dans la voie du mal, sont vrai
reau, qui, varié de mille manières, est le ment effrayants. On peut remarquer trois
principe constitutif, non-seulement des faits dans cette chute : la faiblesse sin
végétaux, mais encore des animaux. gulière du pécheur, qui cède à la voix
2° La création de l'homme est racontée de sa femme; sa lâcheté à vouloir s'ex
de manière à nous montrer combien d'im cuser en l'accusant; enfin, et surtout,
portance l'esprit de Dieu donne à la for l'endurcissement qu'il manifeste au point
mation de ce chef - d'œuvre sorti des de n'exprimer aucune repentance de son
mains du Créateur. Le récit ne nous dit péché. C'est que le repentir est impos
pas simplement que l'homme a été formé, sible là où il n'y a point d'espérance, et
mais il nous fait part des pensées divines nulle promesse de pardon n'était encore
qui précédèrent ce grand et dernier acte sortie de la bouche de l'Eternel. Mais, dès
de la création; l'Eternel tient conseil et que la promesse d'un libérateur eut été
veut que nous sachions l'idée essentielle prononcée, il y eut pour Adam une voie
que sa puissance va réaliser. « Faisons de retour à Dieu, et le nom même qu'il
l'homme à notre image et à notre res donna à sa femme semble indiquer qu'il
ADA 27 ADA

entra aussitôt dans cette voie. Il l'appela humaine, et de suppléer en même temps,
Vivante et Mère des vivants, au moment par la tradition, au défaut de la parole
que la sentence de mort contre elle et écrite. Quand la population n'aurait alors
contre sa postérité venait d'être portée ; doublé que tous les cinquante ans , il y
ce qui rend probable qu'il lui donna ce aurait eu sur la terre, à la mort d'Adam,
nom en vue de la promesse, c'est-à-dire près d'un million et cinq cent mille indi
par la foi. vidus issus de lui; et Lémec, qui mourut
5° Si le Seigneur afflige quelqu'un, il cinq ans seulement avant le déluge, avait
en a aussi compassion selon la grandeur pu recevoir de la bouche d'Adam lui
de ses gratuités, a dit Jérémie, Lam. 3, même le récit des premières révélations
32; et non-seulement, après la chute, de l'Eternel.
Dieu donne la promesse d'un Rédemp 9o La Parole de Dieu nous montre en
teur, mais même plusieurs parties de la Adam un type de notre Seigneur Jésus
malédiction sont de réelles bénédictions, Christ, Rom. 5, 12-19. 1 Cor. 15, 45.
un bonheur dans le malheur, de tristes Comme le corps d'Adam fut formé par la
remèdes, mais pourtant salutaires à l'hom puissance de Dieu et pris de la terre, de
me. Que fussions-nous en effet devenus même Jésus-Christ homme a été formé
si, le mal étant entré dans le monde, par cette puissance dans le sein de Marie.
nous n'eussions pas été assujettis à tra Christ est l'image du Dieu invisible, sa
vailler pour vivre, et que de maux l'oi parfaite ressemblance. Jésus, en sa qua
siveté n'eût-elle pas amoncelés sur le lité de Messie, de Christ, a reçu la do
genre humain ! Quel avenir de bonheur mination sur toutes choses. Il est le pre
n'y a-t-il donc pas dans ces paroles : « Tu mier-né d'entre ses frères, le chef et la
mangeras le pain à la sueur de ton vi tige de tous les élus. Enfin, de même que
sage » ! — Et si l'homme, après s'être le péché d'Adam est devenu le péché de
maudit lui-même par sa chute, eût conti toute sa race, la justice de Christ appar
nué d'être immortel, combien son sort tient à tous ceux qui sont spirituellement
n'aurait-il pas été déplorable! L'immor sa postérité.
talité dans la misère! Mais Dieu prend ADAM, Jos. 3, 16., peut-être la même
soin qu'il ne puisse plus toucher à l'arbre qui est appelée Adama et Adaminébek,
de la vie, et cette privation, ce châtiment 19, 33. 36; ville de la tribu de Neph
apparent tourne encore au meilleur bien thali, située près de l'extrémité sud de la
de la créature. mer de Tibériade. Ce fut près de là que
6° On suppose, et non sans raison, les eaux du Jourdain s'amoncelèrent lors
que les robes dont l'Eternel recouvrit de l'entrée des Hébreux en Canaan.
Adam et Eve, furent faites avec la peau ADAMA et Adaminébek, v. l'art. pré
d'animaux qu'ils durent offrir en sacri cédent.
fice par l'ordre de Dieu, quoique cet ADAR (haut, éminent), le douzième
ordre ne soit pas mentionné par Moïse. mois de l'année religieuse des Juifs, et le
Ces robes seraient alors une figure de sixième de leur année civile. Il n'avait
la justice de Christ, dont le Seigneur re que vingt-neuf jours et correspondait à
Vèt ses élus. notre mois de février et aux premiers
7° L'Eternel ayant chassé Adam et Eve jours de mars. Ce fut le troisième jour
du paradis, prit des mesures pour qu'ils de ce mois que l'on acheva et que l'on
n'y pussent rentrer. C'est ainsi que les dédia le second temple, Esdr. 6, 15.
fidèles eux-mêmes, aussi longtemps qu'ils Le septième jour, les Juifs célèbrent un
sont ici-bas, ne peuvent être pleinement jeûne pour la mort de Moïse. Le treizième,
rétablis dans la pureté et la félicité ori ils font la commémoration du jeûne d'Es
ginelles; et c'est dans ce sens qu'ils ne ter et de Mardochée. Le quatorzième, a
sont « sauvés qu'en espérance. » lieu le jeûne de Purim, Est. 3, 12. 4,
8° La longévité d'Adam et des premiers 1. etc.9, 17. Le vingt-cinquième enfin, cé
hommes a eu pour but, évidemment, lébration de la délivrance de Jéhojachin,
d'augmenter plus promptement la famille Jér. 52, 34. Tous les trois ans on ajou
ADD 28 AD0

tait après ce mois, à l'année, un mois sup Tsadok et le prophète Nathan ne s'étaient
plémentaire de vingt-neuf ou trentejours, point laissés entraîner. Au jour fixé pour
qu'on appelait Be-Adar ou second Adar. faire éclater la conjuration, Adonija fit
ADDI, fils de Cosam et-père de Mel un grand festin près de la fontaine de
chi, un des ancêtres de notre Seigneur, Roguel, et il y invita tous ses frères (à
d'après Luc, 3. 28; du reste, inconnu. l'exception de Salomon), et avec eux ses
ADMA (terrestre), la plus occidentale principaux adhérents. — Pendant qu'ils
des quatre villes détruites par le feu du se livraient aux excès de la table et qu'ils
ciel lors de l'embrasement de Sodome, saluaient leur nouveau roi, Nathan et
Gen. 14, 2. Deut. 29,. 23. La version de Bathsébah vinrent informer David de ce
Martin porte Adama en Osée, 11, 8; il qui se passait, et reçurent de lui l'ordre
faut lire Adma. de faire couronner immédiatement son
ADMINISTRATION, v. Gouvernement. fils Salomon, que l'Eternel lui-même avait
ADONI-BEZEK (seigneur de Bézek). désigné comme son successeur. Adonija
Immédiatement avant que Josué entrât et les siens, instruits de la chose par les
en Canaan, Adoni avait fait aux rois de acclamations du peuple et par le rapport
son voisinage une guerre sanglante ; que vient leur en faire Jonathan, fils d'A-
soixante et dix d'entre eux étaient tombés biathar, sont saisis de terreur et se dis
en son pouvoir; il leur avait fait couper persent; Adonija se réfugie aux cornes
les pouces des mains et des pieds, sans de l'autel, probablement dans l'aire d'A-
doute afin de leur ôter la possibilité de rauna; Salomon lui tend une main de
manier les armes, et il les nourrissait des paix, à condition qu'il ne lui donnera
débris de sa table, comme des chiens. plus, à l'avenir, aucun sujet de plainte,
Après la mort de Josué, les tribus de et Adonija rentre dans sa maison, après
Juda et de Siméon, continuant la guerre avoir reconnu Salomon pour son roi,
d'extermination contre les peuplades mau 1 Rois 1. — Mais à peine David a-t-il
dites , battirent Adoni-Bézek , le firent rendule dernier soupir, 1 Rois 2, 13. etc.,
prisonnier et le traitèrent comme il avait qu'Adonija, laissant percer de nouveau
traité lui-même ses captifs; il reconnut l'ambition qui le dévore, fait demander
la justice de ce châtiment, et mourut à pour lui la main d'Abisag la Sunamite,
Jérusalem. Jug. 1, 4-7. dernière épouse du roi son père. C'est
ADONIJA (le Seigneur est mon maître), Bathsébah, mère de Salomon , qui se
quatrième fils de David, par Hagguith, charge de ce message et qui demande à
2Sam. 3, 4. 1 Chron. 3, 2., naquit à Hé son fils d'exaucer la prière d'Adonija.
glon. Après la mort de ses deux frères Une si haute intercession fut cependant
aînés, Amnon et Absalon (et peut-être inutile, et comme, dans les mœurs du
aussi Kiléab, dont on ne sait autre chose temps, c'était afficher des prétentions au
que le nom), son père étant affaibli par trône, Salomon dut ordonner à Bénaja de
l'âge et les infirmités, il tenta de s'as faire mourir Adonija. Cela arriva une
surer le trône auquel il pensait avoir des année environ après sa première révolte,
droits par le privilége de sa naissance, 1013 av. C.
quoique son frère cadet, Salomon, fût dé ADONIRAM (seigneur haut élevé),
signé comme l'héritier légitime. Il se pro 1 Rois 5, 14., le principal receveur de
cura un magnifique train de chevaux et l'impôt ordonné par Salomon, et le direc
de chariots, et s'entoura d'une garde de teur en chef des 30,000 hommes qui
cinquante cavaliers, comme précédem furent envoyés au Liban pour couper le
ment son frère Absalon. Son père, qui bois nécessaire à la construction du
l'aimait, le laissa faire d'abord sans en Temple et de ses magnifiques dépen
manifester son déplaisir. Cependant son dances. -

influence augmentait rapidement à la ADONITSEDEC (seigneur de justice),


cour; il avait dans son parti Joab, le gé roi de Jérusalem, 1451 av. C. Quand il
néral des troupes royales, et Abiathar, eut appris que Josué s'était emparé de
le souverain sacrificateur. Mais Bénaja, Jérico et de Haï, et que les Gabaonites
AD0 29 ADR

avaient fait leur soumission , il se coalisa ceux qui n'ont point fléchi leurs genoux
avec quatre rois ses voisins pour chàtier devant Bahal et dont la bouche ne l'a
les Gabaonites, et pour empêcher ainsi point baisé ;» — et Ps. 2, 12.: « Baisez le
que les autres Cananéens ne suivissent Fils, de peur qu'il ne s'irrite. » Le pas
leur exemple. Les Gabaonites recouru sage Gen. 41, 40. peut de mème se tra
rent à la protection des Israélites, qu'ils duire « tout mon peuple baisera sa main
obtinrent sans peine. Josué marche alors en ta présence. » On adorait encore de
à la rencontre des cinq rois , les attaque diverses manières : Jésus est à genoux,
et les met en déroute.Une pluie de pierres, Luc 22, 41.; Salomon a les mains éten
envoyée par l'Eternel, détruit un grand dues vers les cieux, 1 Rois 8, 22.; David
nombre d'ennemis, et le soleil s'arrète paraît debout, 2 Sam. 7, 18., etc. Mais
pour donner aux Israélites le temps d'a- l'adoration la plus fréquente était la pro
chever leur œuvre de destruction. Les stration : l'on s'inclinait profondément,
rois s'étant réfugiés dans une caverne, ou même on se prosternait jusqu'à terre,
on les y tint renfermés jusqu'à l'arrivée pour témoigner un grand respect soit à
de Josué, puis on les en tira et on les Dieu, soit à des personnages de distinc
pendit à cinq potences; leurs cadavres tion qu'on voulait honorer. C'est de cette
furent ensuite jetés dans la caverne, dont manière qu'Abraham reçoit, dans les
on referma l'entrée au moyen de gros plaines de Mamré, les trois messagers cé
blocs de pierres qu'on y laissa en mémo lestes qu'il prend pour des voyageurs,
rial. Le résultat de cette victoire fut la Gen. 18, 2. Lot également se prosterne
prise et le sac des villes appartenant à devant eux le visage contre terre à la
ces Cananéens, à l'exception toutefois de porte de Sodome, 19, 1. Et lorsqu'Abra
Jérusalem. Jos. 10. ham veut obtenir des Héthiens un champ
ADORAM (leur louange). 1o Receveur pour la sépulture de Sara, nous le voyons
général du roi David, 2 Sam. 20, 24., se prosterner devant le peuple du pays,
peut-être le même qu'Adoniram (?). 23, 7. — v. encore Exod. 4, 31., et ail
2°Trésorier en chef de Roboam et l'inten leurs. — L'adoration intérieure est la
dant de ses travaux. Il fut envoyé aux plus pure et le plus digne du vrai Dieu,
dix tribus pour essayer de les ramener mais elle aime à se manifester quelque
à l'obéissance du fils de Salomon; mais fois par des actes extérieurs : les deux
les Israélites, le soupçonnant peut-être peuvent être unies, mais, par leur nature,
d'avoir conseillé la levée des impôts op elles sont indépendantes. C'est par cette
pressifs qui avaient causé leur révolte, le sainte action que nous élevons nos cœurs
lapidèrent sur place, 1 Rois, 12, 18. vers l'Eternel pour magnifier sa gran
2 Chr. 10, 18; dans ce dernier passage deur, ou pour célébrer ses gratuités et
on lit Hadoram. 3° Gen. 10, 27. v. Ha ses merveilles envers les fils des hommes ;
doram. c'est un culte qui ne cessera jamais, et
ADORATION, hommage religieux que que nous rendrons à Dieu dans les joies
l'on rend à la divinité , soit intérieure même de l'éternité, Apoc. 5, 14.7, 11. etc.
ment, soit extérieurement; ce terme, pris L'Ecriture sainte nous apprend à n'ado
dans son sens étymologique, signifie pro rer que Dieu , c'est à lui seul que nous
prement l'acte de baiser quelque cbose devons un culte, Exod. 20, 5., et tout
en le portant à sa bouche. L'adoration hommage rendu à la créature est une
était différente suivant la nature des cultes transgression. v. ldolâtrie.
eux-mêmes. Chez les païens elle consis ADRAMMELEC. 1° C'était avec Ha
tait à se couvrir d'un voile , à mettre la nammélec l'idole des colons de Séphar
main sur la bouche et à faire plusieurs vajim, transportés en Samarie,2 Rois 17,
fois le tour de l'autel. On trouve, Job 31, 31., à la place des Israélites emmenés au
26. 27., une allusion à ce mode de culte delà de l'Euphrate. On rendait à ces deux
rendu au soleil et à la lune ; v. encore fausses divinités le même culte qu'à Mo
4 Rois 19, 18. : « Je me suis réservé 7,000 loch, c'est-à-dire qu'on faisait passer
hommes de reste en Israël, savoir, tous des enfants par le feu en leur honneur.
ADlR 30 ADU

Adrammélech, selon quelques-uns, était admise chez les Hébreux, l'homme ne


représentée sous la forme d'un mulet : pouvait commettre adultère qu'èn s'unis
d'autres disent qu'elle avait la figure d'un sant avec une femme mariée. La loi de
paon. Mais le nom de ces deux divinités Moïse punissait de mort l'adultère, Lév.
qui signifie, en hébreu et en assyrien, 20, 10., et l'on suppose, d'après Jean
l'un un roi magnifique, l'autre (Hanam 8, 5., que la lapidation était le supplice
mélec) un roi débonnaire, peut nous por ordinaire en pareil cas. Anciennement
ter à voir, avec Jurieu, dans le premier le c'était peut-être le supplice du feu, d'a-
soleil, et dans le second la lune qui, chez près Gen. 38, 24. Mais s'il importait
plusieurs Orientaux (comme encore chez dans ces climats brûlants du Midi, que le
les Allemands), n'était pas féminin mais législateur accordât une satisfaction à
masculin, et était adoré comme un dieu. l'êpoux offensé, il n'était pas moins né
Adrammélec veut dire en persan roi des cessaire qu'il protégeât une femme inno
troupeaux, et Hanammélec présente éga cente contre la jalouse et terrible pas
lement une signification analogue, qui sion d'un époux soupçonneux.C'est dans
pourrait nous faire supposer qu'on re ce but, pour condamner la coupable et
gardait ces divinités comme protectrices pour absoudre celle qui ne l'était pas,
du bétail. que Moïse avait institué la loi des jalou
2°, 2 Rois 49, 37. Es. 37, 38., Adram sies, l'épreuve des eaux amères que l'on
mélec et Saréetser, fils de Sanchérib, trouve Nomb. 5, 12. et suivants. Le mari
trempèrent leurs mains dans le sang de conduisait sa femme au sacrificateur; et
leur père pendant qu'il adorait, dans la là, devant l'autel et tenant dans ses mains
maison de Nisroc, son dieu. Peut-être le gâteau de jalousie sans huile ni en
furent-ils poussés à ce crime par la crainte cens, elle devait repousser avec serment
que leur père ne les offrît en sacrifice à l'accusation portée contre elle. La for
l'idole. Après ce parricide ils s'enfuirent mule du serment, accompagnée d'exécra
en Arménie et laissèrent le trône à Esar tions, était ensuite mise par écrit, puis
Haddon, leur frère. Encore une révolu effacée avec l'eau sainte d'amertume mé
tion qui n'a profité en rien à ses auteurs ! langée avec quelques herbes amères et
ADRAMITE, 1o villesur la côte septen quelque peu de poussière prise sur le
trionale de l'Afrique, à l'ouest de l'E- sol du tabernacle. L'accusée prenait ce
gypte; 2° ville sur la côte occidentale de breuvage, et aussitôt qu'elle l'avait bu, la
la Mysie dans l'Asie Mineure, vis-à-vis sentence était prononcée : elle était dé
de l'île de Lesbos. Ce fut sur un vaisseau clarée innocente et fidèle, si elle n'en
de cet endroit que saint Paul fit le voya était pas incommodée; mais elle enflait
ge de Césarée à Myra, Act. 27, 2. aussitôt par tout le corps, elle pâlissait et
ADRIATIQUE, Act. 27,27., ne signifie périssait dans d'affreux tourments, si elle
pas seulement le golfe de Venise, mais avait manqué à la foi conjugale. La fiancée
se prend pour tout l'espace maritime adultère était punie aussi sévèrement que
compris entre la Grèce et l'Italie, jusque si elle eût été mariée, à l'exception des
sur les côtes de la Sicile. Hésychius a fiancées esclaves, Lév. 19, 20., qui, étant
même appelé Adriatique la mer Ionienne; moins libres de leurs actions, en étaient
mais les plus anciens auteurs , Pline 3, aussi moins responsables.
46, 29., distinguent l'une et l'autre, et Job 31, 9-12. et le livre des Prover
font commencer la différence des noms bes expriment en plusieurs endroits
là où le golfe Adriatique commence à l'horreur profonde que ce crime doit
s'élargir, près des îles Ioniennes. inspirer, et l'Ecriture sainte en général
ADULTERE. Ce mot dans son sens lit met tous ces genres de souillures au
téral désigne les relations charnelles de nombre des plus grandes iniquités, au
deux personnes dont l'une ou l'autre, ou point d'appeler adultère et prostitution
toutes les deux, sont unies à une autre spirituelle l'abandon du vrai Dieu , l'ido
par les liens du mariage. ll faut obser lâtrie et l'apostasie ; cf. Jér. 3, 9. Ezéch.
Ver seulement que la polygamie étant 23, 43. etc. C'est dans ce sens que Jésus
ADU 31 AGA

appelle les Juifs une mation adultère et tresse; maisl'angedel'Eternel quiluiappa


péche ! Marc 8, 38, etc. rut, lui rappela son devoir en la nommant
L'histoire de la femme adultère, Jean8, « servante de Saraï; » lui montra ses torts
renferme une bien grande leçon d'humi en lui demandant : « D'où viens-tu P » et
lité, lorsqu'elle nous montre Jésus en l'avertit des dangers qu'elle courait au
appeler à la conscience de tous, et tous désert, par cette seule parole : « Où vas
se retirer convaincus en eux-mêmes du tu 9 » C'est qu'en effet elle fuyait loin de
même crime. Dieu, d'ailleurs, va plus loin son devoir, et l'on ne rencontre que dan
que les hommes, et la nouvelle économie gers et malheurs hors des sentiers du
va plus loin que l'ancienne en appelant devoir. Plus tard, lorsqu'Ismaël eut at
adultère ce que la loi de Moïse nommait teint l'âge de 17 ou 18 ans, il se moqua
simplement convoitise; cf. Matth. 5, 27. de son jeune frère Isaac que l'on sevrait,
28. avec Exod. 20, 14.-v. Divorce. et la servante dut s'enfuir pour toujours
ADUMMIM, montagne et ville du lot avec son fils. L'ange de l'Eternel lui ap
échu à la tribu de Benjamin, entre Jéru parut de nouveau dans sa détresse, lui
salem et Jérico ; ce passage fut souvent fit voir une source d'eau, 21, 19., et lui
infesté de voleurs, et c'est peut-être à annonça les glorieuses destinées réser
cette circonstance qu'il fut redevable de vées à Ismaël.
son nom qui signifie rouge de sang.Jos. Les mahométans font d'Agar une
15, 7. 18, 17. Jésus y a placé l'histoire épouse légitime d'Abraham, et, légitimant
ou la parabole du bon Samaritain. Luc ainsi la naissance d'Ismaël, ils préten
10, 30-36. dent qu'il jouit des priviléges du droit
AGABUS, prophète, et peut-être l'un d'aînesse ; ils en voient même une preuve
des soixante-dix disciples envoyés par dans le fait qu'Isaac n'a obtenu en héri
Jésus, annonça, Act. 11, 28., l'approche tage que la Palestine, tandis qu'lsmaël
d'une grande famine qui eut lieu en effet possède les contrées beaucoup plus éten
la 4e année de Claude César, 44 ap. C., et dues et plus riches de l'Arabie.
qui, au dire de l'historien Josèphe, fut Saint Paul, Gal. 4, 22-31., représente
particulièrement violente en Palestine. la synagogue et la loi sous la figure d'A-
Plus tard, vers l'an 60, Agabus alla voir gar qui ne produit que des esclaves, fils
Paul à Césarée et lui prédit par une ac selon la chair mais non selon la pro
tion symbolique qu'il serait mis dans les messe, et il distingue les deux alliances et
chaînes à Jérusalem, Act. 21, 10, C'est les deux Jérusalem, et les rattache ainsi,
tout ce que l'on sait de la vie de ce pro en les comparant, à la double postérité
phète; les Grecs assurent qu'il fut marty du père des croyants.Le nom d'Agar, si
risé à Antioche. gnifiant en arabe rocher, pierre, pouvait
AGAG paraît avoir été un nom com d'autant mieux être employé par l'apôtre
mun à tous les rois d'Hamalek. Ils étaient pour marquer la dure montagne sur la
déjà puissants au temps de Moïse, et Ba quelle la loi avait été promulguée.
laam les nomme comme tels dans une de AGATHE, Exod. 28, 49. 39, 12., pier
ses prophéties, Nomb. 24, 7, (c'est par re précieuse qui est proprement une
erreur que quelques éditions de Martin c0mp0sition de quartz, de pyrite, de jas
lisent Agar). La défaite et la mort d'un †et d'autres minéraux, ce qui fait qu'on
de ces rois nous est racontée 1 Sam. 15. a trOuve tantôt plus, tantôt moins trans
Saül reçut la nouvelle de sa déchéance, parente, et de différentes couleurs sou
parce que au lieu de détruire Agag et vent mélangées d'une manière fort cu
ses troupeaux à la façon de l'interdit, rieuse, de noir et de blanc, d'or et d'a-
ainsi qu'il en avait reçu l'ordre, il les méthyste. Elle est peu rare; on la trouve
avait épargnés. ordinairement dans les rivières près des
AGAR, Gen. 16 et 21, servante égyp montagnes de roche primitive, et selon
tienne que Sara donna pour femme à quelques auteurs, elle tirerait son nom
Abraham. Sur le point de devenir mère, d'un fleuve de Sicile où elle se rencon
elle dut fuir pour avoir méprisé sa mai trait en assez grande abondance. Ancien
AGE 32 AGG

mement elle était fort estimée, mais déjà sainte différents sens : 1o le moment où
du temps de Pline le naturaliste,elle avait les facultésd'un homme sont d"leur matu
beaucoup perdu de sa valeur; on s'en rité, sans indiquer cependant lavieillesse,
servait comme de nos jours pour orne Jean 9, 21.23.; 2° une période de temps
ments. L'agathe était la 8e pierre du pec passé, présent ou à venir, Eph. 3, 5. 2,7.;
toral d'Aaron, mais elle n'est pas nom 3° les hommes qui vivent ou qui ont vé
mée comme faisant partie des fondements cu en quelqu'une de ces périodes, Col.
de la nouvelle Jérusalem de l'Apocalypse. 1 , 26.
AGE. L'âge a toujours été, chez tous On divise ordinairement en âges ou
les peuples et dans tous les temps, la me périodes l'histoire de la théocratie; c'est
sure de l'honneur que l'on devait rendre commode, mais arbitraire, et chacun peut
à chacun. Partout un âge avancé a trouvé choisir la division qu'il aime le mieux.
chez des hommes plus jeunes la vénéra Un premier âge trouvera cependant ses
tion qui lui était due, et que tous lui ac limites naturelles dans la formation de
cordent soit involontairement, soit par un l'ancien monde et son bouleversement
simple mouvement naturel,soit par lacon sous Noé. L'époque suivante, dans la
sidération de la longue expérienceattachée quelle Dieu se manifeste à ses enfants
à une longue carrière. Cette coutume sans avoir encore choisi un peuple dépo
instinctive, à laquelle tous les auteurs sitaire de ses oracles, formerait le second
profanes rendent témoignage, est égale âge allant depuis Noé jusqu'à Abraham;
ment consacrée dans le plus ancien livre un troisième, d'Abraham à Moïse; un qua
des Hébreux, Job. 12, 12. 15, 10. 29, trième, jusqu'à la mort de Samuel, com
8. Ce dernier passage nous montre même prendrait la conquête du pays de Canaan
les jeunes gens se cachant ou se retirant et le gouvernement des Juges; cinquiè
par respect à l'approche d'un vieillard, et mement enfin, la royauté jusqu'au retour
la loi de Moïse ordonne au jeune homme de la captivité sous Esdras. C'est ici que
de se lever devant les cheveux blancs, finissent les livres historiques de l'Ancien
Lév. 19, 32. Le livre des Lament. 5, 12. Testament. Un sixième âge renfermerait
met au nombre des plus grands crimes le temps écoulé depuis cette époque jus
le manque de respect pour le vieillard.— qu'aux jours de Christ.
Et ce respect chez les Hébreux était si AGGEE, prophète hébreu qui vivait au
loin de n'être qu'une formalité, que nous commencement du règne de Darius fils
voyons au contraire les chefs des villes, d'Hystaspe, 522 av. C. On ne sait rien de
des tribus, ou du gouvernement,toujours particulier sur sa vie. —Sa mission était
choisis parmi les anciens et toutes les d'activer la construction du second tem
choses importantes ou honorables don ple; pour cela il fallait agir sur les dispo
nées à des hommes âgés. v. Anciens. sitions morales du peuple en général ; il
Le respect pour l'âge a beaucoup di fallait l'amener à se repentir de son in
minué dans la société moderne. Ce qu'on gratitude envers Dieu et de son manque
vénérait chez un vieillard, c'est moins de zèle; mais il fallait aussi relever son
son âge que les qualités de son âge : or courage qui pouvait facilement être abattu
la civilisation prétend, pour bien des cho par la vue d'un état de choses qui corres
ses, remplacer ces qualités ; on acquiert,. pondait si peu aux espérances magnifiques
on apprend, on vieillit vite, et l'on mûrit qu'on avait cru pouvoir concevoir d'après
de bonne heure, mais on mûrit mal; dans des prophéties précédentes : c'est pour
le bouleversement de notre système so quoi Aggée annonce que la gloire du se
cial, à une époque où toute autorité est cond temple surpassera celle du premier
remise en question, celle de l'âge devait (2, 6-9.), et c'est ce qui fut accompli par
se voir aussi contestée; c'est un signe la venue du Messie. v. Temple.
fâcheux ; nous signalons le fait, l'expli AGNEAU. v. Brebis.
cation qu'on en pourrait donner ne le AGRAFE. Es. 3, 18. Les versets 16 à
justifie pas. 24 de ce chapitre d'Esaü renferment des
Le mot âge a encore dans l'Ecriture difficultés philologiques presque insur
33 AGR
AGR , .
montables, et dont l'examen dépasserait Claude lorsque son père mourut, l'an 44
les bornes de notre travail. Ceux qui vou de Jésus-Christ. L'empereur penchait à
draient entrer plus avant dans l'explica lui transférer toute l'autorité dont son
tion de ce passage, pourront consulter père avait joui, mais ses courtisans l'en
l'ouvrage de Schrœder « Commentarius détournèrent, en considération de la jeu
philologicocriticus de vestitu mulierum nesse du prince, à peine àgé de 17 ans.
hebraearum, ad intelligentiam Es. III, 16 L'année suivante, le gouverneur de la Sy
24. Leyde 1745. » Ce livre sert de guide rie voulut un ifistant contraindre les Juifs
à tous les interprètes modernes.—Quant à lui remettre les ornements de leur sou
au sens du mot hébreu traduit par agrafe, verain sacrificateur pour les placer dans
il y a deux explications : selon les uns, ce la tour Antonia, sous la garde des Ro
seraient quelques ornements en forme de mains; mais Agrippa obtint la révocation
filet destinés à garnir la tête; selon d'au de cet ordre.—Hérode, oncle d'Agrippa,
tres, ce seraient de petits soleils; il yaurait roi de Chalcide, étant mort, l'an 49, sa
alors parallèle ou opposition avec le mot succession fut donnée à son neveu, mais
suivant, boucles, ou plutôt petites lunes. lui fut de nouveau retirée au bout de
On ne peut décider entre ces deux opi quatre ans : l'empereur l'en dédommagea,
nions. — Nous traduirions ainsi les ver du reste, en lui conférant le gouverne
Sets d'Esaïe sus-mentionnés : ment de cinq provinces, notamment de
18. En ce temps-là le Seigneur ôtera l'Abilène et de la Trachonite, auxquelles
l'ornement des bracelets (pour les pieds), Néron ajouta bientôt Julia dans la Pérée,
des coiffes, et des croissants; — 19. et et une partie de la Galilée, à l'occident de
les perles, et les bracelets, et les longs la mer de Tibériade. Il s'occupa avec zèle
voiles; — 20. et les bonnets, et les chaî d'embellir les villes de son ressort, et sur
nettes (qui lient les bracelets des pieds), tout Jérusalem; mais magré cela il ne fut
et les rubans, et les flacons odoriférants, jamais aimé des Juifs, à cause de l'arbi
et les oreillettes (servant d'amulettes);— traire avec lequel il déposait des souve
21. et les boucles d'oreilles, et les bagues rainssacrificateurs et en établissait de nou
du nez ;–22. et les habits de fète, et les veaux. Lorsque Festus fut nommé gouver
longs habits à manches, et les manteaux, neur de la Judée, l'an 60, Agrippa et sa
et les poches;—23. et les miroirs, et les sœur Bérénice se rendirent à Césarée
chemises (ou crêpes), et les turbans, et pour le complimenter. L'apôtre Paul y
les voiles de gaze ; — 24. (les punitions était alors détenu et venait d'en appeler à
sont rattachées au luxe) et il arrivera au César. Festus ayant entretenu Agrippa
lieu de senteurs aromatiques, de la puan de cette affaire, celui-ci désira vivement
teur; et au lieu de ceinture, une corde ; d'entendre le prisonnier; il fut tellennent
et au lieu de boucles poudrées d'or (Vi charmé du sens droit et de la majesté qui
tringa), une tête chauve ; et au lieu d'ha régnait dans le discours de Paul, qu'il se
bits larges et somptueux, des ceintures sentit à moitié convaincu de la vérité de
de cordes de sac , et des stigmates au l'Evangile. « Tu me persuades à peu près
lieu de beauté. d'être chrétien! » s'écria-t-il un moment,
Cette traduction, trop littérale pour as comme s'il oubliait son caractère de juge
pirer à un autre mérite, n'a pour but que et de roi; mais ce ne fut, hélas! qu'une
d'indiquer avec précision, et une fois émotion passagère : homme juste, doux,
pour toutes, le sens des modifications et bon Juif du reste, Agrippa ne voulait
qui devraient être introduites dans une de la religion que ce qui ne gênait pas sa
nouvelle version de ce passage , la plu morale particulière, et il ne considéra les
part des changements adoptés sont em paroles de Paul qu'en juge chargé d'en
pruntés à l'ouvrage de Schrœder cité plus examiner la culpabilité, sans penser
haut. qu'elles pussent le concerner lui-mème.
AGRIPPA. 4° Hérode Agrippa, Act. 12, Après la ruine de Jérusalem, il se retira
1.23. v. Hérode. 2" Agrippa, fils de ce à Rome avec sa sœur, et mourut àgé de
lui-ci, était à Rome auprès de l'empereur 70 ans. (90 ap. C.) v. Act. 25 et 26.
I. 3
AHA 34 AHI

AGUR , fils de Jaké, auteur du chapi Hava nommé, 2 Rois, 17, 24.
tre 30 des Proverbes, du reste inconnu, AHlHESER. 1° Chef des enfants de
Quelques-uns pensent que c'est Salomon Dan, Nomb. 2, 25. 7, 66-71. 2° Benja
lui-même qui aurait voulu se cacher sous mite et parent de Saül, 1 Chr. 12, 2.3 etc.,
ce pseudonyme; opinion qui ne se peut chef d'archers et de frondeurs, et vaillant
guère soutenir. En effet, pour quelle rai homme, vint au secours de David, lors
son aurait-il changé de nom ? Pourquoi se que, fuyant devant Saül, ce malheureux
serait-il caché; pourquoi d'ailleurs Salo roi était enfermé dans Tsiklag.
mon qui s'appelle encore fils de David AHIJA ( frère de l'Eternel ). 1° Fils
alors même qu'il change de nom, Eccl. 1, d'Ahitub et arrière-petit-fils d'Héli, sou
1., se serait-il appelé ici fils de Jaké sans verain sacrificateur du temps de Saül, 1
aucun motif plausible ? Le style de ce cha Sam. 14, 3., probablement le même que
pitre n'est point non plus celui de Salomon Ahimélec 22, 9. v, Ahimélec. 2° Prophète
dans le reste des Proverbes ; ce n'est pas du Seigneur, qui habitait à Silo. Ce fut
l'homme qui a reçu de Dieu une sagesse lui, selon toute apparence, qui encouragea
extraordinaire qui peut venir dire : « Cer Salomon à construire le temple , 1 Rois
tainement je suis le plus hébêté de tous 6, 11., et qui le menaça ensuite du démem
les hommes, et il n'y a point en moi de brement de son royaume, 11 , 9, 29. 12,
prudence humaine », V. 2 , ce n'est pas non 15. Ayant rencontré Jéroboam dans un
plus l'homme et le roi le plus riche du champ, il déchira sa robe en douze piè
monde qui peut dire à Dieu : « Ne me donne ces, et lui en donna dix, comme signe
ni pauvreté ni richesse », V. 8, et la lec de la domination qu'il exercerait sur dix
ture de ce chapitre tout entier trahit évi tribus d'Israël. Plus tard, et dans sa vieil
demment une personnalité différente. lesse avancée, le même prophète fit en
Agur parle à ses deux amis ou disciples, tendre au même roi des paroles bien dif
Ithiel et Ucal, de sa grande ignorance férentes, lorsqu'il annonça à son épouse
dans les mystères des profondeurs di déguisée la mort de leur fils Abija et la
vines ; il exprime sa vénération pour la ruine de toute leur maison, 14, 2. Il a
parole de Dieu, et semble répondre à des écrit des mémoires sur les temps de Sa
questions qui lui auraient été adressées. lomon et de Jéroboam, mais ces prophé
— Composé peut-être par un des sages ties, comme tant d'autres, se sont per
dont il est parlé 24, 23., ce fragment aura dues, 2 Chr. 9,29.— 3° De la tribu d'Is
sans doute été recueilli par les gens d'E- sacar, père de Bahasa, le meurtrier et le
zéchias, de même que les cinq chapitres successeur de Nadab, 1 Rois 15, 27.
qui précèdent. Cf. 25, 1. AHIKAM, fils de Saphan et père de
AHA ! Ps. 35, 21.25.40, 16. Ezéch. 25, Guédalia, 2 Rois 22, 12. 25, 22.2 Chr.
3, interjection qui exprime le mépris, la 34, 20 Jér. 26, 17-24. 40, 6. Il fut envoyé
dérision, l'insulte ; à l'exception peut par Josias, roi de Juda, auprès de Hulda
être d'Es. 44, 16. où elle marquerait la la prophétesse, pour la consulter sur le
satisfaction. livre de la loi qui avait été trouvé dans
AHAVA, Esdr. 8, 15.21.31., petite ri le temple. Sous Jéhojakim, il prit le parti
vière de la Caldée ou de l'Assyrie, sur de Jérémie et empêcha qu'il ne fût livré
les bords de laquelle Esdras rassembla au peuple, et qu'on ne le fît mourir.
les captifs qu'il devait ramener en Judée, AHIMAHATS. 1° Beau-père de Saül, 1
et où il publia un jeûne, « afin, dit-il, de Sam. 14, 50.2° Fils et successeur de Tsa
nous humilier devant notre Dieu, le dok, souverain sacrificateur, 2 Sam. 15,
priant de nous donner un heureux voyage 36.17 et 18, rendit à David d'importants
pour IIous et pour nos familles. » Selon services pendant la rébellion d'Absalon.
quelques-uns, ce serait le fleuve connu Chargé de faire passer au monarque les
sous le nom d'Adiava qui coulait dans précieux avis de Cusaï, il se tenait avec
l'Adiabène ; d'autres, à cause de Esdr. 8, Jonathan, caché derrière la fontaine de
15., prennent Ahava pour une ville ou un Roguel. Une servante vint leur annoncer
district et le comparent avec le pays de les résolutions qui venaient d'être prises
AHI 35 - AHI

par Absalon, et ils partirent; mais, dé le trophée d'une grande et glorieuse vic
noncés par un garçon qui les avait décou toire. Ahimélec fit cela, ne connaissant
verts, ils furent poursuivis et durent se rien des discussions qui régnaient entre
cacher à Bahurim, dans la maison d'un David et Saül; il vivait trop loin de la
partisan de David, qui avait au milieu de cour, et n'avait eu aucun moyen d'appren
sa cour un puits au fond duquel ils des dre ces querelles intestines et domesti
cendirent. La femme de la maison éten ques entre le gendre et le beau-père ;
dit un grand drap sur l'ouverture de la mais l'ombrageux et jaloux monarque
citerne et y répandit du grain pilé ; puis, n'en eut pas été plus tôt informé par
lorsque les émissaires furent arrivés, elle Doëg, qu'il fit masacrer le grand pontife
les éloigna par de faux renseignements et tous les prêtres de Nob.
et rendit la liberté à ses hôtes. — Ce fut 2" Ahimélec ou Abimélec, fils d'Abia
encore Ahimahats qui annonça le pre thar (ou Ahimélec), exerça la souveraine
mier à David la défaite d'Absalon, mais sacrificature de concert avec Tsadok que
il remit à un autre le soin de lui répondre Saül avait mis à la place du premier Ahi
sur le triste sort de son fils, sachant bien mélec son père. Ce serait alors le même
qu'une pareille nouvelle serait peu favo qu'Abiathar q. v. En tous cas ce fut sous
rable à celui qui l'apporterait. — Haza son ministère que David distribua les
ria, son fils, lui succéda dans l'exercice sacrificateurs en 24 ordres ou séries, 1
de la sacrificature. 1 Chr. 6, 8. Chr. 24, 3. 6. 18, 16. 2 Sam. 8, 17.
AHIMAN, Jos. 15, 14. Jug. 1, 10, un 20, 25.
des fils de Hanak, fut chassé de Hébron 3° Héthien à qui David proposa, de
après que Caleb eut pris cette ville. v. même qu'à Abisaï, de l'accompagner au
Hanak. camp de Saül, 1 Sam. 26, 6.
AHIMELEC (mon frère est roi). 1° Fils AHINOHAM. 1o Fille d'Ahimahats et
d'Ahitub. Au milieu des difficultés qui femme de Saül, 1 Sam. 14, 50. On ne voit
mettent tant de confusion dans l'histoire pas que Saül ait eu d'autre femme (sauf
de la succession des grands prêtres, on Ritspa, 2 Sam. 3, 7) et l'on peut croire
ne sait pas encore si Ahitub a eu deux que ce premier roi d'Israël s'est écarté
fils souverains sacrificateurs, ou s'il n'en des mœurs orientales soit par respect
a eu qu'un seul portant à la fois les deux pour la loi de Dieu, Deut. 17, 17., soit
noms d'Ahija et d'Ahimélec (à ce dernier pour ne pas effrayer le peuple déjà pré
il faut en tout cas joindre encore celui venu, 1 Sam. 8, 13.
d'Abiathar, v. ce mot). D'après 1 Sam. 22, 2° Ahinoham de Jizréhel, 1 Sam. 25,
14., Ahimélec paraît avoir rempli pendant 43., seconde femme de David, mèred'Am
longtemps les fonctions de son minis non, 1 Chron. 3, 1., suivit son mari à
tère, ce qui rend assez difficile la suppo Gath, 1 Sam. 27, 3., fut faite prisonnière
sition qu'un frère les aurait exercées par les Hamalécites lors du pillage de
avant lui. Il est donc probable que Ahija Tsiklag, 30,1-5., fut délivrée par David,
et Ahimélec ne sont qu'un seul et même v. 18., et l'accompagna à Hébron, 2 Sam,
individu. Ce fut lui qui, pendant l'expédi 2, 2., 3.
tion de Migron contre les Philistins, con AHIO ou Ahjo, 2 Sam. 6, 3.1 Chr. 13,
sulta l'Eternel et qui, ne recevant point 7., allait devant l'arche pendant que son
de réponse, fit connaître au peuple que frère Huza marchait à côté, lorsqu'on la
Jonathan avait, sans le vouloir, violé le reconduisait de la maison d'Abinadab à
serment de Saül qu'il ne connaissait pas. Jérusalem. S'il eût été à la place de son
Il avait sa résidence à Nob avec le taber frère, il eût eu sans doute la même tenta
nacle et un certain nombre de sacrifica tion si naturelle de retenir l'arche chan
teurs. David, fuyant la cour etSaül, se ré celante, et il eût péri comme lui. Pour
fugia auprès d'Ahimélec, qui lui donna à quoi Dieu a-t-il assigné à deux frères des
manger des pains de proposition. Il remit emplois qui devaient amener pour l'un et
de plus à David l'épée de Goliath, que pour l'autre un résultat final si différent ?
l'on conservait dans le tabernacle comme C'est le mystère qui se retrouve dans
AlG 36 AlG

toute vie d'homme. entier, il n'y revient pas une seconde fois,
AHITUB (père de bonté). 1° Fils de car il méprise la chair qui sent. ll niche
Phinées et frère d'Icabod. Son père étant seulement sur les rochers les plus élevés
mort dans cette fameuse journée où l'ar et les plus inaccessibles à l'homme; et
che tomba entre les mains des Philistins, Balaam, dans sa prophétie, Nomb. 24, 21.,
il succéda à son grand-père Héli et rem lui compare sous ce rapport les Kéniens.
plit ainsi les fonctions de souverain sa v. encore Hab. 2, 9. Abdias, 4. — Job
crificateur sous Samuel. Il fut remplacé 39, 30 sq. nous donne l'histoire naturelle
par son filsAhijaouAhimélec, 1 Sam. 14,3. de cet oiseau. Deut. 32, 1 1. nous parle
2o Fils d'Amaria, descendant d'Eléazar, des soins tout particuliers de l'aigle pour
fils d'Aaron, ne paraît pas avoir exercé apprendre à voler à ses jeunes aiglons.
la sacrificature; il eut pour fils Tsadok, Exod. 19, 4. est une allusion à l'ancienne
1 Chr. 6, 8. croyance que l'aigle emporte ses petits
3o Fils d'un autre Amaria, et père d'un sur ses ailes, ou qu'il les aide à voler en
autre Tsadok, 1 Chr. 6, 11. planant au-dessous d'eux pour les soute
AHOLA et AHOLIBA, Ezéch. 23, deux nir s'ils venaient à tomber. Job. 39, 33.
noms supposés, le premier signifiant sa est littéralement vrai de certaines es
tente (de l'Eternel), le second, ma tente pèces d'aigles qui mangent les corps
est là. Ces deux femmes, filles d'une morts, à moins qu'ils n'exhalent une
même mère, et qui se sont prostituées odeur de putréfaction trop forte. Notre
aux Egyptiens et aux Assyriens, repré Sauveur fait une espèce d'allusion à ce
sentent, l'une, le royaume d'Israël ou de passage lorsqu'il dit : « Où sera le corps
Samarie, et l'autre, le royaume de Juda, mort, là s'assembleront les aigles. » Dans
qui ont imité les abominations idolâtres Matth. 24, 28., cette parole semble avoir
de l'Egypte et de l'Assyrie : aussi l'Eter le sens plus général : partout où la cor
nel a réduit ces épouses adultères à la ruption se montre on trouve de faux
plus dure servitude, et elles ont été me Christs tout prêts à en profiter; mais
nées en captivité, Luc 17, 37. doit s'entendre particulière
AH0LlAB. v. Betsaléel. ment des aigles romaines qui fondirent
AHOLIBAMA. Gen. 36, 2 sq., femme sur le peuplejuifpour s'en emparer, après
d'Esaü et mère de Jéhus, Jahlam et Ko qu'il eut perdu toute vie religieuse et na
'ah. Un de ses descendants fut le chef tionale et qu'il ne fut plus qu'un corps
d'une tribu du même nom, v. 41. mort. — Du reste, dans le passage de
AHUZAT, ami du second Abimélec Job, quelques-uns pensent que l'aigle se
qu'il accompagna, de même que Picol, rait ici confondu avec le vautOur, COmme
lorsqu'il vint pour traiter alliance avec cela se fait souvent dans le langage or
Isaac, Gen. 26, 26. (Quelques versions dinaire. v. encore Prov. 30, 17. - Mi
traduisent « une compagnie d'amis, » au chée 1, 16. ne peut s'appliquer qu'au
lieu de Ahuzat et son ami.) vautour; les mots qui mue ne se trouvent
AIGLE. Exod. 19, 4. Lév. 11, 13. pas dans l'original, et le prophète veut
Deut. 32, 11. et ailleurs. L'aigle a tou parler d'un oiseau qui a naturellement la
jours été regardé, dans le langage popu tête nue ; or aucune espèce d'aigle n'est
laire, comme le roi des oiseaux à cause de dans ce cas. ll est souvent fait allusion
sa force, de sa férocité, de la rapidité et dans l'Ecriture à la rapidité du vol de
de l'élévation de son vol, et de la terreur l'aigle, Deut. 28, 49. 2 Sam. 1, 23. Jér.
qu'il inspire aux autres habitants de l'air. 4, 13., etc.; à la distance extraordinaire
C'est un oiseau solitaire, parce qu'il lui de laquelle il découvre sa proie, Dan. 8,
faut une grande étendue de pays pour se 49 ; à l'impétuosité avec laquelle il se
procurer sa nourriture : deux paires précipite pour s'en emparer, Job 9, 26.
d'aigles ne se trouvent jamais dans le Prov. 30, 19. Le vol de l'aigle est aussi
même voisinage. ll n'attaque l'homme grandiose qu'il est impétueux et rapide ;
que rarement, et les petits animaux ja aucun autre oiseau ne s'élève aussi avant
mais. S'il ne peut dévorer sa proie en dans les airs ; il laisse derrière lui les
AlR 37 AlR

nuages et les régions du tonnerre et de de cuivre, 2 Chr. 4, 16., de même que les
l'éclair; son nid s'élève sur les sommets miroirs de femmes, Ex. 38, 8. cf. Job, 37,
des rochers, et « entre les étoiles, » Ab 18. Les marchands de Mésec et de Tubal
dias 4.Jér. 49, 16. Job 39, 30.31. Cette apportaient des vases de cuivre au mar
immense élévation, jointe à une vue ra ché de Tyr, Ezéch. 27, 13.
pide et si perçante qu'il passait pour re Il est aussi parlé ailleurs de cuivre poli
garder le soleil en face, l'ont fait prendre et brillant, et l'on croit que c'était le mé
comme symbole du prophète. tal connu des Grecs et des Romains sous
L'aigle est un des quatre animaux qui le nom d'aurichalcum. Il y en avait de
entrent dans la composition des chéru naturel et d'artificiel; ce dernier, appelé
bins, Ezéch. 1, 10. Ap. 4, 7. - Ps. 103, œs pyropum, ou zz)xö; xºu7oziôa; par Aris
5. Es. 40, 31, se rapportent à l'opinion tote, était une sorte de cuivre jaune ou
anciennement très répandue que par la de laiton. L'aurichalcum naturel est peu
mue l'aigle, chaque printemps, renouvelle connu : les anciens ne nOus Ont laissé
son plumage et rajeunit ses forces, ou se que des renseignements incomplets à cet
lon d'autres, qu'il atteint un âge très égard; il paraît qu'il avait l'éclat et la cou
avancé, et que dans sa vieillesse il mue leur de l'or, et la dureté du cuivre, et
et acquiert une nouvelle jeunesse avec de comme on le tirait des Indes, quelques
nouvelles plumes. Cyrus, qu'Esaïe 46, savants pensent que c'était notre platine ;
11. compare prophétiquement à un aigle, mais la chose est peu probable. Le trésor
avait en effet cet oiseau pour ses armes. de Darius renfermait plusieurs vases de
Les Perses, d'après les anciens auteurs, ce métal, v. encore Esdr. 8, 27. De nos
avaient pour enseignes un aigle d'or aux jours il y a des savants qui croient que
ailes déployées : il est probable qu'ils l'aurichalcum est un métal dont parle le
tenaient ce symbole des Assyriens qui le voyageur Chardin et dont il dit qu'il se
portaient déjà sur leurs bannières, cir trouve dans l'île de Sumatra, qu'il y est
constance qui nous fait comprendre pour plus estimé que l'or, et que les rois seuls
quoi les écrivains sacrés font si souvent ont le droit de le posséder : il tient le
allusion à l'aigle et à ses ailes quand ils milieu entre l'or et le cuivre. Sa couleur
décrivent la marche victorieuse des ar est un rose pâle très fin ; il se laisse fa
mées assyriennes, Os. 8, 1. Jér. 48, 40. cilement polir et surpasse l'or en lustre
Es. 8, 8. et ailleurs. v. Animaux impurs, et en éclat. Bochart et d'autres encore
et Vautour. supposent que ce métal est désigné,
AIRAIN. L'hébreu Nechosheth, dans la Ezéch. 1, 4.27.8, 2., par le mot chaldéen
Bible, désigne le cuivre, et non pas le Hasmal (qui signifie composition d'or et
métal que nous appelons communément de cuivre), auquel le prophète compare la
airain ou bronze, lequel est d'une inven clarté lumineuse et brillante qu'il voyait
tion plus moderne. Anciennement les dans sa vision céleste. Les versions grec
outils, instruments, etc., qui dans la que et latine traduisent ce dernier mot
suite se firent en fer, étaient surtout en par Electrum, qui désigne non-seulement
cuivre. Déjà dans la septième génération l'ambre jaune , mais encore un métal
après Adam, Tubal-Caïn travaillait ce mé composé d'or et d'argent, très estimé des
tal, Gen. 4, 22. Chez les anciens Hébreux anciens à cause de son éclat. L'apôtre
les armes étaient de cuivre, même les Jean,dans l'Apocalypse 1, 15. 2, 18., rend
arcs, 1 Sam, 17, 5. 6, 38.2 Sam. 22, 35. ce mot par Xz)zo2t6zvov, cuivre ardent, ou
1 Rois 14, 27.Job. 20, 24. Les Philistins cuivre qui brille comme s'il était ardent ;
lièrent Samson avec des chaînes de cuivre, Luther le rend par laiton, Bochart y voit
Jug. 16, 21. Beaucoup de meubles et us une composition d'or et d'argent ; mais ces
tensiles du tabernacle, les colonnes du traductions ne sont que des hypothèses
temple de Salomon, 1 Rois 7, 13-21., le plus ou moins probables, et toutes les sa
grand bassin appelé la mer d'airain, 2 vantes recherches que l'on a pu faire jus
Rois 25, 13., et d'autres objets qui ser qu'à nos jours n'ont encore amené aucun
vaient aux sacrifices étaient pareillement résultat clair et satisfaisant sur ce point.
AHI 38 ALE

AJAL0N. 1° Ville de la tribu de Dan, pliquant à tous les rois des Philistins,
assignée aux lévites descendants de Ké comme Padischa aux rois de Perse, Pha
hath, Jos. 21 , 24., près de Timnah et non raon aux Egyptiens, etc.
loin de Bethsémès, 2 Chr. 28, 18. Il pa ALBATRE. Matth. 26, 7. Marc 14, 3.
raît qu'elle demeura au pouvoir des Amor Luc 7, 37. Espèce de carbonate ou de sul
rhéens jusqu'au temps de Hozias ou de fate de chaux, pierre gypseuse assez sem
quelque autre puissant roi de Juda. Les blable au marbre, mais moins dure et plus
Philistins la reprirent sous Achaz. Ce fut difficile à polir ; ordinairement blanche
là peut-être que Saül cessa de poursuivre comme la neige, quoiqu'on en trouve
l'armée des Philistins, battue à Micmas ; aussi qui tire sur le gris, le rouge ou le
cf. Jos. 19, 42. 21, 24.1 Sam. 14, 31. On brun. C'est en Egypte, en Syrie, en Grèce
pense que c'est au-dessus de cette ville qu'elle est en plus grande abondance.
que Josué commanda à la lune de s'arrê Quelques savants croient que l'albâtre est
ter; elle devait être non loin de Ilaï et aussi désigné sous le nom d'onyx. L'albà
de Gabaon. Jos. 10, 12. tre blanc était autrefois très estimé: oll le
2° Ville de Benjamin, à 5 ou 6 kilom. travaille facilement pour en faire des 0r
environ à l'est de Béthel (Eusèbe); elle nements de sculpture, des meubles, des
fut fortifiée par Roboam. 2 Chr. 11, 10. pieds de lits, des chaises, des vases, des
3° Dans Zabulon, sépulture d'Elon,juge écuelles, des boîtes de senteur, etc.
d'Israël. Jug. 12, 12. Comme on préférait les flacons d'albâtre
Quelques-uns comptent une quatrième pour garder les parfums, parce qu'on pen
ville de ce nom en Ephraïm près de Si sait qu'ils s'y conservaient mieux que dans
chem ; mais nous pensons que cette ville d'autres (Pline 13, 2. Hérod. 3, 20.), le
n'est autre que la première qui serait mot albâtre désignait par extension un
tombée entre les mains des Ephraïmites, vase ou flacon d'albâtre : ces derniers
cf. Jos. 21, 24. avec 1 Chr. 6, 69. avaient pour l'ordinaire un long c0l, et
— Vallée d'Ajalon, espèce d'enfonce l'ouverture en était cachetée, de sorte que
ment dans le plateau d'Ephraïm, se diri pour en faire sortir les parfums il fallait
geant de l'est à l'ouest, long d'environ briser le cachet : c'est ce qui est indiqué
18 kilom. et large de 9. Cette vallée, près Marc 14, 3. où nous voyons la femme pé
de Gabaon, est celle sur laquelle la lune cheresse répandre sur la tête du Sauveur
s'arrêta au commandement de Josué. le nard du vase précieux : elle ne rompit
AKIS. 1" Roi de Gath, auprès de qui pas le vase lui-même, ce qui n'eût pas été
David se réfugia par deux fois. La pre facile en tous cas aux faibles mains d'une
mière fois, il contrefit l'insensé afin de femme, mais elle en rompit le cachet, 0u,
donner le change aux officiers philistins comme on peut aussi traduire, elle l'en
qui paraissaient avoir reconnu en lui le tama sur sa tête, elle commença à le
vainqueur de Goliath et le héros d'Israël, verser sur la tête de Jésus (Matthieu et
1 Sam. 21, 10-15 ; la seconde fois, tou Marc), et répandit le reste sur ses pieds
jours en fuite, il revint avec 600 hommes, (Jean 12, 3).—Dans le passage 2 Rois
et Akis, sur sa demande, lui donna Tsiklag 21, 13., les Septante (probablement p0ur
pour demeure. David y passa seize mois la raison indiquée plus haut) traduisent
en paix avec les Philistins, mais faisant par albâtre le mot hébreu qui signifie
des excursions continuelles sur les terres proprement une écuelle.
de leurs amis. ll devait même servir dans ALEPII, première lettre de l'alphabet
les troupes d'Akis contre Saül; mais la hébreu. On trouve quelques psaumes
méfiance des principaux officiers l'éloigna 25, 34, 37, 111, 112, 119 et 145) dont
de l'armée, au regret d'Akis lui-mème. le premier verset commence par un Aleph
2° Autre roi de Gath du temps de Salo et les autres versets par chacune des let
mon, 1 Rois 2, 39.40. - tres suivantes de l'alphabet. Quoi qu'en
Akis I est appelé Abimélec au Ps. 34, 1., pensent les Juifs, il n'y faut pas cher
ce qui s'explique par le fait que ce dernier cher de mystère , c'est une forme de vers
nom était une désignation générale s'ap acrostiches que le poëte sacré a préſérº,
ALE 39 ALE
38 All
dvoilà t0ut. Ces psaumes étaient plus lon toute apparence, à Rome et pour
bu de Dan, |pliquant à t0us les misº . frilesàretenir parce que, pour chaque quelqu'un qui ne connaissait pas en dé
nts de Ké-| comme Padisdnan nskkxº 1ersel, la mémoire était aidée de l'ordre tail les affaires de l'Asie, et cependant il
nnah et non | raon aux Egypliens,d. lphabétique. Leroi Lémuel, Prov. 31, a parle d'Alexandre comme d'un person
, 18. Il pa-| ALBATRE. Mill : i Lr . suivi une marche semblable dans les pa nage connu, d'où l'on peut conclure que
- desAmor-|Luc 7,37.Espèce d ab iiºis files d'instruction qu'il nous a conser cet Alexandre avait fait plus tard un
zins ou de | fate de chaux, pierre ,lºº rtes; et Jérémie a de même écrit en vers voyage à Rome. Paul, écrivant à Timo
· Juda. Les blableaumarbre, mººººº bécédaires ses quatre premières élégies thée (2e ép.), semble bien avoir en vue
haz. Ce fut difficile à polir vriitiiººº sur la ruine de Jérusalem. Les chap. ce même individu, d'autant plus qu'il ne
poursuivre |comme la neige, quºiqu # # # 1.2et 40nt 22 versets suivant le nom . lui donne pas d'autre désignation que
à Micmas |aussi qui tire sur l ºº bre des lettres de l'alphabet; le ch. 3 en celle de son métier, la croyant suffisante
4, 31. 0n | brun, C'est en EgypleºNº a 66, parce que trois versets de suite pour le faire reconnaître. Celui de la 1re
cette ville | qu'elle est en plus sº • tºmmencent par la même lettre; v. l'art. épître est plus difficile à déterminer : il
de s'arrê-|Quelques savanlstrº pºlº lamentations. paraît que c'était un Juif qui cherchait à
§ Il tl ssidesignes skºº AlEXANDRE. 1° Fils deSimonde Cy faire du mal à Paul en attaquant publi
tre blanc etait aulreſuslfºº ! Rie, Marc 15, 21. Son frère Rufus, leur quement sa doctrine. Saint Paul le livre
º
6 kilom, travaille facilemlcllt p0ufº mère et lui semblent avoir été bien c0n à Satan pour qu'il apprenne à ne plus
be); elle | nements de sºlurede • nus des premiers chrétiens : ils étaient blasphémer, et l'on peut croire qu'il est
i, 10 | pieds de lits des lººº ºui-mêmes, selontouteapparence, mem différent d'Alexandre le forgeron, puis
lon, juge |écuelles,
0Il, Jll8 •
Comme on preſ rillsºº Mrs de l'Eglise. que dans la 2e à Tim., écrite plus tard,
*Alexandre Lysimaque d'Alexandrie, l'apôtre parle de ce dernier comme d'un
uatrième | pour garderles prins º º du célèbre Philon, et le plus riche homme qui n'a pas encore reçu la récom
s de Si-]saitqu'ilssyconserai !º ºshis de s0n temps, fit au temple de pense de son impiété.
t iiieſd'aulres (Pie 3,2 lº ºiiiques présents. Il fut jeté en pri ALEXANDRIE , ville célèbre de la
i serait | mot albaire designal Fºº! "Par l'ordre de Caligula, qu'il avait Basse Egypte. Elle était située entre le lac
§|avaient pour iconl'ordillairº
dabºº" ººº l! º dºule refusé d'adorer, et ne fut Maréotis et le Canopique ou bras le plus
nfonce-| louverture en elaitºº#
† à la liberté que par l'empereur occidental du Nil, à peu de distance de la
º Quelques auteurs pensent que Méditerranée. Alexandre le Grand en fut
se diri-| pour en faire sortir lº # ºque nous voyons, Act. 4,6, dans le fondateur et ne tarda pas à y être en
§nliriser le cadet cesºº *"pagnie des souverains § seveli dans un cercueil d'or.-Le célèbre
§ § §unous w# leurs et des anciens, lorsqu'on fit empri Dinocrate avait fait le plan de cette villº
a une |cheresse répandre sºrº ººº † les apôtres après la guérison de et en avait donné les dimensions : elle
é. | le nard du vase preciº # ºnt Cependant l'identité est peu occupait un espace d'environ 25 kilom.
le qui pas le vaselui-même !
§ en tous cas aux filº # †ar le frère de Philon remplis Le palais, qui faisait à lui seulla cinquième
1 pre-
§ de|femme, maispeut
elletnrº
# Alexandrielesfonctions d'alabarque partie de la ville, était du côté de la mer,
istins | comme on aussiº d#, 4 # magistrat, chef des Juifs en et renfermait la résidence royale, le mu
lui le tama sur sa léle, ! # † ºt ne pouvait par conséquent sée et les tombeaux des princes. La Priº
plSfaire º du sanhédrin à Jérusalem. cipale rue avait 35 mètres dº largeur et
sraél,| verser sur la lèle de lº Mº #
tou-||(Jean
Marc),12,
et répandil le fº #,| - §† alors autre chose de cet traversait toute la ville. Les Ptolémº :
mes, 3).-Dans le † | § º0n qu'il était de la race sa qui succédèrent
pendant la capitale delirent
à Alexandre,ºº
deux siècles l'E-
i | les Septante pº# 0

mois | la raison indiquée plus " º


isant | par albâtre le m0l º ql # #Tim
†!º !, deux
: 0u de
4,1415.et.Act
20 sa§ une Seule
gypte Sa proximité de la mer Rº et
de la Méditerranée, y attirait le com †
pass§ † de §ntier,
il n'y avait pas dedecité
sorteplus
qu'aprºº
rres | proprement une écuellº . .. IltS trois dans
§ première leltrº º . florissante.
lans [)
s la | hébreu. On trouve quº # †
* Alexandr§
†ans les Actes,
se, un Juif, nom Elle possédait une bibliothèquº fame#
gna |(25, 34, 37, 111, 112, ºº I# ! c'est§ º Parler au peuple ; recueillie par les ordres de †
·. | le premier versetcommeº lll !
†rier
* f0rgeron en s'arg§ririe,
peut le Il0lll philadelphe : c'est le même pº †
et :

lo-let les autresverselspardº auspices duquel fut †


tres suivantes de laſphalº # †s mais§ †quer à lui dans les première traduction des livres † oit
º pour Sauver p, § * pas s'il veutpar
1., | pensent les Juifs, il ny lºº , ltler sur les c § , 0u si c'est pour re ºs0-222sous
av.leC.nom
Quoique ce º s )-
ier | cher de mystère, c'est une " , - ºs toute la faute en
connu de versiº des 5t'I
p-lacrostiches que le poilesº #ºant les Juifs. Luc a écrit, se tante, le nombre de ceux q" ? coopérè -
: •r -
ALE 40 ALL

rent est fort incertain : les auteurs le font nous avons un échantillon de leurs tra
varier de cinq à soixante et douze, et le vaux dans le célèbre manuscrit d'Alexan
chiffre le plus faible semble approcher drie, qui se trouve maintenant au Musée
davantage de la vérité. — La bibliothèque britannique de Londres, et qui fut écrit
d'Alexandrie fut brûlée par les Arabes ou par Thécla, jeune fille noble de cette cité.
Sarrasins l'an 642 de l'ère chrétienne. v. Steiger, Introd. aux livres du N. T.,
Lorsqu'ils s'emparèrent de cette ville, p. 87 et 88.—La Vulgate a traduit à tort
elle comptait 4,000 palais, 400 places, par Alexandrie la ville de No qui se
4,000 maisons de bain, et 12,000 per trouve Nah. 3, 8. Jér. 46, 25. Ezéch.
sonnes uniquement employées à la vente 30, 14. 15 et ailleurs. v. No.
des légumes et des fruits. Ce n'est plus ALGUES. v. Roseaux.
guère maintenant qu'un immense village ALGUMMIM. v. Almugghim.
qui n'a rien de remarquable que ses rui ALLIANCE. On appelle ainsi la rela
nes, et un commerce assez étendu. tion qui s'établit entre des parties qui ,
Cette capitale de l'Egygte a toujours séparées antérieurement, se rapprochent
eu pour habitants, depuis l'époque d'A- l'une de l'autre sous diverses conditions
lexandre , un grand nombre de Juifs, et dans divers buts , et qui consolident
quelquefois jusqu'à cent mille et au delà. ce rapprochement par certains rites et
Une partie d'entre eux étant revenus à par certaines promesses qui le rendent
Jérusalem, concoururent à la persécu sacré. Ce rapprochement est donc opéré
tion dont Etienne fut le premier martyr, par un lien, et comme ce lien introduit
Act. 6, 9. Apollos était natif d'Alexan souvent entre ceux qu'il rattache un genre
drie, 18, 24., et le vaisseau qui transporta d'unité ou de communauté , alliance dé
saint Paul à Rome venait de cette ville, signe quelquefois non pas le lien seule
(27, 6.) dont les navires, chargés de blé, ment, mais encore ce qui fut lié ou plu
faisaient assez ordinairement le trajet tôt l'état d'union qui en dérive. Dans ce
d'Egypte en Italie et débarquaient à Pouz cas, alliance et communion ont un même
zoles, 28, 13. — 50,000 Juifs y furent sens, Matth. 26.28.1 Cor. 10, 16. Or, une
massacrés par l'ordre de Néron; et quand même communauté ou un même cOrps ne
les Arabes en firent la conquête, ils y pouvant être animés que d'une seule et
trouvèrent 40,000 Juifs qui leur payè même vie , on comprendra facilement
rent le tribut. pourquoi toute participation à une même
Le christianisme s'introduisit de bonne nourriture (comme principe de cette mê
heure à Alexandrie, par le ministère, à me vie) constatait une alliance déjà con
ce que l'on croit, de saint Marc l'évan sommée ou acceptée, tout comme ce qui
géliste, vers l'an 59 ou 60 : après sa mort déterminait un droit à cette participation
il fut remplacé par Anien qu'il avait con commune , constatait la consommation
verti dès ses premières prédications. elle-même de l'alliance ; cf. Ex. 24, les
Clément, Origène, le grand Athanase et v. 4. 5. 6. avec 9. 10. 11. Quant à l'al
beaucoup d'autres illustres serviteurs de liance, c'est-à-dire quant aux liens pro
Dieu furent successivement la gloire de prement dits, ils ressortaient nécessaire
cette Eglise. Pendant plusieurs siècles, ment de la qualité et des circonstances
l'évêque d'Alexandrie partagea avec ceux des personnes qui entraient dans de pa
d'Antioche , de Constantinople et de reils rapports, car de cette qualité ou de
Rome, la direction souveraine de l'Eglise ces circonstances se tiraient les considé
chrétienne ; il avait sous sa juridiction rations qui fixaient, non-seulement la na
les églises de la partie orientale de l'A- ture et le caractère du traité que l'on
frique. L'école d'Alexandrie jouit long voulait former, mais celles surtout par
temps d'une fort grande vogue, l'école lesquelles se spécifiaient encore les inté
juive d'abord , puis l'école chrétienne. rêts et les avantages des personnes qui y
Outre d'éloquents prédicateurs, elle a voulaient entrer, Ex. 19, 4. 20, 2. Gen.
produit d'habiles copistes des saintes 31, 43. 15, 7.Jos. 9, 9.1 Sam. 20, 15.
Ecritures, et sous ce dernier rapport Du reste, une alliance ne se faisait
ALL 41 ALL

point sans qu'elle imposât des obligations par une autorisation légale ou spéciale de
qui lui étaient particulières, et qui, le plus sa part, être transmises à d'autres. Mais
souvent, se trouvaient réciproques pour ces deux fonctions étant réunies en Dieu,
chacune des parties. Gen. 26, 28. Ex. 19. le devaient être également dans ceux qui
5. Gen. 31, 50. 52. 54. Observer ces les recevaient de lui, Deut. 17, 7. Du
obligations devenait indispensable, puis reste, l'une et l'autre avaient un même
qu'elles étaient autant de conditions sans office; elles exigeaient un témoignageren
l'accomplissement desquelles le contrat du à l'inviolabilité des traités, par consé
formé ne pouvait obtenir la réalisation quent leur exécution, en tant qu'elle dé
de sa fin. On devait, par conséquent, pendait de Dieu et non plus des hommes
envisager de pareilles obligations ou de seulement. Ce témoignage ou cette exé
pareilles conditions comme si étroite cution n'étaient donc qu'un jugement de
ment unies aux alliances, que si, de part Dieu direct ou indirect, c'est-à-dire sa
et d'autre, elles n'étaient pas fidèlement bénédiction ou sa malédiction, imposées
remplies, les liens du traité lui-même se en vertu de l'alliance elle-mème, et sui
rompaient inévitablement. Toute la va vant la fidélité des contractants.
leur de l'alliance dépendait ainsi de l'en L'acte religieux qui, dans une alliance
gagement que prenait chaque partie de quelconque, consacrait une sanction pa
respecter les nouveaux devoirs qu'elle reille était d'une double espèce : c'était
Venait de contracter et de ne se rien d'abord un signe qui, comme symbole,
permettre qui pût détruire ou troubler constatait quelle était cette intervention
les nouveaux rapports dans lesquels elle dont chacune des parties reconnaissait la
venait d'entrer. Or cet engagement con validité, et qui, comme témoignage quel
sistait en une promesse solennelle, c'est quefois monumental, constatait en même
à-dire accompagnée de serments et de temps la réquisition que l'on en avait
témoignages, et comme le traité tirait faite; c'était ensuite un serment par le
d'elle toute sa force, faire cette promesse quel on déclarait se soumettre et s'at
et la garder se disaient l'un et l'autre : tendre à être jugé par le tiers interve
confirmer l'alliance, Gal. 3, 15. et 17. nant (appelé témoin), selon les termes
Dan. 9, 27. Cette confirmation étant une de l'alliance et selon la manière dont on
promesse d'observer une alliance faite, l'aurait gardée. Quant au serment lui
Suivait naturellementl'alliance elle-même. même, la nature du traité le pouvait aussi
Pour qu'une alliance fût consommée, modifier, c'est-à-dire qu'il appelait sépa
il fallait que cette alliance et que la pro rément la bénédiction ou la malédiction,
messe de la garder fussent consacrées ou qu'il certifiait la possibilité de l'une et
par certains actes religieux. Ces actes de l'autre. Dans certains cas, il était ac
avaient deux buts : 1° de réclamer une compagné d'un symbole qui montrait que
intervention et par conséquent une sanc la sentence méritée était immédiatement
tion divine ; 2° de consommer le traité, imposée, symbole dont le sens devenait
en d'autres termes, de le mettre en acti alors sacramentel.
vité par une démonstration solennelle qui L'acte qui servait à consommer une al
exprimait à la fois son caractère et sa liance, ou plutôt à la mettre en vigueur
réalité. par une démonstration solennelle, la
L'acte qui réclamait l'intervention et quelle devait exprimer à la fois et la réa
la sanction de la Divinité, consistait dans lité et la nature du lien qu'elle établissait
une reconnaissance formelle d'un Dieu, entre les contractants, cet acte précédait
et comme témoin de la vérité des traités, le serment et variait d'après la nature du
et comme exécuteur du bien et du mal contrat. Il paraît, du moins, s'être dis
que leur observation ou que leur trans tingué de certains rites païens par ce côté
gressi6n méritait. essentiel, que jamais, dans ses formes, il
Ces fonctions de témoin et d'exécuteur ne confondait une alliance profane avec
des contrats, quoiqu'elles appartinssent à une alliance dont le but était proprement
Dieu proprement, pouvaient cependant, religieux. Enfin, il était lui-même réclamé
ALL 42 ALL

comme témoignage ; et indépendamment l'on devait offrir à Dieu d'après son al


d'un rapport quelconque avec la religion, liance Lév. 2, 13.
certains symboles lui donnaient, par leur Un autre rite non moins solennel et
signification, le caractère sacré qu'il de non moins répandu dans toute l'antiquité
vait toujours posséder. Quant aux rites (il a donné son nom au mot hébreu qui
qui accompagnaient de semblables con signifie alliance, Berith, de Barah, dissé
trats, ils offrent des modifications que la quer, tailler, partager), consistait à par
variété des circonstances sert à expli tager un ou plusieurs animaux en des
quer. Ces explications sont donc ren parts qui se plaçaient de manière à se
voyées à l'article qui traite le sujet parti correspondre , Gen. 15, 10; les parties
culier auquel elles se rapportent. Nous contractantes passaient entre ces moi
nous bornons ici à indiquer les formes tiés, et donnaient ainsi à entendre qu'elles
les plus indispensables et les plus inhé entraient dans les mêmes rapports qui
rentes au Cérémonial des alliances con avaient précédemment uni les membres
tractées. de la victime. Cette interprétation sera
Ce qui figurait l'alliance comme lien et peut-être contestée, mais toutes les au
communauté, c'est-à-dire ce qui figurait tres se fondent sur des points de vue qui
l'alliance elle-même, c'était ordinairement Semblent inconciliables avec le seul exem
un repas pris en commun, Gen. 26, 30. ple que l'Ecriture nous fournisse d'une
31, 46. Jos. 9, 14. Quand la communauté alliance faite de cette manière, l'alliance
fondée était une communauté religieuse, de Dieu avec Abraham. — Jér. 34, 18,
alors seulement le repas se faisait avec n'est point en opposition avec ce que
les victimes du sacrifice, Deut. 27, 7. Le nous venons de dire; car rien ne prouve
pain et le vin, mais surtout le sel, pa que les deux parts représentassent les
raissent avoir été habituellement em deux parties contractantes.
ployés. Le sel particulièrement tirait des Un dernier usage que nous consigne
qualités qui lui appartiennent, un sens rons sur ce point, et dont il est parlé
Symbolique correspondant à l'idée même Gen. 21, 28., fut de donner à celui avec
d'alliance. Par cette puissance qu'il a lequel on voulait contracter, une portion
d'attaquer dans un corps certaines par de son propre bien.
ties, en même temps qu'il en conserve Les parties contractantes, leur sincérité
d'autres, par cette action amie et enne dans les engagements qu'elles avaient
mie qu'il exerce à la fois sur tout ali pris, sont également figurés dans le rituel
ment, il était le symbole le plus naturel des alliances par des signes matériels et
d'un contrat dont la vertu propre est jus visibles, destinés à servir quelquefois de
tement de vous rendre et l'ami de ceux témoignages permanents, Gen. 31 , 46.
qui sont les amis de votre allié, et l'en Les symboles employés dans ce but
nemi de ceux qui en seraient les enne étaient habituellement des pierres; on les
mis, Gen. 12, 3. Mais une alliance faite érigeait en un monceau, suivant le nombre
en ces termes : « Je bénirai ceux qui te des parties contractantes, et si l'alliance
bénissent, et je maudirai ceux qui te où elles entraient était une alliance reli
maudissent, » étant considérée comme gieuse, on en faisait un autel, Ex. 24.4.
l'alliance la plus sacrée et la plus indes A l'égard de ces autels, il est constam
tructible que l'on pût former, le sel, dont ment ordonné de les construire de pier
la propriété est de conserver, exprimait res non taillées, Ex. 20, 25. Deut, 27, 5.
doublement le caractère de semblables Jos. 8, 31. Cet ordre fut donné, d'abord
alliances, de ces alliances éternelles que, afin que ces autels ne fussent point une
dans certains endroits, l'Ecriture nomme Occasion de révolte contre le cOmmande
également, à cause de cela, des alliances de ment exprès de n'offrir des sacrifices
sel, Nomb. 18, 19. 2 Chr. 13, 5. Enfin, qu'au lieu que l'Eternel aurait désigné
l'épithète d'alliance accompagne le mot lui-même (pour cette mème raison ils
sel là où il est ordonné de le faire en se faisaient de terre dans les autres
trer dans la composition de tout ce que cas), mais surtout afin qu'ils marquassent
ALL 43 ALL

plus expressément leur genre de desti durée, elle est envisagée elle-même dans
nation et qu'ils représentassent par leur son rapport avec le témoignage de Dieu.
propre intégrité la vie, la plénitude , la De là l'emploi de ce nombre dans notre
sainteté du témoignage dont ils faisaient cas; Hérod. 3, 8. Gen. 21, 30. Christ
foi, Deut. 27, 8.1 Pierre 2, 5.1 Rois 6, comme témoin est également représenté
7. Eph. 2, 22. Jean 19, 36. Ex. 12, 46. par une pierre à sept yeux, Zach. 3, 9.
La consécration des alliances, en tant cf Apoc. 5, 6.
que ces alliances sont une promesse à Enfin la consécration des alliances, en
garder , trouve dans le rituel des sym tant que ces alliances sont un lien et une
boles correspondants. Cette consécration communion établis entre plusieurs, ne se
consiste, avons-nous dit , dans l'invoca célébrait point d'après des rites religieux,
tion d'un témoignage divin, invocation si les rapports fondés sur ces alliances
qui imposait au lien établi , et surtout n'étaient eux-mêmes essentiellement re
à la promesse donnée , un caractère in ligieux. Ainsi aucun sacrifice, aucune li
violable et sacré ; néanmoins elle ne les bation, aucune participation à la victime,
convertissait jamais en des rapports pro aucun signe d'une consécration person
prement religieux , si déjà ils ne l'étaient nelle n'accompagnait une alliance pure
pas par eux-mêmes. Ce témoignage invo ment humaine. Les cérémonies païennes,
qué était habituellement représenté par par exemple celles des Grecs (Iliad. III,
des pierres; tantôt ces pierres étaient car 251 ), celles des anciens Arabes (Hérod.
rées , alors elles étaient le symbole re 3, 8), celles des Scythes (Hérod. 4, 70.
connu de l'univers ; tantôt elles étaient comp. Sall. Cat. 22), celles des Lydiens
non-taillées, et elles représentaient da et des Mèdes consistaient toutes au con
vantage l'œuvre de Dieu: dans ce dernier traire dans une participation des contrac
cas elles étaient tout ensemble un témoi tants à la victime (lliad. III, 273), ou
gnage rendu à Dieu , et un témoignage dans une corrélation établie mystique
venant de Dieu. Dans l'un et dans l'au ment entre eux par la communication de
tre cas, les cieux ou la terre étaient leur propre sang (Hérod. 1, 74). L'un et
invoqués en témoignage. Ces pierres l'autre étaient défendus à l'lsraélite; boire
donnaient à entendre que celui qui est le sang lui était interdit, le sacrifice ap
l'auteur de la création devait être le Dieu partenait au temple.
du témoignage, l'auteur des serments, le L'usage de partager un animal en deux
Dieu par lequel on devait jurer, cf. Phil. 2, moitiés, et de passer entre elles, fut com
10.11.Apoc. 5,8. etc.Jos. 24,22. et Deut. mun à plusieurs peuples de l'antiquité.
27, 9. Celui qui érigeait une telle pierre De là sont venues, en hébreu, les ex
faisait donc un acte de foi, et il en usait pressions Berith (partage), Karath Be
comme d'un gage de sa propre fidélité. rith (partager); mais rien ne prouve que
C'est pourquoi aussi Dieu , voulant don les mots fœdus icere, ferire, percutere,
ner à son peuple, au sujet de son alliance et 32zux riuvsw, en soient également dé
avec lui, un gage (ou un témoin) de sa duits (voyez cependant le passage de l'I-
propre fidélité , il employa pour signe liade cité plus haut). Quoi qu'il en soit,
dans le second temple une pierre carrée rien ne nous oblige à voir dans ce rite un
(Théod. Hasaens, de lapide fundamenti, sacrifice proprement dit , plutôt qu'un
dans le Thesaurus Ugolini , t. vIII), et acte symbolique et solennel dont le sens
dans le premier deux tables de pierre , a été indiqué, lequel paraît certain à l'é-
qui sans doute, sous une forme appro gard des Juifs : rien ne prouve qu'il en
priée aux circonstances, représentaient fût autrement chez les autres natiOns
ces cieux et cette terre où Dieu a partout (Hérod. 2, 139. 7, 39. comp. Liv. 1, 24.
écrit de son doigt le témoignage, c'est Soph. Aj. 1177. sq.). Cela explique pour
à-dire sa loi. Le nombre sept avait une quoi nous ne trouvons rien de pareil
place sacrée parmi les symboles destinés dans la consécration des alliances de Dieu
à la consécration du serment. Il repré avec son peuple, et pourquoi encore ce
sente le monde dans sa durée; mais cette signe n'était point un signe de récipro
ALM 44 AL0

cité, et s'employait seulement quand les Indes; son bois , dur et pesant, est
l'une des parties était sommée par l'autre noir au dehors, rouge au centre, et sans
de donner un témoignage figuratifdesen odeur; il sert à la teinture, à la menui
gagements qu'elle contractait, Gen. 15,8. serie et à la sculpture. — D'autres inter
De là dérivent Iléanmoins certaines for prètes pensent que c'était une espèce de
mules d'imprécation ou de malédiction, pin du mont Liban, 2 Chr. 2, 8; mais
qui pourtant ne contredisent en rien ce c'est peu probable à cause de ce qui est
que nous venons d'avancer, puisqu'elles dit , 1 R. 10, 12., qu'il n'était point en
démontrent justement que l'animal par core venu de ce bois, et qu'on n'en avait
tagé ne figurait que l'une des parties point vu jusqu'à ce jour : un bois si pré
du contrat, Jér. 34, 19. cieux, et dans un voisinage aussi rappro
ALLON-BACUTH, Gen. 35, 8., chêne ché, n'aurait pas échappé longtemps à
sous lequel fut ensevelie Débora, nour l'attention des architectes. — Enfin, les
rice de Rébecca; son nom signifie chêne plus modernes prennent ce bois pour le
des pleurs. Santalum Album de Linné, arbre de haute
ALMODAD , Gen. 10, 26., peuplade futaie qu'on trouve dans les Indes, en
arabe de la famille des Joktanides, mais Arabie et en Afrique : ce serait le bois
du reste inconnue. Bochart pense aux appelé citrus par les Romains, et thyion
Allonmaïotes de Ptolémée dans l'Arabie par saint Jérôme. Il est très odoriférant,
Heureuse. et d'autant plus qu'il est plus près de
ALMUGGHIM, 1 R. 10, 11.12., ou Al terre et que la couleur en est plus fon
gummim , 2 Chr. 2, 8. 9, 10. 11., nom cée. On s'en servait comme d'encens,
d'une espèce de bois qui se trouvait au mais plus généralement encore pour la
nombre des marchandises que la flotte construction des temples , et pour la
syrienne apportait d'Ophir, du temps de sculpture. Cette opinion qui est la plus
Salomon. Ces deux noms désignent la probable est confirmée par le témoignage
même chose, car de pareilles transposi de Josèphe (Antiq. 8, 7). « Les vaisseaux
tions de lettres se font presque involon d'Ophir, dit-il, apportaient des pierres
tairement, et ont leurs analogues dans précieuses et des pins dont Salomon faisait
toutes les langues. — Dans le passage du faire des colonnes pour le temple et pour
livre des Rois, les Septante traduisent son palais, et des instruments de musi
ce mot par « du bois travaillé et taillé , » que. Ce bois était plus grand et plus fin
Jérôme et la Vulgate par « ligna thyina ». qu'aucun autre bois connu jusqu'alors;
et dans les passages des Chroniques, les il avait l'apparence de bois de figuier,
Septante le rendent, ainsi que les traduc mais il était encore plus blanc et plus
tions latines, par « bois de pin. » S'atta éclatant. »
chant à ces anciennes interprétations , ALOES, Nomb. 24, 6. Prov. 7, 17, etc.,
quelques savants ont cru quel'Almugghim genre d'arbre dont Tournefort compte
était un bois résineux et odoriférant ; quatorze espèces; celui dont il est ques
mais un tel bois n'aurait pu être propre à tion dans la Bible n'est pas l'aloès de nos
l'usage auquel le destinait Salomon, car jardins, mais un arbre des Indes, le bois
il en fit faire, non-seulement des instru d'aloès appelé aussi bois d'aigle. Il a de
ments de musique , mais encore des bar huit à dix pieds de hauteur; sa cime est
rières et des piliers. Par la même raison, couronnée d'une touffe de feuilles ovales,
et plus encore, il faut repousser l'idée dentelées, épaisses et longues d'environ
qui veut traduire ce mot par corail. — quatre pieds; ses fleurs, d'un rouge mêlé
Les anciens commentateurs juifs les plus de jaune ou de blanc, exhalent un parfum
célèbres , Kimhi et autres , pensent que délicieux; son fruit est de la grandeur
ce bois d'Ophir était celui que les Arabes d'une cerise ; de sorte que c'est un des
nomment El-Bakam, bois du Brésil, ou de plus beaux arbres qui existent. L'aloès a
Sandal rouge, lequel en tout cas fut une sève extrèmement amère , et son
connu et décrit bien antérieurement à la écorce recouvre trois couches de bois
découverte du Brésil. Cet arbre croît dans différentes : la couche extérieure est
ALP 45 AMA

noire, dure et pesante; la seconde est mariage.


brune, très poreuse et pleine d'une ré ALTASCHETH, inscription des Ps. 57,
sine odoriférante : enfin l'intérieur du 58, 59 et 75, signifie ne détruis point.
bois a une odeur aromatique extrêmement « On ne saurait, dit Calvin, amener de cer
forte. Les anciens faisaient déjà grand taine raison pourquoi l'inscription de ce
cas de cette dernière couche et l'esti psaume (57) est ne détruis point; et pour
maientplus que l'or. On s'en sert pourpar tant les expositeurs sont différents d'opi
fumer les habits, les appartements, etc., nion, comme en une chose obscure et
soit en le réduisant en poudre, soit en le douteuse. Aucuns pensent que c'était le
brûlant, soit en en mettant de petits mor commencement de quelque vieille chan
ceaux appelés calumbaks dans les objets son. Les autres estiment que ce sont les
que l'on veut parfumer : on garde ordi mots que David prononça se voyant en
nairement ces calumbaks dans des flacons vironné de toutes parts sans espoir d'é-
pour empêcher l'odeur de s'évaporer. chapper, « O Dieu, ne détruis point. » Les
Balaam, pour indiquer combien le peu autres sont d'advis que la preud'hommie
ple d'Israël est agréable à son Seigneur, de David est louée par cette sentence, le
et précieux devant lui, le compare à des quel empescha et destourna Abisaï qui
arbres d'aloès que l'Eternel a plantés, voulait aller tuer Saül, pour ce aussi que
Nomb. 24, 6. Parmi les attraits que la l'histoire sainte exprime nommément
femme de mauvaise vie met en usage cette repréhension en ces termes : Ne le
pour séduire, Salomon lui fait dire qu'elle deffais point, 1 Sam. 26, 9. Mais pour ce
a parfumé son lit d'aloès, Prov. 7, 17. La que David avait fait cette prière et psaume
myrrhe , l'aloès et la casse sont dans les déjà auparavant (comme on le voit par
vêtements de la reine chantée Ps. 45, 8 ; l'inscription même), ceste opinion ne
et l'épouse du Cantique, 4, 14., dit que la peut convenir. Par quoy il nous faut te
myrrhe, l'aloès et tous les parfums aroma nir à l'une de ces deux expositions, Ou
tiques se trouvent dans le jardin de son que ce psaume a été composé sur le chant
époux. Quand le corps de notre Seigneur d'une chanson commune, ou que David a
eut été descendu de la croix, Jean 19, voulu yci noter en brief, comme une chose
39., Nicodème apporta de la myrrhe et de mémorable, la prière qu'une frayeur sou
l'aloès, non pour embaumer le corps, daine lui tira de la bouche. »
mais pour mettre ces aromates dans les Ainsi parle Calvin, et depuis lui la
linges, v. 40, afin de conserver le corps science n'a rien découvert que l'on puisse
jusqu'après le sabbat. ajouter à son explication. La version de
ALPHA , a, première lettre de l'alpha nos Bibles est défectueuse dans ces ins
bet grec, dont oméga (ou 0 long) est la criptions, et ne donne aucune idée du
dernière. Le Saint-Esprit désigne par vrai sens du m0t.
ces deux lettres l'éternité de Dieu et celle AMANA, Cant. 4, 8., une des cimes de
de Jésus-Christ, Apoc. 1, 8.11. 21, 6. l'Anti-Liban, à ce qu'il paraît d'après le
22, 13. . contexte du passage cité. C'est probable
ALPHÉE. 1° Père des apôtres Jacques le ment de cette montagne que sortait le
mineur, et Jude ; époux de Marie sœur fleuve Abana,q.v. Une correction apportée
de la mère de Jésus, Matth. 10, 3. Marc au texte hébreu de 2 Rois 5 , 12. auto
3, 18. Luc 6, 15. Act. 1, 13. Marc, 15, rise à croire que le vrai nom du fleuve
40.; le même que le Cléopas de Jean 19, est plutôt Amana comme celºi de la mon
25., mais différent de celui qui est nommé tagne.—Quelques-uns placent l'Amana au
Luc 24, 18. v. Cléopas. On ne sait, du delà du Jourdain, dans la demi-tribu de
reste rien sur sa vie. 2° Père de Lévi ou Manassé; d'autres, le cherchant au nord
saint Matthieu, Marc 2, 14, également in est, pensent qu'il séparait la Syrie de la
connu. Peut-être est-ce le même que le Cilicie.
précédent, et, dans ce cas, Matthieu son AMANDIER, Gen. 30, 37. 43, 11.
fils, qui n'est jamais indiqué parmi les en Exod. 25, 33. 34. 37, 19. 20. Les mots
fants de Marie, serait le fils d'un premier hébreux Louz et Shaked que nos ver
AMA 46 AMA

sions rendent par amandier, désignent 21. 14, 1. 1 Chr. 3, 12. 2 Chr. 24, 27.
deux espèces différentes de pêchers dont 25, 1. Il avait vingt-cinq ans lorsqu'il
les fleurs et les feuilles se ressemblent monta sur le trône, 839 ans av. C., et ré
beaucoup, L'un de ces arbres, dont le gna vingt-neuf ans à Jérusalem. ll com
fruit ne mûrit qu'au mois de septembre, mença par faire mourir les meurtriers de
est le premier à fleurir aussitôt après les son père, mais ne permit pas qu'on fît le
rigueurs de l'hiver, avant même qu'il ait moindre mal à leurs enfants, mesure de
poussé des feuilles. Cette particularité grâce et de justice, bien rare alors, bien
lui a fait donner en hébreu le nom de opposée aux mœurs barbares de ces temps,
Shaked qui signifie « prompt, expéditif, mais conforme à l'esprit et à la lettre de
qui se réveille de bonne heure, vigilant, » la loi mosaïque, Deut.24, 16. Il comptait
et l'a fait prendre, Jér. 1 , 11., pour le dans son royaume 300,000 hommes en
symbole de la rapidité avec laquelle les état de porter les armes; il s'en adjoignit
jugements de Dieu allaient éclater sur encore 100,000 du royaume d'Israël ,
lsraël. Jérémie a fait dans ce passage un pour les envoyer contre les Iduméens qui
jeu de mot conforme au goût des Orien s'étaient soustraits sous Joram à l'obéis
taux , mais difficile à rendre dans notre sance des rois de Juda, environ cinquante
langue.« Que vois-tu, Jérémie P» ditl'Eter ans auparavant. Mais un prophète lui
nel, et le prophète répond : « Je vois une ayant rappelé que toute alliance avec les
branche shaked; » ce qui signifie tout à la tribus rebelles serait fâcheuse au royau
fois: je vois une branche d'amandier, et je me de Juda, il comprit que c'est Dieu
vois une branche, un bâton vigilant, qui seul qui donne la victoire et qui met en
veille, qui se hâte.Aussi l'Eternel, con fuite, et il se hâta de licencier les troupes
tinuant d'employer le même mot dans étrangères, en faisant le sacrifice des cent
son double sens, répond encore : « Tu as talents ( près d'un million ) qu'il avait
bien vu, car je me hâte d'exécuter ma donnés pour les enrôler. La victoire se
parole.»C'est donc sur ce nom significatif prononça en faveur de celui qui avait cru ;
de l'amandier que repose tout le sens de il vainquit les Iduméens dans la vallée du
cette vision. Sel. lci s'arrête la première partie de la
Dans le passage Ecclés. 12, 7., cet ar vie d'Amatsia ; sa foi ne l'accompagna
bre qui fleurit déjà lorsque ses branches pas dans toute sa carrière , parce que ce
sont encore dénuées de feuilles, est pris n'était pas une foi véritable; il se détour
pour image de la tête du vieillard cou na de l'Eternel, et la fin de ses jours, à
verte seulement de quelques touffes de dater de cette victoire, ne fut plus que
cheveux blancs. — La verge d'Aaron qui pêchés et malheurs.Au nombre des ob
le confirma dans sa dignité de grand jets pris sur l'armée d'Edom se trou
prêtre, Nomb. 17, 8., était une verge vaient les idoles de Séhir. Amatsia les
d'amandier; et. selon quelques savants, adora : puis, lorsqu'un prophète vint lui
une verge de ce bois était le signe dis reprocher son incroyable idolâtrie, le
tinctif des chefs des tribus israélites culte de ces dieux vaincus, Amatsia lui
qui devait leur rappeler la vigilance. répondit : « Qui t'a établi conseiller du
AMARIA. 1o Souverain sacrificateur, roi. Cesse de m'importuner, car pourquoi
1 Chr. 6, 7. il vécut du temps des te ferais-tu tuer 9 » Le prophète se retira
juges, et paraît avoir fonctionné immé donc, après lui avoir annoncé les châti
diatement avºnt Héli. ments que Dieu ferait tomber sur lui. Et
2o 1 Chr. 6, 11. Dieu aussi s'était retiré de la cour et des
3° Esdr. 10, 42. conseils du malheureux roi. Enivré de sa
4o Sophon. 1, 1. récente victoire, il osa défier son voisin
5o 2 Chr. 19, 11. Souverain sacrifica d'Israël, et lui offrit le combat. On peut
teur, placé par Josaphat à la tête de la croire que la cause ou le prétexte de cette
cour suprême des juges d'Israël. guerre, ce furent les déprédations que
AMATSIA. 1° Neuvième roi de Juda, les 100,000 Israélites, frustrés du butin
fils de Joas et de Jéhohaddan, 2 Rois 12, qu'ils avaient espéré de remporter sur
46 AMA AMB 47 AME

nt | 21. 14, l. 1 Chr. 3, l?. ?l)t! ! Elºm,avaient commises en s'en ret0ur 9.31.— Les ministres de l'Evangile sont
ºnt 25, I. Il avait Wingl-till : º mit dans leur pays, et dont le roi de appelès ambassadeurs de Christ, parce
nt monta sur le trône, 8ºiisºlº luſh trut devoir demander satisfaction. qn'au nom de ce Roi des rois, peu nom
le gna vingt-neuf ans à JerNº lº las,roid'Israél, se comparant lui-même breux sur la terre, ils sont chargés de
e, | mença par faire m0urir les ſerºi il cèdre du Liban, et son adversaire à dire aux hommes sa volonté, et de pro
es son père, mais ne permitºsº tº quelques ronces de la montagne, voulut clamer le traité de grâce qu'il a fait avec
lit moindre mal à leurs chills.Es kdissuader de son entreprise téméraire ; eux : 2 Cor. 5, 20. Eph. 6, 20.
té grâce et dejustice,liennººº mis Amatsia ne l'écouta point (car cela AMEN. 1o Vrai, fidèle, certain. C'est
leopposéeauxmrurslanº ºuil de Dieu). Les deux armées se ren le mot que nos traductions ordinaires
f, mais conforme àl'espril dºº tºlrérent à Bethsémès, et le roi de Ju rendent par « en vérité ». Quand il est re
, la loi mosaique, Deulºlºlº h,fitprisonnier avec une partie de son doublé, il équivaut à la solennité du ser
e dans son royaume WW ºº mée, vit les remparts de Jérusalem dé ment. Des quatre évangélistes, saint Jean
s état de porter les armes,isºº Mis, ses trésors transportés à Samarie, est le seul qui ait conservé la répétition
r encore 100.000 du rºyan º d les principaux des siens emmenés de ce mot, et cette différence entre lui
n pourles envoyer contrelº | lir, ºmme 0tages. Il survécut encore quinze et les synoptiques, se retrouve même
- setaient soustrails sous lºº ºà lus, et par conséquent à sa dé dans les passages parallèles : cf. Matth.
, sance des rois deJuda,êmiº #ms la fin de son règne fut sans 26, 21.34. et Jean 13, 21.38. Y aurait-il
|ans auparavant Mais m º #ie, tt il périt victime d'une conjura un sens mystérieux et caché dans le fait
ayant rappelé que loulº allifſ ſºi ºlſul assassiné à Lakis où il s'était de cette double affirmation P C'est l'opi
tribus rebelles serait fthºº º,ºsºncorpsfuttransporté à Jéru nion de Bengel. La parole de Christ est
me de Juda, il compril !º (s ºm0ù 0nl'ensevelit avec ses pères. la vérité à l'égard de celui qui parle, et
seul qui donne la victºire ! quºi #ºlsia, sacrificateur du veau d'or à l'égard de ceux qui croient; cf. 1 Jean
fuite, et il se hâta de licenciº º º(lºi av. C.), Amos7, 10 et sq. 2, 8. Elle est la vérité quant à la forme
§res enfiisantlº ºna à Jéroboam les prophéties d'\- et quant au fond. Christ n'est pas seul
§res dun mili # # º menaces contre le culte ido à rendre témoignage : lui et son Père sont
donnes p0ur les †† ºhºl Amos répondit au§x pro uns à le rendre, Jean 8, 18. 2 Cor. 1, 20.
ºilengageaità s'enfuir d§t Et lors même qu'on ne verrait pas dans
rononça enfaveur decº
vainquit les Ilmées º du roi : • Je n'étais qu'un bou cette répétition tout ce que Bengely voit
Sel. lci s'arrête la premir º † "lºt des figues sauvages (pouret qu'il développe d'une manière si inté
vie d'Amatsia; sa lºi " lº ºfire mûrir) lorsque l'Eternel me dit : ressante, on ne saurait y méconnaître
pas dans toute sº carrièrê, º # Pºphétise à la maison d'Israël. . affirmation solemnelle. Des exemplesuºº
de
cette répétition se trouvent aussl danS
n'étaitpas
ma une foietvéritllº
de l'Eternel, la" de #sº E#† donné à Amatsia la preuve
ali-mêm † Am0s lui annonça l'Ancien Testament, par exemple Ps. 4!,
§ter de cette vicºiº" # - _ -
§ † qui fondraient sur 1 4.
péchés et malheurs † §† 2° Ainsi soit-il, Deut. 27, 26. Jér. 28,
ºmme et sur ses en 6. Apoc. 1, 18. Formule d'adhésion, d'ap
Epiphane 0t
ets pris sur l'armº d'! " Riº autres pe#
aient les idoles de'unSºlitrphºlt
Aº t## Ya la viole . J0utent qu'Amatsia em probation, d'affirmation, ou de souhait,
dora; puis, lorsqu'll idollſ ! iºtie §† forcer le prophète ordinairement employée à la fin des priè
eprocher s0n incroyalº la sº# ºi qu'Il lui fit souffrir divers res comme pour en Sceller le contenu,
ulte de ces dieux vi# 5 #!
pondit : · Qui t'a établi # #
| †R 0fficier d'un prince,
par exemple à la fin de l'oraisºº domi
nicale. On ne la trouve cependant ni à la
# Cesse dem'impºrtº # fº le † ºnoncer quelque impor fin de la prière sacerdotale, Jean 17, 26.,
# # ºu p0ur traiter quelque Joseph ni lors de la présentation de Matthias et
ſerais-tutuer*'!º † |és à à l'apostolat, Act. !: º Presque
nc, après lui avoir † srk ! - † Les anciens n'avaient pas
•nts que Dieu fenil # hordº lélit # titrés et à poste fixe; ce terminent
tous les écrits
par cedumot,
Nouveau Teslamºº! †
qui semblºº
eu aussi s'élaltº§ºks
§ § charge temporaire, en vue §ulation et la confirmation º faits
'un
la

nseils ºtition # ºt qui cessait après la


# sſſº
du malheurº déſi
ente victoire,ilº 0º
" alri ºlhée. Elihézer, serviteur §gnements qui s'y trº"
§. et lui offri† # ºralam, fut l'ambassa fermés. -

§lacause !† s le † º! puissant prince au ce • qu'il


u des
est lenoms Dieu #.#
donnés leà Chº;
Véritable, le V

§rent les † * § ººn. 24, 1. Plus tard


(t
insi " Ptit un caractère plus poli rité la substance de la yº †
§ israéli# que n0us le voyons 2 Chr. 32, prophète infaillible, le fidèle et Vrº
†r de "
AMN 48 AM0

moin, Apoc. 3, 14.Toutes les promesses misérablement au milieu d'un festin, 2


sont oui et amen en lui; elles sont iné Sam. 13. Le crime fut puni : ce qu'Amnon
branlablement fondées sur sa parole et avait semé, il le moissonna; Absalon
sur son serment , irrévocablement rati trouva plus tard aussi la peine de sa ven
fiées par sa mort, et scellées par son es geance ; mais ces deux crimes furent un
prit, 2 Cor. 1. 20. | châtiment envoyé de l'Eternel sur David
AMÉTHYSTE. Exod. 28, 19. 39, 12. | pour son adultère et pour le meurtre
Apoc. 21, 20. Pierre précieuse, espèce ' d'Urie. Amnon avait été une verge de
de quartz Iransparent dont la couleur est ' Dieu : triste ministère que celui d'un fils
un mélange de rouge et de bleu, de sorte dont Dieu se sert contre l'auteur de ses
qu'il y a des améthystes de couleurs di jours ! Considérée en elle-même, l'his
verses, tirant sur le pourpre, le rose toire d'Amnon est un terrible exemple
ou le violet , selon que le rouge ou le des excès auxquels peut porter une pas
bleu prédomine ; il y a même des amé sion que l'on ne cherche pas à combattre,
thystes blanches. Les plus fines se trou | mais que l'on héberge comme un hôte,
vent en Arabie, en Syrie, en Arménie et que l'on nourrit et que l'on entretient.
dans les Indes. Les anciens, qui se fai La chute d'Amnon, précipitée et peut-être
saient déjà des bijoux de cette pierre amenée par des conseils étrangers, doit
précieuse, croyaient qu'elle préservait nous apprendre en même temps à choisir
de l'ivresse , et lui ont, à cause de cela, nos amis parmi les fidèles, et à nous ac
donné le nom qu'elle porte, et qui pour compagner de ceux qui révèrent le nom
rait se traduire par désenivrante. — Les de l'Eternel, Ps. 119, 63.
Rabbins ont aussi leurs étymologies, et AMON. 1o Gouverneur de la Samarie,
prétendent que le nom hébreu de l'amé auquel Achab ordonna d'emprisonner le
thyste vient de ce qu'elle fait voir des prophète Michée, 1 Rois 22, 26., jusqu'à
songes à celui qui la porte; ce serait une son retour de l'expédition contre Josa
songeuse. — C'était la neuvième pierre phat.
dans le pectoral du souverain sacrifica 2o Fils de Manassé et de Mésullémet,
teur, Exod. 28, 19 ; elle forme dans le quinzième roi de Juda, monta sur le trône
Nouveau Testament le douzième fonde à l'âge de vingt-deux ans, et régna deux
ment de la Jérusalem céleste, Apoc. 21,20. ans. Ce fut un monstre de méchanceté ;
AMI, v. Amon 3°. trop fidèle imitateur des désordres de
AMINADAB. 19 Fils d'Aram, père de son père, il ne l'imita pas dans sa repen
Naasson, nommé dans la généalogie de tance. Il fut assassiné par les gens de sa
notre Sauveur, Matth. 1, 4. Luc. 3, 33. maison; mais le peuple, dont il avait su
C'est le même que Hamminadab, Exod. 6, flatter les désordres ou les superstitions,
23. Nomb. 1, 7. Ruth 4, 19.20. 1 Chr. 2, le vengea et fit périr les meurtriers. Il
10.Sa fille Elisébah était femme d'Aaron. me fut pas, non plus que son père, ense
2o v. Hamminadab. veli dans le tombeau des rois, mais on le
AMNON, l'aîné des fils de David, qui plaça dans son sépulcre, au jardin de
l'eut d'Ahinoham sa seconde femme, 2 Huza. Son fils Josias lui succéda. 2 Rois,
Sam. 3, 2. 1 Chr. 3, 1. Ce malheureux, 21, 18-26. 2 Chr. 33, 20-25. Matth. 1,
épris d'une fureur coupable pour sa sœur 10. Jér. 1, 2. Soph. 1, 1.
de père, Tamar, que les lois de Moïse ne 3o Ou Ami. Esd. 2, 57. Néh. 7, 59. Un
lui permettaient pas d'épouser (Lév. 18, des principaux chefs des Juifs qui revin
20, 17. Deut. 27, 22), la déshonora, et se rent de la captivité.
porta envers elle aux plus criminels ex 4° v. No. . -

cès, puis il la chassa honteusement comme AMORRHEENS. C'était la peuplade


une ennemie. Absalon, frère de Tamar, cananéenne la plus considérable. Ils des
attendit pendant deux ans entiers l'Occa cendaient de Cam par son quatrième fils
sion de venger l'outrage fait à sa sœur, Canaan, et de Canaan aussi par son qua
et enfin finit par donner l'ordre à ses trième fils, Gen. 10, 6. 15. 16. Plusieurs
serviteurs de l'assassiner. Amnon périt d'entre eux étaient des géants dont Amos
AM0 49 AM0

dit, 2, 9., que leur hauteur était comme qu'ils n'étaient en réalité pas plus dignes
celle des cèdres, et qu'ils étaient forts des grâces de Dieu que les pires des Ca
comme des chênes. Ils avaient à l'est du nanéens, et que, s'ils descendaient phy
Jourdain les deux puissants royaumes de siquement de Sem au lieu de descendre
Basan et de Hesbon, gouvernés par Hog de Cam, il n'y avait en eux-mêmes rien
et par Sihon , Jos. 9, 10., qui s'éten qui les rendît plus agréables à Dieu que
daient depuis le torrent d'Arnon jusqu'à ces peuplades qu'ils avaient dépossédées,
la montagne de Hermon, Deut. 3, 8. et dont ils habitaient le territoire.
Sihon s'était emparé d'une grande partie AM0S. 1° Le troisième des douze pe
du territoire des Moabites et des Hammo tits prophètes. ll vécut environ 800 ans
nites, Nomb. 21, 24. Jug. 11, 13. (Ce der av. C., sous les règnes de Hozias roi de
nier passage indiquant les prétentions Juda, et de Jéroboam II roi d'Israël, et
des Hammonnites sur une partie du pays commença son ministèreau moins en784,
qui leur avait appartenu , disent-ils , année de la mort de Jéroboam; il se trou
avant que les Amorrhéens le possédas vait ainsi contemporain d'Osée, de Joël
sent, est le seul indice d'une conquête et d'Esaïe. Am. 1, 1. Il était originaire
faite sur les enfants de Hammon par les de Tékoah dans la tribu de Juda, et
Amorrhéens.) Mais Moïse fit la conquête exerça d'abord la profession de berger,
de toute cette contrée, et la donna aux ou de bouvier, s'occupant parfois à pi
tribus de Ruben et de Gad et à la demi quer les figues sauvages pour les faire
tribu de Manassé, Nomb. 32,33. Deut. 3, mûrir, 7, 14.;des images empruntées àson
8. 12. 13.— Il y avait encore d'autres genre de vie se retrouvent fréquemment
royaumes amorrhéens dans la partie mé sous sa plume, 3, 12.4, 1. 7, 1. 2. S'il
ridionale de Canaan , à l'ouest du Jour paraît, 7 , 14., se refuser à lui-même le
dain, dans le voisinage de Ilébron et de titre de prophète, il faut l'entendre seu
Hatsatson-Tamar, Gen. 14,7., occupant le lement dans ce sens qu'il n'avait pas été
territoire de la montagne de Juda, Nomb. élevé dans les écoles de prophètes, qu'il
13, 30. Ce sont ceux-là qui battirent les n'avait pas reçu l'éducation régulière des
lsraélites à Horma, Nomb. 14, 45. Deut. prophètes; car en luttant contre Amatsia
1, 44.; mais environ quarante ans après, il insiste fortement lui-même sur la di
Josué vainquit leurs cinq rois, Jos. 10, 5., vinité de sa mission ; et la grande con
et distribua leur pays aux tribus de Juda, naissance du Pentateuque, par exemple,
de Siméon , de Dan et de Benjamin, qui perce dans ses écrits, montre qu'il
Jos. 15 et 19. Cependant ils ne purent était bien préparé pour remplir ses im
être entièremement assujettis, et Josué portantes fonctions.
même ne put les empêcher de se relever C'est auprès des Juifs des dix tribus
quelquefois et de faire des conquêtes qu'il exerça essentiellement son minis
sur Israël, Jug. 1, 34. 3, 5.1 Sam. 7, 14; tère; l'idolâtrie, la corruption qui y ré
les Gabaonites, en particulier, un reste gnaient, la tyrannie et les injustices des
des Amorrhéens, subsistèrent longtemps, grands, forment le sujet de ses exhor
2 Sam. 21, 2. cf. Jos. 9. Les nombreux tations prophétiques , dans lesquelles il
débris de cette nation ne furent définiti dénonce, pour une époque plus ou moins
vement soumis que par Salomon qui les éloignée, de terribles jugements de Dieu.
fit tributaires, 1 Rois 9, 20.2 Chr. 8, 7. Sa sévère franchise lui attira la haine
Comme les Amorrhéens occupaient le des prêtres qui s'efforcèrent d'obtenir
premier rang au milieu des Cananéens, du roi son expulsion, et la tradition
il n'est pas rare que leur nom serve à nous le représente même comme étant
désigner l'ensemble de ces peuplades, et mort victime de leurs cruels traitements.
Canaan tout entier, Gen. 15, 16. Jug. 6, Les six premiers chapitres contiennent
10. 1 Rois 21, 26. 2 Rois 21 , 11. dans un langage simple et sans figures,
Dieu dit aux Juifs que leur père était des prédictions, d'abord contre les en
Amorrhéen , et leur mère Héthienne, nemis du peuple théocratique, puis, de
Ez. 16, 3., pour leur faire comprendre puis 2, 4., contre le royaume même d'Is
4
ANA 50 ANA

raël. Les trois derniers chapitres dénon lait-il s'enrichir aux dépens des frères
cent, en un langage symbolique, les en versant une partie de ses biens dans
jugements de Dieu sur Israël, et se ter la bourse commune pour obtenir par là
minent, depuis 9, 8., par des paroles le droit d'être entretenu, lui et sa femme,
consolantes. Le style est en général peu aux frais de l'Eglise ? Regardait-il les
animé, mais toujours plein de dignité. biens de la communauté comme une es
2o Luc 3, 25. Un des ancêtres de notre pèce de caisse d'assurances qui lui rap
Seigneur, par Marie : inconnu. porterait un intérêt viager supérieur aux
AMOTS. 2 Rois 19, 2. Es. 1, 1. Père intérêts de la somme par lui déposée ?
du prophète Esaïe. Nous ne savons rien Voulait-il peut-être seulement acquérir
sur lui de positif. Les uns le confon des droits à la considération des frères,
dent , mais sans fondement, avec Amos en faisant un acte brillant de charité
le prophète; les autres le font fils de chrétienne ? Il est probable qu'il y eut
Joas et frère d'Amatsia, rois de Juda, un mélange de tout cela dans son cœur
en sorte qu'il aurait été de la famille livré à Satan, v. 3; l'intérêt et la vanité
royale. " furent la source de l'hypocrisie et du
AMPHIPOLIS, ville de la Macédoine, mensonge.
et colonie athénienne, sur les confins de Le châtiment de ces deux coupables
la ThraCe. Paul et Silas la traversèrent peut paraître sévère, si on ne le consi
lorsque, délivrés de la prison de Phi dère qu'en lui-même, et surtout encore
lippe, ils se rendirent à Thessalonique, si on le compare avec le crime de Simon
Act. 17, 1. Elle était située non loin de le magicien(ch. 8), ou d'Elymas (ch. 13),
la mer, sur le Strymon qui l'entourait de et la conduite des apôtres à leur égard.
tous les côtés; c'est de là que lui est Quelques réflexions montreront qu'Ana
venu son nom, d'après Thucydide 4, 102. nias et Saphira furent punis justement,
Elle porte aujourd'hui le nom d'Acra, ou et que leur mort était nécessaire à la
d'Emboli. gloire de Dieu.
AMPLIAS, Rom. 16, 8. Disciple bien 1. Moins coupables en apparence que
aimé de Paul qui le salue, mais du reste Simon le magicien et qu'Elymas, ils
inconnu. l'étaient plus à cause des grâces qu'ils
AMRAPHEL , Gen. 14, M. Petit roi de avaient reçues et de la lumière dont ils
Sinhar, contemporain d'Abraham et allié jouissaient. Elymas était décidément un
de Kédor-Lahomer, q. v. impie, ignorant peut-être jusqu'à l'his
ANANIAS. 1° Le mari de Saphira, toire même de l'Evangile ; et quant à
Act. 5, 1. Il prit place au nombre des Simon, qui paraît avoir eu plus d'instruc
chrétiens de la primitive église de Jéru tion positive, et dont il est dit même
salem, et séduit par tout ce qu'il y avait qu'il crut, qu'il fut baptisé, et qu'il était
d'honorable et de touchant dans le dé comme ravi hors de lui-même, il paraît
vouement et l'abnégation des autres dis qu'il se laissa séduire par la grandeur
ciples, il voulut les contrefaire sans avoir de ces miracles qu'il ne pouvait imiter;
le courage de les imiter, vendit une mais il n'eut aucune idée de ce qu'était
possession, retint une partie du prix la vie chrétienne, la lumière de la Pa
d'accord avec sa femme, et en apporta le role ne pénétra pas dans son cœur, il
reste aux pieds des apôtres, mentant par ne comprit pas l'Evangile : c'est là tout
son silence, comme s'il eût apporté la son crime, tout son malheur, et il agit
valeur entière de sa propriété. Son men comme un homme qui n'avait ni part ni
songe, qui ne s'adressait pas à l'homme, héritage dans cette affaire, 8, 21. ; il ne
mais à Dieu , fut puni de Dieu lui-même, chercha pas à tromper les apôtres, il se
et l'hypocrite tomba mort aux pieds des trompa lui-même , tandis qu'Ananias,
apôtres. On connaît le beau tableau que témoin peut-être des merveilles de la
ce sujet a inspiré à M. Paul Delaroche. Pentecôte , et dans tous les cas, témoin
Il semble que ce ne fût qu'un men des merveilles de l'amour fraternel, pa
songe : c'était un sacrilége. Ananias vou raît avoir joui lui-même un certain temps
ANA 51 ANA

de la lumière divine : il a trompé les au transmettait pas à ceux qui l'entouraient


tres sans s'étre trompé lui-même. la droiture et la pureté : l'Eglise devait le
2. Le mensonge d'Ananias ne fut pas retrancher comme tel, et le Saint-Esprit
un simple mensonge, ce fut une trom a dû retrancher Ananias, parce que celui
rie dans les choses religieuses; il voulut ci, par le fait seul de son mensonge, mon
servir Dieu et Mammon, jouir de la con trait qu'il n'appartenait pas au corps des
sidération des chrétiens et des délices fidèles dont Christ est le chef.
du péché, se faire des amis avec ses ri 5. La mort subite d'Ananias et de Sa
chesses iniques en conservant ces ri phira devait servir d'exemple, comme leur
chesses dont il affectait de faire l'entier péché avait été une provocation; le châ
sacrifice; il feignit la piété, et si tout timent devait contrebalancer les effets de
mensonge est un crime, celui qui ment la chute. Ces deux coupables furent pu
au Saint-Esprit commet le plus grand des nis en quelque sorte pour le public, plu
crimes ; les tartufes débordent la me tôt que pour eux-mêmes; et nous ne pou
sure, ce sont des monstres qui étalent vons pas savoir s'ils ont trouvé grâce de
sur le devant de leur boutique les choses vant le Seigneur, ou s'ils sont morts sous
de Dieu pour gagner et pour s'enrichir; la condamnation divine, Si leur foi était
lesvendeurs et les changeurs furent chas réelle, ce n'est pas parce qu'ils sont morts
sés du temple par Jésus parce qu'ils se en état de chute qu'ils auront été condam
logeaient dans la maison de Dieu pour nés ; si leur foi était fausse, leur condam
faire leur commerce; mais il n'est point nation a été prononcée dans le ciel, non
de fouet à cordelettes assez fort pour à cause de leur tromperie, mais à cause
réprimer ceux qui vendent les choses de leur manque de foi. La chute n'a été
saintes elles-mêmes, et l'encensoir et la punie que d'une mort soudaine et pré
manne. Le Saint-Esprit voyait d'avance maturée.
lous ceux qui viendraient couverts du 2o Disciple de Jésus-Christ, Act. 9, 10
masque de la religion pour voiler les noir 18. Peut-être l'un des soixante et dix évan
ceurs de leur cœur et de leur conduite, gélistes. ll prêchait l'Evangile à Damas,
et il a voulu les effrayer par le sort de ce lorsqu'une nuit il fut appelé par une vi
premier trompeur. sion à se rendre auprès du fameux Saul
3. Si la ruse d'Ananias eût réussi, et de Tarse, trop célèbre alors par les per
qu'elle eût été découverte plus tard, ce fait sécutions qu'il exerçait contre les chré
seul eût suffi pour saper, et avec raison, tiens. Ananias résista d'abord; il savait
toute l'autorité des apôtres : un infidèle se quels projets amenaient à Damas le dis
glissant dans l'Eglise primitive, et se fai ciple de Gamaliel , et les indications de
santhonorer par ses crimes, sans que les l'ange étaient trop précises pour qu'il
apôtres découvrissent la supercherie, eût pût douter que celui qu'il devait visiter
fait douter que l'esprit d'en haut habitât ne fût le même que l'ennemi furieux de
en eux véritablement. l'Eglise primitive. Mais le Seigneur le
4. Enfin, remarquons que si le précepte rassure et lui annonce les brillantes des
desaint Paul, Eph. 4,25. : « Parlez en vé tinées de Saul. Ananias part donc hum
rité chacun avec son prochain, car nous ble et confiant; il trouve Saul, évite de lui
Sommes les membres les uns des autres, » rappeler son égarement, lui donne le titre
devait jamais avoir une actualité vivante de frère, et a l'honneur de consacrer le
et forte, c'était bien à cette époque de premier, par l'imposition des mains, Paul
réveil, où la multitude de ceux qui l'apôtre des gentils et le grand mission
croyaient n'étaient qu'un cœur et qu'une naire. Longtemps après, saint Paul, par
ame, Act. 4,32., où tous par conséquent lant de cette entrevue solennelle, montre
étaientlesmembres les uns des autres; une qu'il en avait conservé un souvenir bien
même sève de vérité jeune et vigoureuse, vivant, et il appelle Ananias un homme
devait circuler de l'un à l'autre sans être qui craignait Dieu selon la loi, et qui
altérée, et l'on pouvait regarder comme avait un bon témoignage de tous les Juifs
mort et corrompu tout membre qui ne qui demeuraient là, Act. 22, 12.
ANC 52 ANC

3o Ananias, Act. 23, 2. 24, 1.Souverain mot traduit quelquefois par sénateurs, et
sacrificateur, d'un caractère altier, suscep quelquefois par prêtres dans le Nouveau
tible et remuant, était, d'après Josèphe, Testament, Luc 7, 3. Act. 11, 30. 14, 23.
fils de Nébédée. Il succéda, vers l'an 48 15, 2 sq. 16, 4.1 Tim. 4, 14. Tit. 1, 5. etc.
de Jésus-Christ, à Joseph fils de Kamyde, Les anciens formaient un conseil, un sé
dans les fonctions pontificales. Quadra nat, une espèce de municipalité reli
tus, gouverneur de Syrie, ayant réussi à gieuse, chargée de diriger les affaires de
étouffer les troubles excités en Judée la communauté, sans avoir exclusivement
par les Juifs et les Samaritains, envoya la charge de l'enseignement et de la pré
cet Ananias à Rome, pour y rendre compte dication, ce droit étant alors en quelque
de la conduite qu'il avait tenue aux mi sorte illimité, et appartenant à tous les
lieu de ces désordres. Il parvint à se jus membres de l'Eglise. Le titre d'ancien
tifier entièrement, et l'empereur Claude était à l'origine synonyme du titre d'é-
le renvoya dans son pays. Quelques an vêque, ainsi qu'on le voit clairement par
nées après le retour d'Ananias, Paul eut Act. 20, 17.28. Tit. 1 , 5-7. Don Calmet
à comparaître devant le Sanhédrin qu'il lui-même avoue que « anciennement le
présidait, et comme l'apôtre, plein d'as nom d'évêque et celui de prêtre étaient
surance et de modération, commençait communs et réciproques. » v. les art.
à parler pour justifier le tumulte de la Evèque et Synagogue.
veille, 22, 22. 23. 23, 1., Ananias le fit 4o Dieu est appelé l'Ancien des jours,
frapper au visage, sans qu'on puisse ex pour désigner son éternelle existence,
pliquer cette violence autrement que par Dan. 7, 9. -

l'irritation que lui causa le titre d'hom ANCRE. Instrument dont on se sert
mes frères, dont Paul se servit en s'adres pour arrêter les vaisseaux en rade ou au
sant aux membres du conseil.Alors Paul, port. Ce furent d'abord de grandes pier
soit qu'il refusât de reconnaître Ananias en res attachées avec des câbles : telles étaient
qualité de sacrificateur, soit qu'il ignorât les ancres des Argonautes. On se servit
effectivement qu'il fût le souverain sacri ensuite de pièces de bois chargées de
ficateur en charge, lui reprocha son hy plomb, ou de paniers pleins de pierres,
p0crisie, et lui dénonça les châtiments espèce d'ancre encore en usage chez les
de Dieu. On peut croire que les quarante Japonais. Les ancres faites de deux bar
assassins qui complotèrent pour faire pé bes ou dents, furent inventées par Eupa
rir l'apôtre , furent poussés à ce projet lamius, ou par le Scythe Anacharsis, peu
par Ananias et quelques autres de ses de temps après le retour des Juifs de la
Collègues, vieille manière, mais bien com captivité. Dans les grands vaisseaux on
mode, de répondre aux arguments de ses tenait trois ou quatre ancres, mais il y
adversaires. On sait, du reste, que ce en avait toujours une dont on ne se ser
crime ne put s'accomplir, parce que l'a- vait qu'à la dernière extrémité : on l'ap
pôtre fut transféré à Césarée. Ananias pelait ancre sacrée, et maintenant encore
l'y poursuivit encore, accompagné d'un on l'appele maîtresse-ancre. Autrefois on
Certain rhéteur ou avocat nommé Ter jetait les ancres de la poupe, Act. 27,
tulle, et ne discontinua ses accusations 29 ; de nos jours on les jette de la
que lorsque Paul en eut appelé à l'em proue. Les ancres modernes sont de fer;
pereur. - Il est probable qu'il s'agit en elles ont la forme de crocs, en sorte que,
core d'Ananias, 25, 2., quoiqu'il ne soit de quelque manière qu'elles tombent,
pas nommé, dans la comparution de Paul elles entrent dans le sable. – L'espé
devant Festus. rance du salut est comparée par l'apôtre,
ANClEN. 1o Qui appartient aux temps Héb. 6, 19., à une ancre sûre et inébran
passés, 1 Sam. 24, 14.1 Chr. 4, 22. lable, qui, allant se fixer au delà du voile
2o Un vieillard, Job 12, 12. dans le ciel, vers Jésus et les choses in
3o Les chefs du peuple, soit civils, soit visibles, nous affermit au milieu des ora
ecclésiastiques, sont appelés anciens, Es. ges et de la tempête des passions, et nous
3, 14. Jér. 19, 1. 26, 17. C'est le même empêche de flotter à tout vent de doc
AND 53 ANE

trines, cf. Jacq. 1,6. Jud. 13. 1Tim. 1, 19. qu'il est donné à Barnabas, Act. 14, 14.,
Eph. 4, 14. et à d'autres disciples. On pourrait tra
ANDRE, fils de Jonas, frère de Simon duire aussi, mais c'est moins probable,
Pierre, et pêcheur comme lui, était de « ils sont distingués par les apôtres. »
Bethsaïda, et fut un des premiers disci ANE. Le nom hébreu de l'âne est Hha
ples de Jean-Baptiste. C'est aussi lui que mor, qui signifie roux, roussàtre, parce
Jean 1, 35-42. nous montre comme le que c'est, en Orient, la couleur ordinaire
premier de ceux qui se joignirent à Jésus : de cet animal; on en trouve cependant
il suivait le Maître timidement et sans lui aussi de gris, et quelquefois même de
adresser la parole, jouissant en silence noirs et de blancs. Bien différent de l'âne
de cette divine compagnie, ignorant humble et méprisé de nos contrées, l'âne
même, peut-être, que Jésus l'eût aperçu. oriental est actif, grand et vigoureux,
Mais Jésus s'approcha de lui (cf. Jacq. 4, plein d'énergie et de légéreté dans ses
8.) et le conduisit dans sa propre de mouvements ; son poil est lisse et beau,
meure où il le logea, car le jour était son pas est sûr et agréable; en marchant
déjà avancé.Toutefois ce ne fut que plus il relève avec vivacité ses pieds légers,
tard que Jésus l'appela comme apôtre et porte la tête haute, en sorte que l'épi
sur les bords de la mer de Galilée, Matth. thète de noble animal pourrait s'appli
4, 18. Marc 1, 16., et dès lors il accom quer à lui tout aussi bien qu'au cheval.
pagna le Seigneur jusqu'à la fin. Son ca C'est peut-être à cause de sa vivacité
ractère était moins vif et moins ardent qu'il est dit, Prov. 26, 3. : « Le fouet est
que celui de son frère, et son rôle fut pour le cheval, et la bride pour l'âne; »
modeste; nous ne le voyons qu'une fois on dirait le contraire chez nous. En
seul dans la compagnie des trois grands Orient l'âne est aussi infatigable et plus
apôtres, Marc 13, 3. Il paraît avoir été fort que le cheval, et on le préfère pour
lié plus particulièrement avec Philippe, les courses et les voyages dans les con
qui le consulta, Jean 12, 22., sur le désir trées montagneuses. Plusieurs voyageurs
de quelques Grecs de voir Jésus, cf. aussi célèbres, comme Niebuhr et Myller, rap
Jean 6, 7.8. — Après la Pentecôte, la portent qu'ils faisaient souvent d'une
tradition nous le m0ntre tournant ses lieue et demie à deux lieues par heure,
pas vers la Scythie, puis vers Byzance montés sur ce léger coursier.
où il aurait établi Stachys, Rom. 16, 9., On trouve quelquefois en Asie des
comme premier évêque de cette future ânes entièrement blancs; ils sont consi
métropole. Partout il eut à combattre la dérés comme les plus beaux de leur es
magie et la foi au démon, et il le fit avec pèce, et sont un objet de luxe ; on les
puissance et par des prodiges qui lui ob soigne mieux que les autres, on les couvre
tinrent des succès signalés. Il paraît qu'a- d'étoffes et de harnais plus précieux et
près avoir prêché l'Evangile dans la plus brillants , et l'on n'épargne ni cou
Grèce, il souffrit le martyre à Patras, en leurs, ni sonnettes pour les parer. Quel
Achaïe. quefois on marque leur poil blanc de ta
ANDRONIQUE, Rom. 16,7., probable ches et de raies rouges, avec le jus d'une
ment le mari de Junias; on ne les con plante nommée henna; la crinière et la
naît, l'un etl'autre, que par ce qui en est queue sont de même teintes en rouge.
dit dans ce seul verset. On ignore où ils C'est à cette coutume que se rapporte une
furent prisonniers avec Paul, si ce fut à discussion sur le sens du passage Jug.
Rome ou ailleurs. Saint Paul les appelle 5, 10., où il est question d'ânesses blan
ses parents, mais le mot employé pour ches (d'après le mot hébreu), et où quel
rait aussi ne s'entendre que dans le sens ques savants, s'appuyant sur le sens du
de compatriotes, issus d'une même fa même mot en arabe, veulent ajouter ta
mille, peut-être d'une même tribu. Ils chetées de rouge; toutefois, il est peu
sont distingués entre les apôtres, dit probable que les anciens Hébreux con
saint Paul, et le mot d'apôtre dans cette nussent l'art de peindre les animaux, et,
phrase a l'acception étendue qu'il a lors en tout cas, nous n'avons aucune trace
ANE 54 ANE
de cet usage. — Comme ces ânes blancs Il paraîtrait, d'après 2 Rois 7, 7., qu'à
SOnt plus rares et plus beaux que les au la guerre on ne chargeait ordinairement
tres, il n'y a que les grands et les riches que le bagage sur les ânes; toutefois ,
qui puissent s'en procurer, et ces ani dans la description prophétique de l'ar
maux sont, par là même , devenus une mée de Cyrus, roi des Perses, Es. 21 ,
marque de distinction pour ceux qui les 7., il est question d'uue cavalerie mon
mOIltent. tée de ces animaux. Strabon, de même,
De tout temps, les ânes ont été fort es assure que les Caramaniens, peuple sou
timés en Orient; et autrefois on leur don mis aux Perses, se servaient d'ânes pour
nait, surtout aux ànesses, autant de soins leur cavalerie , et Hérodote nous raconte
que les Arabes en donnent maintenant à que, dans une bataille contre les Scythes,
leurs nobles chevaux. Ils composaient en Darius, fils d'Hystaspe, n'avait pas d'au
grande partie la richesse des patriarches, tre monture pour ses cavaliers. Les his
Gen. 12, 16. 22, 3. 24, 35. Ex, 4, 20. toriens rapportent encore que, huit siè
Nomb. 22, 21. Jos. 9, 4, Jug. 5, 10. 12, cles après Jésus-Christ, un calife possé
14.2 Sam. 16, 2. 1 Rois 13, 13. Néh. 7, dait une cavalerie montée d'ânes , et que
69. Job 1, 3. etc., etc.; et l'on comprend ces animaux étaient si courageux, que de
que les ânesses surtout dussent être puis cette époque le mot a passé en pro
d'un grand prix pour des peuples noma verbe chez les Arabes : « Ane de guerre
des. Comme l'élève des chevaux était ne fuit pas » ; v. d'Herbelot.
presque nulle en Palestine, les Israélites On croit que la défense, Deut. 22, 10.,
se servaient d'ânes pour transporter leurs d'atteler un âne et un bœuf ensemble à
effets, tourner la meule ou traîner la la charrue , de même que plusieurs lois
charrue, cf. Deut. 22, 10. Ex. 23, 12. du même genre , était une loi purement
Es. 30, 24.; on les montait aussi comme symbolique , soit qu'elle eût pour but de
nOuS mOntons les chevaux, Gen. 22, 3. rappeler aux Israélites de se garder tou
5. Ex. 4, 20., et les riches, comme on l'a jours de toute alliance inconvenante, tant
vu, préféraient les ânesses, les ânes blancs en religion qu'en politique, cf. 2Cor. 6,
Ou les ânons, coutume qui s'est conser 14., soit qu'elle dût leur apprendre l'hu
vée jusqu'à nos jours. On bride l'animal, manité , même à l'égard des animaux ,
Nomb. 22, 21. Jug. 19, 10.; on lui jette soit enfin qu'elle fût destinée à les pré
une cOuverture ou des habits sur le dos server de certaines pratiques supersti
en guise de selle, Matth. 21, 7., et le tieuses en usage chez les païens , et qui
conducteur marche à côté ou par derrière, n'étaient pas sans rapport avec ces sor
Jug. 19, 3.2 Rois 4, 24. tes d'alliances. v. Accouplements.
Quand les chevaux commencèrent à Quant à l'ânesse de Balaam, à laquelle
être introduits en Israël, on s'en servit le Seigneur ouvrit la bouche, Nomb. 22,
principalement pour la guerre et comme 28., v. Balaam, nous ferons seulement
montures, et les ânes cessèrent d'être un observer que chez les Romains aussi l'on
objet de luxe ; en sorte que la prophétie trouve des traditions relatives à des ani
de Zacharie 9, 9., que notre Seigneur fe maux qui auraient parlé , et ce cas était
rait son entrée à Jérusalem monté sur toujours un présage funeste, v. Valér.
un ânon, tout en étant conforme aux Maxim, 1 , 6 ; Pline, Hist. Nat. 8, 10.
idées théocratiques des anciens temps, 70. et Bochart. — Le passage Jug. 15,
n'emportait plus l'idée de grandeur, mais 19. a été expliqué de diverses manières;
celle de paix ; et l'entrée de notre Sei on peut voir l'art. Samson et ce que nous
gneur dans cette métropole du vrai culte avons dit dans l'Hist. des Jug. d'Israël ,
' annonçait le triomphe de la paix. Christ p. 103, La traduction généralement adop
allait accomplir, à cet égard, les anciennes tée est la seule littérale , et dans tous
prophéties messianiques, cf. Es. 62, 11. les cas , celle qui se justifie le mieux.
Zach. 9, 9.; et l'épithète de débonnaire D'après Lév. 11 , 4., l'âne était mis au
qui lui est donnée, doit être comprise nombre des animaux impurs dont il était
dans ce sens, défendu de manger la chair; mais on com
ANE 55 ANG

prend que dans les cas de famine , com chez nous et dont les anciens employaient
me 2 Rois 6, 25., cette défense n'ait pas la graine comme épice, Pline 19 , 61.
été bien Strictement observée. L'énormité Les juifs scrupuleux portaient leur zèle
de la somme payée pour une seule tête aveugle pour l'observation de la loi mo
d'âne montre à quelle extrémité les ha saïque jusqu'à payer la dîme de l'anet
bitants de Samarie étaient réduits. aussi bien que celle des autres produc
Ane sauvage. Cet animal, connu aussi tions de la terre , et le Talmud l'énumère
sous le nom d'onagre, surpasse de beau expressément parmi les objets soumis à
coup l'âne domestique , même celui de la dîme. Notre Sauveur reproche aux
l'Orient, par la beauté de sa taille et la pharisiens hypocrites d'ètre par ostenta
proportion de ses membres; il ne sau tion fidèles dans les petites choses, mais
rait être dépassé en vitesse, même par le infidèles dans les grandes.
cheval arabe. Il se distingue par une cri ANGE ou messager , nom générique
nière laineuse et foncée ; son cou est un donné aux intelligences célestes par qui
peu long et courbé , ses oreilles sont Dieu exécute une partie de ses desseins,
droites et très longues, son front est et qui sont toujours prêts à lui obéir.
élevé, sa peau lisse et rayée de brun sur Tous les peuples qui ont eu l'idée d'un
un fond couleur d'argent, tirant sur le esprit souverain y ont joint celle d'esprits
jaunâtre vers le ventre ; cependant on subalternes ou génies. Il y a, en effet, lieu
en trouve aussi d'une couleur plus fon de supposer entre nous et la divinité une
cée. Il est sauvage , vit uniquement dans vie plus relevée que celle dont nous vi
les déserts et ne se laisse pas apprOcher vons ici-bas, une nature plus subtile,
par l'homme, Job 39, 8.9. Gen. 16, 12. plus puissante, plus accomplie. De là,
Es. 32, 14. Dan. 5, 21. Il ne marche dans le monde païen, l'idée de ses demi
que par petites bandes ordinairement dieux dont il a peuplé l'espace, inventant
composées d'un mâle et de plusieurs fe jusqu'à des êtres protecteurs de peuples,
melles. Cf. Jér.2, 24. Ps. 104, 11. De nos de familles, même d'individus. La révéla
jours il habite surtout les déserts de tion est remarquable dans la pureté des
l'Asie centrale , tandis qu'il se trouvait conceptions qu'elle nous offre sous ce
autrefois jusque dans les parties mon rapport, repoussant comme indigne en
tagneuses et désertes de l'Asie Mineure, elle-même l'idée de dieux imparfaits ,
de la Syrie et de l'Arabie. Le livre de mais justifiant celle d'esprits supérieurs à
Job, 6, 5. 39, 8-11., donne une belle des nous, et qui animent ce monde immense
cription de ses habitudes et des lieux où encore caché à nos regards , elle place
il se tient de préférence. Les Bédouins , leur création au-dessus de l'origine de
Job 24, 5., aussi bien que leur père Is notre présent monde, et en distingue de
maël, Gen. 16, 12., sOnt comparés à des bons et de mauvais. Job. 38, 7. Jean 8,
onagres, à cause de leur vie indépen 44. Gen. 3, 4. 1 Jean 5, 18. 2 Pier. 2, 4.
dante et libre dans les déserts, de leur Jud. 6.
opiniâtreté et de leur rapidité dans la Les bons sont représentés comme plus
fuite. élevés en intelligence, en force, en bonté,
Outre l'âne sauvage, que nous venons et par cela même en bonheur. Ils sont
de décrire, il en existe dans la Mongolie classés parmi les choses invisibles qui
une autre espèce appelée djiggetaï ou zig font aussi partie de la création. Col. 1,
getaï (longue oreille), sorte de mulet sau 16. Hébr. 1, 14. Luc. 24, 39 (1 Cor. 15,
vage et naturel qui tient le milieu entre le 42-50). Matth. 28, 3, Marc 16, 5. Luc
cheval etl'onagre. Presque tout ce que la 1, 11. 2, 9. 24, 23.Act. 1. 10, 6, 15. 12,
Bible dit de l'âne sauvage pourrait serap 7.2 Cor. 11,14. Apoc. 1, 20. Es. 6, 1, etc.
porter à ce djiggetaï; mais on ne le trouve Leur désignation commune de messa
pas dans l'Asie antérieure, et les anciens gers ne renferme ni attribution de divi
ont toujours soigneusement distingué nité , ni droit à aucun culte : ils sont
ces deux animaux. comme les hommes, serviteurs dans le
ANET, Matth. 23, 23., herbe connue royaume et pour la loi, mais occupant un
ANG 56 ANI

rang plus élevé. lls sont appelés l'armée anges en soient sortis par un usage plein,
des cieux, Luc 2, 13.; gardiens, Dan. 4, outré, poussé jusqu'à l'abus, de leur pro
13. 14. ; fils de Dieu, Job 1, 6.; élus, pre gloire ; et comme parmi les hommes
1 Tim. 5, 21.; saints, Luc 9, 26. Dan. 4, on voit celui qui est tombé chercher à
13.—Ils paraissent classés en catégories entraîner les autres et, devenu séducteur,
variées : les séraphins, Es. 6, 2. 6; les devenir ensuite persécuteur des bons qui
chérubins, Ez. 10, 1. Leurs rôles sont résistent à son action funeste, on peut
assignés, Exod. 32, 34. Enfin ils sont re concevoir qu'une réaction semblable ait
présentés comme ayant un corps, Jug. eu lieu chez ces grandeurs déchues et
13, 3., cf. v. 6. Leur armée est immense, qu'elles cherchent maintenant à nous en
et les divers noms qui leur sont donnés traîner avec elles. Leur caractère est
font supposer qu'il y a diversité de rangs tracé dans ces paroles : « séduisant et
parmi eux. Ps. 68, 17. Dan. 7, 10. Matth. étant séduits. »
26, 53. Col. 1, 16. Apoc. 5, 2. (Car, Des apparitions d'anges dans le Nou
même en admettant que ces noms soient veau Testament se lisent, Matth. 1, 20.
le fruit d'un tradition babylonienne , ils 21. 2, 13. 19. 4, 11. Luc 1, passim; 2,
sont consacrés dès qu'ils sont reçus par passim ; 22, 43. 24; Act. 1, 10. 11. 5,
les écrivains inspirés, et par les anges 19, etc.
eux-mêmes.) — L'Ecriture établit une Dans une foule d'endroits de l'Ancien
grande liaison entre le monde invisible Testament, nous retrouvons l'action des
et le nôtre, liaison qui a été plus fré anges; mais il est un de ces messagers
quente dans ses manifestations jusqu'à célestes qui est appelé par excellence
l'établissement complet de l'Eglise, et l'ange de l'Eternel , et même Jéhovah,
qui subsiste, quoique cachéee, jusqu'à la l'Eternel, dans lequel il est impossible,
fin, Héb. 1, 14. Quand tout ce qui est malgré son refus de se nommer lorsque
caché sera mis en évidence, et que le rè Jacob ou Manoah lui demande son nom,
gne de Dieu prévaudra complétement, de ne pas voir le grand médiateur entre
alors l'apparition des anges redeviendra Dieu et les hommes, le Fils unique issu
un signe de communication libre entre les du Père, Dieu manifesté en chair ; Gen.
cieux et la terre. Matth. 13, 41. 49. 16, 16, 7-13. 22, 11. 15-18. 31, 11-13. 32,
27 : 24, 31 ; 25, 31 ; 1 Thess. 4, 16. 2 24-30.48, 15. 16. Exod. 3, 2-6. Jug. 2,
Thess. 1, 7. 1. 6, 11. 16. 21 -24. 13, 16-22. v.
Quant aux anges déchus, leur histoire Gaussen, Gédéon devant l'ange de l'Eter
est et sera toujours une énigme pour nel.
nOus jusqu'au jour où nous connaîtrons ANIMAUX. La Bible appelle en géné
parfaitement. La possibilité de la chute ral les animaux étres vivants , et leur
finale d'êtres aussi excellents et aussi éle principe vital âme ou souffle de vie. Dans
vés, devait entrer dans le dessein primi la description que Moïse nous donne de
tif de leur Créateur, et nous lisons, Job la création, Gen. 1, 20-29., les animaux
4, 18 : « Il met, ou il a mis de l'imper sont nommés dans l'ordre suivant : 1°pe
fection dans ses anges. » C'est la vraie tits animaux aquatiques, 2° oiseaux , 3°
traduction du passage. La question de grands animaux aquatiques (poissons et
cette chute se lie, du reste, à celle de l'o- amphibies) , 4° quadrupèdes, 5° repti
rigine du mal dans le monde, et nous ne les. Dans le 28e verset du même chapitre
pouvons l'examiner ici. Il reste seule ils sont énumérés et classés sommaire
ment que l'œuvre de Dieu étant harmo ment comme suit : 1° poissons de la mer,
nique, il n'a pu créer deux principes con 2° oiseaux des cieux , 3° toute bête qui
traires et hostiles : les anges déchus, se meut sur la terre. La même classifica
comme tels, n'appartiennent pas à la tion, dans un ordre peu différent, se re
création ; leur existence tient à leur pé trouve 9, 2.; et, dans le récit du déluge,
ché qui fut peut-être l'orgueil, et notre tous les animaux, à l'exception des aqua
raison ne peut rien alléguer contre la tiques, sont compris dans les classes des
possibilité d'une condition telle que ces oiseaux, des quadrudèdes et des repti
ANI 57 ANI

les, 6, 20. Les quadrupèdes eux-mêmes bre de ces animaux , la même aversion
sont divisés en bétail et bêtes des champs, naturelle à l'homme , que nous ressen
division naturelle qui sanctionne celle tons également à leur vue, quoique ce ne
que nous avons établie entre animaux do soient plus des motifs religieux qui nous
mestiques et bêtes sauvages. Lév. 11 , 3. l'inspirent.
26. 27., la distinction est faite entre qua Le Lévitique, au chapitre cité , indi
drupèdes, 1° qui marchent sur des pattes, que les marques auxquelles on pouvait
2° qui ont l'ongle divisé, et 3° qui ont le reconnaître et distinguer les animaux
pied fourchu ; dans ces deux dernières purs des animaux impurs , et ces carac
classes, Moïse distingue encore les ani tères extérieurs sont si simples et si
maux qui ruminent et ceux qui ne ru appropriés au but que se proposait le
minent pas. Les animaux qui vivent dans législateur , que les hommes les moins
l'eau sont divisés en deux classes , ceux instruits du peuple pouvaient les recon
qui ont des nageoires et des écailles, naître et les retenir : nos savants même
comme les poissons, et ceux qui n'en ont été forcés d'admirer la simplicité,
ont pas. Parmi les reptiles, ce législateur l'exactitude et la justesse de ce système
distingue ceux qui ont à la fois des ailes mosaïque. Mais le législateur se tait sur
et quatre pieds, de ceux qui n'ont point les raisons qui l'ont guidé dans la dis
d'ailes et qui rampent ou marchent sur tinction qu'il a faite entre ces animaux :
quatre pieds ou davantage encore. C'est le Seigneur l'avait prescrite , et cela de
sur ces divisions que se fonde la distinc vait suffire. Cependant, comme on doit
tion en animaux purs et animaux impurs, admettre que Dieu avait certainement de |
c'est-à-dire en animaux que l'usage trans bonnes raisons fondées sur la nature des
mis par les patriarches, et la loi de Moïse, objets en question, et sur les circonstan
permettaient ou interdisaient de manger. ces dans lesquelles les Juifs se trouvaient,
Lév. 11. les savants de tous les temps se sont
Presque tous les animaux désignés donné beaucoup de peine pour découvrir
comme purs, et quelques-uns de ceux ces motifs , et nous les trouvons dans
qui sont déclarés impurs, nous sont con les considérations suivantes :
nus ; mais jusqu'à nos jours les savants 1° Il est écrit, Lév. 20, 25.26 : « Sé
ne sont pas encore parvenus à détermi parez la bête nette de la souillée, et ne
ner exactement et avec certitude quels rendez point abominables vos person
sont les autres animaux impurs nommés mes , en mangeant des bêtes et des oi
dans la loi de Moïse. Il est évident , du seaux immondes... ni rien de ce que je
reste, que cette distinction n'est pas ar Vous ai défendu comme une chose im
bitraire; elle existait déjà du temps de monde ; vous me serez donc saints,
Noé, Gen. 7, 2.8, 20., et date peut-être car je suis saint, moi l'Eternel, et je
de la création même, ou plutôt de la vous ai séparés des peuples , afin que
chute. Cependant il ne faut pas croire vous soyez à moi » ; cf. Deut. 4, 2.3.
que les animaux déclarés impurs fussent, 20. La pureté spirituelle et morale à la
pour cette seule raison, détestés, craints quelle les Juifs étaient appelés , devait
ou bannis du pays : leur chair seule était être exprimée et représentée par toutes
défendue, mais les Israélites s'en ser leurs actions jusque dans celles de la
vaient pour d'autres usages. Ils possé vie ordinaire : l'extérieur devenait ainsi
daient des ânes , des chameaux , ainsi comme l'emblème et le signe de la vie
que plusieurs autres animaux de cette intérieure, Lév. 11, 43.44. En habituant
classe, et les estimaient pour leur utilité les Juifs à distinguer entre ce qui est
de tous les jours. Nous remarquons mê pur et ce qui ne l'est pas, et à ne ser
me que le lion et l'aigle, qui étaient des vir leur Dieu qu'avec des objets purs,
animaux impurs, entraient dans la com ils se pénétraient d'amour pour la pu
position des chérubins , Ezéch. 1 , 10. reté et d'horreur pour l'impureté, aussi
Apoc. 4,7. Les Israélites éprouvaient ce bien pour les choses spirituelles que
pendant, à l'égard du plus grand nom pour les objets matériels. Aucun des
|
ANI 58 ANI

dieux innombrables des païens n'exi rend presque inguérissables. En s'abste


geait la pureté et la Sainteté : bien sou nant ainsi de tout aliment qui prédispo
Vent , au contraire , leur service con sait au moins à certaines maladies s'il ne
sistait dans des rites et des sacrifices les produisait pas lui-même , les Juifs
moralement et physiquement impurs, non-seulement n'engendraient pas ces
qui ne répondaient que trop bien aux at maladies, mais ils se préservaient en
tributs de ces divinités, tandis que chez core des maux épidémiques contagieux
les Juifs le service du Dieu saint était qui auraient pu se développer chez les
une éducation continuelle qui devait éle peuples voisins.
ver l'âme et la remplir de sentiments no 4° Nous trouvons un dernier motif à
bles, saints et purs ; cf. Es. 65, 3.4. 66, ces distinctions dans l'influence incon
17. testable que la nourriture exerce sur le
2° La distinction dont nous parlons tempérament et les facultés intellectuelles
était en outre le moyen le plus efficace de l'homme. On a observé de tout temps
de séparer le peuple de Dieu des nations que certains aliments développent ou
environnantes; elle empêchait toute com émoussent telles ou telles facultés , mo
munion religieuse , et par là tout rap rales ou spirituelles, qu'ils rendent l'hom
port familier avec les païens; car rien me dur, sanguinaire, stupide, ou doux ,
ne contribue tant à rendre les hOmmes léger , bienveillant, intelligent. Or, com
intimes les uns avec les autres qu'une me les Juifs devaient être un peuple re
même religion , les mêmes cérémonies, ligieux et moral , pur , propre à être
et des festins en commun ; et la table guidé par l'influence de l'Esprit de Dieu
des païens eût été un filet continuel et à recevoir ses révélations , il fallait
tendu sous les pas des Hébreux : v. Ps. bien leur interdire, entre autres choses,
69 , 22. Cette distinction servait même toute nourriture qui aurait favorisé et
à créer une certaine aversion mutuelle fortifié en eux des dispositions contrai
entre les Juifs et les païens , puisqu'elle res. Il est évident que la nourriture ,
faisait abhorrer aux uns ce qui , pour et en général la manière de vivre, ren
les autres , était un objet de vénération dent l'homme plus ou moins propre à
Ou de jouissance , et obligeait les pre servir d'organe à l'Esprit-Saint. Les ob
miers à s'unir plus étroitement entre servances du nazaréat sont tout entières
eux. Lorsque, par exemple, les fils de fondées sur ce principe. L'Eglise chré
Jacob furent descendus en Egypte, Pha tienne même , pour laquelle cette dis
raon leur assigna une contrée à part , tinction détaillée entre aliments purs et
et comme en dehors de l'Egypte pro impurs n'existe plus , Act. 10., 10 sq. ,
prement dite. Il arrivait aussi que les a néanmoins toujours senti et reconnu
Israélites et les Egyptiens ne pouvaient la même vérité ; c'est ce que les règles
manger ensemble , s'ils ne voulaient se des anciens ordres monastiques , des
souiller les uns et les autres , car les anachorètes, et bien d'autres témoigna
uns s'occupaient et se nourrissaient de ges, suffisent amplement à prouver. -
choses qui étaient presque invariable La chair de toute une série d'animaux ,
ment réputées impures chez les autres. depuis les plus parfaits jusqu'aux plus
Gen. 43, 32. 46, 34. imparfaits, contient une matière toute
3° De plus, nous voyons par la loi particulière, très âcre et peut-être vé
elle - même que Moïse avait aussi des néneuse, qui en rend l'usage, conlme
motifs d'hygiène publique et privée : nourriture, très désagréable , et qui ré
il importait , en effet , beaucoup à un pugne à la nature humaine : ce sont pré
bon législateur de veiller à la santé du cisément ceux-là qui sont déclarés im
peuple, surtout dans un pays aussi chaud purs par la Bible. La constitution inté
que la Palestine, où le climat développe rieure de ces animaux correspond à cette
les germes de maladie avec une telle propriété de leur chair; leur système
rapidité, qu'il leur fait prendre facile ganglionnaire paraît plus développé que
ment un caractère épidémique , ou les celui des autres; ceux en particulier que
ANN 59 ANN

la loi mosaïque déclarait impurs étaient apporter son enfant quarante jours après
regardés par les Egyptiens et par d'au sa naissance ; et après que Siméon eût
tres peuples païens comme divinatoires béni Dieu de lui avoir fait voir son salut,
(ux»rcx2 ) , tels que les chevaux et les Anne, inspirée par le Saint-Esprit, loua
chiens, par exemple. ( Origène contre l'Eternel, et dirigea sur Jésus l'attention
Celse, 4). Les Juifs croyaient que l'or de tous ceux qui croyaient aux promesses
ganisme intérieur de ces animaux les de Dieu, en le leur annonçant comme le
rendait particulièrement propres à subir Messie promis à leurs pères. C'est elle
l'influence des démons ; cf. Matth. 8, 31. qui, la première après Zacharie, pro
32. et ailleurs. nonça le mot de délivrance, rachat ou ré
Ces lois sur les bêtes pures ou im demption (Aût po7t;) en l'apppliquant à
mondes n'étaient pas des préceptes de l'œuvre que Jésus venait accomplir sur la
religion de l'observation desquels dépen terre. Luc. 2, 36-38.
dit le salut des âmes, et leur transgres 3o Anne ou Annanus, souverain sacri
sion ne constituait pas un péché propre ficateur, fils de Seth et beau-père de
ment dit, mais une souillure légale : les Caïphe. Il eut plusieurs enfants, dont
étrangers qui séjournaient parmi les Is cinq fils qui remplirent successivement
raélites n'étaient pas même tenus de les les mêmes fonctions que leur père, les
observer. Le concile des apôtres , Act. uns de son vivant, les autres après sa
15, 29. n'interdit aux fidèles que les mort. L'un d'eux, pareillement nommé
choses sacrifiées aux idoles , le sang et Annanus, présida, selon Josèphe, à la mort
les bêtes étouffées : pour tout le reste, de l'apôtre Jacques. Anne fut déposé de
l'Eglise donne liberté plénière de manger ses fonctions par Quirinus, légat impérial
ou de ne pas manger , pourvu que l'on sous le règne de Tibère, mais continua
rende grâces à Dieu , avec reconnais d'exercer encore une grande influence
sance, dans un cas et dans l'autre. La vi sur les affaires ; il conserva le titre ho
sion de saint Pierre, Act. 10, dans la norifique de souverain sacrificateur, Act.
quelle des animaux impurs sont déclarés 4, 6., et fut probablement vicaire (ou Sa
purs sous la nouvelle dispensation de gan) de son beau-père, le grand-prêtre
Christ, est expliquée par cet apôtre Caïphe. C'est devant lui que Jésus fut
lui-même , v. 28 : « Dieu , dit-il , m'a conduit d'abord après son arrestation, et
montré que je ne devais plus estimer au soit qu'il voulût se débarrasser d'une af
cun homme être impur ou souillé » ; les faire désagréable, soit que, pour une
animaux immondes qu'il avait vus dans cause de cette importance, il crût ne pas
la vision représentaient les païens de pouvoir la prendre sous sa responsabi
t0utes les nations. lité, il renvoya le prisonnier devant
ANNE. 1o L'épouse d'Elkana, rivale de Caïphe, qui était le souverain sacrificateur
Péninna, stérile d'abord, puis mère de de cette année-là, Jean, 18, 13. L'un et
Samuel et de plusieurs autres enfants. l'autre furent persécuteurs des apôtres,
1 Sam. 1. Son histoire simple et tou et nous les retrouvons Act. 4, 6., au nom
chante nous apprend ce que pouvait être bre de ceux qui devaient juger Pierre et
la foi des Hébreux, et comment ils étaient Jean coupables d'avoir guéri un impo
récompensés pour avoir cru en celui tent,
qu'ils ne voyaient pas. Pour plus de dé ANNEAUX, v, Boucles.
tails, v. Jug. d'lsr., p. 114-118. ANNEE. L'année des Hébreux se di
2° Fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. visait en six saisons , composées cha
Elle fut mariée de bonne heure, et resta cune d'un mois et de deux demi-mois.
veuve après sept ans de mariage. Dès ce Ils avaient deux époques , à dater des
moment , elle se dévoua tout entière au quelles ils comptaient le commence
Service de Dieu : tous les matins et tous ment de l'année, suivant les bbjets qu'ils
les soirs elle assistait aux sacrifices qui avaient en vue : ils avaient ainsi deux
s'offraient dans le temple. Elle avait qua années différentes qui s'enchassaient
tre-vingt-quatre ans lorsque Marie vint y l'une dans l'autre, l'année sacrée et l'an
ANN 60 ANN
née civile. Cette dernière commençait, le mois intercalaire Beadar était le der
COmme encOre chez les Juifs de n0S nier de l'année sacrée. v. sur ce sujet le
jours, au mois de Tisri, (mi-septembre); Traité de l'année juive de L. Bridel(Bâle,
elle servait pour régler les jubilés et 1810); la matière y est savamment traitée.
toutes les affaires civiles, Lév. 25, 8-10. Nous avons à mentionner ici deux in
L'autre, l'année sacrée, commençait au stitutions mosaïques bien extraordinaires
mois d'Abib ou Nisan (mi-mars), parce pour nos mœurs, mais dont l'intention,
que c'est dans ce mois que les Israélites dans la pensée du législateur, ne saurait
furent délivrés de la captivité d'Egypte, être douteuse, savoir l'année du sabbat
Ex. 12, 2. C'est d'après elle que se ré et l'année du jubilé. · · ·
glaient les fêtes et les services religieux; Il y avait année sabbatique ou de repos
la fête de Pâque qui tombait au mi tous les sept ans. Les travaux de la cam
lieu du premier mois, était comme la pagne devaient être interrompus; on ne
dédicace ou la mère des autres solen pouvait ni ensemencer les champs, ni
nités. tailler la vigne dans cette année extraor
Comme les mois des Juifs suivaient dinaire, Lév. 25. Le propriétaire même
plus que les nôtres la marche de la lune, ne pouvait pas jouir exclusivement des
et qu'ils étaient alternativement de 29 et produits naturels de son domaine, et les
de 30 jours, leur année était nécessai fruits de la terre devaient être la pro
rement plus courte que la nôtre , et ne priété des pauvres, Ex. 23, 11. Les es
comptait que 354 jours et 8 heures. Pour claves hébreux pouvaient être affranchis
la faire correspondre avec l'année so s'ils le voulaient. Et pour rassurer le cul
laire, ils devaient par conséquent inter tivateur inquiet, Dieu promit aux pro
caler tous les deux ou trois ans, un mois priétaires que l'année qui précéderait
supplémentaire qui se plaçait après le celle du sabbat, il enverrait sa bénédic
mois Adar, le douziême de l'année sa tion sur la terre , de telle sorte qu'elle
Crée, et qu'on appelait pour cette raison produirait pour trois années, Lév. 25, 21.
second Adar (Beadar ou Veadar). Nous Durant cette septième année, le livre de
donnons ici les noms des douze mois , la loi devait être lu publiquement devant
en renvoyant pour plus de détails soit à tout Israél, d'après un commandement
l'article mois, soit à leurs articles res exprès de Dieu.
pectifs, pour ce qu'il y a à dire sur cha La loi sabbatique fut probablement ob
cun de ces mois en particulier. servée au temps de Josué et des anciens
Année civile. Tisri ou Ethanim (cor qui lui survécurent ; puis Israël se ré
respondant à notre fin de septembre et volta contre l'Eternel pour servir Bahal,
commencement d'octobre; nous n'indi et comme il n'en est plus fait mention
quons, pour abréger, que le mois de postérieurement, la fête de la septième
septembre); Marchesvan ou Bul (octo année ne fut probablement plus consi
bre); Kisleu (novembre);Tebeth (décem dérée que comme une division de temps,
bre); Sébat (janvier); Adar (février, et cOmme une institution civile. Cette
suivi de Beadar quand il y avait lieu); Ni négligence, et le mépris de cette loi,
san ou Abib (mars); Jyar ou Zif ou Jiar fut l'une des causes de la captivité des
(avril); Sivan (mai); Thammuz (juin); Ab soixante et dix années, 2 Chr. 36, 21.
ou Af(juillet); Elul (août). Les noms de Dans quel but Moïse a-t-il pu donner
Tisri, Marchesvan, Jiar, Thammuz et Ab une loi si contraire en apparence au des
ne se trouvent pas dans l'Ecriture. sein qu'il s'était proposé d'arracher les
L'année sacrée, commençant avec le Hébreux à leur vie nomade, et d'en faire
septième mois de l'année civile, et se un peuple d'agriculteurs P Cette loi ne
rapprochant davantage de la nôtre, comp devait-elle pas d'ailleurs, sous un point
tait donc les mois dans l'ordre suivant : de vue tout à fait matériel , fausser les
1°Abib(mars);2°Jyar; 3°Sivan; 4°Tham notions agricoles des Hébreux, et nuire
muz; 5° Ab; 6o Elul; 7o Tisri; 8o Bul; au sol plutôt que de lui profiter ? Remar
9°Kisleu;10°Tebeth;11°Sebat; 12° Adar; quons à cet égard que, si chez nous un
ANN 61 ANN

an de paresse pour la terre est comme de diverses manières et qui se présentait


un an de paresse pour l'homme et pour sous diverses formes , les Hébreux de
ses facultés intellectuelles, c'est-à-dire vaient y être rendus plus attentifs que si
un temps de détérioration, nous ne de le sabbat leur eût été ordonné seul, isolé,
vons pas juger du climat et du sol orien sans dispositions analogues dans les au
tal d'après ce que l'un et l'autre sont tres parties de la loi générale du pays.
chez nous. Plus vigoureuse et plus fé Cette dernière observation s'applique
conde, la vigne de la Palestine pouvait
également à la loi de l'année du jubilé;
mieux supporter une année de repos et elle venait tous les cinquante ans, après
de mauvaise taille; et les champs autre sept années de sabbat, et indiquait ainsi
ment travaillés que les nôtres, plus fer comme la clôture d'une semaine sabba
tiles, plus chauds, et peut-être mieux en tique , Lév. 25, 8-10. Le mot de jubilé,
tretenus dans la sixième année, pouvaient auquel on a donné diverses étymologies,
conserver pour l'année sabbatique une vient probablement de Jobel qui signifie
force naturelle qui les fît travailler même le son d'une trompette, parce que c'était
sans le concours de la charrue et des au son de cet instrument que le soir du
engrais. D'ailleurs l'Eternel avait promis jour des expiations on annonçait l'appro
sa bénédiction pour cette année qui de che de l'année jubilaire ; quelques rab
venait la sienne, et ceux qui se confient bins prétendent même que chaque lsraé
en l'Eternel connaissent la valeur d'une lite était obligé de sonner la trompette
semblable promesse. On peut croire aussi par neuf fois. Dès le moment où le bruit
que cette loi servait de transition entre de l'airain sonore se répandait sur la
la vie précédente nomade, et la vie fu surface du pays, les dettes étaient remi
ture des Hébreux; ce devait être pour ses, les esclaves hébreux recouvraient
eux comme un point de répit au milieu leur liberté, les terres sorties des famil
des rudes travaux de l'agriculture, qui les, par ventes ou par échanges, retour
les eussent eflrayés sans l'espérance de naient à leurs anciens possesseurs ou à
cet otium dulce. Mais plus tard, accou leurs héritiers. C'était l'année des privi
tumés à ce nouveau genre de vie, ils léges et de la liberté, l'année du pauvre
voulurent l'utiliser tout entier , et négli et de l'esclave; c'était aussi par excel
gèrent l'année de l'Eternel et des pau lence l'année de la nation juive, celle
vres. De plus, en annonçant aux riches dans laquelle toutes choses rentraient
une année sans revenu, la loi les excitait dans l'état normal primitif, et où les
au travail, à la prévoyance, à l'économie, propriétés reprenaient le nom de leur
tout comme elle y poussait les pauvres premier maître. -

eux-mèmes, en leur donnant cette ri Plus étrange encore à nos mœurs que
chesse passagère qu'ils devaient être ja la précédente, cette loi qui, sans doute,
loux de faire durer pendant les années fut aussi moins religieusement observée,
qui devaient s'écouler jusqu'à la pro avait une portée plus nationale encore
chaine jachère septennale. Enfin, un der et plus théocratique, en même temps
nier motif de cette loi, et qui certes n'é- qu'elle avait pour but d'empêcher une
tait pas le moindre en importance comme trop grande inégalité des fortunes de
en actualité : elle tendait à cOnserver au s'introduire à la longue au milieu des
milieu des Hébreux le souvenir de la Hébreux. Nous avons indiqué déjà son
création et à augmenter leur respect pour rapport avec l'institution du sabbat. Dieu
l'institution d'un jour de repos au milieu lui-même avait donné aux Israélites la
d'eux. Aucun doute ne peut s'élever à terre qu'ils habitaient, et il ne pouvait
cet égard, et l'on ne saurait méconnaître pas permettre qu'ils l'oubliassent. « La
l'intention du législateur de rappeler en terre est à moi, » dit-il Lév. 25, 23., et
core au peuple, trop oublieux de ses de les Hébreux n'étaient que ses fermiers ;
voirs , la nécessité d'observer le jour s'ils eussent pu disposer à tout jamais
solennel du Créateur pour le sanctifier. des propriétés qui leur étaient confiées,
Frappés par une loi de repos qui revenait ils eussent pu s'en croire les maîtres, et
ANN 62 ANT

c'est ce que Dieu voulait empècher. A grande disproportion des fortunes. Les
cet égard la loi du jubilé était donc une terres, primitivement partagées par éga
loi fondameutale , et reposait sur cette les portions entre les familles hébreues,
idée, base de la constitution israélite, ne pouvaient en sortir que pour untemps,
c'est que Dieu ne traitait son peuple que et devaient, chaque année jubilaire, re
comme des étrangers sur la terre , et tourner à leur premier maître, ou aux
qu'il leur refusait le droit de posséder. héritiers de ses droits et de son nom.
Mais que devenait l'Hébreu que la mi C'était une entrave à la possibilité d'ac
sère avait forcé de vendre son champ ?La quérir de grandes richesses : tous les
modique somme qu'il en avait retirée cinquante ans le niveau repassait sur le
devait être insuffisante pour l'entretenir pays. De plus, comme ces achats de terre
lui et sa famille pendant le temps où il en n'étaient à proprement parler que des
était privé, et il était quelquefois obligé baux à longs termes, la terre n'avait pas
de se vendre lui-même, mesure pénible une aussi grande valeur que si la vente
qui n'imprimait cependant aucune flétris en eût été réelle, effective; l'acheteur
sure sur celui qui y était réduit, et dont n'achetait pas grand chose, et le vendeur
l'Eternel avait adouci l'amertume en lui ne retirait pas de sa proprièté de qu0i
donnant le droit de se racheter en l'an s'enrichir : il ne pouvait y avoir grande
née sabbatique, s'il le désirait, et en l'af spéculation ni chez l'un, ni chez l'autre.
franchissant nécessairement lorsque l'é- Enfin , par cette institution , les terres
poque du jubilé venait lui rendre sa des diverses tribus leur étaient conser
richesse première, ses propriétés , et vées ; le cœur et le nom de chacun se
abolir ses dettes. Cet affranchissement, rattachaient constamment à cette glèbe
comme le retour des propriétés à la héréditaire, qui pouvait servir aux Hé
famille de l'ancien possesseur, marquait breux de titres généalogiques; de sorte
encore la puissance de Dieu, et la dé que la famille de Christ, comme celle de
pendance de la créature. Aucun homme tout Juif, étant intimement liée à la p0s
ne peut en posséder un autre, « car ils session d'une propriété, il était facile
sont mes serviteurs, » dit l'Eternel, Lév. d'en suivre les traces et d'établir aVct
25, 42. Ils sont mes serviteurs, mes es certitude la filiation de chacun jusqu'aux
claves, et ne peuvent être possédés par générations les plus reculées. On sail
personne; ils peuvent se mettre au ser combien les Juifs tenaient à leurs généa
vice d'autrui pour un temps, mais per logies, et l'on sait aussi pourquoi. La
sonne ne peut réclamer sur eux des droits famille du Messie habitant à Nazareth,
de propriété que moiseul je possède, moi avait ses titres et ses propriétés à Beth
l'Eternel. Par là même , chaque Hébreu léhem : c'est là que la famille de David
conservait, avec sa liberté, le sentiment de dut se faire enregistrer lors du dén0ml
sa dignité; la servitude n'avait rien de dé brement de César-Auguste; Joseph et
gradant, parce qu'elle n'était que tempo Marie descendirent au lieu de leur mais
raire et en quelque sorte volontaire : sance, et pendant ce voyage notre Sau
l'esclave restait Hébreu, fils d'Abraham, veur naquit au lieu même que les pr0
et le maître, sachant que le terme n'était phètes avaient annoncé.
pas éloigné où les fortunes redevien L'année jubilaire est un type remar
draient égales, où son esclave redevien quable de la rédemption procurée par Jé
drait libre comme lui-même, n'était pas sus-Christ, Es. 61, 1. 2., et le Sauveur
tenté d'abuser d'une autorité qu'il savait lui-même établit cette analogie entre l'E-
n'être pas éternelle, et se rappelait que vangile et le jubilé, Luc 4, 19.
son serviteur était en même temps son ANTECHRIST , ou plutôt Antichrist
frère. La différence des rangs ne devait (opposé à Christ, ennemi de Christ, et
donc pas s'établir d'une manière stable | aussi, vicaire, substitut de Christ), 1 Jean
et permanente, et ne pouvait se trancher | 2, 18.4 , 3. On désigne généralemenl
au delà de certaines limites. sous ce nom un monstre de puissance et
Cette loi empêchait encore une trop | de méchanceté qui doit s'élever dans les
ANT ANT 63 ANT

proportiºn ds frIr ! lrriers temps p0ur terminer la période christ : et ce nom lui appartient, sinon à
nitivement prºgrs# # des genlils, et hâter par sa chute la res plus juste titre, du moins avec plus d'ap
s entre les lºnlsº bufali0n d'Israël et le second avénement parence , à mesure que son influence est
)tens0rtirqlep ruº duSeigneur. L'esprit de secte a souvent plus considérable. Mais ce ne sont là
, chaque Dºjirº liiulurelescaractères parlesquelsl'Ecri que des hommes ou des systèmes animés
leur premier mr.an Ile désigne ce personnage, et l'on y a de l'esprit de Satan ; l'Antichrist en sera
, ses droils el k S41 W,l0llrà t0ur et successivement, Maho possédé : la plénitude de Satan habitera
entrave à l pNlºir mtd le pape, Luther et Napoléon, le en lui, comme la plénitude de la divinité
grandes ridltiº.lº ! jºpisme et l'esprit révolutionnaire des a demeuré en Christ. Entre ces deux ter
Ils le pivtlll frjºis" lemps m0dernes. On l'a considéré dans mes il y a parallélisme et corrélation.
s, c0mmecº àdiisºr k passé et n0n dans l'avenir, et on l'a L'arrivée de l'Antichrist sera le signal
prºpremell prº ºº sa généralement fait surgir de la par du dernier engagement , de la lutte dé
, termes,hltffºfº e oilatale de l'ancien empire ro finitive entre les deux principes qui se
Inde valeur | sº* mn 0n peut consulter, sur ces divers sont toujours partagé le monde. Satan
réelle, ferie lº Mills de Vue, trois ouvrages à la portée viendra lutter en personne contre le peu
, grand dº d º ººulle m0nde, et qui se recomman ple de Dieu, qui sera persécuté pendant
as de s prºpriº** ºdaulant plus que leurs points de quarante-deux mois, trop faible pour
ne p0lluil ! iti # Wllt Ilt S0nt pas les mêmes : Vivien sur résister, mais qui triomphera lorsque
ichº lun, tidºº º)pse, Gaussen sur Daniel, et B. Christ en personne apparaîtra pour com
celleislilulilºº " Mºn Pensées sur l'Apocalypse.— battre son adversaire. C'est cette der
tribus leur biº ºm de ces points de vue ne saurait nière lutte qui fait presque tout le fond
r et le non ! dut ! º rteplé d'une manière absolue; cha des prophéties de l'Apocalypse, et Heng
uſslammenl 1º jº "ºlfºpc00fondu l'Antichrist avec les stenberg a eu raison de dire, dans une
ui pouvait sºnº aº miiss (cf. 1Jean2, 18.), les types série d'articles sur ce sujet , que la Béte
s généalogiqºº ne ºlilype. Comme Christ a été le ré était la clef de la Révélation. (Kirchen
de Chrisl, cº , ºin de tout ce qui avait été avant zeitung, janvier 1847.)
§inementiº º, l ºnt ce qui après lui devait être Les chapitres qui jettent le plus grand
# l Dieu, l'Antichrist sera le résumé jour sur l'histoire de l'Antichrist , sont
propriété | #
º et inſernal, l'incarnation, la Es. 13, 14, et 30 ; Dan. 2, 7,8, et 11 ;
, traces ! Jº
tion de duº # ºiiiaiion de ce qui, dans tous les 2 Thes. 2 ; 1 Jean 2 ; Apoc. 11 , 13 , et
, plus
ifs
#|
lenientalºº -
º, aura représenté le principe anti 17. Il est appelé roi de Babylone , roi
º, le principe du mal Opposé au d'Assur, Lucifer (étoile du matin ) , la
§it aussi pº . º du bien. Caïn, dans sa lutte corne qui a des yeux (symbole de force et
sie habilall ! # †ºlº, Pharaon opprimant lsraèl, d'intelligence ), le roi pour lequel To
et SêS # º, Madian, Saül luttant contre phet est préparée , l'homme de péché, le

que la fallº , \ºadnetsar, et surtout Antio méchant, l'Antichrist et la Bête; c'est la
§ lslº † (ºf Dan. 11), ont été de onzième corne de la bête. - Son carac
lidrist ºuiss, de vrais types de l'An tère est essentiellement impie, mais d'une
l † les jours apostoliques, impiété orgueilleuse et surnaturelle. Il
§ Néron et Domitien, Julien dira dans son cœur : Je suis semblable
i § ºmet, le papisme, l'incré au Souverain. Il résistera contre le Sei
* Vºltairienne, Ont été de même , gneur des seigneurs ; il s'élèvera par
: † Systèmes, de vrais anti dessus tout Dieu, contre tout ce qui est
luis § ºn0mbre en est considérable, nommé Dieu, voulant se faire passer pour
qui doit † types de l'Antichrist un Dieu ; il niera le Père et le Fils, et sa
kspr † à la fin des temps et que bouche sera pleine de blasphème contre
"ºs annoncent, tant dans l'An Dieu ; la Bête est pleine de noms de blas
(lril
# dans le Nouveau Testament, phèmes. On peut voir également dans ces
º, ºmalité puissante et de
Il{!
passages tout ce qui est dit de sa mer
# al ancien empire romain. veilleuse puissance , appuyée de mira
cles, et accompagnée d'un enthousiasme si
† d'opposition à Christ est
†ºisme : tout individu qui général que les dix rois abdiquerontentre
*" llie Christ , est un anti ses mains , et que tous ceux dont les
#
ANT 64 ANT

noms ne sont pas inscrits au livre de vie, aura servi ; il s'emparera d'un ou de
l'adoreront : caractère que l'on ne peut plusieurs trônes , et par ses qualités
encore attribuer à aucune des puissances brillantes et chevaleresques , par ses
que l'on a voulu jusqu'à ce jour identifier dons miraculeux , il attirera à lui tous
avec l'Antichrist. — Le lieu de son Ori ceux qui ne seront pas de Christ ( il
ging et de son séjour, et le centre de son séduirait même les élus s'il était possi
activité ne sont que très vaguement dé ble ) ; il régnera en Orient, et fera de
terminés : il sera assis en la montagne Jérusalem le centre de ses opérations ;
d'assignation aux extrémités de l'aquilon, il y persécutera les Juifs pieux (la fem
entre les nues, sur la noble montagne de me ), qui s'enfuiront dans le désert ;
la sainteté ; il s'assiéra dans le temple de il enverraaprès eux une armée (le fleuve),
Dieu , — et fera cesser le sacrifice con qui sera détruite ou engloutie ; il fera
tinuel ; la bête sort de la mer (Méditer mettre à mort les deux témOins , et c'est
ranée). La plupart de ces données, et spé à ce moment , à l'apogée de sa puis
cialement celles qui concernent l'activité sance , que par l'intervention directe de
de l'Antichrist , semblent se rapporter Christ son règne prendra fin. La pierre
assez clairement à Jérusalem , et c'est à sera coupée sans main , le Seigneur fera
Jérusalem aussi que prophétiseront les mourir le méchant par le souffle de ses
deux témoins que l'Antichrist fera met lèvres , par l'Esprit de sa bouche ; la
tre à mort. Un caractère, plus impor bête sera prise et jetée toute vive dans
tant qu'il ne paraît d'abord, c'est que la l'étang ardent de feu et de soufre ( Es.
seule fois où la Bête apparaît avec un 11 , 4. Dan. 8, 25. 2 Thes. 2, 8. Apoc.
corps (partout ailleurs on ne voit que son 19, 15. 20.) La plaine de Jizréhel, q. v.,
horrible coiffure ), elle a un corps de sera probablement le champ de cette
léopard (symbole de l'empire macédo dernière bataille.
nien), des pieds d'ours (l'empire mède), ANTILIBAN , chaîne orientale et in
et une gueule de lion (l'empire babylo térieure du Liban, qui se prolonge plus
nien), Apoc. 13, 2. , comme si le pro au midi que la chaîne occidentale. Son
phète voulait nous rappeler les visions de sommet principal, situé près de son ex
Daniel , et constater que l'empire de trémité sud, appartient encore à la Pa
cette Bête s'étendra sur tout ce qui est lestine. Solitaire et couvert de neiges
compris sous le nom général des qua éternelles , il dépasse de beaucoup les
tre monarchies. Ajoutons que si l'Occi plus hautes sommités du Liban , et do
dent a depuis quelques siècles joué un mine majestueusement les rangs étagés
rôle immense, bien plus important que des montagnes inférieures. Cette partie
l'Orient, l'Orient semble de nos jours méridionale est appelée , dans la Bible,
se réveiller et vouloir rentrer dans la Hermon; c'est le Scénir des Amorrhéens,
carrière de gloire, de civilisation , de Deut. 3, 9.; et le Scirion des Sidoniens,
puissance d'où son long assoupissement Ps. 29, 6; elle porte aussi le nom de Sion,
(le lion au cœur d'homme) l'a si long Deut. 4, 48. Ps. 133, 3. La partie sep
temps exclu. tentrionale qui est beaucoup plus basse,
Sans entrer dans les détails du com porte le nom d'Amana q. v. L'Antiliban
mentaire, nous résumerons en deux mots est souvent compris sous la désignation
ce qui nous paraît être la vérité sur cette générale de Liban ; Cant. 7, 4. Jos. 13,
redoutable apparition. L'Antichrist sera 5. v. Liban.
l'incarnation de l'enfer ; il naîtra sur les ANTIMOINE. C'est par ce mot que
rives de la Méditerranée, cette grande nous croyons devoir traduire l'hébreu
mer des prophéties; il appartiendra peut Pouk , 2 Rois 9, 30. Jér. 4 , 30., etc. ,
être, par son origine, à deux ou à plu que nos traductions rendent par fard.
sieurs des quatre monarchies, plus spé Les femmes se servaient, en effet , d'une
cialement à la monarchie macédonienne ; composition d'antimoine et de zinc dont
il grandira dans une glorieuse infério elles se noircissaient le bord des paupiè
rité jusqu'à ce qu'il dépossède celui qu'il res, pour donner plus de relief au blanc
ANT 65 ANT

de l'œil et ajouter ainsi à la beauté des Hamath, 2 Rois 23, 33. 25, 6.20.21.,
yeux. Les propriétés astringentes de l'an où Nébucadnetsar demeura pendant une
timoine contractant aussi les paupières, partie du siége de Jérusalem , où il fit
font paraître les yeux plus larges, plus mourir une partie des enfants de Sédé
tendres et plus languissants, et les ren cias , creva les yeux de ce prince lui
dent semblables à ceux de la gazelle, que même , et priva de la vie quelques-uns
l'on regarde en Orient comme de la plus des principaux de Juda. Cette ville était
grande beauté. Pour appliquer ce fard , située sur les deux rives de l'Oronte , à
les femmes se servent d'une plume ou environ 27 kilom. de la mer et d'Alep.
d'un poinçon d'argent ou d'ivoire , bien Près de là se trouvait le fameux temple
poli et long d'environ deux pouces, dont de Daphné, un des plus célèbres lieux de
elles mouillent la pointe , et qu'elles refuge qu'il y eùt à cette époque. La ville
plongent dans une boîte remplie d'une d'Antioche avait environ 15 kilomètres
poudre d'antimoine , de parfums et d'au de tour ; elle servait de résidence aux
tres ingrédients; puis elles le font glis successeurs d'Alexandre dans cette par
ser légèrement entre les paupières fer tie de son vaste empire , et fut une des
mées : la poudre se dépose ainsi sur toute plus riches et des plus florissantes villes
la largeur de la paupière et sur les coins du monde. On peut dire qu'elle était la
des yeux (v. Russel, Hist. nat. d'Aleppo;
capitale de l'Orient romain. Les Juifs y
Niebuhr, Descrip. de l'Arabie; Savary, obtinrent égalité de droits avec les Grecs;
10° lettre sur l'Egypte). Anciennement Vespasien , Titus et d'autres empereurs
les femmes hébreues pratiquaient aussi la comblèrent d'honneurs et de franchi
cette coutume. C'est ainsi que Jézabel, ses. — Ce fut là que Paul et Barnabas
pour se montrer à Jéhu , 2 Rois 9 , 30 , annoncèrent les premiers l'Evangile ,
farda ses yeux, ou , plus littéralement, Act. 11 , 19-27 ; qu'Agabus prédit une
« mit ses yeux dans du fard. » Le pro grande famine, ibid. verset 28; que Pierre
phète Ezéchiel, 23, 40., représente Israël essaya un instant de dissimuler ses vrais
sous l'image d'une femme coquette qui se sentiments en refusant de manger avec
farde les yeux. Et le nom d'une des filles les païens , Gal. 2, 11. 12., et que les
de Job (42, 14.), Kerem-Happuch, qui si disciples du Rédempteur reçurent pour la
gnifie cornet à fard , prouve que cette première fois le nom de chrétiens , Act.
coutume était déjà fort ancienne. Les 11 , 26. Antioche devait être le premier
momies de femmes égyptiennes ont or centre des missions païennes ; la seule
dinairement près d'elles un flacon de fard vue humaine pouvait déjà le faire pré
d'antimoine , et Xénophon ( Cyrop. 1 , sumer ; ses rapports avec les Grecs et
15), rapporte que le roi efféminé As les habitants de l'Asie Mineure étaient
tyage avait aussi l'habitude de se farder plus fréquents et plus naturels que ceux
les yeux. Clément d'Alexandrie , un des d'une ville juive : des hommes considé
Pères de l'Eglise (Pédag. 3, 2 ) , men rés , tels qu'un Simon Niger, un Lucius
tionne également cette coutume, et Ter de Cyrène, un Manahem élevé à la cour,
tullien ( de cultu faem. ) se récrie contre 13, 1., y secondaient et pouvaient y rem
les femmes de son temps qui aimaient placer plus ou moins pendant leur absence
mieux se farder les yeux avec le fard du les Apôtres missionnaires , et l'Esprit de
diable que de les oindre avec le collyre Dieu n'avait pas tardé à faire voir par
de Christ. des faits que telle était aussi sa volonté.
ANTIOCHE. Séleucus Nicator, le pre L'Eglise d'Antioche demeura long
mier monarque syro-grec , fonda seize temps célèbre : un des quatre patriar
Villes de ce nom , en mémoire de son ches de l'Orient y avait son siége , et
père Antiochus; mais l'Ecriture ne parle l'illustre Chrysostome y prêchait à la
que de deux d'entre elles. fin du quatième siècle , aux applaudisse
| 1" La capitale de la Syrie. On pense ments de tous et avec d'éclatants succès.
qu'elle fut bâtie sur l'emplacement où se Cette ville fut, dans le quatrième siècle,
trouvait la ville de Ribla, au pays de presque renversée à trois reprises par des
I. 5
ANT 66 AP0

tremblements de terre, etàpeu près aussi d'hui Saranas.


souvent dans le cinquième. L'an 548 de APELLES , Rom. 16, 10., homme ap
Jésus-Christ les Perses la brûlèrent et en prouvé en Christ; complétement inconnu.
passèrent les habitants au fil de l'épée. APHARSEKIENS, Esdr. 5,6.et APHAR
L'empereur Justinien la rebâtit plus belle sATKIENs, 4,9., deux peuplades du royau
qu'auparavant , mais bientôt les Perses me d'Assyrie, dont l'identité est incer
la reprennent et en abattent les murailles. taine; le plus probable est de les prendre
L'an 588, soixante mille de ses habitants pour les Paraetaceni d'Hérodote (1, 101),
périssent par un tremblement de terre ; entre la Perse et la Médie. Malgré la
aussitôt rebâtie , elle est prise par les ressemblance du nom , il faut se garder
Sarrasins , l'an 637 , et depuis ce mo de les confondre avec les Apharsiens ,
ment le christianisme y est presque Esdr. 4, 9., par lesquels il semble qu'on
anéanti. L'an 966 l'empereur grec Nicé doive entendre les Perses en général ;
phore reprend Antioche, et peu de temps c'est ainsi que Luther a traduit ce nom ;
après elle tombe au pouvoir des Turcs. les lettres radicales des deux mOtS SOnt
En 1098, elle est délivrée par les croi les mêmes p. r. s.
sés , puis 90 ans plus tard elle redevient APHEK. 10 Ville de la tribu de Juda,
la proie des infidèles , qui la démolissent où campèrent les Philistins lorsque l'ar
de fond en comble. Ses ruines actuelles, che fut amenée de Siloh et faite prison
connues sous le nom d'Antakieh , comp nière, 1 Sam. 4, 1. C'est probablement
tent encore 18,000 habitants, dont 3,000 la même que Aphéka Jos. 15, 53.
professant le christianisme. 2o Ville de la tribu d'Issachar, dans la
2° Antioche , capitale de la Pisidie , vallée de Jizréhel , près des montagnes
sur le mont Taurus, à l'est d'Apollonie, de Guilboah , où Saül et ses fils furent
n'est plus maintenant qu'un bourg in défaits et tués. 1 Sam. 29, 1. Il paraît que
connu et nommé Akschehr, ou , selon c'est le roi de cette ville qui fut mis à
d'autres , Versatgeli. Paul et Barnabas y mort par Josué. Jos. 12, 18.
prêchèrent l'Evangile avec de grands suc 3° Ville de la tribu d'Aser, sur les fron
cès jusqu'au moment où les Juifs ayant tières des Sidoniens, Jos. 19, 30. 13, 4.
excité le peuple contre , eux , les con Peut-être la même que Aphik Jug. 1, 31.,
contraignirent de s'éloigner , Act. 13 , qui fut laissée en possession des Cana
14. sq., cf. 2 Tim. 3 , 11. néens. Peut-être encore la même que
ANTIPAS, 1° fidèle martyr et témoin 4° Aphek, ville de Syrie, et l'une des
de Jésus-Christ , fut mis à mort à Per principales du royaume de Benhadad :
game, ville de Mysie. On ne le connaît elle était située sur la rOute militaire de
que par ce qui en est dit Apoc. 2 , 13. Damas en Palestine. C'est dans son voisi
Il paraît qu'il fut tué vers l'an 90 , dans nage que les Syriens, conduits par Ben
une émeute soulevée par les prêtres d'Es hadad, furent battus au nombre de 100,000
culape. Ses Actes portent qu'il fut évê hommes, par Achab, roi d'Israël ; ils se
que de Pergame et qu'il fut brûlé dans retirèrent précipitamment dans Aphek,
un taureau d'airain. Jean-Baptiste , Marc dont les murailles s'écroulèrent Sur euX
6,17., Etienne, Act.7, et Jacques, Act. 12, et en écrasèrent 27,000.1 Rois 20,26-34.
sont , avec Antipas, les seuls martyrs de APOCALYPSE, mot grec qui signifie
leur fidélité dont les écrivains sacrés révélation, et qui a été conservé en fran
nous aient conservé le récit. çais pour désigner le livre de l'Ecriture
2° Antipas, fils d'Hérode le Grand; v. dans lequel saint Jean a consigné les mer
Hérode. veilles qu'il lui avait été donné devoir dans
ANTIPATRIS, ville de Canaan, située l'avenir touchant Christ et son Eglise.
dans une vallée fertile et bien arrosée , L'authenticité de cet ouvrage, accrédité
sur le chemin de Jérusalem à Césarée , à généralement pendant tout le second siè
environ 30 kilom. de Joppe , 74 de Jé cle, n'a commencé à être mise en ques
rusalem, et 45 de Césarée. Elle se nom tion que par un certain Caïus qui vivait
mait primitivement Capharsalma, aujour au commencement du troisième, et qui
AP0 67 AP0
l'attribuait à l'hérétique Cérinthe. Après Grand, Epiphane de Chypre, Athanase,
lui, Denys d'Alexandrie rapporte le fait Didyme d'Alexandrie, Cyrille d'Alexan
de l'opinion de Caïus : pour son propre drie, etc., etc.
compte il ne peut l'admettre, il pense que A l'époque de la réforme, où toutes les
l'Apocalypse a été écrite par un homme anciennes traditions durent subir l'é-
pieux, nommé Jean, mais il n'ose affir preuve d'un examen à compte nouveau
mer que ce soit le même que l'apôtre pour laisser la vérité reprendre ses droits
frère de Jacques, fils de Zébédée. Eusèbe légitimes, l'authenticité de l'Apocalypse
épouse la même hypothèse qui luiparaît un passa par des crises difficiles, Luther la
bon juste milieu, quoique dans ses pre nia assez librement en 1522, avec plus
miers ouvrages (Démonstration évangéli de modération en 1534; Zwingle partagea
que) il eût admis l'opinion générale que cette manière de voir; Théodore de Bèze,
saint Jean le théologien était l'auteur de au contraire, traita d'une manière solide
l'Apocalypse. Avant Caïus quelques héréti les anciens témoignages qui établissent
ques, Marcion en tête, avaient nié l'au que ce livre est de l'apôtre Jean, et
thenticité de ce livre; mais ce témoignage Calvin paraît avoir partagé cette opinion,
est plutôt une preuve en sa faveur, vu la quoiqu'il n'ait pas essayé d'ouvrir un
qualité des opposants. Quant à la Peshito, Système d'interprétation sur le contenu
qui ne comprend plus l'Apocalypse, elle de ce livre.
serait le seul témoin de quelque autorité Dans le dix-huitième siècle où chacun
qu'on pût invoquer dans ce sens, s'il se borna presqu'exclusivement à douter
était prouvé que cette lacune est aussi et à nier, tantôt en vers, tantôt en prose,
ancienne que la traduction elle-même : on douta naturellement aussi de l'Apoca
Or c'est le contraire qui paraît établi. lypse. D'Abauzit, de Genève, commença;
Ephrem, au quatrième siècle, s'est évi l'école moderne peut le revendiquer com
demment servi d'une traduction syriaque me son maître. Après lui vinrent succes
qui comprenait l'Apocalypse. (v. l'Ein sivement Michaélis qui doutait, OEder,
leitung de Hug, et Steiger, Introd. génér. Semler, Merkel, etc., qui ne doutaient
aux livres du N. T., p. 47 à 51.) plus, mais qui affirmaient hardiment que
Les témoignages en faveur de l'Apo Cérinthe était l'auteur de l'Apocalypse.
calypse sont à la fois plus anciens, plus L'opinion contraire fut défendue par
nombreux et plus respectables ; ce sont : Twells, Wolff, Schmid, Hartwig, etc.,
Irénée, qui rapporte les paroles de per et surtout par Storr dont l'ouvrage est
sonnes qui avaient connu l'apôtre Jean; encore utile; v. aussi Bengel.
Polycarpe, Papias de Hiérapolis, Méli Nommons enfin dans notre siècle, par
thon de Sardes, Apollonius d'Ephèse, mi les adversaires, Heinrichs, De Wette,
Justin martyr : Théophile d'Antioche , Bretschneider, Ewald , Schott et Lucke;
Clément d'Alexandrie, Tertullien, l'E- parmi les défenseurs, Hug, Schulz, Hem
glise du deuxième siècle tout entière, les sel,Winer, Guericke; l'ouvrage de Lucke
millénaires et les antimillénaires , même a en outre été réfuté dans la Gazette
les montanistes, tous ont reconnu cette évangélique de Berlin par Havernick,
authenticité. — Au troisième siècle, nous 1834, numéros 88-91 , et par Steiger
trouvons d'abord le fragment de canon 1835, numéros 14, 15, 22, 23.
dit de Muratori; Cyprien , Hippolyte , Il ressort, de ce qui précède, que
Jacques d'Edesse et Ebed Jesu, Origène, les témoignages historiques sont déci
Méthodius, l'évêque Népos d'Egypte. — dément en faveur de l'Apocalypse.Quant
Au quatrième, chez les Latins, Lactance, aux caractères intérieurs, il est clair que
Victorinus de Petanio, Commodien, Jé ce livre, seul en son genre, seul prophé
rôme, le concile d'Hippone de 393, celui tique parmi ceux qui sont sortis du chris
de Carthage 397, etc. : dès lors il n'y a plus tianisme, ne saurait être jugé d'après l'a-
de doutes dans l'Eglise latine : chez les nalogie des autres écrits du Noiiveau
Grecs, Grégoire de Nysse, Grégoire de Testament. Le style et le caractère rhé
Matiance, Cyrille de Jérusalem, Basile le torique des ouvrages d'un même auteur
AP0 68 AP0

peut toujours varier, et même considé n'entrevoyaient aucune solution satisfai


rablement, suivant le sujet et la matière sante aux énigmes de la prophétie, pour
traitée. tant un grand pas est fait , leur ign0
Saint Jean eut ces révélations pendant rance consciencieuse et Savante est t0ut
son exil à Patmos, dans les dernières autre, moins pénible, plus honorable,
années du règne de Domitien , et il les plus éclairée que l'ignorance volontaire
mit par écrit lorsqu'il fut de retour à et complète sur ces sujets , ils ont gagné
Ephèse, vers l'an 96 ou 97. cela tout au moins de connaître les diffi
Il n'entre pas dans notre plan d'exa cultés de l'interprétation, de savoir quel
miner quel fut le but de l'apôtre, quelle les sont les questions débattues, et de
est la portée de ses révélations, le sens pouvoir facilement rapporter aux ch0ses
de ses prophéties, la clef de tous ses mys qu'ils savent ignorer, celles qu'ils dé
tères. Toutefois, il n'est pas hors de couvrent à mesure; et c'est déjà beau
propos de dire un mot de l'oubli dans coup que de connaître les questions aux
lequel ce livre est tombé , et de l'in quelles on ne peut pas répondre.A force
différence avec laquelle une partie consi de chercher, d'ailleurs, on finit par troll
dérable de la chrétienté le lit ou le ferme. ver, et, selon la remarque de Newton, il
Beaucoup de personnes l'excluent de leur n'est pas un interprète qui n'ait fait faire
lecture habituelle : elles reculent et pré un pas à cette science de la prophétie.
fèrent donner plus de temps à la médi Ajoutons que, s'il y a dans l'Apoca
tation des autres portions de la Bible lypse des profondeurs insondables, il s'y
qu'elles ont plus de chance de compren trouve aussi des passages dont l'intelli
dre, et qu'elles peuvent plus facilement gence est facile : « Un lecteur ordinaire,
s'approprier. L'Apocalypse les déso dit le docteur Lowth, peut trouver une
riente, les déconcerte : leur sens chrétien grande édification dans les hymnes ma
me trouve dans ce livre ni la nourriture, gnifiques chantées à Dieu et à Jésus
ni la clarté dont il a besoin, et parmi les Christ; il peut découvrir dans ce livre
vérités révélées il choisit de préférence plusieurs vérités importantes, telles que
celles dont la révélation est claire et com l'adoration d'un Dieu suprême en opp0
plète, intelligible et point mystérieuse. sition au culte des créatures, la foi dans
On peut comprendre sans peine cette les mérites de Jésus-Christ pour obtenir
manière de faire, et chacun peut-être l'a uniquement de lui le pardon, la sanctili
pratiquée pour ce qui le concerne, à une cation et le salut; la patience et la vigi
époque ou à une autre de sa vie reli lance avec laquelle nous devons attendre
gieuse : mais comprendre n'est pas excu l'avénement de Jésus-Christ et de son rè
ser. Dès qu'on admet que l'inspiration gne, en professant avec fermeté la vraie
divine a dicté à l'apôtre ses magnifiques foi, et en pratiquant la sainteté, quels que
révélations, il faut admettre que la lec soient les obstacles qu'il faille surmon
ture de ce livre doit être pour le chrétien ter, etc., etc. » Un autre théologien, qul
une source de bénédictions qu'il ne lui ne saurait être accusé d'un grand enth0ll
est pas permis de dédaigner, ou de trou siasme pour l'Apocalypse, le docteur
ver trop difficiles à exploiter, On oublie Lucke, dans sa préface à cet ouvrage,
trop d'ailleurs que l'Apocalypse est une s'exprime ainsi : « Le théologien qui ad
révélation, dont le sens par conséquent met la canonicité de l'Apocalypse n'est
peut être trouvé, et doit être cherché; plus libre de l'employer ou de ne pas
et, tout en avouant l'obscurité qui enve l'employer pour la construction systéma
loppe cette révélation des choses futures, tique d une dogmatiqne chrétienne, 0ll
encore pénétrera-t-on mieux cette obs pour l'édification populaire d'une pº
curité par le travail que par l'absence de roisse. Si ce livre est reconnu canonique ,
recherches. Si beaucoup d'opinions er il est tout aussi nécessaire de le méditer
ronées ont été mises au jour, si des es dans le culte public que de l'exposer dans
sais infructueux ont été faits, si plusieurs des leçons ou dans des commentaires '
théologiens ont fini par déclarer qu'ils La grande difficulté que l'on rencontre
AP0 69 AP0

dans l'étude de ce livre provient de ce vrages de valeur; on anonce un commen


que, depuis longtemps déjà, l'on a pris taire de Hengstenberg.
l'habitude d'y chercher des prophéties APOCRYPHES. C'est le nom qu'on
relatives à l'histoire passée de l'Eglise, donne à certains livres, reliés quelque
et par conséquent d'en regarder une fois avec la Bible, entre l'Ancien et le
bonne partie du moins comme étant déjà Nouveau Testament, et qui cependant ne
accomplie : on y a vu toutes les persécu font pas partie du volume inspiré. Quoi
tions de l'Eglise : Néron, Julien, les ma que leur nom même ne se trouve pas
hométans, les guerres des Sarrasins, la dans la Bible, nous avons cru pouvoir en
papauté, les Albigeois, le protestantisme, dire quelques mots, soit parce qu'une
les missions, Napoléon, etc. ll n'est dès partie de la chrétienté les regarde comme
lors pas surprenant que chacun se conten divins, soit parce que c'est par les apo
tant de vagues allusions, y trouve, comme cryphes seuls qu'on peut juger du carac
dans les nuages, des ressemblances avec tère et de l'histoire des Juifs, 3 ou 400 ans
l'objet qui le préoccupe. Si ces oracles avant Christ, soit enfin parce que le Nou
étaient accomplis, il n'y aurait sur leur veau Testament semble y faire parfois
signification ni doute, ni hésitation, ni des allusions indirectes.
divergence. Ce qui importe donc, lors Les anciens chrétiens les lisaient, si ce
qu'on lit ce livre, c'est d'y chercher les n'est en entier, du moins en partie ; mais
destinées futures, finales de l'Eglise , ils n'en faisaient lecture que chez eux et
l'histoire de la grande lutte qui doit pré jamais dans leurs assemblées : ils ne les
céder immédiatement la seconde venue admettaient pas au nombre des écrits
du Sauveur. Il importe également de s'en canoniques. Aucun de ces livres ne fut
tenir, autant que faire se peut, au sens reconnu comme inspiré par lesJuifs, « aux
littéral (les emblèmes et les symboles quels les oracles de Dieu avaient été con
ne sauraient être assujettis à cette rè fiés. » Philon qui les connaît, leur emprunte
gle). La méthode symbolique ne pro quelquefois des phrases ou de belles ex
vient que du besoin de se donner plus pressions, mais il ne les cite jamais com
d'aisance et de liberté dans l'interpréta me ayant une autorité divine ou canoni
tion des prophètes afin de pouvoir les que, et Josèphe (C. Ap. 1, 8.) déclare ex
rapporter aux temps passés, au gré de ses pressément que, chez les Juifs, « les apo
caprices et de son imagination : elle est cryphes étaient d'un degré de crédibilité
fatale aux interprètes comme à la vérité inférieur à celui des livres canoniques. »
elle-même. Au deuxième siècle de l'ère chrétienne,
Au milieu de la foule de livres et d'o- Méliton dressa le catalogue des livres sa
puscules qui ont traité de l'Apocalypse , crés, et les apocryphes n'y sont pas men
commentaires, brochures , etc., nous ne tionnés ; ni Origène au troisième siècle,
mentionnerons en français que Basset , ni au quatrième Epiphane, Athanase, Cy
(3 vol.) diffus et peu sobre; Vivien, d'un rille, ne reconnaissent leur authenticité.
usage facile , mais un peu trop sûr de Jérôme et Ruffin nomment quelques livres
son fait ; Barbey, faible exégète , plus apocryphes qu'ils déclarent positivement
scripturaire en apparence qu'en réalité, n'être pas canoniques. Dès lors l'Eglise,
consciencieux et quelquefois intéressant ; se corrompant de jour en jour davantage,
les Pensées de W. B. Newton sur l'Apo en admit au fur et à mesure quelques
calypse (traduit de l'anglais), grave et uns, jusqu'à ce qu'enfin le concile de
sage, mais trop absolu , et quelquefois Trente, tenu en 1550, sous le pontificat
exagéré quant à la notion d'Eglise ; puis de Pie IV, les déclara tous d'autorité di
une quantité de brochures sur des points vine.
spéciaux, publiées à Genève, chez Kauf Il suffit d'un peu d'attention pour s'as
mann, et appartenant presque toutes à surer que ces livres ne procèdent pas
l'ecole de Plymouth ; Digby, Burgh , du Saint-Esprit. Non-seulement ils n'ont
Hartley, Cumming, Elliott en anglais. En pas la majestueuse simplicité des autres,
Allemagne, on a sur ce sujet peu d'ou mais encore ils renferment un grand
AP0 70 APO
nombre de choses mauvaises, menson voulu montrer que la piété, les bonnes
gères et opposées aux oracles de Dieu. oeuvres, les aumônes et la prière, sont
- On les divise ordinairement en livres abondamment bénies, 12, 13 sq. Un Juif
historiques et didactiques; mais cette di de la Palestine paraît avoir pris son sujet
vision est peu tranchée, parce qu'il y en dans la tradition , pour y rattacher ses
a qui sont des contes moraux, ou pré idées et celles qui se répandaient parmi
tendus tels, à la fois historiques et senten le peuple depuis l'exil. ll dit souvent : Les
tieux. aumônes sauvent de la mOrt, 4, 7-1 1. 12,
Le Premier livre d'Esdras n'est guère 8-14. La doctrine des anges a un Carac
qu'un extrait mal rédigé des deux der tère persan, et le Zend-Avesta nous parle
niers chapitres des Chroniques, et du li comme Tobie 3, 16. 12, 12., de ces anges
Vre authentique d'Esdras. La traduction qui exaucent les prières et qui les appor
en est libre et abrégée, les hébraïsmes tent devant Dieu. De même , le volup
sont évités; l'auteurajoute quelques idées tueux démon Asmodée , et le moyen de
et quelques faits, mais dont l'inexactitude chasser ces êtres malfaisants par la fumée
évidente montre un homme peu au fait ou autres cérémonies, se retrouvent dans
de l'histoire. Il fait par exemple de Zoro les livres religieux du paganisme orien
babel un jeune homme au temps de Da tal. — L'auteur doit avoir vécu assez
rius Hystaspes, et il lui donne pour fils tard, car il commet des fautes dont plu
Joachim, 5, 2., tandis que celui-ci était sieurs trahissent un moderne : on le place
fils du souverain sacrificateur Jésuah, ordinairement un siècle avant Jésus
Néh. 12, 10. Il appele Darius roi d'Assy Christ. On ignore si Tobie fut d'abord
rie, longtemps après que cet empire eut écrit en hébreu. Saint Jérôme l'a traduit
été complétement détruit , et il rapporte du caldéen, langue dans laquelle il sem
comme ayant eu lieu sous ce règne, des ble le plus probable qu'il a été composé.
événements qui se sont passés sous Cy Les hellénismes que l'on trouve dans
rus, cf. 4, 43. 57-58 avec Esdras 1, 3, 1. l'exemplaire de Castellion, ou dans les
— Il est difficile de reconnaître un plan exemplaires publiés par Munster et Fa
dans cet ouvrage, d'autant plus qu'il n'est gius, démontrent manifestement que ce ne
pas achevé, et que nous n'en possédons sont là que des traductions du grec, et
qu'un fragment. Cependant, un auteur non des productions originales. En tout
allemand, Berchthold, a émis l'opinion, cas, cette légende ou histoire , aussitôt
assez probable, que l'auteur a voulu don qu'elle eut paru, reçut des modifications
ner une histoire du temple de Jérusalem de tous genres : aussi n'y a-t-il pas une
depuis la dernière époque du culte légal, seule de ces versions qui ressemble à
sous Josias, jusqu'au rétablissement de l'autre. L'imitation en vers, d'Andrieux,
ce culte par la nouvelle colonie revenue n'est ni la moins poétique, ni la moins
de l'exil. Ce plan est exécuté aussi bien édifiante de toutes ces éditions retouchées
qu'On pouvait l'attendre d'un Juif alexan et augmentées.
drin, c'est-à-dire qu'il est extrêmement Le Livre de Judith est un roman dont
peu important pour l'histoire elle-même. l'intrigue est connue de tout le monde.
Le Second livre d'Esdras qui n'a même Une femme s'introduit auprès d'Holo
jamais été vu en grec, mais seulement en pherne comme courtisane, l'endort de vin
latin , est une collection de fables, de et de propos caressants, lui coupe la tête,
songes et de visions, si pitoyable que le et vient annoncer au peuple juif qu'il est
concile de Trente lui-même rougit de délivré du général assyrien. Ce livre pa
lui concéder le titre de livre divin. Plu raît avoir été écrit en caldéen comme le
sieurs passages de cet écrit laissent sup précédent, et c'est de cette langue que
poser qu'il a été fabriqué depuis la pré saint Jérôme l'a traduit en latin. On ne
dication de l'Evangile. saurait à quelle époque de l'histoire des
L'histoire de Tobie, sa piété, ses épreu Juifs placer l'action qui fait le sujet de
ves, et le secours qu'il trouve en Dieu, ce livre. Ce devait être après le retour
est une fiction poétique où l'auteur a de Babylone et la reconstruction du tem
AP0 71 AP0

ple , mais depuis la dix-huitième année Ces parties sont isolées et bien tranchées,
de Nébucadnetsar, les Juifs ne furent en mais non pas tellement qu'elles fassent
aucune manière inquiétés pendant plus penser à trois ouvrages ou à trois auteurs
de quatre-vingts ans. (2, 1.4,3.5, 18.19. différents. L'auteur s'adresse d'abord aux
16, 20-25.). Comment concilier ces faits rois en leur proposant la sagesse comme
avec la vérité ? Quelle improbabilité d'ail but de leurs études et de leurs efforts ;
leurs que Béthulie, petite ville, ait pu tenir puis il fait l'histoire de la sagesse, com
contre une si puissante armée, et que la ment on peut l'obtenir et quels en sont
mort d'un général ait suffi pour faire pren les fruits : il montre les peuples idolâtres
dre la fuite à toutes ses troupes ! Quant à éprouvant les rigueurs de l'Eternel, et les
la gèographie de l'ouvrage, elle dénote la Compare au bonheur du peuple juif, qui
plus incroyable ignorance, et l'on croi reconnaît Jéhova pour son roi. Il est pos
rait volontiers que l'auteur, après avoir sible que l'auteur ait eu un but politique,
fait sa petite histoire, l'a parsemée au mais son objet principal était bien reli
hasard, de tous les noms de villes ou de gieux.—L'idée de saint Augustin que Si
pays qui lui passaient par la tête. On peut rach est l'auteur de ce livre est assez heu
en dire autant de la chronologie. reuse; cependant on ne peut rien décider
Les Additions au livre d'Esther n'ont à cet égard, et il faut se contenter de l'idée
jamais paru en hébreu. Contrairement à générale d'un auteur alexandrin et anté
ce que rapporte l'histoire inspirée, l'au rieur à Philon, parce que la Sapience ren
teur de cet écrit prétend que ce fut dans ferme une spéculation plus saine que celle
la deuxième année de son règne qu'As de ce Juif.
suérus faillit être assassiné par un de ses L'Ecclésiastique, ouvrage préférableau
eunuques; il dit que Mardochée fut ré précédent.Un certain Jésus, fils de Sirach,
compensé sur-le-champ pour avoir révélé en lisant les Ecritures et d'autres bons li
le complot; qu'Haman avait été élevé en vres , avait acquis de grandes connais
dignité déjà avant cette circonstance , et sances morales. Il se mit à recueillir çà
que sa haine contre Mardochée provint de et là diverses maximes, auxquelles il en
la révélation qu'il avait faite; que cet Ha ajouta de son propre fonds. C'est donc un
man était un Macédonien qui voulait s'em recueil de sentences et de proverbes dans
parer du trône des Perses au profit de le genre de ceux de Salomon; il renferme
son royaume. Les Juifs s'y donnent le des excursions plus ou moins étendues
nom d'enfants du Dieu très-haut, et pré sur l'ordre moral du monde , dans les
tendent que leur Dieu a ordonné aux quelles l'auteur passe en revue les classes
païens mèmes d'observer la fête du Pu et les âges de l'homme. On ne saurait y
rim. Cela étant dit, nous pouvons ajouter chercher de plan ni d'ensemble, et le livre
que ces additions renferment aussi quel ne se laisse pas diviser. Primitivement
ques belles et bonnes choses, dont Racine écrit en hébreu ou en caldéen , l'Ecclé
a su tirer parti dans sa belle tragédie de siastique fut traduit en grec par un petit
ce nom. Il n'est pas sûr que le concile de fils de l'auteur, sous Ptolémée Evergète,
Trente ait déclaré cet ouvrage canonique : roi d'Egypte, probablement environ 240
quelques docteurs romains prétendent ans av. C. Du reste, la date se laisse dif
que IlOn. ficilement déterminer, car tout repose sur
Le Livre de la Sapience, dit de Salo les indications de l'auteur lui-même, qui
mon, n'a point été écrit par Salomon, et nous dit avoir écrit sous le pontificat d'un
jamais on ne l'a vu en hébreu. Celui qui Simon, pendant le règne d'un Evergète ;
l'a composé avait lu Platon et les poétes or il y a eu deux pontifes Simon qui ont
grecs, ainsi qu'on le voit par plusieurs vécu tous les deux sous le règne d'un
passages de son livre. En quelques en Evergète. L'auteur se donne si peu pour
droits, il copie presque les prophètes et inspiré, qu'il s'excuse lui-même des im
quelques écrits de l'Ancien Testament. perfections de son travail ; il fait du Fils
Cet ouvrage se divise en trois parties gé de Dieu, de la Parole, une simple créa
nérales:1° 1-6,8;2° 6, 9-10; et 3° 1 4 -19. ture; il représente l'aumône et l'obéis
|
AP0 72 AP0

sance à père et mère comme un moyen faisait souffler l'ange du Seigneur au


d'expier ses péchés ; il prétend que Sa milieu du feu, sont des détails qui por
muel prophétisa encore après sa mort ; tent tous les caractères de la fiction.
enfin, selon lui, ce serait à Elie le This L'Histoire de Susanne, (formant quel
bite qu'il appartiendrait de faire cesser la quefois le 13e chap. de Daniel), est pro
colère de Dieu : à ce dernier égard , cf. bablement une fable d'un bout à l'autre.
Mal. 4, 5. Qu'elle ait été primitivement écrite en
Baruch est un insigne roman qu'on dit grec, c'est ce que prouve l'espèce de jeu
avoir été écrit par Baruch à Babylone.Or, de mots que fait le prétendu Daniel v. 55
Selon toute probabilité, jamais Baruch ne et 59., et qui n'a de sens que dans cette
fut à Babylone. Il fut lu à Jéchonias, près langue. Et puis, n'est-il pas absurde
d'une rivière qui n'a point existé : et d'imaginer que tout au commencement
d'ailleurs , comme on sait, Jéchonias vi de la captivité, un Juif ait pu être aussi
vait en prison pendant son séjour à Ba riche qu'on nous représente le mari de
bylone, et n'avait pas le loisir d'aller se Susanne ? que le droit de vie et de mort
promener le long des eaux courantes. On ait été donné à des tribunaux juifs en
y parle d'une collecte qui aurait été faite Caldée ? que Daniel élevé à la cour ait
parmi les Juifs de la captivité, pour ache pu assister à ce procès P et enfin, que si
ter des victimes, qu'on aurait envoyées jeune, on l'ait admis au nombre des juges,
au sacrificateur Joachim avec les vases surtout après que la sentence avait été
sacrés de Sédécias ! Mais comment des prononcée ?
esclaves , tout au commencement de leur Le livre de Bel et celui du Dragon
captivité, peuvent-ils avoir de l'argent à sont encore plus romanesques. En effet,
déposer dans une collecte ? Comment en quelle invraisemblance que Cyrus, roi de
VOya-t-On ces victinies à un souverain Sa Perse , ait adoré une idole babylonienne,
crificateur qui n'existait pas ? Comment et une idole qui fut mise en pièces lors
put-on renvoyer de Babylone des vases de la prise de la ville ! Un homme de sa
sacrés faits par Sédécias , lorsqu'il est trempe pouvait-il croire qu'une statue
probable que Sédécias n'en a jamais fait d'airain pût réellement boire et manger ?
faire ? Il faut remarquer, en outre, que Quel pitoyable moyen que celui qu'ima
l'auteur emprunte diverses expressions gine Daniel pour découvrir la supercherie
de Daniel, qui cependant vécut après la des prêtres de l'idole! Comment ceux-ci
mort de Baruch. — Le chap. 6 se donne ne virent-ils pas les cendres semées sur
pOur une lettre de Jérémie aux exilés de le parquet 9 ou comment Daniel put-il
Babylone, et renferme des déclamations empêcher qu'ils ne fussent avertis par
contre l'idolâtrie. Ce morceau est séparé les serviteurs du roi ? Puis, quelle absur
de ce qui précède par une inscription, et dité que de faire trembler Cyrus devant
il se distingue par un meilleur style : ce les Babyloniens jusque-là qu'il leur sacri
n'est que par accident qu'il se trouve lié fie son cher Daniel! de faire vivre Haba
à Baruch, mais il ne porte pas davantage cuc jusqu'à cette époque, pour qu'il
le cachet de l'authenticité ; les soixante puisse porter de la nourriture au jeune
et dix semaines de Daniel y sont ridicu prophète dans la fosse des lions! d'ima
lement converties en sept générations. Il giner enfin que Cyrus ait pu rester six
est cité 2 Macc. 2, 2., et appartient sans jours sans s'informer de ce qu'était de
doute aux Alexandrins, qui traduisaienten Venu Son ami ! — Ces deux livres forment
général très librement les oracles de Jé ce que, sans leur donner de titre à part,
rémie, et parmi lesquels s'étaient conser les catholiques romains appellent le
vées un bon nombre de légendes sur ce 14° chapitre du prophète Daniel.
prophète. La Prière de Manassé, qui ne se trouve
Le Cantique des trois jeunes Hébreux pas dans le texte hébreu , semble être
dans la fournaise est une mauvaise imi l'ouvrage de quelque Pharisien. Il y est
tation du Ps. 148. Ces flammes de 49 cou parlé des justes, savoir d'Abraham , d'I-
dées de hauteur, et ce vent de rosée que saac et de Jacob, comhe de gens sans
AP0 73 AP0

péché, et qui n'ont pas eu besoin de re prières et des sacrifices pour les morts,
pentance. Elle n'a été admise comme ca et Ragis serait aussi louable de s'être
nonique que par l'Eglise grecque. suicidé pour échapper à la fureur des
Enfin les Livres des Maccabées renfer Syriens.
ment l'histoire des Juifs sous le souverain On peut juger, par tout ce qui précède,
sacrificateur Mattathias et ses descen combien ces livres apocryphes sont in
dants. lls sont d'une très grande utilité, dignes d'occuper une place quelconque
surtout le premier. Il doit avoir été com dans notre volume sacré, même en en fai
posé en hébreu ou en caldéen : Origène sant une catégorie tout à fait à part ,
l'a lu dans cette langue, et il paraît que ainsi que cela se pratiquait encore il n'y
c'est aussi de là que Jérôme l'a traduit en a pas beaucoup d'années. Aussi les so
latin. Toutefois ce livre ne s lurait être ciétés bibliques se refusent-elles mainte
attribué à l'esprit de Dieu, et l'auteur tenant presque toutes à joindre ces livres
lui-même fait l'observation qu'il n'y avait aux versions qu'elles distribuent, et elles
point de prophètes en ces temps-là, 4, 46. o.,t bien fait de prendre ce parti, puis
9, 27. 14, 41. Il renferme d'ailleurs di qu'elles ne veulent et ne doivent répan
verses méprises qui constatent son ori dre que la Bible.
gine humaine. On y voit qu'Alexandre Si quelques personnes désiraient étu
le Grand partagea lui-mème ses con dier la question des apocryphes, elles
quètes entre ses illustres généraux , trouveraient, dans un ouvrage sur ce su
tandis que ce partage ne se fit qu'après jet de feu l'excellent pasteur Moulinié de
sa mort; qu'Antiochus le Grand fut fait Genève, une apologie assez complète de
prisonnier par les Romains; que ces der ces livres ; mais elles verraient en même
niers donnèrent à Eumènes, roi de Per temps combien sont faibles les meilleures
game, l'Inde et la Médie, Etats qui fai raisons que l'on peut avancer en faveur
saient partie de ceux d'Antiochus : que de leur authenticité. ll n'a paru aucun
le sénat romain comptait 320 membres ; écrit français quelque peu détaillé qui
qu'Alexandre Balas était fils d'Antiochus traite de la non-inspiration des apo
Epiphanes, etc., etc., tout autant d'as cryphes ; mais on peut lire avec intérèt
sertions qui sont positivement contre quelques mots de M. Haevernick à ce su
dites par l'histoire. — Le second livre jet, dans les Mél. de théol. réformée ,
des Maccabées, contenant l'histoire de par Haevernick et Steiger, p. 214-222.
quinze années, est de beaucoup infé Le Nouveau Testament a eu aussi ses
rieur au premier. C'est l'abrégé de l'ou Apocryphes; mais les livres auxquels on
vrage d'un certain Jason de Cyrène. a donné ce nom sont loin d'avoir acquis
L'auteur termine en faisant des excuses l'importance historique des Apocryphes
sur sa manière d'écrire l'histoire; et dans de l'Ancien Testament. ll ne paraît pas
le fait il a bien des choses à se faire par que l'Eglise chrétienne ait jamais hésité
donner. A l'en croire, Judas Maccabée sur la formation de son Canon. A aucune
aurait vécu jusqu'à la 188e année des Sé époque , aucun écrit humain n'est venu
leucides, tandis qu'il mourut l'an 152 ; s'adjoindre au recueil des écrits sacrés.
Antiochus Epiphane aurait été tué dans A la vérité , certaines sectes, assez mal
le temple de Nanée, en Perse, et l'on sait connues d'ailleurs, ont essayé de modi
qu'il finit ses jours sur les frontières de fier la collection évangélique à leur point
la Babylonie. Néhémie aurait bâti le se de vue, mais ces tentatives ont avorté
cond temple et l'autel, constructions qui devant l'opinion générale, et il en reste à
se firent soixante ans avant que Néhé peine quelques traces, encore sont-elles
mias revint de Perse ; Jérémie aurait ca contestables et contestées.
ché dans une grotte et le tabernacle, et On croit, par exemple, que les Evan
l'arche, et l'autel des parfums; Persé giles des Egyptiens, des Hébreux , de
polis aurait encore été debout un siècle Marcion, n'étaient que des reproductions
après qu'Alexandre l'eut réduite en cen altérées des Evangiles canoniques, et l'on
dres; Judas aurait bien fait d'offrir des Suppose que chacun de nos quatre Evan
AP0 74 AP0

giles a dû être plus ou moins corrompu APOLLOS, Juif d'Alexandrie, qui ar


au profit des tendances diverses qui se riva à Ephèse dans le temps même où
partageaient l'Eglise primitive, tendances Paul entreprenait son troisième voyage
dont les germes se trouvaient dans les à Jérusalem. C'était un homme éloquent,
écrits sacrés eux-mêmes. La disparition et profondément versé dans les Ecri
prOmpte et presque totale de ces altéra tures. Quoiqu'il ne connût encore que
tions, atteste à la fois la rectitude du le baptême de Jean, il enseignait avec
Sens chrétien , l'autorité de la tradition chaleur les choses qui regardaient le
générale, et la pureté du Canon dans Seigneur Jésus. Aquilas et Priscille
l'Eglise primitive. l'ayant entendu prêcher avec hardiesse
A côté de ces écrits se placèrent d'au dans la synagogue, le prirent chez eux
tres livres. Les uns avaient uniquement et l'instruisirent plus à fond de la doc
en vue l'édification, comme le célèbre trine chrétienne. Il partit d'Ephèse pour
Pasteur d'Hermas qui est cité avec res l'Achaïe, muni de lettres de recomman
pect et entouré d'une sorte d'autorité dations, et il fut très utile aux nouveaux
morale. Les autres, dictés par l'imagina convertis en les affermissant dans la foi.
tion, avaient pour but de suppléer aux la De Corinthe il se rendit dans l'île de
Cunes du Nouveau Testament sur la vie de Crète avec Zénas : puis à Ephèse, où il
Jésus, et de fournir une pâture à la cu était lorsque Paul écrivait sa première
riosité avide des âmes pieuses. Tels sont lettre aux Corinthiens, Act. 18 , 24.19 ,
le Protévangile de Jacques, les Evangiles 1. 1 Cor. 16, 12. Tit. 3, 13. — Quelques
de Marie, de l'enfance, de Thomas, de personnes pensent que la prédication
Nicodème, etc. M. Cellérier a fait entre d'Apollos à Corinthey avait occasionné le
ces derniers écrits et les Evangiles in schisme dont saint Paul fait mention dans
spirés un parallèle intéressant. (Orig. du sa première épître ; mais d'autres , et
N. T. p. 174-215.)Une de ses remarques cette opinion paraît plus vraisemblable,
est assez importante pour être rappelée croient que Paul emploie les noms d'A-
ici. • Ces Apocryphes ne sont point l'ou pollos et de Céphas par ménagement
Vrage d'imposteurs individuels, mais le pour les vrais auteurs du schisme , pour
résultat de l'imagination, des opinions, généraliser ses observations et pour
des préjugés du temps, l'ouvrage suc rendre ses raisonnements d'autant plus
cessif et en quelque sorte national des concluants, 1, Cor. 1, 12. 3, 4. 6. 4, 6.
compatriotes ou des contemporains du APOLLYON, v. Abaddon.
Sauveur. On y voit, en d'autres termes, APOSTOLAT; mission, charge d'apô
de quoi nos Evangiles eussent été infail tre, 1 Cor. 9, 1.2.2 Cor. 12, 12. Il pa
liblement remplis s'ils n'eussent été di raîtrait, d'après ces passages, que pour
vins... Pour traduire la chose en langue être capables d'exercer l'apostolat dans le
Scientifique, ces écrits sont des mythes, sens spécial du mot,il fallait avoir vu no
et nos Evangiles, s'ils se fussent formés tre Seigneur Jésus-Christ, être autorisé
de la même manière, ne leur seraient pas par lui à rassembler en tous lieux son
supérieurs. » M. Cellérier avait à l'avance Eglise, et se rendre recommandable par
et en deux mots, réfuté le fameux sys une grande patience, des signes, des pro
tème de Strauss. diges et des miracles : quelques-uns y
APOLLONIE. Il y avait une ville de ce ajoutent même l'infaillibilité d'enseigne
nom en Illyrie, et une autre au nord du ment, et le don de communiquer le Saint
pays de Canaan : mais celle dont il est Esprit par l'imposition des mains, Act. 8,
fait mention Act. 17, 1., était une ville 17. Nous laissons à la dogmatique ce qui
de Macédoine, fondée par les Corin lui appartient, le droit de discuter en dé
thiens, à 36 milles romains (62 kilom.), tail et à fond les questions si graves qui se
sud-ouest de Thessalonique, et qui n'est rapportent àl'apostolat, à la manière dont
guère connue que par la circonstance que il était transféré, aux caractères qui le
Cèsar-Auguste y étudia la langue grec constituaient, aux signes auxquels on le
que ; (aujourd'hui Paleo-Chori). reconnaissait, à son exclusisme et à la
AP0 75 AQU
possibilité ou l'impossibilité de voir cette Marc 3, 16. Luc 6, 14.Act. 1 , 13. L'or
charge se prolonger au delà du siècle dit dre dans lequel ils sont nommés paraît
apostolique. Nous nous bornerons à quel arbitraire. Quelques-uns ont cru qu'ils
ques observations. Le passage Gal. 2, étaient rangés suivant l'ordre dans le
14., semble prouver que l'infaillibilité quel ils furent appelés ; mais il paraît
n'était pas un des caractères immuables d'après Jean 1, 40., qu'André fut le pre
de la charge d'apôtre, et l'on ne peut mier qui reçut vocation, tandis qu'il n'est
douter que lorsque Simon Pierre « ne nommé que le second dans Matthieu, le
marchait pas de droit pied selon la vé cinquième dans Marc. D'autres ont cru y
rité de l'Evangile » , son enseignement voir l'établissement d'une espèce de hiér
ne s'en ressentît d'une manière fâcheuse. archie commençant par Pierre et finis
En outre, il n'est point dit 1 Cor. 9 , 1. sant par Judas Iscariot ; mais, s'il y a
2., qu'il fallût avoir vu le Seigneur pour peut-être quelque chose de vrai dans les
être apôtre : c'est en passant que saint extrêmes, il n'en est pas de même pour
Paul dit : « N'ai-je pas vu notre Seigneur les intermédiaires , et la preuve en est
Jésus-Christ ? » tout commeil dit au même dans le fait que l'ordre n'est pas le mê
verset : - Ne suis-je pas libre ? » sans que me dans les quatre catalogues qui nous
cela entraîne le moins du monde , pour en sont donnés. Quant à Judas Iscariot ,
l'apôtre, l'obligation d'être libre ou de se il va sans dire qu'on ne pouvait lui don
démettre de sa charge s'il vient à perdre ner d'autre place que la dernière ; il n'y
sa liberté. Le Nouveau Testament ne nous a pas besoin de supposer une hiérarchie
donne aucune règle bien précise sur les pour cela. — Cinq d'entre eux nous ont
conditions d'admission dans le corps laissé des écrits, Matthieu, Jean, Pierre,
apostolique : nous y voyons entrer, ou Jacques le Mineur et Jude. Nous les re
tre les douze, Matthias, Act. 1, 26.; saint trouverons, du reste , à leur article spé
Paul, 1 Cor. 9, 1.; Barnabas, Act. 14, 14.; cial.
Andronique et Junias, Rom. 16, 7.; Epa APPEL. « J'en appelle à César » , dit
phrodite, Phil. 2, 25. (dans l'original) et saint Paul, Act. 25, 11. Tout citoyen ro
d'autres. Notre Sauveur lui - même est main avait le droit d'en appeler des gou
appelé dans l'Epître aux Hébreux 3, 1., verneurs de province à l'empereur lui
l'apôtre et le souverain sacrificateur de même. Pline, dans une de ses lettres à
notre profession. Ce qui est sùr, c'est Trajan , dit qu'il avait pour habitude et
que cette charge sacrée se manifestait pour système d'envoyer à Rome les ci
d'une manière sensible, de telle sorte que toyens romains qu'on lui déférait pour
les chrétiens ne pussent s'y tromper; et cause d'attachement au christianisme.
pour exprimer cette pensée encore plus APPIE ou Apphie. Philém. 2. Proba
clairement, il paraît qu'en général 2 Cor. blement la femme de Philémon , on croit
12, 12., on reconnaissait un apôtre à ses qu'elle souffrit le martyre avec son mari.
œuvres plutôt qu'au mode de sa nomina APPIUS , consul romain ( 303 av. C. )
tion. C'est du moins le principe duquel qui avait fait construire la ville connue
saint Paul semble partir toutes les fois sous le nom de Marché d'Appius (v. Fo
qu'il aborde ce genre de sujets. rum). Il avait aussi fait tracer une route
APOTRE (v. l'art précédent) mission qui porte son nom , la Voie Appienne.
naire , messager, envoyé. On désigne AQUILAS, Juif né dans le Pont et fa
spécialement sous ce nom les douze dis bricant de tentes. Sa femme ( Prisca ou
ciples que notre Seigneur chargea d'une Priscilla ) et lui furent de très bonne
façon particulière de fonder son Eglise. heure convertis au christianisme ; peut
Après sa résurrection, il les envoya prê être le furent-ils par le discours de Pierre
cher l'Evangile et baptiser , et non-seu à la Pentecôte. Après avoir résidé quel
lement il leur donna le pouvoir de faire que temps à Rome , occupés sans doute
des miracles, mais encore il voulut qu'ils à faire des tentes pour l'armée d'Italie ,
pussent conférer ce pouvoir à d'autres. ils durent quitter la capitale , comme
Leurs noms se trouvent Matth. 10 , 2; tous les Juifs, bannis par l'édit de Claude,
AQU 76 ARA

et vinrent se fixer à Corinthe, Act. 18, 2. pas d'être encore Juif pour les Juifs , et
Ils continuèrentd'y exercer leur industrie, qu'il avait conservé de l'ancien culte quel
et plusd'un Juif, plus d'un Grec, plus d'un ques rites , quelques cérémonies pieuses
soldat romain , logèrent sous des tentes auxquelles il était toujours attaché.
qu'un des ouvriers d'Aquilas, un nommé ARABIE , vaste contrée de l'Asie , à
Saul , apôtre des gentils , avait fabri l'est et principalement au sud du pays de
quées de ses mains. Saint Paul cependant Canaan.Sa plus grande longueur d'orient
quitta bientôt la maison d'Aquilas, et en occident est d'environ 3,000 kilom.,
alla , peut-être pour complaire aux et du nord au midi de 2,500. Dans sa
chrétiens d'entre les gentils , peut-être partie septentrionale, à l'est de Canaan ,
pour être plus près du lieu des réunions l'Arabie n'a pas , à beaucoup près , la
et parce que ses devoirs pastoraux se moitié de ces dimensions. On évalue sa
multipliaient , habiter auprès de Juste , surface à cinq ou six fois celle de la
païen converti, dont la maison était voi France; elle est bornée au sud par l'Océan
sine de la synagogue. Au bout de quel indien , à l'ouest par la mer Rouge et
que temps, lorsque Paul s'embarqua pour l'isthme de Suez , au nord-ouest et au
la Syrie, Aquilas et Priscille partirent nord par le pays de Canaan et par la Sy
avec lui et l'accompagnèrent à Ephèse : rie, à l'est par les montagnes de la Cal
c'est probablement là, dans l'émeute de dée et le golfe Persique. On la divise
Démétrius, 19, 24., qu'ils exposèrent leur communément en trois parties :
vie pour lui, Rom. 16, 4.; c'est encore là 1° L'Arabie Pétrée ou rocheuse , au
qu'ils instruisirent Apollos dans la voie nord-ouest. C'est maintenant la province
du Sauveur et dans le baptême de Jésus, d'Hedjaz : on y trouve au sud-ouest les
lui qui ne connaissait encore que le bap villes fameuses de La Mecque et de Mé
tême de Jean. Plus tard , ils retournè dine , lieux de pèlerinages chers aux ma
rent à Rome, où il paraît que l'édit de hométans. Cette contrée se divisait au
Claude était tombé en désuétude, et nous trefois en pays d'Edom, désert de Paran,
voyons leur maison servir d'église à pays de Cusan, etc. , et il semble qu'on
quelques fidèles de la ville. lls sont en lui ait donné le nom d'Arabie soit parce
tête de ceux auxquels saint Paul adresse qu'elle est à l'occident de l'Asie , soit à
des salutations dans sa lettre aux Ro cause du mélange , à cause de la variété
mains. Enfin ils revinrent en Asie et se des tribus qui l'habitaient , soit enfin à
fixèrent de nouveau à Ephèse ou dans les cause de la stérilité du pays, le mot Ara
environs : c'est là que nous les trouvons bie pouvant signifier ces trois choses.—
pour la dernière fois. L'amitié qui les On y trouvait Guérar, Kadès-Barné, La
unit au grand apôtre ne se démentit ja kis, Béersébah et le mont Sinaï.
mais, et Paul pressentant son prochain 2° L'Arabie Déserte, en partie au sud
supplice, les mentionne encore les pre de l'Arabie rocheuse, en partie s'éten
miers dans sa lettre testamentaire , lors dant à l'est de Canaan, comprenait les
qu'il charge Timothée de saluer les frères pays de Hammon , de Moab, de Madian,
qui l'entourent , 2 Tim. 4, 19. la contrée des Ituréens, celle des Haga
Quelques auteurs , poussés par des réniens , et probablement aussi le pays
principes ou scrupules dogmatiques, at de Huz : c'est là qu'on trouve surtout
tribuent à Aquilas, et non à saint Paul, le ces affreux déserts qui font avec leurs
vœu dont il est question. Act. 18 , 18.; caravanes légères la réputation de l'A-
mais le contexte de la phrase ne permet rabie ; des hordes sauvages et quelques .
pas cette interprétation. C'est de Paul , bêtes féroces, moins redoutables pour
et non point d'Aquilas, qu'il s'agit; c'est les voyageurs, en sont les seuls habi
Paul qui fait le voyage, et ses amis ne taIltS.
sont nommés qu'en -passant. D'ailleurs 3° L'Arabie Heureuse, au sud des deux
l'ensemble des principes et de la con premières ; contrée délicieuse et fertile,
duite de Paul nous prouve que cet apô riche en parfums de toutes espèces. Se
tre, si large avec les païens, ne laissait lon quelques auteurs, la reine de Séba,
ARA 77 ARA

aurait étendu sa domination jusque-là. sans se fatiguer, des familles, des mar
Toutefois, et malgré tout ce qu'il chandises, ou des guerriers, ne deman
peut y avoir de tranché dans les dif dant qu'une poignée de farine toutes les
ferences qui séparent ces trois gran vingt-quatre heures, et une source tous
des provinces, elles ne forment effecti les huit jours ; sa fiente même sert à
vement qu'un seul tout, un même pays, l'Arabe, et remplace le bois si rare et si
avec de fortes nuances , mais avec une coûteux. Enfin , près de périr de soif au
unité plus forte encore, et des carac milieu des sables et des rochers , le
tères communs qui ne permettent pas maître tue son serviteur et trouve en
de les séparer. Le climat en est sec et core , dans ses quatre estomacs , une
chaud, l'ardent Simoun y souffle presque source qui le rend à l'existence. C'est
continuellement, les nuits y sont fraî ainsi que, par sa sobriété, son courage
ches, les sources rares, les rivières peu et ses nombreux services , le chameau
abondantes, les montagnes nombreuses se fait pardonner sa laideur , et l'Arabe
mais sans végétation : quelques eaux l'aime à l'égal de ses nobles coursiers.
souterraines, conduites avec art, et con L'Arabe est passionné de la liberté ;
servées avec soin par les Arabes , don son gouvernement est patriarcal, ja
nent une grande fertilité aux oasis clair mais il n'en a voulu d'autre, on n'a pu
semées dans les déserts. On pèche les l'asservir. Mais les querelles des tribus
plus belles perles sur les côtes méridio sont quelquefois sanglantes. Brigands
nales du golfe Persique. Le climat, géné entre eux, et barbares pour les étran
ralement salubre , rend cependant les gers, ils sont hospitaliers pour celui qui
ophthalmies fréquentes et dangereuses. vient réclamer leur tente et leur pain
Des lions, des chacals, des hyènes, des mal cuit : leur ennemi le plus cruel peut
panthères. des léopards sont la plaie des dormir en paix si quelque circonstance
troupeaux; les sauterelles sont la plaie fortuite l'a amené sous le toit de celui
des lieux herbeux et des oasis , l'autru qui le hait : mais la vengeance relève la
che nourrit quelquefois de ses œufs les tête aussitôt que l'hôte est sorti de la
voyageurs ou les Bédouins. Le millet et maison.
les dattes sont la principale ressource L'Arabie heureuse doit avoir été peu
contre la faim. Les caféiers, l'aloès , l'a- plée essentiellement par la nombreuse
cacia-gommier, l'encens, la manne, la famille de Joktam, descendant de Sem ;
myrrhe et le séné se trouvent en abon les deux autres Arabies furent d'abord
dance au midi du désert et sur les côtes. habitées par les Réphaïms, les Emims,
Les moutons que l'Arabe nomade fait les Zamzummims, les Hamalécites, les
paître dans les plaines du Nedjed près de Horites, et autres descendants de Cus,
TYémen et jusqu'à l'Euphrate, donnent l'aîné des fils de Cam. Les Cusites en
leur lait et leur viande à ceux qui ne vi furent insensiblement dépossédés par la
vent pas de pillage. Les chevaux arabes postérité de Nacor , Lot et Abraham. Is
sont célèbres par leur beauté et la rapi maël s'établit d'abord dans l'Hedjaz, et
dité de leur course; ils ont leurs généa fonda les douze puissantes tribus des
logies, leurs titres de noblesse, leur Nabathéens, des Kédaréens, etc., Gen.
histoire et leurs rivalités. Enfin le cha 25, 13-15., qui s'étendirent peu à peu
meau, la merveille du désert , l'idole de de manière à occuper tout au moins les
ses maîtres, et le chef-d'œuvre de la contrées septentrionales du pays : les
création pour ces peuples abandonnés, restes des Uzites, des Buzites, des Ham
leur tient lieu de vaisseau pour traver monites, des Moabites, des Madianites,
ser les sables; son poil les habille, son etc., s'incorporèrent à eux plus tard.
lait et sa chair les nourrit; sa compagnie Les anciens Arabes étaient adonnés à
les charme, il aime la musique, il dresse une grossière idolâtrie : ils adoraient le
la tête au son du fifre ou du tambour ; soleil, la lune, les étoiles, et un grand
chargé de masses pesantes il fuit avec nombre d'anges et d'hommes qui, selon
la rapidité de la flèche, et transporte , eux , s'étaient illustrés ; ils rendaient
ARA 78 ARA -

même un culte à de grandes pierres qui, déser : sous Salomon ce fut Damas, q. v.
dans l'origine,ne marquaient autre chose Quelques autres villes semblent avoir été
que les emplacements où leurs ancêtres situées en Syrie, sans cependant qu'elles
avaient servi le vrai Dieu, Gen. 28, 18. soient nommées araméennes, telles que
Les Perses introduisirent parmi eux lare Hamath, Helbon, Ribla, Bethéden, Thad
ligion des mages, et les Juifs qui fuyaient mor, etc., qu'on trouvera en leur lieu
la fureur des Romains, firent plus tard , et place. — On peut remarquer qu'Ho
chez les Arabes, grand nombre de pro mère, Hésiode et Strabon donnent aux
sélytes. Paul prêcha l'Evangile en Arabie, Syriens le nom d'Araméens.
Gal. 1, 17., et l'on assure que dix tribus 2° Fils de Cémuel, et petit-fils de Na
embrassèrent la foi chrétienne dans le cor, frère d'Abraham, Gen. 22, 21. C'est
siècle des apôtres ou dans le suivant. lui qui, d'après quelques auteurs, aurait
Mais depuis Mahomet, c'est-à-dire de été le père des Syriens; mais cela paraît
· puis 630 environ , les Arabes ont gé peu probable, car, du vivant d'Abraham
néralement adhéré à l'islamisme. v. Is déjà, le nom d'Aram est le nom d'un
maël. — Torrent des Arabes, v. Saules. peuple nombreux, Gen. 24, 10. 25, 20.,
ARAlGNEE. La toile de cet animal dont l'origine doit par conséquent re
sert à marquer, Job 8, 14., combien est monter bien plus haut. Il est possible
vaine et fragile la confiance de celui qui cependant que la postérité de cet Aram
oublie le Dieu fort. Esaïe lui compare se soit confondue plus tard avec celle du
aussi les œuvres du méchant , 59, 5.— fils de Sem, et qu'il ait donné son nom
Quelques versions traduisent à tort le à l'une des nombreuses peuplades de la
mot teigne , Job 27, 18., par araignée; Syrie.
et dans le passage, Prov. 30, 28., il ne 3° Aram ou Ram , Ruth, 4, 19. 1 Chr.
s'agit pas de l'araignée non plus , ainsi 2, 10., père d'Aminadab, et arrière-petit
que nos versions le portent, mais d'une fils de Juda ; un des ancêtres de notre
espèce de lézards, peut-être venimeux, Sauveur. Matth. 1, 3. Luc 3, 33. Du
qui se trouvent en abondance dans les reste, inconnu.
maisons, même dans les plus belles , et ARARAT, pays d'Asie, Es. 37, 38. 2
qui se nourrissent de mouches et d'au Rois, 19, 37. Jér. 51, 27., probablement
tres insectes; v. Bochart, Hiéroz. II, 491. une province de l'Arménie, extrèmement
ARAM. 1° Gen. 10, 22. Un des en fertile, située entre le fleuve Araxès et les
fants de Sem. C'est le nom que la Bible lacs Van et Ormias. C'est aussi le nom de
donne ordinairement à la Syrie , mais il la montagne sur laquelle l'arche s'arrêta,
prend quelquefois une signification plus Gen. 8, 4. Elle se trouve à l'extrémité
étendue : les descendants d'Aram occu d'une vaste plaine, à l'est d'Erivan, et
pèrent non-seulement la Syrie, mais en ressemble à un pain de sucre : sa hauteur
core les contrées qui sont à l'orient est de plus de 4,000 mètres : le voyageur
jusqu'au delà de l'Euphrate , dans la Mé Parrot qui doit en avoir fait l'ascension
sopotamie, que la Bible appelle Aram en 1829, lui donne 16,200 pieds, envi
Naharajim, Gen. 24, 10. (dans l'hébreu), ron 1,500 pieds de plus qu'au Mont
ou Paddan Aram, 25, 20., ou encore Blanc. On y trouve les traces d'un vol
Paddan tout simplement, 48, 7. Parmi can éteint. La montagne conserve encore
les différentes peuplades ou tribus du aujourd'hui le nom d'Ararat, et l'on ren
pays d'Aram, nous remarquons l'Aram contre partout des traditions de la des
de Damas, 2 Sam. 8, 6., Mahaca, 1 Chr. cente de l'arche. Les Perses l'appellent
19, 6., la Syrie de Tsoba, 2Sam. 10, 8., Kuhi Nuach, montagne de Noé ; au pied
Guésur, 2 Sam. 15, 8., la Syrie de Beth se trouve un village nommé Tamanim
Réhob, 2 Sam. 10, 6. C'est probablement
(les huit) chiffre qui rappelle la famille
encore dans la même contrée qu'il faut
de Noé sauvée dans l'arche, et selon El
chercher Hul, Gen. 10, 23. La Syrie de
Matzim ( Hist. Saracenorum) ce serait
Noé lui-même qui l'aurait construit. —
Tsoba fut, sous Saül et David , le plus
puissant des Etats araméens, v. Hada L'Ararat est couvert de neiges et de gla
ARB 79 ARC

ces éternelles : son sommet est ordinai sycomore, le mûrier, l'amandier : nous
rement enveloppé de nuages. les retrouverons à leur lettre ; v. encore
ARAUNA, 2 Sam. 24, 16-25., ou OR l'article Plantes.
NAN. 1 Chr. 21, 15., Jébusien : il pos Le Paradis renfermait toutes sortes
sédait en Morijah une aire à battre le blé. d'arbres agréables et utiles, dont les plus
Quand David eut vu l'ange de l'Eternel remarquables était l'arbre de la connais
qui volait au-dessus de Jérusalem pour sance du bien et du mal, et l'arbre de vie.
en détruire les habitants à cause du Le premier était ainsi nommé parce qu'il
dénombrement qu'il avait fait faire dans était destiné à éprouver l'obéissance
son orgueil, il apprit de Gad le prophète d'Adam, et parce qu'en mangeant de son
qu'il devait élever un autel et offrir un fruit, l'homme devait apprendre à con
sacrifice à l'Eternel dans l'aire d'Arauna, naître la différence entre le bien et le
que Dieu lui-même avait désignée. Le mal. Les fruits du second étaient peut
pieux Jébusien, qui se cachait avec ses être le moyen naturel dont Dieu voulait
fils de devant la colère de l'Eternel, n'eut se servir pour conserver intactes les for
pas plutôt appris ce que David deman ces physiques d'Adam s'il fût demeuré
dait, qu'il lui offrit en pur don, et l'aire, dans l'obéissance : on ne peut douter du
et le bois nécessaire pour le sacrifice , moins qu'il ne fût le signe de l'alliance
et même des bœufs pour servir de victi de Dieu avec notre premier père, comme
mes. Non, dit le roi, je n'offrirai point à l'arc-en-ciel le fut pour Noé, la circonci
l'Eternel, mon Dieu , des holocaustes sion pour Abraham , et le baptême pour
qui ne me coûtent rien ; et il refusa les fidèles, Christ étant l'arbre de vie
d'aller plus avant, aussi longtemps que pour ceux qui croient en lui. Mais après
le prix ne serait pas déterminé. Arauna la chute, et l'homme étant maudit, l'arbre
vendit donc l'aire à David, qui, pour de l'immortalité n'était plus qu'un mal
les bœufs, lui donna 50 sicles d'argent heur pour Adam, et le gage de malédic
(165 fr., 50 c.) et pour le fonds de tions éternelles : aussi Dieu lui en inter
terre où l'aire était située, environ 600 dit l'usage et l'éloigna du l'aradis. Dieu
sicles d'or, 23,844 fr. David offrit son lui promit ainsi la mort, qui devait être la
sacrifice, et la plaie s'arrêta. v. Jébu fin de ses souffrances, en même temps
siens. Quant à Arauna lui-même, il pa qu'il lui annonça la bonne nouvelle d'un
raît qu'il était entré de cœur dans le sein fils qui naîtrait de sa femme, et qui triom
de l'Eglise et de la nation juive, quoique pherait du serpent.
Cananéen d'origine, et il se montre bien Quant à la nature de ces deux arbres,
digne, par son désintéressement et sa gé il est impossible de rien avancer de sûr ;
nérosité, de l'honneur que Dieu lui fit en les hypothèses n'ont pas manqué, mais
choisissant son ,domaine pour en faire ce ne sont que des hypothèses plus ou
le théâtre de sa miséricorde envers les moins hasardées. Nous sommes ici vis
Juifs. à-vis de mystères, et toutes les ques
ARBAH , inconnu; probablement un tions sur le pourquoi et le comment ne
des plus célèbres d'entre les enfants de serviront à rien, et sont de trop. Ce que
Hanak. Il fonda la ville qui porte son Dieu n'a pas voulu révéler, nous n'avons
nom, Kiriath-Arbah, ville d'Arbah, Jos. pas besoin de le savoir.
15.13., laquelle reçut plus tard le nom L'agriculture devant être une des prin
d'Hébron : c'est tout ce que nous savons cipales occupations des Hébreux, les ar
de lui. v. Hébron. Géants. bres fruitiers avaient eté dans la loi l'ob
ARBE, Lév. 11, 22., v. Sauterelles. jet de divers dispositions (v. fruits),
ARBRE. Les principaux arbres dont dont une des plus remarquables était la
l'Ecriture fasse mention sont le sittim défense faite aux Israélites de gâter Ou
(acacia), le cèdre, le châtaigner, le cy détruire les arbres fruitiers des villes en
près, l'algummim, le chêne, le tilleul, le nemies dont ils faisaient le siége. Deut.
frène, l'orme, le buis, le sapin, l'olivier, 20, 19.
le pommier, le grenadier, le figuier, le ARC, instrument de guerre, bien
ARC 80 ARC
connu. Il consiste en une branche de Vulgate entend le passage, 1 Sam. 15,
· corne, de bois ou d'acier, qui, fortement 12., où il est dit que Saül après la défaite
ployée au moyen d'une corde attachée à des Hamalécites se fit ériger un monu
ses deux extrémités, repousse avec force ment. L'hébreu porte une main : ce fut
en reprenant sa premièreposition la flèche peut-être une colonne, peut-être un sim
placée sur la corde tendue. C'est une des ple monceau de pierre ; il ne saurait être
plus anciennes armes dont on ait fait question d'un arc de triomphe.
usage, et on la retrouve chez les peuples ARCHANGE. Ce mot ne se rencontre
les plus barbares. Ismaël était déjà grand que deux fois dans l'Ecriture, 1 Thess.
tireur d'arc, Gen. 21, 20. Cependant c'est 4, 16. Jude 9., et il signifie proprement
des Philistins que les Hébreux parais prince, chef des anges. Il n'est jamais
sent avoir appris l'usage de cette arme parlé que d'un seul archange : l'apôtre
pour la guerre, mais ils ne s'en servirent Jude le nomme Michel, nom qui se trouve
guères que jusqu'aux temps de David ; déjà dans Daniel 12, 1. (Micaël), et deux
cf. Gen. 27, 3. 1 Sam. 31, 3. 1 Rois fois dans l'Apocalypse, et qui signifie
22, 34. 2 Rois 13, 15., etc. Le roi Ho image de l'Eternel. Quelques-uns sup
sias en avait rempli ses arsenaux, 2 Ch. posent l'existence de plusieurs archan
26, 14. On y joignait souvent l'épée , ges, Gabriel, Raphaël, Uriel (la tradition
Gen. 48, 22. 1 Sam. 18, 4. — Le mot arc juive en compte sept) ; mais ils ne s'ap
est pris quelquefois dans un sens plus puient sur aucun fait ni passage. Il pa
général, pour armes. Ps. 44, 7.—Jéré raît beaucoup plus probable qu'il n'y en
| mie, pour annoncer que la puissance d'un a qu'un seul qui est Christ lui-même. On
peuple sera anéantie, dit que Dieu bri dérive ordinairement le nom d'archange
sera son arc, 49, 35., cf. Os. 1. 5. ; et le du livre de Daniel, où Micaël est appelé
prophète Osée compare à un arc qui grand chef, et les rationalistes préten
trompe les Israélites qui , au lieu de dent que les Juifs ont reçu cette croyance
prendre l'Eternel pour leur but, s'en sont des Caldéens; mais, sans nier que les
détournés pour se diriger ailleurs. Juifs envisagés comme peuple, aient hé
—Arc-en-ciel, phénomène de la décom rité des Caldéens quelques erreurset quel
position des rayons du soleil par les nua ques superstitions, nous devons rejeter
ges qui jouent dans ce cas le même rôle cette hypothèse pour ce qui regarde les
que le prisme. Il en est parlé pour la pre auteurs bibliques ; et quant au nom de
mière fois, Gen. 9, 13., lorsque Noé sor grand chef que Daniel emploie, nous le
tit de l'arche. ll est inutile d'examiner si trouvons déjà chez Josué, qui pour sûr
la pluie existait ou non avant le déluge, ne le tenait pas des Caldéens, sous une
et si par conséquent l'arc-en-ciel ne fut forme encore plus développée, 5, 13. 14;
qu'un symbole, un signe choisi parmi les c'est l'ange de l'Eternel qui porte ce nom,
choses existantes , ou s'il fut en quelque et qui se dit être le chef de l'armée de
sorte une garantie physique donnée à l'Eternel. v. Micaël.
Noé, prouvant que l'organisation actuelle ARCllE, 1° de Noé : c'est le vaisseau
de l'atmosphère ne permettra plus un dé qui sauva ce patriarche et sa famille des
luge nouveau. Le chrétien ne peut regar eaux du déluge. ll porte en hébreu le
der l'arc-en-ciel sans un sentiment de même nom que celui qui est donné au
gratitude envers Dieu, et sans se rap coffret de jonc dans lequel Moïse fut placé
peler que Dieu lui renouvelle l'assurance par sa mère, Ex. 2, 3. On croit générale
de sa grâce et de sa miséricorde aussi ment que Noé mit cent-vingt ans à con
souvent qu'il fait paraître dans les airs struire l'arche, et qu'il y employa beau
ce brillant phénomène. C'est nous qui coup d'ouvriers ; cependant c'est une er
connaissons vraiment le message de la reur qui provient sans doute de Gen. 6,
paix, et qui pouvons à plus juste titre que 3. Noé avait six cents ans quand le dé
les païens appeler l'arc-en-ciel Iris deo luge vint sur la terre 7, 6. Cent ans au
rum nuntia. paravant, à l'àge de cinq cents ans, il
— Arc de triomphe; c'est ainsi que la n'avait pas encore d'enfant, 5, 32.; or,
ARC 81 ARC

quand Dieu lui ordonna de construire c'est l'impossibilité prétendue de loger


l'arche, il avait déjà trois fils, et tous les dans l'arche un aussi grand nombre
trois mariés, ce qui suppose déjà, pour d'animaux. Pour rendre l'objection plus
le temps d'alors, un àge assez avancé, forte, il n'y a qu'à faire l'arche aussi pe
soixante à quatre-vingts ans, ou même da tite, et le nombre des animaux aussi
vantage. Il n'y mit donc qu'une vingtaine grand que possible; mais il y a des limites
d'années tout au plus, et peut-être deux à tout, même à la valeur des objections.
ou trois seulement; d'ailleurs il n'est pas L'arche était un édifice immense, et tel
nécessaire de supposer un si long espace qu'il n'y a guère de grand temple en Eu
de temps, et Dieu fut le principal archi rope qui présente une masse à lui com
tecte de l'arche dont Noé ne fut que l'ou parer. Quant aux animaux, il est sûr,
vrier en chef. puisque Dieu se proposait simplement
La forme de ce bâtiment était un grand d'en conserver les espèces différentes,
carré long, avec un fond plat, et un toit qu'il n'aura pas fait entrer dans l'arche
légèrement incliné ; il n'avait ni voiles ni des subdivisions de ces espèces, prove
cordages, et ses deux extrémités n'étaient nant de croisements successifs, mais seu
point taillées de manière à fendre les lement les espèces primitives et princi
eaux ; l'arche n'était point faite pour vo pales. Or, si l'on porte à 130 ou 140 le
guer, mais pour flotter seulement, et pour nombre des espèces bien tranchées de
surnager, et sa disposition offrait la plus quadrupèdes qui vivent sur la terre, à
grande rèsistance possible aux courants 160 celui des oiseaux, et à 30 ou 40 celui
et à I'agitation des eaux ; elle n'aurait pu des reptiles qui n'ont pu se réfugier sous
que très difficilement se voir entraînée le sol et y demeurer dans un état d'en
dans les mers. ll ne faut pas oublier que gourdissement, comme cela peut avoir eu
l'Eternel lui-même s'était chargé d'en lieu pour les serpents, l'arche se trou
être le pilote. verait avoir été plus que suffisante pour
L'arche avait 300 coudées de long, 50 contenir tous les animaux qui durent y
de large, et 30 de haut, c'est-à-dire en entrer, avec la nourriture nécessaire à
viron 162 mètres de long, 27 de large, tous pendant une année. D'ailleurs, s'il
et 16",20 de haut, soit plus de 70,000 m. y a de gros animaux, il ne sont pas tous
cubes , en sorte qu'elle était calculée de gros : on n'en connaît que six espèces
manière à pouvoir porter plus de 80,000 plus grandes que le cheval; il y en a peu
tonneaux, soit 80,000,000 kilog. qui soient aussi grandes, et il y en a un
Elle était divisée en trois étages, le fort grand nombre qui sont au-dessous de
fond de comble non compris, chacun des la brebis. Le premier étage à lui seul au
quels, déduction faite des planchers, de rait reçu tous les quadrupèdes; au second
vait avoir 4 à 5 mètres de hauteur, et se aurait été leur nourriture ; et le troisième
distribuait sans doute en un grand nom présente assez d'espace pour loger les
bre de loges et de compartiments. Il est oiseaux et les reptiles, puis Noé et sa fa
à présumer aussi que ce bâtiment était mille avec les provisions nécessaires. Des
construit de manière à recevoir du jour calculs très détaillés et très exacts ont
et de l'air par les côtés, et qu'il y avait amené là-dessus les résultats les plus sa
par-dessus le toit quelque grande cou tisfaisants, qu'il n'est pas difficile de véri
verture en peau, qui, s'abattant par de fier. En outre, la position particulière et
vant les croisées, empêchait l'entrée de tout exceptionnelle où se trouvaient les
la pluie , mais cette circonstance, comme animaux, aura influé sur leurs rapports
tant d'autres qui regardent le détail de entre eux (rapports du reste que nous
la construction, peut avoir été passée sous ne connaissons pas pour les temps anté
silence. Ce serait en écartant cette espèce diluviens), comme aussi sur leurs rap
de contrevent que Noé aurait reconnu la ports avec l'homme, de manière à faciliter
fin du déluge, 8, 13. beaucoup les soins qu'on était obligé de
Le grand cheval de bataille des incré leur donner.
dules contre cette histoire miraculeuse, On objecte de même souvent, qu'à cette
6
ARC 82 ARC

époque peu avancée de l'industrie, il était le lieu très saint, et au grand jour des
presque impossible de construire un bâ expiations, le souverain sacrificateur ve
timent d'une telle grandeur, et de le met nait et répandait sur le propitiatoire le
tre en état de résister aux vagues de l'O- sang des victimes immolées. Il est facile
céan universel. Mais l'antiquité tout en de voir que ce coffret mystérieux était
tière, même la plus reculée, a pris soin un type de notre Seigneur Jésus-Christ:
de répondre à cette objection. L'indus c'est lui qui a réellement magnifié la loi
trie s'est développée bien longtemps a de Dieu, tout en faisant propitiation pour
vant le commerce, presque en même temps nos péchés ; il est notre alliance avec le
que l'agriculture, et nous possédons dans Saint des saints, et c'est en lui qu'a brillé
les pyramides, et dans les ruines les plus toute la gloire du Père.
anciennes des pays classiques, le témoi Maintenant qu'est-elle devenue, cette
gnage irréfutable d'un vaste esprit d'en arche de l'alliance ? On n'en sait rien et
treprises, et d'une connaissance éton l'on n'a pas besoin de le savoir, puisque
nante et profonde de la mécanique et des la présence de notre Dieu n'est plus at
autres arts, chez les hommes des siècles tachée à aucune chose périssable, mais
passés. Le grand temple de l'Inde percé que nous pouvons le trouver partout où
dans une montagne, et le mur de la Chine, nous sommes avec un cœur pur et des
SOnt d'ailleurs des travaux bien autre mains nettes. Toutefois, voici quelques
ment gigantesques, et Dieu n'en a pas mots sur les traditions relatives au sort
été l'architecte et l'ordonnateur, comme final de cet ustensile sacré qui fut si long
il le fut de l'arche destinée à faire sur temps, pour les Juifs, l'objet de leur
nager ses huit sur le chaos et les débris juste vénération. D'après 2 Maccab. 2,
d'un monde qui allait cesser d'être. 4. et sq., Jérémie aurait caché l'arche
L'arche fut faite de bois de gopher (q. dans une caverne de la montagne où
v.), et Noé l'enduisit de bitume. Après Moïse était monté peu avant sa mort
qu'elle eut vogué pendant cinq mois en (Pisga), afin que personne ne la pût trou
viron, elle s'arrêta sur le mont Ararat en ver jusqu'au jour où le Seigneur rassem
Arménie. v. Déluge ; — Sermons de Ro blerait de nouveau son peuple. Théo
chat, etc. phylacte, Epiphane et le rabbin Joseph
2° Arche de l'alliance. Le mot hébreu Ben-Gorion racontent la même histoire,
que nos traductions rendent par Arche, mais sur la foi de ce même témoignage,
Ex. 37, 1., et ailleurs, n'est pas le même de sorte qu'il n'y a qu'une seule source
que celui qui désigne le vaisseau de Noé. pour cette tradition. Toutefois, en l'ab
L'arche de l'alliance était un coffret de sence d'autres données , celle-là pour
bois de sittim, d'environ 1m,62 de lon rait avoir quelque poids. La Bible
gueur, large de 1m,08 , et profond d'au n'en dit plus rien. Lorsque Cyrus ren
tant. Il était garni de plaques d'or pur dit à Esdras, Esd. 1, 7., les vases que
en dehors et en dedans ; il avait en Nébucadnetsar avait emportés , nous n'y
dehors une corniche également d'or, et trouvons pas un mot sur l'arche; les Juifs
il était recouvert d'une table en or mas sont d'accord pour dire qu'elle ne se trou
sifappelé le couvercle ou le propitiatoire, vait pas dans le second temple, et lors
sur lequel se tenaient deux chrérubins. que Josèphe (Bell. jud.) énumère les ob
Ils étaient l'un vis-à-vis de l'autre, regar jets qui ont été emmenés par Titus triom
dant le propitiatoire qu'ils couvraient de phant, il nomme la table d'or, le candé
leurs ailes ; c'est du milieu d'eux que l'E- labre et la loi; et sur l'arc de Titus dont
ternel rendait ses oracles, Ex. 25, 22. on admire encore les restes bien con
Nomb. 7, 89. cf. 2 Rois 19, ſ5. Ps. 80, 1., servés, on ne trouve parmi les dépouilles
et qu'il manifestait visiblement sa gloire du temple que le candélabre et la table.
et sa présence. Dans l'arche se trouvaient Tout cela prouve assez clairement qu'au
la cruche d'or avec la manne, la verge retour de la captivité, l'arche d'alliance
d'Aaron qui avait fleuri, et les tables de n'existait plus pour les Juifs.
l'alliance, Héb. 9, 4. Elle était placée dans Quelques rabbins s'appuyant sur 2 Chr.
ARC 83 ARC

36, 10., ou sur 2 Rois 20, 17. et 24, 13., tour dans la terre promise.
prétendent qu'elle fut détruite et emme Quant à nous , ce qui nous paraît à la
née à Babylone avec les autres trésors fois le plus probable et le plus simple,
du palais et du temple , cependant il est c'est que les sacrificateurs, sachant que
peu probable qu'elle soit tombée entre la captivité ne devait durer que soixante
les mains des Caldéens , car on ne sau et dix ans, auront mis de côté les mo
rait comprendre pourquoi il n'est jamais numents les plus précieux de leur culte,
parlé de ce monument précieux, ni dans et que Jérémie le prophète, en réponse
le récit des choses emmenées, ni dans la peut-être à une demande qui lui aura été
liste des effets rendus à Esdras. adressée par le sacrificateur, aura indiqué
Selon d'autres, elle aurait été détruite le moment précis où devait avoir lieu
lors de la ruine de Babylone, ou par ac l'invasion : on l'aurait ainsi prévenue en
cident, ou à dessein ; car, d'après Es. 37, Se hâtant d'enfouir quelques-uns des va
19., les Assyriens avaient coutume de Ses sacrés. Puis au retour de l'exil , les
jeter au feu les dieux des nations vain Juifs, toujours entourés d'ennemis et de
cues. Aucun auteur juif n'admet cette difficultés de tout genre, auront voulu
supposition ; les chrétiens au contraire attendre des temps meilleurs et l'érec
l'ont presque tous acceptée en se fon tion du second temple, avant de sortir de
dant sur Jér. 3, 16. : dans ce passage le leur retraite ces monuments ensevelis,
prophète exprime en effet l'idée que, et à force de délais on aura perdu la con
dans les temps à venir , l'arche ne sera naissance exacte des détails et de l'em
plus honorée comme le seul trône de l'E- placement; il n'en sera plus resté qu'une
ternel; mais il parle par opposition à la tradition vague et peu solide, appuyée,
vénération supertitieuse que les Juifs de comme toujours, sur un fond de vérité,
son temps, après la réformation de Jo mais amplifiée et défigurée par de cu
sias, avaient pour les objets visibles de rieuses conjectures rabbiniques, ou par
leur culte, et il veut dire qu'un temps l'imagination des poètes.
viendra où le véritable temple de l'Eter ARCHELAUS, fils d'Hérode le Grand,
nel sera dans les cœurs de son peuple : par la samaritaine Malthace, sa cinquième
ce passage ne peut donc pas s'entendre femme. Ce fut le plus cruel et le plus
à la lettre. sanguinaire des fils d'Hérode. Celui-ci ,
Il ne reste plus maintenant que la troi après avoir fait mourir ses fils Alexandre,
sième supposition, c'est que l'arche ait Aristobule et Antipater, et après avoir
été cachée. C'est la supposition des Juifs:
interdit à Hérode Antipas toutes préten
ils sont, à peu d'exceptions près, d'ac tions au trône, s'établit pour successeur
cord sur ce point. Selon eux, Josias, Archélaüs, en réservant toutefois l'agré
averti des maux qui allaient fondre sur ment de l'empereur. Le peuple et l'armée
le peuple de Dieu, 2 Chr. 34, 24., cacha parurent satisfaits du choix d'Hérode,
l'arche dans l'intérieur de la montagne, et prêtèrent à Archélaüs le serment de
au-dessous du temple, dans une retraite fidélité. Le nouveau monarque fit à son
préparée déjà par Salomon pour cet effet. père de magnifiques obsèques, solennisa
Ils allèguent 2 Chr. 35, 3., qui semble un deuil de sept jours, et fit de grandes
rait prouver le contraire de ce que les réjouissances populaires. Ayant rassem
Juifs prétendent ; mais ils I'expliquent blé la multitude dans les cours du temple,
en disant que l'ordre même qui est donné il promit de gouverner avec douceur et
de remettre l'arche à sa place, indique de ne prendre le titre de roi qu'après
qu'elle n'y avait pas été sous le règne de qu'il en aurait obtenu de Rome la per
l'impie prédécesseur de Josias, et qu'elle mission. Peu de temps après, la populace
avait été probablement mise en lieu de se réunit tumultueusement, demandant
sûreté.Conséquents avec eux-mêmes, ils la mort d'un homme par les conseils du
espèrent que le temps viendra où, par quel Hérode avait fait exécuter un Juif
une direction providentielle, l'arche sera zélé, qui avait arraché des portes du
retrouvée, et rendue au peuple de re temple l'aigle d'or qu'on y avait placée.
ARC 84 ARÉ
Le peuple demandait en outre que Joazas nemis, savoir ses frères et la femme de
fût dépouillé de la souveraine sacrifica Potiphar. Les archers de Dieu dont parle
ture, et il maudissait la mémoire d'Hé Job 16, 13., étaient les afflictions et les
rode le Grand. Pour se venger de ces terreurs qui étaient venues fondre sur
insultes, Archélaüs envoya ses troupes lui, et qui avaient produit sur son âme
contre la multitude , et massacra 3,000 des effets tels que feraient des flèches
hommes sur le lieu même du rassemble empoisonnées. — Les Benjamites pas
ment près du temple. Tout cela se passait saient pour excellents archers, 1 Chr. 8,
l'année même de la naissance de notre 39. 40. 2 Chr. 14, 8. 17, 17., de même
Sauveur. que les Philistins, 1 Samuel, 31, 3., et
Cependant Archélaüs ne tarda pas à les Hélamites, Es. 22, 6. Jér. 49, 35.
partir pour Rome, pour y solliciter la Ezéch. 32, 24.
confirmation du testament de son père, ARCHlPPE, ministre du saint Evan
tandis que de son côté , Hérode An gile à Colosses. Les membres de cette
tipas demandait qu'un testament anté Eglise sont invités par Paul à exciter leur
rieur, qui le faisait héritier , fût seul pasteur à la diligence et au courage dans
déclaré valide , comme ayant été écrit l'œuvre de son maître, Col. 4, 17. Paul
dans un moment où leur père jouis le salue dans sa lettre à Philémon, v. 2.
sait mieux de toutes ses facultés. Au AREOPAGE, Act. 17, 19. Tribunal su
guste, ayant entendu les parties, ajourna prème des Athéniens, célèbre par la jus
la sentence. D'autre part, la nation tice de ses sentences. Institué par Solon
juive pétitionnait auprès de l'empereur comme cour de judicature, il fut dans la
pour que les prétentions de la famille suite élevé au rang d'un conseil d'Etat,
d'Hérode tout entière, fussent écartées, puis dépouillé de nouveau d'une partie
et que la Judée fut annexée à la Syrie de ses attributions par Périclès, puis en
comme province romaine. Après un délai core réintégré dans ses droits après la
de quelques jours, l'empereur investit Ar chute des trente tyrans. Présidés par l'ar
chélaüs d'une partie des domaines de son chonte, ils jugeaient les causes de meur
père, avec le titre d'Ethnarque ou chef tre , de blessures graves, d'incendie,
du peuple , lui promettant la couronne d'empoisonnement, et toute atteinte au
s'il la méritait par sa conduite. A son respect dû aux dieux de la patrie. L'aréo
retour en Judée, Archélaüs déposa Joazas page tirait son nom de la colline, ou du
de sa charge, sous prétexte qu'il avait faubourg où il tenait ses séances, lequel
excité des séditions parmi le peuple, et était consacré au dieu Mars (Arès), et
le remplaça par Eléazar, frère de Joazas. qui s'élevait, dans Athènes, à l'ouest de
Mais, au bout de sept ans, les Juifs et les l'Acropolis, citadelle séparée de la ville
Samaritains, fatigués de ses violences et basse par une muraille. C'est du haut
de sa tyrannie, le dénoncèrent à l'empe de cette colline ( et non point de
reur. Contraint de comparaître, il se vant des juges, mais devant le peuple)
rendit à Rome, fut condamné à l'exil , et que saint Paul adressa la parole aux
finit ses jours à Vienne en Dauphiné. — philosophes épicuriens et stoïciens qui
Ce fut le caractère cruel de ce prince qui avaient désiré de l'entendre.
détourna Joseph et Marie de résider en ARÉTAS (vertueux). Il y eut sous ce
Judée avec le petit enfant Jésus, Matth. 2, nom plusieurs petits rois qui régnèrent
22. 23. à l'est de Canaan, vers les frontières de
ARCHERS, guerriers ou chasseurs se l'Arabie, sur le pays de Ghassan. Mais
Servant d'arcs. Avant l'invention des ar l'Ecriture ne parle que de celui qui suc
mes à feu, l'usage de l'arc était presque céda à Obodas, et qui fut le beau-père
universel , et il remonte à la plus haute d'Hérode Antipas. Son gendre, amoureux
antiquitè, Gen. 21 , 20., Jér. 51, 3. Les d'Hérodias, femme d'Hérode son frère,
archers qui avaient donné beaucoup d'a- et ayant poussé sa première femme à de
mertume à Joseph et qui avaient tiré con mander une séparation, Arétas, père de
tre lui, Gen. 49, 23., signifient ses en l'épouse congédiée, résolut de la venger.
ARG 85 ARI

A ce grief vinrent encore s'ajouter quel le symbole de la charité.


ques contestations à propos des frontières ARGOB. 1° Contrée de Basan, appar
des deux Etats; la guerre commença, l'ar tenant à la demi-tribu de Manassé; elle
mée d'Hérode fut entièrement battue. Hé était extrêmement fertile, surtout en oli
rode s'en plaignit à Rome, et Vitellius fut viers, et contenait soixante villes fermées,
chargé de punir l'Arabe; mais ayant ap que Jaïr, fils de Makir, répara et qu'il ap
pris la mort de Tibère (37 ap. C.), il fit pela de son nom bourgs de Jaïr. Cette
rentrer ses troupes en quartier d'hiver. contrée se nommait sans doute Argob, du
C'est vers cette époque qu'Arétas doit nom de sa capitale, ou de celui de quelque
avoir occupé Damas et y avoir placé l'eth Amorrhéen célèbre auquel elle aurait au
narque dont il est question 2 Cor. 11, 32. trefois appartenu, Deut. 3, 4.14. 1 Rois
cf. Act.9,24. Plus tard un intrigant, nom 4. 13.
mé Syllaeus, essaya de nouveau de perdre 2° Argob et Arié, inconnus. Leur nom ne
Arétas dans l'esprit de l'empereur, qui, se trouve que 2 Rois 15, 25., mentionné
ayant démasqué le traître, confirma solen à propos de la conspiration de Pékach,
nellement le roi de Ghassan dans son au dont on ne sait pas s'ils furent les com
torité. plices ou les victimes : la phrase dans l'o-
ARGENT. Il ne paraît pas que ce mé riginal, comme dans nos traductions, per
tal ait été en usage avant le déluge ; du met l'une et l'autre interprétation, mais
moins les seuls métaux mentionnés dans favoriserait davantage l'idée qu'ils suc
la Biblejusqu'à cette époque sont le cuivre combèrent dans la défense d'Hazaria leur
et le fer, Gen. 4, 22. Mais dès le temps l'0l.
d'Abraham nous le voyons employé pour ARIÉ, v. Argob.
le commerce et les arts : Joseph avait une ARIEL, Es. 29, 1., mot composé qui
coupe d'argent, 44, 2.8., et les Egyptiens peut signifier lion de Dieu ou foyer de
avaient des vases et autres ustensiles du Dieu; cette dernière signification se justi
mème métal, Ex. 12, 35. Nomb. 7, 13. fie davantage par la comparaison de Ezéch.
10, 2. Comme monnaie, les patriarches 43, 15.16. (Hariel est mis par erreur), où
s'en servaient déjà, Gen. 20, 16. 23, 16. ; le prophète donne ce nom à l'autel des
il n'était pas frappé au coin, mais on l'es holocaustes. C'est un nom prophétique et
timait au poids en morceaux ou lingots, symbolique de la ville de Jérusalem, la
selon qu'il était plus ou moins pur. A l'é- ville forte et vaillante qui doit être le foyer
poque même de la destruction de Jérusa et l'autel de Jéhovah. Dans le premier
lem par les Babyloniens, nous voyons le sens, l'allusion porterait sur la force de
prophète Jérémie acheter le champ de son ses moyens de défense dans la guerre.
cousin Hanaméel, et lui peser 17 sicles ARIMATHEE, ville de Judée, que quel
d'argent (198 grammes) en échange, Jér. ques écrivains pensent être la même que
32, 9. Plusieurs passages nous autorisent Ramathajim Tsophim, 1 Sam. 1, 1., la pa
à penser que l'exploitation de ce métal, trie de Samuel le prophète, dans le voisi
et l'art de le raffiner et de le travailler, nage de Béthel. Suivant Clarke et Buck
étaient connus des Israélites; cf. Job. 28, ingham, Arimathée est sur la route de
1.Ps. 12, 7. 66, 10. Prov. 10, 20. 17, 3. Jérusalem à Joppe, à l'extrémité d'une
27, 21. Ezéch. 22, 22. Zach. 13, 9. 1 Chr. vaste et fertile plaine, à 50 kilomètres en
29, 4. et ailleurs. Les Phéniciens, ces rois viron nord-ouest de Jérusalem. C'est dans
du commerce d'alors, tiraient surtout l'ar cette ville que demeurait l'honorable con
gent de l Espagne, et l'apportaient en lin seiller juif qui demanda la permission
gots, Ezéch. 27, 12., ou en plaques, Jér. d'ensevelir Jésus dans un sépulcre neuf
10.9. qui lui appartenait. Matth. 27, 57. Luc 23,
Le nom hébreu de ce métal (kèseph) 50. v. Rama.
signifie pâle, et dérive d'un verbe qui si AR10C ou ARJoC. 1° Roi d'Ellasar. un
gnifie être pâle, languir après quelque des alliés de Kédor-Lahomer, Gen. 14, 1.
chose d'aimé. C'est pour cela sans doute Du reste, inconnu.
que chez eux largentaété regardé comme 2° Capitaine des gardes de Nébucad
ARM 86 ARM

netsar qui reçut l'ordre de faire périr celle d'Abija, 400,000 hommes (ibid.), et
tous les sages de Babylone. A la demande enfin celle de Josaphat, qui se composait
de Daniel, il suspendit l'exécution et in d'environ 1,200,000 combattants (17, 14
troduisit ce prophète devant le roi, pour 18.). Un nombre aussi considérabled'hom
lui révéler le songe qui l'inquiétait, et lui mes, levés sur un espace de terrain assez
en donner l'explication, Dan. 2, 14. pe, étendu, peut sembler étonnant; mais
ARISTARQUE, natifde Thessalonique, il faut se rappeler que ces armées ne se
un zélé chrétien qui accompagna Paul à composaient pas de troupes régulière
Ephèse, et faillit perdre la vie dans le tu ment organisées, soudoyées et entrete
multe qu'excita l'orfévre Démétrius. Il nues par leurs gouvernements : ce n'é-
suivit Paul en Grèce, de là en Asie, puis taient que des levées en masse dans les
à Jérusalem; on dit qu'il fut mis à mort quelles se rencontraient tous les Israélites
dans la capitale de l'Empire, en même en état de porter les armes, vieillards ou
temps que l'Apôtre. Act. 19, 29. 20, 4. jeunes gens, riches ou pauvres, hommes
27, 2. Col. 4, 10. de toutes classes, espèces d'armées sem
ARISTOBULE passe pour avoir été blables à celles que Xercès lança sur la
frère de Barnabas et l'un des soixante et Grèce, semblables encore à celles du turc
dix disciples; on dit même qu'il prêcha Bajazet, du tartare Tamerlan, ou aux
l'Evangile en Angleterre avec de grands armées ecclésiastiques des croisés du
Succès. Mais en réalité l'on ne sait rien moyen âge. Après la guerre, chacun de
de positif sur son compte ; on ne sait pas ceux qui en revenaient reprenait son mé
même s'il fut chrétien, puisque ce n'est tier et le cours interrompu de ses occu
pas lui mais sa famille ou ses serviteurs pations. Il va d'ailleurs sans dire que les
que saint Paul salue Rom. 16, 10. chiffres indiqués plus haut ne sont, avec
ARJOC, v. Arioc. tOute l'exactitude désirable, que des nom
ARKEVIENS, Esd. 4, 9., peuplade issue bres ronds tels que nous les marquerions
probablement de Erec, Gen. 10, 10. q. v. nous-mêmes en pareils cas. v. Nombres.
ARKIEN, Jos. 16, 2. 4., (et Arkite, | Avant le règne de David, les Israélites
2Sam. 15, 32.) Arki était une ville de la ne combattaient qu'à pied, et chaque sol
tribu d'Ephraïm, près de Béthel : peut dat portait ses vivres avec lui. La plupart
être faut-il joindre à ce nom celui de Ha de ses successeurs n'eurentque des gardes
taroth qui suit, de sorte que ce serait le du corps, et toute leur armée se composait
même endroit que Hatroth-Addar au v. 5. de milices. Lorsque les Hébreux étaient à
ARMAGEDDON, Apoc. 16, 16. Ce la veille d'une bataille, il se faisait une
mot semble dérivé de Méguiddo, la plaine prOclamation par laquelle étaient invités
où Barac, avec 10,000 hommes découra à se retirer tous ceux qui avaient nouvel
gés et presque sans armes, mit en dé lement bâti une maison ou planté une vi
route la formidable armée des Cananéens, gne, ceux qui étant fiancés n'étaient pas
Jug. 4 et 5, et où le pieux roi Josias fut encore mariés, et tous ceux qui se lais
blessé à mort dans la bataille contre Néco, saient influencer par la peur, Deut. 20,
roi d'Egypte, 2 Chr. 35, 22. C'est le nom 5-8.; puis les sacrificateurs sonnaient
hébreu donné par saint Jean au lieu qui de la trompette et exhortaient ceux qui
sera le théâtre de la destruction des trou étaient demeurés à se confier dans l'as
pes ennemies sous la sixième fiole. Sera sistance du Seigneur (ibid.).
ce en Italie, en Judée, ou dans les deux Les Hébreux sont souvent représentés
contrées à la fois, ou ailleurs ? C'est ce comme l'armée de l'Eternel, ils mar
qu'il n'est pas possible de déterminer; le chaient sous ses ordres, lui-même étant
sens littéral est préférable. leur prince et leur général ; quelquefois
ARMEES. Les plus nombreuses ar il désignait leurs chefs et traçaient leurs
mées dont il soit parlé dans la Bible, sont plans de campagne , les ministres de ses
celles de Zérah,forte d'un million d'hom autels étaient chargés de donner le signal
mes et plus, 2 Chr. 14, 9., celle de Jé du combat, Jos. 5, 14. Dan. 8, 10. 11.
roboam, de 800,000 hommes (ib. 13, 3.), Les anges, les ministres, les hommes zé
ARM' 87 ARM

lés, les astres, les sauterelles, les troupes heure dans cette contrée, et il y est en
romaines, et en général toutes les créa core professé. Les Arméniens font un
tures composent la grande armée du Sei commerce très étendu avec l'Inde, la
gneur; il s'en sert pour la défense de son Perse et la Turquie, où ils ont des éta
peuple et pour l'extermination de ses en blissements.
nemis : toujours elles sont prêtes à obéir L'Arménie est un pays de montagnes;
à ses commandements, Ps. 103, 21. 68, les hivers y sont très froids; mais en été,
12. Dan. 4, 25. Joël2, 7.25. Matth. 22, 7. et dans les vallées surtout, la tempéra
L'armée des cieux et toutes ces brillantes ture y est extrêmement élevée.
étoiles du firmament appartiennent au su Elle ne se trouve nulle part mention
prême Créateur de toutes choses, qui est née dans la Bible SOuS le nOIn même d'Ar
appelé l'Eternel des armées, le Dieu des ménie, mais on croit qu'elle est désignée
cieux et de la terre , parce que sa puis en divers passages par les mots de Ararat,
sance s'étend sur toutes choses : il com Gen. 8, 4., de Thogarma, 10, 3. et de
mande, et ils obéissent. Le nom de l'E- Minni, Jér. 51, 27.: v. ces articles.
ternel des armées, qui ne paraît jamais ARMES. On trouve, en général, em
dans le Pentateuque ni dans les Juges, ployées chez les Hébreux les mêmes armes
est très fréquemment employé par Esaïe, que chez les autres nations d'alors, 1 Sam.
Jérémie, Zacharie et Malachie ; on trouve 17, 5. sq. 2 Chr. 26, 14. Néh. 4, 13. 16.;
encore : Eternel, Dieu des armées, Ps. 59, mais il est difficile de rien préciser ni
5., et le Seigneur, l'Eternel des armées, sur la forme de ces armes, ni sur les ma
Es. 10, 16. Les armées désignent dans tières dont elles étaient faites. On distin
cette locution les puissances célestes et guait :
spirituelles, essentiellement les anges, 1° Parmi les armes défensives, a. le
par opposition aux choses de la terre. bouclier; b. le casque, 2 Chr. 26, 14.
ARMENIE, contrée d'Asie, bornée au Jér. 46, 4. cf. Eph. 6, 17; d'airain, 1 Sam.
nord par la Colchide et l'Ibérie, à l'est 17, 5. 38.; c. la cuirasse, qui recouvrait
par la Médie, au sud par la Mésopotamie, le ventre et la poitrine, 1 Sam. 17, 38.
à l'ouest par la Cappadoce, enfin au sud Néh. 4, 16. 2 Chr. 26, 14., ordinaire
ouest par l'Euphrate et par la Syrie. Elle ment d'airain, et souvent de lames d'ai
fut conquise par Astyage le Mède, qui rain disposées en écailles. Pour blesser
lui laissa ses propres rois tout en se la un guerrier cuirassé, il fallait l'atteindre
rendant tributaire. Sous Cyrus, elle de à l'endroit des jointures et de l'agence
vint une simple province de la Perse, ment des deux pièces principales de la
dont elle continua de faire partie jus cuirasse, cf. 1 Rois 22, 34. d. Les jam
qu'au moment de la conquête de l'em bières : espèce de bottes destinées à cou
pire par Alexandre. Après lui, elle échut vrir l'os de la jambe, aussi d'airain, 1 Sam.
en partage aux rois de Syrie, qui la pos 17, 6.; elles étaient fréquemment em
sédèrent jusqu'à Antiochus le Grand, ployées par les guerriers de l'antiquité,
sous le règne duquel cette province se Iliade 7, 42. Enéide 11, 777. e. Il est en
révolta et se partagea en deux royaumes, core parlé, Es. 9, 4., suivant quelques
la grande et la petite Arménie. Environ traductions, d'une espèce de soulier mi
cinquante ans avant Christ, elle tomba au litaire, ou bottine de cuir (lat. caliga)
pouvoir des Romains, auxquels les Arabes garnie de fortes pointes; c'est le mot
ou Sarrasins l'enlevèrent du temps de que nos versions rendent par tumulte.
Justin II, empereur d'Orient ; cinquante 2° Armes offensives. a. L'épée, qu'on
ans après, elle fut envahie par les Tar ceignait autour du corps avec une cein
tares; en 1472 elle fut annexée de rechef ture de cuir; les Juifs, comme l'infan
à l'empire perse, jusqu'à l'an 1522, où terie romaine, portaient l'épée du côté
elle fut conquise par les Turcs dont elle gauche : on a voulu prouver le contraire
est encore, en majeure partie, la pro par l'histoire d'Ehud, Jug. 3, 16. 21.,
priété. mais l'historien fait précisément remar
Le christianisme pénétra de bonne quer l'exception dans le fait de ce guer
ARM 88 ART

rier qui était gaucher, v. 15. L'épée se ARNON, rivière ou torrent dont il est
mettait dans un fourreau, 1 Sam. 17, 51. fréquemment parlé dans l'Ecriture,Nomb.
1 Chr. 21, 27.; souvent elle était à deux 21, 13.22, 36. Deut. 2, 24.36. 3, 8. 12.4,
tranchants, Jug. 3, 16. Prov. 5, 4. cf. 48. Jos. 12, 1.2. 13, 15-16. Jug. 11, 18.
Héb. 4, 12.b. La lance, hallebarde ou ja Es. 16, 2. Jér. 48, 20. Il prend sa source
velot, dont, parfois, on se servait pour dans les plaines du plateau de Galaad,
le combat corps à corps, et qui, d'autres brise la chaîne des hauteurs qui limitent
fois, se lançait contre l'ennemi : ce der le désert , coule au sud-ouest dans un
nier cas était le plus rare, 1 Sam. 19, 10. étroit et sombre ravin, au milieu de vastes
20, 33. La hampe était ordinairement de et fertiles plaines, le long de la frontière
bois et se terminait par une pointe de fer de Moab, et se jette dans la mer Morte.
ou d'airain, 1 Sam. 17, 7. 2 Sam. 21, 16. Bamoth-Arnon, Nomb. 21, 28., est le
19. Nah. 2, 3. (dans ce passage le mot nom propre d'une petite ville maintenant
traduit par sapin se rapporte à la hampe inconnue, ou bien il doit se traduire les
de la lance, le contexte le prouve suffi hauteurs d'Arnon, ce qui se rapporte
samment). c. L'arc (q.v.) avec ses flèches. rait aux rives escarpées et rocheuses du
d. La fronde. e. On peut croire, enfin, fleuve.
qu'il s'agit encore d'une hache d'armes, ARPACSAD (qui guérit), Gen. 11, 10
Ps. 35, 3. (au lieu de lance), et d'un mar 13. 10, 22. 1 Chr. 1, 17. ou Arphaxad,
teau de guerre, Prov. 25, 18.; mais ce Luc 3, 36., fils de Sem, maquit deux ans
n'est pas très clair. après le déluge; c'est de lui qu'Abraham
Quant à l'usage des anciens d'ensevelir descendait par Sélah, à la septième géné
avec un guerrier les armes dont il se ration. Il mourut l'an 1916 av. C., âgé
servait pendant sa vie, on peut en trouver de quatre cent trente ans. Abraham était
une trace Ezéch. 32, 27. On suspendait alors déjà en Canaan, et séparé de Lot
volontiers dans les temples, ou bien on depuis une année environ.
brûlait par morceaux, les armes prises ARPAD, ville de Syrie, probablement
sur l'ennemi, Ez. 39, 9. (Es. 9, 3. ?) Il voisine de celle de Hamath avec laquelle
paraît que les rois d'Israël avaient des elle est presque toujours nommée. Quel
arsenaux ; du moins, nous voyons que ques-uns la confondent avec Arvad en
David, Cant. 4, 4., Salomon, 2Chr. 9, 16. Phénicie, mais il est plus probable que
Roboam, 11, 12., Hosias, 26,14. et Ezé c'est l'Arphas de Josèphe, située au nord
chias, Es. 39, 2. en avaient. Le temple est de Bassan. 2 Rois 18, 34. 19, 13. Es.
lui-même servit à ces dépôts, 1 Sam. 21, 10, 9. 36, 19.
9. 2 Chr. 23, 9. ARTAXERCES, ou plutôt Arthach
Les armes de Dieu sont, dans un cer schaschtha, signifie, en vieux persan, un
tain sens, tous les moyens que le Sei grand roi. C'était un nom générique, et
gneur emploie pour défendre son peuple en quelque sorte un titre donné aux rois
et le faire triompher de ses ennemis; de Perse. Plusieurs rois de ce nom sont
dans un autre SenS, CeS armeS SOnt les mentionnées dans l'Ecriture, mais il règne
secours mêmes qu'il prête aux fidèles, beaucoup d'incertitude sur l'identité de
pour combattre le bon combat de la foi ces rois avec ceux dont nous parle l'his
contre le péché, le monde et Satan. Ps. toire profane. Ces noms, qui n'étaient
35, 2. Eph. 6, 11-20. souvent que les noms généraux des rois
ARMONI, fils de Saül et de Ritspa, et d'une dynastie ou des titres honorifiques
Méphiboseth, son frère (qu'il ne faut pas accordés à quelques-uns d'entre eux, va
confondre avec le fils de Jonathan), fu riaient en outre si facilement, soit par
rent livrés par David, de même que cinq le changement des voyelles, soit par le
de leurs neveux, fils de Mical, aux Ga changement des consonnes, soit même
baonites, qui les mirent à mort, pour par l'addition ou le retranchement d'une
expier les crimes de Saül à l'égard de ou de plusieurs syllabes, en passant d'une
cette peuplade, 2 Sam. 21, 1.8.; ils fu langue à l'autre, du persan au grec, et
rent exposés en croix sur une colline. du grec au latin, que parfois ils sont
ART 89 ART

devenus entièrement méconnaissables. quête d'Esdras, cet Artaxercès permit aux


Il arrive ainsi que souvent plusieurs Juifs de reprendre la suite de leurs tra
rois portent un seul nom, comme aussi vaux et de pourvoir à la reconstruction
que plusieurs noms très différents ne du temple. L'édit qu'il promulgua à cet
servent à désigner qu'un seul et même effet est empreint d'un esprit de généro
personnage. De tout cela résulte une con sité, de paix et d'amour pour le bien du
fusion que les recherches historiques peuple de Dieu ; il permet aux exilés de
peuvent parvenir à débrouiller dans bien retourner dans leur patrie ; il leur per
des cas, mais qui parfois déroute aussi la met de faire des collectes , de recueillir
critique. Le cas actuel en est un exemple : autour d'eux l'or et l'argent dont ils au
nous trouvons dans la Bible trois Arta ront besoin, et de l'employer comme il
xercès différents ; mais il n'est pas sûr leur semblera bon ; il leur rend les us
que le deuxième et le troisième ne soient tensiles et vases sacrés destinés au ser
pas le même, Artaxercès Longuemain; il vice de l'Eternel, et les autorise , en ou
est de mème possible que l'un des Arta tre, à puiser dans les trésors royaux
xercès soit identique avec l'un des Assué tout ce qui sera nécessaire pour les dé
rus q. v. penses de leur culte. Esdras est chargé
1° Celui qui est mentionné Esdr. 4, 7. d'établir des juges, des magistrats et des
8. est presque sans contestation le faux hommes capables d'appliquer les lois de
Smer lis. surnommé par d'autres Mardus, Dieu, et de les enseigner à ceux qui ne
par d'autres encore Speudata ou Oro les sauraient pas; enfin le roi exempte de
paste. Prétendu fils de Cyrus, et prétendu toutes charges , impôts et tributs , les
frère cadet de Cambyse, il fut porté au sacrificateurs, lévites, chantres, portiers,
trône des Perses par une révolution de porteurs d'eau, et autres employés du
prêtres (522 av. C.); mais son usurpation nouveau temple.
ne fut pas de longue durée : au bout de 3° Néh. 2, 1. 5, 14. 13, 6. C'est, sans
huit ans il fut renversé. Cédant aux me contestation , l'Artaxercès qui reçut le
nées des Samaritains, et en suite d'un surnom de Longuemain. Le commence
rapport de Réhum, Artaxercès fit défen ment de son règne ne se laisse pas pré
dre aux Juifs de continuer les travaux ciser très exactement ; selon les uns ils
commencés pour le rétablissement du commença 474 ans av. C., selon d'autres,
temple et de Jérusalem : il eut ainsi le et c'est plus probable , en 464 : il régna
temps, pendant son règne si court, d'être jusqu'en 425. Ce roi, qui accepta les ser
trouvé laisant la guerre à Dieu. Ces tra vices de Thémistocle exilé, avait pour
vaux restèrent interrompus l'espace d'en échanson un vieillard vénérable , Juif
viron soixante ans. d'origine, et dont la tristesse un jour le
2° Esdras 7, 1. 11.8, 1.Peut-être le fa frappa et l'irrita. « Que le roi vive éter
meux Xercès , époux d'Ester , sous le nellement, lui répondit l'échanson; mais
nom d'Assuérus, et successeur de Da comment mon visage ne serait-il pas
rius Hystaspe. La septième année de son abattu, puisque ma ville, qui est le lieu
règne tomberait sur l'an 478 av. C. Il est des sépulcres de mes pères , demeure
cependant possible , ainsi que nous l'a- désolée ? Si le roi le trouve bon , et si
Vons dit, que ce soit Artaxercès Longue ton serviteur t'est agréable , envoie-moi
main. C'est l'opinion de Bossuet, c'est en en Judée, vers la ville de mes pères,
core celle de plusieurs historiens; c'est pour la rebâtir. » Le roi et sa femme eu
celle de Gesénius, mais ce n'est qu'une rent égard à la prière du Juif qui, lui
0pinion ; les données manquent, et c'est même , nous a conservé ce récit; c'est
parce que les dates sont incertaines et Néhémie. Il obtint une escorte et des
fixées diversement , que les uns plaçant passeports pour son voyage , avec les
le retour des Juifs en 478 , le mettent pleins pouvoirs nécessaires pour se pro
sous Xercès ; les autres , le renvoyant à curer tous les matériaux dont il aurait
457, le placent sous le règne de Longue besoin ; il fut même fait gouverneur de
main. Tout cela importe peu. A la re Judée par Artaxercès. C'est de cet édit
ASA. 90 ASA

en faveur des Juifs qu'il faut partir pour brisa les statues. Mais, ajoute l'historien
COmpter les soixante et dix semaines de sacré, les hauts lieux ne furent point
Daniel ; Dan. 9, 24.25. « Cette impor ôtés, 1 Rois 15, 14.2 Chr. 15, 17., ob
tante date, dit Bossuet, a de solides fon servation qui est immédiatement suivie
dements. » de celle-ci : « et néanmoins le cœur d'Asa
ARTEMAS, Tite 3 , 12., était , selon fut droit devant l'Eternel tout le temps
toute apparence, un fidèle ministre de de sa vie. » Il paraît donc que c'est la
l'Evangile. Paul avait l'intention de l'en puissance, plutôt que la volonté, qui lui
voyer en Crète, lui ou Tychique, sans manqua pour achever entièrement l'œu
doute pour y remplacer Tite pendant que vre de réformation qu'il avait commen
celui-ci aurait été visiter l'apôtre à Nico cée; on voit de même qu'il ne put exter
p0lis. miner du pays toutes les prostituées qui
ARTSA, maître d'hôtel du roi Ela, et s'y trouvaient; 1 Rois 22, 47. — ll pro
gouverneur de Tirtsa, capitale du royaume fita de la paix dont il jouit pendant les
des dix tribus. C'est dans sa maison et quinze premières années, pour pourvoir
pendant un repas qu'Artsa donnait à son à la sûreté extérieure de son royaume ,
maître qu'Ela fut assassiné par Simri. en construisant des forteresses et en don
1 Rois 16, 9. nant à son armée une organisation plus
ARUMA , Jug. 9 , 41., ville dans le régulière ; 2 Chr. 14, 6. sq. La onziè
voisinage de Sichem. Eusèbe dit qu'elle me année de son règne, il fut attaqué
prit plus tard le nom de Remphin , et par le roi d'Ethiopie Zéraph (probable
qu'elle était située non loin de Diospolis; ment celui qui est nommé Sabacon par
mais v. Rama. Manetho, dans la chronique d'Eusèbe) ;
ARVADIENS, descendants de Canaan; les deux armées étaient immenses; mais
Gen. 10, 18.1 Chr. 1,16. Ils bâtirent, peu celle de l'Ethiopien était deux fois plus
après le déluge, la ville d'Arvad ou Ara forte que celle du roi juif. Elles se ren
dus, en Phénicie, sur une petite île au sud contrèrent dans la vallée de Tséphat; Asa
de Tyr, à la distance d'environ 5 kilom. cria à l'Eternel : « Aide-nous , car nous
du rivage, à l'embouchure du fleuve Eleu nous sommes appuyés sur toi » , et la
thère. En face de cette île, et sur la terre victoire se déclara en faveur de celui qui
ferme, se trouvait la ville d'Antaradus , avait prié. Dieu frappa les Ethiopiens ;
au nord de Tripoli. — Les Arvadiens les guerriers de Juda en firent un grand
s'étaient acquis la réputation d'habiles ma carnage et retournèrent à Jérusalem avec
rins , Ezéch. 27, 8.11., témoignage qui un riche butin , des brebis et des cha
est confirmé par Strabon; ils étaient gou meaux. Fortifié par cette délivrance mi
vernés par leurs propres rois et avaient raculeuse, et encouragé par le prophète
un commerce assez étendu, surtout de Hazaria , qui lui dit : « L'Eternel sera
puis que Tyr et Sidon eurent passé sous avec vous aussi longtemps que vous res
la domination syrienne. Cette ville compta terez avec lui », Asa continua de détruire
plus tard au nombre des alliés de Rome ; les idoles dans son royaume et dans les
1 Macc. 15, 23. On possède encore des villes qu'il avait prises, et rétablit la peine
monnaies arades. de mort contre « tous ceux qui ne recher
ASA, troisième roi de Juda, fils et suc cheraient pas l'Eternel de tout leur cœur. »
cesseur d'Abija. (Il régna quarante et un Il rassembla son peuple à Jérusalem : un
ans, 955-914 av. C. ) Il épousa Hazuba, grand nombre d'Israélites fidèles du
fille de Silhi, qui donna le jour au noble royaume des dix tribus vinrent grossir
Josaphat. Animé des dispositions les plus cette foule pieuse, et ils offrirent un sa
pieuses, dans les mesures qu'il prit con crifice solennel au Dieu des délivrances,
tre l'idolâtrie, il n'épargna pas même son 700 bœufs et 7,000 brebis du butin qu'ils
aïeule Mahaca, la mère de son père, qui avaient fait. Cette fête, où l'alliance fut
s'était fait une idole infàme. Il fit la guerre renouvelée avec l'Eternel, fut suivie d'une
à la débauche comme à l'idolâtrie, et ren longue paix. Puis , en la trente-sixième
versa les autels des faux dieux , dont il année depuis la séparation des deux
ASA 91 ASI)

royaumes , la seizième du règne d'Asa , trône d'Israël, qui tous furent coupables
Bahasa , roi d'Israël, vint en Juda , s'em (Nadab, Bahasa, Ela, Zimri, Homri ,
para de Rama, la fortifia , et s'en fit une Achab), et dont l'exemple eût pu facile
position importante ; 1 Rois 15 , 16. ment entraîner au mal tout autre qu'un
2Chr. 16, 1. Asa, qui venait de faire une monarque fidèle.
expérience si remarquable du secours de Pour concilier la chronologie des rois
Dieu, montra, par une triste chute, com de Juda avec celle des rois d'Israël, il
bien sa foi était encore faible et mêlée faut nécessairement admettre que lors
de doutes, d'incrédulité , de confiance qu'il est dit, 2 Chr. 15, 19. 16, 1., qu'il
humaine. Pour résister à son ennemi, il n'y eut point de guerre jusqu'en la trente
contracta alliance avec Ben-Hadad , roi cinquième amnée, ce chiffre se rapporte ,
de Syrie , et acheta même son secours non point à l'avénement d'Asa , mais à
avec les trésors du temple, qu'il avait con l'époque de la séparation des deux royau
sacrés d'abord à l'Eternel. Il obtint la mes; car, d'après 1 Rois 15, 33., Bahasa
victoire , força Bahasa d'abandonner ses commença de régner la troisième année
travaux , et se servit des matériaux que d'Asa , et comme il ne régna que vingt
le roi d'Israël avait fait transporter à quatre ans, il atteignit à peine la vingt
Rama, pour fortifier à son tour Guébah et sixième année d'Asa , bien loin d'avoir
Mitspa, qu'il entoura de fossés ; cf. Jér. atteint sa trente-sixième année.
41, 9. Mais il recueillit ce qu'il avait se ASAPH, 1° descendant de Lévi par Ké
mé, et moissonna les fruits du péché : sa hath , fut un des trois principaux chan
démarche lui fut vivement reprochée par tres établis par David pour le service du
le prophète Hanani, et occasionna même sanctuaire ; ses enfants , 1 Chr. 25, 2.,
des troubles civils. Asa, irrité contre le formaient les classes première, troisième,
voyant, parce qu'il lui avait annoncé de cinquième et septième des musiciens. ll
nouvelles guerres comme châtiment de paraît que leur place , dans les cérémo
son alliance avec les étrangers, le fit trai nies , était au côté méridional de l'autel
ner en prison; mais cela ne lui donna d'airain. Le Ps. 50e et les onze depuis
pas la paix. Dans ce même temps encore, le 73e jusqu'au 83°, sont indiqués comme
et comme poussé par une conscience mal étant d'Asaph, quoique l'on puisse tra
heureuse , il se laissa aller à opprimer duire aussi Psaumes pour Asaph , des
quelques-uns de son peuple , et ternit tinés à être chantés par lui, ou par les
ainsi la fin d'un règne commencé sous chœurs de ses enfants, v. Psaumes. Quel
de si heureux auspices. Pendant sa der ques personnes pensent, à cause du con
nière maladie, il montra aussi moins de tenu de ces psaumes , qui ne paraissent
confiance en Dieu que dans l'art des mé pas convenir au temps d'Asaph , qu'il y
decins; il mourut, à ce qu'il paraît, de la eut plus tard un autre prophète du mê
goutte , après deux ans de souffrances , me nom , qui les aurait composés; d'au
et dans la quarante et unième année de tres enfin supposent , et c'est l'opinion
son règne. On l'ensevelit dans une sé du bénédictin Calmet, que quelques des
pulture qu'il s'était fait préparer à Jéru cendants d'Asaph les auront écrits , et
Salem. leur auront donné le nom de ce fameux
Quel que soit le jugement que nous chef de la musique du temple; ils rap
soyons disposés à porter sur la fin du portent les Ps. 50 , 74, 79 et 80 à l'épo
règne d'Asa, ce règne fut, à tout pren que de la captivité , le 78° au temps
dre , un des plus heureux qu'ait eu le d'Asa, les autres au temps de Josaphat.
royaume de Juda ; la Bible même cite en Asaph est appelé voyant ou prophète
diverses occasions Asa comme un des rois 2 Chr. 29, 30.
dont la piété dut servir de modèle à leurs 2° Le père de Joach qui fut secrétaire
successeurs : 1 Rois 22, 43. 2 Chr. 20 , du roi Ezéchias, 2 Rois, 18, 18.
32, 21. 12. Et sa fidélité est d'autant plus ASDOD, appelée Azote par les Grecs
digne d'ètre remarquée, que pendant son et les Romains, ville forte sur la côte sud
long règne six rois se succédèrent sur le est de la Méditerranée, sous la même
ASE 92 ASI

latitude à peu près que Jérusalem, à Celui d'entre eux qui alla épier le pays de
55 ou 60 kilom. ouest de cette ville, à Canaan, s'appelait Séthur, Nomb. 13,14.,
50 de Gaza , à 25 de Hékron. Cette ville et leur chef, lors du partage des terres,
devait appartenir à la tribu de Juda, mais était Ahihud, fils de Sélomi, 34, 27. A la
elle demeura aux Philistins qui surent la Sortie du désert leur nombre était de
conserver ou la reprendre, Jos. 15, 47. 53,000 hommes au-dessus de vingt ans,
C'est là que se trouvait le fameux temple 26, 44-47. Le lot qui leur échut en Ca
de Dagon; c'est là que fut conduite l'ar naan, Jos. 19, 24-31 , était dans la partie
che captive, qu'elle mit en pièces l'idole nord-ouest du pays , occupant la haute
du faux dieu , et qu'elle frappa de plaies Galilée avec la plaine d'Acre, depuis le
les Philistins, 1 Sam. 5, 1-6. Hozias en Carmel jusqu'au Liban, contrée d'un sol
démolit les fortifications , et l'entoura de très fertile et riche en fer et autres mi
néraux : c'était l'accomplissement des
' quelques forts pour la tenir en respect,
2 Chr. 26, 6. Tartan, général assyrien,prophéties de Jacob et de Moïse. « Le
pain excellent viendra d'Aser; il fournira
l'ayant prise de vive force, y plaça une
garnison qui tint ferme contre Psammé les délices royales; il trempera ses pieds
dans l'huile ; ses souliers (mal traduit
tique, roi d'Egypte, Es. 20, 1. Prise et
ravagée plus tard par les troupes de verroux ) seront de fer et d'airain. »
Nébucadnetsar, elle fut de nouveau re Gen. 49, 20. Deut. 33 , 24.25. ll aurait
prise par Alexandre le Grand. Jonathan pu s'avancer encore davantage vers le
Maccabée la réduisit en cendres avec nord, et la moitié inférieure de la vallée
le temple de Dagon, 1 Macc. 5, 68. 10, de Békaa lui appartenait ; mais les Asé
84. ; mais elle fut ensuite rebâtie. Dès rites, par nonchalance et par lâcheté,
les premiers temps de l'établissement laissèrent entre les mains des Cana
du christianisme, l'Evangile y fut prêché néens les villes de Sidon, d'Ahlab, d'Ac
par Philippe, Act. 8, 40., et une église zib, d'Helba, d'Aphek et de Réhob, Jug.
chrétienne s'y forma et s'y maintint, sans 1, 31. 32. La tribu d'Aser était une des
doute jusqu'au temps de l'invasion des six qui, placées sur le mont Hébal, de
Sarrasins, cf. encore Soph. 2, 4. Zach. 9, vait répondre amen aux malédictions de
6. Ce n'est plus maintenant qu'un mi la loi, Deut. 27. Après s'être soumis sans
sérable village qui a conservé son an résistance à la tyrannie de Jabin, roi de
cien nom, Canaan, les descendants d'Aser assistè
ASENATH , fille de Potiphérah , et rent puissamment Gédéon contre les Ma
femme de Joseph : elle fut mère d'E- dianites, Jug. 5, 17. 7, 23. Quarante
phraïm et de Manassé. Gen.41, 45. 46,20. mille d'entre eux, tous vaillants guer
Quelques-uns pensent que Potiphérah riers, assistèrent au couronnement de
est le même que Potiphar, le premier David. Pahana, fils de Cusaï, gouverma
maître de Joseph. Les fables, les légen cette tribu sous le règne de Salomon.
des, les traditions et les livres mystiques Enfin nous voyons qu'elle ne demeura
abondent sur l'histoire des amours de pas étrangère au réveil religieux qui eut
Joseph et d'Asénath , les Orientaux ont lieu du temps d'Ezéchias, 1 Chr. 12, 36.
voulu en faire une espèce de Cantique 1 Rois 4, 16.2 Chr. 30, 11. — Anne la
des Cantiques. v. Calmet, Dict. prophétesse était Asérite. Luc. 2, 36. t'.
ASER (bonheur, bénédiction), huitième encore l'art. Tribu.
fils de Jacob et second ſils de Zilpa, Gen. ASIIUR, 1 Chr. 2, 24. 4, 5., fils de
30, 13; il a donné son nom à l'une des Hetsron et d'Abija, et père de Ték0ah ;
douze tribus des Hébreux. Il eut pour fils du reste, inconnu. v. Tékoah.
Jimna, Jisua, Jisui, Biriha, et pour fille ASIARQUES, Act. 19, 31. C'était le
Sérah, Gen. 46, 17.1 Chr. 7, 30-40. Au nom que portaient, dans l'Asie pr0c0ll
sortir de la servitude d'Egypte , cette sulaire, certains magistrats annuels,
tribu comptait 41,500 hommes en état de chargés, comme les édiles, de faire célé
porter les armes, sous la conduite de brer les jeux solennels en l'honneur des
paghiel, fils de Hocran, Nomb. 1, 13.40. dieux et des empereurs romains. Cellº
ASI 93 ASI

place était purement honorifique, et ceux 2° L'Asie propre, que le roi Attale
qui l'acceptaient devaient être riches etlaissa par testament aux Romains , com
considérés, car les frais de ces fètes reprenait la Phrygie, la Mysie, la Carie et
ligieuses étaient à la charge des asiar la Lydie. C'est là que se trouvaient les sept
ques. Ils résidaient dans les principaleséglises dont il est parlé dans l'Apoca
villes de l'Asie Mineure , à Smyrne , lypse, 1 , 11. C'est de cette Asie qu'il est
Ephèse, etc. Ces villes, à l'époque de question lorsqu'il est dit que le Saint
l'équinoxe d'automne , élisaient chacune Esprit défendit à Paul de prêcher l'Evan
un de leurs bourgeois, qui pouvait être gile en Asie, lors de son premier voyage
pris dans les familles sacerdotales, sansdans le Nord, Act. 16, 6. C'est là que de
que ce fût cependant une condition ex faux apôtres parvinrent à détourner les
clusive ; tous mème ne pouvaient pas ap âmes de l'affection et de la confiance
partenir à la caste des prêtres. Sur le qu'elles devaient à saint Paul, pendant
nombre de ceux qui avaient été élus, dix qu'il était prisonnier à Rome, 2 Tim. 1,
étaient choisis pour former une espèce 15. : cf. encore Act. 2, 9. Dans le Nou
de conseil administratif, dont il paraît veau Testament, on doit donc presque
que le proconsul désignait lui-même le toujours entendre par le mot Asie, l'Asie
president; c'était ordinairement l'asiar propre.
que de la métropole à qui ce titre était L'Asie Mineure, à l'exception peut
dévolu. Un passage d'Eusèbe montre être de la Lydie, fut primitivement peu
qu'on désignait l'année par le nom de ce plée par les descendants de Japhet, qui se
président (Hist. Eccl. 4, 15.)— Ceux de la partagèrent en un très grand nombre
la ville d'Ephèse, par amitié et par con de petites souverainetés. Les plus remar
sidération pour saint Paul, l'engagèrent, quables , avec les Etats de la Grèce qui
dans l'affaire de Démétrius l'orfèvre, à ne avaient une commune origine, furent la
point se présenter devant le peuple. On Troade, la Lydie, le Pont et la Cappa
voit par là combien devait être grand le doce. Il ne paraît pas que les Assyriens,
crédit de l'apôtre chez les populations ou Caldéens, aient jamais étendu leurs
païennes au milieu desquelles il demeu conquêtes jusque-là. Mais il n'en fut pas
rait. de mème des armées perses : de là na
ASIE. Sous ce nom par lequel nous quirent les guerres de ces derniers avec
désignons maintenant l'une des cinq les Grecs. Sous Alexandre le Grand, et
grandes parties du monde, les anciens environ 330 ans avant Christ, les Grecs
entendaient tour à tour, l'Asie entière d'Europe s'emparèrent de l'Asie Mineure
(v. Hérodote), la partie de l'Asie soumise tout entière, après quoi elle tomba au
aux Romains jusqu'à l'Indus, puis l'Asie pouvoir des Romains, et leur demeura
Mineure, enfin l'Asie propre. Ces deux soumise, du moins en partie, jusqu'aux
dernières sont les seules qui soient ex invasions des Sarrasins; puis les Turcs
pressément mentionnées dans l'Ecriture en dépouillèrent les empereurs d'Orient.
Sainte. Depuis plus de trois cents ans le farou
1° L'Asie Mineure, Natolie, ou le Le che musulman opprime ces magnifiques
vant, bornée au nord par l'Hellespont et contrées, qu'il a presque réduites en dé
le Pont-Euxin , à l'occident et au midi SeI't.
par la Méditerranée, avait environ 1,000 lI n'est pas douteux que ce pays ne
kilom. de long sur 850 de large, et ren soit un de ceux que les prophètes ap
fermait les provinces de la Mysie, la Ly pellent les îles de la mer, Es. 42, 10. 49,
die, la Carie, à l'ouest : la Bithynie, la 1., etc. Le christianisme y fut générale
Phrygie, la Pisidie, la Pamphylie, et la ment connu et adopté dès les jours des
Lycie à l'est des premières ; plus à l'est apôtres. Pendant longtemps un grand
encore, se trouvaient la Paphlagonie, la nombre d'Eglises y fleurirent et brillè
Galatie et la Lycaonie; enfin à l'extrême rent d'un vif éclat : c'est là que se tin
#r orientale, le Pont et la Cappa rent, entre autres, les fameux conciles de
0Cè, Nicée, d'Ephèse et de Chalcédoine. Main
ASK 94 ASP

tenant la plupart de ces Eglises sont dé d'Ararat ; mais c'est tout ce qu'on en
truites, et celles qui subsistent encore sait de positif, et les interprètes varient
sont dans un état déplorable; les sept beaucoup sur le lieu où ils doivent fixer
Eglises de l'Apocalypse en particulier, sa descendance. Bochart fait observer
ont toutes subi le sort qui leur fut an que l'on rencontre ce nom dans plusieurs
noncé par le Seigneur. v. les articles endroits de la Phrygie; il y a une ville
spéciaux, et Hartley, Voyage en Grèce et Ascania, un sinus Ascanius, un lacus
aux sept Eglises. Ascanius, les insulae Ascaniae, etc. Quel
ASIMA, 2 Rois 17, 30.; c'est le nom ques-uns supposent qu'Askénas, partant
de l'idole que se firent les gens de Ha de l'Asie Antérieure, aura traversé l'Asie
math. On ne sait rien sur sa forme ; Mineure, où il aura en quelque sorte
quelques-uns lui donnent la figure d'un semé ces divers noms ; puis, arrivés en
singe (cf. le latin Simia), d'autres celle Europe, ses descendants auraient pris
d'un âne , d'un bœuf, du soleil, d'un deux directions différentes; les uns, fran
agneau, d'un bouc, d'un satyre, du dieu chissant les Alpes et les Pyrénées , au
Pan, etc. Les mages enfin pensent qu'A- raient peuplé la Grèce, l'Italie et l'Espa
sima était l'ange de la mort, qui sépare gne, leur langue nous serait conservée
les âmes des corps. Ce sont tout autant dans la langue basque , l'autre branche
de conjectures. aurait suivi les côtes de la mer vers le
ASKELON, capitale du pays des Phi nord, et aurait conservé le nom de son
listins, sur la côte de la Méditerranée, à aïeul Gomer dans la dénomination de
25 ou 30 kilom. nord de Gaza sa rivale, Cimbri, les Cimbres (les mêmes peut
à 15 kilom. sud d'Asdod , à 65 kilom. être que les Gaëls, les Celtes, les Gau
ouest de Jérusalem , et à 50 de Jaffa. lois); leur langue nous aurait été con
Cette ville fut autrefois célèbre par son servée dans le dialecte du pays de Galles
temple et son vivier poissonneux, l'un et (province de Wales), elle a beaucoup de
l'autre consacrés à la déesse Dercéto, rapports avec la langue basque. Les
par ses produits en épices, en vin et en Juifs, d'après leurs traditions, appellent
fruits excellents, et par ses oignons si l'Allemagne Askénas.
fameux (d'où nos échalottes, coepe asca ASPENAZ, Dan. 1 , 3. sq., capitaine
lonicum). C'était la plus forte des villes des eunuques de Nébucadnetsar ; chargé
appartenant aux Philistins, ce qui n'empê de présenter à son maître quelques jeu
cha pas qu'elle ne leur fût enlevée par la nes Hébreux, beaux et bien faits, il lui
tribu de Juda, de même que Gaza et Hé présenta Daniel et ses trois compagnons,
kron ; mais les Philistins la reconquirent dont il changea les noms afin de leur en
plus tard , Jug. 1, 18. 14, 19. Elle fut donner d'autres plus en rapport avec
prise et saccagée par les Assyriens, dé ceux des idoles babyloniennes. Les jeunes
truite par les Caldéens, puis rebâtie. prisonniers lui demandèrent de n'être
Alexandre le Grand s'en empara; puis point contraints à manger des viandes
les Juifs s'en rendirent maîtres de nou sacrifiées, et Dieu inclina le cœur de cet
veau du temps des Maccabées. Am. 1, officier, de telle sorte qu'il leur accorda
8. Jér. 47, 5-7. Zach. 9, 5. Une Eglise un essai de dix jours, malgré les dangers
chrétienne y fut fondée peu après l'as auxquels il s'exposait en n'exécutant pas
cension de notre Sauveur, et subsista du en tous points la volonté du monarque.
rant plusieurs siècles, jusqu'à la funeste ASPERSIONS, v. Libations.
invasion des Sarrasins, 1191. Maintenant ASPHALTE ou bitume, hébr. Hhémar.
c'est à peine s'il reste quelques vestiges Cette matière résineuse, semblable à de
de cette ville ruinée, et quelques traces la poix fondue, sort de terre, soit comme
d'un port que le sable a comblé. une source, soit en filtrant à travers les
ASKENAS. Gen. 10, 3. Jér. 51, 27. Un crevasses dont le sol est parsemé. L'as
des descendants de Japhet. La contrée phalte se trouve tantôt dans les monta
qu'il habita paraît avoir été proche du gnes, tantôt nageant à la surface des
pays de Gomer son père, et du royaume sources et des lacs de plusieurs contrées
ASP 95 ASP

de l'Orient; il flottesurtout en abondance aucune raison pour faire cette différence.


sur les eaux de la mer Morte , dont les Une espèce de serpent qui, chez les Ara
rives et le fond le vomissent en masses bes, porte encore le nom de Béten et
considérables, gras et foncé. La mer que quelques savants croient être le Pè
Morte, comme on sait, occupe mainte then de la Bible, a environ un pied de lon
nant la place où existait autrefois la vallée gueur, et une grosseur proportionnée ;
de Siddim, Gen. 14, 10., qui était rem Sa pean est couverte de taches de di
plie de puits de bitume, et le voyageur verses couleurs, de noires et de blanches;
Mariti a trouvé sur la côte occidentale de il est ovipare, et si venimeux que sa mor
ce lac de petits cratères pleins de cette sure tue en très peu de temps, en faisant
substance continuellement en fusion ; enfler le corps, et produisant une gan
elle se solidifie dans les eaux lourdes et grène générale. Le célèbre voyageur
salées du lac auquel elle donne son nom, Hasselquist rapporte à peu près la même
le lac Asphaltite, v. Mer Morte. chose d'un autre serpent appelé aspic par
Lors de la construction de la tour de les Grecs de l'île de Chypre, et dont le
Babel, Gen. 11,3, on se servit de bitume venin, dit-il, est le plus violent qui soit
au lieu de mortier, et de tout temps lesha connu en Orient. Il est très possible que
bitantsde la Babylonie l'ont employé pour ce soit le même que le Béten des arabes,
le même objet. Le voyageur Balbi rap ou du moins une espèce de la même fa
porte que dans le désert de Bagdad, il y mille. Les habitants de l'île de Chypre le
avait un lac tellement plein de bitume, représentent comme privé de l'ouïe, et
que si les habitants des contrées enviro lui ont donné à cause de cela le surnom
mantes n'avaient pas été le recueillir pour de sourd, parce qu'aucun charme ne sau
fabriquer des tuiles, ou construire des rait dompter sa méchanceté. Jérémie nous
maisons, il y aurait eu bientôt tout au dit la même chose, 8, 17., que ce serpent
l0ur du lac des montagnes de bitume de est le plus malicieux et le plus dangereux
Venu solide. Dans l'île de Zante, on de tous, qu'on ne peut ni l'apprivoiser, ni
trouve également de ces puits d'asphalte, le mettre hors d'état de nuire, comme on
et l'on a remarqué que ce bitume , em le fait avec d'autres espèces, et dans le
ployé comme ciment, devient si tenace et Ps. 58, 5.6., il est encore appelé sourd
si durable, lorsqu'il a été séché au so à la voix des enchanteurs et du charmeur.
leil, qu'il est plus facile de briser que de Les voyageurs qui ont visité l'Orient
séparer les pierres qu'il sert à lier. Pline racontent des traits étonnants de l'a-
le naturaliste, raconte que les Egyptiens dresse et du pouvoir dont certaines per
se servaient d'asphalte pour enduire leurssonnes, hommes ou femmes, font preuve
petites barques de papyrus, et pour em pour dompter et presque apprivoiser les
pècher les eaux du Nil d'y pénétrer. serpents. Cet art, pratiqué dans l'an
Cette coutume parait être fort ancienne, tiquité par les Marses et les Psylles, qui
car déjà nous lisons dans la Bible que le habitaient la portion de l'Afrique com
petit vaisseau ou coffret de jonc (papyrus), prise entre la mer Rouge et la Méditer
dans lequel l'enfant Moïse fut exposé sur ranée, est encore connu, mais gardé se
le Mil, était enduit de poix et d'asphalte; cret, chez les Egyptiens, les Arabes , les
et, longtemps auparavant, l'arche de Noé lndous, et d'autres peuples de ces con
avait été garantie des eaux du déluge trées. Le fait est suffisamment constaté
par une précaution semblable, Gen. 6 , pour être hors de doute; mais depuis
14. Ex. 2 , 3. deux mille ans, malgré toutes les re
ASPIC. 1° Ce serpent (hébreu Pèthen) cherches qu'on a faites, rien n'a trans
estmentionné six fois dans l'Ancien Tes piré sur les mystérieux moyens employés
lament; dans cinq de ces passages, Deut. pour obtenir d'aussi singuliers résultats :
32, 33.Job. 20, 14.16. Ps. 58, 5. Es. 11, c'est une espèce d'art et de gagne-pain
8. Jér. 8, 17. les Septante le traduisent que certaines familles possèdent seules,
et qu'elles transmettent à leurs descen
par aspic, et dans le 6e, Ps. 91, 13., ils le
rendent par basilic, sans avoir cependant dants comme elles l'ont reçu de leurs an
ASS 96 ASS

cêtres. Tout ce qu'on a pu observer, c'est mais il n'est pas question d'une église
que les charmeurs se nourrissent volon chrétienne dans cette ville avant le hui
tiers de serpents, crus ou cuits, et qu'ils tième siècle.
en font des soupes pour leur nourriture ASSUERUS, 1o Dan. 9, 1., doit être As
ordinaire ; ils en mangent surtout lors tyage le Mède , fils du vaillant Cyaxare,
qu'ils se proposent une de leurs exécu qui concourut au renversement de l'em
tions, expéditions ou représentations; et pire des Assyriens et à la destruction de
le sheik de leur tribu ou de leur village Ninive; il fut père de Darius le Mède et
les bénit en prononçant sur eux certaines de Mandane , et grand-père de Cyrus.
formules accompagnées de cérémonies (601 av. C.)
mystérieuses. — Les charmeurs de ser 2° Esdr. 4, 6., c'est Cambyse, roi de
pents ne s'occupent jamais d'apprivoiser Perse, 529 av. C. Il succéda à son père
d'autres animaux venimeux, tels que les Cyrus, et régna sept ans et cinq mois. A
lézards ou les scorpions : il y a pour cha peine fut-il monté sur le trône que les
cune de ces spécialités des personnes Samaritains le sollicitèrent d'empêcher la
spéciales qui n'empiètent pas sur les at reconstruction du temple de Jérusalem,
tributions les unes des autres. et quoiqu'il ne leur accordât pas officiel
2° Quant à la plante d'aspic, Cant. 1, lement leur demande en publiant un dé
11. 4, 13. 14., v. Nard. cret formel de révocation , les travaux
ASSEMBLEE. C'est ainsi que doivent commencés restèrent suspendus tout le
se traduire les deux mots d'origine grec temps de son règne. Ce prince, en géné
que église et synagogue; v. ces deux ral, ne fut célèbre que par sa violence, sa
mots. L'Ancien Testament parle fréquem folie et sa cruauté. Après avoir fait avec
ment de l'assemblée de l'Eternel, de l'as succès la guerre d'Egypte, il perdit son
semblée des saints et des justes, des an armée dans les déserts de la Lybie par
ciens de l'assemblée, et de l'assemblée Son obstination à vouloir envahir l'Ethio
pie. Dans sa rage il fit tomber la tête de
dans un sens absolu, comme le Nouveau
ses principaux officiers, celle de son frère,
Testament dit l'Eglise de Dieu, l'Eglise
et même celle de sa sœur. Apprenant que
des premiers - nés dont les noms sont
le mage Patizithes, auquel il avait confié
écrits dans le ciel, les anciens de l'Eglise,
le gouvernement en son absence, en avait
ou aussi l'Eglise dans un sens absolu,
profité pour placer sur le trône son pro
sans autre désignation ; cf. Nomb. 27,
pre frère, mage comme lui, Smerdis, qu'il
17. Act. 20, 28. Ps. 89, 5. 1, 5. Hébr.
donnait pour Smerdis le frère de Cam
12, 23. Lév. 4, 15. Jacq. 5, 14. — Le
terme hébreu qu'on a rendu par assembyse, celui-ci hâta son retour dans son
royaume. On dit qu'en traversant la Ju
blée, aussi bien que le terme grec dont
on a fait celui d'Eglise , s'applique d'ail
dée, il assouvit sur les malheureux Juifs
leurs à une réunion d'hommes quelconla fureur qui l'animait; mais près du
mont Carmel , il se blessa lui-même de
que, soit religieuse , soit politique, soit
son épée, en descendant précipitamment
autre, Gen. 49, 6. Ps. 22, 16. Act. 19,
de son cheval, et comme il se sentait
32; il veut dire simplement une multi
tude, Gen. 28, 3. 1 Sam. 17, 47. Jér. 6,
mourir, il réunit ses officiers , leur dé
11, ou bien le peuple d'Israël en masse.
clara qu'il avait fait mourir lui-même son
Ex. 16, 3. Nomb. 10, 3. 20, 6. Néh. 5,
propre frère Smerdis, et que celui qui
occupait maintenant le trône n'était qu'un
7. Lév. 4, 21. 10, 17. 16, 33. Mais son
sens le plus habituel est celui que nous
imposteur , et les engagea fortement à
avons signalé d'abord. venger et punir cette usurpation. v. Ar
taxercès 1°. —Que ce Cambyse soit l'As
ASSIR, 1 Chr, 3, 17., v. Salathiel.
ASSOS, port de mer sur la côte nord
suérus dont il est parlé Esd. 4, et Smerdis
le mage, l'Artaxercès mentionné immédia
ouest de l'Asie Mineure, au sud de Troas,
et vis-à-vis de l'ile de Lesbos. L'apôtre
tement après, c'est un point sur lequel
Paul y aborda lors de son quatrième il ne saurait y avoir de doute, puisqu'il
voyage à Jérusalem, Act. 20, 13.14.; n'y a eu que ces deux rois entre Cyrus
ASS 97 ASS

qui donna l'édit en faveur des Juifs, et elle avait protégé la vie contre les tenta
Darius qui le confirma. tives de leur oppresseur. D'ailleurs, on
3° Enfin , l'Assuérus dont il est parlé ne saurait pas non plus où placer l'his
dans le livre d'Ester et qui fut le mari toire d'Ester sous le règne de cet Ar
de cette belle et pieuse Juive. On a essayé taxercès : serait-ce pendant que Néhémie
de toutes sortes de conjectures , et l'on a était à la cour 9 mais comment Ester eût
cherché un peu partout quel était le roi elle souffert jusqu'alors cet asservisse
de Perse auquel pouvait le mieux se rap ment des Juifs dont se plaintl'échanson ?
porter, sous le point de vue historique, serait-ce après la faveur accordée à Néhé
le peu que nous savons de cet Assuérus. mie de retourner à Jérusalem pour en re
On en a fait tour à tour Cambyse, Smer bâtir le temple et les murailles?mais cette
dis, Darius fils d'Hystaspe , Darius No faveur même était une garantie qui devait
thus, Artaxercès Mnémon, et enfin le fa rendre impossibles les machinations
meux Xercès, et Artaxercès Longuemain. d'Haman contre les Hébreux dispersés.
L'histoire profane ne nous donne aucune Ces motifs, joints à la circonstance que
indication qui puisse nous mettre sur la cette histoire tout entière cadre mieux
voie : nulle part il ne nous est parlé d'un avec l'histoire de Xercès et avec la chro
roi perse, époux d'une Israélite Ester ; nologie, nous paraissent décisifs autant
nulle part nous ne voyons un premier qu'il peut y avoir quelque chose de déci
ministre Haman disgracié et remplacé sif en pareille matière. Le fameux Xercès
par un Juif Mardochée. Les Grecs et les aurait été l'époux de la cousine de Mar
Romains, qui seuls nous ont conservé dochée (485-465 av. C. ). Le caractère
l'histoire de la Perse, ne font nulle part cruel, capricieux, voluptueux, bizarre, de
mention du massacre projeté des Juifs de ce prince est le même dans les livres
la dispersion ; mais leur silence sur ce d'Hérodote et dans le livre d'Ester : là
point ne prouve rien : il tient à ce qu'ils nous le voyons faisant frapper et empri
avaient assez d'autres chOses à nous ra sonner la mer qui a détruit son pont de
conter, quand ils voyaient l'Orient se bateaux; ici, par une boutade sans mo
ruer sur l'Occident par millions d'hom tifs, nous l'entendons livrer, donner le
mes, et les principes des gouvernements peuple juif tout entier à Haman pour qu'il
se discuter dans de sanglantes batailles. en fasse « comme il lui plaira » Est. 3, 11.
Ester pâlissait devant Marathon peut Là ce prince farouche se prend à verser
être, et Mardochée devant Salamine. Mais des larmes en contemplant son immense
Ester a été la première femme d'un roi armée du haut d'une colline, à la pensée
perse, et Mardochée son premier minis que, dans un siècle, il n'existera plus un
tre. Qui est ce roi ? La plupart des inter seul de ces innombrables guerriers; icide
prètes semblent, au milieu de toutes les même, en apprenant les représailles san
suppositions que nous venons d'énumé glantes des Juifs révoltés à Susan, Assué
rer, hésiter entre Xercès et Longue rus paraît ému et voudrait venger les fa
main. C'est donc très probablement de milles en deuil (cf. Est. 9, 11.12. Héro
l'un de ces deux rois qu'il est question, dote 7, 33. 37. Justin 2, 12. Strabon
et les raisons que l'on met en avant pour 14, etc.). Pour ce qui regarde la chrono
Xercès paraissent l'emporter encore de logie, on peut encore comparer Est. 1,
beaucoup sur celles qui prouvent en fa 3. 2, 16. avec Hérod. 7, 7.
veur d'Artaxercès Longuemain. En effet, ASSUR, Gen. 10, 11.22., fils de Sem,
ce dernier (v. notre article) a été con et père des Assyriens. Moïse raconte l'o-
temporain de Néhémie ; sa femme parut rigine de l'Assyrieàl'occasion duroyaume
s'intéresser à lui, Néh. 2, 1., etl'on ne de Nimrod. Assur, probablement avecune
comprendrait pas comment, si cette femmecolonie, ou avec une tribu mécontente,
était Ester, Néhémie ne l'aurait jamais partit de Sinhar, où Nimrod exerçait son
nommée, ne fût-ce qu'en passant ou pour pouvoir absolu, et s'en vint fonder les
lui donner un témoignage public de la re royaumes de Ninive, etc. Il faut aussi
connaissance de ses compatriotes, dont quelquefois entendre sous ce nom le
I. 7
ASS 98 AST

royaumemêmed'Assyrie, comme Osée 14, d'Israël722 av. C., 2 Rois 17, 5. 18, 9,
3. v. l'art. suiv. et Nimrod.—Dans le pas Le royaume même de Juda lui fut rendu
sage cité de la Genèse, d'autres commen tributaire, 18, 7.; la Médie et la Perse lui
tateurs, et notamment Schrœder, tradui furent également assujettis, 18, 11.San
sent : « Nimrod sortit vers Assur ;» c'est chérib, son fils, monta sur le trône à sa
à-dire qu'après avoir fondé le royaume place 714 av. C. Après une heureuse ex
de Babylone, son vaste génie fonda un pédition contre l'Egypte , il entreprit
second royaume , celui d'Assyrie , dont aussi, mais sans succès, la conquête de
Ninive fut la capitale. La question est in Juda et le siége de Jérusalem sous Eté
décise. chias, 2 Rois 18, 13. 19, 36. Es. 37. Mis
ASSYRIE, ancien royaume de l'Asie, à mort par ses deux aînés, il fut remplacé
borné au nord par les montagnes de l'Ar par sontroisième fils Esar-Haddon, Es.37,
ménie, à l'est par la Médie et la Perse, au 38.2 Rois 19, 37., appelé Osnapar Esd. 4,
sud par la Suziane , province perse, et la 10., et qui fit prisonnier Manassé, roi de
Babylonie ; à l'ouest enfin par le Tigre Juda. L'Ecriture nomme encore Sargon,
(Hiddekel), dans lequel se jettent le Ly Es. 20, 1., dont le règne assez court doit
cus, le Capros, le Gorgus et le Silla, qua se placer probablement entre ceux de
tre rivières qui parcourent l'Arménie dans Salmanassar et de Sanchérib.-A l'ex
une direction sud-Ouest. Les villes les ception de ce dernier (Hérod. 2, 141),
plus célèbres de ce royaume furent Ninive, aucun de ces rois ne paraît dans les au
Résen, Calah, Bessarah, Ctésiphon, sur teurs profanes.
la rive orientale du Tigre, Arbèle et Arté Les derniers rois d'Assyrie ne sont pas
mita, encore plus à l'orient. Ninive était nommés dans l'Ecriture. Le Successeur
le centre général du commerce entre d'Osnapar futson fils Saosduchinus, qu'on
l'Occident et l'Orient. Cf. 2 Rois 17, 24. suppose être le Nabuchodonosor du livre
18, 11. 2 Chr. 33, 11. Es. 7, 20. 10, 8. de Judith : son règne fut d'environ vingt
9. 22, 6. L'Assyrie est appelée le pays de ans. Après lui vint ChyniladanUs, c0ll
Nimrod, Mich. 5, 6. Ses habitants avaient temporain de Josias, roi de Juda. Ce
une grande réputation de richesse, Ez. 23, prince efféminé vit son empire démembré
6.17.23;ilsétaient orgueilleux, Es. 10, 12. par Nabopolassar , un de ses généraux,
Zach. 10, 11., et redoutables, Nah. 2, 11. qui se déclara roi de Babylone, dont il
12. Cette contrée porte de nos jours le était satrape; Babylone, depuis une cin
nom de Kourdistan; depuis deux cents quantaine d'années, appartenait aux As
ans ce n'est plus guère qu'un vaste dé syriens. Nabopolassar, s'étant allié avec
sert, par suite des luttes sanglantes qu'y Cyaxare, roi des Mèdes, attaqua le roi
ont entretenues pendant de longues an d'Assyrie, s'empara de Ninive, trancha
nées tant et de si puissants peuples. les jours de Chyniladanus, et mitainsi fin
Après avoir dit que le royaume d'As à l'antique royaume de Nimrod le chas
syrie fut fondé par Nimrod, l'Ecriture seur — v. Ninive.
n'en reparle plus jusqu'au jour de la mis ASTARTE, v. Bahal et Caldéens. .
sion de Jonas le prophète, 840 ans av. C.; ASTRES. Le soleil, la lune et les éloi
puis nous voyons un roi assyrien, nommé les sont appelés, dans l'Ecriture, l'armée
pul (Sardanapale Il), attaquer le pays de des cieux, l'armée de l'Eternel. C'est le
Canaan, environ soixante-dixansapresJo plus magnifique spectacle que Dieu ait
nas, vers 770,2 Rois 15, 19. Peu après,Ti donné à notre terre; il est digne de l'ad
glath-Piléser, 2 Rois 16, 7.2 Chr. 28, miration des hommes, et doit élever leurs
j6., autre roi d'Assyrie, envahit la por cœurs vers l'Etre suprême, créateur de
tion de la Judée qui était sur la rive gau ce vaste univers. Mais comme la pauvre
che du Jourdain , ce qui n'empêcha pas créature, pécheresse et corrompue depuis
Achaz de contracter une alliance avec lui. la chute, ne saurait admirer sans étrº
Tiglath-Pilèser eut pour Successeur son tentée d'adorer et de rendre un cullº,
fils Salmanassar, qui s'empara de la Sa l'Esprit-Saint qui, dans les trois premiers
marie et emmena captives les dix tribus chapitres de la Genèse, semble avoir reº
AST 99 AST
fermé le plus sublime manuel de dogma l'Ecriture, des passages où les astres sont
tique, a pris soin de raconter la création traités comme des créatures intelligen
de ces divers luminaires auxquels Dieu tes, invitées à louer le Seigneur, capa
n'a donné l'existence que pour l'agré bles de recevoir des ordres et d'y obéir,
ment et l'utilité de l'homme. Ces astres exerçant même une espèce d'influence
ne sont point des dieux, ce sont des particulière sur les produits du sol ,
choses créées qui s'en iront et s'envieil Job 9, 7. Ps. 148, 3, Deut. 33, 14. Ps.
liront; ces astres ne sont que des servi 104, 19., etc.Mais tous ces passages sont
teurs de Dieu, destinés à l'usage de pris dans un sens poétique, et ne peuvent
l'homme; un jour ils passeront, mais pas plus favoriser l'astrologie, que tant
l'homme vivra éternellement.Les peuples,. d'autres passages où la terre, l'herbe, les
sans connaissance du vrai Dieu, sont tous eaux sont personnifiées, ne prouvent que
arrivés à une astrolâtrie, qui est bien ces objets soient effectivement animés.
la plus concevable et la plus noble des Moïse se prononce très fortement contre
idolâtries, mais qui n'est cependant qu'une le penchant à l'astrolâtrie; il interdit au
idolâtrie. L'éclat, la beauté de ces astres, peuple de Dieu de se faire aucune espèce
leur influence réelle, mais éloignée, sur d'image ou d'effigie « de peur, ajoute-t-il,
l'ordre du monde, la fixité des uns, la qu'élevant tes yeux vers les cieux, et
régularité des autres dans leur cours, qu'ayant vu le soleil, la lune et les étoiles,
le retour des saisons qui en dépend, les toute l'armée des cieux, tu ne sois poussé
effets de la lune sur quelques maladies, en à te prosterner devant elles, et que tu
un mot, tout ce qu'il y a en eux de grand ne les serves, vu que l'Eternel ton Dieu
et de mystérieux, leur a fait attribuer, les a données en partage à tous les peu
par différents peuples et dans presque ples qui sont sous tous les cieux, » Deut.
t0us les temps, une force, une connais 4, 19. Et Job, parlant de la supposition
sance, une espèce de vie, une action, une où il aurait pu se laisser aller à adorer le
influence magique sur les destinées de soleil qui brille et la lune qui marche
ce monde, bonne ou mauvaise suivant la noblement, dit : « C'eût été une iniquité
constellation sous laquelle tel homme est toute jugée, car j'eusse renié le Dieu
mé, suivant la conjonction d'étoiles dans d'en haut, » 31, 26. 28.
laquelle telle entreprise se forme ou Quant à l'astronomie des Hébreux,
s'exécute; de là l'astrologie si générale elle ne paraît pas avoir été fort avancée,
ment crue des anciens, et même de quel non plus que celle des autres peuples de
ques modernes (Bodin, de Thou, Mon l'antiquité. Elle reposait sur les ob
taigne), et dont l'Ecriture nous montre servations que les pâtres pouvaient faire
des traces chez les Babyloniens, q. v. en gardant leurs troupeaux dans de vas
Es. 47, 13. Dan. 1, 20. Les Juifs sem tes steppes dont aucune montagne ne
blent avoir puisé dans leur captivité de bornait l'horizon : de là vient aussi que
Soixante et dix années, quelques idées la plupart des noms que les constella
astrologiques; Philon fait à cet égard tions ont reçus, sont empruntés à la vie
une profession de foi très explicite, et champêtre de ces premiers astronomes,
les rabbins plus modernes ne se sont pas le Bélier, le Taureau, etc. Les patriarches
fait faute des mêmes erreurs. Maïmonides ont déjà senti leurs cœurs s'émouvoir à
en particulier, estime qu'entre les sages la contemplation des beautés célestes, cf.
il ne peut pas y avoir deux opinions Gen. 15, 5. 37, 9., et leur langue em
p0ur ce qui regarde les astres : chaque prunta plus d'une figure à la langue des
herbe doit avoir son étoile particulière, cieux. Le soleil et la lune furent distin
chaque homme de même, sans toutefois gués naturellement au milieu des autres
que sa liberté morale en soit atteinte ni habitants de l'espace , à cause de leur
détruite; les astres n'ont d'influence que grandeur et de leur éclat, cf. Gen. 1, 16.,
Sur les choses extérieures, sur le corps, et la lune amena la première division du
la santé, la génération et la corruption temps en mois et années (q. v.). On célé
des êtres. On trouve à la vérité, dans brait chaque nouvelle lune par des fêtes
AST 1 00 ATH

solennelles;cf. Ps. 81, 2.1 Sam.20,5.etc. la Bible nous dit qu'elles sont innombra
Les principales étoiles ou constella bles, et Herschel l'a prouvé. « Comme
tions mentionnées dans la Bible , sont : leur nombre, dit-il, croît indéfiniment à
l'étoile du matin, Vénus, Es. 14, 12. cf. mesure que les instruments se perfec
Ap. 2, 28. 22, 16., la Grande Ourse, ou tionnent, on peut dire , par expérience,
le Chariot, Job 9,9.; Orion, ibid. 38,31, que ce nombre est infini dans toute l'é-
et Amos 5, 8., les Pleïades, ou la Pous tendue du sens qu'on voudra donner à ce
sinière, Job, 9, 9. Amos 5, 8.; la Petite mot. » Il estime qu'une nébuleuse est un
Ourse avec les étoiles (sans doute les groupe qui ne renferme pas moins de
trois étoiles courbées en arc dont la der vingt mille soleils. Ailleurs la Bible nous
nière marque le pôle), Job38, 32.; le Ser "parle de la terre comme d'un globe, Es.
pent traversant, 26, 13., peut-être le 40, 22. Job 26, 10. Prov. 8, 27 : ailleurs
Dragon entre laGrande et la Petite Ourse; encore elle nous la montre suspendue
les Gémeaux, Castor et Pollux, Act, 28, dans le vide, Job, 26, 7, : autant de no
11. Quant à une division des astres en tions inconnues des anciens, et qui eus
comètes, étoiles fixes et planètes, il n'en sent passé pour hérétiques en cour de
est parlé nulle part dans l'Ecriture, et le Rome, aussi bien que le mouvement de
passage Jude 13 n'a qu'un sens tout à la terre de Galilée. Le passage, Luc 17,
fait figuré. 31. 34., où le glorieux avénement de
Les Egyptiens , les Caldéens, les Ba notre Seigneur est annoncé comme de
byloniens, d'autres peuples dont la con vant avoir lieu pour les uns de jour, pour
figuration géographique et les vastes les autres de nuit, semble encore suppo
plaines étaient plus favorables à l'obser ser la rotation de la terre et le mouve
vation des astres, et ceux qui, cherchant ment diurne. Nous n'insisterons pas da
leur vie dans le cOmmerce et dans la na vantage sur cette idée; un maître habile
vigation, devaient avoir l'astronomie pour l'a développée de manière à ne rien lais
alliée, ont à cet égard laissé les Hébreux ser désirer, M. Gaussen, dans sa Théo
bien en arrière. C'est en Egypte que, pneustie, pages 172 et suivantes.
d'après Hérodote, on aurait découvert la ASTROLATRIE, Astrologie , Astro
véritable année solaire, et les habitants nomie , v. l'article précédent.
de ce pays auraient, d'après Dion Cas ASYNCRITE, Rom. 16, 14., est in
sius, trouvé la division en semaines de connu. Les Grecs le font évêque d'Hyr
sept jours dans le nombre des planètes. canie.
Cette dernière assertion cependant est ATAD , Cananéen qui possédait une
plus que douteuse, car il est très pro aire dans le lieu qui fut appelé Abel-Mits
bable que la semaine était connue dès les raïm (deuil d'Egypte), en suite du deuil
jours de la création, et qu'elle se sera que les fils de Jacob et les Egyptiens me
conservée au moins comme tradition, et nèrent sur ce patriarche, Gen. 50, 11., v.
comme division du temps, chez tous les Abel-Mitsraïm.
descendants de Noé. ATHALIE (heure de l'Eternel). On de
Mais quelque reculés qu'aient été les vrait écrire Hathalie, mais Racine a im
Hébreux dans la science de l'astronomie, mortalisé une orthographe fautive , et
il est remarquable qu'aucun de leurs li peut-être plus harmonieuse; c'est presque
vres sacrés ne renferme une seule erreur maintenant le seul nom connu de cette
sur ce sujet; on y découvre au contraire, méchante reine. Elle était petite fille de
avec étonnement, une science ou pré Homri, et fille d'Achab et de Jézabel; elle
science de la véritable astronomie, qui épousa Joram roi de Juda, et sut en
montre à l'évidence l'intervention de traîner à l'idolâtrie son époux, et son fils
l'Esprit de vérité qui a conduit la plume Achazia, 2 Rois 8, 18. 26. (884 av. C. ).
des historiens comme celle des prophè La révolution de Jéhu ayant fait périr la
tes. Tous les peuples ont compté le nom famille entière d'Achab , et avec elle
bre des étoiles, et les premiers télesco Achazia, qui se trouvait alors à Samarie,
pes ont bien servi cette opération ; mais Athalie s'empara du trône laissé vacant
ATH 101 ATH

par la mort de son fils et, pour s'en as Athènes brilla de bonne heure, au sein
surer la possession, elle extermina toute du monde idolâtre, par ses succès dans
la race royale. Joas, son petit-fils, en les sciences et dans les arts. Peu de vil
core à la mamelle, échappa seul au mas les donnèrent le jour à plus d'hommes
sacre, grâces aux soins d'une tante, Jého illustres, et jouirent de plus de gloire.
sébah, sœur de son père. Caché dans le La littérature et les beaux arts y survé
temple, et secrètement élevé pendant six curent à la ruine de sa puissance et de
ans par son oncle Jéhojadah , souverain sa liberté : Athènes demeura longtemps
sacrificateur, il est proclamé roi à l'àge de le centre des sciences, et de toutes parts
sept ans. Les cris de vive le roi! éveillent on allait à l'école de ses grands maîtres,
l'attention de la régente usurpatrice; elle puiser cet atticisme dont les Romains
accourt, elle regarde, elle voit dans le eux-mêmes faisaient tant de cas. Ce fut
temple un roi déjà oint de l'huile sacrée aussi l'une des villes où le paganisme prit
et assis près de la colonne selon la cou le plus de développements, et où il se
tume des rois; les capitaines, les sacri formula de la manière la plus précise.
ficateurs et tout le peuple font entendre Jaloux d'adorer tous les dieux, sans en
des cris de joie qui se mêlent au bruit excepter aucun, les Athéniens avaient ,
retentissant des trompettes. Elle s'écrie par surcroît de précaution, élevé un autel
conjuration ! conjuration ! elle déchire au Dieu inconnu, Act. 17, 23., ou plu
ses vêtements, elle voudrait recourir aux tôt à un dieu inconnu. Peut-être même
quelques créatures qui lui sont restées existait-il plusieurs autels consacrés aux
fidèles; mais sa dernière heure a sonné : divinités étrangères et inconnues. Saint
seulement le souverain sacrificateur ne Paul, avec cette habileté, cet à propos,
permettra pas qu'on mette à mort cette cette argumentation ad hominem qui le
profane dans la maison de l'Eternel , on caractérise à un si haut degré comme
la chasse du temple, et en rentrant dans Orateur, rattache à ce fait qu'il a sous les
son palais, elle trouve le châtiment qu'elle
yeux, et qui est bien connu des Athé
a sijustement mérité,2 Rois 11.2Chr. 23. niens, tout ce qu'il veut dire à cette po
ATHENES, ville célèbre de la Grèce, pulation légère et distraite. Il ne veut pas
située dans une plaine délicieuse, à en leur annoncer quelque nouvelle étrange,
viron 40 kilom. est de Corinthe. Elle inattendue ; mais ce Dieu inconnu dont
passe pour avoir été bâtie 1580 ans avant les Athéniens semblent attendre qu'il
la naissance de Jésus, c'est-à-dire à peu se manifeste, saint Paul le connaît et veut
près au temps du séjour de Moïse en le leur faire connaître aussi. Ses audi
Egypte; mais il est probable que c'est teurs, d'accord avec Paul sur le point de
placer cette origine quelques siècles trop départ, et piqués par la curiosité de sa
tôt. Athènes fut d'abord gouvernée par voir quelles conclusions il tirera de ses
des rois de la famille de Cécrops , égyp prémisses , l'écoutent avec attention, et
tien, son fondateur. Au bout de 487 ans, entendent l'Evangile; mais, comme tou
à la mort de Codrus, les Athéniens se jours, peu d'entre eux le reçurent, et
donnèrent pour chefs les Archontes, es lorsque l'apôtre vint à parler de la ré
pèce de magistrats nommés d'abord à surrection, ils se dispersèrent en se mo
vie, puis pour dix ans seulement, puis quant. Quelques-uns crurent la Parole,
enfin pour un an, et dont le pouvoir res Denys l'aréopagite, Damaris, et d'autres;
semblait beaucoup à celui des rois. Ils la plupart la rejetèrent.
finirent par se constituer en démocratie Athènes, au temps de Paul, était déjà
pure, sous Solon, vers 588. Quatre siè à une époque de décadence. Conquise
cles plus tard, les Athéniens, qui étaient par Sylla, elle avait vu détruire ses plus
tombés sous la puissance des rois de beaux édifices; elle languit jusqu'aux
Macédoine successeurs d'Alexandre, su temps d'Adrien qui s'efforça de lui ren
birent avec eux le joug des Romains ; ils dre son premier lustre. Sa chute gra
le portaient encore aux jours de notre duelle a été ensuite l'effet des troubles
Seigneur. du moyen âge. Ce n'est plus maintenant
AUG 102 AUG

qu'une ville de 14 à 18,000 âmes; mais à l'ambition d'Octave, parce qu'il ne con
sa population tend à augmenter de nou férait cette dignité que pour un an, et
veau. Résidence royale, elle a vu depuis qu'Octave entendait bien ne pas se des
quelques années s'élever des édifices saisir du pouvoir. Il fut aussi nommé
plus somptueux que les cabanes et les Auguste, et même Père de la patrie; il
ruines qui l'ornaient seules il y a peu prit en outre le nom de César qu'il légua
d'années. Le peuple travaille courageu à ses successeurs. Dans la suite il fit sans
sement à sortir de sa misère , et le gou doute semblant d'abdiquer, il offrit même
vernement le seconde de tout sOn pOu sa démission au sénat; mais il choisissait
voir.— On trouve dans la contrée peu de bien son temps, ce n'était qu'une comé
bêtes à cornes, mais beaucoup d'ânes, de die : il avait gagné le sénat par des flat
chevaux, de mulets, et quelques cha teries et des largesses, le peuple par sa
meaux , ( voir dans le Morgenland de modération et sa douceur, l'armée par les
1839, trois lettres écrites d'Athènes, par succès de ses généraux. Son pouvoir fut
Woringer, p. 273, 300, 342, et les Voya ainsi trempé à neuf et consolidé pour la
ges de Hartley en Grèce). vie ; le sénat et le peuple ne furent plus
ATTALlE, ville maritime de la Pam qu'une machine dont il tenait tous les fils,
phylie, à l'embouchure du fleuve Kattar et qu'il conduisait comme il voulait. Il
rhactes, et résidence principale d'un pré conserva au gouvernement les anciens
fet de Rome ; elle portait le nom d'Attale noms et les anciennes formes, sachant
Philadelphe, roi de Pergame, son fonda bien que ces hochets (puisque hochets il
teur ; elle subsiste encore de nos jours y a), ont plus d'empire sur l'esprit des
sous le nom de Antali, et n'est pas sans peuples, que les constitutions elles-mê
importance. Paul et Barnabas y passèrent mes; il laissa au peuple le droit d'élire
en allant de Perge à Antioche, Act. 14, les principaux magistrats, et au sénat la
25.; mais nous ne savons rien de plus sur nomination des gouverneurs des pro
l'histoire religieuse de cette ville, sinon vinces, à l'exception de celles qui étaient
qu'au cinquième et au sixième siècle, il exposées aux attaques de l'ennemi, et
s'y trouvait un évêque. dans lesquelles par conséquent les lé
ATTIRSATHA, Néh. 8, 9. 10, 1., sur gions se trouvaient réunies : c'était se
nom de Néhémie, tiré de son emploi; il faire la part du lion. Son plus grand soin
signifie échanson du roi. v. Néhémie. était de rendre sa domination insensible,
AUGUSTE, Luc 2, 1., d'abord appelé afin de ne pas irriter un peuple qui avait
Caius Octavius, était petit-fils de Julia, répandu son sang pour la république ; il
la sœur de Jules-César. Son grand oncle séduisit les Romains par ses manières et
l'avait adopté pour son fils, et le déclarait par sa politique, et les laissa croire à la
par son testament, son principal héritier. liberté lorsque déjà son gouvernement
Le jeune Octave, poussé par une ambi n'était plus qu'une complète tyrannie.
tion excessive qui le faisait aspirer à la Son siècle fut l'époque des plus beaux
domination de sa patrie, prit une part génies, soit dans le domaine des lettres,
active aux guerres qui déchiraient la ré soit dans l'art de l'administration et de
publique romaine, et déploya tout ensem la guerre : les noms des Tite-Live, des
ble beaucoup de hardiesse, de ruse et de Virgile, des Horace et des Mécènes dans
cruauté. Il sut se défaire de ses ennemis la littérature, des Agrippa, des Drusus,
en les détruisant les uns par les autres, des Tibère dans la science des batailles,
jusqu'à ce qu'il ne lui resta plus qu'un répandent un éclat immortel sur ce règne
seul adversaire, le consul Marc-Antoine. despotique.
Il le vainquit à la bataille d'Actium , et se Auguste eut encore l'honneur et le
fit dès lors adjuger par le sénat de Rome, bonheur de faire, pour la troisième fois
le pouvoir suprême avec le titre d'Impe depuis la fondation de Rome, fermer le
rator (général victorieux), ceux de roi et temple de Janus, qui restait ouvert en
de dictateur étant odieux au peuple ro temps de guerre ; mais cette paix ne fut
main, et celui de consul ne suffisant pas pas obtenue sans de violents combats : il
AUG 103 AUL

fallut en livrer en Afrique, en Asie, dans d'Hérode que son fils ! » s'écria-t-il dans
les Gaules et en Espagne, où les légions son indignation.
eurent bien de la peine à soumettre les Quand la paix fut rétablie dans son
Cantabres. Ses armes soumirent encore empire, il fit faire un recensement géné
l'Aquitaine, la Pannonie, la Dalmatie, l'Il ral de tous ses sujets ; il en ordonna mê
lyrie, et continrent les Daces, les Numi me trois presque consécutivement, et
des, les Ethiopiens. Il fit une alliance avec c'est pendant le second qui commença
les Parthes, qui cédèrent l'Arménie, et sept ans environ avant Christ, et qui du
rendirent les drapeaux enlevés à Crassus rait encore à cette époque, que Joseph et
et à Antoine dont les armées avaient été Marie vinrent se faire enrégistrer dans le
taillées en pièces. Cet hommage rendu à lieu de leurbourgeoisie, Bethléhem,Luc2,
Auguste par les barbares, fut imputé à 1-6. (Il faut ajouter cependant, que l'im
celui-ci par les Romains comme un véri pôt qui fut établi par l'empereur en suite
table triomphe. Il eut à combattre aussi de ce recensement, ne fut prélevé que
les Germains sur lesquels il remporta di quelques années plus tard.) Ce fut dans
vers avantages, mais qui lui firent éprou la vingt-sixième année d'Auguste que na
ver un échec terrible par le massacre de quit le Sauveur du monde ; et le même
l'armée commandée par Varus. Ce revers règne qui vit fermer les portes du temple
causa la plus vive douleur à l'empereur, de Janus, vit naître aussi le prince de la
qui s'écria plus d'une fois : « Varus,Varus, paix, mais d'une paix meilleure et plus
rends-moi mes légions ! » Tibère effaça durable, de celle dont l'Eternel a dit :
par ses triomphes la défaite de ce géné « C'est moi qui la donne. » A côté du
ral qu'il vengea cruellement. fondateur de la monarchie impériale de
Les jours de l'empereur furent deux Rome, s'élevait celui qui venait fonder
fois menacés par le fer des conspirateurs: le nouveau royaume d'Israël, un empire
la première fois, au commencement de universel, éternel, qui devait, quelque
son règne, la deuxième vers la fin. Cinna, chétifs que fussent ses commencements,
qu'Auguste avait comblé de ses bienfaits, envahir le monde entier, et dominer les
était à la tête de cette dernière conjura ruines de l'empire romain.
tion. Auguste informé de la chose, fit Auguste mourut à Nole en Campanie,
venir auprès de lui le coupable, lui par l'an 14 ap. C., au retour d'un voyage
donna généreusement en lui témoignant qu'il avait entrepris pour sa santé. Il avait
beaucoup d'affection, et le fit même con atteint sa soixante-treizième année, (se
sul pour l'année suivante. Ce noble pro lon d'autres sa soixante-dix-septième), et
cédé désarma tous les complices, et porta avait régné quarante ans. Après sa mort,
au plus haut degré l'amour et l'admira comme pendant sa vie, il fut regardé
tion du peuple romain pour son chef. Dès comme un Dieu par le peuple romain
lors il n'eut plus d'ennemis, ni au dedans qui lui éleva des temples, et lui rendit un
ni au dehors; sa douceur, sa clémence, culte particulier. — Son nom devint un
son amour pour la justice lui avaient ga titre pour les empereurs suivants, et nous
gné tous les cœurs. Nous avons vu sa voyons, Act. 25, 21., Néron désigné sous
conduite à l'égard d'Archelaüs (v. cet ar le nom d'Auguste.
ticle); ce fut encore lui qui fit donner à AULX, un des fruits de l'Egypte que
Hérode, par le sénat romain, la couronne les Israélites regrettaient au milieu des
de la Judée, et il y ajouta plus tard la té privations du désert, Nomb. 11 , 5. L'ail
trarchie de Zénodonus : il voulut faire lui est trop connu chez nous pour qu'il soit
même l'éducation d'Alexandre et d'Aris nécessaire de le décrire en détail : C'est
tobule, fils d'Hérode, et leur donna des l'allium sativum de Linné : sa tige plate
appartements dans son propre palais. On et Creuse se termine en Ombrelle et s'élève
comprend, d'après cela, combien Auguste à un mètre environ. Il se trouvait en
dut être affligé lorsque, dans la suite, abondance en Egypte et en Palestine; les
Hérode versa le sang de ces deux jeunes Juifs le recherchaient à cause de sa dou
princes. « Il vaut mieux être le porc ceur et de son goût agréable , on s'en
AUM 104 AUM

sert encore en Orient comme d'un plat me des richesses et des Occupations des
favori. Les Grecs, au contraire , et les Hébreux. L'aumône ne consistait pas
Romains , l'avaient en horreur , soit à dans de petites pièces d'argent, négli
cause de son influence pernicieuse sur gente, commode et dédaigneuse offrande
la santé ( Pline 20, 23) , soit à cause de jetée par le riche dans l'humble chapeau
son odeur : ces derniers avaient même du pauvre : c'étaient des prêts sans in
appelé les Juifs fœtentes, à cause de leur térêt pour celui qui voulait travailler, des
haleine habituellement forte et corrom denrées au moment de la récolte, un coin
pue par l'ail. de champ à moissonner, quelques raisins
AUMONE. C'est ce que la charité à grapiller ; puis , au bout de sept ans,
donne aux pauvres, Matth. 6 , 1. 4. En les fruits spontanés de l'année sabbati
hébreu , l'on exprimait cette idée par le que ; autant d'aumônes qui obligeaient
mot de justice, parce que l'aumône est une au travail, à l'ordre et à l'économie, ceux
dette que l'on acquitte non pas envers qui voulaient y avoir part. Cette charité
le pauvre, mais envers le Seigneur , cf. légale ne dispensait donc pas du travail,
Ps. 112, 9.2 Cor. 9, 9.10. En grec, les elle n'encourageait pas l'oisiveté : elle
mots qu'on a rendus par aumône, signi faisait vivre les vrais pauvres , sans of
fient miséricorde et grâce, parce que c'est
frir à d'autres la tentation de négliger
le véritable amour , la véritable compas leurs devoirs pour venir se classer au
sion qui doit en être le principe : c'est un
nombre des assistés. Chacun , d'ailleurs,
acte de bon vouloir et de fraternité re ne pouvait pas indifféremment recourir à
ligieuse envers le nécessiteux. Act. 10, l'aumône publique, mais seulement la
2. 4. 24, 17. 2 Cor. 8, 7. veuve, l'étranger, le lévite et l'orphelin,
La loi de Moïse prescrivait l'aumône qui n'ayant ni les uns ni les autres aucun
proprement dite, et semblait sanctionner fonds de terre, aucun antécédent qu'ils
ainsi cette fameuse charité légale, si re eussent pu économiser, aucunes avances
doutée de nos économistes. Mais si l'on
faites, étaient véritablement, par leurin
doit reconnaître qu'en effet chez nous fortune, dignes de la compassion des Hé
les lois en faveur des pauvres font les breux. Le vieillard même n'avait aucun
pauvres; si ce fait aatteint, en Angleterre droit à la charité, car il devait avoir des
surtout , un degré effrayant de vérité , fils travaillant pour lui , et, s'il avait
l'on peut croire aussi que la défectuosité vécu avec économie , il pouvait avoir
dans les résultats tient à un vice dans
amassé de quoi se faire aider par des
l'exécution , vice inhérent à l'état actuel serviteurs (voir dessus Cellérier, Espr.

de la société , dont on ne saurait faire de la législ. mos. Il, 108, sq. ).
un reproche à cette société , mais qui ne Quant à la somme qui pouvait être exi
se trouvait pas le même dans l'organisa gée des Israélites pour subvenir aux be
tion fraternelle , théocratique et agricole soins des pauvres et du culte , quant aux
de la société mosaïque. Aussi ne voyons charités qui leur étaient prescrites et
nous nulle part jusqu'à l'avénement des qu'ils devaient faire chaque année, voici
rois et au luxe de la monarchie, mention comment Saurin les résume dans son
ner des mendiants dans l'histoire juive. beau sermon sur l'Aumône, « calcul, dit
La charité légale, au lieu de propager la il, qui peut nous convaincre de cette
misère, l'adoucissait ; et ce résultat, que triste vérité, que si la religion chrétienne
partout l'on voudrait obtenir maintenant, l'emporte sur les autres, c'est dans les
on doit lui assigner pour causes, directes Evangiles , mais non dans la conduite de
ou indirectes : d'abord l'esprit patriarcal ceux qui la professent. »
et l'honneur de famille , plus forts alors 1o Les Juifs devaient s'abstenir de tous
que l'intérêt des temps modernes; puis les fruits qui croissaient les trois pre
la fixité des héritages, les lois sur l'es mières années, depuis qu'un arbre frui
clavage, le nombre restreint et la qualité tier avait été planté. Ces premiers fruits
bien déterminée de ceux qui avaient le s'appelaient le prépuce : c'était un crime
droit d'être assistés; enfin la nature mê de se les approprier, Lév. 19, 23.
AUM 105 AUT

2° Les fruits de la quatrième année de étaient tombés comme par hasard, mais
vaient être voués au Seigneur : c'était d'en laisser tomber même volontairement
une chose sainte à l'Eternel, Lév. 19, 24. et de propos délibéré , cf. Ruth 2, 16.
Il fallait les envoyer à Jérusalem, du 6° Ils étaient obligés de donner cha
moins il fallait en faire l'estimation et les que année pour les sacrificateurs la qua
racheter, en donnant au sacrificateur une rantième partie de leurs revenus ; du
somme équivalente : en sorte que le peu moins c'est ainsi que le sanhédrin avait
ple ne commençait à recueillir ses reve expliqué la loi de Deut. 18, 4.
nus que dans la cinquième année. 7° Ils en devaient une dixième pour
3° Ils étaient obligés d'offrir à Dieu, l'entretien des Lévites, Nomb. 18 , 21.
chaque année , les prémices de tous les 8° Les revenus que portait la terre cha
revenus de la terre, Deut. 26, 2. ; les que septième année étaient pour les pau
prémices , c'étaient les premiers fruits vres, du moins le propriétaire n'y avait
que la terre produisait. Quand le père de pas plus de droit que les étrangers ,
famille se promenait dans son jardin , et Lév. 25, 23. Et les Juifs ont eu une si
qu'il apercevait un arbre qui portait grande idée de ce précepte, qu'ils pré
quelque fruit, il le marquait avec un fil , tendent que c'est pour l'avoir violé, qu'ils
afin de pouvoir le reconnaître lorsqu'il ont été transportés à Babylone. C'est à
serait parvenu à une maturité parfaite. cela qu'ils rapportent ces paroles du Lé
Le père de famille mettait ce fruit dans vitique 26 , 34. : « Alors la terre pren
une corbeille; on assemblait ensuite tous dra plaisir à ses sabbats tout le temps
ceux qui avaient été recueillis dans une qu'elle sera désolée, et lorsque vous se
ville ; cette ville envoyait des députés à rez au pays des ennemis, la terre se re
Jérusalem : un bœuf couronné de fleurs posera et prendra plaisir à ses sabbats. »
était chargé de cette offrande , et ceux Cf. 2 Chr. 36, 21.
qui avaient la permission de le convoyer 9° Toutes les dettes contractées parmi
allaient en pompe à Jérusalem , en chan le peuple devaient être remises entière
lant ces paroles du Psaume 122, 1. : « Je ment après le terme de sept ans, Deut.
me suis réjoui à cause de ceux qui m'ont 15, 2. En sorte qu'un débiteur qui durant
dit : nous n.onterons à la montagne de sept années était hors d'état de s'acquit
l'Eternel. » Quand ils étaient arrivés à la ter, devait être parfaitement absous.
ville, ils chantaient ces autres paroles : Ajoutez à toutes ces dépenses les oc
• Nos pieds se sont arrêtés dans tes por casions extraordinaires , tant de sacrifi
tes, ô Jérusalem ! » (v. 2). Ensuite ils ces , tant d'oblations, tant de voyages à
allaient au temple , chacun ayant son of Jérusalem ; ajoutez-y le demi-sicle du
frande sur ses épaules, le roi même n'en sanctuaire, et vous verrez que Dieu avait
étant pas excepté, et ils chantaient en imposé à son peuple un tribut qui allait
core : « Portes, élevez vos linteaux; huis à près de la moitié de ses revenus.
éternels, haussez-vous. » Ps. 24. AUTEL , espèce de table destinée à
4° Il fallait qu'ils laissassent ce qui recevoir les saintes offrandes que l'on
croissait dans l'extrémité de leurs champs, présentait à l'Eternel , et qui y étaient
et qu'ils le cédassent au pauvre, Lév. 19, consumées en tout ou en partie. Il ne pa
9. Et pour éviter les fraudes qui auraient raît pas qu'avant le déluge on ait fait
pu semêler dans cette pratique, ils avaient usage d'autels ; les sacrifices étaient of
déterminé un point fixe à l'observation de ferts sur le sol même de la terre. Ceux
cette loi, et ils laissaient la soixantième qui furent construits dès lors par Noé ,
partie de leur champ pour cet usage. Abraham , Jacob, Job , et d'autres en
5° Les épis qui tombaient pendant la core avant Moïse , ne se composaient
moisson étaient employés à la même fin, guère que de pierres brutes ou de terre
Lev. 19. Et si vous consultez Josèphe amoncelée. Lorsque Salomon consacra le
(Ant. juiv. 8, 4. ) , il vous dira que cet temple , il fit de tout le milieu de la cour
ordre de Dieu les obligeait non-seule ou du parvis, comme un vaste autel ou
ment de céder aux pauvres ces épis qui il immola et brûla ses nombreuses victi
AUT 106 AUT

mes. Depuis l'érection du tabernacle , il sacré , et l'on n'y pouvait offrir quoi
y eut deux autels, celui des holocaustes que ce fût d'autre. La loi ordonnait d'en
et celui des parfums. L'autel des holo tretenir continuellement le feu de l'au
caustes , tel que Moïse le construisit, tel auquel s'était mêlé le feu céleste des-"
était une espèce de coffre en bois de sit cendu sur les premières victimes d'Aa
tim, surmonté de plaques d'airain pour ron. L'autel des holocaustes est une figure
le préserver du feu. Il avait environ de Christ, notre parfaite expiation et no
5m,76 de longueur , autant de largeur , tre refuge contre la colère à venir ; l'au
et 2 m,16 de hauteur ; à chaque angle il tel des parfums nous représente encore
y avait une corne d'airain, où s'atta Jésus-Christ comme notre avocat et no
chaient les victimes. La plaque supérieure tre éternel intercesseur. Ex. 30. Héb. 9.
était en forme de gril ; les cendres tom Parmi les autres autels que les Juifs
baient dans un bassin à l'intérieur. Cet élevèrent comme peuple béni de l'Eter
autel pouvait se transporter; on l'enve nel, nous mentionnerons encore celui du
loppait de couvertures, et les lévites le Jourdain, qui fut surnommé Hed, c'est
chargeaient sur leurs épaules, au moyen à-dire témoin , et celui du mont Hébal ,
de barres en bois de sittim recouvertes sur les pierres brutes duquel la loi devait
d'airain. Celui que Salomon fit construire être gravée en caractères durables, Jos.
avait des dimensions beaucoup plus con 22. Deut. 27 , 1-8. Malheureusement ce
sidérables ; mais on ignore s'il était d'ai peuple ingrat et dur ne dressa que trop
rain massif, si l'intérieur était en ma Souvent d'autres autels, à l'instar de ceux
çonnerie, ou même s'il n'était point creux des païens , et son histoire nous le
en dedans. Il avait 15m,12 de long, au montre plantant des bocages autour de
tant de large, et environ 7m,50 de haut; ces monuments, tandis que l'Eternel n'a-
on y montait du côté de l'orient par un vait pas voulu qu'on mît aucun arbre près
plan incliné. Il paraît que l'autel qui fut de ses autels. Deut. 16, 21 .
reconstruit après la captivité avait 24m,12 Quantaux païens, ilsavaient aussi, com
à la base, et 18 au sommet (v. Ex. 27, me on sait, leurs autels consacrés à leurs
1-9.2 Chr. 4, 1., etc. ). divinités , et le nombre en était considé
L'autel des parfums était une petite rable, vu la facilité avec laquelle ils dé
table de bois de sittim recouverte d'or, crétaient de nouveaux dieux , jusque-là
carrée, ayant 0m,72 de côté, et un peu qu'il n'a pas dépendu d'eux que deux
moins de 1m,44 en hauteur. Une corniche apôtres chrétiens ne devinssent à Derbes
d'or l'entourait; aux quatre angles était deux divinités païennes. Act. 14. Nous
une corne également d'or , et l'on pou avons parlé, à l'art. Athènes , de l'autel
vait le transporter au moyen de barres de à un dieu inconnu.
bois de sittim plaquées en or. AUTRUCHE, oiseau bien connu. L'es
Ces deux autels furent solennellement pèce appelée par les naturalistes struthio
consacrés par aspersion de sang et par camelus, et qui est celle que l'on com
l'onction sainte ; chaque année on en ar prend ordinairement sous le nom d'au
rosait les cornes avec le sang versé dans truche, a la taille d'un chameau , de
le grand jour des expiations. L'autel des longues jambes , de courtes ailes , des
holocaustes était placé dans la cour ex plumes extrêmement estimées comme
térieure , à peu de distance de la face ornements, et le cou assez fort , d'envi
orientale du tabernacle ou du temple : ron un mètre de longueur. Elles ne vo
c'est là qu'on offrait le sacrifice perpé lent pas, mais leur course est extrême
tuel du matin et du soir , outre une mul mentrapide et pareilleà celle des meilleurs
titude d'autres oblations; c'est là que se chevaux de Barbarie. Xénophon raconte
réfugiaient , en certains cas , ceux qui que l'armée de Cyrus le jeune trouva près
s'étaient rendus coupables de quelque de l'Euphrate un grand nombre d'autru
crime. L'autel des parfums était placé ches, et qu'on leur donna la chasse avec
dans le sanctuaire, devant le second voile; les chevaux les plus vigoureux, sans pou
on y brûlait soir et matin l'encens con voir les atteindre. Le mot hébreu que
AUT 107 AV0

nous traduisons par autruche est Bath éclore dans la chaleur du sable. —Enfin,
Yahanèh (fille de la voracité) ; mais les Job 30,29., et Michée 1, 8., lui attribuent
interprètes sont peu d'accord sur le sens un cri plaintif et lamentable, que le voya
de ce mot; quelques-uns, comme Luther geur Shaw (Voyages , p. 390) a de mê
et Martin , le traduisent par chat-huant ; me mentionné en parlant de l'autruche ;
d'autres, comme Calmet, par cygne. La il raconte que souvent, au milieu de la
traduction que nous avons adoptée se nuit , elle pousse une espèce de gémis
justifie par les considérations suivantes. sement lugubre (v. en général Bochart,
D'abord elle a pour elle presque tous les Hiéroz. II, 811 sq.).
anciens (les Septante , saint Jèrôme , ll est encore parlé, Job. 39, 16., d'un
Aquila, Symmaque , etc. ), et l'analogie oiseau nommé en hébreu Renanim, et
de la langue arabe. En outre, tous les que l'on pense également devoir être l'au
passages de l'Ecriture qui parlent de cet truche, bien que quelques auteurs (Lu
oiseau s'accordent parfaitement avec ce ther entre autres) le traduisent par paon.
que nous savons de l'autruche, Lév. 11, La traduction de nos Bibles « As-tu donné
16. Deut. 14 , 15. Il est mis au nombre aux paons ce plumage qui est si brillant, |
des animaux impurs , probablement à ou à l'autruche les ailes et les plumes9 »
cause de l'indifférence avec laquelle il doit être remplacée par celle-ci : « L'aile
avale tout ce qu'il rencontre , blé, vers, de l'autruche ne s'agite-t-elle pas (dans
pièces de monnaie, pierres et sable; son sa course) P N'est-elle pas comme l'aile
estomac estdevenu proverbial à cet égard, et comme les grosses plumes de la cigo
quoiqu'on n'en soit plus à l'idée qu'elle gne ? » Les versets suivants sont mieux
digère tout ce qui entre dans son corps. rendus, et leur ensemble montre évi
Les Arabes cependant, les Ethiopiens, demment que dans ce passage il s'agit
les Indiens et les Romains regardaient la de l'autruche ; le v. 20, qui accuse cet
viande de l'autruche comme un mets dé animal de manquer d'intelligence, rap
licat, bien qu'elle soit dure, sèche et dif pelle le proverbe arabe qui dit : « plus
ficile à cuire : serait-ce peut-être sa ra bête qu'une autruche; » et le v. 21 peut
reté qui lui méritait cet honneur P ou si se rapporter, soit à la rapidité de sa
l'on n'en mangeait que certaines parties course, soit à la grandeur de sa taille :
naturellement plus fines. la langue, le foie « Parfois même, lorsqu'elle se dresse
0u les ailes ?—Il est dit, Es. 13, 21. 34, (pour courir), elle se rit du cheval et de
13. 43,20.Jér. 50, 39. Lam. 4, 3., qu'elle celui qui le monte ;» elle les devance, ou
habite en des lieux désolés, au milieu bien elle est plus haute que l'un et l'autre
des chardons et dans les déserts, détails à la fois : ces deux sens sont également
qui vont encore à l'autruche , dont nous vrais et justifiés par les faits; v. Pline,
savons qu'elle se tient de préférence au H. N. 10, 1.
milieu des sables, vivant par troupes et AVEN. 1° Ezéch. 30, 17., ou Bethsé
se nourrissant surtout de dattes; quelques mès, ou encore Héliopolis, entre la mer
naturalistes arabes prétendent qu'elle ne rouge et le Nil, en Egypte; elle était si
boit jamais.— Cet animal est représenté, tuée à une journée de la capitale de ce
Lam. 4, 3., comme cruel envers ses pe royaume. C'est la même ville que On, au
tits, et tous les voyageurs racontent de pays de Goscen; v. On. 2° Amos 1, 5.,
l'autruche qu'elle abandonne au soleil et vallée de la Syrie damascénienne, peut
dans le sable ses œufs après les avoir être la vallée du Liban, Jos. 11, 17. (Bik
p0ndus, semblant ne pas s'inquiéter de hath signifie vallée.)
ce qui en adviendra : ce jugement ne doit AVOCAT, nom donné à Jésus-Christ,
tependant pas être accepté dans son sens 1 Jean 2, 1. Il intercède et plaide pour
le plus défavorable, et s'il est vrai qu'elle les pécheurs, et nous pouvons nous faire
ne couve pas ses œufs comme les autres une idée de cette intercession par ce
oiseaux, c'est que son poids immense les qu'on appelle sa prière sacerdotale, Jean
écraserait , tandis qu'elle peut très bien 17. « J'ai prié pour toi, dit-il à Pierre,
Se borner à les surveiller , en les faisant afin que ta foi ne défaille point. »
BAB 108 BAB

AZOR , nommé dans la généalogie de gantesque, interrompit les travaux brus


Jésus-Christ, Matth. 1, 13., est inconnu. quement, et, par sa toute-puissance, fit
AZOTE, Act. 8, 40., v. Asdod. échouer le premier essai d'une monar
chie universelle , qui ne réussira jamais
B que sous l'économie spirituelle du Sau
veur du monde. La dispersion des peu
BABEL (confusion), Gen. 11. Un siè ples et la confusion des langues furent le
cle environ après le déluge, au temps de moyen dont Dieu se servit pour dissiper
Péleg, les hommes qui composaient la fa le conseil des méchants; mais l'on se de
mille humaine s'étantinsensiblement éloi mande si cette confusion des langues fut
gnés du mont Ararat, arrivèrent dans les elle-même la conséquence naturelle de la
plaines de Sinhar. Plusieurs des descen dispersion des chefs, ou si, miraculeuse
dants de Cam voulant, à ce qu'il paraît, et subite, ce fut elle qui obligea les tra
échapper aux menaces divines dirigées vailleurs à se séparer. Les rationalistes
surtout contre Canaan, cherchèrent à se et quelques docteurs, même orthodoxes,
procurerun ascendant sur lesautres mem ont admis la première hypothèse; mais il
bres de la famille. Abandonnant, en con faut avouer que le texte biblique favorise
séquence, la droite voie, et refusant de davantage la seconde. Quoi qu'il en soit,
se conformer aux pieux conseils de leur il paraît que ceux dont l'esprit et la lan
aïeul, qui leur avait recommandé un at gue étaient le plus troublés s'éloignèrent
tachement sincère au vrai Dieu, ils se mi davantage de la Mésopotamie , et l'on
rent à construire une ville avec une tour peut croire que ceux qui demeurèrent
énorme. Leur vrai motif était l'orgueil, Sur l'emplacement après la confusion sont
l'ambition, le désir de régner ; le moyen aussi ceux dont la langue a conservé le
par lequel ils espéraient parvenir à ce plus de rapports avec la langue primi
résultat était la concentration de l'huma tive. La famille
de Sem n'ayant pas pris
nité dans un même système politique et part au péché des Camites, n'aura pas non
hiérarchique, moyen infaillible pour étein plus partagé leur châtiment; et c'est chez
dre à jamais la lumière divine, et pour eux, dans les langues sémitiques, et sur
étouffer tout développement de l'Eglise tout dans celle du pieux Héber(l'hébreu),
du Seigneur. En général on peut dire que que nous trouverons la langue dont doi
c'est dans la famille de Cam que le gou vent s'être servis les hommes depuis la
vernement patriarcal a le premier et le création jusqu'à Babel.
plus anciennement été remplacé par une Le même Dieu qui, dans cette occa
organisation politique sociale et monar sion, multiplia les langues pour séparer
chique; voyez les Egyptiens, les Indous, les pécheurs et les empêcher de s'en
les Chinois. tendre, est venu plus tard, aux jours de
On suppose que c'est Nimrod qui con la Pentecôte, rendre toutes les langues
çut le premier l'idée de cette entreprise. communes à ceux qui avaient reçu le
Comme ils ne connaissaient pas de car Saint-Esprit, afin de recueillir le peuple
rières dans le sol fertile Où ils s'étaient de Ses fidèles.
établis, ils cuisirent des briques, et se BABYLONE, ou Babel, capitale de la
servirent de bitume en guise de mortier. Caldée. On la comptait au nombre des
La tradition porte que, pendant troisans, sept merveilles du monde, et l'Ecri
ils ne firent autre chose que de préparer ture l'appelle la cité d'or, la gloire des
leurs matériaux; et déjà, depuis vingt royaumes, la reine des royaumes, la
deux ans, ils s'occupaient de l'œuvre de beauté de l'excellence des Caldéens, le
leur construction, lorsque l'Eternel, qui marteau de toute la terre, la hache de
ne voulait pas cette agglomération du bataille qui brise en pièce les nations,
genre humain sur un seul point de la Es. 13, 19. 14, 4. Jér. 50, 23., etc. Les
terre, et qui voyait les sentiments d'or historiens profanes ne sont pas moins po
gueil, d'impiété, de stupidité qui pré sitifs dans ce qu'ils mous racontent de
sidaient à l'érection de cette tour gi cette ville; si Hérodote, Xénophon, Stra
BAB 109 BAB

bon, Pline, Diodore de Sicile et Quinte élevée, un vaste réservoir dans lequel le
Curce ne sont pas entièrement d'accord jeu d'une puissante machine hydraulique
sur les détails, c'est que leurs descrip amenait les eaux de l'Euphrate.— On y
tions se rapportent à des époques diffé remarquait encore le temple de Bélus
rentes : mais ils s'accordent tous sur Son (Bel, ou Bahal), le palais de Nébucadnet
étonnante magnificence , qu'atteste en Sar, qu'environnait un triple mur de 10
core aujourd'hui l'immense étendue de kilom. de tour, d'autres disent qu'il avait
ses ruines. Le témoignage d'Hérodote, deux lieues et demie de longueur; enfin
en particulier, nous est d'autant plus pré
le fameux tunnel construit en briques
cieux qu'il visita lui-même Babylone, un et en bitume sous l'Euphrate, galerie qui
siècle à peu près après la mort de Bel servait à lier les deux moitiés de la ville,
satsar, et qu'il ne rapporte que ce qu'il et qui était un objet de luxe et de ma
a vu de ses yeux et bien examiné. gnificence, plutôt qu'il n'avait une utilité
Située dans une vaste plaine, Babylone réelle, vu les ponts nombreux qui facili
formaitun carré parfait dont chaque côté taient toutes les communications au delà
avait une étendue de 10 kilom.; d'autres du fleuve.
disent 25. Le mur dont elle était entou Le temple consacré au dieu Bel était
rée avait environ 126 mètres d'élévation une tour colossale , composée de huit
sur 32 d'épaisseur ; il était surmonté de tours, s'élevant les unes au-dessus des
250 tours (d'autres disent 316), construi autres, en diminuant de grandeur. Celle
tes, aussi bien que la muraille, en grandes qui servait de base formait un carré ré
briques cimentées avec du bitume. Entre gulier dont chaque côté avait 216 mètres
le mur et la ville était un large fossé de long : l'ensemble offrait l'aspect d'une
plein d'eau, dont les berges étaient éga pyramide grandiose ; on y montait du
lement revêtues de briques; c'est de là dehors par un chemin en spirale.Au som
qu'on avait extrait toute la terre qu'on met du temple était une chambre ou cha
avait dû cuire pour la construction des pelle sans images, où il n'y avait pour
murailles, en sorte que ce canal devait tout meuble qu'une table et un lit; une
être assez large et assez profond. Entre prêtresse y passait la nuit, parfois même
les maisons et la muraille, il y avait un on y faisait des observations astronomi
espace de 80 mètres environ. Cent portes ques. A l'étage inférieur de la tour était
d'airain massif, vingt-cinq de chaque une autre chambre ou chapelle, mais plus
côté, s'ouvraient sur la campagne ; du vaste et mieux décorée; l'image de Bel
n0rd au sud vingt-cinq rues, d'orient en s'y trouvait en or, derrière une table d'or.
0ccident vingt-cinq rues, larges de 54 mè Heeren, d'accord avec les traditions ara
tres et longues de 8 kilom., traversaient bes et juives, pense que cette tour est
la ville dans toutes les directions, et la l'ancien édifice construit par Nimrod.
partageait en 629 espèces d'îles carrées, Des huit étages trois se sont conservés
dont l'intérieur était destiné aux jardins jusqu'à présent; les matériaux dont ils
et dépendances. L'Euphrate, qui traver sont construits sont les mêmes que ceux
sait la ville du nord au sud, était égale qui sont indiqués Gen. 11., et la qualité
mênt resserrée entre des murailles aussi des décombres est de beaucoup supé
hautes que celles mêmes de la ville; d'im rieure aux autres restes d'architecture
menses escaliers, fermés par des portes que l'on trouve au même endroit, de
d'airain, permettaient de descendre jus même que la solidité et le grandiose de
qu'au fleuve. Les quais étaient magnifi cette composition gigantesque.Toutefois
ques : leur plus bel ornement consistait il paraît peu probable que les habitants
dans les jardins suspendus, établis sur de cette contrée aient essayé de recon
des terrasses voûtées qui s'élevaient jus struire un temple de Bel au même endroit
qu'au niveau des murailles, immenses et sur les ruines de l'orgueilleuse tour,
parterres du sein desquels on voyait s'é- dont la tradition portait qu'elle avait été
lancer des arbres de la plus haute di renversée par Dieu lui-même. Le profes
mension ; puis, sur la plate-forme la plus Seur Schubert qui, dans son voyage en
BAB 110 BAB
Orient, incline à croire que la tour de et s'estimaient très habiles dans l'astrolo
Babel est effectivement celle qui porte gie, la magie, et l'art de la divination,
encore le nom de Birs-Nimrod, à 12 ou Dan. 2, 2. 4, 7.5,7. Es. 47, 12. C'est de
15 kilom. ouest de l'Euphrate, pense chez eux que cette prétendue science s'in
qu'il faut voir le temple de Bel dans une troduisit dans le pays de Canaan, Es. 2,
ruine située sur la rive orientale, et qui 6., et peut-être même en Egypte.
s'appelle maintenant la colline d'Amran. Puis Cyrus vint, et Babylone fut prise,
Le Birs-Nimrod présente dans la partie 538 ans av. C. Plus tard Xercès pilla le
qui est encore debout, des caractères qui temple et le détruisit.Alexandre le Grand,
Semblent devoir remOnter immédiate qui voulut le rétablir, 320 ans av. C.,
ment à l'époque de la tour de Babel, et employa dix mille soldats à en déblayer
qui excluent par là même la supposition les ruines; mais il mourut au milieu de
qu'on ait essayé de construire un autre ses débauches sans avoir achevé ses tra
édifice en cet emplacement : ce sont d'é- vaux. Enfin Séleucus , un de ses succes
normes fragments de constructions en seurs, voulant s'illustrer, fonda, près de
briques, qui ont été complétement fondus Babylone, une ville qui devait s'appeler
et vitrifiés ; ils sonnent comme du verre ; Séleucie d'après son nom ; pour la peu
et pour que la brique ait pu devenir so pler, il força cinq cent mille Babyloniens
nore à un degré pareil, il faut qu'elle ait à se transporter dans sa nouvelle capi
été exposée à une chaleur égale à celle de tale. C'est alors que fut consommée la
la plus ardente fournaise. Le feu du ciel a ruine définitive de cette cité. v. Es. 13,
pu produire ce résultat, et l'on pourrait 19-22. Jérémie, 51, etc., v. Pierre h.
voir dans le passage Gen. 11, 5. (l'Eternel Nous parlerons, à l'article Caldée, de la
descendit) l'intervention sublime d'un religion des habitants de la contrée dont
Dieu qui s'avance entouré des éléments, Babylone était la capitale. Les prophéties
des flammes de feu ses ministres, qui doi annonçant la chute complète et la dé
vent le venger. L'historien Josèphe nous vastation d'une des merveilles du monde
a conservé, à cet égard, une vieille tradi qui semblait devoir durer toujours, se
tion qui dit positivement que la disper sont réalisées d'une manière étonnante ;
sion des hommes et la confusion des les voyageurs les plus incrédules ne peu
langues a été accompagnée d'orages ef vent, lorsqu'ils ont visité ces ruines fa
frayants, et de grands bouleversements meuses, employer, dans leurs descrip
dans la nature. tions, d'autres mots ni d'autres phrases
Bélus, le premier homme qui ait porté que celles mêmes des prophètes. v. Keith,
le titre de roi de Babylone, et qu'on es Accompliss. des Proph.
time avoir été contemporain de Samgar, Le roi de Sésac dont il est parlé, Jér.
juge d'Israël, Bélus et Sémiramis agran 25, 26., ne saurait être autre que celui
dirent considérablement la ville de Baby de Babel ou Babylone, cf. 51, 41 : mais
lone, et l'embellirent; mais ce fut surtout l'explication étymologique de ce mot a
Nébucadnetsar, seul, ou de concert avec sa longtemps embarrassé les interprètes.
belle-fille Nitocris, qui y mit la dernière L'opinion la plus probable est celle de
main, et qui en fit une des merveilles du saint Jérôme qui pense que, de peur d'of
monde. C'était alors le beau temps pour fenser les Caldéens, le prophète aura
le prince de ce siècle et pour les puis formé ce nom mystérieux du nom même
sances de l'air; la grande cité, l'orgueil de la ville de Babel, en comptant les let
du monde, était le jouet de Satan, qui se tres depuis la fin de l'alphabet au lieu
faisait adorer sous les figures différentes de les prendre depuis le commencement
de Bel, de Nébo, de Nergal, de Mérodach, (les voyelles ne comptent pas); ainsi les
de Succoth-Bénoth, etc., tour à tour, et deux B de Babel auront été remplacés par
tout à la fois, séduisant les Babyloniens l'avant-dernière lettre S, et la onzième
par la crédulité et par l'incrédulité, par depuis le commencement, L, aura été
l'idolâtrie, par la superstition, par les remplacée par la onzième depuis la fin, K;
plaisirs de la chair. Ils adoraient le feu, Bbl aura fait Ssk, Sésak. Pour d'autres
BAB 111 BAH

explications, v. Dahler, Comment. sur aussi le cOmmerce des merS, mais à ce


Jér., sect. 18, t. II, p. 201, 202. qu'il paraît avec des vaisseaux étrangers,
BABYLONlE , province d'Asie, bien surtout phéniciens. Leurs richesses de
connue, dont Babylone était la capitale, vinrent immenses et ne furent surpassées
mais qui ne doit pas être confondue avec que par leurs vices et leurs débordements
la terre des Caldéens Jér. 24, 5. 25, 12. de tous genres.
Ezéch. 12, 13. (Cette dernière, d'après Le christianisme s'y introduisit de
Ptolémée, 5, 20., ne comprenait que la bonne heure, essentiellement, à ce qu'il
partie méridionale de la Babylonie, tan paraît, au milieu des familles juives dis
dis que la province entière portait le persées qui s'y trouvaient depuis la cap
nom de Sinhar.) Elle était bornée au tivité, et dont les ancêtres n'avaient pas
nord par la Mésopotamie, à l'orient par voulu jouir du privilége qui leur était ac
le Tigre, au midi par le golfe Persique, à cordé de pouvoir rentrer dans leur pa
à l'ouest par le désert de l'Arabie. Son trie, v. 1 Pier. 5, 13. cf. Ps. 87, 4. L'apôtre
territoire, situé sous un ciel pur et sa Pierre écrivit de Babylone la première
lubre, n'était parcouru par aucune monta de ses épîtres, et peut-être aussi la se
gne un peu haute. La fertilité du sol était conde. Ce fut aussi là que les Juifs comp
fabuleuse et dépassait tous les prodiges tèrent leurs plus fameuses synagogues
de l'Egypte et du Nil ; Pline, Hérodote depuis la dernière destruction de Jéru
et Strabon en racontent des merveilles; salem ; et c'est d'elles que sortit cette
Hérodote même commence par dire qu'il vaste compilation rabbinique connue sous
n'ose en parler parce qu'on ne le croira le nom de Talmud.
pas, et qu'il faut avoir vu les phénomè BACA, nom d'une vallée qui se trou
nes de cette terre pour y croire; il ajoute vait sur le chemin de Jérusalem. Ce mot
qu'elle ne rapporte jamais moins de 200 signifie mûrier; il signifie aussi les pleurs,
pour 1 ; et Strabon assure que la récolte et c'est à cette dernière étymologie qu'il
atteint souvent le chiffre de 300 pour 1 , est fait allusion Ps. 84, 6. « Passant dans
sans parler de la grosseur extraordinaire la vallée de Baca, ils la réduisent en fon
des grains. C'était surtout en blé et en taines (de réjouissances). » Il est possi
palmiers, que la Babylonie était riche; on ble que cette vallée fût la même que celle
y trouvait peu de dicotylédones, et les de Réphaïm. v. ce mot.
arbres de nos climats, notamment le bois BAGUE. Les Orientaux d'autrefois ,
de construction, y étaient rares. Cette comme ceux d'aujourd'hui, aimaient à se
exubérante fertilité provenait d'abord de parer d'un grand nombre de bagues. Les
la bonté du sol et du climat, puis des irri hommes n'en portaient généralement
gations produites par les crues annuelles qu'aux doigts; ces anneaux renfermaient
du Tigre et de l'Euphrate, irrigations que en même temps leur cachet. Les femmes,
les habitants avaient régularisées à grands en revanche, et les enfants des deux
frais, et mises à profit au moyen d'éclu sexes , en portaient à profusion , aux
ses et de canaux, dont un grand nom doigts, au nez, aux oreilles, aux bras et
bre étaient même navigables, et qui aux pieds. v. les art. Boucles, et Cachet.
s'étendaient sur toute la surface du BAHAL, (seigneur ou mari.) Ce fut
pays. peut-être dans les premiers temps le nom
Les Babyloniens étaient célèbres par qu'on donnait au vrai Dieu. Du moins
leur habileté dans les arts, par la per est-il sûr que c'était le nom générique
fection de leurs tapis et autres objets de de tous les faux dieux de l'Orient, comme
luxe. Ils avaient accaparé une grande Hastaroth était celui de leurs déesses.
partie du commerce de l'Asie, et leur ré Les Moabites , les Phéniciens, les Assy
putation comme marchands et négociants riens, les Caldéens et souvent les Hé
était universelle, Ezéch. 17, 4. Tandis breux, eurent leur Bahal, qui, suivant les
qu'ils remplissaient par terre toutes les circonstances, s'appelait Bahal - Bérith,
routes un peu fréquentées des caravanes, Bahal-Péhor, Bahal-Zébub, etc. De là
Esaïe 43, 14. nous les montre faisant aussi la terminaison Bal qui caractérise
BAH. 112 BAH

beaucoup de noms d'origine phénicienne, d'Achab, n'adora pas Bahal sans doute ,
tels que Annibal, Abibal, Asdrubal, Ad mais le peuple continua de demeurer
herbal; etc. ; v. encore Eth-Bahal, 1 R. dans l'idolâtrie. Après sa mort, Jéhu, fei
16, 31. Ce mot de Bahal entrait souvent gnant une grande vénération pour l'idole,
dans la composition des noms de per convoqua devant ses autels tous les prê
sonnes ou de villes, et alors les Hébreux tres de mensonge dévoués au culte de
pieux le changeaient en béseth ou boseth Bahal, et il les fit passer tous au fil de
qui signifie honte. Ainsi de Jérubbahal l'épée. Peu de temps après, le souverain
ils avaient fait Jérubbéseth, Jug. 6, 32. sacrificateur Jéhojada, tuteur de Joas,
2 Sam. 11, 21.; d'Esbahal Is-Boseth, et supprima le culte de Bahal dans le royau
de Merib-Bahal, Méphiboseth, 1 Chr. 8, me de Juda, mais Achaz et Manassé l'y
33. 34.2 Sam. 2, 12. 9, 6. — Bahal est restaurèrent. Josias l'abolit de nouveau,
quelquefois féminin (p. ex. Rom. 11, 4. et de nouveau ses fils le rétablirent dans
dans le grec), de même que Hastaroth toute sa force, 1 Rois 16,31.18,18.2 Rois
sert parfois à désigner un dieu. D'autres 10, 21. Jér. 19, 5.
fois on lit Bahalim, pluriel de Bahal, soit BAHALAet Bahalé, v. Kiriath-Jéharim.
parce qu'il y avait plusieurs divinités de BAHALATH, v. Bahah-Gad.
ce nom, soit seulement parce qu'on le BAHAL-BERITH, nom de l'idole qu'on
représentait sous diverses images. Le adorait à Sichem, et dont les Israélites fi
culte de Bahal et de'son épouse Hastaroth rent leur dieu après la mort de Gédéon,
était accompagné de toutes sortes d'abo Jug. 8, 33. Peut-être était-ce la Bérith ou
minations. On entretenait toujours un Boré des Phéniciens, fille de leur Vénus et
feu allumé dans leurs temples, et on leur d'Adonis, ou seulement Bahal envisagé
élevait des autels dans les bocages, Sur comme garant des alliances (Bérith, al
les lieux élevés, et même sur les toits des liance); ce serait alors le Orkios des
maisons. Jér. 32, 29. 2 Rois 17, 16. 23, Grecs et le Jupiter Sponsor, ou Fidius
4-13. Jug. 2, 13. Ultor des Romains.
Si ce fut Nimrod, ou Bélus, ou Hercule BAHAL-GAD , ville située au pied
le Tyrien, qui le premier reçut les hon nord-ouest du mont Hermon, dans la val
neurs divins , c'est ce qu'on ne peut éta lée du Liban, à l'extrême frontière nord
blir positivement; mais il paraît constaté est de la terre promise ; peut-être aussi
que les Phéniciens adoraient sous ce nom le nom d'une des sommités de l'Hermon,
le soleil, et la lune sous celui de Has Jos. 11, 17. 12, 7. 13, 5. Elle possédait
tar0th. un temple dédié au soleil ou à Bahal, dont
Les Moabites commencèrent avant le la célébrité remonte à des temps très an
temps de Moïse à rendre un culte à Ba ciens : delàson nomgrec d'Héliopolis, ses
hal, et les Hébreux s'y livrèrent déjà du noms hébreux de Beth-Sémès, Jos. 19,38.
temps de ce législateur et prophète , Jug. 1,33., de Baal-Hammon, Cant. 8, 11.,
Nomb. 22, 41. Ps. 106, 28.; ils retom de Bahalath, 1 Rois 9, 18. si toutefois
bèrent dans cette idolâtrie après la mort ces divers noms désignent bien la même
de Josué et sous les juges Ehud, Gédéon ville dont les ruines étonnent encore les
et Jephthé, Jug. 2, 13. 3, 7. 6, 25.10, 6. voyageurs par leurs proportions gigan
Samuel paraît l'avoir entièrement fait dis tesques. — Quelques-uns , comparant
paraître pendant le temps de son admi 1 Rois 9, 18.2 Chr. 8, 6., et Jos. 19, 14.,
nistration, mais deux cents ans plus tard, pensent qu'il faut chercher le Bahalath
Achab et Jézabel la réintroduisirent avec que fortifia Salomon, dans le voisinage
toutes ses abominations : quatre cent de Guézer et de Beth-Horon, par consé
cinquante prêtres furent consacrés à Ba quent dans la tribu de Dan : ces trois villes
hal, et presque autant à Hastaroth. Cou auraient été bâties et fortifiées pour pré
verts de honte par Elie sur le mont Car venir une irruption des Egyptiens; mais
mel, et l'impuissance de leurs dieux ayant dans 1 Rois 9, 17. 18. on voit au contraire
été démontrée, ils furent saisis et mis à que Guézer et Beth-Horon sont liées
mort par l'ordre du prophète. Joram, fils l'une à l'autre, tandis que Bahalath pa
BAH 113 BAH

rait l'être davantage à Tadmor (Palmyre). Bahal-Méhon, Jos. 13, 17., Beth-Méhon,
Lenom moderne de Bahalath est Baalbeck, Jér. 48, 23., Béhon, Nomb. 32, 3. Pro
si, comme nous le pensons, on doit la bablement ce n'était qu'une même ville
chercher sur les frontières de la Syrie ; avec différents noms; elle appartenait à la
là, dans un petit village à peine habité tribu de Ruben. Les Hébreux l'enlevèrent
maintenant, l'on trouve comme monu à Sihon, qui l'avait peut-être conquise
ments d'une grandeur passée, les ruines lui-même sur les Moabites : ceux-ci la
du temple du Soleil, les blocs les plus reprirent, mais elle fut plus tard détruite
lourds qui aient été jamais remués par la par les Caldéens, cf. Ezéch. 25, 9. Il pa
main des hommes, des blocs de 23 mè raît cependant qu'elle fut rebâtie de nou
tres de longueur, larges de 4 et épais veau, et qu'elle existait sous les Macca
d'autant, présentant ainsi des masses de bées.
plus de 350 mètres cubes; et cette ville, BAHAL-PEHOR, Nomb. 25, 3. ldole
ajoute Braem, est à peine mentionnée dans des Moabites et des Madianites; quelques
l'histoire ! Elle sertaujourd'hui de capitale uns pensent que c'était le Mitsraïm, ou
aux Moutoualis, montagnards farouches l'Osiris des Egyptiens, ou le Priape des
et pillards qui rôdent aux environs. Grecs : elle s'appelait Péhor du lieu où
BAHAL-HANAN (grâce de Bahal), fils était son temple, comme Jupiter fut ap
de Hacbor, septième roi des Edomites. pelé Olympien, du mont où il était adoré.
Son nom donnerait lieu de croire que le Ce lieu a pris ensuite le nom de Bahal
culte de Bahal avoit alors prévalu chez Péhor, et plus tard nous le retrouvons
les descendants d'Esaü, comme chez ceux aussi sous celui de Beth-Péhor, Deut, 4,
ceux de Canaan. Gen. 36, 38. 46. Le changement de Bahal en Beth se
BAHAL - HATSOR , ville près d'E- retrouve également dans quelques-uns
phraïm, à 15 kilom. environ nord-est de des noms qui suivent.
Jérusalem, entre Béthel et Jérico. Il y en BAHAL-PERATSIM, endroit qui se
a qui croient que c'est Hatsor de la tribu trouvait dans la vallée des Réphaïm, où
de Juda, Jos. 15, 25. Mais alors il fau David mit en déroute les Philistins, 2
drait la placer plus au midi. C'est là Sam. 5, 20. 1 Chr. 14, 11., cf. Es. 28,
qu'Absalon fit le festin qu'il ensanglanta 21. Il pouvait être à 5 kilom. sud-ouest
par le meurtre de son frère Amnon. 2Sam. de Jérusalem.
13, 23. BAHALSALISA, 2 Rois 4, 42., ville ou
BAHAL-HERMON, Jug. 3, 3. 1 Chr. village de la Palestine, probablement dans
5, 23. Une partie du mont Hermon; peut le pays de Salisa, 1 Sam. 9, 4., mais du
être la même que Bahal-Gad. reste, inconnu. Eusèbe et Jérôme font
BAHALIS, roi des Hammonites , qui mention d'un Beth-Salisa, ville à 25 ou
envoya Ismaël, fils de Néthania, pour as 26 kilom. au nord de Diospolis : ce pour
sassiner Guédalia, commissaire de Nébu rait bien être la même.
cadnetsar auprès des Juifs restés en Ca BAHAL-THAMAR (Baal des palmiers),
naan, Jér. 40, 14. Cette mission ne pou Jug. 20, 33., lieu près de Guibha. Peut
Vait avoir d'autre motif que la haine en être que les Cananéens y adoraient Bahal
racinée des Hammonites contre les Juifs, dans un bocage planté de palmiers. C'est
et l'espoir de profiter ensuite des trou là que la tribu de Benjamin fut presque
bles qui résulteraient de la mort du gou entièrement détruite par les autres tribus,
Verneur : aussi paraît-il bien que les Juifs à cause du crime des Benjamites contre
regardèrent la mort de Guédalia comme la femme d'un lévite d'Ephraïm.
une calamité publique. Ismaël , de son BAHAL-TSEPHON (Bahal du Nord),
côté, se prêta de fort bonne grâce à la Ex. 14, 2. Nomb. 33, 7. Etait-ce une idole
mission de meurtre dont il était chargé, placée à l'extrémité nord de la mer Rouge,
poussé par la jalousie, parce qu'étant de comme pour garder l'entrée de l'Egypte,
sang royal, il n'avait pas été nommé gou ou bien une place fortifiée 9 c'est ce qu'on
Wºr[leIlr. ne saurait décider : cette dernière opi
BAHAL-MEHON, Nomb.32,38., Beth nion est cependant la plus probable, mais
8
BAH 114 BAH

elle peut se concilier avec l'autre, en ad verses explications sur le nom de Béel
mettant que la ville avait pris son nom zébuth, il en resterait encore une, c'est
de l'idole même qui s'y trouvait placée. que cette manière d'écrire ne serait au
BAHAL-ZEBUB,(Bahal des mouches), tre chose qu'une faute d'orthographe :
2 Rois 1, 2.3., dieu de Hékron. Il paraît, on ne peut guère se prononcer d'une
ou qu'on le représentait sous l'image d'une manière absolue, et chacun peut choisir
mouche, ou qu'on le regardait comme ap l'explication qui lui paraît le plus pro
pelé à garantir de la piqûre des mouches bable.
malfaisantes : peut-être était-ce le même BAHANA et RECAB, fils de Rimmon,
que le Hacor de Cyrène àquil'on attribuait Benjamites, officiers dans l'armée de
un semblable pouvoir, et que le Jupiter Saül. Désespérant, après la mort de leur
chasse-mouche (apomuïos) des Grecs. Le maître, de voir réussir son parti et celui de
culte de cette fausse divinité était encore son fils leur nouveau roi Is-Boseth, ils se
en usage au temps de notre Sauveur, défirent de lui pendant son sommeil, lui
puisque les Juifs l'accusèrent de chasser tranchèrent la tête, et s'en furent la porter
les démons par Béelzébub le prince des au prétendant, dans l'espoir d'en obtenir
démons, c'est-à-dire par Satan, comme une riche récompense. Mais David, après
le montre la réponse de Jésus, Matth. leur avoir reproché vivement l'horreur de
12, 24. cf. 10, 25. Marc 3, 22. Luc 11, leur trahison, ordonna qu'on les mît à
15. 18.; mais en passant dans la langue mort, qu'on leur coupât les mains et les
hébraïque, le nom du Dieu païen fut dé pieds, et qu'on les suspendît au-dessus de
figuré de diverses manières, conformes l'étang de Hébron, 2 Sam. 4, ce qui fut
au mépris que les Hébreux professaient immédiatement exécuté.
pour tout ce qui venait du dehors, en re BAHASA, 1 Rois 15, 27.2 Chr. 16, 1.
ligion surtout. Les uns l'appelèrent Béel etc., fils d'Ahija, de la tribu d'Issacar,
zebul (ou Zéboul), dieu du fumier, sur général en chef des armées de Nadab,
nom dont le sens n'avait pas besoin d'ex conspira contre son maître, le vainquit,
plication sans doute , mais dont la for le mit à mort, et monta sur le trône à sa
mation grammaticale n'était pas tout à place. Il fut ainsi le troisième roi d'Is
fait conforme au génie de la langue hé raël, 953 av. C. A peine établi sur le
braïque, puisque fumier se dit Zébel, et trône, il fit égorger toute la famille de
non Zéboul; cependant chacun sait que Jéroboam, selon l'usage des usurpateurs
lorsqu'il s'agit d'un jeu de mots, l'on ne d'exterminer les dynasties qu'ils veulent
se montre pas trop exigeant quant à remplacer par la leur; il choisit Tirtsa
l'exactitude et à la précision linguistique.pour sa résidence, et voulut fortifier Ra
D'autres, à ce qu'il paraît, appelèrent ce ma, ville frontière située entre ses Etats
faux dieu Bahal ou Béelzébuth, soit qu'on et ceux de Juda ; mais Asa, roi de Juda,
veuille y voir un pluriel abrégé de Bahal traita avec Ben-Hadad, roi de Syrie, qui
zébub pour Bahalzébuboth , soit que les rompit son alliance avec Bahasa, et sortit
habitants d'Hékron aient eux - mêmes contre lui ; il attira son ennemi vers le
voulu donner, au nom de leur divinité, Nord et le vainquit. Bahasa fut de même
cette terminologie qui la faisait ressem en hostilités constantes avec Asa, mais ne
bler un peu à celle de Bahalzébaoth, l'E- put rien entreprendre contre ce monar
ternel des armées, des Hébreux, soit que aimé de Dieu. Il régna vingt-quatre
qu'ils aient cherché auprès des nations ans , sa longue administration montra sa
étrangères à cacher ce qu'il y avait de prudence et son habileté, comme son usur
puéril dans l'image et dans les attribu pation même avait prouvé son courage :
tions de leur dieu , en déroutant par un mais ces vertus toutes terrestres, simême
simple changement de lettres, les re le monde consent à les décorer de ce
cherches qu'on eût pu faire à ce sujet ; nom, ne purent le préserver des châti
soit enfin que les Hébreux eux-mêmes se ments d'en haut. Après avoir servi de
fissent scrupule de nommer par son nom verge à l'Eternel pour punir la famille de
une divinité païenne. A côté de ces di Jéroboam, il entendit le prophète Jéhu
BAI 115 BAI

prononcer contre sa race les mêmes ma avec la religion mosaïque. Des ablutions
lédictions que le prophète Ahija avait étaient ordonnées pour les lépreux, Lév.
pr0noncées contre la maison de Jéro 14 , pour celui qui avait mangé d'une
b0am. Ela son fils lui succéda, mais deux bête morte de mort naturelle 17, 15.16.,
ans après sa dynastie n'existait plus; pour celui qui avaient touché un reptile
limri l'usurpateur avait assassiné le fils 22, 6. cf. encore 15, 5. 13, 58. Nomb.
dun usurpateur impie, et mis à mort 19, 19. Deut. 23, 11.—On ne se baignait
t0ute Sa maison.
pas seulement dans les fleuves, Lév. 15,
Le nom de Bahasa se retrouve 1 Rois 13. 2 Rois. 5, 10 ; il y avait aussi dans
21, 22.2 Rois 9, 9. Jér. 41, 9. les maisons des grands, et dans leur cour,
BAHURIM, ville de la tribu de Benja des salles debains 2Sam. 11, 2., et même,
min, à 2 kilom. environ nord-est de Jé plus tard, les Juifs eurent, comme les
rusalem; 2Sam. 3, 16. 16, 5. 17, 18. On Grecs et les Romains, des bains publics
croit que c'est la même que Halmon. dans leurs principales villes. Hors de
BAILLIS, Dan. 3, 2. Les différents leur pays, et là où les populations juives
noms donnés dans ce passage aux officiers et païennes se trouvaient mélangées, les
de lacour et du royaume de Nébucadnet Juifs ne craignaient pas de se rencontrer
sar, sont difficiles à traduire, et n'expri aux mêmes bains avec les gentils. Les
ment pas tous des idées qui puissent nous femmes se servaient quelquefois de son
être claires, parce que plusieurs des en guise de savon. Parmi les bains natu
charges désignées ne nous sont pas con rels que l'on trouvait en Palestine, et qui
nues, et que d'autres se rapportent à des étaient considérés comme ayant une in
fonctions qui sont sans analogie parmi les fluence favorable sur les maladies, il faut
peuples de l'Occident, soit anciens, soit remarquer ceux de Tibériade, de Gadara
m0dernes 9 Nous en donnerons ici la tra et de Béthesda, v. ces articles. Josèphe
duction aussi exacte que possible, et si mentionne encore celui de Kalirrhoon.
nous avons quelque chose à ajouter sur Les Arabes de nos jours, n'ayant pas tou
quelques-unes de ces fonctions, nous le jours à leur portée des sources ou des ri
ferons à leurs articles spéciaux. « Nébu vières pour accomplir les lustrations qui
cadnetsar fit convoquer les satrapes, les leur sont prescrites par le Coran, rem
gouverneurs lieutenants (du roi), les gou placent parfois l'eau par du sable ou de la
verneurs de provinces (militaires?), les terre dont ils se frottent le corps au fieu
juges supérieurs (au lieu de baillis), les de se baigner ; quelques interprètes ont
trésoriers, les juges, les hommes de loi, essayé de voir une allusion à cet usage
et tous les fonctionnaires (sous-gouver dans le passage 2 Rois 5, 17., où Naaman
neurs, ou employés) des provinces, » etc. demande la permission d'emporter de la
BAlNS. Les bains sont en Orient plus terre sacrée la charge de deux mulets.
nécessaires que partout ailleurs à cause BAISER. Outre le baiser d'amour, dont
de l'ardeur du climat, soit sous le point quelques rabbins ont voulu faire abstrac
de vue de la propreté, soit sous le rap tion complète, la Bible nous montre en
port sanitaire, comme mesure de précau core le baiser, 1° comme marque d'amitié
tion contre les maladies de la peau si ré au moment de l'arrivée, Luc 7, 45. 15,
pandues dans les pays chauds, où la pous 20 ; au moment du départ, Ruth 1 , 14.
sière, les miasmes et la transpiration se Act. 20, 37., ou dans une rencontre
réunissent pour les rendre redoutables. Matth. 26, 48.2 Sam. 20, 9. On baisait
Aussi les bains étaient-ils regardés chez le visage, Gen. 29, 13. 33, 4. Ex. 4, 27.
les Hébreux comme un objet de première 18, 7. 1 Sam. 20, 41. etc., ou bien la
nécessité, cf. Néh. 4, 23., et dans cer barbe, qu'on prenait avec la main droite,
tains cas la loi même les prescrivait en 2 Sam. 20, 9. Dans l'Eglise primitive le
guise de purification pour ceux qui étaient baiser fraternel était considéré comme
entachés de quelque souillure, cérémo signe de l'union sainte qui liait les frères
nielle ou légale, de telle sorte qu'ils les uns aux autres, Rom. 16, 16.1 Cor.
étaient, à cet égard , en relation intime 16, 20.2 Cor. 13, 12. 1 Thess. 5, 26.
BAL 116 BAL
Les frères se le donnaient dans les as nable que Balaam donna à Balac, qu'il se
semblées publiques, comme cela se pra formait une juste idée de la sainteté de
tique encore dans quelques-unes des égli l'Eternel. Le roi moabite , espérant de
ses de nos jours qui aiment à conserver vaincre Israël,avait essayé de le faire mau
avec l'ancien amour les anciennes formes dire par le Dieu même qui protégeait ce
par lesquelles il se manifestait. Ce baiser peuple. Séduit par de riches présents,
était aussi le signe de la réconciliation Balaam part malgré les avertissements
entre des personnes ennemiesjusqu'alors. d'une voix intérieure, et malgré le senti
Gen. 33, 4. ment qu'il a de l'œuvre inique dont il se
2° C'était une marque de vénération, charge. Il selle son ânesse, il se met en
d'hommage et de respect rendu d'abord route; mais déjà il doit s'arrêter, la bête
— a. à la Divinité, au Dieu d'Israël et des qui le porte refuse d'avancer; elle voit un
chrétiens, Ps. 2, 12. (baisez le Fils de peur ange que le regard obscurci du cupide
qu'il ne s'irrite), et aux divinités étran prophète n'aperçoit pas, et Balaam, sourd
gères par leurs adhérents, 1 Rois 19, 18. à la voix de la conscience, doit entendre
Os. 13, 2. (qu'on baise les veaux); ces la voix d'une bête de somme qui l'humi
derniers baisaient les statues de leurs lie, celle d'un messager céleste qui l'ef
dieux quand ils le pouvaient, et leur en fraye. Ces graves reproches le font ren
voyaient des baisers quand le dieu était trer en lui-même ;mais sa repentance est
trop loin, comme par exemple le soleille hypocrite comme l'ont été ses prières et
vant, v. Pline 28, 5. cf. Job 31, 27.;- b. sa désobéissance. Toutefois l'ange ne lui
puis aux princes que l'on voulait honorer ordonne pas de retourner en arrière; il
et se rendre favorables. Samuel baisa Saül lui annonce au contraire des prophéties
en l'oignant roi sur Israël, 1 Sam. 10, 1. du ciel : Tu ne diras que ce qui te sera
Dans l'Orient moderne on baise les mains, inspiré. Dieu va se créer un prophète
les genoux ou les pieds des rois (comme dans la personne de Balaam, comme il
du pape); tous ne sont pas même admis à a fait de l'ânesse une prophétesse , et
cet honneur insigne; cf. Es. 49, 23. Mich. le peuple de Dieu se voit béni par la
7, 17. Ps. 72, 9. Nous voyons encore Es bouche de celui-là même qui, séduit par
ter (5, 2) baiser le bout du sceptre que l'or, venait pour le maudire. Balaam
lui tend son royal époux. ne prononce que des bénédictions ; il an
BAJITH. Es, 15, 2. C'était, ou bien un nonce l'étoile qui doit venir, et ses pa
simple temple, ou bien une ville du pays roles mystérieuses touchant le Messie
de Moab , dans laquelle se trouvait un sont recueillies avec empressement par
temple. C'est là que le roi de Moab se les païens avidesd'un Sauveur. Ilannonce
rendit pour adresser à son idole de vaines encore le bonheur et la prospérité dont
supplications contre les Assyriens. Il se jouiront les enfants d'Israël dans la terre
rait possible que ce Bajith ne fût autre que promise, comment ils se soumettront
Bahal-Méhon. toutes les nations environnantes, et celle
BALAAM, fils de Béhor ou Bosor, fa même du roi que le faux prophète vou
meux prophète ou devin de la ville de Pé drait servir; il dit aussi que les Juifs se
thor sur l'Euphrate, espèce d'astrologue ront toujours un peuple à part qui ne se
ou de mage, parfois même prophète; car, confondra pas avec les autres peuples.
livré à toutes les bassesses de l'avarice Puis dans le sentiment de son péché, mais
et à toutes les souillures du paganisme, sans repentance, le malheureux s'écrie :
Balaam n'ignore pas les traditions des Que je meure de la mort des justes, et que
ancêtres, des patriarches et du Dieu de ma fin soit semblable à la leur. Nomb.
Noé. Il appelle encore Jéhovah son Dieu, 23, 10. Ce désir ne fut pas exaucé, parce
sans doute parce qu'il appartenait à la que Balaam demandait mal; et quand les
postérité de Sem, dans lafamille'duquella douze mille d'Israël se furent avancés
connaissance et le culte du vrai Dieu s'é- contre Moab et contre les Madianites, cinq
taient conservés avec le plus de pureté. rois furent tués et Balaam avec eux,
Il paraît même, d'après le conseil abomi Nomb. 31, 8. Le nom de ce faux pro
BAL 117 BAL

phète est rappelé Néh. 13, 2. 2 Pier. BALATH-BÉER, Jos, 19, 8. 1 Sam.
2, 15. Jude 11. Apoc. 2., 14; et Michée 30, 27., ou Bahal, 1 Chr. 4, 33., ville
nous parle encore (6, 5.) d'un conseil que des Siméonites, située probablement vers
Balac avait pris contre Israël, et d'une ré les frontières sud-ouest du territoire ap
ponse remarquable que lui fit Balaam. partenant à cette tribu. Elle est encore
Cette histoire présente plusieurs diffi appelée Rama du midi, et peut-être aussi
cultés dont quelques-unes sont heureuse n'est-elle autre que cette Ramoth à la
ment résolues par M. Grandpierre, dans quelle David envoya une partie des dé
son Essai sur le Pentateuque, d'après pouilles enlevées sur les Hamalécites.
l'ouvrage allemand de Hengstenberg sur BALEINE. Le nom de cet animal se
Balaam. Comme on trouve dans les pa trOuve dans nos traductions, Gen. 1, 21.
roles et la conduite du faux prophète un Job. 7, 12. Ps. 74, 13. Matth. 12, 40.
mélange d'erreur et de vérité, il est pro La version anglaise l'a encore Ezéch. 32,
bable qu'il y avait aussi dans son origine 2.; la Bible de Luther l'a comme la ver
quelque chose de louche ; il est à la fois sion française. Le mot hébreu est Than
juif et païen. Nous sommes plutôt dis ou Thannin; les Septante l'ont traduit
posé à croire qu'il était Hébreu de nais par Kétos, qui signifie effectivement ba
sance, et que, toujours poussé par la cu leine, et notre traduction de Matth. 12,
pidité et l'ambition, il a préféré mettre 40. est exacte ; mais l'hébreu doit-il se
ses dons et ses lumières au service du rendre par Kétos ? signifie-t-il une ba
plus offrant. La Caldée était pour lui un leine ? C'est extrêmement peu probable.
meilleur terrain que le désert du voyage, On ne saurait croire que les écrivains
et il ne risquait pas d'y rencontrer un sacrés aient eu connaissance de cet ani
Moïse. Comme les prophètes, il était quel mal, qui n'a jamais paru ni sur les côtes
quefois maître de son inspiration; il ne le de la Palestine, ni sur celles de l'Egypte,
fut pas toujours : il dut obéir quand Dieu soit du côté de la Méditerranée, soit du
ordonna. Le discours de l'ânesse a égayé côté de la mer Rouge, et les rapports des
bien des incrédules, mais ce n'est pas une voyageurs à cette époque n'avaient pas
preuve; le fait n'est pas plus extraordi encore atteint le Groenland, le Spitzberg,
naire que bien d'autres, et ne demande ou les mers qui sont le séjour des ba
pas d'explications. leines. Mais si l'on est d'accord à pen
BALAC, fils de Zippor, roi des Moa ser qu'il ne s'agit pas de ce gros cétacé
bites. Effrayé de voir sur ses fron dans les passages cités, ni dans l'histoire
tières ces Israélites dont la réputation de Jonas, les opinions varient beaucoup
belliqueuse et conquérante était parve lorsqu'il s'agit de déterminer d'une ma
nue à sa connaissance par la défaite de nière positive quel était ce poisson; il
Sihon et de Hog, il sentit la nécessité de paraît que le même mot doit se traduire
s'appuyer sur un secours puissant et eut diversement dans les différents passages.
recours à Balaam. C'est donc par des ma On pense qu'il s'agit du crocodile dans
lédictions qu'il voulait préluder à cette le verset de la Genèse. (Harris, Natural
guerre ; mais le refus de Balaam, et la Hist. of the Bible. Hurdis, Critical Dis
prophétie solennelle qu'il prononça sous sert. on the word wahle in Gen. 1, 21.,
l'impulsion du Saint-Esprit détournèrent etc.) Quant au grand poisson de Jonas,
Balac de son premier dessein. Les Moa les uns ont prétendu que c'était l'orca
bites cependant, comme les Hammonites, de Pline, espèce de dauphin (Hase, etc.);
n'avaient rien à craindre de l'approche d'autres (Calmet, Bochart, Linnée, Winer)
d'Israël, Deut. 2, 9.; mais la terreur de pensent, et c'est l'opinion la plus proba
ces peuples n'en était pas moins légitime, ble, que c'est le chien marin (canis car
puisqu'ils ne connaissaient rien, ni des charias, ou squamus carcharias, de Lin
plans de Dieu, ni des desseins des ls née), le requin, dont la mâchoire est ar
raélites. mée de quatre cents dents aiguës , ran
BALADAN, 2 Rois 20, 12. Es. 39, 1., gées sur six rangs, et dont la gueule est
pere de Mérodac-Baladan, q. V. si vaste qu'elle peut, fort à son aise, eIl
BAN 118 BAP

gloutir un homme tout entier. Il n'est pas troisième espèce d'excommunication plus
rare devoir ce monstre avaler des hommes sévère que les deux autres, et qui aurait
et même des chevaux, et l'on a trouvé consisté à livrer un homme à tous les
jusqu'à dix thons dans l'estomac d'un maux, à le livrer à Satan, cf. 1 Cor. 5, 5.
requin dont le poids s'élevait à peine à 1 Tim. 1, 20. On pourrait y joindre en
quatre cents livres. On dit que lorsqu'un core cette exécration de la part de Christ,
de ces poissons tiendrait la gueule ou dont il est parlé Rom. 9, 3. Mais tout en
verte un moment, un chien pourrait des admettant comme un fait très naturel
cendre jusqu'au fond de son estomac qu'il y ait eu divers degrés d'excommu
pour y chercher la nourriture qui s'y nication, il n'est rien moins que prouvé
tl'OuVe. que les expressions sus-mentionnées ren
BALTHASAR, v. Belsatsar. ferment des allusions à quelques usages
BAMOTH, Nomb. 21, 19. Ville située juifs, et l'on ne peut rien préciser au
au delà du Jourdain, sur les frontières delà de ce que nous avons dit sur la
du pays de Moab; d'après Eusèbe, elle grande et la petite excommunication.
auroit été située sur l'Arnon : c'est la Quant au bannissement comme peine
même que Bamoth-Bahal, Jos. 13, 17. politique, nous en trouvons une trace
BANNISSEMENT. Le Nouveau Testa dans le passage Esd. 10, 8.
ment nous présente dans l'interdiction, ou BAPTEME. Ce mot indique primiti
expulsion de la synagogue, une espèce de vement l'acte de plonger, de tremper,
peine ecclésiastique, et commeuneexcom puis de iaver et de nettoyer. Dans l'ori
munication juive; elle était prononcée, ginal du passage Marc 7, 8., il y a « le
en général, dans les cas d'hérésie, Luc 6, baptême des pots et des coupes. » —
22. Jean 9, 22. 12, 42. 16, 2. On fai Pris dans le sens religieux, ce mot n'im
sait couvrir de pierres, par jugement, le plique pas nécessairement, quoique cer
corps de celui qui mourait interdit. Pen taines congrégations le prétendent, l'idée
dant tout le temps que durait la peine, d'une immersion totale. Tous les passa
le condamné ne pouvait se raser, ni se ges allégués en faveur de cette asser
couper les cheveux, et il ne pouvait en tion peuvent admettre une interprétation
trer dans le temple que par une porte moins littérale, et indiquer seulement
faite exprès. La Gémara, du reste, et les que celui qui devait recevoir le baptême,
rabbins parlent de deux espèces d'excom et celui qui devait l'administrer, entraient
munications différentes, la petite et la l'un et l'autre des pieds dans l'eau à une
grande.Cette dernière, accompagnée de hauteur indéterminée, et que ce dernier
malédictions, pouvait être plus ou moins répandait peut-être avec la main de l'eau
longue; elle empêchait toute espèce de sur la tête du néophyte, v. Act. 8, 38.
rapports et de communications avec le Le mot de l'Evangile, que Jean baptisait
dehors, et ne pouvait être prononcée par à Enon « parce qu'il y avait là beaucoup
moins de dix membres de la synagogue. d'eau » , Jean 3, 23., ne prouve pas da
L'autre, moins sévère, pouvait être pro vantage cette immersion absolue. Dans
noncée par un seul homme, le rabbin, ces pays brûlants, les torrents, et jus
par exemple; sa durée ne pouvait excéder qu'à un certain point les rivières, sont
trente jours, et celui qui était ainsi ex sujets à se dessécher presque entière
clu de la synagogue continuait de vivre ment dans certaines saisons de l'année ;
avec sa famille sans en être empêché, on vit un roi, Achab, et l'un de ses prin
même il pouvait traiter ou converser cipaux officiers, se mettre personnelle
avec d'autres, moyennant qu'il y eût ment en chemin pour aller chercher des
entre eux et lui la distance de quatre endroits un peu arrosés, 1 Rois 18, 5.
coudées, un peu plus de deux mètres. 6. v. encore 2 Rois 3, 9., etc. Dans le
C'est de cette excommunication que fut passage de l'Evangile qu'on vient de citer
puni l'aveugle-né dont Jésus avait opéré le mot beaucoup pourrait donc parfaite
la guérison, Jean 9, 34. ment signifier ce qu'ici, dans la zone
Quelques rabbins parlent encore d'une tempérée, nous appellerions un peu,
BAP 119 BAP

d'autant plus que le mot eaux est dans férents cas, et quel que soit le sens spé
le grec au pluriel; ce qui semblerait in cial que pourraient donner à la chose
diquer, presque avec certitude, non pas ceux qui étaient lavés, le baptême êtait
une eau profonde, mais une grande ra toujours un rite d'initiation.
mification du torrent, qui permettait peut Quant au baptême chrétien, la belle si
être à Jean-Baptiste de faire baptiser si gnification dont nous venons de parler
multanément en plusieurs endroits.— La est positivement indiquée par saint Paul,
raison la plus puissante peut-être pour Rom. 6, 3-11.; elle est pleine de gran
repousser l'fdée des baptêmes par im deur et correspond exactement aux idées
mersion totale, c'est l'obligation absolue que se faisaient déjà les esséniens, et que
où aurait été la multitude qui venait se se sont faites, après eux, les moines ca
faire baptiser par Jean au désert, Marc tholiques romains , du renoncement au
1, 5., d'apporter des vêtements de re monde qui doit caractériser toute âme
change et de se déshabiller ainsi complé vraiment pieuse. Seulement les deux sec
tement, hommes et femmes. La chose tes que nous indiquons ici bornaient ce
semble inadmissible et impraticable. A renoncement à quelques individus dont
combien plus forte raison dans nos cli elles faisaient une sorte d'élite, tandis que
mats, et dans les profondeurs du Nord ! Jésus et son Evangile imposent cette
On allègue que le baptême chrétien de sainte et douce obligation à tout fidèle.
vant être l'image d'un ensevelissement, Dans ce sens-là, le baptême d'un homme
et de la mort à une vie précédente, à la qui embrasse la foi correspond presque
quelle succède une résurrection, l'im en tout point à ce qu'est la prise du voile
mersion totale représente mieux la chose. chez une religieuse, l'endossement de l'u-
Mais l'Evangile n'est pas si matériel qu'il niforme chez un militaire, la robe virile
s'asservisse à représenter à ce point-là chez les Romains. Ce n'est qu'un type, un
les idées qu'il veut figurer. ll donne quel symbole , mais un symbole parlant. Et
ques signes, et celui qui a de l'intelli c'est par ces considérations qu'on doit
gence comprend. expliquer ce qui est dit dans l'endroit de
Nous venons de dire quel est le sens l'épître aux Romains, indiqué plus haut,
du baptême, du moins du baptême chré « que nous sommes ensevelis avec Christ
tien; et pour nous borner à ce qui re par le baptême : » c'est évidemment par
garde l'Ecriture sainte , il nous semble la foi en Christ , et par le don que nous
que c'était même la signification de toutes lui faisons de nous-mêmes, que nous
les espèces de baptêmes religieux dont sommes ensevelis avec lui, et non par la
nous parle la Bible : car elle en indique cérémonie même. Mais comme le sym
plusieurs à différentes époques de la vie bole se liait étroitement, pour ceux à qui
théocratique, et différents peut-être dans Paul écrivait, à la foi dont il s'agit, l'a-
les cérémonies qui en accompagnaient pôtre argumente de l'un comme de l'au
l'application. Jacob et sa famille se lavè tre. Cela se fait tous les jours : il n'est
rent avant de s'approcher de Dieu à Bé pas un militaire à qui l'on ne puisse dire :
thel, Gen. 35, 2. Les Hébreux en firent Tes épaulettes, ta cocarde, ton uniforme
autant avant d'entrer dans l'alliance de t'ont fait renoncer à ton père et à ta
l'Eternel en Sinaï, Ex. 19,14.1 Cor. 10, 2. mère, au foyer de ta famille, et à ses
Aaron et ses fils se lavèrent également douceurs ; tu es mort à la vie civile, tu
lorsqu'ils furent initiés à la sacrificature, ne vis plus que pour défendre ta patrie et
Ex. 29, 4. Enfin, sous le ministère de pour obéir à tes nouveaux supérieurs.
saint Jean, même avant le baptême chré Sans doute cette signification symbo
tien proprement dit, le baptême devint le lique du baptême s'applique bien plus na
sceau de la nouvelle alliance, ayant alors turellement et plus réellement à ceux qui
déjà la même signification qu'il eut plus ont reçu le baptême après avoir embrassé
tard, bien qu'il n'annonçàt pas aussi clai l'Evangile par conviction, qu'à ceux qui
rement la doctrine du Père, du Fils et du l'ont reçu enfants. Mais , dans les deux
Saint-Esprit, Act. 19, 3.—Dans ces dif cas, elle reste pourtant. Et peut-être, ce
BAP 120 BAR

qu'on peut dire de plus sage en faveur du dème, Jean 3, 3., met le baptême d'eau
baptême des enfants (la Bible laissant sur la même ligne que le baptême d'es
cette question pour le moins indécise), lbrit.BAPTISTE, surnom de Jean le précur
c'est que la foi étant un devoir aussi bien
que le moyen du salut, l'enfant du chré seur, et parent du Messie, v. Jean, et Bap
tien peut être consacré au Seigneur , tême.
même avant son consentement, comme on BARAC, fils d'Abinoam, de Kédès,
voit un enfant né dans la troupe, porter dans la tribu de Nephthali, général israé
dès ses plus jeunes années le costume de lite, fut chargé par Débora de lever une
soldat, quitte à lui de refuser plus tard, armée de 10,000 hommes dans les tribus
ou même de déserter. Ce n'est du reste de Zabulon et de Nephthali , et d'atta
pas ici le lieu d'examiner la question dif quer Sisera. Il témoigna d'abord quel
ficile et délicate du baptême des enfants. que hésitation, craignant que les tribus
Un passage assez obscur, relatif à ce ne refusassent de le suivre si rien n'ap
sujet, et qui est , selon nous, générale puyait son appel aux armes. Débora con
ment mal traduit, est celui où saint Pierre sentit à l'accompagner, mais le punit de
dit que le baptême qui nous sauve n'est son manque de foi en lui annonçant que
pas celui par lequel sont nettoyées les im le général ennemi tomberait sous les coups
puretés de la chair, 1 P. 3, 21. On ajoute d'une femme. Barac n'hésite plus, il part,
ensuite : « Mais c'est la promesse faite à et campe sa petite armée sur les hauteurs
Dieu d'une conscience pure » ( ou quel du mont Thabor, inaccessibles aux cha
que autre version semblable). Il faut tra riots et à la cavalerie du roi de Hatsor.
duire : Mais c'est la recherche que fait L'Eternel combattit des cieux, Israël
de Dieu une conscience pure. » remporta la victoire; mais lorsque Barac
Le baptême n'est qu'un symbole, mais arriva, cherchant son ennemi pour le
ce serait se tromper grandement que d'en mettre à mort, la prophétie de Débora
conclure qu'il peut être négligé ou aboli, était accomplie : une femme lui avait ravi
comme chez les quakers , par exemple. la dernière gloire du combat : Jahel cou
Les symboles sont une des choses qui rut à sa rencontre et lui dit : Viens, et je
ont les racines les plus profondes dans la te montrerai l'homme que tu cherches.
nature humaine; le peuple est plein de Saint Paul loue la foi de Barac, Héb.
cette idée. Des barbares font un pacte, 11, 32., et Débora le chante aussi dans
et ils élèvent une pierre sur le lieu de la son sublime cantique ; d'ailleurs l'en
transaction, « afin qu'elle soit témoin de semble de la vie de ce général (dont il
leurs promesses. » Un juge prononce une ne faut pas faire un juge comme quelques
sentence de mort, il brise un bâton en la personnes estiment qu'il le fut), nous
prononçant; tous les assistants frémis montre en lui un véritable Israélite, sou
sent. Un manœuvre revêt l'uniforme, c'est mis à la volonté de son Dieu. Il eut ce
un homme nouveau. Un prêtre romain pendant , comme Aaron , comme Moïse ,
élève son idole, et chacun peut apercevoir comme David, comme Pierre, ses doutes
le frémissement qui parcourt l'église au et son incrédulité; les incrédules seuls,
moment où la foule adore, sans s'en dou qui ne savent pas ce que c'est que la foi,
ter, le Numen... Satan, qui s'est mis sous peuvent prétendre qu'il n'y eût chez lui
le symbole à la place de Dieu ! ni lâcheté ni défiance , et que sa dés
Les symboles, la représentation des obéissance fût très légère. Il refusa de
choses spirituelles par des objets ou des croire à la prophétesse; ce péché ne pa
actes matériels, se retrouvent dans l'E- raît pas grand à ceux qui refusent de
criture, comme ils se trouvent dans la croire aux prophètes, mais Dieu châtia
nature. Ils sont un besoin, et souvent un Barac par où il avait péché, et lui enleva
moyen, un secours , une obligation; ils l'honneur qu'il avait d'abord voulu lui .
sont aussi une profession, un acte pu accorder. — v. Bedan.
blic, et c'est dans ce sens, mais dans ce BARACHIE. « Afin que vienne survous,
sens seulement, que Jésus parlant à Nico dit Jésus en parlant des scribes et des
BAR 121 BAR

pharisiens, tout le sang juste qui a été les regardant par cela même comme igno
répandusur la terre, depuis le sang d'Abel rants, et peu civilisés. Avec le temps
le juste jusqu'au sang de Zacharie, fils de cette expression devint donc synonyme
Barachie, que vous avez tué entre le du mot étranger, et perdit tout ce que
temple et l'autel. » Matth. 23, 25. Quel d'abord elle pouvait avoir d'offensant :
est ce Barachie ? c'est une question qui être barbare pour quelqu'un ne signifiait
est toujours restée pendante depuis Ori plus que lui être étranger, parler une
gène et les Pères, et qui l'est encore langue différente de la sienne, et qu'il ne
maintenant. Quelques-uns ont pensé à comprend pas. C'est dans ce sens que
Jébérecja, père de Zacharie, Es. 8, 2., les apôtres ont pu se servir de ce mot,
d'autres à Barachie, père du prophète Act. 28, 2. 4. Rom. 1, 14.1 Cor. 1 4, 11 .
lacharie, Zach. 1, 1., d'autres au père de Col. 3, 11 .
Zacharie, père de Jean-Baptiste; mais ce BARBE. Les Hébreux se la laissaient
sont de pures hypothèses qui ne reposent croître, comme faisaient et comme font en
que sur une ressemblance de nom, sans core presque tous les Orientaux(à l'excep
que l'histoire nous fournisse aucune tion cependant des Egyptiens ; car Joseph
preuve que ces différents Barachie soient fut rasé pour être rendu digne de paraître
morts de mort violente. Il reste enfin en la présence de Pharaon, Gen. 41, 14.).
deux suppositions qui, l'une et l'autre, se Parfois ils l'écourtaient, ou même la ra
rapportent au passage 2 Chr. 24, 20-23. saient entièrement en certaines places,
Là nous lisons que Zacharie, fils de Jé suivant des formes régulières. Mais les
hojadah, ayant reproché au peuple leurs coins de la barbe (Lév. 19, 27., probable
transgressions, fut assommé de pierres ment les favoris) que les Arabes rasent
par l'ordre du roi, au parvis de la maison habituellement, ne devaientjamais tomber.
de l'Eternel. Selon les uns, Barachie se Quelques-uns des Juifs modernes, par
rait un second nom de Jéhojadah, et c'est principe, conservent encore un léger filet
un moyen souvent employé et souvent de barbe depuis l'oreille , et au men
justifié de concilier d'apparentes contra ton la barbe entière. Les Hébreux soi
dictions; il n'était pas rare, en effet, gnaient particulièrement cette partie de
qu'un homme portât des noms différents. leur figure qu'ils regardaient comme leur
Selon d'autres, Jéhojadah serait le père plus bel ornement , et ils l'oignaient
de Barachie, et l'aïeul de Zacharie , il y d'huiles odoriférantes, Ps. 133, 2. Dan.
aurait donc une génération omise dans 10, 3. Raser quelqu'un malgré lui, c'était
le récit des chroniques, mais il arrivait lui faire un affront sanglant, et 2 Sam.
assez fréquemment que dans la généalo 10, 4. nous montre une guerre contre
gie d'un homme on ne comptât que ceux Hanun, résultant d'un traitement de ce
deses ancêtres qui étaient le plus connus. genre fait aux envoyés du roi David.
Cette dernière manière de voir paraît plus Niebuhr et Tavernier rapportent des faits
Vraisemblable, et peut s'appuyer encore semblables; cf. Es. 7, 20.50, 6. etc. Moïse
Sur le fait de la longue vie de Jéhojadah prescrit une tonsure complète comme
qui atteignit l'âge de 130 ans, 2 Chr. 24, mesure de santé, Lév. 14, 9. , mais, à
15. Jésus, en choisissant cet exemple au l'exception de ce seul cas , ce n'était ja
milieu de tant d'autres, aurait voulu faire mais que dans un deuil profond que les
Sentir aux pharisiens que l'Ecriture sainte Israélites se rasaient ou s'arrachaient la
tout entière, d'un bout à l'autre, rend barbe, Es. 15, 2. Jér. 41, 5. 48, 37.
témoignage à leur endurcissement ; car Esd. 9, 3., ou négligeaient d'en prendre
l'exemple d'Abel est tiré de la Genèse, soin , 2 Sam. 19, 24. Néhémie, dans sa
et celui de Zacharie serait tiré du second fureur contre ceux des Juifs qui avaient
livre des Chroniques qui, dans le texte contracté des alliances étrangères, en
hébreu, est placé à la fin du volume sacré. battit quelques-uns et leur arracha les
BARBARE. On sait que les Grecs don cheveux, Néh. 13, 25. Les esclaves n'a-
naient ce nom aux hommes de toutes na vaient pas le droit de se laisser croitre
lions qui ne parlaient pas leur langue, la barbe, que les Orientaux considéraient
BAR 122 BAR

et considèrent encore comme l'apanage taux, lorsqu'ils font un appel solennel à


exclusif de l'homme libre et fort. On bai quelqu'un, ont coutume de le nommer
sait la barbe de celui qu'on voulait hono par tous ses titres, et de lui donnner tous
rer ou se rendre favorable, 2 Sam. 20, 9. ses noms. Les contes arabes fourmillent
Enfin cette excroissance capillaire était si d'exemples de ce genre.
considérée, elle jouait un tel rôle, qu'on BARNABAS. Ses ancêtres, de la tribu
mettait à part tous les poils qui tombaient de Lévi, s'étaient retirés dans l'île de
sous le peigne, et qu'on les conservait Chypre, peut-être lors de l'invasion de
avec beaucoup de soin. la Judée par les Syriens, ou par les Ro
BAR-JESUS. Bar signifie fils. C'était mains. C'est dans cette île qu'il naquit ;
un homme juif d'origine, qui s'adonnait il y reçut le nom de Joses, mais après
à la magie, et qui avait pris un nom arabe sa conversion à la foi chrétienne, on l'ap
en rapport avec ses occupations ordi pela Barnabas, ce qui peut se traduire, ou
naires, le nom d'Elymas qui veut dire fils de prophétie, à cause des dons émi
enchanteur. Il était placé dans l'île de nents qu'il avait reçus du Saint-Esprit,
Chypre, à Paphos, auprès du proconsul ou plutôt fils de consolation, à cause
Serge Paul, qui lui accordait une grande de l'assistance qu'il prêta à l'Eglise par
confiance. Les apôtres Paul et Barnabas ses grands biens, et par son ministère.
ayant été appelés auprès de Serge qui On sait qu'il vendit le premier une posses
désirait d'ouïr la parole de Dieu, Bar-Jé sion dont il déposa le prix aux pieds des
sus qui craignait de perdre son crédit si apôtres; et, selon toute probabilité, ce
les deux étrangers réussissaient auprès fut la considération qui en rejaillit sur
du proconsul, leur résistait ouvertement, lui qui engagea Ananias et Saphira au
cherchant à détourner Serge de la foi. mensonge. Il demeurait à Jérusalem,
Mais Paul le frappa d'aveuglement, telle quand il fut amené à l'Evangile, Act. 4,
ment qu'il ne put pas même voir le so 36.37. Lorsque saint Paul converti vint
leil, et Bar-Jésus sortit, cherchant quel à Jérusalem après trois ans de séjour en
qu'un pour le conduire. Son châtiment Arabie, Barnabas fut le premier à le re
ne devait être que pour un temps, mais connaître comme un frère, et il le pré
nous ignorons qnand et comment il re senta comme tel aux fidèles de Jérusalem
côuvra la vue. Act. 13, 6 et sq. — v. qui accueillaient avec méfiance leur an
Ananias. cien ennemi.
BAR-JONA, fils de Jona ou de Jonas, Vers l'an 41 de notre Seigneur, Barna
surnom syriaque de l'apôtre Pierre dont bas fut député par les frères de Jérusa
le père s'appelait effectivement Jonas, v. lem vers ceux d'Antioche : il partit de là
Matth. 16, 17. Jean 1, 42. 21, 15-17. pour Tarse, d'où il ramena Paul avec le
Comme Jona signifie une colombe, quel quel il prêcha l'Evangile à Antioche, du
ques-uns ont cru voir une allusion à ce rant toute une année; puis, avec ce mèmé
sens dans les paroles de notre Sauveur, apôtre, il porta aux fidèles de Judée le
Jean 1, 42. : « Tu es Simon, fils d'une produit de la collecte qu'on avait faite
colombe , tu seras appelé un rocher. » pour eux. Barnabas et Paul étant retour
Mais s'il y a dans le surnom donné à nés à Antioche, furent envoyés par les
Pierre une allusion effective, elle ne se chrétiens de cette ville pour prêcher
rapporte point au caractère de Pierre l'Evangile aux gentils. Ce pouvait être
lors de sa vocation, puisqu'il était plutôt vers l'an 45. lls s'embarquèrent donc, sé
bouillant que ferme (et son reniement a journèrent dans l'île de Chypre, lieu d'ori
bien montré qu'il n'était pas un rocher) ; gine de Barnabas, y rencontrèrent le ma
mais à son caractère futur, à ce qu'il de gicien Bar-Jésus, et convertirent le pro
vait être un jour. Du reste il n'est pas né consul romain Serge Paul. De là ils se
cessaire de voir une allusion dans le m0t rendirent à AntiOche de Pisidie Où ils
de Bar-Jona, puisqu'il désigne déjà par essuyèrent une persécution qui les con
lui seul un titre réel de Pierre, sa nais traignit de se rendre à lconie, puis à
sance, et que les anciens et les Orien Lystre, où les païens prirent les deux
BAR 123 BAR

apôtres pour deux de leurs dieux revê expose que le culte lévitique n'est pas
tus d'une forme humaine, appelant Barna essentiel pour les chrétiens. Cette épître
bas Jupiter, et Paul Mercure. Un moment tient le milieu entre le christianisme
après, les apôtres faillirent être lapidés, judaïque et les vues philosophiques de
et s'enfuirent à Derbe ; ils revinrent en l'école d'Alexandrie. ll faut d'après l'au
Pisidie, allèrent en Pamphylie, et se re teur qu'une gnôsis découvre le sens de
trouvèrent enfin à Antioche, après une l'Ancien Testament et convainque les
absence d'environ quatre ans. C'est alors Juifs de leur erreur; il faut que les Juifs
que s'éleva la grande question qui di apprennent que les cérémonies ne sont
visait l'Eglise chrétienne naissante, à sa que des symboles. La tendance gnostique
Voir si les païens qui venaient à se con de cette lettre l'a fait attribuer à un doc
Vertir, devaient être circoncis, et en gé teur d'Alexandrie; d'un autre côté, il s'y
néral astreints aux observances mosaï trouve beaucoup de traits chrétiens qui
ques. Barnabas, par faiblesse peut-être, montrent un homme qui a habité avec
inclinait pour l'affirmative, tandis que lesapôtres. Néandre la refuse à Barnabas,
Paul, plus avancé dans la foi à la nouvelle mais la plupart des anciens Pères la lui
alliance, était prononcé pour l'opinion attribuent, et les arguments semblent,
contraire. Il fut résolu qu'ils iraient l'un en effet , pencher de ce côté.
et l'autre en conférer avec l'Eglise de Jé BARRABAS, brigand fameux qui était
rusalem. Après que cette affaire eut été avec ses complices en prison à Jérusa
terminée, ces deux serviteurs de Dieu re lem, pour crime de sédition et de meur
prirent le chemin d'Antioche où ils rendi tre, lorsque notre Seigneur y fut jugé
rent compte aux frères de ce qui avait été et condamné au supplice de la croix. Le
ditet décidé. lls résolurent ensuite d'aller peuple, invité à choisir entre Jésus et
visiter et encourager les Eglises qu'ils Barrabas, à l'un desquels Pilate offrait de
avaient réunies dans leurprécédentvoyage faire grâce suivant un usage qui avait
missionnaire; Barnabas aurait voulu que prévalu , demanda, à l'instigation des
Jean surnommé Marc, et selon toute ap principaux sacrificateurs , que Barrabas
parence son neveu, les accompagnât dans fût relâché et Jésus-Christ crucifié.
cette tournée; mais Paul qui se rappelait Cette petite histoire, si effroyable dans
qu'une précédente fois déjà Marc, après sa simplicité, se présente comme ufe
s'être mis en route avec eux, les avait muette condamnation de l'humanité pr0
abandonnnés pour retourner chez lui, re noncée par elle-même contre elle-même.
fusa de le prendre, et les deux apôtres Barrabas portait, lui aussi, le nom de Jé
Se séparèrent aigris l'un contre l'autre : sus, et ce n'est que par un sentiment de
Paul partit avec Silas, et Barnabas prit convenance charnelle qu'on l'a fait dispa
une autre direction dans la compagnie de raître du texte sacré. Son nom même de
Marc. Ils se rendirent en Chypre, et dès Barrabas (Bar-Abba) signifie le Fils du
lors nous ne connaissons plus rien, du Père, et c'est entre ces deux Jésus,
moins par la Bible, de la vie et des tra entre ces deux Fils du Père, que le peu
Vaux de cet homme auquel le Saint-Es ple ayant eu à se prononcer, a condamné
prita accordé le titre d'apôtre. Cependant, le juste et relâché l'assassin. Le profes
environ huit ans après cette séparation, seur Tholuck a tiré un grand parti de ce
Saint Paul, écrivant aux Corinthiens, rapprochement, et s'est attaché, dans un
leur parle de son ancien collègue dans de ses sermons académiques, à montrer
l'apostolat, comme on parle d'un homme combien il y a d'hommes, de nos jours
qui est encore vivant et dont on connaît encore, qui , au lieu de s'attacher au Jé
bien la situation. v. Act. 11, 22. 15, 37. sus Dieu, lui préfèrent un Jésus homme
Gal. 2, 1.9.13. Col. 4, 10.1 Cor. 9, 6., et pécheur comme nous : ce sont les
et les articles Paul et Marc. — v. encore ariens et les sociniens , ceux qui le sont .
Cypre. par système, et ccux qui le sont par in
Lantiquité nous a conservé une lettre différence.
Tlll p0rte le nom de Barnabas; l'auteur y BARSABAS. 1° Joseph Barsabas, sur
BAR 124 BAR

nommé le Juste, fut un des premiers recommandant aux païens, jusqu'à son
disciples de Jésus-Christ, et probable dernier soupir, l'Evangile qu'il leur avait
ment un des soixante et dix qu'il envoya prêché.
devant lui, Act. 1, 21-23. Ce fut entre BARTIMÉE. Simple et touchante his
lui et Matthias que les apôtres jetèrent le toire d'un aveugle devenu voyant ! Il se
Sort pour remplacer Judas le traître, mais tenait assis aux portes de Jérico, deman
le sort ne le favorisa pas. Nous ne con dant l'aumône. Son nom signifie fils de
naissons d'ailleurs rien de particulier sur Timée; et comme on ne prenait guère le
Sa Vie. La tradition porte qu'il mourut nom de son père que lorsque celui-ci
en Judée, après avoir beaucoup souffert avait occupé un certain rang dans le
pour l'Evangile. monde, il paraîtrait que ce malheureux
2° Judas Barsabas, que l'Eglise de était né dans une position bien différente
Jérusalem députa avec Paul, Barnabas et de celle où il se trouvait alors; c'est
Silas, auprès des autres Eglises, pour peut-être à cause de cela que Marc ne
leur faire connaître les résolutions qui fait mention que de lui, bien qu'il y eût
Venaient d'être prises par le concile de la là deux aveugles en même temps.
métropole judéo-chrétienne, sur la con Cette histoire nous est racontée par
duite à tenir à l'égard des païens con trois évangélistes, Matth. 20, 29. Marc
Vertis, Act. 15, 22. sq. Il était peut-être 10, 46. Luc 18, 35. sq., et par chacun
parent du précédent, de Joseph Barsa avec quelques détails différents.Quelques
bas; en tout cas l'Eglise de Jérusalem le auteurs appellent ces divergences des
Comptait au nombre de ses membres les contradictions inconciliables ; ils sont
plus distingués, et il portait, avec Silas, heureux d'y voir une preuve de l'authen
Agabus et d'autres, le titre de prophète, ticité des livres saints, une preuve que
V. 32. les évangélistes ne sont pas des faussai
BARTHELEMI, un des douze apôtres res qui se soient concertés. Ce raison
du Seigneur. Jean, dans son Evangile, nement, s'il était juste, ne serait certai
ne fait jamais mention de Barthélemi; nement pas sans valeur au point de vue
en revanche il compte Nathanaël au nom apologétique. Quant à nous, pour la pre
bre des douze, tandis que les autres mière fois que cette question se ren
ngélistes ne parlent pas de Nathanaël, contre sur notre chemin, nous le dirons
mais bien de Barthélemi. De plus, Jean franchement : à supposer qu'il y eût dans
parle de Philippe et de Nathanaël dans les livres saints quelques erreurs de
l'ordre où les trois autres placent Phi dates, d'histoire, de géographie , d'his
lippe et Barthélemi. Nathanaël figure toire naturelle, ou autre de ce genre,
d'ailleurs au nombre des apôtres qui se cela ne nous émouvrait nullement, parce
rendirent vers la mer de Tibériade, au que ce que nous cherchons dans la Pa
près de notre Sauveur ressuscité, et qui role de Dieu, c'est une parole de salut ,
virent la réintégration de saint Pierre. et l'annonce d'une économie de grâce :
Enfin le nom même de Barthélemi n'est nous n'y cherchons pas autre chose. Dieu
même , en nous donnant son livre , n'a
qu'un surnom signifiant fils de Thalmai,
voulu que nous éclairer sur les grandes
comme Bar-Jonas signifie fils de Jonas. Il
questions qui se rattachent à notre âme,
résulte de ces considérations que, selon
à notre Sauveur, à l'Eternité. Toutefois,
toute apparence, Barthélemi l'apôtre est
le même que Nathanaël, q. v. — D'après et quoiqu'il nous importe fort peu, dans
la tradition, Barthélemi aurait prêché un sens, qu'il y ait ou non des erreurs
l'Evangile aux Indes (peut-être sur les matérielles dans la Bible, nous avouons
côtes occidentales de l'Arabie); puis il que nous n'en avons pas découvert une
serait retourné dans les contrées occi seule qui fût bien constatée. On trouve
. dentales et septentrionales de l'Asie , où sans doute ici et là quelques faits racon
il aurait travaillé quelque temps avec Phi tés sous des points de vue différents, et
lippe. Il doit être mort en Arménie, à avec d'autres détails; on trouve bien en
Albanople, du Supplice de la croix, en core des expressions employées dans un
BAR 125 BAR

sens large et étendu : mais des contra lut » etc. Le texte, en effet, ne parle que
dictions, et des contradictions inconci d'une seule lecture, et si le moment où
liables, non. Puisqu'on en voit de telles furent rédigés les discours du prophète,
dans l'histoire de Bartimée, examinons est éloigné de celui où ils furent lus au
les. Marc et Luc ne parlent que d'un public, c'est qu'il fallait un certain temps
aveugle, tandis que Matthieu en men pour le travail même de la rédaction, et
tionne deux. Marc et Matthieu placent le qu'il importait, dans l'intérêt de la lectu
miracle au moment où Jésus sortait, tan re, qu'on la fît en un jour solennel où une
dis que Luc semble le mettre au moment foule de Juifs, de toutes les parties du
0ù il s'approchait de Jérico. La difficulté royaume, rempliraient le temple. Plus
n'est pas très grande quant au nombre tard, Baruch fut encore appelé par de
des aveugles; l'apôtre Matthieu qui a été vant les principaux officiers du roi, qui
témoin de la guérison, n'a pu se trom lui demandèrent de leur relire ce même
per; Marc et Luc, qui n'y ont pas assisté, rouleau dont il avait donné lecture au
parlent de celui dont il a été le plus ques peuple. Effrayés des menaces qu'ils en
tion, qui paraît avoir porté la parole, et tendirent alors, et ayant appris qu'elles
qui a le plus frappé ; c'est Bartimée. avaient été prononcées par le prophète
Quant à la seconde difficulté , elle est Jérémie, ils résolurent d'en instruire le
plus grande; mais rien n'empêche d'ad roi, et conseillèrent à Baruch de se ca
mettre que Luc a réuni en une seule nar cher ainsi que son maître; précaution qui
ration deux phases, Ou circonstances dif ne leur fut pas inutile, car Jéhojakimayant
férentes, du même fait; il est en effet le entendu la lecture de ces oracles, les
seul qui fasse mention de la première mit en pièces et les jeta dans le brasier
question de l'aveugle « il demanda ce que qui brûlait devant lui, puis il donna l'or
c'était. » Cette question, Bartimée la fit dre qu'on recherchât ces deux hommes
avant l'entrée dans Jérico ; ce qui arriva et qu'on s'en rendît maître, mais « l'E-
ensuite dans cette ville, l'histoire de Za ternel cacha Baruch et Jérémie. » — Ba
chée, etc. excita la confiance de cet aveu ruch fut chargé d'écrire, sous la dictée
gle en Jésus : un autre aveugle s'étant de son maître, un second rouleau sem
joint à lui, ils s'adressèrent ensemble au blable au premier qui avait été détruit,
Maître, comme celui-ci quittait de nou et sans doute plus sévère encore. Mais
veau la ville. Contre cette explication, ce fidèle serviteur, attaché à Jérémie par
qui concilie tout, il n'y a pas de raison l'harmonie des sentiments religieux et
bien forte à faire valoir. patriotiques, partageant avec lui les per
BARUCH, 1° prince ou grand seigneur sécutions et les peines qu'il avait à en
juif, fils de Nérija, frère de Séraja, l'un durer, affligé des nouvelles menaces qu'il
des courtisans de Sédécias, Jér. 32, 12. devait écrire contre sa patrie , et crai
51, 59. sq. Ami, et peut-être parent de gnant peut-être de voir encore augmen
Jérémie, il fut pendant quelque temps ter ses douleurs par cette publication,
son secrétaire ou scribe, 36, 4., et écri s'écria : « Malheur à moi ! car l'Eternel
vit sous sa dictée les paroles que l'Eter a ajouté la tristesse à ma douleur ! » Pour
nel prononça contre Juda, la quatrième le consoler, 45, 1-5, Jérémie lui annonça
année du roi Jéhojakim. Puis il fut chargé la protection divine durant toute sa vie,
par son maître de les lire au peuple dans mais lui représenta que si Dieu lui-même,
le temple, en un jour de jeûne, qui avait qui voudrait voir ce peuple heureux,
été ordonné tout récemment en commé était obligé de le punir, lui, Baruch, ne
moration, dit-on, de la prise de Jérusa pouvait prétendre à recueillir la gloire et
lem par Nébucadnetsar. D'après nos ver la prospérité. Nous retrouvons Baruch
sions, il semblerait que Baruch en fît la dans la dixième année de Sédécias. pen
lecture par deux fois, ainsi que le veulent dant lesiége de Jérusalem,32, 12.Jérémie
Prideaux et Ussérius, mais il faut lire au lui confie le contrat de l'acquisition qu'il
Verset neuvième : « Et cela arriva, » etc. a faite du champ de Hanaméel,son parent.
et verset 10:«ce fut ce jour-là que Baruch Plus tard encore, 43, 3., dans l'année qui
BAS 126 BAS

suivitlaprise deJérusalem, nouslevoyons bitants. La contrée de Basan était autre


injustement soupçonné d'animer Jérémie fois célèbre par son bétail, et surtout par
contre les déplorables et impies débris ses taureaux et ses béliers : il est aussi
de Juda; ses accusateurs se saisissent de fait souvent mention de ses beaux chê
lui et l'entraînent de force en Egypte, nes, qui, maintenant encore, sont l'or
ainsi que Jérémie, comme s'ils voulaient nement de ses montagnes. On y comp
encore, dans leur rébellion, conserver tait, outre les villages, soixante villes
au milieu d'eux les représentants de ce fermées. Moïse prit ce territoire sur Hog,
Dieu auquel ils ne craignaient pas de dés et le donna à la tribude Manassé,v. Nomb.
Obéir. 21, 33. Deut. 1, 4. 3, 1. 32, 14. Jos. 12,
C'est à ce Baruch que la fable attribue 4.5. Ps. 22, 12. 135, 11. 136, 20. Es. 2,
le livre apocryphe qui porte son nom ; 13. 33, 9. Ezéch. 27, 6. 39, 18. Am. 4, 1.
mais on peut voir à l'article Apocryphes Nah. 1, 4. Zach. 11 , 2.— Dans les temps
ce que nous en avons dit. postérieurs à l'exil, cette contrée reçut le
2° Baruch, fils de Zaccaï, Néh. 2, 20., nom de Batanée, qui ne se trouve, du
releva une partie des murs de Jérusalem, reste, nulle part dans le Nouveau Testa
sous la direction de Néhémie. ment ; les limites n'en sont pas faciles à
BARZILLAI. 1o Siméonite, de Mého déterminer, mais il paraît qu'elles s'éten
lah, et père de Hadriel, 2 Sam. 21 , 8. daient moins au nord que celles du royau
2° Galaadite, riche propriétaire de Ro me de Basan.—De nos jours onl'appelle
guelim (2 Sam. 17, 27. 19, 31.39.1 Rois El-Bottein.
2,7.), fournit d'abondants secours de BASEMATH, une des filles de Salo
vivres à David et à sa petite armée fuyant mon, 1 Rois 4, 15. Elle avait épousé Ahi
devant Absalon. La révolte apaisée, Da mahats, un des principaux officiers de la
vid voulut récompenser son bienfaiteur cour de son père, alliance qui n'était
et l'emmener avec lui à Jérusalem : mais point une mésalliance dans l'antiquité, et
le vieillard octogénaire refusa des jouis dont tous les temps ont offert des exem
sances qui n'étaient plus de son âge. ples chez les Orientaux. Basémath, Ta
« Ton serviteur, dit-il, pourrait-il sa phath sa sœur (4, 11.) et Roboam sont,
vourer ce qu'il mangerait et boirait, ou de tous les enfants de Salomon, les seuls
entendre la voix des chanteurs et des dont l'Ecriture sainte nous ait conservé
chanteuses ? Et pourquoiserait-ilà charge la mémoire.
au roi, mon seigneur P » Il se borna donc BASILIC (proprement basilisc). Ce ser
à accepter pour son fils (ou petit-fils) pent est mentionné dans cinq passages
Kimham, la protection royale, puis il re de l'Ancien Testament, Prov. 23, 32. Es.
tourna en son lieu. David mourant re 11, 8. 14, 29. 59, 5. Jér. 8, 17., et plu
commanda à Salomon les enfants de ce sieurs fois dans le Nouveau Testament,
lui qui l'avait secouru dans sa fuite, Matth. 3, 7. 12, 34. 23, 33. Luc 3, 7. Act.
1 Rois 2, 7. Le nom de Barzillaï se re 28, 3. — Selon les anciens, le basilic vit
trouve, Esd. 2, 61. Néh. 7, 63., où l'on en Afrique; il est de couleur jaune, ayant
peut voir combien sa mémoire s'était trois légères bosses et une tache blanche
conservée en Israël, même après la cap sur sa tête effilée : c'est le plus venimeux
tivité. de toute la race, tellement que les au
BASAN, l'une des plus fertiles con tres serpents même s'enfuient à son ap
trées du monde, à l'est du Jourdain et proche. Sa morsure cause une inflamma
de la mer de Tibériade, au nord du Jab tion subite et générale, et tue en très
bok, au sud du mont Hermon et du peu de temps. Le corps d'un animal
Gessur. C'est un pays de collines et de mordu par le basilic exhale une odeur si
gras pâturages; entre ses montagnes cal infecte, que les animaux carnassiers
caires sont d'étroites et fertiles vallées, n'osent même y toucher. On croyait au
et les cavernes qui s'y trouvent répan trefois que la belette seule savait tuer le
dues en abondance servent encore de basilic, et que les coqs lui inspiraient de
nos jours à loger un grand nombre d'ha la terreur. Dans les temps postérieurs,
BAT 127 BAU

on se représenta le basilic avec le corps sa naissance ; Salomon fut le plus célè


d'un coq et la tête d'un serpent, ou bre de ceux qui vécurent. — Femme ha
quelquefois seulement comme un serpent bile, ou peut-être simple instrument de
muni d'ailes, et l'on croyait qu'il prove Tsadok, elle découvrit à David la con
nait de l'œuf qu'un vieux coq aurait pondu spiration d'Adonija, qui revendiquait son
et couvé. Les anciens croyaient aussi que droit d'aînesse au préjudice de Salomon.
son simple regard et son haleine étour Le rebelle vaincu, ne laissa pas d'aspirer
dissaient et tuaient les animaux. - La encore au trône qu'il venait de perdre;
science moderne n'a pas encore pu dé mais au lieu d'employer la force ouverte,
terminer quel serpent il faut entendre il imagina la ruse et intercéda auprès de
parlebasilic desanciens.—Proverbes 23, Bathsébah pour obtenir la main d'Abi
31.32., le vin est comparé au basilic, à Sag, la jeune veuve du défunt roi. Bath
cause de ses propriétés destructives , Sébah n'osa pas refuser ; elle dit à son
parce qu'il peut étourdir l'homme, le fils la démarche ambitieuse d'Adonija,
priver de sa raison, et à la longue, Ou mais ce fut la sentence de mort du jeune
mème en peu de temps, ruiner son corps prince ; Salomon le fit exécuter le mê
et son esprit. me jour. — Le nom de Bathsébah se re
Dans sa description du millénium, trouve Ps. 51, 1., où David mène deuil
Esaïe (11, 8.) pour montrer la différence sur son péché ; elle est aussi rappelée
entre l'économie des temps actuels et Matth. 1, 6., parmi les ancêtres de notre
celle des temps futurs, dit qu'alors toute Seigneur.
la nature aura subi une régénération telle BATHSUAH, v. l'article précédent.
qu'il n'y aura plus de mal, ni rien de BAUME. Cette substance résineuse est
Buisible sur la terre : le basilic même nommée parmi les épices que les mar
aura perdu ses qualités dangereuses. chands arabes, auxquels Joseph fut ven
BATH, mesure de liquides, qui cor du, apportaient de Galaad en Egypte,
respondait à l'épha, mesure de capacité Gen. 37, 25. Jacob en envoie comme pré
pour les matières sèches.C'était la dixième sent à son fils, à la cour de Pharaon, 43,
partie du homer, qui était la plus grande 11. Le prophète Ezéchiel, 27, 17., nom
des mesures. Le bath contenait environ me le baume parmi les marchandises que
35 litres (432 coquilles d'œuf, v. Cab). les Juifs portaient au marché de Tyr, et
Quelques-uns pensent qu'il y avait deux Jérémie en parle comme d'un remède ap
baths, l'un vulgaire, et l'autre pour les porté de Galaad, et dont on se servait
usages sacrés : ce dernier étant d'un tiers pour la guérison des blessures, 8, 22.
plus grand que le premier. On l'infère de 46, 11.51, 8. Les habitants de la Pales
ce que 1 Rois 7, 26., il est dit que la mer tine emploient, en effet, pour ce but
de Salomon contenait 2,000 baths, tan l'huile extraite du fruit d'un certain oli
dis que, d'après 2 Chr.4, 5., elle en aurait vier sauvage (Elaeagnus angustifolia, Lin
contenu 3,000. Cependant il est possible née), appelé Tsakkum par les Arabes.
que le premier de ces passages se rap Cet arbre, qui croît dans la vallée du Jour
porte à la contenance de la cuve seule, dain et dans l'Arabie Pétrée, abondait au
tandisque l'autre y joindrait encore la ca trefois dans la Palestine transjourdaine;
pacité des soubassements et des dix cu il ressemble au prunier ; il est muni de
viers plus petits qu'ils supportaient. - grandes épines, et son bois est jaune com
v. encore Esd. 7, 22. Ezéch. 45, 11. me le buis; son écorce est toujours verte;
BATHSÉBAH ou BATHsUAH, fille d'Eli ses feuilles, semblables à celles de l'oli
ham ou Hammiel, 2 Sam. 11, 3. cf. 23, vier, sont plus minces et plus allongées ;
34.1Chr.3,5., et probablement petite-fille il porte des fleurs blanches, et son fruit
d'Achitophel. Ce fut la femme d Urie le ressemble au gland : c'est du noyau que
Héthien, que David fit enlever, et qu'il les Arabes tirent une huile dont ils font
épousa après avoir fait périr son mari, grand cas pour la guérison des blessures
2 Sam. 12. Elle donna à son nouvel époux et qu'ils préfèrent même au baume de La
cinq enfants, dont l'aîné mourut peuaprès Mecque. Ce baume était anciennement
BDE 128 BED

connu sous le nom de baume de Galaad ou duit ce mot par perle ; les Septante le
baume juif, parce que les Juifs le prépa rendent par escarboucle ou rubis dans
raient presque seuls, et qu'ils en faisaient Gen. 2, 12., et par cristal dans les Nom
un commerce très étendu. Plusieurs his bres; les autres versions grecques an
toriens grecs et romains, Pline, Diodore ciennes le traduisent par bdellion, mot
de Sicile, etc., en parlent avec éloge. Bo qui désigne une résine transparente et
chart pense que ce baume de Galaad pro odoriférante qui découle d'un certain pal
Venait de la térébenthine. mier sur les bords, du golfe Persique, en
Il y avait encore une autre sorte de petits morceaux assez ronds, comme des
baume, ou de drogue aromatique, appelée larmes ; cette résine, d'une couleur fon
Bosem ou Bosam en hébreu (le premier cée ou jaunâtre, et d'un goût amer, ré
s'appelait Tzeri), mentionné Ex. 35, 28. pand une odeur très agréable lorsqu'on la
1 Rois 10, 10. Cant. 5, 1. 13. 6, 2. On brûle. Il est bien possible que ce soit
le tirait d'un arbuste appelé encore au en effet là le B'dôlach mentionné dans les
jourd'hui Basam par les Arabes, en fai deux passages de la Bible, du moins l'af
Sant des incisions dans son écorce pen finité du nom grec avec l'hébreu ne sau
dant les plus grandes chaleurs de l'été ; rait être méconnue; et d'ailleurs il faut
la sève qui en découlait, après avoir été observer que la langue hébraïque a un
purifiée et préparée, donnait ce baume mot particulier pour désigner les perles.
excellent. Le voyageur Burckhardt croit La manne peut être comparée au bdellion
avoir trOuvé cet arbuste dans les environs en tant que c'est un jus résineux épaissi
du lac de Tibériade, et il ajoute que ses en globules. Mais d'un autre côté, on ne
fruits, semblables aux cornichons, four conçoit pas pourquoi cette résine, le bdel
nissent aussi du baume. — Dans les en lion, aurait été nommée dans la Genèse à
virons de La Mecque et dans l'Arabie côté de l'or et d'une pierre précieuse,
Heureuse, il y a un autre arbrisseau qui vu qu'elle n'était pas très estimée et peut
fournit également un baume très estimé. être pas même connue des anciens.
— Ces trois espèces différentes de bau D'autres savants, les plus anciens com
miers étaient déjà connues des anciens. mentateurs juifs et d'autres, pensent en
BDELLION. Ce mot (hébr. B'dôlach) fin qu'au lieu de lire B'dôlach, il faut lire
ne se trouve que deux fois dans la Bible, B'rôlach, changement de lettre qui a très
Gen. 2, 12. Nomb. 11, 7. Dans le pre facilement pu se faire en hébreu, et qui
mier de ces passages, il est nommé à serait appuyé du témoignage des Sep
côté de l'or et de la pierre précieuse de tante, qui, dans un des deux passages, ont
Shoham (v. Onyx), comme une produc rendu le mot par cristal. B'rôlach dési
tion du pays de Havilah, qu'entourait ou gnerait alors le bérylle, sorte de cristal,
traversait un des fleuves du paradis; dans auquel la manne peut aussi être compa
le second, la manne lui est comparée. rée. Ex. 16, 14. 31.
Plusieurs savants, des commentateurs BEAUX-PORTS, Act. 27, 8., ville de
juifs, Bochart et d'autres, pensent que le Crète, près de Lasée, deux villes égale
bdellion désigne des perles, et cette ex ment peu connues. Beaux-Ports devait
plication s'accorderait bien avec la com probablement son nom à l'agrément de
paraison établie entre cette substance et sa situation, qui offrait aux vaisseaux un
la manne qui était ronde, blanche et en mouillage assuré; il porte encore aujour
petits grains ; de plus, d'après les mê d'hui le nom grec de Limenes Kali ,
mes interprètes, le sens étymologique du dont notre nom français n'est que la tra
mot B'dôlach doit signifier « une chose duction.
précieuse », sens qui s'appliquerait éga BEDAN, juge d'Israël, dont le nom
lement bien à la perle; enfin il faut con est cité 1 Sam. 12, 11., entre Gédéon et
venir que le passage de la Genèse ne Jephté. Le livre des Juges n'en fait au
présente aucun empêchement à cette ex cune mention ; quelques-uns croient que
plication. Il est à observer, néanmoins, ce mot signifie Danite, de Dan, et que
qu'aucune des anciennes versions ne tra c'est un surnom de Samson qui apparte
BÉE 129 BÉH

nait à cette tribu; d'autres lisent Barac; montagne d'Ephraïm, » pour désigner la
on suppose encore que c'est le nom d'un longueur du royaume de Juda, 2 Chr. 19,
juge inconnu, différent des autres; il est 4. - Dans le partage de la terre de Ca
possible, enfin, que Bedan ne soit qu'un naan, Béersèbah fut donnée à la tribu de
autre nom de Jaïr : c'est même le plus Juda, Jos. 15, 28. C'est là que résidèrent
probable. . les fils de Samuel, Joël et Abija, lorsque
BEELZEBUB. v. Bahal-Zébub. leur père eut partagé avec eux ses fonc
BEER (un puits). 1°Station des Israé tions, 1 Sam. 8, 2. Au temps d'Hozias roi
lites au désert, sur les cônfins de la con de Juda, l'ancienne demeure d'Abraham
trée de Moab, Nomb. 21 , 16 ; peut-être fut souillée par le culte des idoles, Am. 5,
le même endroit que Béer-Elim, Es. 15, 5. 8, 13.14.— Après le retour de la cap
8. — 2° Ville à 20 kilom. nord de Jérusa tivité, Béersébah fut de nouveau habitée
lem, sur la route de Sichem. C'est là que par les Juifs, Néh. 11, 27.30.—2o Béer
Jotham, fils de Gédéon, se réfugia pour sébah, ou simplement Sébah, dans la tribu
échapper à Abimélec. Jug. 9, 21. de Siméon, Jos. 19, 2. Peut-être qu'une
BEERA, 1 Chr. 5, 6., le principal chef partie de Béersébah dépendait de Juda
des Rubénites, qui fut transporté en As et l'autre de Siméon; peut-être aussi,
syrie par Tiglath-Piléser, roi de cette qu'il y avait deux endroits de ce nom.
c0ntrée. BÉHÉMOTH, Job 40, 10. sq. Le mot
BÉER-ÉLIM (le puits des princes). v. hébreu Béhémoth est un mot pluriel qui
Béer. signifie littéralement « de grands animaux
BÉÉRI, père du prophète Osée, 1, 1. ; quadrupèdes ; , mais tous les savants de
du reste, complétement inconnu. nos jours s'accordent à admettre que ce
BÉER-LACHAI-ROI. C'est le nom hé mot, dans le passage de Job, désigne un
breu du puits auprès duquel Agar en animal qui, d'après la belle et poétique
fuite, eut la vision de l'ange qui la ra description de ce chapitre, ne peut être
mena auprès de Saraï sa maîtresse : il se autre que l'hippopotame.Son nom est d'o-
traduit • le puits du vivant qui me voit. » rigine égyptienne et s'écrit proprement
Gen. 16, 14. Péhémout, bœuf marin (P est l'article,
BÉÉROTH (les puits), villes des Ga Ehé signifie bœuf, et mout eau); le mot
baonites, donnée à la tribu de Benjamin, grec hippopotamesignifie cheval dufleuve.
Jos. 9, 17. Esd. 2, 25. Néh. 7, 29. C'est Cet animal formidable se trouvait autre
là que naquirent Récab et Bahana, les fois en très grand nombre jusqu'aux bou
deux meurtriers d'Is-Boseth, 2 Sam. 4, ches mêmes du Nil, mais il s'est retiré
2. 5. depuis vers le sud, et habite surtout au
BÉERSÉBAH. 1° Le puits du serment, delà des cataractes de ce fleuve, et dans
ou des sept, ainsi nommé de l'alliance d'autres rivières de l'Afrique. Son corps
qu'Abraham contracta avec Abimélec roi est une masse énorme, longue de 6 mè
de Guérar, laquelle fut confirmée par un tres environ, haute de 2 et 112, et d'une
serment et par le don de sept jeunes bre circonférence de 5. Sa tête difforme a
bis, Gen. 21, 31-33. L'alliance fut renou 1 mètre et plus de longueur, et ren
velée plus tard par Isaac, qui donna aux ferme une bouche énorme, garnie de
puits les mêmes noms qu'ils avaient por grosses dents et qui, lorsqu'elle est ou
tés au temps de son père, 26, 18.33. Les verte, présente une ouverture de 70 cen
deux patriarches habitèrent longtemps la timètres à peu près. Sa peau est noirâtre,
contrée où se trouvaient les puits qu'ils presque sans poil, comme celle de l'élé
avaient eux-mêmes creusés. Béersébah phant; elle est si dure et si épaisse, que
était à 35 kilom. sud d'Hébron, à l'extrè ni coup de sabre ni coup de fusil ne sau
me frontière méridionale du pays de Ca rait la traverser ; même au bas-ventre, où
naan, de sorte que l'on disait : « de Dan pourtant la peau est en général le moins
à Béersébah, » 2 Sam. 17, 11. Jug. 20, 1. dure, elle est également impénétrable ;
1 Chr. 21, 2., pour exprimer la longueur elle ne peut être entamée que près des
de tout le pays, et « de Béersébah à la oreilles, et à la jointure de la tête au
1. 9
BÉH 13U BEL .

corps. On en fait des boucliers qui joi gènes ne connaissent d'autre moyen que
gnent à une grande légèreté une impéné d'entretenir des feux de distance en dis
trabilité parfaite. Sa queue est compara tance, et de battre le tambour. Plusieurs
tivement très petite , ses jambes sont de ces traits aideront à l'intelligence de
courtes et massives, et le pied ressemble la description que le livre de Job donne
à un gros sabot garni de quatre orteils. de l'hippopotame, et feront comprendre
L'hippopotame se meut et nage dans pourquoi il est représenté comme une
l'eau avec une grande facilité; il s'y tient preuve remarquable de la sagesse et de
la majeure partie du jour, ou se couche la puissance du Créateur. — Pour plus de
dans les endroits marécageux du rivage ; détails, v. le Morgenland de Preiswerk,
cependant il ne peut rester longtemps 1838, p. 343 et suiv.
sous l'eau, car le besoin de respirer le BEHESTERA, Jos. 21 , 27., ville des
ramène bientôt à la surface. Heureuse lévites, dans la tribu de Manassé au delà
ment pour les habitants de ces pays du Jourdain. Quelques-uns l'ont, à cause
chauds, sa nourriture ne consiste qu'en de la ressemblance du nom, confondue,
plantes et herbages, autrement il serait mais à tort, avec Botsra.
un fléau trop redoutable ; il affectionne BÉHOR, nom que Moïse donne au père
surtout les pois verts. Lorsqu'il sort la de Balaam, Nomb. 22, 5. La traduction
nuit de sa retraite, il parcourt les cam grecque l'a rendu par Bosor, ainsi que
pagnes pour aller à la recherche de sa nous le trouvons dans le Nouveau Testa
nourriture; il n'est pas rare qu'il détruise ment, 2 Pier. 2, 15.
un champ de blé ou de trèfle tout entier, BEL , le Bahal des Caldéens. Qu'ado
soit en le foulant de ses larges pieds, raient-ils sous ce nom 9 Etait-ce Nimr0d
soit en le broutant de sa large gueule. leur premier seigneur, ou Bahal , ou Pul
Il ne marche qu'avec difficulté sur la terre roi d'Assyrie, ou quelque autre monar
ferme, et lorsqu'il appréhende quelque que, ou le soleil, ou toutes ces choses à
danger, il se hâte de gagner l'eau dans la fois P C'est ce qu'il est impossible de
laquelle il peut déployer sa gigantesque déterminer. Es. 46, 1. Jér. 50, 2. 51, 44.
force. Quoique paisible de son naturel, — v. Bahal.
cet animal, quand il est irrité, ne craint BELAH. 1° 1 Chr. 5, 8. sq. Nous ne
et n'épargne ni homme, ni animal quel connaissons de ce chef rubénite que ce
conque. Sa force est extraordinaire, et qui en est dit dans ces trois versets. Il
lorsqu'il se voit attaqué dans son élément, habitait d'abord dans les limites de Ga
il arrive souvent qu'il renverse les ca laad à l'orient du Jourdain, depuis Haro
mots, et autres petits bateaux, et qu'il les her jusqu'à Néco; mais son bétail ayant
met en pièces en les saisissant et les fort multiplié dans les gras pâturages de
broyant entre ses mâchoires , ou en les cette contrée, la famille de Bélah s'avança
soulevant sur son dos. Quand il élève vers l'orient jusqu'à l'Euphrate, se rap
hors du fleuve sa tête énorme, il repousse pelant peut-être et s'appliquant certaines
et fait jaillir l'eau du souffle de ses na prophéties de Moïse qui donnaient à la
rines, et fait entendre en même temps un postérité d'Abraham tout le pays situé
cri perçant et fort, semblable au bruit du entre le Nil et l'Euphrate, Gen. 15, 18.
hennissement d'un cheval ou d'un mulet, Deut. 1, 7. Cette hardie expédition, con
ou au bruit que fait une énorme porte qui forme aux mœurs antiques, exigeait dans
tourne lourdement sur ses gonds rouil tous les cas un certain degré de force et
lés. Les indigènes cherchent à le pren de puissance, et nous donne une idée
dre dans des fosses profondes, mais le avantageuse de l'accroissement que de
prudent animal est sur ses gardes, et de vait avoir pris la tribu de Ruben.
vine fréquemment les piéges qu'on lui 2°— Gen. 14, 2., ville de Canaan, qui
tend , et alors même qu'il est pris, il se prit plus tard le nom mieux connu de
défend avec fureur, et ne se livre qu'a- Tsohar, q. V.
près avoir rudement combattu. — Pour BELETTE, Lév. 11, 29. v, Crocodile et
l'éloigner de leurs plantations, les indi Taupe.
BEL 131 BEL

BELIAL, ou plutôt Béliar, 2 Cor. 6, 15., visage, ses reins frissonnèrent, ses ge
nom donné à Satan, et qui signifie en hé noux s'entrechoquèrent d'épouvante; il
breu : inutile, méchant, qui ne rapporte jeta un cri de terreur. Il fait appeleraus
aucun profit. Ce mot se trouve aussi sitôt les sages du monde, les astrologues,
quelquefois dans l'Ancien Testament , les caldéens, les devins; mais malgré les
précédé du mot fils, Deut. 13, 13.1 Sam. 2, magnifiques promesses qui leur furent
12. : « Or les fils d'Héli étaient des fils de faites, aucun d'eux ne put expliquer ou
Bélial, » mais au lieu de traduire littéra comprendre l'écriture divine. Belsatsar
lement cette expression, on l'a ordinai était dans le plus grand trouble à ce su
rement rendue, d'après le sens, par « de jet, lorsque la reine, veuve de Nébucad
méchants hommes. » netsar, et connue dans l'histoire profane
BÉLIER. 1o v. Brebis. — 2° Machine Sous le nom de Nitocris, se présenta à lui.
de guerre bien connue; on ne la trouve Elle lui conseilla de consulter un homme
mentionnée dans l'Ecriture sainte que « en qui reposait l'esprit des dieux saints»
Eléch. 4, 2. 21, 27. (dañs le premier de et que Nébucadnetsar avait trouvé si
ces passages, nos traductions ont rendu plein de sagesse et de lumière, qu'il l'a-
ce mot par « machines pour la battre '). vait établi chef des mages et des astrolo
Ezéchiel est probablement le plus ancien gues; c'était Daniel, le prophète des Hé
auteur qui en parle. breux. Daniel parut et donna au roi l'in
BELSATSAR, Dan. 7 et 8 , roi de Ba terprétation qu'il demandait, non sans lui
bylone, est désigné par le prophète com avoir premièrement rappelé la conduite
me le fils de Nébucadnetsar , quoiqu'il ne coupable et le châtiment de son prédé
fût peut-être qu'un de ses descendants; cesseur, puis son propre orgueil à lui ,
car, entre son règne et celui de Nébucad Belsatsar, et l'acte sacrilége qu'il venait
netsar, il y eut trois règnes, très courts de commettre. Les signes mystérieux
à la vérité, ceux d'Evilmérodac, de Né étaient la condamnation du roi, et la ruine
riglissor et de Laboroso-Achod, que Da du royaume : Mene , mene , thekel ,
niel ne mentionne pas; et l'on sait que upharsin, ce qui signifiait : Pesé, tu as
dans l'Ecriture, comme dans presque tous été trouvé léger, et ton royaume (sera)
les livres de l'Orient, le mot fils n'indi divisé et donné aux Mèdes et aux Perses.
que souvent que la filiation , sans égard Ce fut la réponse du prophète, et Belsat
au nombre des anneaux intermédiaires. sar, soit ironie et incrédulité , soit qu'il
Ce misérable prince portait encore les n'osât pas manquer de parole à un homme
noms de Nabonédus et de Labynitus. qui semblait lui parler au nom de la Di
Babylone était alors assiégée par Cyrus, vinité , et qui lui annonçait sa fin pro
général en chef des armées de son oncle chaine, accomplit envers Daniel les pro
Darius, roi des Mèdes, connu dans l'his messes qu'il lui avait faites solennelle
toire profane sous le nom de Cyaxare II. ment, à lui aussi bien qu'aux devins ; il
Belsatsar, à l'abri des remparts fabuleu lui fit donner un vêtement écarlate et un
sement énormes de sa capitale, se livrait collier d'or, et le proclama le troisième
à une vie de délices, de débauches et de du royaume.
fêtes. Dans une de ses orgies, il se fit ap La menace n'avait pas précédé de beau
porter les vaisseaux d'or et d'argent que coup l'eXécution, car, en cette même nuit,
Nébucadnetsar avait enlevés du temple de Cyrus , ayant détourné les eaux de l'Eu
Jérusalem, Dan. 5, 2. Il y but lui-même, phrate, faisait entrer son armée dans la
et poussa la profanation jusqu'à les pré ville par le lit desséché du fleuve. Baby
senter à ses courtisans et à ses concubi lone fut prise, ses habitants massacrés,
nes, qui y burent aussi. Et tous ensemble et Belsatsar lui-même égorgé au milieu
chantèrent leurs dieux de métal, de bois de son orgie, l'an 538 av. C.
et de pierre. Mais tout à coup le roi vit BELTESATSAR (qui amasse des tré
sortir de la muraille les doigts d'une main Sors), surnom qui fut donné à Daniel
humaine, traçant des caractères mysté par l'officier du roi Nébucadnetsar,
rieux : il fut bouleversé , il changea de Dan. 1, 7.
BEN 132 BEN

BÉNAJA(fils de l'Eternel), fils de Jého avait combattu sur les montagnes, il s'i-
jadah , l'un des plus vaillants guerriers magina que c'était là peut-être la rési
de David, et le capitaine de ses gardes, dence de ces dieux, et que dans la plaine
2 Sam. 23, 20. 1 Chr. 11 , 22. Célèbre ils ne seraient plus d'aucun secours à leurs
par sa force et par son courage, il avait adorateurs. En conséquence, il se remit
de sa propre main tué un lion et com de rechefen campagne, au bout d'une an
battu avec un bâton contre un Egyptien née, avec une armée formidable, auprès
armé d'une hallebarde. En un temps Où de laquelle, dit l'écrivain sacré, les en
la force physique jouait un si grand rôle, fants d'Israël ne paraissaient pas plus que
il était assez ordinaire de voir ceux qui « deux troupeaux de chèvres. » Les deux
en étaient doués , avancer promptement armées demeurèrent sept jours en pré
dans les grades et les honneurs, surtout sence dans les plaines de Jizréhel, après
militaires. Bénaja obtint à la cour les plus quoi elles en vinrent aux mains, et les
grandes faveurs : au moment de la ré Israélites tuèrent cent mille hommes aux
volte d'Adonija, il fut chargé de proté Syriens : le reste s'enfuit dans la ville
ger le sacre de Salomon contre tout mou d'Aphek, dont la muraille s'écroula sur
vement populaire en faveur du rebelle, eux et les écrasa au nombre de vingt-sept
4 Rois 1, 32. Puis, après la mort de Da mille. Caché dans la ville, Ben-Hadad en
vid, le nouveau roi lui confia l'exécution voya quelques-uns des siens auprès du
de trois sentences de mort, contre Ado vainqueur pour demander sa grâce. Il
nija, contre Joab (qu'il remplaça dans le l'obtint ; il fut épargné, malgré l'ordre
commandement de l'armée), et contre contraire qu'Achab avait reçu de l'Eter
Simhi, 1 R. 2, 25. 29, 46. — Bénaja fut nel, et il fit alliance avec Achab, s'enga
un des plus fidèles serviteurs de la mai geant à lui rendre les places conquises
son de David , qu'il servit de ses vœux, par son père, et à lui livrer quelques vil
comme de son bras et de son épée. les frontières. -

BEN-HADAD ( fils du bruit ). L'Ecri Après une paix de trois ans, 1 R. 22, 1.,
ture mentionne sous ce nom trois rois la guerre fut reprise entre le roi de Syrie
différents : 1° le fils de Tabrimon, que et les deux rois alliés d'Israël et de Juda,
Asa, roi de Juda, gagna et fit marcher qui voulaient s'emparer de la ville de Ra
contre Bahasa, roi d'Israël. Cette expé moth, que Ben-Hadad, contrairement à la
dition fut fatale aux dix tribus, et notam foi des traités, refusait de livrer. Ben-Ha
ment à celle de Nephthali, dont plusieurs dad avait donné l'ordre à ses capitaines
villes furent surprises et pillées, 1 R. 15, de ne viser que sur Achab; et quoiqu'on
18. sq. ne pût le reconnaître, à cause de son dé
2° 1 Rois 20, 1. Ben-Hadad, roi de Sy guisement et de la lâcheté avec laquelle
rie, fils et successeur du précédent, mar il avait voulu exposer Josaphat seul aux
cha contre Samarie,accompagné de trente traits de l'ennemi, il fut mortellement
deux autres rois, et, suivi d'une nom blessé par une flèche tirée comme au ha
breuse armée , il fit le siége de cette sard. L'armée israélite reçut l'ordre de
ville. Puis il fit orgueilleusement sommer battre en retraite ; la campagne était ter
Achab de se rendre à lui à discrétion, minée.
corps et biens. Mais Achab, appuyé sur Sous le règne de Joram on vit de nou
l'avis des anciens du pays, lui fit répon veau Ben-Hadad reparaître en Israël, 2 R.
dre : « Que celui qui endosse le harnais 6, 8. sq. Comme tous les plans et projets
ne se glorifie pas comme celui qui le du Syrien étaient connus de Joram avant
quitte. « Le sens était clair : Ben-Hadadmême qu'ils fussent exécutés, Ben-Hadad
comprit le défi; la bataille s'engagea, les
fut fort irrité, pensant qu'il avait un traî
Syriens furent mis en déroute, et le roi tre auprès de lui; mais ayant appris que
lui-même s'enfuit avec toute sa cavalerie. c'était le prophète Elisée qui déjouait ainsi
Ben-Hadad, cependant, ne se tint pas sa tactique, il envoya des gens à Dothan
pour battu; il attribua sa défaite à la pro pour s'emparer de lui : mesure inutile,
tection des dieux d'Israël, et comme on car l'Eternel sauva le prophète en frap
BEN 133 BEN

pant d'éblouissement les messagers de sence et aux prières du prophète Elisée.


Ben-Hadad. Dieu avait choisi les choses faibles de ce
Quelque temps après, le roi de Syrie monde pour rendre confuses les fortes
ayant rassemblé son armée, vint de nou « afin que nulle chair ne se glorifiât devant
veau mettre le siége devant Samarie. lui. » 1 Cor. 1, 27.29. -

Comme le blocus se prolongeait, il y eut 3° Fils de Hazaël le meurtrier du pré


une grande famine dans la ville, 2 R. 7, 4. cédent. Il opprima les dix tribus sous
Ben-Hadad espérait les soumettre par ce Joachaz, roi d'Israël, mais fut vaincu et
moyen; il était près de réussir, les assié chassé sous Joas, roi de Juda, 2 R. 13.
gés, à la dernière extrémité, commen Il reçut de son père, ou il prit lui-même
çaient à se livrer au désespoir, lorsque le nom de Ben-Hadad, qui, étant commun
l'Eternel les visita d'une délivrance mira à un grand nombre de rois syriens, Jér.
culeuse. Les troupes syriennes entendi 49, 27. Am. 1, 4., pouvait cacher son usur
rent pendant la nuit un bruit de chariots pation et faire oublier la nouveauté de la
et de chevaux , comme le bruit d'une dynastie parvenue.
grande armée (sans doute celle qu'Elisée BENHAJIL, un des principaux gouver
avait fait voir à son serviteur sur la mon neurs du royaume de Juda sous le bon
tagne, 6, 17.), et croyant que c'étaient les roi Josaphat ; il fut chargé par son maître
rois des Héthiens et des Egyptiens, qui de parcourir le pays avec quatre autres
venaient au secours d'lsraël, ils s'enfui chefs, sept lévites et deux sacrificateurs,
rent précipitamment, saisis d'épouvante, pour instruire le peuple et lui faire con
en laissant tout leur bagage et leurs vi naître le livre de la loi de l'Eternel qu'ils
Vres dans le camp. portaient avec eux.
De retour à Damas, Ben-Hadad tomba BEN-HAMMI, un des fils de Lot., Gen.
mal de, et ayant appris l'arrivée d'Elisée 19, 38. v. Hammon.
dans cette ville, il envoya auprès de lui BENJAMIN, fils de Jacob et de Rachel,
avec de riches présents Hazaêl, un de ses le plus jeune de la famille, né 1736 av. C.
0fficiers, pour lui demander s'il pourrait Sa naissance coûta la vie à sa mère, qui
Se relever de cette maladie. Précédem voulut en mourant l'appeler Benoni, fils
ment déjà, d'après le conseil d'une jeune de ma douleur ; mais Jacob l'appela Ben
esclave israélite, il avait envoyé son ser jamin, fils de ma droite, (et aussi fils de
viteur Naaman, atteint de la lèpre, auprès bonheur, Ou, selon d'autres, fils de ma
du roi d'Israël, en le priant de le faire vieillesse), ou Jémini , ma droite. ll est
guérir par Elisée, qui n'était apparem superflu de répéter ici toute l'histoire qui
ment autre chose, pour lui, qu'un habile se rattache au nom de Benjamin : l'amour
magicien dont le roi pouvait disposer à sa de son père pour cet enfant, ce fils de Ra
guise. — Voici la réponse que le pro chel expirée, le frère de Joseph exilé, les
phète fit reporter à Ben-Hadad : « Vas, et scènes de l'Egypte, la coupe trouvée dans
dis-lui : certainement tu en pourrais re le sac, la dureté simulée du grand gouver
lever; toutefois l'Eternel m'a montré que neur d'Egypte, enfin la reconnaissance
certainement il mourra. » En effet, bien des frères, sont connus de chacun, et ne
que sa maladie ne fût pas mortelle, Ben présentent aucune difficulté. Benjamin se
Hadad fut le lendemain trouvé mort dans maria fort jeune, car à peine était-il âgé
son lit : Hazaël l'avait étouffé pour régner de trente-deux ans, qu'il avait déjà dix
à sa place. (884 av. C.) fils; cinq d'entre eux moururent sans pos
Riche, puissant et fort, ce monarque térité. Gen. 35, 16.18. 46, 21. -

ambitieux. trois fois se leva contre Israël, Toutefois les prédictions de Jacob, Gen.
et trois fois dut s'enfuir; c'est que le Dieu 49, 27., et celles de Moïse, Deut. 33, 12.,
qui protégeait les tribus n'était pas seu touchant ce jeune homme et la tribu dont
lement le Dieu des montagnes, c'était en il fut le père, sont de nature à lui ôter
core le Dieu des plaines. Le petit royaume cette teinte de fraîche adolescence et de
d'Israël ne fut point redevable de son sa virginité candide que semble respirer son
lut à ses propres forces, mais à la pré histoire. « C'est un loup qui déchirera ;
BEN 134 BÉR
le matin il dévorera la proie, et le soir il une de ses villes, et dont il avait refusé
partagera le butin : il reposera entre de de livrer les auteurs.—Sa destinée fut de
fortes épaules. » Ce n'est plus là le Ben partager avec Juda la gloire de conserver
jamin du vieux Jacob et du tendre Joseph ; plus fidèlement et plus longtemps la con
aussi devons-nous remarquer combien, naissance de l'Eternel , sous la dynastie
dans sa première histoire, le rôle de Ben des descendants de David, v. Juda : et
jamin est un rôle passif : on l'aime, on le c'est une chose digne d'être remarquée,
trouve charmant; mais qu'a-t-il fait ? que lors du grand schisme des dix tribus,
Rien; ce n'est que sa position seule qui ce fut celle de Benjamin, celle qui avait
nous intéresse, qui nous émeut; il n'a été dépouillée de la royauté, qui resta
rien fait, il a seulement été; il est né de seule fidèle à la nouvelle dynastie que
Rachel, il est né frère de Joseph, il est né Dieu avait donnée à son peuple dans la
le dernier, il est jeune : voilà sa vie, voilà famille de David.
ses titres. Il est aimable pour nous parce BERACA, nom hébreu de la vallée qui
qu'il est tant aimé, et, sans le connaître, est appelée 2 Chr. 20, 26. vallée de béné
nous lui sommes attachés parce que nous diction : elle était située non loin de Hen
voyons l'amour que lui portèrent ceux qui Guédi, dans le désert de Tékoah. C'est là
vécurent avec lui. Mais s'il ne nous en est que se rassemblèrent, sous le règne de
rien raconté qui puisse le faire distinguer Josaphat, tous les habitants de Juda, pour
en bien, aucune tache non plus ne vient bénir l'Eternel de la victoire inattendue
déshonorer sa mémoire : il reste chaste et qu'il leur avait fait remporter sur les en
pur à côté de Ruben, sans violence à côté fants de Hammon et sur les Moabites,
de Siméon et de Lévi, et la bénédiction BERECIA, 2 Chr. 28,12., v. Hazaria 4°.
de l'Eternel est promise à sa postérité. BERED, Gen. 16, 14., ville du désert
« Le bien-aimé de l'Eternel, dit Moïse, en Arabie, au sud de Kadès-Barné, du
Deut. 33, 12., habitera sûrement avec lui; côté de Sur, v. 7.
il le couvrira tout le jour, et il se tiendra BEREE, ville de Macédoine, sur le che
entre ses épaules. » min qui mène de Thessalonique à Athè
Il reçut son héritage entre de puissants nes, et non loin de la ville de Pella, où
voisins : il eut au nord la tribu d'Ephraïm, naquit Alexandre le Grand. Ce fut à Bé
à l'orient celle de Ruben dont il était rée que saint Paul prêcha l'Evangile, après
séparé par le Jourdain et la mer Morte, avoir été chassé de Thessalonique par la
au midi celle de Juda, à l'occident celle persécution. Un assez grand nombre de
de Dan. Peu étendu, mais très fertile, son personnes y furent converties, entre au
territoire subvenait amplement aux be tres un nommé Sopater, qui accompagna
soins d'une population fort nombreuse. Paul lorsque celui-ci dut retourner en
Placé au centre de la terre sainte, il fut Asie. Saint Luc loue les habitants de
aussi comme le centre de l'histoire juive, cette ville, pour le zèle avec lequel ils se
et Jérusalem lui appartenait, de même mirent à lire les Ecritures, afin de savoir
que Jérico, Béthel, Mitspa, Micmas, Ra si les choses qu'on leur annonçait étaient
mathajim et Gabaon. Ehud, le second des conformes à la Parole de Dieu, Act. 17,
juges, Saül, le premier des rois de Juda, 10.—20, 4.
Mardochée et l'apôtre Paul, étaient Ben BERENICE ou Bernice, fille aînée d'Hé
jamites. Le caractère principal de cette rode Agrippa dit le Grand, celle que la
portion de la famille d'Israël fut un cou poésie a si habilement transfigurée. Elle
rage indomptable qui allait jusqu'à la fé fut d'abord fiancée à Marc, fils d'Alexan
rocité; il soutint plusieurs guerres contre dre, gouverneur des Juifs à Alexandrie;
les Cananééns, Jug. 3, 15. 1 Sam. 4., et puis elle épousa Hérode, roi de Chalcis ,
nombre de batailles auxquelles il ne resta son propre oncle. Après la mort de celui
pas étranger, se livrèrent dans l'étendue ci, elle se maria avec Polémon, roi du
de son territoire. Il fut presque anéanti Pont; mais elle ne demeura pas longtemps
sous les juges, par les Israélites indignés avec lui : elle retourna auprès de son frère
d'un crime odieux qui s'était commis dans Agrippa, avec lequel il paraît qu'elle en
BEH 135 BÉR
tretenait des relations criminelles. Ils dangers dont ils pouvaient être menacés,
étaient venus l'un et l'autre à Césarée , Mich. 4, 8 : c'est peut-être à cette cir
pour complimenter le gouverneur Festus, constance qu'ils doivent d'avoir été cités
lorsque celui-ci, pour leur complaire, fit comme types de la vigilance, Nah. 3, 18.
comparaître devant eux l'apôtre Paul.Act. v. Luc 2, 8. Ils ne devaient rien négliger
25, 23.— Plus tard, Bérénice fut encore pour recouvrer un animal perdu, Ezéch.
la maîtresse de Vespasien (Tacit. Hist. 2, 34, 12. Luc 15, 5; ils portaient dans leurs
81.), et celle de son fils Titus (Sueton., bras ceux qui étaient faibles et malades,
Tit., 7,), qui l'aurait épousée , dit-on, si Es. 40, 11., et prenaient garde de les
elle n'eût été reine et étrangère , deux échauffer ou de les fatiguer par des mar
qualités qui rendaient impossible toute ches forcées, Gen. 33, 13. Leur principal
union avec un Romain. vêtement était un manteau dont ils s'en
BERGERS. Les patriarches et les pre veloppaient tout le corps, Jér. 43, 12; ils
miers Hébreux furent nomades et ber se nourrissaient de fruits sauvages, de
gers; Abraham, Isaac, Jacob et ses douze figues, Am. 7, 14, et, au besoin, de ca
fils voyagent conduisant après eux de rouges, Luc 5, 16.; ils ne recevaientpoint
nombreux troupeaux de chèvres, de bre de gages en argent, mais ils avaient une
bis, de bœufs , d'ânes et de chameaux, certaine part aux produits du troupeau,
qu'ils mènent paître dans les steppes so aux petits qui naissaient pendant le temps
litaires de Canaan, de l'Egypte ou de de leur service, Gen. 30, 32., et au lait
l'Arabie. Cette vie nomade cessa plus ou dont ils pouvaient faire leur nourriture,
moins généralement, lorsque les lsraé 1 Cor. 9, 7. Il est évident, d'après 1 Sam.
lites se furent emparés de la terre pro 16, 17. 18., que la musique était un dé
mise, et que la culture du sol fut devenue lassement ordinaire des bergers hébreux,
leur principale richesse; mais on conti comme elle l'est des gardeurs de trou
nua de trouver, surtout chez les tribus peaux dans tous les pays. Sous les rois,
transjourdaines, bon nombre d'hommes la charge d'inspecteur en chef des trou
qui conservèrent, au milieu de leurs villes peaux était un emploi considérable, 1 Sam.
fortifiées, des habitudes plus en rapport 21, 7. : et l'on peut dire, en général, que
avec celles de leurs ancêtres; Nabal en la condition de berger était fort considé
est un exemple, 1 Sam. 25, 2. cf. 2 Rois rée : les fils et les filles de riches pro
3,4. Ces riches propriétaires avaient sous priétaires ne craignent pas de s'occuper
leurs ordres des centaines de serviteurs eux-mêmes de ces soins; les prophètes,
qu'ils pouvaient au besoin transformer en les rois, et Dieu lui-même, prennent et
soldats, soit pour des haines et des ven acceptent le titre honorable de pasteurs
geances personnelles, Gen. 14, 14., soit et bergers, cf. Ps. 23, 1. Jean 10, 1. Héb.
pour la garde des troupeaux et des citer 13, 20., titre qui joue comme symbole un
nes, 13, 7. 26, 20. Bergers, nomades ou grand rôle dans les livres saints. Les ré
sédentaires, ils habitaient sous des tentes, cits des voyageurs modernes en Perse
Cant. 1 , 7. 2 Chr. 14, 15. Es. 38, 12. reproduisent trait pour trait le tableau
Jér. 6, 3. Ils étaient ordinairement munis des soins pastoraux de Es. 40, 11. et
d'un bâton recourbé vers le bout, 1 Sam. ailleurs. "º

17, 40. Mich. 7, 14, d'une poche ou bis Quant à la grotte des bergers dont par
sac, et d'un chien, pour repousser les lent certains voyageurs, amateurs de re
bètes féroces contre lesquelles ils lut liques à tout prix, v. l'art. Bethléem.
taient parfois, et souvent avec avantage, BÉRlHA et Sémah, 1 Chr. 8, 13., des
Am. 3, 12. Es. 31, 4.1 Sam. 17, 34. Du cendants de Benjamin; ils furent chefs
reste, ils avaient rarement des armes pro de quelques familles qui habitèrent Aja
prement dites, même des frondes. lls se lon; ils repoussèrent de Gath les Philis
construisaient des guérites ou de petits tins qui y demeuraient : ces deux faits par
observatoires, au haut desquels ils mon lesquels seuls nous connaissons cette
taient pour découvrir les pièces de bétail branche de la famille benjamite , doivent
égarées, ou pour prévenir de plus loin les s'être passés à l'époque de la conquête
BET 136 BET

de Canaan, puisque d'après ce passage Dans ce dernier passage, la plupart des


Ajalon devait se trouver dans la tribu de manuscrits portent Béthanie, au lieu de
Benjamin, tandis que plus tard,, après Béthabara.
le partage, il appartint à celle de Dan. BETHANIE (maison de chant, ou mai
BÉRIL, Apoc. 21, 20. Ez. 28, 13., son d'affliction , ou encore maison de la
pierre transparente, d'un vert bleuâtre ; grâce du Seigneur). 10 Village considé
il y en a de très foncées, et d'autres qui rable, au pied du mont des Oliviers, à 2 ou
sont très claires ; on en voit qui sont de 3 kilom. est de Jérusalem, dans la tribu
la grosseur d'une fève ; elle est d'ailleurs de Benjamin. C'est là que demeuraient
presque aussi dure quelquefois que le Lazare et ses sœurs, Jean 11, 1. 5. 11. ;
grenat : on la trouve surtout dans les c'est là probablement que demeurait Jé
Indes orientales, et près des mines d'or sus, lorsque les fêtes saintes l'appelaient
du Pérou. La Silésie en fournit égale à Jérusalem, Matth. 21, 17.; c'est enfin
ment, mais d'une qualité très inférieure. là qu'il se fit voir pour la dernière fois à
— Le béril est le huitième fondement de ses disciples, Luc 24 , 50. Jean 11, 18.
la nouvelle Jérusalem; c'était la Onzième Il s'éleva aux cieux dans le voisinage de
pierre du pectoral du souverain sacrifica cette bourgade qu'il aimait, Act. 1, 1-12.
teur, Ex. 28, 20. Béthanie n'est plus maintenant qu'un
BÉRODAC, 2 Rois 20, 12., v. Mé chétif village de ruines et de décombres ;
rodac. - ! les maisons, où vivent quelques familles
BÉROTHAI , 2 Sam. 8, 8., ou Cun , arabes , en sont si misérables que nous
1 Chr. 18, 8., ville de Syrie, près des ne voudrions pas y loger nos bestiaux.
frontières septentrionales de la Palestine, On montre encore les débris supposés
qui fut conquise par David; peut-être la de la maison de Lazare, et son tombeau
même que l'ancienne et opulente Béryte dans une grotte profonde.
qui vit encore sous le nom de Bayrouth, 2o Béthanie, endroit près duquel Jean
cf. Ezéch. 47, 16. baptisait, si en effet l'on doit accepter
BESOR, ruisseau ou torrent du pays cette leçon, Jean 1, 28., au lieu de Bé
de Canaan, coulant de l'est à l'ouest, non thabara q. v. Cet endroit était situé au
loin de la frontière méridionale, pour se delà du Jourdain dans la tribu de Ruben.
jeter dans la Méditerranée. C'est sur ses BETH-AVEN (maison de vanité) :
bords que 200 hommes de David s'arrêtè dans la tribu de Benjamin. C'est, ou Bé
rent, harassés de fatigue, tandis que 400 thel ainsi nommée à cause de l'idole qu'on
autres poursuivirent et taillèrent en piè y adorait, Os. 4, 15. 10, 5., ou plutôt
ces les Hamalécites qui avaient brûlé quelque localité voisine, Jos. 7, 2. C'est
Tsiklag. 4 Sam. 30, 9. près de là que l'armée de Saül, victo
BETAH, 2 Sam. 8, 8., ou Tibbath, 1 rieuse des Philistins par la bravoure de
Chr. 18, 8., ville que David prit sur Ha Jonathan, réussit à les mettre en déroute,
darhéser, roi de Syrie, et qui partagea le 1 Sam. 14, 23.
sort de Bérothaï, q. v. Sa position est BETH-BARA , passage au gué du
complétement inconnue ; quelques-uns la Jourdain, dont Gédéon donna l'ordre aux
regardent comme identique avec Béten. Ephraïmites de s'emparer, pour arrêter
BÉTEN, de la tribu d'Aser, Jos. 19,25. dans leur fuite les chefs de Madian et les
BÉTES sauvages, Es. 13, 22. v. Cha mettre à mort, Jug. 7, 24. Beth-Bara
cal, et Animaux. était dans le voisinage de Béthabara, ou
BETHABARA , (maison de passage ) , Béthabara lui-même.
dans la tribu de Ruben, sur la rive orien BETHCAR (maison de science), 1 Sam.
tale du Jourdain, près de l'endroit où les 7, 11., ville de la tribu de Dan, non loin
Israélites le passèrent sous la conduite de Mitspa : ce fut jusque-là que Samuel
de Josué. Ce fut là que Jean, fils de Za poursuivit les Philistins, et près de là
charie, baptisa une multitude de Juifs, qu'il érigea son Eben-Hézer.
en signe de repentance, et pour les pré BETH-DIBLATHAJlM, ou simplement
parer à recevoir le Messie, Jean 1, 28. Diblathajim, ville des Moabites qui sub
BET 137 BET

sistait encore aux jours de saint Jérôme, visible; puis, l'idée populaire qui le faisait
Nomb. 33, 46. Jérém. 48, 22.; probable intervenir, reposait, quoique confuse, sur
ment la même que Dibla, Ez. 6, 14. la connaissance certaine que la Parole de
BETHEL(maison de Dieu), d'abord ap Dieu nous donne, que le Seigneur appelle
pelé Luz : c'est là que Jacob s'arrêta dans les anges à l'administration des choses
s0nvoyage vers Padan-Aram, et il nomma d'ici-bas. Héb. 1, 7.14. -

ce lieu Béthel, à cause de la vision qu'il BETH-GAMUL (maison du chameau)


y avait eue. Trente ans après environ, il ville de la tribu de Ruben, qui plus tard
y plaça ses tentes, et y demeura un cer fut prise par les Moabites, et ravagée par
tain temps, Gen. 12, 8. 13 , 3. 28, 19. les Caldéens, Jér. 48, 23.
Ville cananéenne d'abord, elle fut adjugée BETH-HARAM, Jos. 13, 27., et Beth
par Josué à la tribu de Benjamin, Jos. 18, Haran, Nomb. 32, 36., ville forte des Ru
22. cf. 12, 9., puis conquise par les bénites, au nord de la mer Morte; elle
Ephraïmites, Jug. 1, 22. Elle fut quelque fut appelée plus tard Livias, en l'honneur
temps la résidence du tabernacle, Jug. de l'épouse d'Auguste.
20, 18. 1 Sam. 10, 3. (nos versions tra BETH-HOGLA, ville de Benjamin, sur
duisent le mot hébreu Béthel par « la mai les frontières de Juda . à moitié chemin
Son du Dieu fort »), et finit par être sous environ du Jourdain à Jérico, Jos. 18, 21.
Jéroboam un des deux siéges princi BETH-HORON (maison de colère ),
paux de l'idolâtrie, 1 R. 12, 29. Aussi ville de la tribu d'Ephraïm, qui se divisait
les prophètes sont-ils remplis de menaces en deux portions, la basse ville, Jos. 16,
contre cette ville si déchue, Am. 3, 14. 7, 3. 18, 13., sise dans la vallée, et la ville
10.13. Jér. 48, 13; et la prophétie d'A- haute située sur une colline assez élevée,
m0s, que Béthel serait réduite à rien, a 16, 5. cf. 10, 11. Elle appartenait aux
si bien été accomplie, que maintenant on lévites, Jos. 21, 22. D'après 1 Chr. 7,
ne peut plus en déterminer la place d'une 24., les deux portions de cette ville au
manière positive. Elle était située à 15 raient été construites par une fille d'E-
0u 20 kilom. nord-ouest de Jérusalem, phraïm, Sééra.
n0n loin de la ville de Haï. BETH-JESIMOTH, ville rubénite, à
BETHESDA (maison de miséricorde), 15 kilom. environ du Jourdain , du côté
hain public, situé dans la partie orientale de la mer Morte, Nomb. 33, 49. Jos. 12,
de Jérusalem, au nord du temple, près de 3. 13, 20. Les Moabites s'en emparèrent;
la vallée de Josaphat; les malades y ve elle fut plus tard détruite par les Cal
llaient, d'après le texte de l'Evangile, déens, Ezéch. 25, 9.
chercher un remède à leurs souffrances BETH-KEREM (maison de vignes).
dans les eaux qu'un ange troublait à cer située sur une montagne entre Jérusalem
taines heures, Jean 5, 2. On montre en et Tékoah; elle paraît avoir été renom
c0re en cet endroit une espèce de carré mée pour son vignoble, Néh. 3, 14. Jé
long dont la terre éboulée et les arbustes rémie 6, 1. .
Cachent la profondeur; les parois portent BETH-LEBAOTH, Jos. 19, 6., appe
par places des plaques d'enduit qui indi lée aussi simplement Lébaoth, 15, 32.,
quent sa destination, mais il ne s'y trouve ville de Siméon , situation inconnue.
plus d'eau.— On a contesté l'authenticité Quelques-uns (Reland) comparent ce nom
du passage, Jean 5, 2-4., en partie sans avec le Bethleptéphène de Josèphe et de
doutepour echapperauxdifficultés qu'offre Pline , au sud de Jérusalem, vers l'ldu
Son explication. Il paraît que saintJean cite mée ; mais c'est fort incertain, et la res
Sans la juger l'opinion populaire que la semblance des deux noms très insuffisante
source d'eau minérale de Béthesda gué pour établir une analogie.
lissait presque toutes les maladies. Cette BETHLEEM (maison de pain). 1° Ville
S0urce était intermittente, ou entrait en de la tribu de Juda , située sur le pen
ébullition à de certains moments déter chant d'un côteau, à environ 10 kilom. .
minés.Quant à l'intervention d'un ange, sud de Jérusalem; on l'appelait aussi
d'abord il n'est point dit que cet ange fût Ephrata, Mich. 5.2., ou Ephrath, la fruc
BET 138 BET

tueuse , et ses habitants Ephratiens. terre, ne peut guère obtenir de créance


Cette ville n'a été considérable ni en parmi nous, d'autant moins que cessortes
étendue, ni en richesses, mais il est ce de reliques vivantes ont été tellement
pendant peu de contrées dans la terre multipliées au profit du parti catholique
sainte qui soient aussi pleines de souve romain, qu'on ne sait plus ce qu'il faut
nirs que celle de Bethléem. Rachel y mou croire et rejeter. On peut voir, à ce su
rut en donnant le jour à Benjamin, et elle jet, le Traité des reliques de Calvin, un
y fut ensevelie, Gen. 35, 16. 19. Un lé des chefs-d'œuvre littéraires du seizième
vite de Bethléem devint le premier sacri siècle, après lequel il ne reste plus rien
ficateur des Danites qui venaient de s'é- à dire.—Quoi qu'il ensoit de cette grotte,
tablir dans la vallée des Sources du Jour trente-deux lampes y brûlent jour et nuit;
dain, Jug. 17, 18,. Ce fut une femme de des tableaux, un orgue, et deux autels la
Bethléem qui fut la cause de cette guerre décorent. Cette grotte naturelle a été re
sanglante dans laquelle la tribu de Benja vêtue de marbre afin d'en soustraire les
mi fut presque anéantie (id. 19); Naho parois à l'indiscrète piété des pèlerins
mi était de Bethléem, elle y revint avec qui les déchiraient pour en emporter des
Ruth la Moabite. Bethléem eut enfin la fragments.
gloire de voir naître Ibtsan, Elimélech, Une autre chapelle souterraine est ap
Booz, David, et par-dessus tout Jésus, pelée l'Oratoire de saint Jérôme : c'est
le Messie promis. Gen. 48, 7. Ruth 1, 2. là qu'on prétend qu'il a travaillé à sa tra
Ps. 132, 6. Mich. 5, 2. Jug. 12, 8. Mat duction de la Bible, et l'on y montre son
thieu 2, 1. -
tombeau.
Sur le même terrain existe encore au Outre le monastère des Franciscains,
jourd'hui une petite ville à laquelle on a il y a à Bethléem un couvent arménien et
conservé le nom de Bethléem, mais qui un couvent grec.
est devenue le théâtre de bien des Su Au nord-ouest de Béthléem est un
perstitions. Au fond d'une vallée assez tombeau qu'on assure être celui de Ra
triste, mais dont le sol est excellent, s'é- chel; et du côté de l'est, on montre une
lève un monticule sur lequel se trouve la plaine peu considérable, mais agréable et
bourgade : elle est composée d'environ fertile, où les bergers, dit-on, paissaient
deux cents maisons, la plupart taillées leurs troupeaux lorsque la naissance du
dans le roc, habitées par des chrétiens et Rédempteur leur fut annoncée par les
des musulmans qui vivent en bonne har anges. Près de là se trouve la Grotte des
monie et qui jouissent d'une certaine inº Bergers, dans laquelle ils passaient la
dépendance. Non loin de la ville se voit la nuit, puis les ruines d'une église bâtie
fameuse église de la Nativité, et le cou en mémoire de cet événement, par Hé
vent des Franciscains qui la touche. Une lène, femme du grand Constantin.
chapelle souterraine de cette église passe Au midi sont trois piscines ou réser
pour avoir été l'étable où notre Sauveur voirs, qu'on pense être ceux dont parle
est né; du moins on la montre pour telle Salomon Eccl. 2, 6. Creusées dans le roc
sous le nom de chapelle de la Crèche, et vif, et suivant la pente de la montagne,
madame de Lamartine, dans une note ces citernes ont encore les parois aussi
fournie au journal du poëte, après avoir nettes et les arêtes aussi vives que si
parlé du « long labyrinthe de corridors elles venaient d'être terminées : de gran
« souterrains qu'il faut parcourir pour deur inégale, elles varient entre 400 et
« arriver à la grotte sacrée » ajoute : « En 600 pieds (140-215 mètres) pour la lon
« passant sous Ces voûtes et ces enfon gueur, sur une largeur de 70 à 100 mè
« cements dans le roc, l'on comprend tres, et une profondeur de 30. « Ces
« sans peine qu'ils ont dû servir d'éta « beaux bassins, remplis d'une eau dia
« bles aux troupeaux que les bergers gar « phane, sur le sommet d'une montagne
« daient dans la plaine. • Heureux ceux « aride, étonnent et inspirent une haute
qui peuvent s'abandonner à l'illusion; « idée de la puissance qui a conçu et
mais une étable dans le roc vif, sous « exécuté un si vaste projet; aussi sont
BET 139 BET

« ils attribués à Salomon. » Lamartine. 2° Ville de la tribu de Juda donnée aux


2° Ville de la tribu de Zabulon; in Lévites, Jos. 21, 16. Elle était environ à
connue. Jos. 19, 15. 50 kilom. sud-ouest de Jérusalem, près
BETH-MÉHON, v. Bahal-Méhon. du pays des Philistins, et non loin de la
BETHPHAGÉ, petit village apparte tribu de Dan, 15, 10. 1 Sam. 6, 12. L'ar
nant aux sacrificateurs, tout près de Bé che sainte y fut déposée par les Philis
thanie, sur la route qui conduit à Jéru tins, qui s'en étaient emparés comme
salem. Il devait son nom (lieu des figues d'un talisman, et qui s'en débarrassèrent
mal mûres), à sa position entre deux comme d'un fléau ; les Bethsémites, à
montagnes qui le privaient des rayons du leur tour, frappés d'une grande plaie
s0leil, et qui empêchaient ainsi les figues pour avoir voulu regarder dans l'arche,
d'y mûrir. C'est là que Jésus, le roi dé la conduisirent à Kiriath-Jéharim.
bonnaire, fit chercher l'âne sur lequel il 3° Ville de Nephthali, Jos. 19, 38. Elle
voulait faire son entrée dans dans la ville, continua encore quelque temps d'être ha
Matth. 21, 1. Luc, 19, 29. bitée par les Cananéens, Jug. 1, 33.
BETH-RÉHOB, 2 Sam. 10, 6., v. Aram 4° Ville d'Issacar, Jos. 19, 22.
et Rêhob. 5° Peut-être Héliopolis en Egypte, Jér.
BETHSAIDA. 1° Village ou ville à l'est 43, 13. v. On 2°.
du Jourdain, au nord-est de la mer de BETH-SUR (maison du rocher), 2 Chr.
Galilée, sur une petite hauteur qui do 11, 7., ville de la partie méridionale de
mine une plaine fertile et couverte d'a- Juda, près d'Hébron. C'est près de là,
loès. Elle appartenait à la tribu de Ma sur le plateau, qu'une tradition fort an
massé.Jésus s'y retira plusieurs fois pour cienne place le lieu où Philippe baptisa
trouver du repos et de la solitude. Un l'eunuque de la reine Candace, Act. 8,
jour, en débarquant, il vit la foule déjà 26. sq.
réunie pour l'attendre, et il y rassasia BETHUEL ou Béthul (filiation de Dieu),
5,000 hommes, Matth. 14, 13.Marc 6, 31. Jos. 19, 4.1 Chr. 4, 30., ville de la tribu
Luc 9, 10.17. Jean 6, 1. Philippe le té de Siméon, peut-être la Béthulie de Ju
trarque transforma ce bourg en ville et dith, si tant est que cette ville ait jamais
lui donna le nom de Juliade, en l'hon existé.
neur de Julia, fille de l'empereur Auguste. 2o Béthuel, fils de Nacor et de Milca,
2° Autre endroit du même nom, au cousin, par conséquent, d'Abraham, dont
bord de la mer de Galilée, Matth. 11, 21 le père, Taré, était frère de Nacor; il fut
24. Luc 10, 13. Jean, 1, 44. Ce fut la père de Laban et de Rébecca. Lorsque
patrie des apôtres Philippe , André et Elihéser fut venu, de la part d'Abraham,
Pierre, qui étaient pêcheurs. Bethsaïda demander Rébecca pour Isaac, il n'hésita
signifie maison de la chasse, ou de la pas à la laisser partir, et son exemple
pêche, et ce nom pouvait naturellement nous montre que si Abraham fut choisi
s'appliquer et se donner à plusieurs lo de Dieu, lui et sa descendance, pour
calités sur les bords d'un lac poisson être le dépositaire de ses oracles, cepen
neux; il rappelle la Poissine du lac de dant la foi en Jéhovah n'était point entiè
Neuchâtel, et le Fischhausen de Saint rement perdue, quoique altérée, dans les
, Gall. La position de Bethsaïda n'est pas branches latérales.
bien connue : on a trouvé, mais à une BETSALEEL (sous l'ombre de Dieu),
assez grande distance du lac, quoique fils d'Uri, de la tribu de Juda, et Aholiab
ellcore dans la plaine basse, un village (tabernacle du père), fils d'Ahisamac,
nommé Baitsida, qui pourrait bien être danite, furent suscités de Dieu et chargés
le même. . de veiller à la construction du tabernacle ;
BETH-SEAN, Jos. 17, 11. Jug. 1,27., c'était dans le désert, et Dieu avait com
ou Bethsan, 1 Sam. 31, 10., ville de Ma mandé un travail magnifique, dont la
massé, à l'ouest du Jourdain. confection eût exigé, en des temps or
BETH-SÉMES (maison du soleil). dinaires, toutes les ressources d'une ville
1° v. Bahalath. -
grande et riche; mais quand Dieu com
BÉZ 140 BIB

mande, il donne aussi les moyens d'exé BIBLE. C'est le nom qu'on donne au
cuter. Il remplit d'intelligence Betsaléel livre des livres, au livre par excellence,
et Aholiab, pour inventer toutes sortes au volume sacré qui renferme l'unique
d'ouvrages de dessins, de broderie et de règle de notre foi, dè nos mœurs , et de
sculpture, et les matériaux ne manquèrent notre conduite. Les juifs l'appellent le
point. Il est évident, d'après Ex. 31, 3., Mikra ou la Leçon. Les chrétiens la dé
que, dans cette circonstance, Dieu tra signent par les noms suivants, à l'exem
vailla lui-même avec ses chefs-ouvriers, ple des saints auteurs : 1° L'Ecriture,
en leur donnant de son esprit une me 2 Tim. 3, 16. Act. 8, 32. 2 Pier. 1, 20.
sure plus forte d'intelligence et d'habi ou Les Ecritures, Matth. 22,29. Act. 18,
leté ; mais l'on sait aussi qu'à cette épo 24.; 2° Les Saintes Ecritures, Rom. 1,
que déjà , l'Egypte avait atteint un haut 2., ou les Saintes Lettres, 2 Tim. 3.15.;
degré de perfection dans un grand nom 3° La Loi, pour tout l'Ancien Testament,
bre d'arts mécaniques et industriels, et Jean 10, 34., 12, 34., 1 Cor. 14, 21.;
l'on peut supposer que ces deux hommes, 4° L'Ancien Testament, 2 Cor. 3, 14.
venant d'Egypte, en avaient peut-être La Bible a toujours été divisée en plu
aussi rapporté quelques connaissances ef sieurs livres, mais la division par chapi
fectives, quoique, du reste, les Israélites tres et versets est d origine assez récente.
n'y fussent guère initiés à d'autres mys Il paraît, d'après Clément d'Alexandrie,
tères qu'à ceux de broyer la paille et le Athanase, et quelques autres Pères, que
mortier pour en faire des briques. v. dans les premiers temps du christianisme,
encore Ex. 35, 30. 36, 1. 37, 1. 38, 22. les saintes Ecritures étaient divisées en
1 Chr. 2, 20.2 Chr. 1, 5. courts paragraphes, dits parasch's et
BETSER, v. Botsra. haphtar's pour l'Ancien Testament, sti
BEURRE. On voit clairement par Prov. ques et péricopes pour le Nouveau (voir
30, 33., que chez les Juifs le beurre était Steiger, Introd. au Nouveau Testament,
ce qu'il est chez nous, et non pas seule p. 73 et suiv.); la division actuelle en
ment de la crème , comme c'était ordi chapitres est attribuée par les uns à Ar
nairement le cas en Orient. Les Grecs lott, moine toscan, par d'autres , avec
d'alors étaient encore bien éloignés de plus de probabilité, au cardinal Hugo
connaître la fabrication de cet utile ali de Sainte Chair, qui vivait au treizième
ment; jusqu'à l'arrivée des Hollandais siècle; par d'autres enfin à Etienne
aux Indes orientales, le beurre y était Longton,archevêque de Cantorbéry, vers
pareillement inconnu; mais dans le pays l'an 1250. Quant à la division par ver
de Canaan, le miel et le beurre étaient sets, elle ne fut peut-être fixée telle
des mets fort communs, Es. 7, 15. 22. qu'elle est maintenant que vers l'an 1450
Chez les Arabes, on les envisage com pour l'Ancien Testament, et vers l'an
me des raretés, propres seulement à la 1551 pour le Nouveau. C'est en 1450 que
table des princes, et dont assurément parut la Concordance hébraïque du Juif
les enfants ne goûtent guère. Laver ses Mardochée Nathan : et, en 1551 , ce fut
pas dans le beurre, Job , 29, 6., c'est l'imprimeur genevois Robert Etienne qui
jouir d'une grande prospérité. Les paro divisa le Nouveau Testament en 7956 ver
les d'un flatteur, dit le Psalmiste, 55, 22., sets; il modifia aussi la division de l'An
sont plus douces que le beurre. v. Bœuf. cien Testament, qui compta 23,205 ver-"
| BEZEK (éclair), ville de la tribu de SetS.
Juda , sur le penchant oriental d'une La Bible entière se compose de l'An
montagne, à 3 kilom. de Bethsur. On cien et du Nouveau Testament ; tous les
suppose qu'Adoni-Bézek, qui fut pris et livres du premier furent écrits avant l'in
mutilé par les enfants de Juda, Jug. 1 , carnation de notre Sauveur , ceux du se
4-7., était roi de Bézek. C'est là que Saül, condle furent tous après sa résurrection.
voulant marcher contre Jabès de Galaad, Ceux de l'Ancien Testament sont écrits
fit la revue de son armée, qu'il trouvacom en hébreu, sauf quelques chapitres d'Es
posée de 330,000 hommes, 1 Sam. 11, 8. dras et de Daniel, et un verset de Jé
BIB 141 BIB

rémie, qui sont écrits en caldéen; ceux sont inspirés aussi , mais d'une inspira
du Nouveau Testament sont en grec, tion et d'une autorité inférieure à celle
mais d'un grec fortement mêlé d'hé - des premiers. Quant aux autres, c'est à
braismes. ll est à remarquer d'ailleurs peine s'ils daignent admettre quelque in
qu'ils furent tous écrits, les uns comme tervention surhumaine dans leur compo
les autres, dans la langue au moyen de sition : Daniel est en complète défaveur
laquelle ils pouvaient le mieux être com auprès d'eux : on conçoit que la clarté
pris par l'Eglise d'alors; ce qui montre des soixante et dix semaines ne soit pas
aussi qu'à mesure que la Bible parvient de nature à les prédisposer à le recon
à de nouveaux peuples , il faut, par des naître pour authentique.
traductions, mettre ce peuple en état de La manière dont les chrétiens ont di
la lire et de la comprendre; il faut qu'il visé les livres de l'Ancien Testament est
y ait effectivement partout des traductions bien plus rationnelle. En tête se trouvent
vulgates, c'est-à-dire pour le vulgaire, les livres historiques, plus faciles à com
pour le peuple; c'est ce que l'Eglise ro prendre , et dont il est nécessaire de
maine a très bien compris dans le temps connaître et d'avoir compris le contenu,
0ù on parlait latin. Depuis lors il y a eu, pour l'intelligence des doctrines et des
à cet égard comme à tant d'autres, une prophéties : puis les livres sententieux ,
variation dans sa manière de voir, à tel de doctrine, ou d'instruction ; enfin les
point que les mandements de quelques Prophètes. Si l'on voulait les ranger dans
évêques proscrivent maintenant la Bible ; l'ordre des temps, le livre de Job occu
quelques curés la brûlent; M. Joseph de perait peut-être la première place; puis
Maistre a pu dire : « Sans notes et sans la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les
explications l' Ecriture sainte est un POI Nombres, etc., jusqu'à 2 Samuel; puis
S0N » (Soirées de St. Pétersbourg, T. 2, les Psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste,
p.343, fin du dernier entretien). le Cantique de Salomon, Jonas, Amos,
Vers le temps de notre Seigneur, les Osée, Joël, Nahum, Esaïe, Michée, So
Juifs partageaient leur Bible en vingt-deux phonie, Habacuc, Jérémie, Lamentations,
livres, selon le nombre des lettres de Abdias, Ezéchiel, 1 et 2 Rois, Daniel ,
de l'alphabeth hébreu. C'étaient : Aggée, Zacharie, Esdras, 1 et 2 Chro
Les cinq livres de Moïse, dits la Loi. niques, Ester , Néhémie et Malachie.
Treize livres des Prophètes, savoir : Nous aurons du reste à revenir sur toutes
1° Josué; 2° Les Juges et Ruth; 3° Les ces questions , à mesure que nous trai
deux livres de Samuel; 4° Les Rois et les terons de chaque livre en détail.
Chroniques ; 5° Esaïe ; 6° Jérémie et les Les livres du NouveauTestament, com
Lamentations; 7o Ezéchiel; 8° Daniel; me ceux de l'Ancien, se divisent en his
9° Les douze Petits Prophètes; 10° Job ; toriques, dogmatiques et prophétiques ;
11° Esdras; 12o Néhémie; 13° Ester. ils disent la fondation de l'Eglise, la foi
Enfin quatre livres, dits hagiographes de l'Eglise, et les destinées de l'Eglise ;
ou écrits saints : les Psaumes , les Pro l'amour de Christ, la pensée de Christ et
verbes, l'Ecclésiaste, et le Cantique des les jugements de Christ. Les quatre Evan
Cantiques. Ce dernier recueil portait en giles et les Actes racontent l'histoire du
core le nom général de Psaumes. Ainsi, salut et la fondation de l'Eglise; les Epi
qui disait : « La loi, les prophètes et les tres, au nombre de vingt-et-un, appar
psaumes » disait la Bible tout entière, tiennent à la seconde classe ; l'Apoca
Luc 24, 44. lypse est le seul livre de la troisième,
Les Juifs modernes comptent vingt-qua le seulessentiellement et entièrement pro
tre livres, auxquels ilsassignent une auto phétique. Quant à leur classement chro
rité inégale. Avant tous marchent les nologique, il règne à cet égard une incer
cinq livres de Moïse; puis viennent les titude complète, et il n'y a pas deux au
livres de Josué, des Juges, de Samuel, teurs d'accord sur ce point. ·

des Rois, d'Esaïe, de Jérémie, d'Ezé Voici, en effet, l'ordre dans lequelles.
chiel et des douze petits prophètes; ils classe Bickersteth ( Considérations sur
BIB 142 BIB

l'Ecriture sainte) : An 38, Ev. saint Mat vrage de Samuel sur la Constitution hé
thieu; 52, 1 et 2 Thessal. , Galat. ; 56, 1 braïque; 4° le livre des faits de Salomon,
Corinth.; 57, 2 Cor. : 58, Romains : 61 , 1 Rois 11, 41.; 5° un livre des Chroniques
Ephésiens, saint Jacques; 62, Philippiens, des rois de Juda et d'Israël , 1 Rois 1 4,
Colossiens , Philémon; 63, saint Luc , 19. 29. 15, 7. ; 6° les divers livres scien
Hébreux , Actes ; 64, 1 Timothée, Tite, tifiques et poétiques de Salomon, 1 Rois
1 Pierre ; 65, saint Marc, 2 Timothée ; 4, 31-33. ; 7° les Chroniques du roi Da
vid, 1 Chr. 27, 24.; 8° Vie de David,
66, 2 Pierre : 70, saint Jude; 90, 1, 2 et
3 Jean : 95, Apocalypse ; 97, Ev. saint écrite par Samuël, Gad et Nathan, 1 Chr.
Jean. 29, 29.; 9° Vie de Salomon, par Nathan,
Voici maintenant Horne (Introd. to the Ahija et Jeddo, 2 Chr. 9, 29.; 10° Vie de
Study of the Bible) : Roboam, par Sémahia et Hiddo, 2Chr. 12,
An 37 ou 38 (ou 61), Matthieu; 52, 1 et 15.; 11° Vie d'Abija, par Hiddo, ib. 13,
· 2 Thessal. et Galates ; 56, 1 Corinthiens; 22.; 12° Vie de Hozias, par Esaïe, 2 Chr.
57, Romains ; 58, 2 Corinthiens ; entre 26, 22; 13° Vie d'Ezéchias, par Esaïe, 2
60 et 63, saint Marc; 61, Ephésiens, et Chr. 32, 32.; 14° une Vie de Manassé, par
saint Jacques ; 62, Philippiens, Colos Hosaï (ou par quelques prophètes), 2 Chr.
siens, Philémon; 63, Hébreux, saint Luc, 33, 18.; 15° des Lamentations, ou chants
Actes; 64, 1 Timothée, Tite, 1 Pierre ; funèbres, sur Josias, 2 Chr. 35,25 ; 16°
65, 2 Timothée, 2 Pierre, Jude; 68 ou 69, les Paroles anciennes, 1 Chr. 4, 22. Est
1, 2 et 3 Jean; 97, Apocalypse ; 98, saint ce un livre ou la tradition ? — Ajoutons
Jean. qu'au temps de Salomon l'habitude d'é-
D'après Archibald Alexander, il fau crire était déjà si répandue, que le Sage
drait les classer de la manière suivante, a pu dire « qu'il n'y avait point de fin à
les livres historiques n'étant pas comp faire beaucoup de livres. » Eccl. 12, 14.
tés : 1 et 2 Thess., Galat., 1 Cor., 1 Tim., Il ne paraît du reste pas que ces li
Jacq., Rom., 2 Cor., 1 et2 Pier., Ephés., vres, quelle que soit l'autorité person
Col., Philémon, Philipp., Hébr., Tite, 2 nelle de leurs auteurs, aient jamais été
Tim., Jude, 1, 2, 3 Jean, Apocal. regardés comme inspirés et jouissant de
D'après Olshausen, pour quelques épî l'autorité divine ; cependant ils sont cités
tres seulement : 1 et 2 Thess., Galat., par les écrivains sacrés comme utiles à
1 et 2 Cor., Rom., Eph., Coloss., Philé consulter et dignes de confiance.
mon, Philipp. Quant au Nouveau Testament, si dans
D'après A. Bost enfin : 1 Pier., 1 et 2 les premiers siècles du christianisme di
Thess., Gal., 1 et 2 Cor., Rom., Jacq., vers hérétiques tentèrent d'introduire de
Philém., Philipp., Eph., Coloss., Hébr., faux Evangiles, de faux Actes et de faus
1 Tim.,Tite, 2 Pier., 2Tim., Jude, 1, 2, 3 ses Epîtres, la fraude fut bientôt décou
Jean, Apoc. verte et jugée par l'Eglise. v. Apocry
Il n'y a pas besoin d'un plus grand phes.
nombre d'exemples pour prouver que la ll paraît qu'avant le règne de Josias les
solution exacte de cette question de saints livres s'étaient presque entière
chronologie est impossible. Depuis Mar ment perdus : ce qui explique à la fois la
cion, qui met l'épître aux Galates en tête, joie et la surprise pleine de crainte qu'é-
jusqu'à Schrader qui la met en queue de prouvèrent ce pieux monarque et ses
toutes celles qui ont été écrites par saint courtisans lorsque Hilkija le sacrificateur
Paul, il y a ample marge pour les varian eut trOuvé dans la maison de l'Eternel le
tes, et elles n'ont pas manqué. livre de la Loi (quelques-uns pensent l'au
Plusieurs livres mentionnés dans l'An tographe de Moïse), comme enseveli sous
cien Testament sont perdus. Ce sont : la poussière ou sous les ornements du
1° le livre desguerres de l'Eternel, Nomb. temple, 2 Rois 22, 8. Jusqu'à cette épo
21, 14; 2° le livre de Jahzer, ou du droi que, les livres saints avaient été déposés
turier, Jos. 10, 13.2 Sam. 1, 18.; 3° le successivement devant l'Eternel, près de
droit du royaume, 1 Sam. 10, 25., ou l'arche de l'alliance, Deut. 17, 18. 31, 9.
BIB 143 BIf3
26.Jos. 24, 26. 1 Sam. 10,25., usage que n'est pas nécessaire de supposer qu'il y
l'on retrouve chez presque tous les an ait eu sur ce sujet des délibérations ré
ciens peuples de l'Orient, et notamment gulières, en forme, ni un arrêté exprès,
en Egypte et à Babylone. Dès lors ils et l'on comprend que la réunion des évê
continuèrent d'être lus et conservés; mais
ques et des théologiens les plus distin
au temps de la captivité des Juifs, de leur gués de tous les pays de l'empire pouvait
retour et de la construction du second
par elle-même conduire à ce résultat
temple, des circonstances nouvelles ren (v. pour plus de détails l'ouvrage de
dirent nécessaire un nouveau mode de Steiger
cité plus haut).
conservation pour les livres saints. C'est C'est ici que s'arrête notre tâche; elle
à Esdras que les Juifs attribuent l'hon a été ingrate et sèche. Il en resterait une
neur d'avoir, sous la direction de l'Es plus belle, mais qui n'appartient plus au
prit d'en haut, recueilli et rédigé les li plan de notre Dictionnaire : ce serait de
vres du canon actuel, ou les trois parties dire les beautés innombrables que ren
du code sacré, en retranchant les écrits ferme ce livre dont nous n'avons touché
inauthentiques, en comparant les manu que la forme matérielle. C'est avec regret
Scrits les uns avec les autres, en corri que nous devons abandonner à d'autres
geant les inexactitudes qui, avec le temps, ce beau travail ; à d'autres, le soin d'en
avaient pu se glisser dans l'une ou l'autre montrer la divinité; à d'autres, de mon
des copies. Il fut secondé dans ce travail trer la richesse de l'ensemble et la ri
par une réunion d'hommes savants et chesse des détails; à d'autres, de faire
pieux, Josué, Zorobabel, Aggée, Zacha ressortir cette er'preinte céleste et ce
rie, Malachie, Néhémie, Simon le juste, parfum d'antique sainteté;à d'autres, d'en
etc., qui, au nombre de cent-vingt, formè faire voir la majesté pleine d'onction , la
rent le grand collége ou la grande syna douceur sérieuse , la tendre sévérité,
gogue. De là vient le profond respect et l'inépuisable profondeur et l'éblouissante
la vénération que les Juifs ont pour Es clarté. Disons seulement que ce livre, ri
dras; ils aiment à le comparer avec Moïse : che de faits et de poésie, sublime de mo
• Moïse, disent-ils, a donné la loi, mais rale, le seul exact et vrai dans ses pro
Esdras l'a restaurée. » (v. Haevernick , phéties, présente le phénomène remar
Hist. du canon de l'Ancien Testament,, quable d'un recueil dont les fragments,
Mél. de Théol. réf., 2e cahier, 1834). composés à plus de mille ans d'intervalle,
Quant à la collection des livres du ne laissent en aucune manière apercevoir
Nouveau Testament , il est bien naturel la différence des dates, et consacrent par
de supposer que les Eglises primitives, 'Out une seule et même doctrine : l'har
liées entre elles par les liens d'une mê mOnie la plus parfaite se rencontre de
me foi et d'un même amour, se soient puis la Genèse jusqu'à Malachi dans les
e,
communiqué les unes aux autres les ou dogmes, dans l'élévation et dans la di
vrages, lettres ou autres écrits, qu'elles rection d'esprit de ces écrivains : c'est
possédaient et qu'elles avaient reçus des que le vrai beau, le vrai bon, le vrai
apôtres et des évangélistes. Rien de plus grand, est le même toujours comme chez
maturel encore que la supposition qu'on tous les peuples, car il ne peut venir di
cºpiait souvent dans les Eglises chrétien rectement que de Dieu.
nes des ouvrages d'une telle importance. Aussi la Bible a-t-elle eu toujours ses
De cette manière, les exemplaires se ré admirateurs en dehors même du peuple
pandirent promptement, et les collections des croyants, mais des admirateurs de
se multiplièrent. Il s'en fit un grand nom divers genres. Tous ont comprisaumoins
bre, mais elles conservèrent un caractère une des faces du livre sacré, et l'ont mise
privé, inofficiel. jusqu'à ce qu'enfin, lors en saillie, au détriment peut-être de ce
duconcile de Nicée, la collection que nous qui fait l'essence même de la Révélation.
possédons actuellement reçut le caractère La morale en a paru sublime à Jean-Jac
d'autorité et d'authenticité nécessaire
ques, et la poésie à Chateaubriand; l'un
pour la constituer en canon inspiré. Il et l'autre de ces deux grands écrivains
BIB 1 44 BIB
ont cru rendre hommage à la vérité di en leur offrant des garanties contre la vio
vine, mais leur intelligence ne l'avait pas lence et la brutalité de leurs maîtres qui
comprise, l'un admirait les résultats, l'au ne pouvaient plus s'en regarder comme
tre la forme extérieure ; ils ont loué le les propriétaires! C'est le livre des rois,
christianisme et la révélation, en partant comme celui des peuples, celui des grands
du point de vue de l'homme, du bon hu et des petits, celui des riches et des pau
main, du beau humain, et c'est en le com vres; à chacunil balance avec tant d'équi
parant avec ces notions terrestres, avec libre les droits et les devoirs, que l'on ne
les maximes, avec l'esthétique humaine, peut rien imaginer de plus parfait, de
qu'ils ont pu le trouver divin, mais d'une plus exact, de plus rationnel, de plus
divinité relative, et non point absolue Ce saint.
volume de la loi sainte n'a pas eu force Mais par-dessus tous ses autres titres,
de loi pour eux, leur théologie et leur la Bible est le livre des âmes, un livre
m0rale sont connues. intime, intérieur, qui raconte l'histoire
On ne doit pas s'étonner, toutefois, de du cœur, lui parle de malheur et de salut,
voir les hommages rendus à ce livre par dépeint les luttes du péché, les combats,
ceux-là même qui lui refusent obéissance; les tentations , les chutes, les maladies
il est fait pour captiver, pour enchaîner morales, et les remèdes du ciel. C'est
les plus grands génies. Universel, à la d'une autre vie qu'elle parle; elle donne
portée de chacun , simple parce qu'il est à l'âme une individualité sensible, capa
élevé, ce volume peut intéresser tout fils ble d'éprouver des besoins ; l'âme est un
et toute fille d'Adam, parce qu'il embrasse individu comme le corps, il faut soigner
les intérêts de l'humanité toute entière, la première, et soigner le second ; mais
dans ses rapports avec un avenir voilé à pour le corps les moyens sont connus,
tous, éternel pour tous, et dont il est la pour l'âme ils doivent être révélés; l'âme
préparation. Est-il besoin de dire que tend aux choses qui sont invisibles, à
c'est le livre que la tendre enfance com celles qui sont éternelles, à celles qui
prend et dévore avec le plus d'avidité? sont spirituelles. C'est vers un avenir de
Joseph, Moïse, Samuel, Samson, David, l'âme que la Bible nous mène, elle nous le
Daniel, le petit Jésus, n'est-ce pas là une montre, elle nous le fait connaître, elle
littérature pour l'enfance ; et depuis Pas répond ainsi aux soupirs secrets et mys
cal jusqu'à Lamartine, ne vous ont-ils pas térieux, aux désirs qui ne se prononcent
tous raconté les impressions profondes pas; elle comble les vides, elle donne
qu'ils conservaient dans l'âge mûr, de ces des forces, de la joie, de la santé, de la
lectures faites sur les genoux de leur vie ; elle apprend un salut inimaginable
mère ? N'est-ce pas encore le livre des que la pensée de Dieu, pleine d'amour
femmes, et l'histoire ne montre-t-elle et de sagesse , a seule pu concevoir dès
pas à tous les moments de réveil religieux, l'Eternité, 1 Cor. 2, 19.
les femmes émues à la vue de ces pages Les plus grands génies se sont tous
tendres et solennelles ? C'est que la Bible humiliés devant la croix et devant la Bi
leur dit l'origine de leurs douleurs, elle ble ; Pascal et Descartes , en France,
leur montre Eve, et Rachel, et Ruth, et Newton en Angleterre, Leibnitz en Alle
la mère de Moïse, et les femmes pieuses magne, et si tous n'ont pas cru de cœur,
qui assistaient notre Sauveur de leurs tous ont vénéré ce document merveilleux,
biens, et Dorcas la mère des pauvres.C'est jusqu'à ces deux grands écrivains dont
aussi le livre des serviteurs et des escla nous parlions tout à l'heure, le philoso
ves, un livre qui, en leur enjoignant l'o- phe de Genève et le poëte de Saint-Malo.
béissance la plus rigoureuse, adoucit leur Sans doute l'on trouvera des noms qui se
sort de bien des manières, et parle au sont raidis contre le livre saint, mais s'ils
cœur de leurs maîtres pour les disposer à l'ont rejeté c'est qu'ils affectaient de re
la bienveillance et au support. Combien jeter toute divinité ; on a déjà nommé
l'Ancien Testament n'a-t-il pas pris soin Voltaire et les siens ; mais la fin de cet
d'alléger la pénible condition des esclaves, homme reste comme un épouvantail pour
BIB 145 BIB

ceux qui seraient tentés de vivre de la Parmi les livres les plus utiles pour
même vie , de suivre le mème chemin, de faciliter la lecture de la Bible nous si
se repaître de la même incrédulité. gnalerons, en finissant, l'ouvrage de Bic
Ce n'est plus le temps de défendre kersteth, déjà cité ; l'Histoire sacrée de
Tauthenticité des livres saints , et de E. Bonnechose, le Morgenland de Preis
prouver qu'ils ne sont point l'ouvrage de werk, dont deux volumes sont traduits en
l'imposture. Assez longtemps on l'a dit, français; l'abrégé des livres historiques
On la crié : maintenant on ne le crie plus, de l'A. T. par Jér. Risler; la Lucile d'Ad.
0n le murmure , et peu de personnes Monod : plusieurs ouvrages de Roussel ,
0sent encore avouer un système qui ne Oster, Malan ; Boucher, sur le droit qu'a
repose que sur la corruption du cœur. tout homme de lire la Bible; le Commen
Toutefois, à cause du grand bruit qu'ont taire de Gerlach sur le N. T. (trad. par
fait les adversaires, il peut être utile de Bonnet et Baup) : enfin et surtout l'im
rappeler quelques-uns des ouvrages qui portante Concordance de M. Mackenzie,
leur ont été répondus, et qui , sous di et le nouveau recueil de parallèles que
verses faces , ont abordé la même ques nOuS ann0nce ce cOnsciencieux et infati
tion, et l'ont traitée soit avec les armes du gable écrivain. Quant aux travaux sur des
sérieux, soit avec celles de l'ironie. Nous parties spéciales de la Parole de Dieu,
citerons seulement : les Pensées de Pas nous les indiquerons au fur et à mesure
cal; l'ouvrage d'Abbadie, si remarquable que l'occasion s'en présentera.
par la méthode et le raisonnement que des La langue française ne possède aucune
évêques l'ont recommandé, mais, cela va traduction, pour ainsi dire officielle, de la
Sans dire, en négligeant d'ajouter qu'Ab Bible ; nos meilleures versions sont celles
badie était un ministre protestant (v. Bun de Martin et d'Osterwald, qui toutes les
gener, Trois Sermons sous Louis XV, t. deux devraient être refaites en partie, et
II, p. 95.): Lardney : le Tableau des preu celle de Genève, 1712, qui leur est pré
ves évidentes du Christianisme, de Paley ; férable. Celle de 1805 ne vaut pas grand
Massillon, Sermon sur l'évidence de la chose. La nouvelle version des Hagiogra
loi de Dieu (Rien ne paraît clair, dit-il, phes par M. Perret-Gentil de Neuchâtel,
à ceux qui voudraient que rien ne le fût, est tOut ensemble un beau monument de
comme tout paraît droit à ceux qui ont science théologique et une œuvre litté
intérêt que tout le soit); Erskine, Addis raire remarquable. La traduction du N. T.
son, Haldane, Chalmers ; les Lettres de qui a paru à Genève en 1835, n'est pas
quelques juifs portugais par Guénée, et toujours fidèle. Une traduction du N. T.
enfin les Lettres Helviennes, provinciales faite par une société de ministres vau
philosophiques du Jésuite Barruel, ou dois , et publiée en 1839 , se caractérise
vrage admirable, mais écrit parfois avec par son exactitude et souvent par le bon
trop d'exagération, dans lequel on trouve heur avec lequel sont rendues les tour
tracé , de main de maître, le tableau vi nures mêmes de l'original; quelquefois
vant et parlant de ces folies auxquelles cependant elle est obscure : la 2e édition
on ne croirait pas si elles n'étaient autant qui vient de paraître (Lyon, 1849) est ac
de faits. compagnée de parallèles.
Après la question d'authenticité vient La langue anglaise possède une version
celle de l'inspiration des saints écrits : authentique excellente qui est une des
peu d'ouvrages ont paru en France sur meilleures qui existent; il en a été pu
Cette matière : nous ne saurions en indiblié, en 1848, une édition avec cartes,
quer de meilleur que la Théopneustie de notes et parallèles, par la Tract Society
M. Gaussen, quoique nous ne puissions de Londres, sous le nom de Paragraph
en accepter les conclusions, ni même en Bible , parce que les strophes des livres
admettre tous les raisonnements ; c'est poétiques y sont indiquées , autant du
du moins un ouvrage complet, intéres moins qu'on peut les reconnaitre dans l'o-
sant, et qui respire et inspire le respect riginal. Le docteur Conquest a publié une
et l'amour de la Parole de Dieu. version nouvelle avec vingt mille correc
I. 10
BIG 146 BIT

tions; il y en a beaucoup de superflues. Mardochée ayant découvert leur complot,


L'Allemagne a celle que lui a donné le ils furent pendus à un gibet.
fécond et puissant génie du grand Luther, BILDAD (vieille amitié), descendant de
chef-d'œuvre de science, de travail et de Suah, fils d'Abraham et de Kétura, l'un
piété ; celle de Meyer de Francfort, en des quatre amis de Job qui le visitèrent
richie de notes précieuses, courtes et dans son affliction. ll commence d'abord
complètes; enfin celle du professeur De par soutenirque Dieu ne punit sévèrement
Wette, qui jouit d'une réputation juste que les grands coupables; Job s'était ou
ment méritée. blié, et Bildad crut devoir lui opposer la
BICHE , animal doux et paisible, justice divine et l'ordre moral que Dieu a
Prov. 5, 19., auquel le Sage compare la établi dans le monde ; il s'appuie de l'au
femme que l'on aime. David fait allusion torité d'anciens sages ; quoiqu'il attaque
à la course rapide de cet animal, Ps. 18, Job plus violemment que ses autres amis,
33., et Jacob, bénissant ses fils, dit de il espère cependant que pour lui aussi la
Nephthali : « qu'il est comme une biche justice de Dieu se manifestera. Dans son
échappée ; il donne des paroles qui ont dernier discours, il célèbre la grandeur
de la grâce. » La biche est très attachée et la sainteté divines, Job 2, 11. 8, 1 sq.
à ses petits, et Jérémie, 14, 5., pour 18, 1. sq. 25, 1 sq.
peindre la sécheresse et la désolation de BILHA (vieille, fanée)1°d'abord simple
la terre, dit que la biche même , dans la servante de Rachel, puis concubine de
campagne , abandonne le faon dont elle Jacob, enfanta Dan et Nephthali. Ce fut
s'est déchargée, pour courir après l'herbe. avec elle que Ruben entretint un com
Cf. encore Job 39, 4., et Ps. 29, 9., où merce criminel. Gen. 29, 29. 30, 3. 35,
le prophète, parlant des tempètes qui sont 22. 37, 2. 46, 25.
la voix de l'Eternel, dit qu'elles facilitent — 2° Bilha, ville de Siméon. 4 Chr. 4,
le laborieux enfantement des biches. — 29. v. Kiriath-Jéharim.
Dans le passage des Prov. 5, 19., il est BISLAM, Esd. 4, 7., Mithrédat et Ta
plus probable qu'il s'agit de la femelle béel, furent au nombre des plus violents
du chamois; v. Chamois. ennemis des Juifs sous Artaxercès : ils
BIDKAR (dans la douleur), 2 Rois 9, obtinrent par leurs manœuvres astucieu
25., capitaine de la suite de Jéhu, qui avait ses que les travaux de reconstruction fus
entendu les menaces prononcées par Elie sent interrompus à Jérusalem; on ne sait
contre Achab, lorsque celui-ci se fut em pas au juste quelle charge ils occupaient ;
paré de la vigne et de la possession de ils formaient apparemment un collége ad
Naboth. A la mort de Joram fils d'Achab, ministratif, une espèce de chancellerie ,
il fut chargé d'exécuter les vengeances v. Réhum.
divines, et de jeter en quelque endroit du BITHRON, 2 Sam. 2, 29., passage ou
champ de Naboth le corps de Joram frappé district, à ce qu'il paraît, par lequel on
d'une flèche par Jéhu. se rendait à Mahanajim depuis le Jour
BIERE. On ne s'en servait guères que dain.
pour la sépulture des pauvres , et même BlTHYNIE , province au sud du Pont
le plus souvent on ne s'en servait pas; le Euxin, à l'ouest du Pont et de la Galatie,
mort était emporté sur un brancard et au nord de l'Asie propre, et à l'est de
couché dans la fosse, garnie et recouverte la Propontide ; ses villes principales
de grandes pierres plates; les riches étaient Pruse, Nicée, Nicomédie, Chalcé
étaient portés en terre sur un lit, quel doine, Libysse et Thermes. Quand Paul
quefois très splendide, et déposés dans voulut y aller prêcher l'Evangile pour la
un sépulcre de roc vif. Luc 7, 14.2 Sam. première fois, le Saint-Esprit ne le lui
3, 31. permit pas, Act. 16, 7.; mais, plus tard,
BIGTHAN (qui nourrit) et Térés (odo une église y fut fondée, et bon nombre
riférant), Est. 2, 21-23., eunuques d'As de païens y furent convertis, Pierre 1, 1.
suérus, conspirèrent contre Assuérus, et On connaît l'histoire de cette église jus
cherchèrent à mettre la main sur lui. qu'au dixième siècle : de nos jours encore
BLA 147 B00

on trouve dans cette contrée quelques mi BLASTE , chambellan du roi Hérode


sérables restes de christianisme. Ce fut à Agrippa, Act. 12, 20. Gagné sans doute
Nicée, plus anciennement appelée Anti par les dons des Tyriens et des Sidoniens,
gônia, et maintenant lsnick, qu'eut lieu, il engagea son maître à donner une au
en 325, le premier concile écuménique; dience auxambassadeurs de cette nation,
il déclara l'arianisme contraire à l'Ecri qui venaient lui demander la paix, parce .
ture. L'an 451 se tint à Chalcédoine le que leur pays était nourri de celui du
quatrième concile général, où l'Eutychia I'01.
nisme fut condamné. BLÉ, v. Froment.
BITUME, v. Asphalte. BOANERGES, (fils du tonnerre), sur
BLASPHEME , crime dont on se rend nom donné par notre Seigneur à Jacques
coupable envers Dieu lorsqu'on attaque, et à Jean, fils de Zébédée, Marc 3, 17.,
nie, ou ridiculise ses perfections, sa pa probablement à cause de la puissance de
rôle, ou ses ordonnances, ou qu'on lui leur parole.
attribue quelque volonté, ou quelque ac BOAZ (force, fermeté). C'est le nom
tion basse ou mauvaise, 2 Sam. 12, 14. d'une des deux colonnes d'airain qui
Tit. 2, 5. Apoc. 13, 6. Quelquefois la étaient devant le temple : celle-ci était à
même expression est employée pour dé main gauche : celle de droite s'appelait
signer l'insulte, la calomnie, ou la médi Jakin(fermeté), 2 Chr. 3, 17. Ellesavaient
sance entre les hommes, 1 R. 21, 10. entre elles deux 35 coudées de hauteur,
Rom. 5, 8. (dans l'original). Le blasphé soit environ 20 mètres (3, 15.) : ailleurs
mateur était puni de mort par la loi de la hauteur de chacune est indiquée en
Moïse, Lév. 24, 16. Quant au blasphême nombres ronds, de 18 coudées, soit 10 mè
c0ntre le Saint-Esprit , quelques-uns tres, 1 R. 7, 15. Jér. 52, 21. Ces colon
pensent que c'est le crime des Pharisiens nes étaient creuses : l'épaisseur de l'ai
qui attribuaient à Satan les miracles du rain était de quatre doigts (1 décimètre);
Seigneur, Matth. 12, 31.; mais en con elles avaient une circonférence de 12 cou
sidérant attentivement Héb. 6, 4.5.10, 26 dées (6 172 mètres), un peu plus de 2 mè
30. (v. encore 1 Jean 5, 16.), on se con tres de diamètre. Les chapiteaux avaient
vainc qu'il faut entendre par là une incré 5 coudées, ou 2 112 mètres, Jér. 52, 21
dulité obstinée et malicieuse, qui résiste 22. 1 R. 7 , 16. : en quelques passages
jusqu'au bout aux convictions imprimées leur hauteur est calculée à 3 ou 4 cou
par le Saint Esprit. « C'était, dit un pré dées, différence qui provient de ce qu'on
dicateur célèbre, renier la religion, la ne compte pas toujours les ornements
hair, la persécuter par un principe de ma quiaccompagnaient le chapiteau. Le corps
lice, lorsqu'on était convaincu qu'elle de celui-ci était de 3 coudées; les orne
était émanée du ciel. » (Saurin, premier ments entre le chapiteau et le fût de la
sermon sur le péché irrémissible.) Celui colonne occupaient une coudée ; il y en
qui connaît Dieu et lui résiste peut être avait encore une, consacrée aux décora
pardonné, car la connaissance du Fils tions de la partie supérieure.
m0difiera peut-être ses sentiments. Celui BOCAGES. Ce furent là les premiers
qui connaît le Fils peut encore blasphé temples dans lesquels on adora la Divi
mer et être pardonné, parce qu'il n'a nité : les païens faisaient même de cha
connu qu'imparfaitement; mais celui qui que forêt, grande ou petite, la demeure
connaît le Saint-Esprit, c'est-à-dire qui de certains génies. La terreur secrète
a reçu toutes les gràces possibles , et qu'inspire l'obscurité, le silence qui rè
toute la connaissance, celui-là, s'il blas gne dans les bois, peut-être aussi le sen
phème, il le fait parce qu'il est désespé timent de la solitude et de l'isolement,
rément malin ; il ne pourra pas être par élève l'âme et la dispose à un vague be
donné, parce qu'aucune connaissance soin d'adoration religieuse : les hauts
Il0uvelle ne pourra changer ses disposi lieux qui se présentent comme des tem
tions et son hostilité. Son péché est sans ples naturels, où l'on est plus près du
remède. ciel, et d'où l'on domine davantage la
BOE 1 48 BOE

terre, partageaient avec les bocages l'hon nous appelons proprement bœuf dans le
meur d'être choisis pour la résidence de sens restreint, parce qu'il était défendu
toutes les espèces de divinités imaginées aux Hébreux de mutiler aucun animal, ce
et créées par l'esprit de l'homme. Quoi qui, sans doute, n'était pas non plus né
qu'il puisse y avoir de naturel et même cessaire chez eux ; lesMaures et les Ara
de vrai dans le recueillement qu'on bes de nos jours labourent encore leurs
éprouve en ces lieux de retraite, ce n'est terres avec des taureaux. Ces animaux
point là le véritable culte de l'Eternel, sont en général plus petits et plus mai
c'est une religiosité de païens, une reli gres en Orient que chez nous. En Ara
giosité panthéiste , et l'histoire prouve bie, ils ont de petites cornes, et sur l'é-
combien les peuples les plus dépravés, paule une sorte de bosse de graisse plus
les plus impies, ont pourtant su , eux ou moins grande, selon que l'animal est
aussi , avoir cette religion qui dispense plus ou moins bien nourri.
de toute autre. Moïse, afin de préserver Le district de Basan et la plaine de
son peuple des contagions païennes, lui Saron , sur la côte de la Méditerranée ,
ordonna de détruire tous les autels qu'il entre Joppe et Lydde, sont souvent men
trouverait sur les hauteurs, ou dans les tionnés dans la Bible comme possédant
bocages de Canaan, Nomb. 33 , 52. les meilleurs pâturages et les plus beaux
Deut. 7, 5. 12, 2.3. Mais l'attrait d'une troupeaux de bœufs. Lors de la conquête
religion naturelle et commode, la pas de Canaan par les Israélites , les tribus
sion du fruit défendu, l'exemple des Ca de Gad et de Ruben reçurent en partage,
nanéens, entraînèrent les Israélites vers à cause de leurs nombreux troupeaux ,
le culte des bocages , et les prophètes Basan et d'autres districts à l'est du Jour
rattachèrent souvent à la violation de dain , propres à l'éléve des bestiaux ,
cette portion de la loi, les menaces qu'ils Nomb. 32, 4. Les taureaux et les béliers
annoncèrent de la part de Dieu, comine de cette contrée, célèbres par leur vi
devant tomber sur Israël et sur Juda, gueur et leur beauté, Deut. 32, 14., ser
1 R. 14, 23. Os. 4, 13. Jér. 2, 20.3 , vent souvent à désigner des ennemis puis
13., etc. Es. 1, 29. 65, 3., etc. sants, Ps. 22, 13., et le prophète Amos,
BOEUF. Le mot hébreu Bacar désigne 4, 1., compare les femmes voluptueuses
le gros bétail en général, comprenant les de la Samarie à des génisses de Basan. Il
mâles et les femelles, les jeunes et les paraîtrait que les troupeaux de la maison
vieux, Lév. 3, 1. Un seul individu de royale étaient entretenus dans ces ferti
cette espèce est appelé Shor (cald. Thor, les pacages, car il est dit que David avait
arab. thaur, d'où peut-être le latin tau un inspecteur de bestiaux dans la plaine
rus, et le français taureau) ou Eleph, ou de Saron, Chr. 27, 29.
Alouph. Un veau, mâle ou femelle, est Pour les Hébreux, le bœuf était le pre
appelé Eguèl ou Eglah ; ce dernier mot mier et le plus utile des animaux domes
est employé Gen. 15, 9. Es. 15. 5. pour tiques, et une deleurs principales riches
désigner une génisse de trois ans, et ses : aussi Job , dans la description qu'il
Os. 10 , 11., pour une jeune vache em fait du bien-être qui est ordinairement le
ployée à traîner la charrue ou à fouler le partage du méchant , dit que ses trou
blé. Phar désigne le taureau, surtout peaux de bœufs augmentent toujours, et
lorsqu'il est encore jeune, Jug. 6, 25., et que ses vaches sont fécondes (21 , 10) ;
Parah , la jeune vache, 1 Sam. 6 , 7., le psalmiste voit dans cette abondance
Job 21, 10., qui donne déjà du lait, ou une bénédiction de l'Eternel, 144, 13. 1 4;
qui a eu des petits, Os. 4, 16., et qui et partout où il est parlé d'un accroisse
porte le joug. Abbir, qui signifie fort et ment de bonheur , l'augmentation des
vigoureux, n'est proprement qu'une épi troupeaux de bœufs fait partie des pro
thète donnée dans les livres poétiques, messes. Deut. 7, 13. 28, 4. 18, 31.
Ps. 22, 13. Es. 34, 7., au taureau qui a Les Israélites se servaient des bœufs
atteint toute sa force. La langue hébraï pour labourer la terre, et pour battre, ou
que n'a pas d'expression pour ce que plutôt pour fouler le grain. Il est souvent
B0E 149 B0E

parlé dans la Bible du labour des bœufs, ils font un grand usage. — Les anciens
1 R. 19, 19. Job 1, 14. Am. 6, 12. Prov, Israélites s'entendaient aussi à préparer
14, 4. Les bœufs servaient de plus pour du fromage proprement dit, 2 Sam. 17,
le trait, Nomb. 7, 3. 7, 8. 1 Sam. 6, 7., 29., appelé tranches de lait 1 Sam. 17, 18.,
et même pour le transport, comme on le parce qu'on coupait la masse coagulée,
voit par 1 Chr. 12, 40., où il est dit qu'on appelée Guebinah , Job 10, 10., pour la
apporta à David des provisions sur des laisser sécher et durcir. Il y avait à Jéru
bœufs et sur d'autres bêtes de somme. salem une vallée des faiseurs de fromage,
De nos jours encore, il n'est pas rare de qui devait son nom à l'exercice de cette
voir les bœufs de l'Asie et de l'Afrique industrie.
être utilisés de cette manière par leurs Les cornes de boeufs servaient à la
maîtres. confection de coupes, de flacons, 1 Sam.
La chair de bœuf a servi de tout temps 16, 1. 13. 1 Rois, 1 39., d'instruments
à la nourriture de l'homme et faisait un de musique , etc., Ps. 98, 6. Jos. 6, 5.
des principaux aliments des Israélites. La 1 Chr. 15, 28. Elles étaient l'emblême de
cour etlamaison royale de Salomon con la force et du courage, Deut. 33, 17.
sommaitjournellement dix bœufs engrais Jér. 48, 25. Mich. 4 , 13. Ps. 132, 17.
sés, et vingt bœufs des pâturages, 1 R. 4, C'est pourquoi les rayons du soleil , à
23., et Néhémie, qui tenait table ouverte cause de leur ardeur et de l'intensité de
pour 150d'entre les principaux des Juifs, leur chaleur, sont appelés en hébreu les
avait obtenu à cet effet un bœuf gras cha cornes du soleil : les Grecs et les Ro
que jour, Néh. 5, 18.Cette viande se trou mains se servaient de la même image ;
vait principalement sur la table des ri les premiers disaient d'un homme vail
ches, Prov. 15, 17. : le veau était regardé lant qu'il avait des cornes (Prov. de Dio
comme une friandise que l'on servait génien, VII, 89), et Horace, Ode 3, 21.
seulement aux personnes etaux convives 18., dit du vin qu'il donne des cornes
que l'on voulait honorer d'une façon tout (du courage) au pauvre : cf. encore Ovid.,
à fait particulière, Gen. 18, 7.1 Sam. 28, Art d'aimer 1, 238 : Tunc sumit cornua
24. Am. 6, 4. Luc. 15, 23. pauper.
Il était naturel qu'un peuple riche en Esaïe 15, 5. compare les Moabites à
troupeaux, comme les Israélites, se nour une génisse de trois ans; Jérémie 46, 20.
rit de laitage et qu'il en fît diverses sor appelle l'Egypte une belle vache, et (50,
les de préparations. Deux espèces de 11) Babylone une vache qui bat le blé.
lait sont mentionnées dans l'Ancien Tes Osée 10, 11. appelle Juda une vache re
tament, le Halab ou lait doux, et le Hhé belle, cf. Jér. 31, 18., probablement parce
mah, sorte de crême ou de lait caillé, que la vache ayant atteint à l'âge de trois
Gen. 18, 8.Jug. 5, 25. Job 29, 6. 20, 17. ans sa force complète, était alors soumise
(ou les ruisseaux de miel et de crême au joug et attelée.
sont pris pour image de l'abondance). Le bœuf, comme toute la race bovine,
Pour faire le Hhémah, les Orientaux met appartenait à la classe des animaux purs,
tent encore aujourd'hui du lait ou de la et servait aux sacrifices; de là l'expres
crème, selon qu'ils veulent faire du fro sion de veau des lèvres, Os. 14, 2., si
mage ou du beurre, dans un sac ou ves gnifiant le sacrifice des lèvres , ou les
sie que l'on presse en le ballottant : à louanges.
mesure que l'eau s'en échappe par les po Dans l'hiéroglyphique des anciens, le
res ou par l'évaporation, on y remet du taureau était le symbole des forces géné
lait nouveau jusqu'à ce qu'on ait la quan ratrices de la nature; comme tel il entrait
tité voulue de beurre ou de lait caillé. Ce dans la composition des chérubins et
dernier, dissous dans de l'eau, donne un comptait parmi les ornements du temple,
breuvage rafraîchissant : on peut aussi le Ez. 1, 10.1 Rois 7, 29. La vache était le
manger avec du pain, sansl'avoir mélangé symbole de la fécondité et de l'agricul
d'eau. Prov. 30 , 33. Les Orientaux , en ture, Gen. 41, 2. 26. 29. De là l'adora
général, aiment beaucoup le beurre, dont tion de ces animaux, si commune dans
BOI 150 B0T

les religions, primitivement toutes sym ticles. On se servait, pour boire, de coupes
boliques, des anciens temps : de là aussi et de gobelets , quelquefois garnis d'un
la tendance constante des Israélites à couvercle , dans lesquels on versait les
substituer au culte du Dieu invisible, ce liqueurs contenues ou dans des cruches,
lui du veau, le veau d'or d'Aaron, et les on dans des urnes et amphores, ou dans
veaux de Jéroboam, non point qu'ils ado des coupes plus grandes, ou encore dans
rassent réellement ces figures, mais elles des cornes d'animaux travaillées.
étaient pour eux la représentation de BOKIM (deuil, pleurs). Lieu où les
Dieu, en tant qu'il se manifeste dans et Hébreux s'assemblèrent quelque temps
par la nature. v. encore Vache, AcCou après la mort de Josué, et où l'ange de
plements, etc. l'Eternel, après leur avoir reproché leurs
BOHAN, descendant de Ruben. Il n'est infidélités multipliées, leur annonça en
connu que par un monument qui lui fut même temps que ces infidélités seraient
érigé, Jos. 15, 6., l'on ne sait pourquoi, punies. Ces menaces émurent les enfants
à la frontière nord de la tribu de Juda, d'Israël qui pleurèrent en ce lieu, et l'ap
sur les confins de Benjamin. pelèrent Bokim en souvenir de leurs lar
BOIS, v. Bocages, et Plantes. — mes. Quelques-uns pensent que Bokim
L'Orient, si riche sous tant de rapports, était près de Silo, où ils se réunissaient
a toujours été pauvre en bois dur pro pour leurs fêtes solennelles, mais le con
prement dit, bois de construction , ou texte rend plus probable l'opinion qui le
même bois à brûler; et l'on se servait place dans le voisinage de Guilgal, Jug.
ordinairement, pour alimenter le feu, 2, 1. 5.
d'herbe séchée, Matth. 6, 30.Luc 12, 28., B00Z (force), Ruth 2, 3. 1 Chr. 2, 11.
de plantes, feuilles et tiges; de foin, de Matth. 1, 5.Luc 3, 32., fils ou descendant
paille brisée, Matth. 3, 12., et au besoin de Salmon et de Rahab, de la ville de
de fiente animale, Ez. 4, 12. 15. ; en Bethléhem en Juda. Il épousa Ruth, fut
Babylonie on employait même la résine. père d'Obed, et par conséquent bisaïeul
La Palestine cependant fait exception à de David. Son histoire se lie presque
cette règle générale, et il paraît que si tout entière à celle de Ruth, où nous en
l'on se servait quelquefois d'autres com reparlerons. — Booz est une des plus
bustibles que le bois, c'était moins par nobles figures de vieillard qui nous soient
nécessité que par fantaisie; il paraît en présentées dans l'Ecriture; sa bonté , sa
particulier que dans certains districts ri générosité, son aimable sensibilité, ses
ches en forêts, chacun pouvait en liberté rapports avec les moissonneurs de ses
couper le bois nécessaire à son usage, domaines, la délicatesse de sa conduite
du moins dans la première période de à l'égard du parent d'Elimélec; son res
l'établissement en Canaan , Lam. 5, 4. pect pour lajeune glaneuse, enfin la gran
Nous voyons le bois mis en œuvre, et deur de caractère qu'il montre en ne
servant aux travaux de la menuiserie, prenant point à honte d'épouser, lui ri
Ex. 35, 33. 25, 10., et du charronage, che propriétaire, une Moabite pauvre,
Jos. 11, 6. 1 Sam. 6, 7. 1 Rois 7, 33. veuve et délaissée; tout en Booz nous
10, 29. Nah. 2, 13. etc. : l'on en faisait touche, nous émeut et nous le fait aimer.
aussi des corbeilles, Nomb. 6, 15. Deut. Sa vieillesse a conservé le charme et la
26, 2.4. Jug. 6, 19., et des dieux, Es. fraîcheur d'un âge moins avancé; ses
44, 15. v. Idolâtrie. On ne trouve du boucles blanches sont la couronne du
reste aucune trace de tonneaux faits de jeune époux, et l'on comprend que, pleins
bois, pas même dans le passage Jér. 48, de respect, tous fussent aussi pleins d'a-
12., et l'on se servait presque exclusive mour et de confiance en lui.
ment pour cet usage d'outres ou de cor BOSOR, v. Béhor.
nes d'animaux. BOTSKATH, ville ou village des plai
BOISSONS. Les boissons principales nes de Juda ; l'aïeul de Josias était de
des Hébreux, étaient l'eau, le vin, la cer cet endroit. Jos. 15, 39. 2 Rois 22, 1.
voise et le vinaigre. v. ces différents ar BOTSRA(vendanges)ou Betser, 1° dans
BOU 151 BOU

le désert, appartenait au Rubénites, et se croit le voyageur Harmar. Parfois même


trouvait dans une plaine vers la frontière à force de luxe, les femmes se font per
sud-est de la tribu, non loin des sources cer à l'oreille autant de trous qu'il peut
de l'Arnon, Jos. 20, 8. 21, 36. Elle avait y avoir de place pour des boucles nou
été destinée par Moïse pour être une ville velles; ces boucles sont tantôt en bois,
de refuge à ceux qui auraient commis un tantôt en corne, tantôt en métal : ordi
meurtre involontaire, Deut. 4, 43. Quel nairement elles sont simples et rondes,
ques-uns confondent à tort cette ville mais on en trouve de toutes les formes,
avec la suivante, en attribuant aux vicis quelques-unes mêmes ornées de petites
situdes de son histoire les divers chan clochettes, Es. 3, 18. C'est
chez les Ro
gements de maîtres qu'elle a subis ; Bet mains qu'à l'époque de la grandeur de
ser est proprement le nom de cette pre cet empire, ce genre de luxe avait atteint
mière ville, et Botsra celui de la seconde. son degré le plus excentrique, surtout
2° Botsra, appelée par les Grecs et par parmi les femmes. Chez les Grecs, il n'y
les Romains Bostra, était à 40 kilom. avait guère que les enfants qui portas
d'Edrelin. ll en est souvent parlé dans sent des boucles d'oreilles, et seulement
l'Ancien Testament comme de la,capitale du côté droit.— D'après Gen. 35, 4.,
de l'ldumée, Gen. 36, 33. Es. 34, 6. 63, il paraîtrait que cet ornement était quel
4. Am. 1 , 12. Jér. 49, 13. 22. Ailleurs quefois regardé comme une espèce d'a-
Jérémie en fait une ville moabite, 48, 24., mulette.
d'où il résulte, selon toute apparence, Boucles pour le nez. Elles sont men
que les Moabites la conquirent sur les tionnées Prov. 11 , 22. Ez. 16, 12. Es. 3,
lduméens(qui eux-mêmes en avaient dé 21., peut-être aussi Ex. 35, 22. C'était
possédé les Hammonites), ce qui est d'au l'une des parures les plus chères aux
tant plus probable que cette ville n'était Orientales des temps anciens, v. Gen. 24,
pas située dans l'intérieur de l'ancienne 22. 47. Aujourd'hui encore elles en por
ldumée, mais dans le Hauran, au nord tent suspendues tantôt à la narine droite,
du pays des Hammonites. On perd les tantôt à la narine gauche, rarement à la
traces de l'histoire de Botsra jusqu'au cloison du nez. Ces boucles sont d'or Ou
règne de Trajan ; plus tard elle fut le
d'ivoire, incrustées de perles; elles ont 6
siége d'un épiscopat, et l'une des princi
à 9 centimètres de diamètre, quelquefois
pales églises attachées au Nestorianisme.
davantage, et elles tombent jusque sur le
Bien qu'en très grande partie ruinée ,
bas du visage. Tavernier raconte des fem
cette ville demeure encore une des plus
mes de Bagdad qu'elles se percent les
considérables de ces contrées. narines de bonne heure; quant aux Ara
B0UC, v. chèvre. — Bouc émissaire, bes, elles ne percent que la paroi mé
v. Hazazel. diale, dans laquelle elles font passer une
BOUCLES. Les Orientaux ont de tout bague de l'épaisseur
d'un tuyau de plu
temps aimé à se couvrir de boucles, ils me, mais creuse intérieurement , soit
en mettaient aux bras, au cou, aux pieds, pour économiser la matière, soit pour les
aux doigts, aux oreilles, etc. Les hom rendre plus légères; il y a de ces bagues
mes n'en portaient guère qu'aux doigts, si grosses que le poing d'un homme y
et s'en servaient comme de cachets; mais passe facilement. Ce même usage se re
les femmes et les enfants en avaient par trouve également en Amérique, chez les
tout. Les boucles d'oreilles, Ex. 32, 2. Indiens du Nord et chez les Péruviens.
Ez. 16, 12. sont encore d'usage aujour On passait aussi des anneaux dans les
d'hui, ailleurs même qu'en Orient. Les narines d'animaux sauvages que l'on vou
unes sont légères, petites, dignes du lait apprivoiser ou dompter, ou de gros
bout de l'oreille; d'autres sont massives, poissons que l'on voulait conserver cap
lourdes, d'un diamètre de douze centi tifs dans leur élément (comme l'on fait
mètres; elles élargissent tellement le trou encore des buffles et des ours). Job 40,
de l'oreille, que l'on peut facilement y 21. cf. 2 Rois 19, 28. Es. 37, 29. Ez. 29,
passer deux doigts de la main, si l'on en 4. 38, 4,
BOU 1 •02 BRE

Quant à des anneaux pour les pieds, It pectore summo


Flexilis obtorti per collum circulus auri.
il n'en est parlé dans l'Ancien Tesla - (EN. 5, 559.)
ment que Es. 3, 16 et suiv. On les por
tait au-dessus de la cheville : ils étaient C'était chez les Perses une marque de fa
de bois , de corne ou de métal , et con veur toute particulière, quand les rois ac
struits de manière à faire entendre à cha cordaient un collier à quelqu'un de leurs
que pas un clapotement plus ou moins sujets , Dan. 5, 7. 16.29 : cette distinc
harmonieux, et coquet plutôt qu'agréa tion semble même avoir été accompagnée
ble. De petites chaînettes retenaient l'un d'une augmentation de pouvoir ou d'hon
à l'autre les anneaux des deux jambes, ce neur. Le premier ministre en Egypte avait
qui gênait la marche et accoutumait les un collier d'or au cou ; c'était peut-être
femmes à faire de petits pas gracieux, la décoration attachée à son rang et à ses
délicats et embarrassés. hautes fonctions.
Les bracelets ont été plus en usage en BOUCLIER, arme défensive qu'on por
core que les différentes boucles que nous tait au bras gauche, et dont on se servait
venons de nommer, auprès des anciens pour parer une flèche, ou un coup d'épée
Hébreux qui paraissent en avoir tous ou de lance. Les plus ordinaires étaient
porté , hommes et femmes : v. Gen. 24, faits d'une planche recouverte de cuir,
22.30.47. Es. 3, 19. Ez. 23, 42. 1 Sam. mais il y en avait d'or, d'airain et d'autres
1, 10. cf. Nomb. 31, 50. lls étaient sou métaux. Dans l'Ecriture, les grands et les
vent extrêmement larges, et Niebuhr dit princes sont souvent appelés les boucliers
en avoir vu en Perse qui s'étendaient des peuples : ainsi Saül, le bouclier des
du poignet jusqu'au coude ; selon Pline, forts, 2 Sam. 1, 21.; et Dieu lui-même se
28, 47., ils servaient quelquefois d'amu plaît à prendre ce nom, Gen. 15, 1. Ps.5,
lettes, de même que les boucles d'oreilles. 12. La foi doit être pour le chrétien un
Enfin les colliers, Prov. 3, 3.22. 25, 12. bouclier pour éteindre les dards enflam
Ez. 16, 11. Os. 2, 13. Cant. 4, 9. Ce n'é- més du malin. Eph. 6, 16.
taient pas seulement des femmes, mais BOUQUETIN, v. Chamois.
encore quelquefois des hommes , et mê BOUTEILLE , v. Outre.
me des guerriers, surtout parmi les Per BRACELETS, v. Boucles.
ses et les Mèdes, qui affectionnaient ce BRAS. Comme c'est la partie de notre
genre de parure : toutefois cette dernière corps avec laquelle nous exerçons le plus
classe ne paraît pas chez les Israélites en notre activité et déployons le plus sou
avoir connu l'usage. Les colliers les plus vent notre force, le bras sert à désigner
ordinaires, pour les riches , se compo l'action du pouvoir de l'Eternel , qu'il
saient de grains ou de perles enfilées, et crée ou qu'il détruise, qu'il protége, qu'il
descendaient souvent jusqu'à la ceinture; convertisse, ou qu'il châtie. Ex. 6, 6. Ps.
on en portait plusieurs à la fois pour se 71, 18.Jér. 17, 5.32, 17. Es. 40, 11. Zach.
distinguer : c'était une mode, comme main 11, 17.
tenant c'en est une autre de cacher quel BREBIS. La langue hébraïque possède
ques-uns de ses doigts sous des amas de un mot, Tsôn, qui signifie ce que nous
bagues de toutes couleurs et de tous les appelons en général menu bétail, Gen.
goûts. On suspendait, en outre, aux col 27, 9. Lév. 10, mais qui cependant dési
liers diverses espèces d'ornements étran gne dans son acception ordinaire la bre
gers, des demi-lunes ou petits croissants, bis et son espèce, Gen. 31, 10.1 Sam. 25,
Es. 3, 18 (comme on faisait aux chameaux, 2. (Le menu bétail constituait, dans les
Jug. 8, 21), des boîtes de senteur, Es. 3, anciens temps, comme encore de nos
20., peut-être de petits soleils et de pe jours, la richesse des peuples nomades. )
tits serpents, en guise d'amulettes. On — Un seul animal de cette espèce, sans
peut croire aussi que les femmes portaient égard à l'àge ni au sexe , s'appelle Zèh ,
encore des colliers de métal, et l'on se Ex. 22, 1. Deut. 14, 4. Talèh désigne
rappelle ce mot de Virgile : l'agneau qui boit encore le lait de sa mè
re, Kèbès l'agneau d'un an et au-dessus,
BRE 153 BRE

Kar l'agneau qui est assez fort pour allerles plaines qu'habitèrent les Moabites
paître seul. Mischnim, 1 Sam. 15.9., paraîtsont riches en troupeaux de brebis. —
désigner les agneaux qui, après la pre Les Edomites, Es. 34, 6., les tribus ara
mière annêe, ont perdu les deux dents de bes de Kédar. et les Nabatéens , Es. 60,
devant à la mâchoire inférieure, et com 7., s'occupaient de nourrir et d'élever
mencent à devenir forts. Ayil désigne ces animaux, et leurs contrées fertiles en
le bélier, et Rahhel la brebis proprement herbes salées leur étaient tout à fait fa
dite, qui a des petits, Gen. 31, 38. 32, vorables. L'artifice que Jacob employa
14.; cependant ce dernier mot , comme pour augmenter son salaire en favorisant
celui de brebis chez nous, se trouve aussi la naissance de brebis marquées de cer
employé dans un sens plus étendu, s'ap taines couleurs, Gen. 30, 37-43., prouve
pliquant à toute l'espèce, Es. 53, 7. Cant. les progrès qu'avait faits dans ce temps
6, 6. On voit, par ces distinctions, que l'art de soigner les troupeaux. Nous rap
l'élève de ces animaux était assez déve pelons ici que le célèbre Buffon s'accorde
loppée parmi les Hébreux. La couleur des avec l'Ecriture sainte à reconnaître que
brebis en général était la même que dans dans aucune race d'animaux, l'imagina
nos contrées. Ps. 147, 16. Es. 1, 18. Dan. tion de la mère n'a autant d'influence
7, 9. Gen. 30, 32.35. 31, 10.12. sur sa progéniture, que dans celle des
Il y a en Orient deux espèces de bre brebis.
bis : les unes semblables aux nôtres, mais La chair et le lait des brebis servaient
plus grandes, plus hautes, plus maigres, à la nourriture des Israélites , Deut. 32,
et couvertes d'une laine qui a plus de 13. 14. Es. 7, 21. 22. Ez. 34, 3.1 Cor.
rapport avec le poil, ce qui est très pro 9, 7. : cette viande est encore pour les
bablement l'effet du climat : les autres se Arabes, les Perses, et les Orientaux en
distinguent par une queue large et gran général, une nourriture très estimée. —
de, assez grasse et quelque peu recour Déjà dans les anciens temps, il se faisait
bée à l'extrémité. Cette queue est une un commerce de laines très actif; les
masse d'une substance qui tient le milieu marchands de Damas en portaient aux
entre la graisse et la moelle, et ressem marchés de Tyr une grande quantité,
ble, pour le goût, au beurre, qu'elle sert soit blanche, soit brune, soit rougeâtre
aussi à remplacer : elle pèse de 5 à 15 ki et luisante. Quant à cette dernière es
log. On sait que les bergers, pour pré pèce , le voyageur Tavernier rapporte
server la queue de ces brebis, la placent que dans les montagnes du Kerman en
sur un petit char auquel la brebis est at Perse, il y a une espèce de brebis qui
tachée : cette pratique est si ancienne , jette sa laine au printemps, au point de
qu'Hérodote en parle déjà. Il paraît que paraître tondue : que cette laine est d'un
les Israélites possédaient aussi de ces brun léger et quelquefois grisâtre, et que
brebis, car dans leurs sacrifices la queue les Guèbres qui habitent ces montagnes,
est toujours nommée parmi les graisses en fabriquent des étoffes, des habits, et
qu'il fallait brûler. Lév. 3, 9. 7, 3.8, 25. autres travaux , dont ils font un trafic
9. 19. considérable.
Les contrées de la Palestine les plus La coutume d'apprivoiser les brebis de
favorables à la bonne venue du menu bé manière à les rendre aussi familières que
tail étaient la plaine de Saron, Es. 65, 10., des chiens, coutume à laquelle a fait al
le mont Carmel, le pays de Galaad, Mich. lusion le prophète Nathan, 2 Sam. 12, 3.,
7, 14., et Basan, Deut. 32, 14. Ez. 39, 18. dans l'apologue par lequel il a convaincu
Les peuples voisins des Israélites s'a- David de son péché, existe encore de nos
donnaient comme eux à l'élève des bre jours chez les Arabes. Les bergers don
bis : les Moabites payaient à Joram en tri naient aussi quelquefois à leurs brebis
but annuel la laine de cent mille agneaux des noms que ces dernières connaissaient
et d'un nombre égal de béliers, 2 R. 3,4., si bien qu'elles ne manquaient pas d'y
et plus tard un tribut pareil aux rois de répondre en accourant lorsqu'elles étaient
Juda, Es. 16, 1. De nos jours encore, appelées (Théocrite, Idyl. V, 102, 103);
BUI 154 BUT

c'est à cet usage que se rapportent les ces deux passages est le buis, et leur opi
paroles de notre Sauveur, Jean 10, 3. nion s'accorde avec le contexte , quoi
Comme le bélier marche presque tou qu'on ne puisse pas prouver que le mot
jours en tête du troupeau, et lui sert en hébreu théaschur ait effectivement cette
quelque sorte de guide, il a été pris pour signification. Les versions arabes, et la
le symbole de la royauté, ou du souve version syriaque traduisent théaschur par
rain des peuples ; et dans la fameuse vi Cherbin qui est une espèce de cèdre ou
sion de Daniel, 8 , 3. 4.20., le roi de de sapin-cèdre.
Perse est représenté par cet animal. Dans sa description du commerce et du
Les mots chef (d'une nation), et bélier, luxe des Tyriens, le prophète Ezéchiel,
sont même devenus complétement syno 27, 6., dit que les bancs de rameurs de
nymes en hébreu, cf. Es. 44, 9. Zach. leurs vaisseaux étaient faits de aschur
10, 3., dans l'original. Nous ajouterons (c'est à peu près le même mot que théa
que l'historien Ammien Marcellin raconte chur), étaient faits de buis, apporté des .
que lorsque les rois de Perse se mettaient îles de l'Occident, et garnis d'ivoire. Et
à la tète de leurs troupes pour entrer en ce qui confirme le sens que nous den
campagne, ils portaient en guise de dia nons à ce mot, c'est que nOus Voyons par
dème une tête de bélier en or, et ornée un passage de Virgile (AEn. 10, 137....
de pierreries; de même sur les colonnes Quale per artem inclusum buxo lucet
de Persépolis le signe de la royauté est ebur), qu'en effet les anciens avaient cou
un bélier. tume de travailler de la sorte, et d'in
La brebis, le bélier et l'agneau ser cruster l'ivoire dans le buis. — v. Orme.
vaient aux divers sacrifices des Israélites :
BUL, 1 R. 6, 38., appelé depuis lors
le bélier annonçait le conducteur du trou Marchesvan : c'était le second mois de
peau dont le sang devait couler pour le l'année civile, et le huitième de l'année
rachat des siens, la brebis et l'agneau ecclésiastique ; il se composait de vingt
étaient les symboles de l'humilité et de la neuf jours, et corespondait à notre fin
soumission patiente , parce qu'ils sont d'octobre et commencement de novembre.
d'un caractère doux, patient, et lent à la C'est dans ce mois que commençaient à
colère ; on assure cependant qu'une fois diminuer les chaleurs, que l'on semait
irrités , ils le sont tellement qu'on ne l'orge et le froment, et qu'on récoltait
peut plus les apaiser. Cela explique pour les derniers raisins; c'est aussi dans ce
quoi la Bible a pris cet animal pour le mois que fut terminée la construction du
symbole de l'humilité et de la patience en temple de Salomon. Le nom de bul ne se
général, et de Christ en particulier, Jean trouve qu'une fois dans la Bible, au pas
1, 29.; mais cela explique aussi l'expres sage indiqué.
sion de la « colère de l'agneau », Apoc. BUTIN. Ce qu'un soldat à la guerre
6, 16., cette haine de Dieu contre le mal, avait enlevé de sa propre main , demeu
et ce courroux lent à s'allumer, mais qui rait en sa possession; mais les objets pré
s'allumera devant l'endurcissement pro cieux, et ceux en particulier qui avaient
longé, et qui ne cessera plus de consumer appartenu au roi vaincu, échéaient de
ses adversaires. droit au roi d'Israël, 2 Sam. 8, 11. 12,
BUFFLE , Deut. 14, 5. 1 Rois 4, 23 . 30. Quant à l'ensemble du butin, hom
v. Gazelle. mes et bétail, il se divisaitendeux moitiés,
BUIS. Parmi les arbres du Liban dont dont l'une appartenait aux soldats qui
le bois doit un jour servir à la construc avaient combattu , déduction faite de la
tion du nouveau sanctuaire, le prophète cinq-centième partie qui était pour les
Esaïe, 60, 13., nomme le Théaschur ; et sacrificateurs ; l'autre moitié , déduction
dans le chap. 41, 19., il est dit que ce faite d'un cinquantième pour les lévites,
même arbre croîtra un jour dans les dé revenait au peuple , Nomb. 31, 26. sq.
serts avec le cèdre, le cyprès et l'acacia. Mais si la ville conquise avait été mise à
Les commentateurs juifs sont d'accord l'interdit, il était défendu d'y faire du
à penser que l'arbre dont il est parlé dans butin ; tout ce qui avait vie devait être
BUZ 155 CAD

passé au fil de l'épée; on devait brûler


tout ce qui pouvait être brûlé ; l'or et C
l'argent seuls , et les vases de fer ou
d'autres métaux , échappaient à la des CAB ou Kab, 2 Rois 6, 25., mesure
truction et étaient placés dans le temple qui contenait la dix-huitième partie de
de l'Eternel , peut-être comme trophées. l'Epha, ou du Bath, la sixième partie d'un
v, Jos. 6 et 7. Même sans qu'il y eût d'in sat, ou environ 24 coquilles d'œuf (près
terdit prononcé, c'était assez l'usage de de deux litres). v. Mesures.
consacrer à l'Eternel les prémices des CABUL. 1° Ville sur les frontières de
dépouilles, et la portion la plus honorablela tribu d'Aser, Jos. 19, 27.
du butin, 1 Chr. 26, 27. 2° Nom que Hiram, roi de Tyr, donna
BUTOR. Es. 14, 23. 34, 11. Soph. 2, dédaigneusement aux pays que Salomon
14. C'est par le mot de butor que nos lui offrit en récompense des services qu'il
versions ont traduit l'hébreu kippod dans lui avait rendus pendant la construction
ces trois passages; d'autres l'ont rendu du temple, en charrois, métaux et bois
pa] orfraie, chat-huant, tortue, castor, etc.
précieux, 1 Rois 9, 13. Cabul signifie dé
C'est dire assez que l'on ne connaît pas plaisant, aride. Il faut chercher ce district
au juste la signification de ce mot. Les dans les parages rudes et peu fertiles qui
lexicographes allemands, Gesenius et Se trouvent au nord-Ouest de la chaîne
Winer en tête, le traduisent par hérisson des montagnes galiléennes, qui séparent
(v. encore Bochart, Hiéroz. II.) : cette la Phénicie de la Palestine.
manière de voir est appuyée de l'analogie CACHET. Les Orientaux ont de tout
des autres langues sémitiques. Le héris temps regardé les cachets ou sceaux mu
son se trouve en abondance dans la Sy nis d'un petit manche bien élégant, comme
rie et la Mésopotamie, et choisit de pré un des ornements les plus agréables et
férence les lieux déserts pour son habi les plus nécessaires pour l'homme. Les
lation. Quant au butor, on le trouverait Hébreux n'ont point fait exception à cette
plutôt dans l'hébreu yanschouph, Lév. règle, Cant. 8, 6. Agg. 2, 23. Jér. 22, 24.
11, 17. Deut. 14, 16. Es. 34, 11. Le bu Hérodote raconte la même chose des Ba
tor est une espèce de héron , mais moins byloniens. De nos jours encore les Per
haut sur jambes, et le corps plus char sans portent des cachets, ou à leurs
nu : il est si sauvage et si stupide que doigts, ou suspendus à leur cou et re
son nom est devenu une espèce d'insulte. tombant avec grâce sur la poitrine.L'em
0n le trouve partout où il y a des ma preinte consiste ordinairement non dans
rais solitaires, en Angleterre, en Dane une figure, mais simplement dans le nom
mark, en Suisse, et dans les parages plus du propriétaire entouré d'une maxime de
chauds de l'Italie et de l'Egypte. v. Chat Mahomet, comme d'une auréole favorable.
huant et Cormoran. On se sert pour cire d'une espèce d'en
BUZ, 1° fils par Milca, de Nachor frère cre de Chine résineuse, ou de terre sigil
d'Abraham, Gen. 22, 21., fut apparem lée pour des objets un peu considérables,
ment l'un des ancêtres d'Elihu l'ami de tels que scellés sur les portes, etc. C'est
Job 32, 2.Son nom se retrouve plus tard, en leur remettant le sceau ou l'anneau de
lér. 25, 25., où il est cité à côté de Dé l'Etat, que les princes orientaux avaient
dan et de Téma, comme formant un petit coutume d'élever à quelque charge ou di
état monarchique sur les confins ou dans gnité ceux de leurs sujets qu'ils croyaient
les limites de l'Arabie déserte. On ne devoir honorer de cette faveur. Gen. 41,
connaît aucune ville qui puisse mainte 42. Est. 3, 10. 8, 2.
llant nOus mettre sur la voie de l'ancien CADAVRES. La manière dont les an
emplacement de cette cité. ciens Hébreux préparaient les morts pour
2° Fils de Habdiel, et père de Jahdo, de la sépulture, et dont ils les ensevelissaient,
la tribu de Juda, 1 Chr. 5, 14., inconnu. nOus est à peu près entièrement incon
BUZI, père du prophète Ezéchiel, Ez. nue : tout ce que mous en savons, c'est
• ••• que dans les temps primitifs et de l'anti
CAD 156 CAD

que simplicité, c'étaient les plus proches quels était convié tout le public, à l'hon
parents, fils et frères, qui pourvoyaient neur du défunt. — Les guerriers étaient
eux-mêmes directement à la sépulture de ensevelis avec leurs armes, Ez. 32, 27. cf.
celui qu'ils venaient de perdre, Gen. 25, Virg. MEneid. 6, 233. — v. encore Sépul
9. 35, 29. Jug. 16, 31. Plus tard, d'autres ture et Tombeau.
restèrent chargés de ces soins funéraires, Nous avons dit un mot de la souillure
et Amos, 6, 10., semble même compter légale qu'entraînait le contact des cada
au nombre de ses menaces les plus re vres d'hommes, Nomb. 19., ou d'animaux,
doutables , le fait que les morts n'auront Lév. 11, 24. Quel but le législateur a-t-il
pour les porter au sépulcre , que leurs eu en vue en promulguant cette disposi
plus proches parents. La coutume de fer tion ? D'accord avec l'ensemble de son
mer les yeux aux morts et de les embras oeuvre législative, il a voulu préserver les
ser, remonte à la plus haute antiquité, Hébreux de maux matériels, et leur don
Gen. 46, 4. 50, 1. cf. lliad. 11 , 452.AEneid. ner des idées saines ; les préserver des
9, 487. Plin. 11, 55. Dans les temps pos maux matériels, en les engageant à ense
térieurs nous voyons le cadavre lavé aus velir le plus tôt possible ces cadavres d'a-
sitôt après la mort, Act. 9, 37., puis en nimaux que les mœurs orientales jettent
veloppé dans un grand linceul, Matth. 27, volontiers à la voirie, les exposant à la
59. Marc 15, 46. Luc 23, 53., ou, plus or voracité des chiens et des vautours , aux
dinairement, tous les membres envelop intempéries de l'air, et à la putréfaction,
pés de langes, Jean 11, 44., et des aro coutume dont les conséquences ordi
mates interposés entre le corps et ces naires sont des exhalaisons empoison
tissus, Jean 19, 39. cf. 12, 1.7. nées, des maladies contagieuses et la
Aux funérailles des princes, ou des sei peste.Ainsi, par une loi dont il ne com
gneurs juifs, le mort était revêtu de ses prenait pas toujours la portée, chacun se
habits les plus précieux, et l'on faisait trouvait intéressé à faire disparaître, en
autour de lui des fumigations abondantes les cachant sous le sol, des corps sans
des parfums les plus exquis. vie, dont le contact, même involontaire,
Le prompt ensevelissement des morts, eût entraîné pour lui toutes les obliga
que l'on trouve avoir été en usage chez tions gênantes d'une souillure légale. Ces
les Juifs d'un âge subséquent, Act. 5, 6. considérations qui se rapportent surtout
10., se fondait sur les idées de souillure aux cadavres des animaux, sont les mêmes
et de pureté légales, exposées Nomb. 19, encore pour ce qui regardait les corps
11.; les patriarches et les Orientaux de des suppliciés, qui longtemps, même chez
cette époque ne se pressaient pas autant, des peuples plus civilisés que les Orien
Gen. 23, 2. sq. Le mort était ordinaire taux, ont menacé la santé publique. Par
ment déposé dans une bière (peut-être là encore, et par l'horreur que devait
ouverte), et porté sur un brancard, suivi inspirer le contact des cadavres, cette loi
de ses parents et de ses amis, 1 Sam. 25, servait à prévenir la contagion de cer
1.2 Sam. 3, 31. Luc 7, 12. 14.1 Act. 5, taines maladies, et chacun sait combien
6. 10. Avant le départ du convoi la mai le corps de l'homme, son sang et ses os,
son était remplie de cris de deuil, d'hym renferment de germes destructeurs lors
nes funèbres, et de bruits d'instruments, que la vie, cette force mystérieuse, n'est
Matth.9, 23.Marc5,38. cf. Jér.9,17.2Chr. plus là pour en contrebalancer et en
35,25.; quelquefois même, d'après la Mish anéantir les effets pernicieux. — Puis,
na, les Juifs avaient, comme les Grecs sous le rapport moral, le législateur avait
et les Romains, des femmes salariées pour su prémunir son peuple, soit contre la
pleurer. — Après l'ensevelissement ve profanation des débris humains, soit con
naient les repas de deuil, 2 Sam. 3, 35. tre une folle adoration, contre un culte
insensé qu'heureusement on n'avait pas
Jér. 16, 5.7. Os. 9, 4. Ez. 24, 17., et ces
repas qui se faisaient d'abord dans l'in encore imaginé de leur rendre, mais que
timité, devinrent plus tard, chez les fa l'homme animal est peut-être tenté de
milles riches, des repas d'apparat, aux rendre au corps animal, oubliant que ce
CAD 157 . CAI

qui est né de la chair est chair, et doit vu qu'une illusion d'optique opérée par
retourner en la poudre de laquelle il a la réfraction des rayons solaires dont les
été tiré. — Quant à la question spéciale Vapeurs de l'atmosphère auraient été la
du cadavre de Moïse, Jude 9., nous en cause : pour cela, ils reproduisent l'anec
reparlerons à l'article de Moïse. dote qui s'est passée à Metz, en Lorraine,
CADRAN SOLAIRE. Qu'est-ce que le le27 mars 1703, où le prieur du couvent,
cadran d'Achas dont il est parlé Es. 38, le père Romuald, observa un changement,
8., et sur les degrés duquel le prophète une rétrogradation de plus d'une heure
fit reculer l'ombre du soleil ? Les Sep et demie dans l'ombre du soleil. Gese
lante et Josèphe le prennent simplement nius dit que cette anecdote me prouve
pour un escalier quelconque le long du rien , et Winer convient que si l'on veut
quell'ombre descendait par hasard ;d'au ajouter foi au récit du prophète, il faut se
tres y voient aussi un escalier, mais qui contenter de la phrase banale des ortho
aurait été construit exprès dans le but de doxes, que « Dieu peut à sa volonté, et
servir de cadran solaire. Les interprètes selon son bon plaisir, modifier ou sus
juifs, cependant, sont en général d'accord pendre les lois de la nature. » Nous n'es
à voir dans ces degrés un véritable ca saierons pas d'expliquer le miracle, mais
dran solaire, un lapis horarum d'après le voici comment nous croyons que le texte
Targum, un horologium d'après Symma expose qu'il s'est passé. ll ne paraît pas
chus et Jérôme. Il est probable, en effet, qu'il y ait eu sur le corps même du soleil
que les Juifs connaissaient les cadrans ; aucune espèce d'altération ; il ne paraît
car nous savons que Achaz, amateur de pas non plus que le miracle se soit fait
nouveautés et d'inventions, 2 Rois 16, 10. sentir sur une étendue quelconque du
sq., était en relation avec les Assyriens, globe, ni même ailleurs que sur le cadran
et c'est des Babyloniens, d'après Héro d'Achas ; de sorte qu'à cet égard on peut
dote 2, 109., que les Grecs eux-mêmes s'abstenir de parler , comme on le fait
avaient appris l'art des cadrans et la divi quelquefois, d'un grand dérangement qui
sion du jour en douze parties. serait arrivé dans toute la nature pour sa
Quant à la forme de ces cadrans, il y tisfaire à la simple et vaine curiosité d'un
en avait de deux espèces; les uns, sélon prince. Les choses ont suivi leur cours
le rabbin Elia Chomer, consistaient en naturel, et pour donner un signe à Ezé
une demi-sphère creuse, au milieu de la chias, Dieu a fait dévier d'une manière
quelle était une boule dont l'ombre indi extraordinaire l'ombre du cadran , sans
quait les heures , en tombant sur les li que rien ait été changé d'ailleurs.
gnesgravées dans l'intérieur de la sphère, Parmi tous les autres signes que le pro
au nombre de 28 : cette espèce de cadran phète aurait pu donner au roi, il a choisi
fut inventée, selon Vitruve, par le caldéen celui-ci, peut - être parce que les signes
Bérosus, et était connue des Grecs sous donnés dans le ciel étaient regardés com
le nom de zzzzi; (vaisseau), ou d'hémi me plus frappants et moins exposés à
sphère ; les autres, et c'étaient les plus l'erreur ou à l'influence des démons infé
connus de l'antiquité, consistaient en des rieurs ; c'est pour la mème raison que les
obélisques placés au centre d'une plaine pharisiens demandaient au Seigneur un
circulaire plus ou moins grande, dont la signe dans le ciel, Matth. 16, 1., et la bête
circonférence était divisée en parties éga de l'Apocalypse, au milieu de ses épou
les; c'est ce que les Grecs nommaient un vantables miracles, va jusqu'à faire tom
gnomon indicateur. ber le feu du ciel. Ap. 13, 13.
Les interprètes, et surtout les rationa Il est probable que le cadran d'Achas
listes, ont cherché une explication physi était placé de telle sorte que le roi ma
que du miracle rapporté dans l'histoire lade pût aisément de son lit y fixer ses
d'Ezéchias : le philosophe juif Spinosa regards.
voulaitl'expliquer par un parhélie : c'était CAILLES. Ce nom ne se rencontre que
sedonner une peine inutile et compliquer | Ex. 16, 13. Nomb. 11,31. et Ps. 105, 40.,
le miracle en pure perte; d'autres n'y ont l et quoique les caractères indiqués dans
CA1 1 8 CAI

ces passages ne soient pas très significa tiens des Israélites, aura chargé leurs es
tifs, il ressort de la comparaison avec tomacs désaccoutumés depuis longtems
l'arabe, que c'est bien par cailles que doit de viandes et d'autres aliments solides ;
se traduire le mot hébreu Slav. Les voya le brûlant climat du désert d'Arabie aura
geurs et les auteurs anciens parlent tous rendu leur indigestion plus dangereuse ,
de l'abondance de cailles que l'on trouve et l'on sait que dans ces zones ardentes
dans les déserts de l'Arabie Pétrée et un excès dans le manger et le boire se
dans les contrées qui avoisinent l'Egypte. trahit bien vite par des symptômes dan
Comme le vol de ces oiseaux est fort peu gereux, qui souvent mènent à la mort.
élevé, les habitants peuvent les saisir à la Les Israélites furent punis pour avoir
main, ou les tuent en frappant au hasard obtenu de Dieu ce que Dieu avait déclaré
l'air avec leurs bâtons; ils en font, au dire ne pas vouloir leur accorder; souvent
d'Hérodote, un mets très recherché. Ce Dieu cède à d'injustes prières, mais c'est
pendant il paraît, d'après les observations dans sa colère ; il donna Saül aux Juifs
qui ont été faites, que les cailles qui pour les punir.
furent envoyées dans le camp des Israé Quelques auteurs pensent qu'au lieu
lites ne sont point la caille commune (te de cailles il faut lire sauterelles, mais ils
trao coturnix), mais une espèce particu ne s'appuient que sur le simple fait qu'on
lière que les Arabes distinguent sous le fit sécher ces animaux au soleil, Nomb. 11,
nom de Kata, et qui a passé dans le sys 32., comme si l'on n'avait pas pu faire
tème de Linnée sous celui de tetrao Al Sécher aussi les cailles.
chata ( Israelitarum ). Cette caille vit CAIN (possession), le premier homme
dans l'Arabie Pétrée, en Judée, dans l'an qui fut conçu et qui eut un père et une
cienne Idumée, en Moab, en Syrie, et jus mère pécheurs. Lorsque Eve l'eut mis au
qu'à Alep; elle est de la grosseur d'une monde, elle parut croire que c'était là
tourterelle ; elle a le bec court, jaune, l'homme de la promesse qui devait bri
recourbé, et marqué au bout d'une tache ser la tête du serpent : c'est du moins le
blanche; le cou et la tête gris-cendré, le sens que plusieurs personnes donnentaux
ventre et le dos gris-rouge tirant sur la parºles qu'elle prononça : J'ai acquis un
souris, la queue en forme de coin et les homme de par l'Eternel, Gen. 4, 1. —
jambes garnies de plumes par devant ; Caïn étant devenu grand, se mit à culti
par tous ces caractères elle appartient à tiver la terre, tandis que son frère Abel
la famille des perdrix. Quoique ferme et prenait soin des troupeaux ; ils avaient
séche, sa chair offre aux indigènes une d'ailleurs une grande quantité de frères
nourriture agréable, d'autant plus pré et de sœurs, nés, comme eux, d'Adam et
cieuse qu'elle n'est point rare, car cet d'Eve.
oiseau va par troupes nombreuses et se Au bout de quelques années, 4, 3.
laisse facilement attraper. (d'autres traduisent : à la fin des jours,
Quant à la mort soudaine dont furent c'est-à-dire le septième de la semaine ;
frappés un grand nombre de ceux qui, v. Wilson, Sept discours sur l'autorité
dégoûtés de la manne , avaient demandé divine du Seigneur; le passage 1 Sam.
avec violence une nourriture plus ordi 2, 19. parle en faveur du sens que nous
naire et plus forte, Nomb. 11,33.. elle fut adoptons); au bout de quelques années,
sans doute dans la pensée divine , mais en un jour de fête, Caïn offrit à l'Eternel
il n'est pas nécessaire d'invoquer ici l'in des fruits de la terre, et Abel des pre
tervention d'un miracle ; les anciens pré mier-nés de son troupeau. Abel, nous
tendent que les cailles se nourrissent dit le Saint-Esprit, Héb. 11, était dans la
quelquefois d'ellébore et d'autres plan foi, et ses œuvres étaient justes; mais
tes vénéneuses, ce qui ne laisse pas de celles de Caïn étaient mauvaises, 1 Jean
rendre leur viande un aliment dangereux; 3, 12. C'est pourquoi son offrande ne fut
en tout cas elle est indigeste, et l'excès pas reçue comme le sacrifice d'Abel.
de cette nourriture, l'usage immodéré Peut-êti'e s'en aperçut-il en voyant la
qu'en firent sans doute les plus impa paix que le Saint-Esprit avait versée dans
CAl 159 CAI

le cœur de son frère, tandis que sa con l'air de son visage; il est d'ailleurs beau
science à lui, demeurait agitée ; peut-être coup plus dans l'analogie de la langue
aussi qu'alors, comme en d'autres occa hébraïque de traduire « Dieu donna un
sions, Dieu fit tomber du ciel le feu sur les signe à Caïn, » lui garantissant sa protec
victimes d'Abel, tandis qu'aucune mani tion contre la vengeance des autres
festation de ce genre n'eut lieu en faveur hommes. La crainte qu'éprouvait ce meur
des oblations de Caïn. Celui-ci, instruit trier nous est une révélation bien re
par le Seigneur de la raison pour laquelle marquable de ce que devient un homme
son sacrifice n'avait point été agréé, s'en lorsque sa conscience est troublée; il
prit à son frère au lieu de se corriger, et perd cette dignité qui est l'apanage du
layant rencontré dans les champs, il le maître du monde, il craint tous les êtres
lua. Ainsi, devenu meurtrier par haine créés, parce que Dieu lui a ôté l'assurance
et par jalousie, Caïn étouffe par les inso intime de sa protection. Les promesses
lences de l'impjété le cri de sa con que Dieu fait au fugitif nous montrent
science, et repousse la voix du Seigneur aussi la longue patience de Dieu, qui ga
qui voudrait l'amener à la confession de rantit même au pécheur son existence,
son crime; la malédiction divine repose et qui ne veut pas faire tomber tous ses
sur sa tête coupable; il part et fuit dans jugements sur sa tête coupable, avant
le pays de Nod avec sa femme, qui est en d'avoir épuisé les trésors de sa miséri
même temps la sœur de sa victime et la corde. On peut dire aussi, avec Schrœder,
sienne propre : et soit qu'il en eût déjà que ces promesses de Dieu ne s'adres
desenfants, soit que, peut-être, ces scènes saient pas à Caïn lui-même ; elles avaient
de meurtre se soient passées au commen pour but d'empêcher le développement
cement de son mariage, il nous est dit de l'esprit de vengeance humaine.
que c'est là, dans le lieu de son exil, CAINAN ou Kenan, fils d'Enos, na
qu'elle lui enfanta Hénoc, le père d'une quit l'an du monde 325 ; à l'àge de 70 ans
p0stérité qui semble avoir marché sur les il eut Mahalaléel, ce qui ne veut pas dire
Iraces impies de son aïeul. Ainsi, dès que ce fût là son fils aîné, car l'Ecriture
l'entrée du péché dans le monde, nous ne nomme que les patriarches desquels
Voyons la famille humaine poussée par descendit Noé. Caïnan eut encore beau
Salanaux plus grands crimes, et plongée coup d'autres enfants, Gen. 5, 13., puis
dans la plus affreuse misère. Adam, le il mourut, à l'àge de 910 ans, Gen. 5, 9
premier transgresseur de la loi divine, 14. Il est nommé dans la généalogie de
se voit frappé dans ses deux fils : le meil Marie, Luc 3, 37. — Dans la même gé
leur périt d'une mort violente, et l'autre néalogie, au v. 36°, on retrouve un autre
doit s'enfuir loin des lieux qu'habitent Caïnan, évidemment distinct du premier;
les malheureux auteurs de ses jours, qui fils d'Arphaxad, est-il dit, et père de Sala.
lui ont transmis le péché avec la vie ! le père d'Héber; mais dans toute la gé
ll est possible que Caïn n'ait pas voulu néalogie de l'Ancien Testament, Arpac
tuer son frère : il ne savait peut-être pas sad est nommé, sans intermédiaire, père
mème bien ce que c'est que la mort. de Sélah (ou Sala), Gen. 10, 24. 11, 12.
lla voulu le frapper, le blesser, le faire 1 Chr. 1 , 24., sans que ce Caïnan
souffrir, lui faire autant de mal que pos soit même indiqué dans aucune des an
sible, mais sans penser que sa vie dût ciennes versions, grecque, samaritaine,
s'écouler par ses blessures et par ses chaldaïque, syriaque, ni dans Philon, ni
souffrances ; la haine a causé la mort sans dans Josèphe, ni dans Jérôme. On pour
petit-être même la soupçonner, et notre rait expliquer ce fait en supposant, ce
Sauveur l'a répété plus tard par la bouche qui est possible aussi, que les anciennes
d'un de ses apôtres : celui qui hait son généalogies ont omis le nom de ce Caï
frère est un meurtrier, 1 Jean 3, 15. nan comme elles omettaient fréquem
Quant au signe que Dieu mit sur Caïn ment des générations peu importantes;
afin qu'on ne le tuât pas, nous ne le con mais alors on devrait se demander pour
naissons pas; ce pouvait être simplement quoi Luc l'a donné, et surtout comment
CAI 160 CAI

il se l'est procuré. L'explication la plus en prend de mauvais; on transforme en


simple et la plus vraisemblable, c'est que blasphème contre le temple de Dieu quel
Helléniste lui-même, et écrivant son Evan ques paroles que Jésus a dites touchant
gile pour des Grecs, saint Luc aura suivi le temple de son corps; et quand notre
la version grecque des Septante, qui Seigneur dédaigne de répondre à des
ajoute le nom de Caïnan dans la généa questions inutiles, on s'irrite , on me
logie de Sem, Gen. 10, 22. 11, 13. On nace. Enfin, interrogé sur sa divinité,
ne sait, du reste, pas comment ce nom a notre Sauveur la proclame; et trop heu
pu se glisser ou s'introduire dans cette reux d'une réponse qui lui fournit un si
dernière traduction. spécieux prétexte, le vil Caïphe affecte de
CAIPiIE, successeur de Simon fils de déchirer ses vêtements à l'ouïe de ce
Camith , exerça la souveraine sacrifica qu'il estime être un blasphème, et la sen
ture dès l'an 25 de l'ère chrétienne, pen tence de mort coule sans peine de son
dant les dernières années de notre Sau cœur plein de fiel et d'envie, Matth. 27,
veur, et dans la première période de l'âge 2. Jean 18, 28.
apostolique. Il était redevable de la noble Mais, comme le sang irrite encore
charge qu'il exerçait à un fonctionnaire la soif du tigre au lieu de le désalté
païen, le procurateur romain Valerius rer, Caïphe de même, non content de la
Gratus, et l'on peut dire qu'il l'exerça mort du Juste, insensible aux miracles
en païen, dévoué au pouvoir qui l'avait qui l'accompagnent, insensible à sa ré
élevé. Il était Sadducéen, Act. 5, 17., et surrection, peu soucieux de croire aux
avait épousé la fille de l'ancien sacrifica gloires de l'Ascension et de la Pentecôte,
teur Anne. Il fut l'un des plus ardents recommence à persécuter les disciples,
ennemis du Christianisme, et lorsque les auxquels le Maître a communiqué ses
sacrificateurs et les pharisiens, effrayés vertus; Pierre et Jean doivent compa
de l'effet que produisait la résurrection raître devant lui pour la guérison d'un
de Lazare, consultèrent entre eux pour impotent, Act. 3; 4, 6. Relâchés avec
faire mourir Jésus, Caïphe prononça ce menaces, les apôtres continuent à dire
mot bien connu, qui n'était dans son es les merveilles de la croix , et ils doivent
prit que le fruit de sa politique toute ro de rechef se présenter devant l'assem
maine, mais qui, dans la pensée du Sei blée des iniques, 5, 17.; ils sont jetés en
gneur, était une prophétie : Il est de prison, puis délivrés par un ange, 5, 18.
notre intérêt qu'un seul homme meure 19.; saisis de nouveau, ils se justifient
pour le peuple, Jean 11, 49. 50. Deux devant le sanhédrin : Caïphe et les siens,
jours avant Pâques, nous le retrouvons grinçant des dents, consultent pour les
réunissant le sanhédrin dans sa maison, faire mourir, 5, 33.; mais l'avis de l'ho
pour délibérer sur la manière de se sai norable Gamaliel prévaut, les apôtres
sir de Jésus par finesse, car ils craignaient sont sauvés, et Caïphe n'a pour toute
le peuple, Matth. 26, 5. Marc 14, 1. Luc consolation que la ressource de les faire
22, 2. Puis, le matin de la nuit où notre fouetter avant de les relâcher.
Sauveur fut arrêté, le même Caïphe, at C'est ici que s'arrètent pour nous les
tendant peut-être la convocation du san données de l'Ecriture Sainte sur la vie de
hédrin, commence un interrogatoire privé Caïphe ; peu après l'éloignement de Pi
de Jésus, et permet à ses valets de le late, Caïphe fut également déposé par le
frapper; mais il ne peut rien trouver proconsul Vitellius, 36 ap. C., et rem
chez le roi de paix qui trahisse un révo placé par Jonathan , fils d'Ananus. Quel
lutionnaire, prêt à s'insurger contre Ro ques membres de l'ancienne église le
me pour se faire couronner roi de Juda, confondent avec Josèphe l'historien, et
Matth. 26, 57. Marc 14, 53. Luc 22, 54. ont cru, mais à tort, qu'il s'était converti
Jean 18, 15. Le sanhédrin se rassemble, plus tard au christianisme.
Jésus comparaît, on remplace l'illégalité Il est peu de figures dans la Bible qui
par des formes légales; faute de témoins, présentent à un si haut degré la haine
l'on en suborne; à défaut de bons, l'on pour la vérité, la bassesse, la violence et
CAL 161 CAL

la ruse; Caïphe persécuta l'Evangile et prement dits, restèrent dans leur mon
resta sourd et aveugle en présence de tagneuse patrie, où ils furent visités par
tous les faits qui pouvaient le rendre at Xénophon : d'autres encore ont pu s'é-
tablir dans d'autres pays. Ceux qui ont
tentif à la divinité de celui qu'il persécu
tait. occupé la Babylonie y ont adopté la cul
CAIUS, 3 Jean 1., v. Gaïus. ture et les mœurs des habitants, et ayant
CALAH, ancienne ville d'Assyrie, fon été amollis par le luxe, ils ont succombé
dée peu après le déluge par Assur, Gen. sous les Perses.
10, 11.12., ou, comme d'autres le pen Le nom de Caldéens n'a pas seulement
sent, par Nimrod. On ne sait rien de sa été étendu aux Babyloniens leurs sujets,
situation exacte; quelques-uns comparent mais il a encore été employé dans une
Chalach, q. v. acception tout à fait particulière , pour
CALCOL, 1 R. 4, 31. 1 Chr. 2, 6., désigner les savants de Babylone, et plus
v. Ethan. tard ceux-là seulement qui s'adonnaient
CALDEE. CALDÉENs. On appelait Cal à l'astrologie, à la magie et aux sciences
déens les habitants de la Babylonie, et occultes , Dan. 2, 2.10. 4, 4.5, 7. 11.
du royaume de Babylone, q. v. Dan. 9, 1. Quint. Curt. 5, 1.22. Herodot. 1, 181.,
2 R. 25, 4. Es. 13 , 19. 23 , 13. 48, 14. et ailleurs. v. plus bas.
Jér. 21, 4. 32, 4. Ez. 23, 14. Hab. 1, 6. Après Nimrod, Gen. 10, 9.10. et Am
cf. Gen. 11, 28. Job 1, 17. Ils n'étaient raphel, roi de Sinhar, dont il est parlé en
cependant point originaires de cette con passant, Gen. 14, 1., le premier roi des
trée, et ne doivent pas être confondus Caldéens que nous trouvons dans la Bi
avec ses anciens habitants : la langue des ble, est Mérodac, fils de Baladan, 2 R.
Babyloniens était une sœur de celle des 20, 12. Es. 39, 1.; il eut avec Ezéchias
Hébreux, tandis que celle des Caldéens des rapports de bienveillance mutuelle,
en différait complétement, comme on le et vécut vers l'an 713 av. C. Cent ans
voit par les noms propres Nabopolassar, plus tard environ, Nabopolassar occupe
Nébucadnetsar, Belsatsar, etc., qui n'ont le trône pendant vingt-et-un ans (626
aucun rapport avec la langue hébraïque, 604); les prophètes (Jérémie, Habacuc)
et que l'on a essayé avec succès d'expli annoncent l'approche d'une armée enva
quer en les comparant avec les restes de hissante, et l'on voit apparaître Nébu
l'ancien persan. Les Caldéens paraissent cadnetsar, que le livre d'Esdras appelle
avoir eu pour berceau les montagnes Car plus particulièrement le Caldéen, 5, 12.
duchi, qui séparent l'Arménie de l'As 2 R. 24. cf. Jér. 39, 5.8. Son fils Evil
syrie; Xénophon (Cyrop. III, et dans plu mérodac lui succède, 2 R. 25, 27. Jér.
sieurs endroits de son Anabasis) parle 52, 31. Il est tué par son beau-frère Né
d'eux comme d'un peuple pauvre et bar riglissar qui, après quatre ans, perd la
bare, courageux et jaloux de sa liberté , vie dans une bataille contre Cyrus, en
vivant de rapines, et fournissant quelque 556. Laboroso-Archod, mauvais roi et
fois des troupes mercenaires aux rois de cruel tyran, ne règne que neuf mois; il
la Médie et des Indes : c'est ainsi que est assassiné, et a pour successeur Na
ll0us en rencontrons dans l'armée des bonedus qu'Hérodote appelle Labynetus,
Assyriens, Es. 23, 13. On peut supposer 1, 188., et que l'Ecriture sainte nous
qu'un roi d'Assyrie avait accordé une fait connaître sous le nom de Belsatsar ;
portion de territoire, dans la Babylonie, il clot la série des rois caldéens qui ré
à une troupe de Caldéens qu'il avait à sa gnèrent sur Babylone; l'empire fut en
solde, et que ceux-ci, peut-être sous la suite donné aux Perses, Dan. 5.
conduite de Nabopolassar leur chef, se Disons maintenant quelques mots «de
sont rendus maîtres de la province et la religion des Caldéens. Comme l'origine
maintenus indépendants. Depuis ce temps de ce peuple semble se perdre dans une
la province de Babylonie, qui ancienne antiquité voilée à nos regards, il en est
ment s'appelait Sinhar, a reçu le nom de à peu près de même de son système re
Caldée : mais une partie des Caldéens pro ligieux : nous avons cependant des rai
I. - 11
CAL 162 CAL

sons de croire que les connaissances re niensa portéce nom;on connaît le Jupiter
ligieuses des Caldéens, dans le principe, Belus, Pline Hist. Nat. 37, 10. Cicer. De
n'étaient pas dépourvues de toute vérité ; Nat. Deor. 3, 16. Hérodot. 1, 181., etc.
car dans la prophétie remarquable de C'est aussi d'après quelques interprètes
Daniel, 2, où les quatre monarchies du le dieu Gad mentionné, Es. 65, 11.,
monde sont placées selon leur valeur dans le texte hébreu, et que nos traduc
morale et religieuse, la puissance des tions ont rendu par « l'armée des cieux ».
Assyriens, des Caldéens et des Babylo v. Gad.
niens, est représentée sous l'image de la Vénus semble avoir été dans tout l'O-
tête d'or, tandis que les Perses ne sont rient l'objet du même culte voluptueux ;
que la poitrine d'argent, les Grecs et les elle portait aussi le nom de Bahalt comme
Romains, les hanches et les jambes d'ai la déesse, l'épouse, le complément fémi
rain et de fer. nin du Bahal : c'est probablement elle
Dans les temps postérieurs, la religion encore qu'il faut chercher dans la Hasto
des Caldéens fut un culte des astres, au reth, Hastaroth ou Astarté des Sidoniens,
tant du moins que nous en pouvons ju 1 R. 11, 5. 33. Ce dernier nom qui fait
ger; leur théologie était devenue astro de Vénus la reine des étoiles, renferme
logie : au lieu du Dieu des cieux, ils ado sous le rapport étymologique les con
raient les cieux, comme d'autres plus tard sonnes qui, dans la plupart des langues
ont rendu leur culte aux hommes sancti connues, servent à désigner ces joyaux
fiés, plutôt qu'à celui qui les a sanctifiés. du firmament. Dans Astarté se trouve le
L'observation des astres avait toujours grec sider, le latin sidera et astrum, le
été une de leurs principales occupations, français astre, l'anglais star, l'allemand
et ils y avaient fait des progrès remar stern, l'italien stella, etc. Et l'un des
quables. Callisthènes , philosophe et sa Targummims, dans la paraphrase de Est.
vant grec, trouva à Babylone, lorsque la 2. 7., dit que Ester signifie de même
ville fut prise par Alexandre, un grand étoile du matin. — Les Arabes appelaient
nombre de calculs astronomiques, dont il Vénus fortuna minor, comme ils appe
donna connaissance à Aristote, calculs laient Jupiter fortuna major. *

qui embrassaient une période de 1933 Mercure s'appelait Nebou chez les Sa
ans, remontant jusqu'en 2233av. C., c'est béens : c'était la planète divine, la mes
à-dire jusqu'à 115 ans seulement après sagère des dieux; elle n'est pas sans rap
le déluge (2348), à peu près à l'époque port avec le Hermès des Grecs et le
de la confusion des langues. En se per Mercure des Romains : son nom même
fectionnant, l'astrolatrie en est venue à de Nebou ressemble au Nabî des Hébreux,
accorder une attention spéciale aux sept qui signifie prophète. Beaucoup de noms
corps suivants , le Soleil, la Lune, Mer propres assyriens et babyloniens sont
cure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne, à composés de ce mot, Nébucadnetsar ,
ces cinq derniers surtout, dont on regar Naboned, Nabopolassar : et le mont Nébo
dait deux comme bienfaisants et favora sur lequel Moïse est mort prenait son
bles, Jupiter et Vénus, et deux comme nom de cette même idole, d'après Jérôme
sinistres, d'une influence pernicieuse, qui dit dans son commentaire sur Jér.
Mars et Saturne : quant à Mercure, il 48, 7. « Sur le mont Nabo se trouvait
était considéré comme neutre, ou plutôt Kémos, idole consacrée qui est encore
il pouvait être bon ou mauvais, suivant connue sous le nom de Belphégor, ou
les circonstances. Bahal-Péhor ». Nomb. 25, 3. 5. v. Kémos.
•La planète de Jupiter était appelée Bel La planète de Saturne passait pour
dans les livres saints des Sabéens, et se exercer une mauvaise influence , les Ara
lon quelques auteurs (Gesenius) c'est bes l'appelaient magnum infortunium ,
cette planète qui était adorée en Phénicie et les classiques latins aussi bien que les
sous le nom de Bahal, à Babylone sous Orientaux nous ont conservé comme tra
celui de Bel : les classiques latins et grecs dition la mauvaise renommée qu'elleavait.
rapportent aussi que le dieu des Babylo Propert.4,1.84.Lucain 1,650. Pline, Hist.
CAL 163 CAL

Mat.2,8. Les Sabéens l'appelaient Kivan, la composition des noms propres, celui
et les Arabes Kicén, deux noms qui cor du dieu Mérodac fait partie du nom de
respondent tout à fait en hébreu, à celui Evil-Mérodac, 2 Rois 25, 27. et de Mé
de Kijun, divinité qu'adorèrent, selon rodac-Baladan, Es. 39, 1.
Amos 5, 26., les lsraélites dans le désert. Cette vénération des planètes chez les
LesSeptante l'ont expliqué par Remphan, anciens Caldéens, marchait de pair avec
cf. Act. 7, 43., mot qui encore aujour l'astronomie et l'astrologie. Quant à la
d'hui dans la langue copte, sert à dési première de ces sciences, elle avait fait
gner la planète Saturne. Le caldéen Ki des progrès considérables. Ptolémée nous
van signifie ferme, droit, juste; et l'on a conservé des calculs d'éclipses de lune
sait que les classiques nous représen qui ont eu lieu le 19 mars 721 av. C.,
tent l'âge de Saturne comme l'âge d'or, dans la nuit du 8 au 9 mai 720, le 22 avril
et qu'ils font l'éloge de la justice qui ré 621, etc., et les calculs de nos savants ne
gnait alors. Le nom de Saturne, qui dé diffèrent que de quelques minutes de ces
rive de l'hébreu, signifie l'éternité, car anciennes données. Le temple de Bel, qui
Saturne est l'éternité personnifiée, en servait d'observatoire, avait ses quatre
grec chronos, le temps infini. — Le Mo côtés tournés vers les points cardinaux.
loch auquel on sacrifiait des enfants, en Leurastrologie se fondait sur lacroyance
les faisant passer par le feu, était encore que les forces des astres et des planètes,
le même, Amos 5, 26. Diod. Sic. 20, 14. dans leurs conjonctures, influaient essen
Les anciens Arabes faisaient son culte le tiellement sur les destinées des hommes;
samedi dans un temple sexangulaire noir, toutes leurs connaissances astrologiques
et habillés de noir; l'antiquité lui a con furent transmises de génération en gé
sacré le septième jour de la semaine, et le nération, par tradition, au sein des fa
samedi porte encore son nom chez les milles et des castes. Les membres de ces
Latins, saturni dies, et chez les Anglais dernières portaient le titre de Caldéens
saturday.Les rabbins, pour désigner cette par excellence. Ils croyaient le monde
planète,l'appellent la sabbatique, shabtai. composé d'atômes impérissables, et tout
Mars avait reçu des Arabes le nom ce qui arrivait dans la voûte céleste était,
d'infortunium minus; il était moins per Selon eux, l'effet d'une résolution immua
nicieux que Saturne, quoique cependant ble de la destinée. Selon Diodore, ils
malfaisant. Son temple était rouge, ses ont prédit à Alexandre qu'il mourrait à
vêtements étaient rouges, et ceux qui Babylone, et à Antigone qu'il succombe
lui offraient des sacrifices arrosaient leurs rait dans la guerre contre Séleucus-Ni
habits de sang. Comme il est appelé Nirig cator. — Les astres dont les combinaisons
dans la langue araméenne, Gesenius l'a étaient essentielles pour faire un horos
comparé à Nergal, l'idole des Cuthéens, cope étaient les planètes avec leurs dif
2 Rois 17, 30., qui entre aussi dans la férentes qualités, et les douze signes du
composition de plusieurs noms propres zodiaque qui exerçaient aussi, à ce que
assyriens, Nériglissor dont parle Josè l'on croyait, une grande influence, selon
phe, Nergal-Saréetser, Jér. 39, 3., etc. la manière dont ils se combinaient avec
Mirrick est une autre forme de Nirig ; les planètes. Jusqu'à nos jours encore,
Mirrick se prononçait aussi quelquefois on trouve dans l'opinion vulgaire quel
Mirdik, et de là est venu le nom de Mé ques restes de ces superstitions.
rodac, Jér. 50, 2. Es. 39, 1., qui désigne Avant de terminer , et quoique cela
le dieu Mars avec tout son entourage sorte un peu des bornes de notre article,
militaire et meurtrier : c'est encore le nous ajouterons quelques mots sur les
même nom qui a passé dans les langues erreurs astrologiques et sur les super
occidentales et modernes, avec la finale stitions qui se sont glissées à cet égard
de moins; en latin Mars, Martis, mors, chez les Hébreux, et dont nous trouvons
mortis ; en allemand Mord, en français des traces dans la sainte Ecriture. Il est
mort, meurtre, etc. Et comme les noms parlé, 2 Rois 23, 11., de chevaux con
de Bel et de Nébo entraient souvent dans sacrés au soleil à Jérusalem ; d'encence
CAL 164 CAL

ments aux signes du zodiaque, 2 Rois 23, la main de sa fille Hacsa, Jug. 1, 12.,
5, (en français astres); d'un culte astro qu'il avait promise au héros qui se dis
nomique à une reine des cieux, Jér. 7, tinguerait le plus; ce héros devint plus
18. (cette dernière idolâtrie, ainsi que tard le premier des Juges d'Israél, v.
l'adoration du soleil, est encore indiquée Nomb. 26, 65. 32, 12. 34, 19. Deut. 1,
Job 31, 26. 27.) Et le Seigneur lui-même 36. Jos. 14, 6. 15, 13. 21, 12. 1 Chr.
prend le nom de l'Eternel des armées 6, 56.
(des cieux) pour indiquer qu'il est au 2° Caleb, 1 Chr. 2, 9. 18., épousa
dessus de toutes les autres divinités : il Ephrat, qui lui enfanta Hur; il était fils
s'appelle aussi celui qui habite au-dessus de Hetsron, et portait encore le nom de
des chérubins, 2 Sam. 6, 2., pour indi Celubaï, v, 9.
quer sa puissance : les chérubins étaient 3° Caleb, 1 Chr. 2, 50, fils de Hur, et
probablement les symboles de la nature petit-fils du précédent ; il fut père de
créée dans ses diverses qualités. Sobal, de Hareph, et de Salma père de
CALEB, 1° fils de Jéphunné, frère de Bethléhem.
Kénaz, et descendant de Juda, l'un des 4° Ville ou district de la tribu de Juda,
douze Israélites envoyés pour l'explora 1 Sam. 30, 14. C'est dans ses envir0ſs
tion du pays de Canaan, fut le seul avec que se trouvait Hébron ; mais l'on nesait
Josué, qui, au retour, loin d'effrayer le pas si c'est du fils de Jéphunné ou du fils
peuple, chercha à lui inspirer cette con de Hetsron qu'elle avait pris son n0m,
fiance en l'Eternel dont il était animé CALNÉ, ville bâtie par Nimrod, au
lui-même. Caleb , dont le nom signifie pays de Sinhar, Gen. 10, 10. Amos 6,2 ;
plein de cœur, les encouragea fortement Calno, Es. 10, 9., peut-être aussi Can
à ne pas craindre, et à croire aux paroles neh, Ez. 27, 23. : selon les Targums et
de Celui qui ne leur avait jamais manqué, saint Jérôme ce serait Ctésiphon sur la
Nomb. 14. Mais les Israélites crièrent, rive orientale du Tigre, vis-à-vis de Sé
versèrent des larmes, voulurent se choi leucie; les anciens appelaient Chaloniſis
sir un guide pour retourner en Egypte, le pays qui environnait cette ville, la c0ll
et furent sur le point de lapider ceux qui trée avait conservé l'ancien nom.
parlaient de courage et de conquête. L'E- CALVAIRE ou GoLGoTHA, place du
ternel alors, jura que tous ces hommes crâne , ainsi nommée ou de sa ressell
de col roide périraient au désert, et Ca blance avec le haut de la tête d'un h0mme,
leb seul, avec Josué, reçurent la promesse ou de ce que c'était là qu'on exéculail
qu'ils entreraient en Canaan. Plus tard, les malfaiteurs, ou enfin à cause de la
il fut désigné pour faire le partage du tradition qui veut que le crâne du pré
pays, Nomb. 34, 19.;il est probable quece Inier homme ait été enterré dans cet eſl
partage se fit au fur et à mesure que le droit. Sem, dit-on, aurait reçu ce crâne
peuple avançait. Caleb obtint pour sa part de Noé, et, doué d'un esprit prophétiquº
la possession de Kiriath-Sepher ou Hé l'aurait enseveli à l'endroit même où !
bron, que Dieu lui avait promise qua savait que le sang du second Adamcº ,
rante-cinq ans auparavant , plein de re lerait pour le salut de l'humanité.
connaissance, il rendit grâces à l'Eternel
pour toutes ses faveurs, en particulier
C'était une petite colline ou une lº .
teur à l'ouest de Jérusalem, et hors des "
pour cette vigueur de corps et d'âme murs , selon la loi de Moïse, Matth. 27, ,
qu'il lui avait conservée, quoique il eût 33. Jean 19, 17, cf. Héb. 13, 12. C'est |
alors quatre-vingt cinq ans. Il ne tarda probablement dans la vallée de Guihºº ºº
pas à montrer, par le fait, que ses forces qu'il faut la chercher, mais on n'en cº ' ,
n'avaient en rien diminué, car il repoussa naît pas la place exacte;
les orientalisles | #
les Hanakins qui s'étaient emparés de la amateurs et poètes, se contentent de * ' s
montagne de Hébron, et les déposséda. tradition qui met le Calvaire dans leº ,
Son neveu Hothniel, fils de son frère ca ceinte
det Kénaz, le seconda puissamment dans
même de Jérusalem; c'est plus &
cette entreprise, et mérita par sa valeur
commode pour les pèlerins sans doulº, º
mais c'est contraire aux données bibli º, ' , !

: ºº
º,
"ºs
CAM 165 CAM

[les et qu0iqUe M. de Lamartine puisse permis de croire d'abord que Canaan a


mIS dire de ce grand dôme blanc, noyé pris part au péché de son père , qu'il a
lms un dédale de rues et d'édifices qui peut-être exprimé une joie maligne, une
lºir0nnent, n0us trouvons, comme lui, satisfaction perverse du spectacle qui lui
· qu'il est difficile de se rendre compte était offert, et que le mauvais trait duca
ifsi de l'emplacement du Calvaire. » On ractère de son père se reproduisait en
| | li !
lI l - #utdire, il est vrai, que la ville, rétrécie lui dans toute sa force. — De plus, comme
tººº. l clé de Sion, se sera aggrandie du ces premières pages de nos saints livres
ºle du n0rd, pour embrasser dans son Ont été écrites de manière à faire ress0r
| isº#
tlttille un site aussi grand de souve tir les traits qui concernent plus parti
| | ##
is, mais à t0us égards cette supposi culièrement Israël et son histoire, il était
| S#?
liºn estinacceptable; si le dôme qu'on important, pour le peuple d'Israël, de
mºntre auj0urd'hni pour le Calvaire l'é- connaître à l'avance le jugement de son
# #e
lºi ſectivement, le lieu d'exécution Dieu contre les Cananéens qu'il devait
ºil été éloigné du temple que d'un plus tard exterminer, tandis que c'était
Issº dº demililomètre, ce qui est peu probable; plutôt une affaire de curiosité , et par
melº ººlR cette colline de Golgotha se se conséquent moins utile, de connaître les
lºº º lrºuvée dominer du dehors les re oracles de Dieu relativement aux habitants
f$ # -
, \g ºthements de Jérusalem, et les domi de l'intérieur de l'Afrique ; il est donc
ºrdeſortprès,puisqu'ils devaient passer possible que l'historien sacré se soit bor
| | lº an le temple et le Calvaire; ce n'eût
-f s' né à mentionner Canaan, sans nous rien
les l#
pº tle habile, sous le point de vue dire de la malédiction également pronon
º#ique, c'eût été donner aux assié cée contre les autres. Il faut, du reste,
Cisjº #ºls une position militaire trop pré ajouter que, selon toute apparence, quel
i-º 4" º, et le génie des Hébreux n'auto ques-uns des fils de Cam n'ont pas été
iſiº # Pºs la supposition d'une faute sem atteints de la même malédiction ; car les
ſi ºble.Le Golgotha que l'on montre n'est descendants de Cus et de Mitsraïm (les
ºps le véritable il faut le cherc§ Ethiopiens et les Egyptiens) ont formé
"s des murs de la Ville, du côté du
l0rd-Ouest. des nations puissantes et florissantes,
tandis que les fils de Canaan ont été ex
ºM lundestrois fils de Noé, et pro terminés, et que l'autre branche, celle de
lement le plus jeune, échappa au dé Put (les Nègres), gémit sous le poids de
º sonpère mais ne §s Sa condamnation depuis plus de 4,000ans.
º Tº pour tomber du§ § -On a dit qu'il était indigne de Dieu de
†s la pesante malédiction du pé faire peser son courroux sur des nations
º lºlat divresse du patriarche était entières pendant une longue suite de siè
ººsik un spectacle nouveau; pour cles, sans autre motif qu'un crime com
# º fut un sujet de plaisanterie; il lnis par un de leurs ancêtres. A cette ob
º la honte paternelle et voulut jection, il n'y a qu'une réponse à faire ;
# *s frères à ses railleries. Il fut
elle ressort de l'objection elle-même. Le
fait existe. L'histoire entière rend témoi
º-ms ont trouvé le jugement
' ! † et il le serait peut-être si gnage de ce fait que les nègres ont été
un objet de commerce pour tous les pays
Uſ14 ºnsidérait ce crime que cOmme
qui les entouraient; ils se sont trouvés
º de légèreté; mais il paraît que,
pfil # ºsion , Se manifesta un es sur tous les marchés de l'ancienne Asie,
de l'austère Sparte , de la légère et vo
fIllplf º ºtd'impureté qui méritait luptueuse Athènes, comme ils se trouvent
ºlºlementla punition que Noé annon
º 10m de Dieu. aujourd'hui dans les plantations des Etats
du Sud de l'Amérique. Et si ce fait existe
#.† encore comment, au encore après quarante siècles, la Parole
ils eſt º sur Cam ou sur tous ses de Dieu qui l'annonce, car c'est bien à
*ºdiction ne parait avoir été elle qu'on en veut, n'en est plus respon
*"au seul Canaan Mais l § Sable; elle reste un livre de prophètes, un
CAM 166 CAN

livre inspiré : Dieu seul est en cause, lui de ce camp dans mes Voyages des en
qui a créé le fait. Le reproche qu'on es fants d'Israël , p. 96. — Les camps des
sayait de diriger contre la Parole a for Grecs, et surtout ceux des Romains, res
cément dévié et viendrait frapper celui semblaient beaucoup , dans leur ordon
qui sait réduire au silence les plus obsti nance, au camp du désert : c'est du reste
nés et les plus audacieux.Quant à la Pa le seul sur lequel la Bible nous donne
role, elle reste debout, intacte ; ses fu quelques détails. D'après 1 Sam. 26, 5.,
nestes prophéties se montrent toujours il paraîtrait que les camps des Hébreux
vraies après un grand nombre de siècles ; étaient formés en rond, comme ceux des
sa solidité n'est pas ébranlée par les as Arabes,des Bédouins et desanciens Grecs;
sauts de ses adversaires : le passé est un ils étaient gardés par des avant-postes,
témoignage pour l'avenir. Jug. 7, 19.; et pendant la bataille, une
Voici, d'après Gen. 10, 6. et suivants, certaine garde restait auprès des baga
le tableau de la postérité de Cam : ges, 1 Sam. 30, 24.
CAM CANA. 1o Ville de la tribu d'Aser, non
-"-_^ _•"T--- loin de Sidon, Jos. 19, 28.
10 Cus 20 Mistraïm 30 Put 40 Canaan 2° Ville ou bourgade, à 2 lieues nord
1 Seba 1 Ludim 1 Sidoniens est de Nazareth, tribu de Zabulon, où Jé
2 Havila 2 Hanamim 2 Héthiens
3 Sabtah 3 Lehabim 3 Jébusiens sus-Christ fit son premiermiracle, Jean2,
4 Rahma 4 Naphtuhim 4 Amorrhéens 1., et Où, à son retour de la Judée et de
a Seba 5 Pathrusim 5 Guirgasiens la Samarie , il guérit le fils d'un employé
b Dedan 6 Chasluhim 6 Héviens
5 Sebteca a Philistins 7 Harkiens
royal qui habitait Capernaum, Jean 4, 46.
- • - • • b Caphtorim 8 Siniens Le village actuel, Kefer Kenna, est assis
6 Nimrod 9 Arvadiens sur une pente douce, dans une petiteval
10 Tsemariens lée qui débouche sur la haute plaine de
11 Hamathiens
Zabulon; il compte 300 habitants, est
Cam a plusieurs fois donné son nom à entouré de vergers et de plantations d'o-
la terre de son fils Mitsraïm, à l'Egypte; liviers, et possède une source abondante
Ps. 78, 51. 105, 23. 106, 22. où a été probablement puisée l'eau que
D'après un auteur arabe, Cam, l'inven Jésus changea en vin. Un voyageur mo
teur de la magie et le fauteur des supersti derne, M. De Laborde, a trouvé parmi les
tions et de l'idolatrie, ne serait rien moins ruines de ce lieu de grandes auges en
que Zoroastre, ou Adris le prophète. pierre, creusées dans le sol des habita
CAMELEOPARD. v. Chameaupard. tiOns.
CAMP. Les tentes des Israélites dans 3° Cana, ou Kana, le principal ruis
le désert étaient organisées comme le se seau des plaines de Saron ; il descend des
rait le camp d'unegrandearmée, Nomb. 2. montagnes de Samarie et formait la li
La tente de Jéhovah, ou le Tabernacle, en mite entre Ephraïm et la demi-tribu de
occupait le centre, ayant à l'est, et tout Manassé, Jos. 16, 8. 17, 9. Son nom hé
près, celles de Moïse, d'Aaron et de breu signifie les roseaux ; les Romains le
leurs familles; au sud les Kéhathites, à nommaient la rivière des Crocodiles , et
l'ouest les Guersonites, au nord les Mé l'on assure qu'il existe en effet des cro
rarites ; de sorte que le tabernacle était codiles dans le lac ou marais qu'il forme
de tous côtés entouré des lévites qui de près de son embouchure.
vaient en faire le service. Devant le ta CANAAN, le plusjeune des fils de Cam,
bernacle, vers l'orient, se trouvaient les petit-fils de Noé. Nous avons dit à l'arti
186,400 guerriersdeJuda, Issachar et Za cle de Cam, quelques mots sur la malé
bulon; au sud, la division de Ruben, Gad diction divine qui frappa Canaan pour la
et Siméon , 151,400 hommes; à l'ouest, faute de son père. Rien n'est plus hors
près du lieu très-saint, les enfants de de contestation que la parfaite justice de
Rachel, 108,100 hommes, propres à la Dieu, comme rien n'est plus évident que
guerre ; au nord, Dan, Aser, Nephthali, la punition des pères sur les enfants.
157,600 hommes. On peut voir le tableau L'histoire des Cananéens vient à l'appui
CAN 167 CAN

de cette double vérité, et, en l'étudiant, Israélites, furent complétement défaits


nous ne pouvons pas oublier que Dieu est par Moïse, Nomb. 21, 21.31. A l'ouest
juste quand il punit. du Jourdain, Josué en détruisit plus tard
Il est probable qne Canaan, descendu trente et un, sans compter les Gabaoni
des hauteurs de l'Ararat, vécut et mou tes, qui se soumirent; on peut voir leurs
rut dans le pays qui porta son nom, et noms Jos. 12 , 9-24. Tout ce territoire
qui devait écheoir à l'une des branches fut alors partagé entre les tribus d'Is
de la postérité de Sem. Ses descendants raël. Après la mort de Josué , les tribus
furent en grand nombre. Les Sidoniens, de Juda et de Siméon achevèrent d'ex
les Tyriens, les Héthiens, les Jébusiens, pulser ou de réduire les Cananéens de
les Amorrhéens, les Guirgasiens, les Hé meurés de reste dans leurs cantons ; cel
viens, les Harkiens, les Siniens, les Ar les d'Ephraïm et de Manassé en firent à
vadiens, les Tsemariens, les Hamathiens, peu près autant; mais dans la plupart des
les Phérésiens et les Cananéens propre autres tribus, les Cananéens restèrent en
ment dits , furent tout autant de tribus possession de plusieurs villes considéra
issues d'une même souche, Gen. 10, 15. bles, d'où ils purent souvent diriger des
1 Chr. 1, 15. Sept d'entre elles peuplè attaques contre les Israélites, en même
rent dans l'origine la terre promise; les temps que, par leur mélange avec eux,
autres occupèrent la Phénicie et une por ils leur donnaient l'exemple de l'idolatrie
tion de la Syrie. Selon la coutume d'a- et de l'immoralité. Après de pénibles lut
lors, elles formèrent une multitude de tes, la plupart des tribus finirent cepen
petits royaumes, chaque ville ayant son dant par se les assujettir tout à fait; mais
monarque. Moïse en subjugua deux, Jo dans la partie septentrionale de la terre
sué trente et un, et Adonibézek soixante promise, un résidu de ces malheureux
et dix; d'où il résulte que les Cananéens Cananéens parvinrent à former un royau
étaient divisés en plus de cent royaumes. me puissant , celui de Hatsor, et vers
C'était une race impie et dépravée ; les l'an 2720, leur roi Jabin sut tenir pen
habitants de Sodome, de Gomorrhe, d'A- dant vingt années les Hébreux dans la
dama, de Tseboïm et de Tsohar en fai sujétion. Débora et Barac délivrèrent
saient partie, et l'on sait à quel degré leur patrie et portèrent à ce royaume ca
d'immoralité ils en étaient venus. Kedor nanéen un tel coup, que l'on n'en enten
Lahomer, roi d'Hélam, se les rendit tribu dit plus parler dans la suite.
taires vers l'an 2078. Après douze années Plus tard, deux cent quarante ans après
d'asservissement, ils se révoltèrent, fu environ, David acheva presque la con
rent repoussés de nouveau par le roi quête du pays, et prit Jébus ou Jérusa
d'Hélam et se virent à deux doigts de lem, une des fortes places qui fussent de
leur ruine. Abraham les délivra en fon meurées entre les mains des Cananéens.
dant sur les rois alliés qui avaient em Pharaon roi d'Egypte, réduisit Guézer,
mené prisonnier son neveu Lot. Mais et la donna à Salomon son gendre. Salo
seize années s'étaient à peine écoulées , mon employa plus de 150,000 Cananéens
que l'Eternel les frappa, eux et toute leur à la construction du Temple, et frappa de
tôntrée, d'une entière destruction : Ts0 lourds impôts tous ceux qui restaient de
har seule fut épargnée, en considération cette race. Jamais , d'ailleurs, ce peuple
de Lot. Gen. 9, 10, 14, 18, 19,; Ez. 16, ne jouit d'aucune liberté parmi les Israé
49.50. lites, au milieu desquels il en subsista
Environ l'an 2514, les Cananéens des toujours un très grand nombre, même
frontières du sud , assistés par les Ha après la captivité. .
malécites, firent dans le désert éprouver Les Guirgasiens, et peut-être encore
aux Hébreux, révoltés contre l'Eternel, quelques autres tribus cananéennes,
une terrible défaite en Hormah. Trente fuyant devant l'épée de Josué, se reti
huit ans aprês , les royaumes florissants rèrent dans le nord de l'Afrique , et fu
de Hog et de Sihon, sur la rive orientale rent suivies par un grand nombre d'au
du Jourdain, ayant refusé le passage aux tres qui émigrèrent de Tyr. Là, sous
CAL 168 CAL

le nom de Carthaginois, ils jetèrent au kilom. carrés ;et comme le peuple hébreu
tour d'eux un certain éclat, mais qui comptait 601,730 hommes de guerre lors
dura peu ; dès lors , et pendant près de de la conquête , il y avait pour chacun
deux mille ans, ce pays a été le theâtre d'eux environ 5 hectares. Ce pays estcom
des plus tristes événements, successive pris entre le 31e et le 34e degré de lati
ment réduit en servitude et dévasté par tude nord , et s'étend du 32e au 34e de
les Romains, les Vandales, les Sarrasins gré de longitude est (Paris). La mer Mé
et les Turcs. Les Cananéens de Tyr, de diterranée le borne à l'ouest, le Liban et
Sidon, et autres lieux de la Phénicie, qui la Syrie au nord ;l'Arabie déserte, Ham
s'établirent sur les rivages de la Médi mon, Moab et Madian à l'est, l'Idumée et
terranée, n'ont pas eu un meilleur sort. le désert de Paran au sud, enfin l'Egypte
Ceux enfin qui échappèrent aux armes au Sud-Ouest. .
du roi David, les Héviens, etc., s'enfuirent C'était le pays dont la possession avait
dans la Béotie au sud de l'Europe, où ils été promise aux Hébreux, et dont il leur
ne purent échapper non plus à la terrible avait été ordonné de s'emparer, Nomb.
malédiction de servitude qui pesait sur 34, 1-12. Jos. 11, 13-21. Jug. 1 ; mais
leurs têtes. il faut y ajouter les contrées sur lesquel
Cependant Canaan, cet enfant mau les ils pouvaient dominer, qu'ils pou
dit, a donné son nom à la portion la plus vaient avoir l'espérance de conquérir un
bénie de l'ancien monde. Canaan qui ré jour, celles dont la possession leur était
Veille dans le cœur la pensée de la déso permise plutôt qu'ordonnée, depuis l'Eu
lation, réveille aussi celle de la promesse; phrate au nord-est jusqu'au Nil vers le
sur le même nom se rencontrent la paix sud-est, Gen. 15, 18-21. Ex. 23, 31.
et l'extermination ; d'abord l'idolâtrie et Deut. 11, 24. Jos. 1, 3. 4. Et, en effet,
les turpitudes du péché, puis le règne du les tribus transjourdaines chassent de
Messie avec l'alliance de grâce. Il fallait vant elles les peuplades arabes, et pous
que la prophétie de Noé fût accomplie en sent jusqu'à l'Euphrate, 1 Chr. 5, 9. 18
tout point, que Canaan fût le serviteur 23. David, plus tard, soumet la Syrie, Da
de ses frères, qu'après avoir baigné de mas, Hammon, Moab, l'Idumée, 2 Sam,
ses sueurs une terre fertile , il la livrât 8, 2.6. 12. 13. 10 ; 12, 26. sq. 1 Chr.
ainsi travaillée, à la postérité bénie de 18, 6-13. 19, 20,. Salomon fait bâtir Tad
Sem, et qu'après l'avoir défrichée comme mor bien à l'orient de Damas, construit
un homme libre, il l'abandonnât comme une flotte à Hetsion-Guéber sur la mer
un esclave; il fallait que le nom du pre Rouge, possède Thiphsak sur l'Euphrate,
mier possesseur demeurât à cette terre, et Hamath sur le versant septentrional du
afin que ses nouveaux habitants compris Liban, 1 R. 4, 24. 9, 18. 26. 2 Chr. 8,
sent et se rappelassent toujours qu'elle 3.4.17.— v. Cellérier. Esp. de la Législ.
avait appartenu d'abord à une race mau mos. II, p. 275.
dite, et que cette malédiction seule, ve Tout le territoire de Canaan proprement
nant de l'Eternel, les en avait rendus les dit, est actuellement sous la malédiction
maîtres. à cause de l'incrédulité de l'Israël m0
Une description détaillée de la terre derne ; il est presque abandonné, sans
de Canaan ne saurait être donnée ici : culture, en sorte qu'on ne pourrait juger
nous nous bornerons à indiquer les traits de ce qu'il fut jadis, par ce qu'il est main
généraux; quant aux détails, on peut voir tenant. Il n'en est pas moins vrai qu'il n'y
les articles spéciaux; v. aussi la Palestine eut point anciennement de contrée plus
de Raumer, et en français la Description riante et plus fertile. Le Jourdain , cou
de la Terre Sainte de Rougemont, et le lant du nord au sud, forme sur son che
Journal d'un Voyage au Levant, t. III. min les lacs de Mérom et de Génézareth ;
Canaan avait près de 400 kilom. du une multitude de ruisseaux et de torrents
nord au midi, et près de 200 de l'est à viennent s'y jeter, traversant le pays dans
l'ouest dans sa plus grande largeur ; il tous les sens. Des vallées et de charmants
présentait une surface d'à peu près 30,000 côteaux, moins heureux aujourd'hui, em
CAN 169 CAN

bellissaient jadis et variaient le paysage. marque par le premier vers, parce que le
Des pâturages nombreux et féconds pro peuple en savait la fin, Nomb. 21, 14. 17.
duisaient en abondance de l'herbe pour 18.27., etc.; et, près de mourir, il célè
les troupeaux, des fleurs pour les abeil bre les bontés et les merveilles de Dieu,
les, le lait et le miel y coulaient et répon Deut. 32. A la mort de Saül et de Jona
daient aux vœux de l'avide habitant des than, David compose un cantique funèbre,
campagnes. D'après le témoignage d'Hé 2 Sam. 1, 17.; il en consacre un autre à
catée, très ancien auteur, la terre la la mémoire d'Abner, 2 Sam. 3, 33., et
b0urable formait le tiers du territoire, et l'on peut croire que la douleur qu'il
donnait sur les côteaux de magnifiques éprouva à la mort d'Absalon se manifesta
moissons, des figues, des grenades, la vi aussi par des chants plaintifs, 18, 33. Ba
gne avec ses raisins, l'olivier avec son rac et Débora nous offrent un hymne de
huile. Au sommet du Liban, des cèdres victoire, Jug. 5, 1., etc.; Anne, la mère de
magnifiques; dans le sein des montagnes, Samuel, un chant d'actions de grâces, 1
des mines considérables de fer et de cui Sam. 2, 1., etc. Le psaume 45 et le can
vre. On conçoit que lorsque l'Eternel y tique de Salomon sont peut-être des épi
envoyait des pluies et les saisons fertiles, thalames prophétiques; Salomon avait fait
ce pays cultivé par des mains laborieuses, cinq mille cantiques, 1 R. 4, 32. Les la
ait pu nourrir les millions d'habitants qui mentations de Jérémie sont un hymne fu
le peuplaient autrefois, Deut. 11, 11. 6, nèbre sur la ruine de Jérusalem. L'Ecri
10. 8, 7.8.9. ture mentionne encore du même auteur
CANDACE, Act. 8, 27., était, non point un cantique sur la mort de Josias roi de
le nom propre seulement de la reine dont Juda, 2 Chr. 35, 25.; un cantique d'ac
il nous est parlé dans le Nouveau Testa tions de grâces du roi Ezéchias, 2 Chr.
ment, mais un nom commun à toutes les 30, 18.; enfin des chants de Marie la mère
reines d'Ethiopie; ce nom signifie chef de Jésus, de Zacharie père de Jean-Bap
des esclaves, et rappelle celui de servo tiste, et du vieux Siméon, Luc 1, 46.68.;
rum princeps que les marchands orien 2, 29.
taux donnent encore au roi d'Abys Quel est le cantique dont il est dit que
sinie. On dit que cette reine fut amenée Jésus et les siens le chantèrent après la
à la foi chrétiene par celui de ses servi cène et avant de se rendre à la monta
teurs que Philippe l'évangéliste avait bap gne des Oliviers, Matth. 26, 30. Marc 14,
tisé sur le chemin de Gaza (Irénée, Eu 26. 9 Le texte original porte simplement
sèbe) : quant à ce serviteur lui-même , la ayant chanté; le plus probable c'est qu'ils
tradition raconte qu'il prêcha l'Evangile, chantèrent les psaumes dont les Juifs
et qu'il souffrit le martyre dans l'île de faisaient la lecture ordinaire à la fin du
Ceylan. repas de Pâques, et qui étaient connus
CANNE 1° odoriférante, Cant. 4, 14. sous le nom commun du grand Hallél (Al
t. Roseau aromatique ;-2° v. Mesures. léluia); c'étaient les psaumes 113, 114.
CANNEH, Ez. 27, 23., v. Calné. 115-118, 120-137. v. Pâques.
CANNELLE , v. Cinnamome. — Cantique des Cantiques. C'est le
CANTIQUES. Il est dans la nature de nom que les Hébreux ont donné (shir ha
l'homme de chanter les impressions qu'il shirim) à un cantique de Salomon qu'ils
éprouve, ses joies et ses douleurs, et de regardaient comme le plus excellent des
célébrer par des hymnes vifs ou funèbres cantiques. Quelques auteurs disent que
les moments importants de sa vie.Les Salomon le composa à l'occasion de son
Hébreux n'ont pas fait exception à la rè mariage; suivant les uns, ce serait à l'oc
gle générale de l'humanité ; nous voyons casion de son premier mariage ; suivant
déjà, dans les temps les plus reculés, les autres, plus tard, lors de son mariage
Moise et Marie la prophétesse, consacrer avec la fille d'Egypte, en guise d'épitha
par un saint cantique les merveilles du lame (Calmet). On regarde souvent le Can
passage de la mer Rouge, Ex. 15, 1.20. tique comme le premier des trois ouvra
Moise en indique d'autres encore qu'il ges qui nous restent de Salomon, un ou
CAN 170 CAN

vrage de jeunesse, presque une chanson recueild'hagiographes appelé les cinq vo


d'amour; les Proverbes seraient alors lumes, dénomination empruntée des cinq
l'ouvrage de l'âge mûr , et l'Ecclésiaste livres de Moïse. De même que la synago
celui du vieillard dégoûté des vanités de gue, l'Eglise chrétienne a toujours reçu
la vie. Il paraît cependant, et une lecture ce livre dans le Canon; Théodore de Mop
attentive de ce cantique sublime confirme sueste seul dans l'antiquité, et quelques
cette manière de voir, que lorsque Salo auteurs modernes d'une morale sévère,
mon le composa, il savait déjà surabon en ont nié la canonicité. Les raisons qu'on
damment ce que c'est que l'amour. L'opi allègue pour le faire rejeter, sont d'abord
nion peu connue de Heidegger (Enchiri que le nom de Dieu ne s'y trouve pas ,
dion Bibl.) est à la fois pleine d'intérêt puis, que ce livre n'est jamais cité par les
et de vérité : « L'on trouve, dit-il, dans auteurs sacrés du Nouveau Testament. A
ce cantique un cœur de vieillard usé , ce double égard nous répondrons que le
cassé, blasé sur les agitations, les trou Cantique étant une allégorie, il n'était pas
bles intérieurs et autres passions de l'âme; nécessaire, il eût même été singulier de
et c'est probablement après s'être lassé nommer par son nom celui qui était re
de l'amour peu chaste des femmes qui présenté sous la figure d'un époux aima
l'avaient fasciné, que son esprit s'est ble et aimant, dans tout le cours de ce
tourné vers la méditation plus pieuse de petit poëme ;et s'il est vrai que les écri
l'amour spirituel du Christ et de ceux qui vains du Nouveau Testament ne l'aient
lui appartiennent. » pas cité, il y a bien d'autres livres aussi
Comme on s'est beaucoup occupé de qu'ils n'ont pas nommés expressément, et
ce livre en diverses manières, on l'a aussi et qui n'en sont pas moins reconnus com
diversement divisé en petits chants, cou me inspirés; il y est fait d'ailleurs plu
plets ou chapitres. Calmet y trouve sept sieurs allusions qui, si elles ne sont pas
nuits ou sept jours marqués assez dis directes, montrent au moins que l'allégo
tinctement, parce qu'on célébrait les no rie du Cantique a été reconnue et sanc
ces pendant sept jours chez les Hébreux tionnée par le Sauveur et par ses apôtres;
(v. Gen. 29,27.). Nos Bibles, et Heideg on peut voir Matth. 9, 15. 22, 2. 25, 1
ger, ont divisé le Cantique en huit par 11.Jean 3, 29.2 Cor. 11, 2. Eph. 5, 23.
ties : enfin le Docteur John Mason l'a 27. Apoc. 19, 7.9. 21 , 2.9. 22, 17., et
partagé en douze couplets ou idylles, à ailleurs, cf. encore Es. 5, 1-7. 52, 7.
l'imitation de quelques poëtes arabes. Il est impossible qu'un homme irrégé
Voici quels seraient ces morceaux : 1° 1, néré puisse lire ce livre et en compren
1-8.; 2° 1,9-2, 7.; 3° 2,8-17.; 4°3, 1-5.; dre le sens spirituel; ceux-là seuls peu
5°3,6-4, 7.; 6° 4, 8-5, 1.;7° 5, 2-6, 10.; vent le lire avec fruit qui disent de tout
8° 6, 11-13.; 9° 7, 1-9.; 10° 7, 10-8, 4.; leur cœur de Jésus-Christ ce que l'épouse
11° 8, 5-7.; 12° 8, 8-14.— « Ce poëme, dit de son fiancé : C'est ici mon bien
dit Ch. Nodier (Bibl. sacr.) , est le mo aimé; c'est ici mon ami, 5, 16. Le Canti
dèle et le désespoir à la fois de tous ceux que est écrit de telle sorte qu'il offre une
qui seraient tentés de s'exercer dans le espèce de sens à chacun : c'est comme
même genre, si de pareilles inspirations une glace polie, comme une eau pure et
pouvaient jamais se reproduire. » transparente qui monte ou descend, et
Saint Jérôme nous apprend que les Hé qui reste toujours au niveau de l'œil qui
breux avaient interdit la lecture du Can la contemple ; à celui dont le cœur est
tique aux hommes âgés de moins de impur, elle apparaît impure aussi : elle
trente ans; ils craignaient les abus d'une est basse pour celui qui est bas, elle s'é-
interprétation particulière mal comprise ; lève à mesure que l'homme s'élève, et
cependant l'estime qu'ils avaient pour le celui qui a compris le Christ, son amour
Cantique était telle qu'ils en faisaient une et son sacrifice, saura voir dans l'épouse
lecture publique à la fête de Pâques, et une âme fidèle qui rend amourpouramour,
qu'ils le comprenaient, avec Ruth, Ester, dévouement pour dévouement, et recon
l'Ecclésiaste et les Lamentations, dans le naissance pour sacrifice.
CAP 171 CAP

CAPERNAUM (ville agréable, ou beau nick, d'accord avec les dernières disser
village), une des principales villes de la tations de ce savant catholique, admet
Galilée, qui, selon toute apparence, ne fut tent avec lui que l'île désignée sous le
bàiie qu'après la captivité de Babylone. nom de Caphtor est celle de Crète ou
Elle était située à 5 kilomètres environ Candie. D'après Jérémie, l. c., et Amos 9,
de l'embouchure du Jourdain, sur la rive 7., les Philistins auraient passé en Pales
0ccidentale de la mer de Tibériade , aux tine de l'île de Caphtor, et plusieurs fois
c0nfins de Zabulon et de Nephthali. La ailleurs , Deut. 2, 23. etc., le nom de
plaine basse qui s'étend vers le sud, sur Caphtorim est mis pour désigner les Phi
une longueur de dix kilomètres, et une listins. Ces données ne s'accordent pas
largeur de cinq, est d'une ravissante beaucoup avec le passage de la Genèse
beauté , c'est la partie la plus fertile de qui fait descendre les Philistins des Chas
l0ut ce magnifique bassin, et elle portait luhim. La supposition la plus probable ,
le nom de Gennésar, jardins de la ri sans être forcée, c'est que les Philistins
chesse. Aujourd'hui encore sa fécondité sont partis d'Egypte en se détachant de
est proverbiale chez les peuples voisins. la nation des Chasluhim, pour se rendre à
Josèphe parle d'une source nommée Ca l'île de Caphtor, et que de là ils ont émi
pernaüm, célèbre par son extraordinaire gré plus tard et sont venus occuper les
abondance, qui a probablement donné côtes sud de la Palestine. On peut oppo
son nom à cette ville. Riche des produits Ser sans doute à l'opinion de Calmet, que
du sol, Capernaüm l'était encore par la les habitants de la Crète ont déjà un nom
pèche et par le commerce ; elle était sur dans l'Ancien Testament, celui de Kéré
la grande route qui unit Damas à la Phé tiens, 1 Sam. 30, 14. Ez. 25, 16. Soph. 2,
nicie, et dans un défilé entre le lac et les 5., et qu'il est peu probable que la même
montagnes ; aussi les Romains y avaient contrée ait eu deux noms si différents ;
ils établi un bureau de douanes et placé mais de ce que ce n'est pas ordinaire ,
une garnison, Matth. 9, 9-11. Luc 5, 27 cela ne prouve pas que cela n'ait pu arri
30.— Ce fut là que Jésus descendit et ver cependant; en outre, le premier nom
qu'il passa quelques jours , après avoir est beaucoup plus ancien que le second,
quitté Nazareth et ses arides montagnes; et les caractères historiques ou géogra
il en fit longtemps son principal séjour , phiques de la Crète sont tellement d'ac
demeurant chez la belle-mère de Pierre, cord avec ce que l'Ecriture nous dit de
et c'est de là qu'il partit pour son pre Caphtor, qu'il est difficile de ne pas ad
mier voyage à Jérusalem, Matth. 4, 13. mettre l'identité de ces deux contrées. La
9, 1. 8, 14. 11 ; 17; Marc 1 ; 2; Luc 4; Crète était déjà très peuplée à l'époque
10; Jean 2: 4 ; 6. Il reste de cette floris de la guerre de Troie , puisque Homère
sante cité plusieurs ruines nommées Tel l'appelle l'île aux cent villes, et Hérodote
Hum. - -

reconnaît que ses habitants, originaire


CAPHTOR, Jér. 47, 4., île dont il est ment barbares, ne venaient pas de la
dit que les Philistins sont les restes. v. Grèce. Homère dit qu'on parlait différen
lart. suivant. tes langues en Crète, à cause de la diverse
CAPHTORIM, Gen. 10, 14., les des origine des peuples qui s'y trouvaient, les
cendants de Caphtor, un des fils de Mits uns Grecs, les autres vrais et anciens
raim. Selon les anciennes versions et Crétois, antiques habitants de la contrée
selon Bochart, le pays auquel ils donnè et qui se prétendaient eux-mêmes nés du
rent leur nom serait la Cappadoce : mais sol de la Crète.
le passage de Jérémie 47, 4., indique as CAPPAD0CE, contrée de l'Asie mi
sez clairement que Caphtor doit être une neure qui, depuis Tibère, passa exclusi
ile, ou tout au moins un pays maritime ; vement sous la domination romaine. Elle
Michaelis et Dahler ont, en conséquence, est séparée au sud par le Taurus de la
propose d'y voir l'île de Chypre, opinion Cilicie et de la Syrie septentrionale; au
qui avait déjà été émise, puis plus tard nord, une chaîne parallèle au Taurus la
réfutée par Calmet; Gesenius et Haever sépare du Pont; à l'occident, elle touche
CAP 172 CAR

à la Phrygie et à la Galatie; à l'orient, à proprement : « quand la câpre se rompt,


la petite Arménie, mais sans frontières ou est rendue nulle ;» et le sens de cette
naturelles. Quoique bien arrosée, elle est figure est, ou bien : lorsque la câpre, mal
peu fertile ; les montagnes sont nues, et gré sa saveur, n'a plus d'effet sur le vieil
les plaines n'offrent que des pâturages. lard; ou bien : quand le vieillard , sem
La Cappadoce s'étendait primitivement blable à la câpre à la fin de l'été, se rompt
jusqu'au Pont , mais sous Alexandre une parce qu'il est mûr, et perd sa graine et
satrapie s'établit en cette contrée, et la sa force.
Cappadoce rentra dans les limites indi CAPTIFS, CAPTIVES. v. Esclaves.
quées ci-dessus. La langue des Cappado CAPTIVITE. v. Exil.
ciens n'offrait aucun rapport avec les lan CARAN, ou Haran, ou Charran, an
gues sémitiques, et bien qu'ils portent chez cienne ville de Mésopotamie, célèbre déjà
Hérodote le nom de Syriens (1, 72. 5, 49. comme la première retraite d'Abraham,
7, 72.), on ne peut leur chercher une ori après qu'il eut quitté le pays des Caldéens,
gine sémitique. v. encore le commence Gen. 11, 31. Le patriarche eut la douleur
ment de l'article Caphtorim.—Ils ne jouis d'y voir mourir Taré, son père, et il dut
saient pas, non plus que les habitants de l'y ensevelir (v. 32). C'est à Caran que
l'île de Crète, d'une excellente réputa demeurait Laban, frère de Rébecca, et
tion; ils passaient en particulier pour per lorsque le rusé Jacob se fut emparé de
fides et lâches, au point que l'expression la bénédiction paternelle, ce fut à Caran
cappadociser était devenue proverbiale qu'il se réfugia, d'après le conseil de sa
pour désigner ces vices de caractère. Un mère. 27, 43. 28, 10. 29, 4. A l'époque
bon nombre de Juifs étaient établis au d'Ezéchias, cette ville, ainsi que bien d'au
milieu d'eux. Act. 2, 9. 1 Pier. 1, 1. tres, était tombée sous la domination as
CAPRE. C'est ainsi qu'on appelle les syrienne, 2 Rois 19, 12. Es. 37, 12. Elle
fruits d'un arbrisseau, le caprier épineux, était (Haran9) en rapports de commerce
qui se rencontre fréquemment en Asie, avec les Tyriens, Ez. 27, 23. C'est la même
en Afrique et dans le sud de l'Europe : ville sans doute qu'il faut voir dans le nom
les jeunes boutures de cet arbre et ses de Charrae, où Crassus, consul et général
fleurs en bourgeons se mangeaient, soit de l'armée romaine, fut défait et mis à
crues, soit assaisonnées de vinaigre, et mort par les Parthes, 52 av. C. Elle était
avaient, dit-on, la propriété d'aiguiser située entre l'Euphrate et le Chaboras, à
l'appétit et de pousser à la volupté. Le deux journées environ de la jonction de
câprier atteint dans les jardins la hauteur ces deux fleuves : d'après Basnage et le
d'un petit arbre; ses rameaux sont armés père Hardouin, il faudrait au contraire la
d'épines, et ses feuilles ovées, non den chercher en deçà de l'Euphrate et plus
telées, et presque sans pétiole. C'est au près de Canaan; Hardouin même veut con
mois de mai que la floraison est la plus fondre Caran avec Palmyre, mais les con
forte; les fleurs, qui portent une soixan jectures de ces deux savants ne sont pas
taine d'étamines de couleur rouge, durent appuyées de raisons suffisantes, et le texte
presque tout l'été, et donnent ensuite de l'Ecriture, qui place Caran en Méso
naissance à une baie allongée, comme potamie. est clair et positif.
l'olive, munie d'une chair épaisse, et ren CARKÉMIS, ville fortifiée de la Méso
fermant une graine dure, en forme de potamie, située sur la rive orientale de
rognons, et d'un goût fort et piquant. Le l'Euphrate, à l'endroit où ce fleuve reçoit
câprier se cultivait en Palestine, et por les eaux du Chaboras. Les Assyriens s'en
tait en hébreu, au dire des rabbins, le étaient emparés. Es. 10, 9. Néco roi d'E-
nom Tsèleph ou Nitzbah; son fruit (hébr. gypte, un Pharaon, la conquit sur le roi
Abiônah) n'est nommé que Ecclés. 12, 7. d'Assyrie, 2 Chr. 35, 20. cf. 2 Rois 23,
où nos versions ont traduit « quand l'ap 29.; mais il en fut dépossédé par Nébu
pétit s'en ira ;» et Luther : « Wenn alle cadnétsar, en la quatrième année de Jé
Lust vergeht ;» remplaçant ainsi l'image hojakim, fils de Josias, roi de Juda, Jér.
par la chose représentée. Le texte porte 46,2. Carkémis était probablement le Cer
CAR 173 CAR

CIIsium, Circesium, ou Circessum des une salle d'une prodigieuse élévation ;


Grecs, à mi-chemin d'Antioche à Séleu elle n'a d'autre vue que la mer sans bor
cie, aujourd'hui appelé Karkisia , selon nes, et l'on n'y entend d'autre bruit que
d'autres (Paulus), ce serait la ville appe celui des flots qui se brisent continuelle
lée par les Syriens Pérath-Maïsan, ou Mé ment contre l'arête du cap. Sur le sommet
sène, la capitale du gouvernement de Bas le plus aigu du cap du Carmel, se trouve
s0ra. Dioclétien en fit un des boulevards maintenant un beau monastère, tout con
de l'empire romain. struit à neuf, tout éblouissant de blan
CARMEL. 1° Chaîne de montagnes en cheur, et bien plus confortable que les
tre Aser et Issacar, Jos. 19, 26., qui s'é- cavernes des prophètes. — Esaïe, 33, 9.
tend le long du rivage sur une distance 10., Amos, 1,2., Nahum, 1, 4. et Jérémie,
de 30 kilom., avant que de faire saillie 50, 19., annoncent la désolation de cette
dans la mer et d'y former un promontoire, montagne et son rétablissement futur.
la beauté et la fertilité de ces montagnes 2° Le Carmel de Juda, Jos. 15, 55., ville
leur ont fait donner le nom de Carmel, située sur une montagne calcaire du même
qui signifie vigne de Dieu. Le Carmel est nom, riche en pâturages, au sud-ouest
élevé de 1000 mètres au-dessus de la mer; de la vallée d'Hébron; c'est là que demeu
il est plus haut au nord-est qu'au sud rait Nabal, mari d'Abigaïl, 1 Sam. 25, 5.,
0uest; les eaux y sont abondantes, l'air y et que Saül, au retour de son expédition
est sain, toute espèce de culture y pros contre Hamalec, érigea un arc de triom
père; les pâturages sont encore aujour phe, 1 Sam. 15, 12.Les Romains y avaient
dhuicouverts de fleurs odoriférantes dont une garnison du temps de saint Jérome ;
0n fait une espèce de thé ; dans la région les croisés trouvèrent encore cette ville,
Supérieure croissent des pins et des chê et le voyageur Seetzen raconte qu'on lui
les, plus bas des oliviers et des lauriers. a montré, sur les bords de la mer Morte,
Es. 35, 2. Du sommet, on jouit d'une vue une montagne nommée El Carmel, sur
magnifique et fort étendue sur les côtes ou près de laquelle cette ville doit avoir
et la Méditerranée; le pays environnant existé.
est frais et verdoyant; au pied de la mon-| CARPUS ou Carpe, disciple de saint
tagne coule vers le nord le torrent de Ki Paul, demeurant à Troas, dont les Grecs
S0n. Le côté occidental est remarquable ont fait l'un des soixante-et-dix disciples,
par un grand nombre de cavernes spa évangéliste de leur pays, et enfin évêque
cieuses, qui peut-être furent habitées ja de Bérée. Paul, passant à Troas, avait
dis par les Cananéens, et qui plus tard laissé chez lui un manteau de voyage, quel
l'ont été par des solitaires; elles servaient ques livres et des parchemins, qu'il rede
aussi de lieux de refuge et de places de manda plus tard avec instance, 2 Tim. 4,
sûreté. Am. 9, 3. Le séjour d'Elie sur le 13. Le verset 21 nous montre que l'hiver
Carmel est bien connu; on se rappelle sa était proche, et que Timothée devait re
lutte avec le roi Achab et avec les prêtres tourner à Rome avant cette époque; l'on
de Bahal, lorsque seul il put faire descen comprend que Paul en prison sentît le
dre le feu du ciel sur les holocaustes qu'il besoin d'avoir quelques vêtements plus
avait préparés, 1 Rois 18.; on se rappelle chauds, et ce détail prouve à la fois la
les trois cinquantaines d'Achazia, dont les pauvreté de Paul et son peu de préten
deux premières furent foudroyées pour tions à l'endroit des macérations inutiles;
avoir parlé au prophète avec un ton in il n'est pas négligent pour les choses ex
convenant vis-à-visd'un envoyé de l'Eter térieures de la vie, et il ne vise pas à ren
nel, 2 Rois 1. Elisée fit aussi du Carmel dre sa situation plus pénible afin de pou
sa demeure, après que son maître eut été voir s'en glorifier. Quant aux livres qu'il
enlevé au ciel, 2 Rois 2, 25. 4, 25. On réclame, et surtout quant aux parchemins,
montre encore la grotte où Elie doit avoir On se demande quels ils étaient : c'est sur
enseigné les mystères de la prophétie ; parchemin qu'on écrivait les livres impor
évidemment taillée de main d'homme dans tants, et l'on pense que c'était le Code de
le roc le plus dur, c'est, dit Lamartine, l'Ancien Testament; cependant il serait
|

CAS 174 CAV

au moins singulier que Paul eût laissé commandables par leur valeur, et surtout
quelque part sa Bible comme un bagage par la guerre d'extermination qu'ils fi
embarrassant; quelques auteurs ont en rent aux écumeurs de mer et aux pirates,
conséquence supposé qu'il s'agissait de qu'ils méritèrent les honneurs divins, et
copies de lettres; d'autres enfin (Steiger), furent choisis par les navigateurs comme
que c'étaient des papiers importants dont leurs patrons et les protecteurs des vais
l'apôtre avait besoin pour son procès. seaux. Ils eurent une place dans les Gé
CARQUOIS. v. Flèches. meaux du firmament, et des autels sur
CARTES de géographie. La première les rivages des mers; v.Théocrite,22, 17.
Horace, Od. I. 3, 2.IV.87, 31. Ovide, etc.
trace que l'on trouve, soit dans l'histoire
profane, soit dans l'histoire sacrée, des Les feux errants que les matelots aper
cartes géographiques, est dans ces mots cevaient parfois pendant la tempête, leur
de Josué 18, 8.9.: « Ces hommes-là donc étaient comme des messagers de Castor
s'en allèrent, et passèrent par le pays, et et Pollux, et le présage d'une prochaine
en firent une figure dans un livre (ou rou délivrance ; et jusqu'à nos jours la même
leau) selon les villes, en sept parties. » superstition s'est encore propagée, mê
CASIPHIA, Esd. 8, 17., ville ou con me jusque sur les vaisseaux chrétiens 0u
trée du royaume de Perse, dans laquelle turcs de la Méditerranée. Le vaisseau que
se trouvaient un assez grand nombre de saint Paul prit à Malte pour se rendre en
lévites, d'autres exilés juifs, et de Néthi Italie, avait pour enseigne les Dioscures,
niens. Il faut la chercher près des monta soit que ces figures fussent peintes ou
gnes caspiennes, au nord-est de la Mé gravées sur la proue, soit pour d'autres
die. motifs à nous inconnus.
CASSE. La casse mentionnée, Ex. 30, CATHOLIQUE. Ce nom qui signifie
24. Ps. 45, 8. Ez. 27, 19., porte en hé universel, général, a été donné aux épi
breu différents noms. C'est l'écorce d'une tres de Jacques, Pierre, Jean et Jude,
plante aromatique que Moïse fait entrer parce qu'elles étaient adressées, non point
dans la composition de l'huile sainte, et à une certaine congrégation particulière,
qui devait servir à la consécration des mais à un grand nombre de congréga
vases du tabernacle. On en compte trois tions, ayant des besoins généraux : v. les
espèces, qui croissent toutes en Orient différents articles. — De la signification
sans culture, et qui ont quelques rap du mot catholique, il faut conclure que
ports avec la canelle, quoique plus fon toute congrégation spécialement dési
cées, moins odorantes, et d'un goût moins gnée ne mérite pas cette épithète; l'épître
agréable. Longtemps les naturalistes ont aux Romains, par exemple, n'est pas ca
cru qu'il fallait chercher la vraie casse tholique, par le fait même qu'elle est par
dans le Laurus cassia de Linnée, qui croît ticulière, et l'Eglise de cette ville n'eût
aux Indes et au Malabar, mais des tra pu prendre le nom de catholique sans
vaux plus modernes ont démontré que commettre la méprise la plus bizarre ;
cette espèce de Laurus cassia n'était au aussi ne l'a-t-elle pas fait. ll y a aujour
tre que l'espèce ou primitive, ou dégé d'hui une congrégation qui se donne le
nérée, du Cinnamomum zeylanicum ; nom de catholique-romaine, ce qui étant
d'où il résulterait que la casse ne serait traduit signifie église universelle-parti
autre chose en effet , qu'une espèce de culière : si c'est la moins grave et la plus
canelle. Les anciens en faisaient grand innocente de ses contradictions, c'est
usage ; Pline, Hérodote, Théophraste, bien loin d'être la seule.
Virgile, Perse, Diodore de Sicile, et d'au CAVERNES. Les rochers des monta
tres auteurs en parlent comme d'un par gnes calcaires ou crayeuses de la Pales
fum des Indes très estimé des Romains tine, principalement ceux du mont Car
et des Grecs. mel q. v., de la Trachonite, de la Galilée,
CASTOR ET POLLUX, ou les Dioscu de la Batanée, et des contrées voisines
res, fils mythologiques de Jupiter et de de l'idumée, renfermaient un nombre
Léda, s'étaient, dit la fable, rendus si re considérable de cavernes, grandes, sè
CEC 175 CEC

ches et commodes, qui pouvaient servir 1, 186. Ce voyageur assure que l'on peut
soit de retraite à l'ermite solitaire, soit compter 20 aveugles sur 100 hommes;
de refuge à des populations de brigands un autre a calculé qu'il se trouve au Caire
oud'opprimés ;cf. Jug. 20, 47.Tavernier plus de 4,000 aveugles. Ces cas sont plus
en a vu une qui pouvait contenir jusqu'à rares en Syrie, à l'exception des côtes,
3,000 chevaux, et Pococke, II, 61., une et cependant l'Ecriture nous parle fré
autre dans laquelle 30,000 hommes ont quemment d'hommes affligés de cette in
pu s'abriter; v. Hadullam. Elles furent firmité, soit dans les Evangiles, Matth. 9,
peut-être les premières habitations des 27. 12, 22. 20, 30. 21, 14. Jean 5, 3., où
hommes; on y voit les Troglodytes ren nOuS les,voyons presque toujours dans
fermés par peuplades, et l'Ancien Testa une position extérieure bien malheureuse,
ment nous parle des Horiens comme ha soit dans la loi mosaïque, Lév. 19, 14.
bitant les cavernes ; cf. Job. 30, 6. Quant Deut. 27, 18., où Dieu, dans les précep
aux Hanakins et aux Réphaïms, on pré tes qu'il donne à leur égard, se montre
sume que c'était aussi là leur demeure, comme toujours, le Dieu de l'infortune,
mais l'on n'a rien de positif à ce sujet; v. la providence du malheur.
ces articles. A l'époque de la conquête, |, La cécité se développe le plus souvent
et plus tard, les cavernes sont signalées à la suite de maladies peu graves, mais
comme des espèces d'abris ou de forte qui ont été négligées dans le principe ;
resses, Jos. 10, 16.Jug. 6, 2. 15, 8.20, 47. ce n'est d'abord qu'un mal, un picote
1 Sam. 13, 6. 22, 1. Ez. 33, 27. Es. 42, ment des yeux, que de simples applica
22., comme ermitages pour les anachorè tions d'eau fraîche, commencées à temps,
les, comme auberges pour les voyageurs, pourraient le plus souvent faire disparaî
comme repaires pour les brigands, com tre; mais grâces à l'idée mahométane d'un
me étables pour les agriculteurs et pour fatalisme auquel rien ne peut échapper,
les bergers des montagnes ; (c'est ce qui ces populations méprisent les précau
explique pourquoi la tradition a voulu tions, et ne font rien pour détourner les
faire une caverne de l'étable dans laquel fàcheuses conséquences dont est menacée
le naquit notre Sauveur, Luc 2, 7.) Elles leur incurie; l'aveuglement de l'esprit
servaient enfin de tombeaux q. v. Bien produit celui du corps, et la folle erreur
qu'elles fussent assez spacieuses, on avait se punit elle-même.
lhabitude d'en régulariser la forme afin Cette maladie est souvent aussi le sim
de les rendre plus commodes, lorsqu'on ple effet de la vieillese, 1 Sam. 4, 15. cf.
se proposait de s'y établir pour un cer 3, 2. 1 Rois 14, 4. Gen. 27, 1.
tain temps; et plusieurs de ces grottes L'aveuglement soudain dont furent
que l'on trouve encore maintenant, ont frappés les Sodomites cherchant la porte
évidemment été travaillées par la main de de Lot pour en faire sortir les deux étran
Ihomme, taillées dans le roc, agrandies gers, Gen. 19, 11., peut s'entendre d'un
et embellies pour son usage. simple éblouissement, de cette confusion
CECITE, maladie beaucoup plus com dans l'organe de la vue qui est bien sou
mune dans l'Orient que chez nous. Elle vent la suite et la peine du péché. Les
est produite soit par un sable très fin que Syriens qui assiégeaient Samarie, et qui
lardente chaleur du soleil pulvérise d'une étaient descendus auprès d'Elisée, furent
manière extraordinaire, et que le vent également frappés d'éblouissement par le
chasse dans les yeux, soit surtout par le prophète, et conduits ainsi jusque dans le
contraste habituel et journalier de la tem camp d'lsraël, 2 Rois 6 , 18-22.; dans le
pérature brûlante du jour, avec le froid même chapitre il est parlé de cet aveugle
glacé des nuits, de la forte évaporation ment naturel à l'homme pécheur, et qui
de la journée, et de la rosée qui tombe l'empêche de voir autour de lui l'armée de
au soir et vers le matin, sur ceux qui l'Eternel, 6, 17. Le Nouveau Testament
Viennent imprudemment pour jouir d'un nous mentionne encore la cécité momen
peu d'air, se reposer la nuit sur les toits tanée de saint Paul, Act. 9, 9., et celle du
de leurs habitations; v.Voyages de Volney mage Bar-Jésus, 13, 6. On ne peut dire
CEC 176 CED

avec certitude de quelle manière se mani blème de la beauté, de la force etdel'im


festa cet aveuglement : un miracle en fut mortalité, Jug. 9, 15. 1 R. 5,6.2R. 14,9,
certainement la cause, mais il est possible Esd. 3,7.Ps. 104, 16.Es. 14,8.Ez.27,5.
que l'effet ait été naturel, et que cette cé Zach. 11, 1., etc. Elégant dans ses gran
cité ait eu du rapport avec des cas plus dioses proportious, il est svelte et fort
Ordinaires, qui tiennent tantôt à l'obcur élevé, 1 R. 4, 33. Job 40, 12. Es. 2, 13,
cissement de la cornée transparente, tan Jér. 22, 23. Ez. 17,22. Am. 2, 9. Ps. 92,
tôt à la paralysie de la rétine, tantôt en 13. Le Liban était sa patrie, mais il parai
core à l'épaississement du cristallin. On trait, d'après Pline, que l'on en trouvait
peut comparer aussi l'histoire de Tobie, aussi sur les monts du Taurus et de l'A-
11, 10., qui ayant perdu la vue par un manus. Le cèdre appartient à la famille
épaisissement de la cornée transparente, des conifères; il porte de petites feuilles
fut guéri par une application de foie de de 4 à 5 centimètres de longueur,raides,
poisson. dures, persistantes, et vertes encore au
Les anciens attribuaient en effet au milieu de l'hiver; elles sortent par ving
foie de poisson, et surtout au foie du cal taines environ, de petites gaines enfais
lionymus et du silurus, la propriété de ceaux, et contribuent ainsi à donner au
guérir les maladies des yeux, et même la cèdre beaucoup de ressemblance avec le
cécité ; maintenant encore, en quelques mélèze (larix) de la même famille : les
pays on se sert du même remède comme étamines forment des espèces de chatons
d'une pommade excellente pour ce genre jaunes, de la grosseur du petit doigt, ct
de maux. Notre Seigneur s'est toujours allongées ; les fleurs femelles, réunies en
borné à toucher de ses mains les yeux chatons ovoïdes, d'abord rouge pourpre,
des aveugles qu'on lui présentait ; une deviennent ensuite rouge pâle, puis d'un
seule fois il les a mouillés de sa salive, vert sale, et enfin d'un jaune clair, Les
Marc 8, 25. Jean 9, 1. Matth. 9, 29. 20, pommes, assez semblables à celles du pin,
34. v. Salive. sont cependant plus délicates, plus unies
Il est parlé dans l'Ecriture d'une autre et moins ouvertes; longues de 15 centim,
espèce d'aveuglement plus dangereux en et larges de 12, elles sont solidemental
core que celui du corps, celui du cœur. tachées à l'écorce; leur couleur est un
L'endurcissement des Juifs leur est plus gris brun très brillant. Les branches du
d'une fois reproché sous cette figure, et cèdre lancées d'espace en espace, etpres
le prophète Esaïe avait même annoncé que perpendiculaires au tronc, sont graſ
qu'en suite de son aveuglement volon des et éloignées les unes des autres; tl
taire et prolongé, ce peuple malheureux les diminuent toujours jusqu'au haut, et
deviendrait tellement la victime de ses
forment comme une espèce de roue qui
, péchés, qu'alors même qu'il voudrait en s'élève en pyramide.On en trouveauJar
fin ouvrir les yeux pour voir, il ne le din des plantes de Paris un bel échantil "
pourrait plus, Es. 6, 10. et ailleurs. C'est lon, qui pourrait être le roi des végétaux .
dans le même sens que les prophètes pré
disent aussi la guérison des aveugles, connus en Europe, mais quidans sonº
cienne et patriarcale famille, n'est qu'!
comme un des caractères principaux et jeune et petit sujet, digne à peine de trois
bénis qui accompagneront la venue du siècles. Le cèdre croît lentement, et prº
Christ sur la terre, Es. 29, 18. 35, 5. 42,
fère les terrains gras, les lieux froids !
16. cf. Matth. 11, 5. C'est qu'en effet la les montagnes ; il ne porte guère de fruit º,
lumière de la nouvelle alliance, plus bril
avant l'âge de quarante-cinq ou cinquº
lante que celle des prophètes, a pu ouvrir ans. Son bois est incorruptible, sauf !
les yeux de ceux qui ne comprenaient l'humidité;il est beau, solide,sans nœuds,
pas encore la splendeur divine de l'an d'un brun rayé de rouge, et odoriférafl #
cienne économie , les nations et les gen
tils ont cru à salut.
comme toutes les portions de l'arbº,
Cant. 4, 11. Os. 14, 6. cf.Virg. En.7.lº
CÈDRE, le plus célèbre des arbres Par ces divers avantages, il était extrº
mentionnés dans l'Ecriture sainte, l'em mement recherché comme bois de c0ºr
|
º,
CED 177 CEF

diction, 2Sam. 7, 2. Jér. 22, 14.; on tine, Schubert et le Morgenland de 1840).


enfaisait les halcons sur les terrasses, et CEDRON , torrent dont le nom hébreu
lºles les charpentes un peu délicates, rappelle ces « torrents qui coulent noirs
1H.6, 10.7, 2. Soph. 2, 14. Cant. 1, 16. sans glace », Job 6, 16. Quelque rapport
3 !, de même que les lambris du tem qu'il ait avec le mot français cèdre, et
k,l R. 6, 9. 18. 7, 7., ou des palais de quoiqu'on ait voulu faire dériver son nom
lrusalem, 1 R. 7; Esd. 3, 7., etc. C'est d'une certaine quantité de cèdres qui au
| alse de ses matériaux que le temple raient été plantés jadis sur son rivage, le
ºlappelé Liban, Zach. 11, 1., et le pa rapport n'est qu'accidentel, et le fait n'est
lisdeSalomon maison du parc du Liban, pas prouvé. Le Cédron coule à l'est de
l 7, 2. N0us voyons encore de faux Jérusalem , entre la ville et le mont des
ºvet des mâts de vaisseaux faits de ce Oliviers : son lit peu large, mais profond,
lusprécieux, Es. 44, 14. Ez. 27, 5. est creusé dans une vallée du même nom ;
les cèdres tendent à diminuer de jour après un cours tortueux de 30 à 40 ki
ºjºur sur le mont Liban, et bien qu'il lom., il se jette dans la mer Morte. C'est
ºresle encoreau-dessus du village d'E- en hiver et par les temps d'orage que le
º, lºlouquet de quelques centaines, Cédron coule avec le plus d'impétuosité;
ººimn d'après une correspondance ses vagues vont alors jusqu'à déborder ;
l Morgenland, ou 300 d'après le pro mais dans la saison sèche, il n'est pas rare
ºr Schubert, il n'en est qu'un fort de voir ses eaux presque entièrement ta
ºl l0mbre que leur grosseur puisse ries, et son lit servir de route aux voya
ºtlre de croire contemporains du roi geurs. Le roi David et notre Sauveur l'ont
ºmon, 24 d'après Rauwolf, 16 d'après traversé, tous les deux affligés, tous les
Mildrell, 15 d'après Pococke, 9 d'après deux éprouvés, l'un fuyantlarévoltede son
ºyageur suisse Mayer, 7 d'après La fils, l'autre sous la colère et la malédic
º, enfin 5 d'après Schubert : on tion paternelle, l'un et l'autre injuste
º qu'un pareil calcul ne soit pas fa ment accusés, l'un et l'autre accompagnés
dl à lºlº.Leurs vieux troncs sont sou
d'un petit nombre d'amis fidèles, et refu
ºdités en trois ou quatre divisions sant de se défendre ou de se venger, quoi
º "quées, dont chacune est égale à qu'ils eussent pu d'un mot se créer des lé
º irºniérence de n0s chênes les plus gions, l'un de soldats, et l'autre d'anges,
ºbles. Ils sont en outre lacérés par 2 Sam. 15, 23. Jean 18, 1. — La vallée
# ºnlrlles inscriptions des gi - du Cédron était, surtout dans sa partie
ºyageurs, quise plaisent à y graver méridionale, comme la voirie de Jérusa
ºslºms engrosses majuscules sur l'é- lem : on y jetait les entrailles des victi
ºº mème jusqu'à l'aubier, et qui ne mes égorgées dans le temple , et les rois
"Pºsavecmoins d'ardeur d'en em Asa, Ezéchias et Josias y ont brûlé les
ºlques fragments pour mémoire. abominations et les idoles qui avaient ser
ºl'acha, pour remédier à un abus vi au culte des Juifs prévaricateurs, 1 R.
ºn avail donnél'ordre aux Maro 15, 13.2 R. 23, 4. 6.12.2 Chr. 29, 16.
º leurs de ces montagnes, de Les égoûts de la ville s'y déchargèrent
# alinlegre c0nservation de la pe dans les temps postérieurs.
º qui subsiste encore, mais il ne CEINTURE, l'une des parties du vê
# Pds qlie les soins de ce ministre tement à laquelle les Hébreux, et en gé
ºnde chance desuccès, et l'un des néral les Orientaux, attachaient la plus
ºbteliers s'est permis de détacher grande importance, soit comme orne
ºn pourl'offrirà M. Schubert un ment, soit aussi pour son utilité.Jamais
ºnde ces jeunes cèdres. ils n'en portaient dans leurs maisons, et
ils ne s'en servaient, lorsqu'ils sortaient,
º année, au mois de juin, les po que
ºs de Beschierai, d'Eden, de ka coursepour travailler ou pour faire une
longue, afin de retenir les
# d le tous les villages des vallées pans deunleurpeutunique
º, u0ntent aux cèdres, et font cé tre point entravés dansflottante, et de n'è-
leurs mouvementS
"lle messe à leurs pieds (Lamar
I, 12
CEI 178 CEN

par les replis mobiles de cette robe en 22, 21. (Sebna remplacé par Eliakim).
tr'ouverte : c'est ainsi que voulant laver Nos traductions françaises, dans plu
les pieds de ses disciples, notre Sauveur sieurs des passages que nous avons cités,
se ceignit d'un linge, Jean 13, 4. 5. Les ont traduit le mot hébreu par baudrier au
soldats aussi se ceignaient pour la ba lieu de ceinture, se conformant à l'usage
taille, et David s'écrie, Ps. 18, 39. : « Tu de notre langue, et au sens de la phrase,
m'as ceint de force pour le combat », cf. qui indiquait en effet un baudrier mili
Prov. 31, 17. — En suite de leur valeur, taire ; il faut observer seulement que ce
les ceintures étaient fréquemment offertes baudrier n'était autre chose qu'une cein
en présents, 2 Sam. 18, 11., et jouaient ture, et qu'il s'attachait autour des reins
un certain rôle dans le commerce des ob au lieu de pendre à l'épaule.
jets de luxe et de toilette, Prov. 31, 24. CENCHREE, port de Corinthe, assez
Elles étaient communes aux hommes et éloigné de cette ville, dont il était comme
aux femmes, un peu plus fines pour ces un faubourg. C'est là que saint Paul, avant
dernières, mais variaient beaucoup dans de s'embarquer pour Jérusalem , se fit
leur forme et dans leur tissu, suivant la couper les cheveux à cause d'un vœu qu'il
richesse et la condition des personnes : avait fait, Act. 18, 18. La diaconesse Phœ
pour les pauvres elles étaient simplement bé qui figure en tête des personnes que
de cuir, et fort larges, de près d'un de saint Paul fait saluer à Rome, appartenait
mi-pied, 2 R. 1, 8. Matth. 3, 4. Marc 1, 6.; à l'église de cette petite ville, Rom. 16, 1.
pour les riches, elles étaient de fin lin, CENDRES. « Jenesuis que poussière et
Jér. 13, 1., de coton, Ezéch. 16, 10., et que cendres, » dit Abraham, Gen. 18, 27.,
quelquefois de soie, larges seulement de pour exprimer le sentiment qu'il a de son
quatre doigts, et précieusement ornées néant, cf. Job 34, 15. S'asseoir sur la cen
d'or et de pierreries, Dan. 10, 5., sur dre était une marque de deuil et de re
tout les ceintures de femmes, qui sont pentance, Jon. 3, 6. 2 Sam. 13, 19. Ps.
comptées au nombre des plus beaux ob 102, 9. Lam. 3,16. Dieu menace de faire
jets de la toilette féminine, Es. 3, 20.24. tomber des cendres au lieu de pluie sur
Les hommes portaient ordinairement la les terres d'Israël, si son peuple est in
ceinture à la hauteur des reins, 1 R. 2, 5. fidèle aux lois qu'il lui a données, Deut.
18, 46. Jér. 13, 11. Apoc. 1, 13. 15, 6.; 28, 24. A côté de ces diverses significa
les prêtres la portaient volontiers plus tions qui toutes ont un caractère de dou
haut, sur la poitrine, et les femmes un leur et d'affliction, la cendre avait en
peu plus bas et moins serrée , sur les core une signification symbolique tirée
hanches, comme cela se voit encore en des propriétés purifiantes dont elle jouit ;
Orient. La ceinture des prêtres avait un on composait une espèce d'eau lustrale
nom particulier, et s'attachait par-devant avec les cendres de la vache rousse qu'on
de manière que ses deux extrémités tom immolait dans le grand jour des expia
baient presque à terre. tions, Nomb. 19, 17. cf. Héb. 9, 13.
C'est à la ceinture que les anciens at v. Deuil et Purifications.
tachaient, comme on le fait encore de nos CENE. Repas institué par notre Sau
jours, leur épée, Jug. 3, 16.2 Sam. 20, veur, en souvenir de sa mort; simple in
8. etc., en sorte qu'une ceinture ferme et stitution de Jésus, qui est devenue l'acte
solide pouvait être regardée comme fai principal d'un culte redescendu jusqu'à
Sant partie de l'équipement militaire, Es. la plus flagrante des idolâtries ! Pour re
5, 27. On y portait encore les matériaux venir à son établissement primitif, il faut
nécessaires pour écrire, Ez. 9, 2., et de recourir à l'Evangile de saint Jean, 13, 1.
l'argent, Matth. 10, 9. Marc 6, 8., cf. 2 sq. et à 1 Cor. 11, 23. Le sujet a depuis
Sam. 18, 11. Remettre à quelqu'un sa trop longtemps perdu sa fraîcheur, et
ceinture était à la fois une marque de con avec elle sa simplicité , pour que nous
fiance et d'amitié, 1 Sam. 18, 4.; c'était puissions facilement invoquer ici l'im
aussi le symbole de l'entrée en charge pression d'une première lecture. Et ce
d'un fonctionnaire militaire ou civil, Es. pendant c'est ce qu'il faudrait avant tout.
CEN 179 CEN

ll serait même convenable d'user , ici loppements ou les modifications que les
C0mme en tant d'autres questions, des apôtres ont pu apporter à une institution
termes les plus simples que comporte le du Christ, ont d'après les propres paro
sujet, et de quitter des expressions tirées les du Seigneur, autant d'autorité que les
des langues étrangères, pour nous ser siennes mêmes. N'a-t-on pas vu déja, sous
vir des termes plus clairs de notre langue l'ancienne alliance, une foule de lois don
habituelle. Cène signifie souper, repas : nées par l'Eternel, subir au bout d'un
lisez l'institution elle-même, et vous y temps plus ou moins long, des modifica
retrouverez un souper, un repas , celui tions, quelques-unes assez importantes,
que tous les Juifs faisaient et avaient fait sans doute provoquées par l'Esprit même
depuis des siècles pour célébrer la Pâque, de Dieu , mais qui ne se présentent que
- tandis que le mot de Cène, et bien comme des faits, ou comme les idées du
plus encore celui d'Eucharistie, réveil peuple, d'un roi, ou d'un prophète, aux
lent des idées, ou vagues ou fausses, qui quelles Dieu donne après coup son ap
peuvent être venues après coup, et qui probation et le sceau d'une institution di
permettent de parler de « mystères, » et vine ? Il y aurait une foule d'exemples à
de « terribles mystères , puis d'une sain citer ici ; nous n'alléguerons que les mo
leté extraordinaire des prêtres qui doi difications considérables que subirent né
Vent les célébrer, et de cent autres su cessairement, soit le culte depuis l'érec
perstitions semblables. tion d'un temple, soit plusieurs lois ci
Notre Sauveur, en instituant cette céré viles depuis l'établissement de la royau
monie qui n'est nulle part, non plus que té. Disons encore le fait singulier que,
le baptème, appelée un sacrement, sem sous Moïse et en la présence de Moïse,
ble avoir usé de cette largeur divine, de le peuple entier des Israélites reste 38
cette absence de précision, qui ne dif ans Sans donner à ses enfants cette cir
fère de la négligence qu'en ce qu'elle a concision qui lui était si positivement
été volontaire, et qu'elle paraît avoir eu commandée Jos. 5, 5. !
pour but de laisser, dans certaines bor Or ne serait-il pas permis de penser
nes, les esprits divers envisager l'insti que Jésus ayant donné la règle générale
tution sous diverses faces. C'est le ca et fondamentale, les apôtres chargés de
ractère constant du langage et l'action de l'application, et les fidèles qui voulaient
Dieu dans les choses de ce genre. Cepen y participer, se sentirent pressés, dans
dant il doit y avoir dans cette institution le cas dont il s'agit, de se réunir entre
une vérité fondamentale, et selon nous la eux seuls, pour prendre en paix et sans
voici : Comme un apôtre nous dit plus obstacles ce repas commémoratoire, et
lard que, soit que nous mangions, soit pour pouvoir célébrer sans trouble le
que nous buvions, nous devons tout faire bienfait de leur rédemption ? Le pou
à la gloire du Seigneur, 1 Cor. 10, 31., Vaient-ils toujours dans leur repas ordi
ainsi, depuis la mort expiatoire de Jésus, naire ? Un mari chrétien avec une femme
ses disciples ne devaient plus perdre de païenne, ou l'inverse , des enfants ou des
Vue ce grand sacrifice : tout devait le leur parents, les uns convertis, lesautres non,
rappeler; et toutes les fois en particulier n'auraient-ils pas été mille fois empêchés
qu'ils prendraient leur repas, qu'ils rom de prendre leur repas de la manière que
praient le pain, ou qu'ils boiraient à la Jésus avait indiqué, c'est-à-dire de pren
coupe comme ils le faisaient en ce mo dre le repas du Seigneur ?Ils se réunirent
IDent, ils devaient se souvenir de la mort donc à cet effet; et différents endroits du
que le Rédempteur avait subie, et l'an livre des Actes nous le prouvent jusqu'à
noncer jusqu'à ce qu'il revint, Luc 22, l'évidence. Les apôtres allaient de maison
19. Sans doute la Cène prit, dès les pre en maison rompant le pain, tous les jours,
miers moments de la pratique, une forme 2, 46. Les Corinthiens de même faisaient
un peu différente, mais ce fait n'est point un repas c0mmun, et saint Paul ne blâme
en contradiction avec l'institution telle point chez eux ce fait, mais uniquement
que nous venons de la définir. Les déve la manière dont il se passait, en leur di
CEN 180 CER

sant que s'ils se réunissaient uniquement tôt « quand il a quelque chose contre
pour manger, ils pouvaient le faire chez nous, » et que nous n'avons pas fait notre
eux, tandis qu'ici c'était le repas du Sei possible pour l'apaiser, Matth. 5, 23.24.
gneur, — mais un repas, 1 Cor. 11, 20 Il s'agit là de tout acte de culte quelcon
22. De là les agapes ou repas de charité. que, lecture, prédication, chant, prière
Peut-être aussi la modification apostoli même et autres. La cène n'est ni notre
que eut-elle pour motif notre légèreté offrande, ni une offrande ou un sacrifice;
maturelle et ce besoin que l'homme, même elle en est simplement la commémoration.
le plus pieux, éprouve d'être rappelé au « Non que Christ s'offre plusieurs fois lui
sérieux par une cérémonie rare et impo même; mais ayant été offert une seule fois
Sante. * •

pour ôter les péchés, » etc. Héb. 9, 25


· Sans doute, la Cène modifiée de bonne 28.; cf. 10, 10. : « l'oblation qui a été faite
heure par des raisons du genre de celles une seule fois du corps de Christ. » — v.
qu'on vient d'indiquer, n'est plus qu'un encore les art. Coupe, et Pâques.
semblant de repas : mais cela suffit, l'idée CENS ou Capitation, impôt d'un demi
est conservée. Seulement il faut que cette sicle (1 fr. 65 c.) que chaque Israélife
idée primitive ne soitjamais perdue devue, devait payer en passant par le dénombre
afin qu'on ne tombe pas dans les diverses ment. Ex. 30, 13. Quelques-uns pensent
superstitions, parfoisbien grossières,qu'a que c'était un impôt annuel, d'autres que
enfantées une interprétation littérale, ma chaque lsraélite le payait une fois dans sa
térielle de l'institution du Sauveur. Ce vie, pour « faire le rachat de leurs person
principe est le seul qui unisse, et qui sé nes; » d'autres croient qu'on n'était tenu
are dûment le symbole et son objet. On de le payer qu'aux époques de dénombre
vu,àl'article Baptême, combienlessym ment, et que ce fut pour y avoir manqué
boles étaient naturels et parlants; on a vu qne David vit son peuple atteint de morta
en même temps qu'il ne fallait pas les lité; d'autres enfin croient que cet impôt
confondre avec l'objet même qu'ils repré fut ordonné à Moïse, par extraordinaire,
sentent. La Cène n'a par elle-même au et qu'il devait être décrété de nouveau à
cune vertu intrinsèque : elle a une pro des époques indéterminées, sans avoir
fonde réalité à cause de la foi qu'elle été jamais un impôt régulier. Le revenu
nourrit et qu'elle ranime; par contre elle de cet impôt était affecté au service du
peut aussi très bien produire des effets temple.—Au retour de la captivité, un im
factices et trompeurs, à cause des idées pôt annuel d'un tiers de sicle fut établi
dont l'imagination ou la superstition l'ont pour les frais du culte. Néh. 10, 32.—
entourée; voilà la messe. Après la ruine du temple de Jérusalem,
Les mots de Jean, 6, 48-58., n'ont au les Romains obligèrent les Juifs à payer
cun rapport à cette cérémonie. Jésus lui un demi-sicle par tête pour l'entretien
même, après avoir parlé de manger sa du temple de Jupiter Capitoliuus.
chair, et de boire son sang, ajoute que CEPHAS, v. Pierre.
« ses paroles sont esprit et vie », et que CERCUEIL. Les Egyptiens et les Hé
« la chair ne sert de rien » , 6, 63. breux s'en servaient même lorsqu'ils em
La communion indigne, 1 Cor. 11, baumaient leurs morts. Les cercueils
27. 29., consiste simplement à se rendre étaient proportionnés à la taille du défunt,
à cette cérémonie en en oubliant le but, à sa qualité, et au prix que l'on voulait y
ou en y apportant de mauvaises disposi mettre. Quelquefois le dessus du cercueil
tions, de bravade ou d'hypocrisie. Celui indiquait le nom et les titres de la per
qui y reçoit sa condamnation serait déjà sonne qui y était renfermée, et si c'était
condamné sans cela. un homme ou une femme, etc. Des figu
Disons enfin que c'est bien à tort qu'on res, des peintures ou d'autres ornements
applique généralement à la seule cène le accompagnaient les couvercles du cer
commandement que Dieu nous donne de cueil des grands personnages. — v. Sé
laisser là notre offrande quand nous avons pulcres.
quelque chose contre notre frére, ou plu CERF, animal que les Hébreux dési
CER 181 CES,

gnaient ordinairement sous les noms de sait aussi que les Orientaux avaient cou
ayal, ayalah, ayèleth, sans en distinguer, tume de mêler d'eau leurs boissons fortes
comme nous, les différentes espèces et pour les rendre plus douces, plus agréa
familles; c'est ainsi que les antilopes et bles, et plus appropriées à leurs besoins.
les gazelles étaient probablement com CESAR, nom commun aux empereurs
prises sous le même nom général, quoique de Rome , et un de leurs titres depuis
la gazelle, q. v., eût aussi le nom particu Jules César jusqu'à la ruine de l'empire
culier de Tsebi. Le cerf est très connu; il romain; c'est probablement le même mot
se rencontre jusque dans les forêts de que le Czar des Russes, et le Kaiser des
l'Asie méridionale. Les Hébreux le comp Allemands. Quoique l'Ecriture Sainte
laient au nombre des animaux purs, de mentionne quelquefois les empereurs sous
même que le daim, Deut. 12, 15. 14, 5.1 leur propre nom, elle les appelle plutôt
R. 4, 23. La course rapide de ce gracieux et généralement Césars, parce que ce
animal, Gen. 49, 21., est souvent célébrée qu'elle en dit se rapporte aux empereurs
par les poètes sacrés. Ps. 18, 34.2 Sam. comme tels, plutôt qu'aux individus :
22, 34.Cant. 2, 9. 17. 8, 14. Es. 35, 6., ainsi dans Matth. 22, 21, « Rendez à César
cf. Virg. En. 6, 802. ce qui est à César, » il s'agit de Tibère;
CERVOISE, boisson dont le nom se Act. 25, 11., lorsque Paul en appela à
trouve toujours joint à celui du vin. Lév. César, il s'agit de Néron , les ordonnan
10.9. Nomb. 6, 3. Deut. 29, 6, Jug. 13, ces de César de Act. 17, 7. se rapportent
4.1 Sam. 1, 15. Prov. 20, 1. 31, 4. Un à Claude. Ce dernier empereur est nommé
des vœux du Nazaréat était l'abstinence de son nom Act. 11, 28; Auguste, Luc, 2,
de cette boisson comme de toute autre 1. et Tibère, Luc. 3, 1. Néron n'est ja
boisson fermentée. On ne sait pas exac mais nommé directement. - v. ces dif
tement ce qu'était la cervoise, probable férents articles. - * -

ment une espèce de vin falsifié dont les CÉSARÉE. Il y avait deux villes de ce
anciens fabriquaient diverses sortes; nom en Palestine, 1° La première, qu'on
Pline parle (14, 19.) de vin d'orge, et d'un appelait simplement Césarée, ou aussi
vin de dattes que l'on préparait dans tout Césarée de Palestine, était située au bord
l'Orient, en laissant infuser quelque de la Méditerranée, non loin du promon
temps des dattes dans une quantité d'eau toire du mont Carmel. Primitivement
suffisante, et en les pressant ensuite connue sous le nom de Tour de Straton,
c0mme des raisins dans la cuve; cette elle fut nommée Césarée par Hérode le
boisson ne paraît pas cependant avoir Grand , qui l'étendit considérablement
été très saine; elle causait d'assez fré en l'honneur d'Auguste, l'embellit , lui
quents maux de tête. Les Talmudistes donna à grands frais un port sûr, et la
mentionnent encore un vin de miel dont fortifia pour se protéger contre les Juifs
le mode de fabrication est inconnu. C'est qu'il gouvernait. Un certain nombre de
entre le vin d'orge et le vin de dattes Juifs s'y étaient établis, qui vivaient en
qu'il faut probablement opter pour trou dissensions continuelles avec les Grecs
ver la cervoise. Saint Jérôme qui parle et les Syriens qui s'y trouvaient. Les Ro
des diverses boissons que nous venons mains, en firent, avant la destruction de
de nommer, ne se prononce pour aucune, Jérusalem, la résidence du gouverneur
et définit en général la cervoise (sicera) de la Palestine, qui montait à Jérusa
t0ute boisson enivrante. Le passage Es. lem lors des fètes solennelles (ainsi qu'on
5, 22. doit se traduire : « Malheur à ceux le voit par la vie de Pilate), c'était aussi
qui sont...vaillants à méler la cervoise ! » le point central de leurs forces militaires
La question est de savoir si le prophète a dans ce pays, et le siége principal de
Voulu dire mettre de l'eau dans la cer l'administration et de la justice. Cette
V0ise, ou l'assaisonner d'épices fortes et ville n'est plus maintenant, sous le nom
savoureuses, de myrrhe, etc.; le nexe de de Kaisarié, qu'un grand amas de ruines
la phrase favoriserait cette dernière ex inhabitées ; ses murailles , relevées par
plication (Winer, Gesenius,); mais on saint Louis pendant sa croisade, sont
CES 182 CHA

néanmoins intactes et bien conservées ; que le Seigneur, après avoir admiré la


des sangliers et des chacals seuls en font foi de la Cananéenne, eût aussi la joie
leur repaire; une source abondante qui d'entendre Pierre lui répondre ce que
se trouve au milieu de la ville, y attire l'Esprit seul avait pu lui révéler : « Tu es
encore quelquefois les troupeaux voisins, le Christ, le Fils du Dieu vivant,» Matth.
qui viennent s'y abreuver d'une distance 16, Marc 8, Luc9,. C'est peut-être encore
de près de dix kilomètres. sur une des sommités de l'Hermon , et
Un des chefs de la garnison de Césa dans le voisinage de cette ville, qu'eut
rée, Corneille, fut le premier des païens lieu la transfiguration.
qui fut amené à la connaissance de l'E- CHABOR, 2 Rois 17, 6. 18, 11. 1 Chr.
vangile , Act. 10 et 11. Ce fut aussi dans 5, 26. Contrée ou, d'après une autre con
cette ville qu'Hérode Agrippa, petit-fils struction, fleuve du pays de Gozan. Dans
d'Hérode 1er , se rendit , après avoir le premier cas, ce seraient peut-être les
fait mourir les gardes de la prison d'où alentours des monts Chaboras, placés par
Pierre était sorti miraculeusement, et Ptolémée (6, 1.) entre la Médie et l'As
qu'il fut frappé de l'ange du Seigneur, syrie; dans l'autre cas, le fleuve Chaboras
pour avoir souffert que les ambassadeurs qui descend de ces monts et se jette dans
des Tyriens et des Sidoniens l'appelas le Tigre. Peut-être aussi faut-il l'identi
sent un Dieu, 12, 19.-23. Paul aussi vînt fier avec le Kébar de Ezéch. 1, 3., qui se
plusieurs fois à Césarée : poursuivi, peu jette dans l'Euphrate, v. Kébar.
de temps après sa conversion , par les CHACAL, nom turc et persan d'un
Juifs hellénistes, il fut conduit par les animal qui tient une espèce de milieu
frères à Césarée, d'où ils l'envoyèrent à entre le renard et le loup; c'est le lupus
Tarse, 9, 29.30. Au retour de son se aureus des Latins, et le loup doré des
cond voyage de mission, il débarqua à Allemands. On le trouve en Perse, en
Césarée, se rendant à Jérusalem pour la Arménie, en Arabie, et jusqu'en Syrie et
fête, 18, 22. Enfin il v aborda encore au en Palestine ; sa longueur, la queue com
retour de son dernier voyage; à Jérusa prise, est de 1 mètre 25 c.; il ressemble
lem, il n'échappa à la fureur des Juifs que par sa forme et par son poil, au renard,
par la protection divine, et fut conduit avec lequel on le confondrait aisément
par le tribun romain à Antipatris, puis àau premier coup-d'œil; sa tête cependant,
Césarée où il resta deux ans, 23, 33. 24, fauve comme celle du loup, se rappro
27. 27, 1. Philippe, l'un des sept diacres, che davantage de la tête du chien de ber
était de Césarée où il était établi, 21.8. ger; elle est allongée, et compte jusqu'à
2° Césarée de Philippe, Matth. 16, 13. 10 ou 12 centimètres. La queue est
Marc 8, 27., ville au pied du Liban, près ronde, roide, très-fournie, et noire à son
de l'Hermon, non loin des sources du extrémité. Les yeux sont grands. Le jour
Jourdain, à une journée de Sidon, et à cet animal se tient tranquille dans sa ca
une journée et demie de Damas. Située verne, ou dans son bois; mais la nuit
près de la montagne du Panius, consa on le voit courir au pillage, et souvent
crée au dieu Pan, elle portait ancienne par bandes d'environ 200, jusque dans
ment le nom de Panéade, et reçut du té le voisinage des villes. Il se nourrit de
trarque Philippe, en l'honneur de l'em volaille, de charognes déterrées, et at
pereur, le nom de Césarée, auquel on taque les enfants qui sont sans défense.
ajouta celuide Philippe pour la distinguer On prétend que son hurlement nocturne
de l'autre Césarée; elle ne tarda pas à a beaucoup de rapport avec les cris d'un
reprendre son ancien nom après la mort enfant.
de celui qu'elle devait célébrer, et l'on Au milieu de toute l'obscurité qui rè
voit dans cette circonstance une preuve gne sur l'histoire naturelle des Hèbreux,
de plus que les écrivains sacrés étaient et Sur la manière dont on doit traduire
contemporains de l'époque dont ils par les noms hébreux désignant des animaux
lent : un auteur postérieur eût ignoré ou sauvages et peu connus, les naturalistes
oublié ce changement de nom. C'est là et les théologiens ont cru devoir enten
CHA 183 CHA

dre le chacal par le mot Yim des passages habitants de Jérusalem assiégés par leurs
Es. 13, 22. 34, 14. Jér. 50, 39. que nos ennemis y seront réduits, au point qu'ils
versions traduisent par « les bêtes sau dévoreront la chair de leurs propres en
yages des îles ou des déserts. » L'animal fants. — La chair des impudiques est
appelé Thannim ou Thannin, Job 30, 29. comparée à celle des ânes, elle est dure
Mic. 1, 8. Es. 43, 20., et qui se traduit comme celle des chevaux, Ez. 23, 20.
par dragons dans nos Bibles, est peut Dans Prov. 5, 11., ce mot a peut-être
être aussi le chacal, mais c'est très in une signification plus particulière; en par
Certain , quelques-uns le rendent par lant des hommes qui commettent le pé
chien sauvage, d'autres par loup, et l'a- ché d'impureté, le Sage'dit que leur chair
malogie de l'arabe favoriserait cette der est consumée par les maladies.
Ilière traduction. Il y a cependant en Quant à la chair des animaux, la loi de
Orient une autre espèce de chien-loup Moïse avait sans doute, sous le double
appelé le chien de Syrie, qui ressemble point de vue hygiénique et moral, dé
encore plus au renard que le chacal, mais claré certaines viandes impures, et d'au
avec le museau moins allongé, les pieds tres pures et propres à être mangées, Lév.
plus courts; la peau brune, blanchâtre 11. Les Hébreux se nourrissaient volon
Sur le cou; les oreilles courtes, presque tiers de brebis, Es. 53, 7. Am. 6, 4. ;
blanches en dedans; sa tête tient de celle de veaux, 1 Sam. 28, 24. Gen. 18,7. Am.
du loup; son cri féroce et plaintif ex 6, 4. Luc 15, 23.; de bœufs, Es. 22, 13.
prime la joie et la volupté plus que la Prov. 15, 17. 1 Rois 4, 23. Matth. 22, 4.;
faim. Il serait possible que ce fût là l'a- de jeunes chèvres, 1 Sam. 16, 20.; de gi
nimal dont parlent les auteurs sacrés bier et de volaille, 1 Rois 4, 23 (le mot
S0us le nom de Thannim; c'est l'opinion hébreu barburim, employé dans ce der
d'un savant allemand, Ehrenberg, devant nier passage, signifie selon les uns des
laquelle Winer reste sans oser se décider. chapons, selon d'autres des oies). Ce
CHAIR. Le mot chair se prend dans pendant les riches seuls faisaient de la
IEcriture sainte dans différentes accep viande un usage habituel, 1 Rois 4, 23.
lions. Il signifie l'homme, les hommes, Néh. 5, 18. Les pauvres n'en mangeaient
l'humanité, Jos. 23, 14. Gen. 6, 12. ;-les que les jours de fête, ou dans des occa
ètres vivants et les animaux, Gen. 7, 15. sions solennelles, Luc 15, 23., ainsi que
16.;- des relations de parenté, Gen. 29, font encore aujourd'hui les Arabes. L'é-
14.37, 27. 2 Sam. 5, 1.1 Chr. 11, 1. La paule était la partie la plus recherchée.
chair est souvent opposée à l'esprit, Gal. Les Hébreux n'avaient pas le droit de
5, 16.17. 19.24. Dans ces passages elle manger des viandes dans lesquelles se
est représentée comme ayant des appé trouvait du sang, parce que, dit le légis
lits à elle, ses passions, ses voluptés ; ses lateur, l'âme de la bête est dans son sang,
Œuvres, ses fruits sont les impuretés , Gen. 9, 4. Lév. 3, 17. 7, 26.17, 10. Deut.
l'orgueil et la haine. Ces questions de 12, 27.; cette défense semble avoir été
psychologie semblent résolues par la Bi reproduite par les apôtres pour les mem
ble dans un sens presque matérialiste. bres de la nouvelle alliance, Act. 15, 20.
Sans entrer à cet égard dans un examen 29. Ils ne pouvaient pas toucher non plus
épineux, qui appartient d'ailleurs à la à des viandes qui avaient été d'abord sa
dogmatique plus qu'à notre travail, nous crifiées à des idoles , et les judéo-chré
n0us bornerons à faire remarquer le pas tiens continuèrent d'observer cette règle,
sage Eph. 2, 3., où saint Paul distingue mais ils en furent dispensés pour les cas
entre les désirs de la chair et ceux de où ces viandes leur seraient présentées
l'esprit. Il semble qu'il y ait, Job 19, 22. dans des repas ou à la boucherie, sans
31, 31. cf. Ps. 27, 2. Jér. 19, 9. Lam. 2, qu'ils en pussent connaître l'histoire et
20. 4, 10. Ez. 5, 10., une allusion à l'an l'origine; ils ne durent s'en abstenir que
cien cannibalisme, coutume barbare dont lorsque des frères faibles leur feraient
le pieux affligé craint d'être la victime, observer qu'elles avaient servi à des sa
et dont les prophètes annoncent que les crifices, et cela à cause de la conscience
CHA 184 CHA

de leurs frères, qui pourrait en être bles dans l'espèce du chameau. Le dromadaire
sée, 1 Cor. 8 ; 10, 25. Dom Calmet fait n'a qu'une bosse, et se trouve en Syrie
observer à ce sujet qu'en effet « le royau et en Palestine sous le nom de chameau
me de Dieu ne consiste pas dans la nour turcoman , chameau arabe : il ne porte
riture, ni dans le choix des viandes et des que 3 à 400 kilog. Le chameau proprement
boissons, » Rom. 14, 17.1 Cor. 8, 8., et dit, ou chameau à deux bosses, est plus
les chrétiens savent qu'à cet égard au grand et plus fort; il porte jusqu'à 800
cune règle ne leur est imposée de la part kilog.; on le distingue du dromadaire par
de Dieu , mais bien de la part de quel les noms de chameau bactrien ou chameau
ques hommes qui « se sont révoltés de la turc; mais il est plus délicat, il craint da
foi, s'adonnant aux esprits séducteurs et vantage la chaleur, et l'on ne peut pas
aux doctrines des démons, enseignant des s'en servir dans les mois les plus chauds
mensonges par hypocrisie, et ayant une de l'année. L'espèce du dromadaire est
conscience cautérisée, défendant de se beaucoup plus nombreuse et plus répan
marier , commandant de s'abstenir des due que celle du chameau : mais l'une et
viandes que Dieu a créées pour les fidè l'autre sont circonscrites entre la Chine
les. » 1 Tim. 4, 1-3. et l'Arabie, sans s'élever plus au nord ni
CHALACH, 2 Rois 17, 6. 18, 11. Peut descendre jusqu'aux Indes.
être le même endroit que Calah q. v.; mais Si pendant sa vie le chameau peut rem
l'un et l'autre sont peu connus. On com placer à la fois, et avantageusement, le
pare la province de la Calachène dont cheval pour la course et le trait, la vache
parlent Ptolémée et Strabon, qui était si pour le lait, l'âne par sa sobriété, la bre
tuée entre les sources du Lycus et du Ti bis par son poil qui tombe chaque année,
gre; — ou encore la ville arabe de Chol et enfin le bois par sa fiente, que les Ara
wan, ancienne résidence d'été des califes, bes font sécher au soleil et qu'ils font
à cinq journées de Bagdad, située d'après brûler ensuite, il sert encore après sa
d'Anville entre le 63° et 64° longitude et mort, et aucune partie de cet utile animal
le 34o et 35° latitude. Il y a de la marge ne se perd. Quand on le tue, sa chair
pour choisir. nOurrit les Arabes, Ou bien les caravanes
CHALCÉDOINE, le troisième fonde altérées trouvent dans ses quatre esto
ment de la nouvelle Jérusalem, Apoc. 21, macs de l'eau pour apaiser la soif qui
19. C'est une pierre précieuse , à moitié les dévore; souvent même, au milieu des
transparente, bleu de ciel, nuancée d'au déserts, on le tue tout exprès pour boire
tres couleurs , elle correspond à l'agathe, cette eau, lorsque rien ne fait espérer
Ex. 28, 19., et l'on trouve une agathe qu'on en puisse trouver ailleurs. Sa peau
chalcédoine qui semble être une forte sert à faire des sandales ou des outres
combinaison des deux substances. solides et d'une grande capacité, dans
CHAMBRE haute, v. Maisons. lesquelles on conserve et transporte de
CHAMEAU. Cet animal, maigre sans fi l'eau, du beurre, des grains et tels autres
nesse, élancé sans élégance, léger sans objets de commerce ou d'utilité particu
grâce, est trop connu pour que nous ayons lière. On en fait aussi des courroies et
à parler de son gros dos, de son cou sec des cordelettes dont on se sert en en at
et long, de sa petite tête, de ses courtes tachant cinq ou six les unes aux autres,
oreilles, de son poil gris ou fauve. Il a pour puiser l'eau des citernes. Quelque
de 2 mètres à 2 mètres 1/2 de hauteur. fois encore, on étend des peaux tout en
L'excroissance grasse , glanduleuse et tières, dans lesquelles on recueille la ro
charnue qu'il porte sur le dos fournit sée et la pluie du ciel , et ces citernes
aux Arabes une nourriture succulente et artificielles servent à abreuver les trou
recherchée, aux voyageurs un siége sûr peauX.
et solide. Les noms de dromadaire et de Les patriarches regardaient déjà le cha
chameau n'indiquent pas deux espèces meau comme une de leurs principales ri
différentes, mais seulement deux familles chesses, Gen. 12, 16. 24, 10. 30, 43.31,
distinctes subsistant de temps immémorial 17. 32, 7. Job, dans le temps de sa pros
CHA 185 CHA

périté, possédait 3,000 chameaux ; plus des tapis, des sacs, ou de grossiers vê
tardil en eut jusqu'à 6,000, Job 1, 3.42, tements. L'apôtre de la solitude et de la
12.Les Madianites, les Hamalécites et les repentance, Jean-Baptiste, dont notre
peuplades voisines des Hébreux possé Sauveur a dit qu'il n'était point vêtu d'ha
daient des chameaux aussi nombreux que bits précieux, Matth. 11, 8., était en ef
lesable qui est au bord de la mer, Jug. 6, fet couvert d'un manteau de poil de cha
5.7, 12.1 Sam. 15, 3. 27, 9. Gen. 37, 25. meau, Matth. 3, 4.
ler. 49, 32. Les Israélites des temps pos Nous trouvons, Matth. 19, 24. Marc10,
lérieurs ne firent pas moins de cas de ces 25. Luc 18, 25., un proverbe cité par notre
utiles animaux, 1 Chron. 27, 30. Esd. 2, Seigneur, et qui n'est pas toujours bien
57. cf. Tobie 9, 1. Sa chair leur était in compris : « Je vous dis qu'il est plus aisé
lerdite comme impure, Lév. 11, 4. Deut. qu'un chameau passe par le trou d'une ai
14, 7.; mais il paraît que son lait ne l'é- guille, qu'il ne l'est qu'un riche entre dans
lait pas. On se servait des chameaux pour le royaume de Dieu. » Cette figure, peu en
le transport des marchandises ou des ba rapport avec celle que nous emploierions,
gages militaires, Gen. 37, 25. Jug. 6, 5. a paru à quelques interprètes si forcée,
l Rois 10, 2.2 Chron. 9, 1.2 Rois 8, 9. qu'ils ont cru devoir substituer au mot
Es. 21, 7.30. 6. 60, 6., à cause de leur grec camélos le mot camilos qui se pro
force, de leur sobriété, et de la sûreté de nonce à peu près de même, et qui signifie
leur pas dans les sables ou sur les mon une grosse corde, un cable de vaisseau ;
tagnes : ils servaient aussi de montures, rien n'empêche que cette variante ne soit
Gen. 24, 64. 1 Sam. 30, 17.; les femmes admise, rien, excepté cependant l'accord
s'asseyaient dans des espèces de corbeil des manuscrits. Mais comme cette va
les ou paniers, solidement attachés des riante, qui s'accommode assez avec n0s
deux côtés de l'animal, couverts d'un usages, ne s'accommode pas avec ceux de
dais et garnis de tentures, souvent ma l'Orient, il faut s'en tenir au texte ordi
gnifiques : on en voit un exemple , Gen. naire; c'était une habitude orientale, pour
31, 34. : les hommes cependant montaient exprimer la difficulté d'une chose, de dire
plus ordinairement, comme cela se fait qu'il serait plus facile de faire passer un
encore en Arabie, sur des selles légères, chameau, ou un éléphant, par le trou d'une
0u sur le poil nu de l'animal, comme sur aiguille.
nos chevaux. On employait aussi les cha CHAMEAUPARD, ou Caméléopard,
meaux dans les guerres; ils étaient ornés héb. Zémèr, animal dont Moïse permet
et équipés somptueusement. Ceux qui pa l'usage aux Hébreux. Les uns font du
rurent dans les guerres des Madianites chameaupard le produit d'une panthère
portaient des çroissants autour du cou, et d'un chameau, ou plutôt d'une cha
comme si le croissant eût déjà dû par melle et d'une panthère mâle ; mais outre
avance être le signe symbolique des infi que ce produit serait un animal fabuleux,
deles de l'Orient, Jug. 8, 21. 26. Cyrus on ne peut admettre que Moïse ait donné
avait également une cavalerie d'archers comme une viande pure, celle d'une bète
montés sur des chameaux, Es. 21, 7., et issue de deux bètes impures. D'autres
les historiens Hérodote et Xénophon ra pensent que par chameaupard ou Zémèr,
il faut entendre la girafe (Ostervald,
content que les chevaux de Crésus, effrayés
à la vue de ce spectacle inattendu , se Sacy); mais il est peu probable que Moïse
ruèrent sur leurs cavaliers et donnèrent ait donné une place dans la loi sur les
ainsi la victoire à Cyrus. Les Arabes, de viandes à cet animal qui appartient ex
n0s j0urs , montent des chameaux aussi clusivement aux régions brùlantes de
bien que des chevaux lorsqu'ils se met l'Inde au-delà du Gange. Luther enfin
lent en campagne. traduit Zémèr par élan; cette espèce de
Ainsi qu'on vient de le dire, cet animal cerf n'appartient point non plus aux lati
mlle chaque printemps, et perd en un ou tudes de l'Asie mineure , il habite les
deux jours tout son poil, qu'on recueille pays froids, et rien ne vient à l'appui de
avec soin, et dont on fait des couvertures, cette interprétation (Bochart, Gesenius,
CHA 186 CHA

Winer, Rosenmuller). L'opinion moderne clairait le tabernacle; on peut àjuste titre


est que le Zémèr doit signifier une espèce le considérer comme un symbole de la
particulière de gazelle ou d'antilope, sans Parole de Dieu, sans laquelle l'Eglise
que l'on puisse préciser laquelle. — Ce demeurerait dans les ténèbres , cf. Ps.
nom ne se trouve que Deut. 14, 5., ver 119, 105. 2 Pierre 1, 21. ll était formé
sion de Martin. d'un piédestal surmonté d'une lampe, et
CHAMOIS, Deut. 14, 5. Job 39, 4. Ps. duquel partaient six autres bras, trois de
104, 18. 1 Sam. 24, 3. D'après ces divers chaque côté , qui portaient six lampes
passages, l'animal hébreu Ack6 ou Yahel semblables à la première , toutes ornées
habite les rochers et les hautes monta de fleurs , de calices d'amandiers et de
gnes; on le trouvait en abondance dans pommes. Son apparence avait donc quel
les environs de Hen— Guédi; sa chair que rapport avec la forme d'un arbre, et
était pure, et il appartenait à la famille nous voyons aussi les effets de la Parole
des ruminants, avec l'ongle séparé et le de Dieu comparés au développement
pied fourchu. Ce sont les seuls caractè d'une plante, Jacq. 1, 21. Ps. 1, 2.3. Les
res auxquels nous puissions essayer de fleurs représenteraient alors la sainte joie
le reconnaître; nos versions françaises produite par la Parole divine, les pommes
ont traduit par chamois les deux noms ses qualités vivifiantes. Prov. 25, 11.Cant.
hébreux; Luther a fait une différence en 2, 5., et l'amandier son prompt accom
traduisant Ackô, Deut. 14, 5., par bou plissement, Jér. 1, 11. 12. (v. Amandier),
quetin, et Yahel dans les autres passages Nomb. 17, 8-10.
par chamois. Il est évident par le con Dans le temple de Salomon, au lieu
texte, comme par ce qui nous en est dit, d'un seul candélabre, il y en avait dix,
que c'est dans ces familles de chèvres également d'or pur, et de forme sem
sauvages que nous devons chercher l'a- blable, cinq au nord et cinq au midi,
nimal dont il s'agit, mais il est difficile 1 Rois 7, 49. 2 Chr. 4, 7., qui furent
d'en préciser l'espèce : l'analogie de l'a- tous transportés en Caldée, Jér. 52, 19.
rabe favorise davantage l'opinion qui tra Il paraît que, dans le temple de Zoroba
duit Yahel par bouquetin , et le plus bel, il n'y en avait de nouveau qu'un seul,
simple serait d'admettre peut-être que le 1 Macc. 1, 23, de même que plus tard
nom de Yahel se rapportait à l'espèce dans le temple d'Hérode, Josèphe, Bell.
tout entière, et que le féminin Yahaleh jud. 7, 5. 5. Ce chandelier, ainsi que la
désignerait le chamois, que l'on aurait table sainte, fut mis, après la destruction
regardé comme la femelle du bouquetin de Jérusalem, dans le temple que Vespa
(Gesenius). On trouve maintenant encore sien fit bâtir à la paix; sur l'arc de triom
des bouquetins dans les montagnes du phe de cet empereur, au mont Palatin, l'on
Liban et de l'Antiliban, même aussi dans voit encore parmi les monuments de sa
l'Arabie Pétrée , et des chamois sur le gloire, le chandelier des Juifs.
mont Carmel. — Le proverbe arabe «plus CHANGEURS, Matth. 21 , 12. Jean 2,
beau qu'un bouquetin, » s'appliquerait 15. L'impôt du temple, Ex. 30, 13., qui
mieux au gracieux chamois qu'à cet ani devait se payer annuellement pour les
mal grand-cornu ; il rappelle aussi la frais de culte et d'entretien, se percevait
comparaison de Salomon, Prov. 5, 19., chaque année à époque fixe. D'après un
où il est question de la femelle du cha ouvrage talmudique, on annonçait publi
· mois plutôt que de celle du cerf. On quement le 1er Adar (15 à 20 février) que
trouve encore, sur le mont Sinaï, une le moment du payement était venu ; le
troisième espèce de chèvre de montagne, 15 Adar, les changeurs ouvraient leurs
que les Arabes appellent Bedden, et qui bureaux dans les villes du pays, et se
paraît particulière à cette contrée. transportaient pour le 25 du même mois
CHANDELIER. Le chandelier sacré, à Jérusalem. Il fallait que les Juifs soumis
entièrement d'or, Ex. 25, 31-40., était à l'impôt eussent occasion de se procu
placé dans le lieu saint; il était continuel rer l'ancienne monnoie dans laquelle ils
lement allumé, et nulle autre lumière n'é- étaient obligés de s'acquitter, et les chan
CHA 187 CHA

geurs n'avaient guère autre chose à faire équipages d'apparat, 1 Sam. 8, 11.2Sam.
qu'à la leur fournir contre une espèce 15, 1., que des voitures de voyage ; on
d'agi0. Ce métier chez les Juifs remonte en trouve cependant, Gen. 45, 19., 1 Rois
à une haute antiquité. 12, 18. 22, 35. 2 Rois 9, 27. Act. 8, 28.
CHANTRES. Ce fut sous les règnes de La Palestine étant peu propre , à cause
David et de Salomon que des chantres de ses montagnes, à la circulation des
furent établis pour le service de l'autel et chars, les Israélites préféraient les mon
du temple, 1 Chr. 25, 1. sq.; ils furent tures aux attelages, et se servaient or
choisis parmi les Lévites qui, étant de dinairement d'ânes, de chevaux et de
venus fort nombreux et n'ayant plus à mulets : les chariots n'apparaissent que
s'occuper du désassemblement du taber rarement dans leur histoire, et presque
Bacle, pouvaient s'adonner à la musique toujours dans des occasions solennelles
avec d'autant plus de facilité qu'ils n'a- ou dans des moments extraordinaires ;
vaient pas à s'inquiéter de leur subsis ils formaient presque un apanage des
lance. Il y eut dès le commencement riches.
4000 chantres, conduits et dirigés par Les chariots dont l'Ecriture parle le
Asaph, Héman et Jéduthun, chefs de la plus souvent sont les chariots de guerre ;
musique. Les vingt-quatre fils de ces trois ils étaient de deux sortes, ceux qui ser
Lévites étaient à la tête de vingt-quatre vaient aux princes et aux généraux, et
c0mpagnies de chanteurs, et chacun d'eux ceux que l'on envoyait, armés de fer,
avait encore sous sa direction onze maî pour briser les rangs des ennemis, et
tres d'un rang inférieur, sans doute pour ravager leurs armées : on trouve même,
conduire les chœurs et faire des répéti 2 Macc. 13, 2., des chariots armés de
tions partielles : il n'y avait pas de fem faux, que le roi de Syrie amenait contre
mes au milieu d'eux (v. cependant 1 Chr. la Judée. Les auteurs profanes, Diodore
25, 5.) Dans les cérémonies solennelles, de Sicile, Quinte-Curce, Xénophon, ra
lesKéhathites occupaient le milieu du tem content combien étaient effroyables dans
ple, les Mérarites la gauche, et les Guer leurs effets, ces machines roulantes, hé
sonites la droite. Ils ne portaient pas rissées de piques et de lances de tous les
ºrdinairement de costume particulier; cotés; au timon, des piques avec des
cependant lors de la translation de l'arche pointes de fer qui regardaient en avant ;
dans le temple de Salomon, ils parurent au joug des chevaux, deux pointes lon
Vêtus de tuniques de fin lin, 2 Chr. 5, 12. gues de trois coudées; et partout des
-Le maître-chantre (Menazéach) auquel crocs de fer. Quelquefois on mettait en
llh grand nombre de Psaumes sont c0n core sur ces chariots plusieurs hommes
sacrés ou dédiés, n'était probablement bien armés, qui combattaient à coups de
pas ce que nous appelons chez nous un dards et de flèches. L'essieu était plus
dantre, celui qui donne le ton et qui long que celui des chars ordinaires, et les
conduit le chant, mais un chef de musi roues plus larges et plus fortes, pour
que, chargé de faire répéter et exécuter pouvoir résister à l'effort du mouvement,
les morceaux qui lui étaient confiés; et et afin que le chariot fût moins sujet à
cetteinscription semble désigner les psau verser, au milieu des heurts et des chocs
mes qui étaient plus particulièrement due sa forme irrégulière pouvait lui faire
destinés à être chantés, et qui avaient un rencontrer. Le siége du cocher était une
caractère public. espèce de petite tour de bois bien solide,
CHARS, Chariots. Nous trouvons déjà à hauteur d'appui, et le cocher s'y tenait,
dans l'ancienne histoire d'Israël les cha armé de toutes pièces et couvert de fer.
riots employés comme moyens de trans Les plus anciens chariots de guerre
pºrt pour les vases du tabernacle, Nomb. dont on ait connaissance sont ceux de
7.3., pour l'arche, 1 Sam. 6, 7.8., 2 Sam. Pharaon , qui furent submergés dans la
". 3., pour fouler le grain, Amos 2, 13., mer Rouge. Nous en voyons encore dans
ºu pour conduire des princes et des rois : l'armée des Cananéens. Jos. 11, 4., dans
lans ce dernier cas, c'étaient plutôt des celle des habitants de la vallée que la
CHA 188 CHA

tribu de Juda ne put déposséder, Jug. 1, question de savoir s'ils ont été réels ou
19., dans celle de Siséra, Jug. 4, 3., chez s'ils n'ont été qu'apparents. Il y a des
les Philistins qui, dans leur guerre con chariots de feu dans l'armée qui veille
tre Saül, ne comptèrent pas moins de autour des rachetés de Jésus. Et le paga
30,000 chariots attelés et 6,000 chevaux nisme qui, souvent, n'est qu'une gros
de cavalerie, 1 Sam. 13, 5., et, enfin, dans sière défiguration de la vérité, avait aussi
l'armée de Hadarhéser, à qui David prit cOnsacré à ses divinités des chars et des
mille chariots, dont il conserva cent pour chevaux; Hérodote, Xénophon et Quinte
Son usage ; mais il ne paraît pas que ni Curce parlent des chariots blancs, traînés
lui, ni aucun autre roi hébreu, se soient par de magnifiques chevaux de la même
jamais servis de chariots pour la guerre, couleur et couronnés de guirlandes, que
et nous ne voyons aucune expédition dans les Perses consacraient au soleil dans
laquelle Salomon ait employé un seul des leurs cérémonies solennelles. Le roi Jo
4,400 chariots et des 12,000 chevaux sias fit brûler des chariots que ses pré
qu'il possédait, 1 Rois 10, 26.; aussi l'in décesseurs avaient voué au culte de cet
égalité du terrain en eût-elle rendu l'u- astre, 2 Rois 23, 11.
Sage fort inutile et fort embarrassant. L'Ecriture parle encore d'une autre es
Quant aux chars que montaient les pèce de chariots, ceux des aires, dont on
rois et les généraux dans les batailles, on se servait pour briser la paille ou pour
n'en connaît pas bien la forme ; mais on séparer le grain de l'épi, v. Es. 25, 10.
peut croire qu'à l'exception des acces 28, 27.41, 15. Am. 1, 3. 2, 13. Ils étaient
Soires meurtriers, elle se rapprochaitas portés sur des roues fort basses, gar
sez de celle des autres chariots de guerre nies de fer, qu'on roulait sur la paille ;
par la longueur de l'essieu et le peu de d'autres fois même c'étaient de simples
hauteur des roues; ils étaient ordinaire rouleaux de bois armés de crocs, des es
ment suivis d'un autre chariot vide, afin pèces de herses, 2 Sam. 12, 31.,que l'on
que s'il arrivait un accident au premier, faisait passer sur les gerbes; cf. Virgile;
la course et les travaux du roi ne fussent Géorg. 1, 163. 164. (Dans ce passage de
pas interrompus, 2 Chr. 35, 24. cf., Gen. Virgile trahea est un chariot sans roues,
41, 43. et tribula une espèce de chariot armé de
C'est dans un chariot de feu que le dents de toutes parts). Ces chariots cham
prophète Elie fut enlevé de la terre, 2 pêtres ont une fois, et à la honte d'un
Rois 2, 11., et le prophète Elisée, vou grand roi, été employés à broyer des en
lant fortifier la foi de son serviteur (ce nemis vaincus : David s'étant emparé de
n'était plus Guéhasi) contre les entre Rabba, ville de Hammon, en prit les ha
prises du roi de Syrie, lui fit voir la mon bitants et les mit sous des Scies et sous
tagne pleine de chevaux et de chariots des herses de fer, etc., 2 Sam. 12, 31.
de feu, l'armée de l'Eternel, qui entou Ces scies n'étaient probablement pas au
raient Elisée. Soit que l'Ecriture ait voulu tre chose que les chariots à roueS, appe
descendre aux formes humaines pour ex lés scies par les Septante et par saint Jé
pliquer la présence et la force divines, rôme (plaustrum habens rostra serrantia),
soit que les choses du ciel ne diffèrent et les herses étaient les traîneaux sans
des choses humaines que par leur per roues, l'autre espèce de char à battre le
fection et par leur sainteté consumante, blé. Amos, 1, 3., dit que les Israélites de
soit enfin que, dans un moment donné, Galaad ont éprouvé un traitement sembla
l'armée céleste ait revêtu l'apparence des ble de la part du roi de Damas, et l'on sait
armées terrestres, mais pour se montrer que les anciens Germains, les Carthagi
en même temps une armée foudroyante, nois et les Romains avaient imaginé de
nous devons admettre les faits tels qu'ils faire mourir les hommes sous des claies
nOus sont racontés, sans nous arrêter à chargées de pierres.
des considérations ou à des hypothèses CHASLUHIM, descendantsdeMitsraïm,
plus ou moins légères ou frivoles, sur la Gen. 10, 14., et par conséquent peuplade
nature de ces chariots, ou plutôt sur la émigrée d'Egypte. Les uns veulent y voir
CHA 189 CHA
les Pentapolitains, habitants de la Cyré aient été et soient encore fort en usage
naique; d'autres l'entendent des habitants en Orient; le gibier qu'auraient abattu
de Pentaschœnos, dans la Basse-Egypte; ces animaux eût été souillé pour les ob
d'autres cherchent les Chasluhims dans servateurs de la loi mosaïque, Lév. 17,
la Thébaïde ; d'autres comparent encore 15., à moins cependant qu'on ne les eût
la province de Casiotis entre Pelusium et dressés à saisir seulement la proie sans
Gua; Dom Calmet suppose qu'ils se se la tuer. — Nous voyons, Jug. 14, 6. 1
r0nt établis sur la côte occidentale de la Sam. 17, 35., quelques exemples d'hom
mer Rouge, vis-à-vis de la ville de Colo mes vaillants qui, sans le secours d'au
Ca. Dans ce conflit d'opinions contradic cune arme, ont su faire leur chasse et
loires, celle de Bochart paraît encore la tuer de redoutables bêtes féroces.
plus probable, c'est qu'il s'agit de la Col Les prophètes représentent quelque
chide, sur les bords orientaux de la mer fois la guerre sous l'emblème de la chasse.
Noire; Hérodote, Diodore, Amm. Mar Jérémie 16, 16. annonce les veneurs (ou
cellin affirment que ces Colchiens étaient chasseurs) qui viendront contre Israël,
des émigrés d'Egypte, et les deux noms sans doute les Caldéens et les Perses. cf.
Colchi, Chaslchim, sont à peu près les Ez. 32, 3. 13, 20. Lam. 3, 52. Ps. 91, 3.
mèmes, à l'exception de l'S. Mich. 7, 2.
CHASSE, chasseur. « L'exercice de la CHAT-HUANT. Les deux premiers
chasse, dit Buffon, doit succéder aux tra animaux indiqués Lév. 11, 16. Deut. 14,
vaux de la guerre, il doit même les pré 15., et traduits par nOs versions « le chat
céder; c'est l'école agréable d'un art né huant et la hulotte, » doivent se traduire
cessaire.» (Art. du Cerf.) Lorsque l'Ecri plutôt par « l'autruche femelle et l'au
ture parle du premier chasseur, elle nous truche mâle. » C'est le même mot, B'noth
le montre aussi comme un puissant con Yaaneh, que nos versions ont partout
quérant, Gen. 10, 9. La chasse, dans les traduit par chat-huant (sauf Job 30, 29.,
premiers temps du monde, n'était pas un hibous), et qui doit partout aussi se tra
amusement, elle était un mérite, une Oc duire par autruche, Es. 13, 21. 34, 13.
cupation : c'était subir des dangers pour Mich. 1, 8. Les animaux mentionnés dans
le bien de la société; aussi, dans toute l'Ecriture sainte et qui, d'après quelques
lantiquité et en Asie surtout, les chas versions, appartiendraient à la famille des
seurs étaient-ils très respectés. chats-huants sont les suivants :
La chasse était déjà connue des Hé Le Tin'chimeth, oiseau impur, Lév. 11,
breux à l'époque de leur vie patriarcale 18. Deut. 14, 16. Bochart, d'après On
et nomade, quoique peut-être elle ne fut kélos, le traduit par noctua; les Septante
pratiquée que par les branches moins bé par porphyrio, espèce de mouette ou
nies des familles sémitiques, Gen. 25, 28. poule d'eau; la Vulgate et nos versions
27, 3. Plus tard elle devint une habitude, par cygne ; cette dernière traduction se
Lév, 17, 13. Prov. 12, 27.. destinée soit rait favorisée par le contexte.
à la prise du gibier, soit à la destruction Le Yanschouph, Lév. 11, 17. Deut. 14,
des animaux malfaisants et dangereux 16. Es. 34, 11. Luther et nos versions le
qui n'étaient point rares en Canaan. Les traduisent par hibou, de même que Bo
armes des chasseurs étaient l'arc, Gen. chart. Les Septante et la Vulgate ont lbis.
27, 3., la lance, le javelot, les filets (mème Gesenius, s'appuyant sur l'étymologie de
pour de gros animaux comme la gazelle ce nom, qui vient de naschaph (souffler),
(oubœufsauvage), Es. 51, 20., et le lion, pense à une espèce de héron, le butor,
Ez. 49.8. cf. Eccl. 9, 12. Ps. 91, 3.), et qui pousse un bruit éclatant comme ce
des fosses dans lesquelles on attirait par lui d'un instrument à vent. Il est difficile
surprise les animaux dont on voulait s'em de rien prononcer.
parer, surtout les lions, cf. Ez. 19, 4. Le shahaph, Lév. 11, 16., traduit hibou
2 Sam. 23, 20. Il ne paraît pas que les cornu par OEdman , coucou par nos ver
Israélites se servissent de chiens, ni de sions , mouette par les Septante et la Vul
faucons dressés, quoique ces auxiliaires gate, et en partie par Bochart; ce dernier
CHA 190 CHA

sens est peu probable, à cause du con exacte et vraie de la justice. En l'intro
texte, qui ne parle que d'oiseaux de terre ; duisant dans sa loi, Moïse n'a fait que la
on ne peut rien décider. conserver, en la restreignant et la réglant
Le Kôs, Lév. 11, 17. Deut. 14, 16. par une foule de dispositions de nature
Ps. 102, 7., Martin et Ostervald le tra à lui ôter le caractère de la haine et de la
duisent par chouette, de même que Lu vengeance, v. Talion.
ther; la plupart des traducteurs le ren Les peines capitales, q, v., jouaient un
dent par hibou. L'accord des interprêtes grand rôle dans cette législation, soit
et des talmudistes, ainsi que le passage comme châtiments, soit comme m0yens
du psaume indiqué, qui nous montre le d'intimidation, Deut. 17, 13. Puis ve
Kôs habitant au milieu des ruines, vient naient les peines corporelles, le fouet et
à l'appui de cette traductIon. Bochart veut la prison , q. v.; enfin des amendes ,
au contraire y voir le pélican, par des fixées dans certains cas par la loi, Deut.
motifs étymologiques. 22, 19.29., dans d'autres abandonnées à
Le Tachmass, Lév. 11, 16. Deut. 14, la discrétion de l'offensé, Ex. 24, 22., ou
15. Les Septante, Onkelos et la Vulgate destinées à remplacer pour le coupable
traduisent chat-huant; cette version peut les peines corporelles auxquelles il était
être soutenue mieux que celle de nos Bi condamné, Ex. 21, 29. La restitution
bles qui lisent hulotte; mais la plupart était, en tout cas, la première peine du
des commentateurs se sont prononcés dommage causé , si tant est qu'on puisse
d'après une étymologie un peu vague l'appeler une peine, mais cette restitu
(chamass, être violent) pour la traduction tion, simple dans le cas de dommage in
autruche mâle. volontaire, Ex. 21, 33. 34., montait jus
Quant au chat-huant proprement dit, qu'au quintuple dans le cas d'un dommage
il n'en est pas question dans la Bible. fait avec intention , ou pour une chose
CHATAIGNIER. Le mot Harmon que volée, 22, 1. sq. — L'exil, l'augmenta
nos versions et Luther ont traduit par tion de la peine en cas de récidive, et
châtaignier, Gen. 30, 37. Ez. 31, 8., ind,- les supplices étaient inconnus à la légis
que plutôt une espèce d'érable ou de lation mosaïque; plus tard ils furent in
platane, le platanus orientalis, très com troduits dans les mœurs et dans les tra
mun en Orient , mais qui croît aussi na ditions rabbiniques : l'ancienne coutume
turellement chez nous dans les terrains de l'imputation, par laquelle on envelop
humides : son tronc est droit et élevé, pait toute une famille dans la peine d'un
son écorce grise et fine tombe chaque coupable, n'est point sanctionnée dans
année, le bois est d'un très beau blanc, la loi; elle y est même interdite, Deut.
et sert en Asie à la construction des 24, 16. cf. 2 Rois 14, 6.; Dieu s'était ré
vaisseaux ; ses rameaux et ses branches servé de juger des cas dans lesquels elle
s'étendent assez loin et donnent beau devrait être pratiquée, Jos. 7, 15. 24.,
coup d'ombrage, ses feuilles ressemblent parce que seul il peut juger de la partici
à celles de la vigne, laineuses et sises sur pation morale d'une famille au crime d'un
un long pétiole, ses fleurs sont réunies de ses membres.—L'ensemble des peines
en de petites touffes rondes et verdâtres, marquées dans la loi mOsaïque, comme
elles commencent à paraître avant les toutes les autres dispositions de cette loi,
feuilles. C'est à la fin de l'automne que est empreint d'un caractère de douceur
mûrit sa semence, renfermée dans de pe bien rare dans les temps anciens, et chez
tites loges garnies d'une espèce de laine. les nations policées, ou sauvages, de
— Les arbres nommés, Gen. 30, 37., cette époque reculée. Les châtiments
sont donc le peuplier (ou storax), l'a- sont proportionnés aux délits , la faute
mandier et le platane. est punie, l'offensé est satisfait, et l'in
CHATIMENTS. Tout le système pénal justice évitée autant que possible , toutes
de la législation mosaïque reposait sur les précautions sont prises pour abriter
l'idée du talion, idée ancienne, Gen. 4, l'innocent, et dans plusieurs cas où la
14. 9, 5., simple et naturelle ;expression perspicacité humaine n'aurait pu se pro
CHA 191 CHA

noncer avec certitude, le jugement de quelles le monde moderne professe une


Dieu intervient, Nomb. 5, 11. etc. Mais, espèce de respect facile à comprendre,
douces dans la répression des délits con à cause des idées de méditations pro
tre la société et contre des citoyens, les fondes, ou de grands et intéressants
peines sont d'une sévérité frappante pour malheurs dont elles semblent être le
les délits religieux , et pour de légères symbole , ne jouissaient pas du même
infractions aux lois sur la police, ou sur privilége chez les anciens. César se trou
la pureté légale. Ce contraste est du vait trop heureux de pouvoir dissimuler
même genre à peu près que celui que à force de lauriers, son front chauve et
n0us trouvons dans le fait que deux cha nu ; et les Juifs, en particulier, voyaient
pitres seuls sont consacrés à l'immense quelquefois dans cette infirmité un avant
récit de la création, tandis qu'il y en a coureur de la lèpre, rien moins que cela,
plus de vingt pour la description des cf. Lév. 13, 40 et suiv. 21, 5.; à tel point
différentes pièces du tabernacle. Même qu'un homme chauve était regardé com
contraste encore entre les neuf chapitres me incapable de remplir les fonctions de
consacrés à l'histoire des premiers pa prêtre. Le prophète Elisée fut insulté
triarches, et les trente et un qui nous par une troupe d'enfants, parce que sa
racontent l'histoire de la seule famille
tête était nue, 2 Rois 2, 23. ; et Esaïe,
d'Abraham jusqu'à Joseph. C'est que la parmi les humiliations dont il menace les
partie intellectuelle , spirituelle, vivante filles de Sion, annonce qne l'Eternel dé
de l'homme considéré comme individu, couvrira le sommet de leur tête, 3, 17.
est de beaucoup plus réelle et sérieuse 24. cf. Jér. 47, 5. Am. 8, 10.
que son existence matérielle, ou même CHAUVE-SOURIS (hébr. Hatalleph).
que la vie de l'humanité tout entière. Animal impur, nommé Lév. 11, 19. Deut.
Ce qui est le plus important, Dieu le ra 14, 18. Es. 2, 20. Quelques auteurs,
conte avec le plus de détails, il développe d'après les rabbins, ont voulu y voir
ce qui doit être développé, et laisse l'hirondelle, et Luther l'a ainsi traduit
dansl'ombre ce qu'il n'est pas nécessaire dans les deux premiers des passages in
de connaître; ainsi le chef de la théo diqués, quoique, dans celui d'Esaïe, il
cratie a dù faire ressortir avec une force ait mis chauve-souris. Cet animal, souris
toute particulière, et frapper de peines par son corps, et presque oiseau par ses
extraordinaires, les plus petites infrac ailes, cependant sans plumes, appartient
tions à la loi divine, les moindres man à la classe des mammifères : c'est une
quements à la sainteté, les déviations des familles les plus variées qui existent;
même extérieures, même cérémonielles, on en compte plus de trois cents espèces
même physiques, de la loi sainte, juste différentes qui se distinguent par leur
et pure, qui devait régir le peuple théo grosseur, la grandeur, l'étendue, la fi
cratique. Il fallait avant tout que les Hé nesse de leurs membranes, par le nom
breux eussent en h0rreur le mal , la bre de leurs oreilles, etc. On en trouve
souillure : et pour que cette nation peu en Orient, et jusqu'en Chine et sur les
intelligente comprit la nature de la sain côtes du Malabar, qui sont beaucoup plus
teté, il fallait que des châtiments sévères
grosses que les nôtres, que l'on en
graisse, que l'on sale, et dont on fait un
servissent, par leur influence menaçante,
à préserver les Israélites des moindresmets, à ce que l'on assure, fort délicat.
impuretés légales , des choses qui n'é- CHEMIN d'un sabbat. La montagne
taient même im, ures que typiquement etdes Oliviers, dit saint Luc, est près de
Jérusalem le chemin d'un sabbat, Act. 1.
parce que le législateur les avait décla
rées telles. Il fallait , pour ainsi dire ,
12. Il est évident que par cette expres
demander le plus pour avoir le moins ; sion l'on doit entendre la portion de
comme on interdit à un enfant l'entrée chemin qu'il était permis aux Israélites
d'un jardin, lorsqu'on veut seulement de faire le jour du sabbat hors de leurs
l'éloigner des fruits qu'il renferme. demeures. La loi de Moïse, Ex. 16, 29.,
CHAUVE. Les têtes chauves pour les défend aux voyageurs du désert de sor
CHA 192 CHE
tir au sabbat pour aller recueillir la Jérusalem et le mont des Oliviers; quel
manne; et les Juifs postérieurs, si atta ques-uns comptent une demi-lieue; mais
chés à la lettre de la loi , avaient conclu onsait combienlesdistancessoir(en géné
de ce passage que la plus grande course ral sujette à des évaluations différentes,et
qu'ils pussent faire dans le jour du Sei d'ailleurs ces derniers paraissent avoir
gneur, devait être calculée d'après la di compté la distance jusqu'au sommet de
stance qui se trouvait entre le tabernacle la colline, tandis que dans le passage des
et les rangs les plus éloignés du camp Actes il s'agit plutôt du pied.
d'Israël au désert, distance qu'ils avaient CHEMISE, v. vêtements.
calculée être de 2000 coudées environ ; CHÈNE. C'est par ce mot que nos ver
ils avaient donc établi pour règle que sions traduisent le plus souvent les noms
personne ne pourrait s'éloigner des murs hébreux Eil, Elah, Allah, Elôn et Allôn,
de la ville, ou des frontières de son bien qu'elles rendent aussi quelquefois
territoire, de plus de 2000 coudées. les trois premiers par le mot Térébin
Il est assez remarquable que cette dé the q. v. Sous le point de vue étymolo
fense, relative au chemin d'un sabbat, ne gique, ces différents noms indiquent tous
se trouve nulle part ailleurs que dans le en général un arbre fort, dur et solide,
verset indiqué, lequel même n'est pas quoique probablement , dans les usages
très direct; mais tout l'ensemble des au de la langue , ils eussent chacun leur si
tres lois sabbatiques était tel, que les gnification spéciale, et l'on ne se trom
Juifs en avaient dû conclure qu'il leur pera guère en admettant que par Elon et
était défendu de voyager, ou de se fati Alon il faille entendre le chêne.
gner par de trop longues promenades Cet arbre se trouvait en abondance en
dans le jour du Seigneur: et nous pou Palestine, et particulièrement dans les fo
vons penser que, sans autre détermina rêts du territoire de Basan, Es. 2, 13.
tion plus précise ou plus minutieuse, ce Ez. 27, 6. Zach. 11, 2.; les Tyriens s'en
qu'on appelait chemin d'un sabbat n'était servaient pour faire les rames de leurs
pour les Juifs pieux et fidèles , qu'une vaisseaux. Il y en avait aussi sur la rive
promenade hors de l'enceinte de leur en occidentale du Jourdain, Jug. 9, 6.37.,
droit, plus ou moins longue, selon les et ils étaient l'objet d'un certain culte
forces et l'àge de chacun, de nature à d'affection : sous l'un de ces arbres fut
reposer le corps plus qu'à le fatiguer, ensevelie Débora, la nourrice de Rébecca,
et toujours en harmonie avec la sainteté Gen. 35, 8., sous un autre, plus tard,
divine de ce jour. Le traité talmudique Saül et ses fils, 1 Sam. 31, 13.1 Chr. 10,
Erubin donne quelques détails sur les 12.; on y sacrifiait aux dieux païens ,
limites imaginées par les rabbins, et sur Os. 4, 13., et des forêts de chênes servi
les cas où il pouvait être permis d'ou rent de lieux de réunion à des assemblées
trepasser ces limites; il se range à l'o- nationales, Jug. l. c. La longue vie de ces
pinion des 2000 coudées. D'autres rab arbres les rendait propres à servir de dé
bins parlent de trois distances différen signations topographiques, 1 Sam. 10, 3.,
tes, permises suivant les personnes et et souvent ils prenaient le nom des lieux
ſeurs circonstances; la grande distance, où ils étaient plantés, Gen. 13, 18. Deut.
de 2800 coudées (1 440 mètres, probable 11, 30. (mal traduit plaines). On en fai
ment Act. 1, 12.); la distance moyenne sait aussi des idoles, Es. 44, 14. L'espèce
ou sacrée, de 2000 coudées(1050 mètres), de chêne mentionnée dans ce dernier
et la petite ou le chemin naturel d'un passage, et appelée en hébreu Thirzèh,
sabbat, 1800 coudées (900 mètres). Les est beaucoup plus dure encore que le
Grecs estimaient à six stades le chemin chêne ordinaire ; ses feuilles sont indi
d'un sabbat, et si l'on compte le stade à vises, obovées, dentées et couvertes de
400 au degré (v. Stade), le chemin d'un petits poils à la partie inférieure ; son
sabbat équivaudrait à un bon quart de nom même, en arabe, signifie très dur.
lieue (1292 mètres); c'est en effet la di CHENIX (zotvi#), Apoc. 6, 6., mesure
stance que les voyageurs comptent entre de capacité pour les choses sèches; il
CHE 193 CHE

contenait deux setiers, le quart d'unbath, reté qui caractérisent encore aujourd'hui,
d'après Hésychius(9litres);selon Boeckh, suivant les rapports de Sonnini et des
la quantité de froment nécessaire à la autres voyageurs , les chevaux de cette
nourriture d'un homme pour unjour : ce | contrée, v. Gen. 47, 17.50, 9. Ex. 9, 3.
serait bien vague, et la mesure serait sus On s'en servait pour la guerre, Ex. 14,
ceptible de varier beaucoup. 9.23.—Les Cananéens, qui demeuraient
CHERUBlNS. lls sont nommés dans | en Palestine, avaient aussi une cavalerie,
plusieurs passages de la Bible; déjà dans | et ils l'employèrent contre les Israélites
la Genèse 3, 24., comme gardiens du qui venaient chez eux pour les dépossé
chemin qui conduit à l'arbre de la vie; der, Jos. 11, 4. Jug. 4, 3.7.13.5, 22.28.
puis ils sont représentés en or massif sur Il en fut de même, plus tard, des Syriens
le propitiatoire, Ex. 25, 18., en brode 2 Sam. 8, 4., qui laissèrent 1,700 hom
rie sur les couvertures et les voiles du mes de cavalerie au pouvoir de David,
tabernacle, Ex. 26, 1. 36, 8.35., en re lorsqu'ils se furent levés pour aller re
liefsur les lambris du temple de Salomon, couvrer leurs frontières vers l'Euphrate.
1 R. 6, 32.35., et sur la cuve d'airain, Les Israélites, au contraire, ne connu
1 R. 7, 29. Les prophètes les voient dans rent que tard l'usage du cheval : au mi
leurs visions, entourant le trône de Dieu, lieu de leurs plaines, les patriarches no
Ez. 1, 5. 10, 1.Apoc. 4, 6. mades ne virent jamais paître que des
Quant à la figure de ces êtres mysté animaux humbles et débonnaires, et le
rieux, les premiers livres nous appren coursier qui semble provoquer aux com
nent qu'ils avaient à la fois des mains bats n'y frappa jamais la terre de son
d'hommes , Gen. 3 , 24., et des ailes, pied, ni l'air de son hennissement. Puis
Ex. 25, 20. 1 Rois 6, 24; mais des pas la loi de Moïse, qui constituait Israël en
sages d'Ezéchiel et de l'Apocalypse, nous | république , interdit positivement les
pouvons conclure qu'ils réunissaient en « amas de chevaux, » défense nécessaire
eux la figure de l'homme, du lion, du après le séjour d'Egypte, où les Hébreux
taureau et de l'aigle. Partant de ces don avaient appris à connaître et sans doute
nées, on pourrait, avec Baehr (Symbolik à admirer ce noble animal, mais défense
des mos. Cultus), considérer les chéru qui devait tomber d'elle-même, aussitôt
bins comme les représentants les plus que les Israélites, par leur incrédulité et
élevés de la création, réunissant en leur leur ambition , auraient amené un chan
personne quatre perfections principales gement dans leur constitution, établi la
de Dieu en tant qu'elles se reflètent dans royauté, et ouvert la voie des conquêtes
les créatures, savoir : la sagesse, repré que la loi mosaïque avait elle-mème pré
sentée par l'homme; la force productrice, vue. Aussi voyons-nous déjà le second
représentée par le taureau; la majesté, des rois, David, se monter une cavalerie,
par le lion, et la toute science, par l'ai modeste encore, avec les dépouilles sy
gle. Comme les représentants les plus riennes; et Salomon, par son alliance avec
parfaits de la création, des forces divi l'Egypte, multiplier d'une manière inouie,
nes, il est naturel que nous les trouvions et en bien peu de temps, l'usage du che
placés aussi près que possible du trône val dans ses états : il eut bientôt 4,000
de Dieu, et que leurs images se retrou étables pour ses chevaux de trait, 12,000
vent dans le tabernacle, et ailleurs, cOmme hommes de cavalerie et 1,400 chariots,
une prédication silencieuse de la gloire 1 Rois 4, 26. 10, 26. Ce commerce était
de Dieu. D'après Rind, ils seraient les l'un des revenus royaux les plus consi
emblêmes de l'Eglise. Rien n'oblige à dérables, car Salomon percevait sur cha
douter qu'ils ne soient des êtres réelle que attelage un droit d'entrée de 600 piè
ment existantS. ces d'argent (prés de 2,000 fr., si l'on
CHEVAL. Cet animal était bien connu doit entendre par pièces d'argent des si
de l'ancienne Egypte, où il se faisait déjà cles, ce qui serait exorbitant; mais c'est
remarquer par ces belles proportions, peu probable : quelques auteurs pensent
cette vivacité, cette force et cette légè qu'il s'agit du prix de l'attelage), ct sur
l. 13
CHE 194 CHE

chaque cheval 150 pièces; aussi faisait-il cherchait à rendre leur cOrne aussi dure
de ses innombrables chevaux , plus une que possible, Es. 5,28.; ou bien on l'en
affaire de richesse, de luxe et de pompe, tourait quelquefois de semelles ou de san
qu'une affaire de guerre , et nous ne dales, comme celle des chameaux. L'é-
voyons pas qu'il les ait employés dansau quipement des chevaux se composaitd'un
cune de ses expéditions militaires. Les mors , Ps. 32, 9., d'une housse ou d'une
cours voisines et les seigneurs des royau selle, Prov. 30, 31., quelquefois d'une
mes étrangers, qui voulaient cultiver son sonnette, Zach. 14, 20. On se servait de
amitié, lui envoyaient aussi chaque année, fouets pour les presser, Prov. 26, 3. Les
à côté de beaucoup d'autres présents, chevaux blancs étaient regardés comme
des mulets et des chevaux; les rois qui les plus magnifiques; on les donnait aux
lui succédèrent continuèrent d'avoir leurs généraux victorieux, cf. Apoc. 6, 2. 19,
équipages et leur cavalerie : Achab, 1 Rois 11. 14. Virg. AEn. 3, 537. Des chevaux
22, 35.2 Rois 9, 25.; Joram, 2 Rois 3, 7.; d'autres couleurs sont mentionnés, Apoc.
Jéhu, 2 Rois 9, 16., etc. cf. 2 Rois 11, 6. Zach. 1 , 8. 6, 2.3.6.7. — La scène
16. Jér. 17, 25. Il y avait même à Jéru de Haman, conduisant Mardochée sur le
salem une porte qu'on appelait la porte cheval du roi et le promenant en triom
des Chevaux. ll ressort des passages phe par la ville de Susan, rappelle les
1 Rois 18, 5. Am. 4, 10. Es. 30, 16. que honneurs dont Pharaon combla Joseph,
non-seulement les rois , mais aussi les lorsqu'il le fit conduire sur un chariot
particuliers possédaient des chevaux, les royal, en l'établissant le second person
quels on employait même à fouler le blé, nage de toute l'Egypte, Gen. 41, 43.
Es. 28, 28. On les nourrissait d'orge et Quant aux chevaux du soleil , et aux
de paille, 1 Rois 4, 28. chevaux de feu qui enlevèrent Elie dans
Les conquérants de l'Asie orientale s'a- le ciel, v. l'art. Chariots.
vancèrent souvent contre Israël avec de On ne peut terminer cet article sans
nombreuses troupes de cavalerie bien rappeler au moins la sublime et poétique
montées, Es. 5, 28. Et lorsque les pro description que l'on trouve de cet ani
phètes parlent de l'armée des Caldéens en mal dans le discours de l'Eternel, Job 39,
particulier , ils ne négligent jamais de 22-28.
mentionner les chevaux de combat qui CHEVELURE , cheveux. Une longue
devaient en faire la force, Jér. 6, 23. 8, et forte chevelure passait chez les Hé
16. 50, 37.51 , 21. Ez. 26, 7.10. A ces breux pour un des plus beaux ornements
armées les Israélites, peu confiants dans de l'homme, Jug. 46, 22. cf. Ezéch. 8, 3.;
leur chef céleste, voulurent en opposer mais il paraît que les jeunes gens seuls
d'autres du même genre, et se cherchè avaient coutume de la laisser flotter, 2
rent des auxiliaires dans la cavalerie re Sam. 14, 26., tandis que les hommes plus
nommée de l'Egypte , Es. 31 , 1. 36, 9. âgés la rasaient davantage et la coupaient
Jér. 4, 13. Hab. 1, 8. Ez. 17, 15. cf. Jér. avec des rasoirs, à l'exception des Naza
46, 4. 47, 3. : ils oublièrent que l'Eter réens qui ne la coupaient pas, et des sa
nel avait dit : « Maudit soit l'homme qui crificateurs qui se servaient de ciseaux ,
se confie en l'homme, et qui fait de la cf. Ez. 44, 20. Plus tard on regarda les
chair son bras », Jér. 17, 5. Et ils furent longs cheveux chez un homme comme
emmenés en captivité, malgré les roseaux l'indice d'un caractère efféminé, 1 Cor.
du Nil dont ils avaient espéré se faire une 11, 14., et il fut défendu aux prêtres de
arme et un bouclier. les laisser croître sans les couper fré
L'Arménie et la Médie étaient célèbres quemment.Ce ne fut plus qu'en suite d'un
pour la bonté de leurs chevaux; quant à vœu que les hommes purent, et seulement
l'Arabie, elle ne promettait rien encore momentanément , laisser s'allonger leur
de tout ce qu'elle a tenu depuis à cet chevelure, Act. 18, 18. Les femmes, en
égard. revanche, y attachaient un grand prix, 4
On ne ferrait pas les pieds des chevaux Cor. 11.Elles les arrangeaient en tresses,
comme on le fait de nos jours, mais On Cant. 4, 1. 1 Tim. 2, 9.; ou les frisaient,
ClIE 195 CHI

Es. 3, 24.1 Pier. 3, 3., et souvent les or qui voulait fixer au sol la nation juive, de
naient de pierreries ou d'autres joyaux vait multiplier les occasions qui en ren
précieux. Les femmes qui se respectaient dissent les produits nécessaires. Mais il
Ile sortaient guère avec des cheveux flot est difficile de n'y pas voir aussi, ne fût
tants, que lorsqu'elles étaient dans le ce que dans l'expression, une de ces
deuil ou dans une grande affliction, Luc prescriptions touchantes qui, en inspi
7, 38. Les cheveux noirs passaient pour pirant la pitié et la sympathie pour les
les plus beaux, Cant. 5, 11. animaux, devaient adoucir le cœur de
Dieu avait aussi défendu aux prêtres l'homme.
de se couper les cheveux en rond, Lév. L'empire macédonien est représenté,
19, 27., défense qui se rapporte sans Dan. 8,5., sous l'emblème d'un « boucsor
doute à quelque usage païen que nous ne tant d'entre les chèvres, » et l'on remar
connaissons plus. que que la Macédoine, dans les premiers
CHEVRE. Les chèvres, comprises avec temps de son histoire, possédait une telle
les moutons sous le nom général de Tsôn, multitude de chèvres, que plusieurs villes
formaient le menu bétail en opposition prirent ces animaux pour leurs symboles,
avec le gros bétail, Bakhar, ou les bœufs. et les frappèrent sur leurs monnaies : les
Les patriarc hes en possédaient, comme habitants même prirent le nom d'Egéens
de nos jours encore les Bédouins, de (chévriers), qui s'est conserv
é jusqu'à nos
nombreux troupeaux, Gen. 15, 9. 32, 14. jours dans le nom de la mer Egée.
37, 31., et les Israélites postérieurs fi CHEVREUIL, v. Gazelle.
rent également consister une grande par CHIEN, animal déclaré impur par la
tie de leur fortune dans le nombre de ces
loi juive, et méprisé de tout l'Orient. Les
animaux, 1 Sam. 25, 2. Cant. 6, 5. Prov. anciens ne s'en servaient guère que pour
27, 26.La chèvre était un animal pur; on la garde des maisons, des champs ou des
s'en servait pour les repas et pour les troupeaux, Job 30, 1. ; il ne paraît pas
sacrifices, Deut. 14, 4., et l'on choisis qu'on s'en servît pour la chasse, v. cet
sait de préférence, comme encore main art. On trouve cependant dans l'histoire
tenant, les jeunes chevreaux, Gen. 27, 9. de Tobie, 5, 23.11, 3. et Matth. 15, 27.,
38, 20. Jug. 6, 19. 13, 15. cf. 1 Sam. 16, une preuve que les chiens dits d'agré
20. On en estimait beaucoup le lait, Prov. ment, n'étaient pas tout à fait inconnus
27, 27., que l'on regardait comme plus aux Hébreux. L'Ancien Testament nOus
sain que celui de la brebis. Les prophè montre parfois les chiens comme on les
tes, les prédicateurs de la repentance, et voit encore de nos jours dans les pays
en général les hommes à principes sévè chauds, courant par bandes, sans maîtres.
res, ainsi que les nécessiteux, se cou altérés et avides, 1 Rois 14, 11. 16, 4. 21,
vraient ordinairement de peaux de chè 19. 23. 2 Rois 9, 36. cf. Ps. 59, 14. Luc
vres : on se servait encore du poil de ces 16, 2., se nourrissait même de cada
animaux pour en faire des couvertures vres, 1 Rois 21, 23. 22, 38. Jér. 15.3.
de tentes, Ex. 26, 7. 35, 6. 36, 14., peut Sauvages et presque féroces, on les a vus
être aussi des matelas. Les chèvres des quelquefois, pressés par la faim, se jeter
Bédouins sont communément noires , dans sur les hommes; et la mesure comman
la Syrie et la Basse-Egypte elles sont plus dée, Ex. 22, 31., semble se justifier au
grosses que les nôtres, d'un rouge clair, tant comme affaire de prudence (une nour
et les oreilles pendantes. Il ne paraît pas riture assurée aux chiens), que cOmme
que la chèvre angora soit jamais désignée précepte de pureté légale. Comme la vi
dans la Bible.
gilance et le cri d'avertissement sont le
La défense de cuire le chevreau dans caractè qui les distingu
re ait le plus chez
le lait de sa mère, Ex. 23, 19. 34, 26., les Hébreux, Esaïe a pu appeler des
c'est-à-dire dans du beurre, pouvait avoir chiens muets, 56, 10., les faux prophètes
pour but de favoriser l'agriculture par qui, dormanteux-mêmes, laissent les peu
l'obligation de se servir d'huile pour l'as ples s'endormir dans leurs fautes et dans
saisonnement des viandes : le législateur, leurs péchés.
CHI · 196 CH0

On a vu en quelle basse estime ces ani principales productions sont le mastic et


maux étaient auprès des Juifs, et l'on ne le vin.La ville principale, qui porte le mê
s'étonnera pas que le nom de chien ait me nom que l'île, a un bon port; il a
été l'injure la plus humiliante qu'ils aient joui d'une certaine importance; au temps
su inventer. Job se plaint de se voir in des Romains elle comptait encore comme
sulter par des jeunes gens dont il n'au ville libre.
rait pas voulu admettre les pères parmi CHLOÉ, 1 Cor. 1, 11., femme de Co
les chiens de ses troupeaux, Job 30, 1. rinthe, disciple du Sauveur. Ce fut sa fa
David s'abaissant devant Saül et voulant | mille qui avertit saint Paul des désordres
lui faire sentir que son injuste persécu qui régnaient à Corinthe, et des rivalités
tion ne peut en aucune manière l'honorer, qui existaient entre les disciples d'Apol
lui dit : « Qui poursuis-tu, roi d'Israël ? los, de Céphas et de Paul. Quelques-uns
un chien mort, une puce! » 1 Sam. 24, pensent qu'elle fit écrire elle-même, et
15.; la même expression se retrouve plus qu'elle employa pour cela Stéphanas, For
d'une fois dans l'histoire de David, 1 Sam. tunat et Achaïque, « les prémices de l'A-
17, 43.2 Sam. 9, 8. 16, 9. cf. 2 Rois 8, chaïe. » C'est à cette lettre que paraît ré
13. Le nom de chien , comme le terme pondre l'apôtre dans les six premiers
correspondant « cynique,»venu du grec, se chapitres de son Epitre; il en avait reçu
prend souvent aussi pour désigner des une autre des Corinthiens eux-mêmes
hommes sans pudeur et sans retenue : et qui le consultaient sur des objets moins
c'est dans ce sens que plusieurs inter importants que l'union fraternelle, et ce
prètes entendent les mots « le prix d'un n'est qu'après leur avoir adressé les sé
chien » qui se trouvent, Deut. 23, 18., vères avertissements qu'exigeait la lettre
dans un contexte qui vient à l'appui de de Chloé, qu'il passe enfin, 7, 1., à la ré
cette opinion. L'apôtre saint Paul, en di ponse directe aux Corinthiens. Quant à
sant prenez garde aux chiens, Phil. 3, 2., la personne même de Chloé, elle est tout
semble vouloir indiquer à la fois de faux à fait inconnue, au point que quelques
docteurs et des hommes immoraux, com uns ont cru pouvoir en faire un nom
me il s'en trouve souvent parmi ceux qui d'hOmme.
falsifient la doctrine de Christ,cf.Matth.7, CHONJA , Jér. 22, 24. 28. 37, 1., un
6. Notre Sauveur, en excluant de sa mai des noms de Jéchonias, q. v.
son les chiens, les empoisonneurs, les CHORAZIN, village ou bourg, nommé
impudiques, etc., Apoc. 22, 15, a pris ce deux fois à côté de Bethsaïda, Matth, 11,
mot dans le même sens. Saint Pierre, et 21. Luc 10, 13., et probablement situé,
déjà Salomon, comparent les pécheurs comme cette ville, dans la Galilée et sur
dans leurs rechutes, aux chiens qui re la rive occidentale de la mer de Tibériade,
tournent à ce qu'ils ont vomi. 2 Pier. 2, mais du reste inconnu. Saint Jérôme le
22. cf. Prov. 26, 1 l. Enfin David repré met à 2000 pas de Capernaum, et Eusèbe,
sente comme des chiens dévorants les en mais certainement par erreur, à 12,000.
nemis qui ne cessent de le persécuter, Quelques-unscomparent le « Haroseth des
Ps. 22, 16.20.; et si l'on prend ce psau nations, » Jug. 4, 2., d'autres le nom hé
me dans son sens prophétique, on retrou breu Choraschim (lieux escarpés, 2 Chr.
vera cette idée que les plus grands enne 27, 4., inexactement traduit forêts); d'au
mis de Christ et du christianisme , sont tres lisent en deux mots Chora Zin , la
les chiens spirituels, l'incrédulité et l'im contrée de Zin; quelques voyageurs mo
moralité. dernes enfin (Seetzen , etc.) comparent
CHIFFRES. v. Nombres. des ruines qu'ils ont trouvées sur la rive
CHINE. v. Sinim. orientale du lac de Génésareth, sous le
CHIOS, Act. 20, 15., île de l'Archipel, nom de Kalathel-Hœrsa, ou, d'après Burk
très fertile, située entre Samos et Lesbos, hardt, Kalat el Hossn; mais outre que ce
et dépendante de l'lonie dans l'Asie mi rapprochement de noms est bien vague,
neure , maintenant Scio, appelée par les bien insignifiant, la donnée elle-même
Turcs Saki-Adassi, ou île du Mastic. Ses est en contradiction avec le peu que Saint
CHR 197 CHR

Jérôme nous en a laissé. Il faut donc s'en sur la musique sacrée, ibid. 26. Ce ca
tenir à cette simple indication que Cho ractère pour ainsi dire ecclésiastique des
razin était dans le voisinage de Bethsaïda. livres des Chroniques, s'explique facile
Cette malheureuse ville n'existe plus ; ment, si l'on réfléchit qu'à l'époque où
elle a vu s'accomplir les menaces du Sei ils furent selon toute probabilité compo
gneur, qui l'avait honorée de sa présence, sés (après le retour de l'exil), tout ce qui
de ses discours et de ses miracles, qui tenait à la religion était l'objet d'un in
n'y a recueilli aucun fruit de ses travaux, térêt beaucoup plus vif. Les rapports qui
et qui lui a déclaré avec douleur et indi Se trOuvent entre les livres des Chroni

gnation que si les villes païennes de Tyr ques et les livres des Rois, s'expliquent
et de Sidon eussent vu ses œuvres et en par le fait que les deux auteurs ont con
lendu ses paroles, elles se seraient depuis sulté les mêmes sources, savoir les an
longtemps repenties avec le sac et la cen nales des rois de Juda et celles des rois
dre. Le sort de ces siéges du paganisme d'Israël ; seulement il paraît que l'auteur
sera moins cruel au dernier jour, que ce des Chroniques avait sous les yeux un
lui des villes juives qui ont été illuminées recueil contenant ces deux ouvrages ré
et sont restées impies. unis, et il le nomme tantôt avec le titre
CH0UETTE, Lév. 11, 17. v. Chat complet : Livre des rois de Ju la et d'Is
huant. raël, 2 Chron. 25, 26., tantôt en abré
CHRONIQUES. Le nom actuel de ces geant, Livre des Rois, 2 Chr. 24, 27., ou
livres leur a été donné par saint Jérôme ; Livre des rois d'Israél, 2 Chr. 20, 34., ou
|
les Juifs les nommaient Diberé hayamim, Actions des rois d'Israël, 2 Chr. 33,
journaux, paroles des jours; et les Grecs 18. Quant aux différences, elles provien
leur avaient donné le nom que les Latins nent de ce que l'auteur des Chroni
leur conservent encore, de Paralipomè ques a consulté, outre ces documents gé
nes ou choses omises , qui correspond à néraux, quelques monographies particu
ce que dans notre langue nous appelle lières composées par des prophètes, et
rions un supplément. Les neuf premiers dont les annales des royaumes ne conte
chapitres contiennent des tables généalo naient que des extraits fort courts ; ainsi,
giques, documents auxquels les Israélites par exemple pour le règne de Roboam ,
devaient attacher beaucoup d'importance, les monographies des prophètes Semahia
soit à cause de l'attente du Messie, soit et Hiddo, 2 Chr. 12, 15.; pour l'histoire
parce que toutes les propriétés foncières d'Hozias, la monographie d'Esaïe, 2 Chr.
étaient inséparablement liées à l'existence 26, 22., etc.
de la famille. Le reste du premier livre On a tout lieu de penser que les li
et les neuf premiers chapitres du second, vres des Chroniques furent composés du
contiennent l'histoire de David et de Sa temps d'Esdras, après le retour de la cap
lomon; et la fin du deuxième livre, l'his tivité (ainsi 1 Chr. 9, 17, nous voyons nom
toire du royaume de Juda depuis le schis més les mêmes personnages que Néh. 12,
me jusqu'à l'exil. Les livres des chroni 25. 26.), et mème d'admettre avec la tra
ques ne sont cependant pas une simple dition qu'ils le furent par Esdras lui
répétition des livres de Samuel et des même. Il y a un rapport très intime en
Rois. On remarquera facilement des dif tre la fin du livre des Chroniques et le
férences notables dans la manière dont commencement du livre d'Esdras, comme
les faits sont présentés dans les Rois et si le deuxième de ces ouvrages était des
dans les Chroniques, même des contra tiné à être une continuation du premier.
dictions apparentes. Les livres des Chro Pour se débarrasser de la preuve très
niques donnent beaucoup plus de détails forte que les livres des Chroniques four
sur tout ce qui tient au culte, (par exem nissent en faveur de l'authenticité du l'en
ple lorsqu'il s'agit des préparatifs que fit tateuque, on a attaqué, comme tant d'au
David pour la construction du temple, 1 tres, la crédibilité de cette partie de l'An
Chron. 22, 28, 29,) sur l'organisation des cien Testament. L'attaque, faite princi
classes sacerdotales, 1 Chron, 23, 24, 26, palement par De Wette et Berthold, a été
CHR 198 CIG

repoussée avec habileté par les ouvrages avec la topaze, les rabbins avec le béryl,
de Keil(Berlin, 1833), et de Movers(Bonn, quelques-unsavec l'ambre. D'après Pline,
1834.) Le principal reproche que l'on di la chrysolithe était de couleur d'or, d'une
rige contre l'auteur du livre des Chroni très belle eau , et se tirait principale
ques, c'est sa prétendue partialité pour le ment d'Ethiopie.
culte mosaïque, et pour la tribu de Lévi ; CHRYSOPRASE, le dixième fondement
mais on a vu déjà que son but était sim de la nouvelle Jérusalem, Apoc. 21, 20.,
plement de combler les lacunes des au pierre précieuse d'un vert pâle et brunà
tres livres historiques sur ce sujet, et tre. Pline la comptait au nombre des bé
l'on ne peut pas prouver que ce point de ryls dont la meilleure espèce était, selon
vue l'ait jamais entraîné à sacrifier la vé lui, couleur vert d'eau; puis venait le
rité. Si on remarque des différences en chrysobéryl, plus pâle et tirant sur le jaune
tre les livres des Rois et ceux des Chro or; enfin la chrysoprase plus pâle encore,
niques, sous le rapport des nombres et et tirant, dit Calmet, sur la couleur du
des noms, il faut observer que comme les porreau.
nombres se représentaient par des let CHUZAS , intendant de la maison
tres, quelque erreur pouvait facilement d'Hérode Antipas, et mari de Jeanne,
se glisser dans les copies, v. Nombres, ct l'une des femmes pieuses qui assistaient
quant aux noms de lieux et de personnes, notre Seigneur de leurs biens ; mais du
On a vu ailleurs combien chez les Orien reste inconnu, Luc. 8, 3. Quelques-uns
taux les noms étaient sujets à des chan pensent qu'il était déjà mort à l'époque
gements, et combien souvent aussi ils où il nous en est parlé : mais cette opi
étaient doubles. — La crédibilité du livre nion que rien ne nécessite, ne paraît
des Chroniques est suffisamment attestée, même pas probable d'après le texte du
soit par les morceaux parallèles dans le verset indiqué.
livre des Rois, soit, pour les morceaux CHYPRE. v. Cypre.
qui appartiennent spécialement au pre CIDRE. v. Cervoise.
mier de ces ouvrages, par les autres li CIGOGNE, hébr. Hhasidah (pieuse,
vres du Canon. Nous n'en citerons que miséricordieuse). Oiseau impur nommé
deux exemples : on a beaucoup attaqué à côté du héron, Lév. 11, 19. Deut. 14,
le récit qui est donné, 2 Chr. 20, de la 18., renommé pour la beauté de ses plu
victoire de Josaphat sur les rois alliés ; mes, Job. 39, 16. (v. Autruche.), pour la
mais si on lit attentivement le psaume 48, rapidité de son vol, Zach. 5, 9., et pour
on voit que c'est un cantique d'actions son intelligence à connaître les saisons,
de grâce qui ne peut se rapporter à au Jér. 8, 7. Il se loge sur les hautes bran
cun autre évènement. Le récit du grand ches des sapins, Ps. 104, 17. Ces carac
deuil occasionné par la mort du roi Josias tères se rapportent très bien à ce que
dans la vallée de Méguiddo, 2 Chr. 35, l'on sait de la cicogne, et le nom même
22-24., est également confirmé par Zach. de cet oiseau rappelle en hébreu l'épi
12, 11.—(Rochat, Sermons, t. v.) thète de avis pia, sous laquelle les latins
CHRYSOLITHE, pierre précieuse, qui aimaient à le désigner, l'oiseau connu
occupait la dixième place dans le pecto pour sa piété filiale, pour les soins qu'il
ral du grand-prêtre, et sur laquelle se donne à sa progéniture comme à ses
trouvait gravé le nom de Zabulon, Ex. parents, les nourrissant et les défendant
28, 20. 39, 13. Elle est aussi indiquée jusqu'à la mort. (Les noms allemands et
comme le septième fondement de la anglais storch et stork ne viendraient-ils
nouvelle Jérusalem, Apoc. 21, 20., cf. pas du grec arbºyz affection ?)—Quelques
Ezéch. 1, 16. Dan. 10, 6. La chrysolithe, auteurs, cependant pensent qu'au lieu de
ou pierre d'or, car c'est là ce que son la cicogne il faut entendre le héron
nom signifie, est ordinairement cristalli (Dahler Winer, etc.). · · · ·
sée, d'un vert pâle, et transparente, se La cigogne est un oiseau de passage
mée de quelques veines. Les anciens pa assez commun dans nos climats, et même
raissent l'avoir confondue quelquefois à des latitudes plus élevées; on sait qu'elle
ClM 199 CIN

aime à construire son mid sur les toits CINNAMOME, Ex. 30,23.Cant. 4, 14.,
près des cheminées, ou sur les églises, substance dont Dieu ordonne de la joindre
et que les habitants des campagnes, en avec d'autres aromates, et d'en faire une
Allemagne et en Hollande, se regardent huile sainte pour le service du tabernacle.
comme honorés et protégés par la pré Selon toute apparence, c'est une espèce de
sence de cet animal à moité sauvage, à cannelle.Quelques auteursveulent faire de
moitié domestique. Dans l'Orient où les la casse, du cinnamome et de la cannelle,
maisons sont plates, et où les toits sont trois plantes ou arbrisseaux différents ;
souvent habités, les cigognes font plus mais le plus probable est que les Hébreux
de difficultés pour s'y établir, et gîtent désignaient par ces différents noms trois
plus volontiers sur des arbres hauts et nuances ou familles différentes d'une
élevés, les pins, les sapins, les cyprès. Le même espèce d'arbre, dont le cinnamome
prophète Jérémie en appelle à l'instinct aurait été la plus rare et la plus précieuse,
de cet animal, peu doué sous le rapport et la casse, la moins fine et la moins esti
de l'intelligence, et qui cependant sait mée. Le cannelier, ou laurus cinnamo
distinguer les saisons et leur retour, pour mum de Linnée (monogynie, 9° classe) est
reprocher aux Juifs l'endurcissement de un arbrisseau qui, près des côtes, atteint
leur cœur, et leur peu d'intelligence pour déjà une hauteur de 8 à 9 mètres, avec
les choses divines, Jér. l. c. cf. Es. 1, 3. une circonférence de 1 mètre environ,
CILICIE, Act. 15, 23. 41. 27, 5. Gal. mais qui dans les forêts et dans un ter
1, 21., province sud-est de l'Asie Mi rain favorable s'élève beaucoup plus haut,
neure, séparée de la Syrie par les monts et prend plus de consistance. Ses nom
Amanus, mais souvent nommée à côté de breux rameaux sont ornés de feuilles
cette dernière, avec laquelle elle se trou semblables à celles du laurier, longues de
vait en fréquents rapports de voisinage; 12 à 18 centimètres , d'un vert clair ; de
elle était entourée à l'ouest et au nord jolies fleurs blanches, mais peu odorifé
par le mont Taurus comme d'une cein rantes, se forment au mois d'avril, en
ture, et communiquait par des défilés avec baies à noyaux, dans le genre des grains
l'Isaurie, la Pisidie, et la Paphlagonie. La de genièvre. Le tronc, et les branches
partie orientale de cette province, se com âgées de trois ans au moins, sont égale
posait de plaines fertiles et riches en vi ment recouverts d'une double écorce dont
gnobles; à l'ouest, au contraire, le ter la plus extérieure, grisâtre, est presque
rain était plus montagneux, et les belles sans odeur, tandis que l'autre, longue,
chèvres de la Cilicie, déjà distinguées par mince , roulée et d'un rouge brun , nous
Aristote, y trouvaient de féconds pâtura donne , après avoir été séparée de l'au
ges. Les premiers habitants de cette bier et séchée au soleil, cette cannelle
contrée furent des Syriens et des Phéni que nous connaissons tous, d'un goût
ciens, mais au temps d'Alexandre, il s'y piquant, aromatique, et si agréable. Les
établit des colonies grecques et macédo marchands orientaux en faisaient un grand
niennes. D'abord sous le joug des Séleu commerce, Apoc. 18, 13., et les hommes
cides, la Cilicie passa au pouvoir de l'Ar riches qui s'en servaient soit pour l'as
ménie, et finit par devenir sous Pompée saisonnement, soit en guise de parfums,
une province romaine ; mais les habitants allaient jusqu'à en bassiner leurs divans
des montagnes restèrent toujours indé et leurs lits derepos, Prov. 7, 17.
pendants, et ne relevant que de leurs Le cinnamome dont il est parlé dans les
chefs particuliers. Il se trouvait aussi des livres saints se tirait probablement de
Juifs établis dans cette contrée, Act., 6, l'Arabie ou de l'Ethiopie ; on en trouvait
9. La ville principale était Tarse, bien aussi dans l'île de Ceylan une espèce
connue comme patrie de saint Paul. très estimée, v. Casse. Outre ces diffé
CIMETIERE. Institution longtemps in rentes espèces, on connaît encore la ca
connue aux Orientaux, et qui paraît l'avoir nelle girofflée de Madagascar, la canelle
été toujours aux Hébreux.—v. Sépulture, blanche qui croît en Amérique, à la Ja
Tombeaux, etc. maïque et à Saint-Domingue, enfin l'écorce
CIR 200 CIR
d'un arbre nommé katoukarva sur les prend que les Arabes, les Sarrasins , les
côtes du Malabar. lsmaélites, tous issus d'Abraham et ja
CIRCONCISION. Cérémonie religieuse loux sans doute de la prospérité qui sem
qui consistait à couper le prépuce à tous blait s'attacher à la branche d'Isaac, aient
les enfants mâles. Dieu lui-même ordonna adopté par esprit d'imitation, par une
à Abraham de faire subir cette opération fausse dévotion, ou par un faux calcul .
à tous les mâles de sa famille ; il en fit d'intérêt, une cérémonie matérielle qui
même une loi pour tous ses descendants, ne leur devait apporter aucune des béné
et la circoncision devint la marque dis dictions divines dont elle était le garant,
tinctive du peuple de Dieu, le signe de mais qui a pu non-seulement ne pas leur
l'alliance , le symbole des rapports inté nuire , mais même avoir pour eux quel
rieurs et extérieurs établis entre Dieu et qu'un de ces avantages charnels qui la
les Juifs. Le nom de circoncis ou de cir font encore estimer en Orient, et qui fu
concision fut dès lors employé pour dé rent probablement aussi présents à l'es
signer le peuple de Dieu, la nation sainte, prit du divin Législateur qui l'établit. Les
tandis que les Juifs appliquèrent aux in Samaritains s'y soumirent en acceptant le
fidèles le nom d'incirconcis, pour rappe joug de la loi mosaïque, et c'est d'eux
ler qu'ils ne portaient point en leur corps sans doute que veut parler Hérodote lors
le signe glorieux de l'adoption divine qui qu'il mentionne les Phéniciens comme se
était le privilége de leur nation seule. faisant circoncire, car cette dernière pe
Quelque respect que l'on doive avoir tite nation que l'on pouvait facile con
pour le témoignage d'Hérodote, et quel fondre avec quelqu'une de celles qui l'en
que haute antiquité que l'on puisse ac touraient, ne paraît pas avoirjamais connu
corder, d'après cet historien , à la prati cet usage. Les Edomites, quoique des- .
que de cette cérémonie chez les Syriens, cendants d'Abraham, ne reçurent la cir
chez les Phéniciens, chez les Ethiopiens, concision que lorsque vaincus par Jean
et surtout chez les Egyptiens; quel que Hyrcan, ils reçurent en même temps la
puisse être en outre l'accord d'un cer loi de Moïse. Quant aux Egyptiens, nous
tain nombre de théologiens (Celse, Julien l'avons dit déjà , la circoncision leur fut ,
l'Apostat, Michaelis, Bauer, Winer, Cel connue de bonne heure, mais elle ne fut
lérier fils), et tout en admettant, avec Hae jamais chez eux d'un usage général et in
vernick(Einleitung, p.320), que les Egyp dispensable; les prêtres seuls y étaient
tiens, surtout dans la caste sacerdotale, obligés. Quelques-uns (Cellérier) répu
connurent de bonne heure la circonci gnent à croire que les Egyptiens aient
sion, il nous est impossible d'admettre emprunté une cérémonie aussi importante
non-seulement ce que prétend Winer , au peuple pauvre et méprisé qui lui con
qu'Abraham et Moïse aient emprunté cette struisait ses pyramides, ses palais et ses
coutume aux Egyptiens (!), mais même temples; mais l'on sait que s0uvent le
ce qu'affirme Cellérier, que la circonci vainqueur emprunte au vaincu ses mys
sion fût déjà connue sur la terre à l'épo tères comme sa langue ; et d'ailleurs, si
que où l'Eternel l'imposa à son peuple, l'On ne veut pas admettre cette supposi
comme marque particulière et distinctive. tion, rien n'empêche de penser avec Bo
« L'Ecriture, dit Calmet, nous parle de chart que c'est des Arabes que les Egyp
l'institution de la circoncision d'Abraham tiens ont reçu la circoncision. – De nos
comme d'une chose toute nouvelle. Elle jours encore cette coutume est générale
nOuS dit que c'est le sceau de l'alliance ment répandue dans presque tous les pays
que Dieu fait avec ce patriarche. » Et com chauds, et sans faire une longue énumé
ment la circoncision aurait-elle été un ration des rapports des voyageurs mo
caractère qui distinguât Abraham et sa dernes, nous nous bornerons à mention
race du reste des peuples, si elle eût été ner les divers faits suivants auxquels on
communeaux Egyptiens etaux Ethiopiens, pourrait aisément en joindre beaucoup
aux Phéniciens et à tant d'autres peuples d'autres.La circoncision est en usage dans
qui l'ont pratiquée autrefois ?– On com tous les pays musulmans. Les nègres ma
CIR 201 CIR
hométans de l'intérieur de la Guinée la claves, achetés, faits prisonniers, ou nés
pratiquent vers l'àge de quatorze ou dans la maison , auxquels leurs maîtres
quinze ans, dans un jour solennel où sont devaient faire subir cette opération, afin
appelés comme à une revue tous les jeu de les mettre par là, même malgré eux,
nes gens qui doivent la subir. Chez les sous la juridiction théocratique, Gen. 17,
Galles, voisins de l'Abyssinie, on ne cir 12. Cette opération n'était point consi
concit que les hommes faits. A Madagas dérée comme un travail, et pouvait se
car, la solennité de la circoncision est (ou faire le jour du sabbat, Jean 7, 22. ;
était) la plus grande fête de toute l'île , c'était même un proverbe recu que la cir
accompagnée de sacrifices, d'abstinences, concision chasse le sabbat. Un Israélite
de jeux, de combats, de jeûnes et de pro quelconque, ordinairement le chef de la
cessions. A Socotora, un natif que l'on famille, Gen. 17, 23., était chargé de
aurait trouvé incirconcis eût été condamné l'exécution , cf. Ex. 4, 24.; les païens
à avoir les doigts coupés. Les Abyssins, seuls ne pouvaient naturellement pas s'en
bien qu'ils soient depuis des siècles pas mêler; pour les adultes, on requérait
ses à un christianisme qui depuis long cependant volontiers l'assistance d'un mé
temps n'existe plus guère qu'à l'état de decin : l'on se servait d'un couteau tran
mort, ont conservé la circoncision, soit chant d'acier , ou plus ordinairement de
comme ancienne coutume, soit comme pierre, estimant que cette dernière sorte
précaution hygiénique. Les filles sont en était moins douloureuse , moins dange
diverses contrées circoncises comme les reuse, et causait moins d'inflammation ,
hommes , en Abyssinie , dans le royau Ex. 4, 25. Jos. 5, 2. L'enfant peut se
me de Bénin, en Guinée, dans le Pégu, guérir de la plaie en vingt-quatre heu
au-delà du Gange, chez les Cophtes et res; pour les adultes, il paraît, d'après
chez les Hottentots. Il serait trop long de Gen. 34 , 25., qu'au troisième jour la
raconter en détail , ou même en abrégé, douleur est encore vive et la fièvre assez
tout ce que font encore tant d'autres peu ardente. C'est au moment de la circonci
ples païens, blancs, rouges ou noirs, ha sion, comme chez nous au moment du
bitants des Philippines ou du Mexique, baptême, que le nom était imposé à l'en
sauvages ou demi-civilisés ; se disant sa fant, v. Nom, et cf. Luc 1, 59. 2, 21.
ges ils sont devenus fous, et l'on aurait Nous avons indiqué déjà l'une des rai
peine à croire en combien de façons ils sons qui concoururent à faire introduire
Ont modifié l'institution primitive donnée la circoncision chez les Hébreux. La pre
aux Hébreux ; la contrefaçon des choses mière et la plus importante fut sans doute
saintes n'est jamais chose sainte. le choix de Dieu, libre, simple, spontané,
C'est le huitième jour après leur nais sans que nous ayons à sonder ses des
sance que devaient être circoncis les des seins; ce fut le sceau sanglant de son al
cendants d'Abraham, Gen. 21 , 4. Lév. 12, liance avec Abraham et Moïse , comme
3. Luc 1, 59. 2, 21.; toutefois Moïse lui l'arc-en-ciel fut le sceau de son alliance
même semble présenter à ce fait une pre avec Noé, comme la croix de Christ l'est
mière exception dans l'histoire de son de son alliance avec nous. Mais si l'on
propre fils, Ex. 4, 25. cf, 2, 22., et nous peut découvrir, à côté de ce grand mo
en trouvons une seconde bien plus frap tif, quelques autres traits accessoires, et
pante dans le peuple du désert, dont au les avantages extérieurs qui devaient en
cun de ceux qui naquirent pendant le résulter pour le peuple de l'alliance, nous
Voyage ne furent circoncis que lorsqu'ils essaierons de les indiquer par un mot.
eurent pris possession de la terre pro Comme le symbole du baptême représente
mise, Jos. 5, 2. 5. D'autres que les Juifs l'homme perdu pour le monde et ense
pouvaient être soumis à la circoncision, veli aux vanités et aux péchés de cette
et ils étaient par le fait même incorporés terre, la circoncision était le signe le
au peuple de Dieu; c'étaient les prosély mieux choisi pour marquer la pureté, le
les de la justice qui désiraient obtenir le renoncement à toute souillure, qui de
Sceau de l'alliance, Ex. 12, 48., et les es vait être le grand caractère et le point
CIR 202 CIR

dominant de toute la loi judaïque. Lejeune qu'il demandait ne pouvait se trouver que
enfant était censé rejeter loin de lui toute chez les ennemis de son peuple.
chose impure, et semblait accomplir par La circoncision du cœur, dont parle
avance le commandement de notre Sau l'apôtre saint Paul aux Romains, 2, 29.,
veur: « Si tel ou tel de tes membres te fait n'était point quelque chose de nouveau ;
broncher, coupe-le;» Matth. 5, 29. 18, 8. ce n'était point une spiritualité de la nou
9. La circoncision, par son étrangeté mê velle alliance, comparée au matérialisme
me, était en outre destinée à séparer tou de l'ancienne; l'ancienne aussi était spi
jours plus les Hébreux des peuples voi rituelle, comme elle était sainte, pure, sa
sins, en leur inspirant les uns pour les lutaire; c'était déjà l'ancienne qui pres
autres un mépris réciproque. Enfin, sous sentait l'inutilité de la circoncision faite
le point de vue de la santé, il paraît que de main en la chair; c'était déjà l'ancienne,
cette opération était de nature à prévenir et Moïse lui-même, qui de la part de l'E-
un grand nombre de maladies qui se dé ternel appelait les Hébreux à la véritable
veloppent particulièrement dans les pays sainteté, lorsqu'il leur dit : « Circoncisez
chauds, et que l'on trouve plus fréquem donc le prépuce de votre cœur. » Deut.
ment chez les peuples qui de nos jours 10, 16.
ne pratiquent pas la circoncision, que Après la mort de Jésus, et dès les pre
chez les autres. miers temps de l'établissement de son
On a vu déjà que chez les Hébreux le Eglise sur la terre, des disputes s'élevè
terme d'incirconcis ou prépuce, 1 Sam. rent entre ses disciples sur la nécessité
17, 26., était une des plus grandes insul d'assujettir ou non à cette cérémonie les
tes qu'on pût adresser à un homme; à païens qui passaient au christianisme :
Rome, au contraire, c'était le nom de cir nous aurons à en reparler ailleurs; rappe
concis, ou de verpus, qui tenait lieu d'in lons seulement ici que saint Paul déclara
jure. A l'époque d'Antiochus Epiphanes, d'une manière générale et positive « que
qui voulut ramener tous ses sujets au pa celui qui se circoncit reste sous l'obliga
ganisme par le ridicule et la persécution, tion d'accomplir toute la loi », Gal. 5, 3.,
plusieurs Israélites prirent tellement à et que le concile de Jérusalem délivra of
. honte leur circoncision, qu'ils cherchèrent ficiellement les fidèles d'entre les païens
à en faire disparaître les traces par des de toutes les cérémonies mosaïques, et en
moyens extérieurs, des remèdes et de particulier de celle de la circoncision. Act.
nouvelles opérations, 1 Macc. 1, 16. Sur 15,24.28.29.
l'horreur des Juifs pour l'incirconcision, Reste enfin le cas de Timothée, Act. 16,
cf. encore Jug. 14, 3. 15, 18. 1 Sam. 14, 3., la circoncision que saint Paul domna
6. 2 Sam. 1, 20. Es. 52, 1. Ez. 28, 10. à ce disciple, et qui paraît contradictoire
31, 18. avec la conduite qu'il tint plus tard avec
Saül, voulant se défaire de David, lui fit Tite, Gal. 2, 3. Il n'y a aucune contra
demander comme douaire , pour obtenir diction dans la manière dont les deux ré
la main de sa fille, cent prépuces de Phi cits nous sont présentés ; dans les Gala
listins, 1 Sam. 18, 25. David en apporta tes, il est dit qu'on n'obligea point Tite,
deux cents. On se rappelle l'usage des et dans les Actes rien ne semble indiquer
Turcs et d'autres peuples orientaux, de que Timothée ait manifesté quelque ré
compter les morts de leurs ennemis par pugnance à se soumettre à cette cérémo
les têtes, les nez ou les oreilles qu'on en nie : s'il y était volontairement disposé,
apporte ; mais comme souvent les servi il n'y avait rien dans le système de Paul
teurs de ces despotes asiatiques, pour qui pût l'empêcher d'y consentir; cet apô
mieux mériter de leurs chefs, vont jus tre disposé à se faire tout à tous, et Juif
qu'à faire subir ces tristes opérations aux aux Juifs, 1 Cor. 9, 20., devait plutôt sai
morts mêmes de leur parti, afin d'avoir sir avec joie l'occasion qui lui était of
plus d'organes à présenter, les calculs ferte de faire aux hébraïsants une légère
sont sujets à de bien graves erreurs. Saül concession pour leur prouver son peu
n'avait rien de pareil à craindre, et ce d'entêtement, son laisser-aller dans les
CIT 203 CIT

choses secondaires, sa tolérance et son fréquents, soit entre tribus, soit entre
amour pour la paix, qui le faisait céder particuliers, Gen. 21, 25. 26, 15.
lorsqu'il ne s'agissait que de vues per Dans la saison chaude de l'année, et
sonnelles, particulières, sur des points en général quand les citernes sont vides,
peu importants, mais qui ne l'amenait ce elles servent de prisons ;Joseph, et Jéré
pendant à aucune concession sur les ar mie y furent enfermés, Gen. 37, 22. Jér.
ticles mêmes de la foi. 38, 6., et les prophètes emploient des ima
ClTERNES. Comme les pluies ne tom ges de cette nature pour exprimer les an
bent que deux fois l'an en Palestine, que goisses de leur âme ou les maux qui les
les sources y sont rares, et que les villes oppressent, Ps. 55, 24. 69, 15. 88, 7. Une
sont presque toutes bâties sur des hau citerne est mentionnée en passant, 2 Sam.
teurs, il faut par divers moyens obvier au 17, 18., comme ayant servi de cachette et
manque d'eau qui se fait si généralement de lieu d'abri.
sentir. Les citernes sont des réservoirs Il y avait ordinairement dans les villes
destinés à recueillir les eaux du ciel. Les des citernes publiques et banales, de la
Orientaux, et les Hébreux en particulier, grandeur moyenne desquelles on peut ju
en avaient creusé un grand nombre dans ger par le fait qui nous est rapporté, Jér.
les plaines et sur les montagnes, et l'on 41, 6. 7.8., de soixante et dix hommes
montre encore dans les environs de Na dont Ismaël fit jeter les cadavres dans la
blus(Sichem)la fontaine de Jacob,Jean 4, citerne (Martin, mal traduit, une fosse).
6., au bord de laquelle s'assit notre Sau Elles étaient tantôt carrées, tantôt cylin
veur parlant avec la Samaritaine. Ces ci driques, et solidement enduites de mor
ternes prenaient en général le nom de la tier et de chaux, afin d'empêcher l'eau de
ville la plus voisine, ou le nom de leurs fuir et de se perdre ; quelques-unes ce
propriétaires, comme, Deut. 10, 6., les pendant n'étaient que creusées dans la
citernes (Bééroth)des fils de Jahakan. As terre, et présentaient, lorsqu'elles ve
sez étroites à leur ouverture, elles s'élar naient à être à sec, un fond de vase et de
gissaient ordinairement à mesure qu'elles boue, Jérém. 38, 6. On les couvrait d'une
étaient plus profondes, et cette forme, pierre, Ex. 21, 33., ou bien on les entou
qui les rendait peu propres à recueillir en rait d'une barrière, soit comme garde-fou,»
abondance l'eau du ciel, empêchait du pour prévenir des accidents, soit surtout
moins l'évaporation trop abondante des pour les préserver elles-mêmes. Les par
eaux renfermées dans le réservoir. On les ticuliers opulents avaient dans la cour de
fermait au moyen d'une pierre, Gen. 29, leurs maisons des citernes pour leur usa
2., pour les abriter contre le sable mou ge particulier, 2Sam. 17, 18., et ce n'était
vant du désert, ou contre la soifdes étran pas pour eux un médiocre sujet de satis
gers et de leurs troupeaux; et les Bédouins faction intérieure.
savent si bien encore fermer l'ouverture De nosjours encore on trouve bon nom
de leurs citernes, qu'il est presque impôs bre de puits ou citernes dans les plaines
sible de les découvrir, cf. 2 Sam. 17, 19. et dans les villes à moitié désertes de l'an
A l'approche d'un ennemi, ou pour se cienne Canaan ;c'est là qu'à la tête de leurs
venger de quelqu'un, l'on comblait les troupeaux, et montés sur quelqu'une de
puits et les citernes, pour essayer de faire leurs bêtes, on voit s'avancer vers le soir
périr par la soif, ou du moins pour faire les bergers, les chévriers, les âniers ou
souffrir cruellement ceux qui auraient les chameliers, qui seuls entre eux, ou
compté s'y désaltérer, Gen. 26, 15.2 Rois avec leurs bergères, font, pendant que
3, 25.2 Chr. 32, 3. Es. 15, 6. Les noma leurs bestiaux s'abreuvent, bourdonner
des regardent la propriété de ces puits les airs d'un murmure de conversations
comme un bien précieux dont on ne cède vives, piquantes, animées, relatives sans
pas facilement l'usage à d'autres tribus, doute aux anecdotes qu'ils ont pu recueil
ainsi qu'il paraît d'après Nomb. 21, 22. lir pendant le jour, ou aux besoins des
Il résulte de là que ces citernes devaient animaux dont la garde leur est confiée ;
étre des occasions de rixes et de combats c'est alors une ville bruyante et gaie, puis
CLA 204 CLA

au bout de deux heures, lorsque le bruit savait ce que c'est que la justice ; mais
des sonnettes s'est éteint peu à peu , ce empereur, il se laissa entraîner à beau
n'est plus qu'un désert, c'est un cimetière; coup de crimes, par ses femmes et ses
on y vit au milieu des morts, et les sou favoris. Le principal fait militaire de son
venirs d'un passé, bien passé, animent règne fut une descente victorieuse en
seuls pour le voyageur la citerne, les pal Bretagne, qui lui valut les honneurs d'un
miers et les blocs de marbre qui se trou triomphe et le surnom de Britannicus,
vent sur ce théàtre abandonné. Alors On qu'il légua à son fils. Ayant fait assassiner
se transporte à l'époque des patriarches, sa femme Messaline, qui le couvrait de
et l'on voit, dans ces jours où les pasteurs honte par sa conduite scandaleuse, il épou
jouissaient d'une estime si générale, la Sa sa nièce Agrippine : celle-ci exerça sur
scène d'Elihéser et de Rébecca, Gen. 24, lui la plus funeste influence, et en parti
11.13., celle de la première rencontre de lier lui fit adopter le jeune Domitius (Né
Jacob et de Rachel, et leurs pleurs au bord ron), qu'elle avait eu d'un premier ma
de la citerne, 29, 3-11., et la scène, moins riage, et qui fut ainsi préféré à Britanni
naïve mais plus sérieuse, du premier roi cus, le propre fils de l'empereur. Cette
d'Israël qui, la veille de son sacre, prie les méchante impératrice finit par faire em
jeunes filles rassemblées autour de la fon poisonner son mari, pour éviter elle-mê
taine de vouloir bien lui indiquer la de me le sort de Messaline. Claude mourut
meure du prophète Samuel, 1 Sam. 9, 11. le 13 octobre 54 ap. C., âgé de soixante
C'est volontiers auprès des sources que quatre ans, après en avoir régné près de
les guerriers et les voyageurs aimaient à quatorze. De même que tous les empe
s'établir pour y passer la nuit, 1 Sam. 29, reurs romains, il fut après sa mort mis
1.2 Sam. 2, 13.; et la preuve qu'un grand au nombre des dieux. Parmi les travaux
nombre de villes s'établissaient dans le considérables qu'il fit exécuter pendant
voisinage des sources, se trouverait au sa vie, il faut remarquer l'agrandissement
besoin dans le fait même de la composi de la circonférence de Rome, la construc
tion de leurs noms. v. toutes celles qui tion d'un port à l'embouchure du Tibre,
commencent par Béer, etc. ; cf. les noms et l'achèvement d'un magnifique aqueduc
allemands Geisselbronn, Niederbronn, commencé par son prédécesseur Caligula.
" Heilbronn, Brunnen, Lauterbrunnen; et La Judée fut réduite par lui en province
en français, Aubonne, Bordeaux, Fontai romaine. C'est sous lui qu'eurent lieu la
nebleau, etc. famine annoncée par le prophète juif Aga
Il y avait d'autres puits qui n'étaient bus, la persécution dont l'apôtre saint
point de simples citernes ou réservoirs, Paul faillit être victime à Thessalonique,
mais qui, élevés sur des sources d'eaux et l'expulsion des juifs de la ville de Rome.
vives, avaient une eau toujours nouvelle, C'est encore sous son règne que Chateau
fraîche et pure : ils étaient plus recher briand et d'autres poètes placent la fiction
chés, mais aussi bien plus rares, Lév. 14, de saint Pierre arrivant à Rome en 42, « le
5. 15, 13. Nomb. 19, 17. bâton pastoral à la main ; prince d'une
CLAUDE. 1° César, Act. 11, 28. 17, 7. nouvelle espèce, dont les successeurs sont
18, 2., le quatrième empereur de Rome, destinés à monter un jour sur le trône des
et le premier que les gardes placèrent sur Césars. »
le trône : il ne demandait pas la puis 2° Claude Lysias. v. Lysias.
sance; caché derrière une porte pendant 3° Surnom que Josèphe donne à Félix,
le tumulte qui suivit l'assassinat de Caïus, gouverneur de la Judée, Act. 23, 26- v.
il y fut découvert par un soldat et procla Félix.
mé empereur. Claude consterné, dit Cha 4° Clauda, Act. 27, 16., très petite île
teaubriand, ne demandait que la vie, on près de la pointe sud-ouest de la Crète,
y ajoutait l'empire, et il pleurait du pré maintenant appelée Gozzo, et habitée seu
sent. S'il fût resté dans une condition pri lement par une trentaine de familles.
vée, il eût été sans doute un honnête ci CLAUDIA, 2Tim. 4, 21., chrétienne de
toyen, car il était généreux par nature, et Rome, apparemment convertie par saint
CLE 205 COL
Paul. mais du reste inconnue. On a voulu plus probable qu'il faut les distinguer;
la faire, à cause d'une épigramme de Mar cette seule différence d'une lettre est
tial qui réunit ces deux noms, la femme d'ailleurs plus importante qu'il ne le
de Pudens, dont le nom précède le sien ; semble d'abord, et, comme Winer le fait
mais outre que la preuve n'est pas forte, observer, Cléopas est davantage un nom
lemom de Linus, intercalé par saint Paul greq,et la contraction de Cléopatros, de
entre ceux de Pudens et de Claudia, n'ap même que Antipas est la contraction
puierait pas cette conjecture. D'autres ont d'Antipatros, tandis que Clôpas est plutôt
voulu la faire Anglaise de nation; d'au le nom d'Alphée passé à la forme grecque.
tres enfin Gauloise, et veuve chrétienne Toutefois Tholuk et Olshausen ne voient
de Pilate. Toutes ces suppositions repo dans ces deux passages qu'un même in
sent sur le désir de deviner des énigmes. dividu.
Claudia est inconnue. CLIMAT, v. Température.
CLEMENT, Phil. 4, 3., compagnon CLOCHETTE, v. Sonnette.
d'œuvre de saint Paul à Philippes, que CLOUS. Outre le clou de Jahel, Jug.
Grotius et Steiger supposent avoir été 4, 21., et le passage prophétique Ps. 22,
l'un des anciens de cette ville; quoiqu'il 17., il n'est guère parlé de clous dans
soit inconnu, et que l'on ne puisse rien l'histoire Sainte que lors de la crucifixion
affirmer de positif sur son compte, l'an de notre Sauveur, Luc 24, 39. Jean 20,
cienne église paraît avoir regardé ce Clé 25. On se demande si les deux pieds ont
ment comme identique avec le Clément été percés du même clou comme le disent
de Rome, connu par ses deux lettres aux les Latins, ou si chaque pied a été percé
Corinthiens, et par la tradition qui en à part comme le veulent les Grecs et Gré
fait le troisième pape, successeur supposé goire de Tours; on n'en sait rien, et cela
de Linus et de Pierre, évêques supposés ne fait rien non plus. — Quant à l'his
d'une ville qui n'était rien dans le monde toire de ces trois ou quatre clous, voici
religieux d'alors. On peut accepter cette Ce qu'on en dit : l'un fut mis à la cou
identité, tout en se rappelant qu'il est ar ronne de Constantin, deux autres servi
rivé bien des fois que l'on a attribué à rent à faire le mors de son cheval, un
un personnage connu, divers faits et ges quatrième futjeté par l'impératrice Hélène
tes qui appartenaient à un personnage dans la mer Adriatique pour en calmer
plus obscur, mais du même nom. les agitations. On en montre maintenant
CLEOPAS (toute gloire) ou Clopas, quatorze autres, tous avec des certificats
Jean 19, 25., époux de Marie, sœur de la d'origine; deux à Rome, un à Milan, au
mère de Jésus; cette Marie, dans le pas tant à Carpentras, à Sienne, à Venise, à
sage parallèle, Marc 15, 40., est appelée Cologne, à Trèves, deux à Paris, un à
mère de Jacques le mineur, lequel Jac Saint-Denis, à Bourges, à Draguignan,
ques est ainsi nommé pour le distinguer etc., etc. — Fraudes pieuses !
du fils de Zébédée. Ce Jacques le mineur COCHON, v. Porc.
est donc fils d'Alphée, et comme il est COLLIER, v. Boucles.
aussi fils de Marie, femme de Cléopas, il COLOMBE, oiseau trop connu pour
en résulte que Alphée et Cléopas ne sont qu'il soit nécessaire de le décrire ; nous
qu'un seul et même nom, comme le prouve nous bornerons aux observations que
d'ailleurs leur presque identité de forme nous fournissent sur cet animal les don
et de signification dans les langues ori nées bibliques. — La colombe qui est ré
ginales (Alphée signifie instruit, chef.). | pandue dans tout l'Orient, où elle niche
Cléopas est encore le nom de l'un des dans de vieux murs, sur des rochers ou
deux disciples que notre Sauveur rencon dans le creux des arbres, s'appelle en
tra sur la route d'Emmaüs, Luc 24, 18.; hébreu, Iona, nom qui ne dérive point,
est-ce le même que l'époux de Marie ? ainsi que le veut Bochart, de l'Ionie, mais
rien ne le prouve; et comme il y a dans d'un mot arabe qui indique la douceur,
les deux noms une légère différence (le | la grâce. C'est à l'aube du nouveau monde
premier est proprement Clôpas), il est et sur les flots du déluge, qu'elle apparaît
COL 206 COL

pour la première fois dans l'Ecriture, vol tous les animaux de sa taille et de sa
Gen. 8, 8-12., comme si cet animal, dont grandeur, et c'est ainsi que, sans dé
l'apparition précéda celle de l'arc-en-ciel, fense, elle peut échapper fort souvent à
devait déjà nous annoncer par avance que ses persécuteurs. Salomon, dans le Can
la terre serait gouvernée par des lois plus tique 1, 14. 4, 1. 5, 12., compare à des
douces, et sauvée par la bonté du Créa colombes les yeux innocents et tendres
teur, malgré les péchés des hommes; la de celle qu'il aime : « ils sont comme des
branche d'olivier qu'elle rapporte semble colombes sur les ruisseaux d'eaux , bai
renfermer la même pensée et dire aux gnées dans du lait, se reposant au mi
hommes que « Dieu ne frappera plus lieu de la plénitude de la beauté. » Cha
toute chose vivante comme il l'a fait » (8, cun sent tout ce qu'il y a de gracieux
21.), et qu'il attendra le jugement final dans cette image, qui s'attache cependant
avant d'accabler de son juste courroux les de si près à la réalité, en nous montrant
pécheurs impénitents. les prunelles nageant dans le blanc de
Elle joue le même rôle encore dans la l'œil comme dans des flots de lait, et si
loi mosaïque où, déclarée animal pur, elle fraîchement entourées d'un cadre de vi
se trouve mêlée à tous les sacrifices, et sage au milieu duquel elles reposent
sert à remplacer, pour les pauvres, les comme dans le sein de la beauté. Nos
victimes plus considérables exigées en versions ont mal à propos, dans ces trois
holocaustes pour le péché, Luc 2, 24. cf. passages, mis « tes yeux sont comme ceux
Lév. 1, 14. 5, 8. 12, 8. Nomb. 6, 10. A des colombes : » ceux n'est pas dans le
cause de la grande consommation de co texte, et ne fait que nuire à l'idée.
lombes qui devait se faire pour le service Le roucoulement de la colombe est dans
du temple, et comme il n'était pas tou presque toutes les langues appelé un gé
jours facile à ceux qui devaient en offrir, missement (en latin, gemere, en grec,
de se les procurer et surtout de les ap arivtv, etc.), et les prophètes hébreux
porter à Jérusalem s'ils en étaient éloi ont exprimé la même pensée, Es.'38, 14.
gnés, les prêtres avaient permis qu'on 59, 11. Nah. 2, 7. cf. Ez. 7, 16. On se rap
vendît de ces oiseaux dans les parvis du pelle le vers de Virgile, Eglog. 1, 59 :
temple; c'est à cause des abus et des illé Nec gemere aëria cessabit turtur ab ulmo.
galités de ce trafic que notre Sauveur Cet animal est le symbole de la candeur
chassa un jour ceux qui faisaient ce com et de la simplicité, Matth. 10, 16., quel
merce d'une manière indigne, ne voulant quefois aussi du peu d'intelligence, Os. 7,
pas qu'on fit de la maison de son père 11. 12.
une caverne de voleurs, Matth. 21, 12. Il reste encore quatre passages qui ont
Le nom de la fille aînée de Job, 42, 14., besoin d'une explication particulière, et
Jémima, vient probablement d'un mot qui, ordinairement mal traduits, plus sou
arabe qui signifie colombe. En Orient, vent encore mal compris par certains in
on donne ce nom aux femmes de la plus terprètes, ont donné lieu à diverses mé
grande beauté. Sémiramis fut appelée prises.
Sémir Jemamah, la colombe brune, ou, — Ps. 68, 14. — Martin : Quand vous
selon Hésychius, la colombe de la mon auriez couché entre les chenets arrangés,
tagne, et les Babyloniens portaient une vous seriez comme les ailes d'un pigeon
colombe sur leurs enseignes en l'hon couvert d'argent, et dont les ailes sont
neur de cette princesse. comme la couleur jaune du fin or. — Lu
Quant aux retraites choisies par ces oi ther : Quand vous êtes aux champs, cela
seaux, on peut voir Ez. 7, 16. Jér. 48, resplendit comme les ailes des pigeons
28. Cant. 2, 14. Ps. 11, 1. qui brillent comme l'argent et l'or.—An
Le vol de la colombe est quelquefois glais : Quoique vous ayez été au milieu
considéré par les poëtes comme l'image des pots (en Egypte, cf. Ps. 81, 6.), ce
de la rapidité, Ps. 55, 7. Os. 11, 11. Es. pendant vous serez comme les ailes des
60, 8. (cf. Sophocle, OEdip. à Colon. colombes, recouvertes d'argent, etc. —
1081); la colombe, en effet, dépasse au Enfin Calvin : Quand bien vous seriez en
C0L 207 COL

tre les pots aux cendres, si (cependant) « à cause de l'ardeur de la fourrageuse; »


serez-vous comme les ailes de la colombe les deux autres versets indiqués finissent
couverte d'argent, et laquelle par der par « l'épée de l'oppresseur. » Dans ces
rière est comme le fin or bien jaune. trois passages, on peut traduire par co
Quelque différentes que puissent pa lombe les mots marqués en italiques :
raître ces traductions, elles se réduisent c'est ainsi qu'a fait la Vulgate, et ceux
pourtant, une fois qu'on peut les com qui adoptent cette manière de voir, l'ex
prendre, à une même signification géné pliquent en rappelant que les Assyriens
rale que voici : « Quand vous seriez cou et les Babylonniens avaient sur leurs dra
chés entre des chenets (marmites, objets peaux une colombe en souvenir de Sé
qui ont senti la suie), vous n'en sorti miramis, et qu'ils sont fréquemment dé
riez pas moins blancs comme les plumes signés sous l'emblème de cet animal. On
argentées d'une colombe, comme leurs peut comparer encore les passages du
ailes dorées. » Quelles que soient vos af Nouveau Testament qui parlent de la co
flictions, quelles que soient les ténèbres lère de l'agneau , et penser que le pro
dans lesquelles vous gisez, vous ne ces phète annonce aux Hébreux que le Sei
serez jamais de reluire, de briller, d'être gneur, doux comme une colombe, finira
heureux : la délivrance dissipera toujours par s'embraser dans sa colère contre eux.
les taches que vous aurez contractées dans Cependant, quoiqu'à la rigueur cette tra
l'adversité. Celui qui gouverne l'Eglise la duction et ces interprétations soient pos
tirera de tous les dangers auxquels elle sibles, elles ne sont pas probables, et les
sera exposée. On peut citer comme paral auteurs catholiques eux-mêmes tradui
lèle à ce passage le verset d'Esaïe 1, 18. : sent par oppresseur, ravageur, ou four
• Quand vos péchésseraient rouges comme rageur, laissant au masculin ce dernier
le cramoisi, ils seront blanchis comme la nom que Martin a mis au féminin sans
neige. » trop de raison. On comprend comment
-2 Rois 6, 25. Il est dit que lors de la l'épithète de ravageur pouvait bien se
famine de Samarie, le quart d'un cab de rapporter à l'ennemi de la Judée, Nébu
fiente de pigeon se vendait cinq pièces cadnetsar.
d'argent. Le savant Bochart, qui a consa — Matth. 3, 16. Marc 1, 10.Jean 1, 32.
cré dix-sept pages à l'examen de cette Au baptême de Jésus-Christ il est dit que
question, pense qu'il faut entendre par les le Saint-Esprit descendit sur lui comme
mots fiente de pigeon une espèce de lé une colombe, et saint Luc,3, 22., nous dit
gume, de pois chiches, qui porte encore plus positivement encore : « Le Saint-Es
un nom semblable en arabe; mais il pa prit descendit sur lui sous une forme cor
rait que Bochart a fait une confusion de porelle, comme celle d'une colombe. »
Inots, et que ses conclusions d'analogie On peut admettre que le Saint-Esprit qui,
doivent être abandonnées. D'autres, sur dans d'autres occasions, se présentait
tout des interprètes anglais, ont essayé sous d'autres formes, cf. Act. 2, 3., ait,
de paraphraser, en disant que l'on vendait cette fois peut-être, pris en effet la forme
pour cinq pièces d'argent un cab de ba matérielle d'une colombe; et les rabbins,
layures, de rebuts, d'ordures, de débris dans leurs explications de Gen. 1 , 2.
réservés aux pigeons, etc.; mais c'est for Cant. 2, 12., ont toujours représenté
cé, etl'on doit conserver la version ordi l'Esprit de Dieu sous cette image : le
naire, qui est appuyée par toutes les tra symbolique Orient devait représenter le
ditions juives, et par le fait bien connu, Saint-Esprit sous la figure d'un oiseau,
qu'en maint et maint cas de siége, les ha comme descendant du ciel, et la colombe
bitants au désespoir ont été réduits à se devait être choisie naturellement à cause
nourrir de fiente d'animaux. de sQn innocence et de sa pureté. Cepen
—Jérém. 25, 38. 46, 16. 50, 16. On lit dant la plupart des interprètes modernes,
dans le premier de ces passages, en par surtout les protestants, repoussent cette
lant des ravages que Nébucadnetsar fera idée comme trop matérialiste, et ne con
dans la Judée, que la terre sera dévastée sidèrent dans l'image que l'image seule,
COL 208 C0L

c'est-à-dire la vitesse, la douceur et la miraculeuse P C'est ce que nous ne savons


grâce. Pour pouvoir obtenir un résultat pas. Quelques rationalistes, avec l'esprit
quelconque, une solution quelconque aux qui les caractérise, ont imaginé que c'é-
questions que soulève cette descente du tait un tas de bois que l'on faisait brùler
Saint-Esprit, il faut remarquer que non à l'entrée du camp par manière de signal;
seulement Jésus, mais Jean-Baptiste lui on en voyait la fumée le jour, et la flamme
même (au moins lui), a vu descendre le la nuit ; mais il faut avouer 1° que, pen
Saint-Esprit, que, par conséquent, le dant quaranteans, cela aura fait une con
Saint-Esprit a dù revêtir une forme : on sommation de bois prodigieuse ; 2° que
ne saurait admettre une vision, une vue, dans le désert On aurait eu un peu de
sans que l'objet vu ait des contours, un peine à s'en procurer autant, et 3° que ce
dessin, une forme : quelque vague qu'on devait être bien mal commode de charrier,
veuille se le représenter, quelque nua devant soi , jour et nuit, ce foyer ambu
geux, quelquevaporeux qu'on veuille sup lant.—D'autres ont imaginé que c'étaient
poser le Saint-Esprit dans cette occasion, deux immenses drapeaux , sur l'un des
encore faut-il qu'il ait eu une forme; et quels était peint un nuage, et sur l'autre
l'on doit se demander maintenant s'il a une flamme. Il n'est pas nécessaire de
une forme ordinaire, habituelle, constan faire remarquer au chrétien qui lit la Bi
te, ou si, son essence étant invisible, il ble avec un cœur honnête et pur, com
prend quelquefois , pour se manifester, bien toutes ces divagations sont impies
des apparences terrestres : il nous sem et ridicules. Cf. Ps 78, 14. 105, 39.
ble que la première hypothèse est bien — Les colonnes de la terre, Job 9, 6.,
plus matérialiste que la seconde, et nous les piliers du pays, Ps. 75, 3., et les co
croyons beaucoup plus naturel, comme lonnes des cieux, Job 26, 11., sont des
aussi beaucoup plus d'accord avec le texte expressions métaphoriques qui représen
sacré, d'admettre que le Saint-Esprit, tent le ciel et la terre comme des édifices
impalpable sans doute, mais visible, a re bâtis par la main de l'Eternel, comme des
vêtu ostensiblement l'apparence de la co temples du Dieu vivant, taillés à la res
lombe. semblance des ouvrages de l'homme, et
COLONIE. Act. 16, 12. v. Philippes 5°. Soutenus comme ces derniers par des co
COLONNE. llestsouvent parlé, Ex. 13, lonnes, cf. Job. 38, 4-6.
21. 14,24.Nomb.14, 14. Néh. 9, 12.19. de L'Eternel, en envoyant Jérémie prê
la colonne de nuée et de la colonne de feu cher aux Gentils, lui annonce qu'il lui a
qui accompagnaient les Israélites dans le donné les forces et la consistance d'une
désert, leur montrant la route et leur ser colonne de fer, Jér. 1, 18.; dans le Nou
vant de fil directeur, l'une les éclairant veau Testament, Jacques, Céphas et Jean
la nuit, l'autre leur donnant de l'ombre sont appelés les colonnes de l'Eglise,
pendant le jour et servant de retraite à Gal. 2, 9.; et Apoc. 3, 12., l'Esprit dit en
l'Eternel qui y habitait. Quoiqu'il ne soit core : « Celui qui vaincra, je le ferai être
pas dit en quel endroit elle commença, une colonne dans le temple demon Dieu. »
et en quel endroit elle cessa d'accompa Le sens est le même dans ces trois pas
gner les Israélites, on peut croire que le Sages; la colonne désigne des hommes
passage de la mer Rouge et le passage du forts, qui sont les fermes soutiens de
Jourdain furent les termes extrêmes de l'œuvre du Christ, la force et l'ornement
son voyage. Elle se tenait ordinairement de la maison de Dieu. Enfin l'Eglise elle
à la tête du peuple ; une seule fois elle même est nommée de ce nom par saint
vint se placer entre eux et les Egyptiens Paul, 1 Tim. 3, 15., parce qu'elle est le
qui les poursuivaient, Ex. 14, 19.20., de gardien extérieur des vérités divines et
manière à les séparer pendant toute la des oracles de Dieu.
nuit. C'est du sein de la même nuée que Quant aux colonnes du temple, v. Tem
le Seigneur apparut aux Hébreux en Si ple.
naï, quand il leur donna sa loi. — Mais COLOQUINTE. 2 Rois 4, 39. Elisée
qu'était-ce matériellement que cette nuée étant venu à Guilgal à l'époque d'une
C0L 209 C0L

grande famine, voulut faire préparer un ge qui porte encore le nom de Chonus,
repas pour les prophètes de l'endroit, avec un château-fort dans le voisinage.
mais ils furent presque empoisonnés avec On a varié sur l'orthographe de ce nom,
un plat de coloquintes sauvages que quel les uns voulant l'écrire Colasses ; mais
qu'un avait cueillies et mises dans la chau les meilleurs manuscrits, de même qu'un
dière sans savoir ce que c'était. L'homme grand nombre de médailles, l'écrivent
de Dieu prit un peu de farine, lajeta dans comme nous faisons , et leur autorité
le potage et le rendit mangeable et sain. l'emporte. Pour la géographie de cette
— Les coloquintes sont une espèce de contrée, il faut consulter surtout le com
courge ou de concombre sauvage , dont mentaire de Steiger sur l'épître aux Col.,
la tige jette autour d'elle des sarments et p. 13 et 368.
des feuilles semblables à celles des con Il ne paraît pas, ni d'aprês les Actes des
combres de nos jardins, ou à celles de la apôtres, ni d'après l'épître aux Colossiens,
vigne : le fruit, dont l'enveloppe charnue que Paul ait lui-même visité ces contrées,
est d'un jaune-vert, est de la grosseur ou qu'il y ait fondé des Eglises; mais
d'une orange , mais allongé comme le pendant le séjour prolongé de Paul à
concombre, et si amer qu'on l'a surnom Ephèse, et à cause des communications
mé le fiel de la terre ; lorsqu'il est mûr, faciles du Méandre et du Lycus, on peut
il éclate à la moindre pression. La res croire que des disciples de cet apôtre, ou
semblance de la coloquinte avec le con d'autres fidèles portèrent l'Evangile dans
combre a facilement pu faire cueillir l'une l'intérieur du pays, et y établirent quel
pour l'autre, d'autant plus qu'en temps ques assemblées chrétiennes. On croit
de famine on n'y regarde pas toujours de même, d'après i'épître à Philémon, et par
très près. Quant au moyen employé par plusieurs passages de celle aux Colos
le prophéte pour assainir ce mets affreux, siens 4, 7. 10.14.15. 17., que Paul con
on n'y peut voir qu'un miracle; cependant naissait diverses personnes de cette con
0n sait que certains légumes, d'un goût trée, et que ces Eglises connaissaient plu
amer, perdent cette amertume quand on sieurs des compagnons de Paul. Du reste
y mêle de la farine. la plupart des noms d'origine grecque ,
COLOSSES. Située sur le Lycus, à 8 Nymphas, Archippe , Philémon, Appia ,
parasanges (environ 50 kilom.) du Méan Epaphras, Onésime, etc., rendent proba
dre, et à 35 kilom. de Laodicée , cette ble l'opinion que les troupeaux de cette
ville était une des plus considérables de vallée étaient composés en très grande
la Phrygie au temps d'Hérodote. Xéno partie, sinon exclusivement, de païens
phon encore l'appelle une cité peuplée, convertis, et non de judéo-chrétiens.
prospère et grande. Au temps de Stra Quant à l'Epître aux Colossiens, il est
bon ce n'était plus qu'une ville médio évident non-seulement qu'elle a été écrite
cre , un bourg , quoique Pline ait pu la en vue de certains faux docteurs, mais en
classer encore au nombre des villes cé core que ces docteurs avaient une doctrine
lèbres de l'Asie-Mineure. Elle fut ren d'un caractère particulier et même systé
versée par un tremblement de terre la matique : les uns ont voulu y voir des
septième année de Néron, 60-61, mais re pharisiens, d'autres des philosophes pla
construite immédiatement. Au onzième toniciens, ou même pythagoriciens, d'au
siècle, et déjà du temps de Théophylacte, tres des disciples de Jean-Baptiste. Avant
On l'appelait Chônaï (fentes, fissures), tout il faut remarquer, d'abord, que ces
peut-être à cause de la nature de son sol faux docteurs étaient des Juifs d'origine,
limoneux, qui sèche en été et se crevasse des docteurs de la loi, recommandant les
au point que, près de Colosses, le Lycus cérémonies, les sabbats, les jeûnes, etc. ;
disparaît sous terre comme englouti. Au ensuite que ce n'étaient pas des Juifs or
douzième siècle elle avait recouvré quel dinaires , se bornant à conserver la loi et
questraces de sa première grandeur. Elle à la répandre au sein des Eglises, mais
fut longtemps une résidence épiscopale. des Juifs qui philosophaient d'une ma
Maintenant ce n'est plus qu'un gros villa nière ou de l'autre sur les objets de la
I. 14
C0L 210 COM
loi. Ces deux caractères sont si frappants ils se servirent de l'ancienne philosophie.
que quelques commentateurs ont pensé On peut consulter avec fruit sur ce su
que Paul s'adressait alternativement, dans jet l'excellent commentaire de Steiger sur
cette épitre, à deux classes de docteurs ; les Colossiens (Erlangen 1836), ainsi que
mais Calvin et d'autres ont établi qu'il ne ceux de Baehr (1833) et de Mélanchton
s'agissait ici que d'une seule classe joi (1577). Le peu que nous avons dit suf
gnant à l'attachement à la loi l'amour fira peut-être pour faciliter l'intelligence
d'une certaine philosophie. On peut sup de l'épitre si difficile dont nous parlons.
poser, ou que ces docteurs juifs avaient « Après avoir réfuté ces fausses doctrines,
fait profession de christianisme, ou qu'ils ajoute Calmet, l'apôtre débite aux Colos
ne l'avaient pas fait; mais cette dernière siens la plus belle et la plus sublime mo
supposition est peu vraisemblable : on rale. » — On se demande si cette épître a
admettra difficilement que des Juifs non été écrite pendant la captivité de Rome,
baptisés aient trouvé accès auprès des ou pendant celle de Césarée : il est pro
membres d'une Eglise surtout composée bable qu'elle fut datée de Rome, et écrite
en majorité de chrétiens d'entre les gen peu de temps avant celle aux Ephésiens
tils, et que saint Paul ne les ait pas avec laquelle elle a beaucoup de rapports,
combattus d'une manière franche et di
et dont elle semble même n'être guère
recte. L'opinion la plus probable est donc qu'un extrait destiné spécialement à l'E-
celle du critique anglais Hammond qui, glise de Colosses, tandis que l'épître aux
avec sa malheureuse habitude de voir par Ephésiens serait une circulaire pour tou
tout des gnostiques, s'est trouvé cette fois tes les églises environnantes; elles s'ex
avoir rencontré juste. Ce n'étaient point pliquent l'une l'autre , et peuvent avec
les écoles gnostiques qui furent fondées avantage être lues ensemble.Voici quel
plus tard, mais c'était la même direction ques-uns des parallèles du Ier chapitre
d'esprit, la même philosophie presque de l'épître aux Colosssiens.
traditionnelle, la philosophie orientale ap Colossiens. Ephésiens.
pliquée par les Juifs à leur croyance pa 1, 2. 1, 1. 2.
ternelle, puis au christianisme, lorsqu'ils – 3. – 15. 16.
se faisaient baptiser. Leur philosophie, — 13. – 6.
ou plutôt leur théosophie, leur théurgie — 14. — 7,
s'était humanisée, pour ainsi dire, en se — 16. — 22. 3, 10. 11.
fondant avec les idées grecques, et sur — 20. -10. 2, 13.
tout en empruntant à l'esprit grec une — 21 . 2, 1,
certaine volubilité des idées, et l'apparence — 24. 3, 1.
d'une philosophie didactique. Ces théo — 26. 3, 3.
sophes, également attirés par le chris etC. etC.
tianisme, étaient assez impartiaux pour Les chapitres suivants présentent un
reconnaître que l'intelligence des choses parallèle également remarquable que le
célestes était supérieure à leurs propres lecteur attentif trouvera seul, sans qu'il
idées; désirant d'y prendre part, ils entrè soit nécessaire de prolonger ces citations.
rent dans l'Eglise, mais n'ayant pas été COMMERCE. On comprend que Ie
convertis de cœur, l'amour de la sagesse cOmmerce soit une chose aussi vieille
charnelle prévalut bientôt ; ils donnèrent que le monde, et que les échanges aient
au christianisme et à Christ une place dans commencé dès les premiers temps entre
leur système , mais n'abandonnèrent pas les bergers, les laboureurs, et les fabri
leurs erreurs. D'autres hommes qui s'é- cants. Aux jours des patriarches ce mode
taient faits chrétiens, entraînés par un be d'échange subsistait encore; mais il avait
soin du cœur plutôt que par curiosité, re déjà pris un caractère plus mercantile que
tournant plus tard à des idées de propre lorsque l'humanité ne formait qu'une fa
justice, s'efforcèrent d'accorder le chris mille, dont les divers membres travail
tianisme qu'ils aimaient, avec la loi qu'ils
laient les uns pour les autres, se com
aimaient également, et pour les cimenter muniquant mutuellement, sans les mesu
COM 214 C0M

rer, les produits de leur travail ou de leur fleurir. Ez. 27, 17. Néh. 13, 16. Les Hé
industrie; on voit déjà des marchands pro breux achètent aux Phéniciens de magnifi
prement dits; mais comme l'argent mou ques bois de construction, 1 Chr. 14, 1. 1
nayé n'existe pas, on donne des denrées Rois 5, 10., du poisson, Néh. 13, 16. (cf.
pour d'autres denrées, chacune ayant une Ez. 26, 5. 14.), divers objets de luxe, des
valeur déterminée; les caravanes ismaé étoffes brodées de diverses couleurs, des
lites traversent Canaan pour se rendre en parfums, de l'encens, de la pourpre, et
Egypte, leurs chameaux portent des dro d'autres marchandises tirées pour la plu
gues, du baume, de la myrrhe; elles achè part de l'Arabie, de la Babylonie, ou des
lent un homme esclave, et le payent vingt Indes; ils fournissent en échange du blé,
pièces d'argent, Gen. 37, 25. 28., car de l'huile (cf. 1 Rois 5, 11. Act. 12, 20.)
l'argent aussi était une marchandise qui du miel, des dattes, du baume, Os. 12, 2.,
se pesait, et que l'on estimait selon son des objets de toilette brodés par les mains
plus ou moins grand degré de pureté. de leurs laborieuses épouses, Prov. 31,
Ce sont probablement encore des cara 24., enfin quelques espèces de fines pâ
vanes marchandes que nous trouvons Job tisseries.
6, 19. On ne voit nulle part que, malgré les
Puis, pendant la servitude d'Egypte, les guerres nombreuses qu'eurent à soutenir
Hébreux, quoique simples ouvriers escla les deux royaumes, les revenus de l'Etat
ves, se trouvèrent plus ou moins mêlés en aient souffert d'une manière notable :
au commerce actif de cette riche contrée ; on trouve même au milieu de leurs revers
mais ce goût qui n'eut pas de peine à se des périodes, Es. 2, 7., ou des tribus, Os.
développer chez eux, fut comprimé par 12, 9., qui se font remarquer par leurs
la législation mosaïque, soit directement, richesses et l'abondance de toutes sortes
soit indirectement par la nature peu ma de biens.
ritime, quoique littorale, du pays qui leur L'exil étendit naturellement beaucoup
avait été donné, par l'obligation qui leur la sphère du commerce hébreu; les exilés
était imposée de diverses manières, de ne voulant se fixer nulle part, et restant
cultiver le sol afin d'en consacrer les pr0 partout étrangers, n'avaient de ressource
duits à l'Eternel, par les avantages mêmes que dans le commerce, mais ils surent en
qu'ils retiraient de la culture de ce sol , profiter; ils se dispersèrent dans les dif
enfin, par les barrières que la loi établis férentes villes de la Babylonie, puis ail
sait entre le peuple saint et les peuples leurs , dans les provinces de l'Asie mi
environnants. Il paraît toutefois que les neure, en Egypte, et jusqu'en Europe.
habitants du nord du pays ne laissèrent Cependant toujours un peu gênés par
pas que de faire un petit commerce avec leur loi, les Juifs de la Palestine hésitè
les Phéniciens leurs voisins, Gen. 49, 13. rent à se vouer au commerce , et laissè
Deut. 33, 18. Sous les rois, le commerce rent occuper par des étrangers les ports
s'agrandit et devient royal. Salomon lui de Joppe et de Césarée que leurs rois leur
même est à la tête des plus grandes en avaient donnés , puis, sous la domination
treprises; il fait le commerce des chevaux romaine, plusieurs objets de commerce
entre l'Egypte et la Syrie, 1 Rois 10, 26. ou d'industrie, passèrent à l'état de ré
2 Chr. 1, 16.17.; il s'associe au roi de gie, et furent enlevés à l'activité indivi
Tyr pour l'exploitation des mers, 1 Rois duelle.
9, 26.Après lui, les expéditions maritimes Quant au petit commerce, pour lequel
cessent de faire partie des revenus on trouve des préceptes particuliers, Lév.
royaux, et même, sauf quelques essais 19, 36. Deut. 25, 13. cf. Os. 12, 8., les
tentés par Josaphat, 1 Rois 22, 49., le grandes fêtes lui étaient surtout favora
commerce par mer est interrompu, les bles; les marchands étalaient alors leurs
ports d'Elath et de Hetsjon-Guéber con marchandises sur les places près des por
quis par David, étant tombés de rechef tes, et les Tyriens mêmes savaient encore
entre les mains des Edomites. Mais le dresser leurs bancs sur les marchés de
commerce par terre avec Tyr continue de Jérusalem, cf. Néh. 13, 16. On trouvait
CON 212 CON

enoutre dans les parvisdutempledeschan mes qui avaient à la fois beaucoup de be


geurs et des vendeurs d'animaux pour les soins et peu de lumières, mais coupable
sacrifices. C'étaient des objets de pre cependant, et qui ne fut jamais en bénédic
mière nécessité ; les Juifs étant forcés tion à ceux qui s'y livrèrent. Le grand
d'acheter, le commerce des vendeurs Abraham, polygame, fut obligé de la part
tourna au vol : ils justifièrent les doubles de Dieu à répudier la femme qu'il avait
attributions que le paganisme donnait à prise pour en avoir des enfants en dehors
Mercure, et ils furent chassés par notre de la promesse ; Jacob fut malheureux
Sauveur, Jean 2, 14. Matth. 21, 12. dans l'intérieur de sa famille, il vit ses
CONCOMBRES, seulement Nomb. 11, quatre femmes se quereller, et l'une d'el
5. (cf. Es. 1, 8., un champ de concom les se livrer à Ruben, l'aîné de ses fils ;
bres.), plante et fruit bien connu dans David s'en trouva mal, et Salomon s'é-
nos jardins et sur nos marchés. Tourne gara loin de Dieu au milieu des voluptés
fort en compte six espèces, dont la blan de sOn sérail.
che ét la verte sont les plus estimées. Quoi qu'il en soit, ce fut une coutume
C'est en Orient, et surtout en Egypte, qui commença de bonne heure à se ré
qu'ils acquièrent leur plus grande beau pandre, que les hommes les plus fidèles
té. On assure que le concombre, dans ces acceptèrent, qui passa presque à l'état
pays méridionaux, forme avec le melon de règle, et qui semble sanctionnée par
et l'oignon une des nourritureslesplus dé un détail de la loi mosaïque, Ex. 21, 8.
licates du peuple, et qu'il est à la fois cf. Gen. 22, 24.36, 12. Jug. 8, 31.2Sam.
plus agréable au goût et moins indigeste 3, 7. 1 Chr. 1, 32. Les enfants issus de
que le concombre européen. pareilles unions n'étaient point considérés
CONCUBINES. ll y avait chez les Hé comme fils légitimes; et quoiqu'ils pus
breux divers ordres d'épouses, toutes con sent habiter avec leurs frères légitimes ,
sidérées comme telles, mais occupant une ils n'avaient aucun droit à l'héritage du
place plus ou moins élevée dans la famille, père de famille; celui-ci pourvoyait par
et jouissant de priviléges plus ou moins des dons volontaires et de son vivant à
grands. Michaëlis (Mos. Recht)en compte leur assurer une condition avantageuse,
trois degrés : d'abord les femmes libres Gen. 25, 6. 21, 10. 24, 36.
et légitimes, épousées et non achetées, Une esclave, par le fait de son alliance
comme Sara femme d'Abraham; ensuite avec son maître, ne pouvait plus disposer
les épouses légitimes, mais achetées, com d'elle-même pour appartenir à un autre,
me Léa et Rachel, Gen. 29, 18.27.; en Jug. 19, 2.2Sam. 3, 7.; elle était sa fem
fin les concubines, femmes esclaves, qui, me, quoique moins honorée, et ses infi
sans être légitimes, étaient cependant délités devenaiént adultères, mais passi
unies à l'époux d'une manière légale et bles des peines ecclésiastiques seulement,
régularisée, sans que leur état les avilit, et non point des peines criminelles, Lév.
et sans qu'elles fussent coupables de mau 19, 20. Moïse présente le servage et les
vaise conduite. A côté d'une, et mème de rapports de maître à esclave-femme sous
plusieurs femmes légitimes, un homme un point de vue assez particulier, lors
pouvait avoir plusieurs concubines, sur que, Ex. 21,7-11., il maintient la servi
tout s'il n'avait point d'enfants de sa pre tude de la jeune esclave dans l'année sab
mière épouse, Gen. 16, 3. 30, 3. C'était batique, contrairement aux dispositions
ordinairement parmi ses esclaves, ou par qui rendaient cette année la liberté à ceux
mi celles de la femme et du consentement qui l'avaient perdue d'une manière ou de
de celle-ci, qu'il choisissait celle qu'il l'autre. ll part de la supposition qu'une
voulait élever à ce rang secondaire , qui esclave n'est jamais achetée qu'à titre de
était plutôt un privilége qu'une honte. concubine ; il la considère donc comme
Dans cette coutume si contraire à l'in telle, et regarderait son affranchissement
stitution primitive du mariage, il faut re comme une espèce de divorce. Mais com
connaître une déviation de la droite voie, me il arrivait fréquemment qu'une es
moins coupable peut-être chez les hom clave n'était pas concubine, elle était alors
C0N 213 C0R

en droit ou d'être rachetée, ou d'être af peut pas, lorsqu'il le juge convenable,


franchie, ou de passer à un autre maître, permettre à un homme deux femmes
afin de n'être pas vouée à un triste et hon aussi bien qu'une, et un plus grand nom
teux célibat par l'indifférence de son maî bre aussi bien que deux 9 Il est évident
tre. Quelquefois un père achetait une que nous n'avons point à résoudre ici ces
jeune fille pour la donner à son fils , ju questions, ni à examiner les raisons d'é-
geant convenable de prévenir ainsi de conomie morale, civile ou politique, qui
plus grands désordres; et quand ce fils appuyent en général l'établissement de la
venait à prendre une épouse légitime, monogamie primitive.
l'esclave était en droit d'exiger de son Ajoutons encore que la polygamie prit
jeune maître les mêmes traitements qu'a- un développement effrayant sous quel
Vant Son mariage. ques-uns des rois de Juda : David avait
Ce régime de relâchement répugne à sept femmes et dix concubines, 2 Sam. 3,
tout ce que nous pouvons avoir d'idées 2-5.20, 3. Salomon eut jusqu'à sept cents
sévères, et sur la sainteté du mariage, et femmes ayant train de reines, et trois
sur la sainteté de l'individu, et sur la di cents concubines , 1 Rois 11, 3. (elles
gnité de la femme, et sur la grandeur et firent égarer son cœur, ajoute l'historien
la pureté des exigences mosaïques. Il sacré ); et Roboam, son fils, dix-huit
faut admettre que Dieu a voulu faire des femmes et soixante concubines , 2 Chr.
concessions à l'endurcissement du cœur, 11, 21.
aux passions qui l'agitent et à la violence La venue du Christa ramené le mariage
de ses désirs : ne voulant pas exterminer a sa première institution, et a condamné
son peuple, et sachant que les peines les l'usage des concubines « quoique, ajoute
plus sévères n'empêcheraient point des Calmet, ON y ait toléré assez longtemps
transgressions constantes, il a mieux ai les mariages clandestins, dans lesquels
mé régulariser le cours des passions, les on appelait assez souvent la femme du
limiter par des lois, leur accorder quel nom de concubine ; » phrase mystérieuse
que chose, et punir d'autant plus sévère dont nous laissons à chacun de débrouil
ment les infractions aux lois subsistantes, ler le sens.
que ces lois elles-mêmesavaient été adou CONJURER LES MORTS, v. Python.
cies, autant qu'il était possible de le faire. CONSEIL DES ANCIENS, v. Sanhé
Et si l'idée de ces concessions est rejetée drin.
de quelques théologiens, si on y voit le CO0S, Act. 21, 1., petite île de la mer
germe ou l'indice d'une morale relâchée, Egée, à 16 kilom. des côtes de l'Asie Mi
nous répondrons en citant ces paroles neure, près de Cnide et d'Halicarnasse.
de notre Sauveur , Matth. 19, 8., qui Ses vignes sont célébrées dans Pline, 15,
prouvent évidemment un système de con 18., etc. et ses tissus magnifiques le sont
cession dans la législation de Moïse : par Horace, Od. 4, 13. 7., et par Tibulle.
« C'est à cause de la dureté de vos cœurs Le chef-lieu de l'île, du même nom, avait
que Moïse vous a permis de répudier vos un temple d'Esculape très fameux, et un
femmes ; mais au commencement il n'en autre de Vénus. Hippocrate et Apelles y
était pas ainsi. » Nous demanderons en étaient nés. — Son nom actuel est Stan
core si le fait même de ces lois sur les chio.
esclaves concubines n'était pas une con COQ, v. Poule.
Cession , s'il y aurait une autre manière CORAIL, coraux. Production marine,
de l'expliquer; ce que l'on aurait pu sub dure, solide, et s'élevant du fond de la
stituer à ces lois : nous demanderons si mer comme un arbre aux gracieux ra
même maintenant Dieu n'accorde rien à meaux. On trouve du corail noir, du
la faiblesse de notre nature, si le mariage blanc, et du rouge. Cette dernière sorte
lui-même ne nous sera peut-être pas dans est celle qui porte par excellence le nom
l'Eternité représenté comme une condes de corail, à cause de sa plus grande va
cendance divine, cf. 1 Cor. 7, 2.; et en leur et de l'usage qu'on en fait pour la
fin si, le mariage une fois admis, Dieu ne parure des dames, soit en l'incrustant
CoR 214 COR

dans des métaux, soit en en formant des leurs devoirs domestiques au moyen des
colliers. Quoique ce ne soit pas une pierre offrandes qu'ils avaient faites pour le ser
précieuse, l'auteur du livre de Job, 28, vice du sanctuaire. Cependant, pour com
18., le nomme à côté de l'onyx et du sa prendre une pareille aberration de l'es
phir. Il faisait partie des objets du com prit filial, il faut supposer que l'intérêt
merce syrien, Ez. 27, 16. Cette substance se joignait chez les enfants à l'adoption
est connue depuis les temps les plus an de cette maxime cléricale, et que les prê
ciens. Pline nous apprend qu'elle était tres, ou bien exigeaient pour le temple
très estimée, d'abord à cause de sa beau une portion moins forte que celle qui
té, puis à cause des idées superstitieuses aurait du revenir aux parents, ou bien
que l'on y rattachait : on croyait que ce qu'ils séduisaient les Juifs par certaines
lui qui portait un morceau de corail sur promesses illusoires, en leur représen
lui ne pouvait jamais courir aucun danger. tants les offrandes faites au temple com
Naguère encore, dans la même contrée, me plus méritoires, et comme entraînant
un collier de corail rouge se vendait aussi des bénédictions et des avantages parti
cher qu'un collier de perles. Le nom hé culiers.
breu que l'on a traduit par corail est Ra CORBEAU. Oiseau appelé en hébreu
moth. D'autres ont voulu voir le corail horeb, et en syriaque croac; de même
dans l'Almughim, q. v. On se demande croak dans le vieux anglais. Il était dé
enfin si le mot Peninim, Prov. 3, 15. 8, claré impur par la loi de Moïse, Lév. 11,
11. 20, 15.31, 10. Job 28, 18. Lam. 4, 7., 15. Deut. 14, 14. Il habite les lieux soli
ne désigne pas la même substance , nos taires, sauvages et désolés, Es. 34, 11.
versions portent quelquefois pierres pré Salomon, dans le Cantique 5, 11., compare
cieuses, quelquefois perles, ce qui est les boucles noires de l'épouse au plumage
peu probable, soit à cause du passage des brillant et noir de cet oiseau.
Lamentations qui donne au Peninim la Le corbeau apparaît pour la première
couleur rouge ou vermeille, soit à cause fois dans l'Ecriture, Gen. 8, 7. Les eaux
de l'analogie de l'arabe. Il est bien pos du déluge commençant à baisser, et le
sible qu'un objet de luxe aussi recherché sommet des montagnes à sortir de l'O-
ait eu chez les Hébreux deux noms dif céan, l'homme de l'ancien et du nouveau
férents; mais l'on ne peut rien décider. monde envoie sur la terre, ou plutôt sur
CORBAN, Marc7,11.(cf. Matth. 15,5.) les flots, cet oiseau dont il risque la vie
Ce mot hébreu signifie, ainsi que cela est pour un essai d'exploration, et qui prend
indiqué dans le texte même, un don, une ainsi le premier possession de la terre
offrande ; il est employé dans l'Ancien sauvée ; mais l'animal va et vient ne trou
Testament, Lév. 2, 1. 4, 12. 10, 17., et vant pas à se poser, puis il quitte l'arche
ailleurs, pour désigner de simples offran pour n'y plus revenir, et va sans doute
des, celles pour le péché. Les Juifs ju sur les montagnes se nourrir des victimes
raient quelquefois par ces dons offerts dont le déluge avait parsemé l'univers.
sur l'autel, Matth. 23, 18. — Dans le pas C'est après le départ définitif de l'aventu
sage de Marc, notre Sauveur reproche reux oiseau que Noé laisse échapper une
aux prêtres leur fausseté intéressée, aux colombe ; mais plus timide, elle rentre
Juifs leur dureté envers leurs parents. dans l'arche d'abord, puis ressort huit
Pour accroître le trésor du temple, et par jours après et rentre une dernière fois,ap
là leurs richesses particulières, les prê portant dans son bec l'emblème de la paix
tres disaient aux enfants d'Israël que et du salut, une branche d'olivier.— Nos
tout don (ou corban) fait au temple, les versions portent, conformément au texte
dispensait de soutenir leurs parents et hébreu, au caldéen, à l'arabe et au samari
les personnes de leur famille (cf. 1 Tim. tain, que « le corbeau sortit allant et re
5, 4.). Et il paraît que cet abus impie venant, jusqu'à ce que les eaux se fus
était devenu assez général à l'époque où sent desséchées sur la terre, » tandis
parlait notre Sauveur, et qu'un grand que les Septante, le syriaque et la Vulga
nombre de Juifs se croyaient déliés de te, ainsi que bon nombre de Pères et de
COR 215 · COR
commentateurs, portent que « le corbeau rent, et que lorsque le torrent fut à sec,
sortit et ne revint point. » De fortes rai le prophète dut se rendre ailleurs, chez
s0ns parlent sans doute en faveur de une pauvre veuve païenne, pour s'y met
Cette dernière leçon : on se demande tre à la fois à l'abri des persécutions et
pourquoi, si le corbeau était rentré, Noé à l'abri de la soif; si c'eussent été des
ne l'aurait pas lâché de nouveau, ainsi hommes qui eussent fourni à Elie le pain
qu'il fit plus tard avec le pigeon, et pour et la viande, ils auraient pu tout aussi
quoi il crut nécessaire de lâcher le pi bien, et sans plus de peine, lui apporter
geon lorsque l'absence prolongée du cor de l'eau; des corbeaux ne le pouvaient
beau devait lui indiquer suffisamment que paS.
cet animal avait su trouver un abri et de On en doit donc rester à la traduction
la nourriture sur la terre. Mais, outre toute simple et tout ordinaire de nos ver
que les pourquoi ne sont guère une au sions, et l'on peut de deux manières com
torité, il est bien difficile d'accepter des prendre que des corbeaux aient été en
variantes au texte hébreu, et de s'éloi effet les pourvoyeurs de l'homme de Dieu.
gner ainsi de l'original. Supposons que l'asile du prophète fût un
Le corbeau joue encore un rôle dans lieu de rochers, de montagnes et de so
l'histoire d'Elie. Ce prophète s'étant re litudes : c'est là que les oiseaux de proie
tiré par l'ordre de Dieu sur les bords du font leurs nids, et qu'ils élèvent leur cou
Kérith, 1 Rois 17, 3-5., il y fut nourri vée, qu'ils nourrissent leurs petits; le
par des corbeaux « qui lui apportaient du prophète aura pu sans peine s'emparer
pain et de la chair le matin, du pain et pendant leurabsence, des provisions qu'ils
de la chair le soir, et il buvait du torrent. » apportaient deux fois par jour à leur ni
Mais toutes sortes d'explications, toutes chée, et Dieu aura employé un moyen na
plus singulières les unes que les autres, turel pour fournir à Elie une nourriture
et plus singulières que le fait même abondante et régulière. L'histoire profane
qu'elles voulaient expliquer, ont été mi présente des exemples du même genre ;
ses en avant pour ôter à cette histoire v. Tite-Live 1, 4. Diod. de Sicile 2, 4.
ce qu'elle a de surnaturel. Quelques-uns, Justin 1,4. et ailleurs.Mais si l'on se rap
comparant le rocher de Horeb, Jug. 7, 25. pelle que le Dieu du ciel est aussi le Dieu
Es. 10, 26., qui se trouvait dans la con de la terre, de la nature, de l'homme et de
trée de Bethsan à l'ouest du Jourdain, et tous les êtres vivants, qu'il fait des vents
non loin du Kérith, ont supposé que les ses anges et des flammes de feu ses mi
corbeaux (Horebim) d'Elie, n'étaient au nistres, qu'il tient dans sa main les in
tres que les habitants d'une ville de Ho stincts et les volontés de tous les ani
reb qui aurait existé près du rocher de maux, qu'il les dirige comme il le veut,
ce nom, et que c'était à ces habitants que et les fait agir en maître, qu'il les con
Dieu aurait donné l'ordre de nourrir son duisit dans l'arche, qu'il envoya un bé
prophète. D'autres, lisant Arabim au lieu lier pour remplacer Isaac, un lion pour
de Horebim, pensent que ce sont des déchirer le vieux prophète, des ours pour
Arabes du voisinage, qui, ignorant les venger Elisée, une baleine pour sauver
persécutions d'Achab, ou les bravant, Jonas, un poisson pour payer le tribut,
auraient apporté deux fois par jour au un àne pour l'entrée dans Jérusalem, on
prophète, la nourriture dont il avait be ne pourra méconnaître que l'approvision
soin. D'autres encore traduisent Hore nement miraculeux d'Elie n'appartienne
bin « des marchands, » des passsants, des à cette classe de miracles.
étrangers, qui irrégulièrement, et à me Nous lisons, Job 39,3. : « Qui est-ce qui
sure qu'ils arrivaient, auraient fourni apprête la nourriture au corbeau, quand
quelques vivres au vénérable et pieux so ses petits crient au Dieu fort, et qu'ils
litaire. Toutes ces explications sont ré vont errants, parce qu'ils n'ont point de
futées par ce seul fait, qui semble men quoi manger ? » et Ps. 147 : 9. « Dieu
tionné tout exprès, que le prophète n'a- donne la pâture au bétail, et aux petits
vait pour se désaltérer que l'eau du tor du corbeau qui crient vers lui. » Quel
COR 216 COR

ques auteurs ont pensé que ces deux pas Jésus rappelle la même chose lorsqu'il
sages étaient une allusion à ce que l'on dit : Considérez les corbeaux, ils ne sè
dit que le corbeau, lorsqu'il voit ses ment, ni ne moissonnent, et cependant
petits nouvellement éclos, et couverts Dieu les nourrit, Luc 12, 24. Dans le
d'un poil blanc, les prend en dégoût, les passage parallèle, Matth. 6, 26., il y a
abandonne, et ne retourne à eux que l'idée générale, au lieu de l'exemple par
lorsque ce premier duvet étant tombé, ticulier : Considérez les oiseaux du ciel.
ils commencent à se revêtir d'un plumage Agur, dans le 30e chapitre du livre des
noir. La mue et le changement de cou Proverbes, v. 17, dit que les corbeaux
leur sont un fait, mais quant à cette aver du torrent crèveront les yeux du mauvais
sion c'est une fable. « Dans les premiers fils qui se moque de son père et qui mé
jours, dit Buffon, la mère semble un peu prise l'enseignement de sa mère, voulant
négliger ses petits; elle ne leur donne à annoncer peut-être qu'il sera privé de
manger que lorsqu'ils commencent à avoir sépulture, jeté aux champs, et livré à la
des plumes; et l'on n'a pas manqué de voracité des corbeaux qui, dit-on, com
dire qu'elle ne commençait que de ce mencent toujours par crever les yeux des
moment à les reconnaître à leur plumage cadavres qu'ils dévorent.
naissant, et à les traiter véritablement Les Septante et la Vulgate, dans Soph.
comme siens. Pour moi, je ne vois dans 2, 14., au lieu de désolation, lisent : « Le
cette diète des premiers jours que ce que corbeau sera au seuil, » par où les uns
l'on voit plus ou moins dans presque tous entendent qu'on nourrissait des corbeaux
les animaux, et dans l'homme lui-même: dans la maison, et d'autres, avec plus de
tous ont besoin d'un peu de temps pour raison, que Ninive sera tellement désolée
s'habituer à un nouvel élément, à une que ses ruines serviront de retraites aux
nouvelle existence, etc. » Les deux pas corbeaux; mais cette traduction ne peut
sages dont nous parlons ont fait naître être admise.
beaucoup d'autres conjectures : on a sup CORE, v. Homer. -

posé que les corbeaux abandonnaient CORE. 1° Un des descendants d'Esaü,


quelquefois leurs petits, ne pouvant suf Gen. 36, 16., nommé Korah dans nos ver
fire à leur extrême voracité; on a dit que sions, quoique son nom s'écrive dans le
quelquefois ils les oubliaient, sans y met texte hébreu de la même manière que
tre de malveillance; d'autres encore, Celui de Coré le lévite.
s'appuyant de l'autorité d'Aristote, de 2° Coré, fils de Jitshar, fils de Kéath,
Pline, etc., ont avancé que les corbeaux fils de Lévi, Ex. 6, 21., cousin de Moïse,
chassent leurs petits de très bonne heure, dont le père, Hamram, était frère de Jits
et les obligent ainsi de chercher fort har, v. 18., nous est connu par son
jeunes leur pâture; et c'est ainsi que l'on ambition, ses intrigues, sa révolte et sa
a voulu s'expliquer l'intervention directe mort. Lévite, et jaloux d'Aaron le sou
de Dieu que Job et le prophète parais verain pontife, et de Moïse le chef du
sent admettre dans l'alimentation des pe peuple, il se joignit à d'autres, Dathan,
tits corbeaux. Mais la paraphrase la plus Abiram et On, de la tribu de Ruben, qui
vraie de ces deux passages nous paraît voyaient avec peine que le gouvernement
être dans ces beaux vers de Racine : d'Israël ne fùt pas en entier dans les
Aux petits des oiseaux il donne la pâture, mains de la postérité du premier-né de
Et sa bonté s'étend sur toute la nature. Jacob. A cette jalousie de tribu se joi
C'est ce que dit Calmet, en d'autres gnait l'ambition personnelle, et nul doute
termes : « Il y en a qui, sans y chercher qu'ils n'aspirassent, l'un à la souveraine
plus de finesse, tiennent que la Provi sacrificature, les autres au pouvoir civil
dence s'étend sur les animaux à quatre et militaire.
pieds, et sur les oiseaux, qui crient à Ils firent donc une entreprise, est-il
lui à leur manière, et que les corbeaux dit, Nomb. 16, A. et suiv., et s'élevèrent
sont mis dans les endroits que nous avons contre leurs chefs, leur reprochant de
cités, au lieu des oiseaux en général. » prendre une trop grande part au gouver
COR 217 COR

nement du peuple. Moïse s'étant pro de cet ambitieux, des employés au ser
stermé devant l'Eternel, le visage contre vice du temple, chargés de garder les
lerre, se releva, fit observer à Coré que vaisseaux du tabernacle, 1 Chr. 9, 19., des
chacun avait sa tâche et ses droits; que portiers,26 1., et des chantres,2Chr. 20,
lui, Coré, avait reçu de l'Eternel une 19. Ps. 88, 1. Les Psaumes 42,44,45,46,
tharge honorable, puisqu'il était employé 47, 48, 49, 84, 85 et 87, sont indiqués
au service de l'Eternel, quoiqu'il n'exer comme ayant été composés par quelques
dt pas la sacrificature; que si, cependant, uns de ces Corites ; cependant l'on n'est
il v0ulait une nouvelle manifestation de pas d'accord sur ce point, et plusieurs
l'Eternel, il n'avait qu'à apporter le len auteurs pensent que, composés par Da
demain, lui et ses deux cent cinquante vid ou par d'autres prophètes, ils ont été
c0mplices, des encensoirs et de l'encens simplement remis aux chantres de la mai
p0ur l'offrir sur l'autel, qu'Aaron de son son de Coré pour être chantés par eux;
côté ferait la même chose, et que celui v. Psaumes.
que l'Eternel choisirait serait le saint. La punition de ces chefs, rappelée Ps.
Un temps leur était offert pour la repen 106, 17. et Jud. 11., trouve des paral
tance, ils en profitèrent pour chercher à lèles dans l'histoire de Nadab et Abihu,
s0ulever le peuple. Le lendemain, les Nomb. 3, 4., dans celle des capitaines
rebelles se rendirent à l'entrée du taber d'Achazia qui sommaient Elie de descen
nacle d'assignation, suivis d'une portion dre du Carmel, 2 Rois 1, 9. 11., et dans
dupeuple qui les soutenait. Mais la gloire celle d'Ananias et de Saphira, Act. 5, 1.
de l'Eternel apparut et fut sur le point On peut rappeler ici l'idée ancienne, que
de les consumer tous. Les deux frères lorsqu'un homme de bien prononçait une
intercédèrent, pensant que cette première malédiction, elle ne manquait pas d'avoir
et menaçante manifestation suffirait; ils son accomplissement, cf. Luc 9, 54.
se rendirent auprès de la foule assem CORIANDRE. Plante annuelle que l'on
blée, et cherchèrent à l'éloigner de ce trouve abondamment en Egypte; tige cy
lieu qui bientôt devait n'être plus qu'un lindrique et élancée ; feuilles à large pé
g0uffre dévorant : plusieurs crurent et dicule, dont les inférieures sont dentées
0béirent; les plus mutins, quelques fa et ne présentent qu'une seule division,
milles rubénites, Dathan, Abiram et les tandis que les supérieures, dentées éga
leurs persistèrent : ils restèrent debout lement et plus petites, offrent deux divi
à l'entrée de leurs tentes, comme pour sions. Les fleurs sont blanches, en om
continuer de braver l'Eternel; mais la belles, et donnent une graine jaunâtre,
menace s'accomplit, la terre ouvrit sa creuse et très odorante, dont on se sert
bouche sur eux, les engloutit corps et comme assaisonnement. C'est à cette
biens, et se referma sur ces cadavres vi graine qu'est comparée la manne pour sa
Wants. En même temps le feu du ciel des forme, Ex. 16, 31. Nomb. 11, 7. Quant à
tendit sur les lévites rebelles qui offraient la couleur, la manne était blanche comme
le sacrifice de Caïn, et les dévora, tandis le bdellion.
qu'Aaron, qui se trouvait avec eux, fut CORINTHE ( Ephyra chez les poètes,
c0nservé comme le saint qui devait seul Ovid.Met. 2, 240., Virg. Georg. 2, 464.)
app0rter l'encens à l'autel. Une des villes les plus peuplées, les plus
, Quoique nous n'ayons aucune date, ni commerçantes et les plus riches de l'an
indication précise sur le lieu où se passa cienne Grèce, et capitale de l'Achaïe pro
cet événement , il paraît qu'on doit le pre sous la domination romaine. Elle
placer à Kadès-Barné ou à Rithma, peu était située entre la mer d'Ionie et la mer
après la rentrée des Israélites dans le Egée (de là le surnom de bimaris , Hor.
dºsert, (v. Voyage des Enfants d'Israël, Od. 1, 7.2.) et au pied d'un rocher qui
pag. 117-122). portait la citadelle d'Acro - Corinthe.
Les familles rubénites périrent avec Elle avait 40 stades (8 à 9 kilom.) de
leurs chefs; celle de Coré ne périt point, tour, et trois ports; celui de Lechaeon
ºt n0us trouvons parmi les descendants sur la mer d'Ionie , à 12 stades ( 2 ou
C0R 218 C0R

3 kilom.) de la ville; celui de Cenchrée brassèrent la foi. C'est de cette ville que
sur la mer Egée, et celui de Schaenos : Paul, rejoint par Silas et par Timothée,
non loin de là se trouvait le bois de Cra écrivit successivement les deux lettres aux
nion. La position de Corinthe , entre les Thessaloniciens.
deux Grèces comme entre les deux mers, Après une longue mission, l'apôtre
lui procurait des avantages commerciaux quitta Corinthe , mais il y revint plus tard,
dont elle sut profiter, et qui ne contri Act. 20, 2. 1 Cor. 16, 3., et écrivit de là
buèrent pas peu à l'enrichir. Les arts et à d'autres églises, à Rome, etc. Apollos
les sciences y fleurirent également , et le remplaça, Act. 19, 1. 1 Cor. 1, 2.;
Corinthe jouit ainsi d'une double répu Aquilas et Sosthènes, fidèles et puissants
tation dans le monde intellectuel et dans ministres de la parole, y annoncèrent aussi
le monde commerçant. Mais avec les ri l'Evangile, Act. 18; 1 Cor. 1, 1. 16, 19.
chesses le luxe se développa, et avec lui Epîtres aux Corinthiens. Paul écrivit
les plus grands débordements et la plus trois lettres à cette église , la première
hideuse corruption, au point que les mentionnée 1 Cor. 5, 9. 11., est perdue,
païens eux-mèmes en étaient frappés, et et semble avoir été dirigée principalement
que l'un d'eux inventa le verbe corinthi contre les habitudes d'impureté auxquel
ser, comme synonyme de vivre dans la les plusieurs membres de l'église se li
débauche. Après que Mummius s'en fut vraient. La seconde est la première de
emparé, 147 av. C., et qu'il l'eut dévas celles que nous possédons. L'apôtre était
tée, Jules-César la rétablit, 43 av. C.; à Ephèse, 1 Cor. 16, 8., vers l'an 56 : c'est
elle ne tarda pas à recouvrer son impor là qu'ayant appris par les gens de la mai
tance et sa grandeur première, tellement son de Chloé les querelles de partis qui
qu'à l'époque de saint Paul, nous la re divisaient l'Eglise, il écrivit aux Corin
trouvons de nouveau résidence du prO thiens pour essayer de ramener la paix
consul romain en Achaïe, Act. 18, 12. parmi eux, en les réunissant autour du
Saint Paul y passa dix-huit mois, environ seul chef qui a été crucifié pour les siens,
l'an 52. La philosophie et l'impureté fu et au nom duquel ils avaient été baptisés,
rent les grands ennemis que l'apôtre eut 1 Cor. 1, 13. Il cherche ensuite à les met
à combattre; l'impureté surtout y était tre en garde contre ces philosophes à
tellement honorée, et presque consacrée pompeuse parole, qui veulent tout em
par le culte de Vénus et par les prosti brouiller pour tout éclairer, et qui veu
tutions publiques des infâmes prêtresses lent faire dépendre la foi de la sagesse des
de cette divinité, que l'inceste même y hommes; puis il se plaint des désordres
était toléré, et qu'un chrétien fut trouvé qui existent dans leurs repas de charité ,
entretenant avec la femme de Son père de leur tolérance pour le vice et le pé
un commerce criminel. ché. Dans les chapitres 7 à 15, il répond
Saint Paul logeait chez les époux Aquila à diverses questions que les Corinthiens
et Priscille, Act. 18, 4. sq., faiseurs de lui avaient faites sur le mariage, sur les
tentes, au travail desquels il s'associa choses consacrées aux idoles , sur la cè
pour n'être à charge à personne , il prê ne, sur la vraie charité, sur la résurrec
chait tous les jours de sabbat dans lasyn tion de la chair, sur les dons spirituels.
agogue; il fit d'abord quelques prosé Il paraît, en effet, que peu d'églises avaient
lytes parmi les Juifs; mais bientôt voyant été favorisées autant que celle de Corin
que la plupart d'entre eux, au lieu de re the, par des dons miraculeux , mais ces
cevoir ses instructions, se détournaient dons même étant devenus une occasion
de lui avec des paroles de blasphème, il d'orgueil et de chute, cette église se cor
secoua contre eux ses vêtements, et leur rompit plus que toutes les autres. Ap
dit : « Que votre sang soit sur votre tète, prenons de là, dit Bickersteth, la diffé
j'en suis net ! » et il se tourna vers les gen rence qu'il y a entre les dons et la grâce,
tils. Il alla loger chez un païen converti, et me soyons pas abattus si les premiers
Juste, surnommé Tite, et un grand nom nous manquent, pourvu que nous ayons
bre de païens crurent à sa parole et em celle-ci, qui est infiniment plus néces
C0R 219 COR

saire et plus précieuse. L'apôtre, ch. vère à l'égard de l'incestueux, il les en


16, leur rappelle les collectes qui se font gage à le recevoir de nouveau et à le con
pour les saints, leur annonce sa prochaine soler. Passant à ses rapports personnels
visite, et termine par des salutations. — avec les Corinthiens, il est amené à par
Cette lettre eut tout le succès que l'apô ler de la différence du ministère dans les
tre en pouvait désirer; elle produisit une deux économies, et à glorifier l'alliance
lristessesalutaire, une plus grande crainte nouvelle du christianisme. Ce sont les
de Dieu et une sainte vigilance contre les trois premiers chapitres. — Dans la se
désordres qu'il avait signalés. conde partie (ch. 4-9), appelé à défendre
Seconde épître. Peu de temps après le son caractère et sa mission, il se montre
départ de la première lettre survint l'é- comme ambassadeur de la réconciliation,
meute de Démétrius, qui obligea Paul à comme affligé souvent, mais se consolant
quitter Ephèse. Il se rendit en Macédoi par la certitude qu'il a de la résurrection
De, Act. 19, 20., espérant apprendre là de la chair; il engage les Corinthiens à se
quels étaient les résultats que sa lettre fortifier par la même foi pour renoncer
avait obtenus à Corinthe; il avait envoyé au monde et à ses convoitises ; il leur
Timothée dans cette ville , 4 Cor. 4, 17.; rappelle de nouveau les collectes qui se
mais soit que Timothée fut déjà parti à font pour les saints, et se réjouit de la
larrivée de la lettre, soit autre motif, il libéralité qu'ils ont toujours montrée à
u'apprit rien par ce disciple , et envoya cet égard. — Il termine en se tournant
Tite, pendant que lui-même s'occupait en de rechef contre les faux docteurs, et en
core à évangéliser autour de lui en Macé particulier contre ceux qui veulent acca
doine. C'est après le retour de ce der parer seuls le titre de chrétiens, et nuire
nier qu'il rédigea sa seconde lettre (qui à l'autorité de saint Paul : il se défend
est la troisième), pour les féliciter du contre eux et prouve qu'il a plus qu'eux
succès de sa première, et pour les mettre tous des titres à la confiance générale ,
toujours plus dans la disposition d'esprit par sa naissance, par sa conversion, par
dans laquelle il désirait les trouver lors ses travaux, par ses souffrances, par les
qu'il arriverait, 2 Cor. 7, 7. — Tite et révélations qu'il a obtenues; il ajoute ce
deux frères qui ne sont point nommés, 8, pendant que s'il a de quoi se glorifier, il
l6.18.22., furent chargés de porter cette se glorifiera plutôt dans sa faiblesse et
lettre; il est probable que Luc était l'un dans son infirmité. Ses dernières paroles
des deux, v. 18 et 19., soit parce que ce sont des exhortations à la repentance, à
qui en est dit se rapporte parfaitement à la paix et à l'amour fraternel.
hi, soit parce qu'il est nommé dans une Il existe encore aujourd'hui deux let
apostille à cette épître, addition inauthen tres, l'une des Corinthiens à saint Paul ,
tiquesans doute, mais fort ancienne; soit l'autre de saint Paul aux Corinthiens, tou
enfin parce que saint Luc qui, dans les tes deux en langue arménienne; mais leur
Actesajusque là parlé à la première per authenticité ne saurait être prouvée, bien
s0nne, se met subitement à parler de saint qu'on ait voulu les faire passer pour ces
Paul à la troisième, Act. 20, 1., comme lettres perdues dont on a parlé plus haut.
n'étant plus lui-même compagnon de Celle que l'on attribue à saint Paul a paru
Voyage de l'apôtre : et comme c'est à cet pour la première fois en français dans
endroit des Actes que l'on doit placer la l'Histoire critique de la république des
deuxième aux Corinthiens, on peut sup lettres, Amsterd., t. X, puis en arménien,
p0ser que Luc fut un de ceux qui la por à Venise, en 1819.
lèrent à sa destination. Elle fut écrite un CORMORAN. C'est ainsi que nos ver
ºn environ après la premiére, et, à ce que sions traduisent l'hébreu Kaath, Lév. 11,
lon croit, de Philippes. 18. Deut. 14, 17. Ps. 102, 6, Es. 34, 11.
L'apôtre commence par remercier les Soph. 2, 14.; mais les Septante et la Vul
Corinthiens de la consolation que leurs gate lisent pélican , et cette version doit
prières lui ont fait éprouver dans ses être préférée, si l'on peut préférer quel
maux ;puis satisfait de leur conduite sé que chose dans ce dédale d'animaux in
COR 220 COR

connus dont le nom revient si rarement, aussi le nom hébreu) l'impétuosité avec
et chaque fois avec des caractères si gé laquelle cet animal fond sur sa proie : on
néraux, qu'ils peuvent s'appliquer à un peut d'autant mieux adopter cette ma
grand nombre d'espèces différentes. Le nière de voir que le plongeon appartient
pélican, déclaré impur par la loi de Moïse, plutôt aux régions tempérées ou froides,
habite les contrées chaudes et mariti tandis que le cormoran habite les pays
mes ; c'est un oiseau de la grosseur du plus chauds et plus méridionaux; et les
Cygne, assez lourd dans sa forme et dans traducteurs n'ont guère pensé au nom de
sa démarche , mais remarquablement lé plongeon que parce qu'il leur était pré
ger quand il étend ses grandes ailes pour senté par le sens même étymologique du
prendre son vol; sa couleur est d'un nom hébreu shalak. Le cormoran a, com
blanc grisâtre parsemé de petites plumes me le pélican, les quatre doigts assujétis
rose-tendre; la queue et les grosses plu par une membrane d'une seule pièce; il
mes des ailes sont noires. Ce qui le dis a de même le bec garni en dessous d'une
tingue surtout, c'est la grande poche peau d'une belle couleur orangée, qui
qu'il porte sous le bec, et dont il se sert s'étend sous la gorge de quelques lignes,
pour pêcher et pour faire des provisions; et s'enfle à volonté, mais sans acquérir la
elle peut contenir, dit-on, une dizaine de capacité de celle du pélican. Le cormo
litres (Adanson dit 22 pintes , Voy. au ran, quoique bon plongeur et bonnageur,
Sénégal, p. 136) ; son nom hébreu vient reste moins dans l'eau que plusieurs au
du verbe k6, qui signifie vomir , et se tres oiseaux aquatiques ; il prend fré
rapporte sans doute à l'habitude qu'a cet quemment son essor et se perche sur les
oiseau soit de rejeter devant ses petits, arbres ou sur des rochers, d'où il guette
pour les nourrir, le revenu de sa pêche, sa proie et s'élance avec la rapidité de l'é-
soit de rejeter pour son propre compte clair aussitôt qu'il l'aperçoit : il est d'une
les moules et les huîtres qu'il a avalées et telle adresse et d'une telle voracité, que
réchauffées dans son estomac, afin d'en lorsqu'il se jette sur un étang, il y fait
manger la chair lorsqu'ils se sont en seul plus de dégât, dit Buffon, qu'une
tr'ouverts. Il pèse jusqu'à 12 et 15 kilog.; troupe entière d'autres oiseaux pêcheurs.
sa voix rappelle, dit-on (Buffon), le cri CORNE. On se servait de cornes, prin
de l'âne, selon d'autres le cri d'un hom cipalement de cornes de bœuf, comme de
me dans l'angoisse et la douleur , cf. Ps. verres pour boire, ou plus fréquemment
102, 6. Le nid du pélican se trouve com encore, comme de vases pour conserver
munément au bord des eaux, à plate terre les liquides, le fard, l'huile, etc., 1 Sam.
et plutôt dans des endroits déserts et iso 16, 1. 13.1 Rois 1, 39. Une des filles
lés, Es. 34, 11. Soph. 2, 14. de Job est appelée Kéren-Happouk, corne
Quant au cormoran proprement dit, s'il d'antimoine 42, 14. On les employait
en est parlé dans la Bible, c'est sous le aussi , dans l'antiquité , comme instru
nom de Shalak, Lév. 11, 17. Deut. 14, ments à vent, ainsi que le font encore les
17., que nos versions ont traduit par plon bergers des Alpes, quoique les instru
geon.(Au ch. 11 du Lévitique, au lieu de : ments de cuivre, ou d'autre métal, fus
17.« La chouette, le plongeon, le hibou,18. sent aussi déjà fort anciennement connus,
le cygne, le cormoran, le pélican; » nous cf. Jos. 6, 5. Jug. 7, 16.
traduirions conformément aux travaux L'autel des holocaustes avait à ses qua
des savants modernes : « 17.Lachouette, tre Coins des cornes de bois recouvertes
le plongeon, le butor (P), 18. le cygne, le d'airain , Ex. 27. 2. L'autel des parfums
pélican, le vautour (percnoptère P). »)- avait aussi quatre cornes, mais recouver
Le nom du cormoran ne se trouverait tes d'or, Ex. 30, 2. cf. Jér. 17, 1. Am. 3,
donc pas dans la Bible, à moins que l'on 14. Dans le second temple elles étaient
ne veuille entendre par plongeon le cor de pierre, et avaient une coudée de lon
moran lui-même, et notamment cette es gueur. On n'en connaît pas exactement
pèce qui est connue en grec par le nom la destination ; peut-être, d'après Ps. 118,
de cataractès qui désignerait (comme fait 27., servaient-elles à retenir les victimes.
COR 221 COR

Le souverain pontife les arrosait du sang gardé comme un étranger impur (10,28),
des sacrifices, Ex. 29, 12. Lév. 4, 7-18. et les frères de la Judée n'eussent pas été
cf. 8, 15. 9, 9. 16, 18. Ez. 43, 20. Chez non plus scandalisés que Pierre fût entré
les Juifs comme chez les païens, les cri chez cet incirconcis (11, 3.). Corneille
minels se réfugiaient auprès des autels était donc bien disposé pour le royaume
dont ils empoignaient les cornes, et qu'ils des cieux, mais il n'était que cela, quand
regardaient comme des asiles sacrés , 1 un jour, vers les neuf heures, à l'heure
Rois 1, 50. 2, 28. du culte lévitique, il vit clairement un
Lacorne est souvent prise pour le sym ange de Dieu qui vint à lui et qui l'ap
bole de la force, en allusion à la force du pela par son nom. Effrayé de la vision cé
taureau qui réside dans son front. Ainsi leste, le pauvre centenier tenait les yeux
dans l'original de Jér. 48, 25., on lit : la arrêtés sur l'ange, et il s'écria : Qu'y a-t-
- corne de Moab a été rompue : de même, il, Seigneur P Des paroles de paix lui fu
Lam. 2, 3., la corne d'Israël. Tu élèveras rent annoncées : «Tes prières et tes aumô
ma corne comme celle d'une licorne, dit nes SOnt mOntées en mémoire devant
le Psalmiste, 92, 10. Et la corne du juste Dieu ; » et après lui avoir ordonné de faire
sera élevée en gloire, 112, 9. L'Eternel venir l'apôtre Pierre dont il lui indiqua
fera germer la corne de la maison d'Is la demeure, l'ange se retira d'auprès de
raél, Ez.29, 21.—Quoique lesdignitaires lui. Corneille aussitôt appelle deux de ses
de l'Orient aient encore aujourd'hui l'ha serviteurs, et un soldat craignant Dieu,
bitude d'orner leur coiffure d'une espèce qu'il charge d'aller trouver saint Pierre à
de corneavancée, ce serait aller trop loin Joppe, chez Simon le corroyeur. Ce que
que d'y chercher l'origine de cette ma durent être, pendant deux jours d'attente,
nière de parler; le rapprochement indi les sentiments intérieurs du pieux mais
qué plus haut est à la fois plus clair et ignorant capitaine, on ne saurait le dire :
plus simple. Les Latins avaient la même mais l'apparition de l'ange semblait lui
expression ; ainsi nous trouvons dans Ho indiquer que la visite de Pierre serait
race, Od. 3.21 (15), 18. : Et addis cornua aussi quelque chose de surnaturel, de di
Pauperi, les Arabes appelaient Alexan vin; il attendait cet homme miraculeux
dre le Cornu, pour indiquer sa puissance; qui devait lui indiquer le chemin du sa
et une superstition chrétienne s'est plu lut, et il l'attendait avec une sorte de vé
à donner des cornes à Moïse (on les mon nération, bien légitime à quelques égards,
tre encore à Gènes). David appelle Dieu puisque lui, païen, n'était que ténèbres
la corne de son salut, Ps. 18, 2. Enfin les en comparaison du messager de lumière,
puissances des Perses, des Grecs, de la mais vénération qui devait se rapporter
Syrie et de l'Egypte, sont représentées à la lumière elle-même et point à l'hum
dans le livre de Daniel (7 et 8) comme ble et timide porteur du flambeau sacré.
autant de cornes; Daniel et Alexandre Aussi lorsqu'arriva l'apôtre que Dieu lui
sont un bouc et un bélier qui se heurtent même, par une vision correspondante,
violemment de leurs cornes, l'Antichrist avait préparé à descendre sans hésiter
est la petite corne. chez le centenier de Césarée, il trouva la
CORNEILLE (Act. 10, 1 et seq.) , salle remplie des parents et des amis de
centenier d'une cohorte de la légion ap Corneille, et celui-ci venant au-devant de
pelée italique, habitait à Césarée sur les Pierre, se jeta à ses pieds et l'adora. L'a-
bords de la Méditerranée. C'était un hom pôtre, dont les soi-disant successeurs
me dévot et craignant Dieu , ainsi que exigent pour eux-mêmesl'adoration des fi
toute sa famille, faisant beaucoup d'au dèles (voir l'ouvrage catholique de M. Ma
mônes, et priant Dieu continuellement ; gnin, sur la Papauté, p.434, 435.), releva
mais il était païen de naissance, et jusqu'a- Corneille en lui disant : Lève-toi, et moi
lors il ne paraît pas qu'il eût eu connais aussi je suis homme. Puis s'étant informé
sance de la vérité. Quelques-uns veulent du motif pour lequel ils l'avaient fait ve
qu'il ait été prosélyte de la porte, mais nir, saint Pierre ayant confessé ses ré
dans ce cas saint Pierre ne l'eût pas re pugnances particulières, et la crainte qu'il
COR 222 COT
avait eue de mal faire en descendant au villes, près des rivières, ou sur les bords
près d'eux, mais la manifestation divine de la mer. Ce fut chez l'un de ces hum
qui l'y avait décidé, leur raconta en peu bles ouvriers que saint Pierre passa plu
de mots l'histoire pour eux inconnue, du sieurs jours, et que l'Esprit lui annonça
Christ qui était venu sur la terre, naître, qu'il ne devait plus regarder comme im
vivre, souffrir et mourir pour réconcilier pur ce que Dieu lui-même avait purifié.
avec Dieu son père les pécheurs condam COSAM, fils d'Elmodam, et l'undes an
nés, pour les sauver par son sang, et pour cêtres de notre Sauveur par Marie, Luc 3,
être au dernier jour le juge des vivants 28. Du reste inconnu.
et des morts. Pendant que l'apôtre par COSBI, fille de Tsur, l'un des princi
lait, les païens qui l'écoutaient reçurent paux d'entre les Madianites. Balaam
la foi; ils crurent aux merveilles de la n'ayant pu maudire les enfants d'Israël,
miséricorde divine, ils acceptèrent le sa avait voulu les faire maudire de Dieu mè
lut gratuit que Jésus leur avait mérité sur me, en les entraînaut dans le mal. Sur
la croix; le Saint-Esprit descendit alors son conseil, les Madianites avaient invité
sur eux ; ils parlèrent diverses langues les Israélites à une grande fête païenne
et glorifièrent Dieu. Les chrétiens d'entre des plus dissolues; ceux qui se rendirent
les Juifs qui avaient accompagné Pierre à cet appel et qui participèrent aux im
à Césarée, furent étonnés de voir les grâ purs divertissements des païens furent
ces divines être accordées à ces étrangers frappés d'une fort grande plaie, et 24,000
en la même mesure qu'elles l'étaient aux d'entre eux succombèrent. Moïse menaça
chrétiens de l'ancien peuple ;mais Pierre de mort ceux qui continueraient à pé
comprit que la paroi mitoyenne était rom cher, et la sentence fut exécutée par Phi
pue, que dès ce moment la circoncision nées, qui frappa de sa lance le juif Zimri
ou l'incirconcision n'était plus rien : il ne et cette Cosbi, qui, joignant l'impudence
se fit donc aucun scrupule de les baptiser, à l'impureté , s'étaient présentés publi
et de demeureravec eux plusieursjours.Ce quement, en compagnie l'un de l'autre,
fut la première église d'entre les païens, devant Moïse et devant l'assemblée des
le premier pas du Christianisme en de enfants d'Israël, comme ils pleuraient à
hors du cercle judaïque , en dehors des la porte du tabernacle. L'infâme machi
limites du peuple extérieur dont Dieu, nation de Balaam échoua donc contre la
pendant quelques siècles, avait fait le dé fermeté des chefs d'Israël, et les Madia
positaire de ses oracles, et l'objet visible nites apprirent par leur expérience que
de ses soins et de son amour ; ce fut un le crime est un mauvais allié : Dieu qui
moment solennel que celui où le vase de avait ordonné à Israël de les épargner,
l'ancienne sacrificature déborda pour la Deut. 2, 9., leur retira cette protection
première fois, pour se répandre en tor et commanda à Moïse de les exterminer,
rents de bénédictions sur les peuples Nomb. 31, 2. 3.
qui n'étaient point appelés du nom de COTON, produit d'un arbre ou d'un
l'Eternel ; et certes les anges du ciel s'en arbrisseau qui se trouve principalement
réjouirent. aux Indes, en Egypte et en Chypre, mais
Quant à Corneille lui-même, l'histoire qui peut aussi croître et être cultivé en
sainte n'en reparle plus, et les traditions Syrie et en Palestine, Ez. 27, 16.1 Chr.
qui le font évêque, les unes de Césarée, 4, 21. On distingue souvent l'arbre et
les autres d'Ilion, les autres de Scepsis, l'arbuste (le gossypium arboreum et le
ne nous apprennent rien, non plus que gossypium herbaceum), mais les deux es
celles qui le font martyr. pèces n'en font cependant qu'une seule.
CORROYEUR , Act. 9, 43. 10 , 6.32. L'arbuste à coton , qui croît spontané
Le travail du cuir était un métier géné ment dans les contrées de l'Asie anté
ralement peu estimé des Juifs, en grande
rieure, est une plante annuelle qui s'é-
partie à cause de l'odeur qu'exhale la ma
lève à 1 mètre environ , et même jus
tière travaillée : ceux qui s'y vouaient se
qu'à 2 , quand elle est cultivée et soi
logeaient ordinairement en dehors des gnée : la tige est rougeâtre dans sa par
sºl
#a

COU 223 COU

tie inférieure; les rameaux sont courts, dans ces deux passages, il est question
couverts de poils et semés de taches noi de la coudée hébreue, comparée à la cou
res; les feuilles grandes , molles, vert dée de Babylone (0m 45), à laquelle les
foncé, et à cinq lobes : les fleurs pren Juifs s'étaient accoutumés pendantla cap
nent naissance à l'origine des feuilles ; tivité, et le prophète a bien soin d'indi
elles sont en forme de cloches , jaune quer que la coudée dont il parle est la
pale et couleur pourpre vers le bas ; le vraie , l'ancienne coudée , plus grande
fruitest une capsule, d'abord de la gros d'une palme que la coudée à laquelle ces
seur d'une noisette; il devient bientôt Hébreux modernes étaient habitués. Il ne
aussi gros qu'une noix et s'ouvre de lui paraît donc pas qu'il faille admettre que
même en Octobre ;le peloton de laine vé les Hébreux aient eu pour leur usage or
gétale qu'il renferme se développe à la dinaire, en Palestine , deux coudées dif
chaleur et n'est pas moins grand qu'une férentes ; aussi , rien ne nécessite cette
pomme; il contient sept petites graines supposition, bien que les uns trouvent
grisâtresoubrunes, cotonneuses et ovées, l'arche trop petite avec ses 300 coudées
dont le noyau donne une huile qui n'est de longueur, et que d'autres ne trouvent
pas sans utilité. —L'arbre à coton est plus pas non plus Goliath assez grand avec ses
méridional; c'est aux Indes surtout qu'on six coudées et une paume de hauteur.
le trouve; il atteint deux hauteurs d'hom COUDRIER. C'est ainsi que nos ver
me et ne diffère guère de l'arbuste que sions traduisent l'hébreu Louz, Gen. 30,
par la taille. Quant à la connaissance que 37.; il doit se rendre plutôt par aman
les Juifs avaient du coton, et à l'usage dier, q. v.
qu'ils en faisaient, v. Lin. COULEURS. Le blanc, le noir, le jaune
COUDEE, mesure naturelle, usitée chez et quelquesautres couleurs sont mention
t0us les anciens peuples, comme le pied nées dans l'Ecriture, Cant. 5, 11. Ps. 68,
l'a été chez les peuples modernes. La 13. Zach. 6, 2.3. Apoc. 6, 2.4.5.8. etc.;
roudée est la longueur comprise entre le les principales sont le pourpre, l'écarlate
coude replié et l'extrémité du doigt du et le cramoisi , dont nous parlerons en
milieu, Deut, 3, 11. Selon notre manière leur place.
de compter, ce serait 0m 54 (1 pied, 7 COULEUVRE, Gen. 49, 17. Shephi
pouces, 10 lignes et demie). D'après Ori phon, probablement la couleuvre dite cor
gène et saint Augustin, la coudée dont nue, ou céraste : elle se trouve en Egypte
Moé seservit pour la construction de l'ar et en Palestine; elle a un peu plus de
che était six fois aussi grande que la 2 centim. de largeur sur une longueur de
coudée ordinaire; mais ce système est in 0m, 40 environ. La couleur de son dos et
admissible. Une hypothèse du même gen de ses flancs est brune ; elle est blanche
re est celle de Louis Capelle et de quel SOus le ventre : Sur Sa tête sOnt deux es
ques autres, qui prétendent que chez les pèces d'antennes ou de cornes sensibles,
Hébreux il y avait , à côté de la coudée en forme de nœuds. Elle se cache ordi
Ordinaire, la coudée sacrée, qui était dou nairement dans le sable où sa couleur la
ble de la première. Ils s'appuient sur ce rend assez difficile àapercevoir : au moin
que, Nomb. 35, 4., les faubourgs des vil dre mouvement, au moindre bruit qui se
les lévitiques ont, au premier verset, fait autOur d'elle, elle s'élance de sa re
1,000 coudées de longueur, et au verset traite avec impétuosité , et fond sur sa
suivant, 2,000; et sur ce que, 1 Rois 7, proie, attaquant également les hommes,
15.,les deux colonnes de bronze du tem les chevaux, et d'autres grands animaux.
ple de Salomon ont 18 coudées de hau En comparant les Danites à la couleuvre,
teur, tandis que 2 Chr. 3, 15., elles en le patriarche voulait donc annoncer que
ont 35, à peu près le double.—D'autres cette tribu s'agrandirait et ferait des con
thCore, admettant la même distinction, quêtes sur ses ennemis par la ruse, plus
ne donnent à la coudée sacrée qu'une que par la force et la valeur. — v. Ser
palme de plus qu'à la coudée ordinaire , pents. -

se fondant sur Ez. 40, 5. 43, 13.; mais, COUPE. La coupe de Joseph, dont il
C0U 224 C0U

est parlé Gen. 44, 5. sq., a passablement soit en jetant dans l'eau de la coupe des
ému les interprètes , à cause des paroles lames de métal sur lesquelles étaient gra
de Joseph qui charge son maître d'hôtel vés certains caractères mystérieux, soit
de poursuivre les onze frères accusés de en y laissant tomber des gouttes de cire
vol : mais l'on n'est pas même d'accord fondue, qui, d'après la manière dont elles
sur la traduction exacte de ces paroles ; se groupaient, donnaient la réponse aux
nos versions lisent : « N'est-ce pas là la questions présentées. Nous savons jus
coupe dans laquelle mon seigneur boit, qu'à quel point l'on peut accorder créance
et par laquelle très assurément il devi à tOutes ces reSSOurces de la Science ma
nera ? » D'autres (Luther, Vulgate, etc.) gique ancienne ; mais, quoi qu'il en soit,
traduisent ces derniers mots par ceux-ci : il est évident que si Dieu avait accordé à
« dont il se sert pour prédire l'avenir », Joseph le don d'interpréter les songes, il
pour deviner avec certitude. La première n'était pas un mage ou un devin oriental
traduction est plus simple, et chacun la livré à la merci de son verre. On peut
comprend; elle a même le défaut d'être Supposer, si l'on veut, que les Egyptiens,
trop simple : en s'apercevant que vous ignorants et païens , ne sachant à quoi
lui avez pris sa coupe, mon seigneur de attribuer les vertus et la science surna
vinera que vous la lui avez volée; c'est turelle de leur gouverneur, les aient at
trop clair : on doit suppléer quelques mots tribuées à quelqu'un des meubles dont il
pour lui donner un sens passable, et l'on se servait, et à sa coupe en particulier.
dit, par exemple : Est-ce que par cette Mais l'on peut adopter aussi l'une des
iniquité mon maître ne devinera pas les deux traductions suivantes , autorisées
autres P Cette paraphrase pouvait signi par l'original : N'est-ce pas la coupe.....
fier quelque chose pour Joseph, elle ne que mon seigneur cherche avec beaucoup
signifiait rien pour le maître d'hôtel; mais de soin , ou... par laquelle il a voulu vous
il est possible que Joseph, en lui ordon éprouver ?
nant de tenir ce langage, voulût parler à La coupe (nos versions ont breuvage)
la conscience de ses frères , et certes est employée quelquefois dans l'Ecriture
ceux-ci étaient à même de comprendre. pour signifier le partage, le lot, l'héritage
Toutefois paraphraser n'est pas traduire, de quelqu'un : c'est ainsi que David s'é-
et l'on doit ici ajouter tout un sens pour crie : L'Eternel est la part de mon héri
en trouver un.-En admettant la seconde tage et de mon breuvage, Ps. 16, 5.; soit
version, l'on se demande si Joseph se se qu'il veuille dire : Il me suffit, et je ne
rait en effet servi de sa coupe pour pré Veux point de part aux festins des mé
dire l'avenir, ou si ses gens le croyaient chants; soit qu'il fasse allusion à ces mê
ainsi, ou si le maître d'hôtel ne tient celan mes festins où l'on remplissait les cou
gage que pour s'accommoder à la croyance pes aussi souvent que les conviés le dé
commune des Egyptiens qui regardaient siraient.
Joseph comme un très habile magicien, Le même psalmiste s'écrie encore : Je
ou enfin s'il veut seulement intimider prendrai la coupe des délivrances, et j'in
les frères de Joseph, en leur faisant croire voquerai le nom de l'Eternel , Ps. 116,
que celui-ci est très versé dans l'art de 13., cérémonie qui paraît avoir été pra
la divination. Il y a des défenseurs pour tiquée réellement chez les Juifs, et dont
chacune de ses opinions, et l'on doit se on retrouve un exemple dans un livre de
rappeler que les anciens reconnaissaient beaucoup plus moderne , et tout-à-fait
une sorte de divination par la coupe ; ils apocryphe, le troisième des Maccabées,
prétendaient, entre autres, qu'Alexandre 6, 27., où l'on voit les Juifs d'Egypte of
le-Grand avait une coupe au moyen de frir à l'Eternel des coupes dans les festins
laquelle il voyait dans l'avenir des cho qu'ils firent pour leur délivrance. Quel
ses naturelles et surnaturelles (et plu ques interprètes croient cependant qu'il
sieurs traits de sa vie prouvent qu'en ef faut entendre par là le vin que l'on répan
fet il trouvait quelquefois la double vi dait sur les victimes d'action de grâce,
sion au fond de sa coupe). On devinait, Ex. 29, 40. Nomb, 15, 5. 28, 7.44.
COU 225 COU
|
La coupe est encore mentionnée dans avant-cour conduisait aussi dans la cour
le dernier repas que Jésus fit avec ses proprement dite qui communiquait avec
disciples , et dans la solennelle institu les étages inférieurs et le rez-de-chaus
tion de la Cène, Luc 22, 20. 1 Cor. 11, sée. La cour était en général nue, et les
25., de même que dans ces paroles de no riches, pour tout meuble, ne savaient y
tre Sauveur aux fils de Zébédée : « Pou établir autre chose qu'une citerne, qui
vez-vous boire la coupe que je dois boi était un grand objet de luxe. v. Maisons.
re?»—Cf. encore la coupe d'étourdisse Cour de justice, v. Juges, Jugements.
ment, Es. 51, 22., et Ps. 75,8. : « Il y a une COURGE. Quelques - uns ont pensé
coupe en la main de l'Eternel, tous les mé que le kikajon de Jonas, 4, 6. était une
chants en suceront et en boiront les lies. » courge : mais v. Kikajon.
On sait comment l'Eglise romaine s'est COURONNE. L'usage des couronnes
permis de retrancher la coupeaux fidèles, était fort commun chez les Hébreux,
de son autorité privée, il y a quatre ou comme chez les Orientaux en général ;
cinq cents ans ; nous n'avons point à re presque chaque livre de la Bible en parle.
montrer ici toute l'impiété de cette in La plus ancienne dont nous ayons con
novation, non plus que ce qu'elle a de naissance est celle du souverain sacrifi
diamétralement opposé à l'institution de cateur, qui se composait d'une lame d'or
la Cène par notre Sauveur, qui dit lui pur, s'attachant par derrière avec un ru
même, en parlant du vin : « Buvez-en ban bleu-céleste, et sur laquelle étaient
tous. » Sans doute avec les idées magi gravés les mots : « La sainteté à l'Eter
ques que l'ont veut rattacher à ces sim nel ;» elle se plaçait sur la tiare du pon
ples symboles, et par suite des doctrines tife, Ex. 28, 36. 37. Il semble, d'après
mystérieuses qui furent échangées pen Ez. 24, 17.23., que les simples prêtres
dant l'époque de ténèbres qui précéda la portaient aussi des espèces de couronnes,
réformation , l'on vint à dire : Puisque puisque dans ces passages Dieu défend
le corps de Christ est tout entier et ma au prophète d'ôter sa couronne ou de
tériellement compris sous chacune des mener deuil en aucune façon, afin de
deux espèces, il n'est pas nécessaire de montrer aux Israélites qu'eux aussi, dans
le donner à double aux simples fidèles, la captivité, ne pourront mener deuil, ni
comme si notre Sauveur , en donnant ce s'abandonner à leur douleur, même quand
commandement, n'avait pas su ce qu'il leurs plus proches parents seront passés
faisait : d'ailleurs, ajoutent les ennemis au fil de l'épée : peut-être aussi s'agit-il
de la coupe , on pourrait, par accident, simplement de bonnets ou de turbans
laisser tomber à terre quelques gouttes que chacun portait comme couverture de
du sang sacré, en le donnant soit aux tête, sans y rattacher du reste aucune
malades, soit aux enfants, soit même à autre idée. Mais lorsque Moïse ordonne
tous les autres fidèles ; on dirait que nO aux Juifs, Deut. 6, 8., de porter les pa
tre Sauveur n'ait pas prévu ce cas, et que rOles de la loi cOmme une cOurOnne Sur
les prêtres du moyen âge aient dû, sous leur tête, et comme un bracelet à leurs
la conduite de celui qui demeure à Rome, bras (c'est le sens du texte), il insinue
réparer cette inadvertance.— Mais nous assez clairement que les couronnes et les
n'avons point à régler ce compte ici ; bracelets étaient fort en usage chez eux.
d'autres l'ont déjà fait et bien fait Une couronne était la parure nuptiale
COUR. Les riches maisons de l'Orient de la vierge et de son époux, Es. 61, 10.
avaient ordinairement une espèce d'avant Cant. 3, 11.; c'est ainsi que l'Eternel,
cour, porche, ou portique servant de ves regardant la nation juive comme son
tibule, Jér. 32, 2. Marc 14, 68. Jean 18, épouse, lui met une couronne d'or sur
16. On passait de là dans les apparte la tête, Ez. 16, 12. cf. 23, 42.— Le dia
ments supérieurs par un escalier construit dème était encore l'ornement des rois et
en dehors de la maison, conduisant jus des princes, comme la marque principale
qu'au toit et souvent fait de bois très de leur dignité, soit chez les Hébreux,
précieux, 2 Chr. 9, 11. 1 Rois 6, 8.Cette soit chez les païens ; et quand David se
I. 15
COU 226 COU

fut emparé de Rabbath-Hammon, il prit un tiers en la Sainte-Chapelle de Paris ?


la couronne de leur roi qui pesait un ta à peu près autant à Notre-Dame ? puis à
lent (35 kilog), et qui était toute garnie Rome six épines partagées entre les égli
de pierres précieuses. La couronne de ses de Sainte-Croix et de Saint-Eustache;
Saül est mentionnée 2 Sam. 1, 10. parmi à Sienne quelques-unes; à Bourges cinq ;
les objets que l'Hamalécite, qui se van à Bezançon trois ; à Vienne une ; à Mont
tait de l'avoir tué, apporta à David ; le Royal trois; à Alby trois ; à Toulouse, à
diadème de Salomon , que sa mère Bath Mâcon, à Alby, à Noyons, etc., etc., etc.?
sébah lui avait brodé pour le jour de ses sans parler de toutes les autres épines
noces, est nommé Cant. 3, 11.; celui de qui sont dans le monde. « Par quoi il est
Josias, 2 Chr. 23, 1l. Les rois qui pos aisé de conclure , ajoute Calvin, que la
sédaient plusieurs royaumes ceignaient première plante a commencé à jeter long
autant de diadèmes, comme on peut le temps après la passion de notre Seigneur
voir par Apoc. 12, 3. 13, 1.; et le roi des Jésus-Christ. » La conclusion est juste ;
rois, qui domine sur l'univers entier et elle donne en même temps la clé des di
sur les peuples de toutes langues, a sur visions qui existent entre les papistes
sa tête plusieurs diadèmes, nous dit le sur l'espèce d'épines dont il s'agit : on
même apôtre, 19, 12. n'a pas pu vérifier sur la sainte couronne
Les reines de Perse portaient une cou qui se conserve à la Sainte-Chapelle de
ronne que le roi leur accordait quand il Paris, parce qu'elle n'a plus d'épines,
voulait les honorer. Vasti jouissait de ce dit Calmet, depuis qu'on en a arraché
privilége, Est. 1, 11., lorsqu'ayant eu le la dernière du temps de Louis XIII. Le
malheur de déplaire à son époux Assué même bénédictin ajoute : « L'histoire an
rus, elle vit la couronne royale passer cienne ne nous a rien appris sur la ma
sur la tête de la Juive, parente de Mardo nière dont la sainte couronne s'est con
chée, 2, 17. Haman, racontant comment il servée et est venue jusqu'à nOus. ll est
pense que le roi doit traiter la personne même assez difficile de croire que toutes
qu'il veut honorer, n'oublie pas la cou les épines et toutes les parties de la sainte
ronne royale, 6.8.Mardochée en fut effec couronne que l'on montre en différents
tivement revêtu, dans la course triom endroits, ne viennent que de la seule cou
phale qu'il fit au travers de la ville de ronne du Sauveur. »
Susan, 8, 15. C0URltlER. L'institution des cour
Mais la couronne biblique dont le sou riers faisant le service de poste est très
venir est le plus cher aux chrétiens, parce ancienne , et paraît avoir pris naissance
qu'elle a ceint la tête du Prince de paix, en Perse. Ce furent d'abord des senti
c'est la couronne d'épines, bel emblême nelles qui , placées de distance en di
de la royauté qu'il devait trouver dans stance, se criaient l'une à l'autre les mou
ses souffrances, mais triste anneau qui velles publiques, et les faisaient ainsi
doit s'ajouter à la chaîne des perversités parvenir avec une très-grande rapidité
humaines. On s'est demandé , par curio de toutes les parties du royaume à la ca
sité, de quelles épines était composée pitale. Puis Cyrus , autant pour accélérer
cette couronne ; les uns ont répondu le service que pour tenir secrètes les nou
d'aubépine, les autres d'acacia, les autres velles qu'il ne voulait pas voir procla
de groselier , les autres de jonc marin, mées par les sentinelles, établit des cour
les autres d'épine-vinette, etc. L'on n'en riers à cheval sur toutes les grandes
sait évidemment rien. Ce qu'il y a de plus routes , de telle sorte que les paquets et
curieux dans cette discussion, c'est que les lettres changeaient à la fois de clieval
ceux qui se tourmentent ainsi après ces et de courrier à chaque nouvelle station,
épines , devraient être mieux à même que sans que ni la nuit , ni le mauvais temps
personne de répondre d'une manière sa pussent jamais arrêter les porteurs. Hé
tisfaisante. N'ont-ils pas en effet conservé rodote dit qu'en fait de voyage par terre
cette couronne ? N'ont-ils pas en effet on ne connaît rien de plus rapide, et
conservé ces épines ? N'y en a-t-il pas Xénophon assure que ces courriers al
C0U 227 CRE

laient plus vite que le vol des grues. bernacle. - -

Xercès, dans sa fameuse expédition con CRAMOISI, héb"Karmil, 2 Chr. 2,


tre les Grecs, avait établi ce moyen de 7. 14. 3, 14. Selon Bochart, le cochlea
communication entre lui et Suse, la ca purpurata, pourpre tirée d'une espèce
pitale de ses états. Ces courriers sont de crustacé des environs du mont Carmel.
nommés dans l'histoire d'Ester , c'est par Selon quelques auteurs, ce Karmil serait
eux qu'Haman fit porter l'ordre de mettre un mot de la langue postérieure, équi
à mort tous les Juifs du royaume, 3, 13.; valant à Tholahat que nous traduisons par
c'est par eux aussi, et par des courriers écarlate, q. v. — Parmi les différentes
extraordinaires et plus nombreux, que le espèces de rouge indiquées dans la Bi
contre-ordre fut expédié, sur l'interven ble, il est un peu difficile de déterminer
tion d'Ester et de Mardochée, 8, 10. la nuance exacte des mots employés ;
Les Grecs adoptèrent le même système voici, cependant, comment nous croyons
à l'imitation des Perses, mais en y joi pouvoir essayer de les traduire.
gnant la corvée, c'est-à-dire l'obligation Karmil, cramoisi, ou écarlate.
pour les villes de fournir à l'Etat des Tholahat , Shani, Shanim , écarlate,
chevaux et des hommes pour faire ce ser Es. 1, 18.
vice. On pense que les paroles de notre Argaman, pourpre rouge, Ex. 25-27.
Sauveur, Matth. 5, 41., renferment une Thekéleth, pourpre violet, tirant sur le
allusion à cette charge, lorsqu'il dit : « Si bleu, Ez. 23, 6.
quelqu'un veut te contraindre de faire Shasher, rouge cinabre ou garance,
avec lui une station, fais-en deux. » Jér. 22, 14.
Parmi les Romains, ce fut Auguste qui Chamoutz, rouge brillant, écarlate,
institua les postes réglées. Adrien les Es. 63, 1.
perfectionna, mais elles tombèrent avec CREATION. Acte du Dieu éternel et
l'empire; elles se relevèrent un instant tout puissant, par lequel il appelle à
sous Charlemagne, et ne s'établirent défi l'existence des choses visibles et invisi
nitivement dans l'Europe moderne que bles, matérielles ou spirituelles, Apoc. 4,
sous Louis XI, roi de France. 11.Ps. 148, 5, sq. Ce mot s'entend aussi,
COUTEAUX. Les couteaux des anciens par extension, de l'univers, de l'ensem
Hébreux étaient de pierre, comme ils le ble des choses créées; mais nous n'avons
sont maintenant encore chez tous les à le considérer ici que dans le premier
peuples sauvages, et dans plusieurs par de ces deux sens, c'est-à-dire comme
ties de l'Orient, là où l'on a besoin d'in acte créatif. L'homme, être borné et dé
struments tranchants, et où l'on ne con chu, ne peut pénétrer les conseils mysté
nait pas l'art de travailler le fer. On ne rieux de l'Eternel, et découvrir par lui
s'en servait point à table, puisque les vian même la date, le mode, ni les raisons de
des arrivaient toutes découpées, et que la formation de l'univers; Job 11, 7. 8.
le pain, en forme de gâteau très mince, Et si quelque téméraire se permet dans
pouvait facilement se rompre avec les son orgueil de disserter sur ces choses
doigts, Marc 6, 41. et ailleurs. Les mêmes d'une manière contraire à la Bible, ou
usages, ou la même absence d'usage, cherche à découvrir ce qu'il a plu à Dieu
comme on dirait chez nous, se pratiquent de nous cacher, l'Eternel lui-même con
encore en Orient jusque dans les festins fond son audace et le fait rentrer dans
des princes et des rois. Les couteaux la poussière, Job 38.
étaient employés principalement dans les Mais si par nous-mêmes nous ne pou
sacrifices, et dans les boucheries, Gen. vons découvrir les choses cachées de
, 22, 6.10., etc.; ils servaient aussi pour Dieu, nous pouvons et devons chercher
la circonsision, Ex. 4. 25. Jos. 5, 2.; à connaître ce qu'il lui a plu de nous en
ceux de pierre étant regardés comme révéler. Pour cela nous avons deux sour
moins dangereux et causant moins d'in ces d'instruction à étudier : la Bible et la
flammation que ceux de métal. nature. « Les œuvres de Dieu et la parole
COUVERTURES du tabernacle, v. Ta de Dieu sont les deux portes du temple
CRE 228 CRE

de la vérité; comme elles proviennent s'il nous est permis de donner un con
d'un même auteur souverainement sage seil, nous voudrions engager ceux de nos
et tout-puissant, il est impossible qu'il y lecteurs qui auraient à s'en occuper, pre
ait entre elles aucune contradiction , mais mièrement à n'étudier la géologie qu'avec
elles doivent, pour ceux qui les compren humilité et respect, en pensant que la na
nent dans leur vrai sens, s'expliquer et ture est comme la Bible, mais pas plus
se confirmer réciproquement, quoique que la Bible, le livre de Dieu ; ensuite à
d'une manière et par des voies différen ne pas s'effrayer, ni se laisser ébranler
tes. » (Gaede, prof. d'hist. nat. à Liége.) dans leur foi, par des découvertes futures
Et de même que les œuvres visibles de la qui sembleraient en contradiction avec la
création de Dieu nous sont données pour révélation écrite, ou avec des systèmes
nous apprendre à connaître ses perfec cosmogoniques proposés même par des
tions invisibles, Rom. 1, 20., ainsi, c'est hommes pieux. Il ne peut, nous le répé
en prenant la Bible pour guide que nous tons, y avoir contradiction réelle, et l'on
devons étudier cette création visible et trouvera toujours que lorsqu'il y en au
les œuvres merveilleuses de l'Eternel ; rait une apparente, cela vient de ce que
sans cela nous sommes exposés à tomber nous n'avons pas compris l'un ou l'autre
dans les systèmes les plus faux et les de ces livres ; mais la vérité est une, et le
plus absurdes, comme il est déja arrivé à Dieu fort est vérité, Deut. 32, 4.
plusieurs savants, auxquels on peut bien Après ces remarques préliminaires,
appliquer le reproche que Jésus adres l'on nous comprendra lorsque nous di
sait aux Juifs : « Vous êtes dans l'erreur rons que ce n'est qu'avec crainte et
parce que vous n'entendez pas les Ecri tremblement que nous osons hasarder
tures ni quelle est la puissance de Dieu,» quelques explications sur l'œuvre de la
Matth. 22, 29. Il est une science en par création, telle qu'elle est rapportée dans
ticulier, qui résume à elle seule presque le premier chapitre de la Genèse, car ce
toutes les sciences naturelles, et qui, sont là les choses difficiles et mystérieuses
quoiqu'elle n'existe que depuis peu d'an de l'Eternel, et connaissant à peine « les
nées, remonte par ses découvertes jus bords de ses voies, » Job 26, 14., nous
qu'aux premiers âges du monde : une craignons, nous aussi, « d'obscurcir son
science remplie d'attrait pour ceux qui conseil par des paroles sans science. »
en ont fait l'objet de leurs études, et qui « Dieu créa au commencement le ciel et
plus que toute autre peut-être, a conduit la terre, » Gen. 1, 1.—La signification pro
à des résultats erronés et anti-scripturai pre du mot créer est: tirer du néant, faire
res, ceux qui n'étaient pas soutenus par une chose de rien ; c'est pourquoi les
une foi ferme à la parole de Dieu. Nous traducteurs de la Bible s'en sont servis
voulons parler de la géologie, dont l'in pour rendre le mot hébreu bara qui n'a
crédulité a si souvent essayé de se faire pas tout à fait la même portée ; mais la
une arme contre la Bible. Mais à mesure langue hébraïque n'en possédant point
qu'elle a été mieux étudiée, et que les d'autre qui pût indiquer exactement l'acte
faits et les monuments qu'elle présente par lequel Dieu produit une chose, sans
ont été examinés de plus près, l'on a re la former d'une substance déjà existante,
connu que loin d'ébranler en aucune ma les écrivains sacrés ont dû employer ce
nière l'autorité de la Bible, elle n'a fait mot bara, qui signifie proprement former,
que confirmer le récit de Moïse d'une mettre en ordre (Calmet), mais dont la ra
manière frappante et inattendue. C'est cine primitive semble plutôt contenir le
ainsi que les calculs remarquables du cé sens de séparer, (Simonis, Lex. Hebr.)
lèbre Cuvier pour connaître l'àge du C'est peut-être à cette idée que correspond
monde et l'époque du déluge, ont offert l'expression française : Dieu débrouilla le
un résultat qui coïncide exactement avec chaos. En effet, nous voyons que l'œuvre
la Genèse (Discours sur les révolutions des trois premiers jours, dans le récit
de la surface du globe). — Mais -cette de Moïse, est en grande partie une œu
Science est encore dans son enfance, et vre de séparation : Dieu sépare la lumière
:

CRE 229 CRE

d'avec les ténèbres, il sépare les eaux su lant de Dieu, sont synonymes, avec cette
périeures des eaux inférieures, il sépare différence que la première de ces expres
la terre sèche d'avec la mer, il sépare le sions est la plus forte des deux, quoique
j0ur d'avec la nuit. Et lorsque Moïse em Moïse semble quelquefois les employer
ploie le mot créer, cela ne signifie point indifféremment : Ainsi , Gen. 1, 21. Dieu
toujours tirer une chose du néant, mais créa les grands poissons; v. 25, Dieu fit
s0uvent tirer une chose d'une autre sub les bêtes de la terre; v. 26, faisons
stance pour lui donner une forme nou l'homme à notre image; v. 27, Dieu créa
velle;ainsi, par exemple, Dieu crée l'hom donc l'homme.
me à son image, Gen. 1, 27., et cepen M. de Rougemont (Fragments d'une
dant il le tire de la poudre de la terre, Histoire de la terre, p. 113.) voit quel
2, 7. Malgré cette double interprétation que chose de plus dans la manière dont
dont le mot bara est susceptible , nous Moïse se sert de ces mots : il dit que
savons positivement que la matière n'a « créer signifie former un type nouveau,
pas toujours existé, qu'elle a eu une ori tandis que faire est restreint au dévelop
gine, car l'Esprit-Saint nous le déclare, pement d'un type déjà existant : ainsi,
soit, Gen. 1, 1., en nous disant que les dit-il, Dieu crée l'animal, l'homme, 1, 20
cieux et la terre ont eu un commence 27 : mais une fois les animaux aquatiques
ment, cf. 2, 4., soit dans le commentaire existants, il ne crée pas les animaux ter
qui nous en est donné ailleurs par le mê restres, il les fait. »
me Esprit, Hébr. 11, 3. Ps. 33, 9. Et la Nous ne prétendons pas décider quelle
sagesse de Dieu qui est la même chose peut être la valeur de cette observation,
que sa parole éternelle, le verbe incréé mais nous croyons devoir ajouter en dé
« qui était au commencement avec Dieu et veloppement de l'idée de cet auteur, que
quiétait Dieu, » nous parle d'un temps an les eaux et les airs contenant parmi leurs
térieur à l'existence de notre globe, où habitants des créatures qui appartiennent
elle était ses délices « lorsqu'il agençait les aux quatre grands embranchements du
cieux et qu'il traçait le cercle au-dessus règne animal, les types existaient tous
des abîmes, lorsqu'il n'avait point encore avant la formation des animaux terrestres,
fait la terre, ni le commencement de la qui n'étaient pour ainsi dire qu'un déve
p0ussière du monde, » Prov. 8, 22-30. loppement de ceux qui avaient été créés
« C'est donc le contexte, » dit un sa le cinquième jour; tandis que l'homme
vant professeur anglais, le docteur Pusey, étant non-seulement un animal plus par
(v. Buckland Bridgewater Treatise, vol. I, fait que les autres par les organes dont
p.22.) , qui doit décider du sens du mot il était doué, mais encore le seul habi
bara, et nous indiquer s'il faut le tra tant de la terre auquel Dieu eût donné
duire par : tirer du néant, ou par : don une âme de la même nature que l'Essence
Ber une nouvelle forme à une substance divine, pouvait bien être considéré, quant
qui existait déjà. à son corps, comme un développement
« Quoique Moïse se serve, en parlant d'un type antérieur, mais quant à cette
des œuvres de Dieu, tantôt du mot bara, âme vivante, faite à l'image de Dieu, c'é-
tantôt du mot hazah (il fit), il paraît ce tait bien réellement comme une création
pendant que la première de ces expres nouvelle ; ce qui expliquerait pourquoi
sions a une énergie particulière , et ne la Genèse se sert des deux expressions
peut s'employer que pour décrire l'action faire et créer, quand il s'agit de l'homme.
de Dieu, tandis que la seconde peut s'ap « Ce qui est bien plus important pour
pliquer aussi à l'action des hommes. l'interprétation du premier chapitre de la
« Après avoir soigneusement comparé Genèse, c'est de savoir si les deux pre
un grand nombre de passages (Esaïe 43, miers versets contiennent une espèce
1.15. Nomb. 16, 30. Ps. 104, 30. sq.), d'introduction , un simple résumé de ce
et avoir fait une étude attentive de ce Su qui va être dit plus en détail dans le reste
jet, je suis arrivé à cette conclusion, que du chapitre, ou s'ils sont l'expression
les mots créer et faire, employés en par d'un acte de création distinct de ceux
-
CRE 230 CRE

dont il est parlé dans les versets suivants. Nous voyons, en effet, que quoique la
« Cette dernière interprétation paraît Genèse emploie le même mot Shamayim
être la véritable comme la plus naturelle. pour désigner ces deux choses, la Bible
En effet, nous n'avons dans la Bible au les distingue ailleurs, comme Néh. 9. 6.
cun autre récit d'une création primitive, La racine du mot hébreu qui signifie
et de plus il semble que le deuxième ver ciel, étant le prétérit inusité shamah, être
set soit une description de la matière élevé, le mot shamayim signifierait les
créée , avant l'arrangement qui en allait hauteurs , ou les espaces élevés, et she
être fait en six jours; ainsi la création du mé hasshamayim (les cieux des cieux),
commencement doit être distinguée de la seraient les espaces infiniment élevés, ou
création des six jours ; d'autant plus que l'immensité avec tout ce qu'elle contient,
le récit de ce qui s'est passé dans cha et par conséquent cette multitude innom
cun de ces jours est précédé de la décla brable d'étoiles ou de mondes, qui fe
ration que « Dieu dit, » ou voulut l'événe raientainsi partie de la première création,
ment qui suit immédiatement ; par con indiquée Gen. 1, 1., et que le v. 16 ne
séquent il semble que la création du pre fait que rappeler en passant, en parlant
mier jour doit avoir commencé lorsque du moment où le soleil devint lumineux
ces mots : « Et Dieu dit, » sont employés pour la terre. -

pour la première fois, c'est-à-dire pour la Le fameux passage de saint Pierre, 3,


création de la lumière. De même, si c'est 5-13., qui résume en quelques mots les
bien là le commencement de l'œuvre des destinées de notre planète, autorise la
six jours, il est clair que cette création différente interprétation du mot cieux
ne fait que donner une nouvelle forme, dans les versets 1 et 8, et montre que le
un nouvel arrangement, et pour ainsi ciel du deuxième jour, c'est-à-dire l'at
dire, meubler d'une manière nouvelle un mosphère, suit le sort de notre globe et
monde qui existait déjà, car nulle part de ses révolutions. Il est évident, en effet,
dans le récit des six jours il ne nous est que les cieux antédiluviens qui ont été
dit que Dieu fit, ou créa l'eau, ni la terre, détruits, ne comprenaient pas les astres,
ni les ténèbres, choses déjà existantes car alors le soleil, la lune, et les étoiles
(résultat d'une création précédente), les qui existaient avant le déluge auraient
quelles il ne fait, dans les premiers jours, aussi péri ; la future destruction par le
que séparer les unes des autres et les feu, des cieux et de la terre d'à présent,
mettre dans un ordre nouveau. » (Buck n'est donc point non plus une catastrophe
land's I, 22). qui doive envelopper tout l'univers, mais
Nous croyons donc que le v. 1 nous seulement une grande révolution qui doit
parle d'une création primitive des choses changer l'état et l'apparence de notre
matérielles, sansen indiquerl'époque qu'il globe; un feu purifiant qui le nettoiera
ne nous importe probablement pas de sa de sa souillure comme l'or fondu dans le
voir. Cecin'estpoint une opinionnouvelle; creuset est dégagé par le feu des matiè
c'est celle de plusieurs pères de l'Eglise res impures qui le ternissent; révolution
(voir Pétavius, Dogm.Theol., tom. III. De après laquelle le monde et ses habitants
opificio sex Dierum, Lib. 1. Cap. 1, $ 8, et seront rétablis dans l'état de pureté et
cap. 11, $ 1-8). Les uns voyaient dans les d'innocence , d'où le péché d'Adam les
deux premiers versets de la Genèse le ré avait fait déchoir.
cit de la création d'un monde primitif ; L'interprétation que nous venons de
d'autres, comme saint Augustin, Théodo donner du V. 1 semble confirmée aussi
ret, y voyaient la première formation de par l'expression remarquable qui termine
la matière ; d'autres, celle des éléments ; le v. 3 du deuxième chapitre : « Dieu se
d'autres croient que les cieux dont il est reposa de toute l'œuvre qu'il avait créée
question au v. 1 sont, non le ciel atmos pour être faite. » — Ne semble-t-il pas
phérique de notre terre qui ne fut créé que ce passage est un de ceux dans
que le deuxième jour, mais ce qui est lesquels le Tout-Puissant soulève à nos
appelé ailleurs les cieux des cieux. yeux un coin du voile qui nous cache la
CRE 231 CRE

profondeur de ses conseils P Ne semble peut nous faire même deviner l'époque,
t-il pas nous dire qu'il avait de longue il se peut que des millions d'années se
main préparé une demeure aux hommes, soient écoulées entre ce moment et la
qu'il avait créé cette terre dans les jours création de la lumière sur notre terre.
d'autrefois pour étre faite, c'est-à-dire (Dans la Bible de Luther , imprimée à
p0ur être façonnée plus tard, de manière Wittenberg, en 1557, on trouve le chiffre
à ce qu'elle pût ètre habitée par des créa 1. marqué en tête du v. 3, comme étant
tilres dans lesquelles il voulait mettre son le commencement de l'histoire de la créa
plaisir ? Prov. 8, 31. tion. Dans d'anciennes éditions anglaises
Il fit toutes ces choses par degrés, où la division en versets n'était pas en
aj0utant une bonne chose à une autre core adoptée, il y a un double interligne
bonne chose, jusqu'à ce qu'il jugeât que entre les v.2 et 3. Pusey.)
tout était très bon, Gen. 1, 31., afin d'y Le v. 2. décrit l'état du globe immé
rendre heureux des êtres formés à son diatement avant le commencement du pre
image, à qui il voulait remettre la domi mier des six jours, c'est-à-dire sur le soir
nation sur toutes les merveilles qu'il ve du premier jour : car, suivant la compu
nait d'appeler à l'existence. tation mosaïque, chaque jour commence
Quand il ne nous resterait d'autre par avec le soir, et dure jusqu'au soir du jour
lie de la révélation que les premiers cha suivant. Le premier jour serait donc la
pitres de la Genèse, n'aurions-nous pas fin de la période indéfinie de la première
là une preuve éclatante de la bonté infi existence du monde. Dans ce v. 2. il est
nie de notre Créateur et du soin paternel fait une mention spéciale de la terre et des
que sa Providence prend des hommes ? eaux comme existant déjà, mais envelop
0ui, cet Etre tout puissant qui s'occupait pées de ténèbres. Les mots thohou vabo
de notre bonheur, tant de siècles avant hou décrivent cet état de confusion et de
l'existence de notre race , ne peut pas vacuité que les Grecs représentent par le
D0us avoir délaissés, et si le mal est en mot Chaos. Ils sont encore employés dans
tré dans le monde, et a gâté cette terre le même sens, Es. 34, 11. Ps. 107, 40.
très bonne où Dieu avait placé Adam, Le mot vide, de nos traductions fran
Soyons sûrs que celui qui a mis tant de çaises, ne rend pas très bien la significa
soin à nous former pour le bonheur, aura tion, car il donne l'idée d'un corps creux,
aussi mis à notre portée un remède à nos tandis qu'ici il faudrait exprimer un vide
maux, un moyen de relèvement après extérieur : la terre était vide d'habitants.
notre chute, un sauveur enfin assez puis vide de parure, aride et dépouillée. D'où
sant pour empêcher que cette terre et ses provenait cet état chaotique ? Etait-ce
habitants qui étaient sortis très bons de ainsi que la terre était sortie des mains
la main de Dieu, ne continuent à être du Créateur ? Etaient-ce les ruines d'un
entraînés à jamais dans le chemin du mal. monde antérieur 9 Nous l'ignorons : peut
Mais pour cela, il faut qu'une création être Dieu avait-il dit d'un ordre de cho
nouvelle s'opère en nous, et que cette ses plus ancien ce qu'il dit plus tard du
parole divine par qui et pour qui toutes monde moderne, par la bouche de son
ch0ses ont été faites, renouvelle en nous prophète, Jér. 4, 23. sq. : « La terre sera
limage de Dieu que le péché a détruite, dans le deuil, les cieux seront noirs au
1Cor. 15, 47.49.2 Cor.5, 17. Eph. 4, 24. dessus ;... j'ai regardé la terre , et voici ,
V. 2. « Et la terre était sans forme et elle est sans forme et vide, etc. »
vide ; les ténèbres étaient sur la face de Ne semble-t-il pas que l'Esprit saint
l'abime, et l'Esprit de Dieu se mouvait ait voulu nous représenter par ces paro
Sur les eaux. » — (Le mot abîme semble les une effrayante révolution de notre
être synonyme des eaux sur lesquelles globe dont le chaos aurait été le résultat ?
se mouvait l'Esprit de Dieu ; v. Job 38, S'il était permis de traduire en langage
30. Ps. 42, 8. 104, 6. Jonas 2, 6. sq.) non inspiré les paroles de l'écrivain sa
Si le v. 1 se rapporte à la première cré, nous croirions pouvoir paraphraser
création de toutes choses, dont rien ne ainsi les premiers versets de la Genèse :
CRE 232 CRE

« Toutes les choses que nous voyons et place où il est employé, comme le grec
dont nous pouvons connaître l'existence, 7tvz5ptz et le latin spiritus, est-il raisonna
soit sur la terre que nous habitons, soit ble de le traduire par vent, lorsque Dieu
au-delà, doivent leur être à un Dieu sou n'avait pas encore créé l'air ? Autant vau
verainement bon, sage et puissant, qui a drait, par exemple, remplacer Esprit par
fait sortir la matière du néant, dans des courant d'air dans des passages tels que
temps infiniment reculés et dont la date celui-ci : « Caches-tu ta face, elles ( les
nous est inconnue. Ce Dieu tout bon ju créatures) sont troublées ; retires-tu leur
gea à propos de créer une race d'êtres souffle, elles défaillent et retournent en
intelligents auxquels il donna le mom leur poudre. Mais si tu renvoyes ton cou
d'hommes, et voulant leur préparer une rant d'air (Esprit), elles sont créées de
demeure, il choisit pour cela un de ces nouveau ! » Ps. 104, 29.30. cf. enc. Job
globes qu'il avait faits pour se mouvoir 26, 13.) Et afin de montrer évidemment
dans l'espace, et qui était alors inculte et que ces trois personnes ne sont pas trois
désert, recouvert de liquide et d'obscu Dieux, mais un seul Dieu, manifesté de
rité. Le moment où l'Esprit de Dieu s'en trois manières, l'écrivain sacré qui se sert
rapprocha et plana, pour ainsi dire, à sa pour désigner le Créateur du mot Elohim,
surface, pour y faire pénétrer l'ordre et Seigneurs, fait suivre cette désignation
la vie, fut pour le globe le commence plurielle d'un temps de verbe au singu
ment d'une création nouvelle qui devait lier, comme s'il y avait Dieux dit que la
avoir six degrés, ou se faire en six épo lumière soit; Dieux vit que cela était bon.
ques de progrès successifs. Puis, après nous avoir montré les per
« Tout était prêt pour cette nouvelle sonnes divines conférant ensemble (v. 26.
création, la matière à laquelle une autre faisons l'homme à notre image), il lui
forme devait être donnée, l'Esprit divin donne (2, 4.) le nom incommunicable et
qui devait la vivifier; il ne fallait plus singulier de Jéhovah, joint à celui d'Elo
que la parole du commandement pour ap him, Seigneurs, qui est, qui était et qui
peler à l'existence ce monde nouveau; et sera, ou Seigneurs Eternel.
Dieu dit... que la lumière soit, et l'ordre Durée des jours de la création. Pen
naquit au milieu de la confusion. » dant longtemps, personne dans les pays
Ainsi, nous voyons apparaître dès la où le christianisme était professé, ne mit
fondation du monde cette Trinité dans en doute que les jours de la création ne
l'unité de Dieu : « Le Père qui habite une dussent s'entendre à la lettre d'espaces de
lumière inaccessible et que nul œil n'a vu vingt-quatre heures, mais à mesure que
ni ne peut voir », 1 Tim. 6, 16. cf. Apoc. l'on étudia plus attentivement les scien
15, 3. Ps. 18, 29. 36, 10. ; « le Fils, qui ces naturelles, on trouva des preuves de
est la véritable lumière qui a resplendi l'existence d'un ordre de ch0ses anté
dans les ténèbres et qui éclaire tout hom rieur à la création de l'homme, Ordre de
me en venant au monde, » Jean 1, 9. cf. choses qui avait dû continuer pendant des
v. 2. Col. 1, 16. Eph. 3, 9.; « enfin l'Es temps fort longs; l'on se hâta de rejeter
prit de Dieu planant sur la face des eaux, alors le récit de Moïse et ses six jours,
pénétrant le globe d'une force vitale, et comme une chose absurde et contraire
qui nous est représenté comme présidant aux lois de la nature. Puis vinrent d'au
à la création et y prenant la part la plus tres naturalistes plus religieux, qui com
directe », Ps. 33, 6. cf. Gen. 2, 1. Ps. 104, prirent que l'homme ne pouvait ainsi li
29.30. Jean 20, 22. Gen. 2, 7. cf. Job33, miter la puissance de Dieu, et que celui
4. (La Bible de Genève, éd. de 1805, ainsi qui avait fait le temps pouvait créer un
que celle qui a été publiée plus récem monde non-seulement en six mille ans ,
ment par les pasteurs et professeurs de mais en six ans, en six jours, en six mi
cette ville, traduit au v. 2. : « Et Dieu fit nutes, en un clin d'œil, s'il l'eût voulu ;
souffler un vent qui agita la surface de il leur parut que sans nier les découver
l'eau. » Mais si le mot rouach peut, en tes des sciences naturelles, l'on pouvait
effet, signifier esprit ou vent, selon la fort bien les concilier avec le récit mo
CRE 233 CRE

saique, en supposant que toutes les plan ments de la Création, et avec ce jour du
Seigneur qui , comme le dit saint Jean,
tes et animaux fossiles étaient les restes
d'un monde antérieur au v. 3. de la Ge doit durer mille ans, cf. Ps. 90, 2.4.,
nèse, détruit nous ne savons à quelle épo avec 2 Pierre, 3, 5-10. et Apoc. 20,.
que, ni pour quelle cause, et que Dieu Les plus anciens livres des nations
établit réellement l'Ordre de choses ac prennent aussi, comme la Bible, dans des
tuel en six jours de vingt-quatre heures. sens plus ou moins étendus les mots qui
Mais cette hypothèse, quelque plausible désignent les divisions du temps.
qu'elle paraisse au premier abord, n'ex Plutarque dit que les Egyptiens, vou
plique point suffisamment comment il se lant prétendre à une plus haute antiquité
fait, par exemple, que l'ordre des ani que les autres peuples de la terre, comp
maux fossiles , selon leurs couches, se taient dans leur chronologie chaque mois
rapporte si bien à ce que nous enseigne p0ur une année. Les calculs des lndiens
la Genèse sur l'ordre de leur formation ; et des Chinois ont des bases tout à fait
l'examen de leurs yeux , même de ceux semblables ; (v. Doct. Nares, Man consi
des plus anciens, comme, par exemple, dered theologically and geologically, p.
des Trilobites, dans les terrains de tran 192.)
sition (Buckland's vol. I. p. 396), prouve Zoroastre, en parlant de la création, dit
que ces animaux ont vécu dans une lu qu'elle se fit en six époques ou temps iné
mière semblable à celle qui nous sert à gaux, distribués de la manière suivante :
distinguer les objets, une lumière solaire Le premier temps fut employé à créer le
en un mot, et qu'ils ont été créés après ciel, ce qui prit 45jours; dans le deuxième
que Dieu avait établi cet astre pour éclai temps, qui dura 60 jours, Dieu créa les
rer notre globe, ainsi qu'il est dit aux eaux; la terre fut créée dans le troi
versets 14 à 18. On reconnut aussi que la sième, qui fut de 75 jours; le quatrième,
Bible elle-même donne aux mots qui dé de 30 jours , vit éclore les plantes ; le
signent les divisions du temps, comme cinquième, de 80jours, tous les animaux;
j0ur, semaine, des sens divers et plus ou et le sixième, de 75 jours, fut consacré
moins étendus, (v. Es. 34, 8. Ez. 4, 6. à la création de l'homme. La somme de
Dan. 9, 24.1 Cor. 3, 13. 5, 5. 2 Pierre ces nombres est 365 jours ou une année,
3, 10., etc.), et l'on en vint à traduire les (Hyde. De religione veterum Persarum,
six jours de la création par six époques. Cap. 9.). On reconnaît dans cette narra
C'est à cette opinion que se sont arrêtés tion le récit de la Genèse défiguré, et
presque tous les théologiens et les géo combiné avec l'idée traditionnelle de la
lºgues les plus distingués de notre temps; longueur considérable des jours de la
p0ur eux les jours de la création ne sont création, tradition qui existait déjà, à ce
pas des jours solaires comme ceux d'à- que l'on prétend, chez les Juifs, et aussi
présent, mais des époques cosmogoniques chez les Etrusques (F. de Rougemont,
d'une longue durée, des temps de pro Fragments, etc.)
gression et de formation alternant avec Quelques auteurs ont cru en trouver
des temps de trouble et de révolutions une preuve implicite dans le langage même
lelluriques. Sans énoncer une opinion du texte, et de même que la forme parti
p0sitive sur ce sujet, nous devons conve cipale du verbe qui exprime l'action de la
nir que les probabilités sont en faveur de force créatrice, l'esprit de Dieu, se mou
l'opinion qu'il s'agit non d'espaces de vant sur la surface de l'abîme, indique
vingt-quatre heures, mais de périodes non un acte subit et momentané, mais
t0nsidérables, de mille ans peut-être; en une force s'exerçant d'une manière con
eſſet, il est remarquable que dans les tinue(Doct.Wiseman, LecturesonScience
deux passages de la Bible où il est dit and revealed Religion, vol. 1, p. 295),
qu'auxyeux de Dieu, milleans sont comme ainsi l'on a cru reconnaître dans ces six
un jour, et un jour comme mille ans, cette jours non-seulement une suite de perfec
déclaration de l'Esprit saint se trouve tionnements, mais aussi des intervalles
Placée en relation directe avec les événe de révolutions et de bouleversements dont
-

CRE 234 CRE

l'idée serait renfermée dans la significa niques, dont la première est le chaos, et
tion la plus étendue du mot Ereb, soir. Le dont le caractère est la mort, le désordre, •4
premier chap. de l'Ecclésiaste et le Ps. les ténèbres; par une concordance impré
104 (en particulier les versets 29 et 30) vue et inexplicable, les géologues d'une
avaient fait pressentir la possibilité d'une part, Moïse de l'autre, admettent un dé
semblable progression dont diverses tra veloppement ou une création de la terre
ditions fort anciennes contiennent des tout à fait extraordinaire , qui s'opère
traces remarquables. — La cosmogonie par une alternative de temps d'ordre et
indienne qui se rapproche beaucoup de de création , de temps de désordre et de
la Bible, parle « d'un grand nombre de destruction.
créations et de destructions de mondes, « La géologie ne fait ici que préciser,
provenant de la volonté d'un Etre su expliquer, commenter le texte biblique,
prême qui ne le fait que dans le but de qui accepte en plein tous ces résultats
rendre ses créatures heureuses. » (Insti de la science.
tutes of Hindu Law. London, 1825, ch. 1.) « Les soirs (Ereb) sont donc les temps
Nous ne pouvons nous empêcher de trans de désordre; le premier soir n'est autre
crire ici deux passages très remarquables chose que le chaos lui-même; les suivants .
de ce livre, cités par Lyell, Principles of sont des invasions du chaos au milieu de
Geology, vol. 1 ch. 2, avec l'indication des l'œuvre lumineuse de Dieu. Les matins
textes bibliques correspondants : « L'Etre sont des temps d'ordre, de vie, de créa
dont la puissance est incompréhensible, tion. L'œuvre de Dieu pendant les six
m'ayant créé, moi(Menou) et tout cet uni jours consiste à former la terre dévastée,
vers, fut de nouveau absorbé dans l'Etre et la dégager du chaos, de l'abîme et des
suprême , faisant succéder au temps de ténèbres qui disparaissent successive
l'énergie l'heure du repos. » Cf. Héb. 1, ment.
3.10. 4, 4. Jean 17, 5.— Et plus loin : « Ainsi les eaux de l'abîme, 1, 2., qui
« Quand cette puissance agit', alors ce recouvraient au deuxième jour encore la
monde reçoit son plein développement ; terre entière, en partagent au troisième
quand il sommeille, tout le système dé la surface avec les continents, et elles
choit. Car pendant qu'il se repose, ou n'existeront plus sur la terre nouvelle,
cesse d'agir, les esprits revêtus de formes Apoc. 21, 1.Ainsi les ténèbres, éclairées
matérielles, et doués de principes d'ac dès le premier jour par la lumière, sont
tion, se détournent peu à peu de leur tâ transformées en soirs cosmogoniques, et
che, et l'intelligence elle-même devient au quatrième jour en nuits de douze heu
inerte. » Cf. Ps. 104, 27-30.) res. Les soirs cosmogoniques précèdent
Telle est aussi la tradition des Birmans, chacun des six jours, et cessent avant la
et celle des anciens Egyptiens ; on la re création de l'homme, aucun ne s'interpose
trouve même dans les ouvrages de quel entre le sixième jour et celui du repos,
ques Pères de l'Eglise, saint Augustin, et la dernière des grandes époques de
Orat. II, saint Basile Hexaëmeron, hom. 2. désordre est celle qui sépare le cinquième
Les découvertes récentes de la géolo jour du sixième. L'alternative des jours et
gie sont venues, bien des siècles après, des nuits de vingt-quatre heures cessera
éclaircir cette hypothèse, et la confirmer à à la fin des temps, et la terre sera éclairée
ce qu'il semble. Cuvier, dans son Discours par une lumière continue, Zach. 14, 7.
sur les révolutions de la surface du globe, Apoc. 21, 23. C'est ainsi que les com
établit par des preuves irrécusables, que plètes ténèbres du chaos se transforment
ces révolutions ont été nombreuses, subi peu à peu en complète lumière.
tes, antérieures à l'apparition de l'homme « Le premier chap. de la Genèse est une
sur la terre, et même qu'il y en a eu d'an vision des temps antérieurs à l'homme,
térieures à l'existence d'êtres vivants et doit s'expliquer d'après les mêmes
quelconques. principes que les prophéties.
« L'histoire des six jours , ainsi que « En comparant l'œuvre de Dieu dans la
celle de l'humanité, a ses nuits cosmogo réorganisation du chaos et dans la créa
CRE - 235 CRE

tion du monde, à celle de Dieu dans le de Dieu, v. 7. Mais une au moins de ces
cœur des fidèles et dans l'Eglise, selon étoiles du matin (Lucifer), était déjà tom
l'indication que nous en donne saint Paul, bée, peut-être même plusieurs, et le mal
2 Cor. 4, 6., on remarque bientôt que vint bientôt gâter l'œuvre du Créateur.
les six jours cosmogoniques sont une es Il semble qu'une irruption des eaux trou
pèce de prophétie de l'histoire de l'hu bla l'ordre nouvellement établi, v. 8., et
manité, ou, en d'autres termes, que les ce fut alors que Dieu donna à l'abîme la
faits physiques de l'histoire de la terre nuée pour couverture et l'obscurité pour
ont un sens analogue aux faits moraux ses langes, v. 9.; peut-être les ténèbres
del'histoire de l'homme. Ainsi les ténè furent elles ordonnées alors comme puni
bres du chaos se reprOduisent dans les tion et comme demeure des anges déchus,
ténèbres morales de l'âme déchue et pé par opposition à la lumière éternelle, qui
cheresse; les nuits cOsmOgOniques dans est représentée comme l'habitation de
les époques historiques de corruption et Dieu, Jean 3, 19-21. Eph. 6, 12. C'est à
de ruines; les jours cosmogoniques, dans ce moment-là que semble se rapporter le
celles de paix, d'ordre et de vie religieuse ; premier soir de la création ; c'est là le
la formation du soleil au quatrième jour, chaos décrit au deuxième verset de la
dans l'apparition du soleil de justice vers Genèse, et dont Dieu va tirer la terre
l'an 4,000, etc.» (Rougemont, Fragments, par six époques de progression, six jours.
etc., p. 8.) Le verset 10 semble indiquer l'action de
Avant de nous occupper spécialement Dieu par laquelle il opère la séparation
de l'œuvre de chacun des six jours de la des eaux inférieures et supérieures, et"le
création, nous devons indiquer une autre verset 11 correspondrait au verset 9 de
partie de l'Ecriture qui nous en donne un la Genèse où Dieu fixe à la mer la place
commentaire remarquable : nous voulons qu'elle doit occuper. Les versets 8-11
parler des chapitres 38 à 41 du livre de pourraient, il est vrai, se rapporter à
Job. Ce n'est pas ici le lieu d'examiner en quelques égards au déluge du temps de
detailcette portion sublime et mystérieuse Noé : mais ce qui nous fait préférer l'au
de la Parole, nous nous bornerons à quel tre interprétation, c'est que le verset 9
ques versets du chap. 38. En interrogeant semble nous indiquer que le cataclysme
Job sur les merveilles de l'univers, l'Eter dont il est parlé au verset 8 doit avoir été
nel condescend jusqu'à raisonner avec sa antérieur au chaos, et que l'obscurité et
créature; il lui montre que la souveraine le désordre du chaos en auraient été le
sagesse qui a présidé à l'arrangement de résultat. — Au verset 12 nous voyons
la terre, des cieux et de tout ce qui s'y paraître la lumière, mais non comme lu
trouve, préside égalementaux événements mière solaire : c'est l'aube dujour, le point
de la vie des hommes, et que par sa di du jour, ou la lumière éclairant simulta
rection, toutes choses concourent ensem nément tous les points de la terre, v. 13.,
ble au bien de ceux qui aiment Dieu, et faisant fuir de partout les ténèbres et
Rom. 8, 28. Mais, outre ce but principal les esprits de ténèbres. Puis plus tard, v.
d'instruction , nous trouvons encore des 14.. cette lumière prend une nouvelle for
allusions à l'histoire de la création , qui me et se concentre pour ainsi dire dans
peuvent éclaircir pour nous quelques pas une apparence ou un moule matériel, le
sages du Ier chap. de la Genèse. soleil. (Le verset 14 n'est pas bien rendu
En effet, nous croyons voir, dans le dans Ostervald : il a ajouté les mots la
verset 4, une indication de cette créa terre, qui ne se trouvent ni dans l'hé
tion primitive qui eut lieu au commence breu, ni dans plusieurs autres versions.
ment, Gen. 1, 1.; puis au verset 7, nous Le verbe thitehapphek qui commence le
voyons les intelligences célestes se ré verset 14, se rapporte d'ailleurs mieux au
jouissant de l'ordre et de l'arrangement substantif masculin shachar, l'aube du
que Dieu venait d'y établir, v. 5 et 6., et jour, v. 12., qu'au substantif commun,
chantant en triomphe à cause de cette mais ordinairement féminin érèts , la
nouvelle manifestation de la puissance teI'I'e. -
CRE 236 CRE

Premier jour. Nous avons déjà remar avoir aucune connaissance, sont venues
qué que dans le calcul de chaque jour justifier l'inspiration de l'écrivain sacré,
cosmogonique le soir précède le matin : en prouvant que la lumière est un fluide
le soir du premier jour fut donc l'obscu qui pénètre d'autres corps, et qui existe
rité qui le précéda, c'est-à-dire le chaos. indépendamment des corps lumineux.
« Dans ce moment là, » dit Buckland, Ceux-ci ne la rayonnent ou ne l'émettent
« une nouvelle ère allait commencer pour pas par une sorte d'émanation, comme
le monde, et la terre allait être tirée des on l'a cru longtemps: ils ne font que la
ténèbres dans lesquelles elle n'avait peut mettre en mouvement par ondulations,
être été enveloppée que temporairement : en telle sorte qu'elle frappe les organes
car les mots, « que la lumière soit, » ne de la vue de la même manière que les vi
signifient pointimplicitement qu'elle n'eût brations de l'air communiquent le son à
jamais existé précédemment. ceux de l'ouïe. Par conséquent, il n'y a
Il était étranger au plan de Moïse de rien de contraire aux loix physiques de
rechercher si la lumière avait déjà lui la nature dans l'assertion de Moïse, qui
sur cette terre, ou si elle existait dans nous représente la lumière comme créée
d'autres parties de l'univers; la narration avant tel ou tel corps lumineux.
ne s'occupe que de notre planète, et la L'œuvre du premier jour fut, comme
prend dans un moment où elle était plon nous l'avons remarqué, une œuvre de sé
gée dans l'obscurité. paration. Dieu sépara la lumière d'avec
Le premier effet de l'action de l'Esprit les ténèbres, et Dieu vit que la lumière
sur le chaos fut donc l'éveil de la lumière, était bonne; elle fut donnée non-seule
qui brilla dans le sein même de la masse ment pour éclairer les hommes d'une
informe dont elle fut séparée, Ps. 104, 5. manière physique, mais aussi pour leur
6. Job 36, 30. « Dans toutes les cosmo être un type de la sagesse, de la connais
gonies païennes qui parlent d'un chaos, sance et des perfections invisibles de
dit M. de Rougemont, les ténèbres, la Dieu. Nous voyons en effet qu'elle fut
nuit, sont l'état primitif, la lumière appa ainsi considérée par les Juifs, et que mê
raît ensuite, et plus tard les astres. Moïse, me chez tous les peuples, et surtout en
sans aucun doute, n'entendait pas que la Orient, elle a toujours été l'emblème de
lumière provînt du soleil déjà créé, mais la divinité, de la vertu et de toutes les
encore voilé à la terre par les nuages; de bénédictions temporelles.
concert avec toute l'antiquité, il faisait la Second jour. Au second jour Dieu fit
lumière plus ancienne que les astres.»— l'étendue (rakiah), non point une voûte
En effet, il n'y avait point alors de nua ferme et solide, firmamentum, comme le
ges, puisque les eaux supérieures n'a- traduit saint Jérôme. (Il dit aussi dans sa
vaient point encore été séparées des eaux traduction de Job 37, 18. : Tu forsitan
inférieures. Asaph en parle de même, cum eo fabricatus es cœlos qui solidissi
lorsqu'il dit, Ps. 74, 16.: « Tu as établi mi quasi aere fusi sunt ?); mais l'air, le
la lumière et le soleil. » Dans plusieurs ciel des oiseaux, des tempêtes, des puis
autres endroits de la Bible, elle est éga sances de l'air et des malices spirituelles,
lement représentée comme existant avant Ps. 148, 4. Matth. 6, 26. Eph. 2, 2.6, 12.;
le monde, et comme étant la demeure de l'atmosphère dans laquelle et au haut de
l'Eternel, l'image même de son essence, laquelle devaient planer les nuages; l'é-
1 Tim. 6, 16.2 Cor. 4, 6. Ps. 104, 2. Es. lément enfin qui devait soutenir un nom
60, 19. Hab. 3, 4. Jean 1, 4.9. 8, 9. 12, bre immense de créatures que Dieu allait
36.46. 1 Jean 1 , 5., etc. placer sur la terre, et dans lesquelles il
Les philosophes incrédules du siècle mettrait une respiration de vie. « Quand
dernier, voulant attaquer l'inspiration du l'Ecriture sainte parle de l'air, dont la
récit sacré, ont tourné Moïse en ridicule pesanteur était méconnue avant Galilée,
pour avoir parlé de la lumière comme elle nous dit qu'à la création Dieu donna
existant avant le soleil : les découvertes à l'air son poids et aux eaux leur juste
modernes de l'optique dont Moïse n'a pu mesure, Job 28, 25. Quand elle parle de
CRE 237 CRE

n0tre atmosphère et des eaux supérieu mièrement l'herbe, ensuite l'épi, puis le
res, elle leur donne une importance que grain tout formé dans l'épi, Marc 4, 28.
la science des modernes a seule pu con Nous ne savons si ce serait par un sou
stater, puisque d'après leurs calculs la venir traditionnel de la plus grande acti
force employée annuellement par la na vité créatrice déployée au troisième jour,
ture pour la formation des nuages, est que les livres zends lui donnent une du
égal à un travail que l'espèce humaine rée beaucoup plus longue qu'aux deux
tout entière ne pourrait faire qu'en deux premiers.
cent mille années. Quand elle sépare les Jusqu'à une époque très récente, la
eaIY supérieures des inférieures, c'est géologie n'avait pas découvert de traces
par une étendue et non par une sphère des plantes qui furent créées au troisiè
Solide, comme voulaient le faire ses tra me jour; tous les végétaux fossiles con
ducteurs.» (Gaussen, Théopneustie, 176, nus se trouvaient dans des couches pla
183.) cées au-dessus des terrains de transition
Troisième jour. Au troisième jour Où sont incrustés d'innombrables ani
la création se développe, pour ainsi dire; maux aquatiques, les premiers êtres vi
dans les deux premiers, il y avait eu prin vants qui habitèrent notre terre. (Le sys
cipalement création de séparation ou de tème carbonifère qui comprend les bancs
distinction : dans celui-ci il y a deux ac de houille, et dans lequel on trouve des
les créatifs, l'un de séparation, l'autre de fougères, des palmiers, des conifères, est
formation. Dans la première partie de placé par-dessus la grauwacke ou systè
Cette période, Dieu tire de l'eau la terre me silurien, qui contient un nombre im
qui subsistait parmi l'eau. Il fait surgir mense de zoophytes, et de mollusques,
les continents et les îles; il forme la terre des articulés et des poissons. ) M. de
habitable et tout ce qu'elle contient, Néh. Rougemont, surpris de ce manque appa
9, 6. Le Dieu qui a formé la terre et qui rent de coïncidence entre le livre de la
la faite, ne l'a point créée pour être une révélation et le livre de la nature , sup
ch0se vaine (le même mot thohou rendu posa que la nuit cosmogonique qui avait
par sans forme dans nos versions, Gen. séparé le troisième du quatrième jour,
1,2.), mais il l'a créée afin qu'elle fût ha ou le quatrième du cinquième , pourrait
bilée, Es. 45, 18. avoir été accompagnée d'une conflagra
Le neuvième verset de la Genèse indi tion de notre globe qui aurait détruit la
que l'existence antérieure de cette an végétation primitive dans le temps où la
tienne mer et de cette ancienne terre, en terre devenait planète. Cette hypothèse,
disant simplement, non qu'elles furent qui coïncide assez bien avec celle qui fait
créées alors, mais que le sec parut, et des soirs cosmogoniques des époques de
celle terre qui, avant de paraître, subsis bouleversement, semblait confirmée par
lait déjà parmi l'eau, est la même dont la les découvertes géologiques sur la na
création avait été racontée au verset 1. ture des roches primitives; les granits et
la mer aussi ne fit que changer de place les gneiss qui forment la couche infé
par le rassemblement en un même bas rieure de la croûte de notre globe, ne
sin des eaux déjà existantes. sont pas, comme les schistes et les cal
La terre au troisième jour n'est point caires, le résultat d'un sédiment boueux
encore éclairée par le soleil ; elle a sa déposé par les eaux, puis durci peu à peu
lumière propre dont nous ne connaissons par la pression, la chaleur et l'évapora
Pas bien la nature, mais qui établit une tion : ils paraissent, au contraire, avoir
distinction essentielle entre la terre pho été formés par le feu dont ils portent les
lºsphérique des trois premiers jours et traces, ou en avoir subi l'action. « Une
la terre planétaire des trois derniers. telle conflagration de la terre photosphé
Cest sous l'action de cette lumière pro rique pendant que le système solaire était
pre que parurent les végétaux pendant organisé, a naturellement dù faire dispa
la deuxième partie du troisième jour : raître toutes les plantes du troisième jour.
lors la terre produisit d'elle-même pre Mais la Genèse ne fait pas mention de
•"
CRE 238 CRE

cette révolution par le feu, parce que le et la baie de Baffin, doivent avoir crû sous
point capital de l'œuvre du quatrième des conditions de chaleur, d'humidité et
jour était la formation du système solaire. de lumière, qui n'étaient point celles où
« Toutefois, ajoute notre auteur, je suis vivent actuellement nos plantes. L'état
le premier à reconnaître combien sont de la terre, sortant à peine de l'eau et
hypothétiques tous les rapprochements environnée de sa lumière propre, tel qu'il
de détail entre la Bible et la géologie, re est décrit Gen. 1,9-12., explique la crois
latifs aux époques antérieures à l'hom sance de ces plantes d'une manière bien
me. » (Fragments, p. 111). plus satisfaisante que toutes les autres
Malgré le profond respect que nous hypothèses.
éprouvons pour les lumières et la piété Il n'est pas nécessaire non plus de re
de cet écrivain, nous nous permettons de courir à une conflagration pour expliquer
différer un peu de ses vues sur ce point ; la formation des roches primitives. Pres
son hypothèse d'une conflagration ne que tous les chimistes, les physiciens, les
nous paraît pas nécessaire pour expliquer géologues et les géographes modernes,
la disparition de la flore primitive. Nous reconnaissent que la terre doit ètre com
avons, en effet, remarqué que dans la posée d'un noyau de métaux et de métal
création et dans l'histoire de la terre , loïdes en incandescence, entouré d'une
depuis le commencement jusqu'au mo croûte des mêmes substances àl'état d'oxi
ment où Jésus remettra le royaume à Dieu des diversement combinés entre eux. Le
le Père, 1 Cor. 15, 24., il y a progrès et savant Fourier a déterminé les lois du
développement successif; depuis la terre refroidissement graduel du globe et de sa
entièrement couverte d'eau pendant le couche extérieure, et les expériences
chaos, jusqu'à l'entière destruction de la nombreuses et intéressantes de M. Cor
mer, Apoc. 21, 1., le globe passe par un dier (Essai sur la température de l'inté
état intermédiaire, sa surface étant com rieur de la terre , dans le Mémoire du
posée en partie d'eau, en partie de terres Muséum d'histoire naturelle, 1827) sont
sèches. Si donc nous admettons une mar venues pleinement confirmer la justesse
che progressive , interrompue par une des observations de Fourier sur l'exis
Succession de bouleversements (les soirs tence d'un feu ou d'une source de cha
cosmogoniques), il n'y a rien de con leur centrale. Ce système qui explique et
traire à l'analogie des lois de la création, la forme sphéroïdale de la terre, et l'ac
à supposer que les premiers continents tion des volcans, et la chaleur des eaux
auront été beaucoup moins étendus que thermales, et bien d'autres phénomè
ceux qui existent actuellement : par con nes encore, explique aussi comment la
séquent la flore primitive qui a végété sur première croûte solide de notre globe
ces pren.iers continents, n'aurait occupé (les roches primitives) doit porter des
qu'un espace proportionnellement très pe marques de l'action du feu , comment
tit de la surface du globe, et pourrait se une température jadis beaucoup plus éle
retrouver dans des terrains actuellement vée, peut avoir donné à la terre une force
submergés. Mais il y a plus : les géologues végétative bien plus considérable que
n'ont examiné jusqu'à ce jour qu'une bien celle que nous lui connaissons mainte
faible portion de la superficie de la croûte nant, et comment enfin Dieu peut s'être
solide du globe, et de ce qu'on n'a pas Servi des forces naturelles de l'eau ré
trouvé jusqu'à présent en Europe (la seule duite à l'état de vapeur, pour soulever en
partie du monde où l'on ait pu faire sur divers endroits de sa surface une portion
les fossiles des recherches un peu géné de sa croûte solide sous la forme d'îles
rales) des restes des premiers végétaux, et de continents, et les laisser retomber
il ne s'ensuit pas qu'on ne puisse le dé ensuite au-dessous du niveau des eaux.
couvrir un jour ailleurs. Il paraît même Quatrième jour. Ici, comme le re
qu'on commence à en retrouver les tra marque M. de Rougemont, la progression
ces, et que les immenses végétaux fossi dans la création n'est plus la même ; il y
les récemment découverts dans le Canada a un saut, une interruption. « De même
CRE 239 CRE

qu'à la fin du quatrième jour de l'huma luire sur la terre, 1, 17., et pour dominer
nité la lumière divine qui éclairait dès sur le jour et la nuit; car la plus grande
l'origine tous les hommes, se concentra partie des étoiles fixes n'est visible qu'à
en un individu, Jésus-Christ, communi l'aide d'un télescope, et celles que nous
qua à l'humanité des forces inconnues, pouvons discerner à l'œil nu ne donnent
et par la création de l'Eglise fit toutes qu'une bien faible lumière en proportion
choses nouvelles , ainsi, au quatrième de leur grosseur et de leur multitude
jour cosmogonique la lumière diffuse du (Buckland's I, p. 27). Il nous paraît donc
premier jour se concentra dans le soleil, que le sens des versets 17 et 18 doit être
dont la chaleur pénétra et transforma la restreint aux deux corps célestes, qui sont
terre devenue planète, et la prépara à de en réalité les grands luminaires de la
venir la demeure d'animaux, d'àmes vi terre. Leur office , en tant que servant à
vantes. Ce fut alors que le système so nous éclairer et à mesurer pour nous les
laire fut achevé, et que notre terre, en temps et les saisons, doit durer autant
devenant planète, reçut aussi son satel que notre terre, Gen. 8, 22.; et de même
lite. » Il semble, en effet, que les grands que l'arc-en-ciel fut donné à Noé comme
luminaires des cieux dont il est parlé ver un signe de l'alliance que Dieu traita avec
sets 14-18., ne sont nommés que dans leurs lui et avec toute chair, avec promesse de
nouveaux rapports avec notre planète. Le ne plus envoyer de déluge sur la terre, et
texte ne dit point que la substance du de ne plus faire périr par les eaux tout ce
soleil et de la lune ait été créée le qua qui a en soi respiration de vie, ainsi les
trième jour; mais il donne à entendre que grands luminaires des cieux sont propo
ces corps célestes furent alors chargés de sés aux fidèles comme signes de l'alliance
remplir à l'égard de notre globe des fonc que Dieu a traitée avec David, en pro
lions importantes pour ses futurs habi mettant que de sa postérité sortirait le
tants, de luire sur la terre, pour domi soleil de justice, le Messie qui sauverait
· ner sur le jour et sur la nuit, etc. Le fait de la mOrt Seconde les âmes de tous ceux
de leur création était déjà implicitement qui croiraient en lui ; cf. Jér. 33, 20.21.
contenu dans le verset 1. Il est aussi fait ici Cela ne signifie pas cependant qu'ils doi
mention des étoiles, 1, 16., mais en deux vent durer à toujours, car lorsque le
mots seulement : Veeth haccochabim , Messie, fils de David, viendra s'asseoir
presque en façon de parenthèse, et com sur son trône et régner sur son peuple,
me pour indiquer qu'elles avaient été la chose promise étant donnée, ce qui lui
formées par la même toute-puissance qui servait de type et de signe sera aboli. La
, avait ordonné au soleil et à la lune de loi s'accomplira jusqu'à ce que le ciel et
luire sur notre terre. En passant si lé la terre passent, Matth. 5, 18.; mais lors
gèrement sur la création de ces innom que viendra le jour du courroux de l'E-
brables corps célestes qui brillent dans ternel, il fera crouler les cieux, et la terre
l'espace, et dont la plupart sont proba sera ébranlée de sa place (peut-être trans
blement des soleils, centres d'autres sys portée hors de la place qu'elle occupe ac
tèmes planétaires, tandis qu'il place la tuellement dans le système solaire), Es.
lune, ce petit satellite de notre terre, 13, 13. cf. encore Agg. 2, 6. 2 Pier. 3,
comme tenant le second rang après la 10.Apoc. 6, 12-14. 21, passim 22, 5. Es.
soleil, l'écrivain sacré nous montre clai 60, 19. sq. 65, 17. 66, 22.
rement qu'il n'a point voulu nous donner Ces passages remarquables, considérés
une leçon d'astronomie, et qu'il ne parle non dans leur but moral et prophétique
iri des astres que dans leurs rapports im quant à l'humanité et à l'Eglise en parti
médiats avec notre terre et ses habitants, culier, mais simplement dans leur rap
et non point eu égard à leur importance port avec l'histoire de notre terre, sem
relative dans le vaste système de l'uni blent autoriser la supposition que notre
vers. ll semble impossible de compren globe, transporté au quatrième jour dans
dre les étoiles dans le nombre des lumi le système solaire, doit lui être enlevé à
maires que Dieu plaça dans les cieux pour la fin de l'économie actuelle, sortir de
CRE 240 CRE

son orbite, être soustrait à l'action du salem, la seconde venue du Christ, et la


soleil et de la lune , et subir alors une fin du monde ), Matth. 24, 3., l'on n'ob
nouvelle révolution par laquelle il attein tiendra de la Parole de Dieu qu'une ré
dra un degré de perfection et de lumière ponse aussi peu intelligible que le fut
dont nous ne pouvons nous faire mainte alors pour les Apôtres ce que leur dit
nant aucune idée, mais qui sera en rap le Seigneur qui leur parle, dans la même
port avec les corps glorieux et incorrup. prophétie, de choses qui se rapportaient
tibles dont nous serons revêtus à la ré à ces trois époques distinctes.Ainsi, pour
surrection. interpréter ce qui nous est prophétisé sur
La manière dont se suivent les passa les destinées de notre globe, nous de
ges relatifs à la catastrophe qui doit dé vons aussi distinguer avec soin les divers
truire l'ordre actuel, et ceux qui se rap chefs sous lesquels nous devons les ran
portent à la destruction finale du globe, ger, et apprendre à reconnaître dans une
ne contribue pas peu à jeter de l'obscu même prophétie les parties qui doivent
rité sur ce sujet ; mais on peut remédier avoir un plus prochain accomplissement
en partie à cette obscurité en faisant at et celles qui ont une portée plus éloignée.
tention aux considérations suivantes. Cinquième jour. C'est en ce jour que
Dans les prophéties de l'Ancien Tes les premières créatures vivantes apparu
tament qui annoncent la venue du Mes rent sur la terre, et c'est aussi à cette
sie, on voit entremêlées celles qui par époque de la création seulement que l'on
lent de ses types, avec celles qui l'annon trouve des faits géologiques nombreux
cent lui-mème paraissant dans l'abaisse et détaillés, qui concordent avec l'inter
ment et l'humiliation, et celles qui décri prétation proposée des jours cosmogo
vent le second et glorieux avénement du niques de la Genèse.
Messie, roi d'Israël, entouré de ses mil Nous ferons remarquer que la division
liers d'anges et de tout l'éclat de sa puis biblique des animaux, lors de la création,
sance. Ces prophéties ne sont point ran est très différente de la classification des .
gées chronologiquement, mais elles se sciences modernes. Dans la Genèse, les
pénètrent et s'entrelacent comme feraient animaux sont distingués d'après les mi
les dessins de plusieurs tableaux trans lieux dans lesquels ils vivent, ou plutôt
parents, placés les uns derrière les au d'après les substances sur lesquelles doi
tres. De même, dans les parties de l'Ecri vent s'exercer leurs forces locomotrices,
ture qui annoncent le sort futur de notre en aquatiques, atmosphériques, et ter
terre et les révolutions qu'elle devra su restres. Les aquatiques comprennent les
bir , on voit aussi entremêlées , sans types des quatre grands embranchements,
égard à l'ordre des temps, des choses qui et la géologie retrouve aussi des verté
se rapportent aux événements plus rap brés, des mollusques , des articulés et
prochés, et d'autres qui parlent de ca des zoophytes existant simultanément
tastrophes plus éloignées : des prédic dans les couches fossilifères les plus an
tions relatives au jugement des nations ciennes. Plusieurs cosmogonies païennes
immédiatement avant la période millé qui entreprennent de raconter l'ordre de
naire, et celles qui se rapportent au ju la création, font naître les oiseaux et les
gement dernier, lors de la consommation poissons dans deux jours différents : mais
de toutes choses; des prophéties qui dé les naturalistes, après avoir pendant long
crivent la transformation que subira le temps partagé cette opinion , ont enfin
globe lors du millénium, lorsque le bien constaté entre ces deux classes d'animaux
régnera sur la terre, et celles qui se rap des rapports intimes que rien n'indique
portent à la destruction finale, à l'annihi à l'œil, mais qui se révèlent dans leur
lation du globe, annoncée Apoc. 20, 11. anatomie , et jusque dans la forme mi
Si l'on imite les disciples qui deman croscopique des globules de leur sang.
daient dans la même phrase les signes de Il y a peu d'années encore que les plus
trois événements bien différents qu'ils anciens oiseaux ne remontaient qu'aux
paraissaient confondre (la ruine de Jéru terrains tertiaires, et les géologues fai
CRE 241 | . CRE
saient observer combien il était rationnel plusieurs animaux ou paires d'animaux
que les oiseaux à sang chaud apparussent de chaque espèce, mais comme une seule
en même temps que les mammifères à famille humaine devait suffire pour peu
sang chaud. Lagéologie contredisait alors pler toute la terre, ainsi une seule paire
la Bible, qui place les oiseaux , non au de chaque espèce d'animaux peut bien
sixième jour avec les quadrupèdes, mais avoir aussi suffi pour remplir les bois,
au cinquième avec les poissons. les campagnes , et tous les espaces habi
La contradiction était palpable , insolu tables, dans les eaux et sous les cieux. Il
ble; mais depuis lors, on a retrouvé des n'y a donc rien de difficile à comprendre
races d'oiseaux, des empreintes de pattes dans la revue que fit Adam de tous les
d'échassiers, dans le grès bigarré, près animaux, lorsqu'il leur donna leurs noms;
de ces terrains de transition où la vie et lors même qu'il y aurait eu un grand
commence par des êtres aquatiques. Ainsi nombre de paires de chaque espèce, il
les oiseaux à sang chaud ont été créés à n'est point dit que Dieu les fit toutes
une époque ou les géologues a priori ne comparaître devant le premier homme; tel
les auraient jamais fait remonter; à une ne paraît pas du moins devoir être le sens
époque où il n'y avait pas trace de mam du mot tout animal, Gen. 2, 19.
mifères terrestres, et # animaux Un caractère remarquable de cette épo
aquatiques prédominaienterºbre en plein. que, c'est l'absence de férocité; les ani
0r, comment Moïse a-t-il encore ici de maux étaient herbivores, au moins ceux
viné si juste ?—(Rougemont, Fragments, qui vivaient sur la terre et dans les airs,
p. 114). car il n'est point parlé des aquatiques, 1,
Sixième jour. Ce jour contient aussi 30, et cela a fait supposer que les eaux
deux parties comme le troisième et le seules, et peut-être leurs rivages étaient
cinquième; les quadrupèdes et les ani habités en partie par des carnivores.
maux terrestres apparurent sur les con L'expérience a prouvé qu'il est possible,
tinents et les îles qui étaient sortis de même de nos jours, de nourrir de végé
dessous l'eau au troisième ; « et de même taux les animaux les plus carnassiers de
que la seconde création du troisième jour leur nature, comme par exemple le lion ;
(les végétaux) avait été la plus parfaite par conséquent ce fait peut avoir eu lieu
de la terre photosphérique, ainsi la se d'une manière beaucoup plus générale
conde création du sixième jour (l'homme) lors de la création. C'est en vain qu'on
fut la plus parfaite de la terre planétaire. . objecterait le peu de probabilité que des
Il est probable que Dieu ne créa alors animaux carnassiers se soient contentés
comme pour le cinquième jour que les avant la chute de l'homme de manger de
types ou genres (nommés espèces dans la l'herbe et des fruits; c'est en vain qu'on
Bible), et que ce que nous appelons main prouverait par la conformation des mâ
tenant sous-genres, espèces, variétés dans choires, des dents, des griffes, de tous
les animaux, se sont manifestés plus tard les muscles et de toute la charpente os
par l'action de causes naturelles subsé seuse, qu'ils étaient faits pour saisir une
quentes, ou de dispositions chez des in proie et pour la déchirer de leurs dents
dividus qui se sont développées ensuite et ou de leurs becs crochus : si tels étaient
propagées dans la postérité de ces mêmes leurs appétits naturels, il n'était cepen
individus. (On trouvera des exemples re dant pas plus difficile au Créateur de les
marquables de l'action de ces causes dans restreindre en Eden, que d'empêcher à
l'ôuvrage de M. Laurence, Lectures on Babylone les lions affamés de Nébucad
Physiology, Zoology and the natural His netsar de suivre leurs féroces penchants,
tory ofMan , en particulier, p. 448 à 451, de mettre en pièces Daniel et de le dé
sur la propagation d'une race d'hommes vorer. La géologie d'ailleurs nous mon
porcs-épics. — v. aussi Lectures on the tre dans les terrains de l'époque myo
c0nnexion between science and revealed cène, un nombre proportionnellement très
Religion, by Dr Wiseman.Lect. III et IV). grand des pachydermes et des ruminants;
ll n'est pas dit si Dieu fit simultanément c'est probablement pendant cette époque
46
CRE 4 242 CRE

géologique que fut créé le premier hom de la race humaine aurait été le rouge,
me (Rougemont, Fragments, etc.). comme On le retrOuve encOre chez les races
Ici vient une pause dans le récit de indigènes de l'Amérique; la tradition des
l'historien sacré. Après avoir décrit la Juifs, des Américains et des habitants des
manière dont Dieu a peu à peu préparé îles de la mer du Sud a conservé le même
cette terre, après l'avoir montrée graduel Souvenir.
lement revètue d'un tapis de verdure et L'homme n'ayant trouvé parmi les êtres
de fleurs, couverte de riches ombrages vivants aucun être qui lui fût semblable,
et d'arbres chargés de fruits, animée par Dieu fit tomber sur lui un profond som
les chants des oiseaux qui célèbrent dans meil, prit une de ses côtes, en forma une
les airs la gloire de leur Créateur : après femme, et la présenta à Adam à son réveil,
avoir décrit ces milliers de créatures vi 2, 18-22.
vantes, se mouvant dans les eaux et sur On a quelquefois prétendu que les res
la terre, jouissant de leur nouvelle exis semblances frappantes qui se rencontrent
tence et de la lumière du soleil , il nous dans les cosmogonies des différents peu
dit que le Créateur de toutes ces mer ples, ainsi que dans celles de leurs tradi
veilles s'arrêta pour contempler son ou tions qui se rapportent à l'origine du
vrage et pour le bènir : et Dieu vit que genre humain, ne pouvaient provenir que
tout cela était bon. L'œuvre de la créa de la similarité de l'esprit humain dans
tion n'était cependant pas encore com tous les pays, similarité qui, à l'égard de
plète; mais avant de placer dans cette certaines choses, devait nécessairement
magnifique demeure celui qui devait en conduire partout à un même résultat.Cette
ayoir la souveraineté, le Tout-Puissant théorie est assez vraie pour tout ce qui est
semble se consulter lui - même, com du ressort de la réflexion et de la médita
me pour une chose plus importante, tion; mais quand les traditions ne peu
et pour une création d'un ordre plus re vent s'expliquer, ni par le raisonnement,
levé que toutes les autres choses qu'il ni par l'expérience, il est clair qu'elles
avait créées pour êtrefaites. Puis Dieudit : doivent provenir d'une même source, et
Faisons l'homme à notre image et à no qu'elles nous indiquent une commune ori
tre ressemblance, et qu'il domine sur les gine pour les peuples chez qui elles sont
poissons de la mer, sur les oiseaux des nationales. Qu'y a-t-il, par exemple, dans
cieux , sur les animaux domestiques et la forme de la femme, qui ait jamais pu
sur toute la terre, et sur tout reptile qui donner l'idée qu'elle ait été primitivement
rampe sur la terre. - Jusqu'à présent, tirée de l'homme et formée d'un de ses
le texte hébreu a toujours désigné la terre os ? Or, cette tradition se retrouve chez
par le mot érets; maisdans le verset25, où les peuples les plus éloignés et sans com
il est parlé des reptiles de la terre, Moïse munication les uns avec les autres. En
se sert du mot adamah, qui signifie terre, Chine, la femme du premier homme est
en tant que sol, et surtout sol rouge, « la fille de la côte d'Occident, » et son
quoiqu'il soit aussi pris dans une signi nom signifie « la grande aïeule qui en
fication plus étendue; et c'est dans le ver traîne au mal. » Les Groënlandais disent
set suivant qu'il dit : Faisons Adam que la première femme fut formée du
(l'homme) à notre image, Adam étant pouce de l'homme. Les Indiens de l'Esse
mis ici comme nom générique de l'espèce quebo prétendent qu'après que le Grand
humaine ; on dirait que, par ce change Esprit eut créé tous les animaux, il finit
ment d'expression, l'auteur sacré cher par former un homme qui tomba bientôt
che à faire mieux ressortir l'origine à la dans un profond sommeil; le Grand-Es
fois terrestre et céleste de cette nouvelle prit l'ayant touché, il se réveilla et vit à
créature, rattachant à ce nonl symbo ses côtés une femme. Chez les Indiens, il
lique l'idée de sa faiblesse naturelle et de est question d'un premier homme, Viradj,
sa haute vocation, cf. 2 Cor. 4, 7. créé sans femme; puis regardant autour
Ajoutons encore ici que ce nom d'Adam de lui, se voyant seul, il se plaint de sa
semble indiquer que la couleur primitive solitude, il se divise lui-même en mâle et
CRE 243 CRE -

femelle et donne naissance à toute la race création fut terminée; le temps naturel
humaine. Chez les habitants de la Nou commença, et les secousses, ou nuits cos
velle Zélande, le mot Iwi (Eve) signifie mogoniques, cessèrent; aussi ne voyons
os, et la première femme a été formée, nous pas que la Bible en fasse plus men
selon eux, du corps de l'homme et d'une tion; il n'est plus dit « ainsi fut le soir,
de ses côtes. A Tahiti, le Dieu créateur, ainsi fut le matin, ce fut le septième jour, ,
après avoir fait le monde, forma l'homme parce qu'entre le sixième et le septième il
avec de la terre rouge : un jour il plongea n'y eut qu'une nuit naturelle de douze
'- l'homme dans un profond sommeil et en heures, et c'est probablement pendant
cette nuit et le sommeil d'Adam, sur la
tira un os (Ivi, ioui) dont il fit la femme
(Rougemont, p. 56). dernière heure du sixième jour, qu'Eve
Mais si les païens eux-mêmes ont con fut formée, car il est dit, 2, 2. : que « Dieu
servé d'une manière si admirable, à tra eut achevé au septième jour toute l'œuvre
· vers cinquante-huit siècles, l'histoire de qu'il avait faite. »
ce sommeil mystérieux d'Adam, ce n'est Septième jour. Ce fut au septième jour
qu'à l'Eglise chrétienne que le sens moral que Dieu se reposa de toute l'œuvre qu'il
et symbolique de cet événement a été ré avait créée pour être faite; il semble donc
Vélé. que nous devrions terminer ici le récit de
Dans ce premier Adam encore sans pé la création, mais comme ce premier sab
ché, nous voyons le type de ce deuxième bat appartient encore à l'histoire de la
Adam qui a été fait semblable à nous en première semaine du monde, nous croyons
toutes choses, sans péché (grec), Héb. 2, devoir ajouter encore quelques réflexions,
17.4,15.Ce sommeil, ce côté entr'ouvert, Sans lesquelles l'histoire de cette semaine
cette épouse qui en est tirée, nous sont de création serait incomplète.
des emblèmes de la mort de Christ et de Nous avons vu que les six jours précé
son côté percé, de cette mort qui donne dents étaient, non des espaces de temps
naissance à son Eglise, de cette « Eglise de vingt-quatre heures, mais de longues
qu'il s'est acquise par son sang » pour en époques; le septième aurait donc dû leur
faire son épouse bien-aimée, Act. 20, 28. être proportionné. Lorsqu'il commença,
Ce n'est qu'après la mort de Jésus, que Dieu n'avait point dit : « Tu travailleras
les disciples commencèrent à se rassem six jours; tu mangeras ton pain à la sueur
bler en son nom sans lui, mais la nouvelle de ton visage, tu retourneras en la terre
Eglise fut cachée et n'exista pour ainsi d'où tu as été tiré. » L'homme avait été
dire qu'en germe et sans développement, placé dans le jardin d'Eden pour le soi
jusqu'à la Pentecôte. v. encore 1 Cor. 11, gner et le garder : non pour bêcher péni
8.9. Eph. 5, 23-32. Si, confondus par blement la terre et lui faire produire à
la force de ces images, nous avons peine force de sueurs les céréales et les autres
à croire à une telle condescendance de graines dont il fut condamné à faire sa
n0tre Dieu; si, considérant nos faiblesses nourriture après la chute, 3, 18. 19. cf.
et nos misères, il nous semble impossible 1, 29.30., mais pour se nourrir sans peine
que l'Eglise puisse être l'objet d'un tel des fruits de « tout arbre désirable à la vue
amour, et que nous soyons portés à de et bon à manger » que l'Eternel avait fait
mander, comme Nicodème : Comment cela germer dans le jardin. C'était là le repos
peut-il se faire ? Dieu nous répond par sans oisiveté des enfants de Dieu sur cette
ces glorieuses promesses : « Christ s'est li terre, et il est probable qu'il aurait duré
vré pour son Eglise, afin qu'il la sanctifiât un temps plus ou moins long, mille ans
après l'avoir nettoyée en la lavant d'eau peut-être, après lequel ils auraient été
et par sa parole, pour la faire paraître de recueillis auprès de Dieu, comme Hénoc,
vant lui une église glorieuse, n'ayant ni sans passer par la mort, sans que leur
tache, ni ride, ni rien de semblable, mais corps fût obligé de retourner dans la pou
étant sainte et irrépréhensible, » Eph. 5, dre.
25.26.27.Col. 1, 18.22. cf. 1 Cor. 1, 30. La durée de la vie humaine avant le dé
Après que l'homme eut été formé, la luge était de près de mille ans, et nous
CRE 244 CRE

avons lieu de croire que c'est à cause du terrestre, se rapportait aussi, et dans un
péché qu'elle fut abrégée. Selon la tradi sens plus élevé, à la Canaan céleste, après
tion juive, égyptienne, persane, assy laquelle doivent soupirer les enfants de
rienne et indienne, qui fait des jours de Dieu; puis il rattache cette même idée au
la création des espaces de mille ans, nous premier sabbat, 4, 3.4., et montre, v. 6,
aurions dû nous attendre à voir le jour de que ceux à qui ce premier sabbat avait été
l'homme créé à l'image de Dieu, le sep « premièrement annoncé » n'y purent en
tième jour, durer aussi mille ans, et se trer « à cause de leur incrédulité, » Adam
terminer par sa translation dans le ciel ; et Eve ayant ajouté foi aux paroles du ser
mais de même que les soirs cosmogoni pent plutôt qu'à l'ordre positif de Dieu. Ce
ques avaient bouleversé l'ordre établi par premier sabbat tel que Dieu le leur des
Dieu dans la création matérielle, ainsi le tinait n'exista donc pas pour eux, ils n'y
péché vint renverser l'ordre moral et phy entrèrent pas. C'est pourquoi Dieu « dé
sique dans cette nouvelle créature de termine de nouveau un certain jour de re
Dieu, et par suite dans le reste de la créa pos, » v. 7 et 9. Le premier sabbat millé
tion. La terre, de très bonne qu'elle était, naire ayant été abrégé, Dieu en prépare un
devint maudite à cause de l'homme, 3, 17. autre pour son peuple, lorsque l'Eternel
Le jour du repos, au lieu de durer mille régnera en Sion et que le Roi de paix en
ans, fut changé en un temps de peine et trera dans son royaume, Es. 32, 17.18.
de fatigue, où il ne resta plus que des CRECHE. L'humble et premier berceau
sabbats hebdomadaires de vingt-quatre du Fils de Dieu qui s'est fait fils de
heures, monument remarquable et aussi l'homme , Luc. 2, 7. Si l'étable dans la
ancien que la race humaine, conservé quelle naquit notre Sauveur, était en ef
pour lui rappeler sa destination primitive, fet pratiquée dans le roc, ainsi que le di
et le but auquel elle doit tendre, sa chute sent la plupart des anciens pères, il est
et la miséricorde de Dieu, qui ne l'a point possible que la crèche ait aussi été taillée
entièrement rejetée; moyen de grâce pour dans les flancs de la caverne, mais on
les générations futures, et image, pour peut croire qu'une auge de bois la gar
ceux qui ont appris à en faire leurs déli nissait intérieurement, et que c'est dans
ces, du bonheur saint et pur que l'Eternel cette auge que Jésus fut placé. D'autres
réserve à ses enfants. Ce sabbat primitif prétendent que cette crèche était de terre,
se trouvant ainsi réduit à vingt-quatre et qu'elle fut remplacée par une crèche
heures, devint pour le monde le commen d'argent. Même observation ici que sur
cement d'une nouvelle semaine millénaire; la couronne d'épines, il suffit d'aller voir
suivant les traditions mentionnées plus sur les lieux; cette crèche miraculeuse se
haut, il devrait aussi s'écouler six mille trouve à Rome dans l'église Santa-Maria
ans depuis Adam jusqu'à la fin de l'éco Maggiora ; elle est de bois. Est-elle au
nomie actuelle. Le sabbat de cette nou thentique, c'est une autre question : on
velle semaine serait alors l'époque glo ne risque rien de la mettre avec les saints
rieuse du millénium, de quelque manière langes que l'on montre à Saint Paul,
qu'on l'entende; puis, au lieu de la mort quoiqu'il y enait aussi quelques fragments
maturelle de l'homme, fruit de la chute et en Espagne ; avec le saint berceau et la
du péché, viendrait au bout d'un peu de sainte chemise que l'on montre en la même
temps, Apoc. 20, 3.7., la destruction de ville de Rome, tous menus fatras dont
la mort elle-même, ce dernier ennemi de les pères ne disent mot. Bien sûr est-il
l'homme, 1 Cor. 15, 26. Apoc. 21, 4. que si ces objets étaient à Jérusalem lors
, Ceci n'est, à la vérité, qu'une hypo que cette ville fut détruite, ils furent dé
thèse ; cependant nous croyons pouvoir truits avec elle; que s'ils n'y étaient plus,
en trouver une confirmation, Hébr. 3, et et qu'ils fussent déja à Rome, il n'en est
4; en commentant le sens du Ps. 95, 11., toutefois point encore question du temps
l'apôtre nous montre que la menace de de saint Grégoire, à la fin du sixième
Dieu aux Israélites, de les exclure de son siècle, et dès lors cette ville a été mainte
repos, menace qui avait trait à la Canaan et mainte fois prise, pillée et saccagée.
CRE 245 CRO

« Il n'y a nul de si petit jugement qui ne d'accord là-dessus, et saint Paul cite ce
voie la folie. » Calvin. vers d'un de leurs propres poètes (pro
CRESCENS, 2 Tim. 4, 10. Disciple in phètes, Tit. 1, 12.): « Les Crétois sont tou
connu, qui quitta Paul vers la fin de sa jours menteurs, de mauvaises bêtes, des
dernière captivité pour se rendre en Ga ventres paresseux. » Ce poète, au dire de
latie, tandis que Tite passait en Dal saint Jérôme, est Epiménide, qui vivait
matie. Les traditions le font les unes 600 aIIs avant l'ère chrétienne. Selon
évêque de Mayence, les autres évêque de Chrysostôme et d'autres, ce serait Calli
Vienne en Dauphiné; plusieurs s'accor maque, qui dit, en effet : « Les Crétois
dent à dire qu'il a évangélisé les Gaules, sont toujours menteurs. » ; mais la cita
mais rien n'est plus incertain que tout tion d'Epiménide est plus complète et plus
cela. Les uns en font encore un affran ancienne.
chi de Néron, d'autres un des septante Saint Paul qui avait eu l'occasion de vi
disciples; la première supposition serait siter la Crète et d'y annoncer l'Evangile,
plus probable à cause du nom latin de ces y laissa Tite son compagnon de voyage,
évangélistes. Tite 1, 5., afin qu'il achevât de régler
CRETE.Cette îlementionnée dans l'An les affaires de l'Eglise, et qu'il établît des
cien Testament sous le nom de Caphto anciens de ville en ville. L'épître de Paul
rim, est désignée plusieurs fois dans le à cet apôtre est un document intéressant
Nouveau sous le nom de Crète. Homère pour l'histoire de ce pays.
l'appelle l'île aux cent villes, ce qui peut CRISPE. Principal de la synagogue de
nous donner une idée de sa prodigieuse Corinthe, Act. 18, 8. Il fut converti avec
population dans cette époque reculée : toute sa famille , presque seul entre les
Horace et Virgile en parlent dans le même Juifs de cette ville , et fut lui-même l'in
sens. Elle est au sud de l'Archipel, dans strument d'un grand nombre de conver
la mer Méditerranée; sa longueur est sions. Son histoire n0us est du reste in
d'environ 265 kilom., sa plus grande lar connue; on dit qu'il fut plus tard évêque
geur de 57. C'est, après la Sicile, la plus de l'île d'Egine près d'Athènes.
belle des îles de la Méditerranée; elle est CRISTAL, substance transparente et
traversée par une chaîne de montagnes, bien connue, appartenant à la même fa
dont la cîme la plus élevée, le Psiloriti, mille que le quartz. Le mot grec de cris
l'Ida des anciens, a plus de 2,000 mètres tal, et le nomhébreude Kérach, Ez. 1,22.,
de hauteur. Quoique montueuse, elle est indiquent l'un et l'autre, par leur compo
fertile, surtout en vins excellents, en miel, sition, l'analogie que les anciens trou
en huile et en blé. v. Act. 27, 12. 13.21. vaient entre cette pierre des montagnes
Le promontoire de Salmone, Act. 27, 7., et la glace, à la fois froide, polie et trans
était à l'orient, vis à vis de Gnide. Les parente. Le cristal est mentionné dans
villes principales étaient Gnossus (aujour l'Ecriture en divers passages, où il peut
d'hui Enadieh), où se trouvait le fameux se traduire également par glace, ainsi que
labyrinthe : elle avait 30 stades de tour; l'ont fait nos versions, Ps. 147, 17. cf. en
puis Lasée, Act. 27, 8., qui n'est nulle core Apoc. 4, 6. 22, 1. -

part citée par les anciens géographes ; CR0CODILE. L'animal mentionné Lév.
Phénix, port au sud-ouest, Act. 27, 12.; 11, 30. entre le hérisson et le lézard, porte
Beaux-Ports, qui porte maintenant en en hébreu le nom de koach. Ce n'est pas
C0re le nom de Limenes-Kali. le crocodile véritable, mais peut-être une
Les Crétois, bons archers du reste, espèce de grand lézard, appelé par les Sep
avaient une réputation incontestée de tante crocodile de terre; il vit également
mensonge, de perfidie, d'égoïsme, d'ava dans l'eau et sur la terre; ses quatre jam
rice et de sensualité, de telle sorte que le bes sont courtes et menues, ainsi que sa
verbe crétiser s'appliquait presque égale queue; ses brillantes écailles, dorées sur
ment à tous ces vices différents. Polybe, le dos, brunes sur les flancs, argentées
Tite-Live, Pausanias, Ovide, Xénophon, sous le ventre, sont petites et bien arran
tous lesauteurs de toutes les époques sont gées; il se nourrit des plus odorantes
CR0 246 CR0

fleurs qu'il puisse trouver, ce qui fait es lentement, par degrés, mais toujours en
timer extrêmement sa chair et même ses augmentant. On peut croire que la pos
intestins. On le trouve dans les parages ture peu naturelle et toujours la même du
de l'Egypte et aux Indes.— D'autres in crucifié n'était pas un de ses moindres
terprètes pensent que c'est le mot hébreu supplices; un sang enflammé se portant à
choled, Lév. 11,29., qui signifie crocodile la tête et à la poitrine, et produisant de
de terre : nos versions le traduisent par vives douleurs et de vives angoisses, l'ex
belette. - Quant au crocodile propre citation des muscles et des nerfs , puis
ment dit, la Bible l'appelle Léviathan ; v. peu à peu le tétanos, voilà ce que l'on
Cet article. peut supposer et dire sur un supplice que
CROIX, crucifixion. Le supplice de la l'on ne connaît plus maintenant que par
croix fut chez les Romains, jusque sous ouï-dire; mais en décrire l'horreur comme
le règne de Constantin, l'infamante et on la sent, c'est impossible. Ce n'était or
cruelle peine des condamnés à mort, des dinairement qu'au troisième jour que le
esclaves, des criminels, des brigands, des malheureux expirait, et même on en a vu,
émeutiers. Il fut établi en Judée à l'épo doués d'une forte constitution, surmonter
que de la domination romaine, et, bien les douleurs de la croix , et ne mourir
queJosèphe en cite un exemple antérieur, que de faim sur l'instrument de leur sup
il n'y fut légalisé comme peine que dès ce plice. Chez les Juifs cependant, le supplice
ce moment. Après avoir été d'abord était abrégé par les lois toujours humani
fouettés d'étrivières, Matth. 27, 26., ce santes de cette législation : le crucifié
que l'on considérait comme plus dur et devait être enseveli le soir même du jour
plus infamant que les verges, les condam où il avait été pendu au bois, Deut. 21,
nés devaient porter jusqu'au lieu du sup 23.; c'est à cause de cela, et pour hâter la
plice la croix à laquelle ils allaient être mort des condamnés , qu'on leur brisait
attachés, Matth. 27, 32. Jean 19, 17. Ce les os avant le coucher du soleil , Jean
lieu était ordinairement situé hors de la 19, 31.32., cf. Jos. 8,29. Les anciens lais
ville, et près d'une route fréquentée : làsaient les cadavres sur la croix, exposés
on les dépouillait de leurs vêtements, aux appétits des oiseaux de proie , et à
Matth. 27, 28. Jean 19, 23.24., et après toutes les intempéries d'un climat qui ne
leur avoir donné un breuvage enivrant, tardait pas à les décomposer et à en in
cf. Matth. 27, 34., on les élevait sur la fecter l'air. Il n'y a guère qu'un demi
croix où des bourreaux armés de mar siècle que le même usage subsistait en
teaux et de clous leur perçaient les mains,
core en Angleterre et dans quelques par
et les attachaient : on leur clouait aussities de l'Allemagne, et même afin que les
quelquefois les pieds, quoique ce ne fût parents ne vinssent pas enlever les corps
pas général, et tantôt ensemble, tantôt de leurs proches, on plaçait des gardes
séparément. Quelques auteurs pensent autour de la croix. Les Juifs, au contraire,
que pOur empêcher le corps de s'affaisser soit dans un intérêt hygiénique, soit sur
sous sa pesanteur, on plaçait une espèce tout par respect pour la dignité humaine,
de marche-pied sous les pieds du patient, ensevelissaient immédiatement leurs con
mais l'on ne voit aucune trace de cet usage damnés, Matth. 27,60., mais ils ne leurac
dans les descriptions que les plus anciens cordaient le privilége de reposer dans les
auteurs nous ont données de la croix; en sépulcres de leurs familles, que lorsque
revanche, ils nous parlent d'une sorte de leurs chairs avaient été déjà consumées
chevalet ou grosse cheville fichée au mi dans les sépulcres publics ; c'est pOur
lieu de la croix et sur laquelle le malheu épargner à Jésus ce dernier déshonneur
reux se tenait comme à cheval. —Cet af que Joseph d'Arimathée demanda la per
freux supplice était aussi long qu'il était mission de l'ensevelir dans un sépulcre
cruel , aucun organe important n'était neuf de sa possession.
attaqué , le sang ne coulait pas avec abon La crucifixion était un supplice bien
dance, et la douleur partant des extré connu des anciens; on en trouve des tra
mités ne devait parvenir au centre que ces chez les Egyptiens, Gen. 40, 19., chez
CR0 247 CRO
les Perses, Est. 7, 10. Esdr. 6, 1º et de la brûler !) Elle y fut découverte quel
chez les Juifs, Nomb. 25, 4. Jos. 8, 29. que temps avant la passion du Sauveur,
2 Sam. 21, 6. Les Grecs, les Carthagi et Servit à faire la croix.
nois et les Romains nous en fournissent Autre fable. On dit qu'elle était faite
aussi des exemples nombreux. Josèphe de quatre bois différents, de cyprès , de
raconte qu'Alexandre roi des Juifs, ayant cèdre, d'olivier et de buis; selon saint
fait crucifier huit cents de ses sujets re Bernard, les bras en étaient de palmier,
belles, ordonna, par surcroît de cruauté, le cyprès en formait la base , le cèdre la
que l'on mît à mort au pied de leur croix, hauteur, et l'olivier le chapiteau.—D'au
sous leurs yeux, et pendant qu'ils respi tres disent tout simplement qu'elle était
raient encore, leurs femmes et leurs en de chêne.
fants. -
Autres fables et fraudes pieuses. On
Il y avait des croix de différentes for dit que sainte Hélène, mère de Constan
mes : c'étaient toujours deux pièces de tin, trouva la vraie croix et en envoya une
bois croisées l'une sur l'autre, mais quel partie en présent à son fils, qui la mit à
quefois comme un X, quelquefois com Constantinople sur une colonne de por
me un T, le plus fréquemment dans la phyre; l'autre partie, elle la renferma
forme la plus connue, celle que l'on donne dans un étui d'argent, et la donna en
aux crucifix et que l'on trouve sur pres garde à l'évêque de Jérusalem. « Or, avi
e toutes les gravures +. C'est cette sons d'autre part, ajoute Calvin, combien
erniére forme que les anciens monu il y en a de pièces par tout le monde. Si
ments et les médailles du temps de Con je voulais réciter seulement ce que j'en
stantin donnent à la croix sur laquelle fut pourrais dire, il yaurait un rôle pour rem
glorifié le Sauveur des hommes. Saint Jé plir un livre entier. Il n'y a si petite ville
rôme la † à un oiseau qui vole, à où il n'y en ait, non-seulement en église
un homme qui nage ou qui prie ayant les cathédrale, mais en quelques paroisses.
mains étendues horizontalement. Ôutre le
Pareillementil n'yasi méchante abbaye où
tronc et les bras, elle avait donc une l'on n'en montre. Et en quelques lieux,
pièce qui était le prolongement du tronc, il y en a de bien gros éclats : comme à la
et qui s'élevait derrière la tête du cruci Sainte Chapelle de Paris, et à Poitiers et
fié; c'est à cette piècé que fut attaché l'é- à Rome, où il y a un crucifix assez grand
criteau de Pilate : « Jésus, de Nazareth, qui en est fait, comme l'on dit Bref, si
roi des Juifs. - La croix avait, dit-on, 15 on voulait ramasser tout ce qui s'en est
pieds de hauteur, et 7 ou 8 d'envergure; trouvé, il y en aurait la charge d'un bon
mais l'on n'en sait rien. -
gros bateau. L'Evangile testifie que la
Voici maintenant quelques petites fa croix pouvait être portée d'un homme ;
bles qui ont été inventées par uné partie quelle audace donc a-ce été de remplir la
de l'église romaine, et qui sont désa terre de pièces de bois en telle quantité,
vouées par l'autre.Seth, le troisième fils que trois cents hommes ne les sauraient
d'Adam, ayant obténu de l'ange qui gar porter ! Et de fait, ils ont forgé cette ex
dait le paradis terrestre trois graines de cuse que, quelque chose qu'on en coupe,
larbre de vie, les planta sur le tombeau jamais elle n'en décroît. Mais c'est une
de son père ; il en sortit trois petites bourde si sotte et lourde, que même les
verges qui se joignirent, s'élevèrent en superstitieux la connaissent. » — Quant
arbre, survécurentau déluge, furent abat à l'écriteau, on le montre à Rome et à
tues sous le règne de Salomon, et firent Toulouse. -

une poutre dans la maison du Liban. La Tout chrétien doit être affligé de voir
reine de Séba y étant entrée, remarqua ainsiprofaner le sang de l'alliance, et faire
cette poutre, et annonça qu'elle servirait un pareil trafic de choses saintes. On a
au supplice d'un homme qui détruirait le tout voulu convertir en musée, en curio
royaume d'Israël. Pour détourner l'ora sités, en marchandises, et devant la croix
cle, Salomon fit enterrer cette poutre à on fait oublier aux pécheurs le salut de la
l'endroit du lavoir de Béthesda (au lieu croix; la lettre tue l'esprit, et l'on ensé
CRO 248 . CUI

velit la pensée sous la forme. Nous ne la"nouvelle alliance ; qu'elles paralysent


blâmerons point ici la profusion des croix les efforts vers la sainteté , qu'elles en
que l'on trouve dans les pays catholiques travent les progrès de l'Esprit; qu'elles
à tous les embranchements de routes, sur retiennent les fidèles dans l'enfance, et
tant de maisons, dans tant de chambres : que souvent elles les repoussent dans les
nOuS nOuS rappelons même avec émo ténèbres de l'ignorance et de la supers
tion l'effet que produisit sur nous, il y a tition.
quelques années, la vue d'une croix que Comme le chrétien doit suivre sur la
nous trouvâmes au bord d'un chemin, terre les traces de son divin modèle, Jé
dans le voisinaged'Orléans, et sur laquelle sus dit souvent que celui qui veut être
étaient écrites ces paroles, pauvres de son disciple doit porter sa croix après
poésie, mais riches de sens et de piété : lui, Matth. 10, 38.; paroles qui sont ex
pliquées ailleurs par celles-ci, que tous
Passant, devant la croix de ton Sauveur,
ceux qui voudront vivre selon la piété
Pense qu'il est mort pour toi, pécheur.
souffriront persécution, 2 Tim. 3 , 12.
Nous reconnaissons que plusd'une fois, Saint Paul nous dit encore qu'il est cru
assistant à de malheureuses messes et à cifié avec Christ , Gal. 2, 20.; qu'il ne se
de malheureux prônes, gémissant sur glorifie qu'en la croix du Seigneur, par
l'idolâtrie des prêtres aveugles que nous laquelle le monde lui est crucifié, et lui
entendions, et des brebis égarées qui s'a- au monde, 6, 14.; que ceux qui sont au
genouillaient à certains signaux, nous Christ ont crucifié la chair avec ses affec
nous consolions en regardant une croix tions et ses convoitises, 5, 24.; que le
qui s'élevait sur l'autel, et qui semblait vieil homme a été crucifié avec Christ,
protester contre tout cet appareil de su afin que le corps du péché soit détruit,
perstitions et de séductions. C'est avec Rom. 6, 6.
une double sympathie, mais avec les mê CUB, Ez. 30, 5., contrée méridionale,
mes restrictions, que nous nous asso nommée à côté de l'Egypte et du pays de
cions à ces paroles d'un théologien de la Cus; c'est peut-être la ville de Coba dans
langue française : « Aussi longtemps que la Mauritanie, ou Cobie dans la Maréoti
nous ne pouvons, chrétiens plus éclairés, de, ou Cobé en Ethiopie, à moins que
pénétrer jusque dans le dernier hameau l'on ne veuille lire Nub, auquel cas ce se
et dans la dernière chaumière des con rait la Nubie (favorisé par la traduction
trées qui professent la foi, pour y prê arabe), ou Lud, qui serait la Lydie (une
cher l'Evangile en esprit et en vérité, bé supposition de Hitzig.)
nissons Dieu de ce qu'il s'y trouve en CUISINE. La cuisine orientale, quel
C0re quelques hommes qui appliquent sur que bizarre qu'elle nous paraisse quel
la bouche de chaque mourant un cruci quefois, n'est pas essentiellement diffé
fix... Si, pour plusieurs, des cérémonies rente de la nôtre. Nous en reparlerons
de ce genre ne sont que des amulettes, aux articles de détail. Quant à la manière
également ces peuples en auraient eu de cuire les mets, voici pourtant quel
d'autres, et d'autres plus mauvaises ; et ques traits particuliers : au lieu de poële
pour plusieurs, aussi, ce sera la prédi et de fourneaux, on se contente le plus
cation de la vie. » (A. Bost, Recherches souvent d'un simple trou pratiqué dans
sur la constit. et sur les formes de l'Egl. la terre, que l'on remplit de bois et de
chrétienne, p. 85.) — Mais il n'en reste fumier sec et très combustible, v. Cha
pas moins vrai que ces croix sont, avec meau. Au lieu de beurre ou de graisse, on
les autres symboles et reliques de l'E- se servait d'huile chez les Hébreux, en
glise de Rome, le pis dans le bien; que vertu de cette loi générale qui tendait à
partout où l'on peut avoir mieux elles naturaliser l'agriculture et à en rendre les
sont un piége et un mal ; qu'elles ten produits nécessaires aux habitants de la
dent à ramener Christ sur la terre, et à Palestine. On peut remarquer aussi l'u-
ôter à la vérité sa vie et son esprit ; sage, passablement oriental, de faire cuire
qu'elles matérialisent la religion pure de | le lait et autres substances liquides, en
CU1 249 CUL

jetant simplement dans le vase une pierre sion française « il leur coupa bras et jam
rougie au feu. Parmi les ustensiles em bes » , soit que l'on doive entendre le
ployés, on remarque le chaudron ou chau carnage qu'en fit le vengeur d'Israël, soit
dière, Ez. 11 , 3. 7. Eccl. 7, 6. (traduit que ces mots signifient seulement que les
« potées de chair » Ex. 16, 3.); le pot, Philistins furent épouvantés, surpris, et
Jug. 6, 19.; une autre espèce de chaudiè comme interdits de la violence et de la
re, Ez. 24, 6., plus ronde et plus vaste ; force prodigieuse de leur vainqueur.
une autre encore, Mich. 3, 3.; la marmite, CUIVRE, v. Airain.
1 Sam. 2, 14., et la fourchette (ibid) pour CULTE. Le culte qui dans son expres
servir la viande. sion la plus simple est l'adoration que
CUISSE. On trouve dans la Genèse, 24, l'homme rend à la Divinité, prend une
2. 47, 29., le serment des anciens pa acception plus large et plus étendue à
triarches exprimé sous une forme qui mesure que l'homme s'élève lui-même
doit nous paraître d'autant plus singu davantage ; et depuis la religion naturelle
lière, que dès lors on n'a plus d'exem jusqu'à la religion chrétienne, en passant
ples d'une semblable cérémonie. C'est par le monothéisme juif, on peut voir se
Abraham qui, envoyant le plus ancien de développer l'idée du culte au point que ce
ses serviteurs chercher une femme pour mot finit par désigner presque tous les
son fils, lui dit : Mets ta main sous ma rapports de l'homme avec Dieu, son ado
cuisse, et jure-moi, par l'Eternel, que tu ration, ses prières, la constitution exté
ne prendras point de femme pour mon rieure de son Eglise, et jusqu'à la foi
fils d'entre les filles des Cananéens, etc.; qu'il professe, jusqu'à la manière dont il
puis Jacob, à son lit de mort, demande à conçoit des vérités révélées.
Joseph, avec le même serment, de ne Il n'est que deux cultes successivement
point permettre que ses os reposent en reconnus par l'Ecriture sainte, le culte
Egypte, mais de le transporter dans les préparatoire du judaïsme, et le culte spi
sépulcres de ses pères. On ignore la si rituel du chef de l'Eglise : le premier était
gnification de cet acte; les uns y voient ordonné dans tous ses détails, le second
une allusion à la circoncision , les autres abandonné à l'âme pieuse du fidèle con
croient qu'Abraham et Jacob ont voulu verti, et guidé par les directions de l'E-
faire jurer par le Messie qui devait, se criture et du Saint-Esprit ; dans le pre
lon le langage des Juifs, sortir de la cuisse mier la forme dominait, dans le second
des patriarches ; peut-être était-ce un l'idée et l'amour; le premier était un pé
symbole destiné à rappeler la qualité de dagogue pour l'homme irrégénéré, le se
père au fils qui plaçait sa main sous la cond est la conversation du chrétien avec
hanche dont il était sorti. L'historien Jo Dieu : dans l'un et dans l'autre on voit le
sèphe dit que cette pratique se faisait en même homme et le même Dieu, mais dans
core de son temps. le culte ancien l'homme est séparé de
· LesJuifs portaient l'épée sur la cuisse, Dieu, dans l'alliance nouvelle Dieu et
Ps. 45, 3. Cant. 3, 8., et du côté gauche, l'homme sont réconciliés. Ces deux cul
c0mme on le voit par l'exception men tes sont divins dans leur institution, et
tionnée Jug. 3, 16. l'Ecriture appelle tout autre culte un culte
Frapper sur la cuisse, était le signe na étranger, sous quelque forme que se pré
turel de l'étonnement ou de la douleur, sente l'idolâtrie, et quels que soient les
Jér.31, 19. Ez. 21, 17. Dans le livre des objets auxquels elle se rapporte.
Juges,15, 8., il est dit que Samson battit Le chef de l'ancienne Alliance , Abra
les Philistins « la jambe sur la cuisse », ham, fut choisi de Dieu pour être le dé
expression proverbiale que nos versions positaire privilégié des vérités éternelles :
0nt rendue par « entièrement » : le sens c'est en lui que fut incarnée, pour ainsi
littèral est peut-être qu'il les mit en piè dire , la doctrine de l'unité de Dieu, du
ces tellement, qu'on trouvait tous leurs monothéisme ; une portion seulement de
membres pêle-mêle ; mais l'idée du pro sa famille et de sa descendance fut appe
verbe est la même que celle de l'expres lée à jouir des mêmes grâces, tandis que
CUL 250 CUL
º
nous voyons clairement l'idolâtrie régner exception qui semble contredire ce fait,
dans les autres branches, Gen. 31, 19.30. c'est l'exemple de Melchisédec, q. v.
35, 2. Jos. 24, 2. 14. Le culte des patriar , Puis, par une suite de dispensations cé
ches était aussi simple que possible, et lestes, et qui avaient sans doute pour but
consistait presque exclusivement dans la de préparer les enfants d'Abraham, d'I-
prière, Gen. 24, 63., et dans les sacrifi saac et de Jacob, à porter plus facilement
ces. Il n'y avait pas de lieu spécialement le joug de l'Eternel, nous voyons cette
destiné au culte, et le croyant pouvait famille toute entière transportée en Egyp
prier et offrir ses victimes partout où il te, et subissant là le pesant et cruel joug
se sentait disposé à le faire, quoique l'on des Pharaons : c'est bien la postérité d'A-
choisît préférablement, soit des hauteurs braham, mais on cherche la religion d'A-
solitaires où l'on pensait pouvoir com braham, et sauf de rares exceptions l'on
muniquer plus directement avec Dieu, n'en trouve plus les traces : les esclaves
Gen. 22, 2. 31, 54., soit des lieux où la sont livrés à la sensualité; ce qu'ils ai
Divinité s'était manifestée visiblement à ment avant tout ce sont leurs concombres,
quelqu'un des membres de la famille; on leurs aulx, leurs oignons, leurs marmites
y élevait alors un autel hâtivement et sim de viande : ce qu'ils adorent c'est la na
plement travaillé, Gen. 12, 7. 8.13, 4. 26, ture, ce sont les dieux de leurs maitres,
25. 46, 1., ou même une simple pierre un veau d'or et d'autres divinités diabo
que l'on consacrait par des libations liques, Ex. 32, Lév. 17, 7. Nomb. 25, 2.
d'huile, 28, 18. 35, 14. Quelquefois c'é- Am. 5,25.26.Ils ont changé la gloire de
tait un bosquet, ou la réunion de quel Dieu, dit lePsalmite,106, 20., en la figure
ques arbres, qui servait de temple à ces d'un bœuf qui foule le grain. — †
premiers croyants, Gen. 13, 18. 21, 33. : cette idolâtrie ne pouvait durer plus long
nous voyons même lsaac sortir et se ren temps, Dieu ne pouvait oublier ses pro
dre dans les champs pour prier, 24, 63. messes : après le retour des ténèbres de
Il ne paraît nulle part que ni l'une nil'au vait venir le retour de la lumière : le culte
tre de ces deux formes du culte eussent spirituel et libre des patriarches n'ayant
été prescrites aux patriarches : la prière pas suffi aux Israélites charnels, un culte
sortait de leur cœur comme un besoin de cérémonies et de formes allait su
bien naturel, ou comme l'expression de der, revêtu d'une majesté foudroyante ;
leur reconnaissance; les sacrifices étaient des menaces allaient se joindre aux pro
comme une prophétie intérieure, comme messes; le premier anneau de cette al
le pressentiment, vague mais réel, du sa liance allait être pour les Israélites la dé
crifice qui devait un jour les réconcilier livrance de la servitude; en échange de
entièrement avec Dieu; il y avait plus de cette † promettraient de se
foi que d'intelligence dans la pratique de soumettre à la loi divine. Toutefois, pour
cette cérémonie, et si les patriarches ne le peuple de Dieu, ce changement exté
s'avouaient pas à eux-mêmes les idées de rieur de culte devait amener une consti
condamnation et d'expiation, c'est qu'ils tution plus sévère, au lieu de l'ange de
étaient encore des enfants dans la foi, l'Eternel, c'était Moïse, qui serait le chef
peu formés, peu susceptibles de recevoir du peuple, et comme l'intermédiaire en
et de supporter des doctrines plus avan tre eux et le ciel. - •

cées, plus profondes, plus mystérieuses; | Ce nouvel ordre de choses a pour base
mais comme des enfants ils aimaient leur le monothéisme et le culte de Jéhovah,
Père céleste et lui offraient les dons que seul légal, et ordonné par la Loi. Des cé
leur cœur leur inspirait. C'est là ce que rémonies nombreuses sont établies; elles
l'apôtre entend quand il dit en parlant enlacent le peuple dans un long réseau
des anciens, Hébr. 11, 13. : « Ils ont vu de symboles qui s'emparent de tous les
ces choses de loin, ils les ont crues, ils détails de sa vie publique et particulière,
les ont saluées. » A cette époque il n'y et l'instruisent malgré lui en lui commu
avait point encore de clergé; le chef de niquant et en le forçant à recevoir des
la famille en était aussi le pontife : la seule idées et des impressions nouvelles. Leur
CUL 251 CUL
Dieu est en même temps leur roi; c'est impossible de faire, son invisibilité qui
le même qui leur donne à la fois des lois semblait consacrer sa toute - présence,
spirituelles et des lois matérielles, les lois étaient de réelles compensations pour les
du culte et les lois de la vie civile, les âmes fidèles qui auraient pu regretter
lois saintes et les lois sanitaires, les lois l'institution d'un seul autel, d'un seul ta
pour le ciel et les lois pour la terre : il bernacle, d'un seul temple. Ceux qui
n'y a pas deux consciences, pas deux mo cherchaient Dieu sincèrement savaient
rales, pas deux règles de conduite : il n'y qu'ils pouvaient le trouver partout, et
pas les péchés connus de Dieu seul, et rien à cet égard ne pouvait plus leur
ceux qui ne relèvent que de la justice hu manquer. Pour les autres, le centre reli
maine. Tout ce qui est délit sera décou gieux était un appel, une prédication.
Vert et puni. Des directions positives, etLes frais du culte, le grand nombre des
négatives, des vœux, des offrandes, des victimes, et l'entretien d'une nombreuse
sacrifices, des ablutions, des jeunes, des catégorie de prêtres et de lévites, n'é-
ſètes, entrent dans la composition du taient point aussi onéreux qu'on pourrait
nouveau culte, et doivent, tout ensemble, le croire au premier abord : il faut réflé
humilier et sanctifier les Israélites : une chir en effet, et se transporter dans ce
pureté légale est établie, exigée, sans pays agricole, à cette époque,chezcepeu
laquelle aucun acte du culte ne saurait ple. Sauf une très légère contribution en
être admis ; la circoncision appartient à argent, Ex. 30, 13., tout l'ensemble des
l'ensemble de ces règles, et les domine; offrandes se composait des produits de la
elle signifie le retranchement du mal, et terre ou des troupeaux, et l'on sait que
rappelle aux Juifs la sainteté de leur vo ce genre d'impôt est celui qui se perçoit
cation. Les solennités religieuses sont en le plus facilement chez tous les peuples.
même temps des fêtes nationales, servant On pourrait presque dire des Lévites
à fondre toujours plus en un seul peuple qu'ils ne recevaient point de traitement
les douze familles. Une caste de prêtres fixe, mais qu'ils étaient nourris par les
appartenant à la famille de Lévi sert d'in personnes qu'ils visitaient, et à la table
termédiaire entre le peuple et Dieu. Un desquelles ils s'asseyaient comme des
seul sanctuaire est établi au centre du amis de la maison : ce n'était évidemment
pays, Deut. 12, 5., pour proclamer l'unité pas une charge publique, chacun s'esti
divine et protester contre le polythéisme mait heureux et honoré de recevoir ces
paien; c'est là seulement qu'on pouyait messagers bénis, personne n'eût voulu
adorer et sacrifier : les besoins religieux spéculer sous ce rapport, ni refuser d'é-
ne pouvaient pas être facilement satis changer une faible partie de ses aliments
faits; c'était une lacune, semble-t-il, et journaliers contre les bienfaits religieux
d'autant plus grande que le culte inté que ces hommes apportaient. On ne voit
rieur était dépassé par le culte extérieur, nulle part de plaintes à cet égard. Quant
et comme assujetti à des formes maté aux offrandes du temple, on peut dire à
rielles : mais cette unité, cette centrali peu près la même chose : quelques vic
sation, outre son importance pour le times succombaient chaque jour, mais
dogme, avait encore l'avantage d'exciter réparties sur un peuple riche en trou
les besoins religieux, et de rendre les peaux, elles n'étaient guère remarquées,
impressions de l'âme plus profondes et guère senties : et si parfois, bien rare
plus durables, lorsque trois fois par an ment, nous voyons ce nombre devenir
née les Israélites se rendaient réguliè considérable, p. ex. 2 Chr. 35, 7.8.9.,
rement à la ville sainte pour y jouir de la c'étaient des exceptions motivées, et qui
présence invisible de leur Dieu. D'ailleurs par là même permettaient d'exiger du
la spiritualité de ce culte , celle surtout peuple des sacrifices plus grands qu'à
de ce Dieu qui ne devait résider nulle l'ordinaire.
part corporellement, dont il était défendu On est indécis sur la question de sa
de faire des représentations matérielles, voir s'il y avait dans le culte juif une par
peintes ou taillées, que d'ailleurs il était tie correspondante à ce que nous appe
CUL 252 CUL
Ions la prédication ;aucun texte bien pré tact avec le reste de ces nations que les
cis ne le dit positivement ; d'un autre Hébreux avaient épargnées, malgré l'or
côté les visites journalières de lévites, et dre positif de leur Dieu. Cette immoralité
les réunions des Israélites pour les so même était peut-être, chez plusieurs, en
lennités, semblent indiquer assez qu'il y tretenue par le culte mosaïque, où le cé
avait des exhortations et des instructions, rémonial semblait l'emporter sur le fond
soit particulières, soit générales : et les de la religion, et les observances rempla
derniers chapitres du Deuteronome ne cer la moralité, expier les désordres de
sont pas autre chose qu'une puissante et la vie. Les prophètes combattirent tou
magnifique prédication. jours ce penchant à la fois incrédule et ·
Mais une lacune que l'on remarque pervers. Après l'exil, différentes sectes
avec étonnemenl dans toute l'institution se formèrent. Pendant que la grande
du culte mosaïque, c'est l'absence de pré masse du peuple s'attachait de plus en
ceptes relatifs à la prière (v. cet art.). plus à la lettre, inventant chaque jour
Nulle part elle n'est prescrite, lorsque de nouvelles minuties, et qu'une certaine
tant d'autres formes sont si minutieuse classe d'hommes, soi-disant éclairés ou
détaillées; il n'en est pas dit un mot, esprits forts, cherchaient à allier la philo
pas une allusion n'y ramène. C'est que sophie à la religion, en retranchant de la
précisément la prière n'est pas une forme; religion tout ce qui ne pouvait être com
et sans doute que dans cette économie pris de leur pauvre intelligence, un petit
toute préparatoire, matérielle, et l'on nombre d'hommes vraiment pieux cher
peut dire presque mécanique, Dieu ne chaient à maintenir l'esprit du véritable
voulait pas risquer de confondre dans culte divin, s'adonnant à la pratique des
l'esprit des Israélites ce qu'il y a de plus bonnes œuvres. de la pureté et de l'hu
intérieur et de plus sacré avec ce qui milité; on les nommait Esséens. Quelques
n'est qu'observances légales. Le réfor siècles après que ces sectes eurent pris
mateur Mahomet a pu faire cela , au mi naissance dans le sein du peuple qui devait
lieu de toutes les cérémonies et prescrip être un dans son culte, on vit naître dans
tions de son culte, il a pu dire aussi : un petit village de Juda, celui qui devait
vous prierez trois fois le jour en vous ramener l'unité sur la terre, niais une
tournant du côté de la Mecque; ce n'était unité de cœur et d'esprit, reposant non
pour lui qu'un anneau dans la chaîne plus sur le même culte ou sur les mêmes
qu'il imposait à ses sectateurs. Jéhova ne cérémonies, mais sur la même foi, sur
l'a pas fait; les prières eussent été un des espérances communes.
piége pour ceux qui n'en auraient pas C'est aussi pour le culte une ère entiè
compris la nature; pour les autres il était rement nouvelle, parce que le culte est le
superflu de les ordonner; de l'abondance reflet de la doctrine et des dispositions
du cœur la bouche parle, et nous voyons intérieures; mais on ne peut plus le dé
par un grand nombre d'exemples que les crire comme on a décrit le culte an
fidèles savaient à qui s'adresser, et com cien; c'est quelque chose de moins tran
ment ils devaient le faire dans le besoin, ché dans les formes, de plus vague, de
dans la détresse, dans la reconnaissance. plus libre. Le jeûne est maintenu comme
Du reste, il faut le dire, le culte tel bon, la confession mutuelle des péchés
qu'il fut institué par Moise, ne fut pres est introduite, le dévouement au règne
que jamais observé dans son intégrité : de Dieu, les visites des malades, des pau
l'histoire juive nous montre dans chaque vres, des prisonniers, sont recomman
période de nombreuses déviations, plus dées; le chant, la conférence des Ecri
ou moins grandes, mais provenant toutes tures, la prière sont appelés à jouer un
de l'immoralité, de la sensualité, qui sem rôle plus capital et plus régulier dans le
ble avoir distingué particulièrement le service divin; mais l'observation des jours
peuple juif, et qui trouvait encore à s'ali et des nouvelles lunes, les pratiques ex
menter dans le voisinage de certaines térieures sont abolies : à la circoncision
peuplades environnantes, ou par le con le baptême est substitué, mais avec une
CUN 253 CUS

idée plus large et plus spirituelle ; à la appelée Berothaï dans le passage paral
Pâque succède un repas fraternel égale lèle, 2 Sam. 8, 8.
ment commémoratif, mais rappelant un CUS, 1°, Gen. 10, 6.7.8., fils aîné de
salut plus cher, plus grand, éternel. Il Cam et père de Nimrod. Il a donné son
n'y a plus de castes sacerdotales; tout nom à une contrée qui est citée frèquem
fidèle est prêtre, chacun appartient à la ment dans l'Ecriture, même avec quel
sacrificature royale : plus de centralisa ques détails assez précis, et sur la situa
tion dans le lieu du culte ; les pères ont tion exacte de laquelle il règne cependant
adôré à Jérusalem, le moment est venu encore, chez les interprètes, bien des in
0ù les vrais adorateurs adorerOnt le Père certitudes. L'Ecriture semble donner à
en esprit et en vérité, partout où ils se ce nom une signification tantôt plus éten
rencontreront : il n'y a plus d'Eglise vi due, tantôt plus restreinte, mais toujours
sible, mais une Eglise invisible, et des avec l'idée générale que les Cusites sont
réunions visibles dans lesquelles le bon des peuples de couleur, habitant vers le
et le mauvais grain seront plus ou moins Sud. La traduction ordinaire est l'Ethio
mélangés : à cette Eglise aucune forme pie : elle est exacte si l'on veut donner
n'est imposée , aux Eglises de détail au au mot Ethiopie le même sens que lui
cune forme non plus. Partout éclate la donnaient déjà les anciens. Un Ethiopien
vie, et la vie seule a droit de régner dés signifie, dans son étymologie grecque,
0rmais sur les hommes : on ne leur im un homme brûlé par le soleil.Avant que
p0sera plus de lourds fardeaux, et si des le nom grec eût prévalu, et même long
séducteurs sont venus ordonner le céli temps après, au temps de Josèphe, les
bat et l'abstinence des viandes, l'Esprit Ethiopiens portaient le nom de Cuséens,
les appelle expressément des révoltés de nom que l'on retrouve encore chez quel
la foi,adonnés aux doctrines des démons, ques auteurs syriens du cinquième siècle.
1 Tim. 4, 1. Dans son sens le plus restreint, le pays
CUMIN, sorte de plante ombellifère, de Cus comprenait donc ce qu'on pour
qui a quelque analogie avec le fenouil, rait appeler l'ancienne Ethiopie, savoir
mais un peu plus petite; sa graine a une toute la contrée située entre la haute
saveur et une odeur très forte et passa Egypte, depuis Syène jusqu'à l'entrée de
blement amère; les anciens s'en servaient la mer Rouge dans l'Océan indien , la
en guise d'épices pour assaisonner leurs Nubie, l'Abyssinie et le royaume d'Adel.
mets. On trouve le cumin en Syrie, dans C'est le sens qu'il faut donner au mot
l'Asie mineure et en Egypte. Esaïe 28, Cus, Es. 18, 1. : « Malheur au pays qui
25.27. dit qu'on le sème dans un terrain fait ombre des deux côtés (entre les tro
bien nivelé, et que lorsqu'il est mûr on piques), qui est au delà des fleuves de
ne se sert pas de la herse ou de la roue Cus!» De mème, 2 Rois 19,9., le royaume
du chariot pour en recueillir la graine, de Tirhaca ne peut être Cus que dans le
mais qu'on emploie des moyens plus doux sens moins étendu, cf. encore Dan. 11,
et qu'on l'abat avec le bâton : le Seigneur 43. Ez. 29, 10. Dans son acception plus
de même réserve aux plus grands pé générale Cus, ou l'Ethiopie, comprend
cheurs les plus grands châtiments, et ne toute la partie sud et sud-est de l'ancien
brise point le roseau cassé. — Le sens de monde, et a pu s'appliquer à plusieurs de
Matth. 23, 23., est facile à comprendre : ces contrées en particulier, Gen. 2, 13.
• Malheur à vous, Pharisiens hypocrites, Nomb. 12, 1. Ps. 87, 4.2 Chr. 14,9. Jér.
VOus observez scrupuleusement les or 13, 23. Cus est appelé Cusan, Hab. 3, 7.
donnances dont l'exécution ne vous coûte Dans le passage de la Genèse, nousvoyons
que peu de chose , vous payez la dîme de un des quatre fleuves du paradis tour
tes petites plantes qui croissent dans vos noyer par tout le pays de Cus; évidem
jardins et dans vos prairies, et vous né ment ce ne peut être en Afrique; nous
# 0I. »
les choses plus importantes de verrons ailleurs quel était ce fleuve, et
comment le nom de Cus se rapporte
CUN. 1 Chr. 18, 8., ville phénicienne, aux contrées situées au sud-est de la mer
CUS 254 CUS

Casplenne et de l'Asie. - Nomb. 12, 1. la vive douleur que lui causait la révolte
Séphora, la femme de Moïse, originaire de de son fils, la désertion de ses braves,
Madian en Arabie, est appelée Cusite ou l'abandon du lâche et ambitieux , mais
Ethiopienne par Moïse lui-même, cf. Hab.habile Achithophel: en même temps, il fait
3,7. En suivant la marche de la postérité à son roi ses offres de service, et se dé
de Cus, on la verra se répandre en rayon clare prêt à le suivre partout. Mais David
nant depuis l'Indu-Cus sur toutes les qui redoute plus encore les perfides con
vallées et les hauteurs de la Chine, sur seils d'Achithophel que ses troupes dé
les deux presqu'îles de l'Inde, et jus sertées, renvoie Cusaï à Jérusalem, lui
qu'aux îles de l'Océan pacifique. - ll est enjoint d'affecter un grand attachement
à remarquer que les auteurs profanes à la cause d' Absalon, d'offrir à ce rebelle
ont, aussi bien que la Bible, distingué ses services, de chercher à gagner sa con
deux classes de Cusites ou d'Ethiopiens : fiance pour obtenir une part dans ses con
« lls demeurent séparément, dit Homère seils, et d'user ensuite de son influence,
(Odys.1,23.), aux frontières les plus éloi soit pour déjouer les plans d'Achithophel,
gnées, les uns au couchant, les autres à soit pour faire connaître à David, par le
l'orient. » v. encore Hérodote 1, 201. 4, moyen des sacrificateurs Tsadok et Abia
11.— Si donc nous voulions établir cette thar, les résolutions auxquelles on se se
grande famille sur une carte géographi rait arrêté. — Cusaï qui ne craint pas de
que, nous lui donnerions toutes les con se mesurer avec le vieux conseiller,
trées comprises entre l'Abyssinie, l'A- obéit; il se rend à Jérusalem et crie vive
rabie, la Perse méridionale, les monts Absalon ! Le jeune rebelle qui connaît
Thibet,l'Himalaya,etleYantsé-Kiangpour l'affection de Cusaï pour son père, s'é-
frontière nord, et l'Océan pour frontière tonne d'abord; mais les succès qu'ila déjà
sud, en laissant ici et là quelques di obtenus l'aveuglent, et le disposent à
stricts plus ou moins grands, qui furent croire à de nouveaux succès, à de n0u
occupés par d'autres branches des descen velles conquêtes ; chaque jour, il voit
dants de Noé. (v. les articles spéciaux, et grossir les rangs de son armée, et Cusai
en particulier Ethiopie). n'a pas de peine à le persuader que lui
2° On trouve encore dans l'épigraphe aussi se range à la bonne cause, accep
du Ps. 7. le nom d'un homme appelé tant pour maître celui que Dieu a désigné,
Cus, et qui a donné beaucoup à faire aux
que le peuple a choisi, et qui d'ailleurs
interprètes. Qui est ce Cus, benjamite,
appartient à la famille royale, à la dyna
ce violent persécuteur du roi David, ce
stie reconnue. Un premier conseil d'A-
fléau dont il demande d'être délivré? Les
chithophel relativement aux femmes de
uns ont pensé à Simhi,2Sam. 19, 16., qui David, passe sans contestation, soit que
est appelé, 16, 11., fils de Jémini, en hé Cusaï n'ait pas été consulté, soit qu'il ait
breu benyemini, et dont on a cru qu'il cru devoir, dans l'intérêt même de son
était Benjamite à cause de cela. D'autres roi, se joindre à une mesure dont le ré
ont pensé à Saül, mais on ne sait pas sultat était de rendre toute réconciliation
pourquoi il serait appelé Cus; d'autres impossible. Achithophel propose ensuite
enfin, rapportant également ce psaume à à Absalon, de fondre immédiatement
l'époque des persécutions de Saül, en avec 12,000 hommes sur la petite troupe
tendent par Cus un individu inconnu, de David, encore faible en nombre, fati
peut-être un parent de Saül. guée, et sans doute facile à intimider.
· CUSAI, 2 Sam. 15, 32., éphraïmite, de Mais un autre conseil intervient : c'est
la ville d'Arki, dont l'histoire offre un Cusaï qui parle : « Le conseil qu'Achi
épisode politique bien rafraîchissant au thophel t'a donné maintenant, dit-il, n'est
milieu des guerres civiles qui ensanglan pas bon. Tu connaîs ton père et ses gens,
tèrent une partie du règne de David. Fi que ce sont des gens forts, et qui ont le
dèle sujet de son roi, Cusaï vint pendant cœur outré, comme une ourse des champs
les troublesdelaconjurationd'Absalon,se à qui l'on a pris ses petits : et ton père est
prosterner devantDavid, en lui exprimant un homme deguerre, qui nepassera point
CUS 255 CUV
la nuit avec le peuple. Voici il est mainn'avait pas osé révéler cette mort, et I'a-
tenant caché dans quelque fosse ou dans vait fait pressentir : « J'ai vu un grand tu
quelque autre lieu; s'il arrive qu'au commulte, mais je ne sais pas exactement ce
mencement on soit battu par eux, qui que c'était : » Cusi n'osa pas davantage
conque en entendra parler, l'ayant su,' dire « Il est mort, » mais à la question de
: dira : Le peuple qui suit Absalon a été David, il répondit : « Que les ennemis du
défait. Alors le plus vaillant, celui-là roi mon Seigneur, et tous ceux qui se
même qui avait le cœur comme un lion, sont élevés contre toi pour te faire du
se fondra;... mais je suis d'avis qu'en di mal, deviennent comme ce jeune homme ! »
ligence on assemble vers toi tout Israël 2° Cusi ou Cusci, Jér. 36, 14. père de
depuis Dan jusqu'à Béer-Sébah, lequel Sélemja; inconnu. — 3° Soph. 1, 1., père
sera en grand nombre comme le sable de Sophonie, et arrière petit-fils d'Ézé
qui est sur le bord de la mer, et que toi chias. | -

même en personne marches en bataille. CUTH, 2 Rois 17, 24.30., district de


Alors nous viendrons à lui en quelque lieu l'Asie, etla principaled'entre lespeuplades
que nous le trouvions, et nous nous jet dont Salmanéser, roi d'Assyrie, envoya
terons sur lui, comme la rosée tombe sur les habitants peupler la contrée dévastée
la terre, et il ne lui restera aucun de tous de la Samarie. Du mélange de ces colons
les hommes qui sont avec lui. Que s'il se avec les Juifs demeurés de reste dans le
retire en quelque ville, tout Israël portera pays, naquirent les Samaritains, que les
des cordes vers cette ville-là, et nous la Talmudistes continuèrent d'appeler Cu
fraineronsjusque dans le torrent, ensorte théens. On ne sais pas exactement dans
qu'il ne s'en trouvera plus même une pe quelle partie de l'Asie il faut chercher ce
ſite pierre. » — Cet avis prévalut; Absa district ou cette ville. Les uns, s'appuyant
lon et les siens le préférèrent à celui du sur la ressemblance de ce nom avec celui
vieux ministre. David fut averti par les de Cus, ressen blance beaucoup plus frap
sacrificateurs. Le conseil de Cusaï amena pante encore lorsque l'on connaît les lan
et devait amener la défaite d'Absalon. gues sémitiques, pensent au pays de Cus,
Une insurrection ne peut triompher que dans les environs de l'Araxe : d'autres,
par l'audace et la promptitude. Laisser avec l'historien Josèphe, le placent dans
amx esprits troublés le temps de réfléchir, la Perse méridionale ou centrale, d'autres
à un roi comme David le loisir de ras près du Tigre, d'autres enfin (Michaëlis)
sembler les adhérents nombreux que son mais contre toute vraisemblance, dans le
règne lui avait faits, c'était tout perdre. voisinage de Sidon en Syrie. L'opinion
Cusai était digne de lutter contre Achi la plus probable, c'est que les Cuthéens
ſh0phel; il perdit son rival, se montra sont les mêmes que les Cosséens dans la
son maître en diplomatie, et sauva le roi. Susiane en Babylonie; les deux noms sont
CUSAN, Hab. 3,7.Même pays que Cus. presque identiques en Caldéen.
q. V. CUVE d'airain. Il y avait dans le par
CUSAN-RISCHATHAJIM, Jug. 3, 8. vis du tabernacle une cuve d'airain ou
10., roi de Mésopotamie, fut, après la mer de fonte, destinée aux ablutions des
captivité d'Egypte, le premier oppresseur prêtres, Ex. 30, 28. Il n'est rien dit de
des Israélites établis dans le pays de Ca bien positif quant à sa forme; cependant,
naan. Il les tint assujettis pendant huit par l'analogie de celle qui fut placée plus
ans, jusqu'à ce qu'enfin Hothniel, le pre tard dans le parvis du temple de Salomon,
mier des juges, se leva et les délivra. 1 Rois 7, 23., l'on peut supposer qu'elle
CUSI, 2 Sam. 18, 21.32., 1° l'un des était ronde. Les ablutions des mains et des
messagers qui apportèrent à David la nou pieds, auxquelles elle était destinée,
Velle de la mort d'Absalon; on craignait étaient un symbole de la pureté que le
de faire connaître à David cet évènement Dieu saint exige de ceux qui s'approchent
qui, en le réjouissant comme roi, devait de lui.
l'affliger comme homme et comme père : Dans le portique du temple de Salo
* premier des messagers, Animalais, mon, il y avait, au lieu de cette cuve uni
CYM 256 CYP

que, une grande cuve appelée mer d'ai pèces différentes; les unes plus petites,
rain, particulièrement destinée aux ablu en bois, en ivoire, quelquefois en métal,
tions des sacrificateurs, et dix cuviers que l'on prenait entre le pouce , l'index
plus petits, destinés à laver les victimes et le doigt du milieu, et que l'on frappait
pour les holocaustes, 2 Chr. 4, 6. La mer en mesure, comme les castagnettes es
d'airain est spécialement décrite 1 Rois 7, pagnoles ou arabes; les autres, plus gran
23-26.2 Chr. 4, 2-5. et par Josèphe (An des et tout à fait semblables aux nôtres ;
tiq. 8, 3, 5.); elle avait cinq coudées de cette distinction est marquée Ps. 150, 5.,
hauteur (2 m. 720), et environ dix de dia Hébr. Tseltselim ou Metsillayim.
mètre; elle reposait sur douze taureaux CYPRE (aujourd'hui Chypre), une des
également d'airain ; ses côtés et ses bords îles de la Méditerranée, située au sud de
étaient ornés de fleurs sculptées. l'Asie mineure et non loin des côtes de
Lors de la prise de Jérusalem par les la Syrie. Grande, riche et fertile, elle
Babyloniens, la mer d'airain fut brisée donnait en abondance del'orge, de l'huile,
par les Caldéens et ses débris emportés des grenades, des figues et du vin ; ses
à Babylone ainsi que les soubassements montagnes recélaient des pierres pré
des dix cuviers 2 Rois 25, 13-16. Jér. 52, cieuses et des métaux recherchés, et c'est
17. D'après les rabbins, le temple de Zo de cette île que le cuivre (aes cyprium) a
robabel ne contenait plus qu'un seul cu reçu son nom. La position de Cypre était
vier, et Josèphe, dans sa description du une des plus avantageuses pour le com
temple d'Hérode, n'en mentionne aucun merce, et toutes ses villes s'enrichissaient
(Bell. Jud. 5, 5.). par ce moyen, Salamis, Paphos, Citium,
CYGNE. C'est ainsi que la Vulgate et Amathus, Arsinoé, Soli, etc. Les Juifs
nos versions traduisent l'hébreu Tinchi n'avaient pas été des derniers à s'y éta
meth, Lév. 11, 18. Deut. 14,16., et, com blir pour y faire des spéculations, et ils
me nous l'avons dit à l'article Chat-huant, s'y trouvaient en grand nombre lors du
cette traduction non-seulement n'a rien passage de saint Paul. Les Cypriens
contre elle, mais est encore favorisée par avaient une réputation bien établie de
le contexte. Luther a traduit par cygne, mollesse, de volupté , de luxe et de dé
Lév. 11, 17., le mot shalak, que nos ver bauche : l'extrême douceur du climat fa
sions ont rendu par plongeon , mais v. vorisait chez eux tous ces penchants, et
Cormoran. Calmet veut aussi rendre par c'était à Vénus qu'ils rendaient leurs
cygne l'hébreu Bath Yaaneh, que nous hommages. Les voyageurs modernes par
traduisons par autruche. Mais il n'y a lent encore avec enthousiasme de ce pe
que deux passages qui puissent à la ri tit paradis terrestre , et c'est là, si n0us
gueur se rapporter au cygne, et encore ne nous trompons, que M. Lamartine au
n'est-ce qu'en procédant par voie d'hy rait voulu finir ses jours, si la patrie ne
pothèse. Ce bel animal, si connu dans nos l'avait pas réclamé.
pays et dans des climats plus chauds, est Jusqu'au règne d'Alexandre, l'île fut
mis par Moïse au nombre des animaux divisée en neuf petites principautés, d'a-
impurs. Les païens l'avaient consacré à bord sous la domination perse, puis s0us
leur Apollon, sans doute à cause des sons celle des Macédoniens. Sous les Macca
harmonieux et poétiques qu'il rend, dit bées elle devint l'apanage de Ptolémée ;
on, lorsqu'il va mourir ; Horace l'attelle Caton l'Ancien la soumit à Rome; Au
au char de Vénus. guste en fit d'abord une province de s0n
CYMBALES. 2 Sam. 6, 5.1 Chr. 13,8. vaste empire, gouvernée par un préteur,
16, 5.42. Esd. 3, 10. Ps. 150, 5.1 Cor. puis il finit par l'émanciper, et nous la
13, M. L'un des plus anciens instruments voyons, Act, 13, 7., gouvernée par un
connus, fort aimé des Orientaux en gé proconsul cyprien.
néral, et employé par les Hébreux soit Paul, Marc et Barnabas y arrivèrent de
dans leurs réjouissances publiques, soit Séleucie, prêchèrent à Salamis, dans les
dans la musique du temple. Il y en avait, synagogues, et se répandirent de là dans
comme de nos jours encore, de deux es toute l'île pour annoncer l'Evangile aux
CYP 257 CYR

païens. Ils trouvèrent à Paphos, résidence bien choisi pour la construction de ces
du proconsul Serge Paul, un enchanteur objets, destinés à subsister dans l'eau
Ou faux prophète juif nommé Bar-Jésus, pendant un temps plus ou moins long ;
qui voulut s'opposer à la doctrine chré il vaut cependant mieux, dans ces deux
tienne, et tâchait de détourner Serge de passages, s'en tenir à l'idée générale d'ar
la foi, mais saint Paul frappa ce malheu bre résineux, car gopher s'applique à
reux d'un aveuglement momentané , ce d'autres objets qui ne sont pas le cyprès;
que le proconsul ayant vu, il crut et fut il signifie poix; gopherith signifie soufre,
rempli d'admiration pour la doctrine du et le mot allemand Kiefer signifie un pin
Seigneur. sauvage. — La Vulgate traduit encore par
Plus tard, Barnabas retourna en Cypre cyprès le mot Beroth, Cant. 1, 16., que
avec Marc, Act. 15, 39.; la tradition porte Luther et Martin ont rendu mal à pro
même qu'après avoir été évêque de cette pos par sapin (Tanne). Il est bien pro
le, il y trouva le martyre, qu'il fut lapidé bable, en effet, que ce mot Beroth ou sa
par les Juifs de Salamis, et que son corps forme plus ordinaire Berosch, Es. 37,24.
fut retrouvé sous le règne de l'empereur 55, 13. 60, 13, désigne le cyprès; le cy
lénon, ayant sur la poitrine un Evangile près seul pouvait être mis en parallèle
de saint Matthieu, qu'il avait copié lui avec le cèdre, Es. 14, 8. Zach. 11, 2.; le
mème de sa propre main. sapin ne le pouvait guère; cf. surtout
Conquise par les Arabes, reprise par l'emploi qui est fait de ce bois, soit pour
Richard-Cœur-de-Lion, Cypre fut, pen les lambris du temple, 1 Rois 5, 8. 6, 15.
dant plusieurs siècles, gouvernée par des 34., soit pour des mâts de vaisseaux, Ez.
rois de la famille des Lusignan, jusqu'en 27, 5., soit pour la confection de lan
1489 , elle fut ensuite vendue aux Véni ces, Nah.2, 3. (il s'agit évidemment d'une
tiens, et appartientauxTurcs depuis 1571; arme dans ce verset) ; soit enfin pour des
ils l'ont réduite à l'état le plus déplorable. instruments de musique, 2 Sam. 6, 5 : il
CYPRE. v. Troëne. ne peut être question du sapin dans ces
CYPRES, arbre toujours vert, massif, passages, non plus que Cant. 1, 16.; il
élancé, aux feuilles foncées, étroites, faut penser à quelque bois noble, solide
pointues, et dont le bois. sans être lourd, et beau, qui puisse rivaliser avec le cè
n'est jamais pourri ni vermoulu, résiste dre; la plupart des arbres ont déjà un
aux vers et à l'action de l'eau. On distin nom en hébreu ; le cyprès seul ne serait
glle le cyprès mâle aux branches hori nommé nulle part, s'il ne l'était dans ces
lontales, et le cyprès femelle dont les passages, et l'on ne comprendrait guère
branches s'élèvent obliques ou droites ; qu'un arbre aussi remarquable ne fût pas
C'est de ce dernier que l'on se sert le mentionné dans la Bible , quoiqu'il fût
plus ordinairement pour les travaux de très abondant en Palestine, et particuliè
charpente et de menuiserie. Il ne vient rement sur le mont Hermon.
que difficilement, dit Pline; son fruit est CYRENE, ville importante de la Libye
lllutile, ses feuilles sont amères, son supérieure ou Pentapolitaine, située à 16
ºdeur est trop forte, son ombre même kilom. de la mer, sur une plage africaine,
ºl dangereuse ; superbe et triste à la presque en face des trois promontoires
fois, il était regardé par les Romains com du Péloponèse, à 320 kilom. environ de
meun arbre de deuil, qu'on ne pouvait la capitale de l'Egypte. Ses ruines sub
employer qu'aux funérailles, ou dans d'au sistent encore sous le nom de Caïroan,
lres solennités lugubres. C'est du cyprès et ne comptent qu'un fort petit nombre
qu'il s'agit, selon quelques-uns, dans les d'habitants. Sous les Ptolémées, les Juifs
Passages, Gen. 6, 14. Ex. 2, 3., où il est formaient le quart de la population de Cy
Parlé de la construction de l'arche, et du rène, et jouissaient des mêmes droits que
berceau de Moïse. Le nom hébreu est Go les Cyréniens eux-mêmes. C'est là qu'était
Pher, et l'analogie de ce nom avec le nom né Simon, le père d'Alexandre et de Ru
ºin cupressus, appuierait cette traduc fus, qui eut le bonheur de soulager le
ºu, le cyprès était d'ailleurs tout à fait Christ dans sa marche vers Golgotha,
17
CYR 258 CYR

Matth. 27, 32. Marc 15, 21. Luc 23, 26. dix ans que les choses s'étaient passées, et
Plusieurs de ces Juifs de la Cyrénaïque rien n'était plus facile que de confondre
embrassèrent la foi chrétienne, Act. 11, deux recensements si rapprochés, et dont
20. 13, 1., mais un grand nombre aussi la distinction ne pouvait pas avoir un bien
furent comptés dans les rangs des adver grand intérêt pour l'histoire sacrée et
saires de l'Evangile, et saint Luc les cite pour l'édification des fidèles.
parmi les plus violents de ceux qui s'éle De ces deux dénombrements, le pre
vèrent contre Etienne, Act. 6, 9. — Après mier fut plus général, et pour tout l'em
la destruction de Jérusalem par Titus, les pire ;le second ne regardait que la Judée :
Juifs de Cyrène se soulevèrent contre Ca c'est à ce dernier que Gamaliel fait allu
tulle, gouverneur de cette province; mais sion, Act. 5, 37.
il furent facilement réduits et écrasés. CYRUS, fils de Cambyse, roi de Perse,
CYRENIUS, forme grecque du nom de et de Mandane, fille d'Astyage, roi des
Publius Sulpicius Quirinus, sénateur ro Mèdes. Il existe une demi-douzaine d'his
main, que l'histoire profane nous apprend toires et de biographies, toutes différen
avoir été consul l'an 742 de Rome , puis tes de ce prince fameux, par Hérodote,
758, cinq ans au moins après la naissance Xénophon, Ctésias, Justin, Valère Maxi
de Jésus, gouverneur de la Syrie, et de me, Diodore de Sicile, etc., sans parler
la Judée qui y était annexée. Après l'exil de toutes les fables et traditions orien
d'Archélaüs, il fut chargé de faire un re tales auxquelles sa prodigieuse carrière a
censement ou dénombrement du peuple. donné naissance. Nous nous en tiendrons
Jésus était peut-être alors âgé de dix ans.pour le moment aux données de Xén0
Ces données semblent en contradiction phon (Cyrop. 1, 107. sq.). D'après cet
avec ce qui est dit, Luc 2, 2., que le pre historien, Cyrus vécut jusqu'à sa dou
mier dénombrement (celui pendant le zième année à la cour de son aïeul ma
quel naquit notre Sauveur) fut fait lors ternel, fut mis, à l'âge de seize ans, à la
que Cyrénius avait le gouvernement de tête d'une armée envoyée contre le roi
Syrie. Il y aurait, en effet, une faute de d'Assyrie qui avait fait une irruption
chronologie à rectifier, 1° si l'on ne pou dans les états d'Astyage, et remporta la
vait pas traduire : ce dénombrement se victoire après une suite de brillants suc
fit avant celui qui arriva lorsque Cyrénius cès. Rappelé par son père, il rentra en
avait le gouvernement de la Syrie; ou en Perse et devint général en chef des trou
core : ce dénombrement se fit avant que pes de Cambyse ; il fit la guerre tantôt
Cyrénius, etc. ; 2° si l'on ne pouvait pas pour son compte, tantôt pour celui de s0n
admettre que Cyrénius, alors gouverneur oncle Cyaxare II, fils et successeur d'As
de la Cilicie, ait été envoyé en Syrie avec tyage, qui venait de mourir : il vainquit
mission extraordinaire , pour présider à successivement le roi de Babylone et ses
un dénombrement de la Syrie et de la Ju nombreux alliés, puis Crésus, roi de Ly
dée (Pétau, Grotius, Ussérius), pendant die, ce malheureux qui s'estimait le plus
que Sentius Saturninus était gouverneur fortuné des mortels, et qui sur le bûcher
de la Syrie (Tertullien) ; 3° si enfin il n'y fatal s'écria par trois fois : Solon !Solon!
avait pas des doutes sur l'authenticité de Solon! se rappelant que ce sage Athénien
ce verset (Théod. de Bèze dans ses trois lui avait dit un jour qu'on ne pouvait se
premières éditions, Olshausen, et d'autres prononcer sur le bonheur de personne
commentateurs). avant que sa carriére fût entièrement ter
Ce ne sont pas même là toutes les ex minée. Cyrus ayant appris ce fait rendit à
plications que l'on peut donner, et la l'illustre captif la vie avec la liberté, et
première seule suffirait; on en trouvera se fit un ami d'un ennemi. Après avoir
d'autres encore à l'article Quirinus, dans porté ses armes triomphantes dans pres
Winer, qui du reste ne les admet ni les que toute l'Asie Mineure, il repasse l'Eu
unes ni les autres, et conclut simplement phrate, marche contre l'Assyrie et vient
poursoncompte à un lapsus memoriœ chez assiéger Babylone. Cette ville est impre
saint Luc : il y avait plus de soixante et nable, ses murailles n'ont rien à redou
CYR 259 CYR

ter, ses habitants ont des provisions pour le bon plaisir de l'Eternel; Dieu dit : Il
plus de vingt années , le siége est inu est mon berger : Dieu l'appelle son oint ,
file; Cyrus alors conçoit le projet gigan Es. 44, 28. 45, 1., l'assimilant ainsi aux
tesque de détourner le cours du fleuve : rois d'Israël (1 Sam. 24, 7. 11. 2 Sam. 1,
les eaux vont se perdre dans les marais 14, etc.), soit pour indiquer qu'il avait
et les plaines voisines , et pendant que lui-même consacré Cyrus à la royauté,
Nabonned (Belsatsar) s'abandonne avec soit parce que Cyrus devait être chargé
tout l'orgueil de la sécurité aux débau de ramener le peuple de Dieu dans son
ches orientales, Cyrus s'avançant par le pays. Et lorsqu'après une longue attente,
lit de l'Euphrate pénètre dans la ville cet oint du Seigneur, ce Cyrus de la dé
(538 av. C.) et brise à jamais la puis livrance fut venu au monde, et qu'il eut
sance babylonienne, la monarchie des Cal accompli une partie de sa destinée, il sem
déens, la tête d'or qui va être remplacéeble avoir reconnu lui-même ce Dieu qui
l'avait nommé etsurnommé(désigné) lors
dans l'empire universel par la poitrine et
les bras d'argent, Dan. 2, 32. 38, 39. Ilqu'il n'existait pas encore : son langage,
fait en même temps préparer un palais Esdr. 1, 2., ne permet pas de douter qu'il
pour son oncle Cyaxare, et reçoit de lui n'ait reconnu le Dieu d'Israël pour le vrai
en récompense de ses longs et nombreux Dieu. L'Eternel, le Dieu des cieux, dit-il,
services la main de sa fille unique ( sa m'a donné tous les royaumes de la terre,
cousine germaine), et avec elle le droit et lui-même m'a ordonné de lui bâtir une
de succession à l'empire. Cambyse meurt, maison à Jérusalem. D'après le livre apocr.
Cyaxare meurt, et Cyrus, le puissant bé du Dragon, 1, 40., il aurait dit comme Da
lier à deux cornes, Dan. 8, 3.20., monte rius (1°, q. v.): Que tous les habitants de la
sur leurs deux trônes, et règne à la fois terre craignent le Dieu de Daniel, parce
sur la Perse et sur les Etats médo-baby que c'est le Dieu sauveur, qui fait des
loniens, 536 av. C. — A peine investi prodiges et des merveilles sur la terre,
de l'empire , l'un des premiers usages et que c'est lui qui a garanti Daniel de la
qu'il fait de son autorité, c'est de publier gueule des lions.Suivant le livre de Bel 1.,
Un édit par lequel il permet aux Juifs de Cyrus aurait toujours eu pour Daniel une
retourner dans leur patrie, Esdr. 1,1.5, estime et une affection toute particulière,
13. 6, 3. 2 Chr. 36, 22. cf. Dan. 1, 21.; cf. Dan. 6, 28.; quoique ces détails ne
il dit à Jérusalem : Sois rebâtie ! et au nous soient connus que par des livres
temple : Sois refondé ! Es. 44, 28. apocryphes, rien ne les contredit , et les
Il entreprit encore diverses guerres en déclarations de la parole de Dieu rendent
Syrie et du côté de la mer Rouge, et mou fort probables des rapports de cette na
rut enfin en 530, à l'âge de soixante et ture entre ces deux hommes. Il paraît
dix ans, selon les uns de vieillesse, selon d'ailleurs, par Josèphe (Antiq. 11, 1.), que
les autres dans un combat contre les Scy Cyrus a eu connaissance des prophéties
thes; leur reine Thomiris l'ayant attiré d'Esaïe, et que le passage qui le concer
dans une embuscade, lui aurait fait tran nait a été un des moyens dont Dieu s'est
cher la tête. D'autres disent qu'il fut at servi pour l'amener à sa connaissance.
taché à une potence, d'autres enfin qu'il Dans le passage Es. 21, 7. 9., qui se
Iſl0urut d'une blessure reçue à la ba rapporte à Cyrus, et où il est question
taille. d'unattelage mixte d'ânes et de chameaux,
L'histoire sainte nous donne naturelle quelques-uns ont voulu voir la réunion
ment beaucoup moins de détails sur Cy des troupes de la Médie et de la Perse ;
rus qne l'histoire profane, mais ce sont d'autres interprètes ont mis en avant l'o-
des détails bien autrements grands et so pinion suivante, que nous ne citons que
lennels. Déjà 240 ans avant la naissance pour son originalité, sans qu'il puisse être
de ce puissant monarque, elle l'appelle question de lui accorder aucune valeur :
par son nom, elle annonce la grande œu c'est que le conquérant dont il est parlé
Vre de restauration dont il sera le minis devait être une espèce de métis, issu de
tre; il est dit de lui qu'il accomplira tout deux animaux différents, ainsi que Cyrus
DAG 260 DAM

en effet naquit de deux sangs différents, de ces peuples, voisins de la mer, les pois
du sang des Perses par son père, du sang sons étaient un objet de culte (Hérodot.
des Mèdes par sa mère. A l'appui de ce 2, 72. Xénoph. Anab. 1, 4.9. etc.); et les
sens, l'on cite deux exemples où le nom Babyloniens eux-mêmes avaient une divi
de mulet est donné à Cyrus : Craignez, nité toute semblable, Odakon, mi-homme,
dit un oracle à Crésus , lorsqu'un mulet mi-poisson, l'un des quatre bienfaiteurs
commandera aux Mèdes; et Eusèbe (Pré de l'humanité connus sous le nom d'Oan
par. 9, 41.) rapporte, d'après un ancien nès, et qui remontaient jusqu'aux temps
auteur, que Nébucadnetsar, quelque temps du déluge (Creuzer's Symb. II, 74.78.).
avant sa mort, rempli de l'esprit prophé — D'après un système tout différent, Phi
tique, dit aux Babyloniens : Je vous an lon de Byblos fait dériver le nom de Dagon
nonce un malheur qu'aucune de vos divi de l'hébreu dagan, qui signifie froment,
nités ne pourra détourner; il viendra con blé; il en ferait une espèce de Dieu des
tre vous un mulet persan qui, aidé du se récoltes et des moissons. Cette opinion,
cours de vos dieux, vous réduira en ser partagée entre autres par Bochart, n'a
vitude. Ce sont des jeux de mots, et le guère d'autre appui que l'étymologie ;
texte cité d'Esaïe ne s'y prête pas même mais sous ce rapport la première se jus
dans le cas actuel. tifie également, et de plus elle a pour elle
Admirons cette bonté divine qui, dans des raisons historiques d'un grand poids.
l'exil de son peuple, et par cet exil mê Le temple de Dagon, mentionné Jug.
me, s'est rendu captive l'ame du grand 16, et qui fut renversé par Samson, de
Cyrus. Après l'avoir connu guerrier et vait être construit dans le genre des kios
héros dès nos premières études classi ques de la Turquie ; c'était une vaste
ques, nous le trouvons maintenant roi place entourée de colonnes, et couverte
théocratique, et nous le verrons un jour d'un toit plat sur lequel un grand nom
simple fidèle dans le royaume des cieux, bre de personnes pouvaient se réunir
avec bien d'autres encOre auxquels nous dans des circonstances solennelles et
sommes peut-être loin de penser. pour des réjouissances communes.
DAIM, Prov. 6, 5. v. Gazelle.
D DALMANUTHA, Marc 8, 10. La com
paraison de ce passage avec Matth. 15,
DABBÉSETH, Jos. 19, 11., ville in 39., montre que cette bourgade devait
connue, de la tribu de Zabulon. être située dans le voisinage de Magdala ;
DABRATH, ville située sur la frontière mais c'est tout ce que l'on en sait. D'au
des tribus d'Issacaret de Zabulon, Jos. 19, tres (Calmet, etc.), lisent au lieu de Mag
12., et qui fut donnée aux lévites, Jos. 21, dala Magedan, et comparent la ville de
28. l Chr. 6, 72. Elle est quelquefois ap Médan près du lac Phiala et des sources
pelée Dobrath. Reland la place, avec as du Jourdain, où les Arabes tiennent cha
sez de vraisemblance, au pied méridional que année une grande foire (medan en
du mont Thabor, où Burckhardt a trouvé arabe), qui a donné son nom à l'endroit :
un village nommé Dabury : on pense que c'est à la fois faux et forcé.
c'est le Dabeïra d'Eusèbe. DALMATIE. La province de ce nom,
DAGON, divinité nationale des Philis indiquée dans la Bible, 2 Tim. 4, 10.,
tins d'Asdod et de Gaza, non sans rap comme ayant été évangélisée par Tite,
ports avec Hastaroth et Derceto, Jug. 16, était, selon Pline III, 28., située dans l'an
23.1 Sam. 5, 1.4. sq. De ce dernier pas cienne Illyrie, au bord de la mer Adria
sage on peut conclure qu'elle avait une tique, entre les fleuves Titius et Drinus.
tête, des bras et des mains d'hommes; DAMARIS. Act. 17, 34. Cette femme
d'un autre côté, l'étymologie de ce nom que l'on peut supposer avoir été d'un
(dag, poisson) permet de croire que la rang élevé, et que quelques-uns font fem
partie postérieure de son corps se termi me de Denys l'aréopagite, fut du petit
nait en poisson, comme les tritons et les nombre de personnes qui se convertirent
syrènes des autres païens. Pour la plupart à Athènes par suite de la prédication de
DAM 261 DAM

Saint Paul. Achab, et comprit que le Dieu d'Israël


DAMAS. Au milieu d'une vaste plaine était un Dieu de la plaine comme un Dieu
de la Syrie qui s'étend vers le nord jus des montagnes; il dut faire la paix, et
qu'aux chaînes de l'Antiliban, et dont le rendre les villes que ses ancêtres avaient
Chrysorrhoas qui la traverse, se divisant prises sur Israël, 1 Rois 20. Il se releva
en plusieurs bras, fait une des contrées cependant contre Joram, fils d'Achab.
de la terre les plus fertiles et les plus Hazael, un de ses officiers, lui succéda
riantes, s'élève de nos jours encore l'an après l'avoir étouffé dans son lit ; il fut
tique et célèbre ville de Damas; le fleuve dans la main de Dieu un instrument pour
la sépare en deux parties. Sa position châtier à la fois son prédécesseur qui
comme point central entre l'Asie Mineure avait combattu contre le peuple de l'al
et l'Asie intérieure, lui donna, dès les liance, et ce royaume des dix tribus qui
temps les plus reculés, une grande im avait abandonné le culte du vrai Dieu : il
portance sous le rapport commercial et ravagea en particulier les provinces si
politique. Maintes fois détruite par des tuées à l'est du Jourdain, et s'avança jus
tremblements de terre ou par les chances que sous les murs de Jérusalem, 1 Rois
des combats, elle a toujours été rebâtie, 19, 14.15.2 Rois 8, 28. 10, 32. 12, 17.
grâce à la beauté de sa position, à la dou Ben-Hadad III, fils de l'usurpateur se
ceur de son climat, à la variété de ses para du nom de l'ancienne dynastie. Trois
productions en tous genres ;ses habitants fois il fut battu par le roi d'Israël Joas,
y voient le paradis terrestre. Maintenant et finalement fut obligé de rendre toutes
elle est encore le chef-lieu d'un pachalik les conquêtes de son père, 2 Rois 13, 25.;
turc et ne compte pas moins de 200,000 on peut même conclure de 2 Rois 14, 28.
âmes, dont 25,000 chrétiens. qu'il perdit momentanément sa capitale.
Elle est déjà nommée comme existant Retsin. Ce qui causa la ruine du petit
à l'époque d'Abraham , et quelques au royaume de Damas, c'est que ce malheu
teurs font de ce patriarche le premier roi reux prince s'étant ligué avec Pékach roi
de Damas, après que son fondateur Dam d'Israël, contre Achaz roi de Juda, celui
mésec eut été détrôné par lui. Elihézer, ci se vit obligé de solliciter l'alliance et
l'intendant de la maison d'Abraham, était l'intervention de Tiglath-Piléser. L'Assy
Damascénien, Gen. 15, 2.;Abraham pour rien, pour faire une diversion utile à son
suivit Kédor-Lahomer et les cinq rois allié, entra sur les terres de Retsin, prit
alliés jusqu'à Hobar qui est plus au nord Damas, tua Retsin lui-même, emmena
et à la gauche de Damas (14, 15.). Depuis une partie de ses sujets en captivité, et
ce moment il n'en est plus reparlé jus réunit ce territoire à l'empire d'Assyrie,
qu'au temps de David qui s'en empara, 2 2 Rois 16, 9. Es. 17.
Sam. 8, 5. 6. Elle fut reprise déjà sous Damas continua cependant de subsis
Salomon, par Rézon fils d'Eljadab, 1 Rois ter, mais soumise ; elle passa successive
11,24. Parmi les rois qui la gouvernè ment sous la domination des Babyloniens,
rent depuis cette époque, nous remar des Perses, des Séleucides, et enfin de
querons surtout les suivants, dont l'his puis Pompée sous celle des Romains, (cf.
toire fut plus ou moins liée à celle du Es. 7, 4.8. 8, 4. 10, 9. 17, 1. Am. 1, 3.
peuple d'Israël . 5. Ez. 27, 18. Jér. 25, 9. 49, 23.24. Zach.
Ben-Hadad I, fils de Tabrimon, fils de 9, 1.). Elle compta toujours parmi ses ha
Heijon ; il fit alliance avec Asa roi de bitants, surtout sous les Séleucides, un
Juda, contre Bahasa roi d'Israël, et rem grand nombre de Juifs (Josèphe, Guerre
p0rta sur ce dernier une importante vic des Juifs I, 2, 25. II, 20, 2. Act. 9, 2.).
toire, 1 Rois 15, 18. Elle marqua encore, dans l'histoire du
Ben-Hadad II, fils du précédent; il christianisme, comme le lieu de la con
marcha contre Achab roi d'Israël, et fit le version et de la première prédication de
siége de Samarie, aidé de trente-deux rois, saint Paul, Act. 9, 3. 19. Gal. 1, 17.
mais il fut obligé de quitter la place. L'an On montre encore, à cinq cents pas de
née suivante il fut de nouveau battu par Damas, l'endroit ou Paul fut renversé par
DAN 262 DAN

la voix du ciel, et dans la ville, la rue et « Dan jugera son peuple, aussi bien
la maison où Ananias le baptisa. Cette qu'une autre des tribus d'Israël (Sam
maison fut d'abord changée en église, les son); qu'il sera un serpent sur le che
Turcs en ont fait une mosquée. C'est éga min , et une couleuvre dans le sentier,
lement avec les mêmes garanties qu'on mordant les cornes du cheval, et celui
montre dans les environs de Damas le qui le monte tombe à la renverse, » ce
10mbeau d'Abel, long d'environ 14 mè qui signifie que ses conquêtes et ses
tres, eu égard à la grandeur des pre victoires seront dues à la ruse plutôt
miers hommes. Quelques écrivains, tra qu'à la force (Gen. 49, 16. 17.). Moïse au
duisant le nom de Damas (Dammésec) un contraire dit de cette tribu : « Dan est
sac de sang, pensent que ce fut dans ses comme un jeune lion, » montrant ainsi
environs que se commit le premier meur que, si la ruse est son partage, la force
tre. cependant ne lui manquera pas.
2° La Syrie de Damas, ou Aram Da Quant aux raisons pour lesquelles cette
mas, est le nom qu'on donnait à la partie tribu ne se trouve pas mentionnée avec
de la Syrie qui formait le territoire de la les autres Apoc. 7, 5-8., les commenta
ville de Damas, au nord-est de la Pales teurs sont partagés : on pourrait penser
tine, 2 Sam. 8, 6. cf. Es. 7, 8. 17, 3. Am. que c'est parce qu'elle fut dès le com
1, 5. mencement le principal siége de l'idolâ
DAN était fils de Jacob et de Bilha, trie, Jug. 18, 1 Rois 12, 30. v. Tribus.
Gen. 30, 3. On avait assigné à la tribu DANIEL. 1° Troisième fils de David,
qui porta son nom un territoire entre les par Abigaïl, 1 Chr. 3, 1. — 2° Descen
tribus de Juda, de Benjamin et d'E- dant d'Ithamar, nommé parmi ceux qui
phraïm, Jos. 19, 40.; mais, outre que ces revinrent de la captivité de Babylone,
limites étaient passablement restreintes, Esdr. 8, 2.— 3° Prophète hébreu.
il paraît qu'il se passa un temps assez Daniel le prophète étaitd'une naissance
long avant qu'elle pût en chasser les Ca illustre , et même, selon Josèphe (An
nanéens et en prendre entièrement pos tiq. 10, 10.), il appartenait à la famille
session : c'est ainsi qu'il faut entendre royale et descendait directement d'Ezé
les passages, Jug. 1, 34. 18, 2. Ce fut là chias ; cf. 2 Rois 20 , 18. Fort jeune en
sans doute la cause de l'expédition contre core, àgé peut-être de 12 à 15 ans, il fut
la ville de Laïs, qui eut lieu déjà du temps emmené captif en Caldée , après la prise
de Josué, Jos. 19, 47., mais que nous ne de Jérusalem par Nébucadnetsar, la qua
trouvons racontée avec détails que Jug. trième année de Jéhojakim (av. C. 606).
18. La nouvelle ville qui fut construite Il fut élevé avec trois autres de ses com
sur l'emplacement de Laïs, reçut aussi le patriotes et compagnons d'àge pour le
nom de Dan. Ils possédèrent ainsi tout service de la cour, et reçut le nom de Bel
le cours supérieur du Jourdain, et la par tesatsar , Dan. 1, 7. 2, 26. Il se distin
tie septentrionale du pays, de sorte que gua par ses abstinences et sa fidélité, re
pour dire d'une extrémité à l'autre de fusa de se souiller en goûtant des mets
Canaan, on finit par dire proverbialement qui lui étaient défendus par la loi de Moïse,
de Dan à Béersébah, 1 Sam. 3, 20. etc. v. et commença, au bout de trois années de
Béersébah. Quant à l'ancien territoire de préparation, son service auprès du mo
la tribu, il avait pour voisins et pour enne narque. Les quatre jeunes gens ne tar
mis les Philistins, sous l'oppression des dèrent pas à gagner la confiance de leur
quels les Danites gémirent pendant qua maître par leur sagesse et leur science
rante ans, jusqu'à ce qu'enfin un homme admirables ; Daniel, en particulier, ayant
de cette tribu, Samson, les en eut délivrés, su rappeler au roi un songe remarquable
Jug. 13, 1. 2. Les Danites avaient des que celui-ci avait fait et qu'il avait en
vaisseaux, Jug. 5, 17., et l'on croit qu'ils tièrement oublié, et lui en ayant en même
possédaient la ville de Joppe au bord de temps donné l'interprétation, devint l'ob
la mer. jet d'une haute considération et fut élevé
Jacob, à son lit de mort, annonce que à la dignité d'inspecteur de la caste des
DAN 263 DAN

mages, 2, 46., charge qu'il paraît avoir troisième du royaume. C'était trop tard.
perdue cependant sous l'un des succes Darius le Mède, grand oncle de Belsat
seurs de Nébucadnetsar, et qu'il n'exer sar, et pour quiCyrus avait fait cette con
çait plus sous Belsatsar, 5, 10-16. C'est quête, s'empara du royaumeàl'àge d'envi
revêtu de ce titre nouveau qu'il fut ap ron soixante et douze ans; il continua d'a-
pelé auprès du roi pour lui expliquer un voir pour Daniel le même respect et la mê
second songe , mais personnel à Nébu me considération que luiavaient témoignée
cadnetsar, et plus terrible que le premier; ses prédécesseurs, il établit cent vingt sa
il lui annonça qu'il serait , pendant un trapes dans le pays, au-dessusd'euxtrois
certain nombre d'années, réduit à l'état gouverneurs, et Daniel comme leur chef.
de bête sauvage. Puis, pendant deux ou Darius fut le sixième roi que Daniel fut
trois règnes, ceux d'Evil-Mérodac, de Né appelé à servir d'une manière ou de l'au
riglissor et de Laboroso-Archod, Daniel tre dans l'administration; il servit encore
disparaît de la scène : les armes de Cy plus tard sous Cyrus, Dan. 6, 28. Cepen
rus remplissent déjà l'Asie , sa renommée dant l'envie et la malveillance ne dor
est portée sur toutes les bouches, ici la maient pas : la religion fut le moyen que
crainte, là l'espérance. Daniel, qui sait la l'on mit en avant pour perdre Daniel ; on
succession des monarchies et le renver arracha à Darius un édit par lequel tout
sement de Babylone par la puissance mé homme qui, pendant trente jours, adres
do-perse, Daniel qui sait que la fin de la serait des prières à une autre divinité
captivité, que le terme des soixante et dix qu'au roi lui-même, serait jeté aux lions.
années approche , Daniel enfin qui se Daniel, qui n'a jamais fait étalage de piété,
rappelle que c'est un guerrier du nom de ne craint point non plus de montrer sa
Cyrus qui doit présider au retour des foi; il doit l'exemple à ses coreligionnai
Juifs dans leur pays, dire à Jérusalem : res, il doit les soutenir dans ce combat
sois rebâtie, et à son temple : sois refon entre les dieux de Darius et Jéhova : sa
dé, Daniel attend dans le silence le déve position l'y oblige ; s'il cède, tous céde
loppement et l'accomplissement de ces ront , s'il persévère dans le bien, tous y
faits dont aucun autre peut-être n'a la persévèreront. Aussi, trois fois le jour il
clef. Puis, une nuit, pendant que Belsat ouvre sa fenêtre du côté de Jérusalem, se
sar est dans la salle du festin , Cyrus met à genoux, prie et célèbre son Dieu
marche dans le lit du fleuve mis à sec, et comme il faisait auparavant. Découvert,
l'ange écrit sur la muraille du festin des accusé, condamné malgré le roi que sa
mots mystérieux et redoutables. Après parole engage , on le descend dans la
avoir inutilement consulté les mages et fosse aux lions; mais ces animaux affamés
les devins, Belsatsar mande le prophète respectent l'oint de l'Eternel, et quand,
hébreu. Daniel apparaît; ses paroles sont au joursuivant, Darius, qui croit au Dieu
sévères; il parle à un roi puissant, mais de Daniel, s'approche avec une vague et
qui n'a plus que peu d'heures à vivre; il faible espérance de trouver son ami vi
lui reproche ses crimes et lui déclare que vant, Daniel lui répond : O roi, vis éter
le moment de la vengeance est arrivé : nellement. Mon Dieu a envoyé son ange,
bien loin de profiter de l'expérience de et a fermé la gueule des lions, tellement
sespères, il a résisté au vrai Dieu, il s'en qu'ils ne m'ont fait aucun mal, parce que
est détourné, il a foulé aux pieds les cho j'ai été trouvé innocent devant lui : et
ses saintes; les coupes et les vases sa même à ton égard, ô roi, je n'ai com
crés du temple de Jérusalem sont encore mis aucune faute. Daniel sort du tom
là, sur la table, pleins de vin, destinés à beau triomphant; ses ennemis, qu'on y
passer par les lèvres des courtisans et des jette avec leurs femmes et leurs enfants,
concubines royales. Frappé de terreur, sont dévorés « avant même qu'ils soient
et voulant essayer peut-être de parer le parvenus au bas de la fosse. » Le pro
coup fatal en s'amendant à la hâte, Bel phète reprend dans l'empire son rang et
Satsar fait revêtir Daniel d'écarlate, lui son autorité, Dan. 6, 11.; c'est en grande
met un collier d'or au cou, et le déclare le partie à son influence qu'il faut attribuer
DAN 264 DAN

la permission donnée aux Juifs de re cette dédicace se fit dans la province de


tourner dans leur patrie. Lui-même resta Babylone où les trois autres jeunes gens
à la cour, surveillant jusqu'à sa mort les étaient établis, tandis que Daniel qui avait
intérêts du règne de son divin maître, un autre poste dans la ville même de Ba
et mourut, à ce que l'on peut croire, bylone, à la porte du roi, 2, 49., était
âgé d'au moins quatre-vingt-dix ans, peut-être retenu par sa charge même, loin
quelques années après l'avénement de d'une scène d'idolâtrie dans laquelle il
Cyrus. aurait certainement participé à la con
Dieu n'avait envoyé Daniel à Babylone, duite, au supplice et à la délivrance de
et ne l'avait revêtu du ministère public ses amis, s'il eût été appelé à y assister.
qu'en vue du peuple d'Israël, dont la ré Quoique le prophète ait été un homme
génération morale devait s'opérer pen pécheur comme nous, et qu'il le recon
dant l'exil. Or, quoi de plus propre à at naisse avec tant d'humilité dans la belle
teindre ce but que la mission de Daniel ? prière du chapitre neuvième, on a fait la
Tous les Israélites pouvaient attacher remarque que sa vie telle qu'elle est ra
leurs regards sur lui comme sur un mo contée ne présente aucune espèce de ta
dèle de fidélité : ils voyaient se déployer ches, de même que celle de Joseph en
en lui, même au milieu des idoles, toute Egypte : ce sont deux figures qui nous
la puissance du vrai Dieu ; jeune, il les offrent la plus grande pureté de caractère,
encourage par sa fermeté; plus tard, il
les soutient de son crédit et par les révé
nobles, droits, fidèles dans tout ce que
nous en connaissons.
:
lations de sa sagesse surhumaine ; vieil Livre de Daniel. Les six premiers cha
lard, il affronte les lions, et, par sa haute pitres se rapportent à la biographie du
position, s'expose aux premiers coups, prophète; les six autres contiennent les
aux premiers châtiments, comme le sapin prophéties proprement dites, qui ont es
de la montagne qui détourne la foudre sentiellement pour objet l'histoire des
des arbustes qui l'environnent, en l'atti principaux peuples aux destinées desquels
rant sur lui-même. Enfin ses prophéties le peuple de Dieu fut mêlé et enchaîné.
consolantes devaient relever leur courage Ce devait être pour les Israélites pieux
abattu, et leur montrer dans un avenir une grande consolation de pouvoir ainsi
peu éloigné le moment que les fidèles ap discerner clairement, au milieu des révo
pelaient de leurs vœux les plus chers. lutions politiques, la main de celui qui
Deux passages d'Ezéchiel, 14, 14. 28, fait concourir toutes choses au bien de
3., nous montrent que sa destinée provi ceux qui l'aiment. Le sujet du chapitre 7°
dentielle fut comprise au moins par quel est le même que celui du songe expliqué
ques-uns de ses compatriotes; ils nous au chapitre 2e, la succession des quatre
font voir en même temps combien Daniel monarchies, chaldéenne, médo-perse,
devait être un homme de prière, puisque macédonienne et romaine. Le chapitre 8°
de son vivant, un de ses contemporains, annonce avec plus de détail l'histoire de
mû par l'esprit de Dieu, ne craint pas de la deuxième et troisième de ces monar
le citer avec Job et Noé , comme un des chies. Le 9e détermine de la manière la
hommes dont l'intercession eût pu avoir plus remarquable et la plus précise l'é-
le plus de succès auprès du trône des mi poque des bénédictions messianiques, il
séricordes et de la justice. Sa sagesse y renferme le passage des septante semai
est également exaltée. nes. Les chapitres 10e et 11e prédisent
On s'est étonné quelquefois que Da les destinées du peuple Juif sous la do
niel n'ait pas été enveloppé dans une même mination égyptienne et sous la domina
condamnation avec ses trois amis qui fu tion syrienne. Enfin, le 12° s'étend de
rent jetés dans la fournaise ardente pour nouveau jusqu'aux temps du Messie. Ces
avoir refusé d'adorer la statue de Nébu douze premiers chapitres sont écrits par
cadnetsar, Dan. 3; mais outre que Da tie en caldéen, partie en hébreu , les ca
niel pouvait se trouver accidentellement tholiques en ajoutent deux autres écrits
éloigné, il faut remarquer que la fête de en grec, et renfermant les histoires de
DAN 265 DAR

Susanne, de Bel et du Dragon; on les danse, 2 Sam. 6, 14. 16., Matth. 14, 6.
compte ordinairement à part. v. Apocry Elles faisaient partie des réjouissances
phes. particulières, Luc 15, 25.; on les trouve
Le livre de Daniel contient des vérités aussi pratiquées dans les réjouissances
tellement précises, les miracles qu'il rap publiques , accompagnant les récoltes ,
porte sont si inexplicables, qu'il devait Jug. 9, 27., les fêtes politiques, 1 Sam.
être une pierre d'achoppement pour tous 18, 6. 21, 11. 30, 16., et même les fêtes
les ennemis de la révélation : aussi les religieuses, Ex. 15, 20. Jug. 21, 19-21.
voyons-nous se liguer dans leurs atta 2 Sam. 6, 5. 14. Les femmes s'accompa
ques contre son authenticité, depuis le gnaient du tambourin, Jér. 31, 4., quel
païen Porphyre jusqu'aux rationalistes quefois on y joignait le chant, 1 Sam. 18,
modernes inclusivement. Cette authenti 7. 21, 11., et des instruments de musi
cité, cependant, repose sur des preuves que, cymbales et autres, 2 Sam. 6, 5. Ces
assez solides et assez nombreuses pour danses, en général d'un caractère reli
que sous ce rapport Daniel puisse se me gieux, se justifiaient par le besoin natu
surer avec tout autre livre de l'antiquité rel à l'homme d'exprimer sa joie, sa re
hébraïque. Il existait déjà en collection connaissance pour son Dieu, aussi bien
du temps des Maccabées, 1 Mac. 2, 59, par les mouvements de ses membres, que
60., et Josèphe nous apprend, Ant. 11, par les sons de sa voix ; mais elles n'a-
85., qu'il fut présenté à Alexandre-le vaient aucun rapport avec les dissipations
Grand, fait dont nous n'avons aucune rai et les danses toutes charnelles, habituel
Son de douter. L'auteur montre aussi une lement voluptueuses, des bals et ballets
connaissance si approfondie des mœurs et modernes. On peut conjecturer d'ailleurs
des événements de l'époque dont il parle, qu'elles ressemblaient à quelques égards
qu'il serait difficile d'admettre que ce li aux danses à la fois énergiques et gra
vreait été écrit à une époque postérieure. cieuses de l'Orient actuel. — Plus tard
Enfin et surtout, nous avons en faveur seulement on vit paraître dans le voisi
de son authenticité le témoignage solen nage de la Palestine, et peut-être en Pa
nel de notre Sauveur, qui ajoute : que ce lestine même, des danseuses étrangères,
lui qui lit ce prophète y fasse attention , prostituées et musiciennes, vraies baya
Matth. 24, 15. dères, parcourant les villes, et les amu
Pour l'étude de ce livre difficile nous sant de leurs chants et de leurs danses,
indiquerons parmi les meilleurs ouvrages Es. 23, 16.
à consulter, le Commentaire de Calvin , DARDAH, 1 Rois 4, 31., v. Ethan.
l'Apologétique de Sack, Hengstenberg's DARIUS. Trois rois de ce nOm SOnt
Beitrœge zur Einl. in das Alte Test., le mentionnés dans l'Ecriture, et le nom
commentaire de Haevernick, en anglais même de Darius qui signifie en persan
Tregelles, et en français les Leçons sur un roi, semble indiquer que c'était une
le prophète Daniel, données dans une espèce de titre dynastique commun à tous
école du dimanche, par M. Gaussen. les rois de ce pays, mais plus particuliè
DANNA , Jos. 15, 49., ville de Juda si rement porté par quelques-uns.
tuée dans les montagnes. 1° Le premier dont la Bible nous parle
DANSE. De tout temps les Hébreux est Darius le Mède fils d'Assuérus (As
paraissent avoir été grands amateurs de tyage) et connu dans les historiens grecs
la danse, Prov. 26, 7. Eccl. 3, 4. C'étaient sous le nom de Cyaxare II (Josèphe An
principalement les femmes et les jeunes tiq. X, 11, 1.), d'Astyage dans l'apocry
filles qui s'adonnaient à cet exercice, Jér. phe Dan. 14, 1. Ce fut lui qui avec le
31, 4.Jug. 21, 21., et les enfants les imi secours de Cyrus son neveu réunit à ses
taient dans leurs jeux au milieu des rues, états l'empire babylonien (538 av. C.), et
Matth. 11 , 17. Luc 7, 32.; plus ordinai commença la seconde monarchie annon
rement, les danses se composaient de cée par Daniel. Sur la fin de son règne,
chœurs et de groupes; on voit cependant il se livra à la mollesse et aux plaisirs, et
aussi quelques exemples de solos de abandonna l'exercice de l'autorité royale
DAR 266 DAT

à Cyrus dont il avait fait son gendre, et de son cheval, monta sur le trône aprèsle
qui bientôt fut son successeur dans les mage Smerdis, vers l'an 522 av. C. La
empires réunis. Le trait principal de son 2° année de son règne, et à la parole
règne est, à côté de son affection et de d'Aggée et de Zacharie, il confirma, mal
son estime pour Daniel, la faiblesse avec gré les nombreux ennemis des Juifs,
laquelle il signa le fol édit qui défendait la permission que Cyrus avait donnée de
à tous ses sujets d'adresser des vœux à reconstruire le temple de Jérusalem, et
un autre qu'à lui pendant l'espace de qui avait été momentanément retirée sous
trente jours; cette impie mesure qui flat le règne d'Artaxercès, Esd. 6, 1-15., cf.
tait son orgueil, et qu'il n'avait pas exa 4, 5.24. 6, 1. Agg. 1, 1.2, 1. Zach. 1, 1.
minée davantage, eut pour conséquence Son royaume s'aggrandit par plusieurs
(comme elle avait eu pour motif chez les conquêtes : ce fut sous lui que se révolta
ambitieux ennemis du prophète) l'arresta Babylone, désireuse de retrouver son in
tion de Daniel et sa condamnation. Da dépendance première, mais après un siège
rius, esclave de sa parole et le jouet de et des horreurs sans pareilles, et à la tête
Ses courtisans , crut devoir livrer celui de toutes ses troupes, il fit rentrer cette
qu'il avait établi naguères gouverneur ville dans la soumission , ayant accom
de toutes les satrapies du royaume, et le pli, sans le savoir, les prophéties juives
fidèle fut jeté aux lions. Au milieu de ces d'Esaïe, 47, 1. 48, 14, et de Jérémie, 50,
bêtes féroces et affamées, le vieillard passa 8.9. 51, 1.6.9. 45., cf. Zach. 2, 7. On
une nuit plus tranquille que le malheureux peut remarquer aussi que dans ces pas
mOnarque dans sOn palais et sur sur sa cou sages Dieu donna aux Juifs renfermés
che royale. Dariusavait cependant quelque dans Babylone , le conseil pressant de
faible espérance; un miracle ne lui parais quitter cette ville avant le siége redouta
sait pas impossible : Ton Dieu, lequel tu ble dont elle est menacée.— Bossuet croît
sers incessamment, sera celui qui te déli reconnaître en lui l'Assuérus du livre
vrera, avait-il dit à Daniel; mais avec cette d'Ester ; mais v. cet article.
faible foi de païen, chargé d'ailleurs, dans 3° Darius de Perse. Le roi ainsi nommé,
sa conscience, d'un meurtre qu'il se re Néh. 12, 22., est très probablement Da
prochait à lui-même, parce qu'il eût pu rius Nothus fils d'Artaxercès Longuemain,
le prévenir et l'empêcher, fatigué peut dont le règne très agité dura dix-neufans,
être aussi de se voir la victime de ses in et qui mourut vers l'an 406 av. C. Josèphe,
solents serviteurs, Darius ne put fermer Grotius et Leclerc ont cru qu'il s'agissait
l'œil de toute la nuit; il se rendit à l'aube plutôt du règne de Darius Codoman, par
du jour, et en grande hâte, vers la fosse ce que le souverain sacrificateur Jadduah,
des lions, pour voir si Dieu avait, dans qui semble indiqué dans ce verset comme
sa bonté , réparé le mal que lui, dans sa contemporain de Darius, était à Jérusalem
folie , avait ordonné ou laissé faire. Da lorsque Alexandre le Grand s'approcha
niel était sauvé; on ne trouva en lui au de cette ville, et l'on connaît le rôle qu'il
cune blessure , parce qu'il avait cru en joua dans cette circonstance. Mais on
son Dieu. Alors Darius, comme tous les peut très bien admettre que son père
esprits faibles qui passent promptement Johanan ait seul été contemporain de Da
d'un extrème à l'autre, fit jeter aux lions rius, et Néhémie peut avoir encore vu,
les accusateurs du prophète et leurs fa avant de mourir, le jeune Jadduah com
milles, pensant, par sa cruauté, racheter mencer à exercer la charge de sacrifica
sa faute et expier sa faiblesse. Il réinté teUll'.
gra Daniel dans ses fonctions, et publia DATHAN, frère d'Abiram, q. v.
un édit remarquable qui semble prouver DATTES. Le dattier, maintenant assez
que la délivrance miraculeuse de son mi rare en Palestine, y était autrefois très
nistre favori avait produit une profonde abondant, surtout dans les environs de
impression sur son âme, Dan. 6. Jéricho, de Hen-Guédi, et du lac de Gé
2° Darius fils d'Hystaspe, qui, à l'aide nézareth. C'est l'arbre que nos versions
du hennissement frauduleusement obtenu ont traduit par palme ou palmier, indi
DAv 267 DAv
quant le genre sans désigner l'espèce, que de fils de David. David naquit à
Jug. 4, 5. Joel 1, 12., cf. Josèphe Ant. Bethléhem , 1085 ans av. C. Samuel avait
15, 4.2. Pline 13, 6. Un retrouve le dat alors cinquante-quatre ans. L'heureuse
tier sur des monnaies romaines comme influence du dernier des juges répandait
symbole de la Palestine, et la ville de Jé la piété et la prospérité chez les Israélites.
richo avait reçu le nom de ville des dattes, Le septième et dernier fils d'lsaï, occupé
à cause de la quantité de ces arbres qui dans sa jeunesse à paître les troupeaux,
se trouvaient dans son voisinage. Il y en avait dix-neuf ans lorsqu'il fut désigné,
avait aussi en Egypte, en Perse et en par l'onction sainte répandue sur sa tête,
Arabie, Ex. 15, 27., et ils étaient regar poursuccéder, sur le trôned'Israël, à Saül,
dés dans ces contrées comme des arbres désobéissant et rejeté. Néanmois sa des
utiles et des plus précieux. Le dattier re tinée ne devait se dérouler que successi
cherche les terrains chauds et sablon vement, et Dieu, pour le préparer au
neux, mais sans craindre l'humidité. Il trône, le fit passer à travers bien des vi
s'élève souvent jusqu'à la hauteur de 30 cissitudes et des dangers. Peu après son
mètres, et atteint l'âge de deux siècles. sacre, il fut appelé auprès de Saül pour
Son tronc droit et élancé porte à son distraire, par le charme de la musique, la
sommet un bouquet de branches feuillées, mélancolie du roi que possédait un mau
élégamment recourbées vers la terre, vais esprit. Rentré chez son père , après
assez longues d'abord, mais se raccour le succès de ses soins, il ne tarda pas à
cissant de beaucoup vers le haut de l'ar se faire connaître de nouveau du roi et
bre. Ses fruits sont ramassés en grappes du peuple par sa victoire sur Goliath, le
nombreuses; ils ont la forme de glands, géant Philistin. Il est beau de voir un
mais sont plus grands et recouverts d'une jeune homme de vingt-trois ans, soutenu
peau rougeâtre : ils offrent un manger par sa foi, s'avancer avec une fronde et
délicat, très goûté en Orient, soit frais cinq pierres du torrent, contre un ennemi
et tels qu'ils sont cueillis sur l'arbre, colossal armé de toutes pièces. Il rem
soit pressés en petits gâteaux. On en fait porta la victoire parce que Goliath s'était
aussi une espèce de liqueur connue sous confié dans sa force et avait défié le Dieu
le nom de vin de dattes, et fort estimée; d'Israël, au nom duquel David se présen
v, Cervoise. Après que le premier jus a tait pour le combattre. Dès ce moment,
été exprimé, on verse de l'eau sur les David entra définitivement au service du
dattes qu'on laisse ainsi macérer quelques roi, qu'il ne quitta plus. Mais la jalousie
jours, et l'on en fait une nouvelle liqueur, de Saül , excitée par les louanges du peu
un petit vin peu agréable, mais dont on se ple, s'alluma bientôt contre David et, sauf
Sert volontiers comme rafraîchissement. quelques intermittences, ne cessa de le
Avec les branches de l'arbre, on fabri poursuivre avec un acharnement toujours
que des paniers, avec leurs fibres des croissant. La protection divine, qui repo
c0rdes, avec les feuilles des nattes, et le sait sur David , fit tourner à sa gloire, à
tronc même, quoique assez mou intérieu sa popularité, à l'affermissement de son
rement, comme celui des monocotylédo royal avenir, les missions périlleuses
nes en général, est assez solide au de confiées à sa jeunesse par le mauvais vou
hors pour qu'on puisse l'employer comme loir de Saül, et consacrées par l'enthou
bois de charpente (Xénoph. Cyrop. 7, 5. siasme et la confiance de l'armée. Saül ,
11.)—Gen. 43, 11., v. Pistaches. après avoir , dans le mariage de sa fille
DAVID, fils d'Isaï, de la tribu de Juda, ainée , manqué à la promesse qu'il avait
comptait parmi ses ancêtres Ruth la Moa faite au vainqueur du Philistin, voulut
bite, Rachab l'hôtelière de Jéricho, et faire servir à l'assouvissement de Sahaine
Tamar la Cananéenne. Il fut le chef de l'amour que Mical, sa seconde fille, éprou
la dynastie des rois de Juda, et le Christ, vait pour le jeune capitaine. La prudence
qu'il avait préfiguré dans sa royauté, est et la vaillance de David déjouèrent ces
sorti de sa race, et a porté, comme l'hé perfides manœuvres; Saül dut l'accepter
ritier de son trône, le nom caractéristi pour gendre, et sensible aux remontran
DAV 268 DAV

de Jonathan son fils, l'ami de David, il évitable ou de faire la guerre à son peu
imposa pour un moment silence à son ple, ou de tirer perfidementl'épée contre
injuste animosité. Ce ne fut qu'une trève. un bienfaiteur trop confiant, dont il avait
Les succès du héros d'Israël , dans la accepté l'hospitalité. La méfiance des Phi
guerre qui venait de recommencer contre listins, en le faisant renvoyer, lui épargna
les Philistins, rallumèrent les flambeaux un crime; la prise de Tsiklag, qu'il trouva
de la jalousie et de la haine dans le cœur brûlée et pillée par les Hamalécites, pa
de son puissant ennemi. Deux fois, lors raît avoir été le châtiment dont Dieu se
que la harpe de David cherchait à soula servit pour le faire rentrer en lui-même.
ger les souffrances morales de Saül, souf Près de périr par la main des siens, que
frances d'envie et de rage qui s'irritaient
l'enlèvement de leurs femmes, de leurs
peut-être de leur injustice même, deux enfants et de leurs biens avait exaspérés,
fois, joignant l'ingratitude à la folie ,il se fortifia en son Dieu, apaisa ses
Saül avait cherché à clouer contre la pa gens, poursuivit et atteignit les pillards,
roi, d'un coup de javeline, son chantre reprit tout ce qu'il avait perdu, et fit en
fidèle et dévoué. Parvenue à son comble, outre un immense butin. C'est ce butin
la fureur de Saül force David à s'enfuir. qui lui servit à regagner, par des pré
Délivré une première fois par la puissance sents faits à propos, la bienveillance des
de l'esprit de Dieu qui, en se répandant principaux Israêlites.
sur les émissaires de Saül, et en gagnant Sur ces entrefaites, la mort de Saül lui
Saül lui-même, les contraint d'oublier, ouvrit les avenues du trône, et la tribu
aux pieds de Samuel, leurs mauvais des de Juda le reconnut pour son roi. Il avait
seins, et de glorifier le Seigneur, David trente ans alors; il choisit pour résidence
est bientôt contraint de fuir de nouveau. l'antique ville d'Hébron.Is-Boseth, fils de
Il est secouru par Ahimélec et l'enve Saül, fut mis à la tête d'Israël par les
loppe dans sa disgrâce. Puis, après avoir légitimistes de l'époque, et une longue
tenté de se réfugier auprès d'Akis, roi guerre s'en suivit. La défection et la mort
de Gath, et après avoir placé son père et d'Abner, la trahison de Bahana et de
sa mère en lieu de sûreté, il se met à Récab, qui assassinèrent Is-Boseth, y
parcourir le pays à la tête de gens mal mirent un terme. David, en punissant de
heureux comme lui, vivant dans les lieux mort les meurtriers de Saül d'abord, puis
écartés et mettant sa troupe, forte d'en les lâches assassins du fils de Saül, se
viron 400 hommes , au service de ses montra juste et récompensa dignement
concitoyens, pour les protéger contre les les traîtres. On regrette qu'il n'ait pas
incursions des peuples environnants. montré la même fermeté envers Joab, son
Dans les montagnes, trahi par ceux-là neveu, meurtrier d'Abner. Le crédit et
même qu'il avait aidés et délivrés, il n'é- l'influence de ce vaillant homme de guerre
chappe à la mort que grâce aux mer auprès de l'armée le sauvèrent; David
veilles réitérées de la protection divine, n'osa pas en le punissant compromettre
et, par deux fois, il épargne Saül qu'il une autorité faible encore et précaire.
avait l'occasion de frapper à coup sûr. Maître de tout Israël, à l'âge d'environ
L'ingratitude et la persévérance de son quarante ans, David prend Jérusalem sur
ennemi lassent enfin sa constance et sa les Jébusiens, et y fixe sa résidence. Il
foi, il se retire chez les Philistins, et re abaisse et humilie les Philistins, ces enne
çoit Tsiklag pour refuge et habitation. mis constants du peuple de Dieu. L'arche,
Cette faute grave fut punie par la posi qui depuis la mortd'Héli, était restéesépa
tion fausse et difficile où il se trouva rée du sanctuaire, est conduite avec pom
placé chez les ennemis de son peuple, pe et aux acclamations unanimes du peu
obligé de vivre pendant deux ans envi ple, dans un tabernacle dressé pour elle
ron dans la dissimulation, le mensonge en Sion. David projette la construction
et la cruauté. A la bataille de Guilboah, du temple ; Dieu réserve cette gloire à
conduit par Akis dans les rangs des Phi Salomon, mais prononce dans cette occa
listins, il se trouve dans l'alternative in sion solennelle l'oracle qui fixe dans la fa
DAV 269 DAV

mille de David la succession de la royauté trouvèrent David , souvent faible peut


qui devait aboutir au Messie. La prospé être dans le gouvernement de sa famille,
rité de David parvient à son comble, ses mais humble, mais fort, mais grand dans
ennemis sont subjugués tout alentour, sa foi et dans sa piété , sous la puissante
leurs insultes et leurs efforts ne servent main du Dieu qui le châtiait dans son
qu'à étendre la domination d'Israël, et les amour. Le succès presque complet de la
limitesannoncées par Moïse sont atteintes tentative d'Absalon semblerait indiquer
p0ur la première fois. que, depuis son crime, David, soit in
Celte prospérité, le succès de ses ar fluence de l'âge, soit surtout conscience de
mes et la gloire de son règne exerçèrent son humiliation, et souvenir de ses fautes,
Sur l'âme de David une funeste influence. avait perdu cette force de volonté, cette
Ses mœurs s'amollirent; son âme s'en présence d'esprit et cette fermeté de déci
dormit dans les délices. Pendant qu'il sa sion qui l'avaient pOrté, de vicissitudes en
Y0urait à Jérusalem les douceurs et le vicissitudes, jusque sur le trône de Juda
luxe d'une royauté orientale, et que son et d'Israël. Toutefois la fidélité et le dé
armée, sous la conduite de Joab, faisait vouement de ceux qui entourèrent et
le siége de Rabbath-Hammon, David se sauvèrent David dans cette circonstance,
lissait séduire par la beauté de Bath montrent que, s'il avait perdu sous quel
Séba, femme d'Urie, et tombait dans ques rapports, il était cependant toujours
ladultère; après avoir échoué dans les le vrai roi de ce peuple un moment égaré,
0dieuses intrigues qu'il tenta pour cacher mais qui n'avait pas cessé d'avoir pour
les traces de son crime, il fut conduit de lui confiance et affection : c'est ce que
péché en péché, à faire périr, par la main prouvent encore l'insuccès de la révolte
des Hammonites, Urie et plusieurs de ses de Scéba, fils de Bicri, qui succéda à celle
plus vaillants et de ses plus fidèles ser d'Absalon, et la fin sanglante de ce re
Vileurs. Enfin réveillé de son sommeil de belle.
péché, et rappelé à lui-même par la voix A peine le fléau de la guerre civile eut
llèle de Nathan, David montra, par sa il fini de troubler le pays, qu'une autre
sincère et profonde repentance, les dis calamité, la famine, se fit sentir en Israël.
P0sitions saintes qui l'animaient et qui, C'était un châtiment du massacre des Ga
après une funeste et trop longue inter baonites, que Saül avait fait mourir, au
ruption, avaient repris possession de son mépris de la foi jurée. Ce crime avait été
dme. ll avait alors 52 ans. inspiré à Saül par un faux semblant de
Mais, dès ce moment, la prospérité qui zèle, et par le besoin de conserver ou
lui avait été si fatale se retira de lui, et d'augmenter sa popularité. Si le châti
depuis cette époque jusqu'à la fin de son ment tomba sur le peuple, c'est que celui
régne, son âme fut maintenue dans l'hu qui sonde les cœurs avait découvert dans
milité, la défiance d'elle-même et la sou l'esprit du peuple le germe et la vraie
mission au Seigneur, par une suite de ca source de cette iniquité. De même la ven
hmilés publiques ou particulières. Les geance qui, à la demande des Gabaonites,
désºrdres domestiques qui souillèrent et tomba sur la famille de Saül, se justifie
ºliSanglantèrent sa maison , la violence aux yeux de quiconque connaît l'unité
tAêrcée par Amnon contre sa sœur Ta d'esprit qui, à ce degré de civilisation,
mar, la vengeance sanglante qu'Absalon caractérise les grandes familles, ou, pour
lira de cette offense, l'exil de ce fils bien employer un mot de nos langues moder
ºé qui en fut la suite, le retour toléré nes, les clans : chacun de leurs membres
ºbord, puis la grâce complète de ce adopte comme siennes les intentions du
lºune homme dont le crime n'était pas chef; il s'y associe de cœur, et les exé
ºus excuse, l'ingratitude de celui-ci, cute de point en point avec l'apparence,
ºs menées, la guerre civile qu'il alluma au moins, de la plus entière spontanéité.
Pºur enlever à son père le royaume et la On peut donc dire que le crime de Saül
"º, révolte qui fut bien près d'être cou était celui de sa famille, et que le châti
ºlllléeparlavictoire;tous ces événements ment qui frappa ses enfants atteignit cer
DAV 270 DAV

tainement des coupables. La famine fut dégage des nuages pour embraser la terre
pour les Israélites une leçon haute et et les cieux de l'éclat de ses derniers
importante. Ils apprirent par là que le rayons, ainsi les derniers actes publics
Dieu d'Israël, bien que leur protecteur de David , relatifs à la construction du
suprême, ne faisait aucune acception des temple, ont une grandeur et une beauté
personnes : Dieu recherchait sur son peu de foi toute particulière , et couronnent
ple, même en faveur de profanes Cana dignement la vie de ce grand serviteur
néens , les iniquités commises contre de Dieu. Il mourut âgé de 71 ans, en
ceux-ci ; le châtiment leur rappelait que laissant, suivant une dispensation di
le seul titre personnel à la faveur divine vine, le trône à un fils de Bath-Séba.
se trouve dans la justice et dans l'obéis Le testament de David, les ordres qu'il
S:lIlC6º. donna à Salomon, concernant Joab et
Les dernières années de David furent Simhi, se justifient clairement aux yeux
consacrées aux immenses préparatifs de de quiconque les examine avec foi et avec
la construction du temple, réservée à Sa impartialité. David, par diverses causes,
lomon, mais que David eut toujours de au fond desquelles se trouvait une cou
vant les yeux. Moins agitées que les pré pable faiblesse, avait laissé vivre ce ne
cédentes, elles furent cependant trou veu qui, chéri de l'armée, était « trop
blées par le péché du dénombrement, puissant pour lui. » Joab avait d'ailleurs
et par la conspiration d'Adonija. L'or mis le comble à ses crimes, en partici
gueil présida au dénombrement du peu pant à l'entreprise d'Adonija. David or
ple. ll fallait que ce péché fût bien évi donne à Salomon de faire justice. - Da
dent, puisque Joab même, le sanguinaire vid, comme homme, avait pardonné à
et mondain Joab, reprit David à ce sujet. Simhi, et l'avait laissé vivre en paix tout
Toutefois le cœur du roi se montre en le temps que lui-même avait vécu ; main
core dans sa piété généreuse , dans sa tenant qu'il va mourir, qu'il n'a plus rien
confiance pleine et entière en son Dieu, à faire avec les passions de la terre, qu'il
lorsque,appeléà faire le choix douloureux a entièrement et jusque au bout donné
d'un châtiment, il préfère tomber dans la preuve de la sincérité de son cœur en
les mains de celui dont les compassions pardonnant, il peut laisser venir le tour
sont en grand nombre. La mortalité qui de la justice, et faire châtier par le roi
punit l'orgueil de David et décima son son fils un crime contre la royauté. Sa
peuple, est une preuve de plus que le droit conduite envers les meurtriers de Saül et
de Dieu sur les hommes pécheurs est de d'Is-Boseth montre la droiture de son
les faire périr quand et comme il le veut, caractère dans les affaires de ce genre, et
et en même temps, que le dernier mot de prouve que son unique préoccupation
sa justice distributive est réservé pour était le châtiment d'un sujet rebelle, sans
une autre dispensation. A cet événement qu'il s'y mêlât aucun sentiment de ran
se rattache le choix de l'emplacement du cune personnelle.
temple ; ce choix, marqué par un sacrifice Le rôle de David , dans l'histoire du
en dehors du rite lévitiqne , et par une peuple d'Israël, a été capital. ll est le
expiation efficace, puisque c'est là que fondateur de la royauté théocratique. Il
l'ange apparut et que la plaie s'arrêta, a été ce que Saül aurait pu, mais n'a pas
avait ainsi une valeur typique , et rece voulu être. La fondation de la royauté
vait d'en haut une consécration indispen était une déviation du principe de la théo
sable sous l'économie mosaïque. cratie; cette déviation devait trouver son
Comme un flambeau consumé jette un correctif dans le caractère personnel du
dernier éclat avant de s'éteindre, nous re roi et dans l'esprit de la royauté. Saül,
trouvons la fermeté, la décision, l'humi demandé par le peuple, s'est trop souvenu
lité, la piété, tous les beaux traits du ca de l'origine de sa puissance ; il a tout sa
ractère de David, dans sa conduite au su crifié à la popularité. Ce fut la source de
jet de la tentative d'Adonija. Et comme ses désobéissances et la cause de sa ré
le soleil couchant,avant de disparaître, se jection. David a été l'homme selon le
DAV 271 DEB

cœur de Dieu; il a été roi de la part de cœur chaud et dévoué. Sur tous les trô
Dieu, pour diriger le peuple dans les nes et dans tous les temps, il eût été un
voies divines, non pour complaire au peu monarque distingué, le héros de son peu
ple,et par une fatale complaisancel'égarer ple. L'histoire profane, étrangère à l'aus
loin de Dieu. C'est là le trait saillant qui tère simplicité du style biblique, n'eût
distingue les deux rois et les deux royau pas manqué d'exalter ses rares vertus, sa
tés.Celle de Saül (q. v.) a été mondaine, gloire et ses triomphes; elle eût caché ou
celle de David a été sainte. A ce titre il a pallié ses chutes. Il ne pouvait en être de
été type du Messie, et il a eu l'honneur même dans le récit inspiré , car c'est à
d'ètre le dernier des patriarches, ancêtres Dieu seul qu'appartient la gloire; la Bi
désignés du Sauveur. ble a été écrite pour nous donner des
L'œuvre de David, comme prophète, exemples à suivre et non des hommes à
n'a pas été moins importante. Sans par idolâtrer. Mais , pour qui sait apprécier
ler des prédictions nombreuses et dé les choses, pour qui accompagne David
lillées relatives au Christ, qui sont ré d'un œil clairvoyant au milieu des vicis
pandues dans les psaumes ; sans parler situdes si diverses d'une carrière longue
de cet admirable recueil auquel son nom et remplie, pour qui lit dans les mouve
se rattache, et dont il a écrit la plus ments de cette âme si droite, si chaleu
grande partie (v. Psaumes), il fut l'au reuse, souvent si grande dans ses pre
leur d'une révolution importante dans le miers élans, si habituellement dirigée par
culte mosaïque, révolution correspon la pensée et l'amour du Seigneur, l'éloge
dante à la construction du temple qui a biblique si remarquable qui lui a été dé
été son œuvre, autant et plus peut-être cerné à tant de reprises, malgré les côtés
que celle de Salomon. Depuis la mort sombres de sa conduite, n'aura rien qui
d'Héli, l'arche ne se trouvait plus dans le étonne, et l'on répétera avec une convic
sanctuaire, et le culte n'était plus qu'im tion croissante, que c'était bien là « l'hom
parfaitement célébré. Il n'a même pu l'ê- me selon le cœur de Dieu. »
tre de nouveau d'une manière complète L'histoire de David embrasse le pre
que dans le temple où il a été restauré mier livre de Samuël, depuis le chap. 16 ;
avec une splendeur inconnuejusqu'alors : tout le second livre de Samuël, et 1 Rois
David a d'avance organisé le service et 1-2,. Elle est reproduite avec plus ou
lesfonctions des lévites, qui, n'étant plus moins de détails, 1 Chr. 11-29. Son nom,
chargés du transport d'un tabernacle qui signifie bien aimé , reparaît conti
longtemps errant, désormais fixé, deve nuellement dans l'Ancien Testament, et
maient disponibles pour d'autres fonc une quarantaine de fois dans le Nouveau.
ſions. Celles de gardiens et de chantres DÉBIR. Deux villes de ce nom. 1° Une
leur furent dévolues. Cette fonction de dans la tribu de Gad, Jos. 13, 26. 2" Une
chantres qui coïncide avec la première autre qui paraît avoir été située dans le
formation du Psautier signale l'introduc voisinage d'Hébron, Jos. 10, 38.; elle
tion de l'élément de l'édification directe, s'appellait auparavant Kiriath - Sépher,
qui d'abord se mêle au culte typique, pour Jos. 15, 15.; lors de la conquête les en
le remplacer presque entièrement plus fants d'Israël l'enlevèrent aux Cananéens,
lard. Le symbole, à peu près la seule for Jos. 10, 38. Elle fut d'abord incorporée
me du culte sous Moïse, fut aux diffé à la tribu de Juda, 15, 49., puis plus tard
rents âges de l'église judaïque, successi cédée aux sacrificateurs, 21 , 15. 1 Chr.
Wement mélangé avec la parole qui, sous 6, 58.
le christianisme, occupe le culte presque DÉBORA. 1° Nourrice de Rébecca :
entier, et n'a laissé au symbole qu'une elle accompagna en Canaan la jeune fian
place, éminente il est vrai, mais restreinte cée d'Isaac, et paraît avoir été dès lors
dans ce qu'on appelle d'ordinaire les sa traitée avec beaucoup d'affection et de
CI'éIllentS. respect par la famille du patriarche, Gen.
· Tel a été David, homme d'une haute 24, 59. 35, 8. Elle fut ensevelie au-des
Intelligence, d'un noble caractère, d'un sous de Béthel, sous un chêne.—2° Fem
DED 272 DEL

me pleine de foi et douée de dons pro D'autres dédicaces solennelles sont en


phétiques, le quatrième des juges d'Is core mentionnées dans l'Ancien Testa
raël, qui fut dans la main de Dieu un in ment, celle du temple de Salomon, 1 Rois
strument pour délivrer le peuple d'Israël, 8, celle des nouveaux murs de Jérusa
opprimé depuis longtemps par le roi ca lem après l'exil, Néh. 12, 27., celle du
nanéen Jabin, Jug. 4, 4. 5, 1-31. Nous nouveau temple, Esd. 6, 16.; v. encore
avons donné dans nos Juges d'Israël à Ex. 40, Nomb. 7,. C'était aussi une cou
côté de l'histoire de cette femme remar tume des Hébreux, coutume bien natu
quable, une traduction nouvelle et anno relle et commune à bien des peuples, de
tée de l'hymne sublime qu'elle composa dédier à Dieu leurs maisons nouvelle
pour bénir Dieu de la victoire qu'il avait ment construites, Deut. 20, 5.: cette dé
accordée à son peuple (p. 39-48.). v. aussi dicace n'était dans les cas ordinaires
Herder, De la poésie des Hébreux. qu'une simple bénédiction prononcée,
DÉCAPOLIS, ou la Décapole (les dix et l'inscription de quelques passages de
villes), nom d'un district situé au nord la Loi au-dessus de la porte.
est de la Palestine, touchant à la frontière DEHAVIENS. Cette peuplade mention
de Syrie. Il était ainsi nommé à cause des née Esd. 4,9., comme une de celles d'où
dix villes principales qui se trouvaient des colons furent transportés à Samarie,
sur son territoire, mais On ne peut plus est sans doute la même que celle dont
en déterminer les noms avec certitude, les auteurs profanes nous parlent sous le
les différents auteurs qui nous en parlent nom de Dahi ou Dahae, et qui se trouvait
n'étant pas d'accord entre eux ; Pline à l'est de la mer Caspienne, soumise à la
cite les suivantes : Damas, Philadelphie, domination persane, (Hérod. 1, 125.Stra
Raphana, Scythopolis, Gadara, Hippon, bon 11, 508. 511.)
Dion, Pella, Galasa et Canatha ; elles DELAIA, fils de Sémahia et officier de
étaient presque toutes habitées par des Jéhojakim, fut un de ceux qui, ayant en
païens; Jésus y prêcha souvent, Matth. 4, tendu par Michée que Baruc avait lu des
25. Marc 5, 20. 7, 31. prophéties sévères de Jérémie contre
DÉDAN. Il y avait deux peuplades de leur roi, prièrent Baruc de leur en faire
ce nom. 1° Celle qui descendait d'Abra une lecture particulière. Effrayés des me
ham par Kétura, Gen. 25, 3., et qui ha naces contenues dans cet écrit, ils rés0
bitait la partie septentrionale de l'Arabie, lurent d'en donner connaissance à Jéh0
près de l'Idumée, Jér. 25, 23. 49, 8. Ez. jakim, après avoir pourvu d'abord à la
25, 13.— 2° Celle qui descendait de Cus, sûreté des deux prophètes. Le roi irrité
Gen. 10,7., et qui habitait la partie orien à la lecture à peine commencée de ces
tale de l'Arabie, près du golfe persique. lignes , ayant déchiré le rouleau et v0u
C'était une peuplade fort commerçante, lant le jeter dans le feu, Délaïa et les au
Es. 21, 13. Ez. 27, 15. 20. 25, 13. Il y a tres officiers s'opposèrent, mais en vain,
encore dans le golfe persique une île de à cette impie résolution.
ce nom, Daden. DELILA, courtisane de la vallée de
DEDICACE (fête de la), Jean 10, 22. Sorek, probablement philistine, sut par
Fête qui fut établie par Judas Maccabée ses charmes séduire Samson, juge d'Is
(1 Mac. 4, 56. 2 Mac. 10, 6.), et qui se raël, s'en fit aimer sans l'aimer, profita
célébrait en hiver pendant huit jours à de son amour pour le trahir, et spécula
dater du 25 kisleu (décembre), par une sur la confiance du héros. Gagnée par
riche illumination des maisons à Jérusa les Philistins, elle fatigua Samson de ses
lem, et dans les autres villes. Cette illu importunités pour lui arracher le secret
mination était le symbole de la joie, com de sa force : trois fois il lui répondit
me aussi de l'espérance. La fête fut ins d'une manière évasive, s'approchant plus
tituée après le retour de la captivité, en ou moins de la vérité, trois fois elle re
souvenir de la purification du temple qui vint à la charge, et Samson que Dieu
avait été souillé et profané par Antiochus abandonnait en punition de son impurê
Epiphanes. passion, finit par s'abandonner lui-même,
DEL 273 DEL

et se livra à cette femme qui le livra aux trer dans l'arche avec sa famille et les
ennemis d'lsraël, Jug. 16.
- - | animaux, Gen. 7, 1. 4.'
DELUGE. lmondation extraordinaire et | 17° jour. — Noé entre dans l'arche un
universelle arrivée l'an du monde 1656 jour de sabbat, et immédiatement la pluie
(2348 av. C.), par laquelle Dieu détruisit | de 40 jours commence, 7, 13. 4.10.11.
rnlièrement toutes les créatures vivantes 12. -

qui se trouvaient sur la terre ferme, à 3° mois, Kisleu, de 30 jours.


lexception de celles qui furent enfermées 28° jour. — La pluie s'arrête. Il paraît
dans l'arche. Les eaux qui, au commen en effet, d'après les versets 17 et 12 com
ment de la création, couvraient toute la parés entre eux, et avec les versets 11 et
surface du globe, et qui s'étaient retirées 13, que les 40 jours doivent se compter
parfiellement au troisième jour, v. Créa de celui où Noé entra dans l'arche.
ſion, couvrirent encore une fois la terre; 4e mois, Tébeth, de 29 jours.
puis elle se retirèrent à l'ordre du Tout Les eaux se renforcent sur la terre;
Puissant, le sec parut, la terre poussa l'arche flotte à leur surface, v. 18.
sºn jet comme au troisième jour, et fut 5° mois, Sébat, de 30 jours.
de nouveau peuplée d'hommes et d'ani Les eaux se renforcent prodigieuse
IflflllX. ment, et couvrent les montagnes les plus
On peut lire, Gen. 6, 12-21. 7, 14-24., élevées, « sous tous les cieux, » v. 19,
la narration à la fois concise et riche en c'est-à-dire, évidemment, sur toute la
détails que fait l'historien sacré de la pre terre, ce qui donne le démenti le plus
mière partie de ce cataclysme. -
formel à ceux qui ne veulent voir dans
| Basnage (Antiq. Judaïq. II, p. 309) le déluge qu'une inondation locale et par
donne un calendrier de cette triste année; tielle. -

Calmet l'a copiê; mais comme ce calen 6e mois, Adar, de 29 jours.


drier ne nous paraît pas s'accorder tou Les eaux s'élèvent de 15 coudées au
jours avec le texte, nous essaierons de le dessus des plus hautes montagnes, v. 20.
ºrtifier.On doit placer le commencement Il n'est cependant pas possible de déter- .
de l'année diluvienne à la même époque miner le temps qui s'est écoulé entre les
que celui de l'année civile des Juifs, c'est divers degrés ou étages de cette effrayante
*dire vers l'équinoxe d'automne, au mois progression; le texte sacré nous dit seu
de Tisri; car l'année ecclésiastique n'ayant lement que les eaux du déluge furent sur
ºté introduite qu'en vue des fêtes reli la terre 150 jours, v. 10 et 24, avant de
#ienses des Juifs; il n'est pas probable décroître. . ' -

que Moise y ait voulu rattacher la chro Mois intercalaire, Beadar, de 29 jours.
ºlogie du déluge.La computation desan 20e jour. — Dernier jour de la per
ºs de douze mois ordinaires du calen manence des hautes eaux, et fin des 150
ºrier juif ne pouvant suffire aux périodes jours.
dºctroissement, de décroissement et de | 21e jour. — Les eaux commencent à
diminuer. Les sources de l'abîme et les
*jºur des eaux, nous avons été conduits
**upposer que l'année du déluge doit bondes des cieux sont fermées, et le vent
ºir été une de celles où se trouvait le souffle. Peut-être est-cece vent qui poussa
ºis intercalaire de Beadar. Voici ce ca l'arche jusque sur le lieu où elle devait
lendrier : - - s'arrêter, 8, 1. 2. 3. Il semble aussi que
-

As Du MoNnE 1656.— 601° DE NoÉ. 7, 18. indique un mouvement dans les


eaux, comme celui d'un courant qui au
1" mois, Tisri, de 30 jours. rait déjà pu déplacer l'arche, diriger son
Méthusélah meurt, âgé de 969 ans; son inertie flottante, et la pousser loin du lieu
ºs, le pieux patriarche Lémec, père de Où elle avait été bâtie. La traduction litté
rale est : « L'arche allait Sur les eatIX. »
º l'avait précédé de cinq ans dans la
ºmbe, Gen. 5, 27. cf. Es. 57, 1. 7e mois, Nisan, de 30 jours.
2 , mois, Marchesvan, de 29 jours. . Les eaux se retirent de plus en plus,
"jour. — Dieu ordonne à Noé d'en 8, 3.
I. 18
DEL 274 DEL !

17e jour. - L'arche s'arrête sur les 2° mois, Marchesvan, de 29 jours.


montagnes d'Ararat, v. 4. 27e jour. — La terre étant suffisam
8° mois, Ziph, de 29 jours. ment desséchée pour être habitable, Dieu
Les eaux continuent à baisser, 8, 5. commande à Noê de sortir de l'arche avec
· 9e mois, Sivan, de 30 jours. sa famille, v. 14.16. 18. Ils sortent.
Les eaux décroissent encore jusqu'à la
fin du mois. Voici maintenant les raisons pour les
Ainsi, depuis le 20° jour de Beadar, quelles l'addition du mois intercalaire
que commence la baisse, jusqu'à ce que nous a paru nécessaire. Le chapitre 8,
l'arche s'arrête, il s'écoule 26 jours : de versets 1 et 2, nous dit que ce ne fut que
puis que l'arche s'arrète jusqu'à ce que le 150e jour que les eaux s'arrêtèrent,
le sommet des montagnes soit découvert, puis qu'elles diminuèrent pendantquelque
72 jours; et depuis ce moment jusqu'à temps; ce n'est qu'après qu'il a été dil,
l'entière retraite des eaux, 88 jours ; ce v. 3, que les eaux se retiraient de plus
qui ferait donc 26 +72 + 88= 186 jours en plus de dessus la terre, que le ver
pour la décroissance du déluge. set 4 mous parle du jour où l'arche s'ar
10e mois, Thammuz, de 29 jours. rêta. Si l'on suppose l'année c0mp0sée
1er jour. — Le sommet des montagnes de 12 mois ordinaires des Juifs, qui S0lll
paraît au dessus de l'eau, 8, 5. Noé attend alternativement de 29 et de 30 jours, la
encore 40 jours, V. 6. , - ! fin des 150 jours de la croissance des .
11e mois, Ab, de 30 jours. eaux, comptée depuis le 17° jollr du 2°
· 12e jour. — Noé lâche un corbeau qui mois, porterait au 20° jour du 7° m0is ,
va et vient, 8, 6. 7., se nourrissant pro Selon ce calcul, l'arrêt de l'arche n'aurait
bablement des poissons morts que les guère pu avoir lieu que tout à la fin du
eaux en se retirant pouvaient avoir lais 7e mois ou au commencement du 8°. Mais
sés autour de l'arche sur les rochers qui il est dit que cet événement se passa le
la soutenaient, et revenant se pOSer sur 17e jour du 7º mois, ce qui, dans la Supr
l'arche lorsqu'il était fatigué, car il n'est position de l'année de 12 mois, bien loiu
point dit qu'il y soit rentré, et il n'est pas de laisser l'espace de temps indiqué parle .
probable qu'il ait trouvé plus de facilité à verset 3 pour la diminution préalable des .
se percher sur des arbres que la colombe eaux, ne donnerait même que 147 jºurs ,* º *
qui sortit après lui, - à leur croissance, au lieu des 150indiquº .
19e jour. — Noé lâche une colombe, dans le texte. - •
v. 8. Quelques interprètes croient qu'elle Jusque vers la fin du dix-septièmesº *
sortit en même temps que le corbeau, cle, personne n'avait mis en doute la Wº •
niºis au verset 10 nous voyons qu'avant rité de l'histoire du déluge; mais depº . *
de la lâcher une seconde fois, Noé atten Isaac Vossius, qui attaqua alors son º º
dit - encore sept autres jours, » ce qui versalité, jusqu'aux savants de la ſinº . *
indique évidemment qu'il s'était écoulé siècle dernier, qui en vinrent à le º ºt
une semaine entre la sortie du corbeau et entièrement, et à Voltaire qui chercha* º
la première sortie de la colombe. le tourner en ridicule, un grand nomºº ººº
26e jour. - La colombe sort une se d'opinions diverses ont été proposº ºs
conde fois et rapporte dans son bec une soit pour l'expliquer par des causes nº sº
branche d'olivier, V. 11. |relles, soit pour redresser ou réſulerldº *s
12e mois, Elul, de 29 jours. ou telle partie du récit de Moise. Maisº ,
2e jour. — Noé lâche la colombe pour Bible et la nature sont deux monuméº ººº
la troisième fois, et elle ne revient plus, impérissables de la vérité divine c0lllfº | º
v. 12. Il attend quatre Semaines. lesquels viendra toujours se briser lanº * .
AN DU MoNDE 4657. - 602° DE NoÉ. lice des incrédules; ils subsisterontloº .
1er mois, Tisri, de 30 jours. que toutes ces folles théories et les nº ºs
1er jour. — Noé lève la couverture de | de leurs auteurs seront depuis luuglempº ,
l'arche et regarde la terre qui se sèche, ensevelis dans l'oubli; et plus Qn les º ºss
V. 13. diera, plus aussi l'ou y reconnaiſſa, dºº ºe,
º#
| , ºu
DEL 275 DEL
lis plis petits détails, l'entière concor se mit à jaillir à sa surface par torrents,
lite de l0lls les faits géologiques qui se comme cela arrive encore de nos jours
fillldlelltall déluge, avec la description dans certains tremblements de terre tl'ès
letellecalastrophe telle qu'elle a été con violents , elle grossit en même temps les
stnre dans la Genèse, Les faits nouveaux mers, qui s'accrurent, s'élevèrent et dé
ºpliquer0nt des passages encore obscurs bordèrent, selon l'energique expression
Pºur l0uS, et réciproquement, la foi à la d'Eliphaz, « comme un fleuve qui a em
ltiilé le ces passages conduira à des dé porté anciennement le fondement des in
(uuWerles n0uvelles sur la constitution de justes, lesquels ont été retranchés avant
lºlre globe. leur temps, » c'est-à-dire avant la fin na
hlmiles difficultés qui se présentent, turelle de leur longue vie, Job 22, 16.
tlllt Il0us n'éluderons pas plus que nous Le texte ne dit pas quelle est la cause
*les lier0us, la première est celle-ci : qui a expulsé les eaux souterraines du
0mment l'eau répandue sur la surface sein de la terre, et les a fait jaillir à sa
l #lle a-l-elle pu suffire à l'inonder ? surface; mais une tradition rabbinique
tºile queslion nous conduit à examiner donnera peut-être laclé de ce phénomène.
lºcauses du déluge. Les rabbins prétendent, en effet, que les
la cause première, origine de toutes eaux du déluge étaient chaudes ; s'il en
ksalres, doit sans doute être cherchée est ainsi, l'on pourrait chercher la cause
ºs le conseil de Dieu, dans la volonté de leur soulèvement dans une action ex
ºke du Tout-Puissant, dont la souve traordinaire de la chaleur interne (Rou
º sºgesse a v0ulu ou permis cet évé gemont, Fragments, etc. p. 23).
ºl Lescauses secondes sont de deux Enfin la pluie, phénomène atmosphé
ºlles les unes morales, les autres phy rique tout nouveau pour le monde anté •

º Les causes morales sont indi diluvien , et qui dura quarante jours et
º, ſien. 6, 5-13.; ce sont les péchés quarante nuits, fut la troisième, et proba
ºlummes, leurs extorsions, leur vio blement la moins importante des causes
º, leur mépris de Dieu et de ses com qui amenèrent le déluge. On pourrait
"lemenls. Les causes physiques peu croire que la nouveauté de ce phénomène
ºl se découvrir, Gen. 1, 6.7.9. et 7, parut alors si extraordinaire, que les mots
ll lt Avant le déluge, les eaux appar « les fontaines de l'abîme et les bondes
º à notre planète n'étaient pas dis des cieux » ne se trouvent là que par
º comme elles le sont à présent : amplification , comme par une figure de
ºh lerre antédiluvienne il ne pleuvait rhétorique : mais si l'on fait attention au
º* 5 , l'atmosphère de notre globe texte, l'on verra que la pluie me tombe
ºlourée dune couche liquide,com que pendant quarante jours, 7, 17., tan
ºe sphère aqueuse, désignée dans dis que les eaux continuent à croître par
º par le nom d'eaux supérieures, trois degrés bien marqués, après qu'elle
# qui sont au-dessus de l'étendue . a cessé de tomber, v. 18. 49. 20., crois
ºººux C'est probablement la rup
life del'équilibre de ces eaux que l'Ecri
sance qui ne pouvait plus être attribuée à
la précipitation de l'humidité contenue
"ºitie en disant que, lors du dé dans l'atmosphère.
* les bondes des cieux furent ou En considérant comme des effets ces
lºis , 1, 1I. trois déplacements des substances liqui
"maire côté la Bible, par l'expres des de notre planète, diverses causes ont
" abimes , semble indiquer des été proposées pour en expliquer l'origine.
*deaux souterraines dont l'impor Nous ne répéterons pas ici les théories
*mºusestinconnue ; ce sont les eaux fantastiques de Woodward, Whiston,
ºquelles la terre est fondée et éten Scheuchzer, Demaillet, Lamarck, Rodig,
º 24,2.136, 6, et qui ont été ras Patrim et autres; mais il en est une, celle
ººmmeenunamas dans les lieux de Burnet, qui mérite d'être citée comme
ºdeliterieur de laterre, Ps. 33,7. pius conforme à certains passages de la
ºnt lientlesentraillesduglobe Bible et à certains phénomènes naturels.
DEL 276 DEL

En 1680, l'évêque Burnet publia un li sentants modernes, les éléphants , se


vre intitulé: « The sacred Theory of the trouve près des tropiques, l'on en avait
Earth, containing an account of the Ori conclu que la zône torride avait autrefois
ginal of the Earth , and of all the general passé par les pôles. En admettant la jus
Changes whichit hath already undergone, tesse de ces observations , nous devons
or is to undergo, till the consummation of cependant nous opposer à la conclusion
all things. » Quoique ce titre soit passa que l'on en tire; nous ferons remarquer
blement ambitieux, l'ouvrage le justifie du 1° que toutes les découvertes géologi
moins à un certain degré, car en prenant ques confirment pleinement le système
l'Ecriture sainte pour guide, le génie de qui attribue à la terre antédiluvienne une
Burnet a deviné pour ainsi dire plusieurs température générale beaucoup plus éle
faits relatifs aux révolutions de la surface vée et beaucoup plus égale que celle dont
du globe , que les découvertes de la elle jouit maintenant, circonstance qui
science, un siècle après sa mort, ont con explique suffisamment la présence des ca
firmés, ou rendu de plus en plus proba davres de mammouths au nord de la Si
bles. Il attribue à la terre antédiluvienne bérie ; et 2° que la forme sphéroïdale de
une température plus égale que celle d'au la terre et son aplatissement aux deux
jourd'hui , et semblable à un printemps pôles, montre assez que son axe de rota
perpétuel; il fait sortir les eaux du déluge tion n'a pas changé depuis que la figure
des lieux profonds et cachés de la terre ; de notre globe a été déterminée par la
il parle de la conflagration qui attend main toute puissante qui lui a fixé sa
notre globe, et des nouveaux cieux et de route dans l'espace. Mais cet aplatisse
la nouvelle terre qui paraîtront après cet ment ne prouve point que l'axe, restant
embrasement. Tout cela est, à la vérité, d'ailleurs le même, son inclinaison par
mélangé de diverses erreurs, provenant rapport au plan de l'orbite, n'ait pu va
de l'ignorance où l'on était alors de la rier. On pourrait alors admettre avec
plupart des lois de la physique : mais ces Burnet qu'avant le déluge, l'axe était per
erreurs ne doivent pas nous faire rejeter pendiculaire à l'écliptique, en sorte que
ce qu'il y a de vrai dans l'ensemble de ses cette ligne n'en formait qu'une avec l'é-
idées. — L'un des principaux traits de ce quateur, ce qui établissait dans chaque
système, c'est sa théorie du changementde zône une grande égalité de température.
l'axe de la terre, opinion déjà proposée par On comprend que le changement subit de
un Italien (Alessandro degli Alessandri), la position de notre globe, malgré la con
au commencement du seizième siècle ; tinuation de la révolution diurne et de la
cette idée fut combattue par Newton et, révolution annuelle, ait pu rompre l'équi
plus tard, par Laplace qui cherchèrent à libre des eaux et causer un déluge ( c'est
démontrer son improbabilité , ainsi que peut-être alors que commença le mouve
par Butler qui tournale système de Burnet ment de nutation de l'axe de la terre, qui
en ridicule. Cependant, si l'on suppose Serait ainsi comme un reste ou une trace
que ce changement d'axe n'a eu lieu que de l'ébranlement que subit alors notre
par rapport au soleil, et non par rapport globe; ce mouvement s'accomplit en dix
aux pôles actuels du globe, l'improbabilité neuf ans environ); mais cette secousse,
diminue de beaucoup. En faveur d'un vé cette position nouvelle ne pouvait prove
ritable changement d'axe, l'on a cité des nir que de celui qui avait anciennement
faits dans le genre de la découverte du créé la terre et les cieux. On ne doit
mammouth de Pallas, et l'on a dit que de point voir dans la théorie de Burnet l'in
tels animaux, originaires des pays chauds tention d'expliquer par des causes se
et trouvés près du pôle, indiquaient que condes et naturelles, ce qu'il y eut de mi
ces contrées avaient joui autrefois d'une raculeux dans le cataclysme par lequel
température bien plus élevée que celle l'Eternel jugea à propos de détruire l'an
qui y règne de nos jours , et comme cien monde , mais seulement le désir de
l'habitation actuelle des rhinocéros et des rechercher par quels moyens il plut à
mastodontes, ou plutôt de leurs repré Dieu d'amener le châtiment de ses créa
DEL 277 DEL
tures coupables. - Mais, dira-t-on peut-être, ces explica
Nous venons de remarquer que la p0 tions des causes du déluge, ces eaux sou
sition de l'axe perpendiculaire à l'éclip terraines, ces eaux supérieures que vous
tique, établissait pour chaque zône un dites avoir existé autrefois et dont vous
climat à peu près invariable (nous disons cherchez à établir l'existence par quel
à peu près, car, même dans cette sup ques passages difficiles à entendre, sont
p0sition, la forme elliptique de l'orbite et bien problématiques, et s'il est vrai par
la circonstance que le soleil en occupe, exemple que les eaux supérieures se soient
non le centre mais un des foyers, pour versées sur la terre , que sont-elles de
rait avoir occasionné quelque légère dif venues maintenant ? Sont-elles encore
férence de température aux diverses épo confondues avec les océans et les mers ?
ques de l'année) ; il s'en suit naturelle Y a-t-il actuellement assez d'eau sur le
ment que le changement survenu dans la globe pour qu'elle ait jamais pu couvrir
position de cet axe doit avoir introduit toute la terre habitable ? -

un changement correspondant dans les Les considérations suivantes nous sem


climats, et avoir fait que les zônes tem blent répondre d'une manière satisfai
pérées, par exemple, connussent des élé sante à cette question. Ajoutons que plu
vations et des diminutions alternatives de sieurs sont textuellement empruntées au
lempératures qu'elles ne connaissaient Manuel de géologie de De la Bèche, livre
pas auparavant. Or, que nous dit à cet écrit uniquement en vue de la science et
égard la Bible ? — Nous remarquerons sans prétentions théologiques ou reli
que le mot moh'adim, Gen. 1, 14., que gieuses. Elles auront donc d'autant plus
|! n0s traductions rendent dans ce verset de poids qu'elles se recommandent par
par saisons, ne se trouve nulle part em leur parfaite impartialité,
4 ployé pour signifier les variations de la « La proportion actuelle de la surface
# température ; il est toujours traduit par aqueuse du globe à la surface sèche est
, lieu, signe, temps, ou temps marqué environ de trois à un; l'on peut donc dire
| pour des solennités (tempus constitutum); que près des trois quarts de notre globe
dans d'autres endroits il signifie année, sont couverts d'eau; la superficie de l'O-
comme Dan. 12, 7., etc. — Il ne signifie céan Pacifique surpasse même à elle seule
saisons que d'une manière métaphorique, l'ensemble de toutes les terres connues.
comme lorsque nous disons qu'une chose Quoique d'après l'idée que nous nous en
ou expression « n'est plus de saison » ; formons ordinairement, nous disions que
ainsi, Ex. 13, 10. Les saisons proprementcertaines parties de la terre sont fort éle
ditessont indiquées pour la première fois, vées au-dessus du niveau de la mer, cette
mais sans être nommées, Gen. 8, 22., élèvation se réduit en réalité à fort peu
lorsque Dieu promet à Noé qu'il n'en de chose, si on la considère par rapport
verra plus de déluge sur la terre pour la au diamètre du globe. » L'épaisseur du
faire périr : « Tant que la terre durera, globe à l'équateur est de 12,753,702 mè
dit-il, les semailles et les moissons, le tres, soit 2,866 lieues géographiques (de
froid et le chaud, l'été et l'hiver, le jour 25 au degré ou de 4,450 mètres); le plus
et la nuit, ne cesseront point. » Le jour haut pic connu, le Chamalari, n'atteint
et la nuit existaient depuis le quatrième qu'à 8,518 mètres; les plus hautes cimes
jour de la création , mais les six autres des Alpes ne s'élèvent guère à plus de
termes de cette promesse, expressions 4,500 mètres; le Mont-Blanc seul à 4,810
correspondantesaux six saisons des Juifs, mètres environ, et la moyenne d'éléva
semblent indiquer qu'il était survenu, tion de la partie de la croûte terrestre
pendant le déluge ou en conséquence de qui est au-dessus de l'eau, en y compre
Ce cataclysme, de grands changements nant toutes les montagnes, plateaux ,
atmosphériques ou géologiques, et que plaines et dépressions, ne dépasse pro
Tuniformité de la température des zônes bablement pas 600 mètres, ce qui ferait
ayant été rompue, elle serait remplacée par seulement 1/21,000° de l'épaisseur du
les saisons et leurs variations régulières. globe. · · ·
DEL 278 DEL
Les aspérités de la surface du globe M. Elie de Beaumont croît que l'éléva
sont donc, relativement à son volume, in tion des hautes chaînes de montagnes,
finiment plus petites que celles de la peau comme celle des Andes, par exemple,
d'une orange ne le sont relativement à produite par un soulèvement du terrain,
la grosseur de l'orangè, Et si l'on sup aurait été suffisante pour occasionner un
pose un globe terrestre de 1 m 50 de dia déluge de l'autre côté du globe ; cette
mètre , on ne pourra y indiquer le plus idée adoptée par de savants géologues,
haut pic dont on connaisse l'élévation (le Buckland, Sedgwick, de La Bèche, est
Chamalari) que par une légère protubé combattue, presque tournée en ridicule
rance d'un millimètre ; le Mont-Blanc au par un autre savant, Lyell, et au milieu
rait un demi-millimètre; le Jura et les des opinions et des systèmes les plus di
montagnes plus basses ne pourraient se vers sur les moyens dont il a plu à Dieu
distinguer des plateaux et des plaines. de se servir pour effectuer le déluge, il
Quant à la profondeur de la mer, au est difficile de distinguer où est la vérité.
tant qu'on peut en juger, la moyenne est Jusqu'à présent il nous a paru que l'hy
de 4 à 5,000 mètres. Pour faciliter les †
de De Luc, déjà proposée par
calculs, et pour ajouter à leur évidence, ooke en 1688, était encore celle qui
exagérons dans les deux sens, c'est-à- concordait le mieux avec la Bible; et bien
dire donnons une plus grande hauteur qu'elle soit rejetée par des savants mo
moyenne aux terres, et une moins grande dernes pour les lumières desquels nous
profondeur moyenne aux mers; en d'au avons une haute estime, c'est à elle que
tres termes, supposons plus de terres éle nous croyons devoir nous arrêter jus
vées, et moins d'eau pour les couvrir qu'à ce qu'on nous en fasse connaître une
qu'il n'y en a réellement dans le sein des qui se justifie davantage. Voici comment
mers; il en restera encore pour submer elle § présentée par Cuvier : « Je pense
ger la terre et tout ce qu'elle contient. donc, avec MM. Deluc et Dolomieu, que
Supposant donc que la hauteur moyenne s'il y a quelque chose de constaté en gêo
des continents et des îles soit de 2,225 logie, c'est que la surface de notre globe
mètres, et que la profondeur de la mer soit a été victime d'une grande et subite rè
de 4,000 mètres, puisque les continents volution dont la date ne peut remonter
n'occupent qu'un quart de la surface du beaucoup au-delà de 5 ou 6,000 ans; que
globe, « il est très facile de se représen cette révolution a enfoncé et fait dispa
ter telle position relative de la terre et raître les pays qu'habitaient autrefois les
des eaux, que la terre ferme se trouve hommes et les espèces d'animaux aujour
de fait occuper le fond des mers, et que d'hui les plus connues ; qu'elle a, au con
de toutes parts la surface de notre globe traire, mis à sec le fond de la dernière
ne présente à l'extérieur qu'une couche mer, et en a formé les pays aujourd'hui
d'eau. » Dans cette supposition, la cou habités; que c'est depuis cette révolution
che de terre étendue au fond des mers que le petit nombre des individus épar
aurait une épaisseur de 1,668m 75, et les gnés par elle se sont répandus et propa
eaux qui la recouvriraient en auraient le gés sur les terrains nouvellement mis à
double, c'est-à-dire 3,337m 50. « Nous ne sec. Mais ces terrains avaient déjà été ha
devons considérer les terres ou conti bités auparavant, sinon par des hommes,
nents, que comme une certaine partie de la du moins par des animaux terrestres; par
surface inégale du globe qui se trouve | conséquent une révolution précédente les
temporairement élevée au-dessus du ni avait mis sous les eaux, et si l'on peut en
veau des mers, sous lesquelles elle pour juger par les différents ordres d'animaux
rait de nouveau disparaître, comme cela dont on y trouve les dépouilles, ils avaient
est déjà plusieurs fois arrivé. - (La Bè peut-être subi jusqu'à deux ou trois ir
che.) Ainsi, en ne tenant compte que des ruptions de la mer. » (Cuvier, Discours
eaux actuellement connues, on voit qu'il sur les révolutions de la surface du globe,
ylaaurait
terre.amplement de quoi inonder toute 3° édition, p.283.)
- · •
-

Comparons maintenant ce résultat de


DEL 279 DEL

la science avec ce que nous dit la Bible, Bible en nous donnant, Gen. 2, la des
et nous y trouverons un accord remar cription d'une partie du monde antédilu
quable. En parlant des hommes antédilu vien, emploie les noms de lieux actuelle
viens, Dieu dit : « Je les détruirai, et la ment existants, nous parle du Gihon, de
terre avec eux », 6, 13. Soutenir que l'Euphrate, du pays de Havila, du pays de
« toutes choses demeurent dans le même Cus , de l'Assyrie ; c'est donc en ces
état qu'au commencement de la création, lieux, a-t-on dit, et autour de ces lieux,
c'est ignorer volontairement ceci : c'est qu'ont habité les premiers hommes; les
que les cieux et la terre furent autrefois anciens continents sOnt donc aussi les
créés par la parole de Dieu ;» cette terre mêmes que ceux que nous connaissons
« qui fut tirée de l'eau, et qui subsistait aujourd'hui. Mais si l'on insiste sur la si
parmil'eau, périt par ces choses mêmes; » milarité des noms, on oublie les rapports
• le monde d'alors périt étant submergé de position relative qui nous sont indi
par les eaux du déluge, » 2 Pier. 3, 4.5. qués dans ce chapitre, rapports qui ne
6.Or, ces expressions si fortes : « je dé se retrouvent nullement dans les localités
truirai la terre des méchants , » — - le actuellement existantes. En effet, que li
monded'alors périt parles eaux, » peuvent sons-nous 9 « Un fleuve sortait d'Eden
elles s'éntendre d'une submersion mo pour arroser le jardin , et de là il se di
mentanée d'un pays?Supposons que l'An visait en quatre fleuves. » Les savants et
gleterre, par un affaissement des couches les commentateurs de la Bible se sont
souterraines, par une élévation de l'O- donné une peine infinie pour expliquer
céan, ou par toute autre cause, vienne à ce passage ; on a vouſu voir dans lès fleu
être inondée pendant quelques mois; puis ves du paradis quatre rivières existantes
qu'elle ressorte des eaux et se couvre de nos jours. Quant à l'Euphrate, dit-on,
comme auparavant de végétation; qu'un il ne peut y avoir aucun doute, c'est le
petit ndmbre d'Anglais échappent àl'inon fleuve connu aujourd'hui sous ce même
dation dans un vaisseau, avec des ani nom; le Tigre est clairement désigné
maux, puis qu'un an après, lorsque les dans la Bible sous le nom de Hiddekel ;
eaux se sont écoulées, ils débarquent sur : le Phasis est le Pison, et l'Araxe le Gui
ce même pays, qu'ils l'habitent de nou hon : ces quatre fleuves sortent tous de
veau et le cultivent comme auparavant, l'Arménie; c'est là donc qu'étaît le para
pourra-t-on dire que l'Angleterre a été dis terrestre. Maisil est évident que quoi
dêtruite P qu'elle a péri avec tout ce qu'elle que ces rivières prennent leur source
contenait P Non , ces expressions indi dans des contrées peu éloignées les unes
quent une destruction plus complète , des autres, elles n'ont jamais pu fôrmer
telle, par exemple, que celle qui aurait · un seul fleuve divisé en quatre bras. L'Eu
été la conséquence naturelle de l'affaisse phrate a deux sources : celle qui est la
ment des anciens continents et de leur plus voisine de l'origine du Tigre en est
submersion permanente. Ceci explique encore distante de 400 kilom. La source
aussi pourquoi l'on ne trouve point sur de l'Araxe (qui se jette dans la mer Cas
la terre actuelle de fossiles humains; tous pienne ) est, il est vrai, à quelques lieues
les habitants de l'ancien monde, tant hom d'une des sources de TEuphrate, près
mes qu'animaux terrestres, ont dû être d'Erzeroum, mais elle en est ſéparée par
entraînés au fond de l'Océan, où, mêlés une chaîne demontagnes; le Phasis enfin,
avec le limon qui y a été déposé dans la que l'on suppose être le Pison, prend sa
suite des siècles, ils contribueraient main source à près de 320 kilom. au nord de
tenant à la formation des roches subma celle de l'Euphrate. On ne peut donc rat
rines (comme les animaux victimes des tacher les fleuves paradisiaques à l'Eu
révolutions antérieures) , si le jour ne phrate actuel. . - | -

s'approchait pas où la mer sera forcée de Les raisons qui ont été proposées en
• rendre les morts quisont en elle », Apoc. faveur de cette hypothèse pourraient tout
20, 13. - - • jº ;
aussi facilement s'appliquer au Djihoun
A cette théorie l'on a objecté que la (l'Oxus), qui prend sa source à 2,000 ki
DEL • 280 DEL

lom. d'Erzeroum, dans les monts du Be (ou Tigre), et l'Euphrate, portant des
lour, et se jette dans la mer d'Aral. ll noms antédiluviens, quoique dans une
serait facile de chercher dans le Sihon ou position géographique relative très diffé
Jaxartes, et dans deux autres grandes ri rente de leurs prototypes. . l •
· ·· ,· f

| vières dont les sources sont peu éloi Autre difficulté: le mont Ararat, sur le
gnées de celles du Guihon, le Hiddekel , quell'arche de Noé s'arrêta, est aujourd'ui
le Pison et l'Euphrate. couvert de neiges qui ne se fondentja
Si les noms des fleuves sont un guide mais; comment Noé et sa famille ont-ils
incertain pour trouver le site d'Eden, et pu vivre dans une température si froide
par conséquent l'emplacement des anciens et dans un air si raréfié ? —- Réponse :
continents, les noms des pays le sont à mesure que les eaux s'élevaient, les
tout autant. Où est le pays de Havila ? couches atmosphériques s'élevaient avec
Deux descendants de Noé ont porté ce elles, de telle façon que l'air qui envi
nom, l'un fils de Cus, l'autre fils de Jok ronnait l'arche au moment même de la
tan, Gen. 10, 7.29., et cela lors de la dis plus haute crue des eaux, n'était ni plus
persion ; duquel des deux s'agit-il, et où froid, ni plus raréfié que celui qu'on re
leur portion leur a-t-elle été assignée ? spirerait de nos jonrs au niveau de la
Qu'est-ce aussi que ce pays de Cus ? Ce mer à la même latitude. Ceci est d'autant
, nom est donné dans la Bible tantôt à l'A- plus important à remarquer que nous
rabie Pétrée, tantôt à la Bactriane, tantôt | verrons tout à l'heure que l'arche s'est
à l'Assyrie, tantôt à l'Ethiopie ou la Nu probablement arrêtée dans des régions
bie. Après toutes ces incertitudes, qui bien autrement élevées, relativement aux
nous garantit que le pays nommé Assur, basses terres actuelles, que ne le sont les
Gen. 2, 14., soit bien le même qui fut montagnes de l'Arménie.º, ,l! ! n
, plus tard l'Assyrie ? - Pour n'avoir pas voulu recevoir pure- .
Nous ne rappellerons pas ici les diver ment et simplement le récit de Moïse, on
ses hypothèses qui ont été faites pour s'est aussi créé bien des difficultés rela
concilier la description du jardin d'Eden tivement à l'arche. Nous ne les rappelle
avec un endroit quelconque de la terre ; rons pas ici , puisqu'elles sont traitées
il est facile de les réfuter. L'on n'a pu et aplanies dans une autre partie de cet
découvrir jusqu'à présent la véritable po ouvrage (v. Arche); nous ajouterons seu
sition du paradis terrestre, et on ne le lement que, si comme on a tout lieu de
pourra jamais , s'il est vrai, comme nous le croire, la température de la terre était
le croyons, qu'il ait été englouti au fond avant le déluge plus chaude et plus uni
des mers par le déluge avec les anciens forme qu'elle ne l'est de nos jours;si de
continents ; mais l'explication qui nous plus, comme M. de Rougemont l'a établi,
paraît la plus naturelle et la plus simple le nombre des espèces d'animaux était
est celle-ci : de même que les colons eu moindre avant qu'après le déluge, il n'y
ropéens qui se sont établis en Amérique, a rien que de très facile à comprendre
ont donné aux localités nouvelles pour dans tout ce récit. Avant le déluge, les
eux des noms de leur ancienne patrie qui hommes ne formaient qu'un peuple : les
leur étaient chers, comme Nouvelle-Es animaux habitaient probablement ensem
pagne, Nouvelle-Angleterre, New-York, ble les mêmes climats, les mêmes con
Nouvelle-Orléans, ou même des noms eu trées ; par conséquent ils n'eurent pas de
ropéens sans y ajouter l'épithète de nou longs voyages à faire pour se rendre dans
veau, comme Boston, Vevey, Paris, Franc l'arche, ainsi qu'on a voulu le supposer.
fort, etc.; ainsi les Noachides, à leur Nous ne pouvons nous empêcher de
sortie de l'arche, donnèrent probablement faire ici un rapprochement qui offre quel
aux montagnes, aux vallées, aux rivières que intérêt. En 1839, un ouragan effroya
qu'ils découvrirent, les noms qui leur ble avait soulevé les flots du golfe de
avaient été familiers avant le déluge : cela Bengale avec tant de violence que la mer
explique comment on trouve de grandes se porta avec une force extraordinaire
rivières comme le Guihon, le Hiddekel sur les terres, remontantſ à quelques
DEL 281 DEL

lieues dans l'intérieur par le Delta du montagnes d'Ararat, veuille dire simple
Gange; les îles qui se forment à l'em ment au-dessus, mais sans les toucher;
bouchure du fleuve par l'accumulation du s'il en est ainsi , l'on comprend qu'il se
limon, et qui dans ce climat chaud et soit écoulé soixante et douze jours entre
humide se couvrent promptement de vé le moment où l'arche s'arrêta, et celui où
gélation et d'animaux, furent en partie les premiers sommets des montagnes pa
entraînées par les eaux; ce fut en parti rurent , car, pour ne pas parler des hau
culierle sort de lagrande île de Saint-Ed tes cimes des monts Yunnan en Chine,
mond qui était cultivée et habitée par une qui n'ont pas encore été mesurées, le
population assez nombreuse. On vit alors plus haut pic dont on connaisse l'élé
hommes et quadrupèdes, oiseaux et rep vation en nombres, celui du Chamalari
tiles chercher le même abri contre la fu dans l'Himalaya, a 26, 266 pieds, (envi
reur des eaux; dans un jardin dont les ron 9000 mètres); ce qui, en y ajoutant
murs avaient résisté au courant, se réfu 15 coudées, soit 22 pieds, donnerait
gièrent pêle-mèle et sans penser à se pour le maximum de la crue des eaux
nuire réciproquement, des Européens, diluviennes une hauteur totale de 26,288
des Malais, des Indous, des animaux do pieds. Lors donc que le sommet du Cha
mestiques, des serpents, des cerfs et malari parut à fleur d'eau, il y avait en
deux tigres sauvages, tout autre instinct core au-dessus de l'Ararat une couche
ou disposition de timidité ou de férocité de liquide de 14,288 pieds d'épaisseur,
naturelle cédant au besoin de pourvoir à puisque celui-ci n'a que 12,000 pieds
la sûreté individuelle, et disparaissant d'élévation; ou, ce qui revient au même,
devant l'effroi qu'inspirait le combat des le Chamalari devait déjà être de 14,260
éléments déchaînés. , , , , , , pieds hors de l'eau quand le sommet de
Sans doute les animaux furent dirigès l'Ararat parut. Si l'on veut entendre par
vers l'arche par une intervention spéciale le mot sur, Gen. 8, 4, que l'arche toucha
delaProvidence, comme celle qui fit pren effectivement les rochers de l'Ararat, on
dre aux deux génisses des Philistins le peut faire remarquer que le v, 5 du ch. 8,
chemin de Bethsémès, 1 Sam. 6, 9-12. ne parle pas (comme 7, 19.) de toutes les
Mais il est bien possible que l'effroi que plus hautes montagnes qui étaient sous
devait leur causer des phénomènes aussi tous les cieux, mais simplement des mon
effrayants et aussi inaçcoutumés que la tagnes, et cela après avoir fixé la posi
rupture des sources du grand abîme et tion de l'arche : l'on pourrait donc l'en
des cataractes des cieux,ait été un moyen tendre des montagnes de la contrée en
de dompter temporairement leur férocité vironnante; effectivement elles sont bien
naturelle, et de les assujettir au très pe plus basses que l'Ararat, dont le double |
lit nombre d'hommes qui se trouvaient pic, toujours couvert de neiges éblouis
enfermés avec eux. - - * -
·| santes, s'élève comme un géant au milieu
Au cent cinquantième jour, est-il dit d'une vaste plaine et domine toutes les
dans le texte, l'arche s'arrêta sur les hauteurs qui l'entourent. Mais voici une
m0ntagnes d'Ararat; les eaux environ troisième solution qui nous paraît être la
nantes continuèrent à décroître, et ce ne véritable. -

fut que dix semaines plus tard que l'on | Si au lieu de chercher l'Ararat dans
aperçut le sommet des montagnes; il fal le système des monts appartenant au
lait donc que celui de l'Ararat fut exces Caucase occidental , on le cherche dans
sivement élevé en proportion des autres, le Caucase indien, l'Immaüs des anciens,
et cela ne s'accorde pas avec ce qui nous qui comprenait l'Himalaya et le Hindou
est connu des contrées de l'Arménie où Koush , nous arriverons à des résultats
existe de nos jours le volcan de ce nom. plus satisfaisants et qui concorderont
lon peut concilier de plusieurs manières mieux avec le récit biblique, et avec les
Cette contradiction apparente. En effet, traditions des plus anciens peuples. Cette
il est bien possible que la Genèse, en di idée, proposée il y a plus de deux siècles
sant, 8, 4., que l'arche s'arrêta sur les et demi par sir Walther Raleigh, adoptée
DEL 282 DÉL
et soutenue depuis lors par Shuckford, gemont, Fragments, etc. Kirby, Brid
Kirby et quelques autres savants , est gewater Treatise, I, p. 45.46., etc.).
aussi celle qui paraît la plus naturelle. Un fragment de poésie sanscrite, traduit
Nous ne connaissons pas, il est vrai , il y a quatre années dans le Quarterly
de pic ou de cime appartenant à ces chaî Review, nous représente Menou (le Noé
nes qui porte le nom d'Ararat, mais si indien) et les sept personnes qui avaient
nous remarquons, d'une part, que ces avec lui échappé au déluge, comme seuls
pays sont encore fort peu connus des dans le monde sur un grand vaisseau
Européens et, de l'autre, que les noms conduit par un poisson. Après avoir vo
des lieux ont souvent changé, nous ne gué ainsi pendant des années, ils attei
nous étonnerons pas que celui de la mon gnent le plus haut pic du Himavan (Hima
tagne sur laquelle descendit l'arche, ait laya) qui paraissait au-dessus des eaux ;
pu se perdre dans les siècles suivants. le poisson dit à Menou d'y attacher son
Ce qu'il y a de certain, c'est qu'après le navire, et de nos jours encore, dit l'au
déluge, les premiers hommes descendi teur sanscrit, ce pic porte le nom de Nau
rent bientôt des montagnes dans les ré bandhana. Les Afghans croient que l'ar
gions plus basses, étant chassés par le che s'arrêta sur le Suffid-Koh, entre Cà
froid qui augmentait sur les terres éle boul et Peshawur, montagnes couvertes
vées à mesure que les eaux s'abaissaient de neiges éternelles; mais il est probable
ou que les continents surgissaient du que ce n'est pas encore là le véritable
sein des mers; et qu'après avoir che Ararat. , . . -
miné, pendant plusieurs années, d'orient La grande chaîne de rHimalaya, qui
en occident, ils arrivèrent dans le pays forme la frontière septentrionale de l'inde,
de Sinhar où ils bâtirent Babel. Or, s'ils depuis l'Assam au Punjab, perd son nom
étaient venus de l'Arménie, ils auraient après avoir passê l'Indus au nord-est de
cheminé du nord au sud, ou même au Cachemire, et prend celui de Hindou
sud-sud-ouest, ce qui est tout à fait Koush; quoique le nom soit donné par
contraire à l'expression mikkedem, em extension à toute la chaîne qui s'étend de
ployée Gen. 11, 2. | Gilget à Hérat, ce n'est à proprement par
La direction dé l'émigration des pre ler que celui d'un pic immense qui s'élève
miers hommes, indiquée dans le passage à une hauteur si considérable au-dessus
que nous venons de citer , s'accorde des monts environnants, que le voyageur
d'une manière remarquable avec la tra Burnes dit qu'il les fait paraître comme
dition du Zend Avesta sur les premiers des collines insignifiantes (A. Burnes,
établissements des nations sur la terre. general and geographical Memoir on part
Dans le 1er Fargard du Vendidat, Or of central Asia, et, Travels into Ro
§ §conte §e qu'il avait créé khara). Et cependant une de cès collines,
un lieu de délices, nommé Eerteene le Koh-i-Baba, mesuré par Burnes, a
Veedjo ( confondant l'habitation d'Adam 18,000 pieds d'élévatiôn, et le col ou pas
avant la chute, avec celle de Noé après le sage de Kalou sur la route de Caboul à
déluge): là dessus Ahriman , l'esprit du |
Barnian est déjà à 13,000 pieds. Dans ces
mal, crée l'hiver qui chasse les premiers montagnes, cette dernière mesure est
hommes, et les contraint à former d'au bien au-dessous de la limite des neiges
tres établissements; Balkh, Nesa, et Meru dites éternelles; à 10,000 pieds au-dessus
en Khorassan, al Soghd, Caboul, Hérat de la mer on y voit des champs labourés
sont nommés successivement, et toutes que l'on ensemence à la fin de mai pour
ces villes sont aux environs de la haute les moissonner en octobre, tandis que sur
chaîne de montagnes qui lie le système les Alpes on trouve déjà la neige perpé
de l'Himalaya avec les chaînes de l'Asie tuelle entre 8 et 9 mille pieds ( D'après
centrale.(Heeren, Id. ub. die Politik, etc.) Humboldt, la limite des neiges sur les Cor
Les traditions indiennes et chinoises dillières de Quito (sous l'équateur) est
placent aussi dans cette partie de l'A- de 14,760 pieds de roi : sur les Cordil
sie le berceau de l'espèce humaine (Rou lières de Bolivia, elle est même à plus de
DEL 283 DEL
16,000 pieds). — Quant au grand pic au qui s'est écoulè entre le moment où l'ar
quel appartient proprement le nom de che s'y serait arrêtée, et celui de l'appa
Hindou-Koush, il n'a jamais été mesuré; rition des sommets des montagnes voi
mais à en juger par la longueur de son sines, et le voyage des Noachides qui ve
manteau de neige et l'extrême rareté de nait de l'Orient lorsqu'ils arrivèrent au
lair sur le col qui est à sa base, il doit pays de Scinhar; et la tradition du Ven
être probablement la montagne la plus didat sur les premiers établissements des
haute du monde; les hommes les plus ro hommes; et bien d'autres circonstances
bustes des environs, quoiqu'accoutumés encore , entre autres l'application des
à respirer les couches d'air raréfié qui se noms des rivières paradisiaques à des
trouvent à 10 ou 12 mille pieds au-dessus fleuves post-diluviens, et l'ordre de cette
de la mer, ont la plus grande peine à tra application. En effet, supposant que Noé
verser ce col; la respiration devient très et ses enfants eussent abordé sur le Hin
difficile, l'on éprouve des vertiges et des dou-Koush, les premiers hommes se se
vomissements, la plupart des bêtes de ront naturellement répandus sur le haut
somme qui tentent ce passage y périssent, pays environnant; puis la difficulté d'y
et même les oiseaux, ne pouvant se sou voyager les aura engagés à descendre
tenir en l'air, sont contraints de marcher dans des parties plus accessibles, la di
et meurent presque tous sur les neiges. minution de la chaleur leur faisant en
Ce fait est attesté par des historiens an même temps rechercher les plaines. ll
ciens aussi bien que par les voyageursmo n'est point extraordinaire qu'ils aient
dernes. Ceux qui se hasardent dans ce donné aux grands fleuves qu'ils trou
périlleux passage évitent toute espèce de vaient sur leur chemiſi, des noms qui leur
bruit, de crainte, disent-ils, que l'ébran étaient déjà connus; ils auront nommé le
lement ne détermine la chute des avalan premier Pison; peut-être était-ce le Ca
ches. - -
boul ou l'Indus; après avoir exploré une
Puisque les symptômes éprouvés au partie des contrées au sud de l'Hindou
passage du Hindou-Koush sont les mê Koush jusqu'à l'une de ces deux rivières,
mes que ceux qu'on éprouve au sommet trouvant le pays trop montueux, ils se
du Mont-Blanc : que la ligne des neiges seront peut-être tournés vers le nord,
sur le revers septentrional de l'Himalaya puis ils auront donné à l'Oxus le nom de
est, d'après Maltebrun, à environ 15,600 Guihon ou Djihoun, qu'il porte encore
pieds, tandis que sur les Alpes elle est à de nos jours. De là, continuant leur che
$ 220; puisque d'autre part la cime du min d'Orient en Occident, presqu'en li
Mont-Blanc atteint 14,600 pieds, c'est gne droite, de Balkh (ou Bactres) à Ba
à-dire 6,380 pieds au-dessus des neiges bylone, le troisième grand fleuve qui se
éternelles, ce n'est pas trop que de † trouvait sur leur route est le Tigre, qu'ils
p0ser la même différence sur le Hindou auront appelé Hiddékel; le quatrième est
Koush, entre la limite des neiges et le l'Euphrate; c'est le même ordre dans le
haut du col, ce qui donnerait à ce der quel ils sont énumérés dans la Genèse. .
lier près de 22,000 pieds d'élévation ; la Une difficulté reste encore à exami
pyramide du Hindou-Koush, qui s'élève ner : d'où provenait la branche d'olivier
au-dessus du col, pourrait donc avoir une que la colombe rapporta à Noé ? Les com
hauteur totale, égale ou supérieure aux mentateurs qui ont fait aborder l'arche en
plus hautes cimes de l'Himalaya, et l'ar Arménie ont été émbarrassés de trouver
dhe aurait pu s'arrêter sur cet Ararat in que l'olivier ne croissait point dans ce
dien, alors même que l'eau dépassait de pays; mais d'autres ont prouvé qu'il y
beaucoup la hauteur des plus hautes mon croissait anciennement, lorsque la tempé
lagnes qui sont sous tous les cieux. rature de la terre était plus chaude qu'elle
· C'est ce géant entre les montagnes que né l'est de nos jours (Richter, Hausbibel);
hous croyons être le véritable Ararat, et d'autres aussi ont démontré que les oli
sil'on admet cette supposition, elle éx viers peuvent pousser des feuilles sous
plique et la longueur de l'espace de temps l'eau.Mais, d'un autre côté, les géologues
DEL 284 DEL

pensent que la force dissolvante et corro de commencer à germer sur la partie de


sive des eaux du déluge, dont on voit de la terre que les eaux avaient laissée à dé
nos jours tant de traces, de ces eaux qui couvert; une semaine après elle trouva
avaient enlevé les rochers des plus hautes déjà des rameaux et des feuilles, mais
cimes, creusé des vallées, rompu en quel pas de branche assez forte pour qu'elle
ques lieux des digues naturelles, élevé pût s'y percher; lorsqu'elle sortit pour la
ailleurs des amas de débris, de boue et de troisième fois, le bois commençait déjà à
cailloux, laissé après leur passage des pouvoir la porter. La température de ces
lacs et des méditerranées; — ils pensent, hautes contrées étant alors celle des plus
disons-nous, que des eaux agissant avec basses régions de l'air, il n'est pas éton
une telle force, doivent avoir détruit toute nant qu'il pût y croître des oliviers dans
la végétation, enlevant dans leur cours ce temps-là, tandis qu'aujourd'hui l'on ne
les couches de terre végétale, et tout ce trouve à leur place que des neiges qui ne
qui y croissait. Comment alors l'olivier fondent jamais.
aurait-il résisté ? Pour nous qui croyons, Nous devons faire observer ici que l'his
avec Cuvier et d'autres, que les anciens toire du déluge nous donne une preuve
continents ont été détruits, nous ne pou remarquable de la manière de compter le
Vons admettre qu'aucun arbre antédi temps; il était évidemment divisé en se
luvien se trouvât dans le voisinage de maines , 7, 4. 10.8, 9.10.12., ou espaces
l'arche, croissant au lieu qui l'avait vu de sept jours ; et il n'est pas probable
naître avant le cataclysme; il n'aurait pu que le pieux patriarche Noé, cet homme
s'y trouver, à la rigueur, que quelques juste et plein d'intégrité, qui marchait
plantes marines. Nous pensons que lors avec Dieu, négligeât ses commandements
qu'après les 150 jours Dieu fit sortir la et oubliât de sanctifier le septième jour
terre du sein de l'eau, ce qui se passa fut établi pour être un jour de repos dès la
une répétition du 3e jour de la création ; création du monde.
Dieu dit : « Que les eaux qui sont au-des ll paraît que longtemps encore après le
SOus des cieux soient rassemblées en un déluge il continua de s'opérer dans le mon
lieu et que le sec paraisse, et ainsi fut. » de des changements remarquables; la vie
Et la terre après cette crise, ou soir cos des hommes fut abrégée , les langues et
mogonique, obéissant aux lois qui lui les nations se formèrent, et prirent d'une
avaient été données au 3e jour, poussa manière permanente les caractères na
son jet et produisit de l'herbe portant sa tionaux qui forment leur cachet distinc
semence selon son espèce, et des arbres tif. Les variétés produites chez les ani
qui avaient leur semence en eux-mêmes. maux par la différence des climats , de la
De même que pendant les trois derniers nourriture et du genre de vie, donnèrent
jours de la création, et après les soirs naissance aux espèces. Dans la nature
cosmogoniques qui les ayaient précédés inanimée il s'opérait des changements
en bouleversant tout ce qui se trouvait correspondants : les contrées volcaniques
sur la surface du globe, la végétation s'é- qui forment l'archipel indien, celui du
tait chaque fois reproduite, ainsi, après Japon, les Kouriles, les Aléoutes, les An
le déluge, la terre nouvelle qui venait de tilles , après avoir été assez longtemps
sortir des eaux se couvrit de plantes et élevées au-dessus des mers pour que les
d'arbres utiles à ses nouveaux habitants ; isthmes qui les joignaient eussent pu ser
les conditions de chaleur et d'extrême hu vir de passage aux hommes qui allèrent
midité qui furent alors si défavorables à s'y établir, s'enfoncèrent probablement
la longueur de la vie des hommes, durent, dans l'eau à peu près au point où nous les
au contraire, pénétrer les plantes, comme voyons aujourd'hui, de manière à ne lais
sous les régions humides des tropiques, ser au-dessus de la surface que les par
d'une vigueur végétative extraordinaire, ties les plus élevées de ce vaste continent
et leur procurer une prompte croissance ; sous la forme d'îles et d'îlots. Si l'on
ainsi, lorsque la colombe sortit pour la trouve cette hypothèse trop hardie, l'on
première fois, les plantes ne faisaient que n'a qu'à examiner ce qui se passe actuel
DEL 285 DEL

lement dans ces mêmes régions, et l'on prétendons pas cependant par là, que
sera convaincu que si de nos jours en toutes les îles, et tous les pays aient été
core des îles et des montagnes surgis habités dès le temps de la dispersion ;
sent de l'Océan , tandis que d'autres con au contraire, il est notoire que plusieurs
trées sont englouties par la mer, de sem lieux sont restés inhabités pendant des
blables changements ont bien pu avoir siècles, jusqu'à ce que les progrès de la
lieu il y a 4,000 ans. Dans les îles Aléou navigation y aient fait aborder des hom
tes, par exemple, en 1806, une île sortit mes, soit par suite de voyages, de décou
de la mer, qui avait 4 milles géographi vertes et de conquêtes, soit qu'ils y aient
ques de tour; une autre fut formée en été jetés contre leur gré par des tempê
1814, sur laquelle était un pic de 3,000 tes et des naufrages. Pour ne citer que
pieds de haut. En 1737, par suite de trem l'exemple le plus rapproché de nos pays,
blements de terre et d'irruptions volca l'Islande n'a été découverte que dans le
niques, la côte du Kamtchatka subit de huitième siècle, et la première colonie s'y
grands changements : des lieues entières établit l'an 874 ; ce ne fut qu'un siècle
de côtes s'enfoncèrent dans la mer, des plus tard, qu'un seigneur, Torwald, dé
plaines furent soulevées et devinrent des couvrit le Groënland et s'y établit ; il en
plateaux, de nouvelles baies et de nou est sans doute de même d'un grand nom
veaux lacs furent formés. Le 4 février bre d'îles de la mer du Sud. A ce propos
1797, une étendue de pays de 40 lieues nous ferons remarquer que les pays dont
de long et 20 de large, près de Quito, re nous venons de parler, offrent une nou
cut une forte impulsion d'ondulation qui velle preuve du refroidissement graduel
dura quatre minutes et renversa de fond de la chaleur du globe, car l'Islande et le
en comble toutes les villes et villages ; ce Groënland jouissaient il y a mille ans
mouvement se fit sentir plus ou moins d'un climat doux et tempéré ; il y crois
sur une longueur de 170 lieues du nord sait beaucoup d'arbres les côtes étaient
au sud. et de 40 de l'est à l'ouest , au couvertes de verdure, la mer très pois
pied du volcan de Tunguragua la terre sonneuse et les forêts pleines de gibier,
s'entrouvrit et donna passage à des tor (Mallet, Introd. à l'hist. du Danemark). A
rents d'eau et d'une boue fétide, qui dans la même époque la vigne et le grenadier
des vallées de 1,000 pieds de largeur at croissaient en Angleterre.
teignirent à la hauteur de 600 pieds, On peut reconnaître dans cette inter
laissant sur leur passage des dépôts de ruption des communications, une direc
limon qui interceptèrent une rivière et tion particulière de la sagesse éternelle,
amenèrent la formation de lacs, jusqu'à qui voulait qu'après trente-sept siècles
ce que l'eau accumulée pendant 80 jours, de séparation, les hommes, en se retrou
eut acquis une masse suffisante pour vant, retrouvassent aussi chez presque
rompre et entraîner ces digues. (Lyell, tous les peuples ces traditions si remar
Principles of Geology, vol. l, p. 470.510. quables sur la création, la chute des pre
472.) miers hommes, le meurtre d'Abel et sur
Il serait facile de multiplier à l'infini tout ce déluge duquel date la formation
les exemples, mais nous croyons en avoir de toutes les races actuelles, ce déluge
dit assez pour démontrer la possibilité qu'on voit représenté dans la langue hié
de la rupture des isthmes qui unissaient roglyphique des Chinois, comme sur les
au nord l'Asie avec l'Amérique, au Sud monuments mexicains et sur la médaille
l'Asie avec la Nouvelle-Hollande et t0u d'Apamea Kibotos ; évènement dont le
tes les îles intermédiaires, isthmes qui sOuvenir Se retrouve nOn-Seulement chez
n'étaient plus nécessaires après avoir tOutes les natiOns instruites de l'anti
contribué à l'exécution de l'ordre de quité européenne et asiatique, mais en
Dieu, Gen. 8, 17. 9, 1., en fournissant core aux îles Sandwich, chez les tribus
aux hommes et aux animaux un chemin errantes de l'Amérique du nord, comme
pour se répandre sur la plus grande par chez les Péruviens et les Mozcas dans la
tie de la terre et la peupler. — NOus ne Péninsule méridionale. — Il serait trop
DEL 286 DEL

long de donner ici un résumé de ces tra pour nous donner une grande et effrayan
ditions; ceux de nos lecteurs qui dési te leçon, qui enseigne aux hommes à fuir
reraient examiner ce sujet, trouveront le péché et à s'attacher à l'Eternel comme
des détails intéressants dans les Frag au rocher des siècles, qui seul subsiste,
ment de l'histoire de la terre, de M. F. lorsque les grandes eaux des tribulations
de Rougemont, que nous avons souvent engloutissent tous les rochers terrestres
eu l'occasion de citer ; dans l'ouvrage sur lesquels nous cherchons trop souvent
du docteur Wiseman, intitulé Lectures notre appui. Le déluge est un emblème
on the connexion between science and du châtiment éternel qui atteindra un
revealed Religion, I, 133. 328-371., II, jour les méchants, et l'arche est celui du
127-152.; dans le Dictionnaire des cultes seul moyen de salut qui nous est offert ;
religieux, article Déluge ; v. aussi le Dis il ne servit de rien aux hommes de se te
cours sur les Révolutions de la surface nir près de Noé et de nager à côté de
du globe, par Cuvier, p. 165-179; l'His l'arche en suivant la même direction; c'est
toire des Incas, de Garcilasso de la Vega; dans l'arche qu'il fallait ètre : ainsi l'on
la Conquête du Pérou, par don Augustin aurait beau être près de la vérité, tout
de Zarate ; l'Analyse des traditions reli près de la foi, si l'on n'est qu'à peu près
gieuses des peuples de l'Amérique, par chrétiens à l'heure où l'abîme du tombeau
Kastner, et en général toutes les mytho viendra réclamer sa proie, si l'on n'a
logies. pas contracté alliance avec Dieu par
Quelques auteurs croient que les tra Christ le seul médiateur, cela ne servira
ditions diluviennes qui portent le nom de de rien ; les flots du déluge arriveront
Yao en Chine, d'Ogygès et de Deucalion mugissants, non pas ceux du grand abîme
dans l'occident, ne sont pas des traces seulement , mais les flots de « l'étang ar
défigurées du déluge universel seule dent de feu et de souffre, ce feu éternel
ment, mais se rattachent à des inonda qui est préparé au diable et à ses anges.»
tions postérieures qui auront eu lieu par (Apoc. 19, 20. Jude 6, 7. - Matth. 25,
la rupture de lacs, et divers changements 41.) — Si au contraire, comme Noé, nous
volcaniques ou autres survenus depuis avons trouvé grâce devant Dieu par la
Noé sur la surface du globe ; nous ne foi au sang de Christ, et que comme lui
prétendons pas décider cette question, nous marchions avec Dieu, Gen. 6, 8.9.,
mais ce qui nous paraît certain, c'est qu'à nous n'aurons rien à craindre : quand nous
toutes ces traditions se trouve mêlée l'i- passerons par les eaux, Dieu sera avec
dée du repeuplement de la terre par une nous, et elles ne nous noieront point, Es.
seule paire d'êtres humains, idée qui est 43, 2. Qu'est-ce qui a perdu l'ancien
évidemment la même que celle qui nous monde ? Les mauvaises pensées et leurs
est donnée sous sa véritable forme dans fruits, savoir : la désobéissance, l'impiété,
le récit de Moïse. la malice, la corruption, l'extorsion, Gen.
Nous ne pouvons quitter cet intéres 6, 5.11. 12. 1 Pier. 3, 20.2 Pier. 2, 5.
sant sujet, qui mériterait d'être traité 3, 7., l'incrédulité en un mot, car Noé
bien plus longuement qu'on ne peut le était à l'ancien monde un prédicateur de
faire dans un ouvrage de cette nature, justice pendant qu'il bâtissait l'arche et
sans faire encore quelques rapproche que la patience de Dieu attendait pour la
meIltS. -

dernière fois. Mais ils ne crurent point


L'histoire du déluge a été inscrite dans à sa parole, ils ne l'écoutèrent point, ils
nos livres sacrés par la direction du ne se repentirent point, comme le firent
Saint-Esprit, non comme un simple do les Ninivites à la prédication de Jonas ;
cument historique qui, seul entre tous les ils ne changèrent rien à leur conduite ni
livres que possèdent les hommes, raconte à leur genre de vie, « ou mangeait, on
leur véritable origine et donne la clé de buvait, on prenait et On donnait en ma
la formation des langues et des nations, riage, et le déluge vint qui les fit tous
et des traces de bouleversement que l'on périr ; » mais Noé crut, comme Abraham,
remarque Sur notre globe, mais surtout et cela lui fut imputé à justice, « car c'est
DEM 287 DEN
par la foi que Noé ayant été divinement rend ; quelques-uns supposent que c'est
averti des choses qu'on ne voyait point le même que le précédent; il aurait été
encore, craignit, et bâtit l'arche pour converti plus tard; rien n'appuie comme
sauver sa famille; par là il condamna le rien ne combat cette supposition, cepen
monde et fut fait héritier de la justice dant peu probable; on croit qu'il était
qui est par la foi » Hébr. 11, 7.,—v. les pasteur.
Sermons de Rochat, t. VI. -
DÉMON. v. Diable.
DEMAS. Un des membres de l'église DENIER. Monnaie romaine qui s'in
primitive; il se trouvait à Rome pendant troduisit en Judée, Matth. 18, 28. Marc
la première captivité de saint Paul, et lui 14, 5. Luc 7, 41. Au temps de Jésus
témoignait alors de l'attachement, Col. 4, Christ, elle avait pour empreinte un por
14. Philém. 24.; plus tard il l'abandonna trait de l'empereur, et c'est à l'occasion
par faiblesse, par crainte de la persécu d'une tentative des Hérodiens et des Pha
tion peut-être, et par amour à monde, risiens contre Jésus, que celui-ci leur ré
2 Tim. 4, 10., nous laissant un triste pondit : « Rendez donc à César ce qui est
exemple de l'inconstance et de l'infidélité à César, et à Dieu ce qui est à Dieu, »
produite par l'attachement à ce présent Matth. 22,19.Marc 12, 16. Le denier équi
siècle et par les soucis de la vie. valait à la drachme attique, Plin. 21, 109.
DÉMÉTRIUS, 1° Act. 19, orfèvre d'E- (environ 83 centimes). C'était l'impôt par
phèse dont le principal revenu consistait tête § les Juifs étaient obligés de payer
dans la fabrication de petits temples en aux Romains.
argent, représentant le fameux temple de DENOMBREMENT, Act. 5,37., ou De
Diane qui se trouvait à Ephèse, et que scription, Luc 2, 2., v. ce que nous avons
I'on considérait comme l'une des sept dit à l'article Cyrénius. Ces deux dénom
merveilles du monde. La prédication de brements furent ordonnés par des païens,
saint Paul ayant detourné un grand nom maîtres d'Israël. Un dénombrement plus
bre de personnes du culte de cette déesse, célèbre dans l'histoire de ce pays est celui
fit baisser considérablement le prix de la qui fut fait par David et puni d'une mor
marchandise, ce que Démétrius et les talité qui emporta 70,000 hommes. L'am
siens prirent en mauvaise † : Démétrius bition, sans doute, et peut-être cette in
en particulier qui retirait le plus grand quiétude vague qui accompagne dans la
profit de cette vente, et qui paraît avoi
été habile et rusé, réunit ses ouvriers §† et l'oisiveté celui qui a vécu jusque
à dans l'activité la plus prodigieuse, au
les gens de son métier, s'arma des grands milieu des combats et des guerres, ce be
noms de la religion, de la divinité, du cul soin de faire quelque chose quand on n'a
le en danger ; échauffa toutes les têtes, rien à faire, ce besoin que l'on éprouve
et fit si bien qu'après qu'il eut parlé, tous dans le moment de la transition entre une
sortirent en criant pendant plusieurs activité extérieure et une activité inté
heures : Grande, grande est la Diane des rieure, lorsqu'on est assez calmé pour
Ephésiens! toute la ville fut dans la con renoncer à l'agitation et pas assez pourse
fusion; on courut au théâtre, Paul même livrer à des travaux tranquilles, tout cela
voulut s'y rendre et n'en fut empêché que contribua à pousser à cette mesure le mal
par ses amis; Alexandre ne put se faire heureux roi qui oubliait que jamais jus
eutendre parce qu'il était juif, et ce n'est alors, aucun dénombrement n'avait été
que tard que le secrétaire, l'un des ma fait que sur l'ordre exprès du grand et
gistrats de la ville, réussit à apaiser la vrai Roi d'Israël. On trouva dans les deux
sédition en faisant craindre au peuple que royaumes 1,300,000 hommes de guerre,
les magistrats supérieurs, les proconsuls, sans compter les infirmes, les femmes et
n'élevassent contre eux tous une accusa les enfants. Ce péché d'orgueil fut puni :
tiond'émeute, et ne les fissent condamner. un ange vint de la part de l'Eternel an
2 Démétrius, 3Jean 12...cllrétien fidèle noncer à David la destruction d'une partie
auquel l'apôtre rend un excellent témoi de ce peuple dont il était fier, et lui donna
gnage, ajoutant que la vérité aussi le lui le choix entre sept années de famine, trois
DEs 28s DES
mois de défaites à la guerre, ou trois jours pendant (midbar en hébreu) doit se
de mortalité : ce dernier moyen fut celui prendre dans une signification beaucoup
que David préféra, aimant mieux tomber plus étendue, s'appliquant non-seulement
entre les mains de l'Eternel qu'entre les à ces mers de sable que l'on trouve en
mains des hommes, 2 Sam. 24.1 Chr. 21. Orient et particulièrement en Arabie,
D'autres dénombrements eurent lieu, à mais encore et surtout à ces paisibles so
la sortie d'Egypte, pendant le voyage du litudes qui forment comme la banlieue des
désert, lors de l'établissement d'Israël en villes de bergers, solitudes de plaines et
Canaan, et après le retour de la captivité, de montagnes, quelquefois rocheuses, ra
Ex. 12, 37. 30, 12. 38, 26. 2 Chr. 17, 14. rement boisées, presque toujours riches
Esd. 2. Néh. 7. - -

en pâturages abondants, et fréquemment


· DENYS , Act. 17, 34. Un des mem baignées par les eaux d'un torrent. Esaïe,
bres de l'Aréopage, qui fut converti par Jérémie, Joel, et presque tous les pro
la prédication de saint Paul à Athènes : phètes, nous parlent en quelques endroits
nous ne savons que cela de lui, mais l'on de dèserts inhabitables, sauvages asiles
a ajouté beaucoup de détailsàson histoire ; des bêtes féroces, lieux de deuil et de cris
on l'a fait mari de Damaris qui fut con lugubres; mais ailleurs, et dans la plupart
vertie en même temps que lui; on l'a fait des cas, il ne s'agit que de pacages soli
premier évêque d'Athènes et martyr ; on taires que parcourent les troupeaux, et
l'a fait enfin premier évêque de Paris, en où l'on rencontre encore les ambulantes
le confondant avec celui qui plus tard, en cabanes des bergers qui font ressortir la
effet , devint évêque de cette ville. Les · solitude en voulant rappeler les hommes,
écrits qui nous restent sous son nom ne Ps. 65, 12. Jér. 9, 2. 10. Joel 1, 20. Luc
sont certainement pas authentiques. 15, 4. Les villes de la Judée avaient pres
DÉPOTS. Les conventions écrites n'é- que toutes, et suivant leur grandeur, des
tant guère en usage aux temps anciens , steppes fertiles pour l'alimentation de
la loi avait dû s'occuper d'une manière leurs troupeaux , et c'est ainsi que nous
spéciale de garantir les dépôts à leurs | devons nous représenter les déserts nom
propriétaires, contre la négligence et sur breux dont il est parlé dans l'Ecriture.
tout contre la mauvaise foi des déposi Nous n'en indiquerons que les principaux.
taires. Suivant les cas, le serment inter Le désert de Juda, Jos. 15, 20.61.Jug.
venait comme garantie de la véracité des 1, 16., ou désert de la Judée, Matth. 3,
parties intéressées, Ex. 22, 7-13.; le dé 1., cf. 11, 7; district rocailleux dans la
positaire n'était tenu qu'à la restituton du partie orientale de la tribu de ce nom, et
dépôt si c'était lui-même qui l'avait dé s'étendant de la rive droite du Cédron,
tourné ; si un larron l'avait dérobé de jusque vers la ville de Hen-Guédi, et le
chez lui sans sa complicité, le propriétaire long des bords de la mer Morte. De nos
devait se contenter du serment; c'était joursencore on remarque, près du couvent
lui qui était volé et qui perdait. de Sabas, un désert nu, plein de caver
-

DERBE , petite ville de Lycaonie près nes, de crevasses et de rochers, et dont le


des monts Isauriens, au sud d'Iconie, au caractère sauvage augmente en avançant
sud-est de Lystre. C'est à Derbe que Paul vers le Nord. — Au sud-ouest du désert
et Barnabas se retirèrent après avoir été de Juda, mais y attenant, le désert de
chassés d'lconie, Act. 14. 6. Gaïus, l'ami Tékoah, 2 Chr. 20, 20., au sud-est le dé
de saint Paul était derbien, 20, 4. La tra sert de Hen-Guédi, 1 Sam. 24,2., le dé
dition porte que Timothée était aussi sert de Ziph, 23, 14., celui de Mahon, 23,
natif de cette ville. 25., et au sud celui de Béer-Sébah, Gen.
DÉSERT. Ce nom, qui dans notre es 21, 14. C'est dans le désert de Juda que
prit , revêt ordinairement des images Jean Baptiste prècha la repentance, et vit
d'horreur ou de majesté, qui ne marche accourir à ses paroles sévères tant d'âmes
qu'avec les épithètes de sauvage ou de pieuses, et tant de curieux indifférents ;
terrible , qui rappelle des sables, des si la tradition nous montre encore à deux
tourbillons et des tomheaux, ce nom ce lieues de Bethléhem un endroit connu Sous
DES 289 DES
le nom de désert de saint Jean , ce ne Celui de l'Arnon, Nomb. 21 , 13., sur
peut être la solitude qui fut le théâtre de les frontières de Galaad et de l'Arabie
son activité, et s'il y a quelque fonde déserte , une des dernières stations des
ment à la tradition on doit admettre lsraélites avant la traversée du Jourdain.
plutôt que c'est le désert dans lequel il Celui d'Edom , 2 Rois 3, 8., dont on
se prépara, par le jeûne et la prière, à la ne peut déterminer exactement l'étendue
vie publique à laquelle il allait être ap et la position.
pelé. Celui de Tadmor ou Palmyre, 2 Chr. 8,
Le désert de Jéricho , Jos. 16, 1., se 4., entre l'Euphrate, l'Oronte et le Chry
trouvait compris entre la ville de Jéricho sorrh0as.
et la montagne des Oliviers ou le village Le désert de Diblathajim , Nomb. 33,
de Béthanie, à 8 kilom. de Jérusalem, dans 46., dans le pays de Moab, Ez. 6, 14. Jér.
une contrée aride et crevassée, où la tra 48, 22.
dition place la scène du Samaritain misé Enfin le désert d'Egypte, Ez. 20.36.,
ricordieux Luc 10, 30. Cet endroit porte autrement dit encore le désert d'Arabie,
encore le nom de Kan du Samaritain. ou le grand désert, le lieu hideux, Deut.
Après une rapide descente, on arrive 32, 10., qui comprend sous un nom gé
dans les plaines de Jéricho , et l'on voit néral la plupart des solitudes que nous
vers le nord s'élever une montagne cal venons de nommer, celles que traversè
caire fort escarpée, la Quarantania, dans rent les Israélites pour se rendre d'Egypte
les cavernes et les solitudes de laqueile en Canaan , et qui firent donner à cette
0n veut que Jésus ait passé les quarante longue marche le nom de Voyage du dé
jours de son jeûne, Matth. 4. sert. On trouvera la suite et le narré de
Au nord de Jérusalem, le désert de Ga ce voyage, Ex. 14,-19, 32, depuis la sor
baon, 2 Sam. 2, 24. tie d'Egypte jusqu'à la promulgation de
Près de là, sur la frontière nord-ouest la loi; et Nomb. 10, 11. - 22, 1. jusqu'à
de la tribu de Benjamin, et adossé à la l'arrivée d'Israël aux bords du Jourdain
tribu d'Ephraïm, le désert de Beth-Aven, vis à vis de Jéricho. La partie du voyage
Jos. 18, 12. comprise entre le mont Horeb (Sinaï) et
Celui des Rubénites, dans le plat pays, l'arrivée des Israélites dans le pays des
Deut. 4, 43. C'est là que se trouvait Bet Amorrhéens, est racontée Deut. 1, 2. 19.
ser, la ville de refuge. 2, 1. 10, 6. et suiv. Enfin le 33° chap. des
Le désert de Bethsaïda, Luc 9, 10. Nombres , 5-50., offre laliste des stations
En dehors des limites de la terre pro parcourues depuis Rahmésès jusque près
mise, plusieurs autres solitudes sont en du Jourdain de Jéricho ; il nomme entre
core mentionnées dans l'Ecriture. Hatséroth et le désert de Paran (Nomb.
Le désert de Sur dans lequel s'enfuit 11, 35. 12, 15. 13, 1.) dix-huit stations
Agar, chassée de la maison d'Abraham, ou campements dont il n'est pas parlé
Gen. 16, 7., et qui fut une des premières dans le récit plus détaillé de l'Exode et
'stations des Israélites dans le désert , des Nombres; en revanche on n'y trouve
Ex. 15, 22. On l'appelait aussi désert pas les endroits mentionnés Nomb. 11,
d'Etham, 13, 20. 1. 21, 16. 19. On peut remarquer encore
Celui de Paran dans l'Arabie Pétrée, d'autres petites variantes, cf. Nomb. 33,
près de Kadès-Barné; Ismaël y demeura, 30. avec Deut. 10, 6. et Nomb. 20, 22 ;
Gen. 21, 21. Les Hébreux y voyagèrent mais ces différences s'expliquent tout na
et y passèrent quelque temps, Nomb. 10, turellement par le fait que le chap. 33e
t2. 13, 1. On l'appelait aussi désert de des Nombres est, en quelque sorte, une
Tsin, 20, 1. carte routière, une liste de route qui in
Le désert de Sin (différent de Tsin), dique la marche générale, tandis que les
entre Elim et le mont Sinaï, Ex. 16, 1. autres chapitres ne mentionnent que les
Le désert de Sinaï, dans le voisinage de faits remarquables, sans rien dire, par
la montagne de ce nom, Ex. 19, 2., célè conséquent, des lieux où il n'y avait rien
bre par la promulgation de la loi. à dire, où aucun événement digne d'être
l. '19
DES 290 | DET
raconté n'a eu lieu. Il n'est pas besoin de sur un assez long espace de pays, et dOn
prendre des ciseaux pour concilier ces nant à leur campement le nom de l'en
divergences, en retranchant ici et là des droit où se trouvait le tabernacle de l'E-
passages ou des noms propres, à la façon ternel. On pourrait croire aussi que le
de certains rationalistes. chef terrestre de ce peuple, désespérant
Quant à l'exacte position de la plupart de réussir avec la génération vivante, eût
de ces campements, on peut désespérer résolu de la laisser s'éteindre , et d'at
de la connaître jamais : posés sur le sable, tendre une race neuve, qui n'eût goùté ni
un coup de vent a dû les faire disparaître la servitude , ni les concombres de l'E-
du jour au lendemain. Là où aucun signe gypte, et qui , plus forte , plus dure et
particulier ne peut faire reconnaître la moins efféminée, devait lui promettre da
place, on a beau lui donner un nom, elle vantage l'obéissance et le courage néces
se perd; cependant on a retrouvé plu saires au succès de son entreprise.—Pour
sieurs de ces stations, que les sources ou ceux des théologiens modernes qui sont
les montagnes voisines ont préservées de aussi incrédules que l'étaient les Juifs
l'oubli; les voyages modernes , et parti d'alors, il reste une difficulté insoluble,
culièrement celui du professeur Schu c'est de savoir comment les Hébreux ont
bert, ont jeté une nouvelle lumière sur pu être nourris pendant quarante ans,au
plusieurs de ces noms. La carte de ce nombre d'environ trois millions d'âmes :
voyage peut se dresser avec passable ceux-là ne comprennent pas non plus que
ment d'exactitude quant aux traits gé notre Sauveur ait pu nourrir cinq mille .
néraux, avec aucune pour les détails, hommes avec cinq pains et deux pois
(Voy. des enf. d'Isr.; v. la carte.) sons; il faut naturellement regarder tou
Quarante années furent consacrées à tes ces histoires comme des fables, ou
Cette expédition, pour laquelle quarante croire que Dieu voulut user de sa puis
· jours auraient suffi, Nomb. 14, 33. 33, sance créatrice : le chrétien le croit, ilac
38. Deut. 8, 2. Deut. 2, 14. L'Ecriture cepte le miracle; l'incrédule ne le croit
nous en donne la raison, Nomb. 14, 23. pas , il dit en son cœur : Il n'y a point de
30. cf. 26, 65. ; après de longues rebel Dieu ; la manne et le rocher d'eau vive
lions, de longues incrédulités, le peuple ne lui suffisent pas.
de la promesse , arrivé à Kadès-Barné, à Mentionnons encore comme une der
la vue du pays promis, avait refusé en nière acception du mot désert, celle dans
core de croire à la parole de son Dieu : laquelle ce mot est pris Ex. 23, 31. cf.
douze espions envoyés n'avaient pu, mal Deut. 1 1, 24. Jos. 1, 4. Dieu promet aux
gré le tableau brillant qu'ils avaient fait Israélites d'étendre leurs frontières de
de cette contrée, vaincre la résistance du puisle désertjusqu'au fleuve (l'Euphrate);
peuple. Dieu, ennuyé de cette généra le désert comprend alors toutes les con
tion, avait juré dans sa colère qu'ils n'en trées situées entre le Jourdain, les mon
treraient jamais dans son repos, Ps. 95, 10. tagnes de Galaad et l'Euphrate.
Nomb. 14, 23.30. 34. 26, 65. Ils durent DETTE. Les lois juives sur les dettes
errer de nouveau dans cet affreux désert étaient, comme presque toutes les au
pendant quarante années, jusqu'à ce que tres, favorables au pauvre, au malheu
tous les hommes àgés de plus de vingt reux, au débiteur. La loi du jubilé s'op
ans y eussent laissé tomber leurs corps posait à ce que, parmi les Hébreux, les
en poussière. On pourrait facilement , uns devinssent trop riches et les autres
sans l'intervention divine, comprendre trop pauvres; cependant une pauvreté
encore ces longs errements : il ne s'agis momentanée pouvait tomber sur l'agri
sait, après tout, que de mener une vie no culteur : ses champs pouvaient être sans
made, et les Israélites ne voulant ni es moisson, sa vigne sans vendange ; les ac
sayer la conquête de la Palestine, niren cidents ou les maladies pouvaient lui dé
trer en Egypte , n'avaient de ressource truireson bétail, sa demeure pouvait avoir
que dans les pâturages du désert ; ils al besoin de réparations; il était dans la
laient d'une station à l'autre, s'étendant gène et il lui fallait de l'argent. Moïse,
-
DEU 291 . DEU

pôur lesoulager, avait deux choses à faire: 2 Sam. 12, 16. 13 , 31. Es. 47, 1.
luiprocurer d'abord cet argent nécessaire, Néh. 1, 4. Job 2, 8. 16, 15. Matth. 11,
puis empêcher que ce prêt ne lui devînt 21. ; ils déchiraient leurs vêtements sur
0néreux , ce dernier but fut atteint par la poitrine, Gen. 37, 29. 44, 13. Jug. 11,
la simple défense que le législateur fit 35. 1 Sam. 4, 12. 2 Sam. 1, 2. 11. 13,
aux riches de recevoir aucun intérêt sous 31. 3, 31. ( ordonnance royale pour ho
aucune forme , Ex. 22, 25. Lév. 25, 35 norer la mémoire et le convoi d'Abner :
38. Deut. 23, 19. 20. (excepté des étran ce passage prouve combien cette prati
gers commerçants, Deut. 23, 20.). D'un que était en usage), 1 Rois 21, 27.2 Rois
aulre côté , puisque le riche ne trouvait 5, 8. 6, 30. 11, 14. 19, 1. 22, 11. 19.
aucun intérêt à prêter son argent, et qu'il Esd. 9, 3. Est. 4, 1.; ils se faisaient des
eût pu ne pas le faire , le législateur l'y incisions ou des égratignures au visage
engage, le lui commande, au nom de la et sur le corps, Jér. 16, 6. 41, 5. 47, 5.
fraternité universelle, de la conscience et et 48, 37. , quoique cet usage païen
de Dieu lui-même, Lév. 25, 35. Deut. 15, (AEn. 4, 673. 12, 871.) fût expressément
7.8.11. Maintenant un juste équilibre en défendu par la loi de Moïse, Lév. 19, 28.
lre les droits du prêteur et ceux de l'em Deut. 14, 1 ., comme il l'était aussi par la
prunteur, le riche pourra demander un Loi des douze tables (Cicer. De Legib. 2, .
gage, mais le pauvre choisira ce qu'il lui 23.). Ils jeûnaient (v. Jeûne) lorsqu'ils
conviendra de donner, Deut. 24, 6. 10-12. menaient deuil sur un mort, revêtaient
17. Si enfin l'emprunteur se trouvait dé certains habits de deuil (v. Sac), négli
cidément hors d'état de payer, le capital geaient leurs vêtements et les soins mê
n'était pas perdu pour celui qui avait prê me de la propreté, ne se lavaient point,
té: il était hypothéqué sur le champ du n'oignaient pas leurs corps, 2 Sam. 12,
débiteur, sur ses meubles, sur sa per 20. 14, 2. 19, 24. cf. Matth. 6, 17.; ils
sonne même qui entrait en servage; mais dépouillaient tous leurs ornements en bi
en l'année bénie du jubilé, l'égalité des joux et en broderies, Ez. 26, 16., et,
fortunes venait effacer de nouveau la comme on l'a dit, ils se coupaient la barbe
Créance du riche et la dette du pauvre.— qu'ils ne regardaient pas comme un de
De prisons pour dettes, il n'en est jamais leurs moindres ornements ; ils se cou
question. vraient le bas du visage, Ez. 24, 17. 22.
DEUIL. Les Hébreux, comme en géné Mich. 3 , 7. ou même la tête toute en
ralles Orientaux, exprimaient leur dou tière, 2 Sam. 15, 30. 19, 4. Est. 7, 8., Jér.
leur d'une manière plus vive, plus bru 14, 3.; ils se tenaient courbés et mar
yante, plus extérieure , que ne font les chaient lentement, 1 Rois 21 , 27.; enfin
peuples de l'Occident : quel que fût le su ils montaient sur les plates - formes de
jetde leur affliction, que ce fût le déshon leurs maisons pour y pieurer, Es. 15, 3.
heur, la misère, l'exil, ou la mort d'un 22, 1.
proche et d'un ami, ils criaient et gesti Le temps du deuil pour les morts était
culaient avec violence jusqu'à ce que le en général de sept jours, 1 Sam. 31, 13.
premier paroxisme de leur peine fûtpassé: 1 Chr. 10. 12.; dans des cas extraordi
lls mettaient la main sur la tête, 2 Sam. naires, il était plus long : Aaron et Moïse
13, 19.; ils se frappaient la poitrine ou les furent, chacun, pleurés pendant trente
reins, Nah. 2, 7. Luc 18, 13. Jér. 31, 19. jours, Nomb. 20, 29. Deut. 34, 8., et Ja
(cf. Virg. AEn. 4, 673.); ils s'arrachaient cob pendant soixante et dix jours par les
0u Se rasaient les cheveux de la tête et le Egyptiens, pendant sept autres jours par
poil de la barbe, Esd. 9, 3. Job 1, 20. Joseph, Gen. 50, 3.10.
(cf. En. 12, 870.); ils se versaient des Pendant le deuil, leurs amis venaient
cendres sur la tête, 1 Sam. 4, 12.2 Sam. les visiter, soit pour les consoler, soit
1,2.13, 19. 15, 32. Néh. 9, 1. Ez. 27, pour leur apprêter de la nourriture ,
30. Lam. 2, 10. Job 2 , 12.; ou s'as Prov. 31 , 6.; mais tout ce qu'ils man
seyaient et se roulaient dans la cendre geaient était souillé , Os. 9, 4.
et dans la poussière , Ezéch. 27, 30. DEUTÉRONOME. Ce nom du cinquiè
DEU 292 DIA

me livre de Moïse signifie en grec se où Dieu recueille son esprit et rend à son
conde loi , ou répétition, récapitulation corps les derniers devoirs.
de la loi. Le Deutéronome est ce qu'indi Quelques auteurs ont pensé que le
que son titre, mais il est une récapitula Deutéronome n'était pas de Moïse, puis
tion générale et non minutieuse, d'idées qu'il allait jusqu'à la mort de ce législa
et non de paroles, d'histoire et non de teur : mais rien ne justifie une pareille
détails: il est grand, noble, sérieux, ten supposition ; et l'on peut en détacher le
dre, plein d'onction, plein d'une sublime dernier chapitre seulement, que l'on croit
poésie; c'est presque un chant épique. avoir été, dans l'origine, le commence
Moïse avait cent vingt ans lorsqu'il le ment du livre de Josué. — v. Pentateu
composa ; c'était la dernière année de sa que; cf, aussi le commentaire de Calvin,
vie : il était dans les plaines de Moab et Haevernick, Einl. in das A. T.
(1, 5. cf. 34, 1.) : vieillard deux fois aussi DEVIN, v. Divination.
âgé que tous ceux qui l'entourent (sauf DIABLE. Ce nom qui signifie en grec
Caleb et Josué), il a bien des conseils de accusateur, calomniateur, est celui que le
sage expérience à donner; législateur en Nouveau Testament donne au prince des
voyé de Dieu, il doit à sa mission de lui ténèbres, à l'esprit du mal, au tentateur,
rendre témoignage encore avant de mou Matth. 4, 1. 5.8.11. Apoc. 12, 9. 20, 2.
rir, il maintiendra jusqu'à la fin les lois 1 Jean 3, 8. Le plus grand des anges dé
qu'il a données, les vérités qu'il a prê chus, grandeur sublime tombée, il s'est
chées, et il les maintiendra comme justes séparé de Dieu par un premier essai d'in
et saintes , comme imposées de Dieu, dépendance, qui a été d'autant plus effi
comme étant par là même la seule source cace que sa nature était plus relevée; il
de bonheur pour les Israélites qui vou ne pouvait être médiocre en s'isolant,
dront y obéir ; il les sanctionnera de son mais par là même il s'est perdu : dans sa
dernier souffle. chute il a cherché et réussià en entraîner
La période comprise dans le livre du un grand nombre d'autres, qui l'ont suivi
Deutéronome est de deux mois environ; dans son péché et dans sa ruine ; il a de
elle s'étend depuis le premier jour du on mème séduit et assujetti à la condamna
zième mois de la 40°(Deut. 1,3., plusieurs tion les hommes que Dieu avait d'abord
éditions portent par erreur 4e) année de créés droits. — Différents noms lui sont
la sortie d'Egypte jusqu'au onzième jour donnés : Satan, Job 2, 1.; Bahal Zébub, 2
du douzième mois de la même année. Rois 1, 2., ou Béelzébut, Matth. 12, 24.;
On peut diviser ce livre en quatre par tentateur, Matth. 4, 3.; Antichrist, 1 Jean
ties principales : 1° Récapitulation de 2, 18.22.2 Jean 7.; démon, Jean 10, 20.;
l'histoire des Hébreux contenue dans les serpent ancien et dragon, Apoc. 12, 9.
livres précédents, ch. 1-4.; 2° répétition 20.2.; meurtrier et menteur dès le com
des lois morales, cérémonielles et judi mencement, Jean 8, 44.; enfin dans les
ciaires, 5-26. ; 3° confirmation de la loi, livres apocryphes, Asmodée, Tobie 3, 8.
27-30. ; 4° derniers jours de Moïse ; il 6, 15., démon voluptueux qui tuait les
annonce au peuple que Josué lui succé maris dont il était jaloux.
dera dans le gouvernement général et Le nom de démon était une épithète
dans l'autorité; puis il écrit les choses générale qui, chez les païens, se prenait
qu'il vient de dire, confie aux lévites et dans un sens favorable, signifiant un gé
aux anciens le livre qui contient ses pa nie, une divinité : dans l'Ecriture, il se
roles, et ordonne que lecture en soit faite prend toujours en mauvaise part, tantôt
tous les sept ans dans l'assemblée géné en parlant des esprits infernaux, tantôt
rale, à la fête des Tabernacles : il termine pour désigner les esprits des morts, bons
par un cantique de bénédictions, mais il ou mauvais, réels ou imaginaires, Matth.
annonce en mème tempsaux Hébreux leurs 9, 32. Luc 11, 14. 13, 16.1 Chr. 21, 1. 1
infidélités futures , et veut que ses der Rois 22, 21. Eph. 6, 16. 1 Pier. 5, 8.
nières paroles soient copiées et méditées Mille questions surgissent autour de
de tous; il monte enfin sur le mont Nébo, cet effroyable ennemi du genre humain ;
DIA 293 DIA

l'on se demande comment il est fait, où il ne reste plus que lui. — Quel allége
il habite, quelle est son action sur l'hu ment ! Mais quel allégement plus grand,
manité, quels sont ses moyens de séduc plus doux, plus réel, plus sûr, de se re
tion, quels sont ses rapports avec Dieu, mettre entre les mains de celui qui a brisé
quel sera son sort final : on s'est demandé la tête du serpent, et qui triomphe et nous
enfin si même il existait ! Plusieurs de ces fera triompher au dernier jour. Il n'y a
questions sont permises, mais on ne peut pas une vérité qui ne vaille toutes les er
y répondre : d'autres proviennent de reurs possibles.
mauvaise curiosité, l'on ne doit pas y ré Les raisons qu'on allègue pour essayer
pondre : la dernière est faite par l'incré de soutenir cette thèse moderne qui tue
dulité. d'un mème coup et le péché qui n'a plus
Il faut convenir que de tous les moyens d'origine, et l'enfer qui n'a plus ni prince
de séduction, puisque nous en avons dit ni but : ces raisons, si l'on peut les ap
un mot, le plus habile que puisse em peler ainsi , reviennent toutes à de sim
ployer le malin esprit, c'est d'empêcher ples assertions. On commence par dire
les gens de croire à son existence : avec qu'il n'est pas parlé du diable dans l'An
personne il ne revêtira sa forme natu cien Testament, et par tourner en poésie
relle et repoussante; aux âmes pieuses il les passages les plus historiques où il en
se présentera déguisé en ange de lu est fait mention, Gen. 3, Job 2, 1. 1 Chr.
mière : à ceux que son existence pour 21, 1. Zach. 3, 1., etc. Puis l'on applique
rait gêner, il tâchera de faire croire au Nouveau Testament le même système
d'interprétation, en le modifiantau moyen
qu'il n'est qu'une chimère, qu'il n'existe
réellement pas, qu'il n'est pas ques de la méthode d'accommodation que no
tion de lui dans la Bible, que les an tre Seigneur était censé employer lors
ciens pères et les anciens orthodoxes n'é- qu'il parlaitaux Juifs, adoptant leurs idées
taient que des rêveurs, que depuis qu'on afin de leur mieux inculquer les siennes ;
ne croit plus aux revenants on ne doit plus de cette manière, les passages Matth. 4,
croire au diable non plus. Cette croyance, 1. Luc 4 , 1. Jean 13, 2. 1 Jean 3, 8. l
ou plutôt cette absence de croyance, est Pier. 5, 8. Apoc. 12, 9. 20, 2., et cent
évidemment de nature à soulager beau autres ne prouvent, en effet, absolument
coup celui qui désire être débarrassé d'un rien ; mais avant d'admettre ce système,
frein aussi redoutable : si les uns vous nous attendrons qu'il soit lui-même prou
disent que le diable est le père du péché, vé, et l'on peut poser en fait qu'il n'est
quelle chaîne pour vous que celle qui pas un lecteur sérieux de la Bible qui ne
vous unit à lui : mais si le diable peut voie l'existence du diable clairement éta
vous persuader que la parole de Dieu blie par nos saints livres.
n'est qu'un mauvais songe, quel allége Quant à la forme de cet être malfai
ment! Oui, quel allégement! mais qu'il sant, il est clair que l'on n'en peut rien
durera peu! car après la mort, il n'y a savoir, mais de toutes les imaginations
plus d'illusion possible, et celui qui le de l'homme, la plus belle conception est
premier vous ôtera le bandeau, c'est ce sans contredit celle de ce peintre hardi,
lui qui vous l'avait mis; c'est le prince habile et plein de génie, dont le pinceau
de la terre venant s'emparer des victimes a tracé une figure qui de loin, par le jeu
qu'il aura séduites. Ceux qu'il ne peut des couleurs, paraît pleine de grâce, de
convaincre théologiquement qu'il n'existe fraîcheur, de beauté, mais qui, lorsqu'on
pas, il le leur persuade pratiquement, il s'en approche, est pâle, maigre, déchar
s'en fait oublier, il se met pour eux sur née, ne respirant que la malice et le fiel,
l'arrière-plan ; sur le premier, ses séduc et rongeant une chaîne : c'est le séduc
tions, ses jouissances, ses faux appâts, teur ; il charme de loin, de près il re
de l'or, des places, des parures, des dan pousse.
ses, tout ce que la terre peut offrir, et il Le pieux Bunyan , l'auteur du Voyage
se place derrière tout cela , jusqu'à ce du Chrétien, a publié, en anglais, un se
qu'avec le temps tout cela ayant disparu, cond ouvrage du mème genre que le pre
DIA 294 DIA

mier, intitulé Diabolos ou la Sainte Guer de l'église, de le mettre en réserve, de


re, dans lequel il représente l'histoire de le garder sûrement, et de le distribuer
l'âme et l'histoire de l'humanité, sous la suivant les ordres de l'évêque, qui en or
parabole d'une guerre entre Satan et l'E- donnait sur le rapport qu'ils lui faisaient
ternel, guerre qui se termine par la vic des nécessités particulières. Il était donc
toire du fils Emmanuel. Cet ouvrage, dont de leur devoir de s'informer de ces né
il vient de paraître une traduction fran cessités, d'avoir des listes exactes, tant
çaise, peut, à bien des égards, être une des clercs que des vierges, des veuves et
lecture utile, non-seulement pour la jeu des autres pauvres que l'Eglise nourris
nesse, à laquelle il est plus particulière sait. C'était à eux d'examiner ceux qui se
ment destiné, mais encore pour un âge présentaient de nouveau, et à veiller sur
plus avancé. - la conduite de ceux qui étaient déjà re
DIACRE (serviteur), ministre de l'E- çus, pour voir s'ils étaient dignes d'être
glise chrétienne, dont les fonctions rap assistés. C'était à eux de pourvoir au lo
pelaient à certains égards celles des offi gement des étrangers, et de savoir par
ciants de la synagogue, dont il est parlé qui et comment ils seraient défrayés.....
Luc 4, 20. Jean 7, 32., espèces de ser Ainsi leur vie était fort active. Il fallait
gents, d'huissiers, de ministres, d'admi aller et venir souvent par la ville, et quel
nistrateurs. Le diaconat fut institué par quefois même faire des voyages au de
les apôtres, et l'on se rappelle en quelle hors. » — Ajoutons qu'ils avaient encore
occasion, Act. 6.Le nombre des disci quelquefois des fonctions ecclésiastiques
ples s'accroissant chaque jour, les chré proprement dites, celles de donner la
tiens d'entre les Grecs se plaignirent hau communion aux fidèles, de lire l'Ecriture,
tement de ce que leurs veuves étaient né soit en particulier, soit en public, et de
gligées dans les distributions ordinaires, l'expliquer en l'absence des pasteurs; mê
tandis que les veuves des Hébreux recc me en bien des lieux, des paroisses trop
vaient des soins plus réguliers et des se petites pour avoir un pasteur, leur étaient
cours plus abondants. Là dessus, les apô confiées, et les diaconats sont restés une
tres qui ne pouvaient s'occuper de tous charge importante. On trouve des diacres
les détails, et qui devaient s'occuper avant pasteurs en plusieurs pays, et Rome
tout de la prédication, consultèrent l'as compte ses 18 diacres par excellence. qui
semblée et proposèrent que l'on choisît ne peuvent être pris que d'entre les car
sept hommes ayant un bon témoignage, dinaux.
pleins du saint Esprit et de sagesse, à qui DIAMANT (hébr. shamir). Le péché de
l'on confierait le service des tables, le Juda est écrit avec une pointe de diamant,
soin des pauvres et la distribution de la dit Jérémie, 17, 1. J'ai renforcé ta face
cène. Leur avis fut goûté de l'assemblée, contre tes ennemis, dit l'Eternel, et j'ai
qui élut à ces fonctions importantes Etien rendu ton front semblable à un diamant,
ne, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Ez. 3, 9. Ils ont rendu leur cœur dur
Parménas, et Nicolas; ces sept diacres comme le diamant, pour ne point écouter
furent installés dans leur charge par la la loi, Zach. 7, 12. Le diamant, cette
prière et l'imposition des mains. Des fem pierre si précieuse, si belle, et si dure,
mes furent aussi appelées aux mêmes n'est considérée dans la Bible que sous ce
fonctions, sous le titre de servantes ou dernier rapport : on sait que le diamant
diaconesses, Rom. 16, 1. Les devoirs des ne peut être travaillé que par lui-même ;
diacres sont exposés 1 Tim, 3, 8-13. : ils on l'emploie non-seulement comme paru
pouvaient se marier aussi bien que les re, mais comme instrument tranchant,
pasteurs. Longtemps leur nombre fut ré comme poinçon pour couper le verre ou
duit à sept par église, et Rome même n'enpour graver. Quelques auteurs ont pensé
avait pas davantage. Voici comment l'abbé qu'il s'agissait plutôt de l'émeri, sub
Fleury parle de leurs fonctions : « Ils stance composée de terre sigillée et de
étaient chargés de recevoir tout ce qui chaux de fer, dont le nom grec smyris a
était offert pour les besoins communs de l'analogie avec l'hébreu shamir ; mais
DIA 295 DIK

ces analogies accidentelles sont si fré venir, l'effigie de ce monument illustre de


quentes (par exemple, en hébreu péshah, l'architecture ancienne et du paganisme.
péché; soumphonia, symphonie, etc. ), Le passage Jér. 7, 18. (cf, 11, 13. 44,
que l'on ne peut les regarder comme preu 17.18. Ez. 16, 15.) se rapporte probable
ves, et la traduction des Septante, adop ment au culte de Diane.
tée par la Vulgate, est une autorité plus l)IBLA. v. Beth-Diblathajim.
forte. — On a voulu traduire encore par DIBON (intelligence), 1° ville située
diamant le mot yahalom , Ex. 28, 18.39, dans une plaine au nord de l'Arnon. Lors
11. Ez. 28, 13., que nos versions ont de la conquête du pays de Canaan, nous
rendu par jaspe, q. v. la voyons d'abord entre les mains des
DIANE, divinité célèbre du paganisme, Gadites , Nomb. 32, 34., d'où elle prit le
que les poëtes font fille de Jupiter et de nom de Dibon-Gad, que Moïse lui donne
Latone, et qu'ils comptent au nombre des quand il l'indique comme un des campe
douze grands dieux. On l'adorait sous ments des lsraélites dans le désert,Nomb.
trois formes, et son caractère variait se 33, 45. Plus tard, elle fut assignée à la
lon ces différents points de vue. Comme tribu de Ruben, Jos. 13, 17. Du temps
déesse des forêts, elle était chaste, mais
fière , hautaine et vindicative; comme
•déesse des enfers, et sous le nom d'Hé
cate, elle est cruelle, sanguinaire, impi
toyable; comme déesse de la lune et des
d'Esaïe, elle était tombée entre les mains
des Moabites, Es. 15, 2.Jér. 48, 22. C'est
probablement la même ville qui est appe
lée Dimon, Es. 15,9., et saint Jérôme dit
que de son temps encore on l'appelait in
:
cieux, elle est quinteuse, capricieuse, différemment Dimon ou Dibon, à cause
amoureuse : c'est Phœbé. L'aventure d'Ac de la ressemblance des lettres. — On
téon appartient donc à la Diane des bois ; trouve aujourd'hui dans cette localité des
ses amours avec Endymion, à la lune. ruines qui portent le nom de Diban. —
Quelques poëtes la font encore présider 2° Ville de Juda, Jos. 15,22. Néh. 11,25.;
aux accouchements, sous le nom de Lu elle subsistait encore du temps d'Eusèbe;
cine. Le plus célèbre de tous ses temples elle est appelée Dibon dans le dernier
était celui d'Ephèse, bâti sur les dessins des passages cités, et Dimona dans le
du fameux architecte Ctésiphon, et qui premier. -

passait pour l'une des sept merveilles du DIDRACHME, Matth. 17,24., monnaie
monde. Il avait 425 pieds de long (153m) grecque valant 2 drachmes, et équivalant
et 237 de large; l'extérieur était décoré à peu près à un demi sicle hébraïque ,
de tout ce que la nature et l'art offrent (1 fr. 66 c.)
de plus précieux; l'or, l'argent, les pier DIDYME, Jean 11, 16. 20, 24., nom
reries, les tableaux, les statues, y étaient grec de l'apôtre Thomas, ces deux mots
prodigués : on y comptait, entre autres, signifiant l'un et l'autre jumeau. Ces noms
127 colonnes, dont chacune avait été éri devaient rappeler sans doute la naissance
gée par un roi, qui s'était efforcé de l'em de l'apôtre, et la tradition lui donne ef
bellir et de la rendre digne de cet au fectivement une sœur jumellenommée Ly
guste lieu. Un fanatique, possédé du désir sia (Patres apostol. Ed. Coteler. I, p. 272,
de s'immortaliser, y mit le feu : c'était un cf. p. 501). "D'après Eusèbe, 1, 13., Tho
moyen comme un autre : de nos jours, mas aurait été le même que Judas, frère
on tire sur les rois ou sur les reines. Le de Jésus ; c'est ainsi que le veulent éga
temple de Diane fut détruit la même nuit lement les Actes de saint Thomas (v. Co
dans laquelle naquit Alexandre le Grand. teler.), et cette parenté donnait au surnom
La mémoire de la déesse ne périt point de Didyme une signification tout à fait
dans la grande ville dont elle était la pa grande et honorable : mais rien dans l'E-
trone, et nous voyons. Act. 19, 24. suiv., criture n'appuie cCtte tradition , et il est
un orfèvre faire son principal travail de plus qu'évident que notre Sauveur n'a
la fabrication de petits temples d'argent, pas eu de frère jumeau. v. Thomas.
ou de médailles représentant , aussi bien DIKLA, Gen. 10, 27., nom d'une peu
que la tradition en avait conservé le sou plade sémitique qui habitait l'Arabie, mais
DIM 296 DIM

dont il est difficile de fixer exactement le a donné naissance, en 1848, la fondation


territoire. On ne peut faire à cet égard du prix de M. Henderson. Le mouvement
que des conjectures; Bochart (Phaleg 2, qui s'est produit à cette occasion en An
22.) pense que c'est la même peuplade qui gleterre et en Ecosse offre un caractère
porta plus tard le nom de Minéens, parce véritablement historique dont les jour
que les Minéens habitaient une contrée nauxreligieux français ne donnent qu'une
riche en palmiers, arbre qui se nomme faible idée (v. Archives 1848, p. 278 ;
en syriaque dikla. C'est assez vraisem 1849, p. 8), et qu'il faut lire dans les
blable. journaux de Londres et de Glascow : v.
DILHAN, ville de la tribu de Juda. Jos. spécialement le Christian Times, depuis
15, 38. le mois de septembre 1848.
DIMANCHE, jour du Seigneur, Apoc. DIME, (dixième ou décime). De tout
1, 10. Les chrétiens ont dès le commen temps, et presque chez tous les peuples,
cement honoré d'une façon particulière le On a vu les dîmes établies comme coutu
jour de la résurrection du Sauveur, qui mes, ou comme lois. Les Grecs et les
arriva le lendemain du sabbat, et les apô Romains offraient à leurs dieux des dimes
tressemblent avoir transporté sur ce jour soit temporaires, soit ordinaires, soit
les obligations morales que la loi juive extraordinaires, et Plutarque raconte que
avait attachées au sabbat. « Il n'y a doute, c'était la coutume des Romains d'offrir à
dit Calvin, que ce qui estoit cérémonial Hercule la dixième partie des dépouilles "
en ce précepte, n'ait esté aboli par l'ad qu'ils avaient conquises sur l'ennemi.
uénement du Christ... Néanmoins... com Xénophon rapporte la même chose des
bien que le sabbat soit abrogé, cela ne Perses, et Justin des Carthaginois. Les
laisse point d'auoir lieu entre nous, que marchands arabes, qui faisaient le com
nous ayons certains iours pour nous as merce d'encens, n'en osaient vendre
sembler à ouir les prédications, à faire avant d'en avoir payé la dîme à leur dieu
les oraisons publiques, et célébrer les sa Sabis : les Scythes envoyalent des dîmes
crements : secondement pourdonner quel à Apollon; les Carthaginois avaient cou
que relâche aux seruiteurs et gens méca tume encore d'envoyer à la ville de Tyr,
niques. » Quelle que soit la manière de dont ils étaient une colonie , la dîme de
voir des chrétiens sur l'obligation de la tous leurs biens; le vaisseau qui trans
Sanctification du dimanche, il est de fait portait ce tribut ordinaire , arriva à Tyr
que l'observation de ce jour, non-seule peu de temps avant qu'Alexandre en fit
ment accompagne les réveils religieux, le siége. Pisistrate, écrivant à Solon pour
mais encore les prépare, les amène et les l'engager à revenir à Athènes, lui dit
fortifie; il est de fait aussi que les per que chacun y paie la dîme de ses biens
sonnes pieuses sanctifient le dimanche, et pour offrir des sacrifices aux dieux. Les
que celles qui ne sont pas converties ne Pélasges qui s'étaient établis en Italie,
le sanctifient pas. Ces deux faits étant re reçurent commandement de l'oracle d'en
cOnnus, il sera facile à chacun de voir en voyer leurs dîmes à Apollon de Delphes,
quelle manière il peut se croire libéré de etc., etc.
l'observance judaïque, et astreint à l'ob L'Ecriture sainte, qui nous transporte
Servance chrétienne. dans une antiquité beaucoup plus reculée
Un grand nombre d'ouvrages ont paru que l'histoire profane, nous montre aussi
sur ce sujet dans les derniers temps; ce les dîmes existant au moins de fait, long
lui de Liebetrut, en allemand, et les ser temps avant la promulgation de la loi
mons de Wilson, en anglais, doivent mosaïque. Le plus ancien exemple que
être cités en première ligne. En français, nous en connaissions, est celui d'Abraham
on possèdeuncertainnombre de brochures revenant de son expédition contre les
publiées par la Société de Vevey pour la cinq rois alliés, et payant à Melchisédec,
sanctification du dimanche , et la traduc roi de Salem , la dime de tout ce qu'il
tion de Pearl of days, ce remarquable avait pris sur 1'ennemi, Gen. 14, 20. Héb.
ouvrage d'une servante anglaise, auquel 7, 2. Jacob voua de même à l'Eternel la
DIM 297 DI0

dime de tout ce qu'il pourrait acquérir Nombres peut la prouver, et les inter
en Mésopotamie, Gen. 28,22. Enfin Moïse prètes juifs et chrétiens, anciens et mo
ordonne et régularise le paiement des dernes, sont peu d'accord dans son ex
dimes, Lév. 27, 30-33. Nomb. 18, 21-24. position et dans l'interprétation des pas
Deut. 12, 6. 14, 22. Chaque Israélite , sages de la Loi. On se demande, par
considéré comme fermier de Jéhovah , exemple, si chaque année il y avait une
devait payer chaque année à son seigneur double dîme sur les troupeaux, s'il n'y
et maitre la dixième partie des produits avait une double dîme que tous les trois
de ses champs et de ses troupeaux, « les ans, ou si tous les trois ans la dîme des
dimes du froment, du vin et de l'huile,» Lévites était remplacée par une dime des
Néh. 13, 5.12. Ce revenu sacré était af pauvres, autant de questions qui ne sont
lecté par la loi à l'entretien des Lévites, pas susceptibles d'une solution bien claire
Néh. 10, 37., à l'étranger, à l'orphelin et d'après les livres sacrés.
à la veuve, Deut 26, 13. On pouvait ce DIMON, Es. 15, 9., et Dimona, Jos.
pendant racheter les dîmes (des fruits) en 15, 22. v. Dibon.
en déposant la valeur, plus le cinquième DINA (jugement), fille de Jacob et de
du prix. Les passages, Deut. 12, 17. 18. Léa, Gen. 30, 21., probablement la fille
14, 22.23., mentionnent un repas géné unique du patriarche. Son nom rappelle
ral qui devait se faire tous les trois ans un événement qui fut pour la famille pa
avec les produits des dîmes (cf. 26, 12.), triarcale un grand malheur. Par une lé
espèce de festin qui n'était pas sans quel gèreté coupable , elle se laissa entraîner
que rapport avec les agapes des premiers à former des relations avec les jeunes
chrétiens. — Les Lévites devaient mettre filles cananéennes qui habitaient Sichem,
à part, pour les prêtres, la dîme de leurs puis elle fut séduite et enlevée par le fils
dimes, Nomb. 18, 26. Néh. 10, 38. Des du prince de cette ville. Les frères de
percepteurs particuliers furent établis Dina ne crurent pouvoir venger cet af
plus tard pour le prélèvement de cet im front que dans le sang des Sichémites ;
pôt, ils eurent leurs commis, et formè dans ce carnage ils égorgèrent celui qui
rentcomme des bureaux de contributions, devait être l'époux de leur sœur; cette
2 Chr. 31, 12. Néh. 12, 44. 13, 10. Mal.action perfide et cruelle fut pour leur
3, 10. Tous ces impôts furent exclusive père un continuel sujet d'inquiétudes et
ment religieux; il est cependant parlé, d'affliction, Gen. 34. On ignore ce que
1 Sam. 8, 15., d'une dime temporelle que
devint Dina; mais elle continua de vivre,
les rois devaient imposer à leurs sujets :
et accompagna plus tard son père en
nous ne voyons pas qu'elle ait en effet Egypte, Gen. 46, 15.
existé sous la royauté, mais la manière DINHABA, ville de l'Idumée, Gen. 36,
dont parle Samuel indique assez claire 32. 1 Chr. 1, 43. Il est possible que ce
ment qu'elle était en usage dans les soit celle qu'Eusèbe indique sous le nom
royaumes de l'Orient, et d'ailleurs une de bourg de Dannéa , et Jérôme sous ce
imposition de ce genre ( puisqu'il faut lui de Damnaba, comme ayant été située
des impôts en tout cas) devait bien être à 8 milles d'Aréopolis, du côté de l'Arnon.
des moins onéreuses dans un pays agri DIOTREPHES, pasteur ou diacre d'une
cole : c'était un impôt à la fois propor Eglise inconnue, 3 Jean 9. On ne sait de
tionnel à la quotité du revenu, facile à lui que ce qu'en dit l'apôtre, c'est qu'il
payer, et fixe dans sa proportion, autant était jaloux d'être le premier, orgueil
de qualités qui devaient le rendre plus leux, médisant et inhospitalier. Quel
supportable que tels autres modes qu'on ques-uns en font un hérétique (OEcume
aurait pu imaginer. nius, Beda); d'autres le font judaïsant,
Le système théocratique des dîmes, d'autres enfin prétendent au contraire
quoique simple en apparence et dans la qu'il ne voulait recevoir que les chrétiens
théorie, ne l'était point dans l'applica convertis d'entre les gentils. Il apparte
lio9; la comparaison des dispositions du nait à la même Eglise que Gaïus (v. 1.),
Deutéronome entre elles et avec celles des probablement à l'une des sept Eglises de
DIS 298 DIV

l'Apocalypse. Son intolérance envers les protège à Cyrène contre la malveillance


bons , et son amour de la prééminence des populations grecques. Ils ont de
n'ont eu que trop d'imitateurs dans l'E- magnifiques synagogues, et occupent à
glise chrétienne. eux seuls presque les trois cinquièmes
DISPERSION. L'épître de saint Jac d'Alexandrie; leurs rapports avec la mé
ques, et la 1re de saint Pierre sont adres tropole juive ne sont pas interrompus
sées aux juifs de la dispersion, c'est-à- quoiqu'ils aient à Jérusalem un culte à
dire aux tribus qui sont dispersées dans part, de même que les Cyrénéens, Act. 6,
les pays voisins de la Palestine, dans le 9.; ils continuent de payer le tribut pour
Pont, en Galatie, en Cappadoce, en Asie, le temple. Leur chef temporel et le juge
en Bithynie , etc. On doit entendre par de leurs différends est un ethnarque, as
le mot général de dispersion, tout l'en sisté d'un conseil, espèce de sanhédrin.
semble des juifs qui demeuraient en de En troisième lieu viennent les Juifs de
hors des limites de leur pays, parmi les la Syrie : ils avaient émigré sous Séleu
nations étrangères. Il n'y avait, au temps cus Nicator, et par lui, avaient obtenu à
de Jésus, aucun pays de l'ancien monde Antioche et ailleurs des priviléges égaux
dans lequel ne se trouvassent des juifs à ceux des Macédoniens. Les rois sui
expatriés, volontairement, ou par le fait vants, à l'exception d'Antiochus Epipha
de circonstances indépendantes de leur nes, leur furent également favorables, et
volonté. On peut grouper en cinq clas les Juifs furent libres jusque dans le pro
sélytisme : cependant le peuple les haïs
ses les juifs appartenant à la dispersion.
D'abord ceux de l'Assyrie, de la Mé sait, et cette haine longtemps comprimée
die, de la Babylonie et de la Mésopo éclata sous Néron, et plus encore Sous
tamie, demeurant au delà de l'Euphrate, Vespasien. Titus leur rendit le repos.
descendants des juifs emmenés en capti C'est de Syrie qu'ils prirent le chemin de
vité et qui avaient refusé, lors de l'édit l'Asie Mineure, 1 Pier. 1, 1.; ils obtinrent
de Cyrus, de rentrer dans leur patrie. la bourgeoisie en Ionie.
lls se comptaient par milliers et vivaient Quatrièmement, la dispersion parmi les
dans le bien-être, continuant d'entrete Grecs, Jean 7, 35. De l'Asie Mineure, un
nir avec Jérusalem des relations reli grand nombre de Juifs se rendirent en
gieuses, et fidèles à payer annuellement Grèce et en Macédoine, où ils eurent la
les tributs, les prémices et les dîmes. permission d'établir, dans les principales
En second lieu, les Juifs d'Egypte. villes et dans les ports les plus commer
Alexandre le Grand les établit en grand çants, des synagogues et des maisons de
nombre dans la ville à laquelle il avait prières, Act. 16-20,.
donné son nom, et leur accorda les mê Cinquièmement, enfin, les Juifs de Ro
mes droits qu'aux Grecs. Ptolémée Lagus me et d'Italie; plusieurs étaient esclaves,
en envoya une colonie à Cyrène, et for d'autres étaient venus s'y établirlibrement
tifia la colonie égyptienne par de nou etenvue de spéculations commerciales : ils
velles émigrations de la Judée, 320 av. C. étaient généralement riches, et occupaient
Ptolémée Philadelphe fit traduire en grec, tout un quartier au delà du Tibre : leur
à grands frais, le code sacré des Hé prosélytisme n'avait pas été sans fruit. Ils
breux, 284 av. C. Puis vint le cruel Pto furent chassés de Rome sous Tibère et
lémée Philopator qui persécuta, par des sous Claude César. Rome leur fut long
mesures cruelles, ceux que ses prédéces temps fatale, et les murailles du Goïto ne
seurs avaient favorisés. Sous Ptolémée sont tombées que sous le souffle du dix
Philométor (180 av. C.), les juifs d'E- neuvième siècle.
gypte sont de nouveau en grande faveur; DIVINATION , Devins. Désireux de
ils remplissent des charges à la cour, connaître, ambitieux d'avenir, supportant
et sont revêtus des principales dignités avec impatience un corps qui le retient à
militaires; sous la domination romaine la terre et au moment présent , qui le
et sous les premiers empereurs, ils jouis gêne, qui le rapetisse, l'homme qui bar
sent d'une paix entière, et Auguste les sa nature se précipite vers les choses qui
DIV 299 DIV

ètaient le privilége de celui qui n'avait vouloir : c'est là une espèce de divina
' pas péché, a dans tous les temps cherché tion, générale sans doute, mais sûre.
à se soustraire à la matière , à s'émanci Niera-t-on que les songes ne soient
per du corps, à sonder l'avenir, à voir un degré de pressentiment plus avancé
dans les ténèbres, à marcher sûrement que le pressentiment de la veille ? « Le
dans l'incertitude, à découvrir ce qui lui Dieu Fort, dit Elihu à Job (33, 14. 15),
est caché. De là, ces efforts inouïs, gi parle par des songes, par des visions de
gantesques; ces recherches de tous les nuit, quand un profond sommeil tombe
temps, cet amour du merveilleux, cette sur les hommes et lorsqu'ils dorment
croyance à la divination, à la magie; tra dans leur lit; alors il ouvre l'oreille aux
vaux de jongleurs, travaux de chimistes, hommes, et scelle leur instruction. »
travaux de rêveurs; imposteurs, mysti Le magnétisme avec ses merveilles,
ques, oracles, prophètes, charmes, en si longtemps réfuté par de l'esprit et des
chanteurs et devins : de là cette passion plaisanteries, n'en est pas moins acquis
des hommes pour ce qui paraît les faire maintenant à la science comme un fait ;
avancer dans les sciences occultes, espèce ceux qui en doutent appartiennent à la
de succès chez les uns , complaisance à classe la moins éclairée, et ceux qui s'en
croire chez les autres. sont occupés ont vu et vérifié des prodi
Sans s'arrêter à la question dogmatique ges que tout l'art et le génie de l'homme
de savoir si l'homme peut, en dehors de ne sauraient accomplir; ces prodiges
ladresse, de la physique et de la chimie, touchent par plusieurs points à la divi
obtenir des résultats merveilleux ; sans nation.
entrer dans un examen quelconque rela Enfin, une considération tout à fait gé
tifaux moyens par lesquels l'homme peut nérale, mais qui ne laisse pas d'avoir son
arriver au surnaturel, s'il le peut par lui application dans le cas particulier, c'est
même, ou par des forces latentes qu'il qu'une réaction va toujours beaucoup
développe, ou enfin par l'intervention des plus loin qu'elle ne doit et qu'elle ne veut
esprits qui sont dans l'air, bons ou mau aller, comme celui qui veut éviter le pré
vais; sans mème approfondir tout ce qu'il cipice tombe sur le rocher de la monta
peut y avoir de vrai dans certains faits gne; c'est plus sûr, mais ce n'est pas tou
que rapporte l'histoire, ou que l'expé jours sans quelques inconvénients. Long
rience vient chaque jour démontrer de temps on a trop cru aux merveilles des
Ilóuveau contre l'esprit fort moderne, on arts occultes et de la divination , pour un
doit cependant convenir de certains faits fait effectif, le charlatanisme en a forgé
que nous nous bornons à enregistrer, et des milliers de faux, de mensongers, de
qui sont de nature à jeter du jour en les stupides, et, pour le dire en passant, les
simplifiant, sur les questions passable clergés de toutes les sectes n'y ont pas
ment graves, malgré qu'on en ait, qui mal nui dans le moyen àge, jusqu'à l'il
viennent d'être posées. lustre siècle de Léon X : quand une fois
On avoue généralement que toutes les on a voulu rompre avec ces fables, on a
croyances populaires , quelles qu'elles tout rejeté, le bon et le mauvais, le vrai
soient, exagérées ou dénaturées, repo et le faux, parce qu'on se souciait peu de
sent sur un fondement vrai : en les dé la chance, mème infiniment petite, d'être
pouillant de leur entourage, de leurs ad abusé de nouveau. Le pays où les réac
jonctions, de leur écorce, on arrive à un tions se font toujours le moins vivement
noyau substantiel, solide, historique ; or, ressentir, l'Allemagne a su se tenir beau
de toutes les croyances populaires, la coup plus que d'autres peuples dans un
plus invétérée, la plus entêtée, c'est la foi sage milieu, quoiqu'on y trouve aussi l'un
aux sorciers, à la magie, à la divination : et l'autre extrème représentés, notam
ne serait - ce absolument qu'une chi ment celui de l'imagination.
lhère ? Ces choses étant dites, il ne sera pas
Chacun croit aux pressentiments : cha nécessaire de les rappeler à propos de
cun en a, chacun s'y fie, même sans le chaque cas spécial, et nous raconterons
DIV 300 DIV

les croyances de l'Orient sans penser de rent dans leur propre sein surgir de ces
voir les critiquer à chaque fois, sans les industriels auxquels le peuple, comme
donner pour vraies, sans les rejeter tou partout, s'empressait d'apporter de l'ar
jours absolument comme fausses. Chez gent, Mich. 3, 11. cf. Act. 16, 16.
les Israélites, d'ailleurs, il faudra tou Il y avait diverses sortes de divinations
jours distinguer les révélations divines, et de devins; les uns se bornaient à l'exa
et les moyens illicites par lesquels ils men de certaines circonstances, ou ac
pouvaient essayer de satisfaire leur cu cidens naturels, c'est ce qu'on a appelé
riosité ou leur intérêt particulier. magie naturelle; d'autres empruntaient
Les Israélites paraissaient en effet avoir tout simplement le secours de l'art, c'é-
eu plus que d'autres peuples le besoin in tait la magie artificielle ; d'autres consul
térieur de connaître l'avenir ; peut-être taient les morts ou les mauvais esprits
l'avaient-ils apporté d'Egypte, peut-être (magie noire ou diabolique); d'autres en
aussi les prophéties anciennes et glo fin devinaient d'inspiration, de pressenti
rieuses qu'ils n'ignoraient pas, mais dont ment, de seconde vue. A la première
ils n'avaient pas non plus une intelligence classe appartenaient, parmi les exemples
bien claire, leur faisaient-elles désirer qui nous sont conservés dans l'Ecriture :
d'en connaître davantage, et de pénétrer —a)L'interprétation des songes, q. v.—b)
plus avant dans un mystère pour eux plein l'examen des mouvements des serpents :
d'espérances et de charmes. Quoi qu'il en c'est même cette espèce de divination que
soit, le mal existait : Moïse, en leur don semble indiquer le terme hébreu , Lév.
nant la loi qui devait en faire un peuple 19, 26., Deut. 18, 10.2 Rois 17,17.21,6.
à part, leur annonça d'un côté que l'es (nichesh deviner, nachash serpent). Bo
prit de prophétie ne sortirait pas du mi chart a recueilli quelques faits à l'appui
lieu d'eux (v. Urim et Thummim), mais il de cette idée; les Egyptiens avaient des
leur défendit de l'autre sous des peines serpents qu'ils appelaient de bons génies,
extrêmement sévères d'user de divina et dont ils aimaient à placer la figure sur
tion, de pronostiquer le temps, de re leurs abraxas ou talismans : beaucoup de
chercher ceux qui ont l'esprit de Python, peuplades orientales ont encore leurs ser
les devins, les sorciers, les enchanteurs, pents sacrés que consultent les jongleurs,
ceux qui disent la bonne aventure et ceux et l'on se rappelle les serpents de Pallas
qui consultent les morts, Lév. 19, 26.31. (Virg. En. 2.). Les mots grecs et latins
20, 6. Deut. 18, 10. Ces lois étaient si par lesquels les Septante et la Vulgate
rigoureuses que les malheureux animés ont traduit l'hébreu , font entrer dans
de l'esprit de Python, ou qui faisaient leur composition les oiseaux (augures),
seulement profession de l'être, étaient au lieu de serpents; mais il est clair que,
condamnés à mort et lapidés vifs. Lév. soit dans le texte, soit dans les traduc
20, 27. tions, il convient de s'en tenir à l'idée
Malgré ces lois, ou plutôt parce qu'une générale de divination , sans égard aux
loi qui contrarie un penchant l'excite au moyens employés. — c) Les baguettes,
lieu de le réprimer (cf. Rom. 5, 20.), les ou bâtons divinatoires ; on croit en trou
Israélites se montrèrent dans toutes les ver la trace, Ez. 21, 26. (il a secoué les
périodes de leur histoire, et surtout sous flèches), et Os. 4, 12. (mon peuple de
les rois idolâtres, adonnés aux mages, aux mande avis à son bois, et son bâton lui
sortiléges et aux superstitions de toutes répond). Le premier de ces passages con
espèces, cf. 1 Sam. 28, 3.9.2 Rois 21, 6, tiendrait une allusion à l'ancien usage des
23, 24, Es. 8, 19. Jér. 29,8. Mich. 3, 11. Caldéens, d'écrire sur des flèches ou sur
Zach. 10, 2. : ils allèrent même consulter des baguettes le nom des villes où ils
les oracles des païens, 2 Rois 1, 2. Le voulaient se rendre, ou des choses qu'ils
culte de Bahal avait son cortége de prO voulaient entreprendre, de mêler ensuite
phètes divinateurs, 1 Rois 18, 19., les ces baguettes dans un carquois, de tirer
Philistins fournissaient leur contingent, au hasard et de se décider Suivant celle
1 Sam. 6, 2., et les Juifs eux-mêmes vi qui sortait la première. La plupart des
DIV - 301 DIV
peuples ont connu ce moyen de deviner, tion factice et purement physique sur les
qui est peu malin, et que les enfants rem nerfs des pauvres prêtres et prêtresses,
placent chez nous par le jeu d'épingle. qui faisaient de gré ou de force, le triste
Cette interprétation est possible ; le pro métier d'annoncer les choses futures ;
phète dirait alors que ie roi de Babylone, cette excitation se traduisait en gestes
incertain par quel ennemi commencer, a violents et en convulsions que l'on don
jeté sur les villes le sort des flèches, et nait pour les signes de la présence de la
qu'il marchera d'abord contre Jérusalem : divinité, (cf. AEn. 6, 46. et suiv.) : on re
on peut le comprendre cependant autre cueillait les paroles de leur délire, et
ment encore. Quant au passage d'Osée, quelques habiles arrangeaient ces paro
il supporte également cette explication, res à leur guise, et leur donnaient telle
mais d'autres aussi sont permises; ou forme obscure et ridicule qu'ils jugeaient
bien : il consulte ses idoles de bois, et convenable. C'était là ce qu'on appelait
elles lui répondent (par le moyen de leurs insanire, être fou ; il y avait folie en ef
prêtres); ou bien : ce peuple aveugle , fet, et chez le malheureux patient, et
qui ne peut se diriger par la lumière, se chez ce prêtre qui, avec une gravité ma
dirige au moyen de son bâton, en tâton jestueuse, cherchait tant bien que mal la
nant. « Il me semble, dit Calvin , que le raison dans la déraison, la clarté de l'a-
plus simple est d'y voir une condamna venir dans l'obcurité du présent. Cepen
tion contre les Israélites, qui se sont dant il y avait aussi une inspiration plus
adressés à des idoles mortes au lieu de calme, plus naturelle, soit dans le sommeil
s'adresser au Dieu vivant. » (ad Hos. 4, soit dans la veille ; elie se trouvait dans
12.). — d) L'examen des entrailles sacri un état nerveux habituel que l'on peut
fiées était chez les peuples païens un rattacher à un développement considéra
grand moyen de divination ; si les en ble du système ganglionnaire, et qui pro
trailles étaient sèches, dures ou lâches , duisait chez ceux qui étaient atteints de
s'était un présage fâcheux : si au con cette infirmité, un penchant très fort au
traire elles étaient saines et rouges, c'é- sommeil magnétique, au somnambulisme,
lait un bon signe : on peut croire que le et à la seconde vue. Il faut peut-être du
passage, Ez. 21, 26. (il a regardé au courage pour mettre en avant de telles
foie), se rapporte à la divination par les idées, qnand on ne peut ni les dévelop
intestins; mais c'est la seule trace qu'on per, ni les expliquer, ni les appuyer ;
en trouve dans l'Ecriture. — e) La divi mais tout cela trouvera sa place ailleurs,
nation, d'après le coursdes nuages, Deut. et nous ne pouvons entrer ici dans des
18, 10. (pronostiqueurs de temps) 2 Rois détails psycologiques qui demanderaient,
21, 6., ou d'après les signes des cieux, pour être traités convenablement, un ou
Jér. 10, 2., c'est l'hébreu meonen; v. ce vrage tout spécial. Du reste, dans cette
pendant l'art. Enchanteur. — f) Enfin, ligne d'idées ce qui est le plus singulier,
par l'eau ou par la coupe ; v. Coupe. ce n'est pas tant l'explication du fait, que
Quant à la divination par inspiration, le fait lui-même : et comme tous les ef
qui se distingue des précédentes par l'ab forts pour nier les faits ont toujours été
sence d'art, « quod arte careret, » dit Ci inutiles, et qu'il faut bien finir par les
céron, voici comment ce même auteur accepter, la seule chose à faire c'est de
paien la caractérise, Divin 1, 18. « Carent tâcher de les comprendre , autant du
autem arte, qui non ratione aut conjec moins qu'ils peuvent être compris. Le
turà, observatis ac notatis signis , sed passage, Act. 16, 16. sq. cf. 19, 13. sq.,
concitatione quâdam animi aut soluto li paraît expliquer cette vertu divinatoire
beroque motu futura praesentiunt, quod par la possession d'un démon. — v. en
et somniantibus sæpe contingit et non core les art. Enchanteur, Possession, Py
Dunquamvaticinantibus per furorem,» etc. thon, etc.
Souvent chez les païens (et les oracles DIVORCE. La dissolubilité des liens du
reposaient presque tous sur cette théo mariage, le divorce, toujours en honneur
rie), on cherchait à produire une excita partout où le mariage ne l'est pas, où la
DIV 302 D0D

femme est méprisée, cette coutume des lorsqu'il avait en effet trouvé dans sa
peuples païens, et que les patriarches femme des inclinations ou des actions
eux-mêmes ont connue, Gen. 21, 14., réellement déshonnêtes et honteuses. Jé
fut régularisée par la loi de Moïse ; il fut sus dont la doctrine était l'accomplisse
permis, sauf les deux cas où l'homme au ment de la loi, distingue positivement sa
rait, avant son mariage, déshonoré une doctrine de celle de Moïse ; il déclare
jeune fille par des paroles flétrissantes que le divorce a été permis à cause de la
ou par une conduite brutale, Deut. 22, dureté du cœur naturel, mais lui ne le
19. 29. ll fut permis, et voici comment permet que pour le cas d'adultère, puis
Moïse s'exprime à cet égard, Deut. 24, qu'alors les liens du mariage sont déjà
1-4.: « Quand quelqu'un aura pris une dissous de fait : en appuyant ainsi de son
femme et se sera marié avec elle, s'il ar autorité les enseignements de Schamaï
rive qu'elle ne trouve pas grâce devant comme plus saints, il semble indiquer
ses yeux, à cause qu'il aura trouvé en que l'interprétation de Hillel était en ef
elle quelque chose de malhonnête, il lui fet celle qu'on devait donner à la loi de
donnera par écrit la lettre de divorce, et Moïse. Toutefois, malgré cette facilité du
la lui ayant mise entre les mains, il la divorce, il est à remarquer que l'Ancien
renverra hors de sa maison. » La femme Testament ne cite pas un seul exemple
divorcée et remariée ne pouvait plus re de ce cas, depuis la promulgation de la
tourner auprès de son premier mari, loi : on voit même David garder jusqu'à
même après la mort du second. Quelque sa mort les femmes qu'Absalon son fils
étendue que paraisse au premier abord avait déshonorées ; il les enferme, mais
cette facilité d'obtenir le divorce, elle est ne les répudie pas ; et les rabbins écri
limitée par deux restrictions ou difficul vent que l'on ne permit pas à David de
tés, l'une intérieure, l'autre extérieure ; répudier aucune de ses femmes pour
il fallait donner à la femme, par écrit, épouser Abisag, et qu'il dut se contenter
une lettre de divorce; cette gêne, petite de la prendre à titre de concubine parce
en apparence, était pourtant une gêne à qu'il avait déjà le nombre de dix-huit
cette époque où l'art d'écrire était si peu femmes permis par les coutumes. Plu
répandu ; et quelquefois des obligations sieurs passages prouvent cependant que
de ce genre amenant des longueurs peu les Juifs n'usaient que trop souvent de
vent aussi donner le temps de réfléchir. la facilité que la loi leur accordait à cet
L'autre condition du divorce, beaucoup égard ; v. Jug. 15, 2. 19, 2. 3. l'rov. 2,
plus législative et morale, c'est que pour 16. 17. Mich. 2, 9. Mal. 2, 15. Esdr. 10,
l'obtenir il fallait plus qu'un caprice, il 2.3. Néh. 13, 23-30.
fallait un motif suffisant, il fallait que le DIZAHAB, Deut. 1, 1., ville ou bourg
mari eût trouvé en sa femme quelque dans le désert d'Arabie, bâtie peut-être
chose de malhonnéte. Les termes sont dans une localité riche en palmiers, que
bien vagues, il est vrai, et pouvaient éten Burkhardt a retrouvée sur les bords du
dre par leur élasticité ce que la loi avait golfe arabique, sous le nom de Dahab.
voulu restreindre ; les deux célèbres éco DOBERATH, nom que porte dans quel
les juives de Hillel et de Schamaï se dis ques mss. la ville de Dabrath, q. v.
putaient à l'époque de notre Sauveur sur DODANIM (amours). Cette peuplade
l'interprétation qu'on pouvait donner à japhétique étant nommée, Gen. 10, 4.,
ces paroles : la première pensait qu'un avec d'autres qui ont habité la Grèce, On
homme pouvait répudier sa femme pour a rapproché avec assez de vraisemblance
les plus légers motifs, par exemple si son nom de celui de Dodone en Epire.
elle faisait mal la cuisine, s'il trouvait Bochart cite un Targum qui rend Doda
une autre femme qui lui convînt davan nim par Dardanim : on sait que ce nom
tage, ou enfin, s'il découvrait en elle se trouve dans les anciennes fables des
quelque légère difformité. Schamaï sou Grecs : selon eux Dardanus émigra en
tenait au contraire que la loi ne donnait Asie Mlineure où il fonda la ville de
à l'homme le droit de répudiation, que Troie. Dans le passage parallèle, 1Chr. 1,
D0N 303 D0N

7., de même que dans le Pentateuque sa comme une marque d'honneur, et comme
maritain et dans les Septante, nous trou un témoignage d'estime ou d'amitié, Gen.
vons Bodanim qui signifierait selon les 32. Ils consistaient soit en argent, 2 Sam.
uns l'ile de Rhodes, selon les autres mê 48, 11., soit en armes ou vêtements pré
me le Rhône, Rhodanus ; mais c'est aller cieux, 1 Rois 10, 25., soit enfin en fruits,
un peu loin ; d'ailleurs il y a tout lieu de fourrage , ou provisions de toutes es
croire que la leçon conservée dans la pèce, 1 Rois 10, 25. 14, 3. Gen. 24, 53.
Genèse est la primitive ; le copiste du 32, 13. 43, 11. 1 Sam. 9, 7. 16, 20.2 Chr.
livre des Chroniques pouvait facilement 17, 11.; mais comme ils étaient toujours
cºnfondre les deux initiales, qui en hé proportionnés à la fortune des donateurs,
breu ont en effet la plus grande ressem ils se trouvaient être parfois de très peu
blance. -
de valeur, 1 Sam. 9, 8. 16, 20. Des amis
D0EG (soucieux) ; iduméen qui était se faisaient des présents lorsqu'ils se vi
l'inspecteur en chef des troupeaux de sitaient ou à certains jours de fêtes, Est.
Saiil; il était à Nob lorsque David y vint 9, 19., les inférieurs quand ils recevaient
auprès d'Ahimelech lui demander des vi leurs supérieurs, 1 Sam. 9, 7. Gen. 43,
vres et des armes. David qui l'aperçut 11. Matth. 2, 11., surtout les sujets à leur
et qui sans doute le connaissait, craignit souverain, 1 Rois 4, 21. 10, 25. 2 Chr.
une trahison et s'enfuit sans avoir dit à 17, 5.; ce dernier cas paraît même être
Ahimélech quels étaient ses rapports avec devenu une coutume obligatoire, telle
le roi; il feignit même d'être en course ment que ceux qui à l'avènement d'un
p0ur une mission spéciale, et fut bien roi ne lui apportaient pas de présents,
éloigné de vouloir l'entraîner dans une pouvaient être regardés comme de mé
révolte ou dans un complot. Mais Doëg, chants hommes, 1 Sam. 10, 27. Les Hé
sur les instances de Saül qui cherchait breux appelèrent aussi présents les tri
partout des témoins contre David, racon buts qu'ils devaient payer à des monar
la en la dénaturant la conversation qui ques étrangers, pour déguiser sans doute
avait eu lieu à Nob, et chercha à la repré par la douceur de l'expression ce que la
Senter comme une conjuration politique. chose avait de pénible pour tout véritable
Saül qui ne pouvait atteindre David vou Israélite, Jug. 3, 15. 17. 2 Sam. 8, 2.2
lut se venger au moins sur les sacrifica Rois 17, 3. 4. 2 Chr. 17, 11. 26, 8. Ps.
leurs ; il fit comparaître Ahimélech avec 45, 13. 68, 30. 72, 10., etc. Les rois fai
lôute sa famille, les condamna à mort saient de même quelquefois des présents
sans forme ni procès, et chargea ses ar à leurs favoris, 2 Sam. 1 1, 8., à des étran
chers d'exécuter la sentence : sur leur gers, à des ambassadeurs, ou à leurs pro
refus il donna le même ordre à Doég, qui pres employés civils et militaires, Est. 2,
de délateur devint sans peine bourreau, 17.; ces cadeaux consistaient ordinaire
et s'acquitta de sa commission avec ment en vêtements précieux, 2 Rois 5, 22.
Cruauté ; il mit à mort quatre-vingt-cinq Est. 6, 8.8, 15. Dan. 5, 16.29. cf. 1 Sam.
sacrificateurs, et passa au fil de l'épée 18, 4.Dans les jours de fêtes on faisait au
tous les habitants de Nob, 1 Sam. 21, 7. peuple des distributions de vivres,2Sam.
22, 9-23. David a rappelé cette trahison 6, 19. Les rois s'envoyaient mutuelle
Ps. 52, 1. ment des cadeaux lorsqu'ils voulaient
D0IGT. Il est parlé plusieurs fois dans contracter des alliances, 1 Rois 15, 19.2
I'Ecriture du doigt de Dieu pour dési Rois 16, 8. 20, 12. Es. 39, 1.
gner sa puissance, Ex. 8, 19. 31, 18. Ps. C'est dans tout l'Orient une espèce de
*, 3. Es. 58, 9. Luc 11, 20. — Le mot cérémonie que le fait même de la présen
doigt exprime souvent aussi une mesure tation des cadeaux, et elle se fait toujours
Ilaturelle prise de l'homme comme la avec une pompe proportionnée à la gran
Coudée, et équivalant à un peu moins de deur des présents : on va jusqu'à prendre
314 de pouce, Jér. 52, 21. un grand nombre de bêtes de somme pour
D0NS, ou présents. Les dons ont, dès porter un présent qu'un seul homme eût
les temps les plus anciens, été considérés pu présenter : quelquefois on les fait por
DOR 304 DRU

ter par des esclaves, et aucun des porteurs dit : Tabitha, lève-toi! Et elle ouvrit les
ne doit être chargé de manière à en être yeux, et voyant Pierre elle s'assit. Et lui
gêné. ayant donné la main, il la leva et la pré
Il était défendu de faire des présents senta aux saints et aux veuves qui se trou
aux juges et aux témoins : cette honteuse vaient là. Ce miracle fut cOnnu de t0ute
corruption, flétrie Ex. 23, 8. Deut. 16, la ville de Joppe, et un grand nombre de
19. 27, 25. cf. 1 Sam. 12, 3. Ps. 15, 5. personnes crurent à la prédication de l'E-
Prov. 15, 27. Es. 33, 15., n'en a pas moins vangile qui opérait des choses si mer
été souvent mise en usage, et l'on trouve VeilleuSeS.
bien des magistrats qui y ont été acces Il n'y a aucune difficulté dans cette his
sibles, 1 Sam. 8, 3. : aussi les livres sa toire , à moins qu'on ne veuille en trou
crés sont-ils remplis de plaintes et de re ver une dans la résurrection même de
proches à cet égard, Job. 15, 34. Ps. 26, Dorcas ; quelques-uns, en effet, la nient
10. Prov. 17, 23, 18, 16. Es. 1, 23. 5, 23. et prétendent que Dorcas était seulement
Ez. 22, 12. Mich. 3, 11. en léthargie ;la voix de Pierre à son oreil
Cadeaux de noces, v. Mariage. le aurait suffi pour la réveiller. Si l'on ne
DOPHKA. L'un des campements des peut résoudre la difficulté que par la puis
Israélites dans le désert, Nomb. 33, 12. sance de Dieu, on ne peut comprendre
lnconnu. l'objection que par la puissance des té
DOR (demeure). Ville cananéenne si nèbres. -

tuée au bord de la Méditerranée, non loin DOTHAIN, Gen. 37, 17., ou Dothan,
du Carmel ; lors de la conquête, elle fut 2 Rois 6, 13., ville de Palestine qui se
donnée à la tribu de Manassé, Jos. 11, 2. trouvait dans une gorge de montagnes,
12, 23. 17, 11. 1 Rois 4, 11. 1 Chr. 7, 29. non loin de Jizréhel, sur la route que les
On trouve de nos jours, dans cet endroit, caravanes prenaient pour se rendre d'E-
une bourgade sous le nom de Tortura ou gypte en Galaad.
Tantura. DRACHME, monnaie grecque qui passa
DORCAS ou Tabitha (chevreuil, en grec en Palestine après l'exil, 1 Chr. 29, 7.
et en syriaque), femme demeurant à Jop Esd. 2, 69. 8, 27. Néh. 7, 72., et qui était
' pé, disciple, pleine de bonnes œuvres et surtout en usage à l'époque de Christ,
d'aumônes qu'elle faisait, Act. 9, 36. Etant Luc 15, 8.9. Il y en avait plusieurs es
morte après une courte maladie, on lava pèces, qui valaient de 45 à 83 centimes.
son corps et on le déposa dans une cham DRAGON , Es. 43 , 20., v. Chacal.
bre haute; puis pendant que les malheu —Dragon, ou Serpent ancien, Apoc. 12 et
reux menaient deuil auprès d'elle en pleu 13, v. Serpent. — Fontaine du Dragon,
rant, les disciples ayant su que Pierre Néh. 2, 13., v. Siloé.
était à Lydde, où il venait de guérir un DROGUES, Gen. 37, 25., v. Stacte.
homme paralysé depuis plusieurs années, DROITURIER, Jos. 10, 13., v. Jasar.
espérèrent que, peut-être, il pourrait ren DRUSILLE. Féconde en maris, cette
dre à la vie celle qu'ils aimaient comme femme qui est nommée , Act. 24, 24.,
leur bienfaitrice, et envoyèrent auprès de comme l'épouse du procurateur romain
lui deux hommes pour le prier de venir Félix,était fille d'Hérode Agrippale Grand,
sans délai. Pierre étant arrivé, monta dans Act. 12, 23., et sœur d'Agrippa le Jeune :
la chambre haute, où il vit le beau spec elle avait été fiancée d'abord à Antiochus
tacle de ces veuves et de ces pauvres qui, Epiphane; mais comme celui-ci n'avait
pour toute oraison funèbre, montraient pas voulu embrasser le judaïsme, elle
les robes et les vêtements que Dorcas épousa Azizus, prince d'Emessa, puis fi
avait travaillés pour eux. Alors, les ayant nit par se laisser séduire par Félix, dont
fait sortir à l'exemple de son maître, elle eut un fils, Agrippa qui périt plus
Matth. 9, 25. Marc 5, 40., et sans doute tard , comme elle, par une éruption du
pour mieux pouvoir se recueillir, l'apôtre Vésuve. Ces deux époux, curieux d'en
se mit à genoux auprès du lit funéraire, tendre le prisonnier chrétien, le firent
et pria; puis, se tournant vers le corps, il comparaître; mais comme il leur parlait
EAU 305 EAU

de justice, de chasteté, de jugement à 18., les « eaux qui trompent » sont une
venir, Félix tout effrayé le renvoya en lui allusion au phénomène du mirage, alors
disant : Pour le moment va-t-en, et quand que le voyageur altéré croit voir dans le
j'enaurai la commodité je te rappellerai.— lointain un lac au milieu des sables , et
Drusille passait pour la plus belle femme hâte sa marche sans pouvoir approcher
de son temps , mais non pour la plus de cette eau qui n'en est pas une ; des
chaste. eaux plus fidèles sont mentionnées Es.
DUCS, Dan. 3, 2.3., le mème mot qui 33, 16., et pour le chrétien ce sont les
est ordinairement traduit par gouver mêmes que celles de Jean 4, 10.
neurs, Est. 3, 12. Esd. 5, 3. C'était une Il est parlé fréquemment des eaux su
charged'administration, inférieure à celle périeures et des eaux inférieures, de cel
des satrapes : v. Baillis. Le mot traduit les d'en haut et de celles d'en bas, des
par ducs, Gen. 36, 15. sq., signifie plu eaux de l'abime, du grand abîme, etc.,
tôt chefs (de famille ou de tribus). Gen. 1, 6.7. 7, 11. Ex. 15, 5. Deut. 8, 7.
DUMA (silence), 1° ville de la tribu 33, 13. Es. 51, 10. C'est à l'époque de la
de Juda, Jos. 15, 52. ; 2° peuplade arabe création que les eaux de la terre et celles
descendant d'Ismaël, Gen. 25, 14. Es. 21, du ciel furent séparées; au moment du "
11.Le territoire qu'elle occupait est peut déluge elles se réunirent pour noyer et
être indiqué aujourd'hui par une ville si détruire l'ancien monde; v. ces deux ar
tuée dans la province de Nedschend, sur ticles.
la frontière de l'Arabie et du désert de Les eaux de la contestation de Kadès
Syrie, et qui porte le nom de Dumath sont le nom historique d'un lieu qui fut
Aldschandel. pour Aaron et Moïse une occasion de
DURA. Nom d'une plaine de la Baby chute; ce nom fut donné à l'endroit pour
lonie, probablement même celle où la perpétuer le souvenir du péché de ces
ville de Babylone était bâtie, Dan. 3, 1. deux grands hommes de Dieu. Elles s'ap
Hérodot. 1, 178. pellent en hébreu Mé-Méribah-Kadès,
Deut. 32, 51., et sont diversement tra
E duites dans nos versions; v. Méribah,
Mara, Mérom, etc.
EAU. L'eau a dans l'Ecriture diverses On trouve au chapitre cinquième des
acceptions figurées. Elle se prend d'a- Nombres, versets 12-31, l'institution des
bord pour toute espèce de boisson en eaux amères ou eaux de jalousie, desti
général, Deut. 23, 4. 1 Sam. 25, 11. 1 nées à faire reconnaître au mari soup
Rois 13, 18. Elle indique la famille, as çonneux la faute ou l'innocence de sa
cendante ou descendante, les ancêtres ou femme (v. Adultère). Cette épreuve était
la postérité, Es. 48, 1. (cf. Ps. 68, 26.), une espèce de jugement de Dieu, mais
Nomb. 24, 7. Prov. 5, 15. 16. : ce der différait des épreuves du moyen âge en
mier verset doit se traduire par le futur ; ce que par sa nature elle était inoffensive
le bonheur d'une femme fidèle y est re et qu'il fallait un miracle pour punir,
présenté sous l'image d'une fontaine tandis que ces dernières étaient toujours
abondante dont les eaux se répandent ri dangereuses par elles-mêmes et que le
chement au dehors et dans les rues. Ail miracle était nécessaire pour sauver; la
leurs, les eaux marquent des peuples nom loi divine, comme toujours, était davan
breux, Apoc. 17, 15. Elles signifient aussi tage protectrice, l'épreuve des hommes
des malheurs, Lam. 3, 54. Ps. 69, 1, 124, était plus cruelle. — L'intervention con
4.5., ou les larmes, Ps. 119, 136. Jér. stante de l'Eternel était dans cette épreu
9, 1., et la sueur, Ezech. 21, 12. 7, 17. ve, plus peut-être que dans toutes les au
Dieu compare son culte à des eaux vives, tres, une nécessité, parce que si la fem
Jér. 2, 13. Jean 4, 10., et le culte des me coupable ne succombait point, elle et
idoles, comme celui des femmes débau Son complice pouvaient dès ce moment
chées, à des eaux dérobées et étrangères, regarder tout le système de Moïse comme
Prov. 9, 17. — Dans le passage Jér. 15, une dérision, et tourner sans crainte en
I. 20
EBE 306 ECA

ridicule toutes les superstitions d'une re factures, ou un chef-d'œuvre de ce grand


ligion faussement ainsi nommée, impuis maître.
sante à découvrir le mal, impuisante à se EBETS, Jos. 19, 20., ville de la tribu
faire obéir : tout tombait à la première d'Issacar.
épreuve manquée. La longueur de ces ECARLATE, Gen. 38, 28. Ex. 25, 4.,
opérations était d'ailleurs destinée à ob et ailleurs : quelquefois confondu avec le
tenir des aveux, et nous ne voyons nulle pourpre, cf. Marc 15 , 17 , Jean 19, 2.
part d'exemple où l'épreuve ait été exé avec Matth. 27 , 28. Le mot hébreu que
cutée (v. Cellérier, Législ. mos. II). — l'on a traduit ainsi est tholahat ou sheni
Quant à l'eau de séparation , v. Vache tholahat, qui signifie ver en général,
rousse. - Nos versions ont rendu par le puis spécialement ver du coccus. On s'est
mot propre, Es. 36, 12., ce que les Hé demandé longtemps, et l'on se demande
breux, par euphémisme, appelaient l'eau encore si, par tholahat, il faut entendre
des pieds. l'écarlate Ou le cramoisi. GeseniuS et
EBENE. L'ébène n'est nommé que Winer penchent pour ce dernier; Harris,
Ez. 27, 15., où il est mis, avec l'ivoire, au au contraire , et Tyschen (d'après les
nombre des principaux objets de com Septante et la Vulgate), traduisent écar
merce de la ville de Tyr. C'était un des late , les uns et les autres produisent des
| bois les plus recherchés, à cause de sa arguments passables. Voici ce que dit
beauté, de sa rareté, et de sa dureté qui Harris : « Le cramoisi proprement dit est
le rend susceptible du plus beau poli. d'un rouge foncé, et se fabrique avec la
Sola India nigrum fert ebenum, dit Vir cochenille , qui était complétement in
gile (Georg. 2, 117.), et c'est de l'Inde, connue aux anciens; l'écarlate est d'un
en effet, qu'on l'a fait venir pendant long rouge plus vif et plus clair, tirant sur le
temps; il se trouve aussi à l'Ile de France, feu; son nommême explique son origine;
de même qu'en Ethiopie(Hérodot. 3, 114. elle est faite avec les petits vers du coccus :
Plin. 12, 8.). L'ébénier a environ 5 me cependant les anciens ne savaient pas la
tres de hauteur , l'écorce blanche , les travailler aussi bien qu'on le fait aujour
feuilles grandes, longues et fortes, blan d'hui, et cette couleur était moins écla
châtres du côté inférieur, les fleurs peti tante que ce que nous appelons mainte
tes, réunies en bouquet et d'une agréa nant écarlate. »—Le nomhébreu rappelle,
ble odeur, le fruit ressemblant à la nèfle ; sous le rapport étymologique, notre ver
l'aubier est blanc : le bois proprement dit, millon, quoique nous appliquions à une
qui seul est noir et forme l'ébène, n'oc substance minérale ce dernier mot qui,
cupe que le tiers intérieur de l'arbre, de d'après son origine (vermiculus), appar
telle sorte que, sur un diamètre de six tiendrait plutôt au règne animal. L'écar
pouces, un tronc n'offre que deux pouces
late se tire, comme on sait, d'un insecte
d'ébène. Les anciens estimaient extrê qui se trouve en abondance en Palestine
mement ce bois; ils en faisaient des in et dans l'ile de Crète , sur une espèce de
crustations dans l'ivoire , et quelquefois petit chêne, haut de 1 mètre environ, dont
de petites déesses, des espèces de vier les feuilles sont épineuses et chargées de
ges éthiopiennes.—Le nom hébreu hob'- grains de la grosseur d'un petit pois : ces
nim est au pluriel(comme ceux de sittim, grains sont pleins de vers rouges (coc
almuggim, etc.), non point parce qu'il y cus), gros comme une lentille : on déta
a deux espèces d'ébène, l'ebenus cretica che ces grains des feuilles, les petits vers
de Linnée, et le Diospyros ebenus, mais en sortent par un trou du côté par lequel
parce que ces bois précieux se vendaient ils tenaient à la feuille ; on les sépare
par pièces qui chacune portaient, com avec soin de toute matière étrangère, et
me marchandises. le nom même de l'ar après les avoir légèrement écrasés, on en
bre d'où elles étaient tirées; on disait un, fait des boules de la grosseur d'un œuf.
deux, trois Ebènes, de la même manière L'écarlate était fort estimée des anciens,
qu'on dit un Gobelin, un Sedan, un Ru et c'est probablement en Egypte que les
bens, pour dire un ouvrage de ces manu Hébreux avaient appris à la connaître; on
ECC 307 ECC

en teignait des rideaux, des draperies et pensées est intitulé : « Paroles de l'Ecclé
des tapis de luxe que les riches seuls pou . siaste, fils de David, roi de Jérusalem; .
vaient se procurer, 2 Sam. 1, 24. Prov. c'est un des livres qui ont donné le plus
31, 21. Jèr. 4, 30. Lam. 4, 5. (Jér. 22 , de travail aux interprètes. Que signifie
14. se rapporte aux boiseries, qui sou d'abord le nom même d'Ecclésiaste, ou
vent étaient enduites de riches couleurs, plutôt le nom hébreu de Kohéleth 9 La tra
êt peintes en écarlate). Chez les Romains duction la plus simple en apparence, et
les rois , les princes et les généraux re le plus généralement admise, est celle de
vètaient des manteaux de cette couleur, Prédicateur (Luther : Prediger); Horne
Matth. 27, 28. Plusieurs pièces du taber l'applique soit à la personne chargée de
nacle et des vêtements sacerdotaux étaient convoquer le peuple, soit à celle qui doit le
tissues de fils écarlates, Ex. 25, 4. 28, haranguer. La racine kahal est employée,
5. 36, 8. 38, 18. 39, 1. Nomb. 4, 8. Jos. 1 Rois 8, 1., pour dire que Salomon as
2, 18.; peut-être aussi le voile du temple sembla les anciens; c'est aussi là sa signi
de Salomon, 2 Chr. 3, 14. fication particulière , correspondante à
ECBATANE, ville de Médie, que quel celle du mot grec izz)nzix , d'où nous
ques interprètes croient être désignée , avons fait les mots Ecclésiaste et Eglise.
Esd. 6, 2., par le nom caldéen Achmetha, D'autres traduisent un rassembleur ou
que nOs versions ont traduit par « dans un collecteur, et l'entendent de celui ou de
coffre : » cette traduction est possible, ceux qui auraient rassemblé et rédigé des
comme aussi l'opinion de ceux qui ren paroles prononcées par le fils de David :
dent Achmetha par Ecbatane. Cette ville l'Ecclésiaste serait alors , non pas l'au
est plusieurs fois rappelée dans les Apo teur, mais le rédacteur du livre. La forme
cryphes. Elle fut fondée par Déjocès, roi du mot Kohéleth est féminine (propre
des Mèdes (705 av. C.), et entourée de ment la prédicatrice), mais on l'emploie
sept murailles, qui s'élevaient par étages fréquemment en hébreu, même en par
du dehors an dedans de la ville, et dont lant d'hommes, lorsqu'on veut désigner
les créneaux, au dire d'Hérodote (1, 98.), plus particulièrement une charge, une di
# étaientdesept couleurs différentes,blancs, gnité, un office. Eu égard à cette forme
noirs, rouges, bleus, rouge foncé, argen féminine , quelques docteurs distingués,
tés et dorés : le mur extérieur avait près Carthwight, Heidegger, etc., ont cepen
de 38 kilom. de tour, 178 stades. Depuis dant présenté une interprétation différen
Cyrus elle fut pendant deux mois d'été la te;ils voient dans Koheleth laforme hébraï
résidence des rois de Perse, qu'y attirait que du Pohel, et traduisent ce mot par
la fraicheur de son climat. Elle renfermait « une âme rassemblée » ; selon eux Salo
un palais magnifique , un vaste temple et mon, après avoir été rejeté de l'Eglise,
de riches aqueducs. C'est là qu'Antio chassé de la synagogue à cause de ses dés
chus Epiphanes apprit la déroute des ar ordres, y serait rentré par sarepentance,
mées qu'il avait envoyées en Palestine, serait redevenu membre de cette assem
2 Macc. 9, 3. Plusieurs voyageurs assu blée, et lui aurait été aggrégé de nou
rent qu'on en voit encore quelques chéti veau : le féminin marquerait la profon
ves ruines dans le voisinage de Hama deur de sa conversion, ce ne serait pas
dan, sous les 34° 53'de latit. et 65° 24'de un homme, un roi, Salomon, son corps
longit.(Morier, Voyag. en Perse).—Héro qui aurait été rassemblé, mais son âme ;
dote et Pline mentionnent une autre Ec quelques rabbins appuient cette manière
hatane en Phénicie, non loin du mont de voir en expliquant Kohéleth par un
Carmel, du côté de Ptolémaïs, où Camby homme doué d'une âme réintégrée. En
se mourut, s'étant blessé à la cuisse avec tre ces deux explications principales ,
son cimeterre, comme il montait à che dont l'une fait de l'auteur un maître qui
Val; auj. Caïffa. enseigne, et de l'autre un fidèle qui se
ECCLÉSIASTE. C'est ainsi que s'ap repent et s'humilie, on peut choisir; la
pelle l' auteur d'un des livres sentencieux seconde a peut-être quelque chose de
de l'Ancien Testament. Son recueil de plus séduisant; la première réclame en sa
ECC 308 ECC

faveur un plus grand nombre d'autorités pécheur reproduits par l'Esprit saint pour
et l'analogie de la langue. être combattus. Le but de l'auteur a été
Quant à la personne désignée par le de démontrer la vanité des choses de la
nom d'Ecclésiaste, il est difficile de s'y terre comme telles , et l'excellence de la
méprendre, et il faut beaucoup de bonne sagesse et de la vraie religion ; son ou
volonté pour y voir autre chose que Sa vrage présente une espèce de dialogue
lomon. Ceux mêmes qui veulent, com dont les rôles sont quelquefois assez dif
me Luther, n'y voir qu'une collection, re ficiles à distinguer, parce que les inter
connaissent que les paroles sont des sen locuteurs se rencontrent en plusieurs
tences prononcées par ce sage monarque, points, et que celui qui relève la gran
quoique recueillies par d'autres; rien ne deur divine s'accorde avec l'autre à dire
justifie, du reste, ce système. Au premier que tout n'est que vanité. On peut sup
verset, l'Ecclésiaste se donne comme roi poser avec Grotius un homme de bien
de Jérusalem et fils de David , ailleurs (2, discutant avec un impie ou un Sadducéen;
4. sq. 1, 16. cf. 1 Rois 4,), il parle de ses c'était une forme qu'affectionnaient vo
richesses immenses, de ses maisons, de lontiers les anciens, Platon, Xénophon,
ses campagnes, de ses vignes, des aque etc.; cependant le dialogue n'est pas aussi
ducs qu'il a fait bâtir, de ses viviers, de marqué que dans les ouvrages de ces phi
ses esclaves, de ses trésors en or et en losophes. Il paraîtrait plutôt que Salomon
joyaux, de sa grandeur, qui a été plus discute avec lui-même, soit qu'il repro
élevée que celle de tous ceux qui ont été duise les arguments sadducéens que sa
à Jérusalem avant lui, de sa sagesse di profonde science lui avait certainement
vine; il parle encore des sentences et des fait connaître, soit aussi que le roi péni- .
proverbes qu'il a mis en ordre, Eccl. 12, tent raconte ses erreurs passées, et le
11.12. cf. 1 Rois 4, 32., etc.; il n'V a qu'un matérialisme insensé qui avait été pour
type qui réponde à tous ces caractères. lui le fruit de ses débauches et de son
Toutefois, nous devons mentionner pour idolàtrie. Quoi qu'il en soit, on voit dans
mémoire l'opinion des Talmudistes, qui ce livre des opinions contraires mises en
attribuent cet ouvrage au roi Ezéchias ; présence , il y a donc deux hommes qui
celle de Grotius, qui l'attribue à Zoro parlent, fictifs peut-être, et les doutes de
babel; celle de Kimchi, qui l'attribue à l'un ne sauraient pas plus être comptés
Esaïe. au nombre des paroles sacrées, que les
Au dire des rabbins, cOnfirmé par Saint discours des rois impies, des faux pro
Jérôme, quelques-uns de ceux qui re phètes, et de Satan lui-même, qui sont
cueillirent les livres saints après la cap reproduits en maint endroit par l'Esprit
tivité, furent d'avis de ne pas insérer l'Ec Saint.
clésiaste dans le Canon, de peur que des On a souvent remarqué la solennité
esprits faibles ne fussent scandalisés de avec laquelle s'ouvre le chapitre 5e; l'im
certains passages obscurs qui s'y trou pie, dégoûté, mais non désabusé, a criti
vent, et qu'ils pourraient mal interpréter, qué tout ce qui se fait sur la terre; il
par exemple, 3, 18-22.4, 1-3. 9, 2., etc. s'est plaint de voir prospérer le méchant,
Effectivement , ces versets trahissent un le faible tomber sans consolateur; le Sage
matérialisme et un athéisme révoltants ; lui répond : « Quand tu entreras dans la
ils rappellent dans leur genre ce passage maison de Dieu, prends garde à ton pied;
des Romains 6, 1. : « Péchons , afin que ne te précipite pas à parler ; Dieu est au
la grâce abonde »; et ces paroles du mème ciel et toi sur la terre; c'est pourquoi use
apôtre, 1 Cor. 15, 32. : « Mangeoils et de peu de paroles. » Homme chétif ! tu
buvons, car demain nous mourrons »; si veux critiquer cet univers, qui marche,
les unes et les autres de ces paroles im conduit par la puissante main de Dieu; tu
pies se trouvent dans l'Ecriture, celles du veux aborder le temple mystérieux de la
Nouveau Testament pourront nous expli Providence; tu veux sonder la profonde
quer celles de l'Ancien; dans l'un et l'au Sagesse; eh bien, sois au moins prudent,
tre cas, ce sont les raisonnements du ne te hâte pas de juger, et regarde.
|

ECC 309 ECO

Il est difficile de donner une idée exacte mort impénitent : il l'a écrit après, s'il
du plan de cet ouvrage; on peut le di s'est repenti, et cette dernière opinion
viser en trois parties : 1o la thèse 1, 1-3. ; qui semble ressortir de la lecture même
— 2° le développement, 1, 4-12, 8. ;- de l'ouvrage, nous paraît de beaucoup
3° la conclusion 12. 8-16. Le développe la plus probable; c'est presque une œu
ment lui-même comprend deux parties vre de pénitence , et l'on ne peut guère
principales : l'une négative, sur la vanité supposer que celui qui l'a écrite , ait pu
des choses de la terre ; elle va jusqu'à 6, faire plus tard une chute éternelle. Qui
9.; l'autre , positive, sur la nature , l'ex voudrait admettre que nous eussions dans
cellence et les effets bienfaisants de la l'Ecriture l'ouvrage d'un apostat, d'un
révélation divine, jusqu'à 12, 7. Quant à réprouvé! L'inspiration n'y perdrait rien,
l'ordre des idées, on ne peut pas le dé sil'on veut, mais bien le lecteur. D'ailleurs
lerminer, et malgré tous les efforts qu'on il est difficile de croire qu'un homme aussi
a faits. on n'a pas réussi à exposer l'en privilégié de Dieu, en ait été dans la suite
chaînement méthodique des arguments, complètement abandonné (v. Salomon).
soit que l'âme trop pleine du prophète ait On possède 'en français une bonne tra
débordé de tous les côtés, versant à la duction de l'Ecclésiaste, par M. Vivien, et
fois le désespoir et l'espérance, les plain un commentaire explicatif, simple, pro
tes et le repentir, les vieilles erreurs et fond et précieux, de M. F. de Rougemont.
la nouvelle intelligence; soit, comme le dit ÉCOLES. Quelques rabbins parlent d'é-
naivement Heidegger, soit que nos hum coles antédiluviennes, divisées successi
bles esprits ne soient pas capables de vement par Adam, Enos et Noé ; puis par
suivre la logique subtile et déliée d'un si Melchisédec à Kiriathsépher ; il ajoutent
grand roi. — Le dernier chapitre pré qu'Abraham donnait des leçons d'arith
sente à un haut degré ce caractère d'au métique et d'astronomie en Caldée; qu'il
torité que les païens remarquaient dans en donna plus tard en Egypte, et que Ja
les discours de Jésus ; le sage ne discute cob lui succéda dans l'art d'enseigner.
plus, il affirme; il ne raisonne plus, il Ils ne disent pas à quelles sources ils ont
impose : « Jeune homme, marche comme puisé ces traditions, plus qu'incertaines.
ton cœur te mène, mais sache que pour Les écoles proprement dites, destinées
toutes ces choses Dieu t'aménera en ju à la culture intellectuelle du peuple , ne
gement.—Crains Dieu, et garde ses com furent pas plus connues des Israélites
mandements, car c'est là le tout de l'hom avant l'exil , qu'elles ne le furent des
me; parce que Dieu amènera toute œuvre premiers Romains, ce qui n'a rien qui
en jugement, touchant tout ce qui est ca doive surprendre puisque l'antiquité n'a-
ché, soit bien, soit mal. » vait pas un cercle de connaissances élé
Personne n'était mieux qualifié que Sa mentaires bien étendu, la lecture, et sur
lomon pour dire : Vanité des vanités, tout tout l'écriture étant l'apanage presque
est vanité! Il avait joui de tout, abusé de exclusif des riches. On ne saurait douter
tout!Richesses,amour,sagesse, il avait vu que les enfants ne reçussent une instruc
une fin à toutes ces choses, et plusieurs tion religieuse, mais les parents seuls en
l'avaient trompé. D'autres témoignages étaient chargés, Prov. 6, 20.; déjà Moïse
que le sien eussent été moins forts. avait ordonné aux Hébreux d'élever leurs
Quant à l'époque de la composition enfants dans la connaissance de leur loi et
de ce livre, ceux qui supposent un autre de leur histoire, Deut. 6, 7.20. 11, 19.
auteur que Salomon, la fixent naturelle Peut-être les rois avaient-ils pour leurs
ment de très diverses manières, Suivant fils des gouverneurs particuliers. Mais ce
l'auteur qu'ils donnent à l'Ecclésiaste ; ne sont pas là des écoles; il n'en faut pas
nous n'avons pas à nous en occuper. Pour voir davantage dans les enseignements
les autres, ils sont divisés selon qu'ils que Moïse, Aaron et les anciens d'Israël
admettent ou non que Salomon s'est re donnaient au peuple dans le désert.Après
levé de sa chute et de son idolâtrie ; il a l'exil même nous voyons encore les mè
composé l'ouvrage avant sa chute, s'il est res soigner l'instruction de leurs enfants,
EC0 310 ECR

Susan. 3., 2Tim. 3, 15.; la religion forme struire et s'édifier, et saintement élec
toujours la partie la plus importante de trisés par la parole noble et divine de
cette éducation, parce que la religion est leur maître, qui les élevait dans une
intimément liée à l'état civil, et qu'elle sphère plus haute de la vie religieuse, et
est aussi indispensable au citoyen qu'au leur communiquait ainsi des dons qui
fidèle, étant à la fois politique et théo étaient refusés aux âmes moins pieuses,
cratique. Cependant c'est à cette époque moins constamment sous l'influence d'en
à peu près, que prirent naissance les pre haut. Il paraît, d'ailleurs, que les prophètes
mières écoles juives, qui ne furent dans avaient en effet des réunions régulières
le principe qu'une espèce de dépendance d'instruction qu'ils tenaient les jours de
des synagogues. Les jeunes garçons des sabbat , les jours de nouvelle lune, et à
tinés à la carrière des saintes lettres re d'autres moments déterminés; on peut le
cevaient sans doute une instruction pré conclure de 2 Rois 4, 23.
paratoire , avant d'être confiés au scribe Ces réunions subsistèrent jusqu'à la
qui devait les former. On n'enseignait captivité de Babylone; on en trouve peut
que rarement les langues étrangères dans être encore quelques traces, Ezéch. 14, 1.
les écoles de la Palestine; cependant, 20, 1. 8, 1. etc., puis elles furent rem
d'après le Talmud, ce n'est que de la der placées par les synagogues, dont le nom
nière guerre des Juifs que date la dé bre se multiplia tellement au retour de
fense positive d'enseigner le grec aux l'exil, que dans la seule ville de Jérusa
enfants. lem On en compta jusqu'à 394 ou 400 ;
Ecoles de prophètes. Il y en avait dans chaque corps de métier avait la sienne,
différents endroits du pays , notamment les étrangers même en possédaient plu
à Rama, 1 Sam. 19, 19.20., à Jéricho, sieurs.
2 Rois, 2, 5., à Béthel et à Guilgal, 2 Rois ECRITURE. L'écriture fut de bonne
2, 3. 4, 38. Quelques - uns prétendent heure connue des Hébreux ; cependant
qu'Elie avait aussi une école de ce genre l'on n'est pas d'accord sur l'époque où
dans les grottes du Carmel. Les jeunes elle fut introduite d'une manière générale,
gens qui faisaient partie de ces assem et deux opinions passablement tranchées
blées étaient appelés fils des prophètes ; sont encore en présence aujourd'hui.
ils n'étaient pas nécessairement jeunes, Hengstenberg et Haevernick réclament
et pouvaient être mariés, 2 Rois 4, 1.; déjà pour les patriarches la connaissance
ilsvivaient ensemble, quelquefois en nom de l'art d'écrire; Winer ne la fait remon
bre fort considérable, 2 Rois 2, 16. 6, 1., ter qu'aux jours de Moïse ; Hartmann et
(peut-être aussi 1 Rois 18, 4.13.) et pre Bohlen veulent même ne lui donner qu'une
naient leurs repas en commun, 2 Rois 4, origine beaucoup plus récente. Nous ne
38. La musique et le chant jouaient un dirons rien de cette dernière opinion qui
grand rôle dans leurs exercices religieux, n'a pour elle qu'une volonté et des pré
comme on peut le voir par 1 Sam. 10, 5., occupations dogmatiques, non plus que
mais l'Ecriture ne nous donne aucun dé de celle qui attribue à Adam l'invention
tail sur l'ensemble de leurs travaux et | de l'écriture et la composition d'un livre ;
sur l'objet même de l'institution : la pro quant aux prophéties d'Enoch, dont il est
phétie, comme don miraculeux, ne pou parlé Jud. 14. v. Enoch. En faveur de la
vait pas se communiquer par l'enseigne première opinion, Haevernick (Einleit. in
ment ; d'un autre côté, lorsqu'on voit die BB. des A. T., p. 269 sq.) a réuni un
Saül se joindre tout-à-coup aux jeunes grand nombre de passages et de pré
somptions diverses, qui ne sont pas tous
gens qui prophétisent, 1 Sam. 10, 10., on
est presque obligé d'admettre qu'une égalements probants, mais dont l'ensem
grande puissance de l'Esprit se manifes ble milite avec beaucoup de force à l'ap
tait au milieu d'eux. Le plus naturel est,
pui de sa thèse. Les rapports fréquents
ce nous semble, de voir dans ces écoles des Hébreux avec les Phéniciens, les ri
des associations de jeunes gens pieux , chesses et la prospérité de Sidon, ses
réunis autour d'un prophète pour s'in vaisseaux bien connus des patriarches,
ECR 311 EDE

Gen. 49, 13., les relations du Nord avec A l'époque de Moïse on ne peut plus
le Sud, les marchands madianites venant douter que l'écriture ne soit bien con
de Galaad pour se rendre en Egypte , nue : Moïse écrit la loi, la fait lire par le
Deut. 3, 12. Gen. 37, 25., les ornements Lévite, copier pour l'usage des rois,
et autres articles de luxe, mentionnés Deut. 31, 9. 11. 17, 18.; les anciens d'Is
dans Thistoire des patriarches, Gen. 43, raël sont convoqués par écrit, Nomb.
11. 24, 22. 37, 3., les échanges, et l'em 11, 24.26.; les imprécations prononcées
ploi de l'argent comme valeur détermi contre la femme soupçonnée d'adultère ,
née, 20, 16., tout indique un degré de au cas qu'elle soit coupable, sont écrites
civilisation tellement avancé, qu'il est dif dans un livre, Nomb. 5, 23., les pierres
ficile de croire que la culture intellec sont sculptées , même on y grave des
tuelle n'ait pas marché de pair avec un noms, Ex. 35, 33. 28, 36. Deut. 27, 8. en
pareil développement, et que l'écriture lettres tantôt fines , tantôt fort grandes ;
ne soit pas devenue une nécessité. — des passages écrits doivent servir de
L'histoire de Juda et Thamar , Gen. 38, fronteaux aux lsraélites au lieu des amu
18., nous présente une autre trace qui lettes égyptiennes, Ex. 13, 16. Deut. 6,
semble indiquer la connaissance de l'é- 8. 11, 18.; les poteaux des maisons sont
criture; il y est parlé d'un cachet (cf.
recouverts d'inscriptions pareilles, 6, 9.;
Hérod. 1 , 195) ; or un cachet suppose enfin l'époux qui veut répudier sa femme
l'art de graver, qui suppose à son tour doit lui donner une lettre de divorce ,
l'écriture.—Le mot hébreu employé Gen. Deut. 24, 1-4. — On peut voir ensuite,
41, 8. pour magicien, est un composé pour l'époque qui suivit Moïse, Jos. 24,
du mot hhéret, Es. 8, 1., qui signifie 26. 8, 32.34.35. 18, 4. 6.9. Jug. 5, 14.
un burin à graver (une touche de fer, 8, 14. Jér. 52, 25. etc. Ez. 9, 2. - Dans
Job. 19, 24); nouvel indice. — Enfin le les premiers temps, et pour les actes
mot shoterim, traduit par commissaires, d'une certaine importance, des masses
Ex. 5, 6. et ailleurs, et qui se rencontre solides, des rochers, sont les matérianx
fréquemment dans le Deutéronome , mê dont on se sert, Ex. 24, 12. 31, 18.34,
me en parlant de temps antérieurs à 1. Deut. 10, 1.27, 8.; de lourds et puis
Moïse, signifie proprement écrivains, in sants burins de fer sont les plumes des
scripteurs: c'étaient peut-être des espèces écrivains, Job 19, 24. Jér. 17, 1. Des pla
de commis teneurs de livres , comme il ques de métal, et quelquefois de bois,
y en eut plus tard, surtout parmi les Lé servent cependant aussi à recevoir les
vites, un grand nombre, chargés des caractères, Ex. 28, 36. Nomb. 17, 2.;
registres généalogiques et des dénom on trouve encore mentionnés parmi les
brements. - objets en usage l'encre, Jér. 36, 18. cf.
A ces traces antémosaïques on objecte. 2 Jean 12. 3 Jean 13. 2 Cor. 3, 3.; un
que les patriarches sont représentés dans canif, Jér. 36,23.; une pointe de diamant
la Genèse comme se faisant des monu pour graver, Jér. 17, 1. cf. Es. 8. 1.; des
ments naturels, des autels, des monceaux plumes, Jér. 8,8. cf. 3 Jean 13. Du pa
de pierres, des arbres, pour suppléer à pier égyptien semble mentionné 2 Jean
l'absence de l'écriture et pour seconder 12., et des feuilles de parchemin 2 Tim.
la mémoire. On voit en eflet plusieurs 4, 13. On se servait aussi de tablettes
mémoriaux de ce genre; mais d'abord légères pour l'usage journalier, Luc 1,
nous ignorons s'ils ne portaient pas quel 63. Les ouvrages un peu volumineux
ques inscriptions, et ensuite il est peu étaient écrits sur des feuilles réunies en
probable que leur simple existence se rouleaux, Jér. 36, 14. Ez. 2, 9. Zach. 5,
condât suffisamment la mémoire , si dn 1. Ps. 40, 8. cf. Luc 4, 17. 2 Rois 19, 14.
reste aucun signe caractéristique ne ve Apoc. 6, 14., et divisées en colonnes,
nait rappeler l'événement : ces monu Jér. 36, 23.
ments d'ailleurs se retrouvent même après EDEN. 1° Gen. 2, 8. v. Paradis. — 2°
les temps mosaïques, et même denosjours, Am. 1 : 5., ou Beth-Eden , maison de
sans qu'on puisse nier l'art d'écrire. plaisance des rois de Damas, située sur
ED0 312 EDU

le Liban. Selon Gesenius, une ville de ce 3, 19. Am. 1, 11. Ps. 137, 7. Lam. 4,
nom existerait encore à la même place. 21. Ez. 25, 12. 35, 15. Cette inimitié se
—3° Les enfants d'Eden ou Héden, 2 manifesta surtout lors du siége de Jérusa
Rois 19, 12. Es. 37, 12., habitaient le lem par Nébucadnetsar, quoiqu'ils n'aient
pays de Télasar, q. v. D'après Ez. 27, pas pris alors une part active aux com
23. ils faisaient le commerce avec Tyr, bats. Abdias leur annonça que leur joie
et comme ce nOm est lié avec Haran dans maligne serait punie, et cinq années après
tous ces passages, on voit que c'est dans la prise de Jérusalem , Nébucanetsar, ja
la direction est ou nord - est , sur les loux, et se méfiant d'un peuple qu'il con
bords de l'Euphrate ou du Tigre , qu'il naissait perfide, tomba sur Edom et le ra
faut l'aller chercher. — Le mot Eden ou vagea ; ainsi font les alliés de ce monde.
Héden, qui rappelle le grec ºôovi, signi Pendant l'exil, un grand nombre d'entre
fie plaisir, délices. eux vinrent habiter la partie méridionale
EDOM, Edomites ou Iduméens, peu de Juda qui était déserte (cf. Ez. 35, 10.
plade issue d'Esaü, q. v. Ils s'établirent 36, 5.); expulsés de nouveau de ce pays,
dans les montagnes de Séhir, après en ils méditèrent d'y rentrer, Mal. 1, 4., mais
avoir exterminé ou subjugué les anciens sans succès. Plus tard, Judas Maccabée
habitants, Deut. 2, 12.; ils étaient divisés les attaqua et les battit à plusieurs repri
par tribus et gouvernés par des chefs, ses; Jean Hyrcan les subjugua de mème;
Gen. 36, 15. sq. (mal traduit ducs). Moïse il leur imposa l'obligation de se faire cir
demanda au roi d'Edom la permission de concire , et de Se SOumettre aux autres
traverser son pays pour entrer en Canaan, lois de Moïse. Dès lors ils furent en quel
mais Edom refusa, Nomb. 20, 14., et les que sorte incorporés à la nation juive;
Israélites se détournèrent de leur chemin, ils restèrent soumis aux derniers rois de
parce que Dieu leur avait défendu de Judée, et vinrent défendre Jérusalem
traiter hostilement cette peuplade, Deut. contre les Romains; mais bientôt ils quit
2, 4. Ils demeurèrent indépendants jus tèrent la ville, et repartirent pour l'Idu
qu'au temps de David qui les assujettit et mée chargés de butin.— Hérode le Grand
accomplit la prophétie d'Isaac, que Jacob était Iduméen , et l'empereur Philippe,
asservirait Esaü. Les Edomites ne sup dit l'Arabe, l'était pareillement, étant né
portèrent qu'impatiemment le joug des à Botsra.
rois de Judée, et dès la fin du règne de Les Edomites étaient adonnés au com
Salomon, Hadad, iduméen, beau-frère de merce par mer et par terre, à l'agricul
Pharaon , qui avait été transporté en ture et à l'élève des bestiaux, Nomb. 20,
Egypte fort jeune, revint dans son pays 17. Quant à leur religion, elle est peu
et fut proclamé roi , 1 Rois 11, 17-22.; connue : nulle part l'Ecriture ne leur
sa domination ne s'étendit probablement reproche l'idolâtrie ou ne mentionne leurs
que sur l'Idumée orientale, car les autres idoles; il est à croire que la connaissance
Iduméens qui étaient au midi de la Judée du vrai Dieu se conserva parmi eux pen
demeurèrent dans l'obéissance des rois
dant les premières générations depuis
de Juda jusqu'au règne de Joram, fils de Esaü ; une tradition porte même qu'ils
Josaphat; ils essayèrent alors de secouer adoraient Moïse (Epiphane), et ce qui
le joug , et réussirent pour un temps, 2 fortifierait cette opinion, c'est que Jo
Chr. 21. Amatsia, fils de Joas les soumit sèphe appelle Kosé, ou Chosé l'une de
de nouveau, se rendit maître de Pétra, et leurs divinités. Ce nom qui signifie en hé
précipita dix mille d'entre eux du haut breu un voyant, un prophète, s'applique
d'une roche dans la mer, 2 Chr. 25. Ho
parfaitement au législateur des Hébreux.
zias (Hazaria) prit sur eux la ville d'Elath En tout cas, leur religion n'était pas iden
sur la mer Rouge, 2 Rois 14.; mais Ret tique avec celle des Juifs, puisque Hyr
sin la reprit, 16, 6., et ces conquêtes n'eu can ne put les y amener que par la force.
rent pas de suite. Les prophètes repro EDUCATI0N. 1o v. Ecoles. — 2° L'é-
chent fréquemment aux Edomites leur ja ducation ou élève des bestiaux a toujours
lousie et leur haine contre Israël , Joel été en Orient, surtout dans l'antiquité,
EDU 313 EGL

une occupation importante et très res marchesvan (novembre), les troupeaux


pectée; les Hébreux, en particulier, fai rentraient dans leurs écuries où ils res
saient remonter jusqu'à Abel le Juste la taient jusqu'à Pâques.
généalogie des bergers. Pareils aux Bé Voyez encore ce qui a été dit aux art.
douins d'aujourd'hui , les patriarches et Berger, Bœuf, Brebis , etc., de même
les Israélites voyageaient en hordes no que l'observation que nous avons faite
mades, cherchant des pâturages vastes e] sur le fumier de ces animaux, dont on se
fertiles dans les plaines méridionales de servait comme combustible, après l'avoir
Canaan, de l'Arabie Pétrée, et des con séché an soleil.
trées qui avoisinent l'Egypte, Gen. 12, EGLAJlM, ou Eglayim (les veaux),
10. 13, 9.; ils y passaient ainsi des an Es. 13, 8., ville peu connue : on trouve
nées sous des tentes, vêtus et nourris du Ez. 47, 10., Henéglajim, ville des Moa
produit de leurs troupeaux, faisant venir bites, qui, d'après saint Jérôme, aurait
leur blé d'Egypte, Gen. 42, et achetant été située à l'embouchure du Jourdain ,
parfois aux caravanes en passage quel au nord de la mer Morte : il n'est pas
ques-unes de leurs marchandises pré probable, quoique possible cependant,
cieuses, 37, 25. Ils avaient des troupeaux que l'une et l'autre soient la même. Eu
de bœufs, de chèvres, et de moutons, puis sèbe nomme une ville , Agalléim, et Jo
des ânes et des chameaux pour le trans sèphe, Agalla, à 8 milles (14 kilom.) sud
port, 12 , 16.; des esclaves des deux d'Aréopolis, qui peut être Eglayim, mais
sexes étaient chargés des soins matériels serait trop loin de la mer Morte pour être
du troupeau, et pouvaient, en cas de dan Henéglajim ; les villes d'Es. 13. et Ez.
ger, former de petites armées, 14, 14.— 47., seraient alors différentes. Douteux.
Après que les Hébreux se furent établis ÉGLISE. On s'accorde de plus en plus
dans des villes fortifiées, ils continuèrent en nos jours, à reconnaître que la parole
encore de s'occuper de leurs troupeaux, de Dieu n'a mis aucune précision dans ses
et plusieurs des lois de Moïse sont diri ordres relatifs aux formes extérieures et
gées dans ce sens, celles sur les viandes à l'administration de l'Eglise. v. Baptême
défendues ou permises, celles en faveur et Cène. C'est ce que nous retrouvons
des animaux, Ex. 23, Deut. 25, etc. On lorsque nous cherchons la définition mê
comptait en Palestine de fort riches pro me de ce qu'est cette Eglise. La Bible
priétaires de bestiaux , 1 Sam. 25, 2., n'est positive que sur deux grands sens
principalement dans les tribus transjour généraux de ce mot. Il désigne primiti
daines qui, libres de s'étendre avec leurs vement, et en droit, l'ensemble ou l'as
troupeaux jusque sur les bords de l'Eu semblée de tous les vrais fidèles, et d'eux
phrate, retiraient le plus grand profit de seuls, Eph. 5, 25-32.; puis, dans la pra
cette vie nomade, Nomb. 32, Jér. 50, 19. tique ou en fait, comme il est impossible
Mich. 7, 14. Les tribus cisjourdaines s'é- de distinguer ici-bas les vrais fidèles d'a-
tendaient aussi quelquefois vers le sud vec ceux qui ne font qu'une profession
au delà des limites de Canaan, et condui extérieure , et les vierges folles d'avec
saient leurs troupeaux dans ces forêts et les sages, il désigne tout ce qui porte ou
ces plaines inhabitées qui portaient le prend le nom de chrétien, et par consé
nom de déserts (v. cet art.). Des rois quent les deux extrèmes de l'idée dont il
eux-mêmes eurent des troupeaux consi s'agit , c'est-à-dire ou l'Eglise pure, ab
dérables, 1 Chr. 27, 29. straite et parfaite , ou l'assemblée telle
Le bétail passait tout l'été en plein air, quelle, de tout ceux qui professent être
et se rassemblait la nuit dans des parcs, de Christ, tant profond que puisse être
comme chez nous ; il pouvait, en consé d'ailleurs leur égarement ou leur déca
quence, facilement arriver que quelques dence. C'est ainsi que, d'un côté, le pas
pièces de ces nombreux troupeaux s'éga sage aux Ephésiens cité plus haut, nous
rassent, 1 Sam. 9, 3. Matth. 18, 12. Lors représente l'Eglise comme sans tache ,
qu'approchait la saison des pluies, c'est tandis qu'ailleurs il est dit, en parlant de
3-dire au commencement du mois de l'Eglise, que dans une grande maison il
EGL 314 EGL

n'y a pas seulement des vases à honneur, leurs conducteurs spirituels. Quant au
mais d'autres à déshonneur, 2Tim. 2, 20. pouvoir proprement dit de l'Eglise, il ne
La preuve que les vases à déshonneur dé réside absolument que dans l'ensemble
signent ici des hommes étrangers à la des fidèles, comme les termes seuls suf
vraie Eglise, se trouve dans les versets firaient pour l'indiquer, puisque le der
qui précèdent, comme dans ceux qui sui nier de ces mots n'est que la traduction
vent immédiatement. C'est encore dans du premier.— La vieille folie d'une prin
ce dernier sens qu'il est dit de l'Eglise de cipauté de saint Pierre n'existe plus qu'à
Sardes, que ce n'étaient qu'un petit nom l'état de fiction, comme la pierre angu
bre de ses membres qui étaient vivants , laire d'une société vermoulue qu'on vou
Apoc. 3, 4., etc. Par conséquent , toute drait renouveler et qu'on craint de dé
congrégation qui s'établit entre ces deux molir ; ce n'est plus une affaire religieu
extrêmes, et qui se donne pour un frag se, c'est une affaire politique et presque
ment de la vraie Eglise, de l'Eglise nor sociale, où l'Eglise n'a rien à démêler.
male, est par cela même dans l'erreur : On a tenté dernièrement (version suisse
elle est trop pure pour être composée se du Nouveau Testament) de traduire le mot
lon les règles de la vraie Eglise visible, Eglise par le mot correspondant français
qui admet tout ; elle n'est pas assez pure que nous avons employé nous-même,as
pour être composée comme l'Eglise par semblée; cette traduction est fort utile et
faite, puisqu'elle renferme encore beau fort importante lorsqu'il s'agit des égli
coup de péché, et qu'elle est toujours su ses particulières, mais le mot ne va plus
jette à receler des hypocrites. Mais com dans la plupart des cas, lorsqu'on l'ap
me professant le christianisme, elle ap plique à l'Eglise en général : on éprouve
partient néanmoins au grand ensemble et alors une espèce de repoussement instinc
à cette Eglise générale qu'elle méprise. tif qui indique assez que le mot ne cor
Nous n'avons point à répéter ici des respond plus à l'idée ; et de fait, quoi
réflexions qui se trouvent ailleurs, et qui qu'il en soit de l'étymologie, le mot Eglise
repoussent au rang des absurdités ces a pris dès l'origine, et a acquis dans le
prétentions d'une portion quelconque de cours des siècles, une signification plus
l'Eglise universelle à former seule l'E- ºmple, plus large et aussi plus spéciale,
glise visible de Christ. Cette observation plus religieuse, que le sens qu'on donne
s'applique par excellence à la secte ca au mot assemblée. L'usage étant « le maî
tholique romaine qui, par son idolâtrie tre souverain des langues », il n'est pas
et ses nombreuses impiétés, ainsi que par toujours permis d'innover, et l'on ne
le caractère charnel de sa puissance, con peut changer le sens de certains mots
stitue plutôt l'un des éléments les plus une fois qu'il est admis et déterminé de
prononcés du règne de Satan dans le puis longtemps.
monde. Cependant, elle aussi, elle appar L'Eglise de Jésus a reçu la promesse
tient à l'Eglise générale, puisqu'elle pro que les portes de l'enfer ne prévaudront
fesse le christianisme. point contre elle , Matth. 16, 18. ; cette
Notre Seigneur n'a établi aucun pou promesse ne se rapporte qu'à elle et non
voir central sur l'Eglise extérieure : les à aucune égliseparticulière, toujours frap
apôtres, lorsqu'ils furent appelés à déci pée au coin de l'homme, et par là même
der pour la première fois une grande incomplète et périssable. L'Eglise ro
question de foi et de discipline, s'adjoi maine renouvelle de nos jours de grands
gnirent les membres les plus âgés de l'E- efforts pour rétablir son règne qui s'en
glise de Jérusalem (ce qu'on a appelé les va; elle sait braver à la fois le ridicule
prêtres), et même la masse des fidèles, et l'indignation publique : le protestan
Act. 15, 22.23. Tout le Nouveau Testa tisme lui-même est dans un état de crise
ment nous annonce l'égalité des fidèles qui l'affaiblit sous quelques rapports, et
entre eux, quoique dans les choses d'ad présidera peut-être à sa régénération ;
ministration, et comme principe d'ordre, l'Eglise ne subsiste que par la vérité, la
ils doivent une déférence particulière à victoire restera à la fraction de l'Eglise
EGY 315 EGY

qui sera le plus près de la vérité. Des jours le nom de Misr.


douleurs attendent ce petit troupeau , Cette contrée, célèbre par le rôle mer
mais il triomphera par son chef, et ré veilleux et presque énigmatique qu'elle a
gnera éternellement. joué dans l'histoire du développement de
Les diverses questions soulevées par l'humanité, est située entre les 24° et
l'idée d'Eglise, sur les rapports des fidè 31° 30' de latitude nord , et les 22° et
les entre eux, des fidèles avec leurs pas 33° 21' de longitude est. Elle est bornée
teurs, des pasteurs entre eux, de l'E- au nord par la Méditerranée ; à l'orient,
glise avec l'Etat, etc., ont été examinées par l'Arabie et la mer Rouge; au sud,
avec soin et sous différents points de par la Nubie ; à l'occident , par les dé
vue ces dernières années. Quelques livres serts de Barca et de Lybie. La vallée du
et de nombreuses brochures ont été pu Nil est longue d'environ 900 kilom., et
bliés : outre les travaux de MM. Bauty , large de 15 à 20, entre les collines arides
Grandpierre, Burnier, Rochat, Guers, de la chaîne lybique à l'ouest, et la chaîne
F.0livier, Panchaud, Moulinié. Monsell, arabique à l'est; des montagnes graniti
Darby, van Muyden, etc., nous citerons ques s'étendent le long de la mer Rouge,
spécialement la Théorie de l'Eglise , du et renferment des carrières de porphy
docteur Schérer, traitée au point de vue res. On l'a toujours divisée en trois par
scientifique : les Recherches de A. Bost, ties principales, la Haute-Egypte ou Thé
relatives à l'organisation de l'Eglise, ou baïde (v. Pathros); la Moyenne-Egypte,
vrage qui renfermait en germe la forma ou Heptanomis, dans laquelle se tr0u
tion de l'Alliance évangélique; l'Essai de vaient les lacs de Mœris et de Menis , et
Vinet, où le plus puissant talent vient en la Basse-Egypte, qui renfermait les bou
aide à la conviction la plus arrêtée quant ches du Nil ou Delta. Par les inondations
à la nécessité de maintenir l'autonomie périodiques du grand fleuve, que l'on sut
de l'Eglise, en la séparant de l'Etat; en de fort bonne heure utiliser au moyen
fin la Réponse de M. de Rougemont au de canaux, Es. 7, 18. Ez. 30, 12. 32, 14.,
livre de M. Vinet, la plus solide des nom et de machines, Deut. 11.10., et dont on
breuses réfutations que ce travail a fait conduisait ainsi le limon dans des districts
surgir, et l'une des meilleures sous le qui fussent restés stériles sans ces irri
rapport de l'esprit chrétien. gations factices, l'Egypte est devenue une
Les questions d'Eglise ne peuvent avoir des contrées les plus fertiles de la terre,
de gravité qn'autant qu'elles impliquent et une source inépuisable d'approvision
des questions de foi, de fidélité et de li nements pour l'Europe et l'Asie, Gen. 12,
berté; en dehors de là tout est volon 10. 41, 57. Ex. 16, 3. Tacit. Hist. 3, 8.3.
taire, parce que les Eglises sont des as v. Fleuve. Outre le blé qui était son prin
sociations librement consenties qui doi cipal revenu , l'on y trouvait encore en
Vent travailler, chacune pour sa part et abondance des oignons, des aulx, des ha
suivant les circonstances dans lesquelles ricots, des courges, des concombres, des
elle se trouve, au plein développement de melons, des poireaux, du lin, du coton,
la vie spirituelle de leurs membres. Il ne du vin, le palmier, le figuier, le sycomore
pent pas plus y avoir un moule pour les et l'acacia, cf. Nomb. 1 1, 5. Ex. 9.31.,
Eglises, qu'il n'y en a pour l'individua et les auteurs profanes : le bois cepen
lité humaine. A tout être vivant sa forme dant y était rare, soit bois de construc
et son élément, mais à tous la vie. tion, soit combustible. Le Nil produisait
EGYPTE , en hébreu Mitzrayim (le se encore le papyrus, et nourrissait toutes
cond fils de Cam, Gen. 10, 6.), et dans la sortes de poissons. Nomb. 11, 5. Es. 19,
langue poétique Matsor, Es. 19, 6. 37, 8.; sur ses bords habitaient l'hippopota
25. (mal traduit digues ou forteresses), me et le crocodile. Les volailles y étaient
Mich. 7, 12. (mal traduit villes fortes), prodigieusement nombreuses; le bétail, et
quelquefois terre de Cam , Ps. 78, 51. principalement les bêtes à cornes, étaient
105, 23., ou Rahab, Es. 30, 7. 51, 9. fort estimées : les chevaux y abondaient,
Ps. 87, 4. L'Egypte porte encore de nos forts, souples et bien faits, 1 Rois 10, 28.
EGY 316 EGY

Es. 31, 1. 36, 9. Jér. 46, 4. Ez. 17, 15.Le des lumières, elle y avait fait croître ex
pays était riche en pierres de construc près le papyrus pour y fixer les décou
tion, granit, grès et calcaire; on y trou vertes fugitives du génie. C'est de ce coin
vait même des mines d'or dans la partie du monde que l'aurore des sciences com
superieure. mença à poindre sur notre horizon, et
L'Egypte, dit Hérodote, est un don du l'on vit bientôt les lumières s'avancer de
Nil; c'est à lui qu'elle doit son existence. l'Egypte vers l'Occident, comme l'astre
Et Napoléon, dans ses Mémoires, pré radieux qui nous vient des mêmes riva
Sente Sur ces inondations les observations geS. »
suivantes : « Elles sont régulières et pro Une forte rosée remplace le bienfait des ,
ductives ; régulières, parce que ce sont pluies du ciel. — Le chamsin, vent brû
les pluies du tropique qui les causent ; lant qui souffle du sud à l'équinoxe du
productives, parce que ces pluies , tom printemps; les moustiques, Ex. 8, 21. cf.
bant par torrents sur les montagnes de Es. 7, 18.; les sauterelles, Ex. 10, les gre
l'Abyssinie, couvertes de bois, entraînent nouilles, Ex. 8, 6. Ps. 78, 45.; enfin la pes
avec elles un limon fécondant que le Nil te, la lèpre, des pustules et l'éléphantia
dépose sur les terres. Les vents du nord sis, sont les plaies principales qui affli
règnent pendant la crue de ce fleuve , et gent l'Egypte, et qui tempèrent les autres
par une circonstance favorable à la ferti avantages que Dieu lui a accordés.
lité, en retiennent les eaux... Le Nil com Les Egptiens, qui atteignent en géné
mence à s'élever au solstice d'été;l'inon ral un àge avancé, n'ont jamais passé pour
dation croît jusqu'à l'équinoxe, après quoi beaux : leurs pieds, en particulier, sont
elle diminue progressivement. C'est donc quelquefois difformes; leur peau est bru
entre septembre et mars que se font tous ne, leur front plat, leurs pommettes
les travaux de la campagne. Le paysage saillantes, leur bouche large, leurs lèvres
est alors ravissant : c'est le temps de la épaisses ; les hommes avaient la réputa
floraison et celui de la moisson. Après le tion d'être grands, Ez. 16, 26., et leur
mois de mars , la terre se gerce si pro crâne était extrêmement dur. Les femmes
fondément, qu'il est dangereux de tra étaient et sont encore d'une fécondité re
verser les plaines à cheval , et qu'on ne marquable.
peut le faire à pied qu'avec une extrême Nous trouvons l'Egypte déjà peuplée
fatigue. Un soleil ardent, qui n'est jamais dans les temps les plus reculés auxquels
tempéré ni par des nuages, ni par de la nous ramènent les documents des nations;
pluie, brûle toutes les herbes et les plan Diodore de Sicile nous y montre des en
tes, hormis celles qu'on peut arroser. fants de l'Ethiopie (3, 3.), Heeren une co
C'est à cela qu'on attribue la salubrité des lonie de prêtres, partout des cultivateurs.
eaux stagnantes qui se conservent en ce Dans l'Ancien Testament (cf. surtout Jér.
pays dans les bas-fonds. En Europe, de 44, 1. Ez. 30, 13.), plusieurs grandes vil
pareils marais donneraient la mort par les égyptiennes sont mentionnées, On ou
leurs exhalaisons ; en Egypte, ils ne cau Héliopolis, Rahmésès, Pithom, Tsoan ou
sent pas même des fièvres. » — Le même Tanis, Noph (Memphis), Bubaste, Sin (Pe
auteur ajoute plus loin : « L'Egypte a, delusium), Daphné, Noammon (Thèbes), et
tout temps, excité la jalousie des peuplesquelques autres. v. ces articles. Les arts
qui ont dominé l'univers. » et les sciences y fleurirent bientôt, quoi
A ce jugement d'un grand juge , nous qu'on ne puisse admettre pour ces der
ajouterons quelques paroles d'un de ses nières, qui ne furent pas d'abord un pri
contemporains, roi comme lui, dans un vilége de la caste sacerdotale, toutes les
autre domaine , M. de Chateaubriand. merveilles que les Grecs en ont rappor
« C'est dans ce pays dont tout amant des tées, soit quant à leur degré de perfec
lettres ne doit prononcer le nom qu'avec tionnement , soit quant à leur nombre :
respect, que nous trouvons les premières il paraît que la physique et les mathéma
bibliothèques. Comme si la nature avait tiques furent plus particulièrement étu
destiné cette contrée à devenir la source diées, et avec le plus de succès; peut-être
EGY 317 EGY

aussi la médecine, q. v. Les ruines de ses que l'Egypte faisait de nombreux échan
temples, les obélisques, les canaux, les ges : ses vaisseaux allaient par les mers
impérissables pyramides , sépulcres de de l'Arabie et de la Perse chercher les épi
tant de rois, et en général tous les pro ces, l'ivoire et les soies de ces régions
duits artistiques qui nous ont été conser lointaines. Ils s'avançaient jusqu'à la Ta
vés de ce peuple, témoignent que le zèle probane, la Ceylandes modernes.Sur cette
et la persévérance jouèrent un plus grand côte, les Chinois et les nations situées au
rôle dans ses arts que le goût. Le fameux delà du cap Comorin apportaient les mar
zodiaque du temple de Dendérah, trans chandises à l'époque du retour périodi
porté en France en 1821, et déjà signalé que des flottes égyptiennes, et recevaient
en 1806 par le ridicule mémoire de Du en échange l'or de l'Occident.
puis, ne ferait pas, s'il était authentique, Quant à la religion, Ex. 12, 12., c'était
l'éloge de l'astronomie égyptienne. Il re une espèce de culte symbolique de la na
présente l'état du ciel à une époque où ture, qui n'était pas le même non plus
le point équinôxial coïncidait avec le si dans toutes les parties du pays ; l'astro
gne de la Vierge, et qui remonte à 15 ou lâtrie dominait; Osiris, Ammon, Isis, et
16 mille ans. S'il avait été fait de visu , d'autres divinités du ciel étaient adorées ;
d'après nature , l'astronomie égyptienne à côté d'elles on trouvait des veaux, des
serait plus vieille que le globe. On a re bœufs, des crocodiles, d'autres animaux
connu depuis qu'il était de fabrique ro encore que la zoolâtrie avait divinisés
maine, fait sous Néron ou sous Domi comme représentants des forces de la na
tien ; selon d'autres, il remonterait au ture. Des temples grandioses et magnifi
temps des Ptolémées. ques leur étaient élevés dans les princi
La caste des prêtres tirait, à ce qu'on pales villes, Jér. 43, 12. Ez. 30, 13.; Thè
croit, son origine de quelque tribu plus bes renfermait un oracle célèbre du dieu
civilisée venue des contrées méridionales, des sables, Jupiter Ammon, Jér. 46, 25.
peut-être aux beaux jours des Pharaons ; cf. Es. 19, 1 .
elle se divisait elle-même en plusieurs La langue égyptienne n'avait pas de
classes, auxquelles appartenaient lessages point de contact avec les langues sémiti
et les magiciens nommés dans l'Ecriture, ques ; elle s'est peu à peu ramifiée et
Gen. 41, 8. Ex. 7, 11. 8, 18. 9, 11. Les fondue dans trois dialectes coptes, et
autres castes indiquées par Hérodote (plus maintenant elle est entièrement perdue,
subdivisées que dans Diodore et Strabon), depuis près de deux siècles. Les noms
sont celles des soldats, des bergers, des propres de l'Egypte, et quelques noms
gardeurs de pourceaux, des merciers, des communs, nous sont conservés par la Bi
interprètes et des bateliers (sur le Nil). ble dans leur langue originale, le Nil,
C'est de la caste des guerriers , placée Yeôr, Pºiaraon, etc. Le copte actuel est
sous la dépendance des prêtres, que sor un mélange du grec avec l'ancien égyp
taient ordinairement les rois dans les tien. La classe des lettrés comptait deux
changements de dynastie. Les prètres et espèces d'écritures, l'une commune, pour
les guerriers seuls pouvaient être pro le peuple et pour le commerce de la vie ;
priétaires du sol. Le métier des pères pas l'autre hiéroglyphique, sainte, indéchif
sait aux enfants, sans que personne pût frable, dont M. Champollion a le premier
changer de profession ; l'artiste ne pou retrouvé la clef depuis longtemps perdue ;
vait cultiver qu'une spécialité, le médecin v. Quatremère, Recherches sur la langue
qu'une branche de son art. La classe des et la littérature de l'Egypte, Paris 1808.
artisans était fort nombreuse ; outre la L'histoire ancienne de cette contrée se
culture du sol, elle s'occupait encore de perd dans les nuages de la poésie et de
broderies, de tissage, de diverses fabri l'imagination des peuples enfants. Quel
cations, et faisait un commerce étendu que ques hordes venues de l'Orient, quel

•º,
| les eaux faciles du fleuve contribuaient ques Arabes dirigés par des chefs nom
beaucoup à favoriser, Prov. 7,16. Es. 19. més Hyksos, passèrent l'isthme de Suez,
9.Ez. 27, 7. C'est surtout avec les Indes et chassèrent devant eux les premiers oc
EGY 318 EGY
cupants, qui s'arrêtèrent dans la Thé et qui la livre pendant trois siècles aux
baïde, et y demeurèrent près de deux Ptolémées, descendants d'un de ses géné
siècles, battus, mais insoumis, jusqu'au raux : Soter, Philadelphe, Evergète, Phi
moment où leurs tribus diverses s'étant lopator, Epiphanes, Philométor, Evergète
réunies sous l'influence de Diospolis, la II ou Physcon, Lathure, Cléopâtre Ier, sa
plus puissante d'entre elles, et guidées fille, femme d'Alexandre Ier, neveu de La
par Thoutmosis Ill ou Mœris, elles pu thure, Alexandre Il, Ptol. Nothus ou Au
rent secouer le joug des rois pasteurs. létés, Ptol. Dénys ou Bacchus, Cléopâtre
C'est donc avant l'invasion des Hyksos, II sa sœur. La bataille d'Actium met fin
qu'Abraham, lsaac, Jacob et Joseph au à cette dynastie. A l'exception des Pha
raient visité cette contrée. — Mais ce raons pasteurs dont il est parlé dans la
n'est guère que depuis Sésostris (1491 Genèse et l'Exode, l'Ecriture sainte ne
av. C.), que l'histoire d'Egypte perd ce nous a conservé les noms propres que
qu'elle a de fabuleux et d'incertain ; elle de quatre de ces rois d Egypte, savoir
commence dès lors à se mêler au mythe, Sisak, 1 Rois 11,40. (Sesonchis ?), Nécho,
la vérité au roman ; c'est l'époque des 2 Chr. 35, 20. Jér. 46, 2.; So, 2 Rois 17,
constructions gigantesques et des rèvo 4. et Hophra, Jér. 44, 30. — v. ces diffé
lutions. Le pouvoir de Sésostris offusque rents articles.
le parti prêtre qui, humilié de n'occuper Les dates égyptiennes sont le labyrin
que le second rang dans la nation, prépa the de la chronologie ; Manéthon, Héro
re ses mesures, laisse passer avec calme dote, Diodore de Sicile varient dans leurs
quelques générations, puis enfin, secon données et ne s'accordent que rare
dé par les Ethiopiens de Méroë, s'élance ment sur les chiffres, ce qui semble indi
sur le trône dans la personne de Séthos, quer déjà que le calendrier égyptien était
et en précipite le dernier roi de la caste jugé diversement chez les divers peuples;
guerrière, Sabakon. Le prêtre-roi gou d'ailleurs le nombre prodigieux d'années
verne avec habileté, mais les guerriers du règne de certains rois, et même de plu
qu'il a refoulés au second rang l'aban sieurs suites de rois, milite passablement
donnent, et son autorité s'éteint avec lui. en faveur de l'opinion que les années de
A cet usurpateur succède l'anarchie, puis l'Egypte n'étaient point les mêmes que les
la dodécarchie, et Psamméticus après avoir nôtres : enfin, nous avons le témoignage
supplanté par la ruse et la force ses onze de Diodore de Sicile qui dit que de son
collègues, devient, en 650, maître de toute temps déjà l'on se méfiait de ces années,
l'Egypte; sa famille occupe le trône en et que quelques-uns les réduisaient à un
core trois générations, Nécho, Psammis mois suivant le cours de la lune ; les an
et Apriès, (c'est apparemment pendant le nées des Egyptiens auraient subi diverses
règne de l'un d'entre eux que nébucad modifications : d'un mois d'abord, ellesau
netsar fait la conquète de l'Egypte an raient été ensuite de deux mois, puis de
noncée par les menaces des prophètes, quatre. C'est dire qu'il n'y a pas moyen de
Jér. 43, 12. 46, 13. Ez. 29, 19. 30, 4.) : s'en tirer, car l'embarras serait, en admet
Apriès est tué dans une émeute popu tant même ces suppositions, de fixer quel
laire, et un homme nouveau, Amasis, est les années auront été d'un mois, ou de
revêtu de la royauté par la volonté na deux, ou de quatre. Le plus sûrest parcon
tionale ; son règne fut le dernier moment séquent de s'en tenir pour la chronologie
de l'indépendance de l'Egypte : son fils égyptienne à quelques dates générales, et
Psamménile (526) n'hérita pas de ses ta notamment aux synchronismes qui sont
lents, et laissa tomber sa couronne entre indiqués dans la Bible : ainsi la contem
les mains de Cambyse, roi des Perses poranéité de Nécho et de Josias et Jého
(521). L'histoire nomme encore les rois jakim, 2 Rois 23, 29. (cf. Ez. 19), celle
Inarus, Achoris, Tuchos, Nectanebus qui de Sédécias et de Apriès (Hophra), Jér.
fut dépouillé par Artaxercès Ochus (346). 44, 30., celle de l'éthiopien Tirhaca et
Dix neuf ans après c'est Alexandre le d'Ezéchias, 2 Rois 19, 9. Es. 36, 6., celle
Grand qui vient y planter ses armes(327), de So et de Hozée, roi d'Israël, 2 Rois
EGY 319 EHU

17, 4., celle de Sisak et de Salomon et cryphes nomment Philopator, 3 Macc.,


Jéroboam, 1 Rois 11, 40., puis en remon Philométor, 1 Macc. 10, 57. 11, 3.8.; 2
tant encore plus loin, celle de David et Macc. 4, 21., et Physcon ou Evergète, 1
des Pharaons, 1 Rois 3, 1. 7, 8.9, 16. 11, Macc. 15, 16. Sous leur gouvernement
18.; enfin celle des Hyksos et de Moïse ; les Juifs domiciliés en Egypte obtiennent
Joseph aurait alors vécu en Egypte avant des franchises, et peuvent se construire
linvasion des peuplades orientales. à Léontopolis un temple suivant le mo
Il ne paraît pas que depuis Moïse jus dèle de celui de Jérusalem, dans lequel
qu'à Salomon les lsraélites aient eu au ils sont libres de célébrer leur culte se
cune relation avec les Egyptiens , c'est à lon les rites de la loi ; les Juifs persécutés
ce dernier monarque qu'était réservé le en Palestine sont heureux de pouvoir se
déshonneur de former une alliance avec réfugier dans un pays si tolérant, et Jo
les ennemis de son Dieu, et cette alliance seph, le père putatif de Jésus, s'y réfugie
ne fut préjudiciable ni à son trésor, ni à avec l'enfant et sa mère pour échapper
sa sensualité, 1 Rois 3. Cependant il en aux fureurs d'Hérode, Matt. 2, 13.
fut puni, 1 Rois 11, 40., comme ses des L'Egypte a été le sujet d'un grand nom
cendants après lui ; il dut comprendre bre de prophéties qui ont reçu maintenant
déjà que l'Egypte est un roseau qui se leur accomplissement (v. Keith, Evid. des
brise entre les mains de celui qui veut prophéties), et l'on peut comparer avec
s'en faire un appui, et qui lui perce l'é- Ez. 29, 14. 15. 30, 7. 12. 13. 32, 15. ce
paule, Ez. 29, 6. cf. Es. 36 , 6. L'Egypte que dit Volney dans son voyage en Syrie,
continua de rester l'ennemie du peuple t. I , ch. 6 : « Enlevée depuis 23 siècles
qui s'était soustrait à son joug quelques à ses propriétaires naturels, elle a vu s'é-
siècles auparavant, et qui avait voulu tablir successivement dans son sein des
ensuite traiter avec elle d'égal à égal , et Perses, des Macédoniens, des Romains,
nous la voyons, Joel 3, 19., se liguer avec des Grecs, des Arabes, des Géorgiens,
Edom contre Israël au huitième siècle. et enfin cette race de Tartares connus
Plus tard, sous Ezéchias, l'Egypte mena sous le nom de Turcs Ottomans. »
cée par les armes assyriennes recherche Son histoire moderne, comme théâtre
l'alliance des Hébreux : les prophètes la d'agitations, et de bouleversements ne le
déconseillent, la repoussent, mais les po cède en rien à son histoire ancienne, et
litiques la désirent et la font accepter, le dernier mot n'est pas encore prononcé.
Es. 30, 2.31, 1. 36, 6. cf. 18, 2.; cette EHUD (louant). 1° Le second des juges
démarche, dangereuse parce qu'elle est d'Israël(1325a. C.),Jug. 3,15., de la tribu,
impie, porte un coup fatal au peuple de de Benjamin. Habile et fort quoique gau
Dieu qui se trouve à deux doigts de sa cher, il résolut de délivrer son peuple as
perte, 2 Rois 18, 19. Sous Josias, nou servi depuis dix-huit ans à Héglon, roi de
velle lutte entre l'Egypte et Juda, 2 Rois Moab; il obtint par la ruse un entretien
23, 29. Juda succombe et reste sous la particulier avec cet oppresseur et le frappe
domination de cet ennemi, 2 Rois 23, 33., de son poignard : puis il retourne vers
jusqu'à ce qu'il passe sous celle de la Cal les siens, se place à leur tète, et met
dée. Une nouvelle alliance du dernier roi en pièces les Moabites qui n'ont pas eu
de Juda avec l'Egypte, porte à ce malheu le temps de se reconnaître et de se donner
reux monarque le coup fatal, et Juda a un chef. Quatre-vingts ans de repos sont
cessé d'exister, Jér. 44, 30. Ez. 17, 15. le résultat de cet exploit. L'action d'Ehud,
Un grand nombre de Juifs s'enfuient en à notre point de vue, est un meurtre po
Egypte, Jér. 41-17, où ils trouvent un litique ; tout peut le justifier ou l'expli
nombre également considérable d'Israé quer, mais non l'excuser : c'est Guil
lites, Zach. 10, 10. Hosée, roi d'Israel, laume Tell tuant Gessler. Au point de vue
trouve sa ruine dans la même alliance, 2 théocratique, il se comprend mieux. L'E-
Rois 17, 4. Os. 5, 13. 7, 11. Après l'exil, criture ne le blâme ni ne l'approuve. v.
les Ptolémées sont seigneurs de la Pales Juges d'Isr., p. 34-37.
fine, (301 à 180 av. C.); les livres apo 2o Ehud, 1 Chr. 7, 10. 8, 6., arrière
ELD 320 ELE

petit-fils de Benjamin, se transporta, peut dansledésert pourl'assisteravec soixante


être par défaut de place, de Guéba à Ma huit autres dans la conduite si difficile
nahath dans la tribu de Juda , avec quel de ce peuple toujours sourd à la voix de
ques autres familles de sa tribu. On l'a l'Eternel, aveugle à ses miracles. Ils ne se
confondu quelquefois avec le précédent, trouvaient pas avec leurs collègues, lors
mais leur identité n'est rien moins que que Moïse les réunitautour du tabernacle
prouvée. pour qu'ils reçussent le Saint-Esprit ,
ÉLA (chêne). 1° Successeur d'Aholi mais retenus au camp par d'autres soins,
bama dans le gouvernement de l'Idumée, ils n'en eurent pas moins part aux béné
Gen. 36, 41. Du reste inconnu. — 2o Fils dictions qui furent implorées et répan
et successeur de Bahasa sur le trône d'Is dues sur les soixante-dix, et ils se mi
raël, 930 av. C., régna deux ans à Tirtsa, rent à prophétiser. Un jeune garçon vint
et fut tué par Zimri, l'un de ses capitai en hâte le dire à Moïse ; Josué qui était
nes, pendant un repas que lui donnait encore assez jeune alors, fougueux, inex
Artsa, son maître-d'hôtel. Hosée son fils périmenté, et qui ne comprenait pas, sans
tua Pékach l'usurpateur, 2 Rois, 15, 30. doute , ce qu'il y avait de spirituel et de
ÉLAM, Elamites, v. Hélam. céleste dans leur mission, craignant que
- ELATH (force) ou Eloth, 2 Chr. 8, 17., ce qu'il regardait comme une illégalité, ne
chez saint Jérôme Aliath , chez les Grecs portât préjudice à la gloire de Moïse, pria
et les Romains Elana, maintenant Akaba celui-ci d'y mettre ordre et de les em
el-Mesrim, ville édomite avec un port sur pêcher de continuer. Mais Moïse, animé
le golfe élanitique ou sinus oriental de la du vrai zèle pour la maison de Dieu , et
mer Rouge; d'après Eusèbe, à 10 milles faisant toujours abnégation de lui-même à
est de Pétra, d'après Pline, à 150 milles l'honneur de son divin maître, lui répon
rom. de Gaza, d'après Albufeda, au 55° dit : Es-tujaloux pour moi?Plût à Dieu que
long. 29° lat., d'après des calculs plus tout le peuple de l'Eternel fût prophète,
exacts entre le 57° 19' long et 28° 45' lat. et que l'Eternel mît son esprit sur eux !
David se la soumit, 2 Sam. 8, 14., et Sa Touchant exemple d'humilité , et bonne
lomon y construisit une flotte destinée à leçon pour les ministres duTrès-Haut, qui
faire le commerce avec le pays d'Ophir, trop souvent voient avec peine d'autres
1 Rois9, 26. 2 Chr. 8, 17. Son cinquième ouvriers travailler dans leur champ, et
successeur, Joram , perdit cette place semer la Parole avec plus de succès qu'ils
importante, avec le reste de ses posses ne le font eux-mêmes. C'est la même le
sions en Edom, 2 Rois 8, 20.; mais Ho çon que nous donne encore saint Paul,
zias la rebâtit et la réunit de nouveau à
Philip. 1, 14-18.
son royaume, 2 Rois 14, 22.; enfin Ret ÉLÉAZAR (secours de Dieu). 1° Troi
sin roi de Syrie s'en empara, 2 Rois 16, sième fils d'Aaron et d'Elisébah. Ex. 6,
6., et y établit une colonie syrienne. Plus 23. 28, 1. Nomb. 3, 2. 26, 60. 1 Chr. 6,
tard, elle passa au pouvoir des Romains, 3. 24, 1.; il fut appelé au sacerdoce en
qui y mirent une forte garnison, et l'a- même temps que son père, et ses trois
grégèrent à la Palestine devenue aussi frères. Par la mort de ses deux aînés,
leur province. Aprèsl'apparition du chris Lév. 10, il se trouva le premier succes
tianisme, elle devint une résidence épis seur désigné de son père, et forma la
copale, et plusieurs de ses évêques figu branche aînée. Le jour même de leur
rèrent dans les premiers conciles. Ce n'est mort, encore affligé et troublé, il né
plus aujourd'hui qu'une tour flanquée de gligea, ainsi qu'Ithamar son frère , de
quelques maisons, et dans le voisinage de manger la viande du sacrifice. Aaron les
laquelle se trouve une forêt de palmiers. excusa sur la violence de leur douleur, et
Ruppel croit avoir trouvé les ruines de Moïse qui leur avait fait à ce sujet d'a-
l'ancienne Elath sous le nom de Gelena. mers reproches, comprit leur motif et
ELDAD (aimé de Dieu) et Medad (me s'apaisa. Eléazar, le chef des chefs des
surant), Nomb. 11, 26., deux des anciens Lévites, fut mis à la tète de ceux qui de
d'Israël, qui furent choisis par Moïse vaient avoir la charge du sanctuaire et de
ELH 321 ELI

ses ustentiles, huile du luminaire, parfum ELHALÉ (holocauste de Dieu), bourg


des drogues, gâteau continuel , huile de assigné à la tribu de Ruben et situé sur
l'onction, etc., Nomb. 3, 32. 4, 16. Il dut une colline, Nomb. 32, 3.37. Es. 15, 4.
relever du feu les encensoirs d'airain 16, 9. Jér. 48. 34. Il est toujours cité
qui avaient servi à Coré et à ses compli avec Hesbon, dont il n'était éloigné que
ces, et il en fit des plaques pour en re d'une lieue romaine, ou d'une demi-lieue
couvrir l'autel, Nomb. 16, 39. Ce fut lui suivant Seetzen. Ses ruines portent en
quile premier offrit le sacrifice de la vache core aujourd'hui le nom de El'Haal, d'a-
rousse, Nomb. 19. 3.— A la mort de son près Burkhardt.
père, il lui succéda , ayant été revêtu de ELHANAN (grâce de Dieu), fils de
la robe sacerdotale sur la montagne de Dodo, 1 Chr. 11, 26, ou de Jahir, 20, 5.
Hor, où il laissa les cendres du premier 2 Sam. 23, 24., de la troisième classe des
grand prêtre, Nomb. 20, 25. sq. Deut. officiers de David , qui comptait trente
10, 6. Nous le voyons ensuite présider guerriers. Il se distingua dans un fait
au second dénombrement, 26, 1., Ordon d'armes qui nous est raconté 2 Sam. 21,
ner avec Moïse la destruction des Madia 19., en ces mots : « Elhanan fils de Ja
nites et la purification par le feu ou par haré Oréguim, bethléhémite, frappa Go
l'eau, des dépouilles de ce peuple, 31, liath Guittien, etc. » Le texte de ce passage
12-51., arrêter les conditions entre les est altéré , et nos versions ont dû lire :
tribus transjourdaines et cisjourdaines, « le frère de Goliath » pour ne pas mettre
lorsque les premières (Ruben, Gad et Ce passage en désaccord avec l'histoire
Demi-Manassé) eurent résolu de s'éta du géant vaincu par David. L'auteur du
blir sur la rive gauche du fleuve, 32, 2. livre des Chroniques, 1 Chr 20, 5., qui
Puis il passe le Jourdain, fait avec Josué avait sans doute connaissance du texte
le partage de la terre promise, Nomb. 34, Original, a rétabli le fait en rapportant
17. Jos. 14, 1. 17, 4. 19, 51. 21, 1., et que Elhanan, fils de Jahir, frappa Lahmi,
meurt peu après dans la montagne d'E- frère de Goliath, etc.
phraim, Jos. 24, 33. — Le sacerdoce ELHASA (que Dieu a fait), fils de Sa
resta dans sa maison jusqu'aux jours phan, et Guémaria (achevé par l'Eternel),
d'Héli qui était de la maison d'Ithamar ; fils de Hilkija, furent chargés par Sédé
On ignore comment la sacrificature passa cias, roi de Juda, de porter aux Juifs de
de la branche aînée dans la branche ca Babylone des lettres de Jérémie, Jér. 29,
dette. 3. Elhasa n'est connu que par cette am
2 Eléazar, fils d'Abinadab, 1 Sam. 7, bassade; mais son père peut être pris pour
1. C'est à lui que fut confiée la garde de le même qui avait été secrétaire du roi
l'arche sainte lorsqu'elle eut été renvoyée Josias, 2 Rois 22, 3. Quant à Guémaria,
par les Philistins. Il est dit qu'il fut con il est inconnu, et ne doit pas être con
sacré à cette charge, soit qu'il faille l'en fondu avec un autre du même nom, fils
tendre d'une simple destination, soit qu'il de Saphan, et probablement frère d'El
ait effectivement reçu l'onction sainte, ce hasa, Jér. 36, 10.
qui semble plus probable à raison de ELIAB (mon Dieu est un père). 1° Fils
l'importance du dépôt qui lui était remis. de Hélon et chef de la tribu de Zabulon,
3° Eléazar, fils de Dodo, fils d'Ahohi,Nomb. 1, 9. — 2° Fils de Pallu, rubénite,
l'un des trois braves de David qui passè et père de Dathan et Abiram, Nomb. 26,
rent au travers du camp des Philistins 8.9. 16, 1. — 3o Fils d'Isaï et frère aîné
de David, 1 Sam. 16, 6. 1 Chr. 2, 13. Sa
pour aller puiser de l'eau à leur maitre au
puits qui est à l'entrée de Bethléem : il muel sachant que c'était dans la famille
d'Isaï qu'il devait choisir le successeur de
est raconté de lui qu'un jour il battit les
Saül sur le trône d'lsraël, et frappé du vi
Philistins et en fit un tel carnage que son
épée demeura collée à sa main, 2 Sam. sage et de la grandeur de la taille d'Eliab,
23, 9. 16. 1 Chr. 11, 12-14. pensa d'abord que ce jeune homme était
4° Un des ancêtres de Jésus, fils d'E- l'oint de l'Eternel : c'est alors que Dieu
liud, Matth. 1, 15. Du reste inconnu. prononça ces solennelles paroles : « L'E
21
ELI 322 ELI

ternel n'a point égard à ce à quoi l'homme tracta alliance avec l'ammonite Tobija et
a égard, car l'homme a égard à ce qui est lui fit même préparer dans le temple une
devant les yeux, mais l'Eternel regarde vaste chambre, espèce de trésorerie où
au cœur. » La royauté fut donnée au plus l'on mettait auparavant les dîmes des lé
jeune, et l'aîné, resté subalterne, montra vites, des chantres, des portiers et des
par sa jalousie contre son frère que son sacrificateurs. Néhémie, de retour, mit
cœur n'était point fait pour le rendre digne fin à cette profanation, et jeta les meubles
d'occuper le trône théocratique; il s'en du païen hors de la maison. — Quelques
flamma contre David de ce que celui-ci, uns ont douté, mais sans motif suffisant,
descendu pour porter des vivres à ses que cet Eliasib fût le même que le souve
frères, s'enquérait des récompenses pro rain sacrificateur.
mises à celui qui frapperait Goliath, 1 Sam. ELlE (hébr. Eliyahou, mon Dieu l'Eter
17, 28. — Une de ses descendantes, Abi nel), prophète israélite, que Dieu appela
haïl, devint l'épouse de Roboam, 2 Chr. à exercer son ministère sous le règne de
11, 18. — 4°, 1 Chr. 6, 27., inconnu. l'impie Achab, dans un temps où, sans
ELIAKIM. 10 Fils de Hilkija, maître une intervention divine , le peuple tout
d'hôtel de la maison d'Ezéchias, fut en entier semblait près de tomber dans l'ido
voyé avec Sebna et Joah vers Rabsaké, làtrie. La Bible ne nous dit rien sur sa
général de Sanchérib, pour entendre les famille, si sur la première partie de sa
propositions de ce roi d'Assyrie. Accablés vie. Nous savons seulement qu'il était
de douleur à l'ouïe des insolentes paroles originaire de Thisbé, en Galilée, 1 Rois
du païen, ils déchirèrent leurs vêtements, 17, 1. cf. Jean 7, 52. Dieu l'ayant chargé
et vinrent rapporter à Ezéchias ce qu'ils d'un message qui devait lui attirer la co
avaient entendu; ils se rendirent ensuite lère d'Achab, la prédiction d'une grande
auprès d'Esaïe et le supplièrent d'aider sécheresse, lui ordonna ensuite de se re
Ezéchias de ses conseils et de ses prières. tirer dans une partie reculée du pays, au
Ils revinrent consolés et fortifiés, Es. 36, bord du Kérith , où il fut nourri d'une
3, 37, 2.2 Rois 18, 18. sq. Est-ce le même manière miraculeuse, par des corbeaux,
que celui qui est indiqué Es. 22, 20 p On parce que le lieu de sa retraite devait
ne saurait ni l'affirmer ni le nier, mais être ignoré. Cependant, au bout d'un an,
l'identité est probable, et, dans ce cas, le Kérith ayant été mis à sec par cette sé
Eliakim aurait succédé à Sebna dans la cheresse qui ravageait le pays, Elie reçut
charge de maître du palais. l'ordre de se rendre à Sarepta en Phéni
2° Eliakim , v. Jéhojakim ; dix-hui cie, où une veuve devait pourvoir à son
tième roi de Juda. Les deux noms ont en entretien; il fallait de la foi certainement
hébreu la même signification : « celui que pour se hasarder ainsi à entrer dans le
Dieu établit : » l'un composé du not Jého pays de Jésabel, mais la foi d'Elie avait
vah, l'autre du mot Elohim , ou Eli. été affermie par les expériences qu'il ve
3"et 4° Deux Eliakim sont nommés dans nait de faire auprès du torrent, et son
la généalogie de notre Sauveur, l'un fils espérance ne fut point trompée: non-seu
d'Abiud, Matth. 1, 13., l'autre fils de lement il trouva un sûr asile dans la mai
Melca, tous deux inconnus. son de cette femme, mais il devint pour
ÉLIASAPH, fils de Déhuël, chef de la elle un instrument de bénédiction ; il la
tribu de Gad, Nomb. 1, 14. Sauva de la famine. rendit la vie à son fils
ÉLIASlB, fils de Jojakim, et souverain et lui fit connaître le Dieu d'Israël. 1 Rois
sacrificateur de la race d'Eléazar : il suc 17, 2. sq. cf. Luc 4, 25. Vers la fin de la
céda à son père sous Xercès, d'après Jo quatrième année depuis le commence
sèphe. Il commença la reconstruction de ment de la famine, Elie se rendit auprès
Jérusalem après l'exil, et sanctifia les tra du roi, et lui offrit de lui prouver par une
vaux qui furent faits, Néh. 12, 10. 3, 1. épreuve solennelle que ce malheur de
Plus tard, et pendant l'absence de Néhé vait être considéré comme un juste châ
mie, peu encouragé par ses grossiers et timent de l'idolâtrie. Plusieurs centaines
charnels compatriotes, il se relâcha, con de prêtres de Bahal furent rassemblés
|
ELI 323 ELI

sur le promontoire de Carmel , en pré atteint : c'est dans cette occasion qu'à sa
sence du roi et de sa cour, et là le pro prière le feu du ciel consuma les gens de
phète commença par représenter au peu guerre envoyés pour le saisir, 2 Rois 1,
ple l'inconséquence dont il se rendait 3. sq. Elie agit en cela comme exécuteur
coupable en cherchant à allier le service de la justice divine; agent d'une théocra
de Bahal avec celui du vrai Dieu, et la tie, il frappe de peines ecclésiastiques
nécessité de prendre parti pour l'un ou sévères ceux qui l'outragent, comme fit
pour l'autre. L'événement devait déter plus tard Elisée; c'est l'esprit de la loi ;
miner ce choix. Les faux prêtres prient, les paroles de Jésus, Luc 9, 55., ne font
crient, sacrifient, et se font des incisions rejaillir aucun blâme sur Elie, elles dé
dans la chair : mais aucun dieu n'est là clarent seulement ccs peines, ce zèle, ce
pour répondre. Elie supplie l'Eternel de mode d'agir incompatible avec l'esprit de
se manifester, et sa prière est exaucée; la nouvelle économie. Peu après la mort
le feu du ciel, qne les prêtres idolâtres d'Achazia, Elie fut aussi appelé à quit
n'ont pu obtenir par toutes leurs pro ter ce monde ; mais Dieu, voulant ratifier
cessions et leurs macérations, descend et glorifier de nouveau son ministère,
sur l'autel, et le peuple entier tombe à le retira à lui avec des circonstances sur
genoux en s'écriant : « C'est l'Eternel naturelles, et sans le faire passer par la
qui est Dieu, c'est l'Eternel qui est Dieu », mort. Elisée, son disciple et son succes
1 Rois 18. Ce chapitre peut être appelé seur, fut cependant le seul témoin de son
l'Histoire de la Réformation d'Israël; on enlèvement, 2 Rois 2, 1. sq.
y trouve chez les idolâtres et chez le Cette ascension était le chant de l'im
prophète les caractères qu'on a remar mortalité. Neuf siècles plus tard, ce mê
qués dans le mouvement du seizième siè me homme glorifié, le représentant de Ia
cle. Cependant Elie ne devait pas s'énor prophétie, s'entretenait avec son Sauveur
gueillir de ce triomphe; le Seigneur le fit sur le mont Thabor, de même que Moïse
bientôt après passer de nouveau par de le représentant de la loi : ils parlaient de
grandes tentations qui devaient le mainte la Rédemption. v Serm. de Krummacher.
nir dans l'humilité ; c'est ainsi qu'il agit L'Ancien et le Nouveau Testament sont
pleins de la gloire d'Elie : celui qui devait
toujours avecses plus illustres serviteurs.
Forcé de fuir devant une nouvelle per annoncer aux hommes la venue prochaine
sécution de Jésabel, Elie se rend dans le du Messie, Jean Baptiste, porte par avance
désert de Sinaï, où il est saisi d'un pro le nom du grand prophète, Mal. 4, 5.
fond découragement : mais le Seigneur v. encore Jean 1, 21. Luc 1, 17, etc. Rom.
le relève par une action symbolique, et 11,2. Jacq. 5, 17. et ailleurs.
lui ordonne d'oindre Hazaël pour roi de ELIHAM, père de Bathsébah, la femme
Syrie, Jéhu pour roi d'Israël, et de choi d'Urie, 2 Sam. 11, 3., et fils d'Achitophel,
sir Elisée pour son successeur dans l'of 23, 34. Il porte le nom de Hammiel, 1
fice prophétique; ces ordres impliquaient Chr. 3, 5., où la mère de Salomon est ap
la promesse que ces trois personnages pelée Bathsuah.
seraient les instruments de la miseric0rde ELIHEZER (secours de Dieu). 1° Le
comme de la justice divine envers son serviteur d'Abraham, bien connu par la
peuple, 1 Rois 19...1. sq. Un peu plus touchante et noble simplicité de son his
tard, nous trouvons encore le prophète toire, quoiqu'il ne soit nommé qu'une
chargé de la pénible tâche d'annoncer à fois, Gen. 15, 2. Il était de Damas, et
l'impénitent Achab les châtiments nou fort attaché à son maître, dont il était l'hé
veaux qu'il s'est attiré par le meurtre de ritier naturel avant la naissance d'Isaac.
Naboth ; il s'en acquitte avec une entiè C'est lui sans doute qui fut chargé par
re fidélité, 1 Rois, 21 , 17. sq. Sous le Abraham d'aller en Mésopotamie cher
règne d'Achazia, il sort de la retraite cher une épouse au fils de la promesse :
qu'il s'était choisie, et fait annoncer au plein de confiance dans le plus ancien ser
monarque malade et à moitié idolâtre, viteur de sa maison, Abraham lui remet
l'issue fatale de la maladie dont il est le soin de régler seul cette affaire impor
ELI 324 ELI ·

tante, de choisir l'épouse et de fixer les sincérité de son affection : il est homme
conditions du mariage : Elihézer part ac comme Job, et lui parle par expérience et
compagné des vœux de la famille patriar en ami. Quelquefois obscur, son discours
cale, et se rend en Caldée, auprès de Na est admirable par la beauté, la grandeur
cor, parent d'Abraham. On sait quelle fut et la profondeur des idées ; il est évident
sa conduite, ses prières, le signe qu'il que c'est l'auteur lui-même qui exprime
demanda à Dieu, et la manière dont il fut par la bouche d'Elihu son opinion sur ce
exaucé : on se rappelle qu'avant de rien qu'il croit être la vérité. Le discours de
faire il prie, qu'avant de prendre aucun Dieu qui suit celui d'Elihu n'est que le
aliment il veut s'acquitter de son message, développement plus grandiose et divin de
et qu'il se jette à genoux pour rendre ce que vient de dire le sage jeune homme.
grâce à Dieu du succès qu'il vient d'ac ELIM, septième campement des Israé
corder à ses recherches. Il suffit, pour lites dans le désert; ils y trouvèrent douze
être ému, de lire le récit qui nous est sources et soixante et dix palmiers, Ex.
fait de ces pourparlers entre Elihézer et 15, 27. Elim est probablement le El Tor
la jeune fille, entre Elihézer et les parents actuel. .
de Rébecca, pourparlers dans lesquels le ÉLIMÉLEC de Bethléem, mari de Na
serviteur représente le maître avec le zèle homi, Ruth, 1, 2. Chassé de Juda par la
le plus dévoué et le plus éclairé, et mène famine, il se rendit dans le pays de Moab
à bonne fin, en un seul jour, une trans avec sa femme et ses deux fils, Mahlon
action pour laquelle on demande mainte et Kiljon, dont l'un, probablement le der
nant des mois. Quelle confiance et quelle nier, épousa Ruth la Moabite (Calmet fait
simplicité ! Mahlon mari de Ruth, et Ruth femme de
2° Fils de Moïse et de Séphora, Ex. 18, Kiljon, puis Kiljon, à l'article de Horpa,
4. v. Guersom. est encore mari de cette dernière. Voilà
3° Fils de Dodava, 2 Chr. 20, 37., n'est ce que c'est que les conjectures! La Bible
COnnu que par une prophétie menaçante dit seulement que Mahlon et Kiljon épou
contre Josaphat, à qui il annonça la des sèrent Horpa et Ruth). Elimélec mourut
truction de-sa flotte sur la mer Rouge, à sur la terre étrangère, à une date incer
cause de son alliance avec l'impie Achazia, taine. -

qui ne s'employait qu'à faire du mal. La ELIPHAZ. 1° Fils d'Esaü, par Hada fille
prédiction fut bientôt accomplie. d'Elon, Héthien, Gen. 36, 2.4. — 2° Le
4° Plusieurs autres personnages de ce premier des amis de Job qui prit la pa
nom sont encore nommés, 1 Chr. 15, 24. role, Job 2, 11. 4, 1. Il était de Théman,
27, 16. Esd. 10, 23. Luc 3, 29. une des principales villes de l'Idumée,
ÉLIHU, Job 32, 2., fils de Barakéel, Am. 1, 12., et descendait peut-être du
descendant de Buz, second fils de Nacor précédent Eliphaz. C'est le plus modéré
frère d'Abraham, Gen. 22, 21., le plus des trois premiers interlocuteurs, quoi
jeune et le plus sage des amis de Job ; il qu'il ait pu être appelé aussi un consola
prend le dernier la parole. Son caractère teur fâcheux. Il se distingue par sa pro
est celui de la jeunesse, vif, ardent , mais fondeur et son éloquence ; il exprime sou
il est en même temps profond, et consi étonnement de voir au désespoir un hom
dère la position de Job sous le point de me si pieux, et lui conseille d'avoir re
vue dogmatique. ll insiste sur la néces cours à sa piété pour y puiser des conso
sité d'être humble en toute circonstance, lations. Dans ses trois discours, ch. 4 et
à cause du péché qui est en l'homme. Le 5, ch. 15, ch. 22, on remarque facilement
chapitre 32 est à la fois une introduction une progression. Bien disposé d'abord, il
à ce qu'il va dire, et son excuse de ce qu'il s'irrite peu à peu de voir Job rester sourd
ose parler après les hommes sages et ex aux conseils et persister dans sa propre
périmentés dont il vient d'entendre les justice; mais il exagère à son tour les re
discours. Puis il s'adresse à Job comme à proches, et il doit entendre avec ses deux
un adversaire vaillant, dont il tâche de compagnons les paroles sévères que l'E-
gagner la confiance en l'assurant de la ternel leur adresse à cause de leur du
ELI 325 ELI

reté, 42, 7. Un sacrifice d'holocauste leur pour la femme du pontife, la fiancée de


est ordonné en expiation. l'artisan n'était qu'une femme plus privi
ELISA, nommé avec Tarsis, Kittim, et légiée qu'une autre, et qui n'avait pas
Dodanim, parmi les enfants de Javan, le cessé d'être femme.
quatrième fils de Japhet, Gen. 10, 4. Jo ELISAMAH, Jér. 41, 1., de la race
sèphe cherche les descendants d'Elisa en royale, un des principaux de chez le roi;
Eolie, le Targum caldéen en Italie, et peut-être le même que le secrétaire de
Schulthess à Carthage, dont, d'après les Jéhojakim, que nous voyons, 36.12., as
anciens, une Elisa fut la fondatrice et la sistant à la lecture du livre contenant l'ora
patrone (Elisa était un surnom de Didon, cle de Jérémie. Quelques-uns, rendus sé
Eneid. 4, 335). Ces trois explications, la rieux, s'opposèrent à ce que le roi déchi
dernière surtout, sont inacceptables. Il rât le rouleau, mais Elisamah ne fut pas
est beaucoup plus naturel de voir dans du nombre, et paraît avoir été dévoué à
Elisa le père des anciens habitants de la son maître jusque dans le mal : triste dé
Grèce, et Bochart compare le nom d'Elis vouement qui nuit à l'un sans jamais ser
Ou Elide, une ancienne partie du Pélo vir à l'autre.
ponèse; on peut aussi rappeler le nom de ÉLISAMATH, fils de Hammiud, chefde
l'Eolie, mais dans un sens plus large que la tribu d'Ephraïm, Nomb. 1, 10.
ne fait Josèphe, le nom d'Hellas, et enfin ÉLISÉBAH, Ex. 6, 23.v. Elisabeth.
celui des champs Elysées. On sait que les ELISEE (Dieu qui sauve), prophète is
Orientaux et les Grecs regardaient comme raélite, qui exerça son ministère dans le
le plus grand bonheur d'être recueilli avec royaume des dix tribus, sous les règnes de
ses pères, et c'est là où étaient les pères Joram, Jéhu, Joachaz et Joas. Il était ori
qu'était pour eux le paradis; pour les ginaire d'Abel-Méholah, 1 Rois 19, 16.,
Grecs descendants d'Elisa, le lieu de re Où il cultivait ses terres au moment où
pos devait ainsi s'appeler l'Elysée.— Les Elie vint le chercher et l'appeler aux fonc
îles (ou côtes, contrées maritimes) d'Elisa tions de prophète , 903 av. C. ll fut té
sont renommées, Ez. 27, 7., pour leur moin de la glorieuse ascension de son
pourpre bleue et rouge; et les anciens maître, et demanda deux fois l'esprit d'E-
auteurs, Pline 9, 40. Hor. Od. 2, 48. 7. lie. Les eaux du Jourdain s'arrêtant et se
et autres, parlent également de la grande divisant à sa voix, furent en quelque sorte
richesse de moules et coquilles de pour le premier encouragement qu'il reçut, le
pre que l'on trouvait sur les côtes du Pé premier gage de la puissance qui agissait
loponèse. en lui. Il se fait reconnaître Ouvertement
ELISABETH, 1° ou en hébreu Elisé à Jéricho, en assainissant par un prodige
bah (serment de Dieu), femme d'Aaron, les eaux de la ville. L'école des prophè
Ex. 6, 23.— 2° Elisabeth, de la famille tes reconnaît en lui le successeur d'Elie.
d'Aaron, femme du sacrificateur Zacha A Béthel, des enfants impies insultent à
rie, et mère de Jean-Baptiste , Luc 1, 5. son infirmité : le front dégarni du pro
Stérile et vieille, elle enfanta le précur phète est l'objet de leurs moqueries; deux
seur du Messie, selon la promesse qui en ours lui servent de vengeurs , 2 Rois 2.
fut faite par l'ange à son époux, dans le 23. sq. Les rois alliés d'Israël et de Juda
temple.Ayant reçu la visite de sa cousine étant venus à manquer d'eau dans leur
Marie, elle pressentit en elle la mère du expédition contre les Moabites, le pro
Sauveur, et s'écria, dans son cantique (1, phète, en faisant creuser la vallée, leur
42.) : « Tu es bénie entre les femmes », fournit de quoi désaltérer leurs armées,
la saluant des mêmes paroles qui furent et leur assure en outre une victoire écla
également dites de Jahel, Jug. 5, 24., de tante, 3, 9. sq. Peu après, il multiplie
Judith, Judith 13, 23., et surtout, mais l'huile de la veuve d'un prophète, et il
dans une plus grande mesure, d'Abraham, rend la vie au fils de l'hospitalière su
Gen. 22, 18.,salutation dont Rome avoulu namite, 4, 1. sq. Il vient encore au se
faire une adoration; passe encore s'il y cours de l'école des prophètes de Guilgal,
avait : Tu es bénie entre les anges! Mais dans une famine, et remédie par un pro
EL1 326 ELK

cédé simple et miraculeusement béni, à cet Hazaël qui devait être contre le peu
l'accident causé par une plante vénéneuse; ple élu un si puissant instrument de la
v. Coloquinte. Bientôt après on le voit justice divine. Nous le voyons également,
nourrir cent personnes avec une vingtaine continuateur de l'œuvre d'Elie, faire oin
de pains, miracle que l'on peut considé dre Jéhu roi d'Israël, et lui confier l'exé
rer comme le type de la multiplication cution de la sentence de mort prononcée
des pains opérée par notre Sauveur. contre l'impie famille d'Achab. Sur son lit
Cependant les Israélites ne devaient pas de mort il reçoit la visite du roi d'Israël
être les seuls objets des bienfaits divins Joas, et par une action symbolique , lui
dont il était le dispensateur et l'instru promet la victoire sur les Syriens qui fai
ment. Naaman, général syrien, atteint de saient alors beaucoup souffrir le royau
la lèpre, recourt à ce qu'il croit être son me. Dieu continua de glorifier ce grand
art ou ses talents. Le prophète s'efface ; et fidèle serviteur, même après sa mort ,
il ne veut pas agir : c'est Dieu seul qui en lui donnant le pouvoir de ressusciter
guérit ; l'eau du fleuve suffira; elle suffit, un mort dont on venait de jeter le cada
en effet, malgré l'humeur et l'incrédulité vre dans le sépulcre où il reposait, 2 Rois
du général. v. Naaman. Elisée qui n'a pas 13. — v. Serm. de Krummacher.
voulu s'attribuer l'honneur du miracle, en Son nom ne se retrouve que Luc 4, 27.
refuse également la récompense : son dés Si Elie, son maître, rappelle la foi, l'é-
intéressement devait égaler son humilité nergie, l'activité de Paul, Elisée rappelle
aux yeux des idolâtres. Il doit donc punir davantage la douceur et la sainteté de
sévèrement l'avare cupidité de son servi Jean.
teur Guéhazi : ce châtiment exemplaire ELITSUR, fils de Sedéur, chef de Ru
était indispensable pour effacer dans l'es ben, Nomb. 1, 5. v. Tribu.
prit du prosélyte Naaman le scandale ELlUD, Matth. 1, 14., fils d'Achim, un
qu'avait dû lui causer cette conduite d'un des ancêtres de notre Sauveur; inconnu.
Israélite. ELJADAH. v. Rezon.
Ses pouvoirs miraculeux se déployè ELKANA, 1°lévite, fils de Jéroham, de
rent encore à l'occasion des nouvelles meurant à Rama, 1 Sam. 1, 1. Epoux d'An
constructions que nécessita l'accroisse ne et de Péninna ; il était surtout attaché
ment de l'école des prophètes, et le fer à la première, quoiqu'elle ne lui eût pas
de la hache surnagea, 6, 1.sq. Il fut une donné d'enfants ; il cherchait à la conso
seconde fois appelé à rendre des services ler dans sa douleur , la protégeait contre
signalés à son roi pendant une invasion l'aigreur de sa féconde rivale : « Ne te
des Syriens, dont l'esprit prophétique lui vaux-je pas mieux que dix fils », lui di
révélait les plans , et ceux-ci ayant voulusait-il. Cet homme pieux devint le père
assouvir leur ressentiment sur sa per de Samuel, qu'il eut de la femme hono
sonne, il les frappa d'éblouissement, au rable qu'il aimait.
moment où ils s'apprOchaient de Dothan 2° Elcana, 2 Chr. 28 , 7., homme in
pour le saisir. Lorsque Ben-Hadad vint connu, qui tenait le second rang après le
mettre le siége devant Samarie, Elisée re roi à la cour d'Achaz, ami, favori, confi
leva le courage des assiégeants , déjà en dent ou ministre.
proie aux horreurs de la famine, par la ELKOS. Il est dit, Nah. 1, 1., que Na
promesse d'une prochaine délivrance. Ef hum était Elkosien, ce que quelques-uns
fectivement, les Syriens saisis d'une ter ont traduit par fils d'Elkos; mais il vaut
reur panique, levèrent subitement le siége mieux entendre Elkos d'une localité ; ce
(Serm. de Croll). Le calme admirable que serait ou bien Elkesei, petit bourg sur la
le prophète montra dans ces deux cir rive occidentale du Jourdain, en Galilée;
constances, ne pouvait être le fruit que ou bien, ce qui est moins probable , Al
d'une foi bien vivante, 2 Rois 6, et 7. kush, en Assyrie, sur la rive occidentale
Peu de temps après, il dut se rendre à du Tigre , on y montre encore le tom
Damas, pour exécuter l'ordre donné à beau prétendu du prophète. Si Elkos est
son maître d'oindre comme roi de Syrie le même que Elkesei, Nahum le Galiléen
ELU 327 EMB

dément, comme Elie et Jonas, la grossière jeùnent en mémoire des chàtiments an


ignorance, ou l'impudente fourbe des noncés contre la génération du désert,
pharisiens de Jérusalem, Jean 7, 47.52. après l'exploration de Canaan, Nomb. 13
ELLASAR, Gen. l 4, 1.9., contrée dont et 14. Le 22 est la fête de la Xylophorie,
Arioc, l'allié de Kédor-Lahomer , était en laquelle on portait le bois au temple.
roi. Il faut la chercher probablement du ELYMAS. v. Bar-Jésus.
côté d'Elam et de Sinhar, auxquels son EMBAUMER. On voit par Gen. 50, 2.,
nom se trouve lié, et en tout cas dans les et par d'autres passages, que c'était la
environs et vers le sud de la mer Cas coutume des Egyptiens d'embaumer les
pienne ; la version arabe traduit Ellasar morts. Quelques auteurs prétendent mê
par Arménie. C'est peut-être la même me que c'est une chose nécessaire , vu
contrée que Thélasar, Es. 37, 12.2 Rois l'impossibilité d'ensevelir les morts dans
19, 12., et le Targum de Jonathan ad Ge toute la longueur de la vallée du Nil, puis
Iles. appuie cette opinion. que si l'on enterrait quelque corps dans
ELMODAM. Luc 3, 28., fils d'Er, un les terres , l'inondation qui survient ne
des ancêtres de Jésus par Marie; inconnu. tarderait pas à l'en faire sortir comme
ELNATHAN, fils de Hacbor, Jér. 26, plus léger que le sable.
22., peut-être le beau-père de Jéhojakim Il y avait trois espèces d'embaume
et le grand-père de Jéhojakin, 2 Rois 24, ment, suivant le prix : le plus cher coû
6.8. Sur l'ordre du roi son gendre, il tait un talent (3,794 fr.); le second, vingt
poursuivit en Egypte le prophète Urie, et mines, et le troisième fort peu de chose.
le livra pour être mis à mort , puis, dans - Un dessinateur venait d'abord marquer
une autre circonstance, il résista au mo la place et la longueur de l'incision , un
narque et voulut l'empêcher de détruire disséqueur l'exécutait ensuite avec une
les prophéties de Jérémie. Après avoir pierre d'Ethiopie, et s'enfuyait aussitôt
causé la mort d'un homme de Dieu, il en toute hâte de devant les parents qui
voulut respecter des paroles : serait-ce une l'auraient poursuivi et lapidé comme im
simple contradiction du cœur humain ? pie , après ces deux opérations, les em
Serait-ce que repentant d'avoir persécu baumeurs , qui appartenaient à la classe
té, il se soit plus tard converti ? ou enfin lettrée et que l'on considérait comme des
que les menaces prophétiques eussent personnes sacrées, entraient pour faire,
trouvé le chemin de son cœur agité ? leur office : ils tirent d'abord par le nez,
ELON. 1° Beau-père d'Esaü, Gen. 26, avec un fer recourbé fait exprès, tout le
34., où sa fille s'appelle Basmath ; elle cerveau du mort, et le remplacent par des
s'appelle Hada, Gen. 36, 2., et Basmath drogues astringentes; ils sortent par l'ou
est fille de Tsibhon; cette différence s'ex verture faite au côté tous les viscères, à
plique ou par une différence dans la tra l'exception du cœur et des reins, et les
dition, ou par un double nom.—2° Fils de lavent avec soin dans du vin de palmier,
labulon, Gen. 46, 14. — 3° Ville danite, ou dans d'autres liqueurs également as
Jos. 19, 43.—4° Zabulonite, onzième juge tringentes ; puis on oint tout le corps
d'Israël , gouverna le pays pendant dix d'huile de cèdre , de myrrhe , de cinna
ans, Jug. 12, 11. mome et d'essences pareilles pendant en
ELTSAPHAN, cousin de Moïse, Nomb. viron trente jours. L'embaumement étant
3, 30. v. Misael. ainsi terminé quant à ce qui regarde les
ÉLUL, Néh. 6, 15., dernier moisde l'an parfums, on dépose encore le corps pen
née civile des Hébreux, sixième de l'an dant quarante jours dans du sel de nitre.
née sainte : il n'a que 29 jours et corres On le retire alors, on le lave, on l'enve
pond à une partie du mois d'août. Ce fut loppe de bandelettes de lin trempées dans
le 25 de ce mois que fut achevée la mu la myrrhe, et on le frotte d'une espèce de
raille de la nouvelle Jérusalem , les Juifs gomme odorante. — On trouve de nos
maintenant encore en célèbrent le 26 la jours encore des momies qui paraissent
dédicace, suivant ce qui est raconté Néh. avoir été embaumées d'après ce procedé.
l2, 27.— Le 7 ou le 9 du mois, les Juifs Un mode d'enibaumement plus simple
EME 328 EMM

consistait à injecter dans les intestins une ÉMINS, peuple fort et nombreux,
liqueur tirée du cèdre, puis à laisser re d'une haute stature, habitants primitifs
poser le cadavre dans le mitre. Au bout du pays qui fut plus tard habité par les
d'un certain temps, les intestins étant ron Moabites. Deut. 2, 10. Il paraît dans l'his
gés et complètement desséchés, on les toire aux premiers jours d'Abraham, Gen.
retirait par le même canal , et comme le 14, 5.; il subit une défaite, et dès lors il
nitre avait fortement agi sur les chairs , disparaît et se fond dans quelque autre
il ne restait plus au mort que la peau sur peuplade. Leur nom signifie les épouvan
les os, -
tables, les effrayants, et le caldéen l'a
Enfin, ceux qui devaient se contenter à traduit par des hommes courageux ; v.
meilleur marché, injectaient dans l'inté Géants. — lls appartenaient à la grande
rieur une liqueur qui le lavait, puis dé famille cananéenne des Réphaïms, qui
posaient le corps dans le nitre pendant paraît ainsi, dit Schrœder, avoir occupé
soixante-dix jours pour le dessécher. primitivement la presque totalité du pays
Jacob fut évidemment embaumé d'a- situé à l'orient du Jourdain, depuis l'Ar
près le premier procédé ; il est dit qu'on non jusqu'au delà des montagnes de Ga
mit quarante jours à cette opération, soit laad.
qu'on n'ait compté que l'embaumement EMMANUEL, Es. 7, 14. 8, 8. Matth.
proprement dit, sans parler du séjour 1, 23., Dieu avec nous; nom bien signifi
dans le nitre, soit au contraire qu'on n'ait catif du médiateur de la nouvelle alliance,
parlé que de ce séjour, sans parler du annoncé déjà par un prophète, et com
temps que prirent les opérations préli pris de tous ceux qui l'ont adopté pour
minaires. Moïse, du reste, marque bien leur maître; Jésus est doublement Em
que l'on fut soixante-dix jours à faire son manuel, d'abord comme notre ami, étant
deuil entier, Gen. 50, 3. descendu jusqu'à nous; puis dans un au
L'Ecriture mentionne encore l'embau tre sens, parce qu'il est dans sa nature,
mement de Joseph, Gen. 50, 26., celui la réunion de la divinité à l'humanité.
d'Asa, 2 Chr. 16, 14., qui peut-être fut EMMAUS, ville ou bourgade à 60 sta
brûlé, et celui de Jésus, qui fut enseveli des (13 kilom.)de Jérusalem vers le nord;
au milieu des aromates, sans qu'on ait eu quelques voyageurs veulent en trouver
le temps de l'embaumer intérieurement, les restes dans le village actuel de Cubeïbi
Jean 19, 40. au nord-ouest de la ville.Ce bourg est célè
ÉMERAUDE , pierre précieuse men bre par la rencontre que fit Jésus de deux
tionnée, Ex. 39, 10.11. Ez. 28, 13., à ce de ses disciples le jour de sa résurrection,
que l'on suppose ; mais les interprètes ne l'un desquels s'appelait Cléopas, Luc 24,
sont pas d'accord sur le mot qu'il faut 13., l'autre Emmaüs, au dire de saint Am
traduire ainsi; quelques-uns voient l'éme broise. Il s'y trouvait des eaux thermales.
raude dans nophek, les autres dans barè Vespasien y laissa en demeure huit cents
keth, ce qui est plus probable, et appuyé hommes de ses troupes, lorsqu'il quitta
des Septante, de Josèphe et de la Vulgate : la Judée ; et plus tard, on construisit une
nophek serait alors l'escarboucle. L'éme église sur l'emplacement même de la mai
raude (barèketh) est nommée encore, ou son de Cléopas.
tre les passages cités, Ex. 28, 17. et Apoc. Deux autres endroits de ce nom sont
4, 3. 21, 19. C'est une des pierres pré encore nommés : l'un dans la plaine de la
cieuses les plus admirables par sa fraî Judée où Judas Maccabée battit le général
cheur et son brillant ; Pline (H. N. 37, syrien Gorgias, 1 Macc. 3, 40.57., riche
5.) en fait un pompeux éloge. « Aucune en sources d'eau chaude, à 22 milles de
couleur, dit-il, ne charme autant la vue Jérusalem, et qui porta plus tard le nom
que le vert; nous ne reposons nulle part de Nicopolis ; l'autre près de la mer de
nos yeux avec autant de jouissance que Tibériade, également avec des eaux mi
sur la verdure des prairies et des forêts; nérales, Josèphe,Guer. des Juifs, 4, 1.3.
mais de toutes les espèces de vert, au EMMOR, Act. 7, 16.; v. Hémor.
cune n'égale la beauté de l'émeraude. » ENCENSOIR, vase dans lequel s'allu
ENC 329 ENC

mait le parfum sacré. Il est mentionné trie, comme on le voit, avait déjà tous ses
Lév. 16, 12.2 Chr. 26, 19. Ez. 8, 11., degrés et ses subdivisions. Les noms par
mais n'est pas décrit en détail , comme lesquels sont caractérisés les enchanteurs
les autres objets appartenant au culte. Il de toutes espèces, sont, outre ceux que
y a quelque difficulté à concilier Hébr. nous avons déjà marqués à l'art. Divina
9, i. avec Lév. 16, 12.; cependant les tion :
expressions de l'auteur de l'Epître n'o- a. Mecasheph, Ex. 7, 11. Deut. 18, 10.
bligent pas d'admettre que l'encensoir se Dan. 2, 2., ou Cashaph, Jér. 27, 9. cf.
trouvât habituellement dans le lieu très 2 Chr. 33, 6. Matth. 3. 5, Ex. 22, 18.2.
saint; on pourrait restreindre à la durée Rois 9, 22. Mich. 5, 12. Nah. 3, 4. Es. 47.
de la cérémonie expiatoire les expres 12. Quelques-uns entendent par là ceux
sions qui lui assignent sa place derrière qui sont habiles dans l'art de calculer les
le voile dans le Saint des saints; v. Fu éclipses, et qui les annoncent pour cer
migations. taines époques comme des effets de leur
ENCHANTEURS. Les devins, les ma propre volonté (Virg. AEn. 4, 489.). ll est
giciens, les Caldéens et les enchanteurs plus probable cependant qu'il faut avec Ro
avaient beaucoupde caractères communs; senmuller prendre ce mot dans une accep
t0us ils s'adonnaient aux sciences occul tion tout à fait générale, et le dériver du
les, tous ils ne craignaient pas d'user mot syriaque correspondant qui signifie
d'artifices pour suppléer à la faiblesse de prier à voix basse, rendre un culte; puis,
leur art, tous enfin conduisaient à l'ido adorer, et être idolâtre : l'enchanteur
lâtrie, et ils étaient tous en conséquence aurait reçu ce nom soit à cause de sa re
sévèrement proscrits par Moïse. Nous les lation avec l'idolàtrie, soit parce qu'il
v0y0ns de honne heure mentionnés dans murmure des formules au moyen des
l'Ecriture; la première fois que nous quelles il donne ou enlève les charmes.
les voyons paraître, c'est dans l'histoire b. Hhober hhabarim, Ps. 58, 6. Deut.
des magiciens d'Egypte, Ex. 7 et 8, (dont 18, 11. Es. 47, 13. (?) et Ashaph, Dan.
deux sont nommés Jannès et Jambrès, 1, 20, 2, 2.10. 4, 6. (9) On l'entend or
2Tim. 3, 8.), qui imitèrent les miracles nairement des charmeurs de serpents (le
de Moïse, jetèrent leurs verges qui verbe Hhabar signifie lier, associer, réu
devinrent des dragons, changèrent les nir), qui rendent doux et sociables des
eaux en sang, firent monter des gre animaux en général farouches et sauva
n0uilles sur le pays, et ne reconnurent ges; v. Aspic. D'autres donnent à Hha
enfin le doigt de Dieu que lorsqu'ils y bar la signification (arabe) de partager, |
|
furent contraints par leur impuissance à couper, trancher, et l'entendent des as |
imiter la création des poux. Quelques trologues qui, divisant le ciel en zônes, |

|
théologiens nous expliquent comment les vont chercher leurs horoscopes dans les
enchanteurs s'y sont pris pour contrefaire positions relatives des astres dans ces |
les miracles de Moïse et d'Aaron. Nous différentes bandes. Les ashaph (mot pa |
De prétendons pas à la même sagacité. rent de cashaph, v. plus haut) étaient
Tout ce que nous savons, c'est que l'Ecri essentiellement des conjureurs d'ani
ture prend les enchanteurs au sérieux. Le maux, scorpions, serpents, etc.
Pentateuque déjà renferme des direc c. Les Oboth, ou conjureurs de morts,
tions positives contre ceux qui pour Es. 8, 19., nécromanciens qui interro
raient s'adonner aux arts occultes, ou les gent les tombeaux; v. Python.
rechercher dans autrui, Ex. 22, 18. Lév. d. Latim est le nom que donne Moïse
20, 27. Deut. 18, 10, 11. Les termes em aux enchantements dont se servirent les
ployés pour désigner les diverses nuan magiciens hébreux pour contrefaire ses
ces du métier, sont ceux de devin, pro miracles, Ex. 7, 11. 22. 8, 7. 18. Ce mot
nostiqueur, augure, sorcier et sorcière, signifie secret, mystérieux, occulte, et se
enchanteur, homme qui consulte Python, rapporte parfaitement aux procédés se
homme qui consulte les morts, diseur de crets par lesquels ils réussissaient à for
bonne aventure, etc. Cette funeste indus cer la nature,
ENC 330 ENF

e) Les Onenim , Es. 2, 6. 57 , 3., ou couvrait une partie de l'Orient; enchan


Meonenim , Lév. 19, 26. Deut. 18 , 10. teurs vrais et faux spéculaient sur le
2 Rois 21, 6. Les Talmudistes font déri peuple : païens et juifs couraient cette
ver ce mot, de On, ou plutôt Eyn, qui carrière, et ces derniers prétendaient te
signifie œil, et ils le traduisent par : ceux nir leurs secrets des révélations du roi
qui enchantent avec l'œil ; on compare Salomon (Jos. Ant. 8, 2, 5) ; Simon le
alors le mauvais œil si célèbre chez tous mage et Bar-Jésus, Act. 8, 9. 13, 6.8.,
les peuples , cet œil qui jette des sorts appartenaient à cette classe. Dans l'Asie
fâcheux, que les Grecs redoutaient, et mineure, Ephèse était le centre des en
que presque toutes nos populations re chantements et de la magie, Act. 19, 19.;
doutent encore (Calmet, Winer). D'autres on ne peut douter que les livres que les
comparent le mot anan, nuage, et pen nouveaux convertis de cette ville brùlè
sent à ces magiciens qui vont chercher rent en si grande abondance, ne fussent
dans le cours des nuages l'histoire des des livres traitant des sciences Occultes.
hommes et des événements. — La forêt ENCRE, Jér. 36, 18. 2Cor. 3,3.2Jean
de chênes dont il est parlé Jug. 9, 37., 12. 3 Jean 13. Nous ne savons rien Sur
appartenait à des devins de cette caté la préparation particulière de cette li
gorie. queur, qui paraît cependant avoir été
Répétons encore , après ces énuméra noire, chez les Juifs comme chez les Ro
tions, ce qu'on aura déjà pu voir à leur mains, et assez persistante ; l'étymologie
simple lecture, qu'il règne beaucoup du mot hébreu permet de supposer que
d'incertitude sur l'exacte définition de pour les manuscrits de luxe l'encre était
plusieurs de ces artifices; il est même évi quelquefois dorée, surtout dans les pre
dent que plus d'une fois un terme est miers temps, et Josèphe semble le con
employé pour un autre , et dans une ac firmer, Ant. 12, 2.10.
ception tout-à-fait générale. ENEE, homme peut-être Grec d'ori
La règle que l'Ecriture nous donne, gine , paralytique depuis huit ans, et de
pour distinguer les vrais miracles des meurant à Lydde, où il fut guéri par saint
faux, est la même que pour distinguer la Pierre, Act. 9, 33.
saine de la fausse doctrine, à savoir les ENFANTS. A l'époque où la vie des
bonnes œuvres, Deut. 13, 1.2. Jean 7, 17. hommes était dix fois ce qu'elle est à
Il est souvent parlé des charmeurs de présent, et plus tard encore lorsque,
serpents, soit dans la Bible, Ps. 58, 5. moins longue, elle n'était pourtant pas
Job 40, 24. Eccl. 10, 11. Jér, 8, 17., soit encore réduite aux étroites limites que
dans les auteurs profanes. Saint Augustin lui assigne Moïse, Ps. 90, 10., le nom
va même plus loin, bien loin, quand il ra d'enfants se donnait à des personnes que
conte les métamorphoses orientalesd'hom maintenant nous appellerions des jeunes
mes changés en ânes, en chameaux, etc. gens ou des hommes faits. Joseph a seize
La musique a été employée quelquefois ans, Isaac en a vingt, Benjamin en a plus
comme charme contre les maladies de de trente lorsqu'ils sont désignés de ce
l'esprit, et son influence n'est point dou nom , Gen. 22, 5. 37, 2.3.4. 44, 20. -
teuse, comme elle n'a rien non plus qui Les Hébreux donnaient aussi, comme les
doive surprendre , 1 Sam. 16, 14. 15. ; Grecs et les Romains, ce nom à leurs
Gallien ( De sanitate tuendà, 1, 8.) met serviteurs de tout àge. Et dans plusieurs
en avant son autorité, qu'il appuie de celle passages, Ps. 33, 13. Es. 2, 6. 65, 20.,
encore plus grande d'Esculape. des hommes , même le centenaure, sont
Il paraît que le serpent d'airain, long appelés enfants, sans doute par rapport à
temps conservé en Israël, servit à favo l'éternité du Créateur et Père des hom
riser le penchant du peuple juif pour le mes. Le mot enfants se prend souvent
merveilleux, et le roi Ezéchias dut le dans une acception tout-à-fait générale,
mettre en pièces pour faire cesser l'abus, pour désigner la nature , l'origine ou la
2 Rois 18, 4. destination dernière de quelques hom
A l'époque de notre Sauveur, la magie | mes : enfants d'iniquité, enfants du ma
ENF 331 ENO

lin, enfants de perdition. Les juges et les avec la suivante ; 3° les fidèles, les en
magistrats sont appelés enfants du sou fants de Dieu, la famille de Seth, opposée
verain, Ps. 82, 6., comme les prêtres, Ps. à celle de Caïn. Le nexe, et l'usage de la
29, 1. Enfin l'expression enfants de Dieu, langue favorisent cette dernière opinion;
qui se trouve fréquemment dans le Nou tout indique d'ailleurs que l'Eglise com
veau Testament, 1 Jean 3, 1. 2. Rom. 8, mençait à déchoir : quant à la difficulté
14. Gal. 3, 26., s'applique aux rachetés qui résulte des géants issus de ces unions,
que Jésus n'a point pris à honte d'appe v. Géants.
ler ses frères, et auxquels Dieu, dans sa On verra aux articles fils, fille, ma
grande charité, a bien voulu donner le riage, etc., ce qui concerne les enfants
droit de s'appeler ses enfants, privilége des Hébreux et leurs rapports avec leurs
malheureusement inapprécié comme il est parents. Disons seulement que les en
inappréciable , et dont l'habitude ne pa fants illégitimes étaient flétris jusqu'à la
rait que trop souvent avoir émoussé le dixième génération, Deut. 23, 2., mesure
charme excellent. Un pauvre sauvage con bien propre à combattre l'impureté et la
Vertinous a donné une leçon à cet égard prostitution, et que nécessitait d'ailleurs
lorsque, à la lecture du passage 1 Jean la constitution théocratique du peuple
3, 1. 2., il s'écria en se tournant vers le juif.
missionnaire : « Non, non, ce n'est pas ENFER, littéralement lieux inférieurs,
possible! mais il veut bien permettre que Luc 16, 23., est le nom qui est donné au
nous lui baisions les pieds ! » lieu où les méchants subiront les peines
Lesanges sont appelés enfants de Dieu, qu'ils ont méritées, et dont ils n'ont pas
Job t, 6. 2, 1. Ps. 89, 7., de même que voulu être exemptés par la foi en Jésus
lesjuifs opposés aux gentils, Os. 1, 10. le Sauveur des pécheurs. v. Peines.
cf. Jean 11, 52. ENIGMES. Les Hébreux, comme tous
Le passage Gen. 6, 2. où les fils de les peuples orientaux, aimaient les jeux
Dieusont opposés aux filles des hommes, d'esprit, et se plaisaient à assaisonner
a donné naissance à bien des interpréta leurs repas et leurs festins de quelque
tions; nous en relevons ici les trois prin piquante question dont la solution était
cipales, laissant au lecteur le soin de se demandée aux assistants. C'était même
décider : 1° Les fils de Dieu seraient les parfois un jeu de prince , comme on le
mèmes que Job, 1 , 6. 2, 1., c'est-à-dire voit par les rapports de Salomon avec la
les anges. C'est l'opinion de Rabbi-Elié reine de Séba, 1 Rois 10, 1. Les princi
ler et des premiers pères de l'Eglise, pales énigmes dont le souvenir nous ait
développée dans Lactance II , 4. L'idée été conservé par l'Ecriture sont celles
que les géants étaient le produit d'une de Samson, Jug. 14, 14., celles d'Agur,
alliance entre les anges et les femmes, se Prov. 30, 12. sq., celle d'Ezéchiel, 17,
retr0uve dans toutes les traditions de 2. sq.
Tantiquité, et joue encore un rôle impor ENOCH, ou Hénoc, le septième hom
tant dans le système des Indous. Les meaprès Adam, descendant de ce patriar
grands docteurs de l'Eglise chrétienne che à la sixième génération, fils de Jéred,
ne tardèrent pas à s'élever contre cette père de Méthusélah, vit ses jours abrégés
0pinion, Augustin, Chrysostôme, Cyrille sur la terre, et ne compta que trois cent
d'Alexandrie, et Théodoret. Calvin pré soixante-cinq années, pendant lesquelles
tend qu'elle se réfute d'elle-même, et s'é- il marcha avec Dieu, puis il disparut,
tonne que des hommes savants aient pu « parce que Dieu le prit, » Gen. 5, 21
être éblouis par des radotages si gros 24. Un voile est jeté sur la nature de l'in
siers et si monstrueux : 2° les fils de Dieu time communion de cet homme pieux
Seraient les hommes nobles, fils de ma avec son père céleste; le chrétien seul
gistrats et de princes, opposés aux hom peut comprendre ce que c'est que vivre
mes d'une condition inférieure ; c'est l'o- avec Dieu, et il n'y a qu'un bien grand dé
pinion des Juifs Onkelos, Jarchi, Aben veloppementdelavienouvelle, un dévelop
Etra. On peut combiner cette explication pement extraordinaire, qui puisse en don
ENO 332 EN0

ner une idée exacte; c'est la perfection d'une autre publiée en 1833, d'après l'an
dans la sainteté qui seule peut faire jouir glais. On a tout lieu de croire que l'ou
de la communion parfaite. Un voile est vrage éthiopien est le même que celui
également jeté sur sa disparition. L'au dont parlent les pères de l'Eglise, et le
teur sacré ne dit que juste ce qu'il faut passage cité par Jude s'y trouve presque
pour nous apprendre qu'Enoch n'a point littéralement, quoiqu'un peu abrégé, au
passé par la mort, cf. Hébr. 11, 5. Il ne commencement du second chapitre
se trouva plus, de la même manière que, « Voici, il vient avec des myriades de ses
Gen. 37, 30., Joseph ne se trouva plus saints pour juger le monde, pour dé
dans la fosse lorsque Ruben voulut l'en truire les méchants et pour punir toute
retirer : les mêmes expressions sont em chair, à cause de tout ce que les pécheurs
ployées pour la disparition d'Enoch et et les impies auront fait et commis con
pour l'enlèvement d'Elie, 2 Rois 2, 3. tre lui. »
C'est tout ce que l'Ecriture nous dit sur Mais, malgré cette identité, et quoique
la vie sainte et l'enlèvement glorieux de plusieurs raisons militent en faveur de
ce témoin de la vérité. Le Nouveau Tes l'opinion (Calmet, etc.) qui pense que Jude
tament le ramène sur la terre, Jud. 14 et a transcrit sa citation du livre indiqué.
15, pour faire entendre de lui quelques bien qu'on puisse admettre encore que
solennels avertissements aux fils des hom cet ouvrage apocryphe contienne des vé
mes, sur les jugements que l'Eternel pro rités dont saint Jude, éclairé d'une lu
noncera contre les impies. On se de mière surnaturelle, a pu faire usage pour
mande où saint Jude a puisé cette cita l'édification des fidèles; bien qu'une ci
tion, et quel degré d'authenticité elle peut tation de cet ouvrage n'ait rien qui doive
avoir. La réponse n'est pas facile. De surprendre plus que les citations d'Epi
fait, il existait dans les premiers siècles ménide et de Ménandre, faites par saint
de l'Eglise chrétienne un livre ou recueil Paul , nous ne saurions souscrire à cette
de prophéties, attribué à Enoch, tissu de manière de voir. Le témoignage de saint
fables et d'absurdités dont quelques pè Jude , exprimé comme il l'est dans son
res, Justin , Athénagore, Irénée, Clé Epître, serait en effet non-seulement une
ment d'Alexandrie, Lactance, Tertullien, garantie de la vérité des paroles citées,
faisaient assez de cas, mais auquel Ori mais encore, comme le fait remarquer
gène, Jérôme et Augustin n'accordaient saint Jérôme, un témoignage rendu àl'au
aucune autorité. On l'a cru perdu fort thenticité du livre lui-même. Il nous pa
longtemps, et le seul fragment qu'on en raît beaucoup plus naturel et plus vrai
possédât avait été publié par Scaliger d'admettre que l'auteur du faux livre d'E-
(mort en 1609), d'après l'ancienne chro noch, et Jude, auront l'un etl'autre puisé
nographie de George Syncellus. L'origi à une source commune, maintenant per
nal devait avoir été écrit en hébreu ou en due, source qui pourrait n'être autre que
caldéen, puis traduit en grec; mais l'on la tradition ; et si l'on réfléchit que le fils
n'en trouvait plus aucun exemplaire, lors d'Enoch , Méthusélah, après avoir vécu
qu'on apprit au dix-septième siècle qu'il trois cents ans avec son père, est venu
en existait une traduction éthiopienne, toucher ensuite àl'année mème du déluge,
et que cet ouvrage était lu et fort es il n'est point difficile de comprendre que
timé des Eglises de l'Abyssinie. Long les paroles d'un si grand prophète, à qui
temps les essais que l'on fit pour se le la communion de Dieu devait avoir révé
procurer échouèrent , lorsqu'enfin, en lé sans doute bien des choses à venir sur
la corruption des hommes et les châti
1773, le voyageur Bruce réussit à s'en
ments qui les attendaient (peut-être le
procurer trois exemplaires, qui furent
promptement traduits en anglais et pudéluge sur le premier plan de sa per
spective prophétique, et le jugement final
bliés. En 1834, l'allemand Ruppel en rap
sur le dernier plan), que ses paroles, di
porta égalementd'Ethiopie un exemplaire
dans son pays, et une traduction allesons-nous, aient été religieusement con
mande a paru en 1838, peu différente servées parmi les Juifs pendant une lon
EN0 333 - EPA

gue suite de générations. v. sur ce livre, 44, 5., « se réclamer publiquement du nom
et pour plus de détails, Preiswerk, Mor du Dieu fort », c'est-à-dire, soit prendre
genland, lV, 271. le nom d'enfants de Dieu par opposition
2° Hénoc, fils aîné de Caïn , donna le aux enfants du monde, soit rendre un
nom à une ville que son père bâtit, Gen. culte public à Jéhovah. — cf. Gen. 4, 26.
4, 17. Dans les anciens temps la grandeur 5, 6. 1 Chr. 1, M. Luc 3, 38.
ne faisait pas la ville; on appelait de ce ENSEIGNES. Dans le voyage du désert
nom tout enclos entouré de murailles. chaque troisième tribu avait une enseigne
C'est dans la famille de Caïn que com ou drapeau, Nomb. 1 , 52. 2, 2. 10, 4. ;
mença à se développer le goût d'une vie l'Ecriture ne nous donne aucun détail sur
aisée et artificielle, avec les craintes, l'in la forme , la couleur, la grandeur et les
quiétude, et le besoin de s'abriter, qui en inscriptions de ces enseignes. Les rab
sont toujours la suite. Si les traces de bins, en revanche, se sont chargés de
cette ville n'ont pas entièrement disparu combler la lacune au moyen de leur ima
sous les flots du déluge, elles se retrou gination; ils ont mis un jeune lion sur
vent peut-être dans le nom de Chanogé, le drapeau de Juda (Issachar et Zabulon),
ancienne et célèbre ville de commerce , cf. Gen. 49, 9. ; un homme sur celui de
au nord des Indes , déjà chantée dans les Ruben (Siméon et Gad); d'après Jona
plus anciens poëmes épiques des Indous; than, un cerfau lieu du bœuf, Gen. 49, 6.,
|
Huet voit les débris de la ville d'Enoch qui aurait trop rappelé l'idolâtrie du veau
dans Anuchtha, ville de l'ancienne Perse, d'or; sur celui d'Ephraïm (Manassé, Ben
citée par Ptolémée ; le tha ne serait alors jamin), un taureau; d'après Jonathan, un
qu'une terminaison araméenne. D'autres garçon; sur celui de Dan (Aser et Neph
enfin comparent la peuplade caucasienne thali), unaigle; d'après Jonathan, une cou
des Heniochiens. Mais comme le mot ha leuvre, Gen. 49, 17. – De plus petites
nak , qui est la racine de tous ces autres bannières servaient à distinguer les fa
noms, signifie lui-même commencer, on milles, mais on n'en connaît pas non plus
comprend qu'un grand nombre de famil la forme.-Le mot rendu par enseignes,
les et de villes ont pu porter un nom sem Es. 5, 26. 11, 12. 13, 2. 18, 3. 62, 10.
blable, puisque chaque homme pouvait Jér. 4, 6., etc., serait plus exactement
appeler ainsi son fils aîné, ou la première traduit par « signaux » ; le mot hébreu
ville d'une contrée. qui y est employé est nès, différent de
3° Enoch est encore le nom du fils aîné déguel, grand drapeau, et de othoth, pe
de Ruben, Gen. 46, 9. 4° Enfin, Enoch, tit drapeau : ces signaux étaient élevés
ou plutôt Hanoc, Gen. 25,4., fils de Ma sur de hautes montagnes dans des circon
dian, petit-fils d'Abraham par Kétura. stances extraordinaires, lorsqu'il s'agis
ÉNON, près de Salim, Jean 3, 23., lieu sait, par exemple, d'appeler sous les ar
où Jean baptisait parce qu'il y avait là mes les hommes en état de servir; les
beaucoup d'eau. Le nom même d'Enon uns se représentent ces signaux comme
indique une source abondante; mais il est des feux allumés, d'autres comme d'im
difficile de rien préciser sur l'endroit où menses drapeaux plantés en terre.
cette source existait. D'après Eusèbe et ENSUBLE. Cette partie d'un métier est
saint Jérôme, c'aurait été à huit milles de nommée en hébreu menor orguim, et se
Scythopolis, entre Salim et le Jourdain. trouve employée, 1 Sam. 17. 7. 2 Sam.
ÉNOS, petit-fils d'Adam par Seth, na 21, 19., comme terme de comparaison
quitl'an du monde 235 et mourut en 1140, pour désigner la grosseur de la hampe de
àgé de neufcent cinq ans ; Adam, Seth et la hallebarde de deux géants. Le mot mas
Enoch moururent avant lui ; il fut con seket, Jug. 16, 13. 14., traduit par ensu
temporain de Méthusélah et même de Noé, ble, signifie des fils tissés, une tresse, la
avec qui il vécut encore quatre-vingt chaîne. v. Tisserand.
quatre ans. C'est depuis Enos qu'on com EPAINETE, Rom. 16, 5., n'est connu
mença « d'appeler du nom de l'Eternel », que par ce passage. Saint Paul l'appelle
ce qui signifie, en comparant Es. 42, 4. son disciple bien aimé, et les prémices
EPA 334 EPH
de son œuvre en Asie (le mot Achaïe qui mencement du verset, qui doit être trº- .
est dans nos versions ne se trouve pas duit par « Que mon épaule se détache de
dans les meilleurs manuscrits, et serait ma nuque, » etc, Le shekem sert à dési- ,
en contradiction avec 1 Cor. 16, 15., où gner :-a) la partie du corps qui porte, |
-
|
Stéphanas est appelé les prémicesde l'apô Gen. 9, 23. Es. 9, 5. 22, 22. Job 3l,36,
tre en Achaïe); par Asie il faut entendre Soph. 3, 9. (servir l'Eternel d'un même
naturellement l'Asie proconsulaire. esprit; en hébreu, le servir d'une même ,
EPAPHRAS, Col. 1, 7. 4, 12. Philém. épaule, allusion aujoug) ; — b) lapartie
23., fidéle de Colosses , que saint Paul sur laquelle on fouettait les criminels,les
recommande à l'église de cette ville com omoplates et le dos jusqu'à la ceinture,
me son compagnon de service, comme son Es.; 9, 3.;— c) enfin il s'emploie dans la
compagnon de captivité, et surtout com phrase tourner le dos, fuir, abandonner,
me un fidèle ministre, digne de rempla 1 Sam. 10, 9. et l's. 21, 12., où au lieu
cer l'apôtre absent. Epaphras paraît avoir de « Tu les mettras en butte » , il fautli
été le fondateur de l'église de Colosses; re : « Tu les mettras en dos, en épaule ',
il ne doit pas être confondu avec Epa c'est-à-dire, tu leur feras tourner le d0s.
phrodite, comme font Grotius et Winer; C'est le mot shokh qui est employé en
Olshausen et Steiger ont parfaitement dé parlant de l'épaule d'élévation, Lév. 7,
montré la non-identité.
34. Nomb. 6, 20. 18, 18.;l'épaule droile
ÉPAPHRODITE, Phil. 2, 25. 4, 18. des victimes revenait de droit aux prêtres
Saint Paul nous le montre cOmme un dans les sacrifices d'action de grâce etde
membre de l'église de Philippes, collabo prospérités, et ne pouvait ètre mangée
rateur de l'apôtre dans le bon combat, que dans un lieu pur et saint, Lév. 10, .
député auprès de lui par les Philippiens 14. Quant aux cérémonies de l'élévation :
pour subvenir à ses besoins et lui porter et du tournoiement, v. Leveret 0ffralide.
le produit d'une collecte dans la grande EPEAUTRE, Ex. 9, 32. Es. 28,25.Et.
ville où il était prisonnier. Epaphrodite 4, 9., hébr. cussèmeth, dérive peut-étrº !
fut longtemps le compagnon du captif; de casam être tondu, désigne en loul
mais ayant fait une grave maladie, suite cas une espèce de céréales sans barbe :

peut-être de ses soins dévoués, et affligé il y a de l'incertitude sur la traduction .


de savoir que l'église de Philippes, dont exacte de ce mot, mais on est en générº
il était apparemment le pasteur, était in d'accord à l'entendre de l'épeautre,letrº !
quiète à son sujet, partagé entre l'apô ticum spelta de Linnée, |
tre et l'église, qui, l'un et l'autre, avaient ÉPÉE, v. Armes. ·
besoin de sa présence, il ne put cacher ÉPERVIER. Le mot hébreu netº, lº !
à Paul son déchirement intérieur, et ce 11,16. Deut. 14, 15.Job39,29, dº !
lui-ci n'hésita pas à le renvoyer auprès comme son étymologie et comme le lºº |
de son église, à la grande joie de tous, lui sage de Job l'indiquent, un oiseau d,
remettant en même temps pour les Phi proie au vol rapide; il appartientaux allº
lippiens une lettre dont il fut le porteur. maux impurs : la Vulgate et Lulher trº
EPAULE , expression qui se trouve duisent comme nos versions par éper
plusieurs fois dans l'Ecriture au propre vier, d'autres (Winer) par autour.LePaº
et au figuré; trois mots hébreux sont ren sage de Job a trait à l'instinct de cet ºi '.
dus en français par épaule, quoiqu'ils seau qui le pousse à l'approche de l'hiver º
aient des nuances de signification diffé vers les climats plus chauds. º
rentes : shokh, quelquefois la cuisse, ÉPHA. 1° Es. 60, 6. Gen. 25,4, v, Hé s
quelquefois la jambe, aussi le péroné, 0Il pha. 2° Mesure des Hébreux pour les º
parlant des hommes et des animaux, choses sèches, équivalente au bath qu'0n t
Es. 47, 2. Cant. 5, 15. Lév. 7.34. : ka employait pour les liquides (env. 35 l'- º
theph, l'épaule proprement dite, Nomb. 7, tres), Ez 45, 11. Ex. 16, 36. Jug. 6 lº | |
9. És. 46, 7.; shekem, l'arrière-partie de Ruth 2, 17. Zach 5, 6.7. Dans ce dernier | |
l'épaule, la nuque : ces deux dernierster passage, une femme (l'impiété) est en- . º,
mes sont employés Job. 31, 22., au com fermée dans un épha, et transportée au l' #
•,
#
EPH 335 EPH

MysdeSinhar, qui doit être le terme ex sa première charité ; il ne paraît pas que
lrème de la manifestation du mal dans les saint Jean ni Timothée s'y trouvassent
derniers lemps. encore à cette époque : Timothée y avait
EPHESE, ville importante de l'Ionie souffertlemartyrepeut-être quelquetemps
el,s0us les Romains, de l'Asie proconsu auparavant, et Jean était exilé.— La ville
lire, sur les bords du Cayster, non loin d'Ephèse était l'un des plus grands sié
lehmerd'lcarie, entre Milet et Smyrne, ges de la magie orientale ; cf. Act. 19,
33:0stades(70 kilom.) de cette dernière 13-20.; là aussi nous la voyons succom
| | ville Gràce à sa position elle faisait un
tºmmerce de transit fort considérable ;
ber devant les témoins de la vérité; son
développement, puis sa chute éclatante et
miis ce qui lui assurait le plus une haute rapide, rappellent les succès et la confu
trkbrilé, c'était son temple de Diane. sion des magiciens de l'Egypte.
lelnit par un fou, ce bâtiment que deux Epitre aux Ephésiens. Elle fut écrite
siècles avaient à peine suffi à construire, de Rome, et probablement à la même
péfit dans une seule nuit, mais il fut re époque que celle aux Colossiens, puisque
Mi plus somptueux encore, et conser l'une et l'autre furent envoyées par Ty
ºii l0ute sa magnificence au temps de chique, qui avait ordre de donner en mè
sil Paul, Act. 19, 24, v. Diane. Lors me temps de vive voix aux églises des
que l'apôtre y arriva pour la première nouvelles de l'apôtre. Cette épître ne ren
lis, il y trouva un certain nombre de ferme de polémique contre aucune erreur
liſs qui reçurent l'évangile, Act. 18, 19. déterminée; elle ne contient presque rien
M, iln'y fil d'abord qu'un court séjour, que l'expression des sentiments de l'apô
d pendant son absence le juif Apollos le tre, des exhortations pratiques, et un ex
frmph(a avee beaucoup de succès. Puis posé de la doctrine évangélique, tel qu'on
lalrevint, et continua d'accomplir pen pouvait le présenter à tous les païens
lanl lrois ans, 20, 31., son œuvre d'é- nouvellement convertis. La seule partie
ºngélisation, parmi les Juifs d'abord, spéculative est formée par l'exhortation
Pis parmi les païens, chez qui il trouva à l'union entre les chrétiens - païens et
les amis, même d'entre les Asiarques, les judéo-chrétiens, exhortation fondée
" 31., de sorte que son église fut un sur la doctrine de l'économie divine. L'a-
mélange de Juifs et de Grecs, 20, 21. pôtre ne parle nullement à ses lecteurs
lºt de la qu'il écrivit son épitre aux comme à des personnes qu'il connaisse
ºles et la iº aux Corinthiens. Il dut personnellement, puisqu'au contraire il
lllller la ville en suite de l'émeute de leur fait connaître sa vocation, 3, 2-4. Il
lºmétrius, et au retour de son voyage les salue d'une manière générale, et il est
º Macédoine, passant par Milet, il fit remarquable qu'il ne les salue pas au
Weler auprès de lui les pasteurs d'E- nom d'un seul de ses nombreux compa
list, auxquels il donna de vive voix de gnons, pas même de Timothée. Il est
ºelles instructions, 20, 17.; il ne pa donc évident que cette épître ne peut
ºl pas qu'il y soit retourné depuis, 20, avoir été adressée à l'église que Paul
* quoiqu'onait voulu le conclure d'une avait fondée lui-même à Ephèse : Grotius
ººile interprétation de 1 Tim. 1, 3. A a cru pouvoir en conclure, conformément
ºl partil établit et consacra Timothée à quelques manuscrits, qu'elle fut écrite
ºleur d'Ephèse; plus tard la tradition aux Laodicéens, cf. Col. 4, 16., mais la
ºm0ntre aussil'évangéliste saint Jean grande majorité des manuscrits s'oppose
ºlºurde la même ville : Jean doit y être à cette manière de voir, et l'opinion d'Us
ºſt, ainsi que Marie, la mère de Jésus, serius, appuyée par Hug, Olshausen, Har
º disciple bien-aimé s'était chargé, less, Steiger, nous paraît beaucoup plus
ºrie Madeleine. L'épître écrite à l'an
probable, savoir que c'était une lettre en
#de cette église, Apoc. 2, 1-7., nous la cyclique adressée entre autres aux Ephé
ºlfe dans un état spirituel en général siens, aux Laodicéens et aux églises en
º pr0Spère, quoiqu'il lui soit repro vironnantes ; arrivée à destination et co
* º mème temps d'avoir abandonné piée, il a pu facilement arriver que dans
EPH 336 EPH

quelques exemplaires on ait mis le nom Lors de la division du pays de Canaan,


de Laodicée au lieu de celui d'Ephèse, et Josué, qui était de cette tribu, lui donna
le caractère général de la lettre s'expli en partage une contrée vaste et fertile,
que.—Comment. Harless. Erlangen 1834; Os. 9, 13.; elle occupait toute la largeur
Passavant, Stier. du pays depuis le Jourdain jusqu'à la
ÉPHOD, large ceinture magnifique Méditerranée, entre les tribus de Dan, de
ment brodée que les sacrificateurs por Benjamin et la demi de Manassé, et fut
taient autour de leur robe, Ex. 28. Elle pendant longtemps le siége du tabernacle
consistait en deux rubans d'une matière (à Silo), Jos. 16, 8. 17, 10. On trouvait
précieuse qui, prenant sur le cou et des même encore des Ephraïmites en dehors
cendant de dessus les épaules, venaient des limites marquées, Jug. 19, 16. Ainsi
se croiser sur la poitrine, puis retour furent accomplie sur ce fils de Joseph, les
nant en arrière servaient à ceindre la r0 bénédictions du vieux Jacob, qui lui an
be, absolument comme une écharpe. L'or nonçait de la part du Tout-Puissant qu'il
et les plus riches couleurs distinguaient serait fait aussi le pasteur et la pierre
l'éphod du souverain sacrificateur de ce d'Israël, Gen. 49, 24., et qu'il contreba
lui des simples prêtres qui n'était fait que lancerait le pouvoir de Juda, 1 Chr. 5, 1.
de lin. Par devant, à l'endroit où les ru 2., cf. encore Deut. 33, 13., et les riches
bans se croisaient, était le pectoral, q. v. promesses de Moïse. — A la mort de
L'éphod était regardé comme l'accompa Saül cette tribu, par esprit de rivalité .
gnement indispensable du culte, faux ou contre Juda, se ligua en faveur d'Is-Bo
vrai. Gédéon, vainqueur des idolâtres de seth avec les dix autres tribus, 2 Sam. 2,
Madian, se fit un éphod de leurs dépouil 9., mais après la défaite de son préten
les, voulant élever un monument au vrai dant elle suivit le parti du vainqueur et
Dieu et sanctionnant par le fait une nou se soumit à David 5, 1. Ce ne fut pas
velle idolâtrie, Jug. 8, 27. Mica donne pour longtemps ; bientôt, fidèle à sa ja
également un éphod à l'idole de son culte, lousie, elle releva la tête après Salomon
Jug. 17, 5. v. encore Os. 3, 4. Quoique et fut la principale cause de la division
l'éphod fût l'apanage des prêtres, on le du royaume en deux moitiés, dont la plus
voit quelquefois aussi porté par des laïcs grande, qui prit mal à propos le nom
ou des lévites, par Samuel encore enfant, d'Israël q. v., eut sans interruption sa
1 Sam. 2, 18., par David, 2 Sam. 6, 14. etc. résidence principale dans cette tribu, et
— Le mot hébreu éphod a été pris par fut au commencement gouvernée par une
quelques interprètes comme signifiant dynastie éphraïmite, 2 Sam. 19, 41. sq.
idole dans les passages d'Osée et des Aussi, bien souvent les prophètes don
Juges. nent-ils à ce royaume des dix tribus le
EPHRAIM, Gen. 41, 52. 46, 20.48, 1. nom plus exact d'Ephraïm, Es. 7, 2. Os.
1 Chr. 5, 1., le second fils de Joseph et 4, 17. 5, 9. 6, 4. 12, 1. Elle fut emmenée
d'Asenath, reçut par la bénédiction de en captivité avec les autres tribus d'Is
Jacob le droit et les avantages de la pri raël par Salmanassar. — Le nom d'E-
mogéniture, au détriment de son frère phrat, Ps. 132, 6., et celui d'Ephratien, 1
aîné Manassé. Plusieurs de ses fils ayant Sam. 1, 1.1 Rois 11, 26., signifient pro
fait pendant son séjour en Egypte, une bablement Ephraïm, Ephraïmite.
sortie contre ceux de Gad ou Gath, pour 2° Montagnes d'Ephraïm;région mon
leur enlever leur bétail, furent mis à tagneuse au centre de la Palestine, au
mort; il mena deuil sur eux pendant long sud de celles de Guilboa, formant la prin
temps, et ses frères vinrent pour le con cipale partie du territoire qui prit plus
soler, 1 Chr. 7, 22. Cependant sa famille tard le nom de Samarie. Elle touche aux
bénie s'accrut considérablement, et comp montagnes de Juda. Ses sommets déta
tait au sortir de l'Egypte 40,500 hommes chés de la masse y sont nombreux et
en état de porter les armes, Nomb. 2, 18. presque tous égaux (mais d'une élévation
19., qui tous se réclamaient, comme tri peu considérable), ce qui donne à cette
bu, du nom de leur père Ephraïm. contrée le caractère d'un vrai pays de
EPI 337 EP0

montagnes.Elle était extrêmement fertile 4° recherchez tout déplaisir qui en évite


c0mme elle paraît l'être encore de nos un plus grand, ou qui engendre une plus
jours.Au sud se trouve Guérizim, la mon grande volupté.—Epicure, du reste, n'at
tagne des bénédictions, le point le plus tachait au mot volupté que le sens géné
élevé de la contrée ; puis le mont Hébal ral de repos, et quelquefois même il y
(800 pieds), Deut. 11, 29., le Tsalmon, joignait celui de devoir accompli. Son
Jug. 9, 48., le Gahas, Jos. 24, 30., le Tsé Dieu , car Epicure en avait pris un pour
marajim, 2 Chr. 13, 4., et beaucoup d'au se soustraire à l'accusation d'athéisme,
tres montagnes, de même que le champ n'était pas une providence : c'était un être
et le puits de Jacob, Jean 4, 5. 6. Gen. d'une félicité, d'un repos, d'une insou
33, 18-20. On connaît du reste fort peu ciance, d'une inutilité sans bornes, et
cette contrée, qu'aucune route ne tra complétement incapable de gêner qui que
verse et qui est passablement infestée de ce fût. L'âme de l'homme était corporelle
brigands à l'affût des voyageurs qui se pour ces philosophes, et cessait d'exister
rendent de Sichem à Jérusalem, de sorte en même temps que le corps. — Cette
qu'il n'est pas possible de déterminer doctrine, qui changea peu, et à laquelle
l'emplacement exact des différents lieux on ajouta peu, car elle était parfaite une
indiqués. — Cette même contrée porte fois le genre admis et le principe accepté,
quelquefois aussi le nom de montagnes se répandit dans tout le monde, gagna des
d'Israël. Sectateurs, et Se trOuvait solidement éta
3° La forét d'Ephraïm, qui fut le théâtre blie à Athènes et à Rome, comme ailleurs,
de la victoire de David sur son fils rebelle, lors de la venue de Jésus-Christ.
et de la mort de ce dernier embarrassé EPINES. Les plantes ou buissons épi
dans les branches d'un arbre, est, soit neux, et les épines de divers genres sont
une contrée inconnue de Galaad, peut-être si nombreux en Orient, que l'hébreu ne
celle où Jephthé avait battu les Ephraï comptait pas moins de seize mots pour
mites, Jug. 12, soit plutôt la partie des les désigner, plus ou moins synonymes,
montagnes d'Ephraïm qui est vis-à-vis de mais exprimant sans doute aussi diverses
Galaad, et qu'on appelait déjà auparavant nuances du genre, quoiqu'il ne nous soit
la forêt, à cause de ses bois épais, Jos. guère possible maintenant de les déter
17, 15-18. miner d'une manière exacte. v. Winer,
ÉPHRAT ou Ephrata. 1° Femme de Realw., et les dictionnaires.L'agriculture
Caleb ou Célubaï, 1 Chr. 2, 9. 19.50.51. avait de la peine à lutter contre la multi
4, 4., donna son nom au village de Beth tude et la ténacité de ces plantes inhospi
léem, où s'établirent son fils Hor, et son talières, Gen. 3, 18. Jér. 12, 13.Job. 31,
arrière petit-fils Salmo. — 2° Ephrat est 40. Matth. 13, 7. Hébr. 6, 8., et souvent
le village nommé ailleurs Bethléem, Gen. on prenait le parti d'y mettre le feu avant
35, 19. Ruth 4, 11., et dont le nom com le labour, soit pour les exterminer d'une
plet se trouve Mich. 5, 2., de sorte que manière plus expéditive, soit pour fournir
Ephratien est synonyme de Bethléhémite, à la terre un engrais, Es. 10, 17. ; mais
Ruth 1, 2.1 Sam. 17, 12. — 3° Ephrat, la racine restait toujours dans le sol. —
nom d'Ephraïm, Ps. 132, 6., et Ephratien, Quantaux épines de la couronne de Jésus,
synonyme d'Ephraïmite, 1 Sam. 1 , 1. 4 v. Couronne.
Rois 11, 26. EPOUX, épouse. Les rapports conju
ÉPICURIENS, Act. 17, 18. Secte phi gaux ont toujours été chez le peuple de
losophique bien connue, et dont la sen Dieu, avant et après Moïse, bien diffé
sualité avait pris pour règles les quatre rents de ce qu'ils étaient chez les autres
canons suivants : 1° Recherchez la volupté peuples de l'Orient. Si la polygamie exis
qui n'est accompagnée d'aucun déplaisir ; tait sans être formellement défendue, elle
2° fuyez tout déplaisir qui n'est accompa ne constituait pas cependant une vie de
gné d'aucune jouissance ; 3° fuyez toute harem, ni l'esclavage pour les femmes.
volupté qui en empêche une plus grande, Le mari avait les garanties qu'il pouvait
ou qui engendre un plus grand déplaisir; désirer quant à leur fidélité; mais les fem
I. 22
ERA 338 ESA

mes avaient les leurs pour elles et pour était apparemment de Corinthe, ainsi que
leurs enfants. Elles ne pouvaient être ré l'indiquent et le passage de Timothée, et
pudiées si, avant le mariage, leur époux celui des Romains, « le procureur de la
avait déjà habité avec elles, ou si, après, ville » celle d'où écrivait saint Paul, et qui
il les avait calomniées, Deut. 22, 19.29.; était selon toute probabilité Corinthe.
il est assez probable aussi qu'elles ne pou EREC, Gen. 10, 10. Une des villes bâ
vaient être renvoyées étant enceintes. ties par Nimrod; il y a deux opinions :
Quelquefois, en Orient, les préférences 1° Bochart pense que c'est Arecca, dont
entre les femmes en amenaient entre leurs parlent Ptolémée et Ammien Marcellin,
enfants; la loi de Moïse ne le permettait située sur les bords du Tigre, entre la
pas; elle rendait inamovible le droit de Susiane et Babylone, opinion que Winer
primogéniture, et ne permettait pas qu'un (Realw.) trouve plus probable à cause de
père élevât le fils d'une mère préférée au la place qu'occupent les Arkéviens, Esd.
détriment de l'aîné, Deut. 21, 15-17. v. 4, 9.— 2°Ce serait Edesse, d'après le té
Femmes, Mariage, etc. moignage positif de Jérôme, d'Ephrem et
EPREUVES judiciaires. Ces moyens, de quelques rabbins.
imaginés par l'ignorance et la supersti ÉSAIE. 1° Lévite, Esdr. 8, 19. v. Sé
tion pour découvrir la vérité dans les cas rébia.
douteux, ont joué un grand rôle chez les 2° Prophète hébreu, fils d'Amots. On
peuples et dans les siècles barbares. On n'a que fort peu de notices positives sur
les appelait jugements de Dieu, et tou sa vie et sur sa personne. Son nom signi
jours ils étaient ordonnés de manière à ce fie aide de Dieu. D'après une tradition,
qu'un miracle fût nécessaire pour sauver son père aurait été frère du roi Amatsia,
l'innocent, car le prévenu était censé cou et lui-même aurait été de la famille royale.
pable jusqu'après l'épreuve. L'eau froide, Plusieurs circonstances nous font croire
l'eau bouillante, le fer rouge, certaines qu'il avait reçu, daus sa jeunesse, une
boissons, des sauts dangereux, étaient les éducation distinguée; son style orné et
moyens le plus ordinairement employés ; majestueux, qui décèle une grande éten
quelques-uns étaient connus déjà de l'an due de connaissances, et ses relations
tiquité la plus reculée (Sophocle, Antig. avec la cour viennent à l'appui de la tra
264). Les Juifs n'avaient de cérémonie dition. Il commença les fonctions de pro
pareille que pour un seul cas, et encore phète vers la fin du règne d'Hosias, pro
l'épreuve était-elle en elle-même inno bablement la dernière année de ce roi, si,
cente, redoutable seulement pour la fem comme on peut le croire , le chap. 6 in
me adultère. v. Eau de jalousie. — On dique la consécration d'Esaïe; et il les
peut trouver dans le Dict. historiq. des poursuivit sous les règnes de Jotham, d'A-
cultes, des détails curieux sur les épreu chaz et d'Ezéchias. Il paraît même, d'a-
ves admises 8hez les différents peuples. près 2 Ch. 32, 32. , qu'il a survécu à ce
ER, un des ancêtres de Marie, Luc 3, dernier, et, selon une tradition des Juifs et
28. Inconnu. de l'ancienne Eglise chrétienne, il aurait
ÉRASTE, disciple que saint Paul en vécu jusqu'à l'époque de Manassé , qui
voya d'Ephèse en Macédoine, avec Timo l'aurait fait mettre à mort. Il aurait donc
thée, Act. 19, 22., pour préparer les au fourni une carrière prophétique de plus
mônes des fidèles. On peut supposer qu'il de soixante ans (mort d'Hosias 759, avé
accompagna longtemps l'apôtre dans ses nement de Manassé 698 ou 97), et aurait
voyages, et c'est le même sans doute que atteint un âge fort avancé, au moins qua
l'on retrouve, 2 Tim. 4, 20., demeurant à tre-vingt-dix ans; la tradition même lui
Corinthe, éloigné de Paul qui le regrette. en donne cent vingt, et porte qu'il aurait
Il était ou avait été trésorier, Rom. 16, 23. été scié en deux par les ordres de Manas
(si toutefois ce ne sont pas deux person sé; le passage Hébr. 11 , 37. semble se
nages différents, comme Winer le sup rapporter à cette tradition et la confir
pose), et aurait donné sa démission de sa mer. Esaïe demeura toujours à Jérusa
charge en se décidant à suivre l'apôtre. Il lem, où il était marié, et où il avait au
ESA 339 ESA

moins deux enfants, Es. 7, 3. 8, 3. 4. Il L'authenticité de cette dernière partie


est encore nommé comme auteur de deux a été fortement attaquée par les rationa
ouvrages historiques , l'un sur Hozias, listes, qui sentaient combien des prophé
l'autre sur Ezéchias, 2 Chr. 26,22.32,32. ties aussi claires, aussi détaillées, pou
La mission de ce prophète s'explique vaient fournir d'armes contre eux. Ils ont
par l'histoire des règnes sous lesquels présenté leurs doutes sous différentes
il vécut. Il devait surtout combattre le formes. L'hypothèse qui paraît réunir le
formalisme et l'hypocrisie, insister sur le plusd'opinions est celle de De Wette et de
sens spirituel de la loi, annoncer les ter Gesenius, qui pensent que ces vingt
ribles jugements que le peuple s'attire sept derniers chapitres ont été composés
rait par son impénitence; mais aussi con du temps de l'exil. Mais ce système a été
soler et encourager le résidu fidèle par abondamment réfuté par Jahn, Mœller,
les promesses d'un meilleur avenir, et Kleinert, Hengstenberg (Christologie),
tout particulièrement diriger leurs re Haevernick, etc.
gards vers le Sauveur qu'il annonce à la Contre l'authenticité on allègue : 1.
fois comme docteur, comme victime ex que l'auteur semble avoir vécu dans le
piatoire, et comme roi. Ses prédictions temps de la captivité, puisqu'il la suppose
messianiques ont une si grande clarté constamment; pour lui Jérusalem est dé
qu'on a nommé quelquefois ce livre un truite, la Judée désolée, le peuple de Dieu
cinquième Evangile ; le Nouveau Testa rejeté. Mais il est très ordinaire que les
ment l'appelle le prophète par excellence prophètes se transportent dans l'avenir
(% tºozitz3), et le cite très souvent. Et et le décrivent comme s'ils l'avaient sous
déjà chez les Juifs il jouissait d'un grand les yeux. C'est ce que font Moïse, Deut.
crédit; les prophètes suivants, en parti 32, Joel 1, 2. 15., et Esaïe lui-même
culier Jérémie, s'appuyent constamment plus d'une fois dans la partie du recueil
Sur lui. qu'on ne lui conteste pas, par exemple à
Voici un sommaire de son contenu : l'égard de Tyr, ch. 23, 2. On dit qu'a-
Ch. 1-12 ; prophéties contre Juda. vant d'annoncer le retour de l'exil, il
Ch. 13-23 ; prophéties contre des peu aurait dû annoncer l'exil lui-même ; mais
ples étrangers, à l'exception du ch. 22. c'est ce qu'il a fait, 5, 6, 11. sq., et sur
Ch. 24-35 ; prophéties contre Juda tout au ch. 39, avec lequel toute la der
(promulguées probablement du temps nière partie est intimement liée. 3. On
d'Ezéchias). fait remarquer que le style de ces der
Ch. 36-39; narration des principaux niers chapitres est assez différent de ce
événements du règne d'Ezéchias, presque lui des trente-neuf premiers, plus ample,
identique avec 2 Rois 18-20,. plus diffus. Mais ces nuances s'expliquent
Ch. 40-66. Cette seconde partie du li facilement par l'âge plus avancé de l'au
vre a été probablement composée vers la teur, par la différence des sujets, etc.
fin de la carrière d'Esaïe, sous le règne 4. On a prétendu encore relever un cer
de Manassé. Le prophète se transporte tain nombre de chaldaïsmes. Cet argu
par la pensée jusqu'aux temps de l'exil ; ment a été réfuté par les plus habiles
et sur ce terrain idéal il annonce la déli connaisseurs de la langue hébraïque,
vrance de la captivité de Babylone, et Ewald par exemple, qui ne saurait
désigne même deux siècles d'avance, par être suspect en pareille matière. 5. On a
son nom, le prince qui en sera l'instru même soutenu que la désignation de Cy
ment. Mais en même temps il porte ses rus par son nom est un fait sans analo
regards sur une délivrance bien plus im gie chez les prophètes. Mais cette asser
portante encore, sur la rédemption spi tion est facile à réfuter; nous ne citerons
rituelle, sur le Messie; et, par cela même que 1 Rois 13, 2., où le roi Josias est an
qu'ils sont très analogues, ces deux su noncé par son nom trois siècles à l'a-
jets apparaissent tour à tour sur le pre V3IlC0.
mier plan, ou semblent quelquefois se Remarquons encore en terminant, que
confondre l'un avec l'autre. c'est précisément de ces vingt-sept der
ESA 340 ESA

niers chapitres contestés par une science d'aînesse pour un plat de lentilles, tom
incrédule, que le Nouveau Testament cite bant par son impétuosité dans les filets
le plus grand nombre de passages, en d'une mère et d'un frère dont il eût dû se
les attribuant clairement à Esaïe. méfier. Il oubliabientôt cette imprudence;
Les commentaires les plus utiles à con il en fit une autre en épousant deux Cana
sulter pour l'étude de ce prophète sont néennes (Héthiennes), Gen. 26, 34.36.1.,
celui de Calvin, celui de Gesenius qu'il v. Elon., et se compromit lui-même gra
ne faut lire qu'avec précaution , ceux vement par cette infidélité, compromet
d'Umbreit et de Hitzig, et la Christologie tant en même temps la paix de la famille
de Hengstenberg. patriarcale. Puis son père étant devenu
ESAR-HADDON, roi d'Assyrie, fils et vieux, et voulant donner sa bénédiction au
successeur de Sennachérib , Es. 37, 38. fils aîné qu'il chérissait, Gen. 27, 1., Ja
2 Rois 19, 37. Esd. 4, 2, indiqué encore, cob l'enfant de la ruse le supplanta par un
sans être nommé, 2 Rois 17, 24., que habile déguisement, et accomplit par un
Calmet et d'autres veulent voir aussi dé péché les plans éternels de la Providence :
signé sous le nom de Sargon, Es. 20, 1., Esaü ne reçut que les restes de la bénédic
mais à tort. Il commença de régner l'an tion paternelle, la promesse d'une nom
681 av. C., et occupa le trône pendant breuse postérité, puissante, belliqueuse et
vingt-neuf ans. Il fit transporter dans les riche, mais parfois soumise à celle de l'aîné
contrées désolées de la Samarie, privée béni. Justement indigné , Esaü croyait
de ses habitants en exil, des colonies de pouvoir se faire justice à lui-même, et ne
gens de Babel, de Cuth, et d'autres villes cachait pas son intention de tuer son frère
babyloniennes ; ces colonies ayant beau après la mort d'Isaac ; mais Jacob ayant
coup à lutter dans leurs premiers tra disparu d'après les conseils de sa mère,
vaux d'établissement contre les bêtes fé Esaü, espérant de rentrer dans la faveur
roces, qui s'étaient d'abord emparées de paternelle , et peut - être dans celle de
ces lieux, crurent que les dieux de ces lo Dieu, par une alliance avec la famille d'A-
calités ne leur étaient pas favorables par braham, épousa une fille d'Ismaël ; ce fut
ce qu'elles ne connaissaient pas la ma en vain ; lorsque le cœur n'est pas sain,
nière de les adorer, et sur leur demande, l'esprit ne peut l'être non plus. La famille
Esar-Haddon leur envoya un des sacrifi d'lsmaël n'appartenait pas à la promesse,
cateurs exilés; mais cette expédition ec et me fit venir aucune bénédiction sur ce
clésiastique fut sans résultat réel, et le lui que l'Eternel avait rejeté hors du
prêtre en fut pour ses leçons de religion : peuple qui devait être le dépositaire de la
les colons apprirent bien la foi juive, vérité, Mal. 1, 2. Héb. 12, 16. Les an
mais ils n'en continuèrent pas moins de nées s'écoulèrent, la haine s'éteignit dans
se faire leurs dieux, qui Nergal, qui Asi le cœur d'Esaü, et lorsque Jacob revint
ma, qui Tartac ; ce fut le commencement de la Caldée, dans l'entrevue qui eut lieu
de la religion des Samaritains, q. v. - entre l'usurpateur et la victime, Gen. 32,
C'est probablement encore Esar-Haddon Esaü se montra bien au-dessus de son
qui fit la guerre à Mallassé et l'emmena frère par la chaleur de son affection, la
captif à Babylone, chargé de doubles noblesse de sa conduite, et son oubli du
chaînes, 2 Chr. 33, 11. 12. - Quelques passé : car, évidemment, tout ce que Jacob
uns pensent que c'est lui qui est connu pouvait lui offrir n'était rien en compa
dans l'histoire profane sous le nom de raison de la bénédiction dont il l'avait dé
Sardanapale; mais v. Pul. pOuillé. Les deux frères se revirent en
ÉSAU ou Edom, premier-né d'Isaac et COre une fois à la mort de leur père, Gen.
de Rébecca, Gen. 25, 25., fut un homme 35, 29. Esaü continua d'habiter au pays
des champs, s'adonnant au labourage et de Séhir, dont Dieu avait assuré la pos
aux travaux de la chasse.Au retOur d'une session à sa postérité, Deut. 2, 5. On ne
de ses violentes excursions, accablé de sait rien sur sa mort.
fatigue et dévoré par la faim, il parla lé Le nom d'Esaü signifie velu (comme un
gèrement de ses lèvres, et céda son droit manteau de poil), Gen. 25, 25., et lui fut
ESA 341 ESC

donné à sa naissance; celui d'Edomsigni et perverse, se mettant en opposition di


fie roux, et lui fut donné peut-être aussi à recte avec le vrai peuple de Dieu. Le
sa naissance, à cause de la couleur de son passage, Es. 63, 1, 2., n'a certainement
poil, mais plus probablement à cause du pas été indifférent à la tradition qui s'est
plat de lentilles, Gen. 25, 30. Ces deux formée ; la solennité des menaces conte
noms sont employés l'un et l'autre pour nues Es. 34, et la grandeur des promes
désigner les tribus iduméennes et la con ses Es. 35, montrent qu'il s'agit de bien
trée qu'habitèrent les descendants d'E- autre chose que de la simple chute d'E-
saü, mais ce dernier s'emploie surtout dom, et l'Apocalypse, en parlant de Baby
dans les livres prophétiques, Jér. 49, 8. lone et de la bête, emprunte les images
10. Abd. 6.8.9. 19. employées par Esaü parlant d'Edom, 34
Pour les trois femmes d'Esaü, v. Gen. et 63,. Saint Jean paraît même avoir en
26, 34. 28, 9. cf. 36, 2. sq. vue le nom et la signification d'Edom en
Il existe une tradition assez singulière donnant la description de la Rome an
sur la descendance d'Esaü, et qui excite tichrétienne : le dragon est rouge, Ap.
fortement l'indignation du père Calmet, 12, 3.; la femme est ivre du sang des
c'est qu'Esaü aurait eu un fils nommé saints, habillée de rouge, assise sur une
Roum, duquel serait descendu Romulus bête rouge, 17, 3. 4.6. cf. 14, 20. Es.
et les rois de Rome ; voici du reste ce 34, 3. 63, 1.— Ap. 19, 3. Es. 34, 10.
qu'il dit : « C'est une tradition commune Ap. 19, 13. 15. Es. 63, 1. 2.Ap. 19, 18.
à toutes les nations du Levant qui ont Es. 34, 6. 7. L'ancienne tradition nous
quelque connaissance des livres sacrés , paraît ainsi fondée en elle-même, c'est-à-
quedutempsd'Habdon,juge des Hébreux, dire que les passages relatifs aux iniqui
une colonie d'Iduméens passa en Italie où tés commises par la postérité d'Esaü, et
elle s'établit, que Latinus régna parmi les menaces prononcées contre ce pays,
eux, et que Romulus fondateur de Rome se rapportent en première ligne à Edom,
tirait d'eux son origine. Tout cela est une mais d'une manière beaucoup plus géné
fable mal inventée par les Juifs pour faire rale aux peuples anti-chrétiens qui, por
tomber contre les chrétiens(de Rome)tout tant le nom du Père des croyants, retien
ce qui est dit dans l'Ecriture contre l'Idu nent la vérité captive sous le boisseau, et
mée, et les Iduméens. Les plus fameux aiment à s'enivrer de sang.
rabbins soutiennent opiniâtrément cette ESBAHAL, 1 Chr. 8, 33. 9, 39., le
impertinente tradition. Le Talmud ap même que Is-Boseth, q. v.
pelle l'Italie et Rome « le cruel empire ESCARBOUCLE (nophek), Ex. 28, 18.
d'Edom ; » Edom signifie roux ; les em 39, 11. Ez. 28, 13, 27, 16. Les anciens
pereurs romains étaient vêtus de rouge ; désignaient sous ce nom plusieurs pier
les cardinaux portent encore la même res précieuses d'un rouge extrêmement
couleur. Les belles raisons ! » — Nous vif comme des charbons ardents, le gre
comprenons l'indignation de Calmet , nat et le rubis, surtout le rubis des In
toutefois il ne nous paraît pas que l'inter des; l'escarboucle est moins dure que le
prétation de toute les nations du Levant, saphir et supporte comme lui la gravure.
appuyée de celle de tous les interprètes Le mot même d'escarboucle (carbunculus)
juifs et d'un fort grand nombre d'inter indique la vivacité de son éclat. Elle oc
prètes chrétiens, doive être rejetée entiè cupait la quatrième place sur le pectoral,
rement. Les Edomites sont dans leur Ori c'est-à-dire la première du second rang.
gine, comme dans leur histoire, un type En voyant ce que nous avons dit à l'art.
frappant des nations anti-chrétiennes qui Emeraude on se convaincra de l'impossi
touchent au peuple de Dieu, qui sont à bilité où sont les savants d'arriver à quel
mème de connaître la vérité, qui sont que chose de bien clair sur plusieurs par
placées, pour ainsi dire, sur les frontières ties de l'histoire naturelle, puisque les
de la terre sainte, et qui cependant n'em uns font rouge ce que les autres font
ploient les avantages spirituels qui leur vert, et vice versâ.
sont accordés, que d'une manière égoïste ESCARGOT, ou limaçon, Ps. 58, 9.
ESC 342 ESC

« Puisse-t-il s'en aller comme un escar 25.;— 4° les voleurs, en cas de non res
s got qui se fond, » manière de parler re titution, devenaient la propriété de celui
posant sur l'opinion populaire que la qu'ils avaient volé, Ex. 22, 3.;—5o quel
trace que l'escargot laisse après lui et qui quefois ils devenaient prisonniers à la suite
doit lui faciliter la marche, le ruine et le de guerres intérieures;— 6° ou bien ils
C0IlSUlIIl8. étaient volés et vendus comme le fut Jo
ESCLAVE. Il y avait chez les Hébreux seph;—7° enfin, rachetés d'un païen par
deux classes d'esclaves, les indigènes et un Hébreu, ils pouvaient être revendus
les étrangers; mais les uns et les autres par celui-ci à un autre Hébreu.
étaient soumis à un régime bien plus doux Dans tous les cas, la loi leur accordait
que les esclaves des Orientaux et des mo une telle protection, qu'après six ans de
dernes en général ; on peut même dire service au plus, ils recouvraient leur li
que l'esclavage n'était qu'une espèce de berté dans l'année sabbatique, et ils ne
domesticité à long bail, et Moïse dans sa devaient point être renvoyés à vide, Deut.
législation paraît avoir eu en vue une 15, 13. 14. Mais si l'esclave, incapable de
transaction entre l'esclavage et le principe profiter de sa liberté, ou satisfait de son
de la liberté individuelle; s'il reconnaît, maître, refusait son affranchissement, son
d'un côté, que l'esclave appartient au maî maître le conduisait devant les juges, et
tre, « car c'est son argent » Ex. 21,21., de lui perçait l'oreille avec une alêne, Ex.21,
l'autre, il limite par de nombreuses res 6. Deut. 15, 17.; dès lors son affranchis
trictions les droits du maître, et donne à sement définitif ne pouvait plus avoir lieu
l'esclave ses droits et ses garanties. qu'en l'année du jubilé, Lév. 25, 41. Jér.
L'esclave étranger, fait prisonnier de 34, 8. Le droit d'affranchissement n'em
guerre, acheté à prix d'argent, ou né dans portait pas pour l'esclave le droit d'em
la maison, Nomb. 31, 26. Gen. 17, 23. mener avec lui sa femme, s'il l'avait épou
Lév. 25, 44., devait être naturalisé et cir sée parmi les esclaves de son maître , ni
concis ; il était tenu à toutes les ordon les enfants qu'il pouvait en avoir eus.
nances cérémonielles : enlevé à sa patrie Pendant toute la durée de la servitude les
sans espoir de retour, il devait adopter esclaves avaient droit, comme leurs mai
en entier l'esprit et les affections, com tres, au repos du septième jour. Ex. 20,
me les obligations de sa nouvelle patrie. 10.
La captive que les chances de la guerre L'esclave pouvait être puni et même
avaient mise au pouvoir d'un Hébreu, battu pour négligence ou désobéissance ;
pouvait devenir son épouse ou celle de mais des limites étaient posées pour le
son fils ; mais un mois lui était donné protéger contre la brutalité d'un maître
pour pleurer son père et sa mère, Deut. violent ou barbare. Si l'esclave périssait
21, 10-13. Si son jeune maître venait à sous les coups, ou qu'il mourût dans la
se marier, elle ne devait rien perdre de journée, le maître était puni comme meur
ses avantages, en aliments, vêtements et trier (on ne sait de quelle peine, et si c'é-
cohabitation ; si même elle cessait de tait la mort) ; si l'esclave était estropié,
plaire, et que son maître n'eût plus d'é- qu'il perdît un de ses membres, ne fût
gards pour elle, elle devenait libre aussi ce qu'une dent, il obtenait la liberté, qui
tôt, et sortait sans rançon. Les femmes était une peine pour son maître, une com
esclaves ne pouvaient jamais être ren pensation pour lui. Mais s'il ne mourait
voyées étant enceintes. v. Concubines. que quelques jours après les mauvais trai
Les Hébreux pouvaient devenir escla tements de son maître, la loi ne sévissait
ves de diverses manières : 1° en cas d'ex plus, et le maître était regardé comme
trème misère, ils pouvaient aliéner leur suffisamment puni par la perte même de
liberté,Lév. 25, 39.;— 2° les enfants pou son esclave, Ex. 21, 20-27., qui équiva
vaient être vendus par leurs parents, lait, par la valeur de celui-ci, à une amen
Ex. 21, 7.; — 3° les débiteurs insolva de de trente sicles d'argent en moyenne,
bles étaient vendus à leurs créanciers, 2 Ex. 21, 32. cf. Lév. 27, 3. Matth. 26, 15.
Rois 4, 1.Es. 50, 1. Néh. 5, 5. Matth. 18, Quelques faits prouveront encorecom
ESD 343 ESP

bien la position de l'esclave était douce tionalité juive, d'abord seul, puis con
s0us la loi de Moïse : 1° il avait le droit jointement avec Néhémie. C'est lui qui est
de faire des économies, et jouissait des l'auteur du livre qui se trouve sous son
fruits de la terre en l'année sabbatique, nom dans l'Ancien Testament ; mais les 3e
comme il avait sa place marquée aux fes et 4e livres d'Esdras qui sont parmi les
tins d'actions de grâce, Ex. 20, 10. Lév. Apocryphes, sont d'une époque de beau
25, 6. Deut. 12, 18. 16, 11.; il était libre coup postérieure. Il paraît aussi à peu près
au point de pouvoir lui-même avoir des certain que c'est lui qui a formé la col
esclaves, 2 Sam. 9, 10.;— 2° il travaillait lection définitive des livres sacrés, et ainsi
avec ses maîtres, il avait même avec eux fixé le canon de l'Ancien Testament (v.
des rapports de peine et de fatigue qui Haevernick, Mél. de Théol. réf., 174-185).
devaient disposer ceux-ci à le traiter en La Bible ne nous apprendrien sur le temps
ami plutôt qu'en mercenaire, en homme et le lieu de sa mort, mais Josèphe nous
plutôt qu'en objet ; — 3° il travaillait un dit (Antiq. 11, 5, 5.) qu'il atteignit un âge
sol destiné à produire des objets de pre fort avancé, et qu'il fut enseveli à Jérusa
mière nécessité qui devaient servir à la lem. Son livre se compose de douze par
consommation, et non point au commer ties principales. Les six premiers chapi
ce; or, il est facile de comprendre com tres contiennent le récit d'évênements qui
ment ils devaient être mieux traités et s'étaient passés avant son retour en Ju
mieux nourris que s'ils eussent été de dée, pendant un espace d'environ vingt
simples instruments producteurs, à l'ali ans, depuis le commencement du règne
mentation desquels le maître eût du pour de Cyrus, jnsqu'à la sixième année de ce
voirpar des dépenses effectives, par l'achat lui de Darius, fils d'Hystaspe ; parmi ces
de rations. événements, le retour de la première co
On peut consulter sur cette partie si lonie sous Zorobabel, et la construction
compliquée de la législation des Hébreux, du nouveau temple, occupent la princi
et sur l'esprit de concessions qui y a pré pale place. Une partie considérable de ce
sidé, Cellérier, Lég. Mos. 1, 284. 2, 147. morceau (4, 8.—6, 18.) est écrite en cal
et ailleurs. déen, probablement parce que Esdras a
ESCOL. 1o Un des alliés d'Abraham rédigé sa narration en Caldée, et d'après
dans son expédition contre Kédor Laho des documents écrits par quelque témoin
mer, Gen. 14, 13. v. Mamré ; — 2° vallée oculaire. Dans les quatre derniers chapi
d'Escol (du raisin), d'où les espions is tres il raconte les événements postérieurs
raélites emportèrent un sarment avec sa à son retour. Mais entre les deux parties
grappe, qu'ils étaient deux à porter.Nomb. il y a une lacune de quarante-sept ans,
13, 24. 32, 9. Deut. 1. 24. Le torrent qui dont trente appartiennent au règne de Da
la traversait était, selon les uns, le Sorek, rius, onze à celui de Xercès, et six à ce
selon d'autres une rivière distincte qui se lui d'Artaxercès.
jette dans la mer près d'Askélon : Winer ESPAGNE. L'antiquité comprenait sous
pense que le torrent d'Escol ne pouvait ce nom la péninsule des Pyrénées toute
se jeter que dans la mer Morte. —Saint entière, qui renferme maintenant l'Espa
Jérôme parle d'une ville de ce nom. gne et le Portugal.Au temps de saint Paul
ESDRAS (secours), scribe, 7, 6.11., elle était province romaine, et comptait
qui en sa qualité de descendant du sa un grand nombre de Juifs parmi ses ha
crificateur Séraja, 7, 1., dont il est parlé bitants, ce qui avait donné à l'apôtre la
2Rois 25, 18., était aussi sacrificateur, se pensée d'y aller faire un voyage mission
trouvait à la tête de la seconde colonie naire : il paraît peu probable qu'il ait exé
qui revint en Judée, la septième année du cuté ce projet, du moins aucun des auteurs
règne d'Artaxercès, roi de Perse,7,8. Par des trois premiers siècles n'en fait-il men
zèle pour la gloire de Dieu et par amour tion. v. Paul. — Des mines de fer, de
pour son peuple, il travailla pendant de plomb, d'or et d'argent constituaient la
longues années à la restauration tempo plus grande richesse de cette presqu'ile.
relle et spirituelle du peuple et de la na v. Sépharad et Tarsis. -
EST 344 ETA

ESROM, Matth. 1, 3. Luc 3, 33., fils encore un témoignage vivant de la crédi


de Pharès et petit-fils de Juda, né, par bilité de ce récit; car il fallait de bien
conséquent, pendant le séjour en Egypte. puissants motifs pour engager les Juifs à
Il est appelé Hetsron, Ruth 4, 18. 1 Chr. ajouter une nouvelle fête nationale à celles
2, 5.-9. Du reste inconnu, . qui étaient instituées par le Pentateuque.
ESTER, jeune fille israélite de la tribu Quelques auteurs, et même des chré
de Benjamin, fut, dans la main de la pro tiens, ont remarqué avecétonnement l'ab
vidence, un instrument pour sauver d'une sence complète du nom de Dieu dans ce li
complète destruction une grande partie vre ; mais cette circonstance s'explique
de ceux de ses compatriotes qui, au lieu si, comme cela est très probable, l'ou
de retourner en Judée après la captivité vrage a été composé d'après des maté
de Babylone, étaient restés en Perse. Sa riaux tirés des annales du royaume de
beauté fit tomber sur elle le choix du roi Perse. D'ailleurs, si le nom de Dieu n'y
Assuérus, q. v. Elle devint son épouse, et paraît pas, l'action de la providence y est
lorsque les Juifs du royaume furent sur tellement sensible d'un bout à l'autre, on
le point d'être sacrifiés à la vengeance de y voit avec tant d'évidence que tous les
l'orgueilleux Haman, elle s'exposa pour événements sont disposés par la souverai
eux de la manière la plus généreuse : elle ne sagesse, et que ce que les hommes ap
profita de sa haute position pour intercé pelleraient hasard, circonstance fortuite,
der en leur faveur, quoiqu'elle sût bien sont les moyens que Dieu a choisis, qu'on
que sa démarche pouvait lui coûter le trô pourrait dire que ce livre lui-même est
ne et même la vie. La conduite d'Ester, un nom perpétuel de Dieu ; c'est le livre
en cette circonstance, est un beau com de la justice distributive par excellence ;
mentaire de 1 Jean 3, 16. –C'est le récit on pourrait lui donner pour épigraphe,
de cette délivrance remarquable qui for 2 Pier. 2, 9. : « Le Seigneur sait délivrer
me le sujet du livre de l'AncienTestament de la tentation ceux qui l'honorent, et ré
qui porte le nom de l'héroïne, et le sou server les injustes pour être punis au jour
venir en fut consacré chez les Israélites du jugement. » — L'auteur est inconnu,
par la fête de Purim, q. v. mais l'on a supposé avec beaucoup de
Les détails que nous trouvons dans le vraisemblance que ce pouvait être Mardo
livre d'Ester sur les mœurs, les lois, la chée lui-même,leparent et tuteur d'Ester.
constitution du royaume de Perse, sont ETAIN (b'dil), Nomb. 31, 22. Es. 1,
confirmés par leshistoriens profanes;ainsi 25. Ez. 22, 18. 20. 27 , 12., métal bien
nous lisons, 2, 18., qu'Assuérus diminua connu, plus dur que le plomb. Son al
les impôts à l'occasion de son mariage, et liage avec d'autres métaux plus précieux
Hérodote (3,66.) nous apprend que c'é- leur est préjudiciable, non - seulement
tait, en effet, un usage des rois de Perse sous le rapport de la beauté, mais surtout
en de semblables occasions. Nous voyons, pour la solidité, et les rend excessive
4, 11.5,2., que toute personne qui pa ment cassants. L'argent paraît souffrir
raissait devant le roi sans y être appelée, particulièrement de cet alliage, et c'est
était punie de mort, à moins que le roi dans ce sens que l'on peut comprendre le
n'étendît vers elle son sceptre d'or en si passage cité d'Esaïe; au v. 22, le peuple
gne de pardon, et Hérodote confirme ce juif est comparé à de l'argent, au v. 25
fait, 1, 99., etc. L'ouvrage de Brisson , il est dit : « Je t'ôterai tout ton étain, » ce
De regio Persarum principatu, fournit qui signifie : je te délivrerai de tout ce
matière à beaucoup de rapprochements qui t'est nuisible. D'autres ont entendu
semblables; et le grand historien Heeren ce verset différemment, et traduisent
a été tellement frappé du caractère de vé étain par matières impures, alliage, sans
rité empreint sur les pages du livre d'Es la nuance que nous avons indiquée : les
ter, qu'il le considère comme l'une des deux sens reviennent au même , mais le
principales sources pour l'histoire de ce premier présente une figure plus riche,
temps (Ideen I, p. 65). La fête de Purim, comme il est aussi plus conforme à la lan
qui est mentionnée 2 Macc. 15, 37., est gue : il se paraphraserait : « Je purifierai
ETA 345 ETH

d'entre les Juifs tous ceux qui pourront opinion; il cherche l'étang supérieur au
ètre purifiés, je détruirai les incorrigi nord de la ville, qui était plus exposé aux
bles dont la présence pourrait t'être en attaques de l'ennemi, et qui n'était pas
scandale.»— D'après Ezéch. 27, 12. Tar fort éloigné du champ du Foulon, q. v.,
sis faisait un grand commerce d'étain ; deux circonstances qui concordent bien
Pline, Diodore de Sicile et d'autres au avec ce que dit Esaïe; on en aurait la
teurs disent la même chose de l'ancienne
trace dans un bassin encore existant, de
Espagne, où il faut, selon Bochart, cher 150 pieds de longueur et large de 40, au
cher la Tarsis de la Bible. nord de Jérusalem; mais la démonstra
ÉTANGS, ou réservoirs destinés à re tion du commentateur est un peu trop
cevoir et à conserver l'eau de pluie ou de laborieuse, et repose sur trop d'hypo
s0urce. Il y en avait dans le voisinage thèses pour qu'on puisse l'adopter. Il
de plusieurs villes israélites , et l'on vaut mieux regarder l'étang du roi comme
trouve encore les restes de plusieurs de identique avec l'étang supérieur et avec
ces bassins, avec leurs murs et leurs de l'étang de Salomon dont parle Josèphe.
grés, à Hesbon, Hébron, Samarie,2 Sam. — Cet historien nomme encore l'étang
4, 12. 1 Rois 22, 38. Cant. 7, 4. et ail des moineaux, vis-à-vis la tour d'Antoine,
leurs. Il est parlé encore de l'étang de celui des amandes, à l'est, et celui des
Gabaon, 2 Sam. 2, 43. La ville de Jéru Serpents, au nord ou nord-ouest. — Jé
salem en possédait seule un assez grand rico avait aussi des réservoirs, au service
n0mbre, soit dans l'intérieur de ses mu de ses palais.
railles, soit en dehors :- 1° Le lavoir de ETHAM. 1° Troisième station des ls
Béthesda, q. v. — 2° L'étang du roi Ezé raélites après leur sortie d'Egypte, main
chias, 2 Rois 20, 20., grand bassin des tenant Etti, Ex. 13, 20. Nomb. 33, 6.
tiné à alimenter un aqueduc qui arrivait 2° Hétham , rocher où se retira Samson
jusque dans la ville ; il recevait peut-être après avoir brûlé les moissons des Phi
lui-même les eaux du Guihon, 2 Chr. 32, listins, Jug. 15, 8.3° 2 Chr. 11, 6.1 Chr.
30. 33, 14., qu'Ezéchias détourna de leur 4, 3.32.,ville de la tribu de Juda, célè
c0urs primitif pour les diriger vers l'oc bre par ses belles eaux et ses beaux jar
cident, et selon quelques-uns par un ca dins, à 60 stades de Jérusalem, vers le
nal souterrain. La tradition en montre midi, dans une contrée riante et fertile.
encore les restes au nord-ouest du mont Roboam la fortifia. — On trouve encore,
de Sion et de l'ancienne ville supérieure. à 20 ou 25 kilom. de Jérusalem, de belles
3"L'étang du roi, près de la porte de la eaux avec les ruines d'un aqueduc qui les
fontaine, au sud-ouest, Néh. 2, 14., et conduisait dans cette ville : on pense que
le réservoir de Siloé, paraissent avoir c'est le même que Pilate fit construire
servi à arroser les jardins royaux, v. Si (Jos., Guerre des J. 2, 13).
loé.-4° L'étang d'en haut, et l'étang ÉTHAN, Héman, Calcol et Dardah,
d'en bas. L'étang supérieur était non loin 1 Rois 4, 31. 1 Chr. 2, 6., quatre frères,
du chemin qui conduisait au champ du fils de Zara et de Mahol, petits-fils de
Foulon, Es. 7, 3. 36, 2.2 Rois 18, 17.; Juda, jouissaient d'une telle réputation
l'on pense généralement que c'est le mê de sagesse que Salomon leur est com
me qui porte, Es. 22, 11., le nom de vieux paré. Ils eurent un cinquième frère, Zi
étang, et qui est opposé à l'étang d'en zim selon les chroniques, Zabdi selon
bas, v. 9.; si c'est le même en effet, sa Josué 7, 1. qui n'est pas nommé dans les
place sera à peu près déterminée par ce Rois, sans doute parce qu'il n'était pas
qui est dit, v. 11, de sa position entre les
aussi célèbre que les quatre autres. —
deux murailles; elles se trouvaient d'a- 2° Ethan, Ezrahite, Ps. 89, 1., ne doit pas
près 2 Rois 25, 4. Jér. 39, 4., près des être confondu avec Ethan, fils de Zara,
jardins du roi; et ceux-ci, d'après Néh. qui est aussi nommé Ezrahite; c'est pro
3, 15., au pied occidental de la montagne bablement le même que le fils de Kisi,
de Sion, vers les degrés qui descendent Mérarite, nommé 1 Chr. 6, 44. On voit
de la cité de David.—Hitzig combat cette par Ps. 89, 39.40. qu'il a vécu longtemps
ETH 346 ETI

après David, quoique avant la captivité; comme les montagnes par des chasseurs
ce Psaume paraît se rapporter aux der et des bergers; le Nil avait la pêche et le
niers temps du royaume de Juda. On a commercer et Méroé expédiait en Egypte
voulu à tort le confondre avec Jéduthun. et en Arabie les produits du sol éthio
ÉTHANIM ( mois des fleuves abon pien, l'ébène, l'ivoire, l'encens, l'or, et
dants). Avant l'exil, les mois étaient sou grand nombre de pierres précieuses qui
vent désignés par de simples chiffres , faisaient de ce pays un symbole person
avant d'avoir reçu des noms définitifs; nifié de la richesse, Es. 43, 3. 45, 14. Le
quelquefois, cependant, on les appelait Commerce unit bientôt étroitement l'E-
du nom de leurs attributs. Ethanim en gypte et l'Ethiopie, et les descendants de
est un exemple. C'est dans ce mois qu'eut Cus, s'avançant vers le nord, peuplèrent
lieu la dédicace du temple de Salomon, une partie de la Haute Egypte, la cultivè
1 Rois 8, 2. Plus tard il reçut le nom de rent en hommes libres, et finirent par
Tisri. changer de patrie en devenant tributaires
ETHBAHAL, 1 Rois 16, 31., roi des et presque indigènes du pays où ils avaient
Sidoniens, beau-père d'Achab roi d'Israël émigré. C'est ainsi qu'on les voit,2 Chr,
(918-897 av. C.). D'après Josèphe, il au 12, 2.3., marcher sous les ordres de Si
rait été d'abord prêtre d'Astarté , et se sak, roi d'Egypte, sans doute le fameux
rait monté sur le trône de Tyr et de Sésonchis de la vingt-deuxième dynastie.
Sidon par le meurtre de Phéles (Sidon Ailleurs, c'est l'Egypte qui obéit à l'E-
était alors tributaire de Tyr). Il régna thiopie, sous les rois Sabacon, So et Tir
trente-deux ans, et mourut âgé de soixan haca, pendant une quarantaine d'années,
te-huit ans. jusqu'àl'avénement de Psamméticus.C'est
ÉTHIOPIE, Act. 8, 27., contrée afri pendant cette période qu'eut lieu la con
caine qui dans les temps les plus anciens quête de Thèbes, Nah. 3, 8. v. No. Puis
portait le nom de Cus, q. v., et qui conl une partie de la caste des guerriers, mé
prend ce que nous appelons maintenant contente, émigra d'Egypte en Ethiopie,
l'Abyssinie, avec une partie assez consi s'y établit, et finit par devenir dominante.
dérable de la Nubie. Elle était bornée à — Pour 2 Chr. 14, 9., v. Zéraph.
l'est par l'Arabie et la mer des Indes, ETHNARQUE, 2 Cor. 11, 32., ou gou
au sud par les contrées intérieures et verneur, préfet militaire du roi arabe
presque inconnues de l'Afrique, à l'ouest Arétas. Ce mot, qui signifie chef d'une
par les déserts et la Lybie, au nord par nation, s'emploie toujours en parlant d'un
les hauteurs de l'Egypte, depuis Syène employé supérieur, qui n'a de compte à
environ. Pour la géographie de ce pays, rendre qu'au roi lui-même, auquel il est
on peut consulter le journal du mission assujetti. C'est le nom que porte legrand
naire Gobat pendant son séjour en Abys prêtre Simon, prince vassal de la Syrie,
sinie, source récente et sûre, pleine d'in 1 Macc. 14, 47.; de même encore Arché
térêt à tous égards. D'arides chaînes de laüs, fils d'Hérode le Grand, obtint d'Au
montagnes, et des côtes sablonneuses, guste, après la mort de son père, le ti
sont coupées par des contrées plus fer tre d'ethnarque de l'Idumée, de la Ju
tiles et arrosées de fleuves nombreux, dée et de la Samârie, en attendant qu'il
Es. 18, 1., Soph. 3, 10. Le Nil y prend pût recevoir le titre de roi, Josèphe, An
sa source, ainsi que l'Astaboras (mainte tiq. 17, 11. 4.
nant Tacazza) qui s'y jette, et forme avant ETIENNE, Act. 6 , 5. 7, 1-60., pre
sa jonction une île considérable, qui était mier martyr de l'Eglise chrétienne, pro
déjà peuplée fort anciennement par des bablement grec d'origine, si l'on en juge
hommes ayant un gouvernement à part. par son nom, et le premier des sept dia
v. Séba. — L'Ethiopie était , quant à sa cres nommés pour aider les apôtres dans
population, le centre de peuples de le service des tables et des pauvres. Plein
mœurs et d'usages très divers, parmi de foi et de puissance, il faisait des mi
lesquels se trouvaient plusieurs colonies racles et des prodiges parmi le peuple,
égyptiennes : les côtes étaient habitées ayant reçu l'imposition des mains. Son
ETI 347 ET0

activité allait plus loin que sa charge, telle ravissement les cieux ouverts pour le re
dumoins qu'on l'entend à présent, et son cevoir, et qui se livre à eux sans résis
am0ur p0ur Son maître lui mérita l'ini tance ; il s'endort au milieu des pier
milié du monde; quelques habitués de la res qui l'accablent, et sa dernière pensée
synagogue, irrités de voir leurs lieux de est une intercession pour ses assassins.
culle toujours moins fréquentés et même Le sang des martyrs est la semence de
abandonnés par un grand nombre de sa l'Eglise, a dit un père (Tertullien); celui
crificateurs , irrités surtout de ne pou qui jaillit des membres meurtris du dia
voir résister à la sagesse et à l'esprit par cre vint tomber sur un jeune homme qui
lequel il parlait , soulevèrent contre le gardait les habits deses meurtriers; cette
disciple, comme on avait fait contre le plante amère devint plus tard un arbre de
maitre, de faux témoins, subornés à prix vie, et Saul fut le grand apôtre des Gen
d'argent, pour l'accuser de blasphème. tils.
Le peuple fut soulevé , une instruction Le discours d'Etienne ne nous est évi
judiciaire commença, le saint dut com demment rapporté qu'en partie, et cette
paraitre, et le ch. 7 des Actes nous donne partie même est abrégée; le fil n'est pas
la première partie du discours qu'il pro toujours facile à suivre, comme aussi per
B0nça pour sa défense. Dans ce discours sonne ne pouvait rapporter d'une ma
lhomme de Dieu, plus jaloux des intérêts nière exacte les paroles mêmes qui avaient
de son maître qu'attentif à la conserva été prononcées; d'ailleurs, interrompu
fion de sa vie, au risque de déplaire aux brusquement, il ne laisse que pressentir
émeutiers qui l'entourent, cherche à mon la marche de son discours; plusieurs au
lrer à ses juges et à ses auditeurs que la teurs ont essayé de diverses manières de
religion chrétienne n'est que le dévelop suppléer ce qui manque : il nous semble
pement du mosaïsme qu'ils aiment , et que ce que nous avons dit est ce qui ca
l'accomplissement des prophéties conte dre le mieux soit avec la position du dia
nues dans les saints écrits qu'ils vénè cre accusé, soit avec la partie connue de
rent, mais en même temps il leur montre son discours. Il faut y voir une prédica
que, dans tous les temps, sous les pa tion plutôt qu'une défense , une accusa
triarches, aux jours de Moïse, dans le dé tion plus qu'une justification ; et le vi
sert, et toujours, les Juifs se sont mon sagedumartyr resplendit d'unejoiesainte,
tres incrédules aux manifestations divi comme le visage d'un ange, quand il se
nes, rebelles au salut, durs de cœur à croi vit appelé à rendre publiquement témoi
re, et charnels : cédant alors à l'émotion gnage de son amour et de sa foi.
comme à l'indignation qui le remplit, ETOILES. v. Astres, Kijun, Remphan,
craignant de ne pouvoir achever de déve Zodiaque, etc.
lºpper sa pensée, voyant peut-être l'agi Etoile des mages. Il est bien difficile
lation du peuple et l'irritation de ceux de trouver une explication quelconque,
qui l'écoutent, il éclate et s'écrie : « Gens un peu naturelle, du miracle qui annonça
de col roide, et incirconcis de cœur et aux mages d'Orient la naissance du roi de
d'oreille, vous vous obstinez toujours Bethléhem, Matth. 2, 2-12. La plus an
contre le Saint-Esprit, vous faites comme cienne hypothèse, qui se trouve déjà chez
Vos pères ont fait. Lequel des prophètes les pères grecs, c'est que cette étoile n'é-
Vos pères n'ont-ils pas persécuté 9 Ils tait qu'un simple phénomène lumineux
0nt même tué ceux qui ont prédit l'avé dans l'atmosphère , lequel , n'étant pas
nement du Juste, duquel maintenant vous soumis aux mouvements qui règlent le
avez été les traîtres et les meurtriers, vous cours des étoiles, pouvait avoir sa marche
qui avez reçu la loi par la disposition des à lui, s'avancer, reculer, s'arrêter et s'é-
anges, et qui ne l'avez pas gardée ». Con teindre : un évangile apocryphe raconte
clusion foudroyante qui achève d'irriter même que cette lumière entra dans l'éta
la populace et cause la mort du prophète; ble avec les mages, et se posa sur la crê
0n se met à crier, on se bouche les oreil che. — Une seconde opinion ( Ideler ,
les, on fond sur le prophète qui voit avec Handb. d. Chron. 2, 410) ne voit dans ce
ETR 348 ETR

phénomène ni une étoile, ni une simple la bienveillance des Hébreux, Ex. 22, 21.
lumière atmosphérique, mais une con 23, 9. Lév. 19, 33. 34. Deut. 10, 18. cf.
jonction de planètes , la même qui fut Jér. 7, 6. Mal. 3, 5.; elle leur accordait
observée en 1827 ; cette hypothèse n'ex plusieurs des prérogatives dont jouis
plique rien, et pour l'admettre il faudrait saient les pauvres, notamment une part
supposer que la marche toute entière de aux repas des dîmes et des fêtes, Deut.
cette étoile a été mal comprise, et qu'elle 14, 29. 16, 10. 14. 26, 11., et aux récol
est mal présentée dans l'Evangile ; d'ail tes de l'année jubilaire, Lév. 25, 6., pré
leurs un phénomène astronomique est vu ceptes fondés sur les devoirs généraux
de tout le monde, et celui-ci ne l'a pas d'humanité, et sur la fraternité des fils
été, v. 7. Il faut donc renoncer à toute d'Adam. Ils avaient devant la loi les mê
hypothèse de ce genre , et par consê mes droits que les habitants du pays,
quent à une troisième, celle de Michaëlis, Ex. 12, 49. Lév. 24, 22. Nomb. 15, 15,
qui voit dans l'étoile une comète, dont Deut. 1, 16. 24, 17. cf. Nomb. 35, 15.,
les mages auraient pu calculer d'une ma mais ils avaient les mêmes devoirs en
nière sûre la marche non point apparente, matière de culte, du moins les mêmes de
mais réelle, et le moment où elle se serait voirs négatifs, et devaient s'abstenir de
arrêtée, arrivée à son périhélie. C'est in tout ce qui était défendu aux Hébreux,
génieux, mais cette explication partage Ex. 20, 10., Lév. 17, 10. 18, 26. 20, 2.
avec la précédente le défaut de faire du 24, 16. Deut. 5, 14. Ez. 14, 7., avec la
miracle un fait naturel, tandis que le phé seule exception mentionnée Deut. 14,
nomène nous est donné comme merveil 21. Il était permis de leur prêter à inté
leux. Quant à la première hypothèse, elle rêt (à usure ?), ce qui n'était pas permis
est mesquine dès qu'on reconnaît le mi pour les Israélites eux-mêmes, Deut. 23,
racle, car il était aussi facile à Dieu de 20. Ils pouvaient être naturalisés à cer
créer ou conduire une étoile que de faire taines conditions et obtenir les droits
marcher un feu errant; et il paraît beau de bourgeoisie en Israël, à condition
coup plus digne et de Dieu et de l'occa toutefois qu'ils se fissent circoncire; les
sion, de supposer que la naissance du Egyptiens et les Edomites acquéraient
Messie fut annoncée par une étoile, que ces droits à la troisièmegénération, Deut.
par un corps brûlant dans l'air avec du 23, 7.8. cf. 1 Sam. 21. 7.; pour les au
gaz enflammé. Toute la difficulté est dans tres peuples un plus long séjour était
le v. 9. Mais l'idée principale est la sta exigé. Les Hammonites seuls et les Moa
tion de l'étoile plus que la désignationdu bites, de même que les eunuques et les
lieu où elle s'arrêta; or il est facile de descendants de femmes de mauvaise vie,
se représenter les mages sortant de Jé étaient complétement exclus du bénéfice
rusalem vers la nuit; ils voient une étoile de la naturalisation, Deut. 23, 3. cf. Néh.
qui suit une marche différente de la mar 13, 1. Cette défense , tombée en désué
che apparente des étoiles fixes; elle est à tude à une époque de relâchement, fut
leurzénith quand ils arrivent à Bethléhem, remise en vigueur lorsque la vie rentra
et les mages, instruits , comprennent et en Israël, Néh. 13, 3. - On voit par ces
s'arrêtent. — Nous n'avons pas besoin dispositions que l'intention de Moïse n'a-
d'ajouter que, dans un pareil domaine , vait pas été d'isoler hermétiquement ls
tout ne peut être que supposition, quant raël des autres nations ; un dénombre
aux détails, mais il faut se rappeler aus ment fait par Salomon, 2 Chr. 2, 17.,
si que Dieu fait des flammes de feu ses mi constata la présence de 153,600 étran
nistres, Ps. 104, 4. gers en Palestine. Aussi, quelque gra
ETRANGERS. La loi de Moïse , en ves que fussent sous le point de vue thé0
prenant toutes les précautions possibles cratique les motifs d'exclusion contre les
pour préserver les Israélites de l'in étrangers, l'on peut dire que ces derniers
fluence des étrangers, se montrait ce étaient traités chez les Hébreux d'une
pendant favorable à ceux-ci partout où manière plus noble et plus conforme à la
elle le pouvait ; elle les recommandait à | dignité humaine, que chez les peuples de
349 EUP
EUN

l'antiquité, les Romains et les Grecs y saient eeunuques pour gagner le ciel,
compris, avec leur fin vernis de philan exempl qui fut suivi par Origène dans
une intention moins prétentieuse, et pour
thropie et de civilisation. se délivrer seulement des tentations char
EUBULUS, disciple inconnu dont saint
Paul envoie les salutations à Timothée, 2 nelles ; on peut aussi prendre ce verset
comme indiquant le simple renoncement
Tim. 4, 21. au mariage et aux plaisirs de la chair,
EUNICE, fille de Loïs et mère de Ti
mothée, 2Tim. 1,5.; juive d'origine, elle sans opêration corporelle; ce serait le
s'était de bonne heure convertie au chris cas de Paul, et les promesses de Apoc.
tianisme : son époux était un prosélyte 14, 4. seraient faites pour eux.
d'entre les Grecs, Act. 16, 1. On ne sait EUPHRATE, hébreu Ph'rath, Gen. 2,
par qui elle avait été amenée à la con 14.15, 18. Jos, 1, 4. Apoc. 9, 14., appelé
naissance de l'Evangile, mais lorsque simplement le fleuve, Ex. 23, 31. Es. 8,7.
Paul la vit pour la première fois à Lystra, 7, 20. Jér. 2, 18. Mich. 7, 12., ou le grand
elle avait déjà le témoignage d'être une fleuve, Deut. 1, 7. De tous les noms géo
femme croyante, mère d'un fils égale graphiques, l'Euphrate est certainement
ment dans la foi.
le plus ancien , puisqu'il est le seul qui
EUNUQUE, signifie littéralement un nous ramène aux jours du paradis ter
homme qui a la garde du lit, et cette ex restre. Ce fleuve, un des plus considéra
pression qui marque un homme mutilé,soit bles de l'Asie, prend sa source au plateau
maturellement, soit par la main des hom de l'Arménie, et sort de la chaîne de mon
mes, se prend aussi dans un sens beau tagnes dont l'Ararat est le sommet le plus
coup plus général pour désigner un offi élevé. A trois journées d'Erzeroum, les
tier de cour quelconque, servant dans deux premiers affluents du fleuve se ren
lintérieur du palais, comme Potiphar, contrent, l'un, le Frat, plus court et ve
eunuque de Pharaon , qui avait femme et nant de l'ouest; l'autre, le Mourad-Tchaï,
enfants, Gen. 39, 17. C'est dans ce sens venant d'orient, plus long et prenant
qu'il faut entendre (à moins qu'ils ne fus naissance au pied des monts Alma-Dagh,
s .
sent étrangers) les eunuques nombreux dans les environ de la ville de Bayazad
que les rois d'Israël et de Juda avaient A leur jonctio n, les deux rivières réunies
t -Sou, ou Eu
à leur cour, 1 Sam. 8, 11. 1 Rois 22 , 9. prennen le nom de Mourad
phrate , et présent ent une masse d'eau
2 Rois 9, 32. 24, 12.15.1 Chr. 28, 1.,
car la loi de Moïse avait défendu expres pareille à celle de nos fleuves les moins
rables, tels que la Moselle. L'Eu
sément à son peuple de faire des eunu considé
ques, et même de mutiler des animaux, phrate coule d'abord vers le sud et sé
Lév. 22.24. Deut. 23, 1.; ceux qui étaient pare l'Arménie de la Cappadoce, puis
ainsi mutilés étaient exclus de l'assemblée bientôt chassé par les racines du Taurus,
du Seigneur. Cette défense avait d'abord il tourne à l'ouest et descend par d'étroits
un grand but d'humanité, elle maintenait passages et de nombreuses chutes, jus
à chaque homme le droit d'être ce qu'il qu'à ce qu'il arrive dans la plaine non
e,
est, et ne de point devoir se dire : Voici, je loin de Samosat où sa course se ralen
suis un arbre sec, Es. 56, 3. Elle tendait tit et continue d'abord au sud, puis à
ensuite à entraver la polygamie, à la ren l'est et au sûd-est, ayant à sa droite la
dre de fait plus difficile, à empêcher l'é- Syrie et l'Arabie déserte, à gauche la Mé
tablissement des sérails par l'impossibi sopotamie. A la latitude de Bagdad il se
lité de se procurer des hommes sûrs. - rapproche du Tigre, dont il n'est plus
C'est dans le même sens encore qu'il faut éloigné que de 200 stades à Séleucie, et
entendre l'eunuque de la cour de Can de nombreux canaux permettent une com
dace, seigneur commis sur les richesses munication libre et facile entre les deux
de la reine d'Ethiopie, prosélyte juif qui fleuves. Il s'éloigne de nouveau du Tigre,
fut converti au christianisme par Philippe passe devant Babylone, envoie une partie
q. v., Act. 8, 27.— Le passage Matth. 19, de ses eaux se perdre dans les marais
12. se rapporte aux ascètes qui se fai sablonneux de l'Arabie, puis revient en
EUT 350 EUT

serpentant vers l'est, et se perd à Kor homme, n'ayant éprouvé qu'une violente
nah dans le Tigre ; là les deux fleuves, secousse, a bien eu besoin du reste de la
sous le nom de Schat-al-Arab (fleuve des nuit pour se remettre, ce qui explique
Arabes), traverSent encore 32 lieues d'un pourquoi au lieu de remonter immédiate
pays noyé, et se jettent finalement dans ment dans la salle, il ne reparut qu'après
le golfe Persique par plusieurs embou le départ de Paul. Nous répondons : le
chures. verset 9 est positif; même s'il n'y a eu
Le cours de l'Euphrate est d'environ que secousse violente on ne se remet pas
1850 kilom.; il est accessible à de petits en quelques heures d'une chute de trois
bateaux pendant la première partie de étages; les paroles du verset 10 ont le mê
Son cours jusqu'à son arrivée dans les me sens que celles de Matth. 9, 24.; saint
chaînes du Taurus, puis il cesse de l'être Paul s'est penché sur le jeune homme
jusqu'à quelques lieues au-dessus de Sa comme le firent Elie et Elisée en pareille
mosate, où sa course longtemps acciden occasion, 1 Rois17,21.2 Rois 4, 34. « En
tée redevient plus douce et plus unie; la fin, ajoute M. Coquerel, s'il n'y a point
vallée s'élargit et les pentes s'affaiblis ici de miracle, l'accident était trop peu
sent; la largeur du fleuve est de 800 important pour être rapporté par saint
pieds ; mais sa profondeur varie encore Luc. Depuis Ephèse jusqu'à Milet, Act.
et ne dépasse jamais dans les eaux basses 20, 1. 15., le récit ne s'arrête point et
10 à 12 pieds, quoique dans la saison des n'offre aucun intérêt ;l'historien aurait-il
pluies elle s'élève jusqu'à 24. La naviga interrompu la rapidité de son narré pour
tion n'y est jamais sûre, et tous les es raconter seulement qu'un dormeur était
sais qui ont été faits jusqu'à ce jour ont tombé par une fenêtre sans se tuer. Saint
échoué contre les caprices du fleuve in Luc, présent à toute cette scène, était
dompté, cf. Es. 8, 7. Les bateaux à va médecin; s'il s'agit d'un évanouissement
peur, le Nitocris et le Nimrod, dans leur et non d'une résurrection, c'est de son
navigation du mois de mars 1841, n'ont aide et non de celle de Paul que l'on avait
fait que constater les difficultés qui res besoin, et en se rappelant que le récit
tent encore à lever pour la navigation est d'un homme de l'art, il est impossi
régulière de ce fleuve. — Son eau est ble de ne pas y voir un prodige divin et
presque toujours trouble, mais ne laisse non un accident vulgaire. » -

pas que d'être saine et d'un goût agréa Il est intéressant de voir avec quelle
ble quand elle est clarifiée. Les Arabes bonté et quelle compassion saint Luc
l'estiment extrêmement. rapporte le fait de ce jeune homme qui
EUROCLYDON, Act. 27, 14., vent du s'endort pendant que le grand apôtre
sud-est, irrégulier et tourbillonnant. parle aux âmes : Eutyche ne cède qu'à
EUTYCHE, Act. 20, 9., jeune homme un profond sommeil, il faisait une cha
de Troas, qui, s'étant endormi sur l'em leur étouffante, et la fumée des lampes
brasure d'une fenêtre pendant un dis nombreuses y ajoutait son influence en
cours de saint Paul , tomba dans la rue gourdissante; c'était extrêmement tard,
et fut relevé mort; mais l'apôtre s'étant minuit ; enfin Paul avait fait un long dis
approché se pencha sur lui, l'embrassa, cours, de l'aveu même de saint Luc : tou
et annonça aux assistants que le jeune tes les circonstances se réunissaient p0ur
homme était revenu à la vie. La réunion faire succomber la chair, et là où bien
ne fut ainsi interrompue qu'un instant, des formalistes se seraient indignés, le
puis les frères s'assemblèrent de nouveau Saint-Esprit n'exprime pas un seul mot
en attendant le départ de Paul, prirent de blâme. Chacun sait que ce n'est pas
la cène, et s'entretinrent jusqu'aujour.— bien de dormir au culte, et l'on peut mê
On a révoqué en doute le miracle , par me dire qu'une âme pieuse n'en éprou
conséquent la mort et la résurrection vera jamais le besoin. Voilà la règle, puis
d'Eutyche, et l'on s'appuie sur le peu vient l'exception, c'est que la chair est
de cérémonies que fait l'apôtre, qui ne toujours chair avec une faiblesse insur
prie pas même ;on dit encore que lejeune montable, inhérente à sa nature; s'il y a
EVA 351 , EVA
des cas où la faiblesse est péché, il y en Dieu a opposé comme remède la mort de
a d'autres où la faiblesse n'est qu'un son fils éternel dont le sang doit à la fois
malheur et doit être pardonnée, et le tact expier et purifier. Ce plan, conçu dès avant
chrétien joint à la charité pure saura tou la fondation du monde a été dévoilé à
jours faire distinguer les uns des autres. l'homme aussitôt après la chute ; et dès
EVANGILE, évangélistes. L'Evangile, lors, développé de plus en plus claire
cette clef de voùte d'une économie nou ment par les sacrifices, par le mosaïsme,
velle où le mystère est remplacé par l'a- par les prophéties, et par la foi des Juifs
mour, l'Evangile, mot sacramentel que les craignant Dieu, il a pris place dans l'his
anges proclamèrent du haut des cieux, toire de l'humanité il y a 1849 ans, le
Luc 2, 10., en annonçant aux hommes Verbe s'étant incarné, ayant souffert,
un grand sujet de joie, l'Evangile, cette étant mort, étant ressuscité, s'étant mon
épigraphe de la religion chrétienne et tré publiquement, ayant été vu, entendu
d'elle seule, ce résumé des gratuités di et touché pendant plusieurs années, ayant
vines, ce nom que chacun réclame dans prêché dans les plaines et sur les monta
l'Europe chrétienne et qui s'avance en gnes, dans les villes et dans les déserts.
conquérant dans toutes les parties du Puis son œuvre étant accomplie, il est re
m0nde, sur les côtes de l'Amérique, dans tourné dans le sein de son Père.
les déserts de l'Afrique, au bord des Tous ces faits avaient pour but unique
fleuves de l'Asie, et dans les îles de l'O- le salut des hommes, et c'est leur en
téanie, jusqu'à ce qu'il ait gagné des semble qui constitue l'Evangile, la bonne
hommes de toute tribu, langue, peuple nouvelle.
et nation, l'Evangile n'est dans son ori Il importe donc extrêmement pour ce
gine comme dans sa signification litté mot comme pour tous les autres, et plus
rale, ni un système de philosophie, ni un encore, d'en conserver présente à la pen
système de devoirs , ni une prédication sée la signification historique et salutai
de morale, mais la publication simple d'un re, afin de ne se pas fourvoyer comme on
fait, d'une nouvelle, d'une « bonne nou le fait souvent, dans des phrases creuses
velle », ainsi que le marque son nom mê et sonores qui n'ont aucun sens ; prati
me, dérivé des deux mots grecS Eû, &yyi quer l'Evangile, la loi de l'Evangile, les
lº, qui ont cette signification. menaces, les foudres de l'Evangile, au
Ce fait, c'est que Jésus est venu cher tant de formules qui dénotent chez ceux
cher et sauver ce qui était perdu, Matth. qui les emploient l'ignorance la plus
18, 11.; c'est qu'il n'y a point sous le ciel triste et la plus déplorable de ce qui fait
d'autre nom qui soit donné aux hommes le fondement de la religion chrétienne.
par lequel il nous faille être sauvés, Act. — Nous ne pouvons développer, ni mê
i, 12.: c'est que Dieu a tant aimé le mon me indiquer ici toutes les idées éga
de, qu'il a donné son fils au monde, afin lement importantes, qu'entraîne après
que quiconque croirait en lui ne pérît elle, et comme conséquence, la bonne
pas, mais qu'il eût la vie éternelle, Jean nouvelle annoncée aux hommes : l'inuti
3, 16. lité d'œuvres supplémentaires à la mort
Fait historique, il repose sur un fait de Christ qui a pleinement accompli le
moral qu'il suppose, celui de la corrup salut, en même temps que la nécessité
tion entière du cœur humain, corruption des œuvres produites par une foi opé
lelle qu'il ne peut plus être question rante dans la charité, ou plutôt la pro
p0ur l'homme d'un simple changement, duction même de ces œuvres qui sont la
dune amélioration, d'un mieux aller, mais conséquence naturelle de la véritable foi,
d'une métamorphose totale, d'une trans du véritable amour pour le Dieu-Sauveur.
formation, d'une conversion, d'une rétro (A. Bost, Qu'est-ce que l'Evangile ? 4°
gradation coº plète et sans restriction au édition.)
cune. Cette base posée, cette corruption On a étendu plus tard, ou restreint, le
reconnue, dont les conséquences natu nom d'Evangile aux livres inspirés qui
relles sont une éternelle condamnation, nous racontent l'histoire de cette bonne
EVE 352 EVE

nouvelle, et dont nous reparlerons aux tence devait se continuer infiniment parsa
articles de ceux qui les ont écrits, et qui descendance; cette espèce d'immortalité
sont appelés évangélistes. Ce dernier nom remplaça pour lui l'immortalité corpo
se donne encore dans l'Ecriture aux hom relle qu'il avait perdue ; il devait encore
mes chargés de faire connaître la mort trouver dans la postérité de sa femme
et la résurrection bénie du fils de Dieu ; une immortalité plus précieuse et plus
ils sont distingués, Eph. 4, 14., des apô glorieuse, mais il ne put la comprendre
tres, des prophètes, et des pasteurs et qu'en partie lorsqu'elle lui fut annoncée.
docteurs, parce que leur mission était L'histoire de la chute et de la peine
plus spécialement la prédication, plutôt prononcée contre la femme est trop con
que la cure d'âmes ou l'enseignement nue pour qu'il y ait lieu à la répéter, on
proprement dit. C'étaient des mission peut se borner à quelques observations.
naires chrétiens, comme paraissent l'avoir La femme fut créée pour l'homme, mais
été Philippe, Act. 8, 5. 21, 8., Timothée, tirée de l'homme; ce double fait établit de
2 Tim. 4, 5., etc., sans doute aussi tous la manière la plus claire les rapports qui
les autres apôtres, quoiqu'ils ne soient doivent exister entre eux, rapports que
pas désignés sous ce nom. Cette charge, les peuples non éclairés de la lumière
la plus grande et la plus belle de celles d'en haut ont vainement cherché à déter
qui se trouvent sous le ciel, ne prend miner, les uns ayant fait de la femme la
vie dans l'Eglise que lorsque l'Eglise elle reine de la société, les autres l'ayant ra
mème a de la vie. Aujourd'hui un grand valée au niveau de la brute. Dieu ayant
nombre de ces saints messagerS parcou destiné l'homme et la femme à vivre en
rent la France, envoyés par des sociétés semble, a dû les faire dissemblables et
fondées dans ce but à Genève, à Paris, à inégaux en force afin d'empêcher les lut
Lyon, à Bordeaux, et dans un grand nom tes et les frottements ; il a fait l'homme
bre de villes. Les chrétiens ne peuvent le chef pour commander, et il lui a donné
faire mieux que de les assister de leurs une aide formée après lui et pour lui, 1
dons et les soutenir de leurs prières : Cor. 11, 8. 9., mais à son image et à sa
c'est l'œuvre directe du Seigneur. On ressemblance, afin d'effacer ainsi ou de
donne plus ordinairement le nom de mis diminuer la distance qui les eût séparés
sionnaires aux évangélistes envoyés chez autrement. Ils sont de même essence et
les peuples non chrétiens, quoiqu'au ber de même nature, ils sont égaux; mais
ceau du christianisme cette distinction la femme est venue après, elle est plus
n'existât point, et ne pût même pas exis faible, elle doit obéir. Cette inégalité de
ter. Cette œuvre de l'évangélisation qui forces a si bien été reconnue déjà dès le
a fait des prodiges, excite naturellement commencement, que c'est à elle que le
les cruelles antipathies de ceux pour qui tentateur s'adresse en premier lieu, c'est
la bonne nouvelle n'est qu'un système contre elle qu'il dresse ses premières
entre plusieurs autres, une théorie bonne embûches, et il la séduit en flattant sa
entre plusieurs autres, et Jésus-Christ sensualité, son orgueil, et son amour
un saint et un ange, mais point l'incar pour ce qui est beau à voir. — La peine
nation de la divinité : tous ceux qui n'au imposée à la femme a paru grande à ceux
ront connu véritablement, ni Jésus, ni le qui regardaient sa faute comme petite,
Père, feront souffrir persécution à ceux mais il n'est aucune femme chrétienne
qui voudront vivre selon la fidélité, et qui ne comprenne cette parole du livre
les ténèbres seront toujours ennemies de Job, que Dieu exige de nous beaucoup
de la lumière. moins que notre iniquité ne mérite (11,
EVE, Gen. 3, 20. 1, 27.2, 18.3, 1. etc. 6.). Saint Paul, dans un passage bien con
2 Cor. 11, 3. 1 Tim. 2, 13., la première nu et souvent mal compris, envisage
femme et la première pécheresse. L'hom comme moyen de salut ce que Dieu infli
me ayant par la chute perdu l'immortalité, gea à la femme comme peine, lorsqu'il
donna à sa femme le nom de vie, Zoh dit : « Elle sera néanmoins sauvée en met
(Sept.), hébr. Hhivvah, puisque son exis tant des enfants au monde, » ou plutôt,
EVE 353 EVE

, par l'enfantement, » 1 Tim. 2, 15. Pour joindre les réserves mises par Paul lui
lintelligence de ce passage, il faut re même à la fin du verset : « Pourvu qu'elle
connaitre que l'apôtre qui a parlé d'Eve persévère dans la foi, dans la charité, et
en passant, généralise cependant ce qu'il dans la sanctification avec modestie. »
a à dire de son sexe : l'idée qu'il déve ÉVÊQUE, en grec iriaxoros, surveil
loppe, c'est que la femme ne doit pas en lant, inspecteur. Employés ecclésiasti
seigner; elle est par nature plus suscep ques, institués, à une époque et d'une ma
tible pour les impressions qui viennent nière inconnue, mais déjà du vivant des
du dehors; Adam ne fut pas tenté par le apôtres; ils portaient encore le nom de
serpent, il le fut par Eve qu'une séduc rpe78Jrspot (prebtres, prêtres), ainsi qu'on
tion extérieure fit tomber , la femme donc le voit dans plusieurs passages où les
doit s'abstenir d'enseigner , cependant deux mots sont employés l'un pour l'au
elle sera sauvée, mais le salut qui lui a tre; Paul étant à Milet fait venir les prê
été promis après la chute ne détruit pas tres (ou anciens) de la ville, et leur dit :
sa position inférieure, ni même les dou « Prenez garde à vous-mêmes, et à tout
leurs de l'enfantement qui lui furent im le troupeau sur lequel le Saint-Esprit
posées comme peine naturelle extérieure. vous a établis évêques. » Act. 20, 17.28.;
Dans l'idée de l'apôtre la femme chré — cf. encore Tite 1 , 5 et 7., où l'apôtre,
lienne ne peut pas dire : « ll est vrai que en engageant Tite à ne choisir pour an
c'est la femme qui est tombée la première, ciens que des hommes recommandables,
et que c'est elle qui est en général la par ajoute : « car il faut que l'évêque soit ir
tie la plus faible, mais il n'y a pas de dif répréhensible, etc. « Cela ressort égale
férence dans le règne de la grâce. » C'est ment du nombre d'évêques qui se trou
aux paroles de Gen. 3, 15. 16., que Se vaient à Philippes, Phil. 1 , 1., où saint
rapportent les exhortations de saint Paul, Paul en salue plusieurs, avec les diacres.
et les douleurs de l'enfantement peuvent Depuis qu'on a établi une hiérarchie il
être considérées comme un exercice de faut plusieurs villes pour un évêque ; aux
la foi. On peut ajouter comme une idée jours apostoliques il yavait plusieurs évê
Secondaire peut-être et cachée dans l'ar ques pour une ville. On le prouve encore
rière-plan, le salut qui devait sortir pour par le fait que lorsque les employés de
la femme comme pour l'homme de la ma l'Eglise sont classés et énumérés, comme
lédiction elle-mème reposant dans l'en 1 Tim. 3, 1. 8. Phil. 1, 1., les évêques
lantement, c'est que de la semence de la seuls sont nommés à côté des diacres,
ſemme devait naître Celui qui briserait la sans aucun dignitaire intermédiaire. Les
tète du serpent, et rendrait à l'humanité pères de l'Eglise sont d'ailleurs tellement
le bonheur éternel qu'il avait perdu par d'accord sur ce point, Clément Romain,
la chute. Mais il faut repousser toute une Irénée, Théodoret et Jérome (olim idem
série d'interprétations sensuelles, qui erat presbyter, qui et episcopus), que
sont contraires à l'analogie de la foi com les catholiques-romains, au moins plu
me au sens naturel du passage, celle qui sieurs d'entre eux, reconnaissent ce fait,
met le salut de la femme dans la vie de et Calmet le dit positivement dans son
famille, et dans l'éducation de ses en Commentaire sur Phil. 1, 1. « Ancienne
fants, celle qui prend le texte à la lettre ment le nom d'évêque et celui de prêtre
(et quelle lettre !), à savoir que la femme étaient communs et réciproques. » Il pa
Sera sauvée en faisant des enfants, ex raît que le titre d'évêque n'était pas ex
cluant de fait celles qui restent vierges trêmement en usage dans les temps pri
ou qui sont stériles, l'idée qu'elle sera mitifs, et qu'on distinguait ces ouvriers
sauvée malgré l'enfantement, celle que par les fonctions plus extérieures de leur
les douleurs de l'enfantement ne seront activité, par les noms de pasteurs et doc
pas mortelles pour elle et qu'elle y résis teurs, Eph. 4, 11., de présidents d'église,
tera (Benson et quelques Anglais), etc. 1 Thess. 5, 12. etc., quoiqu'il y eût aussi
Toutefois, à l'interprétation que nous des anciens (ou évêques)non enseignants,
avons donnée, il ne faut pas oublier de 1 Tim. 5, 17. Il n'y a rien, du reste, dans
I. 23
EVE 354 EXI

les qualités exigées des évêques, qui les implanté en Italie; mais cela n'a réussi
distingue des autres saints sous le rap qu'à moitié, et la plus grande partie de
port religieux, 1 Tim. 3, 1-11. Tit. 1, 5-9.; la chrétienté s'est refusée à porter ce j0ug
et ces derniers conservaient le droit pyramidal, lourde imitation des monu
d'accuser leurs évêques dont les fautes ments de l'Egypte.Voilà où l'on est arrivé
bien constatées devaient être reprises au bout de mille ans, pour s'être écarté
publiquement, 4 Tim. 5, 19. 20. Les évê de la ligne pure et jalouse de la vérité;
ques étaient établis par les apôtres et des inspecteurs de paroisses ont voulu
les autres anciens, Act. 14, 23.1 Tim. 5, devenir les dominateurs du monde entier;
22. Tit. 1, 5., de la part du Saint-Esprit, ils en recueillent aujourd'hui les fruits
Act. 20, 28., mais rien n'indique comment amers.
leurs pouvoirs devaient se transmettre, ni ÉVIL-MÉRODAC, 2 Rois 25, 27. Jér.
même quelle était l'étendue de ces pou 52, 31., roi de Babylone, fils et succes *,

voirs : ce qui est sûr, c'est qu'ils n'étaient seur de Nébucadnetsar, 561 av. C., suc
accordés qu'à ceux qui avaient des dons comba après un règne de deux ans, sous
particuliers pour remplir dignement les les coups de son beau-frère Nériglissar;
nouvelles fonctions auxquelles ils étaient selon Josèphe, il aurait régné dix-huit
appelés. º ans ; dans ce chiffre seraient alors com
Reste à savoir comment cette humble prises les années qu'il aurait régné avec
charge a pu grandir jusqu'à envahir des son père et pendant sa folie , ou bien la
palais, de riches vêtements et de consi vice-royauté de quelque province. Dès la
dérables honoraires, souvent peu hono première année de son règne il tira de pri
rables. Cette marche progressive a été son Jéhojachin, qui y languissait depuis
lente; on a commencé par vouloir intro trente-sept ans , le traita avec douceur,
duire les formes de la hiérarchie juive l'admit à sa table, et lui accorda une pen
dans une économie où tous ceux qui sion jusqu'à la fin de sa vie. L'histoire
croient sont égaux : puis le besoin de profane qui a conservé le nom de ce mo
l'unité a rassemblé quelquefois les pas narque, n'en parle pas d'une manière tou
teurs d'une même contrée, et comme pour jours fort honorable, et raconte qu'il li
se réunir il faut un centre, on a choisi vra aux corbeaux les restes de son père,
tout naturellement le centre politique pour l'empècher de ressusciter du tom
existant, la ville la plus importante des beau, comme il était ressuscité de son dé
environs et, dans cette ville peut-être la lire.
demeure du pasteur; puis, à cause de l'im EVODIE et Syntiche, Phil.4,2., deux
portance de fait donnée à ce pasteur, et à femmes, peut-être diaconesses, de l'é-
cause de son poste et de ses charges plus glise de Philippes, que saint Paul exhorte
considérables, on s'est mis à choisir, pour à vivre dans l'union chrétienne, soit qu'il
• remplir les fonctions ecclésiastiques dans veuille les encourager à y persévérer, soit
un chef-lieu ou dans une capitale, l'un plutôt qu'elles aient été divisées sur quel
des plus anciens, des mieux doués, des ques points particuliers de la doctrine
plus pieux; on lui a accordé peut-être un évangélique. Elles avaient combattu avec
subside pour subvenir aux dépenses plus Paul, pour l'avancement du règne de Dieu,
considérables auxquelles il était appelé. comme on voit que d'autres femmes chré
Jusque-là tout était naturel, tout était tiennes l'avaient fait, Priscille, Phébé, Ly
bien , puis la vie ayant disparu, et les die, Marie de Rome, Junie, Tryphène,
postes étant devenus dignes d'envie, on Tryphose, Perside, et les quatre filles de
les a accordés à l'intrigue, à la vanité, aux l'évangéliste Philippe (v. Rilliet, sur Phil.
protections : on les a toujours plus em 4, 2.).—Le compagnon d'œuvre que Paul
bellis, on a renchéri encore, et par des invite à les aider, v. 3., nous est incon
sus les évêques on a entassé des arche nu; peut-être était-ce un de leurs parents.
vèques, sur lesquels on a mis des cardi EXCOMMUNICATION. v. Bannisse
naux, et pour finir dignement, on a es ment et Interdit.
Sayé de couronner le tout avec un pape EXIL et Captivité. Outre laservitude de
EXI 355 EXI

l'Egypte, et les asservissements succes Il y a, du reste, plusieurs difficultés


sifs des Hébreux à l'époque des Juges, on chronologiques à résoudre ou à accepter
c0mpte ordinairement deuxcaptivités plus dans cette histoire de l'exil. L'historien
c0nnues sous ce nom et sous celui d'exil. (probablement Esdras) qui a écrit le 52e
l° Israël. Déjà, sous le règne de Pé chapitre de Jérémie, appelle l'année où
kach, 741 av. C., une partie des habitants Sédécias fut emmené, à la fois la dix
delaGalilée et des tribus transjourdaines neuvième et la dix-huitième du règne de
furent emmenés, par Tiglath-Pilézer, en Nébucadnetsar, v. 12et29. De même l'an
Assyrie, 2 Rois 15, 29. Après la destruc née où commença la captivité de Jécho
tion de Samarie et de tout le royaume nias, et que le livre des Rois nomme la
d'Israël par Salmanéser, 722av. C., sous huitième, 2 Rois 24, 12., est appelée la
le règne d'Hosée, le reste des dix tribus septième, Jér. 52, 28., différences qui
fut également transporté, 2Rois 17,6.18. tiennent à une différence dans le principe
9.10. On leur donna, pour s'y établir, le du calcul, l'habitude générale des histo
territoire du fleuve Chabor ou Chaboras, riens sacrés étant de prendre pour point
et quelques villes des Mèdes, ainsi que de départ le commencemment naturel de
dautres petites provinces dans lesquelles l'année, et l'auteur de Jér. 52. ayant dé
ils furent disséminés. rogé à cette règle, et comptant depuis l'a-
2°Juda. Les habitants de ce royaume vènement de Nébucadnetsar au trône.
sevirent à différentes reprises et succes L'exil partiel aurait donc commencé
sivement emmenés en captivité.— a) Sous pour Juda en 598, et il aurait été à peu
Jéhojakim d'abord (606), Jérusalem fut près total en 587.
prise par Nébucadnetsar, qui se contenta La position des exilés n'était, du reste,
d'emmener des otages, parmi lesquels se pas aussi défavorable qu'on le pense quel
trouvait Daniel, Dan. 1,1.6. — b) La ville quefois; ils purent s'établir à leuraise sur
fut prise de rechefsous Jéhojachim (598), la terre étrangère, bâtir, planter, se ma
et Nébucadnetsar emmena une partie con rier, ainsi qu'on le voit Jér. 29, 5.; le li
sidérable de ses habitants, au nombre de vre de Tobie nous le montre jouissant
dix mille au moins, hommes de guerre et d'une certaine aisance, même de quelque
artisans, 2 Rois24,44,, probablement sans prospérité; l'histoire de Susanne , et les
c0mpter leurs femmes et leurs enfants.— passages Ez. 14, 1. 20, 1., nous font voir
e)Sous Sédécias (587), la ville révoltée fut qu'ils avaient des anciens de leur nation
de nouveau reprise par le vainqueur, qui et une juridiction indépendante. Plu
la livra aux flammes, emmena le reste de sieurs d'entre eux étaient revêtus de fonc
ses habitants, et n'y laissa que les plus tions très honorables, Daniel et Néhémie
pauvres, ouvriers, vignerons et labou étaient employés à la cour au service du
reurs, pour entretenir le pays, 2 Rois 25, , roi. Toutefois plusieurs psaumes mon
12. D'après Jér. 52, 29., il n'y aurait eu trent combien les cœurs pieux étaient dé
que 832 Juifs emmenés, sans doute leurs chirés par le poids du malheur, et le dé
femmes et leurs enfants non compris. Le sir d'une restauration (v. en particulier
livre des Rois ne parle pas d'autres dé Ps. 137). Un pieux écrivain fait au sujet
portations que de ces deux dernières ; le de la captivité les intéressantes observa
livre des Chroniques, 2 Chr. 36, 10.20., tions que voici : « Les divers lieux où ils
qui raconte la prise de la ville sous Jé se trouvaient exilés, Babylone, les plai
hojachin et sous Sédécias, ne mentionne nes de la Mésopotamie et d'Egypte étaient
de déportation que celle qui eut lieu sous précisément les lieux où avaient séjourné
ce dernier roi. En revanche, le prophète Abraham et les enfants d'Abraham : Dieu
Jérémie, 52,28-30., parle d'une troisième avait comme replacé la famille du patriar
déportation, la première que nous avons che dans la condition d'où il l'avait tiree,
mentionnée n'étant point regardée com dans le pays de ténèbres où elle avait pris
me telle. — d) Jér. 52, 30, cinq ans plus naissance. Mais aussi la vue de ces mê
tard(582), Nébucadnetsaraurait fait trans mes pays, en lui rappelant ce que Dieu
porterdenouveau745personnesdesJuifs. avait jadis fait pour elle, lui disait ce qu'il
EX1 356 EXO

pouvait faire encore, et était pour elle un d'autres purent être retenus par des obs
gage de l'accomplissement de ses pro tacles réels et insurmontables ; Daniel lui
messes. Ajoutons qu'en dispersant ainsi même, quoiqu'il fût l'âme de tout ce quise
ce qu'il y avait de Juifs les plus influents faisait pour la restauration de sa patrie,
et les meilleurs, et avec eux tous ses pro resta à Babylone, retenu peut-être par son
phètes, Dieu répandait dans le monde des grand âge (plus de quatre-vingts ans),
semences de vérité, et le préparait de loin peut-être par la pensée que sa présence à
pour les temps de l'Evangile. » (G. Mo lacour, auprès de Cyrus, serait plus utileà
nod, Essai d'une Hist. univ., p. 148). ses frères; peut-être enfin par le désir de
L'histoire du retour est également hé ne pas laisser sans prophètes lesJuifs res
rissée de difficultés chronologiques dès tés en arrière. —Sous les successeurs de
qu'on entre dans les détails ; mais les Cyrus, l'empire de Perse était rempli de
traits généraux peuvent être déterminés. Juifs, et nous en trouvons encore un grand
Cyrus monta sur le trône d'Assyrie en nombre à Babylone, au temps des apôtres.
537, et la première mesure de son gou A leur retour dans leur patrie , les
vernement fut la permission donnée aux Juifs y trouvèrent, outre ceux de leurs
Juifs de retourner dans leur patrie. Se frères qui n'avaient pas quitté la Judée,
lon Josèphe, Arch. 11, 1.32., ce fut la une population païenne, reste des Cana
lecture du prophète Esaïe, et l'impression néens, et mélange de Babyloniens qui s'y
qu'il en reçut qui détermina Cyrus à pu étaient établis pendant la dévastation du
blier l'édit de délivrance. Les soixante pays, Esd. 6, 21,9, 1. Néh. 1, 4, 13,. Réu
dix années prédites par Jérémie s'étaient nis à leurs concitoyens, les Juifs revenus
précisément écoulées , et quoiqu'on ne de Babylone parvinrent sans peine, à ce
puisse pas dire à la lettre que Juda eût qu'il semble, à rentrer dans leurs droits
été captifpendant soixante-dix ans, ni sur de propriétaires, Esd.2,70.Chacun d'eux,
tout que Jérusalem eût été en ruines aussi à peu d'exceptions près , avait des piè
longtemps, on peut faire dater le com ces qui constataient le nom de l'ancienne
mencement de la captivité de la première famille à laquelle il appartenait, ou au
prise de Jérusalem par Nébucadnetsar, en moins celui du lieu d'origine de ses aïeux,
laquelle Daniel fut emmené comme otage Esd. 2, 59., ce qui pouvait l'aider à faire
ou captif(606), et les soixante-dix années reconnaitre ses titres légitimes. Chacun
se trouvent accomplies à la fin de la pre d'eux se fixa dans la même ville ou dans
mière année de Cyrus, en 536. Environ le même village que ses ancêtres, Esd. 2,
50,000 Juifs, hommes et femmes, Esd. 1, 70. 1 Chr. 9, 14.— Cf. encore les art.
1., composèrent la première caravane d'é- Juda, Israël, Temple, etc. ; et, pour cette
migrants; à leur tête se trouvait, comme période en général, le Comment. de Hae
chef politique , Zorobabel , fils de Sala vernick sur Daniel.
thiel, fils de Jéojachin, l'avant-dernier roi EXODE. Le second livre de Moïse et
de Juda, Esd. 3, 2., 1 Chr. 3, 17., Matth. de la Bible, appelé en hébreu Ellé sche
1, 12. Le pontife qui les accompagnait moth (voici les noms), des deux premiers
était Jésuah, fils de Jotsadak, de la sou mots par lesquels il commence, porte en
che d'Aaron et d'Eléazar, 1 Chr. 6, 14. français le nom d'Exode, tiré de la ver
Esd. 3, 2.Les peines et les dépenses de sion des Septante, et signifiant la sortie,
premier établissement furent facilitées par espèce de résumé de son contenu. Il con
les ordres du roi, qui assigna aux émi tient la persécution des Israélites en
grants un secours sur les fonds publics, Egypte sous un roi qui n'avait pas connu
en invitant en même temps ses sujets à Joseph, la merveilleuse délivrance qu'ils
les assister par des dons volontaires. Beau obtinrent par Moïse , et le commence
coup de Juifs préférèrent des établisse cement de leur voyage dans le désert, la
ments avantageux formés à Babylone, en traversée de la mer Rouge, la victoire
Mésopotamie et en Perse, à une patrie remportée sur les Hamalécites, la manne
qu'ils n'avaient jamais vue, et qui ne leur descendue du ciel, l'institution de chefs
offrait pas alors beaucoup de ressources ; judiciaires ou magistrats , l'arrivée au
EXO 357 EXP

pied du Sinaï, la Loi promulguée, enfin tre les Juifs (ou[des autres nations) qui
diverses ordonnances relatives au culte avaient le don de chasser les démons
et à l'érection du tabernacle. Il renferme hors des possédés, soit d'une manière na
une période de 145 années ( Ussérius), turelle, par des médicaments et des par
soit depuis l'an du monde 2369, date de fums, soit par des formules ou par la puis
la mort de Joseph, jusqu'à la sortie d'E- sance qui était en eux, Matth. 12,27.Marc
gypte, 2513, plus la première année du 9.38. Act. 19, 13. Ils étaient extrêmement
séjour dans le désert jusqu'au départ de considérés chez les Juifs, et plusieurs
Sinai, 2514, et à l'érection du tabernacle. parcouraient le pays ou les contrées en
L'Exode se divise, d'après son contenu, vironnantes pour exorciser : ils faisaient
en trois parties principales : a) La servi remonter à Salomon leurs livres magi
vitude et les préparatifs du départ, 1-12, ques. v. Enchanteurs et Possessions.
37. b) La délivrance et le voyage jusqu'au EXPIATIONS (Fête des). Quand on
pied du Sinaï, 12,38-19,. c) La loi et les voit la place importante que l'idée d'ex
0rdonnances,20-40,. Cette dernière par piation tenait dans le culte israélitique
tie renferme en outre, 32-34, l'idolâtrie et comment toutes ses parties tendaient à
du veau d'or et les tables rompues. réconcilier l'homme pécheur avec la sain
On ne sait à quelle époque de sa vie teté de Dieu , on comprend que la fête
Moise écrivit l'Exode, mais on peut croire des expiations dût en être en quelque
que ce ne fut qu'après l'érection du ta sorte le centre, le cœur ; c'était alors que
bernacle, et dans l'un ou l'autre des cam se faisait une expiation générale, pour le
pements tranquilles où, pendant 38 ans, peuple, pour le sacerdoce , et pour le
les lsraélites attendirent leur mort. sanctuaire , c'était ainsi la plus solen
Le Nouveau Testament fait de fréquen nelle de toutes les fêtes de l'année, la
tes allusions aux faits rapportés dans fête israélitique par excellence; on l'ap
l'Exode; Etienne les résume, Act. 7, 17 pelait le jour des expiations, ou même
45., et saint Paul les rappelle, en en dé simplement le jour. C'était le seul jour
veloppant le sens typique et prophétique, de l'année où le jeûne fût de rigueur, la
dans l'Epître aux Hébreux 11, 23-30. cf. mortification de la chair devant accom
Gal. 3, 19.1 Cor. 10, et ailleurs. Le but pagner la pénitence; et tous les travaux
du livre de l'Exode est de montrer l'ac étaient interrompus, comme au jour du
c0mplissement des promesses faites à sabbat. Elle se célébrait dans le septième
Abraham, que sa posterité posséderait la mois, le dixième jour de ce mois, et ce
terre de Canaan ; il montre la fidélité de choix était certainement en rapport avec
Dieu envers les ennemis de son peuple, la valeur des nombres 7 et 10, symboles,
sa bonté envers les fidèles; il montre le l'un de l'alliance, l'autre de la perfection.
gouvernement de l'Eglise et le salut par C'était essentiellement le souverain sa
la foi en Christ, par le ministère de la crificateur qui officiait, et il se dépouil
loi qui a été donnée aux hommes comme lait pour cela de ses vêtements pontifi
pédagogue, Gal. 3, 24., pour les amener à caux pour ne se vêtir que d'une simple
Christ qui est justice à tout croyant, tunique blanche. Il commençait par offrir
Rom. 10, 4.; il montre la faiblesse de la un veau pour ses propres péchés, con
chair à faire la volonté de Dieu, même formément à Lév. 4, 3.; avec le sang de
après avoir été comblée de biens par lui; ce veau il entrait dans le lieu très saint,
il dit enfin à l'Eglise : Sois fidèle, sup ce qu'il n'avait le droit de faire que ce
p0rte patiemment les épreuves et les seul jour-là, et faisait aspersion par sept
tribulations, obéis à ton maître dans les fois (encore ici le nombre de l'alliance)
plus petites choses, et tu verras le salut sur le propitiatoire, comme étant tout
luire sur toi, tes ennemis s'évanouir, et particulièrement le siége de la sainteté
l'Eternel te couvrir de sa gloire et de sa divine. Puis un bouc ayant été égorgé
bonté. pour les péchés du peuple, la même cé
EXORCISTES , proprement conju rémonie se répétait avec son sang, et
reurs, nom qui était donné à ceux d'en cette expiation s'appliquait alors au ta
EXP 358 EZE

bernacle même et à ses ustensiles, qui ment deux pour représenter les deux
étaint censés souillés aussi par le contact parties de l'idée : de même pour les deux
des pécheurs. Ensuite avait lieu une au passereaux, Lév. 14,. Il faut en outre bien
tre cérémonie qui a donné beaucoup à remarquer que ce qui constituait essen
faire aux interprètes. Un bouc tout sem tiellement la fête, c'était l'entrée du sou
blable à celui qu'on avait immolé, était Verain sacrificateur dans le lieu très saint
amené au souverain sacrificateur , qui , avec le sang expiatoire, et c'est sous ce
posant ses mains sur sa tête, confessait rapport que l'auteur de l'Epître aux Hé
les péchés du peuple, puis le bouc était breux, ch. 9, nous enseigne à la consi
emmené au désert. Il est évident que par dérer comme un type de l'œuvre expia
l'acte symbolique de l'imposition des toire de Christ.
mains, le bouc vivant était censé chargé EZECHIAS (la force de Jéhovah),
des péchés du peuple , mais la difficulté 1°fils et successeur d'Achaz, régna vingt
gît dans les versets 8.9.10 et 26. de Lév. neuf ans sur le royaume de Juda (725
16, et dansl'interprétation du mot Hazazel. 696). Les livres des Rois et des Chroni
Plusieurs commentateurs ont cru pou ques et les chapitres qui le concernent
voir conclure de l'opposition qui existe dans le livre d'Esaïe, nous le présentent
entre les deux parties du verset 8, que le comme un prince très pieux et zélé pour .
mot Hazazel devait désigner un être per la gloire de Dieu, quoique peut-être un
sonnel (comme Dieu), et pouvait s'appli peu enclin à l'orgueil et à la présomption,
quer au malin esprit, au Diable; alors il et qui s'efforça d'abolir l'idolâtrie dans
ne s'agirait pas sans doute d'un sacrifice toute l'étendue de son royaume, et d'y
fait à Satan (idée complétement antibibli rétablir le culte du vrai Dieu ; mais ce
que), mais le sens serait que, tandis que qu'il ne put déraciner entièrement, c'é-
l'un des boucs était offert en sacrifice ex tait l'esprit d'incrédulité , d'immoralité,
piatoire à Dieu, l'envoi du bouc vivant, de propre justice, qui s'était emparé sur
chargé des péchés dans le désert, repré tout des classes supérieures. Le succès
sentait que les péchés étaient renvoyés couronna ses armes et ses négociations
au démon, leur auteur, car on sait que politiques : il humilia les Philistins, 2
les déserts étaient censés être l'habita Rois 18, 8., et par une alliance avec l'E-
tion des mauvais esprits. (v. Christologie gypte parvint à s'affranchir de la dépen
de Hengstenberg, I. 1, 36.). Mais quoique dance dans laquelle son prédécesseur
la doctrine de Satan entrât bien certaine avait vécu à l'égard de l'Assyrie, 2 Rois
ment dans le cercle des croyances israé 18, 7.24. Mais cette alliance lui fut re
lites, elle n'y était cependant pas assez prochée par le prophète Esaïe comme un
prononcée pour être reproduite dans le signe de défiance envers l'Eternel, Es.
culte; c'est pourquoi il paraît préférable 30, 1. sq. 36, 6., et il en fut bien cruel
de se joindre à ceux qui (comme Ewald. lement puni, lorsque le roi d'Assyrie
Tholuck, Baehr), prennent le mot Hazazel, Sanchérib, commença par employer une
non comme un nom propre, mais comme armée qu'il envoyait en Egypte, à pren
la forme Pealpel (avec valeur intensive) dre les principales forteresses de la Ju
du verbe hazal , éloigner, ils traduisent dée, et lui imposa un nouveau tribut, pour
alors LeHazeazel pour le complet éloi le paiement duquel Ezéchias dut avoir re
gnement , c'est-à-dire des péchés. Les cours aux trésors du temple, 2 Rois 18,
péchés étaient ainsi censés tout à fait 13. sq. Sanchérib ne fut même pas a
soustraits aux yeux du Dieu saint, voués paisé par sa soumission; il est probable
à l'oubli, et cette seconde cérémonie était qu'il avait au fond l'intention de détruire
le complément de l'expiation déjà opérée entièrement la puissance des rois de Ju
par le premier bouc; ce qui confirme cette da, qui pouvaient devenir pour lui des
interprétation, c'est que le sort devait rivaux dangereux, 2 Rois 18, 32., et il
être jeté entre les deux animaux; ils vint avec une nombreuse armée mettre
étaient ainsi censés ne former qu'un seul le siége devant la capitale. Ezéchias et
tout, seulement il en fallait nécessaire son peuple se trouvaient dans le plus
EZE 359 FEL

grand danger, mais ils en furent délivrés chapitre 33, nous avons de nouveau des
parune intervention miraculeuse due aux prophéties qui ont pour objet le peuple
prières du prophète : un ange destruc juif, mais promulguées depuis la destruc
teur vint exterminer la plus grande par tion de Jérusalem, et dans lesquelles l'es
tie de l'armée assyrienne et forcer ainsi pérance et la consolation dominent. Les
Sanchérib à la retraite, 2 Rois 19, 35. 2 neuf derniers chapitres (40-48)paraissent
Chr. 32, 21. Es. 37, 36. ll est à remar annoncer, sous l'emblème d'un temple
quer que cette grande défaite de Sanché magnifique, décrit dans tous ses détails,
rib est aussi mentionnée par Hérodote la restauration et l'état glorieux du royau
(2, 141). — Quelque temps après, Ezé me de Dieu, qui a commencé après le re
chias fut atteint d'une maladie qui d'abord tour de l'exil, qui s'est davantage encore
parut mortelle, mais dont il fut guéri, développé par la venue du Messie, mais
Dieu exauçant ses ferventes prières. Pen dont le plein accomplissement est sans
dant cette maladie, le prophète Esaïe doute réservé à l'avenir. En général, ce
exerça son ministère auprès de lui. Com livre se distingue par une grande abon
me signe et gage de la guérison qui lui dance d'images, par un style énergique
fut promise, l'Eternel permit que l'ombre et fortement coloré, par des expressions
de son cadfan solaire rétrogradât de dix hardies, et souvent extraordinaires, qui
degrés, 2 Rois 20, Es. 38,; v. Cadran. le rendent assez difficile à comprendre
A l'occasion de sa guérison, il reçut les pour nous, mais qui étaient bien appro
ſºlicitations des ambassadeurs de Méro priées au génie des Orientaux et aux
dac-Baladan, roi de Babylone; Esaïe lui circonstances du temps. Il a des visions
it comprendre que dans l'empressement plus que des inspirations , il voit la ruine
avec lequel il fit voir à ces étrangers ses de Jérusalem, il voit la restauration du
trésors et les magnificences de son pa temple. Le caractère éminemment poé
lais, il y avait autant d'orgueil que d'im tique de ces prophéties a fait dire à Her
prudence. v. Rochat, Médit. sur Ezéchias. der qu'Ezéchiel était le Shakespeare des
2", 2 Chr. 28, 12.; v. Hazaria. Hébreux. Lamartine l'appelle le poëte des
EZECHIEL (la force de Dieu), pro vengeances. ll est à remarquer encore
phète hébreu, fils du prêtre Busi. Il fut qu'Ezéchiel, dans ses prophéties, s'appuie
emmené en exil lors de la première dé souvent sur celles que Jérémie adressait
p0rtation, avec le roi Jéhojachin et plu de son côté aux Juifs restés en Judée
sieurs autres Juifs de race illustre, et se (Comment. de Haevernick). a !

fixa près du fleuve Chaboras. Son mini


slère prophétique commença sept ans F
avant la destruction de Jérusalem, et avait
surtout pour but, d'un côté, de combattre FARD, v. Antimoine.
lesfausses espérances des captifs, en leur FELIX, Act. 23 , 24. et 24, onzième
||| enseignant à ne pas s'appuyer sur des se gouverneur de la Judée, reçut ce poste
tôurs humains, de l'autre, de les préserver par l'entremise du grand prêtre Jonathan,
dudésespoir en leur promettant le secours Il était frère de Pallas, le favori de l'em
deDieu.Suivant la tradition, il périt assas pereur. Il portait aussi les noms de Clau
siné parunde ses compatriotes, et dans le de et d'Antoine, parce qu'il était affran
moyen âge on montrait encore son tom chi de l'empereur Claude et de sa mère
beau à quelque distance de Bagdad. Antonia. Son gouvernement fut cruel et
Son livre peut se diviser en trois parties tyrannique , et lui-même se livra à tous
principales: 1° Les vingt-quatre premiers les vices. Il séduisit Drusille, q. v., fille
dapitres contiennent des prophéties con du roi Hérode-Agrippa, l'épousa du vi
lreleroyaume de Juda, promulguées avant vant d'Azizus, son mari, et lui donna un
la destruction de Jérusalem, et accompa fils. Il eut presque continuellement à lut
#nées d'appels à la repentance. 2° Les ter, d'abord contre des brigands, puis
ºhapitres25 à 32 sont des prophéties con contre des assassins de profession, qu'il
"e des peuples étrangers. 3° Depuis le ne craignait cependant pas de soudoyer
FEM 360 FEN

dans l'occasion pour se défaire de ceux rées de la compagnie des hommes, 1 Sam.
qui lui portaient ombrage; puis contre de 9, 11. Ex. 21, 22. Deut. 25, 11. Ruth 2,
faux messies; il dut chercher à concilier 5.2 Sam. 19, 5.20, 16. Matth. 9, 20. 12,
des querelles entre les Syriens et les 46. 26, 7. Luc 10, 38. Jean 4, 7. Il pa
Juifs, entre les prêtres et les grands. Sa raît même, d'après Deut. 21, 11., qu'elles
vie fut agitée, etl'occasion ne lui manqua suivaient quelquefois à la guerre leurs
pas pour trouver la paix, mais il eût mieux parents ou leurs maris. Cependant la rè
aimé de l'argent. L'apôtre Paul lui avait gle générale resta toujours la convenance
été envoyé par le tribun Lysias, et quoi pour les femmes mariées ou non mariées,
que la cause fut très simple à entendre, de rester chez elles autant que possible,
de l'aveu même de Lysias qui, dans tou et les nombreuses femmes de Salomon
tes les accusations élevées, n'en voyait formèrent certainement un harem bien
aucune qui pût entrainer la mort, ni mê gardé, comme celles de Jéhojachin, dont
me un emprisonnement, Félix, occupé de la surveillance avait été confiée à des eu
ses débauches, le retint deux ans en pri nuques, 1 Rois 11, 3. 2 Rois 24, 15. cf.
son pour l'amener à se racheter par des Est. 2, 3.11. Mais on les voit aussi pa
présents; il voulut même que l'apôtre fût raître en public, 1 Rois 14, 4.2 Sam. 6,
traité avec douceur, et qu'on n'empêchât 20. ; elles prennent part aux fêtes natio
aucun de ses amis de le servir et de le nales, 1 Sam. 18, 6. Jug. 16, 27., et à
visiter, sans doute pour que ceux-cil'en certaines réjouissances de famille, alors
courageassent à obtenir sa liberté et l'ai même qu'il s'y trouve des étrangers ,
dassent par leurs dons. Aucun vice ne Matth. 14, 6.
manqua à cet homme, cruel, tyrannique, Leurs occupations principales étaient
avare, adultère , assassin : mais telle est dans l'intérieur de la maison; elles tra
aussi la force de l'étincelle divine qui vaillaient à la couture, à la broderie, et
reste dans la conscience, que même dans même à la pâtisserie, 1 Sam. 2, 19.2 Sam.
une âme comme la sienne le ravage des 13, 8. Prov. 31 , 13.; elles s'occupaient
passions ne pût pas l'étouffer entière quelquefois aussi de commerce, Prov.
ment, et quand Paul lui parla de juge 31, 24.
ment et de chasteté, Félix, effrayé, trou Leurs devoirs, dans la législation mo
blé, refusa de prolonger la conversation saïque , se réduisaient à la plus entière
et l'ajourna indéfiniment. Deux ans après, obéissance à leurs maris; elles en dépen
Félix reçut son congé; de retour à Rome, daient au point que si l'une faisait un
il fut accusé par les Juifs de Césarée pour vœu, de quelque nature qu'il fût, elle ne
crime de concussion , mais absous par pouvait être tenue de le remplir si son
Néron, sur l'intercession de Pallas. mari s'y opposait le même jour. On peut
FEMME. La femme fut créée pour être voir, 1 Cor. 7, les devoirs que l'apôtre
la compagne de l'homme, v. Eve, quoi leur impose à l'égard de leurs maris; elles
qu'avec une infériorité légale et de fait. doivent leur être SOumises comme à
Les patriarches pieux la respectèrent plus Christ, Eph. 5, 22. Il leur est défendu de
que ne firent, et que ne font encore tous parler ou d'enseigner dans l'église, et d'y
les Orientaux, quoiqu'ils se considéras paraître sans voile et la tête découverte,
sent bien comme les chefs de la famille. 1 Cor. 11, 5. 14, 34. Enfin la modestie
Les femmes avaient chez eux un appar leur est reconmandée, et l'éloignement
tement séparé dans leurs tentes nomades, des frisures, des ornements superflus, et
Gen. 24, 67. 31, 33., mais étaient à la des habits somptueux, Tit. 2, 4.5.1 Pier.
tête des travaux domestiques, et pou 3, 1.3.— Pour le passage 1 Tim. 2, 15.
vaient ainsi être vues et abordées par les v. Eve.—(La Femme, serm. par Ad. Mo
étrangers, Gen. 20, 2. cf. Jug. 4, 17.; les nod).
jeunes filles gardaient les troupeaux , FENÊTRES. Elles ne fermaient pas
Gen. 29, 9. Ex. 2, 16. 1 Sam. 9, 11. Les avec des vîtres chez les Hébreux, ni chez
femmes d'un rang moins élevé ne furent les Orientaux en général, à cause de la
mème pas longtemps officiellement sépa chaleur du climat, mais avec de simples
FER 361 FES

treillis ou jalousies, Cant. 2.9. Ez. 41, 15, 12., à côté de l'acier, est probable
16., que l'on pouvait ouvrir en partie et ment le fer célèbre qui venait des forges
même entièrement. Elles garantissaient des Chalybes, sur les bords du Pont
des rayons du soleil et laissaient péné Euxin, au nord de la Palestine.
trer l'air du dehors, mais aussi les in FESTINS. Ils étaient en général asso
sectes, Joel 2, 9. On pouvait voir par ciés au culte, et comme l'accompagnement
faitement tout ce qui se passait à la rue, obligé des sacrifices volontaires par les
Jug. 5, 28. 2 Sam. 6. 16. Prov. 7 , 6. quels les solennités religieuses étaientcé
2 Rois 9, 30. Les fenêtres des maisons lébrées : les pauvres, les esclaves et les
0rientales s'ouvrent maintenant presque étrangers étaient invités à y prendre part,
toutes sur la cour pour éviter la pous Deut. 12, 12. 16, 11. 1 Sam. 9, 13. 16,
sière, ce qui donne aux rues un aspect 3. 1 Rois 1, 9. 3, 15. Soph. 1, 7. On en
faisait aussi pour solenniser les alliances,
engénéral assez triste. Les fenêtres, fort
les réjouissances de famille, noces, jours
grandes, descendaient jusqu'au plancher,
de naissance, etc. , Gen. 31, 54.21, 8.
etc'est per une fenêtre de ce genre, ou
29, 22. 40 , 20. Jug. 14 , 10. Jean 2, 1.
verte, qu'Eutyche se précipita dans la
rue, Act. 20, 9., comme probablement Job 1, 4. Matth. 14, 6. Os. 7 , 5., au dé
aussi le roi Achazia, 2 Rois 1, 2., cf. en
part et au retour de personnes aimées ou
core Jos. 2, 15. 1 Sam. 19, 12. honorées, Gen. 26, 30. 31, 27. 2 Sam. 3,
FER, métal bien connu, et mentionné 20.2 Rois 6, 23. Luc 5, 29. 15, 23., et
fréquemment dans l'Ecriture depuis Gen. en beaucoupd'autres circonstances, lors
4,22., où il apparaît pour la première fois, que la joie ou tout autre sentiment un
et d'où l'on doit conclure que sa mise en peu vif remplissait le cœur, 2 Sam. 13,
œuvre était connue fort anciennement. 23. 1 Sam. 25, 2.36.2 Sam. 3, 35. Jug.
Moïse cependant ne s'en servit ni dans la 9, 27. Os. 9, 4., v. Repas. Ils avaient
construction du tabernacle au désert, ni lieu généralement le soir. On faisait in
dans l'érection de l'autel de pierres, viter et quelquefois chercher les conviés
Deut. 27, 5., et Salomon n'en mit dans par un esclave, Prov. 9, 3. Matth. 22, 3.,
aucune partie du temple de Jérusalem. on les embrassait à leur arrivée et On
Moïse parle du fer comme étant déjà con leur lavait les pieds, Luc 7, 44.45., on
nu en Egypte de son temps, il vante la leur oignait les cheveux et la barbe, quel
grande dureté de ce métal, Lév. 26, 19. quefois les habits et les pieds avec une
Deut. 28, 23.48., parle de mines de fer, huile odoriférante, Luc 7 , 38. Jean 12,
Deut. 8,9., et du lit de fer du roi Hog de 3. Ps. 23, 5. Am. 6, 6., et on ornait leur
Basan, 3, 11. L'Egypte est dite, 4, 20., tête de guirlandes, Es. 28, 1. Des places
avoir été un fourneau de fer pour les Is leur étaient désignées conformément à
raélites pendant leur servitude. Ce métal leur rang, 1 Sam. 9, 22. Luc 14, 8. Marc
était employé à la confection d'épées, 12, 39. Ils recevaient ordinairement des
Nomb. 35, 16., de couteaux, de haches, portions égales qui leur étaient servies
Deut. 19, 5., et d'instruments à tailler la par le maître de la maison, 1 Sam. 1, 4.
pierre, 27, 5., même à la construction des 2Sam. 6, 19. 1 Chr. 16, 3., et qui étaient
dhariots, q. v. certainement suffisantes, ce qui rendait
Un joug de fer, Deut. 28, 48., un ciel absolument honorifique la distinction qui
de fer, Lév. 26, 19., un sceptre de fer, accordait à certaines personnes des por
Ps. 2,9., Apoc. 2, 27. 12, 5., un nerf tions doubles, triples, et même quintu
de fer, Es. 48, 4., un homme solide.com ples, Gen. 43, 34. 1 Sam. 9, 24. L'archi
meune colonne de fer, Jér. 1 , 18., sont trichlin ou ordonnateur du repas, Jean
desimages qui se comprennent parfaite 2, 8., était presque toujours un ami de
ment, et le faux prophète Tsidkija se fit la maison. Un festin pouvait se distin
des cornes de fer, comme emblème de guer, soit par le nombre des personnes
la victoire qu'Achab devait, selon lui, invitées, Gen. 29,22. 1 Sam. 9,22.1 Rois
remporter sur les Syriens. 1.9.25. Luc 14, 16. 5, 29., soit par la ri
Le fer du Nord dont il est parlé, Jér. chesse de la vaiselle, Est. 1, 7., soit par
FES 362 FET

le grand nombre et la qualité des mets, audience au souverain sacrificateur et aux


Gen. 27, 9. Es. 25, 6. Ps. 23, 5. Job 36, premiers d'entre les Juifs, qui lui deman
16.Am. 6, 4. Les anciens festins duraient dèrent de laisser venir Paul à Jérusalem,
beaucoup plus que les nôtres, on s'y oc car ils se proposaient de le faire assassi
cupait d'affaires sérieuses, et un édit royal ner en chemin. Festus refusa de pousser
fut conclu à la table d'un roi de Perse, la condescendance jusque-là, et de retour
Est. 1, 15. 7, 9. La musique, la danse, les chez lui, il se fit présenter l'apôtre p0ur
jeux de mots et des énigmes, animaient l'interroger, mais sans résultat.Quelques
le cœur et l'esprit des convives, Es. 5, 12. jours après, Agrippa II et Bérénice sa
Am. 6, 5. Ps. 69, 13. Matth. 44, 6. Jug. sœur et concubine, étant venus le voir, il
14, 12. On brùlait des parfums au moment profita de l'occasion pour interroger Paul
du départ. — Les femmes des grands une seconde fois et le faire voir et enten
avaient leurs festins dans des apparte dre à ses augustes visiteurs. L'apôtre se
ments séparés, et n'assistaient pas à ceux défendit lui-même et témoigna plus de dé
de leurs maris lorsqu'il s'y trouvait beau férence au roi qu'au procurateur, qui l'in
coup d'étrangers réunis, Est. 1, 9.; mais terrompit avec toute la froideur d'un
dans les maisons bourgeoises des Juifs homme d'Etat en lui disant : « Ton grand
cette différence n'existait pas. savoir te met hors de sens, » parce qu'il
Il était interdit aux Israélites d'assis avait parlé des glorieuses souffrances de
ter aux repas des païens offerts à la suite Christ et de sa résurrection. La séance fut
de leurs sacrifices, Ex. 34, 15., soit par bientôt levée, et Paul eût apparemment
ce qu'on eût pu considérer leur présence été relâché s'il n'en eût appelé à l'empe
comme une participation à l'idolâtrie, soit reur. Festus eut, comme son prédéces
parce qu'ils eussent été dans le cas de seur, à lutter contre les voleurs et les
manger, sans le savoir peut-être , des brigands, et contre un certain magicien
viandes sacrifiées aux idoles, cf. 1 Cor. qui attirait le peuple dans le désert. ll
10, 28. mourut bientôt après, laissant une répu
Des repas plus libres, vraies débauches tation d'injustice et de nullité, et fut rem
dans le manger et le boire, et par le flux de placé par Albinus, l'an 62 ou 63.
paroles vaines et déshonnêtes, avaient lieu FETES. Les lsraélites avaient quatre
du temps des apôtres, entre les jeunes fêtes principales, énumérées Lév. 23, :
gens des villes païennes, et sont interdits celles de Pâques, de la Pentecôte, des Ex
aux chrétiens, Rom. 13, 13. Gal. 5, 21. piations et des Tabernacles, v. les art.
1 Pier. 4, 3.; ils étaient suivis de courses spéciaux. Ces fêtes qui réunissaient tous
folles au travers des rues, et de tapage les Israélites mâles auprès du taberna
nocturne. Les chrétiens les avaient rem cle, Ex. 23, 17., devaient contribuer à
placés par des agapes ou repas de cha resserrer leurs liens, et à vivifier l'amour
rité, dans lesquels les frères se réunis de la patrie ; mais ce serait une grande
saient sous les yeux de leur Maître et erreur de ne voir dans leur institution
Sauveur, pour célébrer ensemble son qu'un but politique ; elles avaient au
amour, et les sentiments d'une amitié contraire un caractère essentiellement
pure et sans hypocrisie qui devaient les religieux, comme nous pourrions déjà le
animer les uns à l'égard des autres, Jud. conclure en voyant que le nombre 7, sym
12. 1 Cor. 11, 21., etc. bole de l'alliance, leur servait de base et
FESTUS (Porcius), affranchi, douzième de régulateur, Il est à remarquer qu'elles
procurateur de la Judée, succéda à Félix, se rattachaient à la fois à des faits histo
Act. 24, 27, dans la première année de riques et aux principales récoltes de l'an
Néron (61 ou 62 ap. C.). Comme son pré née, et comme telles elles étaient un hom
décesseur, il voulut plaire aux Juifs, et ne mage rendu par les Israélites au Dieu
sut rien faire mieux que de persécuter qui les conservait et les bénissait, tant
l'Evangile en laissant Paul en prison. par les bienfaits de la nature que par les
Trois jours après son arrivée à Césarée, dispensations de sa Providence; elles de
cet affranchi monta à Jérusalem, et donna vaient être, en conséquence, des temps
FEV 363 FIG

de reconnaissance et de joie; de là leur cherchée, surtout des pauvres, et qui


nom général, en hébreu chaggim, qui si était cultivé avec succès en Palestine, 2
gnifieréjouissances, et la presque synony Sam. 17, 28. On en faisait même du pain
mie, même en français, des mots de fête en en mêlant la farine au froment et à
et de réjouissances. Chacune de ces fê d'autres céréales, Ez. 4, 9. Pline, 18, 30.,
les c0nsistait essentiellement en sacrifices élève la fève au-dessus de tous les autres
dont le rite était exactement prescrit ; légumes à cause de cette propriété. L'u-
certains jours de la fête étaient même sage de la fève portant au sommeil, il
comme le sabbat, distingués par une était défendu au souverain sacrificateur
cômplète cessation des travaux de la vie d'en manger le jour de la fête des Expia
0rdinaire. — Aux solennités instituées tions, au dire de quelques rabbins.
par Moïse les Juifs ajoutèrent, après FIANCAILLES, v. Mariage.
lexil, les fêtes de Purim et de la Dédi FIEL. Le fiel, puissant digestif, mé
C2Ce, langé avec le vin passait pour activer
FEU. Il était défendu aux Israélites l'action de celui-ci , et pour le rendre
d'allumer aucun feu dans leurs maisons très particulièrement enivrant, de sorte
le jourdu sabbat, Ex. 35, 3., pour aucun qu'il exposait promptement à la risée gé
desbesoins du ménage, four, cuisine, etc. nérale celui qui avait bu de ce mélange,
qUoiqu'il soit permis de croire que la en même temps qu'il amortissait chez lui
mème défense ne s'étendît pas jusqu'au le Sentiment de la douleur. C'est dans ce
besoin de se préserver du froid dans la dernier sens qu'on peut comprendre l'u-
saison plus rigoureuse. — Un feu éter sage qui fut fait du fiel dans la boisson
Meldevait brûler sur l'autel des holocaus présentée à notre Seigneur sur la croix,
les, Lév. 6, 13., institution symbolique Matth. 27, 34. cf. Ps. 69, 21. Jér. 8, 14,
destinée à rappeler le feu dont doivent 9, 15. Lam. 3, 19. Dans Ia plupart des
brûler pour le service du Très-Haut les cas, c'est par ce mot qu'on a traduit l'hé
(Purs de ses vrais adorateurs, destiné breu rosch qui signifie poison en général,
à rappeler aussi le sacrifice perpétuel v. Poison; le fiel serait plutôt désigné
qui devait être offert en expiation jus par le mot merérah, Job. 16, 13. ou me
qu'au jour où la grande Victime aurait rorah, 20, 14.25.
été offerte une fois pour toutes. L'anti FIENTE de pigeon, 2 Rois 6, 25., v.
quité païenne a connu ce symbole; on se Colombe.
rappelle le feu de Vesta, et l'église ro FIEVRE, v. Maladies.
maine l'a conservé dans ses lampes éter FIGUIER, hébr. teénah, Gen. 3, 7., et
nelles. —Si quelqu'un, dans un but ou ailleurs, Matth. 7, 16., etc. Arbre et fruit
dans un autre, avait allumé du feu dans un fort commun en Palestine , et suffisam
damp, peut-être pour le purifier, en en ment connu chez nous ; le ficus carica de
brûlant les mauvaises herbes, et que le Linnée. Les Hébreux l'estimaient comme
ſºu s'étendit hors du champ et eût con une des plus riches productionsde leur sol,
sumé le blé d'un champ voisin, celui qui Prov. 27, 18. Cant. 2, 13. Nomb. 13,24.
avait fait le feu était responsable du dom Deut. 8, 8. Jér. 5, 17. 8, 13. Os. 2, 12.
mage, Ex. 22, 6. — Outre ces détails qui Joel 1, 12. Agg. 2, 19. Zach. 3, 10. Jean
:
n0us sont fournis par la loi mosaïque, il 1, 48, 50., etc. Son tronc fort et noueux,
est question du feu dans un certain nom ses branches qui s'étendent au large, ses
bre de passages, soit en parlant de Dieu feuilles à cinq lobes, d'un vert foncé à la
qui est appelé un feu consumant, Deut. face supérieure, vert clair et soyeux à la
#. 24., soit en parlant des messagers de face inférieure, donnent un ombrage
bieu qui sont comparés à des flammes de agréable et rafraîchissant sous lequel on
º, Ps. 104, 4., soit enfin en parlant des aime à se reposer, 1 Rois 4, 25., et dont
Peines de l'enfer, Matth. 25, 41. les prophètes ont souvent tiré l'image du
, FEVES (fava rotunda oblonga), légume repos éternel promis aux saints de Jého
ºnconnu, qui, étant frais et rôti conve vah, comme la promesse d'une prospérité
ºblement, était une nourriture assez re temporelle, Mich. 4, 4. Zach. 3, 10. Ses
FIG 364 FIL

fleurs sont recouvertes d'une enveloppe mande beaucoup de soins pour réussir
charnue, ce qui a fait douter les anciens convenablement, Prov. 27 , 18. cf. Luc
de la floraison de cet arbre; elles parais 13, 7.
sent avant les feuilles, et mûrissent avant Les vertus médicinales de la figue étaient
elles, en Palestine vers la mi-mars. C'est connues fort anciennement, surtout pour
ainsi qu'on doit s'expliquer peut-être l'é- la guérison des abcès, des ulcères, et de
tonnement de Jésus de ne pas trouver de quelques maladies de la gorge, esquinan
figues sur un figuier déjà couvert de feuil cies, etc., 2 Rois 20, 7. Es. 38, 21.
les, Matth. 21, 19.; mais v. plus bas. Les Amos 7,14., il est dit que le prophète,
fleurs ne sont cependant pas toutes her simple homme des champs, s'occupait à
maphrodites, et il n'y a que les fleurs fe piquer (non pas à cueillir) des figues
melles qui portent des fruits, lorsqu'elles sauvages (shikemim); v. Sycomore.
ont été comme fécondées par un mouche Gen. 3, 7. Les feuilles de figuier dont
ron (cynips psenes) qui, après avoir dé Adam et Eve se firent des ceintures en
posé ses œufs dans les fleurs mâles du fi les cousant ensemble, étaient, à ce qu'on
guier sauvage (caprificus), s'envole, lui ou pense, des feuilles du figuier appelé par
les moucherons nouvellement éclos, et se Linnée musa paradisiaca, beaucoup plus
dirige couvert de pollen vers les fleurs larges, et d'une longueur prodigieuse :
femelles qu'il féconde par ses piqûres et On s'en sert encore dans quelques pays
amène à maturité, fructification artificielle pour des usages semblables, et il y a des
connue sous le nom de caprification , des Sauvages qui couvrent leurs huttes de ces
jardiniers habiles favorisent le travail de feuilles, s'en font à eux-mêmes des côu
ces jardiniers moucherons, et s'occupent vertures, ou en enveloppent leurs cada
à les diriger dans leurs opérations. Les vres. — D'autres ont voulu y voir le ba
figuiers croissent avantageusement au nanier.
bord des chemins et des grandes routes, Matth. 21, 19. Marc 11. 13. Histoire
dont la poussière paraît hâter leur matu du figuier stérile. Pourquoi est-ce que
rité et augmenter leur fertilité. Jésus le maudit, puisque ce n'était pas la
Les figues étaient un aliment sain et saison des figues ? Pour tout autre arbre
fort abondant, 1 Sam. 25, 18.30, 12. Jér. que celui dont il s'agit, la réponse serait
24, 2.; les anciens en connaissaient trois difficile; mais pour le figuier qui doit por
espèces : 1° Les figues hâtives, Jér. 24,2. ter, comme nous l'avons dit, des fruits
cf. Es. 28, 4. Os. 9, 10. (bikkourah), mù presque toute l'année, soit hâtives, soit
rissant après un hiver peu rigoureux vers tardives, on comprend que Jésus ait dû
la fin de juin , et à Jérusalem peut-être s'étonner de n'en trouver aucune, lorsque
plus tôt; elles passaient pour très rafraî du reste l'arbre, bien garni de feuilles,
chissantes. 2° Les figues d'été, mois paraissait fort et vigoureux. ll eût pu ar
d'août: on les séchait ordinairement pour river cependant que l'arbre eût été dé
les conserver ou pour les mettre dans le pouillé de ses fruits, si c'eût été la saison
commerce et en faire des envois; c'est en laquelle on les cueille ordinairement,
par masses compactes ayant la forme de mais ce n'était pas le cas : le Seigneur
gâteaux qu'on les apprêtait pour les ex considère donc cet arbre cOmme jetant
péditions, 1 Sam. 25, 18. 30, 12. 2 Rois toute sa sève et sa force dans un extê
20, 7. Es. 38, 21:3° Les figues d'hiver rieur inutile, etille retranche, voulant si
qui mûrissent tard, lorsque les feuilles gnifier par là qu'il en ferait de mème de
sont déjà tombées, et persistent sur l'ar tous ceux chez qui, cherchant les fruits
bre jusqu'au printemps , lorsque l'hiver de la vraie repentance, il ne les trouve
est doux ; elles sont plus longues que les rait pas. — En tout cas, le passage offre
figues d'été, et ont une couleur foncée ti quelques difficultés qu'on ne peut lever
rant sur le violet. — On voit par là que entièrement.
le figuier porte des fruits pendant une FILS, FILLEs. C'était un honneur aux
grande partie de l'année, surtout dans femmes hébreues, comme aux Orienta
les climats tempérés, cependant il de les, d'avoir des enfants, Gen. 24, 60. Ps.
FIL 365 FLE

113, 9. 128, 3. 6.; la stérilité était con 7. 11, 19.Ps. 78, 5.— Les filles restaient
sidérée comme un malheur et comme une jusqu'à leur mariage sous les yeux de
dure punition du ciel, 1 Sam. 1, 6. Gen. leur mère et vivaient en général assez
16,2. 30, 1.23. Es. 47, 9. 49, 21. Luc 1, retirées. L'autorité des parents sur leurs
23.; les femmes stériles étaient même un enfants, principalement celle des pères,
0bjet d'opprobre, Job 24, 21. Partout, était presque illimitée; cependant elle ne
en 0rient, les enfants étaient une ri s'étendait pas au droit de vie et de mort,
chesse (cf. Est. 5, 41. ), etune postérité et lorsqu'un père, désespérant de corri
nombreuse, surtout des fils capables de ger un enfant vicieux voulait le faire pé
continuer et la race et le nom, étaient rir, il devait suivre une action juridique,
considérés comme une bénédiction d'en le faire accuser par sa mère, obtenir une
haut, Ps. 127 et 128, Eccl. 6, 3. Aussitôt sentence du tribunal, et trouver des voi
après leur naissance (à laquelle avait pré sins qui consentissent à servir de bour
sidé une sage-femme, Gen. 38, 28. Ex. reaux, Deut. 21, 18-21., autant de for
l, 15., quoique pas toujours, V. 19), les malités qui restreignaient de fait les droits
enfants des Hébreux étaient baignés dans du père à cet égard, et prévenaient de
de l'eau, Ez. 16, 4., puis frottés de sel et terribles infanticides.
entourés de langes, cf. Job 38, 9. Au Les enfants n'étaient pas enveloppés
bout de huit jours ils étaient circoncis, dans les sentences prononcées contre
et0n leur donnait un nom, ordinairement leurs parents, Deut. 24, 16. cf. 2 Rois 14,
en rapport avec une des circonstances 6., à l'exception des condamnations pour
qui avaient accompagné ou précédé leur dettes qui pouvaient entraîner pour eux
naissance. L'allaitement était l'aflaire de la perte de la liberté au profit du créan
la mère, 1 Sam. 1,23.1 Rois 3,21.; com cier, chez les Juifs comme chez les Grecs
me chez les Grecs, les femmes du plus et les Romains, 2 Rois 4, 1. Es. 50. 1.
haut rang n'avaient garde de négliger ce Néh. 5, 5. Matth. 18, 25. Lorsqu'une fille
devoir de nature (Iliad. 22, 83. ), et ce avait été vendue comme esclave, c'était
n'était que dans les palais des rois, ou sans retour, elle ne pouvait recouvrer sa
bien lorsque la santé de la mère ne le liberté, Ex. 21 , 7., parce que sans doute
permettait pas, que des nourrices entraient le législateur pensait qu'elle ne tarderait
dans la famille, où elles jouissaient, dès pas à devenir l'épouse Ou la concubine
ce moment, d'une grande considération, de son maître ou de son fils ; v. Esclaves.
Gen. 24, 59. 35, 8. ( cf. Virg. AEn. 7, 1. Les fils héritaient à l'exclusion des fil
0dyss. 1,428.). Le sevrage avait lieu ordi les, ce qui doit toujours avoir lieu dans
Ilairement vers l'âge de trois ans, 2 Mac. une législation qui autorise la polygamie,
7, 27. Gen. 21, 8. Ex. 2, 9.10.; on l'ac mais, lorsqu'il n'y avait pas de fils, les
c0mpagnait d'une offrande, 1 Sam. 1, 24, filles étaient admises à hériter, à condi
et d'un repas de réjouissances, Gen. 21, tion qu'elles se mariassent dans leur tribu
8. Pendant les premières années, les fils pour ne pas y rendre des étrangers pro
et les filles recevaient une éducation com priétaires du sol, Nomb. 26, et 36,. Le fils
mune sous les yeux de leur mère, cf. premier-né avait une double portion, et
Prov. 31, 1.; mais lorsque les premiers était probablement chargé d'entretenir
aYaient atteint un certain àge, ils étaient et de protéger ses sœurs : en tout cas, il
remis, surtout dans les familles un peu paraît que son consentement était néces
aisées, à des précepteurs, 2 Rois 10, 1, saire à leur mariage, même du vivant du
5.(nourriciers), Est. 2,7.1 Chr. 27, 32., père, Gen. 24, 50. cf. 34, 13-17.
qui étaient ordinairement des esclaves FLECHE, v. Arc et Divination.
instruits, mais sur les fonctions desquels FLEUVE. Ce nom se donne quelque
n0us n'avons pas de plus amples détails; fois sans autre désignation à l'Euphrate,
c. Enseignement. Dans les familles moins q. V., au Jourdain, au Nil, et même à la
fiches, ou peut-être moins occupées, le mer, Jon. 2, 4. Hab. 3, 8.9. cf. Ps. 24, 2.
père faisait lui-même l'éducation de ses 74, 15. Hérod. 1, 7. Le Jourdain , l'Ar
euſants, Prov. 1. 8. 4, 3.4. cf. Deut. 6, non, le Jabbok, le Kérith, le Sorek, le
FOR 366 FOR

Kison, le Bézor, le Cédron, sont les prin Rois 5, 14., d'Ephraïm, Jos, 17, 15.1Sam.
cipaux fleuves, rivières ou torrents men 14,25.2Sam. 18,6., de Hérets dans la tri
tionnés dans l'Ecriture; il en sera parlé bu de Juda, 1 Sam. 22, 5., touchant à la
aux articles spéciaux, comme de plusieurs partie sud de laprécédente; de Basan, com
autres qui, presque tous, ont pris le nom posée de chênes, Zach. 11, 2., de Béthel,
de la ville voisine la plus importante. qui faisait peut-être partie de celle d'E-
Quelques interprètes ont voulu voir dans phraïm, 2 Rois 2, 24. cf. v. 23., de Tsa
Es. 57, 6. une trace d'un culte des fleu hanajim, Jug. 4, 11. Les sommets du Car
ves qui aurait existé parmi des Juifs idolâ mel et du Thabor, de même que les rives
tres, mais le vrai sens du passage est : du Jourdain, dans toute leur étendue,
« Les parties désertes, nues et rocailleu étaient également riches en arbres de di
ses des vallées sont ton lot. » verses espèces. Toutefois, si les forêts de
FLUTE, v. Musique. la Palestine étaient considérables lorsque
FOlN. Les passages, Prov. 27, 25. Am. les Hébreux vinrent s'y établir, elles ne
7, 1., montrent que les anciens Hébreux tardèrent pas à diminuer, soit à cause de
n'employaient pas seulement pour four la nombreuse population qui venait y pui
rage l'herbe verte et sur pied, mais en ser constamment, soit à cause des déſri
core l'herbe séchée : le foin servait aussi chements que nécessita la culture des
de combustible, Matth. 6, 30. Luc 12, 28. terres : le fumier et le foin remplacèrent
FONTAINES. ll y en avait de deux es en partie le bois comme combustible.
pèces chez les Hébreux : les puits ou ré FORTIFICATIONS, Forteresses. Dans
servoirs dont nous avons parlé à l'article l'antiquité, comme en général chez tous
Citerne, q. v., et les sources proprement les peuples peu ou point civilisés, chaque
dites. Ces dernières étaient naturellement ville était une espèce de forteresse, ville
bien plus estimées, Jér. 2, 13. Lév. 14, 5. close, enclos muré, abri contre les coups
15, 13. Nomb. 19, 17. Les plus célèbres de main des brigands, ou de peuplades
sont celles de Siloé, de Guihon, de Ro ennemies. La même chose avait lieu chez
guel, de Hen-Guédi ; on trouve encore les Hébreux, à l'époque première de leur
nommées celles de Hen - Sémès, Hen établissement en Canaan. Cependant ils
Guaddim, Hen-Héglajim, etc. (Hensignifie ne tardèrent pas à comprendre la néces
source). — La fontaine d'eaux vives men sité de se retrancher d'une manière peut
tionnée (apparemment comme figure), - être moins générale, mais plus solide et
Cant. 4, 15., se trouverait encore, et fort plus régulière ;aussieurent-ils leursvilles
abondante, au dire de quelques voya fortes déja avant l'exil, situées dans des
geurs, à une lieue de Tyr, dans la plaine. positions avantageuses, particulièrement
Elle est bâtie en forme de tour carrée, sur les frontières de leur pays, Rama,
dit Calmet, et haute de 15 coudées ; les Guebah , Mitspa, Beth-Horon, Tadmor
eaux en sortent par quelques ouvertures et d'autres, 1 Rois 15, 17.22.2 Chr.8, 4.
avec tant d'impétuosité qu'elles font tour 5. 14, 6., etc. Puis au retour de l'exil, les
ner, en sortant de là, un moulin à cinq villes fortes acquirent une plus grande
meules. - La pureté et la chasteté de importance encore, et furent distinguées
l'épouse est comparée à une source close, avec soin des villages ou des villes non
à une fontaine cachetée, Cant. 4, 12., et fortifiées, v. 1 Macc. 4, 61. 12, 35., etc.
l'on a voulu s'évertuer à savoir où était Les fortifications étaient elles mêmes en
située cette fontaine ; on l'a mise à une tourées de fort près d'une ou deux mu
lieue de Bethléhem. C'est pousser le posi railles, 2 Chr. 32, 5., quelquefois fort
tivisme un peu loin. — Enfin l'on mon épaisses, garnies de créneaux, de parapets
tre encore dans la tribu de Dan, près du et de tours, et fermées par des portes très
lieu nommé Lechi, la source qui jaillit solides (doublées de fer à Babylone, Es.
d'une des dents de la mâchoire trouvée 45, 2.), retenues par des verroux énormes
par Samson. également de fer, 1 Rois 4, 13. — Soph.
FORETS. Les plus remarquables et les 1, 16. Es. 54, 12. Jér. 51, 58.12. Ez. 26,
plus fameuses étaient celles du Liban, 1 2. 27, 11. 2 Chr. 26, 45. 14, 7. 32, 5.
FOR - 367 FOU
Au-dessus des portes se trouvait une pe dinairement rasées et toutes les maisons
titetour avec une chambre d'observation,
détruites, la charrue nivelait le sol, du
sel y était semé, les habitants égorgés ou
2Sam. 13, 34. 18, 24. 33.2 Rois 9, 17.
conduits en esclavage, Jug. 1, 25. 9, 45.
2Chr. 26, 9. cf. 14, 7. (C'est dans une
4 Macc. 5, 50. 51. On sévissait moins
de ces chambres que le roi David, ayant
appris la mort d'Absalon, monta pour cruellement contre les villes qui se ren
pleurer ce fils dont la fin l'affligeait au daient. – La loi défendait aux Israélites
tant qu'avait fait sa vie). Autour de cette de nuire aux arbres fruitiers des villes
muraille était un petit mur (hhel) Ou se qu'ils assiégeaient, Deut. 20, 19.; cepen
lon d'autres, mais moins probablement, dant, cf. 2 Rois 3, 25.
un fossé, 2 Sam. 20, 15.1 Rois 21, 23. FORTUNAT, 1 Cor. 16, 17., Romain
Es. 26, 1. Nah. 3, 8. – Il y avait encore d'origine comme l'indique son nom, vint
en rase campagne de petits forts, et des de Corinthe à Ephèse visiter Paul, et re
guérites d'observation, 2 Rois 18, 8.2 tourna avec Stéphanas et Achaïque, porter
Rois 25, 4., et des citadelles dans les vil aux Corinthiens la première épître de cet
les comme dernier refuge, Jug. 9, 51. La apôtre, dans laquelle il reçoit lui-même
place la plus forte de la Palestine de tout un beau témoignage, et est recommandé
temps a été Jérusalem. à la considération des fidèles. Il est du
Avant de mettre le siége devant une reste inconnu.
ville, les Hébreux devaient lui offrir de FORUM d'Appius, Act. 28, 15. (ou
capituler, Deut. 20,10. cf. 2 Rois 18, 17.; marché d'Appius), petite ville d'Italie, à
puis ils disposaient leurs lignes de circon 43 milles (55 kilom.) au sud de Rome,
vallation, Ecc. 9, 14.2 Rois25,1.Jér. 52, près de lavoie Appicnne qui, allant de Ro
4. Ez. 4, 2. 17, 17., et s'occupaient de me (porta Capena) à Brindes, était en cet
dresser une terrasse d'attaque, 2 Sam. endroit interrompue par les marais Pon
20, 15.2 Rois 19, 32. Es. 37, 33. Jér. 6, tins (Horat. Sat. 1, 5.3.). Les voyageurs
6. Ez. 4,2. 17, 17.26, 8. On mettait alors de distinction ne s'y arrêtaient guère,
en œuvre les instruments de siége, béliers soit à cause de la mauvaise qualité de
et autres machines, avec lesquels on bat l'eau, soit surtout à cause de la mauvaise
tait en brèche la muraille ennemie. Ez. réputation que donnait à cette petite ville
26, 9. 21, 27. Le travail des mines sou la conduite de ses habitants, dont un
terraines ne fut connu que plus tard, Les grand nombre étaient matelots. — A 10
assiégés ne se bornaient pas seulement, milles de là, sur la route de Rome, était
pour leur défense, à tirer des flèches du la ville des Trois - Boutiques (auj. Cis
haut de leurs murailles, 2 Sam. 11, 24., terna) également nommée, Act. 28, 15.;
mais ils jetaient encore des pierres, des il s'y trouvait un hôtel ou auberge (ta
meules et tout ce qui leur tombait sous berna diversoria), peut-être trois, que
la main. v. 20 et 21., même de l'huile les voyageurs préféraient en général à
bouillante, d'après Josèphe. Ce n'est que celle du marché d'Appius. Lett. de Ci
plus tard qu'apparaissent les catapultes, céron à Atticus, 2, 11 et 13. Les restes
machines de l'invention d'un ingénieur, de ces deux villes comptent encore quel
dit l'historien sacré, 2 Chr. 26, 15. On ques habitants.
cherchait aussi, par des sorties habile FOUET. De tout temps la peine du
ment préparées, à repousser les assié fouet a été la plus usitée chez les Hé
geants en les affaiblissant, 1 Macc. 6, 31. breux, et la loi la sanctionne, Deut. 25,
Quelquefois les siéges duraient fort long 2., pour les délits civils. Le patient, cou
lemps, et pouvaient affamer les villes les ché, et en présence du juge, recevait les
mieux approvisionnées, au point de les coups, mais jamais plus de quarante, qui
obliger de recourir, pour ne pas mourir lui étaient administrés avec des verges :
de faim, aux aliments les plus dégoûtants les écourgées ou étrivières dont il est
et les plus inaccoutumés, 2 Rois 6, 25. parlé, 1 Rois 12, 11. 14. 2 Chr. 10, 11.
29. 18, 27. Lam. 4, 10.1 Macc. 6, 53. 13, 14., fouets de cuir avec des nœuds ou des
21. Les villes prises d'assaut étaient Or pointes, n'étaient pas permises par la loi.
FOU 368 FRE

Les coups devaient être appliqués sur le foulon étaient blancs, Marc 9, 3. Cepen
dos, entre les deux épaules et la ceinture, dant il y en avait aussi de foncés; ces
jamais sur la plante des pieds comme derniers se blanchissaient ordinairement
dans quelques barbares contrées de l'O- d'un jour, tandis que les premiers exi
rient. Les étrivières vinrent plus tard, geaient trois jours de lessivage.Un champ
et les coups furent appliqués par un Valet de foulon mentionné 2 Rois 18, 17. Es.
de justice, qui reçut l'ordre de ne jamais 7, 3. 36, 2., était situé près de l'étang su
compter plus loin de trente-neuf, afin de périeur, ainsi à l'ouest de la ville; on en
ne pas risquer de dépassser les quarante a conclu que les métiers qui avaient un
s'il lui arrivait parfois de mal compter ; plus grand besoin d'eau, et notamment les
cela explique la manière de parler de foulons, possédaient un district en de
saint Paul, 2 Cor. 11 , 24. La flagellation hors des murs d'enceinte : les foulons ro
avait lieu, outre les délits civils, dans tous mains étaient également établis hors de
les cas qui entraînaient la mort. Il y avait la ville, à cause des exhalaisons insalu
aussi des délits à la répression desquels bres produites par la nature de leurs tra
la synagogue elle-mème pourvoyait en V3lllX.
faisant fouetter les coupables; mais cette FOURMI, insecte fort connu, que Salo
peine, légale et particulière, n'était pas mon cite comme un exemple de vie in
ignominieuse (v. Synagogue), tandis que telligente et laborieuse, Prov. 6, 6.30,
la peine ordinaire du fouet était un sup 25., et auquel les poëtes et les moralistes
plice à la fois infamant et douloureux. de tous les temps ont reconnu avec justice
Notre Sauveur parlant des douleurs de les mêmes qualités, qui brillent dans sa
sa passion, met presque toujours la fla conduite, et particulière et administrative.
gellation en premier lieu, Matth. 20, 19. FRELONS. Le plus redoutable des in
Marc 10, 34. Luc 18, 33.; il subit une sectes de la famille des guêpes ; il a jus
peine civile, condamnation romaine, la qu'à 3 centim. et plus de longueur; un
même qu'éprouvèrent les apôtres, Act. petit nombre suffisent pour tuer un hom
16, 22., mais qui ne pouvait être pronon me ou un cheval. Dans les trois passages
cée contre des citoyens romains, Act. 22, de l'Ecriture où les frelons sont nommés,
25.; le nombre des coups n'était pas li Ex. 23, 28. Deut. 7, 20. Jos. 24, 12. (cf.
mité. Saint Paul parlant des maux qu'il Sapience 12, 8.), ils apparaissent comme
a soufferts, 2 Cor. 11, 24.25., distingue aides des lsraélites dans l'extermination
les coups qu'il a reçus des Juifs, de ceux des peuplades cananéennes. Quelques au
qu'il a reçus ailleurs. teurs ont voulu n'y voir qu'une métapho
FOULON (hébr. kobés, et peut-être re, mais Bochart a prouvé par plusieurs
aussi roguel). Ce métier consistait soit exemples, que rien n'empêche que ces
à donner aux toiles et aux tissus nOuvel passages ne soient pris à la lettre; plu
lement faits la solidité et la fermeté né sieurs peuples ont, en divers temps, été
cessaires, soit à nettoyer et laver les étof dépossédés par l'apparition d'insectes in
fes de laine, manteaux, etc., déjà portées. nombrables et dangereux; Elien, 11, 28.,
Une même opération servait à faire l'une rapporte que les Phasélites, qui demeu
et l'autre chose, cependant le nettoyage et raient sur les montagnes deSolyma,avaient
le blanchissage était l'occupation la plus été chassés de leur pays par des guêpes,
ordinaire des foulons. Les vêtements qui et comme ces Phasélites étaient des Phé
devaient être lavés étaient d'abord trem niciens ou des Cananéens, il est évident
pés dans l'eau, puis foulés aux pieds ou que cet auteur parle du même fait que
broyés d'une autre manière; on employait celui qui est rapporté dans Josué.
encore pour le dégraissage des substan On comprend facilement la déroute
ces àpres, fortes, acides ou piquantes, de qu'un essaim de ces animaux peut mettre
la vapeur de soufre, des sels alcalins, dans une armée : on n'a ni armes, ni bou
Mal. 3, 2., des terres argileuses ou mar cliers qui puissent garantir de leurs atta
neuses, et même de l'urine, Pline 28, 26. ques; on ne sait comment les éviter; c'est
35, 57. La plupart des habits donnés au une mort qui voltige autour des oreilles
FR() 369 |'R0

enbourdonnant, et qui provoque à la fuite accommodement, Jos. 5, 11. Ruth 2, 14.


la plus prompte ceux qu'elle menace. - 1 Sam. 17, 17.2 Sam. 17, 28., ainsi que
En les envoyant au secours de son peu cela se pratique maintenant encore en Pa
ple. Dieu voulait à la fois montrer qu'il lestine. On les broyait aussi d'une ma
protége les siens, et les empêcher de se nière plus grossière, comme le gruau,
reposer sur eux-mêmes en s'attribuant la Lév. 2, 14. 23, 14.2 Rois4, 42. — En gé
· victoire. néral le blé a toujours été cultivé en abon
FRÉNE. Es. 44, 14. On a traduit par dance dans les contrées de l'Asie Mineure
frêne l'hébreu oren, à cause de son ana et dans le nord de l'Afrique, notamment
logie avec le latin ornus, analogie qui en Egypte.
p0urrait n'être qu'accidentelle, mais qui Le grain pilé dont il est parlé, 2 Sam.
semble avoir bien dirigé dans cette occa 17, 19. Prov. 27, 22. (hébr. riphoth), et
sion, pourvu que parmi les différentes es que plusieurs interprètes ont diversement
pèces d'ormes on s'en tienne au fraxinus compris, est probablement du gruau : il
0rnus de Linnée (Rosenmuller, Gesenius, est de même question de grain rôti et
Winer). En tout cas, le frêne répond aux moulu, 2 Sam. 17, 28.—v. encore les ar
caractères qu'Esaïe donne à l'oren. ticles particuliers, Orge, etc.
FROMAGE, v. Bœuf. FRONDE, arme de guerre inventée par
FR0MENT. Hébr. bar ou shébèr, ex les habitants des îles Baléares, ou plutôt
pression générale qui comprend toutes les par les Phéniciens; elle consistait, com
graines connues des Israélites, le blé, me on sait, en une petite plaque de cuir
lépeautre et l'orge, peut-être encore le fixée au milieu d'une cordelette, ou en -
rit, Es.28,25.; mais il n'est parlé d'avoine une tresse de laine, de crins, de joncs, ou
0u de seigle nulle part. De toutes ces es de cordes à boyaux, renflée vers le mi
pèces de froment, le blé était la plus im lieu, sur la partie large de laquelle on
, p0rtante en Palestine, Es. 28, 25. Ez. 4, 9. plaçait une pierre : les deux extrémités
0n le cultivait, comme l'orge, dans toutes" de la fronde sont dans la main de celui
les parties du pays, Deut. 8, 8. Jug. 6, 11. qui s'en sert, et après avoir fait tourner
1 Sam. 6, 13. 2 Sam. 4, 6. 17, 28., et la avec violence l'instrument deux ou trois
lerre en produisait plus qu'il n'était né fois autour de sa tête, il lâche une des ex
cessaire à la consommation des habitants. trémités, et la pierre s'élance de toute la
Salomon en envoyait chaque année en force centrifuge qu'elle a acquise, force
présent à Hiram, roi de Tyr,1 Rois 5,11., suffisante souvent pour percer de part en
et plus tard les Israélites en expédiaient part un casque ou un bouclier. Les Hé
aux Tyriens des convois considérables, breux s'en servaient beaucoup, surtout
c0mme objet de commerce, Ez. 27, 17. pour les troupes légères, et les Benjami
Quelques médailles représentent même tes en particulier passaient pour fort ha
la Palestine sous le symbole d'épis.— Les biles dans ce genre d'exercice, tellement
Semailles se faisaient au mois de marches qu'ils atteignaient leur but, « à un che
Van (octobre); la moisson commençait veu près, sans le manquer », Jug. 20, 16.
vers la fin de nisan, et finissait à Pente David frappa au front le géant qui faisait
tôle, Ex. 34, 22. Jug. 15, 1. Maintenant la terreur d'Israël, 1 Sam. 17, 49. Fugi
enCOre on moissonne en avril dans quel tif à Tsiklag, il vit arriver à son secours
ques contrées du pays, en mai dans la Ga une troupe d'hommes habiles à manier la
lilée. Au cinquantième jour depuis Pâ fronde de la main droite et de la main
ques, les Israélites offraient en offrande gauche, 1 Chr. 12, 2. Enfin, Hosias comp
tournoyée deux pains de fine farine, pé tait parmi les armes de ses arsenaux un
tris avec du levain, comme prémices de grand nombre d'arcs et de frondes, 2 Chr.
la moisson, Lév. 23, 17. On ne réduisait 26, 14. Cf. encore 2 Rois 3, 25. — Les
pas toujours le blé en farine pour le pé bergers se servaient aussi de la fronde
trir et en faire du pain, mais quelquefois pour éloigner de leurs troupeaux les bê
Un grillait au feu les épis avant qu'ils fus tes des champs et des forêts, 1 Sam. 17,
sent mûrs, et on les mangeait sans autre 40.
I. 24
FRU 3 70 FUM

FRONTEAUX, bandelettes de peau re dérer comme simple fermier de la terre,


couvertes de parchemin, que les Juifs de et il exigeait de lui les prémices de toute
la dernière époque portaient sur le front récolte et de tout produit ; ce n'eût pas
en guise d'amulettes; v. Phylactères. C'é- été lui rendre hommage que de lui offrir
tait, pour ces malheureux formalistes, les fruits débiles des premières années,
avoir ces commandements pour fronteau etl'Hébreu devait lui présenterdumeilleur
entre leurs yeux; mais par le même prin de son crû, attendre ainsi que la quatriè
cipe ils eussent dû les écrire aussi sur meannée fût arrivée, et renoncer lui-mê
leurs mains et sur leurs fronts. Sous om me aux premières récoltes. - On a rap
bre d'obéir à la parole de Dieu, ils ne pelé ailleurs la défense faite aux Israélites
faisaient que se conformer aux supersti d'endommager en cas de guerre les arbres
tions orientales, et faisaient de ces petits fruitiers de leurs ennemis. Deut. 20, 19.
morceaux de parchemin des amulettes Dans le langage de l'Ecriture, le fruit
contre les maladies et les accidents, mar marque quelquefois la récompense, Ps.
chant de la manière la plus opposée au but 58, 11. Prov. 1, 31., ou le résultat, les
que s'était proposé le saint législateur. — conséquences, Gal. 5,22. Phil. 1, 11.Jacq.
On avait su même en faire un petit arti 3, 18. Rom. 7, 5. Les affections déréglées
cle de luxe, que les dames portaient avec fructifient à la mort.
coquetterie, habiles à faire ressortir la FUITE de Jésus en Egypte, Matth. 2,
blancheur de leur front sans cacher la 13. 14. On pense que Joseph, Marie et
grandeur ou la forme de leurs yeux. Cette l'enfant se retirèrent à Matarée , dans le
pratique des fronteaux ne fut, au reste, voisinage du temple d'Onias, prèsdeLéon
connue que fort tard. topolis, où se trouvaient un grand nom
FRUITS, v. Jardins. D'après la loi de bre de Juifs. Cette fuite serait une date
Moïse, les fruits d'un arbre nouvellement | importante pour la chronologie, puisqu'on
planté étaient pendant les trois premières | sait en quelle année mourut Hérode, et
années réputés impurs et appelés prépu quand commença le gouvernement d'Ar
ces, Lév. 19, 23.; on ne pouvait en man chélaüs, si l'on savait quel était l'àge de
ger. Le produit de la quatrième année Jésus lors de sa fuite et lors de son re
était offert en prémices à l'Eternel, et le tour.—Eusèbe, Athanase et d'autres Pè
Juif ne pouvait jouir du revenu de son ar res, ont raconté qu'à l'arrivée de Jésus
bre qu'à partir de la cinquième année. toutes les idoles de l'Egypte furent ren
Ces prescriptions étaient si religieuse versées. On a voulu appliquer à cet évé
ment observées chez les Juifs, qu'au dire nement les passages Es. 19, 1. Jér. 43,43.
de quelques rabbins, on ne se serait pas FUMIGATIONS. Il paraît que la forte,
seulement permis d'employer pour la tein et souvent désagréable transpiration du
ture ou le chauffage les écorces des noix corps humain sous le chaud soleil de l'O-
et des grenades pendant les années dé rient, a fait sentir de bonne heure la né
fendues. — On a voulu voir dans cette loi cessité d'y remédier par des fumigations
une simple mesure d'agriculture, et Mi fréquentes et de bonne senteur. De là
chaélis rappelle qu'en effet les jardiniers cet usage immémorial de parfumer non
ont coutume de ne pas laisser porter de seulement les chambres, les vêtementS et
fruits aux arbres fruitiers pendant leurs grand nombre d'ustensiles, mais même
premières années, et d'abattre tous les les hôtes à leur arrivée ou à leur départ,
bourgeons, afin de rendre l'arbre d'au leur tête, leur barbe, leurs pieds. On por
tant plus vigoureux et plus riche; comme tait des encensoirs devant les princes, et
on coupe les cheveux des jeunes filles pour quand ils entraient dans une ville, ils trou
qu'ils croissent dans la suite plus forts et vaient de distance en distance, dans les
plus beaux. Mais sans méconnaître entiè rues, des parfums qu'on brûlait en leur
rement la vérité de ce point de vue, il honneur (Q. Curt. 8, 9.). De pareilles of
faut cependant voir plus haut. Le but de frandes et marques de respect furent bien
l'Eternel était d'habituer son peuple à tôt présentées à la divinité, que l'on sup
lui rapporter toutes choses, à se consi posait accessible aux jouissances natu
FUM - 371 GAB

relles, ou comme un simple emblème de diction du Seigneur. Offrir des encense


culte et d'adoration, Deut. 33, 10.; on ments sur des hauts lieux, ou partout
chassait, au contraire, les démons par des
ailleurs que dans le sanctuaire national,
fumigations désagréables, Tobie 6, 7. 8,était considéré, au temps de David, com
2.C'est surtout chez les païens que l'enme un acte de culte idolâtrique et illé
cens était offert en profusion sur les gal, 1 Rois3, 3. 22, 44. 2 Rois 12, 3. 15,
autels des dieux, 1 Rois 11, 8. 12, 33. 4. 16, 4. cf. 2Chr. 32, 12. 1 Macc. 1,58.
2 Rois 22, 17. 23, 5. Jér. 1, 16.7, 9.44,
3.0s. 2, 13. Es. 65, 3.— La loi de Moïse G
prescrivait également l'usage de parfums
p0ur le culte de l'Eternel, dans l'offrande GABAON, en hébreu Guib'hon, dérivé
du gâteau, Lév. 2, 1., dans l'offrande pour de guib'hah, colline. Il est naturel, à cause •
le péché, 16, 6.12., et chaque jour, ma de son étymologie, qu'il y ait eu plusieurs
fin et soir, lorsque le souverain sacrifi villes ou bourgs en Palestine qui aient
tateur allumait les lampes, Ex. 30, 7. 8. porté un nom semblable, Guibhah, Gué
cf Luc 1, 9. Si ces fumigations avaient bah, Guibbethon, etc. — Gabaon était si
lavantage de purifier l'air renfermé du tuée sur une hauteur, à 40 ou 50 stades
sanctuaire, souvent exposé à se corrom au nord de Jérusalem (8 ou 10 kilom.), à
pre par l'odeur des victimes sacrifiées, il 4 milles romains de Béthel; c'était la prin
est évident que le but était essentielle cipale ville de ces Gabaonites, Héviens "
ment religieux. Jean vit dans sa prophé d'origine, républicains à ce qu'il paraît,
fique vision l'autel chargé de parfums qui surprirent la bonne foi et la religion de
m0ntant au ciel avec les prières des saints, Josué et des anciens d'Israël, en se don
Ap0c 8,3-5.— Les ingrédients qui en nant pour venus d'un pays éloigné, et en .
lraient dans la composition du parfum du demandant d'être admis dans l'alliance du
sanctuaire, et qu'il était défendu, sous peuple de Dieu, Jos. 9, 3-16. Leurs au
peine de mort, d'employer à des usages tres villes étaient Képhira, Bééroth et Kir
profanes, étaient le stacte, l'onyx, le gal jath-Jéharim; cette dernière fut donnée
lanum et l'encens pur, le tout à doses en partage à la tribu de Juda, les trois
égales, et préparé avec du sel, Ex. 30, autres à Benjamin. Trois jours après l'al
34.38. Les rabbins y ajoutent encore la liance conclue (sans que l'Eternel eût été
myrrhe, la casse, le nard, le safran, la consulté) les autres Cananéens, jaloux et
cannelle, et d'autres épices également irrités, montèrent contre Gabaon pour
fortes et odorantes.— L'un des encense l'assiéger, Jos. 10, 3. sq. ; cinq rois pri
ments les plus solennels était celui que rent part à cette expédition ; les Gabao
le s0uverain sacrificateur offrait au grand nites s'adressèrent à Josué, qui étant
jºur des expiations, dans le saint des devenu leur allié, et engagé par sa pa
Saints, devant le couvercle de l'arche de role, quoique par ruse, dut courir à leur
l'alliance, Lév. 16,12.sq. Le soin d'offrir secours ; il marcha toute la nuit avec l'é-
le parfum, soit journalier, soit annuel, lite de ses troupes, attaqua les cinq rois
était chaque fois déterminé par le sort, de grand matin , et les mit en fuite ; il
tomme les autres fonctions des prêtres, les poursuivit jusqu'au soir : Dieu lui
1Sam. 2,28. Luc 1, 9. Mais d'après deux même combattit des cieux , une grêle de
passages du Talmud, celui qui avait une pierres écrasa un grand nombre de Ca
ſois offert l'encens était exclu des tira nanéens , le soleil s'arrêta vis-à-vis de
#es suivants, parce que cette fonction Gabaon, la lune sur la vallée d'Ajalon ;
étant considérée comme une bénédiction les ennemis succombèrent, les cinq rois
spéciale, il convenait que tous pussent y furent pris et enfermés dans une caverne,
prendre part successivement, Deut. 33, puis à l'arrivée de Josué on les égorgea
l0. Pendant qu'on offrait le parfum, le et on les pendit à des poteaux. — Les Ga
peuple se tenait en prière dans le parvis, baonites ne gagnèrent du reste que la
lue 1,10., où le prêtre, après avoir ache vie dans leur alliance avec Israël, car ils
We son office, venait lui donner la béné furent assujettis aux plus humbles tra
GAD 374 GAD

vent que dans ce seul passage, il est très troupes, cf. Gen. 30, 11. (dans Martin),
difficile de rien préciser sur les idoles il lit : Vous dressez la table à une multi
qu'elles désignent, si même il s'agit d'i- tude (de divinités), vous offrez des liba
doles proprement dites. Gesenius et Wi tions à un grand nombre ; c'est-à-dire,
ner prétendent que Gad, qui signifie for vos superstitions n'ont pas de fin , ceux
tune, bonheur, est ici la planète de Ju qui abandonnent le vrai Dieu ne savent
piter, Bel, ou l'astre de la fortune dans plus où s'arrêter. On voit la même chose
les religions astrolâtres de l'Asie anté chez les papistes, ajoute le réformateur.
rieure (Rabbi Mose et tous les autres rab GADARA, ville fortifiée, et d'après Jo
bins après lui) ; ce serait la fortuna ma sèphe, chef-lieu de la Pérée, située sur
jor, v. Caldée : d'après les mêmes au une montagne, à 60 stades de la mer de
teurs , Meni (de manah, compter, ran Galilée; il s'y trouvait des bains chauds,
ger, ordonner)serait la planète de Vénus, et dix sources d'eau chaude entre elle et
fortuna minor : d'autres pensent qu'il le lac. Pline dit qu'elle était située sur le
s'agit peut-être du zodiaque, d'autres du fleuve Hiéromax, mais elle était plus au
système planétaire en entier; Calmet, en midi. Détruite par quelques rois juifs,
fin, traduit Gad par le soleil et Meni par elle fut rétablie par Pompée, en considé
la lune. Peut-être ne faut-il pas chercher ration de son affranchi Démétrius, qui en
un objet général et déterminé pour ces êtait originaire. Auguste la donna à Hé
deux divinités; le culte auquel le pro rode, et après la mort de ce dernier, elle
phète fait allusion pouvait être un simple échut à la Syrie, selon quelques-uns à la
culte domestique, un hommage rendu au Cœlésyrie, selon d'autres à la Décapole.
génie de la maison et de la famille; Gad, Seetzen et Burkhardt croient en avoir
chez les Juifs postérieurs, exprime ce trouvé les restes dans le village d'Omkeis.
que nous appellerions un génie, tandis —C'est dans cette contrée que, d'après
que la planète de Jupiter a un nom par Marc 5, 1. Luc 8, 26., notre Seigneurar
ticulier, Tsèdek; on trouve mentionnée riva après avoir passé la mer de Tibéria
dans le Lexic.talmudic. de Buxtorf, f"387, de, et qu'il guérit un possédé dont il en
une habitude qui semble avoir tiré son voya les démons dans un troupeau de
origine de la même cérémonie contre la pourceaux. D'après Matth. 8, 28., ce
quelle le prophète adresse aux Juifs ces n'est pas dans le pays des Gadaréniens,
reproches : « Ils avaient anciennement, mais dans celui des Gergéséniens qu'il
dit-il, dans leurs maisons, un lit splen arriva; et une troisième variante porte
dide (pour se mettre à table), qui ne ser dans celui des Géraséniens. Gergésa
vait absolument à personne qu'au chef de était située, selon Origène , sur le bord
la maison, ou à la constellation de la for de la mer de Tibériade, près d'un préci
tune, pour se la rendre favorable; on pice, mais c'est le seul auteur qui en fasse
l'appelait en conséquence lit de la bonne mention, et elle est complétement incon
fortune ».—Dans ces deux chapitres d'E- nue. Gérasa était encore plus au sud
saïe, 65 et 66, le culte illicite reproché ouest du lac que Gadara , entre la Pérée
aux Juifs ne paraît pas être l'idolàtrie et l'Arabie , entre Gadara et Rabbath
proprement dite, mais un culte extérieur Hammon (ou Philadelphie), d'après Ritter
de Jéhova, 66, 1.3., entremêlé de céré le géographe, elle porterait aujourd'hui le
monies païennes , et un commerce avec nom de Dscherasch.—Origène préféra la
les démons, défendu par la loi, 65, 3.4. leçon Gergésa, parce que, selon lui, Gé
66, 17.; mais aucun de ces passages ne rasa et Gadara étaient trop éloignées; il
parle explicitement de fausses divinités avoue cependant que Gérasa était de son
ou idoles. D'après l'étymologie de Gad et temps la leçon la plus répandue pour le
de Meni, il paraitrait donc que la meil passage de Matthieu, et c'est la même qui
leure traduction de ces deux mots serait se trouve encore dans nos manuscrits oc
la fortune et le destin. — L'opinion de cidentaux , quant à la leçon Gadaréniens,
Calvin, du reste, est bonne à enregistrer elle se trouve dans les manuscrits B, C, M,
comme toujours : traduisant Gad par les meilleurs instruments, et dans les
GAI 375 GAL

versions syriaques, et doit être préférée, 3 Jean. 1.; une tradition porte qu'il lo
soit pour le sens, puisque Gergésa estin gea chez lui à Ephèse , et qu'il fut chargé
c0nnu et que Gérasa est trop loin, soit à de donner le style à son Evangile, et de
cause de l'importance des autorités. le faire connaître aux églises : ce dernier
GAGES. Le pauvre qui empruntait de détail serait moins invraisemblable que le
vait donner un gage à son créancier précédent. Quelques-uns le confondent,
(t, Dettes), mais il était libre de choisir mais à tort, avec le Gaïus de Corinthe.—
dans sa maison ce qu'il voulait offrir, et D'après Winer, il y aurait:a)un Gaïus de
le préteur ne pouvait pas même entrer Derbe,Act. 20, 4., le même que 3 Jean 1.;
p0ur voir ce que possédait l'emprunteur; b) Gaïus de Macédoine, Act. 19 , 29. ;
sile pauvre avait donné en gage un vê c) Gaïus de Corinthe, 1 Cor. 1, 14. Rom.
lément, le riche devait le lui rendre pour 16, 23. : ces distinctions nous paraissent
la nuit, et personne ne pouvait accepter un peu forcées.
le vêtement d'une veuve, ou l'une des GALAAD, 1° fils de Makir, le premier
meules qui servaient à moudre le blé, né de Manassé , naquit pendant l'escla
car c'est sa vie, dit Moïse , Ex. 22, 25. vage d'Egypte, Nomb. 26, 29. Jos. 17, 1.
26. Deut. 24, 6. 10-12. 17. C'est tou 1 Chr. 2, 21. 7, 14. Ses enfants s'empa
j0urs l'intérêt du malheureux que le lé rèrent d'une contrée à l'est du Jourdain,
gislateur veut protéger. habitée par des Amorrhéens qu'ils dé
GAHAL, Jug. 9, 26., chef de famille possédèrent, et déjà nommée par Jacob
riche et puissant, hâbleur maladroit et Gal-Hed , monceau du témoignage ; ils
ambitieux, se mit à la tête des seigneurs l'appelèrent Galaad, du nom de leur père,
deSichem, révoltés contre Abimélec : on Nomb. 32, 39. Gen. 31, 47.
mange, on boit dans un temple de Si — 2° Contrée de Galaad. Ce nom est
chem , on s'encourage mutuellement à employé par anticipation dans l'histoire
faire bonne résistance, et Gahal, entre des patriarches, Gen. 31, 21.23.26.; il
deux vins, promet monts et merveilles. s'applique tantôt à la contrée elle-même,
Mais quand au lever du soleil, Abimélec, tantôt à la chaîne de montagnes qui s'y
averti par un traître, s'avance avec ses trouvait. Le pays de Galaad , au sud de
bandes,Gahal se laisse battre et disparaît. la vallée de Jabbok, et par conséquent au
GAHAZ, montagne de la Palestine, ap sud du pays de Basan et à l'est du Jour
partenant au plateau d'Ephraïm, non loin dain, est ordinairement distingué du pays
de Timnath-Sérah, où fut enseveli Jo de Basan, auquel il était du reste uni par
sué, Jos. 24, 30. Jug. 2,9. Des vallées du une assez grande conformité de nature,
même nom sont mentionnées 2 Sam. 23, Deut. 3, 10. 13. Jos. 12, 5. 13, 11. 17,
30. I Chr. 11, 32. 1. 2 Rois 10, 33. 1 Chr. 5, 16. Mich. 7,
GAIUS ou Caïus, 1° disciple de saint 14. Il semble désigner le pays de Gad,
Paul, macédonien d'origine, derbien de Jug. 5, 17., et en être distingué, 1 Sam.
naissance, Act. 19 , 29. 20, 4. Compa 13, 7. Cependant, d'après la plupart des
$mon de voyage de l'apôtre, il fut enlevé données que nous possédons, il paraît
par la foule, lors du tumulte d'Ephèse : que Galaad comprenait le territoire des
quelques mois plus tard il suivit Paul en tribus de Gad et de Ruben , et la partie
Asie avec Aristarque, Timothée et d'au méridionale de Manassé, Nomb. 32 , 26.
tres. —2° Disciple de Corinthe , un de 40. Deut. 3, 12. 13. Jos. 17, 1.6. cf. 12,
teux qui avaient été baptisés par Paul 2. 1 Chr. 6, 80. Ses villes principales
lui-même, 1 Cor. 1, 14.; c'est danssa mai étaient Ramoth, Jahzer et Jabès, qui
s0n que se tenaient les assemblées reli sont presque toujours suivies de la dési
gieuses, et Paul logeait chez lui, ainsi gnation de Galaad (cependant v. Nomb.
qu'on le voit par Rom. 16 , 23. (l'Epître 32, 1.). Sa surface forme une espèce de
aux Romains fut écrite de Corinthe). D'a- triangle de 8 à 10 lieues de côté : au
près Origène , ce serait le même qui fut nord, oùil est le plus large, il possède de
dans la suite pasteur de Thessalonique. belles forêts, un air pur et sain, des plai
-3° Disciple bien-aimé de l'apôtre Jean, nes fertiles et de gras pâturages ou pais
GAL 376 GAL

sent des troupeaux très estimés de bêtes ces de pins en couronnent les cimes. En
à corne et à laine; vers le sud, au con hiver, il y tombe beaucoup de neige. Dès
traire, la contrée se change en une cam l'antiquité la plus reculée, les gommes
pagne sans arbres, mais très fertile, sur odoriférantes de ces forêts de montagnes
laquelle s'élèvent un grand nombre de col étaient bien connues, et on les recher
lines crétacées , isolées et de forme ar chait aussi pour leurs propriétés médici
rondie. Toute cette région est si riche, nales; des caravanes arabes les transpor
les pâturages , en particulier, y sont si taient de Galaad par la plaine de Jizréhel,
bons, que de nos jours encore les Bé et le long des côtes de la Méditerranée, en
douins ont coutume de dire : Tu ne sau Egypte, où elles les échangeaient contre
rais trouver un pays comme le Belka du blé. D'après Eusèbe, le mont de Ga
(nom moderne de Galaad). Le baume et laad s'étendait depuis le Liban au nord,
jusqu'au pays de Sihon roi des Amor
les plantes aromatiques de Galaad étaient
renommés, Jér. 8 , 22. 46, 11.—Le nom rhéens, ce qui donnerait à la chaîne une
de Galaad paraît désigner aussi quelque longueur de 60 à 70 lieues. — Quelques
fois tout le pays au delà du Jourdain, uns ont cru, à cause de Jug. 7, 3., que
Deut. 34, 1. cf. 2 Rois 10, 33. Jug. 20, les montagnes de Galaad s'étendaient aus
1. Après l'exil le même nom continua si sur la rive droite, occidentale, du fleu
d'exister, mais il ne se donna plus qu'à ve; mais la traduction est fautive, il faut
la partie la plus méridionale de l'ancien lire : quiconque a peur, qu'il s'en aille dès
pays, aux frontières de l'Arabie : le nom le matin « de la montagne de Galaad, •
de Pérée le remplaça, et comprit une plus qu'il s'en éloigne : c'est de ce côté qu'é-
grande étendue de pays, quoiqu'il ne dé taient venus les Madianites, c'est vers ce
signât pas non plus toute la contrée au côté qu'ils devaient être repoussés, et
delà du Jourdain. La ville principale était ceux qui avaient peur n'avaient qu'à s'é-
Gadara.
loigner de ce but. Il est vrai que de nos
Les montagnes de Galaad, occupant jours on trouve encore à l'occident du
le nord du pays, étaient couvertes de Jourdain une chaîne de montagnes appe
riches prairies et de gras pâturages, lée Dschabl Dschelaad, ou Dscheland,
Deut. 3, 12. Abd. 19. Cant. 4, 1. 6, 5. mais l'identité n'est rien moins que dé
Jér. 50, 19. Elles s'étendaient au tra mOntrée.
vers des tribus de Gad et Ruben, et s'a- On a voulu conclure de Jug. 12, 7. Jér.
Vançaient même jusque dans celle de Ma 22, 6., et surtout Os. 6, 8., qu'il y avait
nassé : c'était une contrée montagneuse aussi une ville de Galaad ; mais les deux
comme les montagnes d'Ephraïm, sans premiers passages ne peuvent rien prou
être exclusivement une chaîne de monta ver, et celui d'Osée peut se traduire « Ga
gnes. Les sommets les plus élevés sont laad est comme une ville d'ouvriers d'ini
au nord-est; ils ont vue d'un côté sur la quité. » Le prophète le compare à une ville
plaine d'Hauran jusqu'à l'Hermon, de plutôt qu'à un pays, parce qu'une ville re
l'autre sur les montagnes de Sichem : c'est présente davantage un rassemblement
cette partie qui fut donnée à la moitié de d'hommes; les traces que l'on trouve en
la tribu de Manassé; elle est située vis-à- core de bourgs ou village nommés Dsche
vis des montagnes occupées par l'autre laad, sont insuffisantes.
moitié de la même tribu, Nomb. 32, 39. GALATIE, province montueuse et fer
40. Deut. 3, 15. Jos. 17, 1. Jug. 5, 17. tile de l'Asie-Mineure, bornée au nord
Le pays jusqu'au Jabbok est d'une telle par la Bithynie et la Paphlagonie, à l'o-
beauté, dit Braem, que l'Europe méridio rient par le Pont et la Cappadoce, au
nale possède bien peu de contrées qui midi par la Phrygie et la Cappadoce, à
puissent lui être comparées. Le climat y l'occident par la Phrygie et la Bithynie :
est excellent , les collines sont couvertes le beau fleuve Halys la séparait du Pont et
de vignes, et les montagnes des plus de la Cappadoce, et répandait une grande
belles forèts ; des chênes toujours verts fertilité sur ses rives. Les villes princi
croissent sur leurs flancs, et diverses espè pales étaient Ancyre, dont Auguste fit
GAL 377 GAL

la métropole, Gordium, Tavium et Pes qui y étaient attirés par le commerce ;


sinonte, villes commerçantes. Auguste y favorisa leur établissement, et
Quelques tribus gauloises, envahies même le provoqua par des mesures tout
par les Cimbres (Kymry) et les Bolg, à fait avantageuses.
émigrèrent, 594 av. C., sous les deux frè Les premiers missionnaires n'oubliè
resjumeaux, Sigovèse et Bellovèse, et se rent pas ces contrées parmi celles qu'ils
dirigèrent vers l'Italie sous les ordres du évangélisèrent, 1 Cor. 16, 1.1 Pier. 1, 1.;
premier, en Bohème et en Silésie sous le plusieurs églises prirent naissance, et
second. Alors, pendant trois siècles, eu Paul en fut le premier fondateur, Gal. 4,
rent lieu des émigrations périodiques des 13. 19. Act. 16, 6. Crescens lui succéda,
Galls, des Kymrys, des Bolgs et des Ger 2 Tim.4. 10. Quant à l'époque de la fon
mains vers l'Orient leur primitive patrie. dation , les commentateurs ne sont pas
lls touchent le Danube près de la Macé d'accord , Koppe et d'autres voient un
doiné, et s'allient à Alexandre, puis à sa premier voyage de l'apôtre en Galatie dans
mort fondent sur la Grèce et l'Asie; recru Act. 14, 6., ou il n'est parlé que des villes
lés de 300,000 hom. et dirigés par un de de la Lycaonie, Derbe et Lystre , Pline
leurs brenns (ou chefs, mot dont on a fait donne en effet ces villes à la Galatie, de
Brennus), ils s'étendent en Grèce, mais même que Dion Cassius; mais Luc les en
s0nt repoussés à Delphes et refoulés vers Sépare positivement, d'abord dans le pas
le Danube et les Gaules : trois hordes gal sage indiqué, puis 16, 1. 6. Les deux au
liques s'enfoncent dans l'Asie-Mineure , tres voyages seraient indiqués 16, 6. et 18,
0ll Nicomède roi de Bithynie les appelle 23. Mais la plupart des interprètes, no
contre Zypoétas son frère, 279, et leur tamment Hug, De Wette, et Neander n'ad
donne des terres; Attale Ier les défait et mettent que ces deux derniers voyages,
les repousse dans les limites du pays qui et rapportent en conséquence la fondation
prend le nom de Galatie, des Galls ou des églises de Galatie à Act. 16, 6.; on
Gaulois ses nouveaux habitants, 240 av. C. voit qu'il y eut alors déjà des conversions
Ils sont de nouveau défaits par Eumène Il, obtenues, puisqu'à son retour, 18, 23.,
roi de Pergame, puis en 189, par le con Paul s'occupa de fortifier les disciples. La
sul Manlius Vulso , qui leur laisse leur plupart d'entre eux étaient des païens
gouvernement particulier sous les yeux convertis, Gal. 4, 8. 10. 5, 4.; cependant
d'un tétrarque romain. L'an 26, la domi il y en avait avait aussi d'entre les Juifs,
nation romaine se fait sentir davantage et 5, 2. 6, 12. 13. Saint Paul nous les montre
donne un procurateur à la Galatie , Amyn comme heureux, zélés, instruits par l'é-
las, favori d'Antoine puis d'Auguste, vangélisation, et ayant recu Dieu, 4, 13
réunit à la Galatie proprement dite, la Pi 15. 18. 5, 7. 6, 1. 1, 13. 14. 6. 9., etc.
sidie, la Pamphylie et la Lycaonie : après Epitre. Elle fut provoquée comme l'in
sa mort, la Galatie n'est plus qu'une pro dique son contenu, par la conduite des
Vince romaine. Judaïsants qui ayant été battus en 52 à
Les habitants continuèrent de parler Jérusalem, irrités contre Paul, allèrent
longtemps la langue de leurs ancêtres, et partout sur ses traces le calomniant ;
Saint Jérôme trouve à leur dialecte beau Paul ayant appris à Ephèse les menées
c0up de rapports avec l'allemand des en de ses ennemis, écrivit aux Galates trou
virons de Trèves; ils apprirent cepen blés pour les avertir et les raffermir : on
dant aussi le grec, et furent à cause de voit par 1, 6., qu'il venait à peine de les
ce mélange, comme à cause de leurs ma quitter après sa seconde visite, et c'est
riages avec des habitants de la Grèce, ap pendant son séjour de deux ans à Ephèse,
pelés Gallo-grecs. Leur caractère gaulois Act. 19, 1., après son quatrième voyage
se modifia par le contact d'éléments plus à Jérusalem, qu'il faut placer l'envoi de
civilisés, ils élevèrent des temples, et cette lettre, Act. 19, l ., vers l'an 56 envi
leurs mœurs s'adoucirent. Outre les in ron (la subscription qui se trouve à la fin
digènes et les Galates, on trouvait encore de l'épître doit être effacée comme fausse,
dans cette province beaucoup de Juifs et comme l'ouvrage postérieur d'un iguo
GAL 378 GAL

rant, quoiqu'elle soit appuyée de saint de la tige est garni d'une ombelle à fleurs
Jérôme et de Théodoret). Saint Paul vou jaunes, lesquelles sont remplacées lors
lant répondre aux calomnies de ses ad qu'elle tombent, par des graines oblon
versaires, commence par l'exposé histo gues et cannelées, garnies de petites mem
rique de sa vocation (1 et 2), et prouve branes très fines sur leurs côtés. A quel
qu'il n'a pas été appelé par les hommes, que endroit que l'on coupe ou brise cette
ni de la part d'aucun homme, mais par plante, on voit sortir de la blessure un
Dieu directement; il s'humilie, mais re suc d'un très beau blanc laiteux ; pour se
lève sa mission, il raconte comment lui le procurer en plus grande abondance,
mème, quoique le plus jeune dans l'apo On entame le tronc au-dessus de la ra
stolat, bien loin de se laisser instruire cine à l'époque de la sève montante, et
par les autres, a été à même de les in l'on recueille cette gomme, que l'on con
struire et de les reprendre, et comment il serve dans des vases faits exprès. Elle
a dû censurer Pierre qui ne marchait est d'une saveur âcre et peu agréable,
pas de droit pied et qui en entraînait surtout quand elle est pure ; mais on
d'autres dans son hypocrisie ; la gran peut la mêler avantageusement avec d'au
deur de sa charge étant clairement éta tres parfums. Elle entrait dans la com
blie en réponse aux accusations des Ju position de l'encens sacré qui devait être
daïsants, il passe à l'édification directe ; brûlé sur l'autel d'or dans le lieu très
il expose le dogme de la justification par saint. .
la foi (3 et 4), il dit la valeur secondaire, GALILEE. 1o Ce nom se trouve déjà
temporaire de la loi, son harmonie avec dans l'Ancien Testament avant les temps
les promesses, l'actualité de la foi, sa de l'exil, Jos. 20, 7. 21, 32. 1 Rois 9, 11.
puissance, la filialité et la liberté de l'E- 2 Rois 15, 29. C'est proprement un nom
glise chrétienne. La partie morale com appellatif; il signifie cercle, district,
prend enfin les deux derniers chapitres quartier, et Esaïe 8, 23., parlant de la
(5 et 6), où Paul montre la toute puis Galilée des Gentils, désigne cette portion
sance de la liberté chrétienne et de la du pays, non-seulement qui était le plus
foi, la différence entre la vie selon la chair rapprochée du territoire païen, mais de
et la vie selon l'esprit. Le but de sa lettre laquelle les peuplades païennes n'avaient
est le rapport de la loi à l'Evangile, traité jamais été expulsées entièrement, c'est
polémiquement. à-dire le nord de la Palestine, la portion
L'authenticité de cette épître n'a jamais de la tribu de Nephthali la plus rappro
été révoquée en doute d'une manière un chée du territoire phénicien, celle dont
peu sérieuse. Un grand nombre de com Salomon donna vingt villes à Hiram, 1
mentateurs l'ont expliquée ; outre Cal Rois 9, 11., celle où se trouvaient Kédès
vin et Olshausen, nous ne citerons que et Haroseth des Gentils, Jos. 21, 32.Jug.
Schott, Usteri, et en français Sardinoux. 4, 2. 1 Chr. 6, 76. La Galilée d'alors n'é-
GALBANUM, (hébr. Hhelbna), Ex. 30, tait donc point ce qu'elle fut plus tard,
34. On le fait quelquefois dériver de elle n'était qu'un cercle sans autre nom
hheleb et laban, lait blanc, jus blanc, propre que celui des païens qui l'habi
gomme blanche, comme on sait que dans taient. — 2° Après l'exil, le nom de Gali
plusieurs langues le mot lait s'applique lée fut donné à l'une des quatre grandes
également au suc des plantes. (Lamina divisions de la terre des Juifs, la partie
mollis adhuc tenero est in lacte, quod septentrionale, comprise entre le Jour
intra est. Ovid.) Le galbanum est le suc dain et la Méditerranée, s'étendant au
épaissi d'une ombellifère, appelée meto sud-ouest jusqu'au promontoire de Car
pion, qui croît sur le mont Amanus en mel exclusivement, au sud-est jusqu'à
Syrie, de même que dans quelques par Scythopolis, au nord jusqu'à Tyr et à la
ties de l'Afrique et en Perse : elle a une Pérée. On la divisait en haute et baSSe
tige ligneuse qui s'élève à environ 3 mè Galilée : la Haute Galilée, qui renfermait
tres de hauteur, et qui est garnie de le territoire de l'ancienne Galilée ou Ga
feuilles à chaque articulation. Le sommet lilée des Gentils, était habitée par des
GAL 379 GAL

Phéniciens, des Syriens, des Arabes, et cratique pour pouvoir y trouver un con
même des Grecs : cf. Matth. 4, 15.; elle se tre-poids suffisant, et plusieurs passages
divisait en partie septentrionale, large du Nouveau Testament prouvent assez
chaîne de montagnes en Nephthali, Jos. combien ils étaient méprisés, Matth. 26,
20, 7. Jug. 4, 6., haute d'environ 1,000 69. Jean 1, 46. Act. 2, 7.8., au point que
mètres, calcaire avec quelque peu de ba les pharisiens en étaient venus à vouloir

salte, et partie méridionale, plus basse, cacher ou faire oublier l'origine galiléen
ornée de riches campagnes et de collines ne de quelques prophètes : Elie, Jonas,
verdoyantes; c'est là que se trouve la Nahum (?). Cependant notre Sauveur a
haute plaine de Zabulon qu'entoure une honoré cette contrée en prenant le nom
ceinture de collines; la végétation y est de Jésus de Nazareth, en y habitant, tan
pleine de force, les prairies sont semées tôt dans une ville, tantôt dans une autre,
de fleurs, surtout de cactus qui y attei à Capernaüm surtout, et en y choisissant
gnent une grosseur extraordinaire ; le la plupart de ses disciples ; les anges ap
sol en est maintenant jonché de ruines pelèrent aussi de ce nom, hommes gali
inconnues, et les prairies sont désertes. léens, les apôtres qui cherchaient à sui
La Basse Galilée comprenait les tribus vre dans les cieux le maître qui leur était
d'Aser, de Zabulon, de Nephthali et une enlevé, Act. 1, 11. Ce fut pour les habi
portion d'Issachar, depuis Tibériade jus tants de la Galilée l'accomplissement lit
qu'à Ptolémaïs, depuis la plaine deJizréhel téral de Es. 9,1-6.; ils virent se lever les
jusqu'à Béersébah. Le chemin de la mer, premiers la lumière du monde, parce que
Matth. 4, 15., traversait le milieu du pays. leurs ténèbres étant plus épaisses, ils ar
A l'époque où Jésus parut, la Galilée rivèrent aussi plus vite au sentiment de
comptait un nombre presque incroyable leur éloignement de Dieu. Ils servirent
de villes et de bourgs; au dire de Josèphe en même temps d'intermédiaire entre les
deux-cent-quatre villes et villages, dont Juifs et les païens, et préparèrent la
le moins considêrable avait 15,000 habi grande idée de l'unité religieuse et spi
tants, ce qui faisait une population d'au rituelle, que le christianisme a créée entre
moins 3 millions d'habitants. tous les enfants d'Adam ; ils accomplirent
Les Phéniciens en avaient toujours oc la prophétie de Moïse, Deut. 33, 18. 19.
cupé les côtes et quelques hautes vallées Les Galiléens passaient pour courageux,
du Liban ; ils purent librement s'établir inquiets, turbulents, Luc 13, 1.;c'est chez
dans les villes données à Hiram, et arri eux que prit naissance sous les auspices
vèrent sans doute en plus grand nombre de Judas le Galiléen, Act. 5, 37., la secte
encore lorsque Tiglath-Piléser eut con des Zélotes à laquelle avait appartenu
duit les légitimes possesseurs du pays en d'abord un des disciples de Jésus, Luc 6,
captivité, 2 Rois 15, 29.On y trouve main 15., et qui se caractérisait par un iné
tenant quelques rares habitants, mélange branlable amour d'indépendance, n'ayant
de Juifs, de Druses, de Maronites, de de dévouement que pour la patrie, ne
Motualis, d'Arabes et de Turcomans, qui reconnaissant que Dieu pour chefet pour
adorent pêle-mêle Astaroth, Mahomet, et maître. Judas prétendait que la taxe éta
les prophètes hébreux. | blie par les Romains et réglée par Quiri
Par suite de leur position qui les met- | nius à l'occasion du dénombrement, Luc
tait en contact fréquent avec les païens, | 2, 1. Act. 5, 37., était un nouvel escla
le langage des Galiléens s'était altéré, ils | vage, une servitude manifeste, à laquelle
parlaient un dialecte rude et lourd qui les Israélites devaient s'opposer de tou
les faisaient facilement reconnaître des tes leurs forces ; le peuple approuva ces
habitants de la Judée, Matth. 26, 73.; ils discours, on prit les armes, et cette pe
changeaient par exemple Alfaï en Chlofa, tite guerre domestique grandit bientôt
Alphée en Cléopas. Leur état religieux et et ne se termina qu'avec la ruine de Jé
moral laissait beaucoup à désirer; cor-rusalem et du temple : les habitants de la
rompus par le voisinage des Phéniciens, Galilée furent les plus fermes soutiens
ils étaient trop éloignés du centre théo- de cette révolte commencée par un des
GAL 380 GAM

leurs ; d'après Josèphe ils étaient en tous GAMALIEL (récompense de Dieu), 1°


points d'accord avec les pharisiens, et Nomb. 1, 10. 2,20.7, 54., chef de la tribu
n'en différaient que par leurs principes de Manassé, dans le désert. — 2° Phari
relativement à l'autorité de Dieu seul sur sien célèbre, que l'on croit avoir été fils
les hommes et surtout sur les Juifs. Cal du rabbin Siméon, et petit-fils de Hillel.
met pense que les Hérodiens sont les Il présida le sanhédrin sous Tibère, Caïus
mêmes que ces Zélotes ou Galiléens ; v. et Claude, mais pas Act. 5, 34., et doit
Hérodiens. être mort dix-huit ans après la destruc
Quelques auteurs, Calmet, Ligthfoot, tion de Jérusalem. Saul s'honore devant
Cellarius, combattus par Reland, Winer, les Juifs d'avoir été l'élève de ce grand
etc., estiment que la Galilée s'étendait en maître, Act. 22, 3., mais il le devança dans
cOre à l'orient du Jourdain ; mais leurs la vérité , et se déclara pour l'Evangile,
preuves nous paraissent peu solides et re lorsque Gamaliel se contentait d'accorder
posent plutôt sur des présomptions, et aux chrétiens et aux apôtres une protec
quelquefois sur des inexactitudes de tra tion de prudence et de politique. Les apô
duction ; les Septante, disent-ils, tradui tres ayant été appelés à paraître devant le
sent Basan par Galilée, Es. 33, 9,; Eusè conseil, comme les pharisiens grinçaient
be, in Es. 9, dit clairement que la Gali des dents, et ne s'occupaient qu'à cher
lée était au-delà du Jourdain ; Bethsaïda. cher un moyen de les faire mourir, Ga
ville galiléenne, était de même à l'orient ;maliel, honteux pour le corps dont il fai
enfin Judas le Galiléen était de Gaulon, sait partie, d'en voir les membres se mon
d'après Josèphe, c'est-à-dire encore d'au trer ainsi pleins de passion devant les
delà le Jourdain. Il vaut cependant la prévenus , demanda le huis-clos , et se
peine de peser ces arguments. prononça pour le laisser-faire : il s'ap
GALLIM, 1 Sam. 25, 44., village qui puya sur l'histoire, et proposa à ses col
paraît avoir appartenu à la tribu de Ben lègues ce dilemme : Si c'est l'œuvre de
jamin, Es. 10, 30. Eusèbe parle encore Dieu, vous ne la pourrez détruire, et pre
d'un bourg de ce nom près d'Hékron. nez garde même que vous ne soyez trou
GALLION, frère du philosophe L. An. vés faire la guerre à Dieu ; si c'est une
Sénèque, s'appelait d'abord Marcus An œuvre d'hommes, au contraire , elle se
naeus Novatus, mais ayant été adopté par détruira d'elle-mème , elle ne mérite pas
la famille du rhéteur L. Junius Gallio , il de votre part une si grande haine , et ne
prit le nom de sa nouvelle famille. Claude doit pas vous préoccuper si vivement. On
César le fit proconsul d'Achaïe, et Néron se contenta donc de les faire fouetter.—
le maintint dans sa dignité. Son frère lui Ce discours était-il celui d'un homme
dédia son traité sur la Colère, lui rendant qui s'achemine vers le christianisme, sans
en mème temps ce beau témoignage qu'il oser se prononcer encore, ou celui d'un
était le plus pacifique et le plus doux des homme qui cherche sa réputation dans la
hommes. Les Juifs de Corinthe voulu prudence , la sagesse et la modération ?
rent faire comparaître Paul devant son Cette dernière opinion se prouverait, se
siége judicial, mais comme l'apôtre ou lon quelques auteurs, par le fait que Ga
vrait la bouche pour se défendre, Gallion maliel a laissé persécuter l'Evangile par
ayant su qu'il ne s'agissait que d'une son disciple Saul, et n'a rien fait pour
question juive, refusa d'entendre la cau l'en empècher ; mais ce n'est qu'une as
se, et les laissa s'arranger entre eux. Les sertion : l'autre opinion nous paraîtrait
Grecs qui étaient présents, irrités contre pouvoir se justifier par la solennité des
ces importuns accusateurs, s'emparèrent paroles qu'il prononce : « Prenez garde
du principal d'entre eux, Sosthènes, chef que vous ne soyez trouvés faire la guerre
delasynagogue, et le frappèrent de coups, à Dieu. » On ne doute pas , dit Calmet,
sans que Gallion s'en mît en peine. Quel que Gamaliel n'ait embrassé la foi de Jé
ques années après, Gallion partagea la sus-Christ, mais on ne sait en quel temps
disgrâce de ses frères, et fut mis à mort il se convertit, ni par qui il fut baptisé.
avec eux par ordre de Néron. — Une vie de saint Etienne donnerait à
GAT 381 GAT

cette tradition quelque vraisemblance. sur l'autel et gardait le reste pour lui. v.
GANGRÈNE, 2Tim. 2,17. v. Maladies. Libations. - Le gâteau des jalousies que
GARlZlM, v. Guérizim. le prêtre devait offrir pour la femme soup
GASMU, Néh. 6, 6., le même que Gué çonnée d'adultère , Nomb. 5 , 15., devait
sem, 2, 19. 6, 1.2., Arabe, ou peut-être être fait avec la dixième partie d'un épha
Samaritain, se montra l'un des plus lâ de farine d'orge, sans huile ni encens; le
ches ennemis des Juifs au retour de l'exil, prêtre devait le tournoyer et en offrir une
joignit l'ironie à la calomnie contre ce poignée sur l'autel, v. 25 et 26. L'orge,
peuplemalheureux, et entra dans un com au lieu de fine farine, marquait l'humi
plot contre la vie de Néhémie. liation de la femme soupçonnée.
GATEAU. Outre les pains qui avaient GATH (pressoir). Une des cinq grandes
assez ordinairement la forme de gâteaux, villes des Philistins, Jos. 13, 3.1 Sam. 6.
les lsraélites avaient diverses espèces de 17. 21, 10. 27, 2.2 Sam. 1, 20., célèbre
gâteaux proprement dits, dont nous n'énu comme lieu de naissance et principale ha
mérerons pas les noms hébreux, et dont bitation de Goliath, 1 Sam. 17, 4. Elle fut
les nuances ne sont pas toujours bien con conquise par David au commencement de
|
mues. a) Gen. 18, 6. 19, 3.1 Rois 17, 13. son règne, 2 Sam. 8, 1. 1 Chr. 18, 1., et
Et. 4, 12., il s'agit de gâteaux cuits sous fortifiée par Roboam, 2 Chr. 1 1, 8. Le roi
la cendre, ou entre deux pierres brûlan de Gath, Akis, qui vivait sous Salomon,
tes; ils étaient faits quelquefois de fleur 1 Rois 2, 39., était probablement tribu
de farine, quelquefois d'orge. b) Des gâ taire du monarque hébreu, cf. 4, 24. Cette
leaux à l'huile cuits sur le gril , Lév. 2, ville tomba sous Joachaz entre les mains
7. c) Une espèce de pouding ou beignets, des Syriens, 2 Rois 12, 17. Joas en fit de
cuits dans la poéle, 2 Sam. 13, 6-8. d) nouveau la conquête, 2 Rois 13, 25.; puis
Des gâteaux cuits au four, arrosés d'huile, encore Hozias, 2 Chr. 26, 6., après qu'elle
etofferts d'ordinaire en sacrifices, 2 Sam. se fut un moment émancipée, Am. 6, 2.
# 6, 19. Ex. 29, 2. Lév. 2, 4. 7, 12. 8, 26. Elle recouvra de rechef sa liberté, Mich.
Nomb. 6, 15. e) Des beignets ou gâteaux 1, 10.; mais Ezéchias se la soumit encore,
lrès minces, rissolés, faits de fine farine et il paraît qu'elle fut dès lors pour long
et oints d'huile, Ex. 29, 2. Lév. 8, 26. temps assujettie. — Elle n'est pas com
1 Chr. 23, 29. f) Des gâteaux de miel, prise dans la distribution des villes que
Ex. 16,31., encore maintenant en usage; Josué donna aux tribus d'Israël, mais,
ce sont peut-être des gâteaux de cette d'après Josèphe, elle appartenait au ter
espèce qu'il faut voir dans les passages ritoire de Dan. Gath étant la plus méri
mal traduits, 2 Sam. 6, 19.1 Chr. 16, 3. dionale des villes des Philistins, comme
Cant. 2, 5. Os. 3.1., au lieu de flacons Hékron en était le plus septentrionale,
de vin; ce seraient des gâteaux de rai on disait de Gath à Hékron pour dire d'un
sins. g)Jér. 7, 18. 44,19., gâteaux offerts bout du pays à l'autre, 1 Sam. 7, 14. 17,
à la reine des cieux, et dont on ignore la 52. Au temps d'Eusèbe, c'était un gros
C0mposition. bourg à 5 milles d'Eleuthéropolis, sur la
La plupart de ces gâteaux étaient des route de Diospolis; les voyageurs mo
tinés à être offerts dans les temples, ils dernes n'en font pas mention.
appartenaient aux offrandes non sanglan 2° Gathépher (qui creuse le pressoir),
les, ou minhha, et remplaçaient pour les 2 Rois 14, 25., ou Guitta Hépher, Jos. 19,
pauvres des sacrifices d'une plus grande 13., dans la tribu de Zabulon, lieu de nais
Valeur, du moins pour ce qui regarde les sance de Jonas, à 2 milles de Sepphoris,
0ffrandes volontaires, car pour les sacri sur le chemin de Tibériade en Galilée.
fices d'obligation la loi ne permettait que
3° Gath Rimmon ; il y avait plusieurs
l'échange d'un animal contre un autre. villes de ce nom : a) Jos. 19, 45. 21, 24.,
cf. Lév. 14, 21. Les gâteaux devaient tou dans la tribu de Dan ; elle fut donnée aux
jours être salés et sans levain, cuits au Kéhathites; b) Jos. 21, 25., tribu de Ma
four et arrosés d'huile, Lév. 2, 4. 5. ; le nassé, donnée aux Kéhathites; c) 1 Chr.
prêtre en prenait ce qui devait être brûlé 6, 69., tribu d'Ephraïm, donnée aux Ké
GAZ 382 GAZ

hathites. Quelques auteurs pensent tou (Calmet), la petite, Majuma, qui était fort
tefois que c'est une seule et même ville, peuplée, et la grande, qui l'était moins ;
et regardent l'indication c) comme insuf d'autres ont dit que déserte doit s'enten
fisante, celle de b) comme faute de co dre dans le sens de démantelée, ayant
piste. La ville étant peu connue, il est perdu ses murs; c'est aller chercher bien
difficile de prononcer. - loin ce qu'on a sous la main; d'après le
GAZA (fort), une des cinq principales texte, le mot désert peut s'appliquer à la
villes des Philistins, Jos. 15, 47., à la route aussi bien qu'à la ville, et, d'après
frontière méridionale de Canaan, Gen. le sens, il le doit; une route nouvelle pou
10, 19., située sur une hauteur entre Ra vait avoir été construite, laissant l'autre
phia et Askélon, à 20 stades environ (4 moins fréquentée; c'est cette dernière que
kilom.) de la Méditerranée, à 5 stades suivait l'eunuque d'Ethiopie, et l'apôtre
d'Askélon, à 600 milles de Pétra en Ara devait l'y aller rejoindre.
bie (52° 24 long. 31° 37' lat.), et jouis GAZELLE, gentil animal qui est nom
sant d'un port distant seulement de 7 sta mé plusieurs fois dans la Bible comme
des. Sa situation avantageuse a été pour symbole de la grâce, Cant. 2, 9, 17.4.5.,
elle la cause de destinées bien variées et quelquefois de la légèreté à la course, 2
de diverses révolutions : elle passa suc Sam. 2, 18. 1 Chr. 12, 8., ou de la fuite
cessivement des Philistins aux Hébreux, rapide, Prov. 6, 5. Es. 13, 14. L'adjura
et des Hébreux aux Philistins. Josué la tion au nom de la gazelle ou du chevreuil
conquit et la donna à la tribu de Juda, est fréquente en Orient, Cant. 2, 7. 3, 5.
Jos. 15, 47. Jug. 1, 18., elle recouvra sa La gazelle proprement dite (hébr. tsebi,
liberté, à ce qu'il paraît, sous le règne de que nos versions traduisent ordinaire
Jotham ou d'Achaz, peut-être encore plus ment par daim), est l'antilope dorcas de
tôt, Jug. 3, 3. 16, 1. 1 Sam. 6, 17.2 Rois Linnée; c'est la plus commune; elle a un
18, 8. Am. 1, 6, 7. Soph, 2, 4. Zach. 9, 5., peu moins de 1 mètre de hauteur ; ses
puis fut reprise par Ezéchias, 2 Rois 18. cornes ont près de 30 centimètres de long,
Elle obéit encore aux Caldéens vainqueurs elles portent des anneaux entiers à leur
de la Syrie, et aux Perses, puis tomba au base, et ensuite des demi-anneaux jusqu'à
pouvoir d'Alexandre le Grand après une une petite distance de leur extrémité, qui
résistance de cinq mois. Elle ne fut dé est lisse et pointue ; ces anneaux, dont
truite que sous le roi juif Alexandre Jan On compte douze ou treize, marquent les
naeus, 96 ans av. C., après un siége d'un années de l'accroissement, les cornes sont
an : Gabinius, général romain, la releva, en outre sillonnées longitudinalement par
Auguste la donna à Hérode , après la mort de petites stries (Buffon); elles sont per
de celui-ci, elle fut aggrégée à la Syrie. manentes ; ces caractères appartiennent
D'après Méla, Eusèbe et saint Jérome, en prOpre aux gazelles : elles en ont d'au
c'était encore une ville très considérable tres en commun avec le chevreuil, et sur
et bien fortifiée au temps de l'empereur tout avec la chèvre, dont la gazelle est une
Claude. Maintenant elle est sans muraille, variété : le poil est brun clair, tirant sur
et ne compte que 2,000 habitants. le blanc vers le ventre, aux pieds et sur
Al'époque dont il est parlé, Act. 8,26., le haut des cuisses; les oreilles, d'un
Gaza n'était point déserte, quoiqu'un gris cendré, sont longues de 18 centim.;
grand nombre de ses habitants l'eussent les yeux, d'un noir brillant, sont grands et
abandonnée : plusieurs essais ont été faits pleins de feu ; la queue, de 30 centim. de
pour expliquer ce qui paraît être une in long à peu près, est redressée; les jambes
exactitude de l'historien , on a dit que ces sont fortes et solides, capables de faire
mots sont une addition de lui, une dé des bonds de 2 à 3 mètres, et d'une vitesse
termination qu'il ajoute aux discours de incroyable. Cet animal se trouve en Syrie,
l'ange, et qui se trouvait être vraie au en Mésopotamie et dans les autres pro
moment où Luc écrivait, tandis qu'elle ne vinces du Levant, aussi bien qu'en Bar
l'était pas à l'époque où la scène se passa; barie et dans les parties septentrionales
on a voulu distinguer encore deux Gaza de l'Afrique; il vit par troupeaux de cen
GAZ 383 GEA

taines et de milliers. Les Orientaux et en effet : leur bois solide et plein tombe
principalement les poètes, l'ont pris en chaque année.
grande affection, et ne manquent jamais GEANTS. Tous les peuples tiennent à
de lui donner une place dans leurs vers, honneur d'avoir eu leurs géants, et ren
quand ils célèbrent les belles et l'amour. dent témoignage par leur accord à l'exis
La chair de la gazelle est d'un goût agréa tence d'hommes d'une taille considéra
ble; la loi de Moïse en avait autorisé l'u- blement au-dessus de la taille Ordinaire
sage comme viande pure, Deut. 12, 15. actuelle. Depuis les géants d'Homère,
22. 14, 5. 1 Rois 4, 23. Othus, Ephialte, les Cyclopes et les Ti
Le nombre des espèces de gazelles est tans, jusqu'aux héros du Mexique et du
fort considérable, Buffon en comptait déjà Pérou, aux genoux desquels atteignaient
treile : outre la tsebi, l'Ecriture parle en à peine la plupart des hommes de leur
c0re de plusieurs autres, qu'il n'est pas temps, il y a large place pour bien d'au
p0ssible de déterminer; le dischon, Deut. tres géants encore, et l'on en connaît de
14, 5., que nos versions rendent par che toutes les mesures, depuis 10 pieds jus
Vreuil (Septante et Vulgate, pygargue), le qu'à 60, 400, et même au delà : l'Inde
même probablement que le strepsicore et en connaît même qui avaient plusieurs
l'addace des anciens, et que le lidmée des lieues de hauteur. Quoi qu'il en soit, de
Africains. Le nom de pygargue signifie tous les contes qui ont été recueillis, et
Cul-blanc, et l'animal indiqué serait re qui se trouvent soigneusement consignés
marquable par ce signe, comme aussi par dans Calmet, y compris une dent de 15 li
des taches cendrées sur les côtes. D'après vres et un crâne qui contenait 15 bois
BuffQn, ce serait l'algazel ou pasan, dit la seaux de blé , il est incontestable non
gatelle d'Egypte, que les traducteurs des seulement qu'il y a eu des géants, mais
Septante étaient en effet bien à même de même qu'il a existé des races, des fa
C0nnaître : elle est beaucoup plus grande milles de géants , et qu'en général les
que la précédente et a le col rouge. hommes des premiers siècles de notre
Le tho ou theo, Deut. 14, 5. Es. 51, 20., monde étaient bien plus grands qu'ils ne
traduit par bœuf sauvage : quelques-uns le sont aujourd'hui, sans toutefois qu'on
l'entendent du buffalo; mais Aben Ezra puisse établir pour la taille le même
aSSure qu'aucune espèce de bœuf sauvage rapport qui existe entre l'ancienne et la
Ile se trouve en Palestine. Il paraît plus nouvelle longévité. Certains restes co
probable qu'il faut l'entendre, avec saint lossals d'animaux qu'on trouve à la sur
Jerôme, de l'oryx des Grecs, ou chèvre face de la terre autorisent à croire qu'il
Sauvage (le bekkar el wash du Dr Schaw); existait une race d'hommes proportion
l'oryx habite les solitudes de l'Afrique et née; et plusieurs monuments d'architec
les confins de l'Egypte, et l'on peut com ture sauvage, qu'on retrouve dans diffé
prendre aisément qu'il se soit jeté quel rents pays, sont évidemment l'ouvrage
quefois dans les déserts qui entourent d'hommes d'une taille et d'une force pro
Canaan; d'ailleurs les Israélites auront digieuses.
pu apprendre à le connaître pendant leur Il est parlé de géants avant le déluge,
séjour en Egypte. Gen. 6, 4.; mais on peut croire que l'i-
Quant au zémer, v. Chameaupard; pour dée fondamentale qui s'attache à ce mot
acko et yael, v. Chamois et Cerf. dans ce passage n'est pas celle de la gran
Le yachmour, Deut. 14, 5.1 Rois 4, deur corporelle, et qu'il faut, comme or
23., traduit par buffle, par bubalus, dans dinairement en hébreu, s'attacher au Sens
les Septante et la Vulgate, est peut-être moral : la traduction littérale du mot ne
l'antilope bubalis, animal au poilroux, du philim, rendu par géants , est « les dé
genre de la gazelle, qui se trouve en Syrie chus » (selon la tradition rabbinique les
et sur les bords de l'Euphrate; on nepeut géants étaient tombés du ciel), « les ré
du reste pas le déterminer; quelques-uns prouvés » ; d'après Schroeder, « les as
pensent au daim, et s'appuient sur l'ana saillants » (ceux qui tombent sur). La ma
logie de l'arabe, qui est assez concluante nière dont il est parlé de ces géants dans
GEA 384 GED

le contexte semble indiquer qu'ils étaient au temps de Moïse tout le pays depuis
issus des fils de Dieu et des filles des Hébron jusqu'aux montagnes de Juda et
hommes (v. Enfants); du moins on peut d'Israël, Jos. 11, 21. Quoique vaincus et
l'entendre ainsi , comme on peut égale chassés, plusieurs d'entre eux reparurent
ment ne voir dans l'indication de Moïse plus tard dans l'histoire des Hébreux, v.
qu'une parenthèse : si les géants sont Goliath, 1 Sam. 17, 4.1 Chr. 20, 4.6.8.;
identiques avec les puissants hommes de mais ils se maintinrent toujours dans les
renom, il y a plus d'unité dans la phrase, quartiers des Philistins, à Gaza, Gath,
mais il serait singulier que le mariage Azot, etc. Jos. 11, 22.
des fils de Dieu avec les filles des hommes On peut voir, par la comparaison de
n'eût produit que des géants, et l'on se l'Ecriture sainte avec les ouvrages pro
rait presque forcé, par cette supposition, fanes, combien la première se distingue
d'admettre chez les fils de Dieu quelque par sa sobriété et toute absence d'exa
chose de surnaturel, de les regarder com gération dans ce qu'elle rapporte des
me des êtres différents des hommes. Le géants ; elle se distingue encore en ce
plus simple nous paraît, en conséquence, qu'elle signale comme une monstruosité,
de regarder comme incidente la mention une dégénérescence, un fruit du péché
des géants, de ne voir dans les fils de Dieu (l'union des Séthites et des Caïnites), ce
que des membres de la famille de Seth, que les païens regardaient comme une
se détournant de la vérité et du culte du gloire ; cf. Odyss. 10, 119, suiv., Aeneid.
vrai Dieu pour suivre les idoles et s'a- 12.900. Juvénal 15, 69. Pline 7, 16. Au
bandonner aux passions de la chair, et les gustin., De Civit. 15, 9. etc.
hommes célèbres et puissants seraient les GEDEON (destructeur), Jug. 6-8; ou
fils de ces mariages, qui auraient eu une Jérubbahal, le cinquième des Juges d'Is
influence d'autant plus considérable qu'ils raël (1245 av. C), délivra son peuple de
appartenaient à des familles différentes, l'oppression des Madianites. Ce chef, de
à la race de Seth par leurs pères, à celle la tribu de Manassé, battait le grain à
de Caïn par leurs mères. Suivant Schroe Hophra avec son père, lorsque l'ange de
der, le fait significatif de ce passage se l'Eternel lui apparut et lui annonça que
rait, non point l'existence de géants (il y Dieu l'avait choisi pour juge. ll dut com
en avait déjà), mais leur production, leur mencer par détruire dans sa propre mai
naissance dans la famille de Seth. son toutes les traces de l'idolâtrie qui
L'Ecriture mentionne encOre cOmme avait envahi
le pays. Les tribus de Ma
races géantes les Réphaïms et les Hana nassé, de Zabulon, d'Aser et de Neph
kins. Les Réphaïms (q. v. ) habitaient, thali, se réunissent sous ses ordres au
avant l'arrivée des Israélites, les contrées nombre de 32,000 hommes contre une
transjourdaines de la Palestine; Hog, roi armée innombrable ; mais l'armée d'Is
de Basan, était un dernier reste de cette raël est trop nombreuse encore, et sur
famille; il fut vaincu par lsraël, Deut. 3,
une proclamation de Jéhovah qui permet
3. 11. cf. Jos. 12, 4. 13, 12. : les Emins,
à tous ceux qui sont timides de s'en re
qui partageaient avec les Réphaïms une tourner, cf. Deut. 20, 1-8., 22,000 quil
commune origine, habitaient le pays qui tent les rangs et s'en vont; 10,000 hom
fut plus tard celui de Moab, Deut. 2, 10.,mes restaient; c'était peu, pour Dieu c'é-
et les Zamzummins, le pays de Hammon, tait trop encore ; une nouvelle épreuve
2, 20. Les Hanakins, ou fils de Hanak, fut ordonnée, et la petite armée fut ré
Nomb. 13, 33. Deut. 9, 2., étaient si duite à 300 hommes seulement : Gédéon
grands, que les espions d'Israël déclarè les divisa en trois bandes, et ne leur
rent qu'ils n'étaient que des sauterelles donna d'autres armes qu'une trompette
auprès d'eux (on peut croire que la peur et un flambeau ; puis, au milieu de la
entrait pour quelque chose dans l'hyper nuit, ils fondent sur le camp des Madia
bole) : leur stature était devenue prover mites qui s'enfuient et s'entre-tuent ; ils
biale, et servait de mesure de comparai passent le fleuve, où plusieurs périssent
son, Deut. 2, 10.11. 21. Ils occupaient sous les coups des Ephraïmites; Gédéon
GEN 385 , GEN

poursuit jusqu'à Hobah les 15,000 hom Jourdain qui le traversent dans sa lon
mes qui restent, les défait entièrement, gueur; elles ne sont troublées que lors
et venge sur les deux chefs Zébah et que des Ouragans sortant subitement des
Tsalmunah ses frères égorgés par ces gorges des montagnes, menacent les navi
princes. Les Israélites lui offrent, à lui gateurs. ll était jadis sillonné par un
et à ses enfants après lui, la couronne grand nombre de bateaux , et comme il
royale, mais il la refuse et se borne à ré est très poissonneux , la pêche était une
p0ndre : Que l'Eternel règne sur vous. occupation importante pour les habitants
Un nuage ternit la gloire de sa victoire : de ses bords, Matth. 4, 18. Luc. 5, 4.
des dépouilles ennemies qui s'élevaient à Jean 1, 44. 21, 3. La contrée est d'une
1,500 livres d'or, il fait une image qu'il merveilleuse beauté ; le climat de ce bas
recouvre de l'éphod ; il veut rappeler au sin profond dont la chaleur est tempérée
peuple les gratuités de l'Eternel, et il par la fraîcheur des eaux, y produisait
sanctionne par son action même l'idolâ une végétation aussi abondante que va
trie ru'il veut condamner : le nom de Jé riée ; les fruits de divers climats y crois
rubbéseth qu'il reçut plus tard, 2 Sam. 11,saient non loin les uns des autres, les dat
21., et qui signifie « il a combattu pour tiers des tropiques près des arbres d'une
la honte » se rapporte peut-être à cette zone plus tempérée : on y trouvait réunis
faute. Le reste de sa vie fut paisible, il la vigne, le citronnier, l'oranger, et le fi
eut soixante-dix fils, et mourut dans un guier, qui mûrissaient sans interruption,
âge fort avancé. —v. pour les détails mes pendant six mois de l'année. Aussi les
Juges d'Isr., p. 49-60. L'histoire profane mahométans en faisaient-ils avec Damas,
semble avoir conservé le nom de Gé Samarcande, et une contrée voisine de
déon.Sanchoniathon, qui vivait à la même Bagdad, un de leurs paradis terrestres. A
époque à peu près, doit s'être servi pour l'est s'élèvent hors du lac des rochers ba
la composition de son histoire, de docu saltiques, et de sombres montagnes qui
ments qui lui auraient été fournis par se terminent en sommets arrondis ; à
Jèrombal (Jérubbahal), prêtre de Jao (Jé l'ouest le terrain s'élève par des gradins
hovah). — Serm. de Gaussen. ou des vallées étagées jusqu'à la hauteur
GEHENNE, v. Hinnom. du plateau; cette côte occidentale était ja
GÉNÉALOGIES, v. Jésus et Tribu. dis couverte d'un grand nombre de villes
GÉNÉSARETH , lac de Génésareth, et de bourgades populeuses : aujourd'hui
Luc 5, 1. mer de Tibériade, Jean 21, 1. ses rives sont presque désertes, et l'on
appelée aussi mer de Galilée, Jean 6, 1., n'y trouve pas même un bateau.
et dans l'Ancien Testament mer de Kin Le voyageur Russegger (1838) re
néreth, Jos. 13, 27. Nomb. 34, 11., ou de garde sa course au lac de Génésareth
Kinnaroth, Jos. 11, 2. 12, 3. Cette belle comme une des plus intéressantes qu'il
nappe d'eau que Ritter et Tholuck com ait faites en Palestine ; et trouva, dit-il,
parent au lac de Genève pour la pureté de dans la magnificence de cette vue une
ses eaux et la richesse de ses bords, que compensation plus que suffisante aux fa
d'autres comparent à la partie septentrio tigues de cette excursion ajoutée à tant
male du lac Majeur, à cause de sa majesté d'autres. Il a calculé, par l'emploi du ba
sauvage jointe aux beautés d'une nature romètre , que la surface de ce lac devait
douce et riante, est située dans un profond être de 625 pieds (203 mètres)au-dessous
bassin entre deux plateaux de montagnes ; du niveau de la Méditerranée; Schubert
de forme à peu près ovale, allongé du n'avait compté qu'une différence de 535
nord au midi, il a environ 140 stades de pieds (162 mètres) entre les deux niveaux.
longueur sur 40 de largeur d'après Jo L'Ancien Testament fait mention de
sèphe, 30 kilom. sur 8 ou 9; les estima ce lac comme d'une frontière, Nomb. 34,
tions modernes lui donnent à peu près la 11., etc. Les faits qui s'y sont passés au
méme étendue. Ses eaux bleues, profon temps de notre Seigneur, le rendent par
des, douces et transparentes, sont cons ticulièrement cheraux chrétiens; v. Matth.
tamment renouvelées par les flots du 4, 18-22.; 8, 23-27.; 11, 20-24.; 14, 24
I. 25
GEN 386 GEN

33. Marc 4, 36-41.; 6, 31. 56.; Luc 5, 1 cles de ce respect qu'exigent les livres
11, 8, 23-25. Jean 6, 18-21.; 21, etc. de Dieu, et que l'on accorde générale
Quant à la ville de Kinnéreth qui ap ment à ces vieux monuments d'une ère
partenait à la tribu de Nephthali, Jos. 19, qui n'est plus, lorsque dans la moitié du
35., on pense que c'est la même que Ti siècle passé un médecin hollandais nommé
bériade, q. v. Astruc, sans doute malheureux dans
GENESE, le premier livre de la Bible l'exercice de son art, eut l'idée de consa
en général, et du Pentateuque en parti crer ses loisirs à démolir ce qui était sa
culier; il s'appelle en hébreu Bereshith cré en théologie, et tomba sur la Genèse,
(au commencement), selon les mots par dont il révoqua en doute l'authenticité
lesquels il commence, et en grec Gene et l'intégrité (Bruxelles, 1753). Son livre,
sis (origine, naissance), nom tiré de son intitulé : « Conjectures sur les mémoires
contenu. L'auteur en est Moïse selon l'an originaux dont il paraît que Moïse se ser
cienne tradition, et d'après les traces qui vit pour composer le livre de la Genèse,»
se trouvent dans le Pentateuque lui réussit auprès de certains théologiens
même. Le but du livre est d'exposer l'o- qui en adoptèrent et en développèrent les
rigine du peuple de Dieu, en la rattachant idées, Eichhorn, Ilgen (1798), puis Vater
à l'origine du monde. La Genèse est une (1801-1805), De Wette, Gramberg (1828).
introduction, une tête nécessaire à l'intel Même l'idée se développa et s'étendit sous
ligence des autres livres de la Bible, qui, le marteau ; selon ces auteurs d'hypothè
sans elle, seraient un acéphale. — Après ses, non seulement le contenu de la Ge
nous avoir donné sur la création quelques nése serait tiré de deux anciens docu•
idées claires, précises et succinctes (v. cet ments, mais dans sa forme actuelle ce li
article), la Genèse nous dit le commence vre ne serait pas même le travail d'un ré
ment de la vie sur la terre, le premier dacteur unique qui aurait composé son
homme et le premier péché, la première ouvrage suivant un plan prémédité ; ce
famille et la première dispersion, la pre serait un recueil de morceaux , d'an
mière chute et la première promesse. Elle ciennes traditions mal arrangées et aug
pose les jalons de l'histoire du genre hu mentées par la fantaisie des narrateurs.
main pendant les vingt premiers siècles Il n'appartient pas à notre plan d'entrer
(Gen. 1-11,) en nous faisant suivre les dans des détails sur cette controverse,
traces des idées théocratiques et des ré mais nous devons au moins en indiquer
vélations divines, jusqu'au moment où les éléments.
elle vient à s'occuper d'une manière plus L'hypothèse du morcellement repose:a)
particulière de la famille d'Héber et de sur ce qu'il y a dans la Genèse plusieurs
son illustre descendant Abraham(11-50,). relations d'un seul fait, par exemple 12,
Elle raconte alors l'histoire des trois 10-20. 20, 1. sq. 26, 6-12.; mais il ressort
grands patriarches Abraham, Isaac, Ja du texte même que ce sont des faits tout
cob ; elle est plus circonstanciée sur la différents ; b) sur ce que l'origine d'un
vie de Joseph, et sur ses destinées qui même nom est racontée de différentes
sont d'une grande importance pour l'his manières, le nom d'Isaac, 17, 17. 19. 18,
toire de la théocratie. Elle finit en rappor 12-15.21, 3.6., celui de Béer-sébah, 21,
tant les paroles de bénédiction adressées 30. 31. 26, 33., de Béthel, 28, 19. 35,
par Jacob mourant à ses fils, l'ensevelis 15.; mais de ce qu'un même nom a pu se
sement de ce patriarche et la mort de Jo trouver vrai dans plusieurs sens, il n'en
seph. - Quant à la langue, c'est l'hébreu résulte pas la nécessité de penser à deux
le plus pur et le plus uni, avec quelques récits dont l'un exclurait l'autre ; c) sur
archaïsmes témoins de l'antiquité du livre; ce qu'il y a de fréquentes répétitions ;
il peut être regardé comme la base et le mais c'est dans le style oriental, et d'ail
modèle de la formation de cette langue leurs l'objection n'aurait de force que si
sainte, dans tous les autres livres du code les mêmes faits étaient racontés chaque
Sacré. fois sans des détails nouveaux , dans la
La Genèse avait joui dans tous les siè même connexion, tandis que c'est le con
GEN 387 GEN

traire qui a lieu ; la répétition se justifie 6-9, et surtout celle de la création, 1-3,
d'elle-même par le but du narrateur, et qui semble prêter le plus à l'hypothèse et
elle ne porte que sur des faits importants. même lui avoir donné naissance : elle se
d) ll y a des morceaux isolés et décou divise en deux parties, 1-2, 3. et 2, 4.-3,
sus; mais dans un récit aussi succinct les 1. La première est le récit général : l'au
transitions seraient souvent des hors teur nous fait connaître l'origine du mon
d'œuvre, l'antiquité du livre et son carac de, il énumère les créatures, il nomme le
tère oriental ne les auraient pas suppor créateur, c'est Elohim; dans la seconde,
tées. e) On s'appuie enfin sur la présence l'auteur reprend son sujet, mais sous le
de certains titres comme indiquant le point de vue spécial de l'homme considéré
commencement de nouvelles péricopes; comme être moral : c'est là qu'il est ques
ainsi 5, 1. 6, 9.10, 1. sq. 25, 12. etc. Mais tion du péché, de la loi, du jugement, de
ces titres, qui sont en quelque sorte des l'Evangile qui sauve : c'est alors Jéhovah
sommaires de chapitres, indiqueraient qui paraît, c'est l'Eternel; le nom de Dieu
plutôt le contraire; ils servent de transi lui est joint pour bien montrer qu'il ne
tions naturelles, et indiquent le plan de s'agit pas d'un autre Dieu, mais du même
l'auteur et le soin avec lequel il coor considéré sous un autre point de vue,
donne ses généalogies. précaution bien nécessaire dans un temps
L'hypothèse des deux documents re où l'on pouvait être porté à croire à une i,
pose sur la manière dont les noms de pluralité de dieux. — Voilà tout le secret
Dieu et de l'Eternel sont employés (Elo de l'emploi alternatif de ces deux noms,
"him et Jéhovah); les inventeurs de l'idée non pas seulement dans des morceaux
pensent que le rédacteur s'est servi de différents, mais aussi dans un même mor
deux sources ou documents, dont l'un ceau, et c'est faute d'avoir compris leur
aurait tout rapporté à Dieu, l'autre tout à grandeur et leur signification qu'on en
l'Eternel. Si l'on y fait attention, l'on est venu à la supposition de deux docu
trouvera qu'en effet il y a des chapitres, ments primitifs. Cette hypothèse, déjà
0ufragments de chapitres, dans lesquels bien ébranlée, tombera comme est tom
l'un des deux noms est employé à l'exclu bée celle d'un Evangile primitif qu'on
sion de l'autre, quelquefois aussi les deux défendait il y a quelques années encore
noms concurremment. Remarquons d'a- avec tant de suffisance. — v. Umbreit,
bord que si l'on veut conclure quelque Theol. Stud. und Kritik, 1831, p. 412,
chose, il faudra appliquer la même con Ranke, Recherches sur le Pentateuque,
clusion à l'AncienTestament presque tout Haevernick, Introd. à l'Ancien Testament,
entier, où les noms de Dieu et de l'Eternel et l'excellent Commentaire de F. W. J.
sont alternativement employés : qu'on lise Schrœder (Das erste Buch Moses, ausge
par exemple le prophète Jonas, on y trou legt, Berlin 1486), dont on annonce une
Vera la même observation justifiée, et ce traduction française par M. le pasteur
pendant personne n'osera ou n'a osé faire Bastie; cet ouvrage a démontré, selon
de ce petit livre une mosaïque composée nous d'une manière évidente, l'unité du
de divers documents. Mais une explication livre et du narrateur.
très simple et tirée de l'observation don GENET, genièvre, genévrier. 1° Le
nera la clé de l'emploi de ces deux noms, mot hébreu rothem se trouve 1 Rois 19,
dans la Genèse comme ailleurs : c'est que 4. 5. Job 30, 4. Ps. 120, 4, et les Septante
le nom de Dieu, Elohim, s'applique pres l'ont traduit de quatre manières diffé
que partout au Créateur, juge de l'uni rentes, ce qui prouve qu'ils n'avaient pas
vers, maître de la race humaine, dans ses une connaissance bien claire et précise de
rapports avec le monde ; l'Eternel, Jého l'arbre indiqué : Josèphe lui-même, en
vah, au contraire, est le Dieu de son parlant de l'arbre sous lequel s'assit Elie
peuple, le père de ses enfants, le Sauveur dans le désert, 1 Rois 19, se borne à dire :
qui se manifeste. On peut lire, en prenant « sous un certain arbre. » Jérôme, d'a-
garde à cette distinction, l'histoire du sa près Aquila, l'a traduit par genévrier, le
crifice d'Isaac, 22, 1., celle du déluge, syriaque par térébinthe, et le caldéen par
GE0 388 G0G

genêt : nos versions ont conservé genêt 40, 31., pour se convaincre combien
dans le passage des Rois et ont mis gené étaient exactes, justes et conformes aux
vrier dans les deux autres ; il est très vérités découvertes seulement plus tard,
difficile de décider ; Calmet pense qu'il les doctrines des prophètes juifs sur ce
faut l'entendre d'une manière générale de point. Quant à la géographie mème, les
tout arbuste sauvage; Winer penche pour Hébreux ne connurent d'abord que les
le genêt d'après l'analogie de l'arabe ra pays qui les entouraient de plus près ou
tam (cf. l'espagnol retama, venu des avec lesquels ils avaient des rapports ré
Maures). Le genêt, genista rœtem, est un guliers, la Syrie, l'Egypte, l'Arabie, la
arbuste peu considérable des plaines de Phénicie : peu à peu, naturellement, ce
l'Arabie, avec des rameaux petits, can cercle s'agrandit par les relations d'Israël
nelés, opposés, feuilles simples, fleurs avec l'Assyrie, la Médie et la Babylonie ;
blanches, fruit en cosse, allongé, avec ils connurent, par ouï-dire sans doute,
deux rangs de graines. La racine est ex peut-être par les Phéniciens, l'existence
traordinairement amère et ne peut servir de contrées et d'îles plus éloignées à
de nourriture qu'en cas d'extrême be l'est, et même au nord de l'Asie, Gog et
soin; la fin de Job 30, 4. peut se traduire, Magog, cf. Ez. 27, Jér. 51, 27. La disper
ou bien comme nos Bibles l'ont rendu sion augmenta leurs connaissances, et l'on
« pour se chauffer, » ou bien « la racine peut croire qu'ils connurent tout l'ancien
des genêts pour leur pain (nourriture); » monde, tel du moins que le connaissaient
cette dernière traduction est favorisée les anciens eux-mêmes, surtout la Grèce
par le contexte. Le genêt servait aussi et l'Italie. Ils regardaient Jérusaleſh
comme moyen de chauffage , il donnait comme le centre du monde connu, Ez. 5,
des charbons très ardents et d'une com 5. 38, 12.
bustion lente et durable; la langue du GERBOISE, v. Saphan.
méchant leur est comparée pour ses ef GERGESENIENS, v. Gadara.
fets désastreux, difficiles à réparer, Ps. GETHSEMANE , village ou jardin sur
120, 4. Grèle et sec, cet arbuste donne le penchant occidental du mont des Oli
peu d'ombre, toutefois on sait encore viers : c'est là que notre Sauveur lutta
l'apprécier sous ce rapport dans les landes pour nous contre la mort, Matth. 26, 36
de sa patrie, et le prophète fuyant les fu 50. Marc 14, 32-52. ; il avait l'habitude
reurs de Jésabel, recherche dans le dé de s'y rendre, Jean 18, 2., et Judas ls
sert son ombrage protecteur, 1 Rois 19, cariot, qui connaissait cette sainte retraite,
4. — 2o Genêt, employé dans le sens de y conduisit la troupe qui devait s'emparer
coursier par quelques-unes de nos ver de son maître. Jésus suait des grumeaux
sions, 1 Rois, 4, 28, est un vieux mot de sang en attendant l'heure fatale, et un
français que Martin a trouvé bon pour ange vint des cieux pour le fortifier, Luc
éviter de répéter deux fois dans un ver 22, 39-53. Un mur élevé désigne et en
set le mot cheval. toure ce lieu, Où sont encore huit oliviers
GÉOGRAPHlE. Les Hébreux n'avaient d'une extrême vieillesse, et qui portent le
des idées ni bien claires, ni bien étendues nom de Dschesmanije. Géthsémané signi
sur la configuration de la terre et sur les fie pressoir à olives (selon quelques-uns
pays dont elle était couverte. Ils étaient champ d'olives, selon d'autres encore,
cependant bien plus avancés que tous les pressoir des signaux ?).
peuples de l'antiquité sur la grandeur et GIRAFE, v. Chameaupard.
sur la forme de notre globe. Gesenius a GOB, ville ou plaine dans laquelle les
voulu conclure de Es. 11, 12. qu'ils se fi Israélites eurent deux combats à soutenir
guraient la terre carrée, mais il n'est pas contre les Philistins, 2 Sam. 21, 18.19.
nécessaire d'une supposition semblable Elle est appelée Guéser dans le passage
pour comprendre une expression que nous parallèle, 1 Chr. 20, 4., peut-êtrepar er
pourrions employer nous-mêmes.On peut l'eul'.
comparer d'ailleurs les passages tels que GOG, roi de Magog, q. v., Ez. 38, 2.
Ez. 5, 5. Prov. 8, 27. Job. 26, 7.10. Es. 39, 1.
G0L 389 G0M

G0JIM ou Goyim. Ce nom signifie en de l'Eternel, mais la victoire ne resta pas


hébreu les peuples, les nations, par con un instant indécise, et un caillou lancé
séquent, pour les Juifs, les païens. C'est par une fronde habile renversa le géant,
encore de ce nom qu'ils appellent aujour frappé au front. Le vainqueur lui tran
d'hui tous les peuples de la terre qui ne cha la tête comme les anciens faisaient à
descendent pas d'Abraham par Isaac et leurs ennemis vaincus, Hérod. 4, 6. Xé
lacob. Une des peuplades païennes chas noph., Anab. 5, 4.17.-On a vu, à l'arti
sées par les Israélites portait ce nom, et cle Géants, que de pareilles races n'étaient
s0n roi demeurait à Guilgal, q. v., Jos. point rares dans les anciens temps, et
12, 23. C'est peut-être la même qui est que si la fable a un peu exagéré, le fait
indiquée Gen. 14, 1. , et qui était gou n'en reste pas moins vrai : quant à la
Vernée par Tidhal, roi des nations ou des stature de Goliath, cependant, nous ne
Goyim. —v. aussi Galilée. pouvons rien préciser; elle était de six
GOLAN, ville libre et sacerdotale, si coudées et une paume, est-il dit; et en
tuée en Basan, dans la demi-tribu de Ma tre les différentes coudées qui étaient
massé, Deut. 4, 43. Jos. 20, 8. 21, 27. connues des Hébreux, il convient de choi
1 Chr. 6, 71. Elle était encore assez con sir la moindre ; car nous voyons que Da
sidérable à l'époque d'Eusèbe, et avait vid put se servir aisément de l'épée du
donné naissance à ce Judas le Galiléen, géant, non-seulement lorsqu'il lui tran
dont il est parlé Act. 5, 37. Son exacte cha la tête , mais encore dans sa fuite,
position n'est pas connue : on appelait 1 Sam. 21, 9. 22, 10., ce qu'il n'eût pas
Golanite ou Gaulonite la contrée qui l'en fait si elle eût été proportionnée à la
tourait depuis la Pérée jusqu'au Liban. taille que certains calculs donnent à Go
G0LGOTHA, ou Golgatha , ou plutôt liath. En prenant donc la dimension la
Golgoltha, de l'hébreu gulgoleth, qui si plus petite de la paume et de la coudée,
gnifie crâne, et qui est employé dans ce Goliath aurait eu 3m, 30 de hauteur; (se
sens, 2 Rois 9, 35. v. ce que nous en lon un autre calcul, v. Coudée, Goliath
avons dit à l'art. Calvaire, qui est la tra aurait eu 4m, 40.) Le poids de ses armes
duction latine du mot hébreu. Les Sy doit être calculé dans la même propor
riens et les Arabes appellent encore cette tion. Quant à 2 Sam. 21 , 19., v. l'arti
c0lline Cranion, à cause du crâne d'A- cle Elhanan.
dam qu'ils y croient enseveli ; c'est aussi GOMER. 1° Fils de Japhet et père
la tradition de tout l'Orient, et les maho d'Askénaz, de Riphath et de Thogarma,
mélans eux-mêmes ont un livre dans le Gen. 10, 2.3. v. encore Ez. 38, 6. Son
quel se trouve un dialogue entre Jésus nOm Se retrouve dans les Cimmerii des
Christ et le crâne du premier homme. anciens qui habitaient la Crimée et les
D'Herbelot, Bibl. orient.,Cranion, p.278. bords du Don, du Niéper et du Danube
GOLIATH, 1 Sam. 17, 4. sq., géant de inférieur, dans les Cimbres qui ont atta
la race des Philistins, dela ville de Gath, qué l'empire romain deux siècles avant
défia pendant quarante jours les guer Christ, et dans Kymr, ancien nom d'une
riers israélites à un combat singulier. qui tribu celtique. Les Arabes donnent aux
devait décider du sort des deux armées, peuples qui habitent le territoire des an
selon l'usage de quelques peuples an ciens Cimmerii le nom de Kirim, avec
ciens dont nous trouvons un exemple dans une légère transposition des lettres, et
la lutte des Horaces et des Curiaces. A dans ce nom de Kirim on trouve la Cri
la fin , un jeune homme se présenta; il mée et les Germains. D'après des tradi
portait des vivres à ses frères, et quel tions orientales, Gomer habitait sur les
ques fromages en cadeau à leur capitaine; bords du Volga. Bochart cherche Gomer
mais ayant appris l'insulte faite au peuple en Phrygie, parce que ce dernier pays est
du vrai Dieu, il posa son bagage et cou quelquefois appelé terre brûlée, et que
rutau combat. Le géant méprisa la jeu l'une des significations de Gomer peut
nesse de son adversaire, car il ignorait aussi rappeler cette idée; mais c'est faible
combien est fort celui qui vient au nom et forcé.
G0S 390 G0U

2° Fille de Diblajim, et femme débau des Juifs) ou Turbet el Jhud (tombeaux


chée, celle dont le prophète Osée s'ap des Juifs). Il paraît, dans tous les cas ,
procha pour obéir au commandement de que cette contrée était une des plus fer
l'Eternel, et pour faire comprendre à Is tiles de toute l'Egypte, peut-être à cause
raël son idolâtrie : les enfants qu'il en du voisinage de la Méditerranée.
eut reçurent des noms symboliques des 2° Le pays et la ville de Goscen, contrée
tinés à marquer les châtiments qui sont montagneuse, donnée par Josué à la tri
le gage et le fruit d'un culte adultère, bu de Juda, me peut être confondue avec
Os. 1, 3. sq. On a, pour des raisons fa la province de l'Egypte, comme le veut
ciles à comprendre, voulu ne voir ici Calmet. Jos. 10, 41. 11 , 16. 15, 51.
qu'une allégorie , mais cette explication GOUSSES. Les gousses dont il est
est plus difficile à comprendre encore parlé Luc 15, 16. , sont le fruit du ca
qne le texte. roubier, arbre qui se rencontre assez
GOMORRHE, une des cinq villes de la communément en Orient , en Palestine,
Pentapole, et probablement la plus sep et surtout aux environs de Bethléem :
tentrionale ; elle était située dans la belle c'est le ceratonia siliqua de Linnée. On
et fertile vallée de Siddim, Gen. 13, 10., le trouve aussi en Barbarie, en Grèce, en
et avait un roi particulier, Gen. 14, 2.3. Italie et en Provence. Ces cosses sont
10. On sait comment ses mœurs hideuses séchées et se mangent sans leurs fèves ;
et corrompues attirèrent sur elle le feu elles forment dans leur saison la nourri
du ciel, 19, 24. Son histoire, ses crimes ture des pauvres et des porcs, Hor. Ep. 2,
et sa destruction sont fréquemment rap 1. 123. Juvén. 11 , 58. Pers. 3, 55. Co
pelés dans l'Ecriture, Es. 4, 10. 13, 19. lum. R. R. 7,9. Luc. 15, 16. Les riches en
Jér. 23, 14. Matth. 10, 15. Marc. 6, 14. font un mets de luxe qu'ils mangent avec
v. Sodome. mesure. Ces cosses, en forme de croissant,
GOPHER (bois de), v. Cyprès. longues de 30 cent., et larges de 3, renfer
GOSCEN, 1° province d'Egypte que ment une liqueur épaisse, et douce com
Pharaon, sur la demande de Joseph, don me du miel, qu'on emploie quelquefois au
na à Jacob et à ses fils pour y demeurer lieu de Sucre : les fèves ou graines sont
avec leurs troupeaux, Gen. 45, 10. 46, d'un brun brillant et d'une pesanteur tel
28.47, 27.50, 8. Elle fut habitée quatre lement uniforme, qu'on a pu les prendre
cent trente ans par la postérité du patriar comme mesure de la plus petite unité de
che. On ne peut pas déterminer sa situa poids, le guérah, qui est traduit par obo
tion d'une manière exacte, et l'historien les, Ex. 30, 13. Lév. 27,25. Nomb. 3.47.
sacré se bornant à quelques indications —Le caroubier a le tronc épais, l'écorce
générales, laisse, pour le reste, le champ gris cendré, et des rameaux arrondis,
ouvert aux conjectures. Il est évident que qui s'étendent au loin : ses feuilles, tou
Goscen était à l'orient du Nil, puisqu'il jours vertes, sont divisées et se compo
n'est question nulle part que cette grande sent de deux à quatre paires de folioles
famille ait jamais traversé ce fleuve ; on unies et ovées ; les fleurs, en forme de
voit de plus, par Ex. 13, 17. 1 Chr. 7, 21. grappes, naissent avant les feuilles et sor
que cette contrée était limitrophe de l'A- tent immédiatement du bois; elles sont
rabie et de la Palestine, et enfin l'histoire rouge pourpre, et leur calice est garni à
du voyage dans le désert prouve qu'elle l'intérieur de légers filaments.
n'était pas fort éloignée de la mer Rouge. GOUVERNEMENT. Les Israélites eu
C'est donc dans la Basse-Egypte qu'il faut rent, comme on sait, bien des formes de
la placer, à l'est du bras le plus orientalgouvernement : après l'autorité des pa
du Nil, et dans les environs d'Héroopo triarches vint le joug de l'Egypte, puis
lis : on y trouve encore quelques traces le gouvernement théocratique, Moïse gou
probables du séjour des Israélites dans vernant au nom de Dieu ; puis l'autorité
ce pays, entre autres un monceau de rui dictatoriale et provisoire des Juges, en
nes à une lieue nord-est du Caire, que fin , après la république, la monarchie ;
les Arabes appellent Tell el Jhud (colline v. les différents articles. Disons seule
G0U 391 GRE

ment, quant au pouvoir royal, qu'il était certain rang, 1 Rois 9,23. Les valets des
absolu, tel qu'il se trouve encore aujour provinces qui apparaissent pour la pre
d'hui dans les cours orientales : les rois mière fois sous Achab, 1 Rois, 20, 14.,
n'étaient pas le centre et les représen étaient apparemment des prévôts élevés
lanls du pouvoir, ils étaient le pouvoir au-dessus des municipalités de provin
lui-même, les propriétaires, en quelque ces, et qui transmettaient à ces dernières
s0rte, de la puissance et du royaume. Ce les ordres du roi, 1 Rois 22, 9. 2 Rois
n'est que depuis l'établissement de la 10, 1. On peut voir encore à l'article
royauté qu'il se forma, en Israël, une ma Tribu, la part qu'avaient dans le gouver
chine politique régulière, avec ses roua nement d'Israël les chefs de ces tribus.
ges et ses employés ordinaires. Le roi, Plus tard , pendant la captivité de Ba
qui régnait et gouvernait tout ensemble, bylone, Guédalia, d'origine juive, fut éta
était secondé, dans son travail admini bli comme Sar ou chef (cf. César, Czar)
stratif, par des conseillers de cour qui sur la contrée désolée, 2 Rois 25, 22.,
n'avaient que voix consultative, sans pou pendant que les satrapes des provinces
voir, par un vote, s'opposer à la volonté persanes , assistés d'une chancellerie
royale, 2Sam. 15, 12. 1 Rois 12,6.1 Chr. composée d'un secrétaire et de ses as
27, 32. A leur tête se trouvait le chance sesseurs , servaient d'intermédiaires en
lier qui était, à ce que l'on peut croire, tre la cour de Perse et la colonie israé
plus qu'un simple historiographe, et qui lite, Esd. 4, 8.9. 8, 36. Néh. 2, 9. cf. en
remplissait véritablement le rôle de pre core Esd. 5, 6. 6, 6.7. Néh. 5, 14. 18.
mier ministre, 2 Rois 18, 18.37.; puis le Agg. 1, 1. 14. 2, 2.21., etc.
Secrétaire, 2 Sam. 8, 17, 20, 25. 2 Rois GOUVERNEUR. C'est par ce mot, as
18, 18. 19, 2. 22, 3. 10. Jér. 36, 10., ou sez vague peut-être, que nos versions ont
les secrétaires, car il y en avait quelque traduit : a) l'hébreu péchah qui désignait
ſois plusieurs ensemble, 1 Rois 4,3., dans en général un chef de province dans la
un mème bureau, Jér. 36, 12. L'inten Babylonie et la Perse, mais différent des
dant de la maison royale, maire du palais, satrapes, Dan. 3, 2. Est. 3, 12. 8, 9. Zo
était aussi quelquefois appelé à s'occuper robabel et Néhémie reçurent aussi le mê
des affaires publiques, 1 Rois 18, 3.2 Rois me nom, Esd. 5, 14. 6, 7. Néh. 5, 14. 12,
18, 18., et pouvait acquérir une grande 26., comme gouverneurs de la Judée.
influence, Es. 22, 15. Heureux les rois Sur les honoraires de ces chefs, v. Néh.
quand, parmi leurs conseillers, se trou 5, 14. 18.— b) Dans le Nouveau Testa
vaient des hommes pieux et des prophè ment, il désigne soit le gouverneur ro
les tels que Nathan, l'ami de David, et main de la Syrie, soit les procurateurs de
Esaie, l'ami d'Ezéchias. Ces conseillers la Judée ; cf. Act. 25, 12.; v. Procura
0u ministres étaient préposés, en géné teurS.
ral, à l'administration extérieure et fi GOZAN, 2 Rois 19, 12. Es. 37, 12.;
nancière du pays; le droit de rendre la contrée située dans le nord de la Méso
justice était dévolu aux prêtres et aux lé potamie, et traversée par le fleuve Cha
Vites, Deut. 17, 9.; v. Justice ; mais le roi boras, 2 Rois 17, 6. 18, 11. Ptolémée, 5,
lui-mêmeprononçait en dernièreinstance, 18., l'appelle Gauzanite, et, de nos jours
0u même il jugeait seul lorsqu'il s'agis encore, elle porte le nom de Kauschan.
sait de causes importantes. Il y avait dans GRECE. Ce pays est désigné dans la
chaque province des pourvoyeurs de la table des peuples et ailleurs, Gen. 10, 2.
cuisine royale , et des receveurs géné Es. 66, 19. Ez. 27, 13. Joël 3, 6., sous le
raux;Salomon comptait jusqu'à douze de nom de Javan, q. V.; c'est proprement
ces derniers : toutes les parties de l'ad l'Ionie. Plus tard, dans les livres apocry
ministration, du reste, avaient leurs chefs phes et dans le Nouveau Testament, les
spéciaux, 1 Chr. 27, 25., et nous voyons Grecs sont appelés du nom d'Hellènes ,
parmi les officiers de la cour de Salomon, 1 Macc. 8, 18. Act. 19,10.20,21.21.28.
550 employés, au nombre desquels il faut Rom. 2, 9. 1 Cor. 1, 24. 12, 13. Gal. 3,
' sans doute compter les subalternes d'un 28. Col. 3, 11., quelquefois de Barbares,
GRE 392 GRE
Rom. 1, 14. Col. 3, 11. Les Juifs, depuis Cant. 8, 2., désigne ou un véritable vin
Alexandre le Grand, donnèrent le nom fait de ce fruit, ou plutôt un vin acidulé
de Grecs à tous les peuples païens en avec du jus de grenade, selon l'usage que
général, soumis à l'empire des Grecs, et l'on trouve maintenant encore en Orient.
ce nom devint, dans le style du Nouveau Le grenadier sauvage est plus rude et
Testament, synonyme de Gentils. plus épineux que le précédent, ses fleurs
La langue grecque, si glorieusement sont astringentes, et sont employées uti
immortalisée par Homère, Sophocle et lement dans les pharmacies. On le trouve
Platon, est tombée aux jours d'Alexandre en Palestine, en Syrie, en Arabie, et
le Grand ; elle avait fait son effort, et ne dans la plupart des contrées du midi;
fut plus, pour ainsi dire, qu'une langue c'est l'arbor punica de Pline, le punica
de la conversation, un amalgame de dia granatum de Linnée.
lectes jusqu'alors distincts. Elle prit une Les espions du désert, en rapportant
teinte plus judaïsante, plus orientale, dans de Canaan des grenades avec des figues
la traduction des Septante et dans les et des raisins, prouvent combien ce fruit
livres apocryphes; la plume des Israélites était estimé, Nomb. 13, 24. 20, 5., et ex
lui donna un coloris nouveau, et la lan pliquent les regrets des Hébreux au sou
gue profane succéda à la langue sainte venir de l'Egypte, où ce fruit se trouvait
pour dire aux hommes que le voile était en abondance. Moïse lui-même, dans l'é-
déchiré, que la paroi mitoyenne était numération qu'il fait des richesses de Ca
rompue. Il ne paraît pas que les Juifs de naan, mentionne expressément la grenade
la Palestine s'enservissent régulièrement; à côté du blé, de l'orge, de l'olive et des
cependant on voit par Marc 7, 24.26. autres produits de la terre, Deut. 8, 8.
Jean 7, 35. 12, 20., et ailleurs, que Jésus La forme et la beauté de la grenade l'ont
la connaissait et pouvait même enseigner fait mettre comme frange à la robe du
dans cette langue. souverain sacrificateur, avec des clochet
V. sur le grec du Nouveau Testament tes d'or, les clochettes alternant avec les
la grammaire allemande de Winer. On grenades brodées des couleurs les plus
annonce depuis longtemps une traduction éclatantes, bordure qui signifiait peut
française de cet important ouvrage. être que le ministre du Seigneur doit, en
Quant aux Grecs, Act 6, 1. 9, 29., v. marchant, porter des fruits excellents et
Hellénistes. faire retentir le message dont son maître
GRENADE, grenadier. Hébr. rimmon. l'a chargé, Ex. 28, 34. cf. Ecclésiastique
Nomb. 13, 24. 20, 5. 1 Sam. 14, 2. et ail 45, 9. 1 Rois7,18.20.42.2 Rois 25,17.,
leurs. On distingue le grenadier sauvage où l'on voit que des grenades étaient l'un
et le grenadier domestique ; ce dernier , des principaux ornements des colonnes
hautd'environ trois mètres, a des rameaux du temple de Salomon. Une tranche de
menus, anguleux , armés de quelques grenade est employée, dans le style orien
épines, et revêtus d'une écorce rougeâtre; tal et poétique, comme le plus bel emblè
ses feuilles, semblables à celles du myr me d'une joue rose et fraîche, Cant. 4,3.
te, sont moins pointues, et d'un vert GRENOUILLES, Ex. 8, 2-14. Ps. 78,
tirant sur le rouge; la fleur est grande, 45. 105, 30. Apoc. 16, 13. Quelques au
belle, rouge pourpre et d'une forme élé teurs (v. Aben-Ezra) ont cru que l'hé
gante; le calice est dur, oblong, et en breu tsephardeah, dans ces passages, de
forme de cloche; le fruit est une espèce vait être entendu du crocodile; mais on
de pomme couverte d'une écorce rougeâ est généralement d'accord maintenant à
tre en dehors, et rouge en dedans, il regarder la traduction de grenouille com
s'ouvre en long, et ses neuf ou dix loges me seule vraie et bien prouvée. Cet ani
renferment des grains pleins de pepins mal si peu redoutable devait devenir une
et d'une espèce de jus rouge comme du plaie pour l'Egypte. Dieu eût pu envoyer
vin. La grenade participe à toutes les des tigres, des lions, ou seulement des
qualités des fruits d'été, elle rafraîchit, chacals , pour punir le rebelle Pharaon ;
et apaise la soif; le moût de grenadier, mais en de si grandes calamités on eût
GRE 393 GUE
º

sans doute oublié la cause première, pour plus chauds : la manne du ciel est com
ne penser qu'à ces bêtes féroces : on eût parée à ces perles argentées.
organisé des parties de chasse pour les GRUAU. v. Froment.
repousser : les chefs du peuple auraient GRUE , Es. 38, 14. Jér. 8, 7. ; c'est
moins souffert que le peuple lui-même, et l'hébreu hagour, que nos versions ont
seseraient aventurés peut-être à chercher rendu par hirondelle, q. v.
un divertissement dans le malheur public. GUÉBAH. v. Gabaon.
Dieu envoya les grenouilles, race toute GUEBAL (la fin), Ps. 83, 7. Ez. 27, 9.,
inoffensive, mais qui, par sa prodigieuse district nommé avec Hammon, Hamalek,
multiplication, devait être une plaie im et le pays des Philistins; il se trouve pro
p0rtune et dégoûtante. Il n'est pas néces bablement sur les confins de l'Arabie Pé
saire de penser à une création surnatu trée ; de nos jours encore un canton sé
relle de grenouilles ; ces animaux, assez
paré du district de Kérek par la vallée de
nombreux sur les bords du Nil, y dépo El Ahsa, porte le nom de Dschebal. La
sent chaque année des milliards d'œufs,ville de ce nom, appelée Byblos chez les
dont un grand nombre périssent, et les Grecs, Jos. 13, 5., faisait partie de la terre
autres viennent éclore dans les marais promise ; ses habitants étaient connus
langeux que le fleuve laisse chaque fois comme de bons marins et d'habiles ar
derrière lui après ses inondations pério chitectes : elle était célèbre par son tem
diques; il suffit donc de penser qu'en ple et était le siége du culte d'Adonis :
cette année aucun des embryons ne pé on y trouve encore de nombreuses ruines
rirent, et qu'ils servirent tous à endurcir de tours remarquables, des colonnes, etc.
le cœur de Pharaon et à préparer l'af GUEBIM (sauterelles), Es. 10, 31.,
franchissement des Israélites.— Les ma ville inconnue de la Palestine , située , à
giciens imitèrent le miracle comme ils ce qu'il paraît, dans les environs de Jé
purent, et sur une toute petite échelle; rusalem.
ils se fussent montrés plus habiles et plus GUEDALIA (la grandeur de l'Eternel),
puissants s'ils avaient détruit l'œuvre de 1° fils d'Ahikam, et gouverneur de la Ju
Moise et rendu la paix au pays : ils ne le dée au nom du royaume de Babylone ,
purent, et Pharaon, qui comprit la vanité après la destruction de Jérusalem, 2 Rois
de cette science mondaine, dut recourir 25, 22. Jér. 40, 3. Il demeurait à Mitspa,
à celui qui avait fait venir le mal sur le où se trouvait une petite garnison baby
Pays. - La circonstance que les gre lonienne, 2 Rois 25, 25. Jér. 40, 6.8. Il
nouilles purent pénétrer partout, dans eut des relations d'amitié avec le prophète
les maisons, dans les chambres à cou Jérémie, selon l'exemple de son père, et
cher, dans les fours et dans les huches, fut chargé, par Nébucadnetsar, de veiller
s'explique par la construction même des à sa sûreté. Il rappela un grand nombre
maisons orientales, q. v. (Bochart a con de Juifs qui s'étaient enfuis dans les
sacré soixante-dix pages à la grenouille contrées d'Hammon et de Moab, favorisa
et aux différentes questions que soulève de nouveau leur établissement, leur as
son histoire, et le rôle qu'elle jouait en sura une vie tranquille et paisible , mit
Egypte. Hieroz. III, p. 563.) ses efforts à les rendre heureux , tout en
Un auteur anglais, M. Bryant, a cru leur conseillant la soumission , et leur
pouvoir conclure de ce qui est dit Apoc. procura même les moyens d'élever un au
46, 13., que la grenouille était ancienne tel sur les ruines du temple : c'est du
ment le type hiéroglyphique des magi moins ce qui paraît résulter de Jér. 41,
ciens et des prêtres égyptiens. 5. Il fit donner des champs et des vignes
GRESIL, Ex. 16, 14. Ps. 147, 16. Job aux pauvres qui étaient demeurés de reste
38, 29., phénomène assez commun chez dans le pays, et l'on pouvait espérer que
nous dans les froides matinées du prin sous cet humble mais digne successeur
temps et de l'automne. Il est plus remar des rois d'Israël, le pays ne tarderait pas
quable dans les climats du Midi , ou des à recouvrer quelque prospérité. Un meur
nuits plus fraîches succèdent à des jours tre empècha la réalisation de ces espé
GUE 394 GUE

rances. Prévenu, par le fidèle Johannan, compense qu'avait refusée son maſtre : il
des coupables projets d'Ismaël, Guédalia mentit pour l'avoir, mentit pour cacher
refusa d'y croire, défendit à Johannan de son mensonge, puis mentit au prophète
prévenir le coup fatal, et fut assassiné, en disant : Ton serviteur n'a été nulle
victime de sa trop généreuse confiance, part. Mais la lèpre de Naaman s'attacha
deux mois à peine après la ruine de Jé à lui avec ses richesses, et lui fut don
rusalem (Jos. Ant. 10, 9.3. Jér. 40, 14.) née en souvenir éternel de son avarice
Ce fut le dernier coup porté aux espé et de sa fausseté, 2 Rois 5. Nous retrou
rances des Juifs. Un jeûne solennel fut vons encore Guéhazi, mais on ne sait en
institué en mémoire de cet événement , quelle occasion, racontant à Joram les
Zach. 8, 19., et beaucoup de Juifs, ef grandes choses qu'avait faites Elisée, 2
frayés, émigrèrent pour l'Egypte, Jér. Rois 8, 4. , la Sunamite étant survenue
42 et 43,. pour présenter une requête au roi, le ser
2° Guédalia, fils de Pashur, Jér. 38, 1., viteur la reconnut, raconta son histoire,
et officier de Sédécias, exerçait avec Sé et intéressa tellement le monarque en sa
phatia, Jucal et Pashur, une grande et fà faveur, qu'il lui fit rendre ses champs et
cheuse influence sur l'esprit du roi : ils tout ce qui lui avait appartenu. Il est évi
incitèrent, à différentes reprises, le fai dent que Joram, pendant tout cet entre
ble monarque contre le prophète Jéré tien, observa les prescriptions cérémo
mie, qui conseillait à la ville de se ren nielles exigées à l'égard des lépreux :
dre, et obtinrent la permission de le trans d'autres pensent que les faits sont inter
férer desa prison dans une fosse profonde vertis, et que cette conversation eut lieu
et boueuse, où il eût péri si Dieu n'eût en avant la guérison de Naaman; d'autres,
voyé à son secours Hébed Mélec. Guéda enfin, supposent, mais sans fondement ,
liah, dans ses persécutions, ne fit qu'imi que Guéhazi repentant aurait reçu du pro
ter la haine de son père. Cf. 1 Chr. 9. phète son pardon et sa guérison, et que
3° Grand'père du prophète Sophonie, c'est lui déjà que l'on voit, 2 Rois 6, 15.,
Soph. 1, 1. à côté de son maître à Dothan.
4° Lévite, 1 Chr. 25. 3. GUE-HINNOM. v. Hinnom.
GUEHAZI (vallée de vision), 2 Rois 4, GUÉMARIA (achevé par l'Éternel), fils
12., serviteur d'Elisée, suivit son maître de Saphan, secrétaire du temple sous Jé
chez la Sunamite, jouit de la confiance de hojakim, Jér. 36, 10. C'est dans sa cham
l'un et de l'autre, et obtint du prophète, bre, près de la porte du temple, que Baruch
pour son hôtesse , la promesse qu'un fils fit d'abord lecture des paroles de Jérémie
lui serait donné ; mais bientôt ce fils fut contre le roi; Guémaria fut également
enlevé à l'amour maternel, et la pieuse présent à la lecture qui en fut faite à
femme, pleine de foi, comprit que celui Jéhojakim, et joignit ses efforts à ceux
qui le lui avait donné et qui le lui avait d'Elnathan et de Delaïa pour obtenir que
ôté, pourrait aussi le lui rendre : elle le roi respectât le précieux rouleau. —
courut vers Elisée, et celui-ci envoya Il ne faut pas le confondre avec celui
Guéhazi, mais, soit manque de foi chez ce dont il est parlé Jér. 29, 3. v. Elhasa.
serviteur, soit que la mère elle-même ne GUEPES. Es. 7, 18. v. Frelons.
vît qu'avec défiance le départ de ce mes GUERAR (pèlerinage), Gen. 10, 19,
sager bien indigne de son maître, Gué ville des Philistins, située près de Béer
hazi posa en vain le bâton du prophète sébah dans une fertile plaine basse; elle
sur le visage de l'enfant, l'enfant ne re servit de refuge à Abraham et à Isaac pen
dant une famine, et fut pour l'un et l'autre
vint pas à la vie ; Guéhazi avait plus de
foi en son maître qu'en Dieu, et son inun lieu d'humiliations et d'épreuves, Gen.
20 et 26; elle était entre les déserts de
crédulité ne pouvait opérer des miracles.
— Plus tard, Naaman ayant été guéri de Kadès et de Sur, à trois journées de Jéru
salem. Elle marqua plus tard le terme des
sa lèpre par le prophète hébreu qu'il était
venu consulter, Guéhazi courut après lepoursuites triomphales d'Asa, vainqueur
gènéral syrien pour lui demander la ré de l'armée d'Ethiopie commandée par Zé
GUE 395 GUE

rah, 2 Chr. 14, 13. — Des sources d'eau cette fête nationale, une différence de
setrouvaient dans son voisinage, Gen. 26, version sur laquelle on a beaucoup écrit
17, et sont mentionnées par Sozomène, 6, et beaucoup discuté. Dans le samaritain
32.9, 17. -
de Deut. 27, 4, on lit Garizim, tandis
GUÉRIZIM. Le mont Garizim ou Gué que l'hébreu, appuyé de toutes les an
rizim et le mont Hébal, sont deux som ciennes versions, porte Hébal. Mais les
mets des montagnes d'Ephraïm, situés Samaritains sont à juste titre suspects
vis-à-vis l'un de l'autre en demi-cercle, d'avoir altéré sciemment le texte sacré
et formant l'étroite vallée au fond de la pour le mettre d'accord avec leurs cou
quelle se trouve la ville de Sichem ou Na tumes; en effet, après le retour de l'exil,
plouse. Le mont Hébal, le plus septen ils bâtirent sur le mont Guérizim un
trional, est un rocher désert et aride, temple qui fut détruit deux siècles plus
d'unaspect triste et sévère; aucune herbe tard par Jean Hyrcan : cet endroit n'en
ne croit sur ses flancs désolés, et les continue pas moins d'être regardé par
s0mbres cavernes y abondent. Le Guéri eux comme sacré et béni; et le petit reste
lim, qui s'élève au midi, est au contraire de Samaritains qui sont encore actuelle
fertile, d'un aspect riant, riche en ver ment à Naplouse, l'appellent toujours le
dure, émaillé de fleurs et abondant en mont sacré, et y tournent leur visage
fruits de toute espèce. Ces deux mon quand ils font leur prière. ll y a plusieurs
tagnes avaient été choisies par le légis autres traditions sur ce sujet : quelques
lateur mourant pour y célébrer la fête sé uns disent que les Samaritains, outre le
rieuse et solennelle de l'alliance de l'An vrai Dieu, adoraient des idoles qu'ils te
den Testament, Deut. 11, 29. 27, 12. naient cachées sur cette montagne, cf. 2,
Sur le mont Hébal, dont le front portait Rois 17, 33. Les Samaritains prétendent
déjà l'empreinte sinistre de la ruine, six aussi que Jacob construisit des autels sur
tribus durent répondre: Amen! aux ma le Guérizin, et que c'est là qu'Abraham
lédictions qui devaient être prononcées se rendit pour sacrifier Isaac; mais v.
contre les transgresseurs de la loi; ce fut Morija.
aussi là qu'on érigea l'autel et qu'on offrit Eusèbe et saint Jérôme placent ces deux
les holocaustes et les sacrifices, sur la montagnes beaucoup plus loin, à l'orient
mème montagne où le péché devait être de Jérico et de Guilgal ; et Epiphane va
montré et représenté avec ses terribles jusqu'à les mettre au delà du Jourdain ;
conséquences ; le remède devait se trou ces opinions ne sont pas soutenables ;
Ver à côté du mal et les promesses à côté Guérizim était si près de Sichem que Jo
de la transgression, à côté de grandes ma atham, fils de Gédéon, parla du haut de
lédictions un grand sacrifice. Une scène la montagne aux Sichémites assemblés
bien différente se passait au même mo dans la vallée. Jug. 9, 7.
ment sur le mont Guérizim dont déjà la GUERRE. C'est les armes à la main
nature avait fait un emblème de bénédic que les Israélites commencèrent leur
tion; là, les six autres tribus répondaient : existence comme peuple ; c'est dans une
Amen! aux promesses de bénédiction guerre de conquète qu'ils entreprirent
faites à ceux qui auraient accompli les pour la première fois de faire connaître
exigences de la loi divine. L'ordonnance qu'ils n'étaient plus seulement une fa
de la solennisation de cette grande fête mille, mais une nation. Lorsqu'ils quit
était comme le sommaire de la législation tèrent l'Egypte, ils étaient sans patrie,
m0saïque, le point dans lequel se trouvait mais leurs ancêtres avaient habité la terre
C0ncentrée et le plus fortement pronon qu'occupaient maintenant les tribus cana
cée la profonde signification de cette an néennes, et ils résolurent, sous la con
cienne économie, le cadre, le miroir dans duite de Moïse, d'aller s'y établir et d'en
lequel se reflétait paravance le but de tout chasser les propriétaires légitimes et na
Ce système préparatoire. turels; d'esclaves ils se firent soldats ;
Il y a entre le texte hébreu et le texte Dieu légitimait pour eux cette conquête,
samaritain, au sujet de la célébration de qui eût été sans cela aussi odieuse que
GUE 396 GUE

le sont toujours les expropriations des quelques peuples modernes, suivi d'un
peuples. Devenus maîtres du pays, les cri effroyable poussé par l'armée entière,
Israélites durent encore, pendant plu 1 Sam. 17, 20. Es. 42, 13. Soph. 1, 14. Jér.
sieurs siècles, rester sur la défensive, 50, 42. Ez. 21, 22. (cf. Iliad. 3, 3. 4, 452.
continuellement exposés aux attaques de 2, 144. 394. Tit. Liv. 5, 39. Tacit. Germ.
leurs ennemis vaincus mais non anéantis ; 3. — v. encore la plupart des anciennes
ce fut la période des juges. Les guerres batailles de la Suisse, Morgarten, Sem
n'étaient alors que des successions de pe pach, etc.) — L'ordre de bataille était
tits combats sans ordre ni plan ; chaque tout à fait simple, et la tactique n'avait
roitelet s'insurgeait dès qu'il avait quel guère d'autre complication que la divi
ques soldats disponibles, sans chercher sion de l'armée en trois corps ou ailes,
à s'entendre avec ses voisins. L'art de la Jug. 7, 16.19.1 Sam. 11, 11.2 Sam. 18,
guerre ne fit des progrès que sous les 2. (cf. Es. 8, 8. et Job 1, 17.), quelque
rois, sous Saül d'abord, puis surtout sous fois quatre, 2 Macc. 8, 21. Après quel
David, et les Israélites furent bientôt en ques flèches tirées, le combat commen
mesure d'opposer à leurs ennemis des cait corps à corps, les guerriers retrous
troupes aussi régulières et aussi bien saient leurs vêtements et mettaient leurs
disciplinées que pouvaient l'être celles bras à découvert, Ez. 4, 7. Es. 52, 10.
de ces ennemis eux-mêmes. On voit une fois deux guerriers dé
Avant d'ouvrir une campagne, ce qui cider en combat singulier du sort des
avait lieu ordinairement au printemps, 2 armées dont ils sont les représentants,
Sam. 11, 1., on commençait par consulter David et Goliath, 1 Sam. 17 ; cf. encore
l'Urim et le Thummim, Jug. 20, 27. 1 2. Sam. 2, 14. Les ruses de guerre sont
Sam. 14, 37. 23, 2. 28, 6. 30, 8., ou quel peu nombreuses et peu variées dans l'his
qu'un des prophètes, 1 Rois 22, 6. 2 Rois toire juive ; on remarque l'attaque subite
19, 2.2 Chr. 18, 4. Puis venait la pro de Gédéon, Jug. 7, 16., les embûches,
clamation faite par les officiers du camp Jos. 8, 2. 12. Jug. 20, 36. 1 Sam. 15, 5.,
aux hommes timides, aux nouveau-pro les surprises, 2 Sam. 5, 23., enfin l'es
priétaires, aux nouveau-mariés, etc., pionnage, Jos. 6, 22. Jug. 7, 10.1 Sam.
qu'ils eussent à se retirer. Suivait la dé 26, 4. etc. (cf. 2 Rois 7, 12.). Les Hé
claration de guerre : on s'approchait de breux avaient de plus l'habitude , pour
la ville ou du camp ennemi, et l'on de assurer le succès de leurs armes, de
mandait la paix , une explication, ou la porter avec eux l'arche de leur alliance,
réparation des torts suivant les cas : la 1 Sam. 4, 4. cf. 1 Sam. 5, 11 .
paix entraînait nécessairement pour le L'antiquité tout entière s'est montrée
peuple ennemi son assujettissement à Is barbare à l'égard des vaincus, les Hé
raël , si la paix n'était pas acceptée la breux n'ont pas fait exception à cette
guerre commençait, guerre d'extermina règle; on tranchait la tête au général en
tion dans laquelle les deux combattants nemi, Jug. 7, 25.1 Sam. 17, 54. 31,9.,
cherchaient mutuellement à s'anéantir, on pillait et saccageait tout ce que l'on
Deut. 20. On voit des exemples de décla pouvait atteindre, 1 Sam. 31, 8., les pri
rations de guerre, Jug. 11 , 12. 1 Rois sonniers étaient , ou emmenés en escla
20, 2.2 Rois 14, 8. Une fois en présence vage, Deut. 20, 14. ou mis à mort, Jug. 9,
de l'ennemi, un sacrifice était offert pour 45., et quelquefois d'une manière cruelle,
l'heureux succès de l'entreprise, et un 2. Sam. 12, 31. 2 Chr. 25, 12. cf. Jug. 8,
prêtre ou le général en chef lui-même 7., ou enfin mutilés, Jug. 1, 6. 1 Sam.
adressait aux soldats une allocution mili 11, 2. On exerçait les mêmes rigueurs
taire de nature à stimuler leur courage contre les femmes et contre les enfants,
et leurs forces ; 1 Sam. 7, 9. 13, 8. Deut. même contre les tout petits enfants, que
20, 2.2 Chr. 20, 20. Les trompettes don l'on écrasait et broyait sur des rochers
naient le signal de l'attaque, et ce signal ou au coin des maisons, 2 Rois 15, 16.
était chez les Hébreux comme chez tous cf. 8, 12. Es. 13, 16. Am. 1, 13. Os. 10,
les peuples de l'antiquité, et même chez 14. 13, 16. Nah. 3, 10. On coupait les jar
GUE 397 GUE

rets des chevaux, 2 Sam. 8, 4, Les villes veloppé. La religion qui a pu en être le
étaient brûlées ou détruites, Jug. 9, 45., prétexte, n'a été que cela. Et pour tout
et les temples des dieux étrangers anéan dire en un mot, si Dieu a permis la guerre
tis, 1 Macc. 5, 68.; même les champs et aux Juifs, c'est parce qu'ils étaient Juifs,
les campagnes étaient ravagés, 1 Chr. 20, et non chrétiens. Ils représentaient un
1.2 Rois 3, 19.25. Puis on célébrait la peuple, et non l'humanité, la secte, et non
victoire par des cris de joie, des chants l'Eglise ; secte, ils devaient être intolé
de triomphe et des danses, Jug. 5. 1 Sam. rants, et l'on sait combien peu la reli
18, 6.2 Sam. 22, 1. Jug. 16, 24., et l'on gion a de part, même dans les guerres
dressait quelque monument commémora dites de religion. Le christianisme, d'ac
tif, 1 Sam. 15, 12.2 Sam. 8, 11. Il paraît cord avec la logique, le bon sens, et l'in
même que l'on déposait dans le temple stinct de l'humanité, flétrit l'idée qui pré
en guise de trophées, et comme mémo side à la guerre ; le chrétien ne peut être
rial de l'assistance du Très-Haut, les ar rendu complice des haines ou des ambi
mes enlevées à l'ennemi, 1 Sam. 21 , 9. tions de ce monde, et la loi de Dieu reste
cf. 13, 10. 2 Rois 11, 10.1 Chr. 10, 10. supérieure à la loi des hommes, en ce
cf. Virg. AEn. 7, 183. Tacit. Ann. 1, 59, point comme en tout autre. Le travail de
2. Des récompenses étaient accordées à M. Rochat ne nous a pas convaincu que
ceux qui s'étaient distingués par des faits le chrétien puisse rejeter sur l'Etat la
d'armes, Jos. 15, 16.1 Sam. 17, 25. 18, responsabilité de son service militaire.
7.1 Chr. 11, 6. cf. 2 Sam. 18, 11. La GUERSOM ou Guerson, et Elihézer,
garde de David paraît avoir été un poste fils de Moïse et de Séphorah, Ex. 2, 22.
d'honneur accordé aux plus vaillants, 2 18, 3, 1 Chr. 23, 15. Ils sont peu connus,
Sam. 23, 8. L'armée honora de bonne et paraissent être restés toute leur vie
heure par un deuil officiel, ses chefs tom d'humbles et simples lévites, pendant que
bés dans la bataille, 2 Sam. 3, 31., on les leurs cousins, fils d'Aaron, brillaient au
ensevelissait avec leurs armes (Ez. 32, sommet de la hiérarchie pontificale. C'est
27.); en général c'était aux soldats sur probablement de Guerson, fils de Moïse
vivants de donner la sépulture à ceux de qu'il est parlé Jug. 18. 30, quoique le
leurs camarades qui avaient succombé, texte porte fils de Manassé : la différence
1 Rois 11 , 15. — v. encore Armée, Ar n'est que d'une N dans l'original (Mshé,
mes, Camp, Forteresse, Nombres, Sab Mnshé), et cette N aura été ajoutée par les
bat, etc. copistes pour éviter de compter dans la
Il y a quelque chose de choquant pour postérité du législateur, et à la seconde
la piété, dans le nombre et le caractère génération déjà, le premier prêtre ido
des guerres des Israélites. On peut les lâtre, Jonathan.
expliquer, on peut même les justifier, GUERSON fils aîné de Lévi, Gen. 46,
puisque la plupart de ces guerres ont été 11, a donné son nom à l'une des grandes
commandées de Dieu même; elles avaient familles des Lévites. Les Guersonites
un caractère théocratique ; c'était le rè comptaient 7,500 hommes au moins après
gne du Seigneur que les Israélites éta la sortie de l'Egvpte, Nomb. 3, 21. Ils
blissaient, en défendant leur territoire, étaient chargés de soigner et de porter
et en détruisant leurs ennemis ; ils se les voiles et les draperies du pavillon,
battaient, à leur point de vue, pour la et avaient dans le camp leur place à l'oc
bonne cause. Mais quoi qu'on dise et cident du tabernacle. Nomb. 3, 23. 25.
qu'on fasse, la guerre, ce meurtre en cf. Ex. 6, 16.1 Chr. 6, 1.
grand, ce meurtre organisé, la guerre GUERUTH, Jér. 41, 17. v. Kimham.
qui représente en morale la haine, et en GUESUR (pont) ou Gessur. 1o District
justice le droit du plus fort, la guerre au delà du Jourdain dans la demi-tribu
n'a pu être, même pour Israél, qu'une de Manassé, Deut. 3, 14. Jos. 12, 5. 13,
concession divine, aux circonstances peut
13., et dans le voisinage de Mahacath et
être, ou à l'endurcissement et au maté de la Syrie, ce qui explique comment
rialisme d'un peuple charnel et peu dé cette contrée peut être appelée Guésur
GUE 398 GUI

de Syrie, 2 Sam. 15, 8. (quoique quel habitée par les Cananéens, Jug. 1, 29.1
ques auteurs, Jahn et Gesenius, aient Rois 9, 16., et nous la trouvons, auxjours
voulu voir là un autre Guésur que celui de David, entre les mains des Philistins,
dont il est parlé dans le Deutéronome). 2Sam. 5, 25. 1 Chr. 20, 4. Pharaon l'ayant
Guésur, à l'époque de Salomon, formait prise sur ces derniers, la donna à Salo
encore un petit Etat monarchique indé mon en présent de noces, et Salomon la
pendant, dont le roi était beau-père de fortifia, 1 Rois9, 16.17. On ignore pour
David et grand-père d'Absalon, 2 Sam. quoi Pharaon la fit réduire en cendres,
3, 3. 13, 37. 14, 23. 15, 8. v. encore 1 puisqu'il voulait l'offrir au roi d'Israël ;
Chr. 2, 23. Les Gessuriens, dit Braem, peut-être avait-elle été incendiée par un
sont, à ce qu'on suppose, des Ismaélites de ses prédécesseurs; peut-être aussi n'y
qui, par des circonstances inconnues, se a-t-il eu là qu'une vengeance àl'orientale.
seraient établis dans les montagnes qui Elle porta plus tard le nom de Gazara ou
forment le bras sud-est de l'Hermon. Ce Gazéra, Gazer chez Eusèbe, et Gadaris
sont les Ituréens, que les auteurs grecs chez Strabon.
et romains disent être un peuple de bri GUIBHA, 1° ou Guibhath-Saül, ville de
gands, la plus barbare de toutes les na la tribu de Benjamin. La première fois
tions. Manassé ne les a pas soumis sans qu'elle apparaît dans l'histoire, c'est com
de grands efforts, et Rome dans toute sa me le théâtre d'un grand crime commis
puissance leur a fait longtemps la guerre dans ses murs, et par ses habitants, sur
avant de les dompter. On les croit an la personne d'une femme qui tomba morte
cêtres des Druses, peuple belliqueux et à la suite de leurs outrages, Jug. 19, 14.
passionné de sa liberté, dont la religion Les chap. 20 et 21 renferment la guerre
est un mélange de l'idolâtrie syrienne et des tribus contre Benjamin, qui refusa
du mahométisme. de punir ses ressortissants, et la presque
2° Une autre peuplade de ce nom est complète extermination de la tribu tout
mentionnée, 1 Sam. 27, 8., comme habi entière. Le nom de Guibha, qui signifie
tant le Sud de la Palestine avec les Guir colline, étant fort répandu, cette ville se
ziens et les Hamalécites; ils étaient sans distinguait des autres villes du même nom
doute voisins des Philistins, tirant du par l'addition du nom de la tribu à la
côté de l'Egypte, mais on ne peut déterquelle elle appartenait, 1 Sam. 13, 2. 14,
16.2 Sam. 23, 29. Guibha ne tarda pas à
miner au juste leur territoire, d'autant
moins que l'historien des livres de Sa être rebâtie; mais elle resta toujours un
muel semble indiquer que de son temps petit bourg. Elle donnale jour à Saül, dont
déjà les Guésuriens avaient changé de elle prit le nom, et fut la résidence ordi
demeure. naire de ce premier roi, 1 Sam. 10, 26.
GUETHER, Gen. 10,23., peuplade ara 11, 4. 15, 34.23, 19.26, 1. Es. 10, 29.—
méenne complétement inconnue. Saint Elle était située à 20 ou 30 stades (5 ou6
Jérôme a pensé aux Cariens, Josèphe aux kilom. ) au nord de Jérusalem, près de
Bactriens, Saadias à une peuplade qui du Rama.
temps de Mahomet occupait la contrée 2° Ville de Juda, Jos. 15, 57.
de Mosul ; Bochart a regardé vers le 3° Guibhath de Phinées, dans la mon
fleuve Centrites qui séparait les Cardu tagne d'Ephraïm. Eléazar, fils d'Aaron, y
chiens des Arméniens ; Leclerc, enfin, avait son tombeau, Jos. 24, 33 (au lieu
songe à la ville de Carthara sur le Tigre, de coteau il faut lire Guibhath). Quelques
dont il est parlé dans Ptolémée 5, 18. uns la confondent avec la première. D'a-
GUEZEM. v. Gasmu. près Eusèbe, elle était à 12 milles d'Eleu
GUEZER, ville royale des Cananéens, théropolis, et renfermait le tombeau du
Jos. 10, 33. 12, 12. 16, 3.10. 21, 21., si prophète Habacuc.
tuée entre Beth-Horon et la mer Médi GUIBBETHON, ville des Philistins,si
terranée, plus tard frontière occidentale tuée sur le territoire de Dan, Jos. 19, 44.
de la tribu d'Ephraïm, et ville lévitique ; Elle fut donnée à la tribu de Lévi, Jos. 21,
elle continua cependant toujours d'être 23., mais les Philistins continuèrent d'en
GU1 399 GUI
demeurer les maîtres, malgré les efforts plateau, l'Araxe est celui dont l'identité
des lsraélites, qui cherchèrent à s'en em se justifierait le mieux. C'est, entre au
parer comme d'une ville frontière, im tres, l'opinion de Winer et de Preiswerk.
portanteparce qu'elle était fortifiée, 1 Rois Ajoutons que les Arabes, en appelant l'A-
15,27. 16, 15. raxe Gihun Elras (Erras ou Arras), ont
GUIDHOM, Jug. 20, 45., ville incon réuni le nom ancien et le nom moderne,
llll8, ont ajouté au nom hébreu sa traduction
GUIHON, 1° Gen. 2, 13., un des qua grecque, puisque le grec &pazzo a la même
tre fleuves du paradis, celui qui coule en signification que l'hébreu giah, circon
t0urnoyant par tout le pays de Cus, Quel stance qui semblerait prouver qu'origi
est-il maintenant ? Les uns en ont voulu nairement l'Araxe a porté de préférence
faire le Nil (!), d'autres l'Oxus, d'autres le nom de impétueux, de Guihon.
l'0ronte, d'autres l'Araxe. La première 2° Montagne au dos large et rocailleux,
de ces suppositions est inacceptable, et du haut de laquelle on domine Jérusalem.
l'0n ne comprend pas comment les Pères 3° Vallée à l'ouest de Jérusalem; elle va
de l'Eglise, Josèphe, les mahométans, et du nord au sud, entre le mont Guihon et
denosjours encore Gesenius, ont pu pen le promontoire de la ville; son inclinai
ser à faire du Nil un des fleuves du pa son est considérable, et sa profondeur
radis, en lui donnant une source com augmente rapidement ; elle contient plu
mune avec l'Euphrate : une interprétation sieurs étangs; vers le sud sa largeur s'ac
tr0p étroite du nom de Cus, q. v., aura croît jusqu'à 2,700 pieds, et elle débouche
amené ce résultat bizarre. Quant aux au dans la vallée de Josaphat. v. Topheth,
tres fleuves que l'on a voulu entendre par Hinnom, Haceldama, etc. —Ce nom s'ap
le Guihon, nous avons vu, à l'article Dé plique d'une manière spéciale à la partie
luge, combien ce grand bouleversement septentrionale de la vallée de Hinnom ;
avait dû changer l'état de choses indiqué c'est là que fut proclamé Salomon, 1 Rois
par Moïse. L'Oxus porte en effet, encore 1, 33.38. 45. cf. 2 Chr. 32, 30.
de nos jours, le nom de Guihoun ou Dji GUILBOAH, montagne de la tribu d'Is
h0un, mais cela ne suffit pas à établir une sacar, à l'extrémité sud-est de la plaine
preuve ; car la racine de ce mot, giah, si de Jizréhel, selon Jérôme et Eusèbe, à 6
gnifiant jaillir avec impétuosité, bondir milles de Bethsan (Scythopolis). C'est sur
(c'est le terme employé en parlant du cette montagne que Saül et Jonathan per
cheval, Job 39,23.), et conservant cette dirent la vie , en combattant contre les
signification dans presque tous les dialec Philistins, 1 Sam. 28, 4. 31, 1.; David,
les sémitiques, il est clair que ce nom, dans l'hymne funèbre qu'il composa sur
0u un nom semblable, a dû être donné à cet événement, semble indiquer que cette
beaucoup de fleuves en Asie; ainsi, le montagne était fertile, 2 Sam. 1, 6. 21.;
Volga s'appelle en perse Gihun Atel, le il la maudit pour avoir étè le théâtre d'une
Gange Gihun Kank, l'Araxe Gihun El scène de deuil si affligeante, et de nos
ras, l'Oxus Gihun, et la fontaine de Si jours elle est sèche et stérile (Keith, Juifs
lºé Guihon, à cause de l'abondance de ses d'Eur. etc., p. 267). Au temps d'Eusèbe,
taux, 1 Rois 1,33.38. Le Guihon ne pou on y voyait encore un gros bourg nommé
Want ainsi se retrouver ni par son étymo Gelbos, et près delà la sourceTubania.
lºgie, ni par les anciennes autorités, ni GUILGAL, 1° Jos. 12, 23. Quelques
Par l'usage de la langue de nos temps, uns pensent que cette ville est la même
ll0us sommes réduits à des conjectures. que celle qui est indiquée Jos. 4, 19., et
Dans le système que nous avons exposé dont nous allons parler; d'autres confon
(º. Déluge), la difficulté n'en est pas une; dent Guilgal des Gentils avec la Galilée
si, au contraire, on se rattache à l'opinion des Gentils, Es. 9, 1., en supposant une
qui place le paradis dans le voisinage de erreur de copistes. Il paraît plus proba
l'Ararat actuel, si l'on croit que les fleu ble que c'était une ville à part, à 6 milles
Vºs du paradis puissent encore se retrou au nord d'Antipatris, appelée Galgule par
Ver, quoique bouleversés, sur un même Eusèbe.
GUI 400 HAB

2° Guilgal, la première station des Is GUIRGAZIENS ou Gergésiens, peu


raélites après la traversée du Jourdain, plade cananéenne, Gen. 10, 16. 15, 21.
Jos. 4, 19. Elle était située entre le fleuve Deut. 7, 1. cf. Jos. 24, 11, qui paraît avoir
et Jérico, à 10 stades (2 kilom.) sud-est habité la partie nord-est du lac de Géné
de cette ville : elle se trouvait ainsi pro Sareth, si du moins on en croit ce que dit
bablement sur le territoire de Benjamin. Origène d'une ville de Gergésa située
Une ville y fut bâtie , et prit le nom de sur les bords de ce lac; v. Gadara. Du
Guilgal, à cause de la circoncision que le reste, complétement inconnue. On sup
peuple reçut en cet endroit, parce qu'a- pose qu'ils émigrèrent en masse à l'ap
près cette opération le Seigneur dit : J'ai proche des Israélites.
roulé (enlevé) de dessus vous l'opprobre GUIRZIENS, 1 Samuel 27, 8., peuplade
d'Egypte (de galal, rouler)Jos. 5, 1-9. Il au sud de la Palestine. Le Keri (notes en
n'existe plus aucune trace de cette ville, marge) lit Guizériens, ce qui ferait pen
et cependant elle a été célèbre dans l'his ser à des colons de la ville de Guéser;
toire juive : c'est de là que les Israélites mais c'est incertain.
firent la conquête de Canaan, 9, 6. 10, 6. GUITTITH. Ce mot, qui se trouve en
sq. Samuel en fit le siége du tabernacle tête des psaumes 8, 81 et 84, a été inter
jusqu'au temps où on le transporta à Si prété de diverses manières, ou comme le
lo, et lui-même s'y fixa pour y rendre la nom d'un instrument de musique, ou
justice, 1 Sam. 7, 16. 10, 8. 11, 14. 15, comme l'indication de l'air sur lequel le
21.33.Les Israélites y avaient célébré leur psaume devait se chanter, ou comme som
première Pâque en Canaan, et le blé du maire du psaume. Ces deux dernières sup
pays y remplaça la manne du désert, Jos. positions s'appuient sur la signification
5, 11. Sous la domination des Moabites, de gath, pressoir, et l'on a eu l'idée que
elle devint un siége de l'idolâtrie, Jug. 3, c'étaient des psaumes à chanter en au
19. (il faut lire idoles au lieu de carrières, tomne, lorsqu'on fait la vendange : mais
dans ce passage ; c'est du moins le sens rien, ni dans le contenu de ces psaumes,
ordinaire du mot phesil, employé, par ni dans l'analogie de la langue, ne justifie
exemple, Deut. 7, 25. Jér. 8, 19.); le culte cette hypothèse. Ceux qui veulent y voir
du vrai Dieu y est rétabli sous Samuel, le nom d'un instrument pensent, les uns,
Saül y est sacré roi, 1Sam. 13, 7-9. Puis, que cet instrument avait quelque ressem
sous Hozias, Jotham et Achaz, elle rede blance dans sa forme avec celle d'un pres
vient pour la seconde fois le centre de soir, les autres, qu'il s'agit d'un instru
l'idolâtrie, et les prophètes montent à la ment de musique dont la fabrique était à
brèche pour combattre l'erreur, Os. 4, 15. Gath : faute de mieux, il convient peut
9, 15. 12, 12.Am. 4, 4. 5, 5.—Guilgal de être de s'arrêter à cette dernière manière
vait son importance, dit Brœm, à sa situa de voir, qui est celle des interprètes juifs,
tion près de la porte sud-est du pays oc de De Wette et de Stier.
cidental (Bethséan en est la porte nord GUR-BAHAL, 2 Chr. 26, 7., ville ou
est, Acre la clef nord-ouest, Joppe la clef district inconnu de l'Arabie Pétrée, sur
sud-ouest); elle a remplacé Jérico dé les limites méridionales de la Palestine.
truite par Josué, et elle disparaît à me
sure que la nouvelle Jérico se relève, H
s'accroît et reprend une place dans l'his
toire ; « eIle a été entièrement transpor HABACUC (lutteur). On ne sait rien
tée », Am. 5, 5. Au temps d'Eusèbe, on de particulier sur la personne de ce pro
en trouvait encore quelques ruines, et les phète; il paraît seulement, par le contenu
Arabes, de nos jours, donnent le nom de de son livre, qu'il vécut avant la ruine du
Galgala à une colline qui est près des royaume de Juda, et l'on peut, avec assez
bords du Jourdain, et qui est couverte de probabilité, le placer dans les derniers
de pierres; mais Guilgal devait être plus temps de la vie d'Ezéchias; d'autres le
éloigné de ce fleuve, au moins à 50 sta mettent sous Manassé, Jéhojakim ou Sé
des (10 ou 11 kilom.). déciaS.
HAC 401 IIAC
Les quatre premiers versets du 1er cha ses conséquences. Peu de jours après,
pitre de ses prophéties renferment des 3,000 hommes d'Israël furent battus de
plaintes sur la corruption du peuple; le vant Haï, et l'on comprit que Dieu n'é-
prophète annonce que ces péchés seront tait plus avec l'armée. « Hélas! s'écria
châtiés par l'invasion des Caldéens, 5-1 l.; Josué, que dirai-je, puisqu'Israël a tourné
puis, à la fin du chapitre, il demande à le dos devant ses ennemis ! » Dieu or
Dieu d'adoucir la rigueur de ses châti donna qu'on tirât au sort par tribus, par
ments. Le chapitre 2 contient la réponse familles, par individus. v. Sort, et Urim.
de l'Eternel, et l'assurance que les Cal Hacan, désigné, n'hésita plus à confesser
déens seront à leur tour l'objet des juge Son larcin. « Pourquoi nous as-tu trou
ments célestes. Le livre se termine par un blés, lui dit Josué ? L'Eternel te troublera
sublime cantique d'actions de grâces au aujourd'hui. » Puis le peuple entraîna le
Sujet de la révélation consolante que le coupable dans la vallée de Hacor, le la
prophète vient de recevoir. On remarque pida, et le brûla au feu, selon l'oracle
les parallèles suivants : 1, 5. Act. 13, 40. 7, 15., avec tout ce qui lui appartenait.
41.;-2, 3.4. Rom. 1, 17.;–2, 12. Mich. On se demande si sa famille périt avec
3, 10.; — 2, 14. Es. 1 1, 9.; — 3, 19. Ps. lui, comme paraît l'indiquer le verset 24;
18, 34. On peut croire qu'elle avait eu connais
HABDON (serviteur de jugement). sance du délit, et qu'elle en était en quel
l° Ephraïmite, fils de Hillel, successeur que sorte responsable en ne le dévoilant
d'Elon dans la judicature d'Israël, jugea pas : d'un autre côté, la loi était expresse
les lsraélites pendant huit ans, et fut ense en défendant de punir les enfants avec
velià Pirhathon, dans le pays d'Ephraïm, leurs pères, Deut. 24, 16.; et Dieu ne pa
0ù il avait demeuré. Il laissa quarante fils raît pas avoir fait d'exception dans ce cas
et trente petits-fils, qui montaient sur des particulier; le verset 15 ne condamne à la
ânes, à la manière des hommes illustres mort que le coupable. Il vaut mieux peut
de ce temps, Jug. 12, 13. être croire que la famille ne fut conduite
2° Fils de Mica, l'un des messagers que avec son chef, dans la vallée de Hacor,
Josias envoya consulter Hulda la prophé que pour être témoin de son supplice,
tesse, 2 Chr. 34, 20. comme elle avait été témoin de son crime.
3°Ville de la tribu d'Aser, qui fut don La peine de Ilacan peut paraître grande
Ilée en partage aux lévites de la famille et peu proportionnée à sa faute ; mais il
de Guerson, Jos. 21, 30. 1 Chr. 6, 74. faut se rappeler que son crime n'était pas
HABED-NÉGO. v. Abed-Négo. une simple indiscipline de soldat, c'était
HABRONA, campement des Israélites le sacrilége d'un membre du peuple théo
dans le désert, sur les bords de la mer cratique : il n'a pas désobéi au capitaine
Rouge, et non loin de Hetsjon-Guéber, Josué, c'est au roi souverain d'Israël qu'il
Nomb. 33, 34. Inconnu. a manqué en portant la main sur ce qui
HACAN, (perturbateur) ou Hacar, 1 était déclaré interdit.
Chr. 2, 7., fils de Carmi de la tribu de HACCO, Jug. 1, 31., ville de la tribu
Juda, tristement célèbre pour avoir, par d'Aser, que les Israélites ne paraissent
sôn avide trangression, attiré la colère pas cependant avoir jamais possédée, et
de Dieu sur Israël, et compromis les con qui fut toujours habitée par des païens
quêtes de ce peuple, qui devait être vic grecs ou phéniciens, 1 Macc. 5, 15. Elle
t0rieux aussi longtemps qu'il serait saint portait, chez les Grecs et les Latins, le
et sans interdit, Jos. 7. Il mit la main nom de Aké, plus ordinairement encore
sur des dépouilles qui devaient être en celui de Ptolémaïs, Act. 21, 7. C'était aux
lièrement détruites; il prit un riche man jours de Strabon une grande ville avec un
teau, 200 sicles d'argent, un lingot d'or bon port sur la Méditerranée, entourée
du poids de 50 livres, et cacha le tout de trois côtés par un demi-cercle de mon
dans sa tente. Le crime ne fut pas décou tagnes, dont l'une était le Carmel vers le
Vert par lui-même, ou par quelque inha sud, non loin de l'embouchure du Bélus.
bileté dans l'exécution : il fut trahi par Après l'exil on y trouvait une colonie
I. 26
HAD 402 HAD

juive, Josèphe, Guer. des Juifs, 2, 18, 5. dumée nommés par Moïse, il est le seul
L'empereur Claude lui accorda les droits dont on connaisse un exploit; il défit les
de bourgeoisie romaine, et elle prit le Madianites Sur le territoire de Moab. —
nom de colonie de Claude César, Pline 2° Edomite de race royale , qui, lors de
5, 17. 36, 65. Elle s'appelle maintenant l'invasion d'Israël en Idumée, sous David,
Saint-Jean-d'Acre, mais les Arabes lui 2 Sam. 8, 14., fort jeune encore, s'enfuit
Ont conservé sOn ancien nom de Hacc0 : d'abord en Madian, puis en Egypte, avec
c'est le meilleur port de la côte syrienne, quelques serviteurs; il y trouva une prin
la clef de la Galilée, le débouché de la cesse à épouser , la sœur de Tachpénès,
route de Damas à la mer; elle est dans une femme du roi régnant, 1 Rois 11, 14., et
plaine fertile où prospèrent les grains, la vécut en prince, préparé de Dieu à de
soie et le coton, dont on fait des expor venir l'ennemi de Salomon.Après la mort
tations considérables. de David, il essaya de reconquérir en
HACELDAMA. Dans la vallée de Gui effet le territoire que son père avait per
hon, sur les flancs de la montagne méri du, mais l'Ecriture, dans son rapide ré
dionale, au sud de Sihon, se trouvaient cit, ne nous apprend pas quelle fut la fin
la plupart des grottes funéraires de l'an de cette tentative, 1 Rois 11, 22. ; il pa
cienne Jérusalem , et entre autres, le ci raît cependant qu'elle échoua , puisque
metière des étrangers et des pèlerins, Salomon continua de rester possesseur
qui reçut le nom de Haceldama, ou champ des ports de l'Idumée. D'après Josèphe,
du sang, Matth. 27, 7.8. Act. 1, 19., par Antiq. 8, 7. 6., Hadad aurait fait alliance
ce qu'il avait été acheté avec l'argent qui avec Rézon, roi de Syrie, se serait joint
avait payé le sang de Jésus. C'était au à lui pour inquiéter Israël, et lui aurait
paravant le champ d'un potier, qui s'en finalement succédé sur le trône de Syrie.
défit sans doute parce qu'il en avait épuisé, HADADHESER ou Hadarhéser, fils de
ou à peu près , la partie argileuse. On Réhob, roi de Syrie, demeurant à Tsobah,
voit maintenant encore une place de q. v. Sa domination s'étendait de la Sy
30 mètres de long sur 15 de large, com rie de Damas à l'Euphrate; plusieurs pe
prise entre les rochers et une muraille; tites provinces marchaient sous ses or
la moitié en est occupée par un ossuaire dres; seul entre tous les rois voisins de
voûté, de 10 mètres de haut, dans lequel Canaan, il pouvait espérer de lutter con
on introduit les cadavres par cinq ou tre David avec quelque chance de succès;
VertUll'eS. trois fois il s'éleva contre le royaume
HACOR, profonde vallée de la Pales d'Israël , mais les trois fois il fut vaincu
tine, au nord de Jéricho, Jos. 7, 26. 15, 7.
et repoussé avec perte. La première fois,
Os.2, 15. Es. 65, 10. Ce nom était encore2 Sam. 8, 3.4., il laissa à l'ennemi 1,700
en usage au temps d'Eusèbe et de saint cavaliers, 20,000 hommes et 100 cha
Jérôme. riots. La seconde fois, dans l'alliance de
HACSA, Jos. 15, 16. Jug. 1, 12. 1 Chr. Hanun, deux villes de Syrie , Tsobah et
2, 49., fille de Caleb, l'ami de Josué, et Béth-Réhob envoyèrent de rechef20,000
femme de Hothniel, son cousin, le pre hommes qui furent encore battus, 10, 6
mier des juges. Sa main fut le prix de la 14. La troisième fois, les Syriens de t0ut
valeur; peu contente de sa dot, elle ne se le pays, espérant de relever l'honneur
gênapas de prier son père d'ajouter quel de leurs armes en s'unissant les uns aux
ques sources aux terres qu'il lui avait autres, se rassemblèrent sous les ordres
données; il paraît même qu'elle mit quel d'Hadarhéser, 10 , 16-19., et de Sobac,
que vivacité dans sa demande , sans que son général en chef, mais David lui-mème
cependant il y ait rien qui soit de nature sortit contre cet intrépide et redoutable
à flétrir son caractère, ou à la faire passer adversaire, l'attaqua à Hélam en bataille
pour particulièrement avide. rangée, lui prit ou tua 40,000 cavaliers
HADAD, 1° fils de Bédad , fut chef ou et 700 chariots, et mit à mort son géné
roi d'Idumée, et succéda à Husam, 1 Chr. ral Sobac lui-même. — v. 1 Chr. 18, 3.
1, 46. Gen. 36, 35. De tous les rois d'I- 19, 6. *
HAD 403 HAI

HADAD-RIMMON, Zach. 12, 11., ville 15, 35. Elle avait été d'abord la résidence
de la vallée de Jizréhel, non loin de Mé royale d'un des petits rois de Canaan, 12,
guiddo. C'est là que le roi Josias perdit 15. Elle était probablement sur la lisière
la vie dans un combat, 2 Rois 23 , 29. des montagnes et du bas pays, dans la
2Chr. 35, 20. ; le deuil dont il est parlé contrée que traverse la route de Jaffa à
dans le passage de Zacharie est une allu Jérusalem. Roboam la fit fortifier, 2 Chr.
sion à cette circonstance.—Saint Jérôme 11, 7. cf. Mich. 1, 15., et elle subsistait
appelle encore cette ville Adadremmon, encore après l'exil de Babylone, Néh. 11,
mais il y joint le nom de Maximianopolis, 30. En entrant dans les montagnes on
qu'elle reçut plus tard en l'honneur de trouve une contrée rocailleuse et une
l'empereur Maximien : elle était à 17 mil multitude de grandes cavernes qui ser
les de Césarée de Palestine. vent aujourd'hui de repairesaux brigands
HADARHESER, v. Hadadhéser. arabes. Une de ces cavernes est mention
HADASSA (myrte), un des noms d'Es née dans l'histoire de David, 1 Sam. 22,
ter, q. v. Est. 2, 7. 1. 2 Sam. 23, 13.1 Chr. 11, 15. Ce mo
HADATTA, Jos. 15, 25., ville située narque s'y était réfugié pendant que l'ar
au midi de la tribu de Juda, non loin des mée des Philistins occupait la vallée des
frontières iduméennes. Réphaïms. .
HADID, Néh. 11, 34., ville habitée par HAGARENIENS, descendants d'Agar
des Benjamites et située dans le voisinage et d'Ismaël, par conséquent membres de
de Lod et d'Ono, Esd. 2, 33. Néh. 7, 37. la grande famille des Ismaélites, auxquels
Il ne paraît pas qu'elle ait appartenu pri on donne aussi le nom d'Arabes, et sur
mitivement à Benjamin, et l'on peut croire tout de Sarrasins (de sarak, voler ?). Ils
qu'elle ne lui fut cédée qu'après la capti étaient fixés au delà du Jourdain, 1 Chr.
vité, v. Hadithajim. 5, 10. 19. 20. Ps. 83, 7. Le livre des
HADINO, v. Jasobham. Psaumes compte les Hagaréniens au
HADITHAJIM, Jos. 15, 36., et Hédasa, nombre des nations voisines et ennemies
15, 37, villes inconnues. Eusèbe connaît d'Israël; il les joint aux Moabites; et
deux villes de ce nom, l'une vers Gaza, l'on voit dans les Chroniques que la tribu
l'autre vers Lydde. Il est encore parlé de Ruben, au temps de Saül, fit la guerre
d'une Adida, 1 Macc. 12, 38. Josèphe, à cette peuplade, se rendit maîtresse du
Ant. 13, 15, 2. Il est possible que ce soit pays et la chassa devant elle, ce qui in
l'une de ces deux, peut-être aussi Hadid. dique la direction vers le sud ou sud-est.
HADORAM (leur beauté), 1° Gen. 10, On pense que c'est la même tribu que
27. 1 Chr. 1, 21., descendant de Héber celle des Agréens, qui sont rangés dans
parJoktan, père d'une peuplade dont nous Strabon, 16, 767., avec les Nabathéens
nesavons absolument rien. Bochart pense et les Chaulotes parmi les habitants de
aux Dirmates ou Drimates, sur le golfe l'Arabie septentrionale : ce nom se re
Persique ; Schulthess aux Adramites. — trouve encore (Hachar, Hagar) sur le
2° v. Joram. golfe Persique ; et les habitants de cette
HADRAC, Zach. 9, 1., district, proba peuplade, grands bédouins, conduisent
blement voisin de la Palestine, contre le chaque année en Syrie des milliers de
quel Zacharie a prononcé tout un de ses chameaux pour les vendre. Il est possible
oracles. Le rabbin Jose de Damas con que ce soit la même tribu ; elle aurait
naissait cette ville ; il la place à l'est de émigré vers le sud, comme émigrent tou
Damas, et dit qu'elle était assez considé tes les tribus nomades. - D'autres pen
rable. On peut voir aussi dans Ugolini sent à une ville de ce nom dans l'Arabie
l'opinion d'un certain Alphen, qui trouve Pétrée.
dans Hadrac le nom de la divinité Ater HAI, Jos. 7, 2., ou Haia, Néh. 11, 31.,
gatis ou Derceto. ou Haiath, Es. 10, 28., ville fort an
HADULLAM (leur témoignage), ville cienne, déjà nommée Gen. 12, 8. 13, 3.,
fort ancienne, Gen. 38, 1.12.20., dans et appartenant aux Cananéens , était si
la plaine basse de la tribu de Juda, Jos. tuée sur une montagne près de Bethaven,
HAK 404 HAM

à l'est de Béthel, et au sud d'une vallée montée des scorpions.Jos. Ant. 12, 8, 1.
qui descend du côté du Jourdain. Après HALAMOTH, Ps. 46, 1.1 Chr. 15,20.,
une première défaite que les Israélites probablement indication d'une mesure,
essuyèrent dans son voisinage, par suite ou d'un ton musical, v. Psaumes.
du péché de Hacan, ils s'emparèrent de HALMON , ville lévitique de la tribu
cette ville sous Josué et la détruisirent, de Benjamin, Jos. 21, 18. Dans le pas
Jos. 7, 2. 8, 1.;mais ils la rebâtirent plus sage parallèle, 1 Chr. 6, 60., il y a Ha
· tard, comme il ressort de Es. 10, 28., et lemeth. Un autre Halmon est indiqué
les Benjamites l'habitèrent après l'exil, Nomb. 33,46. parmi les stations d'Israël.
Esd. 2, 28. Néh. 7, 32. Il n'en restait HAMALEC. Il est nommé pour la pre
plus que des ruines insignifiantesau temps mière fois Gen. 36, 12. (1 Chr. 1, 36.);
d'Eusèbe et de Jérôme; une vallée du on ne sait rien de lui, sinon qu'il était
même nom était au nord de la ville , Jos. petit-fils d'Esaü par Eliphaz et Timnath.
8. 1 1 . Mais les Hamalécites eux-mêmes sont
Le passage Jér. 49, 3., dans nos ver nommés déjà à l'époque d'Abraham, à
sions, parle d'une ville de Haï, mais elle côté des Amorrhéens, Gen. 14, 7., d'où
ne peut être confondue avec la précé l'on voit clairement qu'ils ne descendaient
dente; il faudrait plutôt admettre qu'il y point de l'arrière-petit-fils d'Abraham,
a eu dans le pays de Hammon une ville comme le disent quelques auteurs. Ba
de ce nom, dont rien ailleurs ne prouve laam aussi les appelle le commencement
l'existence. Peut-être, cependant, vaut-il des nations, c'est-à-dire une nation fort
mieux traduire avec Dahler le mot hébreu ancienne, Nomb. 24, 20. Leur vie no
Haï, ou plutôt Hi, qui signifie monceau made ne permet pas qu'on assigne des
de ruines : le sens du pasSage serait alors limites bien déterminées au pays qu'ils
« Hurle , ô Hesbon , car elle est dévas habitèrent; nous les trouvons occupant
tée, un monceau de ruines », en le rap d'une manière générale les contrées au
portant à la ville de Rabba, mentionnée sud de la Palestine, Nomb. 13, 30.; c'est
au verset précédent. dans les déserts de l'Arabie Pétrée qu'ils
HAJIN, 1° ville de la Palestine, qui viennent fondre sur le camp voyageur
appartint d'abord à la tribu de Juda, Jos. d'Israël, Ex. 17, 8. Ils sont alliés avec
15, 32., puis à celle de Siméon, 19, 7. les Hammonites, Jug. 3, 13., avec les
1 Chr. 4,32., et fut enfin donnée aux Lé Madianites, 6, 3. 7, 12., avec les Kéniens,
vites, Jos. 21 , 16. Peut-être est-ce la 1 Sam. 15, 6.; on les trouve dans le voi
même que Hen-Rimmon de la tribu de sinage des Philistins,27,8., et des monts
Juda, Néh. 11, 29. D'après Eusèbe, ce de Séhir, 1 Chr. 4, 43., comme près de la
serait Béthanie (Beth Henajin), à 4 milles
ville de Sur en Egypte (Pelusium), 1 Sam.
de Hébron. 2° Une autre Hajin est indi 15, 7. C'est donc entre l'Egypte, le désert
quée Nomb. 34, 11. comme située à la de Sinaï, Edom, et les possessions des
frontière nord-est de la Palestine. Ce Philistins, qu'il faut les placer. Cepen
nom signifiant source, plusieurs inter dant on les trouve aussi établis au milieu
prètes, au lieu d'une ville, y ont vu la de la Palestine avec quelques familles ca
source même du Jourdain, mais c'est peu nanéennes, et ils paraissent s'y être long
probable. temps maintenus, Jug. 12, 15. 5, 14.; du
HAKRABBIM (les scorpions). C'était moins On ne sait guère comment expli
le nom d'une hauteur faisant partie de la quel autl'ement , le nom de Hamalécite
chaîne de montagnes qui forme la fron donné à une partie de la montagne d'E-
tière sud de la Palestine, Nomb. 34, 4. phraïm.
Jos. 15, 3. Jug. 1, 36. Elle était ainsi Les Hamalécites en vinrent fréquem
nommée à cause des nombreux scorpions ment aux mains avec les Israélites; d'a-
qui s'y trouvaient , et qui s'y trouvent bord dans le désert, où ils attaquèrent le
encore, v. Volney. Un district de l'Idumée peuple fugitif et pauvre, sans qu'on en
est appelé Acrabattine, 1 Macc. 5, 3., et sache le motif ou l'occasion, Ex. 17, 8.;
devait se trouver dans le voisinage de la ils furent défaits parce que, pendant que
HAM 405 HAM

Josué combattait dans la plaine, Moïse était satisfait; mais un homme, un seul,
priait sur la montagne ( cf. Deut. 25, 17. refusait de lui accorder les marques
1 Sam. 15, 2.). Les Hamalécites rempor d'honneur auxquelles il avait droit de par
tèrent une légère victoire, Nomb. 14,40., le roi , et cet homme c'était un étranger,
sur quelques chefs israélites qui voulu un Hébreu, Mardochée. On ne pouvait
rent se mettre en campagne malgré les répandre trop de sang pour venger une
Ordres de Moïse; ce fut une leçon pour pareille injure ; sacrifier Mardochée n'eût
lsraél sans être un triomphe pour Hama pas valu la peine, il fallait la ruine de la
lec. Puis ce peuple ennemi fut de nou nation tout entière à laquelle appartenait
veau battu , longtemps après, par Saül , le coupable; Haman jeta les sorts et trouva
1 Sam. 14, et 15, par David, 1 Sam. 27, que le douzième mois était celui auquel
8.30, 1.2 Sam. 8, 12., et enfin, sous Ezé il conviendrait de faire le carnage. Il
chias, par les hommes de la tribu de Si parla de la chose au roi, qui n'y enten
méon, qui paraissent en avoir presque ex dait rien; il lui représenta que ce peuple
terminé les derniers restes, 1 Chr. 4, 43., d'esclaves dispersés dans ses états était
accomplissant la prophétie de Balaam, un peuple de rebelles, vivant sous des
Nomb. 24, 20. — Les rois Hamalécites lois particulières, et soumis de cœur à
portaient, à ce qu'on croit, le nom géné un autre roi : il fit surtout résonner à ses
ral de Hagag, Nomb. 24, 7.1 Sam. 15, 8. oreilles dix mille talents d'argent qu'il
20, 32. remettrait dans les caisses du royaume
Il est parlé, 1 Sam. 15, 5., de la ville s'il était autorisé à publier le décret d'ex
principale d'Hamalec, mais le nom n'en termination. Dix mille talents! le roi se
est pas indiqué. hâta de les gagner, il n'eut pour cela qu'à
D'après des traditions arabes, les Ha ()ter sa bague et la remettre au bourreau.
malécites auraient été de race camite, de Mais le Juif avait eu connaissance de
vrais Arabes, et se seraient établis dans les cette Saint-Barthélemy que les païens
lieux qu'habitèrent plustard les Ismaélites voulaient donner à son peuple ; il en
et les Joktanides; ils auraient été parents avertit la reine sa parente, et celle-ci ré
d'Ismaël, par conséquent aussi d'Esaü et solut, avec l'aide de Dieu, d'anéantir ce
d'Hamalec son petit-fils, et les descen projet en anéantissant celui qui l'avait
dants de celui-ci se seraient mélangés et formé. Haman fut invité à un festin par
confondus avec les anciens Hamalécites. Ester, et cette invitation fut suivie d'une
HAMAN, Est. 3, 1. etc. On pourrait seconde pour le jour suivant. Son cœur
donner pour épigraphe à l'histoire de cet bondissait d'orgueil au sortir du palais,
homme, ces paroles du sage : « L'orgueil quand la vue de Mardochée vint lui rap
marche devant l'écrasement. » Prov. 16, peler que, seul dans tout le royaume, ce
18. Il était fils d'Hammédatha, et sur malheureux refusait de faire son bon
nommé Agagien, ce qui a fait croire à heur , en lui refusant ses hommages : il
quelques-uns qu'il était Hamalécite, des se fit violence pour cacher son humeur,
cendant des rois Agag; cette épithète et s'en fut raconter à sa femme et à ses
n'a cependant pas une signification aussi amis les joies et les honneurs de sa jour
absolue, et pourrait n'indiquer qu'un lieu née. Tout cela, disait-il, ne me sert de
de naissance, une simple parenté ou mê rien pendant que je vois Mardochée , ce
me une fonction. La tradition qui fait Juif, assis à la porte du roi. La femme
Haman macédonien ne peut être ni prou et les anis du favori pensèrent qu'un gi
vée ni démentie. Ce favori parvenu, qui bet de 50 coudées (25 mètres) satisferait
Ile devait peut-être son élévation qu'à un à ce qu'Haman pouvait regretter, et l'on
caprice de son maître, occupait le pre décida que la mort de Mardochée prélu
mier rang à la cour de Perse; il était le derait à la destruction de sa race. Le len
premier de tous les seigneurs, et n'avait demain Haman devança l'heure du festin
au-dessus de lui que le roi. La foule se pour aller au palais demander la permis
prosternait devant lui, les seigneurs lui sion de faire pendre son superbe ennemi.
rendaient hommage, son amour-propre mais le roi le prévint : « Que faudrait-il
lIAM 406 HAM

faire à un homme, dit-il, que le roi prend ses intérêts, et lui fit voir que les dix
plaisir d'honorer P » Haman , ne doutant mille talents offerts par l'oppresseur ne
pas que ce ne fût une nouvelle galanterie compenseraient pas le dommage que le
que le roi lui préparait, et sur laquelle il roi en recevrait. ll paraît que le roi n'a-
le consultait d'une manière indirecte et vait plus présente à l'esprit la permission
délicate, ne se contraignit point dans qu'il avait accordée à son favori, soit
l'expression de ses désirs; il imagina qu'il l'eût donnée dans un moment de
pompe sur pompe ; cheval royal, vête distraction , soit qu'au milieu de tous ses
ments royaux, couronne du roi, rien ne autres intérêts la chose lui parût peu im
pouvait être trop beau, et le plus grand portante, puisqu'il ne s'agissait que de
des seigneurs de la cour devait accompa quelques esclaves étrangers et rebelles.
gner dans les rues de la ville la marche Ester dut nommer le coupable, et Haman
triomphale de ce sujet bienheureux. « Eh voyant bien à l'expression du roi qu'il
bien! lui dit le roi, hâte-toi, et fais ainsi était perdu, profita d'une absence de ce
à Mardochée, le Juif. » Quelle que fût la lui-ci pour se jeter aux pieds de la reine
fortune et la grandeur d'Haman, il n'é- et lui demander la vie. Mais le roi qui
tait qu'un esclave auprès du roi et ne put rentrait, ayant vu ce mouvement, l'inter
qu'obéir : il dut lui-même honorer celui préta mal comme on fait toujours dans la
dont il venait quelques minutes aupara colère, et n'en fut que plus irrité, la sen
vant demander la mort, il dut crier de tence fut prononcée, et, sur l'observa
vant lui dans les rues : « C'est ainsi qu'on tion qu'un gibet dressé par Haman pour
doit faire à l'homme que le roi prend Mardochée s'élevait près de là, le favori
plaisir d'honorer. » Une nuit d'insomnie disgracié y fut conduit et pendu.
avait tout fait; le roi avait pris connais Il n'y a rien dans cette prompte chute,
sance d'une conjuration qui avait été dé et dans ce passage subit des plus hautes
couverte sous son règne par Mardochée, distinctions au supplice le plus infâme,
et, s'étonnant que Mardochée n'eût pas qui puisse étonner quand on connait la
reçu de récompense pour un si grand justice expéditive et sommaire de l'Asie.
service, il avait résolu de réparer cette Rien ne peut étonner non plus dans la
ancienne faute, et de la réparer d'une permission donnée par le roi à un de ses
manière éclatante. Après sa fatale prome serviteurs d'exterminer une partie des
nade, Haman rentra chez lui tout affligé, hommes qui habitent son territoire, hom
et ayant la tête couverte ; il se hâta de mes qui n'ont point d'histoire pour lui, et
donner à sa femme et à ses amis la clef qu'il ne connaît que par les renseignements
de cette énigme inconcevable, et de leur incomplets et tronqués que lui donne un
expliquer comment , allant demander la homme puissant, qui veut s'en défaire,
mort de Mardochée , il avait dû servir parce qu'un d'entre eux l'offusque. Ce
lui-même à son élévation : alors ces sages que les voyageurs modernes nous disent
comprirent que ce ne serait pas un fait de l'Asie, depuis Constantinople ou
isolé, et que l'ancien favori tomberait Alexandrie jusqu'à Pékin , n'est que trop
devant le nouveau, Haman devant le Juif. d'accord avec cette brutalité de l'aut0
En même temps les officiers du roi vin crate et bouillant Xercès; ces monarques
rent chercher Haman pour le conduire n'ordonnent que par caprice , et peuvent
au festin de la reine : On peut se repré envoyer à la mort des populations entiè
senter qu'il y triompha moins que la res, aussi bien que leurs femmes ou leurs
veille. Sur la fin du repas, Ester ayant favoris ; il suffit que celui qui veut obtenir
été invitée par le roi à lui demander tout le décret sache bien choisir son moment.
ce qu'elle voudrait, jusqu'à la moitié de Dans la lutte entre Ester et Haman, la
son royaume, demanda la vie pour elle et victoire ne fut à la reine que parce que
pour son peuple, découvrit qu'elle était le roi se trouvait bien disposé, Est, 4, 11.
Juive elle-même, et par là enveloppée dans 5, 2., et Dieu travailla avec la pieuse Juive
le décret de proscription, représenta au parce que celle-ci, de son côté, exposait
roicombien cette mesure était contraire à sa vie pour sauver son peuple.
HAM 407 HAM

HAMASA. 1° 1 Chr. 2, 17.2 Sam. 17, que ce chef aurait abandonné l'armée des
25., fils de Jéther ou Jithra, et d'Abigal, dix tribus, pour se ranger dans celle de
fut nommé par Absalon chef d'armée, en Juda 9 c'est ce que l'on ne saurait déter
remplacement de Joab son cousin qui pré miner.
féra le service du roi. Hamasa survécut à HAMATH, Hamathiens. C'était la prin
labataille dans laquelle Absalon fut vaincu cipale ville d'Aram Tsoba q. v., 2 Chr. 8,
et tué; et David, soit par politique et pour 3.1 Chr. 18, 3. Elle fut fondée par des Ca
se l'attacher, soit par répugnance pour nanéens, Gen. 10, 18., et remonte ainsi à
Joab le meurtrier de son fils, le maintint la plus haute antiquité, demême que Damas
à la tête des troupes, 2 Sam. 19, 13. Joab et Sidon. Elle faisait partie de la terre pro
irrité et jaloux, voyant d'ailleurs le peu mise, dont elle formait la limiteseptentrio
de zèle que Hamasa témoignait pour le nale, Nomb. 13, 22.34, 8. Ez. 47, 16. Jos.
service du roi contre les rebelles, 20, 5 13, 5. 1 Rois 8, 65. 2 Rois 14, 25., du
7., et impatient de se venger, surprit son côté de Damas, Zach. 9, 2. Jér. 49, 23.
rival près de Gabaon, et le frappa en fei L'entrée de Hamath dont il est parlé plu
gnant de l'embrasser ; après cette lâche sieurs fois, Jos. 13, 5. Jug. 3, 3., était le
action, Joab marcha sur l'ennemi, et défit défilé qui conduisait de Canaan en Syrie
Sébahcontre qui Hamasa avait été envoyé. par la vallée qui est entre le Liban et
Le corps de Hamasa resta quelque temps l'Anti-Liban. Josué assigna cette ville à la
au milieu de la route , et un serviteur de tribu de Nephthali, 19, 35. Elle eut cepen
Joab se tenait là pour engager ceux qui dant toujours sa banlieue ou son territoire
passaient à se joindre à Joab et à le recon particulier, 2 Rois, 23, 33. 25, 21., et se
maitre comme général de l'armée de David; gouverna par ses propres rois, l'un des
mais comme on s'arrêtait à ce triste spec quels vécut avec David en bonne harmo
tacle, l'officier poussa le cadavre hors du nie et en respectant sa supériorité, 2 Sam.
chemin dans un champ, et jeta un vêtement 8, 9. 1 Chr. 18, 9. La ville resta ainsi in
sur lui pour le cacher. — Hamasa paraît dépendante, sauf une courte interruption,
avoir été ambitieux et politique; il sert le 2 Rois 14, 28., jusqu'au moment où les
rebelle contre son père, puis après que Assyriens s'en emparèrent sous Ezéchias,
le royaume est pacifié, il se met au service Es. 10, 9. 36, 19. Amos lui donne le nom
du père, mais craint de se compromettre de grande, 6, 2., et aujourd'hui encore,
en marchant contre ceux dont il fut autre sous le même nom de Hama, elle compte
fois le chef, et qui résistent encore à son 100,000 habitants ; elle doit son impor
Il0uveau maître. tance à sa position sur une grande route
2° v. Hazaria 4°. de commerce. Elle est située sur les deux
HAMASAI, un des hommes de Juda et rives de l'Oronte, dans une vallée étroite
Benjamin, qui vinrent à David avec beau dont les flancs sont des parois de rochers
c0upd'autres, lorsqu'il était enfermé dans au milieu de jardins et de vergers. Sous la
la forteresse de Tsiklag à cause de Saül. domination macédonienne en Syrie, elle
David n'accueillit qu'avec défiance des li porta le nom d'Epiphanie; Théodoret, Jé
bérateurs qui lui venaient de la tribu de rôme et Cyrille comptent deux Hamath,
Saül, et craignit une trahison, mais Ha mais ne s'entendent guère sur la position
masaï, revêtu de l'esprit, lui dit : « Que la de ces villes; il est bien possible cepen
paix soit avec toi, ô David, fils d'Isaï ! dant que la ville de Hammath nommée
Paix soit à ceux qui t'aident, puisque ton Jos. 19, 35., soit différente de Hamath la
Dieu t'aide ! » David, dont ces paroles is grande, Am. 6,2., celle dont il a été ques
raélitiques vainquirent la défiance, les re tion ici.
(ut au nombre de ses capitaines. HAMINADAB (mon noble peuple) 1°v.
HAMASIA, 2 Chr. 17,16., fils de Zicri. Aminadab ; 2o Cant. 6, 12. Si ce verset
• Il s'était volontairement offert àl'Eter était bien rendu dans nos versions, Ha
nel, » et servait sous Josaphat : ces paro minadab aurait été un cocher ou un écuyer
les indiquent-elles un vœu particulier, célèbre par la vitesse de ses chevaux. Mais
Ou bien un service volontaire, ou enfin il y a hami-nadib, qui signifie princesse
HAM 408 l1AN

de mon peuple, et qui paraît devoir être déens, qui firent la guerre au roi Jéhoja
traduit, au lieu d'être pris comme nom kim, 2Rois 24,2.; mais dans la suite leurs
propre. Le verset aurait alors ce sens dans ambassadeurs se rêunirent à Jérusalem ,
la bouche de l'épouse : « Je suis descen avec ceux des autres peuples qui voulaient
due au verger des noyers, etc., pour voir secouer le joug de Babylone.
la nature et la végétation, et je ne pensais Les prophètes leur reprochent leur hai
pas, mon âme ( ou en moi-méme), étre ne invétérêe et leurs constantes hostilités
mise sur le char de triomphe commeprin contre lsraël, Am. 1, 13, Soph. 2, 8. Ez.
cesse de mon peuple. » 25, 3., et ils leur annoncent la dévasta
3° 1 Chr. 6, 22., fils de Kéhath, frère tion de leur pays, Jér. 49, 1. sq., pro
de Coré. phétie dont les voyageurs modernes ont
HAMMIEL. v. Eliham. démontré leparfait accomplissement(See
HAMMON, ou Ben-Hammi, père des tzen, Buckingham, Burkhardt), bien qu'ils
Hammonites, Gen. 19, 38., fils de Lot par aient été momentanément rétablis, selon
la plus jeune de ses filles. C'était une po l'oracle de Jérémie, et qu'on les retrouve
pulation sœur des Moabites, et apparen opposant à Israël des troupes nombreu
tée avec les Israélites, puisque Lot était ses, 1 Macc. 5, 6. Justin martyr dit aussi
fils d'un frère d'Abraham; aussi Dieu dé que de son temps encore ils formaient
fendit à Moïse et à son peuple de les trai une peuplade considérable. Mais dès lors
ter en ennemis, Deut. 2, 9.19. Nomb. 31, ils ont été confondus sous le nom d'Ara
cf. chap. 22-25,.Vainqueurs des Zamzum bes, et la prophétie a été accomplie qui
mims, les Hammonites demeurèrent pri dit : « On ne se souviendra plus des en
mitivement entre l'Arnon, le Jourdain et fants d'Hammon parmi les nations », Ez.
le Jabbok; les Amorrhéens leur enlevè 25, 10. Il n'en reste plus maintenant au
rent une partie de leur territoire ; puis, cune trace : le sol qu'ils occupèrent est
quand les Israélites ayant vaincu Sihon, foulé par d'autres peuplades, qui viennent
roi des Amorrhéens, vinrent s'établir en tour à tour passer quelques saisons sur
Galaad, Nomb. 21, 21., les Hammonites les nombreuses ruines de cette contrée,
voulurent faire valoir de nouveau leurs qui est un monceau de désolation. Jér.
prétentions sur ce pays qu'ils avaient an 49, 2. 3.
ciennement possédé; mais ils furent re C'est chez les Hammonites qu'on trou
poussés par les Israélites, sous la con vait l'affreuse idole de Moloch.
duite de Jephthé, Jug. 11. De temps à au HAMRAM, fils de Kéhath et petit-fils
tre, la guerre éclatait entre ces deux de Lévi. Il épousa Jokébed, sa tante, dont
peuples, qui auraient dû vivre en paix. il eut Aaron, Moïse et Marie. Il mourut
Saül remportaune victoire sur eux, 1 Sam. en Egypte, à l'âge de cent trente-sept ans,
11, 47., David assiégea et prit leur capi Ex. 6,20. Nomb. 3, 19. 26, 58. 1 Chr. 6,
tale Rabbath-Hammon, 2 Sam. 10, 1-14, 2. 23, 12. Des raisons chronologiques por
11, 1.sq. Plus tard, s'étant unis aux Moa tent quelques auteurs à croire qu'il ne fut
bites et aux Iduméens, ils vinrent atta pas le père de Moïse, mais un de ses an
quer Josaphat; mais la discorde se mit cêtres : c'est lorsqu'on admet un séjour
dans leurs rangs, et les alliés se détrui d'environ quatre siècles en Egypte, Gen.
sirent les uns les autres , 2 Chr. 20. Ils 15, 13. 16. Ex. 12, 40. Si, au contraire,
furent encore vaincus par Jotham, 2 Chr. on ne donne à ce séjour que deux cent
27, 5. Après que les tribus transjourdai quinze ans, comme on peut le conclure
nes eurent été les premières emmenées de Gal. 3, 17., il faut admettre que Ham
en captivité par les Assyriens, les Ham ram fut réellement le père de Moïse.
monites s'emparèrent de leur pays, ce qui HANA, l'un des chefs de l'Idumée,avant
leur est reproché, Jér. 49, 1-6. Après la que les descendants d'Esaü s'y fussent
bataille de Carkémis , où Nébucadnetsar établis, Gen. 36, 24.1 Chr. 1, 40. Lamen
défit les Egyptiens, il paraît qu'ils devin tion qui en est faite est accompagnée des
rent tributaires de ce prince , et ils joi mots : Cet Hana est celui qui trouva les
gnirent leurs troupes à celles des Cal mulets au désert quand il paissait les ânes
HAN 409 HAN

de Tsibha son père. Le mot jemim, qui par le prophète auraient été accomplies,
est traduit par mulets dans l'arabe, ne se la paix renaîtrait au pays, et que l'on con
trouve que dans ce seul passage : le texte tinuerait d'acheter et de vendre.
samaritain l'entend de la race géante des HANAMMELEC. v. Adrammélec.
Emims, q. v.; mais la plupart des inter HANAN, père de Jigdalia, q. v.
prètes sont maintenant d'accord à penser HANANI, 1° père du prophète Jéhu,
qu'il faut lire « des sources thermales »; et prophète lui-même, vécut sous le règne
0n en trouve encore plusieurs dans la d'Asa, et reprocha à ce prince son alliance
c0ntrée. avec Benhadad, et son manque de foi en
HANAB, Jos. 11, 21. 15, 50., ville des vers l'Eternel, « dont les yeux regardent
montagnes de Juda, à 4 milles est de Dios çà et là par toute la terre, afin qu'il se
p0lis (Lydde), selon d'autres à 8 milles, montre puissant en faveur de ceux qui
mais c'est moins probable. sont d'un cœur intègre envers lui. » Il lui
HANAK, Hanakins.On ne sait à quelle dit que certainement il aurait été délivré
ép0que ranger Hanak, fils d'Arbah. Il fut des Syriens comme il l'avait été déjà des
le père d'une race de géants que les es Ethiopiens et des Lybiens, mais que son
pions israélites découvrirent dans leur manque de foi serait puni. Le voyant fut
voyage d'exploration en Canaan, Nomb. mis en prison à cause de ces paroles, et
13,23.29.34. Les Hanakins se divisaient persécuté de même que plusieurs autres
en trois branches ou tribus, celles de Sé hommes du peuple, 2 Chr. 16, 7. 19, 2.
sal, de Ahiman et de Talmaï ; ils demeu 20, 34. 1 Rois 16, 1.2.
raient au midi du pays, dans les monta 2° Hanani, un des frères de Néhémie,
gnes de Juda, et principalement dans les Néh. 1, 2., vint le rejoindre de Jérusalem
villes philistines de Gaza, Gath et Asdod; à Susan, peut-être envoyé par Esdras, et
mais Josué, Caleb, et les tribus d'Israël, l'informa du sort des Juifs restés en Pa
les dépossédèrent entièrement, et en fi lestine, ou revenus de la captivité. Il ac
rent presque disparaître la race tout en compagna sans doute Néhémie (ch. 2.) à
fière, Deut. 9, 2. Jos. 11, 21. 22. 14, 15. son retour en Judée, et fut chargé par
Jug. 1, 20. v. Géants. L'opinion de Mi lui de veiller à l'exacte ouverture et fer
chaélis, que les Hanakins étaient une race meture des portes, conjointement avec
de Troglodytes, n'est pas dépourvue de le fidèle et pieux Hanania, capitaine de
raison, v. Jos. 11, 21.; d'autres compa la forteresse, 7, 2.3.; c'était un poste de
rent aussi le nom d'Inachus, un des hom confiance, important et difficile, dans les
mes de l'âge héroïque de la Grèce. circonstances où se trouvait alors Jéru
HANAMEEL (la miséricorde de Dieu), Salem.
fils de Sallum et parent de Jérémie, ven HANANIA. 1° Cet officier de Néhémie
dit au prophète, peu avant la prise de Jé dont on vient de parler, v. Hanani 2° ;
rusalem, un champ qu'il possédait près de on ne sait rien de plus sur sa personne.
Hanathoth, Jér. 32, 7. On ignore si c'é- 2° Gabaonite, fils de Hazur, et faux
lait une propriété lévitique ou un do prophète qui vivait à la cour de Sédécias
maine héréditaire qu'il pouvait avoir reçu au commencement de son règne. On voit
d'une aïeule : à cet égard la loi de Moïse par Jér. 28, qu'il se distinguait des au
est explicite en ôtant aux lévites le droit tres faux prophètes par l'assurance et la
de posséder, Nomb. 18, 20. Deut. 10, 9., hardiesse avec laquelle il débitait ses
saufdans les villes et banlieues consacrées oracles, ce qui prouve en même temps
Nomb. 35. Mais la coutume peut avoir in qu'il appartenait au parti alors dominant:
tr0duitd'autres droitsque ceux qui étaient il exprime les plus folles espérances et
établis par la loi de Moïse, et l'on ne peut les vues de la faction, qui étaient plus
que difficilement décider sur des ques faites pour plaire au peuple et aux sacri
#
tions pareilles. Cette vente, qui ne fut cateurs, que les menaces de Jérémie : et
,
qu'une vente pour Hanaméel, fut pour Jé comme l'envoyé de l'Eternel lui donne
#
remie un symbole, et un signe donné au un démenti clair, positif et public, au mi
|
peuple que lorsque les menaces proférées lieu du temple où tout le peuple est ré
|
HAN 410 HAR

uni, Hanania prend de dessus le cou du bron ; elle est du reste inconnue.
prophète le joug de bois que celui-ci HANNETONS, Joel 1, 4. etc. v. Saute
porte comme symbole de l'asservisse relles : Deut. 28, 42., v. Mouches.
ment du peuple, et le brise, répondant à HANUN, 2 Sam. 10, 1. 1 Chr. 19, 2.
un emblème par un autre ; mais Jérémie sq., fils et successeur de Nahas, roi de
lui répond de la part de Dieu : Tu as Hammon. David ayant envoyé des am
rompu les jougs qui étaient de bois, mais bassadeurs pour lui exprimer sa sympa
au lieu de ceux-là, a dit l'Eternel, fais-en thie au sujet de la mort de son père, et
qui soient en fer. En même temps il lui le féliciter de son avénement au trône,
ann0nce qu'il mourra dans l'année en Hanun, jeune et sans expérience , plus
punition de sa révolte et de ses menson enclin à croire le mal que le bien, à ce
ges, et deux mois après la prophétie s'ac qu'il paraît, accueillit trop avidement les
Complit. Aucun des faux prophètes, pas soupçons de ses courtisans, traita les en
même Tsidkija, ne peut être comparé à voyés du roi d'Israël comme des es
Hanania pour la hardiesse de l'imposture pions, leur fit raser la moitié de la barbe,
et la persistance dans le mal : son endur couper les vêtements jusqu'aux hanches,
cissement n'a pu être vaincu que par la et les renvoya ainsi déshonorés et com
mOrt. me des esclaves. Les sentiments bienveil
3° Nom hébreu de Sadrac, q. v. lants de David se changèrent en une ir
4° Il y avait dans la tribu de Benjamin ritation violente; ce fut une déclaration
une ville de ce nom, Néh. 11, 32. de guerre, et Hanun, malgré le secours
HANATHOTH, ville lévitique de la tri que lui porta Hadadhéser, roi de Syrie,
bu de Benjamin, sur la grande route qui vit d'abord son armée en déroute, puis
mène du nord à Jérusalem, 1 Rois 2, 26. sa capitale assiégée tomber entre les
Jos. 21, 18. 1 Chr. 6, 60. Néh. 11, 32. mains de l'ennemi ; les habitants de Rab
Es. 10, 30. Elle donna le jour au pro bath furent massacrés , et Hanun lui-mê
phète Jérémie 1, 1. 29, 27. cf. 32, 7., me périt, à ce que l'on croit, dans cette
mais eut le malheur de repousser son guerre où l'avait jeté une fougue impru
ministère et alla jusqu'à vouloir le faire dente et mal conseillée. — Sermon de
mourir, 11, 21. D'après Eusèbe et Jé Gaussen.
rôme elle était située à 3 mille rOmains HAPHARAJIM, dans la tribu d'Issa
au nord de Jérusalem, d'après Josèphe car, Jos. 19, 19. C'était encore un bourg
elle en était un peu moins loin, à 20 sta au temps d'Eusèbe.
des. Elle est maintenant entièrement rui HAPHRA, ou plutôt en hébreu, Beth
née, et ne doit pas être confondue, com le-Haphra, Mich. 1, 10., ville inconnue
me quelques-uns le font, avec Saint-Jéré du royaume de Juda.
mie, qui est trop éloigné de Jérusalem. HAR, Nomb. 21, 15. Deut. 2, 9., appe
HANER. 1° Un des alliés d'Abraham lée encore Har-Moab, Nomb. 21, 28. Es.
contre Kédor-Lahomer, Gen. 14, 13. v. 15, 1. Jos. 13, 25., ou Rabba, était la ca
Mamré. — 2° Ville lévitique de la tribu pitale des Moabites, située au sud de
de Manassé, 1 Chr. 6, 70. l'Arnon. Les Grecs l'appelaient Aréopo
HANES, ville d'Egypte nommée Es. lis : elle fut détruite au temps de saint
30, 4., peut-être l'Ehnès actuelle dans Jérôme par un tremblement de terre.
l'Egypte moyenne, et l'Anusis d'Héro Quelques voyageurs modernes, Burk
dote 2, 137., cf. l'Egypte de Champollion, hardt, Seetzen, en ont retrouvé les rui
1, 309. C'est déjà l'opinion de Vitringa, nes, encore assez considérables, d'une
adoptée par Michaélis, Rosenmuller, Ge demi-lieue de circonférence, sur une col
senius et Winer. Saint Jérôme ne con line qui domine toute la plaine, à l'ex
naissait pas cet endroit, et le caldéen le trémité méridionale d'un ancien chemin
rend par Daphné, près de Pélusium. pavé.
HANIM, ville des montagnes de Juda, HARA, district de l'Assyrie dans le
Jos. 15, 50. Eusèbe la nomme Anaïa, et quel furent transportés quelques colons
la met à 9 milles environ au sud de Hé israélites, 1 Chr. 5, 26. D'après Bochart,
HAR 411 HAR

ce serait l'Aria de Ptolémée et de Stra HARGOL, Lév. 11, 22. v. Sauterelles.


b0n, entre les Parthes et l'Indus. Rosen HARIEL, Ez. 43, 15. 16., est mal écrit
muller y voit la grande Médie ou l'Irak avec une h.; v. Ariel.
de n0s j0urs, contrée montagneuse com HARKIENS, Gen. 10, 17, 1 Chr. 1,
me l'indiquerait déjà son nom (har, mon 15, peuplade cananéenne. On retrouve ce
lagne); et cette opinion se recommande nom dans la ville d'Arka dont parlent
| par le fait que les noms de Chalach et de Pline et Ptolémée, au pied nord-ouest du
Goun, qui sont joints à celui de Hara, Liban ; sous les empereurs romains elle
désignent des districts en effet plus occi portait le nom de Caesarea Libani, mais
dentaux que l'Aria de Bochart. chez les auteurs arabes du moyen âge
HARABA, Jos. 18, 22., dans la tribu elle a conservé son ancien nom. Elle fut
de Benjamin, v. Bethabara. prise par les croisés, et l'on en voit en
! HARAD, ville cananéenne du midi de core les ruines; une colline sur laquelle
h Palestine, et résidence d'un petit roi, se trouvait, ou la citadelle de la ville, ou
Momb. 21, 1. 33, 40. Elle était au nord un temple, s'appelle Tel-Arka.
l0rd-0uest du désert de Juda, et fut don HAROD, source, et peut-être aussi
Déeà cette tribu, Jug. 1, 16. Jos. 12, 14. ville non loin de la montagne de Guil
Eusèbe la met à 20 milles de Hébron, et boah et près de Jizréhel; Gédéon y campa
à 4 de Malatha dans le voisinage du dé avec ses 32,000 hommes la première nuit
sert de Kadès, ce qui concorderait assez de son expédition contre Madian, Jug. 7,
lien avec la donnée de Nomb. 21, 1. 1, cf. 2 Sam. 23, 25.
HARAN, père de Lot, frère, peut-être HAROHER. Trois villes de ce nom : 1o
cadet, d'Abraham, et fils de Taré. L'his dans la tribu de Juda, 1 Sam. 30, 28 ; 2°
l0rien sacré ajoute qu'il mourut sous les ville aux bords de l'Arnon sur les fron
yeux de son père, détail qui méritait tières de Moab, Deut. 2, 36. 3, 12. Jos.
bien d'être noté à une époque où la vie 12, 2. Jér. 48, 19. Elle fut donnée à la
était longue, calme et sans grands acci tribu de Ruben, Jos. 13, 16. Burkhardt a
denls; il laissa Lot orphelin de bonne retrouvé sur la rive septentrionale de
heure, et mourut ayant probablement l'Arnon des ruines qui portent encore le
m0ins de soixante-dix ans; car, 12, 4., nom de d'Araayr près d'une paroi de
Abraham part âgé de soixante-quinze r0chers. 3o Une troisième dans la tribu
ans, et Lot avait sans doute déjà perdu de Gad, voisine du Jabbok et de Rabbath
80n père à cette époque, puisqu'il accom Ammon, Jos. 13, 25. Jug. 11, 33. Le tor
pagna l'aîné de ses oncles, comme son rent qui partage la ville en deux parties, 2
luleur naturel. Sam. 24, 5, était peut-être un des bras, ou
HARB0NA, le troisième des sept eu un affluent du Jabbok. Quelques auteurs
nuques qui se tenaient devant Assuérus, confondent ces deux dernières villes en
et qui reçurent l'ordre d'amener la reine une seule, mais cf. Jos. 13, 16. et 25.
Vasli devant les seigneurs attablés, Est. Quant au passage Es. 17, 2., les villes
l, 10. Il assista plus tard à la disgrâce de Haroher signitient sans doute les villes
d'Haman, et c'est lui qui fit remarquer voisines de Haroher, et l'on peut, comme
au roi et à la reine que le gibet qu'Ha le font quelques auteurs, penser à la ville
man avait fait dresser pour le fidèle Mar de ce nom dans la tribu de Gad (Gesenius,
dochée était tout prêt, 7, 10. Il hâta ainsi Hitzig), mais c'est forcé, puisqu'il s'agit
peut-être la mort du favori dont on peut d'une prophétie contre Damas. Une se
croire qu'il était l'ennemi personnel, et conde explication part de la signification
sut se mettre dans les bonnes grâces même du mot Haroher, genévrier (tama
d'Ester, en rappelant habilement devant risc ou bruyère), Jér. 48, 6; comme ces
elle le service important que son parent arbustes étaient très communs, on peut
avait rendu au roi. croire que le nom l'était aussi, et qu'il
HAREPH, père, ou chef de Bethgader, aura pu se trouver plusieurs villes de ce
ville inconnue de la tribu de Juda, 1 Chr. nom (comme Genève); on admettrait donc
2, 54. une ville d'Haroher dans les environs de
HAR 412 llAT

Damas ; Ptolémée nomme en effet une pourrait lui donner comme proches pa
ville de Syrie Auéïra. Une troisième ex rents bien des mots en différentes langues,
plication indiquée par Calvin est peut en grec ztvºpz, en latin canere, et gingri
être plus sûre et plus simple ; il consi tus qui se dit du cri ou du sifflement de
dère Haroher comme un nom purement l'oie. Les mots français canard et canari
appellatif, dérivé du verbe harar, être rappellent accidentellement par leur as
nu, dépouillé, isolé, de sorte que le sens sonance une étymologie avec laquelle ils
serait : « Les villes mises à nu seront n'ont aucun rapport. Quoi qu'il en soit, le
abandonnées, » quoique pour la forme kinnor désigne comme le nebel un in
Haroher doive rester nom propre, la per strument à cordes qui est mentionné en
sonnification d'un état de choses. core Ps. 33, 2. 43, 4. 49, 5. 71, 22. Job
HAROSETH des Gentils, ville du nord 30, 31. Es. 5, 12., et qui est peu facile à
de la Palestine, située dans le district de déterminer. Le kithros de Dan. 3, 5., est
la Galilée , q. v. C'était la rèsidence du probablement l'un ou l'autre des instru
général Siséra, Jug. 4, 2. 13, 16. v. Cho ments ; nos versions l'ont traduit par
razin. harpe. — v. Musique.
HARPE. Instrument que l'on a lieu de HASABIA. v. Sérébia,
croire désigné par l'hébreu nébel; les lan HASAEL. v. Hazaël.
gues occidentales ont emprunté le mème HASAN ou Gor Hasan, 1 Sam. 30,
mot pour désigner la même chose, nabla 30., ville lévitique de la tribu de Siméon,
chez Athénée, nablium chez Ovide ; d'a- 1 Chr. 5, 32. 6, 59. Jos. 19, 7., à 15 ou
près Josèphe elle avait douze cordes et se 16 milles à l'ouest de Jérusalem.
jouait avec la main ; saint Jérôme avec HASMAL. v. Airain.
plusieurs autres auteurs lui donnent la HASTAROTH 1°(ou Hastoreth).v.Cal
forme d'un delta renversé v, ce qui s'ac déens et Bahal. 2° Ville du royaume de Ba
corde encore passablement, si l'on veut, san, Deut. 1, 4., qui fut donnée à la demi
avec la signification appellative du mot tribu de Manassé, Jos. 13, 31., puis aux
(nebel, outre, cruche). Le nombre des lévites de la famille de Guersom, 1 Chr.
cordes a du reste varié, et chez les Hé 6, 71. Elle était primitivement la capitale
breux, il y avait des harpes à dix cordes d'un des deux royaumes fondés par les
seulement. Ps. 33, 2. 144, 9. — L'Ecri Amorrhéens dans le haut pays oriental ;
ture Sainte parle encore de la harpe, elle était située au nord du Jabbok, et por
Ps. 57, 9. 81, 3. 92, 4. 108, 3. Es. 5, tait aussi le nom de Hasteroth de Car
12.Am. 5, 23. 6, 5. cf. aussi Ps. 71, 22. naïm, Gen. 14, 5. ; il s'y trouvait une race
1 Chr. 16, 5. où nebel est traduit par de géants qui fut battue par Kédor-Laho
musette, de mème que 1 Rois 10. 12. mer et ses alliés. D'après Eusèbe, elle
2 Sam. 6, 5. était à 6 milles d'Edréhi et à 25 de Bos
Une autre opinion voit dans le nebel la tra. — L'addition de Carnaïm (cornes)
lyre, et la harpe à dix cordes dans le kin n'indique pas qu'elle fût située entre
nor, que nos versions ont malheureuse deux pics ou dents de montagnes, mais
ment traduit par violon, Gen. 4,21.2Sam. elle se rapporte plutôt au culte d'Astarté
6, 5.1 Rois 10, 12., et ailleurs. Le kinnor qui était, au dire de Sanchoniathon, re
était l'instrument dont jouait le roi Da présentée sous l'image d'un taureau à
vid, et on se le représente plus volontiers longues cornes. Le Carnaïm dont il est
avec une harpe qu'avec un violon à quatre question, 1 Macc. 5, 43., est le même
cordes et un archet, d'autant plus qu'il lieu incontestablement. Un village nom
jouait avec la main sans autre secours mé Mézaraïb occupe aujourd'hui la place
pour faire résonner les cordes de son de Hastaroth.
instrument, 1 Sam. 16, 16.23. 18, 10. 19, HATALIE. v. Athalie.
9. Le nom de kinnor vient du verbe ca HATAROTH, 1o ville de Gad, Nomb.
nar qui indique le bruissement de l'air 32, 3.34., propre à tenir du bétail, ce
frôlé par les cordes ou par toute autre qui fut cause de la demande que firent
résistance à la fois dure et élastique; on les Gadites de pouvoir s'établir dans la
HAU 413 HAV

partie transjourdaine du pays. —2° Ville ment, ou peut-être celle où s'étaient réfu
frontière de la tribu de Benjamin, Jos. giés les derniers débris de cette petite
lf,7: c'est la même que Hatroth-Addar, nation, est rappelée parmi celles dont Jo
Jos. 16, 5. 18, 13. sué devait encore faire la conquête, Jos.
HATHAC, 1° Est. 4, 4-10., un des eu 13, 3.
nuques d'Assuérus, qui servit d'intermé HAVA, 2 Rois 17, 24., ou Hiwa, 2 Rois
diaire entre Ester et Mardochée, et dut 18, 34. 19, 13. Es. 37, 13., capitale d'un
être, par conséquent, dans la confidence petit état monarchique dont les Assyriens
de cette reine juive, épouse d'un païen ; s'emparèrent, et dont Salmanasar envoya
il se montra serviteur fidèle et dévoué. des habitants comme colons en Samarie.
—2°Ville de Juda, 1 Sam. 30, 30. Il n'en reste aucune trace ni dans les an
HATR0TH, 1° ville de Gad, Nomb. 32, ciens auteurs ni dans les ouvrages mo
35.;— 2° de Juda, 1 Chr. 2, 54. dernes de topographie orientale. Quel
HATSATSON-THAMAR (multitude des ques-uns ont pensé au fleuve Ahava, Esd.
palmiers), nom primitif de Henguédi, q.v. 8, 21., d'autres à la ville phénicienne d'A-
tf. 2Chr. 20, 2., et Gen. 14, 7. vatha, ou à celle d'Abeje entre Béryte et
HATS0R, 1o ville de la tribu de Juda, Sidon, qui était la résidence d'un chef des
Jos. 15, 23; au verset 25 se trouve en Druses; mais tout cela est plus qu'incer
t0re Hatsor surnommée Haditha, c'est-à- tain.
dire, la nouvelle (Hadatta n'est pas le nom HAVILA. 1° Contrée mentionnée Gen.
d'une ville à part, comme l'indiquent nos 2, 11. Elle est traversée par le Pison et il
Versions). Eusèbe mentionne l'une et s'y trouve de l'or. Bohlen voit dans ce
lautre. — 2° Dans la tribu de Nephthali, pays l'Arabie méridionale, Gesenius l'In
los. 19, 36. Elle fut d'abord la résidence de, Bochart la Nubie , chacun s'est fait son
d'un roi cananéen, et le resta jusqu'aux système, mais on n'a pas assez considéré
j0urs de Débora, Jos. 11, 10. Jug. 4, 2. le contexte, et remarqué que le pays de
Salomon lafitplus tard fortifier, 1 Rois 9, Havila doit être traversé par un des qua
15., ce qui n'empêcha pas le roi d'Assy tre fleuves qui sortent du Paradis. Si l'on
rie Tiglath-Piléser de s'en emparer, 2 s'écarte du système que nous avons déve
Rois 15, 29. D'après Josèphe, elle était loppé à l'article Déluge, le Havila ne peut
située au-dessus du lac Mérom. — 3° guère être autre chose que la Colchide
Dans Benjamin, Néh. 11, 33.— 4° Petit des anciens. Voici les observations par
r0yaume dont il est parlé, Jér. 49, 28., lesquelles on justifie ordinairement cette
probablement un district de l'Arabie, voi manière de voir (Reland, Winer). a) L'af
sin de celui de Kédar. Le nom hébreu finité étymologique entre ces deux mots.
halsor pris appellativement, signifie une Havila s'écrit en hébreu Chavilah, et sans
maison rustique, ou, collectivement, un les voyelles, Chvlh ou Cholh, c'est-à-dire
assemblage de maisons rustiques, un vil Colchide moins la terminaison. b) Lesan
bge dont les habitants pourraient être ciens, et notamment Strabon, 15, racon
en conséquence opposés à ceux qui vivent tent que l'on trouvait beaucoup d'or dans
H0mades sous des tentes, c'est-à-dire, cette contrée , le Phasis qui la traverse en
aux habitants de Kédar. Les deux pays charriait passablement, et les habitants du
seraient ainsi désignés par le caractère pays, pour s'en procurer, faisaient passer
de leur genre de vie. les eaux du fleuve sur des peaux de mou
HAUVIENS, peuplade cananéenne qui ton : de là la fameuse fable de la toison
avait dressé ses tentes sur les rivages de d'or donts'emparèrent les Argonautes.c)
la Méditerranée dans la partie méridio La mer Caspienne, qui baigne l'ancienne
lale de la Palestine, vers la contrée de Colchide, s'appelle encore actuellement
Gala, mais que déjà, avant l'entrée des Is chez les Russes Chwalinskoje More, nom
faelites en Canaan, les Caphtorim (Phi qui dérive d'un ancien peuple sur lequel
listins) avaient dépossédée, repoussée et Müller, dans le Magasin géographique de
presque entièrement détruite, Deut. 2, Busching dit : « Il n'y a que les auteurs
13. La contrée qu'elle occupait primitive russes qui nous parlent du peuple des
HAV 414 HAZ

Chwalissi, lequel a la même origine que HAZAEL. 1o Fils de Tséruïa, la sœur


les Slaves, et encore n'en disent-ils pas de David, et par conséquent neveu de ce
grand'chose; ils racontent que ce peuple monarque et frère de Joab, 1 Chr. 2, 16.
a habité sur les bords du Volga près de 2Sam. 2, 18. Il était « léger du pied comme
la mer Caspienne. Ce nom dérive de un chevreuil qui est par les champs; » l'E-
Chwala qui a la même origine que Slawa. criture relève cette circonstance, comme
2° Petit-fils de Cam par Cus. Gen. 10, font tous les poètes et même les histo
7.—3° Descendant de Sem par Héber et riens de l'antiquité, parce que dans ces
Joktan, Gen. 10, 29. Ce sont deux peu combats à l'arme blanche la légèreté à la
plades inconnues; le nom de Havila se course était un grand avantage, soit pour
retrouve en plusieurs endroits de l'Asie la fuite , soit pour la facilité des mouve
antérieure et du nord-est de l'Afrique. ments (Achille aux pieds légers, Diomède,
Strabon, 16, 4., parled'une peuplade arabe Ajax, Dolon). Hazaël prit le parti de son
nommée Chaulotiens, ou Chaulotes; et roi contre Abner qui voulait appeler au
Ptolémée, 4, 7., mentionne une ville de trône le fils de Saül ; Abner ayant été dé
commerce, Avalite, et un golfe du même fait, Hazaël le poursuivit, et l'atteignit;
nom sur la côte d'Afrique, 12e lat. nord. Abner reconnaissant en lui le neveu de
On trouve aujourd'hui encore, en Arabie, David, soit mépris, soit ménagement, soit
une ville de ce nom (v. Niebuhr), et deux pitié, refusa de se battre avec lui, et l'en
peuplades appelées Chaoulan, dans la gagea à s'adresser à quelque autre en
contrée d'lémen. nemi moins habile et moins redoutable;
HAVITH, ville iduméenne, Gen. 36, mais Hazaël refusa de se détourner à
35. 1 Chr. 1, 46. droite ou à gauche, et Abner finit par le
HAVRAN, Ez. 47, 16. 18., district au frapper de sa hallebarde, presqu'à regret,
nord-ouest de la Palestine, l'un des trois semble-t-il, et l'étendit raide mort à ses
grands bassins du haut pays oriental, celui pieds non loin de Gabaon. La mort de ce
qui primitivement portait le nom de Basan. jeune et présomptueux héros fut vengée
On s'élève par des pentes peu sensibles par son frère le général , qui frappa le
vers la grande plaine (ou plateau) basal meurtrier à la cinquième côte, comme ce
tique de l'Hauran ; le sol en est fertile, lui-ci avait frappé sa victime, 2 Sam. 3,
les terres sont noires, légères et sans 27. — Hazaël se trouve dans les deux lis
pierres; il y croît le meilleur blé de Syrie : tes qui nous sont conservées des héros de
dans les pâturages, les herbes sont si l'armée de David, 2 Sam. 23, 24. 1 Chr.
abondantes et si hautes que les chevaux 11, 26.; il y est nommé comme le chef
s'y frayent avec peine un chemin, mais des 30 guerriers qui formaient le troi
l'on ne rencontre nulle part ni arbres ni sième ordre.
buissons ;l'Hauran est le séjour des Ara 2o Officier de Ben-Hadad roi de Syrie.
bes bédouins. A l'est s'élèvent les mon Il fut désigné de Dieu pour succéder à
tagnes du même nom qui forment la bar son maître, en même temps que Jéhu pour
rière entre le désert et les pays cultivés ; régner sur Israël, et Elisée pour rempla
cette chaîne a dix lieues de longueur, et cer Elie, 1 Rois 19, 15.; mais le prophète
l'on trouve encore à son extrémité méri Elie à qui fut d'abord révélée l'usurpation
dionale les vastes ruines grecques et ro d'Hazaël, et qui fut même chargé de
maines de Bostra; Edréhi était également l'oindre pour roi, ne paraît pas avoir pu
située sur son territoire. L'Hauran était exécuter cet Ordre. Plus tard Elisée étant
divisé en cinq provinces, la Gaulanite ou à Damas reçut la visite d'Hazaël, qui vint
accompagné de quarante chameaux char
le Golan, l'Iturée ou Gessur (Luc 3, 1.),
gés de tout ce qu'il y avait de plus pré
l'Auranite ou la plaine du centre, la Ba
cieux, le consulter de la part du roi qui
tanée ou les montagnes, et la Trachonite
au nord de la précédente. De nos joursétait malade. Elisée lui annonça la mort de
encore les géographes arabes appellentson maître, puis il fondit en larmes en
Hauran un grand district au sud de Da voyant dans l'avenir d'Hazaël tous les
mas (Braem). maux qu'il ferait souffrir au peuple de
HAZ 415 HAZ

Dieu, et lui déclara en pleurant qu'il se (cour du renard).


rait un jour roi de Syrie; Hazaël, effrayé Hazar-Susa ou Susim, dans la tribu de
de la peinture hideuse que le prophète Siméon, Jos. 19, 5. 1 Chr. 4, 31. (cour
luifaisait de sa future domination, s'écria : des chevaux).
« Qui est ton serviteur, qui n'est qu'un Hazar-Hatticon (bourgs d'entre-deux),
chien, pour faire de si grandes choses P» Ez. 47, 16., ville sur les frontières de
Mais au lieu de rentrer en lui-même, il vit l'Hauran.
dans les paroles du prophète une consé Hazar-Maveth (parvis de la mort), peu
cration de son crime, comme si l'annonce plade arabe, descendant des Joktanides,
d'un fait en était la justification, et le len Gen. 10, 26. Elle porte maintenant encore
demain il étouffa son maître sous le poids cet ancien nom peu modifié, celui d'Ha
d'une épaisse couverture trempée d'eau, dramaut, et Niebuhr en fait une descrip
2 Rois 8. A peine fut-il monté sur le tion magnifique : l'encens et la myrrhe s'y
trône qu'il déclara la guerre à Joram roi trOuvent en abondance. C'est l'Adramite
d'Israël, à cause de la ville de Ramoth de des Grecs et des Romains. v. Hadoram.
Galaad qui était toujours dans la posses HAZARIA. Il y a eu sous ce nom un
sion des Syriens , mais sur laquelle les prophète, deux rois de Juda, quatre grands
rois d'Israël ne cessaient d'élever des prêtres, deux chefs de tribu, un officier
prétentions : Joram, quoique secondé par de Nébucadnetsar, et plusieurs autres per
Achazia roi de Juda, fut vaincu et lui sonnages.
même grièvement blessé, 2 Rois 8, 28. 9, 1° Prophète, fils de Hoded, et portant
15. (883 ou 884 av. C.). Hazaël se tourna peut-être aussi lui-même le nom de Ho
ensuite sous Joas contre Juda, menaça ded, 2 Chr. 15, 1. cf. 8. Il se rendit à la
Jérusalem, et lui imposa un fort tribut, 12, rencontre d'Asa qui revenait après une
17. Il fut plus heureux encore dans ses victoire signalée sur les Ethiopiens, et,
entreprises contre le gouvernement de s'adressant à lui et à ses troupes, il leur
l'usurpateur Jéhu ; il inonda de ses trou parla des bénédictions qui accompagnent
pes les contrées transjourdaines, et se ceux qui marchent avec l'Eternel. « Si vous
distingua par ses cruautés comme par ses le cherchez, dit-il, vous le trouverez; mais
victoires , 2 Rois 10, 32. 13, 7. cf. Am. si vous l'abondonnez, il vous abandonne
1, 3.4., acccomplissant ainsi les prophé ra. » Il leur rappela les malheurs du pays
lies d'Elisée, et faisant des choses dont lorsque le culte du vrai Dieu était négli
il ne se serait pas cru capable avant son gé, sa prospérité croissante avec le re
premier crime. ll asservit également Is tour de la piété, et finit par cette parole
raël sous Joachaz, successeur de Jéhu, 2 si remarquable : « Il y a une récompense
Rois 13, 3. Sa mort seule mit un terme à pour vos œuvres. » cf. Gal. 6, 7. Asa re
ses succès et à ses barbaries, 13, 25. prit en effet un nouveau courage, et exter
HAZAR ou Hatsar. Ce mot signifiant mina tous les restes d'idolâtrie qui se
en hébreu cour, parvis, localité, village, trouvaient encore dans ses états.
et pouvant même s'appliquer aux campe 2° Dixième roi de Juda, 2 Rois 14, 21.
ments nomades, il se trouve en tête d'un v. Hosias.
grand nombre de noms propres , ainsi : 3° 2 Chr. 22, 6. v. Achazia.
Hazar-Addar, à la frontière sud de la 4° Successeur d'Ahimahats. v. Prêtres.
Palestine, dans la tribu de Juda, Nomb. 5° Fils de Johannan, grand prêtre sous
34, 4., aussi nommé Addar, Jos. 15, 3. le règne d'Hosias. Il résista courageuse
Hazar-Gadda, Jos. 15, 27, dans la tribu ment à ce monarque qui, enorgueilli de
de Juda. ses succès comme roi, voulait empiéter
Hazar-Hénan, Nomb. 34, 10. Ez. 48, 1., sur les droits des prêtres et mettre la
ou Hazar-Hénon, Ez. 47, 17., à la fron main aux choses saintes. ll pouvait payer
lière septentrionale de la Palestine (cour de sa tête sa résistance, mais Dieu ré
de la source). - compensa sa fidélité en frappant de lèpre
Hazar-Sual, au midi de la tribu de Juda, le coupable, 2 Chr. 26, 17. Sa sacrifica
Jos. 15,28. Néh. 11, 27.4 Chron. 4, 28. ture semble relevée avec honneur 1 Chr.
HAZ 416 HEB

6, 10., et le seul fait que nous connais consacrées qui n'avaient pu trouver place
sions suffit en effet à la distinguer. Ha dans la maison de l'Eternel, il y fit pré
zaria n'a fait que ce qu'il devait, mais il parer de nouvelles chambres, et même de
l'a fait. nouveaux intendants pour en prendre
6° Hazaria, Bérécia, Ezéchias et Ha soin. — Hazaria est appelé gouverneur et
masa, Ephraïmites, remplissaient dans le conducteur de la maison de Dieu, 1 Chr.
royaume des dix tribus des fonctions qui 9, 11.2 Chr. 31, 13.
ne sont pas très clairement déterminées 8° Hazaria, fils de Hosahja, Jér. 43, 2.,
par le nom de chefs qui leur est donné; appelé aussi Jézania, 42, 1. 40, 8., de
elles étaient importantes comme ce nom Mahaca. Il fut un de ceux qui restèrent
l'indique, et leur conduite prouve égale en Palestine pendant l'exil du peuple :
ment qu'ils jouissaient d'un grand crédit. soumis à Guédalia, il se montra prêt avec
Ayant entendu les paroles du prophète Johanan à frapper lsmaël l'ennemi de
Hoded, ils se rendirent au devant de leur leur chef; mais ce zèle pour un homme
roi Pékach qui revenait avec son armée, qu'il aimait n'était pas le zèle de la vé
amenant captive une grande multitude rité, et Hazaria fut un de ceux qui ap
d'hommes et de femmes du royaume de puyèrent le plus violemment la proposition
Juda (sous le règne d'Achaz), et s'adres de Johanan et de ses amis de quitter la
sant à l'armée, ils demandèrent qu'on ren Judée pour l'Egypte. Il accusa Jérémie de
dît immédiatement la liberté aux prison s'être laissé gagner par les ennemis du
niers, sans aucune distinction, et qu'Israël peuple pour proférer des mensonges, et
n'ajoutât pas à tous ses autres crimes ce finit par exécuter ce plan d'émigration.
lui de réduire à l'esclavage ses frères de 9° Dan. 1, 6., v. Abed-Négo.
Juda. L'armée entière répondit à ces pa 10° et 11". Deux officiers de ce nom
roles généreuses; on se hâta de délivrer sont indiqués 2 Chr. 23, 1. comme ayant
les prisonniers, on leur rendit le butin secondé le souverain sacrificateur Jéhoja
qu'on avait fait sur eux. Et pour ne pas dah pour assurer la vie et la royauté de
laisser incomplète leur œuvre d'excellente Joas fils d'Achazia contre les cruautés
charité, Hazaria et ses trois amis pour d'Athalie.
vurent à ce que rien ne manquàt à ceux 12° et 13°. Deux fils de Josaphat roi
qu'ils venaient de délivrer; ils leur four de Juda, 2 Chr. 21, 2.—14° v. Prêtres.
nirent des vêtements et de la nourriture, Ce nom se retrouve encore plusieurs
et les accompagnèrent eux-mêmes avec fois, mais sans que nous sachions rien
des ânes jusqu'à Jéricho, chez leurs frè sur ceux qui le portaient; d'après Tobie,
res, 2 Chr. 28, 12. — Ce trait, peut-être 5, 15., l'ange Raphaël prit ce nom, qui si
unique dans l'histoire ancienne, montre gnifie secours de Dieu, lorsqu'il s'offrit
combien les inspirations du Dieu d'Israël pour conduire le jeune Tobie dans son
étaient plus nobles, plus humaines, que voyage.
celles des religions ou de la politique de HAZAZEL. v. Expiations.
l'antiquité. HAZEKA, Jos. 15,35., ville de la tribu
7° Hazaria, principal sacrificateur, de de Juda, située au pied du plateau, dans
la famille de Tsadoc, aida Ezéchias dans la plaine de Séphélah, 1 Sam. 17, 1. Jos.
les travaux qu'il fit pour rétablir exté 10, 10. Jér. 34, 7., Néh. 11,30. C'est près
rieurement et spirituellement le culte du de là, du côté de Soco, qu'étaient campés
vrai Dieu. Les dîmes entre autres ayant les Philistins dans l'armée desquels se
été rétablies, le peuple montra tant d'em trouvait Goliath. Nébucadnetsar l'assié
pressement à apporter ses offrandes, qu'il gea et la prit , mais après le retour de la
y en eut abondamment de reste, même captivité les Juifs s'y établirent de nou
après que les prêtres eurent prélevé la V6:ll1.
portion ordinaire de leur entretien; on HÉBAL. v. Guérizim.
mit ces dîmes par monceaux, et le roi s'é- HÉBED-MÉLEC(serviteur du roi), Jér.
tant informé de ce que c'était et ayant ap 38,7., eunuque éthiopien, sans doute pro
pris par Hazaria que c'étaient les dîmes sélyte, et officier à la cour de Sédécias.
llEB 417 IIEB

Ayant appris les mauvais traitements dont elle par un même nom, comme il lui était
Jérémie était la victime, il se rendit au uni déjà par une même foi. — Peut-être
près du roi, intercéda pour le prophète , aussi la signification du nom d'Héber (de
et reçut l'ordre de le délivrer , aussitôt il l'autre côté, au delà), est-elle entrée pour
court à la fosse au fond de laquelle Jéré beaucoup dans le choix qu'Abraham a fait
mie est comme enseveli dans la boue, lui de ce nom. « C'est en Abraham que le nom
jette des cordes et des haillons qu'il passe d'Héber trouve son accomplissement lit
sous ses bras, et le rend à la liberté et à téral ; car les descendants d'Héber par
la vie. Cet étranger, en luttant contre le Péleg s'établirent au delà de l'Euphrate,
parti si puissant de Guédalia, avait exposé tandis que les autres ne franchirent pas
ses jours : son courage et sa générosité ce fleuve. » Schrœder. C'est aussi l'expli
furent récompensés; Jérémie annonça à cation de Jarchi et de Maïmonides. Nomb.
Hébed-Mélec, 39, 17., qu'il serait le tran 24, 24., Héber est mis pour les Hébreux,
quille témoin de la prise et de la destruc comme ailleurs Israël pour les Israélites.
tion de Jérusalem, et qu'il ne lui arrive 2° Héber, descendant de Hobab le
rait aucun mal. -
beau-frère de Moïse. Sa famille, sans
HEBER, Gen. 10, 24. 11, 14. (1 Chr. 1, doute prosélyte, s'attacha d'abord à la
25. Luc 3, 35.), arrière-petit-fils de Sem, tribu de Juda, et s'établit à Jérico; puis
fils de Sélah et ancètre d'Abraham par six elle descendit vers le sud, et dressa ses
générations. Ildevint père de Péleg, à l'âge tentes dans les déserts de Juda, près de
de cent trente-quatre ans, et mourut âgé Harad, ou même plus au sud encore, sur
de quatre cent soixante-quatre ans (1817 le territoire d'Hamalec, 1 Sam. 15, 6. Il
ansav. C.), vingt-neufans après Sem, qua paraît que Héber se sépara de sa famille
tre ans après Abraham, ayant ainsi ense lors de la guerre de Jabin, car on le trouve
veli six générations, et voyant Jacob qui à cette époque établi avec Jahel, sa fem
formait la huitième, àgé de dix-neufans. me, auprès d'une forêt de chênes vers Ké
Il avait vécu deux cent quatre-vingt-trois dès, où ses tentes sont dressées, Jug. 1,
ans avec Noé. Héber est le dernier des 16.4, 11.5, 24. Il était Kénien d'origine,
patriarches à longue vie , et , comme on et compta dans sa postérité Réchab et Jo
vient de le dire, il survit à ses fils, petits nadab, 2 Rois 10, 15.
fils et arrière-petits-fils, jusqu'à la sixiè 3° Héber, 1 Chr. 4, 18. Jos. 15, 35.,
me génération; la vie du plus àgé d'en père de Soco, ville de Juda. º

tre eux va jusqu'à deux cent trente ans, HEBREUX. Pour éviter des répétitions
et Nacor meurt à cent quarante-huit. inutiles, et pour ne pas renfermer sous
C'est de ce patriarche que les Hébreux ce titre tous les articles du Dictionnaire,
ont pris leur nom, et l'on ne sera pas car il serait facile de grouper en un seul
étonné que parmi tous ses ancêtres Abra article tout ce qui concerne la vie natio
ham ait choisi celui-ci pour en faire plus nale des Hébreux, leur législation, leurs
spécialement le chef de sa postérité, si l'on coutumes, leur religion, leur histoire, la
réfléchit à ce qui a été dit sur la longévité géographie de leur pays, etc., nous devons
proportionnellement si grande de Héber, renvoyer aux articles spéciaux, et nous
si on se le représente à travers les siècles borner icià quelques considérations géné
présidant toujours à de nouvelles nais rales sur leur langue et sur leur histoire.
sances et à de nouvelles morts; si l'on se La langue hébraïque est appelée, dans
rappelle que jusqu'à Héber aucun des an l'Ancien Testament, langue de Canaan,
cêtres d'Abraham n'a été proprement un Es. 19, 18., et langue judaïque, 2 Rois
chef de famille, puisqu'Héber était tou 18,26. Néh. 13, 24. Les Juifs, dans leurs
jours au-dessus d'eux ; si l'on se rappelle Targums , l'appellent volontiers langue
enfin que c'est au temps d'Héber qu'eut sainte, et le Nouveau Testament l'appelle
lieu la dispersion des peuples révoltés, et langue ou dialecte hébraïque. L'hébreu
que la famille hébérienne ayant soigneu appartient à la catégorie de langues qu'on
sement conservé le bon dépôt de la vérité, a longtemps appelées orientales d'après
il importait à Abraham de se rattacher à saint Jérôme, et que l'on a commencé de
27
HEB 418 HEB

puis quelques années à appeler sémiti une mation qui leur fermait en quelque
ques, dénomination plus précise, quoi sorte ses portes par son isolement, et l'on
qu'elle laisse encore quelque chose à de trouve chez eux les fables les plus ridi
sirer. L'hébreu est une langue pauvre en cules et les accusations les plus étranges;
mots : il n'en possède que 5,642, d'après Josèphe qui a puisé aux sources inspirées,
le savant Leusden, et à peine 500 racines; peut être accusé d'avoir quelquefois em
mais il est riche par l'ingénieux dévelop belli par patriotisme, et aux dépens de
pement de son organisme grammatical. l'exacte vérité, les faits dont il avait con
la flexibilité de ses verbes, et le grand naissance ; mais son histoire n'en est pas
nombre de nuances synonymiques qu'il moins utile à consulter. v. encore en fran
possède , principalement pour exprimer çais Prideaux et G. Monod (Essai, etc.).
des idées abstraites : ainsi l'on a compté On divise ordinairement en quatre
18 mots pour l'idée de briser, broyer ; périodes l'histoire des Hébreux jusqu'à
14 pour la confiance en Dieu ; 25 pour l'exil : 1° D'Abraham à Moïse, environ
l'observation de la loi, etc. — v. sur ce 600 ans; — 2° de Moïse à l'établissement
sujet, qui n'intéresse directement qu'un de la royauté, 500 ans; — 3° de Saül à
petit nombre de personnes, l'excellente Salomon, 120 ans ;— 4° depuis le schisme
grammaire de M. le professeur Preiswerk des deux royaumes jusqu'à l'exil, 387 ans
(Genève 1838), et, en allemand, celles de (de 975 à 588 av. C.). Dans la première
Gesenius, de Freytag, d'Ewald et de période, la postérité d'Abraham se mul
Stier (1re partie). Nous n'indiquons que tiplie et devient peuple ; dans la seconde,
celles-là, quoiqu'il y en ait d'autres en elle reçoit et accepte une constitution
latin, en allemand, en anglais, et mème en théocratique dont Dieu est le roi : c'est
français (Cellérier) ; mais elles sont, les une époque de miracles, l'intervention
unes abandonnées , les autres discrédi divine dans le gouvernement direct : dans
tées, faibles ou mauvaises, et les cinq la troisième, changement de constitution :
ci-dessus nommées, surtout le Lehrgebaü le roi est faillible, et le sort du peuple
de de Gesenius, et celui de Stier, suffi dépend de la fidélité de son roi; dans la
sent amplement pour une étude appro quatrième, rivalités, schismes, usurpa
fondie du texte sacré, comme la grammaire tions, guerres civiles, meurtres, idolâ
française de Preiswerk suffit à celui qui trie et châtiments. Avec Juda, Jérusalem
veut seulement se mettre à même d'étu tombe en ruines, 587 av. C. Le chef-lieu
dier dans l'original le sens de la parole politique et le sanctuaire religieux sont
divine : l'introduction à ce dernier ou renversés; le peuple est emmené captif,
vrage renferme l'histoire de la langue hé il n'y a plus de Juifs, mais seulement des
braïque, et des considérations générales colons, et les Hébreux eussent perdu à
sur la structure de l'hébreu, qui ne seront tout jamais leur nationalité, s'ils eussent
pas sans intérêt même pour des lecteurs pu la perdre.
étrangers à cette étude. Epître aux Hébreux. Elle a été écrite
L'histoire des Hébreux appartient à la pour des Juifs, comme son titre l'indique,
partie la plus admirable et la plus sûre de ou pour des chrétiens convertis du ju
l'histoire ancienne, et quoiqu'elle se pré daïsme ; il paraît en outre, par divers
sente rarement unie à celle des autres na détails, qu'elle était adressée à une con
tions, quoiqu'elle ne soit guère entrée grégation particulière ; cela se voit par
dans le concert politique de ces temps re la salutation que l'auteur adresse à ses
culés, elle n'en mérite pas moins, com lecteurs de la part des fidèles d'ltalie,
me elle l'a toujours obtenue, l'attention et par la promesse qu'il leur fait de se
des sages, des savants et des historiens. rendre bientôt auprès d'eux avec Timo
L'Ecriture sainte est la seule source au thée. Storr a pensé aux Juifs de la Gala
thentique qui nous ait transmis les faits tie, Bengel à ceux de l'Asie Mineure
et gestes des Hébreux ; ce qu'en racon (Pont, Cappadoce, Galatie et Bithynie);
tent les auteurs profanes est empreint de Semler à ceux de la Macédoine, d'autres
l'ignorance dans laquelle ils étaient sur à ceux de Rome, d'autres à ceux d'Espa *
HEB 419 HEB

gne, Ziegler et Bœhme à ceux d'Antioche, imposassent pas comme un joug aux gen
Hase à ceux d'une portion peu visitée tils, et qu'ils n'y cherchassent pas pour
de la Palestine, que notre Sauveur n'a- eux-mêmes leur justification , ou un de
vait pas évangélisée, et qui était livrée gré plus élevé de sanctification. Mais,
aux influences des Nazaréens et des Ebio malgré ces réserves, l'expérience montra
nites. On voit que les hypothèses ont que cette indulgence temporaire n'avait
fait le tour de l'empire romain; on a pas été heureuse, car au lieu de croître
cherché les Hébreux partout ailleurs que dans la connaissance de Christ comme
dans leur siége naturel, la Palestine, et fin de la loi et source de la justice, ils
Jérusalem en particulier : c'est là cepen continuaient à être zélés pour la loi céré
dant qu'il faut, selon toute apparence, monielle, Act. 15, et 21 , et à se confier
les chercher; les lecteurs de cette épître plus ou moins en leurs œuvres comme
se présentent en effet d'une manière bien moyen de salut, ce qui les retardait dans
différente des Juifs ou des judaïsants, or la connaissance de l'Evangile, Hébr. 5,
dinairement combattus par saint Paul ; 12.-14. C'est à ce sujet que l'apôtre crut
on voit en eux des hommes qui ont con - devoir leur écrire pour les détourner de
servé un grand attachement pour le ré ce dangereux formalisme; il s'applique
gime lévitique du temple, ainsi que pour essentiellement à établir cette grande vé
la hiérarchie sacerdotale , dispositions rité générale, que l'économie mosaïque
qui se comprennent mieux chez des habi n'était qu'une économie inférieure, d'at
tants du centre théocratique que chez des tente et de figures, qui devait être et qui
exilés. L'épître, d'ailleurs, ne trahit au est remplacée par l'économie supérieure
cun indice de la présence ou du voisi des réalités, les prêtres et la loi ancienne
nage de chrétiens d'origine païenne, ou étant infiniment inférieurs au Grand Prê
de démêlés entre les uns et les autres, tre et à la loi de la nouvelle alliance, et
et des allusions à ce fait n'eussent pas ne leur ayant servi que de types, comme
manqué, si les Juifs s'étaient trouvés cette loi elle-même en rendait témoignage.
hors de leur patrie religieuse. Nous L'Epître aux Hébreux est une lettre, et
n'hésitons pas à nous ranger sur ce point non point un traité, comme pourraient le
à l'opinion des Pères, Clément d'Alexan faire croire ce plan méthodique et régu
drie, Eusèbe, Chrysostome (?), Jérôme lier que l'on y trouve, ce style calme et
et Théodoret. travaillé , cette marche soutenue et cette
Le but de l'auteur est de détacher les pensée logique qui en font aimer la lec
chrétiens judaïsants des formes extérieu ture à chacun. Les allusions à des faits de
res auxquelles ils continuent d'accorder détail, et les salutations prouvent que
encore trop d'importance. Quoique les c'était une lettre. On peut cependant la
Juifs convertis crussent bien à la d0c considérer aussi comme un traité sur les
trine fondamentale du christianisme, sa rapports de l'ancienne et de la nouvelle
voir que Jésus de Nazareth était le Mes alliance , et cette question n'importe pas.
sie promis, cependant plusieurs d'entre Une question plus grave a été soulevée,
eux ne comprenaient pas bien que son déjà fort anciennement, sur l'auteur de
règne différât en plusieurs points de l'é- cette épître : mais disons-le de suite, ce
conomie de Moïse, et surtout ils ne pou n'est pas une question d'authenticité ou
vaient pas se faire à l'idée que, pour ac d'inspiration, c'est simplement une ques
complir cette loi en esprit, le Messie l'a- tion d'auteur. Des théologiens pieux peu
bolirait dans ses formes. La loi de Moïse vent admettre, et il y en a qui le font,
avait été virtuellement abolie par la mort notamment Luther et Calvin, que l'épître
de la grande victime expiatoire, mais par aux Hébreux n'a pas été écrite par Paul
tolérance, par égard pour la faiblesse de comme on le croit généralement, et il
conscience de quelques Juifs convertis, faut avouer qu'aucun témoignage inspiré
on leur avait accordé encore la permis n'appuie la paulinité de cette épître, et
sion d'observer les cérémonies particu qu'elle-même ne porte aucun nom d'au
lières de cette loi , pourvu qu'ils ne les teur (le nom de Paul n'a été ajouté au ti
HEB 420 HEB

tre que beaucoup plus tard). Ces théolo Rome, et en 63; A. Bost, Makenzie, etc.
giens acceptent comme inspirés tous les Parmi les nombreux ouvrages, disser
livres du Canon, et c'est pour eux quel tations, et commentaires qui ont paru
que chose de peu essentiel que tel ou tel sur cette épître depuis quelques années,
livre ait été écrit par tel ou tel disciple, nous ne citerons que les suivants : en al
apôtre ou prophète. C'est le seul point de lemand, Bleek et Tholuck ; en anglais,
vue à la fois raisonnable et conforme au Mac Knight, Mac Lean , Mac Neil , Man
respect que l'on doit à la parole de Dieu : deville, et Moses Stewart : en français,
quelques orthodoxes à vues étroites, ont une excellente thèse du professeur Henri
oublié quelquefois que ce n'est pas la Laharpe, et l'Epitre aux Hébreux (bro
paulinité qui importe, mais la divinité, chure), avec notes et marginales, pu
et ils ont appelé rationalisme l'opinion bliée à Genève.
qui attribue cette épître à Apollos, Bar HEBRON, ville de la tribu de Juda, et
nabas, Clément Romain , ou Luc : c'est plus tard ville des Lévites et ville de re
compromettre en pure perte et par une fuge, Jos. 21, 11.13.; elle portait aussi
mesquine obstination, l'inspiration mê le nom de Kiriath-Arbah , ville d'Arbah,
me des Saints écrits. du nom de son fondateur, le père de Ha
Mais cela étant dit, si nous en venons nak, Jos. 14 , 15. 15 , 13. C'est une des
à la question de fait, il nous paraît que plus anciennes villes du monde ; elle fut
la paulinité doit être maintenue. Les ar bâtie sept ans avant Tsohan d'Egypte,
guments historiques sont faibles de part Nomb. 13, 23, et on la trouve déjà dans
et d'autre, mais faibles surtout chez ceux l'histoire des patriarches : Abraham y
qui nient la paulinité, ce que plusieurs dressa ses tentes, et plus tard il en fit son
font par des raisons essentiellement inté sépulcre, celui de Sara et celui d'Isaac,
rieures et dogmatiques.Saint Paul n'ayant Gen. 13, 18. 14, 13.23, 2.37, 14. L'Eter
pas mis son nom en tête de sa lettre, sans nel l'avait promise à son serviteur Caleb,
doute pour ne pas effaroucher des lec et après que Josué en eut fait la con
teurs très prévenus contre lui à cause de quête et en eut tué le roi Horam, Jos. 10,
son radicalisme en religion , il n'est pas 3. 23, 39., Caleb, avec ses frères de Juda,
étonnant que les auteurs nombreux qui vint la réclamer, 14, 6-15. 15, 13. Josué
ont cité cette épître, aient eux-mêmes lui accorda le droit de s'en emparer et
négligé d'en nommer l'auteur, et l'on d'en chasser les Hanakins, ce qu'il fit avec
ne peut rien inférer de ce silence. La re le concours du vaillant Hothniel, Jug. 1,
cherche et l'examen des témoignages 12. 13., son neveu et gendre. Après la
historiques n'appartient pas"au travail mort de Saül, David en fit sa résidence,
actuel, et cette question si compliquée comme roi de Juda, pendant sept ans et
ne saurait être résolue que dans une dis demi, 2 Sam. 2, 1. 5, 3.Absalon y com
sertation spéciale. Ajoutons seulement mença sa révolte, 2 Sam. 15, 7., et R0
que si l'on n'adopte pas l'opinion de Bèze boam la fit fortifier en l'entourant de mu
sur la paulinité, l'opinion la plus raison railles, 2 Chr. 11, 10. Pendant la capti
nable serait celle de Hug, qui veut que vité de Babylone, les Edomites s'étant je
Luc ait été le secrétaire de Paul en cette tés dans la partie méridionale de Juda,
occasion'; peut-être aussi celle d'Olshau s'emparèrent d'Hébron, mais après le re
sen qui pense que l'épître n'a pas été tour de l'exil, nous la retrouvons dans la
écrite au nom d'un individu, mais au nom possession de la tribu de Juda, Néh. 11,
d'une Eglise où Paul se trouvait présent ; 25. Plus tard, pendant l'époque des Mac
l'apôtre l'aurait lue et approuvée et y cabées, il paraît qu'elle retomba au pou
aurait ajouté une apostille de sa main. voir de l'Idumée, 1 Macc. 5, 65. Josèphe
Il est clair que la personne de l'au Ant. 12 , 8. 6. Enfin, dans la dernière
teur n'étant pas connue d'une manière guerre des Juifs, elle fut prise par les
sûre, on a moins de données encore sur Romains et brûlée, Jos., G. des J., 4, 9.9.
le lieu d'où l'épître fut écrite, et sur sa Hébron était située dans une contrée
date. On la fait ordinairement partir de montagneuse, fertile en gras pâturages,
HEK 424 HEL

à 20 milles romains de Jérusalem, à l'ouest 13, 3. Elle fut d'abord donnée en parta
de la belle vallée de Sittim, qui devint ge à la tribu de Juda, puis à celle de Dan,
plus tard la mer Morte. On peut consul 15, 45. 19, 43., mais ellê continua de res
ter, pour la géographie comme pour l'his ter de fait entre les mains des Philistins,
toire de cette ville, les voyages de Schu 13, 3. 15, 11. 19, 43. Ceux-ci y trans
bert et de Robinson, et le Voyage au Le portèrent l'arche de l'Eternel , qu'ils
vant, t. III. Elle est encore aujourd'hui, avaient fait prisonnière, et dont la pré
sous le nom d'El Khalil, l'endroit le plus sence à Asdod avait été si fatale aux As
considérable de toute la contrée sud : une dodiens, 1 Sam. 5 et 6. Le dieu d'Hé
verrerie et le commerce des raisins secs kron était Bahal-Zébub, nom qui fut don
lui donnent une certaine importance, et né au prince des mauvais anges lorsque
les Arabes des contrées environnantes y cette ville eut été habitée par un grand
viennent échanger leurs produits contre nombre de Juifs , 2 Rois 1 , 2. sq. cf.
les objets qui leur manquent.On y compte Matth. 12, 24.—Au temps d'Eusèbe cette
5 à 600 Juifs. ville, sous le nom d'Accaron, était encore
HED (témoin), Jos. 22, 34. C'est le un gros bourg assez peuplé, entre As
nom que les tribus transjourdaines don dod et Jamnia.
nèrent à l'autel, ou monceau de pierres, HEL et Lahda, petits-fils de Juda par
qu'elles élevèrent sur les bords du Jour Séla; ils se distinguèrent par leurs fabri
dain pour rappeler leur parenté avec les ques de toilerie et de fin lin, établies à
dix autres tribus, et s'assurer ainsi à elles Asbéath en Egypte, à une époque où les
et à leurs descendants une part aux bé Hébreux étaient encore estimés en Egypte,
nédictions de l'Eternel. Les dix tribus et par conséquent dans les premiers temps
ayant cru y voir un commencement d'ido de leur séjour, 1 Chr. 4, 21.
lâtrie et la formation d'un cuite à part, HELAM, peuplade asiatique, déjà nom
montèrent pour s'en expliquer avec leurs mée Gen. 10, 22., et qui se trouve liée
frères, mais ayant entendu les explica tantôt avec la Babylonie, Gen. 14, 1., tan
tions qu'elles désiraient, elles se réjoui tôt avec la Médie, Es. 21, 2. Jér. 25, 25.,
rent fort; l'autel fut maintenu, et on lui tantôt encore avec l'Assyrie, Es. 22, 6.,
donna le nom de Hed, « car, dirent les et qui est comptée, Esd. 4, 9., comme
deux tribus, il est témoin entre nous que une province de la Perse. Le même mot
l'Eternel est Dieu. » désigne tantôt le peuple et tantôt le pays ;
HEDEN. v. Eden. c'est la province d'Elymaïs, au sud de la
HÉGAI, un des eunuques d'Assuérus, Médie, à l'orient de la Babylonie, à l'oc
celui qui avait la charge du sérail. Ester cident de la Perse et au nord du golfe
lui ayant été présentée, elle lui plut entre Persique. Depuis Cyrus, Hélam fut le
toutes les autres : il crut pressentir le centre de la monarchie des Perses; de là
choix de son maître et eut pour sa fu vient que dans les livres postérieurs on
ture reine des attentions qui devaient d'a- trouve Hélam pour la Perse. Il y a, du
vance lui concilier sa faveur, Est. 2, 3. reste, toujours quelque chose d'un peu
8. 9.15. Son nom a été conservé par un vague dans l'emploi qui est fait de ce nom,
des historiens grecs du règne de Xercès. car les Hélamites primitifs s'étaient in
Il s'écrit plutôt Hégué. sensiblement répandus jusque sur les
HÉGLON, 1° ville de la tribu de Juda, bords mêmes de l'Oronte et dans les en
non loin d'Hadullam, Jos. 15, 39., et pré virons de la mer Caspienne. D'après Da
cédemment résidence d'un roi cananéen, niel8, 2., Suse était la capitale d'Hélam, et
Jos. 10, 3.—2° Roi de Moab qui, s'étant c'est de la Susiane que venaient, à ce
allié avec les Hammonites et les Hama qu'on pense, les Hélamites mentionnés
lécites, frappa Israël et l'asservit pendant Act. 2, 9.
dix-huit ans. Il fut mis à mort par Ehud, HELBA, ville de la tribu d'Aser, Jug.
Jug. 3, 12-26. 1, 31. Calmet pense que c'est la même
HEKRON, la plus septentrionale des que Helbon.
cinq grandes villes des Philistins, Jos. HELB0N. Le vin de Helb0n est indi
HlEL 422 HEL

qué Ez. 27, 18. parmi les objets princidressé depuis les jours de Josué, Jos. 18,
paux du commerce de Tyr. (La Vulgate 1. On sait la dure apostrophe qu'il adressa
et le caldéen s'appuyant sur la significa
à la pieuse Anne, et comment il répara
tion de Heleb, ont traduit par méprise, vin
son tort en lui promettant un fils : on se
gras, ou vinum dulce coctum. On est en rappelle comment ce vieux pontife, trop
général d'accord à penser que ce Helbon lâche dans le Saint exercice de ses de
est l'ancienne Chalybon de Syrie, ville voirs de père, de pontife et de juge, fut
principale de la province que Ptolémée averti d'abord par un homme de Dieu, 1
appelle Chalybonite, sur le terroir de la Sam. 2, 27., puis par les révélations ar
quelle croissait un vin fort estimé des rivées au jeune Samuel, des malheurs qui
rois de Perse : on croit aussi que c'est la allaient fondre sur lui. On sait enfin com
même que notre Alep actuelle (Haleb), ment tOuS ces tristes événements se réa
peuplée encore de 80 à 90,000 habitants, lisèrent , lorsque l'arche ayant été em
et dont les vins sont très renommés. Mi menée du tabernacle, les Israélites eurent
chaélis veut au contraire voir Chalybon été défaits, 30,000d'entre eux mis à mort,
dans le bourg de Kennesrin, et les écri les fils d'Héli tués, et l'arche même faite
vains bysantins cherchent Alep dans l'an prisonnière. Le vieux pontife ayant ap
cienne Bérée. Questions peu sûres, mais pris ce dernier malheur, tomba à la ren
heureusement aussi, peu importantes. verse, et se rompit la nuque.
HELDAI ou Hélem, Zach. 6, 10. 14., Héli, trop faible pour être admiré, n'en
Tobija, Jédahia, et Josias ou Hen, quatre doit pas moins être regardé comme un
Juifs auprès desquels, à leur retour de homme de Dieu, humble et résigné sous
la captivité, Zacharie se rendit de la part la main de l'Eternel, et jaloux de la gloire
de Dieu pour prendre de leur or et de et des intérêts de son maître, quoique
leur argent et en faire des couronnes des peu propre à les servir; il s'honora en
tinées à Jéhosuah, le souverain sacrifi se montrant plus sensible à la perte de
cateur. Cet emblème devait signifier l'u- l'arche qu'à la mort de ses fils. C'est à
nion de la sacrificature et de la royauté tort qu'on verrait une expression de sté
sous les Asmonéens, mais surtout l'union rile faiblesse dans cette belle réponse à
de ces deux honorables fonctions dans la la nouvelle des châtiments qui allaient
personne de Jésus-Christ, qui devait re frapper sa maison : C'est l'Eternel, qu'il
vêtir l'un et l'autre office pour le salut de fasse ce qui lui semblera bon !
l'humanité et pour la gloire de son Père. 2° Luc 3, 25.; inconnu. — 3° Luc 3, 23.,
Les couronnes furent ensuite déposées fils de Matthat et père de Joseph, ou plu
dans le temple, en souvenir des dona tôt père de Marie et beau-père de Jo
teurs, comme pour les récompenser de seph, car les anciennes généalogies, sur
leur offrande, ou pour inviter les Juifs tout celles des Juifs, substituaient sou
absents à les imiter, soit dans leur géné vent le nom des hommes à celui de leurs
rosité, soit dans leur retour. — Heldaï et femmes ; d'anciens documents portent,
Josias portent deux noms : Tobija et Jé d'ailleurs, que le père de Marie s'appelait
dahiah sont peut-être les mêmes que en effet Héli.
Esd. 2, 60. Néh. 7, 39. HELKATH, 1°ville d'Aser, Jos. 21, 31.
HELEM. v. Heldaï. 2° Helkath-Hatsurim, lieu près de Gabaon,
HELI. 1°le quatorzième des juges, suc dans lequel une escarmouche se livra en
cesseur immédiat de Samson, et souve tre douze hommes du parti de David et
rain pontife ; il descendait d'Ithamar, se douze du parti d'Is-Boseth, fils de Saül,
cond fils d'Aaron, qui était entré en 2 Sam. 2, 16.
possession du sacerdoce au détriment de HELLADE, v. Grèce.
la branche aînée d'Eléazar. 1 Sam. 1, 3. HELLENISTES. Ce nom fut de bonne
(1137 av. C.). Il était àgé de cinquante heure employé dans l'Eglise par opposi
huit ans lorqu'il devint juge du pays, et tion à celui de judéo-chrétiens : on voit
mourut âgé de quatre-vingt-dix-huit ans, déjà, Act. 6, 1., une dissension entre les
4, 15. 18., à Silo, où le tabernacle était chrétiens des deux partis. Dans ce pas
HEM 423 - HEN

sage il faut entendre par Hébreux les an mor, et son fils l'époux de leur sœur.
ciens habitants de la Palestine, convertis Jacob avait déjà eu quelques relations
au christianisme, tandis que les Hellénis avec Hémor, et il en avait acheté un champ
tes seraient, ou bien des chrétiens con pour la valeur de cent pièces d'argent,
vertis d'entre les Juifs établis à l'étran Gen. 33, 19. C'est à ce fait probablement
ger, lesquels parlaient grec pour la plu que nous trouvons une allusion dans le
part, ou bien des convertis d'entre les discours d'Etienne, Act. 7, 16., quoique
Grecs proprement dits. Parmi les sept le nom d'Abraham soit mis au lieu de ce
diacres qui furent élus à cette occasion , lui de Jacob. Pour faire disparaître cette
un seul, Nicolas, est nommé positivement contradiction de nom, les uns lisent Ja
comme prosélyte converti du paganisme, cob, les autres notre père, au lieu d'A-
et les six autres, quoique portant des braham; d'autres enfin supposent qu'il
noms grecs, étaient peut-être des Juifs, s'agitd'un fait qui ne nous est pas rapporté
mais de ceux quiavaient eu longtemps leur dans l'Ancien Testament : mais ce sont
résidence en dehors de la Judée. Le nom des suppositions et des conjectures for
d'Hellénistes servait donc à distinguer les cées : il vaut mieux dire , comme Calvin
Juifs parlant grec des Juifs palestiniens et Olshausen, qu'Etienne s'est trompé de
parlant syro-caldéen, indépendamment de nom, ce qui ne tire pas à conséquence,
leurs rapports avec le christianisme; c'est le nom n'important pas dans cette affaire,
ainsi que les Grecs de Act. 9, 29. étaient, ou qu'il a confondu ce fait avec celui qui
à ce que l'on croit, des Juifs étrangers. est rapporté Gen. 23, 16.; Gerlach (Bon
Mais au chap. 11, 20., il s'agit de Grecs net et Baup) met la faute sur le compte
proprement dits, c'est-à-dire de païens, d'un copiste ignorant. —v. encore Jug.
comme l'indiquent à la fois le parallélis 9, 28.
me et quelques manuscrits. HÉMORRHOIDES. v. Maladies et Phi
HEMAN. 1o v. Ethan. 2° L'auteur du listins.
Ps. 88 ; il est nommé Ezrahite, ou fils HEMORRHOISSE. La femme dont il
de Sara, 1 Chr. 2, 6., du reste entièrement est parlé dans l'Evangile, Matth. 9, 20.
inconnu. Quelques-uns le confondent avec Marc 5, 25., souffrait d'une perte de sang
le précédent, mais à tort. 3° Héman le qui, en se prolongeant, pouvait devenir
chantre, lévite de la famille des Kéhathi mortelle. Son histoire est connue, sa
tes, 1 Chr. 6, 33., et fils de Joël, 15, 17. guérison est inexplicable : quelques-uns
Il était avec Asaph et Jéduthun à la tête ont pensé que l'effroi dont elle fut frap
des chantres, q. v., établis par David,25, pée lorsque Jésus se retourna vers elle,
1. Héman est appelé le voyant du roi (ou la saisit tellement que son sang cessa de
le prophète), 1 Chr. 25, 5. couler (on reconnaît l'école) ; d'autres
HEMOR, père de Sichem le ravisseur pensent à une espèce de magnétisme ani
de la fille de Jacob, était roi des Héviens, mal , et s'appuient sur ce que dit Jésus :
Jos. 24, 32. Désireux d'expier le crime « Une vertu est sortie de moi. » Sans in
de son fils, il demanda à Jacob de donner sister sur l'idée de magnétisme plus qu'il
Dina pour femme à Sichem. Jacob n'y n'est juste, c'est cependant bien dans cet
put consentir qu'à la condition que les ordre d'idées qu'il vaut le mieux cher
Héviens se feraient circoncire ; et comme cher la solution, en se rappelant que ce
l'alliance du patriarche promettait d'être lui qui guérit l'hémorrhoïsse est en même
pour la peuplade cananéenne une source temps le maître de toutes les forces de
de bénédictions temporelles, les Héviens la nature.
se soumirent à cette formalité. Mais au HEN. v. Heldaï.
troisième jour, lorsque la douleur était HENAH, 2 Rois 18,34. 19, 13. Es. 37,
le plus forte, Lévi et Siméon, par un acte 13. On pense que c'est la même ville quc
de lâche et maudite perfidie, se jetèrent celle dont parlent Abulféda et les géo
avec leurs hommes sur la ville incapable graphes arabes; elle était située en Mé
de se défendre, et en passèrent au fil de sopotamie, sur une des îles de l'Eu
l'épée tous les habitants, y compris Hé phrate, et s'étend maintenant sur les deux
HEN 424 HEP

rives de ce fleuve. Aujourd'hui Anah ? Hen-Guédi, d'après Ez. 47,10., doit faire
HENDOR, petite ville de la tribu de l'une des extrémités de la mer Morte,
Manassé, dans la plaine de Jizréhel, et dont Hemhéglajim serait l'autre; or ce
dans le voisinage de Scythopolis, Jos. 17, dernier endroit était au nord.
11. Elle était le séjour de la pythonisse Les montagnes voisines forment le dé
que Saül alla consulter peu de jours avant sert d'Hen-Guédi, appelé aussi les rochers
la bataille de Guilboah, 1 Sam. 28, 7. Eu de Guédi ou des chamois, 1 Sam. 24, 1.
sèbe la place à 4 milles au sud du mont 3. L'eau qui tombe du ciel y disparaît im
Thabor. On montre encore, au pied du médiatement dans un Sol calcaire et cre
petit Hermon, un chétif village nommé vassé; il n'y croît quelques plantes que
Endur ; mais les ruines de l'ancien Hen dans la saison des pluies. Parmi les nom
dor sont plus loin , dans le voisinage debreuses cavernes de ces montagnes qui
Denuni, à 2 112 stades sud-ouest de Na sont aujourd'hui les uniques habitations
zareth. des bergers de la contrée, on en distin
HEN-GANNIM. 1° Ville des plaines de gue une, dit Braem , dans une vallée, au
Juda, non loin de Béthel, Jos. 15, 34. sud-est de Tékoah, dans laquelle 30,000
2° Ville lévitique, située dans la tribu hommes doivent avoir trouvé un asile, et
d'Issacar, Josué 19, 21. 21, 29. — Eu qui est peut-être celle où David a épar
sèbe cite encore un troisième endroit du gné son persécuteur Saül, l'oint du Sei
même nom , qu'il place au delà du Jour gneur. Deux ouvertures dans des rochers
dain, près de Gérasa. perpendiculaires conduisent par d'étroits
HEN-GUEDI (source des chamois ), passages dans une première salle spa
ville du sud de la Palestine , de la tribu cieuse dont le toit, en forme de voûte, est
de Juda, située près des bords de la mer soutenu par des piliers : et, de là, de lon
Morte, dans une contrée semée de ca gues et étroites allées mènent plus avant
vernes et de rochers, Jos. 15,62. Ez. 47, dans le sein de la montagne, où l'on trouve
10.1 Sam. 24, 1.2. Son nom primitif était plusieurs autres salles.
Hatsatson-Thamar ( multitude des pal HEN-HAKKOREH. v. Léhi.
miers) 2 Chr. 20, 2. Gen. 14, 7., et elle HENHEGLAJIM, Ez. 47, 10. v. Egla
le devait à la richesse et à la fécondité gim..
de sa végétation, à ses dattiers, ses pal HENOC. v. Enoch.
miers, ses bananiers. Hen-Guédi formait HENSEMES, Jos. 15, 7. (fontaine du
une petite oasis au milieu des déserts ; la soleil). Elle était située sur les frontières
délicieuse vallée qui l'entourait était tra de Juda et de Benjamin, mais on ignore si
versée par un ruisseau qui descendait de c'était une ville ou seulement une fontaine,
la contrée d'Hébron pour se jeter dans la On prétend montrer encore la fontaine,
mer Morte. Salomon célébra sa beauté et au delà de Béthanie du côté du Jourdain,
ses riches vignobles, Cant. 1,14., et Cha mais l'identité n'est pas prouvée.
teaubriand , dans son voyage en Pales HEPHA, Es. 60, 6., tribu inconnue.
tine, a rendu le même témoignage. Jo Hépha était fils de Madian, Gen. 25, 4.
sèphe dit que Hen-Guédi est éloigné HEPHER, 1 Rois 4, 10., contrée in
de Jérusalem de 300 stades ( 64 kilo connue, peuplée sans doute par les des
mètres). D'après cette donnée, Reland et cendants de Hépher fils de Madian, Gen.
d'autres auteurs le placent au nord de la 25, 4. — 2° Descendant de Manassé par
mer Morte, près de l'embouchure du Galaad, Nomb. 26, 32. 33. 27, 1.; il était
Jourdain : saint Jérôme au contraire le père de Tsélophcad.
place à l'extrémité méridionale de cette HEPHRON, Gen. 23, 8., fils de Tsohar,
mer; enfin Seetzen, et Grimm d'après lui, chef héthien. C'est de lui qu'Abraham
le mettent entre les deux extrémités , là acheta le champ où se trouvait la caverne
où se trouve maintenant Ayn - Djiddi. de Macpélah dont il voulait faire un sé
Dans cette incertitude, l'opinion de saint pulcre pour sa femme et toute sa famille.
Jérôme, qui est très précise, nous paraît Héphron, après lui en avoir fait connaître
devoir être préférée, d'autant plus que la valeur qu'il évaluait à 400 sicles d'ar
HER 425 HER

gent, pria Abraham de l'accepter en pré comparaisons ou paraboles. Il prend son


sent d'amitié et de bon voisinage , mon titre d'un ange qui paraît dans le second
trant à la fois la générosité de son cœur livre sous l'image d'un berger. L'ouvrage
et l'estime qu'il faisait du patriarche : est faible et contient même des doctrines
Abraham lui paya son bien selon le prix fausses (par exemple que chaque homme
qu'il avait indiqué, 25, 9. 49, 29. 50, 13. a un bon et un mauvais sentiment) ; il s'y
HER, Gen. 38, 3.7. 1 Chr. 2, 3., fils trouve cependant aussi de bonnes choses.
de Juda et de Suah. Il était méchant, dit HERMES, Rom. 16, 14., disciple de
l'auteur sacré , et l'Eternel le fit mourir. Rome, également inconnu.
Sa veuve Tamar fut donnée à Onan son HERMOGENE et Phygelle, 2 Tim. 1,
frère, et finit par se livrer elle-même à 15., deux disciples de Paul, qui, après
Juda. On voit par les paroles de l'Ecriture l'avoir accompagné à Rome, l'abandonnè
que Her mourut d'une mort extraordi rent, ne voulant pas courir avec lui les
naire , mais on ne sait pas comment, ni dangers de la captivité et peut-être de la
quel fut son crime ; quelques-uns pen mort, et retournèrent en Asie Mineure.
sent qu'il refusait de vivre avec sa femme. Leur défection devait être déjà connue de
HERETS, 1 Sam. 22, 5., v. Forêts. Timothée qui se trouvait en Asie, soit
HERISSON. C'est ainsi qu'on doit pro par le retour même de ces personnes,
bablement traduire l'hébreu kippod, Es. soit par le blâme public; mais Paul le lui
14, 23. 34, 11. Soph. 2, 14. v. Butor, et fait savoir formellement, afin qu'il ne soit
Lézard. plus obligé de s'en rapporter à des bruits
HÉRITAGES. Les fils, q. v., héritaient vagues, et qu'il sache positivement à quoi
à l'exclusion des filles, et les enfants légi s'en tenir.
times, à l'exclusion de ceux qui étaient HERMON. Cette montagne appartient
nés de concubines, Gen. 21, 10. 24, 36. à la chaîne du Liban, au nord-est de la
25, 5. 31, 14. Par suite des dispositions Palestine, et forme la frontière extérieure
de la loi sur les propriétés , les testa du haut pays occidental, Deut. 3, 8.4, 48.
ments étaient inconnus, les Juifs mou Jos. 11, 17. 12, 1. 13, 5. 1 Chr. 5, 23.
raient intestat. Il paraît cependant que A son pied septentrional, était Bahal-Gad.
plus tard l'usage des testaments s'intro L'Hermon s'appelait encore Sion, Deut. 4,
duisit par l'exemple des Grecs et des Ro 48., Sirjon chez les Sidoniens, Sénir chez
mains, et cet usage est supposé Gal. 3, les Amorrhéens, 3, 9., quoique Sénir soit
15. Héb. 9, 17. Quelquefois les parents ailleurs distingué d'Hermon, 1 Chr. 5, 23.
donnaient de leur vivant encore une légi Cant. 4, 8. D'après d'anciens géographes
time à leurs enfants, Luc 15, 12. L'ex l'Hermon, comme une partie de l'Anti
pression disposer sa maison, 2 Sam 17, Liban, était couvert de neiges éternelles ;
23. 2 Rois 20, 1. Es. 38, 1., qui semble les versions caldéenne et samaritaine
emporter l'idée de disposition testamen favorisent cette opinion. On a voulu con
taire, signifie seulement donner ses der clure de Ps. 89, 12. 42, 6. (les Hermons),
niers ordres, arranger ses affaires. qu'à côté de la montagne principale, il
HERMAS, Rom. 16, 14.; inconnu. Se s'en trouvait d'autres plus petites qui
lon plusieurs Pères et interprètes, ce se portaient le même nom , et qu'il y en
rait le même que l'auteur du fameux Pas avait jusque dans le voisinage du Tabor ;
tor Hermœ, un des apocryphes du Nou mais dans le premier de ces passages,
veau Testament, mais c'est douteux. Cet l'Hermon n'est pas plus voisin du Tabor,
ouvrage est aussi attribué à un autre Her que l'aquilon du midi, et dans le second
mas frère de Pie I, pasteur de Rome vers il est parlé du petit Hermon, qui était si
l'an 156, mais le Pastor jouissait déjà tué au midi du Tabor dans la tribu d'Issa
d'une trop grande considération à l'épo car, isolé, plus bas que le Tabor, et s'é-
que d'Irénée et de Clément d'Alexandrie tendant de l'est à l'ouest sur un espace de
pour qu'on puisse lui donner une date 2 lieues. Le nom d'Hermon, du reste,
aussi récente. Le Pastor est divisé en trois s'applique aussi d'une manière générale à
parties, les visions, les préceptes, et les toute la partie méridionale de la chaine
HER 426 HER

de l'Anti-Liban, et les auteurs ne sont terribles l'assaillirent, il tomba malade. Il


pas même d'accord sur la sommité qui Se trouvait à la fois au comble du bon
portait plus spécialement ce nom ; on heur matériel et du malheur moral; pour
pense que c'était la montagne qui s'ap se distraire et pour donner le change aux
pelle aujourd'hui Djebl Heish (Seetzen, Juifs alarmés, il fit construire de superbes
Burkhardt). Ces différentes cimes domi édifices, des bains, des théâtres, des gym
naient de loin le lac de Génésareth, et en Ilases; un château magnifique s'éleva sur
formaient une des principales beautés, en le mont de Sion; Samarie, dévastée par
imprimant à toute la contrée un cachet de Jean Hyrcan, fut rétablie et reçut le nom
grandeur et de majesté. — v. encore Ps. de Sébaste. Il bâtit Césarée au sud du
133, 3. La rosée de l'Hermon (supérieur) mont Carmel, et un temple en l'honneur
descend vers les montagnes plus basses d'Auguste près des sources du Jourdain.
(le mont de Sion), et les fertilise. Voyant le peuple et les pharisiens in
HERODE. 1° Hérode dit le Grand, Luc quiets au sujet des mœurs étrangères et
1, 5. Matth. 2, 1. Act. 23, 35. Ce roi des païennes dont il favorisait l'introduction,
Juifs était lduméen de naissance , et fils il entreprit, en 17, la réparation du temple,
d'Antipater; il reçut sa royauté des mains et avec tant de luxe, que ce fut plutôt un
de Marc Antoine et du sénat de Rome ; temple nouveau qu'il fit construire. On y
elle lui fut de nouveau confirmée par Au travaillait depuis quarante-six ans lors
guste, et il exerça son cruel pouvoir l'es que notre Sauveur prononça les paroles
pace de trente-trois ans, depuis l'an 37 Jean 2, 19. — Enfin, Jésus naquit, et la
jusqu'à l'an 4 av. C. (env. 750 de Rome), seule part que prit Hérode à cet événe
c'est-à-dire jusqu'en l'année de la nais ment fut le massacre des enfants de Beth
sance du Sauveur. Il épousa plus de huit léhem , massacre d'une douzaine d'en
femmes les unes après les autres. Outre fants peut-être, qui ne valut pas la peine
Pallas, Phèdre et Elpide, qui ne laissèrent d'être relevé au milieu des autres crimes
qu'une postérité insignifiante, il faut non de ce féroce Iduméen. Peu de temps
IIl6I': après, malade comme Antiochus Epipha
a) Doris, dont il eut Antipater. nes, Hérode alla chercher du soulage
b) Mariamne I, dernier rejeton de la fa ment aux thermes de Callirhoé sur les
mille des Maccabées par Jean Hyrcan; elle bords orientaux de la mer Morte, au pied
lui donna Aristobule et Alexandre ; Aris des anciennes montagnes de Moab, mais
tobule fut le père d'Hérode l'époux de ce fut en vain; il se retira à Jérico, sans
Bérénice, d'Hérode Agrippa I, et d'Héro espérance et découragé; et prévoyant les
dias. événements qui auraient lieu après sa
c) Mariamne II, filled'un prêtre Simon; mort, il essaya, mais inutilement, de se
elle lui donna Hérode-Philippe, premier percer de son glaive. Cependant la mala
époux de sa nièce Hérodias. die faisant des progrès, Hérode fit encore
d) Malthace, Samaritaine, mère d'Ar exécuter son fils Antipater avant de mou
chélaüs, et d'Hérode Antipas le second rir : ce fut le dernier acte de sa vie. Cinq
époux d'Hérodias. jours après il expirait âgé de soixante
e) Cléopâtre, dont il eut Philippe, époux dix ans, ayant donné l'ordre à sa sœur
de Salomé fille d'Hérodias. Salomé de faire massacrer immédiate
Ce roi barbare n'a été grand que par ment après sa mort tous les notables des
Ses cruautés dénaturées ; il fut le bour Juifs qui se trouvaient alors assemblés à
reau de sa famille et de son peuple : après Jérico; car, dit - il, les Juifs se réjoui
avoir fait massacrer presque toute la fa raient de ma mort, et je veux les forcer
mille de sa seconde femme, Hyrcan son à mener deuil : mais cet ordre ne fut pas
grand-père, Alexandre son père, Anti exécuté. Il partageait le royaume par son
gone son oncle, Aristobule son frère, testament entre ses trois fils Archélaüs,
Alexandra sa mère, il finit par la faire as Antipas et Philippe; l'empereur Auguste
sassiner elle-même après deux tentatives confirma cette disposition.
manquées, 29 av. C. Les remords les plus 2° Hérode Antipas, Luc. 3, 1. 8, 3.
HER 427 l1ER

Act. 13, 1., fils du précédent par Mal dans son impiété lorsqu'il désire de voir
thace. Il succéda à son père l'an 1 du Jésus, Marc 6, 14.; sadducéen de croyance
Christ, et partageant la Palestine avec ses et n'ayant pas même foi dans son incré
deux frères, il reçut la Galilée et la Pérée dulité, puisqu'il penche à admettre la ré
avec le titre de tétrarque et 200 talents surrection de Jean-Baptiste, Luc 9, 7. ;
par année. Jésus de Nazareth ressortissait làche dans ses craintes lorsqu'il fait don
ainsi à sa juridiction, Luc 23, 7. Hérode ner à Jésus le conseil de s'enfuir; il re
résidait à Séphoris non loin du mont doute son voisinage et n'ose pas s'en dé
Thabor; il agrandit beaucoup cette ville faire à cause du peuple, Luc 13, 31. ;
et l'appela Dio-Caesarea (elle n'est pas lâche encore dans ses serments de dé
mentionnée dans la Bible); il bâtit aussi bauche, lorsqu'une femme l'oblige à te
Tibériade, qui a donné son nom au lac de nir une promesse de meurtre contre un
Génésareth. Après avoir épousé en pre homme qu'il respectait malgré lui-même
mières noces la fille du roi arabe Arétas, et dont il recherchait les pieux conseils,
il épousa sa nièce et belle-sœur Hérodias, Matth. 14, 1.; lâche dans le procès de Jé
la fille d'Aristobule, fils de Mariamne I, sus, puisqu'il ne prolonge l'interroga
première épouse de son frère Philippe toire que pour entendre cet homme dont
encore vivant. Ce crime en amena un plus il était si curieux, et puisque le recon
grand encore, l'adultère appela le meur naissant innocent, Luc 23, 11. 15., il
tre, et Jean-Baptiste fut mis à mort sur COnsent à sa mort et tr0uve dans cette
la demande d'Hérodias, Luc 3, 19. Matth. ignominieuse condescendance le moyen
14,1.Larépudiation,l'incesteetlemeurtre de se réconcilier avec Pilate dont un abus
furent punis par le roi d'Arabie, qui, brù de pouvoir l'avait éloigné, Luc 23, 7.Act.
lant de venger sa fille déshonorée, déclara 4, 27. Dans cette entrevue depuis si long
la guerre à Hérode et le battit. Le peuple temps désirée et qui n'a lieu qu'au der
y vit le juste châtiment des crimes de son nier jour du Sauveur, Hérode, voyant une
maître. Hérode Agrippa, frère d'Héro figure qui n'est pas celle de Jean-Baptiste,
dias et neveu en même temps que beau renaît à la confiance : il ne craint plus
frère d'Hérode Antipas, ayant obtenu le qu'un revenant lui reproche sa lâcheté,
titre de roi, Hérodias, jalouse, poussa et se livrant sans réserve à sa curiosité,
son mari à faire des démarches auprès de il interroge à son aise le prisonnier et se
Caligula pour obtenir la même dignité. flatte de lui voir faire un miracle, mais
Ils se rendirent à Rome (an 39), quoique il n'en reçoit pas de réponse : Hérode se
Antipas fît les choses malgré lui, aimant venge du mépris du Saint par le mépris
mieux le repos que l'honneur; mais là, de cour, se moque de Jésus, le déguise
sur les plaintes du peuple, jointes à celles en roi terrestre et le renvoie à Pilate. —
d'Agrippa, son beau-frère, Antipas fut dé C'est ce même Hérode que Jésus appelle
claré déchu de tous ses droits en Pales un renard, Luc 13, 32.; c'est de lui qu'il
tine : Caligula l'exila, d'abord à Lyon dans s'agit encore lorsque Jésus recommande
les Gaules où Hérodias le suivit, puis en à ses disciples de se garder du levain
Espagne où il mourut. d'Hérode, Marc 8, 15., c'est-à-dire, des
C'est cet Hérode que nous voyons dans fâcheux exemples de ce prince édomite
l'Evangile pendant toute la vie de notre et des doctrines sadducéennes qu'il avait
Sauveur. Josèphe ne le traite pas d'une embrassées, Matth. 16, 6. 12.
manière très défavorable et ne raconte 30 Hérode Philippe, v. Philippe 2°.
pas de lui ces innombrables iniquités qu'il 4° Hérode Agrippa I, petit-fils d'Hé
reproche au grand Hérode; mais au fond rode le Grand par Mariamne, et fils d'A-
le fils ne valait pas mieux que le père. ristobule par une Bérénice fille de Salo
Luc, 3, 19., parle de tous les maux, ou mé; il n'apparaît dans l'histoire Sainte
plutôt de toutes les méchancetés qu'il a que Act. 12.Après la mort de Tibère (37),
faites; on le voit d'ailleurs adonné à toutes il reçut en 38 la tétrarchie de Philippe son
les passions de la chair, Matth. 14, Jo oncle, qui était mort en 35 et dont la pro
sèphe, Ant. 18, 4. 5.; curieux et frivole vince avait été jointe à la Syrie. Frère
-
HER 428 HER

d'Hérodias et beau-frère d'Hérode Anti sus du théâtre, et dont la présence effraya


pas, il avait dissipé tous ses biens et ne singulièrement l'orgueilleux orateur. La
devait son avénement au trône (car le maladie qui l'emporta, peut être la même
titre de roi lui fut donné) qu'à la ma que celle dont avait été frappé Antiochus
nière insinuante avec laquelle il sut se le persécuteur des Maccabées, est à la
glisser dans la faveur de Caïus Caligula. fofs naturelle en ce que les médecins ont
Son caractère n'était pas précisément vu quelques cas analogues, et surnatu
méchant, il avait de la bonhomie et plus relle en ce qu'on n'en connaît pas la
de respect pour la religion que les autres cause et qu'elle frappe d'une manière
princes de la maison d'Hérode; mais ce inattendue ceux qu'elle atteint. v. Ver.
même respect qu'il professait pour le ju 5° Hérode Agrippa II, fils du précé
daïsme le porta à faire périr Jacques, frère dent, Act. 25 et 26. Le NouveauTestament
de Jean, et à comploter la même chose ne lui donne que le nom d'Agrippa, q. v.
contre l'apôtre Pierre. Sa tentative ayant — Il y a eu beaucoup d'autres Hérodes,
échoué, il s'en dédommagea en envoyant mais ils n'appartiennent pas à l'histoire
au supplice les soldats auxquels avait été biblique, et nous n'avons pas à nous en
confiée la garde de l'apôtre. Après ces OCCUlper.
exécutions qui accompagnèrent pour lui HERODIAS, petite-fille d'Hérode le
la célébration de la Pâque, il se rendit à Grand, fille d'Aristobule et de Bérénice ;
Césarée, où il séjourna. Cette ville, bâtie elle épousa d'abord son oncle Philippe,
par son grand-père, souffrait dans ses tétrarque de la Batanée, dont elle eut Sa
intérêts commerciaux du voisinage de lomé la danseuse ; puis elle le quitta pour
Tyr et de Sidon; une rivalité existait entre épouser un autre oncle, Hérode Antipas
ces villes, et Hérode en était irrité sans frère du premier, tétrarque de la Galilée.
qu'il fût cependant en son pouvoir de dé Jean-Baptiste s'étant opposé à cette union
clarer la guerre aux Tyriens et aux Sido adultère et incestueuse, elle le poursuivit
niens, alliés de Rome. Tyr et Sidon d'ail jusque dans la prison où son mari l'avait
leurs, souffrant également de cette con fait reléguer, et profita d'un serment im
currence, et ne voulant pas se fermer le prudent que celui-ci fit à sa fille, pour
territoire de la Judée qui leur était un demander dans un plat la tête de l'hom
utile et important débouché, envoyèrent me de Dieu, Matth. 14, 3. Marc. 6, 17.
des ambassadeurs auprès d'Hérode pour Luc 3, 19. (Deux serm. d'Ad. Monod.)
prendre des arrangements amiables qui Le meurtre consommé, elle joua avec la
fissent cesser l'aigreur réciproque des tête de Jean, et s'amusa, si l'on en croit
habitants des deux Etats ; la paix fut con saint Jérôme et Nicéphore, à lui percer
clue. Mais Dieu n'oubliait pas la mort de la langue d'une aiguille, comme la femme
ses serviteurs, et la même année encore d'Antoine la tête de Cicéron. Elle accom
(44) Hérode fut frappé de mort. Comme pagna dans les Gaules son second mari :
il était à Césarée et qu'il assistait à des l'empereur, ayant su qu'elle était sœur
jeux en l'honneur de Claude, il voulut d'Hérode Agrippa, voulait lui faire grâce,
haranguer le peuple et s'assit sur le mais elle ne voulut rien devoir à l'in
trône : mais à peine eut-il commencé à fluence de son frère dont elle était ja
parler que le peuple s'écria : Voix d'un louse, et préféra l'exil.
Dieu et non pas d'un homme ! Ce furent Quant à sa fille, Nicéphore et Méta
sans doute les païens qui poussèrent ce phraste rapportent qu'elle accompagna sa
cri; les Juifs ne l'auraient osé faire. Hé mère dans les Gaules, et qu'elle voulut
rode, sans doute, prit plaisir à cette apo même la suivre en Espagne, mais que,
théose, au lieu de la repousser; mais dans traversant une rivière qui était gelée, elle
le même moment un ange du ciel le frap en rompit la glace et tomba dans l'eau
pa, et il mourut rongé par les vers, à jusqu'au cou, que la glace se resserra
l'âge de cinquante-quatre ans. Josèphe sur elle, et qu'elle subit ainsi le supplice
parle d'un hibou qui, pendant le discours qu'elle avait demandé contre Jean-Bap
d'Hérode, se posa sur une corde au-des tiste.C'est la légende. Quant à l'histoire,
HER 429 HES

Josèphe dit qu'elle épousa d'abord Phi des gens de la maison d'Hérode qui vou
lippe le tétrarque, fils d'Hérode le Grand lurent sonder Jésus par curiosité, etc.
par Cléopâtre, à la fois son oncle et son HERODION, Rom. 16, 11., disciple de
grand-oncle, et en secondes noces son Rome, parent de saint Paul; du reste, in
cousin Aristobule, fils d'Hérode, roi de connu.
Chalcide, dont elle eut plusieurs enfants. HERON, Lév. 11, 19. Deut. 14, 18.
Elle vécut ainsi plus de trente ans après C'est le mot par lequel nos versions ont
l'exil de ses parents. traduit l'hébreu anaphah. Il y a de l'in
HERODIENS. Cette secte est seule certitude sur le sens de ce mot : les uns
ment nommée dans l'Evangile sans que l'ont traduit par cigogne, q. v., les autres
rien la définisse , Matth. 22, 16. Marc. 3, par poule sauvage, d'autres par perro
6. 12, 13. Josèphe même et Philon n'en quet, Bochart par faucon des montagnes ;
parlent pas. Calmet les confond avec les il compare le grec 2vortéz d'Homère ,
Zélotes, disciples de Judas gaulonite, qui Odyss. 1, 320., qui rappelle en effet l'hé
auraient reçu, dit-il, le nom d'hérodiens breu anaphah. La racine anaph signifie
parce que Gaulon appartenait au terri aspirer fortement par les naseaux, com
toire d'Hérode Antipas ; mais c'est forcé. me cela se fait dans la colère ; il signifie
Le plus probable c'est que c'étaient des de là se mettre en colère, comme Ps. 2,
Juifs qui, pour une raison Ou pour une 12., et d'après Harris cette étymologie
autre, tenaient le parti d'Hérode, et par convient parfaitement au héron qui est
conséquent des Romains dont il était le d'un naturel très irritable. On ne peut
vassal, contre le reste du peuple juif qui rien décider, mais la traduction de nos
supportait impatiemment le joug de l'é- Bibles a au moins autant de chances que
tranger, et n'aspirait qu'à le secouer. les autres, et même un peu plus. — Le
Les hérodiens formaient donc un parti héron est, comme on sait, un animal aqua
politique , peut-être sans organisation tique et sauvage, distingué par ses lon
extérieure, mais réel , et puissant par gues jambes, et son long bec emmanché
l'appui du gouvernement. Ils s'unirent d'un long cou ; il vole très haut et s'abat
aux pharisiens pour tendre un piége à le long des marais, des rivières et des
lacs pour y pècher le poisson dont il fait
Jésus, et lui demandèrent s'il fallait payer
le tribut à César ou non : s'il répondait
sa principale nourriture. Il y a plusieurs
non, les hérodiens l'auraient appelé un espèces de hérons, le blanc, le gris-cen
séditieux ; s'il répondait affirmativement,
dré (petit et grand), le chàtain, le crêté,
les pharisiens triomphaient, ils en appel'étoilé, le noir, qui tous diffèrent par
laient au peuple, et lui représentaient Jé
quelques points de grosseur ou de cou
sus comme un ennemi de la nationalité leur, mais se ressemblent par les carac
juive. Notre Sauveur les rendit confus tères généraux ; ils nichent dans les bois
par sa divine sagesse, et leur montra de haute futaie.
que, aussi longtemps qu'ils acceptaient HERSE. v. Chars.
les avantages de la domination romaine, HESBON, ville du pays oriental, située
ils devaient en supporter les charges, au dela du Jourdain, au nord de l'Arnon,
qu'ils ne pouvaient pas refuser l'impôt presque vis-à-vis de Jérico. D'abord ré
s'ils acceptaient l'argent. sidence d'un roi moabite, elle passa en
On compte huit ou neuf opinions par suite à Sihon roi des Amorrhéens, Nomb.
ticulières sur l'origine des hérodiens ; 21, 26. cf. Deut. 2, 9. Plus tard elle fut
outre l'opinion de Calmet, il faut noter donnée à la tribu de Ruben, Jos. 13, 17.
encore celle qui veut que les hérodiens Nomb. 32, 37., puis à celle de Gad, Jos.
aient tenu Hérode pour leur messie (mais 13, 26. 1 Chr. 6, 81., et devint ville lévi
quel Hérode ?), celle du père Hardouin, tique, Jos. 21, 39. 1 Chr. 6, 81. On la
que c'étaient des platoniciens qu'Hérode retrouve moabite, Jér. 48, 2. Es. 15, 4.,
avait essayé de mettre en vogue; selon mais elle redevint juive sous Alexandre,
d'autres, c'étaient les sujets païens du Jos. Ant. 13, 15.4. Eusèbe et Jérôme l'ap
territoire d'Antipas, ou bien simplement pellent Esbous, et la mettent à 20 milles
HET 430 HEZ

du Jourdain : un évêque y résida dans les lèbre, duquel Salomon faisait partir ses
premiers siècles du christianisme. Il en vaisseaux pour Ophir, 1 Rois 9, 26. 22,
reste encore des ruines assez considéra 49.2 Chr. 8, 17. Son nom peut signifier
bles, qui portent le même nom d'Hesbon. grottes des rochers (des récifs), et d'a-
« Cette ville, dit Burkhardt, est située près Büsching, le port de cette ville au
sur une colline, au sud d'El Haal; on y rait été en effet dominé par une quantité
voit encore un grand nombre de puits de rochers très élevés et remplis de ca
taillés dans le roc et un grand bassin vernes ; mais Büsching parle du port de
d'eau ;» sans doute les viviers de Cant. Scherm, qui est trop éloigné de l'endroit
7, 4. où devait être celui d'Hetsjon-Guéber, et
HÉSEK, Gen. 26, 20. Une des fontai il vaut mieux chercher le port de Salomon
nes que les bergers de Guérar disputè dans la populeuse ville d'Assyun, près
rent à ceux d'Isaac qui l'avaient creusée : d'Aïla, dont parle Burkhardt. La flotte de
ce nom signifie querelle, violence. Josaphat y périt, 2 Chr. 20, 37., ce qui
HESMON, ville située dans la partie semblerait confirmer la signification du
méridionale de la tribu de Juda, Jos. 15, nom de ce port.
27. HETZRON, 1 Chr. 2, 5., v. Esrom.
HÉTHER, d'abord dans la tribu de HEURES. v. Jours, et Montres.
Juda, puis dans celle de Siméon, Jos. 15, | HEVIENS, peuplade cananéenne, éta
42. 19, 7. Saint Jérôme l'a retrouvée près blie en Palestine avant l'arrivée des Hé
de Malatha, dans le district de Daromas, breux, Gen. 10, 17. Ex. 3, 8. 17. 23, 23.
mais Eusèbe croit que ce n'est pas le Jos. 3, 10. Une partie d'entre eux habi
même endroit. taient le sud du pays dont ils furent ex
HETHIENS, peuplade cananéenne que pulsés parles Philistins, Deut. 2, 23. Jos.
les Israélites trouvèrent en Palestine et 12, 8.; d'autres étaient fixés au centre, à
qu'ils dépossédèrent, Gen. 15, 20. Ex. 3, Sichem et à Gabaon, Jos. 11, 19. Gen. 34,
8. 23, 23. Ils descendaient de Canaan par 2.; la plus grande partie cependant de
Heth, son second fils, et habitèrent d'a- meuraient au pied de l'Hermon et dans
bord la contrée de Hébron, avec et parmi les environs de l'Anti-Liban, Jos. 11, 3.,
les Amorrhéens, Gen. 23, 7. 3. Nomb. et même il paraît par Jug. 3, 3., qu'ils
13, 30. Plus tard on les retrouve au nord furent repoussés encore plus au nord
de Béthel, Jug. 1, 24., et même ils pa ouest. Au temps de David, on les voit éta
raissent s'être maintenus dans certains blis dans la contrée du Liban, 2 Sam. 24,
districts du pays sous quelques-uns des 7. cf. 1 Rois9, 20. Après Salomon ils dis
rois israélites, 2 Sam. 11 , 3. 6. 23, 39. paraissent et leur nom ne se retrouve
Salomon asservit et rendit tributaires les plus.
restes des Héthiens, 1 Rois 9, 20.; ce HEZER, 1°, 1 Chr. 4, 4., père de Husa,
pendant une partie d'entre eux apparaisfonda peut-être une ville de ce nom, cf.
sent encore indépendants et régis par 2 Sam. 21, 18. — 2° Le plus vaillant des
leurs propres rois sous Joram, roi d'Isguerriers de David, Gadite de naissance,
raël, 2 Rois 7, 6. 1 Rois 10, 29. Cettevint au secours de son roi, lorsqu'il était
peuplade est encore mentionnée après enfermé à Tsiklag à cause de Saül; il
l'exil, Esd. 9, 1 . passa le Jourdain avec ses compagnons,
HETHLON, ville de la Syrie occiden au premier mois, lorsque les eaux de ce
tale, nommée Ez. 47, 15. 48, 1., comme fleuve, grossies par la fonte des neiges,
formant la limite septentrionale de la débordent de toutes parts, et ils réussi
terre promise. Elle était sur la Méditer rent à chasser des vallées environnantes
ranée, entre Posidium et Laodicée. tous les énnemis de David. C'étaient, dit
HETSJON-GUÉBER, prèsd'Elath (il ne l'auteur sacré, des hommes forts et vail
faut pas confondre ces deux villes comme lants , experts à la guerre, maniant le
le fait Braem), ville iduméenne , sur le bouclier et la lance ; leurs visages étaient
bras élanitique du golfe d'Arabie, Nomb. comme des faces de lion, et ils semblaient
33, 35. Deut. 2, 8. Elle avait un port cé des daims sur les montagnes, tant ils
HID 431 HIE

couraient légèrement. On ne trouve de fin dans ses eaux près de Korné, où il


tels hommes que dans des pays de mon prend le nom de Schat-el-Arab. Son
tagnes, et ils étaient d'autant plus pré cours total est de 1240 kilom. Les an
cieux au pays de Gad , que les tribus ciens le regardaient déjà comme un des
transjourdaines étaient, par leur position, plus beaux fleuves de l'Asie, en même
plus exposées aux attaques des ennemis, temps que comme un des plus rapides ;
et moins protégées par leurs alliées , il n'est pas rare, surtout à l'époque de la
1 Chr. 12, 8. fonte des neiges, de le voir déborder.
HEZJON, 1 Rois 15, 18., roi de Syrie, Sa largeur à Mossoul est de 100 mètres,
inconnu du reste, que l'on a confondu, à Bagdad de plus de 200 : à Bassora sa
peut-être à tort, avec Rézon, dont il au profondeur est telle qu'il peut porter des
rait été le successeur. Après lui vint Ta vaisseaux de 40 canons et de 500 t0n
brimon, son fils, puis Ben-Hadad I°r. neaux. Ses eaux sont blanches et peu es
HIBOU. v. Chat-huant. timées : elles purgent légèrement ceux
HIDDEKEL, Dan. 10, 4. C'est le Tigre, qui n'en ont pas l'habitude.
de l'aveu de tous les interprètes; il s'ap HIDD0,1°, 2 Chr. 12, 15. 13, 22., pro
pelle en caldéen Diglath, en syriaque phète : il a écrit, avec Sémahia, des mémoi
Deklath, en arabe Diglah. Ce nom s'ex res Sur les guerres de Roboam et de Jé
plique par les langues asiatiques (indo roboam et sur le règne d'Abija. Si c'est
germaniques): dans la langue zend le mot le même que Jeddo (9, 29.), comme le
Tagur, et en sanscrit le mot Tigra signi pensent quelques auteurs, il aurait en
fient vite, prompt, rapide; chez les an core écrit quelque chose sur le règne
ciens Perses et Mèdes le mot Tigris si de Salomon. — 2° Père de Barachie, et
gnifiait flèche ; tedjerem dans la langue grand-père du prophète Zacharie, Zach.
zend, et tedjera dans la langue pehlvi, si 1, 1. Il est noté, Esd. 5, 1. 6, 14., comme
gnifient fleuve. Ces différentes étymolo père de Zacharie, par l'habitude des gé
gies ou explications conviennent toutes néalogistes de ne compter que les per
au Tigre, qui est fort rapide. C'est aussi sonnes les plus connues de chaque fa
le nom que Moïse donne à l'un des qua mille, en omettant les chaînons intermé
tre fleuves du paradis, Gen. 2, 14. Le diaires moins importants : on peut con
texte porte qu'il coule à l'orient de (non clure de là que Hiddo était plus connu
pas vers) l'Assyrie, et cette observation que son fils, et le passage d'Esdras 5, 1.
cadre avec ce que nous avons dit à l'art. laisse incertain s'il n'a pas été prophète
Déluge, q. v. Ceux qui pensent au con lui-même.
traire qu'il s'agit réellement du Tigre HIEL. Un verset raconte toute son his
dans le récit de Moïse, expliquent ce toire. « En son temps (sous Achab), Hiel
verset en disant que, quoiqu'une partie de Béthel bâtit Jérico, laquelle il fonda
du territoire de l'ancienne Assyrie se sur Abiram son premier-né, et posa ses
soit trouvée sur les bords orientaux du portes sur Ségub son puiné, selon la pa
Tigre, la plus grande partie de ce royau role que l'Eternel avait proférée par le
me dans le temps de sa prospérité, sous moyen de Josué, fils de Nun. » 1 Rois
Salmanasar et Sanchérib, s'étendait vers 16, 34. cf. Jos. 6, 26. — C'est court et
l'occident. solennel. Un impie hébreu qui ne pou
Le Tigre jaillit de plusieurs sources vait pas ignorer la prophétie de Josué,
différentes qui ne se réunissent qu'à veut, en dépit des menaces de l'Eternel,
Hasn Keifa, au sud de Diarbek , il devient essayer de reconstruire une ville mau
navigable à Mossoul, tombe à 12 kil. de dite ; il réussit, mais la prophétie cinq
cette ville en une cataracte de 40 mètres fois séculaire le frappe, son fils aîné
de haut, puis se dirige vers le sud jus meurt pendant qu'on jette les fonde
qu'à Bagdad où il commence à porter de ments, le second meurt quand les tra
grands navires et des bateaux à vapeur. vaux sont à peu près achevés, et qu'on
Il reçoit plusieurs affluents, se rapproche pose les portes de la ville rétablie. Peu
lentement de l'Euphrate, et le reçoit en importe le genre de maux dont ils furent
HIL 432 HIN

frappés, une maladie ou un accident ; couverte d'une copie eût produit sur lui
nous ne le savons pas : on peut croire une telle impression qu'il déchirât ses vê
qu'ils périrent de mort violente, en suite tements dans sa douleur : il connaissait
même des travaux qui se faisaient, que le la loi de Dieu, mais la vue de l'exemplaire
gage du péché fut la mort, et qu'ils trou primitifauquel se rattachaient tant de sou
vèrent leurs tombeaux sous des décom venirs, lui rappela sans doute, avec une
bres et des éboulements.-v. Jérico. nouvelle force, les égarements d'Israël et
HIERAPOLIS , Col. 4, 13., ville de la les outrages faits à la sainteté divine. Jo
grande Phrygie, à l'est de Colosses, et à sias envoya aussitôt Hilkija avec quelques
6 milles nord de Laodicée ; elle était cé autres consulter Hulda la prophétesse ,
lèbre par ses nombreuses sources miné qui répondit en annonçant un règne pros
rales et par une grotted'où s'exhalaient des père au pieux Josias, mais des calamités
vapeurs fétides, dans laquelle, dit-on, les prochaines à ses successeurs. Hilkija,
prêtres seuls de la magna mater pouvaient soutenu par la parole de Dieu, continua
entrer sans danger, Pline2, 95. Epaphras, son œuvre réformatrice et acheva de pu
de Colosses, a porté l'Evangile jusque dans rifier le temple, et de détruire les hauts
cette ville, et Paul lui rend un beau té lieux. Bientôt la Pâque fut célébrée, « et
moignage à cet égard. Hiérapolis s'appelle certainement jamais Pâque ne fut célébrée
maintenant Pampuk Kulasi (château de ni dans le temps des juges, qui avaient
coton); elle est bâtie sur un sol blanc et jugé en Israël, ni dans tout le temps des
rocailleux. rois d'Israël et des rois de Juda, comme
HIJON, ville forte de Nephthali, 1 Rois cette Pàque qui fut célébrée en l'honneur
15, 20.2 Chr. 16, 4. Elle fut prise par de l'Eternel dans Jérusalem, la dix-hui
Ben-Hadad sur Bahasa, roi d'Israël. tième année du roi de Josias », 2 Rois 23,
HILEN, ville lévitique de la tribu de 22.2 Chr. 35, 8. Hilkija, qui y présida, se
Juda, 1 Chr. 6, 58. distingua par une riche offrande; il donna,
IIlLKIJA, 1°père d'Eliakim, Es. 36, 3. avec Zacharie et Jéhiel, 300 bœufs et 2,600
2° Hilkija, souverain sacrificateur sous Jo agneaux ou chevreaux. Quelques années
sias, 1 Chr. 6, 13. 2 Rois22, 4.2 Chr. 34, plus tard, l'impiété releva la tête, et ne la
9, fut chargé, par ce pieux monarque, de baissa plus qu'en traversant le Jourdain
veiller au recouvrement des impôts du pour se rendre dans l'exil, où elle s'étei
culte et des offrandes du peuple, et d'ad gnit. — Fils de Sallum, ou peut-être son
ministrer la somme recueillie, en la dis petit-fils, et fils d'Hazaria, Hilkija devait
tribuant à ceux qui travaillaient aux ré être fort âgé, puisque son père avait servi
parations du temple. Cette réformation, à sous Ezéchias, et qu'il avait dû traverser
laquelle travaillaient de concert le chef dès lors les cinquante-cinq années de Ma
politique de la nation et le chef du culte, nassé, les deux d'Amon, et les douze pre
fut bénie d'en haut, et l'Eternel fit trou mières de Josias.
ver à Hilkija, au milieu des objets sacrés HIN, mesure creuse des Hébreux pour
que l'on sortait d'une longue poussière, les liquides , la sixième partie du bath,
le saint livre de la loi (623 av. C.). C'était, un peu plus de quatre pintes d'après Cal
sans aucun doute, le Pentateuque tout en met (litres, 5, 83).
tier (cf. Deut. 17, 18.31, 9.26.) que Moï HINNOM, 1° inconnu, peut-être pro
se avait fait placer à côté de l'arche de priétaire d'une possession dans la vallée
l'alliance pour y être conservé, et qu'un à laquelle il a donné son nom. — 2° Val
prêtre fidèle aura enlevé dans des temps lée de Hinnom, ou Gué-Hinnom, Jos. 15,
de persécution, sous Athalie, Achaz ou 8., Gué-Ben-Hinnom, 2 Rois 23, 10., val
Manassé, pour le préserver d'une destruc lée délicieuse au sud-sud-est de Jérusa
tion sacrilége ; on peut croire même que lem, servant de limite entre les tribus de
c'était l'autographe de Moïse, car il serait Juda et de Benjamin , Jos. 18 , 16. Elle
étonnant qu'il n'y eùt eu à la connaissance touchait à l'occident à la vallée de Guihon,
de Josias aucun exemplaire du saint livre et à l'orient à celle de Josaphat. Agréa- .
dans tous ses Etats, et que la simple dé ble et fertile, elle était couverte d'arbres
HIR 433 HIR
verdoyants, et l'on y trouvait les jardins Salomon monta sur celui d'Israël. Il le fit
des rois. Plus tard, Jérusalem idolâtre et féliciter lors de son avénement, et vécut
parjure y sacrifia sous ses ombrages, et avec lui dans la plus étroite amitié, sans
entendit les cris des enfants brûlés dans qu'on sache s'il a été son vassal ou son
les bras de Moloc, 2 Rois 23, 10. Es. 30, allié. Lorsque Salomon entreprit de con
33. Josias le réformateur mit fin auxab0 struire le temple, Hiram lui fournit du bois
minations qui s'y commettaient : il pro de cèdre et du sapin en abondance, et re
fana cette vallée, dit l'auteur sacré, et çut en échange du vin, du froment et de
on ne la nomma plus qu'avec horreur l'huile; il lui fournit encore 120 talents
(Topheth), cf. Jér. 19, 13. Elle devint une d'or, en payement desquels Salomon lui
place maudite, un lieu d'exécution pour donna vingt villes ou villages de la Gali
les criminels, et la grande voirie de Jéru lée, situées probablement en dehors des
salem. Son nom de Gué-Hinnom, ou en
limites du pays, et que Hiram refusa; car,
grec géhenne, servit à désigner les mal après les avoir visitées, il trouva que c'é-
heurs temporels et éternels les plus tait un don peu généreux, et les appela,
grands, Matth. 5, 22. Marc 9, 43. Luc 12, par dérision, Cabul (q. v.). C'étaient des
5. Jacq. 3, 6. — v. encore Néh. 11, 30. villes à moitié désertes et des terres dif
Jér. 7, 31. 19, 2.32,35. On peut lire sur ficiles à cultiver; il les rendit à Salomon.
ce sujet (Topheth), une courte mais in Mais il ne paraît pas que leur amitié ait
téressante note de M. Stapfer, dans l'His souffert de cet épisode : car, au dire de
toire de la Révolution d'Angleterre de Josèphe, ils continuèrent une correspon
M. Guizot.
dance d'énigmes à résoudre, se payant
HIR(ville), 1° Hir-Hammélach, ville du des amendes l'un à l'autre lorsqu'ils ne
désert de Juda, Jos. 15, 62. Nos versions pouvaient en deviner le mot. Ces deux
l'ont traduit d'après sa signification litté princes firent encore ensemble le com
rale, la ville du sel. 2° Hir-Nahas, ville de merce du pays d'Ophir, les Hébreux plus
Juda, fondée par Téhinna, 1 Chr. 4, 12. riches, les Tyriens plus habiles dans le
3° Hir-Sémès (ville du soleil), Jos. 19, maniement des vaisseaux : ils s'aidèrent
41., ville de la tribu de Dan, peut-être mutuellement dans ces lointaines entre
la même que Beth-Sémès. prises, et mirent en commun leurs diffé
HIRA de Hadullam, intime ami de Juda, rents avantages. Hirammourut aprèstren
fut l'entremetteur de son mariage d'a- te-trois années d'un règne heureux et
bord, puis de ses débauches, Gen. 38, 1. paisible, ayant embelli sa capitale et fait
12.20. Triste amitié ! • prospérer son royaume ; il avait cinquan
HIRAM, 1° roi de Tyr, contemporain te-trois ans. Son nom se retrouve dans
de David, fit féliciter ce monarque lors les auteurs profanes qui ont écrit l'his
de son avénement au trône, et lui fournit, toire des rois de Tyr avant Josèphe.
en ouvriers et en bois de cèdre, tout ce
3° Hiram ou Huram , fils d'une veuve
qui lui était nécessaire pour la construc de la tribu de Nephthali ou de Dan, 2 Chr.
tion de son magnifique palais; on ne sait 2, 14., et d'un père tyrien ; il était fort
s'il était allié ou tributaire de David. Quel expert en toutes sortes de travaux d'ai
ques-uns (Calmet, Winer) l'ont confondu rain, et Hiram, roi de Tyr, l'envoya à
avec le suivant, et le font ainsi vivre pen Salomon pour l'aider dans les principaux
dant les quarante années du règne de Da et les plus délicats ouvrages de l'intérieur
vid, et pendant une grande partie de ce du temple, les colonnes, les pommes de
lui de Salomon, ce qui ne concorde guère grenade, la grande mer portée par douze
avec les autres données que nous pOssé bœufs, etc., 2Chr. 4, 11.1 Rois 7, 13. Il
dons.
est surnommé Abi (mon père), soit que ce
2° Hiram, Hirom, ou Huram, petit-fils fût un nom propre, soit que le roi de Tyr
du précédent et fils d'Abibal, 1 Rois 5, lui eût donné ce titre d'honneur pour le
1. 9, 11.27. 10, 11. 2 Chr. 2, 3. 8, 2. recommander d'autant plus à Salomon.
18. 9, 10., fut contemporain de David et HlR0NDELLES. Ce nom a servi chez
se trouvait sur le trône de Tyr lorsque différents interprètes pour la traduction
28
HIR 434 HIS

de quatre mots hébreux : mir, se rapporte soit aux migrations ré


a) Hatalleph (Luther), qu'il faut ren gulières des oiseaux de passage, soit au
dre par chauve-souris, q. V. vol de la grue qui s'élève et s'abaisse
b) Deror. Ps. 84, 3. Prov. 26, 2. (les tournant toujours en spirale. Deror, de
rabbins, nos versions, Gesenius, De Wet darar, tourner rapidement, voler en dé
te, Umbreit). D'autres le traduisent par crivant un cercle, peut s'appliquer, de mê
colombe; d'autres par tourterelle sauva me que hagour, au vol de l'hirondelle
ge ; d'autres enfin (Forskal, Harris, etc.) et d'autres oiseaux rapides et gracieux.
entendent par là un oiseau de passage Moïse n'a rien dit sur la pureté légale
connu en Egypte sous le nom de dururi, de la chair de l'hirondelle, d'où l'on con
qui quitte la Haute Egypte vers la fin clut qu'elle n'était pas interdite. — Jé
d'octobre, pour se rendre à Alexandrie , rémie, l. c., se sert de l'instinct bien connu
où il passe l'hiver. des oiseaux émigrants pour humilier le
c) Hagour, Es. 38, 14. Jér. 8, 7. (nos peuple qui se dit sage , en lui montrant
versions, Gesenius). La comparaison des qu'il ne reconnaît pas le droit de l'Eter
deux passages montre qu'il s'agit non nel, qu'à cet égard il est sans intelligence
seulement d'un oiseau de passage, mais et par conséquent au-dessous des ani
encore d'un oiseau au cri lugubre et triste, maux qui, dans leur petite sphère, savent
caractère que ne présente pas l'hiron cependant s'orienter et se diriger, choi
delle : il vaut donc mieux peut-être sui sir le bien et prévenir le mal; cf.Es. 1, 3.
vre l'opinion de Bochart (Harris, Winer) HISTOIRE. Outre les traditions de fa
qui entend par hagour la grue, de même mille, qui étaient pour les Hébreux la
que le targum caldéen et la version arabe. principale source de leur histoire , ils
Bochart allègue plusieurs passages des avaient des monuments qui étaient con
anciens qui prouvent que dans l'antiquité temporains d'âges antérieurs, auxquels
on attribuait à cet oiseau un cri lugubre. certains souvenirs avaient été plus par
d) Sous ou sis, Es. 38, 14. Jér. 8, 7. ticulièrement rattachés; quelquefois c'é-
Calvin, Luther, nos vêrsions, et l'anglais, taient des pierres brutes, qu'un homme
le rendent par grue ; mais il est préféra dressait en mémoire d'un fait remarqua
ble de le traduire par hirondelle avec les ble dont il avait été le témoin, Gen. 28,
Septante, la Vulgate, Jérôme, Théodo 18. 31, 45. Jos. 4, 9.1 Sam. 7, 12. (com
tion, Bochart, Lowth, Gesenius et Har me, de nos jours encore , les intrépides
ris. Ce dernier auteur rappelle que les voyageurs qui réussissent pour la pre
Italiens des environs de Venise nomment mière fois à atteindre le sommet de mon
l'hirondelle zizalla, et son cri zizallare, tagnes encore vierges, l'Ararat, la Jung
et il cite ces deux vers latins : frau, etc., y plantent une croix ou telle
autre signe de prise de possession );
Regulus, atque Merops, et rubro pectore Progne
Consimili modulo zinzulare sciunt. d'autres fois c'étaient des arbres qui, par
D'après ces observations on pourrait, leur force de vie, promettaient d'occuper
dans nos traductions, laisser subsister le longtemps la place, des chènes ou des
nom d'hirondelle, Ps. 84, 3. Prov. 26,2., térébinthes (les Suisses avaient leur til
et il faudrait intervertir l'ordre des mots, leul d'Altorf, et chaque nation compte
c'est-à-dire mettre « comme l'hirondelle et quelques mémorials de cette espèce ).
comme la grue,» Es. 38, 14. Jér. 8, 7., en Quelquefois encore les Hébreux avaient
réservant toutefois l'incertitude ordinaire leurs chants historiques, Ex. 15, Nomb.
Sur ces noms d'histoire naturelle. 21, 14. Jug. 5, cf. Jos. 10, 13.2 Sam. 1,
Ajoutons que le nom de sous sert aussi 18., ou bien des sentences proverbiales,
à désigner le cheval; la racine (inusitée) 1 Sam. 10, 12. 19, 24.2 Sam. 5, 8., des
de ce mot signifie se réjouir , s'ébattre, noms significatifs, des fètes solennelles,
s'élancer, et peut s'appliquer au galop Ex. 12, 25. Jug. 1 1, 40., etc.
joyeux et libre du coursier, comme au On ne peut préciser comment, ni à
vol rapide et gai de l'agile hirondelle. quelle époque, ils commencèrent à écrire
Hagour, de hagar, tourner, aller et ve l'histoire ; peut-être débutèrent-ils par
HIS 435 HOB

des chants historiques, peut-être même de Dieu. Si l'histoire des autres peuples
par les généalogies, qui étaient en quel et des autres temps avait été écrite par le
que sorte le fond, le cadre de leur his même Esprit, combien elle ressemblerait
toire, et que les Orientaux de nos jourS peut-être à celle des Juifs, combien d'in
estiment encore à une si grande valeur , structions on y trouverait encore ! Qu'on
Gen. 5, 10, 25, etc. — Sous les succes se représente l'histoire de France , les
seurs de David , on voit déjà quelques croisades, la réformation, les guerres
annalistes; ils appartiennent pour la plu de la ligue, les massacres des protestants,
part soit aux officiers de la cour, soit écrits comme les livres de Samuel ou des
surtout à l'école des prophètes, 1 Rois 4, Rois !
3.2 Rois 18, 18.37.2 Chr. 34, 8. Es. 36. HIWAH. v. Hava.
3, 22. Les cours orientales avaient éga HOBAB, Nomb.10,29.Quelquesauteurs
lement leurs historiographes, cf. Est. 10, confondent Hobab avec Jéthro son père,
2. Esd. 4, 15. 6, 2.— C'est par des pro le beau-père de Moïse, appliquant le nom
phètes qu'ont été écrits les livres histo de beau-père, dans le passage indiqué, à
riques de l'Ancien Testament ; ils citent Hobab et non à Réhuel comme il faut le
eux-mêmes les biographies dont ils se faire ; Réhuel n'est qu'un surnom de Jé
sont servis, et qu'ils se sont parfois thr0, et Hobab est ainsi le beau-frère de
bornés à extraire. Moïse. On pense que, lorsque Jéthro re
On peut remarquer , pour l'ensemble tourna dans son pays, il laissa auprès de
des ouvrages historiques de l'Ancien Tes Moïse Hobab son fils qui, après avoir
tament, qu'il s'y trouve une complète ab d'abord refusé, finit, sur les instances et
sence de préoccupation chronologique : les promesses de Moïse, par consentir à
comparés les uns avec les autres, ils pré servir de guide aux Israélites. Il paraît
sentent des contradictions inconciliables, que dès lors il resta avec le peuple dont
dont on peut mettre les unes sur le compte Son parent était le chef, et on voit ses
des copistes, lesautres sur ce que, peusou enfants sous les juges, à l'époque de Dé
cieux de lachronologie, un historien comp bora, habitant quelques déserts d'Israël,
tait à double certaines années, celles, par près de Kédès, Jug. 4, 11.
exemple, pendant lesquelles un fils avait HOBAH, Gen. 14, 15. (Beaucoup d'é-
été associé à son père sur le trône; compte ditions, et même la Concord. de Macken
exact aussi longtemps peut-être qu'il zie, portent Hobar; c'est une faute d'im
ne s'agit que de la vie d'un seul homme, pression.) C'était une ville, ou un bourg,
mais inexact lorsqu'on résume l'histoire dans la plaine fertile de Damas, à gauche,
de la nation par celle de ses rois. On par conséquent au nord de cette ville.
trouvera dans des considérations de ce Abraham, à la tête de ses serviteurs, pour
genre la clef de presque toutes ces in suivit jusque-là les rois qui avaient dé
exactitudes dont on a tant parlé : un mot pouillé Lot son neveu, Gen. 14, 14-16.
répond à tant d'attaques, c'est que le but Calmet pense que c'est Abila, dans la val
de l'historien sacré n'était pas de fournir lée entre le Liban et l'Anti-Liban ;Schrœ
aux chronologistes modernes des dates der mentionne un village de ce nom qui
et des jalons pour leurs époques, mais de subsisterait encore dans cette contrée.
donner aux enfants de Dieu la nourriture HOBAL, Gen. 10, 28., ou Hébal, 1 Chr.
dont ils avaient besoin, les leçons d'un 1, 22, peuplade arabe de la race des Jok
peuple riche en expériences de tous gen tanides. Bochart pense aux Avalites, pe
res. Il est remarquable de voir aussi la tite tribu troglodyte qui habitait les côtes
manière dont l'histoire est racontée dans orientales de l'Afrique près du détroit de
ces livres de Dieu; ce ne sont pas les lBabel-Mandeb ; d'autres ont comparé la
rois qui gagnent les batailles, ni les peu peuplade iduméenne des Gobolites, mais
ples qui se délivrent à main forte et à c'est déjà moins probable : on ne peut rien
bras étendu, ni les conseils qui délibè affirmer.
rent, mais partout intervient l'action pro HOBED-ÉDOM, Lévite de Gath-Rim
videntielle, la main suprême, le conseil mon dans la tribu de Dan, 2 Sam. 6, 10.
H0G 436 HOM

1 Chr. 13, 13. L'arche était depuis soi preuve de la miséricorde et de la fidélité
xante-dix ans dans la maison d'Aminadab, divines.
lorsque David, peu après son avénement HOLOCAUSTE, sacrifice qui se distin
au trône, résolut de la transporter à Jé guait de tous les autres en ce que la vic
rusalem. Effrayé peut-être par la mort de time était entièrement consumée, sauf la
Huza, il n'osa pas accomplir son dessein peau, qui devenait la propriété du sacri
et se borna à la déposer dans la maison ficateur, Lév. 1,6. 7, 8. C'était donc dans
d'Hobed-Edom, qui se trouvait près de là l'holocauste que l'idée fondamentale du
et, à ce que l'on peut croire, sur le bord sacrifice se trouvait le plus complétement
du chemin. Hobed-Edom ne craignit pas réalisée; aussi voyons-nous que ces sa
de recevoir chez lui ce dépôt sacré, et crifices ont commencé les premiers; ils
la présence de l'Eternel fut en bénédic datent du déluge, peut-être de la créa
tion à sa famille tout entière. Hobed-E- tion, Gen. 8, 20. 4, 4.; ce sont aussi les
dom eut huit fils et soixante-deux petits holocaustes qu'on offrait le plus fréquem
fils, « car Dieu l'avait béni, » et sa posté ment, tous les jours pour le peuple, Nomb.
rité fut attachée au service du temple, les 28.3. Ex. 29, 18., dans les grandes fêtes
uns comme portiers à la porte du midi, solennelles, Lév. 23, 37., pour les diffé
les autres comme trésoriers, 1 Chr. 26, rentes purifications, Lév. 12, 6. 14, 19.
4.8. 15. 2 Chr. 25, 24. 15, 15., et en général avec presque tous
· HODED. 1° Père du prophète Hazaria, les autres sacrifices, q. v., Nomb. 15, 8.
q. v. 2° Hazaria lui-même, 2 Chr. 15, 8. 2 Rois 16, 13. 15.
3° Autre prophète, qui provoqua la dé HOLON, ville lévitique des montagnes
marche généreuse de Hazaria (5°) et de de Juda, et ville de refuge pour les meur
ses amis auprès de l'armée triomphante triers involontaires, Jos. 15, 51 . 21, 15.
de Pékach, roi d'Israël, et qui fit mettre — 2° Ville moabite, située probablement
en liberté les prisonniers de Juda.2 Chr. dans la partie de Moab appelée la plaine,
28, 9. Jér. 48, 21., mais du reste inconnue. Wi
HOG, roi de Basan, guerrier fort et ner pense à Horonajim.
vaillant, le dernier descendant des Ré HOMER, 1° ou Chomer, mesure creuse
phaïms, Deut. 3, 11.Nomb. 21,33.32,33. des Hébreux pour les choses sèches : elle
Deut. 1, 4. 3, 1. 29, 7.31, 4. Il possédait contenait 10 baths (350litres), Ez. 45, 11.
soixante forteresses ou villes fortifiées, 14. C'est la même mesure que le core, Ez.
non compris les villes et les villages. 45, 14. Nomb. 11, 32.— 2° Le homer ou
Après que Sihon eut été défait par Moïse, ghomer, Ex. 1 6, 16.36. Os. 3, 2., était la
Hog, craignant les progrès d'un pareil dixième partie de l'épha, et contenait ainsi
adversaire, résolut de le prévenir; il ras cent fois moins que le précédent (3litres,
sembla son peuple et s'avança jusqu'à 50) : c'est de cette mesure que se ser
Edréhi contre l'armée des Hébreux, mais vaient les Israélites pour recueillir la
il fut taillé en pièces et perdit la vie avec manne du désert.
la bataille. — Pour nous donner une idée HOMRI, sixième roi d'Israël, 1 Rois
de sa taille gigantesque, Moïse dit que 16, 16. Général en chef des armées d'Ela,
son lit avait neuf coudées de longueur, il assiégeait pour son maître la ville de
et quatre de largeur, ce qui suppose tou Guibbethon, lorsqu'il apprit qu'Ela avait
jours une taille extraordinaire en admet été assassiné par Zimri , et qu'à son cri
tant même un peu de luxe dans les dimen me le meurtrier avait ajouté celui de l'u-
sions. On retrouva plus tard, à Rabbath surpation. Zimri n'avait pas pour lui la
Hammon, un lit de fer de la grandeur sanction populaire; l'armée se pressa au
indiquée, que la tradition disait être le tour d'Homri, le nomma roi et partit avec
même que celui de Hog, mais ce n'est lui pour aller assiéger dansTirtsa, la capi
pas prouvé. — Le nom de Hog est plu tale d'Israël , celui qui lui disputait la
sieurs fois rappelé dans l'Ecriture , Jos. couronne. Au bout de huit jours la ville
2, 10. 9, 10. 12, 4. 13, 12. Ps. 135, 11. fut prise ; Zimri, plutôt que de se rendre,
136, 20. Néh. 9, 22., etc., comme une mit le feu au palais, et périt dans les
H0M 437 HOP

flammes, 929 av. C. Cependant un parti HOPHEL, 2 Chr. 27, 3.33, 14., un
de mécontents suscita au nouveau roi un des quartiers de Jérusalem, situé à l'o-
second rival dans la personne de Tibni ; rient, sur une éminence voisine du tem
les armées étaient à peu près égales, la ple et du torrent de Cédron, et occupée
guerre civile recommença, on se battit depuis le retour de l'exil par les Néthi
pendant quatre ans. Homri finit par triom niens attachésau service du temple rebâti,
pher, et dès lors il régna en paix sur les Néh. 3, 26. 11, 21.—Mich. 4, 8., le mot
dix tribus réunies. Après être demeuré Hophel désigne appellativement le tem
deux ans à Tirtsa, dont le palais royal ple et la ville de Jérusalem tout entière ;
était détruit, il acheta pour deux talents c'est une prophétie que Michée rapporte
d'argent la montagne de Samarie , où il lui-même, v. 10., au retour de la capti
bâtit la ville de ce nOm , et y transporta vité, et dont Néh. 3, 26. 27. est le litté
le siége de son royaume, l'an 924. Il ral accomplissement. — 2° 2 Rois 5, 24.,
mourut en 918, après un règne de onze au lieu de lieu secret, il faut lire Hophel,
ou douze ans, ayant surpassé en ini endroit inconnu du centre de la Pales
quités tous ses prédécesseurs. Il fut le tine.
chef de la dynastie qui donna à lsraél HOPHNI, 1° ville de Benjamin, Jos.
Achab et Hatalie ; il paraît n'avoir pas 18, 24.—2° Hophni et Phinées, fils d'Hé
été dépourvu de talents administratifs et li, 1 Sam. 1, 3. 4, 4. 11. 17. Ces deux
politiques, et travailla, par le mariage de malheureuxjeunes prêtres furent pendant
son fils Achab avec une princesse phéni plusieurs années le scandale dupeuplejuif;
cienne, à consolider sa famille sur le abusant de leur position pour s'enrichir,
trône. v. 2 Rois 8, 26.2 Chr. 22, 2. Mich. ils extorquaient à force de menaces et de
6, 16. violences une part des offrandes consa
Les versets 15.23. et 29. de 1 Rois 16, crées, et, joignant la débauche à la cupi
offrent quelques difficultés chronologi dité, s'abandonnaient ouvertement à la
ques : d'après le verset 15, Zimri, et par corruption la plus grossière, jusqu'à sé
conséquent Homri, commence à régner la duire les femmes qui se rassemblaient
vingt-septième année d'Asa. Dans la tren par troupes à la porte du tabernacle d'as
te et unième année d'Asa , verset 23, signation. Ils ne se laissèrent pas arrêter
Homri a déjà régné six ans, et doit en ré dans leurs débordements par les sages,
gner encore six; enfin, verset 29, Homri mais trop faibles conseils de leur père,
meurt et Achab lui succède dans la trente et achevèrent de déshonorer leur charge
huitième année du même roi de Juda. Les en méprisant les avis du souverain sacri
douze années d'Homri sont donc compri ficateur. Des hostilités ayant éclaté entre
ses entre la vingt-septième et la trente les Israélites et les Philistins, Hophni et
huitième d'Asa ; elles doivent ainsi se ré Phinées touchèrent à l'arche sainte pour
duire à onze années et une fraction ; de se donner la victoire, et l'emmenèrent de
plus, les deux moitiés du règne d'Homri Silo dans le camp, malgré l'expresse dé
sont marquées par la trente et unième fense de l'Eternel.Au lieu de la résidence
d'Asa, ce qui ferait exactement quatre ans du Dieu fort, cette arche ne fut pour eux
pour la première moitié et sept pour la qu'un talisman humain, et après l'avoir
seconde. Partant de la vingt-septième an vu tomber entre les mains de l'ennemi, ils
née d'Asa, et admettant qu'Homri n'a pas succombèrent eux-mêmes dans la bataille,
régné douze années pleines, on arrive bien 1117 av. C., 1 Sam. 4.
à placer sa mort dans la trente-huitième HOPHRA, 1° un des Pharaons, roi d'E-
d'Asa, entre 918 et 919. Quant au détail gypte, et selon toute probabilité le mê
du verset 23, il marque le commence me qui est connu dans l'histoire profane
ment de la partie paisible du règne d'Hom sous le nom d'Apriès ou Vaphrès, fils et
ri, sans appuyer sur la parfaite égalité des successeur de Psammuthis, et huitième
deux moitiés, la première, comprenant roi de la vingt-sixième dynastie. Après
cinq années (27-31), la seconde, six et une heureuse guerre contre les Cypriens
une fraction (31 ou 32-38). et les Phéniciens, il fit contre les Cyré
HOR 438 H0R

néens une campagne dans laquelle il fut HOREB. 1° Horeb et Zéeb, deux chefs
défait; en même temps son peuple se ré madianites que les Ephraïmites firent
voltait contre lui, sous la conduite d'A- prisonniers au passage du Jourdain, lors
masis, et Nébucadnetsar attaquait son qu'ils fuyaient devant Gédéon ; le pre
royaume. Pressé par ces deux ennemis, mier fut mis à mort auprès d'un rocher
et n'ayant plus autour de lui qu'une fai auquel il donna son nom; l'autre dans un
ble armée, il tomba entre les mains d'A- pressoir qu'il s'était choisi pour refuge,
masis, qui le fit périr et lui succéda. — ou dont on lui avait fait une prison. —
Sédécias avait recherché l'alliance d'Ho v. encore Ps. 83, 12. Es. 10, 26.
phra contre Nébucadnetsar , Ez. 17, 15., 2° Horeb est le nom que l'on trouve
et cette alliance lui avait été de quelque Deut. 1, 6. 4, 10. etc., pour désigner la
secours lors du dernier siége de Jérusa montagne sur laquelle fut donnée la loi,
lem, Jér. 37, 5. 7. (586 av. C.), mais elle et qui est appelée Sinaï dans les autres
devait présider à la perte de l'un et de livres du Pentateuque ; v. aussi Mal. 4,
l'autre royaume. Lorsque plus tard quel 4. C'était le nom particulier d'une des
ques Juifs menés par Hazaria et Johan sommités du Sinaï, probablement de la
nan voulurent profiter, malgré les mena pointe inférieure, de celle par laquelle on
ces de Jérémie, de la liberté d'établisse passe pour arriver au Sinaï proprement
ment que Hophraleur accordait en Egypte, dit, q. v.
Jérémie leur annonça la triste fin de ce HORIENS, peuplade des frontières
royaume d'Egypte et son renversement, méridionales de la Palestine, habitant les
Jér. 43, 9. 44, 30. 46, 25. montagnes de Séhir, dont elle fut plus tard
Les prophéties d'Ezéchiel, ch. 29 et repoussée par les Edomites, Gen. 14, 6.
suiv., contre Pharaon, devaient s'accom Deut. 2, 12.22. Elle était divisée en plu
plir sous Hophra, le dernier roi de sa sieurs tribus, Gen. 36, 20., et vivait, ainsi
dynastie, mais elles ne se rapportaient à que son nom l'indique (hor, trou) dans
ce roi que comme roi et non comme in ces cavernes et ces fentes de rochers si
dividu. abondantes dans les montagnes de l'Idu
2° Hophra, ville de la tribu de Benja mée. D'après Michaélis, ils auraient été
min dans la partie nord-est, située d'après d'origine cananéenne. Calmet suppose
Eusèbe, à cinq milles est de Béthel, 1 Sam. que les Grecs auront emprunté leur mot
13, 17. Quelques-uns pensent que c'est la héros, ºpos, à l'hébreu horim, qui est pris
même que Haphra, Mich. 1, 10. quelquefois dans le sens appellatif de
3o Patrie et demeure de Gédéon dans la grands, puissants , comme ils ont pris
tribu de Manassé, Jug. 6, 11. 24. 8, 27. leur mot byz# à l'hébreu Hanak, le père
Le récit n'indique pas clairement si elle des Hanakins.
était au delà ou en deçà du Jourdain; il HORMA (interdit), d'abord appelée
me paraît cependant probable, contre l'o- Tsephath', ville cananéenne, et résidence
pinion la plus répandue, qu'elle était en royale, Jos. 12, 14. Nomb. 14, 45.21, 3.
deçà, du même côté que fut livrée la ba Elle fut détruite par les tribus de Juda et
taille entre Gédéon et les Madianites. de Siméon, et successivement donnée en
HOR, nom d'une montagne au sud partage à la première, puis à la seconde
est de la Palestine, aux confins de l'Idu des tribus, Jos. 15, 30. 19, 4.1 Chr. 4,
mée, à l'est d'El-Araba, qui fait partie du 30. v. encore 1 Sam. 30, 30.
désert de Tsin : c'est là que mourut Aa HORONAJIM, ville moabite, Es. 15, 5.
ron, Nomb. 33, 38. cf. 20, 22. ; l'on y Jér. 48, 3. 5. 34., probablement située
montre encore son tombeau. Elle porte sur une colline. Elle a donné naissance à
le nom de Dshebel-Nabi-Harun (monta Samballat gouverneur perse en Palestine,
gne du prophète Aaron), ou de Sidna Néh. 2, 10. 19. Plus tard elle fut jointe au
Harun. — 2° Il y avait encore une autre territoire de la Judée, Jos. Ant. 14, 15.4.
montagne du même nom au nord de la HORPA, Moabite, belle-fille de Na
Palestine , dont elle formait la frontière homi, épouse de Mahlon (º), et belle
septentrionale, Nomb. 34, 7.8. sœur de Ruth. Elle essaya de suivre sa
HOS 439 HOS

belle-mère lorsque celle-ci, pressée par la connaître; le second passage indique le


famine, quitta Moab pour Israël : mais Na moment où, après de longs combats, il
homi lui ayant représenté le peu de chan commence à régner sans conteste (Des
ces de bonheur qu'il y avait pour elle, et vignoles, Bengel, Winer, etc.).
l'ayant engagée dans son intérêt à ne pas C'est dans la troisième année du règne
l'accompagner jusqu'au terme de son d'Hosée que le pieux Ezéchias étant monté
voyage, Horpa, moins forte et moins dé sur le trône de Juda, fit convoquer à Jé
vouée que Ruth, se laissa ébranler, pleura rusalem les fidèles des dix tribus pour une
et repartit. pâque solennelle qu'il se proposait de cé
HOSA , ville sur les frontières de la lébrer; mais les peuples s'en moquèrent :
tribu d'Aser, Jos. 19, 29. quelques hommes seulement d'Aser, de
HOSEE. 1° Dix-neuvième et dernier Manassé, et de Zabulon se rendirent à cet
roi d'Israël, fils d'Ela, 2 Rois, 15, 30. 17, appel. Ce royaume était vermoulu et mûr
1. Il succéda à Pékach contre qui il avait pour sa ruine.
conspiré , et qu'il fit mettre à mort, mais Avec Hosée tomba le royaume d'Israël,
il ne put monter sur le trône qu'après près d'un siècle et demi avant celui'de
neuf ou dix ans d'une affreuse anarchie. Juda, laissant à celui-ci un avertissement
Moins coupable que ses prédécesseurs , solennel des conséquences de l'idolâtrie ;
il ne suivit cependant pas la bonne voie ; on peut remarquer qu'aussitôt après avoir
éminemment faible, il laissa subsister l'i- raconté la chute d'lsraël, l'historien sa
dolâtrie dans ses états, mais sans s'op cré ajoute la liste des péchés dont cette
poser aux prophètes et aux saints mes chute était le châtiment.
sagers de la repentance et de la loi. Sal 2° Prophète, v. Osée.
manéser roi d'Assyrie, fils de Tiglath H0SPlTALlTE. Cette touchante et no
Piléser, marcha contre lui , l'asservit et ble vertu qui ramène les hommes à la fra
lui imposa un tribut; mais quelque temps ternité primitive, en établissant pour
après, ayant fait alliance avec le roi d'E- quelques jours la communauté des biens,
gypte, Hosée crut pouvoir secouer le a toujours été répandue en Orient; elle
joug, et refusa de payer le tribut : ce fut est encore aujourd'hui dans les mœurs de
le dernier acte de la politique d'lsraël. ces populations. Elle est recommandée
Salmanéser revint, assiégea Samarie, la aux chrétiens, Rom. 12, 13. Hébr. 13, 2.
prit, égorgea une partie de ses habitants, 1 Tim. 5, 10., comme elle l'était aux Hé
et emmena en exil le roi et l'élite de la breux, qui, du reste, la pratiquaient pres
nation. Ainsi furent accomplies les pro que d'eux-mêmes comme les autres peu
phéties d'Esaïe, 5, 7. 13-19. 22-30., et ples orientaux. L'étranger, quel qu'il fût,
d'Osée, 8, 5.7. 9, 7., etc. était invité à entrer dans la maison, Gen.
D'après 2 Rois 15, 30., Hosée com 19, 2. Ex. 2, 20. Jug. 13, 15. 19, 21., on
mença à régner la vingtième année de luilavait les pieds suivant l'usage du pays,
Jotham (739 av. C.), et d'après 2 Rois 17, Gen. 18, 4. 19, 2. cf. 1 Tim. 5, 10., et
1., ce ne fut que la douzième année d'A- on lui fournissait pour lui et pour ceux
chaz(729): le même historien aurait donc, qui étaient avec lui, hommes, chevaux,
dans le même livre et dans deux pas chameaux, tout ce dont ils pouvaient
sages presque successifs, établi une dif avoir besoin, nourriture et logement,
férence de dix ans entre deux données Gen. 18, 5. 19, 3. 24, 25. 32. Ex. 2, 20.
sur le commencement d'un règne qui a Jug. 19, 20., soins de toute espèce et
dû être célèbre; il est évident qu'il ne protection , Jos. 2, 1. etc. A son départ
saurait y avoir là de contradiction ; l'in il était accompagné honorablement par
spiration même n'est pas en cause, mais le son hôte et par sa famille; chez les Ara
simple tact, le bon sens, la réflexion de bes encore il se borne pour tout remer
l'historien. Le premier passage fixe l'an ciement à dire à ceux qui l'ont hébergé :
née de la mort du précédent roi , celle « Que Dieu vous garde ! » — Refuser
où Hosée commence à se mettre à la tête i'hospitalité à un voyageur était l'indice
des affaires, et à lutter pour se faire re de la plus sordide et de la plus dure ava
H0T 440 H0Z

rice; l'insulter ou troubler son repos était trement. Les anciens Hébreux ne con
une grossièreté sans nom, Gen 19, 4. naissaient pas les caravansérails, cf. 2Rois
Après l'exil, l'hospitalité entre Juifs et 4, 8. Gen. 28, 11. Dans les passages
Samaritains ne fut plus qu'une vertu no Gen. 42 , 27. Ex. 4, 24. 2 Rois 10, 12.
minale : castes distinctes, ces deux peu Jér. 9, 2., il s'agit probablement d'une
ples se haïssaient avec la fureur ordinaire espèce de bivouac où l'on passait la nuit,
des castes; les Juifs aimaient mieux faire dans des tentes ou dans des cavernes,
un détour que de s'exposer à demander comme les Orientaux de nos jours savent
l'hospitalité à des Samaritains, et ces der encore s'abriter partout où ils se trouvent
niers, peut-être moins obstinés dans leur lorsqu'ils n'ont pas de caravansérail à
haine, Luc. 10, 33., repoussaient cepen leur disposition. Quelques versions voient
dant de leurs maisons les Juifs qui se ren aussi une hôtellerie Jos. 2, 1., mais la tra
daient à Jérusalem, surtout lorsqu'ils pa duction de nos Bibles doit être mainte
raissaient s'y rendre pour les fêtes reli nue. L'habitude de l'hospitalité rendait
gieuses, Luc 9, 53. Notre Sauveur, dans presque inutile l'établissement d'hôtelle
la parabole du bon Samaritain, montre ries; à l'époque même de notre Sauveur,
combien l'idée de prochain doit rester in l'hospitalité était plus généralement en
dépendante de toutes considérations per vogue que l'usage des hôtelleries, qui,
sonnelles ou religieuses, lorsqu'il s'agit d'ailleurs, ne se trouvaient guère que dans
de la charité dont l'essence est d'être uni les contrées désertes, comme celle de Jé
verselle. rico, et sur le bord des grands chemins.
D'après Homère, l'hospitalitédes païens HOTHNIEL (1405 av. C.), Jug. 3, fils
aurait été fondée sur la croyance que les de Kénas et neveu de Caleb, obtint en
dieux, déguisés en simples mortels, se mariage Hacsa, la fille de ce dernier, la
promènent quelquefois sur la terre pour quelle avait été promise en récompense
éprouver les hommes, les récompenser de à celui qui ferait la conquête de Kiriath
leur hospitalité, ou les punir de leur du Sépher, Jug. 1 , 13. Il fut le premier des
reté : cette idée sublime a été rappelée juges d'Israël, et délivra son peuple du
par notre Sauveur, et bien peu modifiée, joug de Cusan-Rischatajim, roi de Méso
lorsqu'il dit à ses disciples : « Celui qui potamie, qui l'opprimait depuis huit ans.
vous reçoit me reçoit «, Matth. 10, 40.41. Il se mit à la tête des Hébreux, les ran
cf. 25, 34-45. « Par elle, dit encore un gea en bataille, et vainquit : une paix de
apôtre, quelques-uns ont logé des anges, quarante ans fut le fruit de sa victoire, et
n'en sachant rien, » Héb. 13, 2. il exerça pendant tout ce temps les fonc
HOTELLERIE. A la place de nos au tions de juge. — On l'a confondu, mais
berges et de nos hôtels , on trouve en sans raison, avec le pieux Jahbets, 1 Chr.
Orient des caravansérails, appelés aussi 4, 9. 10, — Hothniel est, depuis la mort
khans, ou mensils, espèces de grands bâ de Josué, le premier chef du peuple qui
timents ou hangars, propres à offrir au soit mentionné dans l'Ecriture; on ne sait
voyageur et à ses bêtes un abri gratuit pas quelle espèce de gouvernement rem
pour la nuit, et quelquefois aussi, mais plit l'intervalle de vingt ans qui sépare le
rarement, des vivres et du fourrage à un grand capitaine du premier juge; il est
prix modéré. Il y en a dans les villes, dans probable même qu'il n'y eut pas de gou
les villages , parfois même au bord des vernement régulier, et que chacun fit ce
grandes routes; et c'est probablement de qui lui plut, chaque tribu, chaque famille,
pareilles hôtelleries qu'il est parlé Luc 10, chaque individu. C'est dans cette période
34. Jér. 41, 17., peut-être aussi Luc 2, que se place la petite guerre contre Ado
7., quoiqu'on pense généralement que la ni-Bézec.
maison dans laquelle est né notre Sau HOZIAS, dixième roi de Juda, nommé
veur fût une maison particulière, mise au Hazaria dans le second livre des Rois
service de quelques voyageurs à cause (sauf 15, 30.32), fils d'Amatsia et de Jé
des circonstances dans lesquelles le pays colia. Après le meurtre de son père, le
se trouvait par suite de l'édit d'enregis peuple l'appela au trône de Juda ; il était
H0Z 441 HUI

à peine àgé de seize ans, 2 Rois 14, 21. le rongeait. Jotham, son fils, gouverna
Il régna cinquante-deux ans dans l'esprit en son nom quelques années, et à sa
du Dieu de Moïse (809-758); il s'opposa mort, Hozias ne fut pas même enseveli
aux progrès de l'idolâtrie sans cependant dans les sépulcres des rois ses pères; on
réussir en tous lieux, 2 Rois15, 3., écouta le relégua dans un champ qui les entou
les avis du pieux pontife Zacharie, et fit rait.
fleurir son royaume au dehors. Il re Ilfut contemporain des rois d'Israël Jé
conquit Elath, que les Iduméens avaient roboam II, Zacharie, Sallum, Ménahem,
prise sous Joram; il mit sur pied 300,000 Pékachia et Pékach, et des prophètes A
hommes avec lesquels il abattit les Phi mos, Osée et Esaïe, peut-être encore de
listins, dont il rasa les forteresses; il re Joel. On voit par Amos 1, 1. cf. Zach. 14,
poussa les tribus arabes et rendit les 5., qu'un tremblement de terre marqua le
Hammonites tributaires, 2 Rois 14, 22. règne de ce monarque, mais on ne sait à
sq. 15, 1. 2 Chr. 26, 1. Il construisit des quelle époque il faut le placer. Il est mar
arsenaux. Les laboureurs et les bergers qué, Matth. 1, 8., comme fils de Joram,
vécurent en paix sous sa protection; il mais trois générations sont omises, v.
leur éleva des forteresses au désert, et les Jésus.
montagnes de Juda regorgèrent des biens HUILE. L'Orient ancien , comme l'O-
de la terre. Heureux comme administra rient moderne, faisait un très grand usage
teur et comme capitaine, ce grand roi vou de l'huile et de toutes les graisses végé
lut être aussi sacrificateur. Ebloui par tales, soit parce qu'étant fraîches, elles
tant de succès, son cœur se gonfla, et il sont plus fines que la graisse animale,soit
dut apprendre que l'orgueil marche de aussi parce qu'elles se conservent mieux
vant l'écrasement. Il oublia ou méprisa et plus longtemps. Les Hébreux ne fai
les lois du Seigneur sur le culte; il ou saient pas exception à cette règle; la loi
bliaque les fonctions sacerdotales avaient même leur prescrivait en plusieurs cir
été confiées à la famille d'Aaron seule, constances l'emploi de l'huile au lieu de
Nomb. 3, 10., et que la malédiction frap graisse : le législateur voulait peut-être,
perait les rois qui empiéteraient sur les pour attacher les Hébreux à leur sol, fa
prérogatives des pontifes. Un jour il en voriser ainsi les travaux de l'agriculture
tre dans le temple et se saisit de l'encen et les obliger d'une manière indirecte à
soir pour offrir le parfum sur l'autel ; multiplier leurs plantations. lls se ser
mais le pontife Hazaria est là avec quatre vaient d'huile : a)pour leurs repas et pour
vingt prêtres du Seigneur; ils s'opposent l'assaisonnement des viandes, de la fari
au sacrilége et Hazaria, le roi du culte, ne, des légumes et de presque tous les
dit à Hazaria, le roi du pays : Il ne t'est mets pour lesquels on emploie le beurre
pas permis d'offrir de l'encens devant le dans nos cuisines, Ez. 16, 13. C'est une
Seigneur, sors du sanctuaire ». Hozias, ir graisse plus pure que les substances ani
rité de cette courageuse résistance, croit males et qui paraît devoir donner un goût
vaincre les prêtres de Dieu comme il a plus délicat aux aliments ainsi préparés.
vaincu les Philistins ; l'encensoir à la b) Les gâteaux de sacrifices, et toutes les
main, il les menace; mais au même instant offrandes , étaient oints ou accompagnés
la lèpre paraît sur son front, il est impur d'huile fine, Lév. 2, 1.15. 5, 11. 14, 10.
et les prêtres le chassent parce que sa Nomb. 5, 15. 8, 8., etc. Il y avait même
présence souille le temple : lui-même ne des aspersions d'huile sur les sacrifices,
résiste plus; il est épouvanté, car il sent Lév. 14, 12., et ailleurs : cf. Mich. 6, 7.
que la main de l'Eternela vengé l'outrage c) On s'en servait : pour oindre le corps,
fait au lieu saint. Le vieux roi s'était per les cheveux, la barbe, les pieds, etc., sur
du par son obstination. Hosias demeura tout lorsqu'on donnait un festin ou lors
ainsi lépreux jusqu'à sa mort; il fut re qu'on recevait des hôtes qu'on voulait
tranché du peuple et confiné dans une honorer, Deut. 28, 40.2 Sam. 14, 2. Ps.
maison écartée, tant était grande l'hor 23, 5.92, 11. 104, 15. 133, 2. Mich. 6,
reur des Juifs pour la plaie impure qui 15. Luc. 7, 46.; sous ce rapport, l'huile
HUL 442 HUP

était devenue un objet de luxe, Prov. 21, HULDA (623 av. C.), prophétesse,
17, v. Onction; d) comme combustible épouse ou veuve de Sallum, l'intendant
pour l'alimentation des lampes dans le de la garde-robe royale,2 Rois 22,14.15.
temple, Ex. 25, 6. 27, 20. 35, 8. cf. Esd. 2 Chr. 34, 22. Elle demeurait à Jérusalem,
6, 9., et chez les particuliers, Matth. 25, « au collége; » l'hébreu porte bamishneh,
3.; e) enfin, comme remède : les Juifs oi que l'on trouve aussi Soph. 1, 10., et qui
gnaient la tête d'huile pour chasser un signifie littéralement dans la seconde par
mal de tête, et appliquaient cette même tie de la ville, cf. Néh. 11, 9. Quelques
substance presque dans tous les cas de uns l'entendent d'un séminaire ou d'une
maladie, soit qu'il y eût souffrance inté école de prophètes. Hulda n'est connue
rieure, soit qu'il y eût lésion extérieure,
que par un seul oracle. Hilkija venait de
Es. 1, 6. Luc 10, 34. Il y avait aussi des retrouver dans le temple la loi de l'Eter
bains à l'huile, Jos. Ant. 17, 6. 5. Deux nel, avec ses menaces contre l'idolâtrie.
passages se rapportent à l'emploi de Emu à la vue du livre sacré, le roi Josias
l'huile comme remède, Marc. 6, 13.Jacq. comprit qu'il fallait rentrer en plein dans
5, 14. Les disciples oignaient d'huile les la voie de la sainteté et de la fidélité, et
malades. Il faut se rappeler que les dis il députa quelques hommes auprès de la
ciples n'étaient pas médecins, et que ce prophétesse (Jérémie vivait déjà, mais on
n'est pas comme tels que Jésus les avait peut supposer qu'il était absent. puisque
envoyés : le premier des deux passages le roi s'adresse à une femme). Hulda dé
a son commentaire dans ces paroles du clara aux envoyés du roi que lui, Josias,
second : « Et la prière faite avec foi sau vivrait et mourrait en paix, parce que son
vera le malade. » cœur s'était amolli et qu'il s'était humilié
On voit par ce qui précède que l'abon devant Dieu, mais que toutes les menaces
dance d'huile était un sûr indice de pro de la loi divine s'accompliraient à la ri
Spérité; elle appartenait en quelque sorte gueur contre ce peuple qui avait aimé de
aux objets de première nécessité, cf. Jér. faux dieux et leur avait offert des encen
31, 42.; un présent d'huile était toujours sements. « Ma colère, dit Jéhovah par la
bien venu, Os. 2, 5. 1 Chr. 12, 40., et bouche de sa servante, a fondu sur ce
dans les promessesde bonheur et d'abon lieu-ci, et elle ne sera pas éteinte. » —
dance qui sont faites au peuple, l'huile L'exil fut le sceau de cette prophétie.
n'est jamais oubliée, non plus que la vi HULOTTE, hébreu thachmass, Lév,
gne et le figuier, Joël 2, 19.cf. Deut. 28, 11, 16. Deut. 14, 15., est rendu dans nos
40. Sur les prémices et les dîmes de versions par hulotte; v. Chat-huant.
l'huile, v. Deut. 12, 17. 18, 4.2 Chr. 31, HUPPE, Lév. 11, 19. Deut. 14, 18.,
5. Néh. 10, 37. 39. 13, 12. | hébreu doukiphat. La traduction de nos
HUL, le second des fils d'Aram, Gen. Bibles est appuyée par l'arabe, les Sep
10, 23. Ce nom est peu connu. Josèphe tante, saint Jérôme et Luther, et il n'y a
et saint Jérôme ont cherché sa postérité rien qui soit de nature à l'invalider. La
dans l'Arménie, mais sans fondement ni huppe (upupa epops L.) est un oiseau
vraisemblance. Rosenmuller et Gesenius bien connu en Orient; il est de la gros
Comparent le nom arabe d'une vallée ou seur d'une grive, assez beau, mais sans
d'un bassin situé au pied du mont Her voix; les ailes et la queue sont noires
mOn, entre le Dshebel-Safat et le Dshebel avec des raies blanches, le cou et la poi
Heisch, qui porte maintenant le nom de trine tirent sur le roux ; sur la tête une
Erets Alhullah (v. Seetzen et Burkhardt) : petite aigrette de plusieurs couleurs s'é-
c'est le bassin dans lequel le Jourdain lève et s'abaisse à volonté : il est très peu
prend sa source : au midi se trouve le lac délicat sur le choix de sa nourriture,
Mérom, qui s'appelle aujourd'hui El Hou mange de tout ce qu'il rencontre, et mé
leh. Cette opinion, qui est la plus pro ritait bien d'être rangé par Moïse au
bable, se rapproche de celle de Michaélis, nombre des animaux impurs. Les huppes
qui cherche Hul dans la Cœlésyrie, entre de l'Egypte sont extrêmement recher
le Liban et l'Anti-Liban jusqu'à Alep. chées pour leur excellente graisse et leur
HUS 443 HUZ

chair succulente. v. Sonnini, Russel, et chef d'une plus grande et plus ancienne
Bochart, Hieroz. III, 107. famille. La comparaison des passages de
HUR. 1° Fils de Caleb et d'Ephrata, né Job et de Jérémie peut nous mettre sur la
pendant le séjour en Egypte, 1 Chr. 2, 19. voie : c'est au nord de l'Arabie qu'il faut
—2° Ami de Moïse, et, d'après Josèphe, chercher Huts, car Job appartient aux fils
époux de Marie, la sœur de Moïse ; selon de l'Orient (1, 3.), nom qui est ordinai
d'autres, fils de Marie. On ne sait que rement donné aux Arabes ; il devait être
peu de choses sur son compte, mais on de plus dans le voisinage des Caldéens et
voit qu'il était fort considéré du législa des Sabéens, puisque ces peuples font de
teur. Lorsque Josué marcha au-devant chez eux des invasions sur la terre de
d'Hamalec dans le désert, Moïse monta Huts (1, 15. 17.) : il ne devait pas être
sur la montagne avec Hur et Aaron, qui éloigné de l'Idumée d'après le passage des
soutinrent ses bras fatigués, Ex. 17, 10. Lamentations, et Jérémie nomme les rois
Hur fut encore, dans une autre circon de ce pays entre ceux de l'Egypte et des
stance, associé à Aaron pour exercer, en Philistins. On peut donc placer Huts dans
l'absence du législateur, la vigilance et la partie septentrionale de l'Arabie Pétrée,
l'autorité souveraine. ll mourut dans le vers l'Euphrate et la Mésopotamie : son
désert. — 3° Roi de Madian, tué dans un nom même concorde avec cette opinion.
combat que lui livra Phinées, Nomb. 31, C'est là que se passèrent les scènes du
8. — 4° Gen. 11, 31., ville des Caldéens. livre de Job.
v. Ur. HUZA, 2 Sam. 6, 3.1 Chr. 13, 7. (1045
HURAI, natif des vallées de Gahas, av. C.), lévite, fils d'Abinadab et frère
l'un des braves de David, 1 Chr. 11, 32., d'Ahjo. L'arche, rendue par les Philistins,
nommé Hiddaï 2 Sam. 23, 30. était restée oubliée dans la maison d'Abi
HURAM. 1° v. Hiram. — 2° Benjamite, nadab jusqu'à la fin de la guerre que Da
1 Chr. 8, 5. vid avait entreprise contre les ennemis de
HURBEC. v. Sauterelles. son peuple , mais une fois victorieux, Da
HUS ou Huts, Gen. 10,23. 36, 28. Job vid put réaliser le dessein qu'il avait de
1, 1. Ce nom désigne en arabe un pays transporter à Jérusalem le gage sacré de
doux et fertile ; il a donné lieu à des hy la présence de l'Eternel : tout le peuple
pothèses bien différentes. Quelques-uns accompagnait le saint convoi;30,000 hom
l'ont pris pour Edom, mais le nom déjà mes d'élite, choisis dans l'armée, le sui
rend la chose peu vraisemblable, car l'I- vaient. Arrivés près de l'aire de Nacon,
dumée est plus ou moins aride et stérile. sur un terrain foulé, sec et glissant, les
On se fonde pour appuyer cette idée sur bœufs bronchèrent, l'arche fut ébranlée,
ce qui est dit Lam. 4, 21. : « Réjouis-toi, et Huza qui se tenait auprès, la voyant
fille d'Edom, qui demeure au pays de chanceler, porta sa main pour la retenir,
Huts; » mais ce passage prouve seule et fut frappé de mort. « La colère de l'E-
ment que les Edomites avaient pu faire ternel s'enflamma contre lui, et Dieu le
quelques conquêtes dans ce pays, et d'ail frappa de mort à cause de son indiscré
leurs Jérémie, 25,20.21., distingue Huts tion. » cf. Ex. 33, 20. Nomb.4, 15. 18, 3.
et Edom. Les anciennes généalogies four — Il n'est pas nécessaire d'exagérer le
nissent, l'une un Huts fils aîné d'Aram, crime de Huza pour en comprendre le
l'autre un Huts descendant d'Edom. Les châtiment : c'est une faute que tout autre
fils d'Aram sembleraient devoir diriger Israélite eût probablement commise com
les recherches vers le nord (v. Ilul), si me lui, une faute presque involontaire et
l'on était obligé de croire que les quatre machinale, en même temps une faute à in
ont suivi la même direction ; la postérité tention respectable.Mais c'était une trans
d'Esaü a son territoire assez connu, et gression de la loi, et la loi des Juifs ne
quant à ces deux Huts d'origine différente souffrait ni interprétations, ni exceptions.
ils ont pu, ou bien se confondre par des Huzaavait manqué au sanctuaire, à l'arche
alliances, ou bien s'établir à part , et le sacrée ; ses mains d'homme s'étaient ap
fils d'Aramaurait été le plus connu comme prochées du saint vase que l'Eternel avait
HYE 444 HYS

choisi pour en faire au milieu de son peu elle est parfaitement justifiée par le pa
ple le domicile arrêté de sa demeure, et si rallélisme, cf. v. 8 et 11.; on peut suppo
Huza avait pu le toucher impunément, ser que les Septante étaient assez bien
l'arche sainte était déconsidérée, et n'é- placés pour connaître et le sens de l'hé
tait plus qu'une arche sans prestige, sans breu, et l'histoire naturelle de la Pales
rayons et sans gloire. Qu'on se rappelle, tine ; enfin l'hébreu tsabouah, par son
d'ailleurs, que dans l'économie théocrati étymologie, confirme encore cette traduc
que le gage du péché c'est la mort, et que tion. (Tsabah signifie plonger, rayer, bi
les fruits de la transgression suivent la garrer ; il signifie aussi piller, butiner;
trangression comme une conséquence na deux sens qui conviennent très bien à la
turelle ; Dieu n'a pas puni Huza, mais hyène, soit qu'on regarde à sa voracité,
Huza a été puni par où il avait péché, l'ar ou à son poil rayé de diverses couleurs.)
che meurtrière l'a tué, parce qu'on ne pou Cet animal, d'ailleurs, était connu en Pa
vait pas la toucher sans périr, comme un lestine comme en Egypte, et il porte en
poison empoisonnera toujours ceux qui core un nom semblable dans plusieurs
le prendront, qu'ils le fassent machinale contrées voisines, sur les bords du Tigre
ment, involontairement, à bonne inten zibee, en Arabie tsabehon ou dsuba, en
tion, ou de toute autre manière. syriaque tsabu, de même encore en di
HYACINTHE, le onzième fondement de vers dialectes dubba, dsabuon, sheeb, etc.
la céleste Jérusalem, Apoc. 21, 20. On Cette traduction est appuyée, outre les
connaît sous ce nom une pierre précieuse, Septante, par Aquila, Symmachus, Théo
une couleur et une fleur; cette dernière dotion, Bochart, Ludolf, Gesenius, Wi
n'est jamais mentionnée dans l'Ecriture ; ner, Harris, et la plupart des voyageurs
la couleur, quelques-uns la trouvent dans en Orient. — Théodotion a en outre tra
l'hébreu thekéleth, Ex. 25, 4., mais sans duit, 1 Sam. 13, 18., la vallée de Tséboïm
raisons suffisantes, v. Cramoisi. La pierre par vallée des hyènes (cf. aussi Néh. 11,
de ce nom, hébr. leshem, n'est rappelée 34.);le Targum caldéen, lisant Tséphoïm,
que deux fois dans l'Ancien Testament, l'a rendu par vallée des vipères.
Ex. 28, 19. 39, 12., où nos versions l'ont Calmet/ et quelques autres voient la
traduite ligure, en lui conservant son nom hyène dans l'hébreu bath-yaaneh, Lév.
grec; l'autorité des Septante, de Josèphe 11, 19., mais v. Autruche.
et de Jérôme appuie suffisamment cette HYMENEE et Philète, 1 Tim. 1,20.2
traduction. L'hyacinthe est une pierre Tim. 2, 17., chrétiens apostats de l'Eglise
dont on trouve différentes espèces : les d'Ephèse, qui voulurent faire du rationa
anciens en comptaient quatre, celle qui lisme, et s'y prirent un peu tôt pour prê
tire sur la couleur du rubis, l'hyacinthe cher les vérités modernes ; ils annon
jaune doré, l'hyacinthe citron, et une çaient que la résurrection était déjà arri
quatrième de la couleur du grenat. Elle vée symboliquement, et par conséquent
est dure et transparente, et perd sa cou la niaient en la confondant avec la régé
leur au feu. nération ; leur parole rongea comme une
HYENE, Jér. 12, 9. Les Septante ont gangrène, ils séduisirent la foi de plu
rendu le commencement de ce verset par sieurs, et Paul livra Hyménée à Satan. –
« mon héritage est-il une tannière de Mosheim voulait entendre deux Hyménée
hyène ? » traduction qui vaut mieux sans différents dans ces deux passages, mais
doute que l'oiseau peint de nos versions. il ne l'a pas prouvé.
Dahler traduit, « Oiseaux de proie, inon HYSOPE, plante de la famille des gym
dez de sang mon héritage ! » mais il n'est nospermes, de la classe des didynamia.
arrivé là que par un léger changement Son calice à cinq feuilles est cylindrique,
de texte, et l'adjonction du mot sang. On et soudé par le bas ; les pétales sont sé
a essayé encore de plusieurs autres ver parés, les étamines droites et distinctes;
sions, mais sans succès. Je ne comprends la fleur, d'un bleu céleste, sort de la tige
pas pourquoi plusieurs auteurs ont tenu comme un épi; les feuilles un peu allon
à repousser la traduction des Septante ; gées en forme de lance sont dures, odo
IBT 445 IDD

rantes et un peu amères; la tige a 0m,50 ICHABOD, (sans gloire, ou bien, où


de haut dans nos climats ; une racine uni est la gloire P) pauvre enfant dont toute
que, dure comme du bois, pousse force l'histoire est dans sa naissance. Petit-fils
surgeons. On trouve l'hysope en Suisse, d'Héli, et fils de l'impie et débauché Phi
en Allemagne et en France, sur les rui nées, il était encore dans le sein de sa
nes et sur les vieux murs ; elle fleurit mère lorsque la nouvelle des malheurs
entre les mois de juin et d'août, et donne d'Israël la surprit : l'arche sainte venait
beaucoup de miel aux abeilles. En Pales de tomber entre les mains des Philistins,
tine elle acquiert une hauteur plus con l'armée était défaite, son père et son on
sidérable que chez nous, et les soldats cle étaient morts sur le champ de bataille,
qui assistèrent à la mort de Jésus, ayant son grand-père et tuteur naturel venait
pris une éponge, la mirent au bout d'un de mourir à l'ouïe de tant de désastres ;
bâton d'hysope, Jean 19, 29. L'ésob de il ne restait à l'enfant que sa mère, elle
l'Ancien Testament est sans contestation mourut en lui donnant le jour. Surprise
l'hysope; la ressemblance du nom l'indi par les douleurs, elle ne trouva pas de
que, et rien ne contredit cette identité, cf. consolations ni de soulagement dans la
surtout Héb. 9, 19. On se servait ordinai naissance d'un fils; elle n'eut que le temps
rement d'hysope comme d'aspersoir dans de le nommer Ichabod en ajoutant : « car
les purifications; quand les Israélites sor la gloire de l'Eternel est transportée
tirent d'Egypte, Dieu leur ordonna de d'Israël, » et elle expira, 1 Sam. 4, 19.
tremper dans le sang de l'agneau pascal lchabod entra dans la vie n'ayant qu'un
un bouquet d'hysope, et d'en arroser le frère pour toute parenté, 14, 3., mais il
linteau et les deux poteaux des portes, ne devait pas être abandonné de celui
Ex. 12, 22. Dans la purification des lé qui s'est appelé le Père des orphelins.
preux, on y joignait quelques branches ICONlE, antique, célèbre et popu
de cèdre et un peu de laine écarlate, Lév. leuse ville de l'Asie Mineure ; elle appar
14, 4.6.; en général cette plante parais tint à la Phrygie pendant le règne des
sait avoir une réputation de sainteté et Perses, plus tard elle passa à la Lycaonie
de pureté lustrale qui la rendait l'emblè dont elle devint la capitale. Elle était si
me de la purification intérieure, Ps. 51, tuée dans une fertile plaine au pied du
9. — Il est dit, 1 Rois 4, 33., que Salo mont Taurus, et comptait un certain nom
mon avait composé un traité de botani bre de Juifs parmi ses habitants, Act. 14,
que qui renfermait les plantes depuis le 1. 19. Abulfeda la nomme Kunijah ;au
cèdre du Liban jusqu'à l'hysope qui sort jourd'hui Conie, 30,000 habitants.—Paul
de la muraille, et plusieurs auteurs (Mish y convertit des Juifs et des gentils, mais
na Pésachim, Fabricius, Morhoff, etc.) quelques Juifs incrédules ayant soulevé
parlent de cet ouvrage comme s'ils l'a- les païens contre Paul et Barnabas, les
vaient vu. Scheuchzer dit : « Ce qui me apôtres durent se retirer. Paul y repassa
paraît très sûr, c'est que ce livre existe ; plus tard , mais l'Ecriture ne donne au
il doit contenir un ample commentaire cun détail sur ce second voyage, Act. 13,
sur les plantes et les animaux de l'Ecri 51. 16, 2.2 Tim. 3, 11.
ture, et toute la doctrine de la philoso IDDO, Esd. 8, 17. (467 av. C.), chef
phie Orientale. » des Juifs établis à Casiphia pendant l'exil;
On ne sait pas bien jusqu'où pouvait aller
I Sa compétence et son pouvoir, mais on
voit qu'il avait tout au moins une inten f

IBTSAN, le dixième des Juges d'Israël, dance administrative sur la communauté


1182 av. C., Jug. 12, 8. Il était de Béth de sa nation. La fin du verset indiquerait
léhem en Zabulon, et jugea le pays pen presque qu'il était Néthinien, ce qui se
dant sept années , il maria ses trente fils concilierait mal avec le titre qu'Esdras
et ses trente filles, et mourut en paix lui donne. Esdras lui ayant fait demander
dans sa ville natale. On l'a pris, mais sans quelques Néthiniens et quelques lévites
preuve, pour le même que Booz. pour accompagner à Jérusalem ceux qui
ID0 446 ID0

voulaient profiter de la permission ac comme les alliances privées la mort des


cordée par Cyrus, Iddo lui envoya Séré individus. Dieu devait être la tête du
bia. culte et de l'Etat : l'abandonner comme
IDOLATRIE. Parlons d'abord de celle Dieu, c'était l'abandonner comme roi; les
des Hébreux : c'était la plus déplorable, alliances politiques devaient entraîner
parce que lorsqu'ils tombaient, ils tom une fusion des cultes, et toute fusion est
baient de haut, et qu'ils n'avaient pas une idolâtrie. Malgré ces menaces ce
l'excuse de l'ignorance. L'idolâtrie se ma pendant , l'idolâtrie s'établit de toutes
nifestait chez eux sous deux formes dif manières en Israël, et sous toutes les
férentes : formes; elle ose lever la tête sous Moïse,
1° L'adoration de dieux autres que Jé Nomb. 25, 2. Deut. 13, 13., elle se mon
hova, c'est-à-dire de créatures divinisées. tre sous Josué, elle se remontre sous
Ces fausses divinités que l'on confondait les juges, elle s'assied sur le trône des
le plus souvent avec leurs images mêmes, rois ; chaque fois après quelques années
Deut. 4, 28. Ps. 115, 4. 135, 15. cf. 1 Sam. d'idolâtrie les châtiments tombent sur le
31, 9. Os. 4, 17., sont appelées dans la pays, on pleure, on crie, le peuple est dé
langue sainte des idoles, Lév. 19, 4. 26, livré, puis il retombe; sa piété est comme
1. Hab. 2, 18., — des vanités, Jér. 2, 5. une nuée du matin qui se dissipe (Serm.
8, 19.10, 15.,— des vanités fausses, Jon. de Saurin). Les servitudes des juges, sui
2, 9., — des choses vaines, Act. 14, 15., vies d'autant de délivrances et d'autant
— des abominations, 1 Rois 11, 5. 2 Rois de rechutes, en sont une preuve. Samuel
23, 13., — des dieux de fiente, Ez. 6, réorganise le culte de Jéhovah, mais après
13.,— des scandales d'iniquité, Ez. 14, 4. lui, le mal regagne du terrain ; David de
7. Enfin l'ensemble de l'idolâtrie est ap nouveau lutte contre l'idolâtrie, mais Sa
pelé un adultère, cf. Os. 1 et 2.—L'Eter lomon, après avoir aimé la sagesse, prend
nel, par opposition à ces images, est ap des centaines de femmes païennes etadore
pelé le Dieu de vérité, le Dieu vivant, avec elles leurs idoles : les réforma
Jér. 10, 10. Dan. 6, 20. 26. (cf. les sacri teurs succèdent aux idolâtres, les idolâ
fices des morts, Ps. 106, 28.), Act. 14, tres aux réformateurs, et l'exil vient enfin
15.2 Cor. 6, 16., et le Dieu du ciel, cf. réveiller ce peuple prévaricateur pour le
Jér. 10, 11. quel ces soixante et dix années furent un
La loi de Moïse avait défendu l'idolâ sérieux avertissement, car dès lors il est
trie sous les peines les plus sévères ; resté juif théocratique sans le plus petit
c'était par sa nature le plus grand des penchant pour l'idolâtrie, saufl'exception,
crimes dans une législation dont Dieu contemporaine de l'exil, rapportée Jér.
était le centre et le but ; la lapidation 44, 8., où des Juifs se jettent entre les
était prononcée contre le transgresseur. bras des divinités égyptiennes; mais alors
Et non-seulement les Hébreux devaient le châtiment n'avait pas encore porté ses
extirper dans leur intérieur, comme peu fruits.
ple, toute trace d'idolâtrie, mais ils de Guilgal fut, sous les juges, le principal
vaient encore, dans toutes leurs guerres, siége de l'idolâtrie. Jug. 3, 19. Sous quel
détruire chez leurs ennemis les bocages, ques rois, ce furent Dan et Béer-Sébah.
les hauts lieux, les idoles, et toute mar Les idoles principales qui furent reçues
que d'un culte païen. Quant aux païens, en lsraël sont Bahal, Astarté, Moloc, Ké
les Hébreux ne pouvaient leur accorder mos, Thammuz, etc., q. v. L'idolàtrie qui
• le séjour dans le pays qu'à titre d'é- pénétra dans le pays à l'époque de Salo
trangers et sous certaines conditions mon, et par le moyen de son sérail, ne
particulières; on devait les tolérer et exer fut jamais complétement déracinée ; on y
cer à leur égard les devoirs de l'hospita avait pris goût, et les rois qui suivirent,
lité, mais toute alliance proprement dite, trop faibles peut-être, ou sans volonté, la
soit par mariage, soit autrement , était laissèrent prévaloir. Asa la réprima d'une
expressément interdite; les alliances po manière énergique, mais déjà sous Jo
litiques devaient causer la ruine du pays, ram elle reparut à la suite d'une alliance
ID0 447 ID0

entre la dynastie de Juda et la maison gence des choses saintes, elles dénaturent
d'Israël : ce fut l'idolâtrie cananéenne, 2 le culte, l'abaissent, matérialisent la Di
Rois 8, 18. 27.; ailleurs, c'est celle desvinité et arrêtent les regards au lieu de
Ammonites, 16, 3., ailleurs encore, c'est les diriger. Et cette défense, non-seule
celle de la Phénicie et la Syrie, 21, 3. ment d'adorer, mais même de se faire des
La réforme de Josias même, quoique images était si sévère, si expresse, qu'elle
large et vigoureuse, ne dura pas; le roi est répétée à plusieurs reprises dans la loi,
réformateur avait entrepris plus qu'il ne et qu'elle a même sa place dans le déca
pouvait faire, et l'on voit par quelques logue, Ex. 20, 4. Deut. 4, 16. 5, 8, 27,
passages des prophètes, qu'à la fin de son 15. Les Hébreux ne s'en laissèrent pas
règne, le culte païen avait repris la place moins entraîner à suivre le penchant na
du vrai culte, Soph. 1, 4. Jér. 2, 20. 3, 6. turel de leurs cœurs et l'exemple des
5, 7., etc. Ez. 7, 20. 16, 15. Avec l'ido autres nations. Ils avaient vu les Egyp
lâtrie marchaient les sciences Occultes, la tiens adorer des dieux visibles, animaux
magie, les enchantements, 2 Rois 23, 24; ou végétaux, ou tout au moins des repré
et les faux prophètes, luttant contre les sentations de la Divinité, et ce culte ex
messagers de l'Eternel, soutenaient avec térieur leur paraissait plus séduisant et
quelque succès les impostures et les Su plus commode que le saint et solennel
perstitions du paganisme, Jér. 29, 8. Os. Jéhovisme, si l'on peut s'exprimer ainsi;
9, 7. Mich. 5, 12. Le culte de Bahal, amené ce n'est qu'avec peine qu'ils supportaient
en Israël par une princesse sidonienne, s'y un Dieu-esprit, même avec toutes les ma
organisa pareillement et dura plusieurs nifestations extérieures et les cerémonies
générations, 1 Rois 16, 31., etc., 2 Rois qui accompagnaient la célébration de son
10, 25. culte. Ce Dieu s'étant manifesté d'une
Le culte rendu à ces divinités étran manière visible en Sinaï, les Hébreux en
gères consistait en des vœux, des encen furent épouvantés, mais cela dura peu :
sements, des offrandes sanglantes et non on cesse bien vite de craindre celui qu'on
sanglantes, peut-être mème des sacrifices ne voit plus, et quelques semaines s'é-
humains, 1 Rois 11, 8.2 Rois 22, 17. Jér. taient à peine écoulées qu'ils dansaient
1, 16.7, 9. Les hauts lieux et les bocages autour d'une image. Aal'on lui-même
étaient plus particulièrement affectés à ce donna les mains à cet acte incroyable d'i-
culte; cependant on l'exerçait aussi sur dolâtrie, Ex. 32. Le serpent d'airain dont
les toits, sous des arbres touffus, dans l'élévation fut ordonnée de Dieu pour un
les jardins et dans les vallées, Jér. 19, 13. temps, ne peut être rangé au nombre des
1 Rois 14, 23. Jér. 2, 23. Es. 65, 3.1, 29. actes de l'idolâtrie des Hébreux, Nomb,
L'impureté et des débauches effrénées 21, cf. Jean 3, 44., mais il prouve com
présidaient à la plupart de ces impies cé bien l'usage de ces signes matériels était
rémonies, et ne contribuaient pas peu à dangereux, puisque pendant des siècles
concilier à ces cultes étrangers les volup ce morceau d'airain fut conservé pour
tueux et charnels Hébreux, cf. encore. Es. être en scandale et en pierre d'achoppe
65, 4. 66, 17. Les prètres étaient en gé ment aux faibles qui s'en firent une reli
néral nombreux, et se soignaient bien, 1 que, 2 Rois 18, 4. Sous les juges, on voit
Rois 18, 22. 2 Rois 10, 21. Os. 10, 5. de même plusieurs fois ce besoin d'ima
2° A côté du culte des faux dieux, les ges. Jug. 17, 4. 18, 17., besoin d'autant
Hébreux pouvaient être exposés à la ten plus facile à comprendre que dans ce
tation d'adorer.Jéhovah, le vrai Dieu, sous temps il ne paraît pas qu'il y ait eu au
une forme matérielle, celle d'images pein cun service public organisé. David et
tes ou sculptées. Dieu, qui avait tant ac Salomon, rois théocratiques, ne permi
cordé à la faiblesse humaine, ne voulut rent pas cette infraction à la loi divine ;
cependant pas accorder les images à son mais aussitôt après le schisme, le pre
peuple, précisément parce qu'elles sont mier roi d'Israël qui sent le besoin d'af
tout à fait humaines, et que bien loin fermir par de nombreuses concessions sa
d'élever la piété, et de faciliter l'intelli nouvelle dynastie et sonnouveauroyaume,
ID0 448 IMP

établit le culte des images; des veaux tien pourrait-il céder à tous ces petits
d'or sont placés aux frontières du pays, à arguments de théorie, s'il ne se rappelait
Dan et à Béthel; ces deux siéges de l'ido qu'en pratique il en est tout autrement,
lâtrie résistent à tous les efforts des rois et que le peuple n'a jamais tardé à abuser
pieux qui plus tard veulent restaurer le de ces dessins ou de ces sculptures pour
culte de Jéhovah, et qui réussissent par les adorer; s'il ne se rappelait surtout,
tout ailleurs à détruire les autels et à ar avec une sainte horreur, que pour faire
racher les bocages, 1 Rois 12, 28.2 Rois place aux images , l'Eglise idolâtre a dû
10, 25. 29. 17, 2.Am. 8, 14. De là ces ôter de la Bible et du décalogue un com
menaces fréquentes prononcées contre mandement spécial qui les condamne.
Béthel qui était le plus rapproché de Juda, Quant au culte des peuples païens, v.
et où les rois idolâtres paraissent avoir eu Astres, Caldée, etc. Les prophètes y font
l'habitude de se rendre, 1 Rois 13, 1. de fréquentes allusions, et décrivent avec
Am. 3, 14.Os. 10, 15. Jér. 48, 13. Mème véhémence l'impiété de ces cérémonies ;
après la ruine d'Israël, Béthel continua leur vanité, leur impuissance, la fabrica
de subsister comme siége de l'idolâtrie, tion des petits dieux, etc., 1 Rois 18,27.
jusqu'à ce que le roi Josias en eût extirpé Es. 2, 8.20. 44, 10. 48, 5. Jér. 10, 14.
les emblèmes impies, 2 Rois 17, 28. 23, Os. 13, 2. Ps. 115,4.5. Hab. 2, 18. Deut.
15. 4, 28. 28, 36. Ces idoles étaient tantôt
Depuis la captivité, les Hébreux ont re fondues, tantôt taillées; on les assujet
noncé auximages comme aux dieux étran tissait avec des chaînettes pour qu'elles
gers, et il est surprenant qu'une grande ne tombassent pas, et qu'on ne pût pas
secte de l'Eglise chrétienne ait cru de les dérober, et les aller revendre ailleurs;
voir recueillir ce déplorable héritage. Es. 41, 7. Jér. 10 , 4. Les plus belles
L'Eglise occidentale. ou du moins une étaient plaquées d'or ou d'argent, et cou
partie de cette Eglise, essaya, vers le sep vertes de riches vêtements, Es. 2, 20.30,
tième siècle, d'introduire les tableaux et 22. 31, 7. Jér. 10, 4. Os. 8, 4. On les
les statues dans les églises , c'était du pa menait à la guerre, 2 Sam. 5, 21., et les
ganisme réchauffé. Sérénus de Marseille vainqueurs faisaient prisonniers les dieux
combattit cette innovation , l'Orient la des nations vaincues, en gage de la fidé
combattit; Léon III l'Isaurien (717) s'op lité de celles-ci, Es. 46, 1. Jér. 48, 7.49,
posa aux iconolâtres; on connait les sui 3. Os. 10, 5. Dan. 11 , 8. Les temples
tes de la lutte entre Rome et Constanti d'idoles étaient ornés des trophées et des
nople sur ce sujet, le schisme affreux qui armes qu'on avait enlevées aux nations
en résulta, et la ruine de l'Eglise d'Orient voisines, 1 Sam. 31, 10.
que l'on peut attribuer à la division de IDUMÉE, v. Edom.
l'Eglise en deux camps ennemis, et no IMPOTS. On a vu ailleurs que les im
tamment à l'infidélité de la secte, païenne positions de tous genres qui pesaient sur
de la veille, chrétienne du lendemain, tou les Hébreux faisaient annuellement un
jours romaine et réactionnaire, qui n'em total assez considérable, qui dépassait de
brassa l'Evangile que pour mieux l'étouf beaucoup le tiers des revenus; cependant
fer. les Hébreux ne pensaient pas à s'en plain
On pourrait essayer d'excuser cette ido dre, et n'hésitaient pas à payer; ils le
lâtrie, on pourrait la représenter comme faisaient même de bon cœur, soit à cause
un enfantillage qui doit être pardonné, de la répartition habile, naturelle, et frac
comme un culte peu intelligent du beau, tionnée, de ces diverses obligations, soit
comme une concession peu sage à la fai parce qu'elles leur étaient demandées
blesse humaine, mais faite à bonne in sous la forme d'offrandes volontaires,
tention ; on pourrait dire comme Gré soit enfin parce qu'une partie de ces dons
goire le Grand (591), que ces images étaient destinée à des festins ou à des ré
ne sont que pour l'ornement des églises, jouissances auxquelles tous avaient part.
et pour la conservation de la mémoire Les impôts étaient de deux sortes, reli
des grandes actions. Peut-être un chré gieux, et civils.
IMP 449 INS

Impôts religieux. Le principal était concussions, qui finirent par devenir pour
le demi-sicle du sanctuaire, que chaque le peuple de véritables charges fort oné
Israélite, àgé de vingt ans et au-dessus, reuses, Néh. 5, 15. 9, 37. Les prêtres et
devait apporter en tribut pour le taber les lévites cependant restèrent francs de
nacle du témoignage. Ex. 30, 13.2 Chr. toute imposition sous le règne de Xer
24, 6. v. Cens. Cette obligation continua cès, Esd. 7, 24,
de subsister après le retour de l'exil, INCESTE. v. ParentS.
Matth. 17 , 24. (selon d'autres elle ne INDES, Est. 1, 1.8, 9. (hébr. Hoddou
commença qu'alors), et pesait sur tous pour Hondou); sans doute la même con
les Juifs de la Palestine et de la disper trée que nous connaissons encore sous
sion. Après la destruction de Jérusalem, ce nom, et dont les limites touchent aux
Vespasien ordonna que la même somme frontières méridionales de la Perse. Les
serait perçue annuellement pour le tem Juifs ne commencèrent à connaître les
ple de Jupiter Capitolin. On ignore si, Indes d'une manière positive que depuis
dans le passage Néh. 10, 32.33., le tiers l'exil, quoiqu'ils en connussent et même
de sicle qui fut imposé aux Israélites fut qu'ils en exploitassent les produits long
une contribution supplémentaire, motivée temps auparavant, cf. Ex. 30, 23. 1 Rois
par la pauvreté du tabernacle, ou une ré 10, 22. v. aussi Cus, et Ophir. On sait
duction de l'impôt ordinaire d'un demi quelles sont les richesses naturelles de
sicle, fondée sur la pauvreté des fidèles : ce pays, et comment elles ont toujours
Winer pense successivement l'un et l'au excité la cupidité des peuples commer
tre dans ses deux articles Abgaben et çants.
Tempel, et chaque fois il motive son INSCRIPTIONS. 1° v. Dénombrement.
opinion, ce qui prouve tout au moins que — 2° C'était une habitude des anciens de
le texte n'est pas positif. — v. Aumône, mettre au-dessus de la tête des condam
' Culte, et 0ffrandes. nés à mort un écriteau portant la cause
Impôts civils. Ils étaient complétement de la condamnation et le crime du cou
inconnus avant l'établissement de la pable : on voulut suivre à l'égard de Jé
royauté, et quand le peuple avait contri sus la même coutume, et l'on écrivit au
bué pour le culte, il avait tout fait ; avec dessus de sa tête en grec, en latin et en
les rois cela changea, Samuel l'avait pré hébreu (syriaque ou caldéen) : « Jésus
dit : il y eut non-seulement des corvées Nazarien, roi des Juifs. » Socrate parle
et des travaux publics, 1 Sam. 8, 12. 16., de cet écriteau, mais sans dire ce qu'il
mais encore des impôts en nature, et mê est devenu : faites à la hâte et sans être
me dans les cas extraordinaires des im destinées à servir de reliques, la plupart
positions personnelles, 1 Sam. 8, 15. 17, de ces inscriptions étaient bientôt dé
25.2 Rois 3, 4. 15, 20. 23, 35. Es. 16, 1. truites, soit par le bourreau, soit par le
Am. 7, 1. Les rois s'arrangèrent en outre temps ou par accident. Les catholiques
.pour obtenir des présents volontaires de n'en ont pas moins su conserver l'origi
la part de leurs sujets, 1 Sam. 10, 27.16, nal, sans qu'on puisse dire comment ils
20.1 Rois 10, 25. 2 Chr. 17, 5., ce qui se se le sont procuré ; ils prétendent même
voit encore de nos jours. Ils paraissent en avoir deux exemplaires, l'un à Tou
aussi avoir eu des apanages, une liste ci louse, l'autre à Rome en l'église de Sainte
vile, 1 Rois 4, 27.; des droits de transit Croix ; nous laissons ces deux originaux
paraissent indiqués 1 Rois 10, 15., et l'on débattre entre eux la question d'authen
voit une régie 1 Rois 10, 28. cf. 9, 26. ticité. v. Calvin. -

22, 49. Les rois étrangers qui assujet INSECTES. Ces malheureux petits ani
tirent le peuple juif se gênèrent encore maux, l'un des tourments de la vie hu
moins, et les Perses firent peser sur les maine, semblent être (comme les poisons)
colonies exilées des taxes, des gabelles le fruit de la malédiction prononcée con
et des péages, Esd. 4, 13. 20. 7, 24. Il tre la terre après la chute, Gen. 3, 17.;
paraît même que les gouverneurs parti la théorie longtemps admise de leur gé
culiers se permirent maintes et maintes nération spontanée, attribuait également
29
INT 450 ION

leur naissance à la matière inanimée, à la lion politique, et c'en était une dans le
terre elle-mème. Ils se développent par principe de la loi. C'est par le même
ticulièrement dans les climats chauds, et principe sans doute, quoiqu'il s'y joignît
se multiplient par myriades innombra encore d'autres considérations, que la
bles sous le Soleil ardent du Midi : la Pa conquête de Canaan dut être accompa
lestine n'a pas été plus privilégiée que gnée de l'extermination de ses habitants ;
tous les pays situés sous la même latitu les Israélites devaient s'habituer à l'idée
de, elle a eu ses frelons et ses sauterelles de voir en Dieu le roi des rois et le mai
de toutes espèces, dont nous traiterons tre de la terre, en même temps que le
aux articles spéciaux. chef de tout culte, de toute religion , de
INTERDIT, ou anathème. Ces deux toute morale : pour les Israélites la mort
mots signifient, le premier (hébr. cherem) devait être la conséquence naturelle et
perdre, détruire, vouer à l'extermination, nécessaire de l'abandon du vrai Dieu, et
le second, en grec, ce qui est mis à part, l'extermination des Cananéens devait dire
Séparé , dévoué. L'un et l'autre s'em-- aux nouveaux possesseurs du pays qu'un
ploient pour indiquer un retranchement sort pareil serait la récompense d'une
quelconque, physique ou moral, et parti idolâtrie pareille, cf. Deut. 2, 34. 3, 6.
culièrement le retranchement d'un hom Jos. 6, 17. 10, 28.35.37.40. 11, 11. L'in
me, repoussé soit de la société par la terdit emportait la destruction de tout se
mort, soit de l'Eglise par l'excommuni qui se trouvait dans ces villes coupables;
cation. Des animaux, des villes, des peu les hommes et le bétail étaient mis à mort,
plades, pouvaient être vouées à l'interdit, brûlés, lapidés ou passés au fil de l'épée,
et cette peine emportait toujours dans le les maisons étaient rasées et les murs
style de l'Ancien Testament la mort des démolis, mais l'or et l'argent, ainsi que
personnes ; quant aux animaux et autres les vaisseaux d'airain et de fer, étaient
objets de valeur, ils étaient quelquefois mis à part pour le trésor de la maison
également détruits, d'autres fois ils deve de l'Eternel, Jos. 6, 21.24. Quelquefois,
maient l'apanage du sacerdoce, cf. Lév. cependant, l'interdit n'était prononcé que
27, 28. 29. Nomb. 18, 14.1 Sam. 14, 44. contre les habitants de la ville, tandis
Ez. 44,29. L'interdit était considéré com que le bétail était épargné, et se distri
me la propriété de l'Eternel, comme un buait avec le reste du butin entre les
don irrévocable offert en hommage au soldats du parti vainqueur, Jos. 8, 26.
roi du peuple, et il est appelé à cause de 27. Deut. 2, 34. 3, 6. — Celui qui violait
cela une chose sainte, Lév. 27, 21. Ces un interdit était lui-même mis à l'inter
sortes de vœux étaient prononcés par la dit, Jos. 6, 18.; Hacan fut assommé de
libre volonté du peuple qui voulait se pierres et brûlé, 7, 25., et Saül fut rejeté
rendre Dieu favorable dans une entre de Dieu pour avoir épargné Agag, roi
prise importante.Quelquefois, cependant, des Hamalécites, 1 Sam. 15, 23. cf. Deut.
un vœu était imposé à l'armée par son 13, 17. -

chef, qui le croyait nécessaire au succès Après le retour de l'exil, Esdras ex


de son expédition, Nomb. 21, 2.1 Sam. communia tous les Israélites qui, ayant
14, 24.; mais souvent aussi l'interdit per pris des femmes étrangères, nevoudraient
dait son caractère de vœu pour prendre pas les renvoyer, et leurs biens furent mis
celui de châtiment théocratique, cf. Esd. à l'interdit, Esd. 10, 8., ce qui paraît avoir
10, 8., et comme tel il rentrait dans l'en été la conséquence ordinaire de l'excom
Semble des lois pénales d'Israël : ainsi, munication : l'on ignore si cet interdit
dans les cas d'idolâtrie, l'Israélite qui amenait la destruction des biens, ou leur
s'était laissé entraîner au culte des faux simple confiscation auprofit du sanctuaire;
dieux, était voué à la mort, Ex. 22, 20.; le premier cas paraîtrait plus probable,
les villes même qui s'étaient laissé séduire d'après Deut. 13, 16.
n'étaient pas épargnées, le feu et l'épée L'excommunication était un interdit pu
en faisaient justice, Deut. 13, 13-16. rement ecclésiastique. v. Bannissement.
L'apostasie était punie comme une rébel IONIE. v. Javan.
1SA 451 1SA

ISAAC, Gen. 17,19.21 ,3. 22, 2. (1896 tagèrent diversement l'affection de leurs
av. C.), fils d'Abraham et de Sara; il fut parents, le tranquille Jacob étant le bien
pour son père le fils de la promesse et de aimé de sa mère, Esaü, le fougueux chas
la foi. Son nom indique le rire, et lui futseur, faisant les délices de son père, parce
donné, soit parce que Sara avait souri que celui-ci aimait fort la venaison. Bien
d'incrédulité lorsque la naissance d'un fils
tôt une famine força Isaac de quitter les
lui avait été annoncée, soit à cause de la lieux où il habitait; il projeta d'abord de
joie que lui causa la naissance de ce fils se rendre en Egypte, mais Dieu l'en dé
si longtemps désiré, 18, 13. 21,6., v.en tourna. L'on peut remarquer que c'est à
core 17, 17. Il fut circoncis au huitième peu près à cette époque qu'eut lieu l'in
jour, et passa ses premières années sous vasion de l'Egypte par les rois pasteurs.
le toit paternel. Au dire des Hébreux, son Isaac se rendit à Guérar, où régnait Abi
éducation aurait été commencée par les mélec, 26, 1., et tomba par la même ten
patriarches Sem et Héber, dont il fut con tation dans le même mensonge qu'Abra
temporain, du premier pendant cinquante ham avait déjà fait à un autre roi du mê
ans (1896-1846), du second pendant me nom. Pour sauver sa vie, il risqua de
soixante-dix-neuf ans (1896-1817), du compromettre l'honneur de son épouse ;
moins d'après la chronologie reçue, Sa mais Dieu veillait sur la mère de Jacob,
naissance augmenta les dissensions qui et Isaac, convaincu de mensonge, avoua
existaient entre les deux épouses , et Is ses craintes et son incrédulité. Dieu con
maël dut s'éloigner avec Agar sa mère. tinua de le bénir dans ses champs, et il
Quelques années après, lorsque Isaac eut recueillit dans une seule année le centu
atteint, à ce que l'on croit , sa vingt ple de ce qu'il avait semé. Cependant les
deuxième ou vingt-cinquième année, il Philistins, voyant la multitude des ser
accompagna son père sur le mont Morija. viteurs et des troupeaux d'Isaac, devin
Familier avec l'idée des sacrifices, il vit rent jaloux de cette fortune toujours
sans étonnement le bois et le feu destinés croissante : ils cOmblèrent les citernes
au bûcher, mais il ignorait quelle devait qu'avait creusées Abraham, et Abimélec
être la victime ; il l'apprit et se résigna lui-même, entraîné par son peuple, con
sans murmurer, parce que la même foi seilla ou ordonna à Isaac de se retirer.
qui consolait son père , le fortifiait lui lsaac obéit et se rendit d'abord dans la
même et le soumettait captif à la volonté vallée de Guérar, non loin des plaines de
de Dieu. Vrai type de notre Sauveur im ce nom; il nettoya et rouvrit les puits
molé par son père, « il a été mené à la que ses ennemis avaient comblés, et leur
boucherie comme un agneau et comme une conserva les noms qu'Abraham leur avait
brebis muette devant celui qui la tond, et donnés; il en creusa de nouveaux et
il n'a point ouvert sa bouche. » Mais trouva des eaux vives pour ses troupeaux.
Isaac devait survivre à l'èpreuve, et le Mais ces puits furent une source intaris
sanglant sacrifice ne s'accomplit point; un sable de querelles, et, après bien des con
bélier remplaça sur l'autel le fils d'Abra testations, Isaac prit le parti de s'éloi
ham , et des bénédictions temporelles gner encore davantage et se rendit dans
nombreuses furent la récompense de la lesplaines de Béer-Sébah. Là Dieu lui ap
foi. Isaac vécut nomade comme son père; parut, la nuit même de son arrivée, et lui
il parcourut les plaines et les vallées de confirma les promesses qu'il avait faites
Canaan et de la Philistie, où Dieu le bé à son père; un autel fut élevé, le nom de
nit abondamment, surtout dans la culture l'Eternel fut invoqué et les bénédictions
de la terre, 26, 12. A l'âge de quarante abondèrent. Abimélec s'empressa de re
ans il épousa sa parente Rébecca, qu'Eli venir auprès d'Isaac, avec son plus intime
hézer avait été chercher pour lui en Cal conseiller et son général d'armée , et
dée. Au bout de vingt ans de mariage, comme Isaac se montrait surpris de les
elle lui donna deux enfants, Esaü et Ja voir le rechercher , Abimélec lui répon
cob, qui naquirent quinze ans seulement dit : « Nous avons vu clairement que l'E-
avant la mort d'Abraham, et qui se par ternel est avec toi, et nous avons dit :
•,*

ISA 4:« D 2 1SA

« Qu'il y ait maintenant un serment solen Bénis-moi aussi, bénis-moi, mon père ! »
nel entre nous, et traitons alliance avec Dieu permit qu'Isaac pùt encore donner
toi. » Isaac reçut avec joie cette proposi à son fils bien-aimé quelques promesses
tion, il offrit un festin à ses nouveaux al de consolation : « Ton habitation sera en
liés, et le lendemain ils se séparèrent en la graisse de la terre, lui dit-il, et en la
paix. rosée des cieux d'en haut : tu vivras par
Isaac étant devenu vieux, Gen. 27, 1., ton épée, et tu seras asservi à ton frère ;
et ses yeux s'étant fermés tellement qu'il mais il arrivera qu'étant devenu maître,
ne pouvait plus voir, il sentit qu'il de tu briseras son joug de dessus ton cou. »
vait s'attendre à une mort prochaine, et Isaac comprit cependant qu'il n'avait été
ne voulut pas différer davantage de don que l'instrument de la volonté du Dieu
ner sa bénédiction à l'aîné de ses fils. des cieux ; il se soumit à cette dispensa
Ignorant la cession du droit d'aînesse tion providentielle, et conserva toute son
faite par Esaü à Jacob, ignorant aussi, et amitié à Jacob. La colère d'Esaü était à
peut-être par un manque de foi, que Dieu craindre pour le frère supplanteur , et
avait aimé Jacob et haï Esaü, il allait bé lsaac, soit pour ce motif, soit pour éviter
nir l'enfant qu'il préférait, et voulut d'a- que Jacob épousât des païennes et ame
bord se procurer encore une fois cette nât dans la maison des germes de que
sensuelle jouissance qui influençait peut relles, comme avait fait Esaü « 26, 35., en
être chez lui l'affection paternelle : il fit gagea le fils béni à se rendre en Mésopo
venir Esaü et lui commanda d'aller à la tamie auprès des parents de Rébecca.
chasse chercher quelque pièce de gibier. Cette absence dura plus de vingt ans;
« Apprête - moi des viandes d'appétit, mais Isaac eut encore avant de mourir la
comme je les aime, et apporte-les-moiafin joie de revoir ce fils qui était devenu pour
que j'en mange. » Mais Dieu avait réser lui un successeur théocratique, et le chef
vé à Jacob les droits de primogéniture, de sa postérité : il mourut entre ses bras
Jacob se les était acquis en abusant de la à l'âge de cent quatre-vingts ans, et fut
fatigue et de l'impétuosité de son frère : recueilli avec ses peuples. Esaü et Jacob
ces droits étaient à lui, mais au lieu de l'ensevelirent dans la grotte de Macpéla,
s'en remettre à celui qui est fidèle, au 35, 27.28. 49, 31.
lieu de laisser Dieu agir, il voulut inter Abraham , Isaac et Jacob sont trois fi
venir, et sa mère, plus rusée encore , gures d'élection qui sont fréquemment
hâta, par un mensonge sans excuse, l'exé rappelées ensemble dans l'Ecriture : celle
cution du plan divin. Jacob , âgé de d'Abraham est la plus belle, celle de Jacob
soixante-dix-sept ans, se moqua d'un ne peut être comprise que par la foi, par
vieux père aveugle et lui soutira par son le sens chrétien ; celle d'Isaac est davan
déguisement la grande bénédiction qu'I- tage passive. Ce qu'il y a de grand en lui,
saac voulait donner à Esaü. Isaac, trop c'est sa naissance miraculeuse, c'est aussi
cOnfiant, soupçonna une ruse, et se laissa l'ordre donné à Abraham de le sacrifier
néanmoins convaincre : il entendait la sur Morija ; c'est enfin, si l'on ose le
voix de Jacob et touchait la barbe du velu dire, sa bénédiction surprise et déplacée.
chasseur; mais les plats étaient là, et Dans ces trois faits il est passif, dans
pendant qu'Esaü courait après le gibier, tout le reste de sa vie il paraît nul. Dieu
son frère cadet, dont le nom en hébreu veut que les colonnes de son édifice visi
signifie supplanteur, recevait les béné ble n'aient pas d'autre gloire, pas d'autre
dictions paternelles. Grande fut la dou action que la sienne : et comme la force
leur du père en découvrant qu'il avait été des fidèles est de se tenir tranquilles
trompé, mais il ne pouvait retirer sa bé pendant que l'Eternel combat pour eux,
nédiction : « J'ai béni ton frère, dit-il, et leur gloire est aussi de disparaître der
aussi il sera béni. » — « Et ne m'as-tu rière l'image de celui dont ils ne doivent
point réservé de bénédiction :' s'écria que refléter les vertus et la splendeur. La
Esaü, plein de désespoir et d'amertume : passivité d'lsaac fut de celles que chacun
n'as-tu qu'une bénédiction, mon père ? doit envier : partout ce patriarche se mon
ISA 453 ISB

tre humble, simple , tranquille et calme ; sa cour David qui était habile musicien ,
jamais il ne résiste, il se laisse immoler par lsaï le lui envoya en le chargeant de pré
son père, marier par Elihézer, chasser sents pour ce roi dont il devait bientôt
par Abimélec, vexer par des bergers, hériter, 1 Sam. 16, 19. Isaï cependant
tromper par sa femme, tromper par son continua de voir sOn fils, et le retint
fils, inquiéter par ses belles-filles; une même fréquemment auprès de lui, lorsque
seule fois il pèche par timidité : partout le service de Saül n'exigeait pas sa pré
ailleurs il se fait admirer par sa douceur sence, (cf. 1. Sam. 17, 17.); il l'envoya
et sa résignation, partout il accepte l'Eter
une fois visiter ses frères qui avaient
nel comme Providence, et reconnaît la sa suivi Saül dans son expédition contre les
gesse de celui qui mène les hommes et Philistins. Plus tard, pendant les rivalités
les choses. Il a une vie de famille toute de Saül et de David, ce dernier obtint du
particulière, aimant sa Rébecca malgré ses roi de Moab un asile pour son père, 22,
torts, et n'ayant qu'elle pour épouse ; il 3.; c'est la dernière trace de l'histoire
vit avec elle et avec ses deux fils , sans d'Isaï.
paraître rechercher beaucoup des rela Le nom de fils d'Isaï servit quelquefois
tions extérieures; ses goûts sont dans la comme terme de mépris pour désigner
maison , casaniers et parfois un peu sen David, ainsi que Jésus était dédaigneuse
suels, comme ceux des hommes doux et ment appelé le fils de Joseph , le fils du
sans ambition. Sa piété paraît avoir été charpentier, 1 Sam. 20, 27. 22, 7. 25, 10.
plus juive que chrétienne, il a moins de 2 Sam, 20, 1. 1 Rois 12, 16. 2 Chr. 10,
confiance et plus de crainte qu'Abraham, 16.; mais lorsque David fut devenu un roi
et Jacob jure par la frayeur d'Isaac, 31, de gloire, le nom de son père ne fut plus
42., qui est le commencement de la sa qu'un jalon genéalogique, destiné à rap
gesse. Il est le symbole de la douceur et peler aussi la race de laquelle devait naître
de l'amour. le Sauveur, Es. 11, 1. Rom. 15, 12.
Son nom se retrouve fréquemment dans ISBI-BENOB, ouJisbi,des un Réphaïms,
les livres saints, 1 Chr. 1, 28. Matth. 1, géant d'entre les Philistins. Il avait ré
2. Luc 3, 34. Rom. 9, 7. Gal. 4, 28. Hébr. solu, dans une guerre contre David, de
11, 18, 20., et ailleurs. frapper ce chef lui-même : armé tout à
ISAI ou Jessé, Ruth 4. 17. 1 Chr. 2, neuf, et portant une lance d'un poids
12. Matth. 1, 5. Luc 3, 32. Act. 13, 22. énorme, il fondit, en effet, sur David qui,
1Sam. 17, 12.17., Bethléémite, fils d'Obed vivement pressé par ce puissant ennemi,
et petit-fils de Booz et de Ruth ; il fut ne dut son salut qu'au secours que lui
père de huit fils et de deux filles (v. ce apporta son cousin Abisaï. Les amis et les
pendant 1 Chr. 2, 15.); le plus jeune était guerriers de David jurèrent alors : « Tu
David. Après la réjection de Saül, Sa ne sortiras plus avec nous en bataille, de
muel apprit de Dieu qu'un des fils d'Isaï peur que tu n'éteignes la lumière d'Israél,»
était désigné pour le remplacer sur le paroles qui feraient supposer que cet évé
trône ; aussitôt il convie à Bethléem toute nement eut lieu dans la dernière guerre
cette famille pour sacrifier à l'Eternel : où David combattit en personne, 2 Sam.
les sept fils aînés d'Isaï passent successi 21, 16. -

vement devant le prophète, tous jeunes, IS-BOSETH, ou Esbahal, fils cadet de


grands , forts et beaux; mais Dieu dit à Saül et d'Ahinoham, 1 Chr. 8, 33. 9, 39.
Samuel : « L'homme a égard à ce qui est 2 Sam. 2, 8., etc. Son vrai nom était Es
devant les yeux , mais l'Eternel regarde bahal ou lsbahal, mais les Hébreux, à cause
au cœur. » Isaï dut faire chercher encore de l'horreur que leur inspiraient les dieux
le plus jeune qui était aux champs, gardant étrangers, et pour éviter de prononcer le
les brebis, et il le vit avec joie et surprise nom de Bahal, le surnommèrent ls-Boseth,
proclamer roi d'Israël par le prophète, qui homme de honte ou de confusion. Son
l'oignit d'huile au milieu de ses frères. père et ses frères ayant succombé dans la
Peu de temps après, Saül ayant demandé bataille de Guilboah, il se trouva, avec Son
un joueur d'instruments, et ayant appelé à neveu Méphiboseth, seul héritier du nom
ISM 454 ISM

de Saül et de sa couronne, mais l'un et grand par la grandeur de Jéhovah. Vers


l'autre successeur étaient incapables par sa dix-septième ou dix-huitième année,
eux-mêmes de rien oser pour reconqué à ce que l'on pense, à l'époque du sevra
rir un trône qui leur avait échappé. Abner ge d'lsaac, lsmaël dut quitter la maison
Osa seul; mais pour couvrir d'un voile de paternelle avec sa mère, Gen. 21,9., parce
légitimisme ses desseins ambitieux, il ne que celui qui était né selon la chair per
voulut régner que sous un nom reconnu, sécutait celui qui était né selon l'esprit,
et Is-Boseth, âgé de quarante ans, fut la Gal. 4, 29. Dieu protégea dans sa fuite Is
poupée qui porta la couronne. Reconnu maël, et continua de le bénir dans le dé
roi des dix tribus, il régna sept ans à Ma sert de Paran, où il habita. Le jeune hom
hanajim, luttant avec désavantage contre me devint fort, vaillant, habile chasseur,
les troupes de David, et s'affaiblissant de et sa mère lui donna pour épouse une
jour en jour. La conduite d'Abner à l'é- de ses compatriotes, Egyptienne comme
gard d'une des femmes de Saül donna de elle. Il eut quatorze enfants, dont douze
l'ombrage à Is-Boseth, soit qu'il y vît fils, qui furent autant de princes et chefs
une injure à la mémoire de son père, de tribus, selon les promesses faites à A
soit qu'il crût y trouver l'indice de vues braham, et deux filles, dont l'une épousa
ambitieuses, soit enfin que, las d'avoir Esaü, son cousin. Ismaël rendit avec Isaac
un maître, il s'estimât heureux de trou les derniers devoirs à son père, et mou
ver un prétexte pour montrer à son tour rut âgé de cent trente-sept ans. Gen.25,
qu'il avait de la volonté et du carac 17. 28, 9. 36, 3.
tère. Blessé des reproches d'Is-Boseth, Les douze fils d'Ismaël furent, sous le
Abner l'abandonna, et résolut d'appuyer nom d'Ismaélites, les pères de douze tri
la nouvelle dynastie. En même temps, bus arabes qui subsistent encore aujour
David fit demander à Is-Boseth Mical d'hui, mais que l'on distingue cependant
son épouse, et comme Is-Boseth voyait avec soin des Arabes primitifs et authen
ses affaires s'embrouiller toujours davan tiques, les Joktanides : quelques auteurs
tage, il ne voulut pas les compliquer en arabes appellent même les Ismaélites des
core par un nouveau refus, et accorda à Arabes fabriqués. Plusieurs de ces tribus
David ce qu'il désirait. Il ignorait les né sont bien connues et auront leurs articles
gociations du perfide Abner, et lorsque spéciaux : ainsi les Nabathéens, les Kéda
ce traître eut été mis à mort par Joab, réniens, etc. Saint Jérôme dit que de son
ses mains devinrent lâches; Is-Boseth crut temps les douze noms subsistaient enco
avoir perdu le meilleur de ses capitaines, re. Le territoire d'Ismaël s'étendait de
et dans son bonheur il se désespéra. Ce puis Havila, à l'orient, jusqu'à Sur, en E
fut sa dernière faiblesse ; bientôt deux de gypte. Vers le septième siècle, la plupart
ses officiers, Récab et Bahama, l'assassi des Ismaélites embrassèrent l'islamisme,
nèrent dans son palais pendant qu'il dor et sont encore maintenant plongés dans
mait; sa tête sanglante fut portée en hom les ténèbres de cette dégoûtante morale,
mage à David qui n'apprécia jamais la lâ et de ce monothéisme sec et absurde.
cheté, et récompensa les meurtriers par C'est ce que M. Coquerel appelle « le mi
le dernier supplice. lieu entre l'erreur et la vérité », comme
ISMAEL, 1° fils d'Abraham et d'Agar, si ce milieu n'était pas l'erreur elle-même.
Gen. 16, 15. 17, 23. 21, 14. 1 Chr. 1, 28. 2° Ismaël, fils de Néthania, descendant
Ce n'était pas l'enfant de la promesse, de David, fut du nombre de ceux qui res
mais Dieu ne lui en prédit pas moins de tèrent en Judée après que Nébucadnetsar
grandes destinées et d'abondantes béné eut emmené captifs la plus grande partie
dictions temporelles : « Voici, je l'ai bé des habitants de ce pays. Poussé par la
ni, dit-il, et je le ferai devenir une gran jalousie, à ce qu'il paraît, parce qu'étant
de nation. » Fort jeune encore, Ismaël se du sang royal il n'avait pas été nommé
montra ce qu'il devait être plus tard, gouverneur du pays, il refusa d'obéir à
bruyant, gai, fier et violent, grand par Guédalia, et se ligua contre lui avec Ba
lui-même , comme son frère Isaac était halis, roi de Hammon; puis, abusant d'une
ISR 455 ISR

confiance qu'il avait acquise par la dissi celui de la nation tout entière, dont elles
mulation, il se jette sur Guédalia, au mi formaient la plus grande partie, tandis
lieu d'un festin, et le tue ; il égorge en que la douzième tribu, celle de Juda, qui
suite ceux des adhérents de Guédalia qu'il marchait avec David, resta tout ensemble
rencontre, et les Caldéens qui sont en tribu et royaume de Juda, 2Sam. 2,9.10.
garnisonà Mitspa.Quelques hommesdeSi cf. 19, 40. Ces deux noms de Juda et d'Is
chem, de Silo, de Samarie, en tout quatre raël servirent donc à désigner en quel
vingts, allaient ayant la barbe rasée et les que sorte, dans les temps de trouble, la
vêtements déchirés, offrir de l'encens et minorité et la majorité du royaume, et
des dons en la maison de l'Eternel. Ismaël après la mort de Salomon, lorsque le pays
en est instruit; il comprend que ces pieux tout entier se partagea (975 av. C.), les
Israélites seront les amis de l'ordre , et, tribus de Juda et de Benjamin gardèrent
par conséquent, ses ennemis à lui-même, le nom de royaume de Juda , tandis que
il les attire par ruse à Mitspa, où il les les dix autres prirent le nom de royaume
fait égorger et précipiter dans une fosse. d'Israël, qu'elles méritaient moins que les
Dix d'entre eux s'échappent seuls , en deux premières, puisqu'elles s'éloignaient
promettant de livrer à Ismaël ce qu'ils de la branche théocratique, abandonnant
possèdent de provisions en froment, or le roi que le Dieu d'Israël leur avait don
ge, huile et miel, cachées au milieu des né. Ces dix tribus sont Ephraïm, Dan,
champs. Il emmène ensuite captifs avec Siméon, Manassé, lssacar, Zabulon, Aser,
lui une partie des habitants de Mitspa, et Nephthali, Gadet Ruben, auxquelles il faut
les filles du roi qui avaient été confiées joindre la partie tributaire de Moab et les
à Guédalia, et prend le chemin du pays autres peuplades et terres qui avaient été
de Hammon, où il espère ètre suffisam conquises par Salomon. La capitale de ce
ment protégé contre la vengeance proba royaume fut d'abord Sichem, 1 Rois 12,
ble de Nébucadnetsar. Mais Johannan et 25., puis Tirtsa, 1 Rois 14, 17. 15, 21.,
d'autres capitaines des villes de Judée, et enfin, depuis Homri, Samarie. La puis
ayant appris les crimes d'Ismaël, mettent sante et toujours jalouse tribu d'Ephraïm
sur pied leurs gens de guerre, le pour (cf. 1 Chr. 5, 1. Gen. 48, 17. Jug. 8, 1.
suivent et l'atteignent près des grosses 12, 1.) fut sans doute à la tête de ce mou
eaux de Gabaon. Les prisonniers repren vement de séparation : elle se glorifiait
nent courage et s'enfuient auprès de Jo d'avoir donné le jour à Josué, et Jéro
hannan, qui vient à leur aide, et Ismaël, boam, quiséparale royaume, était Ephraï
avec huit hommes qui lui restent, gagne mite:aussi le nom de royaume d'Ephraïm
au plus vite les terres de Bahalis, affligé serait-il beaucoup plus justifié que celui
sans doute que tant de crimes aient été de royaume d'Israël , et les auteurs sa
inutiles. On ignore où et comment il mou crés l'emploient-ils quelquefois, Ps. 78,
rut, 2 Rois 25, 23. Jér. 40, et 41. 9. 67. 68. Os. 6, 4. Es. 11, 13. Neuf ré
ISRAEL. Ce nom, qui signifie vain volutions successives, toujours accompa
queur de Dieu, fut d'abord donné en gnées de leurs calamités ordinaires, ame
surnom à Jacob par Dieu lui-même, lors nèrent sur le trône neuf dynasties diffé
de la rencontre du Jabbok et de la lutte rentes quine comptèrent pas plus de dix
de Jacob avec l'Eternel, parce que, dit huit rois, et ne durèrent ensemble que 240
l'ange, tu as été le maître en luttant avec ans à peu près (975-729), ce qui donne
Dieu et avec les hommes , et tu as été le pour chaque roi une moyenne de 13 ans,
plus fort, Gen.32, 28. 35, 10. Le nom d'Is et pour chaque dynastie une moyenne de
raël devint ensuite celui de la postérité 26 ans et demi.
bénie, et les douze tribus le portèrent en 1re dyn. Jéroboam règne 22 ans
commun. Lors de la première division du Nadab — 2
royaume, après la mort de Saül, sous Da 2e dyn. Bahasa — 24
Elah — 2 -

vid et Is-Boseth, les onze tribus qui mar 3e dyn. Simri - 7 jours.
chaient sous les armes de ce dernier, 4e dyn. Homri – 12
conservèrent le nom d'Israël , qui était Achab — 22
ISR 456 ISR
Achazia — 2
Joram — 12
ralisation du peuple par les guerres in
5e dyn. Jéhu — 28
testines. Le principe de la révolution
Joachaz – 17 porta ses fruits, et huit usurpations suc
Joas — 16 cessives furent autorisées par l'usurpa
Jéroboam II — 41
Zacharic - 6 mois
tion de Jéroboam. En religion ce fut pire
6e dyn. Sallum - 1
encore, cf. 1 Rois 15, 34. 16, 2. 22, 53.
7e dyn. Manahem — 10 2 Rois 3, 3. 10, 29. 13, 2. 14, 24. 15, 9.
Pekachia — 2
17, 22.; le culte du veau d'or ayant été
8e dyn. Pékach — 20
9e dyn. Hosée — 9
établi par Jéroboam, et celui de Bahal par
la maison d'Achab , les prêtres, les lévi
Total 241 ans,7 mois, 7 jours.
tes , et tous les hommes pieux et zélés
Les années étant exprimées en nom pour le culte du vrai Dieu abandonnèrent
bres ronds, on ne doit pas s'étonner que Israël et se réfugièrent en Juda, 2 Chr. 11,
dans les détails. les fractions négligées 13-16. Les prophètes de l'Eternel cepen
amènent une différence de quelques an dant ne manquèrent jamais en Israël,
nées en plus, et le synchronisme des même dans les périodes de la plus som
rois de Juda compte, pour le même espace bre idolâtrie et des plus profondes ténè
de temps, 260 années. Sans entrer dans bres, et il se rencontra toujours, mème
des discussions chronologiques qui pour à la cour des rois, quelques hommes qui
raient nous mener loin sans nous mener ne fléchirent point le genou devant un
nulle part, nous nous bornerons pour autre que Jéhovah, 1 Rois 18, 4. Dans les
le moment aux observations suivantes : premiers temps de son existence , Israël
1° On doit admettre que les années sont fut quelquefois inquiété par Juda, mais
indiquées d'une manière générale , sans sans succès; les entreprises des Philistins
égard aux fractions, et le récit sacré l'in furent également passagères et n'amenè
dique lui-même en plusieurs endroits, rent pas de résultat, 1 Rois 16, 15. Bien
comme on peut s'en convaincre par la tôt la séparation des deux royaumes fut
comparaison des passages suivants, 1 Rois si bien reconnue que les deux cours ri
15, 9. et 25.; 15, 25 et 33.; 2 Rois 14, 1. Vales, se regardant comme indépendan
cf. 14, 17. 13, 1. et ailleurs. — 2° Quel tes, en vinrent à contracter des alliances,
quefois un fils a commencé à régner pen soit politiques, 1 Rois 22,2.2 Rois, 3,7.
dant les dernières années de son père, 8, 28., soit mème domestiques, 2 Rois
et les années de cette ass0ciation sont 8, 18, 27. Mais Israël trouva un ennemi
quelquefois attribuées à l'un et à l'autre Opiniâtre et puissant dans les rois de la
tout ensemble, et par conséquent dou Syrie de Damas, qui, à diverses reprises,
blées. — 3° Il y a eu des interrègnes passèrent les frontières, 1 Rois 20, 34.
qui , n'étant pas comptés dans la chro 22, 3., et réduisirent Ephraïm à la der
nologie des rois, diminuent d'autant les nière extrémité, 2 Rois 13, 7.; cependant,
années de cette époque, et doivent y être sous Jéroboam II, grâce à la puissance
ajoutées pour les compléter; c'est ce qu'a assyrienne qui s'élevait, et qui affaiblis
fait DesVignoles dans sa chronologie de sait ainsi par son voisinage le royaume
l'histoire sainte. Ajoutons encore que, de Syrie, les Israélites redressèrent la
lorsqu'il y a désaccord, il faut donner la tête, repoussèrent vigoureusement le Sy
préférence aux dates du royaume de Juda, rien, s'emparèrent d'une portion de son
parce que l'histoire de ces deux tribus territoire, et s'élevèrent à une hauteur de
est plus simple, mieux suivie, moins com prospérité que jusqu'alors ils ne connais
pliquée d'anarchie, d'interrègnes et de saient point. Cela dura peu ; le bien-être
révolutions, et par conséquent moins su engendra le luxe, la volupté, le relâche
jette à erreurs.— Les suites de la scission ment : ce furent les délices de Capoue ;
furent, pour Israël, sa décadence comme les querelles de parti se renouvelèrent,
nation, l'abaissement de sa puissance po une fausse politique commença à prédo
litique, l'anéantissement de son commerce miner, Os. 5, 13., et Israël, devenu tri
et de sa prospérité intérieure, la démo butaire d'Assyrie, 2 Rois 15 , 19., vit
1SS 457 1TH

bientôt une partie de ses habitants con de la division du pays, les meilleurs en
duits en captivité, 2 Rois 15, 29. cf. Es. droits de la terre, la belle et riche plaine
8, et 9. Dès lors il n'y eut plus rien que de Jizréhel, s'étendant depuis la chaîne
de précaire dans l'existence de ce pauvre du Carmel jusqu'au lac de Génésareth,
pays, sa ruine parut inévitable, et la mal ayant au midi la demi-tribu de Manassé,
heureuse alliance d'Osée avec le roi d'E- au nord celle de Zabulon, à l'occident la
gypte fut le dernier acte politique de ce Méditerrannée, à l'orient le Jourdain et
royaume ; Israël tout entier fut déporté l'extrémité de la mer de Tibériade. Elle
et mené en exil, 2 Rois 18, 9., environ occupait avec Zabulon le grand pays de
131 ans avant la chute du royaume de Juda. passage de Canaan, et les habitants de ces
Aussitôt après avoir raconté cette cata deux tribus comptèrent, à l'époque de Jé
strophe, l'historien sacré énumère les sus-Christ, parmi les plus civilisés des
causes qui l'ont amenée, et met en pre Galiléens ; la plupart des apôtres appar
mière ligne l'idolâtrie intellectuelle et mo tenaient à l'une ou à l'autre de ces tribus,
rale de ce peuple. Les Israélites qui de et par le message de l'Evangile ils accom
meurèrent dans le pays se mêlèrent peu plirent entièrement la prophétie de Moïse:
à peu avec les colons qui y furent envoyés « Ils appelleront les peuples en la mon
d'Assyrie pour le cultiver et le défendre; tagne, ils offriront là des sacrifices de
ils retournèrent cependant au culte de justice. » Deut. 33, 19. » • ! "

l'Eternel, et plusieurs d'entre eux se réu L'auteur du livre des Chroniques dit
nirent à Juda pour l'exercice de ce culte, des Issacariens qu'ils étaient , fort intel
2 Rois 23, 15. 19. 2 Chr. 34, 33. 35, 19. ligents dans la connaissance des temps
v. Exil. pour savoir ce que devait faire Israël, »
ISSACAR, neuvième fils de Jacob, cin éloge qui ne se rapporte probablement
quième de Léa, Gen. 30, 18. Son nom si ni à des connaissances astronomiques, ni
gnifie prix ou récompense, et Léa le lui à la science des saisons par rapport à l'a-
donna, « car, dit-elle, Dieu m'a récom griculture, mais à une certaine habileté
pensée parce que j'ai donné ma servante à pratique ou politique, qui du reste ne
mon mari. » ll naquit 1749 ans av. C., et peut être précisée davantage par l'his
eut quatre fils : Tolah, Puva, Job et Sim toire.
ron, 46, 13. Sa vie est peu connue, et ne lTHAMAR, quatrième fils d'Aaron et
paraît pas avoir rien présenté de saillant. d'Elisébah (1490 av. C.) Ex. 6, 23. Il fut
La bénédiction de Jacob mourant lui pré consacré avec ses fils, Nomb. 3, 2., mais
dit un avenir matériel et peu honorable : il n'exerça jamais la souveraine sacrifica
« Issacar, dit-il, est un âne essu, couché ture, qui, après la mort de Nadab et d'A-
entre les barres des étables : il a vu que bihu, fut donnée à la famille d'Eléazar.
le repos était bon et que le pays était Lui-même fut chargé dans le désert de
beau, et il a baissé son épaule pour por surveiller les travaux du tabernacle et de
ter, et s'est assujetti au tribut. » Moïse diriger les Guersonites et les Mérarites
annonce qu'il vivra paisible dans ses ten dans le transport de l'arche de l'alliance.
tes, qu'il partagera avec Zabulon l'abon Ex. 38, 21. La souveraine sacrificature
dance de la mer et les richesses du com entra, l'on ne sait comment, dans sa fa
merce, Gen. 49, 14.15. Deut. 33, 18.19. mille par Héli, juge d'Israël, et en sortit
Lors du dénombrement d'Israël dans le de nouveau par la déposition d'Abiathar,
désert, Issacar comptait 54,400 hommes après avoir fourni, outre ces deux pon
en état de porter les armes. Cette tribu tifes, Ahitub, Ahija, et Ahimélec, q. V.
est louée dans le cantique de Débora pour — cf. 1 Chr. 6, 3. 24, 1. Nomb. 4, 28.
son zèle à prendre les armes. Jug. 5, 15. 26, 60.
Elle a donné naissance au juge Tolah, qui lTHIEL et Ucal, inconnus. C'est à eux
gouverna le pays pendant vingt-trois ans, qu'Agur adressa les maximes contenues
sans autre gloire que celle de la paix, dans le 30e chapitre des Proverbes; on
Jug. 10, 1.2. peut supposer qu'ils étaient fils, amis ou
La tribu d'Issacar reçut en partage, lors ! disciples de ce sage.
1TU 458 IVR

lTTAI, 1° guerrier benjamite de Gui les lturéens passèrent en Phénicie et se


bha, l'un des trente-sept hommes vaillants soumirent à Rome sous Pompée, tout en
de David, 2 Sam. 23, 29. 1 Chr. 11, 31. conservant des princes choisis du milieu
— 2° Ittaï, Philistin de Gath, peut-être d'eux. Claude réunit plus tard l'Iturée à
prosélyte, avait mis à la disposition de la Syrie.
David 600 hommes de ses compatriotes L'Iturée tirait probablement son nom
dont il était le chef. Après la révolte de Jétur, le dixième fils d'Ismaël, Gen.
d'Absalon, David ne voulant astreindre 25, 15. 1 Chr. 1, 31. cf. 5, 19.; et la po
personne à partager sa mauvaise fortune, sition de ce pays sur les confins de l'A-
offrit à Ittaï de lui rendre sa parole, mais rabie justifie ce sentiment. Il paraîtrait
ce généreux guerrier refusa de la re alors que les Ituréens auraient abandon
prendre et jura par le nom de l'Eternel : né la pratique de la circoncision, puisque
« En quelque lieu où le roi mon sei Aristobule dut la leur imposer de nou
gneur sera, soit à la mort, soit à la vie, veau, à moins qu'on n'entende qu'Aris
son serviteur y sera aussi. » David ne tobule les obligea à circoncire les enfants
résista pas à tant de dévouement; lttaï le huitième jour, tandis que les Ismaélites
se donna à lui sans réserve et le Servit ne le faisaient que dans la douzième ou
avec ses troupes et sa famille; il com quinzième année.
mandait un tiers de l'armée à la bataille IVOIRE. Les défenses d'éléphant, que
qui fut si funeste à Absalon, 2 Sam. 15, les anciens prenaient pour des cornes,
19. 18, 2. ont été connues en Europe et dans l'Asie
ITUREE, contrée au nord-ouest de la occidentale bien longtemps avant l'élé
Palestine. Luc, 3, 1., dit que Philippe phant lui-même. L'ivoire est pour la pre
était tétrarque dans la contrée de l'Iturée mière fois nommé dans le Cantique des
et de la Trachonite , et comme Josèphe Cantiques, ou au Ps. 45, suivant l'époque
donne à Philippe la Trachonite, la Bata que l'on assigne à la composition de ce
née et l'Auranite, on a cru que ces deux psaume. Il est probable que Salomon,
dernières provinces portaient ensemble qui faisait le commerce des Indes, fut
le nom d'Iturée. Cette conclusion n'est aussi le premier qui fit connaître à la Ju
pas nécessaire, car saint Luc a parfaite dée l'ivoire et l'animal qui le donne, cf.
ment bien pu ne pas indiquer les posses 1 Rois 10, 22. 2 Chr. 9, 21. Son trône
sions moins importantes de Philippe, et était d'ivoire incrusté d'or, 1 Rois 10, 18.;
omettre l'un ou l'autre de ces distrits, et l'on voit Achab, 22, 39., employer l'i-
comme dans le même passage il ne donne voire à beaucoup d'autres usages et ne
à Hérode Antipas que la Galilée quoiqu'il l'épargner ni dans ses meubles ni dans
possédât aussi la Pérée. Strabon et Pline ses appartements, cf. Apoc. 18, 12., et
placent l'Iturée en Cœlésyrie, et Strabon Amos 6, 4. Les marchands de Tyr pous
ajoute qu'elle était à l'ouest de Damas, sèrent le luxe jusqu'à plaquer d'ivoire les
tirant vers le sud du côté de l'Arabie Dé bancs de leurs vaisseaux, si même ils
serte. C'était, au dire du même auteur, n'employèrent pas de l'ivoire massif. Ez.
une contrée crevassée et riche en ca 27, 6. cf. 15. Dans ce dernier passage,
vernes, dont les habitants, favorisés par le prophète appelle les défenses de l'élé
les accidents du terrain, se livraient en phant des cornes de dents, unissant ainsi
masse au brigandage et rendaient dange l'apparence à la réalité. — V. dans Harris
reuse et redoutée la grande route de Da plusieurs citations des auteurs profanes
mas. Virgile (Georg. 2, 448.) vante l'ha qui montrent combien cette substance a
bileté des lturéens dans le maniement de été connue et appréciée des Grecs et des
l'arc et des flèches. Romains, et comment on la travaillait.
Aristobule, environ un siècle avant IVRAIE, le lolium temulentum de Lin
Christ, conquit et réunit à la Judée une née, herbe vénéneuse qui croît souvent
partie considérable de l'Iturée, dont il en Orient au milieu des champs de blé,
contraignit les habitants à se faire cir d'orge ou d'avoine, Matth. 13, 25. Vir
concire sous peine d'exil; mais bientôt gile l'appelle infelix lolium, Georg. 1,
JAB 459 JAB

153. Elle ressemble beaucoup à l'orge, mec et Hada, Gen. 4, 20., « fut père de
surtout quand elle est jeune. Ses grains ceux qui habitent dans les tentes, et des
sont cependant plus foncés, parfois jau pasteurs. » La vie nomade est ainsi sé
nâtres, allongés, plus épais à une extré parée de la vie pastorale. On peut dire
mité et couverts de bourre. Mêlée avec que l'un et l'autre de ces genres de vie
du pain, l'ivraie est dangereuse pour la existaient déjà de fait avant lui. car Abel
santé, elle gâte l'estomac et porte à la était berger, et les patriarches étaient
tête ; elle enivre, et c'est même de là que nomades par cela même qu'ils n'étaient
lui vient son nom, comme peut-être en pas organisés en société, qu'il n'y avait
allemand celui de Tollkorn. Il n'en ar point de ville, et que chacun se trans
rive pas moins que, vu la difficulté du portait où il voulait avec le modeste bien
triage, on pétrit quelquefois l'ivraie avec dont il était possesseur. La gloire de Ja
le blé, lorsque la proportion du mauvais bal fut probablement d'avoir régularisé la
grain n'est pas considérable. Selon quel vie nomade en apprenant aux hommes à
ques auteurs, l'ivraie ne serait qu'un blé se servir de tentes, à les dresser, et à les
dégénéré, susceptible même de redeve plier au besoin pour se remettre en cour
nir froment, si elle est semée en bonne se, Gen. 4, 20.
terre. JABBOK. Ce torrent, maintenant Zer
lZEBEL. v. Jésabel. ka, se forme de ruisseaux qui viennent de
l'est et du nord, et d'un ruissean qui ar
J rive du sud et coule près de Rabbath
Hammon. La source principale descend
JAAZANJA, 1°filsd'unJérémie inconnu de la partie de la haute plaine qui touche
(695a.C.),et l'undes chefs de lamaisondes au grand désert. Le Jabbok coule vers
Réchabites, Jér. 35, 3. Jérémie le prophè l'ouest, dans une vallée assez large dont
te le fit appeler, lui et les siens, et voulut le fond se maintient à une certaine élé
les contraindre à boire du vin contre les vation; plus bas il rencontre comme une
ordonnances de leur aïeul Jéhonadab ; ils fente profonde dans le plateau, et se fraye
refusèrent tous, et Jérémie, qui l'avait sa route dans une gorge étroite entre des
bien prévu, se servit de ce fait pour re parois de rochers de 500 pieds de hauteur,
procher aux Juifs leur rébellion contre déchirure singulière qu'on aperçoit seu
la loi de Dieu, tandis que la voix d'un lement en arrivant sur ses bords , du
homme était encore obéie dans la famille haut desquels on entend bouillonner dans
de Réchab. l'abîme les eaux de la rivière (Rouge
2° Fils de Saphan, Ez. 8, 11. (594 av. mont). L'endroit où le Jabbok sort de ce
C.). A la tête de soixante et dix des anciens défilé et du plateau est peut-être le gué
d'Israël, il se tenait dans une des salles de Péniel, Gen. 32, 22. sq., que d'autres
du parvis du temple, ornée de toutessortes voyageurs croient avoir retrouvé plus à
de figures de reptiles et de bêtes tout à l'est sur le plateau. Le Jabbok se jette
l'entour, et il leur offrait de l'encens. Ezé dans le Jourdain, à 6 kilom. de l'endroit
chiel était en Caldée, quand l'Eternel lui où il sort des montagnes, et à peu près
montra en vision toutes ces abominations à égale distance du lac de Tibériade et
et beaucoup d'autres qui se commettaient de la mer Morte. La partie supérieure de
à Jérusalem ; il annonça alors aux Juifs son cours, appelée aussi le ruisseau de
qui étaient avec lui les châtiments qui de Rabbath-Hammon, était la frontière qui
vaient fondre sur ces impies idolâtres ; séparait les Hammonites à l'est, des A
mais on n'ajouta point foi à ses paroles. morrhéens, et plus tard de Gad à l'ouest.
3° Jaazanja, fils de Hazur, inconnu, Ez. La partie inférieure était la limite nord
11, 1. On suppose qu'il était un des mem des Amorrhéens sous leur roi Sihon , et
bres du sénat sous le règne de Sédécias ; la limite sud du royaume de Basan , plus
sa parole perfide et pleine d'iniquité sé tard elle sépara Gad de Manassé, Nomb.
duisait le peuple par de mauvais conseils. 21,24. Deut. 2, 37. 3, 16. Jos. 12, 2. Jug.
JABAL, descendant de Caïn par Lé 11, 13. 22. -
JAB 460 JAC

JABES, ville de la demi-tribu trans néral en chef Siséra. Cette oppression ,


jourdaine de Manassé, ordinairement ap qui fut la troisième servitude, dura vingt
pelée Jabès de Galaad. Elle était située années, et se termina par les victoires et
au-dessus d'une vallée ou d'un wady qui le cantique de Débora. — v. Ps. 83, 10.
porte encore son nom, sur le sommet JABNE, ville des Philistins, située en
d'une montagne d'où elle avait vue sur tre Joppe et Asdod; Hozias s'en empara,
les collines de Basan, et qui fait partie 2 Chr. 26, 6. Plus tard, elle fut appelée
de la chaîne la plus septentrionale des Jamnie , et Josèphe dit qu'elle était très
monts de Galaad. Elle fut saccagée par populeuse, habitée par beaucoup de Juifs
les Israélites pour avoir refusé de pren mêlés avec quelques païens; elle possé
dre part à la guerre d'extermination con dait un bon port. Pompée la prit sur les
tre Benjamin, Jug. 21, 8.10. Plus tard, Juifs et la donna à la Syrie. Elle était à
Nahas, roi de Hammon, l'ayant réduite à 240 stades de Jérusalem et à 12 milles de
la dernière extrémité, elle allait se ren Diospolis. Après la ruine de Jérusalem,
dre aux conditions les plus dures, quand elle fut pendant quelque temps le siége
Saül vint et la délivra, 1 Sam. 11. Les ha du sanhédrin et d'une école juive assez
bitants conservèrent toujours la plus vi distinguée.
ve reconnaissance pour leur libérateur, JACOB, Gen. 25, 26. sq. (1836 av. C.),
et pour sa maison; et quand Saül et ses fils d'Isaac et de Rébecca, plus aimé de sa
fils eurent été tués en Guilboah, dans la mère à cause de son naturel paisible et
bataille contre les Philistins, ceux de Ja facile à mener, le troisième des grands
bès vinrent de nuit, enlevèrent les corps patriarches théocratiques, Ex. 19, 3. Ps.
qui avaient été pendus aux murailles de 22, 24. 105, 6. Es. 45, 19. Ez. 20, 5. Il
Bethsan, et les ensevelirent honorable lutta par la ruse contre l'infériorité de
ment sous un chêne, près de leur ville, 1 sa naissance, et réussit à se procurer le
Sam. 31, 11. 12. — Eusèbe la met à 6 droit d'aînesse pour le prix d'un plat de
milles de Pella , vers Gérasa. lentilles ; à ce droit d'aînesse il fallait
JABIN, 1°roide Hatsoràl'époque deJo joindre la bénédiction paternelle, sans la
sué, Jos.11, 1.(1450 av. C.). C'était un des quelle il restait stérile. et Jacob , par un
rois les plus puissants de Canaan ; il de artifice honteux et grossier, vint, à l'àge
meurait au-dessus du lac de Séméchon, de soixante-dix-sept ans, se jouer d'un
dans la Galilée, et dominait presque tout père aveugle pour lui soutirer cette bé
le nord du pays. Il résolut d'écraser Jo nédiction que le vieillard se proposait de
sué, et se ligua avec quelques rois voi donner à l'aîné, que Dieu avait dessein de
sinsses tributaires, tellement qu'ils étaient transférer sur la tête du second , et qu'il
un grand peuple comme le sable qui est eût effectivement transférée sans le con
au bord de la mer ; mais ils ne se réuni cours de moyens déshonnêtes, comme il
rent que pour être détruits plus facile le fit bien voir plus tard à Jacob lui-mê
ment, et Josué les chargea avec tant de me, en inclinant son cœur à bénir de la
vigueur que personne n'échappa, ni hom main droite Ephraïm plutôt que Manassé.
mes, ni chevaux ; la ville même fut brû La ruse réussit, mais Jacob dut recueillir
lée et Jabin mis à mort. — 2" Hatsor re les fruits de son péché avant de jouir des
construite, eut , cent soixante-cinq ans bénédictions que Dieu lui avait assurées :
après, 1285 av. C., un autre roi du même il lui fallut quitter son père et sa mère
nom, peut-être descendant du premier. pour fuir le ressentiment d'un frère jus
Ce Jabin était devenu si puissant, que tement irrité, et il partit pour la Mésopo
l'Ecriture lui donne le nom de roi de Ca tamie, où une épouse lui était réservée
naan, Jug. 4, 2. Se rappelant les vieilles dans la maison de Laban, frère de sa mère.
injures de son peuple, et désireux de les ll avait alors soixante-dix-sept ans, chif
venger, il avait accablé Israël de toutes fre qui surprend d'abord, mais qui se jus
ses forces, et entretenait une grande ar tifie par les considérations suivantes :
mée, et 900 chariots armés de faux, dont Joseph avait trente ans quand il fut
iI avait confié le gouvernement à son gé présenté à Pharaon, Gen. 41 , 46.; lors
JAC 461 JAC

que son père et ses frères vinrent le re nées. Les deux épouses rivales divisent
joindre, c'est-à-dire en la deuxième an la maison du patriarche ; Rachel est la
née de la famine, il en avait par consé préférée, mais Léa est féconde et s'élève
quent trente-neuf (45, 6.). A cette épo au-dessus de sa sœur qui ne l'est pas,
que Jacob en a cent trente (47, 9.) ;Jo Gen. 30. Pour complaire à celle qu'il ai
seph est donc né dans la quatre-vingt me, Jacob donne le titre de concubine à
onzième année de Jacob. Or Joseph est Bilha, la servante de Rachel , et Léa lui
né vers la fin des quatorze premières an demande la même faveur pour Zilpa , sa
nées que Jacob passa chez Laban (30, 22. servante. La famille de Jacob s'accroît
25.), après avoir quitté la maison d'Isaac, ainsi considérablement, mais il n'est en
ce qui donne l'àge de soixante-dix-sept core que le serviteur de son oncle et beau
ans pour l'époque de son entrée en Méso père ; il exprime le désir de retourner
potamie. auprès de sa famille et demande à Laban,
Ce voyage fut pour Jacob la fin de l'en avec son congé , la récompense de ses
fance et le commencement de la vie : sa travaux. Ces deux hommes rivalisent de
mère n'était plus là pour le mener, il de ruse pour se tromper l'un l'autre, et Ja
vait se sentir à la fois libre et responsa cob est le plus fort; il demande à Laban
ble, et le remords dut se faire sentir à de lui donner toutes les bêtes picotées de
son cœur. Sans doute il emportait la bé son troupeau et s'engage à le servir quel
nédiction de son père , mais Dieu lui ac ques années encore. Laban accepte et
corderait-il la sienne ? Accablé de fatigue consent; mais d'abord il éloigne du trou
et peut-être aussi de pensées découra peau, pour les confier à ses fils, toutes
geantes, il s'endormit un soir près de Luz, les bêtes déjà picotées, afin de diminuer
et Dieu qui avait fait de lui un vase d'é- d'autant la chance qu'il en naisse de nou
lection, voulut le rassurer, et lui envoya velles. Jacob, de son côté, s'éloigne avec
cette grande et belle vision de l'échelle les chèvres et les brebis blanches. Il de
qui, partant de la terre pour se perdre vait savoir que Dieu ferait tourner ce con
dans les cieux , servait d'intermédiaire trat en sa faveur (31, 11.); il voulut, com
entre l'homme et l'Eternel par le moyen me toujours, forcer la fortune et accom
des anges, qui montaient et qui descen plir par des ruses la volonté divine; il
daient, saints et brillants messagers du plaça donc devant les auges et les abreu
Dieu d'Abraham , d'Israël et de Jacob. voirs de jeunes branches dont il avait
Saintement effrayé, le voyageur s'écria : pelé et mis à blanc quelques parties, de
« C'est ici la maison de Dieu, c'est ici la sorte que les troupeaux ne pouvaient
porte des cieux. » Il oignit d'huile la boire sans arrêter les yeux sur ces di
pierre qui lui avait servi de chevet , et verses couleurs et sans en être frappés.
changea le nom de Luz en celui de Béthel, Jacob pensait que de cette manière les
qui signifie maison de Dieu. Cependant, brebis, quoique blanches, donneraient
il ne comprit pas toute la grandeur des des agneaux de couleur; et le résultat ré
promesses qui lui étaient faites, et il se pondit à ses espérances, soit que Dieu in
borna à quelques vœux pour l'heureux tervint directement , soit aussi que le
achèvement de son voyage et pour son stratagème employé par Jacob fût réelle
heureux retour auprès d'lsaac. Bientôt il ment efficace, ainsi que paraissent l'éta
arrive en Mésopolamie, où Rachel ac blir certains faits. En tout cas , Jacob
cueille avec joie son cousin presque oc s'enrichit en fort peu d'années, et ses
togénaire. Le cupide Laban met à de ru grands biens ne tardèrent pas à exciter
des épreuves la patience et l'amour de Ja la jalousie de Laban et de ses fils. Jacob
cob; après sept ans de service il lui donne s'en aperçut, et averti par une vision di
Léa, sa fille aînée, au lieu de Rachel qu'il vine, il résolut de s'enfuir sans délai. Ses
aimait et qu'il avait demandée. Jacob se femmes sont d'accord avec lui. Il part
plaint de cette substitution , et obtient donc « à la dérobée » , emmenant sa fa
qu'on lui accorde aussi Rachel, pour la mille, ses serviteurs et ses troupeaux, et
quelle il offre de servir sept nouvelles an après avoir traversé les gués de l'Eu
JAC 462 JAC

phrate et les campagnes de laSyrie, il ar delà du Jabbok tout ce qui l'accompa


rive sans accident sur les limites de la gnait, famille et troupeaux, et il reste
terre promise, au pied des montagnes de seul sur la rive de l'exil, pour faire peut
Galaad; mais là il est rejoint par Laban être le compte de ses voies, et réfléchir
qui s'est mis à sa poursuite, et il doit lui aux diverses dispensations providentielles
expliquer les motifs de sa fuite secrète dont il avait été l'objet pendant une vie
et précipitée. « Je craignais, dit-il, que de près d'un siècle (98 ans). Sa vie avait
tu ne me ravisses tes filles. » Mais Laban été une lutte continuelle contre Dieu et
réclame encore de petits dieux qu'il dit les hommes ; il avait lutté dès le sein de
lui avoir été enlevés, et comme ils ne se sa mère pour supplanter son frère, et il
retrouvent pas, Jacob lui reproche avec avait fini par ètre le maître. Pendant qu'il
beaucoup d'amertume et d'éloquence tou était là, plongé dans ces pensées dont
tes les injustices de sa vie passée et ses ceux qui ont quelque peu vécu sont bien
soupçons présents que rien ne semble à même de comprendre la nature et peut
justifier; car Jacob ignorait que Rachel être la tristesse, un homme lutta avec lui
eût dérobé ces dieux. Après de longues toute la nuit, jusqu'au lever du soleil,
contestations dans lesquelles l'avantage lutte miraculeuse, mystérieuse, unique.
reste à Jacob, les deux parents qui vont On voudrait pouvoir croire à une lutte
se séparer pour toujours se réconcilient; toute morale etspirituelle, tant l'idée d'un
une alliance est conclue , un monument combat corps à corps d'un homme avec
s'élève, qui prend le nom de Gal-Hed, un Dieu répugne à notre intelligence; mais
sacrifice est offert, et un repas donné par le récit de l'historien sacré est si exact,
Jacob achève de cimenter la paix et l'ou si complet, si précis, qu'on est obligé de
bli du passé. Laban s'en retourne et Ja reconnaître qu'il y a eu lutte matérielle
cob s'apprête à pénétrer dans ce pays où et physique entre ces deux personnes,
il espère de retrouver son père, où il quoiqu'il s'y joignît aussi en même temps
craint de rencontrer le frère qu'il a dé une lutte morale qui devait aboutir à un
pouillé. Comme il est agité de diverses triomphe plus élevé. La hanche démise
pensées, de souvenirs pénibles, d'incer fut pour Jacob une défaite et une humi
titudes et d'angoisses, une première vi liation ; il avait été vaincu et devait se le
sion le rassure, les anges de Dieu vien rappeler à toujours : mais ce trophée de
nent au-devant de lui comme pour le sa défaite était en même temps pour lui un
luer, et il nomme ce lieu, en souvenir de trophée de victoire, et lui rappelait que
cet événement, Mahanajim, c'est-à-dire ce qu'il avait recherché dans la lutte il
le camp de Dieu. Mais il apprend l'ap l'avait obtenu, la bénédiction de son ad
proche d'Esaü, suivi de 400 hommes ; versaire. Il pleura et il demanda grâce,
méfiant et rancunier, il suppose au géné dit Osée 12, 5., et il fut le plus fort en
reux Esaü plus de rancune que celui-ci luttant avec Dieu, car cet adversaire était
n'est capable d'en conserver; il prend ses en effet l'Eternel lui-même. Jacob reçut
précautions ; il partage ses troupeaux en alors le nom d'Israël qui consacrait son
deux bandes qu'il envoie en deux direc triomphe, et il nomma ce lieu Péniel,
tions différentes, afin que si l'une périt, parce que, dit-ll, j'ai vu Dieu face à face.
l'autre puisse être sauvée; puis, pour es Il aurait voulu cOnnaître le nom de son
Sayer de les mettre à l'abri l'une et l'au adversaire, mais ce sont là de ces choses
tre, il met à part pour son frère un pré qui n'ont point de nom au terrestre sé
Sent considérable de chèvres, de brebis, jour. L'homme ne peut nommer que les
de chameaux, de vaches et d'ânesses, et êtres qui ont quelque rapport avec lui,
confie ces cinq troupeaux à cinq de ses qui sont finis en gloire, en durée, en
Serviteurs qu'il espace de manière qu'E- étendue. Ce moyen de reconnaître ce qui
Saü ne les rencontre que successivement, appartient à la terre et qui fut donné à
et soit peu à peu disposé d'une manière l'homme dès la création ne peut s'appli
favorable à lui pardonner. Cette combi quer aux êtres infinis; le Dieu de Moïse
naison étant achevée, Jacob envoie au est celui qui est, le Dieu de Manoah est
JAC 463 JAC .

l'admirable, mais il ne se nomme pas. frances du triste pèlerinage de Jacob ne


L'idolâtrie d'ailleurs aime à rendre son sont pas à leur terme; les chagrins qu'il
culte à ce qui a un nom, et Jéhovah ne a causés à son père, ses fils doivent les
voulait pas être assimilé à Bahal ; le pa lui rendre avec usure. Le vieillard aime
ganisme seul a des noms pour ses milliers Joseph l'enfant de Rachel, et ses frères
de dieux et de saints. jaloux le font disparaître et remettent à
Au matin Jacob passe le gué et rejoint leur père une robe magnifique, teinte de
sa famille; mais déjà Esaü s'approche, et sang, que Jacob ne peut hésiter à recon
Jacob, par un surcroît de précautions, naître pour celle qu'il a donnée à Joseph.
divise les enfants en trois bandes, en tête Jacob déchire ses vêtements, met un sac
les deux servantes avec leurs enfants, sur ses reins et repousse toute consola
puis Léa avec les siens, et enfin Rachel tion : Certainement, dit-il, je descendrai
avec Joseph. Mais toutes ces mesures en menant deuil au sépulcre vers mon
stratégiques devaient être inutiles; la fils! C'est ainsi qu'il le pleurait, c'est
prudence n'est bonne que contre des ad ainsi que s'écoulèrent vingt années. Ben
versaires, et Esaü s'avançait en frère, en jamin avait succédé à Joseph sans le rem
ami ; tout était oublié, excepté l'affection placer dans le cœur de Jacob, et le der
fraternelle, et dès qu'il voit Jacob il se nier enfant de Rachel rappelait à Jacob
jette à son cou et l'embrasse en fondant tout ensemble et Rachel et Joseph, deux
en larmes, pendant que Jacob voulait se objets qu'il avait tant aimés. Les sept an
prosterner devant lui. Esaü fait la con nées de famine se firent sentir en Canaan
naissance de ses belles-sœurs et de ses comme en Egypte, et Jacob envoya ses
neveux, et n'accepte que sur les instan dix fils dans ce dernier pays pour y ache
tes prières de Jacob les présents que ce ter du blé, mais il retint auprès de lui
lui-ci lui a destinés; puis les deux frères Benjamin. Des dix fils qui étaient partis
se séparent après que Jacob eut promis il n'en revint que neuf : Siméon avait été
à Esaü de l'aller voir dans ses montagRes retenu prisonnier par celui qui dominait
de Séhir, promesse sur l'exécution de la en Egypte, et ce dur gouverneur qui
quelle nous ne voyons rien dans l'Ecri avait maltraité les dix frères les prenant
ture, quoiqu'il soit fort possible que Ja pour des espions, leur avait défendu de
cob ait fait ce voyage, soit pendant son reparaître en sa présence sans amener
séjour à Succoth même, soit pendant son avec eux le dernier de la famille, Benja
séjour à Sichem, soit plus tard encore ; min. Jacob écoute avec étonnement le
peut-être aussi cette promesse n'était rapport de ses fils, et l'étonnement de
elle qu'une ruse de plus pour se débar tous redouble quand, à l'ouverture des
rasser plus facilement et plus vite de la sacs, ils retrouvent l'argent qu'ils avaient
présence d'un frère qui le gênait et le cependant déposé en mains propres lors
troublait. qu'ils avaient acheté le blé. Bientôt un
Après s'être d'abord établi pendant second voyage devint nécessaire, mais
quelque temps à Succoth sur la rive Jacob refusait d'y consentir; car, disait
orientale du Jourdain, Jacob passe à Si il, vous m'avez privé d'enfants : Joseph
chem; puis, après l'enlèvement de Dina n'est plus, et Siméon n'est plus, et vous
et la vengeance de Siméon et de Lévi, il prendriez Benjamin ! Toutes ces choses
quitte cette contrée et se rend à Béthel, sont contre moi! ll ignorait encore que
ayant enseveli d'abord les idoles hévien toutes choses contribuent ensemble au
nes dont le culte s'était introduit dans sa bien de ceux qui aiment Dieu, mais il
famille ; il s'établit ensuite successive l'apprit bientôt par une douce expérience.
ment à Ephrat, à Migdal-Héder et enfin Contraint de laisser partir Benjamin, il
à Hébron dans les plaines de Mamré, où s'écriait avec résignation : « S'il faut que
il retrouve son père, le vieillard Isaac qui je sois privé de ces deux fils, que j'en sois
ne tarde pas à rendre le dernier soupir privé ! » et peu de temps après, non-seu
entre les bras de ses deux fils réunis pour lement Siméon était de retour, non-seu
l'accompagner au sépulcre. Mais les souf lement Benjamin lui était rendu, mais il
. JAC 464 JAC

entendit de la bouche de ses fils ces pa pour y assister.


roles qui étaient la résurrection de sa Le nom de Jacob se retrouve Ez. 28,
vieillesse : « Joseph vit ! et même il com 25. 37, 25. Os. 12, 13. Mal. 1, 2. Rom.
mande sur tout le pays d'Egypte. » Jacob 9, 13. Hébr. 11, 9. 21. et ailleurs.
alors part avec toute sa famille, Ex. 1, 1. Ce patriarche qui vécut quinze ans avec
1 Sam. 12, 8. Act. 7, 14., et Dieu, sans Abraham, se présente avec un caractère
la permission de qui il n'eût pu sortir, bien différent de celui de son père et de -
l'y autorise par une vision à Béer-Sébah, son aïeul; on peut dire qu'il est sans
lui réitérant les promesses qu'il lui a déjà grandeur naturelle, à la fois ardent et ef
faites pour sa postérité, et lui annon féminé, faible et passionné, rusé, trom
çant qu'après s'être beaucoup accrus en peur, peu scrupuleux sur les moyens; il
Egypte, ses descendants en sortiraient ne grandit que par de rudes expériences
pour venir habiter de nouveau Canaan. et par l'adversité: mais ces épreuves lui
Bientôt il arrive à Goscen, Joseph ac sont utiles, il profite à une dure école, et
court à sa rencontre : le père et le fils se mûrit forcément. Les vingt années qu'il
jettent dans les bras l'un de l'autre en passe à pleurer Joseph abrégent sa vie et
fondant en larmes, et Jacob attend la sont à la fois pour lui la dernière et la
mort avec joie; car, dit-il, j'ai vu ton vi plus douloureuse des épreuves; toutes
sage, et que tu vis encore. (1706 av. C.) Ses souffrances se montrent dans cette
Présenté à Pharaon, Jacob parle comme parole qu'il adresse au roi d'Egypte :
un sage qui n'est plus de ce monde, il « Mes jours n'ont pas atteint les jours
bénit le roi qui l'accueillit avec honneur des années de la vie de mes pères au
comme le vénérable père de son premier temps de leurs pèlerinages. » Sa noble
ministre, et il résume sa vie en ces mots : vieillesse fait oublier les péchés de sa
Les jours de mon pèlerinage ont été jeunesse et de sa maturité, et Jacob est
courts et mauvais. Dès lors, il vécut en un exemple de plus qui prouve que Dieu
core quelques années en Goscen, heureux choisit librement ceux dont il veut faire
et fier de son Joseph qu'il avait retrouvé; des vases à honneur, et qu'il les façonne
puis il s'éteignit doucement à l'àge de d'entre ceux-là même qui sont le moins
cent quarante-sept ans (1689 av. C.), honorables. Jacob est le symbole de l'es
ayant recommandé à Joseph et à ses fils pérance (Schroeder); il a passé sa vie à
de ne point laisser reposer ses os sur la attendre plus qu'à jouir, à espérer plus
terre étrangère, mais de les transporter qu'à posséder.
auprès de ceux de ses pères dans la ca La Fontaine de Jacob dont il est parlé
verne de Macpéla. Peu de temps avant sa Jean 4, 6., et près de laquelle eut lieu
mort, il avait adopté comme siens les en l'entretien de Christ avec la Samaritaine,
fants de Joseph, léguant à celui-ci, comme était située près de Sichem sur la route
au plus puissant de la famille et au plus qui conduit à Jérusalem; elle tirait son
propre à le conserver, le territoire de Si nom du patriarche qui l'avait, dit-on, fait
chem qu'il avait acheté des Amorrhéens creuser. Quelques voyageurs disent l'a-
(Héviens), et qu'il peut dire avoir con voir retrouvée à quelque distance de Na
quis par son arc, en pensant à la vio plouse, dans un creux de rocher profond
lence dont deux de ses fils ont usé à de trente-cinq mètres, mais contenant peu
l'égard des Sichémites. Les bénédictions d'eau, situé dans un petit vallon qui court
prophétiques qu'il prononça sur ses en du nord au sud et qui est fort riche en
fants sont pleines de grâce, de force et sources; d'autres pensent que la fontaine
de profondeur; s'il est sévère, c'est qu'il de Jacob est une source située dans la
ne parle plus comme père, mais comme ville même de Sichem et qui porte encore
prophète; il déclare ce qui doit arriver. le nom du patriarche.
Joseph conduisit lui-même en Canaan le 2° Jacob, père de Joseph le charpen
corps de son père, qui fut enseveli avec tier, Matth. 1, 16., inconnu.
grande pompe et au milieu d'un concours JACQUES. Outre le frère de Jésus,
immense de personnes venues d'Egypte Matth. 13, 55., le NouveauTestament nous
JAC 465 JAC

fait connaître, au sein de l'Eglise aposto mant Jacques il était donc obligé de dire
lique, trois hommes de ce nom, savoir : duquel il voulait parler, et il donne au
Jacques frère de Jean et fils de Zébédée, fils d'Alphée le nom de frère du Seigneur,
bientôt décapité, Act. 12, 2.; Jacques, fils parce que sa relation avec Jésus était
d'Alphée, sur la vie duquel nous n'avons alors une marque plus caractéristique et
aucun détail : et Jacques, frère du Sei plus connue, d'autant plus qu'Alphée était
gneur, Gal. 1, 19., le conducteur de l'E- un homme obscur (c'est pour la même
glise de Jérusalem, et le chef de la por raison que le fils de Zébédée est quel
tion encore judaïsante de cette Eglise. quefois appelé le frère de Jean). Reste à
Plusieurs théologiens regardent ces deux savoir pourquoi Jacques est appelé le frère
derniers comme identiques, d'autres les du Seigneur s'il n'était que son cousin ;
distinguent (Sardinoux) , d'autres regar et ici la difficulté est réelle; car, quoiqu'on
dent le Jacques frère du Seigneur, comme puisse dire et même prouver que le mot
son cousin, et par conséquent distinct frère s'employait quelquefois pour dési
encore du Jacques de Matth. 13, 55. Sans gner une parenté collatérale plus éloi
entrer dans un examen approfondi de gnée (v. Xen. Cyrop. 1, 5. $ 4. Tit. Liv.
cette question, que j'ai fini par trouver 35, 10. Cicer. ad Attic. 1, 5. Gen. 13, 8.
insoluble à force de l'avoir examinée, il 29, 15.), cependant la chose n'était point
convient de dire au moins quelles sont passée en loi, ni même en usage, et dans
les raisons qui paraissent établir plutôt le cas particulier, comme il est constant
leur identité. Saint Luc, dans son Evan que Jésus avait non-seulement des cou
gile et dans les Actes, distingue toujours sins, mais des frères de mère, cf. Matth.
Jacques fils d'Alphée, de Jacques fils de 13, 55., Jacques était peut-être l'un d'en
Zébédée, jusqu'à la mort de ce dernier ; tre eux, et il serait possible que celui
mais depuis lors, Act. 12, 2., il ne se sert qui est mentionné, Gal. 1, 19., comme
plus que de la simple dénomination de une des colonnes de l'Eglise, et qui par
Jacques, v. 17. Il paraît donc que depuis conséquent se retrouve partout comme
la mort du fils de Zébédée il ne resta plus seul Jacques depuis la mort du fils de Zé
dans l'Eglise qu'un seul Jacques assez dis bédée, fût le même que Matth. 13, 55.; la
tingué, et il est peu probable que ce seul chose est possible en elle-même, mais
Jacques ait été le troisième, le frère du elle n'est que cela, et il faudrait prouver
Seigneur, car on ne saurait alors ce que qu'elle est sûre, il faudrait lever l'invrai
serait devenu Jacques fils d'Alphée , on se semblance qu'il y a dans l'apparition su
verrait obligé de construire un édifice bite d'un nouveau Jacques, accompagnée
d'hypothèses comme De Wette qui fait de la disparition également subite du
mourir le fils d'Alphée subitement , et fils d'Alphée. Ajoutons que dans ce pas
sans que les auteurs sacrés en disent sage, Gal. 1, 19. cf. Act. 9, 27., Jacques
rien, et qui élève rapidement au plus haut est appelé apôtre, et que nous ne voyons
degré d'estime dans l'Eglise apostolique, nulle part qu'un Jacques, frère de Jésus,
le frère du Seigneur jusqu'alors inconnu. ait été élevé à cette dignité, jusqu'à être
Saint Luc n'est pas le seul non plus qui, mis au même rang que Pierre. Nous nous
depuis la mort du fils de Zébédée, semble en tenons donc à l'opinion généralement
ne reconnaître qu'un seul Jacques dans reçue qui pense qu'il n'y a eu que deux
l'Eglise, v. 1 Cor. 15, 7. Gal. 2, 9. 12. Jacques, en renvoyant pour un plus ample
Jud. 1. Le passage Gal. 1, 19., semble examen de la question au Comment. de
contredire cette manière de voir, et éta Winer sur Gal. 1, 19. à Néander, Apost.
blir l'existence d'un troisième Jacques, Kirche, II, 421., aux Beitraege de Schnec
différent du fils d'Alphée et de celui de kenburger, et à un article de Steiger dans
Zébédée , d'un Jacques frère germain de l'Evangelischse K. Z. de Hengstenberg,
Jésus. Mais ce seul passage ne saurait 1834, n° 95 et suiv.
suffire, et il s'explique assez facilement 1° Jacques, fils de Zébédée et de Salo
sans cela. Paul parle d'un temps où le fils mé, surnommé le Majeur, frère de Jean
de Zébédée était encore en vie ; en nom l'évangéliste, racommodait ses filets sur
l. 30
JAC 466 JAC

les bords du lac de Génésareth, lorsqu'il beaucoup de temps en prières ferventes;


entendit l'appel de Jésus, auquel il obéiton l'avait surnommé le Juste, et le rem
sans hésitation, Matth. 4, 21. 10, 2. Marcpart de son peuple. Il vécut jusqu'à la
1, 19. 3, 17. Luc 5, 9. 6, 14. Il fut tou ruine de la nation et de l'Eglise juive.
jours un des trois plus intimes confidentsPeu d'années avant que la guerre fatale
du Seigneur, malgré l'orgueil et l'intolé éclatât, le souverain sacrificateur Ananus,
rance qui signalèrent par deux fois ses sadducéen, profita de l'intervalle qui s'é-
premiers pas dans la carrière évangéli coula entre la mort du gouverneur Festus
que, Matth. 20, 20. Luc 9, 54. On le trou et l'arrivée de son successeur Albinus,
ve auprès de son maître à la guérison de pour faire lapider l'apôtre. La majorité
la belle-mère de Pierre , dans la maison du peuple protesta contre cet acte de vio
de Jaïrus, sur le mont Thabor, sur la col lence ; Albinus étant arrivé écrivit à Ana
line où Jésus annonce la ruine de Jéru nus une lettre de reproches et de mena
salem et les signes des derniers temps, ces, et Agrippa le destitua de son pon
en Gethsémané, lors de la réintégration tificat. D'après Hégésippe, les pharisiens
de saint Pierre, et enfin à Jérusalem après auraient aussi pris part à la mort du juste;
l'ascension, Marc 1, 29. 5, 37. 9, 2. 10, il raconte qu'on le précipita du haut du
35. 13, 3. 14, 33. Jean 21 , 2.Act. 1, 13. temple, que Jacques n'ayant pas été tué
Décapité par l'ordre d'Hérode Agrippa par la chute, on se mit à le lapider, et que
(44 ans ap. C.), il mourut à Jérusalem, pendant qu'il priait pour ses persécu
après avoir porté la prédication de l'E- teurs, un tanneur lui asséna sur la tête
vangile, si l'on en croit une tradition peu un coup qui mit fin à ses jours et à ses
probable, en Espagne et jusqu'en Angle souffrances. C'était vers l'an 64. Eusèbe
terre. — Jésus l'avait surnommé Boaner raconte sa mort d'une manière un peu
gès, q. v. différente.— Beaucoup de Juifs, après le
2° Jacques le Mineur, fils d'Alphée et siége et la destruction de Jérusalem, at
de Marie sœur de la mère de Jésus, suc tribuèrent cette catastrophe à la malédic
céda au précédent comme conducteur de tion divine que le peuple avait attirée sur
l'Eglise de Jérusalem, Matth. 10, 3. 13, lui par le supplice de cet homme si saint
55. 27, 56. Les évangélistes ne donnent et si respecté.
sur sa personne et sur son caractère au C'est probablement à ce Jacques, fils
cun détail particulier.Ses rapports de pa d'Alphée, que se rapporte le passage 1
renté avec Jésus, ses convictions religieu Cor. 15, 7. où il est fait allusion à un fait
ses qui conservèrent autant que possible que les évangélistes ne nous ont pas con
les formes du judaïsme, qui établirent le Servé.
christianisme sur des bases qui n'étaient 3° Jacques, un des frères de Jésus,
point hostiles ou directement opposées Matth. 13, 55., complétement inconnu ;
au précédent ordre de choses, enfin son il s'est joint à l'Eglise après l'Ascension.
caractère personnel et ses principes as Epître de saint Jacques. Elle fut pro
cétiques, tout contribua à le rendre pro bablement écrite de Jérusalem, par Jac
pre au rang élevé qu'il occupait dans Jé ques fils d'Alphée, vers l'année 61 ; elle
rusalem et dans l'Eglise. Le chapitre 15 est adressée à des judéo-chrétiens qui
des Actes est celui qui nous fait le mieux pouvaient être tentés de se laisser tomber
connaître et comprendre son influence et dans le relâchement et dans le mépris des
son autorité ; cf. aussi 21, 18., et la ma œuvres et de la loi : on n'y trouve pas un
nière honorable dont en parle saint Paul, plan proprement dit, mais une suite d'ex
Gal. 1, 19. 2,9.12. Il paraît avoir été un hortations telles que les circonstances les
homme non-seulement ferme dans la foi, demandaient, et telles que l'Esprit les lui
mais aussi irrépréhensible dans sa con inspirait. Le chapitre 1er est dirigé con
duite à l'égard des Juifs incrédules. Selon tre la faiblesse de fci, l'irrésolution en
Hégésippe, sa vie était celle d'un vrai Na doctrine, la pusillanimité; depuis le ver
zarêen ; il jouissait du privilége d'entrer set 19 l'apôtre relève la nécessité d'une
à toute heure dans le temple, et il y passa vie chrétienne.—Chapitre2.Après s'être
JAC 467 JAH

élevé contre les priviléges que le cœur l'authenticité de cette épître, c'est qu'elle
humain est trop facilement porté à accor se trouve déjà dans la Peschito, ce qui
der aux riches, Jacques reprend ce qu'il prouve que l'Eglise syrienne au deu
a déjà dit sur la nécessité de montrer sa xième siècle la connaissait et l'avait ac
foi par ses œuvres.— Chapitre 3. Exhor ceptée. Pour plus de détails, v. Guerike,
tations relatives à la tempérance de la lan Beitraege zur Einleitung, $ 3. etc., Com
gue. — Chapitre 4. Contre la frivolité, la ment. de Stier.
légèreté, l'esprit mondain, etc. - Chapi JADDUAH, Néh. 12, 11. 22., souverain
tre 5. Condamnation des richesses ini sacrificateur, le dernier qui soit nommé
ques, avertissements aux riches; diverses dans l'Ancien Testament. Il vivait à l'é-
autres exhortatiOnS. poque de Darius de Perse et d'Alexandre
Les sujets que traite cette épître sont le Grand, 336 av. C. C'est probablement le
importants à méditer, particulièrement en même que ce Jaddus dont Josèphe raconte
certaines époques. On peut dire, je crois, la courageuse résistance à Alexandre. Oc
que saint Jacques ne suscitera jamais un cupé au siége de Tyr, l'empereur de Ma
réveil religieux, mais c'est surtout dans cédoine envoya demander du secours et
un temps de réveil religieux qu'il pourra des vivres à Jadduah en exigeant de lui
exercer une grande et salutaire influence, qu'il le reconnût pour maître au lieu de
parce que la foi étant le grand et vrai le Darius; mais Jadduah, fidèle à celui qu'il
vier de tout réveil, comme elle est aussi reconnaissait pour son souverain, refusa.
le seul moyen de salut, on risque, à force Alexandre, irrité, dissimula jusqu'aprèsla
de relever l'importance de la croyance, réduction de Tyr, puis il marcha contre
de la doctrine, d'oublier que la croyance Jérusalem. Jadduah, rassuré par une vi
seule n'est pas la foi, et que pour mériter sion divine, ouvre les portes de la ville
ce nom elle doit être accompagnée de ce et va au-devant d'Alexandre, revêtu des
qui en constitue la réalité, c'est-à-dire ornements pontificaux, accompagné des
des bonnes œuvres. Saint Jacques ne dif prêtres et suivi du peuple en vêtements
fère point de saint Paul sur ce point, ni blancs. A cette vue, Alexandre, qui venait
saint Paul de saint Jacques ; l'un veut la pour se venger, se prosterne devant Jad
foi et les œuvres, l'autre veut les œuvres duah pour l'adorer, et comme Parménion
et la foi, et chacun insiste sur celui des s'en étonne, il lui répond que dans le
points de vue qui lui paraît le plus négli temps où il délibérait s'il passerait en
gé dans les circonstances où il écrit, et Asie, Dieu lui était apparu sous la forme
le plus important à mettre en saillie. On de ce grand prêtre et l'avait encouragé à
peut voir sur ce sujet la dissertation du ne rien craindre et à exécuter hardiment
Dr Néander, dans ses Kleine Gelegen son dessein. Puis il entre dans la ville,
heitsschriften; elle a été traduite en fran offre des sacrifices, accorde aux Juifs la
çais dans le Narrateur religieux, 1837. liberté de conscience et des priviléges
Quant à l'authenticité de l'épître, elle relatifs à l'impôt.-Jaddus eut pour suc
a été attaquée par des hommes de cou cesseur Onias Ier, son fils. Un de ses
leurs bien différentes ; cependant De frères, Manassé, gendre du Samaritain
Wette lui-même, qui avait d'abord émis Samballat, se retira auprès de son beau
quelques doutes, les a complétement ré père et obtint d'Alexandre la permission
tractés dans la deuxième édition de son de bâtir sur Guérizim un temple dont il
Einleitung etc., p.316 et suiv. Clément de fut le premier grand prêtre.
Rome et Hermas, l'auteur du Berger, JAHATS, Nomb. 21, 23. Deut. 2, 32.
connaissaient déjà cette épître, et Irénée Es. 15, 4., ou Jathsa, Jér. 48, 21., ville
a fait une allusion à 2, 23., en se servant située au delà du Jourdain, non loin de
d'expressions empruntées presque litté l'Arnon; elle fut donnée d'abord à la tribu
ralement à cette épître ; Origène, Denys de Ruben, Jos. 13, 18., et devint ensuite
d'Alexandrie et Eusèbe la mentionnent ville lévitique, 1 Chr. 6, 78. Elle paraît
également et l'attribuent à saint Jacques; avoir appartenu plus tard aux Moabites.
enfin une circonstance très favorable à JAHAZIEL, lévite d'entre les enfants
JAH 468 JAI

d'Asaph, n'est connu que par un seul graphes, comme d'Anville, placent dans
oracle, 2 Chr. 20, 14. ; il annonce à Jo leurs cartes, près de Jahzer, un lac d'où
saphat et au royaume de Juda une prompte sort une petite rivière qui va se déchar
et complète victoire sur les Moabites et ger dans le Jourdain, mais ils le font peut
les Hammonites, prophétie qui ne tarda être uniquement à cause du passage cité;
pas à s'accomplir en effet (897 av. C.). or ce passage est emprunté presque litté
JAHBETS. 1° Un des descendants de ralement à Es. 16, 8., sauf la mention du
Juda par Pharez; il vivait apparemment lac, et quelques interprètes supposent
du temps des juges, 1 Chr. 4, 9. Il n'est qu'il y a dans Jérémie une faute de co
connu que par une prière qu'il adressa à piste (ad iam au lieu de adei), conjecture
Dieu ; mais elle est sublime par l'abon que Dahler trouve ingénieuse, mais qui a
dance de foi dont elle est l'expression : le malheur de n'être appuyée par aucune
« O, si tu me bénissais abondamment, et espèce d'autorité. Il n'y a rien d'ailleurs
que tu étendisses mes limites, et que ta qui empêche qu'un lac, maintenant dis
main fût avec moi, et que tu me garan paru, ait existé dans cette contrée, et
tisses tellement du mal que je fusse sans Seetzen dit : « J'arrivai près des sources
douleur ! » Il demandait beaucoup, et Dieu de Nahar-Szir, que je prends pour Jahzer.
lui accorda ce qu'il avait demandé. ll fut Personne ne savait rien de l'existence d'un
distingué entre ses frères. Quelques-uns lac dans le voisinage, mais j'y trouvai
ont cru que c'était le même que Hothniel, quelques étangs. » Ces étangs peuvent
le premier des juges, opinion qui ne peut fort bien être les restes d'un lac lentement
être ni soutenue ni réfutée. Il s'établit desséché, et cette supposition, tout à fait
probablement dans la contrée de ce nom. naturelle, est beaucoup plus admissible
— 2° Jahbets, 1 Chr. 2, 55., ville de la que l'altération du texte sacré, si révéré
Palestine, située, à ce que l'on croit, dans des Juifs. C'est aussi l'opinion de Winer.
la tribu de Juda. JAIR. 1o Fils de Ségub; il descendait
JAHEL, Jug. 4, 17. (1285 av. C.), de Juda par son père, et par sa mère de
femme d'Héber, assassina par surprise le Manassé, dont il était l'arrière-petit-fils
général Siséra, qui lui avait demandé un par Makir et sa fille, 1 Chron. 2, 21. cf.
asile, fuyant Barac; elle lui donna du lait, Nomb. 32, 41. Deut. 3, 14. Jos. 13, 30. Il
lui promit l'hospitalité, le cacha sous une s'empara de toute la contrée d'Argob à
couverture, et profita de son sommeil l'est du Jourdain, et donna son nom aux
pour lui enfoncer dans la tempe un des vingt-trois bourgs nomades dont il fit la
clous qui servaient à retenir en terre les conquète et qu'il laissa subsister ; selon
toiles de la tente; action que nous serions d'autres passages, le nombre des villes
disposés à juger tout autrement que ne conquises s'élevait à soixante, et l'on ne
fait Débora, Jug. 5, 6. 24., et qui dans la concilie pas facilement ces deux données,
vie ordinaire ne serait qu'une infâme et quoiqu'on puisse supposer que le chiffre
lâche trahison. moindre n'ait égard qu'aux endroits plus
JAHZER, ville de Galaad, 2 Sam. 24, considérables, et que le plus élevé com
5. Nomb. 32, 1. 1 Chr. 26, 31. Après avoir prenne les petits villages aussi bien que
appartenu d'abord aux Moabites, elle fut les villes plus étendues. C'est dans la der
donnée à la tribu de Gad, puis aux Lé nière année de Moïse qu'on doit sans doute
vites, Jos. 21, 39. Elle redevint plus tard placer cette expédition, 1451 av. C. —
ville moabite, Es. 16, 8. Jér. 48, 32., et 2° Jair, Jug. 10, 3., Galaadite, de la tribu
hammonite depuis l'exil, l Macc. 5, 8. D'a- de Manassé, le huitième des juges d'Israël,
près Eusèbe, elle était située à 8 ou 10 descendait probablement du précédent.
milles ouest-nord-ouest de Philadelphie Il jugea le pays pendant vingt-deux ans, et
(Rabbath-Hammon), et Seetzen a trouvé s'enrichit pendant son administration : il
dans cette direction les ruines de deux eut trente fils, qui avaient trente villes,
villes, Szér et Szâr, sur un petit fleuve. toutes nommées du nom de leur père,
Qu'est-ce que la mer ou le lac de Jahzer villes de Jaïr, peut-être. en grande partie
dont il est parlé Jér. 48, 32. º Les géo du moins, celles qu'avait conquises leur
JAM 469 JAP

aïeul, et auxquelles de nouvelles posses nius, et chez Pline, qui, énumérant les
sions auraient été ajoutées. Cette même différentes sectes ou partis de magiciens,
contrée conservait encore le nom de Jaïr Semble mettre Moïse et Jamnès Sur le
sous Salomon, 1 Rois 4, 13.— 3° Père de même rang. — C'est Théodoret qui sup
Mardochée, Est. 2, 5. — 4° Les villes ou pose que Paul a puisé dans la tradition
bourgs de Jaïr. v. plus haut. non écrite, et cela n'aurait rien d'éton
JAIRUS, chef ou président d'une syna nant, d'autres faits ayant été également
gogue de Capernaüm ; il n'est connu que empruntés à la tradition. v. Act. 7, 22.
par l'histoire de la résurrection de sa On possède encore une histoire qui doit
fille, Matth. 9, 18. Marc 5, 22. Luc 8, 41. avoir été racontée par saint Macaire, fort
La foi du père fut le salut de sa fille, et ancien moine de l'Egypte; il affirme en
trouva dans cette résurrection un re particulier avoir vu leurs tombeaux.
doublement de force et d'assurance : il JANNA, Luc 3, 24., fils de Joseph ;in
croyait, comme le centenier, et il fut aidé connu. .
dans son incrédulité. JANNES. v. Jambrès.
JAKE, Prov. 30, 1., père d'Agur; in JANOAH, ville située sur les frontières
C0IlIlUl. des tribus d'Ephraïm et de Manassé, Jos.
JAKIM, Matth. 1, 11., probablement 16, 6.; ses habitants furent transportés
un autre nom ou un nom abrégé de Jé en Assyrie par Tiglath-Piléser, 2 Rois 15,
hojakim : mais il doit être rayé de la liste 29. Eusèbe nomme un bourg Janô situé
généalogique de Joseph, parce qu'il ne à 12 milles est de Sichem, et que l'on
se trouve pas dans le plus grand nombre croit être le même que Janoah.
des meilleurs manuscrits; en le conser JAPHET, l'aîné des trois fils de Noé
vant, on trouverait d'ailleurs quinze gé comme il paraît d'après Gen. 10, 21. La
nérations au lieu de quatorze dans la troi bénédiction que son père prononça sur
sième classe. La comparaison de 1 Chr. lui est tirée de la signification même de
3, 15. 16. justifierait sans doute l'authen Son nom, 9, 27. Martin a traduit « Que
ticité du texte reçu, si l'omission de chaî Dieu attire en douceur Japhet, » mais le
nons intermédiaires n'était pas facile et
mot hébreu emporte à la fois l'idée de
même ordinaire dans les généalogies l'extension et de la liberté, et le sens de
orientales. v. Jésus. cette bénédiction serait plutôt « Que Dieu
JAKIN et Boaz. v. Boaz. permette à Japhet de s'étendre libre
JAMBRES et Jannès, 2Tim. 3,8., deux ment, » par opposition à Cam qui sera
des faux magiciens qui résistèrent à Moïse restreint dans ses limites et dans sa li
et à Aaron, Ex. 7, 11., en imitant leurs berté; par opposition aussi à Sem dont le
miracles. Leurs noms ne sont pas rap sceptre sera plus spirituel, dans la famille
portés dans l'Ancien Testament, mais il duquel sera choisie la race théocratique,
est probable que saint Paul les a puisés et dont l'empire dans ce monde sera
dans la tradition orale : selon quelques moins étendu comme pouvoir temporel.
rabbins, ces enchanteurs auraient été les Voici le tableau de sa descendance, tel
fils du faux prophète Balaam. D'après qu'il se trouve indiqué Gen. 10, 1-5.
Origène, il existait fort anciennement JAPHET
déjà un livre apocryphe intitulé Jamnès
et Mambrès, auquel on supposait que 1. Gomer(Askénas, Riphath, Thogarma).
l'apôtre avait emprunté le nom de ces im 2. Magog.
3. Mada'i.
posteurs, ce qui aurait donné à quelques
uns l'occasion d'attaquer mal à propos 4. Javan (Elisa, Tarsis, Kittim, Doda
- l'authenticité de cette seconde épître à Ti nim).
mothée. Ces mêmes noms se trouvent dans 5. Tubal.
les apocryphes, chez les rabbins, dans 6. Mésech.
7. Tiras.
quelques ouvrages mahométans (Abulfa
radsch), et même chez les auteurs païens, Pour les détails, v. les articles spéciaux.
notamment chez le pythagoricien Numé Il y aura bien ci et là des choses peu sû
JAR 470 JAS

res et reposant en grande partie sur des les châtiments du ciel le terme de leurs
conjectures plus ou moins vraisembla cérémonies étrangères, v. Gad.
bles ; mais ce qui est évident, c'est que JAREB, Os. 5, 13. 10, 6., surnom ou
la race de Japhet est celle que les natu épithète donnée probablement à Tiglath
ralistes appellent race du Caucase : la plu Piléser, et qui signifie adversaire, ven
part de ces peuples ont en effet franchi le geur ou médiateur; selon d'autres, le roi
Caucase pour peupler le Nord , et leur Jareb signifierait un roi grand et puis
famille a fini par occuper tout le nord de sant, titre que prenaient assez volontiers
l'Asie, l'Europe, et probablement encore les rois d'Assyrie, cf. 2 Rois 18, 19.
l'Amérique et la Polynésie. Quant à cette JARED, ou Jéred, fils de Mahalaléel,
partie de la prophétie « que Japhet loge vécut neuf cent soixante-deux ans (de
dans les tentes de Sem, » elle n'annonce 3544 à 2582 av. C.). Il devint père, à l'âge
à Japhet ni des conquêtes, ni l'escla de cent soixante-deux ans, d'Hénoc, à qui
vage, mais simplement la pºrticipation il survécut quatre cent trente-cinq ans ;
aux bienfaits de la révélation divine dontil est, après son petit-fils Méthusélah, ce
Dieu avait fait la descendance de Sem dé lui des patriarches qui a atteint le plus
positaire. On y doit peut-être aussi join long àge, Gen. 5, 16.1 Chr. 1, 2. Luc 3,
dre l'idée de la supérioritè intellectuelle | 37
généralement reconnue de la race cauca JARHAH, serviteur égyptien de Sé
sienne sur les autres, et de l'usage que san, probablement affranchi et prosélyte,
les descendants de Japhet sauront faire épousa une des filles de son maître, 1
des inventions et des idées de leurs frè Chr. 2, 34., seul fait de ce genre qui soit
res sémites. rapporté dans l'Ecriture ; il se place à
Le nom de Japhet s'est conservé dans l'époque du séjour en Egypte.
le titan des Grecs Japet, et les traditions JARMUTH, 1°ville des plaines de Juda,
indiennes donnent à leur Noé (Manu Sat Jos. 15, 35. Néh. 11, 29., ancienne rési
ja, c'est-à-dire le juste), trois fils, Schar dence d'un roi cananéen, Jos. 10, 3. 12,
mae (Sem), Charma et Jyapeti ; la malé 11. 15, 35. Saint Jérôme la place à 4 mil
diction de Cam y est aussi rapportée les d'Eleuthéropolis, ailleurs à 10 mil
et pour des motifs semblables à ceux les de la même ville, ce qui est probable
dont parle la Genèse. ment une erreur. 2° Ville lévitique de la
JAPHIA, ville de Zabulon, Jos. 19, 12., tribu d'Issacar, Jos. 21, 29., la même qui
peut-être la même que Sycamine sur la est appelée Remeth dans le passage paral
Méditerranée, non loin du Carmel, entre lèle, 19, 21.
Ptolémaïs et Césarée, à 20 milles de cette JASAR, 2Sam. 1, 18., auteur inconnu
dernière ; peut-être aussi la même que d'un recueil historique et poétique, si l'on
celle que Pline appelle Jebba (5, 17.), et admet la version de nos Bibles. Mais il
qu'il distingue de Sycamine, mais dont il vaut mieux traduire ce nom qui signifie
ne reste plus aucune trace. le juste, le droit, et y voir le titre du mê
JARDINS, v. Gethsémané, Paradis, etc. me livre du Droiturier déjà nommé Jos.
Les passages Es. 1, 29. 65, 3.66, 17., qui 10, 13., ainsi que probablement Nomb.
parlent de sacrifices et de purifications 21, 14., dans une note du texte hébreu.
faites au milieu des jardins, sont une al On a cru, il y a quelques années, avoir
lusion à l'usage idolâtre des Perses, qui retrouvé, dans une bibliothèque de l'O-
accomplissaient leurs lustrations et au rient, ce livre si longtemps perdu.
tres cérémonies sacrées dans les jardins JASOBHAM, 1 Chr. 11, 11., appelé Jo
et hors des villes; nous ne pouvons plus seb-Basébeth dans le passage parallèle
déchiffrer maintenant le détail de ces 2 Sam. 23, 8., où il porte aussi le nom ou
mystères nocturnes, auxquels étaient cen surnom de Hadino, à moins qu'en admet
sés présider Adonis et Vénus ; les Juifs, tant une corruption du texte, on ne doive,
idolâtres par la chair comme par le cœur, avec Gesenius, traduire ce mot et le sui
avaient accepté en grand nombre ce culte vant, et rendre ainsi la fin du verset :
impur, et le prophète leur annonce, avec « c'est lui qui, brandissant sa lance, eut
JAT 471 JEA

le dessus sur 800 hommes, etc. », traduc trict de Daromas, qui était tout entier peu
tion qui est autorisée par la comparaison plé de chrétiens.
de 1 Chr 11, 11. Le nom de Joseb-Basé JAVAN, quatrième fils de Japhet, et pè
beth signifie celui qui habite dans la paix. re d'Elisa, Tarsis, Kittim et Dodanim,
Jasobham, fils de Hacmoni, était le chef Gen. 10, 2. 4. Son nom se retrouve en
des trois principaux guerriers de David, core Ez. 27, 19. Zach. 9, 13., etailleurs. On
et par conséquent le premier de ses hom est d'accord à penser qu'il désigne la Grè
mes d'élite après Joab, qui était établi ce, l'Ionie, q. v.; son nom hébreu n'est
sur tous, 2 Sam. 23, 8.9. Il n'est connu même pas autre chose que Jon, et dans
que par l'exploit mentionné dans ce pas l'Iliade, 13, 685., les loniens sont appelés
sage, et comme l'un des trois chefs qui Jaoniens. Plus tard, les Grecs prirent le
exposèrent leur vie pour procurer un peu nom d'Hellènes, et celui d'Ioniens fut ré
d'eau à leur roi. —v. Abisaï. servé à quelques-uns d'entre eux seule
JASON, parent de saint Paul, Rom. 16, ment, qui passèrent dans l'Asie Mineure,
21., et son hôte à Thessalonique, Act. 17, dont ils peuplèrent une partie des côtes.
5. Il dut comparaître devant les gouver JEAN. L'Ecriture mentionne quatre
neurs de la ville, en l'absence de Paul, personnages de ce nom, le Baptiste , le
que les Juifs, ses ennemis, n'avaient pu fils de Zébédée, un juge de la race sacer
retrOuVer. Accusés de sédition et de com dotale, et le disciple plus ordinairement
plots politiques, Jason et ses amis ne pu appelé Marc. Ce nom, en hébreu Jochan
rent être convaincus, et furent relâchés nan, signifie accordépar la grâce de Dieu,
Sous caution. On pense que Jason accom et correspond ainsi, pour le sens, aux
pagna l'apôtre à Corinthe. Les Grecs le noms de Samuel , Nathanaël , Nathanja,
font évêque de Tarse en Cilicie. Matthieu , Théodore , Diodati , Doro
JASPE, Ex. 28, 18. 39, 11. Ez. 28, 13. thée, Adéodat, etc.
Apoc. 21, 19. Pierre précieuse qui, dans 1° Jean - Baptiste, fils de Zacharie et
presque toute les langues connues, porte d'Elisabeth, Lévite et de la race sacerdo
le même nom dérivé de l'hébreu yashpèh, tale, Luc 1 , 13., fut le dernier prophète
de sorte que l'identité n'est pas difficile à de l'ancienne économie, Elie ressuscité,
établir. C'est plutôt un marbre qu'une le précurseurimmédiat du Messie.Sanais
pierre précieuse proprement dite; il n'est sance fut miraculeuse comme celles d'I-
pas transparent et approche de la nature saac , de Samson, de Samuel, et l'ange
de l'agate. Le plus beau jaspe est vert, qui l'annonça dans le temple lui imposa
avec des veines blanches et des taches aussi le nom qu'il devait porter. Il naquit
jaunes ou rouges; on estime aussi le jaspe six mois avant Jésus, dans les montagnes
incarnat, le pourpre et le rose. Les an de Juda, peut-être à Hébron ou à Jutta
ciens faisaient grand cas d'ornements et (Jos. 21, 16.), et resta dans ces solitudes
de bijoux de jaspe, et Pline dit que si cette jusqu'au commencement de sa vie publi
pierre est surpassée en beauté par plu que, environ l'an 15 de Tibère. Il appa
sieurs, elle conserve toujours le prestige rut au monde avec toute l'austérité de vie
que lui donne sa priorité et l'usage qu'on des anciens prophètes, Nazaréen dans la
en a fait de tout tempS. sobriété de sa nourriture et la simplicité
JATBA (et non Jotba, comme le portent de ses vêtements. Il demeurait mon loin
nos versions), lieu de naissance de Mes de la mer Morte, et c'est là qu'il exhorta
sullémet, mère du roi Amon, 2 Rois 21, le peuple à la repentance et à un complet
19., antique ville de la Judée, dit saint Jé changement de vie, l'engageant à fuir la
rôme. colère à venir, et lui administrant le si
JATHSA. v. Jahats. gne symbolique du baptême pour marquer
JATTIR, ville lévitique des montagnes que toutes choses devaient être faites
de Juda, Jos. 15, 48. 21, 14. cf. 1 Sam. nouvelles. Le peuple accourait à lui de
30, 27. 1 Chr. 6, 57. Eusèbe la nomme toutes parts ; riches et pauvres, phari
Jétheïra, et la place à20 milles d'Eleuthé siens et sadducéens, tous s'empressaient
ropolis, non loin de Malatha, dans le dis auprès du prophète qui venait, après plu
JEA 472 JEA

sieurs siècles de silence , faire entendre leur répondit simplement en parlant du


de nouveau les avertissements et les ora Seigneur : Il faut qu'il croisse et que je
cles de l'Eternel : tous espéraient trouver diminue.
dans les eaux du Jourdain l'expiation de Hérode Antipas ayant ouï parler de
leurs péchés. Ils paraissaient voir dans le Jean-Baptiste, l'attira auprès de lui, plein
baptême de Jean une magique vertu d'a- de respect pour une sainteté qu'il ne se
blution qui devait les dispenser de la pu sentait capable ni d'imiter ni de contrain
reté intérieure, et cette superstition, si dre; il lui demanda ses conseils et l'écou
répandue encore chez quelques sectes tait volontiers, faisant même le bien que
chrétiennes, leur faisait espérer l'impunité Jean lui disait de faire (Marc 6, 20.), tou
dans le mal. MaisJean ne leur cacha point tefois sans préjudice à ses honteuses pas
la vérité; il les repoussa sévèrement, leur sions , et lorsque Jean eut condamné le
montrant dans la purification du cœur le mariage adultère qui l'unissait à sa belle
vrai remède, le seul moyen d'échapper sœur, il fut mis en prison, et bientôt après
aux justes jugements de Dieu. Surpris de décapité, sur la demande de cette femme
tant d'autorité , admirant la sainteté du impure et cruelle.
prophète, le peuple se demandait si cet C'est dans la forteresse de Machaerus
homme n'était peut-être pas le Messie ; ou Machéronte que se passa, au dire de
mais Jean ne les laissa pas dans cette fa Josèphe, ce drame inique et sanglant.
tale erreur : il baptisait d'eau , le Messie Cette tour, bâtie avec magnificence par
devait baptiser du Saint-Esprit; il prê Hérode, était située à une grande hauteur
chait la repentance, le Messie devait prê sur le penchant de la montagne de Nébo,
cher le salut et le pardon ; entre l'un et dont les parois de rochers descendent
l'autre il y avait toute la différence qu'il dans la mer Morte. Des ravins escarpés
y a entre l'Ancien et le Nouveau Testa l'entourent au nord et au midi.
ment, et Jean n'hésita pas à le leur dire : Il n'est pas douteux que Jean-Baptiste
Je suis la voix qui crie au désert : apla n'ait exercé une grande influence et joui
nissez le chemin du Seigneur ; mais il en d'une grande considération à l'époque où
vient un après moi, plus puissant, dont il vécut.Ses prétentions eussent suffi pour
je suis indigne de délier la courroie des diriger sur lui bien des regards; sa sain
souliers. — Parmi ceux qui venaient pour teté et l'austérité de ses mœurs appuyaient
se faire baptiser, Jean vit un jour un de d'une manière puissante les titres qu'il re
ses parents, Jésus de Nazareth : on ne vendiquait, et l'on voit combien le nombre
peut douter qu'il ne le connût, il le re de ses adhérents était considérable et com
gardait même comme un prophète plus bien ces disciples étaient jaloux pour sa
grand que lui, plus saint que lui. Peut doctrine et pour sa gloire, Matth. 3, 5.9,
être tous les mystères de la naissance et 14.Jean 10, 41. Le grand sanhédrin lui
de la vie de Jésus lui étaient-ils encore même s'était ému et avait député auprès
inconnus, et Jean ignorait-il officiellement du précurseur quelques-uns de ses mem
que son cousin fût le Messie promis; mais bres, pharisiens et sacrificateurs, pour
il pouvait le soupçonner, puisque déjà il l'interroger sur sa mission, Jean 1, 19.
s'humiliait devant lui. Il refusa d'abord de 24. Enfin Hérode le courtise, et quand il
le baptiser, et ne céda que lorsque Jésus voit plus tard Jésus faire des merveilles
lui eut fait sentir qu'il était venu pour de puissance, il se demande si ce n'est
accomplir toute justice. Dès lors, Jean pas le Baptiste ressuscité, Matth. 14, 2.
Baptiste se borna à rendre témoignage au Jean n'a pas été seulement précurseur, il
Messie, qu'il avait fini par reconnaître; il a été aussi docteur; il devait préparer la
le montra à la foule, il le montra aux dis voie au Messie, et pour cela, il ne suffi
ciples André et Jean, et comme le peuple sait pas de l'annoncer, il fallait encore
cessa d'accourir auprès de lui pour se faire disposer les cœurs à le recevoir : il a donc
baptiser, et qu'il s'attacha à Jésus, les prêché la repentance, la contrition inté
disciples de Jean, peinés de cet abandon, rieure sans laquelle personne n'acceptera
le firent remarquer à leur maitre; mais il e salut, parce que personme n'en sentir
JEA 473 JEA

le besoin. Il a été chef d'une école, et parateur n'était pas achevée, et refuser
cette école a compté des disciples en de de licencier ses disciples pour les adres
hors de la Judée, dans l'Asie Mineure, ser à un chef qui ne se présentait pas
en Grèce, peut-être même à Alexandrie, avec un caractère public. A sa mort, ses
Act. 18, 25. 19, 3. On voit par Luc 11, 1., disciples continuèrent d'attendre le Mes
qu'il avait été jusqu'à leur donner un mo sie, mais ils restèrent en l'état où Jean
dèle de prière, ce qui indique à la fois les avait laissés; ils n'avancèrent pas en
une grande spiritualité dans sa manière lumière, et leur secte, devenue station
de comprendre le royaume de Dieu, une naire, ne fit pas un pas vers Jésus; privés
grande étendue dans la portée de ses en d'un maître qu'ils avaient grandement
seignements, et une grande autorité sur honoré, ils eussent cru se montrer infi
l'esprit de ses adeptes. Mais on se de dèles à sa mémoire s'ils se fussent tour
mande avec quelque surprise comment il nés vers celui dont leur chef n'avait été
se fait qu'il y ait eu une si longue riva que le précurseur ; ils annoncèrent en
lité entre ses disciples et ceux du Messie, core le Messie, mais ils ne le virent pas,
Matth. 9, 14., Luc 5, 33. 11, 1., rivalité ils ne le reçurent pas, ils ne le recon
qui se produit soit à propos du jeûne, soit nurent pas malgré toutes les manifesta
à propos de la prière, soit à propos du tions de sa gloire, et de nos jours encore,
baptême et des succès croissants de on trouve en Orient une secte qui porte
l'œuvre de Jésus ? On se demande pour le nom des disciples de saint Jean (les
quoi, si Jean a reconnu son parent pour Mandéens, Nazaréens, ou Sabéens), et
« celui qui devait venir, » il ne s'est pas dont les livres saints sont empreints du
joint à lui avec tous ses disciples, pour gnosticisme le plus complet.
quoi il a continué d'exercer son activité On peut donc regarder comme une
d'une manière si indépendante, au lieu de tache dans la vie du Baptiste, comme le
se subordonner au Messie et de devenir fruit d'une trop prudente irrésolution, la
l'un de ses agents ? Pourquoi, puisqu'il prolongation de son ministère de précur
ne se considérait que comme le précur seur. C'est aussi peut-être à un affaiblis
seur, n'a-t-il pas envoyé ses disciples à sement momentané de sa foi que l'on doit
celui qu'il regardait comme le chemin, la attribuer l'étonnante question qu'il fit
vérité et la vie ? Pourquoi n'a-t-il pas faire à Jésus par deux de ses disciples :
déclaré sa tâche accomplie dès le moment Es-tu celui qui devait venir, ou si nous
· où le Saint-Esprit fut descendu sur Jésus devons en attendre un autre ? Matth. 11,
aux bords du Jourdain ? Il faut peut-être, 2., Luc 7, 19. Quelques auteurs pensent
pour le comprendre, admettre que le Bap que Jean n'envoya des disciples à Jésus
tiste a partagé jusqu'à un certain point le que pour fortifier leur foi incertaine et
préjugé d'un règne temporel du Messie les affermir dans la vérité ; mais il serait
et les espérances qu'une interprétation étrange que des hommes aussi dévoués à
trop littérale de l'Ancien Testament avait leur maître n'eussent pas reçu son témoi
fait naître chez les Juifs même les plus gnage sur ce qui faisait la partie la plus
pieux. Il se regardait comme l'avant-cou essentielle de son œuvre, et que Jean eût
reur officiel du roi du monde, et pensait dû les persuader en les envoyant auprès
peut-être que son œuvre ne devait s'ar de celui dont ils étaient jaloux et en qui
rêter que lorsque le Messie lui-même se même ils ne croyaient pas. D'autres théo
serait officiellement déclaré comme tel. logiens pensent que sous la forme d'une
Or, aussi longtemps qu'il voyait Jésus question, le prophète qui était dans les
faire des miracles, prêcher, gagner les fers, voulait engager le Seigneur à hâter
âmes à lui, mais vivre dans l'obscurité, sa manifestation, à accélérer l'exécution
dans le renoncement à lui-même, ne faire de ses plans de miséricorde et de royauté,
que des conquètes spirituelles, et souffrir, à venir le délivrer lui-même de la prison
ce qui, pour les disciples même du Mes dans laquelle il languissait, n'ayant d'es
sie, était encore une énigme impénétrable, pérance que dans le Messie, et voyant la
il pouvait croire que sa mission de pré réalisation de ces espérances indéfini
JEA 474 JEA

ment ajournée. Cette dernière explica à Jésus. Et certes, celui qui demande à
tion se rapproche davantage de ce qui Dieu s'il est Dieu, et au Sauveur s'il est
nous paraît être la vérité; mais il faut en Sauveur, celui-là n'est pas en dehors de
retrancher l'espèce de conseil que Jean la foi : un seul rayon du ciel dissipera
aurait l'intention de donner à Jésus. La l'obscur nuage qui pèse sur son âme.
manière même dont la question est posée Aussi ne voyons-nous aucune contradic
prouve qu'en la faisant, Jean pensait plus tion dans les doutes de Jean, et le témoi
à lui qu'à Jésus, plus à sa position per gnage que Jésus lui rend immédiatement
sonnelle qu'à la mission de Christ; et c'est après avoir répondu aux deux messagers ;
dans l'âme du prisonnier plus que dans c'est bien par rapport à Jean que Jésus
Son esprit que le doute qu'il présente a dit : Bienheureux celui qui n'aura pas été
dù prendre naissance. L'expérience inté scandalisé en moi , mais ces paroles sont
rieure, dit Olshausen, peut seule nous tout ensemble un encouragement et un
faire comprendre la pensée de Jean-Bap avertissement. Le Sauveur est bref parce
tiste. Il y a dans la vie de chaque fidèle que ces combats intérieurs doivent être
des moments où les convictions les plus livrés intérieurement, et que le secours
fortes et les mieux assises viennent à être même ne peut venir du dehors; il voyait
ébranlées; les ténèbres succèdent à la d'ailleurs que, pour Jean, la victoire était
lumière, et l'on est comme abandonné du proche. Puis, quand les messagers sont
Saint-Esprit; or il est à croire que Jean partis, il s'adresse à la foule et leur de
a eu ses moments de faiblesse et de doute mande: Qu'êtes-vous allés voir au désert ?
COmme nous tous. On s'habitue trop en Vous n'y êtes certainement pas allés pour
général à considérer les caractères bi voir seulement des roseaux ou d'autres
bliques comme étant tout d'une pièce, objets de ce genre : vous avez voulu voir
fermes et inébranlables; on les divinise un prophète, et vous l'avez vu; c'est même
trop, et en les élevant trop au-dessus de plus qu'un prophète, c'est l'Elie qui de
l'humanité on leur fait perdre ce qu'il y a vait venir. Peut-être aussi le r0seau et
p0ur nous d'instructif dans leur foi triom l'homme vêtu de vêtements se rappor
phant de leurs doutes; en tout cas, on taient-ils directement à Jean et étaient
sort de la vérité. Un seul a vécu sans pas ils une allusion à la fermeté de la foi et
Ser alternativement du bien au mal et du à la sévérité de sa vie. Quoi qu'il en soit,
mal au bien; un seul a vécu immuable Jésus reproche à la foule d'avoir été seu
dans sa force, parce qu'il était lui-même lement pour voir cet homme admirable,
le Fort, le Puissant; tous les autres ont dû pour voir un prophète, comme s'il y avait
lutter contre les ténèbres intérieures, et là quelque chose à voir, et de n'avoir pas
tous ont pu succomber, pour tous il a pu compris qu'il fallait surtout entendre,
y avoir des jours d'obscurcissement. Et si écouter ses exhortations, les mettre en
l'on se représente le précurseur dans son pratique, et forcer le royaume des cieux.
Cachot, on ne sera pas surpris qu'il ait Jean a été appelé par Jésus le plus grand
eu ses heures d'angoisses, qu'en de pa des prophètes, et c'est lui aussi qui ter
reils moments la tranquille et lente acti mine la longue liste des prophètes de
vité de Jésus lui ait paru peu divine, sus l'ancienne alliance, en même temps qu'il
pecte peut-être, et qu'il ait oublié toutes sert de point de départ au ministère de
ses expériences précédentes pour se lais la nouvelle économie, Mal. 4, 5. Luc 1,
ser aborder par des doutes. Mais dans 17. Act. 1, 22. 10, 37. Matth. 11, 11.
ces doutes encore, que de confiance! dans 13., etc. Esaïe l'avait annoncé (40, 3.),
cette incrédulité, que de foi ! C'est à Jé de même que Malachie 3, 1., et ce der
sus lui-même qu'il s'adresse dans son nier prophète (4, 5.) l'avait fait l'ègal du
incertitude, et sa question n'est autre que plus grand des prophètes, Elie, le contem
cette prière : « Je crois, Seigneur, aide porain d'Achab. Jean-Baptiste a eu sur
moi dans mon incrédulité! » ll ne s'in Elie l'avantage d'avoir vu sa mission cou
terroge pas lui-même, il ne va pas auprès ronnée d'un grand succès, et si le pre
des docteurs et des pharisiens, il va droit mier Elie a fui dans les déserts pour y
JEA 475 JEA

désespérer, le second a vécu dans les Jean paraît avoir possédé une demeure
mêmes solitudes, mais pour accomplir son à lui, Jean 19, 27.: tout cela marque suf
œuvre, prècher et baptiser. — Heureux fisamment qu'il y avait plutôt de l'aisance
ceux qui croient, car le plus petit sous dans cette famille, quoiqu'elle ne fùt
la nouvelle économie est plus grand en point riche. Quant aux rapports de Jean
core que Jean-Baptiste, et les doutes du avec Caïphe, Jean 18, 15., ils prouvent
précurseur ne sont plus permis à ceux peu de chose sur cette terre où le riche
qui savent que le Christ est mort et qu'il et le pauvre se rencontrent.
est véritablement ressuscité. Si Jean était un homme sans lettres,
2° Jean, l'apôtre, d'abord pêcheur de Act. 4, 13., on ne peut douter qu'il n'ait
poissons, puis pêcheur d'hommes, était été élevé dans la crainte de Dieu et dans
fils de Salomé et de Zébédée, cf. Matth. l'attente du Messie; il entendit les ensei
27, 56. Marc 15, 40. Ses parents pa gnements du précurseur, et fut baptisé
raissent avoir été du nombre de ceux qui par lui dans les eaux du Jourdain. Puis,
attendaient la consolation d'Israël; aussi lorsqu'il eut vu Jésus, ce disciple, avide
voyons-nous Zébédée laisser aller son fils de lumière, se tourna entièrement vers
au moment où Jésus l'appelle, et consen lui, l'accepta pour son maître, et fut si
tir aux sacrifices nombreux que Salomé captivé par une première conversation
fait pour Jésus. Ils étaient de Bethsaïda , qu'il resta avec lui depuis quatre heures
ce que l'on conclut de leur association du soir jusqu'à la nuit, Jean 1, 39. Néan
pour la pêche avec les familles de Pierre, moins la sagesse de Jésus ne donnantja
d'André et de Philippe, qui appartenaient mais aux esprits au delà de ce qu'ils peu
à ce village, cf. Matth. 4, 18.21. Jean 1, vent porter, il se borna pour cette pre
44.21, 3-7. ; peut-être étaient-ils comme mière fois à jeter la semence dans l'âme
eux domiciliés à Capernaüm, Luc 4, 31. du disciple, et il l'y laissa germer; ce ne
38. Marc 1, 21.29. Quoi qu'il en soit, ils fut que quelque temps après, que Jésus,
demeuraient au bord du lac de Génésa sur les bords de la mer de Galilée, appela
reth, sur les rives duquel une école de le jeune homme, qui le suivit aussitôt. Il
prophètes avait écouté les enseignements jouit dès lors non-seulement de ses ensei
d'un grand maître sous l'ancienne al gnements, mais de son amitié toute spé
liance; la première école de la nouvelle ciale, et Jésus, après lui avoiraccordé la fa
économie devait partir des mêmes ri veur d'assister à la guérison de la belle
vages. Quelques anciens auteurs ont cru mère de Pierre, Marc 1, 29., à la résurrec
que la famille de l'apôtre était pauvre : tion de la fille de Jaïrus, 5, 37., à la trans
c'est l'opinion de Chrysostome, qui le figurationsurle Thabor, 9,2., et àl'agonie
conclut de ce que Zébédée élevait ses fils de Gethsémané, 14, 33., lui légua encore
dans son propre métier, de ce qu'il rac sa mère en quittant la vie, Jean 19, 26. Il
commode lui-même ses filets, de ce qu'ils a pu être appelé celui que Jésus aimait,
comme Abraham avait été nommé l'ami de
pêchent non point dans la mer mais dans
un petit lac, enfin de ce que les pêcheurs Dieu ; et dans les scènes du Calvaire, il
lui fut seul fidèle. Sans doute il s'enfuit
S0nt ordinairement misérables. Cette der
avec les autres au premier moment de
nière raison n'en est pas une : quant aux
l'arrestation , mais il revint plus tard
autres, elles sont bien faibles, et l'on peut
(l'anecdote racontée Marc 14, 51. 52. se
supposer au contraire que Zébédée jouis
sait d'une honnête médiocrité, car le lac rapporte plus probablement à Marc lui
de Génésareth était fort poissonneux et même qu'à Jean, quoique cette dernière
fournissait à ses riverains une grande opinion ait ses défenseurs), il entre dans
ressource commerciale. Zébédée a des la cour du palais de justice, il se montre
ouvriers, Marc 1, 20., ce qui prouve tout au pied de la croix, lui seul entre les
au moins une certaine extension dans douze, il recueille l'héritage de son ami,
l'ensemble de ses travaux; Salomé assiste il le voit expirer, il voit l'eau et le sang
Jésus de ses biens et achète de l'encens jaillir d'une blessure qui lui est faite d'un
pour l'embaumer après sa mort; enfin coup de lance, et il peut sceller le té
JEA 476 JEA

moignage qu'il rend, de ces paroles : Ce n'ont rien de surprenant si l'on se rap
lui qui le témoigne l'a vu, Jean 19, 35. Au pelle que l'antiquité lui en attribue un
troisième jour il arrive le premier au sé grand nombre, et que la vertu des mira
pulcre, et il croit le premier à la résurrec cles résidait abondamment dans la per
tion de son maître, Jean 20. Pendant les sonne des apôtres, si bien que leur om
quarante jours qui s'écoulent entre la bre même guérissait les malades. On peut
résurrection et l'ascension , il demeure reléguer sans risque au nombre des lé
avec les autres apôtres, il fait avec eux le gendes l'histoire de la coupe de ciguë qui
voyage de la Galilée, et lorsque Jésus se lui fut donnée à boire; cette anecdote ne
fait voir sur les rives du lac, c'est encore repose sur aucune preuve authentique,
lui qui le reconnaît le premier. Le même et nous ne la rappelons que parce que
jour a lieu la réintégration de Pierre dans saint Jean est quelquefois représenté ,
l'apostolat, et Jean, qui avait été le té dans les statues qu'on lui élève , tenant
moin du reniement, fut aussi le témoin à la main une coupe au fond de laquelle
du pardon. Apres l'ascension de Jésus et se trouve un serpent.
l'effusion du Saint-Esprit, il demeura à Une violente persécution ayant éclaté
Jérusalem, probablement encore quelques en 95, sous le règne de Domitien, plu
années ; on le voit surtout avec Pierre, sieurs Eglises furent privées de leurs
Act. 3, 1. 4, 13. 8, 14. Ensemble ils gué chefs, et Jean fut envoyé en exil à Pat
rissent un impotent; ensemble ils sont mos, l'une des Sporades, non loin d'E-
accusés, détenus et relâchés ; ensemble phèse (96). Cet exil est un fait constant et
ils vont bénir la Samarie et faire descen avéré; il n'est sans doute pas en opposi
dre le Saint-Esprit sur ces bourgades sur tion directe avec la translation de Jean à
lesquelles Jean, dans le premier zèle de Rome sous Domitien, et son supplice dans
son ignorance, avait voulu faire tomber l'huile bouillante, mais si Tertullien et
le feu du ciel, Luc 9, 54. Paul, lors de Jérôme racontent ce dernier fait, le si
son premier voyage à Jérusalem, avant lence d'Eusèbe et d'Irénée semble le dé
l'an 40, n'y trouve point Jean, Gal. 1, mentir. C'est pendant son séjour à Pat
18. 19., mais à son second ou troisième mos que l'apôtre fut honoré de ces ma
voyage, il l'y trouve fixé et établi, et l'ap gnifiques révélations qu'il écrivit plus
pelle une des colonnes de l'Eglise, Gal. 2, tard pour l'édification et l'instruction des
9. Dès lors le Nouveau Testament garde fidèles, v. Apocalypse. A son retour à
le silence sur la vie de cet apôtre, dont il Ephèse, Jean trouva l'Eglise en désordre
ne mentionne plus que l'exil à Patmos. et ses membres dispersés. C'est là que
ll paraît qu'il resta à Jérusalem jusqu'à prend place l'histoire bien connue, racon
la mort de Marie, dont la date est incer tée par Eusèbe, Chrysostome et Clément
taine, et que pendant quelques années il d'Alexandrie, du jeune homme qui s'est
vécut missionnaire , évangélisant, à ce joint à une bande de voleurs et que Jean,
que l'on croit, le sud-est de la Palestine; déjà vieux, poursuit jusque dans les mon
mais il est probable que plus tard il alla tagnes. A supposer qu'en passant de
vivre au milieu des Eglises de l'Asie Mi mains en mains, cette anecdote se soit re
neure, et qu'il fixa sa résidence à Ephèse vêtue d'ornements étrangers, comme tout
(60-66). Il devint doublement nécessaire ce qui passe par les mains de Rome, le
dans cette grande ville quand Paul, et fait lui-même n'en paraît pas moins avoir
après lui Timothée, eurent abandonné ce eu lieu, et plusieurs témoignages respec
champ de travail si important , qui se tables le confirment. Enfin, Jérôme nous
trouvait placé comme un point centralen a conservé un dernier trait qui clôt di
tre l'Asie et l'Europe. On comprend qu'il gnement la sainte carrière de l'ami de Jé
ait exercé une suprématie de fait sur tou sus. Vers la fin de sa vie il était trop fai
tes les Eglises environnantes. C'est à ble pour se rendre à pied aux assemblées
Ephèse qu'une maison de bains a dû s'é- des frères, il était trop faible même pour
crouler sur Cérinthe, et que Jean a dû parler aux jeunes gens; mais il répétait
ressusciter un mort, deux miracles qui cependant toujours : Mes petits enfants,
JEA 477 JEA

aimez-vous les uns les autres ; et quand caractère plus vif, plus impétueux, plus
on lui demandait pourquoi il insistait sur ardent qu'on ne se le figure d'ordinaire :
ce devoir, il répondait : « C'est que c'est cela se voit par son opposition au disci
le commandement du Seigneur. » Les an ple qui faisait des miracles sans suivre
ciens sont unanimes à lui donner un grand Jésus, Marc 9, 38., par la demande qu'il
âge; il a vu, selon Irénée, l'avénement fait à son maître d'appeler le feu du ciel
de Trajan, en 98, et il est mort à Ephèse, sur une bourgade des Samaritains, qui
où l'on a longtemps montré son tombeau; avait refusé de les recevoir, Luc 9, 54.,
quoiqu'on l'ait appelé martyr, il ne paraît par la requête orgueilleuse de Salomé en
pas que sa mort ait été violente. Un mal sa faveur et en faveur de Jacques, son
entendu sur les paroles de Christ, Jean frère, Matth. 20, 20., enfin par le nom
21, 22. 23., a accrédité parmi les anciens de Boanergès, q. V., qui fut donné à ces
le bruit que Jean n'était pas mort, et deux frères.
qu'il ne mourrait pas jusqu'à la fin du Evangile. Ce n'est pas une histoire
monde, tandis que Jésus n'avait parlé que proprement dite du ministère de notre
de la destruction de Jérusalem; on l'a en Sauveur , on pourrait l'appeler plutôt ses
conséquence cherché longtemps sur la mémoires ou ses pensées. Il paraît sup
terre, tout en oubliant qu'il parle et qu'ilposer la connaissance des trois autres
vit encore dans ses écrits. Son grand Evangiles, et passe sous silence plusieurs
âge est pour nous un précieux gage de faits rapportés dans ces derniers, la nais
la canonicité des écrits du Nouveau Tes sance du précurseur, celle du Messie, son
tament, et l'on ne peut douter que ce té baptème, sa tentation, l'appel définitif de
moin, qui a vu l'Eglise se former, n'ait plusieurs des apôtres, le nom qu'il leur
aussi eu l'influence d'un témoin sur les donne, leur mission, l'envoi des septan
livres qu'on admettait comme authenti te, un grand nombre de miracles et de
ques, et dont on faisait usage dans l'E- paraboles, plusieurs des instructions de
glise, et que le témoignage qu'il a rendu Jésus, et en particulier le sermon sur la
à la vérité des autres Evangiles n'ait con montagne, la transfiguration, l'institution
tribué à confirmer aux yeux de tous leur de la cène, les angoisses de Gethsémané,
authenticité. l'ascension; il omet ou se borne à rap
Quant au caractère de Jean, c'est un peler ce qui est connu, et se montre ori
mélange admirable de force et de dou ginal dans toute son étendue. La plupart
ceur; une espèce de charme l'entoure, des faits qu'il rapporte ont eu lieu à Jé
c'est le charme des dons de l'esprit, la rusalem ou dans les environs, et il dési
paix de Jésus, l'humilité, la charité, l'a- gne avec plus d'exactitude que les trois
mour, la piété la plus profonde; c'est le autres évangélistes (synoptiques) le lieu,
charme d'un grand zèle et d'un grand sé le temps, les personnes, les circonstan
rieux, mèlé de douceur et de bonté. Si la ces, les usages. Les miracles qu'il raconte
paix est le trait saillant de son cœur et de sont principalement ceux qui sont liés
son activité, ce n'est pas qu'il ait manqué aux enseignements du Sauveur, ou qui
d'énergie, au contraire; mais ses vertus ont fait quelque sensation publique. On
douces nous font oublier ses vertus for ne peut nier qu'il n'y ait une grande dif
tes, parce qu'il n'est pas dans notre na férence, entre cet Evangile et les autres,
ture de comprendre à la fois deux extrê mais encore ne faut-il pas exagérer cette
mes, et les hommes sont rares qui, re différence, comme le fait très bien remar
nommés pour leur douceur, eussent écrit quer Tholuck , et si l'image qu'il nous
ces paroles de 2 Jean 10. : « Si quelqu'un donne des discours, de la vie, de la per
vient à vous et qu'il n'apporte point cette sonne de Christ, est plus grande, elle n'est
doctrine, ne le recevez point dans votre cependant pas autre, et De Wette lui-mê
maison, et ne le saluez point. » i'lusieurs me, qui cherche plutôt les différences que
traits semblent montrer aussi que, dans les ressemblances, avoue que dans ce cas
sa jeunesse, et avant d'avoir eu la pleine particulier les différences sont dans la
connaissance de la vérité, Jean avait un forme plutôt que dans le fond, et qu'el
JEA - 478 JEA

les se comprennent facilement. Notre plan Tholuck avoir mieux compris saint Jean ;
ne comporte pas un examen détaillé des mais tous les deuxl'ont commenté en chré
rapports qui se trouvent entre Jean et les tiens, et leur travaux resteront. Tholuck
synoptiques : on les retrouvera dans les réunit à la brièveté le mérite de fournir
ouvrages spéciaux , parmi lesquels nous tous les moyens exégétiques de lire avec
recommandons surtout Sander, traduit en fruit cet Evangile, comme en général les
français, avec une excellente préface de autres écrits du Nouveau Testament qu'il
M. de Rougemont sur le même sujet(Neu a commentés. — En anglais, Leçons ex
châtel). — Jean a écrit son Evangile à plicatives de Bird Summer.
Ephèse, quoique plusieursauteurs préten Epîtres de saint Jean. Elles sont au
dent qu'il l'a composé pendant les loisirs nombre de trois, et quoiqu'elles ne por
de Patmos. Irénée et Jérôme sont posi tent point de nom d'auteur, non plus que
tifs dans leur témoignage, tandis qu'un l'Evangile, elles ont été attribuées à cet
écrit apocryphe (les douze apôtres) est apôtre, presque sans contestation, les té
la première source connue de la tradition moignagesanciens ne laissant aucun doute
en faveur de Patmos. Quant au temps , à ce sujet. La première porte le nom de
les uns (Basnage, Lampe, Wegscheider) catholique, parce qu'elle a été adressée à
veulent que Jérusalem subsistât encore un ensemble de congrégations, et l'on
lorsque Jean a fait son travail, et ils met pense généralement que Saint Jean l'en
tent la composition de cet Evangile envi voya de Patmos aux Eglises de l'Asie
ron vers l'an 67, opinion qui ne peut guè Mineure et à celle d'Ephèse en particu
re se soutenir. D'autres pensent que Jean lier, malgré certains témoignages apocry
l'a écrit avant l'exil de Patmos, et par phes d'après lesquels l'apôtre l'aurait des
conséquent avant l'Apocalypse; ils s'ap tinée aux Parthes ou aux Juifs convertis
puient sur ce que, Apoc. 1, 5.9., Jean dit d'entre ceux qui étaient exilés parmi les
qu'il a rendu témoignage à Jésus, paro Parthes, au delà de l'Euphrate. Jean y
les qu'ils estiment se rapporter néces combat les mêmes erreurs que dans son
sairement à son Evangile: mais cette preu Evangile; on y retrouve le même plan, le
ve prouve peu. Reste enfin la troisième même style, le même vocabulaire peu ri
opinion, qui place la rédaction de l'Evan che, et dont le verbe aimer semble faire
gile après celle de l'Apocalypse : elle est le fond. L'Homme-Dieu y est annoncé
appuyée par Irénée, Jérôme, Epiphane et d'une manière éclatante; la manière claire
Eusèbe; le style de l'Evangile a aussi quel et précise dont y est présentée la doctrine
que chose de plus soigné, de plus mûri, de Dieu a fait donner à Jean le nom de
comme celui d'un homme plus habitué à théologien par excellence; il expose que
écrire et plus versé dans le maniement de la Parole était au commencement, qu'elle
la langue grecque. était avec Dieu, qu'elle était Dieu lui
On comprend qu'un écrit aussi beau et même; il appelle antichrists, menteurs et
aussi important ait trouvé de nombreux faux prophètes ceux qui le nient, et com
commentateurs; nous n'indiquerons, par me ces séducteurs ennemis de la croix
mi ceux de la Réforme, que Zwingle, Lu commençaient à mettre en avant leurs doc
ther, Mélanchthon, Calvin et Bèze ; puis, trines déjà vers la fin du premier siècle,
au siècle dernier, en 1724, Lampe d'U- saint Jean, le dernier des écrivains du
trecht, plein d'érudition, de sagacité et Nouveau Testament, a élevé ce boulevard
de chaleur chrétienne. Parmi les auteurs inébranlable contre lequel se meurtris
plus récents, nommons Paulus dont la ré sent les faux théologues de nos jours.—
putation comme orthodoxe moderne est La seconde et la troisième épître sont
faite et perdue depuis longtemps; Kui adressées à des particuliers ; on a voulu
nœl, bon répertoire; Lucke; Clarke; Ols leur donner pour auteur un autre Jean,
hausen (trad. en français); enfin Tholuck : mais le témoignage d'Irénée repousse
ces deux derniers sont les plus connus, cette supposition. et le style, comme aucsi
et peut-être aussi les plus dignes de l'ê- la pensée intime, affectueuse et dogmati
tre. Olshausen paraît avoir mieux senti, que, rappelle la manière de saint Jeanl'a-
JEB 479 JEC

pôtre, celle de l'Evangile, celle de la pre de l'entrée des Israélites en Palestine, ils
mière épître. occupaient, avec les Héthiens et les autres
On a voulu entendre, par la dame élue, tribus de la même race, les montagnes si
une Eglise particulière; d'autres même tuées entre le Jourdain et la Méditerra
(comme Hammond) l'ont entendu de l'E- née, Nomb. 13, 30. Jos. 9, 1. 11, 3. Ils se
glise chrétienne tout entière. Ce sont des gouvernaient monarchiquement, Jos. 10,
jeux d'esprit. Le plus simple est de pren 1. 23. Ils s'allièrent à Jabin, roi de Hat
dre les mots pour ce qu'ils sont, et de sor, pour faire la guerre à Israël, mais Jo
voir dans cette dame une dame, et dans ses sué les défit après plusieurs batailles, et
enfants des enfants ; l'épithète élue se les mit pour plusieurs années hors d'état
rapporte soit à quelque distinction ter de recommencer, Jos. 11, cf. 24, 1 l. Quant
restre, soit plutôt à l'élection du Sau à Jébus, leur ville principale, celle qui
veur. L'époque de la rédaction est incer porta plus tard le nom de Jérusalem (q.
taine, mais elle se place dans la vieillesse v.), il ne paraît pas que Josué ait entre
de l'apôtre. pris de la réduire, et dans tous les cas
La troisième épître enfin est adressée à elle resta au pouvoir des Jébusiens jus
un certain Gaïus, qui paraît avoir été con qu'aux jours de David, qui en fit la capi
verti par l'apôtre, V. 4., et qui est aussi tale de son royaume, Jos. 15, 8. 63. 18,
différent du Gaïus dont il est parlé Rom. 28.2 Sam. 5, 6. 1 Chr. 11, 4. Sous les ju
16, 23. 1 Cor. 1, 14., lequel était un en ges, les Jébusiens apparaissent comme la
fant spirituel de Paul. Date incertaine; plus forte des tribus cananéennes, Jug.
probablement contemporaine de la secon 19, 11.; un petit nombre d'lsraélitesseu
de. Jean loue Gaïus de l'accueil bien lement réussissent à s'établir dans leur
veillant et hospitalier qu'il accorde aux ville, Jug. 1, 21. cf. 3, 5.; mème lorsque
frères missionnaires, et il blâme la con Jébus est conquise, les Jébusiens ne peu
duite d'un certain Diotrèphe, orateur, s'é- vent en être entièrement chassés, 2 Sam.
vaporant en mauvais discours, inhospita 24, 16. 18., et Salomon doit encore lutter
lier pour son compte, et cherchant à pro avec eux pour achever de les soumettre
pagersa présomptueuse intolérance, parce au tribut, 1 Rois 9, 20. On retrouve des
qu'il aime à être le premier. Jébusiens jusqu'après l'exil, Esd. 9, 1.
Apocalypse. v. cet article. JECHONIAS(que l'Eternel établit), fils
3° Jean, Act. 4, 6., sacrificateur, peut de Jéhojakim et petit-fils de Josias, por
être le fils d'Anne, dont Josèphe parle à tait aussi les noms de Chonja et de Jého
plusieurs reprises. Il est nommé parmi jachin, 1 Chr. 3, 16. Matth. 1, 12. 2 Rois
ceux qui assistèrent à la comparution de 24, 6.2 Chr. 36, 8. Il fut, dès l'âge de
Pierre et Jean devant le conseil, après la huit ans, associé au trône de son père,
guérison de l'impotent. avec qui il régna dix ans, puis il lui suc
4° Jean. v. Marc. céda, mais seulement pour trois mois et
JEANNE, Luc 8, 3., épouse de Chuzas dix jours. Il fit le mal comme son père et
et l'une des pieuses femmes qui ont con fut puni comme lui. Jérémie lui fit révé
sacré, pendant plus de trois années, une ler par deux fois les malheurs qui devaient
partie de leur fortune à l'entretien du fondre sur lui (13, 18. 22, 24.) ; bientôt
Christ et des douze missionnaires qui ces oracles s'accomplirent : Jéchonias fut
voyageaient avec lui. Fidèle au Sauveur assiégé par Nébucadnetsar, pris avec sa
jusqu'à sa mort, elle vint lui faire une vi famille et les principaux d'entre les Juifs,
site au sépulcre avec Marie Madeleine et et conduit à Babylone, où il demeura tren
les autres amies de Jésus, et ne l'ayant te-six ans dans une dure captivité, jus
point trouvé, elles allèrent raconter en qu'à ce qu'à lamort de Nébucadnetsar Evil
sembleaux apôtres l'apparition des anges, mérodac le sortit de sa prison, le traita
les paroles qu'ils leur avaient dites, et la avec honneur, et le mit au-dessus des au
résurrection de leur maître, Luc 24, 10. tres rois qui étaient comme lui captifs à
JÉBUS, Jébusiens, Gen. 10, 16., peu Babylone, 2 Rois 25, 27. Jér. 52, 31. On
plade de la famille des Cananéens. Lors peut croire , par l'heureux changement
JEH 480 JEH

qu'il éprouva dans son extérieur, que l'é- alors qu'il s'était attiré ces malheurs par
preuve lui avait été salutaire, et qu'il s'est ses fautes, et parce qu'il avait suivi en
tOurné vers Dieu en se repentant de ses toutes choses les traces de son père; il
fautes. Son nom se trouve encore Ez. 1, s'humilia, il implora le pardon de l'Eter
2. Est. 2, 6. Jér. 24, 1. 28, 4. 29, 2. 37, nel, et quoique sa conversion fût bien im
1. v, Jésus et Salathiel. parfaite, Dieu daigna y avoir égard , et
JEDAHIA. v. Heldaï. lui accorda quelque repos. Son fils Joas
JEDD0. v. Hiddo. lui succéda et rétablit la prospérité du
JEDIDJA, 2 Sam. 12, 25., un des noms pays. cf. 2 Rois 14, 1.2 Chr. 25, 17.
de Salomon, q. v. Il signifie aimé de Dieu. JEHOJACHIN. v. Jéchonias.
v. verset 24. JEHOJADAH (que l'Eternel connaît),
JEDUTHUN. v. Asaph. ou Joad, 2 Rois 11, 4.2 Chr. 23, 1., etc.
JEHlEL, 1° Rubénite, 1 Chr. 5, 7.—2° souverain sacrificateur, successeur de Ha
Benjamite et fondateur de Gabaon. 1 Chr. zaria, époux de Jéhosébah, et père de Za
9, 35. 8, 29. Peut-être ne fut-il que le charie. Il vécut aux jours d'Achazia et
chef des Benjamites qui s'établirent dans d'Hatalie, et put soustraire à leur fu
cet endroit. reur le jeune Joas, neveu de son épouse
JEHOACHAZ (que l'Eternel possède), et dernier rejeton de la race royale de Da
1° v. Achazia. 2° Jéhoachaz ou Sallum, 1 vid. L'enfant, encore à la mamelle, fut ca
Rois 23, 30. 2 Chr. 36, 1. cf. 1 Chr. 3, ché dans le temple avec sa nourrice (884
15. Jér. 22, 11., fils de Josias (probable av. C.), et ce n'est que dans la septième
ment le second, mais en tout cas ni l'aî année que Jéhojadah crut pouvoir le re
né ni le plus jeune), et son successeur au véler à sa nation, et renverser ainsi du
trône de Juda, fut le dix-septième roi de même coup l'usurpatrice et les idoles. La
ce pays (611 av. C.). Il fut appelé par le conjuration théocratique réussit, et le
peuple à porter une couronne que sa nais peuple retrouva son Dieu avec son roi.
sance ne lui donnait pas ; il fut sacré à Le temple de Bahal fut démoli ; Jéhoja
Jérusalem, mais il suivit les égarements dah rappela l'alliance de l'Eternel avec le
de ses ancêtres, et rétablit les idoles que roi et le peuple, et aussi longtemps qu'il
son père avait renversées. Son règne fut vécut le royaume prospéra, parce que le
court ; au bout de trois mois il fut fait peuple fut fidèle à son Dieu. Il résolut de
prisonnier, emprisonné d'abord à Ribla, faire au temple des réparations devenues
en Syrie, puis emmené en Egypte par nécessaires, par suite d'un long abandon,
Pharaon Néco. Sophonie, contemporain et il fit amasser pour cela des sommes
de Jéhoachaz, fait de l'état moral de Juda considérables dans toutes les villes de
un tableau qui laisse facilement compren Juda ; mais ce projet ne se réalisa entiè
dre comment, après les mesures pieuses rement que lorsque le roi, devenu ma
et réformatrices de Josias, l'idolâtrie et jeur, put joindre son autorité à celle du
l'impiété purent cependant éclater de nou souverain pontife, et presser les lévites
veau avec tant de force dans ce malheu trop indolents. La régence de Jéhojadah
reux pays. — C'est peut-être de Jéhoa est justifiée et louée par ce qui est dit de
chaz qu'Ezéchiel a voulu parler, 19, 3., Joas, qu'il fit ce qui est droit devant
SOuS l'emblème d'un lionceau. l'Eternel pendant tout le temps que Jé
3° Jéhoachaz, 2 Chr. 25, 17., ou plus hojadah le sacrificateur l'enseigna : l'é-
ordinairement Joachaz, onzième roi d'Is lève a fait l éloge du maître, et rien dans
raél, fils et successeur de Jéhu. ll régna toute la conduite de Jéhojadah ne vient
dix-sept ans (856-839), 2 Rois 13, 1., et ternir la pureté de son désintéressement.
paraît, d'après le verset 10, avoir admis Il mourut à l'âge de cent trente ans (834
son fils à la régence dans les dernières av. C.), et fut enseveli dans les tombeaux
années de sa vie. Le royaume eut beau des rois à Jérusalem, « parce qu'il avait
coup à souffrir des invasions des Syriens fait du bien en Israël envers Dieu et en
(Hazaël et Benhadad), et Joachaz fut ré vers sa maison, » 2 Chr. 24, 16. — Son
duit à la dernière extrémité , il comprit nom ne se retrouve que Jér. 29, 26.
*.

JEH 481 JEH

2° Jéhojadah ou Jojadah, Néh. 12, 10., Rois 24, 6. 2 Chr. 36, 8. Jér. 22, 19. 36,
grand sacrificateur, successeur d'Eliasib, 30.; les deux dernières semblent contre
contemporain de Néhémie. La date pré dire les premières ; Prideaux, Jahn et
cise de son pontificat est inconnue com Haevernick cherchent à concilier ces no
me l'année de sa mort. tices différentes, en supposant que Jého
JEHOJAKIM ou Eliakim (que l'Eter jakim a péri pendant le siége dans une
nel établit, ou ordonne), 1 Chr. 3, 15.2 sortie dont il n'est pas parlé dans les li
Rois 23, 34. 2 Chr. 36, 4., fils aîné de vres historiques , on peut cependant se
Josias et de Zébudda, ne monta sur le passer de cette hypothèse, admettre que
trône qu'après que son frère Jéhoachaz Jéhojakim est mort de mort naturelle à
en eut été renversé. Il règna onze ans Jérusalem, et que Nébucadnetsar, à son
(610-599) et fut d'abord tributaire du roi arrivée trois mois après, irrité de ne
d'Egypte, Nécho, qui lui avait fait obte plus pouvoir le punir vivant, l'aurait fait
nir la couronne. Il marcha dans les voies arracher à son tombeau et jeter hors de
de l'iniquité, comme faisait alors la nation la ville. Le cadavre de ce roi portait la
toute entière. Au commencement de son marque des incisions qu'il s'était faites
règne il fit poursuivre le prophète Urie en l'honneur des faux dieux ; on put lire
en Egypte où il s'était réfugié, il le fit sur son corps le sort des idolâtres. —
périr par l'épée et refusa à son cadavre Quant au caractère de Jéhº,akim, voici le
les honneurs de la sépulture, Jér. 26, 1. portrait qu'en fait Jérémie, 22, 13-18. « Il
21. 2 Rois 24, 1. Plus tard, Jérémie rem bâtit sa maison par l'injustice, et ses éta
plit auprès de ce malheureux monarque ges sans droiture ; il se sert pour rien
les fonctions d'un fidèle interprète de la de son prochain et ne lui donne point le
volonté divine, et n'échappa qu'avec peine salaire de son travail : tes yeux et ton
et par la protection du Seigneur aux or cœur ne sont adonnés qu'à tOn gain dés
dres donnés de l'arrêter, lui et Baruc, honnête, qu'à répandre le sang innocent,
persécutions qui ne manquent jamais aux qu'à faire tort et qu'à opprimer. » — Son
témoins de la vérité vis-à-vis d'une gé nom se trouve encore, mais comme sim
nération corrompue.Jéhojakim jette mê ple indication de date, ou accompagné du
me au feu, après l'avoir déchiré avec un nom de son fils, Jér. 1, 3. 52, 2. 25, 1.
canif, le recueil des oracles célestes, 27, 1. 24, 1. 35, 1. 28, 4. C'est aussi lui
comme l'autruche qui pense échapper aux qui est nommé Jakim, Matth. 1, 11., dans
coups du chasseur en cachant sa tête dans la seconde division de la liste généalo
le buisson, comme aussi les hommes ir gique du Sauveur ; l'existence de ce nom
régénérés qui refusent de penser à la dans les premiers manuscrits n'est pas
mort parce qu'elle leur fait peur. — En prouvée; il est probable qu'il a été ajouté
606, Nébucadnetsar, corégent de son père plus tard et qu'on doit le supprimer.
Nabopolassar, bat les Egyptiens à Circé JÉHONADAB. v. Jonadab.
sium à l'embouchure du Chaboras dans JEHONATHAN, Jér. 37, 15. 38, 26.,
l'Euphrate, Jér. 46, 2.; il s'avance jusque peut-être le même que Jonathan fils de
près de la Méditerranée, menace Jéhoja Karéah, 40, 8., un des secrétaires de Sé
kim de l'emmener captif à Babylone, et décias; il laissa changer sa maison en pri
finit par lui laisser son trône moyennant son pour y retenir dans les fers Jérémie
un fort tribut; il emporte en même temps qu'il haïssait. Le prophète maltraité sup
les vases du temple, et prend en ôtages plia le roi de lui donner un autre loge
Daniel et ses amis. Trois ans après, en ment, soit que la prison fût malsaine,
603, Jéhojakim se révolte contre Nébu soit que Jérémie eût à se plaindre du
cadnetsar, qui, trop occupé des guerres geôlier; en tout cas il dit que s'il devait
importantes qu'il livre en Orient, ne peut y rester ce serait pour y mourir.
songer que plus tard (599) à punir la dé JEHOSEBAH, femme de Jéhojadah le
fection de son vassal. Jérusalem est prise, souverain sacrificateur, q. v., et tante du
et son roi périt. On a, sur la mort de Jé roi Joas ; fille de Joram, probablement
hojakim, les quatre données suivantes, 2 par une autre femme que Hathalie, et sœur
I. 31
JEH 482 JEP

d'Achazia. On ignore l'époque de sa mort. par Hazaël, inquiétassent les dernières


JÉHOSUAH. v. Jésuah. années de ce règne, vainquissent les ls
JÉHOTSADAK ou Jotsadak, Lévite et raélites, et s'emparassent de tout le pays
membre de la famille sacerdotale, Suivit situé au delà du Jourdain. Quant aux dé
à Ribla son père Séraja, le dernier des tails de l'usurpation de Jéhu et à la ma
souverains sacrificateurs avant l'exil de nière dont elle s'accomplit, il faut lire 2
Juda ; il ne paraît pas avoir lui-même Rois 9 et 10,; aucun récit ne saurait être
exercé ces fonctions, à cause du malheur plus concis, plus énergique, plus rapide,
des temps où il vécut; mais Jésuah, son que le récit de l'historien sacré. Le nom
fils, qui survécut à la captivité, reprit avec de Jéhu se retrouve 2 Rois 12, 1. 13, 1.
ses droits l'exercice de ses devoirs, 1 Chr. 14, 8.2 Chr. 25, 17. Os. 1, 4.
6, 15. Esd. 3, 2. 5, 2. Néh. 12, 26. Agg. JEHUCAL ou Jucal, Jér. 37, 3. (587
1, 1: Zach. 6, 11. ans av. C.), un des officiers de Sédécias,
JÉHU. 1° Prophète , et fils de Hanani fut envoyé par son maître auprès de Jé
le prophète (953 av. C.). On ne sait autre rémie pour lui demander ses priêres ; le
chose de lui sinon qu'il exerça son mi prophète lui fit annoncer le retour des
nistère au temps de Bahasa, roi d'Israël, Caldéens et la prise de Jérusalem. Jucal
1 Rois 16, 1.7.12., et que Dieu l'employa Se joignit alors à ceux qui demandèrent
encore un demi-siècle plus tard pour au roi la mort de Jérémie, parce que ses
porter au roi de Juda, Josaphat, un mes Oracles tendaient à décourager le peuple,
sage à la fois de reproche et de pardon, 38, 1. 4.
2 Chr. 19, 2. Il est aussi nommé 2 Chr. JEHUDI, Jér. 36, 14.21., un des offi
20, 34., comme auteur d'un ouvrage his ciers de Jéhojakim, fut chargé par le roi
torique. Enfin, selon quelques personnes, d'aller demander à Baruch le terrible rou
il faudrait lire Jéhu au lieu d'Elie dans leau , ce fut lui qui en commença la lec
le passage 2 Chr. 21, 12., parce que Elie ture, mais lorsque le roi Osa porter sur
était déjà monté au ciel avant le règne le saint livre une main sacrilége, Jéhudi
de Joram. n'osa pas s'y opposer, il laissa faire.
2° Jéhu, dixième roi d'Israël, occupa JEKABTSEEL, Néh. 11, 25., ou sim
le trône pendant vingt-huitans (884-856). plement Kabtséel, Jos. 15, 21.2 Sam. 23,
D'abord simple officier de l'armée de Jo 20., ville de la tribu de Juda sur les fron
ram, il avait été désigné comme succes tières de l'Idumée,
seur de ce roi par l'onction sainte que JEKUTHlEL, 1 Chr. 4, 18. Jos. 15, 34.,
le prophète Elisée lui avait administrée de la tribu de Auda, chef de Zanoah ; du
de la part de l'Eternel, 1 Rois 19, 16. reste, inconnu. -

Mais une impatience charnelle, et le man JEMlMA, Ketsiha et Kéren-Happuch,


que de foi, le portèrent à presser l'exé Job 42, 14., noms ou surnoms des trois
cution du décret divin qui le destinait à filles de Job ; le premier signifie belle
fonder une nouvelle dynastie, et il se comme le jour, le second, la casse, q. V.,
fraya le chemin du trône par l'assassinat. et le troisième, corne de parfums, v. An
Il exécuta l'extirpation de la famille d'A- timoine. Ces noms, tout à fait dans le
chab et de tous les serviteurs de Bahal goût oriental, indiquent la grande beauté
avec une énergie foudroyante; il fut dans des jeunes filles. Il est dit qu'elles eurent
la main de Dieu un instrument de des une part dans l'héritage de leur père, ce
truction , mais lui-même était loin d'être qui n'avait lieu que lorsque le père de
droit dans ses voies. ll abolit le culte ex famille était très riche. On remarque
térieur de Bahal, mais l'idolâtrie resta aussi avec surprise que les filles seules
dans les cœurs, et lui-même adora les sont nommées, tandis que les fils de Job
veaux d'or, comme firent aussi ses suc ne le sont pas; il est difficile de se ren
cesseurs. Dieu donna en conséquence de dre compte de cette anomalie, dans l'ar
mauvais jours à lsraël, et pour déraciner chéologie du livre de Job.
l'idolàtrie par les tribulations et les cala JEMINI. v. Benjamin.
mités, il permit que les Syriens, conduits JEPHTHÉ, Jug. 11, 1.(1188 av. C.)Ce
JER 483 JER

neuvième juge d'Israël était l'enfant illé Guédor, de même que Pénuël, 1 Chr. 4,
gitime de Galaad et d'une de ses concu 18.4. Ils étaient de la tribu de Juda, et
bines. Repoussé de la famille par la flé paraissent avoir été fondateurs ou prin
trissure de sa naissance, il vécut long ces de la ville de Guédor, mais on ignore
temps en aventurier dans les solitudes l'époque à laquelle ils vécurent.
de Tob en Syrie ; mais son pays eut be JEREMIE. 1° Prophète hébreu, fils de
soin de lui, les Hammonites s'étaient Hilkija, de la race sacerdotale, natif de
avancés contre Galaad , et Jephthé con Hanathoth, dans la tribu de Benjamin,
sentit à les repousser, à condition que le Jér. 1, 1.32, 8.Sa vocation était déjà an
pouvoir lui restât, s'il était vainqueur : il noncée avant sa naissance, et fort jeune
le fut; le guerrier devint juge du pays, encore, âgé de quatorze ans à peine, il
mais le père dut offrir en sacrifice sa fille Commençal'exercice de son ministère dans
qu'il avait vouée aux dieux païens. Après la treizième année du roi Josias (628
cette victoire, si tristement couronnée, 627 av. C.). Il demeura jusque près de sa
Jephthé fut appelé à une victoire égale fin à Jérusalem, seul , sans famille (16,
ment triste sur ses frères d'Ephraïm, qui 2.), presque sans amis, annonçant le mal
s'élevèrent contre lui, redoutant sa supé heur à ses concitoyens, qui ne s'en ef
riorité ; les négociations qu'il entama frayaient point; le bonheur, et ils refu
avec eux, et les explications qu'il leur saient d'y croire. Presque toujours me
donna n'ayant amené aucun résultat, il naçant dans ses prophéties, il vit pres
dut prendre les armes, et les vainquit ; que toujours les hommes répondre à ses
42,000 hommes périrent dans cette guer oracles par des menaces ou de mauvais
re. Dès lors Jephthé jugea en paix Israël traitements; il dut pleurer sur lui-même
pendant six ans, puis il mourut et fut en en pleurant sur les autres, mais il ne sut
seveli en Galaad. Son nom est rappelé jamais faiblir ni déguiser la vérité, quel
dans un discours de Samuel, 1 Sam. 12, les que fussent les prières ou les mena
11., et dans l'épître aux Hébreux, 11, ces. Il ne se laissa point décourager par
32. Les diverses questions que soulève l'opiniâtre résistance , ni aigrir par la
l'histoire de ce chef célèbre sont exami malveillante fureur de ses ennemis : il les
nées dans mes Juges d'Isr., p. 86-95. On aimait, il les plaignait, et ne cessa de les
y trouvera aussi une poésie de M. le pas conjurer de chercher leur bonheur dans
teur Fréd. Chavannes, le Dernier Chant l'accomplissement de la volonté divine ;
de la fille de Jephthé. dévoué à son pays, à cette Judée qui le
JERAH, Gen. 10, 26., Joktanide nom persécutait, il resta le témoin infatigable
mé entre Hatsarmaveth et Hadoram; in de la vérité , l'ennemi, toujours ferme
connu. Jérah signifie, en hébreu, la lune, dans sa modération, de l'erreur, de l'in
et se retrouve également dans le nom de crédulité, de l'obstination ; il remplit
Jérico, d'où quelques targums ont voulu dignement sa mission d'ambassadeur des
induire que Jérah avait été le fondateur cieux, et fut en Juda comme un homme
de cette ville, mais c'est une explication d'un autre monde ou d'un autre temps.
qui ne peut se soutenir. Michaélis, avec Sa vie a été remplie d'événements, et n'en
plus de raison, quoique l'on ne puisse est pas moins monotone , parce que ces
rien décider, pense à la côte et à la mon événements se ressemblent tous, ils se
tagne de la Lune, en Arabie, près la mer passent tous dans la sphère de la fidélité
des Indes. . d'une part, de la persécution de l'autre.
JERAHMEEL. 1° Fils de Kis, 1 Chr. Il commença sous le règne de Josias et
24, 29. — 2° Fils aîné de Hetsron, frère continua sous Jéhoachaz, Jéhojakim, Jé
de Ram et de Célubaï, de la tribu de Ju chonias et Sédécias. Après avoir prophé
da, 1 Chr. 2, 9.25.26.27. —3° District tisé d'abord à Hanathoth, il se rendit à
de la partie méridionale de Juda; il fut Jérusalem, 11 , 21. 22. cf. 12, 5. 6., et
occupé sans doute par les descendants du l'on ne connaît aucun détail de son his
fils de Hetsron, 1 Sam. 27, 10. 30, 29. toire jusqu'en la quatrième année de Jé
JÉRED, 1° v. Jared. 2° Jéred, père de hojakim, où il faillit périr pour avoir
JER 484 JER

annoncé la destruction de Jérusalem et au Caire; quelques-uns pensent qu'il est


du temple , Jér. 26. Sous Jéchonias il revenu en Judée ; quelques pères enfin,
prophétise encore, 2 Chr. 36, 12., mais s'appuyant sur Matth. 16, 14., pensent
son ministère n'est interrompu, ni si qu'il n'est pas mort, mais qu'il a été en
gnalé par aucun événement. Enfin, sous levé au ciel comme Elie.
Sédécias, à l'approche des grands mal Prophéties. Les oracles de Jérémie sont
heurs de Jérusalem, il parle avec plus de en général écrits dans un style large et
force encore, avec plus de clarté, ses ora abondant, moins obscur que celui de la
cles sont plus effrayants, et les persécu plupart des autres prophètes. Les emblè
tions redoublent, Jér. 11 et 12. Ceux de mes y abondent, mais s'expliquent facile
Hanathoth mème, sa ville natale, s'élè ment : celui du potier qui, d'un vase bri
vent contre lui, 11, 2l. , plus tard il est sé, en reforme un autre,annonceaux Juifs
renfermé dans la maison de Jéhonathan, que Dieu peut détruire leur race perverse
37 et 38., parce qu'il a voulu quitter Jé pour se faire un autre peuple obéissant
rusalem qui s'est rebellée contre le roi et fidèle, 18, 2. ; ailleurs c'est un pot de
de Babylone, malgré les conseils et les terre que le prophète met lui-même en
oracles du prophète. Conduit devant Sé pièces dans la vallée de Hinnom, 19, 1. ;
décias, il lui réitère l'annonce des mêmes ailleurs, un joug chargé de liens, qu'il
malheurs, et obtient une autre prison porte sur son cou, 27 et 28.; ou bien, l'a-
moins dure, un geôlier moins sévère, chat d'une propriété, 32, 7.; ou encore,
37, 17. Ses ennemis, irrités du change une ceinture de lin qu'il cache dans une
ment qui s'est opéré dans sa position, des cavernes de l'Euphrate, 13, 1. C'est
demandent sa mort à Sédécias; le pro également comme symbole qu'il fait ap
phète est jeté dans une fosse boueuse où peler devant lui les Récabites, 35, 1. Les
il eût péri si Dieu n'eût veillé sur ses oracles de Jérémie ont été réunis sans
jours , et ne l'eût sauvé par le moyen égard à la chronologie, et il règne dans
d'Hébed-Melec, 39, 15. Enfin Jérusalem leur arrangement un pêle-mêle qu'il est
est prise, et Jérémie trouve dans le mal plus facile d'apercevoir que de débrouil
heur public son entière liberté; le roi ler. Abarbanel a dit que c'était un livre
païen le sauve quand les rois juifs l'ont qu'il fallait lire sens devant derrière
persécuté; et si Jérémie est un instant, (priùs posteriùs et posteriùs priùs). On a
par mégarde, chargé de chaînes et con fait beaucoup de travaux pour essayer de
duit à Rama, il est bientôt remis en li rétablir ces oracles dans l'ordre dans le
berté par ordre de Nébuzaradan, et pré quel ils ont été prononcés; le commen
fère rester dans sa patrie que de suivre taire français de Dahler est à cet égard un
les vainqueurs à Babylone, où de grands des meilleurs, comme il est en général
honneurs lui sont promis. Un parti était utile à consulter sur toutes les difficultés
resté en Judée, celui de Johannan, qui relatives aux temps et aux prophéties de
projetait d'aller chercher en Egypte une Jérémie. En anglais, un des meilleurs ou
patrie nouvelle, un asile contre de nou vrages est celui du docteur Blayney.Voici
velles invasions : ils s'adressent à Jéré comment il fixe la suite des chapitres :
mie pour faire légitimer leur résolution 1° les prophéties qui ont été prononcées
par un oracle, mais le prophète cherche sous le règne de Josias 1-12 , 2° celles
à les en dissuader, chap. 42 et 43. La foule qui ont été prononcées sous Jéhojakim
se tourne également vers l'Egypte , on 13-20 : 22; 23; 35; 36; 45-48; 49, 1-33;
émigre en masse, et plutôt que d'aban 3°sous Sédécias, 21 ; 24; 27-34; 37-39 ;
donner ces malheureux, le prophète les 49, 34-39; 50 ; 51 ; 4° celles qui furent
accompagne et cherche, mais en vain, à prononcées pendant le gouvernement de
les préserver de l'idolâtrie et surtout du Guédalia, depuis la prise de Jérusalem
culte des astres. Ici s'arrête son histoire, jusqu'au départ du peuple pour l'Egypte,
le lieu et l'époque de sa mort sont incon 40-44. On doit remarquer comme plus
nus. Il est probable qu'il est mort à particulièrement messianiques les passa
Taphnès; d'autres montrent son tombeau ges 23, 5. 6., où Christ est appelél'Eter
JER 48 5 JER

nel notre Justice ; et 31 , 31-36. 33, 8., abandonnée. Les quatre premiers chapi
qui annoncentl'efficace de l'expiation faite tres sont cOmpOsés de strophes acrosti
par la mort de Jésus, le caractère spiri ches suivant l'ordre alphabétique ; au
tuel de la nouvelle alliance, et l'influence chapitre 3 les strophes sont de trois ver
profonde et intérieure de l'Evangile, sets : ce même genre de poésie se re
cf. Hébr. 8, 8-13. 10, 16.—Le prophète trouve dans quelques psaumes et dans
Jérémie est cité, Matth. 27, 9., au lieu de quelques chapitres des Proverbes ; l'au
Zacharie, 11, 12., soit que Jérémie, étant teur sacré, en y ayant égard, a consulté
l'un des plus importants des prophètes, peut-être le goût de son temps, peut-être
eût donné son nom comme titre général aussi la mémoire de ceux à qui s'adres
au recueil de toutes les prophéties, soit saient ses chants. POur un autre Ordre
qu'il y ait eu une faute ou une addition on ne saurait en chercher; le prophète
de copiste, ou un manque de mémoire s'abandonne à ses sentiments douloureux
chez saint Matthieu, soit enfin par une plus qu'il ne s'attache à leur donner une
confusion (appelée synchyse) de deux forme, et ses plaintes ne sont pas un dis
passages en un seul , cf. le passage cité cours ; l'espérance qui le soutient au mi
de Zacharie avec Jér. 32, qui n'est pas lieu de ses peines, c'est la pensée que
sans analogie matérielle avec Matth. 27. lors même que la terre est déserte et le
On peut opter entre ces divers moyens de temple détruit, Dieu règne encore et peut
conciliation; il y en a encore treize au COntracter avec son peuple une alliance
treS à ma cOnnaisSance. nouvelle, pleine de grâce, pourvu que le
Lamentations. Recueil de cinq chapi peuple retourne à Dieu par un repentir
tres, contenant autant de chants ou élé sincère et véritable.
gies dans lesquels le prophète déplore Le nom et les prophéties de Jérémie
les diverses calamités qui ont affligé sa sont rappelés, 2 Chr. 36, 21. Esd. 1, 1.
patrie ; le cinquième est un épilogue Dan. 9, 2. cf. Jér. 25, 12. 29, 10.
ajouté aux quatre premiers chants.Jéré L'Ecriture Sainte mentionne encore
mie est auprès de Dieu l'interprête du d'autres hommes de ce nom : le père de
peuple qui demande le pardon de ses pé Hamutal, épouse de Josias, 2 Rois24, 18.;
chés et la restauration d'Israël. Quelques un vaillant chef de la tribu de Manassé,
anciens auteurs pensent que c'est des La 1 Chr. 5, 24.; enfin deux héros de l'ar
mentations qu'il est parlé 2 Chr. 35, 25. mée de David, 1 Chr. 12, 4.10.13.
(Josèphe, saint Jérôme, OEcolampade), JERICO ou Jéricho, ville de la tribu de
mais il paraît évident que le chant funè Benjamin sur les frontières d'Ephraïm, à
bre prononcé sur la mort de Josias, est 8 kilom. du Jourdain, et à 28 de Jérusa
un autre ouvrage de Jérémie qui ne doit lem, dont elle était séparée par une con
pas être confondu avec les Lamentations, trée rocheuse et déserte, Jos. 16, 7. 18,
et Calvin appelle ce sentiment une gros 21. C'est peut-être à cause de cette cir
sière erreur (crassum ; v. aussi Bullin constance que Jésus a placé entre ces
ger). Jarchi veut encore que les Lamen deux villes la scène du Samaritain misé
tations soient le livre qui a été écrit par ricordieux, Luc 10, 30. Les environs de
Baruc, sous la dictée de Jérémie, après Jérico , véritable oasis au milieu des sa
que Jéhojakim dans sa stupide fureur en bles de la solitude, bornés à l'ouest com
eut jeté au feu le premier rouleau; mais me en amphithéâtre par des montagnes
le contenu des Lamentations n'est paS calcaires, hautes et sans verdure, étaient
en accord avec ce qui est dit, Jér. 36, 2., fécondés par de riants cours d'eau, et
des choses renfermées dans le livre dicté extrêmement f rtiles. Ils produisaient
à Baruc ; peut-être y a-t-il une allusion surtout des palmiers, dont la ville a pris
à ce livre à la fin de 36, 32., mais On n'en son nom, Deut. 34, 3. Jug. 1, 16. 3, 13.
sait rien. L'époque de la rédaction est On y trouvait également des rosiers et
inconnue ;les Septante et la version arabe du baume odoriférant ; (le nom de Jé
disent que Jérémie l'écrivit pendant la rico peut se dériver.à cause dé cela de
captivité et sur les ruines de Jérusalem l'hébreu riach, sentir, en allemand rie
JER 486 JER

chen ; d'autres le dérivent de yérach, v. ne ville, mais ce n'est plus qu'un mé


Jérah; ce serait ville de la lune) : le miel chant village : au douzième siècle déjà,
y abondait et le climat était délicieux ; Phocas dit qu'il en restait à peine quel
tout était réuni pour en faire un paradis ques traces. — Quant à l'assainissement
terrestre, excepté les serpents venimeux des eaux de Jérico, 2 Rois 2, 19., on ne
qui y foisonnaient. Jérico, déjà construite peut y voir qu'un miracle. Ces eaux étaient
et fortifiée lors de l'entrée des Israélites rendues amères, salées, peut-être par le
en Canaan, fut leur première conquête ; voisinage de la mer Morte, et le prophète
ils la détruisirent, et Josué lavoua à l'in les rendit saines et potables en jetant du
terdit, défendit de la rebâtir, et annonça sel sur la source, et en annonçant de la
que celui qui braverait sur ce point les part de Dieu qu'elles cesseraient d'être
menaces divines, y perdrait successive insalubres, bénédiction que Dieu seul
ment l'aîné et le second de ses fils ; Hiel pouvait donner, secret que les hommes
fut assez malheureux, 537 ans plus tard, n'ont jamais connu.
pour oser s'exposer à cette terrible épreu JEROBOAM (dont le peuple est nom
ve, et il y succomba, 1 Rois 16, 34. Entre breux ). 1° Jéroboam I, fondateur du
ces deux époques cependant, le nom de royaume des dix tribus, sur lequel il ré
Jérico n'est pas perdu : cette ville est gna vingt-deux ans, 975-954. Fils de Né
nommée comme existant, Jos. 18, 21. Hé bat et de Tséruha, il appartenait par sa
glon, roi de Moab, y possède un palais, naissance à la grosse et jalouse tribu d'E-
Jug. 3, 20., et les ambassadeurs de Da phraïm ; il remplit sous Salomon, les fonc
vid, outragés par Hanun, s'y retirent tions d'inspecteur des travaux publics
pour laisser croître leur barbe, 2 Sam. dans la tribu de Joseph,(Ephraïm et Ma
10, 5. 1 Chr. 19, 5. On peut croire que nassé); nul doute que pendant ce temps,
dans le premier de ces passages, il ne et grâce à sa position, il n'ait eu souvent
s'agit que du territoire de la ville; dans l'occasion de prêter l'oreille aux mécon
les autres, il s'agit plutôt d'un hameau tents et de leur servir d'appui et de cen
reconstruit non loin de l'emplacement de tre de ralliement. Dieu qui avait annoncé
la précédente Jérico, hameau qu'un roi à Salomon la division de son royaume
païen aura pris comme un lieu de plai comme châtiment de ses péchés, et qui
sance, où il se sera établi avec quelques voulait se servir de Jéroboam pour ac
sujets, et qu'on ne saurait confondre avec complir cette révolution, lui fit révéler
la ville proprement dite, dont le réta par le prophète Ahija les hautes dignités
blissement avait été défendu aux Israé qui lui étaient réservées. Jéroboam, pres
lites seulement. Josèphe distingue claire sé de jouir du trône, conspire, mais ses
ment les deux villes (Guer. des Juifs, 5, complots sont découverts, et pour éviter
4.). Depuis Hiel, l'ancienne Jérico rentra le ressentiment du roi, il doit s'enfuir en
dans le domaine public, et personne ne Egypte à la cour de Sisak ; après la mort
craignit plus d'y demeurer; Achab la fit de Salomon il ne tarde pas à être rappelè
fortifier; une école de prophètes s'y éta par son parti, et comme Roboam refuse
blit, 2 Rois 2, 4., et on la revoit encore de supprimer ou de diminuer les impôts,
après l'exil, Esd. 2, 34. Néh. 7, 36. Elle et d'alléger les charges du peuple, Jéro
fut embellie par Hérode, qui y fit con boam est proclamé roi des dix tribus, et
struire un magnifique palais, et l'éleva le schisme s'opère.Jéroboam choisit pour
au-dessus des plus belles villes de son capitale de son royaume Sichem d'abord,
royaume; il y fit noyer son beau-père le puis Tirtsa ; pour consolider sa puis
sacrificateur Aristobule, et lui-même y sance il commence par faire fortifier plu
mourut. Notre Sauveur à fait quelques sieurs villes , Sichem et Pénuel, et crai
miracles à Jérico, et il y visita Zachée qui gnant l'influence des souvenirs religieux,
était à la tête des péages que les Romains il change par politique la religion de son
avaient établis sur le commerce du bau peuple, brise les liens religieux si forts
me, Luc 19, M. On trouve encore sous le qui unissent encore ses nouveaux sujets
nom de Richa les ruines de cette ancien à Jérusalem la capitale du royaume rival :
JER 487 JER

les grandes fêtes les y appelaient trois son nom le plus ordinaire, celui qu'elle
fois l'an, ces voyages eussent pu tôt ou porta depuis que David en eut fait la ca
tard les rattacher à la dynastie légitime, pitale de son royaume. Elle était située à
il faut à tout prix les prévenir. C'est à 8 milles de Joppe et à 5 du Jourdain, sur
quoi il parvint en établissant aux deux un plateau assez élevé au-dessus du reste
extrémités de son royaume, à Dan et à du pays, ce qui explique la locution mon
Béthel, le culte du veau d'or, prodigieux ter à Jérusalem, employée par les Juifs
acheminement à l'idolâtrie, et en faisant de toutes les tribus. Son sol était pier
desservir ce nouveau culte par des per reux et calcaire, mais très fertile.
sonnes qui n'appartenaient point à la tri Primitivement, et lorsqu'elle apparte
bu de Lévi ; il maintint ces mesures im nait encore aux rois de Canaan, Jos. 10,
pies, ces innovations antithéocratiques, 1. 23., elle n'occupait que la colline de
malgré les avertissements des prophètes, Sion, et se composait de la citadelle très
malgré leurs miracles, 1 Rois 13, et ne se forte de ce nom, 2Sam. 5, 7., et de la ville
laissa pas même toucher par la mort pré proprement dite. Cette dernière avait déjà
maturée de son fils Abija, bien qu'à cette été prise et habitée, concurremment avec
occasion il eût paru vouloir se rappro les Jébusiens, par les hommes de Juda et
cher un instant du vrai Dieu, 14, 1. En de Benjamin, à l'époque des Juges, Jos.
fin, comme il était assez naturel de s'y 15, 63. Jug. 1,21. cf. 1Sam. 17, 54.; mais
attendre, il ne donna pas la paix à son la forteresse opposa toujours aux lsraé
pays, et fut, pendant tout le temps de son lites, jusqu'aux jours de David, la plus
règne, en guerre avec Roboam, roi de vigoureuse résistance. David réussit en
Juda, et avec son successeur, 1 Rois 11 fin à s'en emparer, 2 Sam. 5, 6.; il y fixa
15, 2 Chr. 10-13. Son histoire à été écrite sa résidence, et la nomma de son nom,
par le prophète Jiddo, 2 Chr. 9, 29. cité de David, 2 Sam. 5, 7.9. 6, 12. 16.
12. 15. 1 Rois 3, 1.8, 1. 2 Rois 9, 28. 14, 20. cf.
2° Jéroboam II, treizième roi d'Israël, Néh. 12, 37. Dès lors Jérusalem fut le
fils de Joas, régna sur Israël pendant cin centre politique et religieux du royaume;
quante et un ans, 825-784. Par ses riches elle prit un accroissement considérable.
ses et de nouvelles conquêtes qu'il fit sur Salomon la fortifia, 1 Rois 3, 1. 9, 15.; il
les Syriens, auxquels il reprit Damas et y fit élever le temple sur la colline de Mo
Hamath, il éleva au plus haut degré de puis rija, 1 Rois 6, et se construisit à lui-mê
sance et de splendeur le royaume que son me un palais magnifique, 1 Rois 3, 1. 9,
père avait déjà laissé dans la plus floris 15. Hosias, Jotham, Ezéchias et Manassé
sante prospérité; il lui rendit ses ancien l'agrandirent encore et continuèrent de
nes limites orientales, et parut béni de la fortifier, 2 Chr. 26,9. 27, 3. 32, 5. 33,
Dieu. Mais en même temps le luxe et la 14. Elle n'en succomba pas moins dans
corruption des mœurs firent de nouveaux plusieurs siéges, 1 Rois 14, 26.2 Rois 14,
progrès, et le culte du veau d'or fut main 13., et finit par tomber entre les mains
tenu comme sous le premier Jéroboam, des Caldéens, qui la démolirent, 2 Rois
ainsi qu'on peut le voir par la lecturê des 24, 25, (588 av. C.). La Bible ne donne
prophètes contemporains Amos et Osée. pas beaucoup de détails sur le genre d'ar
Après lui, Israël ne fit que décliner, 2 Rois chitecture et le mode de construction des
13, 13. 14,23-29. maisons de Jérusalem : on voit seulement
JERUBBAHAL et Jérubbéseth. v. Gé que les murailles étaient garnies de tours
déon. -
et de créneaux, 2 Chr. 26, 9. 15. 32, 5.;
JERUSALEM.Cette ville célèbreaporté l'une de ces tours est spécialement dési
différents noms, d'abord Jébus, Jug. 19, gnée, Jér. 31, 38. Zach. 14, 10. Hophel et
10.1 Chr. 11, 4., puis, poétiquement, Sa Millo paraissent avoir été comme deux
lem, Ps. 76, 2., et dans le sens religieux forts détachés, 2 Sam. 5, 9.1 Rois 9, 24.
ville sainte, ville de Dieu (Hiéropolis), 11, 27.2 Chr. 32, 5. 27, 3. 33, 14. Il est
Néh. 11, 1. 18. Matth. 4, 5., ou ville de parlé des portes de la ville Jér. 39, 4.2
justice (Sédec), et enfin Jérusalem, qui est Chr. 32, 6., et les auteurs sacrés nom
JER 488 JER

ment la porte des poissons, 2 Chr.33, 14.; rition des premiers tracés. Le nom des
celle du coin, 2 Rois 14, 13. Zach. 14,10.; portes fut changé, et l'on en trouve douze
celle de Benjamin, Jér. 37, 13. 38, 7. nouvelles, mentionnées Néh. 3 et 8, : celle
Zach. 14, 10.; celle d'Ephraïm , 2 Rois des eaux, des chevaux, du bercail, des
14, 13.; la première porte, Zach. 14, 10.; poissons (Soph. 1, 10.); la porte vieille
celle de la vallée, 2 Chr. 26, 9.; celle des (probablement la même que la première
chevaux, Jér. 31, 39. ; celle du potier, porte, Zach. 14, 10.) ; celle d'Ephraïm,
vers la vallée de Hinnom, Jér. 19, 2.; en Néh. 8, 16.; celle de la vallée, Néh. 2, 13.
fin la porte du milieu, Jér. 39, 3. Quant 15.; celle de la fiente, Néh. 2, 13.; celle
à leur position présumée, v. plus bas.— de la fontaine, Néh. 2, 14.; la porte orien
La haute porte de Ez. 9, 2. était, selon tale, celle de Miphkad (du conseil), et
toute apparence, une des portes du tem celle de la prison. Il n'est plus parlé de
ple. Comme places publiques, on remar celles du coin, du potier et de Benjamin.
que celle de la porte et celle des boulan (Quant aux portes mentionnées Ez. 48,
gers, 2 Chr. 32, 6. Jér. 37,21.Autour de 31., elles appartiennent à une vision , et
la ville étaient deux étangs provenant de sont prophétiques). On ne peut guère pré
la source de Siloé, Es. 7, 3. 36, 2., et les ciser la position de ces différentes portes;
jardins royaux qui étaient arrosés et fé le chap. 12 de Néhémie ne donne même
condés par ces étangs, Jér. 39, 4. 52, 7. à cet égard que de vagues indications. Au
Néh. 2, 14. nord-ouest, la porte du coin et celle d'E-
Une question qui ne peut se résoudre phraïm (qui était peut-être la même que
complétement est celle de savoir à laquelle celle de Benjamin, 2 Rois 14, 13. cf. Zach.
des deux tribus de Juda ou de Benjamin a 14, 10.); du nord-ouest au sud-est, la
appartenu Jérusalem avant le temps de vieille porte, celle des poissons et celle
l'exil. D'après Jos. 18, 28. cf. 15, 8., elle du bercail, Néh. 3, 1-6. 12, 39.; entre
a été donnée en partage aux Benjamites, elles étaient celle des chevaux, et celle de
et bien qu'ils soient mêlés aux Jébusiens, l'eau ; celle d'Ephraïm et la vieille porte
c'est eux que l'on y voit demeurer, Jug. étaient voisines, sans qu'il y en eût au
1, 21.; le passage Jér. 6, 1. confirme la cune autre entre elles, Néh. 12, 39.; du
même opinion. D'un autre côté, d'après sud-ouest au nord-ouest, la porte de la
Jug. 1, 8,, ce sont ceux de Juda qui s'em fontaine (Siloé) ; celle de la fiente et celle
parent de la ville ; ce sont eux encore qui de la vallée (Guihon); la porte du potier
s'y mêlent aux Jébusiens, Jos. 15, 63., était peut-être la même que celle de la
et le Ps. 78, 68. semble donner Jérusalem fontaine ; quant à la porte du m ieu, on
à cette tril On peut concilier ces deux ne la connaît pas : s'il y a eu avant l'exil
versions en admettant que si les hommes une ville inférieure, on peut croire que
de Juda ont en effet occupé la plus grande c'est la porte qui joignait les deux villes.
partie de Jérusalem, la ville cependant et Les portes nommées 2 Rois 11, 6. 15, 35.
son territoire appartenait réellement aux 1 Chr. 11, 18. 26, 16.2 Chr, 23, 5. Jér.
Benjamites, et qu'elle était située en de 36, 10. cf. 26, 10., appartenaient au tem
dans des frontières de cette tribu. ple ou à des villes voisines.
Aprèsl'exil, et dans les premiers temps Il n'est parlé que de deux tours sur les
de la reconstruction de Jérusalem (536 murailles de la ville, celle de Hananéel,
av. C.), on trouve d'autres détails, Néh. et celle de Méah, Néh. 3, 1. 12, 39. Zach.
3, et 8. On mit sans doute à profit, pour 14, 10., toutes les deux proche de la porte
ce nouveau travail, ce qui subsistait en du bercail, du côté de celle des poissons,
core des anciens fondements et des an vers l'est. — On ne trouve dans cette pé
ciennes fortifications, et l'on rebâtit les riode le nom d'aucune place et d'aucune
murs et les portes autant que possible sur rue. La partie la plus forte de Jérusalem
leuremplacement primitif, cependant avec paraît avoir été alors la cité deSion, nom
des différences amenées soit par des be mée aussi ville de David, qui avait été for
soins d'agrandissement, soit par les cor tifiée par les Syriens, et que l'on regardait
rections jugées bonnes, soit par la dispa comme imprenable, 1 Macc. 1, 35, 3, 45.
JER 489 JER

4, 2. 9, 52. 10, 6., jusqu'au moment où le avait trois rangs de murailles; le sud
prince Simon réussit à s'en emparer, 1 (Sion et Morija) n'en avait qu'un seul, ces
Macc. 14, 37. collines étant suffisamment protégées, à
La troisième époque est celle de Jésus l'est, au sud, et au sud-ouest, par les ra
et des apôtres jusqu'à Josèphe : cet his pides vallées qui étaient à leur pied. On
torien lui-même est une source précieuse voit que Jérusalem pouvait à juste titre
de renseignements de tous genres sur la passer pour une forte citadelle. Josèphe
topographie de Jérusalem aux temps qui lui donne une lieue et demie de tour
précédèrent la conquête des Romains, et (33 stades) Hécatée lui donne 50 stades, et
par conséquent aux temps de Jésus, puis une population de 120,000 âmes, chiffre
que la ville resta à peu près la même jus bien peu élevé en comparaison de l'éva
qu'à sa destruction , sauf l'achèvement et luation de Josèphe, qui porte à 2,700,000
la mise en état de défense de la nouvelle le nombre des hommes qui se trouvaient
ville. D'après Josèphe, Jérusalem était bâ dans la sainte cité les jours des fêtes so
tie sur quatre collines, et se composait de lennelles.
trois parties principales : la ville d'en Outre le temple, dont nous reparlerons
haut, située vers le midi sur la colline de en son lieu, il faut nommer parmi les édi
Sion, la plus élevée de toutes; la ville fices les plus remarquables de Jérusalem :
d'en bas, sur la colline d'Acra, au nord a) La citadelle Antonia, bâtie par Jean
de Sion et de Morija : la nouvelle ville, au Hyrcan, qui lui donna d'abord le nom de
nord, sur une colline qui était primiti Baris, puis fortifiée et embellie par Hé
vement plus basse, et qui fut élevée par rode en l'honneur de Marc Antoine. Elle
des travaux et des terrassements subsé était située sur un rocher escarpé de 50
quents : c'est cette ville neuve que Hérode coudées de hauteur, au nord-ouest du
Agrippa chercha à réunir à la vieille ville. temple, avec lequel elle communiquait
Entre la haute et la basse ville passait du par des passages dérobés; elle présentait
nord-ouest au sud-est, jusqu'à la source dans son intérieur toute l'apparence d'une
de Siloé, la vallée des faiseurs de fromage ville, des places, des allées, des statues,
(Tyropéens), devenue peu à peu une rue et un grand nombre de bâtiments. Aux
par les nombreuses constructions qui y quatre coins étaient des tours, dont celle
furent faites. Au sud-est s'élevait le tem du sud-ouest, qui était la plus rapprochée
ple sur la montagne de Morija, qui touchait du temple, avait 70 coudées de haut ; elle
au nord-ouest, par la forteresse Antonia, dominait ainsi non-seulement le temple,
à la ville inférieure, et communiquait par mais la ville toute entière, et les Romains
des ponts avec la ville d'en haut : cette y entretinrent longtemps une garnison ;
dernière était fortifiée par une muraille c'est là que Paul fut conduit et détenu,
garnie de soixante tours ou tourelles, Act. 21, 34.37. 22, 24. 23, 10.
dont les trois plus importantes (Hippique, b) Le palais d'Hérode. magnifique bâti
Phasaël et Marianne) avaient été élevées ment de marbre, entouré de murs de 30
par Hérode le Grand, et qui formaient coudées de hauteur, non loin des trois
COmme une couronne autOur de la col tours septentrionales de la ville supé
line , la ville d'en bas, qui touchait au sud rieure.
à la ville d'en haut, était garnie d'une mu c) le Xyste, grande place publique en
raille avec quatorze tours à sa partie sep tourée d'allées et de galeries vers la par
tentrionale; enfin la muraille de la nou tie est-nord-est de la ville d'en haut, com
velle ville était la plus forte et la plus so muniquant par un pont avec le temple.
lide de toutes, ayant 20 coudées (11 mè d) La tour d'Ophel, q. v., vers la mu
tres) de haut, ou 23 (11m, 50) en comptant raille orientale de la ville supérieure.
les créneaux et les parapets, et construite e) Le prétoire, v. cet article et Procu
probablement en zigzag, puisque Josèphe I'atelITS. -

lui donne quatre-vingt-dix tours, dont la Hérode Agrippa II semble avoir le pre
principale, au nord-ouest, avait 70 cou mier imaginé le pavage des rues.
dées de haut. Vers le nord, Jérusalem Les environs de la ville, surtout vers
JER 490 JES

le nord, étaient riches en jardins et en le géographe et le chrétien biblique.


maisons de plaisance, 2 Rois, 25, 4. Jér. Que sera la nouvelle Jérusalem de l'A-
39, 4. Néh. 3, 15. : on y trouvait aussi pocalypse 21, 2. ? Cette question ne peut
quelques lieux de sépulture; quant aux se traiter ici; mais comme on nê la traite
étangs et rivières, v. Roguel et Siloé. presque nulle part, il importe de la rap
Depuis l'exil, Jérusalem a été la proie peler : Jérusalem sera restaurée, et de
des nations ; son histoire est celle de tout viendra de nouveau le centre du peuple
Israël. de Dieu, la capitale du monde, et la ré
Elle fut prise successivement, en 320 sidence de celui qui aura vaincu l'Anti
(ou 323), par le roi d'Egypte Ptolémée christ.
Lagus; en 161, par Antiochus Epiphanes JESABEL , ou Izébel. 1° La plus mé
de Syrie; en 36 (l'an 717 de Rome), par chante peut-être de toutes les femmes qui
Hérode le Grand, devenu roi des Juifs ; ont jamais occupé un trône. Païenne de
enfin, l'an 70 ap. C., par Titus, fils de naissance, fille d'Ethbahal, roi de Tyr et
Vespasien : massacre effroyable dans le de Sidon, elle était la sœur de Badezorin,
quel périrent plus d'un million de Juifs, et le grand-père de Pygmalion et de Didon.
dans lequel la plus belle des villes devint Toujours adoratrice des dieux païens,
en peu de jours la plus mémorable des dont le patronage favorisait ses voluptés
ruines. Titus laissa subsister les trois et ses cruautés, elle épousa sans crainte
tours du nord, la muraille occidentale et un Juif de nom, Achab, qui lui apportait
quelques maisons; mais ces débris eux un trône et une grande tolérance pour le
mêmes furent démolis en 136, quand crime : elle sut rendre son époux plus
Adrien eut résolu de faire construire Sur idolâtre et plus sanguinaire encore (918
l'emplacement de l'ancienne Jérusalem, av. C.). Elle jura l'extermination d'un
une nouvelle ville sous le nom de AElia culte qui ne pouvait être exterminé, et la
Capitolina, et à la place du temple de Jé mort d'un prophète, Elie, qui ne devait
hovah un temple de Jupiter; mais cette point mourir. Elle réussit mieux avec Na
colonie militaire n'occupa jamais tout both, qu'elle fit tuer pour avoir sa vigne ;
l'emplacement qu'embrassait le centre de mais ce crime envers un homme du com
l'israélitisme.Aujourd'hui Jérusalem n'est mun peuple ne fut pas moins enregistré
plus rien, c'est une ville de 4630 pas de devant Dieu, et Elie lui annonça que les
tour, un évêché anglo-prussien, le ren chiens dévoreraient son corps. Achab
dez-vous de 25,000 habitants de toutes mourut, et Jésabel vit le règne de ses
les nations et de tous les cultes ; seuls deux fils, Achazia et Joram ; puis vint
ses anciens maîtres, les Juifs, y marchent Jéhu, l'exterminateur de sa dynastie. Le
en courbant la tête, honteux de s'y trou palais d'Achab était probablement près
ver, triste monument de la vérité des pro des murs de la ville, non loin du champ
phéties et de la ferme exécution des me de Naboth : Jésabel, voyant arriver l'usur
naces divines. -
pateur, se montra tout ornée à l'une des
Nommons parmi les ouvrages bons à fenêtres du palais, peut-être pour voir
lire pour compléter les secs et incomplets Jéhu, peut-être pour le braver, le séduire
détails qui précèdent, Schubert, Chateau ou le menacer; mais Jéhu parla, et cette
briand, Lamartine, Ackermann, Keith (les odieuse femme fut précipitée dans la rue,
Juifs d'Eur. et de Palest.), le Journ. d'un où les chiens la dévorèrent et la firent
Voyage au Levant, t. III; en allemand, disparaître en peu d'heures. 1 Rois 16, 31.
une intéressante monographie de Joh. 18, 4. 19, 1. 21, 5. 2 Rois 3, 2. 9, 7. —
Ball, Strauss (Sinaï und Golgatha); et la Son nom signifie, selon les uns, l'insu
thèse de M. A. Coquerel fils, qui se re laire; selon les autres, intacte, pure,
commande à plus d'un titre. Il serait fa une Agnès : on l'a conservé dans l'Isa
cile d'en ajouter d'autres, peut-être de belle m0derne.
meilleurs, mais ceux-là suffisent, et tou 2° Femme de l'église de Thyatire, qui
chent, par leur diversité de but et de plan, n'est connue que par lamention de l'Apoc.
aux divers points qui peuvent intéresser 2, 20. L'Esprit lui reproche ses impudici
JES 491 JES

tés et ses doctrines idolàtres , le nom qui La nature de Christ et les caractères
lui est donné n'est probablement qu'une de sa mission, sa présence et son œuvre,
épithète, un souvenir de l'ancienne Jésa SOn apparition dans l'histoire et son rôle
bel, qu'elle rappelait par sa scandaleuse en dehors du temps, tout est pour la pen
conduite. On pense que c'est une femme sée une source de questions pleines d'in
de haut rang, que Jean n'a pas voulu nom térêt sans doute, mais aussi pleines d'obs
mer. curité. Comment concevoir et définir la
JESSÉ. v. Isaï. personnalité du Fils, ses rapports avec le
JÉSUAH, ou Jéhosuah, Esd. 2, 2.3, 2. Père et le Saint-Esprit, l'union de la di
4, 3. 5, 2. Néh. 7, 7. 12, 1. (536 av. C.), vinité et de l'humanité dans sa personne;
fils de Jéhotsadak, exerça, sous Zoroba son œuvre de roi, de sacrificateur et de
bel, les fonctions de souverain sacrifica prophète; son origine, sa naissance, sa
teur, auxquelles il avait droit quoique son vie, sa mort, sa résurrection, son action
père n'eût pu les exercer; il se montra dans l'Eglise et auprès du Père; son se
digne de sa tâche, combattit les machina cond avénement, son règne futur ?
tions des Samaritains, et travailla sans re Que peuvent dire et la physiologie et
lâche à la reconstruction de Jérusalem et la psychologie pour expliquer son corps
du temple. Son nom se retrouve Agg. 1, et son âme P— ce corps formé tout à la
1. 2, 2. Zach. 3, 1. 6, 11. Dans ces deux fois et par l'influence du Saint-Esprit et
derniers passages, il est nommé comme dans le sein de la chair, cette âme douée
emblème du peuple, d'abord opprimé puis de toutes les facultés, accessible à toutes
restauré, et il rappelle, par sa lutte avec les émotions humaines, et empreinte de
Satan, que le véritable empire et la véri toutes les perfections, de toute la majesté
table Sacrificature d'Israël ne trouveront divine ;— ce corps qui, en forme de chair
leur réalité qu'en Christ. de péché, naît débile, croît, se développe,
JESUS. 1° Jésus-Christ, v. l'art. sui ressent la fatigue et la souffrance, subit
vant. 2° v. Juste. 3° Jésus, fils de Sirach, la mort, mais ne peut être retenu par elle,
auteur du livre de l'Ecclésiastique ou la sort du sépulcre, encore susceptible d'ac
Sapience ; il a vécu sous Ptolémée Ever complir les fonctions animales, et pour
gète, et on ne le rappelle ici que pour mé tant échappe aux lois de la matière, et s'é-
moire. — Jésus est la forme grecque de lève d'une manière visible vers ce royaume
l'hébreu Josué ou Yéhôshuah; il signifie où la chair et le sang ne peuvent entrer;
sauveur, et fait du premier Josué qui a - Cette âme qui, elle aussi, se développe,
introduit la race élue dans la Canaan ter croît en sagesse, souffre, se réjouit, s'at
restre, un vrai type de celui qui a ouvert tache, ressent la tentation, s'abat dans la
la Canaan céleste à ceux qui croiront en tristesse, puis se relève triomphante au
lui. milieu de toutes les faiblesses, pure de
JESUS-CHRIST. Devant ce nom, qui toute souillure, et ferme, sereine, sainte,
est à la fois celui d'un homme et celui de radieuse, révèle au monde l'idéal d'une
Dieu manifesté en chair; ce nom, le seul grandeur humaine qui se confond avec la
qui ait été donné aux hommes par lequel grandeur même de Dieu P—Tous ces pro
nous puissions être sauvés; ce nom à l'ouïe blèmes peuvent à peine être indiqués ici.
duquel tout genou se ploie, dans le ciel Nous ne saurions songer, nous ne disons
et sur la terre ; devant ce nom la raison pas à les résoudre, la science de l'homme
s'humilie dans le sentiment profond de n'y suffirait pas, mais même à les exami
son impuissance, et la foi, posant son ner dans leurs détails. Ils sont d'ailleurs
doigt divin sur nos lèvres, nous invite à du ressort de la dogmatique, de la psy
adorer en silence ces choses que l'œil n'a chologie et de la philosophie, et ne sau
point vues, que l'oreille n'a point enten raient être ab0rdés dans ce travail.
dues, qui ne sont point montées au cœur Nous n'avons pas davantage la préten
de l'homme, et dans lesquelles les anges tion d'écrire une biographie de Jésus.
eux-mêmes désirent de regarder jusqu'au Par des motifs de convenance, plusieurs
fond. auteurs ont cru bien faire que de suppri
JES 492 JEs
mer l'article entier ; une telle vie est trop bre des oracles relatifs au Messie. Ces
haute, disaient-ils, et trop riche, pour deux ouvrages n'en ont pas moins une
qu'une plume purement humaine réus grande valeur, et méritent d'être étudiés.
sisse à en tracer un tableau satisfaisant : Les faits principaux de la vie de Jésus
la main des évangélistes, guidée par l'es sont annoncés clairement : l'époque de sa
prit même de Christ, a pu seule se char naissance, Dan. 9, 25.; le lieu, Mich. 5,
ger de ce soin. Nous comprenons ce 2.; sa naissance d'une vierge, Es. 7, 14.;
scrupule, mais sans le partager entière son nom, ibid.; son surnom (Nazarien, re
ment, et ce qui nous arrête, c'est moins jeton) Es. 11, 1.; son retour d'Egypte,
cette pensée, que la considération même Os. 11, 1.; le massacre des innocents, Jér.
de l'étendue du sujet , et les développe 31, 15.; l'œuvre du précurseur, Es. 40,
ments considérables qu'il exige pour être 3. Mal. 3, 1. 4, 5.; la mission de Christ,
traité d'une manière convenable. Tout Es. 53; son entrée dans Jérusalem, Zach.
l'Evangile, d'ailleurs, se résume en Jésus; 9, 9.; son humiliation, ses souffrances, sa
en lui se résume aussi l'histoire de ceux mort expiatoire, le prix auquel il serait
qui l'ont vu, annoncé, accompagné et livré, les méchants qui seraient mis à
prêché; sa vie se rattache à une foule mort avec lui, sa glorieuse sépulture, sa
d'hommes et de faits qui trouvent déjà résurrection, Ps. 22, Es. 52, 13.-53, 12.
leur place ailleurs, et qui, se reprodui Zach. 11, 13. cf. Jér. 18, 1. sq.; l'Eglise
sant ici, feraient nécessairement double enfin qui naîtrait de son travail, de sa
emploi. doctrine, et de son sang, Zach. 6, 12., etc.
Nous nous bornons donc à donner Il est beaucoup d'autres prophéties immé
quelques explications sur les points sui diatement et exclusivement applicables à
VantS. Christ ; nous avons indiqué les principa
1° Le nom de Jésus signifie Sauveur; le les. On peut voir encore Agg. 2, 6-9.
nom de Christ signifie oint : ce sont à la Zach. 12, 10. Dan. 2, 44. 7, 13. Ps. 2, 45,
fois des noms propres et des noms d'at 102, 110, etc.
tributs. Le dernier est la traduction grec 3° L'année de la naissance de Jésus ne
que de l'hébreu Messie ou Mashiach. Jé peut pas être déterminée d'une manière
sus s'appelle encore Emmanuel, q. v., le exacte; mais ce qui paraît prouvé, et as
dernier Adam, Scilo, David, Os. 3,5. Jér. sez généralement admis, c'est qu'elle est
30, 9., germe, Jér. 23, 5. Zach. 3, 8., de quelques années antérieure à l'an 1 de
Micaël, Dan. 12, 1., roi, prophète, avocat, l'ère chrétienne. On voit, en effet, par
Nazarien, roi des rois, pâque, défenseur, Matth. 2, 1-6., que Jésus est né du vivant
souverain sacrificateur, etc. La Concord. d'Hérode le Grand, mais peu de temps
de M. Mackenzie, p.734, sq., compte près avant sa mort. Or Hérode mourut l'an
de deux cents noms et titres donnés à Jé 750 de Rome , un peu avant Pâque (Jos.
SuS, dans l'Ecriture. Ant. 17, 8, 1.-14, 14, 5.-17, 9, 3.). Si, de
2° La venue de Jésus est supposée d'un cette date, nous défalquons les jours de la
bout à l'autre de l'Ancien Testament, de purification, le temps de la visite des ma
puis l'instant de la chute, Gen. 3, 15. ges, le voyage en Egypte, le séjour dans
Les cérémonies du culte lévitique, le mo ce pays jusqu'au moment de la mort
saïsme tout entier, le sacerdoce et les d'Hérode (et six mois ne seront pas un
prophètes l'annoncent et lui rendent d'a- chiffre exagéré), il en résulte que le Christ
vance témoignage; Jésus a mis le sceau à est né au plus tôt dans l'automne de l'an
leurs visions, cf. Dan. 9, 24. Les types 749 de Rome, quatre ans avant notre ère.
et les prophéties messianiques abondent; — Une scconde donnée historique nous
il faut se tenir en garde toutefois contre apprend, Luc 3, 1.2., que Jean-Baptiste
l'imagination qui pourrait en faire voir commença son ministère en la 15e année
partout. Girard des Bergeries a peut-être de Tibère; Jésus au moment de son bap
exagéré les types, Hengstenberg, dans sa tême avait trente ans, Luc 3, 23. L'un et
Christologie, a été préoccupé outre me l'autre étaient sans doute entrés en fonc
sure de son sujet, et a multiplié le nom tions au même âge, conformément à l'u
JES 493 JES

sage lévitique, Nomb. 4, 3. 35. sq. Si ceux qui, avec Keppler et Ideler, voient
nous reculons de trente ans en arrière, dans l'étoile des mages la conjonction de
nous arriverons à connaître l'année de la Jupiter et de Saturne qui eut lieu cette
naissance des deux cousins. Auguste était année-là. — Il résulte de ce qui précède
mort le 29 août 767 ; il fut immédiate que Jésus a dû naître quatre à cinq ans
ment remplacé par Tibère, qui était déjà au moins avant l'ère vulgaire, et qu'il a
son associé sur le trône depuis deux ou pu naître quelques années plus tôt encore.
trois ans. Ces années de corégence comp L'ère vulgaire a été fixée au vIe siècle, par
tent habituellement dans la vie des rois : l'abbé Denys (Dionysius) Exiguus qui lui
Tibère serait donc monté sur le trône en a donné son nom; elle a été employée par
765 ou même en 764; sa 15° année tOmbe Bède le Vénérable (première partie duvIIIe
rait sur l'an 773, d'où il suivrait que Jean, siècle) dans ses ouvrages historiques, et
né trente ans auparavant, serait né en 748, bientôt après dans des actes publics, par
et notre Seigneur en 749. (Si cependant les rois francs Pepin et Charlemagne. —
on ne date les années du règne de Tibère L'époque de l'année en laquelle Jésus na
que depuis la mort d'Auguste, la nais quit est plus difficile encore à déterminer;
sance du Seigneur tombe sur l'an 752, ce qu'il y a de sûr, c'est que ce ne fut pas
résultat sensiblement différent de celui en hiver, puisque les bergers gardaient
que donne Matthieu). — On trouve un les brebis dans les champs. Selon Lard
troisième indice , mais également sujet à ner, ce serait entre la mi-août et la mi
incertitude, dans Jean 2, 20. : « On a été novembre ; selon l'archevêque Newcome
quarante-six ans à bâtir ce temple. » Josè qui prend la moyenne, ce serait le 1er oc
phe dit qu'Hérode a commencé la restau tobre; Winer donne une marge plus
ration de cet édifice la 18e année de son grande, et n'exclut que la saison froide.
règne, maisailleurs il nomme la 15° (Ant. En fait, il n'y a aucune donnée positive ;
15, 11, 1. Guer. d. J. 1, 21, 1.), comme le 25 décembre commença à prévaloir au
il donne aussi tantôt trente-sept, tantôt Iv° siècle, comme jour de la nativité, et
trente-quatre ans au règne de ce monar si l'on en croit Léon le Grand, qui mou
que, suivant qu'il le fait commencer à la rut en 461, il y avait bon nombre de gens
mort d'Antigone, ou à sa confirmation par à Rome qui célébraient ce jour bien moins
les Romains. Ce n'est qu'en 714 qu'il fut à cause de la naissance du Sauveur qu'en
proclamé roi ; la 18e année de son règne l'honneurdusoleilrenaissant (Serm. xxI,
tomberait donc sur l'an 732, et la pre ch. 6.).
mière Pâque de notre Sauveur, dans la 47e 4° Les généalogies. Matthieu 1, 1-16.
année du temple restauré, sur l'an 779. et Luc 3, 23-38., donnent l'un et l'autre
Jésus avait alors trente ans et quelques la généalogie de Jésus; l'un, écrivant pour
mois, et sa naissance remonterait à l'au les Juifs, prend Abraham pour point de
tomne 748. — Notons enfin une tradition départ; le second, écrivant pour les na
conservée par les pères latins (Tertullien, tions, remonte jusqu'au chef de l'huma
Lactance, Augustin), portant que la mort nité, Adam, et jusqu'à Dieu. Matthieu di
de notre Seigneur eut lieu sous le consu vise ses générations en trois groupes de
lat de Rubellius et de Fufius, c'est-à-dire quatorze membres chacun ; le premier
l'an de Rome 782. Si, comme on le sup groupe, période de la promesse, va d'A-
pose ordinairement, la vie de Jésus a été braham à David; il y manque plusieurs
de trente-trois ans et demi, sa naissance anneaux, notamment entre Salmon et Jes
tomberait encore sur l'an 748 ; mais c'est sé. — David, qui est le dernier terme de
une question à part. — Quelques écrivains la première division, compte aussi comme
modernes se fondant sur Matth. 2, 16., et le premier de la seconde ; il est deux fois
prolongeant le séjour d'Egypte, pensent compris dans les quatorze , cette seconde
que Jésus avait déjà deux ou trois ans à période, celle des types rois, s'éten l jus
la mort d'Hérode, et le font naître par qu'aux jours de la transportation ; au ver
conséquent déjà en 747 (Münter, etc.). set 8., entre Joram et Hozias, il manque
C'est la même année que fixent également trois anneaux, Achazia, Joas, Amatsia ;
;.
JES 494 JES

au verset 11., les meilleures autorités por que légalement, civilement, et non selon
tent simplement : « Et Josias engendra la chair. Jésus était l'héritier naturel, lé
Jéchonias, etc. », en omettant la mention gitime, de Joseph, puisque Joseph, qui
de Jakim, qui n'est qu'une glose, mais la avait d'abord voulu renvoyer Marie, l'a-
glose bien naturelle d'un copiste qui avait vait, sur l'ordre de Dieu, épousée avant
remarqué une lacune, et qui voulait la la naissance de Jésus, verset 18.; ses
combler ; seulement elle a été maladroi droits au trône de David passaient ainsi
tement comblée. Historiquement, Josias à celui qui légalement était son fils aîné ;
engendra Jéhojakim et ses frères; Jého en même temps il doit rester établi pour
jakim n'engendra que Jéchonias, et peut les lecteurs que Joseph n'était point le
être un Sédécias mort bientôt, 2 Rois 23, père de Jésus, mais seulement le mari de
34. 2Chr. 36. 4. cf. 1 Chr. 3, 15. 16. Les Sa mère.
frères de Jéhojakim sont donc les oncles En comparant les deux généalogies,
de Jéchonias, et le verset 11 doit se tra nous trouvons dans chacune une partie
duire, quant au sens du moins : « Josias qui commence à David et se termine à
engendra (fut le père ou grand-père de) Salathiel, mais par deux filiations diffé
Jéchonias, et ses oncles. » Il manque donc renteS :
à cette division quatre noms au moins, et Matthieu 1. David Luc 3.
au lieu de quatorze on en devrait compter , --^--
dix-huit, ce qui a fait supposer à quelques SalomOn Nathan
commentateurs que le v. 17. n'était qu'une | |
note qu'un copiste aurait plus tard fait pas Jéchonias Néri
ser dans le texte; mais l'accord des manu
Salathiel
scrits s'y oppose. Il est plus probable que
ces quatre noms étaient habituellement Zorobabel, etc.
omis dans les tables généalogiques, sans Ainsi, Matthieu désigne Salathiel com
qu'il y ait pour cela de motif à nous ap me fils ou descendant de Jéchonias et de
préciable (on peut voir une omission sem Salomon, tandis que Luc le désigne com
blable dans la généalogie d'Esdras, 7, 1 me fils de Néri et de Nathan. L'hypothèse
5. cf. 1 Chr. 6, 3-15.). Dans le troisième de Paulus qui, pour écarter la difficulté,
groupe (abolition de la royauté et des ty suppose deux Salathiel, est trop hardie.
pes rois), Salathiel est noté comme père On peut voir ailleurs l'explication que
de Zorobabel (Matth. et Luc), tandis que, nous avons donnée de cette espèce de
d'après 1 Chr. 3, 19., Zorobabel était fils divergence; Salathiel est fils d'Assir, de
de Pédaja, son frère; il faut donc suppo fait et de droit, et petit-fils de Néri se
ser, avec Hug (II, 269), que Zorobabel lon la chair, de Jéchonias selon la loi. v.
était le fils aîné de Pédaja et de la veuve Salathiel.
de Salathiel, qui était mort sans enfants, On est assez généralement d'accord à
et que pour cela il fut inscrit sur les re supposer, quoique rien ne le dise positi
gistres de Salathiel, conformément à la vement, que Luc a donné la généalogie
loi du lévirat, Deut. 25, 6. Au verset 13, de Marie ; les rapports de Joseph à Héli,
Abiud, et Luc 3, 27., Résa, sont nom verset 23, seraient ceux de gendre à
més comme fils de Zorobabel; leurs noms beau-père, relation légale d'ascendance
ne se trouvent pas 1 Chr. 3, 19., mais cela et de descendance, que le texte ne con
n'a guère d'importance. Enfin, verset 16., tredit point, puisque les relations de pa
nous voyons en quelque sorte l'esprit de renté ne sont indiquées que par la juxta
cette généalogie; elle est légale : Jésus position des noms dont l'un régit l'autre,
descend de David légalement, par Joseph, sans indication du degré; le génitif peut
le mari de Marie ; la formule « engendra » sous-entendre père, fils, etc. ; le texte
disparaît entre Joseph et Jésus ; après porte littéralement : « Fils, comme on
avoir suivi la filiation officielle de Joseph, l'estimait, de Joseph d'Héli », ces deux
Matthieu constate que, si Jésus appartient noms n'étant point unis par le mot fils. Il
à la famille de Joseph, il ne lui appartient serait étonnant, d'ailleurs, que la descen
JES 495 JES

dance directe de Joseph fut indiquée dans cette régulière répétition du même mot,
la branche de Nathan, lorsqu'on pouvait qui finit par signifier quelque chose, qui
le rattacher directement à la branche beau n'est plus un accident, mais une inten
coup plus glorieuse de Salomon. S'il s'a- tion, nous ajoutons le nom de premier-né
gissait, en effet, de la généalogie de Ma donné à Jésus, Matth. 1,25., dans un pas
rie, fille d'Héli, Luc l'aurait donnée pour Sage où il est parlé des relations de Jo
établir que Jésus descendait de David, seph et de Marie (cf. aussi verset 18.,
nOn-Seulement selon la loi, mais aussi se avant qu'ils fussent ensemble), on doit
lon la chair. Marie était réellement de la convenir que la probabilité prend un ca
famille royale, ce qui nous paraît ressor ractère plus déterminé, plus positif. Le
tir de Luc 1, 27. (« qui était de la maison fait que ces frères et sœurs sont constam
de David », se rapporte à « une vierge .); ment avec la mère de Jésus, est également
de 2, 5., où l'enregistrement de Joseph et Caractéristique : ce cortége s'explique s'il
de Marie dans le même endroit suppose s'agit d'enfants, il ne s'explique pas s'il
une même origine et une proche parenté ; s'agit de neveux et de nièces. On l'a si
enfin etsurtout de Rom. 1,3.(Hébr.7,14.), bien compris, que plusieurs auteurs ont
où Jésus est appelé fils de David selon la fini par reconnaître qu'il s'agissait là des
chair.v. Orig. cont. Celse, et S. Basnage, frères de Jésus, mais frères selon la loi,
Ann. I, 88. - Ceux qui pensent que Luc fils de Joseph, et non de Marie : cette ex
donne, comme Matthieu , la filiation de plication lève quelques difficultés, mais
Joseph, font d'Héli et de Jacob deux frè elle en laisse subsister d'autres, notam
res, dont l'un serait mort sans enfants ; ment Matth. 1, 18.25. Le passage Jean 19,
Joseph, le fils aîné du survivant, serait 26., qu'on a parfois invoqué pour prou
légalement attribué au défunt. —Sur l'en ver que Marie n'avait pas d'enfants, prou
semble de cet article, dont nous n'avons ve seulement que Jean était plus digne
pu qu'effleurer les difficultés, v. les com de recueillir la vieillesse de Marie , alors
mentaires, et spécialement en anglais Ro pres que sexagénaire, que des frères qui
binson. n'avaient pas cru en lui, et qui même une
5° Parents de Jésus. a) Marie, sœur de fois avaient voulu faire arrêter Jésus com
la mère de Jésus, Jean 19, 25., femme de me aliéné, Marc 3, 21.; il paraît qu'ils fu
Cléopas ou Alphée. b) Elisabeth, cousine rent convertis par la résurrection du Sei
de Marie, Luc1, 36. c)Jacques, Joses, Si gneur, Act. 1, 14., et que ce fait mer
mon et Judas, frères de Jésus, Jean 7,3. veilleux les décida de se joindre à l'Eglise.
5.10. 1 Cor. 9, 5. Matth. 12, 46. 13.55. Les sœurs de Jésus sont mentionnées
Marc 3, 32. Luc 8, 19. Jean 2, 12.Act. 1, Matth. 13, 56. cf. Marc 6, 3. — d) La tra
14. On a voulu donner au mot &ô:)pot le dition fait de Salomé, femme de Zébédée,
sens de cousins, pour concilier ces nom la sœur de Joseph, père de Jésus; mais
breux passages avec la soi-disant virgi le NouveauTestament se tait sur cette pa
nité perpétuelle de Marie ; ce sens est renté.
possible, mais il est forcé: onne comprend 6° Jésus fut élevé à Nazareth , et l'on
pas, en effet, l'affectation avec laquelle les conclut de Jean 7, 15., qu'il ne fréquenta
évangélistes emploieraient continuelle pas l'école publique (rabbinique) de la
ment le mot frères dans un sens qui n'est ville. Il apprit l'état de son père, suivant
pas ordinaire, pour éviter le mot propre, l'usage de ce temps, et l'on croit qu'il
qui ne se prête à aucune équivoque. Plus continua, même pendant sa carrière évan
la chose était importante, plus il importait gélique, d'y chercher, comme les rab
aussi de la dire de manière à éviter tout bins, une partie de sa subsistance. Une
malentendu; les apôtres ont employé une variante assez recommandable de Marc 6,
expression qui laisse des doutes sur le 3.appuierait cette opinion. Sesamis et dis
degré de cette parenté, et il en résulte au Ciples pourvoyaient du reste à tout ce qui
moins ceci, qu'ils n'attachaient aucune pouvait lui manquer, Luc 8, 3. Marc 15,
importance au fait, en effet bien indiffé 41., et dans ses voyages il trouvait une
rent, de la virginité de Marie. Mais si, à hospitalité distinguée, et des soins qu'il
JES 498 JES

Palestine. En français nous n'avons pres apôtres, au bord du lac de Tibériade,


que rien ; aucune vie de Jésus propre SOnt restés quelques moments avant de le
ment dite , quelques travaux spéciaux reconnaître. Sa physionomie devait re
seulement, et limités dans leur but; quel fléter la grandeur de son âme, et cet
ques traductions de l'allemand, Sander, amour de l'humanité qui était le fond de
Olshausen ; puis, sur l'Oraison domini son caractère et le mobile de sa mission;
cale, Bonnet, les Discours du pasteur Bri il devait enfin porter l'empreinte de la
del, de Lausanne, et les Conférences de souffrance. Son regard et sa voix parais
J. Martin, de Genève; la Famille de Bé sent avoir eu quelque chose de particu
thanie, par Bonnet; quelques travaux dog lièrement puissant. Quelques pères, Clé
matiques de Malan, Gaussen, Roussel; sur ment d'Alexandrie, Origène, ont cru,
son Procès, l'ouvrage de M. Dupin; sur mais à tort, pouvoir conclure de Es. 53,
sa Passion, un grand nombre de discours 2. que l'extérieur du Seigneur était mé
(Saurin, Ad. Monod, H. Monod, Grand prisable et repoussant, mais ce v. se rap--
pierre), et de recueils , parmi lesquels p0rte plutôt à sa mission et à sa condi
nous citerons Francillon , Galland, Dar tion qu'à son corps et à sa figure. —On
dier, les Homélies du R. P. Innocent, trad. peut voir dans Calvin quelques détails de
du russe par A. de Stourdza, les Conféren plus sur ce sujet, et la nomenclature des
ces de J. Martin , etc. Nous rappelons reliques nombreuses qu'on prétend avoir
aussi pour mémoire l'ouvrage fabuleux conservées de Jésus, depuis le jour de sa
du docteur Strauss, et les nombreuses naissance et de sa circoncision jusqu'au
réfutations dont il a été l'objet. jour de son ascension.
10" On ne possède aucune donnée au JÉTHER, Jug. 8, 20. (1245 av. C.),
thentique sur la figure et la taille du fils aîné de Gédéon, refusa de mettre à
Christ; les représentations et portraits les mort Zébah et Tsalmunah chefs de Madian,
plus anciens qu'on en a faits, n'ont aucune parce qu'il était trop jeune. — 2° lsraélite
valeur historique : ainsi, la statue d'airain d'après 2 Sam. 17, 25., Ismaélite d'après
que lui érigea, dit-on, à Panéas (Césarée), 1 Chr. 2, 17. (Ce dernier est le plus pro
l'hémorrhoïsse qu'il avait guérie, monu bable, mais en tout cas il était prosélyte).
ment qui fut détruit par ordre de l'empe Il épousa Abigaïl sœur de David, et fut
reur Julien; ainsi, le portrait que Jésus père d'Hamasa, 1 Rois 2, 5.; il portait
aurait lui-même envoyé à Abgare , roi aussi le nom de Jithra.
d'Edesse; ainsi, le saint mouchoir qui au JETHR0, ou Réhuel, Ex. 2, 18. (1531
rait servi à essuyer sa sueur, et aurait av. C.), prince et sacrificateur de Madian,
reçu miraculeusement l'empreinte de sa devait ces titres peut-être à ses richesses
figure (le même qui a dernièrement pâli ou à sa grande sagesse , il donna une de
à Rome, et dont les yeux ont lancé des ses filles en mariage à Moïse, qui les avait
éclairs d'indignation à propos de la ruine protégées contre les attaques de bergers
commencée de la papauté); ainsi, les por avides et paresseux, et retint son gendre
traits que Luc aurait faits de Jésus , de auprès de lui, lui confiant la garde de ses
Marie et de plusieurs apôtres; ainsi en troupeaux. Ils durent cependant bientôt
core, la description qu'en a donnée un se séparer, et Jéthro ne revit Moïse que
employé romain, Publius Lentulus, et lorsque celui-ci était à la tète de toute la
dont les textes varient considérablement : multitude d'lsraël, dans le désert au pied
« Capillos verò circinos et crispos, ....... du Sinaï. Jéthro, par ses conseils, com
barbam habens copiosam et rubram , .... pléta ce qui pouvait manquer encore à la
bifurcatam, etc. » Ce que l'on peut dire, paix et au bonheur matériel du peuple et de
c'est que, selon toute probabilité, Jésus Moïse, en suggérant à ce dernier l'idée
n'avait pas de défauts corporels, qu'il de se faire soulager dans ses fonctions
n'avait rien non plus de bien saillant dans de juge, par des juges inférieurs établis
son extérieur, puisque Marie l'a pu pren sur cinquante, sur cent, sur mille Israé
dre d'abord pour le jardinier, que les lites, et qui ne feraient remonter jusqu'à
disciples d'Emmaüs, et une autre fois les lui que les causes difficiles. Lorsque Jé
JEU 499 J1EU

thro retourna dans son pays, il laissa au contre l'influence d'un corps de péché qui
près de Moïse Hobab, son fils, qui l'avait devrait être dompté et soumis à l'esprit.
accompagné, et qui devait servir de guide La loi de Moïse était du reste bien so
aux lsraélites dans les solitudes qu'ils bre en préceptes relatifs au jeûne ; une
traversaient. Ex. 3, 1. 18, 1. seule fois dans tout le cours de l'année,
Jéthro descendait d'Abraham par Ké dans le jour solennel des expiations, le
turah; quoique placé en dehors du peuple jeûne le plus sévère était ordonné aux
béni, il avait conservé quelque connais Hébreux, Lév. 16, 29. 23, 27. cf. Act. 27,
sance du vrai Dieu, sa foi avait pu être 9.; ils devaient alors s'abstenir non-seu
éclairée et fortifiée par ce qu'il avait vu lement du manger et du boire, mais en
et entendu précédemment; elle le fut da core de toutes les autres jouissances ma
vantage encore par les récits de Moïse, et térielles qui les auraient éloignés des pré
par l'ouïe de toutes les délivrances mer occupations sérieuses auxquelles ils de
Veilleuses que Dieu avait accordées à son vaient se livrer. D'autres jeûnes, mais
peuple, et il n'hésita pas à se joindre à spéciaux, individuels ou facultatifs, sont
Moïse et aux anciens pour offrir un sacri mentionnés dans l'histoire sacrée, celui
fice en l'honneur de l'Eternel, grand par de Josué, 7, 6., celui des onze tribus,
dessus tous les dieux. Jug. 20, 26., celui des Juifs en Mitspa, 1
, JETUR, Naphis et Nodab, 1 Chr. 5, Sam. 7, 6., celui de David, 2 Sam. 12,
19., Hagaréniens, chefs de tribus ismaé 16.; v. encore Jon. 3, 5. Joel 2, 12. Jér.
lites , les deux premiers descendaient 36, 9. 1 Rois 21, 12. 2 Chr. 20, 3. 1
d'Ismaél, Gen. 25, 15., mais Nodab était Sam. 31, 13. - Après l'exil, des jeûnes
d'une autre famille, à moins qu'il ne soit furent établis régulièrement : en mémoire
le même que Kedma ou tel autre des fils de la ruine de Jérusalem et du temple au
d'Ismaël nommés dans ce passage. cinquième mois, Zach. 7, 5. cf. 2 Rois 25,
JEUNE, exercice d'abstinence qui a été 8. Jér. 52, 12.; de la mort de Guédalia et
dans tous les temps et dans tous les pays des Juifs qui étaient avec lui, 2 Rois 25,
une marque de deuil et d'affliction, par 25. Jér. 41, 1.; de la première invasion
ce qu'il en est la manifestation naturelle. des Caldéens à Jérusalem, au quatrième
En Orient surtout, et les mahométans ont mois, Jér. 52, 6.; du commencement du
encore leur ramadan, ou jeûne d'un mois, siége au dixième mois, 2 Rois 25, 1. Zach.
le jeûne a joué un grand rôle dans les 8, 19., et d'autres événements plus ou
cérémonies religieuses, et l'on peut dire moins affligeants de l'histoire nationale
qu'il est plus qu'une cérémonie , c'est un juive , et la passion des jeûnes vint au
acte, mais individuel, recommandé même point qu'ils en établirent un au huitième
par l'exemple et par les préceptes de Jé jour du quatrième mois contre la traduc
sus et de ses apôtres. On peut le consi tion des Septante. Le sanhédrin en pres
dérer comme acte de pénitence, ou comme crivait aussi quelquefois d'extraordinai
préparation de fait à une vie moins char res, lorsque la terre était menacée de sé
nelle, moins terrestre, plus pure. Les an cheresse, ou dans l'attente de toute autre
ciens le considéraient davantage sous le calamité publique; alors les animaux eux
premier point de vue, les chrétiens doi mêmes pouvaient être obligés de jeûner,
vent s'attacher davantage au second. Chez Jon. 3, 5.7., et Virgile fait dire à un ber
les Juifs comme chez tous les Orientaux, le ger déplorant la mort de César, que les
jeûne était l'expiation des fautes passées, animaux eux-mêmes jeûnèrent en cette
le moyen de prévenir les châtiments di Occasion :
vins, cf. Jon. 3, 5., une espèce de sacri Non ulli pastos illis egere diebus
fice, surtout le sacrifice des pauvres. Pour Frigida, Daphni, boves ad flumuna; nulla neque amnem
le chrétien ce doit être un préservatif Libavit quadrupes, nec graminis attigit herbam.
(EGLoG. 5, 24.)
contre les passions, un moyen presque
naturel de les amortir et de les mater, On voit des jeûnes de famille (dans les
une sorte de crucifixion de la chair, un mèmes circonstances où nous les trOuve
protecteur, trop negligé des chrétiens, rions chez nous, si cette coutume avait su
JEU 500 JEU

s'établir dans nos mœurs faibles et sen dinaires, et on ne peut pas mieux les ex
suelles), 1 Sam. 1, 7. 20, 34. 31, 13. 2 pliquer que les nier, Ex. 24.18. Deut. 9,
Sam. 1, 12. 1 Rois 22,27. Esd. 10, 6. Néh. 9. 18. Matth. 4, 2.
1, 4., et quelquefois dans l'attente d'un Jésus ne prescrivit aucun jeûne à ses
malheur prochain, et pour le détourner, apôtres, Matth. 9, 14., cependant ils con
2 Sam. 12, 16. Est. 4, 16. Tob. 1, 12. tinuèrent longtemps d'observer les jeûnes
Au temps de Christ, le jeûne avait at judaïques, Act. 13, 2. 14, 23. 2 Cor. 11,
teint en importance des proportions un 27., et les premiers chrétiens jeûnaient,
peu trop colossales : à défaut de piété on soit seuls, soit ensemble, mais volontai
avait cherché la religion dans les prati l'8IIleIlt.
ques et dans le jeûne ; les personnes pieu Voici quelques paroles de l'abbé Fleury
ses savaient jeûner et se réjouir dans l'at sur le jeûne ; il regrette les anciens temps,
tente d'un Sauveur, Luc 2, 37.; les autres et après avoir cité pour modèles les Juifs,
ne savaient que jeûner ; pour eux jeûner les apôtres et les premiers chrétiens, il
c'était tout; les disciples de Jean-Baptiste,
ajoute : « Je sais que l'on est aujourd'hui
qui n'étaient pas encore entrés dans la peu touché de ces exemples. On croit que
vive lumière de l'Evangile, partageaient ces anciennes austérités ne sont plus pra
les préjugés des mérites du jeûne, Matth. ticables. La nature, dit-on, est affaiblie
9, 14.; les pharisiens étaient dévoués à depuis tant de siècles. On ne vit plus si
cette idée, etils se montraient jeûnant deuxlongtemps. Les corps ne sont plus si ro
fois par semaine, Matth. 9, 14. Luc 18, bustes. Mais je demanderais volontiers
12., le cinquième jour de la semaine au des preuves de ce changement; car il n'est
quel Moïse monta sur le Sinaï, et le se point ici question des temps héroïques
cond auquel il en descendit. Les esséens de la Grèce, ni de la vie des patriarches
et les thérapeutes jeûnaient aussi beau ou des hommes avant le déluge : il s'agit
coup, et si plusieurs d'entre eux étaient du temps des premiers empereurs ro
animés de sentiments pieux et vraiment mains, et des auteurs-grecs et latins les
israélitiques, plusieurs aussi ne voyaient plus connus. Que l'on y cherche tant que
non plus dans leur jeûne qu'un mérite l'on voudra, on ne trouvera point que la
dont ils s'enorgueillissaient. vie des hommes soit accourcie depuis seize
On voit que Daniel se préparait par le cents ans. Dès lors, et longtemps devant,
jeûne aux révélations divines, 10, 3. 9, elle était bornée à soixante-dix ou quatre
3. C'est aussi par le jeûne que se pré vingts ans. Dans les premiers siècles du
parait l'exorcisme de ceux qui étaient pos christianisme , quoiqu'il y eût encore
sédés de mauvais esprits, Matth. 17, 21., quelques Grecs et quelques Romains qui
et les apôtres n'imposaient les mains aux pratiquassent les exercices de la gymnas
anciens qu'après avoir jeûné avec prières, tique pour se faire de bons corps, il y en
Act. 13, 3. 14, 23., toujours afin de di avait encore plus qui s'affaiblissaient par
minuer les forces de la chair et de déga les débauches, particulièrement par celles
ger l'esprit de son enveloppe. qui minent le plus la santé, et qui font
Les Israélites jeûnaient ordinairement qu'aujourd'hui plusieurs d'entre les Le
d'un soir à l'autre, mais jamais aux jours vantins (Orientaux) vieillissent de bonne
de sabbat ou de fête, et cette longue abs heure. Cependant de ces débauchés d'E-
tinence leur était plus facile qu'à nous à gypte et de Syrie sont venus les plus
cause de l'ardeur de leur climat. Quelque grands jeûneurs, et ces grands jeûneurs
fois le jeûne se prolongeait de plusieurs ont vécu plus longtems que les autres
jours, et alors l'abstinence ne portait que hOmmes. »
sur les aliments les plus substantiels, JEUX. Les Hébreux n'étaient riches en
Dan. 10, 3. On voit cependant, Est. 4, divertissements d'aucun genre ; leur ca
16., l'exemple d'un jeûne entier de trois ractère était trop sérieux, leur éducation
jours. Quant aux deux jeûnes de quarante trop sévère, leur religion trop pure,
jours, celui de Moïse et celui de Jésus, même dans son formalisme. Les vers de
ils sortent de la règle et des moyens or Racine le font admirablement sentir :
JEU 501 JIZ

Quels sont donc vos plaisirs ?— Quelquefois à l'autel


5.; peut-être aussi 1 Cor. 15, 32. cf. 4,
Je présente au grand prêtre ou l'encens ou le sel :
9., quoiqu'il ne soit pas très sûr (Rückert)
J'entends chanter de Dieu les grandeurs infinies ;
Je vois l'ordre pompeux de ses cérémonies. que les bêtes féroces dont il est parlé
dans ce passage, soient de celles aux
Sans doute, les enfants s'amusaient quelles on livrait quelquefois les malfai
quelquefois ; on les voit jouer dans les teurs pour satisfaire la curiosité théâtrale
rues, Zach. 8, 5. Matth. 11, 16.; Job 40, du public; une des principales objections,
24. semble indiquer qu'ils aimaient à c'est que Paul était citoyen romain, et que
apprivoiser des oiseaux, et Zacharie, 12, cette qualité devait le soustraire au sup
3. qu'ils connaissaient le jeu du disque plice, mais son titre n'a pas toujours été
ou un exercice gymnastique de ce genre, connu ou respecté, cf. Act. 16, et dans
comme le jet de la pierre des montagnards un mouvement de cruauté populaire l'on
suisses. Ce sont les seules traces qui nous aura pu n'y pas avoir égard et le mécon
soient laissées de divertissements quel naître.
conques; et du reste, on ne trouve chez JEZANIA. v. Hazaria 7°.
eux aucune sorte de jeux particuliers, pas JIBLÉHAM, ville de la tribu de Ma
même le jeu de dés si usité chez les an nassé en deçà du Jourdain, Jos. 17, 11.
ciens, ni jeux de hasard, ni jeux de re 2 Rois 9, 27. Elle fut longtemps habitée
présentations, ni théâtres, ni courses de par les Cananéens, Jug. 1, 27. C'est la
chevaux, ni combats d'hommes ou d'ani même que Bilham, 1 Chr. 6, 70.
maux. Et Salomon, qui avoue qu'il ne . JIGDALIA, fils de Hanan, Jér. 35, 4.,
s'est refusé aucun plaisir, ne parle de homme de Dieu ou prophète, entièrement
rien de semblable (Calmet); il ne parle inconnu.
que de beaux bâtiments, de jardins, de JIRÉIJA, Jér. 37, 13 (587 av. C.), of
vignes, de vergers, de réservoirs d'eau, ficier de Sédécias; il arrêta, à la porte de
de bonne chères d'amas d'or et d'argent, Benjamin, le prophète Jérémie qui vou
de musiciens et de musiciennes. Dans le lait quitter Jérusalem, dont il attendait
passage 2 Sam. 2, 14., il n'est pas ques la destruction, et se retirer en Benjamin.
tion d'un jeu, mais d'un véritable com Tu vas te rendre aux Caldéens, lui dit-il,
bat. La musique, Lam. 5, 14., le chant et et il le conduisit devant les chefs ses en
la conversation aux portes de la ville nemis, qui le firent battre de verges et
étaient les seuls délassements des Hé jeter en prison.
breux, leurs seules distractions. Plus tard, JISBAH, fils de Méred et père ou chef
après l'exil, lorsqu'ils se corrompirent d'Estemoah, ville de Juda, 1 Chr. 4, 17.
par le contact des Grecs, ils acceptèrent Jos. 15, 50 (?).
leurs jeux, et les pontifes eux-mêmes in JISCA, Gen 11, 29., fille de Haran le
troduisirent dans les écoles publiques et frère d'Abraham, et par conséquent nièce
dans les gymnases la lutte, la course, le de ce dernier; elle était sœur de Milca,
palet, 2 Macc. 4, 12. cf. 1 Macc. 1, 15.; puis qui épousa son oncle Nacor, aussi frère
quand à la domination grecque eut succédé d'Abraham. Quelques-uns pensent que
la domination romaine, les Hérodes firent c'est la même qui prit plus tard le nom de
construire des théâtres et des amphi Saraï et devint épouse d'Abraham ; ce
théâtres en plusieurs villes de la Pales pendant cela est peu probable à cause de
tine, et y firent représenter des pièces et Gen. 20, 12.
des jeux de tous genres, divertissement JITHNAN, ville de Juda sur la frontière
fort honnête, fort innocent en lui-même, de l'Idumée, Jos. 15, 23., à 6 milles d'E-
qui tendait seulement à faire aimer les leuthéropolis du côté d'Hébron, d'après
choses visibles au détriment des choses Eusèbe.
invisibles, et qui ne prépara pas les cœurs JITHRA. v. Jéther 2°.
à recevoir le roi humble et débOnnaire JIZRAHIA, 1 Chr. 7, 3., arrière-petit
qui allait venir. — Saint Paul fait quel fils d'lssacar, eut quatre enfants, et sa
ques allusions aux jeux et aux combats postérité sous David comptait déjà 36,000
des Grecs : 1 Cor. 9, 24.27.2 Tim. 2, 4. hommes en état de porter les armes;
JIZ 502 J()A

l'historien sacré explique par la polyga débauchée, Os. 1, 4.


mie ce prodigieux accroissement. JOAB, 1°, 1 Chr. 4, 14., fils de Séraja,
JIZREHEL, Jesréel, ou Esdraelon, était fonda une colonie d'ouvriers à Ono, dans
une ville de la tribu d'Issacar, Jos. 19, une vallée de Benjamin voisine du Jour
18.; elle fut longtemps la résidence du roi dain, cf. Néh. 11, 35. Il était petit-fils de
Achab, 1 Rois 18, 45. 21, 1., et après lui Kénaz et neveu de Hothniel, le premier
de sa veuve Jésabel, 2 Rois 9, 30., qui l'a des juges, Jug. 1, 13. A cette époque,
rendue célèbre par l'histoire de la vigne qui n'était pas fort éloignée du séjour de
de Naboth, 1 Rois 21, 1. 2 Rois 9, 10. D'a- l'Égypte, les Israélites avaient, comme on
près Eusèbe, elle était située entre Scy voit, conservé la connaissance des arts et
thopolis et Légion, à 12 milles de la pre métiers que leurs pères avaient appris
mière selon Jérôme, età 10 de la dernière, pendant la servitude, et qu'ils avaient eu
non loin de Dothaïn, Judith, 3, 11. La l'occasion d'exercer encore pendant le
source qui se trouve dans son voisinage, voyage du désert.
1 Sam. 29, 1., porta plus tard le nom de 2° Joab, neveu de David par Tséruïa
Tubania, et allait jeter ses eaux dans le fille d'Isaï, 1 Sam. 26, 6.2 Sam. 8, 16.
Jourdain du côté de Scythopolis. La plaine 17, 25. 23, 18. 1 Chr. 2, 16. 18, 15.27, 7.
de Jizréhel, Jos. 17, 16. Jug. 6, 33. Os. 1, (1053 av. C.). Il devint général en chef
5., s'étendait de tous les côtés à l'entour des troupes de son oncle, et fut redevable
de la ville, depuis le Carmel jusqu'au Jour de son avancement aussi bien à ses grands
dain à la sortie du lac de Génésareth; elle talents militaires qu'à ses liens de parenté
touchait, au nord, aux montagnes de la avec le roi. Il commanda, avec ses frères
Galilée, vers le pied du mont Thabor, au Hazaël et Abisaï, les troupes de David
sud aux montagnes d'Ephraïm; le Kison contre Abner, lorsque David n'avait en
la traversait dans presque toute son éten core pour lui que la tribu de Juda; vain
due, et lui donnait une richesse de ferti queur, il vengea la mort d'Hazaël en tuant
lité qui n'est pas perdue de nos jours, Abner dans un guet-apens. Puis lorsque
quoiqu'elle ait considérablement dimi David eut été reconnu roi de tout le pays
nué. Un grand nombre de batailles s'y et qu'il eut transporté sa résidence de Hé
sont livrées, car la plaine de Jizréhel bron à Jérusalem, Joab ayant enlevé aux
était bien faite pour séduire ceux qui Jébusiens la colline de Sion qu'ils occu
aiment à étendre de longues colonnes paient encore, il fut nommé chef suprême
d'armées : outre les combats rapportés de l'armée, 2 Sam. 10, 7. 11, 1.1 Rois 11,
dans l'Ecriture, Jug. 4, 13.6.33. 1 Sam. 15., et on ne le voit qu'une seule fois à
29, 1. 31, 1. 1 Rois 20, 26.2 Rois 23, 29. la tête d'une division sous les ordres de
1 Macc. 12, 49., il faut compter encore David, 2 Sam. 18,2. Il fit ensuite la guerre
la sanglante bataille des Juifs contre Ves d'Idumée, Ps. 60, 1., et le siége de Rab
pasien, la rencontre des croisés et de Sa bath-Hammon où périt Urie, qu'il exposa
ladin, la défaite des Turcs par Bonaparte lui-même sur l'ordre de David.
en 1799, et un combat plus sanglant, plus Pendant l'exil d'Absalon, Joab le ser
acharné, définitif, que l'Ecriture semble vit auprès de son père et réussit à opérer
annoncer comme devant se livrer dans un rapprochement momentané, qu'il ne
cette célèbre plaine à la fin des temps. voulut ou n'osa pas même solliciter com
C'est par la plaine de Jizréhel que pas plet; cependant Absalon ayant fait incen
sait la grande route de Samarie à Jéru dier les champs de Joab, celui-ci, fatigué
salem. Les voyageurs qui l'ont parcou des importunes instances d'Absalon, finit
rue ne sont pas d'accord sur son éten par intercéder pour lui auprès du roi, et
due, et varient entre 10 et 20 milles de obtint qu'il pût rentrer à la cour. Mais,
longueur et 7 à 12 de largeur. soit qu'il en voulût à Absalon pour le pro
2° Ville de Juda, Jos. 15, 56. cédé dont il s'était servi, soit qu'à tout
3° Un fils de Hétham, de la tribu de Ju prendre il préférât le roi légitime à un
da, 1 Chr. 4, 3. usurpateur dont il était peut-être jaloux,
4° Fils d'Osée et de Gomer la femme il ne s'associa point à la conjuration, resta
JOA 503 J0A
fidèle à David, battit Absalon à la bataille chez lui un autel de Bahal, et un bocage
d'Ephraïm et le tua malgré les ordres ex près de sa demeure , mais lorsque son
près du roi, 2Sam. 18. Ce meurtre resta fils eut porté la main sur ces tristes ob
impuni devant la loi, mais David rem jets d'un faux culte, il comprit lui-même
plaça Joab par Hamasa, et le favori dis la grandeur de son péché, et n'hésita pas
gracié ne put reprendre sa place que par à se joindre à Gédéon contre ceux qui
un nouveau meurtre, celui de son rival , venaient lui demander raison de sa con
2 Sam. 20, 7. Il continue alors le siége duite; il eut le bonheur d'être plus ferme
d'Abel, où s'était réfugié Sébah, et ne se dans le bien qu'il ne l'avait été dans le
retire qu'après la mort du rebelle. De re mal.
tour auprès de David, il entreprend mal 2°Joas, 1 Rois 22, 26. 2 Chr. 18, 25.,
gré lui le dénombrement du peuple, qu'il appelé fils du roi (d'Achab, peut-être, par
déconseille, 1 Chr. 21; puis, ne pouvant une femme de second rang), ou fils d'Ham
oublier l'affront qu'il a reçu, toujours ir mélec (inconnu). C'est à lui que fut con
rité contre David, voyant ce roi devenir fiée la garde du prophète Michée pendant
vieux, il cherche à se mettre dans la fa l'expédition d'Achab contre le roi de
veur d'Adonija, qui aspire à la couronne; Syrie.
mais, au milieu d'un banquet des conju 3° Joas, huitième roi de Juda, occupa
rés, arrive le bruit du sacre de Salomon le trône pendant quarante ans (878-838).
et des mesures royales qui sont prises Il était le seul des fils d'Achazia qui eùt
pour prévenir la réussite du complot. échappé à la cruauté de sa grand'mère,
Joab s'enfuit à Gabaon, le sort d'Abia l'usurpatrice Hathalie. Elevé sur le trône
thar l'effraye, celui d'Adonija , frère de à l'àge de sept ans, par les soins du sou
Salomon, l'effraye plus encore; il se cram verain sacrificateur Jéhojadah , qui lui
ponne à l'autel, mais Bénaja se jette sur avait conservé la vie et la couronne, il
lui, et, malgré la sainteté du lieu, le met marcha dans les voies de la piété aussi
à mort sur l'ordre réitéré de Salomon, à longtemps qu'il fut sous la direction de
qui David avait laissé l'ordre de ne point ce cher et vénérable parent , et son
l'épargner, 1 Rois 2, 5. sq. royaume prospéra , il s'occupa entre au
Ainsi mourut ce grand et sanguinaire tres, avec beaucoup de zèle, de la res
capitaine, expiant à la fois quatre grands tauration du temple. Mais après la mort
crimes qui, tous les quatre, avaient eu de Jéhojadah, il paraît qu'il tomba sous
leurs excuses (quel crime n'en a pas !), l'influence des grands du royaume, qui,
le meurtre d'Abner qui avait tué Hazaël, enclins au vice et à l'idolâtrie, suppor
le meurtre d'Absalon quiavait été rebelle, taient avec impatience le joug de la reli
celui d'Hamasa qui avait aussi commencé gion, et qui l'entraînèrent même à faire
par la révolte, enfin la conjuration d'A- mourir le prophète Zacharie, fils de son
donija, qui se présentait comme l'aîné des bienfaiteur Jéhojadah, dont les reproches
fils et le prétendant légitime. Ambitieux, irritaient leurs consciences. Dès lors son
mais sage et prudent, il a su toute sa vie histoire ne présente plus qu'une suite de
détruire ou ménager, selon que cela lui malheurs. Sa noire et honteuse ingrati
était avantageux. Il a attendu la vieillesse tude envers son frère adoptif fut punie,
pour commettre une imprudence, et elle et ceux qui la lui avaient suggérée n'é-
lui a coûté cher; il tenait à la vie et n'a chappèrent pas au malheur commun , il
pula sauver, malgré sa passive résistance. se vit menacé d'une invasion des Syriens,
Son nom est rappelé, 1 Chr. 26, 28., par ses armées furent défaites par des enne
mi ceux qui consacrèrent à Dieu les dé mis bien moins nombreux, et il dut ra
pouilles des vaincus. cheter sa couronne et son indépendance
J0ACHAZ. v. Jéh0achaz 3°. au prix des trésors du temple ; enfin il se
JOAD. v. Jéhojadah. forma une conjuration contre lui, et il
JOAS. 1° Père de Gédéon, de la tribu périt sous le fer des assassins, 2 Rois 11
de Manassé (1245 av. C.), Jug. 6, 11. 7, et 12, 2 Chr. 23 et 24. Il fit le bien ou le
14. 8, 13. Longtemps idolâtre, il avait mal, suivant qu'il fut bien ou mal con
JOB 504 J0B

seillé ; il ne manqua pas d'énergie, mais intentions cachées de Dieu, parce que
de volonté, et ce qu'on lui fit vouloir, il l'expérience montre toujours que si Dieu
sut l'exécuter avec résolution : triste ré impOse des souffrances aux hommes
solution qui a imprimé à sa mémoire une pieux, ces souffrances servent à leur vé
tache ineffaçable. S'il devait mal finir il ritable bien, et seront pour eux la source
eût mieux valu pour lui qu'il n'eùt pas de joies d'autant plus grandes, d'autant
bien commencé. plus excellentes ; il y aurait, par consé
4° Joas, fils et successeur de Joachaz, quent, de l'injustice à tirer du bonheur
fut le douzième roi d'Israël, et régna seize Ou du malheur d'un homme des conclu
ans (840-825). Ce que l'histoire sacrée sions à l'égard de ses dispositions mo
nous dit de lui nous donne l'idée d'un rales.
caractère assez mélangé. D'un côté l'on Cette idée n'est pas développée seule
voit chez lui un certain courage, un cer ment par une théorie, elle est mise en ac
tain degré de foi, quelque confiance, et tion et présentée d'une manière visible ,
beaucoup d'estime pour le prophète Eli sous une forme d'histoire. La Providence,
sée; de l'autre, il paraît avoir suivi les dans ses conseils, choisit un fils de cette
égarements de ses prédécesseurs, et être terre pour réaliser par ses épreuves la
resté fidèle au culte du veau d'or. Il pleu vérité de sa sagesse et de sa bonté. Cette
ra quand il apprit que le prophète était personne est empruntée à l'antiquité la
près de sa fin; il vint le voir et frappa plus reculée; les charmes qu'ont pour lui
trois fois la terre de ses flèches; c'était les lieux où ont vécu ses ancêtres l'en
un oracle, et Elisée lui dit qu'au lieu d'ex tourent; Job, le riche patriarche, l'heu
terminer les Syriens il ne les frapperait reux père, l'émir de l'Arabie, devient le
qu'en trois rencontres; il réussit en effet plus malheureux des mortels ; sa piété
à reprendre aux Syriens quelques villes grandit avec son malheur; au milieu des
situées sur la rive droite du Jourdain, maux qui l'accablent il ne murmure pas,
que son père avait perdues, mais il ne il reste un modèle de patience jusqu'au
poussa pas plus loin ses avantages. Il fut moment où l'on vient attaquer sa droi
également heureux contre Amatsia, roi ture et sa piété elle-même.
de Juda. Malgré ses efforts pour main Les trois amis de Job représentent les
tenir la paix, il dut prendre les armes et jugements du monde : ils répètent sans
pénétra jusque dans Jérusalem, qu'il ran cesse, et sous différentes formes, que
çonna, et qu'il laissa ainsi appauvrie et Dieu fait du bien aux bons et du malaux
ruinée à son roi naturel, dédaignant de méchants. Cette pensée peut être vraie
le détrôner , 2 Rois 13, 9-25. 14, 1-18. en elle-même, elle peut être juste, elle
2 Chr. 25. — A tout prendre, pour un est fausse dans certaines limites, dans
roi d'Israël, il n'a pas été un mauvais roi, l'application qu'ils en font; ils mécon
et sa mémoire ne doit pas être sans es naissent la piété de Job parce qu'ils ont
time. Son nom est rappelé Os. 1 , 1. des idées fausses sur ce qu'est la vraie
Am. 1, M. piété, et Job remporte la victoire sur
JOB. L'idée principale de tout le livre eux sans avoir cependant entièrement
qui porte le nom de Job, revient à cette raison lui-même. La vérité est entre les
question dont plusieurs autres documents deux. Elihu survient alors, il entre en
de la littérature hébraïque Se sOnt aussi scène et fait des reproches aux deux par
occupés, l'Ecclésiaste par exemple : Pour tis; il montre à Job ses torts, c'est qu'il
quoi l'homme le plus pieux est-il souvent s'est cru innocent, et s'est regardé com
le plus souffrant, tandis que les plus mé me Dieu ; Job a discuté avec sa propre
chants peuvent se réjouir dans l'abon justice, aussi bien que ses amis. Elihu est
dance du bonheur P L'auteur répond à donc destiné à humilier Job ; il prépare
cette question, non par le raisonnement, ainsi l'apparition de Dieu lui-même, qui,
mais par une résignation pieuse , il n'en dans une brillante théophanie et dans un
sait rien : c'est une hardiesse coupable discours plein de majesté , déclare qu'il
de se permettre des jugements sur les est le seul souverain , montre à Job les
JOB 505 J0B

miracles de la nature et les merveilles de loir contre la vérité historique, —1° le ca


la création, et lui reproche d'avoir osé ractère poétique du livre, qui indique une
entrer en lutte avec lui. Mais Job obtient fiction : on ne peut pas imaginer que les
sa grâce, Dieu lui pardonne, lui accorde amis de Job aient improvisé des réponses
la grâce de ses amis, et lui rend au dou en vers aussi bien faits, et dans un ordre
ble tout ce qu'il a perdu. Le livre se aussi admirable. Ce que Schultens dit du
compose de trois parties : 1° le prolo caractère national des Arabes et de leur
gue, chap. 1 et 2; 2° le corps du livre, facilité à improviser envers, n'est pas suf
discours et action, la partie poétique, fisant pour expliquer la richesse de la poé
3-41:3° dénouement et épilogue, ch. 42. sie des discours de ce livre. Dans la bou
Il y a beaucoup de rapports entre l'i- che de Job, ces improvisations sont en
dée dominante du livre de Job, et celle core moins probables. — 2° Le prologue
qui règne dans la plupart des tragédies même, etl'épilogue, qui sont en prose, ne
grecques. Le contraste du bien et du mal; peuvent pas être pris à la lettre; la scène
l'inégalité de la récompense; les luttes de dans les cieux, et le conseil de Dieu, sont
l'existence humaine dans toute sa fragilité, une fiction. Les chiffres sont ronds : après
avec les coups du sort, voilà le but subli SOn rétablissement, Job retrouve le dou
me de l'ancienne tragédie : c'est égale ble de ce qu'il a perdu ; cette précision
ment celui de Job, mais avec cette diffé est également le fait du narrateur. Enfin
rence que les Grecs, suivant la nature de la manière égale et calme dont tout est
leur religion, nous montrent l'idéal de raconté ne convient pas à l'histoire, et l'on
l'humanité (Sophocle lui-même nous in voit que celui qui raconte tient moins à
dique l'idéal de la tragédie quand il dit l'exactitude historique qu'à l'impression
qu'il a décrit les hommes tels qu'ils de générale.—3°Le nom de Job est symboli
vraient être, et qu'Euripide les a décrits que ; soit qu'on le fasse dériver de l'ara
tels qu'ilssont), tandis que dans Jobl'hom be, il signifie se repentir, soit qu'on le
me est dépeint avec ses misères, n'occu dérive de l'hébreu, il signifie un homme
pant qu'un rang inférieur; Dieu et ses qui est attaqué, commeJob, de toutes sor
perfections sont mis au premier rang, et tes de maux.—Voici, d'un autre côté, les
forment l'objet principal de tout le livre; arguments qu'on invoque pour prouver
toute la gloire revient à Dieu et à lui que l'histoire de Job n'est pas un conte
seul. Du reste, ressemblance dans la for fait à plaisir, mais un fait réellement ar
me, même choix des objets, même carac rivé: 1°Quelques circonstances, quelques
tère dramatique des personnes; le fait notices historiques, la généalogie d'Eli
présenté n'est plus un fait individuel, hu, 32, 2., la patrie désignée de Job et de
c'est une affaire publique, la propriété de ses amis, 1, 1. 2, 11.; — 2° le témoigna
la nation : même distinction exacte des ge d'Ezéchiel, chap. 14, v. 14.16.20. cf.
personnes, et partant même intérêt, par Jacq. 5, 11., Où Job est cité comme un
Ce que ce ne sont plus des caractères or personnage historique;—3° la tradition;
dinaires, mais les représentants d'un cer ainsi les Septante et la Peschito racon
tain nombre d'hommes et d'idées. Enfin, tent toute sa généalogie en voyant Job
même beauté de langage, de poésie, dont dans le Jobab de Gen. 36, 33. (cependant
les beautés varient comme dans les dra les Septante ayant copié la Peschito, ne
mes grecs, et même profondeur des idées. font pas un témoignage à part). — 4° On
Le contenu du livre est-il une fable ou montre encore en Orient le sépulcre de
une histoire ? Cette question a souvent Job, mais malheureusement en cinq en
été décidée d'une manière trop exclusive; droits différents, à Neva ou Nava, sur la
les uns ont voulu tout nier, les autres ont route de Damas, non loin de Jérusalem ;
voulu regarder jusqu'aux moindres dé à Hems (Hamath), en Syrie; à Hellé, sur
tails comme des faits, et les moindres pa l'Euphrate; dans l'Arabie Heureuse, à 2
roles comme ayant été réellement pro ou 3 lieues de Sanaa; et sur la route d'Is
noncées. Les uns et les autres ont mis en pahan à Schiras ; enfin, d'après Eusèbe,
avant de bonnes raisons. On peut faire va la tradition montrait encore la maison de
JOB 506 JOB

Job à Hastaroth-Karnajim. — En résu compare ce livre avec ceux qui ont été
mé, il paraît évident que l'auteur a, com composés au temps de l'exil, et l'on verra
me les poëtes, puisé son sujet dans l'his que l'influence de l'araméen dans Job a
toire, qu'il l'a développé poétiquement, été tout à fait originale, comme celle d'une
et qu'il a approprié l'histoire à son but ; langue beaucoup plus rapprochée de l'hé
dans tous les cas, il serait hardi de vou breu qu'elle ne l'était lors de la captivité.
loir déterminer ce qui appartient absolu Une autre influence, d'ailleurs, se fait sen
ment à l'histoire et ce qui est absolument tir, que l'on oublie entièrement, c'est celle
fiction. de l'arabe ; il y a dans Job des formes et
Quant à l'époque de la composition de des constructions qu'on ne peut expliquer
ce livre, plusieurs pensent qu'il a été que par l'arabe, et si quelques auteurs
rédigé pendant la captivité (le Talmud, ont été un peu trop loin en voulant voir
Gesenius, De Wette); mais il y a'eu une des arabismes là où il n'y en avait pas
foule d'autres idées émises sur ce sujet, (Schultens), cependant on en trouve qui .
et toutes aussi probables ou improbables ne peuvent nullement s'expliquer si l'on
que celle-là. Cette première idée s'ap place la rédaction du livre au temps de la
puie de présomptions plutôt que d'argu captivité.
ments. On dit, par exemple, a) que l'idée D'autres théologiens ont fixé l'âge de
de Satan assistant au conseil de Dieu est Salomon comme celui de la composition
venue aux Hébreux par les Caldéens; on de Job ; on a voulu même donner à ce li
suppose alors que la Genèse a aussi été vre Salomon pour auteur (Grégoire de
écrite dans ce temps ; quand on en vient Naziance, Luther, Dœderlin, Richter, Ro
là, on n'a plus d'opinions, mais des pré senmuller). Cette opinion ne repose que
jugés, des préoccupations dogmatiques. sur l'analogie que l'on trouve entre quel
b) On trouve dans la doctrine des anges ques phrases de Job et des Proverbes,
un coloris caldéen, 4, 18. 5, 1. 15, 15.21, preuve qui ne prouve pas beaucoup : car
22. 33, 23. 24. 38, 7. Il est vrai que la rien n'est plus naturel que cette analogie,
doctrine des anges, dans Job, a quelque parce que Job parle souvent en forme de
chose de particulier, d'étrange, mais ce sentences, construction peu susceptible
doit être expliqué en grande partie par le d'une grande diversité. En général la
caractère des personnes qui parlent; les poésie de Job est telle qu'elle a dû fré
détails que Daniel nous donne sur les Cal quemment servir de modèle aux auteurs
déens ne s'appliquent pas ici, et la foi de postérieurs.
l'Orient a toujours été qu'il y a dans les Enfin, une troisième opinion très-ré
cieux des saints qui sont les serviteurs pandue regarde Moïse commeauteur de ce
de Dieu ; rien n'empêche d'accorder à livre (quelques talmudistes, plusieurs Pè
cette doctrine une haute antiquité. c) On res, Jacques d'Edesse, Ephrem Syrus, Eu
a vOulu voir des allusions aux tristes évé sèbe, Jahn, Michaélis). Ce qui plaide en
nements de l'exil dans 9, 24. 3, 14. 12, faveur de cette hypothèse, c'est que Job
17-25. 15, 28. 16, 7. 30, 14.15.; mais il renferme des allusions assez fréquentes
faut pour cela une imagination à la fois à l'Egypte, et que la description du cro
vive et pauvre, et on ne peut le faire à codile en particulier suppose une certaine
toute rigueur qu'en détachant ces passa connaissance de ce pays ; on ajoute que
ges de leur contexte; c'est, au reste, le le séjour de Moïse dans les déserts de
même principe en vertu duquel quelques l'Arabie peu après sa fuite d'Egypte, a été
théologiens modernes (De Wette) veulent un temps très favorable à la composition
donner à des psaumes un caractère ex d'un livre où l'auteur expose que la pros
clusivement national. d) On se fonde en périté n'est pas une preuve de justice, ni
fin sur le coloris araméen du langage ; le malheur une preuve de péché. On re
mais cette objection ne repose que sur marque enfin l'analogie qu'il y a entreJob
un examen très superficiel de la langue, et le Pentateuque pour le style. Ces cir
car c'est un coloris tout à fait particulier constances prouvent seulement que l'épo
que celui de la langue de Job. Que l'on que de Moïse, fort ancienne, doit avoir
JOB 507 JOB

été celle de la composition de cet ouvra Le jugement est dans les mains du pa
ge; mais, dit Eichhorn, le style des li triarche, 31, 13. Les bêtes sauvages du
vres de Moïse et celui de Job sont trop désert, les lions, les onagres, sont fré
différents pour que leur composition quemment employées comme images, 4,
puisse être attribuée au même auteur.— 10. 11, 12. 24, 5.; de même les caravanes
L'archevêque Magee a émis une opinion qui traversent le désert, les fleuves, les
partagée par Horne, et qui rentre dans brigands, 6, 5. 19. 14, 11. 30, 3. Il a vécu
celle qui précède, c'est que Job aurait sous le ciel, il a observé les étoiles com
écrit lui-même l'ouvrage primitif, et que meun Arabe, et montre des connaissances
Moïse l'aurait transcrit en l'appropriant remarquables en astronomie (v. Ideler,
aux besoins des Juifs, et en le sanction Recherches sur l'origine et la significa
nant de son autorité. tion du nom des étoiles dans Job, Berlin
Pour parvenir à un résultat sur cette 1809 ). 4° D'autres circonstances encore
question, fixons quelques points comme montrent évidemment la haute antiquité
jalons directeurs. 1° On voit d'abord que du livre. Il est question , dans Job, des
l'auteur du livre connaît l'histoire la plusCaldéens, que Moïse connaît aussi, mais
ancienne du genre humain; il renferme qui ne reparaissent dans l'histoire qu'au
des allusions à la création et à la chute temps d'Esaïe, et alors comme un peu
de l'homme, 9, 8.9. 10,9. 12, 7-10.15, ple beaucoup plus civilisé. L'usage des
7. 20, 4. 26, 6-13. 27, 2. 31, 33. 38, 4. Romains, de déposer un enfant nouveau
sq. cf. Gen. 1-3. Il connaît aussi le nom né aux pieds de son père, qui était libre
de Jéhovah, ce qui prouve qu'il était Hé ou de le laisser, de l'abandonner, ou de
breu et au courant des plus anciennes le relever (de là élever un enfant) et de
traditions des Hébreux. On pourrait donc le prendre sur ses genoux en signe d'a-
croire qu'il a vécu en Palestine, après doption : cet usage contraire à la loi hé
Moïse. 2° Mais il ne paraît connaître ni braïque, et dont on trouve des traces dans
la loi, ni la constitution politique d'Is la Genèse, 50, 23. 30, 3., se montre aussi
raël. Le grand nom de la Thorah (la loi), dans le livre de Job,3, 12.Nommons en
si solennel pour les Juifs, n'est pris, 22, core la description du cheval, qu'un Hé
22., que dans le sens d'instructions, de breu n'eût pas faite avec autant de com
préceptes; et, quant à des allusions, cel plaisance, 39, 22-28., etl'on se convaincra
les que l'on a voulu chercher et trouver, facilement que la patrie de l'auteur n'était
prouvent plutôt le contraire, par exem pas la Palestine, et que la scène même
ple 24, 3. Il y a même dans Job des usa se passait en Arabie. 5° Enfin, c'est avec
ges contraires à la législation mosaïque, cette opinion seulement qu'on peut se
cf. 42, 15. et Nomb. 27, 8. Job est prêtre rendre compte de plusieurs particularités
lui-même et sacrifie des victimes à l'Eter que présente le style de cet ouvrage : on
nel; ailleurs, 12, 20., les prêtres sont re y trouve des formes tout à fait antiques,
gardés comme les chefs et les princes de un seul genre pour le pronom person
la nation, ce qui rappelle les temps d'A- nel, 31, 10. etc. : des expressions cal
bram à Mamré, Gen. 13, 18. Nous som déennes et l'influence de l'arabe nOuS
mes conduits de là à fixer notre attention renvoient à un temps où les dialectes
sur un temps antérieur à la théocratie. étaient séparés d'une manière moins tran
3° Tout est patriarcal dans ce livre; Job chée, comme les dialectes grecs au temps
est un prince, un émir; nomade comme d'Homère.
un arabe ; les vieillards sont l'autorité Ce que l'on oppose à cette opinion est
dont la sagesse est prise pour arbitre, 5, assez insignifiant; on a voulu voir dans les
13.22.8, 8. 12, 12.20. 15, 10.18. 32, 6.; ruines, les tombeaux, les mausolées dont
lui-même atteint un âge qui appartient il est fait mention, les traces d'une époque
plus aux jours d'Abraham qu'à ceux de plus moderne; mais Bertholdt a montré
Moïse. Il distingue, avec la simplicité (Anmerkungen) qu'avec une connaissance
d'un Arabe bédouin, le pays, c'est-à-dire plus approfondie de l'antiquité toutes ces
difficultés disparaissent. - • !
sa patrie, et le dehors, l'étranger, 18, 17.
JOE 508 J0H

Il n'y a donc que deux dates principales son histoire. Ce qu'il y a de sûr, c'est que
entre lesquelles il faille opter : ou le livre c'est dans le royaume de Juda, et pour ce
de Job est fort ancien, ou il est tout à fait royaume, qu'il exerça son ministère pro
moderne; et alors le choix n'est nulle phétique. L'examen de ses prophéties,
ment douteux. Quant à des hypothèses de dans lesquelles on peut reconnaître plu
détail sur le temps et la personne de l'au sieurs rapports avec celles d'Amos, v. p.
teur, il serait absurde d'en faire; on ne ex. Joel 3, 4. Amos 1, 9. et Joel 3, 16.
peut rien décider que négativement. Am. 1, 2., a engagé la plupart des criti
Quelques Allemands modernes, par un ques à le placer sous le règne d'Hozias,
espritd'hypercritique, ont imaginé denier en 758, (Abarbanel, Vitringa, Rosen
l'authenticitéde quelques portions de Job; muller, De Wette, Preiswerk). Les cir
ils ont rejeté le prologue, l'épilogue, et le constances dans lesquelles il prophé
discours d'Elihu; (Baerenstein, De Wette, tisa sont donc celles qui sont décrites 2
Ewald). Ils trouvent en particulier qu'E- Chr. 26. — Le contenu de son livre est
lihu, en répondant à Job, montre qu'il ne assez général, et ce serait mal l'inter
l'a pas compris; « mais, dit Haevernick, préter que de considérer ses prophéties
toute la question consiste à savoir, puis comme épuisées par tel ou tel événement
que ces théologiens ne comprennent pas particulier. Elles annoncent d'abord, sous
Job de la même manière qu'Elihu, si c'est l'image d'un fléau de sauterelles, les châ
Elihu, ou si ce ne sont pas eux qui ont timents quel'Eternel se propose d'envoyer
mal compris. ll leur paraît encore singu à Juda par le moyen des peuples étran
lier que Job ne réponde rienà ce discours : gers ; puis, un retour de la bénédiction
c'est probablement que le point de vue de divine provoqué par la repentance, l'hu
Job est qu'il ne faut pas répondre quand miliation sincère du peuple, et comme le
on se reconnaît battu, tandis que ces dis point le plus élevé de cette bénédiction,
puteurs voudraient qu'on discutât éter l'effusion du Saint-Esprit; enfin, comme
nellement. » un autre côté du tableau, le châtiment des
En fait de commentaires on n'en a pas ennemis du royaume de Dieu. La période
beaucoup sur Job; en français, on peut se messianique est dépeinte par le prophète,
prOcurer celui de Bridel de Lausanne; en et même avec beaucoup de clarté, de vi
allemand, l'un des meilleurs et des plus gueur et de magnificence, mais il s'atta
modernes est celui d'Umbreit, deuxième che plutôt aux caractères de l'œuvre du
édition, bon à étudier pour la langue et Messie qu'à sa personne. Le langage de
pour l'esprit. Joel est élevé et pur; son style est des plus
Quant à la maladie de Job, v. Lèpre. beaux; il se montre poète distingué, son
JOBAB. 1° Gen. 10, 29, peuplade arabe ouvrage semble avoir été bien médité, et
nommée avec Ophir et Havila, mais du présente un plan net et bien arrangé. Cet
reste inconnue. Bochart compare les Jo écrit est, précisément à cause de sa géné
barites de Ptolémée, tribu qui habitait ralité, une riche source d'édification pour
la côte orientale de l'Arabie; il suppose tous les temps; il est rappelé par saint
avec Saumaise qu'il faut lire Jobabites, et Pierre, Act. 2, 16.
Michaélis s'est joint à cette idée, mais elle
JOGBÉHA, ville de la tribu de Gad,
ne tient qu'à un fil. Nomb. 32, 35. Jug. 8, 11.
2°Jobab, filsde Pérah de Botsra, 1 Chr. JOHANAN (don de l'Eternel), 1° fils
1 , 44., ou de Zérah, Gen. 36, 33., un des
aîné de Josias; son nom, qui se trouve
chefs de l'Idumée. C'est sans aucune rai dans la généalogie de 1 Chr. 3, 15., n'est
son que quelques auteurs ont voulu l'i- mentionné nulle part ailleurs, ni pendant,
dentifier avec Job. ni après le règne de Josias, ce qui fait
JOEL (Dieu l'Eternel, ou celui dont supposer avec raison qu'il est mort jeune
l'Eternel est le Dieu). 1° Fils de Samuel. et avant son père.
v. Abija 1°.—2°Joel, fils de Pèthuel, le se 2o Johanan, fils de Karéah, 2 Rois,25,23.
cond des petits prophètes. On ne sait Jér. 40, 8. (588 av. C.) Il fut l'un des pre
rien de particulier sur sa famille et sur miers qui reconnurent l'autoritédusage et
J0K 509 J0K

pieux Guédalia, et celui qui travailla le plus soins qu'elle prit pour la conservation
à la lui conserver; ill'avertit des complots de son fils cadet, et comment après avoir
formés contre sa vie par Ismaël, et lui ot été obligée de l'exposer, elle eut le bon
frit d'en prévenir l'exécution par la mort heur d'être choisie par la fille de Pharaon
de son ennemi; ses services n'ayant pas pour le nourrir. Paul rend à sa foi et à
étéacceptés, et Guédaliaétant mort victime celle de Hamram un beau témoignage; ils
de sa confiance, Johanan, qui n'avait pu le ne craignirent pas l'édit du roi ; et ce se
sauver, le vengea, délivra les prisonniers rait chercher bien loin l'explication de
qu'avait faits Ismaël, continua sa marche leur foi que de la faire reposer sur des
vers Bethléem, et là, incertain dans une promesses directes qui leur auraient été
route sans issue, craignant que Nébucad faites de la part de Dieu, touchant la vie
netsar ne vengeât sur toute la Judée la et les hautes destinées de leur fils.
mort du gouverneur qu'il y avait placé, i ! JOKIM, 1 Chr. 4, 22. 23., fils de Séla
résolut avec ses partisans de se rendre et petit-fils de Juda, chef d'une famille
en Egypte.Jérémie, consulté, n'ayant pas qui primitivement s'était emparée d'une
répondu d'une manière conforme à leurs grande autorité en Moab, et dont une
projets et à leurs désirs, ils s'emportèrent branche, à l'époque où les Israélites
contre lui, l'accusèrent d'être à la solde étaient encore libres en Egypte, travail
de Baruc pour travailler à leur perte ou à lait à des fabriques de poterie et de por
leur servitude, et refusèrent de l'écouter. celaine dans les domaines et pour le
Johanan, et surtout Hazaria, étaient à la compte du roi, tandis qu'une autre bran
tête des mécontents; ils résolurent de che faisait le commerce d'ouvrages de fin
donner suite à leur idée, et ne voulant pas lin, v. Hel.
laisser Jérémie en arrière comme un re JOKMHEAM, ville d'Ephraïm,1 Rois 4,
mords, ils l'entraînèrent de force avec 12., qui fut plus tard donnée en partage
eux; mais le prophète qui n'avait pu les aux Lévites de la famille de Kéhath, 1 Chr.
détourner de l'Egypte, ne put non plus, 6, 68.
lorsqu'ils furent arrivés à Taphnès, les JOKNÉHAM,ancienne résidenceroyale
détourner de l'idolâtrie, et sa seule mis d'une peuplade cananéenne, au pied du
sion fut dès lors de leur prédire les châ mont Carmel, Jos. 12, 22. Elle était com
timents qui devaient leur arriver. — On prise dans le territoire de Zabulon, mais
ne peut s'expliquer que par la peur et fut donnée aux Lévites, 21, 34.
l'incrédulité la chûte de ce Johanan qui JOKTAN, Sémite, fils de Héber, et père
avait si bien commencé et qui finit si mal; de plusieurs peuplades de l'Arabie Heu
ses intentions étaient bonnes, mais il n'a reuse, Gen. 10, 25. 26-30. Les Arabes le
pas su ce qui était bien; il est tombé parce nomment Kachtan, et sont d'accord à dire
qu'il a refusé de voir la lumière. que tous les vrais Arabes, habitants de
JOHANNA , fils de Rhésa, un des an l'Yémen, lui doivent leur origine.Joktan
cêtres de Marie, Luc 3, 27., inconnu. eut treize fils; les Arabes ne lui en don
JOJADAH. v. Jéhojadah 2°. nent qu'un seul, nommé Jaarab, dont l'ar
JOKDEHAM, ville des montagnes de rière-petit-fils Sébah est la souche de
Juda, Jos. 15, 56. tout l'Yémen ; on montre encore son
JOKEBED ou Jokbed, fille ou descen tombeau dans la contrée de Keshin, et
dante de Lévi, née en Egypte, et mère Niebuhr parle d'une ville nommée Kach
ou ancêtre de Moïse, Nomb. 26, 59. Ex. tan à trois journées de Nedcheran; Edrisi
6, 20. Elle épousa Hamram son neveu. Si nomme également une ville Baischat-Jak
elle a été la fille de Lévi elle n'a pu être la tan dans l'Yémen. Ces données ne con
mère de Moïse, et réciproquement, à tredisent en rien les notices bibliques, et
cause du long espace de temps qui s'est l'on ne risque pas de se tromper en les
écoulé entre l'un et l'autre; le plus pro admettant.
bable, c'est qu'elle a été effectivement JOKTHEEL. 1° Ville de Juda, Jos. 15,
la mère de Marie, d'Aaron et de Moïse, 38.2° Ville principale de l'Arabie Pétrée,
et qu'elle descendait de Lévi. On sait les primitivement nommée Sélah, et qui reçut
JON 510 JON

Son nouveau nom de Amatsia qui la con peine vers les montagnes de Juda et vers
quit, 2 Rois 14, 7.2 Chr. 25, 11. Eusèbe le mont de Sion pour adorer. Les Réca
pense avec raison que c'est la même que bites formaient ainsi un ordre, mais li
Pétra; v. Sélah. bre, et cette institution resta toujours fi
JONA, dont le nom signifie colombe, dèle à la loi de Moïse, toujours fidèle aussi
était père de Pierre et André, Matth. 16, aux vœux de son fondateur, jusqu'au mo
17. Jean 1, 42. 21, 15.; il est du reste ment où elle disparaît à l'époque de la
complétement inconnu. On pense qu'il ruine de Jérusalem. Quant aux rapports
était pêcheur comme ses fils sur les bords de Jonadab avec Jéhu, ils s'expliquent par
du lac de Génésareth, et que probable l'intérêt qu'il y avait pour ce dernier à
ment il était mort lors de la vocation des s'attacher un homme influent et bien
deux apôtres, puisqu'il n'est mentionné connu par sa piété, pour Jonadab de con
nulle part. cilier à sa nombreuse famille le chef de
· JONADAB, 1° fils de Samma ou Simha, la nouvelle dynastie.
et neveu de David, 2 Sam. 13, 3. 1 Sam. JONAN, fils d'Eliakim, un des ancêtres
16, 9., est dépeint comme un homme très de Jésus par Marie, Luc 3, 30.; inconnu.
rusé. Il seconda les vues incestueuses JONAS. Le cinquième des petits pro
d'Amnon son cousin, et ne lui donna pas phètes, le même qui est nommé sous
de regrets à sa mort ; il parut plutôt vou Jéroboam II, roi d'Israël, comme ayant
loir justifier Absalon, à qui la mort d'Am annoncé les victoires de ce monarque et
non donnait les droits à la couronne ; l'extension de son royaume, 2 Rois 14,
après avoir cherché la faveur du fils aîné, 25, car, Jonas 1, 1., il est également in
il chercha celle du second , il n'aima ni qué comme fils d'Amittaï. On ne connaît,
l'un ni l'autre, et se montra vil et obsé du reste, autre chose de son histoire que
quieux pour leur plaire à tous deux, hi l'épisode qui nous en a été conservé dans
deux dans le service qu'il rendit au pre le livre qui porte son nom. Ce livre ren
mier, calme et froid dans la manière dont ferme le récit de la mission du prophète
il excusa le second aux yeux de David. auprès de la ville de Ninive, alors capi
2° Jonadab ou Jéhonadab, Kénien, tale du puissant empire d'Assyrie, et dé
fils de Récab, 2 Rois 10, 15. 1 Chr. 2. veloppe d'une manière pleine d'intérêt
55 (884 ans av. C.), salua le premier Jéhu les différentes scènes de ce drame, les
l'usurpateur à son entrée à Samarie, mon efforts de Jonas pour se soustraire à cette
ta sur son char, et fut témoin de l'exé mission, la tempête à laquelle est exposé
cution des prêtres de Bahal. Il est plus le vaisseau qui le porte, la conservation
connu par ce que Jérémie nous dit de miraculeuse du prophète dans le ventre
sa sagesse et de sa piété, Jér. 35, 6. : d'un grand poisson, q. v., sa prédication
chefd'une grande famille, il voulut l'unir, à Ninive, enfin ses résultats, ses heureux
elle et ses descendants, par des formes succès, et les tristes sentiments de dépit
obligées et des vœux sévères, qui devaient qu'ils lui inspirent.
assurer à la fois leur indépendance et leur Bien des questions ont surgi à propos
fidélité au vrai Dieu. En leur interdisant de ces quatre chapitres. On a commencé
le vin, en leur défendant de semer et de par ne rien en croire du tout, et ensuite
planter, il leur défendait de posséder des on s'est demandé si le poisson dans le
champs, ils les détournait ainsi de la vie quel Jonas a passé trois jours et trois
agricole vers la vie pastorale, il les for nuits est un véritable poisson, si ce ne
çait ainsi de loger dans des tentes, et de Serait pas plutôt le cachot du vaisseau,
voyager à la suite de leurs troupeaux : et qui avait pour enseigne un grand pois
la défense qui leur est faite de posséder Son , d'autres supposent qu'il a quitté le
des maisons, était presque devenue inu navire et qu'il a été obligé, par indispo
tile par l'impossibilité où ils eussent été sition, de passer trois fois vingt-quatre
de s'en servir. Ce genre de vie leur ren heures à l'hôtel du Grand Poisson qui
dait ainsi plus facile le pèlerinage de Jé se trouvait au bord du rivage , d'autres,
rusalem, et leurs pas se portaient sans et en particulier M. Coquerel, pensent
J0N 511 J0N

que le grand poisson est une caverne ou et l'idolâtrie subsista jusqu'au jour où ils
un enfoncement de rochers au bord de quittèrent le pays, et tout le temps que
la mer, dans lequel Jonas se sera sauvé l'arche demeura à Silo, c'est-à-dire jus
à la nage. Ces théologiens sont ainsi d'ac qu'au temps où l'arche ayant été prise,
cord à ne voir dans l'histoire de Jonas les Philistins obtinrent une suite de suc
qu'une allégorie, un mythe emprunté à cès sur les Hébreux. ll a vécu entre Jo
une tradition païenne qui rattache à la sué et Hothniel.
ville de Joppe le séjour d'Hercule dans 2° Jonathan, fils de Saül et d'Ahino
le sein d'un monstre marin. ham, l'intime ami de David, 1 Sam. 14,
Mais pour ceux qui admettent l'auto 49.13, 2. 1 Chr. 8, 33. 9, 39. (1095 av.
rité du Nouveau Testament la question C.). Il se distingua dans la guerre et dans
est tranchée, puisque évidemment le Sei la paix, débuta dans la vie militaire par
gneur a présenté ce récit comme une his-. un brillant fait d'armes qu'il accomplit à
toire véritable, et cela dans tous ses dé la tète de mille hommes, en chassant les
tails, par deux fois, Matth. 12, 39. 16, 4. Philistins du coteau de Kiriath-Jéharim,
Luc 11, 29-32.; et il est bien plus naturel puis, seul avec son écuyer, il réussit à
et plus logique de faire dériver la tradi s'emparer d'un avant-poste ennemi. C'est
tion païenne de la tradition biblique, que après cette expédition qu'il faillit devenir
de procéder à l'inverse. Le fait lui-même victime d'un vœu imprudent que son père
a une grande importance, d'abord en ce avait fait ; accablé de fatigue et de be
qu'il est une prophétie de la vocation des soin, il avait goùté de quelques rayons de
Gentils, par opposition aux fausses idées miel sauvage, et Saül avait juré la mort
du particularisme juif et d'une manière de quiconque prendrait quelque nour
charnelle de comprendre l'élection, erreur riture avant la nuit : Jonathan, prêt à
dont Jonas était le représentant , ensuite, mourir, ne dut sa conservation qu'aux
parce que l'Esprit saint nous autorise et regrets unanimes du peuple. Ce héros ai
nous invite même, dans les passages ci ma un autre héros ; il aima le vainqueur
tés, à considérer la conservation du pro de Goliath, il l'aima comme son âme, et,
phète dans le ventre du poisson pendant fidèle à son père comme à son ami, il évita
trois jours et trois nuits, par la puissance de se prononcer dans les longues que
divine, comme un type de la résurrection relles qui divisèrent le roi tombé et le roi
du Christ. — On peut lire sur ce livre futur ; il chercha à les réunir, à les ré
les articles qui ont paru dans la Gazette concilier; il y réussit une fois ; mais le
Evangélique de Berlin 1834, n° 27-29.; plus souvent sa sollicitude dut se borner
et en français les Sermons de E. Guers à avertir son ami des piéges que son père
sur Jonas. lui dressait. Déjà David a cessé de venir
JONATHAN (don de l'Eternel), 1°jeu à la cour, Saül s'en irrite, Jonathan veut
ne lévite, fils de Guerson et petit-fils de l'excuser, et ce père, aveuglé par sa rage,
Moïse, Jug. 17, 7. 18, 30. Résolu de cher cherche à le frapper de sa hallebarde,
cher fortune hors de Bethléem, sa pre mais le manque. A cette haine, Jonathan
mière demeure, il arriva dans les monta comprit ce dont il ne s'était peut-être pas
gnes d'Ephraïm, où il consentit, moyen encore douté, que David était le succes
nant une honnête rétribution, à servir de seur désigné de Saül, celui qui arrache
prêtre aux faux dieux de Mica ; mais rait à la famille du premier roi le trône et
bientôt les Danites s'étant emparés de ces la couronne d'Israël. Privé de son ave
petites idoles, et Jonathan ayant voulu nir, parce que Dieu l'avait ainsi résolu,
s'opposer à ce vol, ils le séduisirent lui Jonathan ne voulut pas perdre encore un
même par l'appât d'une plus forte récom ami : il se rendit auprès de David, dans
pense, et l'emmenèrent avec eux à Laïs, les déserts de Ziph, et lui demanda d'être
où il consentit à servir les mêmes idoles le second dans son royaume, et de gar
chez ces nouveaux propriétaires. Ses en der sa place auprès de lui : « Tu régneras
fants lui succédèrent comme sacrificateurs sur Israël, et je serai le second après toi,
au milieu de cette petite colonie danite, et Saül, mon père, le sait bien. » Les deux
JOP 512 J0R

amis ne se revirent plus, et Jonathan mou çait que la distinction entre les Juifs et
rut sur la montagne de Guilboah, en com les Gentils devait cesser, Act. 9, 36. 10,
battant avec son père contre les Philis 5. 11, 5. 13. Plus tard elle fut détruite
tins, 1 Sam. 31, 2.2 Sam. 1, 4. 1 Chr. 10, par le général romain Cestius; ayant été
2. Son nom se retrouve 2Sam. 1, 17. 4, 4. rétablie et étant devenue un repaire de
9, 7.21, 14. C'est une des figures les plus pirates, elle fut de nouveau rasée par Ves
pures de l'Ancien Testament; il reste sans pasien, qui fit construire sur ses ruines
tache, guerrier intrépide, tendre ami, fils un château-fort, et bientôt une jeune ville
respectueux ; il est appelé à tous les sa reparut tout à l'entour. Elle est nommée
crifices, et consent à tous sans murmu Jaffa dans les auteurs du moyen-âge (dé
re, donnant sa vie à son père et la cou jà chez Anne Comnène), et ce nom lui est
ronne à son ami, ne pensant qu'à ses de resté jusqu'à nos jours; elle compte main
voirs et jamais à ses droits, ne pensant tenant 7,000 habitants. Au temps de Jé
qu'au bonheur des autres et jamais à lui rôme, on montrait encore le rocher et les
même. marques de la chaîne à laquelle Andro
3° Jonathan, 2Sam. 15, 27. 17, 17., fils mède avait été attachée, lorsqu'on l'ex
du grand prêtre Abiathar, fut le premier posa au monstre marin qui devait venir
qui vint avertir les complices d'Adonija la dévorer. Ce mythe grec bien connu a
que leurs projets étaient découverts. On sans doute été forgé sur l'histoire de Jo
ne sait pas s'il était du nombre des con nas, comme d'autres traditions mytholo
jurés, ou si, par l'avis qu'il donna, il vou giques qui reposent sur un fondement
lut sauver seulement la vie de son père , historique, et souvent sur des faits de
en l'engageant à fuir pendant qu'il en était l'histoire sainte.
temps encore. Lors de la révolte d'Ab JORAM. 1°Joram, ou Hadoram, fils de
salon, il était resté fidèle à David et avait Tohi, roi d'Hamath en Syrie, 2 Sam. 8,
même rempli pour lui une mission diffi 10. 1 Chr. 18, 10., fut envoyé par son
cile, mais une première fidélité n'en ga père pour féliciter David de la victoire
rantit pas une seconde, et l'exemple seul qu'il venait de remporter sur Hadad-Hé
de son père Abiathar suffit à le prouver. ser son ennemi (1040 av. C.)
4° Oncle de David, scribe et conseiller 2° Joram, cinquième roi de Juda, fils
de ce prince, 1 Chr. 27,32., renommé pour aîné de Josaphat, régna huitans(891-883).
sa sagesse. - Mais pour concilier les passages 1 Rois 22,
5° Neveu de David, et fils de Simha, 1 24.2 Rois 1, 17. 3, 1. 8, 17., il faut admet
Sam. 16, 9.1 Chr. 20, 7.2 Sam. 21,21. Il tre que déjà pendant cinq années il avait
tua un géant philistin de Gath, de la race été associé au trône de son père comme
de Rapha, qui avait six doigts à chaque corégent. Son alliance avec la famille d'A-
main et à chaque pied, et qui était venu chab par Hathalie, la fille de Jésabel, l'en
défier Israël. traîna dans le péché et l'idolâtrie, et fut
JOPPE, très ancienne ville des Philis une source de maux pour son royaume,
tins, sur les frontières de la tribu de Dan, qui eut beaucoup à souffrir par les inva
Jos. 19, 46., et sur les bords de la Mé sions successives des Edomites, des Ara
diterranée , avec un port assez connu , bes et des Philistins , lui-même fut affligé
quoique peu sûr à cause des rochers qui d'une terrible maladie, qui dura deux ans
s'avancent dans la mer, 2 Chr. 2, 16. Jon. et termina ses jours. Il mourut sans être
1, 3. Esd. 3, 7. Joppe était située dans regretté, et ne fut pas enseveli dans les
une belle plaine, à six milles ouest de sépulcres des rois, 2 Rois 8, 16-24.2
Rama, ayant Jamnia au midi et Césarée Chr. 21. Quant à la lettre du prophète
de Palestine au nord , à l'extrémité Occi Elie qui lui fut remise, et dans laquelle
dentale de la route des montagnes qui ces châtiments se trouvaient annoncés, 2
joint Jérusalem et la mer. Elle apparte Chr. 21, 12-15., il n'est pas nécessaire de
mait à la Syrie aux jours des apôtres; Ta supposer qu'Elie l'eût préparée par une
bitha y demeurait, et c'est dans cette ville prévision prophétique avant de quitter la
que Pierre reçut la vision qui lui annon terre, car il vécut certainement pendant
JOS 513 JOS

une partie du règne de Joram, comme on cesseur d'Asa, régna vingt-cinq ans (914
peut le conclure de 1 Rois 22, 51. cf. 2 889), et fut certainement l'un des meil
Rois 2, 11. 1, 16.17.— Quelques auteurs leurs princes que ce royaume ait pos
pensent qu'au lieu d'Elie il faut lire Jéhu. sédé. Son histoire nous est rapportée
3° Joram, neuvième roi d'Israël, second avec beaucoup de détails dans le livre des
fils d'Achab et de Jézabel, monta sur le Chroniques, 2 Chr. 17-20, dont l'auteur
trône à la mort de son frère Achazia, et S'est plu à conserver le souvenir de tout
régna douze ans (896-884). Il n'imita pas ce que Josaphat fit pour bannir l'idolâ
entièrement les égarements de son père, trie et restaurer le culte du vrai Dieu. Il
mais n'alla jamais jusqu'à une réforme s'occupa avec zèle d'une bonne organisa
véritable de ses mœurs et de celles de son tion de la justice , il construisit des for
royaume. Il renonça au culte de Bahal, teresses , établit des greniers publics ,
mais conserva celui des veaux d'or, qui créa des magasins de blé; en même temps
paraît avoir été comme le fondement de la il se rappela l'essentiel, il n'oublia pas de
politique d'Israël, sa base à défaut de la pourvoir au bien-être spirituel de son
base théocratique. Les Moabites s'étaient peuple, en chargeant des lévites de ré
révoltés contre Israël peu de temps après pandre partout l'instruction religieuse.
la mort d'Achab; grâce au secours de Jo Sa piété, sa confiance entière dans le se
saphat, roi de Juda, et surtout à celui du cours du Dieu de ses pères, se manifesta
prophète Elisée , dont les divins avertis d'une manière particulière, lorsque, me
sements le mirent longtemps à même de nacé par une peuplade arabe, il convoqua
déjouer les plans et les projets de ses en tout son peuple à un grand jeûne natio
nemis, Joram réussit à ramener les Moa nal, 2 Chr. 20, qui fut de nature à lais
bites à l'obéissance. Elisée lui rendit de ser dans l'âme de tous une profonde im
plus grands services encore dans ses guer pression. Le succès justifia sa confiance,
res contre les Syriens, qui envahissaient et il eut le bonheur de voir triompher ses
continuellement ses états, qui finirent armes contre les Syriens. Mais, d'un au
même par assiéger sa capitale Samarie, tre côté, l'alliance et les relations trop in
et lui firent souffrir toutes les horreurs times qu'il forma avec l'impie Achab, roi
de la famine (Serm. de Gaussen). Il reçut d'Israël, furent de sa part un acte de fai
une grande blessure dans une de ces cam blesse qui ne lui attira que des revers,
pagnes, se retira à Jizréhel pour s'y faire en particulier lorsqu'ils entreprirent d'é-
soigner, laissant son armée sous les or quiper une flotte à frais communs. La
dres de Jéhu, et bientôt après fut assas flotte des deux rois réunis fut brisée par
siné par ce même Jéhu, que, sur l'ordre une tempête dans le port d'Hetsjon-Gué
de Dieu, Elisée avait oint roi d'Israël, 2 ber , et Josaphat , comprenant cette le
Rois 3-9. C'est sous le règne de ce prince çon, refusa, malgré les instances d'A-
· qu'eut lieu la guérison miraculeuse de chab, de renouveler cette entreprise.C'est
Naaman; d'autres miracles encore, égale ainsi que l'on peut très bien concilier les
ment admirables, ont été faits sous ses passages en apparence contradictoires de
yeux ; le ministère et les soins d'Elisée 1 Rois 22, 50. 2 Chr. 20, 35. L'alliance
semblaient appeler ce fils d'Achab à se qu'il forma plus tard avec Joram fut plus
repentir et à se soustraire ainsi, lui et ses heureuse ; la campagne qu'ils firent en
descendants, aux coups d'un Dieu si puis semble pour soumettre les Moabites ré
sant, et si terrible quand on l'irrite; mais voltés fut couronnée de succès, mals Dieu
ces appels furent vains, Joram ferma les lui montra par des miracles que c'était à
yeux, et sa dynastie, la quatrième d'Is sa faveur seulement , et non point aux
raël, fut vouée à la destruction. forces de son allié, qu'il était redevable
JORIM, fils de Matthat, un des ancê de ses victoires, 1 Rois 22, 41.2 Rois 3,
tres de Jésus par Marie, Luc 3, 29., du 14. 2 Chr. 17, 10. Sa mémoire est restée
reste inconnu. bénie et respectée, 2 Chr. 22, 9., et l'on
JOSAPHAT (jugement de l'Eternel), peut dire qu'il fut à la fois homme de
1" le quatrième roi de Juda, fils et suc bien et homme de talent, Vaillant à la
I. 33
J0S 514 J0S

guerre, sage pendant la paix. Juda n'a de Jacob, que l'on consultait comme un
peut-être joui sous aucun de ses rois devin , et avec une sagesse qui lui était
d'autant de bonheur que sous Josaphat. donnée d'en haut, il annonça les sept an
— 2° La vallée de Josaphat, Joël 3, 2. nées d'abondance qui devaient être sui
12., n'était, dans l'intention du prophète, vies de sept années de famine, et invita
qu'un nom allégorique , on a voulu l'ex le roi à se précautionner dans les pre
pliquer par 2 Chr. 20, 26. Quoi qu'il en mières contre les dernières. Pharaon ne
soit de cette explication, la tradition s'est Crut pouvoir mieux profiter de révéla
emparée du nom et l'a donné à cette tions aussi importantes qu'en chargeant
étroite et rapide vallée qui sépare le tem Joseph lui-même de l'administration des
ple de Jérusalem de la montagne des affaires publiques, et il le fit son pre
Oliviers, se dirige au sud-est du côté de mier ministre (1715av. C.), en changeant
la mer Morte, et est traversée par le Cé son nom en celui de Tsaphenath-Paha
dron qui lui dispute son nom. néah, qui, dans le haut style de la chan
JOSÉ, fils d'Eliézer, nommé parmi les cellerie égyptienne, signifiait le salut du
ancêtres de Christ et de Marie, Luc 3, siècle, ou selon saint Jérôme, le sauveur
29., est inconnu. du monde.Joseph avait alors trente ans;
JOSEB-BASÉBETH. v. Jasobham. il épousa Asenath, fille de Potiphérah, qui
JOSEPH (accroissement). 1° Le onziè lui donna deux fils, Ephraïm et Manassé.
me fils de Jacob , l'aîné de Rachel, Gen. Les années de famine avaient com
30, 24. 33, 2. 37, 2. 46, 19. 1 Chr. 2, 2. mencé, et de toutes parts on venait ache
5, 1. (1745 av. C.). Son histoire est de ter du blé en Egypte, lorsqu'un épisode
celles qu'il est le moins nécessaire de ra d'une grande importance vint rendre Jo
conter, soit parce qu'elles sont trop con seph à sa famille. Parmi les nombreux
nues, soit parce qu'elles perdent plus que marchands étrangers qui venaient se pro
d'autres à être racontées dans des ter sterner aux pieds du sage ministre de
mes différents de ceux de la Bible. On se l'Egypte, Joseph , un jour, crut recon
rappelle sa jeunesse, ses dix-sept ans et naître ses frères; il ne se trompait pas,
l'affection de son père, la jalousie de ses un de ses songes d'enfance venait de
frères, ses rêves singuliers, sa tunique s'accomplir. Il ne pouvait penser à se
bigarrée, son arrivée auprès de ses frè venger d'eux, il était trop grand de ca
res à Dothaïm, comment il fut vendu à ractère et de position; mais il crut de
des lsraélites et revendu à Putiphar, et voir les éprouver avant de se faire con
comment là , après une longue prospé naître : il leur parla brutalement, les traita
rité, il vit s'ouvrir pour lui les portes de en espions, retint Siméon auprès de lui,
la prison parce qu'il avait su respecter exigea la promesse qu'à un prochain
l'honneur de sa maîtresse, et son hon voyage ils amèneraient Benjamin avec
neur à lui-même. Cet honorable prison eux, et fit remettre l'argent dans leurs
nier devint bientôt comme le geôlier de sacs. Après un assez long espace de temps,
ses compagnons , et deux officiers dis que les hésitations de Jacob avaient en
graciés de Pharaon apprirent de sa bou core prolongé, Joseph vit revenir auprès
che, l'un sa mort , l'autre son prochain de lui ses frères et Benjamin ; son ton fut
retour en grâce ; trois jours après, l'heu affectueux et doux , ses paroles furent
reux échanson rentrait à la cour; mais aimables, il leur rendit Siméon, et fit pré
ingrat dans la bonne fortune, il oublia son parer pour eux un repas dans sa maison;
compagnon de prison, et deux années s'é- l'émotion parfois était plus forte que lui,
coulèrent sans apporter à Joseph aucun il eût voulu se jeter au cou de Benjamin;
changement. Alors Pharaon songea, ses cependant il se contint, les fils de Jacob
songes le troublèrent, tous les sages fu avaient encore une épreuve à subir, celle
rent consultés inutilement, et l'échanson de la coupe; ils s'en tirèrent à leur hon
se rappela Joseph. « C'est Dieu, et non neur, Joseph eut la certitude que le re
pas moi, qui expliquera ce qui concerne mords était entré dans le cœur de ces
' a prospérité de Pharaon, » répondit le fils méchants frères, et lorsque Juda se fut
JOS 515 J0S
offert en sacrifice à la place de Benjamin, crédit en cour et de son affection frater
Joseph, hors de lui d'émotion, fit sortir nelle. Sa vie dès lors fut tranquille et
tout le monde, et s'écria : « Je suis vo calme, il vit encore ses arrière-petits
tre frère, je suis Joseph; mon père vit-il fils, et s'endormit à l'âge de cent-dix ans,
encore ? » C'est une scène qu'on ne peut après avoir exprimé le vœu d'être ramené
décrire ; il semble que chacun y assiste, dans la terre promise pour y être ense
que chacun partage l'émotion de Joseph veli avec ses pères lorsque la postérité
et celle de ses frères, surpris, heureux et de Jacob quitterait l'Egypte. Moïse se
troublés. Des ordres furent aussitôt don rappela
ce vœu de Joseph et Josué fut
nés pour que Jacob pût venir en bonne chargé de l'exécuter, Ex. 13, 19. Jos. 24,
vieillesse achever ses jours en Egypte, et 32.
Pharaon lui-même s'intéressa à la famille
Il est impossible de trouver nulle part,
de son premier ministre. Le vieux père dans tout ce qui s'est écrit depuis le com
ne se fit pas longtemps attendre, et Jo mencement du monde, un récit plus at
seph, après l'avoir présenté à Pharaon, tachant, plus émouvant que celui de la
lui assigna pour demeure la fertile con vie de Joseph; sans doute, les scènes de
trée de G0scen en Rahmésès. la rédemption sont plus sublimes et plus
Cependant Joseph ne négligeait pas ses déchirantes, et bien des enfants, bien des
devoirs envers l'Egypte; il se souvenait pauvres sauvages, bien des chrétiens
qu'il était administrateur et politique, et aussi ne peuvent les lire sans pleurer
sa politique n'êtant guère autre que l'au (qu'ils sont heureux!); mais elles sont trop
tocratie orientale, il mit tous ses soins à pures, trop célestes, trop surhumaines
obtenir des Egyptiens, en échange de pour que chacun consente à les com
son blé, leur argent, leurs terres et leur prendre; on peut s'y refuser : mais pour
liberté, pour pouvoir ensuite les admi les scènes de Joseph, elles sont tellement
mistrer comme des fermiers, les parquer à la portée de chacun, si simples, si na
selon que l'intérêt du pays le voulait, et turelles dans leur grandeur, si humaines,
les imposer au profit de la couronne : la que les plus grands ennemis de la révéla
population fut dès lors et pendant long tion sont contraints d'avouer que tout
temps astreinte à abandonner au roi le leur paganisme, et le paganisme encore
cinquième des récoltes , le clergé seul plus noble des anciens, n'a rien produit
étant exempté, et le pays fut dans la main qui puisse être comparé à cet admirable
du roi. récit. Aussi, bien des auteurs ont-ils
La fin de Jacob approchait; le patriarche Voulu rattacher leur nom à une imitation
fit promettre à Joseph que ses os seraient de Joseph; la poésie s'en est emparée, et
transportés en Palestine et ensevelis dans l'art dramatique lui doit une de ses créa
le sépulcre d'Abraham, puis Joseph amena tions les plus sérieuses et les plus admi
auprès du vieillard mourant Ephraïm et rables, dont la musique, peu française de
Manassé, vit avec surprise la plus grande caractère quoique française d'origine,
bénédiction retomber sur la tête du plus semble rappeler l'âge théocratique, l'âge
jeune, entendit le testament prophétique des patriarches, l'israélitisme des pre
du patriarche à ses fils, et recueillit son miers temps.
dernier soupir. Après l'avoir fait embau Une chose peut surprendre dans l'his
mer, Joseph, fidèle à sa promesse, con toire de Joseph, c'est qu'il soit-resté
duisit en Canaan, accompagné d'un im vingt-deux ans sans s'enquérir de sa fa
mense cortége, la dépouille paternelle, et mille, surtout lorsque sa position le met
la déposa dans la grotte de Macpélah près tait à même de le faire facilement. ll est
des restes de ses ancêtres. De retour en difficile de se l'expliquer; on
ne peut
Egypte, il dut rassurer ses frères qui douter qu'il n'ait souvent désiré de re
craignaient que ses vengeances, compri voir son père et ses frères, et surtout de
mées par la vie de Jacob, n'éclatassent rendre à son père le bonheur qu'il avait
après sa mort ; il pleura avec eux, et leur perdu ; mais à cette époque les relations
promit de nouveau tout l'appui de son étaient rares entre les deux pays, long
J0S 516 J0S

temps Joseph fut hors d'état de commu dont il n'est point parlé, d'autant plus
niquer avec le dehors; quand il redevint que l'on voit Jacob revenir de chez La
libre et maître, les soins du gouverne ban avec la nourrice de sa mère.
ment durent l'absorber; il se consolait Le nom de Joseph se retrouve Ex. 1,
peut-être par la foi qu'il puisait dans les 5. Ps. 105, 17. Jean 4, 5. Act. 7, 9.
songes de sa jeunesse, et croyait ne pas Hébr. 11, 22. Il sert aussi à désigner
devoir hâter un moment que Dieu avait quelquefois les tribus, soit d'Ephraïm,
lui-même fixé dans sa providence; peut Apoc. 7, 8., soit de Manassé, Nomb. 13,
être craignait-il de troubler la paix de sa 12., soit toutes les deux à la fois, Deut.
famille en révélant après treize ans d'ab 33, 13. v. Tribu.
sence le crime de ses frères; et si au 2°, 3°, 4°. Trois hommes du nom de Jo
contraire il fit pour retrouver son père seph sont nommés parmi les ancêtres de
des recherches dont il ne nous est pas Jésus et de Marie, Luc 3, 24.26.30.; ils
parlé, peut-être les voyageurs eurent-ils SOnt les uns et les autres inconnus.
de la peine à trouver une famille nomade 5° Joseph, fils de Jacob, Matth. 1, 16.
et sans nom, dont le siége pouvait va Luc 1, 27. 3, 23. Il descendait de la fa
rier considérablement d'année en année; mille de David, et se fiança avec une jeune
peut-être enfin put-il se tenir lui-même parente d'une origine royale comme la
au courant de ce qui se passait chez Ja sienne, mais devenue modeste aussi par
cob, sans vouloir cependant, et sans suite de l'abolition de la royauté. Divi
croire pouvoir lui faire connaître qu'il vi nement averti des choses merveilleuses
vait encore. Il faut le dire aussi, les sen qui étaient arrivées à Marie, il renonça à
timents de tous genres n'étaient pas aussi une séparation qu'il avait d'abord cru
tendres et efféminés chez ces anciens nécessaire ; il continua de vivre à Naza
patriarches que chez nous, et si les affec reth de son métier de charpentier, et se
tions de famille sont une des plus douces rendit à Bethléem à l'époque du dénom
jouissances qu'il soit accordé à l'homme brement; là il vit les mages adorer Jésus
de goûter sur la terre, encore doit-on et Siméon saluer l'enfant de ses bénédic
savoir au besoin être plus fort que ces tions prophétiques; mais sa surprise s'ac
affections, les dominer au lieu de s'en crut quand, au lieu de la grandeur qu'il
laisser dominer, et penser là comme ail pouvait attendre, il se vit obligé, par
leurs au but de la vie et non point à ses une vision divine de s'enfuir, d'abord en
jouissances. La séparation d'Abraham et Egypte (pendant deux ans?), puis en Ga
de Lot, celle d'Abraham et de Nacor, lilée, pour échapper aux cruelles persécu
celle d'Isaac et de Jacob surtout, pré tions d'Hérode et de son fils et succes
sentent le même caractère , on voit Ja seur Archélaüs. Israélite pieux, Joseph
cob avoir été séparé de son père pendant faisait chaque année le pèlerinage de Jé
vingt ans au moins, de 77 à 97 ans, s'être rusalem; c'est dans une de ces courses que
marié, avoir eu onze ou douze enfants et Jésus, âgé de douze ans, resta en arrière
avoir fait fortune, sans qu'il paraisse s'être dans le temple, et Joseph partagea à son
inquiété en aucune façon du sort de sa égard les inquiétudes de sa mère. Dès
famille : doit-on l'attribuer à un vice d'or lors, cet homme qui paraît avoir été
ganisation, à un manque de développe humble et doux, disparaît de l'histoire; on
ment des sentiments de famille et d'af sait qu'il eut de Marie quatre fils et deux
fection, ou bien à certaine force de ca filles, Marc 6, 3., mais comme il n'est plus
ractère qu'on ne peut plus comprendre reparlé de lui, tandis qu'il est souvent
de nos jours, qui paraît tout au moins question de la mère, des frères et des
exagérée, et qui est en tout cas le con sœurs de Jésus, on conjecture avec rai
tre-pied de la sensibité moderne ? Mais Son qu'il était mort lorsque soIl fils adop
comme la Bible ne nous raconte pas tous tif entra dans la carrière publique, et les
les détails de la vie des personnages, nous paroles de Jésus, Jean 19, 27., prouvent
pouvons croire aussi qu'il y a eu, entre qu'au moins à l'époque de la crucifi
les absents et leurs familles, des rapports xion Marie était veuve. Le nom de Joseph
J0S * 517 JOS

se trouve dans les généalogies rapportées dans des familles parentes, les enfants
par saint Luc et saint Matthieu; on est portent les mêmes noms. La parenté de
généralement d'accord à penser que celle Joses offre sous ce rapport les mêmes
de Matthieu renferme seule la descen difficultés que celles de Jésus et de Jac
dance de Joseph, tandis que celle de saint queS, q. V.
Luc renferme celle de Marie ; Joseph a JOSIAS (le feu de l'Eternel), 1° sei
été substitué à Marie dans cette dernière, zième roi de Juda, fils et successeur d'A-
d'après l'ancien usage de l'Orient et des mon, régna trente-et-un ans (642-611), 2
Hébreux de ne comprendre dans leurs Rois 22 et 23, 2 Chr. 34 et 35. Il ne sui
listes que les hommes, et de nommer le vit point la mauvaise voie de ses ancêtres,
mari comme fils et descendant, alors il fit au contraire tous ses efforts pour
même qu'il n'était entré dans la famille combattre l'idolâtrie et réveiller la foi
que par une alliance. Il fallait que le dans son royaume; il fit une guerre achar
Christ fût fils de David, selon la chair par née aux autels, aux hauts lieux, aux boca
Marie, et selon la loi par Joseph, son père ges, aux idoles de tout genre, détruisant,
putatif, en quelque sorte son beau-père démolissant , profanant partout où il les
(en anglais, l'expression father in law rencontrait les moindres vestiges de ce
exprime parfaitement les rapports de Jo culte impie et adultère, ne se conten
seph et du Christ). tant pas de demi-mesures, mais résolu
6° Joseph d'Arimathée, Matth. 27, 57. d'exterminer impitoyablement jusqu'à la
Marc 15, 43. Luc 23, 50. Jean 19, 38., racine tous ces débris d'importations
membre du sanhédrin et ami caché de étrangères et païennes. Mais s'il fut im
Jésus, refusa de consentir par son vote à placable envers les idées, il fut charitable
la mort de Jésus et ne fut point écouté. envers les hommes, et pourvut à la sub
L'épreuve le manifesta; prudent lorsque sistance de tous ces prètres auxquels il
rien n'était à craindre, il ne craignit pas enlevait, avec leurs autels, le produit des
de se compromettre quand il y eut du autels, 2 Rois 23, 9. Il ne fit mettre à
danger à le faire, et il demanda à Pilate mort que les sacrificateurs de Béthel, et
le droit de rendre les derniers devoirs à peut-être ceux de Samarie, mais on peut
celui dont il avait reconnu, sans la com conclure de toute sa conduite que cette
prendre encore, la mission divine. exception particulière fut justifiée aussi
7° Joseph. v. Barsabas. par des circonstances particulières, peut
JOSES, frère de Jacques, de Simon et être par une tentative de soulèvement de
de Jude, fils de Marie, Matth. 13, 55. 27, leur part. Josias ne borna pas son œuvre
56. Marc. 6, 3. 15, 40. Ses trois frères réformatrice à son royaume seulement, il
devinrent apôtres, et lui seul ne le devint entreprit aussi la réformation d'Israël
pas, circonstance remarquable, soit qu'on et traversa les dix tribus en saint et vail
les regarde comme fils de Cléopas ou lant triomphateur. Cependant on voit par
comme fils de Joseph le charpentier, les plaintes d'un prophète contemporain,
comme les cousins de Jésus ou comme Jérémie 3, 6., qu'il ne réussit pas aussi
ses frères. Dans l'un et l'autre cas, les bien que son cœur l'aurait désiré. Mais
quatre paraissent avoir été de ceux qui une circonstance providentielle vint en
prirent Jésus pour un fou et voulurent core à son aide : la dix-huitième année de
s'emparer de lui, Marc 3, 21.; on pour son règne, les hommes occupés aux répa
rait croire que l'exclusion de Joses tient rations du temple retrouvèrent un exem
à ce qu'il s'est montré, dans cette circon plaire du Pentateuque, peut-être l'origi
stance, plus violent et plus obstiné que nal écrit de la main même de Moïse, qui
ses frères. Plus tard cependant, il fut ga avait été pendant longtemps égaré ou né
gné à la vérité comme les autres, et prit gligé, et dont la lecture fit une grande im
part aux réunions des fidèles après l'as pression. Les travaux de Josias qui, appa
cension, Act. 1, 14. On ignore d'ailleurs raissent , dit un auteur allemand, comme
s'il y a eu deux Joses, l'un frère, l'autre un regard du soleil avant la nuit tombante
cousin de Jésus ; il arrive souvent que à travers les nuages d'un soir orageux,
JOS 518 JOS

ces travaux, et le nom même du réforma phétiser, Nomb. 11, 28. ll fut un des
teur, avaient été déjà annoncés trois siè douze espions envoyés en Canaan, Nomb.
cles auparavant à Jéroboam , 1 Rois 13, 13, 9., et c'est alors que son nom fut
2., et l'oracle accompli était venu répon changé pour lui rappeler, à lui et à ses
dre à la longue attente du petit nombre de compagnons, qu'il n'y a qu'une seule déli
fidèles qui n'avaient jamais cessé d'espé vrance efficace; mais seul avec Caleb, il
rer. montra par ses œuvres la fermeté de sa
Si le règne de Josias fut honorable, il foi, et seuls ils échappèrent à la sentence
ne fut cependant qu'une trève dans les de mort prononcée contre tout Israël
malheurs comme dans les iniquités du (Eléazar et les lévites furent probablement
peuple; la prophétesse Hulda, consûltée, aussi exceptés). Son courage, ses talents
lui rendit un oracle bien consolant pour et sa fidélité éprouvée, le firent sans doute
lui-même, bien terrible pour son royaume : choisir par Moïse pour le remplacer dans
des malheurs allaient fondre sur Juda, et la conduite des milliers d'Israël, et il fut
Josias ne devait avoir d'autre consolation revêtu de l'autorité suprême en présence
que celle de mourir avant qu'ils arrivas du peuple et d'Eléazar le souverain sacri
sent. Aussi, quoique les jugements de ficateur, Nomb. 27, 18., Deut. 31, 3. Il
Dieu sur son peuple fussent bien près de reçut encore les ordres de son maître,
s'exécuter, son règne fut en général heu Nomb. 32, 28., entendit avec joie son der
reux et paisible. Il trouva la mort dans nier cantique de bénédictions, Deut, 32,
une bataille qu'il livra au roi d'Egypte 44., et entra Sans difficultés dans l'exer
Pharaon Néco, qui voulait malgré Josias cice de ses nouvelles fonctions, Jos. 1, 1.
traverser la Syrie pour porter la guerre Son ministère est inauguré par une vi
en Caldée : cette bataille est mentionnée sion magnifique, destinée à lui confirmer
par Hérodote 2, 159. On peut s'étonner de la part de l'Eternel les promesses qui
du rôle que Josias joua dans cette occa lui ont été faites par Moïse, et à l'encou
sion, et lui-même paraît presque ne pas rager à monter hardiment contre les na
avoir agi avec pleine bonne conscience, tions guerrières et puissantes qu'il a de
car il se déguisa pour se mettre à la tête vant les yeux et dont la conquête lui est
de ses troupes; cependant on se l'expli assurée. Des espions sont envoyés; sur
que par la supposition que ce roi prudent leur rapport, Josué donne trois jours à
et pieux était vassal de Nabopolassar, et l'armée pour se préparer, les eaux du
qu'il dut agir comme sujet fidèle de la Jourdain se partagent miraculeusement
Caldée, et non comme roi de Juda. Ce pour donner au peuple élu un libre et
vasselage, qui comprenait probablement franc passage dans la terre de la promesse,
aussi le royaume d'Israël , pouvait dater un autel s'élève en souvenir de cette con
du temps de Manassé. — Le nom de Jo sécration solennelle de la mission de Jo
sias se retrouve encore Sophonie, 1, 1. Sué, semblable à celle qu'avait obtenue
2° Josias, contemporain d'Esdras; v. Moïse dans le lit de la mer Rouge. Avant
Heldaï. . de procéder à la conquête de Jérico, les
JOSUE (Dieu est la délivrance), nommé Israélites sont circoncis; ils célèbrent la
d'abord Osée (délivrance), était fils de Pâque, qu'ils n'ont pas encore célébrée
Nun, de la tribu d'Ephraïm; il sortit d'E- depuis le départ de l'Egypte, et qu'ils ne
gypte, le pays de sa naissance, sous la devaient pas célébrer non plus, Ex. 13,
conduite de Moïse à qui il devait un jour 5.; enfin la manne cesse de tomber, et le
succéder dans le commandement du peu peuple se nourrit de la nourriture de
ple. Chef des guerriers au désert, il se l'homme et trouve du grain en abondance,
distingua d'abord par la défaite des Ha Jos. 5, 11. Les ennemis d'Israël, quoique
malécites, Ex. 17, 9., accompagna Moïse vaillants et résolus à se défendre avec
sur le Sinaï, 24, 13., fut chargé de la garde courage contre le petit peuple qui veut
du tabernacle d'assignation , 33, 11., et, les envahir, deviennent lâches, et leurs
jaloux des priviléges de son maître et ami, cœurs se fondent à l'ouïe des merveilles
voulut empècher des prophètes de pro que Dieu a faites pour lsraël. Une pre
J0S 519 JOS
mière conquête achève d'effrayer les an à Adonitsédec, et malgré leur multitude
ciens habitants de Canaan, et d'encourager ils ne furent pas plus heureux, ils ne s'as
les nouveaux; c'est la prise de Jérico, la semblèrent que pour être détruits d'un
clef du pays, la ville forte, la ville aux so seul coup. Josué les chargea à l'impro
lides murailles. Elle tombe devant les cris viste, et les battit tellement qu'il n'en
de joie et d'espérance du peuple, devant laissa échapper aucun; il revint de là à
ses promenades solennelles etsilencieuses Hatsor, qu'il brûla ainsi que toutes les
que trouble seulement le bruit éclatant villes d'alentour, et en fit mourir les en
des trompettes; les murailles s'écroulent, fants, les rois et les chevaux. Mais il fal
la ville est mise à sac, tout est égorgé ou lut quelques années pour réduire à l'obéis
brûlé, Rahab seul est épargnée parce sance tout le pays, car ces petits rois se
qu'elle avait épargné ses hôtes. De là, sur le succédaient les uns aux autres à mesure
rapport de quelques espions, 3,000 hom que Josué en abattait quelques-uns, et il
mes sont envoyés contre Haï; mais Josué fallut leur faire la guerre à tous, aucun
avait oublié de consulter l'Eternel, les ne s'étant rendu sans combat. Ce ne fut
3,000 hommes sont battus, et Dieu ré donc que six ou sept ans après leur entrée
véle à Josué les causes de cette défaite, en Canaan que les Israélites purent com
le péché d'Hacan. Après le châtiment du mencer le partage des terres, étant maî
coupable, Israël, prêt à faire la volonté de tres alors de tout le pays, à l'exception de
l'Eternel, peut marcher en avant, Haï est quelques villes, Gaza, Gath et Asdod, qui
aisément subjuguée, et Dieu permet aux étaient restées aux Hanakins, et de quel
vainqueurs de se partager les dépouilles ques peuplades qui purent conserver long
au lieu de les mettre à l'interdit. Cepen temps encore leur indépendance, n'ayant
dant les rois de Canaan se réunissent pas été exterminées lorsqu'elles pouvaient
pour combattre l'ennemi commun; les Ga l'être, et comme Dieu avait ordonné à Jo
baonites seuls, usant de ruse, réussissent Sué de le faire.
à se mettre sous la protection d'Israël, et On suppose en général que le sacrifice
s'ils deviennent coupeurs de bois et pui du mont Hébal(8, 30-35.)dont nous avons
seurs d'eau, ils ont au moins le droit d'ha parlé en son lieu, ne fut célébré qu'alors,
biter en la maison de l'Eternel, et d'être une fois que le peuple put se reposer en
protégés par Israël dans la mauvaise for fin de ses longues et pénibles guerres.
tune. Irrités de cette défection, les rois C'est dans le même temps à peu près que
de Canaan commencent les exploits de se passa la touchante scène d'une noble
leur ligue par le siége de Gabaon, mais querelle, de franches explications, et d'ai
là déjà ils éprouvent les coups de Josué, mable réconciliation : ce furent des jours
en même temps que les Gabaonites peu de réveil qui peuvent compter parmi les
vent se féliciter de l'alliance qu'ils ont plus beaux de toute l'histoire d'Israël ;
Jos. 22. •

faite : un grand carnage a lieu, les cinq


rois sont mis en fuite, le jour est trop Deux tribus et demie demeuraient au
court pour l'achèvement de la victoire, delà du Jourdain; la terre promise devait
Josué commande au soleil et à la lune de être partagée entre les autres neuf et de
s'arrêter, et les cinq rois sont mis à mort mie; ce partage se fit peut-être au fur et
au fond de la caverne dans laquelle ils à mesure que le peuple avançait dans le
ont cherché leur refuge. Profitant de ses pays, et proportionnellement à la force et
avantages, Josué assiége plusieurs autres à la population des tribus; les villes de :
villes cananéennes, Makkéda, Libna, La refuge furent désignées, et les Lévites se
kis, Héglon, Hébron, il saccage tout le virent assigner les lieux de leur héritage.
pays depuis Kadés-Barné jusqu'à Gaza, Lorsque tout fut en règle à cet égard,
de Goscen jusqu'à Gabaon, et devenu que les tribus furent entrées en possession
maître de toute la partie méridionale de de leur territoire, et que les parts furent
Canaan , il rentre triomphant à Guilgal où faites, Josué crut pouvoir à son tour se
le peuple était campé. Une ligue du Nord choisir un héritage avec le consentement
succéda à la ligue du Midi, Jabin succéda du peuple, et il prit Timnath-Sérah en la
JOS 520 JOS

montagne d'Ephraïm. Servi le dernier, il son héritage.


dut se contenter encore d'une petite ville Le nom de ce pieux conquérant se re
peu importante, située dans une contrée trouve Jug. 1, 1. Néh. 8, 17. Act. 7, 45.
moins favorisée que d'autres, mais il était Hébr. 4, 8.
près de Silo, et le voisinage du saint lieu Josué paraît être l'auteur du dernier
ne fut sans doute pas sans influence sur chapitre du Deutéronome; quant au livre
SOn choix. qui porte son nom, les Juifs le lui attri
Josué avançait en âge, il touchait au buent assez ordinairement; cependant il
terme de sa carrière, il avait été une lu ne paraît pas qu'il en soit l'auteur : les
mière ardente et vive; l'Ecriture sainte uns y voient un extrait du livre de Jahzer
nous présente peu de caractères qui aient ou du Droiturier, Jos. 10, 13; d'autres
été aussi actifs au service de leur maître, pensent qu'il a été composé par Eléazar
aussi fidèles dans leur profession, aussi le souverain pontife, contemporain de
inébranlables dans leur foi; l'histoire tout Josué; d'autres enfin supposent, avec
entière ne présente aucun conquérant dont vraisemblance, que Josué a écrit quelques
les guerres offrent le même caractère de mémoires détachés, qui ont été plus tard
justice dans le but, et de dépréoccupation réunis, complétés, et rédigés par un pro
personnelle dans l'exécution. Il mourut phète, Esdras par exemple. v. Haevernick's
comme il avait vécu ; sa dernière pensée Einleitung.
fut pour la gloire de son Dieu et pour le La célèbre station du soleil et de la
bonheur de son peuple. Agé de cent lune, qui a été l'objet de tant de plaisan
dix ans, et voyant approcher son heure, teries, d'explications, de doutes et d'hy
il fit convoquer toute l'assemblée d'Israël, pothèses, forme la principale difficulté de
ses anciens, ses chefs, ses juges et ses of l'histoire de Josué, et l'une des plus
ficiers, et lui, seul survivant de tous ceux grandes de la révélation tout entière. On
qui avaient vu la captivité de l'Egypte, a essayé des traductions différentes du
seul survivant de tous ceux qui avaient texte, on a imputé à la poésie des paro
vu les scènes du désert, gouverneur de les qui appartiennent à la prose, on a fait
vingt-cinq années et vrai patriarche et roi de l'armée des cieux une armée terres
du peuple, il ne parle à ceux qui l'entou tre, du soleil qui brille au firmament l'é-
rent, ni de lois, ni de conquêtes, ni d'ad tendard d'une des compagnies de Josué,
ministration; un mot suffit à ses victoires, de la reine des nuits le drapeau d'un au
et son discours d'adieu ne suffit pas à tre corps d'armée, des paroles prophéti
leur dire tout ce qu'il voudrait sur les ques de Josué un ordre stratégique don
dangers de l'idolâtrie , et l'importance né à ces compagnies de se poster, l'une
pour eux tous de rester fidèles à ce Dieu sur Gabaon, l'autre sur les hauteurs qui
qui leur avait toujours été fidèle. Peu de dominent la vallée d'Ajalon. Ces diverses
temps après, il les rassemble de nouveau tentatives, toutes plus ou moins hasar
en Sichem pour leur adresser une der dées, toutes forcées, car l'interprétation
nière fois des paroles d'exhortation, illeur littérale est la seule naturelle, doivent
rappelle les merveilles que Dieu a faites leur naissance aux nombreuses objec
en leur faveur, et les presse de se décider tions, aux difficultés réelles que soulève
d'une manière franche sur le Dieu qu'ils le récit biblique dès qu'on le prend à la
veulent adorer : mais pour moi, leur dit lettre. Nous n'appellerons pas sérieuse
il, pour moi et ma maison, nous servirons l'objection tirée du langage même de Jo
l'Eternel. Alors il traite alliance avec le sué, qui paraît supposer le mouvement
peuple, lui propose des ordonnances et du soleil, et non la rotation de la terre.
des statuts, met par écrit tout ce qui vient Josué parle comme tout le monde, com
de se passer, et dresse pour monument me les plus savants, comme l'Annuaire
une grande pierre sous un chêne : puis il du Bureau des longitudes; tout le monde
s'endort âgé de cent dix ans, et le peuple dit : Le lever, et le coucher du soleil. Et,
qui le pleure et qui n'a plus de chef, l'en comme Chaubard le fait remarquer, l'or
sevelit à Timnath-Sérah dans le lieu de dre de s'arrêter, donné simultanément
J0S 521 JOS

au soleil et à la lune, non-seulement fe tous les cas, les historiens juifs sont bien
rait supposer, mais prouve même que Jo excusables d'avoir attribué à une inter
sué, ou celui qui lui dictait ses paroles, vention de Dieu en leur faveur le pro
ne confondait point à cet égard l'appa longement de jour qui leur a assuré la
rence avec la réalité. Mais on peut regar victoire, etc. Mais si ces réponses sont
der comme sérieuses les trois objections faibles, nous pouvons demander aussi
suivantes , auxquelles nous répondrons quelles conclusions l'on veut tirer de
en peu de mots : a) Si la terre s'est réel l'objection. En conclura-t-on que la sta
lement arrêtée, tout ce qui était alors de tion du soleil et le double jour qui en
bout, principalement dans les zones tor est résulté soient des faits imaginaires ?
ride et tempérées , arbres , maisons , Ici nous en appelons à la géologie , et
hommes, animaux, doit avoir été à l'in nous trouvons une fois de plus, que le
stant même renversé et brisé par la vio plus ancien de tous les livrés en est aussi
lence du choc de l'atmosphère. — Oui, si le plus vrai, à quelque point de vue qu'on
l'atmosphère ne s'est point arrêtée avec le considère, et que la science ne mérite
la terre; non , si au contraire l'atmo son nom que lorsque ses progrès l'ont
sphère, qui fait en quelque sorte partie conduite jusqu'à rendre témoignage à la
intégrante du globe , s'est arrêtée avec révélation.
lui; non, surtout, si l'arrêt, au lieu d'être Si la terre s'est réellement arrêtée, que
subit, a été graduel. b) Il répugne d'ad le temps d'arrêt ait été de 40 secondes,
mettre comme historique un passage dont ou de 18 minutes, peu importe (v. Gaus
on s'est autorisé pour condamner Gali sen, Théopneustie, p. 360. sq.), l'im
lée et le véritable système du monde. — mensité des eaux de la mer a dù néces
Sans doute; mais comme ce passage n'a sairement continuer le mouvement qui
été qu'un prétexte mal compris , on au lui était commun avec le globe, et se dé
rait tort de conclure de l'abus contre verser ainsi sur les continents ; et, en
l'usage. c) Mais la plus grave objection, second lieu, le globe cessant d'être sol
c'est que , d'après le récit biblique, ce licité à s'aplatir vers les pôles par la ro
dérangement du système de l'univers, ce tation, a dû tendre à reprendre sa forme
bouleversement de toutes les lois du mou sphérique originelle, se renfler vers les
vement des corps célestes, ce cataclysme pôles, se rétrécir à l'équateur ; de là des
général, n'aurait eu lieu que pour donner convulsions, des tremblements de terre,
aux Israélites le temps de consommer la des ruptures. Or, la géologie et les tra
déroute de leurs ennemis, lorsqu'il y au ditions rendent témoignage de ce double
rait eu une foule d'autres moyens moins phénomène.
effrayants, moins effroyables, pour obte La tradition : en effet, le déluge de
nir le même résultat. — Les réponses à Deucalion, selon la chronologie vulgaire,
cette objection sont faibles, du moins à remonte à l'an du monde 2504 environ ;
notre point de vue. On peut dire que Josué, né l'an 2460, aurait eu alors qua
Dieu subordonnait la terre entière aux rante-quatre ans (il était certainement
succès de son peuple, comme il subor plus âgé, mais lorsqu'il s'agit de déluges,
donne à notre globe le récit de la créa et dans des temps où l'art des dates n'é-
tion tout entière; que la prise de pos tait pas très avancé, l'on doit se conten
session des Israélites devait être marquée ter de dates qui concordent à un demi
par des signes dans le ciel et sur la terre; siècle près); la coïncidence entre ces
que Dieu se proposait peut-être de dé deux événements paraît prouvée; on peut
truire une partie du monde d'alors par en dire autant du déluge d'Ogygès, ap
un déluge partiel (v. plus bas), et que les pelé aussi Ogygus, et peut-être le même
deux faits ont coïncidé ; que dans la bou que l'Augias des fables grecques, dont
che de Josué, inspiré de l'Esprit de Dieu, Hercule nettoyales étables par une inon
ces paroles sont moins un ordre qu'une dation. Platon, dans son Timée, fait in
proclamation , qu'il se borne à annoncer tervenir des prêtres égyptiens, qui re
le fait que Dieu lui a révélé; que, dans prochent aux Grecs de ne parler jamais
J0S 522 JOS

que d'un seul déluge, alors qu'il y en a périeure en haut. Ce fait démontre la
eu plusieurs, « un déluge , entre autres, soudaineté et la brièveté de la catastro
accompagné de tremblements de terre, phe. Les forêts souterraines qu'on trouve
qui dura l'espace d'un jour et d'une nuit ensevelies sous les sables de la Russie
(24 heures),..... et engouffra l'Atlantide
septentrionale sont dirigées du nord
elle-même , qui disparut entièrement, Ouest au Sud-est ; enfin l'on voit en Au
abîmée sous les flots, » etc. Le long jour vergne des produits volcaniques et pseu
des Hébreux se retrouve encore sous le dovolcaniques, alternant avec les sables
déguisement d'une double nuit, dans les et graviers qui recouvrent les formations
traditions des Latins et des Grecs, qui Secondaires les plus récentes de ces con
l'attribuèrent aux voluptueux caprices de trées, et l'on a reconnu parmi les fossi
Jupiter (Ovid. Amor. 1, 13. Prop. 2, 22. les carbonisés, au-dessous d'un de ces
Lucain, Phars. 6.). La double nuit cor amas volcaniques, une planche travaillée
respond au double jour si, comme on va par la main de l'homme (à Boutaresse),
le voir, la station de la terre a eu lieu ce qui semble faire remonter à une date
peu après le lever du soleil; alors il de comparativement peu ancienne l'amas de
vait encore faire nuit chez les Grecs, et ces terres sableuses et crétacées, et le
la variante de la tradition prouve,'mieux gisement de cette formation.
que ne ferait son entieraccord, la réalité ' Ces faits qui rendent plausible, proba
même du fait. -
ble, et même nécessaire, l'interruption
La géologie, avons-nous dit, rend té momentanée du mouvement de rotation
moignage à l'histoire. Au moins on a de la terre, ces faits dont le souvenir s'est
constaté une formation de terrains ter conservé ailleurs que chez les Hébreux,
tiaires de transports dont on a été long et qui semblent écrits sur les ruines qui
temps avant de reconnaître le caractère couvrent la surface du globe, sont déve
spécial, et qu'on ne peut expliquer que loppés dans les Eléments de géologie du
par une inondation violente , subite, modeste et savant Chaubard (1833), de
courte, générale, mais partout partielle, manière à ne laisser presque aucun doute
dirigée de l'occident à l'orient, et par dans l'esprit. Il nous a paru convenable
fois, par suite de circonstances particu d'en reproduire les traits principaux, à
lières, du nord-ouest au sud-est, beau cause de l'importance du sujet, et de
coup plus forte vers l'équateur que vers l'invraisemblance apparente du miracle.
les pôles, autant de caractères qui ne La station de la terre se place donc, com
s'expliquent que par une suspension mo me phénomène, sur le même rang que le
mentanée du mouvement de rotation du phénomène de la création et celui du dé
globe. Cette formation, confondue tan luge, et si sa cause nous paraît moins di
tôt avec les terrains secondaires supé gne du but, nous répondrons encore avec
rieurs, tantôt avec les alluvions moder Chaubard : Quelles conclusions veut-on
nes qui se forment sous nos yeux, com en tirer 9 -

prend les grands dépôts de sable de l'A- | Ajoutons, d'après le même géologue :
frique occidentale (Sahara, etc.), des cô a) que Josué se trouvait vers la position
tes occidentales et boréales de l'Europe de Beth-Horon-la-Basse au moment où
et de la Nouvelle-Hollande, les dépôts le soleil suspendit sa course; b) que, vu
arénacés de la Sibérie, avec les gros qua de là, le soleil avait en ce moment 24° 10'
drupèdes qui y ont conservé leurs poils environ d'amplitude ortive nord ; c) que
et leur peau, les brèches coquillières ou ce jour est postérieur au 20 mars et an
falun, les brèches osseuses du calcaire térieur au 24 juillet; Chaubard le fixe au
jurassique, les cavernes à ossements du 5 juillet environ : la lune devait se trou
même dépôt ; les coquillages bivalves ver dans son troisième quartier; d) enfin,
qu'on y rencontre y sont entassés sans que le soleil n'était levé que depuis 26 ou
ordre, tandis que dans les autres forma 27 minutes lorsqu'il s'est arrêté.
tions ils sont toujours dans leur posi Voir sur l'ensemble de cette question
tion naturelle, c'est-à-dire, leur valve su Chaubard, Elém., p. 267-334. La géolo
JOT 523 JOU
gie renferme encore tant de mystères et florissant : il pourvut à la sûreté du
que l'on ne saurait rien affirmer; chaque royaume par la construction de places for
savant présente son système , et nous tes, et agrandit la porte principale du
commande le doute par son absolutisme temple. Au dehors ses armes triomphè
même. Il suffit d'ouvrir un ouvrage quel rent des Hammonites, et il en reçut pen
conque pour s'en convaincre. Le travail dant trois années un riche tribut en ar
de Chaubard nous a paru ne pas répon gent et en blé. Il mourut en paix, et fut
dre à tout d'une manière satisfaisante , enseveli dans les sépulcres de ses pères.
mais il a le grand mérite d'être simple, Son nom se retrouve Es, 1, 1. 7, 1. Os.
sans prétentions, naturel, et de se rap 1, 1. Mich. 1, 1. 1 Chr. 5, 17. Matth. 1,
procher de la révélation plus que tous 9. Son avénement au trône fut marqué
les autres systèmes, ce qui est une ga par le commencement du ministère d'E-
rantie contre l'erreur, car c'est toujours saïe, qui fut son contemporain, ainsi que
là qu'il faut en revenir. Ce qu'il dit des Osée et Michée.
terrains de la dernière formation est · JOTSADAK. v. Jéhotsadak.
d'ailleurs plus fort et plus solide que les JOUR. Les Hébreux comptaient leurs
raisons qu'il allègue pour expliquer les jours d'un coucher de soleil à l'autre, se
formations précédentes. lon le commandement de Moïse, Lév. 23,
2° Josué de Bethsémès, 1 Sam. 6, 14. 32. Les Romains avaient deux sortes de
C'est au milieu de son champ que s'arrê jours avec des noms différents, le jour ci
tèrent les jeunes vaches que les Philistins vil et le jour naturel : le premier était
avaient attelées au char qui devait emme le même que chez nous : le second, qui
ner du milieu d'eux l'arche sainte. Les était celui de la vie ordinaire , commen
deux génisses furent offertes en holo çait à six heures du matin, et finissait à
causte à l'endroit même où elles s'étaient six heures du soir. Le jour civil des Juifs
arrêtées, mais l'indiscrète curiosité des variait en longueur, suivant les saisons de
Bethsémites donna à ce lieu un renom de l'année, mais était toujours partagé en
malheur, à cause de la plaie soudaine qui douze parties ou heures, Jean 11, 9., qui
fut leur châtiment. devaient elles-mêmes varier considéra
J0TBA. v. Jatba. blement, puisque les plus longs jours
JOTHAM, 1o le plus jeune des fils de allaient jusqu'à 14 heures 12 minutes,
Gédéon, et celui qui échappa seul au mas tandis que les plus courts ne comptaient
sacre de toute la famille, ordonné par que 9 heures 48 minutes, et que la diffé
Abimélec, Jug. 9, 5. Il est connu par la rence était ainsi de 4 heures 28 minutes.
fable qu'il raconta aux gens de Sichem, la Il ne paraît pas du reste que les Hébreux,
première fable que l'on découvre dans avantl'exil, aient connu d'autres divisions
toute l'antiquité, et qui prend place deux du jour que la division naturelle du ma
siècles au moins avant le grand fabuliste tin, du midi, Gen. 43, 16. Deut. 28, 29.,
de l'Orient : cette fable de l'égoïsme puni et du soir; on peut y joindre encore l'au
se distingue par son élégance, sa poésie, rore et le crépuscule : c'est des Babylo
et la justesse de son application. Jotham niens qu'ils ont pris, comme les Grecs
ne tira, du reste, pas d'autre vengeance aussi, d'après Hérodote 2, 109., la divi
des Sichémites qui avaient abandonné la sion du jour en 12 heures, Dan. 4, 19.
famille de son père, et il s'enfuit en dili 5, 5., division qui fut dès lors générale
gence à Béer entre Jérusalem et Béthel. ment adoptée et qu'on retrouve dans le
2° Jotham, onzième roi de Juda, fils et Nouveau Testament. C'est à la même épo
successeur d'Hozias, occupa le trône pen que probablement que remonte aussi la
dant seize ans (759-743). Il fit le bien de division dujour en quatre parties, et celle
vant l'Eternel, sans pouvoir cependant de la nuit en quatre veilles, q. v.—Quant
extirper l'idolâtrie de Juda, 2 Rois 15, aux jours de fête, v. Fêtes.
35. cf. 2 Chr. 27 , 2. La nation seule fut C'est par journées de chemin que les
coupable du bien qu'elle empêcha le roi premiers patriarches, et même les Juifs
de faire, et Jotham eut un règne prospère postérieurs, jusqu'apres les temps de
JOU 524 J0U

l'exil, appréciaient les distances, Gen.30, son sol noir et gras, et des bêtes sauva
36. 31, 23. Ex. 3, 18. 5, 3. Nomb. 10, 33. ges, des sangliers et des serpents y cher
33, 8. Deut. 1, 2. 1 Rois 19, 4.2 Rois 3, chent leur demeure. De là la vallée se ré
9. Jon. 3, 3. cf. 1 Macc. 5,24. 7, 45. Tob. trécit extrêmement, et le Jourdain par
6, 1. La même expression se retrouve en court 25 kilom. environ, avec une très
core dans le Nouveau Testament, Luc 2, grande rapidité, entre le bras est de l'Her
44., et dans Josèphe. Dans les anciens mon et les montagnes de Nephthali. (A
temps cette manière sommaire de mesu deux kilom. au-dessous du lac Mérom est
rer l'éloignement de deux villes était la un pont qu'une tradition inexacte a nom
plus ordinaire, peut-être la seule, comme mé pont de Jacob). Après une quaran
elle est encore en usage de nos jours chez taine de kilom. il entre dans le lac de Gé
les Arabes et les Perses ; mais sous le nésareth, qu'il alimente et d'où il ressort
point de vue géographique c'est une éva 25 kilom. plus bas. Son cours se régula
luation sans valeur, les journées des ca rise alors, et l'espace de 100 kilom. en
ravanes variant aisément de 6 à 12 lieues; viron il marche du nord au sud, presque
la journée moyenne est évaluée à 7 lieues ; parallèlement à la Méditerranée, dans une
Hérodote, 4, 101., qui a donné à la jour vallée chaude et profonde appelée la gran
née moyenne le chiffre le plus élevé, lui de vallée du Jourdain (arabe, El Ghor),
donne 200 stades ou 8 lieues. très étroite d'abord, mais qui s'élargit
JOURDAIN , le plus grand fleuve de la vers le midi. Les deux parois de monta
Palestine. Son nom (en hébreu, Jarden gnes qui forment cette vallée ne présen
ou Yarden) vient, selon les uns de yeor tent aucune interruption sensible, et,
ou yôr, qui signifie fleuve, et Den ou Dan, comme le Jura du côté de la Suisse, elles
fleuve qui a sa source près de Dan; selon semblent dans le lointain être de hautes
les autres, et avec plus de probabilité, de murailles d'un bleu à la fois mat et foncé.
yarad, descendre, couler avec impétuo La chaîne orientale est la plus élevée , la
sité (comme en allemand Rhein, le Rhin, plus continue et la plus uniforme. La val
vient de rinnen, couler). Il a plusieurs lée du Ghor se divise en trois parties :
Sources, dont deux principales : l'une est la supérieure, qui participe à la nature du
l'Hasbény ou Hasbéya, ruisseau qui par lac de Tibériade ; la moyenne, dont la
cOurt la haute vallée de l'Hermon sur un largeur est de 7 à 8 kilom. , et qui pré
sol noir, basaltique et poreux; l'autre est sente de beaux pâturages, quelques ha
le Banjas, qui sort d'une grotte profonde bitations et quelques ruines; enfin le Ghor
au pied des flancs boisés de l'Hermon, inférieur, qui participe à la nature de la
dans une belle et pittoresque contrée ; ce mer Morte; sa largeur est de 20 kilom. ;
second ruisseau, dont les eaux arrivent, il comprend la campagne de Moab, sur la
dit-on , du lac de Thiala par des canaux rive orientale, Nomb. 22, 1. 26, 3.63.33,
souterrains, acquiert immédiatement une 48., et celle de Jérico, Jos. 4, 13.5, 10.,
largeur considérable. Le Banjas est le sur la rive occidentale. La largeur et la
bras le plus considérable du Jourdain : il profondeur du Jourdain varient beaucoup,
se réunit, quelques lieues plus bas , à suivant les lieux et les saisons de l'année.
l'Hasbény et à plusieurs autres ruisseaux A son entrée dans le lac Mérom on éva
qui descendent de tous les côtés, et for lue sa largeur à 20 pas, à 80 lorsqu'il sort
me le lac Mérom, dont les rives sont ma du lac de Génésareth, de 60-90 pieds près
récageuses. Lorsque les eaux sont hau de Jérico, de 2 à 300 à son embouchure
tes, à l'époque de la fonte des neiges, ce dans la mer Morte; sa profondeur près de
lac remplit la vallée presque entière, sur Jérico est de 5 à 6 coudées , elle n'est
une largeur de trois lieues ; en d'autres que de 6 ou 7 pieds à 800 pas au sud de la
temps, au contraire, il n'est plus qu'un mer de Tibériade, et en été seulement de
marais, ou parfois même il se dessèche 3 pieds. (Ces diverses mesures sont pri
et disparaît presque complètement (Seet ses dans divers ouvrages ; on craindrait,
zen). Alors des roseaux, le papyrus et en les réduisant à l'unité, de commettre
d'autres plantes aquatiques, croissent sur ' des erreurs, les mots pieds, pas, coudées,
JUD 525 JUD

etc., n'ayant pas toujours la même va et de Léa, Gen. 29, 35. 35, 23. 37, 26.
leur). Le Jourdain est poissonneux, ses 1 Chr. 2, 1. Matth. 1, 2. Luc, 3, 33 (1755
rives sont couvertes d'arbres et de ro av. C.). Ce fut lui qui sauva la vie de
seaux, de joncs, de cannes et de saules ; Joseph, et qui conseilla de le vendre au
ses eaux sont troubles et jaunâtres, plu lieu de le tuer. Après un si grand crime,
tôt tièdes que froides, mais potables et l'union ne pouvait plus exister parmi des
pouvant se conserver assez facilement.— frères aussi jalousement haineux. Juda
L'Ecriture sainte parle du Jourdain en s'éloigna de sa famille, et vint demeurer
près de deux cents endroits : on sait les à Hadullam. Il y fit la connaissance d'une
miracles dont ce fleuve a été le témoin, Cananéenne, nommée Suah, qu'il épousa,
le partage de ses eaux sous Josué, 3, 13.; et dont il eut trois fils. Il maria succes
comment Elie et Elisée le passèrent à sec, sivement les deux aînés à une jeune fille,
2 Rois 2, 8.; comment le fer de la hache Tamar, idolâtre comme Suah, et, après
surnagea, 2 Rois 6, 6. 7., et la descente leur mort, il la destina encore pour
du saint Esprit sur notre Sauveur lors de épouse à Séla, le plus jeune de ses fils ;
son baptême, Matth. 3, 16. v. encore Gen. mais il tardait à accomplir ce mariage,
14, 14-20. cf. Ps. 110, 4. Hébr. 5,6.10. soit que Séla fût trop jeune, soit plutôt
7, 1-4. — Nomb. 23, 24, 25, 31, 12. cf. que Juda craignît pour son cadet un sort .
Apoc. 2, 14. - Jos. 1, 2. 14. Jér. 12, 5. semblable à celui des deux aînés. En at
49, 19. 50, 44. Zach. 11, 3. tendant, il devint veuf; quand les jours
JOZABAD ou Jéhozabad, etJozacar ou de son deuil furent écoulés, il se rendit à
Zabad, fils, le premier d'une Moabite, le Timnath, non loin d'Hadullam, et, ayant
second d'une Hammonite, tous deux pro rencontré une femme qu'il prit pour une
sélytes, assassinèrent Joas sur son lit, prostituée, il vint vers elle, lui promit
pour venger la mort de Zacharie, et fu un chevreau, et lui donna des gages.
rent mis à mort eux-mêmes par Amatsia, Bientôt après, on lui rapporta que Ta
fils et successeur de Joas, 2 Rois 12, 21 . mar, sa belle-fille, était enceinte ; qu'elle
14, 5.2 Chr. 24, 26. 25, 3. avait violé la foi promise à Séla, qu'elle
JUBAL, Gen. 4, 21., fils de Lémec et était adultère : le supplice du feu, en
de Hada, et frère de Jabal. Il inventa, di usage contre ce crime parmi les anciens
sent nos versions, le violon et les orgues, peuples (Jug. 15,6.), est impitoyablement
ou, d'une manière plus générale et sans prononcé par Juda contre Tamar : mais il
pouvoir préciser davantage, les instru doit révoquer sa sentence lorsqu'elle lui
ments à cordes et les instruments à vent, prouve, en lui montrant les gages qu'elle
peut-être une espèce de guitare et une a reçus de lui, que c'est de lui-même que
sorte d'harmonica. Chez tous les peuples, lui vient son déshonneur. Cette honteuse
l'invention de ces instruments de musi histoire se lit au 38e chapitre de la Ge
que remonte à une haute antiquité, et nèse, triste épisode dans une vie qui a eu
l'on aime assez à l'attribuer à quelque des moments sublimes à côté de beau
personnage important; c'est ainsi que les coup de faiblesses et de lâchetés. On
Grecs ont leur Apollon, dont le nom n'est ignore à quelle époque On en doit placer
pas sans quelque rapport étymologique le commencement et la fin; il est probable
avec celui de Jubal. Remarquons encore que, lors de la vente de Joseph aux Is
combien la découverte de cet art, si dif maélites, Juda était déjà marié; car, de
ficile en même temps qu'il est si naturel, puis ce moment jusqu'à la reconnaissance
touche de près à l'époque où les premiers de Joseph en Egypte, il ne se passa que
métiers utiles ont commencé d'être inven vingt-deux ans, temps qui serait trop
tés, combien l'agréable et l'utile ont ai court pour comprendre toute l'histoire
mé à marcher de front dans l'histoire du de Suah et de Tamar, le mariage de Juda,
développement de l'humanité. v. Musique. la naissance de trois fils, et le mariage
JUBILE. v. Année du Jubilé. possible de son cadet : or, lors du voyage
JUCAL. v. Jéhucal. d'Egypte, tout cet épisode est terminé.
JUDA. 1° Le quatrième fils de Jacob Sur le mariage successif d'une femme à
JUD 526 JUD
trois frères, cf. Deut. 25, 5. L'impres l'exception peut-être de celui de Manas
sion que ce récit laisse dans le cœur est sé. Il combatttit longtemps contre les
un dégoût profond, une sorte de mépris Cananéens de son territoire, contre les
pour la licence effrénée d'une époque pa Philistins, les Iduméens et les autres
reille. v. Grandpierre, Essais sur le Pen peuples Yoisins, avant que de les soumet
tateuque. Nous ne voudrions pas avoir tre entièrement. Ses ennemis étaient
parmi nos ancêtres le fils illégitime d'un plus redoutables encore que ceux de Ma
beau-père et de sa belle-fille; mais Jésus nassé, et ses frontières plus importantes
ne l'a pas craint : il est descendu en ligne que celles de l'Hauran, mais il en vint à
directe de ce Pharès, l'un des deux ju bout; la prière de Moïse fut exaucée : « O
meaux de Juda et de Tamar. Eternel, écoute la voix de Juda ! que ses
A l'époque de la famine, on trouve de mains lui suffisent, et sois-lui en aide
nouveau Juda rèuni à son père et à ses contre tous ses ennemis ! » (Deut. 33, 7.)
frères, Gen. 43, 3. C'est lui qui décide Ja Les prédictions du vieux Jacob s'accom
cob à laisser venir avec eux Benjamin; c'estplissaient aussi : « Juda est un faon de
lui qui porte la parole devant Joseph, lion ; il s'est couché comme un lion qui
quand il voit Benjamin sur le point d'être est en sa force, comme un vieux lion ;
retenu comme esclave ; c'est enfin lui qui le réveillera ? — Sa main a été (sous
qui vient annoncer à Joseph l'arrivée de David) sur le collet de ses ennemis, et
son père. (depuis la royauté davidique), ses frères
Juda, qui paraît avoir hérité du droit se sont prosternés devant lui, » Gen. 49,
d'aînesse, en suite de l'inceste de Ruben 8. Juda habitait un pays de vignobles, et
avec Bilha, et de la violence de Siméon et ses déserts même étaient de bons pâtu
de Lévi contre les Sichémites, est le rages, selon ce que Jacob avait annoncé
chef de la plus grande des tribus d'Is (ibid. 11 et 12.) « Il attache à la vigne
raël. On la voit la plus nombreuse dès le son ânon, et au cep excellent le petit de
temps de Moïse, Nomb. 1, 26.27., mar son ânesse; il lave son vêtement dans le
chant dans le désert à la tête des autres, vin, et son manteau dans le sang des
Nomb. 2, 3. 10, 14. et s'avançant la pre grappes ; il a les yeux vermeils de vin,
mière au combat. Jug. 1, 2. 20, 18., et les dents blanches de lait. »
comme elle figure aussi la première dans Après la mort de Saül, la tribu de Ju
l'énumération de 1 Chr. 12, 24. Son ter da se sépara des onze autres, et recon
ritoire s'étendait, à l'est, jusqu'à la mer nut seule la royauté de David, alors âgé
Morte; à l'ouest, jusqu'à la Méditerra de trente ans, pendant qu'Is-Boseth, fils
née; au sud, il allait de l'extrémité de de Saül, régnait sur tout le reste du pays.
la mer Morte au ruisseau d'Egypte; au Juda soutint son roi les armes à la main,
nord, de l'autre extrémité de la même et vit, au bout de sept ans et demi, son
mer jusqu'à Jamné, par la vallée du Cé parti victorieux et les tribus ennemies se
dron et par Kiriath-Jéharim. Juda était réunir à lui : cette vaillante tribu devint
donc, par sa position, le défenseur natu ainsi la première du royaume en influen
rel des frontières méridionales du pays ce; elle conserva ses avantages, et David
contre les Philistins, les Hamalécites, les y fixa sa résidence. Mais celle d'Ephraïm
Edomites et l'Egypte. ll reçut en partage ne put voir sans jalousie ce triomphe qui
115 villes : dont 29 dans des contrées in assurait à une autre tribu la prépondé
connues, voisines d'Hamalek et d'Edom , rance à laquelle elle avait toujours as
dans le pays du midi ; 42 dans la plaine, piré; et, profitant du mécontentement
depuis le pied des montagnes du plateau qui s'était manifesté chez plusieurs tri
à la Méditerranée; 38 sur la montagne bus sous le règne de Salomon, et qu'elle
ou sur le plateau, et 6 dans le désert qui s'était sans doute appliquée à entretenir,
est à l'ouest de la mer Morte. Quoiqu'il elle se mit à leur tête à la mort de ce mo
en ait cédé plusieurs à Siméon, à Dan et narque, et, ne pouvant réunir à elle le
à Benjamin, son territoire resta cepen royaume tout entier, elle proclama la di
dant encore plus grand qu'aucun autre, à vision du royaume en deux parties, dont
JUD 527 JUD .

l'une fut appelée, de son nom, royaume l'orient, par de puissantes frontières na
d'Ephraïm (quelquefois, mais impropre turelles, contre ses ennemis extérieurs ;
ment, royaume d'Israël), et l'autre, royau mais, des trois autres côtés, il était pres
me de Juda. que sans défense. Sa durée, jusqu'à sa
Deux tribus seules, celles de Juda et destruction par les Babyloniens, a été,
de Benjamin, composèrent le royaume de d'après les calculs les plus exacts, de 387
Juda ; il faut y joindre cependant aussi ou 388 ans (Ezéchiel, 4, 5., en nombres
quelques villes de Dan et de Siméon, ronds dit 390), c'est-à-dire de 975-588
2 Chr. 11, 10. 1 Rois 19, 3. Mais si ce av. C. Les chiffres indiqués dans les li
royaume fut petit, il n'en resta pas moins vres historiques pour le règne de chaque
le plus important des deux, non-seule roi porteraient la somme totale des an
ment parce qu'il avait à sa tête la dynastie nées à 393 ans et six mois; mais les an
légitime, la royauté davidique, mais en nées n'étant pas toujours complètes, il est
core parce qu'il renfermait la plus grande bien facile de réduire ce chiffre à celui
ville de toute la Palestine, Jérusalem, et de 387 sans altérer la justesse des cal
le temple et le tabernacle, seul sanc culs. Voici la liste de ces vingt rois :
tuaire vers lequel pussent se tourner les Roboam régna 17 ans, 1 R. 14, 21.
Juifs pieux et fidèles du royaume des dix Abijam -
3 — 15, 1.2.
tribus; enfin, Juda commandait à l'Idu Asa — 41 — 15, 10.
mée, dont les ports lui étaient assujettis, Josaphat — 25 – 22, 42.
et pouvaient être pour lui d'une grande Joram – 8 2 R. 8, 17
utilité militaire ou commerciale; mais il Achazia — 1 — 8, 26
ne sut pas toujours profiter de ses avan Hathalie — 6 — 11, 3.
tages.La faiblesse numérique du royaume Joas – 40 — 12, 1.
de Juda ressort de ce qui est dit, 1 Rois Amatsia – 29 — 14, 2
12, 21., que Roboam, voulant attaquer Jé Hosias — 52 — 15, 2
roboam , ne put mettre sur pied que Jotham — 16 — 15, 33
180,000 hommes, chiffre bien peu consi Achaz — 16 — 16, 2
dérable quand on se rappelle ce que nous Ezéchias — 29 — 18, 2.
avons dit des armées de ces anciens Manassé – 55 — 21, , 1.
temps: on voit encore, par 2 Rois, 14,9., AmOn — 2 — 21, 19.
l'immense différence que le roi d'Israël Josias – 34 — 22, 1.
mettait entre sa puissance et celle de Ju Joachaz - 3 mois — 23, 31.
da. Mais, dans l'esprit du peuple, la dy Jéhojakim – 11 — 23, 36.
nastie de Juda fut toujours considérée Jéhojachin - 3 mois – 24, 8.
comme la légitime, tandis que celle d'Is Sédécias — 11 — 24, 18.
raël était sortie d'une révolution, et n'a-
vait pas pour elle ce droit divin que, Ce fut, pendant toute l'existence du
seule parmi toutes les dynasties qui ont royaume, une seule et même dynastie;
existé, celle de David a pu revendiquer à le fils (et presque toujours l'aîné) monta
juste titre ; les prophètes n'ont pas man sur le trône à la place de son père, et
qué de relever toujours cette légitimité cet ordre ne fut changé ni par l'usurpa
du royaume de Juda. Sans doute, un pro tion momentanée d'Hathalie, ni par le
phète prédit à Jéroboam son avénement meurtre de Joas, ni par celui d'Amon, ni
au trône d'Israël, et lui annonça même même par l'intervention étrangère qui
qu'il serait béni s'il était fidèle; mais une détrôna Joachaz et lui donna pour suc
prédiction n'est pas une autorisation ; v. cesseur Eliakim son frère (Jéhojakim),
d'ailleurs 1 Rois 14, 14. Jéhu même, nou et qui, plus tard encore, remplaça Jé
vel usurpateur, fut également consacré hojachin par son oncle Mattania (Sédé
roi d'Israël par un prophète, 2 Rois 9, cias), frère de Joachaz. 2 R. 11, l. 12,
1 sq., et la dynastie de Jéroboam tomba 20. 21, 23. 23, 34. 24, 17. Malgré la so
comme elle s'était élevée. lidité du trône de Juda, presque aucun de
Le royaume de Juda était garanti, à ses règnes ne fut tranquille : dès le com
JUD 528 JUD "

mencement il dut lutter contre Israël, et dont il profita pour rallier sous son au
acheta le secours des rois syriens; puis torité religieuse ceux qui étaient demeu
l'anarchie du royaume schismatique lui rés de reste en Israël; mais bientôt, jeté
donna la paix pour quelques années, 1 R. entre les armées d'Egypte et d'Assyrie,
14-16. Lorsque Israël se fut raffermi, les il devint la proie de la première de ces
deux cours rivales conclurent unealliance, puissances; la dynastie cède à l'influence
1 R. 22, bientôt suivie d'un mariage, 2 malfaisante de l'Egypte, contre laquelle
R. 8, 18., qui blessa le royaume de Sy les prophètes avaient déjà de bonne
rie, premier allié de Juda. Les suites de heure essayé de la mettre en garde;
cette alliance furent fâcheuses, Sous le d'un autre côté Nébucadnetsar, le con
double point de vue politique et reli quérant de Babylone, creuse la fosse où
gieux, pour le royaume de Juda qui doit périr l'indépendance et la royauté
n'eût point dû rechercher la faveur des terrestre de ce petit royaume : il chasse
tribus rebelles. Une nouvelle révolution vers l'occident de l'Asie ses troupes in
dans le royaume des dix tribus mit fin à nombrables, pille Jérusalem, conduit en
cette alliance, et les Syriens irrités fon captivité la meilleure partie du peuple, et
dirent alors sur Juda, qui dut racheter sa finit par bouleverser et détruire entière
faiblesse par de grands sacrifices, 2 Rois ment capitale et royaume, sous le règne
12, 17. Un succès momentané rendit à et par la fausse politique de Sédécias,
Juda son premier courage et remonta qui n'avait que l'ombre du pouvoir et qui
son ardeur : il réussit à ramener sOus le ne la sut pas même conserver, 2 Rois 24,
joug les Edomites qui l'avaient secoué 20. Ez. 17, 15.
naguère, 2 Rois 14, 7., et enivré de cette Le culte du vrai Dieu ne fut jamais en
victoire, il déclara la guerre au royaume tièrement abandonné, alors même que
d'Israël, 2 Rois 14, 8.; mais Jérusalem fut l'idolâtrie avait pris possession du pays,
pillée, et la guerre cessa. L'anarchieayant et plusieurs rois s'efforcèrent, comme
recommencé en Israël, Juda put respirer Josias, de maintenir la pureté du culte
un moment plus à l'aise et jouir en paix et de lui rendre l'éclat qu'il avait eu aux
de ses conquêtes sur l'Idumée, 2 Rois 14, premiers temps de la royauté juive, sous
22. Puis Israël, remis de ses troubles in David et Salomon; cependant ce ne fut,
térieurs, renouvela ses attaques contre le plus souvent, qu'une religion exté
Juda, et s'allia aux rois de Syrie, qui rieure et cérémonielle, Jér. 6, 20. 7, 4.
s'emparèrent à leur tour des ports d'E- Les prêtres jouirent d'un grand crédit à
dom, 2 Rois 16, 6. Juda, trop faible pour la cour de plusieurs rois, mais ne réus
résister seul, crut se fortifier par une sirent pas toujours à purifier les mœurs,
nouvelle alliance avec une puissance in contre le relâchement desquelles les pro
fidèle, et rechercha le secours de l'Assy phètes, et notamment Esaïe, s'élevèrent
rie, qui s'étendait déjà vers l'Euphrate ; souvent et avec énergie. — Dans la pé
mais au lieu d'être son allié, Juda fut riode qui s'écoula depuis Ezéchias jus
bientôt son vassal tributaire, 2 Rois 18, 7.; qu'à la fin, une lutte s'éleva entre la
il dut, comme le cheval de la fable, ser royauté et l'aristocratie, Ez. 22, 6., et les
vir de monture à son libérateur. Il es grands essayèrent plus d'une fois de met
saya de secouer ce joug, se reposant sur tre les rois faibles dans une hOnteuse
l'appui qu'il attendait de l'Egypte, 2 Rois dépendance ; parfois ils réussirent, Jér.
18, 24.; mais il est probable qu'il n'eût 4, 9. 36, 12. 37, 15. 38, 25.
fait qu'aggraver sa position, si un mi Comme mœurs publiques, l'Ecriture
racle de l'Eternel ne fût venu lui rappe fait ressortir : un fort penchant à l'in
ler, en dispersant l'armée d'Assyrie, qu'il crédulité, Es. 5. 19. 7, 13. 28, 9. 29, 11.
vaut mieux se confier en Dieu que de se 30, 9., et un système de désobéissance à
reposer sur les grands, 2 Rois 19. Israël quelques-unes des prescriptions de la loi
fut emmené captif, les armées de l'Assy divine, la violation du jour du Seigneur,
rien durent se tourner vers d'autres en Jér. 17, 21. 34, 9. Ez. 5, 6., un luxe, une
nemis, et Juda eut un temps de répit, mollesse effrénée, Es. 3, 16. 5, 14., qui
JUD 529 JUD

endurcissait de jour en jour le cœur et on le laissait faire, et il en abusait. Irrité,


aveuglait le peuple, Esaïe 32, 9. Ezé soit de ce qu'une occasion si favorable
chiel 11, 3. Jér. 5, 3.21.; l'injustice pa pour commettre un nouveau larcin lui eût
raît avoir été à l'ordre du jour, et l'op été enlevée, soit des reproches indirects
pression des faibles, Es. 5, 20. 10, 1. que Jésus lui avait faits, et dont il était
Jér. 5, 28. 22,3,; le mensonge et la trom mieux à même que les autres de com
perie avaient chassé la confiance mutuelle, prendre la portée, il conçut à la première
Jér. 9, 3.; enfin le peuple se livrait sans occasion (Jean 13, 2.)le projet de se pro
honte comme sans crainte, au culte de curer de l'argent d'une autre manière. Les
dieux étrangers, Jér. 10, 3. et ailleurs, marchands étaient tout trouvés, la chose
Ez. 6, 5. et ailleurs; des prêtres même de à vendre était également sous sa main; il
Jéhovah se joignirent souvent à ces pro vendit son maître, argent comptant, aux
fanations, soit ouvertement, soit en se sacrificateurs pour le prix ordinaire d'un
cret, Soph. 3, 4. Ez. 44, 10. C'est ainsi esclave, 30 pièces d'argent, cf. Ex.21,32.
que ce malheureux royaume mûrissait De ce moment les détails donnés par les
lentement pour sa ruine; il ne dut qu'à quatre évangélistes présentent quelque
des circonstances étrangères de survivre incertitude sur l'ordre des événements.
comme il le fit au royaume d'Israël. — Judas paraît être retourné vers Jésus à
Quant au sort du pays et de ses habi Béthanie, Marc 14, 17. : il revient avec
tants pendant l'exil, v. Guédalia. lui à Jérusalem, le jeudi; il prend sa
2o Juda, fils de Joseph; — 3° fils de place au milieu des douze, dans la maison
Johanna, et 4° fils de Joseph, Luc, 3, 30. où la dernière Pâque juive va être célé
26. : deux des ancêtres de Jésus par Ma brée sous la forme d'un symbole, près de
rie; l'un et l'autre inconnus. celui qui va être immolé comme le véri
JUDAS. 1o Le dernier des douze apô table agneau pascal qui ôte les péchés du
tres, Matth. 10, 4. Marc3, 19. Luc 6, 16, monde ; il entend Jésus déclarer qu'un
Jean 6, 71. Il était surnommé Iscariot, traître est au milieu d'eux ; Jésus lui
soit qu'il fût de la tribu d'Issacar, dont donne un morceau trempé, et le malheu
ce surnom serait un abrégé, soit plutôt reux, qui voit Pierre et Jean parler avec
qu'il fût de Kérijoth, ce que son nom leur maître sur cette trahison qui les ef
indiquerait en hébreu. Compagnon de fraye tous, ose encore demander : Maître,
Jésus dans toutes ses courses, il était est-ce moi ?Il sort alors, et, sachant que
chargé de la bourse et du maniement Jésus va passer la nuit en Gethsémané,
des aumônes, et son caractère, peut il va s'entendre avec les prêtres pendant
être naturellement avare, trouva dans que la cène s'achève et que Jésus prie
cette circonstance un aliment de cupidité pour le monde et bénit ses disciples.
qui le perdit. Pour l'avare, le simple plai Bientôt le Sauveur a passé le Cédron, et
sir de l'addition est déjà une sensualité; le traître vient l'embrasser au lieu même
son bonheur consiste à ajouter, sa dou qu'il vient de tremper de ses larmes, de
leur est de soustraire. Au souper de Bé ses sueurs et de son sang. Le Fils de
thanie, on le vit regretter le parfum que l'Homme est saisi comme un brigand par
Marie avait répandu sur la tête et sur les les valets des prêtres ; il quitte Gethsé
pieds de Jésus, Jean 12, 4.; les autres mané pour la croix. Mais bientôt Juda ap
disciples parurent croire aussi que cette prend que son maître a été condamné à
dépense était une prodigalité, et que le mort; peut-être s'était-il flatté que Jésus
prix en eût été employé plus utilement à échapperait à ses ennemis cette fois,
soulager les pauvres, Matt. 26, 8. Marc comme en d'autres rencontres; il avait
14, 4. Mais les pauvres n'étaient pour supposé peut-être que Jésus en serait
quitte pour une réprimande, une inter
Judas qu'un prétexte ; s'il était avare, il
diction, tout au plus la prison. Il n'avait
était aussi voleur : l'un conduit à l'autre ;
et dans la société dont il faisait partie,
pas prévu, il ne pouvait pas prévoir une
société fondée sur l'amour et sur la con condamnation à mort : le dernier des sup
fiance, on n'examinait pas ses comptes, plices n'était fait que pour le dernier des
I. 34
JUD 530 JUD

criminels, et Judas, comme Pilate, ne aussi le surnom du Gaulonite (Antiq. 18,


voyait rien en Jésus qui fût digne de 1, 1. 20, 5, 2.), était de Gamala, ville
mort; il avait compté sans la haine, sans fortifiée, au bord de la mer de Galilée,
la haine des prêtres. Aussi, quand il ap dans la basse Gaulonite. D'accord avec
prend la terrible sentence, tourmenté de un certain Tsadok, il chercha à exciter
remords, il va rendre l'argent, mais on les Juifs à la révolte, à propos d'un re
ne lui rend pas la victime , il est plus fa censement ordonné par l'empereur Au
cile d'ôter la vie à un homme que de la guste, l'an 7 de l'ère chrétienne, trente
lui rendre; et le fils de perdition, déses sept ans après la bataille d'Actium, et les
péré, va se pendre, nous dit saint Mat poussa à refuser de payer à un monarque
thieu, 27, 5. Saint Pierre ajoute que son terrestre un impôt qu'ils ne devaient
corps s'est crevé par le milieu, la corde qu'au Roi des rois. Il périt dans un enga
s'étant peut-être rompue, et que ses en gement ; la sédition fut apaisée, mais ses
trailles ont été répandues à terre, Act. 1, adhérents n'en continuèrent pas moins
18. leur œuvre de soulèvement, et, plus tard,
Judas le traître a-t-il communié ? Cette sous les ordres de Manahem, son fils, et
question, débattue depuis des siècles, d'Eléazar, ils reprirent les armes, allu
n'a pas été résolue, et ne le sera pas; elle mèrent dans toute la Judée le feu de la
dépend de l'impossible solution des trois révolte, et furent cause de l'arrivée des
questions suivantes : 1° le chapitre 13 de Romains et de la ruine de tout le pays.
Jean parle-t-il du souper de la Pâque, ou Gamaliel, en disant que ce parti avait été
bien d'un repas qui eut lieu à Béthanie dissipé, était mal informé, ou bien il a
deux jours auparavant ? v. Tholuck ad voulu parler seulement d'une dispersion
Joh., 13.2° Si ce chapitre parle du sou mOmentanée.
per de la Pâque, Jésus a-t-il institué la 3° Judas, propriétaire de la maison où
cène avant ou après le lavage des pieds ? logea Paul à Damas; inconnu. Act. 9,11.
Si ce fut avant, Judas était là , si ce fut 4° Judas Barsabas. v. Barsabas 2°.
après, il n'a pas communié puisqu'il est JUDE, surnommé Lebbée (mon cœur),
Ou Thaddée (ma poitrine), l'un des douze,
dit (v. 30) qu'il partit aussitôt après avoir
pris le morceau. 3° Le morceau trempé était frère de.Jacques, de Joses et de Si
que Jésus lui donna était-il un morceau mon , fils de Cléopas et de Marie. Les
de l'agneau pascal, le pain même de la Evangiles ne nous rapportent de lui
communion, ou bien encore un mets in qu'un seul fait, la demande qu'il adressa
différent P Cette question , au reste , est au Sauveur pendant le dernier souper :
moins importante que quelques person « Seigneur, d'où vient que tu te déclare
nes n'ont voulu la faire, et si même Judas ras à nOus, et nOn pas au monde ? » Jean
a communié, il l'a fait, non comme traitre, 14, 22. Sa vie et sa carrière apostolique
puisqu'il n'était pas manifesté, mais Sont peu cOnnues ; les traditions des dif
comme disciple : à coup sûr, il n'aurait férentes Eglises varient à son sujet. Se
pas été admis à la cène le lendemain, lon les pères de l'Eglise grecque, il a
parce qu'alors il eût été reconnu comme prêché l'Evangile dans l'Idumée, l'Ara
impie et comme traitre déclaré; aucun bie, la Syrie et la Mésopotamie, et il est
des apôtres n'eût voulu manger avec lui. mOrt tranquillement à Edesse. Les au
(v. sur la cène de Judas : Guers, Essai teurs syriens le font mourir martyr à
sur les Eglises, 143-146 : Bauty, Ré Bayrouth, en Syrie. Selon les écrivains
ponse, 81; F. Olivier, Réponse, 102 de l'Eglise latine, il a pénétré en Perse,
105, etc.) Où il a succombé aux fureurs des mages.
Jésus a fait de cet homme le plus mal Eusèbe raconte qu'un des soixante-dix
heureux de tous les hommes, Matth, 26, disciples, nommé Thaddée, a été envoyé
24., et l'on a tout dit quand on a dit un par Thomas à Edesse, et la tradition sy
Judas. riaque parle également d'un Addée ou
2° Judas le Galiléen, Act. 5, 37., ap Thaddée qui aurait évangélisé la Méso
pelé de même par Josèphe, qui lui donne potamie, mais qui ne serait pas un des
JUD 531 . JUD

douze. Enfin, selon Hégésippe, les petits que Jude pût se servir de son nom com
fils de Jude auraient été dénoncés à Do me d'une recommandation suffisante, et
mitien comme sectateurs de Christ, pré si Jude n'y a pas ajouté le nom de son
tendu roi d'Orient et descendant de Da père, c'est qu'Alphée était peu connu et
vid; mais l'empereur, voyant leur pau qu'il n'a servi à distinguer les deux Jac
vreté et leur profonde ignorance poli ques qu'aussi longtemps que le fils de
Zébédée était encore en vie.
tique, les aurait fait relâcher aussitôt.
Epître de Jude. L'auteur lui-même se On ne sait rien de positif sur l'époque
nomme Jude, serviteur de Jésus-Christ, de la composition de cette épître, non
frère de Jacques. Plusieurs opinions ont plus que sur l'occasion qui lui a donné
été mises en avant ; cependant celle qui naissance. ll y a un rapport intime entre
regarde Jude l'apôtre comme auteur de cette lettre et la seconde de Pierre, et
l'épître l'emporte de beaucoup sur les nous en reparlerons à propos de cette
autres, soit par l'unanimité de la tradi dernière. Il est probable que c'est aux
tion, soit par l'autorité des théologiens mêmes lecteurs que l'une et l'autre ont été
nombreux qui l'ont adoptée, soit enfin, adressées; elles ont toutes deux le même
par l'évidence des arguments qui militent but, celui qui est indiqué versets 3 et 4.
en sa faveur. 1° De Wette, et d'autres Un mal immense s'était glissé dans les
avec lui, voient l'auteur de l'épître dans Eglises, mal semé par les faux chrétiens
Jude frère de Jacques et fils d'Alphée, qui poussèrent les doctrines de l'Evan
mais différent de celui qui est surnommé gile, et notamment celles de Paul sur la
Lebbée ou Thaddée, lequel Jude selon lin de la loi et sur la liberté, jusqu'à la
eux devrait être entendu comme fils et licence dans la conduite, en propageant
non frère de Jacques, Luc 6, 16. Act. des idées qui plus tard se développerent
1, 13. Jude Lebbée serait ainsi fils d'un dans le gnosticisme, et selon lesquelles
Jacques inconnu. Ils s'appuient, entre le Dieu des Juifs, organisateur de l'uni
autres, sur ce que l'auteur de l'épître Vers et objet du culte judaïque, aurait
ne prend pas le nom d'apôtre. Mais on été un esprit subordonné et même malin;
peut répondre que l'auteur était libre de c'était en un mot une satire faite sur la
se désigner comme il l'entendait, et qu'il a doctrine de Paul. Pierre et Jude, qui ha
omis son titre d'apôtre comme Paul, Phil. bitèrent longtemps l'Orient, virent le mal
1, 1. Il a préféré se faire connaître quant et s'y opposèrent. Jude commença, et
à son autorité par le titre de serviteur Pierre vint plus tard le soutenir de son
de Christ, et quant à son individualité autorité plus connue sinon plus réelle,
par celui de frère de Jacques.—2° Wel en développant la lettre de Jude à laquelle
ker a pris Jude pour Judas Barsabas, il a emprunté plusieurs détails. — L'au
et Schott, lisant Judas Bar-Zébed, ferait thenticité de cette épître n'a jamais été
de ce Jude un troisième fils de Zébédée, sérieusement contestée; elle ne fut reçue
opinion qui n'a pas même besoin d'être ré dans le canon syrien qu'au quatrième
futée.—3°Grotius, qui voudrait voir dans siecle, et Eusèbe raconte qu'elle était re
cette épître une allusion à la secte gnos çue par les uns et lue dans les Eglises,
tique des carpocratiens, l'attribue à un mais que d'autres ne la reconnaissaient
Jude évêque de Jérusalem sous Adrien, point, non plus que celle de Jacques et
vers 130, et retranche en conséquence les deux dernières de Jean. On comprend
les mots « frère de Jacques, » contre l'au facilement qu'une si petite lettre, qui de
torité de tous les manuscrits.—4° Enfin, plus n'était pas de la main de Paul, et
l'opinion à laquelle nous n'hésitons pas qui fut adressée à des Eglises de l'Asie
à nous ranger, attribue l'épître à l'apôtre Mineure, ne soit pas entrée en circulation
Jude surnommé Lebbée et Thaddée, frère aussi vite que d'autres.Jérôme nous ap
de l'apôtre Jacques et fils d'Alphée. Jac prend encore une raison qui a pu retar
ques, l'évêque de Jérusalem, si connu et der la reconnaissance publique de cette
épître , c'est une de ces raisons dogma
si estimé dans l'antiquité chrétienne, était
le seul qui eût assez de célebrité pour tiques que les pères ont souvent préfé
JUD 532 JUG

rées aux raisons critiques, le fait de la dance de leurs productions et la fraî


citation du livre d'Enoch ; mais v. cet ar cheur de leurs eaux.
ticle. Au reste, les témoignages en faveur JUGE, jugement, justice. De même
de l'authenticité remontent assez haut, et que dans chaque maison c'était le chef
sont assez nombreux pour l'établir d'une de la famille qui exerçait l'autorité su
manière complète. Clément d'Alexandrie, prême à tous égards, et particulièrement
Origène et Tertullien la citent en propres pour les différends qui pouvaient s'élever
termes; un autre passage d'Origène est entre les membres de la famille, de même
douteux. dans les tribus, les villes et les bourgades,
JUDEE. Ce nom tout à fait général, et ce droit appartenait, en matière de juge
qui signifie proprement terre des Juifs, ments civils et criminels ordinaires, à des
fut employé d'abord pour désigner tout juges laïques, les mêmes qui sont nom
le territoire occupé par la nation juive, la més anciens, Deut. 21, 2.3.4.6. 16, 18.
Palestine, la terre de Canaan. C'est sur Ex. 18, 13-26. Les sacrificateurs formaient
tout immédiatement après le retour de une instance supérieure, sans cependant
l'exil que cette dénomination prévalut, qu'on puisse les comparer à une cour
peut-être parce que la plupart de ceux qui d'appel, puisque c'était aux juges et non
revinrent appartenaient à l'ancien royau point aux parties de décider si l'affaire se
me de Juda. Il désigna plus tard, d'une rait portée plus loin, Deut. 17, 8. 19, 17.
manière déjà plus spéciale, la partie Sud C'était aux portes de la ville que lesjuges
de la Palestine, les territoires de Juda et tenaient leurs audiences, et comme les
de Benjamin, avec une portion de ceux de Israélites étaient tous laboureurs, sor
Dan et de Siméon. La division par tribus tant le matin pour se rendre aux champs
ayant disparu depuis l'exil, cette contrée et revenant le soir, le lieu choisi pour
à laquelle fut ajoutée encore la partie rendre la justice était ainsi le plus pu
méridionale des montagnes d'Ephraïm, et blic qu'il pût y avoir, et les passants
peut-être la plaine entière de Saron, ne pouvaient s'arrêter, écouter ou déposer.
fut plus connue que sous le nom de pro Deut. 21, 19. 22, 15. 25, 7. Ruth. 4, 1.
vince de Judée , Matth. 2, 1. 3, 1. 4, 25. Prov. 22, 22. Am. 5, 15. Zach. 8, 16. Le
Luc 1, 65. 2, 4. Jean 3, 22. Act. 2, 9. plaignant et l'accusé comparaissaient en
Après la mort d'Hérode le Grand, la Ju personne; ce dernier était en habit de
dée reprit une espèce d'existence politi deuil et se tenait à la gauche, Zach. 3, 1.3.
que ; elle fut donnée en partage par Au Les débats étaient simples et oraux, les
guste à Archélaüs, de même que la Sa jugements sommaires; l'accusé était de
marie et l'Idumée, et la province redevint fait presque toujours jugé par ses pairs,
royaume ; mais cet état dura peu , Arché propriétaires et laboureurs comme lui, et
laüs ayant été banni, la Judée fut annexée le tribunal était un jury sans doute peu
à la Syrie, et gouvernée par des procu versé dans la loi, mais bien instruit des
rateurs. Agrippa, petit-fils d'Hérode, la faits. La justice paraît avoir été entière
ramenade nouveau SOuS Son Sceptre, mais ment gratuite. La preuve légale résultait
à sa mort elle fut rendue à la Syrie , à du témoignage, mais il fallait au moins
laquelle elle ne cessa plus d'appartenir deux témoins; cet ordre est trois fois
jusqu'à ce qu'arriva la catastrophe qui répété dans le Pentateuque, Nomb. 35,
mit fin, pour un temps, à l'existence du 30. Deut. 17, 6. 19, 15.; à défaut de té
peuple juif comme peuple. moins suffisants, le serment était déféré
La Judée était une contrée presque au prévenu, Ex. 22, 11. cf. Hébr. 6, 16.
tout entière montagneuse par la réunion Le sort paraît avoir été introduit plus
· des montagnes d'Ephraïm et de Juda qui tard pour la décision de questions trop
parcouraient le pays du nord au midi, et difficiles à trancher, Prov. 16, 33. 18,
qui ne s'abaissaient que vers l'ouest; mais 18. , mais la torture, cette invention du
ces montagnes étaient pour la plupart paganisme inconnue aux Hébreux, ne pé
d'une grande fertilité, et de riches vallées nétra dans leur vie publique que sous les
portaient en diverses directions l'abon- . Hérodes. Dans les cas où la loi ne parlait
JUG 533 JUG

pas assez clairement, on consultait l'É- avait pas un vengeur du sang, c'étaient
ternel, Lév. 24, 12. Nomb. 15, 34. 35. d'ordinaire les spectateurs qui remplis
On voit par ces détails que les formes saient cet office en lapidant la victime.
étaient toutes en faveur de l'accusé. Les témoins, plus solennellement respon
A l'époque des juges. ce furent ces sables, devaient jeter la première pierre.
hauts magistrats qui décidèrent des ques Deut. 17, 7. 5. 25, 2. Jér. 37, 15.
tions difficiles, Jug. 4, 5. Samuel paraît Des contrats de vente se faisaient aussi
avoir établi une espèce de jurisprudence assez souvent en public, Jér. 32, 10.44.,
plus régulière, faisant lui-même, et plus devant les juges ou simplement devant
tard faisant faire par ses fils le tour du des témoins, Jér. 32, 25. Ruth. 4, 9., et
pays pour l'administration de la justice, ce genre de notoriété pouvait remplacer
1 Sam. 7, 16. 8, 1. Après lui, les rois pour eux les preuves écrites.
furent juges, et non-seulement en der Pendant l'exil et après le retour, un
nière instance, mais encore juges ordi ordre semblable de judicature continua
naires, et abordables à tous ceux de leurs de subsister, et Esdras institua des juges
sujets qui venaient pour demander jus de chaque ville pour la nouvelle colonie.
tice; on peut en voir des exemples 2 Esd. 7, 25. 10, 14.
Sam. 15, 2.6. cf. 2 Chr. 19, 4.5. 1 Rois Sur tout ce sujet, v. Cellérier, Esprit
3, 16.2 Sam. 14, 4.2 Rois 15, 5. Cepen de la Lég. mos. I, 183. sq. II, 80. sq.
dant on trouve sous David et sous Salo JUGES. C'est le nom particulier que
mon l'établissement de tribunaux spé l'Ecriture donne à ces hommes extra0r
ciaux pour les différentes localités, cf. 1 dinaires qui furent suscités entre les
Chr. 23, 4. 26, 29. Lors de la réorga jours de Josué et ceux de l'établissement
nisation judiciaire qui fut faite par Josa de la royauté, charge en dehors des
phat, ces tribunaux eurent à régler tout autres, fonction passagère, et toujours
ensemble les cas de conscience et les une manifestation spéciale de la bonté de
procès civils ou criminels; ils se compo l'Eternel. Le peuple n'était pas encore
saient des sacrificateurs, ou d'un seul, maître du territoire, il n'en occupait au
réunis au juge du lieu ou bien au chef du cune portion d'une manière complète et
pays; dans ce dernier cas c'était la cour définitive; partout les Cananéens étaient
suprême, 2 Chr. 19, 8.11. mêlés aux Israélites qui, dans le com
Les prophètes et le livre des Proverbes mencement, avaient voulu, contre l'ordre
montrent que de nombreuses plaintes s'é- de Dieu, ménager leurs ennemis, et qui
levaient sur la partialité des juges, et l'on ne purent plus les déposséder entière
peut se convaincre que, malgré les sévères ment lorsqu'ils le voulurent. Ce premier
défenses de la loi à cet égard, Deut. 1, désavantage politique était encore aug
17., la vénalité des juges était presque menté par le penchant naturel de ce peu
générale, comme aussi les faux témoins ple au sensualisme religieux; et bien loin
étaient à l'ordre du jour, Es. 1,23.5,23. de songer toujours à repousser les pre
10, 1. Jér. 22, 3. Am. 4, 1. 5, 12. 6, 12. miers habitants du pays, ceux d'Israël se
Mich. 3, 11. 7, 3. Zach. 7, 9. Prov. 18, laissèrent entraîner plus d'une fois à par
10. 24, 23. 6, 19. 12, 17. 19, 5. 21, 28. tager leur idolàtrie : c'est ainsi qu'avant
cf. déjà 1 Sam. 8, 3. la venue de Jephthé, nous les voyons ado
Les rois avaient le droit, principale rer les uns après les autres, ou tous à la
ment en matières criminelles, de pronon fois, les dieux de Syrie, de Sidon, de
cer des sentences de leur chef; c'était Moab, des Hammonites et des Philistins.
une justice de cabinet, comme on la ren N'ayant ainsi ni territoire assuré, ni prin
contre encore de nos jours en Orient, 1 cipes religieux auxquels ils s'attachassent
Sam. 22, 16.2 Sam. 4, 9. 1 Rois 22, 26.2 d'une manière sûre et ferme, ils étaient
Sam. 12, 5.2 Rois 21, 16. Jér. 36, 26. sans force; et l'histoire sainte nous
Selon l'usage oriental l'exécution sui montre, dans ces six différentes servi
vait de près la sentence ; lorsque la peine tudes, autant de châtiments pour autant
de mort avait été prononcée et qu'il n'y de chutes religieuses. Ces servitudes con
JUG 534 JUG

sistaient parfois en de simples tributs à tous me le peuvent pas, et l'on ne doit les
payer, Jug. 3, 15.; d'autres fois c'étaient regarder que comme des essais. Ussérius,
une série d'hostilités, des atteintes con au lieu de 462 ans, n'en compte que 389,
tinuelles à la propriété, l'enlèvement des Bonnechose 389, Archinard 331, etc.
moissons ou des troupeaux, Jug. 6,3.11., Livre des Juges. L'auteur en est in
avec quelques intervalles de repos. Lors connu, mais comme le livre tire toute son
que la détresse était arrivée à son comble, autorité du Dieu qui l'a fait écrire, et nOn
les Juifs idolâtres retournaient à Jéhovah de celui qui l'a écrit, cela importe peu.
qui, seul, pouvait les délivrer; c'est alors Les Hébreux l'attribuent généralement à
que Dieu leur envoyait des juges revêtus Samuel sur la fin de sa vie, et c'est l'opi
de toute puissance, qui chassaient l'enne nion la plus probable, celle qui peut le
mi et ramenaient le peuple au sanctuaire. mieux se soutenir en l'absence de preu
Quinze juges gouvernèrent ainsi le pays ves positives. Des passages tels que Jug.
avec des interrègnes plus ou moins longs, 17, 6. 18, 1. 21, 25., montrent que la
Ce SOIlt :
royauté existait déjà en Israël, et que
Hothniel, 1405 av. C. Jug. 3, 9. cependant le royaume n'était pas encore
Ehud, 1325 — — 3, 15. divisé. D'un autre côté, la brusque inter
Samgar, 1305 — — 3, 31. ruption du livre au chap. 16, après le ré
Débora, 1285 — — 4, 4. cit des exploits et de la mort de Samson ,
Gédéon, 1245 — — 6, 12. lorsque la vie d'Héli et de Samuel eussent
Abimélec, 1236 — — 9, 1. dû le compléter, semble indiquer que ces
Tolah, 1233 — — 10, 1. deux hommes vivaient encore, qu'ils ap
Jaïr, 1210 — — 10, 3. partenaient à l'histoire contemporaine, et
Jephthé, 1188 — — 11, 1. que l'auteur n'a pas jugé convenable, peut
Ibtsan, 1182 — — 12, 8. être pas même nécessaire, de raconter
Elon, 1175 — — 12, 11. des faits connus de tous. Cette lacune
Habdon, 1165 — — 12, 13. | surprend d'autant plus que le commence
Samson, 1157 — — 13, 24. ment du livre, dont les deux premiers cha
Héli, 1137 — 1 Sam. 1, 9. pitres sont l'introduction , annonce un
Samuel, 1116 – — 7, 15. plan suivi, l'histoire complète d'une épo
On peut voir chacun de ces articles en que; or Héli, et surtout Samuel, ne pou
son lieu et place, ainsi que mon Histoire vaient être passés sous silence dans un tra
des Juges. Quant à la chronologie, on ne vail de ce genre : un contemporain seul a
peut la déterminer; en additionnant toutes pu n'en rien dire, ou faire sur ces deux
les dates qui se trouvent dans le livre des judicatures un travail à part, et les rai
Juges, on arrive pour cette seule période, sons intérieures sont toutes en faveur de
au chiffre de 462 ans qui ne peut s'ac l'opinion que nous avons exprimée. D'au
corder avec celui de 480 indiqué, 1 Rois tres ont attribué ce travail à Esdras, d'au
6, 1., pour toute la période qui s'est tres enfin supposent que chaque juge a
écoulée depuis la sortie d'Egypte jusqu'à écrit l'histoire de son administration , et
la construction du temple. On a donc été qu'un compilateur quelconque en a fait le
obligé de réduire ce chiffre, ce que l'on livre canonique des Juges. — Les trois
a essayé de faire, soit en regardant comme premiers chapitres sont un exposé de
simultanées des administrations qui sem l'état du pays après la mort de Josué, de
blent indiquées comme successives (par l'humiliation des Israélites d'abord, puis
exemple Samgar et Débora), soit en con de leur première idolâtrie; les chap. 4
fondant la durée des servitudes avec celle 16 renferment l'histoire des six oppres
du gouvernement du juge qui a précédé sions et des six délivrances ; c'est l'his
ou suivi (par exemple Ehud et l'oppres toire desjuges proprement dite; les chap.
sion de Jabin; l'oppression des Philistins 17-21 contiennent enfin deux épisodes de
et les judicatures de Jephthé, Ibtsan, Elon, la profonde immoralité qui s'était intro
Habdon et Samson). Ces calculs sont ar duite en Israël après la mort de Josué,
bitraires; plusieurs peuvent se justifier, et qui amena sur ce malheureux pays tant
JUI 535 JUP

de calamités, et la destruction presque développements que le travail actuel ne


totale de la tribu de Benjamin. comporte pas, je me borne à renvoyer au
Pour plus de détails, v. Haevernick, Ein discours de M. Gaussen, « Les Juifs enfin
leit. II, p. 67-111, et le commentaire de évangélisés, et bientôt rétablis, » Genève,
Studer, publié à Berne, 1835, rationaliste, 1843, ainsi qu'au Voyage en Orient de
mais bon comme travail critique et philo MM. Keith, Black, Bonar et Mac'Cheyne,
logique. - ayant pour titre : « Les Juifs d'Europe et
JUIFS. C'est le nom que prirent col de Palestine. »
lectivement tous les enfants d'Israël sans JULE, centenier de la cohorte appelée
distinction de tribu après le retour de Auguste (l'empereur avait donné son nom
l'exil : il dérive soit de Juda la première à une cohorte dans chaque légion). C'est
des tribus, soit du royaume de Juda, au à lui que Paul et quelques autres prison
quel la plupart de ceux qui revinrent dans niers furent remis pour être conduits en
leur patrie avaient appartenu : des rai Italie, Act. 27. Il témoigna toujours beau
sons politiques contribuèrent peut-être coup de déférence pour l'apôtre, et lui
aussi à ce que les membres des tribus permit d'aller voir ses amis à Sidon. Plus
d'Israël se confondissent par un même tard, la navigation étant devenue dange
nom avec ceux de Juda, parce que c'est à reuse, Paul conseilla au centenier de s'ar
ces derniers seuls que le texte de l'édit rêter à Beaux-Ports, mais celui-ci, plus
de Cyrus semblait rendre la liberté. Le confiant en l'expérience du pilote , crut
nom de Juifs ou Judéens a dès lors pré pouvoir continuer sa route.Cependant une
valu. forte tempête ne tarda pas à menacer le na
L'histoire des Juifs est ainsi, en quel vire, la vie de tous ceux qui le montaient
que sorte, une continuation de celle des fut exposée à un danger imminent, et les
Hébreux ou des Israélites, mais comme conseils de Paul furent recherchés et sui
elle ne fait pas partie de l'Ecriture sainte, vis. Jule rendit alors à Paul service pour
nous n'avons pas à nous en occuper. ici. service , et lui sauva la vie ainsi qu'à
L'exil de Babylone fut le dernier châti tous ses compagnons de captivité, que les
ment des Juifs idolâtres; dès lors, in soldats voulaient mettre à mort pour les
struits par l'expérience, ils ne coururent empêcher de s'évader; à Rome enfin , il
plus après les dieux étrangers, mais remit les prisonniers au préfet du pré
lorsque le Messie vint, ils le rejetèrent, toire, et paraît avoir obtenu pour Paul un
ne voulant rien d'un roi faible, méprisé, traitement plus doux que celui de la pri
dont la gloire n'était pas de ce monde : son, et la liberté de demeurer à part.
ils le crucifièrent, et le sang du Juste JULIE, Rom. 16, 15., femme disciple
retomba sur eux ; la ruine de Jérusalem , de Rome, l'épouse de Philologue selon
la dévastation du pays , la dispersion du Origène , du reste inconnue. Quelques
peuple vengèrent ce forfait inouï, et les uns même pensent que Julie ou plutôt
païens sont entrés dans l'alliance de grâce Julias était un homme.
qu'avait rejetée la race élue, la nation JUNIAS, Rom. 16, 7., ou peut-être
sainte. Quel est maintenant l'avenir de ce Junie, serait, dans ce dernier cas, la sœur
peuple longtemps si béni P Cet avenir est d'Andronique, ou sa femme : c'est le sen
sans doute plus brillant encore que son timent de Chrysostome, de Théophylacte,
passé, car les dons et la vocation de Dieu et d'autres; elle était parente de saint
sont sans repentance : ils seront entés de Paul. Le nom d'apôtre que Junias partage
nouveau ; on peut prévoir leur retour à avec Andronique a fait croire que c'était
Jérusalem , leur conversion , et par eux un homme. Incertain.
l'évangélisationetla conversiondumonde, JUPITER. v. Caldéens. Cette divinité
« car si leur chute a été la richesse du bien connue des Grecs et des Romains,
monde, et leur diminution la richesse des n'a été connue des Juifs sous ce nom
gentils, combien plus le sera leur abon qu'après l'exilquand Antiochus Epiphanes
dance. » — Les temps actuels sont signi voulut les contraindre d'adorer Jupiter
ficatifs à cet égard, et sans entrer dans des Olympien à Jérusalem, et Jupiter l'Hospi
KAD 536 KED

lier à Guérizim, 2 Macc. 6, 2. A l'époque ciations avec le roi d'Edom, Nomb. 20,
des apôtres, Barnabas fut pris pour Jupi 14. Jug. 11, 17., la défaite d'un de ses
ter en même temps que Paul pour Mer rois par Josué, Jos. 12, 22., enfin la dé
Cure, et On vOulut leur offrir des sacrifi fiance de Moïse et d'Aaron au sujet du
ces dans le temple de Jupiter qui était rocher d'eau vive, et leur condamnation,
à Lystre, Act. 14, 12. 13. Des taureaux Nomb. 20, 2. Cette ville est donnée plus
Couronnés sont désignés dans ce passage tard comme frontière méridionale du pays,
comme victimes, cf. Iliad, 2, 402.AEneid. et notamment de la tribu de Juda, Nomb.
3, 21. 9, 627. 34, 4. Jos. 15, 3. Il est possible cepen
JUSTE. 1° v. Barsabas. — 2° Juste, dant que Méribah-Kadès soit différent de
chrétien d'entre les gentils, logea Paul à Kadès-Barné ; mais il en était, en tout
Corinthe lorsque celui - ci eut quitté cas, peu éloigné ; quant à Méribah, v. cet
Aquila pour se tourner des Juifs vers les article.— On distingue encore un autre
païens. D'anciens manuscrits portent qu'il Kadès, ou plutôt Kédès, q. v.
s'appelait Tite Juste, d'où Chrysostome KADMONIENS (les Orientaux), nom
et Grotius ont cru que c'était le même d'une peuplade cananéenne, Gen. 15, 19.,
que Tite à qui Paul a écrit; mais c'est du reste inconnue, que l'on place au-delà
une opinion peu probable.—3° Jésus ap du Jourdain, à l'orient de la Phénicie, et
pelé Juste, honorablement mentionné par non loin du Liban. Quelques-uns pensent
saint Paul parmi le petit nombre de ceux que Cadmus avait appartenu à cette tribu,
qui, Juifs de naissance, travaillaient acti et qu'Hermione, sa femme, avait reçu son
vementavec l'apôtre à l'évangélisation des nom du mont Hermon; ils trouvent une
Juifs, Col. 4, 11. Du reste inconnu. analogie de plus : les Kadmoniens étaient
JUSTICE. v. Juge. Héviens, et la racine de ce dernier nom
JUTTA, ville sacerdotale de la tribu de signifie serpent ; de là, disent-ils, la fa
Juda, située sur un plateau à peu de dis ble des dents de dragon semées par Cad
tance d'Hébron, Jos. 15, 55. 21, 16. mus, et des hommes vaillants qui en na
Non loin de là se trouvait une des sources quirent.
du Bésor. Quelques-uns pensent que KAGAB, Lév. 11, 22. v. Sauterelles.
c'est la ville indiquée Luc 1, 39., et ils li KAMON, ville de Galaad. appartenant
sent la ville de Juda ou Jutta, au lieu de à la tribu de Manassé, et dans laquelle
une ville, trouvant cette dernière expres fut enseveli Jaïr, Jug. 10, 5.
sion trop vague pour Luc qui aime à pré KARKAA , ville située dans la partie
ClS0I'. méridionale de la tribu de Juda, Jos. 15,3.
KARKOR, lieuau-delà du Jourdain, du
K côté de l'Arabie, Jug. 8, 10. Eusèbe et
Jérôme pensent au château de Carcaïa ou
KAB. v. Cab. Carcaria, à une journée de Pétra, ce qui
KABTSEEL. v. Jékabtséel. s'accorde assez bien avec le récit sacré, si
KADES, le même que Kadès-Barné, Nobah, qui paraît avoir été à l'est de Kar
Nomb. 20, 14. cf. 32, 8. Jos. 14, 7., et kor, 8, 11., est, en effet, comme l'a dit
peut-être aussique Méribah-Kadès, quoi Eusèbe, à 8 milles sud d'Esbus. v. Nobah.
que diverses circonstances puissent faire KEBAR, ou Chaboras, fleuve de la
douter de l'identité. C'était une ville en Mésopotamie, qui prend sa source près
tourée d'un district du même nom, au de Ras-el-Aïn, et qui coule d'abord à
sud-est de la Palestine, dans le désert de l'est, puis au sud, et à l'ouest, reçoit le
Tsin, sur les frontières d'Edom, non Mygdonius, et se jette dans l'Euphrate,
loin de Guérar, Gen. 14, 7. 16, 14. 20, près de Circesium. Une partie des dix
1. Nomb. 20, 1. 27, 14. 33, 36. 34, 4. . tribus avait été transportée sur les rives
Deut. 32, 51. Jos. 10, 41. Plusieurs sou de ce fleuve, et c'est de là qu'Ezéchiel a
venirs se rattachent à son nom : la mort daté plusieurs de ses prophéties, Ez. 1,
de Marie, sœur de Moïse, Nomb. 20, 3. 3,15.23. 10, 15.22.
l'envoi des douze espions, et les négo KEDAR et Kédaréniens, peuple des
KED 537 KEN

cendant d'Ismaël, Gen. 25, 13., horde vements des rois de la plaine : ils furent
nombreuse vivant dans des tentes, tou battus; ceux de Sodome et de Gomorrhe
jours nomade, et dont on ne peut pas in furent tués ; tous s'enfuirent ou furent
diquer, d'une manière précise, le terri faits prisonniers; leurs vivres et leurs
toire, puisqu'ils en changeaient souvent. richesses tombèrent au pouvoir de l'en
Ils erraient dans les déserts de l'Arabie, nemi. Mais, parmi les captifs, il s'en
loin de la Palestine, étaient riches en trouvait un qui craignait Jéhovah : c'était
troupeaux, faisaient un grand commerce, Lot; sa présence devait être la délivrance
de tous. Abraham, informé du malheur
et excellaient à tirer de l'arc, Es. 21, 16.
42, 11. 60, 7. Cant. 1, 5. Ps. 120, 5. Ez. de son neveu, part avec 318 de ses servi
27, 21. Jér. 2, 10. 49, 28. Ce sont pro teurs, partage ses troupes en bandes, fond
bablement les Cédréens de Pline. La de nuit sur le camp ennemi, met en fuite
langue de Kédar, chez les rabbins, désigne Kédor et ses alliés, et leur reprend, avec
l'arabe. . leurs prisonniers, toutes les richesses
KEDEMOTH, ville de Ruben, apparte qu'ils avaient injustement enlevées. Ké
nant aux Lévites, Jos. 13, 18. 21, 37. 1 dor s'enfuit jusqu'à Hobar, près de Da
Chr. 6, 79. Près de là se trouvait un dé II13S.
sert, Deut. 2, 26. KÉHATH, second fils de Lévi, Gen.
KEDES ou Kadés. 1° Ville de Nephtha 46, 11. Nomb. 3, 17. 1 Chr. 6, 1., na
li, lévitique, et l'un des six lieux de re quit en Canaan, et fut père de Hamram,
fuge d'Israël, d'abord résidence d'un roi et, par lui, grand-père de Moïse et
cananéen, Jos. 12, 22. 19, 37. 20, 7. 21, d'Aaron, Ex. 6, 16-20.; il vécut cent
32. Jug. 4, 6. Elle était fortifiée, 2 Rois trente-trois ans. Ses descendants, l'une
15, 29. 1 Chr. 6.76. Josèphe la met sur des trois branches lévitiques, furent char
les frontières de la Galilée et de la Phé gés, dans le désert, de porter l'arche et
nicie, et lui donne les environs de Tyr les ustensiles du tabernacle, Nomb. 4, 4.
pour territoire. 2° Ville au sud de Juda, Ils étaient au nombre de 2,750 personnes,
Jos. 15, 23.; 3° d'Issacar, 1 Chr. 6, 72. de trente à cinquante ans, à la sortie
v. Kison. d'Egypte.
KEDOR-LAHOMER, Gen. 14, 1. (1912 KEHILAH, ville des plaines de Juda,
av. C.), roi d'Hélam. Plus fort que tous Jos. 15, 44.1 Chr. 4, 19. Néh. 3, 17. 18.
les autres petits chefs des contrées avoi Elle fut prise par les Philistins, et déli
sinantes, il avait su, pendant douze an vrée par David, 1 Sam. 23. Elle était située
nées, se rendre et se conserver tributaires à quelques lieues est d'Eleuthéropolis, et
les rois de Sodome, de Gomorrhe et des une ancienne tradition y place le tombeau
autres villes de la plaine qui, enfin, lasses du prophète Habacuc.
du joug, se soulevèrent et refusèrent de KEMOS, divinité nationale des Moabi
payer le tribut. Au bout d'une année, tes et des Hammonites, Nomb. 21, 29.
pendant laquelle Kédor, sans doute, avait Jug. 11, 24. 2 Rois 23, 13. cf. Jér. 48,
pris ses mesures, il s'avança contre les 7., dont Salomon même autorisa le culte
· rebelles, accompagné de trois rois, ses en Israël, 1 Rois, 11, 7. Quelques-uns,
voisins. Les princes des cinq villes s'ar sur l'autorité de Jérôme, la confondent
mèrent et vinrent au-devant de lui ; mais avec Bahal-Péhor; d'après l'étymologie,
déjà Kédor-Lahomer était triomphant ; il on pourrait la croire identique avec Béel
venait de conquérir toute la vallée orien zébub; d'autres croient que c'était le dieu
tale du Jourdain ; il avait pénétré jusque de la guerre. Une tradition juive porte
dans l'Idumée, et la défaite des cinq rois que Kémos avait pour emblème une étoile
n'était plus pour lui qu'un succès facile ; noire. On en fait encore Saturne, ce que
il les rencontra dans la vallée de Siddim, son rapprochement de Moloch, 1 Rois
pleine de l'asphalte qui donna plus tard 11, 7. 2 Rois 23, 13., rend assez vrai
son nom à la mer qui engloutit les cinq semblable. v. Caldéens.
villes. Ce terrain de bitume et les crevas KENAN. v. Caïnan. -

ses qui le traversaient, gênèrent les mou KENATH, ville de Galaad, à laquelle
KEP 538 KIK

Nobah donna plus tard son nom, Nomb. min, Jos. 9, 17. 18, 26. — 2° Fils de Ki
32, 42. Jug. 8, 11. 1 Chr. 2, 23. Eusèbe riath-Harim, Esd. 2, 25.
et Jérôme l'appellent Kanatha et la pla KÉREN-HAPPUCH. v. Jémima.
cent en Arabie (Trachonite); Ptolémée et KÉRÉTIENS, 1 Sam. 30, 14. etailleurs.
Josèphe la mettent en Célésyrie et la Ce nom qui désignait sans doute primi
comptent avec la Décapole. — Burckhardt tivement les habitants de l'île de Crète,
a trouvé des ruines assez considérables fut conservé ensuite à leur descendants
portant le nom de Kanuat. les Philistins ;v. Caphtorim.
KENAZ, Jos. 15, 17, v. Kéniziens. KÉRlJOTH. 1° Ville de Juda, Jos. 15,
KENIENS ou Kiniens, 1 Chr. 2, 55., 25., probablement le lieu d'origine de
peuplade dont le nom correspondrait à Judas le traître, q. v. 2° Ville moabite,
celui des Troglodytes grecs ; ils habi Jér. 48, 24.41. Am. 2, 2.
taient des montagnes et des rochers KÉRITH, 1 Rois 17, 3-6., un des af
inaccessibles, Nomb. 24, 21. C'était une fluents du Jourdain, sur les bords duquel
des tribus cananéennes, Gen. 15, 19.; Elie fut nourri par les corbeaux de l'air ;
leur demeure était au couchant de la mer il descend des montagnes d'Ephraïm.
Morte, vers le sud, et s'étendait assez en KETSIHA. v. Jémima.
avant, du côté de l'Arabie, sur le terri KÉTURA, Gen. 25, 1. 1 Chr. 1, 32.,
toire des Hamalécites, puisque Jéthro, le seconde femme d'Abraham, ou plutôt une
beau-père de Moïse, était Kénien, Jug. 1, simple concubine qu'il prit après la mort
16, et que, du temps de Saül, les Ké de Sara ; quelques-uns pensent qu'elle
niens étaient mêlés avec les Hamalécites, était cananéenne, d'autres croient que
1 Sam. 15, 6. Il paraît que la parenté d'al c'est Agar qu'Abraham rappela auprès de
liance qui existait entre Moïse et cette lui, les motifs de son expulsion n'exis
peuplade, fut pour elle une branche de tant plus. On n'en sait rien, mais ce der
salut ; car, quoique les Kéniens fussent nier cas est peu probable. Elle donna au
du nombre de ces Cananéens qui devaient prophète six fils, qu'il renvoya comme
être exterminés pour céder la place à Is Ismaël après leur avoir fait des présents,
raël, on en retrouve plusieurs vivant en ce qui semble bien prouver qu'il ne
diverses parties de la Palestine, princi voyait pas en eux sa postérité, et qu'il
palement dans le nord, Jug. 4, 11. 17.5, ne les considérait pas comme légitimes.
24.; peut-être ceux qui se soumirent fu —Quelques auteurs prétendent qu'Abra
rent-ils admis à jouir de ce privilége, ham avait déjà épousé Kétura du vivant
comme sous Josué les Gabaonites; les de Sara.
autres se retirèrent en Idumée. Leur ter KIDON, 1 Chr. 13, 9., v. Nacon.
ritoire faisait partie de celui qui fut don KIJUN, Am. 5, 26., v. Caldéens.
né plus tard à la tribu de Juda. KIKAJON, Jonas 4,6-10.Saint Jérôme,
KÉNIZIENS, peuplade cananéenne in après avoir traduit l'hébreu par lierre,
connue ; elle n'est nommée que Gen. 15, avoue qu'il ne se contente de cette tra
19. On croit qu'ils habitaient le midi de duction inexacte que parce que le mot
la Judée. Le nom de Kénizien se retrouve propre manque en latin , et qu'il aime
Nomb. 32, 12. Jos. 14, 6. 14.; est-ce mieux cependant mettre dans ce passage
qu'il rappelle cette tribu ? Est-ce que un mot bien connu que d'y laisser sub
Kénaz, Jos. 15, 17. Jug. 1, 13., aurait sister le terme hébreu, qui pourrait don
pris lui-même son nom de la tribu à la ner lieu à des malentendus plus fâcheux
quelle auraient appartenu ses ancêtres ? encore que l'inexactitude. Il pense d'ail
Ou bien n'y a-t-il là qu'un rapport acci leurs comme Celse (et plus tard Bochart,
dentel, et le nom de Kénaz serait-il de Calmet, Michaélis, Rosenmuller, Harris,
venu, à son tour, un nom patronymique ? Gesenius, Winer, etc.), que le kikajon
On ne peut décider, mais cette dernière est la même plante que les Egyptiens ap
supposition est la plus probable. pellent kiki, et les Arabes el kéroa, en
KÉPHIRAH. 1° Ville des Gabaonites français le ricin ou la palme de Christ.
qui fut ensuite cédée à la tribu de Benja « En Grèce, rapporte Hérodote (2, 94.),
KIK 539 KIK

cette plante croît spontanément et sans et sur le devant de leurs boutiques pour
culture; mais les Egyptiens la soignent, se procurer ainsi quelque ombrage.
ils la Sèment sur les bords des rivières Ces détails sont d'accord avec ce que
et des canaux, et lui font produire en le passage de Jonas fait connaître du ki
grande abondance des fruits d'une odeur kajon, pourvu toutefois qu'on ne presse
très forte, qu'ils pressent ensuite, et dont pas outre mesure les mots du récit : rien
ils extraient une huile bien connue, qui n'indique combien de temps cet arbuste
a des qualités médicinales, et qui brûle à mis à croître, quoiqu'il soit évident que
avec autant d'éclat et de facilité que l'hui son développement a été fort prompt ;
le d'olive. Les Egyptiens appellent la Dieu le prépara, est-il dit, et les paroles
plante sillicyprion, et l'huile kiki. » — du verset 10 : « il est venu en une nuit, »
Niebuhr, dans sa description de l'Arabie, marquent simplement, ou bien en général
décrit ainsi l'el kéroa : « Cette plante a la rapidité de son accroissement, ou bien
la forme d'un arbre, quoique son tronc qu'en une nuit il a crû assez pour don
n'ait pas la consistance du bois ; chacune ner au prophète le bienfaisant ombrage
de ses branches est terminée par une qu'il lui refusait la veille encore, quoiqu'il
seule large feuille à six ou sept lobes; le eût déjà une certaine hauteur et des feuil
sujet que j'examinai était près d'un ruis les en germe. Le desséchement de la
seau qui l'arrosait continuellement ; en plante s'explique de la même manière ; il
cinq mois il avait crû de 8 pieds et por a été rapide, comme sa venue : l'ardent
tait alors des fleurs et des fruits , mûrs soleil dont Jonas se plaint aura nui à l'ar
et non mûrs : les feuilles et les fleurs que buste, et le ver qui le ronge peut être
je détachai de la tige se flétrirent en pris littéralement, comme aussi l'on peut
fort peu de minutes, comme font celles l'entendre d'une espèce de chenilles noi
de tous les végétaux d'un rapide accrois res, assez grandes, et fort nombreuses,
sement. On l'appelle à Alep palma Christi. qui pendant les jours les plus chauds de
Les chrétiens et les juifs de Mosul (Ni l'année éclosent sur certains arbres, no
nive), disent que ce n'est pas cette es tamment sur le kikajon, et en rongent en
pèce dont il est parlé dans l'histoire de une seule nuit toutes les feuilles, sans
Jonas, mais une autre aux feuilles plus qu'il rêste plus de l'arbre autre chose
nombreuses et plus larges, et d'un déve qu'un squelette. Mais si cette histoire
loppement plus prompt. » — Le ricin tout entière peut s'expliquer naturelle
(classe XXI, monadelphia de Linnée), est ment, elle n'en a pas moins été amenée
une plante bisannuelle qui atteint en quel par l'intervention directe de l'Eternel
ques jours la hauteur d'un arbre pouvant Dieu, et il est possible que la venue et
cacher un homme sous l'ombrage de ses la mort du kikajon aient été plus rapides
feuilles ; sa tige, d'abord herbacée , de qu'elles ne le sont d'ordinaire.
vient plus tard ligneuse, mais elle est A cet arbuste malheureux se rattache le
creuse en dedans, pleine de nœuds et souvenir du grand égoïsme du prophète;
d'articulations, et munie de grandes feuil Jonas voulait que Ninive pérît, mais il
les à longs pétioles, ayant la forme de voulait épargner le kikajon, parce que le
feuilles de vigne, plus lisses et plus noi salut de Ninive compromettait la vérité
res que celles du plane, dentelées en de sa prophétie, et que la mort de l'arbris
forme de scie : les fleurs sont jaunes, et seau était pour lui une cause de souf
dans les deux sexes, sans corolles ; leur france physique : il recherchait son inté
fruit est une gousse ou silique triangu rêt propre, et tenait peu compte de la
laire, munie de poils durs et piquants, vie de 120,000 hommes.
dont les grains donnent l'huile blanche Plus tard le même arbrisseau a été une
ou jaunâtre dont nous avons parlé. On source de troubles dans une portion de
trouve principalement cet arbuste en Ara l'Eglise chrétienne. Saint Augustin, s'ap
rabie, en Egypte et en Syrie, et le rabbin puyant de l'autorité des S-ptante, du sy
Kimhi raconte que les Orientaux ont l'ha riaque et de l'arabe, croyait que le kika
bitude d'en planter devant leurs maisons jon signifiait la citrouille ; saint Jérôme,
KIR 540 KIR

d'après Aquila, Symmaque et Théodotion, a séjourné trois semaines, a dû passer un


avait traduit par lierre : de là, grande ru jour dans chaque maison. Il y a quelque
meur et grand scandale un jour dans l'E- chose d'admirable dans cet exercice de
glise d'Assyrie : on parla d'hérésie, et la l'hospitalité ; mais les Bédouins en abu
version de Jérôme dut être positivement Sent : ils arrivent le soir avec leurs che
condamnée sur ce point, pour éviter un vaux, se font nourrir pour économiser
schisme à propos d'une différence entre leurs propres provisions, puis repartent.
deux grands et pieux docteurs dont il est Seetzen et Burckhardt parlent du château
maintenant prouvé que l'un et l'autre se ruiné et des restes de fortifications de
trompaient. cette ville, qui n'est plus qu'un gros
KIMHAM, 2 Sam. 19, 37., fils ou petit bourgsitué à trois lieues sud d'Har-Moab;
fils de Barzillaï, cf. 1 Rois 2, 7., remplaça elle est encore le siége nominal d'un évê
ce vieillard auprès de David et suivit son que grec qui réside à Jérusalem. —C'est
maître à Jérusalem. Il paraît que parmi probablement, selon Vitringa, la même
les présents qu'il reçut de David ou de que Kir-Héres, Es. 16, 11. Jér. 48, 31.
Salomon, se trouvait une grande métairie 36., et que Kir-Haréseth, Es. 16, 7.11.2
aux environs de Béthléem, dans laquelle Rois 3, 25.
s'arrêtèrent, comme dans un hospice, Jo KIRIATH, ville de Benjamin, Jos. 18,
hanan et les Juifs qui, après la ruine de 28., que quelques-uns pensent être la mê
Jérusalem, se rendaient en Egypte, Jér. me qui, sous le nom de Kiriath-Jéharim,
41, 17. Peut-être aussi était-ce un hos aurait passé plus tard à la tribu de Juda,
pice que Kimham avait fait bâtir en ce dont elle était voisine.
lieu pour servir de retraite aux voya KIRIATHAJIM, 1° ville de Ruben, à
geurs, comme sont les caravansérails en l'est du Jourdain, à une journée de Pal
Orient. Le nom de Guéruth, conservé myre, Nomb. 32,37.Jos. 13, 19. Elle avait
par nos versions dans ce passage, doit se d'abord appartenu aux Emims, Gen. 14,
traduire par hospice. 5., puis aux Moabites (cf. Deut. 2, 9.),
KINNÉRETH, Jos. 13, 27. v. Génésa qui s'en trouvèrent de nouveau en pos
reth. session aux jours de l'exil, Jér. 48, 1.23.
KIR, 1° (ou Kira, Es. 22, 6.), district Ez. 25, 9. Eusèbe et saint Jérôme la men
du royaume d'Assyrie, dans lequel furent tionnent sous le nom de Korias ou de Co
transportés les habitants de Damas pris rajatha, et la mettent à 10 milles romains
par Tiglath-Piléser, 2 Rois 16, 9. Am. 1, de Médéba. On n'est pas d'accord sur
5. 9, 7. Es. 22, 6. C'est la contrée située l'emplacement de ses ruines. — 2° Ville
auprès du fleuve Cyrus, qui, réuni à l'A- lévitique dans la tribu de Nephthali, 1 Chr.
raxe, se jette dans la mer Caspienne, et 6, 76., la même qui est appelée Karthan,
a conservé jusqu'à nos jours dans le pays Jos. 21, 32.
le nom de Kura. — 2o Très forte ville du KIRIATH-ARBAH. v. Hébron.
pays des Moabites, située sur un rocher KIRIATH-HUTSOTH, Nomb. 22, 39.,
de craie haut et escarpé, qui domine tout ville des Moabites.
le pays, et d'où l'on peut voir dans le KIRIATH-JEHARIM (ville des forêts),
lointain la ville de Jérusalem : le para aussi appelée Bahala, Jos. 15,9., Kiriath
phraste caldéen l'appelle Kéracca (c'est Bahal, 15, 60., et Bahalé de Juda, 2Sam.
à-dire forteresse de) Moab, et les auteurs 6, 2., était une ville de Juda, Jug. 18, 12.,
arabes la mentionnent dans l'histoire des Sur la frontière Occidentale de la tribu
croisades, sous le nom de Karak ou Ké de Benjamin, Jos. 9, 17. 18, 15. 1 Chr.
rek. Outre les Turcs, elle renferme tren 2, 50. Elle fut pendant quelque temps le
te-cinq familles de Juifs chrétiens, qui s'y siége de l'arche de l'alliance, 1 Sam. 7,1.
sont réfugiés de Jérusalem ou d'ailleurs; 2 Sam. 6, 2.1 Chr. 13, 6. v. encore Jér.
ils n'y sont point vexés et jouissent de la 26, 20. Esd. 2, 25. Néh. 7, 29. Eusèbe la
même liberté que les Turcs; ils exercent met à 9 milles de Jérusalem, au nord
une grande hospitalité, et sont plus pieux ouest, dans la direction de Lydda.
que bigots. Le voyageur Burckhardt, qui y KIRIATH-SETHER, plus tard appelée
KIT 541 LAB

Débir, Jos. 10,38. cf. 15, 15. Jug. 1, 11., le plus restreint de ce mot, il faut enten
ou Kiriath-Sannah, Jos. 15, 49., ville dre l'île de Chypre, puis dans un sens
cananéenne, Jos. 10, 38., fut donnée au plus éloigné, les autres îles et les côtes
territoire de Juda, Jos. 15, 49. Jug. 1, 11., septentrionales de la Méditerranée; v. Ez.
puis déclarée ville lévitique, Jos. 21, 15. 27, 6. Dan. 11, 30. Nomb. 24, 24. Jér.2,
1 Chr. 6, 58. Elle paraît ne pas avoir été 10. Es. 23, 1. Aucun de ces passages ne
située loin d'Hébron, v. Jos. 10, 36.38., contient des indications bien précises, et
etc., et les meilleures cartes portent, en les interprètes varient d'opinion sur la
effet, un bourg Dabir à l'ouest de cette situation de Kittim; les uns, comme Cal
ville. met, s'appuyant sur 1 Macc. 1, 1.8, 5., y
KIS. 1° Fils d'Abigabaon et de Mahaca, ont vu la Macédoine ; d'autres, comme
1 Chr. 8, 30. — 2° Fils de Ner et père de Bochart, ont entendu par là les Romains ;
Saül, berger et guerrier, nous est dépeint l'opinion de Josèphe enfin, celle qui se
comme un homme de grand courage. Quel justifie le mieux, et que nous avons adop
ques ânesses de ses troupeaux s'étant éga tée, s'appuie d'abord sur ce que le nom
rées, il envoya son fils Saül à leur re de Kittim s'est conservé en Chypre dans
cherche, 1 Sam. 9,3., mais bientôt inquiet la ville de Cittium, puis sur ce que les ha
de l'absence prolongée du jeune homme, bitants de cette île sont évidemment d'o-
dont il paraît avoir ignoré les futures des rigine phénicienne, et que le dieu Bahal y
tinées, il le fait chercher, et ne le revoit était adoré. L'île de Chypre fournissait en
que roi d'Israël, 10, 2.11. Son nom se abondance une espèce de bois de cèdre
retrouve 2 Sam. 21, 14. 1 Chr. 12, 1.8, ou de pin dont les Tyriens faisaient usage
30. 9, 39. 26, 28. Act. 13, 21. — 3° Lé pour la construction de leurs vaisseaux.
vite, fils d'Habdi, de la famille de Mérari, Ce nom doit être pris figurément et
2 Chr. 29, 12. d'une manière tout à fait générale, Nomb.
KISJON, ville lévitique d'Issacar, Jos. 24, Jér. 2, pour désigner des peuples oc
19,20.21,28., appelée Kédès dans le pas cidentaux.
sage parallèle 1 Chr. 6, 72. KORAH, Gen. 36,16., v. Coré 1°.
KISLOTH, Jos. 19, 12., v. Tabor.
KISON, maintenant MokataouMekatta, L
fleuve ou rivière de la Palestine, qui for
mait la frontière naturelle de Zabulon LABAN, Gen. 25, 20. 24, 29. (1856 av.
vers le sud et l'ouest, se jetant dans le C.), riche propriétaire de troupeaux dans
golfe de Ptolémaïs, au nord-ouest de Kai les plaines de la Mésopotamie, fils de Bé
fa, après avoir traversé la plaine de Jiz thuel, petit-fils de Nacor le frère d'A-
réhel, Jug. 4, 7. 5, 21. 1 Rois 18, 40. Ps. braham, et ainsi petit-neveu de ce pa
83, 9. Ses eaux sont abondantes en hi triarche. Il consentit avec empressement
ver, mais en été l'on peut le traverser à au mariage de sa sœur Rèbecca avec le
gué sans difficultés. ll prend sa source au fils unique du riche Abraham, avec Isaac,
mont Tabor, dont il baigne le pied mé cousin germain de son père Béthuel. Plus
ridional, cf. Jug. 4, 12-14. 5, 19-21. Il tard, c'est chez lui que le fils de sa sœur,
coule au pied du Carmel, et partout ré Jacob, vient chercher un asile contre la
pand la fertilité sur ses rives. L'Anglais colère d'Esaü qu'il redoute. Ces deux
Shaw l'a confondu avec le Raz-al-Kison, hommes rusés se font pendant une ving
qui a sa naissance et coule à l'est du taine d'années une sourde guerre, qui
mont Tabor. préluda de la part de Laban, par la substi
KITRON, ville de Zabulon, mais long tution de Léa à Rachel dans le mariage
temps habitée, et peut-être toujours, par de Jacob, Gen. 29. Le missionnaire Hart
des Cananéens, Jug. 1, 30.; peut-être la ley, dans son voyage en Grèce, rapporte
même que Kattath, Jos. 19, 15. un exemple analogue d'un jeune Armé
KITTIM, peuplade nommée Gen. 10,4. nien à qui l'on donna, grâce au voile
parmi les descendants de Javan, à côté nuptial qui couvre presque entièrement la
d'Elisa, Tharsis et Dodanim. Dans le sens personne, une sœur aînée au lieu de la
LAB
• • *
542 LAI

cadette qu'il avait demandée en mariage, conservé que le nom du vrai Dieu. Hom
et des faits de ce genre ne sont pas pré me de la terre, il lui fallait un dieu de
cisément rares en Orient. terre pour représenter le céleste qu'il
Après que Jacob eut gagné ses deux ne pouvait voir ; et bientôt le dieu de
femmes par quatorze années de travail, terre était devenu son dieu unique, il
Laban s'arrangea avec lui de manière à l'avait multiplié pour suppléer par le
ce que l'un et l'autre trouvassent leur nombre à l'insignifiance. Le paganisme,
avantage à cet accord mutuel; maisJacob, chez Laban comme chez tous ceux qui ont
par des subterfuges dont nous avons parlé connu la vérité et qui en ont renié la
à cet article, s'enrichissait chaque année force, a toujours commencé par le cœur;
au détriment de son beau-père, ce qui mé et quand on jette les yeux sur ce qu'on
contenta bientôt et les fils de Laban et La appelle maintenant la chrétienté, on ne
ban lui-même. Les rapports des deux fa trouvera que trop de chrétiens, ou plu
milles s'aigrissaient et s'envenimaient ; la tôt de païens comme Laban, qui ont leurs
confiance avait disparu, l'amitié avec elle, dieux et leurs deesses, à côté du grand
et dans cet état de rivalité jalouse et de Dieu de la Loi et de l'Evangile. La doc
tension continuelle, Jacob finit par com trine des images et le culte des saints
prendre qu il devait partir. Il profite, sont, dans l'église romaine, un achemi
pour l'exécution de son dessein, d'une nement bien clair vers cette foi double et
absence de Laban, et celui-ci, à son re bâtarde qui veut allier Dieu et le monde,
tour, ne trouve plus ni son gendre, ni ses la religion et l'idolâtrie, le christianisme
filles, ni ses petits-fils; aussitôt il assem et le paganisme , et, sans qu'on s'en doute,
ble ses parents et ses serviteurs, et plein la religion de Laban a pour partisans
de colère, se met à la poursuite des fugi tous ceux dont les œuvres ne correspon
tifs. Mais en chemin une vision l'arrête : dent pas à la profession qu'ils font d'être
Dieu lui défend de nuire à Jacob qu'il chrétiens; Dieu est dans leur bouche,
protége, et lorsque, près des montagnes mais ils cherchent les idoles du monde,
de Galaad, les deux familles se rencon et, comme Laban, ils ne les trouveront
trent, la colère de Laban est apaisée ; point.
il reproche seulement au patriarche son LAC. v. Mer, et les articles spéciaux.
départ précipité et l'enlèvement de ses LADHA. v. Hel. - -

dieux, et finit par lui proposer une solen LAHMAS, ville des plaines de Juda,
nelle alliance d'amitié. Un simple monu Jos. 15, 40. Quelques manuscrits portent
ment de pierres fut élevé en souvenir de Lahmam.
cette journée qui se termina par un sa LAHMI, 1 Chr.20, 5., frère de Goliath,
crifice et un festin offert par Jacob. La et digne de lui : la hampe de sa halle
ban jura l'alliance par les dieux d'Abra barde était comme l'ensuble d'un tisse
ham , de Nacor et de Taré, Jacob par le rand. il fut tué par El-Hanan. Dans le
Dieu redoutable que craignait lsaac son passage parallèle, 2 Sam. 21, 19., le texte
père, et les deux familles se séparèrent; est corrompu et porte, au lieu de Lahmi,
Laban partit de grand matin et s'en re Bethhallahmi, que nos versions ont tra
tourna en son pays. Son histoire s'ar duit par bethléémite, et qu'elles ont dû
rête-là. joindre au nom du vainqueur, en sous-en
Quelle était sa religion ? Il reconnais tendant alors frère de devant le nom de
sait l'Eternel (24, 50. 30, 27.) et jurait Goliath.
par les dieux de Nacor, 31, 53., même il LAlS, ville de l'extrême frontière nord
rendait un culte à des théraphims. C'était de la Palestine, Jug. 18, 7. Jér. 8, 16.
un commencement de paganisme et d'ido Deut. 34, 1. D'abord colonie sidonienne
lâtrie. Toujours membre de la grande qui portait aussi le nom de Lésem, Jos.
famille des patriarches , et descendant 19, 47., au pied du Liban, dans une con
d'Hé,oer, il n'était cependant pas descen trée fertile, près des sources du Jour
dant d'Abraham; sa foi s'était obscurcie, dain, elle fut plus tard appelée Dan par
ou plutôt sa foi était morte, et il n'avait les Danites qui s'y établirent, et bâtirent
LAN 543 LAN
une nouvelle ville sur les décombres de coup de théologiens chrétiens très res
l'ancienne qu'ils avaient détruite, Jos. pectables, à Grégoire de Nysse en parti
19, 47. Jug. 18, 29.; ce dernier nom lui culier, qui ne voit dans le récit de Moïse,
est déjà donné par anticipation, Gen. 14, Gen. 11, qu'une chose fort simple et fQrt
14. Laïs fut, sous tous ses noms, un siége naturelle, savoir, que les hommes s'étant
célèbre d'idolâtrie, et Jéroboam y insti séparés pour un motif quelconque, il ré
tua le culte d'un veau d'or, 1 Rois 12,29. suita de leur dispersion que, chacun fai
LAIT. v. Bœuf, et Nourriture. sant quelques changements à la langue
LAKlS, résidence d'un roi cananéen, qu'il avait apprise de ses pères, ils finirent
ville située dans les plaines de Juda. Jo par ne plus pouvoir s'entendre. D'un
sué la conquit et la donna à la tribu de autre côté, le texte littéral du récit sa
Juda, Jos. 10, 3. 31. 15, 39. Elle fut for cré semble favoriser davantage l'autre
tifiée par Roboam contre les Philistins, opinion, que Dieu, par un effet subit de
2 Chr. 11, 9., assiégée plus tard par Sa tOute-puissance, fit oublier aux hom
Sanchérib dans sa campagne contre l'E- mes, ou à la plus grande partie d'entre
gypte, 2 Rois 18, 14. Es. 36, 2. 37, 8. eux, leur langue primitive, et leur en ap
(v. encore 2 Rois 14, 19.), et enfin dé prit de nouvelles, ou les força de s'en
truite par Nébucadnetsar dans la guerre créer d'autres par le besoin de se com
d'extermination des Caldéens contre le prendre et l'impuissance où ils se trou
royaume de Juda, Jér. 34, 7. Elle repa vaient de se servir de la langue qu'ils
raît encore après l'exil, Néh. 11, 30. Le avaient parlée précédemment.
prophète Michée, 1, 13., semble faire de A cette question se rattache celle de .
cette ville le centre de l'idolâtrie de Ba savoir quelle est la langue primitive, celle
hal qui couvrit le royaume.— Lakis sub que tous les hommes parlaient avant le
sistait encore sous le même nom au temps jour de la confusion. Nous laissons en
d'Eusèbe et de Jérôme, qui la mettent à tièrement de côté toutes les théories et
7 milles d'Eleuthéropolis vers le sud, tous les débats relatifs à l'histoire de la
dans le district de Daromas. langue naturelle de l'humanité, de cette
LAMEC, Luc 3, 36., v. Lémec 2°. langue innée que quelques savants idéo
LAMENTAT10NS. v. Jérémie. logues prétendent devoir exister au moins
• LANCE. v. Armes. virtuellement, bien que personne ne la
LANGUE. Lors de la construction de connaisse : la langue étant une affaire de
la tour de Babel Dieu confondit les lan convention, et, dans tous les cas, le lan
gues pour séparer les hommes, comme gage naturel ne pouvant plus se retrou
aux jours de la Pentecôte il donna mira ver nulle part ni jamais, à cause de l'exis
culeusement de nouvelles langues pour tence actuelle des langues connues, la
recueillir son peuple. Mais l'un et l'autre question serait pour le moins nécessaire
de ces événements remarquables donne ment sans solution, et il y a peut-être
lieu à une série de questions épineuses quelque avantage à n'y pas perdre son
qu'il n'est ni facile ni même possible de temps. - Il y a peu de langues qui
résoudre toutes. Pour traiter ce sujet, il n'aient revendiqué l'honneur d'être la
faudrait en avoir fait une étude longue et langue primitive, l'hébreu, le caldéen,
spéciale; peu d'hommes font ce travail et l'arabe, le syriaque, le chinois, et jus
nous devons nous borner à des généra qu'au flamand (v. Gorope Becan, Ori
lités. gines, etc., Anvers,), etc.; et devant cette
La confusion des langues est-elle la concurrence d'ambitions, on se demande
conséquence immédiate de l'intervention avant tout si cette langue primitive n'est
divine, et fut-elle la cause de la disper peut-être pas éteinte, et si nous la con
sion P ou bien, au contraire, la différence naissons encore. Voici comment Preis
des langues a-t-elle été la suite naturelle werk résout cette question dans sa gram
de la dispersion des hommes ? Cette der maire hébraïque, Introd., xx. « Nous de
nière manière de voir n'appartient pas vons admettre, dit-il, que l'ancienne lan
aux rationalistes seuls, mais aussi à beau gue des pieux ancètres du genre humain
LAN 544 LA0

s'est conservée dans la famille d'Héber, ble-t-il, que l'étude des langues étran
fidèlement et indépendamment de la con gères ait été assez cultivée des Juifs, si
fusion de langage des autres peuplades, non par goût, du moins par nécessité, car
et que la langue que nous connaissons ils avaient de continuels rapports de com
sous le nom de langue hébraïque re merce avec les Egyptiens, par exemple, et
monte jusqu'aux premiers jours de l'hu avec les Assyriens, le grec cependant pa
manité. Entre plusieurs raisons qui prou raît avoir fait exception, et l'on raconte
vent que l'hébreu était la langue des pa que Jérusalem étant un jour assiégée par
triarches, nous n'en citerons qu'une : les Asmonéens, fut livrée par un Juif qui
c'est que les noms propres des patriar parlait grec, et que depuis ce temps on
ches jusqu'à Adam sont évidemment hé maudit quiconque parlerait cette langue
breux. » La même thèse a été soutenue perfide et traîtresse.
et savamment traitée d'abord par Calmet, La question du don des langues ne peut
puis, de nos jours, par Haevernick, Ein ètre traitée par la science; elle ressort
leit. $ 26. p. 145-155. Winer et d'au de la foi. L'on ne peut rien ajouter ni
tres savants n'hésitent pas, en revanche, retrancher à tout ce qui est raconté Act,
à se prononcer fortement en faveur de la 2, et 1 Cor. 14 ; et pour celui qui se
priorité du sanscrit. On comprend que, tient à cette révélation avec un cœur
pour discuter cette question, il faudrait simple et pur, la lumière ne lui manquera
entrer dans des développements que le pas. Ce miracle subsista dans l'Eglise
travail actuel ne permet pas, dans des aussi longtemps qu'il le fallut pour la
· recherches et des digressions de philo conversion et l'affermissement des païens;
logie et de linguistique qui n'intéresse il subsistait encore aux jours d'Irénée.
raient que fort peu de lecteurs, pas Dieu seul connaît à cet égard ce qu'il doit
même tous ceux qui pourraient les com donner à son Eglise, mais chaque fidèle
prendre. L'ouvrage de Haevernick est doit savoir ce qu'il doit demander.
celui qui se recommande le plus aux sa v. Néander, le Siècle apostol., trad. par
vants sous ce rapport, et plusieurs ratio Fontanès, et une thèse intéressante de
nalistes , ordinairement assez injustes Le Fort.
pour ceux qui ne partagent pas leurs LAODICÉE, ville de l'Asie Mineure,
idées, ont parlé de ce travail avec grande qui fut des premières évangélisée , et
estime. dans laquelle on trouva de bonne heure
Outre l'hébreu, 2 Rois 18, 26. Néh. 13, une église chrétienne, mais qui s'endor
24. Est. 8, 9., la Bible fait encore men mit dans le relâchement, Apoc. 1, 11. 3,
tion de quelques autres langues, le cana 14. Saint Paul adressa à cette église, Col.
néen, Es. 19, 18., le caldéen, Dan. 1,4., 4, 16., une lettre qui, selon les uns, s'est
l'araméen, que les mages parlaient à la perdue ; ou plutôt (v. ce que nous avons
cour de Babylone, Dan. 2, 4., et qui est dit à l'art. Ephèse ) c'était la même que
aussi employé dans quelques édits des la lettre aux Ephésiens, et elle devait ser
gouverneurs perses en Palestine, Esd. 4, vir d'encyclique à plusieurs églises de
7. cf. 2 Rois 18, 26., l'asdodien , Néh. l'Asie Mineure. Laodicée était dans le
13,24., et dans le Nouveau Testament le voisinage d'Hiérapolis et de Colosses, à
syro-caldéen, le grec, le latin et le lycao 7 lieues de cette dernière ville, Col. 4,
nien, Jean 19, 20. Act. 14, 11. 21, 37. 13. 15. On trouve encore sur une inscrip
Apoc. 9, 11. Luc 23, 38., sans parler des tion Laodicée, I.ycus, Caprus; et sur
langues qui furent parlées le jour de la d'autres, Laodicée sur le Lycus, pour la
Pentecôte, Act. 2, 8.—On ne trouve du distinguer d'autres villes ou endroits du
reste chez les Juifs aucune trace d'inter mème nom. Laodicée était en effet située
prètes, sauf le seul cas Es. 36, 11. où il non loin du Cadmus, où le fleuve assez
ne s'agissait pas même d'une langue dif considérable du Lycus prend sa source,
férente, mais seulement d'un autre dia et près du confluent du Caprus et du
lecte de la même langue. De cette absence Méandre. C'était une ville fort commer
de truchemans on peut conclure, sem çante; On y trouvait surtout des changeurs
LAP 545 LAU

d'argent. Elle porta d'abord le nom de pidation. La même peine est aussi pro
Diospolis, plus tard celui de Rhoas; ce noncée une seule fois contre un animal,
lui de Laodicée lui fut donné en l'hon le taureau qui aurait tué un homme, Ex.
neur de Laodice, épouse d'Antiochus IIle 21, 28. cf. Lév. 20, 15.
Divin. Une source considérable d'eau L'Ecriture sainte ne décrit nulle part
chaude se trouvait entre Laodicée et Apa la manière dont la sentence était exécu
mia, exhalant une espèce de fumée qui tée : on voit seulement que c'était sur la
planait sur sa surface. Quelques-unes place publique, en dehors de la ville,
des eaux de Laodicée même avaient la Lév. 24, 14.23. Nomb. 15, 36. 1 Rois
vertu de pétrifier les objets. Strabon dit 21, 10. 13. Act. 7, 56., et que les té
que les murs dont On entourait ces sour moins devaient les premiers jeter la pier
ces, se faisaient en bois, et qu'ils ne tar re au condamné, Deut. 17, 7. Act. 7,
daient pas à être pétrifiés par la source. 57. cf. Jean 8, 7. D'après les rabbins, il
L'an 66 de Christ, sous Néron, cette y avait deux sortes de lapidation, l'une
ville fut détruite par un tremblement de consistant simplement à accabler de pier
terre, mais déjà rétablie sous Marc Au res le coupable, l'autre d'après laquelle
rèle. Tacite place ce tremblement de terre on le conduisait sur une hauteur escarpée
dans la septiéme année de Néron, c'est élevée d'au moins deux longueurs d'hom
à-dire entre 60 et 61, en ajoutant que, me; un des témoins le précipitait et l'au
malgré la grandeur du désastre , les ri tre, pour l'achever, lui roulait une grosse
ches habitants de Laodicée la firent re pierre sur le corps; si cela ne suffisait
construire, au moins en grande partie, pas, la multitude elle-même achevait le
dans la même année. v. Phrygie. On en malheureux.-La lapidation servait aussi,
voit encore des ruines assez considéra dans certains cas , à l'exécution d'une
bles sous le nom d'Eskihissar. prompte justice ou d'une vengeance po
LAPIDATION. Ce supplice (v. Juge pulaire, la multitude grossière sachant se
débarrasser ainsi de ceux qui avaient eu
ments, Peines) était infligé, d'après les
lois israélitiques, à tous ceux qui avaient
le malheur de lui déplaire, Ex. 8, 26. 17,
outragé la majesté de Jéhovah, aux ido 4. Matth. 21, 35. Luc 20, 6. Jean 10,
lâtres, séducteurs, blasphémateurs, vio 31. 11, 8.Act. 5, 26. 7, 57. 14, 19., non
lateurs du sabbat, faux prophètes, de seulement chez les Juifs, mais chez d'au
vins, prOnOstiqueurs, etc., comme à ceux tres peuples, depuis les jours de Moïse
qui avaient soustrait ou dérobé une chose jusqu'à ceux de Jésus.
vouée à l'interdit, Lév. 20, 2. 27. 24, LAPIN. v. Shaphan.
14. Deut. 13, 1. 6. cf. 18, 20. 17, 2. LAPPIDOTH. Débora est appelée épou
Nomb. 15, 32. 1 Rois 21, 10. Jos. 7, 25. se de Lappidoth, Jug. 4, 4., et il est assez
Act. 6, 13. 7, 58., à des fils notoirement probable en effet que c'est là le nom de
et obstinément rebelles, vicieux et déso Son mari : quelques-uns cependant ont
béissants, Deut. 21, 18., à des fiancées voulu y voir le nom de son village, et
ou à des épouses infidèles, et à leur sé d'autres le nom de sa profession, fai
ducteur, Deut. 22, 20.23. — D'après les seuse de lampes.
rabbins (v. Mishna Sanhed.7, 4.), les en LASEE. v. Crète. -

fants qui avaient maudit leurs parents, LAUDANUM. C'est probablement là la


et ceux qui avaient commis un inceste , substance qu'il faut entendre par le mot
les pédérastes et ceux qui s'étaient souil hébreu lot, Gen. 37, 25. 43, 11., que
lés par la bestialité, étaient également la nos versions ont traduit par myrrhe.
pidés; Moïse les condamne d'une ma L'analogie entre les noms grecs et orien
nière générale à la peine de mort, Lév. 20, taux, lorsqu'il s'agit de certains pro
sans indiquer leur genre de supplice , duits naturels rares et précieux, est tou
mais les termes dont il se sert « son jours un guide probable, surtout lorsque
sang est sur lui. » (9.11. 12. 13.16.) ont le contexte tend à confirmer la signifi
fait penser aux talmudistes que le légis cation donnée, et ne l'infirme pas. Aucun
lateur avait implicitement indiqué la la des anciens interprètes ne paraît avoir
I. 35
LAZ 546 LAZ

connu le laudanum, et ils ont mis en à Béthanie. Il tomba dangereusement ma


avant diverses traductions et hypothèses lade et mourut pendant un voyage de Jé
en désaccord les unes avec les autres; sus à Béthabara, et déjà depuis quatre
parmi les modernes, le voyageur Burk jours il était enseveli quand Jésus, de re
hardt voit dans lot la plante du loto, ce tour avec ses disciples, le ramena à la
qui ne peut concorder avec les passages vie par une parole aussi puissante et aussi
ci-dessus; et Michaélis y a voulu voir la simple que celle de la création : « Lazare,
pistache, mais l'hébreu a déjà pour cela sors dehors ! » Jean 11, 1. 12, 1. Ce mi
un autre nom.—Le laudanum est une es racle si grand irrita d'autant plus les prin
pèce de résine bien connue des anciens cipaux sacrificateurs contre celui qui l'a-
naturalistes, Hérodote, Dioscoride, Pline. vait fait, et détourna en même temps une
Odoriférante , molle et onctueuse, on partie de leur haine contre celui qui avait
s'en servait pour des fumigations, on en été ressuscité : ils cherchèrent à faire
faisait aussi des huiles pour oindre à l'o- mourir Lazare , offrant par leur conduite
rientale les personnes qu'on voulait ho insensée un vrai type de la colère des
norer; et la médecine elle-même en fai hommes irrégénérés contre ceux en qui
sait un grand usage. On le recueillait des se manifeste une vie nouvelle.
feuilles d'un arbrisseau (cistus labdanife D'après la tradition, Lazare était alors
rus. Cl. XIII, Monogynie), qui croît en âgé de trente ans, et il vécut encore de
Arabie, en Chypre et en Syrie , il s'élève puis trente autres années ; il est donc
à environ 60 centim. de hauteur, avec probable qu'il vivait encore lorsque les
des feuilles lancéolées, lisses et d'un vert trois premiers évangélistes composèrent
foncé à la partie supérieure, blanchâtre leur travail , et c'est peut-être par cette
à la face inférieure; les fleurs, à cinq lobes, circonstance, à cause de la haine que les
sont de couleur purpurine, et la capsule, Juifs portaient à cet irrécusable témoin,
de cinq à dix loges, est presque ronde. qu'ils ont passé sous silence ce miracle
La résine, que quelques-uns ont prise qu'ils devaient bien connaître, mais dont
pour une espèce de rosée , se recueille le récit eût troublé et compromis de nou
avant le lever du soleil, au moyen de ban veau la vieillesse et la vie de ce disciple.
delettes de cuir auxquelles elle s'atta Une autre tradition porte que Lazare et
che facilement; on promène avec soin ces Marthe, après la mort de Jésus, sont ve
lanières sur les feuilles de l'arbre, et nus dans les Gaules, en Provence, et qu'il
lors qu'elles sont bien chargées de rési a prêché l'Evangile à Marseille. En 870,
ne on les dépouille, et on recueille le par on prétendit avoir trouvé ses os en Chy
fum en petites plaques ou gâteaux (Tour pre, mais On sait tout le cas qu'on peut
nefort). Un procédé plus ordinaire, en faire des os de l'Eglise romaine. — Le
Arabie, consiste simplement à pousser nom de Lazare se trouve encore Luc 16,
des chèvres dans ces buissons; les poils 20., employé dans une touchante parabole
de leur barbe balayent les feuilles et re du Sauveur; le malheureux couvert d'ul
Cueillent en abondance le jus visqueux cères est devenu un type de ce genre d'iR
qu'elles distillent; il n'y a plus alors qu'à fortune, et a donné son nom, celui de
détacher soigneusement ces gouttelettes, lazaret, aux premières léproseries françai
que l'on pétrit ensemble en gâteaux. Il ses ; en hébreu déjà, Lazare (Loezer) si
est possible que la chèvre, qui a fait tant gnifie celui qui est sans secours, indigent,
d'autres découvertes, ait aussi fait celle malheureux. On ne peut douter que dans
là; tout au moins l'existence de poils de la bouche de Jésus le fait qu'il raconte ne
chèvre dans le laudanum avait-elle fait soit une parabole, bien que quelques au
l'objet de plusieurs discussions et com teurs se soient demandé si la scène s'était
mentaires. passée à Jérusalem ou à Babylone ; mais
LAVAGE des pieds. v. Purification. cette parabole toute morale, qui devait
LAVOIR. v. Béthesda. porter les Juifs à la générosité, renfer
LAZARE, ami et disciple du Sauveur, mait aussi pour eux une leçon dogmati
frère de Marthe et de Marie, demeurait que bien importante, c'est qu'on peut
|

LEB 547 LEH

être fils d'Abraham selon la chair, et ne LÉBONA, ville au nord de Silo, Jug.
pas reposer dans le sein d'Abraham : on 21, 19. Maundrell la retrouve dans le vil
en peut tirer aussi cette autre terrible con lage de Leban, à 4 lieues sud de Naplou
clusion qui a été développée dans un ser se, du côté de Jérusalem, ce qui est as
mon de M. de Félice, c'est que ceux qui sez possible. Burckhardt nomme ce village
ne sont pas touchés et convertis par la Lemna, et fait l'éloge de sa grande beauté.
lecture de la Parole, resteraient également LEHABIM, Gen. 10, 13., peuplade pro
insensibles aux manifestations les plus bablement identique avec les Lubim ou
magnifiques de la puissance divine. Lybiens, 2 Chr. 12, 3. La Lybie s'éten
LÉA, fille aînée de l'araméen Laban, dait depuis Alexandrie jusqu'à Cyrène, et
sœur de Rachel, Gen. 29, 16. Plus âgée et peut-être encore plus loin ; elle servait
moins belle que sa sœur, Léa n'avait pas à désigner d'une manière générale le nord
inspiré à Jacob les mêmes sentiments, et de l'Afrique, comme la Scythie le nord
ne devint son épouse que par une ruse de de l'Asie, et les Indes le centre et le sud
son père. Moins aimée, elle donna ce de cette partie du monde.
pendant plus d'enfants à Jacob, d'abord LEHI, et plus complétement Ramath
Ruben, Siméon, Lévi et Juda, Gen. 29, Léhi (hauteur, côteau de la mâchoire),
32., puis Issacar et Zabulon, Gen. 30, 17. Jug. 15, 17. 19. C'est le nom que Sam
35,23., et enfin une fille, Dina, 34, 1. Elle son donna d'abord au lieu qui avait été
eut encore par sa servante Zilpa, qu'elle témoin de sa victoire sur les Philistins.
donna à son mari, Gad et Aser, Gen. 30, Plus fort que mille, le Ilazaréen s'était
9. Ce fut là toute sa vie ; on ignore l'é- cru un Hercule , mais bientôt la fatigue
poque de sa mort, qui eut lieu en Ca et la chaleur l'épuisèrent ; aucune source
naan, où elle fut ensevelie dans les sé ne se trouvait dans le voisinage : il se
pulcres de sa famille, près d'Hébron, là rappela qu'il dépendait de Dieu, et l'in
où reposaient déja Sara, Abraham et Isaac, voqua. Dieu l'exauça et, au lieu d'un nom
49, 31. — On s'étonne de ne pas la trou destiné à célébrer sa victoire, Samson
ver mentionnée dans le voyage de Jacob donna à la source un nom qui devait rap
en Egypte, 46, 5., mais du fait même du peler sa faiblesse, celui de Hen-Hakko
lieu de sa sépulture on peut croire qu'elle reh (la source de celui qui crie). Un mi
était déjà morte à cette époque. — Son racle lui avait donné de l'eau, une dent
nom est rappelé Ruth 4, 11., parmi les s'était ouverte, une source limpide en
vœux adressés à Booz par le peuple et par jaillissait. On croit généralement que c'est
les anciens. — Léa , est-il dit, avait les une des dents de la màchoire d'âne qui
yeux tendres. Le mot hébreu n'exprime se partagea pour livrer le passage à l'eau
pas précisément l'idée de tendresse, mais qui devait désaltérer le grand juge, et le
plutôt celle de mollesse, de faiblesse, op texte, comme le génie de l'hébreu, appuie
posée à celle de vivacité, peut-être à celle cette manière de voir. Cependant la ver
de grandeur. Dans les rivalités et les lut sion de nos Bibles contient un mot de
tes de jalousie qui ont eu lieu entre elle trop : « Dieu fendit une des grosses dents
et sa sœur, elle a dû avoir toujours le de cette màchoire d'âne » ; l'hébreu porte
sentiment de ses torts, la conscience simplement : « Dieu fendit une grosse
qu'elle était entrée dans la maison de Ja dent de la mâchoire (ou de Léhi) » ; et en
cob par une usurpation ; elle avait sans hébreu, comme chez nous, le mot dent
doute consenti à la tromperie qui lui don peut signifier un rocher élevé, un pic (la
nait un époux, cependant Laban prend la Dent du Midi, les Dents d'Oches) ; on
faute sur lui, comme il est probable aussi peut donc traduire, sans faire aucune vio
que c'était lui qui avait imaginé l'échange lence au texte : « Dieu fendit un des ro
et qui l'avait fait exécuter; peut-être Léa chers de Léhi », un des rochers de cette
n'a-t-elle fait qu'obéir à la volonté pa élévation sur laquelle était le vainqueur
ternelle. Mère de Juda, elle compte par des Philistins. Que l'on choisisse main
mi les ancêtres de Jésus. tenant entre les deux miracles, cela im
LEBBÉE. v. Jude. porte peu, le miracle n'en reste pas moins
LEM 548 LEM

grand : l'eau jaillissant du rocher a quel « Ai-je donc tué quelqu'un P et d'ailleurs
que chose de plus naturel : l'eau sortant Dieu ne me le pardonnerait-il pas?» D'au
de la nrâchoire avait peut-être plus d'à- tres, enfin, supposent que ces paroles
propos, et Dieu disait par là que seul il n'expriment que les projets d'une fierté
pouvait donner à cet instrument de car féroce. « Je me sens plus fier et plus mé
chant que Caïn; si quelqu'un me touche,
nage la force dont s'était glorifié Samson
comme s'il l'eût trouvée en lui-même.je le tue, quand il ne me ferait qu'une
(M. Coquerel affirme « qu'un enfonce légère blessure. » Peut-être le plus sim
ment du sol s'ouvrit aux pieds de Sam ple est-il de prendre le chant de Lémec
son », et il donne son idée comme la seule comme une composition poétique d'un
version que le texte autorise. C'est une mauvais genre que la tradition aurait con
erreur : à peine cette traduction peut servée, et que Moïse rappelle en y ratta
elle être acceptée en seconde ou troisiè chant en même temps la peinture du ca
me ligne; dans tous les cas elle est moins ractère de son auteur. « Ce Lémec est celui
probable et moins justifiée que celles que qui a composé le méchant et sanguinaire
nous avons indiquées, et d'autres ratio couplet bien connu : « Ecoutez, etc. » v. le
nalistes, comme Winer et Gesenius, ne Comm. de Schrœder.
mentionnent pas même, ou repoussent 2° Lémec ou Lamec, Gen. 5, 25.1 Chr.
fortement, la traduction qu'on veut faire 1, 3. Luc 3, 36., descendant de Seth et
croire seule autorisée). fils de Méthusélah, vécut sept cent cin
LÉMEC. 1° Cinquième descendant de quante-trois ans. Il devint père de Noé à
Caïn, le premier polygame connu, Gen. l'âge de cent quatre-vingt-huit ans, et
4, 19. 23., épousa Hada et Tsilla, qui, lui donna son nom, qui emporte l'idée
d'après Josèphe, lui donnèrent soixante de repos, « parce que, dit-il, celui-ci nous
dix-sept fils; la Bible ne nomme que Jabal, soulagera de notre œuvre et du travail de
Jubal , Tubal-Caïn et Nahama. « Epouses nos mains sur la terre que l'Eternel a
de Lémec, dit-il un jour à ses femmes, en maudite. » Ces paroles, qui dans leur sens
tendez ma voix, écoutez ma parole ; je le plus simple pourraient ne se rapporter
tuerai un homme, s'il me fait une bles qu'à la joie de Lémec d'avoir un fils pour
sure, même un jeune homme, s'il me fait aide et compagnon de sa vie, renferment
une meurtrissure, car si Caïn est vengé aussi une première trace des espérances
sept fois, Lémec le sera soixante-dix-sept messianiques : Lémec voyait que le péché
fois. » Qu'est-ce que ce chant énigma était arrivé à son comble, et que le juge
tique 9 Les interprètes s'y sont perdus. ment de Dieu ne pouvait se faire atten
Quelques-uns pensent qu'un double meur dre ; il prévoyait que son fils serait un
tre l'accable, celui de Caïn qu'il aurait tué instrument remarquable dans la main de
par inadvertance, dit la tradition, et celui Dieu, et il aura, comme tant d'autres,
de son fils Tubal-Caïn, qu'il aurait tué rapproché dans la perspective prophéti
comme l'auteur involontaire de ce pre que des événements qui devaient être sé
mier meurtre : il cherche alors à se con parés par des siècles, la délivrance de Noé,
soler au sein de sa famille par l'espérance la délivrance du monde par Jésus.
que la miséricorde divine qui a protégé LÉMUEL, Prov. 31, 1. Selon les uns
Caïn lui serait aussi accordée, et même c'est un nom symbolique, mais il ne pré
en proportion de ses crimes; ou bien il Senterait comme tel aucun sens conve
veut amuser ses femmes en leur chantant nable , d'autres y voient, au moyen de
ses crimes, et en se moquant de la ven quelques changements de lettres, le nom
geance céleste ; il y ajoute l'ironie, et de Salomon; d'autres, en recourant à l'a-
suppose que Dieu, l'amateur du crime, rabe, y trouvent le nom d'Ezéchias; et la
lui saura plus gré encore de son double mère de ce roi serait, ou bien Bathsébah,
meurtre, et le protégera davantage. D'au ou bien Abi; d'autres pensent enfin à
tres pensent que Lémec, voyant ses fem quelqu'un de ces petits rois inconnus, voi
mes effrayées de toutes les armes inven sins de la Judée, mais c'est encore moins
tées par ses fils, leur dit pour les rassurer : vraisemblable. L'opinion la plus générale,
LEN 549 LE0

qui prend Lémuel pour Salomon, a quel égales, on arrose le tout de beurre fondu,
que chose de naturel quand on considère et c'est pour la classe moyenne son prin
l'ensemble du recueil des Proverbes ; elle cipal et presque unique régal, surtout
se justifie aussi par le contenu de ce 31e pour le repas du soir (Burckhardt). Dio
chapitre, qui renferme de si beaux con gène de Laerte, comme Esaü, a nommé
seils à un jeune roi, v.2-9., et de si sages ce potage un plat roux, et cette dénomi
avertissements d'une mère pieuse à son nation lui convient d'autant mieux qu'en
jeune fils, une description si pleine de Orient les lentilles ont une cosse rouge
grâce et de vérité du caractère d'une brun. Il résulte du passage d'Ezéchiel
épouse vertueuse, 10-31 ; et l'on com qu'on faisait aussi du pain de lentilles ;
prend parfaitement ces paroles dans la Athénagore et Celse disent la même
bouche de Bathsébah, qui, enlevée à son chose, et Sonnini l'appuie de son témoi
premier époux, aurait dû partager le re gnage pour l'Egypte actuelle, mais seu
pentir du séducteur si elle avait été com lement dans les temps de famine et pour
plice, et dans tous les cas se rattacher les classes pauvres.
toujours plus fortement à la vertu conju LEOPARD, Cant. 4, 8. Es. 11, 6. Jér.
gale, qui seule peut assurer le bonheur 5, 6. 13, 23. Os. 13, 7. Hab. 1, 8. Dan.
de l'époux et de l'épouse. Mais on se de 7, 6. Apoc. 13, 2. C'est par ce mot que
mande pourquoi et à quel propos Salomon nos versions traduisent partout l'hébreu
aurait pris ici le pseudonyme de Lémuel ; namer : d'autres, comme Luther, Wi
on ignore pourquoi Salomon se serait ca ner, etc., le traduisent par panthère. Il
ché sous un faux nom, et il suffit de cette n'est pas facile de décider laquelle de ces
improbabilité pour faire rejeter cette sup deux traductions doit être préférée, vu
position. On doit admettre que Lémuel que tous les détails que l'Ecriture sainte
était peut-être, comme Agur, un des sages donne de cet animal conviennent aussi
dont il est parlé 24, 23.; ou bien que c'est bien à l'un qu'à l'autre : la seule chose
un nom fictif, et que Salomon, ou un autre qui prouverait en faveur de la panthère,
auteur inspiré, aura mis dans la bouche c'est qu'elle paraît avoir été connue en
d'une mère, également fictive, les conseils Palestine (v. Seetzen et Burckhardt), tan
qu'il fait adresser au jeune roi. — Les dis que le léopard y aurait été rare et
deux fragments de ce chapitre sont com peut-être même inconnu. D'un autre côté,
plétements indépendants l'un de l'autre, l'analogie du caldéen, du syriaque, de
pour la forme comme pour le fond. l'arabe et de l'éthiopien (Bochart), de
LENTILLES, l'eruum lens de Linnée même que l'uniformité de traduction des
(Cl. XVII, 3.), petit légume bien connu, Septante, de Jérôme et des anciens, sem
et dont il est parlé Gen. 25, 34.2 Sam. bleraient militer fortement en faveur de
17, 28. 23, 11. Ez. 4, 9. Les lentilles d'E- nos versions. Mais à la base de tout cela
gypte était fort estimées des anciens, règne une confusion d'histoire naturelle,
principalement celles d'Alexandrie; on la confusion de trois espèces voisines et
les cultivait également en Palestine, 2 différentes, la panthère, l'once, et le léo
Sam. 23, 11., où elles étaient, comme au pard. La pardalis des Grecs a eu succes
jourd'hui encore en Orient, une nourri sivement en latin les noms de panthère,
ture sans doute toujours frugale, mais de pard, et de léopard; c'est la panthère
appétissante, et que ne dédaignent pas proprement dite, que les Arabes nomment
même les riches et les grands. D'après le encore aujourd'hui alnemr ou nemer, et
voyageur Shaw, on fait bouillir un plat que Bochart a nommée léopard tout en
de lentilles avec de l'huile et de l'ail; ainsi voulant désigner la panthère. La petite
apprêtées, elles forment une espèce de panthère d'Oppien est sans doute l'ani
bouillie couleur chocolat, qu'Esaü a bien mal que les voyageurs modernes ont ap
pu appeler « de ce roux, » et qui est en pelé once, plus petit que la panthère et
core la nourriture la plus habituelle de que le léopard. Enfin le léopard est un
presque toutes les classes. En Arabie, on animal de la Guinée, du Sénégal, et d'au
mèle du riz et des lentilles par portions tres pays méridionaux, que les anciens pa
LE0 550 LEP

raissent n'avoir pas connu du tout; son ment fréquentés par ces féroces animaux;
nom, qui faisait alors double emploi avec ainsi Nimra au-delà du Jourdain (de ne
celui de panthère, a été depuis déterminé mer), Nomb. 32, 3., Beth-Nimrah, ibid.
d'une façon plus spéciale, et appliqué au 36. Jos. 13, 27., les eaux de Nimrim, Es.
léopard proprement dit. Il n'y a donc rien 15, 6. Jér. 48, 34. (Il serait possible ce
d'étonnant à ce que les anciennes traduc pendant que ces noms , v. Nimrah, eus
tions, qui étaient exactes vu le sens que sent une autre étymologie); enfin la mon
l'on donnait à ce mot, ne le soient plus tagne des panthères, Cant. 4, 8.
maintenant, et leur accord prouve d'au Esaïe, faisant la description du règne
tant mieux que ce que les Hébreux nom glorieux du Messie sur la terre (11, 6.)
maient namer est la panthère de nosjours. dit qu'alors la panthère gîtera avec le che
Le corps de cet animal (felis pardus, L.), vreau, bel emblème, si ce n'est qu'un em
lorsqu'il a pris son entier accroissement, blème, de la paix qui animera le monde,
a environ deux mètres de longueur, outre et du changement qui se sera opéré dans
la queue, qui est longue de plus de 70 cen les cœurs violents, haineux, durs et pas
timètres; la peau est d'un fauve plus ou sionnés, à l'égard des faibles et des dé
moins foncé sur le dos et sur les côtés, bonnaires.
blanchâtre sous le ventre; elle est mar LEPRE, lépreux. Cette impure et dé
quée de taches noires en grands anneaux solante maladie, endémique en Egypte et
ou en forme de roses, vides au milieu, dans la partie méridionale de l'Asie mi
parfois avec une tache au centre; il n'y a neure, était aussi l'un des fléaux les plus
que des taches pleines sur la tête, la poi redoutés des Juifs, chez qui elle était assez
trine, le ventre et les jambes; cf. Jér. 13, fréquente ; c'était une épouvantable cala
23. La panthère vit en Afrique et en Ara mité, Deut. 24, 8.; on la regardait comme
bie, sur le Liban et aux Indes. Elle est or envoyée de Dieu, Nomb. 12, 10. 2 Chr.
dinairement nommée à côté du lion dans 26, 19., et on ne la souhaitait comme ma
l'Ecriture. Fière, sauvage, indomptable, lédiction qu'à un ennemi mortel, 2 Sam.
elle ne redoute aucun animal, et ne craint 3, 29. 2 Rois 5, 27.
pas d'attaquer l'homme lui-même, ce que La lèpre se manifeste d'abord à l'épi
le tigre et le lion n'osent faire que lors derme, mais elle ne tarde pas à attaquer
qu'ils sont pressés par la faim ou provo le tissu cellulaire, les membranes grais
qués au combat. Sa course est rapide, seuses, les os, la moelle et les articula
ses yeux sont vifs et continuellement en tions; ses progrès sont lents, mais elle
mouvement, son expression est cruelle se communique très facilement, surtout
et méfiante; elle a les oreilles courtes et par la cohabitation, et le père la lègue à
le cou épais; ses pieds de devant ont ses enfants jusqu'à la troisième et qua
cinq doigts, ceux de derrière n'en ont trième génération, s'affaiblissant à me
que quatre, mais tous armés de griffes sure, et perdant de son intensité de telle
fortes et aiguës, qui lui servent à retenir sorte que chez le fils de l'arrière-petit
sa proie aussi solidement que les dents. fils, sa présence ne se constate plus que
Carnivore, et dévorant énormément de par des dents gâtées et tartreuses, une
nourriture, elle est néanmoins toujours haleine fétide, et une apparence débile et
maigre. Cet animal est d'une remarquable maladive.
fécondité, mais il a pour ennemis le tigre Le développement de la lèpre est favo
et le lion, et ces races terribles se font risé par une atmosphère humide et mal
la guerre les unes aux autres ; c'est ainsi saine, par la malpropreté, et par une nour
que Dieu a pourvu à ce que, pour un riture grasse et huileuse; ses indices
temps du moins, leur multiplication ne avant-coureurs sont de petites taches de
fût ni trop rapide, ni trop grande. la grosseur d'une pointe d'épingle, qui at
Plusieurs passages prouvent que les teignent bientôt la dimension d'un grain
panthères étaient très nombreuses en Pa de lentille ; d'autres fois ce sont des dar
lestine, et nous trouvons des lieux dont tres et des croûtes, qui se distinguent de
le nom indique qu'ils étaient primitive l'exanthème de la lèpre apparente en ce
LEP 551 LEP

qu'elles s'étendent continuellement, et cas, la lèpre blanche se manifeste subite


que les poils ou les cheveux (car c'est or ment, ses germes longtemps cachés écla
dinairement par les parties velues du tent tout-à-coup, et le malade devient
corps qu'elle commence) changent de blanc de la tête aux pieds, Lév. 13, 12.
couleur et perdent leur force et leur vie. cf. 2 Rois 5, 27.
Avec les progrès de la maladie, les taches L'éléphantiasis est probablement cette
et les dartres dévorent la chair peu à peu autre espèce de lèpre qui est mentionnée
et s'étendent sur tout le corps : les par Deut. 28, 27. 35. sous le nom d'ulcère
ties attaquées par les taches, molles et de d'Egypte; car cette maladie, au dire de
diverses couleurs, jaunâtres, noirâtres ou Pline et de Lucrèce, était endémique dans
plombées, sont ordinairement le visage, la contrée où les Juifs furent si longtemps
la poitrine, le bas-ventre, le bassin, et retenus comme esclaves; elle a, de même
les extrémités ; la peau est alors inégale, que ia précédente, sa source dans la mal
rude et insensible; on peut arriver jus propreté et dans l'absence de soins don
qu'à l'os avec une épingle ou avec un cou nés à des plaies ou à des boutons d'abord
teau, sans que le malade éprouve la moin peu considérables; elle se manifeste aussi
dre douleur : les parties attaquées par par des taches au visage et ailleurs, ou
des croûtes ou des dartres sont plus sen par des dartres qui commencent par la
sibles, mais tourmentées de violentes et grosseur d'un pois, et atteignent bientôt
continuelles démangeaisons. celle d'une noix ou d'un œuf; la peau Se
On distingue plusieurs espèces de lè crevasse. L'éléphantiasis n'est pas ordi
pres; nous ne mentionnerons que les sui nairement très douloureuse, il y a peu de
vantes. La lèpre blanche : c'est celle qui boutons, et ce n'est que lorsque la mala
régnait le plus parmi les Juifs, 2 Rois 5, die est assez avancée qu'une espèce de
27. Ex. 4, 6. Nomb. 12, 10.; elle s'annon suppuration commence à s'établir; les ex
çait par des taches et des pustules blan trémités meurent peu à peu et se sépa
ches, les cheveux blanchissaient à l'endroit rent du corps les unes après les autres; le
suspect, la place s'agrandissait prompte visage enfle, se bouffit, et paraît comme
ment, lachair vive était mise à nu, Lév. 13, gras de suif; le regard est sauvage et dur,
3.8.10.14.20. 25.30.; les parties che l'œil s'arrondit, il sort de son orbite, et
velues en étaient ordinairement les pre ne peut plus se mouvoir à droite et à
mières attaquées, 13, 29. (cf. 2 Chr. 26, gauche ; il pleure continuellement (cf.
19.); d'autres fois c'était aux places où il y Job. 16, 16.); la voix s'affaiblit et devient
avait eu précédemment quelque ulcère ou nasillarde, ou même se perd tout-à-fait;
blessure, que le bouton de lèpre apparais dans cet affaiblissement général les be
sait, 13, 18. Une fois la lèpre déclarée, soins seuls deviennent plus vifs, la gour
toute la peau devient d'un blanc luisant mandise et la volupté ; une profonde mé
sur le nez, sur le front, et par tout le vi lancolie accompagnée d'angoisse s'em
sage ; elle s'enfle, s'étend et se durcit ; pare du malheureux; son sommeil est
parfois elle crève, et des boutons pleins troublé, il fait des rêves effrayants (Job
de pus se forment près de ces crevasses ; 7, 14.); il se relève, ses pieds et ses ge
les extrémités s'enflent, les ongles tom noux se heurtent dans ses frissons, ils en
bent des pieds et des mains, les yeux sont flent, se durcissent au point de résister à
fixes, mats et enflammés; les oreilles sont la pression de la main, et se recouvrent
rongées d'ulcères vers la base ; le nez d'une peau crevassée et comme couverte
s'enfonce, parce que le cartilage se pour d'écailles. Cependant aucun organe vital
rit; au fond des narines sont des boutons n'est attaqué, et le malade peut vivre en
qui dégouttent continuellement : les che core vingt ans et plus, comme il peut
veux tombent, ou s'emmêlent dans la aussi être enlevé subitement par une lé
teigne qui les entoure, et se collent par gère fièvre, ou succomber à une suffoca
mèches; tous les sens sont émoussés ;en tion violente. On ne connaît pas de re
fin le malheureux meurt, à la fois de con mède à cette maladie qu'il est toujours fa
somption et d'hydropisie. Dans d'autres cile de prévenir en suivant les règles les
LEP 552 LEP

plus élémentaires de l'hygiène. plus résolu que les autres, leur dit qu'ils
C'est l'éphantiasis que plusieurs savants ne devaient attendre de secours ni de
(Michaélis, Reinhard), croient reconnaître Dieu ni des hommes, et leur conseilla de
dans la maladie de Job, dans cet ulcère l'accepter pour chef et guide, ce qu'ils
malin, 2, 7., qui rappelle l'ulcère d'Egypte firent. Peu importe le plaisir que cette
par son nom et par ses caractères. D'au anecdote a pu faire à tous les ennemis
tres, comme Jahn, pensent à la lèpre des Hébreux depuis Manéthon jusqu'à
noire qui, du reste, ne diffère guère de Shaftesbury, depuis Tacite jusqu'à Bo
la précédente que parce qu'elle est accom lingbroke; ce qu'il y a de mieux prouvé,
gnée d'une démangeaison plus vive et c'est que la lèpre appartient à la terre
plus constante. La peau devient rude et d'Egypte, c'est que tous les anciens, Ro
inégale, elle se crevasse et se pèle en mains et autres, Pline et Lucrèce, sont
écailles d'un rouge noirâtre; la teigne s'y d'accord à regarder cette maladie comme
joint et attaque principalement les bras et naturelle au pays, favorisée par les dé
les jambes ; les doigts se raccornissent et bordements du Nil; c'est que, par consé
refusent de procurer aux démangeaisons quent, les Egyptiens étaient lépreux par
du malade un soulagement même momen eux-mêmes sans que les Israélites leur
tané; toutes les extrémités se gangrènent, aient apporté ce fléau, qu'ils n'ont appris
meurent et tombent, l'haleine est empoi à connaître eux-mêmes que depuis leur
sonnée. On ne peut nier que ces caractères séjour en Egypte; et comme le dit Cel
ne conviennent parfaitement à la maladie lérier (Espr. de la Lég. Mos. II, 320.), si
de Job; mais, d'un autre côté , ceux de les Egyptiens voulaient se délivrer radi
l'éléphantiasis s'y rapportent également, calement de la lèpre, il était inutile de
et comme ces deux maladies ont bien des faire partir les Hébreux, ils auraient dû
points de contact et qu'on peut aisément partir eux-mêmes. Le récit de Tacite n'est
les confondre, il n'est pas facile, comme donc qu'une évidente fausseté, y compris
il n'importe pas non plus, de décider de les absurdités qui l'accompagnent et que
laquelle des deux il s'agit dans le récit sa nous nous sommes dispensés de repro
cré, d'autant plus qu'on ne saurait pren duire.
dre littéralement, ni comme exacte des On peut croire qu'à leur sortie d'E-
cription pathologique, tous les détails que gypte, un assez grand nombre d'Israélites
le livre de Job renferme sur sa maladie, étaient en effet souillés de cette maladie,
détails dont plusieurs se rapportent plu jusqu'alors inconnue pour eux, et de la
tôt à l'état de son âme qu'à celui de son quelle ils n'avaient pas su se garantir ;
corps. elle joue dès lors un grand rôle, non
Enfin Moïse distingue soigneusement seulement dans la législation, mais même
encore une espèce de lèpre apparente dans les miracles du législateur, Ex. 4,
qu'il déclare sans contagion et sans dan 6-8. Nomb. 12, 10-15.
ger, Lév. 13, 39.; Niebuhr l'a retrouvée Les lois de Moïse relativement aux lé
en Egypte sous le même nom et avec le preux, sont un développement des lois
même caractère inoffensif; c'est une sorte sur la pureté légale, en même temps
de teigne blanchâtre qui passe d'elle qu'elles tendaient à prévenir la conta
même après avoir duré de deux mois à gion de cette hideuse maladie. Aucun re
deux ans, sans laisser ni dans le corps ni mède n'est indiqué; les sacrificateurs
sur la peau aucune trace fâcheuse. SOnt chargés d'examiner les premières
Manéthon, prêtre égyptien, Lysimaque, traces du danger, et l'exactitude des dis
Molon, Tacite et Justin racontent grave tinctions établies par Moïse, la sagesse des
ment que les esclaves hébreux furent diagnostics qu'il indique pour mettre les
chassés d'Egypte à cause de la lèpre dont prêtres à même de prononcer avec con
ils étaient infectés ;Tacite ajoute (Hist. 5, naissance sur l'existence du mal comme
3.) que ces malheureux, abandonnés dans sur sa guérisôn, font encore aujourd'hui
de vastes solitudes, se laissaient aller aux l'admiration des gens de l'art. v. Lév. 13,
larmes et aux plaintes, lorsque Moïse, 1.sq. 14, 1. sq. Nomb. 5, 1-4. Deut. 24,
LEP 553 LEP

8.9. Lorsqu'un homme était reconnu lé lée avec un fer rouge. Il avait la tête nue,
preux, le sacrificateur le déclarait impur, et ses cheveux, absolument de la couleur
l'excluait du commerce des hommes, le de sa peau, tombaient en longues mèches
reléguait à la campagne dans la société sur ses epaules décharnées. Ses yeux, à
d'autres lépreux, 2 Rois 7, 3. Luc 17, 12., l'exception de la prunelle, étaient d'un
ou dans des lieux inhabités; on lui dé rouge foncé; il les tenait constamment
chirait ses vêtements en signe de deuil, fixés vers la terre comme s'il lui eût été
et s'il voyait quelque étranger s'appro douloureux de regarder en l'air; il mar
cher de lui sans défiance, il était tenu de chait avec lenteur et faiblesse, et sa mai
l'avertir en lui criant de loin, Souillé ! greur était aussi effrayante à voir que
souillé! Aucun rang ne pouvait soustraire celle d'un squelette vivant. Il s'arrêta à
à cet isolement; la sœur de Moïse dut sorquelques pas de moi; je m'avançai, mais
tir du camp, Nomb. 12, 15., et Hozias de il recula. Alors il me supplia de lui don
meurait dans une maison écartée, 2 Chr. ner quelque chose pour l'empêcher de
26, 21. Cette solitude n'était cependant mourir, parce qu'il était pour tous un su
pas un emprisonnement, et on les voit jet de mépris et qu'il ne pouvait aller ni
dans l'Evangile, comme de nos jours en chez lui, ni chez ses amis. Il me dit de ne
core en Arabie, se promener librement; pas m'approcher d'une créature souillée,
il paraîtrait même, d'après Lightfoot, objet d'aversion pour tout le monde, con
tre laquelle chacun levait la main et qui
qu'ils étaient admis dans les synagogues.
Lorsqu'un lépreux se croyait guéri, il n'inspirait de pitié à personne. Je le
allait se montrer au sacrificateur, sans la questionnai : il me dit qu'il avait souffert
permission duquel il ne pouvait rentrer de la lèpre pendant plusieurs années
chez lui, et s'il était véritablement reconnu d'une manière horrible, et que le mal,
net, il passait par diverses cérémonies et quoique guéri maintenant, lui avait lais
purifications destinées à représenter la sé ces marques de souillure qui l'empê
purification de l'âme par l'aspersion du chaient de retourner vers ses semblables.
sang de Christ, puis il rentrait dans la En effet, la couleur de sa peau était aussi
société des hommes purs, et dans l'usage blanche que celle d'un cadavre, et en le
des choses saintes. voyant, personne ne pouvait douter qu'il
Cette maladie, apportée en Europe par n'eût eu la lèpre. »
les saints et galants chevaliers des croi Le christianisme prend soin des lé
sades, a été dans un temps tellement com preux; le paganisme des Indes les brû
mune, que l'on comptait jusqu'à 19,000 la lent vivants.
dreries, lazareries, lazarets ou léproseries; —Moïse parle encoredelalèpre des mai
maintenant elle a presque diparu de chez sons et de celle des étoffes, Lév. 13,47-59.
nous, ou du moins elle a changé de nature, 14, 33-53.; mais la science moderne n'est
et quelques habiles médecins veulent en pas encore fixée sur la solution de ce pro
reconnaître une variété dans les maux se blème d'histoire naturelle , quelques sa
crets; mais on la retrouve en Egypte et vants (Michaélis, Winer, Volney, l, 55)
dans les deux Indes avec tous les carac voient dans la lèpre des maisons l'effet du
tères que nous avons mentionnés. Le salpêtre sur les murs, taches d'un rouge
voyageur Caunterraconte, dans les termes verdâtre qui rongent peu à peu les pierres
suivants, la rencontre qu'il fit un jourd'un et la chaux, et qui, sans endommager peut
lépreux dans l'Inde : « Pendant que je être d'une manière notable les bâtiments,
me promenais un soir sur le rivage de la corrompent l'atmosphère et peuvent me
mer, je vis venir vers moi un être si ex nacer la santé des habitants; Calmet croit
traordinaire que je ne pus en détacher que cette espèce de lèpre est causée par
mes yeux ; c'était un homme vêtu seule de petits vers qui rongent la pierre, longs
ment d'un morceau d'étoffe autour du d'environ deux lignes, grisâtres et munis
corps (c'est le vêtement des castes infé de quatre mâchoires; les rabbins ne s'ex
rieures de l'Inde). Il avait la peau tout-à- pliquent pas sur ce point, ils y voientd'une
fait blanche, comme si elle avait été brû manière générale une plaie divine. Il est
LET *. 5 54 LEV

probable que l'on ne tardera pas à obte qu'ils avaient un ordre à expédier ou une
nir plus de lumières sur ce sujet par les communication à faire connaître; c'était
études qui sont commencées en Egypte, un service du moment et non régularisé;
Où ce curieux phénomène a encore été les rois perses, au contraire, avaient déjà
remarqué par Volney. La lèpre des étoffes un commencement d'organisation des
est aussi peu connue; on l'a remarquée, postes, et des angares ou courriers, dis
non-seulement sur des draps de laine, posés par stations, Est. 8, 10. — Les
mais encore sur des peaux et sur du cuir; lettres n'étaient et ne sont presque ja
elle se trahit comme celle des maisons mais cachetées en Orient; cependant,
par des taches rouge-vert, et Michaélis lorsqu'elles sont adressées à des per
l'attribue à des insectes fort petits qui sonnages distingués, on les place dans
Se développent plus facilement dans les de magnifiques bourses que l'on scelle
laines de mauvaises qualités, notamment avec de l'argile; cette coutume est fort
dans la laine de moutons morts de ma ancienne, mais d'origine inconnue. Il
ladies. Il faut attendre des renseigne semble que les Hébreux aient fait excep
ments ultérieurs sur cette lèpre qui s'at tion à la règle; dans l'Ancien Testament
tache à des objets inanimés. Quant aux il est, en effet, encore parlé de lettres
prescriptions de Moïse à cet égard, la cachetées, 1 Rois 21, 8.; une lettre dé
destruction des maisons et des étoffes lé cachetée est mentionnée comme excep
preuses, elles avaient pour but, d'abord tion, Néh. 6, 5., et l'on peut croire que
de prévenir des maladies contagieuses et Samballat a voulu donner à Néhémie une
d'empêcher les miasmes provenant d'une marque de mépris par cette façon d'agir.
fermentation putride, ensuite d'affermir L'usage de lettres circulaires, ou du moins
la loi principale en l'entourant, comme copiées à un grand nombre d'exemplaires,
d'un rempart, de toutes ces lois secon estindiqué2Rois 10,1-6., et nousvoyons,
daires relatives à la souillure légale. Esd. 4, 6. 17., un rapport écrit adressé à
La lèpre était un emblème du péché; Artaxercès et un édit royal également en
pour exprimer la délivrance du lépreux, voyé sous forme de lettre; cf. Act. 23,
c'est toujours le mot nettoyé, jamais celui 25. et les épîtres du Nouveau Testament
de guéri dont se servent les auteurs sa qui témoignent du développement qu'a-
crés; la lèpre était considérée comme vait pris la correspondance à cette époque
une souillure encore plus que comme une de renaissance et de réveil. — 2o Lettres,
v. Ecriture.
maladie.
LESA, Gen. 10, 19., dans les environs LEVAIN, pâte aigrie en usage dans
de la mer Morte sur ses bords orientaux, toutes les maisons, et déjà bien connue
est, d'après saint Jérôme, la ville de Calli dans l'antiquité, qui en comptait de di
rhoé où se trouvaient des eaux thermales. verses espèces, Pline 18, 26.; il sert à
LETHEK, mesure valant un demi-ho faire lever et fermenter la pâte en même
mer, Os. 3, 2., ou cinq baths, environ temps qu'il lui donne plus de goût , et
175 litres. même, suivant quelques auteurs, une sa
LETTRES. La correspondance n'a ja veur irritante et sensuelle, Les Hébreux
mais été aussi active en Orient qu'en Oc le préparaient comme on le fait ordinai- .
cident; dans l'antiquité, elle était pres rement chez nous, en laissant reposer la
que nulle; de nos jours encore elle est pâte deux ou trois jours,jusqu'à ce qu'elle
assez rare. Les messages ordinairement s'aigrît; d'autres fois, et pour obtenir plus
se faisaient de bouche; cependant on vite du levain, ils pétrissaient la farine
trouve çà et là dans l'Ancien Testament avec de la lie ou du moût de vin. S'ils
des traces de lettres écrites, cf. 2 Sam. étaient extrêmement pressés, ils faisaient
11, 14. Esd. 4, 8., qui étaient portées ou leurs pains sans levain, Gen. 19, 3. Jug.
par des courriers exprès, 2 Chr. 30, 6., 6, 19., comme le font encore de nos jours
ou par des voyageurs en passage, Jér. les Arabes bédouins. L'emploi du levain
29, 3. Les rois hébreux envoyaient des était expressément interdit aux Hébreux
courriers extraordinaires toutes les fois pendant les sept jours de la Pâque, Ex.
LEV 5 ;5 LEV
12, 8.15.20. 13, 3. 6., et ils ne pou soit que cette expression se rapporte aux
vaient pas même offrir à Dieu des gâteaux mauvais désirs et aux inclinations cor
levés ou miellés, Lév. 2, 11. Am. 4, 5. ; rompues qui n'occupent souvent que trop
il leur était même défendu d'avoir du le de place dans le cœur même de l'homme
vain dans leurs maisons, et le soir du 14 régénéré. L'une et l'autre de ces expli
nisan tous les Juifs veillaient soigneuse cations se justifient par le contexte et par
ment à ce que tout levain et toute chose l'analogie de la foi. L'apôtre appelle le
levée fût emportée et brûlée, sans qu'ils vain la méchanceté et la malice, et il ap
pussent même s'en servir pour leurs four pelle la sincérité et la vérité des pains
neaux, et en tirer ainsi quelque profit. Sans levain.
D'après les rabbins, lamême défense s'ap Matth. 16, 6., Jésus engage ses disciples
pliquait encore aux animaux. La Pâque à se garder du levain des pharisiens et des
passée, ils pouvaient recommencer à faire sadducéens; dans Marc 8, 15., c'est du
du levain, et les prêtres avaient droit aux levain d'Hérode, c'est-à-dire de cette in
prémices de tout ce qui se pétrissait, crédulité commune au parti soi-disant re
Nomb. 15, 20.— Il est évident que dans ligieux et rationaliste des sadducéens, et
la symbolique juive cette substance, qui au parti religieux politique des héro
n'était qu'une corruption de la pâte pri diens; le levain des pharisiens était la
mitive, et une corruption corruptrice, propre justice, ou, comme dit saint Luc,
était considérée comme l'emblème du pé l'hypocrisie, la vertu extérieure, 12, 1. Le
ché, qui peut être peu de chose en appa mauvais levain, c'est la mauvaise doctri
rence, mais qui envahit, qui se propage, ne, Matth. 16, 12., une prétendue morale,
qui entraîne les masses dans la corrup une prétendue raison.
tion et dans la perdition. On trouve la C'est à tort que l'exégèse ordinaire du
même idée exprimée dans Plutarque, et passage Matth. 13, 33. Luc 13, 21., prend
chez Aulu-Gelle qui dit : Farinam fer le mot levain en bonne part, comme dé
mento imbutam attingere flamini diali fas signant l'Evangile, tandis que le mot pâte
non est (v. Casaubon, sur la Ire satire de signifierait le monde. Le mot pâte est
Perse). Les pains du cinquantième jour, toujours pris en bonne part, et dans ce
ou de Pentecôte, qui devaient représen passage il désigne l'Eglise; le mot levain
ter la nourriture ordinaire de l'homme qui est toujours pris en mauvaise part,
(et spirituellement le péché), étaient en se rapporte au monde; on peut s'éton
conséquence pétris avec du levain , Lév. ner qu'une exégèse aussi absurde ait pu
23, 17., de même que les gâteaux d'ac prévaloir si longtemps. Notre Seigneur
tions de grâces qui accompagnaient les raconte dans les sept paraboles de Matth.
tourteaux sans levain, et qui devaient 13, les destinées de l'Eglise, et il veut la
leur servir comme d'assiettes, Lév. 7, 12. mettre en garde contre l'erreur et l'infi
13., c'est-à-dire être à leur égard dans délité en apparence les moins graves et
une position d'infériorité et de moins les moins dangereuses; un peu de levain
grande pureté. fait lever toute la pâte, cf. 1 Cor. 5, 6.
1 Cor. 5, 6., Paul s'adresse à une com LEVER. L'élévation et le tournoiement
munauté chrétienne qui paraissait s'en étaient deux cérémonies que l'on ren
orgueillir de ce que tout n'était pas cor contre quelquefois parmi celles qui ac
rompu dans son sein, et supposer que la compagnaient les sacrifices lévitiques. Le
pureté pourrait se maintenir à côté de l'in Sacrificateur levait en mémorial l'offrande
cestueux. Vous n'avez pas sujet de vous du gâteau, Lév. 2, 8.9.; il levait de même
glorifier, leur dit-il, ne savez-vous pas une poignée de fleur de farine, l'offrande
qu'un peu de levain fait lever toute la étant alors de nature à ne pouvoir être
pâte ? Puis il les exhorte (v. 7 et 8) à faire tenue à la main dans son entier, 6, 15., et
disparaître, comme les Juifs aux appro enfin toute la graisse des sacrifices pour
ches de la Pâque, le vieux levain, soit qu'on le péché ou des sacrifices de prospérité,
doive entendre par là les méchants et les 4, 8.10.; c'est-à-dire que toutes les cho
impies qui se trouvaient au milieu d'eux, ses qui étaient destinées à être consu
LEV 556 LEV

mées sur l'autel étaient d'abord levées, Chr. 2,1.), se joignit à Siméon pour ven
et ce n'est qu'après cette cérémonie qu'on ger d'une manière perfide et violente l'in
y mettait le feu. Le tournoiement avait jure qui avait été faite à leur sœur Dina,
lieu non-seulement pour les offrandes Gen. 34,25. Lorsqu'il descendit en Egypte
non sanglantes, Ex. 29. 24. Lév. 8, 27. avec son père, il avait déjà ses trois fils
Nomb. 5, 25., huiles, farines, gâteaux, Guerson, Kéhath et Mérari, 46, 11., qui
prémices des fruits et des blés, Lév. 23, furent chefs d'autant de familles, Ex. 6,
11.12.20., mais encore pour les victimes 16., et une fille, Jokébed, qui épousa
sacrifiées ; et alors tantôt on ne faisait Hamram son neveu, fils de Kéhath, et fut
tournoyer, notamment dans les sacrifices la mère de Moïse, Nomb. 26, 59. Il mou
d'actions de grâces, que quelques parties rut à l'âge de cent trente-sept ans ; sa
du corps de l'animal, la poitrine ou l'é- postérité devait être dispersée en Israël,
paule droite, Ex. 29, 26. Lév. 7, 30.34. suivant la sentence prophétique du vieux
9, 21. 10, 14. Nomb. 6,20., tantôt on fai Jacob, Gen. 49, 7., mais cette menace fut
sait tournoyer la victime entière, Lév. 14, changée en bénédiction : les liens inti
12. 23, 20.; et les lévites eux-mêmes pa mes qui unissent en Orient les membres
raissent avoir été soumis à cette cérémo d'une famille de bergers furent brisés
nie lors de leur consécration, Nomb. 8, pour cette famille ; mais le sacrifice des
11. 15. La partie tournoyée appartenait affections domestiques fut compensé par
aux prêtres, mais ne pouvait être mangée la gloire du sacerdoce, et Moïse mourant
que par eux et leurs enfants, et cela dans annonça les hautes et saintes destinées
un lieu pur et consacré, Lév. 10, 14. C'é- qui continueraient d'honorer la tribu de
tait une portion de leurs revenus, et de la Lévi, honneur et charge tout ensemble,
part de ceux qui l'offraient c'était moins Deut. 33, 8. Avant sa consécration publi
un sacrifice qu'une contribution pour les que, et dans le voyage du désert, cette
besoins du culte. — On n'a que peu ou tribu était déjà comme préparée à ses
même point d'indications précises sur la fonctions futures par le soin du taberna
nature de ces cérémonies qui , dans tous cle et de ses ustensiles, qui lui était con
les cas, étaient fort différentes l'une de fié; ils devaient assembler et désassembler
l'autre dans leurs formes comme dans le pavillon à chaque départ et à chaque
leur but. L'élévation s'explique d'elle campement, et veiller à ce que personne
même, et cette figure judaïque a été imi n'en approchât, Nomb. 1, 50. Peu nom
tée par l'église romaine dans ce qu'elle breuse relativement aux autres, la tribu
appelle l'élévation de la messe; l'offrande de Lévi comptait cependant déjà dans le
est élevée devant l'autel, en sacrifice au désert 22,000 màles dont 8,580 entre
Dieu qui trône dans le ciel. Le tournoie trente et cinquante ans. Ces 22,000 fu
ment, qui se faisait sur les paumes des rent appelés à remplacer, dans le service
mains, avant le sacrifice et devant l'au des choses saintes, les premiers-nés des
tel, Ex. 29, 24. Lév. 8, 27., était une élé fils d'Israël qui avaient été primitivement
vation accompagnée de mouvement, soit consacrés à ce service, et dont le nombre
de droite à gauche, soit d'avant à arrière,s'élevait , lors du même recensement , à
soit aussi, comme les Juifs le prétendent, 22,273. La cérémonie de consécration est
vers les quatre points cardinaux du ciel, racontée, Nomb. 3, cf. Deut. 10, 8. Plus
lorsqu'il ne s'agissait que de brebis, ou tard, dans le dénombrement qui fut fait à
de pièces peu considérables. Quant au Sittim aux plaines de Moab, le chiffre des
tournoiement des lévites et à leur pré Lévites s'élevait à 23,000; mais ils ne fu
sentation comme offrande, on peut croire rent pas compris dans le recensement gé
que le mouvement qui leur était imprimé néral, la tribu étant devenue une caste,
par le souverain sacrificateur était un va Nomb. 26, 62. Ils n'eurent en consé
et vient dirigé vers l'autel, rappelant le quence, aucun territoire, mais quarante
porricere des Romains. huit villes avec leur banlieue leur furent
LÉVI, 1° troisième fils de Jacob et de assignées pour y habiter, dispersées au
Léa, Gen. 29, 34. 35, 23. (Ex. 6, 16. 1 milieu des douze tribus, Jos. 21, et ils
LEV 557 LEV

eurent droit à des dîmes et redevances en presque tous les interprètes sont d'ac
nature pour leur subsistance journalière, cord à y voir le crocodile (Rosenmuller,
cf. Deut. 10, 9. 14, 29. Jos. 13, 14.33. Gesenius, Winer, Preiswerk, Haevernick),
Privés de capitaux, ils ne devaient avoir et cette opinion se justifie amplement par
que des revenus; leur sort fut en quel l'accord des détails du livre sacré avec
que sorte assuré sur la piété des fidèles. tout ce que nous connaissons de cet ani
Ils avaient de plus l'avantage de pouvoir, mal. Le morceau de Job se divise en deux
dans les villes qui leur appartenaient, ra parties ; la première (40, 20.-41, 2.) est
cheter en tout temps, sans même attendre destinée à montrer, à faire ressortir la
l'année jubilaire, les maisons qu'ils avaient faiblesse de l'homme en présence de ce
pu être forcés d'aliéner un instant, Lév. redoutable animal, si fort et si bien armé
25, 32., tandis que d'un autre côté la pour résister et se défendre; elle amène
maison ou le champ qui avait été voué au naturellement la conclusion : Comment
temple, et qui pouvait être racheté, deve celui qui ne peut lutter contre la créa
nait, en cas de non rachat, propriété lévi ture, essaierait-il de le faire contre le
tique et inaliénable en l'année du jubilé, créateur 9 La seconde (41, 3-25.) est une
27, 16-21., v. Lévites. description des différentes parties de l'a-
2° et 3°, Luc 3, 29. 24., ancêtres incon nimal, de son caractère, de sa force et de
nus de Marie. — 4° v. Matthieu. sa férocité, description si vivante qu'il
LEVIATHAN. Cette expression hé semble qu'on ait le léviathan devant les
braïque emporte avec elle l'idée de mou yeux, la gueule ouverte, jetant des flam
vements sinueux et tortueux; elle dirige IIl0S.
l'attention vers ces grands amphibies qui « Tireras-tu le léviathan avec un ha
s'ébattent à l'aise au milieu des eaux, les meçon ? Prendras-tu sa langue avec une
serpents et le crocodile. C'est, il paraît ligne ?
aussi, la signification générale de ce mot, « Lui passeras-tu une corde de jonc
et selon quelques auteurs il aurait tour à dans le nez P et lui perceras-tu d'un croc
tour l'une et l'autre signification : il fau les mâchoires 9
drait l'entendre plus spécialement des ser « T'adressera-t-il beaucoup de prières ?
pents, Job 3, 8. Es. 27, 1., du crocodile, Te dira-t-il de belles paroles ? (s'humi
Job 40, 20., et des monstres marins en liera-t-il devant toi ?)
général, Ps. 104, 26. 74, 13., pris dans « Fera-t-il une alliance avec toi , que
ce dernier passage comme symboles de tu le prennes pour serviteur à toujours ?
redoutables ennemis. (La dernière partie T'en amuseras-tu comme d'un oiseau,
de Job 3, 8., doit se traduire « ceux qui et l'attacheras-tu pour tes jeunes filles ?
sont habiles à conjurer les léviathans. »)Si (comme en Orient les enfants aiment à
l'on peut admettre ces divers sens d'un jouer avec de petits animaux, dont un
même mot, v. Serpent, il est un passage léger fil suffit pour assurer la captivité.)
au moins dans lequel on doit le préciser « Les associés pêcheurs en font-ils
davantage, c'est dans la description qui commerce ? le partagent-ils entre les
est faite de cet animal, Job 40,20.-41,25. marchands ?
Et d'abord il est évident que ce morceau « Rempliras-tu de pointes sa peau P(de
qui célèbre la grandeur de Dieu dans la manière qu'il y en ait assez pour le tuer),
création, contient la description d'un ani et du harpon des pêcheurs sa tête ?
mal réellement existant , et non point « Mets sur lui ta main, essaie la lutte ;
d'un être fabuleux et chimérique, ainsi tu n'y reviendras plus.
que l'ont supposé quelques auteurs. Un « Voici, l'espérance de celui qui l'es
assez grand nombre d'idées ont été émi saierait s'évanouira : est-ce qu'à sa vue
ses sur cette question, et plusieurs, no déjà il n'est pas atterré ?
tamment Schultens dans son commen « Il n'en est pas d'assez vaillant pour
taire, ont soutenu qu'il fallait entendre l'éveiller. Et qui est celui qui se présen
par léviathan les plus grosses espèces de terait devant moi (pour me résister) ?
serpents marins ; mais depuis Bochart « Qui m'aurait fait des avances que je
LEV 558 lLEV

doive les lui rendre ? Tout sous tout le une pierre, dur (de fonte) comme une
ciel est à moi. pierre de meule de dessous.
« Je ne me tairai point de ses mem « Quand il se lève, des héros s'épou
bres, l'expression de ses forces, la beau Vantent; ils sont hors d'eux-mêmes d'ef
té de Son armure. froi.
« Qui découvrira le dessus de son vê « L'attaque-t-on avec l'épée, elle ne
tement(lacuirasse qui recouvre sa peau)? prend pas ; ni dard, ni lance, ni cuirasse
Qui s'aventurera dans sa double denture ? 7le Servent.
« Qui ouvrira les portes de son visage ? « Il estime le fer comme de la paille,
Ses dents tout à l'entour sèment l'épou l'airain comme du bois pourri.
VaIlte. « Le fils de l'arc (la flèche) ne le fait
« Fières sont les rangées de sa cuiras pas fuir, en chaume se changent pour lui
se, serrées comme d'un étroit cachet. les pierres de la fronde.
« L'une touche à l'autre, un souffle ne « La massue lui semble comme du
passerait pas entre elles. chaume; il rit du sifflement du javelot.
« Chacune est collée à sa voisine; elles « Sous lui sont des têts aigus (les
tiennent l'une à l'autre, et ne peuvent écailles de son ventre); il traîne sur la
être séparées. vase une herse à battre le blé (c'est-à-
« Ses éternuements rayonnent la lu dire il laisse dans la vase, partout où il
mière, ses yeux sont comme les paupières Se repose, des traces de son passage et
de l'aurore (c'est-à-dire comme les pre l'empreinte de ses dures et fortes écailles
miers rayons du jour. Les anciens avaient qui labourent le terrain, comme si la .
déjà remarqué que lorsque le crocodile herse y avait passé.)
sort du fond des eaux, on voit briller, « Il fait bouillonner la profondeur
avant même de voir son corps, ses yeux comme un chaudron, et rend la mer
qui annoncent ainsi sa venue, comme semblable à un parfum (ou à un vase de
l'aurore annonce le soleil.) parfumeur. Cette partie de la comparai
« De sa bouche sortent comme des son n'est pas claire ; l'auteur veut dire
flambeaux; des étincelles de feu en jail que le léviathan agite et trouble les flots :
lissent. De ses narines sort une fumée, mais quel rapport cette agitation a-t-elle
comme d'un pot bouillant ou d'une chau avec du parfum ?)
dière. « Derrière lui brille son chemin; l'a-
« Son souffle flambe comme un brasier bîme apparaît comme une tète blanchie (à
(ou allumerait des charbons), et une flam cause de l'écume que la rapidité de ses
me sort de sa gueule. » mouvements forme autour de lui).
Ces versets se rapportent au crocodile « Rien sur la terre ne l'égale ; il a été
s0rtant du fleuve et chassant avec violen fait pour ne rien craindre.
ce par les naseaux et par la bouche l'eau « Il voit au-dessous de lui (ou il fixe)
qui s'oppose à ses mouvements impé tout ce qui est élevé ; il est roi sur tous
tueux; ce sont des jets qui rayonnent les orgueilleux (animaux). »
dans tous les sens, et qui ont, selon quel Tous les détails de cette poétique des
ques auteurs, une lumière phosphores cription concordent avec ce que les na
cente quand l'animal est échauffé ou ir turalistes et les voyageurs, anciens et
rité ;le voyageur Bartram parle aussi de modernes, nous disent du crocodile. Cet
cette vapeur qui sort de ses narines com animal, géant dans la famille des lézards,
me une fumée. habite particulièrement les bords du Nil,
« En son cou repose la force, et devant et devait être bien connu d'un auteur qui
lui danse l'effroi. avait vécu en Egypte, comme celui du li
« Les fanons de sa chair sont fermes, vre de Job. C'est là qu'il atteint sa plus
coulés (ou fondus) en lui, rien ne bouge. grande longueur, qui va jusqu'à 10, et
(L'image de la fonte exprime la dureté et même 12 mètres; en Amérique, il n'en
l'adhèsion des parties entre elles.) dépasse pas 6 ou 8. Son corps est vert,
« Son cœur est dur (de fonte) comme tacheté de noir; le ventre est d'un blanc
LEV 559 LEV

jaunâtre. La tête est au moins deux fois et la regardent comme un morceau déli
aussi longue que large, et sa gueule, gar cat; mais elle est dure et répand une
nie à la mâchoire supérieure de trente forte odeur de musc. — On peut voir de
six,à l'inférieure de trente dents, longues très intéressants détails et des extraits
et pointues, s'ouvre jusque derrière les du voyage de Bartram, dans le Morgen
yeux et les oreilles. Ses mâchoires sont land de Preiswerk, 1839, avril.
extrêmement fortes ; mais, comme elles LEVIRAT. Le mot ne se trouve pas
ne peuvent se mouvoir que du haut en dans l'Ecriture, mais la chose s'y trouve.
bas, et nullement de droite à gauche, le Levir, en latin, signifie le frère du mari ,
crocodile ne peut rien mâcher, et doit (lege vir, comme en anglais in law, dé
avaler sa nourriture telle qu'elle entre signe les parentés acquises par le ma
dans sa gueule; il y joint quelquefois des riage), et ce nom a été donné à la loi de
pierres pour faciliter la digestion. Ses Moïse qui obligeait un frère à épouser la
yeux et ses oreilles se recouvrent, quand veuve de son frère mort sans enfants, de
il est dans l'eau, de peaux très fines qui telle sorte que l'aîné des enfants qui naî
ne gênent pas les fonctions de ces orga traient de cette union n0uvelle héritât des
nes, et servent à les protéger. Son cou biens et du nom du défunt, Deut. 25, 5
est court, et son dos si raide que tous 10. cf. Marc 12, 18. sq. Cet usage, par
les mouvements de côté, un peu rapides, ticulier,à ce qu'il semble, à la famille des
lui sont impossibles, ce qui permet faci Hébreux, était antérieur à Moïse, Gen.
lement à ceux qui sont poursuivis de lui 38, 6-8., et n'a été peut-être conservé
échapper. Les écailles de son dos, toutes par lui qu'à cause du sentiment national,
égales entre elles, sont rangées sur dix qui regardait comme un devoir de ne pas
sept bandes, et se distinguent par leur laisser éteindre la race et le nom d'un
forme carrée et régulière. Ce que l'on a homme mort prématurément, ou privé
dit des larmes et du ton plaintif de cet de descendance. Cette loi favorisait d'ail
amphibie, n'est qu'une fable : sa voix (s'il leurs l'esprit de famille, la division des
en a une, ce qui est nié par quelques fortunes et la perpétuité des héritages ;
uns), serait une sorte de mugissement elle était une exception formelle et mo
rauque et élevé, sans rapport avec les tivée aux lois sur l'inceste, v. Lév. 18,
cris d'un enfant. Il a le sang froid, et en 16. Le droit ou le devoir d'épouser pou
petite quantité, rougeâtre, et il peut en vait se transmettre à un parent plus éloi
perdre la plus grande partie sans en être gné; mais le frère qui renonçait à la
sensiblement éprouvé. La femelle dépose main de la veuve pour se soustraire à
dans le sable de trente à soixante œufs, cette charge, quelquefois gênante et coû
légèrement plus grands que ceux de nos teuse, était flétri officiellement et publi
poules, et les laisse éclore au soleil, se quement, flétrissure qui, du reste, fondée
bornant à les surveiller pour les défendre sur le préjugé, devait s'affaiblir avec lui ;
au besoin. Quand les petits brisent leur c'est ainsi que, dans le livre de Ruth, on
coquille, ils ont déjà 20 à 25 centim. de voit déjà l'opinion modifiée, et la cérémo
longueur; leur peau est tendre, mais ils nie destinée d'abord à jeter un blâme sur
n'en sont pas moins vifs et voraces. celui qui refuse, n'est plus qu'un moyen
Le crocodile passe Volontiers ses jour judiciaire de faire constater son refus,
nées sur terre, étendu sur le sable aux Ruth 4, 1-10. —Les prêtres étaient dis
brûlants rayons du soleil africain, et som pensés d'obéir au lévirat, Lév. 21, 13.,
meillant; le soir, il retourne à l'eau. Sa ainsi que probablement les hommes hors
pâture, il la cherche partout, mais s'at d'âge d'avoir des enfants, et les prosé
tache de préférence aux êtres vivants ; lytes. C'était le frère le plus âgé du dé
des enfants, des femmes, des hommes funt qui était le premier obligé, et il ne
même, deviennent victimes de sa féro paraît pas que la circonstance qu'il aurait
cité; il fond sur eux à l'improviste, et les été marié lui-même fût un motif suffisant
entraîne dans le fleuve. Quelques peupla de refus. — Le lévirat, au surplus, a été
des africaines se nourrissent de sa chair retrouvé aux Indes et en Perse, à Siam,
I,EV 560 LEV

à Pégu, chez les Afghans; Niebuhr l'a lépreux, Deut. 24, 8. 1 Chr. 26, 20.2
découvert chez les Circassiens; Bergeron Chr. 31, 12. Néh. 13, 13.; ils assistaient
chez les Tartares; Bruce chez les Gallas, les prêtres dans le sacrifice et le dépouil
en Abyssinie. lement des victimes, dont ils recueillaient
LEVITES. Dans son acception la plus le sang, 2 Chr. 29, 34. 30, 17. 35, 11.;
générale, ce nom comprend tous les des ils faisaient les collectes pour les répara
cendants de Lévi, fils de Jacob, Ex. 6, tions du temple, et dirigeaient les ou
25. Lév. 25, 32. Jos. 3, 3. Ez. 44, 15. vriers dans les travaux de construction,
Dans le sens plus restreint et aussi plus 2 Chr. 34, 9.12.; ils devaient enfin pour
ordinaire, il sert à désigner tous ces des voir au bois du sacrifice, et faire respec
cendants, moins la famille d'Aaron, qui ter le jour du sabbat, Néh. 10, 34. 13,
était de la branche de Kéhath, et spécia 22. Cependant ils furent remplacés dans
lement destinée à la sacrificature. v. Prê plusieurs de ces fonctions, et notamment
tres. Nomb. 3, 6. 18, 2. Il désigne donc, dans les plus pénibles ou les plus abjec
dans le premier cas, la tribu, pauvre et tes, par les Gabaonites ou Néthiniens, q.
dépossédée en Israël , dans le second, la v. Depuis les jours de David, plusieurs
partie inférieure de la caste sacerdotale, Lévites furent appelés aussi à remplir des
la postérité de Guersonet de Mérari, celle fonctions publiques, judiciaires ou muni
de Jitshar et de Huziel, enfants de Ké cipales, 1 Chr. 23, 4. 2 Chr. 19, 11. ct.
hath, et celle de Hamram par Moïse, cf. Deut. 17, 9. 21, 5. (c'est du moins l'opi
Ex. 6, 16. sq. C'est de ceux-là seule nion de Michaélis, combattue par Cellé
ment que Dieu pouvait dire : « J'ai entiè rier, II, 294.sq.), et le roi Josaphat paraît
rement donné les lévites à Aaron,» Nomb. leur avoir confié l'enseignement religieux
8, 19. 18, 6. 3, 6. Ils étaient ainsi les du peuple dans tout le pays, 2 Chr. 17,9.
serviteurs naturels du sanctuaire, les Lorsqu'ils furent mis à part et solen
aides des prêtres et des sacrificateurs, nellement consacrés au service du sanc
obligés de les servir ou de les remplacer tuaire, Nomb. 3, 4., les Lévites n'avaient
partout où la sainteté des cérémonies pas encOre des fonctions aussi définiti
n'exigeait pas la présence exclusive du vement arrêtées qu'elles le devinrent par
sacerdoce supérieur, comme l'exigeait le la suite; ils étaient les serviteurs du ta
service de l'autel et de ce qui était au bernacle d'une manière générale, mais le
dedans du voile. Dans le désert, ils de temps seul pouvait régulariser leur acti
vaient monter et démonter le tabernacle vité; ils ne prirent de consistance et de
à chaque station, Nomb. 1, 51., couvrir corps, ils ne s'organisèrent que sous Da
et porter l'arche du témoignage et les vid et Salomon. A cette époque, ils étaient
vases sacrés, Nomb. 4, Deut. 31, 25. cf. 38,000, dont a) 24,000 servaient dans le
1 Sam. 6, 15. 1 Chr. 15, 2.27.2 Chr. 5, temple, b) 6,000 étaient prévôts et juges,
4. Lorsqu'un centre plus stable eut été c) 4,000 portiers, et d) 4,000 musiciens.
donné au culte, et que Jérusalem fut de Les premiers portaient par excellence le
venue le siége de la théocratie, ils furent nom de lévites ; ils étaient, comme les
chargés de la garde du temple et du soin prêtres, divisés en vingt-quatre éphémé
d'en ouvrir et d'en fermer les portes, 1 ries , chacune ayant son chef, qui se re
Chr. 9, 27. 23, 32. 26, 12., des vases sa levaient tous les huit jours, entrant en
crés et de leur entretien, 1 Chr. 9, 28, semaine le jour du sabbat, et en sortant
2 Chr. 29, 16., de la préparation des au sabbat suivant. Les lévites étaient ap
pains de proposition et des autres of pelés à servir depuis trente jusqu'à cin
frandes de farine pétrie, 1 Chr. 9, 32. 23, quante ans, Nomb. 4, 3.23.30.47.1 Chr.
29., du chant et des instruments de mu 23, 3.24. (il faut probablement lire trente
sique pour le service du temple, 1 Chr. au lieu de vingt), cf. Nomb. 8, 23. 26.;
15, 19. 23, 5. 25, 1. 2 Chr. 5, 12. 7, 6. ce dernier passage fait commencer le ser
Esd. 3, 10. Néh. 12, 27. Ils eurent, de vice à l'âge de vingt-cinq ans, ce que l'on
concert avec les prêtres, la surveillance a essayé d'expliquer soit en admettant
des trésors du temple et l'inspection des cinq années préparatoires (Rosenmüller),
LEV 561 LEV

soit en supposant qu'au chapitre 4, il ne 11.; même une fois on les voit participer
s'agit que du transport des pièces du ta au partage du butin, après la défaite des
bernacle (Maïmonides), soit enfin (Kanne) Madianites, Nomb. 31. 30. Il semble que
en regardant le chapitre 4 comme parlant ces dimes aient dû leur assurer une assez
de ce qui doit se faire dans les besoins ac grande aisance, mais d'un côté ils étaient
tuels du service, et le chapitre 8, comme nombreux, de l'autre, ils avaient des fa
prévoyant les besoins plus grands du milles à entretenir; en outre le paiement
peuple quand les douze tribus seront éta des dîmes et des prémices était laissé
blies dans leurs territoires respectifs, presque entièrement à la bonne volonté
disséminées et non plus groupées. Plus des propriétaires, il dépendait en grande
tard, quand les travaux des lévites furent partie de leur régularité à faire trois fois
devenus moins pénibles, et qu'ils n'eu par an le voyage de Jérusalem, et sou
rent plus à porter le tabernacle et les us vent la négligence venait se joindre à la
tensiles pour son service , ils entrèrent mauvaise volonté : les choses étaient ar
en fonctions plus jeunes, et dans les der rangées de telle sorte que les Lévites eus
niers jours de David, ils sont dénombrés sent besoin de l'estime et de l'affection de
depuis l'àge de vingt ans, 1 Chr. 23, 27. leurs concitoyens; cette dépendance était
2 Chr. 31, 17. cf. Esd. 3, 8. — On ne à la fois un bien et un mal, mais elle exis
voit pas dans la loi que des défauts cor tait, et si les sacrificateurs nous appa
porels les aient rendus inhabiles, comme raissent en général comme étant dans une
cela avait lieu pour les prêtres, à remplir position plutôt riche que moyenne, les
les fonctions de leur charge, et un seul Lévites nous sont au contraires repré
motif de dispense aurait été , selon les sentés comme pauvres , assimilés à la
Juifs, un vice dans l'organe de la voix. veuve, à l'étranger, à l'orphelin, presque
Sur leur première consécration v. recommandés à la charité des agriculteurs.
Nomb. 8, 6., et l'art. Lever. — La loi leur avait encore donné en tOute
La loi ne leur prescrivait pas un cos propriété quarante-huit villes ou villages,
tume particulier, et les vêtements de fin ou plutôt trente-cinq, car ils devaient en
lin dont ils sont revêtus 1 Chr. 15, 27. abandonner treize aux prêtres; c'etait en
2 Chr. 5, 12. ne sont pas mentionnés quelque sorte la dîme des villes ou des
comme uniformes. Ce n'est que beaucoup maisons, et dans un pays où chacun était
plus tard, sous Agrippa II, six ans avant agriculteur et propriétaire, et où l'on ne
la ruine de Jérusalem, que les lévites mu trouvait par conséquent pas d'apparte
siciens, qui par leur présence habituelle ments à louer, cette disposition de la loi
dans le temple, et par la beauté de leur était absolument nécessaire pour fournir
emploi, avaient plus que les autres gagné des demeures à tous les membres de la
en considération, obtinrent la permission tribu de Lévi : quand ils étaient de ser
de porter la tunique de lin; Josèphe, à ce vice à Jérusalem, ils habitaient les appar
sujet, fait remarquer qu'on n'avait jamais tements réservés près du tabernacle et du
impunément abandonné les anciennes cou temple, mais lorsqu'ils n'y étaient plus, ils
tumes du pays. devaient avoir un abri assuré pour eux et
Leurs revenus consistaient dans les dî leurs familles; Nomb. 35, 1-5. Ces villes,
mes de toutes les récoltes et les premiers avec un faubourg de mille ou deux mille
nés des troupeaux, que les Hébreuxétaient coudées en dehors des murs, étaient dis
tenus d'abandonner aux serviteurs du persées sur le territoire de neuf tribus
temple, mais les Lévites devaient eux en deçà et au delà du Jourdain; Juda, Si
mêmes payer la dîme de cette dîme à la méon et Benjamin n'avaient pas de villes
famille d'Aaron, aux sacrificateurs, Nomb. lévitiques, mais les treize villes sacerdo
18, 24-28.2 Chr. 31, 4. Néh. 10, 37.38. tales étaient renfermées dans leurs fron
12, 44. 13, 10.; ils avaient, en outre, leur tières. Il est sûr que cette dispersion dut
part aux repas de dîmes qui se faisaient influer avantageusement sur la culture et
après les récoltes, etàd'autres repas d'ac l'instruction religieuse des tribus; quant
tions de grâces, Deut. 14, 29. 12, 18.16, au nom des villes v. Jos. 21, 20. sq. ; dix
36
LFV 562 LEZ

d'entre ellesappartenaientaux Kéhathites, Nomb. 21, 6. 2 Rois 2, 24. 17, 25. Ez. 5,
treize aux Guersonites, et douze aux Mé 17.; et la conservationde ce peuple comme
rarites. peuple distinct est encore un commen
Les Lévites étaient, d'après Josèphe, taire vivant du verset 44., une preuve de
dispensés du service militaire, et ils ob plus de la vérité des prophéties).
tinrent aussi, des gouverneurs étrangers Le Lévitique comprend l'histoire du
après l'exil , l'exemption des impôts et premier mois de la seconde année que les
péages, Esd. 7, 24. Israélites passèrent dans le désert, et il
Il est assez remarquable que le Deuté s'arrête au premierjour du deuxième mois,
ronome n'indique nulle part que les sa Nomb. 1, 1. cf. Exod. 40, 2. 17.; c'est
crificateurs dussent appartenir à une fa du moins dans l'intervalle de ces deux
mille particulière de la race de Lévi, et dates que tous les événements qu'il rap
même ilsemblerait, par 18, 6., que le corps porte se sont passés, sans que l'on puisse
sacerdotal se composât et se recrutât de déterminer au juste combien de jours ils
tous ceux des Lévites qui sentaient en ont duré. On ignore l'époque de la ré
eux-mêmes une vocation intérieure spé daction, mais il est probable qu'elle a or
ciale pour le service du sanctuaire; ceux dinairement accompagné, ou suivi de très
là, comme véritables ministres de l'autel, près la promulgation des lois ou la cé
avaient seuls le droit d'être nourris de lébration des solennités. v. Pentateuque.
l'autel, tandis que les autres Lévites, non Le meilleur commentaire du Lévitique
fonctionnants, étaient simplement recom est celui qu'en donne l'apôtre dans l'Epî
mandés à la générosité des lsraélites. Si tre aux Hébreux ; ce n'est que par cette
c'est en effet ainsi que l'on doit entendre épître qu'on peut comprendre tant de
le passage indiqué du Deutéronome, il préceptes qui sans cela n'auraient aucune
serait un premier pas vers une manière signification ; v. aussi G. des Bergeries,
plus spirituelle de comprendre le sacer Moïse dévoilé, et Guers, le Camp et le
doce, et l'on doit se rappeler que ce livre Tabernacle. Le Lévitique nous montre
a été écrit environ quarante ans après la dans toutes ses pages la haine de Dieu
première institution, et qu'il a pu modi pour le péché , et le sacrifice comme seul
fier déjà quelques-unes des lois, quel moyen de salut; c'est la lumière, mais
ques-uns des principes existants. Toute encore faible, et unauteur anglais, Boyle,
fois la chose est incertaine, elle doit être dit très bien que la loi cérémonielle,
examinée, mais ne peut se décider. avec tous ses rites mystérieux, nous mon
LÉVITIQUE. C'est le nom qui a été tre l'enfant Jésus enveloppé de langes,
donné au troisième livre de Moïse, parce comme la crèche le montra aux bergers.
qu'il traite de l'institution des lévites, et LEZARD, animal dont on connaît plu
des lois et ordonnances qui devaient les sieurs espèces de diverses grandeurs, et
régir. Dans les sept premiers chapitres, il que, selon quelques commentateurs, on
décrit les sacrifices de divers genres qui retrouve dans l'Ecriture sous six noms
devaient être offerts par le peuple, et la différents, qui sont traduits dans nos
manière dont ils devaient être présentés. versions, Lév. 11, 29.30., par les noms
Le paragraphe suivant (ch. 8-10) est plu de tortue, hérisson, crocodile, lézard, li
tôt historique; il raconte la consécration mace, taupe. Disons quelques mots sur
des prêtres et le châtiment que subirent chacun de ces animaux, en réservant tou
Nadab et Abihu pour avoir offert devant jours l'incertitude qui règne sur tous ces
l'Eternel un feu étranger. Les chapi noms, dont la plupart ne se trouvent
tres 11-22 contiennent les lois sur la pu qu'une seule fois dans l'Ecriture :
reté légale et cérémonielle; enfin, la fin du 1° Hébr. tzâb (Martin, tortue); l'ani
livre, 23-27, renferme des prescriptions mal désigné par nos versions est un am
sur les fêtes, les vœux et les dîmes. (Le phibie dont le nom est tout à fait déplacé
chapitre 26 renferme des prophéties qui au milieu de ceux qui l'entourent, et que
se sont accomplies d'une manière bien la plupart des commentateurs, déjà les
explicite à l'égard des Juifs, cf. v. 22 avec Septante, Damir, Avicenne, puis Bochart,
LE7 563 LEZ

Hasselquist, Léon l'Africain, Shaw, Wi dre un très petit feu ; de là la fable de la


ner , Gesenius , Harris, sont d'accord salamandre qui peut vivre dans le feu.
à traduire par lézard d'Egypte (cauda D'après Bochart, ce serait une autre es
verticillata); cet animal, qui porte encore pèce de lézard, venimeux, et qui peut se
le nom de dab ou dsab, a environ 35 à coller à la terre de manière à ce qu'on
40 centimètres de long , et 10 à 12 de ne puisse l'en arracher qu'avec beaucoup
large sur le dos; il ne boit pas d'eau ; ses de peine (de l'arabe atah).
écailles sont dentelées, sa peau jaunâtre 5o Chomet (limace). D'après Bochart,
et ses formes assez agréables à la vue ; quis'appuie d'une étymologie vague etin
non venimeux ; très vif : ovipare. certaine, ce serait une espèce de lézard;
2o Anakah (hérisson). D'après la ver c'est aussi l'opinion de Harris, et la na
sion anglaise, ce serait le furet ; d'après ture des animaux dont il est parlé avant
Bochart, l'espèce de lézard tacheté, ap et après, semble justifier cette interpré
pelée par Pline stellio; d'autres (le docteurtation ; cependant l'hébreu chamat, qui
James), remontant à l'étymologie du mot signifie sable, permet de voir dans cet
hébreu, qui indique un cri plaintif ou un animal la limace ou l'escargot, ainsi que
grognement , pensent à la grenouille ; le font nos versions et Winer ; ce serait
Hasselquist, au lézard du Nil; Harris, au alors le même que l'on trouve, Ps. 58, 8.,
lézard gecko, couvert de taches rouges, sous le nom de shabeloul (Bochart). Dieu
et dont le cri aigu lui aurait valu son nom a donné à ce pauvre animal une peau du
égyptien , et aux Indes celui de tockaï, re et visqueuse, qui doit lui servir de
qui correspondent à la signification du moyen de locomotion par le mouvement
nom hébreu; Winer enfin voit l'anakah de contraction dont elle est douée; en
dans l'ouaral ou guaral des Arabes : laid, même temps il peut s'attacher à toute es
méchant, venimeux, redoutable, long de pèce de surface, soit par la viscosité mê
80 centimètres, il ne craint ni le croco me de son ventre, soit par la pression
dile, ni les plus gros serpents; sa peau atmosphérique et le vide que l'animal fait
est brun-rouge, semée de taches noires; entre son corps et l'objet sur lequel il
sa force a fait penser à plusieurs auteurs rampe. La coquille de l'escargot lui est
(Bochart, Léon l'Africain, Harris) qu'on aussi une protection contre les intempé
devait le voir dans l'animal nommé en ries de l'air; il peut s'y retirer et se met
| hébreu co'ach , qui signifie force ; mais tre à l'abri contre les petits dangers qui
cette étymologie n'est pas une preuve menacent incesSamment Sa frêle existen
absolue, car, ainsi que l'ont déjà démon ce. Le psalmiste en a fait l'emblème du
tré Michaélis et Rosenmuller, le nom de méchant qui se consume lui-même dans
co'ach peut avoir encore d'autres signi ses entreprises, laisse partout des traces
fications. de son passage, mais se détruit, se fond
3° Co'ach (crocodile); les Septante et en son chemin, en perdant à mesure et
l'anglais, caméléon; Harris, guaral; Wi ses forces et sa substance.
ner le traduit par lézard stellion : brun, 6° Thinshémeth (taupe). C'est le même
avec des taches, les unes blanches, les au mot qui sert, Lév. 11,18. et Deut. 14, 16.,
tres noires ; le corps est plus court que à désigner un oiseau impur, v. Cygne.
la queue, qui a 10 centim. de long. v. ci Ici on le traduit de deux manières diffé
dessus 2°. rentes, sans compter celle de la Vulgate,
4° Letaah (lézard); Vulgate, stellion ; acceptée par les versions française et an
tous les interprètes reconnaissent que glaise; Saadias, puis Hasselquist, Golius,
c'est une espèce de lézard , mais ils va Winer, entendent par cet animal le lé
rient sur l'espèce. Winer , d'après Cas zard gecko (v. 2°), petit, à queue courte
tellion, y voit la salamandre, de 9 ou 10 et ronde, venimeux, mais avec cette sin
centim. de long, large de trois, noire et gularité que c'est par les lobes de ses
tachetée de raies jaune-orange, avec deux doigts de pied qu'il laisse échapper son
rangs de glandes sur le dos, qui suintent venin; il recherche les lieux où se trou
une humeur laiteuse suffisante pour étein vent des dépôts de sel marin, il s'y pro
ê:
LIB •D 64 LIB

mène plusieurs fois de suite et y laisse part de montagnes escarpées , dont au


après lui son venin, d'autant plus dange cune pointe saillante ne domine de beau
reux qu'il rend le selamer, et le corrompt coup la crête uniforme, et qui ne peut, à
de telle manière que son usage peut en cet égard, nullement être comparé aux
gendrer la lèpre. D'après Bochart, Ged Alpes crénelées de la Suisse. Le sommet
des et Harris, et cette opinion se recom le plus élevé de la chaîne, celui qui porte
mande davantage selon nous, il faut tra proprement le nom de Liban, est situé en
duire thinshémeth par caméléon : ce pe dehors des limites de la terre promise ,
tit animal atteint une longueur de 25 cen au sud d'Antioche, au nord de Nazareth,
timètres; sa queue est longue, plate et à l'occident de Damas, à l'orient de Tyr
flexible; il s'en sert quelquefois pour s'at et de Sidon ; il a environ 4,800 mètres
tacher aux branches d'un arbre et reste de hauteur, et la neige n'y fond jamais ;
ainsi suspendu : il n'a pas de cou visible; on y jouit d'une vue fort étendue sur la
sa tête est unie au corps comme chez les mer et sur les montagnes environnantes.
poissons, sans séparation , elle a deux Le versant occidental s'incline doucement
ouvertures qui lui servent de marines, et vers la mer, tandis que le versant orien
pas d'oreilles; le caméléon ne rend au tal est fort roide, comme le versant orien
cun son, ni cri, ni grognement; ses yeux tal de toutes les montagnes calcaires de
sont extrêmement mobiles, beaux et d'un la Syrie; il conduit en deux heures, par
jaune d'or; il les promène à droite et à une pente rapide, dans la vallée qui sé
gauche sans avoir besoin de tourner la pare le Liban de l'Anti-Liban, vallée que
tête, ce qui lui serait assez difficile ; or les Grecs connaissaient sous le nom de
dinairement ses yeux sont obliques et re Cœlésyrie, ou Syrie creuse, et qui porte
gardent de deux côtés à la fois. Sa cou en hébreu le nom de Bikeath ou campa
leur est gris d'acier , mais devient faci gne du Liban, Jos. 11, 17. 12, 7. D'au
lement jaune ou noire quand il sort de tres cependant , Winer, Rosenmuller,
son état naturel et qu'une passion l'ani pensent que la Cœlésyrie est le Bikkath
me. Une ancienne tradition porte qu'il se Aven de Am. 1, 5., tandis que la plaine du
nourrit d'air, sans boire ni manger (Pli Liban serait plus près des sources du
ne 8, 33. Ovid. 15; 4, 411.). Ce qui est Jourdain, au pied du Djebel-Heisch. Le
vrai c'est qu'il peut rester longtemps sans sol en est fertile et sans pierres; ses heu
nourriture. Hasselquist raconte qu'il en reux habitants , longtemps ignorés et
a gardé un trente-deux jours sans lui tranquilles, ont échappé aux orages des
rien donner, et que c'est dans les der guerres qui désolaient leurs voisins, mais
niers jours seulement qu'il parut un peu cette prospérité a eu son terme; la fer
éprouvé de ce régime; il se nourrit prin tile Cœlésyrie est devenue déserte, et l'on
cipalement d'insectes. Son nom hébreu ne peut plus admirer maintenant que les
thinshémeth, dont la racine est nasham belles et gigantesques ruines de Bahalath
(respirer), rappellerait l'ancien préjugé qu'elle renferme.—Quatre fleuves sortent
d'après lequel le caméléon ne serait ni du Liban : le Jourdain, qui coule au sud
herbivore, ni carnivore, mais un simple et va se jeter dans la mer Morte; l'Ama
respirateur. na, vers l'est; le Léontés, vers l'ouest ;
LIBAN. Le nom de cette montagne l'Oronte, au nord, vers la Méditerranée.
vient de l'hébr. laban, qui signifie blanc, Le Kadisha suit pendant dix lieues, de
soit qu'il se rapporte aux neiges éter l'est à l'ouest, le pied de la chaîne, et se
nelles dont est ,couvert sOn SOmmet jette dans la mer non loin de Tripoli ;
(comme le nom de nos Alpes rappelle le c'est près de la source de cette rivière ,
latin albus, blanc), soit qu'il vienne de la dans le voisinage du village montagneux
roche blanchâtre et crayeuse dont se de Bschirraï, que se trouve l'antique fo
compose presque toute la chaîne. Non rêt de cèdres, si renommée et si déchue
loin de la rive phénicienne, à peu de dis de sa gloire et de sa beauté. Les flancs
tance dans l'intérieur des terres, s'élève escarpés du Liban,jadis si richement boi
au-dessus d'avant-monts un long rem sés, ne comptent plus que quelques fo
LIB 565 LIB

rêts de chênes et quelques bouquets de la double chaîne du Liban et de l'Anti


cèdres; mais dans les nombreuses vallées Liban séparait Damas de la mer. La route
qui sillonnent les deux versants de la de communication la plus directe entre
chaîne, croissent en abondance les fruits ces deux grands entrepôts et débouchés,
du Midi, les figues, les amandes, les gre traversait l'Anti-Liban, la Cœlésyrie et
nades, les citrons, les oranges (Braem); le Liban ; mais pénible et dangereuse,
plus haut encore sont des plantations elle n'a jamais été très fréquentée ; la
d'oliviers, et jusqu'au pied des sommets voie ordinaire et principale évitait les
les plus élevés, des noyers, des mûriers, montagnes au moyen d'un grand détour
de la vigne et des champs de blé. Le vin vers le sud ; elle se dirigeait vers le bras
du Liban n'a pas perdu son ancienne ré est du mont Hermon, en traversait aisé
putation (Os. 14, 7.). Les pâturages des ment les hauteurs peu considérables et
montagnes nourrissent un grand nombre peu escarpées, descendait vers le Jour
de bêtes à cornes , de chèvres à longs dain qu'elle passait probablement au pont
poils, des moutons et de beaux mulets, de Jacob (v. Jourdain), suivait les bords
cf. Es. 40, 16. Nulle part sur la terre les du lac de Génésareth par Capernaüm et
sources ne sont plus abondantes qu'au Bethsaïda jusqu'à Magdala, montait par
Liban, et une multitude de ruisseaux, qui une vallée sur le plateau, et s'élevait plus
fertilisent les champs et les prairies, se haut encore vers la plaine de Zabulon,au
précipitent par des gorges, et en formant delà de laquelle elle descendait à Akko.
de nombreuses cascades, dans la mer Ou C'est là le chemin de la mer qui vient
dans les vallées principales. La Bible d'au-delà du Jourdain, Es. 8, 23. Matth.
parle souvent de la magnificence du Li 4, 15. C'est sur cette route, à Caper
ban, de ses cèdres, de ses forêts, de ses naüm, où le chemin passe dans un défilé
champs fertiles, de ses doux parfums et entre le lac et la montagne, que les Ro
de ses riches vignobles, de la neige qui mains avaient établi un péage.
recouvre ses cimes, des eaux qui arrosent LIBATIONS, (ou aspersion sur le sa
ses vallées, Os. 14, 7. Cant. 4, 11. 15., crifice, Phil. 2, 17.2 Tim. 4, 6.), expres
et des animaux qui peuplent ses solitu sion usitée dans l'Ecriture sainte comme
des, les perdrix, les sangliers, les chacals, chez les auteurs profanes, pour désigner
les panthères. Le Liban est une image du l'effusion de liqueurs que l'on répandait
Seigneur, de ses dons spirituels et de son sur les victimes offertes à la divinité.
Eglise, Ps. 133, 3. (Hermon), Cant. 4, 11. D'après la loi juive, les libations se com
15. 5, 15. Os. 14. 5. Es. 35, 2.; de l'or posaient ordinairement de vin (Deut. 32.
gueilleux Assyrien et de ses destinées, 38. Os. 9, 4.), que l'on versait sur l'autel
Es. 10, 5. 17. 18.34. ; en général des d'après Josèphe, et non dans un de ses
choses grandes et puissantes, Ps. 29, 6. canaux seulement. Elles étaient presque
Es. 40 , 16. Son nom a été donné au toujours accompagnées d'offrandes de
temple de Jérusalem, qui était construit pain, de farine et de sel, Nomb. 6, 15.17.
de bois de cèdre, Zach. 11, 1. Ez. 17, 3., Joel 1, 9. 13. 2, 14., et quelques auteurs
ainsi qu'au palais de Salomon, 1 Rois 7, ont réuni Sous un même nOm, et SOuVent
2. — La tour du Liban qui regarde vers confondu, les libations sèches avec les
Damas, Cant. 7, 4., paraît avoir été fort libations proprement dites; nous parle
haute; Benjamin de Tudéla en a vu les rons des unes et des autres. v. Offran
des.— Aucun holocauste ne pouvait être
restes, et assure que les pierres dont elle
était construite avaient jusqu'à 20 pal offert sans qu'il s'y joignît l'une et l'au
mes de long et 12 de large; Maundrel ne tre espèce de libations, comme aussi
l'a vue que de loin. l'homme lui-même ne mange pas volon
Damas était le centre principal de tou tiers de la viande sans pain et sans vin.
tes les caravanes de l'Asie occidentale ; cf. Nomb. 7, 87. Les libations accompa
les villes de la côte phénicienne étaient gnaient également les sacrifices d'actions
le port général d'où les marchands expor de grâces, mais jamais les offrandes pour
taient les marchandises venues d'Orient ; le péché, Nomb. 6, 17. 15, 5.1 Chr. 29,
LIB 566 LIB

21. 2 Chr. 29, 35. Elles étaient présen LIBERTINS (ou affranchis). Il y avait
tées soit au nom de personnes isolées, à Jérusalem, au temps des apôtres, une
soit au nom du peuple entier, tous les Synagogue dans laquelle se réunissaient
jours, Ex. 29, 40., d'autres aux jours de ordinairement, outre les Juifs de Cyrène
sabbat, d'autres enfin, lors des fêtes so et d'Alexandrie, les Juifs appelés liber
lennelles, Nomb. 28, 7. 9. 14. 29, 4. La tins, Act. 6, 9. La synagogue avait reçu
libation qui accompagnait le sacrifice d'un le triple nom de ceux qui avaient l'habi
agneau était 1/10 d'épha de farine, 114 hin tude de la fréquenter ; c'est de son sein
d'huile, 114 hin de vin ; pour un bélier, que sortit la première opposition au mi
2/10 épha de farine, 113 hin d'huile, 1/3 nistère d'Etienne, que furent jetées les
hin de vin ; pour un veau ou pour un premières attaques, les premières accu
taureau, 3/10 épha de farine , 1p2 hin sations, les premières pierres. Quelques
d'huile et autant de vin, Nomb. 15, 4. 28, interprètes (Bèze , Valkenaer), ont cru
14. sq. 29, 9. Lév. 14, 21. Dans les temps qu'il fallait lire Libistiniens au lieu de li
de leur égarement les Israélites faisaient bertins, estimant que les trois noms de
des libations semblables aux faux dieux la synagogue dans le passage cité devaient
qu'ils adoraient, Es. 57, 6. 65, 11. Jér. 7, avoir un caractère géographique ; ce se
18. 19, 13. 44, 17. Ez. 20, 28., usage qui rait une forme rare, sinon précisément
n'avait rien d'étrange pour les païens, et poétique, du nom de Libyens ; mais cette
qu'on retrouve dans Virgile, quand Sinon supposition ne repose sur aucun fonde
parle du sort qu'on lui réservait : ment critique, et n'est appuyée sur aucun
Jamque dies infanda aderat, mihi sacra parari, manuscrit. D'autres conservent le nom de
Et salsae fruges, et circum tempora vitta . Libertins, mais lui font signifier habitants
( En. II, 132. 133.)
de la ville ou contrée (inconnue) de Liber
et lorsque Didon s'apprète à faire un sa tum, qu'ils supposent avoir existé dans
crifice : l'Afrique propre ou proconsulaire, parce
Ipsa tenens dextrà pateram pulcherrima Dido qu'au synode de Carthage,411, se trouvait
Candentis vaccae media inter cornua fundit. un évêque ayant pour titre Libertinensis.
(IV, 60. 61.) L'opinion généralement reçue, c'est que
Des libations d'eau étaient faites pen les libertins étaient des esclaves libérés
dant la fête des tabernacles, q. v., cf. 1 qui avaient conservé ce nom, euX et
Sam. 7, 6. On en retrouve encore d'autres leurs descendants, soit des affranchis ro
exepmples avant l'exil, 2 Sam. 23, 16. mains qui auraient passé au judaïsme,
Quant au fait rapporté 1 Rois 18, 34. sq., soit des Juifs que Pompée et Sosius au
l'eau qu'Elie répandit sur l'autel était raient emmenés captifs de Palestine en
une libation extraordinaire , dont le but Italie, et qui, ayant obtenu leur liberté
était symbolique en ce qu'il devait an (Tacit. Annal. 2, 85.), se seraient établis
noncer la pluie de bénédiction qui allait à Rome jusqu'au moment où Tibère chassa
venir sur le pays, en même temps que de ses états les superstitions étrangères;
cette profusion d'eau que le feu du ciel il est naturel que dans ce cas ils se soient
allait bientôt consumer, était destinée à retirés à Jérusalem, et en assez grand
mettre en évidence le ministère divin du nombre pour y posséder en tiers une des
prophète. quatre cent quatre-vingts synagogues
S'ir une libation d'huile, Gen. 35, 14., qui s'y trouvaient au dire des rabbins.
v. Pierres. — On ne peut dire avec certitude si, Act.
On sait que les païens avaient coutu 6, 9., il est question de trois synagogues,
me de boire du vin mêlé de sang lors ou d'une seule avec trois noms , mais ce
qu'ils se réunissaient par serment pour qui est probable, c'est que ces noms n'é-
une entreprise importante, dangereuse taient que des noms, et que la synagogue
et non avouée, par exemple pour une des libertins ne comprenait pas des li
conjuration (Sallust. Catil. 22.); on a cru bertins à l'exclusion des autres Juifs, et
trouver des allusions a cet usage, Ps. 16, qu'elle ne les comprenait pas tous non
4. lach. 9, 7. plus.
LIB 367 LlC

LIBNA. 1° Ville Sacerdotale et ville de la célèbre Thèbes (v. No.) fut aussi dé
refuge dans les plaines de la tribu de Ju fendue par les armées libyennes. Daniel
da, ancienne résidence royale des Cana 11, 43. prouve que des rapport ethno
néens, Jos. 10, 29. 12, 15. 21, 13. 1 Chr. graphiques existaient entre les Egyp-.
6, 57. Elle se détacha du royaume de Ju tiens, les Lybiens et les Cushites; et les
da sous l'infidèle Joram, et, à ce qu'il Léhabim nommés Gen. 10, 13. parmi
paraît, par attachement à la foi de ses les descendants de Mitsraïm (l'Egypte),
pères, 2 Rois 8, 22. 2 Chr. 21, 10., mais sont, sans aucun doute, les mêmes que
plus tard elle rentra dans l'obéissance ;au les Lubim ou Lybiens. Chez les Romains
temps d'Ezéchias, Sanchérib l'assiégea, ce nom n'avait qu'une portée ethnogra
2 Rois 19, 8. Es. 37, 8.; on ignore s'il phique et non point géographique; il in
réussit à s'en emparer. v. encore 2 Rois dique vaguement la contrée, Act. 2, 10.,
23, 31. 24, 18. Eusèbe la place dans la et désigne plutôt les habitants. La côte
contrée d'Eleuthéropolis sous le nom de d'Afrique, depuis l'Egypte jusqu'à Car
Lobana. — 2° Campement des lsraélites thage, se divisait en trois districts prin
au désert, Nomb. 33,20. — 3° Sihor Lib cipaux, la Marmarique, la Cyrénaïque et
nat (et non Sihor vers Benath), Jos. 19, l'Afrique propre; cependant Ptolémée
26., rivière qui servait de limites à la nomme le premier de ces districts Mar
tribu d'Aser; son nom peut se traduire marique libyenne, et comprend les deux
ruisseau de verre. C'est probablement le autres sous le nom général et commun de
Bélus ou Béleus des anciens; non loin de Lybie propre ou intérieure. Pline appelle
son embouchure, il coule à travers des Libye le district Maréotis.
sables très fins. On raconte que des vais LICORNE. C'est par ce mot que nos
seaux sidoniens chargés de salpêtre y versions ont traduit l'hébr. reém ; les
abordèrent, et que les gens de l'équipage, Septante, monocéros. La première ques
voulant préparer leur repas et ne trou tion qui se présente regarde l'existence
vant point de grosses pierres pour con même de cet animal; les anciens l'ont
struire leur foyer, se servirent à cet effet admise sans hésitation, mais paraissent
de grands morceaux de salpêtre, qui se avoir plus d'une fois confondu dans leurs
fondirent au feu et se mêlèrent avec les descriptions la licorne et le rhinocéros
cendres et le Sable : il en résulta une ma (Pline 8, 30. MElian. Anim. 16, 20.); un
tière transparente; c'était du verre. Dès bon nombre de voyageurs plus modernes
lors le sable du Bélus fut transporté à semblent avoir commis une méprise du
Sidon, où l'on perfectionna l'art de tra même genre; d'autres, distinguant bien
vailler le verre; et aujourd'hui encore les ces deux espèces de mammifères, ont cru
Vénitiens en chargent leurs vaisseaux pouvoir établir l'existence de l'un et de
pour les belles fabriques de leur patrie l'autre, mais varient dans la description
(Rougemont). qu'ils font de la licorne, que la plupart
LIBYE, contrée de l'Afrique septen d'entre eux avouent n'avoir pas vue de
trionale. Les Grecs, depuis Homère et leurs propres yeux et ne connaître que
Hérodote, désignaient par ce nom la race par ce que leur ont dit les naturels des
inculte et cuivrée qui habitait les côtes pays qu'ils ont visités. Le portugais Jean
sablonneuses et stériles de l'Egypte; ces Gabriel raconte pour sa part qu'il a vu
peuplades furent plus tard chassées et dans le royaume de Damor une licorne
repoussées vers l'intérieur encore peu qui avait une belle corne blanche au
connu du pays, par l'arrivée d'une colo front, longue d'un pied et demi, poil de
nie grecque à Cyrène, et d'une colonie la queue et du cou noir et court, forme
phénicienne à Carthage. Les Libyens et grandeur d'un cheval bai. Vincent le
s'enrôlèrent dans le service étranger Blanc en a vu une autre dans le sérail du
sous Xercès (Hérodot. 7, 71.86.), sous roi de Pégu, elle avait la tête plutôt d'un
Sésak, roi d'Egypte et sous Sérah, roi cerf que d'un cheval; et Louis Barthémo
d'Ethiopie, 2 Chr. 12,2. 16, 8. cf. 14, 9.; (xvIe siècle), dit qu'il en a vu, chez le sul
il parait même, d'après Nah. 3, 9., que tan de la Mecque, deux qui lui avaient été
LlC 568 LIC

envoyées par un roi d'Ethiopie; la plus Après cette question préalable, et dont
grande des deux avait sur le front une la solution n'est pas sans importance, on
corne de trois aunes (?!) de long, la doit se demander si, en admettant même
tête ressemblait à celle d'un cerf, la peau l'existence de la licorne, c'est bien de cet
était brun foncé, le pied fendu et l'ongle animal qu'ont voulu parler les auteurs sa
d'une chèvre. Ne seraient-ce pas là de crés sous le nom de reém. Pour cela,
véritables antilopes qui auraient perdu voyons les caractères qu'ils lui donnent,
une corne par accident ? Enfin, pour ne et examinons brièvement chacun des pas
pas tout citer, Hodgson, président de la sages où il en est parlé : 1° Nomb. 23, 22.
Compagnie des Indes à Nepal, reçut de et 24, 8., il n'est question que des forces
la ménagerie du raja un animal qu'on lui du reém ; 2° Deut. 33, 17., les forces de
dit habiter les parties méridionales du Joseph sont comme les cornes d'un reém,
Thibet, qu'il reçut comme licorne et dont ou plutôt comme des cornes de reém,
il envoya la peau au musée de Calcutta ; sans que rien soit préjugé sur le nombre
la peau était fauve et blanche sous le qu'en porte chaque individu (de même
ventre : au milieu du front s'élevait une Ps. 22, 21.); le reém est mis en parallé
longue corne pointue, noire, formant lisme avec le taureau, probablement sous
trois légers coudes, avec des anneaux le rapport de la force et de la puissance ;
circulaires à la base ; l'animal avait en cf. aussi Ps. 29, 6.; 3° Job 39, 12. 13.,
outre deux petites touffes de poils aux le reém ne se laisse pas attacher à la
narines, passablement de soies autour du charrue comme fait l'âne et le bœuf, il
nez et de la bouche, et la chevelure épaisse rompt ses liens; on ne peut ni l'apri
comme ne formant qu'une seule masse, voiser , ni le dompter; 4° Ps. 22, 21., le
autant de caractères qui donnaient à la reém est dangereux, sa corne ou ses
tête quelque chose de lourd et de repous cornes lui servent d'armes; 5° Ps. 29, 6.,
sant : cette peau serait un témoignage le petit du reém est nommé à côté du
décisif, s'il était prouvé que l'animal était veau, comme animal aux ébats joyeux et
une licorne et non point une antilope légers; 6° Ps. 92, 10., la corne du reém
monstre. Dans cette incertitude, plu est élevée, ce qui implique tout ensemble
sieurs hésitent, pendant que d'autres ont une certaine longueur, sa position à peu
embrassé plus ou moins chaudement. soit près perpendiculaire sur la tète, sa direc
l'affirmative (Bochart, Ludolf, Meyer, tion vers le ciel, et sa force; le singulier
Rosenmuller), d'autres la négative (Cu ne prouve rien, pas plus que lOrsque nous
vier). Disons seulement que l'existence disons : « la corne du taureau est plus
d'une licorne me serait nullement impos courte que celle du bœuf; » 7° Es. 34,
sible, qu'elle pourrait se justifier en ana 7. (grande hécatombe offerte en l'honneur
tomie, et que si l'animal que l'on dit du Seigneur), les reéms descendront avec
avoir habité l'Egypte et l'Ethiopie ne s'y les béliers (v. 6.), et les veaux avec les
trouve plus, cela provient peut-être de ce taureaux, c'est-à-dire les forts et les Sau
qu'il a été refoulé dans les déserts plus vages avec les faibles et les inoffensifs; le
intérieurs de l'Afrique, comme cela est caractère du reém est ici d'une manière
arrivé pour d'autres espèces d'animaux. générale la force, peut-être la férocité.
Quoi qu'il en soit, les voyageurs et les — Il résulte de ces sept ou huit passages
naturalistes qui croient encore à l'exis que le reém est sauvage, cornu, vif, in
tence de la licorne, lui assignent pour sé dépendant et dangereux; cela peut s'ap
jour les montagnes du Thibet où elle pliquer à la licorne si elle existe (ainsi
marche par grandes bandes, et l'Afrique, font Meyer, Schmidt, et presque Rosen
depuis le grand désert jusqu'aux confins muller), mais cela peut aussi se rappor
de la Cafrerie; elle ressemble au cheval, ter à beaucoup d'autres animaux ; c'est
a 48-52 pouces de hauteur, sur le front ainsi, que suivant les traces d'Aquila et
une longue corne un peu recourbée vers de Saadias, Michaélis, Bruce et Harris
le milieu; son caractère est sauvage et in pensent qu'il s'agit du rhinocéros; Schul
domptable. - tens, Bridel, Gesenius, De Wette, Hitzig,
LIE 569 LIE

du buffle; Bochart, Rosenmuller (?), LIEUX (Hauts). On appelait ainsi les


Winer, de l'oryx des anciens, opinion hauteurs sur lesquelles des autels étaient
peut-être appuyée par la tradition juive, élevés soit à l'honneur de Jéhovah, soit
et qui se justifierait aussi par le nom de en l'honneur de divinités païennes, chez
réim que les arabes donnent encore, d'a- les païens ou chez les Israélites eux-mê
près Niebuhr, à cette espèce de gazelle. mes, Nomb. 22, 41. 33, 52. 1 Rois 11, 7.
L'oryx, appelé par Linnée antilope leu 2 Rois 17, 9.29.21, 3. 23, 5.13. Jér. 19,
coryx, ou gazelle blanche, est représenté 5. 48, 35. Ez. 6, 3. 20, 29. Ces autels, qui
par Oppien comme sauvage et indomp correspondaient aux chapelles que les ca
table, par Pline comme n'ayant souvent tholiques élèvent en tant de lieux déserts,
qu'une corne, par Hérodote comme attei dans les bois et sur les montagnes, étaient
gnant à peu près la taille du bœuf; il ha d'invention païenne ; les anciens avaient
bite particulièrement l'intérieur de l'A- choisi de préférence des collines, Jér. 2,
frique, mais il se trouvait aussi ancienne 20.,parce que la vue étendue dont on jouit
ment en Egypte où les auteurs sacrés au lorsqu'on domine un vaste horizon, élève
ront pu en avoir connaissance.S'il faut se l'âme esthétiquement, et la dispose à l'ado
décider, nous nous rangerons volontiers ration de l'idée divine ;Moïse ordonnaàson
à cette opinion tout en reconnaissant peuple de détruire les autels qu'ils trou
qu'elle n'est pas sûre, et en avouant que veraient sur les collines dans le pays de
plusieurs considérations recommande Canaan, Nomb. 33, 52. Deut. 12, 2., et
- raient aussil'opinionde Harris, card'après leur défendit même, pour maintenir intact
Good, le rhinocéros porte encore en Ara le principe du monothéisme, d'en élever
bie le nom de reém, et il serait étonnant au vrai Dieu pour leur usage particulier,
qu'un animal aussi remarquable et aussi Lév. 26, 30. Deut. 12, 4. 5. Mais les ls
connu de l'Egypte et des côtes de la mer raélites se laissèrent entraîner par l'exem
Rouge n'eût été mentionné en aucune ple du mal, et l'on trouve déjà avant Sa
manière dans l'Ancien Testament. Quant lomon des exemples isolés de hauts lieux
au buffle, la raison principale qui soutient construits, et en quelque sorte desservis
cette traduction, c'est que le reém paraît par des prophètes, 1 Sam. 9, 12. 14. 2
être plusieurs fois mis en comparaison du Sam. 15, 32.1 Rois 3, 2., puis plus tard,
bœuf et du taureau, Deut. 33, 17. Ps. 29, après le schisme , ce culte d'encens et
6.; en suivant le même principe on pour de sacrifices offerts en dehors du temple,
rait aussi chercher cet animal dans la fa apparaît comme formellement organisé,
mille du lion, Ps. 22, 21., ou dans celle dans le royaume d'Israël surtout, 1 Rois
du bélier, Es. 34, 7.8., et l'on mettrait 12, 31. 13, 32, 2 Rois 17, 32., et même
le léviathan avec les oiseaux comme un dans celui de Juda, où tous les rois (sauf
gros parmi les petits, Job. 40, 24. Ezéchias, 2 Rois 18, 4.) favorisèrent où
Chacun décidera dans cette question du moins tolérèrent cet acte défendu,
suivant que l'un ou l'autre argument lui mais qu'ils croyaient justifié par le fait
paraîtra le plus fort; disons seulement que c'était Jéhovah que l'on y adorait, 1
que l'objection tirée de ce que les poètes Rois 15, 14. 22, 44. 2. Rois 12, 3. 14, 4,
hébreux ne pouvaient avoir connaissance 2 Chr. 33, 17. Dans l'un et dans l'autre
de l'existence de la licorne, si elle exis royaume, des prêtres particuliers étaient
tait, parce qu'elle ne vivait certainement chargés de ce service, 1 Rois 13, 33. 2
pas en Palestine, ressemble à l'assertion Rois 17, 32. 23, 9. 20. Avec le temps
d'Eichhorn, qu'Esaïe ne pouvait con l'expression de hauts lieux prit une accep
naître l'Egypte puisqu'il n'y avait pas tion plus générale , et s'appliqua à des
encore d'itinéraires à cette époque. autels construits dans des villes et même
LIERRE. v. Kikajon. dans des vallées, 2 Rois 17, 9. cf. Ez. 16,
LIEUTENANTS (s'ganim). Dan. 3, 2. 24. 20, 29. Jér. 7, 31. 32, 35.; peut-être
3., traduit par magistrats, Néh. 2. 16. aussi peut-on conclure d'Ez. 16, 16. qu'il
4, 19. 5, 7., espèce d'employés munici y avait quelquefois des espèces de hauts
paux , v. Baillis. lieux portatifs que les personnes riches
LIN 570 LIN

faisaient et défaisaient à volonté, comme que dans 1 Chr. 15, 27. le bouz a été
le tabernacle dans le désert, et qu'elles substitué au bad de 2 Sam. 6, 14.; dans
ornaient de riches tapisseries. ce dernier passage, il n'est question que
LIEVRE (hébreu arnébeth, de arah de l'éphod, et dans les deux l'étoffe in
nib, tondre les produits du sol, d'après diquée est la même, du fin lin, du bad,
Bochart); cet animal était rangé par la loi et non du coton ou bouz.)
mosaïque au nombre des viandes impu 2° Bouz, le byssus des Grecs et des
res, Lév. 11, 6. Deut. 14, 7. Les Turcs et Latins; c'est l'étoffe du manteau de Da
les Arméniens détestent le lièvre, que les vid, 1 Chr. 15, 27.; elle se travaillait dans
Arabes au contraire, ainsi que les Grecs des fabriques juives en Palestine, 1 Chr.
et les Romains, regardaient comme un 4, 21.; c'est le fin lin de 2 Chr. 2, 14., du
manger très délicat. C'est peut - être à voile du temple, 3, 14., et des lévites
cause de ses habitudes de lasciveté bien chantres, 5, 12. Le même mot se retrouve
connues que Moïse l'a déclaré souillé ; Est. 1, 6. 8, 15. Ez. 27, 16. cf. Apoc.
quant à sa chair, elle avait parmi les an 19, 8. 14. Luc 16, 19. Il appartient dans
ciens médecins la réputation d'épaissir le tous les cas à l'hébreu postérieur et a
sang et de rendre mélancolique. Le lièvre une origine étrangère. Luther l'a traduit
a quatre doigts de pieds derrière, et cinq soie, de même que shesh. Winer, Gese
devant, avec des ongles, et le dessous des nius, Parkhurst, Harris (dans son Ap
pieds garni de poils; s'il ne rumine pas, pendice), et d'autres le rendent par coton,
puisqu'il n'a qu'un seul estomac et assez et le font synonyme de l'expression shesh
vaste, cependant il paraît ruminer, et plu plus ancienne ; quelques-uns entendent
sieurs auteurs sont même dans le doute par bOuz exclusivement le coton de l'ar
à cet égard. Quelques-uns pensent que buste, et par shesh celui de l'arbre, ce
le lièvre dont parle Moïse est celui que dernier étant plus commun en Egypte ,
les Arabes nomment encore de nos jours et l'autre en Syrie, cf. Ez. 27, 7. et 16.;
arneb, erneb ou eraneb. Fort abondant mais il ne faut pas trop presser ces fi
en Syrie, il l'est cependant moins que nesses d'histoire naturelle (v. Coton).
dans nos contrées. 3° Shesh, étoffe dont fut revêtu Joseph
LIGURE, Ex. 28, 19. 39, 12. v. Hya lorsqu'il fut établi gouverneur en Egypte,
cynthe. Gen. 41, 42. Le pavillon et ses courtines
LIMACE. v. Lézard 5o. étaient également de shesh retors, Ex. 26,
LlN. Il y a en hébreu quatre ou cinq 1. 27, 9. 18., ainsi que les deux pièces de
expressions différentes qui sont toutes vêtements indiquées 28, 39., et la robe
rendues par lin ou fin lin dans nos tra dont s'habille la vaillante femme, Prov.
ductions; disons d'abord quelques mots 31, 22. Ez. 16, 10. 13. 27, 7. cf. Luc 16,
de chacune d'elles. 19. C'était une étoffe précieuse dont les
1° Bad; les sacrificateurs ont des caleçons riches seuls pouvaient faire usage. Elle
de lin, Ex. 28, 42. 39, 28. Lév. 6, 10.; au est suffisamment déterminée par ce qui a
pluriel, un ange est vêtu de lin, Ez. 9,2.3. été dit plus haut; ajoutons seulement que
Dan. 10, 5.; la plupart des commentateurs le nom de shesh s'appliquait probablement
maintiennent cette signification, et Winer aussi par extension à d'autres étoffes, et
pense qu'il s'agit du lin le plus fin, ce qui notamment au fin lin égyptien, qui pour
semble assez probable puisque l'Ecriture la douceur et la délicatesse pouvait bien
en fait le vêtement des anges et celui des souvent se comparer au coton, ainsi Ex.
sacrificateurs ; Harris au contraire voit 39, 28. cf. 28, 42. Lév. 16, 4. (dans l'ori
le très fin lin dans le shesh. — Le bad ginal). Il faut remarquer d'ailleurs, que
était encore l'étoffe de l'éphod dont dans plusieurs dialectes de l'Orient un
David était vêtu lors du solennel trans même mot sert souvent encore pour dési
port de l'arche, 2 Sam. 6, 14. 1 Chr. 15, gner le lin et le coton.—Quant à la tra
27., tandis que le manteau dont il était duction soie, elle doit être repoussée (v.
ceint était de bouz, apparemment moins Harmer), par le fait que ce tissu qui de
fin.(Winer se trompe, I. 167., en affirmant nos jours est abondant et presque com
LIN 571 LIO

mun, était alors si rare et si précieux qu'il un composé, un mélange; mais quelques
se vendait son pesant d'or, et que l'em auteurs pensent qu'il s'agit aussi bien
pereur Aurélien dut en refuser une robe d'une bigarrure de couleurs que d'un mé
à l'impératrice, qui la lui demandait avec lange de matières différentes. v. Calmet,
instances ; on ne peut donc croire que ad h. l., et notre article Accouplements.
treize siècles avant lui, aux jours de Salo LINUS, 2 Tim. 4, 21., chrétien incon
mon, les soieries aient pu être comprises nu, était, selon quelques-uns, fils de
au nombre des objets dont s'occupait l'in Claudia, dont il est parlé dans le mème
dustrie féminine des Hébreux. verset. On veut qu'il ait été évêque de
4° Pishthah ou pishthéh (de pashath, Rome pendant douze ans et quelques
carder), est l'expression propre qui est le mois; mais, selon les uns, il aurait suc
plus ordinairement employée dans l'An cédé immédiatement à Pierre, qui n'a ja
cien Testament pour désigner le lin; elle mais été dans cette ville ; selon les au
se trouve Ex. 9, 31. Lév. 13, 47.48.52. tres, il aurait été évêque de Rome déjà
59. Deut. 22, 11. Jos. 2, 6. Jug. 15, 14. du vivant de l'apôtre; d'où il résulte qu'on
Prov.31,13. Es. 19,9. 42,3. 43, 17. (trad. ne sait rien de positif, et que la seule
lumignon) Jér. 13, 1. Ez. 40, 3. 44, 17. chose probable ou possible , c'est que
18. Os. 2, 5.9. — et 2ivo» dans le Nou Linus ?it été pasteur de ce petit troupeau.
veau Testament, Matth. 12, 20. Apoc. 15, LION. Ce vaillant et fier monarque des
6. Cette plante bien connue était cultivée déserts, ce roi de la création sauvage,
avec beaucoup de succès en Egypte, n0 qui n'a pour rivaux que le tigre et l'élé
tamment dans le Delta et aux environs de phant, pour maître que l'homme seul,
Pelusium, de même qu'en l'alestine : sa tige n'est connu que lorsqu'on l'a contraint
y atteint encore une hauteur d'un mètre d'abdiquer, lorsqu'il n'est plus lui-même,
et l'épaisseur du roseau. Les Hébreux et que sa couronne a été changée en un
s'en faisaient des vètements, des cordes, et licol de fer: sa crinière, longue, abon
même des mèches ou lumignons, et chacun dante et fine, flotte alors sur des épaules
de ces objets fabriqués pouvait prendre esclaves; mais son rugissement, qui n'est
le nom de la substance dont il était fait. plus celui de la menace et de la liberté,
Les riches se servaient de bad ou fin lin, jette dans l'âme une terreur secrète et
dont la plus grande partie venait d Egypte, involontaire, comme celle du tonnerre
tandis que les pauvres se contentaient qui gronde dans le lointain, qui ne me
souvent de lin grossier et non roui. L'é- nace plus, et qui ne laisse pas que de re
toupe (neoleth) est mentionnée Jug. 16, muer et de saisir. Vaincu. il reconnaît
9. Es. 1, 31., à moins qu'il ne s'agisse son vainqueur, et peut se laisser frapper
dans ces passages de cette espèce de par une femme ou par un enfant , mais
chaume qui tombe à terre quand on teille libre il ne reconnaît personne ; il règne
le lin, et qui n'est bon qu'à être brûlé.- pour lui-même ; sans haine comme sans
D'après Forster, (De bysso) et Michaélis, pitié, inaccessible à la peur, mais sans
le pishthah aurait aussi en hébreu, comme cruauté, il tue, parce qu'il ne trouve sa
il l'a en copte, la signification accessoire vie que dans la mort des autres, mais il
de coton, et ils s'appuient sur ce qu'il est ne tue pas pour tuer, il tue pour vivre ;
dit, Jos. 2, 6., que Rahab cacha les es on dit l'avoir vu généreux, épargner des
pions israélites sous des tiges qui, selon victimes, et, moins sanguinaire que le ti
eux, ne peuvent avoir été que des tiges gre etd'autres animaux carnassiers moins
de coton et non des tiges de lin, mais la terribles, laisser la vie à ceux dont la mort
preuve manque à cette assertion. ne lui était pas nécessaire. « Son extérieur,
Enfin il est parlé, Lév. 19, 19. Deut. dit Buffon, ne dément point ses grandes
22, 11., d'une étoffe nommée sha'atnez, qualités intérieures ; il a la figure impo
nom étranger à la langue hébraïque, et sante, le regard assuré, la démarche fière,
que nos versions ont traduit par « de la voix terrible; sa taille n'est point ex
laine et de lin ; » il résulte, en tOut CaS, cessive comme celle de l'éléphant ou du
du contexte, que ces étoffes devaient être rhinocéros : elle n'est ni lourde cOmme
Ll0 572 LI0

celle de l'hippopotame ou du bœuf, ni trop tette encore. – 2° Kephir, le jeune lion


ramassée comme celle de l'hyène ou de qui est assez grand déjà pour aller à la
l'ours, ni trop allongée, ni déformée par chasse, Jug. 14, 5. Ps. 17, 12. 91, 13.
des inégalités comme celle du chameau ; Prov. 19, 12. Ez. 19, 2. 3. etc. — 3° Ari
mais elle est au contraire si bien prise, ou ariéh, Gen. 49, 9. Deut. 33, 22. Ps. 7,
si bien proportionnée, que le corps du 3. 22, 13. Os. 13, 7. Mich. 5, 8. etc., le
lion paraît être le modèle de la force join lion en général, grand et vigoureux, em
te à l'agilité ; aussi solide que nerveux, blème du courage héroïque,2Sam. 17, 10.
n'étant chargé ni de chair ni de graisse, Nomb. 23, 24. Nah. 2, 12. (de là Ariel, q.
et ne contenant rien de surabondant, il v.). —4° Shachal (le rugisseur), expres
est tout nerfs et tout muscles. » sion poétique, le lion dans toute sa force
Son caractère participe à celui des con et dans toute sa beauté (selon Bochart,
trées qu'il habite ; indomptable sous les d'après une étymologie douteuse, le lion
climats brûlants et dans les déserts qu'il noir dont l'existence est plus douteuse
regarde comme son fief naturel, il s'adou encore, malgré le témoignage d'AElien et
cit avec des climats plus doux, et perd de d'Oppien seuls) ; Job 4, 10. 10, 16. Ps.
son audace dans les lieux habités, car il 91, 13. Prov. 26, 13. Os. 5, 14. 13, 7.
sait que l'homme peut le vaincre, et sa — 5° Laish (le fort), autre expression
force ne tient pas contre l'adresse du poétique, peut-être le lion furieux, Job
Nègre ou du Hottentot, qui souvent l'ose 4, 14. Prov. 30, 30. — 6° Labîh (proba
attaquer tête-à-tête avec des armes assez blement aussi le rugisseur) lion, ou seu
légères, cf. Jug. 14, et 1 Sam. 17 , aussi lement la lionne d'après Bochart : le mot
l'a-t-on vu se retirer peu à peu là où l'hom correspondant en arabe n'a que la termi
me avançait, et sa race diminuer à me naison féminine, et dans l'Ancien Tes
sure que celle de l'homme augmentait. tament labîh est tantôt joint à ariéh, qui
Les Romains, dit M. Shaw (Voyages, I, dans ce cas serait le mâle, Gen. 49, 9.
315.), tiraient de la Libye, pour l'usage Nomb. 24, 9., tantôt accompagné de l'idée
des spectacles, cinquante fois plus de de petits, Job 4, 11. 39, 1., ce qui s'ap
lions qu'on ne pourrait y en trouver au pliquerait aussi mieux à la lionne. —
jourd'hui, et la même diminution de 7o Quelques auteurs enfin, comme Cal
quantité a été remarquée en Turquie, en met, traduisent encore par lion l'hébreu
Perse, et dans les Indes ; le centre de shachatz, qui emporte seulement l'idée
l'Afrique semble être maintenant la vraie de fierté et doit se prendre dans un sens
patrie du lion féroce et terrible, et les tout à fait général.
missionnaires français le comptent au Trois de ces noms se trouvent employés
nombre de leurs plus redoutables enne Nah. 2, 11. 12. (ariéh, kephir et labîh);
mis (voir en particulier le Voyage d'Ar nos versions les ont bien traduits, à l'ex
bousset , passim , et plusieurs lettres de ception de labîh qu'elles ont rendu par
Pfrimmer dans le Journal des Miss. Evan vieux lions, et, verset 12, vieilles lionnes,
géliq. de 1843). On le trouvait autrefois et que nous traduisons simplement lion
en Syrie, en Palestine, et jusque sur les nes ; ce sont les habitants de Ninive qui
bords du Jourdain, Jug. 14, 8.1 Rois 13, sont, dans ce passage, représentés sous
24. 20, 36. Cant. 4, 8. Jér. 5, 6. 49, 19. l'image de lions, et la figure est pleine
50, 44. Zach. 11, 3., mais il a quitté ces d'énergie. Eliphaz parlant à Job 4, 10.
contrées et s'est retiré dans les déserts 11., et voulant lui faire sentir, peut-être
de l'Arabie centrale. d'une manière indirecte, que lui et les
Le lion, qui a selon quelques auteurs siens, d'une manière ou de l'autre, ont
cinq cents noms différents en arabe, en a probablement fait tort à leur prochain,
dans l'Ecriture six ou sept qui se rap usé d'exaction, abusé de leurs forces, se
portent soit à son âge, soit aux divers sert de l'image du lion et emploie pour
traits de son caractère. — 1° Gour, Gen. le désigner cinq expressions différentes,
49, 9. Deut. 33, 22. Ez. 19, 2., ou gor, destinées à comprendre ainsi toute la fa
Jér. 51, 38. Nah. 2, 13., le petit lion qui mille de Job, jeunes et vieux, hommes et
LIT 573 LIV

femmes. « Le rugissement du lion, dit-il, mobiles; ce dernier cas paraîtrait plus


le cri du rugisseur, et les dents des lion probable par 1 Sam. 19, 15., et l'on s'en
ceaux sont brisés ; le fort lion a péri servait le jour comme de sophas, 1 Sam.
faute de proie, et les petits de la lionne 28, 23. Ez. 23, 41. Am. 6, 4.; cependant
sont dispersés. » (Ariéh, kephir, shachal, cf. 2 Rois 4, 10. Un cadre de lit (en fer) .
laïsh, labîh.) est mentionné, Deut. 3, 11. Les riches
Le vieux Jacob, qui prophétise peut les ornaient de magnifiques tapis, Prov.
être sans le savoir la venue du Messie 7, 16. Ez. 23, 41., et ceux qui se cou
appelé le lion de Juda, Gen. 49, 9. cf. chaient s'enveloppaient eux-mêmes de ta
Apoc. 5, 5., se sert de trois de ces ex pis, et plaçaient sous leur tête pour oreil
pressions pour désigner son fils Juda : ler une peau travaillée, 1 Sam. 19, 13. On
c'est un faon de lion, un lion vigoureux, croit trouver l'idée d'un hamac dans l'hé
une lionne. Ces nuances sont très diffi breu melounah, Es. 24, 20., et l'usage de
ciles à rendre dans nos langues ; nous ciels de lit, Judith 16, 23. Les lits dont
n'avons pas beaucoup de mots pour ex il est parlé dans le Nouveau Testament
primer des objets rares dans nos con étaient mobiles, Matth. 9, 6. Marc 2, 4.
trées et qui ne se retrouvent pas souvent 6, 55. Luc 5, 18. Act. 5, 15.
dans la conversation; mais l'hébreu a une LIVRE. On peut voir, à l'article Ecri
force, une beauté toute particulière, et ture, ce qui a été dit sur la forme des li
les auteurs sacrés ont tiré un riche parti vres chez les Hébreux et chez les anciens
de tout ce qui rend le lion terrible et ef en général : aux lames de cuivre et de
frayant à voir, son regard, sa démarche, plomb, aux pierres et aux briques, suc
son rugissement, ses dents, ses griffes. cédèrent bientôt des matières moins du
Le lion a rugi, qui ne craindra ? dit Amos res, du bois et des écorces d'arbres; puis
3, 8., et il ajoute : le Seigneur a parlé, vinrent les feuilles de palmier, puis la
qui ne prophétisera ? fine écorce appelée liber, l'écorce inté
Bochart a consacré quatre-vingt dix rieure du frêne, de l'érable, du tilleul.
pages à la caractéristique du lion, et, mal Pour une plus grande facilité de trans
gré quelques erreurs de détail, son tra port, ces écorces furent roulées comme
vail mérite d'ètre attentivement étudié à On roule encore chez nous des cartes et
cause de la lumière qu'il jette sur cer des gravures, et ces rouleaux furent ap
tains passages. pelés en latin volumen, en hébreu megil
LlTS. Notre système de lits n'est pas lah. Le papyrus, ou roseau d'Egypte,
connu en Orient, ni en général dans lespaya ensuite son tribut à l'art et à la
pays méridionaux ; les pauvres couchentscience, et donna son nom à la composi
sur des nattes, ou revêtus de manteaux,tion pâteuse qui a été adoptée définitive
ment pour l'écriture, à notre papier. Les
· Ex. 22, 27. Deut. 24, 13.; une pierre leur
sert de chevet, cf. Gen. 9, 21.23. 28, 11., rois d'Egypte, jaloux de leur belle et
Arvieux, lII,216.,Gobat,Séj. en Abyssin.; nombreuse bibliothèque, et craignant que
les plus riches ont des espèces de longs ceux de Pergame ne leur fissent, en les
coussins ou de matelas, garnis intérieu imitant, une redoutable concurrence, dé
rement de laine ou de coton, que l'on ne fendirent l'exportation du papyrus. Ceux
met pas dans des bois de lit, mais sur de Pergame, animés d'une noble émula
des appuis placés à une certaine hauteur, tion, ne se laissèrent pas détourner, par
fixés à la paroi, et qui servent de chaises cet obstacle, du but qu'ils s'étaient pro
ou de divans pendant le jour. On ignore posé; ils substituèrent au papyrus des
si les lits des Hébreux, qui portaient dif peaux travaillées, auxquelles ils donnè
férents noms (mittah, Gen. 47,31.1 Sam. rent le nom de leur ville, pergamenum,
19, 13.2 Sam. 4, 7.2 Rois 1, 4., mish d'où est venu le nom de parchemin, plus
cab, Ex. 21, 18.2 Sam. 13, 5. Cant. 3, 1., beau, plus solide, plus durable que les
hérès, Job 7, 13. Cant. 1, 15.), étaient en feuilles du roseau. Il paraît , d'après
général des lits fixés comme ceux des Pline, que les anciens écrivaient aussi
Orientaux de nos jours, ou bien des lits quelquefois sur du linge; mais le papier
L0D 574 L01

fait de linge bouilli et étendu est bien loin appeler à sa cour, « pour lui faire du bien. .
de remonter à une époqueaussiancienne; L0G, Lév. 14, 10. 12. 24., mesure
il n'a guère qu'un peu plus de sept siècles pour les objets liquides, le douzième du
de date, quoiqu'on ne puisse déterminer hin, équivalent, en conséquence, au con
l'époque précise de son invention (v. tenu de six coquilles d'œufs, d'après les
Montfaucon, Charta bombycina). rabbins : c'est la mème quantité que le
Nous renvoyons aux articles spéciaux quart du cab dont il est parlé 2 Rois, 6,
pour ce qui regarde les différents livres 25., qui ne s'employait que pour les ob
de l'Ecriture sainte, et à l'article Bible, jets solides.
où l'on trouvera les noms des livres per LOI. Le judaïsme est essentiellement
dus qui sont rappelés dans l'Ancien Tes une loi, et le Nouveau Testament qualifie
tament. souvent de cette manière, soit l'économie
Les desseins de la volonté divine, et elle-même, soit les livres qui en sont les
les noms des fidèles élus, sont représen documents, Jean 7, 49.40, 34. 12, 34.
tés en divers passages, comme étant in 15, 25.1 Cor. 14, 21. Hébr. 7, 12. 10, 1.
scrits dans le livre de la sagesse éter (prof. S. Chappuis, De l'Ancien Testa
nelle, ou au livre de vie ; on peut compa ment dans ses rapports avec le christia
rer, sous ce rapport, Ex. 32, 32. Es. 4, nisme, p. 71, sq.). Tout, en effet, se ré
3. Ez. 13, 9. Ps. 69, 28. Dan. 12, 1. Luc sume en lois chez les Juifs, à tel point
10, 20. Phil. 4, 3. Apoc. 3, 5, 13, 8. 20, que le nom même de la Thorah (la loi)
15. 22, 19. Les livres scellés dont il est était révéré chez eux presque à l'égal du
parlé Es. 29, 11. Apoc. 5. 1., ne sont nom de Jéhovah lui-même.
autres que les prophéties d'Esaïe et de En groupant autour du nom d'Abra
saint Jean. ham une portion déterminée de la famille
LOD, 1 Chr. 8, 12. Esd. 2, 33. Néh. de ce patriarche, en faisant de cette fa
11, 35., paraît avoir été habitée par les mille un peuple, et de ce peuple le dépo
Benjamites au retour de la captivité. C'est sitaire de la vérité, en leur accordant
la même ville qui est appelée Diospolis ainsi des priviléges inappréciables, Dieu
par les Grecs, et Lydde dans le Nouveau leur imposait des devoirs adéquats aux
Testament, que Pierre visita, et où il droits qu'il leur concédait. La loi était,
guérit le paralytique Enée, Act. 9, 32 en quelque sorte, le prix de leur privi
35. Elle est située à 4 ou 5 lieues est lége : bénédictions d'une part, obéis
de Joppe, sur le chemin de Jérusalem à sance de l'autre, tels étaient les termes
Césarée de Philippe. A l'époque de la do de ce contrat, de cette alliance. De la part
mination syrienne, elle appartenait à la des Juifs, tout devait donc aboutir à Dieu;
Samarie, mais en fut démembrée, avec Dieu était leur chef, leur maître, un maî
deux autres toparchies, pour être donnée tre absolu; Dieu était comme la base
aux Juifs par Démétrius Soter. Réduite même de leur nationalité : leur législa
en cendres par le général romain Cestius, tion devait porter l'empreinte de cette
lors de la dernière guerre des Juifs, elle situation exceptionnelle. Israël ne pou
se releva de ses décombres, et fut quel vait être ni monarchie, ni république, ni
que temps le siége d'une académie. Ce aristocratie; c'était en principe, ce devait
n'est plus maintenant, sous le nom de être en fait, une théocratie. Le Dieu
Lud ou Lidda, qu'un petit village presque d'Israël se proclamait l'auteur des insti
entièrement en ruines, et qu'on aperçoit, tutions politiques, comme celui des insti
à peu de distance de la route de Joppe à tutions religieuses. La charte du pays
Jérusalem, au milieu d'une forêt d'oli était le décalogue; toutes les autres lois
viers. n'en étaient que le développement. ll n'y
LODÉBAR, 2 Sam. 9, 4. 5. 17, 27. avait point là d'Eglise à côté de l'Etat,
Situation inconnue, mais probablement l'Etat n'était point juxtaposé à l'Eglise,
au-delà du Jourdain et non loin de Maha au-dessus, au dessous, ou au dedans ;
najim : c'est là que demeurait Méphibo l'Etat et l'Eglise n'étaient qu'un; rien ne
seth, fils de Jonathan, lorsque David le fit les distinguait. Il n'y avait pas un do
L0I 575 LOI

maine religieux et un domaine politique ; ou prologue : « Ecoute, Israël, je suis


on ne pouvait pas plus faire abstraction l'Eternel, ton Dieu, » etc., Ex. 20, 2.
- de l'un que de l'autre. Dieu était roi et Deut. 5, 6. Dans ce cas, le décalogue
souverain sacrificateur ;tout se réunissait proprement dit ne commence qu'au ver
en lui, comme ces deux ordres d'idées set suivant. Cependant, comme ces tables
et de choses ne peuvent, en effet, se sont quelquefois appelées « paroles de
réunir qu'en lui, sous peine de se com l'alliance, » Ex. 34, 28. cf. Deut. 4,
promettre l'un l'autre. 13, etc., et qu'une loi pure et simple qui
Le monothéisme n'était point une abs ne lie qu'une partie, ne saurait être ap
traction pour Israël; il se révélait d'une pelée de ce nom, il paraît plus convena
manière patente, visible, extérieure ; il ble de faire, de ce qu'on appelle ordinai
portait ses fruits, et se manifestait par rement la préface, la première des dix
des conséquences ; il donnait des lois, paroles; elle est, en effet, d'une impor
lui seul, toujours, partout. Quoique les tance particulière , ce n'est point une
lois mosaïques puissent se diviser en ca simple introduction, ni un simple exposé
tégories, elles tendaient toutes égale des motifs, mais une partie intégrante de
ment vers le même but, comme elles par ce traité d'alliance que Dieu contracta
taient du même principe. Elles avaient avec son peuple. Supprimez cet article,
pour but de constater le mal, d'opposer ou laissez-le dehors, le reste perd toute
à ses progrès une barrière, de le con sa signification. La seconde parole, ou le
damner toujours, et de préparer les es premier commandement, se composerait
prits à l'attente du Messie, qui devait le alors de ces deux commandements qu'on
vaincre, et en détruire les funestes ef a si mal à propos séparés, et qui n'en
fets. font absolument qu'un seul, relatif à l'a-
Le mot loi est pris dans des sens très doration de ce Dieu qui est jaloux, et qui
divers. Il semble désigner d'une ma a droit de l'être. Depuis la troisième pa
nière spéciale le décalogue, Rom. 7,7. cf. role, ou second commandement, il n'y a
Matth. 19, 17. Marc, 10, 19. Luc 18, 20. plus de difficultés. L'église romaine, seu
Il désigne les cinq livres de Moïse, Luc lement, pour supprimer, sans que ce fût
24, 44. Jean 7, 49., etc. ll se rapporte à trop sensible, la défense relative aux
l'Ancien Testament, comme livre, Luc 4, images taillées, a partagé en deux la
20. 16, 17. Act. 24, 14. Rom. 2, 23.; et dixième et dernière parole. — v. Preis
comme économie, dans presque toutes werk, l'Orient ancien et moderne, 1838,
les épîtres, par opposition à l'économie numérO de n0vembre.
de la grâce. Ailleurs, il est pris dans un On peut diviser le code entier des lois
sens spécial pour désigner une loi parti hébraïques, outre le décalogue, en cinq
culière, Jean 19, 7., ou bien encore, ilsi classes ou catégories. Il en est parlé ail
gnifie la loi morale, la loi de la conscience leurs en détail; nous ne ferons que les
gravée dans le cœur, la loi de la morale indiquer ici :
universelle, Rom. 13, 8.10. Le péché 1° Lois relatives au culte et aux céré
originel, cette inclination au mal qui est monies, comprenant tout ce qui concer
dans nos membres, est appelée une loi, nait la hiérarchie sacerdotale, les fonc
Rom. 7, 23., la loi du péché. L'économie tions, le pouvoir, les revenus des prêtres,
nouvelle est appelée la loi de la liberté, sacrificateurs et lévites; le lieu de la cé
loi parfaite, loi royale, Jacq. 1, 25. 2, 8. lébration du culte, les prescriptions re
12. latives aux sacrifices, leur nombre, la va
Le décalogue (mot grec qui signifie les leur des offrandes, l'espèce des victimes,
dix paroles, cf. Ex. 34,28. Deut. 10, 4.). le mode particulier, les cas dans lesquels
se divise,conformément à la signification ils devaient être offerts ; enfin, la fixa
de son nom, en dix parties séparées qui,
tion des fêtes qui devaient être célébrées,
et leur organisation. '
d'après la manière habituelle de les dis
tinguer, portent le nom de commande 2° Lois politiques, militaires et civiles.
ments, et sont précédées d'une préface L'autorité de Moïse, celle de Josué, et
L01 576 L01

celle des juges qui lui succédèrent, étaient font point partie de l'assemblée de l'Eter
dictatoriales ; il y avait peu de politique nel, mais ils seront traités humainement ;
à faire sous un souverain absolu. Mais des distinctions sont faites entre les uns
Moïse, dans le conseil d'anciens dont il et les autres, Deut. 23, 3. sq. 25, 17. La
s'entoura, jetait déjà le germe du libéra loi règle encore les rapports des maîtres
lisme, et cette assemblée, d'abord mo avec les esclaves, et proclame d'une ma
deste, devint plus tard le grand sanhé nière absolue l'autorité des pères sur les
drin. La loi prévoyait la royauté. Elle enfants, ne réservant à la justice que le
renfermait quelques dispositions fiscales droit de vie et de mort.
touchant l'impôt, les amendes, les rachats 3° Lois morales. Elles forment le code
pécuniaires et la capitation ; il n'est pas le plus parfait qui ait jamais été donné à
probable qu'il y eût, pour le culte et pour aucun peuple : il suffit de lire Exod. 21
l'Etat, deux trésors séparés. — Tout Is 23, Lév. 19, Deut. 15,24, 25,. ll est pour
raélite de vingt ans était soldat, sauf les vu au sort de la veuve, de l'orphelin, du
exceptions prévues par la loi. La guerre lévite, du pauvre, de l'étranger, de l'es
était supposée, parfois ordonnée; mais clave; (tu ne livreras point l'esclave échap
elle est toujours considérée comme souil pé, mais tu le traiteras avec bonté).
lant l'homme; le soldat ne peut rentrer Moïse se préoccupe même des animaux,
dans ses foyers avant de s'être purifié. des nids d'oiseaux, etc.
Les prescriptions de Moïse offrent, sous 4° Lois sanitaires. Elles sont présen
ce rapport, un singulier mélange : on y tées comme des lois de pureté, et ten
voit, à côté de l'ancien droit des gens, daient indirectement à rappeler la pureté
barbare et reculé, l'esprit d'humanité et morale intérieure que Dieu exige de ceux
de douceur que devait apporter sur la qui le servent. Mais elles sont réellement
terre la religion divine. Souvent tous les toutes calculées sur l'ardeur du climat de
ennemis doivent être passés au fil de l'Orient, sur la nécessité d'une propreté
l'épée; d'autres fois, Moïse s'occupe avec constante, sur le danger de certains ali
sollicitude du sort des captives, et dé ments, sur la fréquence des maladies de
fend qu'on touche aux arbres fruitiers des la peau, et surtout de la lèpre, sur le vif
villes assiégées. — Les lois civiles sont, et dangereux penchant des Orientaux
avant tout, des lois agraires dans le vrai pour la volupté, etc. On comprend, dans
sens du mot. Moïse veut changer une cette classe : a) les lois relatives à la dis
horde, une tribu nomade, en un peuple tinction des animaux purs et impurs, lois
sédentaire et agricole ; tout converge alimentaires ; b) celles qui tendaient à
vers ce but; il n'y aura pas de pauwºes préserver les Hébreux de la lèpre, à con
dans le pays, Deut. 15, 4.; les terres sont stater le mal, etc.; c) toutes celles qui
distribuées par le sort entre les familles, traitaient des ablutions, purifications et
proportionnellement au nombre de leurs autres cérémonies destinées à effacer les
membres, et cela d'une manière défini souillures, physiques ou légales, que
tive que ne modifieront point les ventes pouvaient avoir contractées, volontaire
temporaires qu'en pourraient faire leurs ment ou involontairement, hommes et
premiers possesseurs, Nomb. 26, 53. femmes, telles que le contact d'un cada
Lév. 25, 23. De là l'institution du jubilé ; vre, etc. — La propreté était une reli
de là encore la loi du lévirat, la loi sur gion.
les héritages, les lois sur les dettes, la 5° Lois judiciaires et pénales. Elles
difficulté pour les étrangers d'obtenir le étaient remarquables par leur grande dou
droit de cité, etc. Les mariages mixtes ceur. Les législations antiques n'ont ja
(avec des païens) et les mariages inces mais approché d'une perfection sembla
tueux étaient sévèrement interdits ; la po ble ; les modernes n'ont pas fait mieux.
lygamie est tolérée, mais réglée et gênée; L'accusé était entouré de toutes les garan
le divorce est toléré, mais dans des con ties désirables. Un témoin ne suffisait
ditions qui le rendent difficile. Il est pas pour une condamnation à mort; les
pourvu au sort des étrangers ; ils ne faux témoins étaient épouvantés; les té
L0I 577 L0I

moins véritables étaient même retenus là, et bientôt il se sera mis à couvert.
par la crainte de devoir servir de bour On a été trop loin dans les deux sens,
reaux sileur témoignageentraînaitlapeine les uns en prétendant que la législation
de mort. Les jugements étaient publics et hébraïque avait été calquée d'après les
oraux, habituellement sommaires, tou autres législations alors existantes, que
jours sans frais. Les villes de refuge of Moïse pouvait avoir étudiées; les autres
fraientun sûr asileaux meurtriers involon en niant d'une manière absolue toute in
taires. La question, la torture, ces raffine fluence des lois de l'Egypte, sanitaires et
ments de la justice sacerdotale du moyen autres, sur telle ou telle partie des pres
âge, étaient inconnues; les épreuves (le criptions mosaïques. Tout ce recueil est
sacrifice de jalousie)étaient innocentes endivinement inspiré, mais la personnalité
elles-mêmes. Les peines étaient à la fois de Moïse se montre partout, ses souve
modérées et proportionnées aux délits; nirs, ses expériences, ses impressions.
le talion pouvait être prononcé par le Il importe peu, d'ailleurs, que Moïse
juge. Les crimes commis contre Dieu, ait ramené d'Egypte ses prescriptions
contre la religion, l'idolâtrie, le blas contre la lèpre, et l'interdiction de la
phème, la violation du sabbat, étaient pu viande de porc, si l'Esprit lui a révélé ces
mis de mort , et cette sévérité n'étonne mesures comme bonnes à conserver. llim
que lorsqu'on oublie que le Dieu des Juifs porte peu que des lois agraires, qu'une
n'était pas un être de convention, mais la caste sacerdotale, aient été établies à l'i-
vérité même, et le roi souverain auquel mitation de l'Egypte, si Dieu a montré à
tOut le peuple devait rendre une obéis Moïse que c'était provisoirement ce qu'il
SanCe abs0lue. Les crimes contre les y avait de mieux à faire pour la formation
mœurs étaient aussi sévèrement punis. et le développement de la nationalité
— v. les art. spéciaux. juive. Moïse a suffisamment montré, cf.
Ce rapide aperçu , cette aride nomen Lév. 18, 3., qu'il n'entendait point faire
clature, suffit cependant à rappeler d'une une copie du paganisme. et l'esprit de
manière générale les détails qu'on a lus sa législation porte assez le caractère de
ailleurs. ll est impossible de n'être pas l'indépendance , pour qu'à cet égard il
frappé de deux choses : d'un côté Moïse ne soit pas suspect, même lorsqu'il pa
fait des concessions à l'esprit de son raît emprunter. Les absurdités de Bo
temps, de l'autre il lui résiste et le fronde lingbroke et de Voltaire sous ce rap
avec une énergie surprenante. Cette ap port , se réfutent d'elles - mêmes. Ce
parente contradiction dans le système qu'ils ont dit de plus sérieux se rapporte
provient de ce que, si Moïse veut isoler à cet isolement national que Moïse éta
les Hébreux des nations voisines, il sait fºht, à ce cordon sanitaire dont il entoure
qu'il ne pourra pas les isoler d'eux-mê son jeune peuple, à ce particularisme
mes. Il commence d'abord par couper les étroit qu'il prêche et qu'il commande. En
communications avec l'ennemi, puis il le théorie, le reproche est fondé; Dieu a fait
combat à l'intérieur, et il compte pour d'un même sang tout le genre humain :
cela non sur une destruction immédiate, qui comprend l'humanité perd peu à peu
mais sur le temps, sur ces moyens dila l'idée de la nationalité; mais en pratique
toires, sur ces réserves nombreuses, sur le peuple juif était non-seulement un
ces gênes cachées qu'il introduit partout, peuple à part, mais un peuple mis à part,
et qui d'abord ne paraissent pas avoir choisi, élu de Dieu dans un but spécial,
une grande portée. Cependant le père ne une exception dans le monde, et son his
tuera pas son enfant. parce qu'il faut que toire n'a que trop bien montré combien
ce soit la mère de l'enfant qui l'accuse, les barrières de la loi étaient même insuf
les voisins qui le tuent ; le divorce de fisantes pour le préserver du mal. Le re
mandé n'aura pas lieu, parce que le mari proche d'ailleurs aurait une plus grande
ne sait pas écrire; le meurtrier involon portée si, en lui imposant le particula
taire est livré au vengeur du sang, mais il risme, Dieu avait aussi imposé à son peu
ne mourra point, les villes de refuge sont ple l'égoïsme ; mais bien loin de là, les
I. 37
LOI 578 L0T

étrangers peuvent s'établir sur ce terri réel entre la loi et la grâce; c'est aller
toire d'Israël, partout ils sont recom trop loin, au moins dans la forme de l'ex
mandés à la bienveillance publique, et pression. Le chrétien n'est sans doute
lorsqu'ils jouissent de tous les avantages, plus sous la loi, mais c'est qu'il est devenu
ils n'ont pas même à supporter toutes les loi à lui-même. Rien ne lui est plus dé
charges. fendu, mais l'Esprit qui est au dedans de
On peut consulter utilement sur ce qui lui, et qui ne parle pas deux langages, lui
fait l'objet de cet article, E. de Bonne sert de règle et de loi. Quant à celui qui
chose, Hist. sacrée, p. 125, sq.; Cellérier, n'est pas converti, comme il n'a pas l'Es
Esprit de la Législ. Mos., deux vol.; les prit, comme il n'est pas sous la grâce, il
ouvrages plus spéciaux de Pastoret (Pa reste sous la loi, et les difficultés prati
ris 1817) et de Salvador (Paris 1828), et ques qu'on a soulevées sur cette question,
la dissertation du prof. S. Chappuis, citée sont d'une solution facile dès qu'On Se
plus haut (Lausanne 1838); en allemand place à ce point de vue. Ces questions, du
on a les ouvrages classiques de De Wette reste, appartiennent à la dogmatique.
(Archaeologie), Tholuck (Beil. zum He LOT, fils de Haran et neveu d'Abra
braeerbrief), Baehr (Symb. des Mos. Cul ham, Gen. 11, 27., accompagna son on
tus), et quelques travaux de Nitsch, Sack, cle d'Ur et de Caran en Canaan, et par
Hengstenberg, Twesten, Néander, dont tagea d'abord sa vie nomade dans les
la portée est tout à la fois dogmatique et contrées méridionales de la terre pr0
scientifique. mise, 11, 31. 12, 4.; mais, comme l'un
Le Nouveau Testament nous apprend à et l'autre avaient de grands troupeaux,
considérer la loi sous un double point de et que leurs bergers se querellaient sou
vue. Elle était caduque et périssable, dans vent au sujet des puits et des citernes
ce qu'elle avait de particulier, de spécial, du désert, ils durent se séparer, et Lot
de local ; elle était faite pour un temps, choisit pour demeure la verte et riante
pour un peuple, pour un pays. D'un autre vallée de Sodome, arrosée par les flots
côté elle est éternelle dans ce qui en fait du Jourdain, 13, 11. (1920 av. C.). Quel
l'idée fondamentale, et Jésus n'est point ques années après, le roi de Sodome
venu pour l'abolir, mais pour l'accom ayant été attaqué et pillé par Kédor-La
plir. Avant Jésus, elle servait d'institu homer, et Lot fait prisonnier avec tous
teur, de pédagogue, pour conduire les les siens, Abraham vint au secours des
hommes, par le sentiment de leurs péchés, vaincus, les délivra et leur rendit à tous,
au Messie qui devait apporter le salut. et à son neveu en particulier, les biens
Depuis Jésus, elle subsiste, mais gravée dont ils avaient été dépouillés. Lot con
sur les tables charnelles du cœur. On tinua dès lors d'habiter Sodome ; il y
peut la considérer, soit comme le fonde fiança ses filles, et vivait en plus ou moins
ment caché en terre sur lequel s'élève l'é- bonne harmonie avec ses impies et im
difice de l'Eglise chrétienne, soit comme purs voisins, lorsque deux anges vinrent,
l'échafaudage qui a servi à son élévation, et l'engagèrent à fuir le feu du ciel qui
échafaudage qui n'a plus maintenant au allait fondre sur la ville. On connaît l'ac
cune valeur. On peut la considérer comme cueil hospitalier qu'il fit à ces messagers
le commencement de l'œuvre que Jésus du ciel, bien qu'il ne les connût pas, et
est venu finir, ou comme un système pro le dévouement lâche et faible par lequel,
visoire qui n'était là qu'en attendant, oc pour sauver ses hôtes de l'opprobre, il
cupant et préparant le lieu pour le Sau offrit ses propres filles à la brutalité de
veur. Les deux points de vue ont leurs ses concitoyens. Le lendemain, de bonne
défenseurs; les uns et les autres ont rai heure, réveillé par les anges, il part, sous
son ; la loi est tout ensemble un fonde leur protection, avec sa femme et ses deux
ment et un échafaudage ; cette double filles, laissant en arrière les époux de
idée se rencontre partout dans le Nou celles-ci, que leur incrédulité avait aveu
veau Testament. On ne saurait en dire glés, comme le reste des Sodomites, sur
autant de ceux qui voient un antagonisme les malheurs qui leur étaient divinement
LOT 579 LOT

annoncés. Toute la plaine devait être en texte, qu'elle resta en arrière, qu'elle re
gloutie, et les fuyards devaient se rendre tourna peut-être, se confiant en ce qu'a-
sur la montagne de Tsohar : mais, sur vaient dit les anges, que le malheur ne
leur route, se trouvait la ville de Bélah, commencerait que lorsque Lot et les
petite, et par cela même peut-être moins siens seraient arrivés à Tsohar, et qu'elle
corrompue que les autres; Lot demanda fut surprise dans ses délais, ses lenteurs
qu'elle fût épargnée, afin qu'elle pût lui et ses regrets. Quant à sa mort, une
servir de retraite, et sa prière fut exau quantité d'opinions et de fables se sont
cée. C'est de Bélah, devenue Tsohar, fait jour. La statue de sel a pour elle la
qu'il put contempler l'affreux spectacle lettre, quoi qu'on en dise, et l'ancienne
d'une plaine entière détruite par le feu tradition : le sel pouvant se prendre
et le soufre ; mais déjà sa femme n'était pour sel de roche, on ne peut pas objec
plus avec lui : ménagère, peut-être avare, ter qu'elle a dû se fondre tout entière aux
peut-être incrédule, et, dans tous les cas, premières pluies, comme aussi rien n'in
désobéissante aux ordres célestes, elle dique qu'elle ne se soit pas fondue. Tou
s'était retournée, et elle avait péri. Après tefois, le texte peut se traduire dans un
un séjour dont la durée n'est pas déter sens plus large, et la tradition ne mérite
minée, mais qui ne fut, sans doute, pas guère de confiance à cause de son carac
bien long, Lot et ses filles quittèrent Bé tère exagéré. La statue a été vue, dit-on,
lah, et se réfugièrent sur la montagne par beaucoup de voyageurs ; mais ils ne
voisine de Tsohar pour y demeurer. La sont pas d'accord sur sa position, les uns
· solitude pouvait convenir au vieillard, la plaçant au nord, les autres au midi, à
veuf, sans fils, dépouillé de tous ses l'orient ou à l'occident; ils auront pris
biens, et témoin récent d'un déluge de pour statue de la femme de Lot quel
feu, vengeur de l'immoralité d'une plaine qu'une de ces créations bizarres de la na
dépravée ; mais ses filles, plus frappées ture, comme on en rencontre en divers
que lui de la destruction de leurs villes lieux, et qui affectent tantôt une forme,
et de leur isolement présent, faisant vi tantôt une autre. Ce rocher de sel con
vre et périr le monde tout entier avec le servait, selon eux, toutes les infirmités
monde de leur vallée, privées de leurs féminines : il pleurait en certains temps,
époux avant de les avoir possédés, con et il avait ceci de singulier, qu'il conser
damnées, selon toute prévision, à un cé vait toujours la même grandeur, quoi
libat perpétuel, et bien instruites dans le qu'on en arrachât souvent des morceaux
mal par les leçons de Sodome, enivrèrent pour souvenir et par curiosité. D'autres
leur père (singulier, mais touchant témoi auteurs pensent qu'il faut entendre que
gnage rendu indirectement à la pureté la femme de LOt étant retournée en ar
deses mœurs), et l'entraînèrent au crime; rière (elle périt et) devint un monument
c'est de ce double inceste que sortirent de sel (éternel, impérissable) du cour
les Moabites et les Hammonites. Cette rOux divin cOntre les rebelles et les in
tache est le dernier trait que l'Ecriture crédules ; d'autres encore, qu'elle fut
nous rapporte de la vie de Lot; mais le étouffée, et que, par l'abondance des ma
nom de ce patriarche est rappelé ailleurs tières salines renfermées dans l'air et
comme celui d'un juste, honorable de dans le sol, son corps fut comme pétrifié
vant Dieu, 2Pier. 2, 7. cf. Luc 17, 28.32. ou embaumé, de manière à ne pouvoir
Deut. 2, 9. 19. Ps. 83, 9. être atteint par la corruption, comme
Quel a été le crime de la femme de cela arrive des corps qui sont soumis à
Lot, et quel a été son chàtiment P La l'action des flots de la mer Morte, ou
cOncision de l'écrivain sacré autorise d'une source pétrifiante quelconque.
l'interprétation littérale, mais ne l'exige D'autres, enfin, ne prennent que l'idée
pas : « La femme de Lot regarda en ar générale du verset : la femme de Lot
rière, et elle devint une statue (ou un resta attachée au sol, morte et sans mou
monument) de sel. » On peut croire, et vement; mais c'est l'explication qui se
même traduire sans faire violence au justifie le moins, bien qu'elle renferme
º
LOU 580 LUC

pour nous la même leçon d'obéissance à rait peut-être aussi l'allemand dieb, l'an
la parole du maître. glais thief.
L'éblouissement dont furent frappés les LUC (abrégé pour Lucain, comme Si
Sodomites, et qui sous bien des rapports las pour Sylvain), l'auteur de l'Evangile
était une conséquence presque naturelle et des Actes, était d'après Eusèbe, Jérô
et souvent observée de débauches pareil me et Nicéphore, natif d'Antioche en Sy
les aux leurs, peut être comparé à celui rie, et médecin de profession. Juif de reli
dont Dieu frappa les soldats syriens des gion, mais païen par sa naissance (cf. Col.
cendus vers Elisée, 2 Rois 6, 18. cf. aussi 4, 14.2 Tim. 4, 11.), il avait une culture
Jean 8.59. 10, 39. lettrée qui se montre soit par la pureté de
LOUP. Cet animal, bien connu dans son style , soit par quelques réminiscen
nos climats, l'est également en Urient, ces des profanes. On ignore comment il
où son nom rappele comme chez nous vint à la connaissance de la vérité, mais
des idées de voracité, de violence et de on peut croire que ce fut par le ministère
làche cruauté : c'est aux brebis surtout de saint Paul , dont il fut toujours l'ami
qu'il se rend redoutable, c'est à la pour et le compagnon de travail. Parmi les tra
suite des faibles qu'il s'attache, Matth. 7, ditions, il en est qui le font ami de la
15. 10, 16. Luc 10, 3. Jean 40, 12.Act. Vierge, vierge lui-même, peintre, l'un des
20, 29. Il est représenté comme altéré de soixante-dix disciples, et le compagnon
Sang, Ez. 22, 27., et les principaux d'Is de Cléopas sur la route d'Emmaüs ; c'est
raël lui sont comparés pour leur avidité. possible comme sont possibles toutes les
Ses déprédations nocturnes l'ont peut choses dont on ne sait rien, mais c'est
être fait appeler loup du soir, Hab. 1, 8. peu probable, et notamment sa mission
Soph. 3, 3. Gen. 49, 27. Jér. 5, 6., quoi au nombre des soixante-dix disciples pa
que selon quelques auteurs (les Septante) raît contredite par Luc 1, 1-3.; c'est en
il faille traduire loup d'Arabie, ce qui core moins probable, s'il est vrai qu'il
n'est guère probable. La prophétie nous fût d'origine païenne : on ajoute qu'a-
annonce pour l'époque messianique, qu'a- près avoir entendu les enseignements du
lors on verra paître dans les mêmes pâ Christ, il s'en détourna, scandalisé des
turages, le loup et l'agneau conduits par paroles du maître : « Celui qui ne mange
un enfant, promesse que l'on prend assez pas ma chair et ne boit pas mon sang,
généralement dans un sens purement n'est pas digne de moi ; » mais il revint
symbolique en la rapportant à la récon plus tard à la foi, à la suite d'une prédi
ciliation des Juifs et des païens, des fidè cation de saint Paul. Son histoire ne com
les et des infidèles, mais qui paraît se mence pour nous qu'au voyage de Troas,
rapporter d'une manière plus entiére aux Act. 16, 10., probablement le premier
jours à venir où le Seigneur Jésus, ré qu'il fit avec l'apôtre, car ce n'est qu'a-
gnant lui-même sur la terre, soumettra lors qu'il commence à parler à la pre
au même sceptre les hommes et toute la mière personne ; il suit Paul à Philippes .
nature , Es. 11, €. 65, 25. Benjamin est dans la maison de Lydie, et paraît avoir
appelé par le vieux Jacob un loup qui dé séjourné quelque temps dans cette ville,
chire, Gen. 49, 27.; les interprètes cal malgré la persécution qu'y essuyèrent
déens entendent cette figure du grand Paul et Silas ; nous l'y retrouvons encore
nombre d'holocaustes qui étaient conti plusieurs années après, Act. 20, 6. Il re
nuellement offerts sur l'autel de Jérusa prend alors avec l'apôtre le cours de ses
lem, ville de Benjamin ; d'autres la rap voyages, et l'accompagne par Troas, As
portent à la violence des Benjamites, Jug. sos, Mitylène, Rhodes, Tyr, et Césarée, à
21, d'autres encore à Ehud, à Saül ou à Jérusalem, Act. 21, 15., ou il resta pro
saint Paul, qui appartenaient à cette mê bablement jusqu'au départ de Paul pour
me tribu. Rome, 27, 1. Fidèle à son ami, Luc parta
Le nom hébreu du loup est zeéb, dont gea tous les dangers et toutes les fatigues
on a cru trouver la racine dans l'arabe de cette périlleuse navigation , et, arrivé au
zaab ou daaba (effrayer), et d'où dérive terme du voyage, il continua de lui donner
º
* LUC 581 LUC

ses soins et demeura au moins quelque composés, pour que l'on puisse aperce
temps avec lui, comme on le voit par la voir l'usage que Luc en a fait, il diffère
mention qui en est faite deux deux épîtres de l'un et de l'autre par une tendance
écrites de cette ville, Philém. 24. Col. 4, éminemment catholique, générale, uni
14.; enfin dans le moment suprême, lors verselle. Saint Marc est à cet égard sans
que Paul écrit sa dernière épître, son caractère bien prononcé, bien qu'il ait
testament, il peut dire : « Luc est seul été écrit sous l'influence de saint Pierre ;
avec moi. » 2 Tim. 4, 11. C'est ici que mais l'évangile de Matthieu porte le ca
s'arrêtent les indications de rÉcriture chet juif à chaque passage, tandis qu'on
sur l'histoire du pieux médecin, du mo trouve dans saint Luc le caractère de
deste et constant ami de saint Paul ; la Paul, le Christ de l'humanité, l'alliance
tradition ne fournit que des données in de Dieu avec la terre toute entière. On
certaines sur le reste de sa vie et sur sa aperçoit déjà cette différence dans leurs
mort. Saint Jérôme le fait mourir à l'âge généalogies du Sauveur, Matthieu faisant
de quatre-vingt-quatre ans ; d'après Epi remonter les ancêtres de Jésus jusqu'à
phane, il aurait prêché l'évangile en Dal Abraham , le père des Juifs, Luc les
matie et dans les Gaules, et d'après Nicé comptant jusqu'à Adam, le père des hom
phore il aurait souffert le martyre en mes; Matthieu ne parle que des douze apô
Grèce. Les pères de l'Eglise lui connais tres représentants des douze tribus, tan
saient déjà passablement de tombeaux, à dis que Luc y joint les soixante-dix dis
Thèbes, en Béotie, en Bithynie, à Ephè ciples représentants de l'humanité : Mat
se, à Elée, dans le Péloponèse, etc.; on thieu insiste partout sur le caractère juif
sait l'estime qu'on devra faire de ces re du Messie, Luc sur son caractère humain,
liqués. évitant de raconter ce qui aurait pu faire
C'est probablement à Rome, avant la de son œuvre une œuvre particulière,
rédaction des Actes, et par conséquent une mission juive. Saint Luc a aussi dans
dans les deux premières années de son sé la forme, quelque chose de plus intime,
jour, que Luc aura écrit l'évangile auquel de plus affectueux, son Messie est plus
la tradition unanime a donné son nom. un Sauveur qu'un Roi ; il raconte volon
On le conclut de ce que les deux ouvra tiers ses conversations plutôt que ses
ges sont adressés à la même personne, discours, et fait parler les interlocuteurs,
Théophile(q.v.), qui était Romain, et dont enregistrant leurs questions et leurs ré
saint Luc avait sans doute fait la con ponses ; il s'attache aux détails, il raconte
naissance à Rome même ; l'auteur entre la naissance de Jean-Baptiste et celle du
dans beaucoup de détails sur la géogra Sauveur, le premier entretien de Jésus
phie et l'archéologie juives, qu'il paraît dans le temple , la résurrection du jeune
supposer peu connues de son lecteur, homme de Naïn, l'envoi des soixante-dix,
tandis qu'il passe en courant et sans ex la parabole du Samaritain miséricordieux,
plications ni indications aucunes, sur tout l'histoire de Marthe et Marie, la guérison
ce qui regarde la topographie de l'Italie, des dix lépreux, la visite de Jésus à Za
comme étant trop connu pour qu'il faille chée, la conversion du brigand sur la
caractériser ou préciser : arrivé au séjour croix, la rencontre qui eut lieu sur le
de Paul à Rome, le narrateur s'arrête et chemin d'Emmaüs , il donne un récit cir
ne dit presque rien des épreuves, de l'ac constancié et suivi d'un grand voyage
tion et de la vie de Paul, ce qui n'eût pas missionnaire de Jésus, et parle souvent
manqué d'intéresser les lecteurs de Jéru de la miséricorde divine et de l'efficacité
salem si Luc eût écrit pour eux, mais ce de la prière.
qui était aussi superflu pour des lecteurs L'authenticité de cet évangile n'a guère
romains qui étaient autant que Luc au été contestée, et même les hérétiques an
courant des affaires de Paul. Nous avons timosaïques, tels que Marcion, l'ont re
parlé des Actes à leur article ; quant à connue, comme cela était assez naturel à
l'évangile, bien qu'il ait assez de rapports cause de sa tendance antijudaïque, tandis
avec ceux de Matthieu et de Marc déjà qu'ils rejetaient les trois autres évangi
LUD 582 LUN •

les; mais encore l'ont-ils tronqué en plus Jér. 46, 9., à la solde des Egyptiens :
d'un endroit, comme l'ont remarqué Ter Esaïe les appelle gens tirant de l'arc, 66,
tullien et Epiphane, partout où les paroles 19., c'est pourquoi Bochart les prend
du Messie étaient en désaccord avec leurs pour les Ethiopiens qui, selon les an
vues exagérées sur la loi et l'Ancien Tes ciens auteurs (Hérodote 7, 69.), avaient
tament. (v. Olshausen, uber die Evang.) pour arme principale un arc de 4 aunes
Les Actes des apôtres sont la suite im de longueur, au moyen duquel ils tiraient
médiate et naturelle des Actes du maître ; des flèches courtes, munies de pierres
saint Luc les a écrits sans doute peu de aiguës. Cependant leur demeure ne peut
temps après son premier ouvrage, et a être déterminée avec parfaite certitude ;
réuni l'un à l'autre par le court avant Michaélis compare les Luday, sur la côte
propos qui est en tête du second livre. Occidentale de l'Afrique au sud de Ma
Outre ces deux ouvrages, on a attri roc, et le fleuve Laud qui coule vers la
bué à ce disciple la composition de l'épi Tingitane (Tanger); cette opinion, et celle
tre aux Hébreuac, q. v., ainsi que celle de Hitzig, qui voit dans les Ludim les
d'autres écrits que nous ne possédons Lybiens, sont moins probables que celle
plus. de Bochart, adoptée par Calmet, Winer,
LUCHITH. Ville des Moabites, Es. 15, Dahler, Preiswerk (Morgenl.), Schrœ
5. Jér. 48, 5.; suivant Eusèbe et saint Jé der, etc.
rôme, elle était située dans une contrée 2° Gen. 10, 22., peuplade sémite nom
montagneuse, entre Aréopolis et Tsohar, mée entre Arpacsad et Aram, selon toute
et portait encore de leur temps son an probabilité les Lydiens (Josèphe, Eusèbe,
cien nom. saint Jérôme, Bochart, Calmet, Winer,
LUCIUS de Cyrène, prophète et doc etc.). La Lydie , royaume célèbre sous
teur de l'Eglise d'Antioche en Syrie, Act. Crésus, est une province de l'Asie Mi
13, 1., et parent de Paul, Rom. 16, 21.; neure ; Sardes en était la métropole, et
selon quelques auteurs, il aurait été l'un l'on y trouvait encore Ephèse et Smyrne.
des soixante-dix disciples. Origène, Cal LUNATIQUES. v. Possession.
met, et d'autres encore, distinguent deux LUNE. Ce grand luminaire fut créé au
Lucius, et croient que celui dont il est quatrième jour pour dominer sur la nuit,
parlé dans les Romains est le même que et pour servir de signe pour les saisons,
saint Luc l'évangéliste; mais rien ne justi les jours et les années, Gen. 1, 16. Ser
fie cette opinion, le nom de Lucius n'était vante de la terre, elle fut bientôt érigée
pas de nature à être abrégé, et si Luc est en maîtresse et reine du ciel par l'idolà
une abréviation, il dérive de Lucain et trie : on lui attribua une puissante in
non de Lucius ; d'ailleurs au moment où fluence sur la fécondité du sol et sur le
Paul écrivait de Corinthe aux Romains, Sort des hommes, et dans les siècles de
Luc n'était pas avec lui, mais plutôt à la plus haute antiquité elle était déjà l'ob
Philippes, Act. 20, 2. 6.; de plus, si Luc jet d'un culte impie, v. Job 31, 26. Les
est appelé compagnon d'œuvre de saint Egyptiens l'adorèrent d'abord sous le
Paul, Philém. 24., Lucius n'est appelé que nom d'Io, et plus tard sous celui d'Isis ;
son parent, dans l'épître aux Romains, et les Israélites malgré la défense for
où il eût pu être appelé son compagnon melle de la loi, Deut. 4, 19. 17, 3., lui fi
d'œuvre comme l'est Timothée ; enfin rent aussi des offrandes, Jér. 8, 2. 19,
pourquoi Paul caractériserait-il la même 13.2 Rois 21, 3., qui consistaient princi
personne de deux manières si différentes palement en encensements, en libations
dans le passage des Romains, et Col. 4, et en gâteaux de miel ayant la forme de
14. ! croissants, Jér. 7, 18. 44, 17. 19. cf. Hé
LUD, le pays, et Ludim, les habitants. rodote 8, 41. La lune comptait aussi des
1° Gen. 10, 13., le premier des descen adorateurs en Arabie (Bochart, Phaleg 2,
dants de Mitsraïm , nommé à côté de Put 19.); les Romains lui rendaient un culte
frère de Mitsraïm, Ez. 27, 10. 30, 5.; ils sous le nom d'Hécate, la même que Diane,
font la guerre au service des Tyriens, et avec cette seule exception que Diane etait
• LUN 583 LUN

chaste, tandis que la première était répu repos qui avaient leur place au commen
tée pour ses aventures galantes.Macrobe, cement de chaque mois, l'année juive
dans ses Saturnales, affirme que pour sa étant supputée en mois lunaires ; elles
crifier à la lune les hommes se déguisaient étaient en quelque sorte des sabbats de
en femmes et les femmes en hommes, et mois, comme le samedi était le sabbat de
Maïmonides croit que c'est une des rai la semaine. Les Juifs se reposaient alors
sons pour lesquelles Dieu avait défendu de leur travaux, et consacraient en entier
aux Juifs ce double travestissement. Sur ces jours au service de Dieu. On offrait
les rapports de la lune avec Astarté, v. au sanctuaire des sacrifices spéciaux,
Bahal et Caldée. Quant à la reine des Nomb. 10 et 28, 11-15. cf. 1 Chr. 23, 31.
cieux dont parle Jérémie, 44, 18., il pa 2 Chr. 2, 4.8, 13. 31, 3. Esd. 3, 5. Néh.
rait, malgré l'opposition de quelques sa 10, 33.; le peuple se rassemblait en as
vants (v. Gesenius), que c'est de la lune semblée solennelle, Es. 1, 13. Ez. 46,
qu'il est question, et non point de la bril 1., et les sacrificateurs sonnaient des
lante planète de Vénus, ou de l'armée des trOmpettes sur les holocaustes, Nomb.
cieux en général. Le passage, Ps. 121, 6., 10, 10. cf. Ps. 81 , 4. On faisait des
semble se rapporter à l'influence maligne, banquets sacrés, et l'on se réjouissait
ou réputée maligne, de la lune sur ceux d'une sainte joie ; un festin avait lieu à la
qui dorment en plein air, sous le ciel pur cour de Saül, 1 Sam. 20, 5. 24., et les
et serein de l'Orient, ou sur la vue de plus pieux cessaient de jeûner ; il n'y
ceux qui la fixent trop souvent lorsqu'elle avait ni travail ni commerce, Am. 8, 5.
brille de tout son éclat. « L'astrologie Néh. 10, 31. On faisait la lecture de la
naturelle, dit Calvin, montrera bien que parole de Dieu, 2 Rois 4, 23. Cette fête,
les corps d'ici-bas prennent quelque in à cause de son importance , et peut-être
fluxion de la lune, parce que les huîtres aussi à cause de son analogie éloignée
se remplissent ou se vident avec icelle ; avec le sabbat, est souvent nommée à côté
pareillement, que les os sont pleins de du jour du Seigneur, 2 Rois 4, 23. Am.
moelle ou en ont moins selon qu'elle 8, 5. cf. Os. 2, 11.Col. 2, 16. Chaque sep
croît ou diminue. » Dans tous les cas, et tième néoménie (nouvelle lune), comme
quoi qu'il en soit, le psalmiste annonçant le sabbat d'une semaine de mois, était
que le soleil ne donnera pas sur l'homme célébrée d'une manière plus solennelle,
· pieux de jour, ni la lune de nuit, parle le avec un holocauste de plus ; c'était un
langage de son pays et de son temps, et mémorial de jubilation, Lév. 23, 24.
veut indiquer d'une manière générale, Nomb. 29, 1. — Tacite (Germ. 11), et
qu'il sera préservé de tout accident fâ d'autres auteurs parlent d'un usage pa
cheux, de toute influence malveillante, reil chez quelques peuples de l'antiquité,
soit que cette influence existe, soit qu'il de prières adressées à la nouvelle lune,
y crût lui-même, soit qu'il eût simplement et de festins joyeux, célébrés le jour où
égard à une certaine crainte populaire le sacrificateur chargé de cet office an
mais indéterminée, comme le sont pres nonçait publiquement que la reine des
que toutes les superstitions, soit enfin cieux recommençait à croître ; il ne s'a-
qu'il eût le pressentiment de cette nou gissait évidemment pas de la détermina
velle terre où il n'y aura plus ni jour ni tion mathématique de la conjonction de
nuit.— L'obscurcissement du soleil et de la lune et du soleil, mais de la phase ap
la lune (et il n'est pas nécessaire d'en parente et du croissant visible. — Les
tendre par là des éclipses), est fréquem Juifs modernes n'ont pas abandonné cette
ment indiqué comme devant accompa tradition de la loi, mais ils n'interrom
gner de grands événements, la chute de pent pas pour cela leurs travaux ni leurs
l'empire assyrien, de Babylone, et la fin affaires ; les femmes seules ne font rien
du monde, Es. 13, 10. 24, 23. Ez. 32, 7. ce jour-là : le soir après le renouvel
Joel 2, 10. 3, 15. lement de la lune, dès qu'ils aperçoi
Les Juifs célébraient les nouvelles lu vent le croissant, ils se rassemblent pour
nes , c'étaient des jours de fête et de faire une prière à Dieu, dans laquelle ils
LYC 584 LYD "

Fappellent créateur des planètes, et res caonienne, Act. 14, 11., était, d'après
taurateur de la nouvelle lune ; ils font en Jablonsky, une espèce d'assyrien; d'au
même temps une commèmoration de Da tres croient que c'était un grec corrompu;
vid, et se séparent après s'être salués. le problème n'est pas résolu, et ne se ré
LUZ, ancien nom de Béthel (q. v.), soudra pas. — Selon Pline, un petit dis
Gen. 28, 19. 35, 6. Jos. 18, 13. Jug. 1, trict à l'orient du pays, du côté de la
23., située sur les frontières de la tribu Cappadoce, aurait cependant conservé le
de Benjamin, mais sans qu'on en puisse nom politique de Lycaonie; il y place
déterminer la position. C'est la famille Thebasa sur le Taurus, et Hyde sur les
de Joseph qui la conquit après l'avoir fait frontières de la Galatie et de la Cappa
explorer ; une famille de Luzites ayant doce ; Ptolémée y ajoute encore Iconium.
été épargnée dans le massacre général, LYCIE, Act. 27, 5., province de l'Asie
à cause d'un service que son chef avait Mineure, sur la côte sud-ouest, et vis-à-
rendu aux espions de Joseph, elle se re vis de Rhodes; elle appartenait encore à
tira au pays des Héthiens, et y bâtit une la rêgion du mont Taurus, qui formait
ville qui fut nommée Luz en souvenir de sa frontière nord-ouest, et la séparait, en
l'ancienne, mais on ne sait où il faut la allant vers le sud, de la Pisidie et de la
chercher ; Rosenmuller pense à Luza, Pamphylie; un bras de cette chaîne s'a-
qu'Eusèbe place à 3 milles de Sichem ; vançait dans l'intérieur du pays, sous le
l'opinion de Studer qui la cherche sur nom de Kragus, parallèlement au Tau
les côtes de la Phénicie, quoique non rus; entre les deux, coulait le Xanthe,
prouvée, serait plus probable. célébré par les poètes de l'antiquité. La
LYCAONIE, province de l'Asie Mi Lycie était donc une contrée monta
neure, dans laquelle se trouvaient, d'a- gneuse, malgré quelques plaines et quel
près Act. 14, 6.11., les villes de Lystre et ques ports; à l'ouest, elle avait la Carie;
de Derbe, qui, cependant, appartenaient Telmesse êtait la dernière ville dans cette
alors d'une manière plus exacte à la Ga direction ; au nord et au nord-est, la
latie ; car cette dernière province en avait Phrygie et la Pisidie; à l'est, la Pamphy
absorbé quelques autres plus petites, et lie; au sud, la Méditerranée, appelée aus
le nom de Lycaonie n'avait conservé au si mer Lycienne près des côtes, qui sont
cune valeur politique ou diplomatique ; il escarpées et rudes, mais munies de ports
s'employait dans les relations ordinaires commodes. Son sol et son climat sont à
et dans la conversation, comme renfer peu près les mêmes qu'en Cilicie : la terre
mant une idée géographique connue et n'était pas sans fertilité ; cependant, c'est
déterminée, de même qu'on dit en France du voisinage de la mer, plus que de la
le Languedoc, la Provence ou le Limou culture du sol, que les Lyciens, toujours
sin, et surtout comme on emploierait les réputés bons marins, au dire d'Hérodote,
noms des départements si l'ancienne di tiraient les plus grands avantages. Parmi
vision géographique venait à être réta les villes assez nombreuses de cette con
blie. La Lycaonie appartenait au plateau trée, le Nouveau Testament nomme Pa
du Taurus qui la séparait, au midi, de la tara, la capitale, Phaselis et Myra, q. v. —
Cilicie; c'était une longue plaine acci Longtemps cette peuplade républicaine
dentée, située entre deux chaînes de sut, par sa conduite sage et les alliances
montagnes, et dont le sol, fortement im que ses villes avaient formées entre elles,
prégné de matières salines, n'offrait que défendre sa liberté contre les tentatives
fort peu de sources potables, au point des Romains ; mais l'empereur Claude
que, dans quelques endroits, l'eau était réussit enfin à la soumettre à son scep
devenue une marchandise : mais les pâtu tre, et la fit administrer par un président
rages y étaient d'autant meilleurs, et le ou légat, conjointement avec la Pam
commerce du menu bétail y avait acquis phylie.
une grande importance. On trouvait LYDDE. v. Lod.
beaucoup d'ânes sauvages errants dans LYDIE. 1° Province de l'Asie Mineure
les districts montagneux. La langue ly qu'Antiochus-le-Grand, vaincu par les
LYD 585 LYS
Romains, dut abandonner à leur allié, mille. Unie ainsi aux apôtres par le lien
Eumènes, roi de Pergame. Elle avait été de la foi, elle insiste auprès d'eux (Paul,
le centre d'un grand empire, dont le der Luc et Silas), pour qu'abandonnant le lo
nier roi, Crésus, vaincu par Cyrus, 548 gis mercenaire qu'ils occupent dans Phi
av. C., est bien connu. A la mort d'At lippes, ils viennent demeurer chez elle,
talus lII Philométor (133 av. C.), la Ly et y goûter les douceurs de l'hospitalité
die, avec toute la contrée circonvoisine chrétienne. Sa maison paraît être deve
soumise à la couronne de Pergame, passa nue le centre du petit troupeau qui se
Sous la domination immédiate des Ro forma dans cette ville, et cOnserVa pour
mains, et fut dès lors considérée comme saint Paul un vif sentiment d'affection,
une partie de la province d'Asie. Son qui se perpétua chez tous ceux qui se
territoire s'étendait, à l'exception des joignirent plus tard à cette première fa
villes de la côte ionienne, depuis le pro mille chrétienne. (v. Rilliet, Comm. aux
montoire de Mycale jusqu'à l'embouchure Philipp., p. 17-20).
de l'Hermus ; sa frontière septentrionale LYRE. v. Musique et Harpe.
aturelle était un bras de la chaîne du LYS. C'est de cette fleur magnifique et
aurus, tandis qu'à l'orient et au midi, pure qu'il est sans doute parlé 1 Rois 7,
un autre embranchement de la même 19. 22. 26, 2 Chr. 4, 5. Cant. 2, 2. 16.
chaîne, longeant la rive droite du Méan 4, 5. 5, 13. 6, 2. 3. 7, 2. (mal traduit
dre, séparait la Lydie de la Phrygie et de muguet dans nos versions). Os. 14, 5.
la Carie.Une autre montagne, le Tmolus, Matth. 6, 28. Luc 12,27; elle a fourni au
traversait la contrée, qui avait cependant Cantique de Salomon de belles images, et
aussi quelques plaines considérables, et aux ornements du temple de beaux mO
jouissait d'un climat agréable et d'une dèles. Le lys (Cl. VI. Monogynie de Lin
grande fertilité. Parmi les villes lydien née) a un périgone de six feuilles qui,
nes, le Nouveau Testament nomme Sar soudées par le bas en forme de cloche,
des, Thyatire et Philadelphie.Les Lydiens se séparent, en s'évasant vers les bords,
apparaissent déjà dans l'Ancien Testa comme une couronne. ll croît, sans cul
ment sous le nom de Lud; très réputés ture, dans les campagnes de la Judée, où
pour leur habileté industrielle, pour leurs il a fourni à notre Sauveur une de ses
magnifiques travaux de pourpre et pour plus touchantes comparaisons sur la sol
l'étendue de leur commerce, ils s'amolli licitude universelle de la Providence di
rent et s'efféminèrent sous la domination vine. On en trouve de blancs, de rouges,
des Perses (Hérodote). de jaunes et d'orangés. ll y a des lys de
2° Nom propre d'une marchande de jardins et des lys de montagnes, des lys
pourpre de Thyatire, établie à Philippes, de neige et des lys de feu.— Selon quel
en Macédoine. Païenne de naissance, ques auteurs cependant (Souciet), c'est de
mais prosélyte juive, elle suivait assidû la couronne impériale (fritellaria) qu'il
ment le culte du vrai Dieu : c'était hors serait parlé dans l'Ecriture, autrement
de la ville, dans un lieu sans doute mo nommée encore lys royal, lys persique,
deste, et près du fleuve Strymon ; car les le tusaï ou tusac des Perses, dont la fleur
Juifs de la dispersion, souvent persécu ne diffère guère de celle du lys que par
tés ou difficilement tolérés, n'avaient pas sa couleur rouge-brun, et parCe qu'elle
partout, dans les villes, des synagogues s'incline, et se renverse presque comme
ou des lieux de culte réguliers ; ils se une couronne, à l'extrémité de la tige qui
réunissaient comme ils pouvaient, en est surmontée par un toupet de feuilles ;
plein air, peut-être dans des lieux consa la tige est environ de la grosseur du
crés à d'autres objets, et recherchaient doigt, ronde, d'un pourpre foncé, et
volontiers le voisinage des rivières plus haute d'un mètre. La fleur est souvent
favorable aux ablutions. C'est dans une double, et le nombre, comme l'ordre de
de ces réunions que Lydie entendit saint ses feuilles, est assez variable dans ce
Paul; le Seigneur lui ouvrit le cœur : elle cas. Chaque feuille de cette fleur a, dans
fut convertie et baptisée avec toute sa fa le fond, une glande qui sécrète une hu
LYS 586 LYS

meur aqueuse, laquelle se forme ordinai Luc peut et doit suffire, quand 0n serr
rement, vers le milieu du jour, en une pelle son exactitude ordinaire et l hi
perle très blanche, et distille peu à peu lité avec laquelle, originaire d'Anti0ch d
des gouttes d'eau très pures et très voisin d'Abilène, il aura pu c0nnaitre tl
claires; c'est à cause de cette particularité, détail l'histoire de cette petite tétrarchie,
comparée avec Cant. 5, 13. (elles distil LYSIAS (Claude), Act. 23,26, Chilir
lent la myrrhe franche), que quelques au que romain, tribun commandant de l
teurs, notamment Rosenmuller, ont cru garnison qui se trouvait à Jérusalem dans
devoir traduire l'hébreu shushan par cou la forteresse Antonia, et à la tête de h
ronne impériale. Cette traduction con quelle il était placé en l'absente du
vient dans tous les passages cités, mais gouverneur Félix, lorsque au cinquitmt
le lys va également bien : peut-être le voyage de Paul dans cette ville, il futap
même mot peut-il s'appliquer aux deux pelé à intervenir entre lui etle peuple l
fleurs, à cause de leurs divers rapports s'empara de l'apôtre et le fit charger #
extérieurs ; mais l'accord des anciens fa chaînes, puis l'interrogea sur les mºis
vorise davantage la traduction lys : on de son arrestation; il croyait tenir !
sait, d'ailleurs, combien cette fleur était prisonnier célèbre, un Egyptien luiquº
recherchée, ainsi que la rose (v. Virg.
quesjours auparavant, avait excitéunest
Egl. 10,25.), et l'excellent parfum que les dition et emmené au désert 4,000 Mº
anciens savaient en préparer (Plin. 15, mes. La défense de l'accusé n'ayant º
7.). Le nom hébreu de cette plante si répondu à l'attente du tribun, celuiºiº
gnifie six, et vient peut-être du nombre lait lui faire donner la question qº !
de ses feuilles, peut-être aussi de la Su apprit que Paul était Romain; le leº
siane, province persane, d'où les lys pa main il le fit comparaître devantlesº
raissent avoir été importés en Palestine ; drin ; mais ces magistrats comme le Pº
ce peuvent aussi n'être là que des rap ple ne trouvèrent que des cris, desº
ports accidentels d'assonance. Quelques férations, des menaces et des violº
psaumes, 45, 1., etc., portent pour épi opposer à la vérité. Lysias dut derº
graphe : • pour le chanter sur sosan faire protéger Paul militairement lº
nim ; » Jérôme et Aquila traduisent ce seconde comparution devait avoit lº
mot par lys , il vaut mieux, peut-être, mais ce n'était qu'un prétexte pourſ -
entendre par là un instrument à six cor nir à une quarantaine d'assassins lº
des. v. cet art. sion d'enlever et de tuer Paul lº
LYSANIAS, gouverneur ou tétrarque fut averti de ce complot par le nººº
de l'Abilène lorsque Jean-Baptiste com l'apôtre et prit ses mesures entº
mença sa mission, n'est nommé que Luc 3, quence : 470 hommes, archers et º
1., et nulle part dans l'histoire profane; on liers, furent commandés pour condº
pense qu'il était fils ou petit-fils d'un autre l'apôtre en sûreté à Césarée Strat0isº
Lysanias qui fut mis à mort par Marc An bord de la mer, et le remettreenºº
toine (34 av. C.), et donna une partie de mains de Félix à qui Lysias écrivilº
son royaume à Cléopâtre. Paulus et d'au lettre favorable à l'accusé. - Toulº !
tres rationalistes ont VOulu conclure du conduite de Lysias est digne d'unlº
silence de l'histoire et de Josèphe en par soldat; ignorant de bien des choses !º
ticulier, que le nom de Lysanias dans le comprend rien aux questions théºlº
passage de saint Luc, était une erreur, ques juives, il prend Paul pour un º
lutionnaire égyptien, il s'étonne dº
une faute de copiste, et qu'il fallait lire :
. Philippe, tétrarque de l'Iturée, de laprendre qu'il sait le grec, il nesinfº
Trachonite et de l'Abilène de Lysanias, pas même sison prisonnier est Romiiºº
c'est-à-dire de l'ancienne Abilène ; » mais veut procéder avec lui de la manièreº
ce n'est qu'une supposition, et l'accord dinaire dont on traitait les étrangºº
des manuscrits la repousse; il n'y avait mais tout est chez lui ferme, jusle d
aucune raison pour que Josèphe parlât de loyal; il s'assure du prévenu autant pº
ce Lysanias, et le témoignage de saint le protéger que pour s'en emparer d
LYS 587 LYS

toujours il le traite avec convenance, le selon le monde, aient recherché ou goûté


soustrait à la fureur du peuple, à celle du la vérité, car hélas! dans ce monde, l'hon
conseil, à celle des conjurés ; il traite neur et les vertus naturelles ne tiennent
amicalement le neveu du prisonnier, l'é- que trop souvent lieu de religion.
coute, prend d'énergiques mesures pour LYSTRE. Ville de Lycaonie, lieu de
que la justice puisse avoir son libre cours, naissance de Timothée, non loin de Der
et recommande, dans son préavis à Félix, be et d'Iconium, Act. 14, 6.21. 16, 1.2
le prévenu qu'il regarde comme innocent. Tim. 3, 11. C'est là que Paul et Barnabas,
Quelle différence entre cette conduite et ayant guéri un homme impotent de ses
celle d'un Hérode, d'un Pilate, ou d'un pieds dès sa naissance, furent adorés à
membre du sanhédrin ! c'est parmi les l'égal des dieux par la foule, qui voyait
païens que l'apôtre de la vérité, persécuté en eux Mercure et Jupiter, puis bientôt
par les siens, a trouvé les protecteurs les bientôt après lapidés sur la suggestion de
plus fermes et les plus honorables, Lysias quelques Juifs Pline joint cette ville à la
et Jules le centenier ; toutefois il ne pa Galatie ; on trouve maintenant à sa place
raît pas que ces hommes si honorables un petit bourg nommé Latik.

FIN DU PREMIER VOLUME.


DICTIONNAIRE

DE LA BIBLE OU

CONCORDANCE RAISONNÉE

SAINTES ÉCRITURES
CoNTENANT, EN PLUs DE 4,000 ARTICLEs :
1. La Biographie sacrée ; — 2. L'Histoire sainte ; — 3. L'Archéologie biblique ; — 4. La Géographie biblique ; -
5. L'Histoire naturelle biblique, la Botanique, la Zoologie et la Géologie ;— 6. L'Esprit de la législation mosaique ;
— 7.Des Introductions spéciales aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament; — s. Des Essais sur diverses
portions des Ecritures ; — 9. L'Interprétation et l'explication d'un grand nombre de passages obscurs on mal
traduits ; — 10. Des Directions pour l'étude de la prophétie, etc.

PAR

JEAN. AUGUSTIN B0ST


PAST EU R.

TOME SEC 0ND.

PA R IS

LIBRAIRIE PROTESTANTE,
RUE TRoNCHET , 2.

IMPRIMERIE DE MARC DUCLOUX ET CoMPAGNIE,


R U E s A 1 N T - B E N o 1T , 7.

1s49
DICTIONNAIRE

DE LA B| BLE
OU

CONCORDANCE RAISONNÉE
D ES

SAINTES ÉCRITURES

MAC

MAATH, Luc 3, 26., fils de Mattathie, Les démarches politiques de ce dernier


l'un des ancêtres de Jésus par Marie ;in l'ayant rendu suspect au sénat romain, la
COIlIlll. guerre lui fut déclarée, et malgré quel
MACÉDOINE, pays bien connu dans ques premiers succès, la Macédoine fut
l'histoire ancienne, mais dont les fron vaincue et soumise par Paul Emile (168
tières varièrent souvent à la suite des av. C.); elle fut partagée en quatre pro
guerres que ses possesseurs soutinrent, vinces, et son indépendance momentané
heureusement contre les Perses, avec ment conservée; mais les dissensions et
perte contre les Romains. Sous ses pre la rivalité de deux prétendants au trône
miers rois, avant Philippe le père d'A- nécessitèrent bientôt une nouvelle inter
lexandre, elle était très resserrée, ayant vention des armes romaines, et la Macé
au nord la Dardanie, à l'est la Thrace, au doine fut définitivement constituée en
sud la Thessalie, à l'ouest l'Illyrie; Phi province proconsulaire de l'empire ro
lippe recula ses bornes au-delà du fleuve main ; c'est sous cette forme qu'elle ap
Strymon et y réunit la Thessalie ainsi paraît dans le Nouveau Testament, Act.
qu'une partie de l'Epire et de la Thrace. 16, 9. 18, 5. 19, 21. Rom. 15, 26.2 Cor.
Les nombreuses montagnes qui l'entou 1, 16. 11, 9. Phil. 4, 15.; son nom est
raient et la traversaient en divers sens, joint à celui de l'Achaïe, 2 Cor. 9, 2. !
renfermaient beaucoup de mines d'airain Thess. 1, 8. Ses quatre villes principales
et donnaient naissance à plusieurs fleuves étaient Amphipolis, Thessalonique, Pella
qui assuraient au pays une grande ferti et Pélagonie; le Nouveau Testament
lité, et enrichissaient ainsi ses plaines et nomme encore Philippes, Néapolis, Apol
ses vallées. Parmi les rois qui gouver lonie et Bérée, q. v. — v. aussi Kittim.
nèrent la Macédoine, deux sont nommés MACTES, Soph. 1, 11., nom propre
1 Macc. 8, 5., Philippe III (V) et Persée. peut-être d'une vallée près de Jérusalem;
II. 1
MAD 2 MAD

saint Jérôme pense à celle de Siloh, le listins, Jug. 8, 3. 12. 6, 2.; mais enfin
paraphraste caldéen à celle de Cédron, Gédéon les surprit dans les plaines de
Rosenmuller à celle des faiseurs de fro Jizréhel où ils s'étaient rassemblés, Jug.
mage, v. Jérusalem ; ce sont autant de 6, 33., et les repoussa au-delà du fleuve
suppositions en l'air. Le nom de Mactès, au sud de Scythopolis, les frappa de re
qui signifie alvéole, a fait croire à quel chef dans le voisinage de Succoth et en
ques auteurs (Calmet) que ce lieu était le délivra définitivement le peuple dont il
, même que Ramath-Léhi, où Samson vit était juge, 7 et 8; cf. Ps. 88, 9.41. Es.
s'ouvrir une dent de laquelle jaillit une 9, 3. 10, 26. Hab. 3, 7. Leur nom est en
fontaine; c'est une explication un peu core rappelé comme celui d'un peuple
forcée ; le mieux est certainement de ne commercant, Es. 60, 6., dans un passage
rien décider. où le prophète, parlant des temps messia
MADIAN, Madianites. Peuplade arabe niques, et racontant quelle sera alors la
descendue d'Abraham par Kétura, Gen. gloire finale du peuple juif, dit que toutes
25, 2. 4. Elle ne tarda pas à se répandre les nations s'empresseront de venir dé
et à devenir forte et commerçante, puis poser devant lui leurs tributs.
qu'aux jours de Jacob, nous voyons déjà , Il est difficile de déterminer exactement
les Madianites formés en caravane, tra d'après l'Ecriture, le territoire qu'occu
verser le désert pour se rendre de Galaad pait cette peuplade , les géographes arabes
en Egypte, au travers de la Palestine, du moyen âge (Edrisi et Abulféda) parlent
Gen. 37, 28. 36. Ils paraissent avoir ha des ruines d'une ville nommée Madian
bité d'abord, comme bergers nomades, qui était située sur les côtes orientales du
les vastes plaines de l'Arabie Pétrée, voi golfe élanitique ;Jospèhe connaît de même
sines de l'Egypte, Ex. 2, 15.; ils vivaient une ville Madiène au bord de la mer Rouge,
sous l'autorité d'un chef à la fois sacrifi ce qui placerait le pays de Madian entre
cateur et prince, Jéthro, et poussaient la partie du golfe d'Arabie, l'Arabie Heu
leurs troupeaux jusqu'aux environs du reuse, et les plaines de Moab. On com
mont Sinaï, 3, 1. Cependant ils ne s'y prendrait, dans ce cas, que les Madianites
trouvaient pas au moment où les lsraé aient pu faire le commerce de caravane
lites traversèrent le désert, et Jéthro, entre l'Egypte et l'Arabie ; mais il reste
parent de Moïse, dut quitter les lieux douteux que ce soit là qu'on doive cher
qu'il habitait pour venir à la rencontre cher cette peuplade sous Jéthro, d'autant
de celui-ci, Ex. 18, 1. Nomb. 10, 29. Plus plus qu'à une époque postérieure, 1 Rois
tard nous les trOuvOns à l'orient de la 11, 18., Madian est placé entre les Edo
terre promise, dans les plaines de Moab, mites et le désert de Paran. ll vaut donc
ou de bonne heure déjà des conflits mieux admettre qu'à côté des Madianites
avaient eu lieu entre les Moabites et les proprement dits, qui formaient comme le
Madianites, Gen. 36, 35.; alors ces deux corps de la nation, et dont le territoire
peuples sont alliés, et ils s'unissent dans était au sud de Moab, il se trouvait une
le mal pour séduire Israël et le perdre, autre peuplade, plus nomade, détachée de
Nomb. 22; issus d'Abraham, ils devaient la grande famille, ou d une souche diffé
être épargnés par leurs frères d'Israël, rente, qui habitait les déserts de l'Arabie
mais les honteuses machinations dont ils entre Canaan, Edom et le mont Sinaï;
se rendirent coupables attirèrent sur eux c'est l'opinion de Rosenmuller. Quelques
la vengeance divine; Moïse les attaqua et auteurs (Calmet) admettent qu'outre Ma
en fit un grand carnage, Nomb. 25 et 31, dian fils d'Abraham , il y avait un autre
cf. Jos. 13, 21. Sous les juges, lorsque Madian fils de Cus, et ils se fondent sur
les Israélites furent définitivement établis ce que Séphora fille de Jéthro et femme
en Canaan, les Madianites alliés aux Ha de Moïse, est appelée cusite (éthiopienne),
malécites et à d'autres hordes arabes, Nomb. 12, 1., bien qu'elle fût Madianite,
firent de fréquentes incursions sur leur si toutefois c'est de Séphora qu'il s'agit
territoire et ravagèrent leurs moissons dans ce passage, ce qui est incertain; ils
jusque sur la frontière du pays des Phi-' comparent encore Hab. 3, 7., où Madian '
MAG 3 MAG

est nommé comm.e voisin ou parent de nait, à ce qu'on croit, au territoire de


Cus ou Cusan. Toutefois cette question Magdala.
est obscure et ne peut être décidée. MAGES. Ce mot est mède ou persan,
Les Madianites furent d'abord gouver et signifie grand , il désignait primitive
nés par des anciens, Nomb. 22, 4., plus ment, comme nom propre, une tribu
tard par des princes et des rois, Nomb. mède qui avait en quelque sorte le mono
25, 15. 18. 31, 8.Jug. 7, 25. 8, 3., qui pa pole des choses saintes, le soin des ob
raissent au temps de Moïse avoir été tri jets relatifs au culte, et le devoir d'in
butaires de Sihon , roi des Amorrhéens, struire la jeunesse et l'âge mûr dans les
Jos. 13, 21. Ils étaient extrêmement nOm mystères de la superstition, comme la fa
breux, Jug. 6, 5.7, 12. 8, 10., possédaient mille de Lévi était chez les Hébreux la
une grande quantité de chameaux, Jug. tribu dépositaire des oracles de Dieu et
6, 5. 7, 12. Es. 60, 6. et avaient acquis chargée de la cure des âmes. La caste des
de fort bonne heure un grand bien-être mages passa des Mèdes chez les Perses, à
matériel par le commerce et l'élève des qui elle communiqua la civilisation ; elle
bestiaux, Jug. 8, 24. Leur divinité natio acquit bientôt un développement et une
nale était Bahal Péhor, q. v., Nomb. 25, 3. puissance prodigieuses, et accapara l'in
18. — Après l'exil leur nom se retrouve struction publique, la religion, la divina
encore, Judith 2, 16.; mais il disparaît dèstion et la magie ; ils jouirent d'un grand
lors pour se fondre avec celui d'Arabes, crédit auprès des rois, mais se servirent
plus général et plus connu. de leur influence pour intervenir dans la
MADMEN , ville de Moab, Jér. 48, 2. politique, et présidèrent à plusieurs révo
Cependant l'interprète alexandrin et la lutions (Hérodote 3, 61.), comme il est
Vulgate ont pris ce nom pour un appellatif, arrivé à tant d'ordres ecclésiastiques qui
et traduisent « tais-toi donc. » se sont rendus successivement aimables
MADMÉNA, Es. 10,31., ville inconnue, à force de souplesse, nécessaires à force
du voisinage de Jérusalem. d'habileté, et redoutables à force d'audace
MADON, ville royale des Cananéens et d'intrigues. Zoroastre, au septième siè
dans le nord de la Palestine ; Calmet cle avant l'ère chrétienne, introduisit plu
pense, mais sans motifs, qu'il faut lire sieurs réformes chez les mages mèdes, qui
Maron, et chercher cette ville dans le s'adonnaient particulièrement à l'astrolo
bourg Maronia en Syrie , à 30 milles est gie et à l'interprétation des songes; il les
d'Antioche, nommé par saint Jérôme, et divisa en trois classes, les herbeds ou
probablement le même que Maronée dont élèves, les mobeds ou maîtres, et les des
parle Ptolémée. turmobeds ou maîtres parfaits.
MAGDALA , Matth. 15, 39., petite Il est aussi parlé de mages chez les
ville de Galilée située à l'angle occiden Caldéens, Jér. 39, 3. 13., et les auteurs
tal du lac de Génésareth dans l'endroit profanes nous montrent la même caste
de sa plus grande largeur, à 5 kilom. de chez un grand nombre d'autres peuples
Tibériade, à 8 de la sortie du Jourdain, de l'antiquité : Pline parle de mages de
près de l'embouchure d'une petite rivière l'Arabie, de l'Egypte et de l'Ethiopie ;
qui ne tarit jamais, et au pied de rochers l'interprète grec Aquila donne le même
escarpés qui forment le bord du plateau, nom à ceux qui interrogeaient les morts,
et dans lesquels on remarque des grottes. Deut. 18, 11.; de même encore Théodo
Marie-Magdeleine devait son nom à cette tion pour désigner les astrologues de
bourgade ou elle était née, Luc 8, 2. On Babylone. Dan. 2, 2. - cf. Matth. 2, 1.
ne trouve plus maintenant qu'un miséra Il n'est pas à croire que les mages perses
ble village du nom de Medgel, qui ren et mèdes aient volontairement abandonné
ferme des ruines dont l'architecture indi leurs prérogatives à d'autres, mais on peut
que une très haute antiquité, entre autres suppOser que ce nom est devenu d'un
une tour (hébr. migdal)quiexpliquerait le usage plus étendu, et qu'il a servi plus
nom de Magdala donné à cet endroit. — tard à désigner d'une manière générale
Le village de Dalmanutha, q. v., apparte les sages d'autres nations : les Caldéens
MAG 4 MAG

appelaient probablement ainsi leurs sa qu'ils venaient d'Arabie; mais cette preu
vants, et Jérémie aura répété ce titre ve est ridicule; car de l'or, de la myrrhe
comme il l'avait entendu de leur bouche. et de l'encens, on peut en acheter par
Les Caldéens possédaient en effet une tout. L'opinion qui se justifie le plus est
caste de prêtres savants très distingués, celle qui les fait venir de Perse ou des
et organisés à peu près de la même ma contrées voisines de la Perse ;le système
nière que celle des Perses, cf. Jér. 50, de la religion Zend est celui des systèmes
35. Dan. 2, 12., et ils étaient indifférem païens qui renfermait peut-être le plus de
ment nommés mages ou caldéens par les germes de la vérité; on y trouvait, entre
Romains et les Grecs. Ils vivaient disper autres, l'idée d'un Sosiosh, d'un Ré
sés dans toutes les villes du pays, et pou dempteur qui devait venir. Les rapports
vaient posséder. Comme leur religion des Perses avec les Juifs avaient favorisé
etait passablement une affaire d'étoiles, pour eux une certaine fusion des doctri
Ils avaient construit de bonne heure sur nes israélitiques dans le système de leur
le temple de Bélus un observatoire qui religion populaire. L'étoile (q. v.) qui
était le complément obligé de leur culte; sert de guide aux mages, rappelle cette
c'est de là qu'ils prédisaient des calamités religion astronomique des Perses, et peut
publiques ou des bouleversements de la avoir été choisie de Dieu comme un
nature, lisant dans les astres, dans le vol flambeau qui ne leur était pas inconnu,
des oiseaux .. et dans les entrailles des et qui devait, plus sûrement qu'un autre,
victimes, tout à la fois prêtres, augures en tenant compte de leurs préoccupations
et devins, Es. 47, 9.13. Dan. 2. lls appa habituelles, les amener vers une lumière
raissent dans le livre de Daniel sous plu plus grande, la seule véritable ; enfin,
sieurs noms différents qui se rapportent peut-être, le souvenir des calculs de Da
sans doute aux différentes classes ou bran niel, qui avait été chef des mages, et dont
ches de l'ordre, à leurs diverses spécialités, les travaux avaient été sans doute étudiés
mais que nous ne sommes pas en mesure et médités par les plus fidèles de ses
de déterminer d'une manière précise (v. adhérents, aura contribué à donner aux
Haevernick, Comm. sur Dan.) Au-dessus mages cette assurance et cette foi qui ne
de la caste se trouvait un chef ou surinten les abandonna jamais, qui surprend celui
dant, Jér. 39, 3., et nous voyons que Da qui n'entend rien aux choses de Dieu,
niel, un étranger, un Hébreu, fut établi mais qui ne saurait étonner celui pour
dans cette haute dignité par la faveur qui la parole divine est une règle suffi
royale, Dan. 2, 4S. Sante de doctrine et de conduite. On sait
Le nom de mages fut donné plus tard, combien, d'après le témoignage des au
sous les Romains, à tout ce qui s'occu teurs profanes, le monde entier était
pait de théosophie ou de magie orientale, dans l'attente d'un roi puissant qui de
à tous les astrologues, devins et jongleurs vait se lever dans les mêmes contrées où
ambulants de l'Asie, qui joignaient à tous le soleil se lève; mais cette attente, vague
ces titres déjà usés, le mérite d'être un et incomprise chez ceux mêmes qui la
peu médecins. On voit par Act. 8, 9. 13, partageaient , était plus claire et plus
6. 8. qu'ils avaient pénétré bien avant grande chez les mages; le roi qu'ils at
dans la faveur et l'estime publique. tendaient n'était pas un conquérant qu'ils
On s'est perdu en conjectures pour sa dussent fuir, c'était un sauveur qu'ils de
voir quels pouvaient être les mages qui vaient chercher. L'ancienne église a vu,
vinrent chercher, pour l'adorer, le Sau dans cette visite des mages, la salutation
veur du monde, Matth. 2, 1. Ils venaient reconnaissante et respectueuse avec la
d'Orient, nous dit Matthieu, et cette ex quelle le monde païen devait accueillir
pression vague (v. 9), de mème que celle celui qui venait rompre la clôture de la
du verset 12, montrent qu'il ne pouvait, paroi mitoyenne, rendre à Dieu l'huma
ou qu'il ne voulait pas en dire davantage. nité, aux hommes l'espérance et leur
Quelques auteurs ont cru trouver, dans Dieu.
les dons qu'ils apportaient, une preuve La tradition, l'on ne sait trop pour
MAG 5 MAH

quoi, a fait de ces mages des rois, et a bataille au peuple de Dieu, pour essayer
fixé leur nombre à trois, qu'elle a bapti de l'anéantir. La prospérité d'Israël le
sés : Gaspard, Melchior et Balthasar. Ce tentera, la piété de ce peuple l'irritera; sa
seraient les seuls rois qui eussent adoré faiblesse enfin, ses villes sans murailles,
le Roi des rois pendant son séjour sur la ses portes sans verroux, ses habitants
terre, et rien ne justifie une tradition qui paisibles et sans méfiance, lui feront es
n'a pris naissance que tard, et que Cal pérer une victoire facile, un grand butin,
met et d'autres catholiques regardent à un grand pillage; mais cette guerre con
la fois comme indifférente en elle-même, tre les saints, que Magog estimera devoir
et sans fondement dans l'histoire. C'est être la dernière, le sera, en effet, mais
toujours la même passion de vouloir in autrement qu'il ne le pense. En prenant
troduire la grandeur terrestre dans la les armes, il renversera, comme Crésus,
grandeur céleste. un grand empire, mais le sien : Dieu se
L'adoration des mages a heureusement révèlera des cieux ; les tours et les mu
inspiré M. L. Delâtre dans un morceau railles seront abattues; les montagnes
de ses Chants de l'eacil (chez Gosselin) : seront renversées : tout ce qui respire
Le voyage est fini, l'étoile aux ailes d'or sera épouvanté ; Magog et son roi seront
Sur l'humble Bethléem arrête son essor, etc.
détruits ; Israël sera délivré ; ce sera la
MAGIE, Magiciens. v. Divinations, fin des tribulations du monde ; les élus
Enchanteur, etc. jouiront éternellement de leur victoire et
MAGOG, Gen. 10, 2., fils de Japhet, d'un triomphe dont rien de fâcheux ne
et frère de Gomer, de Madaï, de Javan , viendra plus jamais ternir l'éclat,ou dimi
de Tubal, de Mésec et de Tiras. Le nuer l'allégresse.
même nom se retrouve, Ez. 38, 2. cf. 39, Le nom de Gog, Apoc. 20, 8., est em
6., comme celui d'un pays voisin de Mé ployé librement et poétiquement pour dé
sec et de Tubal, et sur lequel règne Gog : signer le pays, bien qu'il soit le nom
le texte de ces passages indique un pays propre, ou peut-être le nom appellatif du
situé vers le nord ou le nord-est. Les souverain qui règnera sur Magog. - v.
auteurs orientaux font mention des peu sur ce sujet, Haevernick, Comm. sur
ples Jagoug et Magoug, comme habitant Ezéch., p. 594 et suiv.
le nord de l'Asie et le nord-ouest de MAHACA. 1° Mère d'Absalon, 2 Sam.
l'Europe. Un mur qui, à partir de Der 3, 3. 1'Chr. 3, 2. — 2° Fille d'Abisalom,
ben, passe de la mer Caspienne à la mer seconde femme de Roboam, et mère d'A-
Noire, et qui a été bâti par un des rois bijam, roi de Juda, 1 Rois, 15, 2. On peut
de l'ancienne Perse contre les invasions conclure de 2 Chr. 11, 20-23. que ce fut
des barbares du nord, porte le nom du par son influence que les fils du premier
mur de Jagoug et Magoug. — Les des lit furent dépossédés de la couronne.
cendants de Magog sont probablement Quelques auteurs pensent que la Mahaca,
les peuples que les anciens nomment, nommée la mère d'Asa, 1 Rois 15, 10.,
d'une manière générale, Scythes (Josè était proprement sagrand'mère, et qu'elle
phe, Jérôme); Suidas l'entend des Per serait appelée sa mère, selon l'usage
ses ; Braunschweig, dans un travail très oriental de noter et de faire ressortir
remarquable (Leipsig, 1833), croit que, dans les généalogies, les personnages les
de cette race, dérive le peuple des Mant plus distingués, en omettant ceux qui le
choux, qui a fait la conquête de la Chine sont moins; et, en effet, cette Mahaca
au dix-septième siècle. s'est rendue célèbre par son idolâtrie, au
La mention prophétique qui est faite point qu'Asa, son fils ou petit-fils, dut
de cette nation et de Gog, son roi, dans lui retirer la régence. Toutefois, si l'iden
les passages cités d'Ezéchiel, et Apoc. tité du nom de Mahaca, et de son père
20, 8., nous la représente comme une Abisalom, dans les deux passages, sein
puissance formidable ; c'est presque le ble autoriser cette manière de voir, elle
paganisme personnifié qui viendra, dans ne la prouve pas; l'usage de la langue
les derniers jours, livrer une dernière même ne peut pas être rigoureusement
MAH 6 MAH

invoqué, attendu que nulle part ailleurs lomOn en fit l'une des douze villes char
le mot em, qui signifie mère, n'est pris gées de pourvoir aux approvisionnements
pour grand'mère. Une autre opinion voit de la cour, 1 Rois 4, 14. David s'y retira
simplement une faute de copie dans 1 pendant la révolte d'Absalon, et c'est non
Rois 15, 2., et se fonde sur ce que la loin de là que périt ce fils ambitieux et
mère d'Abijam est appelée, 2 Chr. 13, 2., dénaturé, 2 Sam. 17, 24. 27. cf. encore
Micaja, fille d'Uriel de Guibha. — Quoi 1 Rois 2, 8. Ce nom disparaît après les
qu'il en soit, et malgré son rang et son jours de l'exil.
pouvoir presque royal, 1 Rois 15, 13.2 MAHER-SALAL-HAS-BAS, très bien
Chr. 15, 16., elle vit Asa mettre en piè traduit par Luther Eilebeute, Raubebald,
ces l'idole qu'elle avait faite, et la brû Es. 8, 1.3., et assez lourdement dans nos
ler, de même, sans doute, que le bocage, versions « qu'on se dépêche de butiner,
théàtre de son idolâtrie. Quelle était cette il hâte le pillage. » C'est un peu long
idole ? c'est ce qu'on ignore; on doit pour un nom d'enfant, et on pourrait le
penser que c'était une invention nou remplacer peut-être par « presse-butin,
velle, impure et bizarre. pille-vite. » Ces quatre mots durent être
3° etc. D'autres Mahaca sont encore placés en grosses lettres, par le prophète,
nommées, 1 Chr. 2, 48. 7, 15.16., et des sur un écriteau destiné à être lu par tout
hommes du même nom, Gen. 22, 24. 1 le peuple ; la concision de ce langage
Rois 2, 39. 1 Chr. 11, 43. 27, 16., etc. permettait à chacun d'apprendre et de
MAHACATH, ou Mahaca, ou plus retenir dans sa mémoire la promesse de
complétement et dans un sens plus dé la délivrance, en même temps qu'elle ex
terminé Aram Mahaca ( dans l'hébreu), primait la rapidité avec laquelle, au jour
1 Chr. 19, 6., ville ou province de Syrie, indiqué, la vengeance divine fondrait sur
gouvernée monarchiquement, à l'orient les ennemis. Achaz, roi de Juda, était vi
et au nord des sources du Jourdain, vement pressé par les armées alliées de
nommée plusieurs fois à côté de districts Retsin et de Pékak, Es. 7, 1.; idolâtre et
syriens, 2 Sam. 10, 6. 8. 1 Chr. 19, 6. incrédule, il ne méritait pas le secours de
Jos. 13, 14., et placée, Deut. 3, 14., sur Dieu, mais Dieu voulait punir les enne
les frontières de la partie transjourdaine mis de son peuple sans sauver Achaz ; il
d'Israël, notamment près des tribus de annonça donc au prophète la naissance
Gad et de Ruben, Jos. 13, 13. Sa position d'un fils auquel il devait donner le nom
est inconnue, et plusieurs hypothèses qui de Maher-Salal-Has-Bas, et ajouta qu'a-
ont été mises en avant, restent à l'état de vant que l'enfant pùt prononcer le nom
pures présomptions. de son père, Juda serait délivré : cette
MAHALALEEL, fils de Caïnan ou Ké prophétie ne tarda pas à s'accomplir, 2
nan, naquit l'an 395 du monde, et devint Rois 16, 9., et le roi d'Assyrie s'enrichit
père de Jéred à l'âge de cent soixante des secours que lui avait donnés Achaz,
cinq ans; il a vécu huit cent quatre ainsi que du butin qu'il fit sur les rois
vingt-quinze ans, Gen. 5, 12. 1 Chr. 1, d'Israël et de Syrie.
2. ll est nommé dans la généalogie de MAHLON. v. Elimélec.
Marie, Luc 3, 37. MAHON. 1° Ville de la tribu de Juda,
MAHALOTH. v. Psaumes. Jos. 15, 55., non loin d'un désert du mè
MAHANAJIM (les deux camps), ville me nom, et près du Carmel ; David de
d'au-delà le Jourdain, au nord du Jab meura pendant quelque temps dans ces
bok, Gen. 32, 2. 22., sur les frontieres contrées pendant que Saül le poursui
de Gad et de Manassé. Dans le partage, vait, et Nabal y possédait des propriétés
elle fut d'abord comprise dans le terri dans le désert, 1 Sam. 23, 24.25, 2. -
toire de la première de ces deux tribus, 2° Peuplade étrangère qui se trouve, Jug.
puis donnée aux Lévites, Jos. 21, 38. cf. 10, 12., en relation avec les Hamalécites,
1 Chr. 6, 80. Elle fut choisie pour siége les Philistins et les Sidoniens ; peut-être
de la royauté passagère et rebelle d'Is la même que celle qui est mentionnée
Boseth, 2 Sam. 2, 8, 12. 29. 4, 5., et Sa sous le nom de Méhunites (ou Méoniens),
MAI 7 MA1

2 Chr. 26, 7., et 1 Chr. 4, 41. dans le Ke cale peut surprendre les membres subi
ri (trad. habitations) ; ils furent vaincus tement, c'est alors une paralvsie, et il est
par Hozias. On croit retrouver leur nom probable que les cas dont il est parlé, 4
dans l'ancienne Maân (Abulféda, Burck Rois 13, 4. et Jean 5, 3., étaient des cas
hardt), située dans l'Arabie Pétrée, au de cette nature. Jéroboam fut frappé de
sud de Wadi Musa, sur la route de la paralysie par celui qui dit à la maladie :
Mecque, où se voient encore des ruines Viens, et elle vient. v. Paralytique.
assez considérables de villes et de villa MAINAN, Luc 3, 31.; inconnu.
ges. Rosenmuller compare, mais sans MAISONS. Elles étaient ordinairement
preuves, la ville de Beth-Méhon, q. V. - en Palestine bâties de briques cuites, ou
3° Fils de Sammaï, et père ou fondateur même simplement séchées au feu, ce qui
de Beth-Sur, 1 Chr. 2, 45. Jos. 15, 58. ne leur assurait ni une grande solidité,
MAIN. Le lavage des mains et des ni une longue durée, Matth. 7, 25. Ez. 12,
pieds, acte de propreté en soi, était sou 5. 7. 13, 13. Job 4, 19. Il y en avait ce
vent considéré comme le symbole de la pendant aussi qui étaient faites de pierre,
pureté ; ainsi Pilate lave ses mains pour et les palais étaient construits en pierre
déclarer qu'il est innocent du sang du de taille, ou mème en marbre blanc, Lév.
Juste; saint Pierre veut que ses mains 14, 40. 42. 1 Rois 7, 9. Es. 9, 9. 1 Chr.
soient lavées par Jésus ; le juste lave ses 29, 2. (il paraît d'après Esd. 3, 10. Job
mains dans le sang des méchants en ap 38, 6. 7. cf. Zach. 4, 7., qu'il y avait des
prouvant la vengeance que Dieu tire de fêtes particulières et des invocations so
leur iniquité; il lave ses mains dans l'in lennelles lors de la pose des fondements.)
nocence; Matth. 27, 24. Jean 13, 9. Ps. Le mortier, la chaux ou le gypse, et peut
58, 10. 26, 6. Verser de l'eau sur les être aussi l'asphalte, servaient de ciment
mains de quelqu'un, c'est remplir à son dans les constructions, Jér. 43, 9. Es. 33,
égard l'office de serviteur, 2 Rois 3, 11. 12. Deut. 27, 4. Gen. 11, 3., et un enduit
S'appuyer sur la main de quelqu'un est de chaux venait recouvrir les parois ex
un acte de supériorité, 2 Rois 7, 2. 17. térieures, Lév. 14, 41. Matth. 23, 27. Ez.
5, 18. Tendre la main signifie, ou deman 13, 10.: pour les palais cette couche était
der ou faire alliance, Lam. 5, 6. cf. Rom. colorée, Jér. 22, 14. La charpente était
10, 21. La main du Seigneur exprime sa ordinairement en sycomore, puis, mais
puissance ou l'influence de son esprit, rarement, en Olivier, en cèdre ou en san
Ps. 19, 1. 118, 16. Jér. 1, 9. cf. Es. 6, dal, Jér. 22, 14.1 Rois 6, 15.33. Des co
6.1 Sam. 5, 6.7. La main élevée du pé lonnes (les plus belles étaient de marbre,
cheur, Deut. 32, 27., désigne son inso Cant. 5, 15), et même quelquefois de lon
lence. — On comprend du reste facile gues galeries de colonnes, servaient d'or
ment la signification de ce mot partout nements extérieurs aux bâtiments de luxe,
où il est pris dans un sens figuré. — La 1 Rois 7, 6.15.2 Rois 25, 13. v. Temple.
main (ou la paume), est plusieurs fois Les maisons des grands et des riches,
employée comme unité de mesure (= ordinairement bâties en carré, avaient
0m,09), cf. 1 Rois 7, 26. Lév. 2, 2. etc. plusieurs étages, 1 Rois 7, 2.Act. 20, 9.
- Quant à la main sèche que Jésus gué Autour de la maison, ou quelquefois au
rit, Matth. 12, 10. Marc 3, 1. Luc 6, 6. milieu, lorsque c'était un grand bâtiment,
8., c'est un engourdissement du bras ou se trouvait une vaste cour pavée, entou
d'une portion du bras, produit par l'ob rée d'une ou de plusieurs rangées de co
struction de certains canaux qui empêche lonnes en galerie, ornée d'arbres, avec
la nourriture d'arriver en quantité suffi une fontaine et quelquefois avec des
sante, eta pour résultat le dépérissement, bains ; c'était dans la belle saison la pièce
la dessication et la mort de l'organe ; la plus importante, celle où se tenaient
c'est une atrophie locale comme chacun les maîtres, et où ils recevaient leurs
peut en éprouver momentanément, mais amis, 2 Sam. 17, 18. 11, 2. Matth. 26, 69.
: qui est souvent aussi permanente et in Néh. 8, 16. cf. Est. 1, 5. 5, 1. Les toits
curable. Quelquefois aussi, cette mort lo (q. v.) étaient plats, entourés d'un para
MA1 MAI

pet très peu relevé, et servaient de ter remplissant les mêmes fonctions que les
rasses : on s'y réunissait pour jouir de nôtres, 2 Sam. 18, 26. Jean 18, 16. Act.
l'air frais du soir, quelquefois on y cou 12, 13.15. Luc 13, 25. Matth. 7, 7. Quant
chait, ou bien l'on y célébrait le culte et aux fenêtres, v. cet article. Il y avait pour
l'on y dressait des autels : il y avait or les femmes des appartements particuliers
dinairement une communication directe et retirés, dont l'entrée était absolument
entre le toit et la chambre haute, 2 Rois interdite à tout autre homme que le maî
23, 12.; cette pièce, qui était la plus éle tre. Les grandes maisons avaient leurs
vée de la maison, et qui était située im chambres d'hiver et leurs chambres d'été;
médiatement au-dessous du toit, était les premières se chauffaient apparemment
une chambre privée, le plus souvent une de la même manière que de nos jours,
chambre à coucher, ou une retraite tran au moyen d'un feu allumé au milieu de
quille pour les malades, 2 Sam. 18, 33. la pièce dans un enfoncement circulaire ;
l Rois 17, 19. Act. 9, 37. 39. 1, 13 20, on le couvrait, lorsqu'il était éteint, d'une
8.; elle avait souvent deux escaliers, dont espèce de tambour carré, garni d'un ta
l'un, extérieur, communiquait avec la rue, pis, destiné à conserver la chaleur, Am.
l'autre avec l'intérieur de la maison. Chez 3, 15. Jér. 36, 22. Jug. 3, 20. cf. Niebuhr
les grands, il y avait devant la porte une II, 394. Tavernier I, 376. On voyait aussi
petite cour qui servait de vestibule ou dans les palais des chambres à manger
d'antichambre, Jér. 32. 2. Marc 14, 68. indépendantes, Joseph. Ant. 8, 5. 2.
Jean 18, 16., et qui d'un côté s'ouvrait Les meubles principaux étaient des so
dans la cour proprement dite, et condui phas ou lits de repos, des siéges, des ta
sait de là dans l'appartement, de l'autre bles et des chandeliers, que la magnifi
communiquait avec le toit et avec l'étage cence orientale s'attachait à charger d'au
supérieur par un escalier tournant, 1 Rois tant d'ornements que possible, Ez. 23,
6, 8., qui était souvent fait d'un bois re 41. Am. 6, 4. Prov. 7, 16. 2 Rois 4, 10.
cherché et précieux, 2 Chron. 9, 11. Les On a parlé de la lèpre des maisons à
chambres du rez-de-chaussée, qui compo l'article Lèpre.
saient la partie la plus importante et la D'après les récits des voyageurs, l'ar
plusconsidérable del'appartement, étaient chitecture orientale moderne ne différerait
ornées dans le goût du luxe oriental, qui pas essentiellement de l'ancienne, et l'on
attache plus de prix à la pompe inté peut voir dans Niebuhr, Volney, lady
rieure, qu'à l'embellissement des murs Montague, Hartley, Buckingham, Schu
extérieurs ; une boiserie magnifique, des bert, etc., combien peu de changements
lambris incrustés d'or et d'ivoire, des il s'est fait sous ce rapport depuis plus
garnitures en tapisserie, des tableaux, de vingt siècles. « Les maisons, dit Buc
un plancher quelquefois de marbre, de kingham, se composent de séries d'ap
porphyre ou d'albâtre, voilà ce que pré partements donnant sur une cour qui se
sentaient à leurs hôtes les riches habi trouve au milieu de chambres Souterrai
tants de la Palestine ; un parquetage de nes pour se mettre pendant le jour à l'a-
bois de cèdre était déjà moins splendide, bri de la chaleur, et de terrasses décou
et le plancher des plus pauvres était un vertes pour prendre le repas du soir et
simple travail de gypse et de terre, ou de pour dormir pendant la nuit. Ces ter
briques cuites; 1 Rois 7, 7. 22, 39. Jér. rasses sont quelquefois partagées en
22, 14. Am. 3, 15. Ps. 45, 8. Est. 1, 6. cf.
compartiments séparés, ayant chacun son
Horac. Od. II, 18 (15), 2. Odyss. 4, 72., escalier, et formant ainsi autant de cham
etc. — Les portes tournaient sur des pi bres découvertes. »
vots ou sur des gonds, et se fermaient MAITRE d'hôtel, Jean 2, 8., en grec
en dedans au moyen de verroux de bois architriclin. Les noces duraient souvent
que l'on poussait ou retirait avec des es six à huit jours, et une personne quel
pèces de clefs, Jug. 3, 25. Prov. 26, 14. 1 conque, serviteur ou même parent, était
Rois 7, 50. Cant. 5, 5. Luc 11, 7. Les ri choisie pour être l'ordonnateur des repas,
ches avaient des portiers ou des portières veiller à la distribution régulière des
'MAL 9 MAL

plats, notamment des aliments plus re phète, dont le nom ne se trouve mulle
cherchés et des boissons, pour remplir part ailleurs que dans son livre. Déjà
en un mot les fonctions de maître d'hô
quelques docteurs juifs, traduisant le nom
tel ou de maître des cérémonies. Cette
de Malachie par messager ou ange de l'E-
charge ne doit probablement pas être ternel, avaient émis l'idée qu'Esdras était
confondue avec celle du président de l'auteur de cet oracle, caché SOus un nonl
table (symposiarque, rex convivii) qui symbolique; v. aussi Jérôme, Calmet et
était choisi ou tiré au sort entre les con Simonis; Vitringa, et après lui Hengs
vives eux-mêmes et qui était le roi de la tenberg, ont généralisé cette idée en la
fête au lieu d'en être le serviteur. Cepen modifiant, et pensent qu'un prophète
dant v. Wetstein, Novum Testamentum, quelconque a pris ce nom appellatif si
l, 847.; le passage de Jean n'a rien qui re bien en rapport avec ses fonctions; ils se
pousse positivement l'identité des deux fondent en particulier sur ce que le nom
charges. de Malachie n'est accompagné d'aucune
MAKIR. 1° Petit-fils de Joseph, fils de autre désignation de personne ou de fa
Manassé et d'une concubine syrienne, 1 mille : mais v. Abdias 1, 1. Habac. 1, 1.,
Chr. 7, 14. Ses enfants purent encore où le nom des prophètes est également
jouir de la vue et des soins de leur aïeul, isolé sans que personne ait songé à en
le gouverneur d'Egypte, Gen. 50, 23.; faire des noms appellatifs. D'autres en
plus tard ils occupèrent une partie du core (Origène) ont pensé que Malachie
pays de Galaad dont ils s'étaient emparés, était un ange incarné. Il n'y a pas de rai
v. Jaïr. Nomb. 32, 39. Deut. 3, 15. Jos. sons pour nier l'existence de Malachie,
13, 31. 17, 1. Le nom de Makir se re et s'il y a dans son nom un appel et une
trouve encore Nomb. 26, 29. 27, 1. 36, 1. grande solennité, on peut dire la même
1 Chr. 2, 21. 7, 14. et Jug. 5, 14., où il chose d'Osée, de Joel, etc. On ne sait du
semble représenter toute la tribu de Ma reste rien, ni de sa personne, ni de sa
nassé. famille, ni de son activité. Quant à l'é-
2° Fils de Hammiel et probablement un poque où il prononça et rédigea les pro
ancien ami de la maison de Saül; il avait phéties qui portent son nom et qui ne
recueilli le seul descendant qui restât du forment qu'un seul oracle, on est d'ac
premier roi d'Israël, Méphiboseth, et c'est cord maintenant, depuis les travaux de
dans sa maison à Lodebar que les em Vitringa, à la faire coïncider à peu près
ployés de David trouvèrent ce jeune avec le second voyage de Néhémie en
prince. Peut-être la nourrice de Méphi Palestine, sans que l'on puisse détermi
boseth appartenait-elle à la famille de Ma ner si ce fut immédiatement avant SOn
kir, et l'on comprendra que, soit affec départ, pendant son absence ou après
tion, soit compassion, soit espérance son retour. Malachie fut avec Néhémie
de temps meilleurs, elle l'eût retiré chez dans les mêmes rapports qu'Aggée avec
elle pour le conserver. ll ne paraît pas Jéhosuah, que Zacharie avec Zorobabel ;
qu'il y eût de la politique dans l'affection l'activité intérieure de l'un cOncOurt avec
de Makir pour les enfants de Saül, car l'activité extérieure de l'autre : elles s'as
On le voit plus tard apporter des vivres à socient mutuellement. Malachie reproche
David fuyant devant Absalon, et le secou aux sacrificateurs leur négligence dans
rir lui et les siens au milieu du désert, 2 l'exercice de leurs devoirs, au peuple son
Sam. 4, 4, 9, 4. 17, 27. refus de payer les dîmes, et le choix d'of
MAKKEDA, Jos. 15,41. cf. 10, 28.29., frandes et de victimes méprisables : il re
ville de Juda, située, d'après Eusèbe, à 8 proche à tous leur indifférence religieuse
milles est d'Eleuthéropolis. Elle fut prise et leurs murmures, et le portrait qu'il
par Josué qui poursuivit jusque là les Ca fait du peuple de Dieu rappelle parfaite
nanéens, et compléta par cette victoire la ment celui que fait Néhémie, cf. Mal. 2,
prise de possession du sud du pays. 8. 3, 10. et Néh. 13, 10. 30., etc. Le
MALACHIE. Plusieurs opinions ont été même parallèle pourrait s'établir dans
mises en avant sur l'existence de ce pro tout le cours de l'histoire juive entre la
MAL 10 MAL

mission des prophètes et la vie des rois, autour d'elle la chair et le système ner
entre les paroles des premiers et les actes veux jusqu'à la mort compléte (sphacèle)
des seconds, entre Esaïe et Ezéchias, de l'organe attaqué; le couteau peut seul
entre Jérémie et Josias. Malachie ajoute arrêter les progrès de ce mal auquel sont
des menaces à ses reproches, et termine comparés les faux docteurs, les fausses
en annonçant la venue du précurseur qui doctrines et les disputes vaines, — v. en
sera immédiatement suivie de celle du core les articles spéciaux, Médecine, Né
Messie. — Si cet auteur n'est pas nom bucadnetsar, Vers, etc.
mé dans le Nouveau Testament, il y est Les Juifs regardaient en général les
au moins cité à diverses reprises, soit maladies comme des châtiments divins,
directement, soit indirectement; v. Matth. Job 7, 20. Jean 5, 14. 9, 1., etc., et l'E-
11, 10. 17, 10-12. Marc 1, 2. 9, 11.12. criture nous les fait aussi considérer
Luc 1, 16. 17. 7, 27. Rom. 9, 13., etc. comme les suites du péché, Gen. 3, 16.
MALADlES. Malgré la salubrité du cli Jésus en parle comme en étant le maître
mat de la Palestine et des contrées envi absolu, les envoyant ou les rappelant
ronnantes, et quoique la régularité de la comme on ferait d'un serviteur, Matth. 8,
vie et la sobriété soient presque un pré 8., et c'est à la possession des démons
servatif immanquable de tous les maux, qu'est attribuée dans l'Evangile la cause
il y a quelques maladies qui se dévelop de la plupart des maladies, Luc 13, 11.
pent là comme ailleurs, qui rappellent aux 16. Matth. 17, 15. 18.1 Cor. 5, 5. 11, 30.
habitants les conséquences du péché, et 2 Cor. 12, 7. cf. Deut. 28, 22.27. 7, 15.
les avertissent que l'homme n'est que MALCHUS, serviteur du souverain sa
poudre, que le temps passe, que la fleur crificateur Caïphe ; son nom se trouve
se fane et tombe. Ce ne sont en général Jean 18, 10. Comme il allait mettre la
que des maladies de courte durée. La main sur Jésus pour le saisir, Pierre lui
langueur, la fièvre (chaude), les ulcères, coupa l'oreille d'un coup d'épée, soit que
la gale, la gonorrhée, les hémorrhoïdes, la l'oreille fût entièrement détachée de la
lèpre, sont nommées en plusieurs pas tête, soit qu'elle ne fût pas entièrement
sages des livres de Moïse, Lév. 15, 3.26, coupée; il est assez probable que saint
16. Deut. 28, 22.27., etc. Les dyssen Pierre avait envie de lui couper la tête,
teries en été, la fièvre au printemps et dit Calmet. Mais Jésus qui donnait sa vie
en automne, paraissent avoir régné chez ne pouvait pas faire payer au serviteur
les Juifs, comme elles sont encore de nos les fautes de son maître; juste et miséri
jours en Orient les maladies de la saison, cordieux, il guérit la plaie qu'avait faite
Act. 28, 8. Matth. 8, 14. Luc 4, 39. Jean 4, son disciple peu intelligent de l'épée qui
52. cf. Burckhardt, Arab. 615., etc. L'E- doit servir à la défense du christianisme ;
criture parle encore de coups de soleil, il toucha l'oreille blessée, et son dernier
2 Rois 4, 19., d'hypocondrie et de mélan miracle avant d'être livré, fut pour un de
colie noire, 1 Sam. 18, 10., mais les ma ses ennemis, cf. Matth. 26, 51. Marc 14,
ladies les plus communes étaient la lèpre, 47. Luc 22, 50. Jean qui était en relation
la cécité, la paralysie, les pestes, et dans avec la cour du pontife, nous a seul con
le Nouveau Testament, les maladies d'es servé le nom de ce serviteur. - La tra
prit ou possessions, q. v. — La maladie dition porte que Malchus se convertit plus
dont le pays fut frappé sous Joram, 2 Chr. tard (Corn. ad. Lapid.). — Ce nom, déri
21, 15., était probablement une longue et vé de mélech, roi, se retrouve ailleurs
violente dyssenterie qui faisait de cruels dans l'histoire, et Josèphe (Ant. 13, 5.
ravages dans le corps, entraînait avec 14, 14., etc.), parle d'un Malchus, roi des
elle du sang et déchirait les entrailles. — Arabes, qui avait de très grandes obli
L'hydropisie était bien connue, Luc 14, gations à Hérode, fils d'Antipater.
2. La gangrène, nommée 2 Tim. 2, 17., MALKIEL, 1 Chr. 7, 34., inconnu,
est une espèce de combustion froide qui de la tribu d'Aser, prince ou fondateur
commence quelquefois à la suite de coups d'une ville, Birzavith, également incon
ou de blessures, et qui ronge peu à peu Ill10.
MAL 11 MAN

MALKIJA, 1° fils de Hammélec, Jér. 38, dans son expédition contre Kédor-Laho
6., et peut-être frère de Jérahméel, 36, mer. On peut croire, sans toutefois l'af
26., n'est connu que pour avoir donné firmer, qu'ils avaient, comme Melchi
son nom à la citerne dans laquelle fut jeté sédec, renoncé à l'idolâtrie en suivant
le prophète Jérémie, et qu'il avait pro Abraham. Mamré avait donné sOn nOm à
bablement fait creuser lui-même.—2°Père une forêt de chênes située au sud de Jè
de Pashur, Jér. 21, 1.38.1. rusalem, à l'orient des montagnes de Ju
MALTE, île bien connue de la Médi da, près de la haute, large et fertile val
diterranée, située entre la Sicile et la côte lée d'Hébron, et qui fut, pendant quel
africaine; elle a environ 28 kil. de longque temps, la résidence ordinaire d'A-
sur 16 de large, et 85 de circuit. Selon braham et des siens, Gen. 13, 18. 18, 1.
Diodore, des Phéniciens, ayant remarqué 23, 17.25.9. 35, 27. 49, 30. 50, 13. La
qu'elle avait plusieurs ports commodes, vallée de Mamré portait aussi le nom de
en chassèrent les Phéaques, et y établi vallée du Térébinthe, à cause d'un arbre
rent une nouvelle colonie qui s'enrichit de cette espèce qui s'y trouvait, et qui
par son commerce et son industrie ; les passait pour aussi ancien que le monde,
habitants excellaient surtout à fabriquer Jos., G. des Juifs, 4, 17. 7. Eusèbe,
des étoffes d'une beauté et d'une finesse Prép. év., 5, 9., etc. On prétendait qu'A-
admirables. Ovide parle de sa prodi braham était assis à l'ombre de cet arbre
gieuse fertilité en grains ; maintenant, on lorsqu'il fut visité par les anges qui al
n'y trouve plus que du coton et des laient à Sodome. Plus tard, on vit les
fruits, principalement des oranges.Selon Juifs, les chrétiens et les païens, y célé
les poètes, après la mort de Didon, Anne, brer, chacun à leur manière, les solenni
sa sœur, qui l'avait suivie en Afrique, se tés de leur religion ; l'on y sacrifiait des
retira dans l'île de Malte, d'où Pygma victimes, on ornait de lampes allumées le
lion ayant voulu l'enlever, elle se sauva puits du patriarche, et l'on y jetait du
en Italie, et fut très bien reçue par Enée. vin, des gâteaux et des pièces d'argent.
Malte passa successivement des Cartha Constantin défendit cette idolâtrie, et y
ginois aux Romains. Le consul Tib. Sem fit bâtir une église. Le chêne de Mamré
pronius fit voile de Sicile à Malte, où ne survécut pas longtemps à cette persé
Carthage entretenait une garnison (218 cution religieuse : il n'en restait que le
av. C.). Dès qu'il parut, on lui livra Amil tronc au temps de saint Jérôme ; sans ce
car, fils de Giscon, qui commandait dans la, il est à croire que les mahométans se
l'île. v. Bochart, Can. 1, 26. C'est sur raient venus joindre leur idolâtrie à celle
les côtes de cette île que Paul, après être qui dut être supprimée par Constantin.
sorti de Crète, fit naufrage, et l'on dit Quelques voyageurs modernes ont cru
que, depuis son départ, il ne se trouve retrouver les ruines du tronc près des
plus de bêtes venimeuses dans l'île. ruines de la chapelle ; mais il est difficile
Quelques auteurs ayant donné à la mer de s'y fier.
Adriatique, Act. 27, 27., le sens moderne MANAHEM, frère de lait d'Hérode le
de golfe de Venise, ont cherché cette île Tétrarque, élevé avec celui qui fit mettre
dans la petite île de Mélite, près de la à mort Jean-Baptiste, eut le bonheur de
côte d'Illyrie; mais cette opinion est se convertir, et devintl'un des prophètes
combattue par la direction que prit le et docteurs de l'église d'Antioche, Act.
vaisseau en partant de l'île, et par le fait 13, 1. Saint Luc, en faisant le rapproche
que le voyage s'acheva sur un navire qui, ment de ces deux hommes, qui, après
venant d'Alexandrie, ne pouvait avoir avoir reçu la même éducation, finirent
fait, pour se rendre à Rome, le détour d'une manière si différente, semble vOu
que cette opinion suppose et nécessite.v. loir nous dire : « L'un fut pris, et l'autre
Adriatique. laissé. » — On ne sait rien autre, d'ail
MAMRE , Escol et Haner, Gen. 14, leurs, sur sa vie ; quelques-uns le font
13., trois frères amorrhéens, amis et al fils d'unessénien, ami d'Hérode le Grand,
liés d'Abraham, qui aidèrent le patriarche qui prédit à celui-ci son avènement au
MAN 12 MAN

trône, et un règne long, mais injuste; rent, sur les bords du Jourdain, un autel
d'autres ajoutent qu'il fut l'un des soixan destiné à témoigner en leur faveur, ou
te-dix disciples. même, au besoin, contre elles, et à les
MANASSE. 1° Fils aîné de Joseph et relier ainsi aux neuf autres tribus, Jos.
d'Asénath, fut dépouillé de son droit 22, 10. sq. — La seconde demi-tribu,
d'ainesse par son aïeul Jacob, qui lui an dont le territoire fut placé à côté de celui
nonça une moins grande prospérité et d'Ephraïm, était comprise entre le ruis
une postérité moins nombreuse qu'à son seau de Cana, la Méditerranée, la chaîne
frère cadet, Ephraïm, Gen. 41, 51. 46, du Carmel, et à l'est les montagnes d'E-
20. 48, 1. 1 Chr. 7, 14. Les deux frères phraïm, Jos. 16, 9. 17, 1. Elle avait
sont réunis, sous le nom de Joseph, dans aussi pour voisins Aser et Issacar, sur
les dernières bénédictions du vieillard, le territoire desquels elle paraît même
Gen. 49, 22., ainsi que dans celles de avoir eu quelques parcelles enclavées,
Moïse, qui leur promet à chacun « ce qu'il 17, 11., qu'elle ne put, sous les juges,
y a de plus précieux sur la terre » ; mais défendre entièrement contre les Cana
à Manassé des milliers de descendants, et néens, Jos. 17, 12, Jug. 1, 27. — Après
à Ephraïm des dix miIliers, Deut. 33, la mort de Salomon, les deux demi-tri
13-17. Manassé apparaît comme chef de bus, sous la puissante main d'Ephraïm,
tribu, Nomb. 1, 10. 2, 20. 7, 54., et le passèrent au royaume des Dix tribus,
nombre de ses hommes d'armes, au mo dont elles suivirent les destinées. Le nom
ment de la sortie d'Egypte, est de 32,000 de Manassé se trouve, Apoc. 7, 6.8., avec
(1, 35.). Les deux tribus sont presque celui de la tribu de Joseph, qui, dans ce
toujours nommées ensemble, Nomb. 26, cas, désigne Ephraïm.
28. Jos. 14, 4., etc. Lors de l'entrée en 2° Manassé, père de Guersom, et
Canaan, Manassé se divisa en deux demi grand-père de Jonathan, Jug. 18, 30.
tribus; Makir, parce qu'il fut homme de Peut-être faut-il lire Moïse (v. Guersom);
guerre, reçut en partage Galaad et Basan; peut-être aussi les noms de Moïse et de
il devait servir de boulevard à Israël con Guersom se trouvaient-ils parmi les Lé
tre les peuples inquiets et brigands de la vites. Dans tous les cas, il ne faut pas
Trachonite, contre les Syriens de Damas, confondre ce nom avec celui du fils de
et contre les Gessuriens de l'Anti-Liban. Joseph ; car Jonathan descendait de Lévi,
« Les maîtres de l'arc ont irrité Manassé, 17, 7.12.; il était Lévite, et non Manas
Ont lancé contre lui des flèches, l'ont at site.
taqué; mais son arc a conservé sa force, 3° Manassé, quatorzième roi de Juda,
et ses bras leur vigueur, et il a, de sa fils indigne et successeur d'Ezéchias, ré
corne, heurté les peuples jusqu'aux ex gna cinquante-cinq ans (698-643), 2 Chr.
trémités du pays. » Il habita des contrées 33, 2 Rois 21. A douze ans il perdit son
bénies par l'Eternel, les riches plaines père et monta sur le trône; mais le parti
de l'Hauran, les belles montagnes de Ga antithéocratique s'empara de son esprit,
laad, et, dans ses vastes limites, il s'est l'entoura et régna par lui; ce fut le triom
étendu « comme un rameau fertile près phe de l'impiété et de l'idolâtrie; le jeune
d'une source, » Nomb. 32, 39. cf. 34, roi suivit fidèlement les principes de ses
14. Jos. 12, 6. 13, 7. Cette demi-tribu conseillers ; il rétablit les hauts lieux que
était séparée de Gad par le Jabbok, et son père avait détruits, adora les idoles
comprenait, dans son territoire, Hasta païennes, dressa des autels à Bahal et à
rOth et Edréhi ; elle s'étendait ainsi as tous les astres jusque dans les parvis du
sez loin vers l'est, Deut. 3, 13.Jos. 13, temple de l'Eternel, consulta les devins,
29., et, comme son éloignement du sanc et opposa des imposteurs aux prophètes
tuaire, qui était à Silo, pouvait avoir, que Dieu lui envoyait et dont il fit verser
par la suite, des conséquences fâcheuses à Jérusalem le sang innocent : Esaïe, selon
pour ses descendants, qui pourraient ou la tradition juive, mourut victime de ses
blier leur culte, ou voir leurs droits mé fureurs, et c'est peut-être à cette mort
connus, les tribus transjourdaines élevè que l'apôtre fait allusion, Hébr. 11, 37.
MAN 13 MAN

(ils ont été sciés); enfin, pour n'oublier cette prière est belle, mais sa forme li
aucune abomination, il brûla ses propres turgique suffirait pour la faire recon
enfants devant les faux dieux ! Les mena naître comme apocryphe.
ces divines étaient méprisées, elles s'ac Le second livre des Rois ne parle que
complirent, et l'Eternel prononça cette des crimes et des malheurs de Manassé;
terrible sentence : « J'étendrai sur Jéru il ne dit mot de sa repentance, mais in
salem le cordeau de Samarie et le niveau dique en passant qu'à sa mort il n'était
de la maison d'Achab; je torcherai Jéru plus prisonnier : ce dernier détail montre
salem comme une écuelle qu'on essuie et qu'il n'y a pas contradiction entre le ré
qu'on renverse sur son fond. » Manassé cit des Rois et celui des Chroniques, mais
tomba entre les mains des Assyriens, l'omission d'une partie aussi importante
peut-être lorsque Ezar-Haddon trans de la vie de Manassé ne s'explique pas :
portait ses colons dans le royaume d'E- On pourrait croire que l'auteur des Chro
phraïm, Esd. 4, 2.; il fut, malgré l'appui niques, qui a puisé à plus de sources, a
de l'Egypte qu'il avait recherché, saisi trouvé aussi plus de détails; mais la con
dans les halliers, chargé de chaînes, et version de Manassé n'est pas un détail
conduit à Babylone la vingt-deuxième dans sa vie, et caractérise son histoire tout
année de son règne : ce fut la fin de la entière; tout Israêlite, historien ou non,
première partie de sa vie, de son idolà devait connaître un événement de cette
trie et de ses malheurs (Seder-Olam). importance.
Dans la détresse et dans l'angoisse, il MANDRAGORE. Cette plante, dési
s'humilia, se repentit de ses crimes, et gnée par certains auteurs sous le nom de
supplia l'Eternel avec larmes ; il obtint mandegloire, et qui dans son étymologie
son pardon, et fut bientôt rétabli sur son grecque signifie ornement des cavernes,
trône, peut-être à la condition de rester est l'atropa mandragora des Latins, et
vassal assyrien; c'est ce que rendent pro appartient à la cinquième classe (pen
bable les événements qui eurent lieu dans tandrie monogynie) de Linnée. De tout
les derniers jours de Josias son petit-fils. temps et dans tous les pays où elle se
—Sa conversion était sincère : il le prou trouve, elle a été l'objet des opinions les
va en faisant son possible pour remédier plus contradictoires, comme des fables les
aux maux dont il était lui-même l'auteur : plus absurdes. Elle aime les pays chauds,
il rétablit le culte du vrai Dieu, purifia le la Palestine, la Grèce, l'Italie, l'Espagne,
temple, renversa les bocages et détruisit et ne croît que très difficilement dans
les autels. La fin de son long règne fut nos jardins, mais dans les lieux qu'elle
consacrée à en faire oublier le commence habite elle préfère les endroits sombres,
ment, et il vit prospérer son activité et tels que l'entrée des cavernes. La racine
son administration intérieure : il releva est épaisse, longue, fusiforme, ordinai
les murs de Jérusalem à l'occident de rement bifurquée, ou même divisée en
Guihon, ceignit Hophel d'ouvrages éle trois, fauve extérieurement, blanchâtre à
vés, rétablit l'ordre dans l'armée, et lui l'intérieur : les feuilles sortent du collet
donna une discipline et des chefs. Il mou de la racine, grandes, ovales, pointues,
rut à l'âge de soixante-sept ans, et fut en vertes, ondulées sur leurs bords, et dis
seveli dans un sépulcre qu'il s'était pré posées en faisceau : entre ces feuilles
paré au milieu de ses jardins. naissent plusieurs pédoncules simples,
On croit que Joel prophétisa sous son courts, portant chacun une fleur dont la
règne; c'est à la même époque aussi que corolle est campanulée, rétrécie vers sa
quelques auteurs (Bossuet, Calmet, Bon base en forme de cône renversé, un peu
nechose) placent l'histoire de Judith et velue en dehors, blanchâtre, légèrement
d'Holopherne. La tradition a conservé, teinte de violet : le fruit est une baie
sous le nom de prière de Manassé dans sphérique ressemblant à une petite pom
l'angoisse, un chapitre qui a été ajouté me, jaunâtre dans sa maturité, molle,
dans quelques exemplaires grecs et latins charnue, pleine d'une pulpe qui contient
à la fin du second livre des Chroniques ; des graines réniformes, placées sur un
MAN 14 MAN

seul rang. Cette baie, narcotique et stu disiaques. L'une et l'autre de ces plantes
péfiante, n'est dangereuse que lorsqu'elle peuvent exercer une certaine influence sur
est prise en certaine quantité. l'homme; elles peuvent stimuler, exciter,
Le nom de la mandragore se trouve irriter; Vénus est appelée mandragoritis,
deux fois dans l'Ecriture sainte, Gen. 30, et l'empereur Julien, dans son épître à
14. Cant. 7, 13.; c'est ainsi que les tra Calixène, dit qu'il boit du jus de man
ducteurs ont entendu l'hébreu dudayim ; dragore pour s'exciter à la volupté; mais
dans le premier passage, c'est la vertu elles ne peuvent rien sur les femmes, sur
prolifique de la plante qui est relevée; tout elles n'ont pas les vertus qu'on leur
dans le second, c'est son odeur agréable prête. Les bulbes de l'orchis se cueillent
et forte. ll s'en faut du reste de beaucoup à la fin de l'année; on les lave, et, après
qu'il y ait eu unanimité pour cette inter qu'on les a soumises pendant quelques
prétation, qui a été appuyée par Jacq. minutes à l'action de l'eau bouillante, on
Thomasius dans une dissertation spéciale, les fait sécher au soleil ou dans un four ;
1739, mais déjà fortement combattue par c'est dans cet état qu'elles entrent dans
1) Ant. Densing (1659), qui entend par le commerce sous le nom de salep de
dudayim le petit melon de Perse odorant Perse ou de salap; elles sont connues
(cucumis dudaïm, L); de même Sprengel, pour leurs propriétés nutritives, émol
Faber, la traduction persane, etc.; 2) Lu lientes et lubrifiantes; mais c'est par ces
dolf, dans son Hist. d'Ethiop., soutient qualités seules, et à cause de son abon
qu'il faut entendre par là un certain fruit dance en principes assimilants, que le sa
que les Syriens appellent mauz, dont la lep peut être considéré comme aphrodi
figure et le goût ont beaucoup de rap siaque, et il ne l'est qu'à la manière des
ports avec le ficus indica; 3) Celse en œufs, de la viande ou du lait, c'est-à-dire
tend une espèce de lotus, 4) Pfeiffer y parce qu'il est nourrissant.—Hasselquist,
voit une espèce de lys; 5) Calmet, Bo Michaélis, Maundrell, de même que l'abbé
chart, Browne croient pouvoir donner à Mariti (Voyag. II, 195), sont favorables à
l'hébreu le sens de citron ; 6) Junius tra la traduction mandragore, et leurs preu
duit : des fleurs agréables; 7) Codurque, VeS, Sans être très convaincantes, ont ce
des truffes, 8) Hiller, des cerises ;9)d'au pendant un certain poids : ce qui est dit
tres, des violettes ou du jasmin; 10) d'au du dudayim s'applique en tous points à
tres enfin, Virey, ChauIneton, l'entendent la mandragore; c'est au temps de la mois
de l'orchis. ll ressOrt de tOutes ces di son des blés (mai) que leur fruit mûrit,
vergences que la véritable signification cf. Genèse 30, 14.; elles ont une odeur
du mot est perdue, et même qu'elle l'a agréable ; elles peuvent se conserver, et
été de bonne heure ; on voit par le pas Soutiennent une espèce de comparaison
sage de la Genèse que la plante dont il avec les grenades. Ces caractères sont, il
s'agit passait pour donner la fécondité, faut l'avouer, assez vagues pour permettre
et le nom même de dudayim (dod, amour) l'incertitude, et si l'on n'admet pas la tra
pourrait bien être en rapport avec cette duction orchis, le mieux est peut-être de
opinion. La mandragore et l'orchis sont s'en tenir à la version traditionnelle.
les deux plantes qui harmoniseraient le Pour l'étude des miracles et des fables
mieux peut - être avec le peu que nous relatives à cette plante historique (dont un
connaissons du dudayim, la première par des plus grands torts est de nous avoir
la bifurcation de sa racine, à laquelle, avec donné la Mandragore de Machiavel), on
un peu de peine et de bonne volonté, on peut consulter Théophraste, Pline, Dios
pourrait encore donner la forme du corps coride, Calmet, Hiller, et Celsius, ainsi
humain, de là le nom d'anthropomorphos que les monographies de Ileiddeger, de
qui lui a été donné par Pythagore ; la Drusius, de Thomasius, de Laurent Cate
seconde, par la grossière ressemblance lan (Rare et curieux discours de la plante
qu'on a cru trouver dans ses bulbes or appelée mandragore, Paris, 1639), de
dinairement géminées, et qui a amené la Holzbom, 1702, et de Garnier de Nîmes.
préconisation ridicule de ses vertus aphro MANNE, Ex. 16, Nomb. 11, Deut.8,3.
MAN 15 MAN

Jos. 5, 12. La nourriture que Dieu donna Juifs au sujet de Jésus le vrai pain cé
aux Israélites dans le désert, depuis Sin, leste, Luc 4, 36., car il était pour eux
leur huitième campement, jusqu'à la fin de une apparition également inconnue, mais
leur séjour. Moïse la décrit comme quel plus bénie encore.
que chose de menu, blanc, rond comme du Outre les passages déjà cités, la manne
grésil, comme de la semence de coriandre, est rappelée Néh. 9, 20. Jean 6, 31. 49.
et ayant le goût de beignets. Elle tombait 58. Ps. 78, 24. Apoc. 2, 17. Ce dernier
chaque matin avec la rosée, et lorsque la passage contient une allusion évidente à
rosée avait disparu sous l'action des pre l'urne d'or renfermant la manne : la
miers rayons du soleil, la manne restait manne commune et corruptible du désert
seule sur le roc ou sur le sable, où les était la nourriture du corps mortel; mais
Israélites venaient la ramasser, mais seu la manne cachée dans l'urne est incor
lement en quantité suffisante pour la jour ruptible, c'est la nourriture du corps im
née, à l'exception du vendredi où il en mOrtel.
tombait une quantité double et où les Is Ps. 78, 24.25.— «... bien qu'il eût fait
raélites devaient aussi faire la provision pleuvoir la manne...; tellement que cha
du sabbat. Elle se gâtait du jour au len cun mangeait du pain des puissants. »
demain, et ceux qui, se méfiant de la di Nos versions rendent exactement le sens
vine Providence, voulurent essayer d'en de l'hébr. abirim , mais la phrase n'est
conserver, la virent se corrompre et les pas claire et ne se comprend pas : la Vul
vers s'y mettre. Chacun avait droit à un gate, l'anglais, et Luther ont « le pain des
homer (litres 3, 50), et celui qui en avait anges, » ce qui ne se justifie pas par
recueilli beaucoup n'en avait pas plus, l'usage de la langue ; Hengstenberg pa
comme celui qui en avait recueilli peu raphrase : le pain venu des lieux habités
n'en avait pas moins, c'est-à-dire qu'ils par les anges ; Durck propose le pain des
répartissaient entre eux, proportionnelle taureaux, qui d'après l'analogie de Soph.
ment au nombre des membres de chaque 1, 17., pourrait signifier la viande des
famille, ce qu'ils avaient ramassé, de sorte taureaux; abirim a en effet quelquefois
que celui qui en avait trop communiquait le sens de taureaux, Ps. 22, 12. 50, 13.
de son superflu à celui qui n'avait pas 68, 30. Es. 34, 7. Jér. 50, 11., et l'au
assez, et ramenait l'égalité voulue de teur entendrait que, outre la manne, Dieu
Dieu. Le passage 2 Cor. 8, 15. semble a aussi donné aux lsraélites de la chair à
établir ce sens, en même temps qu'il manger, ce qui ne s'accorde ni avec le
trace aux chrétiens une ligne de conduite sens du passage, ni avec l'histoire du
qui n'est malheureusement que bien peu désert. Dimock pense qu'au lieu de abi
stlivie. En commémoration de cette mer rim il faut lire Elohim, ou Abir Jéhovah
veilleuse Providence qui nourrit pendant (cf. Ex. 16, 15-16. Jean 6, 33.), et tra
tant d'années un peuple tout entier dans duire le pain de l'Eternel. Harris enfin
un désert, Dieu voulut qu'un homer de prend abirim dans le sens de ailes pour
manne fût recueilli dans un vase d'or et oiseaux, « chacun mangea(outre la manne)
placé devant le témoignage à côté de du pain, c'est-à-dire de la chair d'oiseaux;
l'arche sainte, cf. Hébr. 9, 4. il leur envoya de la nourriture à les ras
Cette nourriture comme telle, et cette sasier. » Mais toutes ces explications sont
substance considérée en elle-même, était un peu recherchées, et la traduction fran
quelque chose de tout à fait nouveau pour çaise, qui est la plus littérale, n'a besoin
les Israélites, si bien qu'en la voyant pour que d'être comprise dans le sens du génie
la première fois couvrir le sol, ils se de de la langue hébraïque : le pain des puis
mandèrent les uns aux autres : Qu'est sants ou des riches, c'est un pain excel
ce ? (hébr., man), et ce nom interrogatif lent, ou, d'une manière générale, une
resta à ce pain descendu du ciel : man nourriture excellente. Dieu envoya aux
hou, qui signifiait qu'est ce que cela?fut Israélites la manne, le froment des cieux,
traduit : cela est de la manne. C'est la tellement qu'(au lieu de disette) chacun
même question que firent plus tard les avait en abondance un mets très recher
*

MAN 16 MAN

ché, une nourriture agréable et délicate. règles, soit enfin par la multiplication .
L'auteur de la Sapience (16, 20. 21.) l'augmentation en nombre ou en volume,
dit que la manne s'accommodait tellement des effets que des causes physiques au
au goût de ceux qui la mangeaient, que raient aussi produits, mais en moindre
chacun y trouvait de quoi satisfaire son quantité. Admettant que la manne céleste
appétit, et quelques-uns l'ont entendu en n'ait pas été une création nouvelle, le mi
ce sens qu'elle prenait pour chacun le rac'e reste dans son abondance, sa régu
goût particulier qu'il désirait y trouver. larité, sa périodicité, interrompue le sab
Josèphe dit plus simplement qu'elle était bat, mais précédée d'une quantité dou
si excellente qu'on ne pourrait rien dé ble de nourriture la veille, sa prompte
sirer de meilleur; et saint Augustin, corruption pendant la semaine, et sa
qu'elle se conformait au goût de ceux conservation au septième jour, sa pro
qui en usaient, en faveur des enfants de duction au milieu des sables quand d'or
Dieu, lesquels ne s'en lassèrent pas, tan dinaire elle ne se trouve que découlant
dis que pour les autres elle ne fut plus des arbres, etc., tout autant de caractères
bientôt qu'un objet de dégoût, Nomb. qui ne sont point naturels, mais que
11,6. Dieu a pu miraculeusement ajouter pour
La manne n'est pas une substance qui un temps à l'une des productions de la
soit entièrement inconnue ou perdue : elle nature orientale, les uns pour conserver
se retrouve encore en divers lieux, en son peuple, les autres pour l'habituer au
Pologne, dans le Dauphiné, en Calabre, respect de la loi qu'il avait donnée. —
en Arabie, sur le Sinaï, sur le Liban, et Disons cependant que les voyageurs don
ailleurs. La plus estimée est celle d'Ara nent à la manne du désert quelques pro
bie, espèce de miel condensé qui suinte priétés qui ne rendent pas l'identité ab
des feuilles et des branches, et que l'on solue. Cette gomme qui découle goutte
recueille quand elle a pris une certaine à goutte ne se laisse ni piler, ni broyer,
consistance. On peut augmenter de beau comme faisait la manne israélite, et de
coup la récolte qu'on en fait, au moyen plus elle a une vertu légèrement purga
d'incisions pratiquées à l'arbre, et c'est au tive et affaiblissante, qui se perd, il est
mois d'aoùt surtout que cette opération vrai, pour celui qui, par un fréquent
se fait avec le plus de succès : parfois c'est usage, en a pris l'habitude, comme on sait
un petit insecte, le coccus, qui se charge que l'estomac peut s'accoutumer à une
de piquer l'arbre avec son aiguillon, et nourriture qui lui est naturellement con
de provoquer ainsi l'écoulement de la ré traire.
sine. Saumaise pense que c'est de cette Les Hébreux et les Orientaux pensent,
manne qu'il est parlé dans l'histoire du à l'inverse de Saumaise , que la manne
désert, et que le miracle a consisté moins était un miracle, jusque dans la mature
dans la production même que dans l'a- mème de sa substance, et c'est bien, à
bondance et la régularité de cette pro tout prendre, l'opinion qui paraît le mieux
duction. Son opinion peut parfaitement justifiée par la lettre de l'Ecriture; mais
se soutenir en ce sens qu'elle n'enlève rien ils sont tellement jaloux de la gràce que
à tout ce qu'il y a eu de miraculeux dans Dieu leur fit en cette occasion, qu'ils vont
presque tous les détails de cette alimen jusqu'à prononcer l'anathème contre ceux
tation providentielle ; en général on peut qui ne partagent pas entièrement leur
remarquer dans la plupart des miracles manière de voir à cet égard (Aben Esr.
de la Bible , qu'ils ne contrarient pas la ad Ex. 16, 15.); c'est aller un peu loin.
nature, qu'ils ne sont pas des monstruo On peut consulter sur la manne la Phy
sités en dehors du cours des choses ; sique sacrée de Scheuchzer avec les notes
mais qu'ils se distinguent soit par des de Donat, la dissertation de Faber, l'Hist.
modifications apportées à certaines lois de la manne de Buxtorf, Saumaise, les
physi ues, soit par l'accélération d'effets Notes de Rosenmuller sur Bochart, le
qui se produisent également dans la na Traité d'Altomare, et un art. dans les
ture, mais lentement et suivant certaines Comptes rendus de l'Académie des scien
MAN 17 MAR

ces, 1846, t. II, p. 452, séance du 31 août. son éducation, subi ou accepté l'influence
MANOAH, Jug. 13,2., de Tsorhah, père de son faible père. Sa jeunesse indomp
de Samson. Cet homme faible et crain tée et ses fougueuses passions l'éman
tif, mais bien intentionné, gémissait sur cipèrent de bonne heure ; Manoah vécut
les malheurs que l'idolâtrie de ses com assez pour voir, sans pouvoir l'empêcher,
patriotes avait amenés sur la commune le mariage de son fils avec une Philistine,
patrie, lorsque sa femme,, plus pieuse mais son nom qui ne reparaît plus que
apparemment, et plus éclairée que lui, dans le nom de son sépulcre, 16, 31.,
vint lui annoncer que sa longue stérilité porte à croire qu'il ne fut pas le témoin
qui les affligeait l'un et l'autre, allait enfin des derniers excès, de la gloire, et de la
cesser, et qu'un prophète de l'Eternel lui cOnversion de son fils.
avait promis un fils; bien plus, ce fils de L'apparition de l'ange à Manoah rap
vait être le libérateur d'Israël, et pour le pelle celles dont jouirent Abraham, Ja
préparer à sa grande et sainte mission, cob et Gédéon : le refus de l'ange de se
elle devait elle-même observer jusqu'au faire connaître, rappelle le même refus
moment de sa naissance toutes les pres qu'éprouva Jacob dans sa lutte merveil
criptions du nazaréat. Manoah, tout en leuse au bord du Jabbok, Gen. 32, 29.
semble troublé et réjoui, demanda au Sei MANTEAU. Ce mot qui a déjà un sens
gneur de lui faire voir à lui-même ce mes assez vaste dans notre langue, en avait
sager de bonnes nouvelles, afin qu'il pût un plus étendu encore en hébreu ; il
apprendre de lui la conduite qu'il aurait S'appliquait à plusieurs espèces de vête
à tenir à l'égard de ce fils béni. Bientôt ments, tunique, manteau, vêtement de
après, en effet , l'ange apparut de nou dessus, etc. La pièce d'habillement dont
veau à la femme, qui alla chercher son il est parlé, Marc 12, 38., à propos des
mari : mais il ne répondit pas aux ques scribes, et qui peut aussi se traduire par
tions prématurées de l'humble Manoah ; manteau, était un large pan d'étoffe, des
il se borna à répéter à la femme qu'elle cendant jusqu'à la cheville du pied. v.
Vêtements.
devait, pendant tout le temps de sa gros
sesse, vivre dans l'abstinence nazaréenne, MARAH (amertume). 1° Une des pre
et Manoah n'insista plus; mais désireux de mières stations des Israélites dans le dé
retenir auprès de lui ce prophètede l'Eter Sert , ils lui donnèrent ce nom à cause de
nel, et de l'honorer selon les usages de l'amertume de ses eaux, Ex. 15,23. Nomb.
l'antique hospitalité, il lui offrit un festin ; 33, 8.Les voyageurs ne sont pas d'accord
l'ange le refusa, mais engagea son hôte à Sur la situation de ce lieu; Shaw a cru le
présenter un holocausteà l'Eternel. L'ange trouver dans un endroit appelé maintenant
refusa de même de déclarer son nom, car Corondel ou Gharendel, où coule encore
il est admirable, dit-il (cf. Es. 9, 5.). de nos jours un ruisseau dont les eaux
Manoah qui jusqu'alors n'avait vu dans sont amères; Niebuhr, dans le Aijun Musa
celui qui lui parlait qu'un simple prophète, (fontaine de Moïse), à 2 lieues sud-est de
ne tarda pas à comprendre que c'était Suez, à une demi lieue du golfe d'Ara
l'Eternel lui-même; car lorsqu'il eut of bie ; Burckhardt le place à 15 lieues plus
fert son holocauste, et que la flamme s'é- au sud, où il a trouvé une source appelée
levant de l'autel vers les cieux, l'EternelHowara, dont les eaux sont si amères
y fut monté avec la flamme, Manoah s'é- que les chameaux mèmes refusent d'en
cria : Certainement nous mourrons, par boire, à moins qu'ils ne soient très alté
ce que nous avons vu Dieu ! Sa femme rés; le mème voyageur pense que Moïse
comprit mieux que lui, la faveur que cette se servit des baies du gharcad ou hamra
manifestation divine leur promettait à eux pour adoucir l'amertume de cette source,
et à leur fils : elle y puisa de nouvelles (Michaélis raconte de même , qu'il y a
forces, un nouveau courage, une nou aux Indes un arbre qui a la propriété de
velle confiance dans la fidélité de celui qui rendre douces les eaux devenues amères).
ne peut mentir.—L'enfant naquitautemps L'opinion de Niebuhr est conforme à la
indiqué, mais il ne paraît pas avoir, dans tradition, mais celle de Burckhardt paraît
II, 2
MAR 18 MAR

mieux justifiée géographiquement par la du reste, que ces significations ne sont


marche que suivaient les Israélites; c'est que devinées , aucun fil ne peut plus gui
celle qu'a admise Haevernick. der dans ces recherches, et les savants y
2° Ce même nom est employé au duel dépensent inutilement leur esprit étymo
Marathayim, Jér. 50, 21., où nos versions logique et scientifique. — On sait que
l'ont traduit par vous deux, rebelles. Le les anciens attachaient beaucoup d'impor
passage est difficile à entendre, mais il tance au luxe de leurs planchers, de leurs
vaut mieux (avec Dahler) le rapporter au parquets, et des pavés de leurs cours ou
pays, et lire : marchez contre ce pays de leurs jardins : nous en sommes venus
doublement rebelle, ou bien le regarder au point , disait Sénèque, que nous ne
comme un nom symbolique de Babylone, voulons plus fouler que des pierres pré
marchez contre ce pays de Marathayim, cieuses. Et Apulée, décrivant le sol des
ce qui renferme le même sens, mais ex appartements de Psyché, dit que les pier
primé d'une manière plus solennelle. res précieuses dont il était composé, re
MARBRE. Substance bien connue pour présentaient à l'œil, par leur disposition
sa dureté et le beau poli dont elle est et la variété de leurs formes et de leur
susceptible. Quatre noms différents pa grandeur, des tableaux et des peintures
raissent en avoir désigné différentes es de divers genres.
pèces dans la langue des Hébreux. Shesh MARC, l'auteur du second évangile, est
ou shish , Cant. 5, 15. Est. 1, 6. 1 Chr. probablement le fils de Marie ; cousin de
29, 2.: la version syriaque le traduit par Barnabas, et peut-être comme lui Lévite
marbre blanc, ce qui s'accorde bien avec de naissance, compagnon d'œuvre de Paul
la comparaison du Cantique; il est égale et de Pierre, il est désigné dans les Actes
ment probable que ce devait être de cette sous les noms de Jean Marc, 12, 12.25.,
espèce de marbre qu'étaient faites les de Jean, 13, 5.13., et de Marc, 15,39. C'est
colonnes du temple, et David l'aura fait dans la maison de sa mère que les apô
venir des contrées voisines de l'Arabie ; tres étaient réunis après la mort de Jac
Ilarris compare le nom de shish avec la ques, lorsque Pierre fut délivré de son
montée de Tsits, 2 Chr. 20, 16., qu'il cachot et de ses fers, 12, 12. Quelques
pense avoir été la carrière, ou l'une des anciens veulent qu'il ait été au nombre
carrières où les Hébreux choisissaient des soixante-dix d iples, et Origène,
leur marbre : mais c'est forcé, et l'hypo Procope, etc., ajoutent qu'il se retira
thèse ne repose sur aucune autre preuve pour un temps du Sauveur, de mème que
que cette lointaine analogie. Le marbre Luc, à cause de ce qu'avait dit le Messie :
blanc du palais royal de Suze, était tiré « Si vous ne mangez ma chair, vous ne
des carrières mêmes du pays, où il se pouvez avoir la vie en vous-mêmes, » Jean
trouve en abondance. Le sochereth, Est. 6, 53. Toutefois cette anecdote n'est rien
1, 6., ne peut être déterminé d'une ma moins que sûre, et si l'on en croit Irénée
nière bien sûre ; les Septante le tradui et Papias, Marc n'aurait pas connu Jésus,
sent comme le précédent, espèce de mar et il aurait été gagné à l'Evangile par la
bre blanc. Le bahat, que le syriaque rend prédication de Pierre. Ce fut Barnabas
de même, est traduit par les Septante, son parent qui l'introduisit dans la s0
émeraude , ce qui doit s'entendre non ciété des apôtres, et on le voit déjà com
de la pierre précieuse de ce nom, mais pagnon de saint Paul, lors de son pre
d'un marbre nuancé de vert. Enfin le dar mier voyage missionnaire d'Antioche dans
(ibid.) est traduit par l'arabe, perle, et l'Asie Mineure, 12, 25. 13, 5. On ignore
par les Septante, pierre de perle ; c'est pour quels motifs, après avoir suivi ses
aussi l'opinion de Bochart, mais elle ca compagnons de voyage dans l'île de Chy
dre difficilement avec le contexte : il faut pre, à Salamis et à Paphos, il se sépara
plutôt l'entendre avec Michaélis et Winer, d'eux à Perge en Pamphylie, 13, 13.; mais
de l'albâtre qui, lorsqu'il est bien tra la manière dont saint Luc parle de cette
vaillé, peut dans une mosaïque faire l'ef séparation, 15, 38., semble jeter un cer
fet de perles enchâssées. Il faut avouer, tain blâme sur ses motifs, et l'on suppOSe
MAR 19 MAR

que cette vie agitée et l'éloignement de prosélytes qu'il faisait chaque jour, et
sa patrie, avaient fatigué son zèle encore des attaques victorieuses qu'il avait por
jeune, et sa foi encore peu éprouvée, peu tées à leur culte idolâtre ; son corps fut
habituée aux renoncements de la vie mis brûlé selon les uns, transporté selon les
sionnaire. Marc rentra cependant dans la autres à Venise, où un temple magnifi
carrière, et probablement après un inter que qui porte son nom lui aurait été
valle qui ne fut pas fort long ; mais saint donné comme mausolée. Tous ces bruits
Paul ne le voulut pas d'abord pour com ont leur teinte fabuleuse, et l'on sera
pagnon de voyage, il prit Silas avec lui, d'autant moins porté à y ajouter foi que
tandis que Marc et Barnabas retournaient déjà Cyprien, Tertullien et Augustin re
en Chypre. Aucun détail ne nous est don fusent à l'Eglise d'Afrique une origine
né sur les résultats de sa mission dans apostolique.
cette île, mais il faut croire qu'elle fut Son Evangile est le second en date :
bénie, et qu'il se distingua par un redou Eusèbe dit que c'est à Rome, à la de
blement de zèle pour faire oublier ses mande des fidèles de cette église, et sous
précédentes hésitations ; plus tard en ef les yeux de Pierre, qu'il l'a composé.
fet, il est rentré en grâce auprès de saint Quelques manuscrits grecs, le perse, l'a-
Paul, qui le compte à Rome au nombre rabe, et le Pseudo-Damase dans sa vie de
de ses compagnons d'œuvre, Philém. 24, Saint Pierre, ajoutent, en outre, que cet
le recommande à l'Eglise de Colosses, Ouvrage a été primitivement écrit en la
Col. 4, 10., et prie Timothée de le lui tin, ce qui est aussi l'opinion de quel
ramener, 2 Tim. 4, 11. ll paraîtrait que, ques modernes, Selden, Baronius, Bellar
pendant l'espace de temps qui sépara les min , mais il n'est pas mème sûr que ce
deux captivités de Paul, Marc fut le com soit en Italie que Marc a écrit, et plu
pagnon de Pierre, auquel l'unissait une sieurs auteurs, cités par Chrysostome,
affection filiale, et qui l'avait auprès de p0rtent que ce travail a été fait en
lui quand il écrivit sa première épître, 5, Egypte, et pour l'Egypte. Quant à la part
13. D'autres pensent que le Marc nommé que Pierre a prise à la rédaction de cet
dans ce passage était véritablement un évangile, la tradition est assez unanime,
fils de l'apôtre, ce qui serait bien possi au point que saint Athanase, Eutyche
ble, puisqu'il était marié; mais la tradi d'Alexandrie, et d'autres pères grecs et
tion n'est pas favorable à cette opinion. Orientaux, ont cru que cet apôtre l'avait
D'autres encore, afin de multiplier autant dicté, et peut-être écrit de sa propre
que possible, les saints et les évêques main. Supposé même que Marc eût écrit
des temps primitifs, et de pourvoir ainsi à Rome pour les chrétiens de cette ville,
tous les évêchés, ont distingué trois Marc, il ne serait pas prouvé qu'il se fût servi
le fils de Marie, le fils de Pierre et l'évan du latin : le grec était connu ; les deux
géliste ; c'est encore plus improbable, et ouvrages de Luc sont en grec, et l'épître
cette manière de voir n'a pas même pour aux Romains l'est aussi, sans que per
elle les apparences. Si, comme on doit le sonne ait prétendu que Paul eût dû se
conclure de 2 Tim. 4 , 11., Marc assista servir d'une autre langue que celle qu'il
aux derniers jours de Paul, on peut sup parlait ordinairement en s'adressant aux
poser qu'après la mort de cet apôtre, il païens. Il y aurait bien un moyen de dé
revint en Asie, et qu'il y rejoignit Pierre. cider cette question, puisque le texte ori
Une tradition ajoute que Pierre l'envoya ginal de saint Marc se trouve encore ac
prêcher l'évangile en Egypte, qu'il fonda tuellement à Venise, où il est soigneuse
à Alexandrie une Eglise considérable, ment conservé, depuis 1564 (Calmet),
que ses travaux en divers lieux de la dans un caveau dont la voûte est plus
Basse et de la Haute Egypte, et jusqu'à basse, en tout temps, que la mer voi
' Cyrène, furent couronnés des plus beaux sine; mais, malheureusement, ce manus
succès, et qu'enfin il fut massacré au mi crit est tellement altéré et illisible, que
lieu d'une fête païenne par les païens l'on ne peut pas même en déchiffrer quel
d'Alexandrie, irrités du grand nombre de ques lettres pour voir si elles sont grec
MAR 20 MAR

ques ou romaines. Ce manuscrit (qui est jeune homme enveloppé d'un linceul,
peut-être tout autre chose qu'un saint qui suit la troupe qui vient d'arrêter Jé
Marc) est écrit s'Ir du papyrus d'Egypte sus, quelques mots sur Simon Cyrénéen,
extrêmement délicat, et Montfaucon le la pierrerouléeàl'entrée du sépulcre,etc.,
fait remonter au moins au quatrième ainsi qu'un grand nombre d'observations
siècle. Cet auteur veut y avoir remarqué de détail qui donnent du relief à l'action,
des caractères latins ; mais un autre au et trahissent le témoin oculaire qui a di
teur qui l'avait vu avant lui, et, par con rigé l'auteur. v. p. ex. 1, 13. 20. 29.
séquent, dans des conditions meilleures 33.35.45. 3, 5.6. 4, 26. 5, 5. 13.26.
et dans une moins grande vieillesse et 6, 13. 10, 46. 50., etc. Il ajoute quel
détérioration, croit avoir distingué des ques traits de la vie de saint Pierre, et en
lettres grecques. Ce débat, au reste, n'a omet d'autres qui seraient à l'honneur
plus d'importance, comme il ne se résou de cet apôtre, Matth. 16, 16. 17, 24. Il
dra jamais non plus. ne le nomme pas, non plus que Mat
Quant au but que Marc s'est proposé thieu, dans l'anecdote de Malchus.
en écrivant son évangile, on croit qu'il a On ne peut rien déterminer sur l'épo
eu sous les yeux le travail de saint Mat que de la rédaction : au dire d'Irénée,
thieu, et qu'il a voulu le mettre à la por saint Marc n'aurait écrit qu'après la mort
tée des lecteurs païens, en en retranchant de Paul et de Pierre; mais, comme la
tout ce qui se rapportait trop exclusive mort de Pierre n'est pas connue, cette
ment aux mœurs, aux espérances et aux vague indication ne suffit pas, et l'on
préjugés des Juifs : il a un but plus ca doit, avec Valois, Heidegger, Calmet,
tholique que le premier des évangélistes, cOnsentir à ne rien décider.
mais sa couleur, sous ce rapport, est MARCHANDS. v. Commerce.
moins prononcée que celle de saint Luc, MARCHE. v. Forum.
qui l'a suivi. Il est, avant tout, historien MARD0CHEE, Benjamite de naissance,
évangélique ; il raconte ce que le Sau fils de Jaïr, et arrière-petit-fils de Kis,
veur a fait, et l'on pourrait donner, pour l'un de ceux qui avaient été emmenés
épigraphe à son livre, ces paroles de captifs avec Jéchonias, demeurait à Suze
saint Pierre, qui fut son compagnon et avec Ester, sa cousine, orpheline de père
son père spirituel : « Il allait de lieu en et de nière. Il laissa sa jeune parente
lieu, faisant du bien, » Act. 10, 38. Tout courir la carrière des honneurs, et la di
est rapide dans son récit, tout est bref, rigea de ses conseils ambitieux, sages et
et le mot aussitôt (en grec) se rencontre politiques : lui-même obtint à la cour une
neuf fois dans le chapitre premier ; il dit charge qui lui permit de correspondre
les faits, et omet ou abrège les paroles et avec Ester et de veiller à ses intérèts.
les discours. Le chap. 1 renferme déjà la C'est pendant qu'il faisait son service à
mission de Jésus et celle du précurseur, la porte du roi, qu'il découvrit et déjoua
l'effusion du Saint-Esprit sur le Sauveur une conjuration tramée contre Assuérus :
après son baptême, l'histoire de la tenta un si grand bienfait avait droit à une bien
tion, la vocation de quatre apôtres, la grande récompense ; mais il fut d'abord
guérison d'un démoniaque, celle de la oublié, et ce fut plus tard seulement que
belle-mère de Pierre, l'évangélisation de Dieu le remit en mémoire à celui qui en
la Galilée, et la guérison d'un lépreux. avait été l'objet. Mardochée nourrissait
Il ne fait guère de réflexions, et entre en son cœur une haine jalouse et violente
sommairement en matière. Cependant, il contre Haman, le favori du roi, haine qui
ne s'est pas borné à compléter saint n'avait peut-être d'autre motif qu'un in
Matthieu, et à donner à l'évangile un ca stinct secret, un pressentiment confus,
ractère universel ; il le complète confor une mystérieuse antipathie, et la crainte
mément à son plan, et l'on y trouve beau de voir cet homme puissant travailler un
coup de faits que saint Matthieu n'avait jour à la perte de la favorite. Orgueilleux
pas rapportés, l'histoire de l'aveugle dont d'être Juif, orgueilleux d'être le plus pro
la guérison est progressive, celle du che parent de la reine, orgueilleux d'a
MAR •) 1 MAR

voir sauvé la vie du roi, orgueilleux de se termina par la disgrâce et la mort


trois titres qui, tous les trois, étaient in d'Haman. Dès lors la parenté d'Ester et
COnnus Ou oubliés, et dont seul il avait la de Mardochée, bien loin d'ètre compro
conscience, il portait haut la tête, et re mettante pour la première, fut un titre
fusait de se plier devant le visir qu'il de plus à l'estime et à l'affection royale.
haïssait et qu'il méprisait : il aigrissait Assuérus, ayant éprouvé la fidélité de
imprudemment celui qui, d'un mot, pou l'un et de l'autre, dut désirer de s'atta
Vait le perdre, lui et sa nation tout en cher Mardochée, sùr de trouver en lui un
tière. Et bientôt ce mot fut prononcé : Soutien du trône ; il lui remit l'anneau
dès qu'Haman eut connu l'origine mépri royal, et le nomma grand visir à la place
Sable de ce fils de captif, il demanda et de son prédécesseur. Ester, en même
obtint l'édit fatal, irrévocable (Est. 3, 12. temps, lui confia l'intendance des immen
cf. Dan. 6, 8. 15.) qui ordonnait la des ses propriétés d'Haman, qui avaient été
truction de tous les Juifs par tout l'em confisquées.Mardochée se servit du pou
pire, au même jour. Mais Dieu en avait voir en faveur de ses coreligionnaires,
décidé autrement. Le roi, inquiet et agi et ne pouvant annuler un décret royal
té, ne pouvait dormir : il se fit lire les par un autre, ne pouvant révoquer l'or
annales de son règne, et le nom de Mar dre de destruction qui avait été envoyé
dochée lui rappela qu'aucun honneur n'a- contre les Juifs, il le neutralisa en pré
vait récompensé le zèle d'un serviteur venant ceux-ci, et leur permettant de
auquel il devait la vie. Cependant Mardo s'armer pour leur défense. Dans cette
chée avait pris le deuil ; il se promenait lutte, les Juifs furent les plus forts, et
par la ville, couvert du sac et de la cen probablement aussi les plus acharnés :
dre, remplissant l'air des cris que lui ils tuèrent 75,000 hommes dans un seul
arrachait la proscription de son peuple. jour, et le lendemain, par une faveur
Ester, instruite le ces manifestations de Spéciale et exceptionnelle, le roi fit pen
désespoir, en fit demander la cause, et dre les dix fils d'Haman pour plaire à
Mardochée l'instruisit, et du décret ob Ester, à qui, sans doute, Mardochée l'a-
tenu par Haman contre les Juifs, et de la vait demandé afin d'étouffer toutes les
conduite qu'elle avait à tenir; ses paroles ambitions d'une famille rivale. Le pre
étaient fortes et pressantes : « Qui sait si mier ministre ne prévoyait pas sans
tu n'es point parvenue au trône pour doute autant de meurtres et d'assassi
un temps comme celui-ci ? » lui disait-il nats; il n'avait voulu que sauver les
en terminant. Il reparut à la cour, mais Juifs, et si les passions profitèrent de la
refusa, derechef, de se courber devant lettre d'un décret pour se baigner dans
Haman. Sa mort fut résolue : un gibet le sang, il serait injuste de l'en rendre
fut dressé, et le favori, invité ce jour-là entièrement responsable. D'un caractère
chez la reine, et devant y retourner le fort et altier dans l'abaissement, mais
lendemain, se proposait de faire pendre toujours jaloux de la dignité de sa na
le Juif entre les deux repas ; mais le roi tion, et poursuivi de l'idée qu'il doit
le fit mander de bonne heure : Haman, veiller à la sûreté de ses frères, confiant
qui se croyait arrivé au faîte de la gran aussi peut-être dans des prophéties qu'il
deur, concourut, sans le savoir, à l'éléva entend mal, ou dont il veut forcer et hâ
tion de Mardochée, et dut lui-même le ter l'accomplissement, ambitieux pour les
revêtir, et le promener en triomphe par siens plutôt que pour lui-même, il pro
les rues de la ville. Le règne d'Haman teste, au péril de ses jours, contre une
finissait, celui de Mardochée commen iniquité, et ne craint pas même de hasar
çait. Après tous ces honneurs, Mardo der le bonheur et la vie de sa parente : il
chée retourna humblement à son poste ; veut qu'au jour de la détresse on se
c'est aussi là que l'appelait son devoir, et mette à la brèche, et Dieu récompense sa
sa présence à la porte du roi ne fut pas courageuse fidélité. Comblé d'honneurs,
sans influence sur la scène qui se paSSa serviteur d'un roi païen, il se montre
le soir au jardin, après la collation, et qui toujours le représentant des Juifs, et
MAR 22 MAR

leur assure dans l'empire une position riait naturellement suivant la fortune et
tranquille et honorable. La faveur popu la condition des familles : un minimum
laire ne lui défaut pas plus que la con de 50 sicles est indiqué, Deut. 22, 29.,
fiance royale, et des cris de joie saluent et n'a pas même toujours été donné, Os.
son avènement au pouvoir. 3, 2. D'autres fois l'époux devait, par
Quant à la chronologie de cette his son travail, mériter sa fiancée : d'autres
toire, le livre d'Ester nous offre trois fois encore, celle-ci apportait elle-même
dates : Vasti fut répudiée la troisième an quelque portion de bien que son père lui
née d'Assuérus (q. v.) 1, 3.; quatre ans donnait. Qu'une femme eût à s'occuper
après, dans la septième année de son de la recherche d'un mari, c'était consi
règne, Assuérus épouse Ester, 2, 16., et déré, par les Orientaux, comme une vé
le décret de destruction est lancé dans sa ritable calamité, et c'est dans ce sens
douzième année, 3, 7. L'année où Mar qu'on peut comprendre Es. 4, 1. Le con
dochée découvrit le complot des deux eu sentement des frères, notamment du frère
nuques n'est pas déterminée, et les pa aîné, paraît avoir été aussi requis pour
roles, 2, 19., ne jettent aucun jour sur le mariage de leurs sœurs. Le contrat
la question. Il n'y eut, entre le décret de était passé verbalement entre les parents
destruction et celui de la révocation, en présence de témoins ; quelquefois le
qu'un intervalle de deux mois et dix serment intervenait, Mal. 2, 14.; ce ne fut
jours, et nous pouvons apprendre de là que plus tard, après les jours de l'exil,
que, même dans les circonstances les que les contrats par écrit furent connus.
plus critiques et les plus désespérées, le On trouvera ces détails sur le mariage
peuple de Dieu peut toujours se confier, chez les Hébreux, Gen. 21, 24, 29, 34,
avec assurance, en celui qui seul dispose et 38 ; Exod. 22; Deut. 22 ; Jos. 15;
des événements, et qui a promis que les Jug. 1, et 14; 1 Sam. 18 ; 2 Sam. 3; 1
portes de l'enfer ne prévaudront jamais Rois 2, et 3; Tobie 7; cf. Iliad. 11, 224.
contre son Eglise. Odyss. 3, 281. 8, 318. Tac. Germ. 8; Hé
MARESA, Jos. 15, 44., ville des plai rod. 1, 196. 6, 127. Diod. Sic. 4, 42.64.
nes de Juda, que Roboam fit, plus tard, Il était, jusqu'à certain point, permis
fortifier, 2 Chr. 11, 8, cf. 14, 9. 10. à un homme d'avoir plusieurs femmes.v.
Mich. 1, 15. Il en restait encore quelques Concubines, et Polygamie.
ruines au temps d'Eusèbe. Josèphe en Les mariages étaient défendus, d'abord
fait une possession des lduméens, mais entre les Israélites eux-mêmes, dans cer
quileur fut enlevée, plus tard, par Alexan tains cas de proche parenté, par consan
dre (Ant. 12, 8, 6. cf. 13, 15, 4.). v. guinité ou par alliance, Lév. 18 et 20,
MoréSeth. Deut. 27, Jos. Ant. 3, 12, 1., et cette
MARIAGE. Chez les Hébreux, comme prohibition avait pour sanction, quelque
en général chez les Orientaux, et de nos fois la peine de mort, d'autres fois une
jours encore, c'étaient les pères, et, à simple peine théocratique, la privation
leur défaut, les mères, qui arrangeaient d'enfants, soit qu'on doive l'entendre
seuls les mariages de leurs enfants, de d'un simple vœu de malédiction pronon
sorte qu'il arrivait souvent que ceux-ci cé par le législateur, soit que Dieu ren
étaient fiancés avant de s'être jamais vus. dît tout inceste stérile, soit enfin que la
Ordinairement la famille du fils faisait les loi refusât de reconnaître ces enfants
premières démarches, et offrait une dot comme légitimes. Une pareille défense
pour le prix de la jeune fille, vieille et reposait sur le besoin de garantir les fa
universelle coutume toujours justifiée milles qui eussent été trop facilement en
par les circonstances, que l'on retrouve vahies par l'impureté, de protéger les
chez les Grecs de l'antiquité, chez les filles et les sœurs contre des passions
Germains, les Babyloniens, les Assy qu'un contact habituel, intime et familier,
riens, et maintenant encore en Arabie et eût embrasées facilement si le mal n'eût
dans le Kurdistan, ainsi que chez presque été coupé d'avance dans sa racine, et si
tous les peuples de l'Asie. Cette dot va les esprits n'eussent été détournés par
MAR 23 MAR

une loi positive, de nourrir avec com des familles protestantes, dispersées dans
plaisance un amour plutôt sensuel et vo un grand nombre de villages, sont pres
luptueux que conjugal ; c'était, en outre, que toutes parentes entre elles, et ne
une barrière de plus, élevée entre le forment guère d'alliances au-dehors.
peuple juif et les nations qui l'entou Les mariages entre les Israélites et les
raient, depuis l'Egypte jusqu'à la Syrie, Cananéens étaient de même formellement
où les mariages entre les plus proches pa prohibés, quoique les premiers pussent
rents n'étaient pas rares : la Grèce et l'I- épouser des femmes étrangères; les Ca
talie avaient déjà, sous ce rapport, des nanéennes seules étaient exclues, et les
mœurs moins relâchées. On ne peut guère autres devaient en outre être natura
s'expliquer comment la princesse Tamar lisées, Ex. 34, Deut. 7 et 21, Gen. 24,
peut parler de la possibi'ité d'une union 3. 28, 1. Ruth, 1, 4.4, 13. Nomb. 12; 1
entre elle et son beau-frère Amnon, 2 Chr. 2, 17. 1 Rois 3, 1. 14, 21., etc. (cf.
Sam. 13, 13.: ce n'était peut-être, dans Jug. 3, 6. 14, 1. 1 Rois 11, 1. 16, 31.).
sa bouche, qu'un moyen de chercher à se Mais après l'exil, un rigorisme nouveau
soustraire à ses violences. — On voit, du et légitime s'introduisit dans les mœurs ;
reste, par Ezéch. 22, 11., que les Israé on comprit que ces alliances étrangères,
lites ne respectèrent pas toujours cette quoique permises, tendaient à compro
loi mora e, et cela n'a rien d'étonnant mettre la foi et le monothéisme : les pro
lorsqu'on songe à "ous les autres crimes phètes, les législateurs, le peuple se pro
auxquels les poussa leur sensualité orien noncèrent énergiquement dans ce sens,
tale. Les Hérodes, en particulier, ne se Esd. 9, 2. 10, 3. Néh. 13, 23 (cf. Jug. 3,
firent pas faute d'alliances défendues, et 6.).
l'on en voit un épouser la fille de son Sur un cas de mariage voulu par la loi,
frère, Jos. Ant. 12, 4. 6. 17, 1. 3. etc. v. Lévirat.
cf. Matth. 14, 4. Tacit. Hist. 5, 5. 2. On De secondes noces n'étaient pas répu
se montra lâchement tolérant avecles pro tées très honorables chez les Grecs et chez
sélytes, et, sous prétexte que pour eux les Romains, surtout de la part des fem
les liens du sang avaient été rompus par mes, Virg., AEn. 4, 23. Diod. Sic. 13, 12.
leur conversion, on leur permit des al Les Juifs pensaient de même, cependant
liances monstrueuses, cf. 1 Cor. 5, 1. — ils étaient moins prononcés, et les pha
Sur les conditions relatives au mariage risiens eux-mêmes avaient quelque tolé
des prêtres, v. cet article. — Les tribus rance sous ce rapport; le prêtre Josèphe,
pouvaient s'allier l'une à l'autre; il n'y a après avoir renvoyé sa première femme,
qu'une seule restriction à cet égard, rela procéda sans scrupule à un second ma
tive aux héritières, qui devaient se ma riage : mais on regardait cependant com
rier dans leur tribu pour maintenir intacte me plus conforme à la sainteté de la vie
la division des propriétés et des terri et au respect dû à la femme de ne pas se
toires, Nombr. 36, 6. cf. Tob. 4, 3. remarier, cf. Luc 2, 36. 1 Cor. 7, 8. Cette
(Une disposition semblable existait chez question a été l'objet de vifs débats dans
les Athéniens). On remarque enfin que, | l'Eglise primitive; elle a fini par être ré
dans l'antiquité juive, comme de nos solue dans le sens naturel, l'Ecriture ne
· jours encore en Orient, les familles ai renfermant aucune prescription positive
maient à maintenir leur unité par des ma à cet égard : les premières noces étaient
riages contractés entre parents aux de appelées lex (la règle), les secondes jus
grés autorisés, Gen. 24, 4. 48. 26, 34. § droit), les troisièmes avaient obtenu
28, 1. 8. 29, 19.; pour les patriarches, | moins de faveur.
un motif religieux se joignait aux motifs Les esséniens se distinguèrent par leur
d'affection; ils tenaient et devaient tenir | mépris pour le mariage, et c'était se
à ce que la vérité divine, qui leur avait ' distinguer, en effet, au milieu d'un peu
été confiée, ne fût pas altérée par le con ple qui regardait la vie de famille, non
tact de femmes païennes et idolâtres; la seulement comme honorable, mais comme
même chose se voit encore en France où : ordonnée de Dieu, Gen. 1, 28. cf. 1 Tim.
MAR 24 MAR

4, 3. L'âge de dix-huit ans était fixé par toujours disposés à se révolter contre
les rabbins pour le mariage d'un homme ; leur chef, et Dieu ne fit pas attendre son
une femme pouvait se marier depuis douze jugement; Marie et ses frères durent
à treize ans, et devait le faire au plus tôt. comparaître au tabernacle d'assignation,
Quelques récits ou paraboles du Nou et la vengeance divine frappa d'une lèpre
veau Testament renferment des allusions subite la sœur qui, dans son âge avancé,
aux coutumes pratiquées par les Juifs n'avait pas craint de troubler par ses mé
dans les noces et dans les fiançailles, disances la paix d'une famille, et par son
ainsi Luc 14, Jean 2, Matth. 25 et 22, cf. ambition l'ordre du camp d'Israël, Nomb.
Ps. 45, Jug. 14, Ezéch. 16, 12., etc. W. 12, cf. Deut. 24, 9. Mais à la requête de
Jowett's missionary researches; missSar Moïse, la santé lui fut rendue, elle fut
doe, City of the sultan; Hartley's christian nettoyée de la lèpre, et les formalités né
Researches; Maltby, Coutumes bibliques, cessaires à la purification des lépreux, un
Lamartine, Chateaubriand, etc. — v. en exil de sept jours hors du camp, furent
core les articles Adultère, Divorce, La la seule peine de sa révolte. Elle mourut
ban, Eve, Femme, etc. au désert de Tsin, quelque temps avant la
MARIE (hébr. Mireyam, leur rebel fin du grand voyage, après avoir vécu
lion). 1° La sœur aînée de Moïse et d'Aa cent vingt ans avec le frère dont elle avait
ron, fille ou descendante comme eux de été la jeune libératrice; on peut croire
Hamram et de Jokébed, de la tribu de qu'elle avait au moins cent trente ans.
Lévi, Nomb. 26, 59. 1 Chr. 6, 3. Elle Josèphe la fait épouse de Hur l'ami de
veilla sur le sort de son plus jeune frère Moïse. - Quelques auteurs rapportent à
déposé dans un coffret de jonc parmi les la mort très rapprochée de Marie et de
roseaux du Nil, Ex. 2, et sut avec au ses deux frères ce qui est dit Zach. 11, 8.
tant de grâce que de présence d'esprit, « Je supprimai trois pasteurs en un mois,
rendre à sa mère le fils qu'elle croyait car mon âme s'est ennuyée d'eux. » Les
perdu. Plus tard elle mérita le titre de noms de ces trois grandes autorités sont
prophétesse, et rassemblant sur l'autre rappelés et réunis, Mich. 6, 4.; mais il
rive de la mer Rouge les femmes d'Israël ne paraît pas que Marie ait joui elle
au son du tambourin, elle chanta un can même d'une autorité autre que l'autorité
tique de délivrance et les actions mer naturelle que lui donnaient ses relations
veilleuses de l'Eternel en faveur de son d'intime parenté avec le chef et le souve
peuple, Ex. 15. Une tache apparaît dans rain pontife d'Israël. — Eusèbe dit qu'on
sa vie et s'ajoute à tous les exemples montrait encore de son temps le tombeau
qui prouvent que les personnes les plus de Marie à Kadès.
saintes sont encore sujettes à faillir , elle 2° Marie, fille de Méred, inconnue, 1
eut avec sa belle-sœur, la femme de Chr. 4, 17.
Moïse, une contestation dont l'écrivain 3° Marie, fille d'Héli et mère de Jésus ;
sacré ne nous dit pas la nature; peut-être épouse fiancée à Joseph, mais encore
que jalouse de l'autorité de Moïse, et vierge, elle vit s'accomplir en elle les an
n'osant l'attaquer directement, elle re tiques promesses faites à la maison de
proche à la femme cusite sa qualité d'é- David, et servante de l'Eternel, cette
trangère, afin de faire rejaillir sur son humble femme donna la nature humaine
frère la honte d'une alliance antithéocra à celui qui, à la fois homme et Dieu, de
tique et indigne de lui. Aaron se joignit vait délivrer les hommes de leurs péchés
à sa sœur, ils parlèrent mal de Moïse, s'é- en vivant et en mourant pour eux. Dans
levèrent contre son autorité, et se préva une visite à sa cousine Elisabeth, qui por
lurent des grâces que Dieu leur avait faites tait comme elle en son sein un gage de
pour méconnaître le pouvoir législatif la faveur divine envers elle et envers tous
et civil que Dieu n'avait donné qu'au seul les hommes, elle composa le cantique si
Moïse. Leurs paroles répétées dans le humble et si triomphant qui porte son
camp risquaient d'être accueillies avec nom, et qui rappelle les paroles d'Anne,
trop d'empressement par les Israélites la mère de Samuel ; puis lorsque le mo
MAR 25 MAR

ment de la délivrance de sa cousine fut rité maternelle, elle crut pouvoir adres
proche, Marie revint à Nazareth où elle ser à l'enfant de tendres reproches, ex
habitait, et où elle se proposait d'attendre pression des inquiétudes auxquelles elle
dans la retraite les jours de sa gloire; avait été en proie, mais elle ne comprit
mais l'oracle de Michée, 5, 2., devait s'ac pas la réponse du Messie, sa justification
complir, et César Auguste, en ordonnant et la revendication de ses droits dans
le recensement de la Judée, contraignit l'exécution de ses devoirs. Il ne paraît pas
Joseph de se rendre à Bethléem, où Marie même que dans les dix-huit années qui
le suivit, soit qu'elle ne voulût pas se sé suivirent, elle ait fait des progrès dans
parer de son époux dans les circonstances la connaissance et dans l'intelligence de
où elle se trouvait, soit qu'elle dût aussi, la vérité éternelle, car aux noces de Cana,
comme fille unique héritière et proprié Où nous la retrouvons pour la première
taire d'un immeuble dans sa tribu, se fois après ce long intervalle, elle s'attire
présenter elle-même au lieu où elle pos de la part du Sauveaur des paroles où
sédait. Mais son terme était accompli, l'on est obligé de reconnaître quelque
elle enfanta dans une étable son fils pre dureté, Jean 2, 1-4. (cf. Jug. 11, 12. 2
mier-né, qui n'eut qu'une crèche pour Sam. 19, 22. 2 Rois 9, 18., etc.); c'est
berceau, et dont la royauté terrestre ne ainsi que l'ont entendu les pères de l'E-
devait pas avoir un lieu où reposer sa glise les plus distingués, Chrysostome,
tête. Cette humble fin de tant de glo Augustin, Théophylacte, Origène et Cal
rieuses espérances devait ètre une dé met lui-même. Marie n'eut jamais au
ception pour Marie, qui ne comprenait cune part au ministère de son fils, et lors
pas encore la nature de la gloire et de la que Jésus fut appelé, soit par une folle
grandeur de Jésus; mais les manifesta béatification que l'on voulait faire de sa
tions célestes qui présidèrent à défaut de mère, soit à propos d'une interruption
pompes terrestres à la naissance de l'en qu'elle occasionna en se présentant avec
fant, furent pour la mère un enseigne ses autres fils pendant que la foule, at
ment qu'elle garda dans son cœur et qui tentive à ses discours, l'environnait et
lui devint clair plus tard, bien qu'elle soit l'écoutait avidement, à parler de celle à
restée de longues années encore avant qui il devait son corps et sa nature hu
de comprendre les mystères qui l'entou maine, ce fut pour répondre la première
raient (Luc 1, et 2,). Après avoir vu les fois : « mais plutôt heureux ceux qui en
mages d'Orient s'humilier aux pieds de tendent la parole de Dieu et qui la pra
Son fils, et lorsqu'elle eut accompli les tiquent, Luc 11, 28., » et la seconde fois :
quarante jours de purification exigés des « Qui est ma mère et qui sont mes frères P
jeunes mères par la loi de Moïse, Lév. quiconque fera la volonté de mon père
12, 2., les jours de tribulation commen qui est aux cieux. » Matth. 12, 48. Marc
cèrent pour elle; divinement avertie, elle 3. 35. Luc 8, 21. - Cependant l'époque
partit pour Jérusalem, où elle offrit dans où le Fils de l'homme devait être glorifié,
le temple le sacrifice des relevailles, et le approchait ; Marie toujours bornée dans
vieux Siméon, heureux de tenir dans ses Ses espérances, dans ses désirs et dans
bras le gage de la rédemption d'Israël, ses vues sur la grandeur de son fils à qui
bénit son jour, mais ne cacha point à Ma un trône était promis, n'était pas prépa
rie les peines qu'elle aurait à souffrir et rée aux scènes douloureuses dont elle de
l'épée qui devait percer son âme. Elle vait être témoin ; elle monta encore de
passa de Jérusalem en Egypte, où elle at Nazareth à Jérusalem pour y faire la Pâ
tendit la mort du tyran qui eut lieu dans que, et l'oracle de Siméon s'accomplit,
le courant de la même année. Lorsque qui lui avait annoncé qu'une épée perce
Jésus eut atteint l'âge de douze ans, sa rait son âme; elle accompagna vers le
mère, qui se rendait selon l'usage à Jé lieu du supplice le fils qu'elle avait tant
rusalem pour y célébrer la Pâque, le per aimé sans le comprendre : elle se tenait
dit de vue et ne le retrouva qu'après trois là avec ses pieuses compagnes , elle re
jours de recherches; usant de son auto gardait de loin, Matth. 27, 55. Marc 15,
MAR 26 MAR

40. Luc 23, 49., et s'étant approchée gnaient le Christ et qui le soutenaient
pour recueillir en silence le dernier sou de leurs dons, même avant la femme de
pir du Juste condamné, elle eut le bon Chuzas intendant d'Hérode, et l'on en
heur d'entendre encore sa voix qui la re a conclu qu'elle appartenait probable
commandait au disciple bien-aimé, lé ment à la haute classe de la société, et
guant à celui-ci une mère, à celle-là un qu'elle jouissait d'une fortune assez con
fils, Jean 19, 26. Elle se retira en effetsidérable ; rien du moins ne peut faire
chez saint Jean, et la tradition porte croire le contraire. Elle fut délivrée par
qu'elle passa onze années sous son toit la puissance du Sauveur, de sept esprits
hospitalier; son nom se retrouve, Act. 1, immondes dont elle était possédée, et
14. avec celui des disciples réunis en cette délivrance fut pour elle une nais
prières après l'ascension du Christ res sance nouvelle ; dès lors, pleine de re
connaissance, elle se dévoua sans réserve
suscité; dès lors il n'en est plus question
ni directement, ni indirectement dans au à son maître, et le suivit jusqu'au calvai
cun des livres du Nouveau Testament, re et dans le jardin de Joseph. Elle vou
dans aucune des vingt et une épîtres, qui lut contribuer ou pourvoir aux dépenses
traitent cependant de tous les dogmes et de l'embaumement, et se rendit de bonne
de toutes les vérités religieuses, non plus heure au tombeau le lendemain du sab
que dans la description que saint Jean bat ; mais la pierre était roulée, et le
(Apocalypse) nous fait de la demeure des corps n'y était plus. Les femmes qui m'ont
bienheureux. Le silence de l'Ecriture sous pas encore aperçu les anges gardiens,
ce rapport, est la meilleure réponse à la s'inquiètent et s'étonnent ; Marie court
doctrine mariolâtre de l'Eglise romaine. à Jérusalem avertir les apôtres (Jean 20.),
On ne sait, ni où, ni quand mourut Ma et revient au sépulcre, où elle ne trouve
rie, mais elle devait avoir plus de soixante plus personne que les deux anges qu'elle
ans ; on ne sait pas non plus comment les ne reconnaît pas, et à qui elle confie le
papistes ont pu se prOcurer tout le lait secret de son angoisse ; et quand Jésus
qu'ils montrent de la sainte Vierge, et lui-même s'approche, encore toute trou
comme dit Calvin, elle eût été vache, et blée, elle le prend pour le jardinier, le
nourrice toute sa vie, que l'on compren supplie de lui rendre le corps de son
drait encore difficilement la prodigieuse maître, et ne le reconnaît que lorsque sa
quantité que l'on en vend en tant de lieux. voix bien connue et pénétrante, l'appelle
Il est affligeant pour le christianisme que de son nom, Marie ! Elle se jette alors à
M. de Chateaubriand ait osé parler de ses pieds, qu'elle embrasse en s'écriant :
cette beauté qui s'interpose entre Dieu et Rabboni ! mon maître! Mais il la relève et
les hommes; nous voulons aussi appeler lui dit : ne me touche point, car je ne suis
Marie bienheureuse, mais c'est parce pas encore monté vers mon père (v. 17);
qu'elle a été reçue en grâce, parcequ'elle paroles difficiles à comprendre, et dont
a eu un Sauveur ; le silence des livres on ne peut espérer de percer l'obscurité:
saints, aussi bien que la manière dont ils peut-être renferment-elles un reproche à
parlent de Marie, quand ils le font, doit Marie sur son incrédulité : « Tu n'as pas
nous rappeler qu'un seul est adorable, besoin de me toucher, tu peux être sûre
qu'un seul est intercesseur. Sur la ques que je vis encore; » peut-être une exhor
tion de controverse, v. A. Bost, Ador. de tation, « ne perds pas de temps, et va
Marie; Malan, Comment pourrais-je, etc.; dire à mes frères que je vis, » ou bien,
Puaux, Anat. du Pap.; Roussel, Portrait « ne te préoccupe pas de mon corps, il
de Marie, et plusieurs autres ouvrages et n'est pas encore glorifié, il est charnel,
brochures. et tes regards doivent s'élever plus haut;»
4° Marie Magdeleine (v. Magdala), peut-être enfin n'est-ce qu'une parole
Matth. 27 et 28, Marc 15 et 16, Luc 8, d'amitié, « tu n'as pas besoin de m'ado
23, et 24, Jean 19 et 20. Elle est toujours, rer, je suis encore le Fils de l'homme,
sauf Jean 19, 25., nommée la première l'un des vôtres; » ou bien, « calme ta joie,
parmi les pieuses femmes qui accompa nous nous reverrons encore avant que je
MAR 27 MAR

monte vers mon père , ce qui ne tardera pas le fils unique de Marie, mais son pre
cependant pas, » ( cf. Calvin, Bèze, Tho mier-né, Matth. 1, 25. Luc 2, 7. Ceci est
luck, Olshausen, etc.)— Ici s'arrête son positif, peu importent les noms de ses
histoire ; la tradition ajoute, mais sans frères ; et si les deux sœurs, si les deux
le moindre fondement, que c'est elle qui, Marie ont porté le même nom, il est pos
pauvre pécheresse, après une vie d'im sible qu'elles aient aussi donné à leurs
puretés, trouva son pardon aux pieds de enfants des noms semblables.
Jésus qu'elle oignait de nard pur en les 5o Marie, sœur de Lazare et de Mar
arrosant de ses larmes, Luc 7, 37.; l'artthe, Luc 10, 39. Jean 11 et 12. Dans une
s'est emparé de ce nom, et rien n'est visite, peut-être la première, que Jésus
plus commun en poésie et en peinture, fit à la famille de Béthanie, Marie était
que les pécheresse Madeleine, et les Ma assise aux pieds du Sauveur, écoutant sa
deleine repentante ; il suffit de se rap parole, et se réjouissant de la vérité ;
peler qu'avant sa conversion elle était Marthe, plus vive, plus extérieure, et
affligée d'infirmités qui ne pouvaient seS'Occupant de recevoir de son mieux un
concilier avec les désordres de conduite hôte si cher et si vénéré, voyait avec im
qu'on lui prête ; la pécheresse d'ailleurs patience le calme de sa sœur, mais Jésus
était de Naïn et non de Magdala. La tra rendit à celle-ci ce beau témoignage :
dition (Nicéphore), fait encore venir Ma « Marie a choisi la bonne part qui ne lui
rie Madeleine à Rome, et raconte qu'après sera point ôtée, » parole qui se rappor
avoir porté plainte contre Pilate, elle se tait tout ensemble à la bénédiction du
retira dans les Gaules comme évangéliste, moment, et aux bénédictions à venir, à
mais rien ne le prouve, et il est plus que l'avantage de recueillir les instructions
vraisemblable que ce n'est qu'un conte. du maître, et au salut qui devait en dé
— Le caractère de Marie Madeleine est couler pour la femme disciple.
un des plus purs portraits de femme du Lorsque Lazare fut mort, Marthe cou
Nouveau Testament ; il ne présente pas rut au devant du Seigneur; Marie l'atten
les mêmes taches que celui de la mère du dait, mais quand elle sut que Jésus la
Sauveur, et son amour pour le maître est demandait, elle s'empressa de se rendre
empreint de plus d'intelligence, de plus à son invitation, et se jetant à ses pieds,
d'élévation, et si on peut le dire, d'un sans beaucoup de raisonnements ou de
christianisme plus évangélique. paroles, elle dit seulement : Seigneur, si
5° Marie, femme d'Alphée ou Cléopas, tu eusses été ici, mon frère ne serait pas
Jean 19, 25., et mère de Jacques le Mi mort. Au tombeau de son frère, oppres
neur, de Joses, de Simon et de Jude. Elle sée peut-être par la douleur, en mème
était sœur de la mère de Jésus, et comp temps qu'agitée par l'espérance, et sou
ta parmi les pieuses femmes qui assistè tenue par la foi, elle garda le silence,
rent le Sauveur pendant sa vie, le suivi mais un silence plus significatifque toutes
rent au Calvaire, se rendirent au sépulcre les paroles de sa sœur. Peu de jours après
pour l'embaumer, et annoncèrent sa ré la résurrection de son ami Lazare, Jésus
surrection aux apôtres, Matth. 27 et 28, étant encore à Béthanie Où tant de Sou
Marc 15 et 16, Luc 23 et 24. Trois de ses venirs et tant d'affections l'attiraient, il
fils devinrent apôtres, Joses seul ne le fut invité à un repas chez Simon dit le lé
fut pas. D'après d'autres passages, ces preux : là, Marie qui célébrait avec les
quatre enfants auraient été fils de Marie, autres convives la résurrection de SOn
femme de Joseph, Matth. 13, 55. Marc 6, frère, sut plus qu'eux tous, plus même
3., et l'apôtre Jean, 7, 5., leur rend le que les apôtres, rendre la gloire à celuià
triste témoignage qu'ils ne croyaient pas qui appartient la gloire, et répandit sur la
en Jésus : v. Jacques. Sur cette question tête et sur les pieds du Sauveur un par
à laquelle les romanistes ont donné plus fum précieux qui avait été destiné peut
d'importance qu'elle n'en a réellement, être à la sépulture de Lazare, et essuya de
nous croyons qu'un mot peut suffire ; Jé ses cheveux les pieds qu'elle venait d'ho
sus était le fils unique du Père, il n'est norer ainsi. Un témoignage si naturel de
MAR 28 MAT

reconnaissance fut cependant mal com Marthe montre le même empressement ex


pris et mal interprété; plusieurs disciples térieur; elle accourt au devant du Christ,
s'indignèrent, et Judas forma le projet et le reçoit avec des paroles douloureuses
de livrer son maître ; mais Jésus justifia en même temps que pleines de confiance.
la pieuse chrétienne, et profita de cette Prompte à répondre, elle veut toujours
circonstance pour rappeler aux siens que paraître avoir compris, et quand le Sei
dans peu de jours il marcherait lui-même gneur lui annonce la résurrection de La
à la mort, et que son ccrps réclamerait Zare, elle répond : Oui, je sais qu'il res
à son tour les honneurs de la sépulture suscitera au dernier jour : mais quand le
que Marie venait de lui rendre d'une ma Seigneur eut déclaré qu'il était lui-même
nière anticipée et sans le savoir. —Cette la résurrection, elle confessa franchement
onction des pieds de Jésus ne doit pas sa foi, et rendit témoignage à l'esprit
être confondue avec celle qui est racontée qui l'animait. Sa profession rappelle celle
Luc 7, 37. sq. Dans l'une et l'autre oc de Saint Pierre, comme son caractère ce
casion, du reste, c'est un personnage au lui de cet excellent apôtre. Enfin, près
tre que le chef de la maison qui donne à du tombeau, dans son zèle peu sage, elle
Jésus cette preuve d'hommage et d'amour; fait remarquer que le corps sent déjà, et
on ne saurait donc y voir l'acte ordinaire Si ses scrupules eussent été écoutés, La
de la politesse et de l'hospitalité dont il zare fût resté dans le sépulcre : à force
fallait user avec tous les convives, mais d'une fausse prévenance pour le Seigneur,
un témoignage extraordinaire de recon elle eût rendu à la mort celui qui devait
naissance et de dévouenent, v. Bonnet, ressusciter à la gloire de celui qui est la
Famille de Béthanie, et le Sermon de Sau vie. D'anciennes traditions portent qu'elle
rin sur ce texte. était veuve de Simon le lépreux, et qu'elle
7° Marie, mère de Marc, et ainsi tante passa plus tard dans les Gaules avec son
de Barnabas, Act. 12, 12. cf. Col. 4, 10. frère Lazare. Son caractère qui est assez
C'est dans sa maison que Pierre se rendit généralement jugé d'une manière défa
après étre échappé de la prison, parce vorable, doit au contraire être relevé;
qu'il était sûr d'y rencontrer plusieurs trop vif sans doute il a les défauts de la
frères qui s'y réunissaient ordinairement vivacité, mais il en a aussi les avantages ;
pour prier. Elle n'est connue que par ce très accessible à toutes sortes d'impres
détail, mais on en conclut qu'elle jouis sions, Marthe ne garde que les bonnes ;
sait d'une certaine considération auprès elle aime à servir, à se dévouer, et si
des apôtres, et que peut-être elle était elle est sans connaissance, au moins elle
riche, et membre d'une famille distin a du zèle, et c'est quelque chose. Notre
guée. Seigneur l'a quelquefois blâmée, mais il
8° Marie, femme disciple de Rome, à ne lui a pas retiré son affection, et ses
laquelle Paul rend un beau témoignage, leçons n'ont pas été perdues pour son
Rom. 16, 6., mais du reste inconnue. humble servante. Sans aller aussi loin
MARTHE, sœur de Lazare et de Marie, que Schulthess qui met Marthe beaucoup
Luc 10, 38.40. Jean 11, 1. 5. 20. 12, 2. au-dessus de Marie, on peut, je crois, ne
Active, résolue, et plus intelligente d'a- pas la mettre beaucoup au-dessous; il y a
bord des intérêts de la terre que de ceux diversité de dons; chez Marie, on remar
du ciel, elle met de l'empressement à bien que plus la foi, chez Marthe, les œuvres.
servir Jésus qui visite sa famille : elle veut MASRÉKA, chef de famille, et tribu ou
l'honorer, mais elle s'y prend mal, et le ville des Edomites, Gen. 36, 36. 1 Chr.
Seigneur doit justifier Marie en adres 1, 47.
sant à sa sœur ces paroles d'un reproche | MASSA (tentation). v. Méribah.
bienveillant : Marthe, Marthe, tu t'in MATTAN, sacrificateur de Bahal sous
quiètes et t'agites pour beaucoup de cho le règne impie d'Hathalie, fut tué devant
ses : mais une seule est nécessaire , Or, les autels de ses dieux, lorsque le peuple
Marie a choisi la bonne part qui ne lui revenu à lui-même rendit à Joas le trône
sera point ôtée. A la mort de Lazare, de ses pères, 2 Rois 11, 18.2 Chr. 23,
MA'T 29 MAT

17. A la fois prêtre de divinités étran son genre de mort : quelques-uns disent
gères et soutien d'une couronne usurpée, qu'il évangélisa la Judée et que les Juifs le
il périt selon les menaces de la loi, Deut. lapidèrent; d'autres lui font souffrir le
18, 20. Ex, 22, 20. martyre en Ethiopie, d'autres enfin pré
MATTANA, un des campements des tendent qu'il fut décapité en Macédoine.
Israélites dans le désert ; il était près des MATTHIEU, aussi nommé Lévi, était
frontières de l'Arabie et de Moab. Nomb. fils d'Alphée, probablement d'un premier
21, 18. mariage de ce disciple. Quoique Hébreu,
MATTHAN, un des ancêtres de Jésus il exerçait à Capernaüm les fonctions de
par Joseph, Matth. 1, 15., inconnu. publicain, si méprisées et si détestées
MATTHANIA. v. Sédécias. des Juifs, qu'ils alliaient presque toujours
MATTHAT, deux hommes de ce nom, ensemble les noms de péagers et de gens
Matthata, et deux Matthatie, ancêtres de de mauvaise vie : on peut croire par la
Jésus par Marie, mais inconnus, Luc 3, grandeur du repas qu'il offrit à Jésus, et
24. 25. 26. 29. 31 . par le nombre des convives invités, qu'il
MATTHIAS , Act. 1, 23., l'un des était riche, comme l'étaient presque tous
deux disciples que les apôtres choisirent, ceux qui exerçaient la même profession.
et sur lesquels ils jetèrent le sort pour Il était assis devant le bureau du péage
trouver le successeur de Judas lscariote. quand le Sauveur le vit et l'appela; comme
Quelques-uns pensent que c'est le même André, comme Pierre, comme les fils de
que Nathanaël, Jean 1, 45. Il résulte des Zébédée, il suivit le Seigneur sans hésiter,
paroles de saint Pierre, Act. 1, 21.22., et abandonna ses biens et l'emploi dont
que Joseph et Matthias avaient été au il était revêtu. Le jour même, ou quelque
nombre des soixante-dix disciples, et temps après, il réunit dans un grand re
l'honneur que leur font les apôtres prouve pas plusieurs de ses amis, afin de leur
que ces deux hommes s'étaient distingués fournir l'occasion d'entendre le Seigneur,
dans leur mission par leur foi, leur zèle et son nom ne se retrouve plus qu'avec
et leur piété. Matthias fut élu et admis ceux des frères qui se réunirent pour
au nombre des douze, mais il reste dès prier après que Jésus fut remonté vers
lors ignoré, et c'est une question de sa son pèreº Matth. 9, 9. 10, 3. Marc 2, 14.
voir si les apôtres, en procédant comme 3, 18. Luc 5, 27.6. 15. Act. 1, 13.
ils ont fait, ont agi par l'esprit de Christ; Saint Matthieu est généralement re
saint Paul, qui ne se montre que plus tard, gardé comme l'auteur de l'évangile qui
apparaît comme étant véritablement le porte son nom , mais on n'est pas d'ac
douzième apôtre, appelé par le Seigneur cord sur la langue dans laquelle ce livre
lui-même à compléter le collége aposto a été d'abord écrit, si ce fut en hébreu,
lique, et devenant le plus puissant instru en syro-caldéen ou en grec. La question
ment dans la main de Dieu. L'auteur sa est très ardue et difficile à résoudre.
Cré ne paraît pas jeter le moindre blâme Comme évidemment cet évangile a été
sur cette élection par le sort, et nous écrit pour les Juifs, il serait assez natu
Voyons qu'elle fut précédée de la prière, rel de penser qu'il fut écrit en hébreu ou
mais il faut se rappeler aussi que les apô en syro-caldéen, dans la langue parlée par
tres n'avaient pas encore reçu l'effusion ceux auxquels il s'adressait ; mais comme
du Saint-Esprit, et que leurs actes offi d'un autre côté l'on n'a jamais trouvé un
ciels n'avaient par conséquent pas tou seul manuscrit hébreu, et que d'ailleurs
jours à cette époque une sanction divine le texte grec a tous les caractères d'un
et spirituelle. Si donc c'est une question, travail original et non d'une traduction,
ce n'est que cela, et personne ne peut la la force de la première présomption en
trancher, ni en blâme, ni en approbation. est considérablement affaiblie : Matthieu,
— Eusèbe et Clément d'Alexandrie man receveur des péages, devait savoir le grec,
tionnent un ou deux ouvrages apocryphes et les derniers travaux faits en Allema
de Matthias, un évangile, et peut-être gne et ailleurs, semblent militer forte
des mémoires; les traditions varient sur ment en faveur d'un texte primitif grec,
MAT 3() MEC

ou du moins d'un texte écrit en grec par de parler, est celle d'un Juif parlant à des
saint Matthieu. On peut, avec Olshausen, Juifs de leurs communes espérances dont
reconnaître que le témoignage de pres il a vu l'accomplissement : sa conclusion
que tous les pères qui touchent ce sujet, est en parfaite harmonie avec son com
est pour un texte syro-caldéen, et admet mencement ; il montre s'élevant vers les
tre en même temps que saint Matthieu a cieux comme Roi celui qui en était des
lui-même traduit son ouvrage en grec, cendu pour pardonner. Simple et sans
afin de le mettre à la portée d'un plus apprêt, il ne se laisse pas lier par l'ordre
grand public; la langue grecque étant plus chronologique, et il groupe volontiers
répandue, les manuscrits dans cette lan des événements, des discours ou des pa
gue auront été plus nombreux, plus usi raboles qui ont un même but, qui doivent
tés, et auront fini par absorber entière produire un même effet , alors même
i ent les copies hébraïques qui ne pou qu'ils ont été séparés dans l'action. Seul
vaient avoir d'utilité que pour les chré il donne avec quelques détails l'histoire
tiens d'entre les Juifs, presque toujours de l'adoration des mages , avec quelque
en minorité dans la plupart des Eglises suite le sermon sur la montagne, avec un
(Olsh., Hist. des Evang. p. 19.). Quelques plan déterminé les paraboles du royau
auteurs modernes , notamment Schleier me , beaucoup plus que les autres il cite
macher et De Wette, ont voulu refuser à l'Ancien Testament. Comme on l'a dit ail
l'évangile, tel que nous le possédons, un leurs, Matthieu a un caractère moins uni
caractère apostolique , ils s'appuient en versel, moins catholique que saint Luc,
particulier sur des indices extérieurs, et et il arrête la généalogie du Sauveur à
ceux-là sont précisément de ceux qui Abraham au lieu de la faire remonter à
nous paraissent parler le plus haut en Adam ; il est moins homme qu'il n'est
faveur de l'inspiration divine de cet ou Juif. La grandeur n'est pas pour cela
vrage, que l'antiquité chrétienne a placé étrangère à son récit ; au contraire ; il
en tête des livres du Nouveau Testament. cherche partout l'esprit, et s'embarrasse
Quant au lieu et à l'époque de la rédac peu des détails et de la forme ; les faits
tion, l'on ne peut que conjecturer avec ne sont pour lui que l'accessoire de la
un plus ou moins grand degré de certi pensée, et souvent il est bref là où les
tude, sans rien déterminer ; les notices autres évangélistes ne craignent pas d'ê-
de la tradition sur la vie et sur l'activité tre abondants. Partout il est plein de la
de cet apôtre sont si vagues et si contra grandeur de son maître, et il la comprend
dictoires , que tout ce qui s'y rattache d'autant mieux qu'il la cherche dans le
doit aussi rester dans le vague : les uns ciel et non point sur la terre : il contras
le font mourir en Palestine, d'autres en te avec le messianisme charnel de ses
Ethiopie, d'autres en Syrie ou en Perse ; compatriotes qui attendaient un roi com
il mourut de mort naturelle selon Nicé me en ont les autres peuples, mais il ne
phore , et martyre selon Isidore, Am s'élève pas au spiritualisme de saint Jean,
broise, etc. Le plus probable si l'on con que les anciens avaient appelé l'évangile
sidère les caractères intérieurs de son spirituel par opposition à celui de saint
évangile, c'est qu'il écrivit en Palestine, Matthieu qui était pour eux l'évangile
à Jérusalem peut-être, et avant la des corporel ; non point qu'ils le missent au
truction de cette grande ville, dont il an dessous, ou qu'ils lui refusassent l'inspi
nonce la ruine comme prochaine (24, 1. ration divine, mais comme en Christ il y
sq.); ce serait entre 60 et 70. avait deux natures, et qu'on pouvait l'en
Il s'attache essentiellement à présenter visager sous diverses faces, ils dési
Jésus comme le Christ, le Messie promis, gnaient ainsi le point de vue différent
le roi qui doit monter sur le trône de auquel s'étaient attachés ces deux évan
David, le grand prophète, Deut. 18, 18., gélistes , Matthieu a dit la vie du Sau
le législateur et le juge; il se tient,autant veur, il est essentiellement historien.
que possible, aux prophéties de l'Ancien MECHONA, ville de la tribu de Juda,
Testament, et son langage, sa manière Néh. 11, 28.; peut-être le bourg de Mé
MEI) 31 MED

chanus dont parle Jérôme, qui était situé mais sans donner à cette difficile science
entre Eleuthéropolis et Jérusalem. un bien grand développement. L'emploi
MEDAD. v. Eldad. des médecins, assez rare avant l'exil , 2
MEDEBAH, ville frontière de la tribu Chr. 16, 12. Jér. 8, 22., fut plus fréquent
de Ruben, Jos. 13, 16. Les Hébreux l'a- dans la suite, Marc 5, 26. Luc 4, 23. 5,
vaient prise sur les Hammonites, mais 31. 8, 43.; les esséniens en particulier,
elle avait d'abord appartenu aux Moabi consacrèrent leurs loisirs soit à l'étude,
tes, qui la reconquirent plus tard, Nomb. soit au traitement des maladies. Le livre
21, 30. 1 Chr. 19, 7. Es. 15, 2. Eusèbe de l'Ecclésiastique (38, 1-3.), tout en ra
la place dans les environs d'Hesbon et menant à Dieu la guérison du malade,
Burckhardt en a encore trouvé les ruines professe un grand respect pour la méde
à 8 lieues de cette ville. cine « que Dieu a créée, » dit-il. Les re
MEDECINE. La première fois que cet mèdes le plus ordinairement employés
art est mentionné dans l'Ecriture sainte, étaient l'huile, le baume, des bains, des
c'est Gen. 50, 2., en parlant du corps de eaux thermales et des emplâtres, Jér. 8,
Jacob que Joseph fit embaumer par les 22. 46, 11. 51, 8.2 Rois 20, 7.5, 10. Luc
médecins : l'Egypte, alors la terre clas 10, 34. Jean 5, 2. Joseph. Antiq. 17, 6,
sique de toute les sciences, était célèbre 5. Parfois aussi, dans la méfiance qu'in
dans le monde païen par ses secrets mer spirait encore un art si jeune et si inexpé
veilleux, et par l'habileté de ses jon rimenté, l'on avait recours à des devins
gleurs, de ses prêtres et de ses médecins, ou magiciens, qui par leur rites super
à guérir les malades ou à les embaumer stitieux, leurs amulettes, leurs prières et
s'ils venaient à mourir, Hérod. 2, 84. leurs chants, devaient guérir les malades
Odyss. 4, 229. Diod. Sic. 1, 82. Les Hé et notamment les possédés : c'est proba
breux, et Moïse en particulier, pendant blement l'emploi de remèdes de ce genre
le séjour d'Egypte, avaient pu s'initier qui attira sur Asa le blâme et la peine
aux connaissances égyptiennes, et ils en qu'il encourut, et qui l'empècha de se re
avaient profité; l'on voit par Ex. 21, 19., lever de son lit de maladie, 2 Chr. 16, 12.
qu'ils étaient plus ou moins en état de cf. 2 Rois 5, 11. Jér. 8, 17. Une espèce
soigner toutes sortes de maladies, natu de police de santé est instituée, Lév. 13
relles ou accidentelles, et quelques au et 14, contre la lèpre, et l'exercice en
teurs ont voulu même attribuer à la était confié aux prêtres; ils n'étaient pas
science de Moïse ses préceptes sur le flux, chargés de guérir ou de nettoyer, mais
la lèpre, les animaux purs ou impurs, etc. d'inspecter et de constater la présence
Dans le principe la médecine était sur ou la guérison de cette hideuse maladie,
tout chirurgicale, se renfermant presque Luc 17, 14. D'autres prescriptions sanitai
exclusivement dans le traitement des res étaient également établies par Moïse,
plaies, blessures ou affections extérieu relatives soit à la nourriture, soit aux
res; il y avait déjà depuis longtemps des purifications. D'après Lightfoot, un mé
sages-femmes pour aider de laborieux decin particulier (medicus viscerum) au
enfantements, Ex. 1 , 15., et l'on peut rait été attaché au service du temple, à
croire que l'étude de cette inévitable cause des fréquentes indispositions et
souffrance avait commencé avec les dou des refroidissements auxquels étaient
leurs elle-mêmes. Plus tard , les méde exposés les prètres, qui devaient remplir
cins hébreux, parmi lesquels on comp leurs fonctions nus-pieds.
tait plusieurs prophètes, continuèrent de MEDIE, Mèdes. Cette contrée, qui
pratiquer, en le perfectionnant, l'art de porte, dans l'Ecriture sainte, le nom du
soigner les blessures, 2 Rois 4, 21. 5, 10. troisième fils de Japhet, tirait son nom,
8, 7.9.29. 9, 15. 20, 7. Es. 1, 6. 38, 1. suivant les Grecs, de Médus, fils de Mé
sq. Ez. 30, 21.; ils y joignirent la méde dée, qui fut femme d'Egée, roi d'Athè
cine proprement dite, le traitement des nes. Obligée de fuir l'Attique, parce
maladies internes, même des maladies de qu'on découvrit les embûches qu'elle
l'esprit, 2 Chr. 16, 12. 1 Sam. 16, 16., dressait à Thésée, elle se retira dans le
MED 32 MEI)

pays qu'on appelait alors plus particuliè six tribus ou peuplades, les Mèdes avaient
rement Asie, et donna le nom de Médes été de bonne heure assujettis par Ninus,
à ses habitants. La Médie n'a pas tou qui en avait fait une satrapie assyrienne ;
jours eu les mêmes limites : ses défaites mais, après la destruction du premier
et ses victoires ont quelquefois apporté, empire assyrien par Arbace, ils s'affran
dans son étendue, de notables change chirent du joug ; à l'esclavage succéda la
ments. Elle touchait au nord à l'Armé liberté, à la liberté la licence, et l'anar
nie, dont elle était séparée par l'Araxe, chie fit regretter au peuple le despotisme
et bordait ensuite le rivage méridional de de ses rois. Quelques historiens assurent
la mer Caspienne ; à l'orient, était l'Asie qu'Arbace régna sur eux, mais il n'en
proprement dite ; au midi, la Perse et la est pas fait mention dans Hérodote, qui
Susidme : au couchant, l'Assyrie ; elle dit, au contraire, qu'ils se donnèrent un
était comprise entre les 34-40° lat. nord, roi de leur nation, et qu'ils élurent, à
et vers le 70° long.. La partie septen cet effet, un simple juge de village, Dé
trionale, sur les côtes de la mer Cas jocès, fils de Phraortès, qui était devenu,
pienne, était humide, froide, malsaine ; par sa réputation de probité, l'arbitre de
une chaîne de montagnes qui rejoignait tous les bourgs. Après lui vinrent Phra
plus loin l'Anti-Taurus, la séparait du ortès, Cyaxare et Astyage, et les quatre,
reste de la Médie. Une peuplade rude, d'après Hérodote, régnèrent cent cin
forte et indépendante, habitait ces de quante ans. Eusèbe et Syncelle comptent
meures sauvages qui portent encore, de encore, avant Déjocès, quatre autres rois,
nos jours, le nom de Masanderan ou et portent à deux cent cinquante-neuf
Silan. Au sud, se trouvait la Médie Atro ans la durée totale du règne des huit.
patène, séparée, à l'ouest, de l'Arménie Aucun des premiers n'est nommé dans
par le mont Caspius qui vient de l'Ara l'histoire sacrée, où les Mèdes n'appa
rat, et resserrée, au sud et au sud-est, raissent que comme sujets du roi d'As
entre les montagnes de l'Oronte, qui tra syrie Salmanassar, 2 Rois 17, 6., au
versent toute la Médie. Cette contrée, temps d'Hosée, roi d'lsraël, 731 av. C.
maintenant presque tout l'Aderbidschan, Plus tard, sous Nébucadnetsar, on les
renfermait un grand nombre de plaines voit indépendants et gouvernés par leurs
et de vallées fertiles et bien cultivées, propres rois, Es. 13.17. Jér. 25, 25.51,
dont le produit suffisait à l'entretien de 11. 28. On peut donc croire que, peu de
ses habitants; le nord seul était froid et temps après Arbace, ils retombèrent sous
improductif. Un troisième district, enfin, le joug assyrien, et que, plus tard seule
était la Grande Médie, au sud-sud-est ment, profitant des guerres lointaines de
de l'Oronte, traversée par le mont Za Sanchérib, ils s'émancipèrent entière
grius, qui la sépare de la Perse à l'ouest ment pour se donner, depuis Déjocès,
et au sud; des déserts la bornent à l'est, une suite de rois de leur choix. Au dire
et la mer Caspienne la met en communi d'Hérodote, ils subjuguèrent, sous Cyaxa
cation avec l'Hyrcanie et les Parthes. re, Ninive et l'empire assyrien, jusqu'à
C'est un plateau élevé, mais riche en ce que, soumis par Darius et Cyrus (v.
fertiles vallées et en gras pâturages , il Darius), et réunis à la Perse, ils cessè
jouit d'un climat tempéré, salubre et se rent d'exister comme nation indépen
rein ; son nom actuel est lrak-Adshemi. dante ; dès lors, les noms des Perses et
Sa capitale était Ecbatane, q, v. Là se des Mèdes sont réunis, Dan. 5, 28. 6,
trouvaient aussi Ragès, ville bien connue 15. 8, 20. Est. 1, 3.18. 10, 2. La Babylo
par l'histoire du jeune Tobie, et les plai nie, également sous Cyrus, fut aussi ré
nes de Nysa, célèbres par leurs nombreux duite en province de ce double empire
haras, d'où sortaient des chevaux très médo-perse. Après deux siècles, cette
estimés qui servaient aux rois et aux immense monarchie tomba sous les coups
grands de leur cour. d'Alexandre le Grand, 330 av. C.; puis,
La Médie avait été d'abord une pro après la mort de celui-ci, Séleucus Nica
vince de l'empire d'Assyrie. Divisés en tor détacha la Médie de l'empire uni, et
MEH 33 MEL

en fit une province du nouveau royaume aux Sidoniens, Jos. 13, 4. Quelques-uns
de Syrie, jusqu'à ce que, après une suite Ont cru la retrouver dans la ville de Ma
de victoires incertaines, cette province rathos, citée par Strabon, 16, 753.; d'au
fut définitivement aggrégée à l'empire tres y ont vu l'inexpugnable caverne si
des Parthes, fondé 250 av. C. donienne (cavea de Tyro), célèbre dans
Les anciens Médes passaient pour un l'histoire des croisades ; d'autres enfin
peuple belliqueux, redoutable surtout par (Grotefend, Winer), la ville sidonienne
son habileté dans le maniement de l'arc ; de Moyra, dont il est parlé dans Sancho
les montagnards conservèrent le plus niathon, 8, 88.
longtemps leur indépendance et leur MEHUMAN. v. Mémucan.
force, tandis que les habitants des plaines MELANGES. v. Accouplements.
et des villes, livrés de bonne heure aux MELCA, et deux Melchi, Luc3, 31.24.
arts et à l'industrie, s'adonnèrent au luxe 28., ancêtres inconnus de Jésus par Ma
et à la mollesse qui en firent, pour leurs l'18.

ennemis, une proie facile. Leur vêtement, MELCHISÉDEC, Gen. 14. Son nom
qui se composait d'un manteau et d'un signifie roi de justice ; il était en même
large pantalon, fut adopté par les Perses temps roi de Salem, soit que ce nom dé
d'abord, puis généralement en Asie, par signe Sichem ou Jérusalem, qui, l'une et
les riches et les nobles. Ils adoraient les l'autre, paraissent avoir porté le nom de
astres : le soleil et la lune occupaient, Salem, soit que Salem, qui signifie paix,
pour eux, le premier rang ; puis venaient doive être pris dans son sens purement
Jupiter,Vénus, Saturne, Mercure et Mars. appellatif. Melchisédec était donc un roi
v. Caldéens et Mages. Deux langues non distingué par son amour de la justice et
sémitiques étaient parlées dans l'ancien de la paix : il était, en même temps, pon
ne Médie : le zend au nord, et le pehlvi tife et sacrificateur, comme Jéthro, com
au sud ; cette dernière devint la langue me plusieurs autres princes-prêtres dont
dominante des Parthes. il est parlé dans l'Ancien Testament, où
MEDITERRANEE. v. Mer. nOuS vOyOns, avant l'établissement de la
MEGUIDDO, appeléeaussi Meguiddon, loi, ces deux fonctions et dignités fré
Zach. 12, 11., ville située sur le terri
quemment réunies en la même personne.
toire d'Issacar, mais appartenant à laNous ne nous arrêterons pas à recher
tribu de Manassé ; d'abord résidence cher qui pouvait être ce grand person
royale des Cananéens, elle fut prise par
nage, comme nous n'indiquerons pas non
Josué, puis reprise par ses premiers pos
plus toutes les suppositions, plus hardies
sesseurs, Jos. 12, 21.17, 11. Jug. 1,27.
et plus bizarres les unes que les autres,
Elle était située dans une plaine du pla
qu'on a faites sur sa personne. On a vou
teau de Jizréhel, 2 Chr. 35, 22., et fut
lu mettre du mystérieux là où il n'y avait
témoin de plusieurs batailles, 2 Rois 23,
que de la concision, et quelques-uns ont
29.30. Dans son voisinage, se trouvaient
voulu voir en Melchisédec un ange, et
les eaux de Méguiddo, Jug. 5, 19., promême Jésus-Christ; rien, dans l'Ecriture
bablement une manière poétique de désisainte, n'autorise de pareilles hypothèses,
gner le torrent du Kison, verset 21, qui
et l'on doit admettre que ce n'était qu'un
a sa source au pied du Tabor. Salo homme comme un autre, un roi comme
mon fit fortifier cette ville, qui avait pour
les rois de la plaine, mais pieux et ado
rateur de l'Eternel, ainsi qu'il s'en trou
lui une très grande importance militaire,
comme clef occidentale du pays entre le
vait encore quelques-uns à côté de la fa
nord et le midi ; il y établit aussi un des
mille du grand patriarche. Il alla au-de
douze commissaires pourvoyeurs de la vant d'Abraham lorsque celui-ci revenait
maison royale, 1 Rois 4, 12. 9, 15. de la défaite des rois impies, et, sans
MÉ-HAJARKON, ville danite, Jos. 19, doute heureux de saluer un ami si puis
46. — Les Septante ont traduit mer de sant qui venait de châtier la rapine et la
Jarkon. brutalité, il lui fit apporter du pain et du
MÉHARA, ville ou bourg appartenant vin. Sacrificateur, il bénit le patriarche,
II. 3
MEL 34 MEM

et celui-ci, reconnaissant, lui remit la chissantes. Hasselquist, en parlant de ce


meilleure dîme du butin. Toute l'histoire fruit, la ressource des pauvres à cause de
de Melchisédec est dans cette courte son abondance, le représente comme une
notice; rien sur sa famille, sur sa vie, sur vraie bénédiction dans la saison chaude,
sa mort. Il est naturel que les auteurs et fait voir la main de la Providence don
sacrés qui voulaient établir qu'il y a, au nant à chaque saison ses produits natu
dessus de la sacrificature lévitique, une rels, et à chaque peuple ce qui lui est
sacrificature plus excellente encore, aient nécessaire pour supporter ou adoucir les
été frappés de l'apparition mystérieuse et rigueurs de son climat. Il est facile de
solennelle de cette grande figure, sacri comprendre aussi les regrets et les mur
ficateur en dehors de toute ordination mures des Israélites, qui, dans le brû
d'homme,sacrificateurau-dessusd'Aaron, lant désert, ne trouvaient aucun des ra
de Lévi, d'Abraham même, puisque ce fraîchissements auxquels le séjour d'E-
lui-ci lui rendit hommage, et lui paya la gypte les avait habitués. Les habitants
dîme. Cette sacrificature extraordinaire du Carmel, dit Harmer, cultivent d'excel
devait frapper ceux des Juifs à qui Dieu lents melons dont la chair est rouge sur
permettait de voir au-delà du voile, et le tout vers le centre, et dont l'écorce, d'un
Psalmiste(110)annonça prophétiquement blanc rougeâtre, contient une huile fa
un nouveau sacrificateur, selon l'ordre cile à exprimer, et d'un usage précieux
de Melchisédec, paroles que saint Paul contre t0utes SOrtes d'inflammations et
(Hébr. 5, et 7) applique directement à Jé d'affections cutanées. Les melons à chair
sus en les développant encore. ll y aurait blanchâtre sont moins estimés, quoiqu'ils
autant d'imprudence à presser le rappro soient aussi savoureux et d'un goût aussi
chement, qu'il y a d'impiété à n'y voir fin que les rouges, mais ils n'ont été
qu'un jeu de mots. On a été trop loin cultivés que plus tard, et n'ont pu ren
peut-être dans le premier sens, et l'on verser ni égaler la réputation toute faite
fera mieux de s'en tenir aux traits dessi des premiers. Les pauvres les mangent
nés par l'apôtre, sans aller voir encore avec ou sans pain, et satisfont à la fois
dans le pain et le vin que le prince offrit leur soif et leur appétit.
au patriarche fatigué, un symbole de la MELTSAR, proprement le maître de la
sainte Cène, etc. L'abrégé historique des cave, ou le préposé au vin, peut être en
livres de l'Ancien Testament par Jér. tendu, soit comme nom propre, soit
Risler, et Moïse sans voile de Girard des comme désignation d'un office, Dan. 1,
Bergeries, renferment, sur Melchisédec, 11. C'était l'officier chargé par Aspénaz
des observations intéressantes, et seront de pourvoir à l'entretien de Daniel et de
lus avec fruit, quoique peut-être on puisse ses amis à la cour de Nébucadnetsar;
aller moins loin qu'eux dans la recherche il consentit, après une épreuve de dix
des types. jours, à l'abstinence de vins et de viandes
MELON, cucurbitus citrullus L., hébr. dans laquelle les jeunes Hébreux lui
abattichim , et maintenant encore en avaient témoigné le désir de vivre, et,
Egypte battich, ne se trouve nommé que spéculant sur la pieuse sobriété des cap
Nomb. 11, 5. Les melons, et surtout les tifs, il s'empara de leurs portions qui lui
melons d'eau, assez connus en Orient, furent, pendant trois ans, une source de
depuis la Palestine jusqu'aux Indes, l'é- malhonnêtes revenus; il se paya lui
taient davantage encore en Egypte, parti même pour sa complaisance.
culièrement sur le Delta et sur les ter MEMPHIS, très ancienne ville de la
rains gras et féconds que le Nil déposait Basse Egypte, appelée en copte Mem
sur ses bords. Ils atteignaient jusqu'à phi ou Méphis, en hébreu Moph, Os. 9,
une longueur de 4 mètre sur 0, 70 de 6., ou Noph, Es. 19, 13, Jér. 46, 19.
diamètre, et servaient aux pauvres et aux Elle était située dans une étroite vallée,
riches de nourriture et de boisson, en sur la rive gauche du Nil, à six lieues
même temps qu'on les employait dans la sud de la pointe du Delta; une forte
médecine pour leurs propriétés rafraî digue et un large fossé, destinés à la
MEM 35 MEP

défendre contre les inondations du fleuve, dans sa vivacité, il ait parlé avant d'y
lui servirent aussi de défense militaire. être appelé. Il condamna Vasti, dans la
Elle avait déjà des rois au temps d'Abra crainte, dit-il, qu'un exemple de désobéis
ham, et le nom de Mesr, que lui donnent sance impunie venant de si haut, n'en
quelques historiens arabes, peut faire courageât une rébellion générale de tou
supposer que la terre de Misraïm qu'oc tes les dames de la Perse et de la Médie
cupèrent en Egypte Abraham et ses des contre l'autorité de leurs maris. On peut
cendants, était le territoire de Memphis. croire que son vote était dicté par des mo
Fondée par Uchoréus, cette ville devint, tifs, sinon meilleurs, du moins plus sé
sous Psammétique, la résidence du maître rieux, et que peut-être il haïssait la favo
de l'Egypte et la capitale de tout le pays ; rite, ou qu'il en était haï. Ces sages, ou
elle s'accrut en même temps que Thèbes conseillers du roi, étaient choisis entre
s'abaissait. Diodore de Sicile lui donne les grands du royaume, et devaient être
150 stades de circuit ; outre le château versés dans la connaissance des lois et
royal, elle renfermait une foule de ma du droit ; c'étaient des politiques, et ils
gnifiques monuments, le temple de Phtha formaient une espèce de conseil d'Etat ou
(Vulcain), la cour d'Apis, etc. Après la conseil des ministres.
prise de Péluse par Cambyse, Psamménite MENAHEM, seizième roi d'Israël,
s'avança contre lui avec une nombreuse usurpa une couronne déjà teinte de sang
armée qui fut défaite dans un combat par l'usurpation de Sallum qui la portait,
sanglant, et, du temps d'Hérodote, on et qu'il fit assassiner. Fils de Gadi, il
voyait encore les crânes des Egyptiens, avait été probablement officier de Zacha
Solides et durs, couvrir la terre à côté de rie. A la mort de son maître, il accou
ceux des Perses, si mous qu'on les per rut, le vengea dans sa capitale, tua le
çait avec facilité. Memphis commença à meurtrier et lui succéda sur le trône. Son
déchoir quand elle cessa d'être la rési règne de dix ans fut fécond en crimes et
dence des rois; dans la suite, lorsque en cruautés : la ville de Thiphsa ayant
Alexandrie s'éleva, elle perdit encore refusé de lui ouvrir ses portes, il s'en
davantage ; mais elle ne fut démolie, ni empara, tua tous les habitants jusqu'aux
par Nébucadnetsar, ni par Cambyse : le femmes enceintes, et ravagea son terri
premier se contenta d'en transporter les toire. Idolâtre comme ses prédécesseurs,
habitants, le second exerça surtout sa fu il vit Pul, roi d'Assyrie, fondre sur Is
reur sur les temples, et fit périr le bœuf raël, et dut se reconnaître son tribu
Apis. Aux jours de Strabon, Memphis taire ; il lui paya mille talents, et fit pe
s'en allait doucement en ruines; plusieurs ser cette dette sur les riches du royaume,
de ses grands bâtiments étaient dégradés, qu'il taxa à cinquante sicles par tête, à la
et, bien qu'elle fût encore riche et peu décharge du pauvre peuple, dont il sut,
plée, on pouvait prévoir sa fin prochaine. par cette mesure, se gagner l'affection et
La construction du Caire, dans son voi s'assurer l'appui. Il se maintint ainsi dix
sinage, acheva ce que le temps et la années sur le trône, et mOurut la cin
guerre avaient commencé. Aujourd'hui, quantième année du règne d'Hozias, roi
l'on ne voit plus que de faibles restes de de Juda. Sa mort fut naturelle, ce qui
cette grande ville, en sorte qu'on a été était bien rare alors dans le royaume des
longtemps incertain sur le lieu qu'elle Dix tribus (770-760) 2 Rois 15. Les pro
avait occupé autrefois. Ce sont les Sarra phètes Osée et Amos virent, sous son
sins qui l'ont démolie. règne, leurs oracles dédaignés, mais n'en
MEMUCAN ou Méhuman, Est. 1, 10., continuèrent pas moins leurs avertisse
etc., l'un des sept conseillers intimes ments et leurS menaceS.
d'Assuérus, celui qui prit le premier la MÉNI, idole, Es. 65, 11. v. Gad 3°.
parole pour condamner la reine Vasti, MÉPHAAT, ville lévitique de la tribu
soit qu'il fût le plus grand et que le roi de Ruben, non loin de Kédémoth, Jos. 13,
l'eût interrogé le premier, soit qu'il fût 18.21,37.1 Chr. 6, 79.; elle fut plus tard
le plus jeune et le plus impétueux, et que, acquise par les Moabites, Jér. 48, 21. Eu
MEP 36 MER

sèbe la nomme Méphath et en fait une ci boseth, et l'esprit se fortifia d'autant que
tadelle romaine située vers l'Arabie. la chair s'affaiblit. — Lorsque, à la dé
MEPHIBOSETH. 1° Fils de Saül, v. Ar mande des Gabaonites, David leur livra
moni. 2° Fils de Jonathan ; il est aussi sept enfants de Saül pour être mis à mort
appelé Méribaal, 2 Sam. 4, 4.1 Chr. 8, (parmi lesquels se trouvait l'autre Méphi
34.9, 40. Fort jeune encore à la mort de boseth), le fils de Jonathan fut encore re
son père, il fut recueilli par sa nourrice devable de son salut à la mémoire de son
qui le laissa tomber dans sa fuite, et il père et à l'affection de David, 21, 7. ;
resta boiteux toute sa vie en suite de cet c'est le dernier fait de son humble vie
accident. Il vécut longtemps dans l'obs raconté dans l'Ecriture : il n'est rien dit
curité ; son épreuve était à cette époque de sa mort.
plus encore qu'aujourd'hui, de nature à MER. 1° Méditerranée, appelée merin
l'éloigner de la scène du monde, et il térieure par les Romains ; les Hébreux la
n'eût plus jamais reparu à la cour si l'ami désignaient par grande mer, Nomb. 34,
de son père, si David, aidé de Tsiba, ne 6.7. Jos. 1, 4., mer d'occident, Deut. 11,
l'eût cherché et découvert dans la maison 24. Zach. 14, 8., mer des Philistins. Ex.
de Makir. Les biens de son aïeul lui 23, 31., ou simplement la mer, 1 Rois 5,
furent rendus, il s'établit à Jérusalem et 9.; elle formait toute la frontière occi
fut admis à la table du roi, 2 Sam. 9. Une dentale de la Palestine. Le rivage de la
incroyable calomnie le perdit, 2 Sam. 16, Méditerranée est escarpé et souvent à pic
3. Tsiba accusa le timide boiteux de se de Tyr à Ptolémaïs; vers le sud il s'a-
poser en prétendant et d'attendre, pour baisse et devient sablonneux après avoir
se décider, l'issue de la guerre d'Absalon; formé près du mont Carmel le grand
le calomniateur obtint pour récompense golfe d'Acco ou Ptolémaïs, le seul port
les biens et la fortune de sa victime. Ab naturel de toute la côte : des mouillages
salon était déjà maître de Jérusalem; Mé artificiels ont été de bonne heure creusés
phiboseth, fidèle à son roi légitime, ne à Césarée, Joppe et Gaza. La marée, très
rendit point hommage au vainqueur et peu considérable dans la Méditerranée,
porta publiquement le deuil, laissant est presque insensible et très irrégulière
croître sa barbe et ne changeant pas de sur les côtes de la Palestine. Un courant
vêtements, pour protester de son atta qui va du sud au nord se fait apercevoir,
chement à la maison de David, 19, 24. surtout à l'époque des inondations du
Bientôt après, il trouva l'occasion de se Nil, et dépose sur les côtes d'immenses
justifier devant le roi, il se contenta d'é- amas de sables et de boue; aussi a-t-on
tablir son innocence sans demander au remarqué depuis quelques siècles que la
cune réparation, et répondit par un vœu rive méridionale gagne du terrain sur la
humble et touchant à la seconde injustice mer. On a découvert entre Gaza et Joppe
que lui fit David en ne lui rendant que la des bancs de corail, et ces eaux sont très
moitié de ses biens, et en laissant l'autre poissonneuses. Le commerce juif eût trou
au calomniateur. Son caractère est hum vé dans la Méditerranée un puissant auxi
ble et modeste, et l'on ne saurait douter liaire, mais déjà l'Egypte et la Phénicie
que l'infirmité n'ait mûri son âme d'une avaient pris possession de l'empire mari
manière salutaire; il ne réclame qu'une time, et d'ailleurs les empêchements que
seule chose, l'affection de David et l'inté la loi de Moïse mettait au commerce ex
grité de sa propre réputation ; quant à térieur ne permirent pas de longtemps
son patrimoine il l'abandonne, et il bénit aux Hébreux de profiter des avantages
ses ennemis au lieu de s'indigner en les que la nature leur procurait ; les bois du
voyant abuser de leur force contre sa fai Liban, destinés à la construction du tem
blesse. Les désavantages physiques as ple furent cependant transportés par mer
souplissent le caractère quand il ne l'ai à Joppe , c'est également sur la Méditer
grissent pas, et c'est une chose singulière ranée que Jonas s'embarqua pour échap
que ce contraste dans les fruits de la dif per à la mission divine.
formité; la bonne part échut à Méphi 2° Mer Morte; c'est le plus grand des
MER 37 MER

trois lacs de la vallée du Jourdain; elle probablement à cause de la plus grande


porte aussi dans la Bible les noms de mer pesanteur de la tête et des épaules, qui
Salée, mer de la Campagne, mer Orien étaient hors de l'eau et qui ne trouvaient
tale, Deut. 3, 17. 4, 49. Gen. 14, 3. Jos. pas dans la partie inférieure du corps un
3, 16. Ez. 47, 18. Joel 2, 20. Zach. 14, contrepoids suffisant. L'un d'entre nous
8. Josèphe, Diodore de Sicile et Pline qui ne savait pas nager, restait étendu sur
l'appellent lac Asphaltite, et les Arabes lui l'eau immobile comme un morceau de
ont conservé le nom de mer de Lot. Nous liége, et nous avions en général beau
| empruntons à Braem les détails suivants, coup de peine à plonger entièrement. Le
en les modifiant ou les complétant par goût de l'eau à la bouche est très repous
d'autres géographes et par les détails des sant, salé, amer, sulfureux, et si fort que
voyageurs modernes (Raumer, Chateau pendant longtemps nos yeux, qui en
briand, etc.). Le Ghor, ou vallée du Jour avaient été mouillés, en ressentirent une
dain, conserve sa forme et sa largeur; les cuisson douloureuse ; la peau même en
bords en sont des montagnes escarpées était affectée. et je suis persuadé que si
et nues; la chaîne orientale semble être l'on établissait ici une maison de bains,
une prodigieuse muraille : on n'y dis ils agiraient puissamment et avantageu
tingue aucun sommet, et l'on dirait seu sement sur les maladies de la peau. »
lement que la main du peintre qui a tracé Ce lac n'a point d'écoulement, mais
sur le ciel cette longue ligne horizontale, l'action d'un soleil ardent y produit une
a tremblé en quelques endroits; ces mon évaporation très active qui dépose une
tagnes, au dire de quelques voyageurs, très grande quantité de sel sur les
ressemblent, par leur grandeur et leur pierres et sur les chétifs arbrisseaux de
situation, aux rives du lac de Genève, ses bords, et qui, selon quelques auteurs,
vis-à-vis de Lausanne et de Vevey. La peut suffire à maintenir le niveau ordi
chaîne occidentale n'est ni aussi élevée, naire; mais quand on pense que le
ni aussi uniforme : elle présente même Jourdain seul charrie journellement en
des montagnes de figures extraordinaires moyenne 6,090,000 tonnes d'eau dans la
et bizarres. Au fond de la vallée, entre mer Morte (Shaw), il devient plus pro
ces deux chaînes, est encaissé un bassin bable que ces eaux se perdent par des
sombre et profond qui a 22 lieues de communications souterraines, soit avec
long sur 5 à 6 de large (Josèphe compte la mer Rouge, soit avec la Méditerranée,
580 stades en longueur et 150 en largeur), soit avec l'intérieur du globe. On ne voit
et qui est rempli par les eaux claires, aucune plante. aucune habitation sur ses
lourdes et très salées d'un lac immobile rives; c'est un désert de sel et de bitume,
et mort. Comme ces eaux contiennent de l'aspect le plus triste. Aucun poisson
une quantité de sel presque égale à la ne peut vivre dans ses eaux, et ceux qui
moitié de leur volume, elles sont si pe y descendent avec les flots du Jourdain y
santes que le vent ne les agite qu'avec périssent bientôt, Ez. 47, 8-10. On n'y
peine. Arvieux, qui voulut porter à ses voit pas même un coquillage vivant (Seet
lèvres quelques gouttes de ces eaux, les zen). Les bêtes sauvages, qui n'y trouvent
trouva si amères et si cuisantes, qu'elles ni nourriture ni breuvage, l'évitent et
lui causèrent une vive douleur et produi semblent le redouter : à peine y découvre
sirent de l'enflure ; Chateaubriand les t-on quelques vautours, des aigles qui
compare à une forte dissolution d'alun ; ont élevé leur aire sur ses noirs rochers,
un voyageur anglais, qui s'y baigna avec et des hirondelles qui font la chasse à
six de ses amis (Morgenl. 1840. p. 190), quelques insectes près de ses bords. De
raconte ainsi ses impressions : « Si nous légères éruptions volcaniques qui partent
voulions nager, nous avions de la peine de ses profondeurs, quelques nuages de
à maintenir nos pieds sous l'eau ; si nous vapeurs d'une couleur sombre, s'élancent
voulions nous tenir perpendiculairement, par moments, surtout vers le milieu du
la moitié du corps surnageait, et nous jour, et obscurcissent, mais pour peu de
avions de la peine à garder l'équilibre, temps seulement, la pureté naturelle de
MER 38 MER

son atmosphère; sur ses rives orientales le moyen âge pourquoi l'eau bénite du
on trouve des sources chaudes contenant Jourdain se versait dans la mer de malé
du soufre et un asphalte gras et foncé, diction, dans la mer du Diable. La mer
qui passe de ces sources dans la mer, sur Morte est toujours citée dans l'Ecriture,
laquelle il nage en masses parfois très comme un exemple permanent des juge
considérables; on les recueille soit pour ments de Dieu, et elle est mentionnée seu
médicaments, soit pour la teinture des lement dans l'Ancien Testament, qui ne
laines, soit pour la construction des bâ parle qu'en passant du lac de Kinnéreth,
timents à la place de chaux ; c'est de là tandis que le lac de Génésareth et ses vil
que la mer Morte a pris aussi le nom de les ont été le principal théâtre de la vie
lac Asphaltite. de notre Sauveur.
La place qu'elle occupe était jadis un 3° Mer Rouge (hébr. mer des roseaux);
pays délicieux comme un jardin de Dieu. appelée par les Grecs et les Latins golfe
L'ardeur du soleil y était adoucie par des Arabique. On ne sait d'où lui vient son
eaux abondantes, et elle favorisait pro nom de mer Rouge ; quelques-uns l'at
bablement ici, comme sur les rives du tribuent à certaines herbes marines abon
lac de Génésareth, la production en une dantes dans ses eaux, et dont les feuilles
même contrée , des fruits les plus va sont tachetées de rouge, d'autres à un "
riés ; la fertilité du sol y était encore ancien roi Erythros (rouge), ou Edom,
accrue, ainsi que dans la plaine de Ba qui a la mème signification, et qui par sa
bylone et ailleurs, par sa nature bitumi puissance aurait peut-être bien mérité
neuse. Mais les habitants de la plaine de donner son nom à cette mer (Calmet);
de Siddim, q. v., étaient des hommes mé d'autres enfin (Reland et Rosenmuller), le
chants, et leurs péchés'attirèrent sur eux regardent comme synonyme de mer mé
les jugements du Seigneur : il les avait ridionale, les poètes appelant quelquefois
en vain avertis, Gen. 14, et il fit pleu la zône torride zône rouge à cause de
voir du feu et du souffre sur Sodome, l'ardeur de son climat. L'ancien nom de
Gomorrhe, Tseboïm et Adama ; la fumée mer Rouge servait d'abord à désigner
monta du pays comme d'une fournaise. toute la mer qui sépare l'Afrique et les
Nulle contrée sur la terre entière n'offre Indes, et comprenait ainsi les deux golfes
une telle désolation, et l'état où a été ré principaux, celui de l'Arabie et celui de
duite cette vallée jadis si belle, atteste Perse , plus tard cependant sa significa
depuis nombre de siècles que le jour tion s'est restreinte au seul golfe qui sé
du Seigneur vient sur tous ceux qui se pare l'Egypte de l'Arabie, l'Afrique de
croient en sûreté, tout en vivant dans l'Asie : vers le nord il se divise en deux
l'oubli de Dieu et dans le péché. — On branches , l'Héroopolitanus, maintenant
peut conférer les passages suivants de Bahhr Assuez ou Baahr el Kolsum, et à
l'Ecriture, où il est parlé de ce terrible l'orient, l'AElanites ou golfe élanitique,
événement, Es. 13, 19. 1, 9.10. Jér. 23, maintenant Bahhr El Akaba : ces deux
14. 49, 18. 50, 40. Ez. 16, 46. Os. 11, 8. branches comprenaient entre elles l'Ara
Soph. 2, 9. Deut. 29, 23. Matth. 10, 15. bie Pétrée. La longueur de la mer Rouge
11, 23.24.2 Pier. 2, 1-10. Jude 7.— Au depuis le détroit de Bab-el-Mandeb est
temps de notre Seigneur, et de nos jours de 300 milles géographiques en suivant la
encore, quelques voyageurs peut-être un rive africaine ; la largeur varie beaucoup
peu faciles à persuader, croient avoir vu et ne dépasse guère 6 milles au détroit;
près des bords de cette mer des ruines la profondeur est également très diverse,
de murs et de palais dans l'emplacement de 300 pieds en plusieurs endroits, et de
des villes détruites. — Cette contrée doit 27 seulement près de Suez (Niebuhr). Le
être un jour renouvelée, Ez. 16, 53.55. flux et le reflux s'y font sentir sur tous
56.47, 8. sq. les bords d'une manière très remarqua
Il existe un contraste frappant entre ble, atteignant près de Suez 2 mètres en
cette mer et le lac de Génésareth, si riant temps ordinaire, et 26 décimètres dans
et si fertile ; et l'on recherchait pendant le mauvais temps (Dubois-Aymé). Sa sur
MER 39 MER

face est, sauf dans le bras de Suez, cou près là que passèrent les Hébreux, et
verte d'une espèce d'algue, de mousse Moïse aura choisi le gué le moins pro
ou de roseau appelé en hébreu souph, fond et le moment du reflux. Quant à la
d'où elle a tiré son nom; v. Roseaux. — difficulté de faire traverser ce gué à
Quant à ce qui concerne la description 600,000 hommes, sans compter les fem
géographique des côtes de la mer Rouge, mes et les petits enfants, pendant les six
nous n'avons pas à nous en occuper ici ; ou sept heures seulement que dure la
on trouvera ces détails dans tous les li marée basse, elle est levée par la circon
vres de géographie, notamment dans Rit stance, mentionnée v. 21., d'un grand
ter, Erdk. II.204.245. etc.; v. aussi Ro vent d'orient qui retint les eaux, comme
zière, Description de l'Egypte; Dubois cela se voit souvent en temps d'orage, et
Aymé; Gobat, Voyage en Abyssinie, etc. Michaélis admet à cause de cette circon
· Le plus célèbre événement auquel se stance, une marée double qui dura douze
rattache le souvenir de la mer Rouge, est heures, et dont le retour plus violent et
le passage miraculeux des Israélites, ra plus rapide, parce qu'il avait été long
conté Ex. 14. On a cherché à l'expliquer temps arrêté, fut pour les Egyptiens le
d'une manière naturelle, et l'on a substi messager de mort. Dubois-Aymé fait dis
tué la science et la sagesse de Moïse à paraître encore quelques autres difficul
la puissance de Dieu ; il faut avouer qu'il tés en supposant que le passage s'est ef
y a en effet quelque chose de simple et fectué plus au nord de Suez, là où l'on
de naturel dans plusieurs détails de cette voit maintenant, au sud d'Adsherud, un
explication, et nous la reproduisons d'a- banc de sable qui paraît s'être formé
près les divers auteurs qui l'ont dévelop d'une manière lente et progressive sur
pée. Moïse, parfaitement au fait des heu un lit peu profond, par les sables du mi
res de la marée, connaissant aussi les di ; le lit de Suez aurait aussi été ancien
gués de la mer Rouge, aurait sous ces nement beaucoup plus bas qu'il n'est au
deux rapports choisi les circonstances jourd'hui. Josèphe compare le miracle du
les plus favorables pour effectuer, avec la passage de la mer Rouge avec le passage
plus grande promptitude possible, la tra de la mer de Pamphylie par les Macédo
versée que l'approche des Egyptiens avait niens sous Alexandre, Jos. Ant. 2, 16, 5.
rendue nécessaire, et à laquelle il n'aurait cf. Strabon 14, 458.Liv. 26, 46.;mais dans
peut-être pas pensé sans cela. Sans rien ces passages il est plutôt question de ri
pouvoir déterminer sur l'endroit qu'il ves côtoyées que de bras de mer traver
choisit, il est de fait qu'anciennement le sés : cette observation de l'historien juif
golfe qu'ils passèrent s'étendait beau est peut-être ce qui a fait croire à quel
coup plus au nord, et qu'il avait là une ques anciens pères et rabbins, du reste
largeur beaucoup moins grande que plus peu importants, que les Hébreux n'avaient
bas; près de Suez encore (Niebuhr), cette fait que côtoyer la mer Rouge, mais elle
largeur ne dépasse guère 1500 pas, ce n'a pas eu grand succès ; il en est de
qui équivaut à quatre fois seulement la même de plusieurs autres essais de solu
largeur de l'Elbe. En plusieurs endroits tions rationalistes, comme aussi de la né
il y a des gués ou des bancs de sable, gation même du fait. L'explication du
qui pendant la basse marée sont pres passage † pendant la marée basse, a
que à fleur d'eau, et très faciles à fran 0Il revanche rouvé un grand nombre de
chir. Christophe Fürer de Heimendorf, partisans, depuis les prêtres de Memphis,
patricien de Nuremberg, travérsa en 1565 qui, au rapport d'Artapane, s'étaient pro
ce bras de la mer Rouge près de Suez, noncés dans ce sens (Eus., Prép. évang.
mais non toutefois sans danger ; on en 9, 27. cf. Philon Op., II, 108), jusqu'aux
cite d'autres exemples encore. Le fond temps modernes où elle a été développée
de l'eau vers le nord de ce golfe est uni, par beaucoup de savants et de théolo
sans coraux, et presque sans algues ni giens, Leclerc, Michaélis, Ritter, Paulus,
herbes marines; il se compose essentiel Dœderlein, Winer, etc. Il n'y a contre
lement de sable. On sait que c'est à peu elle qu'une seule objection, mais elle est
MER 40 MER

grave ; c'est que le texte sacré, soit de dages, etc., Nomb. 4, 29. Cette famille
Moïse, soit des auteurs inspirés qui rap comptait alors déjà 3,200 personnes de
pellent cet événement, parle clairement trente à cinquante ans.
d'un fait miraculeux, d'un passage de la MERCURE (v. Caldéens), divinité bien
mer Rouge d'une rive à l'autre dans.un connue qui représentait chez les Grecs et
lit très vaste, que les eaux retirées leur les Romains le commerce, l'éloquence et
laissèrent à sec ; que l'on confère seule le vol : messager des dieux, son esprit
ment Ex. 14, 16. 17. 15, 8. Ps. 78, 13. souple et intrigant le rendait propre aux
114, 3. 5. 77, 16. Es. 63, 11. Hab. 3, 15. négociations ; il faisait une espèce de
v. aussi Sapience 10, 17. 18. 19, 7.8. Ce service régulier du ciel à la terre, et
n'est qu'après avoir maintenu la sépara accompagnait presque toujours Jupiter
tion des eaux comme miraculeuse, que dans ses excursions , aussi les habitants
l'on peut y joindre, mais plus comme se de Lystre crurent voir dans les personnes
cours ou comme explication, la coïnci de Paul et de Barnabas ces deux divini
dence de faits naturels, de bas fonds ou tés voyageuses, et prirent Paul pour Mer
de marée basse, comme points de con cure à cause de son éloquence et de la
tact entre la nature et le surnaturel, en puissance de sa parole. Quelquefois il
tre le connu et l'inconnu ; le verset 21 était représenté avec de la barbe, d'au
établit en effet, comme on le voit d'ail tres fois il était imberbe, mais toujonrs
leurs par l'examen de presque tous les dans la force de l'âge, comme l'était aussi
miracles, que si Dieu peut créer des saint Paul au commencement de son mi
moyens miraculeux, il peut se servir nistère, lors de son passage à Lystre.
aussi des moyens ordinaires d'une ma MERED, 1 Chr. 4, 17., v. Pharaon 3°.
nière miraculeuse. MERIBAH (querelle). C'est un des
4° Mer de Tibériade, v. Génésareth. noms que donna Moïse au campement de
5° Le mot de mer est encore employé Réphidim, q. v., parce que les Israélites
dans l'Ecriture en diverses acceptions manquant d'eau s'élevèrent contre lui et
moins étendues, pour désigner une por voulurent le lapider : il appela aussi ce
tion de la mer, Es. 11, 15., un étang, v. lieu Massa (tentation), parce qu'ils tentè
Jahzer, ou les grands fleuves, le Nil , rent Dieu, Ex. 17, cf. Ps. 81,8. Hébr. 3, 8.
l'Euphrate, le Tigre, etc. Une langue de Sur la fin du voyage dans le désert, l'eau
mer désigne ce que nous appellerions étant venue de rechef à manquer, les mur
une langue de terre. Quant à la mer d'ai mures du peuple éclatèrent de nouveau,
rain ou de fonte, v. Cuve ; quant à la et Moïse partagea ce mécontentement;
mer de sable, v. Mirage. il parla légèrement de ses lèvres, Ps. 106,
MERAB, fille aînée de Saül et d'Ahino 33., et Dieu qui ne fut pas glorifié par
ham, 1 Sam. 14, 49. Fiancée d'abord à eux, se glorifia en eux, il rendit l'eau au
David, elle fut donnée à Hadriel, sans rocher, et annonça aux chefs mêmes du
que l'on sache à quoi attribuer cette rup peuple qu'ils mourraient avant d'avoir
ture, sinon à l'esprit de jalouse inimitié vu la terre promise, Nomb. 20. Cet en
qui anima toujours le premier roi d'Israël droit, qui était Kadès dans le désert de
Contre celui qui devait être son succes Tsin, au nord-est de Kadès-Barné, fut
Seur, 18, 17. sq. C'est par erreur que appelé Méribah-Kadès pour le distinguer
sa sœur Mical est nommée au lieu d'elle, de l'autre Kadès et de l'autre Méribah,
2 Sam. 21, 8. cf. encore Nomb. 27, 14. Ez. 47, 19. 48,
MERARI, Gen. 46, 11. Ex. 6, 16. 28., etc. — Selon quelques auteurs ce
Nomb. 3, 17. 1 Chr. 6. 1., troisième et pendant les deux Méribah ne seraient
dernier fils de Lévi, naquit en Canaan, et a qu'un seul et même endroit, et ce serait
donné son nom à l'une des branches lévi par manque de coordination que le même
tiques, celle qui dans le désert fut chargée fait est raconté deux fois et avec des cir
de veiller à l'entretien et au transport de constances différentes; cette opinion doit
la partie extérieure du tabernacle d'assi être repoussée par ceux qui regardent
gnation , piliers du parvis, clous, cor l'histoire de Moïse comme inspirée, et
MER 41 MES

qui respectent l'authenticité et l'intégrité ruisseaux dans le Jourdain, q. v. C'est


du Pentateuque. sur ses bords que Josué vainquit les rois
MERIBAAL, v. Méphiboseth. des Cananéens septentrionaux, Jos. 11,
MÉRODAC-BALADAN ou Bérodac 5.6. — Les Grecs l'appelaient lac Samo
Baladan, fils de Baladan, roi de Babylone, chon , et maintenant les Arabes Bahrat
n'est connu que par l'ambassade qu'il en Hhule, lac de la vallée-plaine. Il est très
voya auprès d'Ezéchias pour le féliciter poissonneux, quoique ses eaux ne soient
de sa guérison, 2 Rois 20, 12. Es. 39, 1. pas toujours bonnes.
cf. 2 Chr. 32, 31. Il s'était rendu indé MÉROS, ville du nord de la Palestine,
pendant dans la Babylonie, et cherchait maudite par Débora pour s'être tenue à
dans l'amitié d'Ezéchias un appui contre l'écart pendant les combats d'Israël, Jug.
Sanchérib à la puissance duquel il s'était 5, 23. On compare le Merrus d'Eusèbe et
soustrait. C'est ce roi probablement que de saint Jérôme, à 12 milles de Sébaste,
l'on trouve dans le canon de Ptolémée non loin de Dothaïm, mais cette dernière
sous le nom de Mardoc-empad; cepen ville était au sud du champ de bataille,
dant, d'après ce canon, Mardoc aurait ré tandis que Méros était plus au nord.
gné douze ans (721-709), tandis que Mlé MESA , une des frontières de la con
rodac, d'après un fragment de Bérose trée habitée par les Joctanides, Gen. 10,
cité par Gesenius, ne sut se maintenir 30. Si l'on peut dire avec quelque certi
que six mois : Hitzig et Winer lèvent tude que c'est en Arabie et dans ses envi
cette difficulté en faisant du Mérodac de rons qu'on doit chercher cette ville, il est
Bérose un personnage différent, et en difficile d'en préciser la place davantage.
plaçant son histoire dans l'interrègne de L'opinion de Bochart, soutenue par Ge
deux ans qui, selon le canon de Ptolémée, senius, savoir qu'il s'agit de Mousa, port
précéda le règne de Belibus. — Baladan de mer au sud de l'Yémen, ne peut guère
son père est moins connu, quoique l'his être admise, parce que d'un côté l'ortho
toire profane en fasse aussi mention graphe des deux noms dans les langues
sous le nom de Ingœus ou Ilulaeus , originales est trop différente, et de l'autre
comme contemporain d'Achaz et d'Ezé le pays donné comme territoire à la race
chias , on l'a pris longtemps pour Nabo nombreuse des descendants de Joktan
nassar. Il se ligua avec Arbacès, satrape serait trop petit. Michaélis prend pour
de Médie, contre Sardanapale roi d'Assy point de départ l'embouchure de l'Eu
rie, et ces deux conjurés ne réussirent phrate, et la partie inférieure du cours des
qu'après plusieurs années de luttes san deux fleuves réunis, depuis Séleucie jus
glantes, à faire reconnaître leur indé qu'au golfe Persique; c'est là que se trouve
pendance. aujourd'hui Bassora. Les Grecs (Ph.los
D'après Jér. 50, 2. Mérodac était pro torg.) appelaient cette contrée Mesène,
bablement aussi le nom d'une divinité et Abulféda parle de deux villes situées
adorée à Babylone; le prophète la place dans la même direction, sous les noms de
à côté de Bel et en parle de la même ma Mesan et de Mousan.
nière; il est de plus employé dans la com MESAC, nom caldéen de Misaël, un
position de plusieurs noms propres (Evil des trois compagnons de Daniel choisis
Mérodac, Mérodac-Baladan, etc.). selon par Nébucadnetsar pour le service et l'or
l'usage des Babyloniens de se servir de nement de sa cour, Dan 1, 7. A son nom
noms d'idoles pour noms d'hommes, Bel hébreu qui devait lui rappeler la grandeur
tesatsar composé de Bel, Nébucadnetsar de l'Eternel ( qui est comme Dieu est ?),
de Nébo, etc. Gesenius pense que Méro fut substitué un nom caldéen dont la si
dac était une personnification de la pla gnification est incertaine (d'après Calmet :
nète Mars. qui tire avec force). — Sur son histoire,
· MER0M, lac dont le nom signifie su v. Abed-Négo.
périeur, parce qu'il est au nord du lac de MÉSAH. 1° Fils inconnu de Caleb, et
Génésareth et par conséquent plus élevé; fondateur ou père de Ziph, 1 Chr. 2, 42,
il est formé par l'affluent de plusieurs — 2° Mésah, roi de Moab, occupé de l'é
MES 42 MES
'* 1 !
lève des bestiaux, dut payer à Achab, roi et bon Josaphat, plutôt qu'à celle du san
d'Israël, un impôt annuel de cent mille guinaire Joram, pour le compte de qui
agneaux, et d'autant de moutons (2 Rois cette guerre avait été entreprise.—Quel
3); mais après la mort d'Achab, Mésah ques auteurs par une fausse construction
secoua le joug, 2 Rois 1, 1. cf. Es. 16, de la phrase, et en comparant Amos 2, 1.,
et Joram prit les armes contre lui pour ont cru que c'est le premier-né du roi
le soumettre ; il fit alliance avec le roi d'Edom que Mésah fit égorger, mais le
d'Edom et avec le pieux Josaphat de Ju passage d'Amos n'a aucun rapport avec
da. Ces trois rois passèrent par le chemin cette histoire. 4
du désert d'Edom ; mais bientôt l'eau MESEC, peuplade nommée Gen. 10,
vint à leur manquer, et ils pensèrent pé 2., parmi les descendants de Japhet. Ezé
rir de soif dans ces arides solitudes : chiel, 27, 13., nous apprend que ces deux
heureusement un des serviteurs de Jo peuples, ainsi que celui deTubal, faisaient
ram découvrit le voisinage d'Elisée, et avec Tyr le commerce d'hommes et de
les trois rois descendirent auprès du pro vaisseaux d'airain. Selon toute apparence
phète qui consentit, en faveur de Josa on doit penser aux Mosques (Moschi), et
phat, à consulter l'Eternel ; des canaux comparer les montes Moschici, chaîne de
furent ouverts dans la vallée, des fossés montagnes qui s'étend depuis le Caucase
furent coupés, et Elisée annonça qu'au dans la direction sud-ouest. Ce nom est
lendemain matin , sans vent ni pluie, les souvent réuni à celui de Tubal, Gen. 10,2.
canaux et les fossés seraient remplis Ez. 27, 13.32, 26., et l'on voit ordinai
d'eau : il annonça en même temps la dé rement les descendants de Tubal dans les
faite du roi de Moab. Dans l'intervalle, Tibaréniens des anciens; c'était un peu
Mésah avait appris l'approche des rois al ple voisin des Mosques, et les deux réunis
liés ; il s'était mis en mesure de les rece formèrent une province de la monarchie
voir avec toute la partie de sa population persane (Hérod. 3, 91. 7, 78.). Plus tard
habile à porter les armes, et il s'était les Tibaréniens furent poussés vers le
avancé à leur rencontre jusqu'à la fron nord comme les autres descendants de
tière de ses états. Ses troupes se levè Japhet qui occupaient les défilés du Cau
rent de bon matin, et ignorant les tra case, et ils reparaissent dans l'histoire
vaux de la veille et la prophétie d'Elisée, sous le nom de Turcs. Le commerce
elles virent la vallée pleine d'eaux qui, qu'Ezéchiel attribue à Mésec et à Tubal
aux premiers rayons du soleil, leur paru est précisément celui que faisaient ces
rent rouges comme du sang, et sans deux peuples d'après le témoignage des
réfléchir davantage sur ce phénomène , anciens. Le peuple Ros était aussi en re
concluant que leurs ennemis s'étaient lation avec Mésec, Ez. 38, 2. 39, 1., et
entr'égorgés, elles s'élancèrent en criant: l'on peut retrouver ces trois noms an
Maintenant donc, Moabites ! au butin ! ciens dans trois noms modernes, Ros
Mais lsraël fondit sur cette armée en dés dans Russie, Mésec dans Moscou, Tubal
ordre, la mit facilement en fuite, et la dans le fleuve Tobol et la ville de To
poursuivit jusque dans son pays ; Moab bolsk en Sibérie. —Quant au rapproche
fut ravagé, ses plantations détruites, ses ment de Mésec et de Kédar, Ps. 120, 5.,
fontaines bouchées, ses puits comblés ; il n'indique pas un voisinage, mais une
les fuyards se retirèrent dans Kir Haré analogie relativement à la position de
seth qu'ils essayèrent de défendre ; Mé celui qui parle, soit qu'on doive la cher
sah fit contre Edom une sortie inutile, et cher dans l'idée d'exil, soit qu'elle rap
rentrant dans ses murs, soit désespoir, pelle la barbarie de l'un et de l'autre
soit fanatisme, il égorgea son fils pre peuple, comme nous pourrions dire les
mier-né, en holocauste, sur la muraille, à Turcs et les Hottentots pour désigner des
la vue des assiégeants. Indignés de tant peuples barbares (De Wette).
d'horreurs, émus d'un si affreux specta MÉSOBAB, et plusieurs autres chefs
cle, les alliés se retirèrent, et l'on peut siméonites, nommés 1 Chr. 4, 34. sq., .
croire que ce fut à l'instigation du pieux paraissent avoir quitté l'Egypte déjà avant
MES 43 MES

les jours de Moïse, lorsque leurs familles épouse Rébecca, Gen. 24, 10.25,20.; c'est
se furent accrues : ils se rendirent en dans ces plaines que servit Jacob, qu'il
Guédor jusqu'à l'orient de la vallée, cher épousa Rachel, c'est là encore qu'il vit
chant des pâturages pour leurs trou naître presque tous ses fils, 28, 2. 35, 26.
peaux ; là ils trouvèrent un pays spa 46, 15. Plusieurs villes, et des villes as
cieux et fertile, dont ils chassèrent les sez considérables, s'élevaient sur les rives
premiers habitants, descendants de Cam, des deux grands fleuves et de leurs af
et où ils s'établirent ; plusieurs d'entre fluents le Chaboras et le Mygdonius, v.
eux se fixèrent même dans le voisinage Caran, Carkémis, Edesse et Tsobah : leurs
des montagnes de Séhir, et achevèrent habitants étaient d'origine syrienne et
de détruire ceux qui restaient des Hama parlaient un dialecte araméen. La partie
lécites. — Le verset 41 doit se traduire :
méridionale, depuis Carkémis et Mossul,
« Ceux-ci donc qui ont été écrits par est une plaine inculte et déserte, qui con
leurs noms du temps d'Ezéchias, vinrent traste singulièrement avec la richesse et
etc. » Il paraît qu'Ezéchias avait fait re la beauté de la partie supérieure ; à l'ex
cueillir les noms et les hauts faits des ception des rives, qui ont une forte végé
anciens héros d'Israël, et que c'est alors tation et un sol susceptible de culture, ce
que l'on découvrit cette expédition sin ne sont que des landes sans eau, habitées
gulière de quelques chefs isolés. par des lions, des autruches et des bri
MES0P0TAMIE. Cette contrée dont gands arabes ; autrefois on y trouvait
le nom signifie un pays entre deux fleu aussi des ânes sauvages. Cependant une
ves (littéralement au milieu des fleuves), route traversait ce désert, et servait aux
apparaît dans l'Ancien Testament sous les caravanes qui faisaient le commerce en
noms de Padan Aram ou campagne de tre l'Euphrate et Babylone ou Séleucie ;
Syrie, Gen. 31, 18. sq., de Sadeh Aram maintenant encore on va d'Anah à Bag
ou plaine de Syrie, Os. 12, 13., d'Aram dad.
Naharayim ou Syrie des deux fleuves, L'histoire de ce pays jusqu'à la domi
Gen. 24, 10., d'Aram ou Syrie, Nomb. 23, nation des Perses est peu connue; Cusan
7., et de Padan ou champ, plaine, Gen. Rischatajim dont il est parlé, Jug. 3, 8.
48, 7. Le nom de Mésopotamie dont l'u- 10., comme d'un roi de la Mésopotamie,
sage ne remonte guère au-delà des jours ne régnait probablement que sur une
d'Alexandre le Grand, se trouve employé partie de la contrée voisine de l'Euphra
dans le Nouveau Testament, Act. 2, 9. 7, te; il en est peut-être de même des rois
2. — La Mésopotamie comprenait tout le de la Syrie de Tsoba qui apparaissent
pays entre le Tigre et l'Euphrate, espèce sous David, 2 Sam. 8 , 3. v. Tsoba. Huit
de grande île, bornée au nord par le Ma siècles avant Christ , Salmanassar, roi
sius appartenant à la chaîne du Taurus, d'Assyrie, avait déjà assujetti et réuni les
au sud par la Babylonie, à l'est par le diverses peuplades de cette contrée, 2
Tigre qui la séparait de l'Assyrie, à l'ouest Rois 19, 13., qui depuis lors partagèrent
par l'Euphrate, la Syrie et l'Arabie Dé les destinées des grands empires qui s'é-
serte; elle s'étendait entre les 33o-38° la levèrent pour se détruire et se succéder
titude, et les 55° à 61° longitude. Elle en Orient, Babylone, la Perse et la Macé
ne formait pas un état à part, et son nom doine. A la mort d'Alexandre la Mésopo
se rapporte plus à une désignation de tamie échut aux Séleucides de Syrie, puis
géographie naturelle, qu'à une division elle devint un grand champ de bataille où
politique ; les Romains continuèrent de les armes parthes, arméniennes et romai
l'employer, bien que sous les empereurs nes se heurtèrent, jusqu'à ce que Trajan
la Mésopotamie fût administrativement victorieux y apporta la paix avec sa do
jointe à la Syrie. C'est dans sa partie sep mination.
tentrionale, dans ce plateau si riche et si MESSULLAM, fils du sacrificateur Bé
fertile, qu'habitèrent d'abord les ancêtres récia, fut un de ceux qui contribuèrent à
nomades des Hébreux, Gen. 14, cf. Act. la restauration de Jérusalem, Néh. 3, 4.;
7, 2. v. Ur: c'est de là qu'Isaac reçut son mais plus tard, ayant donné sa fille au
MES 44 MES

fils de Tobija, on peut croire qu'il s'asso bath, 35 litres; dix faisaient un homer.
cia, en partie du moins, aux complots de 4° Le gomer ou homer (différent du pre
ce lâche ennemi de Néhémie, 6, 18. mier), la dixième partie de l'épha, Ex. 16,
MESURES. Il est parlé assez souvent 36., litres 3,50. 5° Le sat, 2 Rois 7, 1.;
dans la Bible, mais toujours en passant, d'après les rabbins c'était le tiers de l'é-
des mesures des Israélites ; leurs rap pha, litres 11,70. 6° Le cab, sixième par
ports, leurs grandeurs relatives, sont tie du sat, d'après les rabbins, litre 1,94.
quelquefois déterminées, cf. Ex. 16, 36,, Dans le Nouveau Testament, les évalua
mais nous n'avons aucune donnée sùre et tions sont faites quelquefois en mesures
positive sur leur grandeur absolue ; l'u- grecques; ainsi le chenix, Apoc. 6, 6., et
nité de poids ou de mesure n'est fixée les métrètes de Jean 2, 6.; cette dernière
nulle part, et nous devons pour ce qui mesure qui répondait au bath des Hébreux
concerne ce sujet nous en tenir aux in et à l'amphore attique, était d'une grande
dications fournies par Josèphe, l'auteur capacité; Eisenschmidt a calculé qu'elle
qui compare avec le plus de soin les me devait contenir environ 72 bouteilles.
sures hébraïques avec les mesures en Mesures de longueur. 1° Le doigt ou
usage de son temps chez les Grecs et pouce (pris en largeur), Jér. 52, 21.,
chez les Romains ; resterait à savoir si, mètres 0,0225. 2° La largeur de la main,
à cette époque, les anciennes mesures 1 Rois 7, 26. 3° La paume ou palme va
étaient encore bien connues des Hébreux lant 12 pouces, Ez. 43, 13, 0",09. 4° La
eux-mêmes, et si elles n'avaient pas été coudée, v. cet article. 5° La canne ou
dénaturées ou oubliées pendant les jours verge, Ez. 41, 8., de la longueur de six
de l'exil et de la captivité. On verra sous coudées. 6° Le gomed de Jug. 3, 16. est,
leurs différentes lettres les détails rela à ce qu'on suppose, un peu plus qu'une
tifs à chacune de ces mesures, nous ne coudée, peut-être une aune.
faisons que les indiquer ici avec leurs va Mesures de distance. Le pas était la
leurs relatives, et leur réduction approxi plus petite, 2 Sam. 6, 13: il équivalait à
mative en mesures françaises décimales. environ 0m,54. On comptait aussi par
Ajoutons seulement que les Hébreux , journées et par nuits de voyage, 1 Rois
peuple agricole, aimaient à compter ou à 19, 8., mais cette mesure variait naturel
mesurer en partant de certaines données lement beaucoup et ne peut être détermi
naturelles; et comme les œufs de poule née; il en est de même du kiberath haa
ont une grandeur assez régulièrement la rets, Gen. 35, 16. 48, 7. 2 Rois 5, 19.,
même, ils l'avaient prise pour unité de qu'on doit traduire vaguement par me
mesure ; les figues et les olives étaient sure, petit espace de pays, station, etc.;
aussi des unités de mesure pour des la version syriaque et la version perse
quantités plus petites ; la fève du carou traduisent parasange, environ 1 lieue 112,
bier était l'unité de pesanteur (un gué 6 kilomètres. Les Septante l'entendent
rah); v. Mishna Chelim, 17, 6.7. sq. La de l'espace qu'un cheval doit parcourir
loi de Moïse avait de même pris dans chaque jour pour conserver ses forces et
l'usage ordinaire, une main pleine, une son activité, c'est-à-dire au moins une
poignée, comme unité pour la mesure lieue; d'autres pensent au chemin qu'un
des choses sèches, Lév. 2, 2. 5, 12. 16, cheval peut faire à la course sans s'arrê
12. etC. ter, environ 3 lieues, etc. — Les Juifs
Mesures de capacité. — A. Pour les li comptaient encore par chemin d'un sab
quides. 1° Le bath, 1 Rois 7, 26., 35litres. bat, par milles romains, et par stades
2o Le hin, six fois plus petit, litres 5,83, grecs, q. V.
3° Le log, douze fois plus petit que le hin, Mesures de pesanteur. 1° La plus pe
litre 0,486. tite était le guérah, que nos versions ont
— B. Pour les choses sèches. 1° Le ho rendu par obole, q. v., grammes 0,58 en
mer valant dix baths, Ez. 45, 11., aussi viron; c'était probablement le grain, la
appelé core, 350 litres. 2° Le léthek ou fève du caroubier. 2o Le békah, Gen. 24,
demi-core, 175 litres. 3° L'épha, égal au 22. Ex. 38, 26., traduit dans nos versions
MET 45 MET

par demi-sicle (ou drachme), valait 10 grément. — Il est parlé dans l'AncienTes
guérahs, grammes 5, 83.3° Le sicle, vingt tament, du fer, de l'acier, du cuivre ou de
guérahs, grammes 11 , 667. Ex. 30, 13. l'airain, de l'argent, de l'or, de l'étain et du
Lév. 27, 25. Ez. 45, 12. 4° La mine, 1 plomb ; cf. Nomb. 31, 22. Ez. 22, 18. 27,
Rois 10, 17., valait, d'après Winer, cent 12., et les différents articles. Le com
sicles (grammes 1,100), d'après la traduc merce de ces métaux se trouvait prin
tion vulgaire de Ez. 45, 12., 15 sicles cipalement entre les mains des Phéniciens
(grammes 175), d'après une traduction de Tyr, qui les tiraient soit de leurs co
préférable de ce même passage, v. Mine, lonies, et notamment de l'Espagne, soit
suivie par Mackenzie, la mine valait cent de l'Arabie, soit des contrées voisines du
sicles, environ une livre, ou grammes Caucase, Ez. 27, 12. 13.19. Jér. 10, 9.
583,333. 5o Enfin le talent valait 30 mines, Ils paraissent n'avoir pas ignoré l'art de
ou 3,000 sicles, 15 kilos ; cf. Ex. 38, 25. fondre ensemble et de combiner plusieurs
Sq. — v. Sicles. espèces de métaux, et l'on a cru voir des
Pour tout cet article, on peut consulter compositions de ce genre dans l'airain
l'appendice qui est à la fin du dictionnaire brillant d'Apoc. 1, 15., dans le Hasmal
de Calmet; il contient la réduction des d'Ez. 1, 4. et dans dans le Pouk de Jér.
mesures juives aux anciennes mesures de 4, 30. (v. Airain et Antimoine), comme
France, mais peut-être avec une précision dans l'aurichalque des Romains ;le cuivre
exagérée, qu'il n'est pas possible de jus resplendissant (Muts'hab) d'Esd. 8, 27.
tifier en tous points; il évalue la coudée appartenait probablement aussi à cette
juive à 1 pied, 8 pouces 112, et le stade à classe.
125 pas géométriques, v. Mille 2°. On est surpris de voir avec quelle pro
Michaélis, (Mos. Recht $ 226), fait re fusion l'or et l'argent se trouvaient ré
marquer que le tabernacle fournissait aux pandus aux jours de Salcmon, non-seu
Hébreux un état exact et constant des lement pour les ornements du temple et
poids et mesures; en effet, dans la déter du palais royal, mais par tout le pays, au
mination législative des pièces qui en point « que l'argent n'était rien estimé,
traient dans sa composition, l'on trouvait que l'or et l'argent n'étaient pas plus pri
la valeur primitive et rigoureuse de toutes sés dans Jérusalem que les pierres, tant
les mesures de longueur, de poids et de il y en avait, » 1 Rois 10, 21. 2 Chr. 1,
capacité en usage chez le peuple. Sans 15. cf. 1 Chr. 22, 14. 29, 4. La même ri
insister plus qu'il n'est juste sur cette ob chesse en métaux précieux se remarquait
servation, et sans attribuer, ni à Moïse, ni aussi dans les anciennes cours de l'Orient,
aux sacrificateurs l'idée que le tabernacle particulièrement en Perse où les vases et
dût servir à déterminer de pareils détails, les ornements d'or et d'argent abondaient
il faut avouer que le fait est intéressant, et frappaient la vue partout où elle s'ar
et que plusieurs fois peut-être le lieu rêtait; mais aucun ustensile d'argent ne
Saint a pu conserver ainsi chez les Israé se trouvait dans la maison de SalOmOn,
lites les usages et les coutumes des temps tout y était or, l'argent trop commun
anciens, gages de leur nationalité. servait au luxe des petits. C'étaient l'A-
METAUX. Les montagnes de la Pales frique et l'Inde qui pourvoyaient aux dé
tine renfermaient diverses espèces de mé lices des rois, l'argent venait d'Espagne
taux et particulièrement du cuivre (l'airain et du nord de l'Asie pour l'usage des
était un mélange), Deut. 8,9.: cependant il peuples.
ne paraît nulle part que les Hébreux aient On travailla de bonne heure les métaux,
connu l'art d'une exploitation régulière et nous voyons dans l'Ancien Testament le
des mines, et c'est des contrées voisines, fer employé pour la confection de haches,
de l'Asie et de l'Europe, d'Ophir ou d'Es de scies, de poëlons, de plaques, de chai
pagne, qu'ils faisaient venir les métaux nes, verroux, couteaux, charriots, etc.; le
dont ils avaient besoin, précieux ou com cuivre, d'une exploitation plus facile,
muns, bruts, en lingots, en plaques, ou dé parce que la terre le livre en masses plus
jà travaillés en objets d'art, d'utilité ou d'a- considérables, et d'un travail de fabrica
MET 46 MET

tion plus simple, parce qu'il a besoin d'une 12. Jér. 6, 29. Ez. 22, 18. Prov. 17, 3.
moins grande chaleur que le fer pour de La fusion et le travail au marteau étaient
venir ductile et malléable, était aussi d'un les procédés les plus ordinaires pour la
usage plus répandu , on en faisait des manipulation des métaux. La fusion n'a-
casques, des boucliers, des lances, des vait pas seulement pour but la mise en
harnais, des chaînes, des armes, des mi œuvre et la production d'un objet d'art ;
roirs, des vases de toute espèce; lorsque quelquefois elle ne se faisait que pour
la grandeur de l'objet que l'on voulait l'épuration des métaux nobles, pour sé
faire, ne permettait pas le travail au mar parer de l'or et de l'argent l'alliage qu'ils
teau, on opérait par la fonte; c'est ainsi pouvaient renfermer, l'écume et l'étain,
que la grande cuve et les colonnes du Es. 1, 25. Ez. 22, 18. 20.; il paraît que
temple de Salomon sortirent du creuset, pour faciliter et accélérer cette sépara
1 Rois 7; toutefois l'art de mouler n'était tion, l'on se servait d'ingrédiens particu
encore, aux jours de Salomon, qu'une im liers que l'on ajoutait dans la masse fon
portation de la Phénicie, un art étranger due, comme ayant avec l'alliage plus d'af
aux Hébreux et qui ne se naturalisa que finité qu'avec l'or ou l'argent, ainsi du
plus tard, au service de l'idolâtrie, Es. 44, plomb, Jér. 6, 29., du savon, Es. 1, 25.
10., etc. Les Grecs et le monde d'Homère (ce passage doit se traduire « je refon
se servaient comme les Hébreux, d'armes drai ton écume comme avec du savon, et
de fer et de cuivre, Hésiod. Trav. et j'ôterai, » etc.). Il n'est jamais question
Jours, 134. Lucret. 5, 1285. - L'or et de la fonte proprement dite qu'en par
l'argent servaient principalement à la fa lant de l'or, de l'argent ou du cuivre,ja
brication des objets de luxe, boucles, mais du fer, Ex. 25, 12. 26, 37. Es. 40,
bagues, bracelets, etc.; on en faisait ce 19. Quant au martelage, ou battage en
pendant aussi des vases, des coupes et feuilles, il en est parlé, Nomb. 16, 38. cf.
d'autres ustensiles à l'usage des grands ; Es. 44, 12, Jér. 10, 4.; de soudure, Es. 41,
c'est ainsi que tous les vaisseaux du temple 7., de polissage, 1 Rois 7, 45., de pla
étaient faits de ces précieux métaux, Esd. cage en airain, or ou argent, Ex. 25,
5, 14., et qu'ils tentèrent d'autant plus 11. 24. 1 Rois 6, 20. sq. 2 Chr. 3, 5. cf.
l'avidité des conquérants. L'idolâtrie se Es. 40, 19.; enfin de l'épreuve des mé
fit des dieux d'or et d'argent, Ex. 20, 23. taux par le feu ou la pierre de touche,
Es. 2, 20. Dan. 3, 1. Act. 17, 29., ou Prov. 17, 3. 1 Pierre 1 , 7. Différents
d'autres reliques précieuses, Act. 19, 24., corps de métiers s'étaient déjà distingués
et se borna souvent aussi à plaquer d'or en Israël longtemps avant les jours de
ses amulettes lorsqu'elle ne pouvait suf l'exil : ceux qui travaillaient le fer, Es.
fire à les faire d'or massif. - Quant au 44, 12., ceux qui étaient habiles dans les
plomb, moins connu et moins estimé, il ouvrages d'airain, 1 Rois 7, 14., et les
servait comme matière inerte et pesante ; orfèvres qui ne s'occupaient que des mé
on en faisait des poids et on les suspen taux nobles, Jug. 17, 4. Mal. 3, 2. Le tra
dait aux fils à plomb, Zach. 5, 8.Am. vail des métaux utiles remonte d'ailleurs
7, 7. cf. Zach. 4.10. Il paraîtrait, d'après aux plus anciens jours du monde, et nous
Job. 19, 24. qu'on s'en servait aussi voyons, Gen. 4, 22., Tubalcaïn s'en occu
comme de tablettes pour y écrire, même per et forger des instruments de toute
des ouvrages entiers, cf. Pausan 9, 31. espèce. La construction du tabernacle
Plin. 13, 21.; cependant Jarchi, Rosen dans le désert, et plus tard celle du tem
muller et Umbreit pensent qu'il ne s'agit ple de Salomon, prouvent que les Israé
là que d'inscriptions faites dans les ro lites ne se laissèrent ni devancer, ni sur
chers et reproduites au moyen de plomb passer; aussi leurs vainqueurs surent-ils
fondu que l'on y versait. toujours apprécier leurs connaissances
Les instruments nommés comme ser en ce genre, et nous voyons les serru
vant au travail des métaux, sont l'enclu riers, les maréchaux et les armuriers,
me, le marteau, les tenailles, le soufflet, emmenés en captivité chez les ennemis
le creuset et le fourneau, Es. 41, 7.44, d'Israël, et obligés de mettre au service
MET 47 MET

des conquérants leurs talents et leurs au travail, placage ou fabrication d'ido


forces, 2 Rois 24, 14.16. Jér. 24, 1. 29, les, Act. 19, 24.; du parfumeur, Ex. 30,
2. cf. 1 Sam. 13, 19. Es. 3, 3. 35.; de l'artisan ou de l'ouvrier en géné
MÉTHUSÉLAH. Gen. 5, 21. 1 Chr. 1, ral, Ex. 35, 35. Deut. 27, 15. 1 Sam. 13.
3. Luc 3, 37., fils d'Enoch et père de Lé
19.: ce mot comprend l'ouvrier en fer,
mec; c'est de tous les patriarches dontEs. 44, 12. 2 Rois 24, 14. 1 Sam. 13, 19.,
l'âge nous est rapporté, celui qui a vécu
celui qui travaille l'airain, 1 Rois 7, 14. cf.
le plus longtemps, ayant atteint l'âge de
2 Tim. 4, 14., le charpentier et les ou
neuf cent soixante-neuf ans, A. M. 687 vriers sur bois, 2 Sam. 5, 11. Es. 44, 13.
1656. D'après la chronologie ordinaire il cf. Matth. 13, 55. Marc 6, 3., les maçons
serait mort l'année même du déluge. ll et plâtriers, 1 Chr. 14, 1., et les tailleurs
vécut deux cent quarante-trois ans avec de pierre, 2 Rois 12, 12. Le potier est
Adam et six cents ans avec Noé, et fut aussi indiqué comme exerçant une pro
ainsi contemporain de toutes les géné fession spéciale, Es. 29, 16. cf. Matth.
rations depuis la création du monde jus 27, 7.10.; de même le serrurier, Jér. 24,
qu'à sa première destruction par les eaux. 1., le foulon, 2 Rois 18, 17, cf. Marc 9,
MÉTIERS. C'est en Egypte probable 3., le tisserand et le tapissier, Ex. 28,
ment que les Hébreux, jusqu'alors noma 32., le fabricant de coton, 1 Chr. 4, 21.,
des et pasteurs, apprirent à connaître les et même dans les grandes villes, mais là
arts mécaniques et les différents métiers; seulement, le boulanger, Os. 7, 4. Jér.
plus tard, le voisinage des Phéniciens 37, 21. cf. Luc 11, 5.; plus tard encore
leur fut également utile sous ce rapport, On voit le barbier oriental s'établir aussi
et leur fit faire des progrès ; mais, sauf comme industriel dans la terre sainte,
le cas tout à fait exceptionnel et miracu Ez. 5, 1. (On trouvera sous leurs lettres
leux rapporté Ex. 31 , 2. 6., il ne faut plus de détails sur quelques-uns de ces
pas croire qu'avant la fin de la période métiers.)Cependant comme une seule per
des juges, les arts aient atteint un degré sonne exerçait souvent plusieurs de ces
de perfectionnement bien avancé, cf. 1 professions à la fois, Ex. 31, 3.2 Chr. 2,
Sam. 13, 20. La division du travail était 14., on ne peut pas croire que les Hé
peu connue et peu pratiquée ; le père de breux soient jamais arrivés à une bien
famille devait savoir faire un peu de tout, grande habileté dans tous ces différents
même les ouvrages les plus grossiers, et travaux, et nous voyons que David et Sa
ceux qui de nos jours seraient le moins lomon recherchèrent pour les grands
estimés, cf. Odyss. 5, 243.; les femmes ouvrages qu'ils firent exécuter au tem
étaient cependant spécialement chargées ple et dans leurs palais, des ouvriers
de l'ordonnance intérieure de la maison ; étrangers, et notamment des Phéniciens
à elles le pain, le fil, la toile et les vête de Sidon, 1 Rois 5, 6. 1 Chr. 14, 1. 2
ments, même les habits d'hommes, Ex. Chr. 2, 7. 14.
35, 25. 1 Sam. 2, 19.2 Sam. 13, 8. Prov. Après l'exil, les arts et les métiers fu
31, 21. 24. Act. 9, 39. etc. Cependant peu rent beaucoup plus considérés qu'ils ne
à peu, et à mesure que le besoin d'arti l'étaient auparavant; des grands et même
sans spéciaux se fit sentir, surtout pour des savants se firent artisans, et prirent
les travaux d'une exécution difficile et souvent des noms destinés à rappeler le
qui demandaient un exercice habituel et métier qu'ils exerçaient, v. Paul; et ceux
constant, les industries s'établirent, et qui ne donnaient pas à leurs enfants une
non-seulement des esclaves, mais des profession, passaient pour les mal éle
hommes libres devinrent artisans et se ver ; c'est, dit un Targum, comme s'ils
livrèrent au travail des différents métiers. leur apprenaient le métier de voleur.
(v. aussi Iliad. 4, 110.485. 18, 601. Odyss. On trouve encore dans le Nouveau
3, 425. 432.) Il est parlé dans les livres Testament des corroyeurs et des faiseurs
saints, du fondeur, Jug. 17, 4. Es. 40, de tentes, Act. 9, 43. 10, 6.32. 18, 3., et
19. Jér. 10, 14., et ailleurs, de l'ouvrier dans les livres apocryphes ainsi que dans
en or et en argent, spécialement affecté Josèphe, des fromagers, des cordonniers,
MEU 48 MEU

des tailleurs, des fraters sachant prati chaînes, même on les aveuglait, ce qui
quer la saignée, des orfèvres, des cré avait le double effet de paralyser des for
pisseurs, et des orfèvres bijoutiers; tou ces qu'ils auraient pu mal employer en les
tefois ces métiers étaient rangés au nom portant plus loin, et d'empêcher le ver
bre de ceux qui rendaient inhabiles ceux tige que le mouvement de la meule pro
qui les exerçaient à pouvoir jamais de duit naturellement, Jug. 16, 21. Lam. 5.
venir Sacrificateurs. 13. On trouve, Jér. 25, 10., une allusion
Les ateliers, boutiques ou magasins, au bruit que la meule fait en tournant,
étaient, dans les grandes villes, réunis sur bruit agréable par ses souvenirs, agréable
les places publiques ou dans des rues comme espérance et par liaison d'idées,
très fréquentées, Jér. 37, 21.: il y avait agréable, parce qu'il promet du pain à la
aussi des boucheries, un marché aux famille, et parce qu'il rappelle la paix et
viandes, et une vallée où se réunissaient la tranquillité du chez soi ; on peut com
les fabricants de fromages, et qui en a parer à l'impression produite par ce bruit,
reçu le nom grec de vallon des Tyro celle que fait le bruit du moulin à café : ce
péens. bruit cessera comme tant d'autres jouis
MEULE (mouture). Dans les premiers sances, lorsque s'accompliront les mena
temps, lorsque l'agriculture était encore ces de l'Eternel. Les meules étant regar
dans l'enfance, comme l'humanité elle dées comme objets de première nécessité,
même, on rôtissait les grains, puis on les ne pouvaient être prises en gage, Deut.
pilait dans un mortier, cf. Nomb. 11, 8. 24, 6.
et Serv. ad. AEn. 1, 184. Au dire de Burck Il est parlé plus tard, dans le Talmud
hardt, le même usage subsiste encore chez et dans le Nouveau Testament, v. Matth.
18, 6., de meules d'ânes, c'est-à-dire de
les Arabes de nos jours, et dans les petits
ménages de l'Orient. Cependant les mou meules pour la mise en mouvement des
lins à bras, sous leur forme la plus sim quelles l'homme étant trop faible, on se
ple, ont été connus de très bonne heure ; servait d'ânes (asini molarii); les Grecs,
les Hébreux eux-mêmes en avaient déjà les Romains avaient des meules de ce
connaissance pendant le séjour de l'E- genre, et les Orientaux de nos jours s'en
gypte, Nomb. 11, 8., et ils continuèrent servent encore, et les font mouvoir par
de tout temps à s'en servir comme s'en des ânes ou des mulets, quelquefois par
servent encore aujourd'hui les Orientaux. plusieurs esclaves réunis, Ovid. Fast. 6,
Ces moulins consistaient en deux meules 318. v. Burckhardt, et ailleurs. Sur la
posées l'une sur l'autre, la supérieure coutume d'attacher une meule d'âne au
étant mobile et appelée en conséquence cou de certains criminels, et de les préci
le char ou le coureur, Deut. 24, 6.2 Sam. piter dans l'eau pour les noyer, v. Peines.
11, 21. Jug. 9, 53.; l'inférieure immobile, MEURTRE, meurtrier. Le droit cri
Job 41, 15., était la borne, on l'appelait minel des Israélites reconnaissait comme
aussi quelquefois l'âne, c'est-à-dire le l'ont fait toutes les législations, la dis
porteur. Dans les familles pauvres et peu tinction entre le meurtre proprement dit
nombreuses, c'étaient les femmes qui de et l'homicide involontaire, quoiqu'elle se
vaient moudre; dans de grandes familles servît du même nom pour désigner l'un
où ce travail devenait considérable et pé et l'autre, cf. Nomb. 35, 25. sq. Le meur
nible, il était remis à des esclaves, soit tre entraînait toujours après lui la peine
hommes, soit plus ordinairement femmes, de mort sans possibilité de commutation,
Matth. 24, 41. Luc 17, 35., et en général Lév. 24, 17. : la loi n'était ainsi que l'écho
aux plus méprisés et à ceux qui n'étaient de la première institution de cette peine,
pas capables d'un travail plus délicat, Ex. lorsque Dieu dit à Noé au sortir de l'ar
11, 5. Es. 47. 2. Jug. 16, 21. Eccl. 12. 5. che, « quiconque aura répandu le Sang
C'était surtout comme punition, comme de l'homme, son sang sera aussi répan
peine corporelle, qu'on infligeait à des du, » Gen. 9, 5. 6. L'homicide involon
hommes cette occupation, et lorsqu'ils taire pouvait aussi quelquefois amener
étaient dangereux on les chargeait de la mort pour le meurtrier, en vertu de
MEU 49 MEU

l'ancienne coutume qui abandonnait aux pendant vengée par la mort du meurtrier,
membres de la famille du mort le droit parce que dans ce cas il y avait double
de la vengeance du sang , le coupable meurtre, et que la cause de la mort n'é-
était innocent devant la loi , mais, à cause tait pas un accident, mais un esprit de
du sang et de la terre qui en était souil querelle qui en lui-mème déjà mérite un
lée, les parents pouvaient poursuivre le chàtiment, et qui doit être responsable du
meurtrier; la justice refusait de sévir, mal dont il est la cause, Ex. 21, 23. Il
mais laissait libre cours aux ressenti n'est pas sûr que la peine de mort fût pro
ments privés; l'institution des villes de noncée contre le propriétaire d'une mai
refuge était la seule garantie que la loi son dont le toit, non garni d'une balus
donnât dans ce cas à l'homicide inno trade, aurait occasionné la chute et la
cent, Nomb. 35, 25. Deut. 19, 5. Quand mort d'une personne, Deut. 22, 8. Mi
le meurtre avait été commis par un ani chaélis penche pour l'affirmative, Winer
mal, par un bœuf, par exemple, l'animal croit, au contraire, que le législateur se
était mis à mort, et son propriétaire, ren borne à mettre cette responsabilité sur
du responsable par la loi, devait une in la conscience du propriétaire. Lorsqu'un
demnité à la famille du défunt, et si la esclave frappé par son maître mourait
famille du défunt ne se contentait pas de sous les coups, le maître était puni ; rien
cette réparation, elle avait le droit de n'indique de quelle nature était ce châti
vengeance comme dans le cas de l'homi ment, mais on peut croire qu'il était sé
cide involontaire, cf. Ex. 21, 28-30. Mais vère, puisque pour une dent ou pour un
s'il y avait eu meurtre volontaire, ou même œil l'esclave était affranchi ; les rabbins
simplement intention de donner la mort, pensent que le maître était puni de mort,
accompagnée de voies de fait et de vio mais ils ne s'appuient sur aucune raison
lences sur la personne d'un homme libre, suffisante : si cependant l'esclave survi
la peine capitale était inévitablement pro Vait de quelques jours à ces mauvais trai
noncée, Ex. 21, 12. Nomb. 35, 16. Deut. tements, la loi, tenant Compte du droit
19, 11. Il pouvait même ne pas y avoir de frapper, devenait impuissante, et la
intention de donner la mort, mais coups perte de l'esclave était considérée comme
portés par haine et suivis accidentelle une peine assez forte pour qu'il ne fallût
ment de la mort par un faux mouvement | pas l'aggraver par une condamnation spé
de celui qui était menacé; la loi par sa ciale « c'est son argent. » Ex. 21, 20. En
sévérité pressentait dans ce cas cette belle fin, dans le cas d'un meurtre inconnu,
maxime du Messie : « Celui qui hait est Deut. 21, 1-9., le lieu le plus voisin de
un meurtrier; » le coupable était consi l'endroit où le délit avait été commis était
déré comme assassin. Le meurtre d'un chargé de la responsabilité, et les anciens
voleur surpris pendant la nuit en flagrant de la ville sacrifiaient en expiation, dans
délit n'était pas punissable ; mais si le une vallée solitaire et abrupte, une jeune
soleil était levé, il était considéré comme génisse à laquelle on coupait le cou com
un meurtre ordinaire, et puni comme tel, me on l'aurait fait au criminel, au lieu
Ex. 22, 2.; pendant la nuit, en effet, deux de la mettre à mort suivant l'usage ordi
circonstances pouvaient excuser l'homi naire.
cide qui se trouvait dans ce cas : le soin La constatation d'un meurtre ne pou
de sa propre défense, à laquelle il doit vait avoir lieu que sur la déposition d'au
pourvoir seul, puisque chacun dort autour moins deux témoins, Nomb. 35, 30.; le
de lui; puis l'incertitude de ses coups, faux témoignage en pareille matière était
qu'il ne peut pas diriger comme il le vou puni de mort par la loi du talion, Deut.
drait dans l'obscurité, et du funeste ré 19, 16-20. Les témoins, dans le cas de
sultat desquels il ne saurait ètre juste lapidation, devaient les premiers jeter la
ment rendu responsable. La mort d'une pierre au condamné ; lorsqu'il y avait dé
femme enceinte, lorsqu'elle était pro capitation, c'était, semble-t-il, au vengeur
duite, involontairement sans doute, dans du sang de remplir l'office de bourreau,
une rixe entre deux hommes, était ce Nomb. 35, 19. 21. On peut voir, 2 Sam.
II. 4
MIC 50 MIC

14, l'exemple d'un cas où les rois d'Israël refuse de l'entendre, et il rentre chez lui,
se sont arrogé le droit de grâce à l'égard désolé d'avoir perdu des dieux qui n'a-
de meurtriers reconnus; mais on ne peut vaient pourtant pas su le défendre, et
pas généraliser la conclusion tirée de ce dont au contraire la possession avait été
cas particulier. pour lui une cause de ruine, en attirant
La loi ne renferme aucune disposition l'attention et la convoitise des soldats
relative à l'infanticide, et ce crime paraît pillards. L'histoire de Mica, épisode
avoir été inconnu des Israélites, les cau peu intéressant d'une époque où il n'y
ses qui l'amènent dans nos sociêtés mo avait en Israël ni état ni gouvernement,
dernes n'existant pas chez eux, où tout reste comme un exemple de l'aveuglement
tendait à le prévenir. Il n'est rien dit non où l'idolâtrie jette ceux qui abandonnent
plus du parricide. Les Juifs postérieurs la droite voie, et du malhêur qui s'attache
ont appliqué à l'empoisonneuse ce qui est à ceux qui veulent suivre à la fois Dieu et
dit de la sorcière, Ex. 22, 18., et ils pu le monde, les ténèbres et la lumière. Ce
nissaient de mort ceux qui préparaient pauvre Juifa été peut-être plein de bonnes
des poisons, alors même qu'on ne s'en intentions par devers lui, mais un zèle
était pas servi. sans connaissance n'a pas de prix aux yeux
Enfin, il n'y a rien dans la loi qui soit de l'Eternel, lorsque c'est par sa faute
relatif au suicide ; Josèphe le condamne que le pécheur manque des connaissances
dans une digression théologique, et l'on qu'il devrait avoir dans la doctrine de la
trouve des exemples de cas de ce genre, vérité.
1 Sam. 31, 4., où Saül se perce de son MICAEL (qui est comme Dieu ?), un
épée ainsi que son écuyer; 2Sam. 17, 23., des grands anges ou archanges dont
où Achitophel s'étrangle, et Act. 1, 18., l'existence et le nom nous sont révélés
où le traître se fait justice à lui-même; cf. par l'Ecriture. Micaël, appelé Michel en
aussi 2 Macc. 14, 41 . grec, Jud. 9., était regardé comme le re
V. encore les articles spéciaux. présentant du peuple juif devant Dieu,
MICA ou Michée (Jug. 17 et 18), Israé et en quelque sorte sa personnification.
lite de la tribu d'Ephraïm, vivait proba Les rabbins l'opposent souvent à Sam
blement pendant l'époque qui s'écoula maël, le prince des ténèbres. C'est comme
entre la mort de Josué et l'institution ! protecteur d'Israël qu'il apparaît Daniel
des juges, vola à sa mère 1,100 pièces 10, 13.21. 12, 1., et saint Jean nous le
d'argent qu'il ne tarda cependant pas à montre remportant aux derniers jours la
lui rendre; une partie de cette somme fut victoire sur Satan et ses anges, Apoc. 12,
consacrée à l'achat de deux images, le 7. Ces différents passages n'ont pas be
reste dut subvenir aux frais de ce culte soin d'explication, mais le combat rap
idolâtre. Mica fit lui-même un éphod et des porté Jud. 9., entre l'archange et le dé
théraphims, et consacra l'un de ses fils mon, présente de graves difficultés. On a
pour prêtre à l'Eternel, mêlant ainsi dans cru trouver dans ce passage une allusion à
sa conduite le paganisme et la religion Zach. 3, 1.2. (Bèzeet Vitringa), mais pour
révélée, et paraissant ne pas s'apercevoir appuyer cette opinion, il faut changer le
de toutes ses inconséquences. Bientôt un texte et lire (au lieu de Michel) Jésus, Jo
lévite passe, et Mica l'engage comme sué, ou Jéhosuah, trois noms qui n'en
prêtre au service de sa maison, dans l'es sont qu'un dans l'original avec de légères
poir que l'Eternel lui fera du bien pour modifications , cette variante n'étant
ce singulier acte de fidélité ; mais cette qu'une hypothèse sans fondement doit
espérance est vaine, son lévite le trahit, être abandonnée, d'autant plus qu'il fau
quelques espions danites envoyés à la drait encore, en l'admettant, prendre Mi
découverte deviennent maîtres de ses se caël pour Jéhovah , et le corps pour la
crets, et les livrent avec ses trésors à la personne. D'autres théologiens, parta
troupe armée qui les accompagne. Il ré geant la même opinion sans accepter les
clame, il poursuit, mais ses paroles variantes, pensent que le corps de Moïse
comme ses démarches sont inutiles, on représente le judaïsme personnifié dans
MIC 51 MIC

le grand sacrificateur Jéhosuah (Wolff, rifier s'ils n'avaient pu éviter de toucher


Witsius). — Une seconde classe de com un cadavre. D'autres ont modifié cette
mentateurs, et non-seulement les rati0 explication en disant qu'il est question
nalistes, mais aussi quelques théologiens de nécromancie dans ce passage ; mais
orthodoxes, par exemple Litghfoot, sup dans ce but le corps mort de celui auquel
posent que Jude a cité ici des traditions on s'adressait n'était pas nécessaire, cf.
apocryphes, comme Paul quelquefois allè 1 Sam. 28, et 25, 1.— ll paraît bien que
gue des poètes païens ; il ne veut ni con la circonstance que Moïse a été enseveli
firmer, ni réfuter, il se borne à employer par le Seigneur lui-même, a donné oc
cet argument contre ceux auxquels il s'a- casion à cette dispute, Deut. 34, 6., mais
dresse, parce qu'ils ajoutent foi à de pa nous n'en savons pas davantage, et le seul
reils récits, tout en faisant parade de leur cas un peu analogue que nous trouvions
prétendue Sagesse ; il se sert contre eux dans l'Ecriture est celui de Zach. 3, 2.
d'un argument qu'ils accepteront, bien L'opinion qui entend par le corps de
qu'il me l'accepte pas lui - même. Mais Moïse son corps de doctrine, n'est pas
quand Paul fait des citations de ce genre, soutenable.— Les noms de plusieurs au
c'est avec plus de précautions, et il est tres Micaël se trouvent Nomb. 13, 14.1.
probable que si Jude eût voulu citer une Chr. 5, 13. 7, 3. 12, 20. 2 Chr. 21, 2.
fable, il se serait exprimé autrement qu'il MICAJA, v. Mahaca 2°.
n'a fait. Troisièmement enfin, et c'est de MICAL , fille cadette de Saül et d'Ahi
puis Calvin l'opinion le plus ordinaire noham, 1 Sam. 14, 49. Elle aima David
ment reçue par les commentateurs chré et devint son épouse après que Mérab
tiens, il se peut bien que cette tradition se son aînée , d'abord fiancée au fils d'Isaï,
trouvât dans les livres apocryphes, mais eut été donné à un autre, 18, 20. Saül se
ce n'est pas là que Jude l'apuisée : l'apôtre réjouit de cet amour, espérant faire
nous transmet une tradition qui s'était tomber David entre les mains des Phi
conservée parmi les Juifs, et dont il con listins en lui demandant une dot san
naissait l'authenticité par une révélation glante; mais le jeune berger, trop heu
de l'esprit de Dieu qui était en lui. C'est reux de mériter par son courage une
ainsi qu'on peut trouver, dans des légen épouse qu'il aimait, revint triomphant et
des, ou racontés par des prêtres, beau déjoua, sans le savoir, des plans qu'il
coup de faits qui n'en sont pas moins des avait ignorés. La haine de Saül ayant
Vérités pour avoir passé par ccs intermé éclaté, Mical fut attentive à veiller sur
diaires, en général peu dignes de con les jours de son mari, et le tint autant que
fiance. Jude a fait ici ce que Paul a fait possible au courant des mesures que Saül
2 Tim. 3, 8., en citant les noms de Jan prenait contre lui; la maison de David
nès et de Mambrès ; il a suivi la tradition ayant été cernée, Mical le fit évader par
dans un cas où il savait qu'il pouvait le une fenêtre, et mit un simulacre avec une
faire. Bèze s'est joint à cette manière de hure de poil de chèvre dans son lit, pour
faire, ainsi que Buddé, Schœttgen, Wit retarder les recherches, en faisant croire
sius, etc. aux guerriers de Saül que David était
On prend ordinairement comme motif malade. La ruse ne pouvait rester long
de cette dispute l'intention de Satan de temps cachée, mais il fallait retourner
pousser les Juifs à l'idolâtrie en leur pré auprès du roi pour l'interroger sur ce
sentant le corps de Moïse ; mais il vaut qu'il y avait à faire dans cette circon
mieux avouer son ignorance que d'avan stance, et pendant ce temps David put ga
cer des choses sans fondement. S'il y a gner du terrain et s'échapper. Mical s'ex
dans l'Eglise chrétienne une idolâtrie re cusa auprès de son père en disant que
lativement aux corps des saints, cette ido David l'avait menacée de la tuer si elle
lâtrie n'existait pas, et ne pouvait même essayait de le retenir. C'est probablement
pas exister pour l'Orient où les corps pendant cette absence de David que Mical
morts souillent les vivants , on évite de fut donnée par son perfide père à Palti,
les approcher, et les Juifs devaient se pu 25, 44., mais cette séparation, et Ce Se
N,
MIC 52 MIC

cond mariage auquel David n'avait pas ne dira que ce que Dieu lui dira. Il con
consenti, furent nuls aux yeux de David, naît les mauvaises dispositions d'Achab,
qui ne put appliquer à ce cas l'interdic il me craint pas de les irriter encore par
tion prononcée par la loi, Deut. 24, 4., l'ironique amertume de son début. Achab
et qui reprit son épouse aussitôt qu'il voit que ses promesses de bonheur ne
le put, 2 Sam. 3, 13. Le dernier trait de sont que dérisoires, et, lorsque le pro
la vie de Mical n'est pas à sa louange ; phète, changeant de langage, lui annonce,
elle aimait son époux, elle n'aimait pas d'une voix solennelle, la confusion de
le roi théocratique et prophète : lorsque ses armées, la dispersion du peuple, sa
l'arche fut transportée de la maison mort à lui-même, il voit murmurer le
d'Hobed-Edom à Jérusalem, David, plus monarque et ses faux prophètes; il con
joyeux des bénédictions divines que soi tinue alors, il instruit le procès de cha
gneux du décorum et de l'étiquette, Da cun, il frappe le roi, il frappe les messa
vid qui n'avait pas pris des leçons de gers de mensonge, il raconte une vision
royauté à la cour de Saül, s'abandonnait à divine, le conseil de Dieu et de ses an
toute l'allégresse dont son àme était ges, l'esprit d'étourdissement envoyé sur
pleine ; Mical le vit sautant de toute sa Achab, de mensonge sur ses prophètes
force devant l'Eternel, et elle le méprisa courtisans. En vain l'orgueilleux et vio
dans son cœur : puis à son retour elle lent Tsidkija donne un soufflet à Michée;
l'accueillit avec des paroles ironiques, en vain Achab fait jeter le prophète en
qui lui valurent une réponse pleine d'a- prison, l'oracle ne saurait être changé,
mertume, et qui amenèrent entre ces la vérité demeure, les prédictions s'ac
deux époux qui se comprenaient pour les complissent, lsraël est vaincu, Achab est
choses de la terre, mais qui ne se com tué. — L'Histoire sainte s'arrête ici,
prenaient plus lorsqu'il était question des sans donner aucun détail ultérieur sur la
choses du ciel , un refroidissement qui vie et l'activité de ce prophète; mais,
dura jusqu'à la mort de Mical (6, 16. sq. dans ce peu de détails, on reconnaît par
1 Chr. 15, 29.). Le récit sacré finit en tout l'homme ferme, juste, fidèle à son
disant qu'elle n'eut point d'enfants jus maître comme à la vérité : rien ne l'é-
qu'au jour de sa mort, ce qui emporte meut, rien ne l'abat, rien ne l'irrite. Il
tout à la fois l'idée d'un châtiment de était contemporain d'Elie, et rappelle, à
Dieu sur la fille de Saül, et de la cessation quelques égards, ce grand caractère plein
des rapports entre David et son épouse. de feu, d'énergie, et parfois d'ironie. On
La sagesse de Dieu est souvent folie de se demande pourquoi Josaphat, désirant
vant les hommes ; le chrétien fidèle peut entendre un prophète du vrai Dieu, fait
être un objet de ridieule pour les bien chercher Michée plutôt qu'Elie. C'est
pensants de ce siècle et pour les Phari peut-être qu'on ignorait où se tenait ce
risiens du bon ton. dernier : peut-être aussi parce que la
MICHEE. 1o Prophète, fils de Jimla, haine d'Achab contre le grand prophète
897 av. C., fut, à la demande de Josa était trop implacable : plus probablement
phat, consulté par Achab sur l'issue de et plus simplement enfin parce que Mi
la campagne qu'il se proposait d'entre chée était là, et qu'il avait aussi l'esprit
prendre contre la Syrie, 1 Rois 22, 2 du Seigneur comme Elie.
Chr. 18. Achab le haïssait à cause de 2° Michée, le sixième des petits pro
plusieurs oracles qu'il avait déjà pronon phètes (758-699). Nous n'avons sur sa
cés contre lui, et peut-être ce prophète personne et sur sa famille d'autres in
est-il le même que celui dont il est parlé
dices que ceux qu'il nous donne lui
1 Rois 20, 28.41. Mandé auprès du mo même, 1, 1. ll était de Moréseth, et fut
narque, il est averti en chemin que tous contemporain des rois Jotham, Achaz
les autres prophètes, au nombre de 400, et Ezéchias, contemporain, par consé
ayant annoncé l'heureux succès de la quent, du prophète Esaïe, d'Osée et d'A-
guerre, il ait à en faire autant; mais, mos, et de deux siècles postérieur au fils
prophète de l'Eternel, vrai prophète, il de Jimla, dont il a été parlé ci-dessus,
MIC 53 MIC

Les royaumes de Juda et d'Ephraïm, ce | trouve cet oracle si clair et si connu des
dernier surtout, étaient dans ces jours de Juifs, de la naissance du Messie en Beth
crise qui préparaient leur ruine : Salma léem de Juda. - Esaïe, 2, 2-4., a copié
nassar se levait contre Ephraïm, Sanché presque littéralement Mich. 4, 1-3; du
rib contre Juda, et, malgré quelques dé moins l'opinion inverse qui suppose que
livrances momentanées et miraculeuses, c'est Michée qui a copié Esaïe se justifie
le temps était à l'orage. Cependant le moins bien, de même que celle qui veut
peuple n'y prenait pas garde, et cette fa que tous les deuxaient emprunté ces ver
tale sécurité, qui précède les grandes ca sets à un troisième prophète plus ancien.
tastrophes, régnait sur les habitants des — v. Preiswerk, Morgenl. 1839, p. 129.
deux royaumes et les endormait. Les pro S([.
phètes seuls veillaient. Michée déclare 3° Fils de Guémaria, Jér. 36, 11.Ayant
tour à tour à Jérusalem et à Samarie, à entendu lire dans la salle de son père les
Juda et à Ephraïm, les châtiments qui les oracles de Jérémie contre Jéhojakim, et
attendent, et les invite à la repentance et peut-être ayant vu l'impression que ces
au salut , mais il sait bien qu'on ne l'é- paroles avaient faites sur le peuple, il
coutera pas ; il le dit lui-même : « Un trouva la chOse assez importante, et cou
esprit d'erreur, un prophète de mensonge rut avertir les princes. Il ne paraît pas
qui prêcherait le vin et la cervoise, voilà qu'il se proposàt de nuire au prophète,
qui serait un prophète pour ce peuple , et l'on aurait tort de voir en lui un déla
(2, 11). Son nom et l'amertume de ses teur; il a voulu servir les intérêts de ses
prédictions contribuèrent, cent ans plus maîtres, et n'a pas cru pouvoir mieux les
tard, à sauver les jours de Jérémie (26, servir qu'en leur faisant connaître la pa
18. cf. Mich. 3, 12.), que les principaux role de l'Eternel ; il était assez naïf pour
de Jérusalem voulaient mettre à mort, croire que les grands et les chefs des na
parce qu'il avait censuré leur mauvais tions désirent d'être éclairés. Si le roi
train, et annoncé la ruine de la ville s'est irrité, si la vie du prophète a été en
sainte. — Le style de Michée est vif, cha danger, la faute n'en est point à lui, mais
leureux, animé, pittoresque : il abonde en aux mauvaises dispositions de Jéhojakim
figures, et revêt, par moments, la forme et à son inimitié contre la vérité.
du dialogue. Son livre se divise en trois MICHEL. v. Micaël.
parties : 1° les chapitres 1-3, qui renfer MICHMÉTHA, ville situéesur les fron
ment la description de l'état moral du tières d'Ephraïm et de Manassé, non loin
peuple, et les châtiments qui l'attendent; de Sichem, vers l'est-nord-est, Jos. 16,
2° les chapitres 4 et 5 sont une prophétie 6. 17, 7 .
messianique, un coup d'œil dans l'avenir, MICMAS, ville des Benjamites, Esd. 2,
la perspective de jours meilleurs; 3° re 27. Néh. 11, 31. cf. 7, 31., au sud de Mi
tour à la première partie, 6 et 7. On gron, dans la direction de Jérusalem,
peut aussi le diviser historiquement en Es. 10, 28., et à l'est de Béthaven, 1 Sam.
trois parties, dont la première (1-2, 10.) 13, 5. C'est dans le défilé de ce nom, si
renferme les oracles prononcés sous Jo tué à l'est de la vallée d'Ajalon, que Jo
tham, roi de Juda, et sous son contem nathan remporta, par la foi, la victoire
porain, Pékah d'Israël : la seconde (2, sur les Philistins, après avoir jeté l'épou
10.-4, 8.) a été prononcée sous Achaz et vante dans leur camp. La position de
sous Ezéchias, qui fut associé à son trône Micmas était importante sous le point de
pendant les dernières années de sa vie, vue militaire, à cause des deux rochers
ainsi que pendant la fin du règne de Pé qui fermaient l'entrée du défilé, cf. Es.
kah en Israël ; la troisième enfin appar 10, 29. 1 Sam. 14, 4. et 1 Macc. 9, 73.
tient au règne d'Ezéchias, dont les six Ses environs étaient extrêmement ferti
premières années coïncident avec la plus les. On trouve encore quelques ruines,
grande partie du règne d'Osée, le der et mème des cabanes habitées, Sur l'em
nier roi d'Israël (4, 9.-7,). C'est dans cette placement de l'ancienne Micmas, mais il
dernière portion de son livre que se faut les chercher plus loin qu'Elbir, et
M1E 54 MIE

moins à l'ouest de Jérusalem. (Virg., Ovid., Plin., etc.). On fait observer


MlCTAM. v. Psaumes. encore que le miel était si commun en
MIDDIN, ville du désert de Juda, Jos. Palestine qu'on a pu appeler cette terre
15, 61 . un pays découlant de lait et de miel, Ex.
MIEL, substance bien connue, qui a 3, 8. 13, 5. Deut. 32, 13. Ps. 81, 16. etc.,
été de tous temps, et qui est encore de et que par conséquent un présent de
nos jours, un des principaux régals des miel ne pouvait pas être quelque chose
Orientaux, v. Gen. 43, 11. 1 Sam. 14, 27. de bien rare pour le gouverneur de l'E-
2 Sam. 17, 29. Ps. 19, 10. (cf. Sirach 39, gypte, tandis que du miel de raisin était
31.) Cant. 5, 1. Prov. 24, 13. Ez. 16, 13. plus digne de lui être offert, et plus ca
Luc 24, 42. etc. Bochart a consacré vingt pable de le bien disposer, Gen. 43, 11.
huit pages à l'éclaircissement des passages Quoi qu'il en soit de cette question,
bibliques où il est parlé du miel, et son les abeilles abondaient en Palestine, et
travail doit être consulté. les forêts pleines de leurs essaims, étaient
Les païens avaient coutume d'offrir du chargées de rayons dont les cellules, se
miel en sacrifice à leurs divinités, et fondant à l'ardeur du soleil, laissaient
c'est peut-être pour éloigner toujours échapper leur miel qui coulait le long
plus les Israélites des usages païens, que des arbres et sur les rochers, pur de
Dieu leur avait défendu de le faire sur toute espèce d'alliage, de mélange de ci
ses autels ; d'un autre côté, pour les rat re, plus délicat et plus recherché que le
tacher cependant à la vie paisible de l'a- miel des abeilles de jardin : les Hébreux
griculture, il avait maintenu les prémices l'appelaient yaarah, mot que nos ver
du miel avec toutes les autres offrandes sions ont improprement traduit par rayon
en nature, comme devant être offertes de miel, 1 Sam. 14, 27. Cant. 5, 1., au
aux prêtres pour servir à leur entretien; lieu de : miel qui coule, ou de : ce qui dis
cf. Lév. 2, 11. 2 Chr. 31, 5. — Quelques tille des rayons de miel; v. aussi Matth.
auteurs pensent que dans plusieurs pas 3, 4. D'après Suidas, Kühnol, Fritsche, ce
sages de l'Ancien Testament, et notam miel de forêts désignerait une espèce de
ment Gen. 43, 11. Ez. 27, 17. Jér. 41, 8., manne qui découle des feuilles de cer
il ne s'agit pas du miel d'abeilles, mais tains arbres, soit naturellement, soit par
d'une espèce de liqueur sucrée, de sirop, suites des piqûres d'un insecte ; mais
qui découle des dattes lorsqu'elle sont cette opinion ne se justifie que par des
en pleine maturité (les docteurs juifs, analogies éloignêes. — Le mot nopheth
Maïmonide, Josèphe; Hiller, Celsius, Ged employé Ps. 19, 10. Prov. 5, 3.24, 13. 27,
des, etc.); ils s'appuient entre autres sur 7. Cant. 4, 11., a paru à Harmer désigner
ce que le mot hébreu debash qui signifie le miel de dattes, mais il signifie êtymo
miel, a en arabe le sens de dattes; d'au logiquement ce qui distille, et le mot
tres pensent qu'il faut l'entendre d'un noub qui correspond en arabe à l'hébreu
miel de raisins, c'est-à-dire du jus de la nouph ou nopheth, signifie encore miel
vigne, cuit avec ou sans sucre, jusqu'à sauvage, ce qui distille des rayons de miel
épaisseur de sirop (Rosenmuller); cette (Forskal, Russel). Hasselquist, Maundrell
boisson se fait de nosjours encore en Sy et Shaw, ont trouvé dans les plaines émail
rie et en Palestine (Shaw, Russel, Burck lées de Jérico des rayons de miel sauvage
hardt). Trois quintaux de raisins don aussi gros et aussi soignés que s'ils eus
nent un quintal de cette liqueur, nommée sent eté dans des ruches.
encore debs (debash). On l'emploie au Le beurre et le miel sont nommés dans
lieu de sucre, en la délayant d'eau; pour l'Ecriture parmi les rafraîchissements les
les pauvres elle remplace aussi le beur plus délicieux, 2 Sam. 17, 29. Cant. 4, 11.
re, et pour les malades le vin. Les Grecs Job 20, 17. Es. 7, 15. Dans le passage 1
et les Romains connaissaient aussi le miel Sam. 14, 27. cf. 30., l'effet produit par le
du raisin, et ils s'en servaient non-seule miel sur les yeux de Jonathan, n'est au
ment avec le vin et le lait, mais aussi tre chose que les forces et la clarté d'es
pour l'assaisonnement des fruits cuits prit que retrouve un homme fatigue et
MIG 55 MIL

affamé lorsqu'il s'est un peu reposé et MILET, ville de l'Asie Mineure, peu
qu'il a pris quelque nourriture. M'ais éloignée d'Ephèse ; d'abord appelée Le
comme de violents désirs ont de violen légeis elle a pris successivement les noms
tes fins, et que la voracité s'engloutit et de Pityusa, d'Anactolia et de Milet, et
se tue elle-même dans sa satisfaction, Sa Ses ruines portent maintenant le nom de
lomon a choisi l'exemple du miel pour Palat ou Palatsa : Chandler, dernier édi
recommander à l'homme la sobriété, teur des marbre de Paros, paraît du
Prov. 25, 16. moins avoir bien établi l'identité de ces
Les Hébreux appelaient bakbuk le vase deux endroits, car à Palat il a trouvé sur
destiné à contenir le miel coulé , 1 Rois le côté du théâtre qui avoisine la mer,
14, 3.: d'après Jér. 19, 1. 10., il paraît une inscription en gros caractères, gros
que c'étaient des vases de terre, et nos sièrement taillée, dans laquelle le nom de
versions ont improprement traduit ce la ville de Milet est répété sept fois. —
mot par bouteille, car il est évident que Célèbre par la finesse de ses laines et la
c'est de vaisseaux évasés et non de vases beauté de ses étoffes, Milet, capitale de
à longs cous que les Hébreux devaient l'Ionie, avait ouvert quatre ports au com
se servir, pour y mettre une liqueur si merce, et possédait un grand nombre de
rupeuse aussi facile à se candir que le colonies : Thalès, Anaximandre et Cad
miel. mus étaient originaires de cette ville,
MIGDAL. 1° Migdal-El, ville de la qui possédait encore beaucoup d'autres
tribu de Nephthali, Jos. 19, 38. L'endroit citoyens illustres ; mais plus tard des ha
dont parle Eusèbe sous le nom de Mag bitudes de luxe et de volupté corrompi
diel, tombe en dehors des limites de rent les mœurs, et avec elles s'évanouit
cette tribu, et ne doit ainsi pas être con la bonne réputation de sagesse et d'in
fondu avec cette ville. — 2° Migdal-Gad, telligence qu'avaient longtemps méritée
dans les plaines de Juda, Jos. 15, 37. ses habitants. L'apôtre Paul y passa se
MIGDOL, ville d'Egypte située non rendant de Macédoine à Jérusalem, et il
loin du golfe arabique, à la frontière sep y eut une conférence avec les pasteurs
tentrionale du pays, Ex. 14, 2. Nomb. 33, d'Ephèse, qu'il avait fait venir ne pou
7. Jér. 44, 1. 46, 14. Ez. (hébr.) 29, 10. vant se rendre auprès d'eux, Act. 20, 15.
30, 6. La version d'Alexandrie, et Héro 17. cf. aussi 2 Tim. 4, 20.
dote, la nomment Magdol, et dans la lan MILLE. 1° Nombre qui se prend sou
gue des Egyptiens elle s'appelait Meschtôl vent dans l'Ecriture pour exprimer une
au dire de Champollion. Elle était entre quantité considérable, mais indéfinie,
Pelusium et Daphné, à environ 4 lieues 1p2 Deut. 5, 10.7, 9. Ps. 84, 10.105, 8.Apoc.
de Pelusium. 20, 2.3.4. C'est sur ce dernier passage
MIGRON, ville au sud-sud-ouest d'Aï, que repose toute la doctrine du chiliasme
et au nord de Micmas, Es. 10, 28. 1 Sam. Ou du règne personnel de notre Sauveur
14, 2. D'après Rosenmuller il y aurait eu sur la terre pendant mille ans, doctrine
aussi un endroit de ce nom près de Guib que nous ne pouvons examiner ici, qui a
hath-Saül, et c'est de cette place qu'il se été crue des premiers pères comme elle
rait question dans le dernier passage ; l'était des Juifs, qui a été condamnée par
il s'appuie sur ce que Saül étant à Guib l'Eglise à cause des aberrations de ses
hath, 13, 16., et les Philistins à Micmas, sectateurs, et qui, si elle doit être accep
13, 23., il ne pouvait avoir franchi l'ar tée par le chrétien fidèle et humble, doit
mée ennemie pour se rendre au-delà, à l'être simplement, et sans les additions
Migron ; mais comme le fait observer et les développements d'une fausse sa
Winer, c'est une difficulté qu'une con gesse ou d'une riche imagination, car il
naissance plus exacte des lieux et des y a autant et plus de danger à la défigu
défilés ferait peut-être disparaître ; il rer qu'à la rejeter ; dans le premier cas
n'est d'ailleurs pas probable que si près on flatte la chair en matérialisant l'es
, de Migron, se trouvât un endroit du mê prit, dans le second on se prive d'une
me nom sans désignation spéciale. espérance et d'un privilége.
MlL 56 MIN

2° Mille, Matth. 5, 41., mesure de dis tieux que les Orientaux donnaient à l'a-
tance qui varie beaucoup d'un pays à griculture; le laboureur met le blé en
l'autre : les Juifs ne connurent que de ligne, l'orge à sa place, et l'épeautre pour
puis la domination romaine cette mesure bordure.
qui leur fut donnée par les conquérants; MINES. 1° Bien que les montagnes de
le milliare ou milliarium comptait mille la Palestine fussent riches en divers mé
pas géométriques, soit 5,000 pieds, soit taux, il ne paraît pas que les Hébreux en
plus exactement encore 1,800 mètres, ou aient jamais fait une exploitation régu
bien un tiers de lieue de 25 au degré ; lière, et maintenant encore, on ne trouve
c'est le mille anglais, ou le tiers du mille aucune trace de mines, anciennes ou mo
géographique. Les talmudistes ont con dernes dans ce pays. Les allusions faites
servé à cette mesure le nom de mil, mais à l'art des mines, Job 28, 1.sq., prou *-
ils la réduisent à 7 1/2 au lieu de 8 stades. vent que cet art a été connu fort ancien
Les Romains établirent sur les grandes nement, mais non qu'il ait été connu, et
routes de la Palestine des pierres mil encore moins qu'il ait été pratiqué des
liaires qui indiquaient les distances des Hébreux. Il est parlé 1 Macc. 8, 3. des
villes les plus rapprochées ou les plus mines d'or et d'argent qui se trouvaient
importantes. v. Villes. en Espagne ; elles étaient célèbres dans
MILLET, plante qui doit avoir reçu son l'antiquité et ont fait une partie de la for
nom de son abondante et facile reproduc tune des Phéniciens, qui en écoulaient les
tion, parce qu'elle rend beaucoup plus que produits par Tyr dans tous les marchés
toute autre, et qu'un épi peut porter si de l'Asie.
non mille grains, au moins un nombre 2° Mine, monnaie grecque-attique, éva
très considérable (Martin, Lexic. étym.). luée à cent drachmes, un peu plus de 80
Il est encore, selon Niebuhr, très abon francs de notre monnaie, Luc 19, 13. (dans
dant en Egypte et dans l'Arabie Heureuse, le texte). La mine paraît avoir été d'abord
où il forme la nourriture la plus ordinaire une mesure de poids, et c'est comme telle
des pauvres, mais il est si désagréable au qu'on la trouve mentionnée 1 Macc. 14,
goût que ce voyageur lui préfère de beau 24. cf. 15, 18.; le bouclier d'or dont il
coup le pain d'orge : on l'appelle durra. s'agit dans ce passage, aurait pesé, d'a-
On a cru le reconnaître dans le dochan près l'évaluation ordinaire de la mine,
d'Ez. 4, 9., et dans le nisman d'Es. 28, plus de 880 livres. — Les Hébreux avaient
25. Il est probable, en effet, que par do une mine différente de celle des Grecs,
chan il faut entendre une espèce de mil tout à la fois mesure de poids pour les
let (holcus dochna L.) qui atteint une hau vases d'or ou d'argent, 1 Rois 10, 17., et
teur de 2 à 3 mètres, et dont les grains, monnaie fictive pour l'appréciation de
à peu près semblables au riz, donnent sommes d'argent considérables, Esd. 2,
une farine peu délicate; on en fait la 69. Néh. 7, 71.; d'après 2 Chr. 9, 16. cf.
moisson au commencement de novembre. 1 Rois 10, 17., elle pesait 100 sicles; Ezé
Mais le passage d'Esaïe est moins facile chiel, 45,12., parle d'une mine plus petite,
à comprendre , quelques auteurs ont du poids de 60 sicles ou même de 50 seu
voulu lire sesame au lieu de nisman, et lement. si l'on admet la correction plus
l'on a fait plusieurs hypothèses de ce probable de cet obscur verset « Alors
genre ; d'autres, prenant nisman pour (dans le nouveau royaume d'Israël) le
un nom de plante, l'ont un peu au hasard sicle vaudra 20 oboles, une pièce de 5
traduit par millet, et lisent à la fin du sicles vaudra 5 sicles, une pièce de 10 en
verset : « ne sème-t-il pas dans sa terre vaudra 10, et la mine en vaudra 50 ; » c'est
du froment, de l'orge, du millet et de la à-dire que les poids et les monnaies une
vesce, chacun en sa place ; » nos versions fois fixés, ne seront pas exposés à perdre
sont meilleures, elles regardent nisman de leur valeur par des altérations ou des
comme un adjectif pris adverbialement, et dépréciations.
elles portent « l'orge en son lieu assi MINNITH, ville située au-delà du Jour
gné. » Ce verset rappelle les soins minu dain dans le pays des Hammonites, entre
MIR 57 M1S

Hesbon et Rabbath-Ammon, dans une un fort grand nombre; c'étaient peut-être


plaine riche en fourrages et en blés, Jug. des miroirs portatifs retenus à la cein
11, 33. Ez. 27, 17. Saint Jérôme l'appelle ture par des agrafes, ou fixés sur les
Mannith, et Eusèbe Maanith. bagues en guise de chaton. Ces petits
MIRAGE, phénomène des sables du miroirs avaient leur rôle dans quelques
désert, apparences trompeuses produites cérémonies païennes, et les femmes, en
par l'évaporation forte et continue qui les présentant à leurs déesses, semblaient
s'élève de la terre au matin, dans les pays leur rendre hommage et se mettre dans
chauds où la rosée est plus abondante leur dépendance ; on a voulu voir dans le
que chez nous : son nom hébreu est sha passage cité de l'Exode une allusion à
rab qui emporte une idée de chaleur : il cette coutume, mais on ne l'a ni prouvé,
en est parlé Es 35, 7., et l'on peut croire ni même rendu probable (Gesenius).
que Jér. 15, 18. y fait allusion, quoiqu'il Une autre espèce de petits miroirs est
soit possible aussi que le prophète ait en nommée, Es. 3, 23., parmi les objets de
vue ces sources éphémères que le voya luxe que le Seigneur détruira dans Juda
geur trouve sur sa route, mais qui ne tar en punition des péchés du peuple; v. en
dent pas à sécher ou à disparaître sous des core Jacq. 1, 23.1 Cor. 13, 12. L'idée de
collines de sable, et qu'on ne peut plus miroirs se retrouve aussi 2 Cor. 3, 18.,
retrouver quand on les cherche de nou qui serait mieux traduit peut-être : « Nous
veau. Voici comment en parlent MM. tous qui faisons rayonner (comme en un
Keith, etc. (Les Juifs d'Eur. et de Pal., miroir) la gloire du Seigneur, » etc.
p.35): « Nous vîmes dansl'éloignement le On comprend que, pour pouvoir être,
phénomène bien connu du mirage auquel non-seulement portés, mais achetés faci
le prophète Esaïe fait probablement allu lement, des miroirs de métal devaient
sion, etc..... Nous vîmes d'abord ce qui être très petits; leur forme était ordinai
nous semblait une rivière coulant paisi rement ronde ou ovale. Cependant il pa
blement, et réfléchissant sur sa surface raît qu'avec le temps, on attacha beau
unie des arbres qui croissaient sur ses coup d'importance à ces objets de luxe,
bords, tandis que quelque objet plus éloi et Sénèque se plaint d'avoir vu des mi
roirs aussi grands que le corps humain.
gné faisait l'effet d'une belle maison entou
rée d'arbres. Puis cette vue se transforma La dot offerte par le sénat aux filles de
en châteaux entourés de palmiers, sur le Scipion n'aurait pas suffi, dit-il, à acheter
bord d'un beau lac qui s'étendait de notre un miroir à la fille d'un affranchi de son
côté. Ce changement continuel d'aspect, temps. — Il y avait, chez les païens, une
ainsi que la vapeur répandue dans l'at divination par le miroir, dont nous n'a-
mosphère, sert à faire reconnaître l'illu vons pas à nous occuper ici. v. Pausan.
sion du mirage. » 7, 21.; d'Herbelot, Bibl. Orient.. p. 392.
MIROIRS. Les miroirs de verre ne sont MISAEL. 1° Misaël et Eltsaphan, fils
connus que depuis le treizième siècle; de Huziel, dernier fils de Kéhath, étaient
jusqu'à cette époque, les anciens ne se ainsi cousins de Moïse et d'Aaron. Ils
servaient, comme font maintenant encore furent chargés de conduire le deuil de
presque tous les peuples de l'Orient, que Nadab et d'Ahibu, frappés par la ven
de miroirs de métal poli, de cuivre, d'é- geance divine pour avoir profané le sanc
tain, d'argent ou d'un alliage d'étain avec tuaire, et ils remplacèrent, dans cette
l'un de ces deux autres métaux : l'usage triste cérémonie, Aaron et ses fils, qui
en était si commun déjà du temps de auraient dù naturellement y présider,
Pline, que les domestiques même avaient mais dont la présence, dans ce cas parti
souvent des miroirs d'argent. Cet objet culier, eût eu l'air de regrets, et presque
de luxe et de propreté était une invention d'une protestation contre le jugement de
des Sidoniens. Les Hébreux le connais Dieu, Ex. 6. 22. Lév. 10, 4. Nomb. 3,
saient, Job 37, 18., et il ressort de Ex. 30. — 2o v. Mésac.
38, 8., qu'il n'était point rare du tout, et MISÉAL , ville lévitique de la tribu
que les femmes hébreues en possédaient d'Aser, Jos. 19, 26. 21, 30.; d'après Eu
MNA 58 M0A
sèbe, elle était sur les côtes de la Médi
soit qu'il ait fait le voyage de Césarée à
terranée, non loin du Carmel : c'est pro Jérusalem avec l'apôtre soit, comme on
,
bablement la même que Masal, 1 Chr. peut le traduire aussi, que les disciples
6, 74. aient conduit Paul chez lui. Son titre
MITHKA , un des campements des Is d'ancien disciple semble indiquer qu'il
raélites dans le désert, entre Térah et
avait été converti déjà pendant la vie du
Hasmonah, Nomb. 33, 28.; du reste, in Seigneur.
connu. . MOAB, Moabites. Moab était le fils de
MITHREDAT. v. Bislam.
Lot et de sa fille aînée, Gen. 19, 37. Ses
MITSPA, nom de ville, qui signifie un descendants, riches en troupeaux, occu
signal, une tour d'observation, un lieu pèrent les contrées situées à l'orient de
élevé, du haut duquel on surveille toute la mer Morte et du Jourdain, après qu'ils
la contrée; plusieurs de ces villes por en eurent chassé la race géante des
tent ce nom. — 1° Jug. 4 1, 11. 34., la Emims, Deut. 2, 10. Le nom de campa
résidence de Jephthé, au-delà du Jour gnes de Moab était plus spécialement af
dain, différente probablement de Mitspé fecté aux plaines qui se trouvaient en
de Galaad, v. 29. — 2° Mitspa, appelée face de Jérico, Nomb. 22, 1. Deut. 34,
aussi Mitspé, Jos. 18, 26., la frontière 1. 8. Jos. 13, 32. L'Arnon, qui se jette
militaire de Juda contre Ephraïm, située dans le Jourdain, les séparait de Gad et
en Benjamin : c'était presque le point de Ruben. Les Moabites avaient aussi
central des tribus d'Israël. C'est là que possédé d'abord la partie comprise entre
les Israélites se rassemblèrent vers l'E- l'Arnon et le Jabbok ; mais ils en avaient
ternel pour punir Benjamin, Jug. 20, 1 . été dépossédés par les Amorrhéens qui,
21, 1. Elle acquit sous Samuel une cer à leur tour, durent se retirer devant
taine importance : Samuel y juge et y sa Moïse, et céder leurs montagnes et leurs
crifie ; il en fait un lieu de prières, 1 Sam. pacages aux troupeaux des Rubénites et
7, 5-17. cf. 1 Macc. 3, 46. lsraël, à sa des Gadites, Jos. 13, Nomb. 21, 13. 26.
voix, y abandonne ses idoles et devient Jug. 11,18. Pendant le voyage du désert,
vainqueur des Philistins ; Saül y est dé les Israélites respectèrent le territoire et
signé roi par le sort, 1 Sam. 10. Plus les frontières de Moab, Deut. 2, 9, Jug.
tard, le roi de Juda, Asa, la fortifie et 11, 15. 18. 2 Chr. 20, 10.; ils le de
en fait le boulevard de ses états du côté vaient, mais ils allèrent plus loin qu'ils ne
d'Ephraïm, 1 Rois 15, 22. 2 Chr. 16, 6. devaient, et se souillèrent aux fètes de
Après la destruction de Jérusalem, le ces impurs idolâtres, Nomb. 25, 1. Sous
gouverneur Guédalia. établi par Néca les juges, les Moabites s'étaient rendu
budnetsar sur la Judée, y fixe sa rési tributaires les Israélites , au moins la
dence, Jér. 40, 6.41, 14.2 Rois 25, 22 partie méridionale du pays et les tribus
25. Au retour de l'exil, quelques Juifs transjourdaines; mais, au bout de quel
s'y établirent de nouveau, Néh. 3, 7. 19. que temps, ils furent vaincus à leur tour,
MITSPE. 1° Ville des plaines de Juda, et soumis par Ehud, Jug. 3, 12.30. Le
Jos. 15, 38. — 2° Ville de Moab, 1 Sam. livre de Ruth semble indiquer une èp0
22, 3. — 3° Vallée du Liban, Jos. 11, 8. que d'alliance, ou, tout au moins, de rela
— 4° et 5° v. Mitspa, et Ramoth. tions amicales entre les deux pays. Puis,
MITYLENE, ville maritime de l'île de sous Saül, les hostilités recommencèrent,
Lesbos, avec deux ports, plusieurs canaux, et David imposa aux Moabites un tribut
et des ponts de marbre blanc. C'était un en menu bétail (1 Sam. 14, 47.2 Sam. 8,
séjour agréable et distingué par l'étude 2.2 Rois 3, 4.), qu'ils payèrent dans la
des lettres; Alcée, Eschine et Sapho y suite aux rois d'Israël, jusqu'au jour où
naquirent. Saint Paul y passa, se rendant ils trouvèrent le moyen de s'en affran
d'Assos à Samos, Act. 20, 14. chir, après la mort d'Achab, 2 Rois, !, ! .
MNASON, Cyprien de nation, établi à 3, 4. sq. cf. Es. 16, 2. Le roi Joram leur
Jérusalem, donna l'hospitalité à Paul, à fit la guerre pour les soumettre de nou
Luc et à leurs compagnons de voyage, veau ; mais, quoiqu'il envahit leur pays
M0A 59 M0I

après les avoir vaincus, on ne trouve plus épousé des femmes moabites et hammo
aucune mention d'un tribut qu'ils auraient nites. Dès lors, le nom de Moab se perd ;
payé, 2 Rois 3, 4.2 Chr. 20, 1.;il paraît il n'en est plus guère fait mention que
qu'ils se relevèrent sous Joas, mais que Dan. 11, 41., et Jos. Ant. 13, 14, 2. 15.
Jéroboam Il les soumit de nouveau, 2 et 4. Guer. des Juifs 3, 3, 3., et il se con
Rois 13, 20. 44, 25. Am. 6, 14. Après fond probablement sous le nom plus gé
que les tribus transjourdaines eurent été néral d'Arabes.
emmenées en captivité par les Assyriens, Le nom des Moabites apparaît souvent
les Moabites s'emparèrent peut-être de dans les oracles des prophètes, mais il
toute la contrée qu'elles avaient occu est toujours accompagné de menaces et
pée, peut-être aussi furent-elles bientôt de malédictions qui se rattachent aux
refoulées au-delà de l'Arnon par l'inva rapports politiques et religieux de Moab
sion de Tiglath-Pilézer, qui eut lieu peu et d'Israël depuis les jours de Balaam, Es.
de temps après, 1 Chr. 5, 26. C'est peut 11, 14. 15, 16, 25, 10. Jér. 48, Am. 2, 1.
être à cette époque que se rapporte l'ora Soph. 2, 8. cf. Ps. 60, 8. 83, 6., etc.
cle d'Esaïe (15 et 16), ainsi que celui de Le pays de Moab, une partie du Kérek
Jér. 48. Les Moabites, soumis par l'ar de nos jours, était en général monta
mée caldéenne, et rendus tributaires de gneux, mais coupé de riches vallées et
Nébucadnetsar, conservèrent cependant de plateaux fertiles, arrosé par les eaux
leurs propres chefs, et mirent bientôt au de l'Arnon , du Séred , et du torrent du
service du conquérant des troupes auxi désert, Am. 6, 14. Es. 15, 7. (mal tra
liaires qui agirent de concert avec lui duit dans ce dernier passage la vallée
contre Juda, 2 Rois 24, 2.; puis, lorsque des Arabes): le blé, la vigne et les arbres
l'armée caldéenne eut quitté la Palestine, fruitiers y étaient cultivés avec avantage,
les princes moabites, avec les chefs de et le bétail y prospérait, Ruth 1, 1. 2
quelques états voisins, cherchèrent à dé Rois 3, 4. Es. 16, 8.
tourner Sédécias de la fidélité qu'il avait La capitale du pays était Har-Moab ,
promise, comme vassal, à Nébucadnet ou Rabbath-Moab,(Aréopolis) située près
sar, Jér. 27, 3. On ne connaît pas le ré de i'Arnon, à 6 lieues est de la mer Morte,
sultat de cette démarche ; mais on sait et à 12 lieues sud-est de Calirrhoé : on
qu'après la ruine de Juda, sous son der remarquait encore la forteresse de Kir
nier roi, les Moabites firent éclater, sur Moab, et dans la partie méridionale du
les malheurs de ce royaume, une joie pays Tsohar et Luhith, Es. 15, 5.
maligne que les prophètes leur repro Nous avons peu de données sur la
chent amèrement, Soph. 2, 8. Ez. 25, 8., constitution politique et religieuse des
ce qui n'a pourtant pas empêché quelques Moabites ; ils paraissent avoir été régis
Juifs, fuyant la guerre des Caldéens, de monarchiquement, Nomb. 22, 4. Jug. 3,
trouver un asile parmi eux, comme on le 12. 1 Sam . 22, 3. Jér. 27, 3., et avoir
voit Jér. 40, 11. L'historien Josèphe conservé leurs rois (vassaux) même sous
(Ant. Jud. 10, 9, 7.) rapporte que, cinq la domination des lsraélites, 2 Rois 3, 4.;
ans après la destruction de Jérusalem, mais à côté de ces rois se trouvaient,
Nébucadnetsar fit la guerre aux Moabites, comme chez les nations voisines, les chefs
et qu'il les subjugua. Cependant la date de famille, anciens et seigneurs, espèce
de cette expédition n'est pas très sûre; d'aristocratie dont les prérogatives mo
il paraîtrait même qu'elle doit être placée déraient ce qu'il y avait de trop absolu
encore onze ans plus tard, après la prise dans l'exercice de la royauté, Nomb. 22,
de Tyr, qui eut lieu seize ans après celle 8. 14. 23, 6. La religion de Moab était
de Jérusalem. Quand les Juifs furent ren un culte (voluptueux) de la nature, Nomb.
trés dans leur pays, au retour de la cap 25, 1., de Bahal-Péhor, et de Kémos,
tivité, le pays de Moab était habité comme Nomb. 21, 29. 25, 3.; des sacrifices hu
auparavant, mais la population était mé mains sont aussi mentionnés 2 Rois 3, 27.
langée; on voit même, Esd. 9, 1. Néh. MOINEAU. Ce désagréable petit oi
13, 23., que beaucoup de Juifs avaient seau, mi-domestique, mi-sauvage , au
M0I 60 MOI

nom duquel Buffon donne la même éty 15. Deut. 16, 1.; c'est celui dans lequel
mologie qu'au nom de moine , à cause tombait la Pâque, et qui fut plus tard le
de son caractère solitaire , et de son nisan; le zif, ziv, ou mois de la floraison,
isolement habituel, est compris en grec 1 Rois 6, 1.37.; le bul, qui signifie peut
sous le nom général de 2 rzou0i2», puis être le mois des pluies, 1 Rois 6, 38.; et
désigné plus spécialement sous celui de l'éthanim, ou mois des gros torrents, 1
rco/2irm; : le premier seul apparaît dans Rois 8, 2. C'est surtout à l'époque de
l'Ecriture, Matth. 10, 29. Luc 12, 6., David et de Salomon que prirent nais
mais peut signifier aussi l'hirondelle, cf. sance ces noms appellatifs : nous ne con
Tobie 2, 9. : il correspond à l'hébreu naissons que ces quatre appartenant à
tsippor, qui s'applique aux oiseaux purs cette époque. Après le retour de la cap
dont la chair n'était pas défendue par la tivité les Juifs adoptèrent les noms en
loi, et peut désigner aussi quelquefois le usage parmi les peuples chez lesquels ils
paSSereau , le moineau ou l'hirondelle, avaient été esclaves, noms qui sont évi
quoiqu'il y ait pour ce dernier oiseau un demment d'origine caldéenne, à l'excep
nom particulier. On peut conclure des tion de adar qui est syrien, 2 Macc. 15,
deux passages du Nouveau Testament ci 37. : ainsi on lit chez les auteurs posté
tés plus haut , que la chair du moineau, rieurs les noms de nisan, sivan, kisleu ,
qui est très abondante en Orient, servait tebeth, sebat, et elul, Est. 3, 7.2, 16.8, 9.
parfois de nourriture aux pauvres gens. Zach. 1, 7.7, 1. Néh. 6, 15.; mais l'usage si
M0IS. Les mois des Israélites étaient naturel de désigner les mois par leur rang
lunaires, et le nom même de mois êtait dans l'année ne fut point abandonné en
chez eux, comme dans plusieurs langues tièrement, comme on peut le voir Agg. 1,
modernes, le même que celui de lune; on 1. 2, 1. Néh. 8, 2. Dan. 10, 4. Esd. 3,
sait qu'en allemand les deux mots ont 1. Est. 9, 1., etc. Les Quakers ont con
beaucoup de rapports , monat et mond, servé ou adopté le même usage.
peut-être en anglais de même, moon et MOISE, chef et législateur des Juifs,
month. Le mois commençait avec la nou descendant de Lévi, fils d'Hamram et de
velle lune, et toute l'organisation des fê Jokébed, Ex. 6, 20. 2, 1. sq., naquit en
tes mosaïques est basée sur une année Egypte pendant les jours de l'esclavage
lunaire. Pour marcher avec la lune, les (1571 av. C.) : il était divinement beau, dit
mois durent être d'abord alternativement l'apôtre, Hébr. 11, 23. Il fut adopté par
de 30 et de 29 jours : on appela les pre une princesse égyptienne, qui lui donna,
miers pleins, et les seconds vides : plus en souvenir de sa naissance et de sa dé
tard encore on s'aperçut qu'outre les 29 livrance, le nom qu'il a toujours porté
jours et 12 heures il y avait un surplus depuis (en égyptien m6 signifie l'eau, et
d'environ 3/4 d'heure, tellement qu'au ysès ou oudsché sauvé, d'après Jablonsky;
bout de 32 lunaisons on se trouverait en ou bien selon Renaudot, moou signifie
retard d'un jour ; on ajouta donc ce jour l'eau, et si tiré). L'Histoire sainte se tait
à chaque troisième amnée qui compta ainsi presque entièrement sur les quarante pre
355 jours au lieu de 354, et qui fut ap mières années de sa vie : elle raconte seu
pelée abondante : mais comme cette lement qu'il fut instruit dans toute la
quantité était un peu trop forte , on dut science des Egyptiens, et le Pentateuque
retrancher de temps en temps un jour à qu'il a écrit porte partout l'empreinte des
l'année qui ne fut ainsi que de 353 jours, profondes connaissances qu'il avait ac
et fut nommée dèficiente (Heidegger). quises; Moïse y apparaît comme un hom
Les Hébreux me distinguèrent d'abord me versé dans toutes les spécialités. En
les mois que par leur rang dans l'année, touré de pompes et d'espérances, avec la
le premier, le second , etc., v. Gen. 7, perspective peut-être de monter sur le
11. 8, 3. 4. 2 Rois 25, 27. Jér. 52, 31. trône des Pharaons, il préféra le ciel à la
Ez. 29, 1. On trouve cependant quelques terre, et l'opprobre de Christ à la gloire
mois désignés par leurs caractères : ainsi de ce monde : il quitta la cour et voulut
celui d'abib ou des épis, Ex. 13, 4, 23, devenir semblable à ses frères qui gémis
M0I 61 MOl

saient sous l'ignominie et l'oppression ; lâche génération d'esclaves, forme aux


il voulut les secourir, tua un Egyptien, combats et à la prière des hommes nou
essaya d'intervenir comme médiateur en veaux et libres, leur promet à eux seuls
tre deux Hébreux, et comprit par la ré et à leurs efforts la possession de la terre
ponse qu'il reçut de l'un d'eux, que l'heure sainte, abime les peuplades cananéennes
de la délivrance n'était pas encore arri situées en dehors des limites de la Pales
vée. Menacé de mort, il s'enfuit en Ma tine, et donne leur territoire à quelques
dian, et, allié d'un prince berger, il ache tribus plus impatientes; puis, à l'âge de
va de mùrir pendant quarante années de cent vingt ans, il dépose son autorité en
solitude, en gardant les troupeaux de son tre les mains du fidèle Josué, et meurt ou
beau-père, les projets qu'il avait formés s'endort sur la montagne du haut de la
en faveur de son peuple : l'indépendance quelle sa vue encore bonne a pu contem
de sa nation pouvait être différée, mais pler la terre après laquelle il avait long
elle ne pouvait être perdue pour toujours; temps soupiré, dont un mouvement d'in
on peut croire aussi que vieillissant et crédulité l'a banni lui-même, et où il n'est
s'affaiblissant, il en vint à ne plus former entré enfin que deux mille ans plus tard,
que de simples vœux, renonçant pour lui lorsque Jésus le reçoit sur le mont Tabor,
même à l'honneur qu'il avait rèvé plus Matth. 17, 3.
jeune, d'affranchir son peuple de tant de La vie de Moïse embrasse les quatre
misères. Une vision miraculeuse, accom derniers livres du Pentateuque, et c'est
pagnée de grands prodiges et de paroles lui-même qui l'a écrite. Elle est trop
sublimes, vient dans sa quatre-vingtième connue pour qu'il soit nécessaire de la
année l'arracher aux travaux paisibles raconter ici en détail, et se rattache d'ail
dont il avait pris l'habitude, et faire d'un leurs à une quantité de noms et de faits
conducteur de brebis un conducteur qui tous ont leurs articles spéciaux. v.
d'hommes vivants. Faible, craintif, irré Aaron, Balaam, Manne, Coré, Loi, Mer
solu, se défiant de lui-même, et s'expri Rouge, etc. , etc. Nous nous bornerons
mant avec peine, Moïse avait besoin de donc à éclaircir les points obscurs de son
miracles pour se décider, et il les obtint : histoire qui ne touchent qu'à lui seul,
la puissance de Dieu se manifesta dans sans entrer dans l'examen de questions
son infirmité, et le futur législateur, ac qui sont résolues ailleurs.
compagné de son frère le futur pontife 1° On ne peut ni prouver ni commen
d'Israél, part et vient sans mystère dé ter les miracles, et l'histoire de Moïse en
clarer au monarque polythéiste les des est pleine : la foi seule les admet, l'incré
seins du seul vrai Dieu. Celui qui est. Les dulité les rejette ou cherche à les expli
efforts réunis des deux frères, leurs me quer d'une manièle naturelle. Quoiqu'il
naces, leur parole accomplie, dix plaies faille en général se méfier des explica
qui frappent successivement l'Egypte en tions, il faut cependant éviter aussi de
épargnant les Hébreux, ouvrent à ceux-ci tomber dans l'excès contraire, qui cher
le chemin de la liberté, Ex. 6-11. Moïse che à multiplier inutilement une interven
conduit au désert ce peuple d'esclaves, tion du Très-Haut dans les événements
leur fait passer de pied sec la mer Rouge,de la nature, lorsque rien dans l'Ecriture
leur donne la loi en Sinaï, les organise ne justifie l'idée d'un miracle proprement
en nation, règle leur culte et leurs instidit. C'est ainsi qu'on a voulu voir un mi
tutions religieuses et politiques, ne les racle dans la délivrance du jeune Moïse
entretient que de miracles, ne voit chez sauvé des eaux par une princesse d'E-
eux que murmures et incrédulité, révol gypte; à ce compte-là, toutes les préser
tes et idolàtrie, Ex. 11-40, Nomb. 10-13. vations providentielles seraient des mi
Désespérant enfin d'un peuple auquel il racles, et si l'on veut en effet donner ce
a tout donné, excepté le cœur et l'amour nom à toutes les dispensations divines, à
des grandes choses, il sème et perd au la bonne heure; mais on doit se rappeler
désert ces hommes qui préfèrent des oi des faits tout semblables dans les histoi
gnons à la liberté, laisse éteindre cette res de Sémiramis, de Cyrus, de Romulus,
M0I 62

et d'autres personnages historiques arra lois, si sévères qu'elles soient, et souvent


chés à la mort contre toute probabilité même en proportion de leur sévérité,
humaine, mais par des moyens et des se auxquelles bon nombre d'individus ne
cours tout humains : c'étaient des cas, si réussissent à se soustraire. La seconde ob
l'on veut, extraordinaires et inattendus, servation prouverait également peu d'in
mais nullement miraculeux. La défaite des telligence des rapports d'une fille avec
Hamalécites appartient à la même classe son père; il n'est pas de loi qui n'ait
d'événements; ce fut une prière exaucée, ses exceptions naturelles, et la prière
mais la victoire d'armes terrestres. Il y a d'une fllle, dans un cas surtout qui sem
dans la vie de Moïse un second ordre de blait présenter si peu d'importance po
faits, c'est celui de miracles réels produits litique, a dû décider sans peine le monar
par des causes naturelles , ainsi, le pas que absolu de l'Egypte. On pourrait
sage de la mer Rouge, cf. Ex. 14, 21.; ajouter aussi que Pharaon étant sans en
ainsi, peut-être, quelques-unes des plaies fants mâles, et sa fille étant sans enfants,
de l'Egypte, le génie de Betsaléel et d'A- l'adoption du jeune Moïse aura été facili
holiab, les cailles du désert et les maux qui tée par cette circonstance, et qu'elle aura
s'y rattachèrent, la plaie de Sittim, etc. pu sourire au vieux roi. D'anciens inter
Enfin, l'on doit ranger dans une troisième prètes ont, en effet, compris Ex. 2, 10.,
classe la vision du buisson ardent, les comme si Moïse avait été destiné au trône
pouvoirs donnés à Moïse, la plupart des de l Egypte, et, si cette opinion a été aban
plaies, la manne, la nuée du tabernacle, donnée, elle n'est cependant pas absolu
l'eau du rocher, l'entretien des vêtements ment sans vraisemblance. Quant à l'ob
pendant quarante ans, la mort soudaine jection tirée de ce que Moïse, reparais
de Nadab et d'Abihu, celle de Coré et de Sant à la cour, semble ne pas y être re
ses complices, le serpent d'airain, etc. cOnnu, elle ne repose que sur le silence
Ces distinctions sont permises, mais elles de l'Ecriture à cet égard, et non sur un
ne sont justes qu'au point de vue humain; texte quelconque. Rien ne dit que Moïse
elles sont claires lorsqu'on définit le mi fût oublié; comme aussi, à cause des
racle une perturbation momentanée des rapports nouveaux de Moïse avec Dieu,
lois ordinaires de la nature : elles sont rien ne nécessitait la mention de ses an
inutiles quand on admet l'intervention ciennes relations avec la cour : rappe
constante de Dieu dans tous les phéno lons d'ailleurs qu'entre la fuite de Moïse
mènes, ordinaires et extraordinaires, du en Madian et sa réapparition en Egypte,
monde physique, et qu'on se rappelle que quarante ans s'étaient écoulés, et que le
pas un cheveu ne tombe en terre sans la souvenir d'un homme avait pu s'effacer
permission de celui qui dirige les mon dans cet intervalle, plusieurs rois s'étant
des dans leur cOurS. peut-être succédé sur le trône, et tout
2° On s'est étonné que Jobéked ait pu le personnel de la cour ayant pu être
garder son fils pendant trois mois sans changé.
que rien l'ait trahie; que la princesse ait 3° Il est digne de remarque que Moïse
pu élever le jeune Hébreu à la cour de ce ayantentrepris la délivrance des Hébreux,
lui qui avait porté l'édit de destruction ; à laquelle il était cependant destiné, échoua
et enfin que Moïse, malgré ses relations dans sa première tentative. C'est que son
avec la cour, soit représenté plus tard heure n'était pas encore venue; c'est
comme y étant complétement inconnu et aussi que, lorsque Dieu veut que l'hom
étranger. Mais la première observation me accomplisse une œuvre, il ne suffit
montre bien peu de connaissance du cœur pas que l'homme l'entreprenne, il faut
d'une mère, de ce cœur habile à tromper qu'il l'entreprenne au nom de Dieu, avec
tous les ennemis, à déjouer tOutes les son secours, avec le Saint-Esprit pour
ruses, à écarter tous les dangers; l'on guide, pour mobile, pour conseil et pour
sait d'ailleurs, par des faits qui se repro aide, non point de lui-même et par lui
duisent continuellement de nos jours en même, mais par celui qui l'a envoyé.
core, et sous nos yeux, qu'il n'est pas de Dieu, en se servant des hommes pour
MOI 63 MOI

l'accomplissement de ses desseins, veut 5° La durée du séjour des Hébreux en


toujours manifester sa force dans notre Egypte a-t-elle é é de 430 années, comme
infirmité, et le jeune, le puissant, le sa il est dit Ex. 12, 40., ou bien ces 430 an
vant Moïse a échoué, quand le vieillard nées doivent-elles être comptées depuis
affaibli, sans enthousiasme, sans courage, la promesse qui fut faite à Abraham, Gal.
sans élan, sans forces, a réussi. L'Ecri 3, 17.9 Dans ce dernier cas, le séjour de
ture nous présente un grand nombre l'Egypte n'aurait duré que 215 ans.C'est
d'exemples de ce genre, et toutes les en une question qu'il n'est pas possible de
treprises chrétiennes, individuelles ou résoudre. A moins d'admettre une con
générales, feront l'expérience de leur tradiction entre les historiens sacrés, il
faiblesse, même dans le bien, quand elles faut admettre une altération dans les
voudront travailler en dehors des inspi chiffres qui nous ont été laissés. — v.
rations divines, de leur force, même dans Sardinoux, Comm. sur Gal. 3, 17.
l'infirmité, quand elles iront en avant par 6° Le nombre des hommes de guerre à
la foi. la sortie d'Egypte étant de 600,000, Ex.
4° L'enlèvement des vases d'or et d'ar 12, 37., suppose une population totale
gent que les Israélites empruntèrent aux d'au moins un million et demi de per
Egyptiens, et qu'ils ne leur rendirent sonnes de tout àge, chiffre imposant
pas, Ex. 3, 22. 11, 2. 12, 35. 36., a ser quand on se rappelle que c'était la pos
vi de thème aux déclamations de bien des térité du seul Jacob, venu auprès de Pha
incrédules. C'est un vol, ni plus, ni raon avec ses soixante-dix enfants et pe
moins, dès qu'on veut faire abstraction tits enfants, mais dontl'exagération dimi
de tout ce qui l'a accompagné; ce n'en nue et s'explique facilement, ainsi qu'on
le verra à l'art. Nombres.
est plus un dès qu'on se rappelle (11, 2.)
que les Hébreux empruntèrent de bonne 7° La grande émigration du peuple juif
foi et avec l'intention de rendre, et que a été connue des Grecs, et mentionnée
les circonstances, la guerre étant surve par leurs historiens, ainsi que par les
nue, ne le leur ont plus permis ; chez les historiens latins (Tacit. Hist. 5, 3. Justin
anciens, une déclaration de guerre fai 36, 2. Diod. de Sic. 40, I. 34, 1.); mais
sait considérer comme butin tout ce que ils la racontent, d'après des données
l'on possédait appartenant à l'ennemi. Ce égyptiennes, comme une expulsion des
n'est plus un vol quand on se rappelle Hébreux par les Egyptiens, nécessitée
que les Israélites abandonnaient, entre par une maladie épidémique, peste ou
les mains des Egyptiens, les cultures de lèpre, qui aurait régné dans les rangs des
Goscen, et beaucoup d'autres propriétés Israélites, et menacé la santé publique.
dont la valeur était de beaucoup supé v. Lèpre. D'après Lysimaque, le roi Boc
rieure à celle des vases qu'ils empor choris aurait fait noyer les malades, et
taient. Ce n'était plus un vol enfin, parce chassé les autres dans le désert. Les
que cet enlèvement avait lieu sur l'ordre plaies envoyées sur les Egyptiens (Ex. 9)
de celui à qui toutes choses appartien peuvent avoir donné naissance à cette
nent; de celui qui, après avoir prêté des tradition malveillante, et l'on comprend
richesses aux Egyptiens, jugeait à pro que le peuple païen ait saisi avec empres
pos de les répartir autrement, de les don sement un moyen de dénaturer la vérité,
ner à son peuple élu, de les faire passer et de rendre suspects les esclaves qui
en d'autres mains, afin que, plus tard en avaient secoué leur joug. Ce ne serait
core, elles servissent à l'ornement de sa pas, dans l'histoire, le dernier exemple
demeure. Les commandements que Dieu de ce genre.
a donnés ne le lient point lui-même : il 8° On a essayé de comparer, à la dis
peut commander à Abraham le meurtre parition subite de Romulus, la mort de
de son fils; aux Hébreux, l'extermination Moïse sur le mont Nébo; on a voulu la
des Cananéens : à Osée, la fréquentation rapprocher aussi de l'enlèvement d'Enoch
d'une femme de mauvaise vie.-v. Grand et de celui d'Elie. Le choix de ces deux
pierre, Essais sur le Pentateuque. derniers exemples aurait, en tout cas,
M01 64 M0l

plus de valeur que le premier; mais tout de son autorité en rendant témoignage à
ce qu'on a voulu voir de merveilleux dans la gloire et à la grandeur de sa mission ;
la mort de Moïse, on a été obligé de l'y v. Jos. 1, 1.3, 7. 8, 31. 9, 24. etc. 1 Sam.
mettre. Le texte biblique nous dit clai 12, 6. 1 Rois 8, 53. Néh. 9, 14. Ps. 77,
rement et simplement : « Moïse mourut 20. 103, 7. 105, 26. 106, 16. etc. Es. 63,
là, selon le commandement de l'Eternel, 11. 12. Jér. 15, 1. Dan. 9, 11. Mich. 6,
et il l'ensevelit dans la vallée, » Deut. 4. Mal. 4, 4. — Dans le Nouveau Testa
34, 5. 6. Ce qui peut donner lieu à dis ment plusieurs de ses prophéties sont
cussion, ce n'est donc point le fait de sa rappelées, Jean 1, 45. Act. 3, 22. 7, 37.
mort, mais ce qui est dit, Jud. 9., de la Rom. 10, 19.: son nom sert à désigner
dispute du démon avec l'archange Michel, non-seulement ses ouvrages, mais tous
au sujet de son corps. v. ce qui a été dit ceux qui furent écrits dans l'esprit de son
à l'art. Michel. économie, Matth. 8, 4. Marc 1, 44. Luc 2,
9° Moïse, d'après la chronologie ordi 22. 20, 28. 24, 27. Act. 6, 11. 13, 39. 15,
naire, à vécu de 1571-1450 av. C., et 1. Rom. 5, 14. 1 Cor. 9, 9. 10, 2. Hébr.
nous nous contentons de cette date, faute 3, 2. 7, 14. et ailleurs. Il serait trop long
d'une base chronologique plus sûre ; de citer tous ces passages ; notons au
d'autres placent sa naissance à l'an 1726, moins encore quelques expressions par
d'autres en 1948. La détermination des ticulières, telles que celle de disciples
dynasties égyptiennes dont le législateur de Moïse, opposée à celle de disciples
des Hébreux a été contemporain, serait de Christ, Jean 9, 28.; celle de chaire
d'un grand secours pour la fixation des de Moïse, désignant la fonction de l'en
dates , si cette détermination même était seignement mosaïque, Matth. 23, 2.;
possible, mais à cet égard aucun fait n'est celle de cantique de Moïse, comme sym
acquis à la science : les uns placent la bole des chants de triomphe des rache
fuite des Hébreux sous le neuvième roi tés à leur entrée dans la gloire, Apoc.
de la 18° dynastie, celle des Pharaons, 15, 3. L'Epître aux Hébreux est une com
dans la 16e ou 17e année de ce roi ; d'au paraison suivie des deux économies et
tres la mettent au commencement de la de leurs chefs; d'autres comparaisons de
19e dynastie , d'autres enfin , mais c'est détail se lisent Jean 6, 32. 1 Cor. 10, 2.
évidemment erroné, à l'époque de la 2Cor. 3, 7. etc. v. enfin Jud. 9.
24e dynastie , qui doit avoir été contem M0ISS0N. C'est ordinairement vers le
poraine de Pékah, roi d'Israël. milieu d'avril, ou d'abib, que tombait et
10° On suppose que Moïse a employé que tombe encore en Palestine, la sai
les loisirs des quarante années qu'il pas son des moissons, Jean 4, 35., quoiqu'en
sa en Madian, à la composition de la Ge plusieurs endroits aussi les épis com
nèse, et probablement du livre de Job ; mencent à mûrir déjà vers la fin de mars.
il a écrit les quatre autres livres qui por La moisson était olficiellement et solen
tent son nom, pendant le voyage des Ilé nellement ouverte le deuxième jour de
breux dans le désert , à l'exception du Pâque, soit le quinzième de nisan, par
dernier chapitre du Deutéronome, que - l'offrande des prémices dans le sanctuai
l'on attribue à Esdras, ou plus probable re de la nation, Lév. 23, 10., et durait
ment encore à Josué son successeur. v. depuis ce moment jusqu'à la Pentecôte,
Pentateuque. On croit aussi que c'est lui c'est-à-dire sept semaines, comprenant
qui a composé le psaume 90. v. Psaumes. les travaux de tous genres, depuis la fau
11" Le nom de Moïse, le plus grand cille jusqu'à l'aire et au van, Deut. 16, 9.
homme qui ait jamais existé, le chef de Ex. 23, 16. Lév. 23, 10. sq.; puis on of
l'ancienne alliance, reparaît constamment frait derechef à l'Eternel un gâteau nou
dans les Ecritures , tout repose sur lui veau. On recueillait d'abord les orges, 2
dans l'Ancien Testament, tout achève son Sam. 21 , 9. Ruth 1, 22. 2 , 3., puis vers
oeuvre dans le Nouveau. Josué le rappelle la fin d'avril ou même plus tard le blé,
à chaque page , les Juges, les Rois et les Gen. 30, 14. Jug. 15, 1. Ruth 2, 23. 1
Prophètes, se réclament de son nom et Sam. 6, 13. 12, 17., et enfin l'épeautre.
MOl 6{, M01L

Partout on entendait les cris joyeux des voleurs, eussent le droit de s'y opposer,
moissonneurs, Es. 9, 2. Ps. 126, 6.; au Jér. 4, 17. Deut. 23, 25. Matth. 12, 1.
milieu du jour ils se reposaient de leurs MOLADA, ville située dans la partie
pénibles travaux, et se rafraîchissaient méridionale de la tribu de Juda, sur la
avec du pain trempé dans du vinaigre, frontière d'Edom, Jos. 15, 26. Elle avait
Ruth 2, 14. La faucille était, comme elle d'abord appartenu à la tribu de Siméon,
l'est encore en beaucoup de lieux, l'in Jos. 19, 2.1 Chr. 4, 28. Après l'exil on
strument du moissonneur, Deut. 16, 9. la retrouve encore, Néh. 11, 26. Josèphe
23, 25. Le blé était ensuite lié en gerbes, parle d'une ville iduméenne nommée Ma
que l'on amassait les unes sur les autres latha ; il est bien possible que ce soit la
jusqu'à ce que la moisson fût finie, Ps. même, les limites de Juda ayant pu être
129, 7. Ruth 2, 16. 3, 7. Jug. 15, 5. Cant. resserrées, et une partie de son territoi
7, 2. Es. 17, 5. (?) : puis on foulait et on re conquis par les Iduméens.
vannait le grain, souvent dans le champ MOL0C, ou Molec, Milcom, Malcam ;
même, Ruth 2, 17. (v. cependant Néh. 13, les Septante traduisent ce nom hébreu
15.), et la récolte était ainsi portée dans en grec archonte ou roi. C'était une di
des greniers ou granges, qui étaient le vinité des Hammonites, affreuse idole à
plus ordinairement des trous fabriqués laquelle on sacrifiait de petits enfants ;
en terre, des espèces de puits ou de statue creuse, que l'on chauffait intérieu
creux, destinés à préserver le grain de la rement , à forme humaine et à tête de
chaleur et du froid, des vers et des vo bœuf, dont les bras étendus et brûlants
leurs, Matth. 3, 12. 13, 30. Luc 3, 17. recevaient les innocentes victimes qui
Job 5, 26. v. Puits. Ces puits sont encore étaient ainsi consumées, 1 Rois 11, 5.
en usage dans les pays méridionaux ; on 7.33.2 Rois 16, 3. 21, 6. 23, 10.13. Lév.
les nomme silos en Algérie, et plus d'une 18, 21. 20, 2-5. Jer. 2, 23. 7, 31. 19, 5.
fois ils ont été vidés par les armées fran 32, 35. 49, 1.3. Salomon, séduit par les
çaises. Les Juifs, surtout les riches, femmes de son sérail, introduisit le pre
avaient cependant aussi quelquefois des mier en lsraël ce culte abominable, et il
bâtiments construits exprès pour recueil paraît que dès lors, en dépit de la loi qui
lir le grain, cf. Luc 12, 18. — La loi ren punissait de mort une pareille idolâtrie,
fermait diverses prescriptions d'humani Lév. 20, 2., les Juifs continuèrent sans
té, auxquelles les Juifs se sont presque interruption de rendre à cette divinité,
toujours scrupuleusement soumis, et que dans la vallée de Hinnom, le culte qu'elle
leurs docteurs ont déterminées d'une était censée demander, jusqu'à ce que
manière plus exacte encore, afin de ne vint Josias qui en renversa de fond en
laisser aucun subterfuge ; Moïse voulait comble les odieux sanctuaires. Quelques
qu'on laissât quelques épis debout pour auteurs ont cru que l'expression « faire
les pauvres, et les rabbins ont fixé pour passer les enfants par le feu, » indiquait
cela au moins la soixantième partie de la simplement leur consécration à Moloc, et
moisson, mesure qu'ils étendaient aux ils pensent qu'on se bornait à faire sau
fruits des arbres comme aux grains des ter les enfants sur un feu, ou à les faire
champs ; en outre, les moissonneurs ne passer entre deux feux consacrés à cette
devaient pas faire trop attention aux épis idole; mais des passages tels que Ps. 106,
qui pouvaient tomber des javelles, ni re 38. Es. 57, 5. Ez. 16, 21. 23, 39., ne peu
tourner dans les champs pour chercher vent laisser aucun doute sur la nature du
une gerbe oubliée par mégarde, Lév. 19, culte de Moloc. v. Adrammélec. — Les
9. Deut. 24, 19. Ruth 2, 2. De même, pen Phéniciens, les Carthaginois et les Cré
dant que les blés déjà mûrs étaient en tois sont, au rapport des historiens, les
core sur pied, chaque passant pouvait peuples qui dans l'antiquité se signalèrent
pour son usage du moment en cueillir le plus par leurs sacrifices humains, et
ce qu'il lui fallait, sans que les gardes même en Afrique cette coutume barbare
établis pour protéger les champs contre ne fut entièrement abolie qu'au temps de
les oiseaux, les bêtes sauvages et les Tibère. - D'après les caractères connus
Il. 5
MON 66 MON

de l'astrolâtrie babylonnienne, syrienne, vait, sauf à les vérifier eux-mêmes, comme


et phénicienne, on peut croire que Moloc de nosjours encore, les marchands orien
était le nom donné par quelques-uns de taux acceptent nos pièces monnayées,
ces peuples à la planète, réputée malfai et ne les en pèsent pas moins. On se ser
sante, de Saturne, et c'était pour l'apaiser vait, comme chez nous, de bourses et de
et se la rendre favorable, que tant de sacs pour porter l'argent ou pour l'ex
malheureux lui offrirent si longtemps le pédier, 2 Rois 5, 23. 12, 10. Les Phéni
sacrifice de ce qu'ils avaient de plus cher. ciens, et selon d'autres, les Indiens en
Le vrai Dieu ne demande pas de ses ado core avant eux, ont eu la première idée de
rateurs un moindre esprit d'abnégation, donner une empreinte aux pièces en cir
un moindre renoncement à soi-même, · culation. Après l'exil, on trouve d'abord
mais il le demande autrement ; il refuse des monnaies perses, les dariques, puis
le sacrifice d'Isaac, et veut celui d'un de l'argent gréco-syrien, des philippes,
cœur froissé. — D'autres ont cru que Mo des archers, des bœufs, etc., suivant que
loc était le même que Baal, et que le so l'image du roi, d'un archer ou d'un bœuf
leil. — v. aussi Act. 7, 43. cf. Am. 5, 26. se trouvait frappée sur le métal; enfin,
M0NNAIE. Les Hébreux ne connurent après avoir été regardés comme nuls
que fort tard l'argent monnayé ;jusqu'aux pendant la captivité babylonienne et sous
jours de l'exil, on les voit peser l'argent la domination des Grecs, les Hébreux ob
et l'or, et ne faire entrer en ligne de tinrent sous Antiochus Sidétès la per
compte dans les dons, les échanges ou mission de frapper des sicles et des de
les ventes que le poids des métaux, leur mi-sicles à l'image de leur prince Simon
nature et leur plus ou moins bon aloi ; Maccabée; c'est la première monnaie hé
Abraham pèse 400 sicles pour le tombeau braïque connue. — La pièce d'argent
de Sara, Joseph est vendu pour 20 pièces mentionnée Gen. 33, 19. Jos. 24, 32. Job
d'argent, Elihéser donne à Rébecca des 42, 11., sous le nom hebreu de kesitah,
bracelets pesant 10 sicles et des boucles n'était qu'un poids déterminé d'or ou
d'oreilles de 2 sicles : Moïse mesure en d'argent qui, par la comparaison de Gen.
sicles les doses des divers objets qui 33, 19. avec 23, 16., devait valoir 4 sicles
doivent entrer dans la composition du environ; les anciens traducteurs rendent
parfum du tabernacle; le poids des che ordinairement ce mot par mouton, bre
veux d'Absalon est de 200 sicles, et tou bis, mais rien ne justifie cette version,
jours l'unité de poids est prise pour l'é- quoique Munter essaie de la maintenir
valuation de l'argent; cf. Gen. 23, 16. 24, en comparant une monnaie de Chypre qui
22. 37, 28. 43, 21. 2Sam. 18, 12. Jér. 32, avait l'empreinte d'un mouton. — On
9. v. Mines, Sicle, Talent, etc. Chez tous trouve encore dans plusieurs cabinets de
les peuples, les monnaies frappées au coin médailles des sicles juifs à l'image de Si
ne se sont introduites que fort tard, et mon, mais ils renferment un bon hui
les Chinois, à l'heure qu'il est, ne les pos tième d'alliage de plus que les monnaies
sèdent pas encore, au dire des voyageurs. grecques; on les connaît sous le nom de
L'unité de poids chez les Hébreux, n'é- monnaies samaritaines; la légende est en
tait cependant pas aussi incertaine et flot vieux caractères hébraïques. Il ne paraît
tante qu'on pourrait le croire, parce que pas, du reste, que ces sicles maccabéens
l'étalon en était conservé avec soin dans aient joui d'un grand crédit dans la cir
le sanctuaire, Ex. 30, 24., et qu'il devait culation, et les princes juifs n'étaient pas
servir à découvrir les fraudes et à main bien placés pour battre monnaie avec
tenir immuablement l'unité une fois adop avantage : l'argent grec n'a jamais été
tée; cf. Lév. 27, 25. Ez. 45, 12.Am. 8, 5. hors de cours chez les Hébreux, et du
Il paraît que les Arabes ont eu aussi fort temps de Jésus on calculait souvent en
anciennement des poids fixes destinés à core en drachmes, en didrachmes, et en
la vérification des contrats; de là cette ex patères. La pite, ou lepton, était la plus
pression : « un sicle ayant cours chez les petite de ces monnaies, Marc 12, 42. Luc
marchands, » Gen. 23, 16. etc.On s'en ser 12, 59.; elle valait environ 7 centimes, —
M0N 67 MON

Sous la domination romaine, les Juifs gnent au sud les hauteurs de l'Idumée et
adoptèrent aussi le système monétaire de l'Arabie Pétrée. Au delà du Jourdain
de leurs vainqueurs, et même il paraît l'Anti-Liban se termine par le Djebel
que du temps de Jésus c'était, sans ex Heisch qui s'abaisse par une pente douce
clusion des autres, celui qui avait le plus et fertile vers l'orient, tandis que sa face
généralement cours ; on trouve mention Occidentale se précipite en rochers basal
nés dans le Nouveau Testament : le denier, tiques jusqu'au bord du lac de Génésa
q. v. (0,83 cent.); l'as, Matth. 10, 29. Luc, reth. Le fleuve Hiéromax coupe un in
12, 6., à l'effigie de l'empereur; il était de stant le terrain de l'est à l'ouest, puis un
cuivre et valait d'abord 1110, puis seule nouveau plateau s'élève, riche et varié,
ment 1118 du denier; enfin le quadrain de fertile, entrecoupé de vallées et de ruis
cuivre qui valait 114 d'as, Matth. 5, 26. seaux, de plaines et de grottes, jusqu'à
Marc 12, 42., selon d'autres 0,07 cent. — l'Arnon, frontière de l'ancienne Canaan,
Pour se faire une idée, non point exacte et communique, au sud de ce fleuve dont
sans doute, mais approximative de la va les bords escarpés font la clef de la Pales
leur relative de l'argent aux différentes tine, avec les montagnes iduméennes :
époques de la vie juive, on peut compa vers l'est les montagnes de ce plateau se
rer les chiffres suivants : en temps ordi perdent dans les plaines fécondes du Hau
naire le sat de fine farine valait un sicle, ran, et dans les sables arabes; à l'ouest
et pour le même prix on pouvait avoir elles se jettent en pentes rapides sur les
deux sats d'orge, 2 Rois 7, 1.; un cheval rives du Jourdain. Dans la Palestine occi
d'Egypte valait sous Salomon 150 sicles, dentale les chaînes du Liban et de l'Anti
1 Rois 10, 29.; le prix ordinaire d'un es Liban marchent parallèlement jusqu'au
clave était de 30 sicles, Ex. 21, 32. cf. sud-ouest de la Galilée, et se terminent
Gen. 37, 28. Matth. 26, 15.; sous les non loin de Ptolémaïs, en coteaux que le
juges un homme donna 10 sicles par an Kison sépare du mont Carmel; mais elles
au sacrificateur de sa maison, Jug. 17, s'élèvent à l'orient, forment le plateau de
10.; un bon cep de vigne est évalué à un Jizréhel, et s'abaissent en terrasses vers
sicle. Es. 7, 23.; David achète pour 50 les bords du lac de Génésareth : c'est là
sicles une aire avec une paire de bœufs, que se trouve le cœur de la Palestine, ses
2 Sam. 24, 24.; une vigne doit rapporter plus fertiles districts, sa nature alpestre
à Salomon 1,000 sicles par an, Cant. 8, la plus bénie, tandis que le nord-nord
11.; cf. encore Jug. 17, 4.1 Sam. 9, 8.ouest ne présente guère que des rochers
Néh. 5, 15. Dans le Nouveau Testament, sauvages non susceptibles de culture, et
nous voyons la journée de travail payéeque le sud offre plus de jolies vallées et
de gras pâturages, que de montagnes à
un denier, Matth. 20, 2., et les soins don
nés à un malade dans un caravansérail forte végétation, à plantations faciles, à
pour plus d'une journée, rétribués deux fertiles vignobles. Au milieu de ce pla
deniers, Luc 10, 35. Plusieurs de ces teau s'élève presque isolé, et comme
chiffres laissent de l'incertitude dans frontière entre la haute et la basse Pa
l'esprit à cause de l'indétermination des lestine, le puissant Mont-Tabor. Plus au
poids et des mesures; il en ressort pour sud, des montagnes terminent le plateau,
tant d'une manière générale que la vie et couvrent dans presque toutes les di
n'était pas chère, et que les denrées né rections la plus grande partie de l'an
cessaires à la vie étaient bon marché aussi cienne Samarie, escarpées et rocheuses,
bien que la main d'œuvre. mais avec quelques plaines et quelques
MONTAGNES. La Palestine est une vallées : elles s'avancent dans la Judée un
contrée fort montagneuse, partagée par peu au nord de Jérusalem, et la couvrent
le Jourdain du nord au sud en deux par aussi presque entièrement : au sud de la
ties naturelles d'inégale grandeur, Deut. ville sainte le plateau s'élève davantage,
11, 11. Ez. 34, 13. Ex. 15, 17.1 Rois 20, les montagnes courent au sud-sud-est où
23. Les chaînes qui la traversent se rat leurs flancs escarpés donnent une cein
tachent toutes au mont Liban, et rejoi ture à la mer Morte, ou bien se confon
MON 68 MON

dent dans la plaine haute d'El Tyh avec gnes éternelles, parce qu'elles datent des
les rochers de l'Arabie Pétrée. A l'ouest jours de la création, Gen. 49, 26. Deut.
les chaînes du centre et du midi de la Pa 33, 15. Ailleurs cependant elles sont da
lestine n'arrivent pas au bord de la mer, vantage mises en rapport avec les terribles
mais s'abaissent par degrés, et se termi phénomènes, avec les bouleversements
ment par des plaines qui deviennent tou qui leur ont donné naissance, Ps. 18, 13
jours plus larges à mesure qu'on avance 15. 104, 6.8.97, 5. 144, 5. Zach. 14, 4.
vers le sud ; à l'est elles s'arrêtent brus 8., etc. Le nom de montagnes de ravage
quement aux rives du Jourdain , et ne leur est donné Ps. 76, 4., parce qu'elles
laissent que près de Jérico se former une étaient souvent des retraites de voleurs.
petite plaine qu'elles entourent comme — On remarque le rôle important que
en amphithéâtre. La double chaîne, dans les montagnes ont joué dans les grandes
sa plus grande largeur, n'a nulle part plus époques de la religion ; le sacrifice d'I-
de 15 à 20 milles allemands (env. 50 kil.), saac, la promulgation de la loi , la mort
et l'on peut aisément, en trois journées du Sauveur, ont lieu sur des hauteurs ;
de voyage, la franchir partout de l'est à c'est également sur des montagnes que
l'ouest. — Ces montagnes sont presque vont se promener les pieds des prophètes,
toutes calcaires et de la même formation et Jésus-Christ s'y est souvent entretenu
que le Jura : on y trouve aussi beaucoup avec son père pendant la nuit : c'est sur
de craies et de silex, surtout sur les hau le Tabor qu'il a été transfiguré, c'est du
teurs; très peu de sommets ont des nei mont des Oliviers qu'il s'est élevé vers
ges éternelles, et leurs formes présen les cieux.
tent beaucoup de variétés et d'irrégula La montagne d'assignation, Es. 14,
rités. Le nord-est offre dans une cer 13., ne désigne pas la montagne sur la
taine étendue un terrain basaltique dont quelle était construit le temple à Jérusa
les couches et les ramifications s'avancent lem, comme on l'a cru quelquefois en
jusqu'aux bords du lac de Génésareth. comparant Es. 38, 20. Si l'on fait atten
Les montagnes les plus célèbres dont tion à la personne qui parle, on verra
il est parlé dans l'Ecriture, sont celles que son idée ne pouvait rien avoir de
de l'Idumée , le mont Horeb, le Hor, le théocratique : ses vœux et ses espéran
Sinaï, le Guilboah, le Nébo, le Tabor, le ces lui sont reprochés; il est probable
Liban , les monts d'Hen-Guédi, le Cal que le prophète introduit ici les idées
vaire, Hébal et Guérizim, les montagnes babyloniennes sur une ancienne et sainte
de Galaad, le mont d'Hamalec, Morija, montagne située vers les confins du sep
l'Hermon, le Gahaz, le Paran, le Pisga, tentrion, et dans laquelle résidaient les
le mont des Oliviers, le Carmel, etc., les sources de la vie; on peut comparer ici
montagnes d'Ephraïm, de Juda, de Neph l'Al Bordsch des Perses, les Kuen-lun
thali, les monts Abarim, etc. La carte de la des Chinois, le Mérou des Indiens, et l'O-
terre sainte est encore à faire pour ce qui lympe des Grecs : le Nord était regardé
concerne les montagnes, leur direction, comme le commencement du monde, son
leur hauteur et leurs ramifications. Les origine, son principe , et chaque peuple
voyageurs n'en ont guère étudié et tracé mettait ses dieux sur la montagne la plus
que les sommets et les chaînes princi septentrionale de son territoire.
pales, et la carte de Grimm, la meilleure Les Syriens, après avoir éfé battus par
de toutes, laisse encore beaucoup à dési les Israélites dans une rencontre, préten
rer : si quelque chose avait pu être fait dirent que ceux-ci étaient protégés par
avec les données actuelles, le génie actif, les dieux des montagnes, 1 Rois 20, 23.
laborieux et facile, de Ritter l'aurait fait. On ne sait presque rien de ces espèces
L'Ecriture nous apprend à regarder de dieux, si ce n'est qu'ils devaient pro
les montagnes comme aussi anciennes téger ceux qui se confiaient en eux, et
que le monde, Ps. 90, 2. 104, 6. 8. Prov. qu'ils dirigeaient tout ce qui avait lieu
8, 25.; en plusieurs endroits elles sont sur leurs flancs : quelques-uns d'entre
appelées coteaux d'éternité, ou monta eux avaient des noms particuliers : Pan
MON 69 M0R

appartenait d'une manière éloignée à cette l'Inde et le royaume de Siam.


catégorie. On se rappelle en tout cas le MOPH, Os. 9. 6., v. Memphis.
' respect qu'avaient les païens pour les MORE, Gen. 12, 6. Deut. 11, 30. Jug.
hauts lieux en général. 7, 1., colline située dans la vallée de Jiz
Le sermon de Jésus sur la montagne , réhel, non loin de Sichem; elle tirait
admiré de tous ceux qui le lisent, comme probablement son nom de son posses
un des plus beaux résumés de la morale seur, qui était un Cananéen.
chrétienne et de la sainteté évangélique, MORESETH-GATH, petite ville de la
présente des difficultés de détail, et sur Palestine, apparemment voisine de Gath
tout des difficultés d'ensemble qu'aucun et d'Eleuthéropolis, patrie du prophète
ouvrage théologique français n'a encore, Michée, Mich. 1, 14. Jér. 26, 18. Quel
ni résolues, ni même posées et consta ques auteurs pensent que c'est la même
tées. L'ouvrage allemand de Tholuck que Marésa, ainsi le paraphraste caldéen ;
(Bergpredigt), traduit en anglais, est le d'autres, sans plus d'indication, disent
seul travail spécial que nous connaissions que ce village était situé entre Jérusa
sur ce sujet, et il serait digne d'être re lem et la Méditerranée, et le distinguent
produit dans notre langue. de Marésa.
MONTRES. L'Orient, et notamment la MORIJA (l'Eternel y pourvoira), col
Babylonie, a connu de très bonne heure line de Jérusalem sur laquelle le temple
l'art de mesurer, de diviser et de calculer fut bâti par Salomon, 2 Chr. 3, 1. Elle
le temps au moyen d'horloges à soleil, de était située à l'est de Sion, et au sud-sud
cadrans solaires, et par la longueur rela est d'Akra, dont elle était séparée par
tive des Ombres aux différentes heures une vallée large et peu profonde, qui fut
de la journée. De bonne heure aussi, par rehaussée et presque comblée, sous Si
suite des nombreux et fréquents rapports mon Maccabée, par les décombres d'une
qui existaient entre la Babylonie et l'Asie forteresse ennemie que les Syriensavaient
occidentale, cette connaissance a pu être construite sur Akra. Le vallon des fai
communiquée aux Hébreux, chez qui nous seurs de fromage séparait Morija de
en trouvons des traces déjà avant l'exil, Sion, et un pont la mettait en communi
2 Rois 20, 9. Es. 38, 8.; v. Cadran. Ces cation directe avec la ville haute. Au
horloges primitives étaient tantôt une co dire des anciens auteurs, la colline de
lonne qui projetait son ombre sur un es Morija, sous le temple, était pleine de ré
calier dont chaque degré marquait les servoirs souterrains immenses, dont les
heures, tantôt une colonne divisée en de entrées n'étaient connues que des prê
grés, et qui recevait l'ombre d'un corps tres. On a cru, à cause de la signification
étranger. Les Romains inventèrent plus du nom de Morija, comparée avec les pa
tard les horloges d'eau ou clepsydres roles d'Abraham, Gen. 22, 8., que c'é-
(158 av. C.), au moyen desquelles on tait là que devait avoir eu lieu le sacri
fixait aux orateurs la durée de leurs dis fice d'Isaac. Cependant, cette manière de
cours, aux hommes de garde le temps de voir présente de grandes difficultés : les
leur faction, et les heures où les senti Samaritains, au lieu de Morija, lisent
nelles devaient être relevées : on ne sait Moré dans le passage de la Genèse, et
pas si les Juifs au temps de Jésus avaient prétendent que ce fut de ces plaines que
adopté cette manière de mesurer le temps, partit le père des croyants, et qu'il con
mais il ressort de plusieurs passages duisit son fils sur le mont Guérizim. —
qu'ils se servaient d'instruments de ce Le nom de Morija était peu usuel ; on ne
genre, gnomons, clepsydres ou autres ; le trouve pas 1 Rois 6, où on aurait pu
les besoins de la vie civilisée, comme les l'attendre, et Josèphe qui parle beaucoup
progrès de la civilisation, en étaient ve de Jérusalem et du temple, ne renferme
nus chez eux au point qu'une découverte qu'une seule fois le nom de Morija, Ant.
de ce genre devait être pour eux une né 1, 13, 1., et encore est-ce en parlant de
cessité. On se sert de nos jours encore Gen. 22. - " . - - -

de clepsydres pour l'usage ordinaire, dans MORT. v. les art. Meurtre, et PeiIles.
MOR 7() M0R

Conjurer les morts , v. Python. Mer mort, dit Salomon, Cant. 8, 6., c'est-à-
Morte, v. Mer. Le nom de mort a, dans dire que l'amour triomphe de tout, de
l'Ecriture, différentes significations que même que rien ne peut résister à la mort.
l'on ne doit pas confondre : d'abord le Les Hébreux avaient, pour les corps
sens simple et matériel, la séparation du morts, un grand respect, autant par l'i-
corps et de l'àme, la fin de la vie physi dée de la souillure légale qui résultait de
que, la mort qui est entrée dans le monde leur contact, qu'à cause de leur croyance
avec le premier péché, comme un déran en la résurrection des corps ; ils regar
gement, un affaiblissement de la nature daient comme un malheur réel la priva
primitive qui avait été créée saine et im tion de sépulture, 1 Rois 14, 11. 16, 4.
mortelle. Cette mort n'est point natu 21, 24. Jér. 7, 33. 8, 2.9, 22., etc. Ez.
relle ; c'est, au contraire, un accident 29, 5., etc. Ps. 79, 3., etc. cf. Sophocle,
violent dont la nature a été troublée, mais Ajax 1156. Le livre de Tobie 1, 21. 2,8.,
qui a passé dans le cours ordinaire des met au nombre des œuvres de charité la
choses comme le péché. Puis l'ensemble sépulture de cadavres abandonnés. C'était
de la vie actuelle, négation permanente aux plus proches parents, aux fils, qu'é-
de la vie primitive, est également dési tait imposé le devoir d'enterrer leurs
gné dans l'Ecriture sous le nom de mort; pères et leurs mères, Matth. 8, 21.Si un
l'homme ne vit pas : il est mort dans ses corps restait exposé ou abandonné, il
fautes et dans ses péchés, Eph. 2, 1. risquait de devenir promptement la proie
Cette mort est aussi appelée la colère de de bandes de chiens affamés et sans maî
Dieu, et il faut en être délivré pour hé tres, ou celle des oiseaux de l'air, 1 Rois
riter le royaume du bonheur éternel, 14, 11. 16, 4., etc. 2 Rois 9, 35. cf.
Eph. 2, 3. Si cette mort se consomme, Iliad. 22, 41.; mais ce cas était rare chez
elle est appelée la condamnation : c'est les Juifs, et n'arrivait presque qu'en
dans ce sens que la parole de Dieu, qui temps de guerre, car les criminels eux
parle d'une nouvelle naissance, parle aus mêmes étaient ensevelis après leur exé
si de la conversion comme d'une résur cution, Deut. 21, 23. Matth. 27, 58. Il
rection, Col. 3, 1. Enfin, il faut distin n'en était pas toujours de même chez les
guer le sens mystique du mot, la mort Egyptiens, Gen. 40, 19. D'après le Tal
du chrétien au monde et à la vie exté mud, il y aurait eu à Jérusalem des sé
rieure, la mort des sens, dont la mort de pulcres spécialement destinés aux sup
Christ a été l'image sans préjudice à sa pliciés. La sépulture, ou enterrement, a
propre réalité; elle est appelée une vie été chez les Juifs, dès les temps les plus
cachée avec Christ en Dieu, Col. 3, 3. anciens, la manière ordinaire de faire dis
Celui qui est mort au monde a cessé paraître les cadavres, Gen. 23, 19. 25, 9.
d'être sujet à la mort du péché; le réta 35, 8. 19. Jug. 2, 9.1 Sam. 25, 1. Jean
blissement de l'être a commencé, il n'at 11, 17., etc. L'usage grec de les brûler
tend plus que la résurrection du corps n'existait pas, et le seul exemple que nous
comme dernière délivrance. — La mort en trouvions, 1 Sam. 31, 12., se présente
Seconde désigne aussi la damnation éter avec des circonstances extraordinaires,
nelle, Apoc. 20, 6. 14. qui ont pu justifier ou provoquer cette
On trouve dans l'Ecriture plusieurs mesure également extraordinaire. Saül
expressions poétiques et comparaisons était rejeté de Dieu : roi d'Israël, il s'é-
particulières pour rendre l'idée de mort ; tait suicidé, et les usages, comme les né
mais elles se comprennent facilement. La cessités de la guerre, la mutilation, et
mort est appelée le roi des épouvante peut-être la décomposition des corps,
ments, Job 18, 14.; les portes de la mort exigeaient qu'ilen fût ainsi. On peut com
désignent le tombeau, Ps. 107, 18.; les parer encore Amos 6, 10., dont l'idée
instruments de mort sont des armes principale est que le malheur des temps
meurtrières ; un fils de la mort, c'est un voudra que les corps soient brûlés (et ce
homme condamné à mourir, ou qui a mé la, par les plus proches parents, à défaut
rité la mort. L'amour est fort comme la d'autres), comme le seul moyen de s'en
MOU 71 MOU

défaire sans danger. Après l'exil, l'usage déterminé, après deux ou trois mille ans,
de brûler les corps n'entra pas davantage lorsque rien d'ailleurs ne tend à le faire
, dans les mœurs judaïques : le Talmud en connaître. Les pères de l'Eglise, les Sep
fait exclusivement une coutume païenne, tante, Origène et saint Augustin, disent
et Tacite (H. 5, 5. 4.) dit aussi que les qu'il s'agit d'un insecte fort petit, pres
Juifs ne se défaisaient pas de leurs morts que invisible à l'œil nu, fort inquiétant,
autrement que par l'inhumation. voltigeant toujours, et revenant à mesure
L'Ecriture ne donne pas beaucoup de qu'on le chasse. Hasselquist et Maillet
détails sur les cérémonies funèbres et parlent aussi de fort petits insectes dont
sur l'ensemble des funérailles : on peut ils ont été tourmentés en Egypte, et qui
voir ce que nous avons dit aux articles pourraient bien être les mêmes. D'un au
Cadavre, Deuil, et Sépulcres. Le corps tre côté, le docteur Clarke pense que l'es
était ordinairement enveloppé de linges, pèce de poux qui affligea l'ancienne Egyp
Jean 19, 40. 11, 44., et emporté les pieds te est l'acarus sanguisugus, qui se trou
devant. Comme on ne se servait pas tou ve dans cette contrée, et jusque dans la
jours de bières, il n'était pas besoin d'un Cafrerie (v. Voyage d'Arbousset au nord
long temps entre la mort et la sépulture, du Cap, p. 138); il est plus gros que la
on le voit par l'exemple d'Ananias et de mouche ordinaire, et d'une forme plate
Séphirah. Anciennement, des pleureuses et presque ronde : il tourmente singuliè
à gages et des joueurs d'instruments ac rement les hommes et les animaux.
compagnaient le convoi, auquel devaient Le moucheron de Matth. 23, 24. est-il
se joindre, par respect, tous ceux qui le le même que le ken del'Egypte ? C'est ce
rencontraient, usage auquel notre Sau qu'on ignore, puisqu'on ne peut connaî
veur semble faire allusion, Luc 7, 32., et tre celui-ci; mais il paraît plutôt que ce
saint Paul, Rom. 12, 15. doit être le culex vinarius, l'hôte imper
MOSEL , Ez. 27, 19., v. Uzal. ceptible du vinaigre, et les raisons allé
MOUCHES, Moucherons, Moustiques. guées par Bochart semblent ne laisser
On trouve en Orient, et surtout dans les aucun doute sur ce point.
plaines marécageuses de l'Egypte, un 3° Harob. Nos versions le traduisent :
nombre fort considérable d'insectes ai un mélange d'insectes; c'était la quatrième
lés, aussi incommodes par leur multitude plaie de l'Egypte, Ex. 8, 21. cf. Ps. 78,
que dangereux par leurs piqûres, et qui 45. 105, 31. Selon quelques auteurs, c'est
attaquent indistinctement les hommes et le tabanus ou taon. Ruppel pense à de pe
les bestiaux. L'existence d'un Dieu des tits insectes qui naissent, pendant les
mouches, ou Bahalzébub, ne pouvait ainsi grandes chaleurs, du limon déposé dans
manquer d'être inventée par des peuples la vallée du Nil. lls se précipitent avec
qui divinisaient tout ce qu'ils craignaient, fureur sur les hommes et sur les ani
tout ce qu'ils haïssaient. v. Bahal. Trois maux, pénètrent dans les narines et dans
expressions différentes sont employées les oreilles, et causent aux yeux des dou
dans la Bible pour désigner les insectes, leurs infinies ; mais ce voyageur n'ayant
maisl'exacte signification de chacune n'est pas décrit l'insecte dont il parle, on ne
pas bien déterminée : sait à quelle famille il appartient. Oed
1o Zébub, Eccl. 10, 1. Es. 7, 18. C'est mann croit qu'il s'agit de la blatta orien
probablement le nom général de toute la talis de Linnée, connue chez nous sous
classe des insectes ailés. le nom de teigne, animal qui s'attache
2° Ken (ou kinnim ), Ex. 8, 17. cf. aux vêtements comme aux hommes : cette
Ps. 105, 31. Nos versions l'ont traduit manière de voir souffre aussi de grandes
par poux; mais cette signification est fort difficultés. D'autres enfin ont traduit ce
peu probable, et la plupart des voya mot par loups, mais sans raison.— Harob
geurs, comme la plupart des interprètes, dérive, selon les uns, d'un mot arabe qui
la rejettent, sans s'accorder, du reste, sur signifie manger; selon les autres, du mot
l'espèce d'insecte qu'il faut entendre par hébreu harab, mêler, et c'est de cette der
là. Un simple nom d'animal ne peut être nière étymologie que sont partis les tra
MUL 72 MUS

ducteurs français, Luther, etc. C'est, dans aussi bien que les chevaux, confiés aux
l'incertitude, la traduction la plus sûre et soins d'un inspecteur en chef, 1 Rois 18,
la moins compromettante. 5. Les mulets étaient employés comme
Luther a traduit de même le mot tse montures en temps de guerre, 2Sam. 18,
latsal, Deut. 28, 42., où nos versions 9. cf. Zachar. 14, 15., et en Perse, les
portent hanneton. Il est plus probable,courriers du gouvernement s'en servaient
étymologiquement, qu'il faut entendre comme de chevaux et de dromadaires, Est.
par là le grillon, gryllus stridulus de8, 10.1 4. Le transport de fardeaux se fai
Linnée. v. Sauterelles. sait aussi à dos de mulet, 2 Rois 5, 17. cf.
Toutes les mouches étaient déclarées Es. 66, 20. 1 Chr. 12, 40. Esd. 2, 66.,
impures par la loi, Lév. 11, 42. et la force, comme la marche sûre et
M0UT. v. Vin. ferme de cet animal, le faisait générale
MOUTARDE, Matth. 13, 31. 17, 20. ment préférer au cheval et à l'âne, dont il
Marc 4, 31. Luc 13, 19. 17, 6. La famille réunissait en lui-même les différentes
du sénevé compte treize espèces, dont qualités. On voit, 1 Rois 10,25., que par
cinq étaient particulières à l'Egypte. C'est mi les tributs que les peuples voisins
un arbrisseau à siliques qui vient souvent payaient annuellement à Salomon, se
sans culture, mais dont plusieurs espèces, trouvent des mulets ; la contrée de Tho -
et notamment la sinapi nigra, et l'alba, garma (Arménie), était surtout renommée
sont aussi cultivées avec soin, comme pour ses beaux produits en ce genre, Ez.
épices et assaisonnement, soit en Orient, 27, 14., qui sont encore admirés de nos
soit même dans l'Europe méridionale. jours; un mulet de Syrie se paie de 750 à
Les Juifs en cultivaient dans leurs jar 850 ou 900 francs(Burckhardt).— Le nom
dins. Les grains de moutarde, employés hébreu est péred ou pirdah : quelques an
déjà par les anciens comme un piquant ciens interprètes ont cru que les jemim
assaisonnement, désignaient proverbia de Gen. 36, 24., signifiaient aussi des
lement une chose extrêmement petite, mulets, et ils attribuent à Hana l'honneur
Matthieu 13, 32. Il paraît aussi, d'après d'avoir découvert le mélange du cheval et
ce passage, que, dans les pays chauds, de l'âne, mais v. Hana.
le sénevé devenait un arbre véritable, MURIER, Luc 17, 6., v. Sycomore.
et atteignait une certaine hauteur, non MUSETTE. v. Musique.
point seulement par extraordinaire, mais MUSIQUE. Cet art, presque aussian
assez habituellement; en Europe, il ne cien que le monde, et qui doit survivre
s'élève guère qu'à 70 centimètres de au monde, cet art magique dont la puis
terre. sance se fait sentir pour le mal comme
M0UT0N. v. Brebis. pour le bien, qui élève les âmes vers
MUGUET. v. Lys. l'Eternel, et qui souvent divinise la ma
MULET, produit stérile de l'âne et du tière et favorise tant de désordres, qui
cheval; participe toujours plus des quali souffle la guerre, qui inspire la volupté,
tés de son père que de celles de sa mère; qui, tour à tour, calme les douleurs ou ar
l'espèce inférieure, produit de l'âne et de rache des larmes aux cœurs joyeux, puis
lajument, est cependant la plus répandue. sant dans le Ranz des vaches, puissant
On peut croire, à cause de la défense in dans la Marseillaise, puissant dans les
diquée Lév. 19, 19., que les Hébreux ne Te Deum, bienfaisant et malfaisant, reli
firent point naître de mulets, mais il ne gieux ou impie, cet art, connu des an
leur était pas défendu d'en acheter et de ciens Hébreux, et maintenant encore cul
s'en servir; nous voyons en effet, sur tivé avec tant de succès par leurs descen
tout depuis les jours de David, que les dants, depuis Asaph jusqu'à Mendelsohn,
mules et les mulets étaient assez com a été connu dès avant les jours du déluge,
muns parmi eux ; ils servaient même de et peut-être que le premier homme a en
monture aux rois, 1 Rois, 1, 33.38.44., tendu déjà les chants meurtriers des en
aux princes, 2 Sam. 18, 9. 13, 29., etc., fants de Caïn. C'est à cette famille, en
et dans les écuries royales ils étaient, effet, que l'Ecriture sainte attribue l'in
MUS 73 MUS

vention des instruments de musique; d'utile et d'agréable de l'ancien monde.


Jubal, dont le nom rappelle la joie et les Quoi qu'il en soit, nous voyons la mu
jubilations, fut le premier qui découvrit sique généralement en usage aux jours
ou qui inventa les sons éclatants des in de Laban, Gen. 31, 27.; nous la retrou
struments de cuivre, Gen. 4, 21. En rap vons aux jours de Moïse après l'escla
portant cette triste origine, l'Ecriture ne vage d'Egypte, Ex. 15, 1-22. Nomb. 10,
2. David organise de nombreux chœurs
paraît pas vouloir jeter de la défaveur sur
l'art lui-même, non plus que sur les ber de chantres et de musiciens pour le ser
gers en général, sur les nomades comme vice du temple, et les choisit parmi les
tels ou sur les Ouvriers en fer ou en ai Lévites dont les occupations ont diminué
rain, dont les premiers furent aussi Caï depuis l'érection du tabernacle, 1 Chr.
nites; elle ne paraît pas blâmer ces dé 25, 1. cf. 2 Chr. 29, 25. 30, 21.35,15. v.
couvertes en elles-mêmes, et cependant Chantres. — ll paraît que les rois avaient
la mention qu'elle en fait n'est pas abso aussi leur musique particulière, comme
lument indifférente non plus. L'homme on peut le conclure de 1 Chr. 25, 2. 2
était destiné primitivemont à l'agricul Sam. 19, 35. Eccl. 2, 8. Chez les Hé
ture; c'était le genre de vie le plus facile, breux, la musique était souvent accom
le plus agréable, le plus en rapport avec pagnée de danses.
son organisation, celui aussi qui exigeait Quant à sa nature il est difficile d'en
le moins de soucis, qui était le moins de rien dire, car elle est perdue, et les con
nature à détourner sa pensée des choses jectures nombreuses que l'on a faites
de Dieu; mais la famille de Caïn s'étant dé prouvent mieux que tout le reste, qu'on
tachée de celui qui a la vie éternelle, et ne ne doit pas songer à la retrouver. Il est
vivant plus que pour ce monde, elle a pu probable cependant qu'elle était simple
diriger toutes les pensées vers les beaux et sérieuse, peut-être même sans con
arts et vers les arts utiles à l'homme; elle naissance de l'harmonie, qui est un per
a été mise en mesure de bien mériter de fectionnement, ou selon quelques-uns,
la race humaine, d'autant plus que sa di une détérioration du goût naturel, une
rection était devenue toute humaine; ter corruption, dans tous les cas la civilisa
restre, et vivant pour la terre, la famille tion transportée dans la musique, par
de Caïn a dù chercher à orner le séjour conséquent l'art dans le sens ordinaire
qu'elle habitait, et moins elle faisait de de ce mot. Ils chantaient, à ce qu'on pen
progrès dans la connaissance des mys se, unisono, chacun suivant la force et la
tères divins, plus elle devait en faire dans portée de sa voix, et l'on sait que J.-J.
la connaissance des arts et des sciences Rousseau regardait ce chant comme le
de la terre. Lémec, père de Jubal, chan plus pur et le plus beau, tandis que la
tait sans doute ses crimes, Gen. 4, 23., musique composée n'était, selon lui,
et l'on regrette que les plus anciens sou qu'une volupté artificielle réellement in
venirs du chant et de la musique se rat férieure. C'est une affaire de goût sur la
tachent à des meurtres et à une famille quelle on ne peut disputer, mais il est
proscrite de Dieu. sûr que de grandes masses chantant à
Il est assez probable, que le monde l'unisson peuvent produire de grands ef
ayant fait invasion dans l'Eglise, et la fets, et que plusieurs airs perdent plutôt
famille de Caïn dans celle de Seth, les qu'ils ne gagnent à un accompagnement.
arts passèrent d'une famille dans l'autre, En tout cas, on doit croire que la musi
et que c'est ainsi qu'ils survécurent au que vocale et instrumentale sur laquelle
déluge, à la race détruite de Caïn. La devaient se chanter de si beaux psaumes,
Bible ne dit pas que la musique ait été était elle-même belle , excellente et par
une seconde fois inventée, et l'on peut faite. Qu'on se rappelle l'impression pro
croire que Noé et ses fils, avertis du sort duite par la harpe de David sur la som
réservé à la terre, profitèrent du terme bre mélancolie de Saül , 1 Sam 16, 23.,
de 120 ans qui leur était donné, pour re l'impression produite par les prophètes
cueillir tout ce qui pouvait être conservé de Samuel sur les hommes envoyés par
· MUS MUS
74
Saül pour prendre David, et sur Saül lui réjouissances publiques qu'on en faisait
même, 1 Sam. 19, 23. 24. cf. 10, 5., la usage. v. aussi Job 21, 12. 2 Sam. 6, 5.
manière dont le prophète Elisée calma Es. 5, 12. 24, 8. b) Les tseltselim ou cym
l'émotion qui l'agitait, et se disposa à bales, q. v. c) Les mnahanehim, 2 Sam.
recevoir les impressions du Saint-Esprit, 6, 5., traduits sistres dans nos versions,
2 Rois 3, 15., et l'on comprendra la puis d'après la Vulgate et les interprètes juifs ;
sance mystérieuse de cette musique sa instrument composé de deux verges qui
crée, simple, sans recherche, mais pro se coupent à angle droit, et dont les deux
fonde. autres extrémités, se rejoignant, dessi
A côté des chants religieux nous voyons nent une figure ovale, ou allongée, en
mentionner aussi la musique des festins forme de baudrier : des anneaux de mé
qui assaisonne la joie des amis, mais tal attachés à cet instrument produisent,
nulle part elle n'est rappelée comme in lorsqu'il est secoué, un bruit qui rappelle
nocente, Es. 5, 12. 14, 11. 24, 8. Am. 6, de loin les tintements du chapeau chinois.
5. Lam. 5, 14.: il paraît que les Israélites Le sistre était autrefois fort commun en
pieux se contentaient pour leur intérieur, Egypte, où l'on s'en servait surtout pour
du chant des saints cantiques, et que les le culte d'Isis. d) Shalishim , 1 Sam. 18,
Psaumes fournissaient à leurs joies do 6., probablement, comme l'indique son
mestiques tous les textes qu'ils pouvaient étymologie, l'instrument encore connu
penser et désirer. La joie publique se sous le nom de triangle, soit qu'on en
manifestait aussi au son des instruments, frappe les trois côtés avec une baguette
1 Rois 1, 40., mais rien ne laisse suppo de fer, soit que ces côtés portent des an
ser qu'il s'agisse dans ce passage d'une neaux métalliques qui rendent, lorsqu'ils
musique étrangère à la joie théocratique : sont agités, le même son aigu que les
en voyant couronner son roi légitime, le anneaux du sistre. Le triangle est, d'après
peuple pouvait célèbrer son avènement Athénée, une invention syrienne.
par des chants religieux qui répondaient 2° Instruments à vent. a) Le hougab,
à ses besoins intérieurs, et faisaient res que nos versions traduisent orgues, Gen.
sortir le bonheur d'une nation gouvernée 4, 21. Job 21, 12., et qui d'après saint Jé
par un roi choisi de Dieu. rôme, appuyé des interprètes juifs et cal
Un assez grand nombre d'instruments déens, doit plutôt s'entendre de la cor
sont nommés dans l'Ecriture , d'où l'on nemuse. b) La soumphonia, Dan. 3, 5.
peut conclure que l'orchestration était 10. 15., que nos versions rendent par
connue des Israélites, mais on ne peut symphonie. C'est apparemment le même
rien affirmer de positif sur leur forme et instrument que le hougab, du moins les
leur importance : c'est même là une des interprètes juifs le traduisent ainsi : la
parties les plus obscures de l'archéologie cornemuse s'appelle maintenant encore
des lsraélites. On divise ordinairement en italien sambuja, et c'est la langue
ces instruments en trois classes, et nous des traditions musicales. La cornemuse
rapportons ici les suppositions les plus est une espèce de flûte dont les deux
généralement adoptées. moitiés sont séparées par une grande
1° Espèces de tambours ou tambou vessie, ou sac de cuir, qui reçoit le souf
rins. a) Le thoph ou tambourin, cercle fle du joueur, se gonfle, et communique
de bois ou de métal, recouvert d'une par la pression l'air au tuyau inférieur:
peau tendue , de 8 pouces de diamètre : ce dernier tuyau est percé de trous com
on le frappait avec le doigt, et il servait me une flûte ordinaire, et rend des sons
SurtOut à marquer la mesure : avec l'ac suivant le jeu des doigts ; cet instrument
compagnement de la cymbale ou des cas a plutôt des tons criards, nasillards, et
tagnettes il produisait un effet qui n'était peu harmonieux. Quelques auteurs, dont
point désagréable. C'étaient ordinaire Calmet, croient cependant que le hougab
ment les femmes qui battaient le tam désigne la flûte de Pan, ou chalumeau,
bourin en Orient, Ex. 15, 20. Jug. 11, 34. composé de roseaux d'inégale longueur.
Ps. 68, 25. Jér. 31, 4., et c'était dans les c) Le mashrokhita, Dan. 3, 5., serait d'a
MUS 75 MUS
près Winer la flûte de Pan : les bergers sentinelles et les gardes s'en servaient
de l'Orient s'en servent de nos jours en pour donner des signaux. Le shophar
cOre, comme ceux de la Suisse et de l'I- avait un son fort étendu, auquel Moïse
talie ; c'est le mot que nos versions ont compare le son du tonnerre, lors de la
traduit par clairon. d) Hhalil ou nehhil, promulgation de la loi sur le Sinaï. Ce
Ps. 5, 1. etc. On est généralement d'ac qu'il est permis de supposer sur la forme
cord à penser qu'il s'agit ici de la flûte. de cet instrument d'après ce qui est dit
Cet instrument qui servait à célébrer la Jos. 6, 4., c'est que c'était peut-être une
joie comme le deuil, 1 Rois 1, 40. Es. 5, corne d'animal, comme les pâtres des Al
12. 30, 29. Matth. 9, 23., était fait de di pes s'en servent souvent encore, ou bien
verses matières ; il y en avait de roseaux, que c'était un instrument qui affectait
de bois, de corne, et d'os, et l'on en cette forme, et qui par conséquent ne
comptait chez les Israélites, comme chez pouvait, non plus que le précédent, don
les Grecs et les itomains, différentes es ner qu'un seul son, mais clair et bruyant.
pèces, suivant le nombre de trous qu'el C'est apparemment le même mot qui se
les portaient ; elles étaient loin toutefois rend en caldéen par kharna, Dan. 3, 5.
de pouvoir être mises en comparaison et que Martin a traduit par cor. g) Le su
avec nos flûtes modernes, si compliquées san ou sosannim-héduth, Ps. 45, 60, 69,
et si parfaites. e) La hhatsotserah, que et 80. Heidegger en fait un instrument à
nos versions ont traduit par trompette, (six) cordes : c'était plutôt un instrument
Nomb. 10, 2. cf. 31, 6.2 Rois 11, 14. 12, à vent, semblable à notre trompette ou à
13. Os. 5, 8. Moïse avait ordonné que la clarinette; son nom de susan (lys) fait
deux de ces instruments, d'argent massif, croire qu'il avait quelque ressemblance
fussent employés au service du taberna avec cette fleur. Susan héduth signifie
cle, pour convoquer les chefs ou le peu rait la trompette du témoignage, ou la
ple, et pour annoncer le moment du dé trompette destinée aux chants (lyriques).
part. La forme de ces trompettes, telles 3° Instruments à cordes. Leur nom
du moins qu'elles existaient dans le se général était neguinoth. a) Kinnor et b)
cond temple, a été conservée avec celle Nebel, v. Harpe. C'était probablement
de tous les vases du sanctuaire, sur l'arc une espèce de lyre ou de guitare plus
de triomphe de Titus : elle rappelle sin ou moins grande. c) Le sabeka, Dan. 3,
gulièrement celle des Alpenhœrner : c'est 5., traduit saquebute : instrument trian
une espéce de long tube qui va en s'éva gulaire semblable à la harpe, avec quatre
sant vers son extrémité inférieure, et qui cordes ou même davantage, qui se pin
paraît avoir dû rendre un son éclatant, çaient avec les doigts et rendaient des
mais un seul : aussi Moïse, en marquant sons aigus; les bayadères de l'Orient
les divers signaux qui devaient être don voyageaient avec la saquebute, et Tite
nés par ces trompettes, n'indique pas Live, 39, 6., raconte qu'il en vint jusqu'à
qu'elles fussent susceptibles d'aucune mo Rome (psaltriae sambucistriaeque). d) Le
dulation : leur usage devait être celui des psanther, Dan. 3, 5., traduit psaltérion,
cloches; suivant que l'on sonnait une ou était également une espèce de harpe, mais
deux fois, suivant que les trompettes son d'une forme qu'on ne peut déterminer. e)
naient ensemble ou séparément, l'assem Le kithros, Dan. 3, 5., v. Harpe.
blée devait être avertie, soit de se réunir, Les Ilébreux connaissaient-ils une ma
soit de prier, soit de partir.f) Le sho nière quelconque de noter la musique ?
phar, traduit par trompette, Lév. 25, 9. C'est fort peu probable; la simplicité de
Job 39, 28., par cor, Jér. 4, 5. 6, 1. Ez. leur musique non composée ne leur fai
33, 6. Es. 58, 1. Ex. 19, 16.19. Os. 5, 8. sait pas sentir le besoin de compositions
Jos. 6, 4., peut en effet se traduire des écrites, et la supposition que les accents
deux manières, en réservant l'incertitude ou la ponctuation des Psaumes servaient
où l'on est sur sa signification véritable. en mème temps de notes, est dénuée
On s'en servait pour annoncer l'année du de fondement , les accents ne remontent
jubilé ; on s'en servait à la guerre, les pas aux beaux jours de l'antiquité israé
MYR 76 MYR

litique, et même si cela était, ils n'au aussi ce mélange communiquait-il au vin
raient pu fournir qu'une notation très une vertu étourdissante, et l'employait
incomplète. L'Occident n'a connu les on à cause de cela pour amortir chez les
noles de musique qu'au onzième siècle, suppliciés le sentiment trop vif de la dou
et rOrient m0derne ne fait pas remonter
les siennes au-delà leur, Marc 15, 23. — La myrrhe décou
du dix-septième. Qu'il
lait, soit naturellement, soit par des in
y ait eu quelques expressions destinées cisions artificielles, de l'écorce d'un arbre
à indiquer soit la mesure, soit des chan ou arbrisseau de l'Arabie et de l'Ethiopie,
#ºments de ton, c'est possible, mais il ne
que les anciens, qui ne ne le connais
faut Pas en demander davantage. v. les saient que par oui-dire, n'ont pas décrit
articles Psaumes, Sélah, Séminith, Hala d'une manière exacte et suffisante. Les
ºoth, Guittith, etc. — Quant au chant naturalistes modernes eux-mêmes n'ont,
des psaumes, il ne faut pas le juger par pendant longtemps, pu déterminer non
la m0n0tone et souvent nasillarde cantil
plus d'une manière précise l'arbre de la
lation qu'on entend dans les synagogues myrrhe, et l'on s'est contenté de voir et
modernes; ce devait être un chant pro d'apprécier dans le commerce ces mor
prement dit, c'est-dire de la musique ; ceaux de parfum, durs, opaques, en forme
IIlaIS Si l'on
Se rappelle que le chant des
de larmes, que les marchands orientaux
Grecs même n'a pu être encore détermi venaient échanger contre nos produits.
!º, 0n comprendra que pour celui des Ehrenberg, en 1829, est le premier qui
Juifs Il ne soit guère possible non plus de ait décrit l'arbre auquel on donne main
dire ºutre chose que des généralités.
tenant le nom de balsamodendron myr
MYRA, ville maritime de la Lycie, Act. rha ;l'écorce en est unie et d'une couleur
27, 5.; elle était située, d'après Strabon gris cendré, le bois est d'un jaune blan
à 20 milles de la mer, Sur une colline. : châtre, les feuilles fort nombreuses re
MYRRHE, parfum végétal qui découle posent soit isolées, soit réunies en fais
º #ºmme d'un arbrisseau commun en ceaux, sur des pétioles courts et unis ;
Arabie. On la mélangeait quelquefois à elles se composent de trois folioles
d'autres parfums, surtout pour le service ovées d'inégale grandeur; les fruits re
du sanctuaire, Ex. 30, 23. Cant. 3, 6; ou posent également sur des pétioles; ils
bien on l'employait pour parfumer les
sont ovés et se terminent en pointe, leur
Vêtements, et les lits, pour embaumer les peau est brune. La résine d'abord hui
ºrº, et pour oindre les personnes qu'on leuse, puis de la consistance du beurre,
aimait ºu qu'on honorait, Est. 2, 12. Ps. est d'un blanc jaunâtre; elle passe ensuite
45, 9. Prov. 7, 17.Jean 19, 39. Cant. 5, 5. au jaune doré et devient rougeàtre en se
0n peut conclure de Matth. 2, 11., que la durcissant. Il est probable que d'autres
myrrhe ne croissait pas naturellement en arbrisseaux donnent cependant aussi de
Palestine, quoiqu'elle ait pu être cultivée la myrrhe, et Belon dit avoir trouvé en
dans quelques jardins et sur quelques co Palestine près de Rama, un buisson qui
ºaux, Cant. 4, 6. Dans tous ces passages distillait cet encens. — Ce qui est appelé
!ºst question de cette myrrhe si rec§
chée de l'ancien monde, qui a été vantée de la myrrhe franche, Ex. 30, 23.
Cant.
5, 5., ou plutôt de la myrrhe libre, c'est
par Pline (13, 2. 21, 18.), par Dioscoride celle qui coule d'elle-mème et sans inci
(1,73.), parAthénée(3,101.), par Euripide sions, c'est l'essence de la résine de
(Troad. 1064.), et par tant d'autres.Al'état l'arbre; elle est encore connue et recher
liquide ouàl'état solide, gomme ou huile, chée de nos jours sous le nom de myrrha
elle était l'ingrédient principal dont on electa.
Composait les encens ou les parfums les MYRTE, arbuste de l'Asie qui s'élève
plus précieux; on la mêlait aussi au vin, quelquefois à une hauteur de 6 à 7 mè
non pour le rendre plus fort, mais pour lui tres. ll a l'écorce rougeâtre, des rameaux
donner un goût plus fin, quelque chose de forts et flexibles, des feuilles unies, ovées
plus recherché (comme on fait infuser de et toujours vertes; des fleurs blanches,
l'angélique dansdel'eau-de-vie);peut-être tirant parfois sur le rouge, et entourées
MYS 77 NAA

d'un calice à trois sépales. Elles appa des autres. La Mysie était, en tout cas,
raissent au mois de mai, et donnent nais un petit district; sous les empereurs, il
sance à des baies ovales, pleines de pe touchait à l'Hellespont et à la Propontide,
pins blancs et d'un goût très fort; ces et comprenait les embouchures de l'AEso
baies deviennent noires en mûrissant. pus et du Granique. On comptait peut
Les feuilles, comme les fleurs, répandent être encore dans l'origine, comme ap
une odeur agréable ( Virg., Egl. 2, 54.), partenant à la Mysie, le district occiden
et ont un goût épicé avec une vertu légè tal qui longeait la mer Egée jusqu'au
rement astringente. Le myrte choisit de fleuve Caïcus, et qui prit le nom d'AEoli
préférence les vallées et le bord des ruis de depuis que les AEoliens s'en furent
seaux (amantes littora myrti, dit Virgile), emparés. v. Strabon 12, 564.
cf. Zach. 1, 8. Virg., Géorg. 4, 124. On
en trouve cependant aussi sur les hau N
teurs, Néh. 8, 15. Plin. 16, 30. Les an
ciens faisaient du myrte un des plus NAAMAN (beau), 1° 2 Rois 5, chef des
beaux ornements de leurs jardins, soit à armées de Benhadad, roideSyrie,jouissait
cause de son feuillage toujours vert, soit d'un grand crédit auprès de son maître,
à cause de son parfum ; ils en connais parce qu'il avait sauvé son pays; mais cet
saient et en cultivaient plusieurs espèces. homme, fort et vaillant, était lépreux, et
Le myrte d'Egypte passait pour le plus n'espérait aucun remède à sa triste ma
odoriférant. Dans toutes les solennités, ladie. Une jeune fille d'Israël, qui avait
dans toutes les fêtes publiques ou domes été faite prisonnière, et attachée au ser
tiques, on ne manquait jamais de décorer vice de l'épouse de Naaman, fut employée
les maisons et les appartements avec des de Dieu pour guérir son maître de la lèpre,
branches de myrte; des couronnes étaient et lui faire reconnaître Jéhovah, le Dieu
tressées pour ceindre la chevelure des d'Israël, comme le seul vrai Dieu, Elle
jeunes gens et des jeunes filles, et le parla à sa maîtresse du prophète Elisée,
front chauve des vieillards, Plin. 15, 36. et celle-ci engagea son époux à lui aller
Théophr. Plant. 4, 6. Les Hébreux ont faire une visite en Samarie. Naaman part
aussi cultivé le myrte, comme on peut le avec de riches présents pour le prophète,
conclure de Es. 41, 19. 55, 13. Cependant, et des lettres de recommandation du roi
il est possible aussi qu'ils n'aient connu de Syrie pour le roi d'Israël, intimant,
cet arbuste que dans son état sauvage, le en quelque sorte, à Joram l'ordre de
myrtus sylvestris. pourvoir à la guérison de son serviteur.
MYSIE, Act. 16, 7., province de l'A- Mais les prophètes ne sont pas unis à
sie Mineure, voisine de la Bithynie, au l'Etat; ils n'ont rien à faire avec la diplo
nord de la Troade. Lors du voyage de matie, souvent les rois ne les connais
Paul, ce district appartenait tout entier sent pas, ou les oublient après s'en être
à la province romaine de l'Asie, q. V., et servis, et Joram déchire ses vêtements,
le nom de Mysie ne servait plus que protestant contre l'ordre que lui donne
comme ancienne dénomination, facile à
Benhadad, ordre inexécutable pour lui,
comprendre et d'un usage commode, et qui n'est, dit-il, qu'un prétexte du roi
comme celui des anciennes divisions, de de Syrie pour rompre avec lui. Elisée ap
même qu'en France on se sert encore prend l'arrivée de Naaman, reproche à
plus volontiers de la division par provin Joram de l'avoir oublié, et fait venir le
ces que de celle par départements. On di général syrien. Celui-ci se rend à la voix
sait la Mysie comme on dit le Languedoc, du prophète, arrive avec sa suite, et s'ar
la Bourgogne; mais les géographes étaient rête devant la porte de la maison, soit par
d'autant plus embarrassés pour donner respect pour la mission d'Elisée, soit à
des limites exactes à ce district, que les cause de la lèpre qui le rend impur. Il
Mysiens et les Phrygiens avaient maintes espère que le prophète viendra au-devant
fois, par suite de diverses circonstances, de lui, et qu'il fera, en sa faveur, des in
occupé une portion du territoire les uns vocations et des cérémonies qui le net
NAA 78 NAA

toieront de sa lèpre ; mais il ne voit pa juive et dans la connaissance de la loi :


raître qu'un messager qui lui ordonne, croire au Dieu d'Israël, c'était déjà beau
de la part du prophète, de se plonger coup pour un païen, et sa présence au
sept fois dans les eaux du Jourdain. Il culte de Rimmon n'étant plus qu'un acte
s'irrite d'un pareil manque d'égards et hysique, un devoir de cour, une affaire
de la vulgarité du remède qui lui est or de charge civile, Elisée pouvait le lui ac
donné: comment le Jourdain le guérira-t- corder. Il ne faudrait pas en conclure,
il, quand les eaux de l'Abana et du Par toutefois, que ceux qui ont plus de con
par, meilleures que toutes celles d'Is naissance que Naaman puissent jouir du
raël, ne l'auraient pas guéri P Il s'en re privilége qu'il n'a dû sans doute qu'à son
tourne donc; mais, à la voix de ses ser ignorance ; la profession franche nous
viteurs qui lui conseillent d'essayer, il est imposée, non-seulement à cause du
va se plonger dans le Jourdain, et le mi baptême d'eau, mais encore, et surtout à
racle est opéré. Plein de reconnaissance cause du baptême de l'Esprit. — Le pro
alors, et comprenant que le Dieu d'Is phète dit adieu au général ; mais bien
raël est le vrai Dieu, il se rend auprès tôt celui-ci est rejoint par Guéhazi, ser
d'Elisée, renonce, entre ses mains, au viteur d'Elisée, qui lui demande, au nom
culte des faux dieux, et prie, mais inuti de son maître, quelques présents pour
lement, le prophète d'accepter les pré deux jeunes prophètes, dit-il, qui vien
sents qu'il lui offre. Il lui demande enfin, nent d'arriver. Naaman fait plus que ne
et obtient sans difficulté, l'autorisation lui demande l'imposteur : il double avec
d'emporter de la terre d'Israël la charge empressement la somme que celui-ci ré
de deux mulets; car, dit-il, ton serviteur clame, lui donne des serviteurs pour
ne fera plus d'holocaustes ni de sacrifices l'accompagner et porter ces présents ;
à d'autres dieux, mais seulement à l'E- puis il continue sa route. L'Ecriture sain
ternel : cependant, ajoute-t-il aussi, les te ne dit plus rien sur l'histoire de cet
devoirs de sa charge l'obligent à accom homme, dont le nom est seulement rap
pagner le roi de Syrie dans le temple de pelé par notre Sauveur, Luc 4.27., com
Rimmon, et de se prosterner devant l'i- me un exemple des miséricordes de Dieu
dole, en prêtant au roi son épaule pour envers qui il veut. Heureux les caractè
appui : « Veuille donc me le pardonner !» res vifs qui, s'ils s'impatientent ou s'em
Singulière demande , autorisation plus portent facilement, savent aussi recon
singulière encore, si les paroles du pro naître promptement leurs torts, quelle
phète : « Va en paix ! » constituent une que soit la bouche qui leur envoie la vé
autorisation. Ce passage a embarrassé rité! Heureux surtout ceux qui, en rece
plus d'un interprète, et quelques-uns, en vant les bénédictions temporelles de la
assez grand nombre, ont pensé que les Providence, savent voir plus haut que la
mots traduits par le futur dans nos ver terre, et remonter à la source de tous les
sions, devaient être rendus par le parfait, biens pour l'adorer. -

comme si Naaman demandait au prophète 2° Un autre Naaman, ou Nahaman, est


de lui pardonner d'avoir jusqu'alors ac compté parmi les fils de Benjamin, Gen.
compagné le roi dans le temple de l'ido 46, 21., et un 3° parmi ses petits-fils, 1
le. Peut-être y a-t-il aussi, dans les pa Chr. 8, 4. 7. -

roles du prophète, cette condescendance NAASSON, Matth. 1, 4. Luc 3, 32.,


du fort pour le faible, qui nous est, dans l'un des ancêtres de notre Sauveur, nom
certaines limites, recommandée par l'a- mé dans les deux généalogies ; il était
pôtre saint Paul, 1 Cor. 8, 7-13.; peut fils d'Hamminadab, et beau-frère d'Aa
être la conversion de Naaman n'a-t-elle ron, Ex. 6, 23. Ruth 4, 20. 1 Chr. 2, 10.
été qu'une conversion au monothéisme, Pendant le voyage du désert, il servit de
et la foi que le seul Dieu était celui d'Is chef aux enfants de Juda, et conduisit
raël P En tout cas, nous ne voyons pas leur tribu, composée de 74,600 hommes
que le prophète ait cherché à l'initier da au-dessus de vingt ans. Nomb, 1, 7. 2,
vantage dans les mystères de l'économie 3.
NAB 79 NAC

NABAL, 1 Sam. 25, descendant de David contre ses ennemis, et contre Saül
Caleb, riche et grossier berger de Mahon, en particulier, dont la cause était com
près du mont Carmel, méconnaît les ser promise aux yeux des fidèles par le châ
vices que lui a rendus David en proté timent de Nabal. -

geant ses troupeaux, et lui refuse bruta NABATHÉNIENS. v. Nébajoth.


lement quelques vivres qu'il lui demande NABOTH (prophéties), 1 Rois 21, de
pour ses soldats affamés. C'était peut Jizréhel, n'est connu que pour deux faits;
être un parvenu dont les richesses avaient il refusa de vendre ce qui lui apparte
desséché le cœur à l'égard du pauvre ; nait, et il fut lapidé. Mais ces deux faits,
mais, en offensant un guerrier comme si distincts de leur nature et sans corré
David, il fit une faute autant qu'un pé lation apparente, furent unis dans sa vie
ché, et mérita bien le nom de Nabal qu'il par un étrange et monstrueux lien. Il
portait, et qui signifie fou. Ladre envers possédait une vigne non loin du palais
le pauvre dans la plus belle et la plus ri d'Achab, et fidèle aux souvenirs de ses
che saison de l'année, à l'époque où la ancêtres comme à la loi de Moïse qui avait
tonte des brebis eût dù, plus que jamais, rendu les héritages inaliénables, Lév. 25,
lui imposer la générosité comme un de 23. Nomb. 36, 7., il refusa de la céder au
voir, il ne fut point ladre envers lui roi, qui la voulait acheter ou acquérir par
même, et ne se refusa aucune des ré échange. La méchante Jésabel sut en ré
jouissantes orgies que la circonstance oc jouir le cœur de son mari, et bientôt Na
casionnait trop souvent. Il fit un festin both, accusé par de faux témoins d'avoir
de roi, fut joyeux et s'enivra compléte blasphémé contre Dieu, fut traîné hors de
ment. Mais David avait juré qu'il ne lais la ville et lapidé selon les prescripticns
serait rien à Nabal, depuis un homme de la loi, Lév. 24, 16. Nomb. 15, 30. Il
jusqu'à un chien; il s'avançait avec 400 résulte même de 2 Rois 9, 26., que ses
hommes, et la vertu, comme la sagesse enfants furent compris dans l'accusation
d'Abigaïl, purent seules empêcher le guer et dans le supplice, afin d'assurer aux
rier courroucé d'exécuter ses menaces. nouveaux possesseurs la jouissance sûre
Nabal désenivré, ayant appris le danger et incontestée de la vigne de Naboth. On
qu'il avait couru, et dont il avait été dé se demande comment de pareilles énor
livré par une épouse dont il était indigne, mités pouvaient se commettre en Israël,
fut saisi d'effroi : « son cœur mourut au comment surtout c'était au nom de Dieu
dedans de lui, et devint comme une pier qu'elles pouvaient être exécutées, mais le
re. » ll mourut, au bout de dix jours, nom de Jésabel répond à tout ; Achab n'a
d'une maladie subite qui l'emporta, et connu le crime qu'après qu'il eut été
qui fut, sans doute, ct usée par le saisis commis, et s'il en a joui ce n'a pas été
sement qu'il avait éprouvé avant d'être sans des remords qui ont fait ajourner
seulement remis de ses débauches. David pour sa personne à la génération suivante
ne put cacher sa joie en apprenant que l'exécution des jugements divins.
l'ennemi du roi choisi de Dieu avait été NACHOR ou Nacor. 1° Fls de Sérug,
châtié d'une manière aussi prompte et père de Taré, et grand-père d'Abraham ;
aussi providentielle, non point que la il est nommé parmi les ancêtres de notre
mort de Nahal ait rien eu de miraculeux Sauveur dans la généalogie de Marie,
en elle-même; l'homme avait été puni Gen. 11, 22.1 Chr. 1,26. Luc 3, 34.—2°
par où il avait péché, par sa débauche, Fils de Taré et frère d'Abraham ; il épousa
son avarice, sa brutalité; le fruit du pé Milca, fille de son frère Haran, Gen. 11,
ché, c'est la mort. — Le nom de Nabal 26. 22, 20. 24, 10.31, 53. On ignore s'il
n'est plus rappelé que 1 Sam. 27, 3. 30, quitta Ur pour Canaan avec les autres
5.2 Sam. 2, 2. 3, 3.; il est toujours joint membres de sa famille ; cela n'est pas
à celui de son épouse, qui était devenue dit, mais plus tard on voit son fils Bé
celle de David, comme si l'historien sa thuel établi à Caran avec Laban son pe
cré voulait, en rappelant cet événement, tit-fils, 27, 43. 29, 5.; il est bien possible
montrer que la main de Dieu était avec qu'ilait en effet rejoint Abraham plus tard.
NAH 80 NAH

NACON, 2 Sam. 6, 6., ou Kidon, 1 ce roi théocratique ait permis à son fils
Chr. 13, 9., nom de l'aire près de laquelle si jeune (il avait dix-huit ou dix-neufans),
Huza fut tué ; quelques-uns traduisent de former des relations ou peut-être une
simplement l'aire préparée, d'après la si union intime avec une païenne; peut-être
gnification de l'hébreu nacon, et l'en était-elle prosélyte; dans tous les cas, il
tendent de l'aire d'Hobed-Edom, qui avait est fort probable, quoique son fils ait hé
été en effet disposée pour recevoir ce mo rité du royaume, qu'elle n'a été que con
nument de l'alliance : d'autres l'entendent cubine. — 3° Ville des plaines de Juda,
d'une des stations préparées le long du Jos. 15, 41.
chemin pour le voyage de l'arche ; le NAHARAH, Jos. 16, 7., ville des fron
plus grand nombre enfin voit dans Na tières de la tribu d'Ephraïm, la même qui
con et Kidon des noms propres dési est appelée Naharan, 1 Chr. 7, 28., située,
gnant soit une même personne, soit les d'après Eusèbe, à 5 milles de Jérico.
possesseurs successifs de l'aire. En tout NAHARAI (nez) de Bééroth, écuyer de
cas, le lieu désigné était dans Jérusalem, Joab, peut-être le chef de ces dix jeunes
ou du moins fort près de cette ville. gens qui frappèrent Absalon, 2 Sam. 18,
NACOR, v. Nachor. 15.; il appartenait à la troisième classe
NADAB (prince). 1° Fils d'Aaron. v. des guerriers de David, 23, 37. 1 Chr.
Abihu. — 2° Second roi d'Israël et fils de 11, 39.
Jéroboam, 1 Rois 14, 20. 15, 25. Il fit NAHAS (serpent, rusé, singe). 1° Père
ce qui déplaît à l'Eternel, conserva l'i- d'Abigal et de Tséruïa, les sœurs de Da
dolâtrie de son père, et mourut après un vid. Ce nom ne se trouve que 2 Sam. 17,
règne de deux ans, victime d'une conju 25., et l'on se demande si ce serait un
ration ourdie par Bahasa, qui le frappa premier ou un second mari de la mère de
devant Guibbethon pendant qu'il assié David, ou bien un surnom d'Isaï, ou enfin,
geait les Philistins. Sa famille fut anéan ce qui est le moins probable, le nom de
tie par son assassin qui fut en même la femme d'Isaï. — 2° Nahas, roi des
temps son successeur. Hammonites, 1 Sam. 11 , 1. 12, 12.2 Sam.
NAGGE (clarté), un des ancêtres de 17, 27., père de Sobi, fit le siége de Jabès
notre Sauveur, par Marie, Luc 3, 25.; de Galaad pendant que Samuel n'était plus
inconnu. juge et que Saül n'était pas encore roi.
NAHALAL, ville de la tribu de Zabu Les agitations d'Israël paraissaient favo
lon, resta cependant encore longtemps riser ses desseins, et les assiégés allaient
entre les mains des Cananéens, Jos. 19, capituler honteusement en consentant à
15. Jug. 1, 30. se laisser crever l'œil droit, ce qui les
NAHAMA (belle). 1° Fille de Lémec et eût rendus pour jamais incapables de tirer
de Tsilla, nommée peut-être ainsi à cause de l'arc; ils obtinrent cependant un délai
de sa grande beauté : elle doit avoir in de sept jours, et pendant ce temps, un
venté plusieurs arts, de même que son coup vigoureux et inattendu frappé par
frère Tubal-Caïn. — 2° Hammonite et le roi d'Israël qui apprit ces choses en
mère de Roboam, 1 Rois 14, 21.31. 2 revenant du labourage, les sauva; l'ar
Chr. 12, 13. On ne peut dire à quel titre mée de Nahas fut taillée en pièces et dis
elle a été épouse de Salomon, si elle fut persée. — Quarante ans après, nous re
épouse légitime, ou seulement concubine trouvons le nom de Nahas roi de Ham
et du nombre de ces épouses étrangères mon, et David en parle comme d'un
parmi lesquelles se trouvaient les Ham homme qui lui aurait rendu des services;
monites, 1 Rois 11, 1. Puisque ce fils avait l'ennemi juré de Saül aurait-il été l'ami
quarante et un ans quand il est monté de David P c'est possible; il est plus pro
sur le trône, il était né un an avant l'a- bable cependant que ce Nahas, père de
vénement de Salomon à la couronne, ce Hanun, était le fils du précédent, et peut
lui-ci ayant régné quarante ans; par con être frère ou oncle de Sobi, q. v., 2Sam.
séquent il était né encore du vivant de 17, 27.
David, et l'on a peine à comprendre que NAHOMI, Ruth 1, 2., épouse d'Elimé
NAH 81 NAH

lec de Bethléem, suivit son mari dans le q. v.; mais c'est tout ce que l'on connaît
de sa personne. Son nom signifie con- •
pays de Moab où leurs fils se marièrent
avec des femmes du pays ; mais bientôt solation. L'argument de son livre est la
elle devint veuve, et ses fils suivirent leur charge de Ninive; ce sont des menaces
père dans la tombe : elle resta seule avec contre Ninive, on plutôt contre l'empire
ses deux belles-filles et résolut de re des Assyriens, dont elle était la capitale.
tourner en Israël. Horpa et Ruth ayant La repentance des Ninivites en suite des
manifesté le désir de l'accompagner, elle prédications de Jonas, n'ayant été que de
chercha à les dissuader de le faire , courte durée, Nahum fut chargé de leur
ébranla la résolution de Horpa, mais dut annoncer leur ruine finale et inévitable,
céder aux instances de Ruth qui voulait de la part d'un Dieu tardif à colère, mais
partager avec elle sa misère, sa patrie et dont la patience a un terme; ils ne pour
son Dieu. Quand les deux voyageuses fu ront, pas plus que Thèbes en Egypte, ré
rent arrivées à Bethléem, Nahomi depuis sister aux coups de sa vengeance, 3, 8. Le
longtemps oubliée, se vit l'objet de l'in prophète, en même temps, ranime par ses
différente curiosité des habitants de l'en menaces le courage de ses compatriotes
droit, qui se demandèrent avec surprise : opprimés et leur rend l'espérance : Salma
« Mais n'est-ce pas là Nahomi ? » Oh! leur nassar les avait déportés, Sanchérib son
répondit-elle, ne m'appelez plus Nahomi fils les menaçait de plus de maux encore, 2
(joie), mais Marah (amertume). Car en se Rois 18,10.13., mais Dieu les délivrerait.
retrouvant comme étrangère dans son Il résulte de ces prophéties que l'époque
village, veuve et n'ayant plus d'enfants, où vécut Nahum, peut être assez aisé
elle se reportait avec plus de tristesse ment déterminée, et l'on ne se trompera
vers les temps anciens, et sentait avec guère en le faisant contemporain d'Esaïe
plus de vivacité tout ce qu'elle avait perdu. et des derniers temps d'Ezéchias, de 720
Mais Ruth était là pour la consoler et lui 698 av. C., cf. 3, 8. avec Es. 20,6;son mi
tenir lieu de fille : c'était le commence nistère se place entre la captivité de l'As
ment de la moisson, et Ruth offrit à sa syrie et celle de Babylone. Quelques au
mere d'aller recueillir pour elle dans les teurs cependant le font contemporain de
champs le bien des pauvres; elle ne se Manassé (Abarbanel) : Clément d'Alexan
doutait pas en entrant dans les champs de drie le met après Ezéchiel et les temps de
B0oz, qu'elle était sur les terres d'un pa Jéhojakim; mais ces dates sont fort in
rent, bien moins encore qu'elle pût avoir certaines. Le style de Nahum est plein
des droits à la main de ce riche proprié de richesse, de magnificence, et d'indi
taire. Nahomi lui fit connaître les privilé gnation : il commence par célébrer la
ges que la loi juive lui donnait, elle lui grandeur, la puissance et la bonté de l'E-
enseigna ce qu'elle avait à faire , et lors ternel, puis son amour envers son peu
que ses soins maternels eurent obtenu de ple ; au chapitre 2, il raconte la ruine de
la bienveillance de Booz ce qu'elle pou Ninive avec de si vives couleurs qu'on
vait désirer de plus heureux pour sa fille, dirait qu'il a sous les yeux le spectacle
son bonheur n'excita pas l'envie, et les de la destruction; au 3e il revient sur ce
femmes de Béthléem vinrent la visiter et sujet et dit les causes de la condamnation,
la féliciter. Elle eut bientôt la joie de te les désordres de Ninive, ses péchés, sa
mir entre ses bras un fils de sa fille bien méchanceté. L'accomplissement de cette
aimée , et sa vieillesse fut plus heureuse prophétie a donné lieu à bien des contro
que les orages de sa vie n'auraient pu le lui verses; d'un côté les paroles relatives au
faire espérer. — Nahomi se distingue par débordement du fleuve qui amena la prise
sa foi, son désintéressement , et sa Sa de la ville, semblent ne pouvoir s'appli
gesse; ce n'est qu'avec peine qu'elle per quer qu'à la première prise de Ninive
met à Ruth de la suivre , et dès lors elle sous Ezar-Haddon ; d'un autre côté l'en
l'adopte et fait tout pour elle. semble de la prophétie paraît se rappor
NAHUM (consolation). 1° L'un des ter plutôt à la ruine totale et entière de
douze petits prophètes; il était d'Elkos, cette ville qui eut lieu 626 av. C., la 16°
II. 6
NAP 82 NAR

année du règne de Josias, et la 3e du mi mi les descendants de Mitsraïm : on ne


nistère de Jérémie : c'est l'opinion de la connaît du reste pas. Si l'on compare
Prideaux, Calmet, Heidegger, etc., c'est avec Bochart, Nephtys, la sœur et l'épou
celle aussi qui nous semble la mieux jus se de Typhon, le génie féminin et malveil
tifiée. Quant à la destruction subite de lant des déserts de l'Egypte, on peut pen
l'armée de Sanchérib, 2 Rois 19, il est ser que les Nephtuhim désignent les ha
difficile de dire si elle a eu lieu avant la bitants de ces déserts qui forment la fron
prophétie et si elle a en quelque sorte tière entre l'Egypte et l'Asie, près du lac
déjà réveillé les espérances de Nahum, ou de Sirbon que les Egyptiens nommaient
bien si elle n'a eu lieu qu'après, et si elle les exhalations de Typhon; mais ce ne
est elle-même comprise dans ces oracles : sont que des conjectures.
en tout cas, peu de temps après que la NARCISSE. 1° Rom. 16, 11., peut-être
parole de l'Eternel fut sortie, on vit la le célèbre affranchi de l'empereur Claude,
puissance assyrienne décroître, et l'un de celui qui devint son favori et son secré
ses rois se montrer plus favorablement taire, et qui obtint à la cour une si grande
disposé envers le royaume d'Ephraïm , influence (Suet., Claude 28,37.Tacit., An
dans lequel il envoie des colons pour en nales 11, 29.33.37. 12, 1.57.65. etc.).
relever les ruines.—Outre le sens littéral Cependant il fut exécuté au commence
des prophéties de Nahum, elles étaient en ment du règne de Néron, l'an 55 de no
core de nature à faire redouter la colère tre ère, et il est peu probable que Paul
de Dieu à tous les ennemis de son Oint, ait écrit aux Romains de son vivant : dans
et particulièrementaux Juifs, qui devaient ce cas il faudrait admettre que son train
un jour mettre à mort le Dieu manifesté de maison subsistait encore lorsque Paul
en chair ; elles disent aussi à l'église écrivait, ou que « ceux de la maison » dé
chrétienne qu'elle doit placer sa confiance signent ceux qui lui avaient appartenu. Il
en Dieu, qui ne la trompera pas. Une des résulterait de ce passage, ainsi compris,
paroles de Nahum (1, 15.) est rappelée qu'il se trouvait en effet des chrétiens à
Rom. 10, 15. la cour, au nombre des serviteurs, ou
2° Nahum, fils d'Héli, nommé parmi les des amis, ou même des parents de Nar
ancêtres de notre Sauveur par Marie, Luc cisse. Toutefois ce nom était peut-être
3, 25.; inconnu. assez répandu, et il est fort possible que
NAIN (belle, agréable, ou selon d'au Narcisse ait été un simple chrétien de
Rome, chez qui les frères se réunissaient.
tres, pâturage), petite ville de la Galilée,
célèbre par un miracle de Jésus, Luc 7, D'après les Grecs Narcisse aurait été l'un
11.: elle était située non loin de Caper des soixante-dix disciples, aurait vécu
naüm, dans une contrée riante et mon quelque temps à Rome, et serait mort
tueuse, près de Hendor, à 2 milles sud du évêque d'Athènes ou de Patras ; mais ces
Tabor, dont elle était séparée par le Ki données n'ont aucune valeur.
son ; quelques voyageurs, Troïlo, Mariti, 2° Narcisse, fleur, que nous croyons
disent avoir encOre trOuvé en cet endroit désignée par l'hébr. hhabatséleth, Es. 35,
les ruines d'anciens bâtiments et un mau 1. Cant. 2, 1., traduit à tort par rose dans
vais petit village actuellement habité par nos versions : la racine hébr. betsel signi
des Juifs, des Turcs et des chrétiens. fie un ognon, et c'est certainement par
NAJOTH, 1 Sam. 19, 18. 23. 20, 1., la mi les fleurs à racine bulbeuse que nous
demeure de David près de Rama; ce mot devOns chercher celle-ci. Plusieurs au
signifie en hébreu habitations, et l'on a teurs s'appuyant sur le sens qu'ils don
cru qu'il désignait les faubourgs ou la nent à la traduction syriaque, entendent
banlieue de Rama, peut-être aussi, com par là le colchicum autumnale, vulgaire
me l'indique le Targum, le bâtiment des ment connu sous le nom de tue-chien,
écoles de prophètes. cette plante d'un pied de hauteur qui
NAPHIS. v. Jétur. porte une fleur rose tendre , mais sans
NAPHTUHIM (ouvertures), peuplade Odeur, et que l'on trouve croissant natu
nommée, Gen. 10, 13. 1 Chr. 1, 11., par rellement en automne dans les prairies
NAR 83 NAT

de l'Europe (Michaélis, Gesenius, etc.), andrOpOgOn nardus est souvent difficile


et cette traduction n'est pas sans proba à distinguer, et l'on en fait un commerce
bilité ; mais celle que nous suivons d'a- Considérable. ll ne résulte pas de Cant.
près le Targum et plusieurs commenta 1, 11. 4, 13.14., que le vrai nard ait été
teurs , paraît plus recommandée encore cultivé en Palestine, car il exige une lati
par la beauté même de la fleur, et par le
tude beaucoup plus méridionale, un cli
contenu des deux seuls versets où il en mat beaucoup plus chaud (dans ces pas
est parlé. Chateaubriand a trouvé beau sages le mot aspic doit être traduit par
coup de narcisses dans la plaine de Saron nard), mais on peut les entendre ou du
(Itinér. ll, 130.), et c'est une présomp Vrai nard qui aurait été importé, ou de
tion de plus, cf. Cant. 2, 1. Il est possible plantes analogues, telle que le nardus sy
aussi, comme le dit Winer, que les deux riaca, cretica ou autre, qui se trouvent
fleurs aient été désignées par le même facilement en Palestine. — Les anciens
m0t eIl araméen. avaient aussil'habitude de mêler du vin au
NARD, Marc 14, 3. Jean 12, 3. Ce par nard, et même de boire l'huile de nard ;
fum était regardé par les anciens comme v. Plin. 14, 19, 5. Athen. 15, 689. L'épi
le plus précieux et le plus fin de tous ; il thète de pistique, triarwzs, donnée par
était par conséquent aussi un objet de Marc et Jean au nard dont notre Sauveur
luxe fort recherché des grands, et sou fut oint, a été dérivée de plusieurs mots;
Vent offert comme témoignage de respect on l'a entendue du spic-nard, d'autres y
et d'honneur. C'est dans l'Asie Mineure, ont vu du nard qu'on peut boire, c'est-à-
. et à Tarse surtout, qu'on savait le mieux dire liquide, d'autres enfin, et c'est le
le confectionner ; on l'expédiait ordinai plus probable, pensent que cela signifie
rement dans de petits flacons, ou dans du nard pur, qui mérite confiance.
de petites boites d'albâtre ; souvent il NATHAN (donné), 1° prophète de l'E-
était falsifié par un mélange d'huiles ternel, ami et conseiller de David, l'ap
étrangères également odoriférantes, mais prouva d'abord dans le dessein qu'il avait
moins délicates. Le nard pur paraît avoir conçu de bâtir le temple, puis dut lui an
été excessivement cher, Marc 14, 3. cf. noncer de la part de Dieu que ce travail
Plin. 12, 26. 13, 2.Horace, Od. 2, 11, 16. devait être réservé à son fils et succes
4, 12, 17. Tibull. 2, 2, 7. etc.— La plante seur, 2 Sam. 7, 3-17. Quelques années
du nard croît dans les contrée les plus plus tard, ce fut lui encore qui vint re
chaudes de l'Inde, où elle porte le nom de procher au monarque son adultère et son
jatamansi ou dschatam : quelques natu meurtre; par un bel apologue, 2Sam. 12,
ralistes la comptent parmi les valérianes : 1., il amena sagement le roi coupable à
elle sort de terre comme une céréale en Se condamner lui-même, et lorsque Da
core verte, sa tige est longue et mince, vid eut dit : « cet homme est digne de
et porte plusieurs épis à fleur de terre ; mort, » (cf. Ex. 22, 1. Luc 19, 8.) le pro
la racine est grosse mais fort courte, phète lui répondit : « tu es cet homme
noire et odorante; les feuilles sont cour là , » parOle grave et sévère, presque su
tes et larges; le nard, aussi nommé spic blime, et d'un effet que rien ne peut ren
nard à cause de ses épis, réussit mieux dre. La tâche des prédicateurs de cour
sur les montagnes que dans les plaines ; est toujours difficile ; les confesseurs des
il est plus odorant et plus fort que celui rois ont pu aller bien loin dans une fi
qui croît le long des eaux. Il y en a de dèle sévérité , mais ont-ils jamais osé
plusieurs espèces, qui toutes sont dessi prononcer une parole aussi incisive P Et
catives ; on croit que le romarin, l'aspic si la vérité est déguisée, si l'épée s'en
et la lavande appartiennent à la même fa veloppe du fourreau, si la sévérité s'a-
mille. Mais le nard indien se distingue doucit des précautions oratoires, ne voit
à sa couleur jaune tirant sur le purpurin, on pas que l'effet produit sera de mème
et à ses épis allongés, au poil large et odo amoindri, amorti, peut-être annulé P Il
rant : on l'expédie en bottes de feuilles n'y a d'incisif que ce qui fait mal, et aussi
et d'épis séchés. Le faux nard indien ou longtemps que le prophète n'aura pas dit
NAT 84 NAZ

au pécheur, grand, ou petit : je parle de 4° Docteur de la loi, chargé par Josaphat


toi, c'est toi qui es le coupable, le pé de parcourir le pays pour instruire le
cheur ne le comprendra pas. Nathan doit peuple, 2 Chr. 17, 7.— 5° et 6° Lévites,
servir de modèle au ministère de la véri 1 Chr. 24, 6.2 Chr. 35, 9.—7° et 8° Deux
té. (On lira sous ce point de vue de belles frères des principaux d'entre les Juifs
pages dans le « Sermon sous Louis XIV » qui revinrent de la captivité, Esd. 10,22.
de Bungener.)— Le roi s'étant humilié à Néh. 12, 21.— 9° Véritable Israélite sans
la voix sévère qui le condamnait, le pro fraude, disciple de Jésus-Christ, Jean, 1,
phète put lui annoncer que Dieu lui fai 45-49. Il était de Cana de Galilée, 21, 2.,
sait grâce de la vie, mais il ajouta que le et c'est probablement aussi dans cette
fils de son crime lui serait enlevé. A la bourgade que le Seigneur, rendant à son
naissance d'un second fils de Bathsébah, caractère un honorable témoignage, l'ap
Nathan donna au futur Salomon le nom pela à le suivre. La scène qui se passa
de Jédidja, il se chargea peut-être de son entre le maître et son disciple, est racon
éducation , resta toujours fidèle à son tée fort brièvement ; cependant rien n'y
maître, et déjouant les complots d'Ado manque, pas même les détails. On voit
nija, 1 Rois 1, 8., réclama pour son élè Philippe s'entretenir avec Nathanaël sous
ve la couronne de David, et contribua au le figuier, et lui adresser un premier ap
sacre de Salomon. Sa vie fut celle d'un pel; on entend Nathanaël se rappelant les
vrai prophète israélite, et son influence prophéties relatives au Messie, Mich. 5,
fut grande : il prit part à la réforme du 2., ou peut-être partageant le mépris gé
culte sous David, 2 Chr. 29, 25., composa néral des Juifs contre ce qui vient de la
sur le règne de ce prince et de son fils Galilée, refuser d'abord ses hommages à
des mémoires qui maintenant sont per celui qu'on lui représente comme étant
dus, 1 Chr. 29, 29. 2 Chr. 9, 29., et vit de Nazareth. Mais sa loyauté est plus
deux de ses fils remplir sous Salomon les forte que ses scrupules; il veut au moins
premières charges à la cour, 1 Rois 4, 5. entendre et voir Jésus, et, cédant aux ef
On ne connaît du reste rien de sa famille, forts de sa toute-science et de sa sain
de sa tribu, de ses premières années, ni teté, il l'adore comme le fils de Dieu et
de sa mort : son nom seul le représente, le roi d'lsraël. Jésus lui annonce alors
comme il représente aussi la famille des qu'il verra de plus grandes choses en
prophètes, Zach, 12, 12.Il est rappelé en core, et Nathanaël, que nous retrouvons
core Ps. 51, 1. plus tard parmi ceux qui assistèrent à la
2° Fils de David et de Bathsébah, 2 réintégration de saint Pierre, prend place
Sam. 5, 14. 1 Chr. 3, 5. 14, 4., et l'un au nombre des douze apôtres, sous le
des ancêtres de notre Sauveur par Marie, nom de Barthélemy, q. v. Saint Jean seul
Luc 3. 31. C'est à son nom que les deux le nomme Nathanaël.
généalogies se séparent pour se rejoindre NAZARETH, petite ville de la Basse
seulement au nom de Salathiel : Matthieu Galilée, située sur le territoire de l'an
fait descendre Joseph de Salomon, le cienne tribu de Zabulon, Matth. 21, 11.
frère de Nathan (1, 6.). ll fut père de Luc 1, 26. 2, 4., non loin de Gath-Hé
Matthata. -

pher la patrie de Jonas, à 8 lieues de


Ontrouve encoreplusieurs personnages Tibériade, à 7 d'Acre, et à 2 du Tabor,
de ce nom ; ainsi : 3° v. 2 Sam. 23, 36. dans une petite vallée au milieu des mon
cf. 1 Chr. 11, 38. 4° v. 1 Chr. 2, 36. tagnes qui soutiennent la plaine de Za
5° Esd. 8, 16. bulon, et s'abaissent vers celle de Jizré
NATHANAEL (don de Dieu). 1° Chef hel. La ville est située sur le penchant de
de la tribu d'Issacar pendant le voyage la montagne, Luc 4, 29. Son nom signi
du désert, Nomb. 1,8.7,18.19.—2° Frère fie couronne, ou rameau vert, et vient,
de David, le quatrième des fils d'Isaï, 1 soit de l'amphithéâtre des montagnes qui
Chr. 2, 14. — 3° Fils d'Hobed-Edom, entourent la vallée, soit (Burckhardt) des
sonnait de la trompette pendant le trans nombreux buissons (hébr. nézer) qui la
port de l'arche, 1 Chr. 15, 24. 26, 4. — remplissent : peut-être aussi renferme-t
NAZ 85 NAZ

il une allusion au rejeton du tronc d'Isaï C'est le nom que la loi de Moïse donnait
(Es. 11. 1.). v. du reste l'art. Nazarien. à l'Israélite, homme ou femme, qui fai
C'est dans cette contrée isolée et cachée, sait pour un temps ou pour la vie entière
dit Braem, dans cette ville paisible, au le vœu du nazaréat, professant la sobriété
milieu d'une nature variée et pittores en toutes choses, et renonçant complè
que, que le Sauveur du monde, charpen tement au vin, au vinaigre, aux raisins, à
tier comme Joseph, attendit pendant tout ce qui tenait de près ou de loin aux
trente ans l'heure de son père, et il y vé produits de la vigne, naturels, travaillés
cut tellement ignoré que le pieux Natha ou fermentés, laissant croître ses che
naël, qui demeurait à 2 lieues de Naza veux sans y toucher, évitant toute souil
reth, à Cana, n'avait jamais entendu par lure cérémonielle ou réelle, et recommen
ler de lui. La ville compte aujourd'hui, Çant tOuteS les cérémonies de sa consé
suivant les divers récits des voyageurs, cration au nazaréat, Jug. 13, 14., lorsqu'il
de 3 à 5,000 habitants, et, d'après Buc avait été souillé fortuitement, comme par
kingham, seulement 2,000, dont un tiers la vue d'une personne morte en sa pré
de chrétiens. Une église, qui est, avec Sence, ou dont il aurait trouvé le cadavre
celle du saint Sépulcre, la plus belle de sur son chemin, Nomb. 6, 1.2. cf. Am. 2,
la Syrie, renferme une grotte où, suivant 11. 12. Si les catholiques ont vu dans
la tradition, l'ange apparut à Marie, et Cette institution le germe du monachisme,
une autre qu'on prétend avoir été la cui ils doivent reconnaître que ce germe
sine dans la demeure de la mère de Jé renfermait de tout autres éléments que
sus. A peu de distance de la ville, dans ceux qu'on leur a substitués; la fainéan
une vallée, est la fontaine de Marie, la tise était bien loin de constituer une par
seule de tous les environs qui ne tarisse tie intégrante du nazaréat, et le mariage
jamais, et où maintenant, comme jadis, était si peu compté parmi les impuretés,
les femmes de Nazareth vont puiser de même cérémonielles, qu'il n'en est pas
l'eau avec une cruche sur la tête. Du côté seulement fait mention dans les pres
méridional de la ville se voient, dans le criptions données à ce sujet, et que Sam
rocher, un certain nombre de grottes Son, le nazarien à vie, était marié. Lors
très anciennes qui ont servi d'habitations, que le temps du nazaréat était accompli,
et plus bas plusieurs sources. Napoléon, la personne qui avait fait le vœu se pré
après la bataille du Tabor, passa quel sentait au temple, offrait un mouton en
ques heures et dîna à Nazareth, le lieu le holocauste, une brebis d'un an en sacrifice
plus septentrional qu'il ait touché en Sy d'expiation, un bélier en sacrifice d'ac
rie (trad. Rougemont). Hasselquist et des tions de grâces, une corbeille pleine de
voyageurs plus modernes disent que la gâteaux sans levain de fine farine, enfin
vallée, dont la forme circulaire rappelle l'huile et le vin nécessaires à toutes les
celle des cratères, est fermée, de tous libations. Le prêtre alors coupait les
les côtés, par des montagnes de craie, cheveux du nazarien, et les brùlait sur
hautes, blanches, escarpées et arides; le le feu de l'autel ; puis il mettait entre
fond est une plaine inégale, d'un quart les mains du nazarien l'épaule cuite du
de lieue de largeur, bien cultivée, riante, bélier, un pain et un gâteau, pour les re
et très fertile. Burckhardt trouve cette prendre entuite et les offrir à l'Eternel
contrée une des plus délicieuses de tout en offrande tournoyée, Nomb. 6, 1. et
le district d'Acre. Une gorge étroite suiv. Plusieurs de ces cérémonies avaient
et profonde, d'une lieue de longueur, également lieu lors de la consécration
conduit de la vallée dans la plaine de Jiz des prêtres, Lév. 8, 26. Si l'on se rap
réhel, et, depuis les hauteurs, on jouit pelle que l'usage du vin et du vinaigre ,
d'une fort belle vue sur cette plaine, était presque général en Palestine, que
ainsi que sur le Tabor, le Guilboah, et dans ces climats chauds le poids d'une lon
les montagnes d'Ephraïm qui apparais gue chevelure était fort incommode, que .
sent au-dessus de l'Hermon. - .' les cas de souillure cérémonielle étaient,
NAZARlEN, Nazaréat (hébr. Nazir). passablement multipliés, et que l'on tienue
* NAZ 86 NAZ

compte des frais considérables que l'ac dans plusieurs sens différents, nous som
complissement du vœu entraîne, on com mes appelés à considérer de plus près les
prendra que le nazaréat, même à temps, passages suivants.
était un vœu considérable. Aussi les per 1° Gen. 49, 26. Joseph est appelé le
sonnes riches qui ne se trouvaient pas en nazarien d'entre ses frères : les Septante
état, ou qui n'avaient pas le loisir d'en traduisent ce terme par chef, celui qui
observer les cérémonies, cherchaient-elles est honoré, et si l'on a égard à la si
souvent à s'associer en quelque sorte gnification primitive de nézer, on con
aux nazariens, en participant aux frais prendra que Joseph ait pu être ainsi dé
des sacrifices, Jos. Ant. 19, 6, 1. Maï signé : le nom de nazir ou nezir était
monid. in Num. 6. Ceux qui faisaient le d'ailleurs comme il est encore dans plu
vœu du nazaréat hors de leur patrie se siéurs cours d'Orient, un nom de dignité,
contentaient d'observer les abstinences de charge publique, correspondant aux
marquées; ils se coupaient les cheveux au fonctions de vice-roi que Joseph exerçait
lieu où ils se trouvaient à l'expiration de en Egypte.Peut-être aussi, et dans le can
leur vœu, et les offraient plus tard, ou les tique du vieux Jacob il semble que ç'ait
faisaient offrir par d'autres dans le tem été plus naturel, le nom de nazarien dé
ple, avec les victimes et les offrandes or signait-il simplement que Joseph avait
données. Samson, Samuel et Jean-Bap été mis à part, choisi de Dieu pour lui
tiste sont les seuls exemples de nazaréat être saint, et pour être le bienfaiteur de
à vie que nous présente l'Ecriture, Jug. ses frères, celui devant qui sa famille se
13, 4.14.1 Sam. 1, 12. Luc. 1, 15. Lors prosternerait.
qu'un enfant à naître était ainsi voué au 2° Quelques auteurs ont entendu du
nazaréat perpétuel, sa mère observait à sa nazaréat temporaire le vœu que fit saint
place, jusqu'au moment de sa naissance, Paul en deux circonstances de sa vie,
les prescriptions de la loi. Les rabbins Act. 18, 18. 21, 24., mais ce n'est qu'une
opposent au nazaréat perpétuel celui de hypothèse, et nous en reparlerons aux
Samson qui leur paraît avoir été moins art. Paul et Vœu.
rigoureux que le premier, attendu que 3° Dans plusieurs passages du Nouveau
Samson a plusieurs fois vu et touché des Testament, Act. 2, 22. 22, 8. 24, 5., on
corps morts, Jug. 14, 15, sans qu'il soit lit nazoréen au lieu de nazaréen, et ce
fait mention de sacrifices purificatoires simple changement de voyelle donne au
qu'il ait offerts. — On trouve chez pres mot une signification comme une éty
que tous les anciens peuples quelques cé mologie différente, remplaçant la cou
rémonies semblables à celles du naza ronne par le mépris; v. plus loin.
réat, et l'on remarque en particulier que 4o Nazaréen désigne souvent un homme
les Egyptiens, les Syriens, les Grecs et natif de Nazareth, quel qu'il soit, et sans
les Romains avaient l'habitude d'offrir qu'aucune idée, autre que celle du fait,
leurs cheveux et leur barbe dans les tem s'y rattache, Marc 10, 47. Act. 4, 10.
ples de leurs divinités, comme, de plus, 5° Matthieu, 2, 23., cite une prophétie
certaines coutumes d'abstinence étaient d'après laquelle Jésus devait être appelé
imposées aux prêtres de l'Egypte : quel Nazaréen. Il est évident que, selon cet
ques auteurs, Porphyre, Spencer, Mi apôtre, il y a un rapport intime entre le
chaélis, ont cru voir dans le nazaréat hé
séjour de Jésus à Nazareth et le surnom
breu une tradition de l'Egypte, mais de Nazaréen qui lui avait été donné; il
les analogies sont en elles-mêmes trop faut donc dès l'abord rejeter l'explication
vagues pour qu'on puisse en tirer une de ce nom tirée du nazaréat, Nomb. 6, 2.,
conclusion pareille, et l'on doit se rap
quelque respectables et nombreux que
soient les soutiens de cette opinion (Wett
peler que loin de vouloir établir un lien,
Moïse a toujours creusé un abîme entre stein, Spanheim, Erasme, Calvin, Bèze,
Luther, Zwingle, Grotius, etc.) : ce serait
les coutumes de son peuple et celles des
nations voisines. un jeu de mot assez mauvais, et d'autant
Le nom de nazarien se prenant encore plus que les prophètes n'ont jamais an
NAZ 87 NEB

noncé Jésus-Christ comme devant ètre phétisant sans le savoir, lui ont donné le
Nazaréen. Il faut donc supposer que le nom de rejeton, habitant issu de la ville
nom de Nazareth, ou d'habitant de Naza des rejetons. Cette explication, à notre
reth, renferme une idée qui, d'après les sens bien moins satisfaisante que celle
prophéties, devait être un attribut de qui précède, a été soutenue par Surenhu
Christ : cette idée peut, ou bien se trou sius, Vitringa, et dernièrement encore
ver dans l'étymologie de ce nom, ou bien par Hengstenberg, dans une dissertation
se rattacher à l'opinion publique. On sait sur ce sujet, qui se trouve en tête du 2e
qu'une assez mauvaise renommée pesait volume de sa Christologie.
sur Nazareth, et qu'il suffisait d'en être NEAPOLIS, Act. 16, 11., maintenant
originaire pour être méprisé, Jean 1, 46. la Cavala ; ville maritime à 3 lieues sud
7, 52. Or ce que les prophètes annoncent, est de Philippes : elle a sur les côtes de
c'est que le Christ sera méprisé de ses la mer Egée un port avec une position
contemporains, Ps. 22, 7.8. Es. 53, 3. avantageuse pour le commerce. Après
Peu importe ce que l'on a dit : que les Na avoir appartenu à la Thrace, elle passa, au
zaréens n'étaient pas plus méprisés que temps de Vespasien, sous la domination
les autres Galiléens ; l'un et l'autre re romaine. On raconte que c'est aux habi
viennent au même, les deux nOms Servent tants de cette ville qu'on est redevable de
également de termes d'injure , cependant l'art de tailler la vigne, et qu'eux-mêmes
en examinant Jean 1, 47., On trouvera que l'avaient appris d'un âne : ils remarquè
Nazareth était plus particulièrement mé rent que les vignes mordues par cet ani
prisé, puisque le reproche en est fait, mal croissaient mieux et rapportaient plus
dans un entretien amical, par Nathanaël que les autres. —Saint Paul y passa en se
à Philippe, ces deux hommes étant l'un et rendant de Samothrace à Philippes. C'est
l'autre Galiléens. Il faut ajouter que le le lieu de naissance de Méhémet-Ali.
nom de Nazaréen prêtait bien plus que NÉBAJOTH, fils aîné d'Ismaël, Gen.
celui de toute autre ville de la Galilée, 25, 13., et père des Nébajoth ou Naba
aux mauvaises plaisanteries auxquelles théens, que nous trouvons à côté de Ké
les Juifs étaient assez enclins : en chan dar, Es. 60, 7., formant une riche peu
geant nazar en nazor (méprisé), les Juifs plade renommée par l'excellence de ses
pouvaient exprimer d'une manière très moutons. Ils occupaient, selon saint Jé
directe et fort simple le mépris qu'ils rôme, tout l'espace de pays compris entre
avaient pour ces gens-là (v. 3°), et il est l'Euphrate et la mer Rouge, non qu'ils
bien vraisemblable qu'en appellant notre en fussent les seuls possesseurs, mais ils
Sauveur et ses disciples de ce nom, avec y étaient en majorité : d'après quelques
ou sans le jeu de mots, ils avaient l'inten auteurs (Diod. de Sic.), la mer Morte ap
tion de jeter sur eux du ridicule; dans ce partenait à leur territoire, et Denys le
cas (et surtout si saint Matthieu a écrit en géographe les fait avancer jusque près du
hébreu ou en syriaque), ces paroles de Liban ; il est probable en effet que, s'ils
vaient avoir une très grande force : « on possédaient en propre l'Arabie Pétrée, ils
lui a donné le surnom de Nazareth, ainsi ont empiété aussi, d'un côté sur l'Arabie
que les prophètes ont annoncé qu'il serait Heureuse, de l'autre sur les contrées si
en butte à toutes les moqueries de ses tuées au nord-est, et qu'à leurs villes de
ennemis. » On comprend alors aussi la Pétra et de Médaba ils en ont joint d'au
parole de Jésus à Saül : « Je suis ce Naza tres plus septentrionales, et voisines de
réen que tu persécutes. »-Quant à l'in Galaad ;mais nomades comme ils l'étaient,
terprétation tirée de l'étymologie, et mise libres et indépendants, ils ont recherché
en avant par Jérôme, elle se fonde sur le l'air et les pâturages plus que les villes
sens de nezer, rejeton, buisson : saint habitées, et leur territoire n'a jamais été
Matthieu ferait ressortir alors que, de limité ni déterminé : plusieurs d'entre
même que les prophètes ont appelé Jésus eux s'adonnaient au commerce, et entre
un rejeton, Es. 11, 1., un germe, Es. 4. prenaient de longs voyages dans ce but.
2. Zach. 6, 12., de même les impies, pro lls avaient des rois du nom d'Arétas, et
NEB 88 NEB
|

lorsque Pompée vint en Syrie, il envoya tion. Son nom se rattache presque ex
· des troupes contre eux et les défit. Il est
clusivement, dans la mémoire de chacun,
plusieurs fois parlé des Nabathéens dans aux grandes scènes qui sont racontées
les livres des Maccabées; lorsque tous lesdans les premiers chapitres de Daniel ;
peuples voisins de la Judée se soulevèrentcependant son histoire commence long
contre les Hébreux, les Nabathéens seuls temps auparavant, et les détails en sont
leur témoignèrent de l'affection ; ils ac épars dans les livres des Rois, des Chro
cueillirent fort bien Judas Maccabée mar niques, de Néhémie, d'Esdras, d'Ester,
chant au secours de ses frères en Galaad, de Jérémie, d'Ezéchiel, et de Daniel. On
mais plus tard ceux de Médaba en parti peut la composer en comparant ainsi 2
culier trahirent Jean Maccabée, le tuèrent, Rois 24, 25, 26. 2 Chron. 36, Néhém. 7,
et s'emparèrent de tout le bagage militaire Esd. 1, et 5; Est. 2, 6. Jér. 21, 22, 24,
qu'il était venu leur confier, 1 Macc. 5, 25, 27, 29, 34, 37, 39, 43, 44, 46, 49,
24.25.9, 35. et 52. Lam. 4. Ez. 17, 21, 26-32, et Dan.
NEBO. 1° La plus haute cime de la 1-5.
montagne de Pisga, qui appartient à la Sa vie militaire a compté quatre cam
chaîne des monts Abarim : elle était sur pagnes principales qui l'ont toutes rap
le territoire des Moabites d'l temps de proché de la Palestine, si elles n'ont pas
Moïse, et était située en face de Jérico, toutes eu pour premier but de l'envahir
de l'autre côté du Jourdain. C'est là que et de la réduire. La première est celle
mourut Moïse, Deut. 32, 49. 34, 1. v. dont il est parlé Dan 1, 1.; elle eut lieu
Pisga. — 2° ville de Ruben, dans le voi la troisième année de Jéhojakim. Pharaon
sinage de la montagne de ce nom, Nomb. Néco faisait acte de souveraineté sur
32. 3. 38. Elle avait appartenu d'abord Circesium ou Carkémis, et Nébucadnet
aux Moabites, et plus tard il s'en rendi sar, chargé par son père de la disputer
rent maîtres de nouveau, Es. 15, 2. Jér. au roi d'Egypte, obtint sur ses ennemis
48, 1. Eusèbe en place les ruines à 8 milles un succès facile, et les poursuivit à tra
sud de Hesbon. — 3° Ville de Juda, Esd. vers l'Arabie, jusque sur les bords du
2, 29. 10, 43. : elle est appelée l'autre Nil ; puis, se tournant vers Jéhojakim, le
Nébo, Néh. 7, 33., pour la distinguer de malheureux allié de Néco, il triompha
la précédente : c'est de celle-ci que parle sans peine de la Judée, prit Jérusalem, et
Eusèbe, d'après Calmet. - 4° Idole des Se disposait à emmener son roi prison
Caldéens, dont le nom se retrouve dans nier lorsque, changeant de caprice ou
la composition de plusieurs noms pro d'idée, il lui rendit la liberté, et le fit son
pres. Dans le passage Es. 15, 2., le pro Vassal tributaire, au lieu de le traiter en
phète parle peut-être d'un temple consa esclave : il emmena seulement quelques
cré à cette idole sur la montagne de Nébo ôtages, au nombre desquels se trouvaient
en Moab; mais 46, 1 . se rapporte à l'idole Daniel et ses trois amis. Il poursuivit
caldéenne dont nous avons parlé à l'ar quelque temps encore ses conquêtes, et
ticle Caldée, et dont le culte fut détruit acheva d'affaiblir les Egyptiens en leur
probablement par Cyrus. enlevant toutes leurs possessions com
NÉBUCADNETSAR ou Nabuchodono prises entre l'Euphrate et le Nil. C'est
sor, fier et puissant conquérant, fléau dans pendant ces victoires qu'il apprit la mort
la main de Dieu, chargé d'exécuter les de son père : il retourna précipitamment
vengeances divines et d'accomplir les à Babylone, et monta sur le trône (604 ou
prophéties; il était fils, et fut le succes 605 av. C.), 2 Rois 24, 1-7.2 Chr. 36,6.
seur de Nabopolassar sur le trône de Ba 7. Dan. 1, 1, sq. 5, 2. Esd. 1, 7. L'an
bylone. Il porte déjà le titre de roi, Jér. née suivante, il fit son fameux songe des
25, 1. 46, 2., quoiqu'il ne fût encore à quatre monarchies, qu'il oublia sans en
cette époque, lors de ses premières ex conserver autre chose qu'une impression
péditions, que l'associé de son père à la de frayeur telle, qu'il voulait faire mettre
couronne; peut-être aussi les historiens à mort les mages qui ne pouvaient venir
sacrés le momment-ils ainsi par anticipa en aide à Sa mémoire troublée : c'est
NEB 89 NEB *

alors qu'il nomma le jeune prophète is traiter avec plus de rigueur que jamais.
raélite chef des mages, et qu'il lui confia L'approche du roi d'Egypte qui s'avance
le gouvernement de la Babylonie, parce contre lui, l'oblige à laisser un instant
qu'il avait vu que Dieu était avec lui, et respirer Sédécias; il envoie ses captifs
que Daniel seul avait les secrets de l'E- en Caldée, et marche sur son nouvel ad
ternel, Dan. 2, 1. sq. versaire; mais celui-ci ne l'attend pas
Trois ans après sa première conquête même, et s'enfuit avant d'avoir pu faire
de la Judée, Nébucadnetsar dut tourner, Sa jonction avec les armées de Juda. Né
pour la seconde fois, ses armes contre ce bucadnetsar revient alors, continue le
pays : Jéhojakim s'était soulevé, et avait siége, et reste un an avant de venir à
refusé le tribut. Nébucadnetsar envoie bout de la place : la famine désole les ha
d'abord contre lui les armées de Syrie, bitants de Jérusalem, qui n'en persistent
de Moab et de Hammon, qui ravagent la pas moins à se défendre; enfin, pendant
Judée, et font un grand nombre de pri une absence du roi de Babylone, qui s'é-
sonniers qui sont envoyés à Babylone, tait rendu à Ribla, en Syrie, une brèche
Jér. 52, 28. Jérusalem est assiégée, Jé est faite à la ville, les principaux officiers
hojakim périt lui-même en se défendant; des Caldéens y pénètrent, Sédécias et les
Jéchonias le remplace sur le trône, et siens s'enfuient, mais ne tardent pas à
continue à se défendre : mais Nébucad être atteints et faits prisonniers. Nébu
netsar arrive en personne au bout de trois zar-Adan, chargé de la destruction de Jé
mois : il se met à la tête des troupes, serre rusalem, s'en acquitte selon les souhaits
la ville de plus près, et ne tarde pas à de son maître, qui fait venir auprès de lui
s'en rendre maître. ll envoie JéchOnias les principaux captifs, fait mettre à mort,
finir ses jours dans une prison de Baby sous les yeux de Sédécias, ses fils et ses .
lone, dépouille le temple et le palais, grands, et l'envoie lui-même à Babylone,
brise les vases sacrés, emmène l'élite des après lui avoir fait crever les yeux. Dans
habitants, et part en laissant à Sédécias l'ivresse de son triomphe, il ménage en
un trône en ruines, en échange d'un ser core Jérémie, et le recommande à Nébu
ment de fidélité, 2 Rois 24, 10. 2 Chr. zar-Adan, 2 Rois 24, 20. 25, 1.2 Chr.
36, 10. Jér. 22, 25. 37, 1. Ez. 17, 12. 36, 13. 17. Jér. 34, 37, et 39, etc.
13. Sa puissance va se consolidant, rien C'est probablement après cette expédi
ne résiste à ses armes, et les faux pro tion qu'il fit élever, dans la plaine de
phètes qui annoncent le déclin de son Dura, cette fameuse statue d'or que l'on
pouvoir sont frappés et mis à mort, Jér. suppose avoir été comme l'apothéose de
29, 21. cf. 27, 6. 28, 2. son père, et qui faillit coûter la vie aux
Cependant Sédécias ne tient pas le ser jeunes Hébreux qui refusaient de l'ado
ment qu'il a prêté à l'ennemi de son pays, rer. Admirant le prodige que le Dieu de
et, au bout de huit ou neuf ans de sou Daniel avait fait en faveur de ses jeunes
mission, la seizième année de Nébucad amis, Nébucadnetsar n'hésita pas à décré
netsar, il se révolte et refuse sa soumis ter la divinité du Dieu des Hébreux, et
sion : son exemple gagne les peuples qui ordonna qu'on rendît à Jéhovah les mê
l'entourent, et l'Egypte paraît les favori mes honneurs qu'il réclamait pour son
ser. Le roi de Babylone rentre en cam idole.
pagne ; c'est sa troisième expédition. In C'est après cela, que d'après Josèphe,
certain par quel ennemi il doit commen car l'Ecriture n'en parle pas, Nébucad
cer, il tire le sort sur les flèches, et se netsar entreprit le siége de la puissante
décide bientôt; c'est Jérusalem qui rece ville de Tyr, ce siége infructueux de treize
vra ses premiers coups, Ez. 21, 25-27. laborieuses années si souvent prédit par
En peu de temps, la Judée presque en les prophètes, mais dont toute l'histoire
tière est soumise : Jérusalem, Lakis et est encore et restera toujours obscure.
Hazéka seules résistent encore, Jér. 34, Les passages qu'il importe le plus de con
7.; il marche sur Jérusalem qu'il a déjà sulter sur ce point, sont : Es. 23 et Ez.
conquise deux fois, et se prépare à la 26-28, 20. Josèphe, Archéolog. 10, 11. 1.
NEB 90 NEB

Contre App. 1, 19. 20. Il paraît, d'après avait fait, allait recevoir son exécution ;
ces données, que Nébucadnetsar employa l'Orgueilleux monarque fut chassé d'entre
treize ans à ce siége, et qu'il ne fut pas les hommes, il mangea l'herbe comme les
payé de sa peine, soit qu'il n'ait pu venir bœufs, n'ayant d'autre abri que le ciel,
à bout de son entreprise, soit plutôt que exposé à toutes les intempéries de l'air
les habitants de la ville, s'étant retirés comme à la haine de ses sujets auxquels
dans une île voisine avec toutes leurs ri il n'inspirait plus qu'une horreur mêlée
chesses, il n'ait trouvé que des ruines à de pitié; son poil crût comme celui de
offrir en pâture à ses soldats exténués l'aigle et ses ongles comme ceux des oi
(573 av. C.). Honteux de rentrer à vide seaux. Sept temps se passèrent ainsi,
dans son royaume et voulant se dédom puis le sens lui revint, il bénit le souve
mager de sa triste victoire, il se tourna rain duquel toutes les œuvres sont véri
derechef contre l'Egypte, la ravagea dans tables, dont les voies sont justes et qui
toute son étendue, mêla le sang des peut abaisser ceux qui marchent avec or
hommes aux flots du Nil, et put ramener gueil , et il remonta sur son trône, Dan.
son armée glorieuse et chargée d'un riche 4. Il vécut encore une année et mourut
butin. Ce furent là ses dernières victoires après avoir régné quarante-trois ans,
et sa dernière expédition. 561 av. C.
Il n'avait, du reste, plus rien à desirer; Plusieurs observations sont nécessaires
il s'était élevé aussi haut que jamais roi à l'intelligence de son histoire.
conquérant a pu le faire; tout ce qui Les historiens grecs ne parlent pas de
peut se vaincre par des forces humaines, Nébucadnetsar, et ce règne à la fois long
il l'avait vaincu, et ses armes, tOujours et glorieux ne nOuS est connu que par ce
victorieuses contre Jérusalem, la ville du qu'en disent les historiens sacrés, Jo
vrai Dieu, paraissaient l'élever au-dessus sèphe et quelques historiens de l'Orient ;
de ce Dieu qui inspirait Daniel et qui sau de là plusieurs incertitudes chronolo
vait ses amis : la tète tOurnerait à une giques et des dates peu sûres et difficiles
moins grande hauteur, et le vieux mo à déterminer, d'autant plus que les his
narque, au milieu d'une capitale que ses toriens sacrés comptent diversement les
guerres lointaines n'avaient fait qu'enri années de ce prince, suivant qu'ils font
chir, pouvait être pris de vertige au sou commencer son règne à la mort de son
venir de toutes ses gloires. Un songe père, comme Daniel et les Babyloniens,
ou qu'ils datent du moment de son asso
divin l'avertit de prendre garde ; il vit un
arbre immense renversé par terre à la ciation à l'empire avant la bataille de Cir
voix d'un ange et couché sans rameaux cesium, comme Jér. 25, 1. et les autres
ni verdure pendant sept années. Le chef historiens hébreux. Il y a en outre, dans
des mages, prophète de l'Eternel, lui fit plusieurs de ces données, un manque de
voir dans les détails de ce songe un aver coïncidence dont il n'est pas facile de se
tissement et une menace, mais une année rendre compte, et quelques divergences,
d'intervalle que Dieu lui accordait pour pour lesquelles il faut consulter les ou
s'humilier, ne servit qu'à l'endormir dans vrages spéciaux, notamment Des Vignoles
l'espérance que la parole divine ne serait et les commentateurs modernes Dahler
pas exécutée, ou peut-être à la lui faire sur Jérémie, Haevernick sur Daniel et Ezé
oublier. Son orgueil s'éleva à la hauteur chiel. Les traits de la vie de Nébucadnet
de sa position terrestre, et comme il se sar étant épars dans plusieurs livres de
promenait dans le palais royal de sa ca la Bible, les uns prédits, les autres ra
pitale, il s'écria dans une ivresse fréné contés, souvent sans suite et sans ordre
tique d'exaltation : N'est-ce pas ici Baby chronologique, il est arrivé que plusieurs
lone la Grande que j'ai bâtie pour être la des faits attribués par les uns à l'une de
demeure royale par le pouvoir de ma ses expéditions, sont d'après d'autres,
force et pour la gloire de ma magificence ! attibués à une autre, et que l'on ne peut
Alors une voix des cieux lui répondit, lui se faire toujours une idée juste des dé
annonçant que le songe terrible qu'il tails dont chaque cadre doit ètre rempli:
NEH3 91 NEB

nous avons suivi l'ordre qui nous a de leur propre ruine; ils étaient punis
paru le plus probable; Dahler et Winer par où ils avaient péché. Un prophète
arrangent les événements d'une manière seul pouvait, après avoir prié son Dieu,
différente, et Calmet, par exemple, place connaître ce songe, le rappeler au roi et
l'histoire de la statue d'or ainsi que le lui raconter la succession des quatre mo
supplice des trois jeunes Hébreux, à la narchies; il est remarquable que Daniel
fin de la vie de Nébucadnetsar et après ait eu lui-même, bien des années après,
SOn retour à la raison. la même vision céleste, le même songe
Ce qui frappe le plus dans la vie mili sous d'autres symboles, Dan. 7. La pre
taire de ce conquérant, ce sont ses at mière puissance était celle de Nébucad
taques sans cesse renouvelées contre le netsar lui-même; la seconde était celle
faible royaume de Juda, attaques tou des Perses qui vinrent sous Cyrus, 538
jours suivies de victoires et toujours plus av. C., renverser l'empire de Babylone ;
douloureuses dans leurs résultats; la pre après eux vinrent les Grecs conduits par
mière fois, il fait de Jéhojakim son vassal, le puissant et rapide Alexandre, repré
et n'emmène avec une partie des trésors senté dans le songe de Daniel sous la fi
du temple que des ôtages; la seconde fois, gure d'une panthère ailée à quatre têtes,
il dépouille le temple, emprisonne le roi qui signifient les quatre royaumes qui
infidèle, emmène l'élite des Juifs, mais S0rtirent de la mort d'Alexandre et se di
laisse encore à ceux qui restent un roi de visèrent en restant unis. La quatrième
leur nation ; la troisième fois enfin, il puissance enfin, c'est l'empire de Rome.
exporte les habitants en masse, fait mettre Il y a, pour ainsi dire, unanimité parmi
à mort les principaux d'entre eux et les interprètes sur la signification de ces
charge leur roi de chaînes après l'avoir deux songes, et l'on peut consulter pres
privé de la vue. Autant de secousses suc que indifféremment les divers travaux ou
cessives devaient faire comprendre aux commentaires qui ont paru sur ce sujet ;
Juifs que c'était bien de la part de leur v. le Morgenland de Preiswerk, I, p. 33,
Dieu que Nébucadnetsar ruinait ainsi leurs sq., le Commentaire de Haevernick, Gaus
forces et leur vie nationale ; et véritable sen sur Daniel, etc.
ment, à lire les écrivains sacrés, il semble Le second songe de Nébucadnetsar,
que ce roi de Babylone n'ait eu, en effet, plus clairement encore expliqué et ac
d'autre mission que d'accomplir les pro compli, n'a pas besoin d'être développé
phéties et les vengeances divines; c'est davantage. Remarquons seulement que le
à cela que se réduit sa biographie, et ses terme employé pour marquer la durée de
coups prolongés pendant une carrière de sa terrible maladie, est celui de sept
quarante-trois années devaient faire ré temps; on entend ordinairement par là
fléchir les Juifs plus que n'eussent fait sept années, mais on peut l'entendre au
les coups épars de rois qui se seraient trement encore, et sept années de folie
succédé sur le même trône : Nébucad ne prennent pas facilement place dans la
netsar devait être pour les Juifs l'homme vie si occupée de Nébucadnetsar : l'année
de la fatalité, et l'on pense involontaire asiatique se divisant en six termes de deux
ment à la vieille et glorieuse figure de mois chacun, on pourrait entendre les
Louis XIV, qui a été l'épreuve du peuple sept temps de sept de ces doubles mois,
de Dieu, comme le roi de Babylone en de sorte que la maladie de Nébucadnet
avait été le châtiment. sar n'aurait duré que quatorze mois; Se
La conduite de Nébucadnetsar à l'égard lon d'autres, il auraitſ été malade trois
des mages, n'est autre que celle d'un au ans et demi, selon d'autres encore, seu
tocrate oriental; la tête de quelques mages lement sept mois. Quant à la nature de
n'était rien pour lui ; satisfaire un caprice cette maladie, on pense généralement
au prix de plusieurs vies était peu de qu'il s'agit de l'insania canina ou lupi
chose. Le songe qu'il avait oublié, ces na, la lycanthropie, pendant laquelle
hommes devaient le lui dire; et leur char l'homme n'a plus de l'homme que les in
latanisme spéculateur devait être la cause stincts animaux; se croyant changé en
NEB 92 NEC

bète, en loup, en chien, en bœuf, il ab avait reçus, et partit pour la Babylonie.—


dique son cœur et sa raison, et cesse Il paraît que plus tard encore, lors du
d'être lui-même : c'est un animal. Les siége de Tyr, il revint en Judée, et qu'il
absurdes imaginations des rabbins sur la essaya, peut-être pour venger la mort de
métamorphose physique de Nébucadnet Guédalia, de faire de nouveau la guerre
sar en bœuf, sont dès longtemps oubliées aux Juifs, mais ceux-ci s'étaient déjà re
ou tombées dans le ridicule, et de gros tirés en Egypte, il ne pouvait plus y avoir
sières illustrations bibliques en conser de guerre ; une apparition suffisait au mi
vent seules le souvenir. Lorsque le sens lieu de ces populations cinq fois décimées,
lui revint, il était guéri de sa folie, et l'on et Nébuzar-Adan ne put emmener que
ne peut qu'admirer la touchante et noble 745 prisonniers, Jér. 52, 30.
confession de foi par laquelle commence NECO, Nécho ou Néchos, l'un des
en lui le retour à la raison; il s'humilia Pharaons, roi d'Egypte, et contemporain
en adorant la main qui l'avait frappé, et de Josias, 2 Rois 23, 29.2 Chr. 35, 20.
son nom se place à côté de celui des Fils de Psamméticus, il était le sixième
Naaman, des Darius, des Cyrus et de roi de la 26e dynastie, celle des Saïtes.
tant d'autres païens pour qui l'Eternel a Il est connu dans l'histoire profane par
fait luire au milieu des ténèbres la foi à l'entreprise qu'il fit d'un canal de com
un seul Dieu. Plusieurs de ces grands munication entre le Nil et la mer Rouge,
conquérants, après avoir été des verges entreprise qu'il dut abandonner après que
dans la main divine, ont reconnu vers la 20,000 ouvriers eurent péri dans ce tra
fin de leurs jours, la main qui les avait vail gigantesque, et par le voyage de cir
conduits; et à côté de Nébucadnetsar se cumnavigation qu'il fit faire autour de
place naturellement, et sous ce rapport l'Afrique par des Phéniciens qu'il avait à
aussi, le nom de Napoléon le Grand. son service; partis de la mer Rouge, ils
NEBUZAR-ADAN, 2 Rois 25, 8. Jér. revinrent au bout de trois ans par la Mé
39, 9. 52, 12.. général de l'armée de Né diterranée, racontant à leur retour qu'en
bucadnetsar, attaché au service de la per faisant voile autour de l'Afrique, ils
sonne royale et l'un de ses principaux avaient vu le soleil levant à leur droite,
ministres. Il fut chargé par son maître ce qui, ajoute Hérodote, ne me parait
absent, de présider au sac de Jérusalem, nullement probable. v. Hérod. 2, 158. 4,
568 av. C., un mois environ après que 42. — Ce qui est raconté de son histoire
cette ville eut été prise pour la troisième dans la Bible, présente plusieurs petites
et dernière fois par le roi de Babylone : difficultés chronologiques qui laissent
il s'acquitta de sa tâche en soldat, il dé dans le vague la marche générale de son
pouilla d'abord la ville et le temple de expédition, et ne permet pas d'en indi
tous les trésors qui y restaient, puis il quer les détails d'une manière sûre. Ja
mit le feu à tout ce qui pouvait brûler; loux peut-être de la grandeur naissante
les édifices publics, le temple et toutes du royaume de Babylone, il résolut de
les maisons devinrent la proie des flam l'affaiblir avant qu'il s'élevât davantage,
mes; les remparts furent démolis et il ne et se mit en route pour Circésium sur les
resta plus que des cendres et des ruines bords de l'Euphrate. Deux chemins se
sur l'emplacement où florissait naguère présentaient devant lui; en prenant le
la sainte cité. N'ayant plus rien à faire en plus court, il violait le territoire de Juda
Judée, il donna l'ordre du départ, classa et risquait de trouver sur son passage un
les prisonniers, chargea les riches dé obstacle qui l'eût arrêté en même temps
pouilles après avoir mis en pièces les or qu'il eût donné l'éveil à son ennemi. La
mements du temple qui ne pouvaient être voie plus longue était sous ce rapport
emportés que par morceaux, partagea préférable à l'autre; il s'embarque donc
les terres entre les misérables habitants pour Ptolémaïs sur la frontière de Syrie;
qu'il laissait en arrière sous le gouverne mais ses calculs de prudence et de ména
ment de Guédalia, donna la liberté à Jé gements sont déjoués; Josias, soit qu'il
rémie et à Baruc, selon les ordres qu'il crût son territoire violé, soit que tribu
NEC 93 NEH

taire du roi de Babylone, il crût devoir n'étaient qu'une ruse pour se débarras
refuser le passage à son ennemi, marche ser plus vite du pieux Josias en en appe
contre l'armée égyptienne. Néco cherche à lant à son Dieu, si l'historien sacré n'a-
le détourner de son opposition : « Ce n'est joutait aussitôt, 2 Chr. 35, 22. : « Josias
pas à toi que j'en veux, lui dit-il, mais à n'écouta point les paroles de Néco qui
une maison qui me fait la guerre, et Dieu procédaient de la bouche de Dieu. » Et
m'a dit que je me hâtasse. » Nonobstant quoiqu'il paraisse étrange que les oracles
ces propositions de paix, il est forcé de célestes aient été révélés à un païen, ce
combattre, la bataille s'engage dans la fait n'est pas le seul de son espèce dans
plaine de Méguiddo et le roi d'Egypte l'histoire Sainte.
remporte une éclatante victoire, tandis La durée de son règne a été de six ans
que Josias, blessé à mort, expire bientôt d'après Manéthon, de seize d'après Hé
après. Néco continue sa marche sans se rodote, de quarante-six enfin d'après Ge
laisser arrêter plus longtemps, il s'empa senius qui trouve les termes précédents
re de Circesium, y met une garnison et trop ccurts pour cadrer avec les dates
réunit dans ses intérêts contre les Cal de la dodécarchie égyptienne contempo
déens, presque toutes les peuplades des raine d'Ezéchias.
environs, la Syrie, les Hammonites, les NÉGUINOTH. v. Psaumes.
Moabites, peut-être aussi les Edomites et NÉHÉLAM. v. Sémahia 2°.
quelques peuplades arabes. A son retour NEHEMIE, fils de Hacalia, d'une ori
en Palestine, au bout de trois mois, il gine du reste incertaine, de la race des
dépose et fait prisonnier Jéhoachaz fils prêtres selon les uns, selon d'autres de
de Josias, que les Juifs avaient élu quoi la tribu de Juda et de la famille royale.
qu'il ne fût pas l'aîné, le remplace par Le livre qui porte son nom renferme
Eliakim ou Jéhojakim, l'héritier naturel presque toute son histoire. Il remplissait
du trône de son père, impose au pays auprès d'Artaxercès - Longuemain la
une cOntribution en le rendant son vas charge d'attirsatha ou d'échanson, et usa
sal, et retourne en Egypte. — D'autres dignement de sa position pour le salut
auteurs pensent que Néco ne marcha con de ses frères. Ayant appris par Hanani et
tre la Caldée qu'après s'être entièrement quelques Juifs revenus de Juda, le triste
vengé sur Juda; mais cette manière de état dans lequel se trouvait sa patrie, et
voir présente plus de difficultés que celle la misère de ses compatriotes, son cœur
que nous adoptons. — Quoi qu'il en soit, fut navré de leur récit, ses larmes coulè
le roi d'Egypte ne jouit pas longtemps du rent, il mena deuil, il jeûna, et recourut
fruit de ses conquêtes, car nous voyons, par la prière à celui qui devait bander les
Jér. 46, 2., que la quatrième année de plaies de son peuple ; il s'humilia, mais
Jéhojakim, Circesium lui fut reprise par rappela aussi à l'Eternel les promesses
Nébucadnetsar, malgré l'appui que Juda qu'il avait faites aux Juifs de les ramener
prêta à Néco en cette occasion. après les avoir dispersés. Il pria Dieu de
Hérodote parle du conflit qui eut lieu vouloir toucher le cœur de son roi, et sa
en Méguiddo, mais il le place à Migdol prière fut exaucée. Artaxercès ayant re
ou Magdola, sans doute parce qu'il con marqué la tristesse inaccoutumée de son
naissait cette dernière ville, et qu'il savait serviteur, la lui reprocha d'abord, et peut
qu'elle était située sur le chemin naturel être assez sévèrement , comme une mau
d'Egypte en Palestine; il a pu se tromper vaise disposition d'esprit inconciliable
facilement, tandis qu'on ne peut suppo avec le devoir d'un homme de cour; Né
ser que les historiens juifs aient commis hémie craignit d'avoir déplu à son mai
une erreur de cette nature. — Quant au tre, mais il lui répondit avec douceur et
message de Dieu que Néco dit avoir reçu, simplicité : « Comment mon visage ne se
l'on suppose généralement que c'est par rait-il pas défait, puisque la ville qui est
le moyen de Jérémie que la volonté di le lieu des sépulcres de mes pères de
vine lui a été manifestée; on pourrait meure désolée, et que ses portes ont été
croire que ces paroles du roi d'Egypte consumées par le feu. » Et comme le roi
NEH 94 NEH

lui demandait ce qu'il pouvait désirer de ranime le courage des faibles, et rappelle
faire, Néhémie, après avoir invoqué en à tous qu'ils ont à combattre pour Dieu ,
core le secours et l'assistance de son l'honneur, la patrie et leurs familles. Les
Dieu, demanda au roi de le renvoyer en ennemis sont déconcertés par cette s0
Judée pour y rebâtir Jérusalem. C'était lennelle manifestation qui leur a montré
une demande hardie, mais le roi dont un chef vigilant, un général habile, et
Dieu avait disposé le cœur, l'accorda à une armée résolue : les travaux repren- .
son échanson ; il lui donna en outre une nent leur cours, mais depuis ce moment
escorte militaire, des lettres pour les la moitié seulement des jeunes gens
gouverneurs des provinces qu'il devait tra s'occupe des constructions, tandis que
verser, le droit de prendre du bois dans l'autre moitié se tient toujours prête en
les forêts royales, et sa protection pour cas de surprise ; même les travailleurs
tout ce qu'il entreprendrait. Néhémie gardent encore l'épée au côté.
partit donc avec ses pleins pouvoirs, et A côté des ennemis extérieurs, Néhé
arriva bientôt à Jérusalem. La main de mie doit combattre aussi les ennemis in
l'Eternel était bonne pour lui (2, 8. 19.) térieurs, l'usure, et l'abus que les riches
Il débute par un examen prudent et avaient fait de leur position aux dépens
silencieux de l'état des choses ; les en du pauvre ; le peuple était opprimé, il
nemis des Juifs sont trop puissants et avait dû mettre en gages ses champs, ses
trop nombreux pour qu'il puisse rien maisons, ses fils et ses filles. Une mesure
tenter avant d'avoir sondé le terrain; le héroïque devait être prise, et pouvait
mal est trop grand pour que Néhémie Seule sauver Jérusalem d'une révolution :
prenne des mesures avant d'en avoir Néhémie convoqua les grands, les magis
compris toute l'étendue. Mais lorsque trats, et les sacrificateurs ; il les censura
ses plans sont arrêtés, il rassemble les pour le trafic infâme, pour la vente qu'ils
magistrats, les sacrificateurs et les prin avaient faite de leurs frères, et après
cipaux d'entre les Juifs, leur expose le leur avoir représenté le danger de la si
but de sa mission, ses droits et ses des tuation et l'opprobre dont leur conduite
seins. Quelques étrangers, Samballat, devait couvrir la nation sainte, il leur
Tobija, et Gasmu, essaient en vain de proposa la restitution complète des héri
contrecarrer son œuvre par de méchantes tages, et la remise des dettes, se donnant
moqueries et de perfides insinuations : lui-même à eux, et il en avait le droit,
Néhémie les repousse en leur rappelant comme un exemple de désintéressement.
qu'ils sont étrangers au peuple juif, et Sa voix fut écoutée, l'assemblée dit amen !
qu'ils n'ont aucune part dans les affaires à la malédiction que Néhémie prononça
de la ville et de la maison de Dieu. Le contre ceux qui ne tiendraient pas la pa
peuple qui a retrouvé un chef dont la role jurée, et Néhémie sauva le peuple
voix l'inspire, dont l'exemple l'encou d'une crise qui eût pu être terrible, dans
rage, se met à l'œuvre ; les murs, les un moment Où l'étranger ne demandait
portes, les remparts, sont reconstruits. pas mieux qu'un prétexte pour intervenir.
Jérusalem sort de ses ruines ; la ville Néhémie qui, depuis douze ans qu'il était
sainte se relève malgré les efforts jaloux gouverneur, avait renoncé à tous les avan
des peuples voisins, et paraît sur le point tages de sa place, engageant sa fortune
de se rendre indépendante et libre. Mais particulière au service de Jérusalem, à la
les Arabes, les Hammonites et les Sama reconstruction des murs, aux frais de re
ritains se liguent contre les Juifs, et pro présentation exigés par sa position, Né
jettent de fondre sur leur métropole hémie était bien placé pour demander à
avant que les remparts achevés ne ren ceux pour lesquels ils se sacrifiait, de se
dent toute invasion plus difficile, toute sacrifier aussi ; personne mieux que lui
victoire plus incertaine; Néhémie, à qui ne pouvait s'écrier : « O Dieu, souviens
les machinations de Samballat et de ses toi de moi en bien, selon tout ce que j'ai
partisans n'ont point échappé, range le fait pour ce peuple. » Le zèle courageux
peuple en armes le long des murailles, de cet homme sans peur et sans repro
NEH 95 NEH

che, fut couronné, et malgré les intrigues naissance de sa patrie, sa restauration


réitérées de Samballat et des siens, mal comme peuple ;12, 27-47. - Une année
gré l'épouvante que de faux prophètes avait suffi pour tous ces travaux au zèle
cherchaient à répandre parmi le peuple, persévérant et sage du réparateur des
la ville, ses murailles et ses portes furent brèches d'Israël.
achevées; mais les habitants étaient trop Le premier séjour de Néhémie à Jéru
peu nombreux pour l'enceinte immense salem dura environ douze ans, 1, 1. 2,
de l'ancienne Jérusalem ; Néhémie dut 1. 5, 14. 13, 6., mais il est probable que
songer à peupler ces murs qu'il venait dans l'intervalle il dut retourner une Ou
de r construire, et à constater les droits plusieurs fois à la cour de Perse : on
des anciens habitants propriétaires. Pen peut croire même que le premier voyage
dant les travaux et les recherches occa qu'il fit à Jérusalem ne fut guère qu'un
sionnées par le dénombrement, Néhémie voyage d'exploration, et qu'après avoir
trouva un ancien registre des familles, vu et raconté au roi le triste état de son
qui lui fut utile pour les reconnaissances pays, il obtint une prolongation de congé
généalogiques. (Ce registre est inséré 7, indéfinie. Mais après cela, il dut retourner
6-73. Il est probable aussi que les trois auprès d'Artaxercès pour y reprendre ses
chapitres qui suivent, 8, 9, et 10, sont anciennes fonctions, et quoique l'Ecritu
hors de la place où ils devraient être ; re ne précise pas la durée de son absen
nous verrons plus bas ce qui en est : en ce, on suppose qu'elle fut longue, et qu'il
tout cas ils renferment l'histoire de la ne revint en Judée que sous le règne de
lecture publique de la loi par Esdras, la Darius Nothus, 415 av. C. Son retour fut
célébration de la fête des tabernacles, la nécessité par le retour de l'impiété, par
publication d'un jeûne solennel, une ma le relâchement dans lequel le peuple et
gnifique prière d'Esdras, et les serments ses chefs étaient tombés ; ses réformes
prononcés en ce jour solennel, recueillis étaient oubliées, les sabbats n'étaient plus
en forme de traité d'alliance). — Après observés, on se refusait au paiement des
cela nous voyons Néhémie continuer ses dîmes, des mariages défendus étaient
travaux de recensement, de classement, contractés, et le désordre en était venu
et d'organisation ; il ordonne aux princi au point qu'un chef samaritain, Tobija,
paux du pays de se fixer dans la ville, et avait été logé dans les bâtiments mêmes
jette le sort sur le reste des habitants, du temple. Néhémie indigné fit jeter de
afin d'en obliger la dixième partie à s'éta hors les meubles de cet appartement ainsi
blir dans Jérusalem ; puis il célèbre avec profané, rendit aux Lévites les dîmes, rap
une grande pompe la fête de la dédicace pela les prescriptions de la loi, et con
des murailles : tous les Lévites des villes traignit ceux qui avaient épousé des fem
de Juda et de Benjamin y sont conviés ; mes étrangères à les renvoyer : ceux qui
les prêtres purifient le peuple et la ville, refusèrent furent bannis, et dans leur
les princes et les chefs du peuple s'as nombre on compte, au dire de l'historien
Semblent sur les murs, et deux chœurs de Josèphe, Manassé, fils du souverain sa
chantres et d'enfants en font le tour au crificateur et gendre de Samballat ; les
Son des instruments, et aux chant des réfractaires ainsi chassés allèrent s'éta
Cantiques sacrés. L'un de ces chœurs est blir en Samarie, où ils fondèrent sur le
conduit par Esdras ; l'autre est accompa mont Garizim un culte rival de celui de
gné par Néhémie, suivi des magistrats, Jérusalem. Ceux mêmes qui consentirent
des prêtres, et d'une partie du peuple. à rompre leurs alliances étrangères, fu
lls s'arrètèrent en face du temple, où de rent punis et publiquement deshonorés
nouveaux chants s'élevèrent en l'honneur pour les avoir contractées. « Mon Dieu,
de l'Eternel : de nombreuses victimes fu souviens-toi de moi en bien ! » s'écrie
rent immolées, le peuple était plongé Néhémie en achevant le récit de cette
dans l'allégresse la plus vive, et ses nouvelle réformation.
bruyants cris de joie retentirent au loin : C'est ici que se termine pour nous
de ce jour datait en effet pour lui la re l'histoire du gouvernement et de la vie
NEH 96 NEH

de Néhémie : on ignore où et comment 11 : d'autres enfin, comme Eichhorn, en


il mourut. Son nom est grand , et paraît regardant les onze premiers chapitres
au milieu de l'histoire juive comme celui comme l'ouvrage de Néhémie, attribuent
d'un héros pacifique , il fit plus que des le 12° et les cinq premiers versets du
conquêtes, il releva Jérusalem de ses rui 13e à un chef du peuple, qui aurait fait
nes, et réorganisa un peuple tout entier l'histoire de Jérusalem pendant l'absence
qui n'avait plus ni rois, ni lois. Il se dis de Néhémie. Quelques critiques estiment
tingua par ses talents, sa prudence, son aussi que des versets ont été intercalés,
zèle, sa force, sa sagesse, son désintéres par ci, par là, dans le corps du livre, et,
sement et sa persévérance ; il se distin si on les en croyait, on n'aurait qu'à
gua surtout parce qu'il était animé d'un faire de Néhémie une seconde édition re
esprit de prière dont on voit peu d'exem vue et corrigée par leurs soins. Au mi
ples dans les autres livres de l'Ancien lieu de toutes ces incertitudes, une chose
Testament, et si jamais homme fit de l'E- demeure, c'est que ce livre, tel qu'il
ternel son bras et son appui, ce fut Né existe, appartient au canon juif, et que
hémie : il agit, mais il agit par la foi et l'église chrétienne l'a accepté comme in
au nom de Dieu. Il est un type de l'amour spiré. Il importe donc peu qu'Esdras soit
du Sauveur pour son Eglise, comme les l'auteur de plusieurs de ces fragments,
désordres qui se commettaient au milieu ou que ce soit Néhémie; et, si l'on se
du peuple juif de son temps, étaient un rappelle le document que trouva Néhé
type, triste, mais trop fidèle, de l'Eglise mie, 7, 5., on ne s'étonnera pas qu'il en
chrétienne dont l'histoire ne se compose ait peut-être joint à ses mémoires quel
que de chûtes et de relèvements. ques extraits généalogiques ou histori
Le livre qui porte le nom de Néhémie ques. — L'examen de ces difficultés a été
est, en grande partie, son ouvrage ; on fait dernièrement, avec beaucoup de sa
pourrait presque dire son journal, ses gesse, par Haevernick, Einl. ll , p. 303
mémoires : partout où il parle à la pre 317.
mière personne, il est impossible de dou NÉHUSTA, fille d'Elnathan, femme de
ter que ce ne soit aussi lui qui raconte. Jéhojakim, mère et tutrice du jeune Jé
Quelques anciens auteurs et pères de chonias, âgé seulement de dix-huit ans
l'Eglise avaient cru y voir l'œuvre d'Es lorsqu'il monta sur le trône, 2 Rois 24,
dras, non celle de Néhémie, attendu que 8. Jér. 29, 2. Elle eut part sans doute au
les Hébreux réunissaient en un seul ca gouvernement, mais ne sut pas diriger
hier ce qu'ils appelaient, ce que les ro son fils, et le suivit à Babylone lorsque
mains appellent encore les deux livres Nébucadnetsar se fut emparé de la ville.
d'Esdras; mais il y a, entre ces deux li C'est d'elle qu il est parlé, Jér. 13, 18.,
vres, de trop grandes différences de style comme régente, et le prophète lui adresse
pour qu'on puisse les attribuer au même les mêmes reproches et les mêmes ex
auteur; le style de Néhémie est beaucoup hortations qu'à son fils.
plus facile, plus large, plus abondant, et NEHUSTAN (objet d'airain), 2 Rois
l'emploi qu'il fait de la première per 18, 4. C'est le nom dédaigneux qu'Ezé
sonne ne se comprendrait pas dans toute chias donna au serpent d'airain que Moïse
autre supposition. Cependant, il ressort avait fait, soit que les Israélites l'eussent
de la lecture mème de ce livre que tout conservé, ce que le texte sacré rend as
n'est pas de Néhémie ; mais, si l'on peut sez probable, soit qu'au milieu de leurs
dire où le fragment intercalé commence, autres reliques d'idolàtrie, ils se fussent
7, 6., il est plus difficile d'établir où il aussi fait des images de Dieu à la ressem
finit ; à cet égard, les interprètes sont blance de ce serpent. Le roi de Juda
aussi divisés que possible. Le fragment brisa cette idole en l'appelant, de son
le plus généralement reconnu comme vrai nom, un morceau d'airain ; ce n'é-
étant d'une main étrangère, est 7, 6-73 ; tait que cela, comme les reliques moder
quelques auteurs y ajoutent les chapitres nes sont des morceaux de cire ou d'os.
8, 9, et 10; d'autres encore le chapitre - v. Serpent. Cela n'empèche pas que
NEP 97 NEP

l'original de ce Néhustan ne se trouve en à 45,000 lors de l'entrée en Canaan, com


core, au dire de Calmet, dans l'église de me celui de presque toutes les tribus
Saint-Ambroise à Milan. avait également été réduit dans une pro
NEIGE. Elle n'était pas aussi rare en portion plus ou moins forte, suivant que
Palestine qu'on pourrait le croire : preu leurs péchés dans le désert avaient été
ves en soient et les allusions fréquentes plus ou moins grands et obstinés, cf.
qui sont faites à sa blancheur, Ex. 4, 6. Nomb. 1, 43. 2, 29. 7, 78. 26, 50. Son
Nomb. 12, 10. 2 Rois 5, 27. Ps. 51, 7. territoire, fertile en huile et en froment,
Es. 1, 18. Lam. 4, 7., et l'habitude avec s'étendait au nord de la Palestine, ayant
laquelle on paraissait l'attendre ou la le Jourdain à l'orient, Aser et Zabulon au
craindre comme un, des phénomènes or couchant, le Liban au nord, et la tribu
dinaires de l'année, Ps. 147, 16. 148, 8. d'Issacar au midi ; il descendait jusqu'à
Prov. 31, 21. Il est aussi parlé de neige la mer de Tibériade, Jos. 19, 32. Les
réellement tombée,2Sam. 23, 20.1 Macc. montagnes de Nephthali, Jos. 20, 7.,
13, 22. Les voyageurs modernes disent étaient, à ce que l'on croit, les prolonge
que le mois de décembre est un mois de ments avancés du Liban qui portent au
pluie, mais qu'il tombe assez ordinaire jourd'hui le nom de Dschebl-Szaffad,
ment de la neige en janvier , s'il en tombe chaîne fort large, calcaire, avec quelque
en février, les habitants, au dire de Shaw, peu de basalte, et haute d'environ 1,000
la regardent comme l'indice d'une année mètres, qui suit la vallée du Jourdain de
abondante. Elle ne reste d'ailleurs pas puis l'Hermon jusque dans le voisinage
longtemps, et Russel dit que, pendant du lac de Génésareth, d'où elle se dirige
treize hivers qu'il a passés à Alep, il n'a au sud-ouest, s'abaissant brusquement
vu que trois fois la neige rester plus vers le Jourdain, et descendant, vers la
d'un jour sans se fondre. - Le passage Méditerranée, par une pente douce et
Prov. 25, 13., est probablement une al longue, à travers un pays de collines, qui
lusion à l'usage ancien de se rafraîchir, est fertile, en grande partie boisé, et
au milieu de l'été, en faisant fondre de la abondant en eau. Nephthali était ainsi, se
neige dans les boissons. — Jérém. 18, lon l'oracle de Moïse, Deut. 33,23., « ras
14., mal traduit dans nos versions (on a sasié de bienfaits, et rempli de la béné
ajouté sans cause la négation), doit s'en diction de l'Eternel, possédant l'Occident
tendre comme s'il y avait : « Un homme et le Midi ». Jacob mourant avait carac
raisonnable abandonnera-t-il pour un ro térisé son fils « une biche élancée; il
cher ses campagnes, arrosées par les nei donne des paroles qui ont de la grâce »,
ges du Liban ? » Le prophète veut faire Gen. 49, 21. Quelques interprètes, les
sentir la folie de ceux qui abandonnent Septante, Bochart, etc., traduisent, au
le Dieu vivant pour servir des idoles. lieu de biche , des chênes élancés, ce
NÉMUEL, Nomb. 26, 9., était frère de qui est moins probable, mais peut se
Dathan et d'Abiram, et n'a pas pris part comprendre également. On a voulu voir
à leur révolte; son nom ne se trouve dans ce passage, pressé dans un sens trop
que dans la généalogie de sa famille , prophétique, une allusion à Barac, qui
mais il s'y trouve sans tache. était de la tribu de Nephthali, et qui,
NEPHTHALI (mon combat), lesixième après avoir poursuivi Siséra avec la vitesse
fils de Jacob et le second de Bilha, Gen. du cerf, chanta ensuite sa victoire en ac
30, 8. 35, 25. Le sens de son nom est compagnant les paroles magnifiques de
expliqué dans le texte sacré à l'occasion Débora, Jug. 4, 6. 16. 5, 1. Tobie était
de sa naissance. Nous ne connaissons au aussi Nephthalite.— Placée au nord de la
cune particularité de sa vie, sinon qu'il Palestine, et loin du centre théocratique,
eut quatre fils, 46, 24. Il fut le chef d'une cette tribu eut de la peine à se défaire
des tribus d'lsraël, qui comptait, à la entièrement des Cananéens, auxquels plu
sortie d'Egypte, 53, 400 hommes en état sieurs de ses villes restèrent longtemps
de porter les armes, marchant sous la tributaires, Jug. 1, 33.; mais elle ne lais
conduite d'Ahirah; ce chiffre était réduit sa pas, toutes les fois qu'elle y fut appe
II, 7
NER 98 NER

lée, de prendre une part active aux guer vertueux, modeste, ami de la paix et de
res qu'Israël dut soutenir pour le main la justice , il était fortifié dans ces heu
tien de son indépendance, Jug. 5, 18. 6, reuses dispositions par Burrhus et Sénè
35. 7, 23. Sous le schisme de la royauté, que, les instituteurs de sa jeunesse. Il
Nephthali adhéra au nouveau royaume annonça au sénat que son désir était de
d'Israël, et eut déjà, sous son troisième prendre Auguste pour modèle, et dans
roi, Bahasa, beaucoup à souffrir d'une ir les premiers temps on le vit s'efforcer de
ruption des Syriens de Damas, 1 Rois15, tenir sa promesse ; il diminua les impôts,
20. 2 Chr. 16, 4.Aux jours de Pékach, fit de grandes largesses au peuple pour
une partie de ses habitants fut emmenée Se concilier son affection, et lui donna
captive par les Assyriens, 741 av. C., 2 des jeux splendides. Malheureusement il
Rois 15, 29. cf. Es. 8, 23. était faible et passionné ; il prit pour di
NEPHTOAH (ouverture) , Jos. 15, 9., recteur son confident Narcisse, scélérat
fontaine située sur les frontières de Juda et fourbe consommé, qui fit de lui cet
et de Benjamin. On prétend encore en atroce Néron dont le souvenir fait fris
montrer la place aux voyageurs, près sonner l'histoire. C'est à l'instigation de
d'une église construite plus tard, et dé Narcisse qu'il fit assassiner Britannicus,
diée à Jean-Baptiste , qui doit avoir de son frère adoptif, puis sa mère, Agrip
meuré avec ses parents non loin de cette pine, à qui il devait la vie et l'empire (v.
S0lll'C8. Claude). Ce pas fait, rien ne devait natu
NER (lampe, lumière). 1° Père de Kis, rellement l'arrêter, il prit un affreux plai
1 Chr. 8, 33. 9, 39., nommé Abiel 1 Sam. sir à l'odeur du meurtre, et fit massacrer
9, 1.— 2° Fils du précédent, frère de une foule inouïe d'innocents. Cependant
Kis, père d'Abner, et oncle de Saül, 1 son premier crime ne le laissa jamais
Sam. 14. 51, 26, 5.2 Sam. 2, 8. 3, 23.1 tranquille, et ses remords le poursuivi
Rois 2, 5. On le voit 1 Sam. 10, 14. s'in rent partout jusqu'à la mort. Pour s'é-
former avec curiosité des démarches de tourdir, pour étouffer les cris de sa con
son neveu auprès de Samuel, mais l'on science, en même temps que pour assou
ne sait pas si ces questions étaient dic vir ses passions désordonnées, il se li
tées par l'affection ou par la jalousie; ce vrait aux plus honteuses débauches. ll
dernier cas est rendu plus probable par répudia sa femme Octavie, sœur de Bri
le secret dans lequel Saül se renferme à tannicus, pour épouser l'infâme Poppée,
son égard. et bientôt il fit périr à son tour d'un coup
NÉRÉE, Rom. 16, 15., disciple in de pied cette seconde épouse et l'enfant
C0IlIlll. qu'elle lui promettait. Avec cela il se pi
NERGAL (espion), idole des gens de quait d'être artiste, poète et musicien ; il
Cuth, 2 Rois 17, 30. C'est sans contre prenait part lui-même aux jeux publics
dit la planète Mars, que les Sabéens ado et aux représentations dramatiques : là il
raient sous le même nom : les rêveries Se montrait vêtu en histrion, entouré des
rabbiniques lui ont donné la forme d'un histrions qui faisaient sa société habi
coq.— v. Caldée, et Sareétser. tuelle, jouant du luth ou récitant ses
NERI, fils de Melchi, l'un des ancêtres poésies, se mêlant enfin parmi les lut
de notre Sauveur par Marie, Luc 3, 27., teurs, et combattant lui-même. ll fit ainsi
inconnu. plusieurs voyages en Campanie, à Naples,
NÉRON, cinquième empereurde Rome, en Grèce, sans autre but que de se don
n'est jamais nommé dans l'Ecriture autre ner en spectacle au peuple, et d'obtenir
ment que par son titre d'empereur ou de ses applaudissements.
César, parce que dans les divers passages Sous son règne un immense incendie
où il est question de lui , ce n'est pas de consuma les plus beaux quartiers de
sa personne, mais de son titre qu'il est Rome, et cette capitale fut presque en
parlé. On sait comment dès le commen tièrement la proie des flammes : pendant
cement de son règne il fit concevoir à cette désolation, lui-même du haut d'une
tous les plus belles espérances ; doux, tour de laquelle il pouvait à son aise con
NET 99 NIC

templer les ravages et les progrès du feu, 43. 7, 7. Néh. 7, 46., etc. C'est le nom
il chantait en s'accompagnant de sa lyre, que les auteurs postérieurs donnent aux
un poème qu'il avait composé sur l'em Gabaonites d'entre les Cananéens qui
brasement de Troie. Il est incertain s'il conclurent avec Josué une alliance dans
fut lui-même l'auteur de cet incendie : laquelle celui-ci fut joué par eux , v. Ga
du moins il fit quelque chose pour en baon. Ils furent donnés, comme l'indique
soulager les victimes. Quoi qu'il en soit, leur nom , aux lévites pour servir sous
il imputa le crime aux chrétiens , et or leurs ordres aux travaux extérieurs de
donna contre eux une persécution qui fut l'entretien du temple, Esd. 8, 20., et ils
la première et la plus violente de toutes. sont nommés à côté des serviteurs de Sa
lomon, Esd. 2, 58. Néh. 7, 60. 11, 3., qui
Ce fut sans doute vers cette époque que
l'apôtre Paul reçut à Rome la couronneétaient probablement des prisonniers de
du martyre.—La 12e année de son règne guerre, devenus prosélytes, Néh, 10, 28.,
une conspiration formée contre ses jours et affectés par ce roi au service du culte
lui fut découverte par la perfidie d'un es public. Ils étaient fort méprisés, et ne
clave; non-seulement tOus les conjurés pouvaient contracter alliance avec les
périrent, mais avec eux presque tous filles d'Israël.
leurs alliés, parents ou amis. Sa fureur NÉTOPHA, Esd. 2, 22. Néh. 7, 26.,
ne connaissait pas de bornes : sur un ville probablement située entre Bethléem
simple soupçon les plus honnêtes ci et Hanathoth.
toyens étaient sacrifiés; Rome fut inon NEZIB, ville des plaines de Juda, Jos.
dée de sang. Le poète Lucain, Burrhus, 15, 43., située, d'après Eusèbe à 9 milles,
Sénèque, subirent le sort de tant d'autres d'après Jérôme à 7 milles d'Eleuthéropo
hommes illustres. Enfin le châtiment ar lis, vers Hébron.
riva : Néron fut précipité de son trône NIBCHAZ, idole des Haviens, 2 Rois
par une révolte de l'armée, et se tua au 17, 31., nommée aussi parmi les divinités
moment où on allait le saisir, âgé de Sabéennes : son nom renferme l'idée d'a-
trente-et-un ans , après en avoir régné boiement, et selon les interprètes juifs,
quatorze. La nouvelle de sa mort causa elle aurait été adorée en effet sous la for
une joie inexprimable , ses statues fu me d'un chien. On trouvait autrefois sur
rent renversées et trainées dans la boue, une hauteur, en Syrie, à trois journées
mais on lui fit des funérailles magnifi de Béryte vers Tripoli, la statue colossale
ques. d'un chien, symbole peut-être de Mer
Il ressort de Phil. 4, 22. que quelques cure, qui était adorée comme la protec
ersonnes de sa maison avaient embrassé trice du pays, et qui a donné son nom
a foi chrétienne. C'est à cet empereur que à la rivière voisine.
Paul en appela du jugement de Festus. NICANOR, l'un des premiers diacres
uelques commentateurs ont entendu de de l'Eglise de Jérusalem, Act. 6, 5. Sa
éron le lion de la gueule duquel Paul persOnne est du reste inconnue : selon
avait été délivré, 2 Tim. 4, 17. Mosheim quelques pères il aurait été l'un des
pense que l'apôtre parle dans ce passage soixante-dix disciples, et aurait souffert
sans figure, et qu'il veut dire qu'il a failli le martyre en même temps qu'Etienne.
être condamné à combattre les bêtes fé N1CODEME, pharisien et membre du
roces. Cependant le sens le plus simple sanhédrin à Jérusalem. Homme sincère
c'est le sens général figuré : « J'ai échappé et de bonne foi, il avait reconnu à ses
à un grand danger. » miracles que Jésus était un prophète ve
NETHANMIELEC (don du roi), eunu nu de Dieu , mais timide, il n'osait avouer
que, chargé sous Josias de soigner les ouvertement ses doutes et peut-être mê
chariots et les chevaux du soleil ; il de me ses convictions : il vint de nuit à Jé
meurait au faubourg de Parvarim ou Par sus, et apprit de lui la nécessité de la
bar à l'occident du temple, 2 Rois 23, 11. régénération ou nouvelle naissance pour
1 Chr. 26, 18. obtenir l'entrée dans le royaume des
NÉTHINIENS, 1 Chr. 9, 2. Esd. 2, cieux. Notre Sauveur suivit avec lui cette
NIC 100 NIC

marche pleine d'autorité, dont il avait c'est pourquoi j'ai parlé, l'Ecriture nous
seul le secret ; à ses questions incertai fait apprécier à sa juste valeur une foi
nes, il répondait par de nouvelles vérités qui ne parle pas. Puissent tous les Nico
incompréhensibles à l'homme charnel, dèmes en timidité devenir aussi dans les
laissant au Saint-Esprit le soin de les plus mauvais jours des Nicodèmes en fer
expliquer et de les développer, Jean 3. meté ! — Ajoutons encore que s'il est
L'œuvre de l'Esprit se fit lentement en important de ne pas renier Jésus sur la
Nicodème; il resta longtemps encore dis croix, il est important aussi, et peut-être
ciple secret ; ce ne fut que d'une manière plus difficile, de le reconnaître et de le
détournée, en en appelant aux formes or professer dans la vie de chaque jour,
dinaires de la justice , qu'il essaya de alors qu'aucune circonstance extraordi
prendre la défense du Messie au milieu naire ne paraît provoquer une profession.
du sanhédrin , et il se laissa réduire au La profession est un devoir de tous les
silence par une réponse aussi dure que instants ; nous nous la devons à nous
mensongère, Jean 7, 50. cf. Deut. 17, 8. mêmes, à nos frères, et à Dieu. Savoir
19, 16. Mais à la mort du maître il ne se joindre à tous les chrétiens en tout
cacha plus qu'il était son disciple ; réveiltemps, montrer toujours et partout que
lé en quelque sorte par l'injuste condam l'on est membre du corps de Christ, mar
nation qui avait frappé le Juste, il se sen cher non-seulement avec les chrétiens
tit la force en même temps que le devoir dans l'honneur, mais avec les chrétiens
de protester publiquement contre cette sous l'opprobre, c'est la science difficile,
iniquité légale, et d'accord avec Joseph et c'est une épreuve à laquelle Dieu nous
d'Arimathée, il vint en plein jour enlever soumet tous les jours.
en pleurant le corps du supplicié, appor NICOLAS, prosélyte d'Antioche et l'un
tant un mélange des plus riches parfums des sept diacres de l'Eglise de Jérusalem,
pour son embaumement, 19, 39. sq. Act. 6, 5. C'est à lui que la plupart des
Le nom de Nicodème réveille au pre pères de l'Eglise depuis lrénée, attribuent
mier abord la double idée d'une inintelli l'origine de la secte honteuse des nico
gence des vérités divines, et d'une timi laïtes, condamnée par saint Jean, Apoc. 2,
dité contraire à l'esprit du christianisme 6. 15. Il ne résulte cependant pas claire
dans la confession de la foi. Ses trop ment de leurs paroles que Nicolas ait été
naïves questions sur la nouvelle naissan coupable lui-même, et l'on peut croire
ce ne sont plus répétées , et peut-être que des hommes hérétiques et impurs ont
vaudrait-il mieux qu'elles le fussent ; le pris occasion de quelques paroles de ce
mot de régénération a passé dans le lan disciple, pour justifier des désordres qu'il
gage chrétien , mais pour plusieurs ce avait plutôt voulu condamner; c'est ainsi
n'est qu'un mot, et il ne réveille pas tou que ses paroles « il faut abuser de sa
tes les idées qu'il renferme, et dont la chair », citées par Clément d'Alexandrie,
profondeur, nouvelle pour Nicodème, lui pouvaient signifier pour lui « il faut la
paraissait insondable. Heureux ceux qui mâter, en réprimer les passions et les
savent ce que c'est , heureux aussi, ceux mouvements désordonnés » , tandis que
qui, l'ignorant, ne craignent pas de le de ses soi-disant partisans auront pu leur
mander ! — La timidité dans la profession donner un sens tout à fait différent, « il
a depuis longtemps été flétrie du nom de faut tuer la chair à force de se livrer à
nicodémisme, et il ne se trouve que trop, ses désirs ». ll règne du reste sur cette
à toutes les époques, de ces caractères secte une telle obscurité, que son exis
faibles qui, sous une foule de prétextes, tence même n'est pas démontrée pour
se contentent de croire dans le fond de tous, que plusieurs ne voient dans les
leur cœur, et craignent de témoigner, re paroles de l'Apocalypse qu'une prédic
tenus soit par de faux ménagements pour tion relative aux erreurs gnostiques, que
la religion d'autrui, soit par l'opprobre parmi ceux qui reconnaissent une secte
qu'ils redoutent, soit par simple paresse de nicolaïtes, les uns lui donnent pour
ou lâcheté d'esprit. En disant : j'ai cru, chefun autre Nicolas que celui des Actes,
NIL 101 NIL

que parmi ceux qui pensent qu'il s'agit diterranée près de Rosette ; l'autre près
du diacre Nicolas, les uns le regardent de Damiette. Dans des temps plus recu
comme innocent, les autres comme cou lés, il avait sept embouchures. La digue
pable, et enfin que plusieurs regardent du Nil se coupe au Caire dans le cou
la secte des nicolaïtes comme identique rant de septembre, quelquefois dans les
avec celle de Balaam, verset 14., les deux premiers jours d'octobre. « Si l'on sup
noms de Balaam et de Nicolas ayant l'un pose que tous les canaux qui saignent
en hébreu, l'autre en grec la même signi le Nil pour en porter les eaux sur les
fication, celle de peuple vainqueur. On terres soient mal entretenus ou bouchés,
peut voir sur ce sujet, Iren. 2, 27. Clém. son cours sera beaucoup plus rapide,
d'Al., Strom. 3. Les erreurs que le Saint l'inondation s'étendra moins, une plus
Esprit signale dans la doctrine des nico grande masse d'eau arrivera à la mer et
laïtes sont au nombre de deux, et appar la culture des terres sera fort réduite.
tiennent à la vie plus directement qu'à la Si l'on suppose au contraire, que tous les
foi. canaux d'irrigation soient parfaitement
NICOPOLIS, ville dans laquelle saint saignés, aussi nombreux, aussi longs et
Paul passa un hiver, et d'où il écrivit à profonds que possible, et dirigés par l'art
Tite qui était en Crète, de le venir trou de manière à arroser en tout sens une
ver, Tit. 3, 12. Il y avait plusieurs villes plus grande étendue de désert, on con
de ce nom, l'une en Epire, l'autre sur çoit que très peu des eaux du Nil se
le Nessus dans l'intérieur de la Thrace, perdent dans la mer, et que les inonda
l'autre en Cilicie, et l'on a trouvé des tions fertilisant un terrain plus vaste,
raisons pour faire de chacune de ces vil la culture s'augmentera dans la même
les la résidence de l'apôtre. Cependant proportion. Il n'est donc aucun pays où
c'est entre les deux premières que l'on l'administration ait plus d'influence qu'en
hésite ordinairement, et la plupart sont Egypte sur l'agriculture, et par consé
d'accord à penser que c'est à Nicopolis quent sur la population. Sous une bonne
en Epire que Paul a demeuré. La ville de administration, le Nil gagne sur le désert;
Cilicie est celle qui a le moins de preu sous une mauvaise, le désert gagne sur
ves en sa faveur, et le plus de témoigna le Nil. En Egypte, le Nil ou le génie du
ges contre elle. bien, le désert ou le génie du mal, sont
NIGER, Act. 13, 1., v. Siméon. toujours en présence; et l'on peut dire
NIL, fleuve d'Egypte qui prend sa que les propriétés y consistent moins
source dans les montagnes de l'Abyssi dans la possession d'un champ, que dans
nie, coule du sud au nord et se jette dans le droit fixé par les réglements généraux
la Méditerranée après avoir parcouru l'A- d'administration, d'avoir à telles époques
byssinie, les déserts de la Nubie et l'E- de l'année et par tel canal, le bienfait de
gypte. Son cours est de 800 lieues, dont l'inondation. » Ainsi parle du Nil et de
200 sur le territoire égyptien : il y entre l'Egypte le grand conquérant de notre
à la hauteur de l'île de Philé ou d'Elé siècle, tout ensemble profond observateur
phantine, et fertilise les déserts arides et grand écrivain. A ces extraits de ses
qu'il traverse. Ses inondations sont ré Mémoires, nous ajouterons quelques dé
gulières et productives ; v. Egypte. tails sur le rôle que le Nil occupe dans
Il y a 150 lieues de l'île d'Eléphantine l'Ecriture. Il y est presque partout dési
au Caire, et cette vallée qu'arrose le Nil, gné par le mot égyptien yeôr qui signifie
a une largeur moyenne de 5 lieues. Après le fleuve, nom qui se retrouve sur l'in
le Caire, ce fleuve se divise en deux bran scription de Rosette, et qui est conservé
ches et forme une espèce de triangle, le dans les dialectes memphitiques et sa
Delta, qu'il couvre de ses débordements. hidiques (Jaro et Jero) : le Nil était le
Ce triangle, composé d'alluvions, a 60 fleuve par excellence de l'Egypte, comme
lieues de base, depuis la tour des Arabes le Jourdain était celui de la Palestine, et
jusqu'à Péluse, et 50 lieues de la mer au le nom de fleuve suffisait à le désigner.
Caire : un de ses bras se jette dans la Mé Ce n'est que beaucoup plus tard que le
NIM 102 NIM

nom égyptien ayant passé dans la langue l'appellent Beth-Nimrin ou Beth-Namer.


des Hébreux comme nom commun, servit C'est dans ces environs, et un peu au
à désigner, et une seule fois, Dan. 12, nord, que Seetzen, dans sa carte, a des
5-7., un autre fleuve que le Nil, le Tigre. siné une petite rivière appelée Nahar
Le nom de Sihor désigne évidemment Nimrim ou Wadyschoaïb, qui coule vers
aussi le Nil, Es. 23, 3. Jér. 2, 18., et le Jourdain : il est probable que c'étaient
probablement Jos. 13, 3. 1 Chr. 13, 5.; là les eaux de Nimrim, Es. 15, 6. Jér. 48.
v. Sihor. Les inondations de ce fleuve, 34. Quelques auteurs ont cru que le voi
qui s'élève de 16 à 22 pieds au-dessus de sinage de panthères (v. Léopard), avait
Son niveau ordinaire, lui donnent facile fait donner ce nom à cette ville, mais il
ment l'air d'un grand lac ou d'une mer paraît avec plus de raison, et la racine
intérieure, Es. 19, 5. cf. le Coran 20, namer peut justifier l'un et l'autre sens,
39., sur laquelle les villes et les villages que Nimra était ainsi nommée à cause
apparaissent comme des îles au milieu des eaux claires, transparentes et peut
d'une contrée submergée, Am. 8, 8.9, 5. être minérales qui se trouvaient dans ses
L'eau du Nil, comme celle du Tibre à environs. Les prophètes, dans les pas
Rome, est naturellement trouble, mais Sages cités plus haut, rattachent la ruine
se clarifie facilement au moyen du filtra du pays au desséchement des eaux et des
ge; elle jouit alors d'un goùt agréable et puits par les ennemis, cf. 2 Rois 3, 25. ,
sain, auquel il est peut-être fait allusion NIMRlM. v. Nimrah, ci-dessus. • •

Jér. 2, 18.; de là aussi les louanges que NIMROD, Gen. 10, 8-10. 1 Chr. 1, 10.,
les Egyptiens accordaient à leur fleuve, fils de Cus et petit-fils de Cam. L'historien
les honneurs qu'ils lui rendaient, et les sacré le dépëint comme un puissant chas
récits exagérés faits de ses différentes seur devant l'Eternel, puissant sur la
vertus; il donnait la fécondité aux hom terre, et fondateur de Babel au pays de
mes et aux animaux. Le Nil était, comme Sinhar : son nom était devenu proverbial
il l'est encore, fort poissonneux, Es. 19, et avait peut-être été chanté par les poè
8. cf. Nomb. 11, 5., à tel point qu'une tes. Sans que l'on puisse déterminer exac
partie de la population ne se nourrit pres tement la portée de ces expressions dans
que que de poissons dans les mois d'avril des temps aussi reculés, elles indiquent
et de mai. Des crocodiles habitent ses évidemment une grande puissance et une
rives ombragées, surtout dans la Haute grande gloire. ll est probable que ce cé
Egypte. — On comprend que les bien lèbre chasseur ne fut pas un conquérant
faits des inondations du Nil aient fait moins célèbre; il est probable aussi que,
considérer ce fleuve comme le bienfaiteur le premier, il substitua un règne au ré
du pays, et lui aient mérité des païens les gime patriarcal ; il est possible enfin qu'il
surnoms de bienveillant et de béni; les ait dirigé la construction impie de la
prophètes aussi, parmi les maux dont ils grande tour de Babylone, Gen. 11, 4., et
menacent l'Egypte, n'oublient pas de Josèphe le rend probable. ll fonda Babel,
compter le desséchement de ses marais Erec, Accad, et Calne, autant d'empires
et de ses canaux, Es. 19, 5. Ez. 29, 10. et de grandes villes auxquels l'histoire
30, 12. Le sept années d'abondance et les profane donne d'autres fondateurs, soit
sept années de famine qui eurent lieu qu'elle n'ait pu remonter plus haut dans
pendant l'administration de Joseph, ont cette nuit de l'histoire, soit que le royau
dû se rattacher évidemment au plus ou me de Nimrod se soit écroulé sur lui pour
moins grand accroissement des eaux du renaître plus tard sous d'autres chefs,
Nil, Gen. 41, 1. sq. comme les Gaules après Charlemagne,
NIMRAH, Nomb. 32, 3., nommée aussi soit enfin que les Bélus, les Sémiramis,
Beth-Nimra, Nomb. 32, 36. Jos. 13, 27., et les Ninus aient donné un lustre nou
ville de la tribu de Gad, à 5 milles nord veau, une forme et une vie nouvelles à
de Beth-Haran ou Livias, d'après Eusèbe d'anciens établissements, à des amas de
qui l'appelle Bethnabris; Burckhardt croit maisons, à des enclos qui n'avaient servi
en avoir vu les ruines. Les Talmudistes jusque-là qu'à des bergers ou à des chas
NIN 103 NIN

seurs, et qui devaient recevoir les rois prise une seconde fois, en 625, par Cya
de la guerre et les chefs de la civilisation. xare roi des Mèdes et Nabopolassar roi de
Selon plusieurs commentateurs, Nimrod Babylone. Elle tomba pour ne plus se re
aurait aussi possédé l'Assyrie, et fondé lever. Ainsi s'accomplirent, et à la lettre,
Ninive sa capitale : ils s'appuient sur une les prophéties diverses éparses dans le
traduction possible du verset 11, par la livre de Nahum, après qu'un repentir mo
quelle les faits attribués à Assur appar mentané, suscité par les prédictions de
tiendraient à Nimrod, et il font la re Jonas, eut d'abord épargné Ninive, ou
marque, assez plausible, que la généalo plutôt différé sa destruction, cf. Jon. 1-4,
gie de Cam, v. 6-20, se trouve, avec la Soph. 2, 13. etc. Au moment de la der
traduction ordinaire de nos versions, in nière conquête de cette ville, un grand
terrompue, contre l'habitude des Oriennombre d'exilés juifs vivaient et végé
taux, par la mention d'un membre de la taient captifs dans l'enceinte de ses mu
famille de Sem, Assur, ce qui est peu railles; v. Tobie 1, 11. 11, 14. et ailleurs.
probable. On peut répondre cependant Où sont-ils maintenant ces remparts de
Ninive ? s'écrie Volney; et plus de vingt
que ce verset épisodique se rattache in
siècles en arrière le prophète juif lui
timement au contexte, et qu'il renferme
peut-être l'histoire d'une rébellion heu répond : « L'Eternel réduira son lieu à
reuse de plusieurs habitants de Sinha néant. » En effet, l'on a ignoré longtemps
contre l'absolutisme du gouvernement de jusqu'au lieu même où cette immense cité
Nimrod, et leur séparation d'avec lui. s'était enivrée de sa gloire ; et si jusqu'au
NINIVE, appelée par les Grecs et les treizième siècle, Strabon, Tacite et Abul
Romains Ninus, et dont le nom hébreu faradsch semblent nous indiquer encore
signifie demeure de Ninus, était la célè quelques vestiges de ses ruines, un vil
bre capitale de l'empire d'Assyrie. Son lage, ou un castellum, cette trace même
origine se perd dans les temps les plus s'est perdue depuis lors : vis-à-vis de Mos
reculés de l'histoire, Gen. 10, 11. Elle fut soul se trouve un petit hameau que l'on
longtemps le séjour des rois, Nah. 3, 18. suppose avoir été bâti sur les décombres
2 Rois 19, 36. Soph. 2, 13. cf. les auteurs de Ninive, puis quelques lieues à la ronde,
profanes Strab. 2, 84. Hérodot. 1, 193. les villages de N'bih Jouna (le prophète
5. 53. Ptolém. 6, 1. Diod. de Sic. 2, 23. Jonas), Nimrud, et la colline de Nunia.
Tacit. Ann. 12, 13. etc. Elle était située Cependant des recherches faites derniè
sur la rive orientale du Tigre, et, si l'on rement par le consul de France, M. Botta,
en croit les historiens , ses murailles fils de l'historien de ce noii,, paraissent
avaient 100 pieds de hauteur, et 15 à 20 avoir déterminé avec évidence l'emplace
lieues de circuit, d'autres disent même da ment de l'antique Ninive, dont il croit
vantage ; elles étaient flanquées de quinze avoir retrouvé quelques ruines au-des
cents tours, dont chacune avait 200 pieds sous du sol, soit à Nunia, soit dans ses
d'élévation. Le fleuve qui la traversait en environs, notamment à Khorsabad. Ses
partie, et ses solides murailles, la ren lettres, adressées au savant orientaliste
daient imprenable. Elle était le centre du allemand Jules Mohr, à Paris, ont été re
gouvernement, de la richesse, et d'un produites en 1842 par presque tous les
immense commerce, Nah. 2, 10.12.3,4. journaux français. M. Flandin, dans un
16. Les conséquences de cette prospérité article de la Revue des Deux Mondes
furent l'orgueil et la dissolution, Nah. 3. (1845), a donné également des détails du
1. Sardanapale en fut le triste et vrai re plus haut intérêt sur les dernières décou
présentant : huit siècles avant Christ, vertes faites à Ninive. Nous lui emprun
vers l'an 747, au temps d'Achaz, sa capi tons ce qui suit, en l'abrégeant.
tale fut prise, après un siége de trois ans, « Aux bords du Tigre, en face de Mos
par les Mèdes, conduits par Arbacès. soul, s'élevent deux monticules assez
Cette ville recouvra un moment, sous Ni étendus auxquels se relient les extrémi
nus, son ancien éclat : elle se releva ainsi tés d'une vaste enceinte, évidemment les
que tout l'empire d'Assyrie, mais elle fut restes d'un rempart très épais et encore
NIN 1 04 NIN

très élevé. L'une de ces éminences est palais était couvert d'une voûte dans la
factice. L'autre, qui est naturelle, porte quelle avaient été ménagés des jours.
un village arabe appelé Neïniveh ou Nebi « Le palais de Khorsabad est riche en
Oumous, prophète (et non tombeau de) sculptures. Les murs des salles et les fa
Jonas, à cause d'une pierre ornée de ca çades extérieures sont décorés de ta
ractères que les Musulmans ne laissent bleaux taillés dans la pierre avec une ad
pas voir, mais qu'ils gardent dans leur mirable fécondité de ciseau. Rois et vi
mosquée comme la pierre sépulcrale du sirs, prètres et idoles, eunuques et guer
prophète. A quatre lieues de Mossoul se riers, combats et fêtes joyeuses, tout est
trouve le village de Khorsabad, peuplé représenté : la vie des Ninivites vient se
de Kurdes demi-sang croisé d'Arabes : il dérouler miraculeusement devant nous,
est bâti sur une éminence isolée au mi depuis les symboles religieux jusqu'aux
lieu de la plaine, éminence factice de 12 usages domestiques, depuis l'orgie du
à 13 mètres de hauteur. Sur le plateau triomphe jusqu'au supplice des vaincus.
qui forme le sommet étaient bâties une Ce palais passe aux yeux des habitants
cinquantaine de maisons d'assez pauvre étonnés pour une création de Satan. Sur
apparence. C'est en creusant l'emplace les façades sont admirablement représen
ment d'une de ces chaumières que M. Bot tés des personnages ailés, coiffés de bon
ta découvrit les premières sculptures as nets à corne ou à tète d'épervier, présen
syriennes. Bientôt on résolut de les dé tant une pomme de pin de la main droi
molir toutes et de poursuivre les fouilles. te, tandis qu'à leur main gauche est sus
Après six mois de travaux exécutés par pendue une corbeille ou un sceau. Un
des Nestoriens que les Kurdes avaient homme les accompagne, le front orné
décimês, on avait mis au soleil les restes d'une bandelette, la main élevée, condui
d'un vaste palais, comprenant quinze sal sant un bouc; —sans doute le prêtre as
les attenantes les unes aux autres, et for sistant la divinité.
mant un plan d'ensemble de 22,000 mè « Après les dieux et leurs acolytes,
tres carrés. La plupart de ces salles. dont vient le roi qui s'avance vers le chef des
quelques-unes ont de 30 à 35 mètres de mages; puis un cortége immense d'eunu
longueur, communiquent entre elles par ques, de guerriers, de personnages ap
des portes : d'autres sont isolées, plus portant des tributs. Les costumes, la
petites, et semblent avoir été réservées chevelure et la barbe, prouvent que la
pour l'habitation secrète. coquetterie la plus raffinée et la recher
« Ce palais est élevé sur une terrasse che la plus minutieuse, étaient d'étiquet
de 12 à 13 mètres en briques crues, sou te à la cour de Ninive.
tenue par un mur en pierres parfaitement « On remarque encore sur les façades
taillées et assemblées, toutes de même les gigantesques taureaux ailés, à tête
grandeur. Le système de construction humaine, coiffés d'une énorme tiare, qui
est celui de Babylone : il consiste en gros ornent les portes d'entrée. lls ont com
murs de 3 à 6 mètres d'épaisseur, en munément 5 mètres de hauteur et autant
briques séchées au soleil, posées à plat de longueur : c'est chez tous les peuples
et liées par un peu de boue : le bitume de ces contrées le symbole du créateur.
est aussi employé fréquemment, mais Il paraît qu'un lion de petite taille, en
sans doute, malgré ce qu'a dit Diodore chaîné, était placé au pied de chaque tau
de sa source intarissable, celle d'où il reau. Mais ces lions étant en métal ont
provenait n'aurait pu suffire pour ces été pillés. Les ennemis de Ninive ont
gros murs. Ces murs sont revêtus de exécuté à la lettre le passage de Nahum,
plaques d'un marbre gypseux, dur et gri 2, 9.
sâtre, qui se trouve dans le pays, et « A l'intérieur et sur les murs des Sal
dont les bancs énormes gisent à la sur les, des bas-reliefs très variés représen
face du sol. — Les murs ne portant pas tent soit des combats, soit des festins, où
trace de fenêtres, et leur hauteur n'étant tous les détails de la vie militaire et de
que de 4 mètres, il est probable que le la vie domestique sont reproduits, soit
NIN . 105 NIS

encore des exercices de chasse, etc. mes qui les accompagnent. Plusieurs frag
« On ne peut méconnaître sur ces mo ments, les plus importants, ont fait le
numents les guerres des Assyriens con chargement d'un navire, et ont été trans
tre les Juifs. Un roi , Osée peut-être, se portés à Paris. Quoiqu'il en soit , ajoute
remarque parmi les vaincus.Ailleurs, on M. Flandin, « la découverte de M. Botta
reconnaît des Ethiopiens et des Nubiens, justifiera Hérodote et la Bible aux yeux
qui sont peut-être ceux qu'Ezéchias as de ceux qui les accusaient d'exagération. »
siégé par Sennachérib avait appelés à son Ce résultat nous a paru assez impor
aide, et que le prince de Ninive poursui tant pour motiver les détails qui précè
vit dans leur pays. Parmi ces prisonniers dent. Devant la lumière de la science,
il en est qui sont tenus par des chaînes tombent les railleries naguère si puissan
passées dans la lèvre inférieure, ce qui tes du voltairianisme. Les récits de la
rappelle la menace, 2 Rois 19, 28. Bible ne sont pas des contes enfantés
« Un détail confirme aussi le témoigna par l'ignorance d'un petit peuple qui,
ge de l'Ecriture , qui dit que les chariots grossier et inculte, aurait admiré les
et les chevaux n'étaient pas en usage chez moindres choses comme des prodiges.
les Syriens et les Juifs ; on n'en voit pas La civilisation , le luxe, la grandeur de
dans les tableaux qui représentent des Ninive et de l'Assyrie, étaient en effet
combats avec ces peuples. — prodigicuses. Grande leçon de réserve et
« En parcourant la plaine immense qui d'humilité qui nous est ici donnée, et qui
s'étend de Mossoul ou Neïniveh jusqu'à doit nous faire sentir le besoin d'entou
Khorsabad (distance qui suppose quatre rer de notre respect les faits même qui
heures de marche), on rencontre de nom nous semblent étranges, lorsqu'ils nous
breuses traces de constructions et une sont attestés par cette parole qui s'affir
quantité considérable de tumuli hérissés me toujours plus comme la vérité.
de fragments de pierres et de briques. NISAN. v. Abib.
Evidemment des habitations, une ville, NISROC, idole des Ninivites, 2 Rois 19,
Ont Occupé ce vaste territoire à une seu 37. Es. 37, 38. Elle est complétement in
le époque ou à deux époques différentes. connue, et les fables des rabbins ne mé
Personne ne peut dire si, à l'une ou à ritent aucune confiance : les uns veulent
l'autre de ces époques, Ninive a compris qu'elle ait été faite avec une planche de
tout cet espace : mais on peut le présu l'arche, d'autres lui donnent la forme de
mer parcc qu'en Orient, dans ces temps la colombe, en souvenir de celle que Noé
reculés, il n'y avait pas plus qu'aujour envoya pour examiner la terre; d'autres
d'hui, entre la superficie des villes et prétendent qu'elle représentait Assur, le
leur population, la proportion qui existe fondateur du royaume des Assyriens ;
en Europe. On peut donc comprendre d'autres l'entendent d'un aigle, symbole
que Ninive ait eu cette étendue, surtout d'Ormuzd dans la religion des Perses ;
en se rappelant ce que Jonas en a dit. d'autres enfin de la planète de Saturne,
« Il y a cinq princes dont les conquê divisée en deux moitiés par l'anneau
tes glorieuses peuvent avoir été figurées qui l'entoure. Toutes ces opinions s'ap
sur les murs de Khorsabad : Tiglath-Pilé puient, d'une part, sur l'étymologie du
ser, Salmanassar, Sanchérib, Esarhaddon, mot qui, suivant les lettres qu'on en
et Nébucadnetsar I. On peut attribuer prend, peut signifier à peu près tout ce
Ces monuments soit à Sanchérib, soit à qu'on veut ; d'autre part, sur quelques
Esarhaddon , en supposant dans ce der usages connus de l'idolâtrie des anciens
nier cas, qu'Esarhaddon aura voulu re Perses. C'est en présence de cette idole
produire à la fois le souvenir des con que fut commis un affreux parricide : le
quêtes de son père et celui des siennes père ne fut point sauvé de la mort par le
propres. » culte qu'il lui rendait, ni les fils du crime.
M. Flandin a dessiné la totalité de L'idolâtrie ne donne ni le bonheur, ni la
ces bas-reliefs, tandis que M. Botta co moralité; elle ne garantit ni du péché, ni
piait les inscriptions en lettres cunéifor du malheur.
NO 106 N0

NITRE, sel qu'on ne trouve dans la ville, et lui donnaient des eaux pour mu
nature qu'à l'état de nitrate. On en dis railles. D'ailleurs, le sort de cette ville
tingue deux espèces différentes, l'une est cité à Ninive comme exemple ; Ninive
minérale, l'autre végétale : la première, et No sont comparées l'une à l'autre, et
connue des Hébreux sous le nom de né No doit, par cela même, avoir été en me
ther, est un sel lixiviel qu'on tire, en sure de supporter la comparaison. On
grande quantité, de l'eau salée de deux est donc assez généralement d'accord,
lacs de la vallée du Nil, et qu'on mêle ou, pour mieux dire, il est reconnu pres
avec de l'huile pour en faire du savon, de que sans contestation, qu'il s'agit, dans
nos jours encore. Les Egvptiens s'en tous ces passages, de la grande Thèbes
servaient pour l'embaumement des corps des anciens. Dans Nahum, No est accom
et pour le lavage des vêtements, Hérod. pagné du surnom de Amon ou Ammon
2, 87. cf. Jér. 2, 22. Prov. 25, 20. La (mal traduit la nourricière), qui lui avait
seconde, le borith, que nos versions ont été donné sans doute à cause du magni
traduit par savon, Mal. 3, 2. Jér. 2, 22., fique temple de Jupiter Ammon qu'elle
et par pureté, Job 9, 30., est un sel alca possédait, et c'est peut-être aussi com
lin qu'on tire de la cendre de certaines me allusion à ce culte que, dans Ezéchiel,
plantes salées, et qui, mêlé avec de elle est précédée d'un mot d'une asso
l'huile, est employé à fouler et à nettoyer nance à peu près semblable, hamon, qui
les habits : saint Jérôme fait remarquer, signifie multitude, et qui pouvait rappe
dans son commentaire sur le passage de ler l'idolâtrie de ses habitants. Le passage
Jérémie, qu'une espèce de ces plantes sa de Jérémie doit être traduit : « Je vais
lées portait encore, de son temps, le nom punir Ammon, dieu de No, » et non com
de borith. Le nitre végétal est l'objet me le portent nos versions. Amon était la
d'un commerce considérable dans les personnification du soleil quand il se
marchés de l'Orient ; mais la botanique trouve dans le signe du bélier, et Amoun,
n'a pas encore distingué et classé, d'une dans la langue de l'ancienne Egypte, dé
manière exacte et sûre, les différentes signait celui qui produit, celui qui fait
plantes salées des contrées méridionales. sortir la lumière des ténèbres. No signi
Les émanations animales sont indispen fie la possession ou la propriété, la por
sables à la formation de la plupart des tion, la résidence. No Amon était ainsi la
nitrates. possession d'Amon, la ville du dieu des
N0, Ez. 30, 14-16. Jér. 46, 25. Nah. sables, de Jupiter, dont le symbole était
3, 8. Les Septante l'ont presque partout le bélier. — Thèbes était l'une des plus
traduit par Diospolis. C'était, comme on anciennes, et peut-être la plus ancienne
le voit par ces passages, une ville consi des villes de l'Egypte. Fameuse dans la
dérable de l'Egypte ; mais il y avait en plus haute antiquité, elle avait reçu le
Egypte deux villes de ce nom : l'une, la nom de ville aux cent portes; son circuit
célèbre Thèbes, située dans la partie su était de 9 lieues. Elle était la résidence
périeure du pays ; l'autre dans la Basse des anciens rois d'Egypte, avant qu'ils
Egypte. Strabon dit de cette dernière eussent transporté leur cour à Memphis.
qu'elle est entourée de lacs ; c'est d'elle Elle couvrait les deux rives du Nil; ses
aussi que quelques auteurs, et notam maisons avaient de quatre à six étages ;
ment Champollion (l'Egypte Il, 131), ont elle était ornée de temples nombreux,
cru qu'il était question Nah. 3, 8., parce parmi lesquels on remarquait surtout ce
qu'il est dit d'elle qu'elle est située entre lui de Jupiter, dont on admire encore les
les fleuves, et qu'elle a la mer pour rem ruines colossales. On a dit que son éton
part. Cependant cette détermination peut mante population et ses richesses la met
s'appliquer à l'une comme à l'autre de ces taient en état de faire sortir ensemble
villes, comme à presque toutes celles de 200 charriots et 10,000 combattants par
l'Egypte, à cause des canaux nombreux chacune de ses cent portes. Les tom
qui, coupant le sol dans toutes les direc beaux des rois étaient magnifiques, et se
tions, isolaient, pour aiusi dire, chaque ressentaient souvent de la culture scien
NOD 107 NOE

tifique et des connaissances astronomi voir un nom propre, et à cet égard on en


ques d'une caste sacerdotale éclairée. est réduit à des conjectures. Michaélis,
Lorsque Cambyse, à son retour d'Ethio Bohlen et d'autres veulent trouver dans
pie, pilla la ville de Thèbes, il enleva le Nod le nom des Indes, mais c'est forcé;
fameux cercle d'or qui entourait le tom et si nous supposons que Moïse parle ici
beau du roi Osymandias : ce cercle avait d'un pays encore connu de ses lecteurs,
365 coudées de circuit, et représentait et qui pouvait avoir pour eux quelque
tous les mouvements des différentes con signification, nous regarderons comme
stellations. Thèbes commença à déchoir assez probable l'hypothèse de Buttmann
lorsque les rois la quittèrent : Cambyse que le nom de Nod désigne les vastes
lui porta un coup fatal et décisif, et, du landes de la grande Tartarie. -

temps de Strabon, elle n'était plus qu'un NODAB, 1 Chr. 5, 19., v. Jétur. 4

grand souvenir. Cornélius Gallus, pre NOE, fils de Lémec, Gen. 5, 29.,
mier préfet d'Egypte, l'ayant entièrement homme juste et intègre parmi ses con
renversée, il se forma, sur son emplace temporains, marchant avec Dieu, 6, 9.,
ment, plusieurs villages habités, comme fut au milieu de la condamnation générale
aujourd'hui, par des pâtres. Les restes de du monde de son temps, l'objet de la
quelques édifices qui donnent encore une grâce divine. Il fut épargné, lui et sa fa
idée de sa splendeur, sont répandus en mille, lorsque Dieu envoya les eaux du
divers lieux, dont les plus connus sont déluge pour couvrir la terre : seul juste
Axor et Luxor. L'obélisque admiré à Pa il fut seul sauvé. Sa justice était un té
ris appartient à cette grandeur dont les moignage vivant au milieu des hommes,
prophètes ont annoncé la fin. - On ne Son salut dut l'être de mème. Il construi
sait pas au juste à quelle destruction de sit l'arche, et Dieu la peupla des animaux
cette ville Nahum fait allusion , la plupart qui devaient ètre conservés pour la terre
des auteurs pensent que c'est Salmanas future, 6. 14. 7, 8. Quand les eaux se
sar qui l'aurait détruite, mais il n'est pas furent retirées, que l'arche se fut arrê
établi qu'il se soit avancé jusqu'au cœur tée sur l'Ararat et que la terre amollie
de l'Egypte : Rosenmuller pense au gé par le long séjour des eaux eut repris sa
néral assyrien Tartan, sous Sargon, et, fermeté, 8, 4. sq., Noé sortit avec les
dans cette supposition qui n'a rien d'in siens, bàtit un autel, offrit des holocaus
vraisemblable, l'allusion de Nahum se tes, et reçut avec l'arc-en-ciel l'assurance
rattacherait à la prédiction d'Esaïe 20, qu'un pareil événement ne se reproduirait
contre l'Egypte et l'Ethiopie. plus sur la terre avec les mêmes circons
NOB, ville de la tribu de Benjamin, si tances, 8, 18. sq. Dieu renouvela avec ce
tuée sur une colline rocailleuse du haut nouveau chef de la création l'alliance qu'il
de laquelle on embrasse d'un coup d'œil avait faite avec Adam, il lui remit les clefs
toute la contrée de Jérusalem, Es. 10, du monde, et lui annonça que dès ce m0
32. Le sanctuaire s'y trouvait du temps ment la viande des animaux qui lui était
de Saül, ainsi que le souverain sacrifica auparavant interdite, lui était accordée
teur Abimélec, 1 Sam. 21, 1. 22, 9. Jo pour son usage. Noé s'adonna aux tra
sèphe l'appelle Noba. vaux de la terre, planta la vigne, apprit à
NOBAH. 1° Homme. 2° ville, Nomb. connaître par une triste expérience les
32, 42. v. Kénath. effets dégradants du jus de ce fruit, mau
NOCES. v. Mariage. dit Cam, et mourut à l'âge de neuf cent
NOD, Gen. 4, 16, pays situé à l'orient cinquante ans, après en avoir passé six
d'Eden. C'est là que Caïn s'enfuit après cents dans l'ancien monde, un dans l'at
son fratricide. D'après l'analogie de tous tente, et trois cent quarante-neuf sur la
les anciens noms il faut combiner ce nom terre renouvelée, 9, 1-29.
avec son étymologie : il signifie exil ; La plupart des observations que nous
Caïn s'enfuit dans la terre de l'exil. Mais aurions à présenter sur son histoire ont
en mème temps, comme le texte hébreu été faites à l'article Déluge, q. v., car ce
ne porte point d'article, nous devons y mot aussi résume sa vie, son caractère et
NOE 108 NOE
son activité. Disons cependant encore dant quarante jours; après ce temps elles
quelques mots sur sa personne. commencèrent à se retirer et l'arche s'ar
1° Son nom lui fut donné, parce que, rêta sur la crête de l'Ararat; le déluge
dit son père, « celui-ci nous soulagera avait duré jusque-là cinq mois ou cent-cin
de notre œuvre et du travail de nOs quante jours ; ce fut le dix-septième jour
mains sur la terre que l'Eternel a mau du septième mois. En l'an 601 de la vie
dite. » Lémec exprime ici une espérance de Noé, le premier jour du premier mois
qui se rapporte aux promesses faites par les eaux avaient disparu, mais ce ne fut
Dieu après la chute de l'homme. C'est que le vingt-septième jour du deuxième
une des premières traces de l'espérance mois que Noé sortit de l'arche. Les meil
messianique. Lémec voyait que le péché leurs chronologistes sont de l'avis qu'il
était arrivé à son comble, et que le juge faut commencer par l'équinoxe d'automne
ment ne pouvait guère se faire attendre : l'année dont il est question dans notre
il prévoyait que son fils serait un instru texte ; l'an 600 de la vie de Noé aurait
ment remarquable dans la main de Dieu, ainsi commencé vers l'équinoxe d'autom
et il paraît que lui aussi, comme tant ne, l'an 1656 du monde.
d'autres, a rapproché dans la perspective 4° L'histoire de Noé s'est conservée
prophétique des faits qui sont séparés dans les traditions de tous les pays et
par des siècles, le jugement prochain et même chez les sauvages des Antilles et de
le dernier jugement, 5, 29. l'Amérique du nord. On a retrouvé quel
2° On a remarqué l'emploi alternatif du ques médailles frappées à Apamée en
nom de Dieu, et de celui d'Eternel, et Phrygie, où l'on croyait que l'arche s'était
l'on a cru pouvoir en conclure que l'his arrêtée; elles portent sur une des faces
toire de Noé était un composé de deux l'effigie soit de l'empereur Philippe, soit
documents distincts, dont l'un, (celui de Septime Sévère Pertinax, et sur l'au
d'Eternel), serait exclusivement israéliti tre revers une arche flottante, un vaisseau
que; on ajoute que c'est dans celui-là carré long, dans lequel sont un homme et
seulement que se trouve la distinction une femme; sur l'arche est un oiseau; un
établie plus tard par le mosaïsme, des autre oiseau s'avance en volant, tenant
bêtes nettes et des bêtes impures. Nous entre ses pattes une branche d'olivier ;
renvoyons à ce que nous avons dit sur ce sur l'arche on lit distinctement le nom de
sujet à l'art. Genèse. Quant à la distinc No ou Noé : près de là ce même couple
tion des animaux nous croyons avec plu apparaît debout sur la terre ferme, éle
sieurs auteurs, qu'elle n'est point ici lé vant la main droite vers les cieux. Le seul
gale, mais naturelle, et que Noé a pris exposé des traditions du déluge chez les
sept paires des animaux qui sont utiles à Mahométans, les Indous, les Chinois, etc.,
l'homme , tels que le bœuf, la brebis, le formerait un volume : qu'il suffise de ré
chameau, tandis qu'il n'en a pris qu'une péter que partout ce fait est conservé, et
des animaux sauvages ou féroces, le ti qu'il est rare que ce soit avec des détails
gre, le lion, le serpent, etc. On comprend beaucoup différents de ceux que la parole
qu'avec le droit nouveau donné à l'homme de Dieu nous a transmis. Si l'on désire
de se nourrir de chair, il était nécessaire encore des faits et des exemples, on peut
qu'il eût à sa disposition des animaux lire l'intéressant ouvrage de Grotius De
purs en nombre suffisant, car leur propa Veritate Rel. Christ. I, et les rapports
gation eût été trop lente pour les besoins des missionnaires chez les peuples païens,
du nouveau monde. Et quant aux carni Kranz au Groenland, Oldendorp aux An
vores, il suffisait qu'ils pussent se re tilles, etc.
produire, et le genre même de leur nour 5° L'ivresse de Noé fut une faute évi
riture exigeait qu'ils ne fussent pas trop demment involontaire, soit que le fruit
nOmbreux dès l'abord. de la vigne avant le déluge n'eût pas en
3° Le déluge a commencé l'an 600 de core sa force enivrante, soit plutôt que la
la vie de Noé, au dix-septième jour du vigne n'eût pas encore été cultivée et que
deuxième mois; les eaux s'accrurent pen son usage fût alors inconnu. Il est pro
NOE 109 N0M

bable qu'avec l'usage d'une nourriture mille, est une image de l'église dans la
plus solide et certainement moins saine quelle Christ sauve ses élus, sa parenté
que Dieu accorda à l'homme, le besoin spirituelle, sa chair et ses os, Hébr. 2,
d'une boisson plus forte se fit également 14. Eph. 5, 30; d) par le sacrifice qu'il
Sentir , l'un et l'autre de ces aliments au offrit à Dieu et dans lequel celui-ci flaira
ront contribué à l'exécution de la menace une odeur d'apaisement, disant qu'il ne
divine quant à la durée de la vie humaine ; maudirait plus la terre, Gen. 8, 21. cf.
ils auront influé lentement sur les généra Eph. 5, 2. , , !…!

tions, et c'est lentement aussi, décroissant NOHADIA, prophétesse inconnue qui


de génération en génération, que la vie avait cherché à épouvanter Néhémie, et à
des hommes s'est resserrée dans les li laquelle celui-ci avait résisté, Néh. 6, 14.
mites que nous lui connaissons aujour Elle s'était sans doute laissé gagner par
d'hui et dont la moyenne tend encore à les ennemis du gouverneur, et la mention
diminuer. Noé est mort à l'âge de 950 ne permet pas de décider si elle était une
ans, Sem, à l'àge de 600 ans, Arpacsad, fausse prophétesse ou une prophétesse
à l'âge de 438, Sélah, à celui de 433, Hé tombée dans l'infidélité et abandonnée de
ber, à 464, Péleg, à 239, Réhu, à 239, Dieu pour un temps. • • • •

Sérug, à 230, Nacor, à 148, Taré, à 205, NOM. Chez les Orientaux et, en par
Abraham, à 175, Isaac, à 180, Jacob, à ticulier, chez les Hébreux, tous les noms
147. L'ivresse était un spectacle entière avaient, en règle générale, une significa
ment nouveau pour le monde, et il est à tion appellative plus ou moins claire et
croire que l'irrévérence de Cam se rap simple, comme cela se voit encore assez
portait à l'état de son père en général et souvent chez les peuples modernes, et,
non pas seulement à ce que son corps en français, dans des noms tels que Du
était découvert. v. Cam. moulin, Deschamps, Leroy, Hardy, Agri
6° Si la grandeur de Noé est dans son col, Legendre, etc. C'étaient ordinaire
sort, ce sort même a dû être le prix de sa ment les mères qui donnaient le nom aux
grandeur. Il avait mérité d'être sauvé, il enfants, et ce nom rappelait, soit les cir
l'avait mérité par sa foi. Au milieu de la constances qui avaient précédé ou accom
dépravation universelle, il était resté juste pagné leur naissance, soit des préoccu
devant Dieu, Gen. 7, 1. Son nom est rap pations, des craintes ou des désirs, des
| pelé avec éloge à côté de ceux de Job et Souvenirs ou des vœux ; ils faisaientainsi
de Daniel, Ez. 14, 14. 20. Son époque, connaître, tantôt un détail de l'histoire
tranquille au milieu des vices, incrédule de l'enfant, tantôt les pressentiments de
sous la menace du déluge, est donnée en la mère , on peut voir ce que dit l'Ecri
exemple au monde nouveau, au monde ture au sujet des noms d'Eve, de Caïn,
chrétien, par celui qui doit revenir pour d'Abel, de Noé, etc., Gen. 3, 20. 4, 1.
exercer ses jugements sur la terre, et le 5, 29. 29, 32., etc. Tous les noms hé
Sauveur avertit les hommes qu'on n'évi breux commençant ou finissant par El,
tera pas la destruction par l'insouciance Eli, Jo, Jéh, tels que Elkana, Samuel,
et l'incrédulité, Matth. 24, 37. 38. Luc Eliakim, Josias, Jéhoachaz, etc., ont une
17, 26. 27. L'apôtre loue la foi de Noé, signification dont Dieu est le sujet ou
Hébr. 11, 7., et saint Pierre, en le nom l'objet, cf. Gen. 29, 35. 1 Sam. 1, 20. 4,
mant, l'appelle le prédicateur de la jus 21. Es. 7, 14. Matth. 1, 23.; de même
tice, 1 Pierre 3, 20. 2 Pierre 2, 5. Esaïe les noms araméens, assyriens ou phéni
a appelé les eaux du déluge, du nom de ce ciens, dans lesquels se rencontrent les
lui qui seul a échappé à cette catastrophe, syllabes Bel, Bahal, Nébo et Nébu, ont
les eaux de Noé,54, 9. trait aux faux dieux de ces nations. En
7° Considéré comme type, ce second français, nous avons les noms de Louis
chef de l'humanité annonce le Sauveur du de Dieu, de Dieudonné, d'Espérandieu,
monde: a) par son nom, cf. Matth. 11, qui rappellent l'antique usage des Ilé
29.; b) comme héraut de la justice, c) parce breux; en allemand aussi Gottlieb, Ehre
que l'arche dans laquelle il a sauvé sa fa gott, etc. D'autres noms, tels que Ra
NOM 110 NOM
chel, Thamar, Ketsiha, donnés plus gé sonnes de même nom, un nom du lieu
néralement à des femmes, rappellent des d'origine, Marie •§
Judas Isca
idées aimables et gracieuses; ce sont par riote, etc. C'était, comme nous l'avons
fois des noms de fleurs ou de jolis ani dit, la mère ou, en général, les plus pro
maux, rose, biche, etc. Plus tard, lors ches parents qui donnaient le nom à l'en
qu'on eut suffisamment usé du droit d'in fant, Gen. 29, 32. 35, 18. 1 Sam. 1, 20.
venter, on se mit à donner aux enfants 4, 21. cf. Odyss. 18, 6.; des voisins amis,
des noms déjà existants, que l'on choisit espèces de parrains, y contribuaient quel
tantôt par goût, tantôt parmi ceux des pa quefois comme chez nous, Ruth 4, 17.
rents les plus rapprochés ou les plus con Luc 1, 59.
sidérés. Le nom du père passait ordinai Il arrivait aussi que le nom d'une per
rement à son fils aîné, Tobie 1, 10. Luc 1, sonne était changé dans le cours de sa
61.; parfois aussi la préfixe bar, qui si vie, par suite d'une destination divine
gnifie fils, s'ajoutait simplement au nom nouvelle, d'une promesse, ou d'un chan
d'un homme pour désigner son fils, ainsi gement de dispositions, soit que le nou
Barthélemi, Bartimée, Barjona, peut-être veau nom remplaçât entièrement l'ancien,
Barrabas; les exemples de ce dernier soit qu'il en prît la place petit à petit, et
mode appartiennent surtout aux derniers que le surnom finît par éclipser le nom
temps de la nation juive et à la domina véritable, Abraham pour Abram, Israël
tion romaine. Les Juifs postérieurs abré pour Jacob, Josué pour Osée, Pierre
gèrent souvent les anciens noms : ainsi pour Simon, Barnabas pour Joses, etc.
Jésuah pour Jéhosuah, Lazare pour Eléa Le nom des rois changeait souvent à leur
zar; ils admirent des noms araméens, avènement, 2 Rois 23, 34. 24, 17., exem
tels que Marthe, Caïphe, Tabitha. Sous ple que les princes-papes ont imité : il
les Séleucides, les Juifs prirent des noms en était de même de personnes subalter
grecs, ou traduisirent en grec leurs noms nes dans des moments importants de leur
hébreux : Lysimaque, Antipatros, Béré vie, Nomb. 13, 17. cf. Jean 1, 42. Act.
nice, Hérode, se trouvent, soit dans les 4, 36., comme les moines, à leur entrée
Maccabées, soit dans Josèphe; Dosithée dans le cloître, prennent, pour ensevelir
est la traduction de Sabdiel ; Nicolas, de leur passé, un nom nouveau, qui est
Balaam ;Ménélas, de Jonia; d'autres noms censé en faire des hommes nouveaux.
hébreux, enfin, furent grécisés dans leur Nathan donne à son royal élève le nom
forme, et Alkimos n'est autre qu'Elia de Jédidja, 2 Sam. 12, 25. Eliakim fut
kim. Ce qui n'était peut-être d'abord nommé Jéhojakim par Pharaon-Néco qui,
qu'une manie ou une obligation passa par ce changement, voulut rendre sensi
bientôt dans les mœurs : on prit des noms ble la dépendance du roi de Juda, 2 Rois
· grecs par goùt, on y joignit même des 23, 34. — Le surnom de Boanergès, que
noms latins, tels que Justus. Avec le Jésus donna à Jean et à Jacques, Marc
temps, et par suite de ce mélange des 3, 17., ne paraît pas leur être resté; il
deux langues, il se trouva des hommes n'avait trait qu'à une circonstance bien
qui portaient deux noms : Jean Marc , tôt effacée, et ne portait qu'un jugement
Jésus Juste, Col. 4, 11.: si ces cas n'é- momentané sur un caractère parfois trop
taient pas très rares, on les a cependant fougueux. Les exemples cités Gen. 41,
trop généralisés en voulant y trouver la 45. Dan. 1, 7. 5, 12., sont des change
solution d'un grand nombre de difficul ments de noms nécessités non - Seule
tés historiques ou généalogiques des li ment par un changement de carrière,
vres saints. Un homme pouvait porter, à mais encore et surtout parce que CeS
côté de son nom, celui de son père avec hommes, Joseph et Daniel,appelés à rem
l'affixe Bar, comme Joseph Barrabas, ou plir de hautes fonctions dans une cour
bien tel nom ou surnom de circonstance, étrangère, ne pouvaient pas continuer
Simon Céphas ou Pierre, Joses Barnabas, d'y porter leurs noms hébreux.v. encore
Simon Cananite, Simon de Cyrène, ou l'article Paul, et d'autres.
bien encore pourdistinguer plusieurs per NOMBRES. On ne sait pour ainsi dire
NOM 111 NOM

rien de tout ce qui concerne les connais ver dans toute l'étendue du royaume
sances arithmétiques des Hébreux, mais 1,300,000 combattants ; Abija en oppose
il ressort des chiffres et des sommes 400,000 aux 800,000 de Jéroboam, 2 Chr.
considérables mentionnées en plusieurs 13, 3.; et l'armée du seul Josaphat, roi
endroits, et pour lesquels l'addition et la de Juda, se compose de 1,160,000 hom
soustraction n'eussent pas suffi, qu'ils mes, 2 Chr. 17, 14-18 ; chiffres énormes
devaient connaître au moins les quatre si l'on pense à la conscription française,
règles principales et les fractions. Ils se ou aux services à court temps des Etats
servaient, comme on le voit entre autres de l'Allemagne, mais qui ne sont plus
par les médailles samaritaines, de lettres aussi étonnants quand on se rappelle les
au lieu de chiffres, de même que presque milices des pays libres, tels que la Suisse
tous les anciens peuples jusqu'aux Grecs et les Etats-Unis, et les levées en masse
et aux Romains. Quelques auteurs (Des de l'antiquité et du moyen-âge, v. Ar
Vignoles, I, 29), ont cru cependant que mées.Ces chiffres ne sont pas pour nous
les Hébreux avaient aussi des chiffres des articles de foi; nous admettons vo
particuliers, mais dans tous les cas ces lontiers que, d'après la notation hébraï
chiffres ne remonteraient pas au-delà de que, des erreurs de chiffres fussent assez
l'exil. La numération en lettres, et en faciles, et que les livres des Chroniques
lettres dont plusieurs ne différaient que spécialement puissent en renfermer quel
par des caractères presque insensibles, ques-unes, mais il faut remarquer que
pouvait amener dans la transcription tous les manuscrits sont d'accord sur les
beaucoup d'erreurs. On s'est attaché à ce mêmes chiffres, et que la traduction des
point de vue pour faire ressortir l'ap Septante les maintient également. D'ail
parente exagération qui se trouve dans leurs ces 12 ou 1,300,000 hommes suppo
plusieurs des chiffres cités dans l'Ancien sent une population de 4,800,000 âmes,
Testament. Ainsi les chiffres de 600,000 en admettant quatre personnes par fa
hommes de pied, sans compter les petits mille, ou de 6 millions en calculant sur
enfants, de 603,550 hommes au-dessus cinq personnes par familles, et ces nom
de vingt ans, Ex. 12, 37. 38, 26., qui bres ne sont pas exagérés quand on les
porteraient à 2 ou 3 millions la popula compare à la densité de population si
tion totale des Israélites au sortir d'E- prodigieuse qu'on rencontre dans les
gypte, issue de 70 personnes après un pays de l'Orient, et notamment dans
laps de 430 années au plus, ont paru exa quelques provinces de la Chine. ll paraît
gérés, soit quant au fait même de la repro même que plus tard, sous Titus, la Pales
duction, soit quant au terrain qu'ils occu tine était beaucoup plus peuplée encore
paient en Egypte, soit quant à la difficulté que sous David, et l'historien Josèphe
que ce peuple aurait eue à se procurer des assure que la Galilée seule comptait deux
vivres dans le désert. Mais qu'on se rap cent quatre villes et bourgs, dont le
pelle l'étonnante fécondité du peuple juif, moins considérable avait 15,000 habi
l'incertitude qui règne surlaplus ou moins tants; ce serait donc plus de 3 millions
grande durée du séjour d'Egypte, la lon d'âmes pour une seule des quatre pro
gévité des patriarches, et l'absence de vinces de la Palestine. On ne risque donc
guerres ou d'autres sources de destruc point de se tromper en admettant les
tion extraordinaires, et l'on arrivera fa données bibliques, et l'examen de la
cilement par des calculs très simples à science vient encore une fois appuyer et
un chiffre de population plus élevé qu'on non contredire le récit biblique sur des
ne s'y attendait d'abord ; ces impossibi points en apparence bien secondaires.
lités matérielles se résoudront comme se On a remarqué dans l'Ecriture la re
sont résolues celles qu'on avait essayé production fréquente de certains nom
de faire sur la petitesse de l'arche de Noé, bres, destinés, soit à exprimer des som
desquelles on ne parle plus maintenant. mes rondes, soit à rappeler certaines
· - Plus tard, aux jours de David, nous idées sacramentelles ; ainsi les chiffres
voyons, 2Sam. 24, 9., qu'on pouvait trou Sept, soixante-dix, deux, quatre, dix,
NOM 112 NOM

quarante, trois, douze, etc. Disons un notes principales en musique, et les sept
mot de chacun. planètes. On sait enfin le rôle que ce chif
Le chiffre sept, et son multiple soixan fre sept joue dans la nature et dans le
te-dix, sont ceux qui se retrouvent le plus développement de l'homme. Ce n'est pas
souvent : les nations païennes les regar ici le lieu d'entrer dans des détails ; avec
daient comme des n0mbres sacrés, et si l'observation et un peu de bonne volonté,
l'Ecriture ne sanctionne pas ce qu'il y a on pourrait multiplier à l'infini des faits
de superstitieux dans le culte des chif et des exemples analogues. On a abusé
fres, elle en a cependant consacré quel du droit d'imagination , mais à l'origine
ques-uns en leur rattachant des doctri de toutes les recherches discrètes ou in
nes ou des lois. Le septième jour de la discrètes qu'on a faites sur ce nombre,
semaine, l'année sabbatique, la septième se trouve évidemment l'œuvre de Dieu
nouvelle lune, les sept semaines de mois aux jours de la création; le septième jour
sons qui séparaient Pâques de Pentecôte, a été un point d'arrêt, un nœud : il était
les sept jours de la Pâque, les sept impossible qu'un début pareil n'exerçât
agneaux qu'on sacrifiait à chaque jour pas sur l'esprit de tous les hommes une
de cette sainte semaine, en sont quelques grande influence. Sept a été considéré
exemples ; on peut citer aussi la fête des comme le chiffre de l'alliance, Dieu s'u-
tabernacles, qui durait sept jours et tom nissant avec l'homme : les Hébreux l'ont
bait sur le septième mois, de même que si bien compris que chez eux le même
celle des expiations. Sept jours étaient mot shéba (sieben), signifie également
la durée légale des purifications cérémo sept et alliance (v. Béersébah, puits du
nielles ;la consécration des prêtres du serment), et l'on sait que les peuples de
rait sept jours : dans les sacrifices pour l'Orient ont l'habitude de faire intervenir
de graves péchés, l'aspersion du sang se le nombre de sept dans leurs contrats,
faisait par sept fois, etc. La doctrine pos et de jurer sur sept pierres. S'il y a là
térieure des anges comptait sept archan quelque chose de plus nous le saurons
ges ou anges principaux. On peut voir un jour, mais on aurait tort de ne répon
ces différents articles. Rappelons encore dre à la superstition que par l'incrédulité
parmi les exemples de l'Ancien Testament ou la raideur de l'esprit fort. Le livre de
les sept nations cananéennes, les soixante la nature ne nous est pas encore tout
dix semaines de Daniel, les soixante-dix ouvert, et s'il renferme des mystères que
années de la captivité, les soixante-dix nous reconnaissons sans les comprendre,
anciens d'Israël(les soixante-dix disciples il en renferme d'autres peut-être que nous
de Jésus, la lettre aux sept Eglises), etc. pressentons sans les reconnaître.
cf. Gen. 2, 2. 7, 2, 8, 10. 12. 29, 27.30. Le chiffre deux, la dualité, marque ha
41, 2-7. 46, 27. Nomb. 23, 1. Jos. 6, 4. bituellement l'opposition, et par consé
6. 8. 13. 15. Jug. 16, 8. 13. 19. 1 Sam. quent une imperfection, un état anormal,
10, 8. 11, 3. 13, 8. 1 Rois 8, 65. 2 Rois Dieu et le diable, le jour et la nuit, une
5, 10. 14. Eccl. 11, 2.; puis dans le lan famille sans enfants : c'est aussi l'amitié,
gage des prophètes, Es. 4, 1. Ez. 39, 12. l'association, mais limitée, incapable de
| 14. 40, 22. 26. 43, 25. 44, 26. 45, 21.23. se reproduire ou de se continuer.
25. Zach. 3, 9. 4, 2.10. Dan. 4, 16.23. 9, Trois exprime la plus simple des plu
24. Mich. 5, 5., et dans le Nouveau Tes ralités complètes, le plus petit groupe
tament, Matth. 15, 34. 36. Act. 6, 3. 21, possédant son milieu et ses extrémités ;
8. Apoc. 1, 4. 12. 8, 2.6. 10, 3. 11, 13. c'est la forme fondamentale du dévelop
12, 3. 13, 1. 15, 1.6. 16, 1. 17, 1. 21, 9. pement : il est en quelque sorte naturel et
Les écrits de Philon montrent combien se manifeste en psychologie dans les tri
les Juifs philosophes de son temps atta ples facultés physiques, morales et intel
chaient une importance mystérieuse à lectuelles de l'homme : il se retrouve dans
ces chiffres ; les pythagoriciens grecs y la notion du passé, du présent et de
voyaient de même bien des choses, et l'avenir , le chrétien le voit dans l'unité
rappelaient les sept couleurs, les sept mystérieuse du Père, du Fils et du Saint
NOM 1 13 NOM

Esprit, et dans les trois jours de la sé nombre rond. Cependant, comme mul
pulture. On le retrouve dans la constante tiple de quatre (le monde) et de dix (la per
et significative reproduction de certaines fection, le tout parfait), on a cru qu'il
formules : la foi, l'espérance et la charité ; était d'une manière spéciale l'emblème des
Abraham, Isaac et Jacob; Pierre, Jacques actes ou choses qui travaillent à perfec
et Jean (aujourd'hui on dit Liberté, Ega tionner le monde, qui servent à le para
lité, Fraternité). Pour les Juifs, il se chever, bien ou mal, presque toujours
trouvait dans l'obligation de célébrer trois l'épreuve dans son sens le plus large.
fois l'an une fête solennelle, et de se ren Aux jours du déluge il plut pendant qua
dre trois fois à Jérusalem, Ex. 23, 14. rante jours et autant de nuits; Isaac était
Deut. 16, 16.; dans la triple bénédiction âgé de quarante ans quand il se maria ;
de l'Eternel qui rappelle l'invocation pro Esaü de même; la vie de Moïse est par
noncée sur le baptême d'eau, Nomb. 6, tagée en trois époques de quarante an
24. cf. Matth. 28, 19.; dans la triple sain nées chacune; Moïse resta quarante jours
teté rappelée par les Chérubins, Es. 6, 3., sur le Sinaï, l'exploration de Canaan dura
et expliquée Jean 12, 41. On peut voir quarante jours, le voyage du désert qua
encore Jér. 7,4. 22, 29. Jon. 2, 1. Jean 2, rante ans; Hothniel procura aux lsraé
19.2 Cor. 12, 8. et un grand nombre lites un repos de quarante ans, Débora
d'autres passages, soit de l'Ancien, soit de même ; c'est d'un servage de quarante
du Nouveau Testament. — Les trois heu ans que Gédéon delivra son peuple ; Elie
res de prière de Daniel et des Juifs pos marcha quarante jours et quarante nuits
térieurs, Dan. 6, 10., se rattachent à la jusqu'en Horeb ; notre Sauveur passa
division du jour en trois parties plus qu'à quarante jours au désert de la tentation,
la signification du chiffre trois lui-même. il monta au ciel quarante jours après sa
Quatre est le chiffre du monde ; il se résurrection; v. encore Gen. 8, 6.32, 15,
trouve dans les quatre points cardinaux Jos. 14, 7. Ez. 29, 1 1. Jon. 3, 4. etc.
et dans les quatre bras du fleuve d'Eden, D'autres nombres reparaissent encore
de même que dans le tétragrammaton, les ci et là dans l'Ancien Testament avec une
quatre lettres hébraïques du nom de Jé certaine régularité qui, toutefois, n'était
hovah le Créateur. absolument qu'une affaire d'habitude ;
Dix est l'addition des chiffres Sacra ainsi huit précédé de sept désigne une
mentels trois et sept; il représente la per quantité indéterminée, Mich. 5, 5. Eccl.
fection. 11, 2. (v. sur tout ce sujet les ouvrages
Douze, trois par quatre, c'est le déve allemands de Baehr, Symb. du culte mos.
loppement du monde, le monde travail l, 155, et Schrœder sur la Genèse).
lant à revenir à son état naturel de paix Le nombre de la bête, ou de son nom,
et d'ordre, Dieu travaillant dans le monde Apoc. 13, 17. 18., désigne le chiffre qui
déchu pour le relever en le régénérant : s'obtient en calculant la valeur des lettres
les douze fils de Jacob, les douze tribus, qui composent ce nom : ici est la sagesse,
les douze apôtres, les douze portes et les dit l'apôtre, et malgré tous les essais faits
douze fondements de la nouvelle Jérusa jusqu'à ce jour, on n'a pas encore trouvé
lem. Pressentiment ou science positive , ce nom mystérieux; on y a vu tour à
l'année a toujours été divisée en quatre tour Néron, César, Mahomet, plusieurs
saisons de trois mois chacune, ou douze papes, quelques rois de France, et même
mois, après lesquels la nature se retrouve Luther, mais pour trouver ce dernier
dans le même état qu'à son point de dé chiffre il faut écrire Loulther, ce qui
part; ce sont les douze signes du zodiaque change un peu. Nous n'insistons pas sur
qui partagent le ciel. ce chiffre dont la recherche appartient à
Le chiffre quarante, qui se reproduit l'étude de la prophétie, et nous ne pro
assez souvent dans l'Ancien Testament, posons, ni n'adoptons aucun nom : la bête
ne se rattache à aucune loi ni institution ; ne s'est pas encore pleinement manifes
il est en quelque sorte accidentel, et tée, et ses efforts pour abrutir l'humanité
sert peut-être quelquefois à désigner un et lui ôter sa foi ne sont pas encOre ar
II. 8
NOU 11 4 NOU

rivés au point extrême où elle méritera et leur avait interdit absolument l'usage
de toute manière le nom que l'Ecriture des viandes suivantes, soit pour des rai
lui donne. sons hygiéniques, soit par des motifs de
2o Livre des Nombres, ainsi nommé gouvernement intérieur, pour attacher
parce que ses trois premiers chapitres les Hébreux à l'agriculture, ou pour éle
contiennent les dénombrements des Hé ver entre eux et les peuples païens une
breux, qui se firent après la consécration barrière infranchissable.
du tabernacle. Les Hébreux l'appellent a) Toute bête morte de mort naturelle,
Vayedabber (et il parla), d'après les mots ou trouvée dans les champs déchirée
par lesquels il commence, ou Bammid par quelque animal sauvage. Celui qui en
bar (dans le désert), parce qu'il renferme avait mangé devait se baigner et laver ses
l'histoire des trente-neuf années que les habits, et il était regardé jusqu'au soir
Hébreux passèrent au désert après la comme entaché de souillure légale, Ex.
promulgation de la loi, entre le désert de 22, 31. Lév. 17, 15. Deut. 14, 21. cf. Ez.
Sinaï et les plaines de Moab. Il y a peu 4, 14. Le Nouveau Testament appelle ces
de chose à dire sur sa composition : les viandes du nom général de bêtes étouffées,
incrédules ont naturellement cherché à le c'est-à-dire dont la vie ne s'en est pas
morceler, ils y ont vu tout ce qu'ils ont allée régulièrement avec le sang, mais a
voulu, des intercalations, des mythes, été en quelque sorte comme comprimée
des fables, des exagérations; le chrétien et étouffée intérieurement, Act. 15, 20.
y voit l'ouvrage de Moïse et la vérité di 29. 21, 25. Le Coran rappelle des pré
vine. Nous ne réfuterons pas des erreurs ceptes analogues, et le motif en est dans
qui n'ont pas de champions chez nous, le dégoût naturel que chacun éprouve
et pour ceux qui désireraient connaître pour un cadavre : Moïse le rattache à la
ce qu'on a mis en avant et ce qu'on a sainteté devant Dieu et à l'isolement dans
répondu, nous renvoyons à Haevernick, lequel son peuple doit vivre du monde et
Einl. in das alte Test. I. 481-521. — On de ses souillures.
divise ce livre en trois parties principales. b) Le sang et toute chair sanglante (le
1o Ch. 1-1 1, préparatifs pour le départ, poisson peut-être excepté), Lév. 3, 17.
dénombrement, diverses lois et prescrip 7, 26. 17, 10-14. 19, 26. Deut. 12, 16.23.
tions. 2° Ch. 14-21, voyage dans le dé cf. 1 Sam. 14, 32. Ez. 33, 25. Act. 15,
sert, murmures et incrédulité du peuple, 20. L'usage en était interdit sous peine
châtiments, exploration du pays, rébel de mort, Lév. 7, 27. 17, 10. cf. Judith 11,
lion de Coré, mort de Marie , serpents 11. Cette défense reposait, soit sur l'idée
brûlants, Hog et Sihon, arrivée dans les que l'âme de la bète est dans son sang,
plaines de Moab sur les confins de Ca soit aussi sur le fait que le sang des ani
naan. — 3° Ch. 22-36, dispositions du maux appartenait à l'Eternel, comme ex
peuple, histoire de Balaam, recensement, piation des péchés, Deut. 12, 23. Lév. 17,
récapitulation, ordonnances, guerre avec 11.; peut-être aussi était-ce une interdic
les Madianites, lois sur les héritages. tion destinée à faire ressortir la coutume
NOPH, Es. 19, 13., v. Memphis : ville criminelle des Phéniciens et d'autres peu
royale d'Egypte, avec des temples de ples païens qui dans leurs sacrifices man
faux dieux; elle comptait des Juifs parmi geaient du sang , ou le mêlaient avec du
ses habitants, Jér. 2, 16.44, 1. 46, 14. vin pour le boire, cf. Psaum. 16, 4. Un
Ez. 30, 13. 16. principe d'humanité s'y rattachait égale
NOPHAH, ville moabite située au-delà ment, et les Hébreux devaient puiser dans
du Jourdain, Nomb. 21, 30. l'horreur du sang l'horreur de la cruauté
NOURRITURE. On peut voir aux dif envers les animaux. — Le Coran contient
férents articles quels étaient les aliments une défense semblable.
dont, parmi les Hébreux, les riches et les c) Certains morceaux de la graisse du
pauvres se servaient le plus habituelle bœuf, de la chèvre et de la brebis, notam
ment. La loi avait jusqu'à un certain point ment la queue, ordinairement très four
réglé sous ce rapport leur mode de vivre, nie de graisse, de ce dernier animal. Ces
NOU 115 NOU

morceaux comme plus succulents reve précédentes, et pouvoir se combiner avec


naient de droit au service de l'autel, Lév. elles dans le système alimentaire de l'éco
7, 25. cf. 3, 14. v. Offrandes. Au point nomie hébraïque.
de vue de la santé publique, cette défense e) Les viandes sacrifiées aux idoles,
était un bienfait, car dans ces climats Ex. 34, 15., défense maintenue comme
brûlants où les maladies de la peau SOnt les deux premières par la loi nouvelle,
si communes, si invétérées, et parfois si Act. 15, 29.21, 25. Dans les villes païen
dangereuses, il importait d'empêcher au nes ces viandes étaient, après avoir été
tant que possible l'usage des graisses présentées, vendues sur la place du mar
parmi le peuple : la culture assidue des ché, et l'apôtre donne des directions sur
olives, dont l'huile était le seul assai la conduite à tenir dans ce cas, 1 Cor. 10,
sonnement des viandes, était indirecte 25. sq. Les Juifs postérieurs appliquè
ment encouragée par ce moyen, et les rent même cette défense au vin, au pain,
Hébreux, en recherchant les graisses vé et aux gâteaux fournis par les païens, at
gétales qui leur étaient seules permises, se tendu que ces aliments pouvaient avoir
tournaient avec courage vers les travaux servi dans un sacrifice : quelques auteurs
des champs. ont voulu, non sans raison, entendre dans
d) Le chevreau cuit ou rôti dans le ce sens les répugnances et les refus de
lait ou la graisse de sa mère, Ex. 23, 19. Daniel et de ses trois amis, Dan. 1, 8.
34, 26. Deut. 14, 21. Le motif de cette sq., de Tobie 2, 15., et de Judith 12, 2.
défense n'est pas très clair. Michaélis f) La cuisse des animaux purs à l'en
pense qu'il s'agit d'une brebis-mère en droit du muscle Où la hanche de Jacob
général, et plus généralement encore, fut démise, Gen. 32, 25.
d'un animal quelconque, de manière que g) La viande de tous les animaux décla
la défense de Moïse reviendrait à une in rés impurs, Lév. 11, 1-31. Deut. 14, 1-19.
terdiction absolue de tout assaisonnement (leur lait n'était pas compris dans cette dé
animal des viandes , ce serait alors, soit fense). Ces animaux étaient : 1° les qua
au point de vue sanitaire, soit sous le drupèdes qui ruminent, sans avoir l'ongle
rapport agricole, une mesure du genre de entièrement divisé, dessus et dessous,
la précédente. D'autres y ont vu une ac comme les lièvres, le porc, le chameau ;
commodation à un préjugé existant alors 2° tous les serpents et reptiles;3° les am
et maintenant inconnu; d'autres, un phibies et animaux qui vivent dans l'eau
principe d'humanité envers les animaux sans écailles et nageoires; 4° tous les in
domestiques, et en quelque sorte un sym sectes, sauf ceux qui ont comme les saute
bole de l'amour maternel qui ne saurait se relles quatre pieds pour marcher, et deux
prêter à servir aux funérailles sanglantes pour sauter; 5° une vingtaine d'espèces
de son fruit; v. Chèvres. Je ne sais si d'oiseaux énumérées dans les passages
peut-être cette loi, qui gênait certaine indiqués, mais dont les noms ne peuvent
ment les ventes et les achats en mettant pas tous être traduits d'une manière sûre :
les acheteurs dans la crainte continuelle celles que l'on connaît avec certitude sont
d'une transgression involontaire, ou dans l'aigle, le vautour, l'autruche, les chouettes
la laborieuse obligation d'examiner et la et le pélican; on peut voir sur ces oiseaux
naissance d'un chevreau, et l'origine du leurs différents articles. Comme il n'yaici
lait acheté, ne devait pas avoir aussi pour qu'énumération, sans que les caractères
résultat, sinon pour but, de favoriser la d'impureté soient indiqués, les Juifs re
consommation intérieure, d'entraver le gardent comme purs tous ceux qui ne
commerce et d'empêcher ainsi d'une part sont pas expressément défendus; il pa
une trop grande augmentation de ri raît cependant par la nature de ceux de
chesses, de l'autre la pauvreté provenant ces oiseaux que nous connaissons, ou
de l'aliénation des biens : en attendant que nous croyons connaître, qu'une
mieux, je soumets cette explication à n0urriture animale était le trait distinctif
ceux.qui voudront bien l'examiner; elle qui constituait un oiseau impur. Les rab
me paraît se recommander autant que les bins ont cherché à définir ces caractères,
NOU 116 NUE

et ils en indiquent quatre, Mishna Chol leur moyenâge, ont emprunté au judaïsme
lin 3, 6. aboli, et au paganisme qu'ils condamnent,
Comme fondement et source de toutes des interdictions de viande, déjà annon
ces prescriptions, se trouvait avant tout cées par saint Paul, qui appelle en con
le principe théocratique, Lév. 20, 24. ; séquence ces docteurs « des révoltés de la
mais il s'y mêlait, ainsi que nous l'avons foi, adonnés aux doctrines des démons, »
vu, un grand nombre d'idées secondaires, 1 Tim. 4, 1-3. -

hygiéniques, économiques, politiques et NOYER, Cant. 6, 11., arbre bien con


autres : c'est leur réunion qui peut le nu, de la famille des thérébinthacées, ori
mieux expliquer le nombre et la nature ginaire de la Perse, mais parfaitement ac
de ces défenses, quoique tel de ces points coutumé à nos climats, où il atteint sans
de vue soit peut-être plus évident dans peine une hauteur de 40 à 60 pieds. Il
un cas, et tel autre dans un autre cas. Les fleurit au printemps et donne ses fruits
Juifs observèrent toujours minutieuse en septembre. Ses feuilles sont divisées
ment la distinction des animaux en purs en folioles ovées, grandes, unies. Le fruit
et impurs, et ce ne fut que dans des cas est composé d'une enveloppe extérieure
de famine, 2 Rois 6, 25., que la nécessité et charnue, nommée brou ; d'une coque
les contraignit à manger des viandes remplie d'anfractuosités et plus ou moins
souillées : les persécutions dont ils furent dure, nommée coquille : et enfin d'une
l'objet plus tard, les trouvèrent inébran amande de forme irrégulière que l'on
lables, et ils se laissèrent mettre à mort mange, ou dont on extrait une huile fort
plutôt que de consentir à manger du pour estimée. La Palestine en possède encore,
ceau, 1 Macc. 1, 65, 2 Macc. 6, 18. 7, 1. et ils croissaient autrefois Sans culture
Plusieurs rabbins mêmes, sages au delà sur les bords du lac de Génésareth. Le
de ce qui est écrit, regardèrent comme jardin des noyers dont il est parlé dans
un péché de posséder des animaux im le Cantique est nécessairement un grand
purs, tels que des chiens, tandis que la verger, car il y a peu d'arbres plus nui
loi n'en interdisait que la viande. La loi sibles aux jardins proprement dits que le
n'avait pas prononcé de peine contre l'u- noyer, par l'étendue du terrain qu'il mas
sage illicite d'une viande souillée, les rab que, et par la longueur de ses racines
bins établirent la flagellation, alors même presque horizontales.
qu'on n'en aurait mangé que la grosseur NUEE, v. Colonne. — Dans l'Ecriture,
d'une Olive Ou d'une lentille. le mot nuée désigne quelquefois le brouil
Plusieurs peuples de l'antiquité ont lard du matin, Es. 18, 4. On le retrouve
connu une distinction des animaux, et ailleurs et avec plusieurs significations
avaient admis, mais pour d'autres motifs, réelles ou symboliques. Osée, 6, 4., com
l'interdiction de certaines viandes; ainsi pare à une nuée la piété d'un moment du
les Egyptiens, qui avaient leurs animaux peuple de Dieu, et l'on connaît le magni
sacrés, bœufs, chats, etc., qu'ils adoraient, fique sermon de Saurin sur ce texte : Les
ne permettaient pas qu'on s'en nour dévotions passagères. Les nuées sontcom
rit, et c'est peut-être à une raison de ce me des outres qui retiennent la pluie au
genre qu'il faut attribuer l'habitude qu'ils dessus de la terre, et qui la laissent échap
avaient de ne point manger avec des étran per comme par une grille d'arrosoir dès
gers, Gen. 43, 32. L'école pythagoricienne que Dieu le commande, Job 26, 8. 38, 9.
avait quelques principes analogues; d'au 2 Sam. 22, 12. Es. 45, 8. C'est enfin sur
tres castes s'interdisaient l'usage du pois les nuées que le Seigneur de gloire ap
son, par des raisons hygiéniques et pres paraîtra, et que les chrétiens seront en
que morales; les Indous, et leur philoso levés à sa rencontre, Matth. 24, 30. Luc
phe Menou, avaient une foule de préceptes 21, 27. Apoc. 14, 14-16. 1 Thess. 4, 17.
qui rappellent ceux des Hébreux à l'égard — La nuée dont le temple de Salomon fut
des viandes; Mahomet enfin en a repro rempli lors de sa dédicace , 1 Rois 8, 10.
duit un certain nombre dans son Coran, 2 Chr. 5, 13., fut peut-être une manifes
et les prêtres du catholicisme, fidèles à tation semblable à celle dont les lsraéli
: -
|/
NYM 117 OB0

tes avaient été les témoins, et l'arche le des réunions privées à côté du culte pu
théàtre, pendant les quarante années du blic. Rom. 16, 5. 1 Cor. 16, 19. Une
désert, un symbole visible de la présence troisième explication entendait « l'Eglise
de Dieu ; de même encore, Ex. 40, 34. qui est en sa maison » du culte domestique
Es. 6, 4. Ez. 10, 4. Saint Jean dit pareil de Nymphas; mais une famille ne s'assem
lement dans l'Apocalypse, 15, 8. « Et le ble pas, elle est toujours réunie.
temple fut rempli de la fumée qui procé
dait de la majesté de Dieu et de sa puis 0
sance. » Une nuée est comme l'enveloppe
extérieure de celui qui ne se montre point OBED, Ruth 4,17-1 Chr. 2, 12. Matth.
à des yeux d'homme, et qui veut se ma 1, 5. Luc 3, 32., fils de Booz et de Ruth,
nifester dans sa gloire et non dans son père d'Isaï , et grand-père de David, si
humanité. Les païens ont pressenti, ou toutefois aucune génération n'est passée
emprunté au judaïsme, ce symbole, et SOus silence. Il se trouve sur les deux
leurs divinités vont jusqu'à prêter aux listes généalogiques de notre Sauveur,
hommes qu'elles protégent la nuée qui mais sa personne ne nous est connue que
doit les soustraire à la vue des mortels, par la joie que sa naissance causa à ses
Virg. AEn. liv. I. pieux parents. -

NUIT. Chez les anciens Hébreux, elle OBLATION, nom général qui, dans le
précédait le jour, et c'est ainsi que s'ex gouvernement théocratique de la Judée,
plique l'expression ordinaire des jours de pouvait s'appliquer aux impôts civils,
la création : « Ainsi fut le soir, ainsi fut aussi bien qu'aux dons volontaires des
le matin. » Elle se divisait, comme le fidèles. v. Impôts, et Offrandes.
jour, soit en douze heures, soit en trois OBOLE, signifie littéralement une barre
ou quatre parties. v. Veilles. La nuit, dans de fer, puis une monnaie grecque de la
un sens figuré, signifie des jours de tri valeur de 15 centimes environ, parce
bulation, d'adversité, Ps. 17, 3. Es. 21, que, dans leurs temps primitifs, les Grecs
12. cf. Jean 9, 4.1 Thess. 5, 2. Les en s'étaient servis de fer en guise de mon
fants de la nuit sont, dans le sens moral, naie, comme les Latins aussi disaient :
les méchants qui ont besoin des ténèbres œs libratum, de l'airain pesé (on en a ré
pour faire le mal, 1 Thess. 5, 5. Enfin, se cemment décOuvert un monceau : ce SOnt
lever la nuit signifie s'occuper d'une cho des pièces presque cubes d'airain, et qui
se avec empressement et sans retard. Dieu ne portent point de coin ni aucune mar
même emploie cette expression pour mar que. v. Bulletin archéol. de Rome). Six
quer le zèle qu'il a témoigné pour le bien oboles formaient une drachme, littérale
des hommes, les soins qu'il apporte à ment une poignée (de fer), et 4,000
l'œuvre de leur salut, Jér. 25, 3. 26, 5. drachmes, ou à peu près 3,600 fr., un
29, 19. 44, 4. talent, c'est-à-dire un bassin de balance
NYMPHAS. Saluez les frères qui sont (plein de fer). Hug fait remarquer (Einl.
à Laodicée, et Nymphas avec l'Assemblée in die BB. des N. T.) que la mention de la
qui est en sa maison, dit saint Paul, Col. monnaie grecque, dans la Bible, est une
4, 15. Il résulte de ce passage, ou bien preuve de la véracité et de l'exactitude de
que dans Laodicée même, Nymphas avait, ses auteurs, parce que, en effet, du temps
onne sait pour quelle raison, une réunion de Jésus-Christ, trois systèmes moné
particulière à côté des assemblées publi taires différents avaient cours en Pales
ques, ou bien, comme le soupçonne Gro tine : la monnaie juive, la grecque et la
tius, qu'il demeurait à la campagne, non romaine, systèmes correspondant ainsi
loin de Laodicée, et que sa maison était aux trois langues parlées, et employées
le lieu où se rassemblaient les chrétiens dans l'inscription de la croix. La mon
des environs. Ces deux opinions se re naie grecque avait été introduite par les
eommandent également, et la première rois de Syrie, successeurs d'Alexandre
ne peut pas être repoussée, car on sait le Grand, dont le premier, Antigonus,
qu'Aquila et Priscille avaient également père de Démétrius Poliorcète, avait été
O1S 118 OIS

l'un de ses généraux. seaux : si, par exemple, quelqu'un trou


Il n'est pas parlé de l'obole dans le vait un nid sur son chemin, il lui était
Nouveau Testament (v. Monnaie), et nous défendu de le détruire ou de l'enlever
ne trouvons ce nom que dans l'Ancien, entièrement, Deut. 22, 6.7.; on pouvait
employé comme mesure de pesanteur, s'en approprier les œufs ou les petits
Ex. 30, 13. Lév. 27, 25. Nomb. 3, 47. v. fraîchement éclos, mais on devait laisser
à l'article Gousse, ce que nous avons dit le nid et la mère. Cette défense, qui ne
de l'origine de cette unité de poids. Le s'appliquait, du reste, qu'aux nids des
mot guérah, que l'on a traduit par obole champs, et non à ceux qu'un propriétaire
dans ces passages, pourrait être conservé pouvait trouver sur sa propriété ou dans
dans n0s versions. v. Mesures. sa maison, avait pour but de préserver
OBOTH, l'un des campements des ls d'une extinction totale plusieurs espèces
raélites dans le voyage du désert, duquel d'oiseaux, utiles soit à cause de la guerre
ils partirent pour se rendre aux monts acharnée qu'ils font aux insectes, soit
Abarim, Nomb. 33, 43. cf. 21, 10. Il faut parce qu'en dévorant les corps morts
le placer à l'est de l'Idumée, mais sans qu'ils trouvent dans les champs ou dans
chercher à le déterminer davantage, ni à les forêts, ils sont de vrais préservatifs
en retrOuver le nOm. contre la peste et l'empoisonnement de
OFFRANDE. 1° Elevée, volontaire, ou l'air, considération qui, dans les pays
tournovée, Ex. 29, 24. v. Lever. chauds de l'Orient, est d'une importance
2° Offrande nonsanglante.v. Libations. bien plus grande et mieux sentie que dans
3° Entièrement consumée. v. Holo nos climats tempérês. Des motifs d'hu
CauSte. manité appuyaient également cette dé
Pour toutes les autres espèces d'offran fense qui, non-seulement laissait la vie
des, fort nombreuses, qui étaient pres aux oiseaux déjà formés, mais tendait en
crites aux Hébreux, nous en parlerons core, par sa nature, à diminuer de beau
d'une manière générale à l'article Sacri coup l'intérêt de la chasse en lui enlevant
fices. son meilleur butin : des œufs ou une
OIGNON , Nomb. 11,5., l'allium cepa, couvée sans mère, et sans nid, restaient
de la famille des liliacées, du genre ail. presque sans valeur. — Les Talmudistes
Il est fort abondant en Egypte, où il at avaient borné cette interdiction à la
teint une grandeur et une saveur peu classe des oiseaux purs, laissant la chasse
communes. On le cultivait aussi sur les entièrement libre à l'égard des autres,
côtes de la Philistée, et notamment près mais là encore, en voulant être sages au
d'Askélon, d'où probablement l'une de de là de ce qui est écrit, ils avaient à la
ses espèces, l'échalotte, a tiré son nom. fois faussé le texte de la loi et trompé le
Les voyageurs modernes, Arvieux, Has double but qu'elle devait atteindre.
selquist, vantent beaucoup le goût pro Les Orientaux aimaient en général à
noncé, mais délicat et moëlleux, de l'oi voir les oiseaux fixer leurs nids dans
gnon d'Egypte, et admirent son énorme leurs temples ou lieux de prières, ils y
volume; il se multiplie par le moyen des voyaient un augure favorable et se gar
soboles que fournit sa tige. Les oignons daient avec soin de chasser Ou même
de l'Asie Mineure sont également meil d'effrayer des hôtes qui s'étaient mis en
leurs et plus gros que ceux de l'Europe. quelque sorte sous le patronage de leurs
Ils constituent, sur les marchés orien dieux. Chez les Hébreux, nous ne voyons
taux, l'un des principaux objets de con rien de semblable, quoiqu'on ait cherché
SOmmation. à entendre de cette manière Ps. 84, 3.;
OISEAUX. Plusieurs d'entre eux étaient les Juifs croyaient même avoir découvert
regardés comme impurs. v. Nourriture, dans la construction du temple de Salo
et Aliments. Sur ceux qui pouvaient ou mon, des détails destinés à en éloigner
devaient être offerts devant l'Eternel, v. les oiseaux, v. Temple.
Sacrifices. La loi de Moïse renfermait Les Israélites tenaient des pigeons et
plusieurs dispositions relatives aux oi des poules dans leurs cours, mais nulle
OLI 119 OLI

part il n'est fait mention d'oies ni de ca un intendant spécial, chargé en même


nards, sauf peut-être 1 Rois 4, 23., mais temps de livrer au commerce l'huile qu'ils
on ne saurait le prouver. Les oiseaux de produisaient. Jérémie, 11, 16., fait allu
passage sont nommés, Jér. 8, 7. d'une sion au long àge de cet arbre et à la
manière générale, avec leur instinct des générosité avec laquelle il récompense
saisons : on voit par 1 Rois 10, 22. Jér. les soins peu nombreux qu'il demande.
5, 27., que les grands personnages juifs Avant que les Olives soient mûres on les
se procuraient, pour l'agrément de leur abat, soit en secouant l'arbre, soit en en
basse-cour, des oiseaux remarquables par frappant avec précaution les branches que
leur plumage ou la beauté de leur chant. l'on veut dépouiller, Es. 17, 6. 24, 13. cf.
Les oiseaux du ciel sont plusieurs fois Deut. 24, 20. On les presse alors et l'on
employés dans des paraboles pour dési en retire une huile extrêmement fine,
gner les puissances de l'air et des té blanche et délicate, l'huile vierge de Lév.
nèbres, Matth. 13, 4. Marc 4, 4., etc. On 24, 2. Ex. 27, 20. 29, 40., l'huile toute
peut voir aux articles spéciaux ce qui fraîche de Ps. 92, 10., l'oleum omphacium
concerne ceux dont les noIns se trouvent de Pline 12, 60. 15, 3. Si au lieu d'une
dans la Bible. simple pression des olives, on les foule
OLIVIER, arbre fruitier de la famille au pressoir ou dans des cuves, Mich. 6,
des jasminées, touffu, à rameaux cendrés,
15., l'huile qu'on obtient est moins pure,
à feuilles sessiles, lancéolées, entières, plus mélangée, parfois un peu amère; ce
coriaces, d'un vert-foncé en-dessus, blan pendant elle suffit aux usages ordinaires,
châtres en-dessous, persistantes, à petites et les pressoirs d'olives étaient assez
fleurs odorantes et disposées en grappes nombreux aux environs de Jérusalem,
dans les aisselles des feuilles; ses fruits pour que le jardin de Gethsémané en ait
sont composés d'une amande centrale tiré son nom. Des olives mûres ou char
contenu dans un noyau osseux très dur, nues ne donnent pas de bonne huile,
enveloppé d'une pulpe charnue, ferme, et sous ce rapport celles de Palestine
très huileuse; toutes les autres parties du avaient sur celles d'Egypte une telle supé
fruit le sont également; les olives se riorité, que les Juifs en exportaient et en
mangent crues ou assaisonnées, et four vendaient beaucoup aux marchands égyp
nissent en abondance une des meilleures tiens, Os. 12, 2. Les Phéniciens en ve
huiles connues. Mal fait, sans élégance et naient aussi chercher en Judée, Ez. 27,
d'un aspect fort triste, l'olivier est très 17. cf. 1 Rois 5, 11. Esd. 3, 7., et les rois
sensible aux gelées ; il ne donne jamais d'Israël, notamment Ezéchias, avaient de
de fruit lorsqu'il est éloigné de plus de riches magasins destinés à recevoir des
30 lieues de la mer; il réussit avec peine huiles qu'on leur payait comme impôts, 2
dans le midi de la France, et réclame un Chr. 32, 28. Les meilleures olives crois
terrain sec et des climats chauds tels que saient dans les environs de Tékoah ; on
ceux de l'Orient.Ses fruits formaient l'une les mangeait quelquefois crues ou assai
des branches principales de la richesse des sonnées avec du sel, ou confites de toute
Hébreux, et ils figurent souvent à côté autre manière.
du blé, de la figue et du vin, parmi les L'olivier sauvage dont il est parlé Rom.
plus excellents produits de la Palestine, 14, 17.24. (oleaster), fournit des fruits
Ex. 23, 11. Deut. 6, 11. 8, 8. 28, 40. 24, moins savoureux et une huile passable
20. Jos. 24, 13. Jug. 15, 5. 2 Rois 5, 26. ment mauvaise; on n'en emploie guère
18, 32. Mich. 6, 15. v. aussi quelques que le bois. Ses rameaux sont garnis
prescriptions de charité publique rela d'épines à leurs extrémités ; ils portent
tives à la moisson des olives, Deut. 24, des feuilles plus courtes et plus larges,
20. On cultivait l'olivier dans des jardins blanchâtres à leur partie inférieure. On
et sur le penchant des montagnes , et il greffait quelquefois l'olivier sauvage sur
paraît, d'après 1 Chr. 27, 28., que la cou l'olivier franc, lorsque les branches de ce
ronne possédait des parcs d'oliviers assez dernier commençaient à se dessécher, et
considérables pour devoir être confiés à cet usage existe encore en Orient. (Je
0L1 120 ON ! "

n'ai pu vérifier si ce mode de greffe, con il est surmonté de trois sommets, dont le
traire à ce que l'on pratique ordinaire septentrional (d'après'Maundrell, d'au
ment, est réellement justifié en botani tres disent celui du milieu) est le plus
que; , plusieurs commentateurs, Winer, élevé : la cime méridionale est célèbre
Reiche, le contestent faiblement; d'autres par l'apostasie de Salomon, qui y éleva des
Olshausen, Schulz, affirment que les cho antels aux idoles de ses femmes, 1 Rois
Ses se passent ainsi, mais ils sont plus 11, 7.2 Rois 23, 13.; elle fut appelée pour
forts en théologie qu'en histoire naturelle, cette raison mashchith, c'est-à-dire mon
et leur témoignage n'est pas en cette ma tagne de la perdition ou du scandale. C'est
tière d'un fort grand poids Dans tous les Sur le penchant oriental que la tradition
cas, l'idée est la même). L'idée que saint place l'ascension de notre Sauveur, non
Paul veut amener ou expliquer par la si loin de Béthanie, et si ce n'est pas dit ex
militude tirée de cet arbre, est que les gen pressément Act. 1, 12. Luc, 24, 51., ce
tils ont pris dans l'organisme de la syna pendant toutes les probabilités appuient
gogue ou de l'Eglise, la place que les Juifs cette tradition. -

n'étaient plus propres à occuper ; ils ont Le mont des Oliviers serait à peine une
été entés à l'endroit mème de la blessure, colline en Suisse, par exemple : mais il
là où finit le tronc et où commencent les s'élève de beaucoup au-dessus des petites
branches; les païens, pas plus que les montagnes qui l'entourent en Juda , et
Juifs, n'ont en eux-mêmes la source de la SOn élévation est double de celle de Mo
vie, mais ils sont mis à même par la rija et de Sion : de son sommet l'on jouit
greffe, de participer aux propriétés du d'une vue aussi remarquable par sa beauté
tronc. Les enfants de Japhet sont venus que par son étendue, et il n'est sur la
se loger dans les tabernacles de Sem; terre aucun endroit qui réunisse un tel
pour eux c'est un don tout gratuit, qui spectacle à d'aussi grands souvenirs. De
leur sera retiré bien plus facilement qu'il la même place on peut tour à tour porter
ne l'a été aux Juifs, s'ils s'en rendent in ses regards sur la mer Morte ou sur la
dignes. Méditerranée, sur les plaines de Moab ou
Les rameaux d'olivier Servaient à faire sur les déserts de la Quarantaine, sur les
des tabernacles dans les jours de fêtes monts Hébal et Guérizim, ou sur Jérusa
solennelles, Néh. 8, 15., et le bois de l'o- lem, qui se montre dans toute sa magni
livier franc, qui est ferme, dur, et sus ficence, et présente au spectateur ses
ceptible d'un fort beau poli, était em places, ses rues, ses collines, ses vallées,
ployé dans la construction des palais ou et l'édifice musulman bâti sur ies ruines
des temples, 1 Rois 6, 23. Le feuillage et du temple de l'Eternel. Le mont des Oli
les branches de l'olivier (franc) étaient un viers était l'une des promenades ordinai
symbole de la joie, 2 Macc. 14, 4. res de Jésus, Matth. 24, 3. Marc 13, 3.
Montaqne des Oliviers, Zach. 14, 4. Luc 19, 37-44. : c'est de là qu'il pleurasur.
Elle était située au nord-est de l'ancienne la ville, et qu'il en annonça la prochaines
Jérusalem, à un quart de lieue environ et inévitable destruction.
de ses murailles extérieures, et en était OLYMPE ou Olympias, disciple de
séparée par la vallée du Cédron : d'après de Rome, salué par l'apôtre Paul, Rom.
Act. 1, 12., elle était éloignée de Jéru 16, 15.; inconnu.
salem le chemin d'un sabbat. Les nom OMEGA, la dernière lettre de l'alpha
breuses plantations d'oliviers qui avaient bet grec, employé proverbialement pour
donné le nom à cette montagne n'existent dire la fin d'une chose, comme l'alpha ou
plus : le côté oriental est complétement première lettre désignait le commence
nu; sur le côté occidental , les arbres sont ment, Apoc. 1, 8.11. 21, 6. 22, 13. v.
rares ; on y trouve cependant encore de Alpha.
la vigne, des figuiers, des amandiers et ON. 1° Fils de Péleth, descendant de
des dattiers; c'est sur ce penchant que se Ruben, nommé Nomb. 16, 1., parmi les
trouvait le jardin de Gethsémané. Le mont principaux membres de la conspiration
des Oliviers se dirige du nord au sud, et de Coré ; comme il ne reparait plus dans
ONA 121 0NC

la suite de cette histoire, on a cru qu'il Cananéenne Suah. Ce malheureux jeune


avait renoncé, pour sa part, à cette cou homme a légué son nom à l'un des actes
pable rébellion, et les anciens interprètes les plus dégradants de l'impureté, et l'on
ajoutent que ce fut sur le conseil de sa peut cependant conclure de son histoire
femme. On peut supposer aussi qu'il a qu'il y avait, dans ses intentions, moins
continué d'y prendre part, mais sans y d'impureté que d'envie et d'égoïsme. Con
jouer un rôle très actif. traint, par son père et par l'usage, d'é-
2° Ville d'Egypte, Gen. 41, 45.46, 20., pouser la veuve de son frère mort sans
et apparemment de la Basse Egypte, Ez. enfants, mais sachant que les enfants qui
30, 17. Elle est appelée Aven dans ce lui naîtraient de cette femme ne lui ap
dernier passage, différence qui, en hé partiendraient pas, il trompait l'espoir
breu, n'est qu'une affaire de ponctuation, de ce mariage, et commettait une faute
mais qui a, par cela même, une certaine d'autant plus grave qu'il était libre d'é-
importance, car alors le nom propre porte pouser en même temps une autre femme
en lui la signification de ville criminelle ; dont les enfants seraient à lui. Le péché
la ville porte sa condamnation dans son d'Onan, qui commençait par la haine et
nom même. Les Septante ont rendu ce finissait par la souillure, était, en outre,
nom, dans ces différents passages, par sans excuse, et ne pouvait se justifier
Héliopolis, ville du soleil, ce qui est la d'aucune manière, pas même par une pré
traduction littérale de On, qui signifie, en tendue nécessité, Gen. 38, 4. 46, 12.
égyptien, lumière, soleil. C'est la même Nomb. 26, 19. 1 Chr. 2, 3. Il mourut
ville aussi qui est traduite par Beth-Sé d'une mort prématurée, suite peut-être
mès, ou maison du soleil, Jér. 43, 13., naturelle de ses désordres, peut-être
que Pline, 5, 11., appelle oppidum solis, châtiment subit et providentiel d'un cri
et que les Arabes nomment encore Ain me aussi Odieux. -

Shemes, fontaine du soleil. Héliopolis ONCTION. Il ne peut être parlé ici de


était une vieille et sainte ville de la Basse l'onction morale, de ce trait du caractère,
Egypte, bâtie sur une digue, et chef-lieu de la parole ou de la vie, mélange de ten
d'un district situé du côté de l'Arabie. Il dresse et de sévérité, d'amour et de sain
s'y trouvait un célèbre temple du soleil et teté, qui doit être un des traits princi
un clergé nombreux et instruit. Le beau paux, mais qui est aussi l'un des traits
père du patriarche Joseph, gouverneur les plus rares, parce qu'il se compose de
de cette ville, appartenait à la caste sa qualités contraires, de la personne du
cerdotale. De riches et vastes bâtiments chrétien, et du prédicateur en particu
étaient la demeure des prêtres. Près du lier, caractère si frappant dans tous les
temple, on nourrissait un taureau comme enseignements du maître, si frappant en
symbole du dieu Mnevis, qu'on y adorait. core chez l'apôtre de la charité qui était,
Jérémie, 43, 13., mentionne ce temple du en même temps, un fils du tonnerre, de
soleil. Au temps de Strabon, Héliopolis même que dans plusieurs épîtres de saint
était détruite, les armées perses y avaient Paul.
passé; cependant l'on y remarquait en Nous ne parlerons que de l'onction
core quelques ruines magnifiques que les matérielle, de l'onction d'huile, renvoyant,
siècles ont laissé parvenir jusqu'à nous, pour plusieurs détails, aux articles spé
près du village de Matarée, à 2 lieues ciaux. L'habitude de se frotter d'huile,
nord-est du Caire, et à 6 lieues de l'an de se répandre de l'huile sur le corps, ou
cienne Memphis. sur quelques parties du corps, a été de
Le superbe obélisque qui décore la tous temps, comme elle l'est encore de
place du Peuple, à Rome, fut fait à Hé nos jours, fort connue dans les climats
liopolis par ordre de Psamménite, 522 ans chauds de l'Orient, et chez les peuples
av. C. Ce fut Auguste qui le fit transpor du midi de l'Europe, chez les Grecs et
ter dans la capitale de l'empire. chez les Romains; elle est, en quelque
ONAGRE. v. Ane sauvage. sorte, une nécessité de ces pays où la
ONAN, second fils de Juda et de la chaleur produit sur les corps animaux
0NC 122 0NE

une transpiration souvent accompagnée prouvaient un grand luxe et une grande


d'une odeur désagréable et malsaine. Si richesse chez leurs possesseurs; les rois
les pauvres sont obligés de supporter avaient des cabinets de parfumeries, com
toujours cette incommodité, les person me ils avaient des garde-robes et desar
nes aisées ne pouvaient se dispenser, senaux, Es. 39, 2. C'étaient surtout les
surtout lorsqu'elles donnaient des repas, Phéniciens qui faisaient ce genre de com
ou qu'elles recevaient des personnes de merce; ils expédiaient presque toujours
distinction, ou enfin lorsqu'elles accor leurs parfums et leurs huiles dans des
daient l'hospitalité à quelqu'un, de four flacons d'albâtre, estimés ceux qui con
nir des huiles excellentes à leurs hôtes, servent le mieux, le plus purement et le
et de s'en servir elles-mêmes, Prov. 27, plus longtemps, les odeurs délicates. La
9. Ez. 16, 9. Ruth 3, 3. Cant. 1, 2. Ju préparation de ces huiles exigeait une
dith 10, 3. Les huiles, les graisses parfu certaine habileté, et l'on trouve de bonne
mées, les pommades, appartenaient donc heure des hommes qui faisaient de ce tra
aux objets de luxe, mais de luxe néces vail leur métier, Ex. 30, 25. 35. Eccl. 10,
saire, des Israélites, Eccl. 7, 1. Sapience 1. Cant. 3, 6.; les riches avaient des es
2, 7. Ce n'était que dans les temps de claves habiles dans l'art de faire des par
deuil, dans les fêtes solennelles, et no fums, 1 Sam. 8, 13.
tamment au grand jour des expiations, De toutes les huiles, la plus précieuse
qu'on s'abstenait de toute espèce d'onc était celle du sanctuaire, l'huile pour
tion, Dan. 10, 3.2 Sam. 14, 2 cf. 12,20. l'onction sainte, dont on oignait les prê
Matth. 6, 17., etc. On oignait les cheveux tres et les vases sacrés. Il était inter
et la barbe (le Ps. 133, 2. montre que ce dit de s'en servir pour des usages parti
la se faisait quelquefois si richement, que culiers ; sa composition est indiquée Ex.
l'huile répandue ruisselait jusque sur les 30, 22. sq. (cf. 35, 15. 37, 29. Nomb.4.
vêtements); les mains, le visage, quel 16.). Ezéchiel, 23, 41., reproche aux Juifs
quefois les habits et les lits, étaient oints l'emploi qu'ils ont fait sur leurs tables
de la même manière, et, lorsqu'on vou des parfums de l'Eternel, et de l'huile
lait donner à quelqu'un une grande mar sainte du tabernacle.
que de respect ou d'affection, l'on allait ONÉSIME, esclave de Philémon. S'é-
jusqu'à oindre ses pieds, Ps. 45, 8.Prov. tant enfui d'auprès de son maître, il se
7, 17. Jean 12, 3. Luc 7, 38, 46. v. ail rendit à Rome; la curiosité peut-être, ou
leurs, ce qui regarde l'onction des mala le repentir, le conduisit vers saint Paul,
des, Marc 6, 13. Jacq. 5, 14., et celle qui était alors prisonnier, et il fut con
des boucliers, 2 Sam. 1, 21. Les prêtres, verti par la prédication de la parole. Dès
quelquefois les prophètes, 1 Rois 19, 16., lors, honoré par l'apôtre d'une tendre af
et les rois, même des rois païens, étaient fection, Onésime reconnut, par des soins
ordinairement consacrés par l'huile aux et des services, le bien que saint Paul lui
fonctions qui leur étaient conférées. Les avait fait; mais ces soins ne pouvaient
ustensiles du lieu saint des Hébreux pas durer longtemps : Onésime, devenu
avaient été inaugurés de la même ma chrétien, devait retourner auprès de son
nière, avant d'être mis en usage, Ex. 30, maître, et reprendre les chaînes qu'il
26. portait avant sa conversion. C'était s'ex
Les parfums dont on se servait étaient poser à de mauvais traitements, surtout
quelquefois, mais rarement, simples, tels si, comme on peut le conclure de quel
que l'huile de nard; le plus souvent ils se ques versets, Philém. 18. 19., l'esclave,
composaient d'un mélange d'huile d'olive en s'enfuyant, avait volé son maître (peut
fine, et de quelque autre produit odori être aussi ces paroles ne se rapportent
férant, indigène ou étranger, huile ou elles qu'au tort que l'absence prolongée
résine, tel que du nard, de la myrrhe, etc., d'un esclave devait causer à son proprié
Mich. 6, 15. Deut. 28, 40. Ez. 27, 22. 1 taire). Toutefois, le chrétien n'examine
Rois 10, 10. En général, de pareils par pas les conséquences que peut avoir la
fums étaient fort chers, Am. 6, 6:, et réparation d'un tort ; saint Paul est sans
0NE 123 ONY

ménagement pour son ami; Onésime lui-| que l'enseigne l'Eglise romaine; car selon
même ne regarde pas au danger, mais au les papistes, prier pour les morts, c'est
devoir. Il part, accompagné de Tychique, demander qu'une personne morte dans la
porteur d'une lettre de l'apôtre à Philé foi, mais dont les œuvres n'ont pas été suf
mon, dans laquelle saint Paul recommande fisantes pour la laver entièrement, puisse
l'esclave à l'indulgence du maître. Les passer du purgatoire au ciel , tandis que
deux voyageurs sont en outre chargés de l'apôtre parle ici d'un homme qui a eu la
lettres pour les églises d'Ephèse et de foi, et qui par ses œuvres en montre la réa
Colosses. On peut croire qu'Onésime ob lité : ces paroles n'expriment donc que
tint facilement son pardon demandé par la reconnaissance de Paul qui, ne pou
saint Paul, et que le fer rouge dont les vant récompenser Onésiphore, prie Dieu
anciens marquaient les esclaves fugitifs, de le faire selon sa promesse, ce qui est
ne passa pas sur son front. tout à fait conforme à la doctrine de
Onésime était de Colosses, comme on Christ et des apôtres, cf. Matth. 5, 7. 25,
le voit par la comparaison des textes Phi 36. 39. 40. Jacq. 2, 13.
lém. 1, 2.Col. 4, 9, 17. (Serm. de Rochat, ONO, ville bâtie par les Benjamites, 1
t. I.) La tradition ajoute qu'il fut affran Chr. 8, 12., et habitée par eux"après
chi, que saint Paul le consacra lui-même l'exil, Néh. 11, 35. Dans ces deux passa
évêque de Bérée en Macédoine, et qu'Oné ges elle est immédiatement précédée du
sime finit par souffrir le martyre à Rome. nom de Lod (Lydde), cf. aussi Esd. 2,
Dans le chapitre 1 de la lettre d'Ignace 33. Néh. 7, 37., ce qui fait penser qu'elle
aux Ephésiens, il est fait mention d'un était située dans son voisinage, et que la
Onésime, évêque d'Ephèse et successeur vallée d'Ono était une continuation de la
de Timothée, mais rien n oblige à croire plaine de Saron.
qu'il s'agisse là de l'esclave de Philémon. ONYX. C'est ainsi que saint Jérôme,
ONÉSIPHORE, fidèle d'Ephèse , ami nos versions et beaucoup d'autres, de
de saint Paul ; étant venu à Rome, soit même que Michaélis, Eichhorn, etc., tra
pour des affaires de commerce, soit pour duisent l'hébreu shoham, Gen. 2, 12. Ex.
d'autres affaires particulières, il chercha 28, 9. Job 28, 16. Ez. 28, 13. Onkélos et
l'apôtre avec grand soin jusqu'à ce qu'il les autres targummim le rendent par bé
l'eût trouvé. Il ne faut pas conclure de la ril, de même que les Septante , Reland et
peine qu'eut le disciple à trouver l'apôtre, Calmet le traduisent par émeraude. Tout
que celui-ci eût été jeté dans une miséra ce qu'on peut dire sur cette pierre n'est
ble prison, dans un cachot secret; on qu'incertitude et hypothèse. L'onyx est
peut, sans cette hypothèse, comprendre une espèce d'agathe rayée de blanc et de
qu'en arrivant de l'étranger dans la vaste noir, et comme le blanc tire sur l'ongle,
ville de Rome, Onésiphore n'ait pu trou on lui a donné le nom d'onyx ou ongle.
ver facilement le prisonnier qu'il cher L'onyx était la onzième pierre du pectoral
chait, et dont le délit n'était pas de na du grand-prètre : sur deux pierres d'onyx
ture à le faire classer dans une prison étaient gravés aussi les noms des douze
d'un ordre particulier. On a voulu con tribus. Par extension, le nom d'onyx a
clure aussi de 2 Tim. 1, 16. cf. v. 18. et pu signifier un vase ou flacon de cette
4, 19., qu'Onésiphore était déjà mort au matière, comme dans ces paroles si con
mOment Où Paul écrivait sa lettre : mais nues d'Horace, mardi parvus onyx.
il est fort possible qu'Onésiphore ne fût 2o Le même mot est employé dans un
pas encore de retour à Ephèse, et cela autre sens, et comme traduction de l'hé
expliquerait pourquoi Paul ne salue que breu shehheleth, Ex. 30, 34. Saint Jérôme
sa famille, en même temps qu'il lui adresse d'après les Septante le rend par ongle aro
indirectement des remerciements pour matique; d'autres par laudanum; d'autres,
l'affection que son chef lui a témoignée. comme Bochart, par bdellion. L'onyx ma
A supposer même qu'Onésiphore fût mort, rinus, blatta Byzantia, est un coquillage
le passage 1, 18. ne justifierait ni le droit, univalve semblable au poisson à coquille
mi le devoir de prier pour les morts, tel nommé purpura : le nom d'onyx lui a été
oPH 124 oPH
donné à cause de la couleur desacoquille, | ments; le premier est tiré du fait qu'O-
qui ressemble à la teinte rosâtre de l'on phir est cOmpté au milieu des fils de
gle. On le pèche dans les marais de l'Inde Joktan qui ont occupé l'Arabie , mais il
où croit le spica nardi dont cet animal se n'y a rien là de concluant, puisque Gen.
nourrit, et c'est ce qui rend son écaille 10, 4., Tarsis, qui est situé en Espagne,
si odorante : on va recueillir ce coquil est nommé parmi des peuplades qui ap
lage, lorsque la chaleur a desséché les partiennent évidemment à la Grèce.
marais : les Indiens, les Perses et les La seconde preuve mise en avant, c'est
Arabes en font l'un des ingrédiens prin le nom d'Ophir, El Ophir ou Ophar, que
cipaux d'un parfum extrêmement estimé. Seetzen a trouvé dans la province d'Oman,
Le meilleur onyx se trouve dans la mer au sud-est de l'Arabie. On peut ajouter
Rouge , il est blanc et gros : le babylo que selon Eupolemus dont un fragment
nien, au dire de Dioscoride, est moins nous a été conservé par Eusèbe (Prép.
estimé; il est noir et plus petit. év. 9, 30.), Ouphré (Calmet porte Durphé)
3° Yahalom, Ex. 39, 10. Ez. 28, 13.; serait une île de la mer Rouge, et cet au
v, Sardonyx. teur la regarde comme une partie du
OPHIR, pays compté, Gen. 10, 29., pays d'Ophir. -

parmi les Joktanides (qui habitaient pour Selon d'autres commentateurs c'est
la plupart des districts de l'Arabie), et à dans les lndes qu'il faut aller chercher
destination duquel Salomon faisait partir, cette contrée. Ils s'appuient sur ce que
des ports édomites, des vaisseaux qui ne les Septante écrivent toujours Sophir,
revenaient qu'au bout de trois ans, char nom que les Cophtes donnent encore aux
gés d'or, de poudre d'or, de pierres pré Indes; sur ce que la version arabe traduit
cieuses, d'argent, de singes, de paons, Ophir par El Hend ; sur ce que dit Josè
et de bois précieux, 1 Rois 9, 28.10, 11. phe (Arch. 8, 20, 4.) que Sophira est une
cf. 22. 49. L'or d'Ophir était regardé contrée de l'Inde : sur ce que les objets
comme le plus pur et le plus fin qui exis que Salomon tira d'Ophir sont des pro
tât, Job. 28, 16. Ps. 45, 10. Es. 13, 12. duits que l'on trouve en effet dans les In
Les interprètes sont loin d'être d'ac des; et que les noms donnés aux singes
cord sur la contrée désignée sous le nom et aux paons sont des noms indiens (koph
d'Ophir, et il est difficile de se pronon est le sanscrit kapi, thukiim est le tokei
cer au milieu des différentes opinions, de Malabar); sur le temps que prenait ce
qui s'appuient toutes sur des arguments voyage, puisque le retour n'avait lieu
plausibles, mais dont aucune ne peut of qu'au bout de trois ans, ou si l'on veut,
frir de preuve décisive. dans le cours de la troisième année; en
Quelques-uns ont cherché Ophir en fin sur ce qu'il y avait près de Goa dans
Amérique, et notamment dans l'île nom l'Inde, un endroit nommé Suppara, et chez
mée Espagnole (Haïti) par Colomb; on les Arabes Souphara, ce qui expliquerait
sait qu'en parlant de l'or de cette île il l'orthographe suivie par les Septante. . '
avait coutume de dire qu'il avait trouvé D'autres ont cru qu'il s'agissait de l'A-
l'or d'Ophir. D'autres prennent Ophir frique, et ils trouvent Ophir sur la côte
pour le Pérou. Cette manière de voir, orientale, à Sofala, vis-à-vis de l'île de
quelque peu anticipée, n'a guère pour Madagascar , on assure que les habitants
partisans que les Jésuites ses auteurs, de cette contrée ont des traditions et
Postel, Genébrard, Vatabre. Elle s'ap même des livres qui portent que Salomon
puie sur l'abondance de certaines mines y envoyait une flotte tous les trois ans
d'or de l'Amérique, et sur la supposition pour chercher de l'or; le portugais Jean
que la flotte qui partait pour Ophir, fai dos Santos ajoute qu'il y a, non loin de
sait en même temps le voyage de Tarsis là, une montagne abondante en minerai
(Cadix), et franchissait le détroit de la d'or et qui porte le nom d'Afura. Si l'on
Méditerrauée. pouvait se fier à ces données, elles se
D'autres pensent qu'Ophir désigne raient certainement intéressantes; toute
l'Arabie, et ils présentent deux argu fois le nom de Sofala dans lequel on pour
OPH 125 ORG
rait, à toute rigueur, trouver celui d'O- tance elle-même reste problématique; il
phir, rappelle plutôt dans les langues faut donc s'en tenir à son nom et à ce
sémitiques le nom de sbephélah qui si que la tradition nous donne comme le
gnifie côte, rivage; ce serait ainsi une plus probable. Sous ce rapport, nous
désignation tout à fait générale, un nom nous rapprocherons volontiers de l'opi
que tous les pays maritimes pourraient nion de Bochart, modifiée par Heeren et
revendiquer. - par quelques autres modernes. Bochart
Au milieu de ces incertitudes, il faut croit que le nom d'Ophir a été donné à
commencer par réduire à leur juste valeur deux pays dont l'un serait l'Arabie, l'au
deux données dont on a exagéré l'impor tre les Indes. Heeren prend Ophir comme
tance. Ophir pouvait fort bien n'être un nom général désignant les riches con
qu'une ville de commerce abondamment trées des côtes méridionales de l'Arabie,
pourvue de tous les produits de l'Orient de l'Afrique et des Indes; Volney com
et du Midi, et dans laquelle Salomon en pare l'île d'Ofor à l'entrée du golfe Per
voyait régulièrement et à des époques sique. Il est possible qu'Ophir, fils de
déterminées, des vaisseaux pour appro Joktan, se soit établi en Arabie, et que
visionner sa cour, son harem et son parmi ses descendants il y ait eu des émi
royaume. L'or d'Ophir (évidemment déjà grations et des colonies fondées par eux
travaillé, ou tout au moins épuré), pou dans les Indes, à Ceylan, peut-être plus
vait avoir reçu ce nom, sans être un pro loin encore. Si l'on pouvait établir l'au
duit du pays, mais parce que c'était là thenticité de plusieurs fragments de San
qu'il était le mieux purifié et le mieux choniathon, découverts il n'y a pas long
mis en œuvre. D'ailleurs, comme On l'a temps, la question ferait un grand pas ;
vu plus haut, le nombre des pays où l'on on y lit, en effet, le récit d'une expédi
trouve de l'or est assez grand pour que tion faite par Joram (Hiram), roi de Tyr,
ce caractère doive cesser d'être un guide et Irenius (Salomon, roi de paix), roi
dans les recherches. — En second lieu, des Juifs, vers une île fort éloignée qui,
la durée du voyage ne peut pas non plus d'après les caractères indiqués et la com
servir à fixer même d'une manière ap paraison de Pline 6, 24., ne peut être
proximative la distance à laquelle Ophir autre que Taprobane ou Ceylan; et Hee
devait être de Jérusalem, car l'or arrivait ren, dans un article spécial sur cette île,
dans le pays chaque année, 1 Rois 10, 14.2 a montré quelle a été son importance
Chr. 9, 13.; il n'est pas dit que le voyage dans l'histoire du cOmmerce de l'ancien
de trois ans fût le voyage d'Ophir, 1 Rois monde. Dans l'incertitude où l'on est sur
10, 22.; quand cela serait encore, cela l'authenticité de ce morceau, on s'abstient
ne prouverait rien, attendu l'extrême de s'en servir comme d'un argument,
lenteur de la navigation des temps an mais si la donnée qu'il renferme n'a pas
ciens, les détours possibles, les séjours beaucoup plus de garanties que les hypo
plus ou moins prolongés que les vais thèses qu'on a faites, en tout cas elle n'en
seaux pouvaient faire dans les ports a pas moins.
intermédiaires pour attendre soit des Notons encore, avant de terminer, l'o-
vents favorables, soit des vaisseaux en ·pinion qui cherche Ophir en Espagne,
retard ou n'arrivant qu'une fois par an celle qui le place à Carthage (qui n'a été
née. Saint Jérôme nous dit (Ep. 95), que fondée que longtemps après Salomon), et
dans le cas le plus favorable, un vaisseau le travail que Calmet se donne pour éta
avait besoin d'au moins six mois pour blir (avec Eustache d'Antioche), qu'Ophir
parcourir le golfe arabique dans sa plus était dans l'Arménie, dont l'une des quatre
grande longueur, et de nos jours encore, parties s'appelait Sophara sous Justinien ;
les vaisseaux marchands ne font qu'une quoi qu'on pense de son point de vue,
fois par année le voyage de Suez à Jidda. on peut lire avec fruit sa dissertation sur
– ll résulte de ces observations, que si ce sujet.
les produits retirés d'Ophir ne peuvent OR. v. Métal, et Monnaie.
servir à faire reconnaître ce pays, sa dis ORGE, hébr. sehorah. Les Egyptiens
0RI 126 ORM

et les Hébreux cultivaient en assez grande rient et à l'Occident au lièu de en avant et


abondance ce genre de céréales et notam arrière). Quelquefois il se prend comme
ment l'orge à six files, Ex. 9, 31. Lév. 27, chez nous, simplement pour exprimer la
16, Deut. 8, 8. Ruth. 2, 17.2 Sam. 14, direction, Gen. 2,8. 12, 8.3, 24. Job 23,
30. 2 Chr. 2, 40.15. Es. 28, 25. Jér. 41, 8. Les fils de l'Orient, ou Orientaux, dé
8. Joel. 1, 11. Les orges se semaient en signent assez ordinairement les bédouins
automne et se moissonnaient au prin du désert, Job 1, 3. Es. 11, 14. Jér. 49,28.
temps, au mois d'abib (mars, avril), pres Ez. 25, 4.1 Chron. 5, 9. Jug. 6, 3., etc.;
que aussitôt après la fête de Pâques; déjà de là les montagnes d'Orient, Gen. 10, 30.
le lendemain de Pâques on en offrait au Nomb. 23, 7., peuvent signifier tantôt les
temple les prémices qu'on allait cueillir montagnes de l'Arabie, tantôt celles de
exprès dans les champs, Lév. 23, 40-12. la Mésopotamie ou d'autres encore. —
2 Sam. 24, 9. Ruth. 1, 22. L'orge est de Le sens de ce mot est plus difficile à ex
tous les grains le premier mûr, et l'on pliquer, Es. 2, 6. : « ils se sont remplis
Voit que lorsque la grêle tomba sur l'E- d'Orient. » Le prophète se plaint des su
gypte à la voix de Moïse, l'orge fut perdu perstitions idolâtres auxqnelles se sont
parce qu'il commençait à former son épi, adonnés les Juifs, et l'Orient se rapporte,
tandis que le blé et les grains plus tar soit aux superstitions orientales en gé
difs ne furent pas endommagés parce néral, soit plus particulièrement au culte
qu'ils étaient encore en herbe, Ex. 9, 31. des astres venu de la Caldée, des Syriens
Les rabbins appelaient l'orge la nourri et des Babyloniens.
ture des animaux, parce qu'on en nour 0RI0N. v. Astres. Les Orientaux se .
rissait en effet les chevaux et les ânes, 1 le représentaient comme un géant en
Rois 4, 28., comme on peut le voir aussi chaîné, comme un fou qui aurait voulu
dans Homère. C'était, en tout cas, la nour attaquer Dieu, et se serait fait mettre les
riture des pauvres, une nourriture com ceps aux pieds, cf. Prov. 7, 22. Les Per
mune et peu estimée, citée Ez. 13, 19., ses ajoutent que ce géant était Nimrod.
comme exemple d'une denrée vile et de Quelques rabbins traduisent par Canopée
petite valeur; v. encore Ruth. 3, 15. 1 Rois l'hébreu K'sil, Job 38, 31., que nous ren
4, 22.2 Sam. 17, 28. Jean 6, 9., où l'orge dons par Orion.
apparaît comme l'un des produits les plus ORME, Es. 41, 19. 60, 13. C'est par ce
abondants de la Palestine, l'un de ceux mot que nos versions traduisent l'hébreu
qui se pouvaient exporter le plus facile theashur; on peut voir à l'article Buis,
ment sans danger pour les consomma le sens que nous avons cru devoir lui
teurs. Chez les Romains, du pain d'orge donner avec Winer, Haevernick, etc. Le
était imposé aux soldats comme punition, passage d'Ezéchiel, 27, 6., dans lequel nos
Tit.-Liv. 27, 13., et ailleurs; les Arabes versions, trompées par les mots bath
du Maroc ne mangent encore que du pain ashurim, font intervenir la troupe des
d'orge, et s'il est inférieur au blé, on ne Assyriens, doit, en conséquence de ce
doit pas non plus exagérer sa grossièreté que nous avons dit à l'article Buis, se
comparative. traduire : « Ils ont fait tes rames de
ORGUES, Gen. 4, 21. v. Musique 2° chênes de Basan; ils ont fait tes bancs
· ORIENT. Les Hébreux appelaient ainsi (ou tes vergues, ta mâture) d'ivoire in
d'une manière spéciale les districts de crusté dans le pin des îles de Kittim. »
l'Arabie qui les avoisinaient à l'est et au — L'ashurim rappelle le theashur, avec
sud-est, Gen. 25, 6., et d'une manière une nuance qui se trouve, non-seulement
générale les différents peuples ou peu dans le mot lui-même, mais surtout dans
plades situés plus à l'est, ainsi les Hama la circonstance relevée par Haevernick,
lécites et les Madianites, Jug. 7, 12.; il que l'ashurim était un arbre étranger à la
pouvait même comprendre l'Arabie en Palestine, indigène et abondant dans l'île
tière et les districts araméens de la Mé de Chypre. La traduction de ce mot par
sopotamie, 1 Rois4, 30. Gen. 29, 1. Matth. pin de Chypre, est appuyée par ce que
2, 1.9. (Job 23, 8., il faut traduire à l'O- dit Théophraste dans son histoire des
OSE 127 0SE

Plantes (5, 8.), que les Syriens et les Phé extrêmes de son ministère ont donc été
niciens se servaient de cèdre pour l'é- Jéroboam qui mourut 784 av. C., et Ezé
quipement de leurs vaisseaux, parce chias qui monta sur le trône en 725, ce
qu'ils n'avaient pas de pins, tandis que qui constitue une activité prophétique
les habitants de Chypre se servaient des d'au moins soixante années; si l'onprend,
pins qui croissent dans leur île plus au contraire, pour extrêmes l'avènement
nombreux et meilleurs qu'en terre ferme. deJéroboam et la mort d'Ezéchias, on at
— Il n'est, du reste, pas question d'orme teint le chiffre de cent vingt-deux ans ;
dans la Bible, mais il est clair que le premier est plus
ORNAN, le même que Arauna, q. v. près de la vérité que le second. Sous ce
OSÉE. 1° v. Josué. 2° Dernier roi rapport, Osée rappelle Jérémie et Daniel,
d'Israël, v. Hosée. 3° Le premier en rang qui commencèrent dès leur jeune âge, et
des douze petits prophètes, et aussi l'un poursuivirent, pendant leur longue car
des trois plus anciens dans l'ordre chro rière, leur laborieuse mission. Osée et
nologique. Quant à sa personne, tout ce Jérémie apparaissent comme les anges
que l'on en sait, c'est qu'il était fils d'un gardiens de leur patrie, se voilant la face
certain Bééri qui, du reste, est complé parce que leurs paroles ne peuvent réveil
tement inconnu. L'ingénieux rapproche ler leurs compatriotes, ni les sauver de
ment de ce nom avec celui de Bééra, Ru la destruction qui les menace.
bénite, 1 Chr. 5, 6., ne peut rien démon Osée vivait pendant l'époque la plus
trer. On ignore même si Osée appartenait sombre de la politique d'Israël. Avec Jé
au royaume de Juda ou à celui des Dix roboam, la maison de Jéhu se précipitait
tribus , les arguments pour ou contre ces vers sa ruine. Des troubles intérieurs,
deux hypothèses se contrebalancent à peu des attaques du dehors sous Phul et Ti
† comme le font remarquer Winer et glath-Piléser, menaçaient l'indépendance
e Wette ; cependant, l'opinion qui fait et l'existence même du pays. Après la
d'Osée un sujet du roi d'Israël, se justi chute de la maison de Jéhu, sous Zacha
fierait plutôt par les considérations sui rie, quelques aventuriers heureux, Sal
vantes, développées par Haevernick (Einl. lum, Manahem, Pékach, réussirent à s'em
Il, S 234). D'abord il est rare qu'un pro parer, les uns après les autres, du trône,
phète de Juda ait été envoyé auprès des mais sans pouvoir tenir les rênes de l'E-
Dix tribus; les seuls exemples connus tat, qui était réellement livré à l'anar
sont ceux de 1 Rois 13, Amos 7, et, dans chie sous l'apparence de la royauté.Au
ces deux cas, il y a, en quelque sorte, une point de vue religieux, les Ephraïmites
justification, une explication de ce fait, faisaient au prophète la position la plus
ce qui n'a pas lieu pour Osée. Puis le lan difficile ; s'ils eussent été complétement
gage de ses oracles, un peu rude et semé idolâtres, Osée eût pu directement s'éle
d'araméismes, semble indiquer que l'au ver en témoignage contre leur abandon
teur appartenait aux districts septentrio du vrai Dieu ; si, tout en se livrant aux
naux de la Palestine. Enfin, la connais désordres de la vie, de la chair et du pé
sance détaillée que le prophète possède ché, ils eussent conservé, pur et sans
des diverses localités du royaume schis mélange, le culte de l'Eternel, le pro
matique, 5,1.6, 8.9. 12, 12. 14, 6., etc., phète eût pu en appeler de leurs œuvres
et surtout certaines expressions, comme à leur foi, et les convaincre de péché par
le pays, 1, 2., notre roi, 7, 5., ne s'ex leur propre profession ; mais ils avaient
pliquent guère que dans la bouche d'un adopté un mélange philosophique de ju
natif du pays, d'un sujet de Jéroboam II. daïsme et de paganisme, un amalgame du
Le temps auquel vécut Osée est indi culte de Bahal avec la religion de leurs
qué dans le premier verset de son livre, pères, qui les relevait à leurs propres
qui sert de titre à tout le recueil. ll a pro yeux, les endurcissait dans leur demi
phétisé sous le règne des rois de Juda, erreur, et semblait leur permettre de
Hozias, Jotham, Achaz et Ezéchias, et du croire que, pourvu qu'ils restassent atta
roi d'Israël Jéroboam II. Les époques chés à l'Eternel, il n'était point néces
OSE 128 OSE

saire qu'ils renonçassent au culte de Ba port ; puis, après les menaces, viennent
hal et des veaux de Dan et de Béthel. aussi peu à peu les promesses. La transi
Dans la supposition la plus favorable,Osée tion est à la fois naturelle, intelligible, et
ne pouvait leur apparaître que comme un bien appropriée aux besoins et aux pré
enthousiaste, un fanatique bien inten jugés des Juifs. Mais les oracles relatifs
tionné. — Les mœurs devaient naturel aux Gentils ne pouvaient leur être adres
lement se ressentir et de l'anarchie poli sés de vive voix ; ils devaient être écrits.
tique, et de l'apostasie religieuse. La Osée, en écrivant ses prophéties pour les
puissance que le royaume avait un in Juifs, prépare ainsi la voie à ceux qui
stant recouvrée sous Jéhu, n'avait servi écriront pour Tyr, l'Arabie, et les nations
qu'à frayer la voie à tous les vices : en plus éloignées.
s'enrichissant, le peuple s'était corrompu ; ll embrasse moins l'avenir que le pré
avec le relâchement des liens civils, les sent, dont il fait un tableau varié, vivant,
autres liens s'étaient également relâchés ; et remarquablement coloré. Son style ly
la religion n'avait plus d'influence sur les rique est obscur et difficile, composé de
cœurs, parce que ceux qui l'avaient faite phrases sentencieuses, courtes et sacca
l'avaient, comme toujours, modelée sur dées, qui indiquent plutôt qu'elles n'ex
les passions de la multitude, et façonnée pliquent la pensée du prophète. Il semble
au gré du grand nombre. La mesure était parler parfois en hiéroglyphes, et l'on se
comble. De là le caractère particulier des surprend souvent à désirer qu'il déve
oracles du prophète. S'il rappelle Amos loppe et coordonne les idées qu'il ne pré
en plusieurs passages (cf. Os. 4.15. Am. sente que détachées et comme voilées.
5, 5. Os. 5, 5. 7, 10. Am. 6,8. Os. 10, 4. Le recueil de ses prophéties se divise
Am. 6, 12. 5, 7. Os. 8, 14. Am. 2, 5.), en deux parties principales : la première,
c'est comme Esaïe 2, rappelle Michée 4 ; chapitres 1-3, est en prose : elle date du
comme 2 Pierre rappelle Jude; son indi commencement de son ministère, 1, 2. et
vidualité, son caractère ne disparaît pas contient l'histoire de ses rapports avec
sous ces rapprochements. Il ne vient pas deux femmes, dont l'une, Gomer, fille de
tant pour consoler son peuple et lui ou Diblajim, fut son épouse légitime, et lui
vrir des perspectives de bonheur, que donna plusieurs fils ;l'autre, femme d'une
pour l'instruire, l'avertir et le censurer; conduite irrégulière, conclut avec lui un
car l'homme enflé de sa propre sagesse marché par lequel elle consentait à habi
n'aspire pas vers des temps meilleurs; il ter dans sa maison, mais sans aucun au
faut surtout chercher à le convaincre de tre rapport que celui de la protection
l'immoralité de ses actions, afin d'en dé qu'Osée lui promettait. La signification
duire clairement son appauvrissement symbolique de cette double relation de
spirituel sur lequel il se fait illusion. vait rappeler aux Juifs, d'une manière
C'est probablement avec Osée que com frappante, les rapports de Dieu avec eux,
mence la transition de la prophétie par et leur défection représentée souvent
lée, à la prophétie écrite, et l'on a tout comme un adultère dans les oracles des
lieu de croire qu'il est le premier qui ait prophètes. Un grand nombre d'auteurs,
rédigé et recueilli ses oracles. Tout chez Calvin entre autres, scandalisés de l'in
lui semble indiquer non le commencement terprétation littérale de ces premiers cha
d'une ère nouvelle, mais la fin de l'an pitres, ont voulu n'y voir qu'une simple
cienne. Il reste éminemment juif; sa mis parabole.Hengstenberg et Haevernick vont
sion se borne au royaume d'Ephraïm ; ce un peu plus loin, et pensent que ces faits
n'est qu'en passant qu'il parle de celui ont dû se passer réellement, mais pas
de Juda, et, quant aux nations étrangères, extérieurement, dans l'esprit et non
il n'a rien pour elles, pas même des me dans la vie du prophète, qui raconte ici
naces. Des menaces seraient, en effet, des expériences intimes, et les développe
déjà un avertissement, par conséquent une à l'usage du peuple. Il serait trop long
marque d'intérêt, et les prophètes posté d'entrer ici dans la réfutation de ces sys
rieurs s'occupent des païens sous ce rap tèmes allégoriques ; nous renvoyons aux
OSE 129 OUR
articles de Preiswerk dans le Morgen nier chapitre qu'il jette comme un regard
land (1841, p. 129 étsuiv., 161 et suiv.), furtif sur les jours du salut; alors il ne
et traduits en francais sous le titre de : sera plus question de recourir aux puis
« Les douze petits prophètes, » par la sances temporelles de l'Egypte et de l'As
Société de Neuchâtel : nous nous borne syrie (14, 3.); l'idolâtrie aura pris fin,
rons à faire remarquer que si le fait lui v.8., Israël converti de cœur se réjouira
même était de toute autre nature, on n'au en l'Eternel seul, 1.2. 4. Osée n'en dit
rait pas eu l'idée d'en nier la réalité ; pas davantage sur ce sujet : il annonce
qu'il s'agit pour Osée d'un mariage réel ; des malheurs prochains, mais le moment
que Gomer peut aussi bien avoir été une n'est pas venu d'amnoncer clairement les
femme idolàtre, païenne ou juive, qu'une promesses : d'ailleurs qui les compren
femme débauchée ; que, dans les rapports drait ? qui est celui qui est sage ? C'est
d'Osée avec la seconde femme, rien n'in avec cette parole plaintive qu'il se rétire
dique qu'il y ait eu commerce intime et de la scène prophétique, laissant à ses
illégitime ; que les détails donnés par le Successeurs le bonheur de faire connaî
prophète sur le nom de la première fem tre à un peuple châtié et mieux préparé,
me et de son père, le prix de la seconde, les moyens de grâce que l' Eternel a en
le sexe des enfants, seraient tout à fait réserve pour ceux qui le craignent. .
oiseux si l'histoire n'était qu'une allégo Plusieurs passages d'Osée sont rappe
rie : qu'enfin un ordre de Dieu enlève à lés dans le Nouveau Testament ; ainsi
une action quelconque tout caractère d'im Matth. 2, 15 9, 13. Luc 23, 30.1 Cor. 15,
moralité. — Quant au sens de cette pre 55. etc.: le prophète est nommé Rom. 9,
mière partie, l'auteur a pour but de faire 25.26. -

considérer les maux d'Israël comme un | OSNAPAR, appelé le grand et glorieux


chàtiment de son schisme et de son ido Osnapar, Esd. 4, 10., dans un rapport de
làtrie ; il annonce la ruine de la maison la chancellerie perse. Il transporta des
de Jéhu et la chute des dix tribus, les Colons étrangers en Samarie, et dans les
compassions de Dieu pour le royaume de contrées voisines de l'Asie antérieure ;
Juda, les jours heureux qui recommen toutefois on ne sait pas qui il était. Quel
ceront à luire sur Israël dès qu'il sera ques-uns, dont Grotius, en comparant
revenu pour toujours à ses rois légitimes 2 Rois 17, 24., ont cru qu'Osnapar était
et à son Dieu. un nom ou surnom de Salmanassar; d'au
La 2e partie du livre comprend les tres, comme Rosenmuller, l'ont pris pour
chapitres 4-14 : le style en est poétique Esar-Haddon, Esd. 4, 2. Mais il n'est pas
et lyrique, et semble préparer le langage appelé roi, et il est probable que ce n'é-
prophétique. On peut dire d'une manière tait qu'un satrape assyrien, qui avait mé
générale que ces onze chapitres appar rité par sa pacifique expédition le titre
tiennent à la dernière moitié du ministère de grand et de glorieux : peut-être aussi
d'Osée, mais on n'en fixe pas l'époque ; (Gesenius) ces épithètes étaient-elles un
on ignore même s'ils appartiennent à di des titres ordinaires des satrapes.
vers temps, ou s'ils ont été rédigés par OURS, animal assez commun en un
le prophète au même moment : dans ce grand nombre de pays. On en distingue
dernier cas ils seraient postérieurs à la trois genres ou espèces, suivant que la
prise d'Arbélah par Salmanassar (10, 14.), fourrure est noire, brune ou blanche. Les
qui eut lieu sous Hosée roi d'lsraël, et ours noirs sont doux de caractère, et ne
en la sixième année d'Ezéchias , roi de mangent pas de chair; les bruns et les
Juda, c'est-à-dire en 719, (ce qui porte blancs sont sauvages, carnivores, et sou
à soixante-cinq ans au moins la vie pro vent dangereux. Les bruns habitent seuls
phétique d'Osee.) Le prophète développe les contrées méridionales (saut peut-être
ici ce qu'il a dit dans ses trois premiers quelques ours blancs qu'on dit avoir été
chapitres : sa parole sévère ne s'adresse vus en Perse, mais qui ne seraient alors
qu'au présent, et n'empiète qu'à peine que des individus maladifs et exception
sur les temps futurs : ce n'est qu'au der nels, des albinos): dans tous les temps
' ll. 9
OUT 130 OUT

ils ont été communs en Arabie et en Pa existent ; elles contiennent 250 litres),
lestine. Lorsqu'ils sont irrités ou affamés, tantôt avec des peaux d'ânes ou de cha
ils attaquent des taureaux, des troupeaux meaux, le plus ordinairement avec des
entiers, et même des hommes, 1 Sam. 17, peaux de boucs ; ces dernières sont pe
34. 2 Rois 2, 24.: ils deviennent furieux, tites et servent pour les usages domesti
les femelles surtout, quand on leur en ques : quand la peau est préparée, on la
lève leurs petits, 2 Sam. 17, 8. Prov. 17, coud solidement à la place qu'occupaient
12.Os. 13, 8.: un ours à jeûn, quêtant sa les jambes de l'animal, et le cou sert
proie, est pris pour emblème de ce qu'il d'ouverture. Quelquefois elles sont en
y a de plus terrible, Prov. 28, 15. La voix duite de poix à l'intérieur, d'autres fois
de l'ours, dit Buffon, est un grondement, elles sont ointes de graisse au dehors,
un gros murmure, souvent mêlé d'un fré soit pour empêcher l'eau de suinter au
missement de dents qu'il fait surtout en travers, soit pour l'empêcher de s'évapo
tendre lorsqu'on l'irrite. Il faut qu'il y rer par l'effet de la chaleur du soleil. Les
ait quelque chose de plus que ce gros outres sont indispensables aux voyageurs
murmure, pour expliquer le rugissement du désert ; encore faut-il qu'ils aient bien
plaintif dont il est parlé Es. 59, 11.; Ho soin de les remplir ou d'en renouveler
race nous dit aussi, Epod. 16 (11), 51.: l'eau à chaque source qu'ils rencontrent.
Nec vespertinus circum gemit ursus ovile. Le passage Ps. 119, 83., marque la fidé
et Ovide, Métam. 2, 485., rappelle son lité du psalmiste au milieu des épreuves
gemitus assiduus. les plus desséchantes ; « comme une outre
On peut remarquer sur 1 Sam. 17, 35., exposée à la fumée se rétrécit et se ride,
que la tête de l'ours étant sa partie la de même mon corps est tout consumé
plus faible, il est aisé, pourvu qu'on ait par les chagrins ; mais je ne t'ai point
force et courage, comme l'avait David, oublié, et je chercherai du secours là où
de tuer cet animal d'un fort coup de bâ je suis sûr d'en trouver. » — Elihu se
ton appliqué sur cette partie.—Esaïe, 11, compare, Job 32, 19., à une outre de vin
7., décrivant le paisible bonheur du règne toute neuve, mais près d'éclater à cause
du Messie, dit qu'alors on verra le bœuf de la fermentation du liquide privé d'air.
et l'ours paître ensemble dans les champs, Bien que le cuir ait jusqu'à un certain
et leurs petits vivre en paix dans la mê point la propriété de s'étendre, il se
me étable : Calmet ajoute que l'ours dé rompt lorsque la pression devient trop
signe les païens, et le bœuf les Juifs ! — forte ; le Dr Walsh, dans le récit de son
L'ours figure dans la description des qua voyage sur les côtes de la Grèce, racon
tre grandes monarchies, Dan. 7, 5., com te qu'une outre avait éclaté par suite de
me représentant l'empire des Perses, et la fermentation du vin nouveau, et parce
Cyrus en particulier : et il est dit de la qu'on avait oublié de la laisser ouverte :
bête de l'Apocalypse, 13,2., qu'elle avait à cela se rapportent ces paroles de notre
les pieds d'un ours. Sauveur, Luc 5, 38., sur la nécessité de
OUTRE. Les Juifs et les Orientaux en mettre le vin nouveau dans des vaisseaux
général, ne se servaient pas comme mous neufs, c'est-à-dire d'avoir un cœur nou
de bouteilles de verre, ou de vaisseaux veau pour saisir la nouvelle doctrine.
de bois, pour le transport ou la conser Lorsque David s'écrie Ps. 56, 8.: « Mets
vation des liquides, mais de sacs de cuir mes larmes dans tes vaisseaux, » il veut
ou de peau désignés dans nos versions, dire, « qu'elles soient continuellement
tantôt sous les noms de bouteilles, vases devant toi, daigne en conserver le sou
Ou vaisseaux, tantôt sous leur nom véri venir, » faisant allusion peut-être à une
table d'outres, Gen. 21, 14. Jos. 9, 4. 13. coutume qui se retrouvait chez les Ro
Jug. 4, 19. 1 Sam. 16, 20. 25, 18. Matth. mains , et qui existe encore de nos jours
9, 17. cf. Marc 2, 22. Luc 5, 37. Les ou en Perse, celle de remplir de larmes de
tres étaient faites tantôt avec des peaux petites urnes ou bouteilles, de différentes
de bœufs (les gerba des Arabes sont, au formes et couleurs, et de les placer sur
rapport de Bruce, les plus grandes qui des tombeaux comme signe d'affliction.
131 PA1
PAI
Les Persans ajoutent que ces larmes ont haut, dans lesquelles on faisait le feu avec
le pouvoir de guérir des maladies pour du bois ou de la fiente séchée, Es. 44,
lesquelles tous les autres remèdes sont 15. Ez. 4, 12., et dans lesquelles ou sur
inutiles.—On se servait quelquefois d'ou lesquelles on faisait ensuite cuire le pain
tres, ou de vessies remplies d'air, pour ou les gâteaux , après les avoir fermées
faciliter la traversée des fleuves, ou la na pour empêcher la chaleur de se perdre
vigation de canots qui en étaient entou trop rapidement. D'autres fois on faisait
rés, mais on ne trouve aucune trace de simplement rougir des cailloux dans une
petite fosse d'un demi-pied de profon
cet usage dans la Bible, et l'allusion qu'on
a voulu y voir dans Job 9, 26., est non deur, puis lorsque la fosse avait été suf
seulement forcée, mais contraire aux ter fisamment chauffée, on en retirait les cail
mes mêmes de ce passage. loux, on y déposait la pâte, et l'on recou
Vrait le trOu : On se servait aussi du même
P procédé à l'égard des cruches que l'on
chauffait avec des cailloux rougis au feu,
PAGHIEL, fils de Hocran, et chef de la c'est peut-être de ce procédé qu'il est
tribu d'Aser dans le désert, Nomb. 1, 13. parlé 1 Rois 19, 6. Enfin l'on cuisait en
2, 27.; v. Tribu. core le pain sous des cendres chaudes,
PAHU, Gen. 36, 39., ancienne ville Gen. 18, 6. 1 Rois 17, 13., etc.
d'Edom , et chef-lieu de tribu : elle est Dans le langage de l'Ecritnre le pain
appelée Pahi, 1 Chr. 1, 50. désigne toute sorte de nourriture, la
PAIN. Dans les anciens temps, l'occu nourriture en général, Gen. 3, 19. 18, 5.
pation de faire le pain était presque exclu 28, 20. Ex. 2, 20. Deut. 9, 9. 18. cf. Ps,
sivement réservée aux femmes, Gen. 18, 42, 3.80, 5. 127, 2. Prov. 4, 17. 20, 17.
6. Lév. 26, 26. 1 Sam. 8, 13. 28, 24. 22, 9., etc., Matth. 6, 11. La manne est
2 Sam. 13, 8. Matth. 13, 33. cf. Jér. 7, appelée le pain du ciel, Ex. 16, 4., de
18. 44, 19. Plus tard cependant l'on voit même que Jésus-Christ, Jean 6, 31.sq.
des hommes se livrer à ce travail spécial On peut voir à l'art. Levain ce que nous
sous le nom de fourniers ou boulangers, avons dit des pains sans levain.
Os. 7, 4. 6., et l'on trouve même à Jéru Pains de proposition, proprement
salem une place ou rue dite des boulan pains de la face (de l'Eternel), appelés
gers, Jérém. 37, 21. La pâte, de froment, aussi pains d'exposition, ou encore pain
d'orge, ou d'épeautre, était préparée, ai continuel , Nomb. 4. 7. C'étaient douze
grie et pétrie dans des huches (maies) pains, selon le nombre des tribus d'Israël,
de bois ; chaque maison qui faisait son ou douze gâteaux faits de fine farine et
pain possédait la sienne, Ex. 8, 3. Lors sans levain, qui étaient placés dans le
qu'on était pressé, l'on ne mettait point de lieu saint du temple , en deux rangées,
levain dans la pâte, Gen. 19, 3. Ex. 12, sur une table d'or mobile, comme sym
34. 39. Jug. 6, 19. 1 Sam. 28, 24. On bole de la nouriture ordinaire et quoti
faisait les pains tantôt longs, tantôt plus dienne de l'Eternel. La forme et l'usage
ou moins ronds, de la grandeur d'une as de ces pains sont indiqués Lév. 24, 5-9.;
siette et de l'épaisseur d'un pouce à peu ils étaient probablement salés, et peut-être
près; leur peu d'épaisseur faisait que pour poudrés d'encens pur, v. 7, à moins qu'on
les manger, au lieu de les couper comme n'entende ce verset comme Josèphe, qui
chez nous, on se bornait à les rompre, Es. dit que l'encens était placé dans des vases
58,7. Jér. 16,7.Matth. 14,19.26, 26. Luc au-dessus des deux rangées, v. Ex. 25,
9, 16. Act. 20, 11.1 Cor 10, 16. Les fours 30.35, 13.39,36. Hébr. 9,2. On les chan
à cuire le pain , dont on trouve plusieurs geait tous les sabbats. Du moment où ils
qui sont publics dans les villes orientales, avaient été enlevés, ils appartenaient aux
ne différaient pas essentiellement des nô sacrificateurs qui seuls avaient le droit de
tres. Il faut mentionner cependant des les manger, mais dans le lieu saint seule
fours portatifs, des cruches de pierre ment, Ex. 29, 32. Lév. 24, 8.9. David
de 1 mètre de hauteur, ouvertes par en nous fournit une exception à cette règle,
PAI 132 PAL

justifiée par des circonstances exception mais quelque peu apocryphe, porte que
nelles, 1 Sam. 21, 6. cf. Matth. 12, 4. Luc la table enlevée par Antiochus avait été
6, 4. sq. L'encens était allumé au feu sa donnée au temple de Jérusalem par Pto
cré de l'autel des holocaustes , Lév. 24, lémée Philadelphe, et Josèphe la dépeint
7. Quelques prêtres de la famille des Ké comme ayant été très riche et magnifi
hathites était spécialement chargés du quement travaillée.
soin d'apprêter ces pains, 1 Chr. 9, 32., et Enfin la table qui fut enlevée par Titus
un Targum ajoute que l'art de les prépa au temple des Hérodes était d'or et du
rer était devenu un secret de famille chez poids de plusieurs talents, dit Josèphe,
ceux qui en avaient la charge. Dans le mais il n'ajoute pas d'autres détails. Elle
second temple, la grandeur de ces pains est représentée sur l'arc de Titus dont
fut fixée, la longueur à 10 largeurs de l'exécution appartient aux jours de Domi
mains, la largeur à 5, et l'épaisseur à 7 tien; elle est haute de 12 à 15 pouces ;
pouces : ces mesures sont prises dans la ses quatre pieds se terminent en pieds
Mishna Menach, 11, 4.— On peut remar d'animaux; elle est entourée d'une bor
quer que c'était chez plusieurs des an dure ciselée, mais qui ne s'élève pas au
ciens peuples un usage d'offrir à leurs dessus du tablier.
dieux de la nourriture (lectisternia), Es. Philon, Clément d'Alexandrie, la plu
65, 11. l'apocryphe de Dan. 14, 6. Ba part des pères, et la plupart des théolo
ruch 6, 26. Diod. de Sic. 2, 9., etc. Ce giens modernes ont examiné la significa
pouvait être le symbole de la reconnais tionsymbolique des prescriptions relatives
sance, comme aussi un acte d'anthropo à cette table, et des parties dont elle était
morphisme; dans le premier cas, l'idée composée : on peut voir le Moïse sans
était bonne, mais combien elle était rare ! voile, de G. des Bergeries, et surtout
combien aussi les prêtres en ont abusé Baehr, Symb. des Mos. Cult. I, 433. sq.
souvent pour s'engraisser aux dépens du Disons encore pour en finir sur ce su
pauvre ! jet, qu'il est difficile de déterminer la na
La table des pains de proposition était ture des vases d'or destinés au service de
de bois de Sittim, couverte et ornée d'or cette table, Ex. 25, 29. Quatre mots sont
pur, Ex. 37, 10 : sa longueur était de encore employés pour les désigner; on
deux coudées (1 mètre), sa largeur d'une croit que les deux premiers se rappor
(0 m, 50), et sa hauteur d'une et demie taient à des vases, coupes, ou plats dans
(0 m, 75); elle reposait sur quatre pieds lesquels on mettait des objets solides,
et avait une bordure d'or tout à l'entour : tandis que les deux derniers désignaient
au-dessous des quatre coins, étaient les des vases plus profonds destinés à conte
anneaux au moyen desquels on la portait. nir des liquides, du vin ou de l'huile odo
Josèphe en donne une description assez riférante; l'arc de Titus les représente
détaillée, Ant. 3, 6.6. par deux urnes. En spécifiant davantage,
Salomon en fit faire dix d'or massif, on croit que sur les premiers de ces us
comme il paraît résulter de 2 Chr. 4, 8. tensiles on plaçait les pains, dans les se
cf. 1 Chr. 28, 16. 1 Rois, 7, 48. Cepen conds, l'encens, dans les troisièmes, le
dant Winer croit qu'il continua de n'y en vin qui accompagne tout festin, et que
avoir qu'une, cf. 2 Chr. 29, 18., et il le quatrième terme désigne les coupes ou
est vrai que dans le passage le plus im gobelets destinés à recevoir le vin versé
portant de ceux qui précèdent, 2 Chr. des urnes plus grandes.
4, 8., il n'est parlé que de dix tables sans PALESTINE. Ce nom, qui ne se trouve
indication de l'usage auquel elles pou pas dans l'Ecriture sainte, a été donné à
vaient être destinées. la terre promise par les Grecs et les Ro
Antiochus Epiphanes enleva avec les mains : il ne désignait proprement que la
autres ustensiles sacrés, la table des pains côte habitée par les Philistins (nos ver
du second temple, 1 Macc. 1, 23., et lors sions, Ex. 15, 14. Ps. 60, 8.Joel3, 4., tra
de la restauration du temple on dut en duisent à tort par Palestine l'hébreu Pe
faire une nouvelle, 4, 49.; une tradition, lèshet, qui désigne le territoire des Phi
PAN 133 PA0

listins). Les païens ne connaissaient que la « en blé de Minnith, en pannag, en miel, »


partie extérieure de ce pays : l'intérieur,
etc. Le pannag a été expliqué de diffé
avec tout ce qu'il renfermait d'excellent,rentes manières; les rabbins et la Vul
leur était inconnu. Quant à la descriptiongate l'entendent du baume, mais à tort,
de cette contrée bénie, v. Canaan. puisque cette substance est déjà nommée
PALMIER. v. Dattes. dans le même verset : la version syriaque
PALTI ou Paltiel, fils de Laïs, Benja le traduit par millet, suivant l'analogie de
mite de Gallim; pauvre homme à qui Saül sa langue. Mais il faut avouer que le sens
fit épouser sa fille Mical, épouse non di de ce mot ne peut être déterminé, et il
vOrcée de David. On ne sait si Mical con faut s'en tenir à une explication générale
sentit à cette illicite union, ni si Paltiel
telle que celle d'Ewald, qui rend pannag
lui-même s'y prêta de bonne grâce, parpar douceurs, friandises, conformément
à l'analogie de ce terme avec quelques ra
amour, par ambition, ou par crainte. En
cines hébraïques (ce serait le même mot
tout cas, il finit par éprouver pour la
femme de David un vif attachement, et qui est traduit délices, ou viandes délica
lorsqu'Abner vint la lui reprendre au nom tes, Gen. 49, 20. Lam. 4, 5. Jér. 51, 34.).
d'Is-Boseth et de son maître, il la suivit Si l'on voulait quelque chose de plus pré
longtemps en pleurant, jusqu'à ce qu'Ab cis, on pourrait penser avec Haevernick
ner impatienté l'eût prié de s'en retour au miel de raisins, qui faisait l'un des
ner, 1 Sam. 25, 44.2 Sam. 3, 16. principaux objets du commerce des Hé
PAMPHYLIE, Act. 2, 10. 15,38.27, 5., breux, et dont l'omission dans notre ver
province de l'Asie Mineure, située vers set serait sous ce rapport surprenante.
la mer, bornée au nord par la province PANTHERE. v. Léopard.
d'Asie et la Phrygie, à l'orient par la Ci PA0N. On est assez d'accord à traduire
licie, à l'occident par la Lycie : les limites ainsi l'hébreu thukiim , 1 Rois 10, 22.2
ne peuvent en être précisées davantage. Chr. 9, 21., et le malabar tokei, qui a la
Le Taurus la séparait probablement de la même signification, peut servir à appuyer
Cilicie : le sol en était varié, montagneux, cette traduction, admise par les versions
fertile, et bien arrosé : l'on y trouvait caldéenne, syriaque, arabe, et latine : les
quelques villes assez importantes, Attalie Septante ne l'ont pas exprimée. Salomon,
ou Attalée, Perge où Paul et Barnabas est-il dit dans les passages cités, faisait
prêchèrent l'Evangile, Act. 13, 13. 14, venir cet oiseau de pays éloignés, soit
25., Side, où naquit le pieux Eustathe, d'Ophir, soit de ports intermédiaires, soit
évêque d'abord de Bérée, puis d'Antio de l'Inde, d'où il paraît être originaire,
che, l'un des champions les plus décidés quoique l'on en trouve aussi de beaux en
du concile de Nicée contre l'arianisme. Babylonie et même en Afrique. De nos
- Les Pamphyliens tiraient leur origine jours, il n'est plus nécessaire de faire de
d'une colonie composée de différentes na si longs voyages pour s'en procurer, mais
tions qui se réunirent après la guerre de dans les anciens temps le paon était non
Troie sous deux chefs, Amphiloque et seulement un objet digne de la cour de
Calchas; une partie resta avec eux, d'au Salomon, mais encore un oiseau excessi
tres se répandirent dans divers cantons, vement rare au delà des tropiques, telle
le reste se fixa en Pamphylie. Sous les ment qu'en Grèce, aux jours de Périclès,
rois de Syrie, les bornes de cette pro et même sous Alexandre le Grand, il était,
vince s'étendirent vers le nord, et sous à cause de son beau plumage, d'un prix
la domination romaine elle continua tan excessivement élevé par rapport à ce qu'il
tôt de s'administrer elle-même, tantôt de coûte maintenant, et que c'était chose fort
partager les soins de son gouvernement difficile de s'en procurer. — Sur Job 39,
intérieur avec la Galatie. 16. v. Autruche. — Quelques auteurs ont
PANNAG, Ez. 27, 17. Nos versions voulu rendre thukiim par singes, ou par
parlent du blé de Minnith et de Pannag, perroquets, mais ils ne s'appuient sur au
faisant ainsi de ce dernier mot un nom cune raison solide, et quant aux singes,
de ville ou de lieu, tandis qu'il faut lire : comme il en est déjà parlé dans les mêmes
PAQ 134 PAQ
passages, cette opinion ne saurait se jus La fête de pâque, dont nous trouvons
tifier. l'institution Ex. 12, Lév. 23, Nomb. 9,
PAPHOS, ville de l'île de Chypre, Act. commençait le 15e jour du mois de nisan,
13, 6.13., vis-à-vis des côtes de la Pam le premier de l'année sainte ; elle était
phylie. Il s'agit là de la nouvelle Paphos destinée à rappeler l'heureuse délivrance
(Bafo ou Bafa), opposée à l'ancienne (Co des Israélites de la servitude d'Egypte,
clia), qui était située à 4 lieues sud-est. Lév. 23, 5-8. Nomb. 28, 16-25. Deut.
Paphos était un port de mer, chef-lieu et 16, 1-8. cf. Ez. 45, 21. Elle durait sept
résidence d'un proconsul sous les Ro jours, à dater du soir du 14 nisan, Jos.
mains ; elle possédait, commel'ancienne, 5, 10. Esd. 6, 22. Le 1er et le 7e jour
un magnifique temple de Vénus, dans le étaient particulièrement solennels; il y
quel la déesse était adorée sous la for avait alors de saintes congrégations au
me d'un cône de marbre blanc ; on brû près du sanctuaire, et le peuple devait
lait l'encens le plus exquis sur ses autels, S'abstenir de tout travail servile. Le Se
qui n'étaient jamais rougis du sang des cond des sept jours était le jour des pré
animaux. Détruite sous Auguste par un mices, auquel le peuple devait offrir au
tremblement de terre, elle fut rebâtie par sacrificateur une poignée des premiers
cet empereur. C'est à Paphos que Paul fruits de la moisson.
convertit le proconsul romain Serge Paul, Voici quelles étaient les différentes ob
et qu'il frappa d'aveuglement l'enchanteurservances dont la célébration de la pâ
juif Elymas. que se composait ou était accompagnée :
PAQUE, l'une des trois grandes fêtes Le soir du 14 nisan, entre les deux vê
des Juifs. Son nom, dérivé de l'hébreu pres, on sacrifiait dans le parvis du sanc
pèsach, passer, signifie passage, soit tuaire un agneau (ou un chevreau) mâle
qu'on l'entende du passage de l'ange ex et sans tare, âgé d'un an ; on le rôtissait
terminateur devant les maisons épargnées tout entier, et on le mangeait dans la ville
des Hébreux, soit qu'il désigne le pas sainte, en famille, ou avec quelques amis
sage de la servitude à la liberté, ou la du dehors, mais toujours en sociêté, de
traversée de la mer Rouge. Quelques au manière qu'il n'en restât rien pour le
teurs, en le faisant venir du grec Itzazo lendemain. On le mangeait avec des her
souffrir, ont voulu y voir une allusion an bes amères, avec des pains sans levain,
ticipée aux souffrances du Messie. Cette dans l'attitude et le costume de voyageurs,
grande fête porte encore dans l'Ecriture afin de rappeler toujours la précipitation
les noms de fête des pains sans levain, de la sortie d'Egypte. Pendant toute la
Luc 22, 1.; jours des pains sans levain, durée de la fête, il était défendu, sous
Act. 12, 4.; fête des sept jours, 2 Chr. peine de mort, de manger d'autre pain
30, 21. Ez. 45, 21.; les pains sans levain, que du pain sans levain, appelé aussi pain
Matth. 26, 17.; ou simplement et par ex d'affliction, Deut. 16, 3., à cause des
cellence, la fête, Matth. 26, 5. cf. Jean5, souvenirs de servitude qu'il rappelait ; il
1. - Le nom de pâque s'applique, soit n'était pas même permis de garder dans
au passage de l'ange exterminateur, soit la maison, sans usage, ou pour un usage
à l'agneau pascal, soit au repas où on le
quelconque, du pain levé ou du levain ;
mangeait, soit à la fête proprement dite,
et, d'après la tradition, il fallait même
tout consommer ou jeter loin dès la
soit aux victimes particulières qui s'of
fraient pendant la solennité, soit aux veille. Chaque jour, au nom de la nation,
pains sans levain, soit aux différentes cé et pour l'expiation de ses péchés, les
rémonies qui précédaient ou accompa prêtres offraient des holocaustes, deux
gnaient les sacrifices, soit enfin à Jésus jeunes taureaux, un bélier, sept agneaux
Christ lui-même, qui en a été la réalisa d'un an, avec les offrandes non sanglantes
tion, Jean 1, 29. 1 Cor. 5, 7. Quelques qui devaient les accompagner, et un bouc
textes peu clairs s'expliqueront facile en sacrifice pour le pêchè, Nomb. 28, 19.
ment, si l'on a soin de se rappeler ces di cf. 2 Chr. 35, 1. Quelques Juifs offraient
verses significations et de les distinguer. alors aussi des sacrifices particuliers, en
PAQ 135 PAQ
gros ou menu bétail, mâle ou femelle, équinoxiale (Volney, et toute cette école).
Deut. 16, 2., suivant l'interprétation rab Si l'on voulait abandonner le récit bibli
binique, à moins que ce passage se rap que, on comprendrait, en tout cas, mieux
porte, comme il nous paraît plus proba avec Ewald, une fête des moissons, qu'une
ble, aux sacrifices généraux dont on vient fête astronomique chez le peuple agricul
de parler. Le second jour, on apportait teur des Hébreux.
la première gerbe mûre, avec un holo La signification des mots « entre les
causte à l'Eternel, Lév. 23, 10., et ce deux vêpres » a été depuis fort longtemps
n'est qu'après cette cérémonie accomplie contestée. Les Caraïtes et les Samaritains
l'entendent de l'espace de temps compris
que la moisson des blés était officielle
IlleIlt OuVerte. entre le coucher du soleil et la nuit close ;
On a voulu voir quelques contradic c'est le dernier crépuscule du jour, le
tions dans la manière dont l'institution commencement de la nuit. Aben Esra
ou le but de la fête est raconté, Ex. 12, l'entend également ainsi. Les pharisiens
entre les versets 2-13 et les versetS 13 et les rabbanites le comprennent, au con
20, parce que les premiers semblent ne traire, du temps qui s'écoule entre le
la rapporter qu'au passage de l'ange ex moment où le soleil s'incline sur l'hori
terminateur, et les derniers en font un zon, et celui où il se couche ; ce seraient
mémorial de la sortie d'Egypte. Mais c'é- alors les dernières heures du jour, de
taient deux souvenirs qui pouvaient et puis deux ou trois heures environ. La
devaient se lier étroitement dans l'esprit première opinion est rendue plus vrai
des Hébreux ; d'ailleurs le sacrifice de semblable par Deut. 16, 6., et par l'ana
l'agneau, qui est un signe préservateur logie de Ex. 29, 39.; cependant, la der
dans le premier cas, et pour ce seul cas, nière avait prévalu dans le service du
n'est point annoncé comme devant être temple, et l'heure de la mort de Christ,
reproduit dans ce sens à l'avenir. La pre trois heures de l'après-midi, n'a pas été
mière pâque avait un but spécial, celui sans influence sur les théologiens chré
de sauver les Israélites dans un danger tiens pour leur faire admettre aussi le
particulier; l'institution de la pâque en a calcul des pharisiens.
eu un second plus général, dérivé du pre-| L'extrême fréquentation de cette fête,
mier, celui de leur rappeler l'ensemble et le grand nombre de victimes que l'on
de leur délivrance. Dans le premier cas, y sacrifiait (il y eut, d'après Josèphe,
c'était le moyen de salut; dans le second, 256,600 bêtes immolées en une seule
ce n'était plus qu'un mémorial, et un mé fois), faisaient que chacun, pourvu qu'il
morial typique. La première pâque n'a fût pur, était autorisé à sacrifier l'animal
pas été ce qu'ont été celles qui l'ont sui qu'il présentait; cela résulte d'ailleurs de
vie : elle n'a duré qu'un soir, et si, dans 2 Chr. 30, 17. Les prêtres et les lévites,
les jours suivants, jours de fuite, les Is quoique nombreux, n'auraient pas suffi
raélites ont encore continué de manger à ce travail, et leur ministère aurait plu
des pains sans levain, ç'a été l'effet de tôt fait oublier, qu'il n'aurait rappelé le
leurs circonstances plutôt que d'un ordre repas de famille primitif. On voit cepen
divin ; mais Moïse a fait de cette circon dant qu'ils ne restaient pas sans occupa
stance une ordonnance pour les âges fu tion, et qu'une assez grande partie de
turs, afin de leur rappeler vivement, par l'ouvrage était fait par eux, soit que le
une semaine d'une nourriture grossière nombre de ceux qui avaient contracté des
et fade, les tribulations de leurs pères.— souillures, volontaires ou involontaires,
Ce n'est pas ici le lieu de reproduire, en fût considérable, soit aussi à cause de
core moins de réfuter, ces opinions éga l'habitude qu'ils en avaient, soit par d'au
rées qui ont voulu faire de la fête de pâ tres raisons. Le lieu des sacrifices était
que une fête de nouvelle année, parce dans les parvis du temple; le sang de l'a-
qu'elle se célébrait vers le milieu du pre gneau était reçu par un prêtre qui en fai
mier mois, ou une fête de la moisson, ou sait aspersion sur l'autel : les parties
encore une fète du printemps, une fête grasses du corps étaient consumées; le
PAQ 136 PAQ
reste de l'animal paraissait ainsi sur la énumère diverses espèces de plantes, la
table, sans qu'aucun de ses os eût été chicorée, la pariétaire, l'ortie, etc., d'au
brisé, Ex. 12, 46. cf. Jean 19, 36., et le tres l'entendent même de la moutarde. Il
16 du mois de nisan, tout ce qui n'avait était, du reste, assez ordinaire en Egypte,
pas été mangé était brûlé. On ne peut comme parfois aussi dans nos contrées,
donc être surpris qu'avec de semblables de manger quelques herbes amères et
dispositions, la fête de pâque soit appe aromatiques avec le pain ou la viande
lée un sacrifice, Ex. 12, 27. 34, 25., etc. (Aben Esra).
Tous ceux qui étaient circoncis, fussent On trouve dans les Targums quelques
ils même d'origine étrangère, étaient ad détails sur le service et le rituel du re
mis aurepas solennel pourvu qu'ils fussent pas, rituel conservé par les Juifs actuels
purs, Ex. 12, 44.48. Chaque père de fa en beaucoup d'endroits. Quatre coupes de
mille devait célébrer la pâque avec les vin, ordinairement de vin rouge, étaient
siens : lorsqu'ils n'étaient pas assez nom remplies et faisaient le tour des convives,
breux pour manger à eux seuls l'agneau chaque coupe étant accompagnée d'une
tout entier, ils pouvaient se réunir à d'au parole d'action de grâces. A la seconde,
tres familles; selon une tradition, le nom le père racontait à son fils, sur sa de
bre des convives ne pouvait pas être mande, l'histoire de l'institution primi
inférieur à dix. Les femmes y prenaient tive de la fête, Ex. 12, 26. sq., puis on
part également, mais, d'après la Gemara, entonnait le grand Hallel, les Ps. 113-118.
elles n'y étaient pas obligées comme les Suivait la troisième coupe, qui était ap
hommes. Les Caraïtes n'y laissent par pelée par excellence la coupe de béné
ticiper que les adultes hommes, à l'exclu diction, cf. 1 Cor. 10, 16.; on entamait
sion des enfants et des femmes. Les Israé alors l'agneau pascal, et l'on continuait
lites qui ne résidaient pas à Jérusalem, le chant de l'Hallel jusqu'à ce que la qua
avaient le droit d'y demander gratuite trième coupe fût vidée. Quelquefois on
ment une chambre préparée pour y faire en remplissait une cinquième, et pendant
la pâque (cf. Matth. 26, 18.); ils aban qu'elle circulait, on chantait encore les
donnaient au propriétaire en échange de Ps. 120-137. On peut lire dans Calmet
son hospitalité, la peau de l'agneau et les quelques détails de plus, extraits des ou
VaSeS de terre dont ils s'étaient servis. vrages rabbiniques.
Mais le nombre des visiteurs, pendant la Les pains pouvaient être faits de farine
fète, était trop considérable pour que tous de blé, d'orge, d'avoine, ou d'épeautre;
puSSent trOuver des chambres dans la peut-être étaient-ils le plus ordinairement
ville, et la plupart dressaient leurs tentes pétris de farine d'orge, comme celle qui a
et mangeaient la pâque en dehors des été le plus anciennement et le plus com
murs de Jérusalem, comme font de nos munément en usage; mais on a eu tort
jours encore les pèlerins mahométans d'en faire une règle générale, et surtout
autour de la Mecque. de le conclure du rapport accidentel qui
L'agneau pascal devait être rôti au feu, se trouve entre leur nom hébreu mazzoth
et non point cuit ou bouilli, apparemment et le latin massa.
parce que c'est la manière la plus expédi Lorsque par suite d'une souillure céré
tive et la moins compliquée, de préparer monielle, ou pour n'être pas arrivés à
la viande, par conséquent celle qui rappe temps à Jérusalem, quelques Israélites
lait le mieux la hâte du premier voyage. n'avaient pu célébrer la fête le 14 nisan,
Quant à l'assaisonnement d'herbes amè ils devaient la célébrer le quatorzième
res, les commentateurs ne sont pas d'ac jour du mois suivant, Nomb. 9, 11. Les
cord sur le sens de cette expression; les talmudistes appellent cette solennité tar
Septante et la Vulgate traduisent par lai dive la petite pâque, et disent qu'alors il
tues sauvages, endives, (lactucae agres n'était pas défendu d'avoir du levain dans
tes), et les Juifs d'Egypte et d'Arabie con la maison, et que le chant des Hallels
firment de nos jours encore par leur pra n'était pas absolument nécessaire. On
tique, cette interprétation. Un Talmud trouve sous le règne d'Ezéchias un exem
PAQ 137 PAQ
ple de cette pâque tardive, 2 Chr. 30, tique et de générosité. -

2-15. C'est une question qui n'est point en -


C'est au soir du 15 nisan que des dé core résolue que celle de savoir si notre
légués du sanhédrin allaient désigner Sauveur a célébré la pâque légale et ju
dans un champ voisin de Jérusalem, la daïque la dernière année de sa vie. Les
gerbe des prémices, et dans la nuit du 16 trois premiers évangélistes semblent la
on venait la couper et la porter dans la décider affirmativement, Matth. 26, 17.
cour du temple. Là on battait les grains, Marc 14, 12. Luc 22, 7., tandis que Jean
on les froissait au moyen d'une meule à 13, 1. appuie fortement le sentiment op
bras, on tamisait treize fois de suite la posé. Sans entrer ici dans l'examen d'une
farine ainsi obtenue, et l'on en faisait une question qui ne nous a pas paru résolue,
offrande tournoyée de la dixième partie nons indiquerons, comme résumant la
d'un épha, mêlée d'huile et d'encens, dont discussion, les trois hypothèses princi
une poignée était jetée sur l'autel, et le pales. • • , º

reste était consommé par les prêtres. 1° L'ancienne


église grecque admet
L'institution primitive, racontée Lév. 2, tait, de même que plusieurs modernes,
14., était un peu différente de celle que entre autres Lamy, que Jésus, n'avait pas
suivirent les Juifs plus tard; les grains célébré la pâque juive, mais qu'il l'avait
étaient rôtis au feu suivant l'ancienne comme anticipée en la faisant dans un
COutume. repas particulier, pour être offert lui
L'usage rappelé Matth. 27, 15. Luc même le lendemain, 14 nisan, comme le
23, 17. Jean 18, 39., de relâcher un pri véritable agneau pascal. Cette opinion,
sonnier le jour de la fête, quel que fût ce fondée sur saint Jean, est en contradic
lui que le peuple demandât, n'est pres tion avec les termes des trois autres
crit ni même mentionné nulle part ail évangiles.
leurs. Quelques auteurs, comme Grotius, 2° Selon d'autres, v. Calmet, Dict. III,
veulent y voir un usage emprunté des 546., Jésus a bien fait la pâque, mais il
Romains qui, à certaines fètes, aux bac ne l'a pas célébrée en même temps que
chanales, aux lectisternia, etc., avaient les autres Juifs, soit que prévoyant que
l'habitude de mettre en liberté quelques la méchanceté de ses ennemis lui enlève
prisonniers, souvent même tous; les rait avant le soir du 14 nisan la liberté
Grecs avaient en plusieurs de leurs fêtes de se réunir avec ses disciples pour man
un usage semblable. Selon d'autres, et ger l'agneau pascal, il ait en sa qualité de
Olshausen paraît pencher vers cette opi Messie, choisi la veille, le 13, pour faire
nion, c'était une coutume juive que l'on ce repas; soit au contraire que Jésus,
cherche à faire dériver de l'idée primi conformément au texte de la loi, ait célé
tive de la pâque, qui était un affranchis bré la fête le soir du 14 nisan, tandis que
sement. On peut concilier les deux sen les Juifs l'auraient renvoyée au lende
timents en admettant que les Romains, main soir, 15 du mois, vendredi, peut
maîtres de la Palestine, avaient introduit être pour une plus grande exactitude as
cet usage pour tempérer l'extrême ri tronomique, et sur les calculs de leur ca
gueur du code criminel des Juifs, et qu'ils lendrier; c'est l'opinion de Cyrille d'A-
avaient profité, pour le faire, des souve lex., Chrysostome, Epiphanes, etc. Ils ap
nirs nationaux qui s'y rattachaient dans puient entre autres sur ce qui est dit,
l'esprit des Hébreux. Cette coutumê n'a Luc 22,7., que c'était le jour où il fallait
de surprenant que l'usage qui en a été fait sacrifier la pâque, voyant dans ces pa
dans cette circonstance spéciale, car du roles une présomption que ce n'était pas
reste, chez presque toutes les nations, en le jour où on l'avait fait. '
Orient et en Occident, il est assez d'u- 3° Enfin ceux qui pensent que Jésus a
sage lors de certaines fêtes, à la nais célébré la pâque juive en même temps que
sance d'un prince, ou à son avénement, les Juifs, admettent, les uns, que la fête
de proclamer une amnistie partielle ou avait été renvoyée du 14 au 15 nisan, et
entière, mesure tout ensemble de poli que le 14 (vendredi), qui commençait la
PAQ 138 PAR

veille au soir (jeudi), n'avait été que la pascale, réelle, mais plus étendue et
préparation de la fête dans laquelle on moins cérémonielle que la fête propre
avait mangé l'agneau pascal, Jean 19, 14.; ment dite. La Cène est une pâque réité
explication qui est presque généralement rée et fréquente ; elle est la commémora
rejetée; les autres donnent aux expres tion de la mort de celui qui est notre pâ
sions manger la pâque et préparation de que, et ce souvenir doit accompagner la
la pâque, Jean 18, 28. 19, 14., un autre pensée du chrétien, non-seulement dans
Sens que celui dans lequel on les prend la grande solennité que l'Eglise a consa
ordinairement, expliquant la première de crée , mais dans toutes les Occasions où
l'un ou de l'autre des diffèrents sacrifi il s'approche de la table du Seigneur. Il
Ces journaliers qui se faisaient dans le se rappelle alors qu'il a été délivré com
Courant de la semaine sainte, et la se me le Juif, mais d'une servitude plus ter
conde de la préparation qui se faisait la rible, mais par un sang plus précieux,
veille du sabbat de pâque : explications mais pour un avenir de joies plus gran
un peu dures et contraires à l'usage gé des, plus sûres, plus durables, pour la
néral. sainteté et pour la vie éternelle.
Au milieu de ces incertitudes, il paraît Rappelons encore, en terminant, les
plus vraisemblable que Jésus n'a pas fait querelles qui éclatèrent dans les pre
la pâque avec ses disciples, d'autant plus miers siècles de l'établissement du chris
que s'il l'eût faite, il eût agi contre les tianisme, entre les évêques orientaux et
observances juives en quittant le même les occidentaux, sur le jour auquel il fal
soir, pendant la nuit, la maison et la ville lait célébrer la pâque. Les orientaux vou
> de Jérusalem, Matth. 26, 30.Marc 14,26. laient s'en tenir à l'usage que leur avaient
Luc 22, 39. v. sur cette question le com légué saint Jean et les apôtres, de la célé
mentaire d'Olshausen sur la Passion de brer le quatorzième jour de la lune de
notre Seigneur, d'après les quatre évan mars; les occidentaux la célébraient le
gélistes, traduit de l'allemand par le pro dimanche qui suivait. Polycarpe et Ani
fesseur Chappuis. cet eurent sur ce point des conférences
Quoi qu'il en soit, du reste, la pâque qui n'aboutirent à aucun résultat, l'évê
chrétienne à succédé à la pâque juive ; que de Rome ne voulant pas se plier à
elle a pris sa place dans l'année et dans l'usage apostolique, et Polycarpe ne vou
le cœur de ceux qui ne sont plus sous la lant pas y renoncer. Plus tard, Victor Ier
loi, mais sous la grâce. Il n'importe pas (196) envenima la discussion, et rompit
que Jésus-Christ l'ait célébrée ou indi la communion avec les évêques d'Orient ;
quée avant sa mort; il l'a fondée par sa Irénée, évêque de Lyon, réussit à faire
In0rt, COmme cela ressort non-seulement entendre raison au pape, qui rétracta ses
de cette parole de l'apôtre : « Christ, notre mesures antichrétiennes. Les deux Egli
pâque, a été sacrifié pour nous, » 1 Cor. ses ont dès lors continué d'observer leurs
5, 7., mais encore des rapports évidents jours particuliers.
et nombreux qui ont fait de son sacrifice PARA, ville de Benjamin, Jos. 18, 23.
I'accomplissement perpétuel de ceux qui PARADIS, nom grec du jardin placé
devaient être offerts par les Juifs. Il se en Eden, et dont Dieu avait fait l'habita
rait trop long d'énumérer ici tous ces tion bénie du premier homme, Gen. 2, 8.
rapports entre le Christ et l'agneau pas 3, 8 23. 4, 16. L'Ecriture nous dit qu'un
cal, de même que ceux que les auteurs fleuve sortait du pays d'Eden, pour arro
Sacrés font ressortir entre le sacrifice de ser le paradis, et que de là il se divisait
Christ et la pâque : v. Moïse sans voile, en quatre têtes, le Pison, le Guihon, le
par Des Bergeries, p.112.sq.,219. sq. Hiddekel et l'Euphrate : quelques détails
Il ressort aussi de l'institution de la généraux sur chacun de ces fleuves, et la
Cène, soit qu'elle ait eu lieu le 14 nisan, circonstance qu'Eden était en Orient,
ou le 13, qu'elle était destinée à rappeler sont tout ce que nous savons sur ce jar
le souvenir de la mort de Christ, et qu'elle din, tout ce qui peut diriger les recher
avait sous ce rapport une signification ches des commentateurs, des théologiens,
PAR 139 PAR

et des historiens. Malgré ce peu de don fleuves connus, l'Euphrate, l'Assyrie,


nées, malgré leur peu de précision, des mais à mesure qu'il parle d'objets plus
travaux immenses et presque inutiles ou éloignés, il y ajoute plus d'attributs pour
sans résultat, ont été entrepris pour es mieux caractériser la contrée. -

sayer de déterminer avec autant de cer 2° En suivant les indications que don
titude que possible quel était le pays ne Moïse, l'Euphrate et le Tigre nous
d'Eden, ou quel était l'emplacement du renvoient au plateau de l'Arménie ; c'est
paradis, car ces deux questions se con dans le voisinage du mont Ararat qu'ils
fondent, et la première est presque tou prennent leur source, et c'est dans la mê
jours absorbée par la seconde, qui seule me contrée aussi que naît l'Araxe que
a de l'intérêt. Calvin, Huet, Bochart, Mo l'on prend pour le Guihon, de même que
rin, Grotius, Hottinger, Rosenmuller et le Phasis ou Pison. Ce pays est très fer
Gesenius, doivent être comptés au nom tile, et riche sous tous les rapports; il y
bre de ceux qui ont fait sur ce sujet les a plusieurs lacs entre les montagnes, des
travaux les plus consciencieux ; mais la cimes couvertes de neiges éternelles, des
fréquente divergence de leurs vues de traces d'éruptions volcaniques. Cette ma
détail, et les résultats différents auxquels nière de voir est entièrement celle de Re
ils sont arrivés, disent suffisamment land et de Calmet, en grande partie celle
qu'une base sûre nous manque, et si de Jahn, Winer, etc.
l'on continue de s'occuper de cette re 3° Si l'on demande maintenant où est
cherche, c'est à cause de l'intérêt qui se ce pays d'Eden, où ce fleuve qui arrosait
rattache à l'examen même de la question, le jardin, où ce jardin lui-même, où la
plutôt que dans l'espérance de la résou source commune de ces quatre fleuves
dre ; le déluge qui nous sépare de l'an qui aujourd'hui sortent bien d'un même
cien monde, et qui a doublement boule plateau, mais non du même bassin, il faut
versé la face du globe, est la plus sûre répondre que ce sont précisément ces
garantie de la complète inutilité de tou choses qui ont été détruites. Moïse lui
tes les recherches. même parle du chérubin qui défend l'en
Plusieurs systèmes ont été examinés à trée du paradis, il nous raconte le déluge
l'art. Création, q. v., et l'auteur a déve qui a passé par-dessus toutes les hau
loppé le sien de manière à ne laisser au teurs de la terre ; il n'a donc pas voulu
cun doute dans l'esprit de ceux qui dans nous dire que le pays puisse encore être
cette question consentiront à se décider, trouvé. Le paradis n'existe plus, les fleu
et à le faire en rompant avec les tradi ves coulent encore. L'aveu que nous fai
tions scientifiques du passé. sons pour l'ensemble de la question, l'on
Dans le présent article, nous nous bor est obligé de le faire au moins pour les
nerons à exposer brièvement l'opinion détails, et l'on compromet ainsi ce qu'on
généralement admise. Ce qui a été dit avait cru prouver d'abord.
aux articles spéciaux sur les quatre fleu 4° Parmi un grand nombre d'opinions
ves et sur les pays qu'ils parcourént, a sur la situation du paradis, dont la plu
déterminé en quelque sorte la position part ne méritent pas d'être réfutées, nous
du paradis. On ajoute : 1° que Moïse ne mentionnerons cependant encore celle de
nous présente pas une géographie my Calvin, Grotius, Huet, Bochart, qui le pla
thique; il ne parle pas non plus, comme le cent dans la Babylonie ; les quatre fleu
voudrait Leclere, d'une contrée qu'il ré ves sont alors le Tigre, l'Euphrate, et
garde comme perdue, ou qui ne puisse deux sources du Shat-al-Arab.
être retrouvée : il parle à ses contempo Les auteurs arabes ont conservé en la
rains, et il veut leur faire connaître la modifiant la tradition biblique; leurs qua
contrée où a été le premier séjour des tre fleuves sont le Tigre, l'Euphrate, le
· hommes nouvellement créés; ainsi que le Dschi-Houn (Oxus des anciens), et le Si
dit Calvin : Topographiam suam Moses hon (Iaxartes) : ce sont les quatre plus
dd sud dºtatis tractum accommodavit; grands de l'Asie, l'Indus et le Gange ex
non-seulement il indique des pays et des ceptés. - D'après le Zend Avesta le pa
PAR 140 PAR

radis, la pure Ivan, serait situé dans ce que, qui paraît être sa patrie Originaire.
que nous appelons aujourd'hui Erivan, On a voulu reconnaître aussi le tétanos
Où coulent encore les fleuves Khur et emprosthetonus dans la maladie mention
Arass : une partie de ce paradis, dans la née Luc 13, 11.; elle consiste dans un
quelle est né Zoroastre, s'appelle Eden, raidissement des muscles du cou, accom
qui signifie dans la langue pehlvi lieu de pagné d'une courbure générale du corps
repos. Les Arméniens sont persuadés que d'arrière en avant ; d'autres ont cru qu'il
le paradis était situé près de l'Ararat, si s'agissait là d'une autre espèce de mala
non même sur son penchant meridional, die, peut-être de douleurs rhumatisma
et le couvent d'Etschmiatsim aurait été, les ; les médecins varient beaucoup sur
selon quelques-uns, construit sur le lieu ce qu'ils entendent par paralysie dans la
même de son emplacement. Bible , mais il est constant que dans la
PARALYSIE, maladie assez connue plupart des cas, il s'agit de véritables pa
et assez fréquente, qui consiste dans le ralysies. — La main sèche de Jéroboam,
relâchement des muscles de certaines 1 Rois 13, 4., et celle dont il est parlé
parties du corps, et dans l'incapacité pour Matth. 12, 10. Marc 3, 1., n'étaient appa
le patient de se servir librement et à sa remment autre chose que des membres
volonté des membres ainsi attaqués : mal paralysés; Ackermann pense que dans le
gré cette affection musculaire les organes cas de Jéroboam il est question d'une
conservent en général la circulation du affection tétanique.
Sang, la chaleur animale, et leurs sécré PARAN, ou plutôt Pharan, désert si
tions particulières. La paralysie frappe tué au sud de la Palestine, Gen. 21, 21.
les bras, les jambes, la langue, les yeux, cf. v. 14., entre ce pays et l'Egypte. Les
etc.. souvent en suite d'une attaque d'a- Israélites y passèrent pendant le voyage
poplexie. Elle n'est du reste générale du désert, après qu'ils eurent quitté les
ment accompagnée d'aucune douleur au solitudes du Sinaï, trois jours après avoir
tre qu'un léger picotement facile à sup quitté la montagne même sur laquelle la
porter. Sa guérison est toujours difficile : loi leur avait été donnée, Nomb. 10, 12.
les frictions, et les remèdes électriques 33. C'est peut-être aussi à cause de ce
Sont au nombre des moyens dont on se souvenir que le nom de Paran est resté
Sert avec le plus de succès.—Les anciens attaché à celui du Sinaï, Deut. 33, 2.,
connaissaient, ou plutôt distinguaient, d'autant plus que le mont de Paran était,
une autre espèce de paralysie ; les mus selon toute apparence, attenant à la chaîne
cles au lieu d'être relâchés, sont excessi du Sinaï, cf. Hab. 3, 3. On a cru retrou
vement tendus, et n'obéissent plus à la ver Paran dans le Wady Feiran, belle et
volonté de leur maître, mais ils n'en sont fertile vallée, arrosée d'un ruisseau qui
pas moins dans une activité constante et déborde quelquefois, et renfermée entre
Convulsive , c'est à cette classe qu'appar des montagnes hautes et escarpées (Shaw,
tiennent la catalepsie, l'épilepsie, et les Niebuhr); mais cette vallée, proche du Si
différents genres de tétanos, tous accom naï, est située au nord-ouest, tandis que
pagnés de violentes douleurs. Le Nou celle de Paran était située entre le Sinaï
Veau Testament nous présente plusieurs et la Palestine. du côté de la frontière
exemples de ces maladies, et c'est peut iduméenne, et Makrizi (v. Burckhardt)dis
être dans cette dernière espèce qu'il faut tingue positivement le Paran biblique du
ranger la paralysie dont il est parlé Wady Feiran. Il est plus probable qu'une
Matth. 8, 6., ainsi que le font divers au trace de Paran se trouve dans la mention
teurs qui l'entendent du tétanos, maladie que font Eusèbe et saint Jérôme d'une
moins rare dans les pays chauds que chez ville de Pharan, située à trois journées
nous, et si douloureuse qu'elle précipite nord-est d'Elana. v. aussi Josèphe, Guer.
rapidement et presque inévitablement de Jud. 4, 9. 4. — Quant à la ville de
dans le tombeau, tous ceux qu'elle at Phara, située sur les rives de la mer
teint; le tétanos est cependant moins fré Rouge, et mentionnée par Ptolémée, elle
quent encore en Orient que dans l'Afri se rapporterait plutôt à la vallée de Fei
PAR 141 PAR

ran qu'au désert de Paran. diacres de l'église de Jérusalem, Act. 6,


Ce désert est fréquemment nommé 5. Epiphanes le compte au nombre des
dans l'Ecriture sainte ; ses confins furent soixante-dix disciples.
ravagés par Kédor-Lahomer. Agar s'y PARPAR. v. Abana.
retira, Israël le traversa, et de là Moïse PARTHES, Act. 2, 9. Il s'agit proba
envoya les espions en Canaan ; David y blement dans ce passage de Juifs domici
séjourna quelque temps, Hadad y passa liés chez les Parthes, et momentanément
lorsqu'enfant on le conduisit en Egypte. en Séjour à Jérusalem. — La Parthie ou
v. Gen. 14, 6. Nomb. 13, 4.27.1 Sam. 25, Parthiène était, dans l'origine, sous les
1. 1 Rois 11, 18., etc. rois de Perse et sous les successeurs
PARENTS. Ce nom désigne, en pre d'Alexandre, un canton ou une province
mier lieu, les pères et mères; il s'appli subordonnée à l'Hyrcanie, qui la bornait
que ensuite à toutes les personnes unies à l'ouest; la Margiane faisait la frontière
par un mème sang, même à des degrés orientale. Les Parthes, chassés de la Scy
fort éloignés. En ordonnant aux enfants thie (leur nom mème signifie bannis en
d'honorer leurs parents, Ex. 20, 12., langue scythique), vinrent s'établir dans
l'Ecriture leur a imposé non-seulement les solitudes voisines de l'Hyrcanie, cou
le respect extérieur, ou même l'obéis vertes de forêts et de montagnes, pays
sance, mais encore le devoir de les nour si pauvre qu'il ne pouvait pas nourrir les
rir, de pourvoir à leurs besoins, de les as plus petites armées. Ces bannis s'accru
sister dans toutes les circonstances Où ce rent bientôt à tel point, qu'ils furent en
pourra être nécessaire. Une tradition clé état de s'emparer des plaines les plus
ricale avait essayé de détourner cet hon étendues et des vallées les plus profon
neur et cette assistance au bénéfice des des. Ils étaient adonnés à l'ivrognerie et
prêtres, en établissant que les dons faits à l'impureté; les mariages incestueux n'é-
au clergé pouvaient remplacer, pour les taient pas un scandale dans leurs mœurs,
enfants, les devoirs auxquels la loi les mais ils avaient horreur du mensonge.
obligeait envers leurs parents; les cler Leur manière de tirer de l'arc par der
gés sont toujours les mêmes : le Sauveur rière, en se retirant, rendait souvent leur
condamne cette interprétation annihilante fuite plus dangereuse que l'attaque. C'est
de la loi, Matth. 15, 5. 6. v. Corban. à cheval qu'ils combattaient, à cheval en
• Les mariages entre parents, à un cer core qu'ils se rendaient aux repas où on
tain degré, étaient défendus par la loi, les invitait , ils ne mangeaient que des
Lév. 18; ainsi un Israélite ne pouvait viandes de bêtes prises à la chasse. Par
épouser ni sa mère, ni sa belle-mère, ni leur élévation à l'empire d'Orient, le can
sa sœur de père ou de mère, ni sa fille, ton resserré qu'ils habitaient prit une
ni sa petite-fille, ni la fille de la femme plus grande extension, et s'étendit jus
de son père, ni sa tante, ni la femme de qu'aux Portes Caspiennes, ayant pour ca
son oncle paternel, ni sa belle-fille, ni la pitale Hecaton-Pyles (les cent portes), qui
femme de son frère (à moins que celui-ci appartenait à l'ancienne Médie. Après la
fût mort sans enfants), ni à la fois, ou suc révolte d'Arsaces, des troubles qui s'éle
cessivement, une mère et sa fille Ou pe vèrent dans les autres états du roi de
tite-fille, ni la sœur de sa propre femme Syrie, laissèrent à l'usurpateur le temps
pendant la vie de celle-ci. Les quatre vers de s'affermir dans sa nouvelle domina
suivants renferment tous les degrés pro tion. Séleucus-Callinicus ayant tenté un
hibés : dernier effort, fut battu et fait prisonnier
Nata, soror, neptis, matertera fratris et uxor, dans une grande bataille, 230 av. C. Peu
Et patrui conjux, mater, privigna, noverca, à peu ce grand empire s'étendit dans
Uxorisque soror, privigni nata, nurusque, toute l'Asie, et finit par se rendre redou
Atque soror patris, conjungi lege vetantur.
table aux Romains. Il dura plus de quatre
PARFUMS. v. Onction. siècles sous les successeurs d'Arsaces,
· PARJURE. v. Serment (faux). qui prirent le nom d'Arsacides; cette dy
PARMENAS, l'un des sept premiers nastie finit l'an 223 de l'ère chrétienne,
PAS 142 PAT
avec Artaban IV, qui fut détrôné par Ar retrouve plus, pas même parmi ceux des
taxercès I°r, petit-fils de Sassan, qui premiers sacrificateurs qui furent emme
donna le nom de Sassanides à la dynas més à Riblah, où Nébucadnetsar les fit
tie nouvelle. mettre à mort, 2 Rois 25, 18. On pré
PARVAIM , 2 Chr. 3, 6., contrée qui sume qu'il fut du nombre de ceux qui fu
fournissait un or particulièrement esti rent transportés à Babylone sous le roi
mé. Plusieurs auteurs regardent ce nom Jéhojachin. Le Guédalia nommé Jér. 38,
comme synonyme d'Ophir, et cette opi 1., était probablement son fils, et parta
nion se recommande le mieux, si l'on n'ad geait sa haine contre le prophète. Ses
met pas celle de Gesenius, qui, d'après descendants (fils d'Immer) revinrent de
l'analogie du sanscrit, prend Parvaïm la captivité, 1 Chr. 9, 12. Malgré sa
dans la signification générale d'Orient, charge ecclésiastique, Pashur apparaît
Levant; on disait alors l'or du Levant, essentiellement revêtu d'un caractère ci
comme nous disons le fer du Nord, pour vil, et dans le civil il représente la bruta
dire de bon or, de bon fer. lité d'un absolutisme impie et incrédule,
PARVARIM, 2 Rois 23, 11., faubourg absolutisme démagogique, aristocratique,
situé à l'occident du temple, cf. 1 Chr. ou clérical, peu importe, car c'est pres
26, 18. Néthanmélec y demeurait près de que partout le même.
l'écurie sacrée des chevaux du soleil. 2° Fils de Malkijah, et l'un des servi
PAS, 2 Sam. 6, 13., la plus petite des teurs de Sédécias, Jér. 21, 1. 38, 1. H
mesures de distance. On l'évalue ordinai vint demander avec Sophonie, au nom de
rement à cinq pieds géométriques. Le son maître, des oracles à Jérémie, n'ob
stade comptait 125 pas, et la lieue 2,500 tint de lui que des réponses de malheur,
ou 3,000. et se joignit plus tard à ses ennemis. On
PASDAMMIM, 1 Chr. 11, 13., appelé peut croire que le Pashur dont un arrière
aussi Ephes Dammim, ou frontière de petit-fils revint de l'exil, Néh. 11, 12.,
Dammim, 1 Sam. 17, 1., localité incon est le même que celui dont nous parlons ;
nue, de la tribu de Juda; c'est près de là cependant le Pashur de Néhémie était sa
que David et Goliath se rencontrèrent. crificateur, et Jérémie qui n'omet guère
PASHUR, 1° Sacrificateur, et fils ou de mentionner la charge ecclésiastiquedes
descendant d'Immer, était sous Jéhojakim personnages dont il parle, ne dit rien de
prévôt et directeur de la maison de l'Eter cette circonstance.
nel : cette charge paraît avoir compris PASSEREAU, Luc 12, 6. Matth. 10,
entre autres la police du temple , et le 29.: v. Moineau.
soin de prévenir les désordres parmi la PATARA, ville maritime de l'Asie-mi
foule qui s'assemblait dans le parvis, Jér. neure, à 4 l. sud de Xanthus, à l'ouest
20, 1-6. Faux prophète, et de la faction de l'embouchure du fleuve de ce nom.
opposée à Jérémie, il fit enfermer le pro Saint Paul y aborda en venant de Rhodes,
phète, qui rendait ses oracles dans le par Act. 21, 1. Elle appartenait à la Lycie.
vis du temple ; Pashur outrepassait les li Apollon y possédait un temple célèbre
mites de sa compétence, il se faisait juge dans lequel il rendait des oracles pendant
quand il n'était qu'inspecteur. Le lende les six mois de l'hiver, passant l'été à
main, sentant peut-être qu'il s'était com Délos. Patara se rendit à Brutus à discré
promis par une mesure trop inique, et par tion. Quelques ruines s'en trouvent en
un abus de pouvoir, il rendit la liberté à core près du bourg de Scamandre.
Jérémie, qui répondit à ses brutalités par PATHROS est évidemment, d'après Ez.
un oracle de châtiments. « L'Eternel ne te 29, 14. 30, 14., une partie de l'Egypte,
nomme plus Pashur (sûreté de tous côtés), et spécialement de la Haute Egypte, la
mais Magor-missabib (frayeur tout à l'en Thébaïde, ou le pays du midi, comme l'ap
tour). » Et il lui annonça la fin de sa pros pelle Champollion, l'Eg. sous les Phar.II,
périté, et des jours de trouble et de tri 187. La circonstance que Pathros est cité
bulations. Nous ignorons comment cette à côté de Mitsraïm, Jér. 44, 15. Es. 11,
prédiction s'accomplit, car son nom ne se 11., ne prouve pas que ce soient deux
PAT 143 PAT

pays distincts, mais établit plutôt, en réu l'autre, qui a vécu 243 ans avec le pre
nissant ces noms , qu'il désignent deux mier et 600 ans avec le second ; ou bien
parties séparées du même pays. Cette Enos, petit-fils d'Adam , qui a vécu 695
opinion est confirmée encore par le fait ans avec son aïeul, et 84 ans avec Noé;
que les Pathrusim, qui étaient probable ou bien encore Kénan, Mahalaléel, Jared,
ment les habitants de Pathros, sont comp qui tous ont vu le premier et le dernier
tés parmi les descendants de Mitsraïm. homme de l'ancien monde, ces trois der
· PATMOS, Apoc. 1, 9., rocher nu et niers ayant vécu avec Noé 179, 264 et
stérile de la mer Egée, au sud-est d'Ica 366 ans. Dans le nouveau monde, Noé vit
ria : cette île, l'une des Sporades, n'est encore 128 ans avec le père d'Abraham,
connue que pour avoir été le lieu d'exil et ne meurt que 2 ans avant ce patriarche,
de l'apôtre saint Jean; on montre encore de sorte qu'entre Adam le père des hom
dans la baie de Nestia la grotte dans la mes, et Abraham le père des croyants,
quelle il doit avoir reçu ses révélations. pour un espace d'environ 21 siècles,
PATRIARCHES. Ce nom, dont la signi nous ne trouvons que trois chaînons né
cation revient en grec à celle de chef de cessaires, Seth, Noé, et Tharé. De ces
famille, est employé dans cette significa longues vies, et de ces synchronismes si
tion générale en parlant de David et des étendus, il résulte évidemment une très
fils de Jacob dans le Nouveau-Testament, grande sûreté pour les traditions histori
Act. 2, 29. 7, 8.9. Dans un sens plus ques, de grandes garanties pour l'exacti
restreint, il désigne les fondateurs de la tude de l'histoire des premiers temps.
nation juive, et les pères du genre hu La longévité des patriarches a trouvé
main, ou plutôt parmi eux et d'une ma bien des incrédules, et ceux qui, respec
nière plus particulière, ceux qui appar tant l'autorité de l'Ecriture, désirent n'en
tiennent à la ligne directe dans laquelle admettre que ce qu'ils veulent croire, ont
se sont perpétuées les promesses, ainsi, cherché à concilier leur respect avec leur
parmi les enfants d'Adam, la ligne de raison ou leurs habitudes. De là, quel
Seth, parmi ceux de Noé, la ligne de Sem, ques-uns ont entendu de familles entières
parmi ceux d'Héber, celle des Hébreux, les chiffres qui indiquent l'àge des pa
Tharé, Abraham, lsaac, etc. Ordinaire triarches ; idée malheureuse, car on ne
ment, et, d'après une espèce de conven peut pas dire que la famille d'Adam se
tion tacite mais universelle, on regarde soit éteinte au bout de neuf cent trente
Jacob comme le dernier des patriarches. ans; que la famille d'Enoch ait étè enle
Dans ce sens, le Nouveau Testament ne vée tout entière pour être avec Dieu ;
donne ce nom qu'au seul Abraham, Hébr. que la famille de Noé, outre ses trois
7, 4. fils, soit entrée dans l'arche, etc. On a
Leur histoire, que l'on trouvera sous donc cru faire quelque chose de plus rai
chaque article particulier, ne peut nous sonnable en diminuant la longueur des
occuper ici, nous nous bornerons à quel années, et on les a prises pour des mois ;
ques observations sur le grand âge au mais cette hypothèse arbitraire, que rien
quel ils sont tous parvenus, problème ne justifie, amène le résultat ridicule de
tout ensemble de physiologie et de chro Mahalaléel ou de Hénoc, pères de famille
nologie, qu'il ne s'agit du reste pas de à l'âge de cinq ans et demi. Il a donc
résoudre, mais d'expliquer. La moyenne fallu allonger un peu ces années d'un
de leur vie depuis Adam jusqu'à Noé, mois, et on les a faites de trois mois ;
Enoch excepté, est de 900 ans ; depuis mais, d'après ces calculs, on arrive déjà
Sem dont les jours ne sont plus que de à des vies de plus de deux siècles, ce qui
600 ans, la vie des patriarches va en di répugne moins sans doute, mais toujours
minuant : Joseph meurt à 110 ans. — un peu, à ceux qui veulent que ce qui
Quelques rapprochements ont de l'in est maintenant ait toujours été; d'ailleurs
térêt : un seul homme sert de chaînon l'histoire du déluge, avec ses douze mois
entre la création et le déluge, entre Adam de trente jours, Gen. 7, 11. 24. 8, 3.4.
et Noé, c'est Méthusélah qui a vu l'un et 5. 13.14., renverse complétement toute
PAT 144 pAU
hypothèse de cette nature. On n'a donc sait de l'immortalité à la mort; par con
que le choix d'accepter les chiffres avec séquent aussi, en remontant en arrière,
leur valeur historique, ou de les considé chaque génération devait avoir une durée
rer comme les rêves mythiques des pre plus longue que celle qui la suivait. Et si
miers poètes qui ont composé les origines les désordres des peres frappent la santé
du monde et les premiers temps du genre de leurs enfants, cette influence devait
humain.—La seule objection qu'on élève être moindre dans un temps où la sen
contre le grand âge des patriarches, et sualité ne se satisfaisait qu'avec peine,
contre le récit biblique, n'est véritable dans une famille surtout dont le caractère
ment pas sérieuse ; on n'arrive plus de était la recherche de la sainteté, et dont
nos jours, dit-on, à une pareille vieillesse, un des membres fut enlevé avant le temps
on n'y est donc jamais parvenu. Mais on ne pour être avec Dieu. « Jusqu'au déluge,
trouve plus maintenant non plus le mam dit Bossuet, toute la nature était plus
mouth, ni l'iguanodon avec ses 20 mètres forte et plus vigoureuse : par cette im
de longueur, ni la bête de l'Ohio qui était mense quantité d'eaux que Dieu amena
plus grande que l'éléphant, et avait des sur la terre, et par le long séjour qu'elles
défenses de plus de 4 mètres de longueur, y firent, les sucs qu'elle enfermait furent
ni cette espèce de cerfs dont le crâne pe altérés ; l'air, chargé d'une humidité ex
sait 40 kilog., et dont le bois, avec ses cessive, fortifia les principes de la cor
ramifications, comptait 5 mètres. Et si le ruption, et la première constitution de
règne animal, avant le déluge, avait des l'univers se trouvant affaiblie, la vie hu
proportions parfois colossales, et supé maine, qui se poussait jusques à près de
rieures à celles auxquelles il a été réduit mille ans, se diminua peu à peu. »
dès lors, qu'y aurait-il d'étrange à ce que Cette tradition de longévité, d'ailleurs,
la race humaine elle-même eût participé n'appartient pas à la Bible seule ; la mé
à ces proportions plus fortes, à cette con moire en a été conservée chez plusieurs
stitution plus robuste, à cette vie plus auteurs païens, Hésiode, etc.
longue ? Ce n'est pas, du reste, que nous PATROBAS, disciple de Rome, connu
voulions rattacher la longévité à un plus seulement par la salutation de saint Paul,
ou moins grand développement physique Rom. 16. 14. Les Grecs l'ont fait évêque
de la taille de l'homme. Faisant abstrac de Pouzzoles.
tion de l'action de Dieu, qui a certaine PAUL, d'abord nommé Saul, Juif de
ment dù intervenir pour faciliter un ra la tribu de Benjamin , natif de Tarse, en
pide accroissement de la population du Cilicie, témoin consentant à la mort d'E-
globe, et le maintien des vérités tradi tienne, persécuteur de l'Eglise, puis un
tionnelles, on peut comprendre qu'une des plus fidèles apôtres de ce Jésus qu'il
vie dont la longueur nous surprend, fût le persécutait, Phil. 3, 5.Act. 9, 11. 21,39.
partage d'hommes chez qui la sève de la 22, 3. Un de ses ancêtres était devenu ci
création, si l'on peut s'exprimer ainsi, toyen romain, et c'est à cela peut-être
avait encore quelque chose de sa force qu'il faut attribuer le nom latin qu'il prit,
première; d'hommes qui vivaient dans un assez semblable à son nom hébreu pour
milieu plus pur et moins altéré, dans une le rappeler, assez différent aussi pour
atmosphère peut-être moins corrompue; faire reconnaître sa bourgeoisie romaine;
d'hommes dont la vie était sobre, et qui c'est du moins l'hypothèse la plus simple
ne connaissaient ni le vin, ni la viande, pour expliquer ce double nom. D'autres
dont toutes les occupations étaient saines,
ont voulu voir dans Saul le nom du Juif,
et qui vivaient en plein air, au milieu deet dans Paul celui du chrétien, apôtre
leurs champs et de leurs troupeaux. Si des gentils, décidé à rompre radicale
chaque géneration perd sur celle qui la ment avec toutes les formes du judaïsme.
précède quelques mois dans la moyenne On ne connaît rien de sa jeunesse : on a
de sa durée, cette perte devait être beau voulu conclure de certains passages qu'il
coup plus considérable dans les premiers avait acquis la connaissance des lettres
temps du monde, alors que l'homme pas grecques, mais c'est incertain , et les
PAU 145 PAU

preuves ne sont pas concluantes. Sa for 7o Troisième voyage à Jérusalem, oc


me d'esprit, sa dialectique, son style et casionné par les discussions sur la loi ;
son érudition sont plutôt juives que grec concile de Jérusalem, Act. 15. Retour à
ques. Il est vrai que les lettres floris Antioche, dispute avec Barnabas.
saient à Tarse comme les arts et les 8" Second grand voyage missionnaire,
sciences, et qu'il a pu n'y pas rester toujours depuis Antioche, avec Silas ou
étranger; mais, dans tous les cas, on Sylvanus.
s'est fait une trop grande idée de ses a) Voyage par la Syrie et la Cilicie, jus
connaissances profanes, et l'élève de Ga qu'à Derbe et Lystre, d'où Paul se fait
maliel, le faiseur de tentes, n'aura étudié encore accompagner par Timothée,
les lettres et le paganisme que d'une ma Act. 15, 41. 16, 1-3.
nière secondaire. Zélé pour le culte de b) Voyage par la Phrygie et la Galatie,
ses pères dès sa jeunesse, plus que tous Act. 16, 4-6. Il est vrai que l'apôtre
ses compagnons d'âge, il écouta Gama trouva déjà des Eglises en Phrygie,
liel, et fut initié dans le système de la mais ce fut lui qui les fonda en Galatie.
théologie juive. c) Voyage à travers l'Asie antérieure ;
Sans entrer ici dans les détails d'une court séjour dans la Troade, où Paul
vie que le livre des Actes ne fait que ré s'ass0cie Luc.
sumer, et qui a suffi à remplir les volumes d) Premier voyage en Europe, dans la
de Witsius, de Paley, de Schrœder, de Macédoine; séjour à Philippes, où il
Neander, et d'autres encore, nous en tra laisse Timothée et Luc, Act. 16, 6-40.
cerons rapidement les différentes épo e) Voyage et séjour à Thessalonique. Paul
ques : cette vie est connue, et la plu et Silas à Bérée. Paul seul quitte la Ma
part des faits ont été expliqués en leur cédoine, Act. 17, 1-15.
place : f) Séjour à Athènes, 17, 15-34.
1° Court séjour à Damas, et voyage en g) Séjour de dix-huit mois à Corinthe, 18,
Arabie, Act. 9, 19. Gal. 1, 17. 1-11. Silas et Timothée le rejoignent. Il
2° Retour à Damas et à Jérusalem au écrit de là ses premières Epîtres, celles
bout de trois ans ; il voit Barnabas et aux Thessaloniciens.
Pierre, Gal. 1, 18. Act. 9, 23-29. 9o Retour avec Aquila jusqu'à Ephèse :
3° Voyage à Tarse, et séjour dans cette quatrième voyage à Jérusalem, et séjour
cOntrée, Act. 9, 30. à Antioche, 18, 18-21 .
4° Barnabas vient le chercher à Tarse, 10° Troisième grand voyage mission
et l'engage à un voyage d'évangélisation; naire.
séjour d'une année à Antioche, capitale a) Par la Galatie et la Phrygie, 18, 23.
de la Syrie, Act. 11, 25. 26. (jusqu'à Corinthe ?)
5° Second voyage à Jérusalem pour les b) Séjour à Ephèse, de presque deux an
intérêts temporels de l'Eglise, et retour nées, 19, 1-11. : c'est de là qu'il écrit
à Antioche, Act. 11, 30. 12, 25. l'Epître aux Galates, la 1re aux Corin
C'est depuis ce moment que Paul com thiens qui est perdue, et la 1re que
mence ses grands voyages missionnaires. nous possédons, 1 Cor. 16, 8. Timothée
6° Voyage avec Barnabas et Jean Marc : est de nouveau auprès de lui, et fait,
a)Séjour à Chypre, Act. 13, 2-12. Bar d'après ses ordres, un nouveau voyage
Jésus à Paphos. en Europe, 1 Cor. 4, 17. Act. 19, 22.
b)— à Perge, en Pamphylie, où Marc le c) Voyage d'Ephèse à Troas, 2Cor. 2, 12.,
quitte, — et à Antioche, Act. 13, 14. et dans la Macédoine, où il reste quel
c) — à lconie en Lycaonie, à Lystre et que temps, 2 Cor. 2, 13. Act. 20, 1.2.
à Derbe, Act. 14 ; à Lystre, on veut Ce voyage est fait avec Timothée : Paul
leur sacrifier, et on les lapide. écrit sa 2e aux Corinthiens, 2 Cor. 1, 1.
d) Retour par Lystre, Iconie, Antioche 2, 13. 9, 2.
de Pisidie, Perge, Attalie, à Antioche d) Séjour de 3 mois dans l'Achaïe, à Co
de Syrie, où Paul reste quelque temps, rinthe, Act. 20, 2. C'est de là qu'il écrit
Act. 1 4, 21 . son Epître aux Romains.
Il, 10
PAU 146
PAU,
11° Retour de Corinthe par Philippes, nions partagées sur la fixation des diver
où il retrouve Luc, par Troas, Chios, Mi ses époques de la vie de l'apôtre, il suffira
let, Rhodes, Tyr, Ptolémaïs et Césarée, de dire que Bengel met la conversion de
jusqu'à Jérusalem ; cinquième et dernier Paul en 31,-Süsskind en 32, Eusèbe et
voyage à cette ville, Act. 20, 3.-21, 17. Vogel en 33, Baron et Calvisius en 34,
12° Paul est conduit prisonnier à Cé Usserius, Pearson, Olshausen, Rilliet, et
sarée, où il demeure plus de deux ans en Hug en 35, Schott en 37 (ou 40 ?), Eich
captivité, Act. 21, 17. 23, 31-35. 24, 27. horn en 37 ou 38, Auger en 38, Schrœder
26, 32. en 39, Kuinœl en 40, Schmidt et Wurm
13° Paul est amené à Rome, où Luc en 41. — La date de la mort de l'apôtre
l'accompagne, et où il reste deux ans en ne varie qu'entre les années 64 (Schmidt,
core dans une custodia militaris libe Schott,Schrœder),65(Eichhorn etVogel),
rior, Act. 27, 1. 28, 30. On se demande 66 (Calmet, Bost), 67 (Bengel, Usserius,
si c'est dans la captivité de Césarée ou Hug, Olshausen, Coquerel), et 68 (Eu
dans celle de Rome que Paul écrivit aux sèbe, Steiger, etc.)— Quant à la suite de
Colossiens, aux Ephésiens, et à Philé ses Epîtres, bien que l'ordre que nous
mon; mais c'est sans doute vers la fin de avons adopté nous paraisse se justifier
la dernière qu'il écrivit sa lettre aux Phi presque en tous points, nous rappelle
lippiens. (C'est de plus dans ce temps rons ce qui a été dit à l'article Bible, des
'qu'il faut mettre les autres épîtres de divergences considérables d'opinions qui
l'aul, si l'on admet, comme le font quel se sont fait jour sur ce point, depuis Mar
ques théologiens, que c'est à la fin de cion, qui met l'Epître aux Galates en tête,
cette captivité qu'il a été martyrisé.) jusqu'à Schrœder, qui la met la dernière
14° Paul est remis en liberté, nous ne de toutes celles qui ont été écrites par
savons ni quand, ni comment, et il voya Saint Paul.
ge, à ce qu'il paraît résulter de ses der Le caractère de l'apôtre, ardeur pleine
nières épîtres, dites pastorales, à Ephèse de cœur, impétuosité pleine de raison, sé
où est Timothée, et dans la Macédoine, vérité pleine d'amour, inflexibilité pleine
d'où il écrit sa 1re à Timothée, 1 Tim. 1, de support, se manifeste dans ses épîtres
3., puis en Crète, où il fonde une église, comme dans ses exploits. Une lecture at
et où il laisse Tite, Tit. 1, 5. ll retourne tentive du livre des Actes et l'étude de
en Asie, 2 Tim. 1, 15., d'où il écrit vrai ses lettres font suffisamment connaître
semblablement à Tite qu'il prie de venir son génie particulier, ses vues, la ma
le rejoindre à Nicopolis (en Epire P). En nière de sa prédication, sa position, son
fin, d'après le témoignage non suspect de activité soit dans l'Eglise juive, soit dans
Clément de Rome, Paul se rend en Es celle des gentils; et il faut remarquer que
pagne, revient à Rome, est emprisonné sous tous ces rapports il y a une harmo
comme un malfaiteur, abandonné de tous, nie parfaite entre ses actions et ses let
même de Tite, sauf de Luc, et il attend satres. Partout c'est le même caractère,
mort ainsi qu'il l'écrit, 2 Tim. 2, 9. 4, 8
jusqu'à tel point que cet accord fournit
18. Obéissant à son invitation, Timothée une preuve puissante de l'authenticité des
se rend auprès de lui ; il est également documents. Le grand nombre et la va
mis en prison, mais relâché, Hébr. 13, 23. riété des épîtres offrent encore l'avantage
— Paul est décapité dans une des der de nous faire connaître l'apôtre sous plu
nières années de Néron. D'après une tra sieurs faces; nous le voyons dans des po
dition peu certaine, Pierre arrive aussi sitions temporelles ou spirituelles très
à Rome, où il est martyrisé avec Paul ; différentes, au milieu, vers la fin, ou à la
d'après la même tradition, Marc y vient fin de ses travaux. Le grand nombre de
de même, et vraisemblablement avec Ti disciples, ou d'amis et compagnons d'œu
mothée, depuis Ephèse. Nous ne savons vre ordinairement présents quand Paul
ce que devint Luc; Marc passa en Egypte. écrivait une lettre, l'habitude qu'il avait
Pour montrer combien les difficultés d'envoyer ses lettres par des personnes
chronologiques sont grandes, et les opi de confiance, et les tournées fréquentes
| • •!
PAU 147 PAU
- -" , , , • # •• •
qu'il faisait dans les Eglises ainsi que ses portent le nom de Paul, elles ont formé une
disciples, tout cela nous met à l'abri des collection, et elles ont été attribuées sans
impostures. Une fois cependant on avait aucune contestation à Paul par l'Eglise
tenté de tromper une Eglise par une épî universelle. L'Epître aux Hébreux est
tre écrite en son nom, mais l'apôtre ne douteuse, et nous en avons parlé en son
tarda pas à en être averti et à prévenir lieu. Les treize épîtres doivent avoir été
les fidèles contre de telles tentatives; c'é- recueillies assez tôt, et promptement, car
tait au début de sa carrière épistolaire, 2 nous voyons par les divers témoignages,
Thess. 2, 2.3. Dès lors il prit des me qu'elles furent connues et reconnues par
sures propres à rendre de pareilles frau tout dès l'époque des Pères apostoliques.
des impossibles ;il ajoutait, par exemple, Cette collection fut jointe à celle des épi
à sa lettre dictée, quelques lignes de sa tres catholiques, mais cette dernière ne
propre main, 1 Cor. 16, 21.2 Th. 3, 17. fut pendant longtemps pas aussi complète
Col. 4, 18.; d'autres fois cette précaution que la première. Les ébionites, les en
n'était pas nécessaire, la lettre étant cratites, les manichéens n'en révoquaient !
écrite par des personnes distinguées, pas en doute l'authenticité; Marcion, cri
Rom. 16, 1.22.; la 2e aux Corinthiens, tique arbitraire et dogmatique, en retran
l, 1., peut avoir été écrite par Timothée; cha les épîtres pastorales, et garda les dix
celle aux Ephésiens, 6, 21., fut envoyée autres après les avoir mutilées. Les no
par Tychique. D'autres épîtres, enfin, tices historiques qui se trouvent à la fin
étaient écrites tout entières de sa propre de chaque épître, ne font pas partie de
main, Gal. 6, 11. Philém. 19; il paraît l'épître et ne s'appuient pas toujours sur
qu'il en fut de même des épîtres pasto des autorités fort respectables; les an
rales, d'autant plus que l'apôtre était ciens manuscrits ne les contiennent pas,
alors retenu dans une sévère captivité. les autres diffèrent pour le texte; souvent
— Il nous manque une ou deux lettres l'épître elle-même accuse l'inexactitude
de Paul, 1 Cor. 5, 9. Col. 4, 16. Une cor de ces adjonctions, et les contredit.
respondance de Paul avec les Corinthiens Le caractère littéraire des écrits de
qui n'existe qu'en araméen, a été publiée Paul dépend en grande partie de son ca
en partie dans l'Histoire critique de la ractère personnel. Pectus est quod facit
république des lettres, Amsterdam, 1714, oratorem; or Paul était un homme entier,
tome X; puis en entier par W. Whiston, et il se montre tel dans toutes ses épî
en appendice à son Historia Armeniae tres. On peut sans doute en dire autant
Mosis chronensis, Lond. 1736.4°.; enfin de tous les apôtres, mais ce trait est plus
en 1819, le moine arménien Pascal Au saillant chez lui; il apporte à tout la même
cher du couvent de Saint-Lazare, près de ardeur de l'âme et réalise en lui-même
Venise, en a publié le texte dans sa gram cette parole célèbre : le style, c'est l'hom
maire arménienne, Venise, 1819, p. 179. me. De tous les sujets qu'il traite, aucun
Rink, en en donnant une traduction alle ne lui paraît trop petit, aucun ne le laisse
mande, a voulu défendre l'authenticité de froid; il les mène tous d'une manière très
cette correspondance (Heidelberg, 1823), variée. Jacques l'égale quant à l'unité ou
mais il n'a pas été difficile à Ullmann de à la continuité de l'ardeur des sentiments,
montrer par le silence complet de l'anti ou de la véhémence oratoire; Pierre a du
quité chrétienne et par des caractères in rapport avec lui pour la variété du lan
térieurs, que ces deux lettres sont sup gage, mais aucun des auteurs sacrés ne
posées (Heidelberg, Jahrb., 1823); Carp semble réunir au même degré les deux
zov l'avait déjà fait avant lui (Leipsig, qualités indiquées. Paul est plus orateur
1776). Il en est de même de la corres que Pierre, moins sentencieux, moins
pondance latine de Paul avec Sénèque, et poétique, moins lyrique que Jacques, dont
qui n'est citée par aucun Père plus ancien le style est plus égal et plus soutenu : il
que Jérôme. La lettre aux Laodicéens est n'a pas le calme sublime et même sévère
encore plus moderne. de Jean, mais par cela même il remue
Quant aux treize épîtres canoniques qui l'àme plus puissamment; il fait vibrer
1 48 PAU
PAU * |t |
toutes les cordes du cœur. Il paraît vou d'importance secondaire, ou une argu
loir produire par ses épîtres les mêmes mentation avant d'être arrivé à l'expres
résultats qu'il produisait de vive voix par sion de la conclusion, de sorte que pour
ses exhortations, appropriées chaque fois comprendre toute la dissertation, il faut
au besoin du moment, Gal. 4, 20. Paul en suppléer la fin. — 2° L'esprit de Paul
était profond et doué d'un esprit aussi n'était pas moins fertile que prompt. La
zélé que pénétrant, aussi systématique vivacité de l'esprit ne fixe pas l'attention si
que délié et agile; il aperçoit les rap elle n'est accompagnée d'un fonds de pen
ports qui unissent deux objets en appa sées; mais chez Paul, cette richesse de sen
rence très éloignés, et il les rapproche timents contribue à l'obscurité du langage
promptement; en cela il a quelque chose de ses écrits en le rendant profond; il y a
de commun avec les meilleurs rabbins; des parenthèses, des phrases incidentes
mais tandis que ceux-ci sont brefs et ne trop prolongées et qui se mêlent insensi
donnent que des indications souvent énig blement avec les suivantes, trop chargées;
matiques, Paul donne des expositions, des constructions diverses, fondues en
des argumentations souvent prolongées ; une seule, parce que les pensées de Paul
et tandis que les rabbins, là où ils veulent se poussaient l'une l'autre comme les
exposer ou prouver, se perdent dans les ondes d'un fleuve. Mais ce qui décèle
minuties des sophistes, dans de vieux et encore plus la profondeur de son esprit,
ennuyeux développements, dans des rai et ce qui requiert le plus d'attention,
sonnements peu serrés, Paul ne perd pas c'est la coordination de plusieurs pen
de vue l'idée capitale dont il est dominé, sées, ou de plusieurs séries de pensées
tout en semant son discours de cette foule que Paul entrelace, et qu'il poursuit al
d'idées secondaires dont il est toujours ternativement jusqu'en un point où il
rempli lui-même. Ce caractère du style laisse tomber l'une ou l'autre, ou bien, où
de Paul est une des causes des difficultés les deux fils du discours se réunissent
qu'il offre à l'interprétation; une autre par un nœud : il arrive aussi qu'une ar
cause de ces difficultés provient de cer gumentation ou une exposition disparaît
taines circonstances extérieures, de ce pour reparaître ensuite comme une ri
que tous les écrits de Paul sont des let vière qui a passé par-dessous terre. Une
tres relatives à des événements ou à des autre propriété de son style, moins éten
opinions que nous ne pouvons apprendre due que la précédente, consiste, d'une
à connaître que par ces lettres mêmes, part, dans l'emploi varié des mots et dans
de ce que l'apôtre aussi négligeait son l'accumulation des synonymes, afin de
style, peut-être parce qu'il dictait. Outre faire connaître tout le contenu de la no
que le style n'est ni poli, ni cadencé, les tion sous ses diverses formes, et d'autre
phrases ne sont ni formées avec précau part, dans des antithèses tranchantes
tion, ni revues avec soin, mais faites ou dont Paul augmente encore quelquefois
jetées suivant l'inspiration du moment. la pointe par l'emploi antithétique du mê
A ces sources d'obscurité ou de diffi me mot, afin de bien exprimer la diffé
cultés exégétiques, il faut en ajouter quel rence et les contrastes, et de marquer
ques-unes qui sont intérieures, et tien ainsi avec exactitude les limites des n0
nent à la pensée même de l'apôtre : 1° Sa tions. Sous ce rapport, il arrive que la
vivacité le portait à des transitions non même qualité par laquelle le style de
préparées, à des combinaisons inatten Paul est obscur et difficile, le rend clair
dues, et souvent peu indiquées, de pen et précis. C'est le cas de bien des écrits
sées différentes, et lui faisait saisir et pré émanés d'une intuition profonde et d'une
senter avec une égale promptitude cer intelligence systématique; étudié à fond,
tains arguments de son thème dont la vé ce qui semblait être dur, obscur, subtil,
rité et la convenance ne sautent point aux apparaît lucide et ferme. — 3° Agissant
yeux, et qu'il faudrait avoir le temps d'ex sur le sentiment comme sur l'intelligence,
† et d'examiner; enfin cette vivacité Paul sait être populaire, même lorsqu'il
ui^ i !faisait souvent
- " * r*
abandonner· un
,, , 1 ; . · · ·
sujet
·
fait des expositions dogmatiques; or c'est
| :- . · · · · ,r !
') , q :

' ' * i iiſ


PAU
, t !, , , , , ,, ,
149 PAU
là ce qui fait l'orateur. Mais cette éner dernes Jean-Frédéric Flatt qui, de 1825
gie elle-même exige une attention re 1830, a publié des Commentaires sur
doublée. Nous trouvons dans le tissu de toutes les Epîtres de Paul, et Olshausen
la phrase de Paul des questions, des ex que la mort seule a empêché d'achever
clamations, des argumentations ex con entièrement une œuvre si heureusement
cessis, des raisonnements jusles, mais qui COmmencée.
partent d'un seul point de vue, et d'une Tholuck dans son Commentaire sur les
dialectique vigoureuse qui ne finit que Romains, et Steiger dans celui sur les
par la confusion complète de l'adversaire Colossiens, renferment ainsi que Hug,
dont Paul a fixé et poursuivi les fausses dans son Introduction, II, 331, d'excel
idées et les mauvais sentiments. lentes observations sur le style, le lan
Le langage de Paul exige une étude gage et le caractère de l'apôtre : nous
scrupuleuse, parce qu'en partie c'est un avons notamment emprunté au travail de
langage nouveau qu'il a dû créer lui Steiger plusieurs des détails qui précè
même ou que le christianisme a créé. dent.
Dans l'exhortation, ce langage est ap Ajoutons encore ici quelques réflexions
proprié au sujet, étant tantôt sévère, tan détachées sur la vie de l'apôtre :
tôt touchant. Le grand talent oratoire de 1° Quant à sa famille, tout ce que nous
Paul, malgré le peu de soin et d'art qu'il a Savons c'est qu'il avait une sœur et un
mis dans ses écrits, est incontestable ; il neveu, et que ce dernier demeurait à Jé
avait dit lui-même qu'il ne voulait pas rusalem , Act. 23, 16. Il n'était lui - même
faire l'orateur, toutefois il produisait de pas marié, 1 Cor. 7, 7. cf. 9, 5., mais
tels effets qu'on le prit un jour pour il maintient à cet égard la liberté dont il
Mercure, le dieu de l'éloquence. Per aurait pu user comme les autres apôtres :
SOnne, SOus ce rapport, n'a mieux fait la tradition ajoute, mais d'une manière
l'éloge de Paul que Bossuet; mais avant incertaine, qu'il fut accompagné dans
lui déjà, Longin , littérateur païen, avait quelques-uns de ses voyages par Thécla,
compris la puissance de ce génie chré jeune fille qu'il avait convertie au chris
tien, et après avoir énuméré les grands tianisme. Il exerçait le métier de faiseur
orateurs de la Grèce il dit : « On peut y de tentes qu'il avait appris sans doute
ajouter Paul de Tarse, le premier qui se dans sa jeunesse, peut-être comme la
soit servi du dogme sans les preuves, » plupart des rabbins avaient et ont en
jugement assez juste dans la bouche d'un core l'habitude de joindre à leurs occupa
païen; (on a contesté l'authenticité de ce tions intellectuelles l'exercice d'un travail
passage, mais Hug l'a démontrée dans manuel : les tentes étant d'un besoin con
son Introd. au Nouveau Testament II, stant dans les climats chauds , pour les
334.) bergers et les voyageurs, comme pour
On peut voir en tête des commentaires toutes les personnes exposées à souffrir
de Tholuck et d'Oltramare sur l'Epître du soleil ou de la pluie, la profession de
aux Romains, un catalogue raisonné assez saint Paul lui assurait de l'ouvrage aussi
complet de tous les travaux qui ont été souvent qu'il pouvait le désirer ou en
faits sur les Epîtres de saint Paul , dans avoir besoin ;en outre elle n'était pas ex
le nombre, et pour n'indiquer que les trêmement pénible, et l'apôtre aimait
plus saillants dans chaque ép0que, nous mieux en général travailler pour se pro
citerons Chrysostome, l'Ambrosiaster(Hi curer sa subsistance, que de recourir aux
laire de RomeP), Bède le Vénérable, Pierre dons des fidèles, Act. 18, 3. 1 Cor. 4, 12.
Lombard, Thomas d'Aquin, Nicolas de 1 Thess. 2, 9.2 Thess. 3, 8.
Lyre, Laurentius Valla, Lefèvre d'Etaples, 2° Sa conversion, dans laquelle les in
Erasme, Luther, qui mérite particulière crédules ont cherché à faire intervenir,
ment d'être nommé, parce que, semblable comme toujours, à la place du miracle,
à Paul, il a pénétré profondément dans les phénomènes de l'électricité, l'éclair,
, l'esprit de Paul, Mélanchthon, Bucer, Bul le tonnerre, la foudre ; sa conversion,
linger,Calvin, Bèze, et enfin parmilesmo dont une explication naturelle ne dimi
- PAU 150 PAU

nuerait pas l'importance, quoiqu'elle en samment secoués pour être changés, et


changeât la nature, nous est racontée ces secousses sont nécessairement su
comme l'effet direct de l'intervention di bites et inattendues, mais elles n'excluent
vine. On peut supposer que la douceur et pas quelques luttes intérieures, quelques
la persévérance de ses victimes avaient incertitudes, même au plus fort de la dé
déjà produit, sur l'âme ardente et sensi cision, quelques doutes non raisonnés,
ble de l'apôtre, l'impression tout au moins fugitifs, bien vîte repoussés, mais qu'on
d'une pitié passagère; en les voyant op Se rappelle quand on en vient à recon
poser à l'âpreté du fanatisme la confiance naître que ces doutes étaient justifiés.—
de la foi, il avait dû être frappé, et la fé C'est sans doute, soit à la vision du che
rocité barbare qui est toujours la consé min, soit au séjour de trois jours à Da
quence d'une forte conviction lorsqu'elle mas, qu'il faut rapporter ce que l'apôtre
est erronée, pouvait seule soutenir son raconte avec tant de mystère et d'humi
cœur et son bras pendant qu'il allait ajou lité, 2 Cor. 12, 1., sur l'extase qui l'a
ter de nouvelles victimes à celles qu'il transporté au troisième ciel, où il a ap
avait déjà faites. Un zèle sans connais pris des choses qu'il n'est pas permis de
sance est toujours odieusement persécu révéler.
teur, et, sur la route de Damas, il ne fal 3o Son séjour de trois ans en Arabie
lait rien moins en effet que l'action de n'a pas été une vie d'oisiveté, mais on
Dieu pour dessiller les yeux aveuglés du ignore comment il l'a employé. L'idée la
Juif, ennemi de l'Eglise. Mais une fois plus naturelle est sans doute que ces an
que Christ se fut fait connaître à Paul nées ont été un noviciat, et que l'apôtre
d'une manière aussi extraordinaire, il est a pu, dans sa solitude, repasser et médi
hors de doute que toutes ces idées qui ter en son esprit les révélations divines
étaient restées chez lui comme étouffées dont il avait été honoré, mûrir peut-être
dans l'arrière-plan, se réveillèrent et se aussi les connaissances païennes qu'il
présentèrent de nouveau à son esprit avait acquises dans sa jeunesse, les com
pour n'être plus repoussées. Les soins et pléter, et comparer entre elles les deux
les pieuses directions du sage Ananias alliances, dont la dernière était à la fois
achevèrent d'éclairer saint Paul, et de l'accomplissement et la destruction de la
changer pour lui la vérité pressentie en première, la fin d'un régime caduc, éta
une vérité sentie, comprise et crue. De bli de Dieu comme préparation. Aussi,
ce moment, l'ardeur de Paul, toujours dans la révolution religieuse dont il de
impétueuse, mais purifiée, s'appliqua de vait être l'un des chefs les plus ardents
toutes les forces de son âme à propager et les plus dévoués, on le voit plus hardi
le royaume de Celui contre les aiguillons novateur que tous les autres apôtres, por
duquel il avait d'abord regimbé. Pour une ter une main radicale sur tout ce que
mission extraordinaire comme la sienne, d'autres voulaient encore ménager, et
un appel extraordinaire, une vocation mi faire table rase de toute la piété tradi
raculeuse, une consécration comme celle tionnelle, pour substitueraux cérémonies
qu'il reçut, n'étaient point de trop; des la vie, et à la lettre l'esprit. Le zèle avec
baptêmes solennels ont presque toujours lequel il poursuit l'esprit juif jusque dans
inauguré la carrière de ceux qui ont dû ses recoins les plus reculés, n'a plus rien
être des lumières dans l'Eglise, depuis le de cet esprit persécuteur avec lequel il
buisson ardent de Moïse jusqu'à la vision attaquait le christianisme ; Paul fait la
d'Esaïe, depuis le chemin de Damas jus guerre à l'erreur, mais il ne lapide plus
qu'à Valdo et Luther. — Pour un homme ceux qui se trompent; ce n'est plus le
comme saint Paul, dit Planck, il ne pou prosélytisme de l'Inquisition, c'est celui
vait être changé que subitement, ou pas de la vérité, de la raison et de la liberté.
du tout ; et, si ce jugement est trop ab Quelques-uns pensent que l'ange de Sa
solu au point de vue chrétien, il est vrai tan et l'écharde en la chair, 2 Cor. 12,7.,
psychologiquement. Des caractères com doivent s'entendre de ce séjour en Ara
me celui de l'apôtre doivent être puis bie, qui êtait, de la part de Dieu, une
PAU 151 PAU

épreuve pour l'apôtre, destinée à répri connus que par cette mention rapide et
mer l'impatience qu'il pouvait avoir d'en abrégée. — On peut remarquer que saint
trer dans l'évangélisation, et de commu Paul, malgré l'excommunication générale
niquer aux hommes le changement qui prononcée contre ceux qui confesseraient
s'était opéré en lui, et les dons qu'il avait le nom de Christ, Jean 9, 22., n'a jamais
reçus ; mais cette interprétation est peu été excommunié, et qu'il est toujours en
naturelle. tré librement dans les synagogues pour
4° Parmi les événements de sa vie qui enseigner et discuter, liberté qui s'ex
ne sont pas racontés dans les Actes, et plique peut-être par la circonstance que
dont il rappelle, en quelques mots, le Paul avait été docteur de la loi, et que,
souvenir parfois d'une manière obscure, pour ces hommes privilégiés, l'excommu
il faut compter l'allusion faite 1 Cor. 15, nication était toujours uIie mesure à la
32.: « Si j'ai combattu contre les bêtes à quelle on ne se décidait que difficilement.
Ephèse... » Faut-ilentendre ce passage à la 5° Son activité consistait principale
lettre, ou l'èntendre, au sens figuré, d'une ment dans la prédication de l'Evangile : il
vive contestation dans laquelle Paul au baptisait quelquefois, 1 Cor. 1, 14., mais,
rait couru le danger de perdre la vie ? en général, il abandonnait cette fonction
Faut-il enfin n'y voir qu'un raisonnement à ses compagnons d'œuvre, dont il avait
hypothétique 9 C'est ce que l'on ne peut toujours un certain nombre avec lui, qu'il
décider, et les trois opinions offrent pres employaitcomme aides et émissairesapos
que d'égales difficultés. Le sens figuré toliques, Act. 19, 22. 17, 16., etc. Après
ne se justifie pas par la langue, et, dans qu'il se fut séparé de Barnabas et de Jean
tous les cas, l'image serait trop forte Marc, Act. 15, 37., il fut surtout accom
pour toute autre espèce de danger ; le pagné jusqu'à la fin de sa vie, et tour à
sens littéral ne se justifie pas par l'his tour, par Silas, Timothée, Luc le méde
toire, les Actes ne racontent rien de sem cin, Tite, Démas, Eraste, et d'autres en
blable, les Pères ecclésiastiques n'en par core qui travaillèrent avec lui. Ce fut par
lent pas davantage, et saint Paul, dans Barnabas qu'il fut d'abord mis en contact
l'énumération qu'il fait, 2 Cor. 11, 23., avec les apôtres immédiats de Jésus, et
de tous les dangers qu'il a courus, n'en avec les anciens de l'église-mère de Jé
dit mot; d'ailleurs , comment aurait-il rusalem, 15, 25., et il eut souvent, dès
échappé à la mort dans ce terrible com lors, l'occasion de cultiver leur connais
bat ? Ajoutons que ce supplice destiné sance dans ses voyages qui le ramenè
aux esclaves et aux prisonniers de guerre rent fréquemment au milieu d'eux, Act.
ne pouvait être prononcé contre un hom 15, 4. 21, 18. Gal. 2. Ses principes sur
me libre et romain, et que Paul n'aurait les rapports de la loi juive avec le chris
pas manqué de faire connaître ses titres tianisme n'harmonisaient pas toujours
et de revendiquer ses droits en cette oc avec ceux des apôtres judéo-chrétiens, et
casion, comme il l'a fait en d'autres cir il eut même une contestation assez vive
constances moins critiques. La désigna avec l'apôtre Pierre sur ce sujet, Gal. 2,
tion du lieu, le nom d'Ephèse, ne per 11. Cette divergence de vues qui ne dura
mettent pas de supposer qu'il y ait ici un pas longtemps entre les apôtres, mais qui
simple raisonnement sans allusion à un dura longtemps entre leurs disciples, fut
fait ; quand on raisonne sur des hypo toujours, dans l'Eglise de Jérusalem, une
thèses, on ne leur donne pas les carac source de méfiance contre Paul, Act. 21,
tères du récit historique. - La plupart 21., et maintint sans doute de la froi
des faits que Paul énumère encore, 2 Cor. deur dans leurs rapports, ce qui n'em
11, 24., ne peuvent être datés avec certi pêcha pas l'apôtre, toutes les fois qu'il le
tude; plusieurs appartiennent sans doute crut nécessaire, de faire où il se trouvait
à son séjour à Corinthe ; quant aux au des collectes pour les pauvres de Jérusa
tres, ils ont eu lieu dans la première par lem et de la Judée, Rom. 15, 25. 1 Cor.
tie de sa carrière, avant qu'il écrivît cette 16, 2 Cor. 8, Gal. 2, 10. Son champ de
lettre aux Corinthiens ; mais ils ne sont travail s'étendait depuis la Syrie indéfini
PAU 152 PAU

ment vers le nord et le nord-ouest; car il un passage dont On a voulu tirer de sin
choisissait de préférence l'évangélisation gulières conséquences dogmatiques , il
dans les lieux où d'autres n'avaient pas suffit de remarquer, 1° que saint Pierre
encore travaillé, Rom. 15, 20.2 Cor. 10, ne mentionne dans les épîtres de Paul
15.; cependant là mème il ne put pas res que quelques points difficiles à entendre ;
ter à l'abri des intrigues des Juifs de la2° que la difficulté porte non sur la ma
Palestine, 1 Cor. 1, 12. 3, 32. Gal. 2, etnière dont Paul présente ces points, mais
3. En général, on peut dire que sa vie sur la profondeur même des sujets qu'il
fut une lutte continuelle contre des en traite ; 30 que malgré ces points difficiles
nemis aussi malveillants qu'infatigables, les épîtres avaient été écrites à de sim
non-seulement contre les Juifs, ses an ples fidèles, et que saint Pierre ne cher
ciens coreligionnaires, qui le poursui che pas à les détourner de les lire : il n'y
vaient, pour sa conversion au christianis a que les ignorants et les mal assurés qui
me, avec toute la violence d'une haine puissent en faire un mauvais,usage, mais
l'eligieuse et nationale, mais encore con ceux-là même s'en trOuveraient-ils mieux
tre les judéo-chrétiens, dont les uns, dans s'ils venaient à ne faire des lettres de
le sein même de l'Eglise, tantôt ouverte Paul et des autres Ecritures aucune es
ment, tantôt d'une manière indirecte et pèce d'usage 9 C'est là la question : l'E-
cachée, cherchaient à faire dominer leurs glise romaine qui aspire à faire autre
tendances judéo-chrétiennes : dont les ment et mieux que les apôtres, la décide
autres essayaient de mêler au christia autrement qu'eux , l'Eglise protestante
nisme pur des spéculations gnostiques qui ne reconnaît d'autre modèle que
orientales ; et, pendant qu'il devait, con Christ et les apôtres inspirés, suit leur
tre les premiers, empêcher que la liberté exemple , et recommande aux fidèles de
de la loi morale du christianisme ne fût lire des épîtres écrites pour les fidèles, et
transformée de nouveau en un code légal non pour une caste privilégiée seule.
de prescriptions morales,il devait, contre 2° Paul. v. Serge.
les seconds, maintenir l'importance du PAUVRES. La loi mosaïque avait sage
christianisme historique, et le sens litté ment et libéralement pourvu , soit à res
ral chrétien des Ecritures.—Au reste, si treindre autant que possible le nombre
Paul était décidé et ferme sur la question des pauvres, soit à entretenir et secourir
des principes à l'égard de la fin du ju ceux qui avaient eu le malheur de tomber
daïsme, il ne se montrait pas rigoriste dans l'indigence. Elle leur assurait en ef
dans ses rapports avec les faibles, 1 Cor. fet :
9, 20.; mon-seulement il provoqua la cir 1° A l'époque de la récolte, un gla
concision de Timothée, mais il consentit nage suffisant dans les champs, et d'abon
à faire un vœu pour ne pas scandaliser dants grapillages dans les vignes, dans
les Juifs de Jérusalem, Act. 16, 3. 21, les plantations d'oliviers, et probable
24. Ce n'est que lorsque le parti juif se ment aussi dans les vergers à fruits, Lév.
montrait audacieux, insolent et provoca 19, 9. Deut. 24, 19. cf. Ruth 2, 2. Jos.
teur, que Paul lui résistait en face pour Ant. 4. 8, 21,;
l'humilier, Gal. 2, 4.; malgré cela, ses 2° Dans l'année sabbatique une libre
adversaires ne laissaient pas de dépré participation à tous les produits de la
cier son ministère, mème par des calom terre, croissant sans culture dans les vi
nies, et en l'accusant d'hésitation, de fai gnes, dans les champs, et dans les jar
blesse et de versatilité, 2Cor. 1, 17. 10, dins en repos, Lév. 25, 5.
10., et ils allèrent jusqu'à attribuer à l'a- 3° Tous les trois ans ils venaient s'as
pôtre de fausses lettres qu'il n'avait point seoir à la table des riches, et célébraient
écrites, 2 Thess. 2, 2., et qu'ils répandi le repas des dîmes, q. v. Deut. 12, 12.
l'eIll S0uS SOn nom. 14, 22, 16, 10. 26, 12. cf. Luc 14, 13. .
6° En dehors du livre des Actes et de - 4° En l'année jubilaire tous ceux qui
ses Epitres, le nom de Paul ne se retrouve avaient été forcés de vendre leurs pos
qu'une seule fois. 2 Pierre 3, t5., dans sessions, redevenaient de droit, eux ou
PAU 153 PAU

leurs fils, propriétaires des biens qu'ils déjà c'était l'usage, et il fut conservé sous
avaient aliénés, de sorte que les terres les empereurs, d'affermer à bail, ordinai
restaient non-seulement dans les mêmes rement pour cinq ans, à des chevaliers,
tribus, mais encore dans les mêmes fa ou à des associations de chevaliers ro
milles, v. Année. mains, l'exploitation entière des impôts
En outre, la loi qui recommandait d'une d'une province. Ces riches et grands pu
manière générale la bienveillance et la blicains traitaient ensuite en détail avec
bienfaisance envers les pauvres, Deut. des particuliers, romains ou provinciaux,
24, 12. Prov. 14, 31. 22, 16. 31, 9. etc., de l'exploitation spéciale de certaines vil
renfermait aussi des prescriptions posi les frontières, ou ports de mer, et ils
tives, telles que l'ordre de leur prêter cherchaient naturellement à retirer le plus
sur gage sans intérêt, même à l'approche grand profit possible de ces espèces de
de l'année sabbatique, la défense de rete marchés. Ces subordonnés, que les au
nir après le soleil couché des objets in teurs profanes connaissent sous les noms
dispensables, et que le pauvre aurait été d'exacteurs, de visiteurs, percepteurs ou
cependant obligé de mettre en gage, tels autres, sont appelés dans le Nouveau Tes
que cOuverture pour la nuit, meule à tament des péagers (à Jérico il y avait un
moudre le grain, etc., Deut. 24, 12. 13. chef des péagers, sans doute à cause du
15, 7-11. Lév. 25, 35. sq. L'impartialité transit considérable de baume , Luc 19,
la plus entière était recommandée aux 2.). Leur nom est souvent associé à celui
juges dans les causes des indigents, Ex. des gens de mauvaise vie, des femmes de
23, 3.6. Lév. 19, 15. etc. mauvaise vie, des méchants, et des païens,
Toutefois, il ne paraît pas que ces sa Matth. 9 , 10. 11 , 19. 18, 17. 21 , 31.
ges ordonnances aient été longtemps res Luc 5, 30. 7, 34. Les rabbins même les
pectées, et nous voyons les prophètes assimilent aux voleurs de grands chemins
faire entendre des plaintes fréquentes sur et aux meurtriers, et ceux des Juifs qui
la dureté des riches à l'égard des pau embrassaient cette profession étaient dé
vres, et sur la vénalité des juges, Es. 10, clarés incapables de témoigner en pu
2. Am. 2, 6. Jér. 5, 28. Ez. 22, 29. etc. blic, et chassés de la synagogue. Cette
La bienfaisance était considérée par les haine profonde qui a toujours poursuivi
Juifs comme une des principales vertus, et qui poursuit encore les péagers, les
Tobie 2, 16. etc. Luc 19, 8., et la sainte douaniers et tous les hommes attachés à
té pharisaïque faisait un grand étalage ce genre d'occupation, s'explique soit par
des misères qu'elle soulageait, Matth. 6, l'impatience naturelle avec laquelle on
2. (on a voulu rattacher à ce passage l'u- supporte généralement les systèmes de
sage de certains mendiants orientaux qui douanes et toutes les gênes prohibitives
soufflent dans une corne pour exprimer de la liberté de circulation, soit et sur
leurs besoins, mais c'est trop recherché). tout à cause de la brutalité avec laquelle
— La constitution mosaïque ne reconnaît ces employés bouleversent et maltraitent
pas de mendiants proprement dits ; seule les effets des voyageurs ou les marchan
elle avait pu décréter en principe, qu'il dises qui passent par leurs mains, à cause
n'y avait point de pauvres dans le pays, du zèle souvent plus qu'indiscret qu'ils
parce qu'elle avait pourvu à ce qu'il n'y témoignent pour les intérêts de l'Etat, à
en eût point, et que c'était Dieu, et non cause de leurs estimations souvent arbi
les hommes, qui avait fait la loi. traires, et par conséquent plus difficiles
PAVÉ (le), Jean 19, 13., v. Gabbatha. à supporter et plus équivoques, à cause
PÉAGE, Péagers. Depuis que les Ro de leur rapacité intéressée; enfin, à cause
mains se furent emparés de la Palestine, de leurs extorsions, de leurs concus
ils y établirent, comme dans les provin sions et des fraudes dont ils se rendaient
ces voisines de l'Asie, leurs impôts ou fréquemment coupables, et contre les
droits d'octroi, qui pesaient essentielle quelles il n'y avait d'appel qu'auprès d'un
ment sur les importations, parfois aussi pouvoir qui profitait lui-même de ces
sur les exportations. Sous la république vexations et qui se croyait intéressé à
PEI 154 PEI
épuiser la fortune particulière au profit 11,24. cf. Jos. Ant. 4, 8, 21. Les cas dans
de la fortune publique. D'après Stobaeus lesquels cette peine était appliquée étaient
(Serm. 2, 34), Théocrite répondit un jour ordinairement ceux pour lesquels, selon
à une personne qui lui demandait quels la rigueur de la loi, il y aurait eu con
étaient les animaux les plus rapaces etles damnation à mort; c'était donc ainsi une
plus redoutables : Dans les montagnes, commutation. Il résulte de Matth. 10, 17.
les ours et les lions; dans les villes, les 23, 34., que la flagellation était quelque
péagers et les traîtres (sycophantes). fois appliquée dans les synagogues, v.San
Matthieu et Zachée étaient péagers hédrin, et de Act. 5, 40., que le grand
avant leur conversion; ils paraissent s'ê- sanhédrin était compétent pour ordonner
tre enrichis l'un et l'autre, mais si leur cette peine dans certains cas. Notre Sau
condition antérieure nous est inconnue, veur, avant sa crucifixion, et les apôtres
on peut dire d'une manière générale que à Philippes, furent fouettés à la romai
ce n'étaient jamais que des gens du com ne, avec des lanières de cuir, Jean 19,
mun peuple qui s'engageaient dans une 1. Matth. 27, 26. Act. 16, 22. Saint Paul
occupation aussi méprisée que haïe, et protesta contre cette discipline et sut,
cette circonstance ne pouvait qu'empirer dans une autre circonstance , s'y sous
avec le temps la haine et le mépris, en y traire en revendiquant ses droits de ci
ajoutant le préjugé et l'habitude. toyen romain, parce qu'en cette qualité,
PECTORAL. v. Prêtres. il ne pouvait être frappé qu'avec des ver
PEDAJA. v. Zorobabel. ges, Act. 16, 37. 22, 25. cf. Cic. Verr. .
PEINES. v. quelques idées générales 6, 56. -

sur ce sujet à l'art. Châtiments.Nous dé b) Les blessures faites à un Israélite


taillerons ici les différentes sortes de pei libre étaient punies par la loi du talion, q.
nes qui pouvaient être prononcées d'a- v. Ex. 21, 23. sq. Lév. 24, 19 sq.
près la législation hébraïque. c) Enfin, notons ici encore deux peines
1° Peines corporelles. a) De tous temps étrangères, la mutilation du nez ou des
les coups ont été chez les Hébreux la pei oreilles, d'une main ou des deux, muti
ne corporelle la plus ordinaire, et, d'a- lations reconnues en Egypte par les lois,
près Deut. 25, 2., le magistrat assistait à et appliquées surtout aux organes ou aux
la flagellation, notamment lorsqu'elle était membres qui avaient servi à commettre
ordonnée pour des délits civils. Les coups le délit; les Hèbreux acceptèrent assez
devaient être donnés avec un bâton, sur le tard cette barbare innovation, mais n'en
corps et non sur la plante des pieds, ménagèrent pas beaucoup l'usage, Jos.
Comme c'était et c'est encore la cOutume Vita, 34.35. La privation de la vue était
en Orient, et ils ne pouvaient dépasser chez les Perses la peine spéciale réservée
le nombre de quarante ; le juge devait aux princes et à tous les prétendants
être présent. Les fouets ou écourgées dont le gouvernement voulait se débar
(hak'rabbim) de 1 Rois 12, 11.14.2 Chr. rasser; on leur faisait passer devant les
10, 11. 14.'étaient garnis de pointes ou yeux, aussi près que possible de la pru
de nœuds ; les Latins les appelaient scor nelle, un stylet d'acier ou une plaque de
pions, à cause du mal qu'ils faisaient ; cuivre rougie au feu : la cécité produite
mais la loi juive ne les reconnaissait pas, de cette manière n'est pas complète, mais
et la justice ne pouvait en ordonner l'ap elle suffit pour paralyser la vie d'un
plication. Plus tard l'usage prévalut de se homme; il peut encore distinguer entre
servir de lanières de cuir tressées, dont la lumière et les ténèbres, mais c'est tout.
le valet de justice frappait le condamné ; Jér. 52, 11. 39, 7. 2 Rois 25, 7. Cette
le corps de celui-ci était penché en avant, coutume existe encore de nos jours à la
et recevait, dans les cas les plus graves, le cour de Perse, v. Chardin, Voyages t. 5,
maximum de trente-neuf coups, c'est-à- p. 243. cf. Herodot. 7, 18.
dire, un de moins que quarante, afin qu'il · 2° Peine capitale. — Les Hébreux ne
fût bien constant que le chiffre déterminé connaissaient légalement et officiellement
par la loi n'avait pas été dépassé, 2 Cor. que deux modes d'exécution, la mort par
PEI 155 PEI
l'épée, et la lapidation : nous avons parlé exposé la nuit, de peur que venant à se
de ce dernier mode en son lieu. Quant décomposer, il n'empestât l'air et ne nui
au premier, on aurait tort de l'entendre sît aux vivants, Deut. ibid. cf. Jos. 8, 29.
de la décapitation; on passait les con 10, 26; une exception à cette règle est
damnés au fil de l'épée, ou on les taillait mentionnée comme un acte d'une dureté
en pièces : plus tard cependant, et no particulière, 2 Sam. 21, 6.9. — Quelque
tamment dans la période romaine, les rois fois aussi, comme outrage fait aux corps,
des Juifs ordonnèrent la décapitation, on se bornait à les couvrir d'un grand
Matth. 14, 10., et probablement aussi monceau de pierre au lieu de les enter
Act. 12, 2. Si l'on croit trouver le même rer, Jos. 7, 26. 8, 29.2 Sam, 18, 17. cou
supplice dans le passage 2 Rois 10, 6., il tume que l'on retrouve encore dans l'0-
faut remarquer que le cas était extraor rient moderne. La peine mentionnée Ex.
dinaire et qu'un usurpateur est en géné 31, 14. Lév. 17, 4. 20, 17., « être retran
ral disposé à innover, surtout en matière ché du milieu de ses peuples, » et qui
de peines, de sorte qu'on ne saurait tirer s'employait ordinairement pour des pé
de là aucune conclusion sur la législation chés contre la loi religieuse, est simple
des Hébreux; mais il paraît même par la ment une désignation générale de la peine
lecture du récit que la décollation n'eut de mort, sans spécification d'un supplice
lieu qu'après la mort de ceux qui furent particulier, mais il est évident qu'il s'agit
exécutés. D'après quelques interprètes le là en effet de la mort et non d'un exil ou
grand panetier de Pharaon aurait eu la d'une excommunication. — Il faut obser
tête tranchée, Gen. 40, 19., mais il paraît ver aussi que les exécutions se faisaient
plutôt d'après les termes employés qu'il très expéditivement, Jos. 7, 24.1 Sam.
fut pendu vivant au gibet. On ne saurait 22, 16., par le peuple dans les premiers
douter du reste que la décapitation ne temps, puis sous les rois par leurs gar
fût connue des Egyptiens, comme elle l'é- des du corps.
tait des anciens Perses (Xenoph. Anab. 2, L'Ecriture mentionne encOre cOmme
6.1. 16). — Les flèches n'étaient substi empruntés à des nations étrangères, et
tuées aux pierres que lorsque ceux qui non reconnus par la loi, les modes sui
devaient être lapidés se trouvaient hors vants d'exécution : a) La mort par la scie,
de portée, et sur un terrain qu'il n'était q. v., 2 Sam. 12, 31. b) La dichotomie ou
pas permis de toucher, Ex. 19, 13. — On mise en pièces, 1 Sam. 15, 33. Elle était
pouvait encore aggraver la peine en or habituelle chez les Babyloniens, Dan. 2,
donnant que les cadavres fussent brûlés 5. 3, 29., de même qu'en Egypte , en
ou pendus : le premier cas est mentionné Perse, et plus ou moins peut-être chez
Lév. 20, 14. 21, 9. Gen. 38, 24. Jos. 7, les Romains, cf. Herod. 2, 139. 3, 13. 7,
15.25.; c'est de ce dernier passage qu'on 39. Horace, Sat. 1. 1, 99 sq. Matth. 24,
conclut que ce supplice n'était pas appli 51. Luc 12, 46. Coran 20, 74. 26, 49. c)
qué aux personnes vivantes; d'après la On précipitait le condamné du haut d'un
Mishna au contraire (Sanh. 7, 2.) on au rocher, 2 Chr. 25, 12. cf. Ps. 141, 6.
rait serré le cou du coupable avec un linge,Luc 4, 29., etc. : on connaît la roche Tar
de manière à lui faire tenir la b0uche Ou péienne des Romains, et les Athéniens
verte, dans laquelle on aurait versé du avaient quelque chose de semblable. d)
plomb fondu! C'est peu probable, et nous D'autres ont été étendus dans le tourment,
n'en voyons de traces nulle part. Le se dit saint Paul, Hébr. 11, 35. L'original
cond cas, celui de cadavres pendus à un porte proprement « ont été tympanisés, »
arbre ou à un gibet, est mentionné Deut. mais on ne sait pas au juste de quel sup
21, 22. Nomb. 25, 4. cf. Jos. 10,26. 2Sam. plice il s'agit : le tympan, 2 Macc. 6, 19.
4, 12. 1 Sam. 31, 8. 10.; c'était la plus 28,, était-il le bois avec lequel on les
grave injure qu'on pût faire à la mémoire frappait jusqu'à la mort, ou le billot au
du supplicié; celui qui êtait pendu était quel on les assujettissait pour les écar
considéré comme maudit, Deut. 21 , 23. teler, ou une espèce de roue sur laquelle
cf. Gal. 3, 13. Son corps ne pouvait rester on les étendait comme on étend la peau
# 4 ,
PEI 156 PEK

sur le cadre d'un tambour 2 c'est ce que été faits pour conserver le respect dû
l'on ne saurait décider, et les diverses à l'Ecriture, tout en rejetant le sens or
† de la Vulgate, d'Hésychius dinaire et littéral de quelques passages
et d'autres, ne jettent pas de lumières sur souvent invoqués, tels que Dan. 12, 2.
ce sujet. Matth. 18, 8. 25, 41 46.. Apoc. 20, 10.
Nous voyons enfin rappelés dans l'Ecri 2 Thess. 1, 9., etc.; mais dans l'exa
ture quelques supplices exercés par les men de cette question , sans doute bien
nations païennes, et que les Israélites sérieuse, mais qui n'est que secondaire
n'ontjamais connus. 1° Des hommes jetés pour le chrétien qu'elle ne concerne pas
Vivants dans une fournaise, Dan. 3, peut directement, on a souvent oublié qu'il est
être aussi 2 Sam. 12, 31., coutume qui, des vérités que nous ne pouvou, ni ne
d'après Chardin et Rosenmuller, existe devons approfondir, notamment outes
encore en Perse de nos jours : quelque celles qui sont relatives à ce qui est éter
fois les condamnés étaient brûlés à petit nel ou infini. Adorons un Dieu de justice
feu, Jér. 29, 22. 2 Macc. 7, 5. — 2° La et d'amour, et attendons que nous puis
fosse aux lions, Dan. 6. — 3° On étouf sions connaître parfaitement, comme nous
fait les victimes au moyen de cendres avons été connus ; bien des choses alors
brûlantes, 2 Macc. 13, 5.— 4° On broyait surprendront nos intelligences bornées,
les enfants contre des rochers, et l'on et Dieu sera pour nous sans voile.
éventrait des femmes enceintes, surtout PÉKACH, fils de Rémalia ; il était ca
au sac d'une ville, 2 Rois 8, 12. 15, 16. pitaine aux gardes de Pékachia, et de
Es. 13, 16. 18. Os. 10, 14. 13, 16. Nah. vint par le meurtre de son maître le dix
3, 10. cf. Ps. 137, 9. Am. 1, 13. — 5° huitième et avant - dernier roi d'Israël.
La crucifixion, v. Croix. — 6° Enfin les Vingt années de règne n'ont pu donner à
Combats contre les bêtes féroces, et la cet usurpateur une gloire ou une réputa
meule d'âne pendue au cou de ceux que tion quelconque, et son caractère, par le
l'on précipitait dans la mer, 1 Cor. 15, 32. fait même qu'il est peu connu, ne paraît
Matth. 18, 6., sont deux supplices qui ne pas avoir mérité de l'être. On peut le ca
sont mentionnés qu'en passant : les ractériser un ambitieux d'un génie mé
noyades étaient cependant connues déjà diocre, un homme de guerre dont les vues
fort anciennement en Egypte, Ex. 1, 22., ne vont pas plus loin que le poignard qui
et les Romains avaient dans l'origine ré le mène au trône. Sa vie dont les frag
servé ce genre de mort aux parricides ; ments sont épars en trois livres diffé
plus tard, sous les empereurs, on en gé rents, 2 Rois 15 et 16, 2 Chr. 28. Es. 7,
néralisa l'emploi davantage , en l'appli 1. 8, 1.-9. 6. cf. 17, 1-11., ne présente
quant à tous ceux qui, par leurs crimes, pas un tout bien lié. Idolâtre comme ses
avaient mérité une peine sévère , une prédécesseurs, il fit alliance avec Retsin
mort cruelle ; on leur pendait alors au roi de Syrie, contre Achaz roi de Juda,
col une pierre ou tel autre objet pesant obtint d'abord de grands succès, fit un
qui assurât leur destruction et empêchât grand nombre de prisonniers qui ne du
leur corps de revenir flotter à la surface rent leur liberté qu'à l'intervention d'Ho
de l'eau, cf. Jér. 51, 63. Quant aux com ded et d'Hazaria, mais dut renoncer au
bats contre des bêtes féroces, v. l'art. siége de Jérusalem qu'il avait entrepris,
Jeux. pour retourner dans ses états menacés
Nous n'avons pas à examiner ici la ques par Tiglath-Piléser, qui ne tarda pas à lui
tion dogmatique de la peine que Dieu a enlever les provinces situées à l'est du
prononcée contre le pécheur, ni la ques Jourdain et au nord de la Palestine. Il
tion plus difficile encore des peines éter mourut bientôt, assassiné par Hosée;
nelles. Bien des doutes ont été soulevés, après avoir régné de 758-738 av. C.
bien des solutions ont été proposées : la PEKACHIA, fils et successeur de Mé
raison, le sentiment ont tour à tour élevé nahem, fut le dix-septième roi d'Israël; il
la voix pour adoucir ou changer la ré monta sur le trône 781 ans av. C. et fut
vélation : des efforts consciencieux ont assassiné par Pékach après deux ans d'un
PEL 157 PEN

règne obscur et idolâtre, 2 Rois 15, 22. hommes miraculeux par leur force et leur
PÉLATJA, fils de Bénaja, un des prin courage, v. Rois. -

cipaux du peuple sous Sédécias, et com PÉLICAN. C'est ainsi que doit être tra
plice de l'idolâtre incrédulité de Jaazanja, duit l'hébreu kaath , ainsi qu'on l'a vu à
Ez. 11, 1. 13., peut-être en partie ado l'art. Cormoran. Quant au mot racham,
rateur du soleil, cf. 8, 16. Pendant qu'Ezé rendu par pélican, il désigne plutôt le
chiel annonçait à la faction contraire à vautour percnoptère qui porte encore le
Jérémie, dont cet homme était l'un des même nom chez les naturalistes arabes, et
conducteurs, les vengeances de l'Eternel, que l'on trouve en Arabie , en Syrie, et
Pélatja tomba mort subitement ; cette surtout en Egypte; sa taille varie entre
mort était déjà un échec pour son parti , celle d'une grosse corneille et celle d'un
elle le ſievenait davantage encore en ce fort aigle commun. D'une vilaine figu
qu'elli représentait le commencement des re et mal proportionné, cet oiseau est
jugements de Dieu, et comme le nom de lourd, paresseux, lâche, se laissant battre
Pélatja signifie le secours de l'Eternel, par les corbeaux, toujours criant, lamen
chacun put dire « le secours de l'Eternel atant, dit Buffon, toujours affamé, et cher
pris fin, » il n'y a plus de délivrance à at
chant les cadavres; il est en outre dégoû
tendre dans les maux dont nOuS SOmmeS tant par l'écoulement continuel d'une hu
accablés. — Les ennemis de Jérémie se meur qui sort de ses narines. On com
moquaient de l'image d'une chaudière em prend que Moïse l'ait rangé au nombre
ployée par Jérémie, 1, 13. cf. Ez. 11, 3., des oiseaux impurs, Lév. 11, 18. Deut.
Ezéchiel la reprend pour son compte et 14, 17.; Hasselquist dit de son aspect
la développe de nouveau, 11, 7. 24, 3., qu'il est horridus quantum quis videre
comme pour sanctionner par son témoi potest.
gnage les paroles d'un prophète persé PELUSIUM. v. Sin.
cuté et méprisé. PENIEL. v. Jabbok. -

PÉLEG, Gen. 10, 25. 11, 16. 1 Chr. 1, PÉNINNA, 1 Sam. 1., l'une des épou
19. 25., appelé Phaleg Luc 3, 35. Des ses d'Elkana, mère de plusieurs enfants,
cendant de Sem, fils d'Héber, et frère de et jalouse, malgré ce bonheur, des soins
Joktan. Son nom, qui signifie partage, lui et de l'affection que son mari témoignait
fut donné par son père, parce qu'en son à Anne sa stérile rivale. Aigre , dure et
temps la terre fut partagée. Il mourut méchante, cette femme devait être pour
âgé de deux cent trente-neufans. Le nom Elkana une épine continuelle, comme elle
de Péleg se rapporte sans aucun doute à était pour Anne une tracassière persécu
la confusion des langues qui divisa les trice; elle était dans son temps une con
hommes, et les partagea non plus en fa damnation vivante de la polygamie.
milles seulement, mais en nations , v. PENTATEUQUE. Les cinq livres de
Babel. , Moïse forment un ouvrage unique, que
PÉLÉTHIENS, 2 Sam. 8, 18. 20, 23. nous nommons le Pentateuque (d'après le
1 Rois 1, 38. 1 Chr. 18, 17., soldats cé nom que les Grecs lui donnèrent : Ilsvrz
lèhres sous le règne de David, de même rsºzos sc. Bi3)os). Les Juifs le nommaient
que les Kéréthiens : comme ces derniers ordinairement le livre de la loi (sépher
rappelaient par leur nom les Crétois ou hatthorah), parce que la loi mosaïque en
Caphthorim, q. v., de même les Pélé forme pour ainsi dire le centre. Les Juifs
thiens rappelaient les Philistins, et il y de Palestine désignaient chacun des cinq
avait entre ces divers peuples ou peupla livres qui le composent par le mot qui les
des d'intimes liens de parenté. Les Pélé commence : ainsi Beréschith (la Genèse,
thiens étaient originairement de la ville littéralement : au cOmmencement), etC. ;
de Gath. Suivant différentes étymologies mais ceux d'Alexandrie leur donnèrent
possibles de leur nom, quelques auteurs des noms en rapport avec leur cOntenu,
ont voulu voir en eux, soit les membres Tévez ; ou Genèse (origine de toutes cho
du grand sanhédrin, soit des destruc ses), Egoôo; ou Exode (sortie d'Egypte),
teurs, des hommes qui brisent, soit des Asuirvo; (lois du culte lévitique), 'Apiºuot
- ,: r .
PEN ; 158 PÉN"
ou Nombres (parce que ce livre com alliance (Ex. 24,12.-31,). Ensuite le récit
mence par un dénombrement), et Asvre de la révolte du peuple, qui vint retarder
povbpuo» (répétition de la loi); ce sont ces l'exécution de cet ordre (Ex. 32-34,), de
derniers noms qui ont passé dans notre vait naturellement précéder le morceau
langue. qui traite de la construction du taberna
Pour nous convaincre que ces cinq li cle (Ex. 35, jusqu'à la fin du livre). —
vres forment un tout bien lié, un ouvrage Après la construction du tabernacle, c'é-
sorti de la plume d'un même auteur, et tait le lieu de placer les ordonnances re
composé d'après un plan régulier, et non latives au culte qui devait s'y célébrer,
pas, comme on l'a prétendu, un recueil et c'est ce qui forme le sujet du Léviti
de fragments, il suffit de jeter un coup que, dans lequel, avec un peu d'attention,
d'œil sommaire sur son contenu. On peut il ne sera pas non plus difficile de re
y distinguer un certain nombre de sec connaître un ordre bien suivi. Après les
tions principales. lois sur les sacrifices, signes et gages de
Sect. I. — Relation primitive de l'hom la grâce divine (1-7,), on devait attendre
me avec Dieu; rupture de cette relation celles sur les personnes sacrées char
par le premier péché; développement et gées de les offrir (8,). La consécration
châtiment du péché; premières promesses solennelle du tabernacle accompagnèe
d'un Rédempteur (Gen. 1-11,). d'une manifestation sensible de la divi
Sect. II. — Préparation du salut an nité, racontée au chapitre 9, justifie en
noncé dans la 1re section, par le choix quelque sorte le sévère châtiment infligé
d'un peuple qui doit être le dépositaire aux deux fils d'Aaron qui manquèrent au
de la révélation, et donner naissance au respect dû à l'Eternel (10,). Viennent en
Rédempteur. Cette section laisse pres suite les lois sur la pureté, d'après les-'
sentir une suite, car, à la fin, nous trou quelles devait se régler l'admission dans
vons le peuple d'Israël en Egypte, hors l'édifice sacré (11-15,); et à ce morceau
du pays qui lui a été assigné par la pro se rattachent très directement le chapitre
messe (Gen. 12-50,). 16, contenant la description de la grande
Sect. III. — Dans cette section nous fète annuelle, par laquelle devaient être
voyons le commencement de l'accomplis expiées toutes les souillures du peuple,
sement de la promesse relative au pays et le chapitre 17, qui attribue au taber
de Canaan. L'auteur, après avoir montré nacle le privilége exclusif de servir au
comment Moïse, qui devait être l'instru culte, et défend l'usage alimentaire du
ment de la délivrance, fut préparé pour sang, à cause de son emploi dans les ex
cette mission, raconte les miracles qui piations. Suit une énumération des pé
précédèrent et déterminèrent la sortie chés dont la souillure rendrait les Israé
d'Egypte, l'institution d'un mémorial de lites indignes de porter le nom de peu
ce bienfait (la pâque), et enfin le voyage ple saint à l'Eternel, et de posséder au
jusqu'au mont Sinaï, où le peuple, main milieu d'eux la demeure du Très-Haut
tenant préparé par l'épreuve et la recon (18-20,) ; dans les deux chapitres sui
naissance, doit recevoir la loi qui fixe sesvants, les loix sur la pureté, tant morale
rapports avec son Dieu (Ex. 1-18,) qu'extérieure, sont appliquées particu
Sect. lV. — Cette section, qui a pour lièrement aux personnes chargées du cul
sujet la législation, forme proprement le te (21, 22,). Le chapitre 23 contient le
noyau du Pentateuque. Elle embrasse à catalogue des fêtes solennelles , qui tou
peu près les événements d'une année. tes devaient se célébrer auprès du taber
L'auteur, après avoir donné la loi fonda nacle. Le chapitre 24, après quelques dé
mentale (Ex. 19-24, 11.), raconte com tails sur les objets sacrés qui devaient
ment Moïse reçut sur la montagne des di se trouver dans le tabernacle, raconte
rections très détaillées sur la construc un fait qui se passa dans ce temps-là, la
tion de l'édifice qui devait être le centre punition d'un blasphémateur; enfin, les
du culte, et l'habitation visible du Dieu trois derniers chapitres renferment les
avec lequel Israël venait de contracter lois sur le jubilé, l'année sabbatique, etc.,
PÉN ! 159 PEN !

qui devaient rappeler aux Israélites les 21,); l'histoire de Balaam est racontée
droits de Dieu sur le pays de Canaan avec beaucoup de détails pour montrer
dans lequel ils allaient entrer, — Après comment toutes choses doivent concou
avoir parlé du tabernacle et du culte qui rir au bien des enfants de Dieu (22-24,),'
s'y rattachait, Moïse était conduit à in mais immédiatement après, Moïse doit
diquer sa place dans le camp et la ma raconter comment Dieu châtie aussi d'une
nière de le transporter pendant le voyage manière terrible les péchés de son peu
(Nomb. 1-4,); il raconte comment, en ple (25,). Un dénombrement de la nou- .
conséquence des lois sur la pureté men velle génération qui allait entrer en pos
tionnées dans le Lévitique, un certain session du pays de Canaan, devait natu
nombre de personnes furent en effet ex rellement avoir lieu, et se trouve ici à sa
clues du camp (5, 1-4.) ; il énumère di place (26,). Il fallait raconter encore "
verses ordonnances qui furent données comment, dans la prévision de la pro
occasionnellement à cette époque (5, 5 chaîne mort de Moïse, Josué fut désigné
31., 6,); puis, comme les dons faits par et consacré comme son successeur (27,).
les douze chefs de tribus pour le service Les trois chapitres qui suivent (28-30,),
du tabernacle, furent alors seulement re sont consacrés à l'exposé général de
mis aux lévites pour cet usage, ils sont tout ce qui concernait les sacrifices et les !
inscrits et énumérés (7,); la consécration vœux, parce que le moment approchait
solennelle des lévites et leur entrée en où, étant entrés en possession de la terre
charge trouve naturellement ici sa place promise, les Israélites pourraient s'ac
(8,). Le chapitre 9 contient quelques dé quitter de ces obligations, là beaucoup
tails sur la célébration de la pâque et sur plus complétement qu'ils n'avaient pu le
la nuée merveilleuse, et quelques pres faire dans le désert. Le chapitre 31 rap
criptions amenées par les circonstan porte comment le châtiment que les Ma
ces; enfin, comme les Israélites allaient dianites méritaient à cause de leurs ten
se remettre en route, les dix premiers tatives de séduction, fut exécuté : le cha
versets du chapitre 10 devaient parler des pitre 32, comment le pays déjà conquis
trompettes sacrées. (Cette section va ain en deçà du Jourdain, fut partagé entre
si de Exode 19, à Nombres 10, 10.) les tribus de Gad, Ruben, et la moitié de
Sect. V. — Les événements qui s'écou Manassé. Le livre des Nombres se termi
lèrent depuis le départ de Sinaï jusqu'au ne par une énumération sommaire des
commencement de la quarantième année principales stations du voyage, et quel
du voyage, sont assez brièvement racon ques ordres relatifs aux frontières et au
tés; le plus saillant est la révolte du peu partage du pays de Canaan dans lequel
ple, lors du retour des espions, pour la on allait entrer (33-36,).
quelle, après être arrivé à la frontière du Sect. VII. — L'ouvrage de Moïse au
pays de Canaan, il fut condamné à errer rait été évidemment incomplet, s'il ne
encore trente-huit ans dans le désert, et nous avait pas conservé le souvenir des
tous les Israélites âgés de plus de vingt derniers efforts qu'il fit pour le bien spi
ans exclus du pays promis. (Nomb. 10, rituel des Israélites, dans ce moment so
11.-19,). lennel où ils allaient, après leur long pè
Sect. Vl. — Le récit du voyage de la lerinage, voir se réaliser enfin les pro
nouvelle génération, depuis Kadès-Barné messes faites à leurs pères. C'est aussi
jusqu'aux plaines de Moab , occupe le là le but et l'objet du Deutéronome.
reste du livre. Les deux premiers chapi Les quatre premiers chapitres sont une
tres nous montrent que la nouvelle gé sorte d'introduction, et renferment un
nération , était non moins que celle qui discours dans lequel Moïse récapitule
avait été condamnée à périr peu à peu l'histoire des quarante dernières années,
dans le désert, l'objet des manifestations en en déduisant des enseignements et des
de la justice aussi bien que de la grâce applications pour la conduite future du
de Dieu; eaux miraculeuses, victoires sur peuple. Nous voyons ensuite, c'est là le .
les ennemis, serpent d'airain, etc. (20 et noyau du livre, comment Moïse rappelle
PEN 160
PEN
les lois déjà données précédemment au vanche, défendue par Jahn, Rancke, et
pied du Sinaï, insistant sur leur obser surtout d'une manière victorieuse par le
vation, avec de nouveaux motifs emprun docteur Hengstenberg (Beytraegezur Ein
tés à'l'histoire et aux circonstances, les leitung in das. A. T.), et par Haevernick
appliquant toutes directement au séjour (Einleit. in das. A. T.). Vu la grande im
en Canaan, quelquefois les développant, portance de cette controverse, qui n'est,
et ajoutant de nouvelles directions, ainsi pour ainsi dire, pas connue en France,
celles des chapitres 13 et 18 sur la pro nous donnons le résumé des principaux
phétie qui devait continuer l'œuvre de la arguments pour et contre.
révélation, et celles du chapitre 17 sur le L'authenticité s'établit par les raisons
gouvernement monarchique dont il fal Suivantes :
§ p§ 27 ) Lestrºis 1° Moïse se donne lui-même clairement
chapitres suivants contiennent les der comme l'auteur de ces livres. Cela est
nières et touchantes exhortations du lé évident d'abord quant à certaines parties
gislateur, dans lesquelles, pénétré de l'es de l'ouvrage, Ex. 34, 27. Nomb. 33, 2.
· prit prophétique, il découvre au peuple, Deut. 31, 22.; mais il y a, comme nous
d'un côté les bénédictions, de l'autre les l'avons montré, une liaison si étroite, si
· terribles jugements qui lui sont réservés intime, entre toutes ses parties, que de
dans l'avenir (28-30,). On sent que la fin ces passages On peut conclure plus loin.
de Moïse approche toujours plus; au cha Le passage, Ex. 17, 14., où il est ques
pitre 31, il nous raconte commentil trans tion du livre, est aussi à remarquer.
mit solennellement son office à son suc 2° Le contenu du Pentateuque ne peut
cesseur Josué, et remit le livre de la loi s'expliquer qu'en admettant que Moïse en
entre les mains des prêtres. Le chapitre est l'auteur. En effet, l'auteur montre
32 nous conserve le magnifique cantique une si exacte connaissance de l'Egypte,
dans lequel il prophétise la chute et le de son sol, de ses mœurs, qu'il faut sup
rétablissement final de son peuple, et dans poser qu'il y a fait un séjour plus ou
le chapitre 33, nous lisons les bénédic moins long, comme c'était le cas pour
tions qu'il prononça sur les douze tribus. Moïse. La vérité du Pentateuque, sous
Sect. VllI.—Le chapitre 34 est un ap ce rapport, a été mise dans tout son jour
pendice écrit par une main étrangère, par les découvertes de Champollion. —
probablement par Josué , et complète les On voit que l'auteur connaissait à fond
longs mémoires de la vie de Moïse, par l'histoire des douze tribus israélites, et
le récit succinct de sa mOrt. qui était mieux placé pour cela que Moïse ?
Les adversaires de la révélation, recon — ll y a tellement d'allusions au voyage
naissant bien que le Pentateuque était la dans le désert, tout est tellement basé sur
pierre angulaire de la Bible, ont mis tout les circonstances de ce temps-là, qu'il
en œuvre pour l'ébranler. Hobbes et Spi est impossible d'attribuer la composition
nosa avaient déjà dirigé contre lui quel de ce livre à une époque postérieure.
ques attaques partielles; ces attaques de 3° Le Pentateuque est attribué à Moïse
vinrent toujours plus hardies vers la fin par tous les autres livres de l'Ancien Tes
du siècle dernier. On trouva que le moyen tament. Ici, nous pouvons alléguer d'a-
le plus simple était d'en contester l'au bord un grand nombre de passages di
thenticité; c'est ce que firent Bauer, Pau rects , ainsi Jos. 1, 7. 8, 31. 23, 6. 2
lus, Berchtold, encore avec une certaine Rois 14, 6. 2 Chr. 23, 18., etc. Quant
modération, et en laissant subsister, com aux citations d'Esdras et Néhémie, nous
me authentiques, quelques fragments as pouvons nous dispenser de les énumérer,
sez considérables, jusqu'à ce qu'enfin De parce que les adversaires nous accordent
Wette et de Bohlen prirent le parti de que le Pentateuque existait de leur temps.
tout contester à Moïse, et d'attribuer la Mais il sera facile de remarquer que tout,
composition du Pentateuque à un auteur dans les livres postérieurs, lois, usages,
d'une époque beaucoup postérieure. L'au jugements moraux, etc., est basé sur le
thenticité du Pentateuque a été, en re Pentateuque , sans le Pentateuque, toute
1) , •" -- <

4 EN 161 pEN
, -, , , , *; º* Cl. '1 ( t»,t | ºi ! . · · · · · , · u - ni l it b.ej t :
0 contrée, comme on peut le conclure de 2
"†
| 4° Notre Seigiieur # pôtres attri Sam. 24, 6., où l'une des deux villes est
buent le Pentateuque à Moïse d'une ma appelée Dan-Jahan, pour la distinguer
nière si claire, que l'on ne peut plus at de l'autre. — On s'est étonné de trou
taquer l'authenticité de ce livre, sans ver, Ex. 23, 19., l'expression : « maison
porter atteinte à leur autorité et à leur de l'Eternel, » qui semble faire allusion
infaillibilité.Voyez, par exemple, Matth. au temple de Jérusalem ; mais ne peut
19, 8. Jean 5, 45.46., etc. elle pas s'appliquer tout aussi bien au ta
Contre l'authenticité, l'on allègue : | bernacle qui allait se construire ? — On
1° Que du temps de Moïse les Hébreux a encore allégué que le chapitre 17 du
ne connaissaient pas l'écriture. Mais ne Deutéronome ne peut pas avoir existé du
pouvaient-ils pas l'avoir empruntée, com temps du prophète Samuel, puisqu'il dé
me d'autres connaissances, aux Egyp clare la royauté inconciliable avec la théo
tiens ou à quelque peuplade sémitique ? cratie; mais il faut remarquer que la po
Des passages prouvent que cet art (v. lémique de Samuel ne se dirige point con
Ecriture) était non seulement connu du tre le gouvernement monarchique en gé
temps de Moïse, mais qu'il avait passé néral, mais contre son introduction dans
dans la vie ordinaire, Deut. 6, 9.11, 20.;
les circonstances d'alors, et les disposi
le passage Deut. 24, 1., où il est ques tions qui le faisaient désirer, etc.
tion des lettres de divorce, l'existence 4° On a dit encore que l'état moral du
d'une classe d'employés appelés sophe peuple, tel qu'il nous est représenté dans
rim, espèce de scribes, etc. les livres postérieurs, ne peut se conci
| 2° On trouve que la langue du Pen lier avec la supposition que le Pentateu
tateuque a trop de rapports avec celle que fût connu. Mais la loi s'accorde-t-elle
des livres postérieurs. Mais observons donc tant avec les inclinations de l'hom
que cette immutabilité de la langue s'ex me naturel, que l'on ne puisse pas com
plique d'abord par la structure des lan prendre que, tout en étant connue, elle
gues sémitiques , si différente de celles n'était pas mise en pratique ? Avec cet
de l'Occident; puis, par cette circonstance argument-là ne pourrait-on pas renver
que les Hébreux restèrent, beaucoup plus ser aussi l'authenticité du Nouveau Tes
que d'autres peuples, à l'abri des influen tament, et prouver que la chrétienté
ces étrangères. D'ailleurs, l'assertion contemporaine n'en a pas eu connais
même n'a pas toute la force qu'on lui sance ?
suppose, témoin le nombre assez grand 5° Enfin, on a fait grand bruit de cet
d'archaïsmes que l'on peut observer; ainsi exemplaire du livre de la loi trouvé dans
le mot kèseb (pour agneau), ainsi l'ex le temple sous le roi Josias, 2 Chr. 34,
pression : « être recueilli vers ses pères, . 14., et l'on en a conclu que ce livre pou
et beaucoup d'autres encore, de même vait bien avoir été fabriqué par les prê
que certaines formes de langage, ne se tres. Mais que le Pentateuque (car c'est
trouvent quê dans le Pentateuque (v. la de ce livre tout entier qu'il s'agit dans ce
Grammaire d'Ewald). - passage) existât du temps de Josias et
* •• • .

3° On a prétendu trouver, dans beau avant, c'est ce que prouvent les nom
coup de passages, des traces d'une épo breuses allusions des prophètes, et en
que postérieure; mais quand on y re particulier de Jérémie. Il est naturel de
garde de près, cet argument s'écroule supposer que c'était l'exemplaire sacré,
aussi. Nous en citerons quelques exem écrit de la main même de Moïse, qui avait
ples : on a dit qu'en nommant la ville de été égaré sous des rois impies, et l'on
Dan, Gen. 14, 14., l'auteur postérieur Se comprend que sa découverte, surtout
trahit, puisque cet endroit ne reçut le dans les circonstances où se trOuvait le
nom de Dan que lors de la circonstance royaume, ait dù faire une profonde im
mentionnée Jug. 18, 29.; mais on n'a pas pression.
fait attention qu'il existait une seconde Sous le rapport littéraire, nous nous
ville de Dan à peu près dans la même bornerons à citer ici les paroles d'un
II. 11
PEN 162 PEN,

écrivain qui, sans négliger peut-être le Act. 2, 5. 20, 16. Joseph. Ant. 44, 13.4.,
fond, s'attache davantage à la forme, et etailleurs.Un nouveau cinquantièmejour,
dont le témoignage, en pareille matière, une nouvelle Pentecôte eut lieu après que
est intéressant, quoiqu'il ne soit pas les disciples du Sauveur eurent célébré
neuf : « Il n'est pas nécessaire, dit-il dans avec la dernière Pâque juive la première
, sa Bibliothèque sacrée, d'insister sur Pâque chrétienne; cette Pentecôte a fait
l'excellence du Pentateuque, à le consi oublier l'ancienne, comme le Saint-Es
dérer seulement sous le rapport littéraire. prit a remplacé la loi dans le cœur de
On sait que tous les peuples se sont ac ceux qui sont devenus de nouvelles créa
cordés à y chercher les modèles du su tures. — Quelques remarques de détail
blime, et que l'histoire de Joseph, qui achèveront de déterminer le caractère
termine la Genèse, est un chef-d'œuvre de la Pentecôte juive, ainsi que ses rap
de naïveté, d'éloquence et de sentiment, ports avec celle des chrétiens.
auquel rien ne peut être comparé dans 1° D'après Lév. 23, 15. 16. cf. v. 11.,
l'ancienne littérature. » (Nodier). les sept semaines étaient comptées du
| M. Grandpierre, dans ses Essais sur le jour qui suivait le sabbat de Pâque,
Pentateuque (que leur titre ne caractérise c'est-à-dire du 16 nisan, de sorte que la
pas d'une manière très exacte), a exami fête était célébrée un lendemain de sab
né la plupart des questions qui, dans les bat, cinquante jours après la Pâque ;
livres de Moïse, soulèvent des difficultés c'est ainsi que les rabbanites l'enten
morales, historiques ou naturelles. Son dent , les caraïtes comptent au con
travail, sur les points qu'il traite, est bon traire les sept semaines à dater du jour
à consulter comme commentaire; c'est de Pâque, et célèbrent ainsi la Pente
même à peu près le seul ouvrage que côte le jour du sabbat : il est bien pro
nous possédions dans ce genre. bable en effet que l'oblation des premiers
PENTECOTE. C'était la seconde des pains devait correspondre à celle des
trois grandes fêtes solennelles que les premiers épis, qui avait lieu le jour du
Juifs célébraient à Jérusalem. Son nom sabbat; les sept semaines intermédiaires
vient du grec, et signifie cinquantième : étaient consacrées à la moisson, Deut. 16,
Elle fut dans l'origine instituée en mé 9. La loi n'avait déterminé qu'un seul
moire de la promulgation de la loi sur le jour pour la fête, mais les Juifs depuis
mont Sinaï, qui eut lieu cinquante jours l'exil, et de nos jours encore, célèbrent
après la sortie d'Egypte. Elle portait aussi le lendemain, et donnent deux jours à la
les noms de fête de la moisson, Ex. 23, Pentecôte.
16.; fête des semaines ou des sept se 2° Les pains offerts à l'Eternel étaient
maines, Ex. 34, 22. Deut, 16, 16.; fête faits avec du levain, comme les pains dont
des prémices ou des premiers fruits, on se servait dans l'usage journalier; ils
Nomb. 28, 26., parce que, célébrée cin étaient présentés au nom de tout le peu
quante jours après le commencement de ple avec un dixième d'épha de fine farine,
la moisson, ou sept semaines après le Lév. 23, 17. : le Talmud ajoute que les
lendemain du sabbat de Pâque, elle était pains avaient sept pouces de long et quatre
un service public d'actions de grâces pour large. Les prêtres devaient les manger de
la moisson heureusement terminée, Lév. en un seul jour sans en réserver rien
23, 15. Ex. 23, 16. Outre les sacrifices et pour le lendemain. Ces différentes of
les oblations ordinaires, les Israélites de frandes étaient toutes tournoyées devant
vaient présenter en ce jour un gâteau nou l'autel, Lév. 23, 17.
veau, deux pains levés, et un bouc pour 3° D'après Lév. 23, 18., les offrandes
le péché, Lév. 23, Nomb. 28, Deut. 16, Consistaient en sept agneaux d'un an, un
10. De joyeux repas égayaient cette fête veau, deux béliers, avec les aspersions
du bonheur que les Juifs fréquentèrent nécessaires, plus un jeune bouc pour le
toujours avec empressement, même après péché, et deux agneaux en sacrifice de
que les jours de l'exil eurent détruit plu prospérité : d'après Nomb. 28, 27., l'ho
sieurs de leurs habitudes religieuses, locauste se composait de deux veaux, un
PEN : 163 PER'
bélier, sept agneaux d'un an, et un jeune étaient rimage de l'Israël selon l'esprit,
bouc de propitiation. Plusieurs auteurs la figure de fassemblagé des Saints "
n'ont pas remarqué cette différence ; 7º La première Pentecôte eut lieu hors
d'autres, et notamment les Juifs, l'expli de la terre promise et dans un désert,
quent d'une manière assez satisfaisante, juste image des suites et de la nature de
en regardant les offrandes du Lévitique cette alliance; la seconde eut lieu à Jé- .
comme celles qui devaient accompagner rusalem, ville sainte, et sur Sion. monta
les pains, et celles des Nombres comme gne de prédilection, Ps. 87, 3.132, 13.,
addition ou supplément, de sorte qu'il La première n'eut pour témoins que des
faudrait additionner le nOmbre des vic
Juifs, la seconde des gens de toutes na
times mentionnées; c'est ce que fait aussi tions, Act. 2, 9. etc. Celle-là fut accom
Josèphe (Ant. 3, 10, 6.) qui compte qua pagnée de scènes effrayantes; celle-ci,
torze brebis, trois veaux et deux boucs; réalisation des prophéties qui annon-"
ce dernier chiffre est probablement mis çaient d'heureux jours, Jér. 31, Joel 2,
par erreur au lieu de trois. est aussi extraordinaire , mais elle n'a
4° D'après Josèphe, le nom de la Pen rien qui fasse trembler; on entend bien,
tecôte était de son temps Asartha, ou un son, mais c'est celui de l'Evangile; un
Hatsartha, fête du rassemblement, fête vent véhément se fait bien sentir, mais
en quelque sorte par excellence ; et ce c'est le Saint-Esprit qui manifeste sa
même nom se retrouve dans le Talmud. vertu efficace et bienfaisante; il apparaît
5° La Pentecôte juive n'est pas direc bien un feu, mais c'est celui qui éclaire
tement rattachée dans son origine à la et qui sanctifle. — (V. Girard des Berge
promulgation de la loi, mais il est aisé de ries, Moïse dévoilé.)
voir, comme le veut la tradition, qu'elle PÉNUEL. v. Jéred 2°.-v. aussi 1 Chr.
eut lieu en effet cinquante jours environ 4, 4.8, 25. -

après la sortie d'Egypte. Les Israélites PERATSIM , montagne de la Judée ;


furent affranchis le quinzième jour du v. Bahal-Pératsim. -

premier mois ou nisan, Ex. 12. 6. sq., et PERDRIX. C'est ainsi que l'on traduit
ce fut dans les quatre ou cinq premiers ordinairement l'hébreu khoré, 1 Sam. 26,
jours du troisième mois qu'ils reçurent 20. Jér. 17, 11., et non-seulement rien
la loi en Sinaï, Ex. 19, 1. 16. etc. Si la ne contredit ce sens, mais encore il pa
parfaite coïncidence des chiffres ne peut raît justifié par la signification même du
être prouvée, il n'en est pas moins vrai nom (celui qui appelle), semblable peut
qu'il y a entre les faits mêmes des rap être, sous ce rapport, au nom allemand
prochements remarquables à faire. La de Rebhuhn , où Winer voit Rufhuhn; il
Pâque juive représentait une délivrance est constant que le cri de la perdrixa sou
matérielle, la Pâque chrétienne une dé vent une intonation provocatrice ou plain
livrance spirituelle; la Pentecôte juive ou tive, qui ressemble à un appel, et que les
la promulgation de la loi était le fonde chasseurs ontainsi désignée. Mais si cette
ment de l'ancienne économie, la Pente traduction paraît bien établie, comme elle
côte chrétienne est celui de la nouvelle. a été adoptée par les Septante , la Vul
Cinquante jours après avoir délivré son gate et tous les anciens commentateurs,
ancien peuple, Dieu lui donna la loi; cin elle est, d'un autre côté, extrêmement va
quante jours après avoir sauvé l'Eglise, gue, les anciens, et même Aristote, ayant
Jésus lui envoya cet Esprit qui seul peut confondu, sous ce nom généralement
faire aimer, comprendre, et observer la connu, une quantité d'espèces moins con
loi. nues et moins observées. Le passage de
6° Le but moral de la fête lévitique était Jérémie ne peut servir de guide, car il
de rappeler aux Israélites les grâces d'un donne à cet oiseau un trait de caractère,,
Dieu qui les avait choisis pour être son qui n'est pas le sien; il n'est pas prouvé
peuple, et qui leur avait donné en héri que la perdrix enlève des œufs à d'autres,
tage une terre fertile et bénie. Son but oiseaux pour les couver; souvent , au
typique était de leur rappeler qu'ils contraire, elle les détruit, mais il suffisait
PER 164 PER

au prophète que l'opinion populaire at voir trouvé et de s'être approprié quel


tribuât à la perdrix une pareille habitude, que chose, devait le restituer en y ajou
pour lui emprunter une image. Le passa tant un cinquième de la valeur; il était
ge de Samuel renferme déjà une indica tenu, en outre, à offrir en sacrifice un bé
tion de plus, c'est que la khoré est une lier sans tare pour l'expiation de son pé
habitante des montagnes. Et si l'on tient ché, Lév. 6, 3. 6.
compte du fait que cet animal était connu PERGAME, ancienne ville de Mysie,
en Palestine, on écartera toutes les espè située à 7 lieues d'Elée , sur le fleuve
ces qui n'habitent que les plaines et les Caïcus. Capitale d'un royaume fondé par
climats tempérés, ainsi notre perdrix gri l'eunuque Philétère, elle avait passé sous
se ordinaire, et la perdrix grise-blanche, la domination romaine par le testament
qui n'en est qu'une variété; l'une et l'au d'Attale III Philométor. Eumène II, l'un
tre sont inconnues en Asie et n'habitent de ses rois, voulant rivaliser avec Ptolé
que les pays à blé, les plaines, et tout au mée, roi d'Egypte, avait substitué le par
plus la lisière des forêts. On ne peut donc chemin (pergamentum) au papyrus, et
guère penser qu'à la petite perdrix grise fondé dans sa capitale une magnifique
de Buffon, qu'Aldovrande appelle perdrix bibliothèque de 200,000 volumes , dont
de Damas, ou à la perdrix grecque, dite Marc Antoine fit plus tard présent à Cléo
bartavelle : c'est de cette dernière qu'il pâtre, après l'incendie de celle d'Alexan
s'agit, selon toute apparence, dans les drie. Esculape avait dans cette ville un
passages cités; elle habitait les îles de la temple célèbre qu'on venait visiter des
Méditerranée , ainsi que les contrées de parties les plus éloignées de l'Asie. Per
l'Asie conquises par Alexandre , et re game devint sOus les Romains le chef
cherchait de préférence les montagnes et lieu d'une de leurs provinces, et le chris
les rochers. La perdrix rouge, deux fois tianisme ne tarda pas à s'y établir, ainsi
aussi grosse que notre perdrix ordinaire, qu'on le voit Apoc. 1, 11. 2, 12. : elle est
est fort commune en Grèce, en Crète et appelée, dans ce dernier passage, le siége
jusqu'en Syrie ; elle couve quelquefois ou le trône de Satan, ce que quelques au
d'autres œufs que les siens, mais ce n'est teurs ont entendu du temple d'Esculape,
qu'à défaut de ceux-ci, soit qu'elle n'en qui avait, comme on sait, le serpent pour
ait point pondu, soit qu'ils lui aient été emblème; cependant il est plus probable
enlevés. Cette espèce est fort criarde, que l'apôtre prophète avait en vue soit l'i-
soit en amour , soit au combat. On a ra dolâtrie en général, soit des persécutions
conté bien des fables sur la perdrix, mais auxquelles les chrétiens auraient été en
l'on a aussi rangé au nombre des fables butte dans cette ville. L'Eglise de Per
des faits bien avérés de son merveilleux game est louée pour sa fidélité, mais le
instinct. — Quelques auteurs , en petit Saint-Esprit lui reproche les égarements
nombre, ont traduit khoré autrement que de quelques-uns de ses membres; v. l'ar
nous ne faisons : outre Faber, qui l'en ticle Nicolas, et Voyages de Hartley en
tend de la perdrix de Damas, d'autres Grèce et dans les sept Eglises apocalyp
l'ont entendu du coucou, Bochart de la tiques.
bécasse, OEdmann de la mésange. PERGE, maintenant Karahisar ou Châ
PERDUS (objets). Celui qui avait trou teau noir; ville maritime et métropole de
vé quelque chose devait le relever, le ra la Pamphylie, située près du Cestrus, à
masser et chercher à en découvrir le pro 60 stades de son embouchure, et à 10
priétaire, Deut. 22, 1-3. Cet ordre est lieues nord-est d'Attalée. Elle possédait
spécial à l'égard du bétail qui aurait pu un temple célèbre d'Artémis. Alexandre
s'égarer, et une disposition de ce genre s'en empara. Saint Paul y annonça la pa
était d'autant plus nécessaire sur ce point, role de Dieu, Act. 13, 13. 1 4, 25.
que l'entretien et la nourriture des bêtes PERLES. Elles sont sans contestation
perdues pouvaient être pour celui qui les désignées par le mot uxgyxpirxt dans le
· rencontrait un motif d'hésitation. Celui Nouveau Testament, Math. 7, 6. 13, 45.
qui, après l'avoir nié, était convaincu d'a- 1 Tim. 2, 9. Apoc. 17, 4. 18, 12., et se
-

2 ! "
PER 165 PER

lon quelques auteurs, notamment selon veau Monde ont offert de mouvelles ri
les commentateurs juifs, par l'hébreu pe chesses sous ce rapport; leurs perles ont
ninnim, Prov. 3, 15. 8, 11. 20, 15. 31, une eau verdàtre, qui les fait moins re
10. Job. 28, 18. Lam. 4, 7 (où nos ver chercher peut-être que les perles gris de
sions ont mis pierres précieuses) : plu lin des mers du Nord, que les perles rose
sieurs rabbins entendent aussi des perles rouge de l'Océan des Indes, mais qui n'en
l'hébreu dar, d'après l'étymologie de l'a- est pas moins pure, délicate, et souvent
préférable et préférée. Le coquillage qui
rabe, Est. 1, 6. v. Marbre, et le b'd6lach,
v. Bdellion. On fait observer le rapport les sécrète est le mytilus margaritiferus
qu'il y a entre l'hébreu peninnim et le de Linnée, long et large parfois de 30 cen
latin pinna, nageoire, poisson, qui dé timètres et de l'épaisseur d'un doigt; la
signe aussi par extension le coquillag coquille, sans forme et rude à l'extérieur,
qui produit les perles; la circonstance est polie et d'une blancheur éblouissante
que le nom hébreu est toujours au plu en dedans. Les naturalistes ne sont pas
riel, et le contexte qui met toujours les d'accord sur le mode de formation des
peninnim à côté des métaux et des pierres perles; on sait seulement que ce sont des
précieuses, sans qu'elles soient ni l'un ni excrétions de l'animal, soit accidentelles,
l'autre, militent en faveur de la traduc soit destinées à boucher de petites cavités
tion adoptée; enfin, le fait que les perles formées dans le tissu du coquillage. La
ont été connues fort anciennement , et grosseur, la forme et la beauté des perles
notamment dans les contrées voisines de qu'on trouve dans un même individu va
la mer Rouge et du golfe Persique, où rient beaucoup : l'on en trouve de rondes,
elles sont fort abondantes, mérite d'être d'ovales, d'allongées en poire et d'angu
pris en considération.Maisd'un autre côté leuses : leur nombre varie également, et
le passage des Lamentations, qui donne l'on en a découvert jusqu'à cent cinquante
aux peninnim la couleur vermeille, ne dans une seule mère-perle, mais elles
cadre guère avec l'idée qu'il s'agisse là n'étaient pas toutes achevées au même
de perles, à moins qu'on n'admette l'as degré. Les plus grosses appartiennent
sertion de Calmet, que l'eau des perles aux îles de Ceylan, de Sumatra et de Bor
de l'Orient tire sur l'incarnat, ou l'expli néo, les plus fines au golfe Persique. On
cation de Bochart qui prend le mot rouge en trouve quelques-unes, mais peu ap
ou vermeil dans le sens d'éclatant, bril préciées et peu solides, dans les huîtres
lant, ainsi que cela se fait quelquefois en communes, et dans les rivières de l'Eu
arabe, et comme n0us en avons un exem rope, en Bohême et en Silésie.
ple dans les purpurei olores d'Horace. PERSE. Cette contrée, si voisine du
Gesenius repousse cette signification se berceau du genre humain, et par consé
condaire du mot, et donne avec Michaélis quent bien connue dès la plus haute anti
et d'autres à peninnim le sens de corail, quité, n'apparaît dans les premiers écrits
q. v. Il est difficile de décider. de l'Ancien Testament que sous le nom
Quant aux perles , elles ont servi au d'Elam, q. v. Plus tard seulement, et de
luxe dès la plus haute antiquité; elles puis l'exil, elle reçoit le nom de Perse qui
étaient un article de commerce fort im désigne alors (outre la Perse proprement
portant que les Orientaux tiraient assez dite, le Persis ou Farsistan) tout l'immense
ordinairement de l'Arabie, sur les côtes royaume fondé par Cyrus, qui compre
de laquelle on en pêchait en grande abon nait la plus grande partie de l'Asie con
dance; l'île de Tylos était en particulier nue, depuis le voisinage de l'Indus jus
renommée pour ses nombreuses et belles qu'à la mer Egée : à la Perse qu'il avait
pêcheries de perles et de nacre, que des héritée de ses aneêtres, le conquérant
plongeurs allaient chercher aux pieds des avait joint ce que la domination des Mèdes
rochers; On en trouvait également en fort avait embrassé jusqu'au fleuve Halys, le
grand nombre dans la mer des Indes, royaume de Lydie au delà de ce fleuve, et
Pline 6, 32. 9, 54. Strabon 16, 767. De celui de Babylone. Son successeur, Cam
puis quelques siècles les côtes du Nou byse, y ajouta l'Egypte. Cet empire ne
PER 166 PER

subsista que deux siècles, et fut conquis montagnes portent des neiges éternelles;
par Alexandre. Après la mort du roi de le climat est dur, la terre stérile ; on n'y
Macédoine, les provinces de l'Orient tom trouve que des bergers, des nomades,
bèrent au pouvoir de Séleucus Nicator, des voyageurs, et des brigands. Des laes
mais ses successeurs en Syrie perdirent et des rivières arrosent et fertilisent les
une partie de ces provinces, qui leur plaines et les vallées de la Perse centrale,
furent enlevées par les Parthes. Sous la qui nourrissent beaucoup de bétail, prin
domination de ces derniers, la Perse eut cipalement des chameaux.
· des rois particuliers; on a l'énumération C'étaient les habitants de cette pro
des provinces qui composaient l'empire vince qui portaient plus spécialement le
· des Parthes; la Perse et même la Susiane nom de Perses; ils étaient parents des
et la Carmanie n'y sont pas comprises, et Mèdes et se divisaient en plusieurs hordes
sont ainsi considérées comme indépen ou tribus dont trois passaient pour no
'dantes. Leurs princes furent néanmoins bles, les Pasargades, les Maraphiens et
dans un état de dépendance jusqu'au troi les Maspiens; seules elles recevaient une
sième siècle. Un Persan, qui prit le nom certaine culture, les autres labouraient
d'Artaxercès, secoua le joug des Parthes, les terres, gardaient les troupeaux, ou
en anéantissant leur puissance, la rendit étaient confinées dans les montagnes, sau
aux Perses qui en jouirent environ quatre vages et sans instruction. La famille roya
cents ans, jusqu'à l'invasion des Arabes le, et Cyrus en particulier, appartenait aux
sous les premiers califes successeurs de Achéménides, la famille la plus noble des
Mahomet; dès lors le nom de Perse s'est Pasargades.
conservé pour désigner tout le pays com La langue perse était proche parente
pris depuis les limites de la domination de la langue zend parlée dans la Médie
turque jusqu'à l'Indostan. supérieure, laquelle, à son tour, tirait
La grande Perse était divisée en cinq ses racines du sanscrit ; elle différait
provinces ou satrapies, la Susiane, v. Su complétement des langues sémitiques.
san; la Perse proprement dite, la Carma Nous ne pouvons entrer ici dans l'exa
nie et la Gédrosie (Kerman et Mékran), men des rapports qui ont été remarqués
l'Arie ou Khorasan, et l'Hyrcanie; on peut entre le persan, le sanscrit et l'allemand,
y joindre encore la Margiane, qui a fait soit quant aux mots, soit quant aux con
partie de l'empire des Parthes. Chacune structions et à la syntaxe ; on trouvera
d'elles avait une administration complète sur ce sujet les indications qu'on pourra
et la direction de ses colonies; mais elles désirer, dans l'ouvrage allemand de Wahl,
relevaient toutes aussi du roi, qui était Histoire des langues et de la littérature
le centre et le chef du gouvernement. orientale, p. 129, et suiv.
La Perse proprement dite s'étendait du La constitution politique de la monar
nord au sud jusqu'au golfe Persique, en chie perse, comme état indépendant, res
tre les 27° et 33° de latitude ; elle était semblait à celle de la Médie, et en géné
séparée de la Médie au nord par les ral de tous les anciens royaumes de l'A-
monts Parachoatras, maintenant Apras sie. La Perse a eu des rois dès les anciens
sia, touchant la Susiane à l'ouest par les temps : ils s'intitulaient eux-mêmes rois
monts Baktiori pleins de passages et de des rois, et vivaient inabordables pour
défilés étroits et dangereux; à l'est était leurs sujets dans des palais magnifiques
la Carmanie. Le pays, qui est montueux et solidement construits, le printemps à
déjà dans la partie septentrionale de la Ecbatane, l'été à Susan, Néh 1, 1. Dan.
Susiane, continue de l'être dans la Perse 8, 2. Est. 1, 2.5., etc., l'hiver à Baby
et jusqu'au centre de cette province. La lone, q. v. Ils avaient un harem nombreux
contrée maritime a des plaines maréca et bien choisi, placé sous la surveillance
geuses et stériles où il règne des vents d'eunuques, Est. 2, 11., une femme prin
impétueux, une chaleur excessive et des cipale ou sultane, qui pouvait quelquefois
exhalaisons malsaines. Entre le nord et exercer une certaine influence sur les af
· le milieu du pays, de hautes et rocheuses faires publiques, Est. 7, Néh. 2, 6., une
PER 167 PER
riche et brillante collection de courtisans, des lieux élevés, des sacrifices, ainsi qu'à
et un échanson, Néh. 2, 1. Leur table était la lune, au feu, etc. Le mage (importation
naturellement abondante et recherchée, mède) qui présidait au sacrifice, divisait
Est. 1, 5., et les provinces du royaume, l'holocauste en cinq parties; les dieux
devaient tour à tour pourvoir à son en n'entraient point dans ce partage, parce
tretien, Hérodot. 1 , 192. cf. 1 Rois 4, 27. que, disaient les Perses, la divinité ne
Le mode de gouvernement était éminem veut que l'âme de la victime. On ne peut
ment despotique; la volonté du monar déterminer jusqu'à quel point cette ado
que était la loi suprême, sa parole était ration de la lumière et du feu se combi
un jugement en dernière instance. S'il y nait avec les doctrines dualistes de Zo
avait quelquefois conseil tenu entre le roi roastre, mais il paraît que ces dernières
et ses ministres ou ses courtisans, ce n'é- n'ont point été étrangères aux Perses. ,
fait que dans des circonstances extrême La Perse, après n'avoir été qu'une sa
ment graves, et pendant ou après un re trapie sous Phraortes, roi de Médie, qui
pas, Est. 1, 10-19. 5, 5. 7, 2. Une mesure vivait quatre-vingt-quatorze ou quatre
qui avait été érigée en édit avec le sceau vingt-dix-sept ans avant Cyrus, ne com
du roi, sa signature et son nom, était ré mence à compter comme royaume indé
putée irrévocable, Est. 1, 19. Dan. 6, pendant, ayant son histoire propre, que
8. 15. Les provinces, qui sous Darius sous Cyrus, qui fut son premier roi, au
Hystaspe s'élevèrent au nombre de vingt dire de tous les chroniqueurs historiens,
(120 sous Darius le Mède, Dan. 6, 1.). qui, au milieu de leurs divergences, s'ac
étaient gouvernées par des satrapes, qui cordent cependant sur ce point, Hérodote,
, souvent appartenaient à la famille royale ; Ctésias, Xénophon. Mais Cyrus a-t-il
ils tenaient une cour de princes, avaient vaincu le dernier roi des Mèdes, Astyage;
sous leurs ordres, pour les districts de ou bien, gendre de Cambyse II, a-t-ilhé
leurs provinces, des employés spéciaux et rité d'une partie de ses Etats 9 C'est ce
s'occupaient du gouvernement général et qui ne peut être décidé.Quoi qu'il en soit,
de la perception des impôts en argent et Cyrus ne tarda pas à joindre la Babylo
en nature, Est. 3, 12. 13. 8, 9. Nèh. 2, 8. nie à sa couronne, 539 av. C. Il mourut
16. Ils n'avaient qu'un pouvoir adminis en 529. Après lui vinrent Cambyse, 529;
tratif et civil, mais des commandants de Smerdis, ou plutôt le faux Smerdis, pré
troupes étaient mis à leur disposition et tendu frère de Cambyse, 522; Darius Hys
répartis entre leurs divers districts. Des taspe, 521 ;Xercès, 485, qui fut égorgé la
courriers (q.v.)faisaient le service de pos vingtième année de soD règne par Arta
te entre le roi et les satrapes. Autour du ban, qui lui succéda et ne régna que sept
trône royal se tenait un conseil de sept mois;Artaxercès Longuemain, 465ou464;
princes ou ministres, Est. 1, 14. Esd. 7, Xercès II, son fils, 424, ne régna que
14., qui étaient probablement les sept ju deux mois; Sogdiane, 424, sept mois; Da
ges inamovibles dont parle Hérodote, 3, rius Nothus (Ochus), 424; Artaxercès II,
31., mais qu'il ne faut pas confondre avec 404; Artaxercès Ochus, 364; Arsès, 338;
les sept eunuques de Est. 1, 10.12. 6, 14. Darius Codoman, 335. Ce fut lui qui,
L'armée perse, non compris les garni après un règne d'environ six ans, fut
sons, consistait en infanterie (notamment vaincu à Arbèles par Alexandre de Macé
en archers), et surtout en cavalerie; elle doine, 330 av. C. Il vit tomber ainsi la
était équipée avec ce luxe qui, principa monarchie perse après une existence de
lement depuis la conquête des Lydiens, deux cent dix-neuf années.
était iin des caractères saillants des Ceux des rois perses dont il est parlé
mœurs du pays, Hérod. 1, 71.9, 79. dans l'Ecriture sainte, les seuls dont nous
On n'a pas beaucoup de détails sur la ayons à nous occuper, portent quelqne
religion des Perses; on sait seulement fois chez les auteurs sacrés des noms dif
- d'une manière générale qu'ils adoraient férents de ceux que leur donnent les his
| le soleil, qu'ils ne lui dressaient ni sta toriens profanes, des noms hèbraïsés;
tues, ni autels, et qu'ils lui offraient sur d'autres fois leur nom étant donné sans
PER 168 PER

leur surnom caractéristique, il est diffi Bagoas. Ochus poursuit les entreprises
cile de reconnaître toujours avec certi de son père, humilie les Phéniciens et se
tude duquel des successeurs de Cyrus il soumet de nouveau l'Egypte. Depuis lors,
est question. Nous avons examiné aux et jusqu'à la fin de la monarchie perse,
articles Cyrus, Darius, Artaxercès, etc., les Juifs restèrent tranquilles de ce côté.
ces questions de détail : rappelons encore — Ce fut pendant la durée de cette mo
ici d'une manière sommaire les rapports narchie que les Samaritains élevèrent leur
de l'histoire des Juifs avec celle de leurs temple sur le mont Guérizim.
conquérants. PERSEPOLIS, ville perse dont Antio
Cyrus, après la conquête de Babylone, chus Epiphanes essaya vainement la con
permet aux Juifs exilés de retourner dans quête, 2 Macc. 9, 2.Capitale de la Perse
leur patrie, et contribue à la reconstruc proprement dite, elle était située à 100
tion du temple, Esd. 1, 2. Sous Cambyse, lieues de Suse, et bâtie au pied d'une
après le succès de son expédition d'E- montagne, non loin du fleuve Araxe.
gypte, on cherche à noircir les Juifs dans Xercès y avait fait bâtir un palais magni
l'esprit du roi pour les perdre, Esd. 4, 6., fique qu'Alexandre, après la bataille d'Ar
mais ce n'est que sous son successeur, bèles, fit brûler sur la suggestion de ses
le faux Smerdis, qu'on obtient qu'il fasse courtisans, pour venger l'incendie de la
cesser les travaux commencés à Jérusa ville d'Athènes. Malgré ce commence
lem, Esd. 4, 7. Darius Hystaspe, mieux ment de destruction, Persépolis continua
disposé en faveur des Juifs, révoque cet de demeurer une ville importante, jus
interdit la deuxième année de son règne, qu'au moment où elle fut détruite sous le
Esd. 5, 6. : il commence avec gloire la califat d'Ali; ses débris servirent à bâtir
série des guerres gréco-perses et conti Schiraz. Au sud, mais à une distance qui
nue de témoigner de la bienveillance à n'est pas déterminée, se trouvait l'an
ses sujets hébreux. Les folles entreprises cienne capitale de la Perse, Pasargades,
de Xercès, accompagnées parfois de sen avec les tombeaux des rois; Cyrus, dit
timents généreux, sont connues ; il or
on, l'avait fait construire en mémoire de
donne et rétracte aussitôt les cruelles
la défaite d'Astyage. Toute cette contrée,
mesures proposées par Haman et com comprise entre Persépolis et Pasargades,
battues par Ester. Artaxercès Longue est encore couverte de ruines magnifi
main marche contre l'Egypte révoltée, et ques et monumentales, de colonnes en
se voit contraint de faire la paix avec les core entières, de figures d'une élégance
Grecs. La Palestine se ressent d'une ma et d'une beauté achevées. Les ruines
nière fâcheuse des expéditions tentées mêmes de Persépolis, situées sur une
contre l'Egypte; la nouvelle colonie juive hauteur qui domine la grande plaine de
menace de tomber en ruine; Néhémie ob Merdasht, sont appelées Tschihl-Minar,
tient de son maître la permission de re ou les quarante colonnes : elles sont im
joindre ses frères pour essayer de relever portantes pour l'histoire des anciens cos
leur courage et leur foi, et de réorgani tumes orientaux. — Le nom de Pasar
ser plus fortement l'ensemble de leur ad gades signifiant lieu, ou camp des Perses,
ministration gouvernementale. Sous Da c'est-à-dire presque la même chose que
rius Nothus, qui a des ennemis à combat Persépolis, qui en est la traduction grec
tre de tous côtés, la Phénicie, voisine de que, quelques auteurs, comme Heeren,
la terre sainte, devient un champ de ba ont cru que ce n'était sous deux noms
taille entre les armes perses et celles des différents qu'une seule et même ville ;
Arabes et des Egyptiens réunis.Artaxer d'autres les séparent par une distance
cès Mnémon, bien que fort occupé ail de 36 lieues; il y a de la place entre ces
leurs, ne perd cependant pas non plus deux extrêmes pour d'autres variantes :
l'Egypte de vue, et rencontre ses armées c'est assez dire qu'il règne sur ce point
dans des plaines également voisines des une incertitude qu'on ne peut pas espérer
frontières des Juifs, qui ont beaucoup à de voir s'éclaircir.
se plaindre de la conduite du général perse PERSIDE, Rom. 16, 12., ou Persis, sa
PES 169 PEU

luée par saint Paul qui la loue d'avoir est presque aussitôt suivie de la mort ;!
beaucoup travaillé en notre Seigneur. plus tard le malade vit ordinairement jus
Son nom fait supposer qu'elle était une qu'à trois jours; peu à peu le poison perd
esclave, ouuneaffranchie, perse d'origine. de sa force, et le nombre de ceux qui se
PERTE de sang, v. Hémorrhoïsse. rétablissent devient de jour en jour plus
PESTE, maladie épidémique fréquente considérable; mais personne ne se guérit
en Orient, surtout en Egypte et en Tur sans avoir eu des tumeurs de peste, es
quie, plus rare déjà en Syrie et dans les pèces d'ulcères qui sont comme la pous
contrées voisines. Elle se propage d'un sée de la maladie, son éruption, mais qui
endroit à un autre avec une incroyable ne sont pas toujours un gage de guéri
rapidité, et enlève des milliers d'hommes son : car, même dans les cas les plus fa
avant qu'on ait seulement une conscience vorables, les malades restent encore qua
claire de sa présence. En 1610, elle dé rante jours en danger de mort. Ces tu
truisit le quart de la population de la meurs apparaissent surtout sur les parties,
Suisse, 4,000 personnes àBâle, 5,000 à délicates et tendres de la peau, sous les
Zurich, 2,000 dans le petit canton de aisselles, quelquefois aux oreilles, aux
Glaris, 33,584 dans celui de Thurgo joues, sur la nuque, etc.; elles sont rondes
vie , etc. : en 1714, Constantinople vit ou ovales, d'abord rouges, puis bleues,
mourir 300,000 honmes ; en 1760, Saint et très douloureuses : quand elles sont
Jean-d'Acre perdit en cinq mois 7,000 mûres, elles percent d'elles-mêmes, ou
hommes sur 26,000 habitants; d'autres bien on les ouvre , et il en découle une
exemples pourraient être multipliés. On humeur épaisse et infecte. Quelquefois,
connaît les effrayantes descriptions qu'en mais rarement, elles se dissipent, et se
ont faitesThucydide, Manzoni, et d'autres. perdent sans inconvénient pour le ma
L'Egypte est en quelque sorte sa pa lade. Quand la maladie est heureuse et
trie, Ex. 9,3. : elle gagne de là les contrées qu'au troisième jour une abondante tran
maritimes qui l'avoisinent, la Palestine, spiration a brisé la force de la fièvre, ces
la Syrie, et règne ordinairement depuis tumeurs et des taches répandues sur les
décembre jusqu'à la mi-juin. Il est plu différentes parties du corps, sont pour
sieurs fois parlé de la peste dans l'Ecri ainsi dire les seuls symptômes qui sub
ture, 2 Sam. 24, 13. 15. 1 Rois 8, 37. sistent encore, les seules traces que la
Jér. 14, 12. 21, 6. 24, 10. Ez. 5, 12. 7, peste ait laissées de son passage. Une
15. : elle est dénoncée comme menace et diète sévère est alors, comme pour pres
châtiment, Lév. 26, 25. Nomb. 14, 12., et que toutes les maladies, la seule prècau
fréquemment réunie à l'épée et à la fa tion que le malade ait à prendre : les re
mine, comme aussi dans la nature ces mèdes de la médecine sont ordinairement
trois fléaux se rencontrent souvent en sans emploi, sauf un puissant sudorifique
semble, parce que les uns sont les effets qu'on lui administre dès le commence *

des autres, Matth. 24, 7. Luc 21, 11. ment de l'attaque. La peste peut frapper
Celui qui est atteint de la peste, par le à plusieurs reprises, et l'on a des exem
contact d'une personne ou d'un objet qui ples de personnes qui en ont été atteintes
en est infecté, commence par éprouver du jusqu'à douze fois.
dégoût pour les aliments, des maux de Le nom de peste, ou pestilentiel, est em
tête et de reins, un violent besoin de ployé plusieurs fois d'une manière figu
dormir, un affaiblissement physique, sou rée dans l'Ecriture sainte, comme il l'est
vent aussi moral et intellectuel; les yeux chez nous dans le langage ordinaire pour
s'obscurcissent, la langue s'appesantit, dire quelqu'un ou quelque chose de dan
quelquefois même elle se paralyse com gereux, de redoutable, etc., Os. 13, 14.
plétement de même que le sens de l'ouïe; Ps. 91, 3. Act. 24, 5.
puis viennent les vomissements, la diar PETHOR, ville de la Mésopotamie, si
rhée, une fièvre violente et le délire. Dans tuée sur22,l'Euphrate, et patrie
Nomb. 5. Deut. 23, 4. de Balaam, -- 's
les premiers jours de l'épidémie la ma
ladie ne dure guère qu'un instant, et elle PEUPLIER, Nos versions traduisent
PHA 170 PIIA

ainsi l'hébreu libnéh, Gen, 30, 37. Os. sœur, mais divinement averti de son er
4, 13., sur l'autorité des Septante (dans reur, il ne tarda pas à la lui renvoyer.
le second passage), de l'arabe, du syria C'est presque la même histoire que nous
que, et de l'étymologie; et Celse, dans avons vue chez Abimélec, roi des Philis
sa botanique sacrée, accepte cette traduc tins, et si un troisième enlèvement de ce
tion comme bonne, d'autant plus que l'on genre a lieu encore aux jours d'Isaac, la
trouve en Palestine beaucoup de peupliers fréquence de ces faits, loin d'en dimi
blancs, et que cet arbre était déjà estimé nuer la vraisemblance, nous montre com
dans l'antiquité à cause de son bel om bien ils étaient conformes aux mœurs
brage, Théocrit. 7,8. Ovid.Met. 10, 555, d'alors. On voit aussi par ces rapports
Horace, Od. 2. 3, 9. Cette opinion peut se entre les Egyptiens et la famille d'Abra
soutenir; cependant, dans le passage de la ham, que cette horreur des premiers pour
Genèse, les Septante et Saadias ont tra la vie pastorale et nomade n'existait pas
duit ce mot par storax, q. v.; le rabbin encore, et l'histoire nous montre, en ef
Jona vient encore à l'appui de cette ver fet, qu'elle n'a commencé que sous la 17°
sion; l'usage de l'arabe la recommande, dynastie, sous celle des rois pasteurs,
et l'étymologie qui n'emporte que l'idée conquérants étrangers dont la vie et les
de blancheur, peut aussi bien être invo mœurs devaient, par une sorte de préjugé
quée en faveur de la résine blanc de lait naturel, devenir un objet de haine et de
du storax, qu'en faveur du peuplier blanc. mépris pour leurs nouveaux sujets; com
Entre ces deux traductions il est difficile me cette aversion paraît déjà aux temps
de prononcer; nous adopterions plutôt la de Joseph, il ne faut pas remonter bien
dernière. haut en arrière pour trouver le Pharaon
PHALEG. v. Péleg. d'Abraham, et l'on suppose avec bien de
PHANUEL, de la tribu d'Aser, Luc 2, la probabilité, qu'il appartenait à la 16e
36., père d'Anne la prophétesse ; du dynastie, l'une de celles des rois thé
reste, inconnu. bains (2272 av. C.), celle qui précéda im
PHARAON, nom commun de tous les médiatement la conquête de l'Egypte par
rois de l'ancienne Egypte, comme Ptolé les rois pasteurs. Les découvertes mo
mée fut plus tard le nom des rois égyp dernes ne nous conduisent pas aussi haut
tiens d'origine grecque macédonienne. dans l'histoire de l'ancienne Egypte, et
Quelquefois, mais rarement, un nom per ses monuments gigantesques et mysté
sonnel est joint à celui de la royauté, rieux maintenant expliqués, ne nous font
comme pour Pharaon Néco, Hophra, remonter qu'aux règnes de la 17e dynas
Tirhaca, etc. Le nom de Pharaon signifie tie. D'après la chronologie vulgaire que
roi, ainsi que l'établit déjà Josèphe, puis nous suivons ordinairement, Abraham au
Jablonsky, d'après le copte ouro, et avec rait été contemporain du cinquième et du
l'article Pe-ouro ou Ph'ouro; on ne le sixième roi de la dynastie des rois pas
trouve qu'accidentellement dans les his teurs (la 17e), mais on ne s'expliquerait
toriens grecs, Hérodot. 2, 111.; en re plus bien leurs rapports réciproques, et le
vanche, il est presque la seule désigna caractère mème d'un Pharaon conquêrant
tion des rois d'Egypte dans l'Histoire serait étrange, tel du moins qu'il se peint
sainte; onze personnages de ce nom appa dans sa conduite avec Abraham.
raissent à différentes époques de la vie 2° Pharaon, contemporain de Joseph,
du peuple juif ; l'incertitude de la chro Gen. 37, 39, et 40. Il fait mettre en pri
nologie amenant de l'incertitude dans les sonJoseph : puis, plus tard, deux de ses
synchronismes, il n'est pas toujours fa serviteurs, son échanson et son pane
cile de déterminer quels sont, dans l'His tier, pour des crimes qui nous sont incon
toire profane, les pharaons nommés dans nus. Sa sévérité, puis sa grâce pour l'un
l'Ecriture. des captifs, et la peine de mort qu'il pro
1° Pharaon, contemporain d'Abraham, nonce contre l'autre, ne furent peut-être
Gen. 12, 15. Il fit enlever l'épouse du pa que des caprices, des suites d'intrigues,
triarche que celui-ci donnait pour sa quelques changements dans la faveur
PHA 171 PHA
toujours mobile des cours de l'Orient et Sujets, puisque ceux-ci, en leur qualité
de l'antiquité. Deux songes qui le trou de sujets, eussent été déjà ses esclaves.
blent amènent la grâce et l'élévation de Quelques détails encore trahissent un
Joseph, qu'il fait son premier ministre, monarque étranger : cette ombrageuse
et qu'il autorise à appeler auprès de lui, concentration des Egyptiens dans les vil
en Egypte, toute sa famille , il leur assi les, mesure peut-être moins générale que
gne pour demeure le district de Goscen, le texte ne paraît l'indiquer, et restreinte
pour ménager la susceptibilité des Egyp à certaines familles, à certains individus
tiens, peut-être aussi pour mettre la fa suspects , espèce d'arrêts domestiques
mille de Jacob à l'abri des conflits conti destinés à prévenir des complots, isole
nuels qui devaient avoir lieu entre la ment forcé sous la surveillance de la
nouvelle dynastie et l'ancienne, mécon haute police, déplacement des intelli
tente, et ambitieuse de reprendre sa place. gences et des influences, Gen. 47, 21.;
Deux opinions sont en présence : la chro ces complaisances affectées et intéressées
nologie vulgaire fait Joseph contemporain pour la caste sacerdotale (41, 45. 47, 22.
de la 18e dynastie; la chronologie de Cham 26.); ces relations suivies et fréquentes,
pollion le fait vivreau commencement de la malgré le malheur des temps, des Pha
17e de celle des rois pasteurs.Indépendam raons avec Canaan, leur première pa
ment des considérations chronologiques, trie, celle des Hycsos et des rois pas
la première opinion s'appuie sur ce que dit teurs, Gen. 47, 14. 15. La 18e dynastie,
Joseph à ses frères, que les Egyptiens Pharaons égyptiens rétablis sur les ruines
ont en horreur les bergers, et elle attri des étrangers, n'eut pas mis à la tète de
bue cet avertissement à la haine pro l'Etat un Joseph étranger, et, jalouse à
fonde que le souvenir de la domination l'excès de sa nationalité, elle l'eùt cOn
étrangère avait laissée dans le cœur des servée en acceptant les conseils, peut-être
Egyptiens. Mais les paroles de Joseph aussi les services, mais non la personne
doivent s'entendre des nomades, et non d'un prisonnier venu de Canaan.— C'est
des bergers, ce qui serait ridicule, puis ce Pharaon dont le nom se retrouve Act.
que les Egyptiens eux-mêmes étaient 7, 10. 13.
bergers, possesseurs de troupeaux. Jo 3° Pharaon, 1 Chr. 4, 18., n'est connu
seph veut dire à ses frères : « Ne vivez que pour avoir donné sa fille en mariage
pas en nomades, mais fixez-vous quelque à Méred, descendant de Juda; mais cette
part, , et il choisit pour lieu de leur ré date même est inconnue. Toutefois cette
sidence la terre de Goscen, remplissant alliance prouve que les Hébreux n'étaient
ainsi le double but de les soustraire à la pas encore esclaves sur la terre égyp
haine des Egyptiens, et de les éloigner tienne, et ce Pharaon a dù être l'un des
du théâtre probable de guerres intes premiers successeurs du précédent, par
tines. La chronologie nouvelle s'appuie conséquent un roi pasteur ; c'est proba
sur des raisons intérieures qui ne sont blement lui aussi qui protégea les tra
pas sans force : il est évident que l'ad vaux de Hel et de Jokim, 1 Chr. 4, 21-23.
ministration de l'Egypte pendant la fa 4° Pharaon, l'un des trois ou quatre
mine, n'avait rien de national, et qu'elle rois contemporains de Moïse. On ne peut
ressemblait plutôt à une exploitation qu'à dire si le « nouveau roi, » Ex. 1, 8., qui
ungouvernement. Il n'yavait qu'un étran se signala par une oppression si impoli
ger qui pût, en échange de la vie, deman tique des Hébreux, et qui en donna
der à ses sujets leur or, leur argent, leur l'exemple , est le même que celui qui
bétail, puis leurs terres, et enfin leur li donna l'ordre plus barbare encore de faire
berté. Une vente aussi impitoyable ne périr leurs enfants màles, Ex. 1, 16-22.,
pouvait être le fait que d'un avide con et qui, Sans le savoir, servit de père
quérant, sans rapports d'origine avec ses adoptif à l'un d'entre eux, à Moïse, qu'il
administrés ; d'ailleurs il faut ajouter élevait à sa cour, et qui devait affranchir
qu'un roi légitime, et véritablement égyp ses frères captifs. Si ce sont deux per
: tien, n'eût pu acheter la liberté de ses sonnages distincts, le premier est incon
• t .
PHA 172 PHA

nu; le second serait, d'après la chrono peuple, et ils s'appuient sur ce que ce
logie mouvelle, Thoutmosis Il, cinquième n'est pas dit expressément dans le texte,
roi de la 18e dynastie, qui est monté sur et sur le silence pOstérieur des histo
le trône l'an 1736 av. C. Son nom se re riens sacrés sur un si grand événement ;
trouve Act. 7, 18. Hébr. 11,23. mais cette mort résulte de la simple lec
5° Pharaon, deuxième contemporain ture du texte, faite sans préoccupation
de Moïse, celui sous le règne duquel le chronologique.
futur législateur du peuple juif essaya, 7° Pharaon, contemporain de David,
pour la première fois, de se faire recon 1 Rois 11, 18., et suiv. Il accorda sa pro
naître comme tel à ses frères, en tuant tection, et donna sa belle-sœur en ma
un Egyptien, Ex. 2, 23. 4, 19. Act. 7, riage à Hadad, roi d'Idumée, dépossédé
23. On pense que c'est Aménophis lI, par les Hébreux. Cette protection était
huitième roi de la 18e dynastie, 1687 av. un acte d'hostilité contre David; elle dura
C. Les paroles, Ex. 4, 19.: « Tous ceux pendant toute la vie de ce prince, et
qui cherchaient ta vie sont morts » se rap prouve combien les Pharaons étaient puis
portent aux parents de l'Egyptien tué par sants, puisqu'ils ne craignaient pas de bra
Moïse, et non à Aménophis, car celui-ci ver le monarque israélite aux jours de sa
était mort depuis bien des années, au plus grande prospérité. — Ce Pharaon a
moins dix ans, et s'il ne se fût agi que été l'un des rois de la 21e dynastie, celle
de lui, Dieu eût pu, longtemps aupara des Tanites, qui a duré de 1101 à 971 av.
vant déjà, faire savoir à Moïse qu'il pou C. On présume qu'il doit être distingué
vait quitter Madian pour l'Egypte. du suivant, et que plusieurs rois tanites
6° Pharaon , troisième contemporain se succédèrent avant celui qui fit alliance
de Moïse, Ex. 3, 10. 4, 21. 5, 1., régnait avec Salomon. Hadad était fort jeune
depuis plusieurs années, quand le cri de quand il s'enfuit en Egypte, et il avait un
la liberté vint retentir au sein du peuple fils élevé parmi les fils du roi, lors de la
juif, dont il avait rendu plus dure encore mort de David.
la captivité. Sommé par les deux frères 8° Pharaon, contemporain de Salomon,
hébreux, mais appuyé de Jannès et de 1 Rois 3, 1. 7, 8. 11, 1. Cant. 1, 9.2
Jambrès, il voit successivement dix fléaux Chr. 8, 11. (1001 ou 1013 av. C.). Il fit
ravager son pays, et ne cède enfin que alliance avec Salomon, lui donna sa fille
lorsqu'il se voit frappé lui-même dans la en mariage, et donna à celle-ci, pour dot,
personne de son fils aîné ; mais il ne cède la ville de Guézer, que ses troupes avaient
qu'à la force, et, quand sa douleur com prise sur les Philistins, et qu'elles avaient
mence à se calmer, sa politique reprend incendiée peut-être par vengeance. Der
le dessus, il se lève avec son armée, et nier roi de la dynastie des Tanites, il fut
vient périr avec elle dans les flots de la détrôné, et peut-être tué par Sisac ; c'est
mer Rouge, en essayant de poursuivre à lui qu'on pense que Salomon fait allu
les esclaves que Dieu affranchissait, Ex. sion, Eccl. 4, 14.
14, 3. Ce Pharaon serait, d'après les cal 9° Pharaon, v. Tirhaca.— 10° v. Néco.
culs modernes, Hor ou Horus, neuvième — 11° v. Hophra.
roi de la 18e dynastie : il a commencé à PHAREZ, Gen. 38, 29. 46, 12., un des
régner 1657 av. C. Son nom se retrouve jumeaux , fils de Juda et de Tamar, et
fréquemment Ex. 15, 4. 18, 10. Deut. 6, l'un des ancêtres de notre Sauveur,
21. 7, 8. 11, 3. 29, 2. 34, 11. Ps. 135, 9. Matth. 1, 3. Luc 3, 33. Il n'est connu que
136, 15. 2 Rois 17, 7. Néh. 9, 10. Hébr. par un singulier détail de sa naissance,
11, 27. Sa vie a été, en quelque sorte, qui lui assura le droit d'aînesse quand
une lutte continuelle contre Dieu ; mais tout pouvait faire croire que Zara son
lui-mème n'y a voulu voir qu'une lutte frère viendrait au monde avant lui. Par
entre ses magiciens et ceux des Hébreux. tout ailleurs il n'est mentionné de lui
Il s'est endurci, et Dieu a ôté les roues que son nom, Nomb. 26, 20. Ruth 4, 18.
de ses chariots dans la mer. Quelques 1 Chr. 2, 4.4, 1.
auteurs doutent qu'il soit mort avec son PHARISIENS.Trois classes, ou sectes,
PHA 173 PHA
4.

qui se retrouvent continuellement dans s'occupaient surtout d'agriculture et de


l'histoire de l'Eglise chrétienne sous dif médecine. Josèphe et Philon en parlent
férents noms, parce qu'elles correspon avec détail, et Josèphe est d'autant plus
dent à trois fausses tendances, à trois digne de foi qu'il avait lui-même vécu
principes de corruption du cœur de parmi eux. Ils attachaient un prix exces
l'homme, la superstition, l'incrédulité, et sifà certains usages tout à fait extérieurs:
le mysticisme, trois sectes, disons-nous, on ne pouvait être reçu dans leur ordre
se distinguaient parmi les Juifs au mo qu'après un noviciat de trois années, et
ment de l'apparition du christianisme ; alors on devait prêter un serment solen
c'étaient les pharisiens, les sadducéens, nel de ne révéler à personne le nom des
et les esséens ou esséniens : les premiers anges ; c'était dans ce seul cas qu'ils au
représentaient la superstition et la piété torisaient le serment. lls mettaient aussi
cérémonielle, tendance qui se retrouve une grande importanceàune certaine clas
dans la communion romaine ; les seconds sification qu'ils avaient établie entre eux.
représentaient l'incrédulité rationaliste, D'autres détails encore de leur vie par
et le néologisme est de tous les temps ; ticulière, leurs vêtements blancs, leur
les derniers n'étaient sous un autre nOm haine du mariage, leur mépris des riches
que des mystiques. Les deux premières ses, leur obéissance aveugle aux supé
classes sont seules nommées dans l'Ecri rieurs de leur choix, etc., montrent qu'ils
ture ; il n'est parlé de la troisième que n'étaient pas libres de la véritable liber
dans l'ouvrage rabbinique Sepher Joucha té, et qu'ils avaient recherché à plusieurs
sin (liber genealogiae) ; nous en dirons égards une sagesse faussement ainsi nom
cependant quelques mots. mée. •
Le nom d'esséens s'explique de diver Avant d'en venir à la secte qui fait le
ses manières, soit que d'origine syriaque sujet de cet article, disons encore qu'il y
il signifie bon et pieux, soit que d'origi avait à côté de ces trois classes d'hom
ne caldéenne il rappelle les occupations mes, une autre classe, le résidu selon
médicales des esséens. Leur origine est l'élection de grâce, les enfants d'Israël
tout à fait inconnue ; On pense que dans qui avaient reçu la parole de Dieu, pour
les guerres des Syriens (Séleucides) con qui cette parole était vivante, et qui mar
tre les Juifs, des hommes pieux, pour se chaient suivant ses préceptes : sous le
soustraire à la tyrannie des ennemis, se nom de caraïtes, ils ne formaient cepen
retirèrent dans les déserts, et qu'ils y dant pas une secte particulière, mais se
menèrent une vie austère et religieuse, trouvaient mêlés soit au milieu du peu
à laquelle ils prirent goût, et qu'ils ne ple, soit quelquefois parmi les pharisiens
voulurent plus abandonner, même après et les esséens : ils attendaient la consom
que leurs ennemis se furent retirés D'au mation d'lsraël; la parole de Dieu nous
tres, éprouvant le besoin de se retirer du en offre quelques exemples, Siméon, Ni
monde, se rendirent auprès d'eux pour codème, Gamaliel, Paul, etc.
servir Dieu dans la retraite. Il est proba Quant aux pharisiens, ils étaient les
ble qu'ils ne furent pas sans rapports plus considérés des théologiens juifs, et
avec les mystiques juifs des siècles pré représentaient la superstition et la tradi
cédents, et qu'ils aspirèrent à imiter, si tion. Leur nom dérivé de parash, dis
non à les remplacer, les nazariens, les fils tinguer, séparer, expliquer, signifie selon
des prophètes, les Récabites, et les As quelques-uns, interprètes, explicateurs
sidéens de 1 Macc. 7, 13. sq. 2 Macc. 14, (de la loi), docteurs ; mais la forme du
6. Nous les trouvons, d'après le témoi nom ne favorise pas cette signification,
gnage de Pline l'Ancien, formant une es d'autant moins que l'interprétation de la
pèce de colonie religieuse, sur les rives loi n'occupait pas les pharisiens plus
- occidentales de la mer Morte; cependant qu'autre chose, et que c'était plutôt l'af
ils ne restèreiît pas longtemps dans ces faire des scribes. Il vaut donc mieux en
limites, et s'étendirent de cette partie du tendre par pharisiens, des hommes qui
pays dans différents lieux voisins. Ils se séparent, qui se distinguent des au-.
-
PHA 174 PHA !

tres. Leur origine n'est pas bien connue; posaient. La plupart ne chérchaient dans
il est probable que bientôt après la cap la pratique de ces minuties qu'une cer
tivité babylonienne, des hommes pieux taine réputation de sainteté; quelques
ou feignant de l'être, commencèrent à se uns cependant étaient sans doute sèrieux,
distinguer, surtout alors que la grande et pensaient mériter de cette manière la
synagogue n'existait plus. Le commande faveur divine; mais c'était une erreur,
ment de la grande synagogue d'entourer dans un sens, tout aussi dangereuse que
la loi d'une haie (Pirke Aboth. 1.), et l'in l'hypocrisie des autres, puisqu'elle intro
fiuence de la civilisation grecque, qui duisait cette idée de mérite, de justifica
avait gagné du terrain dans l'Asie Anté tion propre, si fatale au salut comme à la
rieure depuis Alexandre le Grand, ne SanctificatiOn de l'âme.
pouvaient pas manquer de provoquer Il faut reconnaître que les pharisiens
parmi les Juifs, le zèle de plusieurs indi ont formé dans l'Eglise juive une opposi
vidus qui se crurent appelés à la défense tion absolument nécessaire, d'un côté,
de la vérité révélée à leurs pères. Il est contre le bras séculier, de l'autre, contre
encore probable que c'étaient au com l'esprit mondain et la civilisation incré
mencement de vrais fidèles , et les hom dule des Grecs; ils ont été les gardiens
mes pieux qui dans la guerre des Mac fidèles de la révélation écrite, et c'est à
cabées se sont mis en avant pOur com leur fermeté, à leur opiniâtreté, que nous
battre et mourir en l'honneur de la reli devons peut-être en grande partie la con
gion des pères, appartenaient peut-être servation du recueil des auteurs Sacrés
à cette secte. Mais en tout temps si une de l'ancienne alliance.
œuvre de Dieu a grandi, l'orgueil humain Leur autorité était grande auprès du
et l'hypocrisie la déshonorent ou la rem peuple, et les princes étaient obligés de
placent, et ceux qui étaient dans l'origine les ménager et de compter avec eux.
des hommes pieux, se présentent plus On voit sous ces rapports que cette
tard dans l'histoire comme pharisiens, secte occupait au milieu de l'Eglise juive
mettant tous leurs efforts à être distin la même place que la secte romaine au mi
gués des hommes. lieu de l'Eglise chrétienne : l'une et l'autre
Le caractère principal de leur doctrine ont eu les mêmes qualités, les mêmes vi
était leur attachement aux traditions de ces, le même genre d'influence, comme
leurs maîtres, à la Kabbala (on peut voir, jusqu'à un certain point une origine sem
sur la Kabbale, un Discours ou disserta blable, et une même mission.
tion du prof. Pétavel de Neuchatel, 183s); Le Talmud, à sa manière, donne le ta
ils en faisaient plus de cas que de l'Ecri bleau suivant des diverses nuances ou
ture elle-même : leur système théologique subdivisions du pharisaïsme : 1° Ceux qui
se composait ainsi de doctrines d'origine ont les épaules inclinées vers la terre ;
juive, et de doctrines d'origine étrangère, 2° celui qui traîne les pieds à force de
qu'ils savaient, au moyen d'une méthode piété;3° celui qui se fait saigner: il ferme
allégorique, trouver, ou, pour mieux dire, toujours les yeux pour ne rien voir qui
mettre dans l'Ancien Testament. Ils pré l'induise en tentation, et souvent il se
tendaient que plusieurs des faits de l'an heurte et se blesse ; 4° le pilon : celui qui
cienne alliance n'étaient que des allégo est tout retiré, recoquillé sur lui-même;
ries grossières, qui révélaient à l'homme 5° le pharisien sincère, qui ne veut faire
spirituel une doctrine d'un ordre plus éle autre chCse que son devoir ; 6° celui qui
vé. Ils enseignaient, contrairement à l'er fait tout pour être récompensé de Dieu ;
reur saducéenne, l'immortalité de l'âme, 7° ceux qui craignent l'Eternel : c'est la
des rétributions et un jugement après la meilleure classe. (v. Wettstein, Nouveau
mort, et la résurrection des corps. Testament, 1,262.474., Schœttgen, Horae
Leur culte était surtout extérieur; c'était hebr. etc. 1, 176.) -

une observation exacte, mais formaliste, Les pharisiens disparaissent de l'his


de la loi, des exercices ascétiques minu toire depuis l'époque de la destruction
tieux, des espèces de martyres qu'ils s'im de Jérusalem par les Romains; leur sys
PHE 175 PHE

tème et leurs doctrines, cependant, pa Les limites de la Phénicie étaient peu


raissent avoir été conservés par les tal déterminées ; elle comprenait les îles si
mudistes. tuées près des côtes, telles que celle
PHÉBÉ, diaconesse de l'église de Cen d'Aradus. Ses frontières septentrionales
chrée près de Corinthe. Saint Paul, à qui étaient marquées par le fleuve Eleutherus;
elle avait donné l'hospitalité, la recom à l'orient s'élevait la chaîne du Liban ; à
mande aux chrétiens de Rome, Rom. 16, l'occident la mer ; au sud peut-être la
1., et l'on croit que ce fut elle aussi qui ville de Dora et les hauteurs du Carmel.
fut chargée, ainsi que l'indique la sous Le nom de Phénicie était ainsi pris dans
cription de cette lettre, de porter aux Ro un sens tantôt plus large, et tantôt plus
mains l'épître que l'apôtre leur adressait. restreint. Toute la contrée formait une
PHENICIE. Ce nom dérive, suivant les plaine fertile, bien arrosée, semée de col
uns, du mot grec potvt# qui signifie pal lines, de villes et de campagnes magnifi
mier; suivant d'autres, de Phénix, frère de ques ; c'est maintenant encore une des
Cadmus, lequel, après avoir en vain cher plus belles parties de l'Asie Mineure.Tyr
ché sa sœur Europe, que Jupiter avait en et Sidon sont les villes les plus connues
levée, sous la forme d'un taureau, se fixa de la Phénicie ; d'autres sont encore nom
sur cette côte à laquelle il donna son nom. mées, soit dans l'Ecriture sainte, soit
D'autres disent que des Phéniciens, qui dans les apocryphes, Orthosia ( Ara
habitaient d'abord sur les bords de la mer dus),Tripolis, Byblos, probablement aussi
Rouge, vinrent former plus tard des éta Bérytus (v. Bérothaï).
blissements sur un point des côtes de la Les Phéniciens surent mettre à profit
Méditerranée, auquel ils donnèrent leur toutes les ressources que leur offrait leur
Il0IIl. étroit territoire : le Liban leur fournis
La Phénicie n'est qu'une langue de sait en abondance du bois de construc
terre resserrée entre la mer et les mOn tion; près de Sarepta, ils trouvaient des
tagnes; quelques auteurs en prolongent mines de fer et de cuivre : les côtes abon
l'étendue jusqu'aux limites de l'Egypte ; daient en coquillages à pourpre; l'argile
mais, depuis la conquête de la Palestine et le sable servaient à la fabrication du
par les Hébreux, la Phénicie était assez verre. Tout se réunissait pour faire des
bornée, et ne possédait rien dans le pays Phéniciens le peuple le plus industrieux
des Philistins : elle avait aussi très peu et le plus commerçant de l'ancien monde;
d'étendue du côté des terres. Avant que ils eurent, en conséquence, des colonies
Josué eût fait la conquête de la terre et des stations de commerce dans tout
promise, tout ce pays était habité par les l'Orient, dans les îles de la Grèce, en
fils de Cam, partagés en onze familles ; Italie, en Sicile, en Espagne, sur les côtes
celle de Canaan, la plus puissante, reçut d'Afrique, pour l'écoulement, soit de
des Grecs le nom de Phénicie, à cause leurs propres produits en verre, en fin
des nombreux palmiers qu'ils trouvèrent lin, en teintures, soit des produits des
chez eux. Ce furent les seuls peuples nations qu'ils visitaient, et avec lesquel
dont quelques débris conservèrent leur les ils faisaient des échanges, Ez.27, 12.
indépendance sous Josué, les juges et les sq. Es. 23, 1. Ils tiraient l'ambre du
rois. Plus tard, sous les Maccabées, la nord de l'Europe, l'étain de l'Angleterre,
Phénicie devint une province de Syrie, et faisaient, du temps de Salomon, le
unie à la Célésyrie, et gouvernée avec voyage d'Ophir, 1 Rois 9, 27. 10, 22.
cette dernière province par un seul et D'après quelques indications de Diodore
même chef ou sous-gouverneur, 2 Macc. de Sicile (4, 23. 5, 19.), il paraîtrait
3, 5., etc. Dans le livre des Actes 11, 19. même qu'ils poussèrent jusqu'en Amé
15, 3. 21, 2.3., elle est unie tantôt à Chy rique. La plus célèbre de leurs colo
pre et à la Syrie, tantôt à la Samarie, et nies fut celle de Carthage. D'après l'his
désignée comme un pays de côtes; elle torien Procope, on trouva à Tingis, en
était alors romaine , et appartenait à la Afrique, deux colonnes de marbre blanc
province de Syrie. - dressées près de la grande fontaine, où
PHE 1 176 PHI
on lisait, en caractères phéniciens:« Nous PHÉNIX, Act. 27,42, port de mersi
sommes des peuples qui avons pris la tué sur la côte méridionale de l'île de
fuite devant Jésus (Josué), fils de Navé
Crète;
était là un
(Num).. Ils se distinguaient comme archi villepeuduplus loin,nom
mème versdont
le sud-est,
parlent
tectes et sculpteurs; on les regarde com Strabon et Ptolémée.
me les'inventeurs de la navigation et des PHERESIENS, peuplade cananéenne
voiles de vaisseaux. Ce fut enfin, dit-on, dont il est déjà parlé aux jours d'Abra
un Phénicien, Cadmus , qui porta en ham, Gen. 13, 7. Ils occupaient, à cette
Grèce la connaissance des lettres de l'al époque et encore du temps de Jacob, le
phabet. " centre de la Palestine, 13, 7.34,30.; plus
Phœnices primi, fama si creditur, ausi tard ils s'avancèrent vers le nord et se
• Mansuram rudibus vocem signare figuris. fixèrent sur les montagnes d'Ephraïm,
- ( LUcAIN.)
Jos. 11, 3. 17, 15. Il en restait encore
C'est de lui que nous vient cet art ingénieux quelques traces au temps de Salomon, 1
De peindre la parole et de parler aux yeux,
Et par des traits divers de figures tracées, Rois 9, 20.
Donner de la couleur et du corps aux pensées. PHILADELPHIE, Apoc. 1, 11. 3, 7.,
| (BRÉBEUF.) ville de l'Asie Mineure située dans la Ly
· Les villes phéniciennes issues de Sidon, die à 12 lieues sud-est de Sardes. On y
la ville-mère, se rendirent promptement trouva de bonne heure une église chré
indépendantes les unes des autres, et tienne dont le conducteur est hautement
adoptèrent pour gouvernement une mo loué et approuvé par l'apôtre « comme
narchie modérée; cependant Tyr ne tar ayant gardé la parole ». Cette ville fut bâ
da pas à faire sentir sa prépondérance, à tie par Attalus Philadelphe, roi de Per
grouper les autres villes autour d'elle et game ; elle avait peu d'habitants à cause
à les dominer. La Phénicie, perdue au des fréquents tremblements de terre
milieu des immenses monarchies de l'an auxquels elle était sujette; les Philadel
cien monde, fut soumise pas les Assy phiens, livrés entièrement à l'agricul
riens, resta sujette des Babyloniens et ture, se retiraient dans la campagne dont
des Perses, passa des Séleucides aux Ro le sol est très fertile; elle tomba avec
mains, et fait aujourd'hui partie de l'em le reste du pays au pouvoir des Ro
pire Ottoman. mains, 133 ans av. C. — On a fait beau
Sanchoniathon est le principal auteur coup de suppositions sur la personne du
connu qui ait illustré l'ancienne Phénicie, pasteur de cette Eglise, on a cru que c'é-
mais ses ouvrages sont perdus : Philon tait saint Quadrat, mais rien ne l'établit.
Byblius les traduisit dans le second siècle Dans le système d'interprétation qui voit
de notre ère, et cette traduction est éga l'histoire complète de l'Eglise chrétienne
lement perdue : nous n'en possédons dans les sept épîtres de l'Apocalypse,
qu'un fragment qui nous a été conservé l'Eglise de Philadelphie représente l'é-
par Eusèbe, Prép. év. 1, 10. , encore poque de la Réformation.
n'est-il peut-être que de troisième ou Philadelphie est aussi le nom que reçut,
quatrième main. On a cru un moment, il mais assez tard, la ville de Rabbath-Ham
y a une dizaine d'années, avoir retrouvé | m On, q. V. -

en Portugal un manuscrit complet de By PHILEMON, fidèle de Colosses en Phry


blius, mais cette découverte n'a pu sou gie, converti peut-être à la foi chrétienne
tenir l'examen de la critique. — On pos par un des disciples de Paul ou par Paul
sède encore quelques inscriptions phéni lui-même dans un de ses voyages, mais
ciennes en Chypre, à Malte, à Athènes, non à Colosses. Sa femme était chrétienne
en Sicile, et ailleurs, soit sur des monu comme lui, et c'est dans leur maison que
ments, soit sur des médailles; les carac les frères se réunissaient pour rendre
tères ne diffèrent pas essentiellement de leur culte au Seigneur, v. 2. On a voulu
ceux que l'on retrouve sur les monnaies conclure de ce que Paul l'appelle son .
samaritaines, et paraissent leur avoir servi compagnon d'œuvre, qu'il était ancien ou ,
de types. • !
diacre dans l'Eglise de Colosses; la tra- ,
-- ,
º*•. :, •s -

pHl 177 PHI

dition le fait mème évêque de cette ville, ments marchaient sans lui vers l'exécution
et rapporte qu'ila souffert le martyre sous de cette idée chrétienne; et si quelques
le règne de Néron. D'après le faux Doro missionnaires romains ont individuelle
thée il aurait été évêque de Gaza. On mon ment parlé d'affranchissement au Para
trait encore sa maison à Colosses au cin guay ou dans les Indes, ils l'ont fait parce
quième siècle. Philémon serait probable que leurs liens avec Rome s'étaient des
ment tout à fait inconnu sans la lettre que serrés; ils ont été seuls, leur Eglise n'a
lui écrivit l'apôtre au sujet d'Onésime son rien fait; on connaît la conduite aux An
esclave. Cette épître dont l'authenticité tilles, de ces prêtres qui n'étaient pas
n'est pas contestée, modèle d'onction et eux-mêmes affranchis par l'Evangile.
d'éloquence persuasive, fut écrite de PHILETE. On ne sait rien de positif
Rome pendant la première captivité de sur sa personne ; v. Hyménée.
l'apôtre, v. 23., et portée par l'esclave PHILIPPE. Les livres apocryphes con
repentant qui, sans cette recommanda naissent trois hommes de ce nom, que
tion, eût pu craindre les transports phry nous ne rappelons ici que pour mémoire,
giens d'un maître justement irrité, soit le père d'Alexandre-le-Grand, 1 Macc. 1,
que le christianisme n'eût pas encore en 1. 6, 2., le roi de Macédoine fils de Dé
tièrement adouci le caractère de Philé métrius II, vaincu par le proconsul Quinc
mon, soit qu'Onésime ne fût pas lui tius Flaminius ; il y est fait allusion 1
même assez avancé pour comprendre les Macc. 8, 5.; enfin un favori d'Antiochus
effets de la grâce sur le cœur (Médit. de Epiphanes qui fut nommé gouverneur de
Rochat, t. I). la Judée, 2 Macc. 5, 22.
Cette épître qui semble maintenir les On trouve dans le Nouveau Testament
droits d'un maître sur son esclave, est quatre hommes et une ville de ce nom.
cependant, à la bien considérer, le pre 1° Philippe, fils d'Hérode le Grand et
mier pas fait vers l'abolition de l'escla-, de Cléopâtre, qui devint à la mort de son
vage. Onésime avait eu tort de s'enfuir, père tétrarque dans la Batanée, la Gaulo
et il en est blâmé; Philémon avait ac nite, la Trachonite, la Panéade, l'Auranite
quis des droits matériels sur cet es et l'Iturée, Luc 3, 1. D'un caractère doux
clave, et il ne pouvait en être dépouillé et facile, de beaucoup le meilleur des fils
sans être en même temps indemnisé ; d'Hérode, il s'occupa avec zèle des affaires
c'est ce que l'apôtre paraît indiquer aussi; publiques, agrandit la ville de Bethsaïda
mais en réalité quels droits un homme qu'il nomma Juliade en l'honneur de la
peut-il avoir sur un autre homme 9 Oné fille d'Auguste, embellit et fortifia la ville
sime devenu chrétien n'est plus un es de Panéade au pied du Panium, non loin
clave, il est au-dessus d'un esclave, c'est des sources du Jourdain, la nomma Césa
un frère, un frère bien-aimé; l'apôtre le rée en l'honneur de Tibère, et vit son
recommande comme ses entrailles, il de nOm réuni à celui de son maître dans la
mande qu'il soit reçu comme il le serait désignation de cette ville qu'il était né
lui-même. C'est le langage d'unabolition cessaire de distinguer de l'autre Césarée,
niste, et il ne saurait en être autrement; Matth. 16, 13. Marc 8, 27. Il mourut
le christianisme émancipe; aussi partout à Juliade, la vingtième année de Tibère,
où la religion chrétienne a été reçue et l'an 33 ou 34 de l'ère chrétienne, après un
comprise, l'esclavage a été flétri comme règne d'environ trente-cinq ans. Comme
il devait l'être ; c'est une des gloires du il n'avait point d'enfants, ses possessions
protestantisme d'avoir le premier levé le passèrent à la province romaine de Syrie.
drapeau de l'affranchissement, les frères 2° Philippe, Luc 3, 19., connu dans
Moraves aux Antilles, le quaker Bénézet l'histoire sous le nom d'Hérode, paraît
(de Saint-Quentin) en Amérique , Wil avoir, en effet, porté ces deux noms. Il
berforce, Buxton, Clarkson, partout : le était frère de père du précédent, fils de
catholicisme s'est fait traîner à la remor Hérode le Grand et de la seconde Ma
que, et il ne s'est décidé qu'il y a peu riamne, fille du grand-prêtre Simon. Dés
d'années, lorsqu'il a vu que les gouverne hérité par son père, il eut une vie obs
II. 12
#4!*

PHi 178 piii


- i - | | | * 1! • ,! -
-

* - _ | | : ' , ! ! **- º -- ' ,« . '

cure, et n'est guère connu que par sa rend avec lui auprès du Seigneur : la ré
† sa fille. Hérodiade, aigrie peut ponse qu'il leur donna permet de croire
être de obscurité de son mari, se laissa que ces Grecs nourrissaient à son sujet
séduire par Hérode Antipas, frère de ce quelques-unes des idées alors assez répan
lui-ci, Matth. 14, 3. Marc 6, 17. Salomé dues d'une royauté terrestre, cf. Matth.
sa fille épousa, dit-on, son oncle, Phi 20, 20. Marc. 10, 35.; ils avaient peut
lippe, celui dont il est parlé ci-dessus, v. être été témoins de son entrée triom
Hérode. phale à Jérusalem, ils avaient entendu les
3° Philippe, apôtre, de Bethsaïda, dis cris et les vœux de la multitude, ils dési
ciple d'abord de Jean-Baptiste, puis de raient voir pour se le concilier le futur
Jésus, Matth. 10, 3. Marc 3, 18. Luc 6, roi du pays. L'historien sacré ne dit pas
14. Act. 1, 13. Il fut l'un des premiers à si la réponse du Seigneur les attira ou si
qui le maître dit : Suis-moi. C'est l'Evan elle les repoussa, s'ils se joignirent à lui
gile de saint Jean qui nous donne le plus ou s'ils s'en éloignèrent. Enfin, 14, 8.,
de détails sur sa vie, sans qu'il y en ait comme Jésus enseignait ses disciples et
assez cependant pour qu'on puisse déter qu'il les préparait à une prochaine sépa
miner bien exactement son caractère. ration en leur disant que quiconque le
Ainsi sa vocation est racontée 1, 43.sq., connaissait connaissait aussi son père,
et d'après les détails qui en accompa Philippe, dont la foi n'était pas encore as
gnent le récit, d'après la conversation de sez simple pour comprendre le sens na
Philippe avec Nathanaël, on voit que Jé turel des paroles de son maître, ni assez
sus avait eu déjà un entretien particulier éclairée pour se rappeler qu'il y a dans les
avec son nouveau disciple, et qu'il s'était révélations de Dieu des mystères inson
fait connaître à lui. Les paroles de Phi dables, lui dit : « Montre-nous le père, et
lippe à Nathanaël : « Viens et vois » mon cela nous suffit ; » il recut pour réponse
trent déjà que l'esprit du christianisme ces paroles pleines à la fois de douceur
est le prosélytisme, et en outre que c'est et de reproche : Philippe, je suis depuis si
un prosélytisme chrétien qui repose sur longtemps avec vous, et tu ne m'as point
la preuve et la persuasion.—6, 5. Le Sei connu ! celui qui m'a vu a vu mon père.
gneur veut éprouver la foi de Philippe, Paroles qui résument toute la doctrine
c'est pour cela qu'il lui dit lors du mira chrétienne sur les rapports du Père et
cle de la multiplication des pains : « Où du Fils, en établissant leur inséparable
achèterons-nous des pains afin que cette unité sans confusion des deux personnes,
multitude ait à manger ? » Il est inutile de et qui devaient en même temps rappeler
rechercher si Philippe était chargé de au chrétien, encore juif par ses habitudes
quelques fonctions spéciales dans le col et ses souvenirs, que le Dieu d'Abra
lége des apôtres ; c'est peu probable, et ham, d'Isaac et de Jacob ne se manifeste
d'ailleurs ce n'est pas là qu'on doit cher aux yeux de la chair que dans la personne
cher pourquoi notre Seigneur s'adresse à de son fils.
Philippe plutôt qu'aux autres ; l'évangé Le caractère de cet apôtre apparaît donc
liste nous explique la demande du Sei comme un mélange de promptitude et de
gneur. L'apôtre ne comprenant pas même timidité, de droiture et de simplicité, de
que Jésus voulût l'éprouver, lui répond respect et de confiance.
comme ayant oublié les miracles précé Depuis le moment où le récit sacré le
dents de son maître : Deux cents deniers nomme pour la dernière fois, Act. 1, 13.,
de pain ne suffiraient pas, quand chacun sa vie est peu connue. La tradition lui
n'enprendrait qu'un petit morceau.Sa foi, donne une femme et des enfants. Il prê
comme celle de ses collègues, avait encOre cha l'Evangile en Phrygie, et mourut à
besoin d'être raffermie. — 12, 21. Quel Hiérapolis; on ignore s'il souffrit le mar
ques Grecs prosélytes, ou des Juifs de tyre. Un évangile apocryphe a été écrit
meurant parmi les gentils, désirant voir sous son nom : les gnostiques l'ont reçu
Jésus, s'adressent à Philippe qui n'ose les comme authentique. On lui a attribué la
présenter seul, consulte André, et se demande faite à Jésus qu'il lui fût permis
PHI | 179 lºlll
d'ensevelir son ère ayant de le suivre, ment en ce sens que le Saint-Esprit trans
† †
l'établit, et le silence de saint Jean est une
porta Philippe mystérieusemen †
airs, et que l'eunuque, qui le cherchait
forte présomption contre rexactitude de des yeux, fut étonné de sa disparition.
cette tradition. ' " On peut les comprendre d'une manière
-

· 4 Philippe, Act. 6, 5.21, 8, un des plus † sans faire la moindre vio


sept premiers diacres de Jérusalem, ap lence au texte : cette œuvre achevée, l'Es
pelé aussi † cf. Eph. 4, 11. 2 prit conduisit Philippe vers un autre
Timoth. 4, 5. Il prêcha l'Evangile avec champ de travail, et l'eunuque ne le re
succès dans la Samarie; ses paroles,con vit plus Le Saint-Esprit a agi sur l'es
firmées par ses miracles, trouvèrent le prit de l'évangéliste, et non sur son
chemin de bien des cœurs, et le magi corps; l'action, pour être spirituelle, n'en
cien Simon lui-même vint lui demander a pas moins été réelle, et c'est ainsi que
l'entrée de l'Eglise. Si ce dernier triom le même Esprit agit encore sur nous. Heu
phe dura peu, les fruits du ministère de reux ceux qui le discernent ! . ·
Philippe furent plus sûrs et plus dura | Quoique le texte ne dise pas positive
bles chez un grand nombre de Samari ment qu'il s'agisse de l'évangéliste, et
tains, et le bruit de cette belle mission non de l'apôtre Philippe, cela ressort de
vint jusqu'à Jérusalem. Au milieu de ses ce qui est dit 8, 1, que tous les membres
travaux, l'évangéliste reçoit, pour un de l'Eglise furent dispersés par les persé
instant, l'ordre de les abandonner; il cutions, excepté les apôtres, qui restè
doit se rendre au midi de la Judée, sur rent à Jérusalem. Le même fait'résulte
la route (la moins fréquentée) qui con encore de la comparaison des versets !
duit à Gaza, et là il fait la rencontre de et 16, ou nous voyons Philippe baptiser,
cet eunuque éthiopien dont la conversion mais les apôtres seuls imposer les mains,
est un des récits les plus touchants du et prier pour l'effusion du Saint-Esprit.
livre des Actes. Il le baptise près d'une Il importe de remarquer aussi que, s'il y
source que la tradition nous montre en avait alors un apostolat, il n'y avait déjà
core à Bethsur, dans les montagnes de plus de clergé : Philippe le diacre n'était
Juda; puis il retourne en arrière, s'arrête pas ce qu'on appellerait volontiers un ec
à Azote, où le Saint-Esprit lui a dit de clésiastique, et cependant il baptise. I
se rendre (Act. 8), et se fixe enfin à Cé baptise, mais le baptême lui-même n'es
sarée, où, plus tard, il eut la joie de don qu'un signe extérieur, il n'entraîne pas
ner l'hospitalité 'au grand apôtre des nécessairement les dons du Saint-És
gentils. Une tradition le fait évêque de prit. Le baptême n'est donné qu'à ceux
Tralles, une autre le fait mourir en paix qui confessent leur foi; il n'est donc
à Césarée. Il eut quatre filles douées du donné qu'aux adultes. La profession exi
don de prophétie, Act. 21, 8.9., circon gée est brève; elle se résume ences mots :
stance qui est relevée peut-être parce • Croire que le Christ est le fils de Dieu. »
qu'elles rendirent des oracles à saint Enfin cette profession n'est éprouvée que
Paul, oracles dont il n'est rien dit, du d'une manière générale, et le premier si
reste, dans le livre des Actes, mais qui moniaque est au nombre des professants,
ne seraient point un fait isolé ni extraor exception peut-être, mais cependant bap
dinaire, cf. 20, 23. - *
tisé. •
" Quelques détails de l'histoire de Phi A notre point de vue, il peut sembler
lippe ont besoin d'être éclaircis. Trois étonnant que Philippe soit appelé à quit
fois dans le chapitre 8, v. 26.29.39., le ter une œuvre pleine d'intérêt, un im
Saint-Esprit agit directement sur sa con mense champ de travail, une mission bé
duite, et, dans le troisième de ces passa nie, pour se rendre auprès d'une seule
ges, il est dit que - l'esprit l'emporta, et âme travaillée, lui adresser quelques pa
I'eunuque ne le vit plus; » paroles qui roles, l'éclairer, et abandonner de nou
semblent avoir quelque chose de mysté veau cette contrée, témoin d'une conver
rieux, et que l'on comprend ordinaire sion isolée. Mais ce récit doit nous être
PHI 18() º PHI
* |# *! | tf1 !
précieux à plus dº titre : il nous mon guste, maître de Rome et du monde, 31
tre'd'abord que Dieu dirige les pas de av. C., transporta dans cette ville un cer
ses serviteurs (s'ils l'écoutent) là où leur tain nombre de colons d'entre ses enne
ministère peut être utile. Ce n'est donc mis, les punissant par l'exil de leur atta
qu'aprés de sêrieuses prières que cha chement à la liberté, et donna à Philippes
que pasteur doit chercher une direction le droit de bourgeoisie italique, et le nom
nouvelle à ses travaux, ou plutôt il doit de colonie romaine, Act. 16, 12.La même
être vigilant à consulter sans cesse, non chose est attestée par des monuments
la chair, mais l'esprit de Dieu; à épier historiques et par diverses monnaies qui
les signes qu'il lui donne de sa volonté, portent : Colonia Julia Philippensis. Luc
de manière à pouvoir dire : l'Esprit m'a l'appelle la première ville du quartier de
enlevé. Les sociétés religieuses ont des Macédoine, non qu'elle fût la capitale de
devoirs semblables, et il ne suffit pas la Macédoine ou de l'un de ses quatre
toujours qu'une œuvre soit plus bénie districts, mais comme un nom d'honneur
qu'une autre pour qu'on doive y faire af qui lui avait été accordé par Auguste
fluer les ouvriers; Philippe devra souvent (Hug), ou peut-être parce que ce fut la
quitter la Samarie en fleurs pour la route première ville que Paul toucha dans son
déserte de Gaza. La communion avec Dieu voyage, Néapolis n'étant, en quelque
peut seule nous faire connaître la volonté sorte, que le faubourg maritime de Phi
de Dieu. D'ailleurs, si la conversion de lippes (Rilliet). L'arrivée des colons ita
l'offfcier éthiopien nous apparaît comme liens fut, pour cette ville, le commence
un fait isolé, elle ne le fut peut-être pas, ment d'une ère nouvelle : les circonstan
et nous ne saurons que dans la vie éter ces lui étant redevenues favorables, elle
nelle les conséquences qu'elle a eues sur se releva de la décadence que la domi
la conversion de cette Ethiopie si ancien nation romaine lui avait originairement
nement chrétienne, et qui, sur les con fait subir, et certains indices de com
fins de l'empire du mahométisme et du merce et de prospérité semblent annon
paganisme, est encore, à l'heure qu'il cer qu'elle avait déjà repris un rang ho
est, comme une oasis de lumière au milieu norable quand saint Paul la visita pour la
des ténèbres, lumière bien pàle sans première fois. Quoique Félibah ne soit
doute, lumignon fumant, mais non éteint. plus maintenant qu'un pauvre village, on
5o Philippes, la première ville d'Europe y retrouve encore en ruines les monu
où saint Paul prêcha l'Evangile, Act. 16, ments de sa grandeur. Au seizième siècle,
42. Venant de Troas, il aborda à Néapo elle était encore la métropole de cent cin
lis, dans le golfe formé par le Strymon, quante églises grecques.
lequel servait de port à Philippes. L'an Paul vint à Philippes, mû par une ap
cien nom de cette ville était Crénidès parition : il y trouva un champ qui pro
(zgºvzt sources), à cause des nombreuses mettait beaucoup. Quelques Juifs peu
sources d'eau vive qui jaillissaient de la nombreux, et privés d'une synagogue, s'y
colline sur laquelle elle était située. Elle réunissaient en dehors de la ville, près
avait été fondée en Thrace par des habi d'une rivière dans un lieu entouré d'un
tants de l'île de Thasos. Philippe de Ma mur mais découvert, et destiné au culte.
cédoine ayant réuni à son territoire une Lydie, marchande de pourpre, fut conver
partie de la Thrace, foRifia Crénidès, tie et baptisée avec toute sa famille; il en
l'agrandit en l'étendant sur toute la hau fut de même d'une servante pythonisse.
teur de la colline, et lui donna son nom, Les apôtres, mis en prison, furent déli
358 av. C. Son territoire renfermait des vrés par l'intervention de la Providence.
mines d'or qui contribuaient à la rendre Paul et Silas quittèrent la ville après avoir
importante et riche en toutes choses. reçu dans l'Eglise leur geôlier et sa famille,
Réduite en province romaine, 148 av. C., Act. 16, cf. 1 Thess. 2, 2. Il y eut donc
illustrée par la triste défaite des chefs du simultanément à Philippes les cultes les
parti républicain, 42 av. C., elle déchut plus divers, un culte romain, un grec, un
peu à peu de son ancienne grandeur. Au macédonien, un asiatique, les mystères
- · · · · ,e !
YH n # 4
PHI 181 PH[
,, , , , , 7.7 ,] ,! || ! . ' ' ' * ºiiiu ( ti 15 s ,
de Samothrace, une assemblée juive, une ) et sobre, il est précédé d'une introduction
église de judéochrétiens et de chrétiens qui sera lue avec intérêt par des lecteurs
d'entre les gentils. Luc et Timothée res de cultures fort diverses. Un commen
tèrent à Philippes, comme cela ressort de taire autographié de Steiger (Lausanne
la forme du récit, le dernier moins long 1836) publié après la mort de l'auteur et
temps que le premier. Cette église resta d'après les notes de quelques-uns de ses
en rapports avec l'apôtre et lui envoya meilleurs élèves, se recommande égale
des dons pour subvenir à ses besoins à ment sous plusieurs rapports, malgré
Thessalonique, Phil. 4, 16., et à Corinthe, l'imperfection inséparable d'une publica
2 Cor. 11. Saint Paul fait l'éloge de ses tion de ce genre. Enfin nous avons lu,
membres, 2 Cor. 8, 1.2. Dans son troi avec bénédiction les Notes sur cette épî
sième voyage missionnaire, allant d'E- tre, autographiées à Lausanne 1843, par
phèse à Corinthe, il passe pour la seconde un frère de l'Ecole de Plymouth. Les ou
fois par la Macédoine; il visite les Phi vrages spéciaux sont au reste nombreux
lippiens à son retour et célèbre avec eux sur cette épître; on en trouvera la liste
la Pâque, Act. 20, 3-6.; c'est alors seu à la page 96 du commentaire de Rilliet,
lement que saint Luc paraît s'être réuni nous n'y ajouterons que le nom d'Usteri
de nouveau à l'apôtre, et avoir quitté Phi (Zurich), et celui de Storr (Tubingue
lippes. 1783).
Le livre des Actes ne nous dit rien de PHILISTINS, peuplade des bords de la
plus sur cette église, mais l'Epître aux Méditerranée, Soph. 2, 5. (mer qui est
Philippiens nous montre qu'elle s'était aussi appelée à cause de cela la mer des
agrandie et qu'elle avait derechef en Philistins, Ex. 23, 31.). Ils habitaient au
voyé des dons à Paul par Epaphrodite, un sud-ouest de la Judée, Es. 11, 14., le ru
de ses membres, 4, 18. Paul avait donc ban compris entre Hékron et le torrent
reçu directement de ses nouvelles; il lui d'Egypte, le penchant occidental des mon
donne des siennes dans sa lettre, et an tagnes de Juda, touchant aux tribus de
nonce à l'Eglise le prochain retour d'E- Dan, de Siméon et de Juda, Jos. 13, 3. Le
paphrodite et l'arrivée de Timothée, 2, nom hébreu de ce pays était Pelèsheth, que
19.25. Les circonstances de cette Eglise, nOs versions ont malheureusement rendu
le but dans lequel l'épître a été composée, par Palestine, Ex. 15, 14. Ps. 60, 8. Joel
le temps où elle a été écrite, ne peuvent 3, 4.; en l'absence d'un autre nom, nous
être compris que par la lettre même; v. le rendrions plutôt par Philistée; on l'ap
Paul. Son authenticité est presque incon pelait aussi tout simplement le pays des
testée, et dans tous les cas incontestable; Philistins, 1 Sam. 27, 1. 29, 11.. etc. Les
les plus anciens témoignages parlent en Septante traduisent souvent le nom hé
sa faveur; Ignace, Polycarpe, Irénée, breu par étrangers, non-seulement à
Tertullien, Clément d'Alexandrie, Ori cause des données historiques de Gen.
gène et Cyprien la citent directement ou 10, 14. Am. 9, 7., mais encore et sur
indirectement; les plus anciens canons la tout à cause de sa signification étymolo
contiennent, même le recueil de Marcion; gique, palash signifiant émigrer, comme
enfin elle porte en elle-même l'empreinte en éthiopien falasa. D'après Gen. 10, 14.,
de la spontanéité, le cachet de l'authen les Philistins sé,aient les descendants des
ticité au plus haut point, repoussant toute Chasluhim, tandis que d'après Jér. 47, 4.
apparence même de falsification motivée Am. 9, 7., ils descendraient des Caphtho
par l'intérêt d'une secte. L'esprit qu'elle rim; on suppose que dans le premier de
respire, c'est surtout celui de l'humilité, ces passages il y a eu transposition d'un
de l'amour, et de l'abnégation chrétien mot, ce qui serait rendu assez probable
ne; l'apôtre y parle à plusieurs reprises par le fait que Moïse lui-même les fait ail
de la joie que lui donne l'état spirituel leurs aussi descendre de Caphthor, Deut.
de ce troupeau. On peut indiquer comme 2, 23.; mais s'il y a eu transposition, l'er
un excellent commentaire, celui de M. Ril reur est fort ancienne, puisqu'elle se
liet (Genève 1841); à la fois savant, clair, trouve, non-seulement dans la version
| ** º l 11'4,
PHI 182 pin
* ' ! _ • •• • • * ,

samaritaine, mais encore dans 1 Chr. 1, au vrai Dieu, Jug. 10,7 li. 13, 1.14, 1.
12., où le passage de la Genèse est ré 15, 4 1. Sous Héli ils s'emparèrent même
pété. Une faute de copiste ancienne se de l'arche sainte, mais une défaite san
comprend, du reste, aussi bien qu'une glante qu'ils éprouvèrent à Mitspa mit
faute plus moderne; si l'on yeut maintenir fin à leur domination de quarante ans,
la double descendance, on peut voir, à l'ar que les travaux de Samson n'avaient pu
ticle Caphthor, la solution la plus proba suffire à repousser complétement, 1 Sam.
ble de cette difficulté. Quoi qu'il en soit, 4, et 7. Le règne de Saül n'en eut pas
on ne met pas en doute que les Philistins moins à compter avec eux, et il les vit
ne soient aussi descendants de Caphthor, aussi souvent vainqueurs que vaincus, 1
et toute la question est de savoir quel Sam. 13, 17. 23, 28. 24, 2.; le courage
est le pays ou le peuple ainsi désigné ; intelligent de Jonathan son fils, et la
nous l'avons examinée à l'article Caph vaillance de David portèrent de rudes
th0r. coups aux agresseurs, 14, 1., etc. 17, 1.
Les Philistins, qu'Abraham trouva déjà 18, 27. 19, 8. Ce dernier, même après
dans ces contrées, constitués en royaume s'être séparé de Saül, continua de tenir
à Guérar, Gen. 21, 34. 26, 1., etc., sont les Philistins en échec, 23. 1,, jusqu'au
célèbres dans l'histoire des Israélites moment où, contraint de chercher à Gath
comme leurs ennemis implacables. Af un refuge, il fut presque amené à faire
franchi de la captivité d'Egypte et mar cause commune avec les Philistins con
chant vers Canaan, le peuple de Dieu tre son roi légitime, mais abandonné
n'osa point aborder le territoire des Phi de Dieu, 27, 1. Vainqueurs dans un der
listins, quoique ce fût le chemin le plus nier combat, les Philistins mirent à mort
court, celui que suivent encore de nos les fils du roi vaincu, qui lui-même se
jours les caravanes qui se rendent d'E- tua pour ne point survivre à son honneur
gypte en Judée (v. Journal d'un Voyage et à sa famille, 31, 1. Leurs attaques ne
au Levant, III), et Dieu les conduisit par se ralentirent point sous le règne de
une route plus longue, afin que leurs David, mais elles furent infructueuses;
troupes nombreuses, mais embarrassées, ils furent battus à plusieurs reprises et
ne fussent pas exposées aux attaques de perdirent même leur ville de , Gath, 2
Cette † forte et courageuse, Ex. Sam. 5, 18. et 21.; cf. 1 Chr. 18, 1. et 2
13, 17. Sous Josué, les Philistins appa Sam. 15, 18.; des guerriers israélites se
raissent comme une espèce de confédéra signalèrent dans ces luttes par des faits
tion d'Etats réunis sous cinq chefs dont d'armes isolés, rapportés 2 Sam. 23, 11.
les résidences sont Gaza, Asdod, Aské Ils furent tranquilles sous Salomon et
lon, Gath et Hékron, Jos. 13, 3, cf. Jug. sous le règne des premiers rois d'E-
3, 3.; leur territoire comprend d'ailleurs phraïm, quoique nous les voyions pen
d'autres villes non murées, 1 Sam. 6, 18. dant cette époque résider assez avant sur
On ne voit pas que Josué ait eu des con le territoire d'Israël, 1 Rois 15, 27. 16,
flits avec eux, et la division du pays telle 15. Tributaires du vaillant Josaphat, 2
que ce général l'ordonna, n'était sans Chr. 17, 11., ils se relèvent sous Joram,
doute qu'un projet dontk réalisation de se joignent aux Arabes, marchent contre
vait s'effectuer † longue, au fur et à Jérusalem, pillent les trésors royaux et
mesure que quelques tribus seraient § enlèvent le sérail et les enfants de la
lidement établies, Jos. 15, 45. 19, 43. famille royale, 2 Chr. 21, 16. cf. Joel 3,
lutte commença presque avec le gouver 4-6.; mais Gath est menacée sous Joas
ment des juges, et parcourut bien des par la Syrie, qui menace aussi Jérusalem,
phases diverses; les tribus méridionales 2 Rois 12, 17.; les Philistins sont de nou
eurent surtout à souffrir de leur belli veau vaincus sous Hozias, 2 Chr. 26, 6.,
queux voisinage, Jug. 3, 31.; les Philis † vainqueurs sous Achah, à qui ils en
tins s'avancèrent assez avant dans le pays, èvent quelques villes de la Judée oc
v. Timna, et asservirent parfois pour cidentale, 2 Chr. 28, 18. cf. peut-être #.
longtemps les tribus devenues infidèles 14, 29. Ezèchias, dans les premières an
PHI 183 PHI
|| | |

nées de son règne, regagne le terrain et des instruments d'agriculture, 1 Sam.


perdu, et reprend ses avantages,
2 Rois 13, 20., par où l'on voit qu'ils connais
18, 8. Asdod tombe entre les mains de saient l'art de travailler le fer. Quant à
l'Assyrie qui, préparant une expédition leur culte, il ne devait pas être très dif
contre l'Egypte, s'empare de cette place férent de celui des Phéniciens ; Astarté,
forte, Es. 20, 1., et Psamméticus, roi et les dieux-poissons de Dagon et d'Ater
d'Egypte, l'arrache à ses nouveaux pos gatis (Derceto)paraissent avoir reçu leurs
sesseurs après un siége de vingt-neuf hommages; v. ces articles. Bahal-Zébub
ans. La Philistée est en souffrance pen résidait à Hékron. Ils possédaient en as
dant tout le temps que durèrent les luttes sez grand nombre des prêtres et des de
· de l'Egypte avec les conquérants asiati vins, 1 Sam. 6, 2.: leurs enchanteurs
ques, qui trouvent sur son territoire un étaient célèbres, Es. 2, 6., et quelques
chemin commode et sûr; Pharaon Né uns de leurs oracles étaient visités par
co, d'abord, puis Alexandre le Grand des gens du dehors, 2 Rois 1, 2. On voit
s'emparent successivement de Gaza, Jér. par 2 Sam. 5, 21., qu'ils avaient l'habitu
47, 1. Au retour de l'exil enfin, les hai de de porter à la guerre les images de
nes s'étant apaisées chez les uns, les leurs dieux. La circoncision leur était
autres ayant oublié les défenses de leur étrangère, 1 Sam. 18, 25. 2 Sam. 1, 20.
Dieu, les Philistins et les Juifs contrac Leur langue appartenait à la même fa
tèrent des alliances qui sont vivement mille que le phénicien et l'hébreu, car
reprochées à ces derniers, Néh. 13, 23. tous leurs noms propres s'expliquent par
| Les livres des Maccabées nous mon la connaissance de cette dernière langue,
trent encore les Philistins comme sujets mais elle constituait, ou elle constitua
de la Syrie ; quelques-unes de leurs vil peut-être avec le temps, un dialecte qui
es sont conquises par des rois juifs, en différait d'une manière asSez n0table,
Pompée les incorpore à la province ro Néh. 13, 24,
naine de la Syrie, Auguste les donne à Les prophètes ont dû s'occuper des
érode, et le nom du pays lui-même se Philistins dans leurs oracles; outre les
perd, ou plutôt il change de forme et de passages déjà cités, nous voyons qu'ils
signification ; la Palestine désigne dès leur reprochent leur haine, leur cruauté,
lors toute la contrée située entre le Liban et leurs superstitions, Es. 2, 6. Am. 1,
et l'Egypte, la mer et le Jourdain.Ainsi 8. Ezéch. 25, 15., et Michée 1, 10. 14.,
s'éteignit ce petit peuple de guerriers qui nomme pour la dernière fois Gath
qui, tantôt vainqueurs orgueilleux, tan démolie par Hozias. Dans un chant guer
tôt vaincus et soumis, mais jamais domp rier, Jérémie (47, 4.) menace les Philis
tês et abattus, s'occupèrent toujours de tins de la désolation de leur pays, cf.
réparer leurs pertes ou d'agrandir leurs Soph. 2, 4-7. Ezéchiel annonce que ces
conquêtes, et revinrent à la charge con maux leur arriveront à cause des dispo
tre Israël aussi longtemps qu'ils existè sitions hostiles qu'ils ont manifestées lors
rent l'un et l'autre comme nation, et de la calamité qui renversa Juda, et So
qu'une occasion favorable leur parut of phonie promet à sa nation la possession
frir une chance de succès. — Nous ne du pays des Philistins aprês leur retour
Savons que peu de chose de leur vie in de l'exil; cf. Abd. 19, Mais Zacharie 9, 6.
térieure et nationale ;ils paraissent avoir et Ps. 87, 4. donnent l'espérance que les
été un peuple cultivé et industrieux, sur Philistins se convertiront au vrai Dieu :
tout pour ce qui tient à la guerre ; une l'accomplissement de cette prophétie ap
tradition leur attribue l'invention de l'arc partient aux derniers temps.
et des flèches ; ils s'occupaient d'agricul La maladie qui affligea les Philistins
ture et notamment des vignobles, Jug. pendant que l'arche séjournait au milieu
· 15, 5. cf. Gen. 26, 1.; peut-être aussi fai d'eux, 1 Sam. 5, 6., est difficile à détermi
| Saient-ils un commerce de transit avec ner : nos versions traduisent l'hébreu par
| l'Egypte. Aux jours de Saül leurs fabri hémorroïdes, ulcères à l'anus, et il est
, ques fournirent aux lsraélites des armes assez probable en effet que c'est de cette
184 dPHI
PHI
affreuse maladie qu'il est question : la père il fut nommé chef supérieur des lé
plupart †† 'auteurs l'entendent vites, Nomb. 3, 32. 4 Chr. 9, 20., et à sa
ainsi. D'a tres cependant traduisent dys mOrt, il lui succéda , comme souverain
senterie † , varices, fistules, etc. pontife , Jos. 24, 33. Jug. 20, 28. Sa fa
On a voulu expliquer d'une manière na mille perdit depuis Héli jusqu'à Abia
turelle comment cette maladie, quelle thar, probablement par l'indignité de l'un
qu'elle soit, a pu atteindre à la fois toute de ses membres, l'honneur de fournir
une population, ou du moins une fort des souverains sacrificateurs ; elle ne re
grande partie d'entre elle. Lichtenstein y couvra ce droit que sous Tsadoc. Deux
voit une espèce de plaie d'Egypte, la faits nous font seuls connaître la vie et le
multiplication prodigieuse d'une sorte caractère de Phinées : le premier est rap
d'araignée, la solpuga fatalis, de la gran porté Nomb. 31, 6. sq. Les Madianites
deur d'une musaraigne, dont la morsure avaient apporté l'impureté dans le camp
est extrêmement douloureuse ; il regarde d'Israël ; un ordre divin avait condamné
en même temps cette plaie comme iden à être pendus tous ceux qui s'abandon
tique avec celle des souris qui ravageaient neraient à ces désordres (25, 4.) ; seuls,
le pays, 6,4.; mais outre que dans ce der Zimri et Cosbi, qui peut-être s'étaient
nier passage il ne peut être question que absentés, avaient évité l'exécution de la
de souris proprement dites, la solpuge sentence : ils reviennent dans le camp, ils
fatale n'a été observée qu'au Bengale ; affrontent à la fois la pudeur et la reli
l'espèce perse et asiatique n'est point gion; Phinées, indigné, pénètre dans leur
aussi dangereuse que la première, qui tente, et frappe de sa lance les deux cou
s'en prend surtout aux parties secrètes, pables; il dut à son zèle l'honneur d'être
et cause des blessures enflammées, qui choisi par Moïse pour être témoin con
occasionnent souvent la mort. Cette opi tre Madian, en accompagnant comme sou
nion est donc abandonnée, et l'on ne sau verain sacrificateur les guerriers qui vont
rait trouver aucune autre explication na se partager le butin ; il lui dut aussi la
turelle du châtiment divin. Que les Phi sacrificature et la promesse qu'elle serait
listins aient fait et suspendu dans leur héréditaire dans sa famille. Cette action
temple des représentations des souris et ne peut être jugée ni par nos mœurs, ni
de leurs hideux ulcères, il n'y a rien là même par nos idées religieuses, elle était
d'étrange : les païens n'en font pas d'au orientale et juive. En frappant les forni
tres, et Diodore de Sicile, 1, 22., nous dit cateurs, Phinées exécutait une sentence
que toutes les nations de l'antiquité of de mort déjà prononcée ; il n'était point
fraient dans leurs temples, en ex voto, meurtrier mais bourreau, et cette charge
des images des parties de leur corps qui était Souvent un honneur en Orient. Il
avaient été guéries de maladies; on peut agissait ensuite conformément à l'esprit
voir encore Aristoph. Acharn. 242 (dans de la théocratie, en exterminant deux en
le scholiaste), et Hérodote 1, 105., des nemis de Dieu, et son zèle pouvait n'avoir
faits qui rappellent d'une manière frap rien de charnel. Pour le comprendre il
pante l'histoire de la maladie et de la gué faut se mettre à la place de Phinées, voir
rison des Philistins. le peuple en deuil, les anciens en priè
PHILOLOGUE, disciple de Rome, in res, Dieu irrité, la conquête de Canaan
connu, Rom. 16, 15. Son nom (ami de la compromise, et deux coupables impunis,
science), a fait croire que c'était un escla braver ce spectacle et rester indifférents
ve affranchi et versé dans les lettres. Une à tant de souffrances et de sérieux ap
tradition le compte au nombre des soi pels ; l'indignation devait parler, se faire
xante-dix disciples, et le fait consacrer jour, un sang jeune et fidèle ne pouvait
plus tard par André comme évêque de rester froid ; la vengeance ne fut point
Sinope dans le Pont. calculée, elle fut inspirée. — Plus tard,
PHINÉES, 1° fils d'Eléazar et petit-fils après la conquête, Phinées reparaît. Les
d'Aaron, Ex. 6, 25. 1 Chr. 6, 4.50. Esd. tribus occidentales craignent que cel
7, 5. 8, 2. Nomb. 25,7, Du vivant de son les qui sont de l'autre côté du Jourdain
pHY 185 PHY
n'abandonnent le culte de Moïse ; un au
tel qui s'élève justifie leurs craintes, mais
d'étymologie grecque, # pré
servatif Les Juifs postérieurs à"l'exil
avant de prononcer, elles envoient vers nommaient ainsi des bandelettes de par
ces frères qui paraissent s'égarer, une chemin sur lesquelles étaient écrits de
ambassade à la tête de laquelle on place passages de l'Ancien Testament, et qu'
Phinées. Dans un discours touchant, qui l'exemple des païens, ils portaient au
respire le zèle de la maison de Dieu, et front ou au bras en guise d'amulettes.
l'amour le plus vrai pour ses frères, Phi Cette coutume se fondait sur une inter
nées (il est du moins probable que c'est prétation littérale et mal entendue de Ex.
lui)expose les craintes d'Israël, et appelle 13, 9.16., et de Deut. 11, 18. 6, 8. Les
les tribus soupçonnées à se justifier. La Juifs écrivaient sur leurs phylactéres les
réponse qu'il reçoit, calme les inquiétu quatre passages suivants : 1° Deut. 11,
des qu'il avait conçues, et, plein de joie, 13-22..—2° Ibid. 6, 4-10.—3" Ex. 13,
il revient à Silo porter à l'assemblée cette 11ê17.4°Ib. 13, 1-10., selon l'ordre qu'ils
heureuse nouvelle. Partout dans sa c0n croyaient en avoir recu. C'étaient surtout
duite on sent un caractère généreux, une les hommes, et au moment de prendre
âme ardente, un cœur aimant; la vivacité leurs repas, qui s'en servaient. On les
et la douceur s'unissent en lui ; prompt à mettait au bras gauche, allant du coude
craindre le mal, il est prompt à excuser jusqu'à l'extrémité du doigt du milieu ;
ses frères et à reconnaître une méprise. c'était le bras du cœur : on les mettait
2° Fils d'Héli. v. Hophni. aussi sur le front, les ceurroies qui les
PHLEGON, disciple de Rome, Rom. retenaient faisant un nœud derrière la
16,14., inconnu; probablement Grec d'o- tête, et venant se rejoindre sur le front.
rigine. Après s'en être servi, on les roulait en
PHRYGIE, Act. 16, 6. 18 »23., petite pointe, et on les enfermait dans une es
province de l'Asie Mineure, bornée au pèce d'étui de veau noir (Léon de Mo
nord et à l'est par la Galatie, qui lui ap dène, Cér. des Juifs 1,2, 4.) Les phylac
partenait avant l'établissement des Gala tères étaient destinés à rappeler solen
tes : la contrée entière, avant l'époque de nellement à ceux qui les portaient, l'ob
ce démembrement, portait le nom de servation de la loi, et l'obligation de s'ap
Grande Phrygie. Au sud le Taurus la sé pliquer de tête et de cœur à la connais
pare de la Pisidie ; à l'ouest et au nord sance et à la pratique de la vérité : ils
la Phrygie avoisine, sans frontières natu ont fini par n'être plus que de vains jou
relles bien marquées, la Carie, la Lydie, joux, comme les chapelets, les rosaires,
la Mysie, et la Bithynie ; à l'est est la etc.; l'esprit de l'institution s'est perdu,
Cappadoce ou Leuco-Syrie, et la Lycao la matière est restée; ce ne furent plus des
nie.On appelait Epictetus ou Phrygied'ac souvenirs, des aides, mais des péniten
quisition, une partie de ce pays qui avait ces, des ornements, ou des symboles de
d'abord appartenu à la Bithynie et que l'orgueil spirituel. — On a voulu voir à
les Romains en détachèrent pour la join tort dans Prov. 6, 21., une allusion aux
dre au royaume de Pergame. C'est là que phylactères, qui sont d'une invention plus
la mythologie a placé plusieurs de ses moderne ; nous en disons autant de l'or
héros et de ses fables : Arachné changée nement dont il est parlé, Ez. 24, 17., or
en araignée, Philémon en chêne, Baucis nement de tête (peér) que nos versions
en tilleul, et Tantale connu par son sup traduisent par bonnet; quelques rabbins
plice, non moins que par son crime. La ont cru y trouver une trace de l'usage
contrée était bien arrosée et fertile ; le dont nous parlons (Jarchi, Chald., etc.),
bétail, et surtout le menu bétail, y pros mais ce sentiment a été réfuté et rejeté.
pérait. Les villes phrygiennes nommées — If paraît que les phylactères étaientre
dans le Nouveau Testament sont Hièra gardés par quelques-uns comme des pré
polis, Colosses, et Laodicée, q. v. servatifs contre l'influence des démons.
PHYGELLE. v. Hermogène. ' . - Les Pères varient du reste beaucoup
a PHYLACTERE, Matth. 23, 5., nom dans ce qu'ils disent à ce sujet ; les Juils
PIE 186 PIE

de leur temps continuaient de porter ces puis, qu'entre les deux autres versions
bandelettes de parchemin; les chrétiens l'une est plus complète que l'autre, mais
de certains lieux commençaient à imiter non contradictoire ou différente. On voit
cet usage superstitieux; Gélase, évêque de d'abord, Jean 1, 40. sq., que Pierre, dis
Rome, l'a condamné pour ce qui le con ciple de Jean - Baptiste, fut instruit de
cernait; il serait à désirer que ses suc bonne heure par André son frère, de la
cesseurs l'eussent imité en cela; le dix venue et de l'œuvre du Messie; Jésus pé
neuvième siècle n'eût pas vu naître la mi nétrale futur apôtre, et lui prédit les des
raculeuse médaille-phylactère, qui a rap tinées auxquelles il était réservé; toute
porté 70,000 fr. aux jésuites de Fribourg, fois, il ne l'appela point encore à le sui
et n'a pas empêché leurs troupes d'être vre, comme il en avait appelé d'autres.
| battues, leurs soldats d'être tués. Un second récit, celui de la vocation pro
PIBESETH, ville nommée Ez.30, 17., prement dite de Pierre, se lit Matth. 4,
à côté de plusieurs autres villes d'Egypte. 18. Marc 1, 16.; mais il est abrégé. Saint
D'après les Septante et la Vulgate ii s'a- Luc 5, 1, sq., le développe et l'étend ;
git de Bubaste, chef-lieu du district de ce c'est dans sa narration qu'on a voulu
nom, dans la partie orientale de la Basse trouver une troisième version d'un même
Egypte, sur un canal dérivé du bras pé même fait (Winer). -

lusiaque du Nil, à 7 lieues sud-est de Après l'entrevue de l'apôtre avec le


Léontopolis. On y voyait un temple célè Sauveur, le premier était retourné en Ga
bre de la déessé Bubastis, que les Grecs lilée ; il avait repris ses filets. Un jour.
identifiaient avec leur Artémis (Hérodote sur les bords du lac, Jésus, pressé par la
2, 59. 137. 138.) Chaque année de nom foule, demande à Simon le secours de sa
reux pèlerinages, environ 700,000 hom nacelle, et se fait conduire à quelque dis
mes, venaient visiter ce monument; pen tance du rivage ; il parle aux troupes, il
· dant le voyage, des femmes jouaient des les enseigne, puis son instruction ache
castagnettes, des hommes de la flûte; le vée, soit qu'il voulût rendre Simon té
reste battait des mains : quand on passait moin de ses œuvres, soit qu'il voulût l'in
devant une ville, les bateaux approchaient demniser du temps qu'il avait perdu, il
du rivage, et l'on criait mille injures aux l'engage à descendre ses filets dans le lac.
habitants. Les chats étaient adorés à Bu En répondant que la pêche de la nuit n'a
baste comme des divinités; on les embau rien rapporté, Simon fait acte de foi et
mait et on leur donnait une sépulture ho d'obéissance, car il jette en même temps
norable. Le prophète annonce la des ses filets; il veut constater qu'il ne le fait
truction de cette ville qui fut en effet prise que par respect pour la parole du maitre
et démolie par les Perses. Elle existait dont il vient d'entendre les enseigne
encore comme souvenir pendant la pé ments, et qu'on lui a déjà fait connaître
riode romaine, et l'on en trouve mainte comme le Messie. Les filets rompent sous
nant les ruines sous le nom de Tell Basta. le poids des poissons qu'ils ramènent, et
PIERRE, apôtre, appelé d'abord Simon tous les doutes du pêcheur sont dissipés ;
ou Siméon, et souvent de ses deux noms il s'écrie à genoux : « Seigneur, retire-toi
réunis Simon Pierre, était fils d'un certain de moi, car je suis un homme pécheur. »
Jonas de Bethsaïda, et s'appelait en con Et Jésus se l'attache pour toujours, en lui
séquence, suivant un usage des Hébreux, annonçant que la pêche qu'il vient de faire
Barjona, c'est-à-dire fils de Jonas, Matth. n'est que l'emblème de ses succès futurs;
10, 2. Marc 3, 16. Luc 6, 14. Jean 21, 15. il sera pêcheur d'hommes vivants.
Domicilié à Capernaüm, il y vivait de son Son nom se trouve dès lors mêlé,
état de pêcheur, Matth. 4, 18.8, 14. Marc avec celui de quelques autres apôtres, à
1, 16, Luc 4, 38. 5, 3. Sa vocation à l'a- l'histoire presque entière de notre Sau
postolat semble racontée de trois maniè veur: il est un de ses compagnons, un de
res différentes, mais une lecture attentive, ses disciples les plus assidus et les plus
et la comparaison des passages montre intelligents; il est témoin de ses miracles,
d'abord qu'il y a eu double vocation, et intervient fréquemment dans ses con
PIE | 187 PIE

versations avec plus ou moins de bon du figuier séché, Matth. 21,20.Marc 11,
heur. Sa belle-mère est guérie par Jésus, 21.; il prend part aux entretiens qui sui
qui était devenu son hôte, Matth. 8, 14. vent les oracles de Jèsus sur la destruction
§ 1, 29. sq. Luc 4, 38. Le lendemain, de Jérusalem, Marc 13,3.; il est chargé de
il va comme les troupes à la recherche de faire avec Jean les préparatifs de la der
Jésus qui s'était retiré pour prier; il a le nière pâque, Matth. 26, 18. Marc 14, 13.
bonheur d'ètre le premier à le rejoindre, Luc 22, 8. Et pendant que le maître veut
Marc 1, 35. Luc 4, 42. Après le premier donner à tous une leçon d'humilité, peut
miracle de la multiplication des pains, la être pour répondre à leurs contestations
nuit, il voit le Seigneur marcher sur les sur la place qu'ils occuperaient dans la vie
eaux, et veut marcher à sa rencontre, à venir (Matth. 18, 1. Marc. 9, 33. Luc 9,
mais sa foi n'est pas à la hauteur d'une 46. 22, 24.), Pierre, toujours vif, refuse
épreuve aussi forte, il doute, et les eaux par deux fois de se laisser laver les pieds
s'entr'ouvrent sous ses pieds, Matth. 14, et ne cède à une affectueuse injonctiqn,
22. Marc 6, 45.Jean6, 17.—A Bethsaïda, que pour se jeter alors dans un autre ex
il fait une profession éclatante de sa foi trême, Jean 13, 6., etc. — Il est moins
en celui qui a les promesses de la vie prompt à juger et à interroger quand Jé
éternelle, Jean 6, 68. : il la réitère dans sus annonce que l'un des douze le trahi
une autre circonstance aux environs de ra : soit que Judas eût réussi à conser
Césarée de Philippe, et reçoit en récom ver jusqu'alors la confiance de ses frè
pense de sa foi de mémorables oracles ; res, soit que Pierre repoussât des soup
mais pour qu'il ne s'élève point au-dessus çons qu'il craignait de voir justifiés, soit
de ses frères, le Seigneur lui fait voir qu'il qu'il désirât voir le traître démasqué, soit
ne comprend pas encore les choses qui enfin que l'incertitude leur fût plus péni
sont de Dieu, et le repousse en termes ble que la réalité, et que devant un oracle
sévères comme un tentateur, Matth. 16, aussi étrange, aussi solennel et inatten
13. sq. Marc8, 27. Luc 9, 18.Témoin de la du, ils en fussent tous venus à se redou
transfiguration, il ne la comprend pas et ter eux-mêmes, à se défier d'eux-mêmes,
confond le repos des saints avec la dou Pierre, voulant connaître le nom du trai
ceur du repos et de la paix terrestres, tre, mais n'osant le demander à haute
Matth. 17, 1. Marc9,2. Luc9, 28.2 Pierre voix, fit signe à Jean, voisin du Seigneur,
1, 16.— A Capernaüm, il consent à payer de l'interroger. Il ne se doutait guère que
pour son maître l'impôt des didrachmes, la peur lui ferait commettre un crime sem
Ex. 30, 13.; Jésus, en lui faisant com blable à celui que la cupidité avait inspiré
prendre, que maître de toutes choses, il à Judas , mais dans la même soirée il re
eût pu s'en dispenser, répond par un mi çut par deux fois des avertissements tout
racle, et le statère se trouve dans la bou ensemble sinistres et consolants. « Là où
che du poisson, Matth. 17, 24. Judas pos je vais, tu ne peux maintenant me suivre,
sédait sans doute cette somme dans la mais tu me suivras ci-après. » — « Si
bourse apostolique, mais le Fils de l'hom mon, Simon, voici, Satan a demandé à
me devait montrer à tous que l'or et l'ar vous cribler tous comme le blé (Am. 9,
gent lui appartiennent, Agg. 2,8., et que, 9.), et j'ai prié pour toi, afin que ta foi
s'il conteste, c'est sans intérêt; s'il cède, ne faiblisse point; toi donc, quand tu se
c'est pour accomplir toute justice et ne ras un jour converti (relevé de ta chute),
point scandaliser les faibles. - Dans les fortifie tes frères, » Luc 22, 31. Et com
questions relatives au pardon des offen me le fidèle, mais présomptueux apôtre,
ses, Matth. 18,21., et à la récompense que protestait de sa confiance en lui-même,
les apôtres pouvaient espérer de leur fidé son triple reniement lui fut prédit, Jean
lité, Matth. 19, 27. Marc 10, 28. Luc 18, 13. Un peu plus tard, dans la même soi
28., Pierre montre que ses idèes sont en rée, comme les apôtres se rendaient en
· core confuses sur la sainteté de la vie nou Gethsémanè, Jésus les enveloppant tous
velle et sur la spiritualité du royaume de dans une même sentence prophétique,
| Christ. — Il voit et remarque le miracle leur dit : Vous serez tous cette nuit scan
|| | |
PIE 188 PIE
- º · ·· - : '- : · - , , ' , , , 11 ll - - , , , , , .
dalisés † qu'il est écrit , je de toutes parts, lui semblent autant d'en
frapperai le berger, et les brebis seront nemis; il ment encore et dit : Je ne le
dispersées; cf. Zach. 13, 7.; et Pierre, connais point. Mais il est inquiet; il vou
que la sentence isolée prononcée contre drait sortir, il change de place, il entre
lui, avait sans doute humilié et affligé, sa au vestibule, Marc 14, 68., et là, une
tisfait de se voir de nouveau réuni à ses heure environ après le second reniement,
frères, quoique dans la faiblesse, voulut un parent de Malchus le reconnaît et lui
protester encore de sa fidélité, mais en dit : Ne t'ai-je pas vu au jardin avec lui ?
vain; il ne reçut pour réponse que la con Nier n'eût plus suffi devant une accusa
firmation de son triple reniement, Matth. tion aussi directe, et Pierre, accablé de
26, 31. Marc 14, 27., etc. —Témoin de frayeur, était en outre retenu par la honte
l'agonie de son maître, il ne peut, non d'avouer enfin son maître, en avouant qu'il
plus que Jacques et Jean, veiller avec lui ; l'avait renié deux fois; il ne lui suffisait
malgré les recommandations de Jésus, ils plus de reconnaître Jésus, il devait en
s'endorment, et Luc, le médecin, nous dit core reconnaître sa lâcheté;l'épreuve était
que c'était de tristesse qu'ils dormaient, trop forte pour l'homme appuyé sur ses
Luc 22, 45. La faiblesse de la chair suc propres forces; il renie encore, en jurant
combait aux émotions, et l'esprit n'était et en prononçant des imprécations. Mais
pas assez fort pour en triompher. Il était la mesure était comblée, la tentation était
plus facile de se battre que de prier, et terminée; le disciple pouvait savoir à quoi
Pierre se réveilla quand les soldats vin s'en tenir sur son courage, sa force, sa
rent pour prendre Jésus, Matth. 26, 51. fidélité; c'était le point du jour, le coq
Marc 14, 47. Luc 22, 49. Jean 18, 10. chanta; un regard de Jésus tomba sur
D'un coup d'épée il blessa Malchus à l'o- son disciple, l'accusant sans le trahir ni
reille, ayant pris à la lettre quelques ex le compromèttre, et Pierre revint à lui
pressions dont le Sauveur s'était servi même; bouleversé de son crime, tou
quelques instants auparavant dans un sens ché de l'amour de son maître, il sortit et
figuré, Luc22, 36.38. Mais ce n'était pas pleura amèrement; ces larmes étaient
là le courage que réclamait de ses disci sans doute, quoique amères, les plus
ples celui qui donnait librement sa vie ; douces et les plus pures qu'il eût encore
les soldats entraînèrent le maître; les dis versées ; sa douleur était selon Dieu, elle
ciples s'enfuirent. Pierre, engagé par ses ne pouvait qu'être heureuse; pour la pre
paroles à faire mieux que les autres, re mière fois peut-être, il avait un pressenti
vint cependant en arrière; il voulait tenir ment de la vie nouvelle, du christianisme.
sa parole, il allait réaliser celles de son Trois jours après, averti par Marie Ma
maître. Arrivé devant la porte de Caïphe, deleine, il court au sépulcre avec Jean,
il la voit s'ouvrir devant lui sur la recom n'arrive qu'après lui, mais entre le pre
mandation de Jean, mais la cour est pleine mier dans la grotte, examine, admire,
de soldats, d'huissiers, de domestiques et sans comprendre encore que son maître
de curieux. Pendant le premier interroga est ressuscité, et retourne à Jérusalem,
toire du Seigneur, la portière qui avait ou Luc 24, 12. Jean 20, 2. On conclut pres
vert à Pierre, croit reconnaître en lui un que avec certitude, de 1 Cor. 15,5. cf. Luc
des disciples de l'accusé et l'interpelle. 24, 34,, que le même jour encore, avant
Saisi, surpris, étonné d'être reconnu, pré son entretien sur la route d'Emmaüs, le
occupé d'autres pensées qui lui font à la Christ ressuscité s'est montré à Pierre,
fois oublier l'oracle du Christ et désirer de et l'on conjecture qu'il lui a donné, ou
couper court à une conversation qu'il n'a réitéré spécialement, l'ordre de se ren
pas envie de poursuivre, il ment et renie dre, avec le reste des apôtres, en Galilée,
son maître sans trop songer peut-être à ce où il le verrait de nouveau : Pierre, qui
qu'il fait. Une question § lui est s'était exclu lui-même de la société apos
adressée un moment après, et déjà il a eu tolique, ne pouvait savoir si le maître le
le loisir d'examiner sa position; la frayeur reconnaîtrait encore, ou s'il le renierait ,
l'environne, et les témoins qui l'entourent à son tour; il eût hésité peut-être à sui
PIE 189 PIE
1 # ,

vre les apôtres, s'il n'avait été en quel sa triple confession, l'apôtre eut expié
que sorte personnellement convoqué. Du aux yeux de son maître son triple renie
reste, aucune parole, aucun détail de cet ment. Simon le pêcheur est redevenu
entretien n'est rapporté dans les Evan Pierre l'apôtre. Quelle solennité dans
giles, et l'on conçoit qu'il ne concernât cette réintégration, et pourtant quelle
que le chef de l'Eglise et son disciple re douceur dans le châtiment, si même on
laps ; Pierre sans doute versa de nouvel peut donner ce nom aux interpellations
les larmes, mais il sentit qu'il était réin du Sauveur. Saint Pierre pardonné re
tégré ; il allait reprendre sa place, mais prend bientôt ses anciennes habitudes,
la remplir plus humblement. et lorsqu'il eut appris de la bouche du
Il se rend à Capernaüm où il possédait Sauveur le sort qui lui était réservé, il
une maison (Matth. 8, 14. Marc 1, 29. Luc lui demanda quel serait celui de l'apôtre
4, 38.), et après quelques jours d'une at Jean qui les suivait ; mais Jésus refusa de
tente inutile, il dit à ceux des apôtres qui répondre à cette question d'une vaine cu
étaient avec lui qu'il s'en allait pêcher, riosité, et il ne permit pas que Pierre ou
Jean 21, 2. Ils le suivirent, mais la pêche bliât aussi promptement les avertisse
de la nuit fut inutile. Au matin, Jésus, ments qu'il venait de recevoir. -

qu'ils ne reconnaissaient point, leur de Nous retrouvons Pierre dans le livre


manda du rivage s'ils avaient du poisson, des Actes ; il attend avec les apôtres l'ef
et sur leur réponse négative, il leur dit fusion du Saint-Esprit, et il propose de
de jeter leurs filets du côté droit de la remplir la place que Judas a laissé vacan
celle ; une pêche abondante vint mira te; Matthias est élu par le sort (1, 23.). La
culeusement récompenser leur obéissan Pentecôte et l'effusion du Saint-Esprit
ce et leur foi. C'étaient les mèmes ques viennent étonner les habitants de Jérusa
tions, les mêmes réponses, les mêmes lem, et remplir de joie les apôtres : l'ini
merveilles que les mêmes hommes, les mitié honteuse et jalouse qui poursuit
mêmes rivages, les mêmes nacelles, tout réveil, toute œuvre de l'esprit, s'atta
avaient entendues et vues quelques an che à ternir ce mouvement, en attribuant
nées auparavant; il n'en fallait pas davan à l'ivresse les merveilles dont tous sont
tage pour parler au cœur de Jean, qui témoins, mais l'ierre prend la parole, la
reconnut aussitôt le Sauveur, et saint puissance d'en haut agit en lui, Christ est
Pierre se jetant à la nage vint bientôt glorifié, les âmes sont touchées, et 3,000
aborder aux pieds de son maître; ils pri personnes Se convertissant à sa prédica
rent tOus ensemble un m0deste et silen tion viennent grossir les rangs de l'Egli
cieux repas. pendant lequel tous recon se chrétienne, qui ne comptait encore
naissaient Jésus sans oser l'interroger. alors que les apôtres et quelques femmes.
Après le repas, Jésus s'adressant à Pier En voyant les doctrines du crucifié se
re, mais sans lui donner ce nom qui était propager avec tant de succès, le sanhé
comme le signe de son apostolat, lui dit : drin résolut de prendre des mesures ré
Simon, fils de Jona, m'aimes-tu plus que pressives ; un miracle, un bienfait, lui
ne font ceux-ci9 L'apôtre n'en était plus fournit l'occasion qu'il désirait : un hom
aux jours où il ne craignait pas de s'éle me âgé de plus de quarante ans, et boi
ver au-dessus de ses frères ; il répondit teux dès sa naissance, avait été guéri par
humblement : oui, Seigneur, tu sais que le ministère des apôtres. Pierre lui avait
je t'aime. Pais mes agneaux, dit le Sei dit comme le maître, et au nom de celui
gneur. Une seconde fois, puis une troi ci : Lève-toi et marche, et l'impotent avait
sième, mais sans insister sur la compa recouvré l'usage de ses membres. Com
raison avec les autres apôtres, le Sei me l'apôtre parlait à la foule pour repous
gneur lui demande : Simon, fils de Jona, ser les hommages qu'on lui adressait, et
m'aimes-tu P chaque fois la réponse est pour la persuader de rendre à Jésus l'hon- .
la même, et le Seigneur en lui disant : neur, l'obéissance, et l'amour qui lui sont
Pais mes brebis, lui annonce le martyre, dus, des officiers chargés de maintenir
et se l'attache de nouveau, après que par l'ordre dans le temple, survinrent et mi
PIE 190, PIE !
rent en prison Pierre et Jean, Traduits expliquer ce qu'il y a de mystérieux dans
devant li in, les apôtres, au lieu la vision, et il part pour annoncer Christ
de se † ce pouvoir aux païens. A ses amis de Jérusalem qui
le blâment, il expose la vision céleste, et
prétendu religieux d'avoir mis à mort
Jésus le Nazarien, s'appuyèrent de l'au tous glorifient Dieu en disant : Dieu a
torité de celui que Dieu avait ressuscité donc donné aux gentils la repentance
des morts, et répondirent à la défense pour avoir la vie.
qui leur fut faite d'annoncer le nom de De ce moment l'historien sacré'qui s'at
Christ : Jugez s'il est juste de vous obéir tache à nous donner la suite de l'histoire
plutôt qu'à Dieu. Le miracle était évident, de Paul, ne nous donne celle de Pierre
le témoin marchait, les apôtres furent qu'en passant. ll paraît que l'apôtre vi
renvoyés absous. sita diverses provinces de l'Asie Mineure,
1 C'est encore Pierre dont la parole fou annonçant Christ aux Juifs et aux païens.
droie Ananias et Saphira, Act. 5, 1.Son On le retrouve à Jérusalem à l'époque du
ombre guérit les malades, sa prédication martyre de Jacques, et lui-même, réservé
touche les cœurs ; ses succès irritent de au supplice par ordre d Hérode, est mira
rechef les sadducéens qui, dirigés par culeusement rendu aux prières de ses frè
Caïphe, le livrent une seconde fois au res qui n'osaient espérer sa délivrance,
sanhédrin; mais une seconde fois l'apôtre Act. 12. On croit qu'il s'éloigna alors de
répond : Il faut plutôt obéir à Dieu qu'aux Jérusalem pour un temps, mais nous l'y
hommes. Caïphe ne le fait plus trembler. retrouvons lors du concile des apôtres,
Les persécutions ayant dispersé les 15, 7.; il y revoit saint Paul. Il y prend la
chrétiens, la Samarie est évangélisée : parole, mais sans autre autorité que celle
Philippe baptise, et Pierre vient avec Jean des choses mêmes qu'il dit : il plaide la
imposer les mains aux fidèles et leur com cause des gentils, et rappelle les instruc
muniquer les dons du Saint-Esprit, Act.8. tions qu'il a reçues du Seigneur à cet
Il refuse de vendre au magicien Simon le égard. Mais bientôt, infidèle à ses princi
pouvoir de transmettre ces dons surna pes, troublé peut-être par les criailleries
turels, et stigmatise ce premier exemple de chrétiens judaïsants exaltés, fatigué
de vénalité religieuse. Après avoir évan de cette lutte, sous l'impression de re
gélisé les bourgades qu'il trouve sur sa proches qui lui avaient été adressés, crai
route, il revient à Jérusalem ; c'est alors gnant de scandaliser les faibles, enclin
qu'il fait la connaissance de Paul, à qui il d'ailleurs au formalisme juif par sa nais
donne une hospitalité de quinze jours, sance et son éducation, il en vint à dissi
Gal. 1, 18. Il visite les églises naissantes muler, il s'éloigna des gentils, il en en
de la Judée, de la Samarie et de la Gali traîna quelques-uns dans sa chute, et Paul
lée, Act 9.; à Lydde, il guérit un para dut le censurer ouvertement, Gal. 2, 11.;
lytique; à Joppe, il rend Dorcas aux pau il est probable qu'il reconnut la justesse
vres qui l'avaient perdue ; elle revient à la des reproches que sa dissimulation lui
vie au milieu de ceux qui la pleuraient. attira, et qu'il se releva de cette faute avec
L'apôtre reste quelque temps dans cette la généreuse vivacité de son caractère.
ville : une vision étrange qui se réitère On ne sait plus rien de lui dès lors ;
à trois reprises, Act. 10, lui apprend que l'histoire sainte se tait, et les Pères ou
le mosaïsme a pris fin, que la paroi mi se taisent aussi, ou se contredisent à tel
toyenne est tombée, Eph. 2, 14., que la point qu'on ne peut rien établir de posi
distinction des animaux en purs et im tif sur leur témoignage : on ne sait ni où
purs n'existe plus, que le monde n'est il se rendit, ni ce qu'il fit, ni où, ni com
plus divisé extérieurement en bénis et ment, ni quand il mourut.
en maudits, et qu'en toute nation ceux Quelques remarques termineront cette
qui craignent Dieu et qui s'adonnent à la notice, et achèveront de faire comprendre
justice, lui sont agréables. La démarche cette vie et ce caractère.
et la demande des messagers de Cor a) Les noms de Pierre et de Céphas
neille, centenier romain, achèvent de lui ont la même signification; Céphas est sy
PIE ! 191 PIE !
riaque ou aramèen, et n'entraînait aucune moins importante, s'il eùt fallu pour la
idée particulière; c'était le nom dont on remplir posséder quelques connaissances,
l'appelait quand on s'exprimait dans cette et le maître du monde l'appelle, avec onze
langue, et souvent on employait l'un ou autres, à la plus sublime des vocations, à
l'autre indistinctement, Gal. 2, 9. 11.1 faire connaître aux hommes la vraie phi
Cor. 1, 12.9, 5.Jusqu'au moment de l'as losophie et la vraie théologie, le cœur de
cension il est presque toujours désigné l'homme et le cœur de Dieu. C'est qu'en
sous le nom de Simon (ou Syméon); c'est effet, -

ainsi que l'appellent Jésus et les autres Pour en avoir la connaissance ,


apôtres, Matth. 17, 25. Marc 14, 37. Luc Il faut être des plus petits,
Laisser là toute autre science,
7, 40. 22, 31. 24, 34. Jean 21, 15. : le
Devenir de simples brebis. - º -
même nom se retrouve Act. 15, 14., sans
doute par un effet de l'habitude prise, cf. C'est qu'en effet il a été vrai de tout
*-
2 Pierre, 1, 1.;le nom de Pierre emporte temps, -- .

l'idée desavocation, c'est en quelque sorte Que les sages, les entendus
son nom d'honneur : il le porte Act. 10, 5. N'ont point de part dans cette affaire.
18., et si quelquefois les deux noms de C'est que ce sont des choses qu'on ne
Simon Pierre sont réunis, celui de Pierre peut enseigner que lorsqu'on a été soi
finit par prévaloir, ce qui explique pour même enseigné de Dieu, et pour en venir
quoi les évangélistes, en parlant de lui, là les simples et les savants ont le même
l'appellent le plus souvent simplement chemin à faire, et ces derniers y répu
Pierre. gnent davantage, embarrassés qu'ils sont
b) Sa famille est peu connue. Son père, du bagage d'une science faussement ainsi
pêcheur comme lui, s'appelait Jonas; la nommée. Ce qui a été vrai aux jours du
tradition donne à sa mère le nom de Seigneur est vrai toujours, c'est que ses
Jeanne; l'apôtre André était son frère, vrais serviteurs sont ceux qu'il a choisis
probablement plus jeune que lui. Il était lui-même, quelle que soit du reste l'esti
marié, comme il ressort de Luc 4, 38. 1 me dont ils jouissent aux yeux de la
Corinth. 9, 5. : la tradition est unanime à chair ; et l'on est étonné, si l'on veut y
cet égard, et dom Calmet n'a pas l'air de faire attention, de trouver souvent des
chercher à s'en cacher. ll avait un fils disciples zélés, fidèles, et bénis, bien ail
nommé Marc, 1 Pierre 5, 13., et les Pères leurs que là où l'on penserait à les cher
lui donnent en outre une fille nommée cher.
Pétronille : ils varient sur le nom de sa d) Pierre apparaît dans le collége apos
femme, que les uns appellent Concorde, tolique revêtu d'une espèce de primauté
les autres Perpétue. Plusieurs le regar que les écrivains protestants ont parfois
dent comme le plus àgé des douze apô trop méconnue, et que les auteurs catho
tres; les détails qu'ils donnent sur sa fi liques romains ont en revanche exagérée
gure et sur son apparence ont peu d'au jusqu'à en faire une principauté.Non-seu
tOrité. lement il était l'un des amis les plus inti
c) Nous avons vu comment il est facile mes du Seigneur (non le plus intime),
de concilier les apparentes divergences comme on le voit par Matth. 17, 1.Marc9,
des évangiles qui racontent l'élévation de 2. 14, 33. et ailleurs, mais encore on le
Pierre à l'apostolat. Mais la grande diver voit tantôt parler au nom des douze, tan
gence, celle qui frappe le moins, parce tôt répondre en leur nom quand ils sont
que l'on y est habitué, c'est celle qui se interrogés ; Jésus lui-même le nomme
trouve entre la condition de l'appelé, et la quand il s'adresse aux apôtres, Matth. 16,
charge à laquelle il est appelé.Un pècheur 16. 19, 27. 26, 40. Marc 8, 29. Luc 12,41.
de poissons devient pêcheur d'hommes; Le passage Matth. 17, 24., ne prouve du
un batelier devient apôtre; l'ignorance reste pas, comme on a voulu le croire,
doit instruire le monde, et passer du banc qu'en dehors du cercle des douze, Pierre
de sa nacelle aux chaires de la vérité. Per fût considéré comme le chef et le repré
sonne n'eût confié à Simon la charge la sentant naturel de ses collègues : ce peut
PIE 192 PIE

n'avoir été qu'un cas fortuit, une circon tés après lui, quels qu'ils fussent, indé
stance accidentelle, et si l'on voulait don pendamment même de leur foi et de la
ner trop de poids à cette preuve, plusieurs réalité de leur christianisme.
des apôtres, Philippe , André, etc., au A quoi il a été répondu: que chacun
raient des titres semblables à faire valoir, est le fils de ses œuvres; qu'il n'y a plus
Jean 12, 21. sq. Le caractère personnel de SOus le christianisme d'autorité de droit
l'apôtre a pu contribuer pour beaucoup à divin que celle qui prouve sa divinité
le faire considérer comme un représentant par sa puissance et par sa sainteté ; que,
de tous, non qu'il fût meilleur, mais parce relativement à saint Pierre, les paroles
qu'il était plus voyant : il avait été d'ail qui lui furent adressées en suite de sa
leurs l'un des premiers appelés, et il était confession du nom de Christ, n'impli
peut-être l'aîné de tous, ce qui explique quent aucune supériorité de droits; que
aussi pourquoi dans toutes les listes il la pierre sur laquelle l'Eglise chrétienne
est nommé le premier, sauf Gal. 2, 9. devait être bâtie, c'était la confession de
Après l'ascension , il continue pendant foi elle-même, et non celui qui l'avait
quelque temps de se produire, d'agir, de faite; que le droit de lier et de délier,
parler, avec cette promptitude et cette celui de pardonner et de retenir les pé
Supériorité d'intelligence qui lui avaient chés, a été donné à tous les chrétiens
donné sur ses collègues une espèce d'au dans la même mesure qu'à saint Pierre,
torité morale, que ceux-ci n'avaient jamais Jean 20, 23., c'est-à-dire qu'il ne consti
contestée parce qu'elle n'avait jamais été tue pas un pouvoir, mais qu'il n'emporte
formulée, ni affichée : cf. Act. 1, 15. 2, que le simple droit de déclarer, de con
14. 4, 8. 5, 29. Mais bientôt il cesse len stater un fait ; que les paroles : pasce
tement de briller dans l'histoire aposto oves meos, ou meas, ne sont que la sim
lique, soit que l'âge ait brisé ou ralenti ple réintégration de l'apôtre dans des
l'activité de SOn caractère et l'autorité fonctions dont il s'était lui-même, en
qui s'y rattachait, soit qu'un homme plus quelque sorte, démis, et que notre Sau
jeune, plus fort, également bien doué, veur n'a pas été appelé à rendre aux au
l'ayant remplacé dans la vie active, Pierre tres apôtres des droits que ceux-ci avaient
ait vu passer naturellement dans les mains conservés; que la différence de sexe,
de saint Paul une influence qu'ils ne de meos et meas, ne signifie rien, attendu
vaient l'un et l'autre qu'aux dons qu'ils que ces mots sont, dans le langage bibli
avaient reçus et à l'usage qu'ils en avaient que, pris fréquemment l'un pour l'autre
fait. comme signifiant tous les deux le trou
e) Ce n'est pas ici le lieu de discuter peau, observation qui est renforcée par
les questions controversées entre l'Eglise Cette autre, péremptoire, que sous la nou
de Rome et l'Eglise réformée; indiquons velle alliance il n'y a plus la vieille dis
les seulement, et posons quelques prin tinction des hommes en ecclésiastiques et
cipes. Les théologiens romains estiment laïques, en clergé et troupeau, vu que
que Pierre a été mis au-dessus des apô tOus les chrétiens sont à la fois hommes
tres, ayant autorité sur eux, autorité sur du peuple et hommes de l'Eglise, laïques
l'Eglise, en vertu du passage Matth. 16, et ecclésiastiques ; que le Nouveau Tes
16-18.: que le droit de pardonner ou de tament ne nous montre nulle part saint
condamner lui a été également donné, et Pierre revêtu d'une autorité absolue, que
à lui seul ; que la surveillance et la direc s'il est le premier souvent, il n'est jamais
tion de l'Eglise, des évêques et des trou primat, il cherche à convaincre par des
peaux, du clergé et des laïques, lui a été arguments solides, mais il n'ordonne pas;
confiée en vertu des paroles de sa réinté qu'il ne part jamais de son autorité com
gration : « Pais mes agneaux , pais mes me d'un principe, et qu'au concile de Jé
brebis, » Jean 21, 15.; que Pierre a été à rusalem il ne préside pas, il ne commence
Rome, qu'il y a été évêque, évêque pen pas, il ne clôt pas la discussion ; que les
dant vingt-cinq ans ; qu'il a enfin légué frères ne le reconnaissent nulle part com
sa puissance aux évêques qui sont mon me ayant une autorité de chef de l'Eglise,
PIE 193 PIE

qu'ils se reconnaissent le droit de l in d'une espèce nouvelle dont les succes


terroger, de le contrôler, de le blâmer ; seurs étaient appelés à monter sur le
que saint Paul en particulier le censure trône des Césars, entrant dans Rome le
pour sa conduite peu franche à l'égard bâton pastoral à la main, » on compren
des gentils, tellement il est éloigné, et dra son langage comme celui d'un loyal
Pierre aussi, d'admettre on ne sait quelle sujet du Saint-Siége, comme une fleur de
infaillible autorité : — relativement au plus jetée au milieu de ses magnifiques
voyage de Rome, qu'il est plus que con Etudes Historiques, mais l'on n'y trouvera
testable, que rien ne le prouve, que tout ni l'exactitude de l'historien, ni l'esprit
établit que Pierre n'y a jamais été : que d'un théologien, ni le langage et la foi
s'il y a été, ce n'a pas été pendant vingt d'un chrétien. M. le comte Joseph de
cinq ans, mais un moment seulement ; Maistre, avec un sérieux parfois héroï
qu'il n'y a jamais été évêque, et que l'eût comique, a traité dans son livre du Pape
il été, il n'eût jamais transmis à des suc plusieurs des questions relatives à saint
cesseurs des promesses (quelconques) Pierre dans ses rapports avec le Saint
qui n'avaient été faites qu'à sa personne ; Siége ; il était difficile de faire avec au
que s'il a transmis des droits à l'Eglise tant d'esprit un livre aussi peu intelligent,
de Rome, cette Eglise n'en a rien su dans aussi bizarre, aussi faux : et le dix-neu
les commencements ; que lorsqu'elle a vième siècle a été surpris de cette appa
essayé au troisième siècle de les faire va rition : c'était comme un revenant du on
loir, la chrétienté toute entière a protes zième siècle. — Pour l'examen des pré
té , qu'au sixième siècle l'évèque de Rome tentions historiques, théoriques et théo
les ignorait encore, ou les repoussait logiques de l'Eglise romaine, nous n'avons
avec indignation, et que ce n'est qu'au rien lu de plus solide parmi les ouvrages
onzième siècle qu'un pape ambitieux les modernes que les deux Dissertations de A.
a solidement conquis : que si Pierre eût Bost, père, sur le Droit des Papes, l'Appel
légué des dons à l'Eglise de Rome, cette à la conscience des catholiques romains du
Eglise n'eût pas tardé à les perdre, ayant même auteur, l'Anatomie du papisme par
évidemment prouvé qu'elle était indigne N. Puaux, et un sermon de M. Vinet, in
d'être l'héritière de ce saint apôtre; enfin, titulé Simon Pierre. — Ajoutons seule
que si jamais elle a eu des droits à cette ment, et c'est une observation dans tous
succession, elle en a toujours fait un mau les cas intéressante, que les protestants
vais usage, etc., etc. On ne répond à une ont pour saint Pierre un respect plus
erreur raisonnable que par une seule rai réel, plus sincère que les papistes; nous
son ; à des échafaudages d'absurdités, il croyons, en effet, avec le grand apôtre
y a des milliers de réponses à faire, et la « qu'il n'y a de salut en aucun autre qu'en
source n'en tarit point ; la primauté de Christ, et qu'il n'y a sous le ciel aucun
saint Pierre, sa papauté, appartient à cette autre nom qui soit donné aux hommes
, masse de faits dont l'Eglise romaine a eu par lequel il nous faille être sauvés, »
besoin pour établir un pouvoir spirituel Act. 4, 12. : l'Eglise de Rome pense au
immense ; et non contente de cette usur trement. Nous disons encore avec saint
pation, elle y a joint, en manière de pe Pierre : « Que ton argent périsse avec toi,
tits profits ignorés des premiers siècles, puisque tu as estimé que le don de Dieu
le droit de disposer des couronnes, des s'acquiert avec de l'argent, » Act. 8, 20.;
royaumes et des peuples, droit qu'elle a l'Eglise de Rome, au contraire, favorise
exercé de la manière la plus barbare et la et pratique la simonie. Nous croyons que
plus criminelle, et qu'elle exercerait en ce n'est point le baptême qui sauve, mais
core si, peu à peu, la lumière n'était venue la recherche que fait de Dieu une con
en bien des lieux protester contre ces té science pure, 1 Pierre 3, 21.; l'Eglise de
nèbres abrutissantes et rendre à chaque Rome refuse l'inhumation aux enfants
morts sans baptême. Pierre refusa l'adora
individu les droits qui lui appartiennent
par la grâce de Dieu. Que M. de Chateau tion de Corneille, Act. 10, 26.; ses préten
briand nous montre donc « ce prince dus successeurs la réclament, y compris "
13
PIE 194 P1E

des baisers pour leurs pantoufles. Nous fût loin d'être la même : Pierre avait alors
croyons enfin avec saint Pierre, que dans déjà reçu les dons du Saint-Esprit, il était
le temple de Dieu sur la terre, dans son plus éclairé, sa faute était plus grande, et
' Eglise, il n'y a qu'une pierre fondamen en outre elle était réfléchie. Sans doute
tale qui est Christ, et que tous les chré bien des excuses pouvaient se présenter
tiens entrent dans la construction de l'é- à son esprit, pour motiver une conduite
difice comme autant de pierres vives, 1 si peu conforme à ses antécédents et aux
Pierre 2, 4. 5.; Rome, au contraire, esti ordres qu'il avait reçus du Seigneur; mais
me qu'il n'y a qu'une pierre, et que cette des excuses ne justifient point, et Pierre
pierre c'est Pierre. — Mais assez. a passé condamnation. Plusieurs docteurs
f) D'après ce qui a été dit plus haut, catholiques romains ont cherché à sauver
comme aussi d'après la simple lecture de l'infaillibilité du saint siége et la réputa
l'Evangile, on peut se faire une idée assez tion de saint Pierre, en attribuant cette
exacte du caractère de l'apôtre. Vif, bouil conduite à un autre Céphas, l'un des soi
lant, entreprenant, résolu, dévoué, mais xante-dix disciples, qui doit avoir été plus
se confiant trop en lui-même, il a trouvé tard évèque d'lconium ; mais le sentiment
dans ses dispositions naturelles les causes général, c'est qu'il s'agit bien ici de saint
de sa grandeur et de ses chutes. Ces ca Pierre lui-même. « Saint Pierre, dit dom
ractères agissent plus qu'ils ne vivent; ils Calmet, reçut cette répréhension avec si
sont plus capables de grandes actions que lence et humilité, et ne se prévalut point
de persévérance, et la vigilance n'est pas de sa primauté pour soutenir ce qu'il avait
leur côté fort : moins homogène que saint fait. » Je crois bien; et dans tous les cas
Jean, Pierre a paru davantage, il a peut il n'eut garde de parler d'infaillibilité. Et
être fait davantage, mais il n'a pas été aimé si l'on objecte que ce n'est là que l'opi
de son maître comme l'apôtre de la cha iiion de Calmet, celle d'un particulier,
rité. Dans une circonstance solennelle, « toute l'Eglise, dit le pape Pélage, révère
dans un interrogatoire en forme, Pierre l'humilité avec laquelle il a cédé aux rai
n'eût peut-être pas renié son maître; il sons de saint Paul , et changé de senti
eût veillé. Devant un simple interroga ments. » Oui, mais encore Pélage bat l'in
toire, devant une servante dont les ques faillibilité dans la personne du premier
tions importunes ne lui paraissent pas pape, et il faut avouer qu'alors on n'avait
dignes de réponse, il le renie; il le renie pas encore connaissance de cette absurde
parce qu'il ne veut pas se laisser troubler prétention dont on a fait depuis une vé
dans ses tristes pensées par d'indifférents ritable incorrigibilité.
interlocuteurs; il reste pour ne pas aban g) Le corps de Pierre est à Rome, moi
donner son maître, et il le renie encore : tié dans l'église de Saint-Pierre, moitié
il est sans vigilance. Le chant du coq le en celle de Saint-Paul; sa tête est encore
réveille, et c'est alors seulement qu'il se à Rome, dans l'église de Saint-Jean-de
rappelle qu'un reniement devant cette Latran, où l'on montre également une
foule indifférente, indiscrète, sans droits à dent à part; puis il y a de ses os partout;
le questionner, est cependant aussi un re à Poitiers, la mâchoire avec la barbe; à
niement; il pleure alors, parce qu'il com Trèves, quelques os; ailleurs, plusieurs
prend la grandeur du péché qu'il a com encore ; à Genève. lors de la réformation,
mis, parce qu'il veille. Chrysostome, Lu l'on montrait, sur le grand autel de la ca
ther, Mélanchthon et Calvin, renferment thédrale, sa cervelle précieusement en
de belles et touchantes pages sur ce re châssée : à l'examen , on vit que c'était
niement de l'apôtre, et si l'on doit éviter une pierre ponce. Sa chaire épiscopale et
d'être à cet égard plus indulgent que saint Sa chasuble sont à Rome; l'autel devant
Pierre ne l'a été pour lui-même, il ne faut lequel il chantait la messe se trouve à la
pas non plus se montrer plus sévère que fois à Rome et à Pise; on conserve éga
Jésus. — La conduite de Pierre à Antio lement le couteau avec lequel il coupa
che, Gal. 2, 11., s'explique plus ou moins l'oreille de Malchus ; sa crosse se voit à
de la même manière, quoique la position Saint-Etienne-des-Grès, à Paris; son
PiE 195 PIE,

bourdon est à la fois à Cologne et à Trè été persécutés, et vingt ans après l'époque
ves ; on montre enfin à Saint-Anastase fixée pour la composition de cette lettre,
(Rome) le pilier sur lequel il fut marty la peste y avait fait encore des ravages
risé. Sa fille Pétronille a son corps entier terribles, surtout parmi les Juifs. Suivant
à Rome, en l'eglise de son père; plus, des plusieurs auteurs (v. Assemani), Babylone
reliques à part à Sainte-Barbe, plus, dere était encore habitée aux temps de l'héo
chef le corps entier au Mans, dans le cou dose le Grand, 379-395, et selon Abulfé
vent des Jacobins : il guérit des fièvres. da, il y avait encore au quatorzième siè
Le jour où l'on en finira avec ces pitoya cle un bourg appelé Babel sur la place
bles absurdités n est pas loin , le mouve même de l'ancienne Babylone. Tout con
ment des itonge et des Czersky ne fait que court donc à prouver que Pierre, qui avait
de commencer; ils ont attaqué les reli visité les Eglises nommées au commence
ques, les baïonnettes étrangères attaque:t ment de son épître, et qui avait porté son
l autorité mème dont elles sont l'émana activité jusque chez les Parthes, n'a pu
tion et la 1aison suprème : c'est le propre désigner sous le nom de Babylone que la
des armes de tuer ce qu'elles touchent ville généralement connue sous ce nom.
h) 1r° Epître de saint Pierre. On voit (« Celle qui est à Babylone, élue avec
par 5, 13., qu'elle a été écrite de Baby vous, » désigne, selon quelques-uns, l'E-
lone ou des environs; mais les auteurs glise de cette ville, selon d'autres, et c'est
ne sont pas d'accord sur la signification le plus probable, la femme de l'apôtre,
de ce nom; plusieurs Pères ont pris cette comme « Marc mon fils » se prend aussi
expression comne allégorique, et pensent dans son sens simple et littéral : non-seu
qu'elle désigne Rome : c'est, en effet, un lement la tradition nous montre la femme
moyen de faire aller saint Pierre à Rome, de Pierre voyageant avec lui, mais elle
mais ces exégètes sont précisément ceux rapporte que Pierre lui-même a conduit
qui repoussent le plus absolument le sens sa femme au martyre en lui parlant de la
de Rome que l'on veut donner à la Baby gloire à venir, Clem. Alex. Strom. 7, 11.
lone de l'Apocalypse, et cependant, dans S 63. Néander regarde cette question com
le langage mystique et nécessairement me décidée). — Il est difficile de rien fi
obscur de ce dernier livre, on comprend xer sur la date de cette lettre; elle ne ren
beaucoup mieux qu'une ville soit dési ferme aucun indice suffisant; la seule hy
gnée symboliquement, qu'on ne peut le pothèse possible repose sur l'état général
comprendre dans une épître où toutes les des églises auxquelles la lettre est adres
expressions sont prises dans leur sens sée; ces églises sont représentées comme
ordinaire et naturel; rien ne pouvait en existant déjà depuis un certain temps, et
gager Pierre à cacher à s s lecteurs le l'apôtre cherche à les préparer à de gran
nOm de la ville où il se trouvait. — Les des persécutions; on a cru pouvoir en
chrétiens d'Egypte, jaloux de posséder conclure que la composition de cette let
une trace du passage de l'apôtre au mi tre doit être placée entre 62 et 65. — Les
lieu d'eux, ont à leur tour, et déjà avec lecteurs de l épître étaient, d'après Mi
plus de raison, prétendu qu'il s'agissait chaélis, des prosélytes juifs passés au
ici de la petite forteresse de Babylone christianisme, d'après Steiger, des paga
qui se trouvait en Egypte; c'était un poste no-chrétiens, d'après Hensel et d'autres,
fortifié pour loger une légion romaine ; des judéo-chrétiens ; chacune de ces hy
il avait été construit par Cambyse, roi de pothèses semble s'appuyer sur quelques
Perse, lors de la conquête de l'Egypte ; versets, d'où il résulte que nous serons
mais on ne comprend pas pourquoi l'on plus près, et de la vérité et de la vraisem
irait chercher cette petite station militaire blance, si nous admettons que l'épître
au lieu de la grande Babylone. Celle-ci était adressée aux Eglises telles qu'elles
avait été ruinée en effet, mais sa destruc existaient, composées des uns et des au
tion n'avait pas été si complète qu'il n'y tres; il ressort cependant de 1, 1., que
fût resté un certain nombre d'habitants. c'étaient es judéo-chrétiens que l'apôtre
D'après Josèphe, les chrétiens y avaient avait plus particulièrement en vue, com
PIE 196 PIE

me le tronc sur lequel les autres chré poids qu'ailleurs. Un passage obscur du
tiens avaient été entés; ni Pierre, ni Jac canon de Muratori, l'appui de Théodore
ques ne regardaient l'alliance de Dieu avec de Mopsueste qui rejette toutes les épîtres
Israël comme dissoute ; ils estimaient que catholiques, celui des Pauliciens, sont les
c'était l'alliance fondamentale, et que les seuls témoignages que l'on puisse invo
païens y entraient par le fait de leur con quer ; ils ne sont pas considérables.
version au christianisme. — Quant au but Deux commentaires distingués, à citer
et au contenu de l'épître, on voit qu'elle entre plusieurs autres, sur cette épître,
s'adresse aux chrétiens dans une époque sont celui de l'archevêque Leighton de
où de graves persécutions allaient éclater, Glasgow, traduit et retouché en français
où l'Eglise se trouvait à la veille d'événe par L. Bonnet, et celui de Steiger, en al
ments sérieux, à la veille des persécutions lemand. v. aussi Blunt, Méditations.
de Néron, de la destruction de Jérusalem, i) 2e Epître de saint Pierre. Adres
de la mort des apôtres. Saint Pierre rap sée aux mêmes églises que la précé
pelle aux Eglises que leur foi est bien fon dente, et dans les derniers temps de la
dée, que c'est dans la vraie foi qu'ils ont vie de l'apôtre, en 66 ou 67, cette lettre
été instruits, 1, 25. 5, 12., puis, illes ex a pour but de fortifier les chrétiens con
horte à persévérer dans la sanctification, tre la tiédeur et le relâchement, contre
à rester fidèles i ême dans les persécu les attaques des faux docteurs et contre
tions, et à ne pas perdre de vue la félicité les doutes qui naissaient chez plusieurs,
à venir. Dans le premier chapitre, après la de ce que le retour du Seigneur sur la
salutation et des exhortations qui se rap terre n'avait pas encore eu lieu. Au 1er
portent à lavie intérieure, l'apôtre montre chapitre l'apôtre exhorte, et confirme la
dans la foi en Christ le motif et le mobile vérité de l'Evangile. Dans le 2°, il com
de la sanctification. Chap. 2°. Exhorta bat directement les faux docteurs, ou pour
tions relatives à la vie civile; les motifs mieux dire, les faux chrétiens. Dans le 3°,
en sont pris dans notre vocation céleste il parle de la venue de Christ, et exhorte
et dans l'exemple de Christ. Les huit pre les fidèles à ne pas se laisser ébranler par
miers versets du chapitre 3 renferment des doutes à cause du retard de l'avéne
divers préceptes sur la vie domestique. ment de Christ.Ily acomme une gradation
Jusqu'à la fin du chapitre 4 viennent des dans cette épître; ce sont d'abord les dou
exhortations générales qui se rapportent tes en général que l'apôtre combat, puis il
à la position des chrétiens vis-à-vis d'un attaque les faux docteurs qui , en flattant
monde persécuteur. Chap. 5. La vie dans la chair, usent d'un redoutable moyen de
l'Eglise, et conclusion. séduction en disposant l'âme à douter ;
On a remarqué et exagéré plusieurs enfin il combat les doutes sur un point
rapports qui se trouvent entre les épîtres particulier.—Cette lettre avait une valeur
de Pierre et celles de Paul et de Jacques, de circonstance ; l'apôtre parlait à ses
mais il n'y a rien là qui ne s'explique très contemporains d'une manière conforme à
naturellement, soit parce que dans leurs leurs besoins et à leur position. Mais les
citations les apôtres Se Servaient souvent maux et les périls contre lesquels il cher
des Septante, soit parce qu'ils ont eu con chait à armer la foi des fidèles, sont ceux
naissance des lettres les uns des autres, aussi qui ont ravagé l'Eglise de Christ
soit parce que ces hommes de Dieu, inti dans les siècles suivants, et ses exhorta
mement liés par une même foi, avaient eu tions ont quelque chose de prophétique.
fréquemment l'occasion de s'entretenir Cette épître est donc pour l'Eglise un
des mêmes vérités. héritage précieux de l'apôtre mourant ;
L'authenticité de cette épître n'a guère ce sont les dernières paroles d'un homme
été contestée ; la plupart des Pères la ci qui a été l'une des colonnes de l'Eglise,
tent, la plupart des canons la renferment. de Pierre qui marche au martyre. S'il est
Les arguments intérieurs et extérieurs de triste que des doutes se soient élevés sur
De Wette, qui attaque presque toutes les la valeur de ce document, il faut se rap
authenticités, ont ici encore moins de peler que l'Ap0calypse, qui renferme les
PIE 197 PIE

paroles du Sauveur glorifié, n'a pas eu des dOuteS Sur SOn authenticité. Mais des
un meilleur sort. circonstances, à nous connues ou incon
Si cette épître n'a pas été écrite par nues, ont pu en empêcher la circulation ;
saint Pierre, dont le nom est inscrit au une publicité retardée, voilà tout ce que
premier verset, elle est l'ouvrage d'un l'on peut conclure de ce demi-silence :
imposteur; il ne s'agit donc plus de sa l'argument tiré de la Peschito ne prouve
voir si elle a été écrite par l'un ou l'au pas plus contre 2 Pierre qu'il ne prouve
tre des apôtres, mais si elle l'a été par contre Jude, ni contre 2 et 3 Jean, épî
Simon Pierre , ou par un faussaire. La tres qui ont peu circulé et que la version
question est tout autre que celle que nous syriaque n'a pas connues. Ecrite peu avant
avons examinée au sujet de l'Epître aux la mort de Pierre, au milieu des troubles
Hébreux; elle est de la dernière impor de la persécution de Néron, à des églises
tance, mais On ne saurait ici la traiter en de l'Orient, cette épître a pu être pen
détail , et nous devons nous borner à dant un temps cachée et oubliée : à sa
quelques observations et à l'examen des réapparition elle a pu rencontrer quel
faits principaux. ques doutes, parce qu'au milieu des nom
Il n'y a pas contre cette épître de té breux écrits apocryphes qui se publiaient
moignages historiques directs, tels que sous le nom de Pierre, les églises se te
serait celui d'un homme distingué, ou ce naient sur leurs gardes pour n'être pas
lui de toute une Eglise. Personne n'a trompées. On peut voir d'ailleurs, par
montré, ni dans les anciens temps, ni de 1 Thess. 5, 27., que la publicité donnée
nos jours, qu'elle renfermât une doctrine aux lettres des apôtres n'était pas une
ou même une expression contraire à la chose qui allât sans dire, puisque saint
vérité, tandis que les Pères de l'Eglise, Paul doit conjurer les anciens, au nom du
en réfutant les écrits apocryphes de leur Seigneur, de faire lire sa lettre à tous les
temps, ne manquent jamais de relever ce frères.
qu'il y a de faux dans ces compositions 2°. On insiste sur la différence de style
supposées. On remarque au contraire, qu'on trouve entre les deux épîtres du
dans toute l'épître, une parole vraiment même apôtre. A cette différence on peut
apostolique. Et cet argument, déjà fort opposer au contraire beaucoup de res
en lui-même, le devient davantage enco semblance, et l'objection se trouve con
re lorsqu'on réfléchit que si ce n'est pas trebalancée. Mais, en outre, il faut ob
un apôtre, c'est un imposteur qui a dû server que le langage et le style ne peu
parler ainsi, avec cette onction, cette pu vent pas porterun caractère très prononcé
reté d'une âme inspirée de Dieu. Un im dans une lettre qui n'est pas composée
posteur n'y aurait-il pas mêlé des erreurs, avec un soin rhétorique, écrite quelques
des hérésies plus ou moins cachées, mais années plus tard, dans un autre endroit,
toujours apparentes. L'auteur de l'épî en des circonstances fort différentes, au
tre se donne à connaître en plusieurs milieu de la persécution, avec l'empres
passages, 1, 1. 16. 3, 1.2. 15., de la ma sement et la hâte que provoque toujours
nière la plus claire, et l'analogie du lan un danger imminent, dans une langue
gage entre la première et la deuxième qui n'était pas la langue maternelle de
épître de Pierre, a toujours été remar l'auteur. La différence de sujet doit sur
quée. v. les Prolég. de Pott sur cette tout être prise en considération; dans la
épître, l'Introduction de Hug (trad. par première lettre on voit des exhortations
Cellérier) , et l'opuscule d'Olshausen, douces et paternelles pour engager les
Preuves de l'auth. des écrits du canon chrétiens à supporter patiemment les
du Nouveau Testament, Hambourg 1832. épreuves; dans la deuxième, c'est un lan
A ces arguments on oppose: 1° que cette gage ferme contre les hommes qui cor
épître n'a été connue que tard , Eusèbe rompent le christianisme. Olshausen ajou
étant le plus ancien témoignage direct, te que l'apôtre a peut-être dicté seule
la Peschito ne comprenant pas cette épi ment les idées de sa lettre, sans en dicter
. tre, Origène et saint Jérôme exprimant les expressions.
PIE 198 P1E

3° On invoque contre l'authenticité les mais elle est probable. entre des apôtres
rapports intimes. et l'affinité remarqua qui avaient visité les mêmes Eglises.
ble qui se trouvent entre le 2e chapitre 4° Enfin l'on tourne contre Pierre lui
de notre épître, et l'Epître de Jude. Cette même les efforts qu'il fait pour se faire
dernière portant des caractères assez évi reconnaître : mais cette preuve n'en est
dents de priorité, on se demande s'il est pas une. Vis à vis des faux docteurs et
possible et probable que Pierre ait fait des faux frères, il était nécessaire de
un emprunt aussi considérable aux écrits faire valoir l'autorité apostolique, et saint
d'un autre apôtre. Il y a plusieurs répon Paul dans des circonstances semblables
ses à faire à cette objection. Olshausen n'agissait pas différemment , comme on
d'abord ne craint pas de supposer, et peut le voir par les Epîtres aux Corin
cela se rapporte aux deux épîtres de thiens et aux Galates.
Pierre, que l'apôtre, âgé, et n'ayant pas Telles sont les objections les plus im
beaucoup de facilité pour s'exprimer en portantes. Que prouvent-elles ? Que la
grec, aimait à se servir des phrases et composition de c tte lettre et les circon
des expressions allant à son but qui pou stances qui l'accompagnèrent ne sont pas
vaient se trouver dans d'autres écrits. et bien connues, toute l'antiquité apostoli
cela d'autant plus que le style chrétien que étant voilée pour nous.Elles ne prou
grec était une chose toute nouvelle, qui vent pas, comme rien ne prouvera, que
n'avait pris naissance qu'à une époque l'écrit d'un imposteur ait pris place dans
où l'apôtre était déjà avancé en âge, et le canon du Nouveau Testament.
où le chemin frayé par saint Paul lui pa k) Un Fvangile, un livre des Actes, et
raissait plus naturel à suivre. Ces consi une Apocalypse apocryphes, ont êté attri
dérations peuvent avoir de la valeur, mais b :és à saint Pierre ; nous n'avons pas à
elle ne suffisent cependant pas pour ren nous en occuper.
dre compte de la connexion de forme et PIERRES. Elles abondaient en Pales
d'idées qu'il y a entre les deux épîtres qui tine, et les Israélites les employaient sui
nous occupent. ll faut supposer qu'avant vant leur grosseur, aux différents usages
qu'elles fussent composées, il y avait eu auxquels elles peuvent servir : on en fai
des rapports intimes soit entre les deux sait des murailles, des bâtiments de luxe,
apôtres. soit entre les lecteurs des deux des autels, des meules à moudre le grain,
épîtres, ou peut-être les deux choses en des couteaux pour la circoncision , des
semble. Dans le premier cas, Pierre avait portes pour fermer l'ouverture des tom
parlé à Jude et lui avait communiqué ses beaux, des puits, ou des cavernes ; elles
idées avant que ce dernier eût composé servaient aussi, comme chez nous, pour
son épître ; Jude, en écrivant, a dévelop marquer des limites (lapides terminales),
pé les idées qui avaient fait le sujet de et la loi de Moïse défendait sévèrement
leurs entretiens , et Pierre, en écrivant de changer la place de ces frontières ar
plus tard sa 2e épître, se sera servi pour tificielles (Deut. 19, 1'4. 27, 17. cf. Prov.
rendre ses idées, des expressions dont 22, 28. Os. 5, 10. Job 24, 2.) cf. Ex. 4,
Jude les avait revêtues. Dans le second 25. Jos. 5, 2. 10, 18. 27. 1 Sam. 17, 40.
cas, Jude aurait écrit une lettre qui au Gen. 29, 2. 1 Rois 5, 17. 6, 7. 15, 22.2
rait été mal reçue, et Pierre, écrivant aux Rois 12, 12. 22, 6. 1 Macc. 13, 27. Matth.
mêmes lecteurs, aurait indirectement sou 27, 60.
tenu l'autorité de Jude, en faisant passer C'était aussi un usage particulier des
dans sa lettre le contenu de celle de son anciens, d'élever des pierres monumen
collègue. Et si l'affinité des deux épîtres tales, destinées à conserver le souvenir
est le résultat d'une sympathie et d'une d'événements importants, sur la place
coopération apostolique et fraternelle, on mème qui en avait été le témoin, Gen. 28,
ne peut voir dans l'emprunt fait de l'un à 18. 35, 14. Deut. 27, 2. Jos. 4, 3. 20. 24,
l'autre, rien qui soit indigne ni de l'acti 26. 1 Sam. 7, 12. cf. Hérodote 4, 92.; ce
vité, ni de l'humilité d'un apôtre : or cette n'étaient le plus souvent que des pierres
coopération non-seulement est possible, brutes, ordinairement placées à l'ombre
PIE 199 . PIE

d'un chêne ou d'un térébinthe, et rare Hébreux les tiraient principalement de


ment chargées d'une inscription , Deut. l'Arabie et de l'Inde, par l'intermédiaire
27, 2. Elles portaient différents noms qui des Phéniciens qui avaient accaparé le
leur étaient donnés, soit au moment de commerce de terre et de mer, Ez. 27, 22.
leur érection, soit plus tard, Jos. 15, 6. 1 Rois 10, 2. : sous Salomon, ils les ti
1 Sam. 7, 12. 20, 19. 1 Rois 1, 9. Lors raient directement eux-mêmes du pays
qu'elles étaient consacrées à la divinité, d'Ophir, 1 Rois 10, 11. L'art de les tailler
on les oignait d'huile, Gen. 28, 18.35, 14.; et d'y graver des lettres ou autres inscrip
l'antiquité païenne présente des exemples tions, était fort estimé, et les Juifs ont eu
analogues, Théophr. Caract. 17 (ou 25). de bonne heure des hommes habiles dans
On appelait béthulies (de Beth-El, maison ce genre de travail. Ex. 35, 33. On trouve
de Dieu, Gen. 28, 19.), une espèce de dix-sept ou dix-huit espèces de pierres
pierres-fétiches que l'on croyait tombées précieuses mentionnées dans la Bible, et
du ciel, et qu'on regardait comme des ima un certain nombre d'entre elles réunies
ges de la divinité, Pline37,51.;à cette clas collectivement en plusieurs passages,
se appartenaient des pierres consacrées notamment, Ex, 28, 17. 39, 10. Ez. 28,
et conservées dans les temples syriens et 13. Apoc. 21, 19. sq. Nous avons parlé
phéniciens du soleil et d'Astarté, comme de chacune en son lieu et pla e ; nous
aussi les pierres noires que les Mahomé avons examiné la signification probable
tans adorent dans la Kaaba de la Mecque. que l'on doit donner aux termes hébreux
Des pierres étaient entassées aussi com par lesquels elles sont désignées: il ne
me monument de honte, sur les cadavres reste qu'à les rappeler ici : 1° la sardoine ;
de grands criminels, Jos. 7, 26. 8, 29. 2 2° la topaze; 3° l'émeraude ; 4°l'escarbou
Sam. 18, 17., et les Arabes ont conservé cle; 5° le saphir; 6° l'onyx; 7° l'hyacinthe
l'usage de jeter des pierres en passant, (ou ligure); 8° l'agate: 9° l'améthyste ;
sur les tombeaux des personnes qu'ils 10° la chrysolithe : 11° le béryl; 12° le
ont haïes ou méprisées. Certains jeux jaspe; 13° et 14° le rubis, q. v., dont
gymnastiques consistaient chez les Hé deux espèces différentes sont mentionnées
breux, comme de nos jours encore chez Es. 54, 12. cf. Ez. 27, 16.; 15° la chryso
un grand nombre de peuples, dans le jet prase; 16° la chalcédoine : 17° le sardo
de pierres d'une plus ou moins grande nyx; 18° le diamant. Douze de ces pierres
pesanteur. Quelques-uns voient dans le figuraient, enchâssées dans de l'or, sur
caillou blanc de Apoc. 2, 17., une allu le pectoral du grand prêtre, douze dans
sion à l'emploi de pierres blanches dans les fondements de la nouvelle Jérusalem.
les tribunaux païens comme vote d'ac Dans le passage d'Ezéchiel, 28, 13., le pro
quittement : d'autres. comme Eichhorn, phète rappelle la grandeur et la splendeur
pensent à l'usage d'offrir aux vainqueurs première du roi de Tyr, une splendeur
olympiques à leur entrée dans leur ville qui rappelait la gloire du paradis : « Tu as
natale, une carte d'honneur sur laquelle été scellé (parfait) en proportions, plein
étaient écrits les avantages que la ville de sagesse et parfait en beauté ; tu as été
garantissait à son enfant triomphateur ; (comme) en Eden, le jardin de Dieu ; ta
d'autres font un rapprochement entre ce couverture était de (toutes sortes de)
caillou blanc, et l'Urim et Thummim. — pierres précieuses et d'or;..... tu as été
Quant aux pierres milliaires, v. Villes. un chérubin , » etc. Plusieurs auteurs,
Pierres précieuses. Les Hébreux. com tels qu'Ewald, Züllig, Bellermann, ont
me tous les peuples de l'Asie, en faisaient voulu voir dans ces pierres précieuses
un grand usage : elles étaient l'un des une allusion au pectoral du grand prêtre,
ornements les plus importants et les plus comme si le roi de Tyr en avait eu, ou
recherchés de leurs rois, de leurs sacrifi avait prétendu en avoir la dignité ; mais
cateurs, et des principaux de la nation, outre que cette interprétation n'aurait
Ex. 28, 17. 2 Sam. 12, 30. Ez. 28, 13. pas de sens dans le contexte, il faut re
Judith 10, 4. 12, 15. On les enchâssait marquer d'abord que l'ordre dans lequel
aussi dans des bagues, Cant. 5, 14. Les ces pierres sont nommées est tout diffé
PIL 200 PIL

rent de celui du pectoral , qu'au lieu de tres font natif du Dauphiné, d'autres en
douze pierres il n'y en a que neuf, et que fin de Rome, ou au moins de l'Italie, fut,
l'or y est joint comme un ornement spé selon les uns, le cinquième, selon d'au
cial, tandis que dans le pectoral il ne ser tres, le sixième procurateur de la Judée ;
vait qu'à enchâsser les pierres précieuses : il succéda à Valérius Gratus vers l'an 25
d'ailleurs l'énumération des pierres n'eût ou 26 de l'ère chrétienne, gouverna pen
pas été nécessaire, et l'idée que l'on veut dant dix ans sous le règne de Tibère,
y voir eût mieux ressorti d'une indication donna, par des mesures arbitraires et
plus générale. Il vaut donc mieux avec violentes, naissance à plusieurs émeutes
Haevernick et Kœster, voir dans cette énu des Juifs , qui crurent voir leur religion
mération la continuation del'idée qui pré menacée (Josèphe, Antiq. 18, 3, 1. 4, 1 .
cède, de la gloire d'Eden dont jouissait le Guerre des Juifs 2, 9.2.), fit massacrer
roi de Tyr; l'or et les pierreries apparte un grand nombre de Samaritains dans le
naient en effet aux magnificences du pa village de Tirabata, à l'occasion d'un ras
radis, car si l'on voit, Gen. 2, 10-12., une semblement du peuple qui, sous la con
description géographique, il faut cepen duite d'un imposteur, se disposait à mon
dant y ajouter plus que cela; ces versets ter sur le Guérizim pour y chercher des
nous parlent du paradis comme d'une trésors enfouis; accusé devant Vitellius,
terre modèle qui renfermait primitive gouverneur de la Syrie, il fut suspendu
ment dans son enceinte tous ces trésors de ses fonctions et envoyé à Rome pour
qu'on ne trouve plus maintenant qu'épars y rendre compte de sa conduite à l'em
dans les diverses cOntrées de la terre. pereur; il n'y arriva qu'après la mort de
On explique mieux ainsi la gloire du roi Tibère, qui eut lieu le 16 mars de l'an
de Tyr, le nombre des pierreries, la pré 37. Dès lors on n'a rien de certain sur la
sence de l'or , et l'ensemble de cette fin de sa vie ; quelques traditions dou
phrase qui nous peint l'orgueil suivi de teuses portent qu'il fut envoyé en exil à
l'écrasement. — On sait quel était et quel Vienne, dans les Gaules, et qu'il s'y don
est encore le luxe en pierreries des rois na la mort en se précipitant; d'autres,
de l'Orient, et ce n'est pas une chose plus incertaines encore, disent qu'il fut
rare ou inouïe de voir ces monarques décapité sous Néron; d'autres enfin por
donnant audience, tellement surchargés tent qu'il se jeta dans un petit lac de la
de joyaux de toutes espèces , qu'on peut Suisse, situé sur la montagne à laquelle
à peine distinguer les différentes parties il a donné son nom.
des vêtements ainsi déguisés. Parmi les cruautés qui lui furent re
PI-HAHIROTH (passage de la liberté), prochées, l'Evangile n'en rapporte qu'une
campement des Israélites à leur départ de seule, Luc 13, 1., la mort de quelques
l'Egypte ; il était situé entre Migdol et la Galiléens dont il mêla le sang avec leurs
mer Rouge, Ex. 14, 2. 9. Nomb. 33, 7.; sacrifices. Fut-ce un massacre ou un sup
mais on ne peut déterminer davantage sa plice P Les termes dont se sert l'historien
position. D'après Shaw, il aurait été dans sacré favorisent plutôt la première sup
l'étroite vallée de Bédéah, à 5 milles de position ; mais ils sont trop vagues pour
Suez; d'après Pococke, il serait identique pouvoir suppléer au silence de l'histoire
avec la ville d'Arsinoë ou Cléopatris. Si contemporaine, et ils ne peuvent se rap
Etham est le Bir-Suez actuel, comme le porter ni à l'émeute suscitée par Judas
présume Bois-Aymé dans sa Description Gaulonite, qui enseignait que les Juifs ne
de l'Egypte, VIII, 113, Pi-Hahiroth pour devaient pas payer le tribut à des princes
rait être le village de Hadjeroth, situé à étrangers, ni à celle que fit naître Pilate
3 milles de là; en le faisant précéder de par son projet de construire un aqueduc
l'article pi, ce serait en effet presque le aux dépens du trésor du temple, ni au
même nom. rassemblement de Guérizim, qui n'eut
PILATE (Ponce), que Théophylacte lieu qu'après la mort de Jésus. Pilate fit
croit avoir été originaire du Pont, à tuer des Galiléens dans le temple pen
cause de son nom de Pontius, que d'au ldant qu'ils sacrifiaient, c'est tout ce que
PIL 201 PIL

nous apprend l'énergique et belle ex été interrompues ensuite peut-être du


pression de saint Luc ; mais cet acte de massacre des Galiléens; les deux enne
violence s'est perdu au milieu de toutes mis se réconcilièrent : mais Hérode ren
les autres iniquités de Pilate, dont l'ad voya Jésus devant le tribunal de Pilate.
ministration, souvent brutale et tracas Fort de l'opinion d'Hérode qui confirmait
sière, a continuellement troublé le repos la sienne, il le déclare derechef innocent,
de la Judée, mais a pu se justifier parfois et propose aux Juifs de le faire fouetter;
en présence des préjugés et de l'esprit il l'absout et il le condamne tout ensem
opiniâtre et irritable de la nation qu'il ble , et par cette concession faite aux
gouvernait. Du reste, il n'a rien fait de Juifs, il leur prouve que sa conscience de
grand, et son nom serait resté obscur juge a ployé devant les cris de leur mul
comme celui de tant d'autres person titude, et les autorise à pousser leurs pré
nages, sans le rôle qu'il a joué dans l'his tentions jusqu'au bout. Sa faiblesse fait
toire de la passion de notre Seigneur. Il la force des ennemis du Seigneur.
habitait Césarée, mais selon l'habitude Cette offre est rejetée, et les historiens
des magistrats romains résidant en Pa sacrés passent sans transition au choix
lestine, de se rendre à Jérusalem aux que Pilate propose à la multitude de leur
époques des fêtes solennelles, soit pour relâcher Jésus ou Barrabas , Matth. 27.
surveiller les mouvements populaires , 15. Marc 15, 6. Luc 23, 17. Jean 18, 39.
soit pour se procurer le spectacle de ces Il est évident que dans l'intervalle, effrayé
solennités, soit simplement pour faire des cris et des menaces d'un peuple qui
acte de présence, il s'était rendu à Jéru l'appelle ennemi de César s'il fait grâce
salem pour la fête de Pâque. Il se trou à Jésus , Pilate a cédé , ou paru céder ;
vait au prétoire au moment où les sacri mais il tente un nouvel expédient, illu
ficateurs et les anciens, craignant d'entrer soire à la vérité, pour procurer la libéra
dans sa demeure, lui amenaient Jésus : il tion de l'innocent; il propose au peuple
sortit au-devant d'eux, leur demanda quel d'exercer son droit de grâce annuel en
était le crime de l'accusé, et ne reçut faveur de cet homme dont tant de voix
qu'une réponse évasive : il ne s'en con réclament le supplice : il espère peut-être
tenta pas, et les anciens, obligés de for donner une direction nouvelle aux pen
muler une accusation, l'accusèrent d'avoir sées de quelques-uns, du courage aux
affecté la royauté, Luc 23, Jean 18, Matth. amis de l'accusé qui, n'osant le défendre
27, Marc 15; les questions de Pilate à ouvertement, appuieraient sans crainte
Jésus sur la nature de sa royauté convain une mesure d'indulgence, du temps à
quirent lejuge de l'innocence du prévenu, d'autres de venir, car évidemment il a dû
et comme celui-ci ajoutait : Quiconque est y avoir un intervalle entre la proposition
de la vérité entend ma voix , Pilate lui de grâce et l'espèce de votation qui de
adressa encore cette question pleine d'in vait suivre, attendu que les personnes
différence et de mépris : Qu'est-ce que la qui étaient appelées à se prononcer sur
vérité?et sans attendre la réponseil revint ce point n'étaient pas nécessairement
auprès des Juifs et leur dit : Je ne trouve toutes présentes. Mais les cris : Ote, ôte,
aucun crime en lui. Les Juifs insistèrent crucifie ! redoublent avec plus de force
de nouveau sur l'accusation de sédition encore. En ce moment, l'épouse de Pilate,
et de crime de lèse-majesté : mais Jésus Procla, ou Claudia Procula, lui fait dire
refusa par deux fois de répondre à Pilate de ne point prendre de part à la condam
sur ce point. Un mot échappé à l'impa nation de ce juste, car, dit-elle, j'ai beau
tience des Juifs apprit à Pilate que Jésus coup souffert aujourd'hui à son sujet dans
était Galiléen, et quoique rien ne l'em mes songes, Matth. 27, 19. Cet avis était
pèchàt de poursuivre cette affaire, il ré trop d'acord avec les sentiments de Pilate
solut de la renvoyer à Hérode, soit pour pour qu'il le rejetât; il lutte encore contre
s'en débarrasser, ou pour traîner en lon la foule; par deux fois il réitère sa con
gueur, soit pour renouer avec le tétrar viction qu'aucune charge ne s'élève contre
que de la Galilée des relations qui avaient le prévenu, il demande des preuves de
PIL 202 PIL

son crime. On n'y répond que par de l de ces paroles de Pilate, et il faut que
nouveaux cris. Las de cette lutte, il fait | l'impression que l'accusé avait faite sur
fouetter Jésus, espérant satisfaire ainsi à son juge ait été bien vive et bien pro
la soif de sang de cette multitude sau fonde pour amener celui-ci à croire à
vage; il reparaît après l'exécution, il voit la possibilité d'une origine divine. Tou
Jésus couvert de sang et des insignes de tefois cette impression n'était ni sé
la royauté, il le montre à la multitude, et rieuse, ni religieuse, et la preuve s'en
répète qu'il n'a trouvé aucun crime en trouve, ce nous semble, dans le silence
lui. Ce spectacle sanglant porte ses fruits ; du Seigneur; il eût répondu à une âme
le peuple se tait : les sacrificateurs seuls angoissée et consciencieuse; il ne répon
et leurs employés recommencent leurs dit pas à Pilate, et comme celui-ci voulut
vociférations, et comme Pilate indigné essayer de la menace, car il ne voyait
s'écrie : Prenez-le vous-mèmes et le cru déjà plus un demi-dieu dans cet homme
cifiez, ils persistent à vouloir couvrir leur qui se cachait, Jésus lui répondit, à la
responsabilité de celle de la juridiction fois pour rabattre son orgueil , et pour
romaine, et ils articulent un nouveau su l'absoudre d'une portion du crime qu'il
jet de plainte : d'après notre loi il doit allait commettre : « Tu n'aurais aucun
mourir, car il s'est fait fils de Dieu, cf. pouvoir sur moi s'il ne t était donné d'en
Deut. 13 5. 18, 20. C'était en effet là haut; c'est pourquoi celui quim'alivré en
leur grief, le grief du sanhédrin, mais ce tre tes mains acommis un plus grand péché
ne pouvait en être un devant une cour que toi ; » paroles qui évidemment ne se
romaine : s'ils le formulent. ce n'est plus rapportent ni à la puissance impériale de
pour demander à Pilate un jugement po Tibère, ni à celle de Vitellius, gouver
litique, c'est pour vaincre sa résistance, neur de la Syrie, mais d'un côté à Dieu
et réduire son rôle à la confirmation d'un qui a établi Pilate dans sa charge, de
jugement ecclésiastique déjà rendu par l'autre aux Juifs qui lui ont livré le Sau
l'autorité compétente. A ce nom de fils veur. Il semble que Pilate ait conservé
de Dieu , qui rappelle au préteur païen de cet entretien particulier une impres
les enseignements de sa mythologie, des sion toujours plus favorable à Jésus, car
pensées se présentent, des souvenirs se il fit de nouveaux efforts pour le délivrer,
réveillent peut-être dans l'esprit de Pi Jean 19, 12. Mais les ennemis du juste
, late : il avait remarqué la tenue calme et redoublent leurs cris : Si tu délivres cet
extraordinaire du prévenu, et le songe homme, tu n'es point ami de César ! triste
de sa femme se joignant à la déclaration et perfide refrain qui devait ébranler un
des Juifs, il put croire qu'il y avait en homme dans un temps où l'on était cou
effet quelque chose de surnaturel en Jé pable dès qu'on était suspect (cf. Tacit.
sus , un demi-dieu peut-être ; on sait Annal. 3, 28.). Il essaie de montrer en
combien la superstition s'allie facilement core aux Juifs l'absurdité de leur accu
à l'irréligion, et chez les plus grands des sation ; par un mouvement d'humeur per
Romains, les deux choses souvent n'en sonnelle, par une ironie dirigée contre
faisaient qu'une. Pilate croit que Jésus les Juifs, et non contre la victime, il fait
hésite à s'expliquer en public; il va l'in monter Jésus près de son siége judicial,
terroger en particulier dans le prétoire ; sur un endroit élevé, et s'écrie : Voilà
d'où es-tu 9 lui dit-il. Pilate savait qu'il votre roi! Voilà cet homme que vOuS aC
était de Galilée, cette question ne pou cusez de conspirer ! Crucifierai-je votre
vait donc se rapporter ni à sa ville, ni à roi ? Mais le sort en est jeté. Pilate va li
sa patrie , elle se rapportait à sa nais vrer l'innocent au bourreau pour plaire
sance, à sa famille , et nous ne pouvons à une foule fanatisée, pour sauver une
mieux la comprendre qu'en nous rappe réputation qu'une accusation pourrait
lant ces paroles de Jésus : Vous savez compromettre, peut-être pour en finir.
d'où je suis, Jean 7, 28. Es-tu vraiment Mais auparavant il se fait apporter un bas
un homme du ciel, COmme tant de cho sin, se lave les mains solennellement de
ses semblent l'indiquer ? Tel est le sens vant tous, et dit : Je suis innocent du
PII. 203 PIL

sang de ce juste, vous y aviserez. La foule tous ces faits assez nettement dessiné, et
accepte la responsabilité de son crime ; cependant il a été l'objet des jugements
mais Pilate n'a pu se décharger de la les plus contradictoires. Les Juifs qu'il
sienne, et ses mains lavées d'eau n'en avait opprimés, les chrétiens dont il avait
sont pas moins restées tachées de sang, livré le chef, l'exécrèrent, et dans la pas
Matth. 27, 24. Se condamnant lui-même sion manquèrent de justice à son égard :
en condamnant les sacrifica'eurs, il pous en revanche, quelques modernes ont voulu
se ses protestations jusqu'au bout, et fait le réhabiliter plus qu'il n'est possible et
placer sur le haut de la croix un écriteau juste de le faire. Il est évident qu'il a re
qui, devant porter, selon l'usage, le nom gardé Jésus comme innocent, qu'il a vu
et le crime du condamné , ne renfermait en lui une déplorable victime du fanatisme
que ces mots écrits en trois langues : juif, et qu'il a désiré de le sauver: il est
Jésus Nazaréen, roi des Juifs. C'était dire impossible d'ailleurs qu'il n'ait rien su,
assez qu'il était condamné sans cause, que avant cette époque, de la douce et chari
rien de sérieux n'avait pu lui être repro table activité du ministère de Jésus, et si
ché, qu'au milieu de tant de cris et de dans son point de vue il n'a pas fait grand
murmures il n'avait pas été possible de cas de ses miracles, il aura pu avoir une
produire une charge positive contre lui, conviction pleine et entière du peu de
et qu'au point de vue romain , c'était la danger politique que présentait l'exis
seule accusation un peu plausible qui pût tence de cet homme. Mais il manquait en
justifier cette exécution. C'était aussi une général de fermeté dans son caractère,
ironie contre les sacrificateurs, et, lors car l'opiniâtreté qu'il montrait quelque
que ceux-ci réclamèrent contre la rédac fois n'est que la force de la faiblesse : les
tion de l'écriteau, Pilate qui, d'ailleurs, Constitutions apostoliques, 5, 14., lui re
n'aurait rien pu y changer, leur fit ré prochent même la lâcheté. Il manquait de
pondre, san : doute avec humeur : Ce que fermeté pour le bien, et les menaces des
j'ai écrit, je l'ai écrit. Il permit ensuite, Juifs frappaient peut-être d'autant plus
afin que les corps ne restassent pas ex fort que sa conscience n'était pas entiè
posés le jour du sabbat. Jean 19, 31. cf. rement à l'aise. Un grand combat l'a agité
Deut. 21, 23., que les soldats abrégeas pendant la courte durée de cette inique
sent le supplice des condamnés en leur procédure, et la cruauté a chez lui triom
brisant les membres , mais Jésus avait phé de la justice. Son mot fameux : Qu'est
déjà fini de souffrir.Peu demomentsaprès, ce que la vérité? si éloquemment com
comme Joseph d'Arimathée venait de menté par M. le professeur Vinet, peint
mander le corps de Jésus pour l'enseve son caractère tout entier : il a eu la vérité
lir, Pilate fit venir le centenier pour s'as entre ses mains, et il l'a sacrifiée. Jésus
surer si Jésus était, en effet, déjà mort ; avait d'ailleurs répondu à cette question
sur sa réponse, il accéda à la demande de dans sa prière sacerdotale : Ta parole est
Joseph. Le lendemain , Matthieu 27, 62., la vérité. — Il est probable que Pilate a
quelques membres du Sanhédrin deman adressé à Tibère un rapport détaillé sur
dèrent encore à Pilate de faire garder le la vie et la mort de Jésus; Justin Martyr,
sépulcre jusqu'au troisième jour, de peur, Tertullien, Eusèbe, et Orose en parlent,
dirent-ils, que ses disciples ne viennent et pendant longtemps des Actes de Pilate,
de nuit enlever le corps, et ne disent au peut-être authentiques, circulèrent parmi
peuple : Il est ressuscité des morts : car les premiers chrétiens : les écrits et let
cette dernière imposture serait pire que tres que l'on montre maintenant sous ce
la première. Peu importait à Pilate : qu'é- nom , sont de fabrique postérieure. Les
tait-ce que la vérité pour lui! Vous avez commentaires d'Olshausen et de Tholuck,
la garde du temple, dit-il, allez, et assu renferment sur le caractère et la conduite
rez le sépulcre comme vous l'entendrez. de Pilate de riches et bonnes observa
Ici s'arrête son histoire : son nom est tions, ainsi que des explications sur les
rappelé Act. 3, 13. 4, 27. 13, 28. 1 Tim. difficultés que présentent plusieurs des
6, 13. Le caractère de Pilate ressort de questions qu'il fit aux Juifs ou à Jésus.
PIL 204 PIS

PILLAGE. Comme les Bédouins du dé souvent impunément les maisons et les é


sert qui trouvent de nos jours encore difices publics; v. Theudas. — Kœster a
dans le dépouillement des voyageurs et cru dernièrement trouver dans une expli
des caravanes leur principale subsistance, cation particulière de Job 24, 18. une al
et qui ne se croient pas plus déshonorés lusion à la piraterie.
par leurs brigandages que ne l'étaient les PIN. v. Buis, et Orme.
chevaliers du moyen âge par leurs aven PISGA, plateau, Nomb. 23, 14. Deut.
tureux exploits, leurs ancêtres les Ismaé 3, 27., et chaîne de montagnes, qui se
lites, et les Caldéens leurs voisins, cher détache du plateau de Galaad, et borde la
chaient dans le pillage leur vie et leur vallée du Jourdain et de la mer Morte, à
gloire, Gen. 16, 12. Job. 1, 17. Il paraît l'orient de la Palestine, Deut. 3, 17. Jos.
même que quelques hordes nomades d'Is 12, 3. Le Pisga, situé au nord de l'Ar
raélites s'abandonnèrent à des briganda non, formait la frontière méridionale du
ges analogues pendant l'époque des ju royaume de Sihon, Jos. 12, 3., qui fut
ges, Jug. 9, 25. 11, 3. cf. 1 Chr. 7, 21.; plus tard la tribu de Ruben, Jos. 13, 20.
et plusieurs invasions des Philistins, des Le Nébo, situé à 5 lieues au nord de l'Ar
Hamalécites, etc., ne furent, à vrai dire, non, en était la cime principale. v. Né
que des incursions de brigandage et de bO 1°.
pillage, 1 Sam. 23, 1. 27, 8.9. Le vol ou PISIDIE, province de l'Asie Mineure,
vert était rare chez les Hébreux, en raison touchant à la Pamphylie, et comprenant,
de la constitution agraire du pays, et les dans son territoire, la ville d'Antioche,
images que leurs prophètes et leurs sages q. v., Actes 13, 14. 14, 24. Son nom n'ap
tirent de ce crime contre la société, Prov. partenait pas à la statistique, et les li
23, 28., sont généralement empruntées mites de la Pisidie, du côté de la Pam
aux mœurs des nations voisines. Mais phylie, ne peuvent être déterminées avec
après l'exil, particulièrement sous l'op précision. Le peuple libre et courageux
pressive domination des Romains et en des Pisidiens, que les Perses essayèrent
suite des guerres presque continuelles vainement de soumettre, habitait le pen
dont l'Asie Mineure fut le théâtre, les chant du mont Taurus, au nord de la Ci
bandes de brigands prirent un essor que licie et des côtes de la Pamphylie; il con
ne favorisèrent que trop les cavernes et serva son indépendance sous Alexandre
les fentes de rochers si nombreuses dans et ses successeurs, et fit de fréquentes et
la Palestine ,et dans la Trachonite qui la dévastatrices irruptions sur les habitants
bordait au nord-est; tellement qu'Hérode des plaines. Avec la chute du royaume de
et les procurateurs furent souvent con Syrie , ils quittèrent leurs hauteurs, se
traints d'envoyer des troupes armées à la répandirent dans les plaines environnan
rencontre ou à la recherche de ces pil tes, s'emparèrent de plusieurs villes, no
lards, à moins, comme il arrivait quelque tamment d'Antioche, et fondèrent, au sein
fois, qu'ils ne préférassent les laisser tran de leur république, de petits états gou
quilles, moyennant une espèce de tribut vernés par des tyrans. Les Romains, dans
ou de redevance annuelle, Joseph. Antiq. les armées desquels ils apparaissent sou
20, 6, 1 ; 20, 9, 9. Le désert qui sépare vent comme alliés militaires, ne réussi
Jérusalem de Jérico était surtout mal rent pas non plus à les soumettre , mais
famé à cet égard ; la route le traversait, ils leur prirent Antioche, où ils fondè
mais en longeant dans sa plus grande par rent une colonie de droit italique, et
tie, une vallée profonde, effrayante, cre d'autres villes dans la plaine. — Quoique
vassée, caverneuse et bordée des deux cô montueuse , la Pisidie (maintenant Ver
tés de hauteurs de grès arides et déchi sak et Alanieh) avait cependant des can
rées, propres à servir de retraites aux bri tons fertiles. On y trouvait, au dire de
gands dont elles étaient remplies, cf. Luc Strabon, quelques montagnes couvertes
10, 30. Même pendant le dernier siége de d'oliviers et de vignobles, principale
Jérusalem, cette malheureuse ville fut la ment aux environs de la ville de Serge.
victime de bandes intérieures qui pillèrent Le pays nourrit une grande quantité de
PIT 205 PLA

bestiaux. On y voit de belles forêts. Le raélites esclaves furent appelés à travail


storax, petit arbre odoriférant et à tige ler. On pense que c'est la ville de Patu
droite, y vient très bien ; son bois sert à mos dont parle Hérodote, 2, 158., et qu'il
faire des javelots qui acquièrent la dureté place sur le canal que les rois Néco et
de la corne. Il s'engendre, dans le corps Darius avaient fait creuser pour joindre
de l'arbre, un ver qui ronge jusqu'à l'é- la mer Rouge au Nil, et par là à la Médi
corce : la sciure qui en tombe, s'amas terranée. Le nom de Pithom signifierait,
sant au pied de l'arbre , et se mêlant au d'après Jablonsky, celle qui est enfermée,
suc gommeux qui en distille et se coagu c'est-à-dire la ville forte. D'autres, com
le, s'amalgame avec la terre qu'elle en me le traducteur copte, ont pris cette
traîne ; la résine qui reste sur le tronc se ville pour Héroopolis; d'autres enfin,
congèle dans le corps de l'arbre ; mêlée Marsham, pour Péluse ou Damiette.
avec la terre et la sciure, cette gomme PLAINES. La Palestine étant une con
est plus odoriférante, mais elle perd une trée montagneuse n'offre que peu de plai
partie de ses autres qualités (Strabon). nes véritablement dignes de ce nom. Les
Ptolémée joint la Pisidie tantôt à la Ga Hébreux avaient trois mots pour désigner
latie, tantôt à la Pamphylie. les plaines, suivant la nature de leur sol,
PISTACHE. C'est ainsi que le perse et leur étendue, leur conformation, leur
le samaritain, ainsi que plusieurs auteurs entourage, etc. Harabah désignait, en gé
modernes, notamment Winer, traduisent néral, une surface rase, ardue, et non
l'hébreu bot'nim, Gen. 43, 11., que nos cultivée, ce que nous appellerions pres
versions ont rendu par dattes, q. v. La que un désert; mishôr une plaine, un
plupart et les meilleurs des anciens inter plateau, fertile ou non, plutôt fertile ce
prètes l'entendent des fruits du térébin pendant, et qui n'est terminé nulle part
the, mais ces fruits sont à peine man par des montagnes; hémèk, une plaine
geables; la confusion peut s'expliquer par élevée , bornée par des montagnes, une
la grande ressemblance du térébinthe avec large vallée , formant une espèce d'arrêt
le pistachier; les deux arbres appartien au milieu des montagnes. Les principales
nent au même genre dans le système de plaines que présente la Palestine sont, en
Linnée (Pentandrie). Le pistachier croît allant du nord au sud : a) Celle de Jizré
en Palestine, en Syrie, en Perse : on ne hel ou d'Esdraelon (hémèk), qui partage
le trouve pas en Egypte (ce qui ajoute le pays de la baie de Ptolémaïs jusqu'au
une présomption de plus en faveur de Jourdain, et sépare les montagnes de la
cette traduction dans le passage cité de la Galilée de celles d'Ephraïm ;elle était bien
Genèse); ses feuilles, d'un vert sale, sont arrosée et riche en gras pâturages. v. Jiz
inégalement ailées, opposées, et compo réhel. — b) Les côtes de la Méditerranée
sées de folioles ovées et recourbées ; les depuis le mont Carmel jusqu'au fleuve d'E-
fleurs sont blanchâtres et réunies en grap gypte; elles portaient jusqu'à Joppe le
pes à l'extrémité des branches; les noix nom de plaine de Saron, et, depuis là, ce
mûrissent en octobre ; elles sont allon lui de Sephélah. v. ces articles. Cette par
gées, de la grosseur d'une noisette ; la tie méridionale communiquait avec les
coque, d'un blanc rougeâtre ou couleur plaines de Juda. — c) La plaine du Jour
chair, est odorante; l'amande est verte, dain, les deux rives de ce fleuve depuis
revêtue d'une peau rouge, huileuse, très le lac de Génésareth jusqu'à la mer Morte;
agréable au goût, très saine à l'estomac ; près de Jérico cette plaine s'élargit, et
elle était fort recherchée des Orientaux, prend le nom de harabah de Jérico, dé
qui la recommandaient même comme un sert de Jérico, Jos. 4, 13. 5, 10. 2 Rois
remède contre les morsures des serpents, 25, 5. Jér. 39, 5., comme aussi la mer
Plin. 13, 10. 23, 78. Le tronc a de 4 à 7 Morte s'appelle, à cause de cela, la mer
mètres de haut, mais n'est pas particu du Désert, Deut. 3, 17. 4, 49. — d) Le
lièrement fort. plateau (mishôr) de Ruben, sur lequel se
PITHOM, Ex. 1, 11., ville forte d'E- trouvaient les villes de Bézer et de Mé
gypte, à la construction de laquelle les Is débah, Jos. 13, 16. 20, 8. Deut. 4, 43.;
POE 206 POF

il appartient au grand, mais stérile pla qui embrassait même le Pentateuque, ne


teau qui porte aujourd'hui le nom de Bel résiste pas à l'examen, et, réfuté depuis
ka. — Les plaines de Moab tombent en longtemps, il est presque généralement
dehors du territoire d'israël , d'autres abandonné. — I'lusieurs oracles des pro
plaines encaissées dans des montagnes phetes sont un mé,ange de poésie lyri
seront indiquées à l'art. Vallées. que et de poésie didactique, comme aussi
PLATANE. v. Chataignier. dans les écrits à proprement parler di
PL0M B. v. Métaux. dactiques, on trouve par intervalles des
PLONGEON, Lév. 11, 17., v. Cormo fragments purement lyriques.
l':lIl . La poésie a été chez les Ilébreux ce
PLUIE. v. Température. qu'elle a été chez tous les peuples du
POELE , 2 Sam. 13, 9., instrument à monde : elle a pris naissance dans de pro
frire, dont la forme nous est inconnue, fondes et vives impressions, et s'est ma
mais qui ne peut avoir été essentiellement nifestée d'abord sous la forme qui ex
différent des ustensiles de même nom prime le mieux les émotions de l'âme,
dont on se sert dans nos cuisines , elle sous la forme lyrique , dans le principe,
était d'airain, si l'on en juge par son ély elle s'unissait presque toujours à la mu
mologie (massreth ). sique, peut-être même à la danse, Jug. 16,
POÉSIE , Poetes. Il est peu de sujets 25. 1 Sam. 18, 6, De grands événements
sur lesquels on ait plus écrit que celui nationaux, de grandes victoires, de gran
de la poésie des llebreux. Depuis les des délivrances, 1urent les premiers su
temps anciens jusqu'à nos jours, on a jets de ses chants, et comme au point de
écrit les volumes sur la métrique , le vue des Hébreux fidèles, toutes choses
rhythme et la musique de ces chants; on procédaient immédiatement de Dieu , la
les a considérés dans le fond et dans la poésie lyrique prit dès son origine une
forme, dans leur contenu et dans la dic couleur théocratique, elle eut une ten
tion : on a recherché la pensée et son en dance éminemment religieuse , et avec
veloppe; on a distingué les genres de elle cet élan, cette hauteur , cette gran
poésie, et l'on a pesé les phrases, les deur saisissante qui la caractérise. Il
mots, les syllabes, les lettres. Les poètes semble que des femmes surtout furent
et les commentateurs ont consacré , les dès les premiers temps remplies de cet
uns leurs talents , les autres leurs tra esprit lyrique ; nous les voyons, en effet,
vaux. à pénétrer bien des mystères, à si se produire au milieu du peuple avec tout
gnaler bien des beautés. Et cet ensemble l'enthousiasme de l'inspiration , Ex. 15,
de travaux qui pourrait faire croire soit 20. Jug. 5, 1. 11, 34. 21, 21. 1 Sam. 18,
à des découvertes intéressantes , soit à 7. Ps. 68.25. La poésie lyrique atteignit
une grande difficuité de la matière, n'a à sa plus haute perfection sous David, ce
peu près rien produit, rien expliqué de grand maître en qui elle se personnifia
ce qui eût dù être expliqué. pour ainsi dire, et qui ne fut sans doute
Ce que l'on connaît généralement sous pas sous l'influence des écoles de prophè
le nom de poésie des Hébreux se réduit tes autant qu'on a voulu le croire , il l'in
pour nous aucontenu des livres poétiques troduisit avec toute sa grandeur et Sa
de l'Ancien Testament , si nous les divi pompe dans le sanctuaire national , où
sons d'après les formes de notre esthéti elle devint un des ornements les plus
que, nous y trouvons des écrits didacti beaux et les plus bénis du culte public.
ques et des poésies lyriques, les premiers Après David, il paraît que les prophètes
s'adressant davantage à la réflexion , les et les lévites continuèrent Seuls de la cul
autres au sentiment, au cœur. Quelques tiver, v. Coré; mais ils le firent dans le
critiques, anciens ou modernes, ont vou même esprit que leur maître, et avec le
lu voir dans le livre de Job, et dans le même succès, la même force et la mème
Cantique des Cantiques, une troisième fraîcheur, jusqu'aux temps qui suivirent
forme de poésie, un germe de poésie épi l'exil, quoique l'on remarque parmi les
que ou dramatique; mais ce point de vue, grands chantres de cette époque, ces tra
POE 207 POE

ces de fatigue ou d'épuisement qui ac lyrique des Hébreux ; il renferme des


compagnent toujours la décomposition morceaux des deux genres que nous ve
d'une nationalité, l'épuisement d un pays nons d'indiquer. On a voulu voir la trace
qui va mourir. On ne saurait déterminer d'un troisième genre dans -
jusqu'à quel point la poésie lyrique fut c) Le Cantique des Cantiques ; les ra
appliquée par les Hébreux à des sujets tionalistes en ont conclu à l'existence
profanes, à chanter l'amour, la joie ou d'une poésie érotique chez les Hébreux,
l'amitié : il n'est pas même établi qu'elle et Winer répète ici l'un de ses mots favo
ait jamais perdu son caractère purement ris, c'est que la pédanterie dogmatique
religieux, et Winer, qui insiste sur l'exis ou historique peut seule ne pas admirer
tence d'une poésie profane lyrique des dans ce cantique un chant d'amour em
Hébreux, ne nous paraît pas avoir prouvé preint de toute l'ardeur des passions de
que Tholuck, en la niant, soit aveuglé par l'0rient.
une « pédantesque partialité. » Les pas Quant à la poésie didactique, elle pa
sages qu'il cite, Es. 9, 2. Jér. 7, 34. 25, raît avoir pris IIaissance dans les pro
10. 48, 33. Am. 6, 5. ne prouvent pas verbes, les dictons populaires, les sen
nécessairement ce qu'il croit y voir. tences profondes, les énigmes; on a tou
Le recueil des poésies appartenant au jours remarqué, en effet, que ces résumés
genre lyrique comprend : de la sagesse universelle affectaient vo
a) Des chants et des hymnes adressés lontiers une forme figurée et un certain
à Dieu, soit comme dominateur du mon rhythme qui les fissent ressortir dans la
de, Ps. 8 et 104, soit comme chef de la mémoire et dans l'imagination, et nulle
nation, Ps. 47, 66, 67 et 75, soit comme part cette sagesse populaire n'est plus
providence particulière par rapport à quel riche, plus ancienne, plus profonde que
ques événements de l histoire nationale, dans l'Orient. Le livre de Job est la plus
Ps. 46, 48, 75, etc. Un grand nombre de ancienne apparition de ce genre de poé
ces chants étaient spécialement affectés sie ; des sages s'entretiennent comme
au culte public, Ps. 15, 24, 68, 81, etc., dans le Makemath des Arabes : leurs pa
et l'on a cru pouvoir distinguer, dans roles ne s'élèvent pas toujours fort haut,
plusieurs, des chœurs et des voix seules mais la conclusion du livre est l'expres
s'entrerépondant ; le psaume 1 18 serait à sion d'une sagesse, peut-être peu éten
cet égard l'exemple le plus frappant, et due, mais sûre , morale , et ferme. Salo
les divers essais qui ont été faits pour mon forme une seconde époque, 1 Rois
retrouver la suite et le caractère des in 10; ses Proverbes réunis en recueil, avec
terlocuteurs (notamment le Cantique de la les sentences de quelques autres sages,
Victoire, de M. Bost), montrent que c'est l'Ecclésiaste , et un certain nombre de
un travail à la fois facile , intéressant, Psaumes, sont ce qu'il y a de plus carac
utile et instructif. Il faut se rappeler, téristique en ce genre dans la poésie hé
d'ailleurs, que les psaumes se chantaient braïque, Ps. 1, 133, 32, 50, etc.; on trouve
ordinairement par le maitre-chantre, et quelquefois aussi dans les prophètes quel
que les chœurs , généralement parlant, ques oracles émis en forme de sentences,
n'intervenaient que pour certains répons, ou de paraboles, 2 Sam. 12, 1-4. Es. 5,
comme cela se voit encore dans les sy 1-6. Les discours de Jésus portent pres
nagogues, et comme pour les prières on que tous le mème caractère, et montrent
en trouve aussi des exemples dans les combien ce genre était encore conforme à
Eglises romaine et épiscopale. l'esprit des Juifs e son temps. Et l'on n'a
b) Des complaintes, élégies, et lamen pas de peine à comprendre que lorsque
tations, ayant pour objet les malheurs des la poésie venait donner une forme vivan
individus, ou ceux de la nation, quelque te, brillante , à des pensées déjà fortes en
fois l'un et l'autre ensemble, cf. 2 Sam. 1, elles-mêmes, pleines dans leur brièveté,
Lament. 1-5,; Ps. 7, 44, 56, 102, 109, etc. sublimes dans leur simplicité, elles exal
Le recueil des Psaumes peut-être consi tassent l'enthousiasme religieux, et pro
déré comme une anthologie de la poésie duisissent des impressions tout à la fois
POE 208 POE

rapides et durables, sur le génie des Hé De ses sacrificateurs et de ses prophètes,


breux. . : . l| 4
De tous ceux qui disent au bois : Tu es mon père !
Et à la pierre : Tu m'as donné la vie.
On s'est donné beaucoup de peine pour
· découvrir dans la poésie hébraïque un Les deux premières lignes, dit Dahler,
mètre, des pieds, des vers, une rime, un comparent deux objets l'un à l'autre :
rhythme quelconque, mais tous ces ef l'idée générale, la maison d'Israël, est en
forts ont échoué; d'une part, parce que la suite décomposée en cinq espèces, distri
véritable prononciation de la langue est buées dans les quatre lignes suivantes ;
perdue, parce que nous n'avons plus que mais la cinquième espèce est distribuée
des données incomplètes, souvent in en deux lignes parallèles, et tout cela
exactes, sur les sons, la ponctuation, et la forme un ensemble harmonieux et sans
longueur des voyelles , de l'autre, parce affectation. Ce passage du parallélisme
que ces ornements de la poésie pro simple au parallélisme composé, était de
fane ancienne et moderne, paraissent nature à prévenir l'uniformité, et peut
avoir en effet manqué aux règles de la être la monotonie, qui accompagne sou
poésie des Hébreux. Ce qui la distingue vent la poésie lyrique.
en effet de la prose, c'est ce qu'on est On découvre sans peine des strophes
convenu d'appeler le parallélisme des distinctes dans plusieurs psaumes, tels
membres, parallélisme qui réunit pour que les 42, 43, 107, etc. Les psaumes ma
les opposer, les comparer, ou les confir haloth, q. v., ont un rhythme plus rapide
mer, plusieurs idées analogues, dans une et plus vif que les autres. Kœster a pu
seule et même phrase. Ce parallélisme est blié plusieurs travaux dans lesquels il
appelé synonyme quand les membres de s'attache à démontrer que le genre stro
phrases qui se correspondent, expriment phique est beaucoup plus ordinaire dans
une mème idée en des termes différents, les psaumes, qu'on ne le pense d'ordi
Gen. 4, 23.Jug. 14, 14. Ps. 2, 10. Jér. 2, naire, et que si l'on ne découvre pas tou
12.27.; antithétique , lorsque ies mem jours facilement la division des strophes,
bres de la phrase opposent deux idées c'est que cette division repose sur le mê
l'une à l'autre, Ps. 20, 8. Es. 1, 3.; syn me principe que le parallélisme des phra
thétique, lorsqu'ils expriment une mème ses, sur une espèce d'irrégularité calcu
idée, mais avec une gradation dans le lée qui souvent déjoue les recherches, et
choix des mots, et d'une manière pro qui introduit pius de variété dans l'en
gressive, Ps. 19, 8.10.91, 13.; dans ce semble. On trouve assez de strophes va
dernier cas il y a identité quand, les mê riées dans les poésies lyriques françaises,
mes mots étant reproduits, la force de la pour qu'il soit aisé de comprendre qu'il
pensée ne consiste que dans l'addition en ait existé de semblables dans la poé
d'images ou de définitions supplémen sie hébraïque. La version des Hagiogra
taires, comme Ps. 48, 11.12.104, 18. Ce phes de Perret-Gentil, et la Paragraph
parallélisme des idées est souvent accom Bible de Londres, font ressortir le paral
pagné de la répétition des mêmes mots, lélisme, et la distinction des strophes,
Gen. 4, 23. Job 6, 5. Ps. 19, 8. 20, 8. autant du moins qu'il est possible de le
118, 2.3.; de la rime, Gen. 4, 23. Job 16, faire.
12.: souvent aussi , la phrase se compose Remarquons encore parmi les artifices
de plusieurs membres dont les deux pre poétiques des poètes hébreux, la disposi
miers sont opposés au deux derniers, ou tion acrostiche d'un certain nombre de
plusieurs à un seul; cf. Ps. 31, 11.40, 16. psaumes , dans quelques-uns le change
Mich. 1,4.Job 10, 1. etc. Pour faire mieux ment des lettres a lieu d'un verset à l'au
comprendre l'idée du parallélisme, nous tre ; ailleurs trois versets, ailleurs encore
en citerons un exemple ; il est tiré de Jé huit, forment des espèces de strophes
rémie 2, 26.27. dont chacune commence par une des let
tres de l'alphabet, depuis la première jus
De même que le voleur est confus lorsqu'il est surpris,
Telle devrait être la confusion d'Israël, qu'à la dernière ; v. Ps. 25, 34, 119, 145.
De ses rois et de ses princes, Lament. 1, 2, 4; Prov. 31, 10 et suivants.
POE 209 POE
Cet artifice était-il destiné à faciliter la se. La préférence de certaines expres
mémorisation de ces vers ? était-ce un sions est fondée sur la préoccupation du
jeu de l'esprit, une entrave que le poète poète d'éviter les termes et les formes de
s'imposait à lui-même ? y avait-il là une langage journalières, ordinaires et com
signification maintenant perdue ? nous munes; souvent celui-ci était conduit à
l'ignorons, mais cette dernière supposi se servir de certaines formes anciennes
tion est la moins probable. comme plus simples, plus grandes, et plus
En plaçant dans le paralléiisme des énergiques; peut-être aussi que son choix
membres la principale différence qui dis était déterminé dans certains cas, par des
tingue la poésie de la p:'ose, nous ne con considérations de rhythme et de mesure.
testons pas qu'il ait pu y avoir encore Sous ce rapport on peut considérer les
d'autres différences, un rhythme particu poètes hébreux comme les poètes classi
lier, des pieds et des rimes ; Josèphe, ques de l'antiquité profane, parce que la
Origène, Eusèbe et saint Jérôme, parais poésie est la même partout, ses exigen
Sent avoir connu encore tOutes les beau ces partout semblables ; il a dû y avoir
tés de la poésie hébraïque, et avoir pos des licences poétiques chez les uns com
sédé le secret de ses règles : ils parlent, me chez les autres.
et leur grande science les mettait à mème Le cercle d'idées des poètes hébreux se
de parler en connaissance de cause, de meut principalement dans la sphère de
vers héroïques, de trimètres, et de pen l'Orient, il touche à la nature et à l'his
tamètres ; saint Jérôme va jusqu'aux vers toire de la Palestine, aux époques diver
alcaïques, iambiques, et saphiques pour ses de la vie nationale, aux grands évé
les Psaumes; et il voit des hexamètres et nements de l'existence du peuple de Dieu.
des pentamètres dans les cantiques du Un certain nombre d'images semblables
Deutéronome et d'Esaïe, dans le livre de se reproduisent chez les uns et les autres,
Job et dans ceux de Salomon. Quant à et si l'on en excepte quelques-uns, Job,
Leclerc (Hist. abrégée de la poésie chez Amos, Habacuc, Ezéchiel, on a la clef de
les Hébreux), il essaie de prouver dans tous quand on a la clef de l'un d'eux :
sa dissertation que la poésie des Hébreux l'intelligence d'Esaïe, par exemple, en
était rimée à peu près comme la poésie traîne promptement l'intelligence des au
française, opinion qui n'a pas manqué de tres prophètes considérés comme poètes.
partisans. D'un autre côté, Scaliger et Il serait intéressant de comparer sous ce
d'autres, estiment et soutiennent qu'il n'y rapport la poésie hébraïque à la poésie
a ni mesures, ni pieds, dans les vers hé orientale et à celle de l'Occident, aux
breux, et que cette langue, non plus que classiques anciens et aux chantres du
la plupart des langues sémitiques, n'est moyen âge, à Homère et à Ossian.
pas susceptible de cette espèce de gêne L'élévation de la pensée qui atteint chez
poétique. plusieurs prophètes la hauteur la plus su
Quoi qu'il en soit de cette question, il blime, cette simplicité pleine d'expres
faut avouer que le vrai caractère de la sion, cette variété pleine d'unité, ces fi
poésie est dans la diction mème, et que gures, ces sentiments, cette action, tout
celle-ci se distingue par un choix de cela réuni, qui pourrait se retrouver chez
mots et de locutions qui ne se rencon les poètes profanes, est encore relevé
trent jamais, ou du moins fort rarement par l'idée religieuse qui anime, entoure,
dans les ouvrages en prose, ou qui, lors vivifie tous ces élans, qui est le centre et
qu'ils s'y trouvent, ont dans la prose une le fond de la poésie elle-même chez les
signification et une portée différente que Hébreux.
dans la poésie ; la forme grammaticale Parmi les auteurs qui ont traité ce su
même des noms, des pronoms suffixes, jet nous n'indiquerons que Carpzov,
des verbes, et les règles de la syntaxe, Lowth , Leclerc, Herder (Esprit de la
s'éloignent également de la forme ordi poés. hébr.), et une dissertation spéciale
naire, et des règles qui sont constam de Calmet dans son Commentaire.
ment observées dans les ouvrages en pro Saint Paul donne aux poètes païens le
II. 14
POI 210 POI
nom de prophètes, parce que chez les voient à la fin de 1 Chr. 23, 29., on se
païens les poètes passaient pour inspirés; rappellera que les Egyptiens, au dire de
il en cite deux, Aratus, Act. 17, 28., peut Clément d'Alexandrie, avaient une insti
être aussi Cléanthe et Epiménide, Tit. 1, tution semblable, les Romains également,
12. Aratus était natif de Cilicie, comme et que Justinien, par une loi expresse,
saint Paul; il avait dit : « Nous devons com ordonna que les poids et mesures se
mencer par Jupiter, qu'il ne nous est pas raient gardés dans les églises des chré
permis d'oublier. Tout est plein de Jupi tiens ; v. Mesures.
ter, il remplit les rues, les places et les POIREAU (allium porrum), plante po
assemblées des hOmmes : toute la mer et tagère bien connue ; fleur en ombelle à
les ports sont remplis de ce Dieu, et en six feuilles; feuilles grandes, étroites et
tous lieux nous avOns tOns besoin de Ju aplaties; oignon petit et membraneux; on
piter. » Saint Paul, en faisant un extrait le mange en Egypte soit en salade, soit
de ce passage lui donne la vérité qu'il n'a sans assaisonnement avec du pain; les
pas; il purifie l'erreur et argue de ces pa anciens Egyptiens déjà l'estimaient pour
roles obscures et fausses, pour démon Son goût exquis et en faisaient un assai
trer que dans toute conscience d'homme sonnement recherché pour une quantité
il reste un sentiment secret, une croyance de plats, Juven. 15, 9. Horace, Epp. 1.12,
confuse, mais invincible, à l'existence 21. Mlartial 3,47. 10, 4. Plin. 19, 33. Il est
d'un Dieu tout-puissant et présent par nommé, Nomb. 11,5., avec l'ail et l'oignon
tout. Epiménide jouissait, d'après ce que comme un des aliments que les Israélites
rapportentPlutarque et Diogène de Laërte, regrettaient le plus dans le désert ; son
d'une grande réputation de prophète, et nom hébreu est hhatzir, que nos versions
et ils citent de lui plusieurs prédictions rendent ailleurs par herbe, Job 8, 12.40,
qui, si elles sont vraies, ont été accom 15., etc., sur le témoignage des Septante,
plies d'une manière remarquable. appuyés par d'autres autorités fort an
POIDS. Les poids dont les marchands ciennes ; Ludolph en donne une explica
se servaient ordinairement s'appelaient tion différente qui n'a pas prévalu, et les
pierres, parce qu'ils étaient faits de pierre, COmmentateurs sont d'accord sur ce dou
matière plus solide et plus durable que ble sens du même mot suivant le contexte
tant d'autres, même que le fer qui se dans lequel il se trouve.
laisse user par la rouille; on les portait POISON. Il y a en hébreu deux mots
dans un sachet, ou bourse, attachée à la différents pour désigner le poison, l'un
ceinture, cf. Prov. 16, 11., ce qui se fait plus général, rôsh, qui s'applique au poi
encore de nos jours en Perse, et cette Son animal, Deut, 32, 33., comme au poi
habitude était d'autant plus nécessaire son végétal, plus fréquemment cependant
qu'aucun échange, ni achat, ne se faisait à ce dernier; l'autre, hhemah, qui ne se
autrement qu'au poids, l'argent même était dit que du poison animal, Deut. 32, 24.
pesé, Jér. 32, 10. De faux poids et de Le mot rôsh, que les anciens traduisent
fausses balances étaient sévèrement punis quelquefois par venin, quelquefois par
par la loi, Lév. 19, 35. Deut. 25, 14.; fiel, désigne dans quelques passages une
mais il paraît que malgré ces rigueurs, espècejde plante vénéneuse qui croît dans
les facilités que l'on avait de commettre les champs, Os. 10, 4., et dont les fruits
ce délit, l'avaient rendu fort ordinaire, ressemblent aux grappes de raisin, Deut.
Prov. 11,1.20, 10.23. cf. Ez. 45, 10.Mich. 32, 32., et sont amers; les uns pensent
6, 11. Quant au sicle du sanctuaire, Ex. que c'est la morelle, d'autres le tithymale,
30, 13.24. Lév. 5, 15., etc., appelé aussi d'autres la coloquinte, d'autres l'ivraie,
le sicle au poids du roi, 2 Sam. 14, 26., d'autres enfin, comme Gesenius, que c'est
v. Sicle. Si l'on admet qu'il y avait dans le pavot, dont le suc finit par devenir un
le sanctuaire des poids spéciaux consa poison, l'opium ; cf. l'eau de fiel, Jér. 8,
crés à la vérification des poids générale 14. 9, 15. 23, 15. Il est souvent nommé à
ment en usage, et un lévite chargé de côté de l'absinthe; ainsi dans les passages
les conserver, comme quelques-uns le indiqués, et Deut. 29, 18. Quant à son
POI 211 P0L

amertume, v. Ps. 69,124, Lam. 3, 5. Des 33, 14. Néh. 3,3. 12, 39, Cette viande ne
caractères donnés par les livres saints à figure jamais dans les sacrifices, non
cette plante vénéneuse, il est aisé de con qu'elle fût souillée, mais parce qu'elle
clure au rejet de plusieurs des supposi était considérée comme peu forte, peu
tions que nous avons indiquées : il l'est nourrissante, et peu digne d'être offerte à
moins de se prononcer définitivement la divinité; d'après Hérod. 2, 37., il était
pour l'une ou pour l'autre. — Miarc 16, même défendu aux prêtres d'Egypte d'en
18. renferme une allusion à l'usage d'a- manger. "- •

doucir ou d'abréger au moyen du poison Il ne paraît pas que les Hébreux aient
les souffrances du condamné. — 2 Macc. su désigner les différentes espèces de
10, 13. nous offre un cas de suicide par poissons par des noms particuliers; du
empoisonnement. moins on n'en trouve aucun exemple nulle
POISSONS. On voit par Nomb, 11, 5. part; le poisson même qui engloutit Jonas
Ez. 29, 4.5., que l'Egypte, et notamment n'est pas désigné autrement en son lieu
le Nil, abondait en poissons de toute es que par l'épithète de grand, Jon. 2, 1.;
pèce ; cf. Ex. 7, 18. Hérod. 2, 93. Stra il est appelé baleine dans la mention qui
bon 17, 823. La Palestine en possédait en est faite, Matth. 12, 40., d'après la
également beaucoup dans ses rivières et traduction des Septante, mais on est pres
dans ses lacs, et le lac de Génésareth était que généralement d'accord à penser qu'il
sous ce rapport tout particulièrement re ne s'agit pas de la baleine dans ce passage :
nommé, Jean 21, 11. cf. Matthieu 14, 17. Hare l'entend de l'orque, grand poisson
15, 34. Les habitants de ses rivages vi de l'espèce du dauphin ; Bochart et la
vaient de la pèche, Luc 5, 2., mais tra plupart des commentateurs actuels, du
Vaillaient chacun pOur Son compte sans requin (squamus, ou canis carcharias); ce
être réunis en corporation ou en corps grand poisson répond ainsi aux termes
de métier. On se servait pour pêcher, employés dans le livre de Jonas : ses
de filets de différentes grandeurs et de quatre cents dents placées sur six ran
différentes formes, Matth. 4, 18. Jean 21, gées sont aigués et tranchantes comme
6., de hameçons, Es. 19, 8. Hab. 1, 15. des rasoirs; sa gueule est si large qu'un
et de crochets, crocs ou sorte de harpons, homme peut à son aise y passer tout
Am. 4, 2. cf. Job 40, 20.21. C'était sur entier : on a trouvé souvent dans son
tout la nuit, Luc 5, 5., ou au matin avant estomac des hommes, des chevaux, d'au
le lever du soleil, Pline 9, 23., que les tres animaux; et dans un de ces animaux
pècheurs Vaquaient à leur tranquille et si qui ne pesait que 400 livres, on a trouvé
lencieuse occupation. Les Phéniciens fi jusqu'à dix thons. On raconte qu'un mate
rent connaître les poissons de mer à la Jé lot fut un jour avalé vif par un requin, et
rusalem restaurée et reconstruite, Néh. que celui-ci ayant été atteint par un boulet
13, 16., du moins il n'en est pas fait men de canon, le rejeta immédiatement, sans
: tion plus tôt. Il ressort de plusieurs pas qu'il eût éprouvé le moindre mal. — Nous
sages que les Juifs, surtout les Juifs pos avons parlé du poisson de Tobie à l'article
térieurs à l'exil, mangeaient volontiers le Cécité, et du culte des poissons à l'article
poisson, en comprenant S0uS ce nOm tous Dagon. v. aussi Béhémoth et Léviathan.
les animaux aquatiques munis d'écailles POITRINE de tournoiement. v. Lever.
et de nageoires, car les autres, tels que POIX, en hébreu zèphèh ou zèpheth,
la murène, le polype, la sèche, étaient dé Ex. 2, 3. Es. 34, 9., substance bien con
clarés impurs par la loi, Lév. 1 l, 9.; v. nue, susceptible d'être liquéfiée à une
Nomb. 11, 5. Néh. 13, 16. Matth. 14, chaleur peu considérable, et souvent em
17. 15, 36. Luc 9, 43. 24, 42. Jean 6, 9., ployée comme enduit. On la tire de cer
etc. ; mais ils n'en faisaient pas, comme taines résines végétales.
les catholiques romains, une des délica · POLITESSE. Cette forme extérieure
tesses du jeûne. Il y avait à Jérusalem un de bienveillance, cette espèce de bien
marché spécial destiné à la vente de la veillance de surface, provisoire, transi
· pèche, et une porte des poissons, 2 Chr. toire, que son nom caractérise seul par
POL 212 poL
faitement, et qui accompagne souvent, et d'un souhait de prospérité, Tob. 5, 21.
supplée quelquefois, la bienveillance du ll † ois aussi qu'au lieu
cœur, la bonté, l'amitié, a eu de tout de se † une sim le et courte sa
temps chez les Orientaux un développe lutation, les Hébreux qui se rencontraient
ment et des proportions beaucoup plus s'adressaient de longues et verbeuses for
considérables que chez les Européens, mules de bienveillance, 1 Sam. 25, 6., et
moins formalistes et plus positifs. Les c'est à ces longueurs que font allusion les
anciens Hébreux ne faisaient pas excep défenses mentionnées 2 Rois 4, 29. Luc
tion sous ce rapport aux usages des peu 10, 4. Les voyageurs modernes, Niebuhr,
ples au milieu desquels ils vivaient isolés, Arvieux, Russel, racontent que les Orien
et nous trouvons dans l'Ecriture la trace taux, et, en général, presque tous les peu
de la plupart de ces coutumes qui se sont ples à moitié civilisés, ont conservé l'usage
perpétuées jusqu'à nos jours en Orient. de ces salutationscirconstanciées, qui sont
En se rencontrant ou en se séparant, 2 inutiles et fastidieuses pour des hommes
Sam. 18,21., les inférieurs saluaient pro occupés, et plus attachés à la réalité qu'aux
fondément leurs supérieurs, quelquefois formes de la politesse. — Dans la con
jusqu'à terre suivant la distance sociale versation, l'inférieur parlait de lui-même
qui les séparait, Gen. 19, 1. 23, 7.2 Sam. à la troisième personne, en se disant le
9, 8., même à plusieurs reprises, Gen. serviteur de celui à qui il s'adressait, et
33, 3.1 Sam. 20, 41. : devant des prin en l'appelant mon seigneur, ou même
ces, des gouverneurs, des hommes haut mon maître, si c'était un prophète ou
placés, on avait même l'habitude de se je quelque personnage très distingué par
ter par terre, à leurs pieds, ou de se met son rang, Gen. 18, 3. 19, 2. 24, 18. 43,
tre à genoux, Gen. 42, 6. 44, 14. 50, 18. 28. Jug. 19, 19. 1 Sam. 26, 18. 2 Rois
1 Sam. 25, 23.2Sam. 1, 2. 14, 4. 19, 18.2 5, 13. 6, 21. 13, 14., etc.; parfois même,
Rois 1, 13. Matth. 2, 11. 27, 29., etc. On pour mieux marquer son respect, l'infé
ne voit pas d'exemples de l'usage actuel rieur se rabaissait jusqu'à se donner des
de mettre la main droite sur la poitrine, titres injurieux, comme chien , ou chien
en inclinant la tête devant un supérieur. mort, 2 Sam. 9, 8. 2 Rois 8, 13. Il pa
Si un inférieur étant à cheval rencontrait raît que les Juifs postérieurs poussèrent
un de ses supérieurs, il descendait de sa le scrupule dans leurs rapports avec les
monture pour faire les révérences d'u- païens jusqu'à refuser de les saluer, Matth.
sage, Gen. 24, 64. 1 Sam, 25, 23. Il n'est 5, 47., comme, en Egypte et en Syrie ,
pas dit, mais il est probable qu'en pareil les chrétiens et les mahométans de nOs
cas les Hébreux de la classe inférieure, jours passent encore à côté les uns des
comme les anciens Egyptiens et les Ara autres sans remplir ce devoir de polites
bes de nos jours, sortaient du chemin se. Une convention tacite avait, à la mê
pour laisser un libre passage à la per me époque, dispensé de répondre à un
sonne plus élevée qu'ils rencontraient. salut certaines personnes, et presque
Les formules de la salutation étaient certaines classes, notamment les hommes
simples; elles exprimaient des vœux de attachés au clergé, et entourés d'une ré
bénédiction, Gen. 43, 29. 1 Sam. 25, 6. putation de vertu et de piété, ce qui n'em
Jug. 6, 12. cf. Ruth 2, 4., où nous voyons pêchait pas ceux-ci de rechercher les sa
à la fois le salut et sa réponse ; ou bien lutations avec une petitesse d'amour-pro
c'étaient des informations touchant l'état pre et de vanité qui leur a mérité les re
de la santé, 2 Sam. 20, 9. 2 Rois 4, 26. proches de notre Sauveur, Marc 12, 38.
Jug. 18, 15. 1 Sam. 10, 4., et cette der Luc 11, 43. 20, 46. La place de droite, à
nière habitude était tellement générale table ou ailleurs, était déjà, dans l'anti
qu'on disait : demander à quelqu'un com quité hébraïque, la place d'honneur, 1
ment il se porte, pour : le saluer. Le sa Rois 2, 19. Psaum. 45, 9. Matth. 25, 33.
lamalec des Arabes n'est autre sous ce Les témoignages du respect, de la joie,
rapport que le shalom aléka des Hébreux : ou de la reconnaissance publique, ren
paix te soit ! On accompagnait les partants dus à un monarque, consistaient dans des
213 POL
PoL
cris d'allégresse, parmi lesquels on dis rait certain, disons-nous, que la polyga
tinguait celui de : Vive le roi! Lors mie était devenue presque générale avant
qu'on le pouvait, on y joignait de la mu Noé : car elle convenait aux maîtres du
sique (instrumentale), 2 Sam. 16, 16. 1 monde, et nul frein ne les retenait plus
Rois 1, 40.2 Rois 9, 13. Judith 3, 8.; on sur la pente où les entraînaient leurs pas
couvrait le chemin de tapis, de vêtements, sions. — La polygamie fut-elle permise
et le peuple qui était trop pauvre, de aux patriarches9 On ne saurait l'affirmer.
branches d'arbres ou de fleurs, AEschyl. Ils la pratiquèrent, mais dans de cer
Agam. 909. Tacit. Hist. 2, 70. 2 Rois 9, taines limites. Abraham n'eut à la fois
13. Matth. 21, 8.; et, si le personnage qu'une femme et une concubine, croyant
qu'on attendait faisait son entrée de nuit, devoir réaliser dans la chair des promes #

on l'escortait avec des flambeaux, 2 Macc. ses qui étaient faites à l'esprit; Isaac
4, 22. n'eut qu'une femme ;Jacob eut deux fem
- •' " | " • .!
-

On peut voir aux articles Age, Baiser, mes, dont la première lui fut imposée, et
Salive, d'autres préceptes relatifs à la deux concubines qu'il prit pour obéir à
politesse. Quelques autres détails encore ses femmes. Ils ne trouvèrent, ni les uns
sont conservés par les rabbins, ainsi l'ha ni les autres, le bonheur dans ces demi
bitude de saluer celui qui éternue, et de désordres. Les lois de Moïse supposent
lui souhaiter du bien, l'éternuement étant cet usage, sans l'approuver ni le condam
regardé comme un présage en général ner, Deut. 21, 16. 17. Ex. 21, 8. Lèv.
fàcheux. (Dans le texte de 1 Rois 16, 11. 18, 18., et plusieurs exemples de poly
21 , 21., le mot qui a été traduit par gamie sont rapportés, ou du moins indi
homme, ou, pour mieux dire, qui n'a pas qués, dans les livres saints, principale
été traduit, fait allusion à un acte qui ment sous l'époque desjuges, Jug. 8,30,
dénote une éducation grossière, et peut 10, 4. 12, 9.14.1 Sam. 1, 2.2 Sam. 3,
être un manque affecté de respect; il y a 7. 12, 8. Le législateur avait néanmoins
dans l'hébreu : « depuis celui qui urine gêné, par diverses restrictions et pres
contre la muraille, » c'est-à-dire depuis criptions, l'exercice de la polygamie, qu'il
l'homme le plus commun, ou depuis l'en n'avait pas combattue directement, peut
fant, le gamin, « jusqu'à un chien. » être parce qu'elle était le moindre de plu
POLYGAMIE. Cette plaie de l'Orient, sieurs maux entre lesquels il fallait choi
nécessitée, disent les uns, par l'influence sir pour faire l'éducation du peuple; elle
d'un climatardent sur les hommes, par la était une forme adoucie de l'esclavage
grande disproportion, disent les autres, des femmes, un remède contre des abo
qui se trouve entre les naissances mascu minations communes chez les peuples
lines et les naissances féminines, mais orientaux. Les obstacles que la loi oppo
qui, en réalité, n'est entretenue que par sait aux excès de la polygamie étaient de
elle-même, qui produit elle-même ses trois sortes : 1° Il ne devait se trouver
Causes , cette plaie n'a pas été inconnue aucun eunuque dans le pays, Deut. 23, 1.;
aux anciens Hébreux, et elle existait long or, la polygamie sans eunuques ne se
temps avant leur constitution comme rencontre nulle part : lorsque les maîtres
peuple. Lémec, de la famille de Caïn, sont obligés d'être eux-mêmes les gar
est le premier polygame connu, et son diens de leurs harems, ils sont peu ten
nom, sa famille, ce qu'on sait de sa vie, tés de les agrandir, et, lorsque les fem
n'est pas une recommandation en faveur mes peuvent toujours espérer de trouver
de la polygamie, Gen. 4, 19-24. On croit un époux, elles sont moins tentées d'a-
encore trouver,Gen. 6, 2., dans ces mots: liêner leur liberté pour partager la cou
« de toutes celles qu'ils choisirent, » un che d'une rivale. 2° La souillure con
second indice de ce genre de désordre tractée par l'homme, Lév. 15, 18., deve
avant le déluge. Il paraît certain, en tout nait, pour celui-ci, une incommodité et
cas, malgré l'opinion de quelques Pères, un fardeau insupportable lorsque le nom
notamment de Tertullien qui dit qu'avant bre de ses femmes se multipliait. 3° Il
le déluge personne n'imita Lémec; il pa était défendu d'avoir une femme privilé
P0L 214 ÉOM
- , ** -

giée ;l'homme leur devait à toutes, ainsi polygamie successive les secondes noces,
qu'à leurs enfants, la même bienveillance, et quelques auteurs, d'accord avec l'E-
Ex. 21,8., et, comme le cœur d'un hom glise grecque, ont cru que les passages
me ne peut pas facilement flotter entre 1 Tim. 3, 2. Tit. 1, 6. interdisaient po
plusieurs, comme il a besoin de se fixer, sitivement aux évêques et conducteurs
comme, par conséquent, cette prescrip d'églises les secondes noces.Au lieu de :
tion de la loi ne pouvait être observée mari d'une seule femme, ils lisent alors :
que rarement et difficilement, les excès n'ayant été le mari que d'une seule fem
de la polygamie étaient réprimés d'au me , ils s'appuient sur ce que la polyga
tant. Ajoutez que les jalouses rivalités mie étant interdite aux chrétiens en gé
des femmes d'un seul homme, qui sont néral par Jésus, qui a ramené le mariage
presque une suite inévitable de la po à son institution primitive, Matth. 19, 5.
lygamie, cf. 1 Sam. 1, 6.2 Chr. 11., 21., cf. 1 Cor. 7, 2., elle l'était, par consé
étaient, pour celui-ci une cause de cha quent, aux évêques, sans qu'il fût néces
grins domestiques presque continuels, Saire de le spécifier. Mais cette considé
qui devaient lui faire désirer la suppres ration qui est la plus sérieuse de celles
sion de la polygamie elle-même; Elkana qu'on avance, perd de sa valeur si l'on se
en est une preuve frappante. Il résultait rappelle que la polygamie, bien que peu
de ces entraves que les Israélites, malgré estimée des Grecs et des Romains , exis
l'espèce de liberté dont ils jouissaient, se tait cependant encore chez eux comme en
contentaient , en général , d'une seule Orient : or, nous pouvons supposer que
femme, Prov. 12, 4. 19, 14. 31, 10., à la des hommes quiavaient deux ou plusieurs
quelle ils adjoignaient tout au plus, et femmes se soient convertis; rien ne nous
cela contre la loi, deux concubines. Après autorise à croire qu'en pareil cas les apô
l'exil, la monogamie devint générale, et tres aient contraint le prosélyte à se sé
elle tendit à être toujours mieux comprise parer de ses femmes. Calvin fait observer
dans sa portée et dans son sens moral, Ec avec justesse que cette séparation, ce
clésiastiq. 26,1. Quantaux rois,illeurétaitdivorce, aurait été un nouveau crime;
défendu, par Deut. 17, 17., d'avoir plu l'Eglise ne pouvait donc faire autrement
sieurs femmes. Cependant, nous voyons que tolérer les conséquences d'un fait qui
que la loi fut fréquemment éludée, et la s'était passé en dehors de l'Eglise. Tou
plupart des rois, Saül , David , Salomon, tefois, et c'est à ces cas que se rappor
Roboam, Abija, jusqu'à Hérode le Grand, tent les paroles de l'apôtre, des hommes
ont eu des sérails, quelques-uns même dans une position semblable, ne pouvant
extrêmement nombreux, plusieurs fem jouir de la considération dont un évêque
mes, et un beaucoup plus grand nombre doit être entouré , étaient exclus de l'é-
encore de concubines, 2 Sam. 5, 13. 12, piscopat, ainsi que ceux qui s'étaient re
8. 1 Rois 11, 3.2 Chr. 11, 21. 13, 21. mariés après un divorce illégitime, ou
Ils remplaçaient alors par des eunuques ceux qui entretenaient une concubine à
étrangers les hommes qu'ils ne pouvaient côté de leur femme légitime. Heiden
pas se procurer en Judée. v. Eunuque. reich, dans son commentaire sur les épî
— On peut remarquer la sagesse des en tres pastorales, 1826-1828, a soutenu
traves apportées par le législateur à une l'opinion que nous combattons, et la plu
coutume qu'il voulait déraciner sans l'ar part des sociétés de missions agissent
racher; les résultats ont été obtenus : Ma dans le même sens, en contraignant les
homet a combattu les excès de la polyga prosélytes polygames à renvoyer toutes
mie de manière à sanctionner le principe leurs femmes moins une.
et à enraciner l'usage, lorsqu'il a limité POMMIER. Hébr. thapouach. Cet ar
à quatre (Coran 4, 3.) le nombre des bre si connu, de la famille des rosacées,
femmes légitimes qu'il est permis d'a- n'est nommé que Joel 1, 12. Cant. 2, 3.
voir, sans, du reste, rien statuer sur le 8, 5., et ses fruits, Cant. 7, 8., où leur
nombre des concubines. agréable odeur est comparée au souffle
On appelle, en termes de scholastique, de la bien-aimée. Rosenmuller et d'au
PON 215 P0R

tres ont cru, à cause de cela, qu'il s'agis sion volontaire de ses états à Néron. Cet
sait dans ces passages du cognassier et empereur réunit le Pont et la Cappadoce
du coing, dont l'odeur est plus forte que sous une seule administratiOn.
celle de la pomme ; mais les pommes de P0RC. La chair de cet animal était
Syrie, au rapport d'Avicenne, ont une mise par la loi de Moïse, au nombre des
odeur plus forte que les nôtres, quoique viandes impures et défendues, Lév. 11,7.
fine et délicate, et la comparaison du Can Deut. 14, 8., et les Juifs ont été dans
tique pouvait être facilement comprise. tous les temps fidèles à l'horreur qu'elle
Un argument qui prouverait davantage leur inspirait, à tel point que plusieurs
en faveur de l'opinion de Rosenmuller, d'entre eux aimèrent mieux SOuffrir le
c'est que dans le langage de l'amour martyre sous Antiochus Epiphanes, que
oriental, le coing joue un rôle plus ordi de consentir à en manger, ou même à faire
naire qu'il ne fait et ne pourrait faire semblant d'en manger, 2 Macc. 6, 18. 7,
chez nous. ll est possible au reste qu'en 1. etc. L'épithète de mangeurs de pour
hébreu comme en grec, un même mot dé ceau désignait les idolâtres les plus cor
signât l'un et l'autre fruit ; mais il res rompus et les plus endurcis, Es. 65, 4.
sort de plusieurs noms de villes, Jos. 15, 66, 17. D'après plusieurs rabbins, les
34. 17,7., que le thappuah était un arbre Juifs ne pouvaient pas même posséder
assez commun dans l'ancienne Palestine, des pourceaux, et les troupeaux mention
et certainement la culture du pommier nés Matth. 8, 30. cf. Luc 15, 16., appar
avec son fruit légèrement acide, mais tenaient sans doute à des étrangers, ou
doux et rafraîchissant, était plus utile, peut-être à des Galiléens, qui pouvaient
plus recherchée, que celle du rude et bien sous ce rapport, comme ils l'avaient
âpre cognassier. LeTalmud d'ailleurs, par fait sous tant d'autres, s'être relâchés de
les détails qu'il donne sur le pommier, la sévérité des prescriptions de leur loi,
appuie suffisamment la traduction géné en nourrissant des animaux qu'ils ne de
ralement adoptée. vaient revendre qu'à des étrangers; d'ail
PONT, contrée de l'Asie, nommée à leurs les Juifs modernes ne se font pas
côté de la Cappadoce, Act. 2, 9. 1 Pierre de scrupule à cet égard, et ils vendent
4, 1., et qui, d'après ces passages, était des porcs aussi bien que des vaches. On
habitée par des Juifs. Le Pont, dont le peut croire qu'en interdisant comme im
nom, qui signifie mer,lvenait du voisinage pure l'usage de cette viande, le législa
du Pont-Euxin qui baignait au nord ses teur avait un but diététique, attendu que
rivages, était borné au sud par la Cappa cette nourriture forte et grasse favorise
doce, à l'est par la Colchide et la Grande le développement des maladies de la peau,
Arménie, à l'ouest par la Galatie et la auxquelles les habitants de l'Orient ne
Paphlagonie, dont il était séparé par le sont déjà que trop sujets ; on dit en par
fleuve Halys. Il êtait montagneux vers le ticulier que le lait de truie engendre la
sud-est; le reste du pays était plat. Con lèpre. Les habitudes sales de cet animal,
stitué en satrapie par Darius fils d'Hys 2 Pierre 2, 22., et les boutons dégoûtants
taspe, le Pont prit le titre de royaume dont il est fréquemment affligé, ne pou
sous Mithridate qui en fut le premier roi. vaient qu'augmenter l'horreur des Juifs,
L'avant-dernier des Mithridates, Eupator, en fortifiant la nécessité de l'interdiction;
fit aux Romains pendant quarante-six ans il fût resté immonde quand il n'aurait pas
une guerre acharnée et cruelle ; son fils, été déclaré tel. Les anciens Egyptiens, les
le parricide Pharnace, soumit sa personne Arabes, les Ethiopiens, les Phéniciens, et
et ses états aux ennemis de son père (66 peut-être en quelques lieux les Indiens,
av. C.), qui partagèrent le pays en plu partageaient le même dégoût, et Maho
sieurs petites provinces ou royaumes in met a imposé à ses sectateurs la même
dépendants, connus sous les noms de abstinence que Moïse au peuple de Dieu.
Pont de Galatie, Pont de Cappadoce, et Les Egyptiens cependant, et quelques au
Pont Polémoniaque, du nom de plusieurs tres peuples, offraient des porcs en sacri
rois Polémon, dont le dernier fit une ces fice à certaines divinités, et les Crétois
POS 216 P0S ;

º# cet animal comme sacré. vées plus tard, et partagées entre les des
porc sauvage, ou sanglier, est nom cendants des premiers propriétaires. Cet
mé Ps. 80, 13.; terrible au sol, aux ar inconvénient même n'aurait pas existé si,
bres, et aux jardins, il se trouve encore comme Hug le prétend, les ainés héri
en Syrie et en Palestine. On a cru aussi taient seuls de la propriété foncière, mais
que les bêtes sauvages des roseaux, Ps. ce n'est qu'une hypothèse qui ne s'appuie
68, 30., désignaient des sangliers, parce sur aucun texte, et qui semble combat
que cet animal s'établit volontiers dans les tue par Deut. 21, 17. Il pouvait arriver
terrains marécageux, au milieu des joncs; aussi des translations forcées d'une fa
mais la définition est un peu trop vague mille à une autre famille, lorsqu'un hom
pour qu'on puisse en faire un trait ca me mourait sans enfants, ou ne laissait
ractéristique. que des filles qui en se mariant faisaient
PORTES, Portiers. v. Maisons. nécessairement passer sous un autre
POSSESSION. Le terrain foncier, les nom, et sans retour, la possession de
biens-fonds, sont la plus grande richesse leurs ancêtres. Et de toute manière, si
d'un peuple adonné à l'agriculture, com l'on tient compte surtout de la fécondité
me l'étaient les Israélites. D'après la con hébraïque, cette institution devait à la
stitution du pays, chaque individu, à l'ex longue entraîner bien des inconvénients,
ception des membres de la tribu de Lévi, et finir par tomber en désuétude. Les
avait droit à une portion du sol de la terre priviléges accordés au premier né, qui
sainte, qui était partagée au peuple comme obtenait la part de deux, Deut. 21, 17.,
une propriété de l'Eternel, et ce terrain mesure qui tendait à conserver à la fa
appartenait à sa famille en propriété in mille sa possession, allaient d'un autre
aliénable, Lév. 25, 23. (La constitution de côté à l'encontre du but du législateur en
Lycurgue avait introduit chez les Spar rompant l'égalité de richesse, et ils con
tiates une disposition semblable). Le pro tribuèrent pour leur part à l'abandon du
priétaire pouvait cesser un moment d'en principe constitutif de la propriété.Aussi
être le possesseur; il pouvait la vendre, voit-on déjà dans l'Ancien Testament des
l'aliéner pour éteindre des dettes, mais possessions acquises ou abandonnées, la
il conservait toujours le droit, lui ou ses suite des héritiers de familles rompue, les
plus proches parents, de la racheter quand riches entassant propriété sur propriété,
il le voulait, Lév. 25, 25. cf. Jér. 32, 7., joignant maison à maison, approchant un
et en outre elle rentrait de droit dans sa champ de l'autre, Es. 5, 8. Mich. 2, 2. cf.
famille l'année du jubilé, sans qu'il eût à Néh. 5, et les rois eux-mêmes s'appro
en payer le rachat, v. Année. Ce princi priant par des confiscations, judiciaires
pe prévenait dans le pays, d'un côté la ou arbitraires et violentes, les propriétés
mendicité, de l'autre l'aristocratie des ri des particuliers, 1 Rois 21, 16. cf. 2Sam.
chesses, la noblesse des terres avec ses 16, 4. Ez. 45, 9. 46, 18. Après l'exil, après
Suites économiques et politiques; il main qu'un grand nombre de familles eurent
tenait, ou ramenait bientôt l'égalité des par leur séjour prolongé dans la terre de
citoyens, il stimulait et favorisait l'agri leur captivité, renoncé de fait à leurs
culture, il détournait le peuple de l'indus droits sur la terre d'Israël, après que les
trie et du commerce avec les nations voi limites des tribus elles-mêmes, et bien
sines. Le trop grand morcellement des plus encore celles des héritages de famil
propriétés, qui devait être la suite de leur les, eurent été effacées, oubliées, trans
division et subdivision entre les descen posées, les lois relatives à la fixité des
dants du propriétaire primitif, pouvait possessions devinrent en plusieurs lieux
être retardé, du moins pour un certain impossibles, partout difficiles à exécuter ;
temps, par le fait que lors du premier elles furent presque généralement aban
partage, il resta dans le pays une quan données, des métiers s'établirent, l'indus
tité de terres encore incultes qui, ne trie rapportée de Babylone s'éleva à côté
pouvant être travaillées par une popula de l'agriculture, et de nombreux men
tion moins nombreuse, purent être culti diants couvrirent le pays. - Pour plu
P0S ! 217 POS !
sieurs détails, v. encore Héritages, Lévi sans qu'il s'y joigne aucune influence
rat, Vœux , etc. ' · l ,
morale : un possédé est muet , Luc'11,
POSSESSIONS, Possédés. Ces affec 14., mais il peut se rencontrer des muets "
tions malheureuses, affligeantes, effrayan qui ne soient pas possédés, des hommes
»
tes, dont les Evangiles renferment divers à qui l'on a coupé la langue, d'autres en
exemples, appartiennent au nombre des core qui ont cette infirmité de naissance
faits qui ont suscité le plus de débats dans et qui glorifient Dieu dans leur vie : un
l'Eglise chrétienne, et parmi les théolo possédé est fou, maniaque, mais un autre ,
giens. Il est impossible d'approfondir ici peut l'être aussi, peut avoir eu l'esprit !
tout ce qu'il y a de grave dans les ques dérangé par un accident, une peur, sans "
tions qui ont été soulevées à ce sujet ; qu'on puisse conclure à une possession !
l'essentiel, les traits généraux devront chez lui. |
suffire. L'Ecriture nous montre partout Si l'on rassemble les traits communs
que la source du bien et du mal n'est pas aux démoniaques dont parle l'Ecriture, on
dans l'humanité elle-même. Elle mOntre y voit le résultat d'un singulier mélange
le bien comme quelque chose d'absolu, le d'affections morales, et d'affections physi
mal comme étant seulement relatif, quoi ques antécédentes. La possession apparaît
que réel: le principe du bien existe seul, COmme un châtiment. -

le mal n'est pas un principe, mais une En premier lieu, elle présuppose tou- .
position, une opposition, une négation. jours un certain degré de culpabilité mo
La rédemption n'est possible qu'autant rale, de désordre, non que l'âme ait par
que le mal est en dehors de l'humanité, méchanceté recherché le mal comme mal,
dans une sphère d'esprits plus élevée ; si mais asservie à un corps sensuel, elle s'est
l'humanité était elle-même le mal, le pé adonnée sous son empire aux plaisirs des
ché, la corruption, il n'y aurait plus lieu sens et particulièrement à la volupté, tout
à restauration, à rédemption ; on ne ra en résistant intérieurement à des péchés
chète que ce qui est perdu, mais non le qui lui répugnaient, qui la dégoûtaient.
principe même de la destruction. De mê L'étincelle du bien n'était point éteinte ;
me que le principe du bien se manifeste profondément ensevelie, elle fumait enco
dans les anges de lumière, le mal s'indi re et n'attendait pour se rallumer que le
vidualise dans les esprits de ténèbres, et moment où l'âme, retrouvant la conscience
l'influence pernicieuse de ces forces oc de son affreux état, soupirerait après la
cultes se révèle dans ceux que l'Ecriture délivrance. — Il résultait de cet état m0
appelle possédés , comme il se manifeste ral, et c'est un second trait caractéristique
aussi d'une manière plus spirituelle, plus des démoniaques, un affaiblissement gé
intérieure dans ceux qui sont appelés néral de l'organisme et notamment du
d'une manière générale les méchants. Les système nerveux; et plus l'influence des
représentants du mal dans le monde sont nerfs sur les facultés est grande, plus cet
d'une part les faux prophètes, les anti affaiblissement devait réagir d'une ma
christs, les méchants, qui ne sont jamais nière fâcheuse sur l'organisme intellec
appelés des possédés , quoiqu'il soit dit tuel, et sur l'harmonie de la vie intérieure
de Judas Iscariot que Satan entra en lui, tout entière. Ce désaccord moral, cette
Jean 13,27.; de l'autre, les possédés.Chez désorganisation, devait se produire avec
ces derniers le mal moral est toujours ac d'autant plus de force que le malheureux
cOmpagné de certaines affections mala avait davantage le sentiment qu'il était la
dives, principalement de crampes épilep seule cause de son malheur, qu'il était
tiques, en même temps que la conscien l'auteur de son mal, et que ce qu'il avait
ce qu'ils ont d'eux-mêmes est émoussée fait, il ne lui était pas possible de le dé
ou détruite. Ces affections ne constituent faire. Le méchant, celui qui a vécu dans
cependant pas le caractère exclusif, mi des péchés extérieurs plutôt qu'intérieurs,
même distinctif, de la possession, car qui n'a pas ruiné son corps par le mal,
elles peuvent se reproduire en d'autres conserve un certain équilibre de ses fa
circonstances purement accidentelles, cultés; il peut, comme Judas, être poussé
P0S 218 POS

au désespoir et au suicide, mais non à la l'influence ennemie de l'esprit des ténè


folie qui suppose de violents combats en bres. Ils parlent du point de vue des dé
tre la conscience et l'esprit de ténèbres. mons; le possédéparle commes'ilétait pos- .
- A côté de cet état de faiblesse morale sesseur, ou plutôt celui-ci parle par l'or
et physique, on remarque chez les possé gane du premier, sans toutefois pouvoir
dés les maladies qui découlent ordinaire jamais étouffer sans retour la conscience
ment d'un état semblable : des crampes, individuelle du malheureux, qui continue
des courbatures, Luc 13, 11. cf. 16.; des de se faire entendre par moments. Cet
attaques épileptiques, Luc 9, 39. Matth. état rappelle l'extase, la plénitude de l'es
17, 15.; le mutisme et la surdité, Matth. 9, prit, les langues étrangères de saint Paul,
32. 12, 22., provenant, non d'une destruc 1 Cor. 14, où l'individualité était néces
tion des organes, mais de la paralysie con sairement effacée par l'influence puissante
tinue, ou momentanée, des nerfs ou des de l'esprit de vérité et de sainteté. On ne
muscles qui communiquent à la langue ou doit donc pas se représenter le possédé
à l'oreille; surtout enfin une mélancolie comme une espèce d'être double, mais
touchant à la folie et parfois à la fureur, plutôt comme un individu en la puissance
Matth. 8, 28. Marc 5, 2. Luc 8, 27.: après d'un autre, se débattant sous sa main
leur guérison, ils sont appelés sages, en malfaisante et obtenant quelques moments
bon sens, Marc 5, 15. Luc 8, 35. A ce lucides où il reparaît comme libre avec
point de vue, l'opinion rationaliste qui son individualité personnelle.—Sixième
voit dans les possédés des malades, Matth. ment enfin, la possession est toujours ac
4, 24.8, 16. 15, 22. Act. 8, 7. Luc 8, 2., compagnée, chez ses victimes, d'une es
se justifie parfaitement sans qu'il soit mê pèce de seconde vue, d'une capacité de
me nécessaire de recourir à toutes les ci pressentiment plus grande, d'une clair
tations de la médecine ancienne et mo voyance somnambule, qui leur fait recon
derne , mais elle est fausse en ce qu'elle naître en Jésus l'influence qu'il doit exer
ne considère que le côté extérieur, ma cer sur le règne des esprits, Luc 8, 38.
tériel du mal, tandis que l'Ecriture va jus cf. 8, 2. 11, 24.; ce phénomène concorde
qu'à la cause première de la maladie, la avec l'idée que nous avons admise, que les
possession du pécheur par un esprit ma affections nerveuses sont le fondement, la
lin, impur. —En quatrième lieu, tous ces base de la possession en tant que maladie
démoniaques semblent aspirer vers la dé et dans sa partie physique, et l'histoire du
livrance, ils semblent attendre même la magnétisme animal montre combien la fa
guérison; ils se présentent, non comme culté de seconde vue s'unit facilement et
les plus méchants, mais comme les plus naturellement à une grande surexcitation
malheureux des hommes, et s'il n'y a en nerveuse. On comprend aussi de cette ma
eux qu'une étincelle de désir, d'espérance nière les divers langages des possédés,
ou de foi, elle suffit à les rendre capables qui tantôt jettent un coup d'œil vif et pro
de recevoir les forces d'en haut que Jé fond dans le sanctuaire de la vérité, tan
sus est venu leur apporter. Chez le mé tôt mêlent à leurs paroles de grossières
chant endurci, qui a laissé le péché pren rêveries, des mots qui n'ont point de sens;
dre possession de son âme et de son ils rappellent, par le décousu de leurs dis
corps, on ne trouve pas cette réceptivité; cours, ces fous dont quelques sentences,
le lieu de la guérison n'existe plus. Chez pour être frappantes de vérité, brillantes
les possédés, on voit la lutte entre le bien dans une nuit de ténèbres, n'en sOnt pas
et le mal sous sa forme la plus hideuse, moins, au milieu de toutes celles qui les
mais enfin c'est une lutte, et jusqu'à ce entourent, un douloureux témoignage du
qu'elle soit terminée, il n'y a ni vainqueur, désordre affreux qui règne dans leur in
ni vaincu. La foi reste donc en germe dans telligence.
leur cœur, et c'est à ce germe que peut se Les Juifs rapportaient comme Jésus, à
rattacher leur guérison. — Remarquons l'influence de mauvais esprits, plusieurs
encore que la conscienceindividuelle sem de ces cas de maladie, Act. 5, 16. 10, 38.
ble par moments se fondre chez eux sous Josèphe, pour sa part, mais ce n'est qu'une
P0S 219 P0S

opinion individuelle, pensait que c'étaient leurs moments de folie, la misanthropie


les âmes des méchants qui, craignant de d'autres individus qui ne veulent se lais
se rendre au lieu de leur supplice, cher ser approcher de personne, tant de gens
chaient à s'emparer du corps d'un vivant qui se croient changés en loups, en cha
pour y habiter. Chasser les démons hors peaux, en beurre, qui se croient rois ou
du corps des possédés, les exorciser, était princes, d'un autre côté, les épileptiques
leseul remède à ces terriblesaffections, cf. avec toutes les horreurs de leur mal, tou
Matth. 12, 27. Luc 9, 49. Act. 19, 13. Jé tes ces choses dont on peut trouver la
sus, par une parole, opérait le miracle, cause prochaine dans un dérangement
mais les Juifs avaient aussi des exorcistes, physique, un échauffement des intestins,
et ceux-ci, au dire de Josèphe, se ser une irritation de la bile, une lésion du cer
vaient de formules magiques qu'ils di veau, une affection des nerfs, paraissent
saient avoir été données par Salomon, et tenir de si près à l'organisme qu'on en
qui étaient en rapport avec certaines raci est venu à méconnaître l'action, plus éloi
nes ou certaines pierres. Comme on avait gnée parce qu'elle est plus profonde, des
remarqué que les crises de la posses méchants esprits.
sion variaient avec les phases de la lune, D'un autre côté, l'on s'est demandé
au moins chez certaines personnes, et comment il se fait qu'il n'y ait plus de
qu'elles paraissaient se rattacher à la lu possédés. Avant de répondre, posons une
naison, l'on avait donné à ces malheureux question, et demandons-nous : N'y a-t-il
le nom de lunatiques, cf. Matth. 4, 24. en effet plus de possédés ? La question
17, 15. peut évidemment se poser ainsi, mais
On distinguait l'obsession de la posses nous n'essaierons pas de la résoudre pour
sion, la première étant une action exté le moment; rappelons seulement que plu
-rieure et non intérieure du démon sur le sieurs médecins distingués renoncent à
corps ou sur l'esprit : à peu près, dit Cal expliquer, comme à guérir, certaines ma
met, comme un importun qui suit et fati ladies qu'ils ne comprennent pas, et dont
gue un homme dont il a résolu de tirer ils disent qu'elles ne sont pas naturelles ;
quelque chose. Ainsi Saül, qui était de rappelons une possession racontée par le
temps en temps animé d'un mauvais es missionnaire Rhénius aux Indes Orien
prit, était regardé comme obsédé et non tales, 1818, et demandons-nous quels
comme possédé, 1 Sam. 16, 23.; c'est éga noms les apôtres, s'ils entraient, de nos
lement une obsession du démon ASm0dée jours , dans quelques-uns de nos hospi
qui faisait mourir les maris de Sara, fille cesd'aliénés,donneraient à plusieurs d'en
de Raguel, Tobie, 3, 7-9. Cependant cette tre eux. — Mais , acceptant la question
distinction des Juifs est peut-être arbi comme on la pose, pourquoi n'y a-t-il
traire, et les caractères qui distinguent plus de possédés 9 l'acceptant avec nos
l'obsession de la possession, ne sont pas réserves, c'est-à-dire, pourquoi en voit
tellement définis, qu'on puisse décider à on moins maintenant qu'au temps de Jé
laquelle de ces deux affections doiventap sus, nous répondrons : 1° Il est sûr que,
partenir certains faits où l'on reconnaîtce sous ce rapport, comme sous tant d'au
pendant l'influence du mauvais esprit; si tres, l'esprit de l'Evangile a exercé une
l'intermittence constituaitl'obsession, elle influence bénie sur l'humanité, et que les
se retrouvait pourtant chez des hommes manifestations du mal, sous sa forme la
que l'Evangile appelle possédés, Matth. plus repoussante , paraissent avoir été
4, 24. 17, 15. adoucies et modifiées : par une interpré
La frappante analogie qui se présente tation à la fois fausse et exagérée de 1
entre les cas de possession rapportés par Jean 3,8., on a été jusqu'à prétendre que
l'Evangile et plusieurs maladies connues, le diable ne pouvait plus exercer aucune
a séduit bien des théologiens et leur a influence sur l'Eglise de Christ, ce qui
fait admettre une explication dite natu ne pourrait être vrai tout au plus que des
relle, la négation de la possession. Les vrais membres de cette Eglise, et encore !
forces prodigieuses de certains fous dans Mais, si l'on repousse l'exagération, la
220 POU
Pos
t T !

vérité reste vérité, et, dans la lutte entre POSTE. v. Courriers. .. , , , , ,


le bien et le mal, qui se livre sur la terre,POTIPHAR, Gen. 37, 36.i39, 1.40,
le mal a perdu du terrain. 2° La croyance 3., officier des gardes de Pharaon, acheta
aux maiſvais esprits est moins répandue, Joseph aux marchands madianites, et, sa
moins vivante qu'élle ne l'était aux jours tisfait de ses talents et de sa fidélité, il
de Jésus, et tel malheureux, épileptique lui confia l'administration de ses biens.
ou fou, sera sous l'influence d'un démon Avec Joseph, la bénédiction divine entra
sans que la pensée lui en vienne, non plus dans sa maison , avec elle la prospérité,
qu'au médecin qui le soigne. Ce qu'il et la confiance de Potiphar en son servi
dira ou fera sera mis sur le compte d'un teur s'accrutau point, dit l'Ecriture, qu'il
cerveau dérangé.Lorsqu'on est sous l'in n'entrait plus en connaissance d'aucune
fluence de certaines préoccupations, on chose, sinon du pain qu'il mangeait. Mais,
rapporte tout à un seul centre, à une mê cédant aux suggestions calomnieuses de
me idée, comme, au contraire, on attend son infâme épouse, il crut Joseph cou
une évidence palpable pour arriver à pable, le fit charger de fers, et l'enferma
d'autres idées étrangères à l'esprit, in dans la prison d'état dont il avait la sur
cOnnues Ou inattendues. Pendant le rè Veillance. Il ne tarda pas cependant à re
gne du choléra, la plus légère indisposi connaître que celui qui avait laissé son
tion pouvait être envisagée comme un manteau entre les mains de son épouse
symptôme de la maladie ; en dehors de ne pouvait être un séducteur ; il rendit à
son règne, et lorsqu'on n'y pense plus, Joseph sa confiance, mais, au lieu de sa
on attend qu'il soit entièrement déclaré première place que la prudence ne lui
pour commencer à y croire. Il en est de permettait pas de lui rendre, il lui confia
même des causes de la possession : dans le gouvernement intérieur de la prison.
l'ancienne alliance, on ne voit guère de Quelques auteurs croient que Potiphar
cas de démoniaques, non qu'ils fussent doit être distingué du gouverneur de la
plus rares peut-être, mais parce que l'i- prison, attendu que ce dernier n'est pas
' dée des esprits infernaux n'avait pas été nommé, et que la double charge d'officier
mise en aussi grande évidence qu'elle le de Pharaon et de geôlier n'aurait pu être
fut plus tard; les Juifs y pensaient moins, remplie par la même personne. Le fait ne
et ne donnaient pas à la maladie dont ils peut être établi d'une manière positive,
ne supposaient pas la cause un nom tiré et nous avons suivi l'opinion la plus sim
de cette cause même. Dans la chrétienté ple, et le plus généralement admise.
moderne, l'incrédulité a jeté de si pro POTIPHERAH , gouverneur sacrifica
fondes racines, l'erreur a prévalu en tant teur d'On, et beau-père de Joseph, Gen.
de lieux, que la croyance aux esprits de 41, 45. 46, 20. Ce nom, qui signifie « ap
ténèbres a été comme voilée, et ceux mê partenant au soleil, » a été retrouvé et
mes qui en sont possédés n'en ont qu'im déchiffré sur un manuscrit funéraire hié
parfaitement la conscience; or, ce n'est roglyphique.Sasignification convientpar
pas le méchant esprit lui-même qui se faitement aux fonctions d'un homme qui
révélera, son triomphe est de rester igno était sacrificateur dans On, ou Héliopo
ré. Nous reconnaissons donc que le nom lis, la ville du soleil. C'est une preuve
bre des possessions a diminué, qu'il est intérieure en faveur de l'antiquité et de
peut-être rare, et nous voyons dans ce l'authenticité des livres de Moïse.
fait la salutaire influence de ce rédemp POULES. Il n'est parlé nulle part, dans
teur qui doit un jour rétablir entièrementl'Ancien Testament, de poules, ni de coqs,
l'harmonie dans le monde mOral et dans bien qu'il semble évident que les Israé
le monde physique; mais nous ne pen lites, qui avaient longtemps habitél'Egyp
sons pas que le mal ait cessé : il ne ces te où elles se trouvent en si grande abon
sera que lorsque sa cause même, le pé dance, dussent les connaître, et même en
ché, aura disparu. v. Olshausen, Com posséder. On ne comprend pas surtout
ment. sur Matth. 8, 28. Meyer, Blaetter que la loi si détaillée sur les animaux
für hœhere Wahrheit, VII, 199. purs et impurs, ne fasse aucune mention.
-
pOU 221 POU

du plus connu de nos animaux domesti était fort commune parmi les Juifs, et le
ques ; ce silence, au reste, ne peut être Nouveau Testament parle, en divers en
interprété qu'en faveur de la chair de cet droits, de coqs, Matth. 26, 34. (Marc 14,
animal. Un grand nombre d'interprètes 30. Luc 22, 34. Jean 18, 27.), et de pou
ont cependant cru trouver la poule, les les, Matth. 23, 37. Luc 13, 34. Cepen
uns dans un nom, les autres dans un au dant la Mishna Baba Kama, 7, 7., parle
tre. Ainsi l'hébreu zarzîr, Prov. 30, 31., d'une exception à cet égard, et dit que
que nos versions ont traduit par cheval, les habitants de Jérusalem, non plus que
et qu'on est d'accord à entendre du che les prêtres, n'avaient pas le droit de nour
val de bataille (Bochart, Gesenius, Wi rir des poules, et les interprètes qui ont
ner, Umbreit), a été entendu du coq par cru à cette exception , ou qui admettent
les anciens commentateurs; d'autres le qu'elle existait déjà du temps de Jésus,
traduisent encore par léopard , abeille, ont appliqué ce qui est dit du chant du
lévrier,zèbre; il signifie proprement celui coq lors du reniement de saint Pierre,
qui est ceint, retroussé, préparé. — Ainsi soit au cri du guet, Soit au cri du héraut
le mot sèkevi, Job 38, 36., que nos ver chargé de convoquer le peuple pour le
sions rendent par cœur, avec la plupart jugement, soit à l'appel des gardiens du
des interprètes, a été également entendu temple qui devaient, chaque matin, ré
du coq, et de son intelligence à marquer, veiller les prêtres en frappant à la porte
par son chant, les heures de la nuit; les de Beth-Moked ; d'autres encore ont pen
Septante semblent l'entendre d'une fem sé que la maison de Caïphe était près des
me habile dans l'art de broder. — De murs de la ville, et que de là, pendant le
même Jér. 17, 11., « une perdrix couve silence de la nuit, on pouvait facilement
et n'a point pondu, » le mot hébreu da entendre le cri du coq dans la campagne.
gâr, que Jahn, entre autres, paraît pren Mais ces suppositions, d'ailleurs si peu
dre pour le nom d'une espèce de poule, vraisemblables, ne sont même pas néces
est simplement un verbe. — Le mot ga saires; Reland avait émis déjà l'opinion
ber, qui signifie vaillant homme, a été tra que cette exception talmudique était posté
duit, Es. 22, 17., par coq : Voici, l'Eter rieure à l'ère chrétienne, et Schulz a
nel te transportera comme on transporte prouvé qu'elle n'avait même probable
un coq (au marché). La traduction de ment jamais existé.
nos versions est bonne ;seulement lemot: P0URCEAU. v. Porc.
0 homme! doit être entendu d'un vaillant POURPRE, belle couleur de teinture
homme, d'un guerrier.— Enfin, les bar que la plus haute antiquité paraît avoir
burim de 1 Rois 4, 23., qui apparaissent déjà connue, et dont la légende raconte
partout où il y a des difficultés zoologi qu'elle fut découverte par Hercule Ty
ques, ont été entendues par des poules, rien, dont le chien, ayant mangé d'un
après l'avoir été des canards, des oies, poisson à écailles, revint auprès de son
des faisans, etc.; nos versions, en le tra maître les lèvres teintes de pourpre. Mais
duisant par le terme général de volailles, ici l'histoire remonte plus haut encore
conservent jusqu'à un certain point l'in que la légende, et la pourpre fut employée
certitude du mot, quoique cette traduc par les lsraélites avant d'avoir été con
tion paraisse indiquer plutôt des poules nue des Tyriens. On distingue principa
que d'autres oiseaux; mais, dans le doute, lement deux espèces de pourpre, la rou
on ne saurait indiquer aucune expression ge et la violette, l'une et l'autre se sub
préférable. Les anciens interprètes ne divisant en plusieurs nuances et qualités
connaissaient déjà plus le sens de ce mot, différentes. La première, hébr. argaman,
et ils l'entendaient d'oiseaux en général, se tire du coquillage à pourpre propre
d'après l'analogie du syriaque et du sa ment dit, le tocpupo; ou zuozyh des Grecs,
maritain.Mais à côté de ce silence de l'E- le purpura des Latins, qui se prend dans
criture qui étonne, sans rien prouver, le la mer au moyen d'amorces. La seconde,
Talmud présuppose, en plusieurs passa hébr. thekèleth, est le produit d'une es
ges, que l'habitude d'élever des poules ! pèce d'escargot qui s'attache aux rochers,
POU 222 PRE

et qui portait chez les Romains le nom de turer les plus importants. Lesi Lydiens,
buccinum, murex, ou conchylium. L'un Act. 16, 14.; avaient aussi acquis dans ce
et l'autre coquillage est tordu en spirale, genre de travail une réputation méritée.
mais le premier se termine en pointe; le —On a vu, à l'article Cramoisi, les diéff
second est arrondi en trompette ou en rentes espèces de rouge connues des Hé
forme de cor. Les naturalistes modernes, breux ; mais , dans le langage ordinaire,
et notamment Lamark dans son His On nommait souvent l'un pour l'autre,
toire naturelle des animaux sans vertè lorsqu'il n'importait pas d'apprécier la
bres, ont observé et décrit plusieurs co nuance ; les anciens confondaient surtout
quillages à pourpre, chez lesquels la sé fréquemment le pourpre et le cramoisi,
crétion colorante, située dans une espèce comme on peut le voir encore dans la com
de sac ou de réservoir, près de l'esto paraison de Marc 15, 17. Jean 19, 2. avec
mac, est d'abord jaune, puis Verte, et ne Matth. 27, 28.
devient rouge que lorsqu'elle a été ex POUSSINIERE. v. AStreS.
posée à l'air et au soleil, circonstance qui P0UX. v. Mouches 2°.
ne s'accorderait pas tout à fait avec les POUZZOLES, ville maritime de l'Italie
observations des anciens. Mais les clas Inférieure, à 4 lieues sud-ouest de Naples :
sifications des différentes espèces de co Saint Paul y descendit en venant de Reg
quillages dans les systèmes modernes, gio, et y séjourna sept jours, Act. 28, 13.
chez Lamark et chez Cuvier, varient tel Elle tirait son nom de Puteoli, soit du
lement, qu'on ne peut encore déterminer grand nombre de puits qui étaient dans
exactement quel était le coquillage dont ses environs, soit de la puanteur de ses
les anciens tiraient leurs belles couleurs. eaux sulfureuses. Pouzzoles avait été fon
C'est principalement sur les côtes de la dée et peuplée par une colonie de Samiens,
Phénicie, du Péloponèse et de l'Afrique et appartenait à la Campanie; les Romains
septentrionale, qu'on faisait la pêche de s'en emparèrent de bonne heure et y en
la pourpre, et, comme chaque coquillage voyèrent à diverses reprises des colons.
ne fournissait que quelques gouttes de Son port était un des plus animés de l'Ita
couleur, la pêche ne pouvait jamais être lie, et un entrepôt de première classe.
fort abondante , aussi la pourpre se ven C'était là en particulier que débarquaient
dait-elle fort cher, à l'égal des métaux et que déchargeaient ordinairement les
les plus précieux, et ce n'étaient, en thèse vaisseaux venant d'Alexandrie ; c'était là
générale, que les princes et les statues aussi que descendaient le plus volontiers
des dieux qui pouvaient porter des vête les Syriens qui faisaient le voyage de
ments de cette couleur, Jér. 10, 9. Ez. Rome, car c'était le dernier port parfaite
23, 6. Cant. 7, 5. Jon. 3, 6., commeaus ment sûr où ils pussent aborder jusqu'à
si, chez les Hébreux, il entrait beaucoup l'embouchure du Tibre.
de pourpre dans les tapisseries du taber PREMICES. De même que lanation d'Isr
nacle et dans les ornements du grand raël toute entière offrait une gerbe et des
prètre, Ex. 25, sq. Les rois donnaient gâteaux de fine farine en prémices à l'E-
des vêtements de pourpre comme la ré ternel , comme symbole de la reconnais
compense de services signalés, Dan. 5, sance nationale, Lév. 23, 10., la gerbe à Pàr
7. 16. 29., ou comme preuve d'une bien que et les pains à la Pentecôte, chaque Is
veillance particulière, 1 Macc. 10, 20. 62. raélite individuellement était tenu d'offrir
64. cf. 11, 58. A Rome, une loi impériale à l'Eternel pour sa part des prémices de
restreignait à certaines classes le droit de tous les produits de la terre, soit bruts,
porter de semblables vêtements, Suéton. comme du blé, des fruits, des raisins, soit
Cés. 43. Néron 32. — On teignait de travaillés, comme du moût, de l'huile ,
pourpre les étoffes de laine, quelquefois de la farine , même du levain, avant de
aussi du lin et du coton, et c'étaient les pouvoir user du reste de la récolte, Ex,
Phéniciens qui faisaient ce travail avec le 23, 19, Nomb. 15,20. 18, 12. Deut. 26, 2.
plus de perfection, Ez. 27, 16., et qui Néh. 10, 38. cf. Prov. 3, 9. Tobie 1, 6.
possédaient les établissements de tein Ces prémices n'étaient cependant pas dér
PRE 223 PRE

posées sur l'autel, mais remises aux prê Nomb. 28, 26., comme celle des taberna
tres pour leur usage, Nomb. 18,12. Deut. cles fête de la récolte, Ex. 23, 16. — Le
18, 4. cf. Ez. 44, 30. La quantité de l'of but politique de cette institution était
frande n'est déterminée nulle part, elle l'entretien des sacrificateurs; son but
était abandonnée à la bonne volonté de moral était de rappeler aux lsraélites que
chacun ; le Talmud fixe pour les prémices tous les biens viennent de Dieu seul ; son
des produits déjà travaillés, la 60e partie but typique ou mystique , de tourner les
comme minimum; donner le 30e était se regards des fidèles vers Jésus, les pré
montrer libéral. mices de l'Eglise, celui en qui seul nous
On distinguait deux espèces de prémi pouvons être agréables à Dieu, les pré
ces, les biccourim, et les therouphoth, qui mices de ceux qui dorment, 1 Cor. 15,
étaient comprises l'une et l'autre sous le 20., celui qui nous demande aussi nos
nom général de réshith (commencement). premières années, et les premiers mo
Les biccourim ne se prélevaient que sur ments de chacune de nos journées., Ps.
les produits entièrement naturels, nom 119, 147. 57, 8. Eccl. 12, 3.
més Deut. 8, 8., savoir le blé, l'orge, L'usage de ces prémices explique des
les raisins, les figues, les grenades, et les façons de parler assez communes dans
olives, et seulement sur ceux qui avaient l'Ecriture, et qui marquent comme les
crû dans la Terre Sainte : les Israélites premiers fruits et les premières produc
qui habitaient fort loin de Jérusalem pou tions d'une chose (G. des Bergeries).
vaient envoyer ces prémices sèches, mais Ainsi Paul appelle prémices de l'Esprit,
elles devaient toujours être choisies par Rom. 8, 23., le commencement de joie et
mi ce qu'il y avait de meilleur (Mishna). de paix qui donne aux fidèles l'assurance
On ne les offrait jamais avant Pentecôte, que Dieu achèvera en eux la bonne œu
ni après la fête de la dédicace. Le céré vre qu'il a commencée; ainsi encore il ap
moniel qui accompagnait leur perception pelle Epaïnète et Stéphanas les prémices
et leur translation, est décrit Deut. 26, 2.; de l'Achaïe, parce qu'ils avaient été les
les Juifs postérieurs y ajoutèrent quelques premiers qui s'y étaient donnés à Dieu, 1
formalités, quelques détails qu'on peut Cor. 16, 15. Rom. 16, 5.; ainsi encore
lire, si l'on veut, dans la Mishna Biccour. saint Jean qualifie du titre de prémices à
3, 2. — Les therouphoth étaient les pré Dieu et à l'Agneau ceux qui sont déjà glo
mices des produits travaillés; destinés rifiés dans le ciel, Apoc. 14, 4.
aux prêtres, ils n'étaient pas portés au PREPARATION. On appelait ainsi le
temple, mais remis aux prêtres eux-mê jour, ou tout au moins le soir qui pré
mes, peut-être dans les villes qui leur cédait le sabbat, Matth. 27, 62. Marc 15,
étaient assignées pour demeures; ils se 42. Luc 23, 54.; lors de la passion de no
prélevaient sur les produits de toutes les tre Seigneur, il coïncidait avec le premier
propriétés juives, qu'elles fussent situées jour de Pâques et des pains sans levain,
en Egypte, en Syrie, en Moab, Hammon, Matth. 26, 17. On l'appelait préparation
ou en Babylonie. Les biccourim qui rap parce qu'il était tout naturel que la veille
pelaient les droits de Dieu sur la terre, ne du sabbat chacun s'y préparât d'avance,
pouvaient être perçus que sur cette terre soit en multipliant ses occupations pour
elle-même ; les autres qui étaient desti en décharger le jour suivant, soit au con
nées à l'entretien des ministres du culte, traire, quand on le pouvait, en donnant
devaient se payer partout où il y avait un déjà quelques moments de plus au recueil
culte. Les laïques qui mangeaient les pré lement. Il en était de toutes les autres
micesavecintention, ou même parinadver fêtes comme du sabbat, elles étaient pré
tance, étaient soumis à des peines plus ou cédées d'une soirée de préparation, cf.
moins sévères. On donnait aussi les prémi Jean 19, 14., alors même qu'elles tom
ces du miel, et de la laine des moutons, 2 baient sur l'un des jours ouvrables. — v.
Chr. 31, 5. Deut. 18, 4., chacun selon ses Pâques.
facultés et sa bonne volonté. La fête de PRESENTS. v, Dons.
Pentecôte était appelée fête des prémices, PRÈT. v. Dettes. Le prêt à intérêt était
| 1:1 ;
pRÉ 221 RE
· · ,l º,,! ... ſº ! .
défendu, et l'usure inspirait le plus pro rue pour crier : Crucifie, crucifie !— Le
· fond mépris, quoique du resteaucune pei même nom de, prétoire est employé dans
ne civile me fût portéecontre ce délit, Prov. le sens de palais, Act. 23, 35., où il n'est
28,8, Ez. 18,8. 13. 17. 22, 12. Ps. 15, 5. pas parlé de la demeure officielle du pro
109,1A. cf. Luc7,42.,—excepté sans dou curateur romain. Et saint Paul dit, Phil.
te la restitution lorsqu'une plainte était 1, 13., que ses liens en Christ ont été
portée (Talmud). Des créances et obliga rendus célèbres dans tout le prétoire, et
tions étaient écrites en pareil cas, et régu partout ailleurs. On a entendu ce mot di
lièrement signées par l'emprunteur, de versement dans ce passage. 1° Les uns,
puis les jours de l'exil, Luc 16, 6. Le prê comme Périzonius, Beausobre et Lenfant,
teur avait le droit d'exiger un gage, mais pensent qu'il se rapporte au camp des
avec plusieurs restrictions, Ex. 22, 25. soldats prétoriens établi par Séjan sous
Deut. 24, 6. sq. cf. Ez. 18, 7. Job 24, 3. Tibère, en dehors des murs de Rome, et
Toutes ces mesures étaient à l'avantage du sous les ordres du préfet du prétoire de
pauvre, mais malheureusement elles ne cette ville. Paul, pendant sa captivité, avait
furent pas toujours pratiquées, et souvent un logement particulier dans lequel il
le créancier traitait son débiteur d'autant était gardé par un prétorien, Act. 28, 16.;
plus durement que la loi ne statuait rien les soldats alternaient dans cette surveil
directement à l'ègard de ceux qui étaient lance, et il est fort possible que l'Evan
insolvables, Job 22, 6. 24, 3.; elle sem gile ait ainsi pénétré peu à peu toute la
blait seulement impliquer l'esclavage mo garnison.—2° OEder l'explique du palais
mentané du débiteur trop pauvre, Lév. de Gallion à Corinthe, mais on ne saurait
25, 39., et c'est de ce passage où la loi plus ce que signifie la salutation de 4,22.
recommande au riche l'humanité, qu'ils —3° Paulus de Heidelberg, et Rilliet, en
se servaient, ainsi que de quelques autres tendent le prétoire du palais d'Hérode à
encore, pour dépouiller les malheureux Césarée, où Paul fut écroué sur l'ordre
de leurs biens, de leurs familles, de leur de Félix, Act. 23, 35.— 4° Enfin l'on peut
liberté, Prov. 22, 27. 27, 13. Job 24, 3. entendre par là le palais impérial de Né
2 Rois 4, 1. Néh. 5, 5. Es. 50, 1. Matth. ron; le prétoire signifierait la même chose
18, 25.: ceux qui avaient cautionné le dé que la maison de César, 4, 22. C'est l'o-
biteur étaient poursuivis comme lui, Prov. pinion de Chrysostome, Huber, Grotius,
20, 16. 22, 26. 27, 13. Wolff,Steiger. On objecte que cette signi
PRETOIRE. On nommait ainsi le palais fication n'est pas prouvée, que la maison
où résidaient et jugeaient en province de César s'appelait palais, et non pré
les gouverneurs romains : ils y demeu toire. Mais les provinciaux habitués à
raient avec leurs familles, et tous les em donner le nom de prétoire au palais des
ployés de leur administration. C'est au commissaires impériaux, pouvaient bien,
prétoire de Jérusalem que Jésus fut con par ignorance ou par habitude, conserver
duit pour y être jugé par Pilate, Jean 18, ce nom au palais de l'empereur lui-mê
28.33. Matth. 27, 27. Marc 15, 16.; c'était me. D'ailleurs il est bien prouvé que le
l'ancien palais des Hérodes, un magnifi nom de prétoire commençait dans ce
que bâtiment, au dire de Josèphe, Ant. temps à être employé dans le sens plus
15, 9. 3., devant lequel était le siége ju général de palais, v. Juvén. 10, 161.Suet.
dicial, orné d'un de ces pavés en mosaï Oct. 72. Calig. 37. Paul entendrait alors
que que l'on trouve presque partout où les habitants de la maison impériale , et
les Romains ont passé. Le prétoire avait non les soldats qui y faisaient le service ;
une vaste cour dans laquelle se tenait on peut le conclure des derniers mots du
une cohorte de soldats romains, Matth. verset, car le prétoire était plus impor
27, 27. Marc 15, 16.; une espèce de loge tant comme palais que s'il ne se fût agi
ou de vestibule ouvrant sur la rue don que des soldats.
nait l'entrée de la cour , c'est là que les PRÊTRES. Ce fut, pendant la période
Juifs refusèrent d'entrer, craignant de se patriarcale et jusqu'à Jéthro, le père de
souiller ; ils aimaient mieux rester à la famille qui fut prêtre et sacrificateur dans
5 PRE
PRE 22
sa maison; Caïn et Abel les premiers, près l'âge de vingt ans, mais comme plus
puis Noé, Abraham, Melchisédec, Abi tard on voit l'exemple d'un jeune homme
mélec, Laban, Isaac, Jacob, Job, Jéthro, déjà souverain sacrificateur (Jos. Ant. 12,
Moïse même, nous apparaissent les uns 3, 3.), il est évident qu'avec les simples
après les autres dans l'histoire, tour à tour prêtres on avait fini par devenir moins sé
princes et pontifes. Mais après que les vère encore. Ils étaient tenus de prouver
descendants d'Abraham eurent pris la leur filiation directe de la famille Sacer
consistance d'un peuple, une tribu d'en dotale, et ils attachaient à cause de cela
tre les douze fut choisie de Dieu et mise une grande importance à leurs registres
à part pour le service du sanctuaire, et généalogiques, Esd. 2, 62. Néh. 7. 64. La
dans cette tribu, qui se composait de trois première consécration des prêtres fut faite
familles principales, une caste sacerdo par Moïse en la personne d'Aaron et de
tale fut choisie d'entre les Kéhathites; tous ses fils, Ex. 29, Lév. 8; on ignore si une
les autres enfants de la tribu furent des cérémonie semblable se renouvelait à l'en
tinés d'une manière générale au service trée en fonctions de chaque prêtre, ou si
du tabernacle comme aides, serviteurs, elle fut faite une fois pour toutes, les
frères laïques (v. Lévi); les Kéhathites, et prêtres n'ayant plus qu'à faire constater
parmi eux la famille d'Aaron seulement, leurs droits et leur aptitude, ou si enfin
Nomb. 4, 2. Ex. 28, 1., furent appelés à ils étaient tenus à l'offrande du gâteau,
fournir des pontifes à la nation, et la Lév. 6, 12. 14., mais à cela seulement.
peine de mort fut prononcée contre tous Quant au souverain sacrificateur dont la
ceux qui, appartenant à une autre famille, consécration était plus solennelle que celle
tenteraient de remplir les fonctions sacer des simples prêtres, on doute qu'elle se
dotales, Nomb. 3, 6.38. 16, 40. Hozias, renouvelât à chaque élection nouvelle,
roi de Juda, qui voulut offrir l'encens à telle qu'elle avait eu lieu en la personne
l'Eternel, fut frappé de la lèpre, mis hors d'Aaron, et l'on croit que l'on se conten
de son palais et exclu des affaires publi tait de revêtir le nouveau pontife des ha
ques jusqu'à sa mort, 2 Chr. 26, 19. On bits de son prédécesseur, comme cela se
voit cependant que dans certaines occa fit à la mort d'Aaron, Nomb. 20, 25.26.
sions, mais seulement en rase campagne cf. 1 Macc. 10, 21.
et toujours hors du temple, des hommes Les prêtres portaient pendant qu'ils of
non prètres, des juges et des rois d'Is ficiaient, et peut-être toutes les fois qu'ils
raël, surtout avant que le tabernacle eût étaient dans le temple, des vêtements de
été fixé dans Jérusalem, ont offert des fin lin, décrits d'une manière générale Ex.
sacrifices à l'Eternel, 1 Sam. 7, 9. 9, 13. 28, cf. Lév. 6, 10. Josèphe donne quel
16, 5.2 Sam. 6, 13. 24, 24. 1 Rois 18, 33. ques détails sur les diverses pièces de cet
2 Chr. 1, 5., ou porté l'éphod, consulté habillement, Ant. 3, 7, 1.2.3.; sur les ca
le Seigneur et béni le peuple, 2 Sam. 6, leçons, espèce de large pantalon comme
14. 18. 1 Sam. 23, 9. 30, 7. 1 Rois 8, 55. en portent généralement les Orientaux ;
56. Les interprétations données pour ex sur la tunique, qui était sans couture; sur
pliquer ces faits autrement que d'une part la ceinture, de diverses couleurs, tissue
active, mais partielle et momentanée, prise fort lâche, large de trois doigts, creuse
par ces personnages au sacerdoce public, comme la peau d'un serpent; sur le bon
sont forcées et presque toutes inadmissi net ou turban, composé de plusieurs tours
bles, tandis qu'il est assez naturel de d'une bande de lin repliée et cousue, avec
croire qu'en faveur de quelques élus, tels une toile qui enveloppe le tout et des
qu'Elie et David, Dieu ait autorisé des cé cend jusque sur le front pour cacher la
rémonies qui étaient peut-être calculées difformité des coutures. Les rabbins et
pour préparer les Juifs à l'idée du sacer saint Jérôme varient sur quelques détails
doce universel. peu importants.
L'Ecriture ne fixe pas l'année en laquelle Le souverain sacrificateur se distinguait
les prêtres pouvaient entrer en fonctions; des autres prêtres par plus de richesse
d'après les Guémaristes, ce n'était qu'a- dans ses vêtements, et par quelques pièces
II. 15
PRE" 226 - PRE'!
quelles les prêtres étaient sujets. On sait
accessoires. Le rochet ètait une robe qui que
tenait depuis le cou jusqu'aux genoux chez les Egyptiens, les prêtres ne
tout autour du corps; elle était composée pouvaient non plus célébrer leurs mys
de filets très déliés, de couleur hyacinthe; tères que nu-pieds. -

au bas étaient des figures de grenades, Quant à leurs fonctions, les prêtres
de lin retors et de pourpre, entre lesquel étaient appelés à instruire le peuple dans
les pendaient de petites clochettes d'or la loi de Dieu, Lév. 10, 11. Deut. 33, 10.
afin qu'on en entendît le son lorsque le Ez. 3, 17.;à le bénir selon l'ordre du Sei
sacrificateur entrait dans le sanctuaire ou gneur, Nomb. 6, 23. Deut. 21, 5.; à dis
en sortait ; ce qui signifie que le chrétien, tinguer suivant l'ordonnance lévitique ce
en marchant dans ce monde, doit porter qui est pur et ce qui est impur, Lév. 10,
des fruits et faire entendre le bruit de 10. Deut. 17, 18., les différentes sortes
l'Evangile, joindre la pratique à l'ensei de lèpres, les causes de divorce, les souil
gnement. Les fruits marquaient aussi tout lures légales et cérémonielles; ils admi
ce qu'il y a de doux et de rafraîchissant nistraient les eaux de jalousie à la de
dans les paroles de la vie éternelle; les mande d'un mari soupçonneux, Lév. 13
clochettes d'or, le son de la prédication de et 14, Nomb. 5, 11. sq. — Dans les par
l'Evangile qui doit se faire entendre en vis du temple ils égorgeaient et prépa
temps et hors de temps. — Nous avons raient les victimes pour les offrir en sa
crifice selon l'ordre et les cérémonies
parlé de l'éphod en sa place. — Le pec
toral de jugement était un drap doublé, que Dieu lui-même avait prescrites, et
de même matière et de même travail que c'est de cette fonction, qui était la plus
l'éphod. Il était carré, de la grandeur commune et la plus apparente de leur
d'une palme (9 centimètres) de chaque charge, qu'ils avaient reçu le nom de sa
crificateurs. — Dans le lieu saint ils de
côté, ayant à ses coins quatre anneaux
d'or, attachés en haut par deux chaînes vaient allumer tous les jours les lampes,
d'or et en bas par deux bandes de pour y conserver l'huile, et les faire luire de
pre qui tenaient le pectoral lié de tous les puis le soir jusqu'au matin, Lév. 24, 2.;
côtés. Sur ce pectoral étaient quatre rangs faire tous les jours le parfum devant l'E-
de pierres précieuses, et à chaque rang ternel, Ex. 30, 7. cf. Luc 1, 10.; poser
trois sortes de pierres sur chacune des les pains de proposition sur la table qui y
quelles était gravé le nom d'une des tribus était dressée, et les changer à chaque
d'Israël; il renfermait l'Urim et le Thum sabbat, Lév. 24, 5. 2, 9. — Le souverain
mim, q. v. — La tiare ou mitre du sou sacrificateur qui était appelé à faire toutes
verain sacrificateur était non-seulement ces choses dans le lieu saint lorsqu'il le
plus riche et plus façonnée que le bonnet pouvait, avait en outre des fonctions par
des simples prêtres, mais elle portait en ticulières; il devait, une fois l'an, faire
core une forme de couronne à l'entour, et une solennelle expiation pour le sanc
sur une bande d'hyacinthe une bande d'or tuaire, pour lui-même, et pour toute l'as
qui ceignait le front, avec ces mots gravés : seniblée; il entrait dans le lieu très saint;
La sainteté à l'Eternel! symbole de la il priait, il intercédait pour le peuple, en
sainteté que nous devons toujours pour fin il bénissait solennellement l'assemblée.
suivre, et que nous ne pouvons trouver — Il est parlé encore de quelques autres
que dans la justice de Jésus-Christ. — Il occupations moins spécialement en rap
ne paraît pas que les prêtres portassent port avec la charge des prêtres; ils de
de souliers; il n'en est fait mention nulle vaient en certains moments déterminés
part, et l'on croyait en général qu'on ne sonner de leurs trompettes d'argent,
pouvait fouler que pieds nus une terre Nomb. 10, 8.2 Chr. 5, 12. 7, 6. 29, 26.
sacrée, cf. Ex. 3, 5. Jos. 5, 15.; les rab Néh. 12, 41.; faire l'estimation des vœux,
bins, d'ailleurs, affirment positivement Lév. 27; rendre la justice dans les causes
que les prêtres officiaient sans chaussures difficiles, Deut. 17, 8. 19, 17.21, 5.2 Chr.
ét ils trouvent dans ce fait une des cause, 17, 8.; le roi Josaphat établit lui-même à
principales des maladies d'entrailles aux Jérusalem un tribunal supérieur de prè
PRE ! 227 PRE ,
tres et de lévites, 2 Chr. 19, 8. Quant à teté et de pureté qui en entourait l'exer
leur rôle dans les armées, p. Guerre. Ils cice et les ministres, cf. Jér. 18, 18.; ces
avaient aussi quelques occupations parti derniers, malheureusement, voulurent al
culières à remplir pour lesquelles ils al lier le sanctuaire et l'esprit du monde : on
ternaient, se distribuant par le sort leurs les vit souvent manquer à tous leurs de
jours de fonction, la garde du temple pen voirs, et opprimer le peuple qu'ils de
dant la nuit (on en trouve probablement vaient paître ; ils recherchèrent les biens
une trace, Act.4,1.5,24.Luc 22,52.?peut terrestres et la satisfaction de la chair,
être aussi Jér. 20, 1.), la surveillance des et compromirent, avec leur ministère,
trésors du temple, des vases sacrés, du leur religion, Jér. 5, 31. 6, 13. 23, 11.
Vestiaire, etc. Lam. 4, 13. Ez. 22, 26. Os. 6, 9. Mich.
Pour l'accomplissement de leurs fonc 3, 11. Soph. 3, 4. Mal. 2.
tions, les prêtres devaient être dans les Treize villes, d'entre les quarante-huit
conditions de la pureté légale et céré quiavaient été donnéesaux Lévites, étaient
monielle, et il leur était interdit de pren spécialement destinées à être la résidence
dre du vin, ou tout autre breuvage eni des prêtres ; elles étaient réunies dans le
vrant, quand ils entraient dans le taber voisinage de Jérusalem, dans les tribus
nacle, et pendant qu'ils y officiaient, Lév.
de Juda, de Benjamin et de Siméon, Jos.
10, 9. Ez. 44, 21. Jos. Ant. 3, 12, 3. Ils
21, 4.10.; c'étaient Hébron, Libna, Jathir,
devaient s'abstenir de mener deuil pour Estemoab, Holon, Débir, Hajin, Jutta,
un mort s'il n'était leur proche parent, Beth-Sémès, Gabaon, Guébah, Hanathoth,
et même le souverain sacrificateur ne pou et Halmon; plusieurs d'entre elles furent
vait le faire pour qui que ce fût, Lév. encore après l'exil la demeure de quel
21, 11. 10, 6. Il ne devait y avoir en eux ques prêtres, Néh. 7, 25., et le sacrifica
aucun défaut corporel, ni mutilation de teur de Luc 10, 31., faisait sans doute
membres, comme aussi leur réputation pour affaires d'office le voyage de sa ville
devait être sans tache, Lév. 21, 17. Jos. à Jérusalem, ou le retour ; cependant le
Ant. 3, 12, 2. Leurs femmes mèmes de plus grand nombre des prêtres paraissent,
vaient répondre à cette idée de sainteté Néh. 11, 10., s'être fixés définitivement
dont toutes les prescriptions précédentes à Jérusalem, le centre de leur travaux.
étaient des conditions ; ils ne pouvaient Il était pourvu de diverses manières à
épouser aucune personne de mauvaise l'entretien des prêtres; les restes des sa
vie, ou répudiée, ou de réputation équi crifices, et c'étaient souvent des restes
voque, Lév. 21, 7. Les veuves n'étaient fort considérables, étaient pour eux, Lév.
point exclues de leur choix, sinon pour le 2, 3. 10. 5, 13. 6, 16. 7, 6. etc., 10, 12.
Souverain sacrificateur, qui devait épou Nomb. 6, 20. Deut. 18, 3.; les prémices,
ser une vierge, Lév. 21, 13.; du reste, ils les offrandes tournoyées, une portion
avaient le droit de choisir dans toute la des dîmes, les pains de proposition, leur
nation, sans être limités par des considé appartenaient encore, Nomb. 31, 29. Lév.
rations de famille ou de tribu ; les étran 24, 9. Matth. 12, 4., ainsi que l'argent
gères seules leur étaient défendues, Esd. provenant d'amendes pour cause de souil
10, 18.; mais, en général, ils se mariaient lure, du prix de rachat des vœux ou des
plus volontiers entre eux, et ils épou premiers-nés, Lév. 27, Nomb. 18, 14.
saient des filles de race sacerdotale, cf. 15. En outre, ils étaient exempts des im
Luc 1, 5. Les préceptes d'une pureté par pôts et du service militaire, immunités
faite s'étendaientjusqu'aux filles des prê dont ils continuèrent de jouir après l'exil
tres, qui étaient punies de mort lors et sous la domination étrangère, Esd. 7.
qu'elles manquaient aux lois de la chas 24. Jos. Ant. 12, 3, 3.
teté, Lév. 21, 9. L'institution du sacer lls étaient partagés déjà du temps de
doce était ainsi recommandée au respect David en vingt-quatre classes ou éphémé
et à la vénération publique, non seule ries, qui avaient chacune leur chef, et va
ment par la grandeur même de ses fonc quaient alternativement au service public
tions, mais encore par l'auréole de sain pendant sept jours, d'un sabbat à l'autre,
228 PRE
PRE | | |*

1 Chr. 9, 25. 24, 3.2 Chr. 8, 14. 23, 4. fonctions des prêtres, sans en être repris
35, 4. Néh. 12, 7. Esd. 10, 5.2 Rois, 11, ni punis, cf. Jug. 6, 18. 17, 5. 18, 27.1
9. Luc 1, 5. — Après le schisme des dix Sam. 30, 7, 2 Sam. 6, 18. 1 Rois 9, 25.
tribus, ils ne continuèrent à fonctionner Comme les familles lévitiques for
que dans le royaume de Juda, 1 Rois 13, maient environ la treizième partie de la
33. 2 Chr. 11, 13. population totale, leur entretien par le
C'est ainsi que jusqu'à la destruction peuple pourrait être considéré comme
de Jérusalem et de son temple par les ayant dû être pour celui-ci une charge
Romains, cette caste subsista comme un extrêmement lourde, en admettant même
corps respecté et généralement respecta que le sort des Lévites n'ait jamais rien
ble, exerçant sur le peuple une influence eu que de bien modeste. Cependant il
utile, et dirigeant ses pensées vers la vérité faut remarquer : a) d'abord, que dans une
par des rites symboliques, lui rappelant contrée agricole et fertile, la remise des
toujours l'unité de Dieu, la condamnation prémices et des dîmes ne pouvait être
du péché, et la réconciliation avec Dieu onéreuse, là surtout où la propriété du
par l'expiation. S'ils exercèrent parfois sol était garantie aux familles propriétai
une espèce d'influence politique, si même res; b) que la plupart des offrandes, vœux,
ils prirent quelque part au gouverne sacrifices de prospérité, etc., n'étaient !
ment génêral du pays, ce fut comme une point imposées, mais laissées à la libre !
conséquence de leur caractère et de leur volonté, à la piété des donateurs; c) qu'à !
position, et non un oubli de leurs fonc l'exception des prêtres et des rois, tous les !
tions, Nomb. 27; 31, 12. 32, 2. Deut. 27, Israélites étaient producteurs, et qu'ainsi !
9. Jos. 17, 4. Sous les rois ils apparais le nombre des consommateurs non pro--
sent comme médiateurs entre le peuple et ducteurs était extrêmement restreint; il*
son chef, 2 Sam. 19, 11.; mais plus tard; n'yavait ni milices régulières, ni corpora
et lorsque la corruption fut devenue tou tions savantes à entretenir; d) que les re
jours plus manifeste et plus générale, ils devances en nature ne dépendaient point
se joignirent aux rois et aux princes pour de l'augmentation de la famille lévitique,
essayer de mettre un frein à la liberté de mais qu'elles étaient fixées pour toujours
langage du ministère prophétique, Jér. au dixième de la moisson; e) que la tribu
20, 1. 26, 7., ce qu'ils étaient d'autant de Lévi avait les mêmes droits que les au
plus portés à faire que leur amour pour tres au partage du sol, et que si elle en
la forme et les cérémonies du culte ne avait été dépouillée, il n'était que juste
pouvait que leur faire redouter tout ce de l'en dédommager en lui assurant une
qui tendait à donner de l'esprit et de la partie des produits recueillis; les dîmes
vie à la foi. étaient donc plus qu'un salaire, elles
La construction du temple avait puis étaient un intérêt, une rente. |.

Samment cOntribué à rendre Solide et Il n'est pas facile de donner une suite l'
ferme la constitution et l'organisation sa claire et complète des souverains sacrifi-º
cerdotale.Jusqu'alors, et malgré les pres cateurs qui se sont succédé en Juda dans '
criptions positives de la loi, il semble l'exercice de ces hautes fonctions. La fa-"
qu'il y ait eu plus d'arbitraire et d'indé cilité avec laquelle on néglige des noms
cision dans les rapports du peuple avec peu connus, le fréquent usage de deux !
le sanctuaire ; sous les juges, des mai noms pour un seul personnage, peut-être
sons particulières louaient des prêtres des idées différentes sur la nature du sa
pour leur service; après eux, des rois et cerdoce, la distinction entre le droit et le
des prophètes paraissent remplir quel fait, ont pu influer sur les divergences
ques fonctions exclusivement réservées qu'on remarque entre les différentes listes
aux prêtres ; des hommes sans caractère de ces pontifes. Nous donnons ci-dessous
public offrent des sacrifices; à côté du ta la succession pontificale, telle qu'elleres
bernacle de Silo on se rend sur les hau sort de différents endroits des livres sa
teurs et dans les bois pour adorer; Da crés, comparée à celle qui se trouve 1
vid, et même Salomon, empiètent sur les Chr. 6, 3. sq. · · · · · ·+ :
, - ** . . - · '!ti J i
|| || | 1,4
PRE PR
- 1 , , ,1 1 2 11,2 -
-

1q - l - , i ssº|zaria III, entre Sallum


!
" , , ! ' ., rneet Hilkija,
• • ' . … · 9 } ij )
1.Aaron. , 2 , a g 1. Aaron, dans la
2. Eléazari | 2 | 3 m - 2. Eléazar. . seconde liste, ne peut guère s'expliquer
3. Phinées , , , 2,1 i • , 3. Phinées. que par le peu d'importance que les gé
4. Abisuah ] † # L 4. Abisuah. néalogies donnent souvent aux détails,
5. Bukki. §§ § 5. Bukki. pourvu que l'ensemble et la filiation soient
6. Huzi. 5, 12. 6. Huzi. exactes; cependant Hazaria s'est distin
7. Héli. 7. Zérahja. gué comme réformateur sous Ezéchias, ,
8. Ahitub, 8. Mérajoth. f) Eliakim, le n° 24 de la première liste,
9. Ahija. 9, Amaria. mais inconnu, est également omis dans la
10.Abiathar(ou Ahimé- 10. Ahitub. seconde. g) Depuis Hazaria IV, les deux,
lec). -
listes sont les mêmes. . | |
11.Abiathar, ou Achi- 11. Tsadoc. On voit, d'après ce qui précède, que la |
mélec, ou Abimélec. -
première est une liste pontificale, la se
12. Tsadoc. 12.Ahimahats. conde un tableau généalogique de la fa-,
13. Ahimahats. 13. Hazaria I. mille d'Aaron par Eléazar : la première
14. Hazaria I. 14. Johanan. était incomplète s'il y manquait un nom ;
15. Johanan. 15. Hazaria II. la seconde reste exacte malgré quelques
16. Hazaria II. 16. Amaria. Omissions : celle-là nous dit la suite des
17. Amaria. 17. Ahitub. grands prètres telle qu'elle a eu lieu,
18. Ahitub. 48. Tsadoc. Celle-ci nous dit ce qu'elle aurait dû être,
19. Tsadoc. 19. Sallum.
Ce qu'elle aurait été sans la circonstance
20. Urie. 20. Hilkija.
qui fit sortir le sacerdoce de la branche
21. Sallum. 21. Hazaria IV. d'Eléazar pendant un temps. -

22. Hazaria IlI. 22. Sérajah. Josèphe et la Seder Olam des Juifs
23. Hilkija. 23.Jéhotsadac. nous ont conservé deux autres listes des
24. Eliakim, ou Jéhoja- 24. Jésuah. grands prêtres hébreux depuis Aaron jus
kim. qu'à la captivité; elles diffèrent entre elles,
25. Hazaria IV. et s'éloignent l'une et l'autre des deux
26. Sérajah. que nous avons rapportées; du reste elles
27. Jéhotsadac. SOnt sans intérêt.
28. Jésuah. Esd. 2, 2. Quant aux souverains sacrificateurs qui
Dans ces deux listes, on remarque les succédèrent à Jésuah après le retour de
analogies et les dissemblances suivantes : la captivité, nous trouvons dans les livres
a) Les six premiers noms sont les mêmes d'Esdras, de Néhémie et de Josèphe, les
et ne font pas difficulté. b) Les nos 7 à 11 nOms suivants, que nOuS rattachOns à la
de la première sont les noms des pontifes première de nos listes.
qui ont exercé, quoiqu'ils appartinssent 29. Jéhojakim (483 av. C.), Jos. Ant. 11,
à la branche cadette d'Ithamar, tandis que 5. Néh. 12, 10.
les nos 7 à 10 de la seconde disent la suite 30. Eliasib (453), Néh. 12, 10. sq.
de lapostérité d'Eléazar, quoique ces hom 31. Jojadah (413), ibid.
mes n'aient pas fonctionné : les deux lis 32. Jonathan (373), ibid.
tes se rejoignent à Tsadoc, qui réunit la 33.Jadduah (341), ibid.
qualité de pontife à celle de membre de 34. Onias I (321).
la branche aînée. c) Les nos 12 à 19 de la 35. Simon l, dit le Juste (300).
première liste correspondent exactement 36. Eléazar (292).
aux nos 11 à 18 de la seconde. d) L'omis 37. Manassé (276).
sion du nom d'Urie dans la seconde liste 38 Onias Il (250).
entre 18 et 19, tient peut-être au rôle 39. Simon II (217), père des quatre sui
honteux qu'il a joué sous Achaz, 2 Rois VaIltS. -

16 , c'est une disgrâce : le petit-fils de 40. Onias III (195).


Tsadoc est nommé au lieu de son, fils; 41.Jason, ou Jésus (175).
la génération idolâtre n'est pas comptée 42. Ménélas, ou Onias IV (172).
comme sacerdotale. e) L'omission d'Ha 43. Lysimaque, lapidé comme sacrilége.
PRE 230 'PRI
Tous ceux-ci appartenaient à la famille | plice de la mort du Christ.
d'Aaron et d'Eléazar : ce dernier ne fut . Jonathas fils d'Ananus.
pas même pontife ; nous le conservons . Théophile son fils. .
sur la liste, ainsi que quelques-uns des . Simon, dit Canthare, fils de Simon
· pontifes illégitimes qui suivirent, pour ne Boéthus. , .
pas compliquer une succession déjà diffi . Matthias fils d'Ananus.
cile à débrouiller : nous suivrons en cela . Elioneus.
les chiffres donnés par Calmet, quoique Simon Canthare, rétabli puis déposé.
la véritable série doive passer de Ménélas . Joseph fils de Canée.
à Judas Maccabée, du n° 42 au 46, qui se . Ananias fils de Nébédée.
rait le 43e. . Ismaël fils de Phabée.
44. Alcime, ou Eliakim : il n'est pas de . Joseph, surnommé Cabéï.
la branche sacerdotale. . Ananus fils d'Ananus.
45. Onias V, n'exerce pas le pontificat; il . Jésus fils d'Ananus.
se retire en Egypte. 79. Jésus fils de Gamaliel.
46. Judas, ou Jadduah Maccabée (166 av. . Matthias fils de Théophile.
Christ). . Phannias fils de Samuel, établi en 70,
47. Jonathan son frère (161). l'année de la ruine du temple de Jé
48. Simon (143). rusalem.
49. Jean Hyrcan (135). L'ancien sacerdoce prend fin quand le
50. Aristobule (107). nouveau commence, universel et plus spi
51. Alexandre Jannée (106). rituel, celui de la sacrificature royale :
— Sa veuve, Alexandra, règne après lui, Jésus en est le souverain pontife.
et donne le pontificat à son fils PRÉVOTS. v. Baillis. Dan. 3,2.3. C'é-
52. Hyrcan (78), qui est dépossédé par taient dans le sens le plus général du
Son frère mot, et autant qu'on peut le conclure de
53. Aristobule (69); mais après plusieurs l'étymologie, des hommes de loi, des ju
combats ges : on ne saurait rien dire de plus.
Hyrcan (63) rentre dans l'exercice de PRIERE. Cet acte tout spirituel, qui
ses fonctions. forme l'essence du culte, et qui comprend
54. Antigone (40), fils d'Aristobule; usur SOuS tOutes ses formes l'élévation de
pateur. l'âme vers Dieu, pour l'adorer, implorer
55. Hananéel de Babylone, descendant ses grâces, ou le remercier de ses fa
des anciens pontifes (36). veurs, cet acte sans lequel il ne peut y
56. Aristobule, le dernier des Maccabées; avoir ni piété, ni religion, ce premier be
mort subite, arrangée par Hérode. soin de la foi et de l'amour, cette premiè
Hananéel rétabli. re aspiration vers le ciel d'une âme qui
. Jésus fils de Phabis. commence à sentir qu'elle existe, mais
. Simon fils de Boéthus, élevé à cette qu'elle n'existe pas pour la terre ; la
haute dignité par Hérode, qui s'est prière que recommandent, si même ils ne
fait son gendre. la commandent pas, tous les fondateurs
. Matthias, fils de Théophile, remplacé d'une religion, tous les philosophes qui
pour un jour par Ellem. ont essayé de donner au monde des
. Joatsar, fils de Simon le pontife. croyances religieuses, depuis Confucius
. Eléazar son frère. jusqu'à Mahomet; la prière qui a sa place
. Jésus fils de Siah. dans tous les systèmes et dans toutes les
Joatsar rétabli, puis de mouveau des organisations du culte rendu à la divinité,
titué. n'est ni commandée, ni même, chose pres
. Ananus fils de Seth. que étrange, recommandée par Moïse, le
. Ismaël fils de Phabi. législateur des Hébreux, qui a cependant
. Eléazar fils d'Ananus. prescrit de la manière la plus minutieuse
. Simon fils de Camithe. et la plus scrupuleuse, jusqu'aux plus pe
. Caïphe, ou Joseph, témoin et com tits détails du culte, public ou particulier.
PRI 231 PRI

Un seul acte de ce genre paraît indiqué, firent partie de la liturgie publique après
Deut. 26, 13., comme souvenir d'actions le retour de la captivité. Le peuple #
de grâces pour les récoltes, mais ce n'est tait dehors en prière pendant le sacrifice,
qu'en passant, et l'on peut y voir une Luc 1, 10., soit en gardant le silence du
profession de foi, une reconnaisance des recueillement, soit en se joignant aux
droits de Dieu comme propriétaire du prières du sacrificateur. Le plus bel
sol, aussi bien qu'une prière. Cette grave exemple que l'Ancien Testament ait con
lacune dans l'organisation du culte juif, servé d'une prière officielle, est celle que
cet oubli de Moïse serait étrange, si par prononça le roi Salomon lors de la dédi
son étrangeté même il ne laissait pas en cace du temple, 1 Rois 8, 22.; plusieurs
trevoir une intention bien marquée, bien des psaumes de David sont également
positive et réfléchie. On sent que Moïse des prières , et ils étaient destinés au
n'a pu oublier la prière, et il n'est pas culte public.
difficile de se rendre compte des motifs L'Ancien Testament, et surtout l'his
qui l'ont empêché de la prescrire au peu toire des anciens temps de la nation juive,
ple. C'est précisément parce qu'il savait ne nous fournit pas beaucoup d'exemples
ce que c'est que la prière, qu'il n'a pu de prières particulières, et c'est assez fa
songer à en faire l'objet d'ordonnances cile à comprendre : la vie particulière de
spéciales. La prière ne se commande pas, chacun appartient peu à l'histoire. Il ré
et le Juif pieux devait puiser dans son sulte cependant de Es. 1, 15. (et cela ré
cœur des actions de grâces pour le Dieu sulterait déjà de la nature des choses), que
qui l'avait tiré d'Egypte, et cette con la prière était un des actes ordinaires du
fiance en lui qui porte à la prière : la culte individuel ; v. aussi 1 Rois 18, 42.
prière ne pouvait être que naturelle chez Plus tard, vers les temps de l'exil, depuis
lui ; elle ne pouvait au contraire exister l'exil, et aux jours de Jésus-Christ, à me
pour celui qui n'avait ni reconnaissance, sure que l'histoire des temps et des hom
ni amour, ni foi , et la lui imposer, com mes prend un caractère plus biographi
me on imposait à tous des purifications, que, et dêtaillé , on trouve des mentions
des ablutions, Ou des sacrifices, c'eût été plus fréquentes de la prière individuelle ;
n'en faire plus qu'une formalité, une cé Néhémie en est un exemple frappant,ainsi
rémonie, un opus operatum. Moïse laissa que Daniel, David déjà dans plusieurs de
à la prière son caractère de spontanéité ses psaumes, et d'autres encore. La prière
pour le culte particulier comme pour le et le jeûne étaient devenus deux des ca
culte public, et ne régla rien de ce qui la ractères les plus saillants de la vie reli
concernait, parce qu'il n'y avait rien à gieuse de chacun, Tobie 12, 8. Judith 4,
régler. Les lsraélites récitèrent peut-être 12. On invoquait le secours de Dieu avant
moins de prières, mais ils prièrent da de se mettre en voyage, avant une décla
vantage.Au dire de quelques rabbins, les ration de guerre, avant une bataille, en
sacrifices journaliers qui se faisaient ma général avant de commencer une entre
tin et soir dans le temple, auraient été, prise quelconque un peu importante, 4
même avant l'exil, accompagnés de priè Macc. 5, 33. 11, 71.2 Macc. 15, 26. cf. 8,
res, et quoiqu'on ne puisse guère regar 29. Judith 13, 7. Act. 9, 40. D'ordinaire
der cet usage comme fort ancien, l'on on se recueillait trois fois le jour pour
trouve cependant en effet quelques traces adresser à Dieu une prière spéciale, indé
de son existence, 1 Chr. 23, 30. cf. Néh. pendamment de la prière continuelle d'un
11, 17. Après l'exil, l'usage semble en cœur pieux, Dan. 6, 10. Ps. 55, 17. Les
être devenu plus ordinaire ; Esdras a heures fixées étaient : le moment du sacri
composé, dit-on, dix-huit prières, aux fice du matin dans le temple, la troisième
quelles Gamaliel en a joint une dix-neu heure du jour, 9 heures d'après notre
vième, et toutes célèbrent Dieu, en le glo manière de calculer le temps , la sixième,
rifiant et le suppliant : quoi qu'il en soit ou midi, le milieu du jour , et la neuviè
de l'authenticité de ces prières plus que me, ou 3 heures de l'après-midi, lors
douteuses, plusieurs sont belles, et elles qu'on offrait le sacrifice du soir, Actes 2,
PRI 232 PRI

15. 3, 1. 10, 9.30. On prononçait aussi qu'ils invoquaient; on le voit par Dan.
avant et après chaque repas une prière 6, 10.2 Chr. 6,34.1 Rois8,44. cf. Ps. 5,
d'actions de grâces, Matth. 15, 36. Jean 7.; les Samaritains se tournaient vers le
6, 11. Act. 27, 35. Les pharisiens et les mont Guérizim. Quant à la posture, elle
esséens tenaient beaucoup à la prière, n'importait pas plus que le reste ; elle
mais les premiers s'y livraient avec une était dictée par les besoins de l'âme, et
ostentation qui est sévèrement blâmée ne se commandait pas; on se tenait de
par notre Seigneur, Matth. 6, 5. 7., et bout ordinairement, 1 Sam. 1, 26. 1 Rois
l'oraison dominicale qu'il donne pour 8, 22. Dan. 9, 20. Matth. 6, 5. Marc 11,
modèle à ses disciples est, par Sa riche 25. Luc 18, 11. Dans l'humiliation, ou
brièveté, une censure des longues et vai dans de plus vifs sentiments de piété et
nes redites que les pharisiens avaient in de besoin, on s'agenouillait, 2 Chr. 6, 13.
ventées, et qu'ils avaient enseignées à 1 Rois 8, 54. Esd. 9, 3. Dan. 6, 10. Luc
leurs sectateurs. On voit par Luc 11, 1., 22, 41.Act. 9, 40.; quelquefois même on
que Jean-Baptiste avait aussi donné à ses se prosternait en terre dans de grandes
disciples des modèles de prières toutes douleurs, Néh. 8, 6. Judith 9, 1. Matth.
faites, et Jésus eut moins dans l'esprit de 26, 39. Tantôt on élevait vers le ciel ses
donner aux siens une prière à réciter, mains après les avoir lavées, 1 Rois 8,
qu'un exemple de prière chrétienne, et 22. Néh. 8, 6. Lam. 2, 19. 3, 41. 2 Macc.
l'idée de la marche à suivre, des deman 3, 20., et saint Paul, insistant sur la né
des à faire, de l'esprit qui doit régner cessité d'une purification spirituelle re
dans l'âme lorsqu'elle s'élève à Dieu. L'o- présentée par la purification matérielle,
raison dominicale est en plusieurs points veut que celui qui prie élève vers Dieu
l'abrégé d'une prière qui se prononçait des mains pures, 1 Timoth. 2, 8. (Qui
dans les synagogues, et qui selon toute cunque manibus sordidis orat , mortis
apparence fut composée pendant la capti reus est, dit un rabbin ; cf. aussi Odyss.
vité , elle commençait ainsi : O Dieu, que 2, 261.); d'autres fois on étendait les
ton nom soit magnifié et sanctifié dans le mains, Es. 1, 15., ou bien on les croi
monde que tu as créé selon ton bon plai sait sur la poitrine en se frappant, Luc
sir; fais régner ton règne ; que la ré 18, 13.; on baissait la tête en signe d'hu
demption fleurisse, que le Messie vienne miliation; on la plaçait entre ses genoux,
promptement et que son nom soit célé ce qui ne se faisait que dans un grand
bré, etc. Le peuple répondait Amen. deuil, ou dans une fervente prière, 1 Rois
Les Israélites choisissaient, pour prier, 18, 42.
des endroits retirés et solitaires, dans L'intercession, la prière pour d'autres
leurs maisons des cabinets particuliers, que pour soi, étaient fréquentes, et l'on
une chambre haute, le toit; dans la cam voit souvent des personnes se recom
pagne, ils montaient, lorsque cela pouvait mander à d'autres, notamment à des hom
se faire, sur une petite hauteur ; à Jéru mes connus par leur sainteté , on atta
salem, ils se rendaient volontiers dans les chait à leurs prières une importance quel
parvis du temple ; et d'après les rabbins, quefois exagérée, cf. Gen. 20, 7.17. Ex.
mais cela a une couleur toute formaliste, 32, 1 1. 1 Rois 17, 20.2 Cor. 1, 11. Phil.
celui que l'heure de la prière surprenait 1, 19. 1 Timoth. 2, 1.1 Thess. 5, 25.2
au milieu de son chemin, s'arrêtait tout Thess. 3, M. Hébr. 13, 18. Jacq. 5, 16.
court pour remplir son devoir; cf. Matth. Notre Seigneur lui-même nous a donné
6, 6. 14, 23. Marc 6, 46. Luc 6, 12. 18, l'exemple de l'intercession dans sa prière
10. Act. 1, 13. 3, 1. 10, 9. Dan. 6, 11. sacerdotale, comme nous voyons aussi
Judith 8, 5. Tobie 3, 11. cf. 1 Rois 18, que l'Esprit prie pour nous par des sou
42. Es. 56, 7. ll paraît que c'était une pirs qui ne se peuvent exprimer, Jean
habitude assez ordinaire aux Juifs, quoi 17, Rom. 8, 25. Deux espèces d'interces
que ce ne fût point une obligation, de sions , en usage dans l'Eglise romaine,
tourner leur visage vers la sainte mon sont les seules défendues et inutiles, celle
tagne où Se trouvait le Sanctuaire du Dieu des vivants pour les morts, celle des morts
PRI 233 PRl
pour les vivants; elles ne reposent sur de secte de la chrétienté, d'être ainsi
aucun précepte de la parole de Dieu , et descendue au-dessous du judaïsme, au
sont contraires à tout son esprit. La pre niveau, même au-dessous du mahomé
mière cherche à s'appuyer d'un passage tisme, et ce reproche qui tombe, non point'
apocryphe , 2 Macc. 12, 43., où nous sur tous ses prêtres, ni sur tous ses fi
voyons Judas Maccabée offrir un sacri dèles, mais sur tout son système, suffit à
fice pour des soldats morts, qui avaient lui seul pour le caractériser et le stigma
violé la loi par une espèce de sacrilége, tiser. - ,

en prenant des choses consacrées aux PRIMOGÉNITURE. Les premiers-nés .


idoles : cette prière « pour un péché mor des hommes et des animaux étaient saints
tel qui ne s'expie pas par ces sortes de à l'Eternel; ils lui étaient consacrés, et
choses, » dit Calmet, est déjà fort embar devaient lui être présentés dans le temple
rassante pour l'Eglise romaine, et cepen ou devant le tabernacle, Ex. 13, 2. 15.
dant, c'est le seul passage qui puisse un Nomb. 8,17.Les enfants mâles, premiers
peu servir de point d'appui à cette fatale nés des Israélites, et primitivement des
doctrine ; il ne serait pas étonnant que tinés au service du sanctuaire, mais dis
tous les livres apocryphes en masse aient pensés de cette charge par la vocation de
été canonisés par le concile de Trente, la tribu de Lévi, Nomb. 3, 12., devaient !
en faveur de ces quelques lignes, qui n'en être présentés à Dieu, un mois après leur
resteront pas moins apocryphes. L'opi naissance, dans le temple, où ils étaient
nion de Judas Maccabée n'est pas même rachetés d'après une estimation fixée par
prouvée, puisque son historien n'est pas les prêtres, et qui ne pouvait pas dépas
une autorité, mais le fût-elle, à son tour ser cinq sicles, Ex. 13, 13. Nomb. 18, 16.
elle ne prouverait rien. Si dom Calmet cf. Luc 2, 27. Les premiers-nés des ani
ajoute : « Nous n'en demandons pas da maux impurs qui ne pouvaient point être
vantage ici, » on peut conclure qu'il n'est offerts en sacrifice, étaient également ra
pas difficile en matière de preuves. Ilar chetés, d'après leur valeur, à laquelle il
gue encore d'une notice sur la maison fallait encore ajouter un cinquième en
d'Onésiphore, dont nous avons parlé à sus ;s'ils n'étaient pas rachetés, ils étaient
cet article, et il termine en disant : Si ce vendus par les prêtres, suivant l'estima
la est, voilà la prière des morts bien éta tion qui en était faite, Nomb. 18, 15. Lév.
blie par saint Paul même. Oui, si. On 27, 26. Les premiers-nés, mâles, des ani
pourrait se procurer pour toutes les doc maux purs, lorsqu'ils étaient sans défaut
· trines des preuves de cette force. et sans tache, devaient être sacrifiés dans
La même Eglise a hérité des pharisiens les huit jours qui suivaient leur naissan
leurs vaines redites, et quand on peut ce; lorsqu'ils avaient quelque défaut, ils
croire que, dans la catholicité tout en étaient abandonnés aux prêtres comme
tière, il se prononce chaque jour des leur propriété, Nomb. 18, 17. Lév. 27,
cent millions de Pater incompris , sous 26. Deut. 15, 19. sq. Les Targums don
toutes les formes, comme devoirs, comme nent des directions sur ce qu'il fallait en
tâches , comme punitions, par zèle sans tendre par des défauts chez un animal
connaissance, par vanité, par crainte, par nouveau-né, comme sur tout le reste de
habitude, on ne peut que penser à ce que ces prescriptions relatives à la primogé
disait le chef de l'Eglise en parlant de ces niture. Michaélis, Jahn et Rosenmuller,
vaines redites : Malheur à vous! Qu'at ont conclu de Deut. 15, 19. cf. 12, 6. 14,
tendre, en effet, de pareilles prières, si 23., que, dans ces derniers passages, il
non le sommeil et la mort des àmes, leur était question d'une seconde offrande des
endurcissement. Pourquoi dégrader ainsi premiers-nés ; Winer pense qu'il ne s'a-
l'homme et la prière tout ensemble, et git là que des animaux offerts dans les
faire de Dieu même une espèce de teneur festins qui suivaient certains sacrifices, et
de livres qui enregistre en débit et cré dont on mangeait une partie.
dit les prieres émises par la bouche des Le fils aîné d'un père, quelle que fùt
pécheurs ?Il est triste, pour la plus gran sa mère, jouissait d'une grande considé
PRI 234 PRI
ration dans sa famille, et recevait en hé Tim. 4, 19. Quelques-uns croient qu'elle
ritage une portion double de celle de ses était diaconesse. n , , , ,
frères et de ses sœurs, sur lesquels il PRlSON. Fort connue des Egyptiens,
exerçait, lorsqu'ils n'étaient pas mariés, Comme on peut s'en convaincre par l'his
une espèce de tutelle et d'autorité, Deut. toire de Joseph chez Potiphar, la prison
21, 15-17; aussi ce titre d'honneur de était inconnue des anciens Hébreux : il
premier-né était-il rarement omis dans n'en est pas parlé dans toute la législa
les généalogies et les registres de fa tion de Moïse, et ce n'est que plus tard
milles, Gen. 22, 21.25, 13. 35, 23. 46, qu'elle devint un châtiment assez ordi
8. Nomb. 3, 2. 26, 5. 1 Sam. 8, 2., etc. naire, cf. Esd. 7, 26. Quelques passages
C'est également ensuite de ce privilége du livre de Job ne peuvent rien prouver,
que le fils aîné du roi lui succédait ordi malgré son ancienneté, parce qu'il décrit
nairement sur le trône, v. l'art. Rois , et
des mœurs étrangères à la Palestine. Deux
2 Chr. 21, 3. Il était défendu à un père exemples d'arrestations préventives, ce
de faire passer à un fils plus jeune, en fa lui d'un Israélite lapidé pour avoir ra
veur d'une mère plus aimée, les droits de nlassé du bois le jour du sabbat, Nomb.
primogéniture, à moins de circonstances 15, 32-36., et celui du fils de l'Egyptien,
qui motivassent une substitution d'un lapidé aussi pour avoir blasphémé, Lév.
frère à son frère aîné , par suite de l'in 24, 10-12., non seulement ne prouvent
dignité de celui-ci, comme ce fut le cas rien, puisque le mot de prison, employé
pour Ruben, 1 Chr. 5, 1. Isaac a été par quelques traducteurs , signifie pro
trompé par Jacob, et lui a donné, par er prement garde, ainsi que l'ont rendu nos
reur, une bénédiction qui était irrévoca versions, et que rien n'indique qu'il soit
ble; d'ailleurs, il y avait eu de la part d'E- question du dépôt dans un lieu spécial,
saü abandon de son droit d'ainesse, Gen. plutôt que d'un simple état de surveillan
25, 31. Jacob, en assurant à Ephraïm des ce et d'arrêt; mais encore, ils ne peu
droits qui appartenaient à Manassé, l'a vent rien prouver si l'on se rappelle que
fait comme prophète; d'autres motifs que ces deux scènes se passent dans les cam
nous expliquons en leur place, donnè pements du désert, où certes on ne sup
rent également à Jéhoachaz le trône qui posera pas que les Israélites traînassent
revenait , par droit de naissance , à son une prison après eux. Lors donc que M.
frère aîné Jéhojakim ; de même encore Pastoret ( dans son Moïse considéré com
probablement Sédécias, q. v., succéda à me législateur, p. 342), dit que dès qu'un
son frère plus jeune Jéhojachin. Salo homme était soupçonné ou accusé d'un
mon, enfin, fut substitué à Adonija. forfait, on s'assurait de lui par l'empri
L'expression de premier-né se prend, sonnement, et que l'Ecriture en offre
dans l'Ecriture, en divers sens figurés; plusieurs exemples, il parle d'une ma
elle est appliquée à Jésus, Col. 1, 15. nière un peu hasardée, et M. Cellérier
Apoc. 1, 5., et signifie, dans ces passa (Espr. de la Lég. Mos. II , 325) n'a fait
ges, qu'il a été engendré du Père avant que justice en lui reprochant un esprit
qu'aucune créature eût été produite, et superficiel.La prison préventive peut tou
qu'il est le premier qui soit ressuscité jours être remplacée par un cautionne
par sa propre vertu. Dans Es. 14, 30., ment, et la prison, comme peine, par une
les premiers-nés des misérables (texte hé amende. Or, au milieu d'un peuple agri
breu) signifie les plus misérables; et le culteur, où chacun possédait un bien de
premier-né de la mort, Job, 18, 13., dé terre, chacun pouvait être puni par une
signe, soit la plus terrible des morts,soit amende ; la prison n'était pas indispen
la plus terrible des maladies. sable, et, d'un autre côté, elle eût pu ètre
PRISCE ou, plus ordinairement, Pris nuisible en arrachant aux travaux de la
cille, femme d'Aquilas, qu'elle accompa terre les hommes qui devaient la travail
gnait dans ses voyages, et quelquefois ler; elle eût été pour eux tout à la fois
nommée avant lui, mais jamais sans lui, une privation de la liberté, et une amen
Act. 18, 2. Rom. 16, 3.1 Cor. 16, 19. 2 de souvent considérable, en occasionnant
PRI 235 1 PRO

un temps plus ou moins long de jachère, quelquefois aussi les pieds et le cou, Job
et une diminution dans le revenu. 13, 27. 33, 11. Act. 16, 24., quelquefois
Sous les rois, alors que par l'accumu encore les pieds et les mains; ils étaient
lation des richesses entre certaines mains, traités comme le sont les esclaves dans
la pauvreté, qui devait être inconnue dans les colonies où l'êmancipation n'a pas en
le pays, avait fini par se montrer, la pri core eu lieu : Jérémie fut mis aux ceps,
son put être aussi substituée à l'amende, 20, 2. Une nourriture maigre et rare
mais ce ne fut pas législativement; ce fut était une aggravation de peine , 2 Chr.
plutôt arbitrairement, sous de méchants 18, 26. Simhi est un exemple d'arrêts
rois, et contre des hommes de Dieu trop privés, 1 Rois 2, 37. - On peut conclure
libres dans leurs censures, 2 Chr. 16, 10. de Matth. 25, 36. cf. Jér. 32, 8., que les
Jér. 20, 2. 32, 2. 33, 1. 37, 15. Après visites aux prisonniers étaient, en Orient,
l'exil, elle devint beaucoup plus habi moins difficiles, moins entourées de for
tuelle, notamment sous la domination malités qu'elles ne le sont chez nous. "
étrangère, Matth. 11, 2. Luc 3, 20., et on PROCHORE n'est connu que pour avoir
l'appliqua soit à ce que les Juifs appe été l'un des sept premiers diacres, Act.
laient des délits religieux, la prédication 6, 5. D'après Dorothée, après avoir été
de l'Evangile, Act. 5, 18.21.8, 3. 12, 4. l'un des soixante-dix disciples, il serait
22, 4. 26, 10., soit à l'insolvabilité des devenu plus tard évêque de Nicomédie en
débiteurs, Matth. 18, 30. Bithynie. -

Les plus anciennes prisons consistaient PROCURATEURS. Espèce de sous


simplement parmi les Juifs en des ci officiers chargés, dans les provinces, de
ternes sans eau, dont la profondeur et l'administration des revenus impériaux,
l'étroite ouverture suffisaient pour empê et des cas de justice qui pouvaient surgir
cher les détenus de s'échapper sans un à ce sujet : c'étaient, pour ainsi dire, des
secours du dehors, Gen. 37, 20. 22.; chefs d'administration adjoints aux gou
quelquefois une vase épaisse, comme verneurs des provinces impériales ou sé
celle dans laquelle Jérémie enfonça, 38, natoriales; (Auguste, ayant faitun nouveau
6., rendait l'emprisonnement une peine partage des provinces, avait conservé
beaucoup plus grave et plus douloureuse. sous le nom de sénatoriales celles qui
Il y avait des espèces de prisons d'état étaient paisibles et peu exposées aux at
souterraines comme celle de Jér. 37, 16., taques des ennemis, et s'était attribué le
d'autres aux portes des villes, ou au-des gouvernement des autres sous le nom
sus de ces portes, Jérémie 20, 2., comme d'impériales : sous prétexte de délivrer le
on en trouve de nos jours encore dans sénat et le peuple de soins importants, il
plusieurs de nos villes fortifiées, et qui s'était ainsi arrogé le commandement su
servent à détenir préventivement pen prême de toutes les armées de l'empire.)
dant la nuit ceux qui ne justifient pas suf Ces gouverneurs étaient ordinairement
fisamment de leurs personnes ou de leurs des chevaliers. Les procurateurs rempla
intentions ;il y en avait d'autres attachées çaient même entièrement les gouverneurs
aux palais des rois, Jér. 32, 2., dans les dans de petites provinces, ou dans des
loges des gardes royaux : d'autres enfin districts qui, bien que joints à une pro
dans la maison du chef des gardes du roi, vince plus grande, en étaient séparés géo
qui servait en même temps d'exécuteur graphiquement, ou possédaient une ad
des hautes œuvres, Gen. 39, 20. 40, 4. ministration à part ; ils avaient le com
Jér. 37, 15.21. mandement des troupes, et rendaient la
Les prisonniers étaient serrés de chaî justice, même la justice criminelle, quoi
nes, Jug. 16, 21. 2Sam. 3, 34. Jér. 40, 1., que en bonne règle le gouverneur en
et sous la domination romaine ils étaient chef de la province eût la haute main dans
attachés par une ou par les deux mains, toutes ces affaires, et qu'il fût appelé à
aux soldats chargés de les garder, Act. examiner, lorsqu'il y avait lieu, les sujets
12, 4. 21, 33.; quelquefois leurs pieds de plaintes contre le procurateur : les pro
étaient enfermés dans des ceps de bois, consuls pouvaient renvoyer à Rome et
PRO 236 pito
. i. , , , , ,, • ' ifT1 291 !1" :
to zi l 2.0.b. PifT7.20l
-

casser les procurateurs qui s'étaient ren-| pas non plus, et


dus coupables. luººººº " " | Le
† rannonaient.
sacerdoce étai
- -

était comme la _charpente


- -

· Des procurateurs furent envoyés en osseuse du mosaïsme et le résumé, le


Palestine après que, par l'éloignement de dessin de ses formès. Le prophétisme en
de l'ethnarque Archélaüs (6 ans ap. C.), était le cœur, le sang qui circule dans les
la Judée et laSamarie eurent été réunies veines, qui vivifie tout sur son passage et
à la province de Syrie qui existait déjà, qui laisse dans la mort les organes dont
et ils établirent leur résidence ou quar il s'éloigne. Ou si l'on aime mieux, le sa
tier général à Césarée sur les bords de la cerdoce était le canal, mais le prophétisme
mer. Après Coponius, chevalier romain, était l'eau qui le remplit et qui fertilise
Marcus Ambivius, Annius Rufus, et Vale les champs qu'il parcourt. La mission des
rius Gratus, Ponce Pilate, le seul nommé prêtres était permanente et suivie, celle
dans les Evangiles, occupa cette charge. des prophètes était momentanée, tempo
Puis la Judée et la Samarie ayant été rèuraire, individuelle ; les premiers ensei
nies au royaume d'Hérode Agrippa, ce ne gnaient par leurs actions, les seconds par
fut que l'an 44, à la mort de ce prince, la parole : les uns regardaient davantage
que de nouveaux procurateurs furent à l'extérieur, les autres à l'intérieur; la
donnés à la Palestine, Cuspius Fadus, cOrrection des mœurs était confiée au sa- '
Tibère Alexandre, Cumanus, Félix, et cerdoce, les prophètes demandaient le re
Festus : ces deux derniers seuls sont nouvellement du cœur, Deut. 10, 16. 30,
nommés dans le livre des Actes. C'étaient 2. sq. La loi de Moïse n'avait pas eu pour !
généralement des hommes cruels, arro but unique ou principal de faire d'Israël'
gants, avides jusqu'au point de faire des un Etat, ni même un Etat théocratique,
accords avec des chefs de brigands, et de quelque spirituel qu'on se le représente.
leur assurer moyennant un tant pour cent La loi tendait à la circoncision du cœur,
une libre carrière. Ils suçaient le pays elle voulait remplir l'âme d'amour pour
systématiquement, et l'irritaient encore Dieu, la sanctifier, la rendre semblable à
par leur justice toute vénale. Leur avi ce qu'elle était avant la chute, la former
dité et leur arbitraire despotisme ne res ou la reformer à l'image de Dieu. Cet es
pectaient pas même la dignité sacerdotale; prit régénérateur perce à travers toutes
les installations, nominations, ou déposi les prescriptions, à travers tous les dé
tions de souverains sacrificateurs étaient tails nombreux et variés du mosaïsme,
à l'ordre du jour. Les sujets de plaintes, comme s'il voulait se graver dans les
les griefs, les accusations même ne man cœurs de tous en traits de vie, et son ex
quaient pas contre eux, mais ils savaient pression la plus pure, la plus vraie, la plus -
en paralyser les effets, la crainte faisait fécondante, mais ce n'est pas la seule, se
abandonner les poursuites, et les appels trouve dans le prophétisme. La loi ne ' !
à Rome ne parvenaient pas à dominer les donne pas sans doute aux prophètes une º
cris des factions qui se déchiraient. position absolument et rigoureusement ,
Lorsqu'ils venaient à Jérusalem pour y légale; elle n'établit pas cette institution,
faire un séjour plus ou moins prolongé, mais elle la suppose comme elle-même en iº
ils descendaient ordinairement au palais émane, comme elle fut proclamée par l'ac
d'Hérode, sur le pavé duquel, en plein tivité et le ministère prophétique. Moïse
air, ils étaient censés rendre la justice ; apparaît sous l'ancienne économie comme
v. Pavé, Prétoire. un prophète qui n'a plus retrouvé son égal
PRONOSTIQUEURS. v. Devins. jusqu'au jour où le Christ, son supérieur,
PROPHETES. Le judaïsme, charnel et est venu accomplir, achever, plutôt que !
matériel, même imparfait, renfermait ce détruire son œuvre, Deut. 34, 10. La pro
pendant, du moins en germe, toute l'idée phétie existait avant la loi, cf. Jude 14.; et
de la religion divine et véritable. L'esprit déjà plusieurs manifestations prophéti
pouvait circuler dans ses formes ; elles ques avaient eu lieu, Nomb. 11, 17.12, 6. º
n'étaient pas l'esprit, elles ne le suppo 23, 23.Ex. 15, 20., lorsque la loi dut in
saient pas, mais elles ne le repoussaient tervenir pour fixer les caractères qui dis
PRo - 237 PRO
tinguaient les vrais des faux prophètes, son saint Esprit. Par la même raison, les,
Deut. 13, 2. 18,15.'La prophétie est plu prophètes se distinguaient des magiciens,
tôt une des promesses qu'une des pres des enchanteurs, des diseurs de bonne
criptions de la loi; les prophètes sont an aventure, des esprits de Python et des
noncés comme un libre don de la grâce autres faux prophètes païens, dont la mis-)
divine, comme une bénédiction promise à sion n'êtait que de prédire l'avenir et de l
la théocratie, comme un instrument de Jé prêter un secours surnaturel à des entre
hovah et un signe de sa bienveillance par prises mondaines et à des intérêts maté
ticulière pour un peuple qu'il veut con riels. I !-

duire à la sainteté. La liberté de l'esprit Les prophètes de Dieu surgissent sur-v


succède à la servitude de la chair; et tout dans des temps où la connaissanceº
quand des lois minutieuses règlent la du Seigneur a été altérée par des errenrs,t
naissance, l'extraction, l'onction, la per et où les erreurs ont gagné assez de forcet,
sonne, la vie, le costume des prêtres, rien pour séduire même les élus, si c'était pos-'
de pareil ne préside au ministère des pro sible. C'est pour de pareils temps, pour
phètes; leur sexe même n'est pas une des de pareilles ténèbres, que Dieu a posé les
conditions de leur activité, et des femmes prophètes comme des lumières, avant que
prophétisent,
Rois 22, 14. Ex. 15, 20. Jug. 4 et 5, 2 les ténèbres aient atteint assez d'intensité !
• • •

pour ébranler et obscurcir la foi des fidè- l'


Trois noms différents, ayant chacun les, conformément à ce que notre Sei-t
une signification spéciale, désignaient en gneur lui-même dit à ses apôtres, Matth. .
hébreu la charge des messagers extraor 24, 24. Les prophètes étaient dans la main .
dinaires de l'Eternel, roeh, nâbi et hho de Dieu des moyens extraordinaires, lors
sèh, tous les trois sont réunis dans le que les moyens ordinaires ne suffisaient ,
même passage, 1 Chr. 29, 29., et appli plus. Leur parole était une épée à deux
qués à des individus différents, Samuel, tranchants, et le chapitre, Deut. 18, sur
Gad et Nathan. Celui qui voit, celui qui tout les versets 15 et 18-22., nous don
parle, celui qui a des visions, tel est le nent sur ce point de précieux éclaircis
sens littéral des termes hébreux. Le pre sements, dont l'étude n'est pas sans fruit .
mier et le troisième ne se distinguent que lorsqu'on veut essayer de lire et de com
par des nuances, et le premier semblerait prendre les prophètes. -

indiquer, si l'on peut se hasarder sur le C'est à tort qu'on a voulu conclure de
terrain des hypothèses, un état prophé Act. 3, 24., que le ministère prophétique
tique plus habituel, le dernier, quelque ne datait que des jours de Samuel, com
chose de plus temporaire, en quelque me aussi l'on a donné aux écoles dont ce
sorte de plus accidentel; l'un est celui prophète était le chef, peut-être le fon
qui voit, qui a pour ainsi dire la vue pro dateur, une importance qu'elles n'avaient
phétique, l'autre, c'est celui qui a quel point, et une organisation trop compli
quefois des visions. L'expression nâbi, quée, dont les détails ne reposent d'ail
celui qui parle, qui se répand en paroles, leurs que sur des hypothèses : le passa
est celle qui caractérise le mieux la mis ge 1 Sam. 2, 27., suffit à montrer que,
sion du prophète, et son activité compa même aux jours de Samuel, on voyait
rée à celle du sacerdoce. En effet, le prê des hommes inspirés de Dieu, indépen
tre ne parlait pas, ou du moins, chez lui dants de l'action de ce prophète, et avant
la parole était subordonnée à l'accomplis que son ministère public eût commencé.
sement des cérémonies du culte; son mi La vision et la prophétie dont parle
nistère était éminemment symbolique, cf. Daniel, 9, 24., remontent aux premiers
Lév. 10,10.11. Le prophète, au contraire, âges du monde, et si à cause de l'obscu
parlait. Et il se distinguait d'autres hom rité de leur foi, l'on veut contester à
mes de Dieu, pieux, sages et savants, en Enoch, à Noé, à Abraham, à Jacob le titre
ce qu'il ne proposait pas ses propres de prophètes, on ne pourra du moins pas
idées, mais que ce qu'il disait lui était méconnaître que Moïse et Marie ne l'aient
communiqué immédiatement de Dieu 1par
- - - !
mérité, Evidemment un esprit et une vie
· · · - "
PR(); 238 PR0,
prophétiquesſont présidé à la formation une chaîne non interrompue, comme s'ils
du système théocratique, et pendant cette devaient remplacer une sacrificature qui
période cet esprit a soufflé sur plusieurs, n'existe pas : Elie consacre solennelle
comme l' importance des temps le ferait ment son successeur, 1 Rois, 19, 16., et
déjà supp0ser, et comme le prouvent des C'est sOus les yeux des prophètes que la
passages tels que Nomb. 11, et Deut. 13. portion pieuse du peuple célèbre les fêtes
Sous les juges quelques Voix prophéti de la loi ; c'est entre leurs mains qu'ils
ques se font entendre encore, mais elles déposent les offrandes dues aux prêtres,
sont isolées, 1 Sam. 3, 1. Le cantique de 2 Rois 4, 23.42. Jérico, Béthel , Guilgal,
Débora est un écho des beaux temps qui et d'autres lieux qui étaient saints avant
ne sont plus , les autres oracles ne sont que le tabernacle eût été fixé à Jérusalem,
ue des annonces de châtiments; les pro SOnt leurs demeures habituelles. Ils sont
êtes ne sont pas nommés, Jug. 2, 1-5. pour lsraël un souvenir des temps pas
6, 8. 1 Sam. 2, 27, La conquête de Ca sés, et les fonctions qu'ils remplissent
naan avait tourné les cœurs vers la pos tendent à faire revivre la loi dans les
session des biens de la terre , des juges cœurs, et à rappeler l'image de Dieu.
avaient remplacé les prophètes. - Une Telle est jusqu'à la fin, et même pendant
époque nouvelle commence avec Samuel ; la captivité, leur mission de paix et de
sa naissance, son éducation, sa destinée, sainteté, de lumière et de vérité. Mais
les grâces que Dieu lui accorde, les or elle doit s'étendre au-delà du moment
dres qu'il lui donne, font de lui un nou présent ; l'impiété gagne du terrain, les
veau législateur, un second Moïse, Jér. cœurs se durcissent, et les prophètes
15, 1. Ps. 99, 6.; il doit montrer que la dont les paroles ne sont plus écoutées
conduite extérieure du peuple de l'allian de leurs contemporains, doivent annon
ce ne peut reposer que sur une base in cer des châtiments et Servir de témoins
térieure et morale. ll prépare la prospé aux générations suivantes ; leurs oracles
rité que le culte et la royauté atteignent sont déposés par écrit : ils serviront de
sous David et sous Salomon. Il rompt en commentaire à la loi quand le jour sera
visière avec la sacrificature corrompue de venu ; la littérature prophétique prend
la famille d'Héli, qui ne tarde pas à être naissance. v. pour les détails les diffé
réorganisée en rentrant dans la branche rents articles.
aînée. Saül mérite par moments le titre C'est vers le neuvième siècle avant
de nâbi, Gad et Nathan sont la continua Christ que commence ce qu'on peut ap
tion de Samuel, et tous ensemble contri peler dans le sens le plus restreint du
buent à remettre la royauté entre des mot, la littérature prophétique. Cepen
mains aimées de Dieu.— Le schisme d'Is dant les prophètes écrivaient même avant
raël, et la division en deux royaumes, est ce temps, mais ils s'adonnaient surtout à
une crise dans la vie du peuple, par con des ouvrages historiques : comme ils par
séquent une époque nouvelle dans l'ac laient pour le présent, ils écrivaient aussi
tivité prophétique. Les hommes de Dieu pour le présent. Lorsqu'ils parlèrent pour
ont pour mission de faire envisager cette l'avenir, leurs écrits prirent un caractère
catastrophe sous son vrai point de vue. analogue, et il faut remarquer avec quel
La maison de David a les promesses, soin ils rappellent souvent que c'est par
mais une grande partie de son territoire la volonté de Dieu, d'après son ordre,
est donnée à Jéroboam, qui la conservera qu'ils déposent leurs prophéties par écrit,
avec la bénédiction de l'Eternel s'il mar Jér. 29, 4. 30, 2. 3. 36, 1. Es. 8, 1-16.
che dans la piété, lui et ses descendants, 30, 8. Dan. 7, 1. 12, 4.9.; leur intention
1 Rois 11, 29-39. Cet oracle d'Ahija est formelle était donc que leurs oracles fus
le thème de tous ceux qui se reprodui Sent soigneusement conservés, et on les
sent dans le cours de cette période, 1 réunit au fur et à mesure qu'ils les pro
Rois 12, 15. 13, 1.sq. 14, 7.2 Chr. 11, 2. nonçaient , au recueil des livres histori
Dans le royaume des dix tribus les pro ques existants. Il est aisé de reconnaître
phètes forment presque une corporation, que la collection des prophètes, et no
PRO ! 239 PR0

tamment des douze petits prophètes, est grands et les douze petits prophètes, d'au
arrangée chronologiquement, sauf quel tres, comme nous l'avons vu, doivent être
ques détails (nous parlons de l'ordre des comptés : Enoch, Noé, Abraham, Isaac,
livres dans le canon hébreu) : quant aux Jacob, Moïse, Aaron, Josuê, Job, Débo
différents oracles d'un mème prophète, ra, Nathan, David, Gad, Jiddo, Jéduthun,
cet ordre n'existe pas toujours, et Jéré Elie, Elisée, les apôtres, les évangélistes
mie offre de nombreux exemples de mor Philippe, Etienne, Barnabas, etc. Clé
ceaux transposés ; on y reconnaît plutôt ment d'Alexandrie, Strom. I, en a voulu
un ordre des matières et des sujets, qu'un compter dans l'Ancien Testament cinq
ordre des temps ; cela se voit pareille avant Moïse, trente-cinq depuis Moïse et
ment, et d'une manière frappante, chez cinq prophétesses. Epiphanes en compte
les petits prophêtes. soixante-treize outre dix prophétesses,
La question de l'inspiration des pro tant dans l'Ancien que dans le Nouveau
phètes, du mode et du degré de cette Testament; mais ces calculs sont incom
inspiration, appartient à la dogmatique, plets et arbitraires. - " , ! * !

de même que la question, plus grave en L'étude des prophéties, bien négligée
core, du degrê de cette inspiration chez par beaucoup de chrétiens, est un de
les saints hommes de Dieu qui ne sont voir; rien ne peut nous en dispenser, ni
pas ordinairement considérés comme pro l'obscurité des oracles non accomplis, ni
phètes. Nous restons dans les limites de la pensée que d'autres parties de l'Ecri
notre travail en rappelant les faits sui ture nous offrent une nourriture plus fa
vants. 1° Toute l'Ecriture est divinement cile et en quelque sorte une lecture plus
inspirée, 2 Timothée 3, 16. (peu importe, édifiante. La meilleure nourriture de l'â-
quelque traduction que l'on donne de ce me, c'est l'obéissance, c'est de faire la vo
passage). - 2° Aucune prophétie ne pro lonté de Dieu, et plus la tâche est ardue,
cède d'aucun mouvement particulier....., plus le Seigneur est près de nous. On
mais les saints hommes de Dieu, étant exagère d'ailleurs les difficultés de cette
poussés par le saint Esprit, ont parlé, 2 étude, et l'on oublie que trop souvent
Pierre 1, 20.21. — 3° Il n'est fait nulle la première cause de cette obscurité vient
part ni réserve, ni restriction, ni excep de ce qu'on n'étudie pas, de ce qu'on ne
tion à l'inspiration des livres de l'Ecriture, lit pas, ou de ce qu'on lit mal et avec in
ni différence quant à la nature de cette différence. Il faut avouer, qu'en français,
inspiration. — 4° Les difficultés ne sont nous ne possédons que peu d'ouvrages
jamais des objections en présence d'un qui puissent aider à la lecture des pro
principe reconnujuste. — 5° L'individua phètes (dans le nombre, quelques publi
lité qu'on remarque chez les historiens et cations de MM. Digby, Darby, Basset,
chez les auteurs dogmatiques, se remar Vivien, Barbey, Fivaz, Gaussen, Newton,
que également chez les prophètes. — 6° l'histoire ecclésiastique de M. Guers, etc.),
Quantaux prophètes en particulier, comme et en outre, que cette portion des études
ils revendiquent pour eux-mêmes une ins théologiques est complétement perdue de
piration pleine et entière, ou plutôt, com vue dans l'éducation de ceux qui se des
me ils ne donnent jamais leurs paroles tinent au ministère de la parole ; il devrait
comme les leurs, mais comme celles de y avoir des cours de Prophétique comme
l'Eternel, on ne peut méconnaître ce ca ilyades cours d'Apologétique,de Polémi
ractère de leur inspiration sans leur re que, etc., et s'il est vrai qu'à propos d'Es
fuser en même temps toute créance. — chatologie on dise quelques mots de mil
v. la Théopneustie de M. Gaussen. lénium, etc., ce n'est guère, et ce ne peut
Quant au nombre des prophètes, com être que d'une manière fort superficielle,
me il y a beaucoup d'arbitraire dans l'i- parce que l'étude de la prophétie forme
dée qu'on s'est faite de cette charge, il tout un ensemble dont il est impossible
y a eu également des différences dans les de traiter un détail isolément. Mais n'ou
listes qu'on a faites des hommes et des blions pas que c'est par la prophétie que
femmes qui l'ont remplie. Outre les quatre la prophétie s'éclaircit, comme la Bible
PRO 240 PRO

par la Bible, et que la plus ou moins n'étaient pas considérés comme Juifs, ce
grande abondance de livres ou de secours pendant ils n'étaient déjà plus païens; ils
humains ne doit ni ne peut augmenter ou formaient une espèce de classe intermé
diminuer pour nous le devoir de sonder diaire; ils étaient encore impurs, mais pas
les prophéties. v. Apocalypse. assez pour que des rapports avec eux fus
— L'Ecriture donne quelquefois le nom sent de nature à souiller les Juifs. Leur
de prophètes à des personnages qui ne le nom venait de ce qu'ils avaient le droit
méritent pas dans le sens religieux du mot, de demeurer dans le pays et chez les Hé
à des imposteurs, à de faux prophètes, à breux; ils étaient appelés : « l'étranger
des poètes païens ; dans ces cas elle ne qui est dans tes portes, » Ex. 20, 10., etc.
fait que se conformer soit à l'usage, soit cf. Lév. 25, 47. En bornant provisoire
aux prétentions de ceux qui revendi ment ses exigences à l'observation des
quaient un titre qu'une foule aveuglée commandements noachiques, la loi avait
leur laissait prendre sans contestation. peut-être pour but de leur frayer douce
PROPOSITION (pains de). v. Pain. ment et sans les effaroucher, la voie à l'ac
PROSELYTES, nom grec qui signifie ceptation pleine et entière du judaïsme.
étranger, comme l'hébreu ger. C'est le C'est des prosélytes de la porte qu'il s'a-
nom par lequel les Juifs désignaient les git probablement lorsqu'il est parlé de
gentils qui s'étaient convertis au judaïs prosélytes qui servaient ou qui craignaient
me. On distinguait, d'après les rabbins, Dieu, Act. 13, 43. 16, 14. 17, 4. 17. 18,
deux espèces, ou deux degrés de prosé 7., etc. Le syrien Naaman, le général Né
lytes : ceux de la porte, et ceux de la jus buzar Addan, l'eunuque de Candace, le
tice. centenier Corneille, et d'autres encore,
a) Les prosélytes de la porte étaient ces appartenaient probablement à cette classe
étrangers, esclaves ou libres, qui, pour de prosélytes.
avoir le droit de résider en Palestine au b) Les prosélytes de la justice deve
milieu des Israélites, étaient obligés d'a- naient de vrais Juifs; ils s'engageaient à
dorer le vrai Dieu et de souscrire aux sept recevoir la circoncision , et à observer
préceptes donnés à Noé, lesquels compre tous les usages et toutes les lois de l'al
naient, au dire des rabbins, le droit na liance divine : ils étaient solennellement
turel commun à tous les hommes indiffé admis dans la théocratie, et on les appe
remment. Ces préceptes défendaient le lait de parfaits Israélites. La circoncision,
blasphème contre Dieu, le culte des astres le baptême, et une offrande (pour les
et des divinités étrangères, la désobéis femmes le baptême et l'offrande seule
sance aux magistrats, l'inceste et les ment), étaient les cérémonies de la ré
crimes contre nature, le meurtre, le vol ception. Le baptême s'administrait après
et le manger de viandes sanglantes ou de que la plaie de la circoncision était gué
bêtes étouffées (cf. Act. 15, 20.29.21, rie; on plongeait tout le corps dans un
25.). Rien ne prouve que ces préceptes bassin d'eau en présence de trois juges
aient été donnés à Noé, et l'on n'en trouve appelés comme témoins, car cet acte était
aucune trace, ni dans l'Ancien, ni dans considéré comme appartenant à l'ordre
le Nouveau Testament, ni chez Josèphe, judiciaire : cette cérémonie ne se réitérait
ni dans Philon, Onkélos, Origène, Jé jamais ni à l'égard du prosélyte , lors
rôme, ni dans aucun des Pères. Ces pré même qu'il aurait apostasié depuis sa con
ceptes sont connus d'ancienneté, mais version, ni à l'égard de ses enfants, à
leur origine noachique n'est rien moins moins qu'ils ne fussent nés d'une mère
qu'assurée. Quoi qu'il en soit, les prosé païenne, auquel cas on les baptisait com
lytes de la porte étaient tenus de les ob me païens de naissance; car on partait de
server, et à ces conditions ils pouvaient l'idée, si généralement admise partout,
non-seulement habiter dans le pays, mais excepté chez les peuples très civilisés,
encore travailler comme manœuvres pour qui cependant seraient le mieux en po
le service du temple et de la religion, Ex. sition de l'admettre , que l'enfant suit la
12, 19. Lév. 17, 12. 24, 16. Ez. 14, 7. lls condition de sa mère : partus sequitur
PRO 241 PR0

ventrem. La Gemara, du reste, est la térêt, la nationalité ou des aliiances en


source la plus ancienne qui parle du perspective, l'espérance Ou la peur étaient
baptême des prosélytes; Philon, Josèphe, les mobiles de la conversion de ces nou
et les plus anciens targumistes qui au veaux Juifs, et il n'est pas étonnant qu'a-
raient eu cependant l'occasion d'en par près avoir « couru la mer et la terre pour
ler, n'en disent mot, de sorte que c'est faire un prosélyte, » de pareils convertis
encore une question de savoir si la Ge seurs ne le rendissent « fils de la géhenne
mara parle d'un usage antérieur à l'éta deux fois plus qu'eux-mêmes ; » c'est de
blissement du christianisme, ou d'un usage l'histoire ancienne et de l'histoire mo
qui se serait introduit plus tard. Mais derne. — Il est parlé, Néh. 10, 28. Est.
l'amour des purifications par l'eau était 8, 17., de quelques conversions isolées ;
tellement invétéré chez les Israélites , mais depuis l'époque des Maccabées, le
qu'il est très possible qu'ils aient soumis judaïsme, tout à la fois mort spirituelle
à des lustrations de ce genre les païens ment, et mourant comme théocratie, as
impurs qui demandaient l'entrée de leur pira à faire les choses plus en grand, pour
sanctuaire; le silence de Josèphe et de essayer de se maintenir comme puissance
Philon s'expliquerait par le fait même et comme nationalité. Des tribus entières
qu'il n'était pas besoin de mentionner furent converties de force, les Iduméens
quelque chose d'aussi naturel. Il est plus sous Jean Hyrcan, les Ituréens sous Aris
probable toutefois que le baptème a été tobule. Les femmes, qui n'avaient pas à
emprunté des chrétiens, et qu'il a été in se soumettre à une opération douloureuse,
troduit obligatoirement après la destruc étaient en général plus accessibles à l'ac
tion du temple, lorsque le règne des of tion du prosélytisme, Jos. Ant. 18, 3, 5.
frandes cessant, une nouvelle cérémonie cf. Act. 13, 50. 16, 14. Les païens qui
dut remplacer celle qui venait d'être for habitaient au milieu des Juifs avaient as
cément abolie. sez de raisons pour désirer d'être reçus
On a cru que « le grand nombre de tou dans leur assemblée. C'était d'abord pour
tes sortes de gens » qui suivirent les ls eux l'acquisition d'une bourgeoisie. C'é-
raélites à leur sortie d'Egypte, Ex. 12, tait aussi l'échange de l'opprobre contre
38., étaient des prosélytes de la justice; l'honneur et le respect. C'était l'exemp
de même encore Jéthro, Ex. 18, 10-12. tion du service militaire, Jos. Ant. 14, 10,
Il est évident aussi que les Sichémites 13. C'était la faculté de se marier avec
auxquels Jacob imposa la circoncision, des femmes du pays. Mais pour plusieurs
devinrent par ce fait des prosélytes de la aussi qui étaient dégoûtés du paganisme et
justice, Gen. 34, 14. 15., bien que l'on du scepticisme, c'était un besoin profond
ne puisse pas donner à cette expression le d'une foi positive qui satisfît aux besoins
sens précis qu'elle eut plus tard. L'esprit de leur cœur, et Souvent de leur intelli
de prosélytisme, qui est inséparable de gence, comme le montre l'exemple de
toute conviction profonde, religieuse ou ceux qui, lors de l'apparition du christia
autre, ne faisait pas défaut aux Juifs, no nisme, n'hésitèrent pas à se joindre à la
tamment aux Pharisiens, Matth. 23, 15. nouvelle Eglise, Act. 6, 5. 13, 43. 16, 14.
Ils étaient autorisés à travailler dans ce 17, 4.
sens par des oracles de Dieu, Es. 9, 2. Cependant dans la pratique, et même
42, 7. 56, 6. Mich. 4, 2., mais comme ils devant la loi, il paraît que les prosélytes
méconnaissaient l'esprit de leur religion, ne furent jamais mis sur le même rang
ils méconnaissaient la mission du prosé que les Juifs de naissance, et, pendant
lytisme, et ils travaillaient avec zèle à plusieurs générations, les Juifs bien bi
augmenter le nombre des professants, gots continuaient de regarder les prosé
peu scrupuleux sur les moyens qu'ils lytes avec le même mépris que les païens,
employaient, peu soucieux des motifs qui hélas Lcomme on fait encore de nosjours,
leur amenaient de nouveaux convertis; la en bien des lieux, à l'égard des Juifs qui
ruse ou la violence étaient leurs moyens, se convertissent. On les nommait la lèpre
la cupidité, la pauvreté, l'orgueil ou l'in d'lsraël, et l'on disait, par manière de
II. 16
# • •••

PRO 212 PR0

proverbe, qu'il ne fallait pas se fier à un un témoignagè. Peut-être, pour quel


prosélyté avant la vingt-quatrième géné ques-uns, a-t-elle été davantage, mais, en
ration. Ce mépris n'était, au reste, pas général, elle n'a pu être que cela. Aussi
général, et, dans tous les cas, si la posi Moïse n'a-t-il pas même prononcé de pé
tion des prosélytes n'était guère amélio nalité contre cette pratique immorale, et
rée sur la terre, un grand résultat était des courtisanes israélites ou étrangères
obtenu aux yeux de tous, la participation vivaient notoirement dans la prostitution,
des païens convertis aux bienfaits de l'al sans que la société eût contre elles d'au
liance divine pour l'éternité. tre garantie que sa propre moralité, et la
Avec l'introduction du christianisme, réprobation dont l'opinion publique frap
le prosélytisme prit naturellement une di pe toujours la femme qui se vend. Les
rection plus spirituelle; on ne fit plus de Hébreux eurent, dans tous les temps,
prosélytes pour grossir le nombre des des prostituées ou bayadères, qui vrai
adhérents d'un système, mais pour sau semblablement , comme de nos jours en
ver les pécheurs, et ceux-là seuls qui Perse, en Arabie et dans l'Inde, se fai
sont sauvés sont les vrais prosélytes de saient connaître en dansant et s'accom
l'Evangile. pagnant au son de la musique, Jug. 16.
PROSTITUTION. Cette lèpre de pres 1. 1 Rois 3, 16. Prov. 2, 16. 5, 3. 6, 26.
que toutes les sociétés, de tous les temps, 7, 10. 23, 27. Amos 2, 7. 7, 17., etc.;
et de tous les peuples , était bannie d'Is c'étaient d'ordinaire des étrangères. Elles
raël par la loi, v. Deut. 23, 17. 18. Lév. se promenaient ou s'asseyaient sur les
19, 29. cf. 21, 9. Comme métier, elle places publiques ou dans les rues, atti
était interdite aux femmes et aux hom rant les passants par des gestes ou des
mes, à ces derniers en vue du voisinage propos séducteurs, Prov. 7, 11. Parfois
de la Phénicie. Le salaire de la prostitu elles étaient voilées, Gen. 38, 14., et
tion ne pouvait même être accepté des gardaient l'anonyme que leur complice
prêtres comme offrande pour le service respectait. Depuis le schisme des deux
du sanctuaire, Deut. 23, 18. Ez. 16, 33. royaumes, lorsque l'idolâtrie se fut éta
Mais la passion ne reconnaît pas plus de blie en lsraël , la prostitution se fit sou
lois que de frein, et certains gouverne vent, et notamment en Ephraïm, au nom
ments du monde moderne ont fléchi de des divinités dont le culte avait envahi les
vant la force du mal ; ils ont sanctionné autels du Dieu vivant, au nom d'Astarté
le péché pour éviter le crime ; ils ont lé en particulier, Os. 4, 14. 1 Rois 14, 24.
galisé la prostitution, croyant devoir faire 15, 12. 22, 47.2 Rois 23, 7. — Au dire
le mal pour qu'il en résulte le bien, ou de Josèphe, tout mariage avec une pros
du moins autorisant un mal pour essayer tituée était déclaré contraire à la loi , ce
d'en conjurer un plus grand. Le législa qui était d'autant plus naturel que les en
teur des Hébreux, dont la loi devait être fants de la prostitution ou du désordre
la sainteté à l'Eternel, n'ignorait pas sans étaient, jusqu'à la dixième génération,
doute qu'il est des misères que la loi ne exclus de l'assemblée de l'Eternel, Deut.
peut guérir, et des passions que rien n'ef 23, 2. Jephthé semble avoir fait exception
fraie , mais il n'a pas cru pouvoir parle devant Dieu, Jug. 11, 1., puisque son
menter avec le mal, ni devoir le flatter nom est rappelé avec honneur, Hébr. 11,
pour l'adoucir. Il a défendu la prostitu 32.; mais la conduite de ses frères à son
tion là où cependant un climat plus ar égard prouve que cette loi d'exclusion
dent et des habitudes plus libres sem était en vigueur de son temps, -
blaient la rendre une nécessité publique; Lors de l'apparition du christianisme,
mais, en faisant cela, il n'a pas espéré la la prostitution régnait en maîtresse à
détruire et la supprimer. En la défen Rome et en Grèce : elle n'était ni le ré
dant, il rendait la conscience attentive, sultat absolu, ni le monopole de certaines
et pouvait , au besoin, la convaincre de religions et de certains cultes (Sapience
péché; la loi a fait abonder l'offense, 14, 26). mais la conséquence de la frivo
Rom. 5, 20; elle a été une manifestation, lité et de la corruption qui s'étaient in
PR0
243 PRo
troduites dans les mœurs publiques avec
† nairement locales, et ne uvent †
la prospérité matérielle. mollesse est comprises qu'à l'aide de † scho
la mère de l'impureté. Les femmes de liastes. La vie, telle qu'elle est dépeinte
mauvaise vie étaient légalement établies par Salomon, apparaît comme pénétrée
à Rome. Plus les principes de la pureté † la religion et des effets de la loi di
étaient foulés aux pieds, plus les maxi Vllle.
mes corruptrices étaient avouées, profes-| Les Proverbes se divisent en cinq par
sées avec audace ( v. par exemple, Té ties, par les inscriptions qui indiquent
rence, Adelph. 1, 2.21. Eunuq. 3, 5. 34), les différens morceaux : 1° Chap. 1-9; le
plus aussi les apôtres devaient protester titre attribue ces neuf chapitres à Salo
avec force contre ce relâchement général mon, fils de David, roi d'Israël ; ils con
qui avait gagné la société chrétienne, 1 tiennent une exhortation à la sagesse.—
Cor. 5, 1. 2 Cor. 12, 21.1 Thess. 4, 3. 2° 10,-24, 22. Chapitres également attri
1 Timoth. 1, 10., et le décret du concile bués à Salomon ; ils renferment des mor
de Jérusalem, Act. 15, 20. 29. cf. 21,25., ceaux assez longs, bien liés, et très beaux,
s'explique amplement par la nécessité surtout celui qui traite de la sagesse di
d'opposer une barrière puissante aux dé vine, depuis 22, 17. — 3° Un fragment
bordements du paganisme. On voit par de douze versets, 24, 23.-34., recueillis
Rom. 2, 22. Jean 8, 7., que l'impureté par des sages (et non pour les sages,
régnait aussi parmi les Juifs, tant dans comme le traduisent nos versions); la tra
les basses que dans les hautes classes; v. dition avait probablement conservé les
aussi Luc 7, 37., eſ les fréquentes men noms de ces homm es, de sorte qu'ils
tions qui sont faites de gens de mauvaise étaient connus des Hébreux , mais ils
vie dans le Nouveau Testament. -
sont perdus pour nous. – 4° Chap. 25
PROVERBES. Le livre de l'AncienTes 29. Proverbes de Salomon, recueillis par
tament qui porte ce nom, ne renferme les hommes d'Ezéchias, c'est-à-dire par
pas des proverbes proprement dits, mais une commission qu'Ezéchias avait char
plutôt, comme l'indique son nom hébreu gée de ce travail, peut-être par Eliakim,
Mischlé, des sentences plus ou moins Sebna et Joach, 2 Rois 18, 26.— 5° Les
longues sur la vertu et le vice, sur le pé deux derniers chapitres ont été com
ché en général, des règles et des pré posés par des auteurs inconnus. Le 30e
| ceptes divers, applicables aux différentes est attribué à un certain Agur, q. v., et
circonstances de la vie humaine, des con forme une espèce d'entretien, de dis
seils détaillés sur la conduite et la ma cussion, ou de dialogue religieux entre
nière de vivre. C'est un genre d'écrire Agur et deux amis, ou disciples, lthiel et
Ou de parler que Cicéron attribue aux Ucal; ces personnes étaient peut-être du
Asiatiques, et qu'il appelle : « Genus di nombre des sages dont il est parlé 24, 23.
cendi sententiosum et argutum, senten Quant au dialogue lui-même, il doit être
tiis non tam gravibus et severis, quam regardé naturellement comme une fic
concinnis et venustis. • De Clar. Orat.9. tion, une invention poétique. Le chapitre
D'autres littératures ont été également 31e renferme des préceptes qui furent
riches en productions du même genre, commnniqués au roi Lémuel, q. V., par
celle des Arabes, par exemple, et celle sa mère; dans les neuf premiers versets,
des Perses, dont le Pend-Nameh, ou Li le sage dessine l'idéal d'un roi; dans les
vre du Conseil, attribué a Férideddin-At derniers , celui d'une femme vertueuse.
tar, a été publié en français par Sylv. de Quoi qu'il en soit de la personne de Lé
· Sacy; mais les proverbes hébreux qui, muel, la forme de ce chapitre paraît être,
pour la richesse de la pensée et la finesse comme le précédent, une fiction poétique.
de l'expression, ne le cèdent à aucun, se L'antiquité tout entière a regardé Sa
distinguent en outre par une psychologie lomon comme l'auteur de la plus grande
profonde, et par un caractère universel partie de ce recueil, de toute celle au
et populaire qu'on ne trouve nulle part moins qui porte son nom, et rien ne coll
ailleurs. Les sentences arabes sont ordi tredit cette opinion. Quelques différences
PRO 244 PSA
de style et de mèthode, quelques répéti lard. Jérôme et Cyrille veulent que ces
tions assez nombreuses, v. par exemple, deux derniers ouvrages aient été compo
17, 1. 19, 13. 21, 9. 19. 25, 24., prouve sés après sa chute et son relèvement. Ce
raient tout au plus que Salomon n'a pas qui est probable, comme le dit Heidegger,
publié lui-même ses maximes dans l'or c'est que les Proverbes ne furent l'ouvra
dre dans lequel elles nous sont parvenues, ge ni d'un mois, ni d'une année; et peut
et rien n'oblige à le croire. On voit par être vers la fin de sa vie mit-il lui-mème
25, 1. qu'une partie de ces sentences ont en ordre de sa propre main les 24 pre
été recueillies au temps d'Ezéchias, et il miers chapitres, comprenant des maximes
est probable aussi que le livre entier a qu'il avait énoncées et peut-être écrites
reçu sa forme actuelle à la même époqu en divers temps.

· · , ,, !! )
Les inscriptions sont trop prècises pou · Luther fait remarquer combien c'était
laisser subsister des doutes sur la con un homme « excellent, sage et fin, • que
naissance exacte que les auteurs du re ce roi Salomon, qui, au milieu de toutes
cueil doivent avoir eue de l'auteur et des les occupations que lui imposaient les af
auteurs des Proverbes. L'opinion de Gro faires de son royaume, ne dédaignaît pas
tius, qui pensait que Salomon, comme d'entreprendre l'œuvre d'un instituteur
plus tard plusieurs empereurs byzantins, de la jeunesse, et de donner à celle ci d
avait fait faire pour son usage une collec directions dans l'étude de la plus néces
tion ou compilation des meilleures maxi saire de toutes les sciences. Un autre
mes des auteurs contemporains ou anté homme pieux disaitºque chaque fois qu'il
rieurs, estabandonnée. Celle de De Wette, se trouvait dans quelque circonstance dif
qui s'appuie sur Théod. de Mopsueste ficile où son devoir ne lui paraissait pas
seul, et sur le scepticisme le plus radical, clairement tracé, il se mettait à lire lés
n'a guère de partisans : le principal ar Proverbes d'un bout à l'autre, bien sûr
gument qu'il oppose à l'unanimité de la d'y trouver le conseil dont il avait besoîh.
tradition, se rapporte à la description de Le livre des Proverbes est fréqueni
la vie privée et de la vie champêtre que ment cité dans le Nouveau Testament ;
l'on trouve dans plusieurs morceaux de plusieurs passages lui sont empruntés,
ce livre, vie que Salomon, dit-il, ne pou Luc 4, 8. 10. Romains 12, 20. Jean 1, 1.
vait pas connaître, Einl. $ 281. Mais, ou Jacq. , 19.2 , 6.13.'5, 1.2o Hébr.
tre que les sujets de ses trois mille para 12, 5.6.1 Pierre 4, 8.18. 5, 5. ! "
boles et de ses cinq mille cantiques du Parmi les commentaires à consulter, en
rent être extrèmement variés, Outre que peut indiquer surtout celui de Mélanch
le cœur plein de sagesse et de génie dont thon, et celui d'Umbreit; C. B. Michaelis
Dieu l'avait doué, devait faire de lui un et Rosenmuller renferment aussi de bon
des hommes les plus versés dans toutes nes explications. M. Vivien a donné une
les connaissances humaines qui furent ja traduction française du livre des Pro
verbes. · · ··· · 1 l , >i!)
mais, il est fait une mention spéciale de
ses études en histoire naturelle, et, dans PSAUMES, (hébr. Sépher Thehillim,
la pratique, l'histoire naturelle n'est pas livre des hymnes, ou des louanges). Cet
loin de la vie champêtre. Le Cantique des admirable ouvrage, dont l'éloge épuise
Cantiques, que nous avons reconnu être rait toutes les épithètes, si celle d'ouvrage
de Salomon , est une nouvelle preuve de inspiré de Dieu ne faisait pas sa plus
la facilité avec laquelle le puissant monar grande beauté, et ne résumait pas tout
que de Juda savait descendre aux détails ce que l'on peut dire et sentir de plus
de la vie des champs. profond, a été dans tous les siècles Feb
On ne saurait déterminer avec certi jet d'un amour et d'un respect tout pâr
tude à quelle époque de sa vie Salomon ticulier dans l'Eglise. C'est une biblio
a prononcé ces sentences. Les Hébreux thèque spirituelle, dit Cassiodore, où l'on
disent que le Cantique est l'ouvrage du rencontre tout ce qui est nécessaire pour
jeune homme, les Proverbes celui de le salut. Il contient un alirégé de tout ce
l'homme fait, l'Ecclésiaste celui du vieil que l'on trouve dans les autres livres, dit
PSA PSA
245
saint Augustin. Et Ambroise : L'histoire d'écrire et de composer des psaumes ;
sacrée nous instruit, la prophétie annonce c'est encore lui qui a composé le plus
l'avenir, les corrections répriment les mé grand nombre de ceux qui se trouvent
chants, la morale persuade; mais les Psau dans le recueil qui porte son nom, 2 Chr.
mes produisent tous ces effets à la fois : 7, 6. 29, 30. Amos 6, 5.: mais il ressort
l'utile et l'agréable y sont partout si sage des inscriptions mèmes de plusieurs de
ment mêlés qu'il est difficile de décider ces psaumes, qu'ils ont étéécrits par d'au
lequel des deux l'emporte sur l'autre. tres que lui. Cinq auteurs sont nommés
Saint Athanase écrivant à Marcellin, et outre David. Le psaume 90 est de Moïse ;
lui recommandant la lecture des Psaumes, le 127 de Salomon : le 88 de Héman, Ez
dit que telle partie des Ecritures nous rahite, peut-être un petit-fils de Samuel,
porte à imiter le bien dont telle autre 1 Chr. 6, 33.2 Chr. 5, 12.; le 89 est d'E-
nous donne l'exemple ou le précepte, than, Ezrahite, et Asaph, un prophète, 4
mais qu'en lisant les Psaumes, il semble Chr. 25, 2., a composé le psaume 50, et
que ce soient nos propres prières et nos les psaumes 73 à 83. On a discuté beau
propres désirs que nous exprimions; ce coup sur le sens de la préposition hébraï
volume, ajoute-t-il, est comme un paradis que qui sert à désigner l'auteur (le Lamed
dans lequel on trouve toutes les espèces auctoris).On peut traduire en effet: psau
d'arbres et de plantes. Saint Basile : Le me d'Asaph, ou psaume pour Asaph ;
livre des Psaumes contient tout; il an mais comme c'est la même formule ordi
nonce les choses futures par des oracles nairement employée pour les psaumes de
non équivoques; il rappelle l'histoire des David, et que d'ailleurs on se sert d'une
temps passés ; il sanctionne les lois d'une autre tournure pour indiquer les canti
vie sainte; il renferme les préceptes et ques destinés à Asaph, comme fait la tra
, les exhortations les plus admirables, et dition qui donne les psaumes 96, 105 et
pour tout dire en un mot, il abonde en 106 comme devant être chantés par Asaph,
toute bOnne doctrine (bonae omnis doc sans que les titres indiquent qu'ils soient
trinae uberrimum quoddam est), rappe d'Asaph, on peut ne pas attacher une
lant et développant avec un soin plein de grande importance à cette controverse
gràce et d'intelligence tout ce qui peut le philologique. Les noms de Jéduthun, et
plus nous conduire au salut. Luther, dans des trois fils de Coré (Asir, Eléanah, et
son langage si simple et si plein, appelle Abiasaph) sont encore en tête de quel
les Psaumes une petite Bible, un manuel, ques psaumes, non qu'ils en soient les
un abrégé de tout ce qu'il y a de plus auteurs, mais parce qu'ils devaient en
beau; et Calvin dit qu'ils sont comme une être les chantres; c'est pour eux que ces
anatomie de toutes les parties de l'âme, psaumes avaient été composés, comme
· tellement qu'il n'est aucun de nos besoins d'autres le furent aussi pour le maître
alIquel ils ne répondent, aucune de nos chantre, c'est-à-dire pour celui qui diri
dispositions intérieures qu'ils ne reflè geait dans le temple les chœurs des chan
,tent; de sorte que ce livre peut servir à tres lévites. Vingt-cinq psaumes envi
| l'étude de la plus belle et la plus difficile ron sont sans aucune inscription; on peut
- de toutes les sciences, celle que Socrate croire qu'ils sont de David, quoique saint
9 résumait en ces mots : Connais-toi toi Jérôme pense qu'ils appartiennent plutôt
a même. au même auteur que celui ou ceux qui
ni i Les Psaumes ne sont pas tous du mê précèdent; d'autres, et spécialement les
21 me auteur, quelque grande que soit à cet commentateursanglais,attribuent le psau
- égard l'autorité de saint Augustin, d'A- me 44 à Ezéchias, le 102 à Daniel, le 1 et
- ben Esra, d'Euthymius, qui les attribuent le 119 à Esdras, le 129 à Néhémie, le 137
- tous à David. David, l'homme qui compo à Aggée ou à Zacharie, etc.; mais, non
tu sait les doux cantiques d'Israël , 2 Sam. seulement ce n'est pas prouvé, c'est en
n 23,1., en est, il est vrai, le principal au core peu probable.
:, teur : c'est lui, dit Athanase, qui reçut le Les Psaumes n'ont tous été, ni compo
premier le don de psalmodier à l'Esprit, sés dans les mêmes circonstances, ni des
* !

| || | - PSA 246 PSA

tinés au culte public. Souvent le roi-pro genre : on les trouvera dans l'Introduc
phète ne chante que ses propres impres tion de Horne, dans l'ouvrage anglais,
sions, celles du moment, l'effet que pro Companion to the Bible (trad. par Mme
duit sur lui la pensée de Dieu contemplé Rilliet-Constant), et dans plusieurs com
dans ses ouvrages, ou celle des dispen mentaires français sur les Psaumes. La
sations de Dieu à l'égard de ses enfants, Polyglotte française de Bagster, et la Con
et de ses ennemis ; ailleurs il se réjouit cordance de Mackenzie, indiquent aussi
dans l'attente d'un Sauveur, et dans la l'ordre chronologique. t ,!

perspective du règne messianique. Il a Les Juifs divisaient les Psaumes commé


composé plusieurs de ses psaumes pen la loi de Moïse, en cinq livres qui finis
dant son séjour à la cour de Saül, d'au saient aux psaumes 41, 72, 86, 106, et
tres pendant qu'il fuyait devant ce roi 150. Les quatre premiers se terminent
qu'il avait déjà remplacé, d'autres à Hé par les mots Amen, Amen, le cinquième
bron, d'autres à Jérusalem, plusieurs pen par Alléluia ! Epiphanes, en conséquen
dant qu'il fuyait devant les troupes de ce de cette division, appelait les Psaumes
son fils Absalon ; quelques-uns de ses un second Pentateuque. A ce propos en
cantiques appartiennent à la partie la plus core, on a voulu parler de tables des ma
agitée de sa carrière, d'autres ont été tières, et l'on a dit que le premier de ces
composés dans le calme et la tranquillité cinq livres chantait des sujets tristes, le
d'un règne heureux ; toute la vie de David second des sujets de joie, le troisième
est rappelée dans ses hymnes, et souvent des sujets tristes, le quatrième des sujets
cet homme élu de Dieu, ce type de Jésus de joie, et le cinquième la tristesse et la
Christ, parle de lui-même en termes qui joie tout ensemble : mais il y a une futi
annoncent un autre roi d'Israël, un autre lité qui saute aux yeux de tout lecteur
règne, un autre temps, et que le Saint attentif dans cette manière de parquer les
Esprit rapporte à celui qui devait venir psaumes. On admettrait plus volontiers
de la tribu de Juda et de la famille de le sentiment d'Augustin qui, divisant les
Jessé; l'image et la réalité se confondent Psaumes en trois cinquantaines, voit dans
dans la perspective prophétique ; les dou la première la vocation , dans la seconde
leurs et le triomphe de David disent les la justification, dans la troisième la sanc
douleurs et le triomphe de Jésus. tification et la glorification des saints.Au
On a fait différentes tables des psaumes reste la division du Psautier en cinq li
par ordre de matières, mais la nature mê vres n'est pas même prouvée; Eusèbe et
me du psaume qui embrasse souvent plu Ambroise l'admettaient comme fort an
sieurs sujets et passe de l'un à l'autre, ne cienne, mais Hilaire, Jérôme et Augustin
permet pas toujours d'insister beaucoup la repoussaient comme contraire à l'Ecri
sur une division de ce genre. Quelques ture qui ne cite jamais les Psaumes que
psaumes s'y prêtent, d'autres s'y refu comme formant un seul livre. Quoi qu'il
sent. Une division générale en prières, en soit de cette division, qu'elle remonte
actions de grâces, cantiques d'adoration, aux auteurs de la collection , ou qu'elle
psaumes sententieux, psaumes prophéti soit d'une date plus moderne, le recueil
ques, psaumes historiques, est naturelle; des Psaumes n'a jamais compté que com
c'est à peu près la division d'Athanase ; me un seul livre dans l'énumération des
Bickersteth subdivise encore chacune de livres canoniques de l'Ecriture. " !
ces parties en plusieurs autres, et alors Les versions grecque et romaine ont
sa table n'est plus un guide très sûr. — réuni en un seul les psaumes 9 et 10, sé
On a fait également quelques essais de parés dans le texte hébreu, de sorte qu'à
classification des psaumes par ordre chro partir de ce psaume, il y a entre ces ver
nologique, mais comme la date d'un assez sions et les nôtres traduites sur l'original,
grand nombre est inconnue et fort dou une différence dans la manière de noter
teuse, il est inutile de s'y arrêter ; il faut les psaumes. Pour retrouver les 150, ceux
se contenter d'un à peu près. Nous ne qui ont réuni deux psaumes en un, ont dû
reproduirons donc pas des listes de ce en dédoubler un en deux, et ils ont choisi
PSA 247 PSA

le 147e (leur 146e) qu'ils partagent au Altascheth, Guittith. v. ces mots.


verset 12. Les catholiques réunissent en Ajeleth-Hassachar, Ps. 22,(la biche de
core les Ps. 114 et 115 en un seul, et par l'aurore), peut-être le commencement
tagent le 116e en deux au verset 10. d'un ancien cantique sur l'air duquel ce
Plusieurs psaumes portent en hébreu | l.
psaume devait être chanté.
des inscriptions qui leur servent de titre, Néhiloth, Ps. 5, Mahalath, 53 et 88, v.
et que nos versions ont quelquefois tran Musique 2° d) Nehil. -

scrites, quelquefois traduites (plus ou Néguinoth, Ps. 6, v. Musique 3°.


moins bien) : l'édition française de Bags Le Hannoth, Ps. 88, Halamoth, 46,
ter les a même supprimées.Voici les prin Séminith, 6, et 12, désignaient peut
cipales. être des modulations de la voix, des mo
Mictam. Ps, 16, 56, 57, 58, 59, 60. On des de chanter, des voix particulières ; le
a donné à ce mot obscur bien des signifi premier de ces mots indiquerait des en
cations. Les Juifs entendent : cantique de tre-répons, le second des voix de jeunes
David qui a été humble et intègre; ce filles, ou de Soprano, le dernier des voix
sens obtenu à grand'peine par la décom rasses, ou basses. Selon quelques-uns
position du mot, n'est qu'un expédient Muth-Labben serait le ténor.
rabbinique. D'autres, tels que les Sep Le maître-chantre, ou Menazéach, v.
tante et la Vulgate, traduisent inscription, Chantres.
titre qui ne signifierait rien. D'autres en Mahaloth, Ps. 120-134. Cantiques des
core, dont Heidegger, le rendent par degrés, ou des montées. On ne saurait
cantique d'or, cantique précieux, en s'ap pas dire au juste ce que signifie ce titre,
puyant sur un sens possible de son éty au milieu de tous les essais d'explication
mologie. Nos savants modernes enfin, li que l'on a mis en avant. Les uns ont cru
sant Mictab, comme Esaïe 38, 9., le tra que c'étaient les cantiques que l'on chan
duisent simplement par écrit. L'opinion tait sur les quinze degrés du temple, dont
de Heidegger nous paraîtrait le plus con parle Josèphe, degrés qui conduisaient de
forme au génie de l'hébreu, et ne serait l'enclos des femmes dans le grand parvis ;
pas en désaccord avec le contenu de ces d'autres entendent ces degrés de ceux qui
psaumes. La dernière est cependant plus conduisent du parvis des prêtres au Vesti
simple. bule qui était devant le lieu saint, mais oIl
Héduth (témoignage), Ps. 80, v. Mu ne voit nulle part qu'il y en eût quinze; le
sique 2° g). contraire ressort de Ez. 40, 22.26.31.37.
Le Lammed. Nos versions le rendent 49. On ne voit d'ailleurs nulle part non
par « propre à enseigner, » Ps. 60, : c'est plus que les lévites chantassent sur les de
en effet sa signification, comme celle de grés du temple.- D'autres pensent qu'on
Maskil, Ps. 32, que nos versions ne tra chantait ces cantiques Sur la tribune de
duisent pas. laquelle les lévites faisaient quelquefois
Mismor, Ps. 3, 4, 5, 6, 8, 9, que nos la lecture de la loi, Néh. 9, 4.; mais ce
versions traduisent par psaume, et n'est qu'une conjecture, et rien ne lui
, Siggajon, Ps, 7, (chant, cantique), cf. donne un air de vraisemblance. - Quel
Hab. 3, 1. Jér. 7, 16. — On ne connaît ques rabbins, et quelques commentateurs
pas la différence qu'il y avait entre ces traduisent mahaloth par cantiques d'élé
deux mots. vation, soit qu'on les chantât sur un ton
Muth-Labben, Ps. 9. Psaume donné au élevé, soit qu'à chaque psaume on élevât
: maître chantre sur Muth-Labben, littéra la voix d'un ton. - Calmet enfin et beau
-lement en hébreu : « sur la mort de Lab coup d'autres avec lui, traduisent canti
· ben. » On a voulu lire Nabal au lieu de ques de la montée, ou du retour de la
Labben, par la transposition des lettres ; captivité de Babylone : on voit en effet par
d'autres lisent Halamoth Labben, ce qui plusieurs passages, Esd. 1, 3.5. 2, 1. 7,
signifierait : pour être chanté par les filles 6. 7. Néh. 7, 5. 6. Jér. 27, 22. Ez. 39.
de Ben ( cf. 1 Chr. 15, 18.), etc. — v. 2. Ps. 122, 4., que pour exprimer l'idée
aussi plus bas. -
du retour de Babylone, on se servait sou
1 ) , ! .
PSA 248 PSA

vent de l'expression monter, et comme noniques. Mais en parlant ainsi, il parle


Ces quinze psaumes ont presque tous un des Septante et de la Vulgate qui ont sou
rapport direct avec ce grand événement vent ajouté quelques mots, quelques ex
de l'histoire juive, il est bien possible que plications aux paroles du texte hébreu,
ce soit à cette opinion que l'on doive s'ar et sa réserve ne saurait porter sur les ti
rêter. Heidegger la spiritualise en l'ap tres de l'original, tels que nous les avons
pliquant à l'Eglise chrétienne qui s'élève conservés dans nos versions. Nous pou
au-dessus de toutes les autres; il dit que vons donc nous borner dans cette discus
Ces pSaumes sont ainsi nommés à cause sion, à reconnaître comme authentiques
de l'excellence de l'Eglise. et inspirés les titres hébreux, laissant le
Le Hazkir (pour réduire en mémoire), champ libre sur l'exactitude des additions
Ps. 38, et 70. Ce titre peut avoir plu et changements ajoutés par voie de com
sieurs sens, cantique destiné à être ap mentaires dans les versions grecque et
pris par cœur, cantique destiné à rappe latine.
ler certain événement ou certaine époque Mentionnons encore, comme se distin
de la vie, etc. guant par un caractère extérieur, les
Thephiloth (requête,) Ps. 17, 86, 90, psaumes acrostiches dont chaque pause,
et 102. verset ou demi-verset commence par une
Thodah (confession ou action de grâ des lettres de l'alphabet, rangées selon
ces), Ps. 100. l'ordre alphabétique ; ce sont les Ps. 25,
Thehillah (louange), Ps. 145. 34, 37, 111, 112, 119 et 145. Sur cet ar
Halléluiah (louez l'Eternel), Ps. 106, rangement, qui se reproduit ailleurs en
111, 112, 113, 135, etc. cOre, v. ce que nous avons dit à l'article
Yedidoth (cantique nuptial), Ps. 45. Jérémie (Lamentations).
D'autres psaumes enfin ont des inscrip Les psaumes sont des poésies, mais dont
tions plus développées, disant les circon la forme est perdue pour nous, v. à l'ar
stances dans lesquelles ils ont été compo ticle Poésie. On y reconnaît d'une ma
sés. On a discuté longuement sur la date, nière générale des vers, quelquefois des
la valeur et l'autorité de ces inscriptions. strophes, un certain parallélisme de pen
Augustin, Hilaire, Théodoret estiment, sées et même d'intonations, mais il faut
que non-seulement chaque titre corres renoncer à y trouver des pieds et ce qu'on
pond exactement au sujet du psaume, appelle même la quantité dans les sylla
qu'il en est en quelque sorte la clef, mais bes. Les découvertes que l'on a cru faire
encore que ces titres sont inspirés com sous ce rapport, n'ont pas résisté à un
me le reste du psaume, quoiqu'ils aient examen plus approfondi, et si l'on se rap
été ajoutés peut-être après coup par les pelle que la véritable prononciation hé
auteurs inspirés de la collection, notam braïque est encore un problème, on com
ment par Esdras ; les Juifs, les Septante, prendra que la versification, le rhythme,
la Vulgate et nombre d'autres traducteurs la prosodie des Hébreux, le soit ègale
ou commentateurs de la Parole divine, ment.
Ont parlé à peu près de la même manière. L'authenticité et la canonicité du livre
Origène parle autrement; il ne conteste des Psaumes ont toujours été reconnues
pas l'utilité de ces titres en général, mais par les Juifs et par les chrétiens; quel
il estime qu'il y a eu diverses transposi ques sectes, les nicolaïtes, les gnostiques,
tions, « que chaque pièce de ce grand ap les manichéens, parfois des anabaptistes,
partement a une clef à sa porte, mais que ont seuls contesté que David ait été pro
cette clef n'est pas celle qui convient, phète, et que les psaumes soient l'ouvrage
et qu'il faut souvent la chercher ailleurs. du saint Esprit. L'une des raisons, que
Calmet, cherchant un juste milieu entre l'on a fait valoir avec une apparence de
les opinions contraires des Pères, dit solidité contre l'inspiration de quelques
qu'il faut parler des titres des psaumes psaumes, ce sont les imprécations du pro
avec beaucoup de respect, quoiqu'on ne phète contre ses ennemis et contre les
puisse pas les regarder tous comme ca méchants. Les Pères expliquent ordinai
PSA 249 PSA

rement ces passages comme ne contenant démêler avec le sainte indignation du


que de simples prédictions des maux que psalmiste contre ses ennemis.
Dieu réserve à ceux qui font le mal; Chry On trouve des difficultés de plus d'un
s0stome dit que le prophète n'exprime pas genre dans l'étude des psaumes, mais ce
Ses propres sentiments, mais ceux des n'est pas à ces difficultés qu'il faut attri
autres; Athanase spiritualise ces ennemis buer, comme le fait Calmet, le grand
et pense qu'il ne s'agit pas des hommes, nombre de commentaires qui ont paru sur
mais des démons. Cette opinion n'est pas ce livre. S'il a mérité de fixer l'attentiOn
un expédient, mais une vérité peut-être des théologiens de tous les temps, c'est,
trop spiritualisée; il est probable que Da non point à cause de ce qu'on n'en com
vid pensait aux hommes visibles et non à prend pas, mais à cause de ce qu'on en
des ennemis invisibles, mais pour le roi comprend. Ce livre est unique, seul de
théocratique, les ennemis de la théocra son espèce dans la Parole de Dieu. Tous
tie étaient les ennemis de Dieu, les agents les autres nous représentent Dieu par
et les représentants du malin, et celui lant à l'homme, celui-ci nous montre
qui, vivant, pardonnait comme individu à l'homme parlant à Dieu. Les psaumes sont
Simhi, prophète, sur son lit de mort, ne en quelque sorte la réponse de l'homme
lui pardonnait plus. Au point de vue de la aux révélations divines, à la loi, à la grâ
théocratie, et il importe que l'on s'y place, ce, à la sainteté, à l'amour, à la justice,
les paroles du prophète ont, non pas une et à la vérité de Dieu. Et chaque homme
signification, mais une portée toute dif peut trouver dans chaque psaume l'ex
férente de celle qu'elles auraient dans le pression de ses sentiments chrétiens, de
langage ordinaire; elles partent de la glo ses désirs, de ses actions de grâces. De
rification de Dieu, et lui subordonnent là vient cette vénération, cet amour uni
tout; l'établissement du règne de Dieu a versel, presque exclusif chez quelques
une bien autre importance que la vie ou uns, que l'on rencontre pour cette portion
la mort de ses ennemis, et d'ailleurs, ce de l'Ancien Testament; et plus le fidèle
n'est pas de leur mort qu'il s'agit, mais croît dans la grâce et dans l'expérience,
de leur cessation, de leur destruction, plus il ajoute de prix à la méditation de
sous quelque forme qu'elle se présente ; ces pensées de Dieu, devenues les pen
ce peut être la mort, ce peut être la con sées de l'homme régénéré.
version, ce doit être une fin d'opposition Parmi les deux mille commentaires, et
et d'antagonisme. Nous n'oublions pas plus, qui ont été faits sur les Psaumes,
que l'Eglise romaine, qui confond habi nous n'indiquerons que ceux d'Ambroise,
tuellement sa cause avec la plus grande d'Athanase, de Basile, entre les Pères,
gloire de Dieu, a pris l'habitude aussi, celui de Luther, et ceux de Bucer, Bullin
depuis qu'elle s'est manifestée, de vomir ger, Calvin, Etienne et Zwingle, entre les
la mort contre ses ennemis et qu'elle con réformateurs. Les commentaires moder
clut facilement de l'usage à l'abus, en ma nes les plus estimés sont, en anglais,
tière d'autorité. Mais Dieu et l'Eglise ro Henry et Scott, en allemand, Stier et sur
maine sont deux choses distinctes, et les tout Hengstenberg. M. A. de Mestral an
droits de l'un ne font pas les priviléges de nonce une traduction française de cet
l'autre. Nous nepouvons confondrel'Egli important travail.
seavec son chefsous aucun rapport, et ce Ona essayé, à diversesreprises, de met
hui-ci peut seul mettre toutes choses sous tre les Psaumes en vers français. Le psau
ses pieds. L'Eglise chrétienne même ne tier, tel qu'on le chante maintenant dans
saurait adopter à son usage une pareille nos églises, a paru, pour la première
doctrine, et elle l'arépudiée depuis qu'elle fois, en 1562, avec privilége du roi, « tra
a répudié le moyen âge, Rome et ses tra duit selon la vérité hébraïque, et mis en
"ditions. Il suffirait, d'ailleurs, de voir l'u- rime française et bonne musique, comme
sage que le papisme a fait de la formule il a esté veu et cognu par gens doctes en
ad majorem Dei gloriam, pour être bien les S. Escriptures et ès dites langues, et
persuadé que l'Eglise de Rome n'a rien à aussi enl'art de musique. » Les cinquante
PUI 250 PUR

premiers ont été traduits par Marot, les Vrit une sOus un hangar attenant à la mai
Cent autres par Théodore de Bèze (Crot son, dans laquelle il trouva des pots de
tet, Chronique prot., p. 130). Le dernier terre , quelques épis de maïs, un mor
essai qui a été fait en ce genre, est la ceau de sel gemme et plusieurs ustensiles
traduction de M. Malan , publiée sous le de ménage. » Xavier De Maistre, les Pri
titre de Chants d'Israël. La réputation sonniers du Caucase.
des Chants de Sion, du même auteur, a PUL, ou Phul, 2 Rois 15, 19., le pre
jeté de l'ombre sur son dernier recueil. mier roi d'Assyrie dont il soit parlé dans
- On peut recommander aussi les tra la Bible. Il envahit Israël sous le règne
ductions en prose de Vivien, et de Per de Ménahem, peut-être pour venger les
ret-Gentil. revers que l'Assyrie avait éprouvés sous
PTOLEMAIS. v. Hacco. Jéroboam II , mais un tribut de 1,000 ta
PUBLIUS, gouverneur de Malte, lors lents, que Ménahem perçut sur les plus
que saint Paul fut jeté sur les côtes de riches de son royaume, apaisa le roi
l'île par un naufrage, Act. 28, 7.8. Il ne conquérant, qui l'affermit sur le trône
demeurait pas loin du lieu où le navire qu'il venait d'usurper par la violence et
avait échoué, et il fut des premiers à le meurtre. Pul devait voir avec joie le
pourvoiraux besoins de Paul et des siens, renversement de la 5° dynastie, qui l'a-
qui trouvèrent dans sa maison , pendant vait vaincu, et il croyait laver sa honte en
les trois premiers jours, une hospitalité appuyantl'avénement d'une dynastie nou
que Publius continua sans doute jusqu'à velle. Il ne laissa pas cependant que d'em
la fin à l'apôtre qui avait guéri son père mener en captivité les habitants des tri
d'une maladie dangereuse. — Saint Luc bus transjourdaines, 1 Chr. 5, 26. On
donne au gouverneur de Malte le titre de pense que Pul est l'Anacindaraxès ou
premier ou de principal, que l'on a re Anabaxarès des historiens profanes, le
trouvé dans une inscription antique,com père de Sardanapale, appelé, selon la
me désignant la charge du magistrat coutume des Orientaux, Sardan-Pul, c'est
exerçant dans cette île l'autorité suprême. à-dire Sardan, fils de Pul (Calmet, Bos
PUDENS, 2 Timoth. 4, 21. Inconnu. suet); cette opinion est peu probable. On
v. Claudia. ajoute que Pul est ce roi de Ninive qui
PUHA , Ex. 1, 15., v. Siphra. fit pénitence avec tout son peuple à la
PUlTS. v. Citernes, et Maisons. Ils prédication de Jonas, et si l'on se rap
servaient souvent de retraites ou de ma pelle que Jonas était contemporain de Jé
gasins, et cet usage s'est conservé chez roboam II, on peut croire que, dans sa
plusieurs peuples et peuplades del'Orient. jeunesse, Pul a entendu la voix du pr0
« Les habitants du Caucase qui, pour la phète. D'autres croient que Pul est Sar
plupart, sont à demi nomades et souvent danapale lui-même ; d'autres enfin qu'il
exposés aux incursions de leurs voisins, fut son fils et successeur, Sardanapale ll.
ont toujours, auprès de leurs maisons, Le nom de Sardanapale, en caldéen, si
des souterrains dans lesquels ils cachent gnifie encore : donné de Dieu.
leurs provisions et leurs effets. Ces ma 2° Pul, Es. 66, 19., peuplade nommée
gasins, de la forme d'un puits étroit, sont à côté de Lud, au milieu d'autres contrées
fermés avec une planche, ou une large éloignées d'Israël. Bochart pense à la pe
pierre recouverte soigneusement de terre, tite île de Philœ située sur le Nil, entre
et sont toujours placés dans des endroits l'Egypte et l'Ethiopie, au sud d'Eléphan
où le gazon manque, de peur que la cou tine , et commune aux habitants de ces
leur de l'herbe ne trahisse le dépôt. Mal deux pays, Strab. 17, 818. Diod. de Si
gré ces précautions, les soldats russes cile 1, 22. Plin. 5, 10. La position de Cette
les découvrent souvent ; ils frappent la île frontière cadrerait assez bien avec le
terre avec la baguette de leurs fusils, CODteXte. | |

dans les sentiers battus qui sont près des PUNITIONS. v. Peines, et Châtiments.
habitations, et le son leur indique les ca PURAH, Jug. 7, 10, 41., serviteur de
vités qu'ils recherchent. Ivan en décou Gédéon, choisi de Dieu pour accompa
PUR 251 PUR

gner son maître jusqu'aux avant-postes des cuves spéciales, destinées à ces lus
des Madianites, et partager ses dangers. trations , étaient placées dans les parvis'
PURETÉ , Purifications. La malpro du temple. ». Prêtres.
preté du corps est plus commune et plus Les idées de pureté et de souillure por
dangereuse dans les pays chauds de l'O- taient sur les animaux et sur les chOses,
rient, que dans nos climats froids ou tem aussi bien que sur les personnes. Cer
pérés, plus ordinaire parce qu'elle résulte tains animaux étaient déclarés impurs par
de la transpiration, plus dangereuse parce la loi, et il était défendu d'en manger.
qu'elle engendre facilement ces maladies Les habits, les maisons, les lits, et quel
de la peau dont la lèpre est le dernier ques ustensiles de ménage, étaient sus
terme. De là ces nombreux usages et ob ceptibles de certaines impuretés, et il
servances des Orientaux, ces préceptes était défendu de s'en servir aussi long
de leurs lois , cette sanction que leurs temps qu'ils n'avaient pas été purifiés; on
religions donnent aux habitudes de pro appelait encore impures, d'une manière
preté pour leur imprimer un caractère générale, toutes les choses dont les Israé
d'impérieuse mécessité. — Comme tous lites ne pouvaient user ou s'approcher
les peuples de l'Orient, comme les Egyp sans être souillés. Les motifs qui avaient
tiens en particulier (Hérodot. 2, 37.), les dicté au législateur ces interdictions é
lsraélites ont eu des lois de propreté taient, la plupart, fondés sur la nature
qui étaient tout ensemble pour eux, des même des choses; ils étaient à la fois
lois sanitaires et des lois morales; Maho hygiéniques, politiques, symboliques et
met les leur a presque toutes emprun religieux, et ne tenaient, ni les uns ni les
tées. Les ablutions et le bain étaient na autres, exclusivement de l'un de ces ca
turellement au premier rang de ces me ractères pris à part. Prévenir certaines
sures ; on se baignait notamment lors maladies , isoler le peuple des peuples
qu'on se disposait à visiter un supérieur, voisins, lui rappeler la pureté du cœur, et
Ruth 3, 3. Judith 10, 3. On fut particu le maintenir dans la dépendance de l'E-
lièrement exact à observer toutes ces ternel, tel était le but de la loi de Moïse,
formalités dans la période qui suivit l'exil, et chacune de ses prescriptions sur la
et les pharisiens s'étaient fait, à cet égard, pureté légale et sur les purifications, ten
une réputation de minutie qui touchait au dait au même résultat. On peut dire que
ridicule pour les petites choses, et qui les défenses sur le toucher ou sur le
était bien loin d'être méritée pour les manger étaient toutes fondées, sans au
plus importantes, Matth. 15, 2. Marc 7, cun caractère arbitraire, sur des impu
3. Luc 11, 38. retés réelles, sur une insalubrité consta
La propreté du corps étant le symbole, tée, et sur un dégoût naturel à l'homme
bien souvent méconnu, de la pureté in pour les objets dont il avait à s'abstenir ;
térieure, il en résultait pour le culte, d'a- ainsi les cadavres des animaux ou des
bord que personne ne pouvait se présen hommes, Nomb. 19, 11., les maisons et
ter dans le temple ou dans une synago les vêtements atteints de la lèpre, les lé
gue, ni remplir un acte de culte quelcon preux, les hommes et les femmes souillés
que, prière ou sacrifice, sans s'être au de diverses infirmités, dont plusieurs
paravant lavé, ou même baigné, suivant étaient une suite du péché , Lév. 11-15,
l'importance de ce qu'il allait faire, 1 Sam. Nomb. 19, les femmes nouvellement ac
46, 5. cf. Jos. 3, 5.2 Chr. 30, 17. Ex. couchées, etc. A l'exception des animaux
19, 10. Il en résultait ensuite que cette dont la chair était impure, mais que l'on
ptireté extérieure était plus rigoureuse pouvait cependant toucher sans en être
ment exigée à mesure qu'on avait le droit souillé, le contact avec les personnes ou
d'approcher de plus près de l'Eternel, et objets qui viennent d'être énumérés, suf
que les prêtres, à leur entrée en fonc fisait pour procurer une souillure plus ou
tions, ou lorsqu'ils étaient sur le point moins longue : dans plusieurs cas, celui
de vaquer à certains offices, devaient se qui était devenu impur communiquait son
purifier avec soin, Ex. 29, 4. Lév. 8, 6.; impureté à ceux qui l'approchaient et à
PUR 252 PUR
ce qu'il totichait; dans d'autres, sa souil au septième jour, il se lavait et se rasait
lure demeurait individuelle,
et n'était pas de nouveau; puis au huitième, après avoir
contagieuse. On peut voir, aux articles offert deux agneaux et une brebis d'un an
spéciaux, quelques détails sur les prin sans tare, avec de l'huile et trois dixièmes
cipales causes d'impureté légale; nous de fine farine, il se présentait devant le
rappellerons seulement encore la souil sacrificateur, qui le touchait avec du sang
lure que la loi imposait, en les obligeant en trois endroits et répandait de l'huile
de la contracter, à ceux qui sacrifiaient sur sa tète, faisant propitiation pour lui
la vache rousse, et qui en répandaient les dêvant l'Eternel. Un holocauste était of
cendres, Nomb. 19, et à ceux qui devaient fert, et le lépreux purifié recouvrait toute
conduire au désert le bouc Hazazel, et la pureté légale. -

brûler au feu la chair des deux victimes · Celui qui était dans un état d'impureté
pour le péché, dans le jour des expia légale était exclu du culte, des repas eu
tions, Lév. 16, 26. 28. Cette dernière charistiques, et de la libre communication
souillure était la moindre de toutes, et il avec les autres Hébreux. Son état ne
suffisait de se baigner et de laver ses vê constituait pas un délit, pourvu qu'il fît
tements pour en être immédiatement pu ce qui dépendait de lui pour le faire ces
rifié. ser, mais s'il restait volontairement im
· Dans la plupart des cas, les souillures pur, s'il cachait son état, ou s'il en bra
contractées duraient, les moindres un vait les conséquences, il devenait d'au
jour, c'est-à-dire jusqu'au soir, les autres tant plus criminel que la loi, plus facile à
sept jours, ou une semaine; les habits violer, exigeait davantage le concours de
devaient être lavés aussitôt , et un bain la conscience pour conserver son action.
pris au troisième jour rendait au septième L'Hébreu, et l'Hébreu fidèle, étant seul
la pureté légale à celui qui l'avait perdue. pur devant la loi, tout autre étant néces
Lorsque les souillures tenant à des cau sairement impur, les Israélites étaient
ses naturelles, étaient à la fois plus graves isolés au milieu des autres peuples, et
et plus longues, des sacrifices de purifica considéraient leur pureté comme une dé
tion devenaient nécessaires. Deux tour coration extérieure, comme un privilége,
tereaux SOnt mentionnés Lév. 15. Une comme un titre de gloire, auquel ils s'at
mère, trente-trois jours après la nais tachaient d'autant plus qu'il était comme
'sance d'un fils , soixante-six après celle le signe de la faveur divine. — C'en était
· d'une fille, devait présenter au sacrifica le signe en effet : le pharisaïsme a voulu
teur un agneau d'un an en holocauste, et en faire la réalité, et la lettre a tué l'es
· un pigeonneau ou une tourterelle, Lév. prit. -
12, 6.8.; sielle était trop pauvre, deux pi PURIM ou Pur, mot persan plutôt
geonneaux, l'un pour l'holocauste, l'autre qu'hébreu, et qui signifie le sort ou les
en offrande pour le péché, pouvaient suf sorts. Haman voulant faire périr la na
fire. Quant aux offrandes du lépreux net tion juive, mais n'ayant pas la résolution
toyé, v. Lév. 14. Sa purification devait se qui parfois mène à bien les projets les
faire en deux fois : la première il apporplus criminels, s'en remit au sort pour
taitdeuxpassereaux, dontl'unétait égorgé fixer l'époque de cette horrible exécu
au-dessus d'un vaisseau de terre plein tion, Est. 3.7. Il ignorait que l'homme
d'eau vive, dont l'autre, trempé dans le met la main au giron, mais que ce qui
sang du passereau mis à mort, avec un en sort est de par l'Eternel, Prov. 16,33.
bouquet de cédre, d'hysope, et de laine Le sort jeté au premier mois décida, puis
écarlate, servait à faire aspersion par sept que Dieu l'avait ainsi décidé, que l'entre
fois sur le lépreux, puis était rendu à prise tentée contre les Juifs ne serait pas
la liberté, comme s'il devait emporter la exécutée avant le douzième mois, Celui
souillure; le lépreux se lavait alors, ra d'adar. Ce long délai permit aux Juifs
sait tout son poil, était déclaré net, ren de détourner le coup qui les menaçait,
trait dans la villeºmais ne pouvait pas en et à Ester d'effacer dans l'esprit d'Assué
· core habiter sa maison. La seconde fois, rus les mauvaises impressions qu'on lui
PUR 253 PYT
avait données contre Israël. Haman tom te défense, mais attaché au gibet un jeu
ba victime de sa cruelle et trop confiante ne chrétien qu'ils fouettèrent jusqu'à la
vanité. Les Juifs , heureux et reconnais mort, furent punis du dernier supplice.-
sants de cette délivrance toute miracu La fête qui se célébrait le 14 à Suse, et
leuse, instituèrent la fête des sorts ou de dans les villes murées, se célébrait le 15
Purim pour en conserver le souvenir.On dans les bourgs et les villes non murées,
la célèbre le 14 adar, Est. 9, 21., et par Est. 9, 18-21.24. 26. Elle est appelée le
deux fois sil'année complémentaire comp jour de Mardochée, 2 Macc. 15, 37.; et
te les deux mois d'adar et de beadar, mais plusieurs commentateurs pensent que la
alors la seconde fète n'est qu'un souve fête des Juifs mentionnée Jean 5, 1., n'est
nir de la première, et porte le nom de autre que celle des sorts ou de Purim,
petit Purim par opposition au grand Pu Lücke, Olshausen, Tholuck.
rim qui est la fète véritable. La veille on , PUT ou Phut, peuple camite que Moïse
observe un jeûne rigoureux, si c'est un place, Gen. 10, 6., entre Mitsraïm et Cus,
jour où l'on puisse jeûner , si c'est un et qui est nommé encore ailleurs avec Cus,
sabbat ou une veille de sabbat, on antici Ludim, et Lubim, Jér. 46, 9. Ez. 27, 10. 30,
pe le jeûne , on observe pendant vingt 5. 38, 5. Nah. 3, 9. Josèphe (Ant. Jud. 1,
quatre heures l'abstinence la plus com 6, 2.) pense qu'ils habitaient la Maurita
plète, et les enfants y sont astreints déjà nie (le Maroc), et il cite un fleuve de cette
depuis l'âge de treize ans : on fait des contrée qui portait le même nom : Pline
aumônes abondantes pour que les pau appelle ce fleuve Fut, et Ptolémée Phtuth;
vres puissent participer à la joie géné il se jetait dans l'Atlantique. Selon l'in
rale, et le jour de la fète on leur fait part terprète alexandrin et la Vulgate, Put dé
des biens dont Dieu a couvert les tables signerait les Lybiens ( Dahler, Haever
de ceux qui vivent dans l'aisance. Le soir nick). On ne peut rien fixer de précis,
du 13, la veille encore, on se réunit dans mais on peut croire d'une maniere géné
les synagogues, et à la lueur des lampes, rale que Put avait peuplé le nord, le nord
au moment où les étoiles commencent à est, et le centre de l'Afrique, et que ses
se montrer, on fait la lecture du livre descendants sont nègres. Les habitants
d'Ester sans en rien omettre ; ce livre de Put servaient comme soldats dans la
ou rouleau de vélin, est appelé le livre marine tyrienne, et dans l'armée d'Egyp
par excellence. Le lendemain matin, jour te; ils sont même indiqués comme faisant
de la fête, on retourne à la synagogue, partie de l'armée de Gog. On sait que les
· où après avoir lu la déroute d'Hamalec Mauritaniens étaient aussi de bons sol
dans l'Exode, on recommence la lecture dats, et qu'ils servaient dans les troupes
| de l'histoire d'Ester; puis chacun retour de Carthage, Tite-Live 21, 22.
ne dans sa maison, et le jour se passe PYTHON, Pythonisse.Apollon, le dieu
dans le jeu et dans toutes sortes de ré de la divination, avait reçu des Grecs le
jouissances ; la dissolution va jusqu'aux nom de Python, en souvenir du fameux
, dégui nts les plus sévèrement défen serpent qu'il avait tué : ce nom ou sur
, dus, Deut. 22, 5., et les rabbins ensei nom fut appliqué plus tard à ceux en qui
gnent qu'il est permis de boire du vin l'on croyait reconnaître des dons divina
jusqu'à ne plus pouvoir distinguer entre toires, et qui avaient été nommés d'abord
i maudit soit Haman, et maudit soit Mar ventriloques parce qu'on estimait qu'un
| dochée, Véritables bacchanales ! Les Juifs démon renfermé dans leur corps parlait
- ajoutaient à la fète l'érection d'une croix par leur bouche, puis eurycléites du nom
- ou gibet; on y suspendait un homme d'Euryclès, en qui le premier l'on avait
- de paille que l'on nommait Haman, et remarqué ce phénomène. Le Nouveau
n que l'on finissait par brûler. Cette por Testament nous parle d'une femme qui
· 2 tion de la fète qui parut plus tard une avait l'esprit de Python et qui rapportait
insulte faite aux chrétiens, fut supprimée un grand profit à ses maîtres, Act. 16,
en 408 par ordre de Théodose II, et quel 16-18. Dans l'Ancien Testament nos ver
, quesJuifs ayant non-seulement bravé cet sions ont traduit l'hébreu oboth par py
PYT 254 RAB

thon, esprit de python, pythonisse, qui ce puisse être une force infernale, puis
ne † pas exactement au sens | celle que les conjurations de la femme
de l'original, Lév. 19,31,20, 6. Deut. 18, aient été de nature à produire cet étran
11. Les esprits de python annonçaient les ge phénomène, et nous pensons que pour
choses futures, les oboth étaient les âmes punir Saül de son impie curiosité, Dieu
des morts revenant à la surface de la a permis, à l'occasion des paroles de la
terre ; on appelait maîtres et maîtresses magicienne , que l'esprit du vieux pro
des oboth ceux qui avaient la puissance phète, troublé dans la paix du sépulcre,
de les faire revenir, et il est remarqua retrouvât quelque forme et quelques ac
ble que des femmes seules soient men cents pour déclarer encore une fois la
tionnées comme exerçant ce métier.La déchéance de celui qu'il avait sacré roi
loi de Moïse interdisait sous peine de quarante ans auparavant.-Tous les peu
mort de les consulter, mais comme on en ples de l'antiquité étaient d'accord à at
trouvait en Egypte, Es. 19, 3., on en tribuer une voix extrèmement faible à ces
trouva toujours aussi dans le royaume esprits revenant sur la terre , et cela est
d'Israél, surtout aux époques où des rois naturel ; la voix tient du corps : on peut
idolâtres occupèrent le trône de David, 1 citer la vocem exiguam de Virgile, En.
Sam. 28, 3. sq. 2 Rois 21, 6.2 Chr. 33, 6. 6, 493. cf. 3, 39. lliad. 23, 101. v. aussi
Es. 8, 19. 29, 4. Saül qui avait chassé ou Es. 8, 19. 29, 4. La ventriloquie venait
exterminé toutes les espèces de sorciers, pour cela merveilleusement en aide aux
et qui s'était rendu redoutable à ces in imposteurs, qui, par un murmure à peine
dustriels par la guerre qu'il leur avait sensible, savaient faire parler les morts
faite, passa par une transition naturelle qu'ils prétendaient faire apparaître dans
de l'intolérance à la superstition, et se l'ombre, et visibles seulement pour une
rendit auprès d'une femme célèbre dans imagination déjà frappée.
l'art de conjurer et d'évoquer les morts.
Samuel apparut et prédit à Saül sa mort
prochaine et la défaite d'lsraël. C'est une Q
controverse déjà bien ancienne que celle
qui a été soulevé par ce récit, et nous ne QUARTUS, Rom. 16, 23. Disciple in
connu, probablement Romain, dont saint
pouvons pas y entrer. Samuel est-il réel
Paul, écrivant de Corinthe, transmet aux
lement apparu, ou n'a-ce été qu'une trom fidèles de Rome les salutations.
perie de la magicienne, une illusion de
Saül ? Si Samuel est apparu, a-ce été en QUIRINUS. v. Cyrénius. .
suite de l'évocation de la femme, par la
puissance du démon, ou par la puissance R
et la volonté de Dieu ? Le démon a-t-il
de la puissance sur l'âme des morts, et RABBA. 1° Ville des montagnes de
notamment sur l'âme de ceux qui sont Juda, Jos. 15, 60. Ce nom, qui signifie
morts au Seigneur P A-t-il eu cette puis grande, désigne une ville distinguée, soit
sance au moins jusqu'aux jours où notre par son étendue, soit par son rang com
Seigneur étant descendu aux enfers a me capitale d'un pays ; il était ainsi com
vaincu l'esprit malin ? Et si Satan a cette mun à plusieurs villes, et pour les distin
puissance, peut-il la mettre au service de guer, on ajoutait à ce nom celui du pays
créatures humaines, de conjureurs et de ou du peuple auquel la ville appartenait.,
conjureuses ? Autant de questions, au C'est ainsi que nous avons encore 2" llal
tant de doutes. Il paraît cependant par le bath-Hammon, capitale des Hammonites,
récit biblique que l'ombre de Samuel est Deut. 3, 11. Jos. 13, 25. Après l'injure
réellement apparue, et qu'elle a fait en faite aux députés d'lsraël, elle fut assié
tendre les paroles prophétiques qui ren gée par Joab et conquise par David, 2
versèrent Saül. Mais quant à la force qui a Sam. 11, 1. 12, 26. cf. 1 Chr, 20, 1., mais
fait sortir du tombeau l'âme du prophète, elle ne resta pas entre les mains des ls
nous repoussons d'abord la pensée que raélites, Jér. 49, 2.A l'époque de la domi
RAB 255 RAB

nation macédonienne, elle reçut de Ptolé grand que le rab, mais le rabban est plus
mée Philadelphe le nom de Philadelphie, que le rabbi. Les Juifs ne comptaient que
et c'est sous ce nom qu'elle est citée par sept rabbans, dont le principalestSiméon,
les écrivains grecs et romains, ainsi que fils de Hillel, à peu près contemporain de
par Josèphe en plusieurs endroits; elle Jésus. On ignore l'époque précise à la
est aussi mentionnée sur des médailles quelle ces noms et leurs nuances ont pris
romaines comme ville de l'Arabie, ou plus naissance.
exactement de la Cœlésyrie et de la Déca RABMAG, Jér. 39, 13., doit être tra
pole, et comme chef-lieu du district arabe duit par chef des mages ; c'était le titre de
de Philadelphène. Cependant elle a con Nergal-Saréetzer.
servé sur les lieux son ancien nom, qu'A- RABSAKE, 2 Rois 18, 17. Es. 36, 2.,
bulféda donne encore à ses ruines. Dé général des troupes de Sanchérib, envoyé
fendue par son assiette naturelle, fortifiée de Lakis par son maître pour assiéger Jé
par l'art, située sur les bords d'une grande rusalem, 712 av. C. Arrivé près de la ville
rivière et au milieu d'une contrée fertile, vers le torrent de Cédron, il conféra avec
elle existait depuis plusieurs siècles, lors Eliakim et d'autres délégués d'Ezéchias,
que 600 ans av. J.-C. Jérémie écrivait : qu'il étonna et qu'il effraya par l'audace de
Rabba sera un monceau de désolation, 49, ses éloquentes bravades. Parlant aux en
2. Rien ne faisait prévoir alors l'accom voyés du roi de Juda, il voulait être en
plissement de cette prophétie, et les Ham tendu du peuple et des soldats, et c'est à
monites ne pouvaient imaginer que leur eux bien plus qu'à Eliakim qu'il s'adresse
capitale, leurs forteresses et leurs opu réellement. ll insiste sur tous les motifs
lentes cités seraient un jour transformées qui doivent engager Ezéchias à se sou
en vastes champs découverts où vien mettre; il fait ressortir la faiblesse du
draient paître les chèvres et les brebis. royaume de Juda, divisé et mécontent des
Cependant la prophétie s'est accomplie, réformes religieuses, la faiblesse de l'E-
Seetzen et Burckhardt décrivent avec dé gypte dont on songeait à réclamer le se
tails ce qu'ils ont vu sur l'emplacement cours, les horreurs d'un long siége qui fi
de l'ancienne Rabba ; l'on y trouve en nirait cependant par une capitulation, la
core des ruines remarquables qui attes protection divine acquise à l'Assyrie.
tent une splendeur qui n'est plus, des pa Mais ses menaces comme ses promesses
lais, des temples, des débris de murail furent inutiles, et après avoir probable
les, les restes d'un amphithéâtre, de ma ment laissé Tarta et Rabsaris devant les
jestueuses colonnades, un pont dont les murs de Jérusalem, il retourna auprès de
arches sont élevées, un château qui a dû son maître au camp de Libna. — Rabsa
être très fort, une plaine jonchée de rui ké, qui signifie en caldéen échanson, est
nes d'édifices particuliers. v. Keith, chap. plutôt un titre qu'un nom propre. Les of
lV. Ammon. ficiers de la maison royale en Orient, ser
3° Rabbath-Moab, capitale des Moabi vent aussi cOmme Officiers militaires du
tes. v. Har. plus haut rang.
RABBI (mon maître), et Rabboni, titre RABSARIS, 2 Rois 18, 17., officier de
d'honneur des docteurs de la loi juive au Sanchérib, qui fut envoyé, avec Rabsaké,
temps de Jésus, comme de nos jours les sommer Jérusalem de se rendre, et qui
titres de magister, de docteur, de maître resta sous les murs de la ville, après que
ès-arts ou ès-sciences. Le peuple, et en Rabsaké fut retourné auprès de Sanché
particulier leurs élèves, donnaient cette rib. Le nom de Rabsaris qui signifie chef
qualification à ceux qui remplissaient au des eunuques, se retrouve encore Jér. 39,
milieu d'eux ces fonctions, Matth. 23, 7. 13., Où il doit être traduit comme dési
Jésus l'a de même reçue de ses disciples gnant la charge de Nébusazban et non
et de ses adhérents, Matth. 26, 25.49. comme le nom d'un personnage nouveau.
Marc. 9, 5. 10, 51. 11, 21. Jean 1, 38.4, Il est possible aussi que dans le passage
31. 20, 16, Il y avait une hiérarchie doc 2 Rois 18, 17., il désigne un office plutôt
torale, et l'on disait que le rabbi est plus qu'un nom propre.
1RAC 256 RAC

iul RAGAL, ville de la tribu de Juda, 1 voit nulle part, quoi qu'il en soit de l'é-
Sam. 30, 29, -
tymologie, les mots qui désignent Rahab
, RACHABtou Rahab, femme chez la désigner autre chose qu'une femme per
quelle les envoyés de Josué entrèrent à due, mais il faut se rappeler aussi que les
lérico, et dans la maison de laquelle ils malheureuses qui avaient une fois mérité
trouvèrent un asile assuré contre les pour ce nom, le conservaient alors même
suites des gouverneurs de la ville, Jos. 2, qu'elles ne vivaient plus dans la pratique
1. 6, 17, Elle reçut en échange de son du mal, cf. Matth. 21, 31.32. Rahab doit
hospitalité sa gràce et celle de sa famille, donc être considérée comme une femme
lorsque les lsraélites se furent rendus qui a exercé le métier de prostituée, mais
maîtres de Jérico; un fil écarlate, pro qui, touchée par la grâce de Dieu, frap
bablement une pièce d'étoffe de cette cou pée à l'ouïe des miracles que le Dieu d'Is
leur pendue à sa fenêtre, servit à désigner raël avait faits en faveur de son peuple, a
aux vainqueurs la maison qu'ils devaient renoncé à sa mauvaise conduite et à son
épargner, comme dans la dernière nuit de idolâtre incrédulité. En recevant les es
la captivité égyptienne, les poteaux des pions, en les favorisant contre son pro
· portes, teints de sang, arrêtèrent le bras pre peuple, en demandant miséricorde
de l'ange exterminateur qui se promenait pour elle et pour sa famille, au lieu d'ar
sur le pays. Elle avait cru au Dieu d'Is rêter les projets d'Israël dès leur premier
raël et fut reçue comme prosélyte par la essai d'accomplissement, et de trahir ceux
nation sainte, qui l'adopta , elle épousa qui cherchaient la ruine de Jérico, elle
Salmon, et donna le jour à Booz, Ruth 4, a montré sa foi par ses œuvres; elle a
21. Matth. 1, 5. — Le livre de Josué la reconnu que l'on ne pouvait rien contre
désigne comme une femme de mauvaise Dieu, mais tout pour Dieu. Le langage des
vie. Le Nouveau Testament, Hébr. 11, apôtres nous montre dans la conduite de
31. Jacq. 2, 25., tout en paraissant lui Rahab une conversion du mal au bien, et
conserver le même titre, rend hommage à en joignant son nom à celui d'Abraham,
sa foi et à ses œuvres. Répugnant à l'idée celui de la cOurtisane à côté de celui du
de compter une débauchée parmi les an père des croyants, ils ont voulu faire res
Cêtres de David et du Sauveur, les Juifs sortir que devant Dieu, ni la circonci
et les chrétiens ont essayé de donner au sion, ni l'incirconcision n'ont aucune ef
· mot grec et au mot hébreu, qui tous les ficace, mais la foi agissant par la charité.
· deux désignent une courtisane, mais qui, RACHEL, fille cadette de Laban, Gen.
étymologiquement, peuvent aussi signi 29, 6. 46, 19. Elle fut la première personne
fier une hôtelière, cette dernière significa que rencontra Jacob lorsque, fuyant la co
tion. C'est ce qu'ont fait en particulier les lère d'un frère, il se rendit en Mésopo
Targums et Chrysostome. Mais il n'y avait tamie. La beauté de la jeune fille frappa
pas d'auberges proprement dites dans les Jacob, alors àgé de soixante-dix-sept ans;
anciens temps, comme dans l'Orient mo cousin de Rachel, il songea à une alliance
derne on n'en rencontre pas partout non plus intime avec elle, et sept années de
plus. ll faut remarquer ensuite que Rahab service furent le prix auquel Laban la cé
était établie, qu'elle avait sa maison à elle, da à son neveu. Elle n'épousa cependant
et que, dans l'énumération de ses parents, Jacob qu'après que celui-ci eut épousé d'a-
elle ne fait cependant mention ni de mari, bord sa sœur Léa, Inoins belle, et moins
ni d'enfants; or, soit qu'elle ait été hô aimée; comme elle ne donnait point d'en
telière, ou qu'elle ne l'ait pas été, l'éta fants à son mari, elle essaya de faire à sa
blissement d'une fille indépendante de ses sœur, plus heureuse, une étrange con
parents est significatif, surtout si l'on currence; Bilha, sa servante, devint la
tient compte de la sévérité des mœurs concubine de Jacob, et Rachel adopta les
orientales à l'égard des femmes honnêtes enfants issus de ce commerce illégitime.
et de la facilité avec laquelle la liberté des Les deux sœurs, souvent aigries l'une
mœurs était interprétée en mauvaise part. contre l'autre, finirent cependant par se
L'usage de la langue est positif, et l'on ne rapprocher; des mandragores cimentè
RAC 257 | RAG
rent la paix, et la naissance de Joseph, père d'une pratique superstitieuse, en lui
fils de Rachel, finit par ôter à l'épouse enlevant les objets de son culte intérieur p
préférée tout sujet de jalousie et d'irrita mais le vol serait un singulier moyen de
tion. Lors du départ de Caldée, voyant prosélytisme. Nous croyons plutôt que
son mari en butte à de sourdes inimitiés Rachel ne s'est pas rendu compte de son
de la part de sa famille, elle n'hésita pas action, et qu'elle a dérobé les théraphims,
à le suivre, déroba les marmousets ou cédant à un attachement instinctif et non
théraphims de Laban, et les cacha sous réfléchi pour les dieux de sa jeunesse,
le bàt de son chameau, quand Laban, pour aussi bien qu'à une de ces envies si fré
les retrouver, vint fouiller les tentes de quentes chez les femmes dans sa position.
Jacob. Fort avancée dans sa dernière gros Quant au prétexte qu'elle donne, 31, 35.,
sesse, elle marchait la dernière avec Jo pour ne pas se lever, la manière dont on
seph, lorsque Jacob attendait avec crainte l'entend ordinairement n'aurait pas même
la rencontre d'Esaü, et bientôt après, non eu l'apparence de la plausibilité, et il faut
l9in de Bethléem, elle mourut en don le rapporter plutôt à la grande fatigue du
nant le jour à Benjamin, 35, 16. 48, 7. Voyage pour une femme qui devait bien
Jacob éleva sur son sépulcre un monu tôt mourir en donnant la vie à un fils. —
ment qui prit son nom, et que l'on con Le nom de Rachel est rappelé avec celui
naissait encore aux jours de Saül, 1 Sam. de sa sœur dans les vœux que Booz reçut
40, 2. Le térébinthe dit de Tabor, qui se des habitants de Bethléem, Ruth, 4, 11.
trouvait non loin de ce tombeau, porte Dans le passage Jérémie 31, 15., Rachel
maintenant, d'après Troïlo, le nom de té pleure ses enfants, et refuse d'être con
rébinthe de la sainte Vierge. Le caractère solée : ce morceau prophétique fut inspiré
de Rachel n'est pas assez connu pour p0u à l'occasion du séjour de Jérémie à Rama,
voir être apprécié bien exactement : Nie parmi les captifs que Nébuzar-Adan y
meyer la met au-dessous de Léa quant à faisait passer en revue, 40, 1. La voix est
la bonté du cœur, et il faut avouer qu'elle isolée, mais elle exprime la douleur de
se montre jalouse, et vive dans la mani bien des mères, de toutes les mères de
festation de sa jalousie; mais, d'un autre Bethléem dont les fils sont conduits dans
côté, l'offense première était venue de l'exil, de toutes les mères de Benjamin
l'intrigante ou trop obéissante Léa, et Ra dont Rachel est l'aïeule, et par extension,
chel pouvait à bon droit n'être pas con des deux tribus que Rachel représente
tente.Quant au reste, elle se montre sous pleurant à Rama sur son tombeau, parce
un jour aimable, fille et femme docile, que les Juifs de ce royaume sont arra
peu riche en ruses, et maladroite quand chés du sol que Dieu leur avait donné.
elle essaie de l'intrigue. On ne comprend Saint Matthieu, 2, 18., applique ce pas
pas, en particulier, à quelle intention elle Sage au massacre des enfants de Beth
a dérobé les idoles de son père; ce ne léem, et l'on peut croire que Jérémie lui
pouvait être pour empêcher Laban de les même, au milieu des souffrances du mo
consulter sur la route de Jacob, car une ment, pensait aux souffrances de l'avenir,
fois découverte, elle refuse encore de les et aux promesses de l'Eternel, quand il
rendre : il est difficile de supposer que ce s'écrie quelques versets plus loin : « Jus
Soit par cupidité, car, ces marm0uSets ques à quand seras-tu agitée, fille rebelleP
eussent-ils été d'or ou d'argent, ce qui car l'Eternel a créé une chose nouvelle
n'est pas prouvé, ces métaux n'avaient sur la terre, une femme environnant un
pas alors le prix qu'ils ont de nos jours, homme puissant (comme la mère entoure
et n'eussent ajouté que bien peu de chose l'enfant qui est dans son sein). »
àl'immense fortune des fugitifs. Pour se RAGAU, Luc 3, 35., appelé Réhu ou
venger de l'artifice qui lui avait substitué Réhhu, Gen. 11, 18. 1 Chr. 1, 25., fils de
sa sœur P mais la faute était vieille de Péleg, et père de Sarug, mourut à l'âge de
treize ou quatorze ans, et Rachel avait eu trois cent trente-neuf ans. ll est nommé
bien du temps pour se venger ou pour parmi les ancêtres de Marie dans la gé
oublier son offense. Pour détacher son néalogie du Sauveur.
II. 17
RAM - 258 RAM
· RAHAE, º Rachab. ºii :: •1 •: , --
l RAMA. 1° On donnait ce nom, d'une
* RAHMA , descendant de Cam par Cus, manière générale, à toute la contrée qui
Gen. 10,7 1 Chr. 1, 9., nommé à côté entourait Bethléem, Matth. 2, 18.: c'est
de Seba dans le premier de ces passages, une montagne de vignobles, entourée de
et Ez. 27, 22:, où l'on voit que le pays toutes parts de vallées qui sont, du côté
où il'se fixa avec ses descendants, abon oriental,très profondes et très escarpées,
dait en encens, en or et en pierres pré et qui seraient d'une très grande fertilité
cieuses, et qu'il trafiquait avec Tyr et la Si elles étaient mieux cultivées. Le sol de
Syrie. Les Septante rendent ce nom par toute la contrée est excellent; on y voit
Rhegma, ville qui, selon Ptolémée 6, 7., de gras pâturages, des champs fertiles,
était située dans la Caramanie, sur les des plantations d'oliviers, des grenadiers,
bords du golfe Persique. D'autres pla des amandiers, et surtout des figuiers. "
cent Rahma en Afrique, mais cétte opi 2° Rama, ville de la tribu de Benjamin,
nion ne repose sur aucune base solide. située sur les montagnes d'Ephraïm, non
Braunschweig, enfin, voit dans Rahma loin de Guibha, Jos. 18, 25. Jug. 4, 5.
le père des Indous, et les idées obscènes 19, 13. Es. 10, 29. Os. 5, 8. Elle appar
de ce peuple sur la religion rendent as tint plus tard au royaume d'Israël, com
sez probable sa filiation de Cam; on peut me ville frontière entre ce royaume et
aussi comparer avec Rahma, le héros des celui de Juda, et sa position était telle
Indous devenu dieu sous le nOm de qu'elle pouvait interrompre toute com
Brahma. . , munication entre les deux états, ce qui
RAHMESES. 1° District de la Basse engagea un roi d'Israël à en faire une
Egypte, qui comprenait le territoire de ville forte, 1 Rois 15, 17-22. 2 Chr. 16,
Goscen ; peut-être aussi la contrée de 1. Jér. 40, 1. C'est dans son voisinage
Goscen tout entière, sous un autre nom que Rachel fut ensevelie, Jér. 31, 15.cf.
que Jablonsky dérive des deux mots cop 1 Samuel 10, 2., et, d'après cet indice,
tes : rem ou romi, homme, et shos, ber saint Jérôme la place à 6 milles, Josèphe
ger ; Remshos ou Rahmésès désignerait à 40 stades au nord de Jérusalem, sur le
donc un pays de bergers. — 2° Rahmé chemin de Béthel. Rama signifie la hau
sès, ville de la Basse Egypte, que les Hé teur : elle est nommée aussi Ramathu ;
breux durent fortifier, et qui fut aussi Ramoth, les hauteurs, à cause des mon
leur première station dans leur fuite, Ex. tagnes voisines; Ramathajim , ou les
1, 11. 12, 37. Nomb. 33, 3.5. Tous les deux hauteurs, peut-être à cause de sa si
anciens interprètes ont conservé ce nom, tuation sur deux collines; Ramathajim
excepté le Pseudo-Jonathan, qui le traduit Tsephim, c'est-à-dire Rama dans le pays
par Pélusium, évidemment à tort, et Saa de Tsouph, ou du miel, 1Sam. 4, 4.7, 17.
dias, qui le rend par Héliopolis ; Jablon 9, 5. Plusieurs villes ont porté ce nom,
sky a essayé, par des raisons étymologi ou un nom semblable, à cause de leur
ques, de soutenir cette dernière opinion; position ; on bâtissait en effet plus volon
ré signifie soleil, et méêsè champ; champ tiers sur les hauteurs, qui présentent le
du soleil ne diffère que peu de ville du double avantage d'un air plus sain que
soleil ou Héliopolis ; mais cette dernière celui des vallées, et d'une meilleure posi
ville est généralement désignée sous le tion militaire. La ville dont nous parlons
nom d'On, et elle est positivement dis ici fut la patrie de Samuel; il y naquit, y
tinguée de Rahmésès, Ex. 1, 11. On a demeura, y mourut, 1 Sam. 1, 1. 2, 11.
pensé encore à Héroopolis, à Avaris, que 7, 17. 15, 34. 16, 13. 25, 1. On trouve
Salatis, roi des Hycsos, fit fortifier; à encore un village nommé Samuële, du Ne
Amris, à l'ouest du bras du Nil de Rosette; bi-Sahamiel, et, près de là, de fort belles
mais ce ne sont que des hypothèses, et ruines en marbre qui occupent un espace
presque toutes invraisemblables ou im de deux lieues de circuit ; l'on y montre,
possibles. dans une mosquée, un tombeau que les
• RAISIN. v. Vignes. chrétiens, les Juifs et les mahométans,
RAM. v. Aram 3°. s'accordent à désigner du nom de Samuel.
RAP 259 REB
» ºu Rama est appelée Ramathem, 4 Macc, 14, de cette famille, celle qui régna en Ba
, , , 34., Arimathée dans les Evangiles, Ar san, et qui est mentionnée déjà du temps
mathem chez Eusèbe. Quelques essais d'Abraham, paraît s'être éteinte, en par
tendant à prouver la non identité de ces tie dans ses luttes contre les Moabites
endroits n'ont pas réussi. et les Hammonites, en partie dans les
3° Ville de Nephthali, Jos. 19,36., pro guerres d'extermination de Josué, Gen.
bablement la même qui est désignée com 14, 5. 45, 20. Deut. 3, 11. Jos. 12, 4.
me frontière au verset 29. 43, 12. Leur territoire fut donné à la
RAMATH. 1° v. Léhi.2° Ramath-Mit tribu de Manassé.Une autre branche sub
spé, v. Ramoth. 3° Ramath-Nègeb, ou sistait encore aux jours de Saül et de Da
Rama du midi, ville de la tribu de Si vid, mais peu nombreuse, et, pour ainsi
méon, Jos. 19, 8. Elle est appelée Ra dire, fondue avec la race des Philistins,
m0th-Nègeb, ou du midi, 4 Sam. 30, 27. de telle sorte que ce n'est qu'accidentel
, RAMOTH. 1° Ramoth de Galaad, ou lement, et pour des hommes extraordi
Ramath-Mitspé, ville lévitique, et ville de naires, que cette ancienne origine est
refuge, située en Galaad, sur le terri rappelée. Les Réphaïms désignaient aus
- t0ire de la tribu de Gad, Deut. 4, 43.Jos. si, dans un sens plus général, toutes les
13, 26. 20, 8. 24, 38., probablement la peuplades géantes qui habitaient l'ancien
même qui est appelée Mitspé de Galaad, ne Canaan, les Emins, q. v., les Zamzum
lug. 44, 29. v. Mitspa 1°. Sous Salomon, mims et les Hanakins, Deut. 2, 11.20.,
elle fut la résidence d'un des pourvoyeurs ce qui favoriserait assez l'opinion de ceux
de la maison royale, 1 Rois 4, 13. Plus qui prétendent que le mot Rapha ou Ré
tard, elle tomba entre les mains des Sy phaïm n'était pas un nom propre, mais
riens, auxquels Achab essaya inutilement signifiait géant dans la langue de ces
de la reprendre, 1 Rois 22. Elle finit ce penples.
pendant par être rendue à Israël, 2 Rois La Vallée des Réphaims, qui se trou
9, 1. cf. 8, 28., et 2 Chr. 18. Eusèbe la vait dans le voisinage de Jérusalem, sur
place à 45 milles ouest de Philadelphie. les frontières de Juda et de Benjamin, 2
Elle était située sur une montagne qui Sam. 5, 48. 22. 4 Chr. 44, 9.43. 44, 45.
domine la vallée du Jabbok et le plateau Es. 47, 5., semblerait indiquer que des
de Galaad. On y trouve aujourd'hui une Réphaïms s'étaient, dans des temps fort
Ville dont les valeureux habitants sont anciens, établis en deçà du Jourdain.
Presque indépendants des pachas turcs ; Ps. 88, 10. « Les trépassés se relève
placée entre des sommets escarpés, elle ront-ils pour te célébrer P » Nos traduc
est défendue par une grande forteresse tions sont exactes. Le terme hébreu Ré
qui0ccupela pointe rocheuse d'unede ces phaïm peut désigner les morts; c'est dans
hauteurs; aux environs, sont un grand ce sens qu'il est pris en plusieurs passa
nombre de jardins et de vergers, et ses ges, et le sens de la phrase exige qu'il en
Vignes en terrasses produisent en abon soit de même ici. La Vulgate l'a traduit
dance des raisins, qu'on sèche pour les par médecins, ce qui se justifie par la
Vºlldre. La vue, depuis les cimes de la langue, mais non par l'esprit.
Ill0Iltagne, est très-étendue. REBECUA, Gen. 22-27, fille du mo
22º Ramoth, ville lévitique d'Issacar. made araméen Béthuel. Abraham la fit
4Chr. 6, 73., probablement la même que demander, par Elihézer, en mariage pour
Remeth, Jos. 19, 21., et Jarmuth, q. v. son fils lsaac ; elle lui fut accordée avec
RAPHA, 2 Sam. 21,16.1 Chr. 20, 4., empressement par cette famille, dont tous
Chef de tribu qui paraît avoir été, comme les membres paraissent avoir eu une ten
Arbah et Hanak, d'une taille et d'une dance plus ou moins prononcée à la cu
force remarquable. On ne sait à quelle pidité. Après vingt ans d'une union sté
époque il a vécu; ses descendants furent rile, pendant laquelle, à Guérar, elle avait
uommés, de son nom, Réphaïms, et c'est couru le même danger que Sara, elle
S0us ce nom qu'ils apparaissent, à diver donna le jour à deux jumeaux, Jacob et
Ses reprises, dans l'histoire. Une branche Esaü. Elle avait déjà pressenti leurs dis
REB 260 REC

cordes futures ; par ses prières (car on che ou fait pardonner l'esprit d'intrigue ;
ne peut entendre autrement les dernières on n'aime en elle ni l'épouse, ni la mère,
paroles de 25, 22.), elle avait consulté ni la femme, car on n'aime pas les four
l'Eternel, qui lui avait annoncé que des beries méditées pendant des années, et,
intérêts contraires diviseraient les enfants si la ruse qui fit donner à Jacob la béné
qu'elle portait dans son sein, et que le diction paternelle fut ourdie en un in
premier-né serait assujetti au plus jeune. stant, elle se rattachait cependant à tout
Soit inintelligence de ses devoirs de mère, un ensemble de projets et d'espérances
soit affection naturelle d'une mère pour qu'elle croyait ne pouvoir réaliser que
celui de ses enfants qui lui ressemble le par de mauvais moyens, oubliant que l'E-
plus, soit sympathie pour celui qui se ternel règne. Saint Paul, en paraissant
présentait le plus jeune, le plus faible, le légitimer sa conduite, Rom. 9, 10., ne
plus féminin, soit caprice, soit désir de parle que du résultat qui était conforme
se concilier d'avance les bonnes grâces à la volonté de Dieu , mais non de ces
de celui dont elle savait bien qu'il finirait stratagèmes que la conscience humaine
par triompher, soit esprit de foi, et con réprouve, que les lois divines condam
fiance en Dieu qui lui avait fait les pro nent, et que Dieu n'a pas tardé à punir de
messes, et, dans tous les cas, il y a eu de la manière la plus cruelle pour le cœur
la foi dans sa conduite, sans qu'il soit d'une mère. Dieu qui dicta à Jacob les
facile de dire en quelle proportion sa foi bénédictions qu'il avait à prononcer sur
se combina avec ces autres éléments ter la tète de ses petits-fils, aurait su dicter
restres, elle témoigna, dès l'abord, pour aussi à Isaac ses volontés; Rébecca a vou
Jacob, une préférence coupable et im lu prendre sa place, mais elle a eu le
prudente qui, à elle seule, eût suffi pour temps de s'en repentir. Meyer (dans ses
diviser la famille, et qui fut pour tous la Blaetter fur hœh. Wahrheit) a exagéré ce
source de longues épreuves. Forte des qu'il y a eu de foi chez Rébecca ; d'autres
promesses divines qui semblaient annon ont essayé de lui ôter tout caractère de
cer que le droit d'aînesse serait trans foi, et ils n'ont pas moins exagéré ; Ré
mis à Jacob, la faible créature voulut se becca savait ce que c'est que consulter
conder les desseins du souverain, et, par l'Eternel.— Elle devait être âgée de cent
une suite d'intrigues dont le plat de len vingt ans au moins au départ de Jacob,
tilles fut peut-être le premier anneau, et qui en avait alors soixante-dix-sept. (Isaac
le faux gibier le dernier, de tromperie en en avait alors cent trente sept).
tromperie, elle finit par soutirer à Isaac RECA, un des chefs de la tribu de Juda
la bénédiction de son cher Jacob. Elle parmi les descendants de Pharez, 1 Chr.
n'avait rien obtenu qu'elle ne dùt obte 4, 12. Son nom est mentionné sans doute
nir : mais elle avait péché pour l'obtenir, à cause de quelque illustration particu
et elle fut punie par où elle avait péché. lière, peut être comme chef d'une expé
La juste colère d'Esaü menaçait la vie de dition qui pendant le séjour d'Egypte
Jacob ; Rébecca dut se séparer du fils sera venue se fixer en Canaan. D'autres
qu'elle aimait tant; elle cache son véri pensent que Réca est le nom d'une villé
table motif derrière une nouvelle accu dont il ne serait parlé qu'ici , et qui au
sation qu'elle dirige contre Esaü : Isaac rait été l'un des premiers établissements
éloigne Jacob, et Rébecca ne revoit plus des Hébreux, mais l'expression « hommes
ce fils pour lequel elle s'était rendue si de Réca » indique plutôt la descendance
coupable. Lorsqu'au bout de vingt ans que l'établissement. i , , , !

Jacob revint de Mésopotamie , Rébecca RECAB. 1° v. Bahana. — 2o Récab, ou


n'existait plus; elle reposait dans la ca Réchab; Récabites. Cette grande famille
verne de Macpélah, 49, 31. dont il est parlé Jér. 35, descendait de Jé
Aimable et complaisante dans ses pre honadab, ou Jonadab, q. v. Elle avait pris
miers jours, comme le sont d'ordinaire le nom du père de son fondateur, Récab,
les jeunes ambitieux, Rébecca, en séchant qui ne nous est connu que comme fils de
avec l'âge, avait perdu cette grâce qui ca llamath, Kénien, et descendant de Hobab
REC 261 REF
beau-frère de Moïse, 1 Chr. 2, 55.2 Rois saient fils de Réchap, dans le pays de
10, 15., qui avait suivi les Israélites dans Théima, n'a pas convaincu D. Calmet,
leur voyage par le désert de l'Arabie, et parce que Tudéla n'est pas toujorus
s'était établi ensuite dans la tribu de Juda, exact, et que le pays qu'il décrit est in
apparemment dans le désert, puisqu'il connu à tous les géographes postérieurs.
était nomade. Les préceptes que Jona Les découvertes du missionnaire Wolff,
dab donna à sa famille furent observés les informations qu'il a prises à Jérusalem
avec plus de piété que la loi de Dieu ne sur les Bené Kaïbr, fils de Héber, dont
le fut par les Juifs, Jér. 35, 14., et les parle Niebuhr, la rencontre qu'il a faite
Rècabites en furent bénis, 35, 18. 19. de quelques individus qui se réclament du
La promesse que Dieu leur fit alors : « Il nom de Récab, et qui vivent de la vie des
n'arrivera jamais qu'il n'y ait quelqu'un Récabites, permettent de croire que cette
de cette famille qui assiste devant moi famille existe encore; cela n'aurait rien
t0us les jours, » phrase qui se prend soit d'improbable, mais il faut attendre de pos
pour marquer le service du roi, soit pour séder des documents plus précis et plus
indiquer le service du temple, semblerait détaillés. -

confirmer l'explication que les interprè Diodore de Sicile rac0nte des Naba
tes hébreux donnent de ce passage, savoir théens, peuplade de l'Arabie, des faits
que les Récabites étaient admis aux fonc semblables à ceux qui concernent la con
tions de lévites dans le temple. Mais d'un stitution des Récabites, 19, 94. Afin de
maintenir leur liberté ils se sont imposé
autre côté la loi est trop positive, qui fait
de ces fonctions le partage exclusif des la loi de ne pas semer de blé, de ne plan
enfants de Lévi, pour que l'on puisse ad ter aucune espèce d'arbres à fruit, de ne
mettre cette explication. Celle de Vatable, point boire de vin, de ne point bâtir de
adoptée par Dahler, qui compare Ps. 102, maison, et de punir de mort celui d'entre
28., nous paraît donc devoir être préfé eux qui ferait l'une ou l'autre de ces
rée. « Ils jouiront constamment de ma ch0ses. |

bonne grâce; je ne cesserai jamais de On pourrait terminer cet article sans


m'en souvenir; ils seront sous mes yeux parler de l'opinion du père Boulduc; ce
et je les protégerai toujours. » Jérémie, pendant elle se recommande par un côté
reste, ne dit pas comment cette pro si extraordinaire, si original, qu'on ne
messe fut accomplie. On cite l'inscription regrettera pas d'en avoir pris connais
ui est en tête du Ps. 71, dans la version sance. C'est, selon lui, une espèce de
d'Alexandrie:. Des fils de Jonadab et des secte, ou d'ordre religieux, qui date
premiers qui ont été emmenés en capti d'Enos avant le déluge : depuis cette épo
vité;» mais outre que ces additions étran que, ils ont été connus successivement
gères n'ont aucune autorité, cette in sous les noms de Kéniens, Kèniziens,
scription ne prouverait pas qu'il s'agit ici nazariens, enfants des prophètes, Réca
des Récabites. Grotius et d'autres sup bites, et pharisiens. Jusque-là c'est un
posent, d'après 1 Chr. 2, 55., que les Ré système comme un autre, faux et sans
cabites sont revenus de l'exil de Babylone preuve. Mais ce qui en fait un système
avec ceux de Juda; mais le texte ne l'in hors ligne, c'est l'étymologie qu'il donne
dique pas, et l'auteur se borne à recueil à ces deux derniers mots; il la découvre,
lir les restes des généalogies de la tribu 2 Rois 2, 12. cf. 13, 14. : « Mon père, mon
de Juda avant l'exiisans jamais descendre père, chariot d'Israël et sa cavalerie! » s'é-
au-delà. Une tradition rapportée par Hé criait Elisée en voyant Elie monter au
#ésippe, relativement à un prêtre de la ciel dans un char de feu; et c'est dans ce
lée des Récabites qui aurait assisté au chariot (rekeb) qu'il voit l'institution des
supplice de saint Jacques, paraît ne re Récabites, dans cette cavalerie (phara
f0ser que sur un malentendu qu'Epi shim) celle des pharisiens.
plane relève etcorrige. Le témoignage de RECEVEUR, Dan. 3, 3., v. Bailli.
Benjamin de Tudéla(douzième siècle), qui REFUGE. De même que l'antiquité
prétend avoir trouvè des Juifs qui se di grecque et romaine, le mosaïsme recon
REF 262 REF

naissait en général des lieux ayant droit me un délit contre la société.Si le meur
d'asile, mais ces lieux n'étaient pas aussi trier sortait de la ville de refuge avant la
nombreux, leur protection n'était pas mort du grand prêtre, il pouvait être tué
aussi efficace, aussi absolue, qu'elle l'é- impunément par la famille du défunt ,
tait chez les païens, qu'elle le fut plus Nomb. 35, 28. Lorsque c'était un assassin
tard chez les romanistes. L'autel, dont le qui se réfugiait dans la ville, et que l'en
coupable empoignait les cornes, dans le quête établissait que le meurtre avait été
tabernacle d'abord, puis dans le temple, volontaire, il était remis entre les mains
fut le premier asile que les Hébreux re des juges ordinaires, qui le condamnaient
connurent comme tel, Ex. 21, 14., sans à mort, Nomb. 35, 21.
doute parce que le regardant comme siége L'antiquité païenne qui avait accordé
de la divinité, ils ne pensaient pas que la le droit d'asile aux autels, aux temples,
justice humaine pût intervenir là où celle à leurs parvis, à certaines villes et à leur
de Dieu se taisait. Mais cette protection se banlieue, y protégeait non-seulement les
bornait au seul cas d'homicide involon meurtriers involontaires, mais encore les
taire. Dans la suite, lorsque les Israélites débiteurs insolvables, et les pauvres es
furent établis en Canaan, la loi, pour con claves fuyant la barbare cruauté de leurs
cilier les droits du sang répandu avec maîtres. Daphné près d'Antioche, 2 Macc.
l'équité qui ne permet pas d'assimiler un 4, 33., et le temple de Diane à Ephèse,
crime à un malheur ou à une imprudence, étaient les lieux de refuge les plus re
permit au parent du mort de poursuivre nommés de l'antiquité , et leurs droits
le meurtrier, mais accorda à celui-ci le d'asile s'étaient considérablement accrus
droit de fuir, et lui assura un asile pour avec la suite des siècles.
le cas où il saurait atteindre une ville de RÉGUEMMÉLEC et Saretser. Deux
refuge avant d'avoir été frappé. Six villes Juifs qui pendant la captivité de Baby
jouissaient du droit d'asile, trois à l'oc lone, ou peu de temps après le retour, fu
cident du Jourdain , Kadès, Sichem, et rent envoyés, probablement de Béthel à
Hébron, trois à l'orient, Betser, Ramoth Jérusalem, pour s'informer auprès des
de Galaad, et Golan, Jos. 20, 7.8. cf. sacrificateurs de la maison de l'Eternel,
Nomb. 35, 6. Deut. 19, 3. Ex. 21, 13. et savoir si certains jours de jeûne so
C'étaient des villes Sacerdotales ou léviti lennel établis et célébrés en mémoire de
ques.Elles devaient être d'un accès facile, leurs'désastres, de la destruction du tem
avec des routes partout bien entretenues, ple, de la mort de Guédalia, de la prise de
et des ponts là où il en était besoin : là où Jérusalem, etc., devaient continuer d'être
le chemin se bifurquait, on avait soin d'y célébrés, Zach. 7, 2. sq. Le prophète, en
mettre un écriteau indiquant la direction répondant que ces jours étaient d'insti
de la ville de refuge. Chaque année les tution humaine, ajouta qu'ils seraient
magistrats faisaient la visite des chemins changés en des jours de joie, d'allégresse
pour s'assurer que leur entretien était et de réjouissances, 8, 19. . -

bien ce qu'il devait être. Le meurtrier, si RÉHABIA, petit-fils de Moïse, par


l'enquête démontrait que son crime avait Elihézer son fils, qui du reste n'eut point
été involontaire, devait, pouréchapper aux point d'autres enfants; mais, ajoute l'au
vengeurs du sang, rester dans la ville où teur sacré, 1 Chr. 23, 17. cf. 24, 21: 26,
'il avait trouvé un refuge, jusqu'à la mort 25., les enfants de Réhabia multiplièrent
du souverain sacrificateur sous le règne merveilleusement : remarque dont la por
duquel le crime avait été commis. Ces ar tée échappe si l'on oublie qu'une descen
rêts forcés étaient réellement une peine, dance nombreuse était considérée comme
comme l'exil dont les Athéniens frap une bénédiction divine.Un fils de Moïse
paient celui qui s'était rendu coupable n'ayant eu qu'un enfant, †
du même crime ; et il est remarquable une tache pour la mémoire du législa
que toutes les législations, même les teur : cette tache est effacée par la posté
plus douces, aient senti la nécessité de rité nombreuse de cet unique enfant. .
condamner l'homicide involontaire com RÉHI, un des principaux officiers de
REH 263
REP -

David, lequel ne prit aucune part à la both-Hannahar, ou du fleuve, Gen. 36,


conspiration d'Adonija, 1 Rois 1, 8. On 37.1 Chr. 1,48., lieu de naissance du'roi
a remarqué que son nom ne se trouve édomite Saül : du reste inconnu. Cette
* dans aucune liste des guerriers de ce ville était sur l'Euphrate, peut-être là où
temps, non plus que d'autres, tels que s'élève maintenant le bourg de Racha
Jonathan, que l'on se fût attendu à y ren bath-Malik-Ibn-Tauk. ,| \ , '

|: .
contrer, 2 Sam. 23, 24.1 Chr. 11, 26.Sa REHU. v. Ragau. , ,, ' .
jeunesse peut-être, lorsque ces listes fu REHUEL. v. Jéthr0. ! ' 4

rent dressées, peut-être aussi un chan RÉHUM, Esd. 4, 8., officier du roi'd
gement de nom expliquent cette lacune Perse, et l'un des plus violents ennemis
Ou cette omission. * . ! des Juifs à l'époque de la reconstruction
REHOB (rue, place). Deux villes de la du temple. Il obtint d'Artaxercès, par une
tribu d'Aser, dont l'une était échue en lettre insidieuse, un édit qui interdisait
partage aux Lévites, portaient ce nom, la continuation des travaux commencés,
Jos. 19, 28.30. cf. 21,31. L'une des deux et de concert avec quelques amis de son
cependant ne fut pas conquise, et conti espèce, il pourvut lui-même à ce que cet
nua de rester au pouvoir des Cananéens, ordre fût exécutè. D'après le titre de la
Jos, 19, 28. Jug. 1, 31. C'est probable lettre on peut croire que c'étaient des
ment la même qui est mentionnée, Nomb. Babyloniens, mais la haine jalouse #
13, 22., comme étant à l'entrée de Ha témoignent contre la ville sainte, et l
math, et formant la frontière extrême de connaissance qu'ils paraissent avoir de
la Palestine vers le nord, par opposition son histoire indiqueraient plutôt une ori
au désert de Tsin qui était au midi. C'est gine samaritaine.—Réhum est appelé pré
† aussi la même que Beth sident du conseil, et l'on croit que ses
éhob, Jug. 18, 28.; elle était située à amis et lui formaient une administration
quelque distance de Kidon, dans une val spéciale, une espèce de conseil des colo
lée de l'Anti-Liban, près de Laïs ou Dan, nies, ou des affaires êtrangères.
et non loin des sources du Jourdain (Ro RÉMPHAN, Act. 7, 43, º, Caldée.
senmuller). On la comptait comme faisant RENARD (hébr. Shou'hal). Cet animal
partie de la Syrie ou Aram, et l'état d'A- êtait autrefois plus connu en Palestine
ram-Beth-Réhob (la Syrie dans la contrée qu'il ne l'est de nos jours, cf. Matth. 8,
du passage), 2 Sam. 10, 6., avait encore 20. Ez. 13, 4. Il dévastait les vignobles,
ses rois indépendants aux jours de David. Cant. 2, 15. cf. Aristoph. Chev. 1076.
, RÉHOB0TH, nom qui indique propre Théocr. 5, 112. Notre Seigneur en fait le
ment des rues ou une grande place. - symbole de la ruse cruelle, et de la per
1o Isaac appela ainsi un puits qu'il avait fidie, Luc 13, 33. Le passage Néh. 4, 3.,
creusé, et pour lequel il n'y eut pas de désigne d'une manière ironique la fai
contestation, Gen. 26, 22.—2° Réhoboth blesse des murailles de Jérusalem, qui
· Hir, que nos versions traduisent littéra sont telles qu'un renard peut les renver
lement par « les rues de la ville, » Gen. ser en essayant de les franchir. Le terme
10, 11., comme Platée en Béotie pourrait hébreu peut aussi désigner le chacal dans
'se traduire d'une manière analogue. C'é- les passages Jug. 15, 4. Ps. 63, 10., mais
| tait une ville d'Assyrie au sujet de laquel cette signification n'est pas nécessaire
le les
· les unsanciens
# seraitinterprètes varient; selon
Sittacé au sud de l'As
ment prouvée, tandis que Lam. 5, 18., il
s'agit évidemment de renards. Il y a d'ail
syrie, différente d'une autre Sittacé près leurs en hébreu un terme spécial pour
du Tigre, sur l'emplacement de l'ancienne marquer le chacal, q. V.
* Ba ; selon Ephrem ce serait la pro REPAS. Les festins proprement dits
ºvince d'Adiabène; Schulthess pense à Ra avaient lieu dans la soirée, comme de nos
haba,ville de Mésopotamie à l'est de l'Eu jours encore le repas principal, chez les
phrate, Bochart cherche autre chose en Perses et chez les Orientaux, se fait ha
core, de sorte qu'en définitive cette ville bituellement vers les six ou sept heures
est complètement inconnue,-3 Rého
" 9! )
du soir, souvent même plus* tard. Mais
i *: i ' .
REP 264 REP

cette c0utume n'eût pu convenir à un verses traces dans les écrits postérieurs .
peuple agriculteur, tel que les Hébreux, Prov. 23, 1. Am. 6, 4.6. Ez. 23, 41. Est.
et il résulte de divers passages, 1 Rois 1, 6.7, 8., et dans le Nouveau Testament,
20, 16. Gen. 43, 25. Act. 10, 9. 10. cf. Matth. 26, 7. 9, 10. Marc 14, 3. Luc 5, 29."
Susan. 7.13., que midi était l'heure ordi 7, 36. 14, 10. Jean 13, 23.25. Trois per
naire de leur dîner. Dans la matinée ils sonnes prenaient place d'ordinaire sur
prenaient un repas plus léger, un déjeû chaque divan; appuyées sur le bras gau
ner, qui ne se faisait généralement qu'a- che, elle retiraient en arrière leurs pieds ,
près la première prière de la journée, Luc déchaussés. Le convive de droite avait la
14, 12. Jean 21, 12. Act. 2, 15., et l'on tête sur le sein de son voisin de gauche ;
croit que les jours de sabbat, à cause de de là les paroles de Jean 13, 23. 21,2o.;!
l'heure de la synagogue, les Juifs posté c'était par conséquent la place de l'épouse
rieurs ne mangeaient rien avant midi (Jo préférée, ou de l'intime ami. La place !
sèphe, Vita 54.). On se lavait soigneuse d'honneur était au milieu. Les tables
ment avant le repas, surtout lorsque, étaient basses. — La plupart de ces usa
après l'exil, les Pharisiens eurent mis en ges existent encore en Perse et à la table
VOgue leurs traditions, Matth. 15, 2.Marc des rois orientaux. On buvait du vin pen
7, 2. Luc 11, 38., puis le père de famille, dant et après le repas, mais surtout après.
ou la personne la plus respectée de celles Une prière d'actions de grâces et des
qui étaient à table, prononçait la bénédic ablutions d'eau sur les mains terminaient
tion sur les aliments, au-dessus desquels non-seulement les festins, mais les repas
il étendait les mains, Luc 9, 16. Jean 6. Ordinaires.
11. Matth. 14, 19. 15, 36. 26, 26. cf. 1 Les anciens Hébreux étaient aussi ré
Tim. 4, 3. Dans quelques maisons juives, servés dans le choix de leurs compa
c'est encore un usage de réciter le psau gnies, que peu délicats sur le choix des
me 23 en se mettant à table. La prière aliments. Du temps de Joseph, ils ne
terminée, on apportait la viande coupée mangeaient pas avec les Egyptiens, Gen.
en morceaux, et quelques légumes, ser 43, 32.; du temps de Jésus , ils ne man
vis dans un plat large et profond où cha geaient pas avec les Samaritains, Jean
Cun se servait à sa fantaisie, prenant avec 4, 9., et, non contents de cette sépara
les doigts pour le mettre sur son pain, tion religieuse et nationale , on les voit,
le morceau qu'il avait choisi, et le man parmi leurs propres concitoyens, dédai
geant sans couteau ni fourchette, cf. Prov. gner la table de leurs inférieurs, et blâ
19, 24., comme les paysans de beaucoup mer le Seigneur qui mange avec des péa
de pays.S'il y avait du jus ou de la sauce, gers et des gens de mauvaise vie, Matth.
on y trempait son pain, Matth. 26, 23. 9, 11. A l'égard des vivres, la quantité
Quelquefois aussi le père de famille met importait plus que la qualité, comme on
tait devant chacun la portion qui lui re le voit par le veau et l'énorme pain qu'A-
venait, et donnait aux uns plus qu'aux braham sert aux trois anges, Gen. 18, 6.
autres suivant l'honneur qu'il croyait de 7., et, en général, partout où une civili
voir leur faire, mais toujours de façon à sation avancée ne vient pas encore au se
ce que ceux qui avaient le moins eussent cours de la sensualité ou de l'appétit.Les
encore du superflu, 1 Sam. 1, 4. Jean 13, héros d'Homère rôtissent des bœufs et
26. Gen. 43, 31. En plusieurs endroits on des porcs tout entiers; les soldats dans
trouve encore des gens qui croient vous leurs bivouacs en font presque autant de
faire honneur en vous pressant de man nos jours, et, dans plusieurs contrées,!
ger. — Il paraît que primitivement les les riches habitants des campagnes, agres-/
Hébreux étaient assis à table comme on tes dans leurs habitudes, font consistèr
l'est chez nous, Gen. 27, 19. Jug. 19, 6. la splendeur de leurs repas dans ll'énor
1 Sam. 20, 24. cf. Iliad. 10, 578.; plus tard mité des quartiers de viande. ' - •, l
seulement ils suivirent l'usage oriental et Comme assaisonnement, les Hébreux i
mangèrent couchés sur des lits de table, employaient le sel, le beurre , l'huile, le
Ou espèces de divans ; on en trouve di miel, l'anis, le safran, le gingembre, et
REP 265 RES
quelques autres herbes souvent nommées encore par le miracle du rocher de Horeb. '
dans l'Ecriture , et qui servaient à des La position de Réphidim n'est pas facile !
sauces ; la plupart de nos épiceries leur à déterminer, et la pierre de Moïse, que "
étaient inconnues. — La musique et les l'on montre au pied du mont Sérieh, avec
parfums accompagnaient ordinairement les douze bouches desquelles l'eau décou-^
leurs repas de réjouissances. v. Festins. lait, n'est pas très authentique : un'ruis-"
Le sang, certaines graisses, et le mus seau coule au pied de la montagne. Nous !
cle de la cuisse, étaient prohibés par la n'avons à examiner ici ni la réalité du mi
loi, Lév. 3, ainsi que la viande de certains racle qui ne saurait être contestée, ni son !
animaux, Lév. 11,v. Animaux; et les Hé mode d'action. Le rocher suivait-il les
breux furent fidèles à observer cette dé Israélites ? Etait-il porté à la suite du
fense. Quelques rabbins avaient même dé camp ?Son eau seule les suivait-elle dans !
fendu l'usage de la chair et du poisson le cours de leurs voyages ? Etait-ce un
dans le même repas; mais cette tradition ruisseau qui avait jailli, et dont les Is--
a eu le sort que doivent avoir toutes les raélites suivaient le courant ? Etait-ce unei
traditions humaines, et les Juifs de nos fontaine permanente à laquelle les Israé
jours se sont mis au-dessus de ce règle lites avaient recours lorsque leur provi- !
ment pharisaïque. sion d'eau était épuisée, et à laquelle ils
, Des repas de deuil sont mentionnés S'approvisionnaient de nouveau pOur un
Os. 9, 4. Ez. 24, 17. Jér. 16, 7. et ail certain temps P C'est au lecteur de se dé
leurs, notamment dans les apocryphes, cider; mais quelques-unes de ces suppo
Baruc 6, 31. Tob. 4, 18. Sir. 30, 18. Il sitions seraient non-seulement contraires
s'en faisait pendant les funérailles, et aux lois de la nature, mais encore con
ceux qui y prenaient part étaient regar traires au bon sens. Le passage 1 Cor.
dés comme souillés à cause des obsèques 10, 4.: « La pierre spirituelle qui les sui
du mort, ou après les funérailles, et on vait était Christ, » a été si lourdement
les considérait comme un honneur rendu expliqué par divers interprètes, et no
au défunt. Le passage Jér. 16, 7., se rap tamment par les rabbins, qu'il n'est pas
porte à ces repas funèbres que les amis nécessairedeleur répondretl'apôtre,d'ail
du mort donnaient à ceux qui étaient en leurs, répondassez en parlantd'une pierre
deuil, pour les distraire de leur tristesse, spirituelle ; il veut dire évidemment que
cf. Deut. 26, 14. 2 Sam. 3, 35. Mais ces cette même grâce de Christ, qui leur four
repas, dit le prophète, n'auront plus lieu nit de l'eau en Réphidim, les suivit dans
à cause du grand nombre de morts dans tout leur voyage (Calvin, Olshausen). Si
chaque famille, et parce que la famine plus tard l'eau vint à manquer de nou
obligera tout le monde à se borner au veau, ce fut une épreuve de leur foi, et
strict nécessaire. — Les païens avaient, ils se montrèrent plus faibles que l'é-
en outre, l'habitude de faire un petit re preuve; Dieu leur rendit de nouveau le
pas sur le tombeau du mort, et de laisser témoignage de sa fidèle présence, mais il
Sur les sépulcres quelque nourriture ré chàtia leur incrédulité. v. Méribah. L'his
servée aux âmes errantes; Trivia, la torien Tacite (Hist. 5, 3.), a conservé le
déesse des rues et des carrefours, était souvenir de cette tradition, et il l'expli
censée venir chercher elle-même ces ali que d'une manière naturelle : des ânes
ments : mais, en réalité, c'étaient les pau sauvages s'étant dirigés vers un rocher
Vres qui venaient les prendre pendant la garni d'arbres verdoyants, Moïse les sui
nuit. v, encore Sacrifices, Festins, Dîmes, vit, et reconnut, à la fraîcheur de l'herbe,
Nourriture, etc. l'existence de sources intérieures qu'il
mit à découvert. • • !

· REPHAIMS. v. Rapha.
REPHIDIM, station et campement des RESEN, grande ville placée, d'après
Israélites dans le désert, Ex. 17, 1., si Gen. 10, 12., entre Ninive et Calah; son
tuée, d'après Nomb. 33, 14., entre Alus nom signifie bride, et si cette étymologie
et le mont Sinaï. Elle est célèbre par le a un sens pour ce cas particulier, Résen
combat de Josué contre Hamalec, et plus aurait été peut-être une ville construite .
REV 266 REZ

pour tenir en bride des peuples assujettis. vatrices. Les se'irim de Es. 13, 21.34.
On n'a, du reste, aucune autre trace de son 14. cf. Lév. 17, 7.2 Chr. 11, 15., seraient
existence et de sa situation. Bochart pense des hommes-boucs, espèces de revenants
au Larisse de Xénophon, sur la rive est semblables aux satyres des Grecs et des
du Tigre; Ephrem lit Rosaine, village as Romains, démons dansant dans les lieux
Syrien situé, d'après Assemann, au-delà sauvages, conformément à l'opinion gé
du Tigre, dans la contrée de Mossoul; nérale des anciens habitants de l'Egypte
Schulthess pense à une autre Resaina et de l'Asie, v. Matth. 42, 43. et Apoc. 18,
placée par Ptolémée entre Charres et Ni 2. Les shedim (idoles, ou démons)de Deut.
sibis, mais comme cette dernière villeap 32, 17. Ps. 106, 37., étaient des démons
partenait, non à l'Assyrie, mais à la Mé du même genre, et le bouc Hazazel lui
Sopotamie, cette supposition ne peut être même, avec une signification tout à fait
admise. particulière, devait rappeler au peuple les
RESERVOIRS. v. Etangs. démons du désert, Lév. 16, 10.21. — v.
RETSIN, roi de la Syrie de Damas, 2 au reste ce que nous avons dit à l'article
Rois 15, 37. Hostile d'abord à Jotham, Possédés. - Quant à ce que l'on appelle
il finit par s'allier avec son successeur, pr0prement chez nous des revenants,
Pékach, roi d'Israël, contre Achaz, roi de l'exemple de la pythonisse évoquant l'om
Juda (740 av. C.), obtint de grands avan bre de Samuel, est le seul qui nous four
tages, fit des prisonniers, mais échoua nisse l'occasion d'en parler, v. Saül, et
devant Jérusalem, 2 Rois 16, 5. Es. 7, 1. Pythonisse.
Renonçant à cette entreprise qui, si elle REZEPH, ville araméenne qui fut sou
eût réussi, lui eût facilement assujetti tout mise par les Assyriens, 2 Rois 19, 12. Es.
le reste de la Judée, il se tourna contre 37,12. Abulféda mentionne plusieurs vil
Edom et fut plus heureux; il s'empara les de ce nom : la Résapha de Ptolémée
du port d'Elath qui appartenait alors à (5, 15.), était située dans la Syrie Palmy
Juda, et devint ainsi le maître du com réné, c'est peut-être la même que la Ré
merce de l'Idumée et des contrées voi sapha Heschami d'Abulféda, située à en
sines. Cependant il ne jouit pas longtemps viron une journée à l'ouest de l'Euphrate;
de son triomphe; l'année suivante, selon il est probable que c'est celle dont parle
qu'Esaïe l'avait annoncé, 8, 6.9, 10.. Ti le texte sacré. Une autre Rézeph était si
glath-Piléser devint maître de Damas, ré tuée sur les bords de l'Euphrate, plus au
duisit ses habitants en esclavage. fit met midi, dans la contrée où est aujourd'hui
tre Retsin à mort, et la Syrie finit avec Bagdad. *4 !
1 *

Son dernier roi. REZON, fondateur et premier maître


REVENANTS. Tous les peuples de l'an du royaume de Syrie, au temps de David
tiquité, et notamment les Orientaux, sans et de Salomon, 1 Rois 11, 23. Fils d'Elja
en excepter les Israélites avant l'exil, ont dah, il avait été d'abord comme officier au
cru à des revenants, à des esprits habi service de Hadadhézer, mais il ne lui fut
tant particulièrement les lieux déserts et pas plus fidèle que la fortune ; il l'aban
les sépulcres, cf. Es. 13, 21. 34, 14. et donna lorsqu'il le vit vaincu, se mit avec
Tob. 8, 4. L'hébreu lilith de Es. 34, 14., quelques aventuriers à vivre de brigan
que nos versions rendent par orfraie, dé dage, enleva Damas au roi d'Israël, et rér
signe proprement un spectre nocturne du tablit l'ancien royaume de Syrie (d'après
sexe féminin, les lamiœ et les striges des une autre manière d'entendre le textej Ce
Romains, les goules des contes arabes. serait Hadad et non Rézon qui aurait cônr
L'Ecriture n'en parle pas ailleurs, mais quis Damas). —Cette biographie, quiem
les talmudistes prétendent que ces belles brasse un espace d'une soixantaine d'an
liliths tourmentent les petits enfants et nées et qui se termine par un trait d'é-
les hommes pendant la nuit, les rabbins nergie et par un succès teh que les dhet
racontent des choses plus absurdes en veux blancs n'en voient guères, parait
core, et les Juifs faisaient porter aux en devoir se partager entre le père et le fils.
fants nouveau-nés des amulettes préser Le père, Eljadah, aurait été l'officier dé
RHO 267 \RIB

serteur etl'aventureux brigand; le fils au-| ou à cause de l'abondance de ses roses ?


rait êté le maître de Damas. Rézon est Quoi qu'il en soit, l'air en est si'pur et si
peut-être le même que Hezjon, peut-être serein, qu'il ne se passe pas un jour de
son père. Tout est bref dans ce récit. l'année, dit-on, sans qu'on y voie le so
RHEGE, ville de l'Italie méridionale, leil. Elle était si fertile , et dans une po
dans laquelle Paul passa en se rendant de sition si favorable pour le commerce,
Syracuse à Pouzzoles, Act. 28, 13. C'est qu'elle fut de bonne heure extrêmement
le Reggio actuel, la capitale de la Calabre peuplée. Après avoir appartenu aux Ro
ultérieure, située, dit Pline, comme sur mains, elle passa sous la domination des
l'épaule de l'Italie, et tirant son nom, dit empereurs grecs; puis Foulques de Vil
on, d'un verbe grec qui signifie séparer, larèt, grand maître des Hospitaliers, s'en
parce qu'on était dans l'opinion que c'est empara le 15 août 1310. Enfin sous Vil
en cet endroit que la Sicile avait été sé liers de l'Ile-Adam, elle tomba au pouvoir
parée de l'Italie. Fondée par des Chalci de Soliman II, le 1er janvier 1523, après
diens, elle fit partie plus tard du terri un siége long et meurtrier, et dès lors
toire des Bruttiens, bergers révoltés dont elle est restée aux Turcs. Elle porte main
les mœurs ont donné à l'épithète de brute tenant le nom de Rhodis, et compte 30,000
la signification qu'elle a reçue depuis. habitants. Sa capitale, Rhodes, au nord
RHÉSA, Luc 3, 27., fils ou petit-fils de de l'île sur la côte est, se distinguait par
Zorobabel, q. v., et ancêtre de notre Sei son commerce, sa puissance, la magnifi
gneur par Marie; du reste, inconnu. C'est cence de ses édifices, ses statues sorties
à son nom que les deux listes se séparent des mains des plus habiles sculpteurs, et
pour la seconde fois. surtout par son colosse dont les pieds
RH0DE. 1° Servante de Marie mère de étaient placés à l'entrée du port sur deux
Marc, Act. 12, 13., et peut-être portière roches, mais non point, comme on le dit
de la maison, car ces doubles fonctions souvent, sur les deux môles qui formaient
étaient souvent réunies (Jean 18,16.17.). l'entrée. Il fut commencé par Charès de
Son nom correspond à celui de Rose. Elle Linde, et achevé par Lachès de la même
n'est connue que par la joie qu'elle éprou ville (300-288 av. C.); douze ans furent
va en reconnaissant la voix de Pierre, consacrés à cet ouvrage, et soixante-six
heurtant dans la rue, et par le singulier ans après (222 av. C.) le colosse (il avait
effet de cette joie presque enfantine qui 70 coudées, 33 mètres de haut) fut abattu
lui fit oublier d'ouvrir à l'apôtre, le lais par un tremblement de terre : huit cent
sant exposé au danger d'être arrêté, pour soixante-quinze ans se passèrent avant
cOurir annoncer cette heureuse nouvelle qu'on touchât à ses ruines, et neuf cents
aux frères réunis en prières au milieu des chameaux furent chargés de ses débris en
635.— Les autres villes de l'île de Rho
persécutions de ce temps.
2° Rhodes, île bien connue, située près des étaient Linde, Jalyse et Camire.
des côtes de l'Asie-Mineure, vis-à-vis de RIBLA, ville située près des frontières
la Carie, et au nord-est de la Crète : saint nord de la Palestine, Nomb. 34, 14.,
Paul s'y rendit en venant de Cos, Act. 21, dans la province de Hamath, sur la route
1. Elle a 70 kilom. de long, sur 23 de qui conduit de Babylone en Palestine, 2
largeur moyenne, et 1,100 kilom. carrés. Rois 23, 33. Jér. 39, 5. C'est là que Jé
Elle porta successivement les noms d'O- hoachaz fut pris par Pharaon Néco, et
phiusa, à cause des serpents qu'on y trou que plus tard Nébucadnetzar établit son
vait; de Stadia, à cause de sa forme allon quartier général dans la guerre des Cal
gée,semblableau stade des athlètes;deMa déens contre la Judée, 2 Rois 25, 6. 20.
eaira, bien-heureuse; de Telchinis, à cause 21. Jér. 52, 10. Cette ville n'est pas nom
des Telchiniens qui, après avoir quitté mée ailleurs que dans la Bible. Les inter
la Crèté pour l'île de Cypre, finirent par prètes juifs ont voulu à tort la confondre
se rendre dans l'île qui plus tard prit le avec Antioche, ou avec Daphné, qui toutes
nôm de Rh0des. A-t-elle reçu ce dernier deux sont trop éloignées de la Palestine
nom comme la rose de la Méditerranée, et de Hamath.
R{B 268
- RIMMON. 1°Ville de la Palestine, don RISSA, campement des Israélites au
née d'abord à la tribu de Juda, puis à désert, Nomb.33, 24., peut-être le mème
, celle de Siméon, Jos. 15, 32. 19, 7. cf. endroit que le Rasa que l'on trouve sur
1 Chr. 4, 32., touchant à la frontière d'E- quelques cartes , à 32 milles romains
dom, cf. Jos. 45, 32, avec 21., et désignée d'Elana, mais différent du Ressa que Jo
à cause de cela comme la frontière méri sèphe place près de Mesada.
dionale du royaume de Juda, Zach. 14, RlTSPA . 2 Sam. 3, 7. 21, 8., concu
10. Eusebe, sous le nom d'Erembon, la bine de Saül, qui passa, après sa mort.
place à 16 milles sud d'Eleuthéropolis.— entre les bras d'Abner. Is-Boseth, fils de
2° Rocher situé non loin de Guibha dans Saül, ayant reproché cet acte à Abner
le désert, Jug. 20, 45. 47., peut-être comme une trahison, le général s'en ven
aussi 1 Sam. 14,2.—3° Rimmon-Méthoar, gea en passant au parti de David.Apres
ville de Zabulon, Jos. 19, 13., peut-être la mort d'Abner, Ritspa n'ayant plus l'ap
identique avec Rimmono, 1 Chr. 6,77.— pui de son nom se vit poursuivie comme
4° Rimmon-Pérets, campement des Israé uue veuve de Saül : ses enfants, Armoni et
lites dans le désert entre Rithma et Libna, Méphiboseth , furent mis à mort par les
Nomb. 33, 19. : position inconnue. — Gabaonites à qui David les abandonna.
5° Divinité des Syriens : Leclerc, Selden, Elle n'avait pas compris ses devoirs de
Vitringa, Rosenmuller dérivent son nom femme, elle comprit ses devoirs de mère,
de la racine ram qui désigne une hau et veilla depuis les premiers jours de la
teur, une élévation, et ils en font le Dieu moisson jusqu'au commencement des
suprême ; d'autres comparent la racine pluies, de mars en automne, sur les ca
rimmon, grenade, et ils pensent à Vénus davres crucifiés de ses fils et des autres
à qui la pomme de grenade était consa enfants de Saül, éloignant le jour les oi
crée. Seaux des cieux, et la nuit les bêtes des
RIMM0N0. v. RimmOn 3°. champs, du corps de ces infortunés. Elle
RIPHATH , Gen. 10, 3., descendant de avait eu le douloureux courage de faire
Gomer, nommé avec Askénas et Thogar dresser, sur un rocher voisin, une tente
ma. On ne peut rien dire de positif sur de deuil de laquelle elle pouvait contem
cette famille; il paraît même que déjà pler et protéger encore ses enfants; Da
dans les anciens temps il y avait de l'in vid, ému de cette preuve d'amour mater
certitude sur ce nom, car, 1 Chr. 4, 6., nel, la récompensa de la seule récompensé
il est écrit Diphath , mais sous cette for qu'il pût offrir à la mère sans enfants !
me il n'est pas davantage connu. Josè il fit détacher les corps de la croix, et les
phe pensait aux Paphlagoniens, et Bo fit ensevelir dans les sépulcres de leurs
chart qui préfère la leçon Diphath se pro ancêtres. - *

nonce dans le même sens, en pensant au ROBE. v. Vêtements. -

fleuve Rhebaeus de la Bithynie, lequel se ROBOAM, fils de Salomon par l'Ham


jette dans la mer Noire près de Tobata. monite Nahama, et son successeur au
Le seul nom que l'On puisse réellement trône de Jérusalem, 1 Rois 11, 43. 14,21 .
comparer à Riphath, ce sont les monts 31. Il fut le premier roi de Juda. La pros
Riphéens, qui, d'après Sickler, auraient périté du règne de son père ne per
formé la continuation des monts Ourals mettait pas de prévoir la division du
vers l'Occident ; Braunschweig fait des royaume qui devait éclater sous son rè
cendre de Riphath plusieurs nations qui gne, et l'affaiblissement qui en serait la
Occupèrent autrefois les montagnes et les suite. Il avait quarante et un ans lors de
plaines de la Russie actuelle, entre autres Son avénement. Il se hâta de réunir les
les habitants de la Finlande, et les autres tribus, mais au lieu de les convoquer à
tribus de cette race, les Huns, et les Mad Jérusalem, il choisit Sichem comme lieu
schars ou Magyares, les aïeux des Hon de rendez-vous, peut-être à l'instigation
grois. Hasse se prononce pour les Kar de ses ennemis non encore déclarés. Ce
pathes, Schulthess, et Schrœder pour les fut une faute de sa politique, et il l'expia.
Rhibiens de la mer Caspienne, etc. Le peuple parla librement, il demanda la
ROB 269 ROI
diminution des impôts; les mécontente de cinquante-huit ans, après en avoir ré
ments comprimés sous le règne précédent gné dix-sept, et fut enseveli avec ses pè
éclatèrent, les jalousies se firent jour ; res en la cité de David. Les prophètes
Roboam, fort comme le sont les faibles, Hiddo et Sémahja ont écrit des mémoires
demanda un délai avant de répondre, et de ce règne si grand par les résultats que
prêtant l'oreille à des conseils de jeunes produisit la nullité de celui qui lui donna
gens, il voulut faire de l'énergie, repoussa son nom. Abija lui-même méprisa son
brutalement les légitimes demandes de père, l'appelant « un enfant, et de peu de
ses sujets, et mit le feu à la révolution. courage, qui ne sut pas tenir ferme, » 2
Ephraïm et les tribus qui marchaient avec Chr. 13, 7.;si ces paroles ne sont pas res
lui, ne voulaient pas d'un roi de Juda; pectueuses, elles caractérisent du moins
l'occasion était bonne, le prétexte hon parfaitement l'esprit et le système de Ro
nête, la division éclata, et dix tribus se boam. — On peut conclure de 1 Rois 14,
séparèrent de Roboam, de Juda, de Jéru 30. 2 Chr. 12, 15., que, s'il n'y eut pas
salem, et du temple. Elles choisirent pour guerre proprement dite entre les deux
roi Jér0b0am. Le fils de Salomon voulut royaumes, il n'y eut pas de paix non
courir aux armes, mais le prophète Sé plus, et que des hostilités de détail con
mahja, déclarant la séparation consom tinuèrent de donner issue à la vieille ri
mée, le fait accompli, fit renvoyer les valité d'Ephraïm et de Juda. v. ce qui a
troupes, 1 Rois 12, 21. 2 Chr. 11, 1. Ro été dit à l'article de ces deux tribus. —'
boam songea dès lors à fortifier le peu Quant aux femmes et aux enfants de Ro
qui lui restait de l'héritage paternel, il boam, v. 2 Chr. 11, 18.
bâtit des forteresses et les approvisionna : ROCHET. v. Prêtres.
il donna asile aux prêtres et aux lévites R0GLIM, ville de Galaad, peut-être
fidèles des dix tribus qui, chassés par les sur le territoire de la tribu de Gad,2Sam.
veaux d'or, se réfugiaient en Judée, en 17, 27. 19, 31.
protestant contre la révolution et contre ROGUEL, fontaine située près de Jé
ses conséquences. Les Israélites fidèles rusalem, dans la vallée de Josaphat, sur
des dix tribus, Eglise libre aussi quoique la frontière de Juda et de Benjamin, 2
tenue en suspicion, continuaient de venir Sam. 17, 17.1 Rois 1, 9. Jos. 15, 7. 18,
sacrifier à Jérusalem, et le pouvoir de 16.Elle communiquait autrefois sous terre
Roboam se fortifiait de ces adhésions avec Siloé, mais elle n'a plus aujourd'hui
morales. Il continua de rattacher par des qu'une eau de médiocre qualité.
alliances tout ce qui restait de la maison ROI, Royauté, Royaume. Dieu fut tou
de David, choisit Abija pour son succes jours le roi réel des Juifs sous les diver
seur, et donna à ses autres fils des postes ses formes de leur gouvernement, sous
importants dans ses villes fortes. Mais Moïse qui, avec l'empire le plus absolu,
après trois années de sagesse, il se fati rappelait cependant un régime républi
gua du culte de l'Eternel et de ses béné cain, le régime des doges, sous le com
dictions; le péché et l'idolâtrie reprirent mandement militaire de Josué, sous la
le dessus, et en la cinquième année de ce dictature des juges, et même après l'êta
règne, Sisak roi d'Egypte, l'ancien pro blissement de la royauté. L'état normal
tecteur de Jéroboam, monta contre Jéru d'Israël était la liberté dans la théocratie;
salem, ravagea le pays, et ne cessa de ISraël devait être un état libre et indé
triompher que lorsque le peuple, averti pendant, gouverné de Dieu par l'intermé
par Sémahja, cessa de pécher. Roboam ne diaire des prêtres et des prophètes. Cet
racheta la paix qu'au prix des trésors du idéal ne fut jamais réalisé, et, si quelques
temple et du palais, et il dut remplacer époques de la vie de ce peuple rappelè
par des boucliers d'airain les magnifiques rent de loin cet idéal, ce fut dans la pé
boucliers d'or que l'on portait en pompe riode des juges, et sous sa forme la plus
devant Salomon. Il régna douze ans en repoussante, celle de l'anarchie. Le légis
core , sans gloire, ennemi de Jéroboam lateur avait prévu cependant qu'un jour
et sujet de Sisak, puis il mourut à l'âge , ou l'autre, le peuple dégoûté de l'anar
R0H 270 ROH
chie, de la liberté, ou de la théocratie, se de Dieu, décidaient des choses que leroi
laisserait entraîner à demander un roi, devait considérer et exécuter comme la
et il avait tracé, Deut. 17, 14-20., les rè volonté suprême du Roi des rois, 1 Sam.
gles dont le peuple et le roi devraient se 28,6.30, 7. 2Sam. 2, 1. 1 Rois 22, 7., etc.
souvenir lorsque le moment serait venu Dieu continuait donc de se manifester et
où ce désir que Moïse blâme, sans l'inter d'agir directement. En réalité, cependant,
dire, recevrait son accomplissement. On Cette intervention immédiate finit par n'ê-
a voulu voir, dans ces préceptes relatifs tre plus que nominale ; les rois d'lsraël
à la royauté, une interpolation p0sté s'arrogèrent l'omnipotence; ils prirent
rieure, soit parce que ni le peuple, ni Sa sur eux de déclarer la guerre ou de faire
muel, ne font d'allusion à ce passage lors lapaix, 1 Sam. 11, 5.; ils jugèrent en der
de l'établissement de la royauté, 1 Sam. nière instance, et s'attribuèrent le droit
8, soit à cause de certains détails qui pa de grâce, 2 Sam. 14; 15, 2. 1 Rois 3, 16,
raissent être une allusion au règne de Sa Ils se considérèrent comme les protec
lomon (Winer, De Wette); Staüdlin et teurs et les chefs suprêmes du culte, 4
Haevernick ont maintenu l'intégrité du Rois 8, 2 Rois 42, 4. 18, 4.23, 1., et con
texte du Deutéronome, et ne laissent au duisirent, en général, eux-mêmes leurs
cun doute sur ce sujet.- Les pleins pou troupes à la bataille, 1 Sam. 8, 20. Un
voirs temporaires des juges étaient une contrepoids au despotisme se trouvait,
espèce de royauté temporaire ; en offrant soit dans les capitulations que les rois de
à Gédéon l'hérédité de cette charge dans vaient souscrire avant leur élection, soit
sa famille (Jug. 8, 22.), les Israélites dans la constitution des tribus, dont les
montraient déjà cet impérieux besoin de chefs réunis formaient une sorte de re
ressembler aux autres nations, dans leur présentation nationale, 1 Sam. 40, 25. 2
constitution civile , comme dans leurs Sam. 5, 3.1 Rois 12, 4.2 Rois 14, 17.4
mœurs et dans leur religion : Gédéon, Chr. 4, 42. cf. 13, 2. 29, 1.; quelquefois
en refusant la royauté, paraît la regarder aussi le peuple intervenait directement
comme antinationale, et contraire à l'es contre certains actes, et se faisait écou
prit de la loi mosaïque. Le jour vint néan ter, 4 Sam. 14, 45. Enfin, les prophètes
moins où le vœu populaire ne permit plus que Samuel avait établis comme les con
à Samuel de reculer. On voulut avoir un servateurs vigilants du régime théocra
roi « comme les autres peuples, » paroles tique, et dont il avait fait un ordre que
qui renferment en elles-mèmes leur con Dieu renouvelait toutes les fois que cela
damnation. Dieu accéda à ce vœu dans sa devenait nécessaire, les prophètes s'op
colère, jusqu'à ce que, dans sa fureur, pOsaient aux envahissements de l'arbi
il brisa de nouveau cette unité factice. traire et du despotisme, les uns en pro
Saül fut sacré par Samuel, le premier des fitant de leur position à la cour comme
rois par le dernier des grands hommes conseillers intimes, Nathan, Esaïe,les au
de la république d'Israël. Le droit du tres en se procurant des audiences spé
royaume, 1 Sam. 10, 25., n'est pas men | ciales, 1 Rois 20, 22.38.2 Rois 1 , 15-;
tionné dans le Deutéronome ; on peut d'autres fois enfin, en flétrissant publi
supposer qu'il n'était que le développe quement des mesures illégales, et en
ment des droits du peuple et des droits s'opposant à leur exécution. Mais çes
du roi, énumérés Deut. 17, et 1 Sam. 8. moyens de détail, ces garantiest de nir
Le roi, malgré son titre, n'avait rien constance, n'empêchèrent pastoujours les
d'absolu , régnant sous une constitution empiétements et les excès du despotisme;
théocratique, il ne devait être que le pre | on vit des règnes entiers se soustraire à
mier représentant de l'Eternel, du roi cé , l'influence théocratique.
leste, lié par sa loi souveraine, et char La légitimité de la famille de Saül com
gé de la faire observer ; il conservait le mença avec lui et finit avant lui. Avant la
caractère de roi théocratique, et, dans cer mort de Saül, David commençait déjà une
tains cas, l'Urim et le Thummim, un pro nouvelle légitimité qui ne devait cesser
phète, ou un autre intermédiaire choisi qu'avec le royaume. Le fils aîné parait
R0I 271 R0fl
presque toujours avoir succédé de droit talie, Joachaz, fils de Josias, que le péuu
à son père, 2 Chr. 21, 3., et avoir pris les ple fit monter sur le trône, et en'Israël,
rênes de l'Etat même avant l'âge de ma Jéhu, le chef d'une nouvelle dynastie, 2
jorité, 2 Rois 11, 21. On ne voit nulle Rois 11, 12. 23, 30. 9, 1.; le sacre paraît
part exprimée l'idée d'une régence à l'é- donc n'avoir été renouvelé que pour ceux
gard d'un roi mineur, à moins qu'on ne dont la succession n'était pas tout à fait
veuille donner ce nom aux soins paternels régulière et légitime; il sanctionnait une
dont Joas, le roi de sept ans, fut entouré élection qui avait besoin de se faire re
pendant la vie de celui qui l'avait sous connaître. Le nom d'oint du Seigneur, ou
trait aux fureurs d'Hatalie. Parfois ce simplement oint, était, dans le style élevé,
pendant, en dépit du droit d'aînesse, le donné à tous les rois légitimes, alors mê
roi choisissait librement parmi plusieurs me que la cérémonie du sacre n'avait pas
fils celui qui devait régner après lui, 1 été nécessaire pour valider leur couron
Rois 1,47.20.2 Chr. 11, 22. Plus tard, à nement, 1 Sam. 2, 10. 35. 16, 6. 24, 7.
l'époque de la décadence, la volonté du 26, 16.23.2 Sam. 19, 21. 22, 51. Ps. 2,
peuple, ou l'influence étrangère des puis 2. Lam. 4, 20. On ne voit pas qu'il y eût
sances voisines, contribuèrent à faire des d'autres cérémonies prescrites pour cé
rois en modifiant la ligne de succession lébrer un avênement au trône; le peuple
sans toutefois sortir de la descendance témoignait sa joie par des cris, de la mu
directe, 2 Rois 21, 24. 23, 30. 34. 24, | sique et des sacrifices; le roi montait sur
17. Dans le royaume d'Israël, le premier sa monture, et les acclamations l'accom
roi, Jéroboam, fut choisi et annoncé par pagnaient à sa sortie, 1 Rois 1, 25. 38.
un prophète, 1 Rois 11, 31.; mais le trône 40. 1 Sam. 10, 24. 2 Rois 9, 13. 11, 14.
devait être héréditaire dans sa famille et 2 Chr. 23, 11.
passer soit au fils, s'il en avait, soit au Quant au costume du roi, outre la ma
frère du monarque, 2 Rois 3, 1.; mais les gnificence de ses vêtements, et les orne
continuels changements de dynastie lais ments, bracelets (2 Sam. 1, 10) etc., dont
sent à peine apercevoir la succession na il était couvert, on distingnait comme les
turelle, et le choix du peuple intervint attributs de sa charge le diadême, 2 Sam.
de bonne heure dans les élections, 1 Rois 1, 10. 2 Rois 11, 12., la couronne ornée
16, 24. Dans l'antiquité, l'on regardait à de pierre précieuses, 2 Sam. 12, 30. Cant.
la taille et à la beauté du roi qu'on choi 3, 11. Ez. 21, 31.1 Macc. 10, 20., le scep
sissait, 1 Sam. 10, 23. Ez. 28, 12. cf. Ps. tre, Ez. 19, 11. (il était de bois; ceux
45, 2. lliad. 3, 106. Il fallait en outre, d'Honière sont d'or ou dorés), et le trône,
chez les Hébreux, que le roi appartînt à Prov. 16, 12.; on trouve la description
la nation, Deut. 17, 15. Ceux qui ouvraient du trône de Salomon, 1 Rois 10, 18. 2
une nouvelle dynastie cherchaient souvent Chr. 9, 17. Chez les Perses, le trône était
à la consolider par l'entière destruction un siége garni d'or, et si élevé qu'un
de la famille déchue, 1 Rois 16, 11. 2 Rois marchepied était nécessaire pour y mon
10, 11: 17.11, 1. (Les nations modernes ter ; on peut supposer que celui de Est.
ont remplacé la mort par le bannissement; 5, 1., avait cette forme. Plus tard le man
on a banni les familles de Charles X, de teau de pourpre fut ajouté aux vêtements
Napoléon, de Louis-Philippe; l'exécution royaux, 1 Macc. 6, 15. cf. Matth. 27, 28.
duiduc d'Enghien, et la lente mort du duc Act. 12, 21.
de Reichstadt, pourraient peut-être seules Les revenus des rois d'Israël, qui ser
rappeler ces anciennes exterminations). vaient indifféremment à l'entretien de leur
Les premiers rois,Saül, David et Salomon cour et aux besoins du service public,
furentsolennellement sacrés par des pro provenaient, soit des dons volontaires et
phètes Ou des souverains sacrificateurs, 1 fréquents de leurs sujets, 1 Sam. 10, 27.
Sam. 9,14.10, 1.15, 1.17. 16, 12.2 Sam. 16, 20.2 Sam. 8, 11. 1 Rois 10, 25, soit
2,4.5,3.1 Rois 1, 34.39.5,4.; les seuls de domaines, champs, jardins, vignobles,
dont plus tard le sacre soit également men appartenant à l'Etat, 1 Sam. 8, 14.1 Chr.
tionné, sont Joas, après l'usurpatrice Ha 27, 26. 2 Chr. 26, 10., soit des confisca
R0I 272 R01

tions, 1 Rois21, 16. cf. Ez. 46,18.2 Sam. criait des vivats et des vœux de prospé
16, 4., soit de régies, 1 Rois 10, 14.26. rité, 1 Sam.40.24.Ps. 2, 12. Dan. 2, 4.3,
AIn. 7, 1-, soit de corvées, 4 Rois 5, 43. 9.Jos. Bell. Jud. 2, 1.1. On se faisait une
9,2l. cf. 1 Sam. 8, 13., soit d'impôts en haute idée de leur intelligence et de leurs
nature perçus régulièrement sur le peu facultés, et l'on cherchait à capter leur
ple, ou sur les pays conquis, 1 Sam. 8, bienveillance quand on se l'était aliénée,
45. 17, 25. Es. 16, 4. Il est parlé encore 2 Sam. 19, 18.20. A leur entrée dans les
d'une espèce d'impôt foncier levé dans villes ils étaient reçus avec grande pom
des mouments de besoins extraordinaires, pe, 2 Rois9, 13.1 Sam. 18, 6. Les offenses
2 Rois 23, 35.; le roi, enfin, s'appropriait à la majesté royale étaient punies de mort,
toujours dans les guerres heureuses une 4 Rois 21, 10.; si le coupable appartenait
notable portion des dépouilles ennemies, à la famille même du roi, On se conteIl
2 Sam. 8, 2. v. Butin, et Impôts. — Avec tait de l'éloigner de la cour, 2 Sam. 14,
de pareilles sources de revenus on s'ex 24.28. Les rois hébreux étaient d'ailleurs
plique ces trésors royaux parfois si con beaucoup plus populaires que tous les
sidérables, ces riches garde-robes, ces autres monarques de l'Orient; ils se mon
monuments, ces palais, ces jardins de traient fréquemment au milieu de leurs
plaisance, et ces riches et somptueuses sujets, et se laissaient facilement aborder
tables auxquelles c'était un si grand hon par eux, 2 Sam. 19, 8.1 Rois 3, 16. 20,
neur d'être invité comme convive ordi 39.2 Rois 6, 26. 8, 3. Jér. 38, 7. A leur
naire, 1 Rois 2, 7.4, 22. 7, 1. 10, 21. 14, mort ils étaient déposés dans les sépul
26.2 Sam. 9, 7.2 Rois 14, 14.10, 22. 21, cres royaux, les rois de Juda étaient en
18. 25, 4. Jér. 39, 4. 52, 7. Dan. 5, 1. Est. terrés à Jérusalem, 1 Rois 2, 10. 11, 43.
1, 3. Un harem nombreux ne tarda pas 14, 31.; quelques rois vicieux furent ce
à faire partie des plaisirs des rois, 2 Sam. pendant privés de cet honneur, 2 Chr. 28,
5, 13. 12, 8.2 Chr. 11,21.1 Rois 11, 1. 20, 27., ce qui ne va pas jusqu'à établir que
3.; gardé par des eunuques, il apparte les Israélites eussent, comme les Egyp
mait à l'héritage du successeur , celui qui
tiens, la coutume de juger les rois après
s'en approchait et qui s'appropriait une leur mort; ce pouvait fort bien n'être que
des femmes du monarque, se posait en l'explosion momentanée et spontanée de
prétendant; la déclaration d'amour deve l'irritation publique. Entre eux, les rois
nait une déclaration de guerre , Abner s'honoraient par de riches présents, 1
contre la famille de Saül, Absalon contre Rois 10,2., et par des ambassades n'ayant
son père, Adonija contre son frère Salo d'ordinaire qu'une mission spéciale de fé
mon, manifestèrent de cette manière leurs licitations ou de condoléances, 2 Sam. 10,
prétentions à la couronne ;2Sam. 16,22. 2.2 Rois 20, 12.
1 Rois 2, 47. Les principales charges de la cour
Les rois témoignaient leur bienveil étaient : 1° celle de grand-maître, 4 Rois
lance par de riches présents en argent, 4, 6. 18, 3.2 Rois 18, 18. 19, 2. Es. 22,
en armes Ou en Vêtements , c'était une 15.; les portiers du palais, 2 Rois 7, 11.,
distinction particulière s'ils faisaient as lui étaient subordonnés, et il avait l'in
seoir quelqu'un à leur droite, 1 Rois 2, spection générale de tout ce qui concer
19. Le respect qu'on leur devait était très nait la maison royale ; 2° le percepteur
grand, Prov. 24, 21.; On Se jetait à terre des impôts, commis sur les tributs,2Sam.
devant eux, de telle sorte que le front 20, 24. 1 Rois 4, 6. 12, 18. cf. 11, 28.-
touchât la poussière, 1 Sam. 24, 9. 25, 3° Le maître de la garde-robe, inspecteur
23.2 Sam. 9, 6. 19, 18.; les femmes du du vestiaire, 2 Rois 10, 22. - 4° Le mi
roi elles-mêmes étaient obligées à de pa nistre ou commis des finances, intendafit
reilles démonstrations, 1 Rois l, 16.: ce des villes, châteaux, vignobles, jardins de
lui qui se trouvait sur le passage du roi, la couronne, 1 Chr. 27, 5.;il y avait doute
devait descendre de sa monture, 1 Sam. directeurs des domaines dans les douze
25, 23. On embrassait les rois, et dans cercles du pays, 1 Rois 4, 7., et il est à
les rues ou dans les audiences, on leur croire que Chuzas et l'officier de Canda
| ||
« c ;r :
ROI 273 -- R0I r »i ſ1 ! .

ce, Luc 8, 3. Act. 8, 27., remplissaient Nathan, Ahija, Hiddo, Sémaja, Jéhu, etc.,
des fonctions de ce genre, à la fois in ces deux livres racontent l'histoire d'ls
specteurs, percepteurs, et payeurs. Les raël et de Juda, depuis Salomon jusqu'à
serviteurs du roi étaient en général des Sédécias et Jéhojachin, qui fut tiré de
eunuques, 2 Rois 8, 6. Jér. 52, 25., de prison la trente-septième année de sa
même que l'échanson, 1 Rois 10, 5. Est. 1. captivité, et vécut en liberté jusqu'au jour
10.Ceux qui se tenaient près de la person de sa mort, sous Evilmérodac, roi de Ba
ne du roi, et dont parle Jérémie, étaient bylone, qui lui accorda une pension. Ce
peut-être une classe spéciale deserviteurs; dernier trait sert à fixer l'époque de la
peut-être aussi ces mots désignent-ils rédaction définitive de ces livres. On as
simplement les plus hauts fonctionnaires siste à la mort de Jéhojachin; il meurt
de la cour, ceux qui avaient l'honneur sous Evilmérodac, et, au dire de Bérose,
d'approcher le roi de plus près. — ll faut rapporté par Josèphe, Evilmérodac n'a
nommer encore les gardes du corps, régné que deux ans. La date est précise,
chargés de pourvoir à la sûreté du château ou à peu près. Or, sauf une mention inci
et du palais, 2 Rois 11, 5., de remplir l'of dente faite d'Urie (v. Jér. 26, 20.), Jéré
fice de bourreaux à l'occasion, et de faire mie est le seul prophète de cette époque,
exécuter les édits dans les provinces. Ce Où les Oracles de Dieu étaient rares. Jé
n'est que par exception que les princes rémie paraît donc avoir été le collecteur
du sang avaient quelquefois une garde, rédacteur de ces deux livres qui condui
2 Sam. 15, 1. Les Kéréthiens et les Pélé sent jusqu'à son temps, et le témoignage
thiens mentionnés 2 Sam. 15, 18. 20, 7.1 talmudique (Baba Bathra), qui n'est ja
Rois 1, 38.44., et réunis sous les ordres mais complétement à mépriser, reçoit,
de Bénaja, 2 Sam. 8,°18., comme gardes dans ce cas particulier, la sanction de la
du corps de David, étaient peut-être des vraisemblance et de toutes les probabili
soldats appartenant à des tribus paren tés réunies. Les Livres des Rois sont pla
tes des Crétois et des Philistins ; mais cés, dans le canon hébreu, parmi les li
leur nom a aussi une Signification parti vres prophétiques (N'biim), ce qui sup
culière, et l'on peut traduire les exécu pose qu'au point de vue des Juifs ils
teurs et les courriers (karath signifiant jouissaient d'un haut caractère d'inspira
tuer, et palath s'enfuir, se hàter, courir). tion. Le style a beaucoup d'analogie avec
On voit par 1 Rois 2, 25.34., que les sol celui de Jérémie, et les rapports sont sou
dats du roi étaient souvent chargés des vent frappants, quelquefois textuels, cf.
hautes-oeuvres, de même qu'en Egypte et par exemple 2 Rois 17, 10. Jér. 2, 20.-2
en Babylonie, Gen. 37, 36.40, 3.41, 10. Rois 25, t. Jér. 39, 1. — 2 Rois 17, 14.
Dan. 2, 14., et par 2 Chr. 30, 6., qu'ils Jér. 7, 26. — Quelques idées reviennent
faisaient l'office de messagers estafettes. avec fréquence dans les Rois et dans Jé
Cette traduction est préférable à celle qui rémie, notamment celle de la permanence
ferait de ces noms des noms propres; on de la maison de David sur le trône, cf. 1
comprendrait difficilement en effet, que Rois 2, 4. 8, 25. 9, 5. Jér. 33, 17. 13, 13.
David se fût fait une garde de soldats 17, 25. 22, 4., et l'auteur des deux ou
étrangers et païens; c'eût été une mesure vrages affecte de rechercher volontiers
antithéocratique et impopulaire au der des expressions empruntées à la loi de
nier point, et de nos jours, les quelques Moïse, les appliquant d'une manière tan
monarques qui se font garder encore, ou tôt historique, tantôt prophétique, sui
restaurer par des soldats étrangers, ont vant le but qu'il poursuit, cf. Deut. 13,
pu comprendre que c'est un danger plu 17. 2 Rois 23, 26. Jér. 4, 8. Quant au
tôt qu'un secours. — v. Gouvernement, rapport qu'il y a entre Jér. 52, et 2 Rois
Israël, Juda, etc. 24, 18. sq., on peut voir que ce morceau,
• Livres des Rois. Composés d'après un tout à fait conforme à l'ensemble de l'his
grand nombre de sources qui sont indi toire des Rois, et sorti de la même plume,
quées au fur et à mesure, et qui ont pres se présente isolé à la fin des prophéties,
que toutes pour auteurs des prophètes, et il est évident que le collecteur des pro
II. 18
1/ ),i
R0 | li • i . R0M
:| - , !
phéties de Jérémie ne la placé à la fin de | ROME ( Empire de Rome). Sans nous
ce recueil que parce qu'il ne pouvait y . arrêter ici à faire une histoire même fort
avoir aucun doute sur la personne de son abrégée de ce vaste empire, si puissant
auteur; en outre, comme ce morceau, qu'il n'a fini par mourir que pour renaî
dans Jérémie, est plus développé qu'il ne tre bientôt après avec d'autres noms, et ,
l'est dans le Livre des Rois, il y avait de sous une autre forme; sans essayer non ,
l'intérêt à ce qu'il ne fùt pas retranché et plus de rappeler comment les différents
laissé de côté. Le prophète avait écrit les commentateurs Ont voulu trouver l'em
mémoires de son temps comme d'autres pire romain tour à tour dans les Kittim
l'avaient fait avant lui, et ce sont ces mé de Nomb. 24, 24., et dans le Tubal d'Es.
moires qui terminent à la fois ses oracles 66, 19., à côté d'explications, v. Edom,
et son histoire des rois. L'opinion qui et de contradictions plus bizarres encore,
fait d'Esdras ou d'Ezéchiel l'auteur de nous nous bornerons à rappeler les rap
cette collection, se justifie difficilement, ports de l'histoire romaine avec l'histoire
et n'a pour elle ni la tradition , ni des juive, tels que nous les indiquent les li
raisons suffisantes. vres canoniques du Nouveau Testament
Le but que s'est proposé l'auteur de et les apocryphes de l'Ancien. Les pro
l'histoire des rois est à la fois didactique phètes déjà, et Daniel en particulier, ont
et prophétique : il a moins en vue de ra parlé de cet empire, mais d'une manière
conter et de décrire, que d'instruire et trop obscure, et dans un but trop spé
de rendre attentif. ll apprend aux peuples cial, pour que l'examen de leurs oracles
et aux rois que le principal de la sagesse, appartienne à notre travail.
c'est la crainte de l'Eternel , il leur rap Ce fut l'an 164 av. C. que les Juifs en
pelle les avantages de la piété, les maux trèrent, pour la première fois, en rap
de l'idolâtrie, l'incertitude des choses hu port avec les Romains comme nation.Ju
maines; il met enfin devant leurs yeux das Maccabée conclut avec eux une al
l'unique et véritable roi de Juda selon liance défensive, qui devait mettre son .
l'Esprit, Jésus le descendant des rois se pays à l'abri des tentatives, toujours re
lon la chair, dont la sainteté, les perfec nouvelées, de Démétrius, roi de Syrie, 1
tions, la justice, doivent être prises d'a- Macc. 8. Ce furent cependant moins ces
vance pour modèles par ceux qui occu alliances que les querelles de succession
pent le trône que le Messie doit occuper au trône de Syrie, qui procurèrent aux
un jour. Il met en relief aussi les rap Juifs le repos, et qui donnèrent à leurs
ports du prophétisme avec la royauté, princes un certain poids et une certaine
faisant pénétrer l'un dans l'autre, et indépendance dans les questions de la
montrant combien la royauté est essen politique de l'Orient, 1 Macc. 10, et 14.
tiellement théocratique, puisqu'elle suc Jonathan, en 144, puis Simon , l'un et
combe toutes les fois qu'elle méconnaît 1'autre frères de Judas Maccabée, renou
les enseignements transmis de Dieu par velèrent successivement encore l'alliance
la bouche des prophètes. Les oracles et avec le sénat romain, 1 Macc. 12, 1-16,
la vie de ceux-ci occupent une aussi gran 14, 24., et Simon, ayant envoyé Numé
de place dans ces deux livres que les ac nius avec un grand bouclier d'or, eut
tions des rois, et se combinent avec elles l'avantage de voir son ambassadeur très,
de manière à n'offrir aux lecteurs qu'un bien reçu, et son peuple appelé l'ami, l'al )
ensemble d'enseignements éminemment lié, le frère du peuple romain, dangereux,
religieux et pratiques. Le premier livre honneur qui ne lui valut jamais rien de
renferme l'histoire de 118 ans , le second bon.Jean Ilyrcan, son successeur, sut Sº,
raconte les faits des 320 dernières années maintenir, seul et sans secours étranger,.
de la vie nationale d' Israël et de Juda. au milieu des agitations continuelles de
on peut voir, à ces deux articles, ce que la Syrie, et ne sentit qu'une fois, à pro
nous avons dit sur les difficultés chrono pos de quelques déprédations occasion
logiques qui résultent de la comparaison nées par Antiochus Sidétès, l'utilité de
de ces livres avec les Chroniques. l'alliance romaine (Jos. Antiq. 13.9, 2.).
R0M 275 ROM

Les Romains acquirent une influence et Agrippa II.


une prépondérance plus décisive sur les La religion juive et l'exercice du culte
affaires juives, lors des luttes qui s'éle restèrent libres, même sous la domination
vèrent entre Hyrcan II et Aristobule II, la plus immédiate de la politique romaine
, à propos du trône. Les deux partis solli qui, par indifférence ou par principe, sut
citèrent l'intervention du général Scau toujours respecter la foi des provinces
rus, que Pompée envoyait contre Tigrane,conquises. L'administration de la justice
puis celle de Pompée lui-même, qui ve civile fut de même abandonnée aux auto
nait d'arriver à Damas ; celui-ci marcha rités municipales des Juifs, et le sanhé
contre Jérusalem , la prit d'assaut , et drin parait n'avoir eu à s'occuper en gé
nomma Hyrcan souverain pontife et prin néral que des causes essentiellement cri
ce des Juifs, en réduisant son territoire minelles. Les procurateurs étaient char
à ses anciennes limites, et sous la condi gés de l'exécution des sentences, mais
tion qu'il paierait aux Romains un tribut les chefs provinciaux paraissent avoir eu
annuel. Dès lors les Juifs furent soumis aussi le droit de grâce.
à l'administration militaire du président Les Romains prélevaient des impôts
de la Syrie, de l'avidité duquel ils eurent fonciers et personnels, parfois même des
maintes fois à se plaindre, et la monar droits de douane ou d'octroi, qu'ils affer
chie dégénéra peu à peu en une aristo maient assez habituellement à des cheva
cratie. Jules César, qui porta en Orient liers romains. Des cohortes étaient mises
la politique modifiée de l'empire romain, à la disposition des procurateurs en Ju
ramena la monarchie, et se montra, par dée, même au temps des Hérodes, et une
plusieurs décrets, assez favorable aux division militaire occupait, spécialement
Juifs ; mais il donna comme adjoint à lorsque la pâque attirait un grand con
Hyrcan, un Iduméen nommé Antipater, Cours de peuple dans la ville sainte, la
qui, en réalité, exerçait seul les droits et citadelle Antonia, d'où elle pouvait domi
les fonctions de la royauté. Les Juifs fu ner à la fois le temple et le peuple, Act.
rent de nouveau déclarés les amis du 21, 31. Le quartier général était à Césa
peuple romain, quoiqu'ils ne fussent que rée, Act. 10, et 27, 1. Une cohorte italique
ses sujets, et ils restèrent tels assez long est nommée Act. 10, 1. Elle portait ce
temps, sauf un moment d'indépendance nom, sans doute parce qu'elle se compo
que leur procura une irruption des Par sait de soldats venus d'Italie, tandis que
thes sur les possessions romaines. L'an la plupart des troupes qui se trouvaient
40 av. C., le sénat de Rome nomma Hé en Syrie et en Judée, étaient composées de
rode comme roi(mais roivassal) des Juifs; soldats indigènes. On a vu tour à tour,
on a vu, à l'article des Hérodes, ce que dans les archers de Act. 23, 23., des ar
devint le peuple sous la domination de chers, des licteurs, des huissiers, des
cette famille. Après qu'Archélaüs eut été gardes du corps, etc., sans qu'il soit pos
détrôné, une partie du pays passa direc sible de déterminer exactement Ce que
tement sous la domination et l'adminis signifie le terme grec, qui ne se trouve
tration romaine, tandis que la Judée et la que dans ce seul passage. - Les poids,
Samarie, annexées à la Syrie, furent sou les mesures et les monnaies romaines fu- .
mises à l'administration de procurateurs, rent reçues des Juifs pendant toute la du
dont la résidence habituelle fut fixée à rée de la domination, et la langue latine
Cèsarée; la Batanée et la Gaulonite éprou paraît même n'avoir pas été étrangère, du
vérent le même sort, l'an33 de Christ.En moins aux classes élevées de la Palestine,
38'et en 42, Hérode Agrippa devint roi d'autant plus qu'elle était régulièrement
de la Galilée et de la Pérée, puis de la employée dans les débats judiciaires et
Judée et de la Samarie; mais il mourut en dans les publications officielles, cf. Jean
44, et dès lors la Palestine tout entière 19, 20.; quelques latinismes, quoique peu
demeura romaine, à l'exception de la Ba nombreux, se sont même glissés dans la
tatiée et de quelques villes de la Galilée, langue grecque des écrivains inspirés. -

qui furent données, en 52, au tétrarque Dans les autres provinces de l'empire,
ROM 276 ROM

les Juifs, non-seulement continuèrent de on voit qu'elle était déjà assez nombreu
jouir de leur pleine et entière liberté re se, quoiqu'elle n'eût encore eu aucun mi
ligieuse, mais ils étaient même exempts nistère régulier, et que le grand apôtre
du service militaire ; les nombreux Juifs des gentils ne l'eût pas encore visitée.
d'Alexandrie étaient en particulier, depuis , Saint Paul, cependant, déjà dès son troi
les Ptolémées, les objets de faveurs tout | sième voyage missionnaire, s'était pro
à fait spéciales , au dire d'Alabarque, ils posé d'aller visiter ces chrétiens, Act.
avaient même une espèce de représenta-19, 21. Rom. 15, 23.; il s'y rendit en ef
tion nationale. On peut en dire autant des fet, mais comme prisonnier, Act. 28, 16.
Juifs d'Antioche. v. Paul. -

2° Rome (la ville). Cette vieille capitale Dans l'Apocalyse, Rome est clairement
du paganisme, sise sur sept collines aux désignée sous le nom symbolique de Ba
bords du Tibre, avecsestrente-sept portes bylone, 14, 8. 16, 19. 17, 5. 18, 2. etc.
et une circonférence de treize mille pas, Siége du paganisme, elle est opposée à
est nommée pour la première fois dans Jérusalem, le siége du judaïsme, et le lieu
le premier livre des Maccabées, où elle de naissance du christianisme : la corrup
désigne d'une manière générale tout l'em tion est opposée à la sainteté, les ténèbres
pire, puis plusieurs fois dans les Actes, sont mises en présence de la lumière.
et enfin dans l'Apocalypse, mais en ter Déjà les Juifs avaient l'habitude de dési
mes prophétiques. La ville éternelle et gner sous le nom fatal de Babylone, cette
toujours la même, était habitée au com Rome qu'ils haïssaient, et les prophètes
mencement de l'ère chrétienne par un en regardant l'avenir y voyaient le paga
grand nombre de Juifs qui s'étaient éta nisme ressuscitant toujours aussi païen,
blis dans un quartier spécial au-delà du mais avec des dehors chrétiens, avec un
Tibre, où ils pratiquaient leur culte en nom chrétien. Les sept collines et la do
toute liberté, faisant même à ce qu'il pa mination du monde, 17, 9. et 18., ne peu
raît, beaucoup de prosélytes. C'étaient vent laisser aucun doute sur la ville qué
pour la plupart des affranchis, des des saint Jean avait en vue. Elle est appelée la
cendants de ceux que Pompée avait em Bête, et son chiffre est 666; on a trouvé
menés en captivité. L'empereur Tibère, et de ce chiffre diverses solutions, grecques,
Claude après lui, les chassèrent de la ville, latines, hébraïques, arabes, allemandes,
Suétone ne dit pas en quelle année; d'a- françaises, etc. Le mot latin en grec, Az
près Orose, ce serait en la neuvième de
rstvos, dont toutes les lettres ont une va
ce dernier règne; le nom de Chrestus, leur en chiffres, donne par l'addition 666;
mêlé à ce décret comme celui d'un agi A 30
tateur dont les désordres auraient pro 1
voqué l'expulsion des Juifs, n'est peut 300
être que la corruption du nom de Christ; 5
peut-être aussi qu'un fait spécial dont un 10
Chrestus (nom assez général et qui repa 50
raît sur plusieurs inscriptions), aurait été 70 ' |

le promoteur, a provoqué une mesure sur 200


les causes de laquelle les détails nous
manquent. x#ar -
666. , jºi
Une Eglise composée de Juifs, de pro Il en est de même du mot romain en hè
sélytes et de païens convertis, n'avait pas breu; on l'a vu encore dans la fameuse
tardé à se former à Rome, à la suite de la inscription PAULO V. VICEDEO, qui se
prédication de l'Evangile, que des voya trouvait en tête des thèses dédiées au pape
geurs venus de Palestine avaient occa Paul V, et dont les lettres, celles qui ont
sionnellement fait connaître à leurs amis une valeur en chiffres (VLVVICD), repré
de la métropole ; en 58, à l'époque où sentent le même nombre. C'est Irénée,
nous découvrons par l'Epître aux Ro évêque de Lyon, qui, dès le second siè
mains la première trace de cette Eglise, cle, a découvert dans Axrtivo; le chiffre de
ROM 277 R0M

la Bête; la solution est ingénieuse et pro prouver que l'Epître aux Romains avait
bable; si nous étions moliniste, ou parti d'abord été écrite en araméen; le P. Har
san des traditions, nous n'hésiterions pas douin soutient en revanche que saint
à l'accepter. La curiosité peut être enga Paul l'a écrite en latin, telle qu'elle se
gée dans ces recherches, et elle l'est or trouve dans la Vulgate, et il a un certain
dinairement plus que la foi; le nom de intérèt à l'établir ; mais sauf ces deux
Mahomet a fourni son contingent d'expli tentatives désespérées , l'ancienne tradi
cations, et il n'y a pas jusqu'au nom de tion est restée généralement admise, que
Luther dans lequel on n'ait trouvé le chif saint Paul a écrit en grec. La circonstan
fre 666, à la condition toutefois qu'on l'é- ce que l'apôtre écrivait en Grèce, dans
crive Loulthr, en lettres et chiffres hé une ville entièrement grecque, et l'exa
braïques. —Au reste, ces mystères trou men du texte dont le style trahit un tra
vent mieux leur place dans un commen vail original, seraient, lors même qu'il n'y
taire qu'ici. aurait pas de tradition, des arguments
3° Epttre aux Romains. Dictée par suffisants pour répondre à toutes les in
l'apôtre à un certain Tertius, et portée ductions contraires. La langue grecque
aux chrétiens de Rome par la diaconesse était d'ailleurs parfaitement connue à Ro
Phébé (Rom. 16, 1. sq.), cette épître ren me, et chacun la comprenait (Suet., Clau
ferme, sur le lieu et l'époque de sa ré de, 4. Dial. des Orat. c. 29. Juvénal, Sat.
daction, des indices si positifs, que les IV, 185.)
opinions n'ont jamais beaucoup varié sur Si l'on se rappelle que cette épître a
l'un et sur l'autre point. Ce fut après avoir été écrite avant le voyage de Paul à Rome,
été chassé d'Athènes, et pendant son sé on s'étonnera que, lors de son arrivée, les
jour en Macédoine, que Paul, étant à Co Juifs parlent à l'apôtre comme ne sachant
rinthe, écrivit cette lettre. On voit par rien de cette secte, sinon qu'on la con
1 Cor. 16, 3.4., que l'apôtre se proposait tredit partout, Act. 28, 22. Comment les
de faire un voyage à Jérusalem pour as chrétiens de Rome qui avaient attiré l'at
sister les saints, après qu'il aurait été re tention de l'apôtre-missionnaire absent,
cueillir à Corinthe les dons de la libéralité et qui étaient assez nombreux pour avoir
chrétienne ; or, d'après Rom. 15, 25., il plusieurs lieux de culte, qui s'étaient mê
est sur le point d'entreprendre ce voyage; me avancés jusque près des marches du
il était donc à Corinthe en écrivant ces trône, comment pouvaient-ils n'être pas
lignes. Aquila et Priscille, qui étaient en connus, surtout des principaux d'entre les
core à Ephèse lorsque saint Paul écrivait, Juifs ?L'Eglise n'était-elle composée que
M Cor. 16, 19. cf. Act. 18, 18.26., étaient de païens convertis ? même dans ce cas
arrivés à Rome, Rom. 16, 3. Enfin le elle n'eût pu rester cachée. Ce n'est d'ail
voyage que Paul avait résolu de faire à leurs pas probable, et l'Epître aux Ro
Rome après celui de Jérusalem, Act. 19, mains semble indiquer que parmi ceux
21., il annonce qu'il va le faire, Rom. auxquels l'apôtre s'adresse, il y avait si
15, 28., se proposant même de se rendre non des divisions et des divergences de
jusqu'en Espagne. D'autres détails con vues, tout au moins des positions et des
firment encore l'opinion généralement re origines différentes, des païens et des
çue; il salue les chrétiens de Rome de la Juifs. L'ignorance des chefs de la syna
part de Caïus, 16, 23., or Caïus était à gogue à leur égard, a donc lieu de sur
Corinthe, 1 Cor, 1, 14. : il les salue de la prendre, et les théologiens ont essayé de
part d'Eraste, et celui-ci demeurait à Co l'expliquer de diverses manières;Tholuck
rinthe, 2 Tim. 4, 20.; Phébé la diaconesse et Reiche pensent que les Juifs feignaient
était de Cenchrée, port de Corinthe, etc. seulement de n'en avoir pas entendu par
D'après ce que nous avons dit ailleurs, ler : d'autres, comme Olshausen dans sa
ce serait donc vers l'an 58 ou 59 que cettepremière édition, croient que par suite
lettre aurait été écrite. des persécutions de Claude, la petite Egli
Bolten et Berthold, prenant toujours le se avait été dispersée et presque anéan
parti de l'invraisemblance, ont essayé de tie; mais on ne comprend pas les motifs
R0M 278 ROM

qui auraient pu porter les Juifs à fein Le chapitre 16 enfin est un épilogue qui
dre, et quant à la persécution de Claude, renferme les vœux de l'apôtre, et de nom
comme elle avait eu lieu avant la rédac breuses salutations.
tion de l'Epître aux Romains, et qu'à cette L'importance de l'Epître aux Romains
époque l'Eglise paraît de nouveau consti a été sentie de tout temps , c'est ce qui
tuée , elle ne peut non plus expliquer lui a valu d'être placée en tête des autres
l'ignorance des principaux des Juifs. Il épîtres, quoiqu'elle ne soit pas la pre
vaut donc mieux admettre avec Olshau mière en date. La grandeur du sujet, la
sen, dans son Introduction à l'Epître aux profondeur des pensées, l'énergie du lan
Romains (1835), que les Juifs ne con gage, la puissance du raisonnement, la
naissaient pas l'existence des chrétiens, clarté et la précision de la doctrine, font
parce que ceux-ci avaient cru devoir, de cette lettre une lettre à part, et lui as
peut-être par des motifs politiques, se signent aux yeux des chrétiens, une place
séparer entièrement et catégoriquement spéciale dans le canon du Nouveau Tes
du parti juif, afin d'échapper aux mesures tament ; et si le sermon sur la montagne
de proscription auxquelles ceux-ci étaient a été considéré comme le commencement
exposés sous Claude : les chrétiens, mê de l'Evangile, on peut dire que l'Epître
me les judéo-chrétiens, ne voulaient pas aux Romains en est le dernier mot. L'a-
être confondus avec les Juifs, comme pôtre a cru, c'est pourquoi il a parlé, et
plus tard aussi, lors du siége de Jérusa jusque dans les plus petits détails, on re
lem, ils durent se séparer d'eux d'une connaît que l'inspiration divine n'a parlé
manière ostensible, pour pouvoir se ré qu'à travers l'expérience intime et per
fugier dans la citadelle d'AElia ; cette sé sonnelle de l'apôtre. On ne peut le com
paration qui leur était dictée par leur in prendre aussi que lorsqu'on a fait les mê
térêt, fut peut-être facilitée au point de mes expériences que lui ; il faut avoir
vue dogmatique, par l'influence de quel reconnu d'abord qu'au milieu des œuvres
ques disciples de saint Paul qui ensei de la loi, l'on se trouvait encore faire la
gnaient la complète rupture avec les tra guerre à Dieu et persécuter le Sauveur,
ditions juives. pour renoncer entièrement au salut par
En admettant cette explication, l'on les œuvres et ne plus chercher d'autre
comprend aussi que les questions qui justice que celle qui est par la foi.
s'agitaient ailleurs, et les divisions entre Il n'est peut-être pas d'ouvrage qui ait
judéo et pagano-chrétiens, ne fussent pas été l'objet de plus de recherches et de
à l'ordre du jour dans l'Eglise de Rome. travaux dans la Bible que l'Epître aux
L'apôtre, en écrivant aux frères, reste Romains ; le nombre des commentateurs
donc sur le terrain abstrait de l'exposi qui l'ont expliquée est considérable ; on
tion, et ne parle de la position que l'Evan en trouve la liste dans Reiche, page 95
gile fait aux Juifs et aux païens que d'une et suiv., et dans le commentaire d'Oltra
manière générale, sans que rien dans les mare, quoique cette dernière ne soit pas
circonstances de l'Eglise ait provoqué ces complète. Il est à remarquer que saint
observations. Les rapports de la loi et de Augustin et Luther n'ont pas abordé ce
l'Evangile sont le sujet de sa lettre. Dans travail de front; le premier n'a commen
les dix-sept premiers versets il introduit té que quelques « propositions » de l'épi
et expose son sujet, savoir que l'Evangile tre; le second a pu, en commentant les
est la puissance de Dieu, en salut à tout Galates, examiner la doctrine de saint
croyant, et que la justice de Dieu se ré Paul sur la justification par la foi, sans
vèle en lui pleinement de foi en foi. La rencontrer aussi directement sur son che
seconde partie va de 1, 18. à 11, 36.; elle min la doctrine de la prédestination. Par
est consacrée aux développements dog mi les pères, Chrysostome et Théodoret,
matiques, et forme comme le noyau de nons ont laissé des commentaires homi
l'épître. Dans la troisième (12, 1.-15,33.), létiques sur les Romains; nous ne pos
Paul examine les conséquences morales sédons le travail d'Origène que dans la
et pratiques de la justification par la foi. traduction de Rufin ; Jérôme et Cassio
· ROS 279 ROS

dore nous ont conservé un commentaire de peuple, aussi bien que Tubal, et la cir
de Pélage; OEcumenius et Théophylacte constance qu'il n'est parlé de ce peuple
'n'ont rien laissé de bien saillant dans nulle part ailleurs dans l'Ancien Testa
leurs travaux sur cette épître; en général ment, cesse d'être une objection dès qu'on
les Pères grecs ne la comprenaient pas se rappelle la position particulière du pro
' bien, et les latins, sauf l'Ambrosiaster, phète. Il était en Babylonie, et par con
ont évité de se prononcer clairement. Le séquent en rapports plus faciles avec les
travail de Mélanchthon. et surtout celui de peuples païens du Nord, ou du moins
* Calvin, sont les véritables ouvrages pa avec leur géographie, que les écrivains de
tristiques sur la matière, et l'on y trouve la Palestine. Il est du reste difficile de
tout le génie de la réformation. Parmi les préciser la position de Ros, et ce que
modernes, nous ne mentionnerons que nous avons dit à l'article Mésec peut suf
le commentaire de Tholuck qui se distin fire. Les Ras dont il est parlé dans le
gue au point de vue scientifique, celui de Coran (Sur. 25, 40. et 50.) comme d'un
Stier qui est plus pratique, celui d'Ols peuple qui a cessé d'être, ne sont pro
hausen, le plus dogmatique, le plus pro bablement pas sans analogie avec le Ros
fond des commentaires allemands, et dans d'Ezéchiel ; les commentateurs les pla
tous les cas celui qui se lit avec le plus cent au Nord, sur les bords de l'Araxe.
d'entraînement; en anglais, celui de Hod Les écrivains byzantins parlent souvent
ges et celui de Haldane, tous deux tra des Ros, ce qui indiquerait qu'ils n'en
duits en français, le premier plus inté étaient pas fort éloignés; et si l'analogie
ressant, le second plus dogmatique et de ce nom avec celui de Russie n'est peut
plus profond : en français, celui de Mou être qu'accidentelle, il n'en est pas moins
linié, l'un des meilleurs ouvrages de ce frappant de voir Ros, Tubal, et Mésec
vénérable champion de la vérité à Genève, réunis autrefois sous le sceptre d'un seul
· et celui d'Oltramare qui n'est pas encore prince, comme le sont maintenant la Rus
' achevé, savant, grammatical, intéressant sie, Tobolsk et Moscou. -

comme étude, mais manqué au point de ROSE. C'est par ce mot que Luther a
vue dogmatique. Les noms de Zwingle, traduit, Cant. 2, 1.4, 5., l'hébreu shoshan
d'OEcolampade, de Grotius, de Flatt, de que nos versions , également à tort , ont
' Ruckert, de Reiche, de Néander, de Glœck rendu par muguet; v. Lys. Nos versions
ler, d'Usteri, de Meyer, de Moses Ste ont traduit de même par rose, Cant, 2,
wart, et d'Erskine, doivent également 1., le terme hébreu que nous avons vu
être rappelés ; nous n'avons d'ailleurs désigner le narcisse, q. v. Il ne paraît
pas nommé les commentateurs qui, ayant pas qu'il soit nulle part question des ro
expliqué tout le Nouveau Testament, ont ses dans l'Ecriture, mais il en est quel
· par conséquent aussi publié des travaux quefois parlé dans les apocryphes, comme
sur l'Epître aux Romains. de belles fleurs dont on se servait volon
Les questions spéciales relatives à cette tiers pour faire les guirlandes, Sir. 39,
épître sont traitées aux articles spéciaux, 16. 50, 8. Sap. 2, 8. L'espèce dite de Jé
" Paul, etc., si elles sont historiques : quant rico était particulièrement estimée, Sir.
' aux difficultés dogmatiques, ce n'est pas 24. 18., et le climat fertile de ce dis
'' ici qu'ellès doivent être résolues. trict pouvait en effet faciliter la culture
- ' ROS. 1° Fils de Benjamin, Gen. 46, 21. de diverses espèces rares et remarqua
º - 2" Ez. 38, 2. 3. 39, 1. Nos versions bles. Les roses de Cyrène passaient dans
" ont traduit « prince des chefs » au lieu de l'antiquité pour les plus odoriférantes,
º ' prince de Ros, de Mésec, etc.; mais l'ana Pline, 21, 10.
-"ºlogie de la langue hébraïque n'autorise ROSEAU. On distingue ordinairement
º'pas une semblable traduction; il faudrait trois espèces de roseaux dans l'Ecriture :
"I'article hébreu, et cela d'autant plus que 1" Le roseau d'eau que l'on trouve dans
"le mot prince se rapporte au nom de Gog les marais, dans les étangs, au bord des
· quine précèdepasimmédiatement. Ros,ou fleuves, du Nil, du Jourdain, etc., Ex. 2,
· Rosh, doit donc être pris comme un nom 3.1 Rois 14, 15. Job 8, 11, Es. 49, 6.
R0S 280 R0S

35,7. Ses sous-espèces les plus con filets qui forment l'effet d'une chevelure.
nues sont l'arundo phragmites, et le ca La racine a l'épaisseur du bras, et l'on
lamogrostris. —2° Une espèce plus forte s'en servait au lieu de bois; de la tige
dont on fait des bâtons et des cannes, 2 on fabriquait de petites et légères embar
Rois 18, 21. Ez. 29, 6. Matth. 27, 29., cations, Ex. 2, 3. Es. 18, 2. (papyraceae
parfois aussi une mesure de longueur, naves, Plin. 6, 24. etc.), qui, au dire
Ez. 40, 3. Apoc. 11, 1. 21, 15. C'est l'a- d'Héliodore, étaient fort rapides : la pel
rundo donax, dont le tronc dur et li licule et les parties membraneuses de la
gneux, atteint la hauteur de 3 mètres, et plante, d'un vert-clair, et ressemblant as
l'épaisseur de 3 décimètres. ll est aussi sez à la couche la plus fine de l'écorce
très abondant sur les bords du Nil. —3° Le d'arbre, servait à divers usages; On en
roseau à écrire, arundo scriptoria, 3.Jean faisait des voiles, des matelas, des sOu
13., que les Arabes nomment kalam (ca liers, des cordes, des cribles, des mèches,
lamus). Il croît dans les marais de la Mé et surtout du papier. Le nom de cette
sopotamie, entre le Tigre et l'Euphrate, plante est berd, ou berdi, en arabe. --
près d'Hellah, dans le golfe Persique, etc. Quant à la canne odoriférante, Ou rOseau
Lorsque le tuyau, qui est rempli de moelle, aromatique, dont il est parlé Ex. 30, 23
a été d'abord amolli, puis séché, on le Jér. 6, 20. Es. 43, 24. Ez. 27, 19. Cant.
fend et On le taille , à peu près comme 4, 14., c'est l'acorus calamus de Linnée ,
nos plumes, et c'est après cette prépara plante dont la racine surtout se distingue
tion que l'on s'ensert. Il manque du reste par son odeur agréable et sa forte saveur,
une description exacte et complète de et qui croissait, selon Pline, en Arabie,
cette plante, qui croissait autrefois dans en Syrie et aux Indes; selon Théophraste,
l'Asie Mineure, en Egypte, et même en on trouvait aussi la canne dans les vallées
Italie, Plin. 16, 35. Toutes ces espèces du mont Liban : elle n'était peut-être pas
sont connues en hébreu sous le nom gé étrangère non plus aux contrées méridio
néral de kanneh', cannes, Le terme ag nales de l'Europe, mais la meilleure était
mon employé Es. 9, 13. 19, 15., comme celle des Indes et celle de l'Arabie. C'é-
faisant opposition au rameau (de palmier), tait un des ingrédients dont on composait
désigne peut-être aussi bien le jonc que l'huile sacrée, et l'on en faisait des en
le roseau ; on en faisait des cordelettes, censements. — Les roseaux de mer dont
Job 40, 21., comme on en fait mainte il est parlé Jon. 2, 6., désignent une es
nant encore avec le jonc et le roseau. Le pèce d'algues marines (fucus natans de
mot achou, d'origine égyptienne, Gen. Linnée) que l'on trouve en quantité près
41, 2. 18., est assez bien traduit dans nos des rivages de la Méditerranée, de l'Hel
versions par herbe des marais, Job8, 11.; lespont, et de la mer Rouge; cette dernière
il désigne en effet la laîche, ou le carex, en a même tiré son nom de Yam Souph,
et saint Jérôme l'explique par tout ce qui oumer des Algues. La tige en est noueuse,
est verdure dans les marais. Le gomé, rameuse et filamenteuse; les feuilles sont
Es. 35, 7. Job 8, 11., traduit par joncs, longues, pointues, et dentées en forme de
est le papyrus si célèbre des anciens; il scies. On en trouve différentes espèces
n'appartient pas à la famille des roseaux, dans la mer Rouge; le latifolius est le plus
c'est le cyperus papyrus de Linnée : on le commun. | ºr,!
trouvait autrefois dans tous les marais de ROSEE. Elle est siabondante en Orient
l'Egypte et sur les bords du Nil, mais il pendant les chaudes nuits d'été, qu'elle
y est maintenant fort rare, et au dire de fait l'effet d'une petite pluie, Dan. 4,215.
Minutoli ce n'est plus qu'aux environs de 23. Cant. 5, 2. Elle tempère les violentes
Damiette qu'on le trouve; sa tige trian ardeurs du jour et rafraîchit les plantes
gulaire, garnie de longues feuilles qui se qui, sans elle, périraient de sécheresser
recouvrent par le bas, atteint une hau sans la rosée on ne peut attendre aucune
teur de 3 mètres et plus, et se termine végétation, aucune récolte, tout est stér
par un bouquet de feuilles rougeâtres au rile, Gen. 27, 28. Zach. 8, 12.Agg. 1, 10.
milieu desquelles se trouve une touffe de Job 29, 19., et elle est toujours nommée
ROU 281 ROU
à côté de la pluie comme une des plus munication plus ou moins parfaits aient
grandes bénédictions que Dieu accorde à relié entre eiles les différentes villes, enº
la terre, Deut. 33, 28. Elle a fourni aux tre eux les différents villages de la Pales
poètes de belles et gracieuses images, tine; la liste de ces petites routes serai
soit qu'ils décrivent le bonheur et la fer sans valeur et resterait nécessaireme
tilité, soit qu'ils en fassent le symbole de incomplète. Nous n'avons à nous occuper
la rapidité avec laquelle disparaissent les ici que des routes principales du pays,
jouissances de la vie, ou les bonnes dis lesquelles servaient en même temps à
positions de ceux qui ne sont pas fondés mettre Israël en communication avec les
en Christ, 2Sam. 17, 12. Ps. 110, 3. Prov. contrées voisines; elles sont restées jus
19, 12. Os. 6, 4. 13, 3. 14, 5. Mich. 5, 7. qu'àaujourd'hui à peu près les mêmes que
Es. 18, 4. 26, 19., etc. ce qu'elles étaient autrefois. — La confi
ROTIS. Cette manière d'apprêter les guration de la Palestine donne à ses rou
viandes, la plus ancienne peut-être, et tes deux directions principales; les unes
dans tous les cas la plus ordinaire encore sont longitudinales et courent du nord au
dans l'Orient moderne, n'est mentionnée sud, les autres sont transversales et vont
qu'en passant dans l'Ecriture, 1 Sam. 2, de l'est à l'ouest. Parmi les premières,
15. Es. 44, 16. Ex. 12, 8. on remarque : 1° la route maritime qui
ROUTES. Les grandes routes de la Pa conduit de Sidon en Egypte, en suivant
lestine devaient être, d'après la nature du les côtes de la Méditerranée; elle passe
terrain, les unes montueuses et rocheu par Tyr; sa première station en Palestine
ses, les autres planes et sablonneuses : est Acre ou Acco; longeant de près le ri
les premières étaient les plus difficiles, vage, et souvent taillée dans le roc, elle
et dans les temps de pluies, lorsque les passe au pied du Carmel, traverse Césa
eaux découlaient en abondance des mOn rée, Joppe, les villes principales des Phi
tagnes, improvisaient des ruisseaux et listins, Askélon, Gaza, où de fertiles gra
grossissaient des rivières, le passage de dins commencent à faire place à un ter
ces routes était dangereux, parfois même rain inculte et sablonneux; près d'El
impraticable ; elles avaient d'un autre Arish on trouve le vrai désert de Sur,
côté l'avantage d'être solides, fermes, du puis Pélusium et l'Egypte. -
res, ce qui est considérable dans un 2° Sur l'étroit plateau du haut pays oc
pays où l'on n'est pas, comme dans l'an cidental est une seconde route longitu
cien Orient, bien avancé dans l'art des dinale qui, de Jérusalem, conduit vers le
ponts et chaussées. Le passage Deut. 19, sud à Hébron et relie les principales villes
3., relatif à l'entretien des routes con de la Judée, et vers le nord s'avance jus
duisant aux villes de refuge, est tout à qu'en Galilée, et sert de communication
fait isolé dans l'Ecriture; et si Josèphe entre les trois provinces, puisqu'elle tra
semble indiquer que les routes à l'entour verse la Samarie en entier. Une forte
de Jérusalem avaient été pavées par Salo journée conduit de Jérusalem à Sichem;
mon, c'est le seul indice que nous en la route touche à Samarie, traverse la
plaine de Jizréhel, et aboutit à Nazareth.
ayons. On voit au reste, par l'analogie de
Es. 40, 3., que lorsque les rois se met 3° La vallée du Jourdain n'a jamais of
taient en voyage on préparait la route fert une route régulière et facile; les Ga
liléens, qui voulaient éviter la Samarie en
devant eux, en rendant praticable et sans
danger le chemin qu'ils devaient suivre.se rendant à Jérusalem, traversaient le
Les Romains furent les premiers qui con fleuve au midi près de Bethséan, et le re
struisirent en Orient des routes régu passaient de nouveau au nord près de Jé
rico ; cette route défectueuse s'arrêtait
lières, et en organisèrent un réseau dans
les pays soumis à leurs armes; ils élevèlà, et ne longeait la mer Morte ni à droite,
rent aussi, mais seulement sous les der ni à gauche. -

niers empereurs, des pierres milliaires Parmi les routes transversales, on dis
en Palestine. tinguait surtout celle d'Acco à Nazareth,
Il est naturel que des moyens de com au nord, et celle de Joppe à Jérico par
, ROU 282 , RUB

Jérusalem, au sud. La première, partant après le voyage du désert; l'autre suit le


d'Acco et se dirigeant vers le sud pour pied des rochers, et se dirige vers le
éviter les montagnes, touchait presque à nord, pendant trois heures, jusqu'à l'en
la plaine de Jizréhel, remontait vers le droit où la rivière présente un gué sûr et
nord-est à Tibérias, longeait la mer à Gé facile; c'est le chemin que suivent les pè
nésareth jusqu'à Capernaüm, traversait lerins qui viennent de la Galilée.
le Jourdain près du puits de Jacob (9), et On pourrait mentionner aussi la route
se dirigeait de là au nord-est, en fran d'Hébron à Gaza, celle de Jérusalem à
chissant les hauteurs peu escarpées de Gaza, Act. 8,26., celle d'Hébron à la mer
l'Anti-Liban jusqu'à Damas. C'était là le Morte, celle de Sichem à Jérico, celle de
chemin de la mer, qui vient d'au-delà du Cana à Tibériade, etc. v. Braem, trad.
Jourdain, Es. 8, 23. Matth. 4, 15.; les Rougemont, 77-94. La contrée la plus
Romains y avaient établi un péage impor dépourvue de routes était la Samarie,
tant, Matth.9, 9., et,jusqu'à l'époque des vrai pays de montagnes, que ne traver
croisades, ce fut la route la plus fréquen sent ni des caravanes de marchands, ni
tée de toute la Palestine, et la principale des caravanes de pèlerins, et qui fut tou
r laquelle les caravanes arrivaient de jours assez riche pour se suffire à lui
'intérieur de l'Asie jusqu'aux ports des mème. "
Phéniciens. — La route de Joppe (Jaffa) RUBÉN, fils aîné de Jacob et de Léa,
à Jérusalem est tortueuse, et compte 15 Gen. 29, 32.35,23. 46,8., souilla la cou
lieues de longueur; après avoir traversé che de son père, et perdit ainsi, avec son
la plaine de Saron, on arrive à Ramlé, la droit d'aînesse, toute prééminence en Is
station principale, qui n'a été fondée qu'au raêl, 35, 22. 49, 3.4. Sa conduite à l'é-
huitième siècle ; puis, au milieu de colli gard de Joseph fut plus modérée que celle
nes variées, on entre dans les gorges des de ses frères, soit caractère ou affection
montagnes de Juda, on longe la vallée † soit qu'il voulût essayer de
des Térébinthes, on passe le mont Gui rentrer en grâce auprès de son père, soit
hon, d'où l'on aperçoit, dans le lointain, enfin que sa responsabilité, comme aîné,
les montagnes qui forment la rive orien fût plus engagée que celle des autres; il
tale de la mer Morte, et l'on ne tarde pas s'opposa au meurtre, et ne consentit à la
à entrer dans Jérusalem. — Le chemin de descente dans le puits que parce qu'il es
Jérico, mentionné Matth. 20, 29. 21, 1. pérait faire évader Joseph, mais le mar
Luc 10, 29-37., est aujourd'hui fréquenté ché se conclut pendant qu'il s'était un mo
par les pèlerins qui viennent célébrer, ment éloigné : « L'enfant ne se trouve
dans le Jourdain, la mémoire du baptême point, s'écria-t-il alors devant la fosse
de Jésus-Christ. On descend dans la val vide, et moi, moi, où irai-jeº » Gen. 37,
lée de Josaphat; on traverse la partie sud 30. Cette cruelle expérience lui apprit
du mont des Oliviers, sur la pente duquel peut-être pour la vie, qu'il ne sert de
est Béthanie; les montagnes deviennent rien, quand on se propose le bien, de
escarpées et arides; les rochers sont de proposer un compromis aux méchants, et
plus déchirés et affreux; c'est là, dit-on, que toute demi-mesure, que tout accom
le désert de la Quarantaine, où eurent modement, que toute concession est fa
lieu les scènes de la tentation du Sau tale : le demi-mal est autant que le mal,
veur. Le sentier est suspendu sur d'ef et celui qui veut le bien doit le réclamer
frayants précipices ; çà et là on trouve tout entier. Ruben put cependant rappe
quelques ruines d'aqueducs et de réser ler plus tard son infructueuse tentative,
voirs, ou les restes d'antiques terrasses, et il fut le premier à presser Jacob de
et une multitude de cavernes jadis habi laisser Benjamin partir avec eux pour E
tées par des ermites. En sept heures, on ſpte. , • • •
arrive dans la plaine de Jérico. La route º# suffit souvent d'un instant pour bri
se partage alors; un bras poursuit à l'est, ser une carrière, d'une tache pour termir
et conduit, en deux heures, au Jourdain : toute une vie; Ruben en est un exemple.
c'est le chemin que prirent les Israélites La tribu dont il fut le père, Ex. 6, 14.
- º !
RUB 283 "RUI
Nomb. 1,5.20. 2, 10.7, 30. 10, 18., forte a été rendu par agate, le second par
de 46,500 hommes lors du dénombrement rubis. Il faudrait au moins donner 'au
, de Sinaï, Nomb. 1, 20., ne comptait plus premier une épithète qui rappelât sa si
que 43,730 hommes à l'époque de l'en gnification hébraïque, comme rouge, écla
trée en Canaan, Nomb. 26, 7. Elle n'am tante, brillante; peut-être l'un des termes
bitionna pas même l'honneur d'avoir son hébreux désigne-t-il le grenat.
lot dans la terre promise, et se choisit sur , RUE. 1°v. Villes.2° Herbe domestique
les confins des Moabites et des Arabes assez connue, que l'on trouve même chez
nomades, sans aucun contact avec les tri nous, et qui se distingue par son agréable
bus occidentales, une contrée de peu d'é- odeur, Luc 11, 42. Ses feuilles, presque
tendue, les plaines septentrionales des triangulaires, sont épaisses, lisseset glau
| districts de l'Arnon, ce fleuve la bornant quès ; ses fleurs sont jaunes et en pani
au sud, et la tribu de Gadau nord,Nomb. cules terminaux. On en compte plusieurs
32, 1. 34 14. Jos. 1 et 18. Deut. 3, 12. espèces . Cette plante, exempte de la dîme,
selon quelque s-uns, chez les Juifs, mais
| 16. Ces limites n'étaient cependant pas assujettie à cet lle êtait
toujours bien rigoureusement fixées, et cultivée dans impôt lorsqu'e
l'on voit les villes d'Hesbon et de Dibon les jardins, ainsi que tous
attribuées successivement à l'une et à les autres herbages, est choisie à cause
l'autre tribu, Jos. 13, 17.26. 21,39. Ru de sa petitess e par notre Seigneur, qui
reproch e aux pharisiens leur soin minu
ben fut toujours une tribu médiocre, un tieux
peuple de bergers, qui ne produisit au à s'acquitter de devoirs qui n'en
cun homme célèbre, et qui ne paraît pas, valent, pour ainsi dire, pas la peine, ou
rien à remplir, lorsqu'ils
dans son isolement, avoir exercé jamais qui ne coûtent
nt
une grande influence ; on le vit même se néglige sciemment des devoirs plus im
refuser à prendre part à une guerre na portants, mais plus pénibles.
tionale, et sa prudente lâcheté fut chan RUFUS, Mar 15,21. Rom. 16, 13., fils
tée par Débora,Jug. 5, 15.16. Ainsi s'est de Simon le Cyrénéen, probablement le
accomplie la prophétie de Jacob, Gen. 49, même individu dans les deux passages,
3.4., et Moïse, dans ses bénédictions, ne mais on ne peut l'affirmer, car ce nom
dit de Ruben que ce peu de mots : « Que était assez ordinaire. D'après Dorothée,
Rifben vive, et qu'il ne meure point; que qui distingue les deux personnages, le
dernier aurait été l'un des soixante-dix
ses hommes soient un nombre » (c'est-à-
dire que l'on puisse compter, peu consi disciples, et serait mort évêque de Thèbes.
dérable), Deut. 33, 6. Lors de la sépara Si dans les deux passages il est question
tion des deux royaumes, Ruben, fidèle à du même homme, on peut croire que la
la majorité, passa au royaume d'Israël; il charge imposée à Simon de porter la croix
vit, sous Jéhu, son heau territoire ravagé du Seigneur, n'a pas été sans bénédiction
par les Syriens . 2 Rois 10, 33., et, plus pour lui et pour les siens; en suivant l'a-
tard. lors de la destruction de Samarie et gneau que l'on menait à la boucherie, il
de la déportation de ses principaux habi aura pu se convaincre de l'accomplisse
ment des prophéties messianiques; un
tants, ses beaux pâturages devinrent la
| proie des Moabites. On trouve mainte pareil spectacle n'aura pu sortir de sa mé
moire, et cette muette prédication de la
nant encore quelques ruines assez impor
victime aura touché son cœur; on voit en
- lantes des anciennes villes de cette tribu.
, RUBIS. C'est probablement par ce mot effet, par la salutation de saint Paul, que
deux fils et l'épouse de Simon auraient
, que lion doit traduire, ou le mot hébreu lesété amenés à la foi, et étaient distingués
i cadcod, Es. 54, 12. Ez. 27, 16., ou le ter
me ekdach, Es. 54, 12. L'un et l'autre, parmi les disciples de Rome. Il y aurait
lieu à de riches réflexions pratiques sur
- d'après leur étymologie, doivent signi le bonheur de l'homme qui porte la croix
fier une pierre précieuse du plus beau
rouge, ou couleur de feu ; mais l'on est de Jésus, et sur les bénédictions qui sont
· réduit à des conjectures sur leur vérita promises àAUX.
sa famille et à sa postérité.
ble signification. Le premier de ces mots RUISSE C'est le nom que l'Ecri
RUT 284 SAB -
ture donne, comme nous, aux petites ri être un peu trop tard, après Samson, sous
vières qui coulent au fo † vallées, et Héſi
qui proviennent de sources intérieures, · Le Livre de Ruth, écrit par un auteur
comme l'Arnon. le Cédron, le Jabbok, le inconnu, plus tard que David, mais à une
Kison, le Sorek, etc.; les vallées elles époque où l'intérêt pour sa famille, pour
mêmes portent souvent aussi le nom de son origine et pour son histoire, existait
ruisseaux, comme la vallée des Arabes, encore pleinement, probablement dans le
Es. 15, 7. (ou ruisseau des Saules),Onap temps de la belle littérature classique des
pelait aussi ruisseaux, ces torrents for Hébreux, comble la lacune que présentent
més pendant la saison des pluies et des les livres historiques relativementaux an
séchés en été, Job 6, 15.; c'est à cette cêtres de David le fondateur de la dynas
classe qu'appartient, par exemple, le tor tie juive. Il valait certainement la peine
rent d'Egypte à la frontière méridionale d'éxhumer ces vieilles origines avec leur
de la Palestine. Nomb. 34, 5. Jos. 15, 4. antique fraîcheur, et si celui qui les a ré
47.2 Rois 24, 7.2 Chr. 7, 8. Es. 27, 12., digées n'était pas un prophète dans le
et qui, à une lieue et demie de la Méditer sens ordinaire du mot, son œuvre n'en a
ranée, se retrouve maintenant encore sous, pas moins été jugée digne de prendre
le nom d'El-Arish près de Rhinocolure. . place dans le canon sacré parmi les hagio
RUMA, 2 Rois 23, 36., ville inconnue, graphes; en l'insérant entre les Juges et
située dans le village de Sichem; peut le premier livre de Samuel, les interprètes
être la même qu'Aruma, q. v. d'Alexandrie ont eu égard au contenu et
RUTH, femme païenne, de Moab, qui à la date plutôt qu'à son auteur. Mais à
nous rappelle déjà sous l'ancienne écono côté de sa valeur historique, le livre de
mie, qu'en toute nation, celui qui craint Ruth a une signification théocratique sans
Dieu et qui s'adonne à la justice, lui est laquelle il ne serait, en définitive, qu'un
agréable, Act. 10, 35. Veuve d'un Juif document quant au fond, une idylle quant
qui était venu, pressé par la disette, l'é- à la forme. Le nœud de cette histoire,
pouser en terre païenne, elle accompagne la pensée du livre se trouve exprimée,
sa belle-mère lorsque celle-ci se décide à 1, 16., puis plus clairement encore, 2,
retourner dans son pays, et elle s'établit 11.12. Ruth a quitté son pays, sa fa
avec elle à Bethléem. Sa modestie et sa mille et ses dieux pour le Dieu d'Israël,
piété filiale la font remarquer des habi et par cet acte de foi, elle a obtenu ce
tants, et Booz, l'un des proches parents qu'elle attendait, et plus qu'elle n'atten- .
de son mari, l'épouse, conformément à la dait ; sa conversion a fait son bonheur ; .
loi du lévirat, q. v.: leur fils compte par elle a vu que la piété a des promesses pour
mi les ancêtres de David et du Sauveur. la vie présente et pour celle qui est à ve
On doit croire que Ruth était déjà prosé nir; elle est devenue la mère des rois de
lvte avant d'épouser son premier mari. Juda. — Ce petit livre a plus été lu et ad- ,
Son histoire, avec les diverses réflexions miré que commenté; les différentes ques- ,
qu'elle suggère, est rapportée en détail tions que sa lecture peut soulever sont ,
dans mon Histoire des Juges d'Israël, examinées dans l'Introduction de Haever- .
73-82. nick, notamment celles qui concerne ! le
L'époque à laquelle s'est passé ce char caractère historique du fait raconté.Cha-i
mant épisode, n'est pas clairement dési teaubriand en a fait une imitation qu'il,
gnée; ce fut sous les juges, Ruth, 1, 1., reconnaît d'ailleurs, malgré son talent, !
pendant une famine dont la date n'est pas être de beaucoup inférieure à la pure simr ,
indiquée et dont il n'est pas parlé dans plicité e l'original. • 1:••• •# • • ,!
le livre des Juges. Le passage 4, 17., en | | ! , , , !

faisant du fils de Ruth le grand père de , , • · · u , cºq º


David, si aucune génération n'est omise,
indiquerait les derniers siècles de la pé SABBATs (shabbat et shabbathon), le
riode des juges comme la date probable septième jour de la semaine hébraïque; il ,
de cette histoire, que Josèphe place peut commençait le vendredi soir et finissait le,
- A | º

SAB 285 sAB


· · · · · , .. , ,
, º,iſito : ºt1Q. b ºº!
samedi soir, Lév. 23,32 Les Juifs étaient vendre et d'acheter, même des aliments,
obligés de le consacrer à Dieu par le re allait sans dire, Néh. 10, 31, 13, 15.16.p
pos et la sanctification, de même que leurs et si Néhémie, 13, 19., fit fermer les portes
esclaves et tous les étrangers qui habi de Jérusalem pour empêcher le commerce
taient dans le pays; le bétail même était avec les Tyriens, ce ne fut ni un nouveau
compris dans la loi du repos, Ex. 20, 10. commandement, ni un raffinement de l'an
31, 13. 34, 21. 35, 2. Deut. 5, 14. cf. Jér. cien, mais une simple mesure de police
17, 24., etc. Deux agneaux d'un an, sans tendant à l'exécution de la loi. Que l'on
tare, devaient être offerts dans le temple s'interdit de voyager le jour du sabbat
avec les offrandes non sanglantes qui ac (v. Chemin), c'était encore conforme à
compagnaient toujours cet holocauste, l'esprit de la loi, Ex. 16, 29. cf. Act. 1,
Nomb. 28, 9. cf. 2 Chr. 31, 3. Néh. 10 12.Matth. 24, 20. Mais l'on a de la peine,
33. C'était un jour de repos et un jour | à distinguer entre le fanatisme et la foi,
de joie, Es. 58, 13. cf. Os. 2, 11. Les dans le courage avec lequel des armées
pains de proposition étaient renouvelés, juives se laissèrent massacrer le jour du
Lév. 24, 5.1 Chr. 9, 32., et les tours de sabbat sans se croire permis de recourir .
semaine commençaient pour les prêtres à la défense, 1 Maccab. 2, 32. sq. cf. 2
avec les jours du sabbat, 2 Rois 11, 5.7. Maccab. 5, 25, 6, 11., etc. Comprenant
9.2 Chr. 23, 4. Les travaux relatifs au le facile avantage que l'ennemi devait
culte, n'étaient rſaturellement pas comp trouver dans cette attitude passive, les
tés comme une profanation du saint jour, chefs ne voulurent observer le sabbat
Matth. 12, 5. La peine de mort, notam qu'en ne prenant pas l'offensive, mais ils
ment la lapidation, était prononcée contre se réservaient le droit de se défendre au
ceux qui contrevenaient à cette loi divi besoin, 1 Maccab. 2, 40. sq. 9, 34.43.,
ne, Ex. 31, 14. 35, 2. Nomb. 15, 32. Les etc.; cependant, vers la fin ils se mon
Juifs cependant se relâchèrent souvent à trèrent, même à cet égard, moins scru
cet égard, et les prophètes font entendre puleux (Josèphe, Guerre des Juifs, 2, 19,
des plaintes amères sur l'oubli et le mé 2.). Et qui peut dire que cela leur ait
pris dans lequel était tombé le jour du re porté bonheur ? º -

pos, Es. 56, 2. 58, 13. Ezéch. 20, 16.22, Le Nouveau Testament nous montre par
8. Lament. 2, 6. Néh. 13, 15.; ce n'est plusieurs exemples, jusqu'à quel point les
que depuis l'exil que le sabbat fut observé pharisiens avaient poussé la fatuité et le
en Israël avec un scrupuleux respect; on microscopisme. Cueillir des épis en se
chercha même à compenser par de rigou promenant, guérir un malade, même par
reuses minuties les négligences du temps une simple parole, et pour le malade, char- .
passé, et l'on fit un sabbat judaïque du ger son petit lit après sa guérison et s'en ,
jour qui devait être un sabbat divin. On aller, étaient pour les pharisiens et leurs
voulut préciser les choses que le législa adhérents autant de profanations du saint .
teur avait désignées sous le nom de tra jour, tandis que l'on ne se faisait aucun
vail alors que le législateur n'avait pas scrupule, en cas de besoin pressant, de
cru devoir le faire, laissant à l'opinion vaquer à des occupations domestiques
publique et à la conscience individuelle parfaitement contraires à la lettre et à
le soin de déterminer ce qui constitue un l'esprit de la loi, Matth. 12, 11. Luc 14,
travail, et de résoudre les cas douteux. 5. Un traité spécial de la Mishna sur le
Une seule chose était positivement défen sabbat, compte trente-neuf occupations
due dans la loi, c'était de faire du feu dans défendues, plus leurs subdivisons; d'au- .
les maisons pour cuire les aliments, Ex. tres écrits vont plus loin encore dans ,
16, 23. 35, 3., de sorte qu'il fallait cuire leurs subtilités; les secours médicaux ne
et préparer d'avance la nourriture du sab doivent être administrés que là où il y :
bat. La sagesse humaine voulut aller plus aurait péril pour la vie à renvoyer aujour .
loin que ce qui était écrit, et l'on vit sur suivant; pour une jambe cassée il faut
gir une véritable casuistique à propos du remettre au lendemain, on peut atten-.
quatrième commandement. La défense de · dre, etc. -
SAB , 286 . SAB
Le sabbat devait être consacré à la mé quoiqu'il existâtlauparavant déjà, cf. Ex.
ditation de la loi, et c'est en ce jour que 16, 23.; c'est à un texte positif, à la lettre
le culte se célébrait presque générale bien connue, qu'ils en appellent, et cette
ment dans les synagogues, par la prière, lettre ne date que de Moïse. — Il est évi
la lecture, et l'explication des saints li dent que cette fête religieuse si caracté
vres, 2 Rois 4, 23.Marc 1, 21. 6, 2. Luc ristique ne pouvait être empruntée ni à
4, 31. 6, 6. 13, 10. Act. 13, 27.44. 16, des religions étrangères, ni par des reli
13. 17, 2. 18, 4. On célébrait de joyeux gions étrangères, et qu'entre les Juifs et
festins, Luc 14, 1.; on revêtait ses plus leurs voisins païens à qui ils étaient en
beaux habits; on ne jeûnait jamais, Ju horreur, il ne pouvait se trouver aucun
dith 8, 6. lien commun à cet égard, aucune com
A l'exception d'Antiochus Epiphanes, munication religieuse. Or le cycle hebdo
toutes les puissances étrangères qui do madaire, parfaitement connu des Egyp
minèrent sur Israël laissèrent aux Juifs tiens et commençant au jour de Chronus
la liberté de fêter le jour du sabbat à leur (le temps), le septième jour consacrè à
manière, 1 Macc. 1, 45. 48. 10, 34. 2 Saturne par les Romains (samedi), et les
Macc. 6, 6., et dans leurs institutions ju saturnales qui, rappelant l'âge d'or, ren
diciaires elles surent tenir compte des us daient pour un jour la liberté aux escla
et coutumes des Hébreux, mais sans les ves, démontrent que la tradition d'un
respecter ni les observer pour leur pro septième jour était connue des païens dès
pre usage : les Romains en particulier se l'antiquité la plus reculée. Prétendre que
moquaient des Juifs comme de paresseux, les Juifs auraient emprunté cette coutume
Juvén. 14, 105., et ailleurs. aux Egyptiens, serait un simple non-sens
Il paraît, d'après Gen. 2, 2.3., que le théologique et historique, quin'aurait pas
sabbat fut observé SOus toutes les dis mème l'avantage de résoudre la question,
pensations, et même avant la promulga car il faudrait toujours se demander com
tion de la loi : nous ne pOuvOns examiner ment les habitants de l'Asie, de l'Afrique
ici cette question qui ressort des com et de l'Europe, se seraient trouvés d'ac
mentaires et des ouvrages spéciaux aux cord à mettre à part un des jours de là ''
quels nous renvoyons (sept Sermons de semaine, et partout le même : l'univer
Wilson, Haldane, Comment. deSchrœder, salité, ou la presque généralité de cette '
Victor Mellet, le Narrateur, etc.); mais observance, ne peut s'expliquer que par
il ressort évidemment de l'histoire de la l'unité et l'antiquité de son origine.1lse
création elle - mème, que la célébration rait difficile de comprendre d'ailleurs que
du septième jour était dans l'ordre naturel Dieu, en imposant à l'homme le travail
des choses, de telle sorte que le sabbat rude et la fatigue, n'eût pas dès le com
n'eût-il été imposé aux Juifs que sur le mencement annoncé qu'il levait cette ma-"
Sinaï, il n'en existait pas moins pour les lédiction à des intervalles déterminés :
hommes depuis qu'Adam l'avait vu solen l'homme n'eût pu la supporter à la longue,.
niser par le repos de l'Eternel. Ce jour et neuf cents années d'un travail non
appartient en quelque sorte à la loi natu interrompune se peuvent concevoir; d'un
relle, et si les lois ne furent articulées et autre côté, le travail interrompu sans
déclarées telles que par Moïse, elles n'en autorisation divine fût devenu un péché
subsistaient pas moins avant lui, écrites nécessaire, et nulle part, même dans les"
dans les cœurs, et elles subsistent encore plus sévères de ses lois, Dieu n'a de
après l'écroulement de l'échafaudage ju mandé à l'homme des choses impossibles!
daïque, non plus sur des tables de pierre, à ses forcés physiques. De même qué le
mais sur les tables du cœur des chrétiens, repos, la sanctification et la mise à part
2Cor.3, 3. ll est arrivé de ce commande d'unjour sur sept appartient aux lois éter-"
ment comme des autres, que lorsque les nelles, et la phase juive qui a été la ma-"
prophètes le rappellent, ils ne peuvent le nifestation la plus éclatante de la volonté
rattacher qu'au jour de sa promulgation, divine se traduisant en paroles humaines,º
Ez. 20, 12. Néh. 9, 14. cf. Deut. 5, 14., n'a été qu'une des phases de rhistoire du
· · | · | . ' 1,:11
* • •

SAB 287 { SAC


septième jour. Les chrétiens, en substi jours de fête portassent le nom général
tuant le dimanche au samedi , l'ont fait à de sabbat, il pouvait arriver facilement º
l'imitation des apôtres, qui n'ont pu être qu'un de ces jours fût immédiatement
amenés à ce changement que sous l'in précèdé ou suivi d'un sabbat ordinaire,
fluence de l'inspiration du Saint-Esprit : aux nouvelles lunes, etc.;le premier de
cette substitution qui consacrait pour eux ces deux jours solennels consécutifs se
le souvenir de la résurrection du Sauveur, rait d'après cet auteur le sabbat second
avait aussi l'avantage de les séparer d'une | remier, ou plutôt le premier des deux :
manière plus complète, dogmatiquement, lshausen ne donne d'ailleurs cette hypo
historiquement, et politiquement, des thèse que comme une hypothèse, et il ad
Juifs avec lesquels les ennemis du peuple met ce qu'a d'ingénieux celle de Scaliger.
de Dieu pouvaient être tentés de lescon · SABTHA, Gen. 10,7.1 Chr. 1, 9., peu
fondre. plade camite de la famille de Cus. Les uns
-

La controverse qui a été quelquefois (Winer) comparent Sabatha, ville située


soulevée entre les chrétiens sur le main au sud-ouest dans l'Arabie Heureuse,
tien ou la suppression du quatrième com non loin de la mer Rouge, peut-être la
mandement dans la loi nouvelle, ne peut même que Sabota dont parle Pline : rési
que contribuer à faire toujours plus ap dence d'un roi de la tribu des Sabéens,
précier le bienfait de cette vieille insti cette ville faisait un grand commerce
tution, et si le dimanche nous était retiré, d'encens; elle était riche, très grande, et
tous seraient bien vite d'accord à le re comptait soixante temples. D'autres (Ge
demander à Dieu pour la chrétienté et la senius), en suivant le Pseudo-Jonathan,
pauvre humanité. pensent à Sabat ville d'Ethiopie, située
Le sabbat avait un sens et un usage ty sous le 18e degré de latitude. D'autres
pique , il était un signe, une alliance en enfin (Braunschweig, et d'après lui Preis
tre Dieu et son peuple, une grâce, un werk dans le Morgenland), font descen
privilége particulier octroyé aux enfants dre de Sabtha plusieurs nations de l'Asie
d'Israël, Ex. 31, 16. 17.; un mémorial du postérieure, les habitants primitifs du
repos de Dieu, et de la délivrance qui sui Thibet, les Chinois, les Malais, et quel
vit la captivité d'Egypte, Deut. 5, 15.; un ques insulaires de l'archipel de l'Océan
type du repos que Dieu donnerait aux Is Pacifique.
raélites dans la terre de Canaan, qui est SABTHECA, Gen. 10, 7.1 Chr. 1, 9.,
† pour cela un lieu de repos, Deut. descendant de Cam par Cus, comme Sab
tha, divise comme lui les interprètes, et
12, 9. Iſ figurait le repos que l'Evangile
procure à tous ceux qui le reçoivent dans paraît avoir suivi de près son sort. Les
leurs cœurs, Matth. 11, 29. Rom. 5, 1.; uns comparent la ville de Satacos, située
enfin et surtout il figurait ce repos entier selon Ptolémée dans le golfe Persique ;
et parfait, ce repos éternel des saints qui les autres suivent le Targum de Jonathan,
est réservé au peuple de Dieu, Hébr. 4, 9. qui rend ce nom par Zangueï, peuple d'A-
Ce jour n'était pas le seul temps de re frique qui habitait les côtes de Zangue
pos qui fût accordé aux Juifs, et outre bar ; d'autres enfin, Braunschweig et
leurs fêtes solennelles, d'autres sabbats se Preiswerk, pensent aux îles orientales de
présentaient pour eux à la fin de chaque l'Asie, Ceylan, Guzurate, Décan, etc. Ce
mois,à la fin # chaque septaine d'années, ne sont que des présomptions.
puis, derechef, après sept fois sept an SAC. Ce mot désigne le plus souvent
nées; v. Année,Chemin,Jubilé, Lune, etc. un grossier vêtement de deuil, presque
ſe sa bat second-premier, Luc 6, 1.,était, sans couture et sans ouverture, d'une
après l'opinion de Scaliger générale étoffe très commune, qui couvrait pres
len adoptèe maintenant, le sabbat qui que entiers ceux qui le revêtaient, Gen.
suivait le second jour de la fête de pâ 37, 34. 2 Sam. 3, 31. 1 Rois 20, 31. 21,
que, autrement dit jour des prémices. 27. 2 Rois 19, 1. Joel 1, 8. Jon. 3, 6. Ez.
v. Pâque; Olshausen pencherait vers une 7, 18. Matth. 11, 21. Luc 10, 13. Apoc.
autre supposition; admettant que tous les 6, 12. etc. On se l'attachait avec une cor
,i -
ºnºiſt º * i SAC 288 SAC
de en guise de ceinture, Es. 3,24.La cou vait s'appliquer chez les Hébreux à tous
leur en était foncée, quoique ce soit en les sacrifices, sans en désigner aucun en
chercher la preuve un peu trop loin que particulier.
de la trouver Es. 50, 3. Les prophètes, en Les sacrifices ont fait de tout temps,
se revêtant de sacs, rappelaient aux yeux même chez les nations les plus reculées,
de tous le sérieux de leur vocation, Es. 20, une des parties les plus importantes du
2. cf. Matth. 3, 4., mais ce qui était utile culte rendu à la Divinité; ils remontent
au peuple charnel de Dieu ne l'est pas à aux premiersjours du monde;Abel, Caïn,
son peuple spirituel, et le Seigneur ni ses Noé, Melchisédec, Abraham, Jacob, nous
apôtres n'ont recouru à de semblables apparaissent déjà comme sacrificateurs,
distinctions. Les capucins ne ressuscite Gen. 4, 3. 8, 20. 14, 18. 15, 9. 31, 54.
ront pas Jean-Baptiste. 46, 1. On ne saurait affirmer qu'ils se fis
SACRIFICATEURS. v. Prêtres. sent une idée bien claire du but du sacri
SACRIFICES. Les offrandes diverses, fice; ils lui attribuaient peut-être une va
les sacrifices sanglants ou non sanglants, leur, tantôt subjective, tantôt objective ;
dont il est parlé dans la législation mo ils pouvaient y voir, tantôt un moyen de
saïque, et qui faisaient à quelques égards plaire à la Divinité, tantôt une simple ma
le fonds et l'esprit de cette économie, nifestation de leur désir de se rendre la
étaient si multipliés, qu'il s'introduit né Divinité favorable; quelquefois, assimi
cessairement une sorte de confusion dans lant Dieu à l'homme, ils pensaient faire
l'idée que l'on peut s'en former, lors bien en lui apportant de la nourriture
qu'on ne vit pas au milieu de la pratique pour ses besoins; d'autres fois, à mesure
de ces sacrifices, et que l'on a le bonheur que l'intelligence de Dieu se développait
d'appartenir à une alliance qu'un seul sa en eux, et qu'ils avaient davantage aussi
crifice a faite et consommée. En lisant le l'idée de leurindignité, les sacrifices qu'ils
Pentateuque, on est frappé des nombreux offraient n'étaient plus que des emblèmes
détails qui déterminent la forme et la na par lesquels ils manifestaient leurs be
ture des offrandes que, tour à tour, le soins, leurs actions de grâces, leurs dé
peuple collectivement, et les individus pris sirs ou leur repentir. Les dons apparte
à part, devaient présenter à l'Eternel ; et naient presque toujours à l'ordre alimen
le petit nombre de mots que nous avons taire; chacun offrait ce qui lui paraissait
dans notre langue pour exprimer l'idée à lui-même particulièrement bon, rare,
ou la nature de ces sacrifices, contraste ou précieux en fait de nourriture, 1 Sam.
singulièrement avec la richesse de la lan 15, 15. Ps. 66, 15.; l'offrande, apprêtée
gue hébraïque à cet égard, et contribue à ou non, était bonne à manger, et l'usage
entretenir une confusion qui n'existait du sel, q. v., devait, ne fût-ce que par cette
pas pour les Hébreux, où chaque sacri considération, être général et ordinaire.
fice spécial avait son nom qui le distin Dans l'origine, et lorsqu'on ne compre
guait aisément de tous les autres; chaque nait pas le vrai sens du sacrifice, on of
sacrifice était ainsi une chose à part, un frait des fruits de la terre, et des produits
acte distinct, qui ne se rangeait pas, animaux non sanglants, du lait, du miel,
comme chez nous, dans la même catégo etc. Les animaux ne furent offerts d'a-
rie, et sous le même nom, que tels autres bord que par ceux dont la foi devançait
sacrifices que nous ne pouvons distin les siècles, et traversait le nuage épais des
guer que par de plus ou moins longues 4000 ans qui cachaient à la vue la victime
adjonctions et circonlocutions. Sans défaut et sans tache : le doux Abel
Essayons d'établir un peu d'ordre dans sacrifia un agneau. Les païens n'en vin
tout ce qu'il y a à dire sur ce sujet, et que la rent à l'idée des offrandes sanglantes que
lecture de cet article laisse au moins dans lorsqu'ils eurent eux-mêmes commencé à
l'esprit une idée claire, nette, et complète se nourrir de la chair des animaux, et
du système mosaïque. Noé, sacrifiant au sortir de l'arche, donna
Le mot corban (cf. Marc 7, 11.) était à ses fils et à ses petits-fils un exemple,
le plus vague et le plus général; il pou une impulsion qui devait être suivie d'au
SAC 289 SAC

tant plus facilement que la chair allait de ſet sans défaut physique; leur âge même
venir partie intégrante de la vie et de la est l'objet de l'attention de Moïse; à l'ex
nourriture des hommes : c'est peut-être à ception des tourterelles, ils ne devaient
cette introduction des sacrifices sanglants pas avoir moins de huitjours, Lév.22,27.,
que remonte aussi l'usage d'allumer le la chair trop jeune étant déjà par elle
bois du bûcher, et d'embraser l'autel. Que même une chOse malsaine et souvent dé
Dieu ait le premier donné aux hommes goûtante. Le sexe des victimes était in
l'ordre ou même la seule idée de lui offrir différent dans les offrandes pour le péché,
des sacrifices, c'est ce qu'il n'est pas fa et dans les sacrifices d'actions de grâces,
cile de prouver; mais que ces sacrifices Lév. 3, 1., etc. 5, 6.; mais, comme holo
aient eu dans l'esprit de ceux qui les of causte, on ne pouvait offrir que des vic
fraient une signification dogmatique, con times du sexe le plus parfait. Le choix
fuse si l'on veut, mais réelle et positive, des victimes était , dans la plupart des
c'est ce qu'il est impossible de nier. Le cas, laissé à la volonté de celui qui faisait
sacrifice était évidemment un rapport que le sacrifice, Lév. 1, 3., mais il est déter
l'homme voulait établir (ou maintenir) miné dans les sacrifices pour le péché, etc.,
avec Dieu ; c'était en outre un acte d'hu Lév. 4, 3.; des boucs sont souvent or
miliation; il renfermait l'idée que l'homme donnés pour ce dernier cas. - Les Israé
n'est pas aussi près de Dieu qu'il le de lites professaient la plus grande horreur
vrait, que cette séparation doit cesser, pour les sacrifices humains, Ps. 106, 37.
que cet intervalle doit être comblé, qu'il Es. 66, 3. Ez. 20, 26.31. non-seulement
peut l'être, mais qu'une offrande est né parce qu'ils étaientd'origine païenne, Lév.
cessaire : un sentiment religieux quel 18, 21. 20, 2. Deut. 12, 31., mais parce
conque présidait par conséquent à tout qu'ils sont contraires à tous les senti
sacrifice, et la foi fit voir à Abel ce que les ments de la nature et de l'humanité.
autres ne faisaient que pressentir et en L'exemple d'Abraham sacrifiant Isaac ne
trevoir confusément, Hébr. 11, 4. peut rien prouver contre ce fait, non plus
- Ce que les lsraélites avaient reçu par que le sacrifice de Jephthé: le premier
tradition , leur législation le fixa et le obéissait à un ordre spécial et positif de
compléta, en déterminant la nature et le Dieu, qui n'en permit pas même l'exécu
mode des sacrifices, le rituel, et tout ce tion ; le second obéissait à un vœu irré
qui s'y rapportait : fléchi qu'il ne se croyait plus le maître de
1° L'objet de l'offrande, animal ou vé ne pas accomplir.
gétal, déposé sur l'autel de Jéhovah, de 2° Le lieu où les sacrifices seraient of
vait appartenir au nombre des aliments ferts fut déterminé : il ne pouvait y en
purs dont les Ilébreux étaient appelés avoir qu'un : ce fut le tabernacle dans le
ou autorisés à faire eux-mêmes usage. On désert, puis le temple à Jérusalem. Ce
distinguait les menachoth et les zebachim, lieu devait être unique pour rappeler l'u-
ces dernières étant des victimes sanglan nité de Dieu, puis pour maintenir l'unité
tes, par opposition aux premières, 1 Sam. du peuple, et faciliter la fusion des tribus
2, 29, 3, 14. Ps. 40, 6. Hébr. 8, 3. Une rivales en les réunissant autOur d'un seul
substance minérale soluble, le sel, ser et même sanctuaire. Tout sacrifice offert
vait d'assaisonnement aux offrandes de ailleurs qu'au lieu désigné était considéré
ces deux classes. Les offrandes végétales comme un acte d'idolâtrie et puni de
étaient ou sèches, ou liquides : sèches mort, Lév. 17, 4. Deut. 12, 5.1 Rois 12,
(mincha), comme la fine farine, des grains 27. La loi ne fut cependant pas toujours
rôtis, du pain, des gâteaux, de l'encens ; rigoureusement observée, au moins pen
liquides (nèsek), comme l'huile et le vin. dant la période des juges, et jusque sous
Les offrandes animales consistaient en David, 1 Rois 3, 2. 3.; on sacrifiait ail
animaux purs, cf. Gen. 8, 20., taureaux, leurs, particulièrement sur des collines,.
chevreaux, brebis, tourterelles, etc.;au des hauts lieux; Samuel même l'a fait, et
cun poisson ne pouvait être offert. Ces David l'a souffert, Jug. 2, 5.6, 26.13, 19.
animaux devaient être nets de toute tache ! 1 Sam. 7, 17. Les sacrifices sur les hauts
• • • , Il. - 19
SAC , 290 SAC

lieux continuèrent même après Salomon, cérémonielles de la loi mosaïque aient


et sous les rois les plus pieux, qui ne pu toutes été observées, ou même connues
rent souvent que pallier le mal sans réus de tous les Israélites ; elles tendaient à
sir à le détruire. Il va sans dire qu'en Is rendre le péché excessivement péchant;
raël cet article de la loi cérémonielle fut mais les hommes pieux savaient que Dieu
traité comme les autres; les rois se sé regarde au cœur, les autres ne s'inquié
parèrent, et séparèrent leur peuple du taient pas de la loi.
sanctuaire de Jéhovah, et ceux qui voulu 3° Quant au but du sacrifice, à l'inten
rent rester fidèles à la religion de leurs tion dans laquelle il était offert, ce pou
pères durent quitter le royaume pour vait être le désir, la reconnaissance ou la
adorer à Jérusalem. — On s'explique dif repentance; un sacrifice pouvait être une
ficilement comment la loi étant là, posi prière, une action de grâces, ou une ex
tive, des infractions aussi flagrantes ont piation ; il portait alors des noms diffé
pu avoir lieu, et être, pour ainsi dire, au rents, ainsi qu'on le verra plus loin. Les
torisées par l'exemple même de quelques holocaustes avaient un caractère plus gé
hommes de Dieu : l'éloignement géogra néral. Ensuite des divers sentiments qui
nhique des tribus, leurs querelles intes se manifestaient de cette manière, les sa
dmes, les luttes à l'extérieur, les difficul crifices étaient nombreux, à peu près
tés de communication, l'absence de fixité comme lesmesses papistes; les uns étaient
dans la résidence de l'arche, peuvent avoir publics, les autres particuliers; les uns
contribué à amener la transgression de la généraux, les autres spéciaux; les uns
loi; mais toutes ces causes réunies ne obligatoires, les autres volontaires ; ces
suffisent pas pour l'excuser, bien moins derniers étaient souvent des sacrifices de
encore pour expliquer la conduite illé famille, et se répétaient, soit annuelle
gale du légal Samuel. Il faut croire qu'en ment, soit à des époques plus rapprochées
général les prescriptions cérémonielles et déterminées, 1 Sam. 1, 3.21. 20, 6.
de la loi n'étaient considérées que com Les païens étaient admis, comme les Juifs,
me des détails dont on se croyait obligé à présenter des sacrifices, Nomb. 15, 14.
de tenir compte autant que possible, sans 2 Macc. 3, 35. 13, 23., et l'on voit même
cependant les regarder comme indispen des Juifs offrir des sacrifices pour des
sables;peut-être que les Juifs pieux étaient princes païens, 1 Macc. 7, 33.
plus spiritualistes qu'on ne se plaît géné 4° Celui qui offrait un sacrifice san
ralement à le croire ; les impies et les in glant pouvait, après s'être purifié et sanc
différents auront mis, dans un même vais tifié, conduire lui-même l'animal à l'au
seau, le fond et la forme, comme ils le tel; il lui posait solennellement la main
font encore de nos jours, et, négligeant sur la tête, comme pour s'identifier avec
l'amour de Dieu et du prochain, ils auront lui, ou pour le consacrer à Jéhovah, puis
su trouver de bonnes raisons pour se dis il l'égorgeait, mais il ne touchait pas le
penser des cérémonies extérieures de sang. Plus tard, cependant, on voit que
leur loi. Samuel et les hOmmes fidèles de les prêtres et les lévites eux-mêmes furent
ces temps, pénétrés de douleur à la vue assez ordinairement chargés d'égorger la
de l'incrédulité qui avait envahi le pays, victime, 2 Chr. 29, 24. Le sang de l'ani
guidés par l'Esprit de Dieu, forts de l'in mal était reçu par les prêtres, et, suivant
spiration qui était en eux, et sachant bien la nature du sacrifice, répandu ou em
que ce n'était pas l'unité de Dieu , mais ployé en aspersions. Celui qui offrait la
Dieu lui-même qu'on oubliait, auront bête du sacrifice l'écorchait ensuite, lui
songé à relever ses autels, à ramener la ôtait la peau (cependant v. 2Chr. 29, 34.),
religion, à reconstituer l'unité au moyen et dépeçait l'animal en morceaux qui, sui
de ses fractions, et, sans analyser peut vant la nature des cas, étaient tous, ou en
être les motifs de leur conduite, ils au partie, brûlés sur l'autel ; le reste des
ront sacrifié au vrai Dieu là où ils se viandes, lorsqu'il en restait, appartenait,
trouvaient, sachant qu'il y était avec eux. soit aux prêtres, soit à celui qui avait
Il est peu probable que les prescriptions présenté le sacrifice ;d'autres fois encore
SAC 291 SAG
Ce reste devait être consumé hors de la crifices, n'en firent qu'un opus operatum,
ville sainte. Les morceaux brûlés sur et Crurent se rendre agréables à Dieu,
l'autel devaient toujours être de ceux qui peut-être même laver leurs péchés, par le
étaient réputés les meilleurs et les plus Seul fait qu'ils offraient surl'autel quelques
Succulents, cf. Es. 1, 11, —v. sur cetar pièces de bétail, ou quelque produits de
ticle, Lév. 1, 3, 4,8, et 17.4 Sam. 46, 5. leurs champs. Les prophètes ne cessent
et les articles spéciaux Festins, Holo de protester contre cette fausse et or
caustes, etc. Quant à l'offrande des pi gueilleuse pensée, et de rappeler que
geons, v. Lév. 1, 14. 5, 8., v. aussi Lever c'est l'intention, que c'est le cœur, un
sur la cérémonie du lever et du tour cœur pur, humilié, froissé, qui seul peut
noiement, qui accompagnait quelques sa donner au sacrifice une valeur réelle aux
crifices. yeux de Dieu, Es. 4, 11, Jér. 6, 20. 7,
5° Les sacrifices étaient nombreux, 24. Os. 6, 6. Amos. 5, 22. Mich. 6, 6. Ps.
continuels, ils devaient nécessairement 40, 6. 51, 17. Prov. 21, 3. Matth. 5, 23.
entraîner avec eux de grandes dépenses etc. Les esséniens après l'exil, compre
annuelles, mais les matières du sacrifice, nant que la réalité du culte n'est pas
fruits ou animaux, étaient en quelque dans sa matérialité, mais voulant être
sorte sous la main de chaque père de fa sages au-delà de ce qui était écrit dans
mille, et faciles à se procurer; les jardins, leur loi, ne gardèrent du culte extérieur
les pâturages et les bois de la Palestine, que les lustrations et les ablutions, et
suffisaient amplement à cette partie des supprimèrent entièrement les sacrifices.
besoins du culte hébreu. Lorsque les ri On peut voir sur ce sujet dans la Mishna
chesses maturelles du pays eurent com les traités Sebachim, Menachoth et Te
mencé à diminuer, par suite du manque mura, qui renferment les principales dis
de culture, de la guerre, ou de l'accrois positions de la tradition juive sur les sa
sement de la population, des princes crifices.
étrangers qui voulaient se rendre les Juifs Après ces observations générales, nous
favorables, ou leur donner des preuves avons à examiner en détail ce qui est dit
de leur amitié, leur fournirent, en nature des sacrifices propitiatoires. Deux mots
ou en argent, une partie de ce qui leur sont employés en hébreu pour indiquer
était nécessaire pour la célébration du en quelque sorte deux nuances du péché :
culte public, Esd. 6, 9. 1 Macc. 10, 39.2 l'un, asham, désignait les sacrifices pour
Macc. 3, 3. 9, 16. etc.; v. aussi les articles le délit ; l'autre, hhatath, se disait des
Temple, et Impôts. sacrifices pour le péché. Il n'est pas fa
1 6° Comme acte d'humiliation ou de re cile de les distinguer clairement l'un de
connaissance envers l'Eternel (Ps. 66, 15. l'autre quant à leur nature et à leur im
146, 17. cf. Matth. 8, 4. Act. 21, 26.), les portance : le dernier avait une significa
sacrifices particuliers furent toujours tion plus profonde et plus générale, le
nombreux en Israél, et celui qui s'abste premier n'était peut-être que l'expiation
nait d'en offrir passait pour un homme de péchés considérés comme peu graves,
impie et irréligieux, Eccl. 9, 2. cf. Es. 43, accidentels, ou cérémoniels. Nos versions
23. On jurait en conséquence par les au n'établissant aucune différence dans la
tels et les sacrifices, Matth. 23, 18., et, traduction des deux mots hébreux, nous
dans les descriptions qui sont faites de indiquerons quelques-uns des principaux
la restauration du monde, le culte des sa passages où l'un et l'autre sont employés;
crifices est relevé comme devant faire une ce sera la meilleure manière d'en préci
des gloires de cette époque, de même ser la valeur.
que l'absence des sacrifices constitue On offrait le asham pour le délit : -
l'une des calamités qui résulteront de 1° Quand on avait détourné ou retenu
Pexil, Os. 3, 4. cf. Es. 19, 21. 60, 7. 61, par mégarde des choses sanctifiées à l'E-
6. Zach. 14, 21.Jér. 17, 26.33, 18. Il faut ternel, Lév. 5, 15. — 2° Quand on avait
ajouter que bien des fois cependant les par ignorance fait quelque chose de con
Israélites, oubliant la signification des sa traire à la volonté de Dieu, Lév. 5, 17.
SAC 292 SAC

cf. Esd. 10, 19. 1 Sam. 6, 3. — 3° Quand 6, 10. 14.; f) quand l'assemblée, ou un
on avait nié un dépôt, ou gardé un objet prêtre, ou un simple Israélite avait par
perdu par un autre, ou dérobé quelque mégarde transgressé un des commande
chose, ou prêté un faux serment, Lév. 6, ments de Dieu, Lév. 4, Nomb. 15, 24. cf.
2.3.— 4° Dans le cas de séduction exer 2 Chron. 29, 21.;g) quand un homme ap
cée sur une esclave fiancée à un homme, pelé à témoigner par serment, d'une chose
et non encore rachetée, Lév. 19, 20. — qu'il avait vue ou entendue, refusait de
5o Un lépreux après sa guérison, un na le faire, lorsqu'il avait touché un homme
zarien qui s'était souillé par la vue ou le ou une chose impure, lorsqu'il avait juré
contact d'un cadavre, devaient également à la légère de faire une chose, bonne ou
offrir un sacrifice pour le délit, Lév. 14, mauvaise, et qu'il oubliait son serment,
12. Nomb. 6, 12. — La peine, car le sa Lév. 5, 1-5.; h) v. enfin à l'article Vache
crifice en était une, variait suivant les rousse, une dernière espèce de sacrifices
cas ; dans les quatre premiers il fallait pour le péché (hhatath). — Pour tous ces
offrir un bélier, dans le dernier un cas l'objet du sacrifice était, selon le degré
agneau ; en cas de vol il fallait restituer et la nature du mal commis, un jeune tau
l'objet détourné et y ajouter un cinquiè reau, un bouc, une brebis ou une chèvre,
me de la valeur, qui revenait de droit un pigeon, ou un tourtereau, et dans un
soit au prêtre (1°), soit au propriétaire cas spécial des oiseaux quelconques, dont
(3°). L'animal était égorgé du côté sep l'espèce n'était pas déterminée, mais qui
tentrional de l'autel, son sang était ré devaient être purs. C'étaient des taureaux
pandu tout à l'entour, les graisses étaient lorsque le sacrifice était offert pour l'as
brûlées, le reste des viandes apparte semblée ou pour un prêtre, un bouc lors
naient aux prêtres, Lév. 7, 1-6. Des cé que le pécheur était nazarien, un bélier
rémonies spéciales, notamment quant à pour la consécration des prêtres, deux
l'emploi symbolique du sang , étaient oiseaux pour la purification d'une maison,
prescrites pour la purification du lépreux, lépreuse, etc. Tous ces détails sont mar-,
Lév. 14, 14. qués aux passages cités. r*

Quant aux sacrifices pour le péché(hha Les parties grasses des animaux à qua
tath) il y en avait d'ordinaires, et d'ex tre pieds étaient toujours consumées sur
traordinaires ou spéciaux. On offrait les l'autel ; les autres parties étaient, 1° ou
premiers : a) pour tout le peuple, aux jours bien brûlées hors de la ville, pour les sa
de nouvelle lune, à Pâque, à Pentecôte, crifices ordinaires, Ex. 29, 14. Lév. 4 et
aux fêtes des trompettes et des taberna 16, 2" ou dans les cas spéciaux, aban
cles, au grand jour des expiations, Nomb. données aux prêtres pour servir à leur
28, et 29, Lév. 16; b) pour les prêtres nourriture dans le parvis du sanctuaire,
et les lévites lors de leur consécration, Lév. 6, 25. 4, 25.
Nomb. 8, 8. Ex. 29; c) pour le souverain Quant au sang, on en faisait un usage
sacrificateur au grand jour des expia différent suivant les différents cas. Celui
tions.- Les sacrifices extraordinaires et de la grande victime expiatoire était tout
non réguliers étaient offerts en diverses entier porté dans le lieu très saint, on
Occasions : a) pour les relevailles d'une en arr0sait l'arche de l'alliance et l'on en
femme nouvellement accouchée, Lév. 12, frottait les cornes de l'autel, Lév. 16, 14.
6.8.; b) pour la purification d'un lépreux 18. Dans les sacriflces ordinaires pour le
Ou d'une maison attaquée de la lèpre, q. péché on en portait une partie dans le
v., Lév. 14; c) pour la purification d'un lieu saint, on le versait en aspersions près
homme guéri de lagonorrhée, Lév. 15,15.; du voile qui servait d'entrée au lieu très
d) pour la purification d'une femme long saint, et l'on en oignait les cornes de
temps souffrante d'une perte de sang, l'autel des parfums ; le reste était répan
Lév. 15, 29.; e) lorsqu'un nazarien avait du au pied de l'autel des holocaustes, Lév.
été souillé par la présence d'un corps 4, 5.16.Enfin, dans les sacrifices spéciaux
mort subitement près de lui, ou lorsque pour le péché, l'on en mettait une partie
le temps de son vœu était expiré, Nomb, sur les cornes de l'autel des holocaustes,
•,
SAC 293 SAC " * |

et le reste était répandu au pied de cet Lév. 5, 1-13., qui présente quelques obs
autel, Lév. 4, 25. 30. 34. cf. 2 Chr. 29, curités, on peut dire que les offrandes pour
22. D'après Ex. 29, 12., il semblerait que le délit étaient réclamées pour des fau
cette dernière manipulation du sang fût tes commises par erreur, par négligence,
également en usage pour les sacrifices dont la commission était en quelque sorte
ordinaires et réguliers, ce qui ne s'ac regardée comme involontaire, ou comme
corderait pas avec Lév. 6, 30.; mais au inévitable, pour l'ensemble des péchés,
milieu de tous ces détails, et presque à pour la souillure publique ou sacerdotale
cause de ces détails mêmes , il est diffi qui trouvait son expiation dans les sacrifi
cile de se représenter d'une manière ces annuels, dans les sacrifices de consé
exacte l'ensemble de ces cérémonies, qui cration, enfin pour la purification de la
variaient si souvent et à propos des plus lèpre qui dans la symbolique juive repré
petites nuances. D'autres détails, le bouc sentait la souillure du péché. Le point de
Hazazel, etc., sont encore mentionnés, v. vue de cette sorte de sacrifice était pour
Lév. 5, 8. 14, 49.53. Ex. 29, 19. ainsi dire objectif, et celui qui le présen
D'après ce qui précède on voit que les tait semblait s'accuser d'une faute posi
offrandes pour le délit et celles pour le tive, mais involontaire et dont il n'était
péché (asham et hhatath , en allemand pas coupable : il semblait dire : Je suis in
Schuldopfer et Sundopfer), analogues par nocent, mais la loi a été violée. Dans
leur nature et leur objet sous bien des l'autre cas, au contraire , dans celui des
rapports, constituaient cependant deux sacrifices pour le péché, la faute était
espèces de sacrifices, distinctes l'une de non-seulement positive, mais précise, et
l'autre aux yeux des Hébreux et dans volontaire : le point de vue du sacrifice
l'esprit de la législation de Moïse, comme était plutôt subjectif; celui qui apportait
cela ressort non-seulement du fait qu'il son offrande le faisait dans le sentiment
est parlé de chacune séparément, Lév. 4, d'une transgression volontaire d'un com
6.25. cf. 5, 15. 7, 1-10., mais encore des mandement spécial de Dieu : il s'accusait
passages où elles sont nommées l'une à la d'une faute qu'il aurait pu éviter, il était
suite de l'autre, et des cas de souillure coupable parce qu'il l'avait bien voulu,
ou de culpabilité où elles sont prescrites cf. aussi Lév. 19, 20.
comme devant être offertes l'une et l'au Josèphe, Ant. 3, 9, 3., a reconnu et
tre. Le rituel en était différent, notam établi cette distinction. Cependant elle
ment en ce qui concerne la manipulation n'est pas toujours maintenue dans la loi,
du sang : la destruction des viandes hors et le principe du législateur n'apparaît pas
de la ville, prescrite dans certains cas de toujours d'une manière claire : quelques
sacrifices pour le péché, ne l'est pas dans répétitions du livre des Nombres sem
les offrandes pour le délit, et quant à blent destinées à interpréter ou à com
ces dernières, le choix des victimes était pléter, peut-être même à modifier les rè
bien plus facile, bien moins embarrassé gles posées dans le Lévitique , et à les
de restrictions et d'ordonnances que modifier dans un sens qui ne s'explique
pour les sacrifices pour le péché. que par le but téléologique de la législa
, , Mais si l'on doit tenir ces deux ordres tion mosaïque.Ainsi nous voyons, Nomb.
de sacrifices pour distincts, il n'est pas 6, 12. que la mort d'un homme dans le
facile de dire en quoi consistait la diffé voisinage du nazarien, souillait celui-ci,
rence morale qui les séparait, le principe alors même qu'il en était innocent, de telle
spécial qui les caractérisait l'un et l'autre. sorte qu'il était obligé d'offrir pour sa
ºi A première vue on peut dire que les purification un sacrifice pour le péché,
délits paraissent avoir été d'une moins hhatath : l'intention du législateur était
grande importance que les péchés, les évidemment de faire ressortir ce fait que
asham que les hhatath ; les offrandes le nazarien était un homme à part, et que
sont en général moins considérables, le ce qui n'était pas péché pour les autres,
rituel moins sévère dans le premier cas le devenait pour lui. Quant aux prescrip
que dans le second; et sauf le passage tions relatives aux maladies des femmes,
*

SAC 294 SAC

Lév. 15, 25., elles se concilient fort bien péchés (hhatath), et ne serait plus carac
avec ce que nous avons dit plus haut, et téristique. D'autres, comme Michaélis,
avec les idées que la loi devait donner ont vu dans les asham les péchés d'omis
aux Juifs sur le pur et l'impur. sion, et dans les hhatath les péchés de
Reland, Baur, et Winer, partagent avec commission expiés; mais les passages
nous l'opinion de Josèphe sur la carac Lév. 5, 17. 15, 25., réfutent à eux seuls
téristique de ces sacrifices , telle qu'elle cette interprétation. Grotius a vu le con
peut être saisie et que nous l'avons ex traire, qui se réfute également par Lév.
posée. — Le passage Lév. 5, 1-13., sem 4, 2. 13,27, L'opinion de Saubert est en
blerait cependant faire objection à ce core moins soutenable : il voit dans les
point de vue. Les expressions asham et asham la réparation de péchés faits avec
hhatath s'y confondent en effet tellement, mauvaise intention et par méchanceté, et
et paraissent si souvent se substituer dans les hhatath, celle de péchés commis
l'une à l'autre, que l'on ne sait parfois de par ignorance; l'appui que donne à cette
quel sacrifice il est question ; on peut se opinion l'autorité de Philon et d'Aben Es
demander même s'il y a entre les deux ra (du moins en partie) est plus que ren
offrandes, une distinction établie. Cepen versé par l'examen même des textes. No
dant, comme le mot hhatath est formel tons enfin l'explication d'Abarbanel, qui
lement employé, en parlant de l'offrande, pense que les sacrifices pour le péché
aux versets 6.7.8.9.11.12., nous n'a- étaient offerts dans les cas d'une violation
vons pas hésité à ranger ces sacrifices au positive et intentiomnelle d'un comman
nombre des sacrifices pour le péché;mais dement de Dieu , les sacrifices pour le
il faut avouer que la distinction faite surdélit dans les cas douteux ; c'est de l'es
la nature des deux offrandes est ébranlée, prit rabbinique tout pur.
ou que, cette distinction existant, Moïse Nous avons maintenant à nous deman
n'a pas cru devoir la maintenir ou l'ob der quelle idée les Juifs attachaient à la
server dans tous les cas, ou enfin que les mort des victimes offertes en sacrifice,
détails de cette distinction nous échap s'ils n'y voyaient qu'un présent fait à la
pent, et que nous avons perdu la clef dedivinité offensée, ou, comme le veut Mi
ces nuances, qui ne sont plus pour nous chaélis, une amende exigée comme châ
que de fines subtilités, alors même qu'el timent, comme peine, ou enfin, dans l'acte
les pouvaient avoir pour les Hébreux une du sacrifice, une substitution, et dans la
importance considérable, relativement à victime un suppléant, un remplaçant des
l'ensemble de l'économie mosaïque. Nous tiné à souffrir pour eux la mort qu'ils
n'en maintenons donc pas moins l'expli avaient méritée. Cette dernière opinion
cation que nous avons donnée ci-dessus, est celle de plusieurs rabbins, et, parmi
et cela d'autant plus que les essais que les théologiens modernes, celle de Bauer,
l'on a faits d'uneinterprétation différente, De Wette, Gesenius, Scholl, Tholuck,
sont loin de nous satisfaire au même de Cœlln, Winer, Schrœder, etc. Elle a été
gré. Cramer, par exemple, et d'autres, combattue, avec plus de force que d'ar
ont voulu voir dans les asham (délits) la guments, par Klaiber, qui a été plus né
violation d'un contrat tacite fait avec des gatif que positif, et qui prouve fort bien
hommes, concitoyens, prêtres, époux, que cette doctrine des Juifs ne se trouve
etc., et, dans le sacrifice, la manifesta pas dans certains passages, sans avoir
tion du remords et le cri de la cOnscien prouvé qu'elle ne se trouve pas"dans
ce; c'est trop raffiné, et, d'ailleurs, le dé d'autres. Nous n'insisterons pas sur fès
tournement des choses consacrées à l'E- formules : « Le sacrificateur fera ainsi
ternel, qui appartient à cette sorte de dé propitiation pour eux, et il leur sera par
lits, ne se rangerait pas à cette expli donné, » ou « il fera propitiation pour
cation , à moins d'étendre l'idée de la son péché, » etc., formules qui se retrou
violation aux contrats, à l'alliance faite vent fréquemment, Lév. 4, 20.26. 5, 10.
avec Dieu; mais alors l'explication irait 13.18., et qui ne sont cependant pas sans
trop loin, car elle s'étendrait jusqu'aux importance; l'acte de poser la main sur
SAC 29 5 SAC

la tête de la victime, acte qui, au grand qu'un être pût souffrir et être puni d
jour des expiations, indiquait positive Dieu à la place d'un autre, se retrouve
ment la transmission des péchés, Lév. 16, fréquemment dans l'ancienne alliance,
21., pourrait ne pas avoir eu, dans les non-seulement 2Sam. 12, 15. 24, 40. Es.
autres sacrifices, la même signification, et 53, 4. Dan. 11, 35., surtout 9, 26., mais
notre conviction qu'il en était cependant déjà dans la loi de Moïse, à l'occasion du
ainsi, n'aurait pas la valeur d'une preu meurtre dont l'auteur restait inconnu,
Ve; enfin la circonstance que, dans cer Deut. 21, 6. 8., etc.; puis encore dans la
tains cas, la victime était regardée com signification symbolique du sacrifice de
me souillée, ce qui suppose nécessaire l'alliance, Jér. 34, 18., dans le rituel du
ment qu'elle était chargée des péchés de sacrifice du bouc expiatoire, Lév, 16,21.;
celui qui l'offrait, n'est pas prouvée pour enfin, Es. 43, 3., où le mot de rançon est
tous les cas, Ex. 29, 14. Lév. 13, 46. 16, exprimé par l'hébreu kopher, qui s'em
28., et semblerait même contredite par ploie sifréquemmentlorsqu'ilestparlé des
des passages tels que Lév. 4, 12. 6, 27. sacrifices expiatoires. Le mot hhitteh (ex
Nous renonçons à faire usage de ces di pier) est employé avec le régime direct,
Vers textes, quelque forts qu'ils puissent Gen. 31, 39., dans le sens de remplacer,
paraître, et qu'ils soient en effet, parce expier une chose, supporter une perte,
qu'ils ne sont convaincants que lorsqu'on et c'est le même mot, au même temps,
est déjà convaincu par les déclarations et mode et régime, qui est traduit par of
les faits plus explicites qui suivent, et que frir, Lév. 6, 26 (19). 9, 15.
nOuS allons examiner : D'autres peuples de l'antiquité étaient
Lév. 17, 11. « L'âme de la chair est encore familiers avec l'idée d'une expia
· dans le sang ; c'est pourquoi je vous ai tion, que nous estimons avoir été celle
Ordonné qu'il soit mis sur l'autel, afin de que les Hébreux attachaient à leurs sa
faire propitiation pour vos âmes, car c'est crifices ; Hérodote, Jules César, Ovide,
le sang qui fera propitiation pour l'àme.» Porphyre, parlent des Egyptiens, des Gau
On ne peut entendre ces paroles de deux lois, et d'autres nations chez qui une vic
manières : elles disent clairement que time, homme ou bête, était censée expier
l'àme de la bête, qui est répandue avec les péchés, et prendre la place de celui
son sang, est offerte au lieu de l'âme du qui l'offrait en sacrifice. La même idée se
pécheur en propitiation.Il n'est pas même retrouve chez plusieurs peuples sauvages
besoin d'insister sur le sens de kipper, de nos jours, et paraît profondément en
expier; le seul parallèle entre l'âme de la racinée dans le cœur humain. Elle a pres
chair et vos âmes implique l'idée de sub que partout, et presque toujours, marché
stitution, par conséquent d'expiation. de pair avec l'idée de Dieu. On peut con
L'effusion du sang de la victime et l'u- sulter, pour les citations, Tholuck, dans
sage qu'on en faisait, prouve que la mort Guido et Julius, et pour l'exposition, les
de l'animal n'était pas la seule chose à sermons de M. Martin sur la Rédemption.
considérer dans ces sacrifices, comme Au reste, il est peu de questions qui aient
dans d'autres offrandes où la combustion été plus souvent examinées, et qui aient
des viandes sur l'autel était la chose prin eu l'honneur d'un examen plus profond
cipale. Or, que pouvaient signifier ces et plus sérieux, de sorte que la liste des
aspersions de sang, sinon que la vie elle ouvrages à consulter, si nous voulions la
même était dispersée, perdue, jetée loin, donner, serait considérable.
et entièrement détruite P l'effusion du Remarquons enfin que toutes les au
sang n'était pasun moyen, celui,parexem tres explications qu'on voudra donner du
ple, de tuer l'animal, mais un but; or, elle principe et de l'idée des sacrifices sont
ne peut avoir été un but que si l'on se forcées, obscures et peu naturelles, ainsi
représente la vie du pécheur mystique que le remarque Winer lui-même, qui ne
ment unie à celle de l'animal, et anéantie se pique pourtant guère d'orthodoxie.
avec elle. Michaélis voit dans le sang le principe de
L'idée d'une substitution, la pensée la vie, de la sensualité, du péché : l'effu
SAC 296 SAD

sion du sang lui paraît un symbole de la portant du culte juif, et ont fini par n'en
destruction du péché ; mais ni l'Ancien plus faire qu'une cérémonie; on voit mê
ni même le Nouveau Testament, ne justi me (Tamid. 3, 3.) que dans le second
fient une pareille hypothèse. La supposi temple une place particulière était réser
tion de Steudel est encore moins soute vée à la partie nord-ouest du bâtiment
nable, et n'aurait pas suffi à faire la ré comme étable des brebis destinées à ces
putation de son auteur. Il admet que le Sacrifices.
principal, dans ces sacrifices, était la ré Quant aux offrandes de purifications,
conciliation du pécheur avec Dieu, par le on en a parlé à l'article Pureté. Nous ren
moyen d'une offrande, et que les cérémo voyons de même aux articles spéciaux
nies qui entouraient le sacrifice, n'avaient sus-mentionnés, pour tout ce qu'il y au
d'autre but que de témoigner le repentir rait à dire encore sur les sacrifices hé
du coupable, et son horreur pour la trans breux, les aspersions, libations, holo
gression qu'il avait commise de la loi di caustes, festins, etc.
vine. Klaiber, enfin , est encore au-des SADDUCEENS, secte juive fréquem
sous de ses prédécesseurs : il ne consi ment mise en scène dans le Nouveau Tes
dère que la pureté nécessaire à la bête tament comme hostile aux pharisiens,
du sacrifice, et pense que l'offrande d'un mais se liguant avec eux dans une com
animal, sans défaut et sans tache, devait mune hostilité contre l'ennemi commun,
rappeler au pécheur la pureté que la loi Jésus-Christ, qui venait renverser les su
exigeait de lui. Ce point de vue, qui s'ap perstitions des uns et l'incrédulité des
pliquerait aussi bien à tous les autres sa autres, Matth. 3, 7. 16, 1.6. 12. 22, 23.
crifices qu'aux sacrifices pour le péché, Luc 20, 27. Act. 4, 1.5, 17. 23, 7. Ils fai
a, en outre, le grave inconvénient de ne saient dériver leur nom de Tsadoc, dis
tenir aucun compte du sacrifice en lui ciple d'Antigone de Socho, et l'on pré
même, et du rituel qui l'entourait. L'idée tend que c'est la doctrine de ce dernier ,
d'expiation, de substitution, ne peut donc qui avait engagé Tsadoc à quitter son !
pas nous paraître devoir être sacrifiée à école et à se faire chef de secte. Antigo
d'aussi insignifiantes théories, et les pas ne, par un excès de spiritualité, en était
sages cités qui l'appuient, puisent, dans venu à exagérer l'amour pur, ou du
le Nouveau Testament, leur dernière et moins, s'il ne l'avait pas exagéré, il l'a-
complète justification. Un sacrifice expia vait présenté sous un faux jour : Travail
toire, une victime sans tache, offerte en lez, disait-il à ses disciples, travaillez nOn
lieu et place des pécheurs, est venue point comme des serviteurs en vue des
prouver à ceux qui doutaient, que les sa récompenses, mais obéissez à Dieu sans
crifices symboliques et typiques de l'an vue d'intérêt et sans espérer aucune ré
cienne alliance avaient, en effet , une si compense de vos travaux ; que la crainte
gnification expiatoire, et que les victimes du Seigneur soit sur vous. Tsadoc, dit
représentaient la mort d'une victime, à la on, en conclut fort à tort, qu'il n'y aurait
place de ceux qui avaient mérité et en pas de rétributions dans l'autre monde,
couru la condamnation divine. par conséquent aussi pas de vie future. Ce
Les sacrifices du matin et du soir men qu'on sait des rapports d'Antigone et de
tionnés Ex. 29, 38-42. Nomb. 28, 3-8. Tsadoc est au reste fort confus et ne sem
ble pas justifier cette origine des saddu • 1º
Esd. 3, 5., étaient un holocauste journa
lier de deux agneaux d'un an qui étaient
céens; il est plus probable que ces sectai- . **
offets, l'un le matin, l'autre le soir, au nom
res, qui se seraient réunis d'une manière ,
du peuple entier ; ce sacrifice était conti
beaucoup plus simple et par la seule sym- / !
pathie de l'incrédulité, auront fini lors-nu,
nuel, et n'était supprimé ni les jours de
qu'ils auront eu l'idée de se constituer en
sabbat, ni les jours de grandes fêtes ;
lorsque d'autres sacrifices étaient présen
confrérie, par rechercher un nom célèbre !
tés, celui-ci prenait place avant eux. Les
auquel ils pussent se rattacher, et qui pût
rabbins ont fixé et multiplié les cérémo
leur servir de base et de point d'appui; , , ,
nies qui accompagnaient ce symbole im une parole de Tsadoc, interprétée d'une
SAD 297 ' SAF :

manière favorable à leur système, aura sent été admis à siéger au sanhédrin com-'º
servi de transition entre les fils et le père me ils le faisaient, Act. 23, 6., etc. . "
supposé. — Les rabbins nous apprennent Les sadducéens étaient peu nombreux ; |

déjà dans le Talmud qu'Esdras avait or ils se trouvaient presque exclusivement !


donné que toutes les prières faites au dans les hautes classes de la société; c'é-'!
temple, finissent par la formule « aux taient les riches et les puissants, ceux quiº
siècles des siècles; » il l'aurait fait pour étaient contents de ce monde et qui n'en
exprimer la foi dans la parole divine qui voulaient pas d'autre; c'étaient les esprits
nous enseigne qu'il y a un monde à ve forts, les incrédules, qui appartiennent à
nir, et pour protester ainsi publiquement tous les temps, qui ont été représentés "
contre certaines doctrines qui tendaient au dernier siècle par l'Encyclopédie, et
à se glisser dans l'Eglise juive, renver qui sont représentés de nos jours par les
sant l'espérance d'un monde futur et de rationalistes de cœur, dans toutes les clas-"
l'éternité.—Le mot hébreu tsaddik signi ses et dans toutes les communions chré- .
fiant juste, quelques-uns ont pensé aussi tiennes, par ces hommes incrédules, lé-"
que le nom de sadducéens pouvait en dé gers, se moquant de tout, tels que toutes
river, et qu'ils avaient choisi les idées les paroisses en présentent un nombre"
morales au lieu des idées religieuses pour plus ou moins grand. Il est probable que"
leur drapeau. Quoi qu'il en soit, il est la parabole de Lazare et du mauvais riche,
probable que les sadducéens ont em Luc 16, 19-31., avait spécialement cette
prunté leurs principes aux idées philoso secte en vue. Les sadducéens, du reste, ne
phiques qui se sont fait jour dans l'Asie formaient pas un corps organisé comme
antérieure depuis les conquêtes d'Alexan les pharisiens ; le bigotisme peut avoir
dre le Grand ; l'existence de la secte des ses confréries, mais il n'y a pas de lien
pharisiens a peut-être aussi contribué à pour les incrédules ; ils n'étaient unis que
provoquer celle des sadducéens; un ex par une identité de principes et de senti
trême en provoque un autre; le bigotisme ments. Ils disparaissent de l'histoire après
engendre l'incrédulité, et la foi est au mi la destruction de Jérusalem.
lieu, au-dessus de l'un et de l'autre. Les ouvrages de Josèphe, Philon, Re
Quant à leur doctrine, elle n'avait rien land, Prideaux, Jahn, etc. renferment de
de positif. Ils rejetaient les traditions, ils nombreux détails sur les sectes juives des
niaient l'immortalité de l'âme, la résur pharisiens, des sadducéens et des es
rection, les rétributions finales, l'exis séens, et doivent être lus si l'on veut se
tence des esprits, des anges, des démons, faire une idée exacte et complète de leurs
etc. Selon eux, la providence divine n'en doctrines et de leur histoire.
tre pas dans tous les détails de la vie hu SADOC, un des ancêtres de Joseph,
maine, l'homme ne dépend que de lui nommé dans la généalogie de Matth. 1,
même ; on voit que c'est une irréligion 14.; incOnnu.
complète que représentait cette secte. Le SADRAC, Dan. 1, 7., etc. Un des com
passage de Josèphe, Archéol. 18, 1, 4., a pagnons de Daniel. Son nom hébreu Ha
fait croire qu'ils ne s'attachaient qu'aux nania (grâce de Dieu, ou donné de Dieu),
cinq livres de Moïse, et qu'ils rejetaient fut changé en celui de Sadrac qui signifie,
tous les autres livres de l'Ancien Testa selon Bohlen, joyeux sur son chemin. Il
ment; mais comme dans ce passage la foi eut de la joie en ses voies, parce qu'il
est opposée aux traditions, il est proba marcha fidèlement dans les commande
ble que Josèphe a voulu désigner tout ments de Dieu. Son histoire est racontée
l'Ancien Testament, la parole écrite, par à l'article Abed-Nég0.
opposition à la tradition orale : c'est l'o- SAFRAN. C'est par ce mot que nos '
pinion d'Olshausen et de Winer, q. v. Il versions, et presque toutes les autres,
serait difficile, en effet, de comprendre ont traduit l'hébreu karkom, nommé avec
qu'en rejetant des livres aussi respectés le nard et d'autres plantes aromatiques,
des Juifs, et en se plaçant au niveau des Cant. 4, 14. On a cru pouvoir entendre le
Samaritains quant à leur canon, ils eus karkom du curcuma ou souchet, sorte -
SAF 298 SAL

de safran indien qui se divise en deux SAHALBIM, ou Sahalabbim, ville de la


espèces, la longue et la ronde : l'analogie tribu de Dan, mais qui au commencement
du nom hébreu militerait en faveur de de la période des juges, était encore au
cette traduction. Les feuilles du curcuma pouvoir des Amorrhéens, Jug. 1,35. Sous
sont lancéolées, d'un vert de mer : la co Salomon elle apparaît comme appartenant
rolle a quatre feuilles ; des cinq étamines aux Israélites. Eusèbe, et Jérôme qui
quatre sont stériles ; les racines sont l'appelle un grand bourg, pensaient en
charnues, genouillées, intérieurement retrouver les restes dans la Salaba de Sé
d'un jaune rouge, et bonnes pour la tein baste.
ture : la graine est renfermée dans une SAHAPH. fils de Jadaï, n'est connu
espèce de capsule à trois loges, à peu prèsque comme fondateur de Madmanna, 1
ronde. Cette plante originaire des Indes Chr. 2, 47. 49. cf. Jos. 15, 31.
pouvait être connue en Palestine. Cepen SAHARAJIM. 1° Benjamite, descen
dant il est hors de doute que le nom de dant d'Ehud ; il s'établit sur le territoire
karkom comprenait aussi, à cause de la de Moab, sans doute après quelques vic
grande ressemblance des couleurs, la fa toires, et y épousa plusieurs femmes, 1
mille du véritable safran, du crocus sati Chr. 8, 8. S'il compte parmi ses ancètres
vus, et comme cette plante était tout à la le juge d'Israël on peut croire que les
fois plus belle et plus connue, c'est elle conquêtes de son aïeul favorisèrent son
que tous les anciens interprètes, les Sep émigration. La mention qui en est faite
tante, la Vulgate, la version arabe, ont est obscure; il paraît qu'il avait répudié
vue dans le passage du Cantique. Le cro deux femmes avant de partir. — 2° Ville
cus vient naturellement et sans culture des plaines de Juda, sur l'histoire et la
en Orient ;il abondait dans la vieille Ci position de laquelle Eusèbe déjà déclare
licie; on le cultive dans l'Europe méri ne rien savoir; Jos. 15, 36.4 Sam. 17, 52.
dionale. C'est une plante bulbeuse dont 1 Chr. 4, 34.
les feuilles sont comme celles de l'herbe; SAHASGAS, Est. 2, 14., officier du sé
en automne on voit sortir presque immé rail d'Assuérus, chargé de surveiller, dans
diatement de l'oignon, une fleur d'un vio le second harem, celles des femmes que
let mat, de la forme d'un lys, et de la le monarque avait renvoyées ; son service
grandeur d'une petitetulipe.Le pistil, qui l'appelait ainsi auprès des mécontentes,
Se trouve au milieu de la fleur, se termi et de celles qui n'avaient point trouvé de
ne par trois stigmates filandreux très odo faveur ou dont la faveur était passée ;
riférants, d'une couleur qui varie de l'o- Hégaï, son collègue, était plus heureux,
range à l'écarlate. Ce sont ces stigmates chargé de garder celles qui espéraient
qui, étant séchés, forment le safran du 0IlC0I'8.
C0mmerce. Les anciens faisaient un très SALA ou Séla, fils de Caïman, et pe
grand usage de ce produit ; ils en com tit-fils d'Arpacsad; à l'âge de cent trente
p0saient des eaux de senteur dont on ar ans il devint père d'Héber, et mourut
rosait les théâtres et les grandes salles, âgé de quatre cent soixante ans. Il est
que l'on faisait entrer comme assaison nommé parmi les ancêtres de notre Sei
nement dans certaines mourritures, gâ gneur, Luc 3, 35. cf. 1 Chr. 1, 48. 24.
teaux, compotes, etc.: on en faisait mê Gen. 10, 24. 14, 12.
me, au dire de Lucain 9, 809., de petites SALAMINE, Act. 13, 5., ville mariti
fontaines artificielles. Les parfumeurs en me située dans la partie orientale de l'ile
composaient des huiles , des onguents, de Chypre. Elle possédait un bon port,
des pommades; les cuisiniers employaient et fut autrefois la résidence de rois puis
vigoureusement cette plante dans leurs sants. Ruinée par un tremblement de
sauces, les médecins enfin s'en servaient terre, elle fut rétablie au quatrième siècle
pour leurs malades, v. Pline 21, 81. etc. sous le nom de Constantia, maintenant
— La Vulgate a traduit aussi par safran Constanza. Cette ville n'a de commun
l'hébreu tholah de Lam. 4,5., mais v. Cra que le nom avec l'île de Salamine, qui
m0isi. rappelle la gloire de Thémistocle : cette
SAL 299 - SAL
dernière, patrie de Teucer, le chassa pour son père réel. Le nom de Salathiel qui se
n'avoir pas vengé la mort de son frère trouve encore Esd. 3, 2. Néh. 12,1. Agg.
Ajax, et Teucer, conservant dans I'exil le 1, 1., parcourt toute la période de la §
souvenir de sa patrie, donna le nom de tivité, depuis Jéchonias avec qui elle com
Salamine à la ville nouvelle qu'il fonda en mença, jusqu'à Zorobabel sous qui elle
Chypre, et que ses descendants possé finit, et sert à combler le vide que son
dèrent pendant plus de huit cents ans. absence aurait laissé dans les généalo
Paul vint à Salamine avec Barnabas, et y g1es.
convertit Serge Paul. SALCA, ville, probablement frontière,
SALATHIEL, un des ancêtres de no du royaume de Basan, mais conquise
tre Seigneur, nommé dans les deux gé avec le reste du pays par les Israélites,
néalogies de Joseph et de Marie, fils de et adjugée à la tribu de Manassé, Deut. 3,
Jéchonias selon saint Matthieu 1, 12., et 10. 13. Jos. 12, 5. 13, 11. D'après 1 Chr.
descendant de David par Salomon; fils de 5, 11., on pourrait supposer que Salca
Néri, selon saint Luc 3, 27., et descen passa plus tard aux Gadites, mais il est
dant de David par Nathan. D'après la ma possible aussi que Salca dans ce passage
nière dont nos versions traduisent 1 Chr. soit entendu exclusivement et non inclu
3, 17., ce passage ne présente pas de sivement. Cette ville existe encore à 7
difficultés : mais les mots « qui fut em lieues de Botsra, à la frontière sud-est
mené en captivité (en hébreu assir), ne du Hauran vers le désert, sous le nom de
peuvent pas être considérés comme un Salkhat, ou Sarkhad ; elle est protégée
qualificatif de Jéchonias, parce que assir par un fort, bâti sur des rochers de ba
n'est pas lié par l'article au nom propre Salte.
qui le précède ; assir doit être pris com SALEM, un des premiers noms de Jé
me nom propre, et la tradition des rab rusalem, la capitale du royaume de Mel
bins confirme cette traduction : v. 17. « Et chisédec, v. ces deux articles.
les enfants de Jésonias, Assir; son fils SALIM, près d'Enon, Jean 3, 23. Plu
fut Salathiel, v. 18. et Makiram,» etc. As sieurs croient que Salim est l'ancienne
sir formerait donc un chaînon de plus Salem où Melchisédec avait régné, et où
dans la généalogie. Une autre raison qui l'on voyait alors un palais en ruines,
milite en faveur de cette explication, c'est qu'On prétendait avoir été celui de ce roi
Jér. 22, 30., qui annonce à Jéchonias qu'il de paix; mais comme on l'a vu ailleurs,
n'aura point d'enfants; or, s'il avait eu Salem est Jérusalem, et Salim ne saurait
plusieurs fils, cette prophétie aurait été être confondu avec son presque homo
fausse, tandis qu'elle peut être véritable nyme. Il est difficile de déterminer où
en lui reconnaissant un seul fils : Jécho cette ville a dû exister ; le voisinage d'E-
nias fut emmené captif dans sa dix-hui non, lieu également inconnu, ne peut
tième année, avant d'avoir des enfants, donner aucune lumière à cet égard : ce
2 Rois 24, 15.; il resta en prison pendant devait être à l'ouest du Jourdain, et selon
trente-sept ans, et mourut sans laisser Tholuck, très probablement dans la Ju
de postérité. Mais ne peut-on pas sup dée, ou dans le Ghor supérieur. Eusèbe
poser qu'un de ses parents, Néri de la et Jérôme placent Salim et Enon à envi
branche de Nathan, en épousant une de ron 8 milles sud de Scythopolis ; peut
ses femmes, lui ait engendré un fils qui être est-ce le même endroit dont il est
serait Assir, père de Salathiel ? Cette hy parlé Judith 4, 3. Il y avait là beaucoup
pothèse, si conforme à l'esprit du judaïs d'eau. — Plusieurs noms à peu près sem
· me, cf. Deut. 25, 6., cadrerait parfaite blables sont rapportés dans l'Ancien Tes
ment avec le caractère des deux généalo tament, l'un comme appartenant à la tri
gies, et concilierait leur divergence en ce bu d'Ephraïm, 1 Sam. 9, 4., l'autre com
point, saint Matthieu attribuant toujours me étant de Juda, Jos. 15, 32.; le nom de
le fils à son père légal, même Jésus à Jo Hajin qui le suit pourrait être le Enon
seph, comme il le fallait pour convaincre du Nouveau Testament. — Simon Zélotes
les Hébreux, et saint Luc donnant au fils doit avoir été originaire de Salim.
SAL . 300 SAL
A , ,* s !
SALIVE. Cracher contre quelqu'un, ou quoi s'est-il servi d'un moyen, et d'un
à propos de quelqu'un, était déjà, dans la moyen qui ne pouvait pas atteindre le
plus haute antiquité, considéré comme but ? On a diversement répondu à cette
une insulte grave, Deut. 25, 9. Nomb. 12, question, et l'on peut comprendre dans
14. Es. 50, 6. Matth. 26, 67.; le simple le bénéfice de la même réponse d'autres
acte de cracher en présence de quelqu'un faits analogues, où des moyens extérieurs
était considéré comme une malhonnêteté, sont employés pour des guérisons mira
Job 30, 10., et un Oriental de nos jours, culeuses, 2 Rois, 4,41. Es. 38, 21. Marc6.
comme du temps d'Hérodote, (1, 99.) ne 13. 7, 33. Ces moyens, selon Passavant,
Se permettra jamais une action pareille en auraient été les conducteurs physiques de
présence d'un supérieur, Niebuhr, B. 26, la force surnaturelle qui agissait. Chry
29.; ce n'est point seulement comme le sostome, Mélanchthon, Calvin, pensent,
pense Jahn, à cause des beaux tapis quidans le cas particulier, que le Seigneur
couvrent la terre ou le plancher, mais par
voulait éprouver la foi du malade, et voir
cette pudeur naturelle qui dit à chacun si, après ce traitement en apparence peu
l'inconvenance qu'il y a à se purger d'une efficace, l'aveugle aurait assez de con
sécrétion quelconque en présence de per fiance en lui pour se rendre de la ville à
sonnes respectées; il pourrait, d'ailleurs, la fontaine de Siloé où sa guérison devait
arriver qu'un peu de salive vînt à tomber être accomplie ; peut-être aussi l'emploi
Sur les vêtements et même sur la barbe d'un moyen quelconque était-il un point
du voisin, ce qui est pour les Orientaux d'appui pour une foi faible encore. Winer
un affront suprême. La salive d'un hom enfin pense que Jésus voulait, par cette ac
me ayant une maladie impure, rendaitim tion, protester une fois de plus contre le
pur celui sur qui elle tombait par hasard, légalisme absurde des pharisiens qui dé
Lév. 15, 8., et l'on doit voir dans cette fendaient de guérir le jour du sabbat,
prescription morale une précaution mé même au moyen de la salive. Toutes ces
dicale.—La salive a certaines vertusadou explications ont de la valeur, et nous les
cissantes, surtout celle d'un homme à acceptons, mais nous ne repoussons point
jeun, qui n'est pas gâtée par le mélange aussi absolument que Winer, et comme
d'odeurs diverses et de particules alimen une absurdité , l'opinion de Johren (de
taires ; les animaux guérissent ordinaire Christo medico) que puisque le corps de
ment leurs plaies en les léchant ; la mor Christ était entièrement sain et parfait,
sure des serpents et des scorpions a été les facultés qui dorment ou qui sont
souvent guérie par la salive d'homme à émoussées en nous, devaient exister en
jeun; d'autres maladies, notamment cer lui dans toute la plénitude de leur perfec
taines ophthalmies, ont été traitées avec tion, et que si la salive humaine et ani
succès au moyen de ce remède si simple male a quelques vertus médicales, celle
et si facile, v. Plin. 28, 7., etc.; mais il du Seigneur devait les posséder toutes,
ne paraît pas que la salive ait pu guérir et non altérées.
de véritables cécités, des maux ayant af Luc 16, 21. Les chiens ont un grand
fecté l'organe visuel dans ce qui consti penchant à lécher les plaies, même les
tue sa propriété de vision. Ce que Tacite plus dégoûtantes; ils sont représentés lé
et Suétone racontent en effet de l'empe chant les ulcères de Lazare, et, comme là
reur Vespasien (Hist. 4,81. Vesp. 7.), se langue du chien est très-fine, son action
rapporte probablement à des yeux affectés produit toujours une impression agréable
extérieurement et non point au fond, et sur le malade, et peut procurer sa guéri
quelques faits de ce genre qu'on a décou son. On ne s'étonne pas de trouver un
verts plus tard, portent un caractère lé détail de ce genre dans les récits de Luc
gendaire qui ne permet pas d'en tirer des le médecin.
conclusions positives.Jésus en guérissant SALLUM. 1° Quinzième roi d'Israël, 2
un aveugle-né au moyen de salive mêlée Rois 15, 10. Fils de Jabès, il conspira
de boue, Jean 9, 6., évidemment a fait un contre Zacharie, le tua, éteignit la dynas
miracle, et en a voulu faire un; mais pour tie de Jéhu, ceignit sa tête de la couron
SAL 301 SAL

ne, la garda un mois, et la perdit comme SALM0N. v. Salma.


il l'avait gagnée : Ménahem le tua, vengea SALMONE, Act. 27, 7., promontoire
son ancien maître, et lui succéda à son de l'île de Crète, au nord-est, vis-à-vis
tour. Sallum, pour avoir osé assassiner de Gnide ou Rhodes, Strabon 10, 474.;
son prédécesseur en présence de tout le aujourd'hui cap Sidéro.
peuple, devait avoir un grand nombre de SALOMÉ, femme de Galilée qui ac
complices, et avoir préparé de longue compagnait, avec d'autres, notre Sei
main son complot. — 2° Mari de Hulda, gneur dans ses voyages, Marc 15, 40.16,
et garde du vestiaire royal sous Josias, 2 1. Il ressort de la comparaison de ces pas
Rois22, 14. Il était peut-être mortlorsque sages avec Matth. 27, 56., qu'elle était
son épouse parut sur la scène.—3°Grand mère de Jacques et de Jean, par consé
prêtre de la famille d'Aaron, 1 Chr. 6, 12. quent épouse de Zébédée. Les anciens
13. — Ce nom était fort commun. en font une fille de Joseph, le père légal
SALMA. 1° Arrière-petit-fils d'Ephra de Jésus; d'autres la tiennent pour l'é-
ta, et père ou prince de Bethléem, 1 Chr. pouse de ce Joseph auquel elle donna
2, 54.— 2° Salma, 1 Chr. 2, 11., appelé deux filles; d'autres, enfin, la font fille
aussi Salmon, Matth. 1, 4. Luc 3, 32. Ruth d'un frère du sacrificateur Zacharie, le
4, 20., était fils de Nahasson; il épousa père de Jean-Baptiste ; mais tout cela est
Rachab de Jérico. Son nom se trOuVe incertain. Quoi qu'il en soit de ces der
dans les deux généalogies du Seigneur. nières données, la première est sûre; elle
SALMAN, Os. 10, 14., ou était mère de Jacques et de Jean; c'est
SALMANESER, 2 Rois 17, 3. 18, 9., elle qui, avec l'idée d'un règne terrestre
roi d'Assyrie, successeur de Tiglath-Pi du Messie, et voyant les adhérents du roi
léser, et prédécesseur de Sanchérib, con futur se multiplier autour de lui, douze
temporain de So, roi d'Egypte, 17, 4., apôtres d'abord, puis soixante-dix disci
fondit sur Israël au temps de Hosée, 729 ples, et d'autres encore, s'empressa de
av. C., le soumit, et se le rendit tribu recommander ses deux enfants à la pro
taire; mais Hosée s'étant allié avec l'E- tection particulière du maître, en deman
gypte, et ayant cru, au bout d'un certain dant pour eux les deux meilleures places
temps , être assez fort pour pouvoir se dans son royaume. D'un mot, Jésus ren
soustraire au paiement du tribut, Salma versa l'échafaudage d'espérances char
néser revint, assiégea Samarie, la prit au nelles qu'elle avait élevé dans son cœur,
boutde trois ans, dans la neuvième année et, lorsqu'elle suivit le Seigneur au lieu
de Hosée, s'empara de la personne du roi, du supplice, elle put se convaincre mieux
l'emmena en esclavage avec la plus gran encore qu'en effet son règne n'était pas
de partie de son peuple qu'il dispersa en de ce monde ; sa résurrection, dont elle
Assyrie, et mit fin au royaume des Dix fut témoin lorsqu'elle vint avec ses com
tribus. C'est cette catastrophe que pré pagnes pour embaumer le corps, acheva
dit Esaïe,10, 9. Les chap. 15 et 16 du de l'éclairer sur la'nature du maître de
même prophète, sur les Moabites, et no ses fils, sur son royaume, et sur sa gloire.
tamment le dernier verset de cet oracle, — Les prétentions de Salomé, pour n'ê-
paraissent également annoncer les com tre pas repoussées comme ridicules, de
bats et les victoires de Salmanéser; Moab vaientêtre fondéessurune position sociale
était sur le chemin du guerrier qui mar plus relevée que celle des autres apôtres,
chait d'Assyrie en Ephraïm, et tout rend et ce fait tendrait à prouver que Zébédée
probable que ce fut lui que Dieu chargea n'appartenait pas aux classes inférieures
d'exécuter ses menaces , et d'accomplir de la société. Le secret de cet entretien
ses prophéties ; on n'a, du reste, pas ne fut pas gardé; car, peu après, on voit
d'autres détails sur ces campagnes. Sal les apôtres irrités contre les deux frères,
manéser, d'après Ménandre, s'empara en qui avaient assisté à la présomptueuse de
core de la Phénicie, mais échoua contre mande de leur mère, et qui paraissent si
l'ile de Tyr. L'histoire profane a conser bien l'avoir appuyée, que saint Marc,10,
vé son nom; Osée, 10, 14., l'a abrégé. 35., la leur attribue, comme si c'étaient
SAL 302 SAL

eux qui eussent porté la parole. On voit, que Salomon régnerait avec justice et
par l'histoire de Salomé, combien l'a- fermeté. Joab fut mis à mort comme
mour maternel peut égarer les meilleurs meurtrier d'Abner et d'Hamasa;Adonija,
esprits : heureux si l'on peut apprendre qui renouvela sous une forme détournée
avec elle que, pour être grand dans le ses prétentions à la couronne, fut puni
royaume des cieux, il faut se faire petit de mort; Simhi, qui avait enfreint la con
à ses yeux! — Salomé était aussi le nom dition de son salut, fut puni de mort ;
de la fille d'Hérodias, q. v, Abiathar, qui avait trempé dans la con
SALOMON, fils de David et de Bathsé spiration d'Adonija, vit la peine de mort
bah, le dixième fils de David selon la liste commuée en celle de l'exil, en considé
de 1 Chr. 3, 5., et son successeur sur le ration des services qu'il avait rendus à
trône de Juda. Son règne de quarante an son père; Barzillaï et ses enfants reçu
nées va de 1015 à 975 av. C. Son histoire rent la récompense de leur fidélité.— En
est renfermée dans les onze premiers cha exerçant ainsi la justice, en montrant
pitres du premier livre des Rois, et ra qu'il ne s'arrêtait pas au rang du crimi
contée de nouveau sous un autre point nel, mais qu'il frappait le crime, quel
de vue, et avec quelques omissions im qu'en fût l'auteur, Salomon affermit le
portantes, 2 Chr. 1-9. Elève de Nathan, Sceptre entre ses mains. Jusque là il n'a-
il était appelé au trône par les promesses vait fait que suivre les inspirations de
que Dieu avait faites à David, son père, son père, et il avait réussi; il devait ap
2 Sam. 7, 12. 1 Chr. 17, 11.Ps. 132, 11. prendre à régner seul. Il assembla le
1 Rois 8, 20. Une conspiration ayant pour peuple à Gabaon, où était encore le taber
but de le renverser hâta son couronne nacle, et il y offrit mille holocaustes à la
ment. Il fut présenté au peuple par Na fois, splendide inauguration d'un règne
than, Tsadoc et Bénaja, reçut avec mo qui devait rétablir et achever de régler
destie les applaudissements de la multi le culte. La nuit suivante, Dieu lui appa
tude, déjoua, par son élévation, le com rut en songe, et lui demanda de choisir
plot qui devait lui ravir la couronne avant ce qu'il désirait, grave etsolennelle épreu
qu'elle fût posée sur sa tête, et pardonna ve pour le cœur d'un jeune homme ! (On
à SOn imprudent et malheureux frère Ado se rappelle involontairement l'épreuve de
nija, n'exigeant de lui qu'un avenir de Pâris sur le mont Ida). Salomon répondit
fidélité pour expiation d'une révolte pas par une prière touchante et pleine d'hu
sée. On suppose que c'est à l'àge d'envi milité, et, sage, il demanda la sagesse. Il
ron vingt ans qu'il monta sur le trône ; éprouva ce que l'homme a tant de peine à
Josèphe ne lui donne que quatorze ans, croire, que toutes choses sont données
d'autres encore moins, à cette époque de par dessus à celui qui cherche première
Sa vie. ment le royaume des cieux et sa justice,
Des révoltes à peine étouffées, des Matth. 6, 33. Dieu lui accorda la sagesse
guerres à peine finies, l'habitude de l'a- qu'il avait demandée, les richesses et la
gitation chez le peuple, des haines de fa gloire qu'il n'avait pas demandées. Plein
mille, des rivalités sacerdotales, voilà ce de joie, il revint à Jérusalem achever de
que le jeune roi trouvait sur le trône à un vant l'arche sainte les sacrifices qu'il avait
âge où l'on n'a pas encore d'expérience, commencés devantle tabernacleà Gabaon.
et après une éducation qui, en l'éloignant Ilfut bientôtappeléà donnerpubliquement
du tourbillon de la vie publique, n'avait une preuve de sa sagesse, etl'histoire des
pu remplacer pour lui l'expérience. Des deux femmes réclamant l'une et l'autre,
troubles politiques et des troubles reli comme le leur, un même enfant, est un
gieux! Mais le ciel ne resta pas long des plus beaux épisodes de sa vie, une
temps sombre : les nuages se dissipèrent, des plus belles et des plus naïves pein
et le soleil parut. tures de la vie et des mœurs judiciaires
Quelques actes énergiques commandés de l'ancien Orient. Bientôt la gloire de
par une sage politique, et par le testa Salomon se répandit au dehors ; sa puis
ment de David, firent COnnaître au peuple Sance s'affermit sur tous les pays com
SAL 303 SAL
pris entre l'Euphrate et le torrent d'E- nue de toutes les parties du royaume;
gypte; les trésors affluèrentà Jérusalem. l'arche fut conduite avec pompe, accom
En paix avec tous ses voisins, il vit tout pagnée de tous les chefs d'Israël, et dé
prospérer à l'intérieur: le commerce par posée solennellement dans le lieu très
terre et par mer se développa considéra saint; au moment où le voile qui devait
blement; des vallées furent comblées; la cacher aux yeux du peuple fut abaissé,
Jérusalem fut ceinte de remparts; des pa la nuée de l'Eternel remplit le temple,
lais furent construits; des villes et des et Salomon prononça la magnifique prière
villages s'élevèrent et s'agrandirent; Pal de consécration que l'Ecriture nous a con
myre fut fondée au milieu des déserts servée; après s'être levé il bénit le peu
vaincus et peuplés ; de glorieuses allian ple, le feu du ciel tombe et consume les
ces le mirent en contact avec tous les premiers holocaustes; la nuée sainte se
princes de son temps, qui vinrent le vi répand dans le temple, et le peuple entier
siter et admirer sa sagesse autant que ses se prosterne comme un seul homme. Pen
trésors; l'argent enfin, et l'or, nous dit dant cette double fête qui dura deux se
l'historien, pour résumer en un mot la maines, les sacrifices, les holocaustes, les
splendeur de ce règne, n'étaient pas plus chants sacrés continuèrent sans interrup
estimés à Jérusalem que les pierres, ni tion; Jérusalem, ornée de feuillage, em
les cèdres du Liban que les figuiers de la bellie par ses nouveaux bâtiments, animée
plaine. par la présence de ses innombrables hô
Le culte de l'Eternel ne pouvait rester tes, fut ce jour-là la reine du monde et
oublié au milieu de la prospérité géné devait présenter un coup d'œil enchan
rale ; le temple dont David avait conçu teur; la chair de 22,000 bœufs et de
le dessein et dont Dieu avait promis l'exé 120,000 brebis offerts en sacrifices par
cution à Salomon, ne pouvait pas tarder à Salomon, servit aux festins de ces nom
s'élever et devait éclipser en splendeur breux convives qui remportèrent dans
tout ce qui avait été fait jusqu'alors. Le leurs tribus, dans leurs villes et dans
moment était venu de fixer l'arche et le leurs campagnes, bien des joies et de bien
tabernacle qui, depuis des siècles, avaient beaux souvenirS.
été errants de Silo à Nob, puis à Bahalé, L'Eternel apparut alors une seconde
puis à Gabaon, puis à Jérusalem, d'abord fois à Salomon; en lui rappelant les pro
chez Hobed-Edom, puis sous une tente messes de Gabaon, il lui rappela aussi que
élevée par David; le moment était venu de saprospérité dépendrait de sa fidélité. Cet
réunir d'une manière stable les divers avertissement était nécessaire à ce roi de
objets du culte jusqu'alors dispersés, et trente-deux ou trente-trois ans; il était à
de donner à la religion juive un centre où craindre que tant d'élévation ne lui don
le peuple vînt adorer une magnificence nât le vertige. Salomon ne répondit rien.
qui répondît aux charnelles objections des Quelques années heureuses et pures s'é-
idolâtres, qui excitât l'esprit charnel des coulèrent encore. Le fils de David avait
Hébreux indifférents. David avait déjà as épousé une Pharaon, convertie sans doute
semblé les premiers matériaux, 1 Chr. 22, au Dieu d'Israël, mais toujours considérée
3.; Salomon continua; ses rapports avec par le peuple comme une étrangère, et ce
le roi de Tyr lui rendirent la tâche plus fut probablement pour céder à l'opinion
facile; des ouvriers tyriens et les bois du publique, peut-être aussi par un scrupule
Liban furent mis à sa disposition; plus personnel, que Salomon ne permit pas
de 150,000 hommes travaillèrent à ce qu'elle habitât la maison de David où
grand ouvrage qui, entrepris dans la qua l'arche était restée quelque temps.Cette
trième année du règne de Salomon, fut Egyptienne était la reine de l'empire, de
entièrement achevé en sept ans et demi. préférence aux autres épouses de Salo
La dédicace du temple eut lieu l'année mon, parmi lesquelles on trouve encore
suivante et dura sept jours, puis vint se plusieurs païennes d'origine, Hammoni
confondre avec la fète des tabernacles qui tes, Moabites, Héthiennes, Sidoniennes,
commençait. Une foule immense était ve etc.Sil'on se rappelleles parolesdeMoïse,
SAL 304 SAL

Deut. 23, 7., on me peut s'empêcher de d'accOrd avec le caractère et la vie de ce


itrouver un excès de susceptibilité reli lui qui le portait ; il correspond à l'alle
igieuse soit chez le peuple, soit chez le mand Friederich. Salomon paraît avoir
, roi, dans le refus de la laisser habiter la été d'un naturel tranquille et doux, plus
, maison de David ; et si cet excès vaut ami de l'éclat que du bruit, des fêtes re
mieux que l'excès contraire, il faut avouer ligieuses que des réjouissances politiques,
aussi que bien souvent l'un sert à cacher des études paisibles que des glorieuses
l'autre. aventures; plutôt porté à la clémence qu'à
La visite de la reine de Séba est la la sévérité; modeste, mais sage et ferme,
dernière gloire de ce règne, et servit peut ayant toutes les qualités qui peuvent as
être de transition aux désordres qui en surer à un monarque la conservation de
déshonorèrent la fin. On voudrait presque ses frontières, et le calme à l'intérieur.
ne lire l'histoire de Salomon que dans le Ses études et ses travaux littéraires fu
livre des Chroniques qui la termine ici. rent immenses; outre les Proverbes, I'Ec
La prospérité, l'achèvement de ses tra clésiaste et le Cantique, dont il est parlé
vaux, le repos perdirent le plus sage des en leur place, il a écrit des ouvrages
rois ; des femmes égarèrent son cœur; il d'histoire naturelle dont la science plus
se forma un immense harem, et l'impureté que la foi peut regretter la perte, cinq
pOussa à l'idolâtrie le fils de David, le con mille cantiques, ou chants lyriques desti
Structeur du temple, le restaurateur du nés au culte, dont le psaume 127 et peut
culte; il consacra aux idoles des hauts être le 45 ont seuls survécu, enfin trois
lieux que Josias détruisit plus tard, 2 Rois mille paraboles, fables, apologues ou sen
23, 13.; ses concubines voulurent rester tences, dont les unes ont été conservées
fidèles à la religion de leurs pères, et cha sans doute dans le recueil des Proverbes,
cune sut entraîner le grand roi dans son les autres peut-être dans les fables orien
idolâtrie. Une troisième fois l'Eternel lui tales auxquelles Pilpay , puis Esope, ont
apparut, mais ce fut pour lui annoncer plus tard donné leur nom, 1 Rois, 4, 32.
la division qui déchirerait son royaume Sa sagesse se montra encore dans ses ju
après sa mort; le châtiment ne frappa que gements, et son esprit, ami des luttes
lorsque l'heure eut sonné, mais il se fit pacifiques, dans les jeux d'énigmes aux
pressentir; le tonnerre gronda longtemps quels il se livrait avec les rois voisins,
avant qu'on ne vît tomber la foudre ;la ré comme on le voit par l'histoire de la reine
· volte bientôt étouffée de Hamath, 2 Chr. de Séba : la tradition veut même que
• 8, 3., appartient sans doute à ces signes des correspondances de ce genre entre
qui devaient annoncer la fin d'une paix Hiram et Salomon aient longtemps été
, de quarante années; le retour de Hadad conservées dans les archives de la ville de
en Idumée, les courses de Rézon en Sy Tyr, et Josèphe cite à cet égard les asser
rie, 1 Rois 11, 14., les oracles d'Ahija, les tions de Dion et de Ménandre.' -

sourdes menées de Jéroboam, tout gron 2° La sagesse que Dieu accorda à la de


dait, et Salomon dut comprendre que sa mande de Salomon, et qui ne l'empècha
gloire était passée. Sa vie ne fut point pas de succomber aux plus déplorables
prolongée ainsi que Dieu le lui avait pro tentations, n'était point cette sagesse dont
mis , il mourut âgé d'environ soixante il est parlé Jacq. 1, 5., c'était purement
ans, laissant une immense réputation et simplement la sagesse administrative
dans tout l'Orient, et rappelant à tous les et gouvernementale : Salomon n'en avait
Israélites pieux que celui qui est debout pas demandé davantage, 1 Rois3, 9. : c'é-
doit prendre garde qu'il ne tombe. tait une sagesse terrestre qui pouvait être
Quelques observations détachées achè sensuelle et diabolique, Jacq. 3, 15. Le rôi
veront de faire comprendre son règne et était sage, l'esprit de l'homme pouvait
son histoire. I'être aussi; le cœur ne l'était pas néces
1o Le nom de Salomon qui signifie le sairement, et la splendide histoire de ce
paisible, le pacifique, était, comme les règne de quarante ans ne le prouve que
noms de David et de Saül, parfaitement trop : Dieu éclaira son esprit, agrandit
SAL 305 SAL

ses vues, développa son intelligence, rem tement : le peuple, destiné à la culture de
plaça pour lui l'expérience par une pro la terre, voulut imiter la pompe de la cour
fonde sagesse et par une connaissance et du culte ; la simplicité des mœurs avait
instinctive des affaires , mais laissa son disparu, l'orgueil avait pris sa place, et
cœur libre, et ne contraignit sa volonté les murmures de la nation ne furent étouf
ni vers le bien, ni vers le mal. On com fés que par la grandeur et la puissance
prend dès lors que le plus sage des rois d'un roi qui n'avait rien à redouter : à sa
ait pu devenir le plus faible des hommes, mort ils éclatèrent, et les successeurs de
et que l'idolâtrie ait pu s'y glisser pour Salomon durent comprendre que la sa
un temps à la faveur de la volupté. A la gesse dans l'obéissance eût mieux valu
sagesse politique Salomon joignait des que la simple science de la royauté. Le
talents particuliers, et sa facilité naturelle grand commerce de Salomon ne fut que
pour apprendre trouva de grands avanta le prélude de ses autres infidélités, et le
ges dans les loisirs de la paix, dans les cOmmencement de la fin.
découvertes des voyageurs, dans les rap 5°On a beaucoup discuté, et même plai
ports qui l'unissaient avec les rois des Santé, à prOpOs des immenses richesses
contrées voisines, dans les produits étran de Salomon, et vraiment il n'en valait pas
gers que lui apportaient d'année en an la peine. Dieu lui avait promis les riches
née ses navires de commerce, et dans les ses, il les lui a données par les voies les
impôts en nature Ou dans les cadeaux plus naturelles. Les guerres victorieuses
que les pays tributaires faisaient affluer de David avaient rapporté au trésor de
à sa cour. La richesse vint en aide à la riches butins ; d'immenses contrées tri
science. butaires apportaient chaque année leur
3° Quant au commerce de Salomon, offrande à Jérusalem ; Israël en paix fé
quant aux pays d'Ophir, de Tarsis, et aux condait ses champs et ses montagnes ;
produits ou aux objets de ce commerce, aucun fléau, ni guerre, ni armée, ni sé
on trouvera aux articles spéciaux les dé cheresse, ni famine, ne forçait une année
tails et éclaircissements nécessaires. Nous à nourrir l'année suivante, et chacun
croyons seulement que toutes ces belles jouissait en plein de son revenu du mo
entreprises furent plus conformes à la ment; tous les bras étaient occupés ; les
sagesse humaine qu'à la sagesse divine ; travaux étant nombreux , le salaire était
plusieurs étaient positivement contraires suffisant, les vivres étaient à la portée de
au texte de la loi, notamment les amas de tous, et il n'en faudrait pas davantage à
chevaux que Salomon faisait venir d'E- nos nations modernes pour qu'elles s'es
gypte, et si l'administration sembla d'a- timassent heureuses et prospères. Or Sa
bord y trouver une source de prospérité, lomon avait davantage encore; et le com
le royaume ne tarda pas à apprendre que merce qui fit seul la richesse de l'Espa
ce n'est pas impunément qu'on trans gne et du Portugal il y a quelques siècles,
gresse les ordres de Dieu. L'industrie le commerce qui place l'Angleterre et les
vint à la suite du commerce, les arts et Etats-Unis à la tête des peuples moder
métiers fleurirent;les constructions nom nes, le commerce vint faire regorger de
breuses entreprises par Salomon favori ses riches produits les coffres déjà pleins
, sérent le développement de l'architecture, de Jérusalem. Toutes ces causes de pros
, de la sculpture, de l'ébénisterie, de l'or périté font paraître, non point ordinaire
févrerie, de la bijouterie, et si les travaux sans doute, mais bien naturel, un état de
, les plus fins et les plus délicats furent choses qui paraît au premier abord pres
d'abord confiés à des étrangers, il est que merveilleux, et la seule chose dont
bien probable que ceux-ci laissèrent des on s'étonne, c'est qu'on ait pu être éton
élèves, et que l'industrie devint nationale né de cet assemblage de richesses dont
en Israël. l'absence seule, en d'aussi propices cir
4° Mlais l'industrie et le commerce ame constances, aurait le droit de surprendre.
nèrent le luxe à leur suite, avec le luxe Ajoutons, et ce sera peut-être une res
la pauvreté, et des germes de méconten triction, que c'est le roi et non point le
II. 20
SAL 306 SAL

royaume qui profitait directement de ces nements plus d'honneur qu'à la simplici
richesses; les sujets n'en subissaient que té du tabernacle du désert, et plusieurs
l'heureux contre-coup, leur abondance se sont fiés sur des paroles trompeuses,
n'était que le reflet de la prospérité du en disant : C'est ici le temple de l'Eternel,
monarque. Salomon avait le bénéfice de le temple de l'Eternel, le temple de l'E-
tous les transits, le monopole de tous les ternel! Jér. 7, 4. Il semble que le judaïs
commerces ; rien ne se faisait qu'en ré me déjà, et par les deux plus grands de
gie, et l'Orient ancien n'est à cet égard ses rois, ait dû protester contre le culte
encore que le frère aîné de l'Orient mo des formes. Les Juifs avançaient assez
derne, où la cour est plus que l'Etat. La lentement dans les voies de la piété, re
liste civile en provisions de bouche pour tenus qu'ils étaient par la pesanteur de
chaque jour était considérable, 1 Rois 4, leur sensualisme, sans qu'il fût néces
22., et douze commissaires, établis sur au saire de les rattacher encore à la matiè
tant de districts, avaient tour-à-tour à re, et ce que Salomon fit pour l'extérieur
pourvoir aux besoins de la table royale ; du culte, il le fit au détriment du culte
la vaisselle d'or abondait, et absorbait intérieur; il ne fut pas le dernier à en
une partie des capitaux nationaux ; le ves faire l'expérience personnelle. L'autori
tiaire ne le cédait en rien en magnificen sation que Dieu donna à l'érection d'un
ce aux splendeurs de la table et à la riches temple n'est pas une approbation, c'est
se des appartements et du trône ; un sé à peine un consentement : il dit à David :
rail, composé en grande partie de fem je n'en ai pas besoin, ton fils me bâtira
mes étrangères, représentait au sein de une maison. Il semble protester pour sa
l'Etat un Etat privilégié qui dépensait part, constater un fait, et en laisser l'au
sans rien produire. Le peuple, deson côté, teur entièrement responsable.
contribuait à donner de l'éclat au trône, 7° La visite de la reine de Séba est
et s'il en recevait quelque bien, il lui mentionnée avec une sorte d'éclat au mi
donnait cependant davantage ; les impôts lieu de toutes les autres visites qui fu
et les corvées fournissaient à bien des rent faites à Salomon. Les offrandes qu'el
besoins, mais n'enrichissaient que le roi ; le apportait, la beauté et la grandeur de
le peuple était épuisé, 1 Chr. 29, 6., et il Son cortége, son admiration pour la scien
finit par le montrer. — S'il restait encore ce et l'esprit du roi hébreu, sont rappor
des doutes sur les énormes richesses tés avec complaisance; ses discourssem
dont pouvait disposer le fils de David, ils blent annoncer qu'elle était digne de l'hô
devront céder devant une considération te qu'elle venait admirer.Notre Seigneur,
qui n'est pas une preuve, et qui peut en la louant de ce qu'elle avait fait, Matth.
être davantage : ces richesses sont de 12, 42. Luc 11, 31., blâme les Juifs de ne
notoriété publique ;Salomon a laissé dans pas pressentir le roi de gloire, la sagesse
tout l'Orient la réputation du plus riche éternelle qui est au milieu d'eux.— Une
des rois, et des réputations de ce genre tradition éthiopienne porte que la reine
ne s'usurpent jamais. de Séba eut de Salomon un fils, Ménilé
6o On verra, à l'article Temple, ce qu'il hek, duquel les rois actuels d'Abyssinie
y a à dire sur le matériel de cette con prétendent encore descendre en ligne di
struction. Bornons-nous pour le moment recte. v. Sheba. |

à une observation. Le temple qui dans 8" La relation des Chroniques est en
l'idée de David devait être un hommage général plus courte que celle des Rois,
de plus rendu à l'Eternel, qui pour Salo et elle supprime certains détails qui ne
mon était tout à la fois un acte de piété manquent pas d'importance, notamment
et un acte de splendeur, n'a pas rendu la chute et l'idolâtrie de Salomon, et les
de grands services à la religion; il l'a exécutions qui inaugurèrent son règne.
plus centralisée, il l'a rendue encore plus Le plan particulier de ces deux livres ex
nationale qu'elle n'était auparavant, mais plique ces différences, et en explique
il l'a matérialisée, fixée, figée , il en a fait d'autres encore : les Rois racontent, ainsi
un opus operatum , on a rendu à ses or que leur titre l'indique, l'histoire des
SAL 307 SAM

rois; les Chroniques racontent davantage vingts ans que Josèphe donne à ce règne;
l'histoire du royaume théocratique. Plu en faisant mourir Salomon à quatre-vingt
sieurs actes de Salomon, Sa chute entre quatorze ans, il en fait une sorte de
autres, furent des actes personnels, et Louis XIV, moins les guerres et les per
c'est moins pour ménager sa gloire que sécutions religieuses.
pour s'en tenir à ce qu'exigeait leur plan, 11° Le nom de Salomon est souvent rap
que les Chroniques ont passé sous silen pelé dans l'histoire de ses successeurs, ou
ce des faits, instructifs sans doute com à propos du temple et du culte. En dehors
me histoire d'un individu, mais presque des liyres historiques de l'Ancien Tes
sans relation avec l'histoire du royaume. tament, on le trouve Ps. 72, 1. Jér. 52,
Si l'on se rappelle ensuite que les Rois 20. Néh. 13, 26. Matth. 6, 29. 12, 42.
sont l'histoire des prophètes et, pour Luc. 11, 31. 12, 27. Jean 10, 23. Act. 3,
ainsi dire, du culte libre, et que les Chro 11. 5, 12. 7, 47., et il est à remarquer que
niques nous racontent l'histoire dans ses dans tous ceux de ces passages où il sert
rapports avec le culte lévitique, national, de terme de comparaison, il est nommé
on comprendra certaines autres varian avec défaveur et comme terme inférieur.
tes, omissions, ou additions, lelles que 2 SALUT, salutation. v. Politesse.
Chr. 2, 17. cf. 1 Rois 5, 13.2 Chr. 5, 11 SAMARIE, en hébreu Schomrôn, en
14. cf. 1 Rois 8, 10. 2 Chr. 8, 12. cf. 4 caldéen Schomraym. 1° Ville du centre de
Rois 9, 25. La conciliation de quelques la Palestine, située sur le plateau d'une
autres différences, ou le jugement à por colline et entourée de montagnes plus éle
ter sur leur nature, n'appartient pas à vées, 4 Rois 16, 24., noble situation pour
notre travail ; c'est l'affaire des commen une ville royale : isolée, la colline de Sa
taires. -

marie, haute de 135 mètres environ, res


| 9° Que Salomon soit revenu de ses semble à une citadelle qu'entoure un large
égarements avant de mourir, c'est ce qui fossé; escarpée, elle est cependant pour
ne nous laisse pas l'ombre d'un doute, vue d'eau, et dut sans doute, aux avan
mais le récit biblique se tait sur ce point. tages de sa situation, l'honneur d'être
Le fils de David, le constructeur du tem choisie pour capitale d'Israël et de le res
ple, l'auteur de trois des livres du canon, ter malgré plusieurs changements de dy
De Saurait être un réprOuvé , il a pu tOm nastie. Samarie, conservant le nom de
ber, mais il a dù se relever, et si la ré Sémer son premier possesseur, fut bàtie
probation pesait sur lui le livre des Chro par Homri roi d'Israël (928 av. C.) qui,
niques ne nous laisserait pas sous l'im après avoir encore habité six ans la ville
pression de sa fidélité : ce n'est même de Tirtsa, après que le palais en eut été
que parce qu'il s'est repenti que l'auteur brûlé, changea de résidence, et passa les
des Chroniques a pu passer sa chute sous six dernières années de son règne à Sa
silence. Une chute n'était qa'un fait, une marie, cf. 1 Rois 16, 29. 20, 1.43.21, 1.
apostasie finale eût modifié, ou plutôt 22, 10.37. Cette ville fut à diverses re
changé complétement le jugement que prises le siége principal du culte de Bahal
l'histoire doit porter sur ce monarque ; en Ephraïm, 1 Rois 16, 31. cf. 2 Rois 10,
et si Dieu l'a jugé digne de lui dénoncer 18. Jér. 23, 13. Comme capitale du royau
lui-même les châtiments qui fondraient me des dix tribus, elle est souvent oppo
sur son royaume, c'est que Dieu ne le sée à Jérusalem dans les oracles des pro
rejetait point ; il est d'ailleurs probable phètes, Ez. 16,46. Am. 6,1. Mich. 1,1. Elle
que cette vision, et les troubles de ses fut assiégée par les Syriens sous Achab
derniers jours, furent le moyen dont Dieu et sous Joram, et prise enfin par les As
se servit pour le ramener à lui. syriens sous la conduite de Salmanéser,
| 10° La tradition et les légendes se sont
après un siége de trois ans, 1 Rois 20, 2
emparées de cette vie siriche et si grande,
Rois 6, 7, 17 et 18, (721 ou 722 av. C.),
et l'Orient chante encore Salomon : nous puis peuplée comme les autres villes d'ls
n'avons pas à nous en occuper; le seul raël par des colons étrangers, 2 Rois 17,
fait à signaler est la durée de quatre 24. Esd. 4, 10. Dans les temps qui sui
SAM 308 SAM

virentl'exil,Samarie était encore une ville à étendre le nom de Samarie au pays tout
forte; Jean Hyrcan la prit après un blocus entier, 1 Rois 13, 32.2 Rois 17, 26. 23,
d'un an , et la détruisit. Son territoire, au 19.Jér. 31, 5. Ez. 16, 51. 23, 4. Os. 7, 4,
temps'd'Alexandre, appartenait encore 8, 5. Am. 3, 9. Mich. 1, 5. L'expression:
aux Juifs : le général romain Gabinius re champs de Samarie, ou territoire de Sa
leva la ville, Pompée la donna à la Syrie, marie, se présente pour la première fois
et Gabinius acheva de la fortifier; l'empe Abd. 19., comme désignant d'une ma
reur Auguste la donna à Hérode le Grand, nière positive et claire, le pays sous le
qui l'embellit, y mit une garnison de vé nom de sa capitale; plus tard cet usage
térans, la fortifia encore, et lui donna en gagna naturellement du terrain, d'autant
l'honneur de son maître le nom de Sé plus qu'il n'y avait pas d'autre nom con
baste (Augusta), qu'elle a conservé dans venable pour désigner cette contrée, les
ses ruines sous la forme altérée de Su anciens noms ayant perdu leur valeur, ou
buste (Maundrell, Buckingham, Keith, p. ne rappelant plus que de tristes souvenirs.
214, etc.). La prospérité naissante de Si C'est dans les apocryphes, 1 Maccab, 10,
chem (Néapolis) porta le dernier coup à 30. 11, 28., que le nom de Samarie com
l'existence de Sébaste qui ne fit que dé mence à être employé pour désigner le
périr; on ne trouve plus sur l'emplace pays habité par les Samaritains, en op
ment de l'ancienne capitale des dix tribus position à la Judée et à la Galilée; ce
qu'un petit village tout à fait insignifiant, pays intermédiaire qui s'étendait de la
auquel Clarke et d'autres voyageurs re mer au Jourdain et qui était l'un des plus
fusent même l'honneur d'occuper la place riches de la Palestine, fut constitué en
de l'ancienne Samarie, qu'ils croient être province par les rois de Syrie, et compre
à quelques lieues de là, à Santorri ou San nait le territoire d'Ephraïm, celui de Ma
hûr, où l'on voit encore les ruines d'un nassé Occidental et la partie sud - est
vieux château. — Les prophéties sont ac d'Issacar ; ses villes principales étaient
complies, et lorsque tant d'autres villes Samarie, Sichem, Sunem, Ephraïm, Tim
conservent encore quelque chose d'im nath-Sérah, Silo, etc. Césarée, qui ap
posant dans leurs ruines, Samarie n'est partenait au territoire de Samarie, était
plus qu'un monceau de pierres dans les cependant une résidence des gouverneurs
champs, Mich. 1, 6.; ses ruines mêmes de la Judée, v. Josèphe, G. des Juifs 3,
ont été démolies dans l'intérêt de l'agri3.4. Le nom de cette province apparaît
culture, ses pierres ont été précipitées fréquemment dans le Nouveau Testament.
dans la vallée et entourent le trOnc des Jésus la visita, et l'Evangile y fut annoncé
oliviers; ses fondements ont été décou par Philippe, Luc 17, 11. Jean 4, 4.Agt.
verts, et les débris d'une église grecque 4, 8. 8, 1. 9, 31. 15, 3. - | | |||

s'élèvent sur les fondements ruinés et dé SAMARlTAINS. Nom sous lequel fu


couverts d'un des monuments de l'an rent généralement désignés, après l'exil,
cienne Samarie. – Une vieille tradition les habitants du centre de la Palestine, de
fort incertaine, portant que Jean-Baptiste la Samarie, soit qu'ils fussent entière
a été décapité (!) ou du moins enterré à ment d'origine païenne, comme le pense
Samarie, il va sans dire qu'on lui a fait un Hengstenberg, soit qu'ils desçendissent,
tombeau et une église; vingt et une mar par des mariages mixtes, des colons as
ches conduisent le voyageur dans le ca syriens transplantés sur le sol diIsraël,
veau qui contient cinq niches funéraires. et des misérables Juifs que Salmanéser
2° Comme capitale du pays, Samarie avait laissés dans leur pays, ne jugeant pas
donna bientôt son nom à la contrée qui qu'il valût la peine de les transporter, 2
l'environnait; on dit : les montagnes et les Rois 17,24-29. Au fond, et quels que fus
villes de Samarie, avant de penser à faire sent leurs rapports de consanguinité avec
de Samarie le nom de la contrée, et les les Juifs, les Samaritains, furent païens
prophètes, considérant la capitale comme dès le principe, et le restèrent longtemps ;
le représentant de l'idolâtrie qui avait en l'historien sacré pense si peu à en faire
vahi Israël, contribuèrent pour leur part des Juifs, ou même des demi-Juifs,iqu'il
SAM 309 SAM

insiste sur la nature et la spécialité des comedat carnem porcinam), et leur refusa
dieux qu'ils adoraient, distinguant leurs même le droit dont jouissaient tOus les
dieux les uns des autres : Jéhovah, qu'ils autres peuples païens, d'embrasser, en
adorèrent aussi, ne fut pour eux qu'un qualité de prosélytes, la religionjudaïque,
dieu de plus, le dieu du pays, et ils n'eu v. Jean 4, 9, 27. Le nom de Samaritain
rent garde de lui manquer, mais voilà devint, parmi les Juifs, une injure (8,48),
tout. Lorsque les Juifs revinrent de la et l'on voit des Samaritains refuser de
captivité, les Samaritains leur offrirent recevoir Jésus, parce qu'il se rendait à
de rebâtir le temple, la ville et les murs Jérusalem pour y faire la pâque, Luc 9,
de Jérusalem, de concert avec eux ; mais 52-56. Notre Seigneur, par ses actes, a
Zorobabel et Jésuah, se souvenant que protesté contre ces haines nationales,quel
* Dieu n'aime pas les cœurs partagés, re que justifiées qu'elles pussent paraître,
jetèrent leur demande ; irrités et blessés et, non-seulement il a accepté l'hospita
de ce refus, ils s'opposèrent dès lors, de lité que lui offrirent des Samaritains dont
toutes leurs forces, à la construction du la foi le reconnaissait pour le Sauveur du
nouveau temple, et réussirent, par leurs monde, Jean 4, 40.42., mais il avait au
délations et leurs calomnies, à faire in paravant envoyé chez eux ses disciples
terrompre les travaux jusqu'en la deuxiè pour acheter des vivres, v. 8. — Sous
me année de Darius Hystape, 250 av. C., Alexandre, les Samaritains, avec Sichem,
Esd. 4, Néh. 4. Néhémie sut briser les leur capitale, furent sujets macédoniens;
obstacles qu'ils accumulèrent sur sa rou à sa mort, ils partagèrent le sort du reste
te. Mais ces luttes eurent pour résultat de la Palestine, mais esquivèrent, sous
d'aigrir toujours plus l'une contre l'au Antiochus Epiphanes, les mauvais traite
tre deux populations qui n'avaient déjà ments de la domination syrienne, en con
pas trop de raisons pour se voir d'un bon sacrant leur temple à Jupiter Hellénius.
'œil, et l'irritation finit par une scission Plus tard, le roi juif Jean Hyrcan s'em
complète, politique et religieuse. Les Sa para de la Samarie, prit Sichem, détrui
- liiaritains élevèrent sur le mont Guéri sit le temple qui subsistait depuis deux
''zim, près de Sichem, un temple rival de siècles, et finit par démolir la ville même
* celui de Jérusalem, et y établirent leur de Samarie. Sous le roi juif Alexandre,
, culte : ce fut au temps d'Alexandre le la Samarie fut de nouveau le théâtre de
1 Grand. Manassé, frère du souverain sacri la guerre : elle retomba au pouvoir des
ficateur Jaddaeus, ayant épousé la fille de Juifs jusqu'au moment où Pompée vint
" Samballat, le gouverneur persan, se re rétablir l'indépendance des Samaritains.
'tifa dans la Samarie avec un grand nom Cette période romaine ne fut pas plus fa
bre de Juifs qui avaient, comme lui, épou vorable à l'une qu'à l'autre des deux na
- sé des femmes païénnes au mépris de la tionalités; la Samarie devint une provin
"lôi de Moïse, et qui refusaient de s'en sé ce du royaume d'Hérode, qui en rétablit
"parer ; avec la permission d'Alexandre, la capitale, et la peupla de soldats. Pen
| ils bâtirent leur temple, et Manassé en de dant les dix années suivantes, elle appar
ºvint le premier prêtre; c'est peut-être de tint à Archélaüs, puis fut donnée à la
·'lui qu'il est question Néh. 13, 28., quoi Syrie. Sujets immédiats de Rome, les Sa
- que son nom ne soit pas indiqué. Dès maritains eurent quelquefois l'occasion
º lors la haine nationale s'accrut au point d'éprouver la dureté de leurs chefs pro
"qu'il'n'y eut plus, entre les Juifs et les vinciaux ; mais il faut avouer aussi qu'ils
"Samaritains, aucune communication, Ec surent la mériter. Claude ne fit des Juifs
* clésiastiq. 50, 26. 27. Une malédiction et des Samaritains qu'un lot, qu'il adju
- prononcée publiquement à Jérusalem con gea à Hérode Agrippa, que Caligula avait
9"tre ces derniers, interdit aux Juifs toute déjà établi roi sur le nord de la Palestine.
º"relation avec eux, déclara aussi impures Ces rapports ne durèrent que peu d'an
( "que la chair du porc toutes les produc nées, et la Samarie, séparée de la Judée,
# tions de leur pays (nam quicumque com fut associée dans son histoire aux autres
" edit buccellam samaritanam, est ac si provinces romaines de l'Asie antérieure.
310 SAM

" Depuis la destruction du temple des guent par une vie paisible et exemplaire,
Samaritains, la montagne de Guérizim, Ils observent la loi mosaïque plus fidèle
sur laquelle ils l'avaient bâti, continua ment même que les Juifs, célèbrent an
d'être pour eux un lieu saint, le centre nuellement le sacrifice de la pâque dans
de leur culte, bien qu'ils possédassent, en leur temple ou sur le mont Guérizim, et
d'autres endroits, des maisons de prières : ont un souverain pontife qui descend, à
ils avaient abandonné le culte des faux ce qu'ils assurent, de Manassé. Leur phy
dieux, ils adoraient l'Eternel, mais ils ne sionomie n'est pas juive. Autour d'eux,
le connaissaient pas. Comme les Juifs, des mahométans sont établis comme mai
ils attendaient le Messie, et Jésus a trou tres du territoire; protégés par leurs
vé parmi eux beaucoup de personnes bien montagnes escarpées et leurs étroits dé
disposées, Jean 4, Luc 17, 11-20. On filés, vivant dans des bourgs situés com
pourrait presque conclure de quelques me des forteresses sur le sommet des col
uns de ces passages, v. surtout Luc 10, lines, ils sont plus à l'abri des incursions
33., que la haine nationale était moins des Arabes que les habitants d'aucune
forte chez eux que chez les Juifs, et que autre partie de la Palestine, et ils jouis
les intolérantes mesures de ces derniers sent, ainsi que les Druzes et les Maroni
continuaient seules à maintenir entre les tes dans les hautes vallées du Liban,
deux peuples une barrière que les Sama d'une grande liberté politique. Ils se dis
· ritains auraient aimé à voir tomber. La tinguent par leur amour de l'indépen
principale erreur théologique que les Juifs dance, sont toujours armés dans les cam
leur reprochaient, c'était le rejet de tous pagnes, n'obéissent qu'à la force, et sont
les livres canoniques de l'Ancien Testa constamment prêts à se révolter contre
ment, à l'exception de la loi. Les Sama les pachas. Sichem, en particulier, for
ritains ne recevaient, en effet, que le me, avec une centaine de villages voi
Pentateuque; ils rejetaient tout le reste, sins, un petit état qui est gouverné par
et surtout, ce que les pharisiens ne pou ses propres chefs, et qui peut mettre sur
vaient leur pardonner, ils rejetaient les pied une armée de 6,000 hommes. Leur
traditions rabbiniques. En tout cas, ils riante et fertile contrée est trois fois plus
s'attachaient avec conscience à l'observa peuplée que la Judée : elle possède 900
tion de ce qu'ils connaissaient de la loi habitants par lieue carrée, autant que le
divine, et ce qu'ils y ajoutèrent quelque Liban. Enfin, ils sont aussi intolérants
fois ne peut être considéré que comme que l'étaient leurs prédécesseurs au temps
une interprétation spirituelle des passa de Jésus-Christ, et ils ne souffrent pas
ges de leur livre. Ils furent les premiers, aisément des Juifs et des chrétiens par
après les Juifs, à recevoir l'Evangile, et mi eux (Braem, trad. Rougemont). On
l'on reconnaît en eux, à l'époque de Jé trouve dans les Juifs d'Europe et de Pa
sus, un peuple qui, dans le sentiment de lestine, par Keith, Black, etc., pag. 197
sa misère, éprouvant le besoin d'un ré 214., d'intéressants détails sur la Sama
parateur, cherche le remède à ses maux rie et ses habitants; la visite des pieux
auprès des magiciens et des faux prophè voyageurs à la synagogue de Sichem, et
tes, avant que de le trouver auprès de quelques détails sur le Pentateuque sa
celui qui est la vraie puissance de Dieu, maritain qui leur fut montrè, et, qu'on
Act. 8, et 9. leur dit avoir été écrit, il y'a 3600 ans,
Les Samaritains prirent les armes avec 'par Abisuah, fils de Phinées, méritent
les Juifs contre Vespasien. Sous Justi particulièrement d'être lus. La langue
nien, ils persécutèrent les chrétiens de dans laquelle est écrit ce vieux monu
la manière la plus cruelle. Plus tard, ils ment de leur foi, est un dialecte qui tient
furent dispersés dans plusieurs villes de le milieu entre l'hébreu et l'araméen, et
la Palestine. De nos jours, ils sont fort qui trahit par la présence de mots assy
| peu nombreux , leur secte compte envi riens que les grammairiens désignent
ron cent cinquante adhérents à Sichem, sous le nom de cuthéeus, une origine
| quelques familles à Jaffa, qui se distin moins ancienne que celle qu'on se plaît à
SAM 311 SAM
' leur assigner. Ce Pentateuque, quelle que Junon, qui y avait un temple magnifique.
soit son antiquité, ne saurait être plus Pythagore y naquit 608 av. C., et y mou
ancien que les Samaritains eux-mèmes, rut à l'âge de quatre-vingt-dix-huit ans.
et remonte tout au plus au retour de l'exil. Elle avait porté anciennement le nom de
SAMBALLAT, Néh. 2, 4, 6, 13; païen Parthénie, et s'appelle aujourd'hui Sus
moabite, natif d'Horonajim, un des chefs sam-Adassi. L'air y est sain et le sol fer
des colonies samaritaines. Il s'est fait tile; les figuiers, les pommiers, et la vigne
connaître des Juifs par tout le mal qu'il a même, selon Athénée, y portent des fruits
cherché à leur faire sans y réussir, et par deux fois par an, mais le raisin n'y est
le courage qu'il a eu de contracter une pas aussi bon que celui des îles voisines,
alliance de famille avec ceux qu'il avait de Chios, par exemple. La terre y est ex
essayé de persécuter. Il a joué, sous Né cellente pour la poterie, et l'on attribue
hémie, le même rôle que Réhum sous aux Samiens l'invention de ces sortes
Zorobabel. Il a voulu s'opposer à la re d'ouvrages : la Vulgate a inséré le nom
construction des murailles de Jérusalem ; de Samos dans le passage Es. 45, 9., à
menaces, ruses, diplomatie, tentative de propos d'argile et de pots de terre, liberté
meurtre sur la personne de Néhémie, ro de traduction qui s'explique par la répu
domontades, conseils, levée de troupes, tation de cette île en cette matière. Il pa
il a tout essayé, mais il a toujours échoué raît que la prédication de l'Evangile n'a-
contre la sagesse, la fermeté, la prudence, vait pas été vaine à Samos; saint Paul y
et la vigilance du prophète-gouverneur. ayant passé dans un de ses voyages, s'ar
Pour en finir, il donna sa fille en mariage rêta à Trogyle, Act. 20, 15.
à un petit-fils du grand prêtre Eliasib, ne SAMOTHRACE, Act. 16, 11., île de la
doutant pas qu'une union aussi mal as mer Egée, située au nord de Lemnos,
sortie ne causât de la peine à son triom vis-à-vis de l'embouchure du fleuve Lis
phant ennemi. La ressemblance du nom, sus, a porté d'abord le nom de Leucosia,
et quelques détails de son histoire, ont puis celui de Samos; la proximité de la
fait croire que ce Samballat est le même Thrace a fait joindre le nom de ce pays à
qui obtint d'Alexandre le droit de faire son nom d'ile, et maintenant elle s'appelle
bâtir un temple pour les Samaritains; il encore Samotraki, ou selon d'autres Sa
n'y a qu'une objection contre cette iden mandrachi. Elle avait une ville du même
tité de personne, mais elle est sérieuse : nom, avec un temple où l'on célébrait en
c'est qu'il est peu probable que l'ennemi l'honneur des dieux Cabires, des mystères
de Néhémie ait vécu jusqu'aux jours d'A- aussi fameux que ceux d'Eleusis : le tem
lexandre le Grand. ple de ces divinités était un asile sacré et
SAMGAR, Jug. 3,31.5,6.(1305 av. C.), inviolable, et l'on avait pour elles un si
troisième juge d'Israël, n'exerça proba grand respect que de les nommer passait
blement son ministère que dans la partie pour un crime.—Cette île ne compte plus
Occidentale et mèridionale du pays , il aujourd'hui qu'un seul village, et fort peu
n'est connu que par le seul fait qu'il tua d'habitants. C'est la patrie d'Aristarque.
| ou défit 600 Philistins avec un aiguillon à SAMSON, Israélite de la tribu de Dan,
bœufs. Débora rappelle l'état déplorable et juge d'Israël pendant vingt ans (Jug.
du pays au temps où Samgar se leva. 13, à 16,), apparaît dans l'histoire com
| SAMMA, un des trois plus illustres me un homme à part. Sa naissance mi
guerriers de David, partagea la gloire et raculeuse est presque la moindre des
· les dangers de Jasobham et d'Eléazar, 2 merveilles de sa vie. Nazarien, et béni de
Sam. 23, 11. cf. 1 Chr. 11, 11. sq. Dieu, il fut la Providence des tribus mé
, SAMOS, île de la mer Egée qui porte, ridionales, qu'il protégea par divers ex
près de là, le nom de mer Icarienne ; elle ploits contre les brigandages des Philis
'est séparée par un canal étroit de Pryène, tins; mais elles lui surent si peu gré d'ê-
de Mycale, et de Pan-lonium, non loin des tre l'ennemi de leurs ennemis, qu'elles es
côtes de l'Ionie, à 40 stades du cap Tro sayèrent une fois de le livrer entre leurs
gyle. Elle est célèbre comme patrie de mains. Vif et bouillant de caractère, em
SAM 312 ; SAM

porté, mais gai, ironique, presque bouf sent par leur orgueil, il se fortifie par son !
fon, il se fait un jeu des travaux les plus humiliation : privé de la vue et tournant !
gigantesques, et dépense parfois ses for la meule, il sent flotter de nouveau sur
ces en pure perte, pour étonner plutôt ses épaules le symbole du nazaréat; la
que pour nuire , avec ironie et malice. paix est rentrée dans son cœur et avec
C'est presque toujours à l'improviste, elle le sentiment de sa force. Les Philis
d'une manière inattendue qu'il apparaît, tins, en un jour de fête, le font venir pour
et ses vengeances particulières servent se réjouir de sa honte ; ils dansent, mais
souvent la vengeance nationale. Sansar , ils ne savent pas que c'est sur un volcan1; -
mes il tue un lion, et n'en tire d'autre Samson aveugle les amuse , mais quell,
profit que de proposer une énigme à SeS jeu ! Ses bras puissants saisissent les pi- ,
amis de noce, et de manger le miel que liers sur lesquels la maison est appuyée,4
les abeilles ont déposé dans la carcasse. et trois mille Philistins périssent enseve-n
Trompé aujeu, il tue trente Philistins pour lis avec lui sous les décombres de ce vaste
avoir les trente robes de rechange qu'il bâtiment, Sa mort fut pour ses ennemis
doit payer. Trompé par son beau-père, un coup fatal qui les affaiblit considéra
qui donne sa femme à un autre, il prend blement, et permit à sa famille de venir !
trois cents chacals qu'il attache deux à sans crainte réclamer son cOrps; il fut
deux avec un flambeau entre les deux enseveli dans le sépulcre de son père, en
queues, les lâche au milieu des blés et des tre Estaol et Tsorah.
plantations des Philistins et détruit en un De nombreuses difficultés sont à ré
jour les récoltes de l'année. Livré aux soudre dans cette vie : de nombreuses ré
Philistins par les hommes de Juda qui flexions se pressent dans l'esprit lors
trouvent qu'il les défend trop bien (fidèle qu'on la lit avec sérieux, et en se rappe
image de ces protestants relâchés qui lant que Samson fut un juge choisi de !
marchent plutôt contre leurs conducteurs Dieu; on a vu ailleurs la solution de
avec leurs ennemis, que contre leurs en quelques difficultés, la réponse à quel-/
nemis avec leurs conducteurs), il se laisse ques questions, v. Léhi, Nazarien, Ma-i
conduire par 3,000 hommes jusqu'en pré noah, Lion, Abeille, etc. Nous résume
sence de l'ennemi; les cordes neuves qui rons ce qui reste à dire sur ce sujet. l !
l'enchaînent tombent alors de ses bras, 1° Samson, dont le nom signifie petit
et d'une màchoire d'âne il abat mille Phi soleil, était le type du soleil de justice :
listins qui ne s'y attendaient pas ; il cé il n'a pas été le libérateur d'Israël, il n'a
lèbre sa victoire par ses chants, mais il fait que préparer, commencer sa déli
oublie que sa force lui vient de Dieu ; vrance et sa restauration, que Samuelau
Dieu doit lui rappeler sa faiblesse, v. Léhi. point de vue juif, Jésus-Christ au point
Enfermé à Gaza , il n'essaie point de fuir de vue chrétien, ont achevée entièrement.
en cachette , il sort par la porte, de la 2° Comment a-t-il pu, malgré son vœu
ville, qu'il enlève en passant et qu'il va de nazaréat, s'approcher du cadavre du
placer, à quelque distance de là, sur une lion, et manger le miel qu'il y a trouvé ?
colline qui se trouve sur la route d'Hé On peut répondre de deux manières, Ilt,
bron. Il plaisante Délila sur sa curiosité, est presque sûr, d'abord, que ce cadavreii
mais finit par céder à la persistance de n'était plus un cadavre, mais un squeletten
ses intrigues féminines; il lui livre son désinfecté; autrement les abeilles nlyse- ,
secret, il est nazarien, et la marque de raient pas venues; or un squelette ne pou-il
son nazaréat, son énorme chevelure, vait pas le rendre impur. Puis, il faut le
tombe sous les ciseaux philistins : à son dire, et plusieurs détails de la vie du héros ,
réveil, sentant sa tête dégarnie, il sent nous y autorisent, Samson n'ytregardait2
qu'il n'est plus nazarien, il comprend que pas de très près, et après avoir avalé le p
Dieu s'est retiré de lui, et il va faire dans chameau il avait du moins la droiture et
la prison de Gaza de sérieuses réflexions le bon esprit de ne pas couler le mour
sur sa coupable et malheureuse légèreté. cheron. • !, ! • | | || ||
Mais pendant que SeS ennemis s'affaiblis 3° Le mariage de Samson avec une Phi
SAM ^ | 313 SAM

listine, ses désordres à Gaza, ses rela struit à Rome par Curion partisan de Cê-"!
tions illicites avec Délila, sont une preu sar, et dont toute la solidité dépendait !
ve évidente des passions voluptueuses du de celle d'une simple charnière. (v. mes -
juge d'Israël, et pèsent sur lui beaucoup Juges d'Israël, page 96-112.) " !
plus que le contact du lion décharné. Il 5° Les cheveux de Sams0n ne faisaient "
est impossible de l'absoudre, car Dieu pas sa force; ils en étaient l'emblème ma- '
lui-même l'a condamné ; des tromperies, turel, car la force de l'homme est pres
la prison, le supplice, la mort ont été la que toujours accompagnée d'un grand º
suite de son péché, et il a pu compren développement chevelu; ils en étaient en
dre que les pieds de la femme débauchée outre le sceau divin, car ils étaient le si
conduisent à la mort, Prov. 5, 5. 7, 27. gne de son nazaréat, de la mission dont
Mais nous ne devons pas non plus nous il était revêtu, et de l'assistance que Dieu"
montrer plus sévère que Dieu même ; devait lui prêter : en perdant ses cheveux,
Samson, comme notre Seigneur, a été Samson n'a perdu ses forces que parce !
seul à fouler au pressoir; seul pendant qu'il sentait qu'il avait mérité d'être !
toute sa carrière, sans secours, sans sym abandonné de Dieu : il n'avait plus de foi"
pathie chez ses compatriotes, isolé com en Dieu, ni peut-être de foi en lui-même,º
me un prophète, combattant pour la vérité, et l'on sait que la foi en soi-même dou-"
mais abandonné de ceux qui l'auraient dû ble et triple les forces.
défendre, il a souffert en son âme de son 6° Il est dit, à plusieurs reprises, que
isolement, et ses faiblesses s'expliquent l'Esprit de Dieu fut sur Samson quand il
sans l'excuser. Si Dieu ne lui a jamais s'apprêtait à faire le mal, ou que ses in
fait défaut, c'est que le juge d'Israël n'a clinations vicieuses venaient de l'Eternel :
jamais manqué; l'homme a péri, le juge a la réponse à cette difficulté est du res
triomphé. La foi de Samson brille en sort de la dogmatique; disons seulement
quelque sorte d'un éclat d'autant plus que si l'Eternel dirige le cœur de l'hom
vif que ses fautes comme individu ont été me comme des ruisseaux d'eau , il ne lui
plus grandes, et si l'apôtre Paul le comp enlève point sa liberté. L'homme, esclave
te au nombre des héros de la foi, Hébr. naturel du péché, suivait les désirs de la
11, 32., ce n'est bien sûrement pas à cause chair, et Dieu le laissait faire, sachant
de ses fautes, mais parce que malgré ses qu'il tirerait le bien du mal. -

· fautes il n'a jamais désespéré des pro 7° La force miraculeuse du fils de Ma-'
messes et de la fidélité divines. La foi du noah, a été regardée par plusieurs com-"
chrétien, c'est de croire que Dieu est me une force fabuleuse, et peu s'en faut !
toujours fidèle, alors même que nous ces que les rationalistes n'aient fait de Sam
SOns de l'être. son un être imaginaire, un héros fantas
4º La chute si prompte et si complète tique, un mythe, comme on dit de nos !
du temple de Dagon, occasionnée par le jours. De ce que presque toutes les na
seul ébranlement de deux piliers, peut à tions ont conservé le souvenir d'un hOm
juste titre causer une surprise mêlée de me aux exploits prodigieux, on a failli
doute, lorsqu'on se représente ce bâti conclure qu'il n'y a jamais eu de Samson,
ment cOnstruit dans les conditions Ordi ou tout au moins, et c'est alors une cri
naires de l'architecture moderne. Mais il tique et une exégèse à part (on pour
est facile de se représenter une construc rait dire rétroactive), que le Samson des
tion et une architecture différente : le Juges a été emprunté à l'Ovide des Ro
voyageur Shaw raconte qu'il a vu, à Alger mains, aux traditions grecques sur Her
et ailleurs , des maisons et même de cule, ou au Rama des Indiens. Le lion de
grands édifices construits de telle sorte Némée, en effet, la biche de Diane, le tau
que le tout croulait si les colonnes du reau crétois, la défaite de l'armée d'Er
centre étaient enlevées; l'architecte Chris gine par Hercule et sa massue, la nais
tophe Wren a décrit la manière dont une sance miraculeuse d'Hercule, Hercule aux
pareille construction pouvait se faire, et pieds d'Omphale, le Crotoniate Milon, les
Pline mentionne un théâtre immense gon exploits de Thésée qui charge sur ses !
SAM 314 SAM

épaules un taureau vivant et le porte à tie extérieure, formelle, et matérielle ; le


Athènes, l'histoire du roi Nisus de Mé crédit, l'autorité, il la conserva jusqu'à la
gare qui perd ses forces avec les boucles fin, mème sous le régime de la royauté.
rouges de son éclatante chevelure, la Son lieu de naissance, Rama, fut aussi le
source d'Aganippe qui jaillit sous les lieu dont il fit son domicile ordinaire; ce
pieds de Pégase, les énigmes que Rama pendant d'autres villes, Guilgal, Mitspa,
propOse à ses amis de noce, la source mi Béthel, choisies peut-être moins à cause
raculeuse qui jaillit à ses côtés pour apai de leur position que parce qu'elles avaient
Ser son ardente soif, les renards sau été précédemment des lieux de culte et
vages qu'on avait l'habitude de lâcher à d'adoration, furent des centres réguliers
Rome, au milieu du théâtre, avec des d'activité pour Samuel, qui chaque année
brandons attachés à la queue pour célé s'y rendait pour réunir le peuple, l'exhor
brer la fête d'Hercule, tous ces détails, ter, ou exercer la justice. :/
et d'autres encore que nous racontent les Son influence sur les affaires publiques
anciens poètes, rappellent à divers titres et sur l'état et la recOnstitution d'Israël
l'histoire de Samson, et quant aux usages fut immense ; il renversa l'idolâtrie, ré
dont Ovide dit qu'il n'en connaît pas veilla, par ses actes comme par ses paro
l'origine, il aurait pu la trouver dans les les, la crainte de l'Eternel , ranima l'es
livres sacrés des Hébreux. Si l'ôn veut prit national, apaisa les rivalités de tri
nier absolument la possibilité des faits, bus, établit conformément au vœu popu
à la bonne heure ; c'est un système, et laire la royauté, qu'il renferma, par une
Vatke a pu démontrer comme quoi Sam charte réciproquement jurée, dans des li
son n'avait jamais existé, comme quoi mites destinées à garantir l'indépendance
Samson est une allégorie, un type du so et la liberté de la nation contre les excès
leil, comme Napoléon. Mais si l'on admet possibles du pouvoir ; il appuya le roi par
la possibilité de la chose, qu'on en laisse ses conseils fondés sur la sagesse, la mo
au moins, avec l'histoire, l'initiative au dération, la justice et l'esprit théocrati
peuple hébreu ; qu'on reconnaisse que ce que, qui devait présider à tous les actes
ne sont pas les plus anciens qui ont em du peuple juif; il pourvut à ce que la
prunté leurs traditions aux plus moder nation fût heureuse après sa mort, et sa
nes, les Juifs aux Romains, les Juges à cra roi David, qui devait mieux que Saül
Diodore de Sicile. justifier la confiance dont on l'avait jugé -
SAMUEL, filsd'Anne etd'Elkana(1Sam. digne; il dirigea des écoles de prophètes
1-16, et 25,). Il était Lévite,1 Chr. 6,28., et et organisa cette institution, autant du
sa famille habitait Rama dans la montagne moins qu'un ordre reposant sur l'inspi
d'Ephraïm. Fils d'une mère pieuse, il fut ration divine peut être organisé par la
nommé Samuel, c'est-à-dire exaucé de main des hommes, et les prophètes furent
Dieu, parce qu'il fut accordé aux prières dès lors un contre-poids domné aux em
de l'épouse stérile d'Elkana, et sa vie fut piétements de la royauté, comme au be
consacrée à l'Eternel dès ses plus jeunes soin une protestation vivante contre le
années. Nazarien par le vœu de sa mère, relâchement et l'infidélité du sacerdoce
il fut élevé à Silo par les soins du grand régulier. Le sacre de David fut en quel
prêtre Héli, qui l'initia à ses futures fonc que sorte le dernier acte politique de Sa
tions de prophète et de juge, mais Dieu muel, qui mourut en paix dans un âge
veilla mieux encore que les hommes à fort avancé, et fut pleuré de tout lsraël,
son éducation prophétique, et le jeune 1 Sam. 25, 1. Nous avons donné les dé
homme apparut comme prophète et com tails de cette belle vie, et présenté les
me juge devant le pontife dont Dieu lui observations qu'elle suggère, à la fin de
avait révélé les faiblesses et le châtiment. l'Histoire des Juges d'Israël, p. 114-442;
Bientôt il se mit publiquement à la tête nous n'avons plus à présenter ici que les
du peuple, et conserva pendant toute sa réflexions les plus importantes , et celles
vie des fonctions dont il ne déposa entre qui n'ont pu trouver place dans notre pré
les mains de ses indignes fils que la par cédent travail. - - -
SAM 315 SAM

1° La vie de Samuel a été une crise per rendit à Samuel un tout autre témoignage
pétuelle depuis les malheurs de la maison que cette espèce de savants théologiens,
d'Héli, jusqu'à la chute de la maison de 1 Sam. 12, 3., et ce peuple avait connu le
Saül. En politique, la royauté se substi joug de Samuel , il jugeait en connais
tuait à la république aristocratique , en sance de cause. -

religion, l'arche était déposée chez Abi 3° Samuel est le même depuis sa nais
nadab, le tabernacle était tour à tour à Sance jusqu'à sa mort ; il semble qu'au
Silo, à Nob, à Gabaon ; Ahimélec était milieu de tous les changements dont il
souverain sacrificateur, et Samuel offrait est témoin, seul il ne change pas ; calme
le sacrifice, sacrait deux rois, jugeait et tranquille, ferme, prudent, il se mon
le pays, opposait le prophétisme au sa tre un homme de foi jusque dans les plus
cerdoce, et méritait d'être nommé à côté petits détails de sa conduite ; il annonce
de Moïse et d'Aaron, Ps. 99.6. La splen les oracles de Dieu, mais il ne fait rien
deur du culte auquel il présidait, mais pour en procurer l'accomplissement; il
d'une manière extra-légale, est rappelée communique à Héli les menaces divines,
2 Chr. 35, 18. mais il ne change rien à ses rapports avec
2° Accusé d'égoïsme par bien des com Son vieux maître; il rejette Saül devant
mentateurs, Samuel se lave de ce repro les anciens du peuple, mais il évite de
che par ses actes. On a voulu voir dans l'humilier , il oint David pour succéder à
les objections qu'il fait à l'établissement Saül, mais il se retire en sa ville, laissant
de la royauté, dans son opposition à Saül, à Dieu le soin de faire triompher le jeune
dans l'élection de David, autant de preu berger , actif pour ce qu'il doit faire, pas
ves d'égoïsme, d'amour-propre et de re sif pour le reste, il se montre sans fraude
cherche de soi-même. Mais si l'on se rap et réalise le type du chrétien. Les luttes
pelle le temps où il a vécu : si l'on tient politiques ne l'intéressent pas; il défend
compte des circonstances extraordinaires la république pied à pied; lorsqu'elle est
qu'il a traversées et qui nécessitaient des renversée, il soutient la monarchie dont
mesures extraordinaires; si l'on réfléchit il sacre le premier roi ; il passe de Saül à
que les tribus, divisées entre elles, n'é- David, se bornant à constater ce change
taient unies par aucun lien commun, et ment de dynastie, cette révolution, et ne
que leurs dissensions maintenaient le pays reconnaît de légitime que le roi théocra
dans un état de continuelle agitation : si tique, obéissant et fidèie. La forme du
l'on oppose le courage tranquille, l'esprit gouvernement lui importe peu, il les sert
de sagesse et de courageuse persévéran tOuS, mais il les veut t0uS Soumis au roi
ce, les grandes vues, et la fermeté d'exé des rois, le maître de tous. C'est le prin
cution des plans de Samuel, à la fougue cipe évangélique, Rom. 13, l.
brutale et à l'orgueilleux arbitraire de la 4° Sur l'évocation de l'ombre de Sa
conduite de Saül; si l'on réfléchit combien muel, v. Pythonisse.
la déchéance de Saül et son remplacement 5° On lui attribue la composition des
par David ont été merveilleusement justi livres de Ruth, Juges, et 1 Sam. 1-6, ou
fiés par leurs conséquences : si l'on re 4-13, v. les différents articles.
connaît enfin que Samuel n'avait rien à 6° Son nom est rappelé, outre les pas
gagner à l'élection de David qui ne de sages cités, par Jérémie, saint Pierre et
vait monter sur le trône qu'après sa mort, saint Paul qui le citent à l'égal de Moïse,
let qu'il compromettait au contraire la paix le placent parmi les plus grands hommes
de ses vieux jours par cet acte solennel d'Israël et caractérisent par son nom toute
- d'opposition, on se fera une idée de ce une époque, Jér. 15 1. Act. 3, 24. 13, 20.
º que vaut le reproche fait à Samuel d'avoir Hébr. 11, 32.
été dur, barbare, arbitraire, égoïste, in Livres de Samuel. Les deux livres
· téressé, on comprendra ce que valent les connus sous le nom du juge-prophète
jugements du rationalisme extrême dont n'en formaient qu'un dans le canon juif ;
l'Allemagne semble avoir seule le mono ce sont les Septante qui les partagèrent
pole. Le peuple, et c'est beaucoup dire, en deux parties; la Vulgate suivit cet
SAM 316 SAN
-- -- | " " | | | -- 2 -- -- -

exemple qui fit depuis à cause dé la'di les !ouvrages des prophètes, historiens
vision plus commode en chapitres et ver des temps passés.— Bien que trois bio
ºts adopté§
braïques, mème pour nosdepuis
seulement hé graphies forment le fond des deux livres
versionsBom
de Samuel, il est aisé de voir que ce n'est
berg. Les Séptante appelèrent ces livres pas dans un intérêt biographique qu'ils
premier et second livre des Rois; la Vul ont été composés : les noms de Samuel,
gate latine imita son original grec, mais de Saül et de David appartiennent à l'his
le nom primitif, le nom par lequel les toire théocratique; leur prospérité etleurs
Hébreux désignaient ce livre, est celui de revers renferment des enseignements pu
Samiuel, non qu'il se rapporte à l'auteur, blics qui ne se comprennent qu'au point
Ou qu'il caractérise tout le contenu du de vue théocratique. Dieu est le roi. Da
livre et qu'il en épuise la matière, mais vid commet de plus grandes fautes à nos
parce qu'il commençait par l'histoire de yeux que Saül, et il en est puni par de
Samuel, et que Samuel en était le prin grands malheurs (concatenata infortunia,
cipal personnage, celui dont le rôle était dit très bien Heidegger), mais ces mal
le plus important; cf. 1 Chr. 29, 29, — heurs sont individuels comme sa faute :
Les livres de Samuel reprennent l'histoire Saül perd son trône, parce que son péché
là où celui des Juges s'arrête, et la pour est un acte de rébellion contre son Roi,
Suivent jusqu'au point où ceux des Rois contre Dieu, Saül a péché comme roi, et
la continuent. Diverses sources ont été c'est comme tel qu'il est puni; David pè
consultées pour la composition de ces li che comme homme, et n'est puni qu'en
Vres, des recueils de poésies, des ou cette qualité. Les livres de Samuel ne sont
Vrages prophétiques, et les annales du bien compris que si l'on se rappelle la
royaume. On est assez d'accord à penser royauté de celui qui est le maître de toutes
que plusieurs auteurs ont travaillé à la choses, et qui avait spécialement voulu
rédaction du premier livre de Samuel. être le maître d'Israël. Ils sont riches en
Selon Grégoire le Grand, Théodoret et détails, et leur lecture offre à tous les es
Procope, Samuelaurait composé lui-même prits l'intérêt le plus grand et le plus sou
les vingt-cinq chapitres qui racontent sa tenu. -

| Vie, mais les éloges nombreux qui lui sont SANCHÉRIB, 2 Rois 18, 13.2 Chr. 32,
donnés ne seraient guère bien placés dans 1. Es. 36, 1., etc., roi d'Assyrie, fils et
Sa bouche ou sous sa plume. Quant à ceux successeur de Salmanéser.Voulant seven
qui attribuent à David la composition des ger d'Ezéchias qui refusait de payer le
chapitres suivants, Isidore, etc., la for tribut annuel, il marcha contre le royaume
mule fréquemment employée « jusqu'à ce de Juda dans la quatorzième année du rè
j0ur, » semble s'opposer à leur opinion, gne d'Ezéchias (711 ou 712 av. C)i une
dans les passages surtout où certains actes forte contribution de guerre qui lui est
de David sont racontés commeayant laissé payée à condition qu'il retirera ses trou
un long souvenir qui ne pouvait évidem pes, ne fait qu'encourager son humeur
ment pas s'éteindre de son vivant, 1 Sam. conquérante et faciliter ses succès ; il met
27, 6. 30, 24.25. Il semble qu'en faisant le siége devant Jérusalem, ne voulant pas
allusion aux livres de Samuel le passage sans doute laisser entre les mains dun
1 Chr. 29, 29. doive nous mettre sur la vassal peu sûr une place de aiissi †
Voie, et l'on ne risquera pas beaucoup de importante sur le chemin de l gypte, car -

se tromper en admettant que Samuel a Tirhaca, roi d'Egypte, venait à sa ren


écrit les choses qui se sont passées sous contre. Les sommations qu'il fait adres
Héli et sous son propre gouvernement, ser à Ezéchias restent sans effet, priè #
que Gad et Nathan ont écrit celles qui ont res du roi de Juda sont exaucées, les ora
eu lieu dans les règnes de Saül et de Da cles d'Esaïe s'accomplissent, un pouvoir
vid, et qu'un homme pieux et inspiré, surnaturel détruit en une seule nuit l'ar
, Jérémie ou Esdras, en travaillant à con mée des assiégeants ; 185,000 hommes
· server les souvenirs de l'histoire d'Israël, succombent, et le général, sans armee,
a rédigé, mis en ordre, peut-être annoté, se hâte de regagner Ninive sa capitale ;
SAN 317 SAN
deux de ses fils l'assassinent aux pieds

des autels, et le troisième Esar-Haddon, me iſ ne s'agit dans le §
monte sur le trône à sa place. On trouve d'un terme de comparaison, et
dans les prophètes diverses allusions et
mOt §
prédictions relatives aux luttes victorieu
ne se trouve qu'u§ § §
criture, l'imagination a pu se donner li
ses de Sanchérib contre l'Egypte, mais bre carrière pour la détermination de ce
ces guerres ne sont pas racontées, Es. mot; les uns y ont vu le vampire avec
10, 24. 20, 4. 30, 31., etc. Nah. 3, 8.— La tout le prestige que lui prête la fabuleuse
destruction de l'armée de Sanchérib est poésie de l'Orient; d'autres y ont vu la
un fait miraculeux qu'une cause tout à goule si célèbre des contes arabes ; d'au
† naturelle a pu produire, le vent † tres y ont vu autre chose encore, mais
poisonné du désert, la peste dont l'armée toujours un être aussi insatiable que la
avait peut-être apporté le germe d'Egypte cupidité dont il est l'emblème, un être
ou de son contact avec une armée égyp dont les deux filles, l'avarice et l'ambi
tienne, une tempête peut-être et les coups tion, ne se rassasient jamais, et disent
de la foudre; aucun détail ne permet dedé toujours : apporte, apporte; en hébreu,
cider cette † ; l'ange de l'Eternel hab, hab, onomatopée bien digne de la
avait passé, il ne laissait plus derrière lui chose. Bochart croit qu'il s'agit ici du
qu'une armée de corps morts; cette déli Destin, dont les deux filles, la Mort et
vrance extraordinaire venait sauver Juda l'Enfer, ne disent jamais : c'est assez! Il
après que le royaume d'Israël avait suc suffit que l'on comprenne l'image em
combé, ne laissant que des débris à la ployée par le philosophe prophète, et ces
place de ses villes; c'était un dernier a différentes explications peuvent être choi
vertissement que Dieudonnait à ce royau sies, ou même cumulées.
me endurci, lui rappelant par un même SANHÉDRIN. C'était, vers le temps
prodige son amour, sa puissance, et sa de Jésus, le tribunal suprême des Juifs,
' sévérité. · celui qui jugeait en dernier ressort. ll
· L'histoire profane contient différentes siégeait à Jérusalem, et se composait de
| mentions de Sanchérib : au dire d'Héro soixante et onze membres, sacrificateurs
dote, il aurait attaqué l'Egypte près de ou anciens, pharisiens, sadducéens, scri
· Pelusium, au temps du roi Séthos, prêtre bes, qui se réunissaient sur la convoca
de Vulcain ; mais il aurait été repoussé. tion et sous la direction d'un président,
| Cet événement, qui aurait eu lieu vers lequel pouvait être, et était ordinaire
l'an 718 av. C., et qui aurait été précédé ment, le souverain sacrificateur. Un vice
déjà, ou suivi, par un autre échec, l'aban président et deux ou trois secrétaires
don du siège de Tyr, aurait engagé San complétaient le bureau du tribunal,Matth.
'chérib à laver sa honte dans une victoire 26, 57. Marc 15, 1. Luc 22, 4. Act. 5, 21.
' remportée sur le faible royaume de Juda ; 27.34.23, 6. A la droite du président
selon d'autres, une partie de son armée (hannasi, le prince), siégeait le vice
'aurait envahi l'Egypte pendant que le res président ; à sa gauche, selon quelques
"te † Jérusalem. Il y a, du reste, auteurs, siégeait un membre du conseil
º d'autres difficultés chronologiques dans qui portait le nom de sage par excellence,
"l'histoire de Sanchérib, comme dans toute et Vitringa pense que c'est à cette fonc
" celle des rois d'Assyrie, q. v. | tion que notre Seigneur fait allusion lors
|"b. SANG.'º. Sacrifices.—Perte de sang, qu'il appelle Nicodème un maître en Is
Hémorroïsse. ' •

raël, magister; mais rien ne confirme ou


| SANGLIER. v. Porc. . , ne justifie cette tradition. On peut en dire
| SANGSUE. Le mot hébreu haloukah, autant des soixante-dix langues que châ
qui me se trouve que Prov. 30, 15., a été que membre du sanhédrin était, dit-on,
"rendu par les Septante, la Vulgate et nos obligé de comprendre (Gem. Sanhedr);
| versions, par sangsue, d'après l'analogie cette vaste science se réduisait évidem
· de la racine arabe, qui signifie se pendre ment à des proportions plus humaines, et
· à, et dont les dérivés consacrent et ren doit s'entendre soit, en général, de con
, ºll , i i i , º . - · - -
SAN 3 18 ·SAN

naissances solides et étendues, soit sûr ve rien dans cette question, ni pour, ni
tout de l'intelligence du texte sacré(Hart contre, et, quant à la condamnation d'E-
mann). Dans des cas pressants, le conseil tienne, elle porte les caractères d'une
s'assemblait dans la maison de son pré vengeance populaire plutôt que ceux d'un
sident, Matth. 26, 3.; mais, hors de là, il jugement régulier. La tradition rabbini
se réunissait journellement dans une salle que est unanime à dire que, quarante ans
des sessions, située aux alentours du avant la destruction de Jérusalem, le san
temple, du côté du midi. Plus tard, dans hédrin avait été dépouillé par les procu
les quarante années qui précédèrent la rateurs du droit de vie et de mort, et Jo
chute de Jérusalem, il se réunit à Hanoth, sèphe (Ant. 20, 9, 1.) raconte que Iors
dans certaines demeures (tabernae) si de l'exécution de Jacques le Juste, quel
tuées, selon les rabbins, sur la montagne ques-uns des meilleurs membres de ce
du temple en descendant : de là, il des corps accusèrent le souverain pontife
cendit plus bas encore dans la ville de Anne auprès du procurateur Albinus,
Jérusalem, et, s'éloignant toujours plus comme ayant outrepassé ses pouvoirs et
du temple, il se fixa à Jérico, puis à Usa, sa compétence, en prononçant la peine de
puis ailleurs, et enfin à Tibériade, où il mort. Ajoutons que si les paroles, Jean
demeura jusqu'à son entière extinction. 18,31., n'ont pas le sens qu'on leur don
Ce tribunal décidait seul des questions ne ordinairement, elles n'en ont aucun ;
de droit qui pouvaient s'élever entre tri que si elles expriment une idée fausse,
bus : les rois, les grands-prêtres, les faux on ne comprend pas que ceux qui les
prophètes. les cas de guerre volontaire et ont prononcées aient osé le faire, et en
de blasphème, appartenaient également à fin que le silence de Pilate, en présence
la connaissance de ce tribunal, et de lui de cette réponse des Juifs, serait inexpli
seul. Les accusés et les témoins étaient cable si les Juifs avaient avancé un fait
entendus, et, suivant les cas, le sanhé faux, lorsqu'il avait lui-même le plusgrand
drin prononçait, soit l'une des quatre intérêt à se débarrasser d'une affaire qui
peines capitales, le feu, la corde, la dé engageait sa responsabilité sans lui rap
capitation et la lapidation, ou la peine porter ni profit ni honneur. Il faut donc
du fouet, Matth. 26, 60.Act. 4, 7. 5, 40. admettre que, du temps de notre Sei
6, 13. Jésus comparut devant ce tribu gneur, le sanhédrin était dépouillé du
nal comme faux prophète et faux Mes droit de prononcer une condamnation à
sie; Pierre, comme thaumaturge, s'attri mort, quoique les causes qui pouvaient la
buant des forces divines; Jean, comme provoquer fussent encore de son res
faux prophète et séducteur du peuple; sort, et qu'il fût chargé de l'instruction
Etienne, comme blasphémateur; Paul, du procès pour les délits ou les crimes
comme enseignant de fausses doctrines, ecclésiastiques qui devaient être jugésd'a-
Jean 11, 47. Act. 4, 8., etc. Le droit d'ar près les principes de la loi mosaïque. Au
restation était naturellement dans les at reste, le grand sanhédrin n'était pas seu
tributions de ce conseil, et l'on voit, par lement une cour de justice, mais encore
Act. 9, 2., qu'il s'étendait au-delà des li le pouvoir suprême en matière de légis
mites de la Palestine. Relativement à lation et d'administration ecclésiastique ;
l'exercice de la justice criminelle, on a il fixait le commencement des nouvelles
trouvé dans Jean 18,31., le texte de nom lunes, et veillait, d'une manière géné
breuses difficultés : malgré la précision rale, à tout ce qui concernait les besoins !
des termes, portant que les Juifs (le san et l'exercice du culte. • º,i ! .
• 1 , *

hédrin) n'avaient pas le droit d'appliquer Les Talmudistes font remonter l'ori-l
la peine de mort, plusieurs interprètes gine du grand sanhédrin à Moïse, qui,u
ont contesté ce fait, et n'y ont voulu voir dans le voyage du désert, Nomb. 11, 16., !
qu'un échappatoire des Juifs pour se nomma un collége de soixante-dix an
soustraire à la responsabilité du crime ciens chargés de le seconder dans l'ad-tº
qu'ils voulaient pouvoir rejeter sur Pi ministration de la justice, et dans l'appli
- late. Le passage Matth. 10, 17., ne prou cation des règlements de la police juive;
SAN 319, SAP.

ils prétendent qu'Esdras, après le retour SANOAH. Deux villes de la tribu de


de l'exil, pourvut à la réorganisation de Juda, situées l'une dans la plaine, Jos. 15,
cette assemblée. Mais il est probable que 34.. l'autre dans les montagnes, 15, 56.
les fonctions de ce collége cessèrent avec C'est de la première sans doute qu'il est
l'entrée des Israélites en Canaan; il n'en parlé, Néh. 11, 30. cf. 3, 13. Eusèbe et
est plus reparlé dans les saints livres, et Jérôme ne s'accordent pas sur son em
l'on ne comprend pas, en effet, quel rôle plagement.
il eût joué sous les juges et sous les rois, SANSANNA, ville de la partie méridio
qui avaient un état civil bien organisé, des nale de la tribu de Juda, Jos. 15, 31 .
juges, des préfets, etc. La tradition rab SAPH, géant de la race de Rapha, tué
binique ne vient sans doute, comme tant à Guéser par Sibbécaï de Huza, 2 Sam.21,
d'autres, que du désir de donner à une 18. Il est nommé Sippaï 1 Chr. 20, 4.
institution nationale le lustre d'une haute C'est peut-être par une erreur de copiste
antiquité, C'est au temps d'Antipater et, qu'on lit Gob au lieu de Guéser dans le
d'Hérode que se rapporte la première premier passage ; v. Gob. -

mention qui est faite du sanhédrin, Jo SAPHAN. 1° Fils d'Atsalia , et secré


sèphe, Ant. 14, 9, 4.; il était cependant taire de Josias : occupé à recueillir les
plus ancien, et l'on doit convenir que le fonds offerts pour les réparations du tem
collége des anciens de Moïse a pu fré ple, il reçut d'Hilkija l'exemplaire auto
quemment être pris pour modèle d'une graphe de la loi de Moïse, retrouvé con
institution de ce genre; car, avant l'exil tre toute attente ; il le porta au roi et lui
déjà, le roi Josaphat avait établi à Jéru en lut ces fragments qui produisirent sur
salem un tribunal supérieur de soixante le monarque une si profonde impression :
dix juges, composé de prêtres et de lé il dut se rendre alors avec son fils et le
vites, 2 Chr. 19, 8. Les livres des Mac souverain sacrificateur auprès de la pro
cabées (2 Macc.1 , 10.4, 44.3 Macc. 1, 8.) phétesse Hulda, qui confirma les menaces
l'appellent le sénat (la vieillesse), et le de la loi à l'égard des transgresseurs, ren
font remonteraux temps de la domination dit à Josias un témoignage de droiture
séleucide, peut-être avec raison; mais il et de justice, et lui annonça une fin tran
n'est guère probable que les anciens men quille, v. Hilkija, Hulda, etc. On ne peut
tionnés 1 Macc. 7, 33. 12, 35. 13, 36. déterminer quel est le morceau que Sa
aienteu, comme le pensent quelques-uns, phan lut au roi : quelques-uns ont pensé
aucun rapport avec le sanhédrin. à Deut. 28, 15., etc., mais c'est un jeu
2° De plus petits colléges du même nom, d'esprit que de faire de pareilles recher
de petits sanhédrins de vingt-trois mem ches; Saphan a lu peut-être à rouleau ou
bres, doivent, d'après Sanhedr. 1, 6., vert, et dans tous les cas, s'il a choisi, il
avoir été établis dans toutes les villes de a dû faire un autre choix que celui qu'on
la Judée qui comptaient plus de cent vingt lui prète et qui ne convenait pas du tout
habitants (ou familles ?), pour juger tous au caractère et à la vie du roi.— Fils d'un
les cas de blessures, d'homicides etc.; il père inconnu, Saphan est devenu le chef
y en avait deux à Jérusalem même. Tou d'une famille illustre qui sous les derniers
tefois Josèphe n'en parle pas, non plus rois a su résister au torrent de la corrup
que du tribunal des trois, qui était chargé tion, et seconder le ministère de Jérémie;
de s'occuper des petites causes, de réglerSon fils Ahikam, et son petit-fils Guéda
les affaires d'argent, de statuer sur les lia sont souvent cités avec le nom de leur
dommages causés, etc. ll parle plutôt d'un père, Jér. 39, 14., etc. C'est peut-être le
tribunal de sept membres, dont deux au même Saphan qui fut père d'Elhasa, Jér.
moins de la tribu de Lévi, établi dans les 29, 3., et de Guémaria, Jér. 36, 12.; ce
villes de province, et auquel il serait fait dernier, dans ce cas, serait frère d'Ahi
allusion Matth. 5, 22. 10, 17. Marc 13, kam.
9.44, 55., etc. Ces petits sanhédrins ne 2" Le saphan, ou shaphan , est un
pouvaient prononcer au-delà de quarante animal nommé par Moïse à côté du liè
coups de fouet. vre et du chameau, Lév. 11, 5. Deut.
SAP 320 SAR

44,07., et déclaré impur, quoiqu'il ru grave sans doute, mais qui n'eût pas ex
mine, parce, qu'il n'a pas l'ongle fendu : clu le repentir, et leur prompt châtiment
on y a vu tour à tour le lapin, la mar ne prouve pas qu'ils soient morts dans
motte, et la gerboise; mais il paraît plu l'impénitence finale; autrement il faudrait
tôt que c'est un habitant spécial des dé dire que tout chrétien qui est surpris par
· serts de l'Idumée, nommé oueber par les la mort dans l'accomplissement d'un acte
indigènes, retrouvé, décrit, et dessiné coupable, perd par là-même le bénéfice
par L. de Laborde, une espèce de gros de la grâce divine. v. Ananias.
rat, moins gros que l'écureuil, de couleur SAPIN. C'est par ce mot que nos ver
grisâtre, avec les pieds de devant et la sions françaises et allemandes, à l'exem
queue du rat; il a les jambes de derrière ple de la Vulgate, ont traduit l'hébreu
plus longues que celles de devant ;il ru b'rôsh, Es. 14, 8. 37, 24. 55, 13. 60,
mine, il aime la demeure des rochers, et .43 Cant. 1, 46. Zach. 11, 2. Ez. 27, 5.
marche par troupes, caractères qui con Nah. 2, 3. 2 Sam. 6, 5. 1 Rois 5, 8. 6,
viennent au saphan de l'Ecriture, cf. 15. 34., etc. Cette traduction est dé
Prov. 30, 26. Ps. 104, 18. mentie par le rôle même que cet arbre et
SAPHIR, pierre précieuse qui porte le son bois jouent dans les passages cités ;
même nom en hébreu, Ex. 24, 10. 28, nous la remplaçons , avec la plupart des
18. 39, 11. Ez. 28, 13. D'un bleu céleste auteurs modernes (Gesenius, Rosenmul
et d'un bel azur, cf. Ez. 1, 26., le saphir ler, etc.), par cyprès, q. v. D'autres ont
est dans les prophètes la couleur du trône pensé au pin, mais les objections restent
de Dieu : il est transparent, et plus dur les mêmes.
que le rubis. Les anciens paraissent avoir SARA ou Saraï , femme d'Abraham,
aussi appelé de ce nom la substance du mère d'Isaac, Gen. 11,29.12, 5. sq., était
lapis lazuli, également bleue, mais opa probablement fille de Taré comme son
que, tournant sur le bleu foncé ou le mari, mais d'une autre mère, Gen. 20,
violet, et semé de taches d'un jaune d'or, 12., quoique un grand nombre de com
Pline 37, 39.; mais comme cette pierre mentateurs, Josèphe, Jérôme, Augustin,
n'est pas assez précieuse pour avoir mé l'identifient avec Jisca, fille de Haran, pe
rité d'être nommée Job. 28, 6.16., et que tite-fille de Taré, et nièce d'Abraham, 11,
d'ailleurs elle ne se travaille pas bien, ce 29. Elle naquit en Caldée, suivit son mari
qui ne concorderait pas avec Ex. 28., il d'abord à Caran, puis en Palestine et en
est probable que c'est du véritable sa Egypte, où Dieu la délivra une première
phir qu'il est question dans ces passages, fois des dangers auxquels sa beauté et la
quoique la version perse l'ait traduit une faiblesse d'Abraham l'avaient exposée.
fois par lazurad, lapis lazuli. Privée d'enfants et sans espérance d'en
SAPHlRA, Act. 5, 1., femme d'Ana avoir, elle donna sa servante Agar pour
nias, et sa complice dans le mensonge par concubine à son mari, ne se doutant pas
lequel ils ont tenté le Saint-Esprit. Inter de tous les maux dont cette concession
rogée à part, elle répondit comme son aux usages d'alors serait la source : elle
mari, et fut frappée comme lui d'une mort fut mère en effet par Agar, mais cettema
subite; une même tombe recueillit à quel ternité usurpée porta des fruits amers;
ques heures de distance les deux coupa Agar mépris sa amaîtresse, qui se vengea
bles, bien dignes de mourir ensemble. Ce d'autant mieux qu'Abraham consentit à
serait aller plus loin que l'Ecriture, si l'on sa vengeance. Dieu, cependant, se rappe
affirmait qu'ils sont morts réprouvés de lait les promesses qu'il avait faites à son
Dieu; un grand exemple devait être donné serviteur, et n'oubliait pas Sara, dont le
à l'Eglise naissante, et ce malheureux cou premier nom Saraï signifiait noblesse, ét
ple l'a donné ; peut-être que rachetés de dont le second signifie princesse, changel
Dieu, ils n'ont été frappés de mort subitement qui indiquait sans doute que, noble
pour leur dernier péché qu'afin de servir par l'alliance du grand Abraham, elle
d'enseignement à l'Eglise. Leur déplora s'élèverait à un rang plus haut encore
ble chute n'était peut-être qu'une chute, en donnant une postérité au père des
SAR 0321 SAR
croyants. Ces promesses'furent répétées sa femme à l'adultère, et celfe-epy a con
avec plus de précision lors de la visite senti. Augustin fait au contraîre l'apol6
des anges au patriarche, et Sara qui les gie d'Abraham, len disant : 1° Qu'il n'a
entendit fixer l'époque de la naissance pas menti en disant que Sara'était sa
de son fils ne put pas réprimer un sou sœur, et qu'il s'est borhé à taire une vé -
rire dans un premier moment d'incrédu rité qu'il n'était pas obligé de découvrir.
lité : ce sourire fut le nom de son fils et
2° Qu'il'était exposé à la mort et au dés
dut lui rappeler à la fois sa joie et son honneur de sa femme, s'il parlait, et
-manque de foi. Pour éviter un'iInème qu'il ne pouvait éviter ni l'un ni l'autre ;
danger, elle commit à Guérar le même ! qu'en se taisant, il avait au moins la chan
péché de ruse et de mensonge qu'elle ce d'éviter la mort. 3° Qu'il laissait à Dieu
avait commis en Egypte, et l'intervention le soin de conserver l'honneur de Sara,
divine put seule la préserver de ses ter et qu'il agissait en cela par la foi. 4° Que
,ribles conséquences. Enfin les promesses dans la pire supposition, l'adultère ayant
se réalisèrent à son égard;' elle donnai été involontaire, il aurait été sans crime
le jour à un fils, et le nourrit elle-même, et sans infamie. Mais ona beau expliquer,
24, 7. Mais les épouses rivales furent et invoquer peut-être les mœurs brutales
aussi des mères jalouses, et comme les de cette époque, ce double épisode for
mères, les enfants se haïrent, Gal. 4, 29.; me une double tache dans l'histoire d'A-
Sara demanda le renvoi de sa servante et braham et de Sara, et c'est se tacher soi
de son fils, et le patriarche, cédant à un même que de l'excuser. Le père des
ordre de Dieu, dut y consentir : il four Croyants a manqué de foi là même où
· nit aux exilés les vivres nécessaires à! l'honneur seul aurait pu lui en tenir lieu.
· leur voyage, et adoucit sans doute par de SARDES, ancienne capitale de la Ly
riches présents la dureté d'une séparation die, splendide résidence de ses rois, était
qui lui était imposée par une volonté qui située au pied septentrional du mont Tmo
n'était pas la sienne : confiant dans les lus, à 30 lieues sud-est de Pergame, dans
promesses divines, 16, 10. 17,26.21, 13., une plaine fertile arrosée par le Pactole.
il abandonna son fils entre les mains de Elle fut prise par Cyrus, sous Crésus, 545
celui qui devait valoir mieux pour lui que av. C.; plus tard, au temps d'Antiochus,
isalmarâtre. Sara ignora sans doute le elle passa sous la domination romaine,
projet du sacrifice d'Isaac, qui peut-être mais elle ne tarda pas à décliner. Un trêm
même n'eut lieu qu'après sa mort ; les blement de terre la détruisit sous Tibère,
précautions et le silence du patriarche mais les empereurs la firent rebâtir, et
prouvent assez que dans cette circon elle conserva sa grandeur et sa dignité
stance le combat ne fut connu que de Dieu jusqu'à sa prise par Tamerlan, vers 1402.
et de lui. Sara mourut à Hébron, âgée de Ce n'est plus maintenant qu'un pauvre
cent vingt-septans, de dix ans plus jeune petit village nommé Sart, où l'on distin
que son mari, et fut ensevelie dans la ca gue les ruines de deux anciennes égli
verne de Macpéla; 23, 1. 49, 31. — Belle Ses, qui sont peut-être les restes des édi
jusque dans l'âge le plus avancé, Sara fices dans lesquels se réunissaient ces
montre plutôt des instincts que du carac chrétiens qui avaient le bruit de vivre,
tère : simple et soumise, elle aime son mais qui étaient morts. — Les habitants
mari, et obéit à ses ordres les plus étran de Sardes étaient fort méprisés à cause
ges , sans tseulement paraître les avoir de leur mauvaise foi et de leur passion
discutés ;i saidocilité est rappelée avec pour le libertinage et la bonne chère; ils
éloge,11 Pier, 3,6.; saint Paul loue sa foi, représentent parfaitement, Apoc. 3, 1.,
Hébl'. 41, 14.Son nom se retrouve encore
l'Eglise dans les temps qui précédèrent
Es, 54, 2. Rom. 4, 19.9, 9. (Sermon de la réformation, cette Eglise corrompue
Gaussen). où il ne se trouvait plus que peu de per
•,l Origène et Chrysostome blâment Abra sonnes qui n'eussent pas souillé leurs
ham et Sara de leur conduite envers Pha vêtements, et qui s'illustra par Wicleff,
raon et Abimélec : le patriarche a exposé Jean Huss et Jérôme de Prague. Le livre
II. 21
SAR 322 SAR

de M. de Bonnechose, les Réformateurs oliviers ont remplacé les célèbres vigno


avant la Réforme, est le meilleur commen bles. Une mosquée est bâtie, dit-on, sur
taire de la lettre que le Saint-Esprit fit le lieu même de la maison de la veuve qui
écrire à l'ange de l'Eglise de Sardes. logeait Elie, et la cave, toujours éclairée,
SARDOINE, en hébreu odem, qui si de ce bâtiment, doit avoir produit des cu
gnifie rougeur, Ex. 28, 17. 39, 10. C'est res merveilleuses.
une pierre précieuse couleur de chair, à SARGON, roi d'Assyrie, qui envoya
moitié transparente, estimée pour la fraî Tartan, l'un de ses généraux, pour faire
cheur de sa couleur et pour sa dureté ; le siége d'Asdod, ville des Philistins et
elle se laisse cependant travailler. La plus la clef de l'Egypte : il fut heureux dans
belle vient de l'Arabie. Elle a quelques une expédition contre ce dernier pays, et
rappOrtS avec la chalcédoine. Saint Jean en ramena un grand nombre de prison
la nomme, Apoc. 21, 20., à côté du sar niers, Es. 20, 1. etc. Son nom n'appartient
donyx. pas à l'histoire profane, et ne se trouve
SARDONYX, Apoc. 21,20., espèce in que dans le seul passage cité; on a voulu
termédiaire entre la sardoine et l'onyx, et y voir tour à tour Salmanéser, Sanchérib,
désignée probablement par l'hébreu ya et Esar-Haddon, et à la rigueur on pour
halom, Ex. 39, 11. Ez. 28, 13. Si par rait l'entendre des deux premiers : mais
onyx on entend la cornaline, le sardo il paraît plutôt que Sargon fut le prédé
nyx sera une pierre semblable, mais plus cesseur immédiat de Sanchérib, et que ses
claire, comme la couleur de l'ongle posé succès en Egypte eurent lieu sous le rè
sur la chair vive; v. Onyx. gne de So.
SAREETSER. v. Adrammélec 2°. SARON, belle et vaste plaine du bas pays
SAREPTA, Luc 4, 26., ville phénicien de Canaan, longue d'environ 48 lieues, et
ne, située entre Tyr et Sidon, à 3 lieues d'une largeur irrégulière, qui va en dimi
de cette dernière ville, 1 Rois 17,9. Abd. nuant du sud au nord; elle était jadis peu
20. Elle produisait, au dire de quelques plée, fertile, et cultivée, v. saint Jérôme,
auteurs, un vin si fumeux que les plus ad Es. 65, 10. Les sables et les dunes, les
hardis buveurs n'en auraient Su boire une espaces rocailleux, les champs, les pàtu
pinte en un mois. On a cru que son nom rages, y alternent, 1 Chr. 27, 29. Es. 65,
venait des fonderies de verre et de mé 10. La partie qui portait proprement le
taux qui se trouvaient dans son voisinage; nom de Saron, et qui était la plus célèbre
tsaraph signifie fondre; et la mythologie par sa beauté, Es. 35, 2. Cant. 2, 1., est
dit que c'est à Sarepta que Jupiter, dé la contrée qui traverse la route de Jaffa
guisé en taureau, ravit Europe à ses com à Jérusalem. Le chemin est aujourd'hui
pagnes. Cette ville a de plus beaux souve bordé de haies de cactus qui entourent
nirs; elle fut le séjour d'Elie, le théâtre de des jardins d'orangers, et la multitude
quelques-uns de ses miracles, et la patrie des roses blanches et rouges, des nar
de cette pieuse veuve qui crut avant que les cisses, des anémones, des lys blancs et
païens eussent été appelésà la foi. Laplaine jaunes, des tulipes, surprend et récrée
fertile qui l'avoisine est peut-être désignée le voyageur. Les villages nombreux qui
· dans l'Evangile sous le nom de frontières vivifient cette plaine, et dont l'un portait
de Tyr et de Sidon, et l'on suppose que autrefois aussi le nom de Saron, Act. 9.
le Seigneur se dirigeait de ces côtés lors 35., sont entourés d'oliviers et de syco
que la syrophénicienne vint lui demander mores ; ce terrain, fertile quoique sa
la guérison de sa fille, Math. 15, 21. Sa blonneux, serait couvert des plus belles
repta était encore au moyen âge une place récoltes si le despotisme des Turcs ne dé
forte; maintenant elle s'appelle Sarfend. truisait toute agriculture, mais les champs
Jadis elle s'étendait vers le rivage, là demeurent incultes, et les villages sont
peut-être où l'on voit le village de Aïn pleins de ruines : ainsi s'accomplissent
Teen, mais aujourd'hui elle est sur une les justes jugements de Dieu, Es. 33, 9.
hauteur à environ vingt minutes de la (Chateaubriand, Raumer, Braem, etc.). La
mer, dominant une vallée étroite, où les ville de Saron mentionnée Jos. 12, 18.,
SAT 323 SAT

comme résidence d'un roi cananéen, est l'Evangile, et qui reste telle devant Dieu,
peut-être la même dont il a été parlé ci quoique à nos faibles yeux il puisse pa
dessus; les faubourgs de Saron, 1 Chr. 5, raître qu'il y a toutes sortes de gens, et
· 16., paraîtraient se rapporter à une ville des degrés infiniment divers dans la pié
située au delà du Jourdain, si l'on n'était té et dans l'impiété; cf. 2 Cor. 6, 14.sq.
autorisé à croire que les tribus transjour 1 Jean 3, 10. Jean 8, 44. etc.
daines, occupées de bestlaux, possédaient Luc 10, 18.Jésus contemple Satan tom
aussi des établissements et des pâturages bant du ciel comme un éclair ; il le dit
en dehors des limites de leur territoire. aux soixante-dix disciples qui, après leur
Enfin, une ville de ce nom, Saronas, était mission, viennent lui rendre compte de
située, d'après Eusèbe, au nord de la Pa leurs travaux et de leurs succès. Les dé
lestine, entre le mont Tabor et le lac de mons mêmes leur sont assujettis, et le
Tibériade. Sauveur, rappelant en son cœur les vi
, SARUG, Luc 3, 35., ou Sérug, fils de sions qu'il a eues, répond à la joie de ses
Réhu, père de Nacor, mourut à l'âge de envoyés par cette déclaration, que le chef
trois cent trente ans. Il est nommé dans même des démons a été vaincu , il l'a vu
la généalogie de Marie. La tradition fait tomber, comme ailleurs il est dit d'Abra
de lui un des apôtres de l'idolâtrie. ham qu'il a vu la journée de Christ ; c'est
SAT. v, Mesures. la vue de la foi, Jean 8, 56.Jésus, en pro
SATAN, mot hébreu qui signifie en nonçant ces paroles, a sans doute eu pré
nemi, accusateur, calomniateur, et qui est Senles à l'esprit celles d'Es. 14, 12., où le
parfaitement traduit par le mot grec dia roi de Babylone, symbole de l'ennemi de
ble. Il est employé en parlant de David, Dieu, est comparé à l'étoile du matin qui
4 Sam. 29, 4., où l'original porte : « pour tombe des cieux.
qu'il ne devienne pas pour nous un satan;* Luc 13, 16. Satan est considéré comme
en parlant de Hadad et de Rézon, 1 Rois l'auteur, sinon de toutes les maladies, du
11, 14.23.25., où nos versions l'ont ren moins d'un certain nombre des affections
du par ennemi; de saint Pierre, Matth. qui affligent l'humanité.Avec ce passage
16, 23. Marc 8, 33. Son sens le plus ordi On n'a pas de peine à comprendre ce qui
maire est cependant celui de diable, de dé est dit d'Ilymènée, d'Alexandre, et de
mon, de chef des démons, Job 1, 6.7. 2, l'incestueux de Corinthe, livrés à Satan
1. 7. Ps. 109, 6. Zach. 3, 2.1 Rois 22, 21. pour leur salut, 1 Tim. 1, 20. 1 Cor. 5, 5.
Jud. 9. Matth. 12, 26. Marc 3, 23. Apoc. 2, Si quelques auteurs, et spécialement ceux
9.13.12,9. 20, 2. etc. On peut voiraux ar de l'Eglise romaine, pensent qu'il ne s'a-
ticles Anges, et Diable, ce qu'il y a à dire git ici que de l'excommunication, il est
en général sur ce sujet; il n'y a que peu évident cependant que saint Paul a en vue
de choses à ajouter sur ce mot spécial. quelque chose de plus grave qu'une pé
Matthieu 12, 26. Satan est représenté nitence ecclésiastique ; il s'agit d'un châ
COmme un roi qui a sous ses Ordres une timent réel qui devait détruire la chair,
armée dont la discipline fait la force, cf. et tout en reconnaissant que ces pécheurs
Marc 3, 23. Luc 11, 18. Jésus accusé par étaient excommuniés, nous sOmmes con
les pharisiens (qui du reste ne croyaient traints d'admettre que la sentence de l'a-
pas un mot de ce qu'ils disaient) de chas pôtre entraînait avec elle une peine cor
ser les démons par Béelzébul, prince des porelle, une maladie grave, fruit du pé
- démons, fait ressortir l'absurdité de cette ché et infligée par Satan.
accusation, en montrant que, de la part Apoc 2, 9. La synagogue de Satan se
· de Satan, ce serait se faire la guerre à rapporte dans ce passage aux Juifs incré
lui-même. dules, qui n'avaient de juif que le nom et
11, Act. 26, 18. Saint Paul montre qu'il les traditions, mais qui, en repoussant
1 n'y a pas de milieu entre Dieu et Satan ; Jésus, prouvaient qu'ils repoussaient l'es
on est de l'un ou de l'autre, sous l'influen prit de Moïse et de tout l'Ancien Testa
ce de l'un ou sous celle de l'autre, vérité ment. La même expression est employée
, qui ressort de toutes les déclarations de 3, 9., où il est question de l'Eglise chré
SAT 324 SAU

tienne, et elle désigne les chrétiens de vaise grâce à dire qu'il s'accommodait
nom qui mentent en s'appelant chrétiens, aux superstitions et aux préjugés po
parce qu'ils n'ont pas gardé la parole de pulaires, que dans la plupart des cas il
Dieu ; c'est dire que ce nom désigne l'E- aurait pu tout au moins s'abstenir, que
glise de Rome, déjà désignée 2, 13. com ses déclarations n'étaient nullement pro
me le siége et l'habitation de Satan; les voquées, et que celui qui était venu ap
mystères de cette église, ses ruses pour porter la vérité sur la terre, ne saurait
séduire et corrompre les consciences, être soupçonné d'y avoir au contraire en
sont désignées, 2, 24., sous le nom de tretenu le mensonge et l'erreur.
profondeurs de Satan. Satan sous ses divers noms de Diable,
Apocal. 20, 1. sq. Satan est lié pour de Malin, de Béelzébul, Belsébub, ou Bel
mille ans, puis délié pour un peu de temps sébuth, de Bélial, ou Béliar, 2 Cor.6, 15.,
après le millénium; après cela, vaincu par est représenté dans l'Ecriture comme la
l'armée céleste, il sera de nouveau saisi source de tous les maux, Luc 10, 19. 13,
et jeté avec les siens dans l'étang ardent 16. 22, 31., comme l'ennemi du règne de
de feu et de soufre, où ils seront tour Dieu, Matth. 13, 39. Luc 10, 18.Jean 12,
mentés jour et nuit aux siècles des siè 31. 14, 30. 16, 11., comme le tentateur et
cles. séducteur des croyants, 1 Cor. 7, 5. 4
Luc 22, 31. Satan est représenté, de Thess. 3, 5. 1 Pierre 5, 8., lequel avait
même que dans le prologue de Job, com essayé même de tenter le fils de Dieu,
me cherchant à séduire les élus de Dieu ; Matth. 4, 1. La première manifestation de
la prière, l'intercession de Jésus est le son influence malfaisante remonte aux
seul moyen de sortir victorieux de cette jours de la création, au jardin d'Eden, v.
lutte. Tous les apôtres étaient menacés Hébr. 2, 14. 2 Cor. 11, 3. cf. Apoc. 12,
par les manœuvres de Satan ; saint Pierre 9., et par le péché il est devenu le père
était par son caractère le plus exposé à de la mort, 1 Cor. 15, 26. Hébr. 2, 14. Il
succomber, Jésus prie pour lui ; Judas avait été créé droit, de même que les dé
était dans ces dispositions intérieures mons qui le servent, mais par leur pro
pour lesquelles il n'y a plus de prières, pre faute, par leur orgueilleuse rébellion,
cf. 1 Jean 5, 16.;il restait sans défense en ils sont tombés, ils ont été chassés du
tre les mains de celui à qui il s'était livré. ciel, Jean 8, 44.2 Pierre 2, 4.Jude 6., et
La foi aux démons est aussi ancienne maintenant ils règnent sur les ténèbres,
que la foi en Dieu, et ceux qui ont conçu ils sont dans l'air, ils pèsent sur l'huma
l'idée du bien n'ont pu le faire qu'en ad nité déchue, Eph. 2, 2. 6, 12. cf. Col. 1,
mettant la notion contraire, l'idée du mal. 13.Jean 13, 2. sq. 2Cor. 4, 4., et finiront
Chez les Hébreux l'idée de Dieu prédo par éprouver un terrible jugement, car
minait cependant, et c'est l'idée capitale ; Christ est apparu pour renverser et dé
Dieu était admis comme thèse, la notion truire l'empire de Satan, 1 Jean 3, 8. v.
contraire appartenait plutôt à la contro aussi Apoc. 20. -

verse ; la loi de Moïse établissait le bien SATRAPES. v. PerSe.


plutôt qu'elle ne combattait le mal. Mais SATURNE. v. Kijun, Caldée, Caldéens.
conclure de là que l'existence des démons SAUL. v. Paul. - ·
était inconnue aux Hébreux, c'est aller SAUL. 1° Fils de Siméon et d'une Cana
un peu loin (v. Diable.); le bouc Hazazel néenne, Nomb. 26, 13.1 Chr. 4, 24. Gen.
serait déjà une antique protestation con 46, 10. Ex. 6, 15. La mention spéciale qui
tre cette hypothèse, et depuis la Genèse, est faite de sa mère est un blâme cont
depuis Job, jusqu'à Zacharie, nous trou
vons des traces même assez positives de
ces unions mixtes avec des femmes
Il0S.
† |

l'universalité de cette croyance. Les pa 2° Saiil, premier roi des Hébreux,é #


roles de notre Sauveur prouvent sura fils de Kis , de la tribu de †
bondamment que les Juifs de son temps régna quarante ans, 1 Sam. 9, et suiv. 1
croyaient à la personnalité des mauvais Chr. 8, 33. 9, 39. Distingué par sa beau
esprits, et l'on aurait d'autant plus mau té et par la grandeur de sa taille, il avait
SAU 325 SAU
º,t 1 i '
ce qu'il fallait pour plaire au peuple sur traire en écoutant de la musique, ou en
lequel il devait régner ; il fut choisi par poursuivant ce David qu'il croyait son
Samuel, oint d'huile, puis solennellement ennemi (17-20), mais rien ne pouvait ren
présenté aux Israélites à Mitspa, après dre la paix à son cœur ulcéré; deux fois
· que le sort, dirigé de Dieu, eut ratifié le ses jours furent épargnés par David, et
choix que le dernier des juges avait fait il s'attendrit un moment à la vue de tant
du premier des rois ; Saül dut octroyer de générosité, mais ses remords sans re
préalablement une espèce de charte con pentance ne suffirent pas à retenir ses
stitutionnelle à son peuple, qui le salua poursuites, et Saül fut malheureux jus
par des acclamations de joie que le mé qu'à la fin sous le poids de la colère di
contentement de quelques-uns ne réus vine. Il finit par perdre les traces du pré
sit pas à troubler ; Saül fit le sourd aux tendant réfugié à Gath (27), et les Phi
murmures des mécontents, et resta d'a- listins s'étant de nouveau levés contre
bord modestement dans la vie privée, Israël, Saül marcha à leur rencontre,
pour laisser aux animosités le temps de consulta une devineresse la veille de la
se calmer, et pour ne pas alimenter par bataille, reçut d'elle un déplorable oracle
sa présence et l'exercice de ses droits, que le lendemain devait voir s'accomplir :
l'aigreur qu'avait produite chez quelques la bataille fut perdue, ses fils furent tués,
uns sa subite élévation. Sa première ex et lui-même fatigué de la vie se jeta sur
pédition fut dirigée contre les Hammoni Son épée, et termina par le suicide une
tes ; elle réussit, et ce succès ramena les vie commencée sous de meilleurs auspi
mécontents, 1 Sam. 11. Dès lors Saül dut ces, un règne que l'obéissance à Dieu eût
mettre tous ses soins à protéger le pays rendu à la fois glorieux et tranquille (28
contre les attaques incessantes des Phi 31).
listins, 13, 1.; mais le peu d'esprit mili C'est une étrange histoire que celle de
taire des Israélites, et le manque d'armes, Saül ; l'homme et le roi sont étranges, et
13, 6. 19., auraient suffi à paralyser ses l'on ne saurait dire lequel l'est le plus. Le
efforts, si Jonathan son fils, par un acte début de la royauté devait la compromet
héroïque, n'eût mis en fuite l'armée des tre dans l'esprit du peuple dont elle fit le
Philistins qui ne tarda pas à être complé malheur ; Dieu donnait à Israël un roi
tement défaite, 1 Sam. 14. Les Philistins dans sa colère. Et cependant Samuel avait
revinrent cependant à la charge, ainsi que pris toutes les précautions destinées à
d'autres peuples du voisinage, les Moa prévenir ou à diminuer les maux qu'Israël
bites, les Edomites, les Syriens de Tso amassait sur sa tête : non-seulement il
ba, etc. Saül triomphait parce que Dieu avait cherché à détourner le peuple du
était avec lui, mais il perdit ce secours caprice qui le portait à demander un roi,
par sa faute : dans gune#uerre d'exter mais une fois la chose décidée, il avait
mination dirigée contre les Hamaléci posé des limites à la puissance et aux
tes, il désobéit aux expresses injonctions prétentions du monarque; il l'avait choisi
de Samuel, il épargna le roi et les bêtes membre d'une tribu qui, par sa petitesse,
grasses (15), et le prophète irrité pro n'avait pas de rivales; il l'avait choisi beau
nonça sa déchéance, et nomma pour lui de visage et de haute stature, afin que,
succéder un jeune homme de la tribu de sans éveiller les jalousies, il sût captiver
Juda, David, qui fut placé à la cour, jouit l'attention et les regards bienveillants de
'de la faveur particulière du roi pendant ses futurs sujets; il l'avait choisi vaillant
† temps, mais finit par être l'objet et courageux afin que, bon capitaine, il
· de sa jalousie et de sa haine. Les exploits offrît au peuple la seule qualité dont le
du jeune guerrier, que Saül exposait aux besoin se fît sentir, la garantie nécessaire
"plus grands dangers, et qui se tirait avec au maintien de l'intégrité du territoire ;
'honneur des plus mauvais pas, méritèrent il l'avait choisi après que Saül, ayant pr0
'à David la faveur populaire, et cette fa phétisé, eut donné à tout Israël le spec
veur causa sa disgrâce (16). Accablé d'une tacle d'un jeune homme qui se laisse di
noire mélancolie, Saül essayait de se dis riger par les conseils de la sagesse di
SAU 326 SAU

vine; il lui avait imposé enfin une consti les signes qu'il reçoit, sa rentrée dans la
tution qui devait mettre le peuple à l'abri vie privée, tout porte le cachet de l'épo
des empiétements du pouvoir royal. Tout que, et pour se moquer de ces détails, il
cela ne servit de rien ; Saül ayant atteint faut, comme dit Winer, ne pas connaître
à une hauteur qu'il ne rêvait peut-être l'antiquité et ne pas savoir s'y reporter
pas lorsqu'il cherchait les ânesses de son en esprit. L'élection de Saül est racon
père, fut saisi de ce vertige qui tourne les tée de deux manières; Gramberg y a na
têtes trop faibles à une certaine élévation; turellement vu la preuve de deux docu
il oublia qu'il était le serviteur de Dieu, ments compilés par l'auteur; il eût été
pour se rappeler seulement qu'il était le facile cependant de se rendre compte de
roi du pays, et sans s'en rendre compte, cette double élection sans recourir à une
mais entraîné par le manque de foi, il se hypothèse aussi dénuée devraisemblance.
coua le joug de l'Eternel et voulut régner La première fois Samuel oint Saül et lui
par lui-même. Au sacrifice de Guilgal, sa déclare, mais en secret, les desseins de
déchéance fut annoncée, elle fut arrêtée Dieu à son égard ; évidemment cela ne
et décidée après que, par ses ménagements pouvait pas suffire; le choix devait être
envers Agag, il eut prouvé que la parole rendu public, et Samuel, pour écarter
de l'Eternel ne lui était pas sacrée. Ce ne toute idée de préoccupation personnelle,
sont pas les détails, ce n'est pas même en appelle publiquement à la voie du sort,
l'ensemble des faits que le prophète lui persuadé que le résultat était entre les
reproche; c'est le manque de foi, le man mains de l'Eternel; le sort se prononce
que de respect pour un ordre divin, le en faveur de Saül. Ce n'est pas une se
manque de confiance en celui qui peut conde relation, c'est un second fait. .
d'un mot remplacer les troupes qui dé 2° L'âge de Saül n'est indiqué nulle
sertent, la désobéissance à celui qui aime part, non plus que la durée de son règne.
mieux obéissance que sacrifice. La dynas Josèphe le fait régner quarante ans, d'a-
tie de Saül est déshéritée du trône parce près une fausse traduction de 2 Sam. 2,
que Saül a oublié qu'il n'était pour ainsi 10.; cependant le chiffre en lui-même n'a
dire roi qu'en second. Et si l'on regrette rien d'invraisemblable. Quant à son âge,
que l'aimable et généreux Jonathan porte on peut remarquer seulement que, dès les
la peine des fautes de son père, il faut premières années de son règne, il avait
se rappeler que cette solidarité du péché déjà un fils en état de porter les armes
était générale à cette époque et dans ces et même de commander, 1 Sam. 13, 2.,
pays, qu'elle a été longtemps sanctionnée de sorte qu'on ne pouvait pas lui donner,
de Dieu d'une manière générale, et que à l'époque de son avénement, moins de
dans l'espèce le péché de Saül entraînait trente ou trente-cinq ans. Le passage 1
nécessairement cet ordre de châtiment ; Sam. 13, 1., omis dans les Septante, doit
c'est moins l'homme que le roi qui a pé se traduire littéralement : « Saül était fils
ché, et la peine que Dieu inflige, comme de — an, quant à son règne; » les uns
les peuples, aux rois coupables, c'est la suppléent le chiffre, et disent : Saül avait
déchéance de leur dynastie. Saül aurait eu régné un an (nos versions); d'autres tra
les qualités d'un bon capitaine, il a de la duisent par : — chargé d'ans, àgé ; d'au
· grandeur, il ne manque pas de généro tres enfin (Heine)supposent que l'écrivain
sité, il est courageux, prompt, mais il n'a sacré a laissé en blanc le chiffre de l'àge
pas les qualités d'un roi, bien moins en de Saül qu'il ignorait et qu'il se proposait
cOre celles d'un roi d'Israël. d'intercaler plus tard, et que cette lacune
Quelques détails de sa vie nécessitent n'a jamais été comblée. Quoi qu'il en soit,
des observations spéciales. si l'on admet la traduction de nos verT
1° Les circonstances de son élection sions, il faut en changer la ponctuation,
sont d'une simplicité tout à fait antique autrement le verset n'aurait aucun sens ;
et patriarcale, bien en rapport avec la vie la première partie du verset se reporte
presque idyllique de ces temps reculés. rait à ce qui précède, la seconde à ce qui
Le but de son voyage, sa visite à Samuel, suit immédiatement.
SAU 327 SAU

3° Saül a prophétisé à plusieurs repri antagonisme entre la volonté de Dieu et


ses, non-seulement à son avénement, celle de l'homme, dans lequel la volonté
mais encore après sa déchéance, 10, 11. de l'homme peut encore triompher à force
11,6. 19, 24. Il a été nâbi (v. Prophètes), d'endurcissement. Saül rejetê, et cepen
et quoi que l'on veuille entendre par ce dant prophétisant en la présence de Sa
genre de prophétie, on est contraint d'a- muel, c'est le remords se réveillant dans
vouer que c'était plus que le langage or le cœur à la vue d'un homme qui lui rap
dinaire des hommes pieux d'Israël. L'é- pelle de beaux jours et de grandes grâces ; |

tonnement public, lorsqu'on apprend que mais les passions, l'envie, la haine sont
Saül est aussi au nombre des prophètes, plus fortes, et elles étouffent les semences
prouve surabondamment que ce n'était du bien. -

pas une chose commune, et si l'on ne veut 4° La mélancolie de Saül est la suite
pas admettre cette inspiration accompa naturelle de sa réjection. Il y avait là en
gnée de visions qui caractérisait les pro effet de quoi troubler le cœur et l'esprit
phètes d'un ordre supérieur (hhosé), on d'un homme. C'est la tristesse du re
doit admettre au moins que Saül était ani mords. Il n'est pas nécessaire d'y voir
mé de l'esprit de Dieu, plongé dans une autre chose. Abandonné de Dieu, aban
extase surnaturelle, ravi hors de lui-mè donné de Samuel, contraint de s'avouer
me, dans un étât d'exaltation involontai que c'est par sa faute, il sent trembler
re, dans laquelle il parlait et enseignait, dans ses mains le sceptre qui déjà n'est
louait et bénissait Dieu, avec une force et plus à lui; l'image de David le poursuit
une effusion intérieure que l'Esprit d'en partout comme une ombre; il veut la frap
haut pouvait seul produire. Son esprit, per et la faire disparaître; l'amitié de Jo
son cœur, sa conscience étaient réveillés ; nathan pour son rival lui paraît une ré
Saül n'était plus Saül, il était un autre volte dénaturée, l'enthousiasme du peu
homme, l'intermédiaire de la pensée di ple pour le jeune guerrier lui paraît une
vine qui se révélait à lui, et qu'il ne pou rébellion, les succès d'autrui lui semblent
vait méconnaître. Alors il s'oubliait lui une injure, l'asile donné par un sacrifi
même, et son ravissement était tel qu'il cateur au capitaine qui se dit envoyé de
fut une fois, une nuit et un jour entier, sa part, lui apparaît comme une conjura
'«-* C0uché sur la terre et dépouillé de ses tion ; il voit un complot dans l'absence de
Vêtements. Mais on se demande comment David, une ruse de guerre dans sa fuite,
un homme, animé de pareilles disposi peut-être même une insulte dans sa pitié.
tions, a pu être en même temps un hom Son esprit est perdu, son jugement est
me sans foi et rejeté de Dieu. La réponse égaré, sa vue se trouble, les faits les plus
est aisée: sa piété s'évanouissait avec les simples sont grossis et dénaturés, les ob
circonstances extraordinaires qui en avait jets ne lui apparaissent plus sous leur as
provoqué les mystérieux élans, Os. 6, 4.; pect ordinaire ; alors on le voit tour à
all lieu de retenir dans son cœur les en tour se faire le bourreau de son fils que
seignements qu'une faveur singulière de le peuple lui arrache, l'assassin de son
Dieu lui envoyait par intervalles, il lais gendre qué sa fille lui dérobe, le meur
sait s'éteindre le lumignon qui fume, il trier des sacrificateurs de Nob que Doëg
côntristait, il repoussait le Saint-Esprit ; lui livre et met à mort, le meurtrier des
et notre Seigneur, en parlant de ceux Gabaonites que Dieu venge plus tard,
qui ont prophétisé en son nom, quoiqu'il l'insensé conjureur d'une pythonisse, et
ne les ait jamais connus, Matth. 7, 22., enfin le suicidé de Guilboah. Rien dans
n0us montre la possibilité de cette exis sa conduite ne trahit une folie propre
tence du caractère prophétique chez des ment dite, mais depuis sa désobéissance,
hommes voués à la réprobation. C'est une tout en lui porte le caractère d'une mé
grâce extérieureque Dieu leuraccorde, ils lancolie noire; il est sombre comme Char
la repoussent en faisant usage de leur li les IX après la Saint Barthélemy; c'est un
berté morale; ils se montrent des exem phénomène physiologique fréquemment
ples vivants et terribles de ce mystérieux observé, et les moyens employés pour
SAU 328 SAU

lmer le malheureux sont plutôt desti Sam. 1, 17, 2,4. 5, 2. 7, 15. 12, 7. 16,
nés à le distraire qu'à l'exorciser; l'em 8. 22, 1. 1 Chron. 26, 28. Ps. 18, 52, 54,
ploi de la musique dans des cas de ce 57, 59, (suscr,). Sa résidence est quel
genre est général, et ses heureux succès quefois désignée par son nom, 1 Sam.
ont été constatés toutes les fois qu'il en 15, 34. Es. 10, 29. Le seul passage du
a été fait usage. Le terme de malin es Nouveau Testament qui en fasse mention
prit envoyé par l'Eternel, 1 Sam. 19, 9., est Act. 13, 21 .
ne contredit en rien cette explication, car SAULES (Salices). C'est la traduction
nous ne nions nullement que cette mala généralement admise de l'hébreu érèb,
die noire ne fût l'œuvre d'un malin es ou arab. Il en est parlé Lév. 23, 40. Job
prit, et qu'elle ne le soit en général, com 40, 17., comme d'un arbre touffu et d'un
me nous admettons que les bonnes dis ombrage agréable, Es, 44, 4, et ailleurs,
positions du cœur sont l'œuvre du bon comme d'un arbre croissant le long des
esprit de Dieu. eaux (amnicolae salices, Ovid. Met. 40,
5° v. à l'art. Samuel ce que nous avons 96., umbrosae, Fast. 3, 17.). C'est du saule
dit sur les mobiles de la conduite du pro pleureur qu'il est sans doute question Ps.
phète à l'égard du roi déchu. 137, 2.; il vient naturellement en Babylo
6° Quant à la consultation de la pytho nie et a reçu le nom technique de salix ba
nisse d'Endor, v. Pythonisse. bylonica. Le zaphzepha de Ez. 17,5., dési
7° La mort de Saül est racontée de deux gne aussi une espèce particulière de saule
manières différentes, 1 Sam. 31, 2 Sam. différente de celle qui précède : mais les
1. Dans le premier passage, Saül se tue, descriptions qu'ont données du safsaf les
dans le second, il est tué par un jeune rabbins et les voyageurs modernes ne
Hamalécite; Gramberg y trouve une nou s'accordent pas assez pour qu'on ait pu
velle preuve à l'appui de son hypothèse le classer d'une manière définitive; d'a-
des deux documents. Le récit prouve que près Rauwolfcet arbre aurait même beau
le jeune Hamalécite a fait un conte dont coup de rapport avec le bouleau par la
il espérait une autre récompense que longueur, la finesse, et le jaune mat de
celle qu'il a reçue, de sorte qu'un second ses feuilles; les descriptions des talmu
document n'a rien à faire ici; dans le cas distes se rapporteraient au salix caprea.
où cette explication ne suffirait pas entiè — Le torrent des Saules que nos ver
rement, rien de plus simple que d'ad sions ont, d'après les Septante, traduit
mettre avec Josèphe une fusion des deux par torrent des Arabes, Es, 15, 7., est le
récits; Saül a essayé de se tuer, et comme Wady el Ahsa qui arrose la frontière mé
il n'avait plus la force d'achever son cri ridionale du pays des Moabites : il prend
me, il a prié le jeune Hamalécite qui pas sa source près du château d'El Ahsa sur
sait de mettre un terme à ses souffrances. le chemin de la Syrie, et coulant au nord
8o L'extermination des Gabaonites n'est ouest, va se jeter à l'extrémité sud de la
connue que par l'allusion renfermée 2 mer Morte. Hitzig a traduit le torrent de
Sam. 21, 1. Les uns supposent que Saül la plaine (ou du désert) en comparant le
fit égorger avec les prêtres de Nob les passage Am. 6, 14. Dans ce dernier pas
Gabaonites employés au service du tem sage quelques commentateurs, notam
ple ; d'autres pensent que les Gabaonites, ment Rosenmuller, pensent qu'il s'agit
n'ayant rien à perdre et tout à gagner à du Cédron, parce que le nom de plaine
une révolution, prirent le parti de David s'appliquait spécialement à la contrée des
contre Saül, ce dont celui-ci se serait environs de Jérico; mais comme il est
vengé par leur complète extermination. opposé à Hamath la frontière septen
L'on ne peut rien affirmer à cet égard si trionale, il doit nécessairement signifier
ce n'est que Saül a commis le crime, et la frontière méridionale, et désigner le
que ses enfants l'ont expié. même torrent que celui dont il est parlé
9° Le nom de Saül est rappelé plusieurs dans le passage d'Esaïe. -

fois dans les livres historiques et dans les SAUTERELLES. Leur incroyable fé
Psaumes de David; v. en particulier 2 condité fait de ces insectes un des fléaux
SAU 329 SAU -

les plus redoutés et les plus terribles des rête; c'est en vain qu'on met'le'fºu'aux
pays chauds, de l'Orient en particulier, herbes et aux broussailles, c'est en vain
Ex. 10, 4.1 Rois 8, 37.2 Chr. 6, 28. 7, même qu'on envoie contre elles des §
13. Elles sortent de terre au printemps, pes de soldats (Pline 11, 35.); elles évi
surtout dans les années dont la séche tent tous les dangers, et ne sauraient
resse a favorisé la maturité des innom être évitées. Elles pénètrent jusque dans
brables œufs qu'elles déposent toujours les habitations, et en rongent non-seule
dans la terre ; c'est de l'Arabie qu'elles ment les ustensiles de bois, mais encore
sortent en plus grand nombre, et portées les boiseries, les planches et les poutres,
sur les ailes des vents, elles viennent s'a- Pline 11, 29. Ex. 10, 6. Joel 2. Quelques
battre en tourbillonnant et comme d'épais oiseaux leur font une guerre redoutable,
nuages sur les plaines de l'Egypte, de la qui en fait périr un grand nombre, mais
Palestine ou de la Syrie. Ces nuages ont c'est surtout la mer qui est chargée de
quelquefois de 4 à 6 lieues de longueur, leur donner la mort. Fatiguées de leur
de 2 à 3 lieues de largeur. Elles sont en vol, elles s'abattent sur les eaux comme
core loin que déjà le bleu sec du ciel se sur la terre, Ex. 10, 19. Joel 2, et leurs
nuance d'un jaune fade et mat ; lors légers cadavres, entraînés vers les riva
qu'elles approchent elles voilent le ciel, ges, viennent bientôt y apporter la peste,
couvrent la terre de leur ombre, et font et les désoler par leur mort, après les
entendre le dur et assourdissant frôle avoir désolés par leur vie.
ment d'un million d'ailes et de pieds. Où On a remarqué que les sauterelles dé
elles s'arrêtent, et on chercherait vaine pouillées de leurs accessoires, avaient en
ment à les en empêcher, elles forment petit une forme assez semblable à celle
sur la terre qu'elles cachent, une couche des chevaux, Joel 2, 4. Apoc. 9, 7. Leurs
épaisse qui parfois dépasse la hauteur ailes sont d'ordinaire vertes ou jaunâtres,
d'un mètre; elles rongent alors en un quelquefois rouges ou brunes. Leur lon
clin d'œil, de leurs dents aigües, et avec gueur varie entre 3 et 15 centimètres.
un bruit qui, au dire de Volney, rappelle Il était permis aux Hébreux de s'en
la marche rapide de la cavalerie, l'herbe, nourrir, Lév. 11,22. (Oken prétend à tort
les feuilles, les fruits, surtout les raisins, que ce sont quatre espèces d'oiseaux qui
et jusqu'à l'écorce et à la racine des ar sont désignées dans ce passage) ; cepen
bres ; leurs goûts et leur nourriture va dant elles ne passaient guère pour un ali
rient; chez les unes le goût est plus fin, ment délicat, Matth.3, 4. Marc 1, 6. D'au
chez les autres il est plus grossier ; cf. tres peuples de l'ancien Orient les man
Joel 1, 4. Lorsqu'elles ont tout dévasté, geaient de même, au rapport de Strabon,
elles se remettent en marche, ne laissant de Diodore de Sicile, de Pline, etc., et de
derrière elles que leurs œufs, leurs ex nos jours encore on les porte par voitu
créments, et quelques cadavres qui pro res sur les marchés de l'Arabie (Taver
duisent une odeur d'une telle infection, nier, Niebuhr,Joliffe, Burckhardt; d'après
que la peste se déclare souvent après Gobat, Voyage en Abyssinie, p. 392, on
leur passage ; cf. Jug. 6, 5. Joel 1, et 2 ; les entasse dans des tonneaux). On les
Jér. 46, 23. 51, 14. Nah. 3, 17. Ps. 109, fait bouillir dans de l'eau, quelquefois on
23.78, 46. 105, 34. Es. 33, 4. Leur mar les rôtit, après leur avoir arraché les
che est très régulière, Prov. 30, 27. Joel pieds et les ailes, on les saupoudre de
2, 8.25.; elles volent par colonnes, de sel, et on les mange. Elles doivent être
jour seulement, et avec des intervalles de meilleures que des pigeonneaux, et aussi
repos; le soir elles s'établissent sur la bonnes que des écrevisses.
terre, repartent le matin si elles n'ont Il est parlé dans la Bible de plusieurs
rien à manger, volent , ou marchent si la espèces de sauterelles ; les principales
rosée de la nuit a mouillé leurs ailes, Nah. sont l'arbéh, le solham, l'hargol, le kagab
3, 17.; elles vont droit devant elles, et (ou hhagab), le tsaltsal, le yélèk, le hhasil,
presque toujours du sud au nord. Aucun et le gazam, Lév. 11, 22.Joel 1, 4. L'arbéh
mur, aucune haie, aucun fossé, ne les ar est l'espèce la plus connue et le plus sou
SCE 330 SCE

vent mentionnée : c'est le gryllus grega ils des chefs d'autant de peuplades diffé
rius de Linnée : le poitrail vert et forte rentes ? Rosenmüller le pense, et il re
ment bombé, une tête aplatie, des yeux trouve la troisième famille Job 1, 15.,
rouge-brun , des antennes de 3 centimè où cependant il est plus naturel de l'en
tres de long, des ailes supérieures d'un tendre des Arabes en général, de trou
jaune gris et tachetées de jaune à la par pes d'Arabes. L'identité de nom des deux
tie inférieure, et des ailes de dessous frères pourrait faire penser à une iden
vertes et très larges, caractérisent cette tité des individus, nos 1° et 3°, si la des
espèce. Ce sont les ailes supérieures, et cendance n'était pas différente, la pre
mière étant camite et la troisième sémite.
les pattes de derrière, qui produisent le
bruit qu'elles font en volant. Le hhargol Quant aux deux premiers chefs, Michaé
lis essaie de les fondre en une seule fa
est peut-être la jeune sauterelle qui ne
vole pas encore : les Septante traduisent mille, ou plutôt en une alliance de famil
chenille. Quant aux autres espèces, il n'est les, tellement que le pays de Sheba au
pas possible de les déterminer exacte rait été habité en partie par des Cusi
ment : les termes hébreux sont diverse tes, en partie par des Joktanides; Vater
ment traduits par les anciens interprètes, et Bohlen y voient au contraire deux tra
qui seuls auraient pu fixer leur significa ditions différentes sur l'origine d'une mê
tion, et les indices étymologiques sont me peuplade; Schrœder tient le milieu
trop vagues pour qu'on essaie d'en tirer entre ces deux opinions, mais inclinant
parti. La sauterelle à tête pelue (Dahler), davantage vers la première : les Sabéens,
le gryllus cristatus, ou Kammheuschrecke, dit-il, ont dans cette table généalogique,
qui se rencontre souvent en Orient, et un double élément d'origine, ils remon
qui est mangeable, doit être l'une de ces tent par une fusion de races à Cam et à
espèces, cf. Apoc. 9,8., et OEdmann la voit Sem, et peut-être les uns à Cam, les au
dans le yélèk à cause de Jér. 51,27., où tres à Sem, mais habitant le même ter
l'épithète de samar qui signifie chevelue ritoire et ne formant plus qu'un seul
lui est donnée : le tsaltsal, d'après Tych peuple, sinon une même famille. On ne
sen, serait le gryllus stridulus.Le nom de doute pas qu'il ne s'agisse sous le nom de
gob, Am. 7, 1. Nah. 3, 17., semble être Sheba, des célèbres Sabéens de l'Arabie
le nom générique de l'espèce entière. Heureuse, habitant le nord de l'Yémenac
L'examen de Apoc. 9, 3. et suiv. appar tuel, selon d'autres une partie de l'Arabie
tient aux commentaires; v. Ewald,Vivien, méridionale, Joel 3, 8. Ps. 72, 10. Jér. 6,
20. Leurs caravanes traversaient les dé
Digby, etc.
SAVON. v. Nitre. serts, et portaient jusqu'aux ports mar
SCEAU. v. Cachet. Les sceaux de l'A- chands de la Méditerranée, les trésors de
pocalypse 5, 9. sq., qui tiennent fermé leur riche végétation et de leurs précieu
le livre de l'avenir, désignent le mystère ses mines, de l'or, des pierreries, des
dont les choses futures sont encore en épices, de l'encens, de la casse, etc. Ez.
veloppées, et que Jésus-Christ seul a ac 27, 22. 38, 13. Job 6, 19. Es. 60, 6. Cette
quis le droit de connaître et de pénétrer. peuplade riche et belle, la plus grande
SCEBA, ou Sheba. 1° Descendant de de l'Arabie, devait à ses richesses la con
Cam et de Cus par Rahma, nommé à côté sidération générale dont elle était entou
de Dedan, Gen. 10, 7. cf. 1 Chr. 1, 9. — rée, et les parfums aromatiques de ses
2° Descendant de Sem et de Héber par rivages donnaient lieu aux récits les plus
Joktan, Gen. 10, 28. cf. 1 Chr. 1, 22. La exagérés, aux légendes les plus fabuleu
ses. Ils faisaient le commerce de transit
tradition arabe a conservé cette origine
pour une de ses peuplades. — 3o Fils de entre l'Asie et l'Europe, et leurs carava
Joksan, et petit-fils d'Abraham et de Ké nes allaient jusqu'en Syrie et en Mésopo
tura, Gen. 25, 3. Il est également nommé tamie; ils paraissent même avoir été en re
à côté de Dédan. (Quant à Séba, fils aîné lations d'affaires avec les Indes.Leur capi
de Cus, v. Séba.) Ces trois hommes du tale, bâtie sur une colline, portait le nom
nom de Sheba sont-ils différents 9 sont de Sabas, et resplendissait de palais et de
SCE 331 SCE

temples aux colonnes plaquées d'or; des de, qui sont enterrées avec ceux qui en
travaux d'art, gigantesques, et de la plus ont joui sur la terre. La houlette du ber
haute antiquité, réunissaient au-dessus de ger a peut-être donné naissance à l'idée
la ville les eaux des montagnes voisines, du sceptre royal, car les premiers rois
et formaient un lac artificiel dont les eaux, ne furent que des princes nomades, cf.
en s'écoulant par un nombre considéra Ps. 2,9., et le sceptre ne devait être en ef
ble de petits canaux, assuraient aux jar fet qu'une houlette, l'emblème du gouver
dins, aux prairies, et aux plantations d'ar nement, de la direction. Il n'a pas tardé à
bres, une fertilité digne du paradis. Des devenir une verge. D'après Diodore de
cendants de Cus, les Sabéens, déjà grands,Sicile, le sceptre des rois d'Egypte aurait
trouvèrent un nouvel élément de gran rappelé par sa forme un instrument d'a-
deur et de puissance dans leur fusion griculture, le grand bras de la charrue.
avec les Sabéens joktanides, auxquels se Le sceptre d'Assuérus était d'or, ou pla
joignirent plus tard encore, comme troi qué d'or, Est. 4, 11., ainsi que celui de
sième élément d'une nationalité qui gran plusieurs rois absolus de l'antiquité, Iliad.
dissait en se mélangeant, les Sabéens is 1, 15. Cyrop. 8, 7, 13. Strabon parle des
sus d'Abraham et de Kétura. Ils parais autres ornements dont le sceptre est sus
sent avoir fait un commerce d'esclaves, ceptible, et qui étaient particulièrement
Joel 3, 8. recherchés des Orientaux. Abaisser son
La reine de Sheba qui visita Salomon, sceptre était de la part d'un roi un acte
1 Rois 10, était selon toute apparence de grâce, un signe de pardon ; en baiser
originaire de cette contrée, et c'est à tort l'extrémité était de la part d'un sujet, un
que Josèphe la fait venir d'Ethiopie ; les acte de soumission et de dévouement, Est.
détails qui accompagnent le récit de sa 5, 2.Saül, roi militaire, paraît avoir porté
visite s'accordent mieux avec la première avec lui sa hallebarde en guise de scep
supposition qu'avec la seconde.Les Abys tre, 1 Sam. 18, 10. 22. 6., et Justin ra
sins, du reste, ont accepté la tradition de conte qu'aux premiers temps de la fon
Josèphe comme donnant un certain lus dation de Rome , les rois portaient des
tre à leur histoire ;ils ajoutent qu'elle se lances au lieu de diadème, comme signe
nommait Maqueda, et qu'elle eut de Sa caractéristique de leur dignité, et que les
lomon un fils qui ressemblait tellement à Grecs donnèrent à ces lances le nom de
son père que celui-ci, jaloux, le ren sceptre (43, 3.).
voya; le jeune Menihélec emporta l'arche SCÉVA, principal sacrificateur, ou plu
de l'alliance, qui l'aida un jour de sabbat tôt rabbin principal d'Ephèse, et père de
à traverser une rivière, et ce miracle le sept jeunes gens qui faisaient de ville en
convertit (Gobat, p. 322) : la reine elle ville le métier d'exorcistes, Act. 19, 14.
même aurait aussi embrassé le judaïsme. Jaloux de saint Paul qui faisait plus de
Preiswerk, dans le cinquième volume miracles qu'eux, et ne voyant en lui qu'un
du Morgenland, p. 50., voit dans Sheba concurrent plus heureux, ils essayèrent
et Dedan, les deux familles principales de de lui emprunter sa formule, et invo
l'lnde, unies ou séparées par le Gange, quèrent contre le malin esprit dont un
et place Sheba à l'orient; cette opinion homme était possédé, le nom « de ce Jé
ne peut guère se soutenir, quoiqu'elle ait sus que Paul prêche. » Mais cette invo
aussi pour elle l'appui de Bohlen. cation du nom de Jésus n'étant pour eux
º SCEPTRE, bâton de bois de la hauteur qu'une formule, elle ne servit qu'à pro
d'un homme, que déjà les rois de l'anti voquer encore plus le malin esprit, qui ne
duité portaient comme les insignes de leur reconnaissait aucune puissance : il
leur autorité, Am. 1, 5. Zach. 10, 11. Ez. se jeta sur eux, les maltraita et les chassa
19, 11. cf. Gen. 49, 10. Nomb. 24, 17. Es. honteusement. Nous ne reviendrons pas
14, 5. et Iliad. 1, 234.2, 183. D'après Jo sur ce que nous avons dit ailleurs des
sèphe ils emportaient même leur sceptre possessions, et par conséquent des exor
dans la tombe, vrai symbole de la vanité cismes : que toutes les maladies, ou qu'un
des gloires et des puissances de ce mon certain nombre d'entre elles seulement
SCI 332 SCO

soient produites par l'habitation d'un vengea par des cruautés nouvelles, des
malin esprit, et deviennent susceptibles cruautés que lui avait fait commettre son
d'être guéries par des prières pleines coupableamour, et il s'en vengea sur ceux
de foi, par des secrets diaboliques, ou là même qui en avaient été la cause certes
par des influences humaines d'un ordre fort innocente, sur les habitants de la ville
surnaturel, peu importe; l'histoire des qu'assiégeait le généreux Urie, trop con
fils de Scéva nous montre un homme ma fiant pour prendre garde à sa femme, et
lade, dont la maladie a résisté aux paroles se méfier de son roi.
sans foi de quelques charlatans, et qui a SCILO, Gen, 49, 10. v. Silo.
reconnu la puissance de Paul par Jésus. SCORPION, mauvais petit insecte des
SCHIBBOLETH, mot hébreu qui signi climats chauds, particulier à l'Orient,
fie fleuve, ou épi de blé. Il a pris dans mais bien connu partout pour le danger
notre langue le sens de « signe de recon mortel que présentent ses piqûres. Il en
naissance, » à cause du rôle qu'il a joué est parlé dans la Bible, tantôt dans le sens
à la suite d'une bataille entre Jephthé et matériel du mot, tantôt d'une manière fi
les hommes d'Ephraïm, Jug. 12, 6. sq. gurée pour représenter les méchants,
Les Ephraïmites avaient été défaits, et Deut. 8, 15. Ez. 2, 6. Luc 10, 19. 11, 12.
Jephthé qui s'était emparé des gués du Apoc. 9, 3., etc. Le scorpion a beaucoup
Jourdain, coupa le passage à tous ceux derapports avecl'écrevisse des rivières, et
qui furent reconnus comme membres de n'est guère plus petit; il se tient volon
cette tribu. Les Ephraïmites avaient à ce tiers dans les lieux humides, sous les pier
qu'il paraît, un défaut de prononciation ; res, dans des caves, dans des trous de
ils ne pouvaient pas dire schibboleth, murailles; dans les nuits d'été il se pro
mais sibboleth, et comme ce mot, à cause mène sur les escaliers et dans les rues.
de sa signification, devait se reproduire Sa tête et sa poitrine semblent ne faire
naturellement dans la conversation de qu'un; son front est orné de deux grosses
gens en fuite qui ont un fleuve devant pinces, et de six ou huit yeux; de sa poi
eux, qu'il s'agit de traverser pour sauver trine sortent huit jambes qui se divisent
sa vie, ils se trahissaient involontaire en six parties couvertes de poils, dont la
ment, sans qu'il soit nécessaire de sup dernière est munie d'un petit ongle. Son
poser que leurs ennemis les obligeassent ventre est une grosse queue comp0sée
à le prononcer, comme un signe spécial de six anneaux qui sont liés comme des
de reconnaissance. grains de chapelet (Calmet); du dernier,
SCIE. Les Hébreux connaissaient l'u- sortent un et quelquefois deux aiguillons
sage des scies à marbre, 1 Rois 7, 9. creux qui laissent échapper, d'une glande
Malheureusement ils paraissent avoir fait sise à leur origine, un venin froid très
de cet instrument un usage dont rien ne âcre qui pénètre dans la partie blessèe; à
justifie la cruauté ; à l'instar des Egyp moins d'un prompt secours, une fièvre
tiens, des Perses, des Thraces, et même ardente conduit rapidement le malade à
des Romains, ils ont pratiqué à l'égard de la mort. On dit que le meilleur remède
leurs prisonniers de guerre, et notamment consiste à écraser immédiatement le scor
des chefs, le supplice de la scie, 2 Sam. pion sur la plaie; c'est qu'entre la piqûre
12,31. 1 Chr. 20, 3., et l'allusion de Hébr. et l'injection du venin il se passe tôu
11, 37., semble se rapporter au genre de jours un instant, quelque court qu'il soit,
mort qu'Esaïe selon la tradition, souffrit et la mort immédiate de l'animal peut
sous Manassé; cf. Hérod, 2, 137.Val.Max. souvent l'empêcher de consommer
9, 2. Sueton. Calig. 27., etc. On regrette dernier acte. On sait que les orties, frois
que le nom du roi David soit taché du sées avec force, ne font aucun mal, parce
souvenir d'aussi atroces barbaries, et l'on que la glande ne peut s'ouvrir; c'est
ne peut comprendre de pareils actes qu'en peut-être le même fait qui se produit,
se rappelant qu'ils furent contemporains quoique sous une autre forme, dans ce
de ses crimes et de ses remords, anté qu'on appelle l'application du scorpion en
rieurs à sa réconciliation avec Dieu. ll se emplâtre. Les scorpions d'Europe (Italie)
SCR 333 SCR

sont du reste innocents en comparaison tige d'une splendeur terrestre, la natio


du scorpion oriental, qu'on a appelé scor nalité ne se rattachait plus au territoire,
pio afer à cause de sa couleur noir-suie. et tout concourait à relever la loi, à lui
Il y avait beaucoup de scorpions en Pa rendre sa majesté, à en faire l'objet ex
lestine, notamment dans les montagnes clusif du respect des Juifs pieux ; son
de Juda et dans les plaines du Jourdain, étude fixa l'attention des sages, et la
et c'est à leur abondance sans doute que science remplaça la sagesse, l'étude rem
cette contrée (de Sichem à Sephna) a reçu plaça la philosophie. Cette science tour
le nom d'Acrabatène (de l'hébreu hak na, chez le grand nombre, à un puéril
krab) Jos. Guerre des Juifs 2, 12., etc. : scolasticisme; chez quelques-uns, elle res
de même l'Acrabatène d'Idumée, 1 Macc. ta une science selon Dieu. Quelque défa
5, 3., et enfin la montée des Scorpions, veur qui s'attache au nom de scribe, il y
ou des Hakkrabbim, q. v., à la frontière eut des scribes pieux et respectables; ils
sud de la Palestine, Nomb. 34, 4. Jos. se mirent à enseigner le peuple , et l'on
15, 3. Jug. 1, 36. — Les scorpions que trouve déjà, Eccl. 12, 11., une allusion à
nos versions ont rendus par écourgées, 1 des écoles de ce genre. La sagesse se ma
Rois 12, 11. 14.2 Chr. 10, 11., 14. étaient nifestait sous la forme de proverbes, d'é-
une espèce de fouet ou de knout armé de nigmes, Prov. 1, 6., de poèmes senten
pointes.—L'instrument désigné 1 Macc. cieux, tels que Job, les Proverbes, l'Ec
6, 51. sous le nom de scorpion, était une clésiaste, et un certain nombre de Psau
machine de guerre avec laquelle on lan mes; ce sont des considérations générales
çait des flèches; elle est décrite par Ter sur la vie, les leçons de l'expérience re
tullien. produites par l'imagination , d'une ma
SCRIBE, en hébreu sopher, en grec nière courte, saillante et facile à retenir.
yczuuxreü;, littéralement écrivain. C'é- La crainte de l'Eternel était le principal
tait, comme le doctorat de nos jours, une de la sagesse ; mais, peu à peu, le prin
espèce de titre d'honneur qui impliquait cipal se déplaça, et les sages commencè
certaines connaissances, celle de la loi en rent à faire de l'esprit en épiloguant sur
particulier, mais qui n'était pas incompa la lettre. On les reconnaît toujours là.
tible avec d'autres fonctions d'une nature Du temps de Jésus, les scribes por
toute différente, et qui laissait les opi taient aussi le titre de docteurs de la loi :
nions religieuses et la position ecclésias c'est même le nom que leur donnent le
tique presque entièrement libres. Esdras plus ordinairement Luc et Paul. Ils sont
est appelé scribe, Esd. 7, 6. 11. Néh. 8, fréquemment nommés à côté des phari
4.9.13., Tsadoc de même, Néh. 13, 13. siens, Matth. 5, 20. 12, 38. 15, 1. 23, 2.
Ce mot se trouve deux fois Es. 33, 18.; Quelques-uns d'entre eux étaient réelle
la première fois, il désigne celui qui écrit ment pharisiens, Act. 23, 9.; d'autres
(les impôts); la seconde, celui qui fait le étaient sadducéens, Marc 12, 28., et il
compte des châteaux du pays, espèce de ressort de la comparaison de ces deux
commissaire des guerres. L'officier, chef passages que les scribes étaient les sa
de l'armée, qui tenait les rôles des sol vants des partis, mais qu'ils n'en consti
dats du pays, Jér. 52, 25., est aussi un tuaient pas un à eux seuls. On les voit en
écrivain, un scribe, un sopher; quelques relation avec le souverain sacrificateur,
uns ont pris ce nom de sopher pour le Matth. 21, 15.27, 41., v. aussi Sanhédrin.
nom propre de cet officier (Luther). Le Ce corps célèbre se composait du souve
titre de scribe donné à Esdras signifie un rain sacrificateur et de pharisiens, au
homme versé dans la connaissance de la nombre desquels on comptait des scribes.
loi; c'était la philosophie de cette époque; Ces trois puissances étaient liguées con
depuis l'exil, tout le culte se réduisait à tre le Sauveur du monde ; les scribes,
l'observation de la loi, la conscience se pour leur part, l'observaient pour avoir
mesurait à la loi pour le peuple ; l'esprit l'occasion de l'accuser et de le faire con
s'én allait, les prophètes s'en allaient, le damner, Luc 6, 7. 11, 54., commentaient
canon se fermait, le culte perdait le pres publiquement ses discours, blâmaient ses
-
SCR 334 SCR
actes, décriaient ses mœurs, cherchaient surgirent après l'exil, et qui, du temps
à le surprendre par des questions artifi de notre Seigneur, étaient généralement
cieusement posées, et à le mettre dans crues et admises même des savants, on
l'embarras, Matth. 9, 3. 12, 38. 22, 35. comprendra quelle a dû être l'élasticité
Luc 5, 30. 10, 25.11.53. 15, 2. 20, 21., de leur exègèse, et par quel procédé ils
mais le Seigneur leur fermait la bouche, réussirent à trouver dans la loi ce qui ne
et sa pure intelligence, la divinité de sa s'y trouvait pas. Ils surent de cette ma
morale, lui dictaient des réponses qui les nière se rendre précieux, non-seulement
Contraignaient de se retirer confus. Les à cause de la profondeur de leurs aper
scribes, plus aigris sans doute du ridi çus théologiques, mais aussi par le droit
cule qui rejaillissait sur eux dans ces lut qu'ils avaient de résoudre les difficultés
tes inutiles, que zélés pour la défense pratiques, et de décider des cas de con
des dogmes juifs ou de leur propre in Science.
crédulité, jurèrent sa mort, Luc 20, 19.; lls pouvaient se diviser en trois classes
ce fut le seul argument qui leur réussit. d'après la nature de leur activité. Les uns
Quant à leur position officielle, on appartenaient au sanhédrin avec les sacri
voit, par plusieurs passages, que Jésus ficateurs; les autres étaient voués à l'en
même leur reconnaissait une sorte d'au seignement public, et s'occupaient sur
torité légale, Matth. 23, 2.; ils veillaient tout des jeunes gens qui voulaient deve
de concert avec les pharisiens et les prin nir rabbins; les autres enfin se livraient
cipaux sacrificateurs, aux observances de à l'enseignement privé, servaient parfois
la loi, faisaient la police du temple et des de suppléants aux précédents, ou ensei
synagogues, Matth. 15, 1, Luc 20, 1.Act. gnaient pour leur compte d'une manière
6, 11., et réclamaient du peuple de gran non officielle, et dirigeaient les jeunes
des marques de respect, Luc 20, 46. On élèves-rabbins dans certains actes parti
trouvait des scribes jusqu'en Galilée, Luc culiers de leur vie, dans le choix d'une
5, 17., d'où il ressort que leur activité ne vocation, par exemple, car tout rabbin qui
se bornait pas à Jérusalem seulement, se respectait devait apprendre un état qui
mais s'étendait à tout le pays; d'après Jo le mit à même de gagner sa vie. Le cé
sèphe, Ant. 18, 3, 5., il y avait des doc lèbre Gamaliel appartenait à la seconde
teurs de la loi même à Rome. classe, et il est connu sous le nom de doc
Les scribes étaient ainsi les savants du teur de la loi, Act. 5, 34. Deux autres
judaïsme, les docteurs, les professeurs Scribes de la seconde classe sont nommés
de théologie, et en cette qualité ils for Jos. Ant. 17, 6, 2., et le nom plus grec
maient une espèce de caste avec des inté de sophistes paraît avoir été réservé aux
rêts communs. La loi de Dieu étant le membres enseignants de cette caste. On
centre de toute science juive, le trésor de a du reste fort peu de détails sur la na
la vérité, le palladium de leur nationalité, ture de leurs écoles. Dans les parvis du
Surtout depuis l'exil, c'est comme doc temple se trouvaient plusieurs salles qui
teurs de la loi que les scribes se distin Servaient d'auditoires, et c'est apparem
guaient surtout, et c'est dans ce sens ment dans l'une d'elles que Jésus, àgé de
qu'Esdras est appelé scribe. La loi ayant douze ans, enseignait les sages qui l'en
un côté religieux et un côté civil ou poli touraient, et les étonnait par ses réponses,
tique, l'éducation des scribes était à moi Luc 2, 46. Maîtres et élèves étaient assis,
tié théologique, à moitié juridique, et l'é- Act. 22, 3. Luc2, 46. On suppose que l'en
tude théorique et pratique de la loi était seignement se composait moins de dis
le champ, le vaste champ, sur lequel ils cours suivis, que de questions et de dis
s'exerçaient avec leurs interprétations al cussions, et dans tous les cas il n'est pas
légoriques ou les élucubrations de leur douteux que les disciples n'eussent le
casuistique appropriée à tous les cas et à droit d'interroger leurs maîtres et de leur
tous les besoins de la vie. Mais si l'on seposer des questions. Ces écoles, du reste,
rappelle les observances nombreuses et n'acquirent toute leur importance qu'a-
, diverses, et les traditions nouvelles qui près la ruine de Jérusalem, et la plupart
SEA 335 SEB
des données historiques qui se rapportent qu'Esaïe vint annoncer au roi qu'il n'eût
à leur organisation, la promotion des rab rien à craindre de la ligue des rois d'Is
bins, etc., sont postérieures à l'époque du raël et de Syrie; ce jeune homme devait
Nouveau Testament, et n'ont pas à nous être, en quelque sorte, le témoin du pro
Occuper. | . phète au nom des fidèles. — Il n'est pas
SCYTHES. Chez les anciens géogra dit que le nom de Séarjasub fût symboli
phes, la Scythie était un immense pays que, et, dans la seule circonstance où
aux limites passablement indéterminées, nous le voyons figurer, la signification de
et l'on paraît avoir successivement dési ce nom n'est pas mise en saillie; mais on
gné sous ce nom tous les pays compris sait qu'Esaïe donnait volontiers à ses fils
entre la mer Noire, la mer Caspienne et des noms symboliques en rapport avec
la Grande Tatarie actuelle. Peuple noma ses idées, cf. Lemahersalal 8, 3., et le
de, les Scythes n'eurent longtemps qu'une verset 18. Or, l'idée qu'il n'y en aurait
histoire confuse : on les perd au milieu qu'un petit nombre de sauvés, un résidu,
de leurs migrations continuelles ; on les est fondamentale chez ce prophète, et
voit naître au centre de l'Asie ; on les re Séarjasub le caractérise sous ce rapport ;
trouve ensuite à l'orient de l'Europe, le fils rappelle le père.
près du Palus-Méotide, puis en Syrie, en SEBAH. 1° Fils de Bicri, Benjamite, 2
Egypte ; puis, vainqueurs des Mèdes et Sam. 20, 1. Il succéda à Absalon dans le
de Cyrus, ils s'emparent de l'empire de commandement des rebelles qui s'étaient
la Haute Asie, le laissent échapper au bout levés contre David, et, comme Absalon, il
de vingt-huit ans, et finissent par se re paya de sa tête sa criminelle entreprise.
trouver dans les montagnes qui furent le Une jalousie de tribus fut peut-être en
berceau de leurs pères. Leur nom ne se core à la base de ce mouvement : David
rencontre pas dans l'Ancien Testament. avait passé le Jourdain avec la tribu de
Quelques auteurs pensent que le nom de Juda, et le Benjamite profita de la jalou
Magog, q. v., désigne les Scythes et la sie que cette préférence apparente avait
Scythie. Dans le Nouveau Testament, Col. réveillée chez les autres tribus ; mais le
3, 11. cf. 3 Macc. 7, 5., le nom de Scy temps n'était pas mûr encore. Assiégé
thes désigne simplement un barbare, sans dans Abel par Joab, Sébah allait être la
acception de lieu. — L'invasion des Scy cause de bien des souffrances pour la ville
thes en Egypte, au temps de Psamméti qui l'avait reçu : une femme inconnue ex
cus , 656-617 av. C., est suffisamment cita le peuple à livrer le traître, et la
connue par le récit d'Hérodote 1, 103. Il tête de Sébah, jetée par dessus la mu
, est probable qu'ils touchèrent en passant raille, fut le gage de paix donné aux trou
la Palestine, aussi bien que les côtes des pes de David.
Philistins, et qu'ils y laissèrent des tra 2° Séba, ou Sébah, Gen. 10, 7., fils
ces de leur passage. Scythopolis, nom aîné de Cus. Son nom s'écrit différem
donné plus tard à Bethséan, en serait une ment en hébreu que les trois autres aux
preuve ; mais les historiens sacrés n'en quels nos versions donnent la même or
font aucune mention. L'idée que Joel ou thographe, v. Scéba. La racine de ce nom,
Sophonie auraient fait une allusion à cet saba, signifie homme en éthiopien , plu
événement est une malheureuse hypo sieurs des noms de la liste généalogique
thèse de Cramer; il serait plus vraisem de Gen. 10 commencent par le même mot
blable d'admettre avec Eichhorn, Bohlen, seb ou sab, et l'on trouve de fréquentes
Dahler, que l'oracle de Jér. 4, 5-6,30. se traces de noms semblables dans les noms
rapporte à cette invasion, quoique Ro propres de l'Arabie et de l'Ethiopie, de
senmuller hésite même à se prononcer sorte que les hypothèses relatives à la
dans ce sens. direction qu'auraient prise les descen
SEARJASUB (ce qui reste se conver dants de Sébah sont douteuses. Cepen
tira, ou retournera), nom d'un fils du dant, celle qui porte le plus de caractères
prophète Esaïe, 7, 3. cf. 10, 21. Il accom de probabilité, et qui est le plus géné
pagna Son père auprès d'Achaz, lors ralement admise (Schrœder), c'est que
'SEB 336 SED

· les sabéens, dont il est ici question, au ruines, porte maintenant le nom d'Atba
'raient occupé une grande presqu'ile for rah
mée par le Nil et l'Astaboras, sous le 16° SEBNA, trésorier du palais sous Ezé
ou 17o de latitude, à laquelle Cambyse au chias, n'est connu que par les reproches
·rait donné plus tard le nom de sa sœur, du prophète, Es. 22, 15. La destitution et
d'autres disent de sa femme, Méroé (Jo l'exil lui sont annoncés, comme châtiment
sèphe, Strabon, Diod. de Sicile, etc.). Les de ses malversations, de son orgueiI,
anciens, qui n'en connaissaient que le peut-être aussi d'autres faits plus graves
nord, pensaient que c'était une île, et encore qui ne sont pas racontés. On
Winer est tombé dans la même erreur. ignore si c'est le même dont il est parlé,
Sébah était le centre d'un grand com Es. 36, 3. 37, 2.2 Rois 18, 18.; dans ce
merce qui se faisait entre l'Ethiopie, l'E- cas, son remplacement aurait déjà eu lieu,
gypte, l'Arabie, l'Afrique septentrionale son exil serait terminé, et il ne serait ren
et l'Inde.v. Heeren, Idées sur la politique tré en grâce que pour remplir la place plus
et le commerce des anciens, II, 371. Hé modeste de secrétaire. Il fut député avec
rodote dit que les Ethiopiens (et les Sa Eliakim qui l'avait remplacé, pour enten
béens appartenaient à ce peuple) étaient dre les propositions de Rabsaké.
célèbres par leur haute stature, et par la SECANIA. 1° Fils de Jéhiel, de la fa
longue durée de leur vie (120 ans); ils mille d'Hélam, une des plus distinguées
avaient même reçu , pour cette dernière de Jérusalem du temps d'Esdras, 10, 2.
qualité, le nom de Macrobiotes. Leur Il seconda avec énergie les mesures du
taille était évaluée à 12 pieds : Ethiopes chef d'Israël contre les mariages mixtes,
duodecim pedes longi (Solinus 30). Inu et montra dans cette circonstance autant
tile d'ajouter que l'imagination de l'au de résolution que d'intelligence; sa pa
teur était fort grande, ou que les pieds role porta coup. On ignore s'il était lui
étaient fort petits. Il y a de même de même au nombre des coupables; il sem
l'exagération dans ce que dit Hérodote, ble s'humilier avec les autres, 10, 2.;
que les captifs mêmes portaient des chai peut-être s'humiliait-il au nom des au
nes d'or, parce qu'on n'avait pas d'autre tres, car son nom ne se trouve pas dans
métal; mais cette tradition prouve au la liste de ceux qui renvoyèrent leurs
moins que les Sabéens étaient fort riches, femmes étrangères, 10, 26.
· et qu'ils avaient la réputation de l'être. 2° Fils d'Arah, Néh. 6, 18. 7, 10. Esd.
— La capitale du pays portait aussi le 2, 5. Beau-père de Tobija, il trempa dans
nom de Méroé ; le trône était électif; il la trahison de son gendre et dans les com
était donné au plus riche, à celui qui se plots de Samballat contre Néhémie; qui
distinguait le plus par la manière d'éle se ressemble s'assemble. On ne sait si le
rver les troupeaux. Les prêtres tenaient le gardien de la porte orientale, Néh. 3,29.,
premier rang dans l'Etat; leur pouvoir était fils de celui-ci ou du précédent.
était si grand qu'on les a vus ordonner la SECOND, de Thessalonique, compa
mort d'un roi et désigner son succes gnon de saint Paul dans quelques-uns de
seur. Ergamène, par la suite, leur résis ses
tionvoyages, n'est
qui en est faiteconnu que 4.par la men
Act. 20, • *

ta, mais ne trouva moyen de se sous


traire à leur despotisme qu'en détruisant SEDECIAS (jugement, ou justice de
le temple, et les prêtres qui furent égor l'Eternel). 1° Vingtième et dernier roi
gés, environ 300 ans av. C., sous Ptolé de Juda, fils de Josias et d'Hamutal, Jér.
mée II. — Les passages, Es. 43, 3. 45, 37, 1. 52, 1. Il s'appelait d'abord Mattha
14. Ps. 72, 10., qui nous montrent les nia (don de Dieu), mais son nom fut chan
descendants de Séba en rapport avec les gé par Nébucadnetsar, lorsqu'en 598, il
Egyptiens et les Arabes, et distingués l'éleva sur le trône vassal de Juda, à la
par leur stature, permettent d'adopter place de Jéojachin (v. Jéchonias), qui l'a-
l'opinion que nous venons d'émettre, et vait précédé contrairement à l'ordre na
la confirment plutôt qu'ils ne la contre turel de la succession. Les rapports de
diraient. - Méroé, dont il reste de belles parenté, du reste, ne sont pas nettement
SED 337 SEH
établis, Sédécias, étant tour à tour ap puis il ne vit plus rien; on lui creva les
pelé oncle, frère et fils de Jéchonias, 2 yeux, il fut conduit à Babylone et jeté en
Rois 24, 17.2 Chr. 36, 10. 1 Chr. 3, 16.; prison où il resta jusqu'à sa mort. Nébu
quant au mot fils, il signifie quelquefois cadnetsar lui fit faire des obsèques roya
successeur, ou bien l'on pourrait admet les, sans doute afin de relever sa gloire
tre dans ce dernier passage, qu'il est parlé de toute celle de son illustre prisonnier,
d'un Sédécias, fils inconnu de Jéchonias, 2 Rois 25, Ez. 19, Jér. 39 et 52. Bientôt
ce qui est peu probable; les noms de frère, Jérusalem ne fut plus qu'un monceau de
ou d'oncle (frère du père), se prenaient ruines. Tous ces événements, jusqu'aux
' quelquefois l'un pour l'autre, et les rela plus petits détails, cf. Ez. 12, 13. Jér.
tions de neveu et d'oncle paraissent les 34, 4., avaient été prédits par les prophè
plus vraisemblables entre Sédécias et son tes. — Sédécias ne fut pas un roi théocra
prédécesseur.Sédécias, que Josèphe nous tique ; il fit ce qui déplaît à l'Eternel, et
dépeint comme un homme qui ne manquait sans atteindre à la perversité de ses pré
pas d'une certaine bonté naturelle, fut un décesseurs, il combla la mesure ; il laissa
des plus mauvais rois de Juda; pour mieux faire le mal ; son trône, son sceptre, ses
dire, il ne régna pas lui-même, il n'eut de conseillers, son peuple, tout était ver
roi que le nom, et encore pas toujours; moulu; Jérémie était une pièce de drap
des intrigants gouvernèrent pour lui : les neuf à un vieux habit; il ne servait qu'à
grands du royaume tenaient en mains les faire ressortir le mal. Sédécias ne causa
rênes de l'Etat, Jér. 38, 5. De faux pro pas la chute du trône de David, mais il
phètes, des prêtres oublieux de leurs de le laissa tomber et tomba avec lui.
voirs, des sujets rebelles étaient ligués 2° Sédécias, faux prophète, Jér. 29,21.
avec les grands, pour troubler le pays, le v. Achab, 2°.
corrompre et le jeter dans le précipice, 3° Fils de Hanania, Jér. 36, 12.
Jér. 28 et 34. Nul n'osait parler ouverte SEERA, fille de Béhira et petite-fille
ment, et Jérémie, aux jours de la cata d'Ephraïm, n'est connue que par la men
strophe, expia par la prison le tort d'avoir tion qui en est faite, 1 Chr. 7, 24. Elle
dit la vérité. Le roi lui-même était gêné ; fonda des établissements en Israël avant
il tenait secrètes ses convictions et ses
que le peuple entier s'y fût établi.
démarches, 38, 25.27. Cependant les évé SEGUB, second fils d'Hiel, q. v.
nements marchaient; se fiant sur l'assis SEHALIM, 1 Sam. 9, 4., probablement
tance de l'Egypte, Sédécias crut pouvoir un district du centre de la Palestine, v.
secouer le joug des Caldéens à l'instiga Salim. Eusèbe parle d'un bourg de ce
tion de ses courtisans, et malgré les re nom, situé à 7 milles ouest d'Eleuthéro
montrances de Jérémie, 37, 5. Ez. 17, 15. polis.
cf. 2 Chr. 36, 13. Les Caldéens s'avancè SEHIR, Gen. 36, 20.1 Chr. 1, 38., chef
rent alors contre le pays, et après divers des Horiens, antérieur sans doute à A
succès ils mirent le siége devant Jérusa braham, et le premier habitant de l'Idu
lem; averti de l'approche des Egyptiens, mée. La contrée, connue dans l'histoire
ils marchèrent à leur rencontre, les batti sous le nom de monts de Séhir, Gen. 33,
rent (sous Hophra), et revinrent assiéger 14. 36, 30. Ez. 35, 3., etc., était située
Jérusalem, Jér. 37, 11. cf. 8. et 34, 21. dans la partie méridionale de la Palesti
C'était au dixième mois de la neuvième ne, non loin de la vallée du Sel, et voi
† de ce règne. Après dix-huit mois sine des Amorrhéens, Jos. 11, 17. Deut.
de siège, au quatrième mois de la Onziè 1, 44.2 Chr. 25, 11. Primitivement habi
me année, les Caldéens entrèrent dans la tée par les Horiens, qui laissèrent à ses
yille sainte (588 av. C.), Jér. 39, 2. 52, 5. montagnes le nom de leur chef Séhir,
Sédécias s'enfuit du côté de Jérico, mais Nomb. 24,48., elle fit ensuite partie du ter
il ne tarda pas à être arrêté; traduit de ritoire des enfants d'Esaü, ou Iduméens,
vant un conseil de guerre, il fut jugé et Gen. 32, 3. 33, 14.36, 8. Deut 2, 29. cf.
chargé de fers; il vit mettre à mort sous 2 Chr. 25, 14. Le district que la vallée
ses yeux ses fils et ses principaux officiers, d'El Ahsa sépare de la province de Kérek,
- | II. 22
SEL 338 SEL

au sud-est de la Palestine, porte aujour toutes les offrandes végétales offertes à


d'hui le nom de Dshebal (la regio Geba l'Eternel devaient en être saupoudrées,
lena des anciens); toutefois l'ancien Séhir Lév. 2, 13., soit que, par un anthropo
embrassait encore les monts d'El Sherah, morphisme un peu fort, le législateur vou
qui se prolongent jusqu'au golfe élaniti lût dire aux Juifs qu'ils ne devaient offrir
que, et qu'un simple wady sépare du Dshe à Dieu que ce qu'ils pourraient eux-mê
bal (Burkhardt). Il importe de se rappeler mes manger avec plaisir, des plats, des
pour l'intelligence de Nomb. 20, et suiv., gâteaux tout apprêtés, soit que l'idée de
que cette chaîne, la demeure des Edo la pureté, de l'incorruptibilité, de la du
mites, se jetait à l'ouest dans les sables rée, dont le sel était un emblème, eût
du Ghor, et à l'est dans les déserts de, dicté ce détail des prescriptions mosaï
l'Arabie. On comprend aussi que les ques ; on ne risque rien d'adopter, avec
monts de Séhir soient nommés dans un Meyer et Tholuck, une partie au moins de
même contexte avec les monts de Paran cette explication, malgré les persifflages
et de Sinaï, également situés dans l'inté de Winer sur la profondeur de cette sym
rieur de l'Arabie Pétrée, Deut. 33, 2. bolique. Il n'est pas dit expressément que
Jug. 5, 4. Le nom de Séhir (roux, sauva les pains de proposition fussent aussi of
ge, velu) est aussi bien justifié par la dé ferts avec du sel, mais cela ressort de
solente sécheresse de la contrée, que l'analogie. Le sel entrait donc pour une
par le nom de ses fondateurs, Séhir, ou grande part dans les besoins du culte,
Esaü. — La montagne de Halak, ou mon Esd. 6, 9. 7, 22., et il se vendait sur le
tagne chauve, pelée, de Jos. 11, 17.12, marché du temple, où l'on en trouvait tou
7., qui semble être désignée comme l'a- jours une abondante provision; il paraî
vant-poste des monts de Séhir, serait, trait même qu'il y aurait eu dans le se
d'après Rosenmuller, le mont Madare, que cond temple une place spéciale appelée la
Seetzen a vu sur le chemin d'Hébron à chambre du sel. Le sel de Sodome (de la
Sinaï, à une journée sud-ouest environ de mer Morte) que plusieurs pensent à tort
la mer Morte; mais rien n'est plus arbi être de l'asphalte, était généralement em
traire que de semblables suppositions ; ployé dans le sanctuaire.
ce peut être celle-là, ce peut en être une D'après une tradition juive qui semble
autre. confirmée par Ez. 43, 24. Marc 9, 49. cf.
SEIIIRA, Jug. 3,26., bourg ou village Lév. 2, 13., les offrandes animales étaient
des montagnes d'Ephraïm. aussi présentées avec du sel, comme chez
SEL. Ce savoureux minéral, cet assai les Grecs et les Romains. Il y avait aussi
sonnement cristallin était fort connu des du sel jusque dans le parfum aromatique,
IIébreux qui le recueillaient en abondance Ex. 30, 35. -

sur les rives desséchées de la mer Morte, Le sel était le symbole : 1° De la durée,
dont les eaux débordées chaque année, de la perpétuité , de la sincérité, car le
laissaient, en se retirant, des flaques sel préserve de la corruption et de la dis
qu'une rapide évaporation ne tardait pas à solution; ainsi l'on disait une alliance de
réduire en lits de sel, cf.Soph. 2.9. Ez. 47, sel, Nomb. 18, 19.2 Chr. 13, 5. cf. Lév.
11. Ils en trouvaient aussi beaucoup dans 2, 13., soit que les contractants missent
la vallée du Ghor (ou du sel), et sur les quelques grains de sel dans leur bouche
flancs d'une montagne longue de 3 lieues en gage de leur sincérité, soit que cet
qui en forme le flanc occidental. Ces deux acte extérieur n'eùt pas lieu.
mines sont loin d'être épuisées : c'est là 2° De l'hospitalité. ll y avait un enga
que les Arabes vont de nos jours encore gement moral contracté entre ceux qui
chercher le sel nécessaire à leurs besoins avaient mangé le même sel , maîtres
personnels, et ils font de cette denrée un et serviteurs , hôtes et voyageurs , cf. ,
article de commerce fort lucratif qu'ils Esd. 4, 14., et les Arabes modernes ont
exportent principalement en Syrie. conservé la même tradition d'inviolable
Le sel ne servait pas seulement d'assai dévouement à ceux qui ont mangé leur
sonnement pour les mets, Job 6, 6., mais sel ou leur pain (Niebuhr, Rosenmuller,
SEL 339 SEL

Lamartine , Voyage en Orient , etc. ) moyen employé par Elisée allait plutôt à
3° De la sagesse, de la pureté dans la l'encontre du but qu'il se proposait : ce
vie et dans la conversation, Marc 9, 49. moyen devait faire ressortir avec d'autant
Col. 4, 6. plus d'évidence la mission divine du pro
4° De la stérilité; on saupoudrait de sel phète.
les terrains maudits et condamnés à res Vallée du Sel. Célèbre par une victoire
ter toujours déserts et stériles, Jug. 9, de David sur les Syriens, 2 Sam. 8, 13. 1
45. Soph. 2, 9. cf. Deut. 29, 23. Ps. 107, Chr. 18, 12. cf. Ps. 60, (suscr.), cette val
34. (Job, 39, 9.; l'hébreu porte salée au lée, large d'environ 3 kilom., est située
lieu d'inhabitée); v. aussi Pline, H. N. 31, à l'extrémité sud de la mer Morte; elle
7, 39. Virg. Georg. 2, 238-240. Ces pas ne présente pas le moindre vestige de
sages semblent ainsi offrir une contra végétation, mais abonde en couches sa
diction avec Matth. 5, 13., où les fidèles lines.
sont appelés le sel de la terre. Calmet ré Maundrell, dans ses voyages, cite un
sout cette difficulté en changeant la si fait qui sert à nous faire comprendre ce
gnification du mot ; il pense qu'il s'agit là que c'est que le sel qui a perdu sa sa
de la marne avec laquelle on fume les veur, Matth. 5, 13. Dans la vallée du Sel,
terres dans certains pays. On peut l'ex près de Gebul (à environ 4 journées d'A-
pliquer aussi d'une manière peut-être lep), il y a un petit précipice causé par
plus simple en donnant au mot terre le de continuels éboulements de sel. J'en
sens de monde, cf. v. 14. : le sel serait brisai un morceau, dit-il, dont la partie
alors le symbole de la pureté ; c'est aux qui avait été exposée à la pluie, au soleil
fidèles de préserver le monde de la cor et à l'air, quoiqu'elle eût le brillant du
ruption. sel et des particules salines, en avait ce
Quant à la statue de sel de la femme de pendant complétement perdu la saveur.
Lot, v. Lot. L'intérieur, qui tenait au roc, conservait
Mer de sel, ou mer Salée, Gen. 14, 3. le goût salé, comme j'en fis l'épreuve.
v. mer Morte. D'après le Dr Daubeny, les Dans un des historiens byzantins, on trou
eaux de la mer Morte ne contiennent ve un commentaire vivant et frappant de
d'autres substances que le sel muriatique, ce texte. Echabolius avait fait profession
circonstance en harmonie avec l'origine d'être chrétien sous le règne de l'empe
volcanique du pays environnant. reur Constantin, mais sous celui de Julien
Ez. 16, 4. Sur l'usage de frotter de sel l'Apostat il était retombé dans le paga
les enfants nouveau-nés, v. le commen nisme. Poussé plus tard à la repentance,
taire de Haevernick. Cet usage reposait il se déclara de nouveau chrétien, et se
sur des considérations médicales (saint prosternant sur le seuil de l'église, il
Jérôme, Gallien, etc.), mais il s'y ratta s'écria : Foulez-moi aux pieds, car je suis
chait sans doute aussi une pensée sym du sel qui a perdu sa saveur. -

bolique, celle de la pureté à laquelle nous SELA. 1° Ancêtre de notre Seigneur par
sommes appelés, peut-être celle de l'in Marie, v. Sala. — 2° Fils de Juda et d'une
corruptibilité, de l'immortalité, de l'éter Cananéenne, Gen. 38, 5.1 Chr. 2, 3. Il
nelle durée de l'homme. La salis sparsio ne contracta probablement jamais l'union
qui accompagne le baptême dans l'Eglise dont il est parlé Gen. 38, 11. cf. 26. Il
romaine, se rattache peut-être, comme est nommé Nomb. 26, 20., et sa famille
tant d'autres cérémonies, à cette coutume fut une des plus industrieuses d'Israël,
des Juifs, que d'autres peuples de l'anti 1 Chr. 4, 21.
quité connaissaient du reste également. SELAH (rocher, petra), ville édomite,
· Le sel que le prophète Elisée jette dans située au midi de la vallée du Sel; le roi
la fontaine de Jérico pour adoucir l'amer Amatsia la conquit, 2 Rois 14, 7., mais
tume de ses eaux, 2 Rois, 2, 21., ne peut plus tard il paraît que les Moabites s'en
avoir été un moyen naturel d'assainis emparèrent à leur tour, Es. 16, 1. Elle
sement ; les eaux de Jérico se ressen est bien connue sous le nom de Pétra,
taient du voisinage de la mer Morte, et le comme capitale des Nabathéens, dans l'A
SEL 340 SEL

rabie Pétrée. Elle est située à 40 lieues tous les éléments d'une décision, la con
de Jérusalem, dans une petite vallée, fer naissance des secrets de la langue et celle
tile, bien arrosée, et entourée de rochers de la musique hébraïque. Herder n'é-
escarpés. Sa position était aussi avanta prouve aucun embarras : le mot sélah,
geuse au point de vue militaire que sous dit-il, ne saurait être ni une pause, ni un
le rapport du commerce : deux routes signe de répétition, mais un avertisse
principales s'y croisaient, et la ville ren ment pour changer de ton, changement
fermait des dépôts considérables à l'usage qui se manifestait par une augmentation
des caravanes, et les trésors d'or et d'ar de force, ou par le passage d'un mouve
gent qu'elles y déposaient en échange de ment, d'un mode, à un autre mouvement,
leurs marchandises. Les rocs infranchis à un autre mode. (Les Orientaux aiment
sables qui l'entouraient en faisaient une encore aujourd'hui une musique mono
place forte, et le désert qui séparait Pétra tone que les Européens trouvent triste,
de la Judée en rendait, de ce côté du et qui, à certains passages des paroles,
moins, l'abord presque impossible pour change tout à coup de mesure et de mo
une armée. Pendant la période romaine de. Le mot sélah indiquerait ces brus
Pétra fut une résidence royale , elle fut ques variations). Quand le contenu ou
en particulier la demeure d'Arétas, roi de l'expression du chant se modifiait, on se
l'Arabie Pétrée. Trajan la Soumit, ainsi servait sans doute de ce signe pour aver
que la contrée environnante, et Adrien tir le musicien qu'à cette place , il fallait
paraît, d'après quelques médailles, l'avoir Varier la mélodie, qui n'était jamais défi
honorée de son nom. Burckhardt a re nitivement arrêtée. Cette opinion paraît
trouvé ses ruines dans le Wady Mousa, à d'autant plus fondée que le mot sélah se
deux journées nord-est d'Akaba.Un pas trouve souvent dans les chants passion
sage très étroit, arrosé d'un ruisseau qui nés, et jamais dans les psaumes didacti
coule entre des rochers de 80 pieds de ques. Quand il se trouvait à la fin d'un
hauteur, semés de tombeaux et de monu psaume, c'était pour avertir qu'il fallait y
ments, conduit, à l'ouest, dans une plaine en ajouter un autre, car il est certain
qui va en s'élargissant, et où l'on trouve qu'on aimait ces sortes d'additions et
les ruines nombreuses et imposantes de d'enchaînements. Cette opinion qui est
l'ancienne Pétra; à l'ouest et au nord, aussi, plus ou moins, celle d'Ewald, a été
des rochers à pic semblent les protec combattue par Gesenius au point de Vue
teurs naturels de cette solitude , deux de la langue, et par Hengstenberg quant
cents hommes pourraient défendre, à au sens. L'étymologie la plus simple et la
l'est, le passage qui conduisait dans la plus naturelle de ce mot se trouve dans
ville. le verbe syriaque shala, qui a aussi, en
SÉLAH (l'orthographe de ce nom n'est hébreu, la signification de reposer; sélah
pas la même en hébreu que celle du nom serait alors ou un substantif, repos, pau
qui précède). Terme hébreu qui se ren se, ou un impératif, arrète, repose-toi.
contre soixante-treize fois dans les Psau Cette pause, se rapportant aux paroles,
mes, et trois fois dans Habacuc. Les an était en même temps un signe musical,
ciens interprètes, les Septante, Théodo parce que la musique s'accordant avec
tion, le traduisent par pause. De Wette les paroles doit s'arrêter, et rester, en
et Winer pensent qu'il indiquait un chan quelque sorte, suspendue, là où le sens
gement de mesure, ou la répétition de de la phrase fixe l'esprit, provoque la mé
l'air sur un ton plus élevé, da capo (Sui ditation , et demande un moment de re
das, Hesychius). D'autres, et quelques pos. L'examen des différents passages où
unes des plus anciennes versions, Aquila, sélah est employé, rend cette explication
Symmaque, le Targ. de Jonathan, tradui très vraisemblable , et nous l'adoptons
sent, mais sans justifier étymologique comme la plus probable et la mieux jus
ment leur traduction, par : toujours, éter tifiée de toutes les hypothèses et opinions
nellement, aux siècles des siècles. Il est produites jusqu'ici. t ' , i** .

difficile de se décider lorsqu'on a perdu SELAll, fils d'Arpacsad et petit-fils de


SEL 341 SEM

Sem, Gen, 40, 24. Inconnu. force provocatrice du mal : d'ailleurs, s'il
SELEPH, Gen. 10, 26. 1 Chr. 1, 20., est des choses qui ne doivent pas être
peuplade arabe dont le chef est compté nommées, un blasphème, une malédiction
parmi les descendants de Joktan. Bochart lancée contre l'Eternel, ne pouvait passer
pense que cette peuplade pourrait dési sous la plume d'un écrivain inspiré.
gner les Salapéniens qui, selon Ptolémée SELUMIEL, préposé de la tribu de Si
6, 8., étaient une des tribus habitant l'in méon pour faire avec Moïse et Aaron le
térieur de l'Yémen. premier dénombrement d'Israël, Nomb.
SELEUCIE. Il y avait plusieurs villes 1, 6. 2, 12.; du reste inconnu.
de ce nom dans l'Orient ancien. Celle SEM, second fils de Noé, Gen. 5, 32. 6,
dont il est parlé dans le Nouveau Testa 10. 7, 13. 9, 23.1 Chr. 1, 4. Luc 3, 36.
ment, Act. 13, 4., appartenait à la Syrie : Sauvé du déluge, il montra du respect
elle était située sur la Méditerranée près pour son père plongé dans l'ivresse, et fut
de l'embouchure de l'Oronte, à 7 lieues béni avec Japhet au nom de « l'Eternel,
sud-ouest d'Antioche à qui elle servait de Dieu de Sem »; le nom de Jéhovah, l'Eter
port. Elle était très forte et passait pour nel, indiquait une protection plus tendre,
imprenable. Fondée par Séleucus-Nica plus paternelle que le seul nom de Dieu,
nor, capitaine d'Alexandre, qui devint d'Elohim, et ce titre annonçait des grâces
après la mort de ce prince roi de Syrie, toutes particulieres pour ses descendants.
et fut le chef de la dynastie des Séleuci Deux ans après le déluge, Sem, âgé de
des, elle fut la capitale de la province de cent ans, eut un fils, Arpacsad, le pre
Séleucie sous les rois de Syrie, et fut dé mier enfant peut-être du nouveau monde.
clarée ville libre sous Pompée. Elle por Il mourut âgé de six cents ans (2446
tait le surnom de Pieria, du mont Pierius 1846 av. C.).
au pied duquel elle était bâtie; on l'ap Voici, d'après Gen. 10, le tableau de
pelait aussi Séleucie près la mer (ad sa postérité :
mare) pour la distinguer d'autres villes SEM
du même nom qui se trouvaient en Sy --"-_-_-•"---,
4 2 3 4 5
'rie. Séleucus y fut enseveli. On en re
trouve aujourd'hui les ruines près d'un Hélam Assur Arpacsad Lud Aram
village nommé Kapse. | 1 Hus
SÉLOMITH , mère d'un homme israé Sélah 2 Hul
lite qui fut lapidé pour avoir blasphémé, | 3 Guéther
Lév. 24, 11, 14. Elle avait épousé quel Héber 4 Mas
qu'un de ces Egyptiens qui avaient quitté
Israël avec le peuple de Dieu ; peut-être Péleg Joktan
même que cet homme ne s'était décidé à | |
Réhu Almodad
ce voyage que parce qu'ils étaient déjà
mariés, Ex. 12 , 38. Il ne paraît pas que | Séleph
Moïse énonce un blâme contre Sélomith Sérug Hatsarmaveth
en rappelant cette union avec un étran | Jérah
Nacor Hadoram
ger; depareils mariages dans les premiers
temps de l'existence du peuple juif n'é- | Uzal
Taré Dikla
taient peut-être pas encore flétris, etl'on
voit Deut. 23, 7., que des relations inti | Hobal
mes avec les Egyptiens sont moins sévè ABRAHAM Abimaël
ſrement interdites qu'avec d'autres nations Séba
païennes. Le nom du blasphémateur n'est Ophir
Havila
pas prononcé; le crime en ces temps re
Jobab
culés n'avait pas le privilége de faire des
réputations : le blasphème lui-même n'est Ses descendants s'établirent ainsi dans
pas rapporté, parce que c'eût été un appel les plus belles provinces de l'Orient, ils
indirect à l'imitation, tant est grande la dépossédèrent les enfants de Cam et s'em
SEM 342 SEM

parèrent de la Palestine ; ils furent la fa Se trOuvait en manuscrit dans la biblio


mille bénie de laquelle devait naître le thèque de l'électeur de Bavière. Il paraît
Christ selon la chair, et leurs tabernacles qu'il fit des observations astronomiques,
furent le berceau du judaïsme d'abord, qu'il remarqua le premier certains mou
puis du christianisme : les prophéties vements des astres, et qu'il enseigna la
étaient accomplies au-delà de ce qu'elles manière de compter les mois et les an
semblaient promettre. nées, avec les mois intercalaires.
Cinq peuples célèbres appartenaient SEMAH, v. Bériha.
ainsi à la postérité de Sem, les Hébreux, SEMAHIA (obéissant à l'Eternel). 1°Lé
les Araméens, les Assyriens, les Elamites vite, chargé sous David d'enregistrer la
(Perses), et les Lydiens; v. ces articles. division des vingt-quatre familles sacer
On s'étonne que les langues de ces cinq dotales, 1 Chr. 24, 6. Son nom est inscrit
peuples n'aient pas un caractère commun en tête de la liste, comme garantie d'au
qui permette de les rattacher à une même thenticité.—2° Faux prophète, transporté
famille, et d'un autre côté, que parmi les à Babylone probablement avec Jéchonias,
peuples issus de Cam il s'en trouve plu et qui, irrité des Oracles de Jérémie sur
sieurs dont les langues ne sont pas sans la durée de la captivité, le dénonça comme
rapports avec les langues sémitiques, celle imposteur aux Juifs de Jérusalem par une
des Phéniciens et des Cananéens, par lettre écrite en son propre nom, et reçut
exemple. La difficulté, car c'en est une pour réponse un nouvel oracle, annonçant
dans l'état actuel de la science, n'est pas que ni lui , ni personne de sa famille, ne
encore résolue, mais on ne saurait rien verrait la fin de cette captivité, Jér. 29,24
en conclure. 32. Il est appelé Néhélamite, soit que ce
Sem est ordinairement nommé avant nom désigne le village d'où il était ori
Japhet, comme Isaac avant Ismaël, Jacob ginaire (Jérôme), mais on ne connaît au
avant Esaü, parce qu'il était le chef de la cun village de ce nom, soit que ce fût un
famille théocratique. Il portait le nom de nom de famille, mais il serait également
la famille (Sem signifie nom), et c'était inconnu. Quelques Hébreux voient dans
aussi parmi ses descendants que Dieu ce surnom un appellatif, signifiant le rê
vOulait faire demeurer son nom : les en veur, et pensent qu'il l'aurait reçu à cause
fants de Sem devaient porter le témoi des rêveries qu'il avait coutume de débi
gnage du vrai Dieu, et c'est parce que ter pour des oracles.
cette charge passa d'une manière spé 3° Faux prophète, à la solde de Sambal
ciale dans la famille d'Héber que Sem est lat et de Tobija, Néh. 6, 10-14.; retenu
aussi appelé le père de tous les enfants dans sa maison , il tendit à Néhémie un
d'Héber, 10, 21. piége dans lequel un làche seul pouvait
Une foule de traditions, les unes cu tomber; le noble courage du gouverneur
rieuses et intéressantes, les autres absur le sauva du danger. Si, pour fuir les as
des, se rattachent au nom de Sem; les sassins, Néhémie avait cherché un refuge
uns voient en lui Typhon, le géant de la dans les parvis du temple, lui qui n'était
fable, d'autres Pluton, d'autres Uranus pas sacrificateur, on pouvait ensuite lui
(Shem, pluriel Shamayim, les cieux) : faire son procès et le faire mourir léga
d'autres se bornent à le retrouver au lement, cf. Nomb. 3, 38.; le bourreau
temps d'Abraham, sous le nom de Mel remplaçait les assassins. Sémahia ne lais
chisédec, donnant au patriarche les le sait que le choix à Néhémie; Néhémie ne
çons qu'il avait lui-même reçues de Mé choisit ni l'un ni l'autre; méfiance Ou cOu
thusélah , sur la tradition historique, et rage, il refusa le secours, et évita le
la doctrine de Dieu. Sem aurait aussi piége. — On n'est pas d'accord sur le
reçu de Noé le testament et le corps sens du mot retenu, employé en parlant
d'Adam. D'autres en font un roi, ou un de Sémahia , v. 10. Etait-il retenu par
prophète, ou un fondateur de villes. Quel quelque infirmité ou maladie ? Vivait-il
ques-uns lui attribuent le Ps. 110, et un habituellement dans la retraite, pour se
vieux livre hébreu sur la médecine, qui faire une réputation de sainteté ? Ou bien
SEM 343 SEM

voulait-il, en restant caché dans sa maison le cours de la lune, dont chaque quar
et s'enveloppant de mystères, frapper l'i- tier ne dure qu'environ sept jours (7 et
magination de Néhémie, et le mieux per 378). Ideler, et après lui Winer, adop
suader. tèrent volontiers cette origine naturelle
SEMAHJA, prophète contemporain de de la semaine. Dion Cassius prétend que
Roboam. Il eut le bonheur de prévenir les Egyptiens furent les premiers qui di
la guerre civile entre les deux royaumes, visèrent les mois en semaines, et que les
1 Rois 12, 22.2 Chr. 11. Plus tard, lors sept planètes leur en donnèrent l'idée, et
de l'invasion de Sisak roi d'Egypte, il eut Blondel cherche à expliquer par un calcul
e mission pénible à remplir auprès de fait d'après les planètes dominantes de
uda ; il vint lui dire au nom de l'Eter chaque jour et de chaque heure, pour
nel : Vous m'avez abandonné, et je vous quoi les noms des jours ne sont pas ran
abandonne au roi d'Egypte. Le peuple et gés dans l'ordre des planètes considé
le roi se repentirent alors, et détournè rées par rapport à leurs distances. Court
rent une partie des menaces divines : Jé de Gébelin établit que le nom des jours
rusalem fut épargnée, mais le reste du est indiqué dans l'ordre harmonique des
royaume fut asservi pour un temps, 2 différentes planètes. Quoi qu'il en soit
Chr. 12, 5. Sémahja est nommé, 2 Chr. du plus ou moins grand degré d'antiquité
12, 15., comme auteur d'une vie de Ro de la semaine chez les Egyptiens, ils pro
boam. fessaient une grande vénération pour le
SEMAlLLES, v. Semence. nombre sept et ses multiples. Quant aux
SEMAINE (hébr. Shebouah, sept, une Grecs, ils divisaient le mois en trois dé
septaine). Pour les juifs comme pour les cades ; cependant ils regardaient chaque
chrétiens, la division de l'année et des septième jour comme un jour saint, et
mois en semaines est d'origine divine ; dans Hésiode, le premier, le septième et
elle remonte à la création. Dieu créa l'u- le quatorzième jour du mois sont indi
nivers en six jours, et non-seulement il qués comme des jours heureux.
se reposa le septième, mais encore il le La semaine s'appelle, en hébreu, une
bénit pour qu'il fût célébré d'àge en âge. septaine et quelquefois aussi un sabbat :
Les Hébreux comptèrent par semaines Je jeûne deux fois par sabbat, dit le pha
longtemps avant Moïse; et sans parler de risien orgueilleux, Luc 18, 12. Les Juifs
plusieurs passages de la Genèse, 4, 3. n'ont aucun nom particulier pour dési
(v. les commentaires) 8, 10. 29, 27., on gner les jours de la semaine, à l'excep
pourrait le déduire du décalogue, dans tion du mercredi qu'ils appelaient meo
lequel Dieu ne prescrit pas l'observation roth (les luminaires), en souvenir du
du sabbat comme une loi nouvelle, mais quatrième jour de la création; quant aux
comme une loi ancienne qu'il confirme. autres, ils les désignent par la place qu'ils
Cette ancienne loi fut d'abord respectée occupent relativement au sabbat passé ou
dans tout l'Orient. Les rois de la Chine prochain, comme font les quakers. Les
faisaient au septièmejour, appelé le grand auteurs du Nouveau Testament font de
jour, fermer les portes des maisons; on même, Marc 16, 2. etc. (v. Bridel, de
ne faisait en ce jour-là aucun commerce, l'Année juive.) -

· et les magistrats ne jugeaient aucune af Les Hébreux avaient, outre la semaine


faire. Les Perses avaient donné un nom de sept jours, la semaine prophétiq
spécial aux premier, huitième, quinzième qui était de sept ans, qui allait d'une an
et vingt-deuxième jours du mois, etc. née sabbatique à une autre année sabba
Mais lorsque les peuples de l'Orient eu tique, cf. Gen. 29, 27., et la semaine ju
rent oublié l'origine du monde, et qu'a- bilaire qui était de sept fois sept années,
bandonnant le culte du vrai Dieu ils fu et allait d'un jubilé à l'autre. (Les Ro
rent tombés dans l'idolâtrie, ils oubliè mains connaissaient aussi des annorum
rent la cause de la division du temps en hebdomades, Gell. 3, 10. etc.) C'est dans
sept jours, et s'imaginèrent que ce nom cette catégorie que se rangent les fa
bre avait été indiqué à leurs ancètres par meuses semaines de Daniel, 9, 24-27.
SEM 344 SEM

Sans entrer dans des détails qui ressor ' (est) celui qui désole; (mais) la destruc
tent des commentaires, il suffira de dire tion et la fin (l'extermination) atteindra ,
que, dans notre opinion, le commence le dévastateur. Verset 27.
ment des soixante-dix semaines doit être SÉMED, Benjamite, fondateur de deux !
daté du moment où Esdras a commencé villes situées non loin du Jourdain, 1 Chr.
Son œuvre réformatrice, la vraie recon 8, 12. Du reste inconnu.
struction de la vraie Jérusalem, de la Jé-| SEMEI, inconnu; l'un des ancêtres de
rusalem spirituelle et théocratique (457 Jésus par Marie, Luc 3, 26.
av. C., 483 ans avant la prédication de SEMENCE. La loi défendait de semer
Jean-Baptiste). Les travaux préparatoires dans un même champ deux sortes de grai- .
du rétablissement de Jérusalem, l'ordre mes, Lév. 19, 19. Les uns ont vu dans
de Cyrus, 536 av. C., l'ordre de Darius cette interdiction une mesure tout à fait
Hystaspe, 520 av. C., le secours accordé théologique, v. Accouplements; les au
par Artaxercès à Esdras, vers 457, l'auto tres n'y ont vu qu'un précepte agricole,
risation de partir accordée par le même et s'appuient sur l'expérience d'anciens
monarque à Néhémie vers 445, sont des agronomes, cf. Virgile, Géorg. 1, 193.
faits extérieurs qui ne concernaient que Varron, R. Rust. 1, 52 : ils pensent que
la Jérusalem matérielle, le berceau de la Moïse avait pour but d'engager les Israé
Jérusalem vivante, de la Sion sainte; le lites à trier soigneusement leurs grains
prophète a plutôt en vue uue restaura avant de les confier à la terre, et qu'il ren
tion spirituelle, non celle des rues et dait ainsi indirectement impossible l'in
des murailles, mais celle du culte; ce ré troduction des mauvaises herbes, de l'i-
tablissement spirituel coïncide d'ailleurs vraie, du lolium temulentum en particu
avec le départ d'Esdras sous Artaxercès, lier. D'après Lév. 11, 37., un corps mort
et à peu près avec celui de Néhémie. Le qui tombait par accident sur des graines
verset 25 parle de la sortie de la parole, destinées à être semées me les souillait '
d'un ordre donné : par qui P Plusieurs pas, à moins que ces graines ne fussent
interprètes ont pensé à quelque roi perse; mouillées, parce que l'humidité absorbe !
mais la comparaison du verset 23 prouve beaucoup plus facilement les gaz et les
que c'est de Dieu qu'il s'agit. Ces soi particules impures que ne font les corps "
xante-dix semaines sont divisées en trois secs.— Il paraîtrait, d'après les Targums,
termes de sept, soixante-deux, et une se que les Hébreux avaient déjà découvert
maines.Pendant les sept premières, c'est une espèce de semoir, ou de machine à
à-dire pendant une cinquantaine d'années semer, et que l'honneur de l'invention
à peu près, Dieu continua de se mani n'appartient pas à notre siècle. '
fester encore par les saints hommes qu'il SEMER, possesseur de la montagne de
avait choisis, les Esdras, les Néhémie, Samarie, la vendit pour deux talents d'ar
les Malachie; puis vint une longue et gent à Homri roi d'Israël, qui y bâtit sa
sombre période de soixante semaines, où capitale, et lui conserva le nom de son !
la parole écrite remplaça la parole parlée, ancien propriétaire, 1 Rois 16,24. Comme
et où se forma la triste théologie des la vente des héritages de famille était dé- !
scribes et des pharisiens; ces soixante fendue aux Israélites, Lév. 25, 23.,'on a
neuf semaines finissent avec l'arrivée de supposé que Sémer était un descendant !
Jean-Baptiste, l'an 26 ou 28 de notre ère, de ces Cananéens qui n'avaient pas été"
l'an 30 de Jésus, et alors commence la dépossédés lors de l'entrée de Josué dans !
dernière semaine à la fin de laquelle l'al le pays, d'autant plus que son nom, con-!
liance doit être confirmée à plusieurs ; trairement à l'usage, n'est accompagné !
c'est au milieu de cette semaine que, par d'aucune notice généalogique. D'un autre !
la mort de Christ, cesse le régime des côté, les lois de Moïse étaient assez ou
sacrifices et des oblations. Après cela (la bliées et violées en Israël, pour que l'on !
date n'est pas indiquée d'une manière puisse admettre aussi que la loi des héri
précise) vient la ruine de Jérusalem et tages n'ait pas été respectée par Sémer
du temple : sous les ailes de l'horreur et Homri dans le contrat de vente.
SEP 345 SEP -

SÉMINITH. Ce mot qui est traduit par v. l'art. suiv.; d'autres enfin pensent à 2
octave, 1 Chr. 15, 21., signifie le hui Sparte, q. v. l' ºt , , , ! '11 ) |
tième, ou les huit. Il est employé dans SÉPHARVAJIM. District d'abord in- p
l'inscription des Ps. 6 et 12, et a été di dépendant, 2 Rois 19, 13., puis assujetti •
versement interprété : les uns y ont vu à la domination syrienne, et d'où une co- .
un instrument à huit cordes, une espèce lonie fut envoyée en Israël pour repeu
de lyre ou de guitare, ce qui est d'autant pler le territoire de Samarie, 2 Rois 17,
moins probable qu'un autre instrument, '24. cf. 18.34. Es. 36, 19. D'après Rosen- .
le néguinoth , est indiqué comme devant muller, ce serait la Sipphara de Ptolémée,
accompagner le Ps. 6. D'autres, comme située au sud de la Mésopotamie sur la
Hengstenberg, pensent que c'est l'indi rive orientale de l'Euphrate, la même que
cation du ton. v. Musique, et Psaumes. la ville desSipparéniens d'Eusèbe, et peut
On pourrait traduire l'inscription du Ps. être que l'Hipparenum de Pline. Vitringa
6 : « Psaume de David, donné au maître et d'autres, concluent au contraire de ce ,
chantre, air de basse, avec accompagne que, dans Es. 36, 19., cette ville est nom
ment d'un instrument à cordes. » mée avec deux autres villes syriennes,
SENIR. v. Hermon. qu'elle doit être cherchée en Syrie mê
SENNACHÉRIB. v. Sanchérib. me, mais ils pensent que la place exacte
SÉPHAR, montagne, ou plutôt ville, ne saurait en être déterminée. Schulthess
qui servait de frontière orientale aux la voit dans le Seidenaïa du pachalik de
Joktanides, Gen. 10, 30. Selon quelques Damas. Mais la ville de Hénah mention
uns, Bochart, Gesenius, ce serait Taphar, née Es. 37, 13. à côté de Sépharvajim,
Ou Dâfar, située sur les frontières de nous ramène en Mésopotamie, et proba
l'Hadramaouth. Il est plus probable ce blement à l'explication de Rosenmuller.
pendant (Winer, Preiswerk), qu'il s'agit SEPHATIA, Jér. 38, 1.v. Guédalia 2°.
de la ville désignée par Pline et Ptolémée, SEPHELAH, mot hébreu qui est tra
sous le nom de Saphar, à l'extrémité sud duit par plaine, Jos. 9, 1. 10, 40. 11, 16.
de l'Arabie Heureuse, à quelque distance Jér. 32, 44. 33, 13. Zach. 7, 7., et qui ne
de la mer. Le mot montagne d'orient est se présente comme nom propre que 1
probablement une indication générale de Macc. 12, 38. On suppose généralement
la contrée, comme le nom d'un départe que ce nom désignait tout le littoral de
ment ajouté à la suite d'un nom de ville la Palestine, ou du moins une partie des,
ou de village. On suppose qu'il s'agit ici de côtes baignées par la Méditerranée, et le
la chaîne qui traverse l'Arabie depuis les plus souvent d'une manière spéciale la .
environs de la Mecque jusqu'au golfe Per partie des côtes possédée par les Philis
sique. Les deux noms de ville marque tins, depuis la plaine de Saron.
raient les limites nord et sud du pays ; SEPHORA, Madianite, fille de Jéthro,
les montagnes indiqueraient la position et femme de Moïse, Ex. 2, 21. 4, 25. etc.
de l'est à l'ouest : c'est aussi plus ou moins La scène mystérieuse de l'hôtellerie a
ce que la tradition nous a laissé sur le beaucoup tourmenté les interprètes ; de
pays de Joktan. toutes les explications, la plus simple
SEPHARAD. Cette ville Ou cOntrée nous paraît être celle qui est aussi le plus
était habitée par des Juifs exilés, Abd.20., généralement admise. Moïse tombe gra
mais elle est inconnue, et les commen vement malade dans une hôtellerie (l'E-
tateurs sont loin de s'entendre sur la va ternel cherche à le faire mourir) , cette
leur de ce nom, qui ne se trouve qu'ici. maladie peut n'être que la suite naturelle
Les Septante et la version arabe portent de ses fatigues et de ses travaux ; sa fem
Ephrata ; le syriaque et le caldéen ont me, conformément à l'idée alors généra
Ispania, l'Espagne, ce qui est très impro lement répandue, que les épreuves sont
bable. Saint Jérôme pense au Bosphore des châtiments (Gen. 42, 21.22. Job), se
en suivant une étymologie assyrienne ; demande avec inquiétude quel crime ou
Hardt à Sipphara en Mésopotamie, mais quelle faute a pu attirer sur eux la colère
cette ville avait un autre nom en hébreu, divine ; elle se rappelle que son second .
SEP 346 SEP
fils n'a pas encore revêtu le sceau de la lestine contient beaucoup de grottes na
famille d'Abraham, elle le circoncit, et à turelles, cependant on aimait mieux en
la vue du sang qu'elle fait couler, elle général en construire d'artificielles, faire
jette avec dépit ou frayeur son couteau creuser dans un rocher une chambre, ou
aux pieds de Moïse, et s'écrie : Tu m'es un caveau régulier parfois très étendu,
un époux de sang. Moïse se rétablit, et à comprenant plusieurs compartiments ré
tort Ou à raison, elle établit entre son unis par des galeries, et destiné soit à
obéissance et la guérison une relation qui une famille entière, soit à des personnes
pouvait exister dans la pensée de Dieu, privilégiées, Es. 22, 16.2 Chr. 16, 14.
ou n'être qu'accidentelle. Peut-être Sé Matth. 27, 60. Jean 11 , 38. Luc 23, 53.
phora s'était elle opposée à la circonci Quelquefois aussi ces tombeaux étaient
sion de son fils, peut-être trahit-elle trop placés sur des montagnes, 2 Rois 23, 16.
de vivacité dans cette circonstance ; elle cf. Virg. AEn. 11, 849. On voit par Es. 14,
dut se séparer de son époux qui conti 18. 1 Rois 2, 34.2 Chr. 33, 20., que des
nua seul son voyage : plus tard elle vint personnes pouvaient obtenir l'autorisa
le rejoindre en Horeb, Ex. 18, 2., et le tion de se faire enterrer dans leurs mai
suivitavec ses fils dans les campements du sons, c'est-à-dire sur leur propriété, dans
désert. On ignore quand elle mourut. On le jardin attenant à leur maison.Les prin
ignore également si c'est d'elle qu'il est ces et les grands n'étaient pas seuls à
question Nomb. 12, 1., mais c'est proba posséder des tombeaux de famille, 2 Rois
ble : le sujet de la querelle n'est pas indi 9. 28.2 Chr. 32, 33. 35, 24., mais on en
qué; peut-être sa qualité d'étrangère fai trouvait dans presque toutes les familles
sait-elle l'objet du débat, mais après qua aisées et respectables, Gen. 23, 20. Jug.
rante ans et plus, c'eût été s'y prendre 8, 32.2 Sam. 2, 32. 1 Rois 13, 22. Tobie
bien tard pour critiquer la convenance 14, 13., et c'était un vœu naturel des m0u
de ce mariage ; peut-être Séphora s'était rants d'être ensevelis dans les sépulcres
elle glorifiée des faveurs que Dieu accor de leurs pères, Néh. 2, 3. Gen. 47, 29.50,
dait à Moïse, et Aaron en avait-il été 5.2 Sam. 19, 37. 1 Rois 13, 22.31., et
blessé ? La réponse de Marie et d'Aaron l'on voit par Jér. 26, 23., que c'était pour
infirmerait qu'il y avait quelque chose de les grands une grave peine que d'être
semblable, mais Séphora eût été blâmable ensevelis dans le cimetière commun.Ceux
dans ce cas, et l'on ne s'explique pas la qui n'avaient pas de tombeaux de famille,
condamnation dont Marie fut frappée. Il désiraient au moins d'être ensevelis dans
est plus probable qu'Aaron et Marie eu leur patrie, en terre sainte. On fermait
rent les premiers torts envers elle, v. les sépulcres avec de grosses portes, ou
Marie. en roulant une pierre à leur ouverture,
SEPT. v. Nombres. surtout pour les préserver du carnas
SEPULCRES, Sépultures. Les Hé sier chacal, Matth. 27, 60. 28, 2. On les
breux , comme de nos jours encore les reblanchissait à neuf après la saison des
Orientaux, avaient l'habitude d'enterrer pluies, au mois de mars, Matth. 23, 27.,
leurs morts hors des villes, et loin des et les rabbins ajoutenf que c'était pour
habitations, Gen. 23, 9. Jos. 24.33. Luc prévenir les nombreux voyageurs qui se
7, 12. Jean 11, 30. Les rois seuls, et les rendaient à Jérusalem pour la pâque, de
prophètes, paraissent avoir eu quelque ne pas se souiller en s'arrêtant trop près
fois le privilège d'avoir leurs tombeaux de la demeure des morts. La Palestine,
dans des villes, 1 Sam. 25, 1. 28, 3. 1 la Syrie, et le vieux Edom, renferment
Rois 2, 10. 2 Rois 10, 35. 12, 21.2 Chr. encore un grand nombre de ces monu
16, 14, 28, 27. D'ordinaire ces tombeaux ments : les uns sont creusés perpendicu
étaient des grottes ou des cavernes, et lairement dans la terre, et l'on y descend
l'on choisissait de préférence des en par des degrés : les autres sont placés
droits ombragés, des jardins entourés horizontalement, et l'on y entre de plain
d'arbres, Gen. 23, 17. 35, 8. 1 Sam. 31, pied : à l'intérieur on trouve le plus sou
13, 2 Rois 21, 18.26. Jean 19, 41.; la Pa vent deux ou trois pièces ou divisions,
SEP 347 SER

dont la seconde est plus basse que la phètes vivants et de les honorer morts.
première : la plupart ont dans la muraille — v. Mort, Synagogues, etc.
des niches ou enfoncements de 6 à 7 pieds SERAH, fille d'Aser, et petite-fille de
de long, dans lesquels on déposait les ca Jacob, nommée on ne sait pourquoi, et
davres. contre l'habitude des généalogistes juifs,
Parmi les tombeaux qui entourent Jé dans le recensement de Nomb. 26, 46. Les
rusalem, les plus remarquables sont les rabbins n'ont pas manqué de raconter un
sépulcres des rois, 2 Chr. 21, 20. 28, tissu de fables plus ou moins merveil
27. Néh. 3, 16. Ils sont situés au nord leuses sur son compte, mais on ne sait
de la ville, se composent d'un vestibule réellement pas à quel fait elle doit son
et de sept chambres, et paraissent réelle illustration et la place qu'elle occupe dans
ment être des tombeaux de rois; mais il le dénombrement.
est peu probable que ce soient ceux des SERAIA. 1° Le dernier grand-prêtre
anciens rois de Juda. Les tombeaux des d'Israël avant la captivité, 1 Chr. 6, 14.
juges (des membres du sanhédrin), au 2 Rois 25, 18. Jér. 52, 24. Esd. 7, 1. Le
· nord-ouest de Jérusalem, sont moins re roi de Babylone le fit égorger à Ribla,
marquables et encore plus entourés de c'est tout ce que nous savons de lui, mais
mystère quant à leur authenticité. la mort d'un martyr permet de soupçon
De bonne heure l'usage s'introduisit ner sa vie, et la conduite qu'il a tenue au
d'élever des monuments sur les tom milieu des troubles de sOn pays.
beaux : ce ne furent d'abord que des 2° Fils de Nérija et frère de Baruc, Jér.
pierres brutes ou grossièrement travail 51, 59. La charge qu'il occupait à la cour
lées, cf. Job 21, 33. Iliad. 23, 255. Virg. de Sédécias est diversement expliquée par
AEn. 6, 365.; plus tard, ce furent de ma les interprètes : chef de la prophétie (Vul
gnifiques mausolées, souvent enrichis gate), maréchal des voyages (syriaque),
d'inscriptions. de sculptures ou de bas chef des largesses ou présents (alexan
reliefs symboliques, 2 Sam. 18, 18. 1 drin et caldéen), grand chambellan (Dah
Macc. 13, 27.28. La violation des sépul ler); cette dernière explication est la plus
cres, le vol des ornements, des armes, probable. Envoyé à Babylone par Sédé
Ez. 32, 27., et, en général, de ce qu'on cias, il reçut de Jérémie l'ordre de faire
pouvait avoir dépose avec les morts dans connaître aux Juifs les oracles écrits du
la tombe, la sacrilége exhumation des os prophète contre Babylone, et il remplit
sements, passait déjà, dans l'antiquité , ainsi à la fois deux missions opposées,
pour une honteuse et barbare profana l'une de dépendance au nom de son roi,
tion, Jér. 8, 1. Baruc 2, 24. Quelque l'autre d'espérance et de liberté au nom
fois on dérobait les cadavres pour les de l'Eternel.
employer à des sortiléges, et l'on a cru 3° Complice d'Ismaël, 2 Rois 25, 23.
voir Es. 65, 4., une allusion à cette cou Jér. 40, 8.
tume; mais il est plus probable qu'il s'a- 4° Fils de Hazriel, chargé d'arrêter Ba
git, dans ce passage, ou de sacrifices su ruc et Jérémie, Jér. 36, 26.
SERAPHINS. Etres mystérieux qui ne
perstitieux offerts sur les tombeaux pour
apaiser les mânes des morts, ou d'une
sont nommés que Es. 6, 2-6. Ils entou
rent l'Eternel et célèbrent ses louanges ;
espèce de nécromancie qu'on pratiquait
ils ont la forme humaine, et six ailes ; de
, la nuit sur les tombeaux.Après l'exil, on
rechercha soigneusement les tombeaux
deux ils couvrent leur face en témoigna
des prophètes et des saints hommes de
ge de respect, de deux ils couvrent leurs
l'ancienne alliance, on rétablit ceux qui
pieds, de deux ils volent. Des nombreu
tombaient en ruines, et on les embellit de
ses hypothèses qui ont été faites pour
divers ornements, Matth. 23, 29., signe
expliquer leur nature, voici les trois plus
de respect que l'antiquité grecque connut
importantes : 1o On déduit le mot de l'hé
aussi, mais qui ne sauva pas les Juifs des
breu saraph, qui signifie brûler : ce se
raient des êtres brillants, et comme de
accusations méritées de Notre Seigneur
et du reproche de persécuter les pro feu (Gesenius); il est bien possible qu'ils
• ' , ' c ' ! ) SER 348 SER

aient été nommés ainsi comme les servi faires publiques, soit dans la vie privée,
teurs de celui qui est un feu consumant, soit en présence des tribunaux, la vérité
Deut. 4,24, Hébr. 12, 29. 2° On compare de ses paroles passées ou présentes, Gen.
le titre arabe de shérif, qui désigne un 24, 37. 50, 5. Ex. 22, 11. Lév. 6, 3. 5.
noble, un chef de tribu, et comme tels Jug. 21, 5. 1 Sam. 19, 6. 20, 17.2 Sam.
les séraphins seraient les puissances des 19, 23. 15, 21. 1 Rois 18, 10. Esd. 10, 5.
cieux. 3° Les serpents brûlants (et vo Matth. 26, 74. Nous voyons confirmés par
lants) du désert, Nomb. 21, 6., ont été serment un traité d'alliance, Gen. 31, 53.
aussi pris comme terme d'analogie et de Jos. 9, 15.2 Rois 11, 4., et une promes
comparaison (Vatke) ; on allègue ensuite se de secours et d'assistance à la vie et
le culte rendu aux serpents dans plusieurs à la mort, 2 Sam. 15, 21. Le serment re
religions orientales, et la divinité égyp posait sur une idée éminemment reli
tienne Sérapis (Hitzig), et l'on en conclut gieuse ; son nom hébreu (une septaine)
que les séraphins étaient des figures qui indique déjà qu'une pensée de perfection
avaient quelque ressemblance avec les dans la vérité présidait à son usage ; c'é-
serpents par leur forme, avec l'homme tait dire sept fois la vérité. Quant à sa va- .
par leur figure, avec les oiseaux par leurs leur juridique et à sa forme, la législa
ailes ; d'autres pensent que c'étaient des tion mosaïque ne nous a donné aucun dé
corps d'homme, avec des têtes de ser tail, et ce fait semble en faire une œuvre
pents. D'autres supposent que les séra de conscience et de bonne foi, échappant
phins ne sont qu'un autre nom des ché aux prescriptions légales. Le plus sou
rubins. D'après Michaélis enfin, ce se vent, on jurait par l'Eternel, Jug. 21, 7.
raient des prêtres célestes offrant l'en Deut. 6, 13. 1 Sam. 24, 7. 2 Sam. 19. 7.
cens sous la forme des chérubins. 1 Rois 1, 29. 2, 23. Es. 19, 18. 65, 6.
SÉRÉBIA, fils de Mahli, lévite, hom Jér. 38, 16., etc.; les Israélites idolâtres
me intelligent, établi à Casiphia pendant juraient par de faux dieux, Jér. 5, 7. 12,
la captivité, se décida, à l'instigation de 16, Amos 8, 14. Soph. 1, 5. On jurait
Iddo, à retourner à Jérusalem avec Es aussi par la vie de la personne à laquelle
dras et sa caravane ; les ustensiles sacrés on s'adressait, 2 Rois 2, 2. 1 Sam. 1, 26.
et les présents qu'Esdras emportait, fu 20, 3.; par la vie du roi, 1 Sam. 17, 55,
rent, pendant le voyage, confiés à ses 25, 26.2 Sam. 11, 11.; plus rarement par
soins et à ceux de ses amis, Hasabia et sa propre vie, Matth. 5, 36.; quelquefois,
Esaïe, Esd. 8, 18. 24. On le retrouve en chez les païens, par un des membres les
core, sous Néhémie, parmi les prêtres plus précieux du corps, par ses yeux,
qui font dans le temple l'explication de la Ovid. Amor.3,3, 13.; par la terre, Matth.
loi et les prières solennelles, Néh. 8, 7. 5, 35.; par le ciel ou le soleil, Matth. 5,
9, 5. 34. Virg. AEn. 12, 176; par les anges, par
SERGE-PAUL, Act. 13, 7., sénateur le temple, ou par quelqu'une de ses par
romain, préteur de l'île de Cypre. Hom ties, Matth. 23, 16.; par Jérusalem enfin,
me intelligent, dégoûté des erreurs du la sainte ville, Matth. 5, 35. cf. encore
paganisme, désireux de connaître la vé l'adjuration de Cant. 2, 7. Quant aux cé
rité, il avait admis auprès de lui Bar-Jésu, rémonies qui accompagnaient la presta
l'enchanteur, espérant que peut-être sa tion du serment, elles étaient simples et
doctrine satisferait les besoins de son peu nombreuses; dans l'époque patriar
âme. L'arrivée de l'apôtre Paul excita de cale, il paraît que l'on plaçait sa main
nouveau sa religieuse curiosité; Serge sous la cuisse de celui à qui l'on prêtait
assista à une entrevue qui eut lieu entre serment, Gen. 24, 2. 47, 29.; plus ordi
l'apôtre et le magicien, et, plein d'admi nairement, on étendait sa main vers le
ration pour la doctrine chrétienne, qu'un ciel, Gen. 14, 22. 23. cf. Deut. 32, 40.
éclatant miracle confirma en sa présence, Ex. 6, 8. Ez. 20, 5. Plus tard, à ce que
il crut et embrassa l'Evangile. dit Maïmonides, mais on ne saurait préci
- SERMENT. Moyen assez ordinaire chez ser à quelle époque remonte cette coutu
les Hébreux d'établir, soit dans les af me, les Juifs jurèrent entouchant les phy
SER 349 SER

lactères. Devant la justice, le serment SERPENT. La Palestine et les contrées


consistait à répondre amen ! à une for qui l'avoisinent, surtout les lieux déserts
mule d'adjuration qui était lue à celui de l'Egypte et de l'Arabie, étaient, dans
qui devait jurer, 1 Rois 22, 16. cf. Nomb. les temps anciens, fort riches en serpents,
5, 19. Matth. 26, 63. Les femmes et les gros et venimeux. Forskal a distingué, en
esclaves n'étaient pas admis à prêter ser Egypte et en Arabie seulement, huit es
ment. Les principes relâchés des phari pèces de couleuvres. Les serpents de Sy
siens, à l'endroit du serment, sont rele rie ont, d'après Russel, la réputation de
vés Matth. 23, 16., et les Juifs paraissent n'être que peu ou point malfaisants.
avoir eu généralement une assez mau Toute cette espèçe d'animaux fut naturel
vaise réputation sous ce rapport, Martial lement classée parmi les viandes dont l'u-
11, 95. 7. D'après Philon, quelques doc sage était interdit aux Israélites, Lév. 11,
teurs luttaient contre cette tendance à ju 10. 41. On compte au moins huit noms
rer toujours, pour peu de chose, et, par hébreux pour désigner différentes sortes
conséquent aussi , sans respect pour le de serpents. Calmet va jusqu'à onze; mais
serment prêté. Philon lui-même désirait il met dans cette catégorie le képhir, qui
la suppression du serment, cf. Matth. 5, signifie jeune lion, Ez. 19, 2.3., le tsa
34., et les esséens l'avaient réellement bouah, c'est-à-dire la hyène, ou des bêtes
supprimé, comme les quakers l'ont fait Sauvages en général, Jér. 12, 9., le tsim
de nos jours.— Le parjure était défendu maôn, un lieu désert et aride, Es. 35, 7.,
au point de vue religieux, puisque c'est et le shachal, qui est encore un lion. Il
sur ce point de vue que reposait le ser convient, du reste, pour ces quatre mots,
ment, Ex. 20, 7. Lév. 19, 12. cf. Matth. que la traduction de sa Vulgate est fort
5, 33. Zach. 8, 17. On ne voit, du reste, loin d'être sûre. Quant à une désignation
que deux espèces de faux serments men bien claire des sept ou huit espèces men
tionnés, l'un relatif au témoignage, l'au tionnées dans la Bible, on ne saurait la
tre à la négation d'un dépôt ou d'une donner, et l'on doit se borner à des pré
trouvaille, Lév. 5, 1. Prov. 6, 2. 29, 24. Somptions, les noms de ces espèces n'é-
Pour les deux cas, un sacrifice expiatoire tant généralement pas accompagnés de
est ordonné, et de plus, pour le dernier détails qui les fassent reconnaître; ce
cas, une restitution supérieure à la va pendant, lorsqu'à ces détails qui mettent
leur reçue ou dérobée. La peine paraît sur la voie, se joint une analogie du nom
légère, parce que les traditions papales dans les langues voisines, l'arabe sur
nous ont habitué à toute autre chose ; tout, la présomption devient vraisembla
mais la législation juive, plus avancée ble, et la possibilité devient probabilité.
que celle du moyen âge qu'on a essayé de 1° Le tsephah ou tsiphehoni, et 2° le
ressusciter sous Charles X , mais sans shephiphon, désignent le céraste ou cou
succès, ne punissait que le délit humain, leuvre cornue, q. v.
et laissait à Dieu le soin de venger son 3° Le péthen, v. Aspic.
nom faussement invoqué. L'ancienne Ro 4" Le kippoz, que le prophète repré
me, la ville païenne, l'avait aussi com Sente comme pondant des œufs et les
pris, Cicer. Legg. 2, 9.; aux dieux seuls couvant, Es. 34, 15. On a cru d'abord
appartenait la peine du faux serment, le que c'était une espèce d'hirondelles; nos
censeur se bornait à noter les parjures. Versions même l'ont traduit par marti
Plus tard, à mesure qu'elle perdait l'es net. On est d'accord maintenant à penser
prit et devenait charnelle, la synagogue qu'il s'agit du serpent que les Grecs nom
introduisit des peines corporelles, le maient àxovruàs (le dard), et les Latins
fouet et l'amende, pour punir ce péché anguis jaculus : il est très commun en
contre Dieu. — Jésus-Christ paraît avoir Arabie et en Afrique; il se jette sur sa
défendu le serment, Matth. 5, 33-37.; du proie avec la rapidité de la flèche. Les
moins, s'il eût voulu le défendre, il n'eût Septante, le caldéen et saint Jérôme, tra
pu se servir d'expressions plus claires et duisent par hérisson.
plus positives. 5° Le haksoub, Ps. 140,3., serpent ve
:
SER 350 SER

nimeux, dont l'espèce ne saurait être dé raélites furent mordus par des scorpions,
terminée de plus près. fort abondants dans cette contrée, où ils
6° Le ephehéh, serpent venimeux, Job Ont même donné leur n0m à la vallée
20, 16. Es. 30.6. 59, 5. On le trouve, en d'Hakrabbim, et que ces scorpions furent
tre autres, en Egypte. D'après Avicenne, nommés brûlants (saraph), à cause de la
le mot arabe correspondant désigne la douleur cuisante que causaient leurs mor
vipère à tête plate, au col étroit, à la sures; mais cette explication est inadmis
queue émoussée , qui fait du bruit en sible , et l'On doit se contenter de l'idée
rampant, et fait entendre un léger siffle générale exprimée par saraph, de ser
ment; c'est le coluber vipera d'Egypte, pents très venimeux.
de Hasselquist, et l'animal nommé dans Le serpent d'airain, que sur l'ordre de
le Nouveau Testament, Matth. 3, 7. 12, Dieu, Moïse dressa à la vue de tout le
34. 23, 33. Luc 3, 7. Act. 28. 3. camp, afin que ceux qui le regarderaient
8° Le nachash, Gen. 3, 1. Ex. 4, 3. 7, fussent guéris, a naturellement fort pré
15.; d'après l'étymologie, ce serait un occupé les interprètes. Les uns ont mis la
serpent qui siffle; d'après le contexte des force curative du remède dans la force
divers passages où il est nommé, ce se d'imagination du malade, aidée de quel
rait un serpent en général, sans désigna ques herbes ou potions administrées con
tion spéciale; il est probable que c'était jointement avec la foi au serpent; d'au
en effet le nom de l'espèce et non celui tres ont pensé que c'était un échantillon,
d'un genre en particulier. Il rappelait ce un m0dèle destiné à faire connaître aux
pendant l'idée de grandeur, et a donné Israélites la forme de l'animal, de maniè
son nom à la constellation du serpent, v. re à ce qu'ils pussent le distinguer et l'é-
Astres. Cf. aussi Es. 27, 1., et ce qui en viter; pour d'autres, le mouvement que
sera dit plus loin. Se donnaient les Israélites mordus dans la
8° Le saraph, ou serpent brûlant, que campagne pour arriver au plus tôt en pré
les lsraélites rencontrèrent dans les dé sence de l'image, était le véritable remè
serts de l'Arabie, Nomb. 21, 6.8. Deut. de; la course faisait transpirer, et le ve
8, 15. Le même saraph est désigné com nin sortait avec la sueur, comme on dit
me un animal qui vole, Es. 14, 29. 30, 6., en ltalie que le mouvement de la danse
mais par le contexte même, on doit re guérit de la tarentule celui que la piqûre
connaître dans ces mots une image poé de cette araignée a affligé de la rage de
tique plutôt qu'une description zoologi la danse. D'autres, beaucoup plus simple
que , car, bien que plusieurs auteurs, les ment encore, prétendent que le serpent
anciens surtout, Hérodote, Elien, et mê d'airain était l'enseigne de l'hôpital gé
me quelques modernes, aient soutenu néral où ceux qui avaient été mordus,
l'existence de serpents volants en Arabie étaient sûrs de trouver tout ce dont ils
et en Egypte, cet animal n'a pas été vu avaient besoin, médecins, médecines, in
de ceux en l'assertion desquels on pour firmiers, etc. On voit que ces explications
rait avoir le plus de confiance; et comme sont tout à fait naturelles et passablement
les plus dignes de foi de ces témoins ajou ridicules. Quelques Juifs en ont donné de
tent expressément que ces serpents ailés plus recherchées, et ils expliquent lavertu
ont des pieds, il est fort à croire qu'ils du serpent d'airain par l'influence des !
auront confondu des serpents avec des constellations sous lesquelles il avait été |
lézards. ll paraît, en effet, que dans cer fondu et travaillé. Mais la vraie vertu du
taines parties du sud de l'Asie, on trouve remède, le vrai sens dans lequel doivent
une espèce de lézards volants, dont les être prises les paroles de Moïse, nous est
pattes parallèles sont unies par une fine indiqué dans le chapitre même; le peuple º
membrane semblable à celle des ailes de
s'était repenti, Moïse avait supplié l'Eter-"
la chauve-souris. Les théologiens ne sont nel, et Dieu, pour guérir des blessures !
pas d'accord sur l'espèce de serpents dé inguérissables, devait intervenir miracu
signée sous le nom de serpents brûlants. leusement; il ne mettait à la guérison de
Le Voyageur Laborde pense que les Is tous qu'une condition, la foi; il guéris
SER 351 SER

sait par sa puissance tous ceux qui, en sous sa peau; il ne paraît pas, quoique
ce fût une opinion répandue chez les
faisantacte de confiance, montraient qu'ils
regrettaient leurs rébellions et leurs mur
Grecs et les Romains, qu'aucun serpent
mures passés. Le serpent d'airain n'étaitmange de la terre , dans sa condamna
qu'une image, un signe visible; mais com tion, Gen. 3, 14. Mich. 7, 17. cf. Es. 65,
me ila plu à Dieu, même sous la nouvelle 25., il n'est pas dit qu'il mangera volon
alliance, de rattacher à des signes visibles tiers de la terre; on peut entendre, au
des grâces réelles, de même, la contem contraire, que la privation de ses pieds,
plation de ce signe, acte d'obéissance et le forçant de ramper, l'obligera souvent
de foi, procurait aux malades croyants la à avaler de la poussière malgré lui; il y a
guérison de leurs corps. Le signe n'était cependant aussi une terre grasse et argi
rien en lui-même, et les Juifs, en s'en leuse que certaines espèces de serpents
faisant une relique, v. Néhustan, se sont aiment à manger.
montrés infidèles à leur foi; Ezéchias a 2° La ruse et la prudence du serpent
brisé la relique, Rome l'a raccommodée. sont indiquées dans l'Ecriture comme des
Saint Jean, 3, 14. 15., nous apprend, qualités qui le distinguent de tous les au
quant à ce détail de l'histoire juive, ce que tres animaux, Gen. 3, 1. Matth. 10, 16.,
saint Paul nous dit de l'histoire juive tout et l'ancien Orient a développé cette mê
entière, 1 Cor. 10, 11. Hébr. 3, 4., que le me idée sous toutes les formes; il n'est
serpent d'airain était un type de Jésus sorte de fables qu'on n'ait inventées : le
Christ. Le venin est le symbole du péché serpent a l'art de se rajeunir ; quand il
qui donne la mort; les serpents brûlants boit, il jette sa première gorgée de peur
rappellent le serpent ancien qui est Sa de s'empoisonner; il se bouche les oreilles
tan, et Jésus, comme le serpent d'airain, pour ne pas entendre la voix de l'enchan
de même forme et non de même nature, teur, cf. Ps. 58, 4.5., etc. Dans ce der
a dû être élevé, crucifié pour être vu de nier passage, le psalmiste fait allusion aux
tous, et guérir tous ceux qui auraient con préjugés reçus, sans entendre ni les par
fiance en lui ; v. Moïse dévoilé, et le ser tager, ni les confirmer. — La docilité du
mon de Gaussen sur ce sujet. serpent entre les mains des enchanteurs
Ajoutons encore ici quelques observa de l'Orient, aura aussi contribué à lui
tions détachées. -

donner cette merveilleuse réputation de


1° Satan est appelé le serpent ancien, prudence et d'habileté.
le dragon, Apoc. 20, 2., parcequ'il prit la 3° Le serpent a été autrefois l'un des
forme d'un serpent pour séduire nos pre principaux objets du culte et des su
miers parents. La condamnation qui frap perstitions païennes; les Egyptiens l'em
pa l'animal est-elle juste ? Quelle est-elle ? ployaient dans tous leurs symboles, dans
Le serpent avait-il des pieds avant cette la coiffure d'Osiris, autour de son scep
époque P Le serpent se nourrit-il réelle tre, dans leurs représentations de l'Etre
ment de terre, etc. P Bien des questions suprême, etc. De même, chez les Grecs
curieuses ont été faites, et il n'est pas et les Romains, Anchise, devenu dieu, en
nécessaire d'y répondre. Quant à la jus voie un serpent goùter aux oblations mor
tice de la condamnation, l'on ne discute tuaires que lui offre son fils, le pieux
pas avec Dieu ; pourtant on peut dire que Enée ; et deux serpents annoncent la
la complicité la plus indirecte établit déjà ruine de Troie, puis se retirent sous le
parmi les hommes une solidarité, et que bouclier de Minerve après la mort de Lao
Satan choisit le serpent, parce qu'il était coon. Esculape, le dieu de la médecine,
le plus rusé des animaux; être distin était représenté sous la forme d'un ser
gué par le diable, c'est une condamna pent ; et le caducée, emblème de la paix,
tion, comme être reconnu de Dieu c'est était un bâton, ou une croix, autour de
une grâce. Quant à la nature de la peine, laquelle deux serpents entrelaçaient leurs
il est probable que le serpent avait avant corps annelés. On a voulu faire interve
cette époque ses quatre pieds, dont On nir la fable du dieu de la médecine dans
peut encore reconnaître les rudiments l'explication des motifs qui dictèrent à
SER 352 SER

Moïse le symbole destiné à guérir les Is


pas tOujOurs été bien saisie : l'hébreu ba
raélites mordus par les serpents du dé riach signifie selon les uns s'enfuir, s'é-
sert. Trop de gens sont encore tentés tendre, et on a traduit serpent fugitif, ou
d'expliquer la Bible par la mythologie droit , ou encore traversant : selon d'au
plutôt que par la Bible elle-même. tres il se rapporte au mot verrou qui mar
4° La secte des ophites, ou serpenti que en général la raideur et l'inflexibilité,
niens, qui parut vers l'an 150 après et il renfermerait une allusion aux mou
Christ, adoraient Christ dans le serpent vements gênés et raides du crocodile.
qui avait le premier affranchi l'humanité. SERUG. v. Sarug.
Le Dzaldaba0th avait créé l'homme pour SESAI, fils de Hanak, q. v.
l'aider dans sa lutte contre les puissances SÉSAK, Jér. 25, 26.; v. Babylone.
supérieures; mais il ne voulut pas que SESAN. v. Jarhah.
l'homme s'émancipât, il vOulait le main SESBATSAR. v. Zorobabel.
tenir sous tutelle et lui avait interdit le SETH, Gen. 4, 25. 5, 3.6. 7., etc. 1
fruit de l'arbre de la science : l'âme du Chr. 1, 1. Luc 3, 38. Troisième fils d'A-
monde, Christ, se servit du serpent pour dam, il compte parmi les ancêtres de Jé
pousser l'homme à secouer le joug d'un sus, et parmi les nôtres, puisque Noé qui
créateur indigne, et le Dzaldabaoth irri était de sa race, échappa seul au déluge.
té renferma l'homme dans une écorce Il fut père d'Enos, et vécut neuf cent
terrestre qui devait, en gênant ses mou douze ans. Ses descendants sont comptés
vements, lui ravir les dons précieux de comme une famille élue qui conserve la
l'esprit. Le Christ céleste, ne voulant pas connaissance et le service du vrai Dieu :
laisser incomplète son œuvre d'affran ils eurent avec Adam cette ressemblance
chissement, redescend sur la terre, et se en bien, 5, 3., comme la famille de Caïn
sert pour son incarnation de l'homme Jé représenta les péchés de ses premiers pa
sus. Cette secte avait donc entrepris l'œu rents. Quelques-uns des descendants de
vre immense d'unir Christ et Bélial, et le Seth se détournèrent cependant de la foi
démon, qui avait séduit nos premiers pa pour suivre les voies des voluptés char
rents, a réussi à faire diviniser, comme nelles, 6, 2., v. Géants. Un grand nom
un trophée de sa victoire, l'animal maudit bre de fables rayonnent autour de l'anti
sous la forme duquel il a triomphé des que figure de ce patriarche; on lui a at
hommes et de Dieu pour un temps, tribué des révélations, une ascension au
5° Le passage Es. 27, 1. est traduit ciel, des visions, des prophéties, plusieurs
d'une manière peu claire et peu littérale écrits, entre autres un sur l'astronomie,
dans nos versions, qui ont ajouté les mots un autre encore dans lequel il serait parlé
dis-je pour donner de la clarté au sens, de l'étoile qui apparut aux mages de
et n'ont fait que l'obscurcir. L'Eternel, y l'Orient, etc. La tradition la moins invrai
est-il dit, punira de sa forte épée trois semblale, quoiqu'elle le soit encore un
nations qui, selon l'usage prophétique, peu, est celle que rapporte Josèphe, de
sont représentées par autant d'animaux, deux colonnes, l'une de briques, l'autre
le léviathan, serpent traversant (le croco de pierres, sur lesquelles auraient été
dile qui désigne l'Egypte). le léviathan, consignées certaines observations astro
serpent tortu (le serpent en général, qui nomiques et peut-être aussi quelques lois
paraît désigner l'Assyrie ou la Babylonie), morales. : 1

et il tuera la baleine qui est dans la merLa secte des séthiens qui parut au,
(ou à l'Occident, car le même mot dési deuxième siècle , prétendait que deux,
gne les deux choses; ce serait l'empire couples primitifs avaient été créés, l'un
d'Occident, la Rome païenne, et la Rome par les anges de ténèbres, Caïn en des
papale). Le mot léviathan est pris ici dans cendait, l'autre par le démiurge ; ce der
son sens le plus général, puis il est dé nier couple fut vaincu en la personne
terminé deux fois par le mot serpent avec d'Abel : la sagesse aurait alors créé, pour
deux épithètes dont la seconde est facile à le remplacer, Seth, qui serait le père des
comprendre, mais dont la première n'a spirituels, par 0pp0sition aux charnels ;
S[C 353 S[C " , , **

mais la lutte aurait continué entre ces avec sesnombreux jardins qu'arrosent des
deux races, et Seth, pour assurer le triom sources abondantes, apparaît au voyageur
phe de sa postérité, aurait cru devoir pa comme une épaisse forêt d'arbres frui
raître de nouveau dans la persOnne du tiers : elle s'ouvre tout près de la ville,
Messie. — La secte opposée avait pour sur la campagne de Jacob, qui forme une
héros Caïn dans l'Ancien Testament, et plaine agréable et fertile, arrosée par un
Judas Iscariot dans le Nouveau. Telles ruisseau limpide, et entourée de toutes
sont les ruses de l'enfer que des hommes parts de collines verdoyantes. C'est là
tordent les Ecritures à leur propre per probablement la plaine où Abraham ha
dition. bitait dans le bois de Moré, où Jacob fut
SETHARBOZNAI, v. Tattenaï. troublé en voyant ses fils attaquer et pil
SEVA, fils de Sahaph, continua ses tra ler Sichem, où il fut affligé à cause de
vaux, et fut nommé père ou prince de l'idolâtrie de sa famille, Gen. 34, et 35.
Macbéna et de Guibba, en Juda, Jos. 15, Le champ qu'il y avait acheté resta sa
57. 1 Chr. 2, 49. propriété, 33, 18-20.; ses fils y paissaient
SIBBOLETH, v. Schibboleth. leurs troupeaux, 37, 12. 13. Plus tard, il
SIBBECAI de Husa, l'un des chevaliers le reconquit sur les Amorrhéens avec
de l'ordre de Jasobham, chef lui-même de l'arc et l'épée, et, près de mourir, en
24,000 hommes, n'est connu que par sa Egypte, il le donna, plein de foi, à son
victoire sur Saph ou Sippaï, géant philis fils Joseph, en demandant d'y être ense
tin, 2 Sam. 21, 18. 1 Chr. 11, 29. 20, 4. veli, 48, 21. 22. La dépouille de Joseph
27, 11. y rejoignit plus tard celle de ses pères,
SIBHA, Gen. 26, 33., puits que les ser Jos. 24, 32. cf. Gen. 50, 25. Sous Josué,
viteurs d'Isaac creusèrent, et qu'ils ap Sichem entendit les bénédictions et les
pelèrent sept ou serment, shibeah. La malédictions solennellement prononcées
ville porta le nom de Béersébah, ou puits du haut des monts, Deut. 27, 12.; puis
du serment, q. v. elle fut déclarée ville de refuge et ville
SIBMA, ville de Ruben, située au-delà lévitique, Jos. 20, 7. 21, 21., et servit,
du Jourdain, Nomb. 32, 38. Jos. 13, 19. pendant sa vie, de centre aux douze tri
On y cultivait la vigne, Es. 16, 8.Après la bus, 24, 1. 25. Pendant la période des
destruction du royaume d'Israël, les Moa juges, elle fut quelque temps la résidence
bites s'en emparèrent et l'habitèrent, Jér. de la royauté improvisée par Abimélec,
48, 32. D'après saint Jérôme, elle n'au qui, après avoir perdu sa couronne, dé
rait guère été éloignée d'Hesbon que de truisit la ville qui lui avait donné une as
cinq cents pas. sistance passagère, Jug. 9; ainsi, la mé
SIBRAJIM, ville qui n'est nommée que chanceté des hommes de Sichem, Dieu la
Ez. 47, 16., entre Damas et Hamath, et fit retourner sur leurs têtes. Du reste,
dont on ne trouve d'ailleurs aucune trace ; elle ne tarda pas à être rebâtie, cf. Ps.
la version syriaque l'a confondue avec 60, 6. Roboam y convoqua cette assem
Sépharvajim. blée populaire qui fut si fatalement déci
SICIlEM. 1° Fils d'Hémor, enleva Di sive pour le royaume, 1 Rois 12, 1., et la
na, fille de Jacob, la fit ensuite demander scission s'étant opérée, Sichem passaavec
en mariage à son père, et périt victime sa tribu à Jéroboam, qui en fit longtemps
de la violence et de la perfidie de Siméon sa résidence royale, 1 Rois 12,25. 14, 17.
et"de Lévi, Gen. 34, cf. Act. 7, 16. La Elle échappa aux désolations de l'exil,
ville de Sichem existait probablement dé Jér. 41, 5., et fut, après le retour, le
jà, et l'on suppose que les noms d'Hé centre principal du culte samaritain , cf.
môr et de Sichem s'étaient conservés dans Jean 4, 20. Jean Hyrcan la conquit, et en
cette famille. détruisit le temple situé sur le mont Gué
2° Sichem, hébreu Shekem, ville d'E- rizim. Depuis les temps apostoliques, le
phraïm, située entre l'Hébal et le Guéri nom de Sichem est remplacé par celui de
zim, dans une étroite vallée, au milieu Naplouse ou Néapolis, et l'on trouve sur
d'une belle et fertile contrée. La vallée, des médailles ce dernier nom, et le nom
23
SIC .354 SIC

plus complet de Flavia Néapolis, qui lui SICLE. Le sicle a été, dès les plus an
fiit donné en l'honneur de Flavius Vespa ciens temps, l'unité de poids des Hébreux,
sien, qui la rétablit après qu'elle eut été comme chez nous la livre d'abord, puis,
presque détruite pendant la guerre des aujourd'hui, le gramme. C'est au poids
Juifs. Elle ne paraît pas, du reste, avoir qu'ils mesurèrent longtemps la valeur des
été reconstruite à la même place, ou du objets, des marchandises, du blé, des
moins elle n'occupe plus tout l'espace épices, mais surtout des métaux, de l'or,
qu'elle occupait anciennement; Josèphe de l'argent et du fer, Gen. 24, 22. Ex.
même donne à la nouvelle ville le nom de 38, 24, Nomb. 31, 52. Jos. 7, 21. Jug. 8,
Mabortha, et Pline celui de Mamortha, 26. 2 Sam. 14, 26. Ez. 4, 10. Ce poids dé
qu'on essaie de rattacher au nom du val terminé, et qui variait peu, ce poids or
Moré, qui était près de là. Elle était si dinairement d'argent, ne tarda pas à ac
tuée à 12 milles nord de Silo, à 28 milles quérir une valeur courante, et il finit par
de Béthel, à 390 stades de Jérusalem. devenir également une unité monétaire,
Mieux protégée par sa situation contre avant même que la monnaie existât, et le
les attaques imprévues des Arabes que même mot servit à désigner deux unités
beaucoup d'autres villes de la I'alestine, différentes, comme chez nous aussi la
Sichem , aujourd'hui Nablus, a conservé livre a longtemps servi d'unité de poids
jusqu'à nos jours une assez grande im et de valeur tout à la fois ; le mot pound
portance; entourée de toutes parts d'ar en anglais, et quelquefois pfund en alle
bres fruitiers, au-dessus desquels bril mand, réunissent encore les deux signi
lent ses dômes et ses minarets , elle fait fications. On ne pesa plus seulement, on
un commerce assez actif; on y trouve en compta en sicles. Les prestations des Is
core une soixantaine de Samaritains, qui raélites pour le sanctuaire, les amendes,
vivent tranquilles et sans bruit. D'après les dédommagements, les estimations sa
Keith (les Juifs d'Eur., etc., p. 205), leur cerdotales, les impôts civils, les mar
nombre s'élèverait à 150. chandises, tout fut évalué en sicles, Ex.
| On a beaucoup discuté sur le nom de 30, 13. Lév. 5, 15. 27, 3. Nomb. 18, 16.
Sichar, Ou Sychar, que Jean, 4, 5., donne Néh. 5, 15.2 Sam. 24, 24.2 Rois 7, 1..
à cette ville. Les uns pensent que ce sont etc. Toutefois, même avec la valeur re
les Samaritains eux-mêmes qui ont occa connue du sicle, on continua de péser,
sionné ce changement de lettre en substi comme on pèse encore quelquefois cer
tuant l'r à l'm, comme on cite d'autres taines monnaies d'or, Gen. 23, 16. Jér.
changements analogues entre les lettres 32, 9., quoiqu'il paraisse que , pour le
liquides, Béliar pour Bélial, Nébucadret commerce de détail, de petites pièces
sar, Jér. 46, 13., etc. D'autres pensent d'argent de la valeur d'un sicle, et ses
que ce sont les Juifs qui ont changé le fractions, peut-être frappées, aient été
nom de Sichem en Sychar, soit pour rap mises en circulation. Outre le sicle vul
- peler l'hébreu sheker, qui signifie men gaire, on comptait encore le sicle du
teur, ville idolâtre, apostate, soit en sou sanctuaire, d'après lequel étaient perçus
venir de Es. 28, 1., où les habitants d'E- les impôts ecclésiastiques, Ex. 30, 13.
phraïm sont appelés des ivrognes (hébr. Lév. 5, 15., etc., et, sous David, le sicle
shikkor); les Juifs se seraient ainsi ven royal, 2 Sam. 14, 26., qui servait †
gés des Samaritains, qui donnaient à Jé sure pour la perception des impôts ci
rusalem la sainte (mik'dash) le nom de vils. On suppose que ces deux derniers
Mik'thash, ville de percussion, de meur ne faisaient qu'un seul et même † et
triers (Lightfoot, Reland, etc.). Heng qu'ils ne se distinguaient du sicle ordi
stenberg pense que c'est Jean lui-même naire que par un peu plus de pesauteur,
qui , en passant, aura cru devoir pro et par conséquent de valeur; ils étaient
tester par ce nomironique contre l'ensem la mesure officielle, normale, qui est tou
ble trompeur du culte samaritain ; c'est jours un peu plus élevée que la valeur
peu probable. courante. v. Mesures, et Poids. Ce serait
v. encore Jacob, Samarie, etc. se donner une peine inutile que d'es
SID 35
5 , sID
sayer de déterminer plus exactement la Phéniciens, fondée par Sidon, le fils aîné
valeur relative des différents sicles, com de Canaan, Gen. 10, 15. Son nom, qui
me aussi de traduire en valeurs moder signifie la pêche, ou la pêcheuse, se rat
nes la valeur exacte de l'ancien sicle. tachait sans doute à l'abondance de pois
Calmet l'évalue à 32 sous 1l2 de notre sons (sid, sidôn) que l'on trouve dans ses
monnaie;Winer, Eisenmenger, à 7 gros; eaux jusqu'à nos jours. Située au bord de
De Wette à 8 gros; dans le système phi la Méditerranée, dans une plaine étroite,
létérien (v. Concord. de Mackenzie), le à 3 lieues nord de Tyr, à 12 de Béryte
poids du sicle serait de grammes 11,667. (Baïruth), à 22 de Damas, avec un bon
On ne peut décider non plus si le sicle port naturel, elle ne tarda pas à mériter le
d'or avait la même valeur ou le mème premier rang parmi les villes de la Phé
poids que le sicle d'argent; dans le pre nicie, et fonda des colonies au près et au
mier cas, il aurait été plus petit , dans le loin. Le nom de Sidon la grande lui est
second, il aurait valu davantage. La der déjà donné Jos. 11, 8. 19, 28. On croit
nière supposition paraît plus vraisembla même que Tyr, qui effaça bientôt la gloire
ble, d'autant plus que le sicle d'or n'est de sa rivale, était primitivement une co
employé que comme mesure de pesan lonie Sidonienne. Lors de la conquête de
teur, et l'on peut parfaitement compren Canaan elle échut en partage à la tribu
dre une cuillère d'or pesant 10 sicles, d'Aser, et dut servir de limite septen
Nomb. 7, 14., et une couronne d'or en trionale à la terre promise, Jos. 19, 28.;
pesant 3,000 , 2 Sam. 12, 30., sans ad mais cette tribu ne sut ni la conquérir,
mettre un sicle plus petit. - Le mot si ni la conserver, Jug. 1, 31.3, 3., et l'on
cle est souvent omis, précisément parce serait plutôt en droit de conclure, de 10,
qu'il était l'unité courante, comme on 12., que les Sidoniens opprimèrent pen
omet en français le mot francs quand on dant un temps les habitants de cette tri
dit : cet homme possède plusieurs mil bu, ou du moins, qu'ils eurent le dessus
lions dans une rencontre. Ce passage est d'ail
· Après l'exil, le prince Simon ayant ob leurs le seul qui nous montre cette pai
tenu de la Syrie le droit de battre mon sible cité en lutte avec le royaume d'Is
naie, l'an 173 ou 174 de l'ère des Séleu raël. Les habitants de Sidon avaient un
cides, donna aux Juifs leur première mon commerce fort étendu par terre et par
naie proprement dite, 1 Macc. 15, 6., et mer, comme en général les Phéniciens,
fit frapper des sicles, des demi-sicles, et q. v., Es. 23, 2. Ez. 27, 8. cf. Diod. Sic,
des quarts de sicles en argent, Matth. 26, 16, 41. 45. Leurs fabriques de verre,
15, 27, 3.; on trouve encore plusieurs de leurs manufactures en tous genres, en
ces pièces dans nos cabinets de numis lin, étoffes précieuses, objets d'art, etc.,
matique. Les légendes sont écrites en étaient renommées dans l'antiquité païen
hébreu avec les vieux caractères Samari ne, v. Iliade 6, 289. 23, 743.AEn. 4, 75.
tains, et portent la valeur de la pièce, Leurs architectes étaient fort recherchés,
l'année de l'émission, parfois le nom du 1 Rois 5, 6. 1 Chr. 22, 4. Esd. 3, 7., v.
prince, et pour empreinte tantôt une Temple.- Aux jours de David, cette peu
coupe, tantôt une palme, ou l'urne où la plade industrieuse paraît être sous la dé
manne était renfermée. Les successeurs pendance de Tyr (1015 av. C.), mais elle
de Simon et les Hérodes firent faire tou secoue le joug de sa rivale lors de l'inva
tes les inscriptions en grec. sion de Salmanéser, et elle se soumet au
, Quant à Ez. 45, 12., v. Mine. -
vainqueur : il paraît cependant qu'elle
SIDDIM, charmante vallée du sud-est conserva ses rois nationaux sous la do
de la Palestine, qui faisait autrefois la mination des Syriens, comme plus tard
gloire et les délices de ses habitants, et sous celle des Caldéens et des Perses,
que Dieu détruisit en la recouvrant des Jér. 25, 22. 27, 3. Sous cette dernière,
lourdes eaux de la mer Morte. Gen. 14, sa marine paraît avoir pris un développe
et 19. , ment considérable. Elle s'émancipe sous
- SlDON, ancienne et célèbre ville des Artaxercès Ochus, qui la reprend malgré
SID 3 56 SIL

une opiniâtre résistance, et la détruit. est dit des marchands de Sidon, Es. 23,
Ses habitants la relèvent de ses ruines ; 2., des dieux de Sidon, 1 Rois 11, 5.33.
après la bataille d'Issus, les Sidoniens se 16, 31. 2 Rois 23, 13., des femmes de
placent sous le protectorat, c'est-à-dire Sidon, 1 Rois 11, 1. de la langue sido
sous la dépendance d'Alexandre, qui dé nienne, Deut. 3, 9. Quant au nom de roi
poseStraton, offre inutilement la couronne de Sidon qui est donné à Ethbahal roi de
à deux jeunes frères, et la place enfin Tyr, 1 Rois 16, 31., il s'explique par le
sur la tête d'Abdolonyme, qu'il retire de fait que ces deux villes n'étaient régies
son obscurité, pauvre, et vivant du tra que par un seul et même roi. Les poètes
vail de ses mains : en récompense de ses grecs employaient de même dans son
vertus il augmente même ses états d'une sens le plus absolu l'épithète et le nom
partie des dépouilles des Perses. Ce petit de sidonien. — v. encore les articles Tyr
royaume partage néanmoins les vicissi et Phénicie.
tudes de la Syrie, et finit par tomber avec SIHON, roi des Amorrhéens, refusa à
elle sous la domination romaine. - Il Moïse le passage sur son territoire, mais
n'en est parlé qu'incidemment dans l'E- fut complétement défait, et vit sa capitale
vangile, et toujours conjointement avec réduite en cendres, Nomb. 21, 21. 32, 33.
Tyr, Matth. 11, 21. Marc. 3, 8. Luc 4, Deut. 1, 4., etc. Cette victoire célébrée
26, etc. Dans les Actes 12, 20. 27, 3., par un chant de triomphe, est rappelée
nous voyons la communauté d'intérêt des en plusieurs passages des Ecritures et
Tyriens et des Sidoniens, menacés par plus souvent que son importance appa
Hérode, et une visite de Paul aux chré rente ne semblerait le comporter, ce qui
tiens de Sidon, ce qui montre que l'Evan tient sans doute à ce qu'elle est un des
gile y avait pénétré.— C'était encore une premiers exploits du peuple devenu libre,
ville importante du temps de Méla. Au Jos. 2, 10. 9, 10. 12, 2. 13, 10.1 Rois 4,
jourd'hui Saïda ou Seyde, peuplée de 8000 19. Ps. 135, 11. 136, 19. Néh. 9, 22. Le
habitants, appartient au pachalik turc nom de Sihon est toujours joint à celui !
d'Acre ; elle n'est pas tout à fait sans im de Hog son contemporain, sauf Jug. 11,
portance pour le commerce, bien que son 19. -

port, recouvert de sable, n'offre plus de SIH0R. 1° Le fleuve ainsi nommé ES.
grande garantie aux vaisseaux : du côté 23, 3. Jér. 2, 18., est, de l'accord de tous !
de l'est ses fortifications subsistent en les interprètes, le Nil, de même que 1
core ; deux mosquées aux minarets élan Chr. 13, 5. et Jos. 13, 3., où sont indi
cés, sont les seuls édifices qui dominent quées non les limites historiques de la Pa
ses autres constructions; un pont de neuf lestine, cf. Nomb. 34, 5., mais les limites
arches, souvenir des croisades, unit la qui lui avaient été promises, Gen. 15, 18.
ville à la forteresse, bâtie sur un rocher L'hébreu sichor signifie noir (trouble) et
dans le port : derrière la ville, jusqu'au se rapporte au limon noirâtre (nigra are
pied des montagnes, il y a des jardins ma na, Virg.) que le Nil en se retirant laisse
gnifiques et très productifs, arrosés par déposé sur ses bords ; les Grecs appe
une rivière considérable qui descend du laient ce fleuve Mélas, le Noir, et d'après
Liban et se jette dans la mer. L'ancienne Bohlen le mot Nil aurait en sanscrit la
magnificence de Sidon a disparu, confor même signification, celle de noir ou de
mément aux prophéties, Ez, 28, 21.23., bleu foncé. —2° Sihor, Jos. 19, 26., v. !
et ses marchands ont cessé de sillonner Libnah. •
les mers, Es. 23, 4. SIKRON (ivresse), Jos. 15, 11., ville !
Le nom de Sidon a continué de dési frontière septentrionale de la tribu de*
gner la Phénicie tout entière, dont cette Juda. |
ville fut si longtemps le plus glorieux re SILAS(hébr. trois), Act. 15, 22.sq.,ap- '
présentant sous le rapport des arts et du pelé Silvain dans les épîtres de Paul, fut le
commerce, même après qu'elle eut perdu compagnon des voyages de l'apôtre de-'
sa prépondérance et sa richesse : et c'est puis le concile de Jérusalem. Citoyen ro-'
dans ce sens qu'on doit entendre ce qui main comme lui, et exerçant le ministère .
S[L 357 SIL

prophétique dans l'église de Jérusalem, ser en mettant le pied sur la terre pro
il le suivit dans son second vovage mis mise. Gesenius entend que Juda ayant la
sionnaire en Asie Mineure , passa avec prééminence sur les autres tribus , fera
lui en Macédoine, partagea sa prison à respecter son droit d'aînesse, et n'abais
Philippes, resta quelque temps seul à Bé sera son sceptre qu'après avoir obtenu
rée, et ne rejoignit Paul qu'à Corinthe, d'une manière générale la paix et le re
où il se distingua par son zèle évangéli pos. Dans ce sens , et quoique ce ne
que, Act. 15, 18, 1 Thess. 1, 1.2 Thess. soit pas l'intention de Gesenius, les pa
1, 1. 2 Cor. 1, 19. C'est probablement le roles de Jacob sont encore une prophétie
même dont il est parlé 1 Pier. 5, 12. La messianique.
tradition grecque le fait évêque de Co 3° Tuch traduit librement : Le sceptre
rinthe sous le nom de Silas, et de Thes restera entre les mains de Juda jusqu'à ce
salonique sous celui de Silvain. que la conquête de Canaan soit achevée
SILO ou plutôt Shilóh, Gen. 49, 10., et que le sanctuaire national soit élevé à
mot difficile, et sur la signification duquel Silo ; littéralement, jusqu'à ce qu'on soit
les interprètes ont beaucoup varié (v. venu à Silo. Shilôh n'est donc pour lui
Grandpierre, Essais, etc.). Voici les prin qu'un nom géographique. Mais le motif
cipales explications qu'on en a données. allégué ci-dessus contre la simple allu
Le sceptre, est-il dit, ne se départira pas sion à Silo, reste le même quand l'allu
de Juda, jusqu'à ce que le Shilôh vienne, sion se change en affirmation directe; Ju
et que les peuples lui obéissent. da n'a pas eu la conduite du peuple jus
1° Quelques commentateurs, les plus qu'à ce moment; ni Moïse, ni Aaron, ni
anciens, lisent shélôh, qui d'après un cal Josué n'appartenaient à cette tribu. D'ail
daïsme signifie à qui il (c'est-à-dire ap leurs, comme le fait remarquer Hengs
partient); ils traduisent en conséquence : tenberg, Silo ne nous apparaît, Jos 16, 6.
Le sceptre ne se départira point de Juda 18, 1., que comme un lieu de campement
jusqu'à ce que vienne celui à qui il (ap et non comme une ville ; ce n'est que peu
partient) : selon les uns le Messie, ce se à peu que Silo grandit et paraît dans
rait alors une prophétie messianique, et l'histoire; aux jours de Jacob, il n'était
le Messie appartenant à la tribu de Juda, rien encore, et rien ne pouvait faire pré
la phrase reviendrait à dire que le sceptre sager au patriarche que l'arrivée de ses
ne sortira jamais de cette tribu ; selon descendants en cet endroit serait pour
les autres, Salomon, et alors la promesse eux une époque décisive. On peut même
ne s'étendrait que jusqu'à ce monarque, se demander avec Hofmann, si en effet
le sceptre ayant été brisé sous son suc Silo a jamais été pour Israël, et pour Ju
cesseur. - Cette explication, sous cette da en particulier, une époque décisive,
forme du moins, est presque générale quand et comment ?
ment abandonnée. 4° En laissant à Silo le sens de repos,
2° Shilôh signifierait dans ce passage, Hengstenberg, Haevernick et Schrœder,
le seul où il aurait ce sens, repos. C'est qui varient pour les détails, s'accordent à
ainsi que l'entendent Herder, Gesenius, lui donner une signification appellative et
Hofman, etc., mais avec des nuances dans personnelle; « jusqu'à ce que vienne le
leurs interprétations. Le bàton de con repos, c'est-à-dire, celui qui donnera le
ducteur en chef ne quittera jamais Juda, repos, le pacificateur, le prince de paix. »
le bâton de héros le suivra dans tous L'abstrait est employé pour le concret, ce
ses voyages (ses pieds), jusqu'à ce qu'il qui est parfaitement autorisé par le génie
soit arrivé au lieu de repos, etc. (Herder); de la langue hébraïque. On peut rappro
ce dernier mot, le même que Silo, paraît cher de ce passage, Ez. 21, 32., où des
une allusion à l'arrivée des Israélites en calamités sont annoncées jusqu'à ce que
Canaan, à Silo, mais On peut objecter avec vienne celui à qui appartient le gouver
raison que jusqu'à cette époque Juda n'a nement (le droit), c'est-à-dire, le Messie
pas eu le bàton de commandement, et à qui appartient le droit de juger sur la
qu'il n'eût pu par conséquent le dépo terre, le véritable réparateur et dispen
SIL 3 58 SIL

sateur de la justice dans le monde, Es. 9, l'endroit le plus favorable pour les con
6.42,1.Jér.23, 5. Ps. 72, 11. Les idées de vocations du peuple, et en fit pendant trois
droit et de repos sont corélatives ; celui siècles, depuis Josué jusqu'à Héli et Sa
qui amène l'un, amène l'autre, et l'on est muel, le siége du tabernacle, Jos. 18, M.
d'autant plus fondé à croire qu'Ezéchiel a 9. 19, 51. 21, 2. 22, 9.12.1 Sam. 1, 3.,
en vue le passage de la Genèse, qu'il fait etc. 2, 14. 3, 21. 4, 3. 14, 3. cf. Ps. 78,
de fréquentes allusions à la prophétie de 60. Jér. 7, 12. Silo apparaît encore aux
Jacob sur Juda, 19, 2.10. 21, 15. Cette jours de Jéroboam comme ville d'Israël,
analogie nous montre en outre comment 1 Rois 11, 29. 14, 2.4., mais paraît avoir
Ezéchiel expliquait le Silo ; non-seule souffert lors de la destruction de ce royau
ment il nous donne la plus ancienne ex me, Jér. 7, 12. 14. 26, 6.9. Elle subsis
plication de ce mot dans le sens messia tait cependant encore pendant l'exil, Jér.
nique, mais encore il nous y fait voir l'i- 41, 5. Saint Jérôme y trouva les restes
dée d'un Messie personnelle, et l'idée ab d'un autel, et de nos jours encore Schu
straite de repos exprimée par Jacob est bert croit en avoir vu les ruines.
traduite par Ezéchiel en l'idée person SILOE (envoyé), village, réservoir, et
nelle d'un individu ayant des droits et SOurce célèbre des environs de Jérusa
exerçant le gouvernement. Le sceptreres lem, Jean9, 7. Le village est situé à droite
tera dans la tribu de Juda jusqu'à ce que quand on remonte la vallée de Josaphat,
soit venu le (prince du) repos, issu de et il est comme suspendu sur le sommet
Juda, mais élevé au-dessus de toute tri escarpé du mont du Scandale, sur lequel
bu et de tout peuple; alors ce ne sera Salomon avait bâti un temple à ses dieux
plus à Juda, mais à son enfant comme étrangers. La source, appelée aussi fon
souche d'un nouveau pouvoir, que sera taine de la Vierge, jaillit au fond d'une
due l'obéissance des peuples. Il n'y a rien vaste caverne taillée en partie par la main
d'étonnant à ce qu'au moment de mou des hommes dans les flancs rocailleux du
rir, le patriarche ait jeté un regard pro mont Morija, dans la vallée de Josaphat;
phétique sur l'avenir, et qu'il ait entrevu deux rampes de degrés, aussi unis et
l'objet des promesses faites à ses pères. aussi blancs que du marbre, conduisent à
ll serait surprenant, au contraire, qu'un la source, dont les eaux qui coulent dou
fait aussi important que celui de la venue cement, Es. 8, 6., se réunissent par une
d'un réparateur, eût été omis au milieu pente presque imperceptible dans un ca
des autres événements que Jacob entre nal souterrain qui, après avoir traversé
voit. Abraham, en léguant à Isaac, Isaac à toute la colline, reparaît dans la vallée
Jacob, le droit de primogéniture, avaient des Tyropéens, et dépose ses eaux dans
tracé la ligne de leur postérité dans la le réservoir du même nom. Ce réservoir
quelle le Christapparaîtrait; Jacob fait de a la forme d'un parallélogramme, les murs
même, il désigne Juda comme le premier en sont de pierres de taille; après avoir
né de droit, c'est à Juda qu'appartiendra grimpé un moment dans une grotte tail
l'autorité jusqu'au moment où la nation, lée dans le roc, on descend quelques de
cessant d'exister comme théocratique, grés pour arriver à l'endroit où l'eau se
verra son sceptre devenir un pouvoir spi jette dans le réservoir; elle y arrive, non
rituel et passer entre les mains de celui point en se versant par-dessus l'ouver
qui donne la paix en faisant régner le ture de la grotte, mais en filtrant secrè
droit. La paix, qui est le triomphe du tement par dessous : une grande ahon
Messie, est aussi le triomphe de l'humani dance de fleurs sauvages croissent sur
té; le monde cessera d'être travaillé et ses bords. De là, par un petit canal creusé
tourmenté ; il aura trouvé le repos. dans le rocher, l'eau du réservoir va ar
SILO, ville d'Ephraïm, située sur une roser les jardins situés plus bas sur des
, hauteur au nord de Béthel, au sud de Li terrasses (cf. Cant. 4, 15.), et connus sous
bona, Jug. 21, 19., à 4 lieues de Sichem, le nom de jardins du roi, Néh. 3, 15. En
presque au centre du pays, ce qui lui va ne distinguant pas toujours la source de
lut d'être considérée sous Josué comme son réservoir, on est arrivé, soit à con
SIL 3 «) 9 SIM

fondre la source de Siloé avec la fontaine les voyageurs : Chateaubriand l'a trouvée
du Foulon, v. Roguel, soit à voir des saumâtre; Lamartine, limpide et savou
cOntradictions dans les données bibli reuse; Richter, bonne; Robinson lui a
ques, soit à changer la position du réser trouvé un goût un peu salé, mais point
voir; Gesenius, Tholuck, Hitsig, d'après du tout désagréable : du reste il avoue
quelques anciens, placent cette source à qu'en de certaines saisons, elle a un mau
l'angle sud-ouest de Sion : Winer la con vais goût. De nos jours encore, les plus
fond avec le bassin inférieur du Guihon. incrédules ne manquent pas de s'y laver
Il faut remarquer que la source de Si les yeux pour se préserver d'ophthalmies.
loé, qui n'est nommée qu'une ou deux Winer pense que le fons perennis aquae
fois dans l'Ancien Testament, et trois fois de Tacite, Hist. 5, 12., est le même que
dans le Nouveau, n'est jamais accompa Siloé.
gnée du moindre renseignement topogra SILVAIN. v. Silas.
phique, de sorte que c'est à la tradition SIMEON (exaucement). 1o Fils de Ja
seule qu'on doit en appeler pour la fixa cob et de Léa, Gen. 29, 33. Ex. 6, 15. 1
tion de son emplacement, comme nous Chr. 2, 1. (1757 av. C.) D'accord avec
l'avons fait. Il en résulte ,aussi que la
Lévi, il vengea par la violence et la per
grande réputation que ces eaux ont ac fidie l'injure faite à Dina sa sœur, que
quise, n'est qu'une renommée légendaire Sichem le ravisseur voulait réparer d'une
et traditionnelle, qui n'a rien de biblique;
manière plus douce et plus naturelle. La
le doux murmure d'une source tranquille, religion servit de prétexte et de moyen à
ornée d'un beau nom, et quelques moines leur vengeance, et le pillage couronna
intéressés à la faire valoir, ont fait de Si
dignement cette œuvre sanglante. Ce cri
loé un poste important, que les anciens me fit tache sur toute la vie de Siméon,
habitants de Jérusalem seraient étonnés et sur l'avenir de sa postérité, Gen. 34,
de voir si grandement apprécié. 25. 49, 5.7. Plus tard, il fut choisi com
Abandonnée pendant la captivité, la me otage par Joseph en Egypte, et ne fut
porte de Siloé (?) fut reconstruite ou ré délivré qu'au retour de ses frères rame
parée par Sallum, Néh. 3, 15. Il y avait nant avec eux Benjamin, 42, 24. 43, 23.
une tour au-dessus de la source, dans le On a voulu voir dans le choix que fit Jo
village de Siloé, et son écroulement, qui seph de cet otage, un indice que Siméon
écrasa dix-huit personnes, donna lieu à avait été le plus coupable dans la vente
Jésus de redresser les fausses idées des de Joseph, qu'il en avait pris peut-être
Juifs sur la relation des châtiments avec l'initiative; mais ce n'est pas prouvé. Jo
le péché, Luc 13, 4. C'est au réservoir de seph voulait s'assurer de la persomne d'un
Siloé que Jésus envoya l'aveugle-né la des aînés, mais laisser l'aîné à la tête de
ver ses yeux qu'il avait guéris avec de la la famille ; l'aîné était pour lui une per
boue, un jour de sabbat, Jean 9, 7. —v. sonne sacrée : d'ailleurs Ruben lui avait
Salive. sauvé la vie : il prend le second.
Sans qu'il y ait intermittence complète, Siméon fut le chef d'une des douze
les eaux de cette source sont par mo tribus, mais d'une tribu « divisée en Ja
ments, et tour à tour, beaucoup plus cob, et dispersée en Israël, » Gen. 49, 5
rares et beaucoup plus abondantes; Ro 7. Depuis le dénombrement de Sinaï jus
binson a constaté ce phénomène, qui avait qu'à la fin des voyages du désert, elle
déjà été attesté par Chateaubriand et par avait diminué de plus de moitié ;de 59,300
d'autres; l'eau est troublée subitement hommes elle était descendue à 22,200,
par les eaux nouvelles qui se précipitent, Nomb. 1, 23. 26, 14. Elle ne reçut que
'et peut-être que la vertu du réservoir de dix-sept villes (dont deux lévitiques),
| Béthesda, Jean 5, 7., provenait d'un fait éparses au milieu du territoire de Juda,
analogue qui mettait en mouvement des vers les frontières de l'Idumée et du dé
· matières ayant des propriétés curatives sert d'Arabie, et en majeure partie dans
spéciales. L'eau de Siloé a été goûtée et les montagnes, Jos. 19. Elle ne fait la
diversement appréciée par presque tous guerre que de concert avec Juda son frè
,SIM 360 SIM.

re, quand les autres tribus la font sépa puis bien des années, et sa venue faisait
rément, Jug. 1, et lors du partage des sans doute l'objet de leurs conversations
douze tribus en deux royaumes, elle pa quand ils se réunissaient chaque jour
raît s'être unie au royaume de Juda, sous dans les parvis du temple ; mais ils l'at
la dépendance et sur le territoire duquel tendaient sous une forme glorieuse. Le
elle se trouvait; ainsi Béersébah etTsiklag témoignage d'un pharisien, d'un homme
sont nommées, 1 Rois 19, 3.1 Sam. 27, 6., pieux, d'un homme universellement esti
comme appartenant à Juda; cf. 1 Sam. 30, mé, devait contribuer à renverser ce fu
30. et Jos. 19, 4. Elle possédait de nom neste préjugé, et Jésus fut dès sa nais
breux troupeaux, et du temps d'Ezéchias, Sance prOclamé roi sauveur dans le tem
comme elle s'était beaucoup multipliée, ple de Jérusalem, par la voix d'un Israé
grâce peut-être à l'air salubre de ses lite non suspect et qui savait fixer l'at
montagnes, et que ses limites primitives tention : cet événement ne put rester
n'étaient plus assez grandes pour la con Secret, et la ville put apprendre que le
tenir, une colonie s'avança vers l'est, tra libérateur était venu.— On a voulu hono
versa la vallée du Sel, et trouva de gras rer Siméon en le faisant fils du célèbre
pâturages dans les montagnes de Séhir, Hillel, et père de Gamaliel, mais la tradi
où elle s'établit après avoir détruit les tion ne nous fournit que son assertion.
Hamalécites qui y demeuraient, 1 Chr. 4, L'âge de Siméon ne peut même être dé
34-48. L'accroissement de Juda avait terminé, et l'on a tort peut-être d'en faire
peut-être aussi empiété sur le territoire de un vieillard.
Siméon, et motivé cette émigration. Le 4° Siméon, ou Syméon, 2 Pierre 1, 1.
nom de Siméon est omis dans la bénédic ou Simon, surnom de Pierre, q. v.
tion de Moïse, Deut. 33; le législateur 5° Siméon, prophète et docteur de l'E-
du peuple ne connaît pas, ou du moins glise d'Antioche, Act. 13, 1. Le surnom
ne veut pas reconnaître, cette faible tribu de Niger qu'il avait reçu, semble indi
que le péché de son fondateur a flétrie et quer qu'il avait de fréquents rapports
réduite à presque rien : ce silence est une avec Rome et l'Italie.
sentence de destitution. Son nom est ce SIMHI. 1° Benjamite, fils de Guéra et
pendant rappelé Ez. 48, 24. Apoc. 7, 7., parent de Saül, n'est guère connu que
parce que l'Eternel ne tient point à tou par les lâches insultes dont il poursuivit
jours sa colère ; le fils de Jacob est ren David fugitif, et par les lâches excuses
tré en possession des promesses : sa pla qu'il lui fit après la défaite d'Absalon, 2
ce lui est rendue en Israël. Sam. 16, 5. 19, 16. David légua à Salo
2° Siméon, ancêtre de Marie et de Jé mon par son testament, le soin de ven
sus, Luc 3, 30.; inconnu. ger une injure qu'il avait laissé impunie,
3° Siméon, le pieux témoin de la pré 1 Rois 2, 8. etc., et Simhi fut consigné
sentation de Jésus dans le temple, Luc 2, dans l'enceinte de Jérusalem ; il savait
25. Une révélation intérieure lui fit re que la mort punirait la rupture de son
connaître dans ses langes et dans son ban, et pendant trois ans il fut fidèle à
humilité celui qui devait être la gloire Son serment , mais soit imprudence, soit
d'Israël ; son cantique, sa prière, les pa sécurité, soit cupidité, il se mit à la pour
roles qu'il adresse prophétiquement au suite de deux de ses esclaves qui s'étaient
Messie et à sa mère, fixent l'attention sur enfuis à Gath, et à son retour il périt
cette scène imposante et simple qui se d'une mort violente, selon la sentence de
dessine comme au frontispice de la vie David. Simhi est une âme basse, qui s'at
de Jésus ; on aime et l'on vénère cet tache au vainqueur, qui fait le brave en
homme si plein de foi qui, ayant vu la présence d'un ennemi faible ou désarmé,
journée de l'Eternel, est prêt à s'endor et qui rachète par la violence de ses in
mir en paix, avant d'avoir vu se réaliser jures la lâcheté de ses procédés. Mais là
toutes les espérances que la venue de che, il était redoutable, parce que son
Christ devait faire naître en lui pour la honneur perdu n'avait plus rien à per
terre. Les Juifs attendaient le Messie de dre, et Salomon crut devoir le garder
SIM 361 " SIM
sous sa surveillance à Jérusalem, au lieu rient : les unes le font évêque de Jèrusa
de lui permettre de vivre sur ses terres. lem, et martyr sous Trajan ; d'autres di
Lorsqu'il maudissait David, il jetait de la sent qu'après avoir évangélisél'Egypte, la
poussière en l'air, selon l'usage des Orien Cyrènaïque, la Mauritanie, et la Libye, il
taux actuels qui, lorsqu'ils maudissent un finit par se rendre en Angleterre où il fut
homme, lui crient encore : Tu seras bien crucifié ; d'autres enfin le font voyager
tôt comme cette poussière. David lui par en Perse et en Babylonie, et mourir à
donna de son vivant comme homme et Suanyr (Sunir). -

comme roi; il le fit punir comme roi théo 4° Simon le pharisien, Luc 7, 40., de
cratique après sa mort, lorsqu'il n'avait Naïn. ll invite Jésus à prendre un repas
plus de vengeance à savourer, de rancune chez lui, soit pour lui donner un témoi
à garder : ce point de vue est essentiel à gnage de respect, soit pour satisfaire sa
rappeler pour tout l'ensemble du testa curiosité. On ne peut soupçonner ses in
ment de David. tentions d'être mauvaises, mais la récep
2° Officier de David, 1 Rois 1, 8. Il ne tion qu'il fait à son hôte est digne de l'or
prit point de part à la révolte d'Adonija. gueil pharisaïque ; croyant avoir assez fait
Quelques-uns l'ont confondu avec le pré en l'invitant à sa table, il se dispense non
cédent. Il est plus probable que c'est le seulement de toute bienveillance, mais
même, fils d'Ela, qui fut chargé sous Sa encore de toute politesse à son égard.
lomon d'administrer les revenus de Ben Une femme, une ancienne pécheresse, en
jamin, 1 Rois 4, 18. tre dans la salle, et fait avec amour et
3° La famille de Simhi, nommée Zach. dévouement ce que Simon n'a pas voulu
12, 13., représente selon les uns les fa faire ; Simon comprend cette leçon plus
milles des docteurs de la loi, selon d'au qu'indirecte, mais elle est pour lui une
tres les premières familles de Jérusalem offense, et comme les orgueilleux, il élu
à cette époque. La tradition montre qu'un de la leçon et ne cherche à s'excuser
grand nombre de docteurs célèbres ont qu'en accusant intérieurement, et la fem
pOrté ce nom. me, et Jésus dont ce contact doit, selon
SIMON. 1° Père de Judas Iscariot, lui, compromettre la dignité prophétique.
n'est nommé que dans saint Jean 6, 71. Jésus alors prend la parole, et par une
12, 4. 13, 2. 26., sans doute après sa comparaison claire, mais embarrassante,
mOrt. Il est du reste inconnu. oblige Simon à reconnaître que cette fem
2° Simon Pierre. v. Pierre. me, beaucoup pardonnée, aime plus que
3° Simon Cananéen, surnommé aussi lui dont les vertus n'ont pas demandé de
Zélotes, fils de Cléopas et de Marie, frère pardon. La femme se retire avec l'assu
de Jacques, de Jude, et de Joses, l'un rance de son salut, et Simon reste avec
des douze apôtres, Matth. 10, 4. 13, 55. le désagrément d'une scène qui I'a pris
Marc 3, 18. 6, 3. Luc 6, 15. Act. 1, 13. à l'improviste et dont l'issue n'a pas tour
On ne connait rien de lui, ni action, ni né à l'avantage de son amour-propre. On
parole. Le surnom de Zélotes qui lui était ne sait pas si Jésus avait eu des rapports
donné, le même que Cananéen qui dérive antérieurs avec Simon ; on ne sait pas
de l'hébreu kana (avoir du zèle), prouve davantage si la leçon que Jésus lui donne
qu'il avait appartenu à cette secte des zé était d'une manière générale une leçon
lotes dont parle Josèphe, Guer. des Juifs, d'humilité, ou si elle se rapportait à quel
IV, 3.9., laquelle se distinguait par son que circonstance secrète de la vie de Si
zèle pour la patrie et la religion. Ce zèle mon; on ignore enfin si cette leçon a pro
de libéralisme, Simon l'appliqua plus tard duit de l'effet, ou si au contraire le pha
à son propre affranchissement spirituel. risien, enfoui dans son orgueil, n'aura pas
Quelques-lms dérivent le nom de Cana profité de l'évidente supériorité que la
néen de Cana, et font Simon combour parabole lui accordait sur la pécheresse,
geois de Nathanaël. D'autres distinguent pour s'endurcir dans son impénitence.(v.
Simon Zélotes de Simon de Cana, et en Serm. de Saurin.) — C'est à tort qu'on a
font deux individus. Les traditions va voulu le confondre avec le suivant. '
SIM 362 SIM

5°Simon de Béthanie, Matth.26,6.Marc Dieu. Mais une vertu plus grande et plus
14, 3. cf. Jean 12, 1. Il était surnommé le vraie vint le confondre. Il entendit Phi
lépreux, à ce qu'on croit, parce que Jésus lippe, il vit ses miracles, et mieux que
l'avait guéri de cette maladie. C'est dans personne il fut à même de reconnaître
sa maison qu'eut lieu, peu après la résur dans les apôtres la puissance de Dieu : il
rection de Lazare, et quelques jours avant fut baptisé, et demanda pour de l'argent
Pâque, le repas qui devait célébrer le les dons du Saint-Esprit; Pierre lui ré
retour de Lazare à la vie. Marthe servait, pondit par une foudroyante apostrophe,
ce qui semble indiquer des rapports de et flétrit en Simon la simonie que celui-ci
parenté ou d'intimité entre sa famille et a léguée à une secte célèbre, qui prétend
celle de Simon ; la liberté d'action de Ma compter au nombre des siens celui qui
rie, la présence de Lazare, confirmeraient l'a le plus vigoureusement condamnée.
cette idée. Quelques traditions font en Sous l'empire d'une émotion pleine de
effet de Simon le père de Lazare, d'autres honte, Simon se recommande aux prières
le font le mari de Marthe; c'est possible, des apôtres, mais il ne paraît pas qu'il
mais ce n'est pas prouvé. Ce n'était peut comprît lui-même la portée de ses paro
être qu'un ami de la famille. La présence les et de ses vœux ; il a peur, et la peur
de Lazare au festin devait témoigner de n'a jamais été de la piété. Dès ce moment,
sa complète guérison. (Sermons de Bon la tradition ne nous le montre plus qu'au
net.) nombre des ennemis du christianisme. Il
6° Simon le Cyrénéen, Matth. 27, 32. se rend de la Samarie à Antioche, où il
Marc 15, 21. Luc 23, 26., était originaire épouse une femme nommée Hélène : il
de Cyrène où se trouvaient un grand nom passe avec elle à Rome, où une inscrip
bre de Juifs.On pense qu'il était déjà dis tion mal comprise par Justin martyr a
ciple de Christ, quant des soldats bru fait croire qu'il avait été reçu au nombre
taux, prophétisant sans le savoir, le con des dieux. Il renverse tous les esprits par
traignirent, par un acte arbitraire que ses sortiléges ; il se fait fort de s'élever
rien ne justifiait, à porter la croix de Jé dans les cieux ; il monte au Capitole, se
sus, cf. Matth. 10, 38. etc. Simon devait jette dans les airs, vole un moment avec
éprouver autant de joie à soulager son des ailes factices, mais à la prière de saint
maître, que de douleur à porter l'instru Pierre ses ailes se détachent, et le mal
ment de son supplice, et sa famille tout heureux se précipite et meurt. Cette tra
entière fut bénie avec lui ; ses fils, et sa dition peut avoir quelque chose de vrai,
femme, que Paul chérissait comme sa mais elle est compromise par le nom de
mère, Rom. 16, 13., durent conserver Pierre, qu'on y fait intervenir si mal à
longtemps le souvenir de cet épisode propos, et la plupart des historiens se
déplorable, et ils comprirent dans toute montrent un peu incrédules sur cette fa
son étendue la portée de cette parole de ble. Ce qui est plus probable, c'est que
Jésus que les bourreaux avaient matéria Simon a voulu fonder une religion nou
lisée avec tant d'ironie : Celui qui veut velle qui aurait été, comme celle de Ma
me suivre doit porter ma croix. homet, un mélange de judaïsme, de chris
7° Simon le magicien, Act. 8, 9. etc. tianisme, et de paganisme. Irénée lui fait
Il était suivant la tradition natif de Gitta dire qu'il avait paru parmi les Samaritains
ou Gittim en Samarie, selon d'autres de comme Père, parmi les Juifs comme Fils
l'île de Chypre. Il étudia de bonne heure (Messie; c'est peu probable), et parmi les
la philosophie platonicienne, et les scien païens comme Saint-Esprit. Il prétendait
ces qui d'après les Orientaux condui que son corps était uni à l'un des plus
saient à la philosophie ; un peu d'astro nobles et des plus sublimes Eons, et que
nomie, de médecine, de physique, et beau Dieu l'avait envoyé dans le monde pour
coup d'adresse, en firent un célèbre char amener les hommes à la vérité; il ajoutait
latan prestidigitateur. Il se faisait passer que sa femme avait également en elle un
pour un grand personnage, et le peuple Eon femelle, appelé Ennoga, qui avait
disait de lui qu'il était la grande vertu de enfanté les esprits, et qui avait précé
SIN 363 SIN
demment habité plusieurs corps, notam les). C'est le nom général que rEcriture
ment celui de la fameuse Hélène de Troie. donne au désert et au massif de mon
—Ses disciples s'adonnèrent à l'impureté. tagnes, formant une espèce de triangle
8° Simon le corroyeur, hôte de saint compris entre le désert de Tsin ou Paran
Pierre à Joppe, probablement disciple, (El Tyh) au nord, et les deux bras de la
Act. 9, 43. 10, 6. Un voyageur raconte mer Rouge. Au sud du plateau El Tyh,
qu'il a logé à Jaffa dans une maison que commencent à s'élever ces montagnes si
l'on assure être bâtie sur les ruines de célèbres de l'ancien monde juif. La crête
celle du corroyeur : on montre même un des hauts sommets court du nord au sud
vieux pan de mur qui en faisait partie, dans la même direction que le Liban ; le
dit-on. -

Sinaï n'est en quelque sorte que le pro


SIMRI (ma vigne). 1° Lévite de la bran longement de la longue chaîne du Soris
che de Mérari, fut nommé chef de la fa tan, se précipitant dans la mer Rouge
mille par son père, quoiqu'il ne fût pas pour y former une presqu'île, et repre
l'aîné, 1 Chr. 26, 10. On ignore les mo nant la hauteur de ses cimes les plus éle
tifs de cette infraction à la loi, Deut. 21, vées. Ce massif granitique et schisteux a
17. — 2o Roi d'Israël, v. Zimri 2°. de 16 à 20 lieues de circonférence : il
SIMSAI, secrétaire de Réhum, q. v. comprend au pied de ses sommets escar
SIN (boue). 1° Ville d'Egypte nommée pés de hautes plaines et des vallées d'une
Ez. 30, 15., avec Thèbes et Memphis, et belle végétation, qui produisent des ar
surnommée à bon droit, à cause de sa bres à fruits, orangers, citroniers, aman
position, la force, le rempart de l'Egypte : diers, mûriers, abricotiers, pêchers, oli
c'est Péluse, dont le nom copte, Ph-er viers, ainsi que toute espèce de légumes
omi, a, comme en hébreu, le sens de ville et de plantes odoriférantes. Sur les hau
boueuse, ou marécageuse; elle était si teurs vivent des chèvres et du gibier. Les
tuée sur le bras Oriental de l'embouchure côtes sont en plusieurs districts ombra
du Nil, et sur la rive orientale, à 20 milles gées par de nombreux palmiers. Des
de la Méditerranée. Les marais dont elle sources d'eau vive jaillissent des rochers,
était entourée en faisaient, autant que ses même dans les étés les plus chauds, et le
puissants remparts, la clef de l'Egypte versant est, qui descend vers le golfe
vers l'orient, et toutes les armées d'inva d'Akaba, et qui est le plus rapide et le
sion qui essayèrent de pénétrer en Egypte plus aride, présente des vallées dont les
de ce côté commencèrent en effet par l'as voyageurs ne peuvent assez louer la beau
siéger et la réduire. Non loin de son em té, v. F. Strauss, Sinaï und Golgotha. Ce
placement se trouve encore le village de pendant ce pays a évidemment été plus
Tinèh (ou Sinèh), appelé en Egypte Pé fertile qu'il ne l'est aujourd'hui, et il de
rémoun, ou Péromi, d'après son ancien vient de plus en plus aride à mesure que
SUlTIlOm. les hommes en font disparaître les arbres.
2° Sin, désert situé entre Elim et le Les hauts sommets sont fréquemment en
mont Sinaï, ou plus exactement entre la tourés de nuages, et le tonnerre retentit
mer Rouge et Daphka, Ex. 16, 1. 17, 1. d'une manière terrible entre les parois
Nomb. 33, 12. On suppose que c'est le des rochers et dans les vallées profondes
Whadi Gharendel, et c'est à tort que l'on (Braem). — Deux ou trois sommets prin
· dérive son nom de la ville de Sin située cipaux dominent tout le massif, l'Horeb,
à 1,500 stades de l'extrémité nord de la le Sinaï, et le mont Sainte-Catherine. Le
'mer Rouge. D'après Rosenmuller, ce se mont Horeb à l'est, faisant face à l'Ara
rait le wadi Esscheickh, c'est-à-dire, la bie, est comme le premier étage du grou
artie sud du Gharendel, que les Israé pe; sur son sommet se trouve le couvent
ités auraient traversé, et l'on y trouve d'Elie, bâti au milieu d'une petite plaine.
'une quantité d'arbustes dont le suc abon On y monte en un quart d'heure. De là,
dant et aromatique donne une espèce de après une courte descente, on commence
mannê, cf. Ex. 16. à monter de nouveau pendant une demi
SINAI (Tur Sina; pleine de broussail heure (Burckhardt), et l'onatteint un som
SIN 364 SIN

met plus élevé, le Djebel Musa, ou mont qu'il n'appartient qu'aux commentaires de
de Moïse, qui est le Sinaï proprement dit; résoudre. v. Olshausen, Sardinoux, etc.
son sommet n'a guère que 60 pieds de SINGES. Il n'en est parlé que 1 Rois
tour. En face du Sinaï se trouve le mont 10, 22.2 Chr. 9, 21. Les anciens en con
Sainte-Catherine, ainsi nommé d'un cou naissaient plusieurs espèces et les avaient
vent voisin qui est à 3,500 pieds au-des classés d'après divers caractères, singes
sus de la mer; son sommet, chauve et nu, à queue, singes sans queue, etc. On les
est le plus élevé des trois : pour y arri tirait surtout des Indes et de l'Ethiopie,
ver, on prend, en redescendant par l'Ho parfois aussi de la Mauritanie. De leur
reb, une vallée à l'ouest dans laquelle s'é- nom indien kapi est venu leur nom hé
lève le monastère d'El Erbaïn. Rüppel a, breu koph, qui se retrouve aussi presque
pour la première fois en 1831, mesuré sous la même forme en grec.
avec un baromètre la hauteur de ces mon SINHAR, nom primitif de la plaine de
tagnes : le mont Saint-Catherine a 2,814 Babylone, Gen. 10, 10. 11, 2. 14, 1. Jos.
mètres de haut, le Djebel Musa environ 7, 21. Dan. 1, 2. On y trouvait, non-seu
2,470. C'est dans la vallée que domine lement Babylone, mais encore Erek, Akad,
l'Horeb (Réphidim) que Moïse vit le buis Calné : d'où il résulte que cette contrée
son ardent, qu'il garda les troupeaux de désignait, non-seulement l'ancienne Ba
Jéthro, et qu'il fit jaillir l'eau du rocher, bylonie, mais encore une partie de la Mé
Ex. 3, 1.2. 17, 6. cf. 19, 2. On prétend S0p0tamie orientale. Le nom actuel de
encore montrer près de là ce rocher mi Sinsjara, ou Singara, est le seul souvenir
raculeux, un bloc granitique de 4m,48 qui reste de cet ancien nom si célèbre ; il
carrés, avec une rigole et quelques stries désigne, d'après Niebuhr, une chaîne de
Ou coupures formées par l'écoulement des montagnes qui s'élève au sud de la route
eaux. C'est peut-être sur l'Horeb aussi de Mossoul à Merdin, au milieu d'une
que Moïse pria pour le succès des armes plaine fertile, et qui est la seule chaîne
de Josué, lors de l'attaque des Hamalé un peu importante qui se trouve sur tOute
cites, 17, 8. D'après la tradition, ce se l'étendue de l'ancien territoire de Sinhar.
rait également sur l'Horeb, et non sur le SINIENS, SINIM, deux pays ou peu
Sinaï, que la loi aurait été promulguée, plades dont l'orthographe est la nlême en
Ex. 20; mais divers auteurs chrétiens, hébreu, sont nommées, l'une Gen. 10, 17.,
d'accord à repousser cette tradition, pen où il s'agit d'une race cananéenne habi
sent que ce doit avoir été sur l'un ou tant le Liban, probablement le sud-ouest,
l'autre des deux sommets plus élevés, et où l'on retrouve encore un bourg Sin
sans que rien puisse trancher la question nas (Syn), déjà mentionné par Strabon et
d'une manière absolue. Aujourd'hui, le par saint Jérôme; — l'autre, Es. 49, 12. Il
nom de Sinaï s'applique d'une manière ressort du contexte mème que ce peuple
générale à tout le groupe, et il est pos ne saurait être confondu avec la peuplade
sible qu'il en fût de même dans l'anti cananéenne; les Siniens y sont représen
quité; Horeb serait alors le nom de la tés comme les habitants d'une contrée
moins élevée des trois cimes principales. fort éloignée qui doit être cherchée à
Le nom de Sinaï est rappelé Jug. 5, 5. l'orient; les commentateurs, depuis Arias ,
Ps. 68,8.17. Néh. 9, 13. cf. Hébr. 12, 18., Montanus, sont presque tous d'accord à i,
comme ayant été le théâtre d'une des ma reconnaître qu'il est question de la Chine
nifestations les plus solennelles et les plus dans ce passage. Les Chinois portent un
redoutables de la grandeur divine. La nom semblable déjà dans Abulféda, et il
mention faite de cette montagne, Gal. 4, n'est pas étonnant que le nom de ce peu- ,
25., la circonstance que le Sinaï était ap ple immobile se retrouve partout et tou
pelé Hagar par les descendants mêmes de jours le même, comme celui des Indous :
la servante d'Abraham, ce que Paul pou dans les livres saints des bouddhistes, la
vait avoir appris pendant son long séjour Chine est appelée Dschina; en chinois,
en Arabie, et l'usage que fait l'apôtre de dschin signifie homme. L'opinion de Bo
cette circonstance, offrent des difficultés chart, ressuscitée des anciens qui fai
SI0 365 SIP
saient des Siniens les habitants de Sin 23. Jér. 8, 19., etc.; et le nom du mont
(Pelusium), q. v., est généralement aban Morija sur lequel le temple était construit,
donnée, de même que celle qui confond disparaît ainsi devant le nom plus solen
les Siniens avec la peuplade issue de Ca nel de la Sion sainte. Plusieurs auteurs,
naan; cette dernière était au nord, Pé Olshausen entre autres, étonnés de ce
luse au sud, et c'est à l'orient qu'il faut fait, en sont venus à conclure contre toute
chercher les Siniens de la prophétie. Le la tradition que les deux noms de Sion et
règne de Dieu est venu jusqu'à eux. de Morija ne désignaient qu'une seule et
SION, dont le nom signifie un lieu sec même colline, celle du temple. - Des ca
et haut, ou exposé au soleil, était la plus veaux creusés dans les flancs du mont de
élevée des quatre collines sur lesquelles Sion renfermaient les sépulcres de David
était construite l'ancienne Jérusalem; Ro et de plusieurs de ses successeurs, dont
binson lui donne 2,360 pieds au-dessus de il est écrit qu'ils furent ensevelis dans la
la mer; d'autres 2,475. Elle était située cité de David, 1 Rois 2, 10. 11, 43., etc.
au sud-sud-ouest de la ville ; la vallée des Jean Hyrcan, puis plus tard Hérode le
Tyropéens la séparait de Morija, d'Ophel Grand, firent ouvrir ces tombeaux et en
et d'Acra. Le mont de Sion s'abaisse ra arrachèrent tout ce qu'ils renfermaient de
pidement à l'ouest et au sud vers les pro précieux ; au dire de Dion Cassius, une
fondes vallées de Gihon et de Ben-Hin partie du tombeau de Salomon s'écroula,
nom ; son sol, comme celui des trois au sous Adrien, pendant le second siége de
tres collines, est calcaire et blanchâtre. Jérusalem. Quoi qu'il en soit, ces monu
La montagne, du reste, est rarement ci ments existaient encore au temps des apô
tée comme telle ; sa position n'est indi tres, Act. 2, 29., et il est probable que
quée nulle part d'une manière positive, et des fouilles faites dans le mont de Sion
Josèphe, on ne sait pourquoi, non-seu les feront découvrir et reconnaître tôt ou
lement ne donne aucun détail précis sur tard ; une petite mosquée est aujourd'hui
la situation de la colline, mais semble bâtie sur la place où la tradition prétend
même éviter de prononcer son nom. L'in que se trouve le tombeau de David. —
certitude qui règne sur l'identité des noms Sion, dont la moitié seule est encore com
actuels avec les lieux anciennement dési prise dans les murailles de la Jérusalem
gnés par les mêmes noms, n'a pas épar moderne, est véritablement désolée; ses ,
gné la montagne de Sion, et Lightfoot (de tours et ses forteresses sont détruites,
même que Calmet), suivant les traces d'A- sauf la tour d'Hippicus qui s'élève sur la
ben Esra, et s'appuyant sur une fausse place même du fort de David, et en pré
interprétation de Ps. 48, 2. Ez. 40, 2., l'a sence de tant de ruines, quand la mon
placée au nord de Jérusalem. Mais sauf tagne reste seule debout, on comprend
cet essai malheureux, l'on est d'accord à l'exclamation du psalmiste, 125, 1.; la
reconnaître que la Sion actuelle est bien charrue se promène sur ces mêmes ter
la même que l'ancienne. — Après que Jé rains où s'agitaient jadis les bannières
rusalem eut été conquise par les Jébu des guerriers, et la prophétie s'est ac
siens, la citadelle de Sion, élevée sur la complie, Mich. 3, 12.
colline de ce nom, fut fortifiée davantage Sion est aussi le nom d'une ville d'Is
encore, et devint le principal boulevard sachar, Jos. 19, 19., que l'on trouvait en
de la terre sainte, 2 Sam. 5, 7.1 Chr. 11, core au temps d'Eusèbe et de Jérôme sous
5. Jérusalem, située au nord-est, fut ap le nom de Séon. — ll résulterait enfin de
pelée la fille de Sion, et ce nom, dans le Deut. 4, 48. cf. Ps. 133, 3., que le mont
langage des prophètes désigne souvent la Hermon était quelquefois appelé Sion.
ville sainte tout entière ; on dit aussi la SIPHRA (éclat, beauté), et Puah (la
montagne de Sion, 2 Rois 19, 31. Ps. 48, brillante, d'après Simonis; sifflante, d'a- .
2. 78, 68. 133, 3. Es. 4, 5.29, 8. Abd. 17, près Mackensie), sages-femmes qui, ayant
Hébr. 12, 22;— la montagne sainte, Ps. reçu l'ordre de Pharaon de mettre à mort .
2, 6. Joel 3, 17; — la demeure du Dieu tous les fils qui naîtraient aux Hébreux,
d'Israël, Ps. 9, 11. 74, 2. Es. 8, 18. 24, éludèrent cet ordre et répondirent par
SIT 366; SIT

un mensonge aux reproches qui leur fu Nadab et d'Abihu, Lév. 10, 4., soit qu'il
rent faits par le roi au sujet de leur déso fût mort, soit pour tout autre motif.
béissance. Elles craignaient le Dieu d'Is SITNAH, Gen. 26, 21. Ce nom, dérivé
raël, et Dieu les récompensa, non pour de satan, discuter, quereller, fut donné
leur mensonge, mais pour leur foi; Dieu par les bergers d'Isaac à un puits dont
leur donna des maisons, Ex. 4, 15., etc. les bergers cananéens leur disputèrent la
SIPPAI, v. Saph. possession.
SIRA, 2 Sam. 3, 26., citerne située SITTIM. 1° Campement des Israélites,
près d'Hébron. connu par de grands péchés et de grandes
SIRJ0N. v. Hermon. -

plaies, Nomb. 25, 1. 33, 49. cf. Mich. 6.


SISAK, roi d'Egypte, contemporain des 5. Il était situé dans les plaines de Moab,
dernières années de Salomon et des pre à l'est de la mer Morte. Josué envoya de
mières de Roboam, 1 Rois 11, 40.1 4,25. là des espions à Jérico, Jos. 2, 4. Une
(env. 980 av. C.). Il fournit un asile à Jé journée suffit à l'armée pour se rendre
roboam compromis, et favorisa plus tard de Sittim aux bords du Jourdain, 3, 1 .
l'établissement de son protégé, comme roi D'après Josèphe, la distance ne serait
des dix tribus, en faisant, autant par cal que de 60 stades.La vallée de Sittim nom
cul que par amitié, une invasion dans le mée Joel 4, 18., est un nom appellatif qui
royaume de Juda (vers 970); à la tête doit être traduit par vallée des acacias,
d'une nombreuse armée, il s'empara de c'est-à-dire vallée aride et stérile, parce
plusieurs places fortes, et ne se retira que l'acacia préfère, en général, un ter
qu'après avoir contraint le monarque hé rain sec à un terrain humide. C'est en
breu de capituler et de se reconnaître son deçà du Jourdain qu'il faut chercher cette
tributaire. — Sisak est le Sesonchis, ou vallée qui, du reste, ne peut être déter
Sesonchusis de l'histoire profane, le pre minée de plus près; quelques-uns la pla
mier roi de la 22e dynastie égyptienne cent dans les environs de Jérusalem ;
(les Bubastides), quoique Eusèbe fasse de peut-être est-ce une partie de la vallée de
Sesonchis le contemporain de Joas, et que Cédron.
d'autres fassent de Sisak le Psusennes de 2° Il est souvent parlé dans l'Ecriture
la 21e dynastie (tanitique), qui régna qua du bois de sittim (shitta, shittim), employé
rante-un ans, ou le Psosennus qui régna pour la construction du tabernacle, de .
trente-cinq ans; quelques nouveaux chro l'arche de l'alliance, de la table des pains
nologistes ont même confondu Sisak avec de proposition, etc., Ex. 25, 5. sq. 26,
Sésostris. 15. sq. 27, 1. 30, 1. 35, 7. 24. 37, 4. 38,
Dans le palais de Karnak, à Thèbes, se 1. Deut. 10, 3. Le mot sittim est d'origi
trouve un immense bas-relief qui repré ne égyptienne ; mais, sauf Luther qui le
sente Sésonchis traînant aux pieds des traduit par pin (Fœhrenholz), on est géné
dieux les chefs des nations vaincues; le ralement d'accord à l'entendre de l'aca
royaume de Juda y est distinctement re cia. Il y en a plusieurs espèces, sans
présenté par un personnage à barbe lon compter l'acacia de nos contrées, qui n'a
gue et pointue : ce bas-relief a trois mille rien à faire avec l'acacia véritable, et qui
3IlS. est connu sous le nom de faux acacia, ou
SISÉRA, chef des troupes du roi ca robinia pseudoacacia. Les espèces princi
nanéen Jabin, Jug, 4, 2., etc. Vaincu par pales sont originaires de l'Egypte et de
Barac, il dut s'enfuir; il implora l'hospi l'Arabie, et l'on ne peut pas déterminer
talité de Jahel, se cacha dans sa tente, et de laquelle il est plus spécialement ques
en reçut le coup de mort. Son nom est tion dans les livres de Moïse. a) L'acacia
rappelé dans le cantique de Débora, Jug. véritable (vera , ou mimosa nilotica de
5, 20. 26., puis par Samuel et par Asaph, Linnée), est un grand arbre dicotylé
1 Sam. 12, 9. Ps. 83, 9. done, à forts et nombreux rameaux, à
SlTHRI, fils d'Huziel et cousin d'Aaron, écorce rougeâtre, dont les épines sont
Ex. 6, 22. Son nom n'est pas rappelé avec noires, longues d'un demi-doigt, et unies
ceux de ses frères lors de la sépulture de par paires ; les feuilles sont divisées en
S0 367 S0D

folioles qui se terminent en pointes; les La seconde opinion serait rendue plus
fleurs sont jaunâtres, odorantes, formées vraisemblable par l'orthographe orientale
en épis ; elles donnent une cosse d'un des noms.
brun-noirâtre. La gomme qui découle de SOBAC , 2 Sam. 10, 16., ou Sophach,
cet arbre est bien connue sous le nom de 1 Chr. 19, 16., chef des armées d'Hadad
gomme arabique. — b) L'acacia arabica héser, marcha contre David jusqu'à Hé
ressemble beaucoup au précédent ; il a, lam, où il fut défait ; il mourut sur le
comme lui , des épines, une écorce bru champ de bataille, tué peut-être de la
nâtre, des feuilles disposées par paires, main mème de David.
et une cosse de la grosseur d'une gro SOBAL, père ou prince de Kiriath-Jé
seille. — Le bois de l'acacia est extrê harim, où l'arche fut longtemps déposée,
mement dur, et résiste même à l'action 1 Chr. 2, 50. On trouve aussi ce nom ré
de l'eau ; il est en même temps fort léger, pété parmi les descendants d'Esaü, Gen.
et brunit avec le temps; lorsqu'il est 36, 20. 23. 29., etc., et l'histoire des
vieux, il est presque aussi noir que de croisades nous parle d'une Syrie de So
l'ébène ; aussi était-il très estimé des an bal, située au sud de la Palestine, dans
ciens, et l'on s'en servait en particulier l'Arabie Pétrée, et d'une ville forte de ce
pour la construction des vaisseaux. Il0IIl.
SMYRNE, ville de l'Ionie, célèbre sur SOBI, fils de Nahas, et frère ou neveu
tout comme place de commerce. Elle était du dernier roi des Hammonites, désap
située à 15 lieues nord d'Ephèse, à l'em prouva sans doute l'outrage fait aux am
bouchure du Mélès, sur un golfe de la mer bassadeurs de David, et contribua à sou
Egée, à laquelle elle avait donné son nom. tenir, en lui envoyant des provisions, le
Fondée, dit-on, par l'amazone Smyrna, monarque hébreu fuyant devant son fils.
elle était peu de chOse dans les commen Sobi continua de vivre paisiblement à Rab
cements ; détruite par les Lydiens, elle ba, où il exerça peut-être même quelque
resta presque déserte pendant quatre cents autorité Sur les débris soumis de son
ans, se releva sous Alexandre le Grand, peuple, 2 Sam. 17, 27.
ou, d'après Strabon, sous Antigone (à 20 SODOME, ville de la vallée de Siddim,
stades de son ancien emplacement), fut dans laquelle Lot s'était établi, attiré par
renversée par un tremblement de terre en la beauté et la fertilité de ses environs,
178 ou 180, fut restaurée par Marc Au plus sans doute que par l'hospitalité et
rèle, et atteignit sous les empereurs ro les mœurs de ses habitants, Gen. 13, 12.
mains le plus haut degré de prospérité ; 14, 12. 19, 1. Elle était gouvernée par
ses rues étaient pavées et coupées à an ses propres rois, Gen. 14, 2.8., etc. Elle
gle droit. Le christianisme y fut annoncé partagea le sort de Gomorrhe et des au
de bonne heure, et une église s'y fonda, tres villes de la plaine, Gen. 18, et 19; le
Apoc. 1, 11. 2, 8. La Smyrne actuelle est feu du ciel embrasa son sol bitumineux,
encore la place la plus commerçante de l'A- qui se fondit, s'abîma dans les eaux sou
sie Mineure; elle compte environ 120,000 terraines qu'il recouvrait, et la mer Morte
habitants, dont 9,000 Juifs, 1,000 Euro occupe depuis cette époque la place d'une
péens, 8,000 Arméniens, et 20,000 Grecs. vallée qui avait la réputation d'être une
SO, roi d'Egypte, dont Osée rechercha espèce de paradis terrestre. — Josèphe,
l'alliance, mais qui ne sut pas défendre et depuis lui quelques voyageurs, parlent
son protégé contre Salmanéser, roi d'As d'une espèce de fruit auquel ils donnent
syrie, 2 Rois 17, 4. On peut même con le nom de pomme de Sodome, beau à voir,
clure de Es. 20, que Sargon, l'un des et en apparence bon à manger, mais qui
princes assyriens, aurait remporté sur se réduit en cendres quand on le touche
lui de grands avantages. So est ou le Sa pour l'ouvrir. Il serait difficile de contes
bacon de l'histoire profane, de race éthio ter d'une manière absolue l'existence de
pienne, chef de la 25° dynastie, ou Sévé produits analogues à celui dont on parle,
chus, son fils, ou, selon Hitzig, Set ou mais c'est à l'histoire naturelle d'en éta
Séthon, de la 23e dynastie, dite tanitique. blir et surtout d'en expliquer la nature
SOL 368 S0L

et † - Les auteurs sacrés rap mée par quelques auteurs, ne puisse pas
pellent souvent le nom de Sodome pour être prouvée ; mais les fêtes d'Adonis, et
montrer que, de tout temps, le jour du les célèbres temples du soleil élevés à Hé
Seigneur vient sur ceux qui se croient en liopolis, Emèse, Palmyre, Hiérapolis, sont
sûreté dans l'oubli de Dieu et au sein de des preuves du culte que les Syriens, les
leurs péchés, Es. 1, 9. 13, 19.Jér. 49, 18. Phéniciens, et sans doute aussi d'autres
50, 40. Soph. 2, 9. Ez. 16, 46. Deut. 29, peuplades cananéennes, rendaient à cet
23. Matth. 10, 15., etc. Au temps de no agent vivificateur de la nature. Les tribus
tre Seigneur, et même à une époque égarées loin du vrai Dieu glissèrent au
moins ancienne, on doit avoir vu, près bord du précipice, et diverses traces nous
des bords de la mer Morte, des ruines de montrent qu'au milieu de leurs autres ido
murs et de palais dans l'emplacement des lâtries, elles surent donner une place au
villes détruites; plusieurs notices parlent culte du soleil. Nous voyons en effet, 2
même de Sodome comme d'une ville épis Rois23, 11., le char d'Apollon et les qua
copale, et c'est un Sévère, évêque de So tre chevaux blancs que les Perses atte
dome, qui souscrivit l'un des premiers au laient au blanc chariot du soleil : ce fu
symbole du synode de Nicée. — Cette rent des rois de Juda qui se rendirent
contrée doit être un jour renouvelée, Ez. coupables de ce crime. Ailleurs, Jér. 19,
16, 53. 47, 8., etc. 13. Soph. 1,5. cf. 2 Rois 23, 5., c'est une
SOIE. Cette substance précieuse que allusion à la coutume d'offrir à l'armée
l'Orient vendait aux Grecs etaux Romains des cieux, aux astres, des parfums du
au poids de l'or, et qui paraît originaire haut des toits, coutume empruntée aux
de la Chine et du Thibet, où du moins on Nabathéens. Les paroles d'Ez. 8, 17.:« Ils
commença de la travailler, n'est nommée mettent une écharde à leurs nez, » ont
d'une manière positive et incontestée que aussi été, par quelques commentateurs,
Apoc. 18, 12. On n'oserait affirmer qu'elle rapportées au culte du soleil. Winer, par
soit nommée dans l'Ancien Testament, exemple, en modifiant la traduction et en
quoique Luther, Calmet et d'autres au lisant : « Ils tiennent des épines devant
teurs, aient cru la trouver dans certains eux, » voit dans ce passage une allusion"
passages, tels que Ex. 25, 4. Est. 1, 6. 8, à la coutume des Perses de saluer le so
15. Es. 19, 9. Lam. 4, 5. Ez. 16, 10.13. leil en tenant à la main un barsom, un
27, 16, Il serait possible cependant qu'elle faisceau de branches de palmiers ou de
fût désignée par le meshi de Ez. 16, 10. grenadiers; mais cette explication est for
13., ( Gesenius, Haevernick ). Au temps cée, et il vaut mieux entendre la phrase,
des Ptolémée, la soie était l'un des arti soit proverbialement avec Lightfoot, dans
cles les plus importants du commerce le sens de : ils jettent de l'huile sur le
alexandrin, et les lsraélites peuvent l'a- feu, soit avec Haevernick comme une allu-'
voir reçue d'eux, soit directement, soit sion à la coutume païenne de se déchirer
par l'intermédiaire des Phéniciens. le visage dans le deuil. v. encore Deut. 4,
SOLEIL. v. Création. Ce grand lumi 19. 17, 3. Job 31, 26. sq. Ez. 8, 16.;en-"
naire, dont la lumière et la chaleur répan fin Lév. 26, 30., et Es. 17, 8., où le mot
dent sur le monde entier tant de bien hammanim, traduit par tabernacles, signi-'
faits, est l'une des créations qui ont été fie probablement statues du soleil; le dieu !
l'une des premières, et bien naturelle du soleil est appelé Bahal Hammam sur"
ment, substituées au créateur dans le des inscriptions phéniciennes. — Leso-º
culte impur d'une humanité remplie de té leil sert, dans les écrivains sacrés,'à la '
nèbres, Hérodot. 1 , 212.216., etc. Ce plupart des plus nobles similitudes, Es."
culte du soleil, familier aux Sabéens, aux 13, 10.24, 23. Jér. 15, 9. Ez. 32, 7. Joelº
Egyptiens, aux Perses, aux Grecs et aux 2, 31. Amos 8,9. Trois miracles extraor-º
Romains, qui l'adoraient sous les noms dinaires dont cet astre futl'objet, sont rap-º
d'Apollon, Osiris, On, Mithra, etc., ne fut portés dans l'histoire sainte : le soleil'
pas étranger aux Cananéens, quoique l'i- s'arrête à la voix de Josué, son ombre re
dentification de Bahal et du soleil, affir cule sur le cadran d'Achaz, il perd sa lu
SON 369 SON

mière à la mort du Sauveur, Jos. 10, 12. quer. Les rois cananéens, les patriarches,
2 Rois 20, 11. Matth. 27, 45.; on verra, les juges, offrent aussi de fréquents exem
aux articles spéciaux, les essais d'expli ples de ce mode de révélation, Gen. 20,
cation qui en ont été donnés. Jésus est 3. 31, 10. 24. 37, 5. Jug. 7, 13. 1 Sam.
appelé le soleil de justice, Mal. 4, 2. (Un 28, 6.1 Rois 3, 5. cf. Matth. 27, 19. Chez
beau sermon de M. Laget sur ce texte mé les prophètes, les songes étaient souvent
rite d'échapper à l'oubli). Le soleil est accompagnés de visions, Nomb. 12, 6.
considéré comme l'emblème de l'éternité, Joel 2, 28., et pendant la période de la
Ps. 72, 5. 89, 36. cf. Es. 30, 26. La fem captivité babylonienne, ce fut surtout par
me revêtue du soleil, Apoc. 12, 1., c'est des songes que Dieu découvrit l'avenir,
l'Eglise personnifiée. soit à ses prophètes, soit aux rois païens
SOLHAM, Lév. 11, 22., v. Sauterelles. victimes de leur vain orgueil, Dan. 2, 2.
SONGES. Indépendamment de ces rè 4. 5. 5, 12. 7, 1., etc. C'était tantôt une
veries sans valeur, qui peuvent provenir manifestation claire et parlée de la volonté
d'un état maladif, ou d'un accident quel divine, Gen. 20, 3.1 Sam. 28, 15. Matth.
conque, et qui sont le symbole du néant, 1, 20. 2, 12.19., tantôt une image symbo
Job, 20, 8. Es. 29, 7. Eccl. 5, 3. Ps. 73, lique dont il fallait rechercher la signifi
20., les Hébreux, comme tous les peu cation, Gen. 37, 7. Jug. 7, 13. Dans ce
ples de l'antiquité, et comme les Orien dernier cas, l'on s'adressait à ceux qui
taux en particulier, comptaient des son faisaient profession d'expliquer les son
ges significatifs et prophétiques. Ces ges, et qui étaient en général des per
Songes, songes du matin surtout, ne se sonnages très recherchés et très consi
raient autre chose que le développement dérés, Gen. 41, Dan. 1. Les mages de la
d'une faculté que personne ne pense à Caldée s'étaient en particulier acquis dans
méconnaître entièrement, celle du pres ce genre d'exercice une grande réputa
sentiment; elle se développerait d'une tion, comme les esséens parmi les Juifs.
manière plus active, lorsque le corps Mais s'il est vrai qu'il y ait, ou qu'il puisse
ayant cessé ses fonctions laisse le sys y avoir dans les songes des indices des
tème nerveux , et l'âme, plus libres d'a- choses futures, le chrétien ne saurait leur
gir. L'Ecriture, Job. 33, 15., et l'obser accorder qu'une faible et prudente atten
Vation se réunissent pour lever un coin tion; plus que le Juif, il est à même de
du voile qui recouvre les mystères du consulter le grand prophète suscité de
Sommeil, et les explications les plus natu Dieu, Deut. 18, 15-18. La loi et le témoi
relles n'empêcheront pas que les songes gnage doivent lui suffire, et il n'est au
ne soient dans certaines circonstances cun de nos intérêts, comme aucun de nos
ce qu'ils ont déjà été, des instructions devoirs, que la sagesse éternelle n'ait par
et des avertissements. Les païens, vivant faitement prévu , cf. Lév. 19, 26. Deut.
sans Dieu, mais ne pouvant se passer de 18, 10. Les faux prophètes avaient aussi
directions supérieures, avaient multiplié leurs songes, et ils en abusaient pour sé
les signes et symboles de l'avenir ; tout duire le peuple, Jér. 23, 25. 27.; le suc
Servait à des divinations; les songes ne cès même et la réussite de leur divination
furent pas négligés, et les auteurs pro étaient un piége de plus tendu aux sim
fanes sont remplis d'allusions à ces légè ples, et la peine de mort était prononcée
res divinités que les dieux envoyaient contre ceux qui, s'appuyant sur l'accom
aux hommes pour les sauver ou pour les plissement de leurs prédictions, cher
perdre, cf. Cic. Divin. 1, 43., etc.; des chaient à semer l'idolâtrie en Israël, Deut.
hommes spéciaux étaient chargés d'expli 13, 1-3. Satan fait aussi des miracles.
quer les songes dans les cas difficiles, et SONNETTES. On a parlé, à l'article
nous voyons cet usage régner déjà chez Prêtre, des sonnettes d'or (72, disent les
les Egyptiens, Gen. 40, 5.8.4l, 8.15. Juifs) que les prêtres portaient à la frange
Joseph seul comprend des avertissements inférieure de leur rochet, Ex. 28, 33. 39,
envoyés de Dieu, et que les habiles du 25. Il résulte aussi de Zach. 14, 20., que
pays se sont déclarés incapables d'expli les chevaux , comme dans l'Orient mo
ll. 24
SOP 370 SOR

derne, étaient souvent ornés de petites meilleurs parmi les modernes, est l'ou
clochettes. Ce sont les seuls cas où l'An vrage latin de Strauss (F. A.), Berlin1843.
cien Testament en fasse mention. 2° Sophonie, Zach. 6, 10.14., père de
SOPATER, Act. 20, 4., probablement Josias, inconnu.
le même que Sosipater, Rom. 16, 21., 3° Sophonie, fils de Mahaséja, sagan ou
était parent de saint Paul, natif de Bérée, second sacrificateur (vicaire, Jér. 52, 24.,
et, selon la tradition , fils d'un nommé c'est le seul passage de l'Ecriture, où
Pyrrhus. Il suivit l'apôtre de Grèce en cette charge soit mentionnée ; le sagan
Asie Mineure. suppléait le souverain sacrificateur dans
SOPHACH. v. Sobac. les cas où celui-ci était empêché de fonc
SOPHONIE (Tsephanyah; celui que tionner.) Sophonie, vicaire de Séraja, pa
l'Eternel a caché, ou, celui à qui l'Eternel raît avoir été au nombre des ennemis ca
a révélé les choses cachées, ou encore, chés de Jérémie ; ayant reçu de Sémahja
guérite de l'Eternel). 1° Le neuvième des de Babylone une lettre où Jérémie lui
petits prophètes, fils de Cusi, appartenait était dénoncé comme faux prophète, il en
à une grande famille, et remontait par fit publiquement la lecture en présence
quatre générations au roi Ezéchias : il du prophète, qui n'hésita pas à répondre
prophétisa sous Josias, après Habacuc, et immédiatement par une lettre dans le sens
avant la destruction de Ninive, 2, 13-15., de ses précédents oracles, Jér. 29, 25. Il
deux dates bien vagues qu'indique le li avait été deux fois chargé par Sédécias
vre lui-même, probablement avant la dix d'aller demander les conseils de Jérémie,
huitième année de Josias, et l'achèvement 21, 1. 37, 3., mais on n'a aucun détail
des réformes opérées par ce prince, cf. sur la manière dont il remplit son mes
1, 4. 3, 4. 2 Rois 23, 4. 5. Il a concen sage. ll fut mis à mort à Ribla par ordre
tré dans la courte prophétie qui nous de Nébucadnetsar, 2 Rois 25, 18. Jér. 52,
reste de lui, le résumé des prophéties 24.
qu'il dut prononcer pendant l'époque SOREK, vallée située entre Askélon
de son ministère public , la censure des et Gaza, et traversée par un torrent du
vices de son temps, des avertissements même nom, le plus grand de toute la côte
aux pécheurs endurcis qui marchent sans jusqu'au Carmel, le Bésor excepté; les
crainte à la rencontre d'une vie qu'ils auteurs ne sont cependant pas d'accord
ignorent, des avertissements à ceux dont sur le torrent désigné par ce nom ; les uns
la conscience n'est pas encore endurcie disent qu'il se jette dans la mer près
aux appels de Dieu , l'assurance donnée d'Askélon, les autres entre Asdod et Hé
aux justes qu'ils seront épargnés aujour kron. Délila, maîtresse de Samson, était
de la vengeance, et l'espérance glorieuse native d'un petit bourg situé près de
réservée à la fille de Sion. La promesse là, Jug. 16, 4., et Eusèbe dit que de son
succède à la menace, la grâce vient après temps on voyait au nord d'Eleuthéropolis
la justice, ou pour mieux dire, là, comme un village nommé Kaphar Sorek (village
partout, en petit comme en grand, l'Evan de Sorek) où la tradition portait que Sam
gile succède à la loi. ll n'est pas néces son avait vécu habituellement. ll n'ya nul
saire d'admettre pour cela, comme le font doute que ce bassin auquel appartenaient
la plupart des modernes, que le livre se lavallée desTérébinthes et celle d'Escol ou
divise en deux oracles distincts ; car d'a- des Raisins, n'ait reçu son nom des belles
bord, la limite qui sépare les deux ora vignes qui croissaient sur son terroir ;
cles, n'est pas bien déterminée, puisque c'était une petite espèce de raisins fort
ceux qui l'admettent, diffèrent sur l'en doux, et dont la graine est si molle qu'on
droit où commence le second, puis il est a dit quelquefois qu'ils n'avaient pas de
très naturel que dans le même oracle, pépins; ce plant originaire de Syrie, où
le prophète, après avoir censuré les pé il porte encore le nom de serki, serait
cheurs, console les justes , et encourage nommé Es. 5, 2. Jér. 2, 21. Gen. 49, 11 .
ceux qui s'amendent.— ll y a peu de com SORT. L'usage du sort est fort ancien
mentaires spéciaux sur ce livre ; l'un des chez les peuples orientaux, comme chez
sol 371 SOS
tous les peuples primitifs dont l'intelli divine semble accorder une espèce d'ap
gence n'a pas encore été développée par la probation à cette manière hasardée de
connaissance. Non-seulement il plaît à l'i- trancher les questions difficiles, Dieu lui
magination en lui fournissant une préoc même décidant toujours des événements,
cupation vive et facile, mais encore il ne quels que soient les moyens qu'on em
fatigue pas le jugement, il le laisse repo ploie. La Bible ne donne pas de détails
ser, et décharge de toute responsabilité Sur la manière dont le sort était jeté ; on
celui qui s'abandonne en aveugle à l'aveu suppose que c'était de dés (une fois de
gle destin, ou le fidèle qui dévotement flèches) qu'on se servait habituellement ;
pense avoir le droit de s'en remettre à quelques-uns pensent aussi, mais à tort,
Dieu seul pour les décisions importantes que l'Urim et le Thummim était une es
de sa vie. L'Ancien Testament nous four pèce de sort.— Quant à la fête des sorts,
| nit plusieurs exemples de païens consul v. Purim. Les chrétiens ne sont pas d'ac
tant le sort , Haman le consulte, Est. 3, cord sur la légitimité actuelle de l'emploi
7., pour fixer le jour où les Juifs devront du sort; quelques-uns, les frères Moraves
être exterminés ; les nautonniers l'inter surtout (v. Bost, Hist. des Moraves, II,
rogent, Jon. 1, 7., pour connaître quel p. 74. et ailleurs) l'emploient sans scru
est au milieu d'eux le coupable que pour pule, et peut-être trop souvent, là même
suit sur la mer la vengeance céleste; Né où les directions ordinaires de l'Evangile
bucadnetsar le jette sur deux flèches pour devraient suffire ; d'autres regardent
Savoir le chemin qu'il doit prendre, Ez. comme un péché d'y avoir recours : c'est
21, 26., etc. Les Hébreux aussi le con un point sur lequel nous croyons que la
sultent, d'après l'ordre de Dieu, pour le conscience chrétienne doit rester libre,
partage de Canaan conquis, Nomb. 26, Le sort n'est pas défendu, et nous voyons
55. 33, 54. 34, 13. 36, 2. Jos. 14, 2. 18, le collége apostolique nous donner le
6. 19, 51. C'est le sort qui assigne à cha premier l'exemple non-seulement de la
que famille son héritage, et aux Lévites tolérance, mais de l'usage même. Il peut
les villes de leur possession ; de même se présenter des cas décidément douteux,
au retour de l'exil, Néh. 11, 1. Le sort et dans ces cas s'en remettre au SOrt avec
décide, au temps de David, de l'ordre dans un esprit de prière , c'est s'en remettre
lequel les vingt-quatre classes de prê au Seigneur.
tres doivent servir dans le temple, 1 Chr. SOSANNIM. v. Musique.
6, 54.61. cf. Néh. 10, 34. Luc 1, 9. Il dé SOSIPATER. v. Sopater.
signe ceux des hommes du pays, dix sur SOSTHENES. Successeur de Crispus
cent, qui doivent prendre part à l'expé comme chef de la synagogue de Corinthe,
dition contre les Benjamites, Jug. 20, 10. à l'époque de Gallion et du second voyage
Il préside au partage du butin, 1 Chr. 24, missionnaire de Paul, Act. 18,17.Compro
et 25, et les vêtements de notre Sauveur mis dans l'émeute prOvOquée parsOn trou
sont jetés au sort, Matth. 27, t35. Jean peau contre les chrétiens, et le tribunal
19, 24. cf. Ps. 22, 18. Dans les enquêtes ayant décliné sa compétence en matière
| criminelles, et en l'absence de témoins de controverses religieuses, il fut battu
suffisants, on procède de la même ma par les Grecs, qui voulaient peut-être faire
nière : Hacan, Jonathan, Jonas sont dé leur cour au président du tribunal, en
· couverts, Jos. 7, 14. 1 Sam. 14, 42. Jon. protestant de cette manière contre l'appel
1,,7, Saül enfin est nommé roi, et Mat au bras séculier que les Juifs avaient inu
thias apôtre par le sort, 1 Sam. 10, 20. tilement tenté. D'autres leçons, moins
Act. 1, 26. -La législation mosaïque ne probables, portent que ce furent les Juifs
fournit qu'un seul exemple où l'emploi qui battirent leur chef, soupçonné d'être
1 du sort soit commandé, c'est celui de la favorable à l'apôtre. Il paraît en effet, qu'à
: mise en liberté d'un des boucs offerts l'exemple de son prédécesseur, il se joi
pour le peuple en expiation de ses péchés, gnit plus tard aux disciples, 1 Cor. 1, 1 .
, Lév. 16, 8-10., et les passages Prov. 16, (Michaélis, Winer, etc., pensent qu'il ne
· 33, 18, 18., sont les seuls où la sagesse s'agit pas de la même personne dans ce
SOU 372 SPA

dernier passage). Eusèbe le range au ridique, d'ôter le soulier de celui qui re


nombre des soixante-dix disciples, et le fusait d'épouser sa proche parente, veuve
fait devenir évêque de Colophon. sans enfants, Deut. 25, 9. 10 Ruth 4,
SOULIERS. Les Grecs, les Romains et 7., s'explique peut-être par l'idée assez
les Orientaux de tous les temps, portaient, naturelle, que toucher la terre de son
au lieu de souliers, des sandales, ou sim soulier, c'est en prendre possession, que
ples semelles de cuir ou de bois, ratta ce que l'on tient sous son pied, sous sa
chées sur le coude-pied par des cour pantoufle, on le possède; le refus de pos
roies, Gen. 14, 23. Es. 5, 27. cf. Luc 3, séder se constaterait alors par le dépouil
16., et plusieurs bas-reliefs ou sculptures lement de la chaussure ; on a rattaché à
de Persépolis nous ont conservé l'image cet usage les passages Ps. 60, 8. 108, 9.,
de cette ancienne chaussure aussi simple et l'on se rappelle que les rois d'Orient
que conforme aux besoins des climats mé jetaient leur soulier sur un objet comme
ridionaux. Lessandales des femmes étaient signe de leur souveraineté; quoique ces
en général ornées avec beaucoup de luxe, passages soient obscurs, et que d'autres
Judith 16, 11. Ez. 16, 10. cf. Cant. 7, 1. explications aient encore été essayées,
Virg. AEn. 1,335., etc.; elles étaient tein c'est cependant autour de cette idée que
tes en pourpre ou de plusieurs couleurs, leur vraie signification doit être cherchée.
soit que cet ornement ne fùt donné qu'aux — Quant aux mesures de propreté néces
courroies, soit qu'elles eussent déjà un sitées par l'usage d'une chaussure qui
iéger rebord qui en aurait fait des espèces laissait une partie du pied exposée à la
de pantoufles et aurait servi d'achemine poussière, v. Purification.
ment aux souliers proprement dits, que SOURCES. v. Ruisseaux, Puits, Fon
les riches et les nobles d'entre les Per taines.
ses ne tardèrent pas à substituer aux sim S0URlS. La famille entière des souris,
ples semelles du soulier primitif. Les der les rats y compris, était déclarée impure
miers des esclaves avaient à s'occuper de dans la loi de Moïse, Lév. 11, 29. Quel
la chaussure de leurs maîtres, pour la lier, ques-unes des espèces ont cependant été
la détacher ou la porter, Matth. 3, 11. regardées comme un mets délicat par les
Marc 1, 7. Jean 1, 27. Act. 13, 25. On ne Arabes, et par les Romains mêmes, qui éle
portait pas de souliers dans les apparte vaient des loirs pour leurs tables. Le nom
ments; aussi, lorsqu'on rendait une visite, hébreu hak'bar (mange-champ, ou mange
avait-on soin de se déchausser avant d'en blé), désignerait plus spécialement le rat
trer. Ce n'était qu'au festin pascal, par des champs, si tristement célèbre dans
exception, que les israélites gardaient les campagnes ; c'est l'espèce mentionnée
leur chaussure, afin de mieux figurer les l Sam. 6, 4. sq., parmi les tributs que les
préparatifs du voyage que ce repas leur Israélites imposèrentaux Philistins, et Es.
rappelait, Ex. 12, 1 1., car en voyage, 66, 17., parmi les objets d'un culte impur.
tous ceux qui en avaient les moyens mar On ne voit nulle part que les souris aient
chaient chaussés, Act. 12, 8. C'est les été réellement adorées, ni mème offertes
pieds nus que de bonne heure on aborda en sacrifices, mais comme c'est un ani
les lieux consacrés à la divinité, Ex. 3, 5. mal qui demeure sous terre et dans l'ob
Act. 7, 33. Jos. 5, 15., et la tradition juive scurité, il n'y a rien d'étrange à ce que
porte que c'est aussi nu-pieds que les prê son nom soit mêlé aux cérémonies de ma
tres remplissaient leurs saintes fonctions, gie nocturne censurées par le prophéte.
soit qu'il s'y mêlât une idée de macéra Quant à Es. 2, 20., v. Taupes. -

tion, soit que ce fût par une idée de pu SPARTE. Cette célèbre capitale de la
reté, soit enfin qu'il n'y eût là qu'une Laconie, au sud-est du Péloponèse, cette
marque conventionnelle de respect, com capitale de la république lacédémonienné,
me dans la mode européenne de se dé cette ville si irrégulièrement bâtie sur
couvrir la tête. Dans un grand deuil, on plusieurs collines, qui n'eut jamais d'au
marchait aussi déchaussé, 2 Sam. 15, 30. tres remparts que sa situation et le cou
Ez. 24, 17.23. Es. 20, 2. La coutume ju rage de ses habitants, et dont il ne reste
STA 373 STE

plus maintenant que des ruines, n'est àcre. Une résine transparente. blanchâtre
nommée nulle part dans l'Ecriture sainte. Ou d'un rouge brun, tendre, plus agréa
Elle ne trouve de place ici que parce que ble à l'odorat qu'au goût, découle de cet
quelques auteurs ont voulu l'identifier arbre, soit naturellement, soit par le
avec Sépharad, Abd. 20., et parce que moyen d'incisions qui, en rendant le pro
· une tradition juive fait descendre les duit plus abondant, nuisent cependant au
Spartiates d'Abraham, 1 Macc. 12, 21. développement et à la vie de l'arbre. —
Josèphe, Ant. 13, 5.8. 12, 14.9. Gro On a cru aussi que l'hébreu nekoth, tra
tius et Calmet, sont parmi les modernes, duit par drogues, Gen. 37, 25. 43, 11.,
les plus fortes autorités qui aient pris désignait le stacte ou le storax ; les Sep
cette parenté sous leur patronage ; Bo tante l'ont rendu par aromates en géné
chart, Huet et Michaélis, se donnent en ral : le sens n'en est pas exactement dé
revanche beaucoup de peine pour expli terminé ; l'analogie de l'arabe fait sup
quer comment un malentendu a pu don poser qu'il s'agit d'une espèce d'astra
ner lieu à cette tradition. Quant au fond gale, le tragacanthe, qui produit une
de la question, nous n'avons pas à l'exa gomme blanche et dure, sans goût ni
miner. odeur, que l'on trouve sous ce nom dans
STACHYS, disciple de Rome, ami de nos pharmacies. — C'est aussi par stacte
Paul, Rom. 16, 9., probablement Grec que Luther a traduit à tort l'hébreu sheh
d'origine ; du reste, inconnu. La tradi heleth. v. Onyx.
tion le fait évêque de Constantinople. STADE. 1° Mesure de chemin, grec
STACTE, gomme odoriférante qui dé que d'origine, et qui depuis Alexandre
coule naturellement de l'arbre de myrrhe, le Grand , fut généralement admise en
et à laquelle aucune autre ne saurait être Orient : elle est souvent employée dans
préférée, Pline 12, 75. On a cru, d'après les Apocryphes, régulièrement dans Jo
les Septante, qu'elle était désignée par sèphe, et quelquefois dans le Nouveau
l'hébreu nataph, Ex. 30, 34., et nos ver Testament, Luc 24, 13. Jean 6, 19. 11, 18.
sions ont suivi cette traduction. Mais la Apoc. 14, 20. 21, 16. Le stade olympique
myrrhe a déjà un autre nom hébreu, et comptait 600 pieds grecs, ou 125 pas ro
d'ailleurs il ne paraît pas qu'elle fût em mains (625 pieds), environ 220 mètres ;
ployée sèche et froide, tandis que c'est 8 stades faisaient un mille, soit la 4° par
après avoir été pilée que la substance tie d'une lieue géographique, ou la 60e
mentionnée dans l'Exode, entrait dans la partie d'un degré.—2° Le mot lice, 1 Cor.
composition du parfum du sanctuaire. On 9, 24. cf. Hébr. 12,1., devrait proprement
croit plutôt que le nataph désignait la plus se traduire par stade. On appelait ainsi le
fine gomme du storax, et que l'arbre lui lieu où se faisaient les exercices publics
même est désigné Gen. 30, 37.Os. 4, 13., de la course, parce que la longueur était
sous le nom de libneh (le blanc), que précisément d'un stade. Celui qui arrivait
nos versions ont rendu par peuplier, q. le premier, recevait du juge des jeux le
v, Le storax croît en Syrie, en Arabie, prix de la course, une couronne, 1 Cor.
dans l'Asie Mineure, en Ethiopie, et même 9, 25., de verdure. Chaque ville un peu
dans les contrées méridionales de l'Eu considérable de la Grèce, et des colonies
rope ; il atteint une hauteur de 4 à 7 mè grecques de l'Asie, avait un lieu destiné
tres et ressemble sous quelques rapports à ces exercices, indépendant ou aggrégé
au cognassier; il jette une quantité de au gymnase. Le Nouveau Testament ren
petites branches; ses feuilles, ovées et ferme plusieurs allusions aux jeux pu
pétiolées, ont 6 à 8 centimètres de long, blics, et à celui-là en particulier.
sur 4 à 5 de large; ses fleurs sont d'un STATERE, Matth. 17, 27., pièce de
blanc de neige et terminent en bouquet monnaie de la valeur d'un sicle, q. v. —
l'extrémité des branches; elles répandent v. aussi Monnaie.—Le statère d'or valait
une odeur fort agréable; le fruit est une près de 20 fr. (19 fr. 82 c.); le statère
espèce de petite noix qui contient deux d'argent, Matth. 17, 24., valait 1 fr. 66 c.
graines, dures, lisses et d'un goût très STEPHANAS, disciple de Corinthe,
*

SUC 374 SUR

dont Paul avait baptisé la famille, la pre ses poussins, l'entendent de la Poussi
mière de l'Achaïe qui se fût convertie au nière (ou des Pléïades), de sorte que nous
christianisme, 1 Cor. 1, 16. 16, 15. Cette aurions ici le nom, conforme à la théolo
famille se distingua par sa piété et son gie de Babel, d'une divinité astrologique.
hospitalité, et Paul en recommandel'exem Winer, d'après Selden et Grotius, pense
ple aux fidèles de Corinthe ; quelques qu'il s'agit de tentes dans lesquelles les
uns de ses membres remplissaient, à ce filles se prostituaient en l'honneur de la
qu'on suppose, des charges importantes Vénus babylonienne, Milytta, et le parallé
dans l'Eglise. On croit que Stéphanas était lisme ne combat pas d'une manière abso
mort lorsque saint Paul écrivait aux Co lue cette interprétation, que recomman
rinthiens. dent d'ailleurs plusieurs autorités, et no
STORAX. v. Stacte. tamment Hérodote 1, 199. Hengstenberg
STRYMON. La plupart des commenta traduit par : petits temples des filles (de
teurs voient dans le Strymon qui coule à Bel et de Milytta). Gesenius enfin modifie
14 lieues de Philippes, le fleuve désigné le texte, et lit : les tentes des hauteurs,
Act. 16, 13., mais il est évident que c'est ou des hauts lieux.
l'aller chercher beaucoup trop loin. Ril SUKIENS, 2 Chr. 12, 3., peuplade afri
liet pense, avec beaucoup plus de vraisem caine qui, avec les Libyens et les Cusites,
blance, qu'il s'agit dans ce passage, d'un prit part à l'expédition de Sisak ; elle est
courant d'eau formé par la réunion des du reste inconnue. Les Septante et la Vul
sources qui s'échappaient du pied de la gate traduisent par Troglodytes, et pen
colline sur laquelle Philippes était bâtie, sent sans doute à ces Troglodytes éthio
ou de la rivière Gangitès, qui n'était qu'à piens qui habitaient la côte occidentale de
18 stades (3 kilom.) de la ville : Comment., la mer Rouge, et étaient célèbres par la
p , SUAH,
12. fils d'Abraham par Kéturah, rapidité de leur course et leur habileté à
manier la fronde. D'après Pline 6, 29., il
Gen. 25, 2. Bildad était originaire du lieu y aurait eu dans cette contrée une ville
peuplé par les descendants de Suah, Job nommé Suché, peut-être le Suaken d'au
2, 11. 8, 1. 25, 1., c'est-à-dire de la Sac jourd'hui. -

caïa à l'est de la Batanée, ou plutôt (Rau SUNEM, Sunamite. Ville d'Issacar, si


mer) de Szychan dans les monts de Séhir, tuée sur le chemin de Guilgal au Carmel,
au sud de Dhana ; v. Huz. non loin de Guilboah, Jos. 19, 18.1 Sam.
SUCCOTH (tentes, cabanes). 1° Pre 28, 4.1 Rois 1, 3. etc. 4, 8. C'est surtout
mier campement des Israélites dans le par l'histoire de l'heureuse et pieuse Su
désert, Nomb. 33, 5. Ex. 12, 37. C'était namite (Sermons de Krummacher) que cet
un campement, ou un village nomade, endroit a été rendu célèbre. L'épouse du
et l'on ne saurait par conséquent en dé Cantique, à cause d'une fausse leçon, a
terminer la position.—2° Ville de la tribu aussi été nommée la Sunamite, au lieu de
de Gad située au-delà du Jourdain dans la Sulamite. D'après Eusèbe, Sunem ou
une vallée, Jos. 13, 27. Ps. 60, 6. Jug. 8, Sulem aurait été située à 5 milles sud du
5.1 Rois 7, 46. cf. Gen. 33, 17. Elle exis Tabor : il y avait encore une autre S0
tait encore du temps de Jérôme dans la nam dans l'Acrabatène, aux environs de
Scythopole, et Burckhardt croit en avoir Samarie.
retrouvé les ruines au sud de Bysan. SUPPLICES. v. PeineS.
SUCCOTH-BENOTH, 2 Rois 17,30. Ce SUR, Gen. 16, 7. 25, 18. Ex. 15,22 , 1
nom hébreu qui signifie tentes des filles, Sam. 15, 7. 27, 8. Désert qui va depuis
, est donné à l'un des objets du culte ido le sud de la Palestine (El Arisch) , jus
lâtre des Babyloniens, que les colons de qu'au golfe de Suez et au Nil , et qui sur
Babylone transportèrentenSamarie.Com une étendue de trente-six heures de rou
me les mots parallèles sont des noms de te ne présente ni terres labourables, ni
faux dieux, on a cru que ce mot devait pâturages, ni habitations , c'est le désert
être aussi le nom d'une divinité païenne, avec ses sables mouvants et tout ce qu'il
et les rabbins, le rendant par la poule et a d'effrayant. Des dunes bordent la côte
SYC 375 SYN

de la Méditerranée, et le sol est tellement nies de petits poils par-dessous; le fruit,


bas que les vents du nord font avancer sans noyau, ne vient ni en graines, ni à
les eaux de la mer de plusieurs lieues l'extrémité des rameaux, mais attaché par
dans les terres. Cependant, comme cette le pétiole au tronc et aux plus grosses
contrée présente la communication par branches ;il est jaunâtre, et ressemble aux
terre la plus directe entre l'Egypte et la figues sauvages pour la forme et l'odeur.
Palestine, elle a été traversée depuis les Le goût en est doux, et assez agréable,
temps les plus anciens jusqu'à nos jours, quoiqu'il n'approche pas du goût des fi
par les caravanes, les armées et les peu gues, et ce ne sont en général que les
ples. pauvres gens qui s'en nourrissent.Ce fruit
SUSAN, ville principale de la province ne mûrit que si on le pique ou l'égrati
de la Susiane, située entre la Babylonie gne avec des peignes de fer : cette occu
et la Perse, résidence des rois perses, qui pation était une des industrie d'Amos, 7,
au printemps venaient y faire un séjour 14. Quatre ou cinq jours après cette opé
dans le château-fort qu'ils y avaient fait ration, la figue est mangeable. L'arbre
construire, Néh. 1, 1. Dan. 8, 2. Est. 1, lui-même est rendu plus fécond lorsqu'on
2.5. On en attribuait la fondation à Mem en incise l'écorce : de chaque incision
non. La ville était située au bord du fleu découle une espèce de lait qui se coagule,
ve Choaspes, ou Eulaeus (v. Ulaï, Dan. 8, et finit par former un rameau; l'on peut
2.), à 450 milles romains d'Ecbatane, et y recueillir en son temps de quatre à sept
à la même distance environ de Séleucie : figues ; mais l'arbre s'épuise. A la place
elle était ornée de magnifique monuments, de chaque fruit que l'on cueille il en naît
et c'était le dépôt central des trésors des un nouveau, et l'arbre toujours vert peut
rois perses. Il n'en reste plus que des donner quelquefois jusqu'à sept récoltes
ruines, à 2 milles ouest de Desphul. Elle dans l'année. Le bois du sycomore est
est célèbre par les révélations de Daniel, léger, mais solide et presque indestruc
l'histoire d'Ester, et l'édit de Darius au tible; aussi les Israélites le recherchaient
torisant le rétablissement du temple. — ils de préférence comme bois de con
Les chaleurs y étaient fort grandes en été, struction, Es. 9, 9.
l'hiver y était doux, et le printemps déli SYENE, la ville la plus méridionale de
cieux. l'Egypte, située dans la Thébaïde, non
SUZANNE (lys), une des saintes fem loin de l'Ethiopie, sur la rive est du Nil,
mes qui accompagnaient notre Seigneur, ou suivant Pline, sur une presqu'île for
n'est connue que par la mention de Luc mée par ce fleuve, à égale distance d'A-
8, 3. lexandrie et de Méroé, Ez. 29, 10.30, 6.
SYCHAR. v. Sichem. Les anciens avaient déjà remarqué que
SYCOMORE (ficus egyptia, ou ficus sy dans les longs jours , le soleil y tombait
comorus, hébr. shikemim). Cet arbre ap perpendiculairement, et que les corps
partient à la famille du figuier, mais res droits ne donnaient pas d'ombre. On croit
semble plutôt au mûrier blanc par son en reconnaître les ruines, au nord-est
feuillage et son apparence extérieure. desquelles s'élève maintenant Assvan ou
L'Egypte est sa patrie, on le trouvait ce Assouan, qui était au moyen âge une ville
pendant en Palestine et sous des climats assez importante. La contrée est riche en
plus doux, Ps. 78, 47. 1 Rois 10,27.1 Chr. rochers de granit. Juvénal y fut exilé.
27, 28. Am. 7, 14. Es. 9, 9. Luc 19, 4. Il Davoust y battit les Mamelouks en 1799.
croît volontiers dans les plaines et dans SYME0N. v. Pierre.
les vallées, mais demande un sol sec. Son SYNAGOGUES, mot grec signifiant ré
tronc est très noueux, et atteint une gran unions, assemblées, par conséquent aussi
de hauteur, il pousse un grand nombre de églises. C'est le nom que l'on donna de
branches qui s'étendent au loin, et for puis l'exil aux lieux où les Juifs se ras
ment une masse épaisse de feuillage qui semblaient pour l'exercice public de leur
a souvent jusqu'à 40 pieds de diamètre : culte. La tradition assignait à l'origine
les feuilles sont taillées en cœur, et gar des synagogues une très haute antiquité,
SYN - 376 . SYN

cf. Act. 15, 21., et les rabbins allaient gues étaient le plus souvent bâties dans
même jusqu'à en faire une institution pa l'intérieur des villes, et presque toujours
triarcale ; les tentes de Jacob, Gen. 25, en un lieu élevé; ce n'est que plus tard
27., leur faisaient l'effet de synagogues. qu'on en éleva aussi dans le voisinage
On s'appuyait surtout sur Deut. 31, 11. des cimetières. Les frais de construction
et Ps. 74, 8., pour prOuver cette ancien et d'entretien étaient à la charge de la
neté de l'institution; mais l'un de ces pas communauté, mais on voit aussi que sou
sages ne se rapporte qu'à la lecture de la vent de simples particuliers, parfois mê
loi, l'autre aux lieux saints où l'Eternel me des païens, Luc 7, 5., contribuaient
s'était manifesté, sans que l'idée de sy pour une forte part à ces dépenses, qui
magogue y soit même exprimée (nos ver n'eussent pu être couvertes par les con
sions ont traduit le général par le parti tributions volontaires de l'assemblée. Les
culier). C'est surtout pendant l'exil, alors · Juifs se faisaient une très haute idée de '
qu'Israël n'avait plus de centre religieux, la sainteté de ces lieux de culte, et ils en
plus de terre sainte, plus de sanctuaire, respectaient la place alors même que le
que le besoin de réunions d'édification se culte avait été transféré ailleurs. On se
fit sentir plus vivement aux Juifs; il est réunissait dans les synagogues les sab
fort probable que ce fut alors que prit bats, les jours de fête, et plus tard le deu
naissance l'institution des synagogues, ce xième et le cinquième jour de chaque
culte sans sacrifices , dont ils durent se semaine, les femmes ayant des places sé
contenter, et auquel ils finirent par s'at parées, et fermées par des jalousies. Ces
tacher tellement qu'ils en transportèrent réunions étaient consacrées à la prière en
l'idée dans leur patrie dès qu'il leur fut commun, et à la lecture d'une portion de
permis d'y retourner, cf. Néh. 8, 1. Au la loi ou d'un livre quelconque de l'An
temps de Jésus, on trouve au moins une cien Testament, Act. 13, 15. 15, 21., faite
synagogue dans toutes les villes un peu par un des membres de l'assemblée, Luc
importantes de la Palestine, à Nazareth, 4, 16., par un prêtre ou par un ancien,
Luc 4, 16., à Capernaüm, Marc 1, 21.Luc d'après Philon : quelques paroles d'édifi
7, 5. Jean 6, 59., ainsi que dans les villes cation, simples et libres, sur la lecture ! »
de la Syrie, de la Grèce, ou de l'Asie Mi qui venait d'être faite, complétaient ce
neure, Act. 9, 2. 13, 5. etc. 14, 1. 17, 1. genre de culte, qui se rapproche à tant
18, 4. 19, 8. Dans les villes plus consi d'égards des habitudes religieuses de nos "
dérables on trouvait un plus grand nom Eglises. Un passage de Philon fait suppo
bre de synagogues, proportionnellement ser que le lecteur et celui qui expliquait
aux besoins de la population, et Jérusalem la lecture n'étaient pas ordinairement la
en eut jusqu'à 460, ou 480 : chaque cor même personne. L'assemblée se retirait '
poration, chaque nationalité, paraît avoir ensuite après avoir répondu par un amen
eu la sienne, cf. Act. 6,9. Les proseuques, solennel à la bénédiction donnée par un !
maisons de prière, ou oratoires, ne doi prêtre, 1 Cor. 14, 16. ,, ! " * !
vent pas être confondus avec les syna Les employés de la synagogue (officiers
gogues (v. Rilliet, Comment. sur l'Epître du culte) étaient : 1o le chef, ou 2gytavvg
aux Philippiens, Introd. p. 12. sq.); c'é- 76,yo;, qui exerçait en général'les fonc- '
taient des lieux de réunion , ordinaire tions de président, veillant à l'ordre, di-"
ment non couverts, et situés près d'une rigeant l'assemblée, et s'occupant de tout "
eau courante, à cause de l'habitude des ce qui concernait le culte, Luc 8, 49 13º
Juifs de se laver avant de faire leur priè 14. Marc 5, 35. Act. 13, 15. 18,8.17. C'é-ºl
re, Act. 16, 13. Il est probable que ces tait lui qui donnait la parole à ceux qu'il"
proseuques, premier et modeste essai de en jugeait capables, et aux étrangers "
culte des Juifs dispersés dans les centres dont on pouvait attendre de l'édificationº
païens, prirent souvent une consistance —2° Les anciens, Luc 7, 3., appelés aussi"º"
plus forte, et se changèrent avec le temps les principaux, Marc 5, 22. Act. 43, 155"!
en de véritables synagogues, tout en con et en hébreu les pasteurs, ou les prési
servant leur nom primitif. Les synago dents. Ils formaient, sous la présidence .
SYN 377 . SYR ^
du chef, un conseil de délibération, une d'exécuteur.v. Fouet. - º" " ! "
espèce de consistoire.—3° Le légat de l'E- Le mot grec synagogue est employé !
glise, son envoyé, qui faisait les prières, dans son sens étymologique pour dési- º
servait de secrétaire, et parfois de mes gner des assemblées chrétiennes, Hébr. :
sager au conseil des anciens ; sa charge 10, 25.Jacq. 2, 2. ' º ° º° º
n'est pas bien définie. — 4° Le bedeau ou V. encore les articles Ecoles, Liber-! "
marguillier, Luc 4, 20., qui ouvrait et fer tins, Satan, etc. | : t"

mait la synagogue, pourvoyait à la pro SYNTICHE. v. Evodie. -

preté du local, prenait soin des livres du SYRACUSE, Act. 28, 12., célèbre ville '
culte, et peut-être quelquefois entonnait de la côte orientale de la Sicile : fondée
et dirigeait le chant. Il y avait pent-être par Archias de Corinthe, elle comprenait
aussi des collecteurs, chargés de réunir primitivement cinq villes qui, avec le
les aumônes de la congrégation en faveur temps, ne formèrent plus que cinq quar
des pauvres, mais ce n'est pas Matth. 6, tiers réunis par un mur d'enceinte de 180
2., qui suffirait à le prouver, et ce que stades de longueur (Strabon). Célèbre
les rabbins nous disent des synagogues c0mme berceau de Théocrite et comme
en général ne doit pas être entendu d'une tombeau d'Archimède, elle finit sous Au- !
manière absolue quant à l'antiquité des guste par n'être plus qu'une colonie ro
usages , les synagogues dont ils parlent maine. Saint Paul y aborda dans son
ne sont pas celles que l'on trouvait du voyage en Italie, et y demeura trois
temps de Jésus, et dans les jours des apô jours, Act. 28, 12. Siragossa n'est plus
tres; et sous le rapport des ornements maintenant, comparativement à son an
matériels, la beauté des descriptions qu'ils cienne grandeur, qu'un bourg qui s'ho
en donnent, contraste singulièrement avec nore de quelques ruines qu'on trouve
la simplicité qui caractérisait les lieux de dans son voisinage; il compte 14,500 ha
culte, dans les àges plus anciens et dans bitants, et ne possède aucun monument
les dernières années de Jérusalem.Ainsi m0derne.
l'on ne voit mentionnés, Matth.23,6, Jacq. SYRIE. Hérodote dit que c'est le nom
2, 3., que des siéges , c'était en quelque d'Assyrie, abrégé par les Grecs (7, 63);
sorte la partie constituante du matériel d'autres pensent que c'est une corrup
de la synagogue , les premiers étaient ré tion de l'hébreu Tsor, Tyr. Quoi qu'il en
servés aux anciens et aux scribes ; on soit, la Syrie est l'ancien Aram, passé en- '
peut croire cependant que même à cette tre les mains des Grecs et des Romains, "
époque il y avait en outre une espèce de avec ses incertitudes géographiques. Dans !
tribune, ou de siége plus élevé pour le les Apocryphes, ce nom désigne essentiel- º
président, et une armoire pour les saints lement le royaume des Séleucides, dont "
rouleaux de la loi.-Certaines peines dis Antioche était la capitale; dans le Nou
ciplinaires, et pour ainsi dire ecclésiasti veau Testament, la Syrie est une province "
ques, étaient subies dans les synagogues, romaine, qui comprenait la Phénicie, Act.
en particulier la flagellation, Matth. 40, 21, 3., et à laquelle, sauf de courts inter
17.23, 34. Marc 13, 9. Luc 12, 11. cf. 21, valles, la Judée se rattachait depuis six
12.Act. 22, 19. 26,11.2Cor. 11, 24.Mais ans avant la naissance de Christ. Si ce
autant le fait est constaté, autant les mo nom se rencontre quelquefois dans nos
tifs et les circonstances qui l'accompa traductions de l'Ancien Testament, il n'y
gnaient restent obscurs pour nous; selon a été introduit que par la substitution des
quelques auteurs, la flagellation, quarante noms nouveaux aux noms anciens, car
coups moins un, était une commutation l'original désigne uniformément la Syrie ,
de la peine capitale ; selon d'autres, elle et ses subdivisions par le nom d'Aram, '
remplaçaitl'excommunication pour les sa q. v. Les données des anciens géographes
vants et les étudiants , elle s'appliquait sur les limites de la Syrie, varient consi- .
dans les cas d'hérésie, ou de péché scan dérablement. Les limites les plus proba- .
daleux, v, Peines; l'un des fonctionnaires bles et les plus constantes seraient au
de la synagogue remplissait les fonctions nord le Taurus, à l'ouest la Méditerranée, .
SYR 378 SYR

au sud l'Egypte et les déserts de l'Arabie, la Syrie passa avec la Judée et la Phéni
à l'est des plaines arides et monotones cie sous la domination perse, puis sous
s'étendant jusqu'à l'Euphrate, la Phéni celle des Grecs au temps d'Alexandre,
cie et la Judée étant exceptées, et demeu 330 avant C. On se rappelle comment la
rant indépendantes à côté de ce puissant mort soudaine de ce conquérant, 323 av.
et redoutable voisinage. Au nord du Li C., fut l'occasion de luttes acharnées en
ban, des chaînes de montagnes couvrent tre ses généraux, comment la posses
en se ramifiant la partie haute du pays, et sion de la Syrie fut longtemps disputée,
vont s'abaissant d'un côté vers l'étroite comment enfin, après la bataille d'Ipsus
côte de la Phénicie, de l'autre vers les (301 av. C.), elle passa, moins la Cœlésy
vastes déserts qui se maintiennent long rie et la Palestine, sous le sceptre de Sé
tempS à une hauteur considérable avant leucus Nicator, qui l'occupait déjà depuis
de s'incliner vers l'Euphrate. Une vallée vingt ans comme gouverneur, avec : la
profonde sépare la Syrie occidentale et Mésopotamie, la Babylonie, et toutes les
maritime de la Syrie orientale et inté conquêtes orientales des armes macédo
rieure; elle est arrosée par l'Oronte qui, niennes. La Syrie proprement dite fut dès
prenant sa source dans la contrée du Li lors, pendant une période assez longue,
ban, court au nord-ouest et se jette dans le noyau d'une grande monarchie, qui re
la Méditerranée un peu au-dessous de Sé çut le nom des Séleucides ses maitres, et
leucie, après avoir baigné les murs d'An eut Antioche pour capitale. Les puissants
tioche; le Chrysorrhoas fertilise les en et rapides progrès de ce royaume (qui ne
virons de Damas, et ces deux fleuves, fé tarda pas à former des relations avec la
condant les prairies et les rendant propres Judée), et les premiers symptômes de sa
à l'élève des bestiaux, tempèrent en mê décadence, sont compris entre Séleucus,
me temps l'ardeur du climat, qui est doux son fondateur, et Antiochus III, dit le
et salubre. Les tremblements de terre et Grand(301-187 av. C.). Antiochus II avait
les nuées de sauterelles sont malheureu déjà perdu les Parthes (256), qui s'étaient
sement deux plaies qui, tour à tour, visi constitués en un royaume séparé; Antio
tent la Syrie, et mettent à néant les espé chus III, après avoir donné la Palestine
rances que ce beau pays serait par lui et la Cœlésyrie en dot à sa fille Cléopâtre,
même de nature à faire concevoir. épouse de Ptolémée V roi d'Egypte, suc
La Syrie a été de tout temps la grande comba dans la bataille de Magnésie (189),
voie de communication entre l'Orient et sous les armes romaines qu'il avait in
l'Occident, et Damas, le principal entre considérément provoquées, et dut aban
pôt du commerce entre les deux mondes. donner toutes les provinces situées en
Strabon divise la Syrie en un certain deçà du Taurus. Un grand nombre de
nombre de provinces, qui sont, en venant Juifs s'étaient déjà établis en Syrie, no
du nord, la Comagène, la Séleucie, la tamment à Antioche, où ils éprouvèrent,
Cœlésyrie, la Phénicie et la Judée; Pto comme en Palestine, la protection des
lémée en compte davantage, mais omet les maîtres du pays.
deux dernières. La Bible mentionne les La seconde période de l'histoire de ce
subdivisions suivantes, sans que rien in royaume va de Séleucus Philopator à Dé
dique qu'elles forment un tout complet: métrius Soter (187-151) : la Cœlésyrie et
Aram-Mahaca, c'est-à-dire les contrées la Palestine sont de nouveau provinces
voisines de l'Hermon, 2 Sam. 10, 6-8. syriennes; le cruel Antiochus Epiphanes
Deut. 3, 14.; Aram-Dammések (la Syrie (175) opprime les Juifs, et les pousse à
de Damas), 2 Sam. 8, 5. 6.; Aram-Beth cette résistance désespérée dont les Apo
Réhob, ou laSyrie dans la contrée du pas cryphes ont essayé d'esquisser le tableau,
sage (qui conduit à Hamath), 2 Sam. 10, La guerre de succession qui commence à
6-8.; Aram-Tsoba, ibid. ; etc. sa mort, finit par assurer la victoire aux
Quant à l'histoire de ce royaume jus patriotes juifs, qui érigent leur pays en
qu'à Alexandre le Grand, v. Aram, et une principauté libre, 4 Macc. 13. Les rois
Damas. Après la domination caldéenne, de Syrie la flattent et cherchent à se la
SYR 379 SYR

rendre favôrable. L'influence croissante qui avait appartenu à Hérode le Grand ;


de la politique romaine, des luttes inté mais, déjà en 44, la Judée vit recommen
rieures sans cesse renouvelées, la cou cer le régime des procurateurs et de leurs
ronne toujours disputée , toujours des concussions, qui dura jusqu'à la fin du
prétendants en présence pour recueillir siècle, sauf pour quelques parties de la
la couronne au moment où elle tombera, Palestine transjourdaine, qui furent don
des conflits continuels et sans résultats nées à Hérode Agrippa II (52-99).
avec l'Egypte, tels sont les traits princi Les dialectes parlés en Syrie, le syrien
paux qui caractérisent cette période de la ou syriaque, le syrocaldéen, le samari
domination séleucide. Le royaume mar tain et le phénicien, avaient beaucoup de
chait à sa ruine, mais son agonie fut rapports entre eux, et appartenaient à la
longue. famille sémitique. Le syriaque lui-même,
La troisième période, depuis 151, nous une branche de l'araméen, était parlé dans
montre dans un jour plus vif encore ces la Syrie proprement dite et dans la Mé
déchirements intérieurs, cette agonie po sopotamie; le grec cependant prévalut à
litique : aucun roi qui n'ait son compéti la cour des Séleucides et dans les villes
teur, et souvent des prétendants divers, les plus importantes, de sorte que plu
ayant chacunleurspartisans, occupent des sieurs termes grecs, et même des tour
lambeaux de territoire, et se livrent des nures de phrases, s'introduisirent dans la
guerres d'escarmouches; le pays s'affai langue syriaque, comme précédemment
blit, et la Judée y trouve son compte, Jos. sous la domination perse des mots per
Ant. 13, 11.3. Las enfin de toutes ces sans y avaient également pénétré. Le sy
dissensions, le peuple appelle à son se riaque est maintenant une langue morte,
cours Tigrane d'Arménie, qui monte sur car on ne saurait accorder une grande
le trône, règne quatorze (ou dix-huit) ans, créance aux récits de quelques voyageurs
s'embarrasse dans une guerre avec les incompétents, qui racontent qu'à deux
Romains, et doit abandonner la Syrie à journées de Médine, en Mésopotamie, ils
ses vainqueurs ; Pompée déclare le pays ont trouvé cent mille Syriens qui parlent
une province romaine, 64 ou 63 av. C. encore la langue de leurs pères.
Les proconsuls, gouverneurs de la Syrie, SYROP. v. Miel.
intervinrent dès lors assez fréquemment SYROPHENICIE.C'est le nom qui, dans
dans les affaires de la Palestine, et sur la période romaine, fut donné à la Phéni
tout dans celles de la dynastie régnante cie, réunie à la Syrie, pour la distinguer
de Judée. La Palestine eut beaucoup à de la Syrie propre. La femme nommée
souffrir des guerres qui se livraient ainsi Cananéenne, Matth. 15, 22., parce que la
dans son voisinage avec tant de chances Phénicie faisait partie de l'ancien terri
diverses, et ce fut presque un bonheur toire des Cananéens, est nommée de son
pour ce pauvre pays qu'Hérode le Grand, nouveau nom, Marc 7, 26. Elle avait droit
protégé par Auguste, pût occuper le trô aux deux : Jésus lui en donna un plus
ne en paix, pendant un certain temps, et beau.
libre de toute dépendance à l'égard des SYRTES. C'est le nom qu'on donne à
provinces voisines (37-4 av. C.). Mais, deux golfes de la côte septentrionale d'A-
peu après sa mort, 6 ans ap. C., la Judée frique, entre Cyrène et Carthage, et qui,
et la Samarie furent formellement an l'un et l'autre, la grande et la petite Syr
nexées à la Syrie, et des procurateurs ro te, le golfe de Sidra et celui de Gabès,
mains, sous la direction des proconsuls tirent leur nom du grec avea, traîner, non
de la Syrie, furent chargés de l'adminis seulement parce que la mer y jette sans
tration dans ces fragments de province. cesse une grande quantité de limon, de
La Batanée, la Gaulonite et la Trachonite sable et de pierres, mais encore parce
subirent le même sort, l'an 33. Hérode que les vagues semblent y entraîner les
Agrippa, par une faveur spéciale de Ca vaisseaux qui, une fois engagés dans ces
ligula et de Claude, réunit pendant quel bancs de sable, courent risque d'y périr.
que temps, sous son sceptre, tout le pays Ce sont des bas-fonds qui ne peuventre
TAB 380 TAB

Cevoir que des chaloupes. Le danger est faciles à transporter, n'étant pas toujours
encore augmenté par les attérissements assurés de trouver pour la nuit un abri
qui changent de place, et par les écueils ou un gite hospitalier. Les patriarches
dont le milieu du golfe est semé , comme demeuraient dans des tentes, Gen. 13, 3.
la côte qui le borne. C'est dans la petite 12. 18, 1. 26, 25., et plusieurs expres
Syrte que le vent d'est poussa les vais sions du Pentateuque, qui n'ont pas dans
seaux d'Enée, v. aussi Horace, Od. I, 22, nos traductions la même valeur, sont em
5. On pense que c'est de la grande Syrte pruntées à la manière de planter, de dres
qu'il est questionAct. 27, 17.(où nos ver ser ou d'enlever les tentes. Elles étaient
sions ont traduit par bancs de sables), at d'abord couvertes de peaux; plus tard on
tendu que le navire de Paul étant dans le y substitua des couvertures de laine ou
voisinage de la Crète, pouvait craindre de poilde chameau, ordinairement noires,
d'être entraîné par le vent du nord vers ou du moins foncées, Cant. 1, 4.; celles
Ces dangereux bas-fonds. qui étaient tissées avec du poil de chèvre
passaient pour les meilleures contre la
T pluie; les chèvres de Cilicie fournissaient,
sous ce rapport, les matières les plus es
TABBAT, ville de Palestine, qui fut le timées, et l'on croit que c'est à faire des
terme de la fuite des Madianites, Jug. 7, étoffes de ce genre que s'occupait l'apô
22. Elle n'est connue que par cette men tre Paul de Tarse. La couverture, sup
tion. portée par une ou plusieurs perches, était
TABEAL, Es. 7, 6., père de l'homme assujettie dans la terre par des pieux, et
à qui les rois alliés de Syrie et d'Israël se fortement tendue. La forme des tentes de
proposaient de donner la couronne de l'Orient moderne , est ronde , ou ovale
Juda, après avoir détrôné Achaz. On sup comme la coque renversée d'un vaisseau ;
pOse, à cause du verset 5, et à cause des l'intérieur est divisé, par des rideaux ou
prétentions bien connues d'Ephraïm, que tapis, en trois compartiments, dont le
Tabéal était Ephraïmite, et quelques au premier est réservé aux animaux délicats
teurs pensent que son fils était l'ambi (les autres restent dehors), le second aux
tieux Zicri. hommes, le troisième aux femmes. Les
TABEEL. v. Bislam. riches avaient même pour les femmes, et
TABERNACLE. Ce mot qui a fini par spécialement pour les veuves, des tentes
prendre, dans notre langue, une signifi séparées, Gen. 24, 67. 31,33., comme Ies
cation, ou, pour ainsi dire, une couleur émirs de nos jours en Arabie. La pre
particulière, n'est autre que le mot latin mière division mème, au lieu d'être affec
qui signifie tente, et nous réunissons, tée au bétail, sert quelquefois de vesti
dans un même article, ce qu'il y a à dire bule chez les grands personnages, et de
sur les tentes des Hébreux, et sur les di chambre pour les gens de service. Le sol
Vers tabernacles dont il est parlé dans est garni de tapis ou de nattes, qui font,
l'Ecriture. la nuit, l'office de lits. L'ameublement
Les tentes sont le plus ancien système de ces tentes est toujours fort simple :
d'habitations que la civilisation ait donné une lampe pour éclairer l'intérieur, et un
aux hommes; comparées aux cavernes des tapis de cuir, coupé en rond, pour servir
hommes primitifs, elles sont le premier de nappe à l'occasion. Les villages no
pas vers le progrès, et les peuplades no mades campent ayant leurs tentes dispo-"
mades, les Arabes en particulier, en con sées circulairement, et gardées par de
servèrent l'usage longtemps après l'in gros et mauvais chiens (Arvieux). Il est
troduction d'un mode d'habitation plus parlé de villages semblables, Gen. 25, 16:
solide, Hab. 3, 7. Les soldats, les ber Es. 42, 11.: ce sont plutôt des campeº
meIltS. • • • " ,

gers et les voyageurs de l'Orient, conti


nuèrent également de s'en servir, et ces Le tabernacle d'assignation, appelé
derniers, au temps de Jésus, portaient aussitabernacle de l'assemblée, ou taber
souvent avec eux des tentes légères et nacle de Dieu, parce que c'était là qu'ls
TAB 381 TAB

raël s'assemblait dans le désert pour le sa largeur de 40 (21 m, 60).' Par dessus
service divin, était une grande tente mo ce premier voile s'étendait, pour le pré
bile, garantie des injures du temps par plu server de la pluie, une tenture en poils de
sieurs couvertures que Moïse construisit chèvre, ayant 30 coudées de long, et 44
d'après le modèle que Dieu lui-même lui de large; puis une troisième couverture
en avait donné sur le Sinaï, Hébr. 8, 5. en peaux de moutons teintes en rouge,
Ex. 25-27, surtout 26, 15-30. et 36, 3.sq. et enfin une quatrième, couleur de terre,
Le tabernacle était un rectangle dont de peaux de blaireaux, ou taissons, q.'v.
la largeur et la longueur étaient entre Les deux premiers tapis étaient fixés au
elles comme 8 à 20; il était fermé de trois tabernacle par des crochets ou agrafes
côtés, au nord, au sud, et à l'ouest, par d'or; les autres couvertures étaient su
des ais d'acacia couverts de lames d'or, perposées, et n'avaient d'autre but que
avec des bases d'airain, hauts de 10 cou de protéger les premières contre les in
dées, larges de 1 coudée 112, emboîtés tempéries de l'air. On y a vu cependant
l'un dans l'autre par deux tenons, l'un en un type, la protection dont Christ couvre
haut, l'autre en bas, et portés par deux son Eglise, Christ aux enfers, Christ sur
bases l'une supérieure, l'autre intérieure, la croix, et Christ dans la gloire, succes
où il y avait deux mortaises dans les sivement figuré par la couleur de terre,
quelles ils s'emboîtaient : pour soutenir par le rouge, et par le bleu ; ou encore
le tout, comme le tabernacle devait être Christ (le rouge) servant d'intermédiaire
souvent démonté et remonté, il y avait entre Dieu et la terre, le bleu et le tais
à chaque ais cinq anneaux d'or à égales son. L'intérieur du tabernacle était divisé
distances, dans lesquels on passait cinq en deux compartiments, le lieu saint, long
bâtons de bois d'acacia, plaqués en or. La de 20 coudées, et au fond le saint des
longueur du tabernacle était de 30 cou saints, long, large, et haut de 10 (5", 40),
dées (vingt ais de 1 coudée 112) 16 m, 20; séparé du lieu saint par un voile de pour
sa largeur de 12 (huit ais de 1 112)6m,48: pre, orné de figures de chérubins, sup
l'intérieur n'avait que 10 coudées de lar porté par quatre piliers d'acacia plaqués
ge, 15", 40., soit que l'on admette avec en or. Le lieu saint contenait la table des
Baehr que l'épaisseur des ais fût de 1 pains de proposition, le chandelier d'or,
coudée, ce qui n'aurait pas rendu le ta et l'autel des parfums; dans le saint des
bernacle très portatif, soit que les ais du saintsétaitl'arche del'alliance.(Monfrère
plus petit côté fussent posés horizontale le pasteur J. Bost, de La Force, a recon
lement , et protégeassent par une saillie struit d'après les données bibliques, et en
de 1 coudée de chaque côté les coins du réduisant la coudée à 1 centimètre, le plan
tabernacle, v. Ex. 26, 24. L'entrée, tour complet du tabernacle, avec tous ses ac
née vers l'orient, se fermait par un ma cessoires, couleurs, boiseries, tentures,
gnifique voile ou tapis de fin lin, teint en etc. C'est la meilleure manière de se for
pourpre, et brodé, attaché par des an mer une idée exacte et précise de ce mo
neaux d'or à cinq colonnes de bois pla nument du mosaïsme Il serait utile de le
quées d'or. reproduire, et peut-être sur une échelle
· Le tabernacle n'avait aucun jour; d'é- un peu plus grande. Je crois qu'on pour
· paisses tentures le recouvraient de toutes rait, malgré quelques difficultés d'exécu
parts; la première de ces draperies, celle tion, faire un travail analogue pour le
de dessous, était la plus précieuse; c'était temple de Salomon.)
un tapis de fin coton retors, bleu foncé, Le tabernacle était entouré d'une gran
pourpre, et cramoisi, semé de figures de cour, le parvis des lévites et des sa
de chérubins ; il garnissait l'intérieur du crificateurs, qui seuls avaient le droit d'y
tabernacle, et retombait des deux côtés entrer. Ce parvis avait 100 coudées de
jusqu'à environ une coudée du sol; il n'é- long, et 50 de large ; il était fermé par
tait visible au dehors que du côté de l'o- des courtines de fin coton retors, attachées
rient, fermant l'entrée du sanctuaire; sa à des colonnes, 20 dans la longueur, 15
longueur était de 28 coudées (15", 12), dans le fond : quatre piliers avec leurs
TAB 882 TAB

soubassements d'airain servaient de porte embellie dans un temps où les pièces du


sur le devant, et Supportaient une tapis procès avaient disparu, et où l'on ne pou
serie plus fine que le reste, Ex. 27, 9-18. vait plus en vérifier l'exactitude; on s'ap
Dans cette cour étaient la mer d'airain , puie pour cela sur la magnificence de cette
les cuviers , l'autel des holocaustes, et construction, la masse de métaux pré
quelques justensiles destinés aux sacrifi cieux qu'elle eùt dù absorber, la rareté
ces. v. la gravure qui est en tête des Mé de plusieurs substances qu'on y a em
ditations de Rochat sur les Chroniques. ployées, la pourpre en particulier, et la
On appelait enfin parvis du peuple tout difficulté de se les procurer dans le dé
l'espace environnant le parvis des prê sert, le peu de temps employé à l'achè
tres, parce qu'il était permis au peuple vement de tous ces travaux, neuf ou dix
d'aller jusque-là. Dans les campements, mois, les difficultés enfin du transport, si
la tribu de Lévi entourait de tous côtés le tabernacle était tel qu'il est décrit. ll
le parvis qui était son apanage, Moïse, est aisé de répondre à toutes ces objec
Aaron et ses fils étant près de l'entrée, tions : le génie des chefs de travaux, l'or
les Mérarites, les Guersonites, et les Ké et l'argent emporté d'Egypte, les cara
hathites occupant les trois autres côtés. vanes du désert, le grand nombre d'ou
Les douze tribus avaient chacune leur vriers mis en œuvre, toute une tribu em
place déterminée; Juda était vis-à-vis de ployée au service matériel de transport
l'entrée ; les enfants de Rachel étaient et d'assemblement, font disparaître la plu
derrière, etc. les Lévites étaient chargés part des difficultés, et Winer lui-même,
d'assembler, de désassembler et de trans qui les explique d'une manière naturelle
porter les diverses pièces du tabernacle, et en faisant abstraction de Dieu, les
Nomb. 3, 21. 10, 17. : nul autre qu'eux trouve exagérées. v. aussi Haevernick, In
seuls n'eût osé y toucher. trod. II, 460 et suiv., G. des Bergeries,
Après que les Israélites furent établis p. 180 et suiv., Grandpierre, Essais sur
en Palestine, le tabernacle fut d'abord fixé le Pentateuque, E. Guers, le Camp et le
à Silo, Jos. 18, 4. 19, 51., jusqu'au temps Tabernacle, etc.
de Saül, Jug. 18, 31. cf. 20, 18. 21, 2. ! Fête des Tabernacles. C'était l'une des
Sam. 1, 3. 2, 14. 3, 3. 4, 3. 14, 3. Ce trois grandes fêtes des Hébreux, l'une de
pendant il n'était pas considéré comme celles que les Israélites devaient célébrer
unique sanctuaire, et d'autres lieux, tels par leur présence personnelle à Jérusa
que Nob et Sichem, Jos. 24, 26. 1 Sam. lem, Deut. 16, 15. 31, 10. cf. Zach. 14,
21, Jug. 17.5., servirent successivement 16.Jean 7, 2. C'était aussi la plus réjouis
ou simultanément de lieux de culte. Dès ce sante de ces fêtes annuelles. Comme elle
moment, l'arche paraît seule ; elle est por était instituée en mémoire du voyage dans
tée à Kirjath-Jéharim, puis à Jérusalem, le désert, les Israélites quittaient leurs
sans que les historiens sacrés nous disent maisons, et s'établissaient pendant sept
positivement ce qu'est devenu le taberna jours, le huitième était un sabbat , sous
cle. Peut-être était-il encore sous Saül à des tentes de feuillage et de peaux, qu'ils
Nob dans la tribu de Benjamin, et fut-il dressaient soit hors de la ville, soit dans
transporté à Gabaon lors de la destruc les rues, dans les cours, ou même sur les
tion de cette ville, 1 Sam. 22. ll ressort toits, Lév. 23, 42. Néh. 8, 15. C'était aussi
en effet de 1 Chr. 16, 39. 21, 29. qu'aux la fête de la récolte , parce qu'elle venait
jours de David le pavillon de l'Eternel après que les lsraélites avaient heureuse
ment recueilli les fruits de leurs jardins,
était encore à Gabaon ; d'après 1 Rois 8,
4., il aurait été déposé dans le templede leurs vignes, et de leurs champs ; on
de Jérusalem ; c'est la dernière noticela célébrait en conséquence par des ac
biblique sur le sort de ce célèbre mo tions de grâces publiques, et des réjouis
nument du désert. sances auxquelles étaient invités les pau
Le rationalisme a voulu voir dans la vres, les étrangers, les serviteurs et les
description biblique du tabernacle une orphelins, Deut. 16, 14. Ex.23, 16.Nomb
description faite après coup, ornée et 29, 12. Outre les sacrifices ordinaires qui
TAB 383 TAD

sont indiqués dans les passages ci-dessus, du Tabor, entre les collines qui l'entou
on devait prendre des fruits des plus rent, sont plusieurs vallons boisés où se
beaux arbres, des branches de citroniers, tiennent des panthères et des sangliers :
de palmiers ou de saules (d'où son nom non loin de là, vers le sud, s'élève le petit
de fête des palmes), des rameaux d'arbres Hermon. Le Tabor formait la limite des
branchus, et les porter en signe de ré tribus d'lssacar et de Zabulon, Jos. 19,
jouissance, Lév. 23, 40.Les Juifs du temps 22. cf. Jug. 4, 6. 12. 14. Il s'élevait au
de notre Seigneur chantaient aussi dans centre de la Galilée, entre la plaine de
ces jours-là, des cantiques entremêlés Jizréhel et Scythopolis, à 5 stades du
d'Hosannas (sauve, je te prie !). La tra Jourdain, à deux journées de Jérusalem,
dition ajoute que, depuis l'exil, les Juifs à 11 kilom.sud-est de Nazareth.Les voya
allaient, pendant les jours de cette fête, geurs s'accordent dans les éloges qu'ils
puiser de l'eau à la fontaine de Siloé, et font de son aspect enchanteur, de la ma
qu'ils venaient en faire aspersion dans le gnificence du spectacle que l'on découvre
· temple, en chantant les paroles de Es. 12 : de son sommet. Il en est parlé plusieurs
Vous puiserez de l'eau avec joie des sour fois dans l'Ancien Testament, Jér. 46, 18.
ces de cette délivrance; peut-être le pas Os. 5, 1. Ps. 89, 12. La tradition ajoute
sage Jean 7, 37., renferme-t-il une allu que c'est la montagne sainte, 2 Pierre 1,
sion à cette coutume. — La fête commen 18., sur laquelle a eu lieu la transfigura
çait au milieu du septième mois (tisri), le tion, Matth. 17, Marc 9. Les catholiques et
quinzième jour après la nouvelle lune de les Grecs y célèbrent encore aujourd'hui
septembre ; les travaux de la campagne une espèce d'anniversaire de ce mer
étaient finis, et la fraîcheur de la saison veilleux événement ; mais cette tradition
n'était pas encore assez sensible pour ne repose sur aucun fondement sérieux.
rendre incommode ou désagréable le sé — La ville de Tabor, ou Kisloth-Tabor,
jour des pavillons de feuillage. 1 Chr. 6, 77. Jos. 19, 12. 22., appartenait
TABlTHA. v. Dorcas. à Zabulon, et fut donnée aux Mérarites ;
TABLES de proposition. v. Pain. on ne la connaît pas autrement.
TABOR, ouThabor, aujourd'hui Djebel TABRIMON, 1 Rois 15, 18. v. Hezjon.
Tor, belle et grande montagne calcaire, TACHPENES, reine d'Egypte, femme
entièrement isolée, qui s'élève comme un de Pharaon, contemporaine de David,
cône tronqué, à environ 1,000 mètres au n'est connue que pour avoir élevé un fils
dessus du niveau de la mer, et à 366 mè de sa sœur, femme de Hadad l'Iduméen.
tres au-dessus du niveau de la plaine de On ignore si cette adoption, qui rappelle
Jizréhel, au nord-est de laquelle elle est celle de Moïse, fut dictée par l'amour
située. Ses flancs uniformes et rapides d'une tante, ou par la politique : ce der
sont, grâces à d'abondantes rosées, ferti nier cas serait beaucoup plus probable,
les jusqu'au sommet, et sont aujourd'hui par le fait même que cette mention n'au
couverts en partie de bois de chênes et rait aucune importance s'il ne s'agissait
de listachiers, en partie de bons pâtura que d'une affaire de famille; 1 Rois 11, 19.
ges, semés de mille fleurs. Le sommet, TADMOR, ou Thadmor (palmier), en
souvent garni de nuages au matin, est grec Palmyre, ville du désert syrien, que
plat et a une demi-lieue de circonférence ; Salomon fit bâtir (ou agrandir) et forti
on y trouve les ruines d'une muraille qui fier, comme un boulevard contre les inva
en faisait le tour, d'une forteresse, et sions des Syriens et des Arabes, 2 Chr.
de deux églises, constructions qui datent 8, 4. 1 Rois 9, 18. Elle était située dans
1 probablement du temps des croisades. La une oasis, qui devint dès lors non-seule
vue s'étend au loin sur les montagnes de ment un lieu de repos, mais un lieu de
la Samarie ; on voit le Carmel, les monts protection pour les marchands qui se
de Guilboah, Basan, l'Hermon, et les mon rendaient d'Orient à Damas par la grande
tagnes de la Galilée, la Méditerranée, le route des caravanes.Ses ruines, à 268 kil.
Kison, la plaine de Jizréhel, et selon quel nord-est de Damas, sont au nombre des
ques auteurs, le lac de Tibériade. Au pied plus vastes et des plus magnifiques que
TAI 384 TAL

l'on connaisse ; elles ont été éloquem de mouton teinte en rouge. D'autres in
ment décrites par Volney. terprètes entendent ce mot d'un animal,
TAHANAK, ville cananéenne située et l'emploi du pluriel le rendrait vraisem
en-deçà du Jourdain, non loin de Mé blable, mais ils ne sont pas d'accord sur
guiddo; elle fut donnée à la tribu de Ma la nature de cet animal. La traduction du
nassé, qui à SOn tour dut la céder aux Lé rabbin Salomon, adoptée par Luther, et
vites, Jos. 12, 21. 17, 11. 21, 25. Jug. 5, appuyée par une ressemblance de nom
19. Les Cananéens continuèrent de l'ha (allemand, Dachs), doit être abandonnée:
biter pendant la période des juges (1, quelques-uns pensent à une espèce de sy
27.); mais elle apparaît sous Salomon rène, le trichechus manatus de Linnée,
comme entièrement conquise, 1 Rois 4, d'autres à une espèce de chien marin, le
12. phoca vitulina, très abondant dans la mer
TAHANATH-SILO, Jos. 16, 6., ville Rouge, et dont la peau, qui passait pour
des frontières d'Ephraïm, située, d'après écarter la foudre, servait souvent à faire
Eusèbe, à 10 milles est de Sichem, vers des tentes; mais cette peau est trop rude
le Jourdain. pour qu'on puisse en offrir des souliers
TAISSON. C'est le mot par lequel Mar de luxe à une femme ; d'autres pensent à
tin a rendu dans nos versions l'hébreu une espèce de rat (Iltis, v. Bochart); d'au
thachash, Ex. 25, 5. 26, 14. 35, 23. 36, tres enfin, sur les traces de Rüppel, à un
19. 39, 34. Ostervald traduit, avec les Sep animal nommé dugong, qu'il a trouvé en
tante, par peaux de couleur hyacinthe ; Afrique, et auquel, dans la persuasion où
Sacy, par violet; Luther a peaux de blai était ce savant que c'est là le vrai tha
reau ; les versions varient beaucoup, et chash, il a donné le nom de halicorus ta
l'on a peu de chances de trouver la signi bernaculi : mais il faut attendre de nou
fication exacte de ce m0t. Le contexte veaux renseignements avant de se pro
n'est pas d'un grand secours ; il s'agit de noncer sur l'identité de cet animal qui
la quatrième couverture du tabernacle, doit appartenir à l'espèce syrène.
de celle qui recouvrait et cacbait les au TALlON. Les lois égyptiennes, comme
tres : si l'on s'attache à l'idée qu'elle de les lois de tous les anciens peuples, jus
vait servir à protéger les autres contre qu'aux Grecs et aux Romains, jusqu'aux
les intempéries de l'air, on penche vers lois ecclésiastiques et canoniques, admet
l'opinion qui fait de cette couverture taient la loi du talion, au moins en prin
quelque chose de grossier, mais de soli cipe, et très souvent dans l'application.
de : si l'on s'attache au contraire à l'idée Moïse l'a également conservée dans sa lé
que c'était une couverture extérieure, et gislation, mais en l'adoucissant, en la
par conséquent, la seule visible, du ta restreignant au meurtre, aux lésions cor
bernacle, on penche vers l'opinion qui en porelles des hommes libres, et au cas de
fait un ornement, un objet de luxe. D'a- faux témoignage, et en en plaçant l'exer
près Nomb.4, 6.8.10., où l'on voit les cice entre les mains, non de l offensé,
vases sacrés enveloppés pour le voyage mais des juges. Cette loi, dit saint Au
dans des peaux de thachash, il semble de gustin, est la justice d'hommes injustes.
nouveau que ce ne devaient être que des Notre Seigneur l'a solennellement con
couvertures solides , puis, Ez. 16, 10. (où damnée, Matth. 5, 38., et le christianisme
Martin a adopté la traduction hyacinthe), seul pouvait venir à bout de remplacer la
on voit qu'on en faisait des chaussures vengeance par le pardon , car si le talion,
précieuses. - La plupart des anciens in quant à l'offenseur, n'est que la justice
terprètes voient dans thachash une cou sous sa forme la plus simple, quant à
leur, les Septante l'hyacinthe, le syriaque l'offensé, ce n'est autre chose que la ven
et le caldéen une nuance entre le pour geance sous sa forme la plus hideuse ; ce
pre et l'écarlate, l'arabe le noir ou le bleu n'est pas une peine moralisante, ce n'est
foncé , couleur du dauphin ; Niebuhr ra pas une garantie pour la sécurité publi
conte qu'un juif d'Arabie lui a dit que le que, ce n'est pas une satisfaction donnée
thachash n'était autre chose qu'une peau à la morale ou à l'opinion publique, c'est
TAM 385 TAR -

lajouissance de se venger octroyée à l'of 3° Tamar, fille d'Absalon, 2 Sam. 14,


fensé, le droit de faire du mal à celui qui 27. On s'étonne qn'Absalon ait donné à
a fait du mal. Le maintien de cette peine sa fille le nom de sa sœur; peut-être était
dans la législation mosaïque, Ex. 21, 23 ce une protestation ?
25. Lév. 24, 19. 20. Deut. 19, 19., n'est TAMBOUR. v. Musique.
donc, malgré toutes ses restrictions , TAPHATH. v. Basémah. (La Concor
qu'une concession faite à des mœurs et dance porte par erreur Taphaph). Cette
à des opinions à demi-barbares, qui ne fille de Salomon avait épousé un des
pouvaient s'élever d'un seul bond à la douze pourvoyeurs de vivres de la mai
perfection chrétienne : le mosaïsme tout son de son père.
entier n'était qu'un premier pas vers TAPHNES, ou plutôt Tachpanchès,
Christ, le pédagogue qui devait lente ville d'Egypte, dans laquelle s'était réfu
ment conduire les Juifs à l'Evangile, Gal. giée une colonie de Juifs ; elle possédait
3, 24., d'un côté en les convainquant de un palais royal, et paraît, en général,
péché, de l'autre en leur apprenant à avoir été une ville assez considérable, Jér.
mieux faire. v. Cellérier, Espr. de la Lég. 2, 16. On ne doute pas que ce ne soit la
mos. II, 89. ville que les Grecs appellent Daphné, si
TALMAI. 1o v. Hanak. 2° Roi de Gué tuée sur la frontière de l'Egypte, vers la
sur, fils d'Hammihud. Sa fille Mahaca de Syrie, à 16 lieues romaines (6 lieues) sud
vint l'épouse de David, soit que le roi ouest de Pélusium , parce que c'était une
d'Israél ait, par politique, recherché cette des premières villes de l'Egypte où arri
alliance, soit que la fille de Talmaï, faite vèrent les Juifs qui émigrèrent après la
prisonnière à la guerre, et devenue pro prise de Jérusalem , Jér. 43, 7.9. 44, 1.
sélyte pendant son séjour à Jérusalem, 46, 14. Ez. 30, 18. Ce n'est plus qu'une
ait réussi à captiver le cœur du monar ruine.
que, 2 Sam. 3, 3. 1 Chr. 3, 2. Elle devint TAPPUAH, et Hen-Tappuah, deux vil
mère de Tamar et d'Absalon, et, lorsque les appartenant, l'une aux frontières d'E-
ce jeune homme, après le meurtre d'Am phraïm et de Manassé, l'autre, ancienne
non, son frère, dut fuir la colère pater cité royale des Cananéens, aux plaines de
nelle, ce fut à la cour de son aïeul Tal Juda, Jos. 17, 8. 12, 17. 15, 34.
maï qu'il se retira pendant trois années. TARE (odoriférant), fils de Nacor, et
TAMAR. 1° Cananéenne ; selon les père d'Abraham, voit mourir un de ses
Juifs, fille de Melchisédec, deux fois bel fils au lieu de sa naissance, prend ensuite
le-fille de Juda, et deux fois veuve sans avec lui Abram, Lot et Sara, quitte la
enfants : frustrée injustement de l'espoir Caldée pour se rendre en Canaan. s'ar
d'épouser celui que la loi lui donnait pour rête à Caran, en Mésopotamie , et y
époux. elle se fit justice elle-même par un meurt, âgé de deux cent cinq ans, Gen.
stratagème où il y avait plus d'impudeur 11, 24. 1 Chr. 1, 26. Luc 3, 34. Bien que
que d'impureté, et eut de Juda, son beau le récit semble supposer qu'il émigra de
père, deux jumeaux, Pharez et Zara, dont son propre mouvement et comme chef,
le premier compte parmi les ancêtres de les passages Gen. 12, 1. Act. 7, 2. mon
Jésus, Gen. 38, 1 Chr. 2, 4. Ruth 4, 12. trent qu'il ne se mit en route que pour
Matth. 1 , 3. Son nom signifie palmier, et accompagner son fils à qui Dieu s'était
Schrœder pense qu'il lui fut donné à cau révélé, et à qui il se manifesta de nouveau
se de la grandeur et de l'élégance de sa après le séjour de Caran. Taré, comme
taille. Quant aux réflexions que suggère presque tous les hommes de son temps,
ce honteux épisode , v. Schrœder, Com était idolâtre, Jos. 24, 2. 14.; il est pro
ment., et Grandpierre, Essais, etc. bable cependant, puisqu'il suivit son fils,
2° Tamar, fille de David et de Mahaca, qu'il accepta ses motifs, et qu'il se con
violée par Amnon, son frère de père, et vertit de l'idolàtrie au culte du vrai Dieu.
vengée par Absalon, n'est connue que par Lorsqu'il mourut, il avait à peine par
cette mention : aucun blâme ne pèse sur couru le quart de la carrière de ses pères,
sa mémoire, 2 Sam. 13, 1 Chr. 3, 9. et la vie qu'il légua à ses fils ne tarda pas
Il. 25
TAR 386 TAR

à être encore abrégée de moitié. | | et de l'ouest de la Palestine; les autres


TARPELIENS (violateurs), Esd. 4, 9., sont spéciales, précises, telles que Ez. 27,
colons assyriens qui furent transportés en 12.25., où l'on voit Tyr s'approvision
Samarie pour y remplacer les Ephraïmi ner à Tarsis d'argent, de fer, d'étain, de
tes emmenés en captivité. Ptolémée parle plomb, etc. (cf. 38, 13. Jér. 10, 9.); Es.
de Tapuriens, et Strabon de Tapyriens, 23, 10., où Tarsis paraît placée sous la
peuple grossier de la Médie ; mais ces domination tyrienne, et Jonas 1, 3. 4, 2.,
deux noms ne peuvent être rapprochés où l'on voit un vaisseau partir de Joppe
de celui des Tarpéliens que par une res pour Tarsis. Il ressort enfin de 1 Rois 10,
semblance peu marquée, et qui ne prou 22. cf. 22, 49., que Tarsis était une place
ve rien. l ** ,
de commerce très fréquentée par les Phé
TARSE, grande et populeuse ville de la niciens : car les vaisseaux qui, sous Sa
Cilicie, capitale de cette province pendant lomon et Josaphat, faisaient le service
la période romaine, située dans une plai d'Hetsjon-Guéber à Ophir, portent le nom
ne fertile, sur les rives du Cydnus, et fon de vaisseaux de Tarsis, comme une espèce
dée, les uns disent par les Syriens. d'au de titre d'honneur désignant de grands
tres par Persée, d'autres par Sardanapale. bâtiments de commerce. Cependant, les
Elle est célèbre par un séjour de Cyrus, Phéniciens ayant eu de tous côtés des
par la première entrevue de Marc-An établissements maritimes, les notices qui
toine et de Cléopâtre, et plus encore précèdent ne suffisent pas pour détermi
comme lieu de naissance et première ré ner l'emplacement de Tarsis, et les opi
sidence de l'apôtre Paul , Act. 9, 11. 11, nions les plus divergentes se sont fait
25. 21, 39. 22, 3. Ses habitants, descen jour. Les uns, sur les traces de Josèphe,
dants d'une colonie grecque, n'oublièrent ont confondu cette ville avec Tarse de
pas leur origine, et, tout en s'adonnant Cilicie, ou avec la Cilicie elle-même : mais
avec succès au commerce, ils continuèrent Tarse n'a pas été une place de commerce
de cultiver les lettres et les sciences. Les assez importante pour justifier une aussi
écoles de Tarse pouvaient être comparées grande célébrité, et Jonas, fuyant Ninive,
aux plus célèbres écoles d'Athènes et d'A- n'aurait pas pris le chemin de la Cilicie
lexandrie. Le luxe régnait partout, et, pour s'en éloigner. D'autres, surtout à
pour l'éclipser, il fallut que Cléopâtre ava cause de 2 Chr. 9, 21. 20, 36., ont placé
lât, dissoute dans du vinaigre, une perle Tarsis en Ethiopie. Le besoin de trouver
estimée un million. Tarse était une ville un pays produisant les divers objets énu
libre en ce sens que, tout en appartenant mérés, a fait oublier le moyen de s'y
à l'empire romain, elle s'administrait par rendre : car, à moins de supposer que la
ses propres lois, et élisait elle-même ses flotte tyrienne fît le tour de l'Afrique en
magistrats, faveur qui lui avait été oc doublant le Cap, il faut renoncer à cette
troyée par Antoine, mais qui n'emportait hypothèse : la seule force de cette opi
pas plus le droit de cité qu'il n'imposait nion se trouve dans les deux passages in
les charges de colons : ce n'est donc pas diqués des Chroniques; mais les passages
comme natif de Tarse que Paul pouvait se parallèles , 1 Rois 10, 22.22 , 49., peu
dire Romain de naissance. Tarse compte vent expliquer une méprise de l'auteur
encore aujourd'hui 7 à 8,000 habitants, des Chroniques, qui aura pris pour vais
pendant l'hiver environ 30,000, mais ren seaux partant de Tarsis des vaisseaux qui
ferme beaucoup de ruines. n'en avaient que le nom, et se rendaient
TARSIS (pierre précieuse , ou selon en Ophir (cf. 9, 28.10, 11.). D'autres au
d'autres, et plus probablement, soumis teurs mettent Tarsis sur la côte septen
sion, vasselage, pays conquis). Les no trionale de l'Afrique, baignée par la Mé
tices bibliques sur cette ville, ou contrée, diterranée, à Carthage, par exemple, tou
sont de deux sortes : les unes sont géné jours par rapport aux produits présumés
rales, telles que Gen. 10, 4. Ps. 72, 10. du pays. Cette hypothèse, plus vraisem
Es. 66, 19., et dirigent les recherches blable que la précédente, est cependant,
vers les côtes et les îles éloignées du nord comme elle, combattue par la table des
TAR 387 TAT
peuples de Gen. 10, qui se distingue par Sanchérib, et l'un de ceûx qui accompa
une grande précision et un grand ordre gnèrent Rabsaké à Jérusalem. On ignore
si c'est le même que Tartan qui , sous le
géographique, et qui, après avoir compté
règne de Sargon, assiégea et prit Asdod
Tarsis parmi les peuples de l'Europe des
cendants de Japhet, ne passe aux Afri pour le compte de son maître, Es. 20, 1.
Gesenius l'affirme.
cains descendants de Cam qu'au verset 6.
— D'autres, également à cause du passa TARTAC (Tharthak),2Rois 17,31, ido
ge des Chroniques, ont pensé aux Indes le des Haviens. D'après les rabbins, elle
Orientales, et ils s'appuient sur son rap aurait eu la figure d'un âne. On suppose
prochement de Scéba, Ps. 72, 10.; mais, que c'était un mauvais génie, le dieu des
outre que dans ce verset le rapproche ténèbres, qui, dans le système de l'astro
ment peut n'établir qu'un contraste, ce logie assyrienne, serait représenté par
que le texte rend assez probable, l'em les planètes de malheur, Mars ou Saturne.
barquement de Jonas à Joppe, Jon. 1, 3., Son nom même, en langue pehlvi, signi
suffit à renverser cette opinion. L'hypo fie épaisses ténèbres, ou héros des ténè
thèse la plus généralement admise, parce bres.
que c'est celle qui présente le plus de TARTAN. v. Tarta.
preuves et soulève le moins d'objections, TATOUAGE. On en trouve quelques
voit dans la Cadix moderne , dans le traces dans l'antiquité : quelquefois les
Tartessus des anciens, le Tarsis des Hé esclaves portaient, gravé sur le corps, le
breux et des Phéniciens. Le vieux Em nom de leurs maîtres; les soldats, celui
porium Tartessus, situé au-delà des co de leurs chefs, ou tel autre signe carac
lonnes d'Hercule, dans la partie sud téristique ; les idolâtres, le nom ou l'ima
ouest de l'Espagne, non loin de l'embou ge de leur idole, et quelques auteurs ont
chure du Bétis (Guadalquivir, le grand cru voir des allusions à cet usage dans
fleuve), offrait dans son voisinage d'abon Es. 44, 5. Zach. 13, 6. (?) Gal. 6, 17.
dantes mines d'argent, et, comme le nom Apoc. 13, 16. 14, 1. Il ne faut pas con
de Tartessus désignait l'ensemble des co fondre avec le tatouage proprement dit les
lonies phéniciennes de cette contrée, il signes de reconnaissance ordinairement
est probable que le nom de Tarsis avait imprimés par le feu aux criminels, aux
aussi, pour les Hébreux, une signification prisonniers de guerre, aux esclaves, ni
générale. Cette identité de lieu est ap les incisions que les anciens se faisaient
puyée d'abord sur l'identité de nom, plus en signe de deuil, Jér. 16, 6. 41, 5. 47,
frappante en hébreu avec la prononcia 5. 48, 37., et qui étaient sévèrement in
tion araméenne; puis, sur le fait bien con terdites aux Israélites, comme un ache
nu que la partie sud-sud-ouest de l'Espa minement à l'idolâtrie, Lév. 19, 28. Deut.
gne, particulièrement Tartessus, était le 14, 1. Quant aux incisions des prophètes
principal lieu de commerce des Phéni de Baal, 1 Rois 18, 28., elles apparte
ciens, qui en rapportaient à chaque voyage naient à leur culte , et constituaient un
de riches trésors ; enfin, sur ce que tous moyen apparent de contraindre la divini
les produits mentionnés dans Ezéchiel et té à se mOntrer.
Jérémie s'y rencontraient. L'Espagne ren TATTENAI (offrande, présent ?), suc
fermait d'abondantes mines d'or et d'ar cesseur de Réhum dans l'administration
gent, ces dernières dans le voisinage de des provinces samaritaines du nord de la
Tartessus; on y trouvait du plomb, au Judée, se montra par sa justice, plus fa
dire de Pline, et l'airain y était apporté vorable aux Juifs que son prédécesseur.
des Iles Britanniques, pour être de là trans Cependant lorsque, sous la direction de
porté sur les marchés de l'Asie par les Zorobabel, ceux-ci voulurent poursuivre
vaisseaux de Tyr ; il paraît même que la la construction du temple, il intervint
contrée renfermait de l'airain, et ce mé avec ses collègues, et fit momentanément
tal y était si abondant qu'on s'en servait interrompre les travaux, dans l'incertitude
pour les constructions. où il était sur la portée de l'autorisation
TARTA , 2 Rois 18, 17., lieutenant de accordée aux Juifs. Il écrivit en consé
TFK 388 TEM
quence à Darius pour connaître sa vo nes considérables, et qui produit des oli
lonté; son rapport est exact et modéré : ves et du miel. Amos, le berger de Té
la réponse ayant été favorable, il n'hésita k0ah, promenait ses troupeaux dans la
pas à laisser les Juifs reprendre leurs tra grande et solitaire contrée de pâturages
vaux, et mérita la réputation d'un sujet fi qui s'étend de là au sud du Cédron, Am.
dèle, d'un magistrat intègre, d'un admi 1, 1. 7, 14.2 Chr. 20, 20. Roboam fit for
nistrateur bienveillant ; Esd. 5, et 6. tifier la ville, 2 Chr. 11, 6. -

TAUPE. Cet animal paraît désigné par TELABIB (du blé nouveau), sur le
le nom de hholed, il est rangé, Lév. 11, Chaboras en Mésopotamie : une colonie
30., au nombre des animaux impurs. Il de Juifs y était établie, Ez. 3, 15. C'est
ne s'agit pas là cependant de notre taupe peut-ètre le Thalaban de la carte de d'An
européenne, quoique celle-ci se trouve ville.
aussi en Syrie, mais de la taupe asiatique, TÉLAJIM (agneaux), 1 Sam. 15, 4., non
spalax microphthalmus, qui a les paupiè loin de la frontière hamalécite, peut-être
res entièrement fermées.Elle creuse dans le même endroit que Télem, Jos. 15, 24.,
la terre des galeries horizontales, rejette qui appartenait à Juda vers Edom.
au-dehors des taupinières, comme nos TELAZAR, ou Thélassar,2 Rois 19, 12.
taupes, et se nourrit surtout de plantes Es. 37, 12., province inconnue, placée
aromatiques à fortes odeurs. — Luther et sous la domination assyrienne. On com
d'autres commentateurs ont encore tra pare ce nom avec celui d'Ellasar, Gen. 14,
duit par taupes les mots thinshèmeth, 1. 9., qui se trouve en connexion avec
Lév. 11, 30. v. Lézard., et hheparpéroth, Elam et Sinhar, et que le Targum de Jo
Es. 2, 20.(d'après Jérôme et Théodotion); nathan a rendu par Thelassar; la version
Gesenius entend par ce dernier mot, des arabe le rend par Arménie. Dans la ver
rats, Hitzig , des moineaux : Winer, d'a- sion de Luther, Judith 1, 6., le roi Arioc
près l'étymologie, traduirait d'une ma Ellasar est fait seigneur de Ragau (Ra
nière générale : des animaux qui creusent gès), dans les Septante, il est roi des Ely
la terre (pour y chercher leur nourritu méens (Elam), et dans la Vulgate, rex Eli
re); la traduction qui donnerait le meil corum.Toutes les notices indiquent donc
leur sens, est celle qui s'attache à la lan d'une manière générale un pays situé
gue arabe : « dans des trous de souris. » vers la mer Caspienne, au nord de la Mé
TÉBETS, ville du centre de la Pales die.
tine, située non loin de Sichem, Jug. 9, TELHARSA et Telmélah, Esd. 2 , 52.
50.2 Sam. 11, 21. On en trouvait encore 59. Néh. 7, 61., villes inconnues de la
les restes au temps d'Eusèbe. Babylonie.
TÉHINNA, de la tribu de Juda, des TEMOINS. La loi de Moïse avait con
cendant de Pharez, n'est connu que com sacré et reconnu l'importance et la né
me fondateur de Hirnahas en Juda, 1 Chr. cessité du témoignage oculaire en matiè
4, 12. re pénale ou criminelle, et dans la pra
TEIGNE, Luc 12, 33. L'hébreu et le tique de la vie ordinaire, des témoins
grec désignent souvent le même insecte, étaient fréquemment appelés dans les cas
que nos versions traduisent tantôt par où chez nous la signature et le cachet
teigne, tantôt par ver ou par vermisseau, suffisent. La condamnation d'un homme
Job 4, 19. 13, 28. Es. 50, 9. 51, 8. cf. accusé de meurtre ne pouvait avoir lieu
Matth, 6, 19. Il s'agit probablement dans que sur l'accusation de deux ou de trois
ces passages de la phalaena tinea sarti témoins, Nomb. 35, 30. Deut. 17, 6. cf.
cella, de ce ver qui ronge les vêtements Hébr. 10, 28. Et en général pour tout
de laine, et qui est si universellement crime ou délit, ce nombre de témoins de
connu et redouté. vaient être entendus , Deut. 19, 1 5- cf.
TEKOAH (son de la trompette), ville Matth. 18, 16. 1 Tim. 5, 19. Jean 8, 17.
située au sud-est de Bethléem , sur le Les témoins devaient être Israélites ,
sommet d'une montagne (Jér. 6, 1.)allon hommes, et libres : les femmes, les en
gée, sur laquelle se voient encore des rui fants, les étrangers, les esclaves ne pou
TEM 389 TEM

vaient témoigner. Les témoins, cités de été dit ailleurs, nous paraissent devoir
vant le juge, étaient assermentés , et ne être conciliés ; l'Eglise rendra témoigna
pouvaient se refuser à porter témoignage, ge pendant toute la durée de la lutte, et
Lév. 5, 1.; et afin qu'il sentissent dans quand l'Antichrist personnel viendra ré
tous les cas la gravité de leurs paroles, sumer toute la haine du monde contre
pour qu'ils fussent solennellement res Christ, deux témoins, personnels aussi,
ponsables du sang versé sur leur décla résumeront par leur mort la fidélité de
ration, ils devaient mettre la main sur la l'Eglise, et par leur résurrection, la puis
tète de l'accusé, et lui jeter la première sance et la fidélité de Jésus, le chef de
pierre s'il était condamné, Deut. 17, 7. l'Eglise.
cf. Jean 8, 7. Act. 7, 58. Celui qui avait TEMPÉRATURE. Le climat de la Pa
sciemment porté un faux témoignage, et lestine, comme celui de tous les pays qui
chargé un innocent, était puni avec toute s'étendent sur plusieurs degrés de lati
la rigueur du talion, et subissait la peine tude, et qui renferment des hauteurs et
qu'avait encourue et peut-être subie sa des vallées, des montagnes et des côtes
victime, Deut. 19, 16. Ces précautions, le maritimes, est extrêmement varié ; dans
serment, l'exécution, le talion, cf. encore les vallons et les plaines, il est chaud en
Ex. 23, 1., n'étaient que des mesures ex été, doux en hiver : sur les montagnes, il
térieures ; elles n'avaient de garantie que est doux en été, rude en hiver. En géné
, dans la conscience des individus ; là où ral, cependant, on peut dire que la tempé
. cette conscience manquait, les mesures rature est modérée, et plus règulière que
étaient inefficaces, et dès les temps de la chez nous. Arago, dans l'Annuaire du
royauté, lorsque la piété était sur son dé Bureau des Longitudes de 1834, compte
clin, on vit souvent les témoins se faire que la température moyenne du Caire
un jeu de leur parole et de leur serment, étant de 22°, celle de Jérusalem qui est
Prov. 6, 19. 12, 17. 14, 5. 19, 5. 24, 28. située à 2° plus au nord doit être de 21°
Ps. 27, 12. On voit enfin par Ruth 4, 9. environ, et les observations la portent
Jér. 32, 10., que même en dehors des en effet à 21 1/2°. Il en résulterait que
questions judiciaires, le témoignage était depuis trois mille trois cents ans le cli
employé pour la conclusion d'affaires par mat de la Palestine n'a pas beaucoup
ticulières, contrats, ventes, etc. Le Tal changé, car la culture de l'orge ne com
mud renferme encore beaucoup de dé porterait pas une chaleur de plus de 23°
tails secondaires qui ne sont pas men 25° en moyenne, et la limite inférieure
tionnés dans la Bible, sur la qualité des est fixée par la production de l'arbre à
témoins, les peines des faux témoins, les baume, qu'on trouvait à Jérico, et qui
épreuves auxquelles ceux-ci étaient sou exige une température d'au moins 21°
mis, etc. 22°. En outre les Juifs célébraient la fête
Les deux témoins de l'Apocalypse, 11, des Tabernacles après la vendange , en
3-10., sont expliqués dans chaque systè octobre, et de nos jours c'est encore à la
me d'après l'analogie du système. ll y en fin de septembre, ou au commencement
a deux, parce que le Seigneur envoie tou d'octobre, qu'on cueille le raisin dans la
jours ses serviteurs deux à deux pour se contrée de Jérusalem. La moisson se fai
fortifier mutuellement, Moïse et Aaron, sait anciennement entre la mi-avril et
Elie et Elisée, Zorobabel et Jéhosuah, etc.; la fin de mai, et des voyageurs modernes
et aussi parce que,toute parole sera con ont vu les épis déjà mûrs en avril dans le
firmée par la bouche de deux ou de trois midi de la Palestine, le 13 mai aux envi
témoins. Ils représentent l'Eglise fidèle rons de Saint-Jean-d'Acre. En Egypte,
en général, pendant les 1260 ans du règne où le climat est un peu plus chaud, on
de l'Antichrist (Guers), et spécialement coupe les blés vers la fin d'avril et au
les Vaudois et les Albigeois (Digby) : ce commencement de mai. La chaleur qui
seront deux individus (Newton, Pensées), devrait être insupportable en été, d'après
et probablement Moïse et Elie, ou Enoch la latitude de la Palestine, puisqu'en juin,
et Elie. Les deux systèmes, ainsi qu'il a à midi, le soleil n'est qu'à 9° ou 10° du
TEM 390 TEM
zénith, est considérablement combattue cent. C'est le temps de la moisson, Le
par la brièveté des jours. Le plus long tonnerre et la grêle ne sont pas rares en
jour d'été n'a que 14 heures 12 minutes, mai. Dans les trois mois suivants, la cha
le soleil se levant vers 5 heures, et se leur devient souvent insupportable, les
couchant déjà vers 7 heures du soir. Le nuits même sont ardentes, et beaucoup
plus court jour d'hiver a encore 9 heu de ruisseaux tarissent. Septembre pré
res 48 minutes. L'année se divise en deux pare le retour de l'hiver.
saisons, la pluie et le beau temps, l'hiver TEMPLE. Ce mot qui, dans le Nouveau
et l'été. L'hiver commence en octobre et Testament et dans quelques passages de
finit en avril : des pluies presque conti l'Ancien, se prend dans un sens spiri
nuelles le caractérisent, parfois aussi de tuel, pour désigner tantôt l'Église de Jé
la grêle, ou de la neige pendant les plus sus-Christ, 2 Thess. 2, 4 Apoc. 3, 12.,
grands froids, en janvier et en février ; tantôt le ciel, Ps. 11, 4. (mal trad. palais),
mais cette neige, comme les glaces de la Apoc. 7, 15., tantôt l'âme du croyant,
nuit, se fond ordinairement pendant le 1 Cor. 3, 16. 6, 19., signifie génèrale
jour ; cf. Esd. 10, 9. Le froid n'est jamais ment un lieu de culte consacré au ser
excessif, mais il est suffisant pour que vice d'une divinité quelconque. On trouve
les personnes qui le peuvent, s'en garan mentionnés dans l'Écriture les temples
tissent encore quelquefois par des feux païens, de Dagon à Gaza, Jug. 16, 23.;
de cheminée, ou des brasiers, Jér. 36, 22. de Dagon à Asdod,"1 Sam. 5, 1.2. cf .
La mention faite de l'hiver, Math. 24, 1 Macc. 10, 84.; de Bahal à Samarie,
1 Rois 16, 32.; le temple de Hastaroth,
20., se rapporte plus au mauvais état des
chemins qu'à l'idée du froid. L'hiver légal, 1 Sam. 31, 10.; celui de Rimmon, 2 Rois
tel qu'on pouvait l'entendre pour les con 5, 18.; celui de Nisroc à Ninive, Es. 37,
trats, loyers, etc., allait, d'après le Tal 38.; ceux de Kémos et de Molec, 1 Rois,
mud, depuis la fête des Tabernacles jus 11, 7.; le temple de Babylone , Dan. 1,
· qu'à Pàques. L'été comprenait le reste de 2.; ceux du veau d'or à Dan et à Béthel,
l'année , une chaleur toujours croissante, 1 Rois 12, 28. sq. (d'après Josèphe, on
un ciel pur et sans nuages, d'abondantes aurait encore trouvé les restes du temple
rosées pendant la nuit, des orages, mais de Dan près du petit Jourdain); le tem
très rares, cf. Prov. 26, 1. 1 Sam. 12, ple de Diane à Ephèse, Actes 19, 27.
17., sont dans tout l'Orient, et dans la enfin le temple des Samaritains à Guéri
Palestine en particulier, les caractères de zim , 2 Macc. 6, 2. cf. 5, 23.; celui de
la bonne saison. C'est à la fin d'octobre, Nanéa, 2 Macc. 1, 13., et celui de Bel.
lorsque les jours étant encore agréables, Hist. de Bel et du dragon, 1, 9. Mais le
les nuits commencent à devenir froides, plus célèbre de tous, sans contredit, ce
que surviennent les pluies de la première lui dont le nom revient le plus souvent
saison, Deut. 11, 14. Jér. 3,3.5,24.; elles dans les Écritures, celui dont nous avons
augmentent en novembre, le mois des aussi plus spécialement à nous occuper,
semailles, et, en décembre, elles devien c'est le temple de Jérusalem, ordinaire
nent toujours plus fortes et plus abon ment désigné sous le nom de temple de
dantes, se changent quelquefois en neige Salomon, son premier fondateur. Dans
dans le mois de janvier, mais laissent l'Ecriture, il est aussi appelé maison de
apercevoir déjà en février l'approche du Dieu, Esd. 5, 13.16. Eccl. 5, 4.; mais0n
printemps. Dès lors, jusqu'à la mi-avril, de l'Eternel , sanctuaire, 1 Chr. 22, 19.;
c'est la pluie dite de la dernière saison, temple de l'Eternel, Esd. 3, 6. Jér. 7, 4.;
cf. Jacq. 5, 7., qui vient féconder la terre; tabernacle du Seigneur, Apoc. 21, 3.d.
la chaleur devient plus sensible, mais les Ps. 76, 2.; palais de la sainteté de l'Eler
nuits sont encore froides, cf. Jean 18, 18. nel, Ps. 5.7. 138, 2. cf. Jon. 2, 8. (Le
Quelques orages épurent l'atmosphère. mot de temple, ou maison de l'Eternel,
Vers la fin d'avril, le ciel achève de se est même employé par les auteurs Sacres
découvrir presque entièrement; l'air de pour désigner le tabernacle à une ép0que
vient sec et chaud, les rosées commen où les Hébreux n'avaient pas encore de
TEM 391 TEM

temple à Jérusalem, Ex. 23, 19. Jos. 6, il fait reculer l'autel d'airain, il ôte la
24., 1 Sam. 1, 24.) mer d'airain de dessus les bœufs qui la
Avant d'en esssyer la description, il supportent, il enlève les cuviers d'airain,
convient de retracer rapidement les dif brise les vases sacrés, supprime la tri
férentes phases de son histoire : les faits bune du roi, et finit par faire fermer le
étant à leur place, on pourra mieux se temple, 726 avant C., 2 Chr. 28, 21.
rendre compte de la valeur des témoi 2 Rois 16, 10. ; — en 726, Ezéchias rou
gnages qui se rapportent à l'architecture vre le temple et le répare, 2 Chr. 29, 3 ;
du temple, on ne confondra pas, comme puis, en 713, pour payer Sanchérib, il le
l'ont fait quelques auteurs , le passé, le dépouille de nouveau, 2 Rois 18, 15.; on
présent et le futur, et l'on trouvera la clef croit qu'il le rétablit plus tard; — Ma
des différences , et même des contradic nassé profane le temple et y met des ido
tions apparentes, qui se trouvent dans les les, 2 Rois 21, sq. 2 Chr. 33 , 5-15. ;
récits des historiens sacrès, relativement mais, à son retour de la captivité (676),
aux ornements, à la disposition, et aux il répare le mal qu'il a fait , et retourne
dimensions du temple. au culte du vrai Dieu ; — en 624, Josias
David en eut la première idée, mais il travaille à rétablir et à restaurer le tem
ne lui fut pas donné de l'exécuter : Dieu ple, 2 Rois 22, 2 Chr. 34 et 35; — Né
lui permit seulement de tout préparer bucadnetsar le pille, le dépouille, en fait
pour cette construation, matériaux et ou enlever les vases et les trésors, d'abord
vriers , 2 Sam. 7; 1 Chr. 17; 18, 1-8.; sous Jéhojakim, puis sous Jéhojachin, et
quel que fût le rôle que Dieu avait assi enfin le ruine complétement sous Sédé
gné à la guerre dans les rapports d'Israël cias, en 588, 2 Chr. 36, 6. 10. 18. 2 Rois
avec les autres peuples, il la déclarait ce 25.; — le temple reste abandonné et en
pendant lui-même inconciliable avec l'é- ruines pendant cinquante-deux ans, jus
dification de son Eglise. Un prince paci qu'à la première année de Cyrus, qui en
fique pouvait seul ériger un temple au autorise la reconstruction (536), 2 Chr.
Dieu de paix : ce fut l'œuvre de Salomon. 36, 23. Esd. 1, 2. : c'est dans cet inter
Il jeta les fondements du temple 1012 ans valle, entre la ruine du premier temple
avant C., l'an 2994 du monde, au second et l'édification du second, que se place la
mois (zif) : l'ouvrage fut achevé l'an description prophétique d'Ezéchiel , 40
1006, et la dédicace eut lieu l'année sui 48 ; — en 535, Jésuah et Zorobabel jet
vante, 1005 avant C., après sept années tent les fondements du second temple,
de travail, 1 Rois 6, 38., la onzième an mais l'année suivante , 534, les travaux
née du règne de Salomon. Des ouvriers sont interrompus par ordre supérieur,
étrangers, spécialement des Phéniciens Esd. 3 et 4. ; — en 519, sous Darius fils
fournis par le roi Hiram de Tyr, furent d'Hystaspe , les travaux de reconstruc
presque exclusivement chargés de cette tion sont repris; le second temple, ou
construction ; ils apportèrent avec eux du temple de Zorobabel, est achevé et con
bois du Liban, 1 Rois 5, 18. sacré en 515, Esd. 6, 15. ; — il est pro
Depuis sa solennelle consécration, le fané par Antiochus Epiphanes qui le pille
temple eut à subir diverses révolutions : et le consacre aux idoles, 1 Macc. 1, 23,
en 971 avant C., Sisak, roi d'Egypte, en 49.4, 38.2 Macc. 6,2-5. (175-163): Judas
lève les trésors qui y sont renfermés , Maccabée, après l'expulsion des Syriens,
1 Rois 14, 26. 2 Chr. 12, 9.;—de 858 à l'an 165 , le rétablit, le purifie, le res
856, Joas le répare et y fait de nouveau taure, et y ajoute un grand nombre d'or
amasser de l'argent, 2 Rois 12, 7.2 Chr. nements nouveaux, 1 Macc. 4, 43.2 Macc.
· 24, 8. ( Hatalie et la famille d'Achab 1, 18. 10, 3.; le temple est même forti
avaient achevé l'œuvre de Sisak, 2 Chr. fié de divers côtés pour être mis à l'abri
24, 7.);-en 740, Achaz dépouille le tem de nouvelles attaques et de profanations
ple pour payer des alliés païens, le roiultérieures, 1 Macc. 4, 60. 6, 7. cf. 13,
d'Assyrie, qui le trompe ; il y place un 53.; — plus tard, Alexandre Jannée, 106
autel sur le modèle de celui de Damas ; avant C., sépare le parvis des prêtr# du
TEM 392 TEM

parvis extérieur ; — Pompée, 63, arrose ment, nous nous bornerons à rassembler
de sang les parvis, profane le saint lieu, les détails historiques qui peuvent servir
pénètre même dans le lieu très saint , de guide pour la construction du plan de
mais laisse intact le trésor : — en 37, ces trois temples.
lorsque Hérode le Grand s'empare de TEMPLE DE sALoMoN.
Jérusalem , le temple éprouve de nom Il s'élevait sur le haut de la colline de
breux dommages : quelques-unes de ses Morija, 2 Chr. 3, 1 . : cela n'est dit ex
cours et de ses galeries sont dévastées ; pressément que dans ce seul passage,
— Hérode, qui veut plaire aux Juifs et tandis qu'en plusieurs autres il est parlé,
qui trouve le temple de Zorobabel trop mais d'une manière, ou vague, ou poéti
mesquin pour sa royale résidence, le re que, du mont de Sion comme étant la
bâtit à neuf, au moins dans quelques-unes montagne de l'Eternel : le passage cité
de ses parties : les travaux sont commen est, dans tous les cas, formel, et il a pour
cés 13 ans avant Christ , selon d'autres but spécial de désigner l'emplacement. Vu
20 Ou 21 ans avant l'ère chrétienne, 46 la grandeur du temple et de ses abords, il
ans avant la première pâque de Christ, fallut commencer par déblayer et niveler
Jean 2, 20. Le temple fut achevé en un le terrain : lorsqu'on eut ainsi créé sur le
an et demi, les parvis en huit ans : mais Sommet de la montagne une plaine artifi
on continua d'y travailler pour l'embellir cielle, on dut, pour la maintenir et la ren
et en mieux terminer les détails. Le tem dre capable de supporter le poids énorme
ple d'Hérode, ou troisième temple, sub dont elle devait être chargée, l'entourer
sista soixante-dix-sept ans, jusqu'en l'an d'épaisses murailles de revêtement, faites
73 de Jésus-Christ : Josèphe en a laissé avec les pierres de taille que l'on trouvait
une description détaillée. en abondance dans la vallée; ces travaux
On connaît les nombreux essais que furent surtout importants sur le côté
l'on a faits pour reconstruire, au moyen oriental : Josèphe dit même que Salomon
des indications que nous ont données les ne fit fortifier ainsi que le flanc est de
historiens sacrés et Josèphe, le plan du Morija, et que les autres côtés ne furent
célèbre temple de Jérusalem : on connaît construits qu'au fur et à mesure que le
les travaux du doyen Prideaux , et les besoin s'en fit sentir, Guer. des Juifs 5,
trois in-folio du savant jésuite Villal 5, 1.; mais dans un autre passage il at
pande (mort le 22 mai 1608) sur ce su tribue tous ces travaux à Salomon, Ant.
jet : il est peu d'auteurs qui n'aient es 15, 11, 3. L'Ecriture se tait entièrement
sayé de jeter quelques lumières sur ce sur ce point. .
point enveloppé de tant d'obscurités, et Les chapitres qui seuls renferment mne
avec les mêmes données on est arrivé aux description proprement dite du temple,
résultats les plus différents : soit parce quoiqu'on trouve ailleurs encore quel
que l'imagination a dil suppléer à plu ques détails épars, sont : 1 Rois 6 et 7 ;
sieurs lacunes, et que chacun s'est cru 2 Chr. 3 et 4. Ces chapitres disent fort
libre d'imaginer quelque chose de neuf peu de chose sur le plan général ; ils s'at
(Villalpande surtout s'est distingué à cet tachent en revanche beaucoup à décrire
égard comme inventeur et comme archi certains détails, et varient ou se contre
tecte); soit parce que l'on n'a pas suffi disent sur le chiffre de quelques dimen
samment distingué, non seulement les sions, erreurs qui s'expliquent aisément
trois temples différents, mais encore les par la méthode défectueuse de la numé
restaurations successives de chacund'eux; ration écrite chez les Hébreux, v. Nom
soit enfin parce qu'on a voulu donner à la bres; les deux relations renferment beau
vision d'Ezéchiel une valeur matérielle et cOup de termes obscurs, beaucoup de la
monumentale que la simple lecture de ces cunes; et celle des Chroniques, en outre,
huit ou neuf chapitres condamne et réfute en qualité de relation postérieure, et peut
cependant de la manière la plus péremp être aussi de relation sacerdotale, con
toire ; nous reviendrons plus loin sur tient des détails étrangers à la première, .
le qractère de cette vision , pour le mo et fait mention d'ornements et de dorures
TEM 393 TEM

qui n'appartenaient peut-être pas aux pre Meyer, queletemple était bâtisurunterre
mières années de l'existence du temple, plein à 3 coudées au-dessus du sol, que
mais qui y furent ajoutés plus tard par la le portique avait comme le reste du tem
piété des fidèles, ou par la libéralité des ple, 20 coudées de hauteur, plus les 3
rois qui , appelés à restaurer un édifice coudées du remblai, et que les colonnes
pillé à diverses reprises, ne se bornèrent situées sur le sol même, n'atteignaient
pas à ramener les choses dans leur ancien avec leurs 23 coudées que le niveau mè
état, mais profitèrent de l'occasion pour me de la hauteur du temple. On ne sau
faire mieux. L'historien Josèphe, qui a rait choisir entre ces diverses hypothèses;
ajouté à la description biblique des détails les anciens connaissaient, comme nous,
nouveaux , quoiqu'il n'eût pas plus que l'usage des tours s'élevant au-dessus des
nous le temple de Salomon sous les yeux, temples, comme on le voit par les médail
Antiq. 8, 3., est souvent en contradiction les du temple de Paphos, mais le chiffre
avec la Bible ; et lorsqu'il en supplée les paraît cependant trop considérable, et le
lacunes. il paraît le faire par de simples livre des Chroniques renferme sous ce
conjectures architectoniques, ou en pui rapport plus d'une difficulté, l'on peut
sant ses renseignements dans Ezéchiel , dire plus d'une erreur de chiffres. Le por
ce qui ôte à son travail descriptif une par che était garni dans sa partie intérieure
tie de sa valeur. de nombreuses dorures (de pur or, 2 Chr.
On distingue dans le temple de Salo 3, 4.). — Le lieu saint avait 40 coudées
mon plusieurs parties principales, con (21m, 60) de long, 20 (10", 80) de large,
centriques, indépendantes : le temple pro et probablement 30 (16m, 20) de haut, (1
prement dit, les bâtiments du temple, le Rois6,2.);les murailles et la voûte étaient
parvis des prêtres, et le parvis d'Israël. lambrissées intérieurement d'ais de cè- '
De grands murs ou des galeries couver dre; le sol était planchéié de lattes de cy
tes séparaient ces divers compartiments. près, v. Sapin ; l'extérieur était tout bâti !
a) Le temple proprement dit se divisait de pierres fines, semblables au marbre
# !
lui-même en trois parties, le vestibule, le blanc : les lambris intérieurs étaient or-º
,s :"
lieu saint , et le lieu très saint; il avait nés de diverses figures en relief, couver-'
« "!
60 coudées (32m, 40) de long, 20(10m, 80) tes de lames d'or jusqu'à la hauteur de
de large, et 30 (16m, 20) de haut, 1 Rois 20 coudées. Dans le lieu saint se trou
g -
6; 2 Chr. 3.— Le portique , porche, ou vaient l'autel du parfum, les tables des
vestibule, était à l'orient; il avait ainsi pains de proposition, les chandeliers d'or
20 coudées de long ; sa profondeur était et quelques autres ustensiles, Hébr. 9, 2.
de 10 coudées (5m, 40); d'après 2 Chr, 3, — Le lieu très saint, appelé aussi le saint
4., suivi par Josèphe, sa hauteur était de des saints, le sanctuaire, et l'oracle, avait
| .120 coudées (64m, 80), ce qui aurait formé 20 coudées dans toutes ses dimensions; il
une tour non-seulement fort considéra avait ainsi 10 coudées de moins en hauteur !
* ble, mais encore hors de proportion avec que le lieu saint, mais on ignore si cette
les autres dimensions du bâtiment. Stieg différence se faisait apercevoir par l'abais
litz y a vu deux tours de 60 coudées cha sement de la toiture (comme dans les tem
cune (32m, 40), mais cette manière de ré ples égyptiens), ou si, avec un toit d'égal
soudre la difficulté n'a pas trouvé de par niveau, il y avait au-dessus du lieu très
tisans : d'autres voient dans ce chiffre une saint un espace vide de 10 coudées for
exagération ou une erreur; Hirt supprime mant une espèce de grenier; mais dans
le chiffre 100, et ne laisse subsister que ce dernier cas, la hauteur de la muraille !
20 coudées, mais comme les deux colon qui séparait le lieu saint du très saint n'é-
nes qui sont devant le portique, Jakin et tant que de 20 coudées, 1 Rois 6, 16., ce
Boaz, ont avec leurs chapiteaux, 23 cou vide aurait été visible à l'intérieur et n'au-"
dées de hauteur, on ne saurait raisonna rait été dissimulé que par les chaînettes
blement supposer le portiqne moins éle d'or et le voile , ou réseau, dont il est
vé : Winer pense arbitrairement que le parlé v. 21. Quelques auteurs pensent que !
porche avait 25 coudées de hauteur ; la hauteur intérieure du lieu saint n'était
TEM 394 TEM

que de 20 coudées (6, 16.) comme celle le passage correspondant, Ezéch. 44, 2.
du très saint, et que au-dessus de l'un et 3., la porte du lieu saint aurait eu 10 cou
de l'autre se trouvait un espace vide de dées de large, celle du lieu très saint 6
10 coudées; le toit, dans ce cas, serait coudées. Le saint des saints ne contenait
supposé incliné, et il aurait recouvert éga
que l'arche de l'alliance.
lement, et sans différence de niveau, les b) Les bâtiments du temple étaient trois
deux bâtiments intérieurs du temple. La étages de chambres qui entouraient le
hauteur de 30 coudées serait la hauteur temple au sud, à l'ouest et au mord, com
du temple vu de dehors (Hirt pense que muniquant ensemble par des portes, et
l'espace de 10 coudées compris entre le destinées aux provisions, aux vases sacrés
toit et le lieu très saint contenait une ma et aux trésors du lieu saint, 1 Rois, 7, 54 .
chine électrique, destinée aux opérations 15, 15.2 Rois, 11, 10. La hauteur de ces
divines ; Winer trouve cette idée mal chambres, ou appentis, étaient uniformé
heureuse; il y a là en effet de quoi com ment de 5 coudées (2m, 70), leur profon
promettre un homme et un parti). Le lieu deur augmentait d'une coudée par étage.
saint et le saint des saints étaient séparés de 5 coudées au premier, de 6 au second,
par une porte à deux battants de bois de 7 au troisième, l'épaissseur des murs
d'olivier, chacun des battants se pliant diminuant à mesure qu'ils s'élevaient et
lui-même en deux. et étant orné de di qu'ils avaient une moindre charge à sup
verses figures en relief, 1 Rois 6, 31.; on porter, 1 Rois 6, 6. Les rétrécissements
ne sait pas au juste ce qu'était ce voile de dont il est parlé dans ce passage (mig'
l'oracle, ni quel était son usage, si c'était raoth)s'expliquent d'une manière à la fois
un simple ornement, ou un réseau à larges claire et simple par le passage corres
mailles étendu au-dessus de la porte pour pondant de Ezéch. 41, 6.; il en résulte
laisser s'échapper la fumée du sacrifice. - que pour que le lieu saint ne servît pas
Quant aux deux colonnes, il en a été parlé en quelque sorte d'appui matériel aux
à l'article Boaz; on n'est pas d'accord sur bâtiments qui l'entouraient, un contre
leur position; elles étaient devant le por mur était adossé à la muraille du temple,
tique, mais s'élevaient-elles indépendan et que les soliveaux des chambres en
tes ? c'est ce qui semblerait le mieux jus traient dans cette muraille extérieure sans
tifier la solennelle importance que leur toucher les murs mêmes du temple. D'au
donne l'écrivain sacré; ou supportaient tres, cependant, entendent que le mur du
elles une espèce de toit plat, à l'ombre et temple était, à l'extérieur, construit en
à l'abri duquel on pouvait se réfugier forme d'escalier (trois différences d'épais
(Meyer)9 d'autres enfin les placent à l'en seur), et que les solives des chambres
trée même du temple, derrière la porte, s'appuyaient sur ces espèces de degrés
et adossées aux murailles latérales. extérieurs, sans qu'il eût été nécessaire
Les murs du temple étaient, selon toute de faire des trous dans la muraille pour y
apparence, de pierres massives, comme faire entrer les solives. La longueur des
ceux du palais de Salomon, 1 Rois 7, 10. chambres n'est pas déterminée : Ezéchiel
C'est à tort, et par suite de fausses inter parle de trente chambres, dix par étage,
prétations ou de vagues conjectures, que ce qui ferait quatre pour chaque côté de
quelques auteurs ont pensé que les fon la longueur, et deux pour la largeur der
dements seuls étaient de pierre, et que rière le lieu trés saint ; avec les dimen
le corps de l'édifice était en bois. La toi sions admises plus haut , ces chambres
ture seule, comme les parois intérieures, auraient eu ainsi, les plus grandes, 15
étaient faites de bois de cèdre, 1 Rois 6, 9. coudées (8", 10) de long, les deux autres,
15., la charpente de même , rien n'indi 10 coudées. - L'entrée de ces chambres
que si le toit était plat ou incliné. La porte était au côté droit sud de la maison , l'on
d'entrée, dont la largeur ni la hauteur montait par une vis, ou escalier tournant,
ne sont marquées, était en cyprès plaqué au deuxième étage, et de là au troisième.
d'or, avec diverses figures en relief, des — La hauteur de ces bâtiments était de
fleurs, des palmes, des chérubins , d'après 15 coudées; il restait ainsi de la place
TEM 395 TEM

pour les fenêtres du temple, même dans 7.; mais il est plus difficile de déterminer
la supposition, peu admissible, que le jusqu'à quel point leurs ornements et
temple n'eût que 20 coudées de hauteur leurs dépendances, bâtiments, chambres,
au-dedans. Les fenêtres étaient larges à réduits , et autres, dont quelques-unes
l'intérieur, et rétrécies par dehors, comme furent assez considérables pour avoir un
les fenêtres de nos vieux châteaux, et les nom spécial, appartiennent à son règne ;
meurtrières de nos forteresses. On n'en v. Jér. 35, 2.4. 36, 10.20.21.2 Rois 23,
connaît au reste ni la grandeur, ni le 11. cf. 11, 19.6. 15, 35. 2 Chr. 24, 8.
nombre, ni la forme (peut-être étaient 35, 15. Jér. 20, 2. 26, 10. Ez. 8, 3. 5. 9,
elles treillissées ?); elles servaient plutôt 2. 10, 19. 11, 1. Il ressort même de plu
à rafraîchir l'air qu'à donner du jour. sieurs de ces passages que des change
Le lieu très saint n'en avait point. ments et des modifications eurent lieu sous
c) Immédiatement autour du temple les rois suivants, et l'histoire du temple
était le parvis intérieur, 1 Rois 6, 36., nous a montré en quelles circonstances
qui est appelé parvis des prêtres, 2 Chr. ces adjonctions ont pu être nécessitées,
4, 9., parce qu'il n'était accessible qu'à et quelles causes les ont produites.
eux et aux lévites. C'est là qu'ils offraient D'après ce qui précède, on peut se faire
les sacrifices et accomplissaient la plupart une idée assez juste, peut-être assez claire,
de leurs fonctions; c'est là qu'étaient l'au de ce qu'était le temple de Salomon : plus
tel des holocaustes, la mer d'airain , les riche que majestueux, plus magnifique
cuves et les deux colonnes. C'était un que grandiose, fait pour Dieu plutôt que
carré de 100 coudées (54m) de côté; il pour les hommes, bien proportionné dans
avait trois portes, une à l'orient, une au son ensemble, mais petit en comparaison
sud, une au nord. On descendait de là de la multitude de peuple qui ne devait
par huit marches dans l'enceinte exté avoir que ce seul sanctuaire; sacerdotal
rieure, appelée : et non populaire, puisque les simples Is
d) Le parvis d'Israël ou parvis du peu raélites ne pouvaient pas même pénétrer
ple : il avait 500 coudées de côté (270m), et jusqu'au parvis qui l'entourait immédia
quatre portes d'airain aux quatre vents ; tement. Son espèce de clocher, ses ap
il était sans toiture, et pavé de marbres pentis latéraux et la dépression de la par
de différentes couleurs. tie Occidentale du bâtiment, ont été sinon
Ces deux parvis étaient séparés par une copiés, du moins imités dans la construc
muraille de trois rangées de pierres po tion de plusieurs temples catholiques, et
lies, et d'une rangée de poutres de cè l'église de Dresde est citée par Winer,
dre, 1 Rois 6, 36. Josèphe dit que sa comme répondant assez exactement à l'i-
hauteur n'était que de 3 coudées (1m, 62), dée qu'on doit se faire du temple de Sa
afin que le peuple, de son parvis, pùt lomon par les récits bibliques.
voir ce qui se faisait dans celui des sacri A peine le temple fut-il achevé que Sa
ficateurs, Ant. 8, 2. (détail qui ne s'ac lomon y fit transporter l'arche de l'al
corderait pas avec une différence de ni liance, et qu'il le consacra lui-même d'une
veau marquée par les huit marches). De manière solennelle, comme le temple de
chaque côté de la muraille étaient des tout le peuple. Mais peu d'années après
portiques et des loges pour les lévites et la mort de son fondateur, les change
les sacrificateurs, des réduits pour divers ments politiques qui survinrent, déta
ustensiles, pour le bois et pour les pro chèrent du temple de Jérusalem la plus
visions nécessaires , 1 Chr. 28, 12. Le grande partie des ressortissants des dix
mur extêrieur du parvis du peuple était tribus schismatiques, et le temple de Sa
en outre bordé de galeries magnifiques, lomon ne fut plus que le centre religieux
soutenues par deux ou trois rangs de co du petit royaume de Juda; encore fut-il
lonnes, sous lesquels on pouvait s'abriter à plusieurs reprises profané et consacré
et se promener. — On ne saurait nier aux idoles par des rois de la famille de
que ces deux parvis ne fussent l'œuvre David, 2 Rois 21, 4. 23, 4., etc. Lorsque
de Salomon, 2 Rois 21, 5. 23, 12. Ez. 9, Nébucadnetsar le détruisit et le brûla, il
TEM 396 TEM

comptait environ quatre cent dix-huit an l'idée messianique, mais ils la présentent,
nées d'existence. comme toujours, sous un point de vue
Dom Calmet, dans son dictionnaire, en charnel; Ezéchiel a vu le temple tel qu'il
tasse sur un seul temple tous les détails existera matériellement lors de la venue
relatifs aux trois temples qui se succé du Messie. Ewald, qui partage en quel
dèrent, et au temple d'Ezéchiel. De là que sorte cette manière de voir, ajoute que
des contradictions sans nombre. C'est la si le prophète décrit si minutieusement
science du pêle mêle. certaines parties du temple et de l'autel,
vIsIoN D'ÉzÉCHIEL. maintenant détruits et perdus, c'est pour
Avant de passer à la description du tem que du moins le souvenir en reste, et
de Zorobabel, c'est ici le lieu de dire quel qu'on puisse les reproduire et les recon
ques mots de la vision renfermée dans les struire lorsqu'Israël sera délivré et ré
neuf derniers chapitres d'Ezéchiel, et spé tabli. La conscience chrétienne a si for
cialement des chapitres 40, 1. - 43, 12. Le mellement protesté contre cette interpré
prophète, qui, malgré les malheurs de sa tation judaïque, que par réaction sans
patrie, attend la restauration d'Israël, et doute, et par un excès de spiritualisme,
qui termine son livre par ce long cri d'es on en est venu à appliquer généralement
pérance, de joie et de triomphe, voit en et exclusivement toute cette vision à l'E-
vision le saint lieu rétabli, le sacerdoce glise du Nouveau Testament. Quelques
réintégré dans ses fonctions, le culte re théologiens ont essayé de tempérer cette
nouvelé, Jérusalem restaurée, une source vue exagérée, en admettant qu'Ezéchiel a
de bénédictions nouvelles descendre Sur bien voulu faire la description d un tem
un peuple longtemps coupable, mais puni ple matériel que les Juifs devraient bâtir
et pardonné, et l'Eglise sortie de ces un jour, mais que ce temple serait l'image
ruines, se partager de nouveau Canaan et la représentation de l'Eglise. Il y a dans
pour y servir à toujours l'Eternel. Si l'on toutes ces interprétations quelque chose
oublie le sens de cette vision, l'on tombe de trop arbitraire ou de trop dogmatique.
aussitôt dans le non-sens; Villalpande, en La vision d'Ezéchiel ne peut être prise ni
voyant dans ce temple symbolique une ré comme une description matérielle, ni com
miniscence du temple de Salomon (ce qui me un travail d'imagination, ni comme un
est cependant contredit par la différence composé de l'une et de l'autre, ni comme
des détails), Grotius, en y voyant une ré un simple type; elle est un symbole. llim
miniscence du temple tel qu'il était lors porte en effet, de remarquer: a) que le
qu'il fut détruit par Nébucadnetsar, mé temple de Zorobabel n'a pas été construit
connaissent le caractère spirituel de la d'après les données d'Ezéchiel, quoique
prophétie. Dœderlein, au contraire, en les contemporains du prophète fussent
ne voyant que le côté idéal de cette vi encore vivants ; preuve qu'on n'estimait
sion, en n'y voyant qu'une description pas qu'il eût voulu imposer de la part de
poétique, une œuvre de fantaisie, un élan Dieu la forme du nouveau temple. b) Plu
d'imagination, ou bien encore une œuvre sieurs détails de la description étaient
d'art, un plan médité à loisir, méconnaît d'une exécution matériellement impossi
la mission religieuse du prophète et de la ble, n'ayant qu'une valeur symbolique ;
prophétie en général, mission positive, ainsi, l'étendue de l'enclos autour du
pratique, féconde, messianique. Herder, temple, 500 cannes de côté (1800 mè
Eichhorn et d'autres n'ont ni mieux com tres), 42, 16 sq.; la gloire de Dieu qui
pris, ni mieux réussi en cherchant à ré se manifeste, 43, 2.; les eaux qui sortent
unir ces deux points de vue différents, et de dessous le seuil de la maison, qui aug
en disant qu'Ezéchiel voulait laisser à la mentent en volume jusqu'à devenir un
génération nouvelle le modèle d'un tem torrent que le prophète traverse à la
ple à reconstruire lorsqu'ils seraient ren mage, quoiqu'elles n'aient point d'affluent,
trés dans leur patrie, et qu'il a fait ce plan qui finissent par se jeter dans la mer d'O-
moitié de souvenir, moitié d'imagination. rient, la mer Morte, et qui en assainis
Lescommentateursjuifs se rapprochent de sent les eaux, 47, 2. sq. ; le nouveau
TEM 397 TEM

partage du pays entre les douze tribus, Il appartient aux commentaires d'en
partage qui n'a jamais eu lieu, 47, 13., trer à cet égard dans des développements;
etc. c) Ezéchiel, le lévite, avec son ca ce qui précède suffit pour montrer que le
ractère sacerdotal et mosaïque, si atta temple symbolique du prophète ne peut
ché à la loi de l'Eternel, d'ordinaire si servir que par d'incertaines analogies à
attaché à la lettre du Pentateuque, l'aban la reconstruction du temple de Salomon
donne ici à plusieurs reprises, n'en con ou du temple de Zorobabel. On peut lire
servant que l'esprit, et semble entrer dans l'excellent commentaire de Haever
dans une voie nouvelle de développement, nick les détails exégétiques que notre
comme s'il pressentait celui qui n'est pas travail ne comporte pas.
venu abolir la loi, mais l'accomplir; com TEMPLE DE ZOROBABEL.
s'il presse.itait l'ère nouvelle de la loi On n'a pas de détails sur la forme, la
parfaite, Moïse remplacé par Jésus, la grandeur et l'architecture de ce temple ;
synagogue par l'Eglise. d) La prophétie on suppose qu'il était construit à l'instar
est présentée sous la forme d'une vision, du premier, sur l'emplacement duquel il
et c'est le propre d'une vision de présen s'élevait; mais il n'en égala ni la richesse,
ter des idées abstraites sous des formes ni la splendeur, Esd. 3, 12. Agg. 2, 3. Il
concrètes, matérielles, physiques; le pro avait des parvis, des portiques, et quel
phète se voit lui-même transporté dans ques bâtiments ou cellules dans leur en
un temps nouveau, il participe aux bé ceinte, 1. Macc. 4, 38.48. Les vieillards
nédictions que la vision lui montre; il ne qui avaient vu le premier temple pleurè
pouvait pas voir l'ère de Christ sous une rent en voyant combien le second lui
forme spirituelle. e) Le prophète lui-mê était inférieur; mais Aggée les consola
me en plusieurs autres passages, notam en prophétisant que la gloire de cette se
ment 20, 40. (cf. aussi 11, 19. 36,26., et conde maison serait plus grande que celle
surtout 37, 26-28.), semble déjà fixer no de la première, car le maître de cette
tre attention sur une époque où le culte maison devait un jour l'honorer de Sa
sera esprit et vie, où Dieu sera le sanc présence, Agg. 2, 9. cf. Mal. 3, 1. (Les
tuaire de son peuple comme il l'a déjà été, Juifs ne savent comment expliquer cette
11, 16. f) L'analogie des autres prophè supériorité, puisqu'ils n'admettent pas
tes appuie le sens symbolique de ce pas que la présence de Jésus en a été le plus
sage : ainsi Jérémie, 31, 38., représente la bel ornement.) Les docteurs juifs disent
restauration du culte et de la théocratie qu'il manquait à ce temple cinq choses
SouS l'emblème de la reconstruction de qui étaient dans celui de Salomon : l'es
Jérusalem ; v. aussi 33, 17. cf. encore prit de prophétie, l'oracle, le feu sacré
Aggée, 2, 7. Es. 60, 10. Zach. 2, 2. sq.; qui devait brûler continuellement sur
4; 6, 13.; 14,. g) Le Nouveau Testament, l'autel, l'Urim et le Thummim. Dieu vou
et spécialement les deux derniers chapi lait que, peu à peu, ces types fissent
tres de l'Apocalypse, confirme pleinement place à la réalité, Jér. 4, 4.
et péremptoirement l'explication symbo TEMPLE D'HÉRoDE.
lique de la vision d'Ezéchiel, comme étant Il est quelquefois appelé second, quel
la seule juste, la seule conforme à l'ana quefois troisième temple : ceux qui lui
logie de la foi. h) La lecture enfin de cette donnent ce dernier nom veulent faire
prophétie reste obscure à quelque point mentir la prophétie d'Aggée relative à la
de vue qu'on se place, mais elle acquiert gloire du temple de Zorobabel; c'est donc
une entière clarté si l'on abandonne le plutôt une question dogmatique qu'une
sens matériel, ou simplement poétique et affaire de chiffres qui distingue ces deux
prophétique, pour ne voir dans ces ma titres, l'un et l'autre, du reste, également
gnifiques descriptions que le langage justifiés. Hérode fit faire au temple de
symbolique du chrétien à qui Dieu ré Zorobabel de tels changements, que l'on
vèle une économie nouvelle, une dispen put l'appeler un nouveau temple , mais
satiôn nouvelle de grâces, de bénédic ces changements qui ne détruisirent à
tions, de joie, de paix et de fidélité. peu près rien de ce qui existait déjà, ne
TEM 398 TEM

furent, dans un autre sens, que la conti enfin, sur le temple même, construit en
nuation des travaux commencés au re plateforme et garni d'une balustrade. Le
tour de l'exil. Le nom importe peu, sol de ce parvis était pavé de pierres
pourvu qu'on se rappelle que le temple plates de différentes couleurs : une ba
d'Hérode ne fut que celui de Zorobabel lustrade de fer, avec des colonnes de
enrichi et augmenté. Josèphe , dans la distance en distance et des inscriptions
Guerre des Juifs 5, 5., et dans ses Anti grecques et latines, marquait le point au
quités 15, 11, 3., le Talmud dans le traité delà duquel il était défendu aux gentils,
de Middoth (Mishna 5, 10.), nous en ont sous peine de mort, de pénétrer. Ce pre
conservé la description ; cette dernière mier parvis est appelé, par les archéolo
autorité est moins sûre, et quelquefois gues chrétiens, le parvis des Gentils,
suspecte. d'après l'analogie de Apoc. 11, 2.
Le temple, avec ses abords, avait qua On montait de là, par quatorze degrés,
tre stades de tour (864 m), un stade à une espèce de petite terrasse large de
(216 m) par côté. Il s'élevait par une 10 coudées, que l'on traversait pour ar
suite de terrasses, chaque parvis inté river au parvis proprement dit. La mu
rieur étant plus élevé que celui qui l'en raille qui l'entourait, avait 40 coudées
tourait immédiatement, et le temple cou de haut; mais elle paraissait moins éle
ronnant et dominant ses parvis et la ville vée à cause des degrés, qui en dissi
tout entière. Le parvis extérieur avait mulaient une partie. On entrait dans ce
plusieurs portes, quatre à l'ouest, une à parvis par neuf portes (quatre au sud,
chaque autre côté (selon d'autres, deux quatre au nord et une à l'est), auxquelles
au sud); ce parvis était entouré, au moins conduisaient cinq degrés. A l'est était le
de trois côtés, d'un double rang de ga parvis des femmes, séparé par une mu
leries en bois de cèdre , larges de 30 raille du parvis des hommes, et moins
coudées, et soutenues par des colonnes élevé. Quinze degrés conduisaient dans
de marbre hautes de 25 coudées : là le parvis des Israélites par la porte orien
se trouvait, à ce qu'on pense, le por tale, qui formait l'entrée principale. Cinq
tique de Salomon, Jean 10, 23. Act. 3, degrés seulement, mais plus élevés, abou
11.La porte surnommée la Belle, Act. 3, tissaient du parvis des hommes à la même
2.10., était probablement la porte orien entrée. Des appartements étaient con
tale, dite porte de Susan, parce qu'un struits au-dessus des portes, jusqu'à la
tableau de la ville de ce nom y était re hauteur de 40 coudées; deux colonnes de
présenté. Une synagogue, Luc 2, 46., 4 coudées de diamètre étaient placées
des chambres pour les lévites, une mai comme ornement devant chacun de ces
son de change et un marché s'abritaient vastes bâtiments. Les portes proprement
sous les colonnes de cette galerie; là on dites étaient à deux battants : elles avaient
vendait les objets nécessaires aux sacri 30 coudées de haut et 15 de large; l'or
fices sanglants et non sanglants, de la fa et l'argent les recouvraient du haut en
rine, de l'huile et des animaux. Le mar bas. Une simple galerie supportée par
ché était naturellement plus fréquenté à de hautes et belles colonnes, courait le
certaines époques de l'année; à Pâques, long des murs intérieurs du parvis. C'é-
par exemple, une hausse artificielle pou tait le parvis d'Israël.
vait se faire sentir dans le prix des mar Le mur qui le séparait du parvis des
chandises, et les cris des acheteurs, des prêtres, n'avait qu'une coudée de hau
vendeurs et des animaux ne pouvaient teur. Ce dernier entourait immédiate
que troubler la dévotion des lsraélites ment le temple de tous les côtés. L'un et
pieux qui visitaient le temple, cf. Matth. l'autre étaient pavés de dalles plates, et
21, 12. Jean 2, 14. C'est sur ce portique, comme les prêtres devaient remplir leurs
bâti au bord d'un précipice, que quelques fonctions nu-pieds, ils étaient assez fré
auteurs pensent que Jésus fut mené par quemment exposés à des indispositions
le diable (De Wette); d'autres croient que plus ou moins graves; un ou plusieurs
ce fut sur le portique du roi, d'autres, médecins étaient, en conséquence, atta
TEM 399 TEM

chés au service du temple. Dans le par ceux qui les avaient imaginées. L'espace
vis des prêtres était l'autel des holo compris entre le toit et la hauteur du
caustes; c'est là qu'on sacrifiait, qu'on temple était occupé par des appartements
priait. qu'on bénissait, et que les lévites et des chambres pour les prêtres, les
chantaient les doux cantiques d'Israël. provisions et les vaisseaux du temple.
Enfin, à 12 coudées au-dessus du par De même que l'intérieur, l'extérieur du
vis, s'élevait le temple lui-même, ayant bâtiment était couvert d'or, et brillait au
100 coudées de haut, autant de long, et soleil du plus vif éclat; tout ce qui n'é-
autant de large par devant, son immense tait pas dorure était marbre, et ces
portique faisant Saillie des deux côtés, énormes blocs d'une blancheur éclatante
et s'avançant de 15 à 20 coudées à donnaient de loin au temple l'apparence
droite et à gauche. Ce portique avait d'un monticule couvert de neige.
également 100 coudées de haut; le fron Ce temple, dans les parvis duquel notre
ton en était couvert de dorures; un cep Seigneur se promenait ordinairement
de vigne colossal, d'or ou doré, s'élevait pendant ses séjours à Jérusalem, et où il
au côté de la porte, et laissait retom prononça quelques-uns de ses plus beaux
ber à profusion des grappes d'or de hau discours aux nombreux rassemblements
teur d'homme, symboles du bonheur pro de peuple qui s'y formaient naturelle
mis par les prophètes, Jér. 2, 21. Ez. 19, ment chaque jour, était en contact im
10. cf. Joel 1, 7.; occasion peut-être du médiat avec la basse ville, et il se reliait à
discours de Jésus, Jean 15; (c'est à ce la haute ville bâtie sur Sion, au moyen
fait qu'il faut probablement rattacher la d'un pont à plusieurs arches. ll était lui
tradition qui porte que les Juifs ado même dominé par le fort Antonia, qu'Hé
raient Bacchus). Sous le portique on rOde fit construire au commencement de
trouvait deux tables, l'une de marbre, SOn règne, à l'extrémité nord-ouest de la
l'autre d'or, sur lesquelles le sacrifica montagne du temple, et qui communi
teur déposait, en entrant dans le temple quait avec ce bâtiment par le moyen de
et en en sortant, les pains de proposition. souterrains inconnus. De l'une des tours
Deux portes d'or à deux battants, hautes de la forteresse on pouvait voir tout ce
de 55 coudées et larges de 16, devant les qui se passait dans le temple, et une gar
quelles pendait, à l'intérieur, un riche ri nison romaine l'occupait habituellement,
deau de broderie, ouvraient sur le lieu pour comprimer de là toute espèce de
saint, haut de soixante coudées, large de tentative que pourraient faire les Juifs
20, long de 40; il renfermait le chandelier pour procurer leur émancipation. Plu
d'or à sept branches, la table d'or des sieurs mouvements eurent lieu en effet,
pains de proposition, et l'autel d'or des mais ils restèrent infructueux et ne pro
parfums. Un rideau magnifique, celui qui duisirent que des dévastations partielles.
se déchira à la mort du Sauveur, Matth. Le lieu saint resta intact sous Hérode et
27, 51., (les rabbins disent deux rideaux sous ses fils; on songeait même, sous
éloignés d'une coudée l'un de l'autre) Hérode Aprippa Il, à reprendre quelques
conduisait au lieu très saint, qui était réparations , mais le dernier soulève
vide, l'arche ayant disparu lors de la ment qui eut lieu, et la manière dont les
captivité de Babylone ; au dire des Juifs, Romains s'en rendirent maîtres, rendirent
une pierre massive en occupait la place. inutile ce projet; la dernière heure avait
Le saint des saints avait 20 coudées sonné. Des troupes juives furent caser
de long , 20 de large et 60 de haut. nées dans les parvis du temple, et leurs
Le toit était probablement plat, quoique armes furent suspendues aux portes mê
Josèphe n'en dise rien, et que De Wette mes du saint lieu; c'était là le dernier
pense le contraire. Il était garni de flè boulevard de l'indépendance nationale.
ches d'or ou dorées (d'une coudée de Les Romains (l'an 70), sous Titus, s'y
haut), qui devaient empêcher les oi précipitèrent du fort Antonia; les Juifs,
seaux de s'y établir, et qui purent aussi au désespoir, mirent le feu au parvis; un
faire l'effet de paratOnnerres à l'insu de soldat romain jeta un tison ardent contre
TEM 400 TEM

les bâtiments qui tenaient au temple vers on mettait le produit de l'année, dans l'au
le nord , la flamme s'élança, Titus essaya tre les paiements arriérés de l'année pré
en vain d'arrèter les progrès de l'incen cédente. Ces richesses accumulées , et
die, et tout fut dit. Les vainqueurs n'eu parfois exagérées, attirèrent souvent l'at
rent plus qu'à réunir sur un char de tention des généraux et des princes qui
triomphe, les débris qu'ils purent arra s'emparèrent de Jérusalem, 1 Macc. 1,
cher à l'incendie, la table des pains de 24., etc. Les chambres du trésor furent
proposition, le chandelier d'or, le livre brûlées par l'armée romaine , mais Titus
de la loi, et deux trompettes ; ces insi ne put se rendre maître des richesses
gnes de la victoire furent plus tard re qu'elles renfermaient.
présentés en relief sous la voûte de l'arc On infère de plusieurs passages, Deut.
de Titus, et l'on en possède plusieurs co 31, 26. 2 Rois 22, 8.2 Macc. 2, 13., qu'il
pies. y avait dans le temple, ou plutôt dans un
Les fondements du temple avaient été des bâtiments voisins, des archives ecclé
épargnés : quelques murailles sans doute siastiques et nationales , mais ces passa
restaient encore debout, et pouvaient ser ges ne suffisent pas à le prouver, quoi
vir de centre de ralliement aux Juifs fa que le fait n'ait en lui-même rien d'in
natisés. Adrien (136), en élevant sur la vraisemblable ; 1 Macc. 14, 49., et Josè
place de l'ancienne Jérusalem la ville phe, Ant. 5, 1. 17. Guerre des Juifs. 7,
nouvelle d'AElia Capitolina, construisit un 5, 5., ne sont pas davantage des témoi
temple de Jupiter sur la place et avec les gnages péremptoires.
débris du temple de l'Eternel, et interdit Ce fut toujours une coutume , dès la
aux Juifs l'entrée de la ville. Quelques plus haute antiquité, chez les Juifs com
tentatives malheureuses de ces derniers me chez les païens, d'offrir au temple des
méritent à peine d'être mentionnées, et présents, soit de prières, soit d'actions
lorsque Julien, en 368, voulut essayer de grâces, lorsqu'on partait pour une
lui-même cette œuvre d'hostilité contre expédition , ou qu'on en revenait. Les
Dieu, des flammes sorties des fondements Philistins firent une offrande de ce genre
découverts, le forcèrent d'abandonner lorsqu'ils renvoyèrent l'arche de l'allian
cette entreprise. Aujourd'hui c'est une ce, 1 Sam. 6. Les livres apocryphes citent
mosquée magnifique, l'une des trois plus d'autres exemples de princes païens, ou
belles des mahométans, qui s'élève au de riches prosélytes qui prirent plaisir à
sommet de la ville sainte; elle fut con orner le temple. Ces sortes d'eac voto qui
struite en 636 par le calife Omar, avec n'étaient pas en numéraire , étaient pu
les débris d'une église chrétienne. bliquement exposés, soit dans l'intérieur
Quant au sicle du sanctuaire, v. Impôt, du temple, soit dans le portique ou dans
et Sicle. La perception de cet impôt était les parvis, et leur nombre était si consi
proclamée le 1ºº adar , les bureaux des dérable qu'il ne pouvait manquer d'atti
changeurs s'ouvraient le 15 dans les pro rer l'attention des promeneurs, cf. Luc
vinces, et le 25 à Jérusalem. Il fallait en 21, 5. Ptolémée Philadelphe en particu
effet que les Juifs sujets à l'impôt, pus lier, témoigna par la richesse de ses dons,
sent se procurer au lieu, de la monnaie sa reconnaissance pour la traduction grec
courante, la monnaie ancienne dans la que desSeptante qui lui fut envoyée.Quel
quelle l'impôt était perçu, et le change ques trophées se trouvaient aussi mêlés
se faisait contre un certain agio. Il y avait aux ornements du temple, 2 Rois 11, 10.
une amende pour celui qui ne s'était pas cf. 1 Sam. 21, 9.
acquitté au 25. Les villes éloignées en Un nombreux personnel était naturel
voyaient leur recette en or pour la faci lement attaché au service de bâtiments
lité du transport. On évalue à près de 2 aussi vastes et aussi nombreux. La police
millions de francs le produit annuel de du temple avant l'exil était spécialement
cet impôt, du temps de Christ. Les som confiée aux lévites, q. v.; cf. aussi 2 Chr.
mes reçues étaient dépOsées dans deux 23, 19.; cependant nous n'avons aucun
troncs du parvis des femmes; dans l'un détail sur l'organisation de ces services.
TER 401 TER

Après l'exil, au dire de Josèphe, les gar ment une petite amande blanche et char
diens du temple furent placés sous les nue, mangeable, mais d'une digestion dif
rdres d'un chef spécial ; l'ouverture et ficile. Le bois de l'arbre est blanc et dur.
a fermeture des portes exigeait le tra Le tronc donne une espèce de résine que
vail de vingt hommes, et se faisait par les l'on rend plus abondante au moyen d'in
soins des prêtres. Le chef des gardiens cisions artificielles; mais l'on n'en retire
est quelquefois cité à côté du souverain jamais une bien grande quantité : quatre
sacrificateur; il avait un secrétaire, et térébinthes de soixante ans donnent en
veillait à l'ordre, à la propreté, et à la viron 1 kilog. 1 [2 à 2 kilog., et l'île de
tranquillité des parvis : on suppose qu'il Chios tout entière n'en rapporte guère
était choisi parmi les prêtres du premier annuellement que 600. La vraie térében
rang. Les prêtres avaient trois postes thine était en conséquence comptée au
autour du temple, les lévites en avaient nombre des essences les plus précieuses
vingt-un aux portes des parvis , ils de de l'Orient; lamédecine entirait un grand
vaient veiller à ce qu'aucun homme im parti. On dit que le térébinthe atteint un
pur, ou femme souillée, ne dépassât les àge fort avancé, environ mille ans, cf. Es.
limites qui lui étaient posées; on ne pou 6, 13., et Josèphe raconte que l'on en
vait aborder le temple avec un bâton à la montrait de son temps à Hébron un aussi
main, ni avec des souliers, ni avec des vieux que le monde ! C'est le cas, ou ja
pieds non lavés; on ne pouvait non plus, mais, de passer au moins au déluge.
comme cela se pratique de nos jours en Les voyageurs s'arrêtaient volontiers
core en plusieurs lieux, traverser avec sous l'ombrage touffu et bienveillant de
une charge, corbeille ou autre, les parvis cet arbre, Jug. 6, 11. 19.1 Rois 13, 14.;
du temple pour abréger son chemin. on y adorait des idoles, Ez. 6, 13. Os. 4,
· Un temple juif avait été construit, 180 13. : on y élevait des monuments, Jos. 24.
145 av. C., à Léontopolis, en Egypte, par 26., on y enterrait ses morts, 1 Chr. 10,
le souverain sacrificateur Onias, sous le 12.— Nos versions, à l'imîtation des an
règne de Ptolémée Philométor, sur le ciennes, et Sans doute à cause de laires
modèle de celui de Jérusalem, mais en semblance des noms hébreux, ont pres
petit. Le décrire serait sortir des limites que toujours confondu le térébinthe avec
de notre plan. Il fut détruit sous Vespa le chêne, q. v. — v. aussi Vallée.
sien. TERES. v. Bigthan. -

, TENTES. v. Tabernacle. TERRE. Ce mot a dans l'Ecriture,


TÉRÉBINTHE, le pistacia terebinthus comme dans le langage ordinaire, plu
de Linnée, probablement désigné par les sieurs significations différentes : il dési
mots hébreux allah et élah, bel arbre au gne le sol sur lequel nous marchons,
tronc vigoureux, aux branches nombreu Gen. 1, 10.: toute la matière grossière qui
ses et fortes (Sirach 24, 22.), originaire fut créée au commencement, Gen. 1, 1.;
du Levant, et que l'on trouve dans pres le globe terrestre avec tout ce qu'il con
que toute l'Asie Mineure, mais particu tient, hommes, animaux, plantes, mé
lièrement dans les îles de Chypre et de taux, etc., Ps. 24, 1. 115, 15. 16. Gen. 8,
Chios : il paraît être devenu rare en Pa 17.; il désigne aussi les habitants de la
lestine, quoiqu'on l'y rencontre encore, terre, Gen. 6, 13. 11, 1. Quelquefois il se
de même qu'en Syrie. Son écorce est gri dit d'une contrée particulière, le plus
sâtre, gercée; ses feuilles, roides, d'un souvent de la Palestine, à moins qu'un
vert lustré, longues de 1 pouce et 1 l2 à 2 autre pays ne soit spécialement désigné,
pouces, ressemblent à celles de l'olivier, la terre d'Egypte, d'Assyrie, de Moab; il
et persistent en hiver. Ses fleurs se mon s'applique à tout l'empire de Caldée et
trent à la fin d'avril, au bout des bran d'Assyrie, Esd. 1, 2. Dans les Psaumes,
ches, et ressemblent à celles de l'olivier; la terre signifie en premier lieu le pays
les fruits, groupés en forme de grappes d'Israël, et ensuite prophétiquement le
ou de bouquets, sont durs, résineux, gr0s monde entier, Ps. 33, 8.14.45, 16. 48, 2.
comme les grains du genièvre, et renfer 57, 5.11. etc. La terre des vivants mar
II. 26
TER 402 | TER
quait dans l'esprit des Juifs, soit la Pa 27. Job 26, 10. Es. 40, 22., qui la repré
lestine, par opposition aux lieux de leur sentent comme une sphère, ou comme
captivité, soit la vie à venir, par opposi une circonférence, dont Jérusalem serait
tion à la vie présente, Ps. 27, 13. 52, 5. le centre, Ez. 5, 5. cf. 38, 12.
Es. 38, t4. 53, 8. La terre d'oubli, c'est Avant l'exil, les Juifs ne connurent
le tombeau, Ps. 88, 12. Job 10, 21.22. guère que les pays qui les avoisinaient
Dans le sens moral, la terre est opposée à immédiatement, et aveclesquels ilsavaient
l'esprit, elle est l'emblème de la matière, des occasions de contact, l'Egypte, l'A-
le mot terrestre est opposé à céleste, Jean rabie, la Syrie et la Phénicie; mais leurs
3, 31, Col. 3, 5. 1 Cor. 15, 47.48. 2Cor. connaissances géographiquess'étendirent
5, 4.; la terre représente la corruption, avec la captivité ; ils apprirent à connaî
la décomposition, Ps. 103, 14. Dans le tre l'Assyrie, la Médie, la Babylonie, et
langage prophétique, dans Daniel, et dans peut-être leurs rapports avec les Phéni
l'Apocalypse en particulier, le mot terre ciens leur firent-ils connaître aussi les
désigne encore d'une manière spéciale le îles, les pays de l'ouest, et même le nord
territoire des quatre monarchies, l'Asie de l'Asie, Gog et Magog, Ez. 27, Jér. 51,
Mineure, et toute la portion de l'Europe 27. cf. Es. 14, 13. Les premiers essais
comprise entre la Méditerranée au sud, d'une géographie datent de cette époque,
le Rhin et le Danube au nord (v. Gaussen). et Josèphe (Antiq. 1, 6.) nous fait part
Newton y ajoute encore l'Angleterre. On des travaux de celui qui, le premier sans
multiplierait à l'infini l'énumération des doute, essaya de résoudre les difficultés
acceptions diverses dans lesquelles ce et les obscurités généalogiques de Gen.
même mot est pris dans la Bible ; ce tra 10, par les traditions des peuples sur
vail n'est pas nécessaire. leurs origines. Depuis les Maccabées, les
Quant à la terre proprement dite, il a Juifs entrèrent en rapport avec la Grèce
êté parlé aux articles Genèse et Création et l'Italie; le commerce et la politique
de ce qui concerne son origine et du ré agrandirent de ce côté leur horizon.—On
cit que nous en font les historiens sa a cru trouver, Jos. 18, 9., la première
crés; de l'aveu même des théologiens les trace de cartes géographiques, mais on
moins suspects d'enthousiasme, de Wi peut l'entendre aussi d'une description
ner, par exemple, le récit biblique de des liéux, d'une topographie; en Egypte,
Gen. 1, est si sage, si bien conçu, si na cependant, Sésostris aurait eu, d'après
turel, et raconté dans un style si beau, si la tradition, la première idée de plans et
élevé, qu'il n'est aucune autre cosmogonie de cartes du pays. -

de l'ancien monde qui puisse lui être com TERTIUS n'est connu que parce qu'il
parée sous ce rapport. v. aussi Cuvier, servit de secrétaire à saint Paul, lorsque
Discours, etc.; Chaubard, Eléments de celui-ci écrivit son épître aux Romains,
Géologie, etc. Rom. 16, 22., soit qu'il ait recopié la let
Il est difficile de se former une idée tre autographe de l'apôtre, soit plutôt
des opinions des Hébreux relativement à qu'il ait écrit sous sa dictée. Lightfoot
la structure de la terre; il est probable suppose que Tertius est le même que Si
même qu'ils ne s'étaient pas posé la ques las, ce dernier nom pouvant signifier, en
tion. Les descriptions poétiques de Ps. hébreu, le troisième. Quelques éditions
104, 5. Job 9, 6. 38, 6. Ps. 75, 3., qui grecques portent Térentius. On ne sait,
nous parlent des bases et des piliers de du reste, rien de positif sur sa vie.
la terre, ou de Ps. 24,2.136,6., quinous TERTULLE, orateur, rhéteur ou avo
représentent la terre comme fondée sur cat, dont le nom signifie imposteur. Il ne
doit sa réputation qu'à son plaidoyer con
l'Océan, ne doivent pas plus être prises
tre saint Paul à Césarée, devant Ananias
à la lettre que celle de Es. 11, 12., qui
semble indiquer une terre carrée (Gese et le gouverneur Félix, Act. 24, 1. Quoi
mius); de Job 26, 7., qui la représenteque son discours ne nous soit rapporté
planant dans l'espace, soutenue par la qu'en extrait, on y reconnaît, soit pour
puissante main de Dieu, ou de Prov. 8, le fond, soit pour la forme, tout ce qui
TET 403 THA

-caractérise les époques de décadence, des reçut le titre de roi. Mais, après sa mort,
précautions oratoires stéréotypées, de la le royaume fut de nouveau partagé entre
violence et de l'exagération dans la plain deux de ses fils, Antipas et Philippe, qui
te, et ce système d'intimidation qui pro furent appelés tétrarques, tandis que le
, vient de la peur que causent à ceux qui troisième, Archèlaüs, régna sous le nom
gouvernent les moindres innovations, et d'ethnarque. Avec eux s'éteignit pour la
• surtout les mouvements de la piété. C'est famille d'Hérode la charge du tétrarchat;
au nom de la tranquillité publique qu'il mais elle reparut dans la personne de Ly
- combat la liberté des cultes; c'est au nom sanias. D'après Josèphe et Pline, il y
, de l'ordre qu'il demande le châtiment d'un avait encore des tétrarchies aux environs
apôtre. Il n'y a rien de nouveau sous le du Liban et dans la Cœlésyrie, comme,
: soleil. en général, pendant la fin de la républi
- , TESTAMENT. v. Alliance, et Bible. que et sous les empereurs, le nom de té
· TETRARQUE, nom sous lequel régnè trarque fut donné à de petits princes vas
rent en Palestine, et dans son voisinage, saux, auxquels on ne voulait pas laisser
plusieurs princes vassaux de Rome, no le titre de rois. v. Sallust. Catil. 20, 7.
tamment Hérode Antipas, fils d'Hérode le Tacit. Ann. 15, 25.
Grand, tétrarque de Pérée et de Galilée, THABOR. v. Tabor.
Luc 3, 1., qui fit trancher la tête de Jean THADDEE. v. Jude.
Baptiste; Philippe, également fils d'Hé THADMOR, Thamar, etc. v. Tadmor,
rode le Grand, et tétrarque de la Tra Tamar, etc.
chonite, Luc 3, 1., de la Batanée et de la THAMMUS. Ce mot ne se trouve que
Gaulonite; enfin Lysanias, prince d'Abi Ez. 8, 14. Au milieu des visions qui lui
lène. v. leurs articles. Le premier est montrent l'idolâtrie ravageant le pays et
, nommé roi, Matth. 14, 9. cf. 2, 22., par souillant l'autel du Seigneur, le prophète
suite de l'extension donnée à la significa voit des femmes assises qui pleurent
tion primitive de tétrarque, ou, pour Thammus. C'était le dieu du deuil, une
mieux dire, ce mot qui signifiait d'abord divinité qu'adoraient les femmes dans les
, chef d'un quart du pays, avait compléte larmes de leur douleur, l'Adonis des Phé
ment perdu sa signification pour ce qui niciens;tous les commentateurs sontd'ac
concerne les princes de la famille d'Hé cord à cet égard. Son culte principal se
rOde, comme chez nous plusieurs titres célébrait à Byblos; il était aussi adoré en
subsistent encore, qui n'ont plus de réali Syrie et en Chypre, et de bonne heure,
té, duc de*Dalmatie, prince de la Mos quoique avec des modifications, ce culte
| kowa, duc d'Isly, comte de Montebello, passa en Grèce. L'Adonis de nos mytho
etc. C'est au démembrement de la Thes logies ne doit donc pas être confondu
salie en quatre tétrarchies, par Philippe avec l'Adonis de l'Orient. Chez les Phé
de Macédoine, qu'il faut remonter pOur niciens, la fête d'Adonis se célébrait au
trouver l'origine de ce mot et son vérita mois de juin, qui fut peut-être, à cause
ble sens, Puis trois tribus galliques ayant de cela, nommé Thammuz par les Israé
émigré de Thrace en Galatie, partagèrent lites après le retour de l'exil; elle com
chacune leur territoire en quatre cercles mençait par le deuil, et finissait par la
ou districts, dont les chefs reçurent le joie. Les femmes poussaient des cris
• nom de tétrarques. Dès lors ce titre s'est plaintifs, se rasaient la tête, et allaient
conservé jusque dans la période romaine, jusqu'à offrir leur virginité dans le tem
quoiqu'il n'y eût plus à cette époque qu'un ple en l'honneur du dieu qu'elles avaient
seul tétrarque, Déjotarus. En Palestine, perdu ; l'on enterrait ensuite solennelle
ce furent d'abord les fils d'Antipater, Hé ment l'idole, avec toutes les cérémonies
: rode et Phasaël qui, après avoir été long en usage. Alors venait la seconde partie
, temps à la tête des provinces, reçurent de la fête : le dieu était retrouvé, ressus
, d'Antoine moins les fonctions que le nom cité, et des réjouissances sans nombre
, de tétrarques. Plus tard Hérode, devenu succédaient aux lamentations et au dés
, chef de toute la Palestine et de l'Idumée, espoir. Le sens de cette fête était clair et
THE 404 THE

simple. Adonis était le symbole du soleil, tard; peut-être l'intimité qui s'établit en
tour à tour perdu et retrouvé, et, sous ce tre lui et Luc permit-elle à celui-ci de
rapport, il n'est autre que l'Osiris des supprimer dans son second ouvrage un
Egyptiens. Il résulte de la vision d'Ezé titre que l'étiquette lui imposait dans le
chiel que cette idolâtrie avait aussi ses premier. On n'en sait rien; on ignore si
sectateurs à Jérusalem; mais on se de Théophile était païen ou juif d'origine,
mande d'où vient ce nom de Thammus gouverneur romain ou souverain sacrifi
qui, nulle part ailleurs, n'est employé cateur juif, quand, comment et par qui
dans ce sens. Haevernick est peut-être le il fut converti; on ignore tout, et l'on
seul commentateur qui ait convenable n'a pas même quelque vague tradition à
ment résolu cette question : selon lui, le invoquer. Cependant, comme il est dans
prophète évite de prononcer le nom d'A- la nature des interprètes de vouloir tout
donis, qui a trop de rapport avec le nom savoir, et il faut le leur pardonner, les
de l'Eternel, Adonaï, et il le remplace suppositions se sont multipliées autour
par un mot appellatif composé, qui rap de ce personnage ;Morus en fait un Athé
pelle l'idole d'une manière assez claire nien, Hase un Alexandrin, Eichhorn un
pour être comprise. Thammus qui, selon Italien, etc. D'autres pensent que Luc dé
saint Jérôme, signifie abstrus, caché, con signe par un faux nom un homme qu'il
viendrait assez au secret dont On enve ne veut pas nommer, gouverneur ou au
loppait les mystères de ce dieu , mais une tre, qui penchait vers le christianisme,
autre étymologie, développée par Haever que son Evangile décida, et qui dès lors
nick, semble meilleure encore : Tham se lia d'une amitié intime avec lui; d'au
mus serait une contraction de Tham'sus tres enfin croient que le nom de Théo
ou de Thanmus, qui signifie celui qui s'en phile, ami de Dieu, désigne d'une ma
va, qui s'évanouit, qui meurt. nière générale tous les chrétiens. L'opi
THEATRE. v. Jeux. Il n'en est parlé nion qui se recommande le plus au milieu
qu'une seule fois dans l'Ecriture, à l'oc de toutes ces hypothèses, est celle d'Eich
casion du tumulte d'Ephèse, Act. 19, 29. horn, que Théophile habitait l'Italie; elle
THÉMAN (parfait, sud). 1° Chef édo se fonde sur ce que Luc, ordinairement
mite, fils d'Eliphas et petit-fils d'Esaü, si exact dans ses détails géographiques,
Gen. 36, 11.15.42. 2° Ville et district pour la Palestine, l'Asie et la Grèce, se
de l'Idumée, Jér. 49, 7.20. Ez. 25, 13. borne pour la Sicile et l'Italie à la simple
(opposé à Dédan),Amos 1, 12. Hab. 3, 3. mention des noms, comme si Théophile
Abd. 9. Au temps d'Eusèbe et de Jérôme, devait suffisamment connaître ces con
Théman avait encore une garnison ro trées; la fin subite du livre des Actes qui
maine. Les Thémanites, Gen. 36, 34., par s'arrête en quelque sorte au moment le
tageaient avec les autres Iduméens la ré plus intéressant, aux luttes de Paul avec
putation d'une grande sagesse, et pas les puissances de Rome, fortifie ce sen
saient pour ne s'exprimer qu'en un lan timent; Luc ne dit plus rien, parce que
gage sentencieux, Abd. 8. Jér. 49, 7.; le Théophile était là qui pouvait suivre par
plus sage des trois consolateurs de Job, lui-même l'histoire de l'apôtre.
Eliphas, est Thémanite, 2, 11.4, 1. THERAPHlMS, sans doute des dieux
THÉOPHILE (ami de Dieu), person domestiques, une espèce de pénates, que
nage qui n'est absolument connu que par les premières générations de la famille
la mention qu'en fait saint Luc en lui dé d'Abraham paraissent avoir hérités de
diant ses deux ouvrages, Luc 1, 3. Act. leurs ancêtres, Gen. 31, 19.34. cf. Ez.21,
1, 1. On suppose, par le titre de très ex 26., et qu'ils consultaient comme des ora
cellent, qui lui est donné dans l'Evangile, cles, Jug. 18, 5. cf. 17, 5. Zach. 10, 2.
qu'il était un homme de distinction, cf. Pour les croyants, ce culte était une ido
Act. 23, 26. 24, 3. 26, 25., où cette épi lâtrie, 2 Rois 23, 24. Os. 3, 4. Il y avait
thète n'est donnée qu'à de hauts person des théraphims de toute grandeur, depuis
nages; peut-être occupait-il un poste émi ceux que Rachel déroba et cacha, jus
nent à cette époque, et le perdit-il plus qu'à celui que Mical plaça dans le lit de
THE 405 THE

David, 1 Sam. 19, 13.16. Ils avaient des Phrygie et la Galatie, il eut êtê poussé par
visages humains. Quelques auteurs ont l'Esprit à porter l'Evangile en Europe.
Cru que c'étaient des cadrans solaires, Forcé de quitter Philippes, il avait pris
des anneaux constellés, des espèces de si la grande route le long de la côte, et il
lènes, etc.;il n'est naturellement pas d'ab était arrivé à Thessalonique par Amphi
surdités que les rabbins n'aient accueil polis et Apollonia. Il prêcha pendant trois
lies ou du moins recueillies sur ce sujet. sabbats consécutifs, et gagna à Christ
THESSALONIQUE (victoire des Thes quelques Juifs et un grand nombre de
saliens), ville importante, qui était au païens attachés au culte juif, Act. 17, 1
temps des Romains la capitale du second 4.; mais les Juifs incrédules, qu'on voit
district de la Macédoine, et la résidence avoir été nombreux, riches et influents,
du praeses et du questeur, les deux pre causèrent un tumulte en se servant, com
miers magistrats romains. Appelée d'a- me de juste, des hommes oisifs et fai
bord Emathia, puis Halia, puis Therma, néants qu'ils trouvèrent sur la place pu
elle reçut, à ce qu'il paraît, son nouveau blique; le mot de saint Luc, &yopxio , de
nom de Philippe, père d'Alexandre (les vrait proprement se traduire par flaneurs
anciens géographes et scoliastes varient [(Steiger, notes manuscrites); ils rassem
cependant sur ce point), ou de son gen blèrent la populace, en grande partie
dre Cassandre, soit enl'honneur de Thes sans doute composée de leurs débiteurs,
salonique, fille de Philippe, épouse de et qui, par ce motif, était d'autant mieux
Cassandre, soit en l'honneur d'une vic préparée à suivre l'impulsion qu'ils leur
toire remportée sur les Thessaliens. Si donneraient; suivis de cette foule, ils
tuée au fond du golfe qui porte son nom, cherchèrent Paul et Silas dans le dessein
sinus Thermaeus, la ville faisait un grand de les faire paraître en jugement devant
commerce par lequel elle s'enrichissait l'assemblée populaire, Act. 17, 5. Ne les
de plus en plus; au temps de Pline, elle ayant pas trouvés, ils s'en prirent à Jason
avait le titre de ville libre, plus tard elle et à ses amis, tous hommes de distinction,
devint métropole ; au cinquième siècle, qu'ils n'osèrent pas juger sommairement
grande, populeuse, riche, elle était la ca et qu'ils traduisirent devant le sénat en
pitale d'un pays d'une très grande éten formulant une accusation bien propre à ef
due ; maintenant elle s'appelle Salonichi, frayer une autorité municipale soumise
et compte environ 70,000 habitants, qui au joug des Romains. Jason et les siens
vivent en grande partie du commerce. ne furent point incarcérés, mais durent
D'après le récit de Strabon, Philippe, en fournir un cautionnement. Saint Paul dut
renouvelant la ville, y fit entrer les habi fuir; il se retira d'abord à Bérée, puis à
tants des petites villes voisines, ce qui Athènes, et enfin à Corinthe. C'est de là,
augmenta singulièrement sa population; qu'après avoir travaillé avec bien du suc
plus tard, un assez grand nombre de Ro cès, il écrivit sa -

mains vinrent s'y fixer aussi, comme dans 1re aux Thessaloniciens, v. 1 Thess. 1,
toutes les villes considérables de l'empire; 8. 3, 6. L'occasion de cette lettre se trou
enfin, le commerce y attira encore des ve dans l'arrivée de Timothée auprès de
Juifs. Le nombre paraît en avoir été as saint Paul; il lui apporte des nouvelles du
sez considérable, car ils y possédaient beau réveil de la Macédoine, de ce réveil
même une synagogue, ou plutôt, pour dont Paul n'avait vu que les premiers
rendre précisément l'expression des Ac moments, mais qui s'était développé après
tes, la synagogue, ce qui implique que son départ sous la direction de Silas et
c'était la synagogue, non-seulement de la de Timothée, non-seulement dans la ville
ville, mais encore des environs, la syna même de Thessalonique, mais aussi dans
gogue dont la proseuque de Philippes les environs, parmi les Juifs et au milieu
pourrait n'avoir été qu'une simple an des païens, réveil qui fournit plus tard à
nexe. C'est dans cette synagogue que l'apôtre des collaborateurs et des aides,
Paul commença à prêcher, lorsque après Act. 20, 4. Paul loue les Thessaloniciens
avoir passé pour la première fois par la pour leur foi et leur charité, il les exhorte
THE 406 THO

à la persévérance, leur donne quelques Flatt, Pelt, Schott, et surtout celui d'Ols
préceptes généraux, et s'attache à com hausen.
battre des vues fausses qui s'étaient in THEUDAS (ou Théodas, contracté de
troduites dans l'Eglise sur divers points, Théodore), célèbre émeutier juif, nommé
spécialement sur le retour du Seigneur dans le discours de Gamaliel, Act. 5, 36.,
et le jugement dernier. On peut diviser comme ayant réussi à se mettre à la tête
cette épître en cinq parties : a) 1-2, 16. de 400 hommes, qui du reste ne tardèrent
Paul rappelle aux Thessaloniciens leur pas à être défaits. Son histoire se place
histoire spirituelle, la manière dont l'E- donc avant Gamaliel qui la raconte, et
vangile fut reçu dans leur ville, l'impres avant celle de Judas le Galiléen, ainsi
sion qu'a produite sur d'autres leur con qu'il résulte du verset 37, par conséquent
version, etc. b) L'amour de l'apôtre pour avant Tibère, ou au plus tôt sous son rè
cette Eglise, et sa sollicitude pour les fi gne. C'est donc à tort qu'on a voulu le
dèles depuis son départ, 2, 17.-3, 13. c) confondre avec un autre factieux du mê
4, 1-12. Exhortations morales, de la con me nom dont la révolte, arrivée sous le
duite des chrétiens en général, et de règne de Claude, et sous le gouverne
l'amour fraternel. d)4, 13.-5, 11.Réponse ment de Cuspius Fadus, vers 44, est ra
aux doutes, aux erreurs, et aux préoccu contée par Josèphe. Pour les confondre
pations des Thessaloniciens sur le second on est obligé de recourir à trop de sub
avènement de Christ, consolations, et ex terfuges, jusqu'à supposer que Luc met
hortations à la vigilance. e) 5, 12-24. Ex dans la bouche de Gamaliel un anachro
hortations relatives à l'Eglise et à la mo nisme, et lui prête un discours qui n'a pu
rale. sans doute être prononcé à cette époque,
2° auac Thessaloniciens. Elle fut écrite mais qui du moins renfermait pour les
également de Corinthe, et peu de temps lecteurs des Actes une allusion facile à
après la première, pour rassurer ses amis comprendre. L'interrègne qui suivit la
qu'une fausse interprétation de sa pre mort d'Hérode le Grand fut fécond en
mière lettre, ou qu'une lettre supposée, émeutes, moitié politiques, moitié reli
et exploitée dans de mauvaises intentions, gieuses, et le nom de Theudas était assez
avait alarmés et troublés. Il censure avec commun pour qu'on puisse admettre, à
plus de force encore ceux qui vivent dans quelques années d'intervalle, deux chefs
l'oisiveté et dans une curiosité inquiète ; de ce nom.
il exhorte l'Eglise à s'attacher toujours THOMAS, surnommé Didyme, deux
plus à la saine doctrine, et à surmonter noms qui, l'un en hébreu, l'autre en grec,
avec constance les persécutions présentes signifient jumeau ; (d'après la tradition,
ou futures, 1,1-12.;illeurannonce l'hom sa sœur jumelle s'appelait Lysia) : apôtre
me de péché, le mystère d'iniquité, 2, 1 de Jésus, Matth. 10,3. Marc 3, 18. Luc 6,
12., et les engage à se garder de toute sé 15. Act. 1, 13., que l'on suppose avoir
duction, 2, 13.-3, 1-6., et à éviter tous été originaire de la Judée, cf. Jean 21, 2.
ceux qui ne se conduisent pas d'une ma L'Evangile de saint Jean est celui qui
nière régulière, 3, 7-18. nous le fait le mieux connaître, quoiqu'il
L'authenticité de ces deux épîtres, ne mentionne que des faits relatifs aux
prouvée par les témoignages des Pères, derniers temps de la vie de Jésus, et l'on
, Polycarpe, Justin martyr, Irénée, Tertul peut dire qu'il est peu d'apôtres dont le
lien, Clément d'Alexandrie, n'a guère été caractère soit généralement plus mal con
révoquée en doute que par quelques sa nu et plus faussement apprécié. Thomas
vants tout à fait modernes, qui n'ont pas est presque toujours pris pour le sym
même trouvé du crédit auprès de leurs bole du doute, du manque de foi ; et si
collègues, les autres rationalistes. La se une circonstance de sa vie, Jean 20, 24.
conde épître a en sa faveur des témoigna cf. 14, 5., semble indiquer en lui un hom
ges encore plus anciens que la première. me positif, qui ne se paie pas de paroles,
, Quant aux commentaires, on peut citer il faut ajouter que ses doutes furent par
celui de Turretin (1739), ceux de Koppe, tagés par tous les disciplés, que ses dou
THO 407 TIB

tes ne forment pas non plus l'unique patriarches qui ont dû espérer, jusqu'aux
trait, ni le trait distinctif de son carac futurs membres de cette Eglise chrétien
tère. C'est lui qui, voyant Jésus partir ne qui ne pouvait rep0ser que sur la foi.
pour la Judée où l'attendait la famille de —Si quelque chose distingue Thomas de
Lazare, s'écrie en songeant aux dangers Saint Pierre, c'est plus de modestie, moins
que son maître allait courir : Allons-y de confiance en lui-même ; il a moins pro
aussi, et mourons avec lui, Jean 11, 16.: mis, et sa chute n'a été que celle des au
fait seul montre que Thomas était dé tres disciples ; à cela près on trouve en
voué, chaleureux, mais d'une vivacité lui la même droiture et la même chaleur.
d'esprit semblable à celle de Pierre, sou Il assista à la réintégration de saint
vent peu réfléchie; comme Pierre l'aurait Pierre, Jean 21, 2., et aux assemblées
fait, il interrompt Jésus qui préparait ses qui suivirent l'Ascension, Act. 1, 13. ;
disciples à sa fin prochaine, par cette ex dès lors on perd ses traces, et l'on en
clamation : Seigneur nous ne savons où est réduit aux traditions qui le font, les
tu vas, comment pourrions-nous en Sa unes évangéliser les Parthes et mourir à
voir le chemin ? Jean 14, 5. Et lorsque Edesse, les autres passer aux Indes et y
le berger eut été frappé, lorsque les bre mourir martyr. L'existence des chrétiens
bis se trouvèrent dispersées,Thomas éloi de Saint-Thomas, sur la côte de Malabar,
gné des autres apôtres par un motif quel a donné à cette dernière opinion quelque
conque, ayant quitté peut-être, comme les probabilité, et elle est presque générale
disciples d'Emmaüs, un théâtre de deuil ment admise. En revanche son Evangile
et d'amers souvenirs, ne put assister à la et ses Actes, mentionnés par les Pères et
première apparition du Sauveur à ses déjà condamnés par Gélase, sont rejetés
disciples. Ceux-ci n'avaient pas cru à la comme apocryphes. -(Serm. de Saurin.)
role des femmes qui étaient venues THRACE. On suppose que cette con
eur annoncer la résurrection du maître ; trée, à peu près la Turquie actuelle, an
ils ne crurent que lorsqu'ils l'eurent vu. ciennement si fertile, si populeuse et si
Thomas n'eut pas plus de foi qu'eux, mais riche, est désignée par le mot Thiras ou
il n'en eut pas moins, et lorsqu'il eut Tiras, q. v., Gen. 10, 2. Il n'en est, du
entendu leur récit, il s'écria comme eux, reste, parlé nulle autre part dans l'Ecri
mais dans un langage plus expressif • Si ture, et aucune de ses nombreuses villes
je ne vois les marques de ses clous en ses n'y est mentionnée. v. 2 Macc. 12, 35.
mains, et si je ne mets mon doigt dans la THUMMIM. v. Urim.
plaie des † et si je ne mets la main THYATIRE, Act. 16, 14. Apoc. 1, 14.
,
ans son côté , le ne croirai point. » Le 2, 18. Ville de la province de Lydie, plus
imanche suivant il obtint la preuve qu'il anciennement nommée Pélopia, et Evip
demandait, et Jésus faisant allusion à ses pia, située sur le Lycus, à 33 milles nord
aroles, l'engagea à vérifier par lui-même de Sardes. C'était une colonie macédo
§ de sa résurrection.Thomas, con nienne, assez importante sous le double
fus et transporté, ne put que s'écrier dans point de vue militaire et commercial.
l'élan de sa joie : Mon Seigneur et mon Ses habitants s'occupaient surtout de fa
Dieu !Jésus n'ajouta pas un mot de blâme, briquer des étoffes de pourpre. Il se
et les † : « Ne sois pas incrédule, trouvait dans cette yille une petite com
mais fidèle, » sont plus une exhortation munauté chrétienne à laquelle saint Jean
qu'une censure.De même les paroles qui reproche de s'être laissée envahir par les
suivent : « Bienheureux ceux qui n'ont mœurs païennes. - C'est maintenant un
† vu mais qui ont cru, » sont à l'adresse bourg nommé Akhissar, où l'on trouve
les disciples de tous les temps; ce qu'elles encore quelques vieilles ruines, et des
avaient d'actualité se rapportait aux au monuments grecs.
tres apôtres comme àThomas, et ce qu'el TIBERE, Luc 3, 1., fils adoptif de l'em
les avaient de général n'est qu'une décla pereur Auguste, et second empereur de
ration des promesses faites à tous ceux Rome. D'abord juste et modéré, comme
qui ont dù croire sans voir, depuis les le sont presque toujours les monarques
TIB 408 TIB

au début de leur règne, il ne tarda pas à elle avait appartenu primitivement à la


donner essor à son caractère sombre, tribu de Nephthali, mais c'est peu proba
égoïste, défiant et cruel. Il supprima les ble, le lot de cette tribu commençant à
assemblées du peuple romain, et réduisit Capernaüm, Matth. 4, 13. Jos. 19, 34. La
le sénat au rôle d'exécuteur servile de ses contrée environnante , qu'entourent de
volontés. Toute plainte était un crime hautes montagnes, est très chaude et très
que la mort devait expier. La délation fertile, mais malsaine et fièvreuse : il y
était encouragée par la protection et les existe plusieurs sources thermales qui
récompenses du tyran. Il fit empoison contiennent du soufre, du sel et du fer,
ner Germanicus son neveu, jeune guer et forment un dépôt tantôt blanc, tantôt
rier qui s'était signalé par de nombreuses jaune. Jésus-Christ n'est jamais entré
et brillantes victoires en Germanie ; la dans cette ville, dans la demeure du re
jalousie lui dicta cet arrêt, qui enveloppa nard, Luc 13, 32., du meurtrier de Jean
la famille presque entière de cette noble Baptiste. La pêche, et le service du lac,
victime. L'infâme Séjan était son favori formaient la principale occupation de cette
et le docile exécuteur des hautes œuvres : population, presque tout entière grecque
après avoir versé des flots de sang, Séjan et païenne. Néron donna Tibériade à Hé
eut soif du sang de son maître, porta ses rode Agrippa II, et pendant la dernière
vues jusqu'au trône et fut mis à mort. guerre des Juifs, elle joua un rôle impor
Tibère, devenu vieux, quitta le monde, et tant; sa défense fut longue et désespérée;
se retira dans l'île de Caprée, d'où cha Vespasien, pour la punir, fit abattre une
que jour il envoyait au sénat la liste des partie de ses murailles. Dès lors elle de
victimes qui devaient lui être immolées. vint, et pour assez longtemps, une ville
Saint Luc fixe à la quinzième année de de savants : ce fut là que se rassemblè
son règne le commencement du ministère rent, après la ruine de Jérusalem, quel
de Jean-Baptiste. Ce fut également sous ques Juifs et quelques-uns de leurs prê
son règne que le Christ souffrit. C'est de tres les plus distingués; ils y jetèrent les
lui qu'il est parlé, Matth. 22, 17.Marc 12, fondements d'une académie, qui devint
14. Luc 20, 22.23, 2.Jean 19, 12. Il mou célèbre parla composition de la Mishna, la
rut âgé de soixante-dix-huit ans, le 16 fixation des points-voyelles, et la réputa
mars de l'an 37 ;Néron seul a pu briguer tion des docteurs qui y professèrent : elle
l'honneur de l'égaler en cruautés.—Ter passait avec Saphet, Hébron et Jérusa
tullien raconte que Tibère ayant entendu lem, pour l'une des quatre villes où, d'a-
parler des miracles de Jésus, aurait con près les traditions talmudiques, le Messie
çu l'idée de le faire admettre au nombre devait séjourner et régner. Elle porte le
des dieux; ce fait qui n'est du reste pas nom de Claudia Tiberias sur plusieurs
prouvé, serait en opposition avec ce que médailles ; sur d'autres qui datent du rè
rapporte Tacite, que Tibère fit chasser gne deTrajan, elle représente, à cause de
de Rome 4,000 Juifs, et proscrivit les cul ses sources, la déesse de la santé, ceinte
tes venus d'Egypte et de Judée. Il est d'un serpent, et assise sur une montagne
vrai que Tibère n'était pas homme à re d'où sort une grande abondance d'eaux ;
culer devant une contradiction. sur d'autres enfin une barque lui sert
TIBÉRIADE. Il a été parlé du lac de d'exergue. Tabarié n'est plus aujourd'hui
ce nom à l'article Génésareth. Quant à la
qu'un gros bourg de 4,000habitants, dont
ville de Tibériade, elle était bâtie sur la
un quart de Juifs ; il paraît ne pas occu
rive occidentale du lac, vers le midi, res
per tout à fait la même place que la Tibé
serrée entre l'eau et la montagne : elle riade historique, dont on trouve encore
possédait un palais et un stade assez re des ruines assez considérables près de là.
marquables. Hérode Antipas, son fonda Tabarié fut presque détruite par un trem
teur, l'avait nommée Tibériade en l'hon blement de terre le 1er janvier 1837 ; les
neur de l'empereur Tibère; elle fut la ca murailles et une partie de l'ancienne ville
pitale de la Galilée avant Diocésarée. Si résistèrent seules à cette catastrophe : les
c'est la même que Kinnéreth, Jos. 19, 35., habitants se sont en hâte rebâti des mai
TIL 409 TIM
sons ou des huttes de bois. Les sources Es. 6, 13., et le libneh de Os. 4, 13.,
sont à trente-cinq minutes de là, et à signifiaient le tilleul, mais v. Chêne, et
vingt pas du lac. Stacte. .
TIBNI (foin, paille), 1 Rois 16, 21., fils TIMEE (honorable), père du célèbre
de Guinath, convoita le trône d'Israël que aveugle de Jérico, Marc 10, 46., est in
la mort d'Ela rendait vaquant; il le dis COIlIlUl.
puta trois ans à Homri avec un succès TIMNA (défendu), ville de Juda, située
partagé, mais il finit par être vaincu, et à la frontière septentrionale, mais con
sa mort, en laissant les siens sans chef, quise sous Achaz, par les Philistins, Jos.
assura le succès de son rival. 15, 10.57.2 Chr. 28, 18. On la distingue
TIDHAL, Gen. 14, 1., l'un des rois al peut-être à tort de Timnatha, Gen. 38,
liés de Kédor-Lahomer qui furent défaits 12., qui est indiquée, Jos. 19, 43., com
par Abraham; il est appele roi de Gojim me appartenant à la tribu de Dan; plu
(des nations), soit que ce fût le nom de sa sieurs villes qui avaient été d'abord don
peuplade et de sa ville, soit que, par suite nées à Juda, passèrent, dans une seconde
de victoires, il se fût mis à la tête de répartition à la tribu voisine. Timna est
quelques peuplades, dont la réunion lui connue surtout par les exploits de Sam
aurait assuré une certaine prépondérance. son, Jug. 14, 1., et l'on voit qu'à cette
TIGLATH-PILESER (ou Tillegath-Pil époque déjà les Philistins s'en étaient em
néeser dans les Chroniques), 2 Rois 16,7. parés. Eusèbe mentionne un bourg de ce
15, 29. 1 Chr, 5, 26.2 Chr. 28, 20., 747 nom, Tamna, qui existait encore de son
av. Chr., roi d'Assyrie, fit alliance avec temps entre Jérusalem et Diospolis; il
Achaz, roi de Juda, lui prit son or et son paraît n'avoir pas été sans importance
argent, jusqu'à dépouiller le temple, s'en sous les Romains , 1 Macc. 9, 50. Jos.
servit pour envahir la Syrie et le royaume Guerre des Juifs 3,3,5. Plin. 5, 15.
d'Israël, mit à mort Retsin après avoir TIMNATH-HERES, et Timnath-Sérah,
pris Damas, et conduisit en Assyrie les ville des montagnes d'Ephraïm, où de
dix tribus vaincues, accomplissant sans meurait et où2,fut9. enseveli Josué, 19, 50.
le savoir les oracles d'Esaïe, 7, 17. 8, 4.
24, 30. Jug. - •• !

Il se montra diplomate habile; sous le TIMON (honorable), Act. 6, 5., un des


nom de protecteur, il fit payer à Juda les sept premiers diacres de l'Eglise de Jé
frais de ses campagnes, et s'enrichit avec rusalem, inconnu. Les uns le font évêque
l'argent d'autrui, se délivrant de ses en de Bostra en Arabie, les autres de Bé
nemis et peuplant ses états de sujets in rée, ou de Tyr et Sidon. -

dustrieux. On croit qu'il est désigné, Os. TIMOTHEE, (craignant Dieu), évangé
5, 13.10, 6., sous l'épithète de Jareb. On liste, et l'un des plus fidèles compagnons
ignore sous quel nom il est connu dans de Paul, 2 Tim. 4, 5., était probablement
l'histoire profane, mais il paraît que c'est Lycaonien, natif de Derbe, fils d'une fem
à peu près à l'époque du démembrement me juive, Eunice, et d'un père païen, Act.
de l'ancien royaume assyrien, sous Sarda 16, 1.3. 20, 4.2 Tim. 1, 5. Sa mère, et
napale, qu'il faut placer ces événements, son aïeule Loïs, furent probablement
alors que des ruines de l'empire surgis converties lors du second séjour de Paul
saient les trois monarchies nouvelles des en Lycaonie, et peut-être que lui-même,
Assyriens, des Babyloniens et des Mèdes. quoique fort jeune, reçut à cette époque,
TIGRE. 1° Fleuve, le Hiddekel du pa des impressions sérieuses que les soins
radis, q. v. Gen. 2, 14. Dan. 10, 4.—2° pieux de sa famille n'eurent pas de peine
Animal qui n'est pas mentionné dans l'An à développer, 2 Tim. 1, 5. 3, 15. Les pas
cien Testament, quoique quelques ver sages 1 Tim. 1, 2.2 Tim. 4, 2. 1 Cor. 4,
sions aient cru le trouver dans l'hébreu 17., n'indiquent pas nécessairement que
laish, Job. 4, 11., qui signifie lion, q. v. Paul ait été l'instrument de la conver
TILLEGATH-PILNEESER (celui qui sion de son jeune ami ; elles peuvent se
délivre les captifs), v. Tiglath-Piléser. rapporter à l'influence qu'il exerça sur
TILLEUL. Luther a Cru que le élon de lui en le formant à l'évangélisation. Ti
TIM 410 TIM

mothée justifiait, par une bonne réputa plus difficile de raconter la vie de Ti
tion, sans doute aussi par des dons natu mothée; des faits sont indiqués çà et
rels, les prophéties positives qui avaient là, mais aucune date ne les lie ; peut-être
été faites à son sujet, 1 Tim. 1, 18. 4, 14., est-il à Rome avec son maître. Quoi qu'il
et il se recommandait ainsi à l'attention ensoit, après cette première captivité, l'on
de l'apôtre qui n'hésita pas à se l'atta peut supposer (tOus les interprètes en
cher.Après l'avoir circoncis et lui avoir sont réduits à des suppositions sur ce
donné l'imposition des mains (l'an 52), point) que Paul, passant à Ephèse ou près
Paul le prit avec lui pour se rendre par de là, y laissa Timothée muni de quelques
Troas en Macédoine, Act. 16, 1. 3. 1 instructions qui cependant n'étaient point
Tim. 4, 14. 6, 12.2Tim. 1, 6. Il le laissa suffisantes, 1 Tim. 1, 3.; qu'il poursuit
d'abord à Bérée, l'envoya peu de temps son voyage par Philippes, jusqu'à Troas,
après à Athènes, puis à Thessalonique 2 Tim. 4, 13.; qu'il revient de la Macé
pour avoir des nouvelles de cette Eglise, doine dans l'Asie - Mineure pour y voir
au sujet de laquelle il était inquiet, Act. Timothée, ainsi qu'il le lui avait promis
17, 14.15.1 Thess. 3, 2. Timothée, ap dans sa première épître ; qu'il lui fait des
portant des nouvelles de Thessalonique, adieux solennels , 2 Tim. 1, 4., comme
rejoint Paul à Corinthe (52 ou 53), et s'il allait entreprendre un voyage long et
signe, avec lui, ses deux lettres aux dangereux; que dans ce voyage il laisse
Thessaloniciens, 1 Thess. 1, 1. 3, 6. cf. Trophyme malade à Milet, et Eraste à
Act. 18, 5.2 Thess. 1, 1. Ici nous per Corinthe, 2 Tim. 4, 20.; qu'il pousse
dons de vue Timothée; la narration des peut-être jusqu'en Espagne, et qu'enfin
Actes est interrompue quant à ce qui le il arrive à Rome, soit libre, soit prison
COnCerne, et ce n'est qu'après un certain nier; qu'il envoie de là quelques-uns de
temps que nous le retrouvons ; il est Ses cOmpagnOnS cOmme missionnaires, 2
à Ephèse, Act. 19, 22. Paul l'envoie de là Tim. 4, 10.; qu'il fait peut-être prévenir
en Macédoine et à Corinthe, Act. 19, 22. verbalement Timothée de venir le joindre
1 Cor. 4, 17. 16, 10. (l'an 56 ou 57); ce (Supposition nécessaire pour expliquer
pendant, en écrivant sa première lettre Sa seconde Epître, où il s'adresse à Timo
aux Corinthiens (16, 10.), Paul ne sait en thée comme si celui-ci connaissait déjà
cOre rien de l'arrivée de Timothée au mi son emprisonnement); qu'ayant été en
lieu d'eux; les résultats de ce voyage, tendu par le juge, et n'espérant plus re
cOmme en général plusieurs points de la couvrer sa liberté, Paul presse Timothée
vie de Timothée, restent assez obscurs, de venir le voir avant l'hiver, et d'amener
et l'on a de la peine à découvrir comment Marc avec lui, 2 Tim. 4, 11. 21. La se
cadrent ensemble les récits des Actes et conde Epître à Timothée aurait donc été
des Epîtres, la vie de Paul et celle de Timo écrite de Rome en 67, et adressée au dis
thée. Nous trouvons de nouveau ce der ciple à Ephèse. Quant à la première, elle
nier en Macédoine, auprès de Paul, lors se place naturellement pendant le voyage
de l'envoi de la seconde aux Corinthiens, que fit Paul en Macédoine après qu'il eut
1, 1., et l'on suppose que retenu par di établi Timothée à Ephèse, de sorte que la
verses occupations,Timothée n'a pu aller notice ajoutée dans les éditions ordinaires
jusqu'à Corinthe, ce qui expliquerait le à la fin de l'épître est fausse, comme d'au
silence que garde l'apôtre, 2Cor., sur la tres qui font dater la lettre d'Athènes.
présence et l'activité de Timothée dans L'Epître à Tite fut écrite à la même épo
cette ville. Mais lorsque, plus tard, Paul que, ainsi que cela résulte de sa grande
écrit de Corinthe aux chrétiens de Rome ressemblance avec la première à Tim9
(58), Timothée paraît être auprès de lui, théc. La tradition ajoute à ces données du
Rom. 16, 21. Paul, revenant par la Macé récit biblique, que Timothée fut évêque
doine , envoie Timothée à Troas, Act. d'Ephèse, et qu'il souffrit le martyre sous
20, 4., et nous le perdons de vue encore Domitien (81-96 ap. C.). On suppose que
une fois. Puis vient la captivité de Paul le Timothée de Hébr. 13, est le mème que
à Rome , et dès lors il devient toujours le disciple de Paul, mais on ne sait à quel
TIM 411 TIM

événement de sa vie l'apôtre fait allusion destinées à recevoir une certaine publi
en parlant de sa mise en liberté, si toute cité. Ce qui a été dit plus haut sert à fixer
fois cette traduction doit être admise, ce les dates de ces lettres, les lieux d'où
qui est contesté par plusieurs commen elles furent écrites et leurs circonstan
tateurs. — Le caractère de Timothée est ces : il faudrait un livre spécial pour ré
assez relevé par la confiance et l'amitié de soudre les doutes et prouver les asser
saint Paul; on peut dire qu'il est sans ta tions ; ce n'est point ici notre tâche.
che; pur, égal, aimant et doux pour les Il n'est aucune épître dont l'authenti
autres, il ne se ménageait pas assez lui cité ait éprouvé de plus rudes attaques
même, et l'apôtre ne lui reproche que que la première Epître à Timothée; c'est
trop de sobriété, un ascétisme trop rigou Schleiermacher qui lui a porté les pre
reux et trop austère, 1 Tim. 5, 23. Heu miers coups, s'appuyant de la logique, de
reux les pasteurs qui ne méritent pas la philologie et de l'histoire.On lui prouva
d'autre censure ! Le ministère si fécond (Planck) que la plupart de ses arguments
de Timothée n'est connu que par les let s'appliquaient avec la même force aux
tres qu'il a reçues d'un apôtre; sa car deux autres épîtres pastorales, et Eich
rière si importante serait entièrement horn, profitant de la leçon, ne tarda pas
oubliée sans cette circonstance, et l'on à attaquer les trois épîtres ensemble ;
peut se faire une idée, par ce seul exem d'autres ont suivi leurs traces, mais ils
ple, de ce que doit avoir été l'activité des ont été réfutés à plusieurs reprises par
premiers apôtres et missionnaires, sur la Bœhm, Heidenreich, Schneckenburger,
vie desquels nous n'avons aucun détail. Il etc. La violence des attaques a fait faire
semble aussi qu'on doive se réjouir de des recherches consciencieuses qui ne
ce qu'au milieu de toutes les peines de sont pas restées sans résultat. Il est dif
sa vie, Paul ait eu la douceur de rencon ficile de donner une analyse de ces épî
trer un ami comme Timothée, qui pouvait tres, surtout de la première à Timothée,
si bien le comprendre et sympathiser avec où il y a plus d'abondance que d'ordre,
lui, 2 Tim. 3, 10. De pareilles amitiés où toute disposition oratoire est négligée,
ne peuvent s'établir qu'entre chrétiens ; plus encore que dans les autres épîtres de
elles sont durables et parfaites, parce Paul, et où l'apôtre semble avoir jeté, au
qu'elles unissent la connaissance et le fur et à mesure qu'ils se présentaient à
sentiment, la vérité et la charité; cf. 2 lui, les préceptes, les sentences, les sou
Jean 2. venirs, l'expression de ses sentiments
Epîtres pastorales. On désigne sous personnels, des directions générales, des
ce nom les deux Epîtres à Timothée, et détails intimes, les conseils de l'apôtre et
I'Epître à Tite. Elles se distinguent de les conseils de l'ami. Les docteurs et les
toutes les lettres de Paul qui nous sont doctrines que Paul s'attache à combattre,
parvenues, en ce qu'elles sont les seules ou qu'il signale à l'attention du pasteur
qu'il ait adressées à des compagnons de d'Ephèse, sont les mêmes tendances qu'on
service : elles se distinguent aussi par là a vu combattues dans les Epîtres aux
de l'Epître à Philémon , qui n'est qu'une Ephésiens et aux Colossiens; il lui re
simple lettre de particulier, et quine traite commande de les combattre SurtOut en
que d'un seul objet de la plus grande sim proclamant l'Evangile, en opposant aux
plicité, d'une demande pour laquelle une erreurs les vérités contraires, l'autorité
exposition longue et variée était moins de son ministère au charlatanisme des
nécessaire qu'une manière persuasive de faux docteurs.
la présenter. Dans les épîtres pastorales, La seconde à Timothée parle également
· au contraire, Paul est convaincu d'avance des faux docteurs, mais d'une manière
que son lecteur est disposé à recevoir plus vague, moins circonstanciée, 3, 1-5.
les préceptes qu'il lui donne. Ce sont des 4, 3. etc.; c'est, en quelque sorte, un
lettres d'amitié, mais ce sont aussi des supplément d'instructions ; elle est, du
lettres d'affaires : elles ont ce double ca reste, plus personnelle, plus intime, et,
ractère, et il est évident qu'elles étaient comme on l'a dit, elle reflète les disposi
TIR 412 TIR

tions de l'âme de l'apôtre, qui s'attendait trouver les descendants de Tiras dans les
à un prochain délogement, et qui fait son Thraces, les habitants actuels de l'Alba
testament avant de mourir, instituant, en nie. Tyras était l'ancien nom du Dniester,
quelque sorte, Timothée pour son héri et l'affinité de nom devient plus frappante
tier et exécuteur testamentaire. encore quand on se rappelle que le # des
L'Epître à Tite ne traite, pour ainsi Grecs (Thrax) se trouve dans l'alphabet à
dire, qu'un seul sujet, la nécessité de la place de l's des Hébreux. v. Thrace.—
nommer des anciens dans les villes de Il y avait aussi une ville de Thyrée dans
l'île de Crète ; il ne s'agit pas, comme dans le Péloponèse, et, comme Tiras était frère
les précédentes, de redresser ou de com de Javan, cette parenté pourrait établir le
pléter un ordre de choses déjà existant, voisinage de leurs descendants. Schrœ
mais en partie affaibli ou corrompu ; il ne der, enfin, pense aux Tyrrhéniens (Tyr
s'agit, par conséquent, pas de combattre : séniens est probablement une faute d'im
aussi les prèceptes donnés par Paul sont pression), qui étaient unis ou identiques
ils tout à fait simples. Le reste de l'épître aux Pélasges, et célèbres comme naviga
traite de la doctrine et de l'enseignement. teurs et comme pirates. Les noms de To
L'Evangile avait pénétré en Crète d'assez ersha (Tiras), et de Mashoach (Mésec), se
bonne heure, mais d'une manière en quel retrouvent à côté l'un de l'autre sur di
que sorte privée; onyvoyait des croyants, V0TS8S insçriptions égyptiennes, comme
on n'y trouvait pas d'Eglise, et Tite fut les noms de peuples ou peuplades qui
chargé d'organiser ces troupeaux. L'ab ont été en guerre avec l'Egypte.
sence de conducteurs spirituels et le con TIRHACA, le Taracus de Manéthon, le
tact des idées juives avaient pu favoriser Téarcon de Strabon, le troisième roi de
l'action du principe judaïsant, et l'antique la25e dynastie égyptienne (l'éthiopienne),
mauvaise renommée des Crétois, justifiée dont le nom est confirmé par les monu
par leur immoralité, continua de subsis ments et les inscriptions de l'Egypfe, n'est
ter même après l'établissement partiel du connu que par l'alarme qu'il jeta dans le
christianisme dans cettte île. camp de Sanchérib, et l'heureuse diver
Chacune des trois épîtres pastorales a sion qu'elle fit en faveur d'Ezéchias, 2
donc son caractère, chacune forme un en Rois 19, 9. Es. 37, 9. (714 ou712av. C.).
semble dont les différentes parties se On ignore si ce fut une panique imagi
lient, d'une manière conforme au but naire, ou si Tirhaca porta réellement ses
particulier de l'apôtre, et aux circonstan armes en Assyrie. D'après Strabon, ce
ces dans lesquelles elle a été composée. prince, plus fort que ses prédécesseurs,
– Comment. Heidenreich. aurait, dans ses expéditions, poussé jus
TIPHSAH, 1 Rois 4,24., ville frontière qu'aux colonnes d'Hercule. Il doit avoir
du royaume de Salomon, vers le nord-est. régné dix-huit ans, de 714-696. C'est
Son nom signifie passage, et elle était, en peut-être lui qui est désigné Es. 30, 2.,
effet, la clef militaire et commerciale de si ces oracles se rapportent à Ezéchias,
l'Euphrate. C'est le Thapsacus des an et l'on croit que Es., 19, annonce les évê
ciens, grande et populeuse cité, bâtie sur nements qui suivirent sa mort, et l'avè
la rive occidentale de l'Euphrate, à une nement d'une dynastie nouvelle.
forte journée à l'est de Palmyre. Elle re TIRTSA (grâce, beauté), ville cana
çut, depuisSéleucus Nicator, le nomd'Am néenne et résidence royale, Jos. 12, 24.,
phipolis, et s'appelle maintenant El-Déir. devint, par la suite, la capitale du royau
—Il ne faut pas la confondre avec la ville me d'Israël, depuis Jéroboamjusqu'à Hom
nommée 2 Rois 15, 16.; car, à cette épo ri, 1 Rois 14, 17. 15, 21.33. 16, 8. Son
que, la frontière du désert n'appartenait palais fut brûlé dans une des dernières
plus aux successeurs de Salomon, et, vu guerres de succession, 1 Rois 16, 15. 17,
sa signification, le même nom a pu être 23., et Homri choisit Samarie pour sa ré
donné à bien des villes différentes. sidence. Tirtsa est célébrée à cause de la
TIRAS, Gen. 10, 2. Depuis les Targu beauté de ses environs, Cant. 6, 4., mais
mistes, tous les interprètes croient re on ne connaît plus au juste son emplace
TIS 413 TIT
ment; on croit qu'elle était situéeau nord criture sont la navette, Job 7, 6.; l'ensu
est de Sichem, sur le plateau d'une belle ble, 1 Sam. 17, 7.2 Sam. 21, 19.; la che
montagne. Quelques voyageurs du trei ville du métier avec la chaîne, Jug. 16,
zième et du quinzième siècle pensent en 14. (mal traduit dans Martin, l'attache de
avoir trouvé les ruines, sOus le nom de la tissure avec l'ensuble); la chaîne et la
Tersa, à 3 lieues est de Samarie. trame, Lév. 13, 48.; les pesnes, Es. 38,
TISBE, ville de la tribu de Nephthali, 12., etc. La fréquence de ces expressions
en Galilée, Tobie 1, 2.; d'autres, à cause et l'usage qu'en font les prophètes dans
de 1 Rois 17, 1., croient que Tisbé était leurs poétiques comparaisons, montrent
en Galaad. Elle n'est cOnnue que comme que le métier du tisserand était assez gé
patrie d'Elie ; mais il suffit de cette men néral parmi les Israélites, quoique l'on
tion pour réfuter l'assertion des phari puisse conclure de Prov. 7, 16., qu'ils
siens, Jean7, 52., car il n'est pas de ville continuèrent de tirer d'Egypte leurs tis
aussi petite qui puisse revendiquer l'hon sus les plus estimés. Ils travaillaient sur
neur d'avoir donné le jour à un prophète tout le coton, le lin et la laine, peu ou
plus grand qu'Elie le Tisbite. point la soie , ils faisaient entre autres
TISSERAND. L'art de faire des tissus des étoffes grossières de poil de chèvre
est fort ancien. On peut croire qu'il fut et de poil de chameau qui servaient d'ha
l'une des premières découvertes de l'es bits de deuil, de vêtements pour les pau
prit humain, car il était pour l'homme vres, ou de garnitures de tentes, Matth.
une nécessité, et s'il est compliqué dans 3, 4. Ex. 26, 7. 35, 6. Cant. 1, 5. On sait
son exécution, il est du moins tellement qu'il n'entrait jamais deux matières diffé
simple dans son idée première, que cette rentes dans un même tissu, Lév. 19, 19.
idée, fécondée par le besoin, ne dut pas Il est difficile de déterminer exactement
tarder à porter ses fruits et à donner aux la nature des diverses étoffes mention
hommes, avec un art nouveau, des res nées dans l'Ecriture ; on voit seulement
Sources nouvelles. Hérodote nous montre qu'il y en avait de plusieurs sortes, des
déjà les Egyptiens travaillant le lin et le quadrillés, des croisés, des espèces de
coton ; la Bible, confirmant les assertions damas avec des dessins symboliques en
de l'histoire profane, parle de magnifi broderies, etc. La robe sans couture,
ques tissus blancs de fin lin travaillés en Jean 19, 23., quelque simple qu'on l'i-
Egypte, Gen. 41, 42. Es. 19, 9., et plus magine, montre à quel haut degré de dé
tard de tapis de fin lin moirès ou semés veloppement ils avaient déjà porté le tra
de dessins, dont l'Egypte faisait le com vail de la fabrication.
merce, Ez. 27, 7. cf. Prov. 7, 16. C'est TITE, aide et compagnon de Paul, était
là probablement que les Israélites avaient païen d'origine, et ne revêtit point, même
fait leur apprentissage, puisque dans le après sa conversion, le signe de la natio
désert ils avaient déjà des ouvriers assez nalité juive, Tite 1, 4. Gal. 2, 3. Les
habiles pour confectionner tous les tapis Actes ne le nomment nulle part, et il n'est
et tentures du tabernacle, Ex. 35, 35. un peu connu que par l'épître qu'il a re
Chez eux cependant, c'étaient plutôt les çue de Paul, et par la mention qui est
femmes, mème les princesses, et souvent faite de lui à plusieurs reprises dans la
les esclaves, qui s'occupaient de tisser 2° aux Corinthiens. C'est à Antioche
comme de filer, Prov. 31, 13. 19. cf. 21. que nous le trouvons d'abord ; député
22. 24. Ex. 35, 25. 2 Rois 23, 7. Cepen par cette église au concile de Jérusalem,
dant cette règle avait ses exceptions, il s'y rend avec Paul, son père spirituel,
Ex. 35, 35. cf. 1 Chr. 4, 21. En Egypte Gal. 2, 3. cf. Act. 15. Paul l'envoie plus
au contraire, c'étaient les hommes qui tard d'Ephèse à Corinthe sur les traces
tissaient, Hérodote 2, 35. cf. Es. 19, 9. de Timothée , pour travailler à rétablir
Le métier du tisserand était chez les an l'ordre troublé dans cette Eglise. Tite y
ciens assez élevé, de telle sorte que l'ou est bien reçu, remplit avec succès la mis
vrier travaillait debOut. sion qu'il a acceptée, et refuse toute es
Les diverses pièces nommées dans l'E- pèce de don ou de récompense, 2 Cor. 7,
TOB "444 TOI

13. 12, 18. Il rejoint en Macédoine, peut sib pour se faire concéder l'usage d'un
être à Philippes, son maître, qui l'a vai des'appartements du temple. Néhémie,
nement attendu à Troas, 2 Cor. 2, 12. de retour, le fit honteusement chasser et
13. 7, 6. Paul le renvoie de nouveau à jeter ses meubles hors des parvis : ce
Corinthe pour y organiser ou y presser fut là sans doute ce qui lui fut le plus
des collectes, 2 Cor. 8, 6., etc. On croit sensible. Cette âme basse et inconsé
que ce fut lui qui porta la seconde lettre quente ne connaissait que deux passions,
de Paul aux Corinthiens. Dès lors on a l'envie et la cupidité, Néh. 2, 10. 4, 3.
plus de peine à suivre son histoire. Après 6, 1. 13, 4. - 2° contemporain d'Esdras,
sa première captivité, Paul laisse Tite en v. Heldaï.
Crète avec la mission spéciale d'organi TOGARMA, Gen. 10, 3. D'après une
ser les troupeaux en mettant des anciens ancienne tradition qui s'est conservée en
à leur tête ; là, Tite reçoit la lettre de l'a- Arménie, Togarma serait le père des Ar
pôtre qui lui demande de venir le trou méniens. Comme les Septante tradui
ver à Nicopolis, Tite 1, 5. 3, 42. Il ac sent constamment Togarma par Thorga
compagne Paul dans son second voyage ma, d'autres ont cru voir dans ces peu
à Rome, mais le quitte au bout de quel ples les Turcomans ou les Turcs. Les
que temps pour se rendre en Dalmatie , deux opinions peuvent être vraies, et il
2 Tim. 4, 10. Les plaintes de l'apôtre est difficile de décider entre elles. La
qui, après avoir dit : Tous m'ont aban mention de Ez. 38, 6. 27,14., montre que
donné, mentionne spécialement l'absence cette peuplade ou nation s'oceupait sur
de Tite, peuvent être aussi bien un re tout de l'élève des chevaux, des mulets,
gret qu'un reproche, et rien, ni dans les et par conséquent des ânes. La tradition
paroles de Paul, ni dans la vie de Tite, arménienne nomme, comme souche de ce
ne permet de croire que le voyage de peuple, Haïk, fils de Thorgom, petit-fils
Dalmatie fût pour Tite une affaire d'inté de Gamer (Schrœder).
rêt ou de peur. La tradition ajoute que TOHI, 2 Sam. 8, 9. 1 Chr. 18, 9., roi
Tite devint évêque de Crète et qu'il mou de Hamath, ville de Syrie, fut heureu
rut dans cette île à un âge fort avancé. sement débarrassé par David de Hadad
— Quant à son épître, voyez Timothée. héser, son puissant voisin, avec lequel il
TOB, district situé au delà du Jourdain, était toujours en guerre. Il envoya son
dans le voisinage d'Hammon et de la Sy fils Joram féliciter le vainqueur et lui
rie, Jug. 11, 3.2 Sam. 10, 6., peut-être porter des présents, démarche qui doit
le même que le Tubin ou Tubius de être placée non après la première vic
1 Macc. 5, 13. Ptolémée compare Thau toire de ce prince, mais après la seconde,
ba dans l'Arabie Déserte, d'autres pen qui consomma sans retour la ruine to
sent à Tabaï en Pérée. - tale de son adversaire; il eût été impru
TOBIJA. 1° vil intrigant hammonite dent, en effet, de se réjouir avec trop d'é-
qui, d'esclave affranchi, était devenu chef clat lorsque toute chance de salut n'était
d'une tribu Samaritaine, et n'usa de son pas encore perdue pour le roi de Syrie.
influence que pour se faire le complice TOIT. On sait que les toits de l'Orient
de Samballat et son agent dans toutes ses sont plats, comme ils l'ont toujours été :
perfidies contre les Juifs et contre Né la sécheresse habituelle du climat per
hémie en particulier. Il avait épousé la met ce genre de construction, qui chez
fille de Sécania, son fils était gendre de nous compromettrait la solidité des mai
Messullam, et par ces relations avec deux sons par le long et fréquent séjour de
des premières familles de Jérusalem, il pluies sans écoulement. Il était du reste
pouvait se tenir facilement au courant de pourvu , par une légère inclinaison du
tout ce qui se faisait. Longtemps la pré plancher, partant du milieu ou de l'un
sence de Néhémie déjoua ses projets : une des côtés, à ce que l'eau, pendant la sai
absence de ce gouverneur l'enhardit, il son des pluies, pût s'écouler facilement;
s'établit à Jérusalem, et profita de son in elle était conduite de là par des tuyaux
timité avec le souverain sacrificateur Elia dans les citernes destinées à la recevoir.
TOI 415 TOP
Un parapet peu élevé courait autour du toit au-dessus de ma tête, et j'admirais
toit, servant de barrière et d'appui, Deut. combien l'action des amis du paralytique
22, 8. 2 Rois 1, 2. (?) Le toit était fait était facile.Au-dessus des poutres était
d'une espèce de bousillage à peu près une couche de grands roseaux; ces ro
imperméable, sur lequel on trouvait quel seaux étaient couverts de broussailles, et
quefois, comme sur nos toits, une espèce par dessus tout cela était une couche de
d'herbe qui, presque sans racines , ne terre, battue au point de former une masse
tardait pas à sécher, Ps. 129, 6. 2 Rois solide. ll leur fut très aisé de remuer la
19, 26. Es. 37, 27. Parfois aussi, mais terre, puis les broussailles, et enfin les ro
rarement, le toit était formé de dalles de seaux; cela ne leur eût pas été plus dif
pierres. Il servait à différents usages : on ficile lors même que la terre eût été cou
s'y rendait pour se reposer, pour se dis verte de tuiles, cf. Luc 5, 19.; ils ne pou
traire, pour prendre l'air frais du soir, vaient incommoder en aucune manière les
2 Sam. 11, 2. Dan. 4, 29.; on y dormait personnes qui étaient au-dessous dans la
l'été; on s'y retirait pour des entretiens maison en enlevant les tuiles et la terre,
intimes, ou pour s'abandonner librement ces personnes étant garanties par les
à sa douleur, 1 Sam. 9, 25. 26. Es. 45, broussailles et les roseaux qui devaient
3. Jér. 48, 38.; on y dressait des tentes, être remués les derniers. — Le même
on y célébrait la fête des Tabernacles et missionnaire explique encore Es. 22, 4.,
d'autres solennités religieuses, 2 Rois 23, par la coutume turque de monter sur les
12. Jér. 19, 13. Soph. 1, 5. Act. 10, 9., toits quand on entend crier au feu ! pour
comme si l'on y était plus près de Dieu ; voir de quel côté l'incendie s'est déclaré.
on y faisait aussi des choses que l'on dé — v. Maisons.
sirait voir connues du public, 2 Sam. 16, TOKEN, ToLAn, villes inconnues, de
22., telles que des proclamations, Matth. Siméon, 1 Chr. 4, 29.32.
10, 27. Luc 12, 3.; on observait ce qui se TOLAH. 1° Fils aîné d'Issaccar, Gen.
passait au dehors, Jug. 16, 27. Es. 22, 46, 13. Nomb. 26, 23. 1 Chr. 7, 1. - 2° Le
1.; On s'y défendait contre des attaques, septième des juges d'Israël, de la tribu
Jug. 9, 51.2 Macc. 5, 12.; on y exposait d'Issacar, peut-être d'une famille distin
les ustensiles et objets de ménage que guée; il gouverna le pays pendant vingt
l'on voulait sécher, etc. , Jos. 2, 6.; en trois ans après la mort d'Abimélec, et
un mot, l'on s'en servait comme de véri profita sans doute des douceurs de la paix
tables terrasses, pour tous les usages pour réparer le mal qu'avaient fait les
possibles; mais l'on n'y demeurait pas guerres précédentes, et l'usurpation d'A-
d'habitude, et l'image de Prov. 21, 9. cf. bimélec, Jug. 10, 1. Il mourut à Samir,
25, 24., dit assez combien c'eût été une lieu de sa résidence.
triste existence que de vivre sur un toit TOMBEAUX. v. Sépulcres.
et exposé aux intempéries de l'air. TOPAZE, hébr. pitdah, Ex. 28, 17.
On montait sur le toit par deux esca Ez. 13, 28, Job. 28, 19. Les traducteurs
liers, l'un intérieur, l'autre extérieur ; il sont en général d'accord sur la traduction
était en outre facile d'enjamber d'un toit du mot, mais ils ne s'entendent plus sur
sur le toit voisin et d'aller ainsi d'un bout la couleur de la topaze; les Grecs disent
de la rue à l'autre, Matth. 24,17. Marc 13, qu'elle est d'un jaune d'or, Pline la fait
15. Luc 17, 31. verte, ce qui a porté les modernes à pen
D'après ce qui précède, on comprend ser que l'ancienne topaze est la chryso
comment les amis du paralytique purent lithe d'à présent; la mention de Job est,
porter leur malade sur le toit quand la du reste, d'accord avec celle de Pline, Job
foule les empêchait d'entrer par la porte, cherche la belle topaze en Ethiopie, Pline
Marc 2, 3.4. la trouve dans une île de la mer Rouge.
Quelques observations du révérend Ce qu'on appelle aujourd'hui topaze, est
Hartley compléteront ce qu'il y a à dire une pierre transparente d'un jaune ci
sur ce sujet : Quand j'étais à Egine, dit tron, ou tirant sur la couleur du vin ; on
il, j'étais souvent occupé à regarder le en connaît aussi de blanches.
TRA .416 TRE

TOPHETH (horreur), entrée de la par TRAINEAU. v. Char.


tie inférieure de la vallée de Hinnom, près TREMBLEMENTS de terre. La Pales
de Jérusalem. v. Hacel-Dama et Hinnom. tine, comme presque tous les pays de
TORRENTS. v. Ruisseaux. montagnes bordés par la mer, était ex
TOURNOIEMENT. v. Lever. posée à des tremblements de terre. ll en
TOURTERELLE.v.Colombe. La tourte est mentionné deux dans l'Ancien Testa
relle proprement dite, Jér. 8,7. (Septante ment, l'un qui arriva sous Achab (918
re…y&»), est un oiseau de passage qui 897 av. C.) 1 Rois 19, 11., l'autre sous
apparaît en Palestine avec le printemps, Hozias (811-759), Am. 1, 1. Zach. 14, 5.
Cant. 2, 12., et qui devait être offert par Josèphe fait de ce dernier une descrip
les pauvres en holocauste et dans les sa tion effrayante et sans doute exagérée,
crifices d'actions de grâces, Lév. 1, 14. 5, lorsqu'il dit que la moitié de la montagne
7. Il était offert aussi comme sacrifice de qui était à l'occident de Jérusalem se
purification, Lév. 12, 6.8. cf. Luc 2, 24., détacha, roula l'espace de 4 stades, 500
et par le nazarien après une violation de pas, et ne fut arrêtée que par la muraille
son vœu, Nomb. 6, 10. D'après Sonnini, il qui est à l'orient de Jérusalem, qu'elle
y a en Egypte une espèce de tourterelle combla le chemin et couvrit les jardins
qui y habite toute l'année, dont l'espèce du roi. La destruction de Sodome et Go
est très nombreuse, et qui peut être celle morrhe, Gen. 19, 24. sq., fut probable
dont parle Moïse dans ses préceptes de ment aussi accompagnée de phénomènes
purifications; cf. encore Lév. 14, 22. 15, de ce genre.
14.29. La tourterelle, columba turtur de Des tremblements de terre, au reste,,
Linnée, est un peu plus petite que le pi sont souvent annoncés lorsqu'il est parlé
geon, le dos gris, le poitrail rose-chair, de la venue du Seigneur, et il semble
des taches noires avec des raies blanches qu'ils fassent partie intégrante de toutes
au cou, et pareillement à la queue, dont les théophanies, Ps. 18, 7. 104, 32. Hab.
les extrémités sont blanches. Cet animal, 3, 6. cf. Nah. 1, 5. Es. 5, 25. 6, 4. La
au dire de Buckingham, est encore très destruction du globe par le feu, 2 Pierre
commun en Palestine. Dans le second 3, 7. sq, peut fort bien, lorsqu'on a quel
temple il y avait toujours une très grande ques idées sur la constitution actuelle de
provisionde tourterelles, que chacun pou la terre, être regardée comme devant être
vait acheter pour les sacrifices; elles produite par des causes naturelles, sur
étaient confiées aux soins d'un praefectus tout si l'on se rappelle que des tremble
turturum ; Mishna Shekal. 7, 7. ments de terre isolés, mais nombreux,
TRACHONlTE, Luc 3, 1., district qui, préluderont à cette dernière catastrophe,
après avoir appartenu d'abord à Hérode Matth. 24, 7.8. Il est évident que dans
le Grand, passa à la tétrarchie de Philippe tous les cas, la mention de ce phénomène
son fils, puis à Hérode Agrippa. Elle était a pour but de faire d'autant mieux sentir
située entre l'Anti-Liban et les monta la grandeur, la puissance et la majesté de
gnes de l'Arabie, à l'est de la Batanée et celui qui tient dans sa main les forces les
un peu au sud de Damas, entre la Déca plus redoutables de la terre, et si ces ex
pole et Bostra, sans que ses limites fus pressions ne sont quelquefois qu'une
sent bien définies. Le nom même de Tra image, cette image est belle parce qu'elle
chonite, qui est grec, exprime l'âpreté est simple et naturelle.
d'un pays montagneux, qu'habitaient les Plusieurs interprètes ont inutilement
Trachones, excellents tireurs adonnés au multiplié les tremblements de terre, et
brigandage, qui se retiraient dans des ca c'est par des phénomènes de ce genre,
vernes profondes où ils passaient leur vie qu'ils essaient d'expliquer un grand nom
comme des bêtes. L'entrée en était si bre de miracles, les scènes de Sinaï, la
étroite qu'il n'y pouvait passer qu'une traversée de la mer Rouge, la prise de
personne à la fois. Ils se volaient entre Jérico, etc. cf. aussi 1 Rois20, 30. Le seul
eux, lorsqu'ils ne trouvaient pas à piller tremblement de terre qui soit indiqué
les étrangers; v. Joseph. Ant. 15, 10, 1. dans le Nouveau Testament, est celui qui
TRI 417 TRI
arriva à la mort de Jésus, Matth. 27, 51. le livre de Josué les détails de la répar
Il fut accompagné d'épaisses ténèbres, tition, et les limites des territoires. En
comme cela arrive souvent lors des érup refusant à la tribu sacerdotale une part
tions volcaniques, sans que l'on puisse dans le pays, Dieu rappelait même , sous
dire cependant que ces deux faits aient cette économie visible et charnelle, que
été nécessairement liés l'un à l'autre. Jo ceux qui s'occupent des choses de son
sèphe raconte encore un autre tremble règne ne doivent pas être tentés d'y mê
ment de terre qui ravagea la Judée à l'é- ler des préoccupations politiques et tem
poque de la bataille d'Actium ; des acci porelles; il repoussait, en principe, les
dents semblables ont continué jusqu'à Etats de l'Eglise ; d'un autre côté, en as
nos jours de désoler de siècle en siècle surant aux Lévites des villes, des villages,
un pays du reste si favorisé; Jérusalem des habitations sur le territoire de leurs
doit à sa position physique d'avoir pres frères, il pourvoyait aux besoins légiti
que toujours été épargnée. mes des uns et des autres, aux besoins
TRIBUS. C'est le nom sous lequel on temporels de ceux qui travaillaient pour
désigne ordinairement les familles des l'autel, aux besoins spirituels des tribus,
cendues de Jacob par ses douze fils, et, et de tous les Israélites qui devaient avoir
dans ce sens, on compte douze tribus, sa à leur portée l'instruction et les secours
voir : celles de Juda, Ruben, Gad, Aser, religieux nécessaires, Jos. 21. Il résulte
Nephthali, Dan, Siméon, Lévi, Issacar, de ces changements opérés que les noms
Zabulon, Joseph, et Benjamin. Cette divi des douze tribus varient suivant le point
sion est, en quelque sorte, la division de de vue auquel on se place; ils varient en
famille, une liste généalogique et histo core par le fréquent échange des noms de
rique ; on la trouve indiquée Gen. 49. Joseph, d'Ephraïm et de Manassé, qui
Cette division était naturelle, conforme sont presque indistinctement mis à la
aux usages de tous les anciens peuples place les uns des autres, et par suite de
nomades : des Edomites, Gen. 36; des Is l'omission intentionnelle tantôt d'un nom,
maélites, Gen. 25, 12. cf. 17, 20.; des tantôt d'un autre. C'est ainsi que, sur les
Perses, cf. Hérodote 1, 125. On la re treize ou quatorze noms (les douze noms
trOuve encore chez les Bédouins arabes des fils de Jacob, et les deux des fils de
de nos jours, et les voyageurs modernes Joseph ) qui sont employés pour dési
en font foi. Elle ne fut cependant pas ac gner les tribus, il n'y en a que huit qui
ceptée au point de vue théocratique, ou, se trouvent régulièrement sur toutes les
pour mieux dire, elle fut modifiée et res listes; ce sont les noms de Ruben, Juda,
treinte, comme si l'esprit de Dieu eût vou Gad, Aser, Issacar, Nephthali, Zabulon et
lu maintenir et constater, dès les temps Benjamin;Danmanque,Apoc.7,5;Siméon,
les plus anciens, sa liberté d'action, et Deut. 33; Lévi, Nomb. 1, et 13, et, en gé
rappeler, au sein de la postérité d'Abra néral, partout où l'énumération se fait,
ham, que les dons de Dieu ne sont pas en quelque sorte, dans un point de vue
des accidents de la naissance, mais des temporel ; 1 Chr. 12, il y a treize noms
bienfaits de sa grâce. Dans la nation con parce qu'il s'agit du pays réel, et non pas
stituée, une tribu fut mise à part, l'aînée du pays territorial, et les Lévites sont
perdit son droit de primogéniture, une nommés au milieu des autres sans avoir
des plus jeunes obtint deux portions, la une place à part; ils sont portés comme
sixième partie de l'héritage général. Lévi hommes, tandis que Nomb. 26, où l'on
fut supprimé dans la répartition du ter trouve également treize noms, ils sont
ritoire conquis en Canaan, et Joseph futrelégués à la fin et comme en appendice ;
chef de deux tribus, celles de ses deux dans ce dénombrement des plaines de
Moab, ils ne sont pas comptés avec les
fils, Ephraïm et Manassé, qui furent elles
mêmes des plus considérables (Gen. 48). autres tribus comme hommes d'armes,
mais leur chiffre est indiqué comme fai
La division territoriale, au moyen de cette
double modification, conserva encore le sant partie du peuple, ou comme prêtres;
chiffre de douze tribus; on trouve dans de même Ez. 48, les sacrificateurs et les
27
TRI 418 TRI
lévites sont nommés au milieu des douze tôt enfin par la réunion des anciens, q.v.,
tribus, non comme tribu, mais comme librement élus par le peuple ; ce dernier
prêtres, v. 10 et 11. Ephraïm est appelé mode représenterait une chambre des dé
Joseph, Apoc. 7, 8., tandis que c'est au putés par opposition aux trois premiers
contraire Manassé qui porte le nom de systèmes qui, reposant sur l'hérédité,
son père, Nomb. 13, 12. Les deux frères rappelleraient nos anciennes chambres des
sont nommés, Nomb. 1, comme chefs de pairs ou la chambre des lords. Cette or
deux tribus, et Joseph n'est rappelé que ganisation de la nation juive, que Diodore
pour mémoire; mais Gen. 49, Joseph seul de Sicile attribue à tort à Moïse, existait
est nommé ; il remplace ses deux fils; de déjà en Egypte; elle était simple et natu
même Ez. 48, 32. Quant aux détails, on relle : Moïse n'eut qu'à l'accepter et à la
les trouvera à chaque article. mettre en harmonie avec la constitutiOn
La famille araméenne de l'illustre Abra qu'il donna au peuple. Pendant la période
ham se constitua donc en tribus à la qua des juges, le lien qui unissait les tribus,
trième génération, et ces tribus parentes la religion de leurs pères, s'étant exces
restèrent distinctes, et formèrent comme sivement relâché, les tribus cessèrent, en
des corporations les unes à côté des au quelque sorte, de former une confédéra
tres. Chaque tribu se divisa en outre elle tion, et non-seulement elles pourvurent
même en groupes moins nombreux, qui isolément à leur sûreté personnelle, mais
sont appelés familles et maisons (des pè encore elles en vinrent à des hostilités Ou
res), comme on dit chez nous aussi une vertes, dans lesquelles la jalousie poli
maison pour désigner une branche d'une tique des grandes tribus se déploya sans
race, la maison de Lorraine, la maison de réserve, Jug. 8, 1.2. 12, 4.20, 11. L'éta
Bourgogne; Nomb. 1, 2. 18. Jos. 7, 14. 1 blissement de la monarchie semblait de
Sam. 10, 19. 21. cf. Tobie 5, 12. (17). La voir fondre tous les intérêts en un seul ;
maison des pères comprenait toutes les mais la constitution ancienne ne se laissa
familles fondées par les fils du chef de la pas absorber par la nouvelle forme du
tribu; les familles elles-mêmes étaient gouvernement : les représentants des tri
une subdivision des maisons, et présen bus continuèrent de se réunir comme les
taient une idée moins étendue ; elles ne Etats de la nation, et intervinrent parfois
comprenaient, en quelque sorte, que les avec une grande énergie dans les affaires
parents à un degré reconnaissable, cf. du pays, 1 Sam. 10, 20.2 Sam. 3, 17. 5,
Nomb. 1, 2. Jos. 7, 14. 1 Chr. 6, 4. 24, 1. 1 Rois 12, 2 Chr. 24, 17. Il paraîtrait
4., et le registre généalogique de 1 Chr. même, d'après 1 Chr. 5, 19. 20., que ,
8.Au reste, ces deux subdivisions sont pendant le règne de Saül, une tribu fit,
quelquefois prises l'une pour l'autre; par tout à fait isolée, et pour son propre
fois elles sont identiques, Ex. 6, 14.; ail compte, la guerre à un état voisin ; de
leurs la famille est plus grande que la même pendant le règne d'Ezéchias, 1 Chr.
maison. Le mot de millier quelquefois 4, 41. L'influence de l'esprit de tribu était
employé, Mich. 5, 2., l'est, en général, SurtOut évidente dans les élections des
comme synonyme de familles, Jug. 6, 15. rois, et cet esprit surexcité à la mort de
1 Sam. 10, 19. cf. v. 21.A la tête de cha Salomon, sans que rien le retînt, perdit à
que tribu était son chef naturel, le chef la fois le royaume et les tribus; il n'y eut
de la maison de ses pères, et au-dessous plus un royaume, il n'y eut plus douze
de lui, sur chaque millier, le chef de ce tribus, il y eut deux royaumes, représen
millier, Nomb. 1, 4. 16. 44. 2, 3. 10, 4. tant chacun le principal fragment dont ils
1 Chr. 27, 16. Esd. 1, 8. cf. Ex. 6, 14. ! étaient composés, Ephraïm et Juda : c'est
Chr. 5, 15.24.2 Chr. 5, 2. Les tribus é à ce dernier que se réunirent les Lévites ;
taient représentées tantôt par leurs douze ils suivirent la légitimité, et dans une
chefs, Nomb. 1, 44. 7, 2., tantôt par les théocratie, ils eurent raison, 2 Chr. 1 1,
chefs des milliers, Jos. 22, 2l. 30., tan 13. cf. 1 Rois 12, 31.
tôt par les chefs des maisons des pères, La séparation des tribus paraît être de
Jos. 14, 1 , 2 Chr. 1, 2.1 Rois 8, 1., tan meurée entière pendant l'exil, et les Is
TRI 419 · TRI
raélites pieux semblent avoir désiré ne l'exil; d'autres croient qu'elles ont fini par
contracter d'alliances qu'avec des mem se fondre dans les familles des vain
•bres de leurs tribus, Tobie 1, 9. 4, 13. queurs; d'autres, qu'elles habitent encore
6, 12. 7, 14.; cependant cf. 3, 15. En l'ab les montagnes de la Perse, ou qu'elles se
sence d'un territoire qui garantissait sont répandues dans l'Inde, dans la Chine,
l'existence et l'intégrité de la tribu, la qu'elles ont passé en Amérique où l'on
pureté des mariages pouvait suppléer à peut retrouver leurs traces chez les In
cette lacune et amener un résultat sem diens du Nord et chez les Mexicains.Ces
blable. L'attachement à cette antique sé suppositions auxquelles Calmet a consacré
paration était si profond en lsraël, que un article intitulé Transmigrations, et que
dans les premières années de l exil, un plusieurs auteurs modernes ont dévelop
prophète annonçant la restauration du pées avec plus ou moins de talent, et sou
pays et le rétablissement de sa nationa vent dans un un but dogmatique, ne sont
lité, pose la division du nouveau terri que des hypothèses, et ne valent pas une
toire en douze portions comme un des sincère déclaration d'ignorance.
faits fondamentaux de ce nouvel ordre de Les registres généalogiquesavaient pour
choses, Ez. 47 et 48. Mais lorsque le dé les tribus juives une plus haute importance
cret royal eut été promulgué, il n'y eut que pour tous les autres peuples de l'O-
guère, outre les Lévites, que des hommes rient; ce n'était pas seulement un souve
de Juda et de Benjamin qui en profitè nir historique, une filiation qu'ils étaient
rent, Néh. 11, 4. : ce furent eux qui restè destinés à maintenir, c'était l'intégrité
rent chargés du poids de la nationalité des territoires, à cause du droit d'héri
tout entière, et comme ils ne représen tage qui, chez eux, se rattachait essentiel
taient pas les douze tribus, l'idée même lement à la propriété foncière. Les terres
de la tribu commença à déchoir, d'autant restaient, ou devaient rester, dans les fa
plus que depuis longtemps les Benjamites milles; celui qui prouvait sa filiation était
avaient dù s'habituer à n'être traités que par cela même propriétaire. En vertu de
comme une fraction de la tribu de Juda; la constitution du pays, les tribus furent
c'est de là que vint, pour désigner le également intéressées à tenir en ordre des
peuple entier, le nom de Judéen ou de registres qui leur assuraient des hommes
Juif. Dès lors aussi, les familles et non et des terres, et à ne se laisser entamer
plus la tribu, devinrent la base des géné d'aucun côté. Il y eut donc des généalo
alogies, Esd. 8, Néh. 7, et les chefs de gies de familles et des généalogies de tri
ces familles furent nécessairement consi bus faites ensuite de dénombrements au
dérés comme des représentants du peu thentiques. Aux unes et aux autres on
ple, Néh. 10. Cependant les familles con ajoutait quelquefois, comme commentaire
Servèrent encore, soit par leurs ancien historique, le récit de certains faits re
nes tables généalogiques, soit par la tra marquables, cf. Gen. 4, 17. 20. 1 Chr.
dition, le souvenir des tribus dont elles 2, 3.7.4, 9.10.14.38., et peu à peu, ces
étaient originaires, cf. Luc2, 36. Act. 13, additions devenant plus considérables ou
21. Rom. 11, 1. Phil. 3, 5., et les espé plus détaillées, changèrent les registres en
rances d'Israël se rattachent encore cOm de véritables chroniques. L'auteur de 1
me à une base nécessaire, au type pri Chroniques, suivant l'usage de son temps,
mitif des douze tribus, Apoc. 5, 5.9.7,4. fait précéder son histoire proprement
Quant aux dix tribus dont le retour en dite d'un coup d'œil généalogique ou d'un
Palestine n'est pas raconté par les histo extrait du registre des familles (1-8,).
riens sacrés, leur sort est inconnu, mais Dans le Pentateuque, les généalogies
les hypothèses pour le découvrir, n'ont forment les jalons de l'histoire, et com
pas manqué. Les uns pensent qu'elles ont me des espèces de sommaires, Gen. 4,
fini, petit à petit et lentement, par rentrer 17. 5, 3. 9, 18., etc. Ex. 6, 14. Nomb.
dans leur pays, tellement qu'aux jours de 3, 17., et outre tous ces tableaux de dé
saint Pierre, 1 Pierre 1, 1., il n'en restait tail relatifs à la famille juive et aux bran
plus qu'un petit nombre dispersés dans ches collatérales descendues d'Abraham,
TRI 420 TRI

l'auteur sacré présente en raccourci le Matth. 1, où la généalogie de Jésus est


registre généalogique de tous les peuples réduite en trois périodes de quatorze
issus de Noé et répandus autour de lui membres chacune. D'autres noms ont été
dans le monde. Pour les Juifs, en tant omis sans qu'on en sache le motif; par
que nation, les tableaux les plus impor exemple, Zorobabel, fils de Salathiel, d'a-
tants étaient naturellement ceux qui con près Agg. 1, 1. Esd. 5, 2., n'était que son
cernaient les sacrificateurs et la famille petit-fils, d'après la liste plus détaillée de
royale; les premiers même furent rap 1 Chr. 3, 17. 19.; cf. aussi 1 Chr. 7, 14.
portés de l'exil, Esd. 2, 62. Néh. 7, 64., avec Nomb. 26, 29.30., etc. Enfin, cer
soigneusement conservés et continués, car taines familles remontant par deux bran
les Lévites qui désiraient devenir prê ches à une source primitive, pouvaient,
tres, devaient avant tout, prouver leur fi suivant les cas, se rattacher à l'une ou à
liation, Esd. 2, 61. Néh. 7, 64. Quant aux l'autre de ces branches, ou confirmer pé
listes royales, nous en trouvons deux remptoirement par cette double généalo
fragments, Ruth. 4, 17. Matth. 1, Luc 3, gie une filiation importante ou contes
qui ont pour but d'établir la généalogie tée. Plusieurs de ces explications jette
de Jésus, comme issu de la famille de ront du jour sur les deux listes de Matth.
David. 1, et Luc 3, sans que nous puissions en
L'exil de Babylone a dû jeter bien de trer dans des détails qui sont du ressort
la perturbation dans l'état civil des Hé d'un commentaire; v. aussi les différents
breux, et comme on l'a dit, il n'y eut articles.
que les familles vraiment attachées à la Les généalogies, à la recherche des
foi de leurs pères, qui se donnèrent de la quelles s'adonnaient les Juifs d'Ephèse
peine pour maintenir intacts et complets et de Crète, 1 Tim. 1, 4. Tite 3, 9., sont :
leurs arbres généalogiques, la pureté de ou bien une filiation que, dans un orgueil
leur race et de leur tribu. de judaïsants, les Juifs convertis cher
On n'insérait en général, sur ces regis chaient encore à établir entre eux et A
tres, que les noms des descendants mâles, braham pour bien démontrer qu'ils étaient
de ceux qui perpétuaient le nom et le sou Juifs pur sang, par opposition aux païens,
venir de la famille (mâle et s0uvenir S'ex recherche que Paul condamne comme im
priment en hébreu par le même mot, za possible ou comme oiseuse, même en cas
car); il n'y avait, à cette règle, d'exception de réussite ; — ou bien, plus probable
que pour les héritières, quand il n'y avait ment, il est question dans ces passages
pas d'héritiers, ou pour les femmes qu'un de la doctrine gnostique des émanations,
fait spécial signalait à l'attention de la des Eons, des vertus célestes qui s'engen
postérité, Matth. 1, 3. Les premières ta drent les unes les autres (Irénée, Tertul
bles n'étant point écrites, mais confiées à lien), recherche absurde et fastidieuse,
la mémoire des fils et transmises de bOu comme le savent tous ceux qui s'en sont
che en bouche, il put arriver dans plu occupés, et de laquelle Paul pouvait bien
sieurs familles, que plusieurs chaînons dire qu'elle était de nature à produire des
intermédiaires furent oubliés, et que lors disputes plutôt que l'édification de Dieu.
de la première confection de listes écri TRIBUT, tributaires. v. Impôts. Le
tes, on dut se contenter des ancêtres dont tribut, qui implique la reconnaissance
le noms vivaient encore, en unissant par d'une souveraineté, se dit ordinairement
les rapports de père et de fils des hom de l'impôt payé à une puissance étran
mes séparés par une ou deux générations; gère; cependant le mot s'emploie quel
d'autres fois, comme chez les Arabes, on quefois aussi des impôts payés au maître
condamna expressément à l'oubli des légitime. Dieu étant le vrai souverain
noms mal famés, et ils furent rayés des d'Israël, avait la première part dans les
registres; d'autres fois encore, dans l'in tributs prélevés sur le pays : les rois eu
térêt d'une mémoration facile, ou pour rent la seconde, et ils se la firent large,
procurer une régularité factice, on omit au point que les murmures du peuple,
quelques noms moins célèbres, comme après le règne de Salomon, finirent par
TR0 421 TRO

provoquer la scission du royaume. On Carpe, son manteau, ses livres et ses


fait souvent une révolution pour obtenir parchemins, 2 Tim. 4, 13. Elle s'appelle
une réduction dans les impôts, et l'on est maintenant Eski Stamboul, et ses ruines,
souvent trompé. Les dix tribus en firent que l'on regarde à tort comme celles de
l'expérience. Quant aux tributs étrangers, Troie, sont assez considérables pour éta
les Israélites tour à tour les imposèrent blir l'ancienne importance de cette colo
et durent les payer. Sous Salomon, les nie italienne.
Cananéens furent rendus tributaires , TROENE. C'est ainsi que nos versions
1 Rois 9, 21-23.2 Chr. 8, 8.; sous d'au traduisent l'hébreu kopher, Cant. 1, 13.
tres princes, et surtout vers les temps 4, 13. Luther, dans le premier passage,
qui précédèrent l'exil, ce furent au con a conservé le mot hébreu; dans le second,
traire les Israélites qui, tantôt à la suite il l'a rendu par cypre, la fleur de Chypre,
d'une conquête, tantôt en vue d'une al Cyperblume, et la plupart des commenta
liance à obtenir, payèrent des tributs aux teurs, depuis les Septante, sont d'ac
rois étrangers, d'Egypte , de Syrie ou cord à le traduire ainsi ; c'est l'alhenna
d'Assyrie. Les Romains furent les der des Arabes. Cet arbrisseau est fort abon
niers auxquels ils furent tributaires, et dant en Chypre ; on prétend même que
l'on trouve, Luc 2, 1.2., la mention d'un c'est la plante qui a donné le nom à l'île.
dénombrement qui eut lieu sous Auguste On en trouve cependant aussi en Egypte
par Cyrénius (Quirinius), dans le but de et en Palestine, particulièrement aux en
baser le tribut sur un nouveau recense virons d'Askélon et d'Hen-Guédi. Il at
ment des personnes et une nouvelle esti teint, quand on ne le coupe pas, une hau
mation des biens. Les passages Matth. teur de 3 ou 4 mètres ; ses feuilles sont
22, 17. 17, 24-27., renferment les décla lancéolées, courtes, lisses, semblables à
rations les plus positives de notre Sei celles de l'olivier, réunies en touffes au
gneur sur le paiement du tribut : les gens tour des rameaux. Ses fleurs, très odori
de ce siècle le doivent à ceux qu'ils re férantes et réunies en grappes, Cant. 1,
connaissent pour légitimes souverains ; 13., s'ouvrent en mai et durent jusqu'au
les enfants de Dieu , les fils du vrai roi mois d'août ; elles sont d'un blanc jau
de la terre, ne le doivent pas à des rois nâtre et sont d'une forme très gracieuse.
qui ne sont rois que par un malentendu ; Les femmes égyptiennes en font des bou
mais ils sont tenus de le payer, pour ne quets et les portent sur leur cœur. Dé
pas scandaliser un monde qui pourrait layées dans de l'eau, les feuilles de cet
les accuser de cupidité ou de rébellion, arbre séchées et réduites en poudre, font
ne comprenant pas la grandeur de leurs une espèce de teinture jaune-orange dont
motifs; v. encore Jean 8, 33. Rom. 13, le goût oriental se sert pour orner les
1-8. 1 Pier. 2, 13. ongles, les pieds, les lèvres et les che
TROAS, ville de Phrygie ou de Mysie, veux de ses beautés ; avec une décoction
sur l'Hellespont, à 6 lieues sud-ouest de de séné, cette teinture est d'un brun fon
l'ancienne Troie et à 7 lieues nord-ouest cé; l'on s'en sert pour se noircir les che
d'Assos, entre les promontoires de Rhœ veux et la barbe. Les fruits sont renfer
tée, où fut enterré Ajax, et de Sigée, le més dans des capsules d'abord vertes ,
tombeau d'Achille. Antigone l'avait sur puis rougeâtres, à quatre loges; les grains
nommée de son nom, Lysimaque lui don sont bruns, durs et triangulaires. Calmet
na plus tard le nom d'Alexandrie, en appelle cet arbuste souchet. C'est la law
l'honneur d'Alexandre le Grand ; Au sonia spinosa inermis de Linnée.
guste lui accorda le titre de colonie de TROGYLE, Act. 20, 15., ville et pro
droit italien (juris italici). Saint Paul y montoire de l'Ionie, située entre Ephèse
passa au moins deux fois, et c'est là qu'il et l'embouchure du Méandre, au pied du
eut sa vision d'un homme macédonien mont Mycale.
(l'ange de la Macédoine, d'après Calmet), TROIS-BOUTIQUES. v. Forum d'Ap
Act. 16, 8. 11. 20, 5. cf. 2 Cor. 2, 12. plus.
Dans un de ses voyages, il y laissa, chez TROMPETTES. v. Musique.
TRO 422 TSA

TRONE, le siége officiel sur lequel , Rome avec saint Paul. Incertain.
revêtus de vêtements magnifiques, s'as TRYPHENE et TRYPHosE, Rom. 16,
seyaient les rois, soit à leur avénement, 12., peut-être deux sœurs, disciples de
soit dans des audiences solennelles, ou Rome, qui travaillaient pour le service du
lorsqu'ils rendaient la justice, 1 Rois 2, Seigneur ; elles ne sont connues que par
19. 22, 10. 2 Rois 11 , 19. Est. 5, 1. cette honorable mention, et par des tra
Prov. 20, 8. C'était un grand fauteuil ditions sans valeur.
avec un marchepied, parfois aussi avec TSAANAN, Mich. 1, 11., ville de Pa
plusieurs degrés, Es. 6, 1. Le trône de lestine que Bochart et Michaélis identi
Salomon est célébré dans l'Ecriture com fient avec le Tsénan de Jos. 15, 37.
me une merveille, 1 Rois 10, 18., et les TSADOC, fils d'Ahitub, descendant d'I-
rois de l'Orient en général ont toujours thamar, 1 Chr. 6, 8. 18, 16.2 Sam. 8, 17.
attaché une grande importance à la beau 20, 25., connu par sa fidélité à David. ll
té et au luxe des ornements de ce siége ; régla, de concert avec Abiathar, tout ce
le trône des Hérodes était d'or ou doré, qui concernait le transport de l'arche à
Josèphe, Guer. des Juifs 2, 1, 1.; v. aussi Jérusalem, 1 Chr. 15, 11., obéit à David
Odyss., 1, 130. 4, 136., la description que lors de la révolte d'Absalon , resta dans
fait Homère des trônes de ses princes. la ville sainte auprès du traître, et fit pas
Le trône était l'un des signes distinctifs ser à David par l'intermédiare de son fils,
du pouvoir royal, Gen. 41, 40.; les ex de sages et précieux avis, 2 Sam. 15,24.
pressions : être assis sur le trône, ou 17, 15. Il calma l'effervescence populaire
s'asseoir sur le trône de quelqu'un, sont après la mort d'Absalon, 2 Sam. 19, 11.,
souvent prises dans un sens figuré, pour prit parti contre Adonija, et sacra Salo
régner ou succéder à un roi, Detht. 17, mon roi d'Israël pendant que la conspi
18. 1 Rois 1, 13. 16, 11. 2 Rois 10, 30. ration se tramait. Ses services furent ré
L'Ecriture contient un grand nombre d'i- compensés par la collation de la souve
mages empruntées à cet emblème de la raine sacrificature, qui fut enlevée à Abia
royauté : les cieux sont le trône de l'E- thar exilé, et qui rentra ainsi dans la
ternel, et la terre est le marchepied de branche aînée, 1 Rois 1, 8. 2, 35. 4, 4.
ses pieds, Es. 66, 1. cf. Ps. 89, 14. 110, (sans que l'on sache comment elle en
1. Luc 22, 69. Act. 7, 49. Jésus lui-mê était sortie). Quelques auteurs pensent
me et les vieillards de l'Apocalypse sont qu'Abiathar et Tsadoc avaient exercé si
assis sur des trônes pour juger le monde, multanément la sacrificature, l'un à Jéru
Apoc. 3, 21. 4, 4. | salem, l'autre à Gabaon, 1 Chr. 16, 39.;
TROPHIME, disciple d'Ephèse, païen d'autres, que Tsadoc était sagan ou vicaire
de naissance, qui accompagna Paul dans d'Abiathar ; mais la déposition de ce der
son troisième voyage missionnaire, d'a- nier et son remplacement par Tsadoc,
bord de Troas en Macédoine, puis à Jéru montre évidemment qu'ils se sont succé
salem où il fut l'occasion des persécu dé, et l'historien sacré a pu dire, sans se
tions qu'éprouva l'apôtre et qui le con contredire, qu'ils avaient tous deux exer
duisirent à Rome, Act. 20, 4. 21, 29. On cé la sacrificature de leur temps.
ne le retrouve plus dès lors que malade TSAHANNAJIM, Jug. 4, 11., et Tsa
à Milet, 2Tim. 4, 20., et ceux qui, com hanannim, Jos. 19, 33. (par erreur Tsa
me Winer, n'admettent pas deux capti hannim dans quelques éditions françai
vités de Paul à Rome, avouent qu'ils ne ses), une des villes frontières de Neph
peuvent expliquer ce détail ; Trophime thali, probablement vers le nord; quel
ne fut laissé malade à Milet par l'apôtre ques auteurs ont traduit le Alôn de Tsa
que lorsqu'ils y passèrent une seconde hanannim de Jos. 19, 33., par le chêne
fois, c'est-à-dire après la délivrance de des nomades, v. Rosenmuller : mais si
la première captivité, puisqu'après y avoir cette traduction est possible, il est cepen
passé une première fois ils continuèrent dant peu vraisemblable que, dans une dé
ensemble leur voyage jusqu'en Judée. La limitation de frontières, un chêne serve
tradition porte qu'il souffrit le martyre à de limites, et que deux moins soient ainsi
TSE 423 TSI

pris dans un sens appellatif. — On a cru Jos. 18, 22. — 2o Une des montagnes
que cette ville est le Saana de Ptolémée, d'Ephraïm, 2 Chr. 13, 4., peut-être celle
entre Abila et Ina (9). sur laquelle fut bâtie la ville de ce nom.
TSALMUNAH (ombre). v. Zébah. TSEMARIENS, Gen. 10, 18., peuplade
TSARTHAN (détresse), en deçà du cananéenne, nommée entre les Arvadiens
Jourdain, Jos. 3, 16., et non loin de ses et les Hamathiens : on croit en retrouver
rives, vis-à-vis de Succoth, 1 Rois 7,46.; les traces (Schrœder) dans la ville phéni
probablement le même endroit que Tsar cienne de Simyra, située au pied du Li
thana, 1 Rois 4, 12., ou Tseredatha, 2 Chr. ban, sur le fleuve Eleutherus, Ptolém. 5,
4, 17. (dans l'hébreu), ou Tséréra, Jug. 7, 15. Plin. 5, 17. Shaw en a vu les ruines à
22., ou Tséréda, 1 Rois 11, 26. (lieu de environ 8 Ou 10 lieues sud-est de Tor
naissance de Jéroboam) : dans ce cas elle tosa. L'opinion de Hamaker qui place les
aurait appartenu à la tribu d'Ephraïm. Tsemariens sur les bords du Tamyras en
Presque toutes ces légères différences ne tre Béryte et Sidon, ne s'appuie que sur
proviennent que de la facile confusion cette analogie de nom; et les rabbins,
des lettres hébraïques r et d, et des finasuivis par Jérôme, qui pensent à la ville
les locales. d'Emesa ou Emissa, magnifique ville si
TSEBOIM (chèvres, biches).1° Ville de tuée sur l'Oronte en Syrie, avec un tem
Benjamin située dans une vallée, Néh. 11, ple du soleil, nous transportent trop loin,
34. 1 Sam. 13, 18.— 2o Une des villes de et oublient que cette ville ne fut con
la plaine, qui furent détruites avec Sodo struite que beaucoup plus tard.
me et Gomorrhe, dans la vallée de Siddim, TSÉRÉRA. v. Tsarthan.
Gen. 10, 19. 14, 2.8. Deut 29, 23. Os. TSÉRUIA, sœur de David, fille de sa
41, 8. mère, d'un premier mari nommé Nahas,
TSÉLAH (côte), ville de Benjamin, n'est connue que par ses trois fils Joab,
dans laquelle furent enterrés Saül et son Abisaï, et Hazaël, 2 Sam. 2, 18. 17, 25. 1
père, 2 Sam. 21, 14. Jos. 18, 28. Chr. 2,16. Elle est souvent nommée avec
TSÉLOPHCAD (ombre de la crainte), eux ; son mari est complétement inconnu.
1 Chr. 7, 15. Nomb. 26, 33. 27, 1. Jos. TSIBA (soldat, guerrier), 2 Sam. 9, 2.,
17, 3., était fils d'Hépher, de la tribu de ancien serviteur de Saül, se distingua plus
Manassé, resta en dehors de la conspi sous le nouveau régime par son habileté
ration de Coré, mais mourut au désert que par sa fidélité. Nommé par David in
conformément à la condamnation divine tendant des domaines restitués à Méphi
prononcée contre la génération du dé boseth, il goûta les douceurs de l'indé
sert.Il ne laissait après lui que cinq filles, pendance, et ne rêva rien moins que de
qui se trouvèrent déshéritées en vertu de devenir le propriétaire des biens qu'il ad
la loi des héritages qui n'accordait de ministrait ; lors de la révolte d'Absalon,
terres qu'aux enfants mâles ; le nom de il vint au-devant de David sur le mont
leur père allait s'éteindre, celui de leur des Oliviers, lui offrit quelques provi
aïeul périssait, si l'on n'établissait qu'en sions, et fut naturellement interrogé sur
l'absence d'enfants mâles les filles deve ce qu'il savait ; il dénonça son maître,
naient aptes à hériter. Leur réclamation, Méphiboseth, comme aspirant à la cou
portée devant Moïse, fut trouvée juste, ronne, et cette infâme calomnie, quoique
et elles eurent un territoire assuré. MaiS mal inventée et mal racontée, lui assura
la tribu de Manassé réclama à son tour, la possession de ces domaines qu'il con
craignant que le mariage de ces filles avec voitait, 2 Sam. 16,. Lorsque la victoire fut
des hommes d'une autre tribu ne dimi assurée à David, et qu'il eut repris le che
nuât son territoire, et un second décret min de Jérusalem, Tsiba, craignant que la
statua qu'une fille, après avoir hérité des lumière ne se fît jour pendant la paix,
biens de son père, ne pourrait se marier vint avec ses quinze enfants et vingt ser
que dans sa tribu, Nomb. 36, 6.Les filles viteurs, se mit à la suite de Simhi qui
de Tsélophcad s'y conformèrent. sollicitait son pardon, ne vit ses intrigues
TSEMARAJIM. 1° Ville de Benjamin, qu'à moitié déroulées, et n'eut à restituer
TSI 424 TS0

que la moitié des biens qu'il avait si hon au sud du pays, au pied des montagnes
teusement acquis. Il eut tous les dons de Juda, et sur un torrent qui se jette
qu'il faut pour réussir par le mal, et dans le Bésor.
n'eut aucune des qualités qui font une TSIN (bouclier), désert de l'Arabie Pé
bonne réputation : de l'esprit, mais point trée. Les Israélites du désert y arrivèrent
de cœur. de Hetsjon-Guéber, Nomb. 33, 36., espé
TSIDKIJA (justice de l'Eternel), fils de rant de là pénétrer en Canaan en traversant
Kénahana, 1 Rois 22, 11. 2 Chr. 18, 10., le pays des Edomites quil'avoisine, Nomb.
imposteur et chef d'une école de faux 34, 3. C'est un plateau dont la partie la
prophètes. Le front armé de cornes de plus élevée (1,500 à 2,000 pieds au-dessus
fer, symboles d'une puissance extraordi de la mer) est située vers le sud et vers
naire, Mich. 4, 13., il se présenta devant l'est, et qui s'abaisse au nord vers les
Achab qui le consultait sur la guerre montagnes de Juda, et surtout à l'ouest
qu'il allait porter en Ramoth de Galaad, vers la Méditerranée, Nomb. 13, 22. Jos.
et flattant ses désirs, il lui annonça une 20, 1. Le sol est d'une extrême aridité;
victoire éclatante, au nom de l'Eternel. à peu près aucune source ; rien que des
Le prophète Michée ayant osé lui répon réservoirs et des puits taillés dans le ro
dre par des oracles plus vrais, Tsidkija cher , pas un seul ruisseau qui atteigne
s'emporta violemment contre lui jusqu'à la mer; des rochers nus et inhabités; des
le frapper ; Michée en appela à l'accom serpents et des scorpions. Kadès est la
plissement, et annonça à cet imposteur seule ville nommée comme appartenant à
une honte et une fuite prochaine. L'ac cette solitude désolée, Nomb. 20, 1. 27,
complissement de cet oracle ne nous est 14. Le désert de Tsin et celui de Paran
pas raconté, Tsidkija et les siens parais qui le touche, portent aujourd'hui le nom
sent n'avoir pas été compris dans l'exé de Djebel el Tyh Beni Israjël, la monta
cution des faux prophètes ordonnée par gne des errements des fils d'Israël. Il ne
Elie, cette dernière n'ayant porté appa faut pas le confondre avec le désert de
remment que sur les prêtres de Bahal, 1 Sin, q. v.
Rois 22, 6. cf. 18, 19. Il fallait que l'im TSINNA, ville de Juda, située proba
posteur jouît à la cour d'Achab d'une bien blement au midi, Nomb. 34, 4. Jos. 13, 3.
grande faveur pour avoir osé s'emporter TSOBA, ou plus complétement Aram
devant le roi, et cette colère qui à elle Tsoba, la Syrie de Tsoba, 2 Sam. 10, 6.
seule eût suffi pour prouver l'imposture, Ps. 60, petite monarchie syrienne dont
prouve aussi que la majesté d'Achab était les rois, sous Saül d'abord, puissous Da
complice des fourberies du faux pro vid, s'unirent fréquemment avec des puis
phète. sances voisines, les Araméens, les Ham
TSIHOR (petit), Jos. 15, 54., ville des monites, pour faire la guerre à Israël ,
montagnes de Juda, située, d'après Eu mais furent défaits par David en deux
sèbe qui croit en avoir retrouvé les res rencontres, 1 Sam. 14, 47.2 Sam. 8 et
tes, entre Jérusalem et Eleuthéropolis. 10. D'après le nombre de leurs troupes,
TSIKLAG (mesure pressée), ville cana et la richesse du butin qu'ils laissèrent
néenne, qui, après avoir appartenu suc entre les mains des Israélites, on peut
cessivement aux tribus de Juda et de Si conclure qu'ils étaient assez puissants, et
méon, Jos, 15, 31. 19, 5., était retombée le pays paraît leur avoir offert assez de
entre les mains des Philistins, et Se trou ressources pour que bientôt après une
vait, aux jours de David, sous la dépen défaite importante ils aient pu de nouveau
dance du roi de Gath, 1 Sam. 27, 6. Elle Se remettre en campagne, 2 Sam. 8, 3.
fut assignée pour demeure à David qui en 10, 6. Peut-être avaient-ils au-dessous
fit le centre de ses expéditions militaires, d'eux des rois vassaux, 2 Rois 10, 6. Le
4 Sam. 30, 1. 14. 26. 2 Sam. 1, 1.4, 10. nom d'Hadadhéser, q. v., était commun,
Dès cette époque, elle redevint israélite, probablement héréditaire chez les Rois de
et après l'exil on la retrouve habitée par Tsoba. Malgré l'espèce d'importance de
des Juifs, Néh. 11, 28. Elle était située ce petit pays, ou ne sait au juste ou il était
TSO 425 TUB

situé; d'après 1 Sam. 14,47., il aurait été vironnante aurait produit du baume.
proche voisin de la Palestine, tandis que TSOPHAR,Job2, 11., Nahamathite, soit
2 Sam. 8, 3. 10, 6. le renvoie aux rives que ce nom désigne sa famille ou sa patrie,
de l'Euphrate, et que 2 Sam. 8, 5.9., le est le plus obscur des trois amis de Job ;
place dans le voisinage de Hamath et de il est à la fois le plus violent et le plus
Damas : les deux noms Bétah et Bérothaï, faible ; il parle dans un langage affecté,
2 Sam. 8, 8., sont trop peu connus pour et, à la fin de son discours, il ne sait que
fournir une indication, et l'on peut sup se répéter lui-même. Ses reproches rou
poser que David n'aura pas poussé beau lent surtout sur la prétention de Job d'ê-
coup plus loin que les villes frontières. tre innocent. En ne parlant que deux
Le plus probable c'est que la Syrie de fois, il se rend justice, Job 11, 1. 20, 1.
Tsoba s'étendait au nord-est de Damas, Hl assiste au sacrifice qui termine le livre
entre l'Oronte et l'Euphrate, peut-être Job. 42, 9., et, selon le système de quel
jusqu'à ce dernier fleuve. Les rabbins ques commentateurs, il est lui-même la
pensent qu'il s'agit de la contrée d'Alep, victime expiatoire.
d'autres à Accad, Gen. 10, 10., d'autres TSORHA, ville située dans les plaines
au pays de Nisibis, Bochart enfin à la par de Juda, dans la partie septentrionale de
tie de l'Arabie la plus voisine de Damas Sephéla, Jos. 15, 33., mais appartenant à
vers le sud. la tribu de Dan, Jos. 19, 41. Voisine
TSOHAN, ville d'Egypte, Nomb. 13, d'Estaol, elle est célèbre comme lieu de
23., de la Basse-Egypte, Ps. 78, 12.43., naissance, et comme séjour habituel de
qui paraît être devenue une des capitales Samson, Jug. 13, 25. cf. 18, 2. 8. 11.
de ce pays aux jours d'Esaïe, 19, 11.13. Dans la suite, elle devint forteresse fron
30, 4., et d'Ezéchiel 30, 14. Elle porte tière du royaume de Juda, 2 Chr. 11, 10.,
dans les Septante et dans les historiens et fut, après l'exil, encore habitée par des
profanes le nom de Tanis, et paraît avoir Juifs, Néh. 11, 29.
été, avant Psammétique, le siége d'une TSUR, l'un des cinq rois de Madian,
dynastie royale. Elle était située au mi sans doute le chef d'une des cinq bran
lieu du du lac Manzalé ou Tanis, formé ches de cette famille (Gen. 25, 4.) Nomb.
par trois bouches du Nil, et l'on en trouve 31, 8. Père de l'impudique Cozbi, il périt
encore sous le nom de Zôn ou Tsôn des dans la guerre qui suivit les désordres de
ruines assez considérables sur le bord sa fille, Nomb. 25, 15. 31, 8.
oriental du bras tanitique de ce fleuve, à TUBAL ou Thoubal (la terre, le mon
quelques lieues de Manzalé (Diospolis). de), l'un des descendants de Japhet, nom
TSOHAR, d'abord nommée Bélah, Gen. mé Gen. 10, 2., entre Javan et Mésec ;
14, 2. cf. 19, 22., ville située à l'extrémité et il est encore nommé avec ces deux
sud de la mer Morte, Gen. 13, 10. cf. Deut. peuplades Ez. 27, 13., avec Mésec seu
34, 3. Es. 15, 5. Jér. 48, 34., dans une lement, Ez. 32, 26. 38, 2.3. 39, 1., avec
plaine fertile et très large. Elle était gou Javan seul, Es. 66, 19. La peuplade à la
vernée par ses rois propres au temps quelle il donna son nom était représentée
d'Abraham, Gen. 14, 2., et fut épargnée dans ces passages comme une race bel
lors de la catastrophe qui abîma les autres liqueuse, soumise à Gog, et qui amenait
villes de la plaine, Gen. 19, 22. Elle n'ap sur le marché de Tyr du cuivre et des
partintjamais aux Israélites; les Moabites esclaves, Ez. 27, 13. On a vu à l'art. Mé
la possédèrent, Jér. 48, 34. Après l'exil, sec que ce sont probablement les Tiba
ce furent les Arabes qui s'en emparèrent, réniens qui représentent l'ancienne race
et ce sont encore eux qui la possédent de Tubal; c'est l'opinion de Bochart et
aujourd'hui ; elle est habitée par 300 pau de Michaélis, et elle s'accorde parfaite
vres familles de paysans , qui montrent tement avec ce que l'Ecriture nous dit des
aux voyageurs, pour de l'argent, les pré produits de Tubal, car on sait que dès les
tendus restes de la statue de la femme de plus anciens temps les montagnes de
Lot. D'après Eusèbe, les Romains y au l'Arménie et du Caucase ont été riches en
raient eu une garnison, et la contrée en métaux, surtout en cuivre, et que, de nos
TUR 426 TVC

jours encore, les esclaves de la Mingrélie 3° Le migbahah (calottes), la coiffure


et de la Géorgie sont très recherchés. des simples prêtres, Ex. 28, 40. 29, 9.
Les Tibaréniens et les Méséchiens étaient Lév. 8, 13.
administrativement et militairement unis 4° Le peér, traduit par magnificence,
au temps des Perses. Es. 61, 10.; par bonnet, Ez. 24, 17., et
TUBAL-CAIN , fils de Lémec et de par atours, Es. 3, 20., était une coiffure
Tsilla, inventa l'art de travailler les méde luxe pour les hommes (les époux) et
taux , Gen. 4, 22., comme semble même les femmes ; selon Schrœder, un turban
l'indiquer, d'après l'étymologie perse et dressé sur la tête comme une petite tour,
arabe, son nom, dont la forme hébraïque et qui servait de décoration. Ces deux
primitive est Twalkan ou Twalkin. C'est derniers noms sont employés Ex. 39, 28.,
le dernier rejeton de la famille de Caïn en parlant des prêtres (les ornements des
dont la Bible fasse mention, et elle s'ar calottes), cf. Ez. 44, 18.
rête sur son nom, comme s'il devait es Le tsephira de Es. 28,5., signifiant une
Sentiellement caractériser la famille en couronne, n'appartient pas ici.
tière. Son nom, qui, d'après les uns, si Les Arabes et les Persans de nos jours
gnifie possession terrestre, et, d'après portent des turbans souvent magnifiques,
les autres, forgeron, ouvrier en métaux, ordinairement entourés d'une large pièce
doit rappeler, d'après Schrœder, une sor de mousseline; mais il ne paraît pas que
te de restauration de Caïn, l'éloge du ces turbans modernes aient été connus
premier fratricide. Quoi qu'il en soit du des anciens; on ne voit sur les ruines de
Sens, ce nom a été conservé, avec peu de Persépolis que des espèces de bonnets
modifications, dans presque toutes les plats ou pointus, et des turbans formés
traditions profanes : Vulcain, Telchines, de bandelettes entrelacées, qui se termi
chez les Grecs, Dvalinn dans la mytholo nent en pointe. C'est probablement cette
gie du Nord, passent pour les premiers dernière coiffure qui faisait l'ornement
forgerons, et des armes sortirent de leurs des riches Israélites. Quant aux pauvres,
ateliers en même temps que les instru ils se bornaient à rattacher leurs cheveux
ments pacifiques de l'agriculture. L'art avec un ruban, ou même une ficelle, pen
de forger les metaux est si précieux, qu'il dant leur travail, ou bien ils les rete
n'est pas étonnant que le nom du pre naient avec un linge, un mouchoir quel
mier inventeur ait échappé à l'oubli, et cOnque , noué sur la tête. — On croit
que la plupart des peuples païens l'aient trouver les turbans des Caldéens men
divinisé. tionnés Ez. 23, 15., et ceux des Perses,
TUNIQUE. v. Vêtements. Est. 8, 15. Dan 3, 21.; d'autres pensent
TURBAN. C'était la coiffure ordinaire qu'il s'agit là de manteaux.
des anciens Hébreux des deux sexes; TYCHIQUE , chrétien de l'Asie Mineu
mais on ne saurait en déterminer la for re, et l'un de ses disciples à qui saint
me qui, d'ailleurs, devait varier beaucoup Paul témoigna le plus de confiance; il ac
suivant les goûts des individus. Quatre compagna l'apôtre dans son cinquième
noms différents sont employés dans l'E- voyage, de Troas à Jérusalem, en passant
criture : par la Macédoine, Act. 20, 4., le rejoi
1° Tsaniph paraît avoir désigné la coif gnit ou l'accompagna à Rome, où Paul le
fure en général, celle des hommes, Job chargea de porter à Ephèse, à Laodicée et
29, 14.; des femmes, Es. 3, 23., et du aux Eglises des environs, l'Epître aux
souverain sacrificateur, Zach. 3, 5. Nos Ephésiens, Eph. 6, 21., pendant qu'Oné
versions l'ont traduit par tiare, un peu au sime en portait une autre à peu près sem
hasard. blable aux fidèles de Colosses, Col. 4, 7.
2° Mitsnépheth, également traduit par Tychique n'arriva dans cette dernière
tiare, était la coiffure du souverain sacri ville qu'après Onésime. Puis il rejoignit
ficateur, Ex. 28, 4.37.39.29, 6. Lév. 16, Paul, qui l'envoya d'abord en Crète rem
4. Il n'est employé que Ez. 21, 31., en placer Tite qu'il rappelait, Tite 3, 12.;
parlant d'une coiffure royale. puis à Ephèse, 2 Timoth. 4, 12. Sa vie, si
TYR 427 TYR

bien remplie, fut, jusqu'à la fin, honorée mêmes : Tyr se mit à acheter et à reven
de la confiance de l'apôtre. La tradition dre des prisonniers israélites faits par
fait de Tychique un évêque de Chalcé d'autres peuples, et s'attira par là la co
doine en Bithynie. lère du Dieu d'Abraham, qui lui fit adres
TYR, la plus méridionale, la plus gran ser de sévères avertissements, Amos 1,
de, la plus puissante des villes phénicien 9. Joel 3, 4-8., et finit par la frapper ;
nes, déjà nommée Jos. 19, 29. cf. 2 Sam. Nébucadnetsar marcha contre elle et l'as
24, 7.1 Rois 9, 12. Es. 23, 1. Os. 9, 13. siégea; le siége dura treize ans, et l'an
Les déclarations de l'Ecriture à son égard cienne Tyr fut détruite. Mais ses habi
sont remarquables : quelques-unes de ses tants, avant d'être réduits à la dernière
prophéties sont obscures, et le rôle de extrémité, s'étaient retirés dans une île
cette célèbre cité a été assez important voisine de la côte : le manque d'espace les
pour que Hengstenberg ait consacré à obligea de donner aux habitations une
son histoire un ouvrage spécial. | hauteur considérable ; ce fut Tyr la nou
Il y avait, à proprement parler, deux velle ; l'ancienne, rasée jusqu'aux fonde
villes de ce nom: Tyr ou Turza, Turos, ments, ne présenta plus qu'un village. La
en hébreu Tsor (rocher. Sarranus, dans jeune ville qui s'élevait du milieu des
Virgile, désigne un Tyrien, Géorg. 2,506., flots, raide et fière, riche et populeuse,
le changement de l's en t étant facile et avait atteint au même degré de puissance
fréquent chez les Arméniens). L'ancienne et de gloire que la première ville, quand
Tyr, ou Palaeo-Tyrus, était à une lieue Alexandre le Grand vint, à son tour, en
environ de la nouvelle. Elle fut bâtie par faire le siége. Désespérant de l'atteindre
les Sidoniens, ce que rappelle Esaïe 23, par mer, il résolut de la réunir à la terre,
12., en l'appelant fille de Sidon; mais elle et se servit des matériaux de l'ancienne
devait éclipser sa mère. Construite sur le Tyr pour construire un môle ou une
continent, au sommet d'un rocher de 50 chaussée, qui donnât passage à ses trou
pieds de hauteur et dans une position pes. Au bout de sept mois la ville fut
très forte, elle était la première ville de prise. Cependant elle redevint encore flo
commerce et la plus grande ville maritime rissante, et fut pendant longtemps une
de l'ancien monde. Elle s'enrichissait par ville chrétienne. Mais les oracles de Dieu
le négoce et par ses fabriques, dont les sont accomplis : la domination destruc
principales étaient celles de verre, de fin tive des Turcs a exécuté les jugements an
lin et d'étoffes teintes en pourpre; elle noncés par les prophètes, Es. 23, Jér. 25
était puissante par ses nombreuses colo et 27, Ez. 26-28.
nies; elle était le marché des productions On a suivi dans ce qui précède l'opi
d'Israël. Ses ouvriers étaient habiles dans nion la plus répandue et la plus généra
l'art de tailler les pierres, de travailler le lement reçue : mais il y a des contradic
bois, et de mettre en œuvre les métaux. teurs importants sur presque tous les
David etSalomon eurent des rapports d'a- points de cette grande existence si mys
mitié avec Hiram, roi de Tyr, qui contri térieusement détruite. Sans les discuter,
bua directement à la construction du pa nous indiquerons, en terminant, les opi
lais royal et du temple de Jérusalem, ainsi nions divergentes. Hengstenberg , Hae
qu'à l'extension de la marine juive, 2Sam. vernick, et d'autres , soutiennent que
5, 11. 1 Rois 9, 11.27. 10, 22.2 Chr. 2, l'ancienne Tyr fut bâtie dans l'île : son
3. 11. Cinquante ans plus tard, Achab, nom , quelques détails, l'antiquité du
roi d'Israël, épousa une princesse tyrien temple d'Hercule qui s'y trouvait, une
ne, Jésabel, qui est appelée sidonienne, correspondance de Hiram et de Salomon,
1 Rois 16, 31., parce que Ethbahal, son quelques passages de Josèphe , de Mé
père, régnait à la fois sur Tyr et sur Si nandre et de Bius, sont les autorités dont
don (Ménandre). Après plusieurs siècles ils s'appuient : l'ancienne Tyr, ou Paléo
de prospérité, la cupidité tyrienne, ne tyr, le Tsor de Jos. 19, 29., qui marque
connaissant plus de bornes, s'imposa d'une la frontière septentrionale d'Israël , re
manière intolérable aux Israélites eux monterait également à des temps fort re
TYR 428 TYR

culés, soit comme ville indépendante, soit quelque temps le commerce tyrien, com
COmme annexe ou banlieue de la ville in me le blocus général de Napoléon gêna
sulaire : leurs destinées auraient été dif le commerce de l'Angleterre. Le siége
férentes; l'île aurait été vainement assié de Nébucadnetsar dura treize ans, mais
gée pendant cinq ans par Salmanéser, qui, le résultat ne paraît pas en avoir été fort
en définitive, aurait été obligé de se con satisfaisant, Ez. 29, 18. Tyr ne fut pas
tenter de Paléotyr. Les difficultés de cette détruite ; car après la mort du roi Itha
opinion ont amené Hitzig , et presque bal, qui mourut la dernière année du
Haevernick , à reconnaître que Paléotyr siége, l'histoire énumère encore des rois
est plus ancienne, mais qu'une ville ayant et des juges de Tyr.Sans doute Nébucad
ensuite été bâtie sur l'île, et ayant reçu netsar n'était pas homme à se retirer
de cette île le nom de Tsor, rocher, Pa après des efforts de treize années, n'em
léotyr aurait pris le même nom; d'où il portant que la honte de son expédition ;
résulterait que Paléotyr serait la vieille sans doute il obtint quelque satisfaction ;
ville, mais que la ville insulaire aurait eu sans doute il avait gravement compromis
la première et le plus anciennement le la prospérité tyrienne : mais enfin Tyr
nom de Tyr. était encore là, debout, et elle sut si bien
Une seconde divergence porte sur la reconquérir tout ce qu'elle avait perdu,
formation de la digue; les uns pensant, qu'à l'approche d'Alexandre le Grand elle
comme Hengstenberg, que ce sont les osa résister seule au conquérant de l'A-
Tyriens eux-mêmes qui l'ont formée sie, et ne fut prise qu'après un siége de
pour se mettre en rapport direct avec la sept mois, en 332. Alors encore elle ne
terre ferme, les autres estimant avec les fut pas détruite; elle ne perdit son impor
plus anciennes données historiques que tance commerciale que peu à peu, surtout
cette digue fut une œuvre ennemie; d'au par suite de la concurrence d'Alexandrie
tres enfin pensant — ou que l'œuvre en en Egypte; elle n'entassa plus de trésors,
nemie d'Alexandre étant pour les Ty elle ne fonda plus de colonies; elle dé
riens un précédent indestructible , ils clina lentement, pour mourir de vieil
n'avaient qu'à en tirer le meilleur parti lesSe,
possible, soit pour leurs relations avec On voit par Act. 21, 3. qu'il s'y forma
le continent, soit au point de vue mili de bonne heure une Eglise chrétienne.
taire, — ou qu'une digue naturelle ayant Guillaume, archevêque de Tyr vers 1180,
été formée avec le temps par les flots de auteur d'un ouvrage historique sur les
la mer, Alexandre n'eut qu'à profiter de Croisades, dépeint Tyr comme une ville
cette facilité inattendue pour achever un encore riche et florissante. Ce ne fut
travail si bien commencé. qu'après la défaite des chrétiens dans
Une troisième divergence se rapporte l'Orient qu'elle tomba entre les mains
à l'accomplissement des prophéties. Nous des mahométans et qu'elle fut définitive
avons vu l'ancienne Tyr frappée par Né ment détruite. Cette histoire peut se lire
bucadnetsar à la suite des oracles de Joël presque entière, verset par verset, Esaïe
et d'Amos, et la nouvelle par Alexandre 23. Ce n'est plus aujourd'hui, sous le nom
et par les siècles à la suite des prophé de Sour, qu'un misérable village de 1500
ties d'Esaïe, de Jérémie et d'Ezéchiel. habitants, vivant de la pêche et du cabo
D'autres pensent que Salmanéser accom tage; et encore à peine est-on sûr qu'il
plit les premières prophéties (Grotius et soit bien situé sur l'emplacement de l'an
Gesenius), et Nébucadnetsar les secon cienne reine des mers.
des. Ces deux opinions sont également TYRANNUS, Act. 19, 9., Ephésien
erronées : les Oracles sont accomplis au qui, pendant deux ans, prêta ou loua à
jourd'hui, mais ils ne le furent à aucune Paul une salle d'école dans laquelle celui
de ces deux ou trois époques. Le siége ci continua ses instructions après s'être
de Salmanéser, qui dura cinq ans, ne fut retiré de la synagogue. On ne sait rien de
pas couronné de succès ; ce fut un blocus sa personne. Quelques-uns ont même cru
qui n'eut d'autre résultat que d'entraver que ce n'était pas un nom propre, mais
URB 429 URI

un vrai tyran (prince) ou seigneur qui URIE. 1° Guerrier de David, le der


avait de l'attachement pour Paul ou pour nier nommé dans la première liste, le
sa doctrine : c'est peu probable ; le nom malheureux époux de Bathsébah, était
de Tyrannus n'est pas rare comme nom Héthien d'origine, 2 Sam. 11, 3. 12, 9.
propre ; c'est en particulier celui d'un 23, 39.1 Chr. 11, 41. 1 Rois 15, 5. Matth.
rhéteur ou sophiste qui a écrit un ou 1, 6. Il est aussi connu par sa fidélité mi
vrage de rhétorique et de logique en dix li litaire que par son malheur; la première
vres (date inconnue). On ne sait s'il était fut récompensée, le second fut effacé par
païen, juif (rabbin), ou disciple, et si sa mort. Il porta lui-même à Joab son ar
l'hospitalité qu'il accorda à l'apôtre fut le rêt dans une lettre, la première dont
fruit de son indépendance d'esprit, de l'histoire fasse mention.
son indifférence, ou de son attachement 2° Souverain sacrificateur sous Achaz,
à l'Evangile ; ce dernier cas est le plus 2 Rois, 16, 10., reçut de ce jeune prince,
probable, car la tolérance du monde pour alors à Damas, le modèle d'un autel ido
Christ ne dure guère deux ans : elle se lâtre, et poussa jusqu'à l'empressement
change en amour si elle ne devient pas la lâcheté d'obéir, en en faisant élever un
de la haine. semblable dans le temple de l'Eternel ; il
offrit même sur cet autel nouveau les sa
U crifices mosaïques, mais sa mémoire fut
flétrie pour cet acte coupable, et son nom
UCAL. v. Ithiel. n'est pas rappelé 1 Chr. 6, 12. Esaïe, qui
ULAI, fleuve près duquel était située le choisit comme témoin de ses oracles,
la ville de Suse, en Babylonie. Dan. 8, 2. avant ou après cette chute (Es. 8, 2.), ne
C'est l'Eulaeus, qui se jette dans le golfe le choisit pas comme un prêtre fidèle,
Persique : il est appelé Choaspes, Héro mais comme un homme agréable au roi,
dot. 5, 49., et aujourdhui Kérah. et dont le témoignage ne pouvait man
ULCERES. v. Maladies. quer d'être reçu avec confiance. Urie,
UPHAZ, contrée nommée Jér. 10, 9. c'est le prêtre du gouvernement; ce n'est
Dan. 10, 5., comme fournissant du fin pas un impie, c'est un serviteur.
Or, mais sans autre indication sur sa si 3° Urie, fils de Sémahia, de Kiriath
tuation. On pense que c'est le même en Jéharim, prononça contre Jérusalem et
droit qu'Ophir, ou une place dans le pays contre Juda des oracles semblables à ceux
d'Ophir, ou l'île de Taprobane (Ceylan), de Jérémie. Poursuivi pour ce fait, il s'en
qui, d'après Ptolémée, renfermait un fuit en Egypte, mais sa retraite fut décou
fleuve et un port du nom de Phasis. verte, son extradition fut demandée, et
UR des Caldéens, patrie et première Néc0 l'abandonna entre les mains de ses
demeure de Taré et d'Abraham, Gen. 11, ennemis, qui le firent périr par l'épée,
28. 31. 15, 7. cf. Néh. 9, 7. Bochart et Jér. 26, 20.2 Rois 24, 4. Cet exemple, et
Michaélis pensent en retrouver le souve celui de Michée, sont invoqués par les
nir dans le château d'Ur de la Mésopota anciens du pays qui demandaient la mort
mie septentrionale, à deux journées de de Jérémie, contrairement aux principaux
Nisibis, au pied des monts Gordiens, con et au peuple, qui, croyant que Jérémie
trée propice aux nomades, mais qui ne avait parlé au nom de Dieu, ne voulaient
pouvait pas tarder à devenir insuffisante pas qu'il fût mis à mort. L'exemple, heu
pour une riche et nombreuse famille, ce reusement, ne servit de rien.
qui contribua sans doute à faciliter l'émi URIM et THUMMIM, proprement, lu
gration de Taré. mière et intégrité (Vulg. doctrina et ve
URBAIN, Rom. 16,9., disciple et com ritas); une fois on trouve Thummim et
pagnon de Paul, probablement un Ro Urim, Deut. 33, 8., ou par abréviation
main ; du reste, inconnu. L'un des soi seulement Urim, Nomb. 27, 21. 1 Sam.
xante-dix disciples, selon les Grecs, il 28, 6. C'était, pour les Juifs, le saint ora
serait devenu évêque de Macédoine selon cle qui, placé sur la poitrine du souverain
les Latins. sacrificateur, Ex. 28, 30. Lév. 8, 8. cf. 1
URI 430 UZA

Sam. 23, 9., révélait à celui qui l'interro depuis Salomon jusqu'à la destruction du
geait la volonté du Dieu fort, Nomb. 27, temple.
21. 1 Sam. 28, 6., cf. Esd. 2, 63., Néh. 7, Au milieu de toutes ces incertitudes,
65. C'est à l'Urim qu'on avait recours voici ce que l'on peut reconnaître comme
toutes les fois qu'il est parlé de consul prouvé, ou comme probable : — 1° L'Urim
ter l'Eternel, 1 Sam. 22, 10.2 Sam. 2, 1 . était différent du pectoral, mais intime
Voilà tout ce que l'on connaît de précis ment lié avec lui, Ex. 28, 30. cf. Lév. 8, 8.
relativement à cette pièce importante du Le texte ne décide pas s'il était dessus ou
pectoral, et ce que l'on peut ajouter ne dedans. — 2° Il était différent des pierres
repose que sur des traditions contraires, précieuses elles-mêmes, puisque dans ce
et sur des hypothèses. Deux écrivains même chapitre, Ex. 28, 17., Moïse a déjà
juifs de la race sacerdotale, mais qui pa ordonné qu'elles fussent placées sur le
raissent n'avoir pas vu ce dont ils par pectoral. On peut supposer aussi qu'il
lent, diffèrent beaucoup dans les détails était caché dans la doublure du pecto
de leur exposition. D'après Josèphe, l'U- ral, car on ne comprendrait pas qu'un
rim et le Thummim n'était autre chose que Saint mystère eût été exposé à la vue de
les douze pierres précieuses du pectoral, tous, et que dans ce cas on n'eût pas des
qui, par leur éclat extraordinaire, ren renseignements plus clairs et plus précis
daient une réponse affirmative. D'autres sur sa nature. — 3° Le sort était quel
pensent que l'Urim et le Thummim était quefois employé en même temps que l'U-
quelque chose d'ajouté au pectoral, soit rim était consulté, 1 Sam. 10, 20. 14, 36.
dessus, soit à côté, dans une bourse très 42., ce qui n'implique point, comme le
riche, soit dedans ; Philon croit que c'é- croit M. Coquerel (Biogr. sacr. 176), que
taient deux figures brodées sur le pectoral, l'Urim lui-même fût employé pour le ti
représentant l'une la vérité, l'autre l'in rage au sort. — 4° Ce serait conclure sans
tégrité ; Cyrille pense que ces deux mots prémisses suffisantes que de conclure de
étaient simplement gravés sur deux pier 1 Sam. 28, 6., que l'Urim était une espèce
res précieuses, ou sur une lame d'or, ou de voix intérieure, comparable aux son
brodés sur le pectoral entre les rangs des ges ou à l'inspiration des prophètes. La
pierres précieuses : quelques rabbins pen même observation s'applique à la conclu
sent que c'était le vrai, mais indéchiffra sion qu'on a voulu tirer du silence de l'o-
ble nom de Jéhovah, le saint tétragram racle, 1 Sam. 14, 37. 28, 6.; car il y a bien
maton, qui était écrit sur une lame d'or, d'autres oracles, témoin la baguette divi
ou un collier de pierreries descendant sur natoire, qui ne répondent pas toujours
la poitrine du grand prêtre, ou trois pier quand on les interroge. Il faudrait savoir
res précieuses, l'une portant le mot oui, au juste ce que c'était que l'Urim, avant
l'autre non , et la troisième sans inscrip de pouvoir se prononcer sur le sens réel
tion (Michaélis). Il y a plus de divergence de ces passages.
encore sur la manière d'interroger cet USURE. v. Prêt.
oracle, et sur les circonstances dans les UZAL, fils de Joktan, et souche d'une
quelles il était permis de le consulter. peuplade arabe, Gen. 10, 27. Depuis Bo
Quelques rabbins enfin, suivis par Spen chart, et sur le témoignage d'un astro
cer, mais contredits par Josèphe et Philon, nome juif portugais du dix-septième siè
pensent que l'usage de consulter l'Urim, cle, nommé Abraham Zachuth, on croit
en lsraël, ne subsista que sous le taber que c'est l'ancien nom de la capitale ac
nacle, et qu'il cessa avec la construction tuelle de l'Arabie Heureuse, Sanaa, au
du temple et l'avénement de la royauté, trefois résidence des rois de l'Yémen, et
l'Urim appartenant à la théocratie, ou qui a maintenant pour gouverneur des
gouvernement direct de Dieu, qui prit imans, dont l'un ſit, en 1807, et par cu
fin lorsque la royauté héréditaire eut été pidité, empoisonner le célèbre Seetzen.
établie en lsraël : ce qui confirmerait ce Le village d'Oezar, près de Sanaa, con
sentiment, c'est que l'on ne trouve dans serverait peut-être la racine de l'ancien
l'histoire sainte aucune trace de l'Urim nom. - Le Mosel de Ez. 27, 19., ou plu
VAC 431 VAI

tôt Méouzal (d'Uzal), signifierait, avec une et plus estimées. On ignore si ce sacri
meilleure traduction, que d'Uzal on fai fice était annuel, c'est peu probable ;
sait le commerce avec Tyr par des Java quelques auteurs juifs prétendent même
niens. (v. Javan.) qu'on ne brûla qu'une vache rousse de
puis Moïse jusqu'à Esdras, et seulement
V six à neuf jusqu'à la destruction du tem
ple par les Romains. — Les Malabares,
VACHE. v. Bœuf. Elles sont le symbo les Perses, les Grecs et les Romains
le des femmes riches, délicates, volup avaient aussi une espèce d'eau sainte faite
tueuses qui font de leur plaisir leur dieu, avec de la fiente pulvérisée d'une vache
Os. 4, 16. Am. 4, 1. sainte, ou avec l'urine d'un taureau.
Le sacrifice de la vache rousse, était VAISSEAUX, flotte, marine. La posi
l'un des plus remarquables sacrifices ex tion de la Palestine, baignée par les flots
piatoires, Nomb. 19. Cette vache, ou gé d'une mer aussi fréquentée que la Médi
nisse, devait être prise du bétail des Is terranée , et la circonstance qu'elle pos
raélites et amenée au sacrificateur ; elle sédait encore sur son territoire un lac
devait être rousse , entière, Sans tare, et navigable, le lac de Tibériade, sont deux
n'ayant jamais porté le joug, Deut. 21, 3.; causes qui expliquent la fréquente men
il fallait qu'elle fût égorgée par le peuple tion de vaisseaux et de flottes dans l'An
hors du camp, que le sacrificateur prît du cien Testament. Il n'y est du reste ques
sang avec le doigt , et en jetât par sept tion que de la navigation extérieure, et
fois contre l'entrée du tabernacle ; qu'on des vaisseaux qui faisaient le service de
brûlât sous ses yeux sa peau, sa chair, la Palestine et des côtes voisines, car dès
son sang , tout ce qui lui appartenait ; les temps les plus anciens, Joppe de la
qu'après cela le sacrificateur prit du bois contrée des Philistins, et Tyr de Phéni
de cèdre, de l'hysope et de l'écarlate, et cie, étaient des ports célèbres desquels
jetât le tout au milieu du feu qui avait partaient des vaisseaux de long cours, 2
consumé la génisse ; qu'un homme net Chr. 2, 16. Jon. 1, 3. cf. 2 Macc. 12, 3.
ramassât les cendres de la génisse pour Es. 23, 1. Ez. 27, Act. 21, 7. Leur marine
les mettre en réserve hors du camp, dans mit de bonne heure les Tyriens en com
un lieu pur; enfin, que de ces cen dres, munication avec le pays d'Israël, et l'on
mêlées avec de l'eau, On fit une eau peut conclure de Gen. 49, 13., que la tri
appelée eau de séparation, et dont on se bu de Zabulon ne fut pas des dernières à
servait, avec de l'hysope qu'on y trempait, entrer dans la marine marchande. Lors
pour arroser la tente , les ustensiles, les que les ports d'Elath et de Hetsjon-Guéber
vêtements et le corps de ceux qui avaient eurent été conquis par les armes, et an
été souillés, afin de les purifier et de les nexés au royaume d'Israël, Salomon éta
mettre en état d'assister à la Sainte con blit aux frais de la couronne, et avec le
grégation avec le reste du peuple. Ceux concours des mariniers de Phénicie, un
qui avaient pris part à ce sacrifice étaient service de navigation, qui cependant ne
souillés jusqu'au soir, et ils devaient la lui survécut pas, et que Josaphat essaya
ver leurs vètements et leur chair, avant en vain quelques années plus tard de re
de rentrer dans le camp. La vache rousse lever, 1 Rois 9, 26. 10, 22. 22, 49.50. A
était un type de Jésus-Christ, Hébr. 9, l'époque des Maccabées, Joppe était un
13., et les analogies sont nombreuses et port juif, 1 Macc. 14, 5., mais Hérode le
faciles à trouver ; v. G. Des Bergeries, p. Grand en fit construire un beaucoup plus
143 etc., E. Guers, Le Camp etc., p. 56 considérable à Césarée, quoique le com
et suiv. Selon Spencer, ce sacrifice aurait merce maritime juif ne fût pas assez flo
été établi par opposition aux superstitions rissant pour pouvoir le demander : c'est
des Egyptiens qui ne tuaient jamais d'ani dans ce port que Paul mit à la voile pour
maux femelles, et qui avaient le poil roux Rome, Act. 27, 2. On considérait la voie
en horreur ; Reland croit au contraire par Alexandrie comme plus sûre et mê
que les vaches rousses étaient plus rares me plus courte que le trajet direct par
VAI | 432 VAL

Brindes, pour se rendre de Syrie ou de gne qui donnait son nom au bâtiment,
Palestine en Italie ;Pouzzoles était le lieu Act. 28, 11.: l'effigie de la divinité tuté
de débarquement. Il n'est parlé qu'en pas laire était à la poupe (Virg. AEn. 10, 11.);
sant de la flotte marchande de Babylone quelquefois les deux images n'en fai
Es. 43, 14. Quant aux vaisseaux de Tar saient qu'une seule, et le navire portait
sis, du Nil, etc. v. ces articles. le nom de son dieu protecteur. Chaque
Dans le Nouveau Testament, outre les vaisseau avait un canot de sauvetage,
voyages de Paul, qui tant de fois sillonna plusieurs ancres, et une sonde, Act. 27,
les eaux de la Méditerranée, nous voyons 16-40. La voile d'artimon, Ou selon d'au
les rives romantiques du lac de Génésa tres du perroquet, est nommément dési
reth, et ses eaux claires, mais orageuses, gnée Act. 27, 40.; on la déployait pour
devenir le théâtre de scènes entièrement modérer la violence du vent. L'opération
nouvelles, ou la tribune de laquelle des de Act. 27, 17., qui consistait à lier le
cendent les paroles d'une sagesse et d'une vaisseau par-dessous comme avec une
doctrinejusqu'alors inconnue.Tour à tour ceinture , pour l'empêcher de s'entr'ou
Jésus monte sur une nacelle de pêcheurs vrir s'il venait à heurter contre un écueil,
pour enseigner le peuple qui l'écoute du est souvent mentionnée chez les anciens
rivage, Matth. 13, 2. Luc 5, 3., ou pour (Horace, Od. 1, 14,6.). En cas de danger,
traverser ce lac, seul, ou dans la compa on jetait à la mer la charge du navire
gnie de ses amis, Matth. 8, 23.9, 1. 14, pour l'alléger, et si l'on échouait, on es
13.Jean6, 17. Des souvenirs l'attachaient sayait de gagner le rivage à la nage ou
à ces rives sur lesquelles il avait trouvé en canot. Chaque vaisseau avait un capi
ses premiers disciples, pêchant ou rac taine et un pilote ; c'est du premier qu'il
commodant leurs filets, Matth. 4, 21. Jean est question Jon. 1, 6. Les anciens sui
24, 3. Luc 5, 5. vaient en général les côtes autant que
Les vaisseaux tyriens étaient les mieux possible (comme le font encore aujour
construits et le plus richement ornés, les d'hui les vaisseaux de la mer Rouge), ce
boiseries étaient en cyprès, la mâture en qui rendait les navigations très longues,
cèdre, les voiles en fin lin d'Egypte bro 1 Rois 10, 22.S'ils étaient obligés de ga
dé, les rames en chêne, tenues par des gner la pleine mer, ils se dirigeaient en
rameurs assis sur des bancs ornés d'ivoi l'absence de boussole, d'après les étoiles,
re, Ez. 27, 1-7. Il n'est parlé expressé les Pléiades, les deux Ourses, Orion, etc.
ment ni des cordages, ni du gouvernail, Les Dioscures, q. v., étaient les divinités
quoique Umbreit ait cru voir ce dernier privilégiées qu'ils invoquaient dans le
désigné Prov. 23, 34. (traduction qui of danger. Les tempêtes étant plus fréquen
fre des difficultés étymologiques, mais tes ou plus redoutables en hiver, les an
qui irait bien pour le sens). Le gouver ciens, Grecs et Romains, ne naviguaient
nail est nommé dans le Nouveau Testa guère que l'été ; la saison marine com
ment, Act. 27, 40.; il y en avait quelque mençait en mars et finissait en novembre ;
fois deux, ou même quatre, pour les gros un vaisseau retardé, et surpris par les
bâtiments, à la poupe, à la proue, et aux vents au milieu d'une navigation un peu
deux côtés (Tacit. Annal. 2, 6). Les cha longue, cherchait un port pour y passer
pitres 27 et 28 des Actes, renferment au l'hiver, Act. 27, 12.
reste presque tous les détails relatifs à On a cru trouver une trace de la pira
la construction, aux agrès, et à la manœu terie dans une traduction nouvelle de Job
vre d'un vaisseau marchand, pendant la 24, 18.
VALLÉES. Une contrée aussi monta
période romaine. Les vaisseaux mar
chands étaient plus profonds et moins al gneuse que la Palestine, aussi acciden
longés que les vaisseaux de guerre; ils tée, devait renfermer un nombre consi
allaient plutôt à la voile qu'à la rame, tan dérable de vallées, de bas-fonds, de ra
dis que ceux-ci comptaient souvent de vins, et s'il en est nommé quelques-unes
deux à cinq rangs de rameurs (birèmes, dans la Bible, il en existait certainement
trirèmes, etc.). A la proue était l'ensei un beaucoup plus grand nombre encore.
VAL .433 VAL
Les Hébreux avaient, pour exprimer ces dente, au nord-ouest de la route de Ramla
enfoncements de terrain, quatre expres à Jérusalem, au sud-ouest de cette ville,
sions différentes : nachal, gaye ou gué, entre Soco et Azéka, avec un ruisseau
hémek, et bik'hah , qui exprimaient au qu'un pont traverse aujourd'hui.
tant de nuances différentes que nous ne 6° Autour de Jérusalem, et communi
pouvons cependant saisir que d'une ma niquant l'une avec l'autre, la vallée du
nière approximative. Nachal semble dési Cédron, le gué Hinnom et le hémek Ré
gner une vallée arrosée par un ruisseau, phaïm , cette dernière, très fertile, était
gaye un bas-fond sans irrigation régu sur les frontiéres de Juda, Jos, 15, 8. 18,
lière, hémek une plaine basse pouvant 16., non loin de Bahal Pératsim, 2 Sam.
servir de campement ou même de champ
5, 20., et de Béthléem, 2 Sam. 23, 13.;
de bataille , 1 Sam. 17, 2.2 Sam. 23, 13., elle s'ouvrait du côté du pays des Philis
bik'hah une plaine entourée d'une cou tins et était assez vaste pour renfermer
ronne de montagnes. La plupart des val tout un camp, 2 Sam. 23. On la montre
lées nommées dans l'Ecriture ne peuvent aujourd'hui au sud-ouest de Jérusalem, à
pas être décrites d'une manière exacte, gauche du chemin qui mène à Béthléem.
soit parce que le terrain n'a pas été ex 7° Au nord de Jérusalem on trouve la
ploré dans toutes les directions, les voya vallée royale, ou vallée du roi (hémek),
geurs suivant en général les routes tra Gen. 14, 17.2 Sam. 18, 18.
cées, et ne visitant que les lieux célèbres 8° Au nord-est de Jérusalem, la vallée
déjà explorés avant eux, soit parce que de Hacor, sur la frontière de Juda vers
les bourgs et les localités qui donnaient Benjamin, Jos. 7, 26. 15, 7.
leur noms à la vallée, ayant été détruits,
9° Dans la tribu de Benjamin, au nord
il n'est pas toujours possible de consta
ouest de la précédente, près de Micmas
ter à quelle vallée se rapporte l'ancien probablement à l'est, était la vallée des
nom des Ecritures. Nous nous bornerons et
donc à nommer, en allant du sud au nord,
Hyènes ou de Tsébohim, Néh. 11, 34.
C'est également près de là que devait
les principales vallées auxquelles se rat être la vallée des Harashim, ouvrier ou
tachent des souvenirs bibliques : s
manœuvres, Néh. 11, 35. cf. 1 Chr. 4,
1° Au sud-est, la vallée d'Hébron (hé 14., Où se trouvait colonie d'artisa
une ns
mek), près de la ville du même nom, cé fondée par Joab.
lèbre par le séjour de Jacob, Gen. 37, 14.
10° Près de Haï, vers la frontière nord
La moderne Hébron est adossée à une
de Benjamin, était un gué, qui probable
montagne ou colline, mais aucun voya ment portait
le nom de la ville, Jos. 8,
geur n'a donné une description exacte de 11.
la contrée qui l'entoure. 11o La vallée de Gabaon, près de la
2° Non loin de là, le nachal Escol, pro ville de ce nom, à la frontière ouest de
bablement à l'ouest de la ville , le torrent Benjamin, Es. 28, 21., assez spacieu
se
ne pouvait se jeter que dans lamer Morte; pour qu'une armée pût la traverser et se
cette vallée était célèbre par ses vigno rendre par Béthléem dans la vallée d'Aja
bles, Nomb. 13, 24. 32, 9. Deut. 1, 24. lon, Jos. 10, 12.
cf. Hen-Guédi.
12° Au centre de la Palestine on trou
3° Au sud-ouest, le gué Tsiphthah, vait la célèbre vallée de Jizréhel, q. v.
près de Marésa, vallée assez spacieuse 13° Au nord, sur la frontière d'Aser et
qui fut le témoin d'un engagement meur de Zabulon, la vallée de Jiphtahel, Jos.
trier; elle aboutissait du côté de Guérar, 19, 14.27.
et ouvrit à une armée égyptienne le che 14° Au-delà du Jourdain, la vallée de
min de la Judée, 2 Chr. 14, 9. Succoth (hémek), près de la ville du mê
4o A peu près dans la mème contrée, me nom, dans la vallée de Gad, Jos. 13,
au nord d'Eleuthéropolis, était le nachal 27., probablement celle que parcourt le
Sorek, Jug. 16, 4. Jabbok, cf. Gen. 33, 17. Ps. 60, 6.
5° Le hémek Elah, ou vallée des Téré 15° La vallée des Passants, Ez. 39, 11.,
binthes, n'était pas éloignée de la précé à l'est du lac de Génésareth; on croit que
II. 28
VEA 434 VEA
c'est la vallée située au sud de ce lac, et peu de jours après la promulgation de
près du village actuel de Szammagh, où la loi, Ex. 32, 4. Deut. 9, 21. cf. Néh. 9,
la rivière est guéable. 18. Ps. 106, 19. Act. 7, 41., et dont le
ll est parlé avec plus de détails, à cha culte fut renouvelé par Jéroboam après
que article, de celles de ces vallées qui son retour d'Egypte et son avénement au
sont le plus connues; v. aussi Méguiddo, trône d'Israël, 1 Rois 12, 28.32.2 Rois
Liban, etc. En dehors du territoire de la 10, 29. cf. 17, 16. Os. 8, 5. 10, 5. Tobie
terre sainte, il est parlé de la vallée du 1, 5., fut véritablement une importation
Sel, de celle de Sittim, et d'une vallée en égyptienne, une imitation du bœuf Apis,
Moab; v. ces articles et Netopha. symbole d'Osiris, ou du bœuf Mnévis,
VASIN. v. Abija 1°. symbole du soleil, dont l'un était adoré
VASTI, reine perse, sultane favorite à Memphis, l'autre à Héliopolis. Ce fut
d'Assuérus (Xercès), qui fut disgraciée sans doute l'image d'un de ces bœufs,
pour avoir noblement résisté à une sotte probablement celle d'Apis, qui servit de
et honteuse prétention de son époux ex modèle au veau d'or, quoique Philon es
alté par les vapeurs du vin, Est. 1. Elle time, par des raisons théologiques plutôt
donnait un festin à ses femmes pendant qu'historiques, que le veau représentait
qu'Assuérus avait réuni ses gentilshom le Typhon égyptien. On a fait de vains
mes, et le dernier jour, le tyran ivre, efforts pour disculper Aaron de sa parti
ayant voulu montrer son épouse aux cipation à ce dieu de fonte ; on a dit
hommes de sa cour pour leur faire ad qu'il avait voulu faire l'image (théocra
mirer sa beauté, elle refusa de paraître, tique) des chérubins, et que le peuple, se
ne doutant pas qu'Assuérus à jeun ne lui méprenant à cette ressemblance, crut re
sût gré de sa conduite et ne se repentît trouver ses souvenirs d'Egypte et l'ado
lui-même d'avoir oublié à ce point l'éti ra; d'autres estiment qu'Aaron, ayant
quette orientale et l'honneur de sa fem voulu fondre en lingot l'or apporté par
me. Mais les seigneurs prirent, séance te les Israélites, ce lingot se trouve acci
nante, contre elle, une résolution extrême dentellement avoir une forme de veau,
à laquelle Assuérus adhéra; elle fut dé que le peuple y vit un miracle, et adora ;
clarée rebelle à son mari, et indigne d'être d'autres encore disent qu'Aaron, voyant
plus longtemps son épouse. Assuérus ne le peuple entraîné par ses souvenirs, ré
tarda pas à la regretter, Est. 2, 1., mais clamer le culte d'Apis, le trompa en lui
il était déjà trop tard pour revenir en ar faisant de fausses concessions, qu'il lui
rière, et des ordres furent donnés pour donna une apparence de veau, mais qu'il
le choix d'une nouvelle sultane. La juive prit soin de bien rappeler que c'était l'E-
Ester succéda à la généreuse Vasti. — ternel qu'il fallait adorer. Concession ou
Josèphe et Justinien l'absolvent en s'ap non, ce qui est sûr, c'est qu'Aaron fut
puyant sur les coutumes de l'Orient; Ro coupable, et que cette idolâtrie, qui pous
senmuller et d'autres, s'appuyant d'un sait l'impudence jusqu'à s'étaler devant
passage d'Hérodote, 5, 18., pensent au le Sinaï, fut, non-seulement blâmée, mais
cOntraire, qu'elle a violé ces coutumes et sévèrement punie par la mort de 3,000
qu'elle eût dû paraître pour faire honneur hommes ; Aaron lui-même reconnut sOn
aux assistants. Chacun cependant se sent crime, et n'échappa que par l'interces
pressé de l'absoudre intérieurement : on sion de Moïse, à cette juste exécution.
admire sa conduite, et si l'on en croit La plus grande difficulté de toute cette
quelques interprètes juifs, tout ce qui histoire se trouve Ex. 32, 20., dans la
pourrait excuser Vasti n'est pas consigné pulvérisation du veau d'or (massif), qui
dans le livre d'Ester; l'antiquité profane fut brûlé au feu, moulu jusqu'à ce qu'il
offre d'autres exemples de fantaisies pa fût réduit en poudre, puis cette poudre
reilles, et des abominations ou des cruau répandue dans de l'eau, et donnée à boire
tés qui en ont été les suites. au peuple. On ne peut guère s'expliquer
VEAU. v. Bœuf.— Le veau d'or, adoré ce fait qu'en supposant à Moïse des con
par les Israélites, au pied même du Sinaï, naissances chimiques très étendues, qu'il
VEA A35 VEN

pouvait avoir puisées dans l'étude des fort ancienne, puisque ceux qui l'avaient
mystères et des sciences de l'Egypte. contractée étaient encore vivants.
On connaît, en effet, plusieurs moyens VEILLES de la nuit. Les Hébreux, com
d'obtenir ce résultat, soit la calcination me les Grecs et les Romains, partageaient
de l'or par le natron, soit sa dissolution les nuits en veilles de plusieurs heures,
par trois parties de sel de tartre et deux d'après les moments de relevée des gar
parties de soufre, soit sa fusion qui s'ob des de nuit. Avant l'exil, les Hébreux ne
tient à 32° du pyromètre de Wedgwood, comptaient que trois veilles, dont la pre
soit sa dissolution provoquée par du mière est nommée le commencement des
chlore dissous dans de l'eau. On peut le veilles, Lam. 2, 19.; la seconde est appe
dissoudre encOre en versant dans un ma lée la seconde garde , Jug. 7, 19., et la
tras deux parties d'acide hydrochlorique troisième la veille du matin, Ex. 14, 24.
et une partie d'acide azotique, et en plon 1 Sam. 11, 11. Pendant la période ro
geant de l'or solide dans le produit ainsi maine, les Juifs reçurent de leurs maîtres
obtenu : la présence du métal détermine la division de la nuit en quatre veilles
aussitôt un dégagement d'Oxyde d'azote, égales, indiquées Marc 13, 35., par ces
et le produit de la réaction est un chlo mots : le soir, minuit, l'heure que le coq
rure d'or ou la liquéfaction du métal chante, et le matin. Les rabbins ont con
(Berzélius). Selon M. Orfila, 8 parties tinué de n'admettre que trois divisions,
d'acide hydrochlorique à 22° de concen et ils regardent la quatrième comme ap
tration, et 2 parties d'acide azotique à partenant au jour; mais il ressort de Act.
4°, ajoutées l'une à l'autre, peuvent dis 12, 4. que le système romain était admis,
soudre, à l'aide d'une légère chaleur, 1,9 au moins militairement, par les Hérodes.
partie d'or (Traité de chimie, II, 273). v. La nuit étant tantôt plus courte, tantôt
encore Lettres de quelques Juifs portu plus longue, et les veilles s'adaptant par
gais, l, p. 80; Grandpierre, Essais sur le quarts à sa longueur, elles étaient elles
Pentat., p. 410 et suiv. — L'or, rendu mêmes plus ou moins longues, suivant la
potable par le soufre ou le natron, est dé saison, quoique toujours elles fussent di
· testable au goût, et, en faisant boire aux visées en trois heures. — Il est parlé,
coupables ces débris du veau d'or, Moïse Cant. 3, 3. 5, 7. cf. Ps. 127, 1., de gar
associait, en quelque sorte, à la condam des de nuit faisant le guet ; cette institu
nation de l'idolâtrie des souvenirs désa tion, d'ailleurs, est si naturelle chez un
gréables qui, par liaison d'idées, devaient peuple policé, qu'on l'aurait devinée en
rendre odieuse toute réminiscence de ce l'absence de tout témoignage.
culte. L'amère libation couronnait digne VENGEANCE. C'est sous ce nom qu'il
ment des fètes impies. est parlé, Act. 28, 4., de la déesse grec
Le culte du veau d'or est fréquemment que et romaine de la Justice (Aiza), fille
rappelé dans Osée, et sous différentes de Jupiter et de Thémis, presque égale
formes, 8, 5. 6. 10, 5. 13, 2. 14.2., etc. au premier, à la puissance (c'est, en ger
· Plusieurs de ces passages ont même exer me, la distinction des pouvoirs, la justi
cé la sagacité des interprètes, qui y ont ce indépendante de l'Etat). Comme puis
vu des sens nouveaux et des choses nou sance vengeresse, elle est souvent con
velles. v. les Commentaires. fondue avec Némésis ; on lui attribuait
Jér. 34, 18. 19. renferme une allusion spécialement la punition du meurtre, Eu
à un usage dont nous trouvons déjà les rip., Médée,1390.Sophoc., OEdip.à Col.,
traces Gen. 15, 9-17. En passant par les 1384, Les Hébreux et les chrétiens ne
deux moitiés des victimes placées l'une connaissent pas cette divinité; ils se rap
vis-à-vis de l'autre, les parties contrac pellent qu'elle n'est qu'un attribut de
tantes déclaraient leur intention de per Dieu, que c'est à Dieu seul que la ven
dre la vie comme la victime, si elles vio geance appartient, que l'homme ne sau
laient leur foi. v. Alliance. On ne sait rait se faire justice à lui-même. Le chré
quand fut jurée l'alliance dont il est par tien reconnaît cette vérité sans restric
lé dans ce passage; mais elle n'était pas tion, le Juifl'admettait comme règle gé
VEN 436 VEN

nérale, à deux exceptions près : le talion plusieurs directions diflérentes, les Is


légal qui reconnaît le droit de vengeance, raélites, s'en tenant à une division facile
mais pour le modérer, et le droit du goël, , et grossière, n'ont jamais compté que
Ou vengeur, q. V. quatre espèces de vents différents, cor
VENGEUR du sang. C'est ainsi que respondant aux quatre points cardinaux,
l'on désignait (en hébreu, goël) le plus Jér. 49, 36, Dan. 7, 2.8, 8. Zach. 2, 6.
proche parent d'un homme assassiné, Matth. 24, 31- Apoc. 7, 1., d'où l'on au
parce que la loi lui accordait le droit de rait tort cependant de conclure, comme
venger la mort du défunt dans le sang du l'ont fait assez légèrement quelques théo
meurtrier partout où il le rencontrerait, logiens, qu'ils aient regardé la terre com
sauf dans les lieux consacrés sous le nom me carrée, puisque nous-mêmes qui ad
de villes de refuge, q. v., 2Sam. 14,7.11. mettons sa rotondité, nous tenons un lan
La justice restait inerte dans ces cas; elle gage semblable aul leur. Les vents sont
se taisait, et laissait faire , le vengeur tà assez réguliers en Palestine quant à leur
chait de venger, le coupable tâchait de direction, leur durée et leuriiinfluence,
fuir ; l'un et l'autre étaient protégés, ou, quoique l'on ne possède pas encore d'ob
pour mieux dire, abandonnés à eux-mê servations météorologiques suffisantesqui
mes. Cette coutume , déjà fort ancienne permettent d'indiquer, mois par mois,
parmi les Hébreux, Gen. 27, 45. cf. 4, 14., l'ordre de leur succession. Levent d'ouest,
et maintenant encore en usage chez un ou sud-ouest, qui souffle de la Méditer
grand nombre de peuples de l'Orient, les ranée, est humide et amène ordinaire
Arabes, les Perses, les Abyssins, les ment la pluie, 1 Rois 18, 44. Luc 12,54 ;
Druses, les Circassiens, présente de trop il règne de novembre en mars, et préside
graves inconvénients, et donne trop de à l'hiver. Le vent du sud, ou sud-est (thé
facilités aux vengeances particulières pour man), apporte les chaleurs du désert d'A-
que Moïse ne sentît pas le besoin de res rabie qu'il vient de traverser, et donne
treindre considérablement l'exercice d'uIl à l'équinoxe du printemps une chaleur de
pareil droit. C'est ce qu'il fit par l'établis 16°-36°; il souffle d'ordinaire en mars
sement des villes de refuge. Le meur pendant trois jours, et s'affaiblit à mesure
trier qui pouvait en atteindre une avant qu'il s'avance vers le nord ou qu'il s'élè
d'avoir été frappé, retombait sous le pou ve sur les montagnes. Le vent d'est (ka
voir de la justice ordinaire ; coupable dim) sort des steppes de l'Arabie déserte
d'un meurtre commis avec intention, il et des sables de la Syrie, Jér. 13, 24.; il
était puni par les lois ; coupable d'inad est particulièrement violent, Job 1, 49,
vertance ou d'imprudence , il échappait 27 , 21. Es. 27, 8. cf. Ps. 48, 7. Ez. 27,
encore au vengeur aussi longtemps qu'il 26., et, par sa sécheresse, exerce une ac
restait dans la ville, Ex. 21, 13. Nomb. tion délétère sur la végétation,Ez. 17,40,
35, 9. Deut. 19, 1. Mais le vengeur con 19, 12.Os. 13, 15. Jacq. 4, 11. cf. Jonas
servait ses droits jusqu'au moment où le 4, 8. Il n'est pas sans quelques rapports
meurtrier entrait dans la ville, et il les re avec le terrible simoûn de l'Arabie, et .
couvrait si le coupable quittait la ville quoique celui-ci ne souffle pas d'ordinaire
avant la mort du souverain sacrificateur. en Palestine, quelques auteurs croient
VENIN. v, Pois0n. qu'il est indiqué Ps. 11, 6. 91, 6. Nomb.
VENT. Dans un pays situé comme la 11, 1. Le vent d'orient règne pendant les
la Palestine, entre la mer et le désert, mois d'été jusqu'en juin. La bise, ou vent
garni de montagnes et de vallées, les du nord (tsaphôn), ou nord-ouest, ap
vents jouent un rôle assez considérable, porte avec elle la fraîcheur, Cant. 4, 16.,
soit par leurs rapports avec la tempéra et même le froid, Sir. 43, 22.; elle chasse
ture en général, soit par leur influence la pluie, Prov. 25, 23., et dessèche la terre
sur l'agriculture, pour qu'on ait examiné et la végétation : c'est souvent à l'équi
de bonne heure leurs caractères, et recher noxe d'automne qu'elle se lève, et elle
ché leur périodicité. Bien qu'on puisse règne d'ordinaire pendant trois jours con
compter en Palestine des vents venant de sécutifs. L'Ecriture mentionne encore la
, J ii '
• l' º
- VER º, · 437 | *•4 * , , , VER
brise du matin et du soir, qui vient assez un ver physique, corporel ; Bernard hé
régulièrement tempérer les trop grandes site, ou plutôt favorise alternativement
chaleurs des jours de l'Orient, Gen. 3,8. l'une et l'autre manière de voir.
Cant. 2, 17., et les tourbillons de la Pa Act. 12, 23. Hérode Agrippa I meurt
lestine (soupha), qui soulèvent des nua rongé des vers. Pareille chose était arri
ges de poussière, et obscurcissent l'at vée à Antiochus Epiphanes, 2 Macc. 9, 5.,
mosphère, Es. 17, 13. Job 21, 18. Le lac et arriva plus tard, selon Lactance, à l'em
de Tibériade est exposé à de fréquents pereur romain Maximin. Au dire de Jo
orages qui semblent sortir des monta sèphe, la dernière maladie d'Hérode le
gnes, et qui, parleur violence, ne déjouent Grand aurait présenté des caractères ana
que trop souvent les efforts et les prévi logues. Enfin il est parlé dans Hérodote
sions des mariniers, Jean 6, 18. Matth. 8, 4, 205., d'une princesse africaine qui
26. 14,24.La soudaineté de ces orages, mourut de la même manière. Il est diffi
que rien n'a pu expliquer encore, est un cile d'expliquer ce genre de mort, car il
phénomène que l'on remarque sur un est complétement inconnu de la médecine
grand nombre de lacs entourés de hautes moderne, et les anciens n'en font pas da
montagnes : il est frappant à l'extrémité
vantage mention. On ne saurait voir dans
orientale du lac de Genève , et sur le lac
les prodiges qui frappèrent Hérode un
des Quatre-Cantons en Suisse. Les deux simple développement en nombre et en
vents nommés Act. 27, 12. (en grec )i p grosseur, des vers intestinaux qui, dans
et xoco;), sont ceux du sud-ouest et du certains cas, pourraient aller jusqu'à ron
nord-ouest. L'Euroclydon de Act. 27, 14. ger les entrailles, ce que quelques méde
n'est pas un vent régulier, mais une es cins regardent tout au plus comme pos
pèce de vent orageux soufflant du sud-est sible, et d'autres comme fort douteux. On
(et non du nord-est, comme le portent n'a jamais vu ces vers intestinaux ronger
quelques versions), v. Plin. 2, 48. Un vent les muscles et paraître du dedans au de
du sud-ouest poussa le vaisseau de Paul hors ; ils n'ont jamais traversé une char
de Reggio à Pouzzoles. pente humaine vivante. Il serait plus sim
Un même mot, rouach, désigne, en hé ple peut-être de rapprocher la maladie
breu, l'esprit et le vent (le souffle) ; dans d'Hérode d'un phénomène qui a déjà été
la plupart des passages, le sens de la remarqué. A la suite d'ulcères et d'abcès
phrase explique suffisamment le sens du fort douloureux, on a vu quelquefois des
mot; dans d'autres, comme Gen. 1, 2. vers très petits se former en fort grand
(v. Schrœder), Es. 40, 7. cf. 1 Pier. 1, nombre et ronger la peau et les chairs
24. Jacq. 1, 11., les interprètes ne sont tout à l'entour; d'autres fois des animal
pas d'accord s'il s'agit de l'Esprit de l'E- cules se sont engendrés dans un sang fort
ternel ou d'un vent violent envoyé de corrompu et se sont fait jour par toutes
Dieu. les ouvertures, par le nez, les yeux, la
º VENUS, v. Méni. vessie, etc. : ce dernier cas est toujours
VER, vermisseau. Image de ce qu'il mortel. Mais ce ne sont là que des ana
y a de plus chétif et de plus misérable ; logies dont on ne peut rien tirer de cer
c'est l'image de l'homme et du fils de tain pour le passage des Actes. L'enten
l'homme, Ps. 22,6. Job 25, 6. Ce fut aussi dre de la maladie pédiculaire, c'est sub
l'image des Hébreux menacés et envahis stituer une hypothèse à une incertitude.
par l'étranger, Es. 41, 14. C'est enfin Nous hésitons d'autant moins à regarder
l'une des images employées pour dépein ces cas de maladie comme des phénomè
dre les peines à venir, Es. 66, 24. Marc nes providentiels, que l'on compte par
9, 44.46. Origène et Ambroise pensent mi les victimes de cette maladie un grand
que ce ver n'est qu'une métaphore qui re nombre de ceux qui ont persécuté l'E-
présente les remords de la conscience ; glise, notamment parmi les bourreaux
Augustin, Chrysostome, Cyrille, Théo des réformés en France, entre le règne
phylacte, Anselme, etc., sans condamner de François Ier et celui de Henri lV.
l'opinion contraire , se prononcent pour v. Jurieu, Apol. pour la Réforme. T. I.
VER 438 VET

VERGE, mesure de longueur, q. v.— VESCE, plante traînante dont les feuil
On a beaucoup parlé de la verge de Moï les sont longuettes et étroites, les fleurs
se qu'on a voulu retrouver dans le cadu rougeâtres et quelquefois blanches, les
cée de Mercure, et de la verge d'Aaron gousses semblables à celles des pois, mais
que des savants, guidés par un mot d'Eu plus courtes et plus grêles ; ses grains
ripide, ont cru être devenue le thyrse de ronds et noirâtres servent à la nourriture
Bacchus. La verge de Moïse, instrument des pigeons. C'est par ce mot que nos
de ses premiers miracles, Ex. 4, 2. 14, versions ont traduit l'hébreu kètsach,
16. 17, 5., n'a pas laissé de traces histo Es. 28, 25.27.; mais il est plus proba
riques ; dom Calmet lui-même, tout en gellable que ce mot désigne la nielle, le, ni
melanthium. •'
supposant que Moïse l'a léguée à Josué,
reconnaît qu'on n'en a pas de preuves, VÊTEMENTS. On peutvoir les articles
et la regarde comme perdue. La verge spéciaux pour les détails : ici quelques
d'Aaron, qui fleurit miraculeusement lors remarques générales suffiront. L'Ecriture
de la rébellion de Coré, Nomb. 17, 8., qui nomme diverses pièces de vêtements,
fut placée dans le tabernacle, peut-être ne parle nulle part de leur forme et de
dans l'arche, en souvenir de cet événe leur coupe, à l'exception de ce qui con
ment, Nomb. 17, 10. Hébr. 9, 4. cf. 1 Rois cerne les prêtres et le souverain sacrifi
8, 9. On l'adore à Rome dans Saint-Jean cateur ; mais on peut conchure de l'usage
de-Latran comme une précieuse relique ; général de l'Orient ancien et moderne,
mais elle ne porte plus ni feuilles, ni et des besoins du climat , que les vête
fleurs, ni boutons; les Egyptiens ont ments des Juifs étaient amples et à lar
également prétendu en posséder les res ges replis; les modes changent peu, lors
tes dans le temple d'Isis, et lui ont pareil qu'elles sont indiquées ou commandées
lement rendu un culte religieux. par la nature : et quelques bas-reliefs re
VERRE. Il n'est pas douteux que les trouvés à Babylone, à Persépolis, et dans
Israélites n'aient appris de bonne heure les nécropoles de Thèbes, confirment ce
à connaître ce produit de l'industrie phé que l'induction fait soupçonner. Le cos
nicienne : leurs relations de voisinage et tume des femmes ne différait pas essen
de commerce ne purent leur laisser igno tiellement de celui des hommes : quel
rer longtemps une découverte aussi re ques pièces de plus, quelques ornements,
marquable qu'utile, et nous voyons déjà peut-être une étoffe plus fine et plus ri
le verre mentionné dans Job 28, 17., sous che, servaient à distinguer les deux sexes,
le nom de zekoukith, quoique quelques et la défense faite aux hommes de se dé
interprètes pensent que ce nom désigne guiser en femmes, ou l'inverse, Deut. 22,
le cristal de roche, et que nos versions 5., ne porte que sur ces quelques carac
(et Luther) l'aient rendu par diamant. Les tères extérieurs, et non sur un costume
Arabes actuels n'ont qu'un mOt pOur dé complet : cette défense n'avait d'autre
signer le cristal et le verre, et il est pos but que de prévenir les désordres que
sible qu'il en ait été de même des Hé provoquent si souvent les méprises et
breux. D'après le Targum de Jonathan , les quiproquos des mascarades.
c'est aussi au verre que Moïse fait allu La confection des habits fut dans pres
sion dans la bénédiction de Zabulon et que tous les temps l'une des occupations
d'Issacar, lorsqu'il dit qu'ils suceront l'a- des femmes, et même des plus distin
bondance de la mer, et les choses les plus guées par leur rang, 1 Sam. 2, 19. Prov.
cachées dans le sable, Deut. 33, 19. Il 31, 21. Act. 9, 39. L'exemple de Péné
est enfin parlé de verre dans le Nouveau lope montre qu'il en était de même chez
Testament, Apoc. 21. 18. 21. cf. 4, 6. d'autres peuples de l'ancien monde. Chez
15, 2. Les anciens ne s'en servirent pen les Juifs, l'ensemble du costume se com
dant longtemps que pour faire des vais posait de deux parties principales : 1° le
seaux à boire et des vases à liqueur : l'u- vêtement de dessous, espèce de robe ou
sage des fenêtres et des miroirs ne fut de tunique, nommée en hébreu k'toneth,
introduit que plus tard. que l'on retenait autour du corps au
VET 4.39 VET

moyen d'une ceinture, et qui recouvrait blancs, de lin ou de coton, étaient égale
quelquefois une chemise de lin (hébreu, ment considérés comme très précieux, et
sadin), Jug. 14, 12. Prov. 31, 24. Es. 3, cette couleur, le symbole de l'innocence,
23., passages qui sont les uns et les au est recommandée par Salomon, dans un
tres traduits dans nos versions de ma sens figuré, à celui qui veut vivre juste
nière à écarter ce dernier mot; les riches ment, Eccl. 9, 8. Le vêtement du Christ
n'étaient pas seuls à posséder ce vête transfiguré devint tout blanc, Luc 9, 29.,
tement nécessaire : la classe ouvrière, les et les anges qui apparurent aux femmes,
pêcheurs en particulier, portaient aussi après la résurrection, sont représentés
des chemises, de manière à pouvoir au comme vêtus de robes blanches, Matth.
besoin jeter la tunique en arrière pour 28, 3.; mais, dans ces deux cas, la cou
faciliter les mouvements, sans être tout leur exprime plutôt la splendeur, le rayon
à fait nus; dans ce dernier cas, cepen nement de la pure lumière du ciel, cf. Luc
dant, lorsqu'un homme n'avait plus que 24, 4. D'après la loi de Moïse, les prê
sa chemise, on disait souvent qu'il était tres seuls pouvaient être vêtus de blanc.
nu, 1 Sam. 19, 24.2 Sam. 6, 20. Es. 20, Il paraît que, sous les derniers rois, un
2. Jean 21, 7. Les grands et les hommes luxe dévergondé s'introduisit dans l'ha
en voyage portaient quelquefois aussi billement, Jér. 4, 30. Lam. 4, 5. Soph. 1,
deux tuniques, dont l'une supérieure et 8.; c'est un caractère de toutes les épo
avec des manches (mahatapha) était tou ques de décadence, et il durait encore
jours plus grande que celle de dessous, parmi les Juifs au temps des apôtres,
qui était sans manches (mehil), 1 Sam. 1 Timoth. 2, 9. 1 Pierr. 3, 3. Jacq. 2, 2.
15, 27. 18, 4. 24, 5. Esaïe 3, 22.; mais Des personnes soi-disantpieuses suivaient
cette habitude fut toujours considérée la mode à cet égard , et ne faisaient dis
comme une affaire de luxe, Matth. 10, 10. parate que par leur mise recherchée, Luc
Marc 6, 9. Luc 3, 11. 9, 3. — 2° Un vête 20, 46. cf. Matth. 23, 5. -

ment de dessus, ou manteau (simla, bè Les Orientaux ont toujours aimé chan
ged, etc.). Cette pièce, qui était la plus ger fréquemment d'habits, Gen. 41, 14.
apparente, variait aussi le plus dans sa 1 Sam. 28, 8.2 Sam. 12, 20.; les riches
forme, et avait différents noms suivant sa Hébreux avaient ordinairement une gar
coupe, sa finesse, le sexe qui devait s'en de-robe bien montée et un grand nombre
servir, etc. En général, c'était un vête de vêtements de rechange, Es. 3, 6.7. Job
ment très ample, mais qu'on a eu tort de 27, 16. Luc 15, 22. Les rois, en particu
croire régulièrement doublé de fourrures, lier, avaient, comme ils ont encore au
d'après Gen. 25, 25. Zach. 13, 4., quoi jourd'hui, des provisions d'habits de cé
† aujourd'hui encore, même en été, les rémonie destinés à être offerts en ca
rientaux, et notamment les Turcs, ai deaux, 1 Sam. 18, 4.2 Rois 5, 5. Est. 4,
ment à se couvrir de riches pelisses.Ces 4. 6, 8. 11. La souillure légale motivait
deux passages citent un vêtement parti un changement de vêtements, Lév. 6, 11.
culier qui, bien loin de faire règle, sem 27. 11, 25. 15, 13. cf. Gen. 35, 2.
ble précisément n'être indiqué que com Pendant le deuil, les Juifs s'habillaient
me exception. L'ampleur du manteau p0u de vêtements grossiers, de couleur fon
Vait, à l'occasion, servir de poche ou de cée et sans ampleur. Les prophètes por
Sac, Ruth 3, 15. Ps. 79, 12. Luc 6, 38. La taient un costume analogue, à cause du
robe qui fut donnée à Joseph par son père, sérieux de leur vie, 2 Rois 1, 7.8. Matth.
et celle que portait Tamar, Gen. 37, 3.2 4.
Sam. 13, 18. (hébr. passim), étaient pro 3, V. encore Accouplement, Lèpre (des
bablement des manteaux bigarrés de di étoffes), Rois, Soulier, Turban, etc.
verses couleurs et de broderies; ils étaient Deut. 8, 4. peut s'entendre littérale
extrêmement recherchés, Jug. 5, 28. 8, ment d'une miraculeuse préservation des
26.2 Sam. 1, 24. Prov. 31, 22. Est. 8, 15t vêtements des Israélites dans le désert,
Ez. 16, 10. On les faisait, en partie, ve ou, d'une manière plus simple, du soin
nir du dehors, Soph. 1, 8. Les vêtements merveilleux avec lequel Dieu pourvut à
VEU 440 VEU

cette partie des besoins d'Israël. La pre mort sans enfants, v. Lévirat, la loi de
mière interprétation, quoique plus simple Moïse renfermait encore en faveur des
en apparence, offre plusieurs difficultés de veuves les prescriptions suivantes : 1°
détail : les vêtements grandissaient-ils, Comme les étrangers et les orphelins, les
grossissaient-ils avec ceux qui les por veuves devaient être invitées aux festins
taient ? Comment les enfants nouveau d'actions de grâces et au repas des di
nés étaient-ils vêtus ? Que devenaient les mes, Deut 16, 11. 12, 18. 26, 12.—2° Il
habits de ceux qui mouraient 9 etc. La leur revenait de droit quelques gianures
seconde opinion n'est pas contraire au de la moisson, Deut. 24, 19. —3° Leur
texte, et se rapproche davantage, quant vêtement, comme aucun ustensile néces
à l'esprit, de ce qu'on remarque dans la saire, ne pouvait être pris pour gage,
conduite ordinaire de Dieu envers son Deut. 24, 17. cf. Job 24, 3.21.
peuple. Le veuvage, de même que la stérilité,
Jean 19, 23. La robe sans couture a étaient peu estimés en Israël, Es. 54, 4.,
beaucoup préoccupé les interprètes, mais à moins d'être volontaire et de provenir
à tort; elle avait été faite au métier, et de l'affection d'une veuve pour la mémoire
l'art du tisserand était déjà assez perfec de son époux décédé. On supposait qu'une
tionné anciennement pour que de pareils femme qui ne trouvait pas un second
travaux qui, aujourd'hui, ne sont qu'un mari, avait quelque défaut secret, ou une
jeu, pussent être exécutés. Josèphe dé réputation équivoque. La loi cependant
crit, comme étant sans couture, la robe recommandait les veuves au respect pu
du souverain sacrificateur (Ant. 3, 6.), et blic, et à la justice des magistrats, Ex.
l'on en connaissait de diverses espèces, 22, 22. Deut. 10, 18. 27, 19. Zach. 7, 10.
les unes n'ayant d'ouverture que pour Mais les Juifs ne tinrent pas longtemps
passer la tête, d'autres en ayant aussi compte d'une recommandation qui frois
pour les bras. — Cette fameuse robe, que sait leurs préjugés, et ils méritèrent plus
Calvin appelle saye ou hoqueton, est pré d'une fois les reproches des prophètes,
sentement à Trèves et à Argenteuil : le Job 22, 9. 24, 3.21. Es. 10, 2.Jér. 7, 6.
premier de ces deux exemplaires a déchi 22, 3.Ez. 22, 7. Mal. 3, 5. Matth. 23, 14.
ré la grave Allemagne, et le nom de Ron cf. Luc 18, 3.sq.
ge lui est asssocié pour toujours par con Il était défendu au souverain sacrifica
traste. La robe de Trèves n'est d'ailleurs teur d'épouser une veuve, Lév. 21, 14.,
pas une tunique, mais une chasuble, ce parce qu'une idée de pureté et de virgi
qui ajouterait à l'invraisemblance de l'im nité devait l'entourer dans sa personne et
posture s'il était nécessaire d'y ajouter dans tous ses actes. Il semblerait même
quelque chose. résulter de Ez. 44, 22., que par la suite
En fait de vêtements grecs et romains, cette interdiction s'étendit également
nous ne trouvons mentionné dans les aux simples prêtres, ce qui n'est pas ah
Apocryphes, que la chlamys, vaste man solument prouvé, mais ce qui cadrerait
teau dont se servaient les chasseurs, les assez avec l'esprit généralement rigoriste
soldats, et surtout les cavaliers, 2 Macc. des Juifs des derniers temps. La tradition
12, 35.; dans le Nouveau Testament, tendait à remplacer la loi.
un manteau de voyage, 2 Tim. 4, 13., que On ne saurait conclure de Gen. 38,
les Romains mettaient par dessus la tuni 24., comme on l'a voulu faire, que les
que, et qui était garni d'un capuchon veuves qui tombaient sous la loi du lévi
pour préserver la tête de la pluie ou du rat, mais qui, n'en admettant pas les bé
froid, et le manteau d'écarlate, Matth. 27, néfices, se livraient à un autre homme que
28., manteau de laine teinte que portaient leur beau-frère, fussent condamnées au
ordinairement les généraux et les offi feu comme adultères, et que la loi de Moise
ciers romains, et même les empereurs ait, par son silence, sanctionné cette bar
jusqu'au temps de Dioclétien. bare coutume. Il est vrai qu'en renonçant
VEUVES. Outre l'obligation pour un aux avantages du lévirat, elles ne remplis
frère d'épouser la veuve de son frère saient pas le but de la loi, et qu'elles meri

-
VIG 441 VIG
taient un châtiment sévère en anéantissant lité, que par l'abondance et la grosseur
ainsi le nom de leur époux, mais c'était des grains. La vigne est en conséquence
aux parents de ce dernier qu'était donné nommée très souvent au nombre des
l'ordre de veiller à perpétuer la race de principaux produits de la Palestine, Gen.
leur frère ; la veuve était, pour ainsi dire, 49, 11. Deut. 6, 11. 8, 8. Nomb. 16, 14.
hors de cause, elle était passive, et quand Jos. 24, 13. 1 Sam. 8, 14., à côté du fi
la loi ne la frappe pas solennellement, on guier, Jér. 5, 17.Os. 2, 12. 2 Rois 18,
ne peut supposer qu'elle la frappe sans 32., et de l'olivier, Jos. 24, 13. 1 Sam. 8,
l'avertir, et de la peine la plus cruelle. 14. 2 Rois 5, 26.; elle ne manque presque
Les veuves des rois ne pouvaient pas jamais d'être mentionnée dans les prophé
se remarier, et ceux qui aspiraient à les ties qui promettent le bonheur au pays,
épouser passaient pourcandidats au trône, ou qui le menacent d'être désolé ; v. en
et risquaient leur tête, 1 Rois 2, 13-17. core Es. 7, 23. 61, 5. Zach. 8, 12. Mal. 3,
cf. 2 Sam. 16, 21. 20, 3. 11. L'expression être assis sous sa vigne,
Job. 27, 15. et Ps. 78, 64. représen ou manger du fruit de sa vigne, est l'i-
tent comme un grand malheur pour un mage de la paix et de la prospérité, 1 Rois
homme de mourir sans être pleuré par sa 4, 25. Mich. 4, 4. Zach. 3, 10.
femme ; on sait que les lamentations des On comptait un grand nombre de vi
veuves faisaient une partie importante gnobles dont quelques-uns ont conservé
des funérailles chez les anciens. jusqu'à nos jours des droits à une bonne
Le Nouveau Testament perpétue les réputation; les plus célèbres étaient ceux
traditions de l'Ancien quant au soin à de Hen-Guédi, ceux d'Hébron situés dans
prendre des veuves, 1 Tim. 5, 3-9. Celles la vallée des Raisins, ceux de Sichem,
qui sont vraiment veuves doivent être de Carmel , du Liban, ceux de la contrée
assistées par l'Eglise ; elles doivent en transjourdaine, Es. 16, 8. Jér. 48, 32.,
même temps se rendre utiles par leurs ceux des rives du lac de Génésareth, etc.
conseils, et faire participer les jeunes v. ces différents articles; cf. encore 1 '
femmes aux fruits de leur expérience, cf. Sam. 8, 14. Jér. 39, 10. 2 Rois 25, 12.
Tite 2, 3.4. Néh. 5, 3.4.5.11. Plusieurs villes avaient
Il a été dit quelques mots, à l'art. Ma même tiré leur nom des vignobles (ké
riage, du veuvage et des secondes noces. rem) qui les entouraient, Abelkeramim,
Toutes les questions morales qui se rat Bethkérem, etc. C'était ordinairement sur
tachent à ce sujet sont traitées de main des hauteurs que l'on plantait la vigne,
de maître , et avec un tact parfait , dans Es. 5, 1. Jér. 31, 5. Am. 9, 13. Virg.
l'ouvrage intitulé Veuvage et Célibat (Ge Georg. 2, 113.; quelquefois cependant on
nève, 1848); c'est , malgré son intérêt en trouvait aussi dans les plaines. Chaque
comme lecture, un bon traité de théolo vignoble était entouré d'une haie ou mê
gie sur la matière. me d'un mur destiné à le protéger contre
VIANDE. v. Chair. les animaux des champs, sauvages ou mon,
VIGNES. La vigne était l'un des prin renards, lièvres, chèvres, chacals , etc.,
cipaux objets de la culture israélite, com Cant.2.15. Es. 5, 5. Matth. 21, 33.Nomb.
me on trouvait également, dans les con 22, 24. Prov. 24, 31. Ps. 80, 12. cf. Virg.
trées environnantes, des vignobles esti Georg. 2, 371. 380. Theocrit. 1, 48. 5,
més : dans le pays des Philistins, Jug. 14, 112 Une ou plusieurs tours servaient de
5.15, 5.; en Edom, Nomb. 20, 17.21,22.; logement soit aux vignerons, soit aux
en Moab, Nomb. 22, 24. cf. Es. 16, 8.: en maîtres, Es. 1, 8. 5, 2. Matth. 21, 33.; on
Hammon, Jug. 11, 33.; en Egypte, Nomb. veillait de là à ce qu'il ne se fît aucun dé
20, 5.; en Phénicie, Plin. 14,9.; en Syrie, gât dans la vigne, Cant. 1, 6., mais on
Strabon 15, 735. Le sol de la Palestine, n'avait pas le droit d'empêcher les pas
ses coteaux tournés vers le soleil, son cli sants de cueillir autant de raisin qu'ils en
mat, étaient particulièrement favorables à pouvaient manger, Deut. 23, 24. Les ceps
la culture de la vigne, dont le fruit se dis de la Palestine se distinguaient, et se dis
tinguait autant par la douceur et la qua tinguent encore aujourd'hui par leur hau
VIC 442 V[G

teur et leur force, Ps. 80, 11.; un voya me dans tous les pays de vignobles, à
geur moderne trouva sur le versant mé de grandes réjouissances, Jug. 9, 27. Es.
ridional du Liban, un cep de vigne qui 16, 10. Jér. 25, 30. On cueillait les rai
avait 10 mètres de hauteur, et 0m, 50 de sins, que l'on déposait d'abord dans des
diamètre; ses rameaux s'étendaient tout corbeilles : puis on les portait au pressoir,
autOur, et cOuvraient de leur ombre un avec des chants et des cris de jubilation,
espace de 16 à 18 mètres de terrain en Jér. 6, 9. On prélevait les prémices et
longueur et en largeur. Les ceps de la la dîme sur le moût, Deut, 18, 4. Néh. 10,
Cœlésyrie atteignent, d'après Belon, une 37. 13, 5.12., que l'on enfermait dans des
hauteur moyenne de 4 mètres. Ils portent outres de peaux, Job. 32, 19. Matth. 9,
pour la plupart des grappes rouges, Prov. 17. Marc 2, 22., ou dans de grandes cru
23, 31. cf. Gen. 49, 11. Deut. 32, 14., et ches de grès, dont on se sert encore en
en général fort grosses, Nomb. 13, 24.; Orient : on l'y laissait fermenter, quel
on en voit même encore qui ont jusqu'à quefois on le cuisait en sirop; v. Miel.
1 mètre de longueur, qui pèsent 6 kilog., On buvait aussi le moût avant qu'il eût
et dont les grains sont comme de pe fermenté, Os. 4, 11. Joel 1, 5. Quand le
tites prunes; Schulz raconte que quelque vin était bien cuit, on avait l'habitude de
fois, surtout vers le sud, on coupe une le transvaser pour le purifier et l'amélio
grappe, qu'on la pose sur une planchette, rer; Jér. 48, 11. renferme une allusion à
et que les amis, assis autour, en cueillent cet usage. **

les fruits, qu'ils mangent avec un peu de La loi contenait, au sujet de la vigne,
pain pour leur repas. L'espèce de raisin les prescriptions suivantes : 1° Tout vi
le plus estimé paraît avoir été le sorek ou gnoble était soumis au repos de l'année
soreka, Gen. 49, 11. Es. 5, 2. Jér. 2, 21. sabbatique, Ex. 23, 11. Lév. 25, 3. —
Kimhi, dans son livre des racines, dit que 2o Il était défendu de Semer aucune es
c'est une espèce de raisin dont les grains pèce de grain au milieu d'un vignoble,
sont fort petits et fort doux ; on assure soit qu'il s'agisse, dans ce passage, d'un
même qu'ils ne contiennent point de pe enclos de blé renfermé dans un plant de
pins, ce qui doit être entendu en ce sens vigne, soit plutôt qu'il soit question d'é-
que ces pepins sont si petits et si tendres puiser la terre en semant du blé dans les
qu'on ne les aperçoit pas. C'est apparem chemins de la vigne, entre les lignes des
ment la même espèce qui porte encore huttins, comme cela se fait en diverses
aujourd'hui au Maroc le nom de serki; on contrées, Deut. 22, 9. La confiscation de
la trouve également en Syrie et en Arabie la récolte punissait tout délit de cette na
sons un nom semblable. On a fort peu de ture. Outre l'idée générale du législateur.
détails sur la manière dont les Hébreux qui voulait prévenir des mélanges hétéro
cultivaient la vigne, comment ils en aug gènes, v. Accouplements, le but de cette
mentaient et multipliaient les plants, s'ils défense était de ménager le sol, de ne
la laissaient traîner à terre comme cela pas l'épuiser, de ne pas nuire non plus à
se fait dans presque tout l'Orient, s'ils l'un des produits en détournant une par
la dressaient en huttins ou cordons, ou tie des Sucs de la terre vers un autre tra
s'ils la soutenaient par des appuis donnés vail. Spencer croit, d'après un passage de
à chaque cep. Il résulterait de Ez. 17, 7. Maïmonides, que Moïse voulait prémunir
Psaum. 80, 11., que la vigne était souvent les Juifs contre l'idolâtrie, les Sabéens,
soutenue, soit par un échalas, soit par et les Arabes ayant coutume de mêler
un arbre autour duquel elle entrelaçait ainsi dans leurs champs la vigne et le
ses sarments, comme cela se voit encore blé, pour les mettre sous le patronage
parfois en Palestine, et au sud de l'Eu réuni de Cérès et de Bacchus; mais c'est
rope. On émondait les ceps avec une une supposition aussi hasardée qu'inu
serpe, on retournait la terre, on l'épier tile. — 3° Le propriétaire n'avait pas le
rait, Jean 15, 2. Luc 13, 8. Es. 5, 2. La droit de faire une vendange minutieuse,
vendange commençait en septembre et fi il devait abandonner les grappillages aux
nissait en octobre, et donnait lieu , com pauvres et aux étrangers, Lév. 19, 10.
V1G 443 VIL

Deut. 24, 21. — 4° Les passants avaient le lorsqu'ils mûrissent, ce qui est rare : v.
droit de cueillir pour leur usage et pour Es. 5, 2. 4.
les consommer en chemin, les fruits La vigne de Naboth est devenue l'image
qui bordaient la route, Deut. 23, 24. — de tout bien enlevé au pauvre par la
5° Celui qui avait planté une vigne, mais puissante méchanceté du riche, 1 Rois
qui n'en avait pas encore recueilli du 21 , 4 .
fruit, était dispensé du service militaire, VILLES. C'est de ce nom, trop pom
Deut. 20, 6. cf. 1 Macc. 3, 56. Or, d'après peux dans l'origine, qu'on décora d'abord,
Lév. 19, 23., il était défendu de manger dès les temps des patriarches, les établis
du fruit des trois premières années d'un sements fixes des familles agricoles, par
plant, verger ou autre, probablement opposition aux camps volants des noma
aussi de la vigne, et il eût été trop dur des. Ces établissements étaient entourés
d'enlever pour le service celui qui, après de murailles ou de murs, et chaque ville
quatre années d'un travail inutile, pou était une forteresse, Nomb. 32, 17., ce
vait espérer enfin de recueillir quelque qui explique les siéges nombreux dont il
fruit de ses peines; la législation mosaï est parlé dans le livre de Josué. On choi
que tenait compte du droit individuel sissait d'ordinaire une hauteur, une mon
comme du droit public. tagne, ou tout au moins un mamelon,
La vigne fournit, non-seulement des pour y fonder une ville , la place était
détails à bien des comparaisons, Jug. 8, plus facile à défendre, et d'ailleurs, en
2. Es. 1, 8. 34, 4. Jér. 6, 9. Os. 14, 7., beaucoup de cas, il n'était guère possible
mais souvent le thème même d'une para de faire autrement, car, à cause des mou
bole tout entière, d'une allégorie, d'une vements du terrain, on n'avait de choix
fable ou d'un apologue, Matth. 20, 1. 21, qu'entre la hauteur et le ravin. C'est à
28. Jean 15, Jug. 9, 12. C'est surtout le peu près là tout ce qu'on sait sur la con
peuple de Dieu qui est habituellement re struction des villes de la Palestine, Jéru
présenté sous l'image d'une vigne que salem seule, q. v., étant exceptée.
Dieu a tirée d'Egypte, établie en Palestine, Les villes modernes de l'Orient sont
entourée d'une barrière (la loi, et aussi bâties largement, sans économie de ter
l'isolement produit par les frontières na rain, et renferment dans leur intérieur de
turelles); une vigne dont il espérait de grandes places et de vastes jardins; un
bons fruits, et qui n'a produit que des voyageur à cheval a besoin d'une journée
grappes sauvages, Es. 5, cf. 3, 14. Ps. pour faire le tour d'Ispahan. Il est proba
80, 8. Jérém. 2, 21. Ez. 17, 6. Os. 10, 1. ble qu'il en était de même des villes de
Matth. 20, 1. Jésus-Christ lui-même se l'ancienne Asie, dont l'étendue, d'après le
compare à un cep, dont les sarments sont témoignage des historiens les plus di
les hommes, les uns sont émondés, les gnes de foi, était presque fabuleuse, v.
autres rejetés, Jean 15. Babylone, Ninive, etc. Les portes des vil
Le plant de Sodome, Deut. 32, 32., les étaient des lieux de rendez-vous ; on
était connu pour son amertume, comme s'y entretenait des affaires publiques et
tous les autres fruits qui s'aventuraient à particulières, et l'on y rendait la justice ;
croître sur les bords maudits de la mer elles donnaient ordinairement sur une
Morte; ses grappes étaient de fiel et son place plus ou moins grande qui servait
vin un venin de dragon. Que tous ces aussi de marché, Néh. 8, 1.16. Job 29,7.
fruits tombassent en poussière quand on Cant. 3, 2. Esd. 10, 9. 2 Sam. 21, 12. 2
les ouvrait, c'est ce qu'on ne saurait ga Rois 7, 1.2 Chr. 32, 6. Les rues n'étaient
rantir, malgré le témoignage de Tacite, sans doute pas aussi étroites qu'elles le
Hist. 5. sont aujourd'hui (à Saint-Jean-d'Acre,
On appelle lambrusques une espèce de deux chameaux chargés ne sauraient pas
raisins sauvages qui croissent sans cul ser l'un à côté de l'autre, même dans les
ture le long des chemins, au bord des rues les plus larges). Elles avaient sou
haies ou dans les champs en friche; leurs vent, surtout dans les grandes villes, des
grains sont petits, et deviennent noirs noms empruntés aux denrées, marchan
VIL 444 VIL

dises, objets quelconques qui s'y fabri temps, à cause des terreurs de la guerre,
quaient ou s'y vendaient, Jér. 37, 21., car On se mit à fortifier celles des villes en
chaque rue avait souvent sa spécialité, core existantes qui semblaient avoir le
comme à Londres Paternosterrow est la plus de chances de pouvoir se défendre.
rue des libraires, comme en Orient les Jérusalem en particulier, devint une place
rues larges (ou bazars), ne sont souvent de guerre, et l'on bâtit même des tours
Occupées que par un seul genre d'indus et des forts isolés, 1 Macc. 9, 50. 12, 36.
trie ou de négoce. Les rues de Jérusalem 38. Pendant la période romaine, et sur
étaient pavées dans la dernière période de tout par les soins des Hérodes, des villes
son existence, probablement déjà avant nouvelles s'élevèrent en Palestine, d'au
Hérode Agrippa II, puisque celui-ci fit pa tres furent agrandies et embellies ; les
ver une grande rue à Antioche, dans une maîtres donnèrent des théâtres, des gym
ville qui lui était étrangère, ce qu'il n'eût nases, des stades, des temples et d'autres
pas fait sans doute si Jérusalem n'avait monuments à leurs sujets, pour adoucir
pas joui du même avantage; mais il est le joug de leur esclavage; les citadelles,
probable que les autres villes de la Pa les forts de montagnes furent également
lestine n'étaient pas pavées, ce qui, d'ail multipliés, comme on le voit par divers
leurs, était peu nécessaire dans un pays passages de Josèphe: et la topographie
Où plusieurs d'entre elles étaient bâties nouvelle de la Palestine compta un grand
Sur le rOc, et d'autres, surtout au nord nombre de lieux qui ne sont pas men
est, sur du basalte. La mention la plus tionnés dans l'Ancien Testament; tandis
ancienne qui soit faite d'une espèce de que d'autres lieux, anciennement célè
pavé, est celle des dalles dont Salomon fit bres, avaient complétement disparu. La
garnir le parvis du temple.— 1 Rois 20, Galilée était particulièrement riche en
34. nOuS montre des concessions de ter villes et villages ; elle en comptait,au rap
rain faites dans des villes étrangères, port de Josèphe, environ 204.
comme conditions de la paix. Les noms des villes de la Palestine
Jérusalem avait déjà des aqueducs avant avaient presque tous, comme dans tous
l'exil, Es. 7, 3. 22, 9. 2 Rois 20, 20., tan les pays primitifs, une signification par
dis que les autres villes se contentaient ticulière, tirée de leur situation, de leurs
de puits et de citernes construites à alentours, ou de leur histoire; Rama, Ga
grands frais. baon, Jérico, Bethléem, etc. v. ces arti
On n'a que des données incertaines et cles. Plusieurs étaient composés, cqm
incomplètes sur la statistique des villes mençant par beth (maison), hir ou kiriath
de Canaan jusqu'à l'exil. Plusieurs de ces (ville), hatsar (la terminaison correspon
villes furent détruites au temps d'Abra dante, cour, est très fréquente en Fran
ham, Gen. 19, 24. D'autres furent ren ce, notamment en Picardie, Hargicourt,
versées sous Josué, lors de la prise de Achicourt, Jancourt, etc.), hémek (vallée,
possession du pays, et mises à l'interdit, vallon), abel (pré, prairie), beér (puits,
Jos. 6, 24. 26. 11, 11., puis en partie re comme en français Fontainebleau), hen
construites plus tard ; et dans presque (source), — et après l'exil, surtout par
tous les passages où il est parlé de villes kephar, ou capher (village, Capernaüm).
fondées par des Israélites, il faut l'enten Les noms commençant par bahal trahis
dre plutôt de villes rétablies, agrandies, sent une origine cananéenne, comme on
embellies et surtout fortifiées, Jug. 1, 26. trouve dans tous les pays quelques res
18, 28. 1 Rois 12, 25. 15, 17.21. 16, 24. tes de leurs anciens habitants païens(Tem
cf. 2 Chr. 8, 5. Les invasions successi pleux, Templum Esi, etc.).Quelques noms
ves des Caldéens détruisirent un grand affectaient la terminaison du duel, d'au
nombre de villes, d'autres tombèrent en tres celle du pluriel; ailleurs, v. Beth
ruines pendant l'exil, et les rois de Syrie, horon , on distinguait par supérieure et
dans leurs luttes avec les Maccabées, ne inférieure deux villes voisines du même
firent que continuer cette œuvre de dé nom (chez nous Aizecourt-le-Haut, Aize
solation, 1 Macc. 5, 65. 9, 62. En même court-le-Bas) : si ces villes du même nom
VIL 445 VIN

étaient éloignées l'une de l'autre, on les vain public : les anciens paraissent avoir
distinguait par le nom de tribu, ou par tel été les conseillers de ville, comme juges
autre caractère distinctif, comme on dit et comme administrateurs, et avoir formé
Châlons-sur-Saône ou Châlons-sur-Mar un véritable conseil municipal, sans le
ne, Francfort-sur-le-Mein, ou Francfort nom. Depuis l'exil, il est parlé de magis
sur-l'Oder. Les Hérodes changèrent plu trats présidés ou dirigés par un archonte,
sieurs noms anciens, et les remplacèrent Ou chef (Josèphe), et de chefs, surveil
par des noms romains en l'honneur des lants, ou commissaires de districts, dont
maitres du pays, Césarée, Sébaste, Néa les attributions ne sont pas déterminées;
polis, Diospolis, mais il n'est que peu de v. aussi Sanhédrin.
ces noms qui aient réussi à déposséder Aux portes des villes se tenaient des
l'ancien ; Neapolis ou Naplouse est pres sentinelles qui faisaient le guet, et don
que le seul que l'on connaisse générale naient des avertissements, soit en criant,
ment, mais on n'a pas oublié Sichem, et soit au moyen d'une trompette ou d'un
les habitants du pays ont jusqu'à nos cor, 2 Sam. 18, 24.2 Rois 9, 17. cf. Es.
jours conservé en partie les noms pri 21, 11. Ps. 127, 1. Jér. 6, 17. Ez. 33, 6.
mitifs des lieux qu'ils occupent. Des gardes de nuit sont mentionnés Cant.
· On ne sait que fort peu de chose de la 3, 3.
population des villes israélites, v. Jéru Quant aux communications des villes
salem, et les chiffres épars desquels on entre elles, v. Routes. Des pierres mil
pourrait essayer de tirer une conclusion, liaires marquant la distance qui les sépa
sont si rares qu'on ne saurait s'y atta rait furent posées pendant la période ro
cher. La différence entre les villes (forti maine. On n'a presque pas de données,
fiées), et les bourgs ou villages (sans mu soit sur la distance , soit sur la position
railles), n'est pas marquée dans l'Ancien respective des différentes villes ; les in
Testament ; ce n'est que vers la fin que dications ne sont qu'approximatives, et se
l'on commence à l'apercevoir, Ez. 38, 11. rapportent au cours du soleil, Gen. 12,
Néh. 11, 25. Le Nouveau Testament dis 8. Jug. 21, 19. Les travaux de Josèphe,
tingue en revanche les villes des bourgs d'Eusèbe, surtout de Jérôme, les vieux
ou bourgades, Matth. 10, 11. Marc 1, 38. itinéraires, les tables d'Abulféda, sont
6, 56. 8, 27. Luc 8, 1. 13, 22. Act. 8, 25. particulièrement précieux à consulter. Les
Les bourgs sont par exemple Bethphagé, travaux modernes, en revanche, ne peu
Emmaüs, Bethléem. Cependant cette dif vent être lus qu'avec beaucoup de précau
férence n'est pas toujours rigoureuse tions, la manie de l'ignorance étant de
ment maintenue, ni dans le Nouveau Tes deviner, le danger des hypothèses étant
tament (v. Bethsaïda), ni dans Josèphe, de flatter l'amour-propre, et de convain
qui donne une fois le nom de bourg à une vre leur auteur plus que ne ferait sou
ville très peuplée et entourée de murail vent la certitude , et l'Orient ancien ne
les. La plupart des endroits dont le nom pouvant plus guère être que deviné. Le
commence par Caper étaient des bourgs, Voyage de Schubert est parmi ceux qui
quoique Caper signifie village, et l'on renferment le plus d'observations impor
doit supposer qu'après n'avoir été d'abord tantes, et le moins d'hypothèses affirmées.
que des villages, ils s'étaient petit à petit Les Français sont restés bien en arrière
agrandis, comme tant de villes en Alle des Allemands sous le rapport des re
magne dont le nom se termine par dorf cherches consciencieuses, et sauf l'Itiné
(village). raire de Chateaubriand, leurs ouvrages
Nous n'avons pas de détails non plus sont plutôt des affaires de poésie ou d'im
sur les autorités locales, ou municipales, pressions. -

si l'on peut employer ces mots en parlant Pour ce qui concerne les villes de re
de la nation juive. Il est parlé de juges fuge et les villes des Lévites, v. ces arti
Deut 16, 18. (shôterim), mais l'expression cles.
est douteuse, et Hengstenberg y verrait VIN. Quant à sa fabrication, v. Vignes.
plutôt une espèce de greffier ou d'écri Quant à son usage dans les festins et dans
VIN 446 VIN

les sacrifices, v. ces articles et Libations. dui sont faites en l'honneur de Dieu, il
— Act. 2, 13. mentionne une espèce par faut remarquer que, dans ce passage, c'est
ticulière de vin, renommée par sa dou la vigne qui parle, un être imaginaire,
ceur, et non du vin nouveau , car ce n'é- mythologique, sans aucune prétention à
tait pas la saison; il est possible que chez devenir une autorité dogmatique. Sa dé
les Juifs ce nom s'appliquât par excellence claration n'est pas plus bonne à croire
au vin de sorek (ci-dessus, p. 442). que son égoïsme à imiter. -

On ignore si les Juifs avaient, comme Prov. 31, 4-6. parle d'un vin que l'on
les Grecs et les Romains, l'habitude de donnait à ceux qui étaient affligés, et, se
mettre de l'eau dans leur vin : Es. 1, 22. lon les rabbins, il s'agirait dans ce pas
2 Cor. 2, 17. parlent de vin frelaté. Les sage d'un vin falsifié, ou d'une liqueur
Orientaux modernes boivent le vin à part, forte, qu'on faisait boireà ceux qui étaient
et l'eau à part. Quoique le Talmud parle condamnés au dernier supplice pour les
de vin mêlé d'eau, il est probable que étourdir moralement, ou même pour les
les anciens Israélites cherchaient plutôt à engourdir physiquement, et provoquer
augmenter la force du vin au moyen de une sorte d'insensibilité semblable à celle
diverses épices, de la myrrhe, de l'o- que produit l'éther ou le chloroforme.
pium, etc. Es. 5, 22. Ps. 75, 8. Cant. 7, 9. C'est de ce vin qu'on aurait offert à Jésus
D'après Hitsig cependant, Esaïe parlerait sur le lieu de son supplice, Marc 15, 23.,
d'un mélange du vin avec de l'eau, mais et quelques-uns le distinguent du vinai
avec de l'eau chaude. Le vice de l'ivr0 gre mêlé de fiel qu'on lui aurait offert
gnerie était commun chez les Hébreux, d'abord, et qu'il aurait également refusé,
et soit que Noé connût déjà l'usage du Matth. 27, 34. Luc 23, 36. Cependant, il
vin, soit qu'il l'ait inventé ou expérimen ne s'agit dans ces passages que d'une
té le premier (ce qui n'est pas constant), seule et même boisson, dont l'amertume
il en a légué les dangers à tous ceux à était le caractère principal, Ps. 69, 21. Jé
qui il a légué le vin ; les prophètes en sus la refusa, non parce qu'elle était
parlent fréquemment, Es. 5, 22. 19, 14. amère, mais parce qu'il voulait mourir
28,1. Os. 7, 5.Jér. 23,9.cf. Prov. 23,20., avec la conscience du supplice et de la
et les livres historiques en rapportent mort, et vider la coupe jusqu'au bout. Il
quelques exemples, 1 Sam. 25, 36.1 Rois ne faut pas confondre ce vin amer avec le
16, 9. La loi même y fait une allusion, vinaigre qu'on approcha plus tard de ses
Deut. 21, 20. — Le vin était défendu aux lèvres, Marc 15, 36., soit pour le soula
nazariens et aux prêtres, pendant tout le ger, soit pour raviver ses douleurs en ra
temps qu'ils étaient occupés au service nimant ses forces.
de l'autel, Nomb. 6, 3. Lév. 10, 9. Les Vin artificiel, v. Cervoise.
Récabites avaient reçu et accepté de leur VINAIGRE. Il y en avait apparemment
père la même défense, Jér. 35. de deux sortes : l'une dont les gens du
Gen. 49, 11. annonce que la tribu de peuple buvaient ordinairement pour se
Juda sera une terre abondante en bon désaltérer, en le mélangeant d'eau ou
vin, et c'est sur son territoire, en effet, d'huile, Ruth 2, 14., l'eaune pouvant dès
qu'on remarque les meilleurs vignobles. altérer à la longue sous ce soleil ardent :
Ez. 27, 18. parle d'un vin de Helbon c'était une espèce de piquette, ou de pe
(ou gras, onctueux), que l'on vendait aux tit vin, que les nazariens devaient s'in
foires de Tyr, et qui était particulière terdire comme le vin véritable, Nomb. 6,
ment recherché. Le vin du Liban, Os. 14, 3.;— l'autre était plus acide, et ne se bu
7. (mal traduit dans Martin, celle du Li vait que difficilement, Ps. 69, 21. Prov.
ban), était célèbre par son arome (ou bou 10, 26.25, 20. On faisait du vinaigre avec
quet); peut-être était-il fabriqué. du vin, de la bière, du cidre, et même
On s'est beaucoup trop préoccupé du avec de l'eau; le vin de palmier s'aigrit
passage Jug. 9, 13., où il est parlé du vin si on le garde trois ou quatre jours. Les
qui réjouit Dieu et les hommes. Outre Orientaux, jusqu'à nos jours, aiment à se
qu'on pourrait l'expliquer des libations rafraîchir avec de bon vinaigre étendu
VIS 447 VOE

d'eau, et les soldats romains ne buvaient nous échappe, mais l'éternité qu'il nous
guère autre chose dans leurs expéditions. offre, et les épreuves sont des appels au
Si le vinaigre qu'on offrit à Jésus sur la bonheur; l'affligé est rappelé tout ensem
croix, Matth. 27, 48., est le même que ce ble au sérieux et à l'espérance; l'homme
lui qu'on lui avait offert avant le supplice, heureux est appelé à la reconnaissance et
on peut voir ce qui a été dit à l'art. Vin. à la foi.
On y faisait dissoudre du fiel ou de la VOEUX. On en distinguait de deux sor
myrrhe, qui en augmentaient l'amertume. tes chez les Hébreux : les vœux positifs,
Dissoute dans de bon vin, la myrrhe lui et les vœux négatifs, ou la promesse faite
donnait un fort goût aromatique (lauda à Dieu de s'abstenir de certaines choses;
tissima); le vin de myrrhe était exquis, le nazaréat était le plus important de ces
et il n'est guère probable qu'au milieu derniers, parmi lesquels on peut compter
de tant d'ignominie, ce soit du vin qu'on aussi l'interdit, q. v. Quant aux vœux po
ait offert au Sauveur; il a goûté le vinai sitifs, c'est-à-dire la promesse de faire
gre amer. une chose à l'honneur de l'Eternel, on en
VIOLON. v. Musique. retrouve la trace dès les temps les plus
VIPERE, serpent vivipare. v. Serpent. anciens : Jacob promet à Dieu la dîme de
VISIONS. v. Prophètes. ses biens, si Dieu bénit son voyage en
VISlTES. La Bible ne donne que peu Mésopotamie, Gen. 28, 20. Tous les peu
de détails sur le cérémonial des visites ples de l'antiquité ont connu cette espèce
que les Israélites se faisaient entre eux. d'engagement de l'homme vis-à-vis de
Le lavage des pieds paraît avoir été l'une Dieu (Iliad. 6, 308. Odyss. 3, 382. Virg.,
des parties les plus essentielles et les Enéid. 5, 234., etc.), et la cause s'en
plus ordinaires de ce cérémonial, Gen. 18, trouve dans les idées anthropomorphiques
4. 24, 32. Jug. 19, 21. 1 Sam. 25, 41.Luc et anthropopathiques qu'on se faisait de
7, 44. De nos jours encore, ce devoir Dieu, comme s'il ne consentait à accorder
Subsiste. On brûle de l'encens devant certaines choses que sous condition, et
son hôte, Dan. 2, 46., ou l'on arrose sa en réclamant pour sa part quelques avan
barbe d'une huile odoriférante, cf. Luc 7. tages correspondants. Ce point de vue
Après ces témoignages d'affection, l'on n'est pas contraire à la piété, mais il est
se hâte de lui fournir de la nourriture, et contraire à la vérité, et des idées saines
l'on prend soin de sa monture, s'il y a sur Dieu et sur l'homme ne s'accorderont
lieu, cf. Gen. 18, 4.24,32.Jug.19,21.Des jamais avec une théorie des vœux, sou
présents réciproques étaient également vent fatale, toujours inintelligente. On
chose ordinaire dans les visites faites ou faisait des vœux lorsqu'on se trouvait
reçues. dans une position pénible ou désespérée,
Les épreuves et les afflictions sont sou Jug. 11, 30. Jon. 1, 16., quelquefois pour
vent appelées des visites ou visitations obtenir la possession d'une chose dési
de Dieu, Ex. 20, 5. 32, 34. Lév. 18, 25., rée, 1 Sam. 1, 11.2Sam. 15, 8., et leur ac
expression bien surprenante dans un li complissement était considéré comme un
vre qui nous parle d'un Dieu d'amour; des plus impérieux devoirs, Jug. 11, 39.
mais c'est aussi un Dieu de justice, et le Eccl. 5, 4. cf. Ps. 66, 13. 76, 11. 116, 18.
même mot se prend ailleurs en bonne Moïse ne combattit pas les vœux en théo
part, Gen. 21, 1. Ex. 3, 16.1 Sam.2, 21. rie, quoiqu'il ne les recommandât pas non
Luc 1, 68. L'idée fondamentale qui justi plus; mais, comme toujours, il en res
fie l'emploi de ce mot, c'est que rien ne treignit l'usage par des prescriptions de
se fait sans la volonté de Dieu ; tout ce nature à prévenir, autant que possible, les
qui arrive, bien ou mal, doit rappeler à inconvénients domestiques ou publics qui
l'homme que Dieu a passé par là, que pouvaient en résulter. Un vœu devait im
Dieu est là, qu'il se manifeste ; ce qui manquablement et entièrement être rem
nous paraît douloureux ne l'est que d'une pli, Deut. 23, 21.Nomb. 30, 3.; aussi Sa
manière relative; l'action de Dieu sur lomon recommande-t-il de n'en faire ja
l'homme a pour objet, non le temps qui mais qu'avec circonspection, Prov. 20,25.
VOE | 448 VOI

Des personnes non indépendantes, telles des mœurs païennes, notamment de celles
que des esclaves, des femmes, des filleS des Phéniciens, qui déposaient dans les
(il n'est pas parlé des fils qui, cependant, temples de leurs dieux le prix de la pros
ne sauraient être absolument exceptés), ſtitution. - L'accomplissement d'un vœu
n'avaient pas le droit de faire un vœu sans était Souvent accompagné de sacrifices et
le consentement formel de leurs supé de festins, comme aussi un sacrifice pou
rieurs, maîtres, parents oututeurs, Nomb. vait avoir été lui-même l'objet d'un vœu,
30, 4. Un vœu fait intérieurement ne sut Lév. 7,16.22, 18.21. Nomb. 15, 3. Deut.
fisait pas : pour lier, il devait avoir été 12, 17.1 Sam. 1, 21.2 Sam. 15, 7.
fait à haute voix, Deut. 23, 23. II va sans Quant au vœu de Jephthé,v. cet article.
dire qu'on ne pouvait pas vouer à Dieu | Dans le Nouveau Testament il n'est
quelque chose d'imparfait, lorsqu'on était parlé de vœux que deux # chose
en état de faire mieux; mais il résulte de singulière ! c'est à propos de apôtre des
Mal. 1, 14. que la lésinerie s'en était mê gentils, de Paul, de celui qu'on accusait
lée, et qu'avec le temps les vœux ne com de renverser la loi. On ne sait à quelle
portaient plus un bien grand renonce occasion il fit son premier vœu, Act. 18,
ment; c'était un moyen de se débarras 18.: on suppose qu'il avait couru quel
ser pieusement de ce dont on ne pouvait que grand danger, et que selon l'usage
plus faire usage soi-même. juif il fit un vœu, non point de nazaréat
Tout ce qui avait été voué pouvait se proprement dit, comme le pensent cer
racheter, moyennant un certain prix fixé tains auteurs, mais de purification ou
d'avance, même les personnes (les enfants d'actions de grâce, de nazaréat tempo
par exemple) qui s'étaient vouées, ou raire. Ce vœu consistait à promettre un
, avaient été vouées à l'Eternel par leurs Sacrifice, à s'abstenir de vin trente jours
parents, pour le service du tabernacle, à l'avance, et à se faire couper les che
Lév. 27, cf. 1 Sam. 1, 11. Des animaux Veux. On s'explique ainsi la hâte avec la
l | impurs, des maisons, des héritages pou quelle, venant de Cenchrée, Paul traver
' yaient être rachetés ; l'estimation en était sa Ephèse pour se rendre à Jérusalem. Il
· faite par le prêtre, et il fallait payer un n'est pas probable que ce vœu ait aucun
· cinquième en sus de leur valeur. Celui rapport avec celui dont il est parlé plus
, qui ne rachetait pas son champ en était tard, Act. 21, 24.; ce dernier fut fait à
légitimement et pour toujours dépossédé ; l'instigation de Jacques et des chrétiens
en l'année jubilaire ce champ était réuni de Jérusalem, qui désiraient que Paul
aux domaines du temple, si celui qui l'a- prouvât par un acte public, qu'il était en
vait voué en était le vrai possesseur par core attaché aux formes et aux habitudes
héritage ; s'il n'en était propriétaire que du judaïsme ; la cérémonie qu'on lui de
, par achat, ce champ retournait à son maî mandait, était de ces choses qu'il pouvait
, tre primitif, pour que la succession des faire sans mentir à ses principes; en con
héritages ne fût pas interrompue. On ne tribuant à la dépense de la purification de
| voit du reste aucun exemple de vœux pa quatre chrétiens juifs, il montrait sa lar
reils, et il paraît que les réserves et les geur d'esprit et sa tolérance pour les
| restrictions imposées par la loi étaient as formes. Ce vœu néanmoins laisse quel
· sez gênantes pour équivaloir dans ces cas que trouble dans l'esprit; Dieu ne le bé
| à une interdiction réelle. — ll n'était pas nit point ; une émeute éclata, Paul fut ar
| permis de vouer à l'Eternel ce qui lui rêté, incarcéré, conduit à Rome, et s'il
| appartenait naturellement, comme les eut l'occasion d'y rendre témoignage à
" premiers-nés. Le salaire de la débauche l'Evangile, ce fut au prix de sa vie.
ne pouvait non plus être affecté aux cho VOILE. v. Tabernacle. Dans l'Orient,
ses saintes, qu'il s'agit d'une femme ou ancien et moderne, le voile a toujours été
· d'un homme, Deut. 23, 18. (dans ce pas l'une des parties les plus importantes de
, sage le mot chien a le même sens que la toilette d'une femme; les esclaves seu
| Apoc. 22, 15. cf. Rom. 1, 24.) : cette dé les, et les danseuses qui étaient en même
· fense était une condamnation formelle temps filles publiques, faisaient exception
|!
VOL " 449 VOL

· à cette règle, quelquefois aussi les fem cipe de la restitution, et de cette manière
mes de la dernière classe. Le même usa elles agissaient aussi efficacement que des
ge régnait également parmi les Juifs, mesures plus répressives. La constitution
quoique chez eux, notamment à l'époque du pays, où chaque individu était pro
patriarcale, l'étiquette fût en général priétaire foncier, rendait ce système plus
moins sévère. On voit chez leurs familles applicable qu'il ne le serait dans nos so
nomades, des filles, et même des fem ciétés modernes, où une partie de la for
mes, sortir sans voile ; mais la fiancée se tune consiste souvent dans des créances
voilait devant son époux (nubere viro), insaisissables. — Le vol simple était puni
Gen. 12, 14. 20, 16. 24, 65. Le voile dont d'une restitution double, si l'objet volé
s'enveloppa Tamar, Gen. 38, 15., était n'avait été ni dénaturé, ni vendu; dans
plutôt un déguisement que l'enseigne le cas contraire, la restitution était quin
d'une prostituée. Es. 3, 22. Cant. 5, 7., tuple pour un vol de bœufs, quadruple
montrent combien les voiles étaient re pour un vol de brebis, Ex. 22, 1.4.7.9.
cherchés : ils étaient à la fois l'ornement (Les bœufs et les brebis expriment ici
de la pudeur et celui de la beauté ; les des objets d'une valeur plus ou moins
'femmes de distinction en portaient sou considérable , le concret est mis pour
vent plusieurs les uns sur les autres. Les l'abstrait, selon l'habitude de la loi ; le
' différents noms sous lesquels ils sont dé juge devait suivre l'esprit et ne pas s'en
signés, ne peuvent suffire à caractériser tenir à la lettre). Le vol du bétail était
' leur nature ou leurs différences; l'étymo puni plus sévèrement que celui d'autres
| logie mème, dans des affaires de mode, objets, soit à cause de son importance
n'est presque jamais un guide auquel chez les Hébreux, soit à cause des facili
On puisse se fier, ou dont on puisse at tés qu'on avait pour en détourner quel
tendre des éclaircissements. Le rahal ques pièces. Celui qui ne pouvait payer
était probablement une espèce de voile l'amende devenait l'esclave de son créan
composé de deux pièces réunies près des cier, si toutefois l'amende équivalait au
yeux, de manière à les laisser libres ; prix d'un esclave, Jos. Ant. 16, 1, 1. D'a-
l'une des pièces était rejetée en arrière près Prov. 6, 31., la restitution aurait été
sur le dos, l'autre retombait en avant sur portée au septuple au temps de Salomon,
la poitrine, Es. 3, 19. Le radid, Es. 3,23. modification qui, d'après Michaélis et Cel
Cant. 5, 7., était un grand voile de gaze lérier, s'expliquerait par l'insuffisance de
qui enveloppait la tête entière, et redes la règle ancienne quand le luxe et le com
cendait assez bas de tous les côtés, com merce vinrent, sous les rois, changer la
me les voiles des mariées ou des catéchu nature de la propriété : toutefois ce pas
mènes. On trouve encore en Syrie et en sage est susceptible d'une interprétation
Egypte, une troisième espèce de voile plus large, et le chiffre indiqué serait un
qui part des yeux, et ne couvre que le nombre rond souvent employé. Le voleur
bas du visage, le cou et la poitrine; il est de nuit pouvait être tué s'il était surpris
probable qu'il était connu des Israélites, en flagrant délit, Ex. 22, 2.3., soit parce
et quelques bas-reliefs des ruines de Per qu'on était censé ne pas connaître ses
sépolis prouvent qu'il est fort ancien ; intentions et sa force, soit parce que la
mais ce serait trop hasarder que de pré difficulté de le reconnaître diminuait les
tendre, comme on l'a fait, le retrouver chances d'une restitution. — Les lois de
dans le tsahiph de Gen. 24, 65. 38, 14., Solon et des anciens Romains avaient plus
ou dans le tsamma de Cant. 4, 1. Es. 47, d'uu rapport avec celle des Juifs sur le
2., la signification de ce dernier mot n'é- vol ; elles admettaient la restitution mul
tant même pas assurée. tiple, et le droit de tuer un voleur noc
Voiles de vaisseau. v. Vaisseau. turne.—Le vol d'hommes était impitoya
VOL. Les lois de Moïse sur le vol, Ex. blement puni de mort, Ex. 21, 16. Deut.
20, 15., avaient pour le moins autant pour 24, 7. cf. 1 Tim. 1, 10. C'était une espèce
objet d'indemniser le volé que de punir de traite fort facile dans un pays dont
le voleur; elles étaient basées sur le prin presque la moitié des frontières étaient
II. 29
VOY 450 VOY

maritimes; on pouvait aisément se débar contrées, l'ardeur du climat, les déserts


rasser de celui dont on faisait un esclave, à traverser, le mauvais état des chemins,
et le séparer pour toujours des siens : la le manque d'hôtelleries, la crainte des
peine ne pouvait être trop sévère ; les bandes de voleurs, etc. Ceux qui sont
rabbins disent que le coupable était étran obligés de se mettre en route, se réunis
glé. sent ordinairement en caravanes, souvent
Le vol ne paraît pas avoir emporté chez aussi nombreuses qu'une petite armée, et
les Hébreux une infamie particulière : c'é- pourvues de toutes les provisions néces
tait un acte coupable, mais pas honteux, saires. Une avant-garde et une arrière
surtout lorsqu'il se faisait en grand. Il garde armées, protégent la marche. Dans
semble qu'on le considérât comme une les déserts on prend volontiers un guide
industrie chanceuse pour celui qui l'exer qui puisse, à de vagues indices, recon
çait, préjudiciable à celui contre qui on naître le chemin, cf. Nomb. 10, 31. Dans
l'exerçait, mais comme une industrie. C'é- les pays habités, comme la Palestine, on
tait bien l'idée païenne, et dans tous les peut se hasarder à voyager seul. Les ri
temps, on a plus ou moins respecté le vol ches voyageaient en voiture, les autres
heureux; de nosjours encore, on respecte sur des ânes ou à pied; ceux-ci portaient
la contrebande et l'agiotage, pourvu qu'ils ordinairement avec eux, dans des sacs,
réussissent. Jephthé était plus ou moins leurs provisions de route, Matth. 10, 10.,
chef de voleurs, Jug. 11, 3. Les gens de et souvent une tente légère, sous laquelle
David en fuite n'avaient guère d'autre ils campaient quand ils ne pouvaient at
métier, 2 Sam. 3,22., et les pillages nom teindre une hôtellerie. Lors des grandes
breux qu'on trouve dans sa vie, touchent fêtes, les Juifs de toutes les parties du
de plus près au brigandage qu'à la guerre, pays montaient à Jérusalem, réunis en ca
1 Sam. 30, 8.23. cf. 2 Sam. 4, 2. 1 Rois ravanes, et poussant des cris d'allégresse,
11,23.24. Job 1, 17.— Il semblerait que Luc 2, 42. Les voyageurs trouvaient par
Salomon excuse le vol commis par besoin, tout une hospitalité affectueuse (à l'excep
Prov. 6, 30.; il ne le dispense pas de la tion de Juifs chez les Samaritains, ou l'in
- peine, mais il l'affranchit de la honte, et verse): cependant, il paraît que dans les
en fait dans tous les cas une chose à part, derniers temps, des espèces d'auberges,
t
, un vol d'une nature particulière. « On ne tenues par des étrangers et non destinées
méprise point un larron s'il dérobe pour aux Juifs, s'établirent sur quelques-unes
remplir son âme quand il a faim. » Ce des routes les plus fréquentées de la Pa
passage, d'ailleurs, n'a pas un caractère lestine. Lorsqu'on savait l'arrivée d'é-
législatif, ainsi que le prouve le verset trangers de distinction, on allait à leur
suivant; il exprime simplement ce qui est rencontre, et on les recevait avec toutes
dans le cœur de chacun, c'est qu'il y a sortes d'égards, 2 Macc. 4, 22. v. Hospi
une différence morale énorme entre celui talité. On faisait de même la conduite aux
qui vole par cupidité et celui qui dérobe hôtes qui partaient, Act. 13, 13. 20, 38.
un pain pour satisfaire sa faim et celle de 21, 5. Rom. 15, 24., etc. Lorsque les
ses enfants. Dans ce dernier cas, la so Juifs de la Galilée se rendaient aux fêtes
ciété a sa part de responsabilité. de Jérusalem, ils passaient par la Pérée,
VOLAILLES. v. Poules. pour éviter la Samarie; cependant, com
VOYAGES. Les Orientaux ont tou me c'était un détour considérable, ils
jours beaucoup moins voyagé que les étaient quelquefois obligés de prendre ce
peuples de l'Europe, et ils ne le font ja dernier chemin, Luc 17, 11. Jean 4, 4.;
mais que pour affaires. Ils ne voyagent mais ils se munissaient alors de provi
pas pour leur plaisir, leur plus grande sions suffisantes pour n'être pas obligés
jouissance consistant à rester tranquilles de rien demander aux Samaritains, ce qui
chez eux. ne les empêchait pas d'avoir quelquefois
| Outre le caractère souvent mou des des difficultés et des altercations avec
Orientaux, diverses raisons contribuent ceux-ci.
à rendre les voyages difficiles dans ces V. Routes, Hôtelleries, etc. .
ZAB 45| ZAC

tard , et Salomon alla jusqu'à céder une


X portion même de ce territoire à Hiram
roi de Tyr, 1 Rois 9, 14. Les Zabulonites
XERCES. v. Assuérus. se distinguèrent dans les premières cam
pagnes d'Israël en Canaan, Jug. 4 et 5,
Z | | 14. 18. 6, 35. Le juge Elon appartenait à
cette tribu, Jug. 12, 41.
· ZABAD. v. Jozabad. Le premier de ces 2° Ville des frontières d'Aser, Jos. 19,
noms signifie simplement donné, le se 27., mais qui fut probablement donnée à
cond, donné par l'Eternel. la tribu de Zabulon. Elle était voisine de
ZABDI (douaire). v. Zimri. Ptolémaïs, et Josèphe en parle comme
ZABUD (donné), ou Zabul, fils de Na d'une ville forte et très peuplée.
than le prophète, occupait à la cour de ZACHARIE (que l'Eternel s'est rap
Salomon le rang de favori ou d'ami, 1 pelé). On connaît six personnages de ce
Rois 4.5., charge (ou honneur) que Cu nom. 1° Le souverain sacrificateur, fils (de
saï avait remplie à la cour de David, 1 Barachie ?) de Jèhojadah et de Jéhosébah,
Chr. 27, 33., qu'Elkana remplit plus tard 2 Chr. 24, 20.22. Il exerçait ses fonctions
auprès d'Achaz, 2 Chr. 28, 7. Il devait sous le règne de Joas, l'élève de son père,
sans doute cette dignité au souvenir du et voyant le peuple retourner à l'idolâtrie,
prophète qui avait dirigé l'enfance du mo il profita d'une fête solennelle pour re
narque. procher aux Juifs leur endurcissement et
ZABULON (Zebuloûn, dot, demeure). leurs infidélités toujours renouvelées. Le
1° Fils de Jacob et de Léa, Gen. 30, 19. 35,
peuple et l'ingrat Joas, irrités, punirent
23. 1 Chr.2,1., cadet et frère propre d'Ispar la mort un zèle qui les menacait , et
Sacar avec lequel il est presque toujours le pontife fut lapidé dans les saints parvis,
nommé, Deut. 33, 18. Ez. 48, 26. Il de entre le temple etl'autel(840 av. C.). C'est
vint chef de l'une des douze tribus d'ls à ce meurtre infâme que Jésus fait allu
raël, qui déjà, lors du voyage du désert, sion, Matth. 23, 35. Luc 14, 51. (dans ce
était assez nombreuse, Nomb. 1, 30, 26, dernier passage, il est, par erreur, ap ' renº n -
26.Le territoire qui lui échut, était situé pelé fils de Barachie, soit que ces mots
au nord-est de la Palestine, 2 Chr. 30, soient interpolés, ou que Lue se soit J%o » " .

10., dans la Galilée méridionale, près des trompé, et ait confondu le père du pro
tribus de Nephthali au nord, Jos. 19,34., phète, v. 5°, avec celui du pontife).
et d'Aser à l'ouest, Jos. 19, 27. C'est à 2° Prophète ou ministre qui dirigea les
Cause de ce voisinage que la tribu de Za heureux commencements du règne d'Ho
bulon est souvent nommée avec celle de zias, 2 Chr. 26, 5, On ignore s'il était
Nephthali, Jug. 4, 6.10. 5, t8. 6, 35. Ps. lévite. Il est appelé intelligent dans les
68, 27. Es. 8, 23. Son territoire touchait visions de Dieu (ou habile pourvoir Dieu),
à l'est au lac de Génésareth, vers l'ouest ce qui peut s'appliquer à ses dons ou à sa
au Carmel, à la Méditerranée, à la Phéni piété, en faire un prophète , ou un doc
cie; selon la prophêtie de Jacob, Gen. teur. Quelques-uns pensent avec assez
49, 13., il touchait au port des mers. Ce de raison que c'est le même dont la fille
devait être une tribu très commerçante, épousa Achaz et devint mère d'Ezéchias,
cf. Jos. 19, 11., et sa position la rendait 2 Rois 16, 20. 2 Chr. 29, 1.
pr0pre à faire connaître la vérité aux 3° Zacharie, fils de Jéroboam II, suc
païens, à appeler les nations sur la mon céda à son père dans la trente-huitième
tagne de Sion, Deut. 33, 19. Elle paraît année d'Hozias (772 av. C.), et devint
avoir acquis par le commerce une culture ainsi le quatorzième roi d'Israël ; mais il
Scientifique plus grande que d'autres tri marcha sur les traces impies de ses pré
bus, Jug. 5, 14. Pendant la période des décesseurs, et périt au bout de six mois,
Juges, elle dut souffrir sur son territoire assassiné par Sallum qui convoitait son
des villes cananéennes tout entières, Jug. trône. Sa dynastie périt avec lui, n'ayant
1, 30,; des Phéniciens s'y fixèrent plus compté que cinq rois, selon la prophétie
ZAC 452 ZAC

prononcée contre Jéhu, 2 Rois 15, 12. celles d'Ezéchiel et d'Aggée, et ne sont,
On suppose qu'après la mort de Jéroboam pour ainsi dire, qu'un commentaire de
et avant l'avénement de Zacharie, il y eut ces dernières, un développement d'Ag
un interrègne plus ou moins long, causé gée. Les circonstances dans lesquelles
par les troubles du pays; en tout cas, l'ac vécurent Aggée et Zacharie et dans les
cord des chronologies rend nécessaire quelles ils prophétisèrent, sont les mê
une supposition de ce genre. mes; deux mois seulement les séparent.
4° Fils de Jérébecja, choisi par Esaïe Le livre de Zacharie se divise en trois
comme témoin de son mariage et du nom parties bien distinctes. La première, cha
symbolique de Lemahersalal-Hasbas don pitres 1-6, se compose d'une série de vi
né d'avance à l'enfant qui devait naître de sions, introduites par les six premiers
cette union, 2 Chr. 29, 13. Es.8, 2. C'était versets du livre, qui sont pour ainsi dire
sans doute un homme distingué par son l'inauguration , la consécration du pro
rang, appartenant à l'une des familles les phète. Toutes ces visions, le prophète les
plus considérables de Jérusalem; on a cru a eues dans une seule nuit ; elles sont en
que c'était le même que le conseiller d'Ha rapport intime quant à leur contenu, les
zaria (v. ci-dessus 2°), mais il faudrait, premières étant plus générales, les der
vu la distance des temps , supposer que mières étant plus précises et plus détail
ce prophète avait atteint un âge fort a lées ; elles annoncent la restauration de
vancé. Jérusalem et la nouvelle théocratie, et
5° Le onzième des petits prophètes, ont pour but immédiat d'encourager le
Zacharie, était fils de Barachie, et petit peuple à reprendre les travaux de la con
fils de Hiddo, Zach. 1, 1.7. ; il est appelé struction du temple. — La seconde partie
fils de Hiddo, Esd. 5, 1. 6, 14., selon (7 et 8) nous montre le prophète dans son
l'habitude des généalogies d'omettre les activité pratique; elle renferme des ex
générations peu importantes, ce qui prou hortations, des promesses, et fut pro
verait que le grand-père de Zacharie était noncée deux ans après les visions qui
plus célèbre que son père, supposition précèdent. — La troisième partie com
confirmée par Néh. 12, 4. 12. 16.; dans prend la fin du livre (9-14). On n'y re
ce dernier passage, Zacharie est marqué trouve plus cette préoccupation des be
comme successeur de son aïeul dans les soins présents et temporels qu'on remar
fonctions sacerdotales, mais l'époque pré que dans les deux premières. Le prophète
cise n'en est pas indiquée ; on voit seu s'occupe des destinées futures du peuple
lement que ce fut sous le successeur de juif et des espérances messianiques (qui
Jéhosuah, sous le souverain sacrificateur sont d'ailleurs le thème du livre entier) :
Jojakim, qu'il entra en fonctions. Dès lors c'est un chant prophétique; et après avoir
on ne retrouve plus le titre de prophète éveillé dans le peuple la haine du mal et
rattaché à son nom, ce qui ferait croire l'esprit de la repentance, il lui montre le
qu'après avoir prophétisé pendant sa jeu Sauveur, tantôt sous l'image d'un roi ,
nesse, il se serait spécialement consacré, tantôt sous celle d'un prophète , tantôt
dans son âge mûr, aux fonctions de son comme l'idéal de l'homme de douleur,
ministère sacerdotal. Son livre, tout em mis à mort pour les péchés de tous, et le
preint de l'abondance et du feu de la jeu livre se termine par l'annonce du dernier
nesse (Ewald), confirmerait assez cette jugement et de la victoire complète du
idée, et comme il fut écrit dans la seconde royaume de Dieu.
année de Darius Hystaspe, dix-huit ans La troisième partie de ces oracles a,
, après le retour de l'exil, on doit croire depuis deux siècles, éprouvé des attaques
que Zacharie était fort jeune quand il de divers genres : on l'a d'abord attribuée
quitta Babylone. Peut-être même n'est à Jérémie, surtout à cause de la citation
ce qu'à cette époque qu'il revint en Ju de Matth. 27, 9. cf. Zach. 11, 12. 13. (c.
dée, ou du moins à Jérusalem. Ses pro l'art. Jérémie) ; puis on en a compléte
· phéties font toute son histoire. Elles ont, ment nié l'authenticité ; d'autres , l'ont
pour le style, beaucoup de rapports avec partagée en deux parties dont on a attri
ZAC 4 o3 ZAC

bué l'une (9-11) au Zacharie contempo pouvant y réussir à cause de la foule,


rain d'Achas, dont il est parlé Es. 8, 2., parce qu'il était petit, monta sur un syco
, l'autre à un prophète postérieur à Josias, more, et fut distingué par Jésus, qui savait
mais antérieur à l'exil : Rosenmuller en et appréciait ce qui se passait au dedans
fin rapporte toute cette dernière partie au de lui. Jésus entra dans sa maison mal
temps d'Hozias. La multitude de ces hy gré les murmures du peuple, lui annonça
pothèses si différentes est déjà une forte le salut, et produisit sur lui une impres
présomption contre leur valeur; les dou sion si profonde, que, repentant de ses
tes d'abord avancés, puis rétractés, par actions, le riche publicain s'engagea non
Eichhorn, et de nos jours par De Wette, seulement selon les prescriptions de la
sont également de nature à invalider l'au loi, Ex. 22, 1., à rendre le quadruple de
torité d'une critique toujours démolis ce qu'il avait dérobé en abusant de sa
sante. Les attaques ayant eu si peu de position, mais encore à donner la moitié
succès, il n'est pas nécessaire de faire de ses biens aux pauvres, Luc 19, 2. etc.
autre chose ici que de les constater, et en Zachée était Juif, comme le prouvent son
renvoyant à l'Einleitung de Haevernick, nom (le même que Ziccaï, Esd. 2, 9. Néh.
et au travail spécial de Burger (Stras 7, 14., signifiant juste ; on croit aussi que
bourg, 1841), nous nous bornerons à ci le Zabbaï de Esd. 10, 28., et Néh. 3, 20.,
ter quelques mots de ce dernier (p. 126), où nos versions portent à tort Zaccaï,
sur les rapports frappants qui se trouvent n'est qu'une faute de copiste pour Ziccaï ;
entre la dernière partie du livre et celles ce nom aurait été fort répandu), sa con
qui précèdent. « Ces ressemblances, dit naissance de la loi dans son offre de res
il, sont l'inégalité constante du style, flot titution, et le témoignage que lui rend
tant entre la prose et la poésie; la simi Jésus d'être aussi un enfant d'Abraham.
litude du contenu, qui dépeint dans les Les Juifs n'étaient pas exclus des fonc
deux fragments des guerres imaginaires, tions de péagers, q. v., mais ils y per
avec parité des figures, qui souvent vont daient leur réputation, et passaient pour
jusqu'au grotesque ; les images emprun des traîtres aux yeux de leurs compatrio
tées à la vie pastorale, et qui se trouvent tes, qui haïssaient naturellement les vexa
dans les deux fragments; quelques autres tions d'une douane étrangère, et ne pou
particularités, par exemple, les idoles et vaient que haïr davantage ceux des leurs
les devins, les idoles et les faux prophètes, qui consentaient à se faire les instru
Ch. 13, etc. » ments de cette odieuse administration.
i 6° Zacharie, sacrificateur de la classe Les paroles de Zachée, quoique au pré
d'Abia, mari d'Elisabeth et père de Jean sent, indiquent non pas des habitudes
Baptiste, Luc 3, 2.1 , 5. cf. 1 Chr. 24, 10., d'intégrité qu'il aurait eues jusqu'alors
n'est connu que par la vision qu'il eut dans sa profession, mais sa ferme réso
dans le temple, ses doutes en entendant lution de renoncer pour l'avenir au pé
les paroles de l'ange Gabriel, son châti ché, et de le réparer pour le passé. La
ment, sa soumission, et le sublime can réponse de Jésus le réhabilite, et humilie
tique d'actions de grâces qu'il prononça, ses ennemis, en lui laissant le titre d'en
et probablement qu'il écrivit, après la fant d'Abraham : elle encourage la famille
naissance de son miraculeux enfant. Son du publicain à le suivre dans le chemin
histoire est simple pour celui qui l'ac nouveau de la vérité, en annonçant que le
cepte avec foi : elle se complique inutile salut est venu dans sa maison , elle ren
ment pour celui qui veut l'expliquer d'une ferme enfin une allusion à la vie passée
manière naturelle. Une tradition porte du péager, en disant que le Fils de l'hom
qu'il fut tué près du temple par les ordres me est venu sauver ce qui était perdu.
d'Hérode, et c'est à ce fait que quelques (Serm. de Bouvier.)—La tradition ajoute
Pères de l'Eglise pensent que Jésus fait que Zachée devint plus tard évêque de
allusion, Matth. 23, 35. Césarée en Palestine; mais cette manière
, ZACHEE, chef des péagers de Jérico, de relever la gloire de tous les hommes
désirant vivement de voir Jésus, et ne dont il est parlé dans le Nouveau Testa
ZEB 454 ZER

ment, rappelle trop la canonisation acci aucune objection à leur obéissance, et


dentelle du mauvais riche, dont on avait continua seul et sans murmurer de rac
fait saint Dives d'après un exemplaire de commoder ses filets dans sa nacelle. On
la Vulgate. suppose qu'il était disciple de Jean-Bap
ZAMZUMMIMS, géants de la race des tiste, et ainsi déjà disposé à reconnaître
Hanakins, q. v. lls habitaient à l'est de la l'autorité de Jésus. Les ouvriers qu'il
Palestine, entre l'Armon et le Jabbok, avait sous ses ordres, Marc 1, 20., son
mais ils furent détruits par les Hammo épouse contribuant aux besoins de Jésus,
nites, Deut. 2, 20. Jean son fils chargé par le Sauveur mou
ZANOAH. v. Sanoah. rant de prendre soin de Marie, enfin les
ZARA, Gen. 38, 30., frère de Pharez, relations personnelles de Jean et de Caï
fils de Juda par Tamar, est nommé dans phe, Jean 18, 16., prouvent que la famille
la généalogie de Joseph, Matth. 1, 3. de Zébédée n'était pas une famille ôrdi
ZEBADIA (don de l'Eternel), 2 Chr. naire de pêcheurs, mais qu'elle jouissait
19, 11., fils d'un certain Ismaël de la tribu d'une certaine aisance et de quelque con
de Juda, fut établi par Josaphat prince ou sidération. — Son nom n'est guère rap
chef de la maison de jugement, tribunal pelé qu'avec ceux de ses fils, Matth. 10, '
supérieur créé par ce monarque. Cette 2. 20, 20. 26, 37. etc. t"

charge, qui n'avait au-dessus d'elle que ZEBUL (demeure), Jug. 9, 28., officier
la souveraine sacrificature, embrassait d'Abimélec, rendit à son maître un ser
tOutes les affaires civiles et contentieu vice signalé, lors de la rébellion et des
Ses, et décidait des conflits où les in menées de Gahal. Confident de ce der-,
térêts du roi et ceux du gouvernement nier, et n'osant lui résister ouvertement,
étaient en présence, lorsque la jurispru il feignit d'entrer dans ses vues, mais fit
dence fixée par Moïse ne suffisait pas. On avertir Abimélec en secret , lui conseil
a cru que Es. 10, 1-4. renfermait une al lant d'attaquer Sichem au lever du soleil.
lusion aux membres de ce tribunal. Avant de lever le masque, il amuse Ga
ZEBAH (victime) et Tsalmuna (ombre), hal, le persuade que ce qu'il prend pour
Jug. 8, 5. cf. Ps. 83, 11. Chefs madianites des hommes n'est que l'ombre des mon
qui, après avoir été battus par Gédéon, tagnes, laisse à Abimélec le temps d'ap
se retirèrent sur l'autre rive du Jourdain, procher, puis le temps venu, il rappelle à
acceptèrent de nouveau le combat avec Gahal ses bravades de la veille, et lui
leurs 15,000 hommes, mais furent défi coupe le chemin de Sichem. On admire
nitivement vaincus, et emmenés captifs. rait cette fidélité à un méchant, si ce n'é-
Loin de chercher à adoucir celui qui tient tait pas une complicité.
leur vie entre ses mains, ils le provo ZÉEB. v. Horeb. -

quent, se vantent d'avoir fait périr ses ZÉNAS, disciple qui paraît avoir rem--
frères, et méprisant Jéther, le fils de leur pli en Crète les fonctions d'évangéliste,
vainqueur, qui hésite à les tuer, ils enga Tit. 3, 13., et qui probablement porta à
gent Gédéon lui-même à se jeter sur eux. Tite la lettre dans laquelle saint Paul le
Ils meurent ainsi des mains d'un des ju recommandait. Il est appelé docteur de la
ges d'Israël, égalant dans leur mort tout loi, ce qui peut tout aussi bien désigner
ce qu'on sait de l'intrépidité des sauva un jurisconsulte romain, qu'un sage in
ges attachés au poteau fatal; ils meurent struit dans les saintes lettres.Son nomin
conlme meurent les Mohicans et les Peaux dique une origine grecque. On l'a compté
Rouges, insoucieux, et ignorant la mort, parmi les soixante-dix disciples, et on lui
comme ils ont ignoré la vie. a donné l'évêché de Diospolis.
ZEBEDEE, époux de Salomé, père de ZÉRACH, général ou roi cusite, qui
Jean et de Jacques le Majeur, exerçait marcha contre Asa, roi de Juda (955-91 4
l'état de pêcheur sur les rives du lac de av. C.), à la tête d'une immense armée,
Genésareth (à Capernaüm ?), et fut pré en partie composée de Libyens, mais qui
sent à la vocation de ses deux fils, Matth. fut battu à Marèsa dans la tribu de Si
4, 21. Marc 1, 19. Luc 5, 9. : il n'opposa méon, et poursuivi jusqu'à Guérar, 2Chr.
ZER 455 ZIM

14, 9. 16, 8. Le chiffre d'un million appli situation changeait du tout au tout.
qué à son armée, est ou une erreur de ma · ZICRI (mon souvenir), 2 Chr. 28, 7.,
nuscrit, ou une manière de parler pour puissant chef d'Ephraïm, qui profita de
désigner un nombre très considérable ; la victoire de son maître Pékach, roi d'Is
aucune vallée en Juda n'eût été assez vaste raël, sur le royaume de Juda, pour entrer
pour que deux armées de cette taille eus dans Jérusalem, et mettre à mort un des
sent pu s'y développer. On est d'accord, fils du roi, l'intendant des biens royaux,
depuis Des Vignoles, à penser que Zérach et le favori ou premier ministre d'Achaz ;
est l'Osorchon (ou Osoroth, ou Osorthos) on ignore si ces morts furent des assas
des légendes égyptiennes, le successeur sinats, ou des accidents de la guerre. —
de Sisac ou Sesonchis, le second roi de Quelques-uns le font fils de Tabéal, q. v.
la 22e dynastie, dite bubaste, mais pen ZILPA (bouche dédaigneuse), servante
dant longtemps l'épithète de cusite, ou de Laban, fut donnée à Léa lors de son
éthiopien, a embarrassé les interprètes ; mariage avec Jacob. Sur l'ordre de sa
on a cherché en Arabie, en Madian, en maîtresse elle devint concubine de son
Ethiopie, un roi de ce nom, et mainte maître, et lui donna deux fils, Gad et
nant qu'on sait qui est Zérach, on a en Aser, Gen. 29, 24. 30, 9.35, 26. 37, 2.
core à se demander comment il a pu être 46, 18. Elle est du reste inconnue, ce
appelé Cusite, ou Ethiopien; les uns pen qui vaut mieux pour elle que la triste
sent que cette désignation se rapporte à célébrité de sa compagne Bilha.
l'origine de sa dynastie, d'autres pensent ZIMRI (mon champ, ma vigne). 1° Si
qu'elle s'expliquerait si nous avions plus méonite, fils de Salu, Nomb. 25, 14., af
de lumières sur les rapports géographi ficha avec hardiesse son impudicité, et
ques et politiques de l'ancienne Egypte conduisit Cosbi dans sa tente, lorsque
avec l'Ethiopie. — C'est par erreur que déja les principaux coupables payaient de
quelques versions lisent Zéraph au lieu leur vie leur obéissance aux infâmes con
de Zérach (de même M. Coquerel). seils de Balaam. Son impudence ne le !
ZERED, torrent situé à l'est de la mer préserva pas du châtiment; il périt à
Morte, au sud de l'Arnon, dans le pays l'instant même, tué par Phinées.
des Moabites, Nomb. 21, 12. Deut. 2, 13., 2° Zimri, 1 Chr. 2, 6., ou Zabdi (doté),
c'est probablement le Kérek ou le Wadi Jos. 7, 1., fils de Zara, petit-fils de Juda,
Karrak actuel. n'est pas compris dans l'éloge qui est
ZERES, femme d'Haman, Est. 5, 10., fait de ses quatre frères, dont la sagesse
oubliant que l'orgueil marche devant l'é- est comparée à celle de Salomon, 1 Rois
crasement, donna à son époux des con 4, 31., soit qu'en effet il ne les ait pas
seils de vengeance arbitraire, imagina le égalés, soit plutôt qu'il fût leur père, et
gibet qui devait mettre fin aux insolences fils unique de Zara, ce que la méthode des
de Mardochée, mais pressentit ensuite généalogies permet de supposer, et ce qui
aux premiers mots le discrédit d'Haman, s'accorderait mieux avec la chronologie.
et comprit que tout était perdu. Comme, 3° Zimri ou Simri, cinquième roi d'Is
en Orient surtout, il n'y a jamais de de raël, 1 Rois 16, 9., n'était d'abord que
mi-disgrâces, la faveur dont commen général, ou officier dans l'armée de son
çaient à jouir Ester et Mardochée fut un prédécesseur Ela; il ourdit une conspira
trait de lumière pour elle. Deux Juifs se tion contre son jeune maître, le surprit
relevaient: c'est que la nation était par à Tirtsa, le tua, et jouit pendant sept
donnée, c'est qu'une politique nouvelle jours du fruit de ses crimes (928 av. C.).
succédait à celle d'Haman; la ruine d'Ha Il n'eut que le temps d'exterminer la fa
man était certaine, Est. 6, 13. Les paro mille de Bahasa, selon la prophétie de
les de Zérès et des mages n'emportent Jéhu, et bientôt assiégé dans Tirtsa par
pas qu'ils eussent confiance en la protec l'armée, qui refusait de le reconnaître, il !
tion spéciale de Dieu pour les enfants mit le feu à son palais, et périt au milieu
d'Abraham, comtne l'ont cru quelques au des flammes, après un songe d'uIle se
teurs : elles signifient simplement que la maine. •
Z0R 4 e )6 Z0R

ZIPH (bouche). 1" Fils de Jéliallélel, de die, d'entraver les travaux, et de faireavor
la tribu de Juda, de la famille de Caleb. ter l'œuvre. Des obstacles sans nombre .
2° Ville de Juda, peut-être fondée par amenèrent de l'incertitude : les travaux
Ziph, et entourée d'un désert dans lequel souvent interrompus pendant les derniè
David demeura caché quelque temps, 4 res années de Cyrus, et sous le règne de
Sam, 23, 14.15. cf. 26, 1. - !Cambyse, furent entièrement suspendus !
!

3o Autre ville du même nom, JOs. 15, sous le faux Smerdis (Artaxercès), par
55., située probablement aux environs de suite des menées de Réhum. Zorobabel,
* .
Mahon et du Carmel de Juda. . : ". pendant ce temps, disparaît de l'histoire,
ZODIAQUE (les douze signes du). C'est découragé, ou vaincu par les circonstan- .
ainsi qu'il faut traduire l'hébreu Mazza ces. Mais dans la seconde année de Darius
loth, 2 Rois, 23, 5., que nos versions ont fils d'Hystape, il reparaît, soutenu par la
rendu par astres. Le mot hébreu signi voix puissante d'Aggée et de Zacharie; les
fie proprement les demeures, et rappelle machinations des Samaritains tournent
à leur confusion, les travaux continuent,
l'expression cycle des palais par laquelle
les Arabes désignent les douze signes du et au bout de quatre ans, le temple, re
zodiaque, comme les splendides habita construit, est publiquement rendu au cul
tions qui sont successivement choisies par te par une dédicace dont l'humble pompe
le dieu du jour. Le mot Mazzaroth, tra contraste avec la splendide inauguration
duit par signes du zodiaque, Job 38, 32. du premier temple. Douze jeunes boucs
(dans la Vulgate, Lucifer), est le même offerts en expiation des péchés, selon le
mot, avec la seule différence du change nombre des tribus d'Israël, montrent, ou
ment assez ordinaire des lettres r et l. v. que les Juifs de retour entendaient re
Astres. -
présenter la nation dans son intégrité,
ZOROBABEL (étranger à Babylone), ou qu'en effet un certain nombre de Juifs
ou Sesbatsar (joie dans la tribulation), des dix tribus avaient profité, avec les
Esd. 1, 8.11. 5, 14., fils de Salathiel, ou deux autres, du bénéfice du retour. Dès
son petit-fils, 1 Chr. 3, 17., appartenait à lors le culte continua d'être célébré ré
la famille royale de David, 1 Chr. 3, et gulièrement, et la pâque réunit à Jérusa
était prince de Juda. Il fut le chef de la lem tous les fidèles qui avaient conservé
colonie juive qui retourna la première de le souvenir et la sainteté des beaux jours
Babylone à Jérusalem, sous Cyrus (536 de leur patrie. On ignore quand et com
av. C.), Agg. 1, 1. Esd. 1, 8., et il rem ment Zorobabel mourut; il laissa sept fils
plit en Judée les fonctions de gouverneur et une fille, 1 Chr. 3, 19.
sous le titre perse de Pécha (pacha), du Sa généalogie offre quelques difficultés :
moins sous Darius Hystape, Agg. 1, 1.14. il est appelé fils de Salathiel, Esd. 3, 2.
2, . 241. Esd. 6, 7. Après avoir rétabli Math. 1, 12. Luc 3, 27., fils de Pédaja et
l'autel des holocaustes, il fit célébrer so petit-fils de Salathiel, 1 Chr. 3, 19. Les
lennellement la fête des tabernacles, qui noms de ses enfants sont indiqués dans
se faisait en plein air , puis il commença ce dernier passage, mais on n'y trouve ni
la reconstruction de Jérusalem en posant celui d'Abiud, Math. 1, 13., ni celui de
la première pierre du temple devant une Rhésa, Luc 3, 27., qui sont comptés pour
foule immense, où les cris de joie de la ses fils, si toutefois le Zorobabel de la
jeunesse étaient presque couverts par les généalogie de Joseph est le même que
lamentations des vieillards, qui se rappe celui de la généalogie de Marie, et si l'un
laient avec douleur la gloire incompara et l'autre sont identiques avec le restau
ble du temple de Salomon. Les Samari rateur de Jérusalem et avec celui de 1
tains ayant essayé, mais sans succès, de Chr. 3, 19., ce qui a été contesté ; v. Sa
faire reconnaître leur nationalité juive, lathiel. On ne peut, dans tous les cas, rien
en demandant de prendre part aux tra conclure au sujet de ces généalogies;
vaux du temple, se tournèrent dès lors d'un côté il est évident que les Chroni
contre Zorobabel, dont ils tentèrent à di ques ne nomment pas individuellement
verses reprises, par la violence ou la perfi chacun des petits-fils de Zorobabel, dont
Z0R , 457 ; ZUZ

la famille était très nombreuse, de l'autre apparaît dans une des visions de Zacha
que Matthieu, en ne nommant que dix rie, 4,6.sq., où les promesses les plus en
descendants de Zorobabel jusqu'à et y , courageantes lui sont faites sous la forme
compris Joseph, n'a pu énumérer tous | la plus poétique! « Qui es-tu, grande mon
les membres de cette lignée qui remplit ·tagne, devant Zorobabel ? Une plaine ! »
l'espace de cinq cent trente ans. Les hy Tous les obstacles seront aplanis sur son
pothèses n'ont pas manqué, depuis Jérô | chemin ; sa force sera « non point une
me, jusqu'à Jansénius, Kuinoel et Paulus, armée , mais l' esprit de l'Eternel. »
mais elles n'ont pas fait avancer la ques ZUZINS, peuplade inconnue, de Ca
tion. . | | | naan , au temps d'Abraham, Gen. 14, 5.;
Le caractère de Zorobabel est peu des d'après Calmet, qui en a fait des géants, et
siné : il brille plus par sa position et sa le contexte autorise cette supposition, ce
mission, que, par les faits; il serait im Seraient les mêmes que les Zamzummims,
prudent cependant d'en rien conclure Deut. 2, 20. Leur territoire, au dire de
contre ses talents ou son activité; les Schrœder, devait s'étendre jusqu'à l'Ar
meilleurs administrateurs ne sont pas non, entre celui des Réphaïms au nord,
toujours ceux dont on parle le plus. ll et celui des Emims au sud.
- -
l, -

• · | · | · | , ' - i - l ' . '


| * -
#
-
|
J. - -- -

1 !

- 4 4 1 !
- |
• * º * · · | · | ,

-
", . · · !,
SUPPLÉMENT

ADDITIONS. — CORRECTIONS. — DÉVELOPPEMENTS.

(Outre un fort petit nombre de corrections proprement dites, ce Supplément contient plusieurs articles
qui, étant théologiques, ne rentraient pas necessairement dans le plan de cet ouvrage, et de plus, sur
les sujets déjà traites, quelques développements nouveaux et importants.)

AME

ABSINTHE, ligne 5, t. I, p. 19, 1re col., passif et susceptible de recevoir des im


lisez : Apoc. 8, 10. et 11. pressions.
AIGLE, t. I, p. 36, 2e col., 7e lig. du Les paroles du Deutéronome, 6, 5.,
bas. Dans quelques exemplaires, Daniel a sont citées trois fois dans les Evangiles,
été cité par erreur, au lieu de Deut. 28, et chaque fois d'une manière différente,
49. Ajoutez aussi Hab. 1, 8. qui s'éloigne également du texte hébreu,
AMANDIER, t. I, p. 46, 1re col., 1re li et de la traduction des Septante. Il est
gne, après : que nos versions rendent par aisé de voir que les évangélistes ont cité
amandier, ajoutez : ou par coudrier, Gen. de mémoire, en s'occupant du sens plus
30, 37. que des mots.
· AME. C'est le mot par lequel on tra Dans le texte hébreu du Deutéronome,
duit ordinairement l'hébreu néphesh dans on trouve en effet, et dans l'ordre sui
l'Ancien Testament, et le grec puxh dans vant, les mots : cœur, âme, forces (Sep
le Nouveau, cf. Deut. 6, 5. Matth. 22, 37. tante, ôûvaut;).
L'hébreu leb, cœur, et le grec zz2ôtz, dé Dans saint Matthieu : cœur, âme, pen
signent l'organe par lequel l'âme a la con sée (ôtzvoix).
science d'elle-même, et perçoit les im Saint Marc, 12, 30. : cœur, âme, pen
pressions, cf. Gen. 8, 21. Ex. 10, 20. etc. sée (ôtzvoiz), force (iaz);) : au verset 33
Cette distinction ne saurait cependant l'ordre des mots est encore interverti, et,
s'appliquer à tous les cas, et l'on doit re en outre, zvvéz t; est mis à la place de ôtx
connaître que dans le sommaire de la voix.
loi, à moins de supposer une tautologie, Saint Luc, 10, 27. : cœur, âme, force,
l'àme et le cœur sont deux choses diffé pensée.
rentes, dont l'une n'est pas l'organe de Le mot force (Deut. et Luc) désigne,
l'autre, mais qui ont chacune un rôle in presque sans contestation, l'action de la
dépendant, une action spéciale dans l'or volonté, l'activité, la pratique; le mot
ganisme morai. Le cœur représenterait pensée (ou intelligence, Marc 12, 33.)
davantage l'élément actif, le principe de comprend les facultés intellectuelles : les
l'aspiration, du désir; et l'âme, l'élément mots cœur et àme, qui se retrouvent dans
AME 460 AP0

les quatre passages, ne peuvent avoir que plus loin l'article Immortalité. .
le sens qui a été indiqué : la force serait º « L'âme dit Calvin, est prise pour la
alors l'expansion au dehors des impres volonté et désir, à savoir, d'autant qu'elle
sions reçues, des désirs, et des résolu est le siége de la volonté et du désir. En
tions formées par l'activité intérieure. | ce sens, il est dit que l'âme de Jonathan
L'emploi et la distinction des mots était liée à l'âme de David, et l'âme de
cœur et âme, dans les plus anciens livres Sichem adhéra à Dina, fille de Jacob...
des Hébreux, indiquent déjà, même en Quelquefois l'âme est simplement prise
admettant un certain matérialisme, que pour la personne, ou homme ayant âme,
les Juifs avaient une idée de§ comme quand il est dit que « septante-sir
de l'homme. Comme la plupart de leurs âmes descendirent avec Jacob en Egypte.»
notions religieuses, théologiques, philo Item. : « L'âme qui aura péché mourra...,
sophiques, psycologiques, cette idée était Et davantage, l'Ecriture use de cetté fa
confuse et vague, parce que l'analyse n'é- çon de parler que « l'âme se dêpart, • an
tait pas intervenue, parce que le temps ne lieu que nous disons coutumièrement :
l'avait pas mûrie. Moïse pouvait dire : « rendre l'âme... » Davantage,nous savons
L'âme de la bête est dans son sang, Lév. que quand ces deux mots, âme et esprit,
17, 11. Deut. 12, 23. cf. Gen. 9, 4., sans sont conjoints ensemble, par l'âme est
être accusé d'hérésie, sans heurter le sen signifiée la volonté, et par l'esprit l'en
timent public et la délicatesse des sages. tendement;... il faut prendre en ce même
Longtemps après, on pouvait confondre sens ce que l'apôtre aux Hébreux dit, que
encore par une même expression l'âme « la parole de Dieu est vive et pleine d'ef
et la vie matérielle, pvzh, Matth. 16, 26. ficace, et plus pénétrante que tout glaive
Mais l'idée n'en existait pas moins qu'une à deux tranchants, et atteint jusqu'à la di
substance immatérielle, qu'une réalité vision de l'âme et de l'esprit... » Toute
spirituelle était jointe au corps, à la ma fois, en ce dernier passage, aucuns aiment
tière ; quelque intime que fût l'union, ce mieux par l'esprit entendre cette essence
n'était qu'une union, et non une identité, en laquelle est la raison et la volonté...,
une confusion. En disant l'esprit, l'âme et par l'âme, le mouvement vital, et les
et le corps, l'Ecriture renferme des in sens que les philosophes appellent supé
dices, sinon une théorie formelle sur la rieurs et inférieurs. » || | · · ··| |

composition de l'homme, Es. 57, 16. APOCALYPSE. Ce livre, dit Digby, se


Le récit de la création même implique trouve en germe dans les prophèties de
la distinction de nature entre le corps Daniel, lesquelles renferment une his
formé de la terre, et l'âme formée par le toire anticipée de l'Eglise de Dieu dans
souffle, l'esprit de Dieu, et renferme par son assujettissement aux puissances de ce
conséquent le germe de l'idée d'immor monde, qui y sont représentées par qua
talité, Gen. 2, 7., quoique les mots res tre bêtes. Cette histoire comprend tous
piration de vie se retrouvent plus loin, les temps qui devaient s'ècouler dèpuis t
7, 22., appliqués aux animaux, par suite fin de la théocratie juivé jusqu'au jour
de cette absence de précision, qui n'est glorieux où le Fils de l'Homme viendra
as l'erreur, mais qui accompagne toute pour rétablir le royaume d'Israël.
éfinition encore incertaine, toute science La période de la domination funeste de
dont les termes sont encore à créer. Les ces bêtes forme une grande semaine d'an
mots âme vivante sont également appli nées prophétiques, dont les sept années
qués aux animaux, 1, 20. 30., et l'âme (temps) de la démence de Nébucadnetsar
semble désigner simplement le principe sont peut-être un symbole, laquelle com
vivifiant, comme Jonas 4, 3., où le texte mence avec la chute de Samariê et la dé
porte : Ote-moi, je te prie, l'âme, car la portation des dix tribus par le roi d'As
mort me vaut mieux que la vie. Cf. 1 Cor. syrie, et s'étend jusqu'au commencement
15, 45. C'est encore le souffle, EccI. 12, du son de la septième trompette de l'Apo
9., qui retourne à Dieu, après que la calypse, époque à laquelle les royaumes
poudre est retournée dans la terre. — v. de ce monde seront remis, et où les
ARA 461- BAP

saints seront mis en possession du royau pieds; par Stieler (éd. de 1839), à 16,100:
me. Cette période forme donc un grand par d'autres, à 10, 11, 12, et 12,700. Rien
calendrier prophétique de 2,520 ans, ou de plus incertain.
sept fois 360 ans. Les 1260 jours prophé-| ASTRES, I, p. 100, 1re col., ligne 9, au
tiques de Daniel et de saint Jean, dési lieu de : avec les étoiles, l'hébreu de Job,
gnés aussi par trois ans et demi (d'an 38, 32., porte : avec ses enfants.
nées), en forment la dernière moitié. Les
trois premières bêtes, celles qui dési BALAAM, l, p.116.Son histoire est ra
gnaient les Babyloniens, les Perses et les contée Nomb. 22 à 24.
Macédoniens, avaient déjà été englouties, BAPTÈME. La controverse relative au
du temps de saint Jean, par la quatrième baptème des adultes, toujours fort vive en
bête, qui représentait la puissance romai Angleterre, aux Etats-Unis et aux Indes
ne, Ainsi, les pl'ophéties de l'Apocalypse Orientales, n'a jeté qu'une lueur fugitive
ne concernent que cette dernière, qui sur le continent, où des questions mal
existait alors seule sur la terre. Le théâtre heureusement bien plus graves, ont dû
de l'Apocalypse, c'est donc l'empire de forcément accaparer et absorber l'atten
Rome. , , , , tion des chrétiens. C'est à Genève, en
· Les destinées de cet empire et de l'E- 1825, que cette question a été le plus
glise qu'il renferme, sont écrites dans le chaudement discutée (la Famille Baptis
liyre mystérieux scellé de sept sceaux, te, la Famille Baptisée, etc.); dès lors les
5, 1. sq. C'était un grand volume formé baptistes suisses, tout en conservant leurs
de sept volumes distincts, roulés l'un sur principes, se sont fondus dans les trou
l'autre à la manière des livres anciens. peaux déjà existants , quelques Eglises
L'arrangement de toutes les prophéties pédobaptistes ont même pris des mesu
apocalyptiques est admirable : elles sui res spéciales, destinées à faciliter aux
vent un ordre chronologique. Le septiè baptistes leur admission sans gêner en
me volume, sept fois plus grand que les rien leur conscience. Parmi les rares ou
six premiers, renferme la vision des sept vrages publiés en France en faveur du
trompettes, laquelle nous conduit jusqu'à baptême exclusif des adultes, nous cite
la fin des temps, et pareillement, la sep rons, comme complet et curieux, le Caté
tième trompette, qui est la dernière, cf. 1 chisme du Baptême d'après les saintes
Cor. 15, 52. 1 Thess. 4, 16., comprend Ecritures et un grand nombre d'auteurs
les sept coupes par lesquelles la colère de pédobaptistes (Douai 1843), Des rapports
Dieu est accomplie.Ainsi le septième vo entre le Baptême et la Cène (1849), Re
lume, la septième trompette et la septiè cherches sur le Baptême, par J.-B. Crétin.
lne coupe, se terminent tous ensemble Au reste, la question de fond ne peut
avec la chute du dernier royaume terres sérieusement souffrir de difficultés; le
tre et l'établissement du règne visible de baptême des petits enfants est la consé
Jésus-Christ sur la terre. quence logique du système des Eglises
A ce grand volume scellé, l'esprit de nationales ; le baptême des adultes, des
prophétie a ajouté un codicille, ou une ré adhérents, des professants, est la consé
capitulation prophétique : c'est le petit qence logique du système des Eglises de
livre ouvert qui commence par ces mots : professants, quelque nom qu'on leur don
« Il faut que tu prophétises derechef, » ne d'ailleurs, Eglises indépendantes, li
· elc., 10, 11. Ce livre ouvert concerne bres, dissidentes ou autres. L'Eglise pri
principalement les événements des 1260 mitive baptisait ceux qui croyaient, parce
jours prophétiques de la révolte de l'E- qu'alors, l'accession à l'Eglise était un fait
glise de Rome, et nous en trouvons l'ar individuel et volontaire; si l'on fait de
chétype dans les visions du prophète Ezé l'Eglise, en en dénaturant la notion, un
, chiel, contenues dans le petit livre qui établissement d'évangélisation et d'appel,
lui fut donné à manger, Ez. 2, 8. point de vue qui peut se soutenir par des
· ARARAT, I, p.78. Sa hauteur est éva raisons spirituelles et morales plutôt que
luée, par l'Edinburgh Gazetteer, à 9,500 scripturaires et ecclésiastiques, le baptê
BIB 462 BIB

me des enfants est justifié; les baptisés Pami les commentaires allemands, nous
sont les appelés; mais si l'Eglise ne com citerons encore la Haus-Bihel de Richter.
prend que les adhérents ou les élus, le | C'est par une méprise inexplicable que
baptême n'appartient plus qu'aux adultes. les publications de MM. Bagster and Sen
L'honorable B. Noël, en quittant l'Eglise ont été oubliées. Les travaux bibliques
anglicane, s'est fait rebaptiser; il a été de cette librairie, ses nombreuses et éle
plus logique dans sa conduile que ceux gantes éditions, ses polyglottes, ses com
qui l'ont précédé ou suivi en Suisse, en mentaires, ses cartes, son atlas biblique, |
Ecosse et en France; il n'a pas quitté un lui ont fait une réputation plus qu'euro
nationalisme pour un autre. . péenne, et placeront son nom dans l'his
Les baptistes compromettent souvent toire à côté de celui des Etienne pour le
leur cause par l'étroitesse et l'exclusisme zèle chrétien, des Elzévirs pour la perfec
avec lequel ils s'attachent, non-seulement tion typographique. - Notons aussi The
à leur point de vue quant au baptème des Domestic Bible du révérend ingram Cob
adultes, mais encore au baptême par im bin (Partridge et Oakey), avec commen
mersion. Une forme n'est pas un dogme taires, parallèles, plusieurs Geniaines de
fondamental. A cet égard, ils subiront gravures, etc.; et la nouvelle édition il
lustrée du commentaire de Mlatthieu IIen
aussi l'influence de l'alliance évangélique.
BARABBAS. Son histoire se lit Matth. ry, faite par les soins des révérends E.
27, 16. sq. Jean 18, 40. Bickersteth, docteur Steane, Brown, Cob
BARSABAS 1°. Le seul fait de sa pré bin. Leifchild, Forsyth, et Bunting.
sentation montre de quelle estime il jouis Les Septante et la Vulgate sont les tra
sait dans l'Eglise. ductions les plus célèbres, sinon par leur
BARTHELEMI ; ajoutez : Matth. 10, 3. mérite, au moins par leur antiquité, et le
BIBLE, t. I, p. 145.Aux éditions françai rôle qu'elles ont joué. Il y a diverses tra
ses du Nouveau Testament, nous devons ditions sur l'origine des Septante, et leur
ajouter celle qui a été faite à Genève (im histoire, qui se perd dans la nuit qui sé
primée à Bruxelles, 1843), à l'usage des para les derniers prophètes de l'ancienne
catholiques romains. Elle restera comme alliance et les jours apostoliques, pré
un monument de l'activité des pasteurs de sente plus d'une obscurité. D'après Aris
Genève, et du zèle avec lequel les dames tobule, le Pentateuque aurait déjà été tra
de cette ville ont su faire, pour la parole duit en grec avant Ptolémée Philadelphe
de Dieu, ce que leurs mères avaient déjà et Démétrius de Phalère ; ce dernier au
fait pour conserver à leur patrie une rait conçu le plan de la traduction de tout
précieuse collection d'histoire naturelle. l'Ancien Testament, il l'avait conseillée à
Dans cette édition, tous les chapitres et Ptolémée Lagus, et le successeur de ce
passages dont la lecture est plus particu lui-ci, Philadelphe, l'aurait exécuté, On
lièrement recommandée, sont notés d'une connaît l'ardeur avec laquelle les rois
raie bleue, parallèle à la marge; les pas d'Egypte cherchaient à enrichir leur fa
sages qui réfutent d'une manière directe meuse bibliothèque d'Alexandrie, et l'on
les erreurs de l'Eglise romaine, sont sou comprend facilement qu'ils aient désiré
lignés à l'encre rouge, et de nombreuses avoir aussi un exemplaire du code sacré
notes, toutes de controverse, sont collées des Hébreux; les Juifs exilés se sont
en regard des versets auxquels elles ser empressés de procurer à l'Académie un
vent de commentaires, ou dont elles sont exemplaire authentique et reconnu par
destinées à faire ressortir le sens. Ce tra le sénat (sanhédrin) de Jérusalem, com
vail, fait à la main, a dû exiger un temps posé de soixante-dix ou soixante-douze
considérable, et fait l'éloge de ceux qui membres (de là, peut-être, le nom de
l'ont conçu et de celles qui l'ont exécuté. version des Septante ?) Ce code, compose
On peut regretter cependant que les dans une langue inconnue, fut lraduit en
auteurs de ce commentaire d'un nouveau grec. Le Pentateuque est peut-être le
genre, n'aient pas utilisé davantage les seul morceau qu'on envoya au roi ; il fut
passages relatifs au salut par la foi. traduit avec plus d'intelligence et de soin;
BIB 463 BIB

cependant il prouve encore que les tra croître la confusion. La découverte de


ducteurs n'étaient pas des docteurs de la l'imprimerie, dans la seconde moitié du
loi, connaissant le texte, sa lecture, son quinzième siècle, vint ranimer les espé
interprétation et la théologie judaïque ; rances que l'on avait conçues de con
c'étaient des Juifs, instruits peut - être duire à fin l'énorme entreprise d'une tra
dans l'érudition grecque de ce temps, duction latine de la Bible : la première
mais c'est la seule garantie qu'ils offrent, édition parut à Mayence en 1462, et con
et elle n'est pas considérable. Les Juifs stata les nombreuses corruptions du texte.
de l'Egypte, cependant, qui avaient à peu En 1502, le cardinal Ximénès publia sa
près oublié l'hébreu, se servirent de pré fameuse Bible d'Alcala, et, en mettant la
férence de la traduction grecque qui ve Vulgate entre le texte grec et le texte hé
nait de leur être donnée, et l'on voit par breu, il dit dans sa préface « que c'est le
un grand nombre de passages du Nouveau Christ entre les deux larrons ! » Gumelli
Testament, que cette version était encore (Paris 1504) et Castellanus (Venise 1511)
en usage au temps de notre Seigneur, qui publièrent la traduction et ses variantes.
paraît l'avoir lue lui-même. Mais après Robert Etienne en fit huit éditions suc
Christ, les Juifs l'abandonnèrent, soit à cessives, et corrigea la version latine d'a-
cause de ses défauts, soit par esprit de près l'hébreu. Jean Benoît (1541) et Isi
contradiction, parce que les chrétiens en dore Clarius (1542) firent un travail ana
faisaient grand cas. Ils la remplacèrent logue, et ce dernier se plaignit assez li
brement des innombrables erreurs dont
par celle d'Aquila, et plus tard ils renon
cèrent même à toute traduction, banni fourmillait la traduction de Jérôme, amen
rent de leur culte les langues païennes, dée, corrigée, changée depuis des siècles.
et reprirent en hébreu, mais non sans y Le concile de Trente arrive. Après bien
mêler du caldéen et des expressions rab des débats , il nomme une commission
biniques, leurs lectures et leurs prières, d'examen qui ne fait rien. Vers la fin du
comnie ils font encore aujourd'hui. concile, Pie IV nomma une autre com
La version de la Vulgate fut commen mission, mais à Rome, et sous ses yeux.
cée (385 ap. C.) par saint Jérôme , qui Pie V la renouvelle et en accélère les tra
avait reconnu les fautes de la version la vaux. Douze ans après (1589), Sixte
tine Itala, traduite sur le texte déjà dé Quint s'impatiente en voyant l'œuvre à
fectueux des Septante; mais quoiqu'il eût peine ébauchée. Il en fait son affaire, et
été encouragé dans son travail par quel la nouvelle Vulgate s'imprime au Vatican,
ques-uns de ses amis les plus distingués, sous ses yeux(1590). Lui-même il revoit
entre autres l'évêque Chromatius, sa tra les épreuves : Nostrâ nos ipsi manu cor
duction fut généralement mal accueillie, reximus. Hélas! l'ouvrage du saint-père
et ne fut guère approuvée que des sémi prêtait non-seulement à la critique, ce
pélagiens. Grégoire-le-Grand l'appuya qui était grave, mais à la plaisanterie, ce
plus tard, et au temps d'Isidore (vIIe siè qui était pire. Hebrœi pour ebrii(Hébreux,
cle), elle était reçue et estimée à l'égal pour ivres), pecoribus pour prioribus (les
de l'Itala. Alcuin, chargé par Charlemagne bestiaux , pour les premiers), etc. D'au
d'en faire la révision, compara entre eux tres méprises semblables firent compren
les nombreux manuscrits qu'il put se pro dre que le travail ne pouvait pas être ainsi
curer, et les confronta avec le texte hé lancé dans le monde ; et pour ne pas per
breu. Au Onzième siècle, une nouvelle ré dre l'édition, on se mit à raturer, on cor
vision fut jugée nécessaire, et Lanfranc, rigea à la plume, et l'on recouvrit un grand
archevêque de Cantorbéry, lui donna son nombre de passages avec des bandelettes
nom. De même, le cardinal Nicolas au dou de papier sur lesquelles on avait imprimé
zième siècle. La Sorbonne fit faire ce tra des corrections nouvelles. Ce travail, qui
vail par ses élèves, mais les dominicains n'en fut pas moins maintenu dans son
(1256)lefirentinterdire. Hugues deSainte privilége de version authentique, était à
Chair fut plus heureux; mais tous ces es refaire. Grégoire XIV , successeur de
sais presque individuels ne firent qu'ac Sixte-Quint, se remet immédiatement à
, B0A º464 ^ BOA
l'ouvrage, et Clément VIII a le bonheur hommes de zèle et de puissance, oubliez
(1592) de publier enfin le texte qu'on ne vous de quel esprit vous devriez être ani
corrigera plus. Elle diffère par six mille més?Cependant, même avec cette modifi
détails, et par une centaine de correc cation dans le sens , le nom de Boaner
gès ne paraît que difficilement pouvoir se
tions importantes, de l'édition de Sixte
Quint, dont les papes cherchent à anéantir placer ici. Olshausen , pour sa part, nie
les exemplaires, et Bellarmin, en mettant toute espèce de corrélation entre le fait
sur le compte de l'imprimeur les fautes et le surnom. Il n'y a pas d'exemple, dit
de l'édition sixtine, avoue encore dans sa il, qu'un blâme ait jamais été formulé de
préface, que les réviseurs de la nouvelle telle manière que le souvenir en fût rat
édition ont laissé passer bien des choses ché comme surnom à celui qui avait com
qui auraient eu besoin d'un examen plus mis une faute, et ce serait plus étrange
rigoureux. La Vulgate existe enfin; elle a encore dans ce cas-ci, où la conduite des
déjà près de deux cent-soixante ans : son deux apôtres, blâmable au point VUlE
enfantement a été laborieux. Elle est née chrétien, se justifiait cependant au point
dans un temps d'orage, elle a respiré dès de vue juif, non-seulement en théorie et
lors un air trop vif, et tout porte en elle d'une manière générale, mais encore par
les caractères de la décrépitude. De cin l'exemple d'Elie qu'invoquent les apô
quante ans plus jeune que les chefs-d'œu tres. Puis le fait que ce surnom n'est rap
vre de la Réformation , elle a l'air d'a- pelé que Marc3, 17. dans la liste des apô
voir deux siècles de plus. (v. Cellérier, tres, parallèlement au surnom de Pierre
Introd. à l'A. Test., Bungener, Conc. de donné à Simon comme un des caractères
Trente, I, 128. sq., et surtout Haever de sa mission future, comme éioge , ne
nick, Einl. $ 87, 88.) permet pas de supposer qu'immédiate
BOANERGES (boan, forme galiléenne ment après, en parlant de deux des apô
pour ben, fils ; roguèz, de ragaz, trem tres les plus distingués avec Pierre, un
blement, ébranlement, tonnerre), surnom blâme soit enregistré d'une manière aussi
de Jacques et de Jean, Marc 3, 17. Plu éclatante. Les Pères de l'Eglise l'ont ainsi
sieurs commentateurs pensent que ce sur pensé dès le commencement, et ils ont vu
nom fut donné aux fils de Zébédée à cause dans les mots « fils du tonnerre » le por
de la scène dans laquelle ils voulurent, à trait du caractère apostolique des fils de
l'exemple d'Elie, faire descendre le feu Zébédée.
du ciel sur une bourgade des Samaritains Nous modifierons ce jugement en rap
qui avait refusé de recevoir le Sauveur, portant le nom de Boanergès à l'œuvre
Luc 9, 54. sq. Jésus leur dit alors : Vous des apôtres plutôt qu'à leur caractère. ll
ne savez de quel esprit vous êtes animés; rappellerait l'ébranlement que l'Evangile
paroles qui impliquent certainement un devait occasionner dans le monde, Agg.
blâme et non un éloge comme le préten 2, 5-7. cf. Hébr. 12, 26. Jér. 23, 29.Jac
dent quelques théologiens. Sous sa forme ques est trop peu connu pour qu'on puisse
la plus adoucie, ce blâme signifierait : dire jusqu'à quel point sa personnalité
Vous confondez les deux économies : sous légitimait le surnom qu'il reçut, et quant
l'ancienne, Elie a pu frapper de la foudre à Jean, la douceur de son caractère est si
ceux qui méconnaissaient sa mission; sous proverbiale qu'on a peine à se le repré
la nouvelle qui est une alliance d'amour, senter comme un fils du tonnerre. Ce
il n'en est plus ainsi : le Fils de l'homme pendant, comme on a eu occasion de le
n'est pas venu pour faire périr les âmes voir ailleurs, sa douceur m'a rien d'effe
des hommes, mais pour les sauver. Les miné, sa fermeté était plus égale que celle
mots du v. 55. « censura fortement » ex de plusieurs de ses collègues, et il se
cluent, dans tous les cas, l'idée d'une montre dans ses épîtres, dans la première
| louange, et si le nom de Boanergès a surtout, non-seulement si zélé, mais en
quelque rapport avec cette circonstance, core si intrépide dans sa lutte contre les
· ce ne serait que comme un souvenir que erreurs et les fausses doctrines , que le
' Jésus leur rappelle : Fils du tonnerre, nom de Boanergès n'aurait rien d'étrange,
CAN i 465 , CAN

, même appliqué à sa personnalité, V.en ſºitnod † ma vie tout entière,


| core 2 Jean 10., et l'Apocalypse. . 1 | | | | | x rayons de ce soleil,
Ma volonté, mes désirs,
· Ces surnoms, comme ceux qui furent, lºiſ1 , : · Tout paraît noir.
donnés à Simon, à Abram, à Jacob ont "t
# )
Ce que je fais et touche,
pour but de caractériser le nouvel homme; - 'C'est d'une main noircie.
ils sont le symbole de la nouvelle naiure, *
i ,, ,,! .-
Les traces de mes pas,
de la nouvelle naissance; cf. Es. 62,2,65, |', Je les vois noires aussi.
| 15.Apoc. 2, 17. Le Seigneur, en appelant +
º'! . Vous, filles de ma mère,
, ses serviteurs, leur donne de nouveaux ut,º ) Noire je suis tout entière,
- ! " nomiS. , . Et pourtant l'épouse du roi,
i, i , l! ! - · · · ·· · ,! (Mon bonheur est certain) :
1 BOTSRA 2º, t. I, | 151, ligne 3, lisez l · -
º · Belle et de bonne grâce,
· Edrehi au lieu de Édrelin.
· l, º,itlºu , 1| | |
• || | " ii Parée pour la noce,
• - - • , Afin qu'en ma beauté
| | CAM.Ajoutez Gen, 9, 25. A !, Se réjouisse mon époux.
I. GANTIQUE des Cantiques. Un beau Il m'a préparé
Un merveilleux vêtement,
, Commentaire dont je n'ai eu connaissance Avec cris, avec larmes,
· que dernièrement, et que les théologiens Dans une ardente lutte de mort.
, ne sauraient dédaigner malgré sa forme, C'est la robe du salut ;
-qa paru à Halle, de 1845 à 1847, sous le Je m'en enveloppe tout entière.
· titre : Das Hohelied. ln Liedern, von G. Elle m'étreint de tous les côtés,
Et me fait blanche et pure ;
• Jahn. Il est divisé en trois parties, répon Car on ne voit plus rien
dant à trois manifestations de la grâce di De ma peau brune et noire ;
vine : l'œuvre dans la foi, Cant. 1, 1.-2, Et ainsi j'apparais belle
7.; le travail dans l'amour, 2, 8.-3, 11.; Comme l'épouse d'un roi.
la conservation dans la grâce, 4, 1.-8,4. Noire je suis de moi-même, ' , :
Et pauvre, et faible, et nue,
L'épilogue, le oui de l'époux et l'amen de Pourtant aimable par la grâce,
l'épouse, 8, 5-14., répond au prologue Glorieuse, riche ct grande ;
qui dédie ces poésies à l'Allemagne souf Noire je suis de naissance,
frante, comme la lumière véritable qui Mais blanche par la grâce.
doit faire ressortir les ténèbres des lu Blanche je ne suis devenue
mières faussement ainsi nommées. Ce vo Que lorsque noire je me suis reconnue.
lume renferme soixante-quatre délicieu Le noir est condamné de Dieu,
Car Dieu est vêtu de lumière.
ºses poésies, qui sont autant de dévelop Je puis me dire blanche,
| pements spirituels des versets qui en for Mon Seigneur ne me laisse pas noire.
1 ment le thème; il est difficile de préférer Chaque soir je suis noircie
' l'une à l'autre, et plus difficile encore de Des péchés de la journée.
De mon Seigneur la patience
· les traduire en français. Voici, par exem M'a blanchie chaque matin.
ple, et en réservant les imperfections de la C'est quand je me reconnais noire
trºduction, comment l'auteur paraphrase Que je plais à mon ami.
le verset 4 du chap. 1er : « O filles de Jéru Et plus je suis noire à mes yeux,
Plus je suis agréable aux siens.
salem,je suis brune, mais de bonne grâce, Oui, plus ma peau est brune,
comme les tentes de Kédar, comme les Plus ressort la blancheur de sa robe.
Courtines de Salomon. » Ce morceau est De la tête jusqu'aux pieds
intitulé Selbstbeschauung, Contempla La justice m'enveloppe.
tion, Examen de soi-même : O filles de ma mère !
Je suis brune, c'est vrai ;
Du cabinet de mon roi, Mais néanmoins de bonne grâce,
Comme épouse de mon roi, Et l'épouse du roi éternel.
Je suis sortie
Et me suis regardée, Ce petit morceau donnera peut-être une
Et me suis vue
idée du genre et de l'esprit du livre. On
Noir le visage, noires les mains. trouvera bien rarement un pareil mélange
C'est mon roi, mon soleil de la grâce naturelle et de la gràce divine 7
Qui m'a ainsi brunie. de l'esprit humain et de l'esprit de Dieu.
II. 30
CHA , CHA
466 ,
— « L'amour est le sujet du Cantique qu'il est difficile d'accorder entre elles et
des Cantiques, que la tradition attribue à de coordonner. Si l'un des membres de
Salomon, et qui suppose chez son auteur cette trilogie manquait (la chair, comme
une âme éminemment mystique, ou du dans le manuscrit E et dans trois autres,
moins susceptible des affections terres ou la volonté de l'homme , comme dans
tres les plus vives et les plus délicates. B), la difficulté disparaîtrait, mais la cri
On peut y voir, soit une allégorie orien tique les maintient tous les trois, et l'on
tale et une peinture figurée de l'amour de doit se demander quels sont les rapports
l'Eglise ou de l'âme individuelle pour son de ces trois termes :
Dieu, soit un tableau de l'amour de l'hom Le sang,
me pour la femme, qui était alors généra La volonté de la chair,
lement traitée comme un être subalterne, Et la volonté de l'homme. -

et que cette affection profonde remettait Quelques-uns, comme Bleek, et même


à sa vraie place en lui rendant sa dignité Tholuck, y voient les trois phases de la
morale et sa liberté. Mais, en tout cas, génération naturelle : la concupiscence
on ne peut nier que ces chants ne corres Sans conscience d'elle-même, la chair avec
pondent exactement à ce que nous sa la conscience d'elle-même, et la volonté ;
vons, soit de Salomon aimant l'Eternel, — Augustin : la semence , la femme (la
soit deSalomon aimant la fille de Pharaon. chair, cf. Matth. 19 , 5. Eph. 5, 29.), et
Ils sont d'ailleurs un ouvrage de sa jeu l'homme; — Tholuck : la semence , l'ap
nesse, et des juges impartiaux les ont dé | pétit sensuel en général (Eph. 2, 3.), et
clarés le chef-d'œuvre de la poésie lyri la passion de l'homme ; il s'appuie sur
que orientale » (Rougemont.) d'autres passages qui opposent également
CECITE, t. I,p. 176, 1re col., au milieu. la chair à l'esprit, Jean 3, 6., ou la se
Le passage Jean 9, 1. parle de boue faite mence de Dieu à la vie du péché, 1 Jean
avec la salive, et non de salive seulement. 3, 9.
CHABOR est le nom d'une rivière, et D'autres introduisent dans leur expli
c'est un fait remarquable qu'une rivière, cation des allusions ou un sens figuré,
sortant des montagnes centrales de l'As qui s'écartent des idées relatives à la
syrie, retient invariablement ce même naissance naturelle de l'homme. Origène :
nom jusqu'à nos jours. Gesenius traduit les sacrifices (le sang), la circoncision (la
ainsi le passage de 2 Rois 47, 6. : « Il les chair), et le zèle pour la loi (la volonté de
fit habiter en Chalites (Halah), et sur le l'homme); — Leclerc : ils ne sont point
Thabor (Habor), une rivière de Gozan, et nés d'Abraham, ni d'esclaves étrangères
dans les cités des Mèdes. » La version an alliées au peuple de Dieu (Deut. 21, 11),
glaise admet le même sens, si l'on retran ni même de prosélytes ; — Benzel : les
che seulement la particule by, (by a river ancêtres, les parents, le père. C'est trop
of Gozan) laquelle est imprimée en itali recherché.
ques pour montrer qu'elle n'existe pas D'autres enfin voient, dans les deux
dans l'original. Habor, comme nous le premiers termes, deux périphrases de la
voyons, est une rivière de Gozan. Le Zâb génération humaine, et, dans le troisième,
en est une aussi ; et se trouvant la plus la volonté de l'homme en général. Lampe :
considérable, elle peut bien être appelée generatio secundum ordinem naturae, li
par excellence la rivière de Gozan, q. v. bido lasciva (1 Jean 2 , 16. 2 Cor. 7, 1.
(Grant.) Eph. 2, 3.), adoptio (Gen. 17, 12. 13.;)-
CHAIR. Le passage Jean 1, 13., où il Ilenry : une famille spéciale (opposée à 1
est dit de ceux qui croient, « qu'ils ne Pierr. 1, 23.), la naissance naturelle, in
sont point nés de sang, ni de la volonté diquant la filiation (Gen. 6.3.), la volon
de la chair, ni de la volonté de l'homme té humaine , Rom. 9, 16. Il est prouvé
(ávôpos), mais ils sont nés de Dieu, » a par Jacq. 1, 20., que le mot xvne peut se
beaucoup embarrassé les interprètes. Les prendre, même au singulier, dans le sens
difficultés sont dans les détails. Ce pas de homme, sans l'idée du sexe. Et c'est à
sage est composé de trois propositions ce sens qu'il nous paraît le plus simple
CHA 467 CIE

de s'attacher; il est indiqué dans la tra CHRONIQUES, t. I, p. 198, à la fin de


duction paraphrastique de Beausobre : l'article, lisez : (Rochat, Sermons, t. V).
« Ils ne tirent leur naissance ni du sang, CIEL, Cieux. Dans la Bible, comme
ni du désir de la chair, ni de la volonté dans le langage ordinaire, ce mot a plu
humaine. » Ce passage est ainsi parallèle sieurs significations entièrement distinc
de 1 Pierr. 1, 23.: « Vous avez été régé tes. C'est ainsi qu'il signifie :
nérés, non par une semence corruptible, 1o L'étendue, Gen. 1, 8. cf. 2 Pierr.
mais par une semence incorruptible. » Ils 3, 12. 13.; les cieux des cieux, Deut. 10,
sont nés, non de l'amour humain, mais 14.1 Rois 8, 27. Néh.9, 6., ne sont qu'un
de l'amour de Dieu, cf. encore Eph. 2, 3. développement de la même idée, une fa
5, 25. sq. 1 Jean 3, 1. Jacq. 1, 18. çon de parler pour désigner l'univers jus
Gerlach l'entend à peu près de la même que dans ses limites les plus reculées.
manière. L'apôtre, dit-il, veut, par toutes 2° L'atmosphère qui entoure notre pla
ces expressions accumulées, exprimer vi nète, Deut. 28, 23. Jacq. 5, 18. Agg. 1,
vement et fortement cette pensée, qu'au 10. Lév. 26, 19. Ps. 68, 8. Marc 1, 10.
cune origine charnelle, aucun effort de la 3° L'espace en tant que séjour des puis
nature corrompue de l'homme, livrée à sances spirituelles, Jug. 5, 20.Act. 4, 12.
elle-même, ne peut engendrer des en Phil. 2 , 10. (l'air est opposé aux cieux
fants de Dieu. Il y a même une progres lorsqu'il est question des puissances des
sion dans les termes : d'abord, en géné ténèbres, Eph. 2, 2. 6, 12).
ral, ils ne sont pas nés du sang (grec : des 4° La demeure de l'Eternel; c'est là
sangs), c'est-à-dire des familles, quelles qu'il habite, c'est de là qu'il répand sur
qu'elles soient, contrairement à la fausse tous les hommes ses grâces, ses faveurs ;
sécurité que les Juifs fondaient sur leur c'est là que fut préparé et que s'achève
origine (8, 33.); ils ne sont pas nés non le mystère de la Rédemption; là que s'en
plus « de la volonté de la chair, » c'est registrent les noms des bienheureux, les
à-dire de la nature humaine corrompue, fautes et les vertus des hommes, leurs
infirme, mortelle, portant en elle toutes aumônes, Ps. 73, 25. 103, 19. 139, 8.
les suites du péché; enfin, d'une manière Matth. 6, 20. 18, 18. Luc 24, 51. Jean 6,
plus précise encore, ils ne sont pas nés 41. Hébr. 4, 14., etc., etc.
de la volonté de l'homme (littéral. du ma 5° Le séjour futur des rachetés, Matth.
ri), mots qui marquent l'impossibilité ab 19 , 21. 2 Cor. 5, 1. 1 Pier. 1 , 4. C'est
solue où est tout homme de produire des même le sens dans lequel s'emploie le
êtres qui, par naissance, méritent le titre plus habituellement le mot ciel. Le para
d'enfants de Dieu. — Les deux dernières dis dont parlent Jésus, Luc 23, 43., saint
expressions feraient peut-être aussi pen Paul, 2 Cor. 12, 4., et saint Jean, Apoc.
ser à un sens spirituel, et indiqueraient 2, 7.; la vie, Marc 9, 43.45.; la gloire à
que la volonté de la nature humaine, ni venir, Rom. 8, 18. Hébr. 2, 10.; la vie
celle d'aucun homme, ni l'emploi de tou éternelle , Jean 3, 15., etc. Act. 13, 48.
tes ses facultés, ne suffira jamais pour Matth. 25, 46.; le royaume de Dieu, Marc
régénérer l'homme et le rendre enfant de 9, 47., d'autres expressions encore, sont
Dieu. Dans ce sens aussi ce qui est né de synonymes du ciel, et expriment la même
la chair est (et reste) chair, 3, 6. (Bon idée sous d'autres formes, ou plutôt don
net et Baup). nent une forme à une idée qui n'exprime
- Gal. 5, 17. Quand saint Paul dit que que l'espace. L'Ecriture ne nous donne,
l'esprit convoite contre la chair, il n'en du reste, aucune indication sur ce que
tend pas que l'àme bataille contre la chair, sera la vie éternelle bienheureuse; les
ou la raison contre la sensualité ; mais épithètes qui la caractérisent ne peuvent
l'âme même, en tant qu'elle est gouver aider à l'imagination. Ce sera une gloire
née par l'esprit de Dieu, combat contre souverainement excellente, un bonheur
soi, en tant qu'elle est encore vide de l'es sans mélange, mais de quelle nature ? On
prit de Dieu, et adonnée à ses cupidités. ne saurait le dire.
(Calvin). De ce vague, de cette ombre qui en
CIE CIE
468 |

toure l'avenir, de ce mystère qui l'envi et cf. surtout 2 Cor. 12, v. 2 et v. 4. (où
ronne, et qui s'interpose comme un nuage le troisième ciel est appelé paradis). Et,
entre nous et le bonheur, on a bien vi.e si quelque chose nous paraît probable,
conclu au vague du bonheur lui-même, et c'est que la terre renouvelée sera le sé
l'on a fait du ciel quelque chose de vapo jour de l'homme renouvelé, comme la
reux, d'éthéré, de vague. On en est ve terre primitive a été le séjour de l'hom
nu , involontairement, à identifier le ciel me primitif, et la terre maudite celui de
des rachetés avec le ciel des astres et avec l'homme maudit. Cette terre renouvelée
celui de l'atmosphère : les âmes nageront (un autre astre si l'on veut, une autre
ou voleront dans l'immensité. Le nuage planète, mais pas d'air, pas de nuages),
qui nous sépare du ciel est devenu le ciel sera appropriée aux besoins de l'homme
lui-même; le vague qui l'environne est dans lequel l'image de Dieu aura été res
presque devenu la réalité. On a paru ou taurée; cette terre renouvelée sera ce
blier la résurrection de la chair, du corps. qu'on appelle ordinairement le ciel, et les
Elie et Jésus s'élevant dans les airs et nouveaux cieux se rapporteraient à l'es
montant aux cieux, 2 Rois2, 11.Marc 16, pace, à l'atmosphère, ou aux rapports
19., Etienne voyant les cieux ouverts, nouveaux dans lesquels cette terre bénie
Act. 7, 55., les fidèles enlevés au-devant Se trOuvera avec les astres du nouveau fir
du Seigneur en l'air, 1 Thess. 4, 17., on mament. La mcr n'existe plus, Apoc. 21,
a été conduit naturellement à placer le 1.;avec un peu de géologie, on comprend
ciel en l'air, et l'on a oublié d'abord, combien ce seul fait changera tout le mo
quant au langage, et vu les conditions ac de de vivre actuel; une pareille terre mé
tuelles de l'existence de notre globe, qu'il ri.e bien le nom de nouvelle terre. Le so
était difficile de parler autrement; puis, leil et la lune ne luisent plus sur la terre,
et surtout, que la vie à venir ne commen 21, 23. 22, 5., il n'y aura plus là de nuit,
cera que lorsque la terre et les cieux au voilà les nouveaux cieux. La sainte Jéru
ront été détruits et renouvelés. ll va sans salem descend du ciel, de devers Dieu, sur
dire que nous n'avons pas la prétention cette nouvelle terre, qui nous est ainsi
d'aborder ici un sujet trop fécond en hy dépeinte comme le futur séjour de l'hom
pothèses de tout genre; mais il peut être me, etla clarté de Dieu l'éclaire,TAgneau
utile de protester contre un point de vue est son flambeau. La main de Dieu qui à
qui ne tend à rien moins qu'à dissoudre lancé la terre actuelle dans l'orbite qu'elle
complétement l'homme et la vie éternelle parcourt aujourd'hui, peut-être au troi
à force de les spiritualiser. Ce ne sont sième jour de la création, peut-être après
évidemment pas là les idées que nousdon la chute, et qui, par deux fois déjà, au
nent les saints livres, ni saint Paul quand déluge, et lors de la victoire de Josué, a
il parle de la résurrection de la chair, ni modifié son cours, saura bien, quand l'ac
saint Pierre quand il parle des nouveaux complissement des temps sera venu, l'ar
cieux et de la nouvelle terre, ni saint rêter de nouveau dans sa course, et d'un
Jean, dans les deux derniers chapitres de mot la placer ailleurs, et faire toutes cho
l'Apocalypse, lorsqu'il décrit le séjour Ses n0uvelles.
des bienheureux dans la vie future. Que C'est à cette vision de la gloire êter
l'espace puisse servir de demeure aux nelle qu'il faut rapporter ce que dit saint
âmes en attendant la résurrection, c'est Paul, Rom. 8, 17-22., cf. aussi Matth. 19,
possible, nous ne pouvons rien en sa 28. Act. 3, 21. Quant à ceux qui n'y ver
voir; mais qu'après la résurrection, lors raient qu'une description de la splendeur
que les âmes auront revêtu de nouveaux du millénium, ils pourront s'édifier sur
corps, il continue d'en être de même, ce sujet en lisant dans l'Essai de Vivien
c'est ce qui ne paraît pas sérieux. Il est sur l'Apocalypse les pages 142 et suiv.
à remarquer que si le paradis, le jardin Le mot royaume des cieux est employé
d'Eden, n'est jamais appelé ciel, le ciel, dans le Nouveau Testament dans deux
en revanche, est trois fois appelé paradis sens différents; quelquefois il désigne la
dans le Nouveau Testament, v. plus haut, prédication de l'Evangile et son rèsultat
1 oºº p - iºuooºU , et L2 <t -
-

1i!
-

- , - -
ECC
- ' *... " .
469
-
- ECC

mélangé dans ce monde, c'est-à-dire l'E- le sens de l'original; car j'ai, pendant
glise extérieure, l'amalgame de bons et ma vie entière, essayé mes forces sur ce
de méchants qui professent la foi en livre, à plusieurs reprises et avec grand
Christ , d'autres fois, il ne s'applique travail et grande application ; mais je n'ai
qu'au règne de Dieu considéré dans sa pu tirer aucun profit de tous les com
gloire future, ou dans sa pureté et sa mentaires et ouvrages des anciens, jus
spiritualité : de sorte que, dans ce der qu'à ce que j'aie en quelque sorte conquis
nier sens, il ne comprend que les enfants l'intelligence du texte hébreu. Tout ce
de Dieu, et présente un tout autre as livre avait été interprété faussement, con
semblage que dans la première acception tre le texte et contre la doctrine chré
de ce mot. - v. A. Bost, Recherches, tienne, et gàté de fond en comble ( au
p. 51 et suiv. : « Matthieu est le seul des temps de la Réforme, les docteurs catho
écrivains du Nouveau Testament qui em liques appliquaient d'une voix unanime à
ploie l'expression de royaume des cieux ; la société même, telle que Dieu l'a réglée,
les autres disent toujours royaume de au mariage, aux diverses vocations de
Dieu. Les deux expressions reviennent l'homme, aux biens terrestres, ce que
au même; mais il semble que celle de Salomon dit des abus par lesquels l'hom
Matthieu a quelque chose de plus doux, me pécheur et insensé altère l'ordre di
et que Dieu ait voulu que le livre de la vin des choses et les dons de la Provi
nouvelle alliance s'ouvrît par cette ma dence, et ils déclaraient vanité l'œuvre
nière si attrayante de représenter le but de Dieu aussi bien que l'humaine folie.
divin de l'Evangile dans ce monde, et ré Rougemont)... Je recommande cet écrit,
pandît ainsi sur le début de cette écono continue Luther , à tous les chrétiens
mie comme une teinte d'aurore qui con pieux... L'Ecclésiaste est un livre tout
traste admirablement avec l'économie sé particulièrement utile aux rois, princes
vère de la loi, qui pesait encore sur le et seigneurs, à leurs conseillers et à tous
genre humain. » ceux qui sont dans le gouvernement,
| CORINTHIENS (Epîtres aux). Ajoutez: ainsi qu'à ceux qui ont femme et enfants
Commentaire de Heidenreich(1825-1828), à élever... On pourrait encore nommer
Pott (1826), Flatt (1827), Billroth (1833), ce livre l'écrit de Salomon sur les Eglises
et Olshausen. et les écoles, etc. »
- | | " " M. de Rougemont, dans son Explica
ECCLÉSIASTE. On lit dans Calmet : tion de l'Ecclésiaste, a fait un rapproche
« Luther a dit avec sa liberté, ou plutôt ment très remarquable entre ce livre et
son insolence ordinaire, que l'Ecclésiaste les écrivains profanes. Nous en repro
lui paraissait un auteur plat, qui mar duirons ici la première partie (la seconde
chait sans bottes ni éperons, ce sont ses est une analyse du poème de Pétrarque
termes ; qu'il ressemblait au Talmud et intitulé les Triomphes) :
était un ramas de plusieurs ouvrages ; « L'Ecclésiaste, dans sa triple recher
que l'on avait recueilli les maximes de che du bonheur terrestre, passe par les
table que Salomon prononçait dans la dé états de l'âme les plus divers, et il exp0se
bauche et dans la bonne chère, et qu'on ainsi les bases de tous les systèmes prin
les avait écrites dans ce livre. » cipaux de morale. ·
L'opinion de Luther a été si souvent « Il commence et finit, comme Héra
citée, que nous croyons ne pouvoir faire clite, par considérer toutes choses sous
mieux que de laisser parler Luther lui le jour le plus sombre. Mais dans le cours
même. Entre son jugement authentique de ses recherches il lui vient plusieurs
et l'autorité plus que douteuse de ses fois à l'esprit que la vraie sagesse pour
Propos de table, on ne peut hésiter : rait bien être d'être toujours gai et joyeux,
« Je puis dire en toute vérité , écrit-il 9, 7-9. 3, 22. sq.
en tête de son Commentaire, que j'eus « On a dit avec raison que Faust et
une grande joie lorsque, pour la première Don Juan résumaient l'humanité péche
fois, je saisis et découvris quelque peu resse et inconvertie. Le premier se perd
ECC 470 ECC

par les jouissances intellectuelles, le se ment d'esprit, et déjà, s'élevant vers les
cond par les plaisirs des sens. L'Ecclé sublimes hauteurs de l'Evangile, il pro
siaste a dit avec Faust : « J'appliquerai clame le néant de tous les biens terres
mon cœur à savoir ;» et avec Don Juan : tres, 6, 7., et la béatitude de la souf
« Allons, mon cœur, que je t'éprouve par france, 6, 12., 7, 1-7.
lajoie, et jouis du bien, » 1, 16-18. 2, 1.2. « Mais il ne se soutient que peu d'in
« Six siècles avant Aristippe et Epi stants à ces hauteurs , et il s'abat sur
cure, l'Ecclésiaste, fils de David, érigeait l'humble colline qu'Aristote choisira plus
en système et mettait en pratique la mo tard pour sa demeure : La vertu, dit-il,
rale du plaisir allié à la vertu, chap. 3. est le milieu entre deux extrêmes, 7,
Mais bientôt le voilà qui s'écrie, à la vue 4 1-22.
du sage qui meurt comme l'insensé : C'est « Son cœur, sa conscience, l'avertit de
pourquoi j'ai haï la vie..... j'ai haï tout son erreur, et le voilà, comme Diogène
mon travail... j'ai désespéré de tout ; et le cynique, cherchant partout un homme
ces accents d'une insondable tristesse et ne le trouvant pas, 7, 28.
traversent tous les siècles sans être ré « L'impunité du crime, l'adversité des
pétés par un seul écrivain, jusqu'au jour gens de bien, la parfaite indifférence avec
où le plus grand poète de la France ac laquelle Dieu traite les justes et les in
tuelle dit à son tour : justes, font de lui un déiste qui se per
Mais quand ces biens que l'on envie suade que Dieu ne peut qu'approuver tout
Déborderaient dans un seul cœur, ce que font les hommes, et que la pensée
La mort, au terme de la vie, de l'immortalité Ile doit influer en rien
Fait un supplice du bonheur. sur notre conduite et ne troubler aucune
Voilà pourquoi mon âme est lasse de nos joies, chap. 8 et 9.
Du vide affreux qui la remplit..... « Enfin, après bien des doutes encore
(LAMARTINE, Harm., III, 9.) et des hésitations, il croit que la sagesse
« A peine l'Ecclésiaste a-t-il fait taire est préférable à tout, parce qu'elle con
sur ses lèvres le murmure du désespoir, tient les plus grandes chances de bonheur,
à peine a-t-il entrevu un éclair de bon et il anticipe de vingt-sept siècles sur
heur, 2, 24., qu'il se transforme sous nos l'utilitarisme moderne, chap. 10 et 1 1.
regards en un dur stoïcien qui ne de « Cependant les accents qui dominent
mande la joie qu'à la vertu, et qui baisse, dans le discours philosophique de l'Ec
en résistant, la tète sous le joug d'une clésiaste, sont ceux de l'eudémonisme.
immuable et insensible fatalité, qui lui Aussi cet écrit n'offre-t-il que fort peu
distribue la souffrance et le plaisir sans de points de comparaison avec les autres
lui permettre même de la fléchir par la livres inspirés (tandis que sa conclusion
prière, 3, 14. est le résumé de tout l'AncienTestament),
« Mais bientôt il tombe plus bas en et ses vrais parallèles se trouvent dans
core; la vue des désordres de la société les ouvrages des philosophes païens, et
lui inspire la plus ancienne profession de en particulier chez les Epicuriens et chez
scepticisme qui se lise dans les fastes de Horace.
l'histoire, et, jusqu'aux encyclopédistes « L'Ecclésiaste et Horace recomman
du siècle passé, personne ne niera l'im dent constamment de modérer et res
mortalité de l'âme en termes aussi rudes treindre ses désirs, et l'un comme l'autre
et durs, 3, 18-22. (Notons toutefois que fait l'éloge de la vie des champs, et décrit
l'Ecclésiaste ne met nulle part en doute toutes les inquiétudes des grandes ri
l'existence de Dieu. La démence seule chesses, cf. Eccl. 4, 4.8. 5, 9-12. Epo
peut dire : Il n'y a point de Dieu, Ps. 53, des 2, Sat. 2, 6; Odes 2, 18; 16; 3, 1; 16.
1., et le sage n'aurait plus mérité ce nom « Pour être heureux, dit l'Ecclésiaste,
s'il eût mis en doute la plus incontesta il faut saisir la joie quand elle se présente
ble de toutes les réalités.) et ne pas regimber contre l'adversité,
« Cependant il se relève de cet abîme, il 2, 24. 5, 18. 7, 14. etc. Horace parle de
prêche la crainte de Dieu et le contente même : « Le seul mortel heureux est ce
ECC U 471 ENF

lui qui, maître de soi, peut dire chaque | des temps présents , qui sont pires que
jour : J'ai vécu. » Odes 3, 29; puis 1,9;11. | les jours passés.
Tu quamcumque Deus tibi fortunaverit horam, « Au-dessus des grands est le roi, dit
' Gratâ sume manu, nec dulcia differ in annum. . l'Ecclésiaste, et au-dessus d'eux tous est
• • • • • Quod petis, hie est,
• - -
| Dieu, 5,8. » Et Horace, Odes 3, 4. :
Est Ulubris, animus si te non deficit aequus. Regum timendorum in proprios greges,
(Epist. 1, 11.) Reges in ipsos imperium est Jovis.
Omnem crede diem tibi diluxisse supremum : « Ces parallèles, auxquels on pourrait
Grata superveniet, quae non sperabitur, hora.
en ajouter bien d'autres, prouveraient à
(Epist. 1, 4.)
eux seuls que le livre de l'Ecclésiaste ne
« L'Ecclésiaste dit : « Ne sois ni trop peut contenir dans tous ces passages la
sage ni trop méchant, 7, 16-17. Prends pensée définitive d'un sage inspiré. Mais
le juste milieu : Inter utrumque tene ; ne quand bien même on voudrait ne voir en
quid nimis; ou avec Horace : lui que le prédicateur de la joie mon
Insani sapiens nomen ferat, aequus iniqui, daine, encore diffère-t-il totalement d'Ho
Ultra quam satis est virtutem si petat ipsam. race en ce qu'il connaît une jouissâhce
Virtus est medium vitiorum et utrimque reductum. des biens terrestres qu'accompagne, pu
(Epist. 1, 6.)
rifie, accroît la pensée et la crainte de
, « Horace veut des vêtements blancs Dieu. D'ailleurs ce n'est que pendant de
aux jours de fête, Sat. 2, 2., et l'Ecclé courts instants qu'il parle comme Ho
siaste en tout temps, 9, 8. L'Ecclésiaste race a fait toute sa vie, et l'Hébreu qui
sait que l'argent répond à tous nos dé s'abaisse de temps en temps jusqu'à don
sirs, 10, 19., et Horace paraphrase ainsi ner la main à l'épicurien du siècle d'Au
cette pensée, Ep. 1, 6. : guste, a l'âme assez grande pour em
Scilicet uxorem cum dote fidemque et amicos brasser tous les contraires, assez haute
Et genus et formam regina pecunia donat. et noble pour ne voir que vanités dans
« Mais l'un et l'autre n'ignorent point toutes les joies de la terre, assez forte,
que l'âme n'est pas rassasiée par les biens assez passionnée pour haïr la vie telle
de la terre, 6, 7., et que le péché l'a faite, assez sérieuse pour
Crescunt divitiae, tamen préférer le deuil aux rires, et c'est enfin
Curtae nescio quid semper abest rei. lui qui, sur les ruines de tout espoir de
« L'Ecclésiaste revient constamment bonheur, plante le céleste étendard de
la crainte de Dieu. »
sur cette mort qui pèse sur les bons
comme sur les méchants, à laquelle nul ECOLES, ligne 2; divisées, lisez : di
ne peut se soustraire, qui empoisonne rigées.
toutes les joies et qui jette l'homme dans ENFER. Ce mot ne se trouve que sept
le sépulcre ténébreux où il n'y a ni œu fois dans l'Ecriture, et il n'a jamais le
vre, ni discours, ni science, 2, 14. 3, 18. sens que lui a donné la théologie du
6, 2. 8, 8-14. 9, 1-12. 11, 8. Et c'est là moyen âge. Job 11, 8., Osterwald a rendu
encore une des pensées qui préoccupent par enfers le mot sheôl (Martin, abîmes),
le plus habituellement Horace, Odes 1, qu'il traduit ailleurs par sépulcre, Es. 5,
28; 2, 3; 3, 1. : 14. Dans le Nouveau Testament, ce mot
Eheu fugaces, Posthume, Posthume,
se trouve Matth. 11 , 23. 16, 18. Luc 10,
Labuntur anni..... (Odes 2, 14.) 15. 16, 23. Apoc. 1, 18. 6, 8. Le grec
Nos ubi decidimns porte Aôn; ou àtôz; qui signifie littéra
Quo pius MEneas, quo Tullus dives, et Ancus, lement lieu invisible; c'est ainsi que l'a
Pulvis et umbra sumus. partout traduit la version de Lausanne.
(Odes 4, 7.) Mais une traduction est plus facile qu'un
« Horace aussi songe souvent avec cha commentaire, et le lieu invisible, sans
grin à ces héritiers auxquels passeront autre détermination , ne dit absofument
ses biens, Ecclés. 2, 18-26. 4, 8. Horace, rien à l'esprit. Le mot enfer (inférieur)
Odes 4, 7; 2, 3. Ep. 1, 4. etc. avait été préféré, parce qu'il renfermait
« Il se plaint avec l'Ecclésiaste, 7, 10., une idée, peut-être fausse. En tout cas,
ENF 472 ! ENF

il est toujours pris dans un mauvais sens, spiritualisé le ciel, plus on a matérialisé
comme puissance ennemie de l'Eglise, l'enfer. Serait-ce que l'homme comprend
Comme lieu du séjour des réprouvés, mieux la douleur que le bonheur P Se
COmme COmpagnOn de la mort, et l'idée rait-ce que dans scn état actuel, déchu,
de lieu inférieur ressort de Matth. 11, l'homme puisse mieux se représenter le
23. : « Tu seras abaissé jusque dans le malheur que la joie infinie ? Il en résul
lieu invisible, » cf. Es. 14, 13-15. Ps. terait alors qu'il faudrait prendre le con
139, 8. Ce lieu invisible est généralement tre-pied de l'imagination des hommes, et ,
COnsidéré comme le lieu où les âmes at Spiritualiser le mal, comme nous avons
tendent le grand jour du jugement de vu (art. Ciel) que le bien avait été trop
l'Eternel, et si les âmes ne dorment point, idéalisé.
il est dans l'analogie de la foi de croire Ubi est infernus ? Quales futuri sunt
que l'état d'attente est pour elles la con cruciatus isti 9 dit Hutterus. Où est l'en
tinuation de la vie présente et le com fer 9 Quels en seront les tourments ? Et
mencement de la vie à venir. De là les après avoir posé cette double question,
limBes et le purgatoire de l'Eglise ro il refuse d'y répondre. L'Ecriture ne nous
maine, avec cette différence que, d'après en dit rien, sinon que notre intelligence
cette Eglise, on peut sortir du purgatoire ne les saurait concevoir ni aucune langue
pour de l'argent, tandis que, d'après la les décrire.
Bible, « il y a un grand abîme, » telle La rage aux yeux hagards, le délire effréné,
ment que ceux qui veulent passer de l'un Le vertige troublant l'esprit désordonné,
à l'autre, du lieu invisible au sein d'A- La colique tordant les entrailles souffrantes,
braham, ne le peuvent, Luc 16, 26. Les ulcères rongeurs, les pierres déchirantes,
Et la triste insomnie au teint pâle, à l'œil creux,
| L'enfer, dans le sens théologique du Et la melancolie au regard langoureux,
m0t, est appelé dans la Bible le feu éter La toux, l'asthme essoufflé, dont la fréquente haleine
nel, la géhenne du feu, Matth. 18, 8.9. ; Par élans redoublés entre et sort avec peine ;
la géhenne, le feu inextinguible , où Et l'enflure hydropique, et l'étique maigreur,
Et des accès fiévreux la bouillante fureur ;
le ver ne meurt point et où le feu ne L'évanouissement, la langueur défaillante,
s'éteint point, Marc 9, 43. sq. (d'après Et la goutte épanchant son âcreté brûlante,
Esaïe 66, 24., à qui déjà les apocryphes Et du catarrhe affreux les funestes dépôts,
Ont emprunté cette expression , Ecclé Et la peste qui, seule, égale tous ces maux.
siastiq. 7, 17. Judith 16, 21.); la mort, Est-ce l'enfer dont M'ilton offre ici le
1 Cor. 15, 55. '56. 1 Jean 5, 16.; la pu désolant tableau ? ( Paradis perdu, xI,
nition éternelle, Matth. 25, 46.; le juge trad. Delille.) Non, il ne s'agit que de la
ment ou la ruine éternelle , Marc 3, 29. vie présente, d'une partie seulement des
2 Thess. 1, 9.; l'étang ardent de feu et maux physiques de l'humanité. Que sera
de soufre, Apoc. 19, 20. : la mort secon donc l'enfer ! et comment le décrire, lors
de, Apoc. 20, 14.;des liens éternels, Jude qu'on peut à peine décrire tout ce que
6 ; les ténèbres du dehors, où seront les notre monde recèle de douleurs et d'an
pleurs et les grincements de dents, Matth. goisses ?...
8. 12.; un opprobre et une infamie éter Les deux premiers chants de Milton,
nelles, Dan. 12, 2., etc. bien dignes de ce vaste et noble génie,
Il est évident que ces expressions sont, suffisent cependant à prouver l'insuffi
sOus la plume des écrivains inspirés, des sance même du génie et de l'imagination
figures, des images humaines , dont le la plus colorée pour dire les norreurs de
sens général est que l'enfer sera un sé l'existence infernale.
jour affreux. Mais est-ce que sous la fi Aucun auteur moderne, à ma connais
gure on doit voir aussi la réalité, le ver, sance, n'a touché ce sujet, au moins di
le feu, les ténèbres, le soufre, les liens ? rectement. Je n'ai pas de système, ni
Il serait certainement aussi téméraire de même de vues générales, à présenter sur
le nier que de l'affirmer, et nous n'ose une matière où l'Ecriture, en empruntant
rions aller jusque-là ; mais il n'est pas aux hommes leur langage, semble par là
Sans intérêt de remarquer que plus On a mème refuser de les initier aux Secrets *
ENF 473 ! ENF

de l'avenir. Mais quand l'enfer ne serait 43. sq. Jean 3, 36. 2Thess. 1, 9. Apoc. 9,
qu'une peine négative, la privation de la 6. 20, 10. (Jud. 6.7.), le sens simple et
vue du Seigneur, avec la conscience d'a- naturel que l'église chrétienne de tous les
voir mérité cette peine, l'enfer justifierait temps leur a toujours reconnu. C'est une
déjà l'horreur que son nom seul inspire. chose hors de question; la réjection des
Les réprouvés seront comme oubliés de réprouvés sera étermelle. Nous n'épilo
Dieu ; leur nom ne passera plus par ses guerons pas sur les mots, quoique ce soit
lèvres, Ps. 16, 4. Il est lumière, ils se ici que se posent les questions : que si
ront dans les ténèbres. Il est la source gnifie le mot éternel ? quelle sera la na
de la vie, il ne sera plus rien pour eux. ture de la réprobation ? Les partisans de
Ils ont refusé de porter son joug , son la doctrine du rétablissement final, peu
joug ne pèsera plus sur eux : celui qui vent aspirer à la restauration harmonique
étail souillé se souillera toujours davan de toutes choses : ils peuvent en trouver
tage : ils iront en empirant, creusant tou une preuve morale dºns l'idée, juste d'ail
jours plus l'abîme qui les sépare de celui leurs, qu'ils se font de la bonté de Diçu ;
sans qui ils ne sauraient vivre ; et s'en une preuve philosophique dans †
fonçant toujours plus dans la fange de tive répulsion qu'on éprouve pour un
l'étang bourbeux où ils sont plongés, bonheur éternel fondé sur des débris tou
progressant dans la mort comme les ra jours palpitants et souffrants, pour l'idée
chetés dans la vie, ils se seront vus privés d'une paix éternelle en présence d'un
par leur faute des biens que Dieu leur dualisme toujours subsistant, d'une lutte
avait offerts, et souffriront de cette dé noyée dans la victoire, mais se montrant
cadence morale et intellectuelle que l'E- encore dans les imprécations des vaincus,"
criture appelle la seconde mort. Sera-ce et dans cette fumée qui s'élève de l'étang
l'anéantissement ? ardent où ils maudissent encore et tou
Quelques personnes, qui attachent à la jours le vainqueur; on l'établira avec plus !
doctrine de l'éternité des peines, comme ou moins de sagesse sur l'apparente dis
dogme, une grande importance (et elles proportion qui se trouverait entre l'of
ont raison), trouveront peut-être hardi, fense et la peine (argument que les éter
peut-être hérétique, le simple doute de la nitaires ont toujours éludé ou faiblement
possibilité d'un anéantissement. Il ne combattu); on en trouvera d'autres preu
nous paraît positivement contredit par ves enfin, dans une interprétation équi
aucun passage, mais comme ce n'est qu'un voque de quelques passages douteux, Es.
doute, il y aurait mauvaise grâce à y in 45, 23. Rom. 14, 11. Phil. 2, 10. Act.*3,
sister, et nous nous rapprocherons de la 21. 1 Pier. 3, 18., et surtout: Rom. 5, 12
doctrine reçue en disant : sera-ce l'abru 21..... « Par une seule justice justifiante,
tissement ? la dégradation de l'être tout le don est venu sur tous les hommes, »
entier poussée à sa dernière limite ? etc.; 1 Tim. 4, 10 : « Le Dieu vivant,
Nous ferons encore un pas, et laissant qui est le sauveur de tous les hommes,
subsister l'être moral, nous demande et principalement des fidèles, » etc.; 1
rons : Sera-t-il simplement privé de la Cor. 15, 28..... « Après que toutes cho
COnscience de soi-même P de l'idée de ses lui auront été assujetties, alors aussi,
temps ? de l'idée d'éternité ? le Fils lui-même sera assujetti à celui qui
Doutes et questions qui nous parais lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu
Sent légitimes, et dont nous hésitons soit tout en tous. » - " *

d'autant moins à nous occuper que la Quelle que soit la valeur de ces preu
doctrine des peines éternelles nous pa ves, elles ne peuvent détruire ni l'évidente
raît plus clairement, plus positivement clarté des passages indiqués plus haut, ni
établie par la lettre de l'Ecriture. Il n'y a cet autre sentiment instinctif que corro
pas d'exégèse, en effet, ni d'interpréta bore l'expérience, que celui qui est plon
tion qui puisse ôter à des passages tels gé dans le mal, s'y enfonce toujours plus,
que Es. 66, 24. Dan. 12, 2. Matth. 3, 12. à moins du secours d'en haut, qu'il s'y
42, 32. 18, 8. 25,41. 46. 26, 24. Marc 9, dégrade sans retour, et que son abrutis-
ETE 474 ETE
Semênt ne Saurait av0ir d'autl'e terme noncés sans une voyelle. C'est le itpo»
que sa vie. rsrcxyp2uuxrov, les saintes quatre lettres
Mais c'est précisément à cause de l'é- du nom essentiel et incommunicable de
vidence de cette doctrine, et parce que le Dieu. Les Juifs disent, que comme il est
rétablissement final des réprouvés nous impossible de « voir Dieu et vivre, » ce
paraît impossible à établir par l'Ecriture, lui qui réussirait à prononcer le vrai nom
que nous crOyOns pouvoir, soit à cause de l'Eternel, mourrait sur le champ, et
de la bonté de Dieu, soit à cause de l'im que ce nom ne sera révélé que lorsque
périeux besoin d'harmonie qu'on éprouve, l'Eternel lui-même se manifestera au
quoiqu'on en veuille, à la pensée du bon monde, à la dernière crise. — Quant à la
heur à venir, laisser une porte ouverte au signification de ce nom et à ses rapports
doute sur la nature même de la peine. avec le nom plus personnel d'Elohim, v.
L'anéantissement n'exclut pas l'éternité, ce qui a été dit à l'article Genèse.
et c'est une chose au moins remarquable, 2° Le mot éternité, et l'adjectif éternel
non-seulement que la condition des ré (en hébreu holam, en grec zió,» ou xió,vtos),
prouvés soit appelée la mort seconde, représententuneidéeabsolue dans le passé
ainsi qu'on l'a vu, mais qu'elle soit en comme dans l'avenir (aeternitas a parte
core appelée la mort par opposition à la ante, et aeternitas a parte post). Les ter
Vie, Rom. 6, 21-23., et que la condamna mes grecs et hébreux ne sont cependant
tion de ceux qui désobéissent au Fils soit pas toujours pris dans un sens aussi ab
prOnOncée en ces mots : « Ils ne ver solu qu'ils le sont dans notre langue : ils
rOnt point la vie, » Jean 3, 36. peuvent signifier, et dans certains passa
Si Dieu nous a tracé la ligne des pen ges ils signifient positivement un espace
sées et des paroles dont nous devons nous de temps considérable , mais limité. La
servir en parlant du jugement des pé Bible ne connaît pas les termes abstraits,
cheurs, il est évident aussi qu'il ne nous métaphysiques; il en est une foule que la
a pas tout dit, et que la clef de ces ef théologie a pu, peut-être dû, inventer ou
frayants mystères est encore entre ses accepter. Il est nécessaire de se le rappe
llldlIlS. ler pour ne pas abuser du mot éternel
ESTAOL, Jos. 15, 33. 19, 41., ville de dans tous les passages où il est employé,
la tribu de Dan non loin de laquelle Sam mais on se tromperait si l'on croyait pou
son, fort jeune encore, eut la première voir tirer de cette réserve des inductions
impression de la mission à laquelle il était relatives à la non-éternité des peines :
appelé ; c'est aussi près de là qu'il fut en les passages sur lesquels se fonde cette
seveli, Jug. 13, 25. 16, 31. Les Estaoliens doctrine (v. Enfer)ne renferment pas tous
sont encore nommés 1 Chr. 2, 53. ce mot, et il ne constitue pas la force de
ETERNEL, éternité. 1° Le nom hébreu ceux dans lesquels on le trouve. D'un
par lequel l'Eternel est si souvent dési autre côté, tout ce qui touche à l'infini
gné dans l'Ancien Testament, est Jého échappe à notre conception s'il n'échappe
vah, Yehovah, celui qui est; une fois pas à nos définitions, et c'est là peut-être
Eheyèh, celui qui suis, Ex. 3, 12. 14. cf. que nous devons prendre la plus grande
Jean 8, 58. Mais ce nom de Jéhovah n'est leçon de prudence. On pourra définir l'é-
en quelque sorte qu'un nom de conven ternité, c'est même très facile, mais on
tion, les véritables voyelles qui doivent ne pourra la concevoir ; l'imagination
en accOmpagner les cOnsOnnes ayant été peut accumuler les années, entasser les
perdues de bonne heure, à ce que disent siècles, mettre à la suite les uns des au
les Juifs, et les prêtres les ayant rempla tres autant de chiffres qu'elle voudra, elle
cées par les voyelles du nom de Adonai, n'atteindra que le fini, le temps, une por
Seigneur. Les quatre lettres subsistent tion infiniment petite de cette éternité que
seules incontestées, IHVIl, et encore la trop souvent elle aspire à comprendre, et
première et la troisième sont-elles, en dont elle croit disposer. La meilleure
hébreu, beaucoup plus vagues que chez preuve de l'impossibilité où l'on est de se
nous, le I ni le V ne pouvant être pro rendre compte de l'idée d'étermité, et de
FES 475 G0M

la facilité avec laquelle le relatif peut à cet grante de la famille ancienne, ne sont pas
égard remplacer l'absolu , c'est l'usage mentionnés à part.
qu'on fait tous les jours dans la conversa Des repas avaient encore lieu àl'époque
tion ordinaire, des mots éternels, éter de certaines fètes publiques, Deut. 16,
nité : il y a une éternité qu'on ne vous a 11.sq., et notamment le festin des dîmes,
vu; c'est un éternel causeur. Si donc on a q. V.
pu traduire ziºv par siècle, Matth. 12, 32., · Chez les païens, c'était tantôt dans les
et ailleurs, on peut traduire le mot zió,vuo; temples, tantôt dans des maisons parti
par séculaire, aussi bien que par éternel, culières, que se célébraient les festins
Matth. 25, 46., et ailleurs. L'expression des sacrifices, 1 Cor. 8, 10. Nous en trou
même « à la fin des siècles » r& ri)z röy vons un exemple, Nomb. 25, 2. Y parti
oiºvov, qui paraîtrait avoir une portée ciper était regardé de la part des Israé
plus grande que le seul mot « les siècles », lites comme une participation à l'idolà
est employée, 1 Cor. 10, 11., en parlant trie, Ps. 106, 28. (Tob. 1, 12.) 1 Cor. 10,
de l'époque apostolique, ou, dans un sens 20.Apoc. 2, 14., et les apôtres les avaient
plus général, de l'économie évangélique. sévèrement interdits aux chrétiens, Actes
15, 29. 21, 25.1 Cor. 8, 1. Cependant ils
n'y attachaient pas l'idée d'une souillure se
FESTINS (des sacrifices). Toute l'anti communiquant d'une manière sacramen
quité païenne a connu l'usage d'offrir, à telle, ex opere operato, ce n'étaient pas
l'issue de certains sacrifices, un festin les viandes qui souillaient, mais la sympa
composé des viandes qui n'avaient point thie ou l'adhésion tacite à des cérémonies
été consumées sur l'autel. Cette coutume, païennes : aussi , lorsque des victimes
fondée sur la nature même de quelques avaient été offertes aux idoles, il arrivait
uns de ces sacrifices destinés à célébrer souvent que les pauvres (et les avares,
la joie et la reconnaissance, était favori Théophr. Caract 10.) en revendaient une
sée ou facilitée par les nombreux restes partie au boucher pour s'indemniser de
des victimes; et peut-être que Moïse, en leurs frais, ou diminuer la grandeur de
consacrant et en réglant cette coutume, a leur sacrifice. Dans ce cas, ces viandes
été dirigé, comme pour tant d'autres dé rentraient en quelque sorte dans le droit
tails de la constitution hébraïque, par le commun, et saint Paul permet aux chré
double désir d'associer l'idée de joie à tiens d'en acheter et d'en manger, sans
l'idée d'obéissance, et de faire participer s'en inquiéter pour la conscience, 1 Cor.
les pauvres aux libéralités du riche; Deut. 10, 25. Ce n'était plus de la viande des
12, 6. cf. 1 Sam. 9, 19. 16, 3.5.2 Sam. sacrifices, c'était de la viande de bouche
6, 19. (Tobie 1, 12.). Chez les Hébreux, I'10.

ce n'étaient que les sacrifices individuels


qui pouvaient être suivis de festins reli GOMER 10, t. I, p. 389, 2° col. — Les
gieux, parce qu'alors, sauf la poitrine et Bretons français, qui sont Kimris, comme
l'épaule droite qui revenaient de droit au on sait, et dont la langue est la même
prêtre officiant, toute la viande de la vic que le kimraig ou celle des Gallois d'An
time était rendue à celui qui l'avait offerte,
gleterre, disent « qu'ils viennent de Go
Deut. 27, 7.; mais il fallait qu'elle fût en mer. » (Gomr, Komr, Kimr, Cimr, sont,
tièrement consommée le jour même et étymologiquement, les formes diverses
le jour suivant, Lév. 7, 17.; de là aussi d'un même mot primitif.) C'est là, en Bre
l'obligation d'inviter, surtout s'il s'agis tagne, une tradition tout à fait du peuple
sait d'une grosse pièce de bétail, tous les et non point de savants et de lettrés : les
membres de la famille, et souvent encore paysans, les bergers qui l'ont conservée,
quelques convives de plus; les lévites ne savent pas même si Gomer est un hom
sont particulièrement recommandés, Deut. me, une contrée, ou une ville. On trou
12, 12., ainsi que les étrangers, les veu vera certainement bien remarquable la
ves, et les orphelins, Deut. 16, 11. Les concordance de cette tradition, encore
domestiques, comme faisant partie inté vivante aujourd'hui, avec l'indication pre
1 .
Coz 47à IMM
º111 l. ',. Iº - , 1 ,i
mière de la Genèse sur Gomer et ses des race indigène; mais, comme les natifs de
cendants, entre lesquels « furent divisées Gozan et de Haran ou Hara (car les mots
les îles de3 nations, » ou l'ancien monde ont le même sens) n'existaient plus alors,
occidental. Nous devons la connaissance il est naturel de supposer que les dix tri
de ce fait à l'homme le mieux capable de bus prirent possession entière de cette
le bien constater, à M. Emile Souvestre ; région, et que leur grande force leur
Breton lui-même, comprenant et parlant permit de conserver une position com
le dialecte celtique de ses compatriotes, plétement distincte des nations paiennes
il a longuement étudié leurs mœurs, leurs qui les entouraient. (Grant.) | | ||
souvenirs populaires, et a recueilli de leur - · · · ·· · ** !

bouche ce trait singulier, que nous avons IDOLATRlE, I, p.446., 2° col., à l'a-
tenu à enregistrer. — V. Gen. 10, 2.3. linéa. Le passage Jug. 3, 19. (cf. 2, 49.)
GOZAN, selon Truden, Holden et d'au est cité comme preuve que Guilgal fut
tres, signifie pâturages. En consultant le sous les juges le principal siége de l'ido
lexicon hébreu de Gesenius, on voit que lâtrie; cette citation ne s'explique , pas
le g et le z varient souvent entre eux, tan avec la traduction ordinaire de nos Bibles ;
dis que les mots dans lesquels ces lettres au lieu de carrières, il faut, en effet, lire
sont employées, conservent la même si idoles, v. Guilgal. • , .

gnification après que la mutation a eu IMMORTALlTE. Ce mot , et l'adjectif


lieu. Ainsi, Gozan peut se changer en immortel, qui se rencontrent six fois dans
Zozan sans altérer le sens. Zozan est le le Nouveau Testament (Rom. 2, 7.1 Cor.
nom donné par les Nestoriens à tous les 15, 53. 54. 1 Tim. 1, 17. 6, 16.2 Tim.
plateaux élevés de l'Assyrie, qui leur of 1, 10.), ne se trouvent nulle part dans
frent des pâturages pour leurs nombreux l'Ancien Testament. Est-ce à dire que
troupeaux. La région dans laquelle le l'idée n'y soit pas ? Plusieurs, à commen
Chabor et le Zâb prennent leur source, etcer par les sadducéens, l'ont prétendu.
celle qu'ils arrosent ensuite, a particu Les sadducéens (v. cet article) qui recon
lièrement ce caractère. En considérant la naicsaient certainement, non-seulement
similitude de ces noms et l'identité de le Pentateuque, ainsi qu'on l'affirme sou
Gozan et Zozan, on ne peut douter qu'il vent, mais encore l'AncienTestament tout
ne s'agisse ici du Gozan des Ecritures, entier, niaient l'immortalité de l'âme et
d'autant plus qu'il se trouve en Assyrie et la résurrection ; s'appuyaient-ils réelle
dans le voisinage de la rivière Chabor. ment sur l'Ecriture inspirée pour défen
Si nous lisons dans le deuxième livre des dre leur matérialisme et leur incrédulité ?
Rois, 19, 12., et dans Esaïe, 37, 12., la ma Peut-être, mais le rationalisme de leur
nière orgueilleuse dont Sennachéribexalte interprétation pouvait les aveugler, et
les conquêtes de ses pères, il semble que notre Seigneur a fait justice de leurs
les rois d'Assyrie avaient détruit les ha théories, Matth. 22, 23. Il faut reconnai
bitants de Gozan avant que les Israélites tre cependant que l'Ancien Testament,
y fussent transportés, en sorte qu'ils se que les livres de Moïse en particulier, sont
trouvaient les maîtres du pays. « Les dieux très peu explicites sur la doctrine de l'im
des nations que mes ancêtres ont dé mortalité, de la vie future. Ce dogme,
truits, Gozan , Haran, les ont - ils déli comme tant d'autres, ne pouvait mûrir
vrés 9 » Ce fut sans doute un grand e::- que lentement dans la pensée de l'huma
ploit de détruire les barbares habitants nité. On a connu le mouvement bien
de cette contrée sauvage et montueuse ; avant d'en formuler l'existence, et il est
il est donc très naturel que les rois d'As une foule de faits ou d'idées dont on ne
syrie aient désiré les remplacer par une parle pas, qu'on ne raisonne, qu'on ne
population industrieuse, telle que celle discute pas, bien qu'on en ait la con
des captifs israélites, et formée comme science. La révélation, qui suit une mar
eux aux habitudes de la vie pastorale. che presque uniformément progressive,
Nous ignorons si en d'autres localités ils et dont la lumière va croissant (cf. 2
furent appelés à s'établir au milieu de la Pierre 1, 19.), ne proclame jamais l'er
IMM 477 IMM
reur, mais n'établit la vérité que d'une nos bœufs et de nos chiens. L'immorta
manière lente et graduée, en attendant lité n'a jamais été révélée aux Hébreux,
que la suite des siècles et le développe parce que nul d'entre eux ne la mettait
ment moral et intellectuel des Hébreux en doute, et si leurs législateurs ainsi que
appelle un développement ultérieur plus les prophètes ont cherché à diriger leur
complet de la vérité comme doctrine et attention sur la venue du Messie plutôt
système. Dans le Pentateuque, on peut que sur la vie future, c'est que l'homme
dire que la vie humaine est en général pécheur est un naufragé qui va périr, à
restreinte et limitée à cette terre, entre qui l'on ne parle du ciel que sur le rivage
les limites de la naissance et de la mort et après l'avoir sauvé d'une mort immi
physiques, et que le bonheur suprême est nente. » (Explic. de l'Ecclésiaste, p. 22,
placé dans le fait d'une lougue vie; cf. sq.). -

Gen. 47, 9. Ek. 20, 12. Deut. 4, 40. 6, 2. Olshausen pense au contraire quel'idée
11,9,(Eph.6,2.3.): on n'y trouve aucune de l'immortalité manquait en effet, non
§ et positive à une existence point sans doute chez Moïse ni chez les
quelconque de l'âme après la mort. Pour hommes les plus spirituels et les plus dé
quoiº Deux opinions conîraires, et cepen veloppés de la mation, mais chez ceux qui
dant toutes les deux justes, cherchent à formaient la masse du peuple, et que
expliquer ce matérialisme de la révélation Moïse a dû ainsi rattacher toute ses idées
mosaïque. de peines et de récompenses à la vie pré
· « Ainsi, dit M. de Rougemont, tandis sente, qui seule apparaissait comn1e réelle
que les Egyptiens et les Grecs, les Perses à leurs intelligences encore charnelles et
et les Indiens, et tous les peuples païens grossières.
et polythéistes de l'antiquité admettaient, L'un et l'autre de ces points de vue
non-seulement la vague possibilité d'une peut se justifier et se défendre; mais il
existence des âmes après la mort, mais est évident aussi que si la notion de l'im
un lieu de châtiments et de souffrances, mortalité de l'âme n'est point enseignée
et un lieu de rècompenses et de bonheur explicitement dans les écrits de Moïse,
qu'ils décrivaient comme d'incontestables elle s'y trouve d'une manière implicite et
réalités, les Hébreux, la seule nation mo latente. Ainsi, lorsqu'il est dit Gen. 5, |
nothéiste, la seule qui rapportait au Dieu 24., qu'Enoch ne parut plus parce que |

Vivant toutes ses actions et toutes ses pen Dieu le prit; ainsi, l'expression « être
sées, auraient cru qu'il en est de l'hom recueilli vers ses peuples, ou vers ses
me comme de la bête, et que tout finit pères, » Gen. 15, 15, 25, 8.49, 29.33. cf.
p0ur lui avec cette terre. Nous confessons 37, 35. Nomb. 20, 24. Deut. 31, 16. 32,
ici l'absolue incapacité où nous sommes, 50. (qui, d'après Gesénius lui-même, n'im
de concevoir l'état d'une âme qui se sau plique pas seulement l'idée de sépulture,
rait mortelle et qui croirait néanmoins mais encore celle de réunion); ainsi, le
fermement en Dieu; et Moïse, écrivant le mot sheôl, Gen. 37, 35. 42, 38. 44, 29.
C0mmandement sublime d'aimer Dieu de Nomb. 16, 30., qui emporte l'idée d'un état
tout son cœur, et ne croyant pas à une quelconque des âmes après la mort, et
vie après la mort, nous paraît un bien suffirait à prouver que les Juifs du temps
autre miracle que tous ceux qu'il a faits. de Moïse avaient déjà la conscience ou la
La foi à l'immortalité est une partie in conviction que l'âme ne mourait point avec
tègrante de notre être, nous pouvons le corps, mais continuait de vivre d'une
aussi peu nous en séparer que de notre vie indépendante; ainsi le vœu de Balaam,
volonté ou de nos sens; elle se retrouve Nomb. 23, 10., qui n'aurait guère de sens
jusque chez les peuples les plus sauvages, s'il n'avait connu que la mort physique ;
même chez les habitants abrutis de la Nou ainsi les promesses d'avenir faites à la na
velle Hollarde; il n'est pas un tombeau tion, Deut. 26, 19.28, 1.sq., etc., qui sem
qui ne la proclame, car sans elle nous blent supposer une vie s'étendant au-delà
devrions jeter à la voirie les corps de nos des limites d'une génération, et une âme
femmes et de nos enfants avec ceux de capable de jouir après la dissolution du••!
- | iºiu | uni ou ºn , 1 , { : , .
>
IMM 478 IMM

corps : ainsi encore, la confiance avec la l'Ancien Testament établissait une al


quelle Abraham offre son Isaacensacrifice, liance entre lui et le chef de l'Israël selon
Gen. 22, ayant estimé que Dieu le pouvait la chair, alliance éternelle qui devait sur
même ressusciter d'entre les morts, Hébr. vivre à Abraham lui-même, et qui, en
11, 19. (Le chapitre 11 de l'Epître auxHé conservant son nom, même après sa mort,
breux, qu'on ne cite ici que comme ren aux jours de Moïse, devait rappeler qu'A-
seignement et non comme argument, ren braham n'était point tout entier descendu
ferme d'ailleurs, même sous ce dernier dans la tombe, car Dieu n'est pas le Dieu
rapport, la preuve que, en dehors de la des morts. C'est ainsi beaucoup plus
foi à l'immortalité, la plupart des actes des l'idée de l'immortalité des rachetés, que
patriarches ne sauraient être compris, le celle de l'immortalité en général, qui est
sacrifice d'Abel, etc.) Enfin notre Sei relevée dans ces passages ; mais cela
gneur lui-même, dans une de ses luttes suffisait à l'argumentation du Sauveur,
avec les sadducéens, va chercher dans le qui voulait seulement établir vis-à-vis
Pentateuque un des arguments les plus des sadducéens, que l'immortalité qu'ils
puissants en faveur de la doctrine de l'im niaient était déjà annoncée dans les livres
mortalité de l'âme, Matth. 22, 31. 32. cf. de leur loi. Le peuple était frappé de sa
Ex. 3, 6. doctrine, non que cette doctrine fût quel
« Quant à la résurrection des morts, que chose de nouveau, mais parce que le
dit-il, n'avez-vous pas lu ce que Dieu sens que Jésus donnait à ce passage de
vous a déclaré en disant : Je suis le Dieu Moïse, la présentait sous une forme nou
d'Abraham, et le Dieu d'Isaac, et le Dieu velle à laquelle la sèche scolastique des
de Jacob. Dieu n'est pas le Dieu des pharisiens n'avait pas habitué ses audi
morts, mais des vivants. » Il est facile de teurS.

voir que, dans ce passage, le nom de Dieu En dehors du Pentateuque, il est facile
n'emporte pas seulement l'idée de Pro de multiplier des citations de passages,
vidence, dans le sens général du mot; qui établissent combien le dogme de l'é-
Dieu n'est pas appelé le Dieu d'Adam, ni ternité de l'âme était, sinon familier aux
le Dieu de Moïse, ni, dans le Nouveau Tes Hébreux, du moins inhérent à leur théo
tament, le Dieu de Pierre ou de Paul, com logie et à leur morale. Déjà l'antique li
me aussi nous ne pourrions pas dire dansvre de Job, contemporain de Moïse , si
un sens spécial le Dieu de Luther et de même il n'est son ouvrage, renferme cette
Calvin : il est à remarquer que, dans le célèbre parole : « Je sais que mon ven
Nouveau Testament, Dieu est appelé le geur est vivant, et qu'il viendra enfin sur
Dieu (et père) de Jésus-Christ, Rom. 15, la terre. Et après ma peau , quand ceci
6. Eph. 1, 3., et que, dans l'Ancien, cette (ma chair) aura été rongé, je verrai Dieu
expression n'est employée qu'en parlant de ma chair (la résurrection du corps).
de Sem, Gen. 9, 26. Si Dieu est le Dieu Je le verrai moi-même, et mes yeux le
de tous les hommes, comme leur Créa verront, et non comme un adversaire.
teur et Providence, il ne l'est plus, dans Mes reins se consument (tant je soupire
un sens particulier, que de ceux qui lui après ce bonheur). Car alors vous direz :
appartiennent par le lien de la vie nou Pourquoi, » etc. Job 19, 25-27. (mal tra
velle. Il eût pu être appelé Dieu de Noé, duit dans nOs versions).
puisque Noé était le prédicateur de la jus Dans les Psaumes : 12,7. Toi, Eternel,
tice, mais Noé représentait plus l'huma garde-les, et préserve à jamais chacun
nité tout entière, bonne et mauvaise, que d'eux ;—16, 10. Tu n'abandonneras point
la portion sainte de l'humanité, et Sem mon âme au sépulcre ; - 17, 15.Je se
son fils, comme chef de la branche bénie, rai rassasié de ta ressemblance, quand je
a seul pu voir son nom uni à celui de serai réveillé, — 23, 6. Mon habitation
Dieu. Cette locution renferme donc l'idée sera dans la maison de l'Eternel pour
de rapports plus intimes, et en se pro longtemps ;— 30, 12.Je te célébrerai à
clamant le Dieu d'Abraham et celui de sa toujours ; — 49, 15. sq. Dieu rachètera
postérité par Isaac et Jacob, le Dieu de mon âme de la puissance du sépulcre
IMM 479 1MM

quand il me prendra à soi;-73, 24. sq. sombres profondeurs de la mort. Qu'il y


Tu me recevras dans la gloire. Quel au ait eu, ou non, une victoire immédiate de
tre ai-je au ciel?... Dieu est mon partage Jésus sur l'enfer, sur le sépulcre; que sa
à toujours, etc., etc. Cf. 2 Sam. 12, 23. mort ait été, ou non, immédiatement sui
L'histoire de la pythonisse et de l'om vie d'un changement, d'un bouleverse
bre de Samuel, 1 Sam. 28, 11. sq., mon ment dans l'ordre infernal ; qu'elle ait
tre que la croyance à l'immortalité était été un signal de délivrance pour les âmes
générale, même aux plus mauvais temps des justes, et comme la réalisation des
du règne de Saül, et l'ascension d'Elie au anciennes promesses non encore accom
ciel, 2 Rois 2, 11. sq., en fut plus tard plies(et nous croyons qu'il en a été ainsi);
une vivante démonstration. que le lieu obscur ait tressailli, ou que
Il importe de noter encore les passages t0utes choses soient restées comme elles
suivants : Eccl. 12, 1.-16. « Sache que, étaient auparavant, le point de vue a, dans
pour toutes ces choses, Dieu t'amènera tous les cas, dû changer pour ceux qui,
en jugement... Dieu amènera toute œuvre vivants, ont pu connaître que la mort et
en jugement, touchant tout ce qui est ca le sépulcre avaient été vaincus, et cette
ché, soit bien, soit mal. » (cf. v. 9). — c0nnaissance aura exercé sur leur foi une
Es. 26, 19. 66, 24. « Tes morts vivront, toute autre influence que les simples pres
même mon corps mort ; ils se relèveront, sentiments, à bien des égards obscurs,
etc.;... leur ver ne mourra point, et leur de ceux qui se bornaient à attendre.
feu ne sera point éteint. » —Toute la vi Avant Christ, l'Israël selon la chair re
sion des os secs, d'Ezéchiel 37; — Dan. présentait l'Eglise sous tutelle et encore
12, 2. « Plusieurs de ceux qui dorment mineure, presque dans l'enfance, et par
dans la poussière de la terre se réveille conséquent ignorante de bien des cho
ront, les uns pour la vie éternelle, et les ses : la mort ne pouvait pas lui paraître
autres pour les opprobres et pour l'infa désirable, et le Saint-Esprit envoyé par
mie éternelle; » — Mal. 4, 5. « Voici, je Jésus a seul pu illuminer la dissolution du
vais vous envoyer Elie le prophète, avant corps et l'émancipation de l'âme comme
que le jour grand et terrible de l'Eternel le seul moyen de réunir la créature à son
vienne, » etc. Créateur, le pécheur à son Sauveur, et de
Ces passages suffisent à prouver que préparer en même temps la restauration
la foi à l'immortalité existait chez les an complète de l'homme tombé, mais régé
ciens Hébreux ; mais ils ne parlent guère néré. Pour les Israélites, l'âme seule con
de leurs espérances, et la vie future ne tinuait de vivre après la mort, et cet état,
se présentait chez eux que sous des cou nécessairement incomplet, ne pouvaitleur
leurs plus ou moins lugubres. Le Sheôl apparaître que comme une immortalité
était une puissance béante qui ne disait tronquée, et nous-mêmes ne saurions da
jamais : C'est assez! Prov. 30, 16.; une Vantage COmprendre cette existence in
espèce de règne des ombres, douloureux, corporelle que comme un état de transi
sombre et silencieux, Gen. 37, 35. 42, 38. tion, relativement heureux peut-être, mais
44, 29. Nomb. 16, 30. Deut. 32 , 50. Job qui ne saurait être définitif.
3, 13. 14. (ces versets, le repos dans la Les sadducéens niaient la résurrection
mort, sont d'une ironie sublime, qui rap et l'immortalité. Les esséens croyaient à
pelle l'ordre politique régnant dans l'é- l'immortalité sans résurrection. Les pha
crasement des peuples vaincus), 10, 21. risiens admettaient l'une et l'autre. On
sq. 30, 23. Ps. 6, 5. 18, 4. sq. Es. 14, 9, peut voir, à ce sujet, l'ouvrage posthume
sq. etc. Ce n'est point là le point de vue de Haevernick sur la théologie de l'An
de l'Evangile, Jean 11, 25.26. Phil. 1,21. cien Testament ; Olshausen, Antiquiss.
sq.; mais cette différence tient à la nature eccl. patrum de immortalitate animae sen
mème des deux économies. Jésus, en ef tentiae ; en français, un travail spécial de
fet, la véritable lumière, était annoncé feu M. Combe d'Ounous, de Montauban,
aux Juifs : mais il n'était pas encore venu et le traité de Calvin (la condition et la
briller dans les ténèbres, et éclairer les vie des âmes après la vie présente). Cal
JES |2 480 JES
!

vin, après avoir combattu avec plus de ru 5 ou 6 av. C.— (Introduction à l'Evan
desse que de force l'opinion de « mes gile de saint Luc.)— L'ange Gabriel ap
sieurs les dormeurs, » qui estiment que paraît à Zacharie, et lui annonce la nais
les âmes dorment en attendant le jour de sance de Jean-Baptiste. - Jérusalem ;
la résurrection, conclut ainsi sur cette dans le temple. (Luc 1, 1-25.) -

question spéciale : « L'esprit est l'image 5 av. C. — Six mois après, le même
de Dieu, à la similitude duquelila vigueur ange annonce à Marie la conception mira
et intelligence, et est éternel; et, tandis culeuse, et la naissance de Jésus-Christ.
qu'il est en ce corps, il montre ses ver Nazareth.-Visite de Marie à Elisabeth.
tus, et, quand il sort de cette prison, il Jutta ? Hébron ?— Naissance de Jean
s'en va à Dieu, du sentiment duquel il Baptiste. Jutta ? — Vision dé Joseph ;
jouit, cependant qu'il repose en l'espé l'ange lui explique la grossesse de Marie.
rance de la résurrection bienheureuse, et
ce repos lui est un paradis. Mais, quant
#º (Luc 1, 26-80. Matth, 1, 1s
24. " : ri -- i - - !
à l'esprit de l'homme réprouvé, cependant 4 av. C.— Naissance de Jésus Beth
qu'il attend le terrible jugement sur soi, léem. - Un ange des cieux apparaît aux
il est tourmenté de cette attente, laquelle bergers. Environs de Bethléem. — Cir
l'apôtre, pour cette cause, appelle redou concision de Jésus, et sa présentalion
table. S'enquérir plus outre, c'est se plon dans le temple. Bethléem, Jérusalem-—
ger dedans l'abîme des secrets de Dieu, Les mages. Ibid. — Fuite en Egypte.
vu que c'est assez d'apprendre ce que le Cruautés d'Hérode. Retour de lesus.
Saint-Esprit, qui est un très bon maître, Bethléem, Nazareth.- Les généalogies.
s'est contenté d'enseigner, lequel ditain (Matth. 1, 25.2, 1-23.1, 1-17. Luc 2, 11
- si : « Ecoutez-moi, et votre âme vivra! » 40. 3, 23-38.)
8 ap. C. - Jésus, âgé de douze ans, se
º JEAN-Baptiste. Les reliques de ce pro rend à Jérusalem pour la pâque , il en
phète sont malheureusement nombreuses. seigne dans le temple. (Luc 2, 41-52.)
·Son visage se trouve à Amiens et à Saint DEUXIÈME PARTIE. ,

Jean-d'Angély, son front en Espagne et Le précurseur. Commencements du mi


à Malte, sa mâchoire à Besançon et à Pa nistère public du Seigneur.
ris. Sa tête est , en outre, tout entière à (Comprenant environ une année.)
Rome, sans parler d'une masse « de lo An 27 de l'ère vulgaire. — Ministère
pins » qu'on en montre encore à Lucques, de Jean-Baptiste. — Le désert. Le Jour
à Saint-Flour, à Noyon; il y en a pour la dain. — Baptême de Jésus. Jourdain.
grosseur de la tête d'un bœuf, dit Calvin. — Scènes de la tentation. Désert de
Et, quant au doigt dont il montra l'agneau Juda (la Quarantania ?). — Introduc
de Dieu, il est à Besançon, à Toulouse, à tion à l'Evangile de saint Jean. Divinite,
Lyon, à Bourges, à Florence, et dans un humanité, mission de Jésus. — Témoi
village près de Mâcon. grage rendu à Jésus par Jean-Baptiste.
JESUS-CHRIST. Comme essai d'une Béthabara. — Jésus recoit ses premiers
harmonie des Evangiles, et en réservant disciples, André, Simon, Philippe. Son
ce que nous avons dit sur la difficulté et entrevue avec Nathanaël. Jourdain. Ga
l'incertitude d'un travail de ce genre (I, lilée. — Noces de Cana. (Matih. 3, 1.-4,
p. 496) nous présentons ici le tableau 11. Marc 1, 1-13. Luc 3, 1.-4, 13. Jean 1,
· synoptique du professeur Edward Robin 1.-2, 12.)
| son, de New-York, en suivant ses divi TRoISIÈME PARTIE.
* siôns et subdivisions, qui diffèrent à quel De la première à la seconde pâque.
* ques égards de celles de la Concordance. (Une année.)
| PREMIÈRE PART:E. An 27-28 de l'ère vulgaire. — Jésus
" Evénements relatifs à la naissance et à chasse les marchands du temple. Jéru
la jeunesse du Seigneur. salem. — Son entretien avec Nicodème ;
(Comprenant l'espace d'environ treize ans ibid. — Il quitte Jérusalem, continue de
- et demi.) lvisiter la Judée, et baptise, Nouveau té
*
-
412- 481
JES JES
" moignage que lui rend Jean-Baptiste.len appelle à ses œuvres. Invité à dîner
Enon. (Jean 2, 13.-3, 36.) chez un pharisien, il pardonne à la pé
· Après l'emprisonnement de Jean-Bap cheresse qui lui oint les pieds (Caper
' tiste, Jésus quitte la Judée pour se ren naiim.) (Matth. 8,5-13. 11,2-30. Luc7,.)
dre en Galilée ; il traverse la Samarie. Nouveau voyage en Galilée avec les
Son entretien avec la femme samaritaine. douze. Il guérit un démoniaque ; les scri
Beaucoup de Samaritains croient en lui. bes et les pharisiens blasphèment ; il leur
Sychar (Sichem). Il enseigne publique répond par la parabole du démoniaque
ment en Galilée, et prêche dans les syna relaps, et les avertit du péché qui ne sera
gogues. Nouveau miracle à Cana de Ga point pardonné. Ils demandent un mira
lilée ; il guérit, sans y aller, le fils d'un cle ; réponse et réflexions du Seigneur.
' seigneur de la cour, malade à Capernaüm. Les vrais disciples de Christ sont ses
— Jésus à Nazareth ; rejeté des habi plus proches parents. A la table d'un pha
tants, il se retire à Capernaüm et y pour risien, Jésus dénonce les malheurs qui
suit son œuvre. Pêche miraculeuse , VOCa attendent les scribes et les pharisiens
tion définitive de l'ierre, André, Jacques hypocrites. Discours à ses disciples et à
et Jean; Bords du lac de Génésareth, la multitude. Massacre des Galiléens ;pa
près de Capernaiim. Le sabbat suivant, rabole du figuier stérile. Galilée. (Matth.
il guérit un démoniaque dans la synago 12, 22-50. Marc 3, 19-35. Luc 8, 1-3. 19
gue de Capernaüm.Guérison de la belle 21.11, 14-54. 12 ; 13, 1-9.)
' mère de Pierre et de plusieurs autres Paraboles du royaume, sur les bords
malades ; ibid. Tournée dans les villes de du lac de Génésareth. Près de Caper
la Galilée ; guérison d'un lépreux. — naiim. (Matth. 13, 1-53. Marc 4, 1-34.
Guérison d'un paralytique ; vocation de Luc 8, 4-18.)
Matthieu. Capernaüm. (Matth. 4, 12-25. Jésus s'embarque pour le bord orien
14, 3-5. 8, 2-4. 14-17. 9, 2-9. Marc 1, tal du lac , incidents ; il apaise la tem
14-45. 2, 1-14. 6, 17-20. Luc 3, 19. 20. pête. Démoniaques de Gadara. Côte sud
Luc 4, 14-44. 5, 12-28. Jean 4,.) est de la mer de Galilée. Les Gadaréniens
QUATRIÈME PARTIE. le prient de s'en aller; il traverse de nou
De la seconde à la troisième pâque. Veau le lac. Repas dans la maison de Mat
(Une année.) thieu , discours sur le jeûne ; il justifie
An 28-29 de l'ère vulgaire. — Lavoir ses rapports avec les péagers et les pé
de Béthesda ; guérison d'un impotent. cheurs. Résurrection de la fille de Jaïrus;
Discours et défense de Jésus devant le guérison de l'hémorroïsse, de deux aveu
sanhédrin. Jérusalem, (Jean 5.) gles, et d'un démoniaque ; Capernaüm.
Ses disciples cueillent des épis un jour ll retourne à Nazareth, enseigne dans la
de sabbat, pendant le retour en Galilée. synagogue, mais est de nouveau rejeté.
ll guérit un homme qui avait la main (Matth. 8, 18-34. 9, 1. 10-34. 13, 54-58.
sèche. Galilée (Capernaüm ?). Il se retire Marc 4, 35-41. 5; 2, 15-22. 6, 1-6. Luc
vers le lac de Tibériade, où il est suivi 8, 22-56. 5, 29-39.)
par la multitude. Après avoir passé la Troisième voyage en Galilée ; Jésus
nuit en prières, il choisit les douze, et envoie les douze pour prêcher l'Evangi
fait plusieurs miracles. Près de Caper le, avec pouvoir de guérir les malades et
naiim. (Matth. 12, 1-21. 10, 2-4. Marc 2, de chasser les démons. Hérode-Antipas
23-28. 3, 1-19. Luc 6, 1-19.) croit que Jésus n'est autre que Jean-Bap
Sermon sur la montagne, près de Ca tiste ressuscité. Retour des douze; Jésus
pernaiim. (Matth. 5, 1.-8, 1. Luc 6, 20 se retire avec eux au désert de Bethsaïda
49.) de Juliade , une multitude d'hommes
Descendu de la montagne, il guérit le accourent de toutes parts ; Jésus guérit
serviteur du centenier (Capernaüm); res leurs malades, et nourrit 5,000 hommes
suscite le fils de la veuve (Nain); répond avec cinq pains. Capernaiim , côte nord
aux questions des disciples de Jean qui de la mer de Galilée. Il envoie ses dis
est toujours en prison (Capernaüm); il ciples par eau à Capernaüm ;la nuit il les
II. 31
JES 482 JES

rejoint pendant l'orage en marchant sur Samarie., Envoi des soixante-dix disci
les eaux qu'il apaise. Contrée de Géné ples. Dix lépreux nettoyés. (Luc 9, 51
sareth. Discours à la multitude dans la 62. 10, 1-16. 17, 11-19. Jean 7,2-10.)-,
synagogue de Capernaüm ; il se déclare C'est ici que l'harmonie des Evangiles
le vrai pain de vie; plusieurs, scandalisés présente le plus de difficultés, et que les
de ses discours, l'abandonnent; Pierre interprètes varient le plus dans leurs es
confesse que le Christ est le Fils de Dieu. sais de coordination.
(Matth. 9, 35-38. 10, 1. 5-42, 14, 4.14, !. SIXIÈME PARTIE. i, -

1.2.6-36. Marc 6, 6-16. 21-56. Luc 9, Depuis la féte des Tabernacles, jusqu'à
1-17. Jean 6, 1.-7,1. , , , l'arrivée de notre Seigneur à Béthu
cINQUIÈME PARTIE, . nie, siac jours avant la pâque.
Depuis la troisième pâque du ministère (Six mois, moins une semaine.) !
de notre Seigneur, jusqu'à son # An 29-30 de l'ère vulgaire. - Jésus
de la Galilée pour la célébration de la monte secrètement à Jérusalem, à la fête
féte des Tabernacles. · des Tabernacles ; il se montre vers le mi
(Espace de six mois.) lieu de la fète. Discussion avec les Juifs
An 29 de l'ère vulgaire. — Les phari sur sa mission divine ; il offre à tous ceux
siens accusent les disciples parce qu'ils qui en ont soif les grâces de son Saint
mangent sans se laver les mains; Jésus Esprit.—La femme surprise en adullère.
les défend contre le formalisme. Tradi - Il condamne les prétentions des Juifs,
tions pharisaïques. Capernailm.-Voya et échappe miraculeusement à ceux qui
ge dans la contrée de Tyr et de Sidon ; voulaient le lapider (Jean 7, 11-53.8;).
guérison de la fille de la syrophénicienne. Réponse au docteur qui demande à Jé
Retour par la Décapole ; guérison d'un sus ce qu'il faut faire pour avoir la vie
sourd-muet; nombreuses guérisons sur éternelle. Définition de l'amour du pr0
uné montagne aux environs du lac : 4,000 chain. Parabole du bon Samaritain.Aux
hommes nourris miraculeusement. Les environs de Jérusalem. Jésus chez Mar
pharisiens et les sadducéens demandent the et Marie, à Béthanie. Il apprend à ses
un miracle. Près de Magdala. Pendant la disciples comment il faut prier avec per
traversée, Jésus met ses disciples en gar sévérance (environs de Jérusalem); re
de contre le levain des pharisiens, etc. tour des soixante-dix disciples ; le Sall
Côte nord-est de la mer de Galilée. Gué veur guérit un aveugle-né, en un jour de
rison d'un aveugle à Bethsaïda. (Matth. sabbat : discours et discussions touchall
15; 16, 1-12. Marc 7 : 8, 1-26.) cet événement. Jérusalem. Jésus à Jéru
Aux environs de Césarée de Philip salem pour la fête de la dédicace. ll Sº
pes, Pierre confesse de nouveau la foi retire au delà du Jourdain, à Béthabara,
de l'Eglise, et Jésus lui donne un témoi Résurrection de Lazare. Béthanie. Prü
gnage éclatant de son approbation.Jésus phétie de Caïphe; les principaux des Juifs
annonce ses souffrances, sa mort et sa décrètent la mort de Jésus. Jésus quille
résurrection ; Pierre le reprend et Jésus Jérusalem et se retire à Ephraïm. (Luc
le repousse comme tentateur.- La trans 10, 17-42. 11, 1-13. Jean 9 ; 10; 11, l
figuration. Entretien de Jésus avec ses 54.)
trois disciples touchant Elie. Guérison Des multitudes suivent Jésus au delà
d'un démoniaque que les apôtres n'ont du Jourdain ; guérison (un jour de sal
pu guérir. Retour en Galilée. Jésus an bat) d'une femme malade depuis dix-huit
nonce de nouveau Sa mort et sa résur ans. Vallée du Jourdain, Pérée. Notre
rection. Miracle pour payer le demi-sicle Seigneur s'avance de nouveau vers Jérii
d'impôt; Capernaiim. Dispute entre les salem à petites journées, enseignant et
apôtres sur la supériorité : Jésus les ex guérissant les malades ; on l'avertit de
horte à l'humilité, au support, et à l'amour prendre garde à Hérode. Il dine un jour
iraternel. (Matth. 16, 13-28. 17; 18; Marc de sabbat chez un des principaux d'entre
8, 27-38. 9 ; Luc 9, 18-50.) les pharisiens ; il guérit un hydropique,
· Départ pour Jérusalem. Il traverse la par plusieurs paraboles il prépare ses
JES 483 JES
disciples à une vie de renoncement et de prochaine destruction et les persécutions
sacrifices. Paraboles de la brebis perdue, qu'auront à souffrir ses disciples. Mont
de l'enfant prodigue, de l'économe infi des Oliviers. Signes précurseurs de la
dèle, du mauvais riche, et de Lazare. — destruction de Jérusalem ; Christ est la
Exhortations à une vie irréprochable, au fin de l'économie juive. Il passe de là, par
pardon et à l'humilité. Il annonce que son une transition naturelle, aux grands évé
règne viendra soudainement et sans éclat, nements qui précéderont et accompagne
et prédit la ruine de Jérusalem. Parabo ront la fin du monde et le jugement der
les du juge inique, du pharisien et du nier. Exhortations à la vigilance. Parabo
péager ; préceptes relatifs au divorce ; les des dix vierges, des cinq talents, etc.
Jésus reçoit et bénit de petits enfants ; Ibid. Scènes du jugement dernier. — Les
le jeuné homme qui avait de grands biens; chefs conspirent. Le souper de Béthanie.
parabole des ouvriers. Jésus annonce Trahison de Judas. (Matth. 24; 25; 26,
p0ur la troisième fois sa mort et sa ré 1-16. Marc 13; 14, 1-11. Luc 21, 5-36.
surrection. Ambitieuses prétentions des 22, 1-6. Jean 12, 2-8.)
fils de Zébédée. Pérée. — Guérison de HUITIÈME PARTIE.
deux aveugles aux environs de Jérico. — Quatrième pâque. La passion, jusqu'à
Visite à Zachée ; parabole des dix mi la fin du sabbat juif.
nes , ibid. Jésus arrive à Béthanie, six (Deux jours.)
jours avant la pâque. (Matth. 19;20; Marc Préparation de la pâque. Béthanie. Jé
10; Luc 13, 10-35. 14; 15; 16; 17 ; 18 ; rusalem. La pâque. Nouvelle dispute des
19, 1-28. Jean 11, 55-57. 12, 1. 9-11.) apôtres quant à leur supériorité. Jésus
SEPTIÈME PARTIE. leur donne l'exemple de l'humilité en leur
Depuis l'entrée publique de Jésus dans lavant les pieds. Pendant le repas Jésus
Jérusalem jusqu'à sa quatrième pâ désigne le traître, et Judas se retire. Jé
que. sus annonce la dispersion des douze et
(Cinq jours.) le reniement de Pierre.Jérusalem.(Matth.
An 30 de l'ère vulgaire.— Jésus porté 26, 17-25. 31-35. Marc 14, 12-21.27-31.
sur un ânon fait son entrée triomphale Luc 22, 7-18. 21-38. Jean 13,.)
dans Jérusalem. Il pleure sur la ville. Le A la fin du repas Jésus institue la sainte
figuier stérile. Il chasse de nouveau les cène (Matth. 26, 26-29. Marc 14, 22-25.
marchands du temple. Béthanie. Jérusa Luc 22, 19.20. cf. 1 Cor. 11, 23-25.)Jé
lem. Le figuier stérile est séché. Christ, rusalem.
interrogé sur l'origine de son autorité, Jésus exhorte et console ses disciples
confond les membres du sanhédrin, et au sujet de son départ; il leur promet le
les reprend par la parabole des deux fils. Saint-Esprit. Discours de Jésus ; il se re
Paraboles des méchants vignerons, et du présente comme le vrai cep. Ses disciples
festin des noces. Question insidieuse des seront haïs du monde et doivent se pré
pharisiens et des hérodiens touchant le parer à souffrir persécution ; il leur an
tribut ; réponse de Jésus. Questions des nOnce de nouveau les dons du Saint-Es
sadducéens sur la résurrection, et des prit, les exhorte à prier, et leur promet
pharisiens sur le plus grand commande sa protection et celle de son père. Prière
ment. Comment Christ est le fils de Da sacerdotale (Jean 14, à 17,). Jérusalem.
vid ? Jésus exhorte les troupes à se tenir L'agonie en Gethsémané; Jésus trahi
en garde contre les scribes et les phari et emmené prisonnier. Mont des Oliviers.
siens. Il pleure sur Jérusalem. La pite de Jésus devant Caïphe. Jérusalem. Pierre
la veuve. Il passe la nuit sur la montagne le renie trois fois. Jésus devant Caïphe
des Oliviers (?). (Matth. 21-23; Marc 11 et le sanhédrin ; il déclare qu'il est le
et 12. Luc 19, 29-48. 20 ; 21, 1-4. Jean Christ ; il est fouetté et moqué. Le san
12, 12-19.) hédrin le renvoie à Pilate, Pilate à Hérode.
Quelques Grecs désirent de voir Jésus. Pilate cherche à délivrer Jésus; les Juifs
Réflexions sur l'incrédulité des Juifs. Jé demandent Barabbas. Jésus, condamné
sus, en quittant le temple, annonce sa à mort, est frappé de verges et insulté.
JES 484 JES

Après de nouvelles tentatives pour le dé le Royaume des cieux sur la terre, etc.);
livrer, Pilate livre enfin Jésus aux bour et dans un point de vue plus général ,
reaux. Repentir de Judas, son suicide. E. Buisson, les Paraboles. -

(Matth. 26, 26-75. 27, 1-30. Marc 14, 26 —On trouve bien peu de choses dans les
72. 15, 1-19. Luc 22, 39-71.23, 1-25. commentaires sur les circonstances qui
Jean 18, 1.-19, 16. Act. 1, 18.19.) ont accompagé la mort de Jésus. L'Ecri
Jésus est conduit au lieu du supplice. ture nous dit qu'il y eut des ténèbres sur
Simon de Cyrène. Crucifixion. Les sept tout le pays (la Judée, ou la Palestine),
paroles. Ténèbres. Jésus expire, le voile depuis la sixième heure jusqu'à la neu
du temple est déchiré : le centenier re vième (de midi jdsqu'à 3 heures). ainsi
connaît Christ pour le Fils de Dieu. Les pendant toute la durée de la crucifixion,
femmes au pied de la croix. La descente — et qu'à la mort du Sauveur le voile du
de la croix. Sépulture. Gardiens du sé temple se déchira en deux, depuis le haut
pulcre.Jérusalem. (Matth. 27,31-66.Marc jusqu'au bas, et la terre trembla, et les
15, 20-47. Luc 23,26-56.Jean 19, 16-42.) rochers se fendirent, et les sépulcres s'ou
NEUVIÈME PARTIE. vrirent, et plusieurs corps des saints qui
Depuis la résurrection jusqu'à l'ascen étaient morts ressuscitèrent, et étant sor
Sl01l .
tis de leurs sépulcres, après sa résurrec
(Quarante jours.) tion, ils entrèrent dans la sainte cité, et
Le matin de la résurrection. La visite ils apparurent à plusieurs personnes,
des femmes au sépulcre ; Marie Magde Matth. 27, 45.51.sq. — On a voulu ex
leine retourne à Jérusalem. Les anges au pliquer par une éclipse de soleil les té
sépulcre. Jésus se montre aux femmes nèbres qui accompagnèrent la crucifixion,
sur le chemin de Jérusalem. Pierre et et cela a pu paraître d'autant plus natu
Jean courent au sépulcre. Le Seigneur et rel que saint Luc ajoute, 23, 45. : « Le
Marie Magdeleine. Rapport des gardes. soleil s'obscurcit. » Mais une considéra
Jésus apparaît à Pierre, puis aux deux tion péremptoire s'y oppose, c'est que le
disciples, sur le chemin d'Emmaiis.A Jé mois de nisan commençait avec la nou
rusalem il apparaît au milieu des apôtres, velle lune, et que la pâque avait lieu le
Thomas n'étant pas avec eux. Huit jours 15 nisan , par conséquent pendant la
après il se montre à eux, Thomas étant pleine lune. Tous les commentateurs sont
au milieu d'eux. Jérusalem.—Les apôtres d'accord à repousser une explication na
retournent en Galilée ; Jésus se montre turelle tirée de cet ordre d'idées , mais il
à neuf d'entre eux sur les bords du lac ne le sont plus quant à ce qui doit lui
de Tibériade : il se fait voir aux apôtres étre substitué. Une cause physique quel
et à cinq cents frères sur une montagne conque (on ne saurait la déterminer da
de la Galilée. — Il se montre à Jacques, vantage) a pu produire ce phénomène, et
puis à tous les apôtres. Jérusalem.—Son quand on se rappelle non-seulement l'é-
ascension ; Béthanie. — Conclusion de ternelle prescience de Dieu qui exclut
l'Evangile de Jean. (Matth. 28 ; Marc 16 ; toute idée de hasard, mais encore l'im
Luc 24; Jean 20, et 21 ; Act. 1, 1-12. 1 portance immense, unique, de la mort
Cor. 15, 5-7.) du Sauveur pour celui qui dispose à son
gré de toutes les forces de la nature, on
— Les paraboles de Jésus, qui renfer ne peut méconnaître que celui qui a sa
ment toutes ou le germe de sa doctrine, ou lué la naissance de Jésus par un concert
le germe de sa morale, ont fixé dans tous des anges dans les cieux, a dù aussi con
les temps l'attention des commentateurs. sacrer le moment de sa mort par un bou
Elles ont été dernièrement expliquées ou leversement dans les lois naturelles. D'ail
méditées par un grand nombre de théo leurs, ce n'est point le soleil seulement
logiens ou de prédicateurs français, spé qui s'obscurcit , la terre s'émeut, et l' é
cialement au point de vue de leurs indi conomie du mont Sinaï est déchirée dans
cations sur la nature de l'Eglise chré ce voile mystérieux qui fermait l'entrée
tienne (A. Bost, Recherches ; A. Saintes, du lieu très saint; le sépulcre et la mort
JES 485 JES

se reconnaissent vaincus, et les pierres ci se taisent, les pierres mêmes crieront,»


même crient; les rochers parlent, là où Luc 19, 40. — Par la rupture de ces ro
un impie clergé avait réussi à imposer le chers, plusieurs sépulcres qui y étaient
silence aux lâches et charnels enfants d'A- taillés, selon l'usage d'alors, s'ouvrirent ;
braham. « Tous les miraculeux phénomè les corps de quelques élus de Dieu, en
nes ici rapportés, dit Gerlach (trad. Bon dormis dans la foi au grand sacrifice qui
net et Baup), sont symboliques et ren venait de s'accomplir, pénétrés de la vie
ferment de profondes leçons. Dieu vou nouvelle dont le Sauveur ouvrait les sour
lait montrer d'abord qu'il retirait de des ces et qui se communiquait à leur âme,
sus ce peuple sa lumière, sa présence se ranimèrent, et, après que la résurrec
protectrice et consolante, et que toutes tion de Jésus-Christ eut remporté la der
les puissances des ténèbres réunissaient nière victoire sur le péché et sur la mort,
leurs efforts contre le Sauveur du monde, ils sortirent de leurs tombeaux : prémices
comme il venait de le déclarer lui-même, de la résurrection du dernier jour, ils en
Luc 22, 53. Dieu voulut aussi, lors de cet trèrent dans « la cité sainte, » expression
événement, le plus extraordinaire de l'his choisie à dessein pour figurer la Jérusa
toire de l'humanité, montrer, par un mi lem céleste, où entreront tous les rache
racle qui glorifiât Jésus-Christ, l'unité tés de Christ tirés un jour de leurs sé
qui existe entre le monde invisible et le pulcres : et enfin ils apparurent à plu
règne de la nature : le soleil de justice sieurs fidèles, pour leur faire connaître
s'éteint dans les douleurs du Calvaire, et ce merveilleux événement et sa significa
le Soleil de la nature se voile de ténèbres. tion prophétique. » -

— Chacun de ces prodiges, outre le but En général, on n'a pas assez remarqué
général de réveiller l'attention et la crain combien toutes les circonstances impor
te d'un peuple stupide et endurci, ren tantes de l'humanité sont intimement ml
ferme un enseignement particulier. Le ses en rapport avec des faits correspon
voile du temple, cf. Ex. 30, 10. Lév. 16, dants dans l'ordre physique et naturel,
2. sq., indiquait que la demeure du Dieu combien l'esprit et la matière semblent
vivant et Saint était inaccessible à l'hom unis par une même vie. Quelquefois on
me pécheur, et même au peuple de l'al a exagéré ce point de vue ; le plus sou
liance , jusqu'à l'accomplissement des vent on l'a méconnu. Il y a peut-être plus
temps. Ce voile, déchiré au moment où d'esprit que de vérité dans ce parallèle
se consommait sur la croix le vrai sacri qu'Olshausen établit entre l'histoire de
fice d'expiation pour le péché, proclamait la chute et celle de la Passion : « L'arbre
d'une manière frappante aux yeux de tout de la science a amené la chute de l'hom
· le peuple assemblé dans le temple pour me, l'arbre de la croix son relèvement;
l'ablution du soir (trois heures), que dé c'est dans le jardin d'Eden que le pre
sormais l'accès du trône de la grâce (figu mier a succombé en mangeant du fruit
ré par l'arche de l'alliance dans le lieu très défendu, c'est dans le jardin de Gethsé
, saint) était ouvert, et que l'homme pé mané que le second Adam a triomphé,
cheur, banni du ciel, pouvait tourner ses dans le jardin encore qu'il a goûté au
regards et ses espérances vers les de sépulcre le repos du sabbat; le premier
meures éternelles de la maison du Père, homme a trouvé la mort dans le fruit
cf. Hébr. 10, 20. — La terre, théâtre du d'Eden, c'est dans le fruit du vrai cep
péché, tremble sous le jugement de Dieu (symbole de la communion) que les
qui lui annonce à la fois sa destruction croyants goûtent la vie éternelle. Le pé
et sa rénovation future. — Les rochers, ché a fait croître les épines qui ont for
moins insensibles que l'homme aux souf mé la couronne du Fils de Dieu, martyr,
frances du Fils de Dieu et aux coups de vainqueur et roi. » Mais, quoi qu'il en
la justice divine (v. Serm. d'Ad. Monod), soit de ces détails, l'Ecriture nous ap
se fendent et accomplissent littéralement pelle à considérer la terre comme le corps
cette parole de Jésus à l'égard de ses dis de l'humanité; elles sont unies comme le
ciples maintenant dispersés : « Si ceux corps et l'âme ; l'une n'est que matière,
JUG 486 MlL

l'autre est esprit; mais l'esprit réagit sur me et nourris de lui jour par jour pen
la matière. Il semble que ce soit une loi dant quarante ans comme s'ils n'eussent
de la nature créée. A l'homme parfait pas été de la terre. Cette phase-là, qui ne
une terre parfaite ; au racheté qui sou s'est présentée nulle part ailleurs, ètait
pire en attendant l'adoption, une créa exceptionnelle, et n'appartient pas à l'his
tion qui soupire et qui est en travail, toire humaine de la théocratie; ce fut un
Rom. 8, 21.22.; à l'homme nouveau une long et brillant éclair au milieu duquel les
nouvelle terre. L'alliance de Dieu avec ombres terrestres du caractère hébreu
lsraël, sur le Sinaï, est scellée par l'é- parurent plus ténébreuses sans doute et
branlement des puissances de l'air. La bien nombreuses, mais comme des om
naissance du Sauveur est célébrée dans bres seulement sur un fond céleste. Dieu
les cieux. A sa mort, la lumière pénètre était tout et en tous, à la fois législateur,
jusque dans le lieu invisible. Des trem pourvoyeur, guide, prophète, juge et roi.
blements de terre annonceront les der Ce temps miraculeux passa lorsque le peu
niers temps; la résurrection des deux té ple fut établi dans son pays et constitué
moins, Apoc. 11 , sera accompagnée de comme nation : bien des miracles se fi
signes semblables, et la Révélation nous rent encore; mais l'organisation juive
montre à plusieurs reprises le soleil noir était devenue la base de la vie israéliti
comme un sac de poil et la lune comme que, et l'intervention visible de Dieu ne
du sang, jusqu'au jour où la terre, elle fut plus, à son tour, qu'une exception,
même renouvelée par un baptême de feu, quoique fréquente encore; des chefs, des
rentrera en grâce et sera rendue à l'hom prêtres, des juges administraient le pays
me pour qui elle avait été créée. ou étaient censés l'administrer ; les déli
On a cherché, naturellement, à expli vrances venaient de la terre même, et ce
quer d'une manière purement symbo furent des hommes suscités de Dieu, non
lique, mythique, les bouleversements qui plus Dieu en personne, qui accomplirent
ont accompagné la mort du Sauveur. Mais pendant le cours des quatre siècles de
les historiens sacrés, parlant à leurs con cette période, les grandes choses que
temporains de faits récents, ne pouvaient l'Eternel voulut faire en faveur de la pos
guère espérer de les tromper sur des dé térité d'Abraham, d'Isaac et fde Jacob.
tails de cette importance; et quant à l'o- Israël est plus indépendant, il jouit de la
pinion qui veut que ces faits se soient protection divine; mais il vit comme peu
passés dans l'ordre moral, dans le cœur ple au milieu d'autres peuples, étant
des disciples, ou dans la conscience agi chargé lui-même de sa défense et de son
tée de Pilate et des prêtres, elle est com gouvernement. Des crimes atroces et de
battue par cette circonstance, que le cen grandes vertus se montrent dans cette
tenier païen et ses soldats, qui gardaient histoire sans unité; des guerriers, des
Jésus, furent fort effrayés et tellement héros paraissent, libres, agissant pour
frappés de ce tremblement de terre, qu'ils eux-mêmes, chefs de chevaliers errants,
s'écrièrent : « Véritablement cet homme tantôt poussés par l'esprit de Dieu pour
était le Fils de Dieu. » le salut d'lsraël, tantôt sans autre mo
JUGES. L'histoire des juges renferme bile que leurs passions ou leur ambition.
une des périodes les plus intéressantes Cette histoire, si elle eût été écrite par
de la vie du peuple d'Israël, une période d'autres que par les saints hommes de
qui se retrouve également dans la vie de Dieu, porterait certainement le cachet
toutes les nations, sous les noms divers de merveilleux et de mythologie que
de temps fabuleux, héroïques, chevale l'on retrouve chez les poètes de l'anti
resques ou féodaux. Plus que tout autre quité ou chez les minnesaenger du Nord.
état social, cet état d'enfance prête à l'i-
magination; ce ne sont plus ici les grands MILLÉNIUM. On est d'accord sur le
miracles du voyage dans le désert, ce mot. Les interprètes ne peuvent faire au
n'est plus la vie singulière des Hébreux trement, en présence du vingtième cha
vivant sur la terre conduits par Dieu mê pitre de l'Apocalypse, que de reconnaître
MIL 487 MIL

clairement un règne de mille ans comme Paul fait valoir, à fortiori, le second mi
prédit; mais ils sont extrèmement divisés nistère comme infiniment plus glorieux
quant à la manière de le concevoir. Les que le premier, s'en va dans le vide si sa
uns le présument terrestre, comme un rè gloire n'est que la gloire à venir, car la
gne visible et personnel de Christ au mir gloire céleste est le but dans l'éternité, et
lieu de l'Eglise et sur le monde vaincu et non le moyen dans le temps; et une fois
Soumis, qui tentera cependant de se sou le but atteint, il n'est plus question d'un
lever une dernière fois. C'est proprement ministère qui, en attendant, n'aura point
la théorie apocalyptique. Il y a quelques été glorieux : le ministère alors sera aboli
présomptions assez fortes, à priori, en fa comme la foi , l'espérance, le don des lan
veur de cette idée. gues, et toute cette divine et brillante ar
| 1" L'Eglise étant présentée comme plus mure dont l'Eglise aura été revêtue au
glorieuse , mème extérieurement , que temps de ses combats.
l'ancien lsraël, on ne voit point que cette On explique le millénium terrestre par
promeSSe Soit accomplie dans son exis l'idée d'un grand jour.sabbatique, en ap
tence actuelle, où tout bien est invisible, pliquant à ce jour d'une manière littérale
et où toute gloire est cachée. le principe de saint Pierre : Un jour de
2° Les promesses faites aux Juifs sur vant le Seigneur est comme mille ans. Ce
lerétablissement de Jérusalem comme mé serait le septième jour de l'œuvre entière
tropole du monde, et où son Messie enfin de Dieu, le jour où cette œuvre serait plei
reconnu dominera en étendant sa loi sur nement bénie et sanctifiée. On aurait
tous les peuples, prophéties qui ont quel compté deux mille ans avant la loi, deux
que chose de littéral et qui n'ont jamais mille ans sous la loi, et deux mille anssous
eu d'accomplissement encore et n'en ont le Messie. Christ , la lumière du monde,
un possible que dans cette hypothèse, le vrai soleil de justice, venant à la fin du
Jér. 32,37-44. 33,20.24.25.26. quatrième millénaire, correspondrait à la
Le seul argument qu'on puisse invo création du soleil qui eut lieu le quatriè
quer contre ce système est la déclaration me jour. Le septième millénaire serait le
de Christ : Mon règne n'est pas de ce grand sabbat, le grand repos terrestre au
monde. Mais comme d'autre part son rè quel se rapporte cette promesse de l'Epi
gne doit être sur la terre , n'y aurait-il tre aux Hébreux , qu'il reste encore un
pas quelque vraisemblance à ce que l'E- repos pour le peuple de Dieu, et cet àge
glise eût une période visible, glorieuse, d'or décrit par Esaïe, et cette déclaration
et qui la rendît supérieure à l'ancienne, à de l'Apocalypse, qui nous représente Sa
laquelle elle est certainement inférieure tan lié pour mille ans.
depuis l'éclipse presque totale des dons Pendant cet âge bienheureux, le Christ
miraculeux. Elle n'est plusmême ce qu'elle régnerait sur la terre visiblement, c'est
a été à son origine, et pendant ses beaux à-dire, selon les uns, par de grandes et
jours, où les croyants étaient comme des fréquentes manifestations : selon les au
dieux sur la terre, et paraissaient mani tres, même personnellement comme roi,
festement les enfants du Souverain par après avoir renversé les pouvoirs établis,
l'exercice de cette grande puissance qu'ils les puissances terrestres, les royautés et
déployaient en défiant même leurs persé les puissances , et concentré dans ses
cuteurs.Aujourd'hui tout est réduit, quant mains les rênes du gouvernement du mon
aux priviléges du peuple de Dieu, à une de entier. Les saints alors jugeraient le
spiritualité nue, à un mode moral dépouillé monde ;tel serviteur serait établi sur cinq
de tout caractère triomphant; et pourtant, villes, tel autre sur dix. Les saints du Sou
avant de le détruire, Christ doit voir le verain posséderaient le royaume selon
monde à ses pieds, autrement les promes l'oracle de Daniel , ce qui n'a jamais eu
ses nombreuses qui s'y rapportent sem lieu ; les apôtres seraient assis sur douze
blent n'avoir pas de sens, et n'offrent , trônes, jugeant les douze tribus d'Israël,
pour les saisir, ni corps , ni substance. comme le dit Jésus, Matth. 19, 28. Luc
Tout le parallèle 2 Cor. 3, 7. sq., où saint 22, 30. Car, qu'est-ce que peut être ce
MlL ' 488 ! M1L

royaume promis aux apôtres ? devait pas, en conséquence, taxer d'hé


La doctrine du millénium entendu de résie et exclure de l'Eglise quiconque ad
cette manière, rend nécessaire le sens lit mettait un chiliasme : d'autant plus que la
téral des deux résurrections dont parlent confession d'Augsbourg ne le rejetait pas "
Paul, 1 Cor. 15 , 23. 1 Thess. 4, 16., et d'une manière absolue, mais qu'elle con
Jean dans l'Apocalypse,20, 4. sq.; d'après damnait seulement une certaine manière
ce dernier passage, on est cependant for de le comprendre. » Ailleurs cependant il
cé de reconnaître que ce n'est pas toute se prononce avec plus de clarté : la con- .
l'Eglise qui ressuscitera, mais ceux-là version des Juifs, la ruine de la Rome
seulement qui ont été mis à mort pour le antichrétienne, et une époque florissanté
témoignage de Jésus et pour la parole de pour l'Eglise sur la terre, sont les prin
Dieu, lesquels n'ont point adoré la Bête cipaux éléments de son système. Pour les
ni son image, et n'ont point pris sa mar Juifs, il se fonde sur Rom. 11, 25. et Os.
que sur le front ou sur la main. Tous ceux 3, 5.; si tous les individus ne se conver
qui vivront pendant le millénium ne se tissent pas, ce sera le cas au moins de la
ront pas des ressuscités. grande masse, et ainsi tout Israël sera
Les partisans de la doctrine millénaire sauvé. Le chapitre 18 de l'Apocalypse :
sont nombreux, et tendent à le devenir « Elle est tombée, la grande Babylone,
tous les jours davantage; mais ils sont etc., » lui semble prédire la chute de Ro
très loin de s'accorder entre eux pour les me et du pape, et par conséquent la des
détails, et la diversité de leurs sentiments truetion de l'empire de l'antechrist, bien
ne contribue pas peu à en rendre l'ex qu'il puisse en demeurer encore quelques
position difficile ; on peut s'en convain restes épars et sans force. Enfin il croyait
cre par la lecture des ouvrages qui ont voir l'annonce de beaux jours pour l'E-
paru sur ce sujet, ces dernières années, glise dans le chapitre 20 de l'Apocalypse :
depuis Bogue jusqu'aux publications de sans doute il ne pouvait pénétrer le sens
l'école de Plymouth. Le millénarisme pro obscur de ce passage; mais il voyait bien
prement dit, le chiliasme, a été passé sous clairement qu'il y était question d'un rè
silence dans toutes les confessions de foi, gne de mille ans de Christ avec ses saints, !
ce qui prouve plutôt les hésitations que règne qui évidemment n'avait point en-º
l'indifférence de l'Eglise à ce sujet. Le core commencé, et qui était tout entier à
chiliasmus dit crassus, représenté par les venir : il ferait partie du règne de la grâce
Montanistes et par Papias, évêque d'Hié sur la terre, et se terminerait par le pas
rapolis; le chiliasmus subtilis, qui enten sage au règne de la gloire. Il n'ose point
dait le bonheur d'une nature spirituelle, se prononcer sur la durée précise de cette
sans écarter l'idée de circonstances exté époque, ni sur la nature de cette félicité,
rieures pleinement favorables, représenté toutefois ce ne sera point un règne ter
par l'Epître de Barnabas , et , dans les restre et mondain : le règne de Christ
temps plus modernes, par Bengel; enfin n'est point de ce monde, bien qu'il doive
le chiliasmus subtilissimus, représenté avoir lieu dans ce monde. — v. Spener et
par Spener, Vitringa, etc.; ces différents son Epoque, par Hossbach, trad. par
Systèmes,avec toutes leurs nuances et sub Clément, p. 268. sq.
divisions, forment le champ indéfini de ce Presque toutes les difficultés dans l'exa
qu'on peut appeler en dogmatique l'escha men de cette question viennent de ce que
tologie terrestre. Les difficultés du sujet l'Apocalypse présente , sous une autre
sont grandes et commandent la prudence, forme que le reste des livres du Nouveau ,
mais on oublie parfois qu'il faut être pru Testament, la doctrine de la fin de toutes
dent des deux côtés. Spener, par exem choses, et de ce qu'il répugne au senti
ple, était plus que prudent lorsque, in ment naturel du chrétien d'associer un
terrogé sur ce qu'il pensait du chiliasme, règne de Christ aux misères de ce monde
il répondait « que, s'il y avait des idées maudit. ll nous semble au contraire que
fausses et condamnables sur le millénium, la terre, qui toujours a suivi parallèle
il y en avait aussi de vraies; qu'on ne ment l'histoire de l'humanité, doit, com
NAZ 489 NOM

me elle, être en quelque sorte régénérée, le nazaréat l'explication de Luc 22, 18.
convertie avant sa destruction (et elle le On a dit : Israël d'abord, puis les gentils
serait par le règne de Christ), pour être en la personne de Pilate, ayant répudié
rendue digne d'être renouvelée et de de l'envoyé du Père, et mis hors de la vigne
venir éternelle, en passant, comme l'hom le grand dépositaire de toute bénédiction,
me, par la mort de la destruction qui mar de toute puissance et de toute autorité,
quera les derniers temps et le dernier Jésus, dès l'institution de la cène, a pris
jour. - en quelque sorte, relativement à la terre,
le signe du nazaréat et l'a gardé jusqu'à
NATURALISATI0N. Le droit de cité ce jour. C'est pourquoi, dans la dernière
en Israël était héréditaire, mais en de pâque qu'il célèbre avec ses disciples, il
hors de la naissance, il pouvait encore leur dit : « Je ne boirai plus du fruit de
être acquis à de certaines conditions et la vigne jusqu'à ce que le règne de Dieu
dans de certaines limites. Le titre de ci soit accompli; » indiquant par là qu'il
toyen romain, la ta2treiz de Act. 22, 28. allait être séparé du monde et n'atten
(jus civitatis), fut octroyé du temps des drait plus aucune joie du présent siècle
empereurs à des villes et à des provinces jusqu'au jour où il recevra le royaume
entières, comme à des individus isolés, de la main du Père. Il est le nazaréen par
sans qu'ils eussent besoin, comme de nos excellence; ses disciples doivent l'imiter
jours en quelques pays, d'appartenir à (Guers).
une commune particulière : les individus NOMBRES. Un vieillard plus qu'Oct0
étaient naturalisés, soit par suite de leur génaire, et qui depuis longtemps s'oc
affranchissement s'ils étaient esclaves, ou cupe sérieusement de la parole de Dieu,
de leur adoption par un citoyen romain, nous a communiqué sur le chiffre de la
soit surtout s'ils avaient rendu quelque bête, Apoc. 13, 18. (v. Nombres, Rome),
service signalé à l'Etat, à l'empereur, ou le résultat de ses recherches personnelles, '
à sa famille (Suétone, August. 47); sous et si nous leur donnons une place ici,
Caracalla et sous Justinien, les empereurs c'est moins à cause de leur valeur réelle
poussérent encore plus loin la générosité que parce qu'elles sont curieuses à enre
à cet égard. Ce droit s'acquérait égale gistrer. Il pense trouver ce chiffre dans
ment pour une somme d'argent; Act. 22, nos rois de France, qui, depuis Louis XI,
28. Paul, comme on l'a vu ailleurs, était ont porté le nom blasphématoire de rois
citoyen romain, distinction qu'il n'avait très chrétiens. Il estime qu'il en doit être
pas obtenue personnellement, mais qu'il fini de ce nom comme nom de rois, et
avait héritée de ses parents. Les droits que la France contribuera puissamment à
dont jouissaient les citoyens romains se la chute du papisme, comme pour châtier
distinguaient, dans les temps florissants et renverser celui qui, en dotant ses chefs
de la république, en droits politiques ou de ce nom de blasphème, les a poussés à
publics, et droits civils ou privés : ils n'é- commettre tous les crimes, et à persécu
taient pas toujours réunis dans la même ter les saints de Dieu. Le nom de Louis,
concession, et ainsi le droit de cité obte en latin Ludovicus, donne en effet, par la
nu par la naturalisation, n'était souvent somme de ses lettres considérées COmme
que partiel. Le seul de ces droits qui soit chiffres, le total de 666.
mentionné dans le Nouveau Testament
c'est que les citoyens romains ne pou-|
vaient être frappés de verges (virgis, ou
flagellis caedi), ni condamnés à mort par
aucun tribunal romain, Act. 16, 37., et le
seul appel d'un prévenu à son titre de ci
toyen (civis romanus sum), suffisait pour
faire suspendre le cours des violences ju
diciaires. v. aussi Cicer. Verr. 5, 57, 65.
NAZAREEN. On a cru trouver dans
NOM 490 NOM

Les huit rois, Apoc. 17, 10. sq., qui nent la terre, mais surtout celui de l'hu
devaient donner leur puissance au pa manité réconciliée sur la terre. — Quatre
pisme, sont : Louis XI, Louis XII, Louis monarchies. — Quatre vents de la terre.
XllI, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, — Quatre coins de la terre. — Quatre
Louis XVII, qui n'a pas régné, mais qui anges. (Zach. 2, 6. Dan. 7, 8, Apoc. 7.)
n'en est pas moins compté dans l'ordre Ce nombre et le nombre trois offrent
de succession (c'est le septième, celui deux divisions du nombre sept, ordinai
dont il est dit : il faut qu'il demeure rement assez distinctes dans l'Apocalypse.
peu), et enfin Louis XVIII. Cinq est un nombre relativement petit.
- Nous empruntons à un travail de (Lév. 26, 8. cf. Jos. 23, 10. Es. 30, 17.)
M. J.-B. Rossier sur l'Apocalypse (jour Comme suivant le nombre quatre et pré
nal le Témoignage, publié par le pasteur cédent le nombre six, il tend à un accom
Recordon de Vevey, nos de septembre plissement.
1848 et février 1849), l'étude suivante Six est un nombre qui, dans deux cas
Sur les nombres considérés dans leur remarquables, complète le mal extérieur
Sens symbolique. Il peut être intéressant et intérieur avant que la purification ait
de comparer ce travail avec celui que lieu. (Lév. 12, 5. Apoc. 13, 18.) Ce nom
nous avons fait nous-même; on y trou bre est comme un signal qui annonce ce
Vera quelques indications qui ne sont pas qui suit définitivement.
dans le nôtre, mais peut-être aussi re Sept. Ce nombre se rapporte, dans
marquera-t-on un peu plus d'arbitraire l'Ancien Testament, à des relations mo
dans la manière de fixer les rapports, et rales : sanctification, salut, paix, joie. Le
comme un parti pris de faire de chaque septième mois avait trois fêtes; le sabbat
nombre un emblème. était le septième jour; la septième année
Un est le signe de la Divinité, en tant était l'année de relâche; le jubilé revenait
que Dieu est seul. (Rom. 3, 29. Gal. 3,20. au bout de sept fois sept ans; les asper
Eph. 4, 3-8. Hébr. 2, 11.) sions par sept fois. Ce nombre se com
Deua est, suivant quelques-uns, le pose de trois et de quatre par addition,
signe naturel de l'opposition et du com par superposition, et forme ainsi un tout
bat. • Considère les œuvres du Très indivisible, composé de deux chiffres,
Haut. Deux, deux. Un contre l'un. Toutes dont l'un est celui de la Divinité, I'autre
choses sont par couples, un contre un. » celui de la création. Expression de l'al
(Sirach 33, 16.42, 25.) Dans la magie, liance de Dieu avec son peuple. Nombre
le nombre deux était celui des êtres dé de la perfection, de la plénitude intérieure.
chus de l'unité, du téméraire et du mé Dieu et l'humanité réunis en un.
chant. Mais dans l'Ecriture il n'en est Sept indique, dans le Nouveau Testa
point ainsi, le mariage est une véritable ment, la plénitude, la perfection, l'har
communauté, et une parfaite réunion qui monie. • . "

complète chacun des époux par l'autre. Il y a, dans l'Apocalyse, sept épîtres à
Jésus envoya les douze deux à deux.— sept Eglises, sept chandeliers, sept étoi
Si deux d'entre vous s'accordent sur la les, sept anges, sept esprits, sept yeux,
terre. - Deux tables de la loi. — Deux sept cornes, sept lampes, sept années,
témoins. — Deux prophètes.— Deux oli sept attributs dans la louange, sept ton
viers. — Deux chandeliers. — Deux ailes. nerres, sept sceaux, sept trompettes et
- Deux cornes. — « Deux valent mieux Sept coupes.
qu'un. » (Ecclés. 4, 9-12.) Chaque nombre sept, lorsqu'il est dé
taillé, se divise en trois et quatre, ou en
Trois est le vrai chiffre de la Divinité,
le nombre de l'union opérée entre l'unité quatre et trois; le point de division étant
et la diversité. (Apoc. 1, 4.8.1 Jean 5, 7.toujours indiqué d'une manière ou de
cf. Ecclés. 4.12.) l'autre, sans altérer l'ensemble.
Quatre. Le nombre du monde entier Chaque nombre sept des sceaux et des
en tant que créé. C'est plus particulière trompettes offre ceci de remarquable,
ment un nombre des choses qui concer qu'il renferme en lui-même un nouveau
N0M 491 PYT

développement de sept autre choses. Et bre de la communauté extérieure univer


c'est par les sept coupes « que s'accom selle. En tant que nombre de l'accom
plit la fureur de Dieu. » Cela donne vingt plissement extérieur, Satan l'emploie aus
et une espèce de jugements, ou sept mul si dans ses contrefaçons. (Apoc. 12, 3.
tiplié par trois. C'est la bénédiction, ré 13, 1. cf. 2, 10.)
sultat de l'intervention de Dieu. Onze n'a pas d'emploi dans la prophé
Satan emploie ce nombre dans ses con tie. Comme formé de sept et de quatre,
trefaçons. (12, 3.) ce dernier chiffre, ajouté à celui de la
· Il y a une très grande différence entre perfection, donne un résultat incomplet,
sept et douze. Sept se compose de trois car ce n'est pas la bénédiction du nombre
plus quatre : c'est une addition, une fu douze, ni la plénitude extérieure du nom
sion intime. Douze se compose de quatre bre dix, Au point de vue moral, Matth.
multiplié par trois; c'est une multiplica 20, 6. donne un sens précis et bien so
tion, une bénédiction de l'inférieur par lennel à ce nombre, qui était aussi celui
le supérieur, des apôtres après la fin de Judas. (Act. 1,
, Si l'on examine le nombre sept tracé 26.)
par des lignes qui forment un triangle Douze. Quatremultiplié partrois.Nom
superposé à un carré, on verra que l'en bre annonçant la plénitude terrestre. Bé
semble ne forme que six lignes, décrivant nédiction de l'humanité et du monde ma
un édifice solide, dans lequel les nombres tériel. ll y a douze heures au jour (Jean
trois et quatre se confondent. 11, 9.) Douze tribus. Douze apôtres. La
| | multiplication est une bénédiction du su
1 r • ! 4 2 périeur à l'inférieur, qui laisse subsister
ces différences, mais qui n'offre pas la fu
sion intime de l'addition que j'ai signalée
au nombre sept. Les nombres quatre,
douze, et ses multiples vingt-quatre et
cent quarante-quatre mille, expriment,
pour les choses groupées sous ces chif
7
fres, un caractère de bénédiction en rap
, Huit. Quatre plus quatre. La réunion du port avec la rédemption du monde.
nombre extérieur et intérieur, du monde
actuel et corporel ; mais en action et en PECTORAL de jugement. v. Prêtres.
réaction. La circoncision se faisait le hui PYTHONISSE. Le jugement de M. Hal
tième jour. (Luc 2, 21.) Les fêtes prolon dane sur l'évocation de l'ombre de Sa
gées étaient généralement de huit jours. muel, ne diffère de l'opinion que nous
Le huitième jour, lendemain du sabbat, avons exprimée que par quelque chose de
est toujours celui de la résurrection. Le plus absolu pour la forme et pour le fond.
lépreux était réintégré le huitième jour. Il n'est point à supposer, dit-il, que cette
(Lév. 14, 23.) C'est le premier jour de la femme eût le pouvoir d'évoquer Samuel,
nouvelle semaine. Millénium. que Saül désirait de consulter; et cela ne
Neuf. Ce nombre me paraît n'être ja paraît en aucune manière par la narration.
mais employé symboliquement. Etant un Mais avant que la sorcière eût préparé
multiple de trois, il signifierait la divini ses enchantements dans la vue d'adoucir
té bénie par elle-même, ou par quelque et de flatter Saül, le prophète Samuel, à
chose de supérieur, ce qui ne peut avoir qui Dieu en avait donné la commission,
lieu. (La neuvième heure était celle de la
apparut, ce qui la frappa également de
prière, Act. 3, 1. 10, 30.) surprise et de terreur, et il dénonça son
| Dix est le nombre de la plénitude ma jugement de mort à Saül. Nous sommes
nifestée dans le nombre extérieur, de mè certains que, dans cette circonstance, Sa
me que sept est le nombre de la plénitu muel fut envoyé par Dieu-même, parce
de intérieure. (1 Chr. 28, 15.2 Chron. 4, que le message dont il était chargé re
7.20.21. 1 Rois 7, 49. cf. 43.) - Nom gardait un événement à venir. Il n'ap
SAL 492 SAL

partient qu'à Dieu seul de prévoir ce qui pratique et sage; à Philippe de Macé
doit arriver. Esaïe 41, 22.23.45, 21. . doine succède Alexandre le Grand : à Pè
pin, Charles le Grand; à Henri l'Oise
RÉSURRECTION. v. plus haut les ar leur, Otton le Grand ; à Louis XIII, Louis
ticles Ame, Chair, Ciel, Enfer, Eternité, le Grand. -

lmmortalité. · « La Bible nous donne elle-même la clef


du caractère de Salomon, comme elle le
SAGAN , Jér. 52, 24., v. Sophonie 3°. fait au reste pour la plupart de ses princi
SALOMON. Le parallèle suivant com paux personnages. Hénoch marchait avec
plétera ce qui a été dit ailleurs du carac Dieu Genèse 5, 22., nous dit-efle; Elié
tère de ce monarque, et contribuera à je se tenait devant le Seigneur, 1 Rois 17,
ter du jour sur sa vie, sa philosophie et 1.; Abraham croyait en l'Eternel, Gen.
ses récits. Une étude profonde du sujet, 15, Rom. 4, 3.; David était un hommese
et une intelligence parfaite du sens hé lon le cœur de Dieu, Act. 13, 22.; le cœur
breu, ont seules pu inspirer à M. F. de d'Assa était droit devant l'Eternel, 1 Rºis
Rougemont ce remarquable fragment. 15, 14. De Salomon, que l'Eternel aima
« David et Salomon s'expliquent l'un dès son enfance, 2 Sam. 12, 24-25., il est
l'autre par l'opposition de leurs carac dit qu'il aimait l'Eternel, 1 Rois 3, 3; nul
tères. Le premier est un homme prati autre homme n'a reçu dans l'Ancien Tes
que dont la vie agitée est pleine de faits tament un semblable témoignage.
intéressants; le second est un homme « Salomon se place près de saint Jean,
théorique, et ses jours s'écoulent uni comme David près de saint Paul. Saint
formes et tranquilles en un temps de Jean est le représentant de la vraie mys
paix. Le premier a la conscience très dé tique chrétienne, et les notions de la vie,
licate et le cœur droit et sincère, il sent de l'amour et de la parole occupent chez
vivement et ses péchés et les grâces que lui une place beaucoup plus grande que
Dieu lui a faites, et il exprime avec une chez les autres auteurs du Nouveau Tes
extrême vérité toutes ses impressions tament. Ainsi Salomon donne au mot de
personnelles; le second a plus d'intelli vie (zoº) le même sens profond que l'A-
gence que de sens moral, il généralise pôtre; il a, le premier, exposé les rela
ses expériences intimes, et trouve une vé tions de l'âme avec Dieu sous celles de
rité et une sentence où son père n'aurait l'épouse avec son époux, et c'est lui qui,
vu qu'un sentiment individuel. David seul d'entre tous les écrivains de l'An
parle dans ses Psaumes au nom de tous cienne Alliance, nous parle de la sagesse
les fidèles et même du Messie, parce qu'il qui est de toute éternité auprès de Dien.
est par son cœur intimement lié au grand Mais Salomon ne fut pas dans sa vie
corps de l'Eglise ; Salomon reste plus en tout ce qu'il est dans ses écrits inspirés,
dehors de cette sainte communauté, et lui et nous ne devons pas entendre par cet
apporte bien moins son cœur que ses amour qu'il avait pour Dieu dès le cou
écrits, où il a consigné des vérités géné mencement de son règne, celui qui s'ap
les. La foi et la sainteté sont le tout de puie sur l'expérience du pardon et du sa
David ; Salomon est en outre savant, phi lut, et qui procède tout entier de Tespril
losophe, poète, il est le seul artiste et le de Dieu, Ps. 116; 18, 1. Il y avait certai
seul littérateur du peuple hébreu. David nement dans ce sentiment de Salomon uE
possède les choses seules nécessaires et élément naturel et terrestre, et nous le
concentre sur elles toute son àme ; Sa compterions parmi ces âmes qu'un pen
lomon embrasse par sa pensée une sphère chant inné entraîne vers les choses invi
beaucoup plus vaste, il aime tout ce qui sibles, et qui, si Dieu ne les garde, se
est profond, sublime, mystérieux, gran précipitent dans ce faux mysticisme qui
diose. Ce contraste entre David et son est de toutes les contrées et de tous les
fils se reproduit fréquemment dans l'his siècles. Salomon aura êté préservé de cet
toire; un prince d'un génie excentrique écueil par le caractère éminemment pra
remplace sur le trône son père, homme tique et positif de la religion mosaïque
SAL 493 SAM

et du peuple hébreu, et par l'éducation fants de Dieu et les enfants du diable. Le


pieuse qu'enfant, il avait reçue de son second ne s'élève sans doute pas à une
père et de sa mère, Prov. 4, 3. 1 ! telle hauteur, mais il sait poursuivre la
.. « Mais le fanatisme n'est point l'unique sagesse dans ses applications les plus
écueil contre lequel viennent se briser diverses, et ce qui nous a été conservé
ces âmes exaltées; elles doivent se tenir de ses trois milles sentences ou prover
en garde de la volupté autant que de bes, atteste une profonde étude du cœur
l'exaltation; et Salomon, dans sa longue humain.....
prospérité, se laissa séduire par ses fem « Poète de premier ordre, théologien
mes, auxquelles il s'était attaché avec mystique, moraliste ingénieux, savant
passion, 1 Rois 11, 2.; l'amour terrestre naturaliste, habile homme d'Etat, même
lui fit † l'amour divin et le plon heureux guerrier, tel était Salomon, l'un
de ces rares génies qui excellent dans les
gea dans l'idolâtrie ,. -

, « Aimer Dieu, c'est le connaître, et la choses les plus diverses et embrassent


science religieuse est sœur de l'amour toutes les sphères de l'activité humaine. »
divin; dans l'histoire des religions, les SAMUEL. Le gouvernement de Sa
mystiques donnent la main aux gnosti muel nous apparaît dans l'histoire des
Hébreux comme un moment de calme en
ques. Ainsi, Salomon pénètre plus avant
que ne l'a fait aucun autre Israélite, dans tre deux orages, entre la judicature du
les mystères divins, et Dieu lui accorde faible Héli et le règne de l'infidèle Saül;
de nouvelles révélations qn'il nous a lais il reçoit l'héritage vermoulu d'un pontife
† par écrit. Ses regards d'aigle ont sans force, et il n'a pas eu le temps d'en
entrevu, comme à travers un voile épais, réparer les brèches qu'il doit déjà le
le Dieu un et triple, qui a laissé pénétrer transmettre à un roi sans obéissance, dont
dans son âme un rayon de sa gloire, Prov. il ne peut prévenir les fautes; il accepte
8. Les scènes énigmatiques d'Eden ont la conduite d'un peuple négligé par son
occupé longtemps sa haute intelligence ; prédécesseur, et dévoué d'avance à son
il a reconnu que le péché ne vient pas de successeur, et pourtant il se charge avec
Dieu et qu'il ne régnera pas toujours joie de la tâche qui lui est confiée, et se
ans le monde, Eccl. 3, 11. 7, 29., et consacre à une œuvre dont il sait qu'il ne
l'expression figurée de l'arbre de vie lui recueillera pas les fruits.
est familière, Prov. 3, 18.11, 30. 13, 12. Samuel doit être placé auprès de Moïse,
15, 4., tandis qu'elle ne se retrouve nulle Jér. 15, 1. Psaum. 99, 6., et de David ; ces
part ailleurs dans l'Ancien Testament et trois hommes sont les astres les plus
qu'elle ne reparaît que dans un écrit de brillants du ciel historique des Israélites ;
saint Jean, l'Apocalypse. Salomon a saisi les miracles et les exploits de Moïse , de
la vie spirituelle du fidèle comme un pro même que les guerres de David et la ma
|grès lent et régulier, et il la compare jesté de son trône, entourent peut-être
tantôt à un chemin qu'on parcourt avec ces deux derniers d'une plus belle au

plus moins de rapidité, tantôt à la lu réole, mais l'influence de Samuel et son
mière du jour qui, pâle et faible d'abord, activité, pour n'avoir été que d'une na
grandit et brille d'un éclat toujours plus ture religieuse , normale, civile, n'en a
vif et plus pur jusqu'à sa perfection, Prov. pas moins été puissante en Israël. Moïse
4, 18. La nature-même a été l'objet de avait donné les préceptes de la loi, Sa
ses méditations religieuses. muel les fit pénétrer dans la vie du peu
· « Cependant la science des choses divi ple. Moïse avait donné les formes, Samuel
nes n'exclut point chez le fidèle celle de donna l'esprit, sans lequel la forme con
- l'homme; saint Jean le prouve aussi bien duit à la superstition ; David comprit l'un
, que Salomon, Dans les écrits du premier, et l'autre, et fut à la fois législateur et
| la communion habituelle de l'âme avec prophète d'Israël, vrai roi théocratique
Dieu est inséparable d'une vie sainte et et bien aimé de Dieu. C'est à Samuel que
· d'une charité active, et les hommes se les Hébreux doivent d'avoir été consti
divisent en deux classes uniques: les en tués en nation, d'avoir été élevés au rang
SAM 494 SAM

de mation civilisée; car on ne saurait mais toujours égale. Une seule victoire
donner ce nom aux tribus telles qu'elles lui suffit pour humilier les Philistins pen
existaient avant lui sous les juges. Avec dant toute sa vie.
Samuel, le peuple commence à se recon Ses voyages, ses visites dans toutes les
connaître , à avoir la conscience de lui parties du pays, les soins qu'il donnait
même, et les tribus s'unissent pour ne avec tant de zèle au peuple qu'il voulait
former qu'un seul corps; l'isolement po relever, amenèrent enfin Israël à un cer
litique des diverses parties du pays dis tain degré de prospérité nationale et de
paraît. La loi divine, comme nous avons développement intellectuel et religieux;
eu souvent l'occasion de le voir, n'avait mais Samuel était âgé, ses fils ne suivaient
pas encore pénétré les esprits; Samuel pas ses voies, et l'on s'en servit comme
fait ce qu'il peut pour les nationaliser, si prétexte pour demander un roi. Il est
l'on peut s'exprimer ainsi, et ses efforts vrai que les craintes des Israélites n'é-
sont couronnès ; des écoles de prophètes taient pas sans fondement; on pôuvait
sont établies, et leurs élèves deviennent prévoir qu'après la mort de Samuel les
pour le corps social et ecclésiastique de Philistins reprendraient courage, et que
la nation ce que sont pour le corps hu les tribus réunies par sa puissante alº
main les nerfs qui conduisent les esprits rité, se dissoudraient ou se désuniriit
vitaux. Pendant l'espace de sept siècles, de nouveau lorsque les unes ou les aU
il en sOrt une succession non interrom tres auraient été attaquées par l'ennemi.
pue de prophètes jusqu'à Malachie, et Il était nécessaire de prendre des mt
saint Pierre voit en Samuel le chef de ce sures pour éviter que tous les avantages
divin ministère, Act. 3, 24. obtenus par Samuel ne fussent pas per
Il commença sa carrière dans le temps dus en peu peu de temps. Mais il ne fallait
de la plus grande décadence, et l'on ne pas pour cela un roi « comme en Ont les
peut savoir ce que le peuple serait deve autres nations ;» on n'avait qu'à s'alt
nu sans lui. Les Philistins étaient les maî cher sincèrement à la constitution thé -
tres de la plus grande partie du pays; les cratique donnée par Moïse, dans laquelle
Hébreux, découragés , étaient dans un la sagesse de son auteur avait assel tu,
profond abaissement ; le sort de Samson égard à l'union des forces nationales et à
prouvait que la régénération d'Israël ne leur facile concentration sans l'interven
pouvait être opérée par un homme sem tion de la royauté. L'organisation matiº
blable aux autres juges, mais qu'on avait nale, qui jusqu'alors avait été patriar
besoin d'un remède plus général, plus cale, devait être remplacée par une ºrgº
profond, plus intérieur, et que la restau nisation plus civilisée ; mais celui qui
ration nationale devait être basée sur une s'était manifesté d'abord comme Père Slk
réformation religieuse. C'est qu'aussi la prême, pouvait également, pour une ſº
religion même semblait ne plus se trou tion plus avancée dans son développe
ver nulle part en Israël. Le mal, comme ment, se manifester comme seul et Vral
une gangrène, avait envahi jusqu'au sanc roi. Les Hébreux montrèrent donc dans
tuaire; la parole de l'Eternel était rare en cette occasion combien peu ils étaient pè
ces jours-là, et il n'y avait point d'appa nétrés de l'esprit de la révélation divine
rition, ni de vision; Héli sans doute re ils voulaient un roi en dépit de la v0l0llle
connaissait encore la voix de Dieu, mais et de la miséricorde célestes , qui leur
ses fils faisaient mépriser le culte du Sei avaient donné un esprit directeur et 0r
gneur, qui déjà ne consistait plus que dans ganisateur, se manifestant dans le sallº
le matériel de quelques cérémonies. La tuaire de son tabernacle. Samuel dut cº
mort du pontife, la défaite des Israélites, der à leur obstination : Dieu leur dommail
la perte de l'arche, furent le comble du un roi dans sa colère, Osée 13, 11.
malheur, et c'est aussi dès ce moment que Maintenant que le vœu du peuple ts
date la renaissance ; l'activité de Samuel exaucé; maintenant que, selon ses désirs,
commence dès lors à se déployer et à s'ac une royauté politique a remplacé larºyº
croître, tranquille mais profonde, lente té théocratique, nous verrons si desjºuº
SAU 495 SAU

plus heureux se lèveront pour cette pau 9, 3-12. et Joel 2, 4., ont été cités à l'ar
vre nation tourmentée depuis des siècles. ticle Sauterelles comme ne se rapportant
Dieu continuera d'en être le Vrai souve qu'à l'insecte proprement dit, mais il est
rain, le pays sera toujours le royaume de bien évident, et tous les commentateurs
l'Eternel, 1 Chr. 28, 5.; la révolution s'est sont d'accord sur ce point, qu'on doit
faite avec la permission divine, et c'est le les entendre d'une manière figurée. « Je
grand Samuel qui a sacré les deux pre pense, dit Newton (Pensées), que comme
miers rois de la jeune monarchie. Celui les chérubins, les sauterelles qui sortent
qui se manifestait par les prophètes, les de l'abîme sont des représentations sym
pontifes ou les juges, se manifestera tou boliques d'un caractère de pouvoir dont
jours, mais par l'intermédiaire des rois ; certains agents vivants vont être revêtus.
la théocratie subsistera toujours, mais Ceux-ci paraissent avoir le même rapport
sous une autre forme dont le peuple s'est à l'abîme que les chérubins au ciel. Les
promis des avantages merveilleux , l'his chérubins représentent le pouvoir qui est
toire montrera si cette nouvelle forme sous le contrôle suprême de Christ, et
sera favorable à la nation, si la prospérité dont les serviteurs de Dieu et de Christ
sera plus grande, la piété plus sincère. seront revêtus pour tout ce qui appartient
Dieu est toujours le même, il ne s'est pas à la vie, à la gloire, et à la bénédiction.
opposé au changement voulu par les Is Les sauterelles, semblables à des scor
raélites; il a même promis de les bénir pions, et dont la forme est plus compli
s'ils sont fidèles, il ne leur demande pas quée que celle des chérubins mêmes, sont
autre chose ;de beaux jours peuvent com sous la direction d'Apollyon leur chef,
mencer. Si l'histoire du rOyaume est et elles représentent, à mon avis, le pou
moins glorieuse, moins heureuse que voir dont ses serviteurs seront revêtus
l'histoire ancienne d'Israël, ce n'est point pour l'œuvre qui leur est assignée, de
parce que c'est un royaume, c'est parce tourmenter d'un tourment infernal. . —
que le cœur s'est corrompu, parce que Vivien va plus loin (Essai) : « Evidemment
Dieu a été oublié. nOuS avOns ici l'emblème d'une armée
SATAN. II, p. 324. Noter encore les qui envahit la Palestine sous la conduite
passages Zach. 3, 1., et surtout 1 Rois du Destructeur. Nous trouvons dans Joël
22, 21. — Il est probable que Milton, une prophétie tout à fait parallèle, et par
dont le génie ne regardait pas de très conséquent bien propre à confirmer notre
près à l'exactitude historique (son sujet, interprétation. Au chapitre 1,2-7., le pro
d'ailleurs, ne le comportait pas), a puisé phète prédit un jugement terrible qui doit
dans Apoc. 12, 4. sq., l'idée de Satan en tomber sur la nation juive; il l'annonce
traînant avec lui dans sa révolte la troi sous l'emblème des sauterelles, et il dit
sième partie du ciel. Peut-être aussi n'y que cette nation a des dents comme des
a-t-il eu que simple réminiscence, car dents de lion, 1, 6. cf. Apocal. 9, 7. 8.
cette idée était naturelle et simple , Sa Après avoir exhorté le peuple au jeûne
tan ne pouvait être ni égal, ni trop infé et au deuil, il décrit ce jugement 2, 1-11.
rieur à Dieu. Egal, c'eût été le placer trop Qu'on lise attentivement cette descrip
haut; trop inférieur, c'eût été rendre la tion, et l'on ne pourra s'empêcher de re
lutte illusoire et nuire à l'intérêt de l'ac marquer l'analogie frappante qui existe
tion. entre la prophétie de Joël et la première
(Le nom grec de l'ennemi du genre trompette de malheur (la cinquième). Le
humain, ôzÉo)o;, de ôtz3zzzo, qu'on tra texte même de cette prophétie suffit de
duit ordinairement par adversaire, ne se plus pour prouver qu'elle n'a point en
rait-il pas mieux rendu par le vieux mot core été accomplie. Il suit de là que cette
français traversier, celui qui traverse ? cinquième trompette, comme les quatre
Il y aurait, pour cette traduction, l'analo premières, ne concerne directement que
gie du serpent traversant de nos ver la nation juive, conclusion qui se déduit
SiOnS. naturellement de la transaction qui a pré
SAUTERELLES. Les passages Apoc. cédé l'ouverture du septième sceau, et
SAU -496 SCE
\ *' !

de ce qui est dit ici de l'ordre donné aux dois, furent presque exemptés de cette
sauterelles de ne nuire qu'aux hommes plaïe, et si les Sarrasins, ayant franchi les
qui n'ont pas le sceau de Dieu sur le Pyrénées, s'abattirent un moment sur le
front. » centre de la France, les Pauvres de Lyon
Ceux qui regardent la plus grande par sauvèrent le royaume par leurs prières et
tie des prophéties apocalyptiques comme leur fidélité. Charles-Martel, suscité de
accomplies, voient dans les sauterelles de Dieu, remporta sur les Sarrasins une vic
la cinquième trompette les Sarrasins du toire décisive sous les murs de Poitiers.
septième siècle, et si, à d'autres égards, Digby fait observer encore « qu'il ne fut
on peut avoir des doutes légitimes quant pas permis à ces sauterelles de tuer les
à la valeur de leur système d'interpréta hommes, mais seulement de les tourmen
tion, il faut avouer que sur ce point, du ter, » et qu'en effet, aprèsavoir tourmenté
moins, leurs raisons ne manquent pas de pendant longtemps les états de la chré
vraisemblance. Les sauterelles sont ori tienté qui étaient tombés dans l'apostasie,
ginaires de l'Arabie; sur leur tête, est-il ils finirent par se retirer sans avoir pu,
dit, sont des couronnes semblables à de ni renverser l'empire romain, ni établir
l'or (les turbans jaunes des Sarrasins); à (comme les Turcs le firent plus tard)
les voir il semble qu'on voie des chevaux un empire mahométan sur les ruines d'un
(et ils courent comme des cavaliers), des empire chrétien. La durée du pouvoir de
visages comme des visages d'hommes, ces sauterelles symboliques devait être
des cheveux comme des cheveux de fem de cinq mois prophêtiques, c'est-à-dire
mes, des dents comme des dents de lions, de cent cinquante ans, et l'histoire nous
des cuirasses comme des cuirasses de fer, apprend que cent cinquante ans après le
et le bruit de leurs ailes est comme un bruit commencement de la carrière de Maho
de chariots à plusieurs chevaux qui cou met (612), les Sarrasins, fatigués de la
rent au combat; leur puissance de nuire guerre et las d'errer depuis si longtemps,
est dans leur queue, et Esaie nous dit : se tournèrent vers l'agriculture, et bâti
La queue, c'est le prophète qui enseigne rent sur les bords du Tigre, en 762, la
le mensonge, 9, 14. Ces sauterelles ne ville de Bagdad, à laquelle ils donnèrent
feront de mal ni à l'herbe, ni à la verdure, le nom de Cité de la Paix, en témoignage
ni aux arbres, mais aux hommes, et à de leur nouvelle résolution. Quant au roi
ceux-là seulement qui n'ont point la mar de ces sauterelles, Digby le voit naturel
lement dans Mahomet lui-même. | | |
que de Dieu sur leurs fronts. Gibbon, et
ce n'est pas une autorité suspecte, rap SCEAUX. L'explication suivante des
porte qu'Abubeker, successeur de Maho sept sceaux apocalyptiques a de l'inté
met, donna à ses sectateurs cet ordre re rêt comme résumé des vues d'une école,
marquable : « Ne faites aucun mal à l'herbe l'école allégorique ou école des prophéties
de la terre, ni aux arbres, au delà de ce accomplies. Nous ignorons si son auteur,
qui est nécessaire; et quand vous trou M. Guers, persiste dans ce point de vue
verez des hommes qui, comme simples qui, à bien des égards, nous paraît trop
chrétiens, adorent Dieu, laissez-les et ne spirituel. La deuxième édition de son his
leur faites aucune violence. Mais quant à toire de l'Eglise, qui est annoncée, nous
ceux qui ont la téte rasée, qui se pros dira ce qui en est. Dans tous les cas, l'au
ternent devant les saints et les idoles, teur ferait bien de justifier par une intro
ayez soin de leur fendre la tête, et ne les duction sur l'étude de la prophétie, un
laissez vivre qu'à condition qu'ils se sou système qui a été bien des fois attaqué et
mettent et qu'ils paient le tribut. » — qui n'a pas encore été solidement dé
Cette nuée de sauterelles couvrit et ra fendu.
vagea pendant un siècle et demi la chré Les sceaux apocalyptiques, dit-il, pa
tienté tout entière, soit en Orient, soit raissent se rapporter à de grands juge
en Occident; mais deux pays, ceux dans ments que Dieu déploie, dès les premiers
lesquels étaient cachées les vraies Eglises siècles de l'Eglise, contre Rome idolâtre
du moyen âge, les Albigeois et les Vau et persécutrice, et les autres ennemis de
»!
SCE "497 - SHE
, , , ! . -

saparole et de son nom. Au milieu de cesſ · Enfin, le septième sceau, renfermant


· jugements, l'Eglise a beaucoup à souf les sept trompettes et les sept fioles, ou
' frir; mais les justes fléaux qui chàtient le sept plaies, comprend tous les fléaux qui
, monde, servent à la purifier. doivent châtier le monde et toutes les
· Le premier sceau : Jésus, vainqueur épreuves paternelles qui doivent épurer
miséricordieux, étend partout sa domi l'Eglise, depuis la chute de Rome idolâ
· nation spirituelle. Rome païenne voit tre jusqu'à la grande délivrance des élus,
, ainsi se miner le ténébreux empire de c'est-à-dire jusqu'au millénium.
· l'idolâtrie. Bientôt elle recevra des échecs SEHIR. Le mot dshebal ou djebel, noté
- d'un autre genre. dans cet article ainsi que dans plusieurs
, Le deuxième sceau : le cheval rouge, autres, signifie en arabe montagne, et
# l'effusion du sang. Jésus, entre dans la composition d'un grand
· non plus dans sa grâce, mais dans sa pro nombre de noms propres, même en Eu
| vidence, frappe Rome persécutrice. — r0pe Où il est resté comme un souvenir
Insurrections, batailles sanglantes, mas du passage des Sarrasins; Gibr-al-tar
, sacres affreux, dévastations inouïes entre n'est autre chose que Djebel-al-Tharik,
, l'an 100 et l'an 138 de notre ère. Cinq montagne de Tharik; de même Gibra
cent quatre-vingt mille Juifs sont exter léon en Espagne, etc. L'Etna porte aussi
, minés par les gentils; un plus grand le nom de Gibel.
.. nombre de gentils le sont par les Juifs. SENEVE. v. Moutarde, et dans cet ar
-, Le troisième sceau : le cheval noir, em ticle, Sinapi, lisez : Sinapis.
,blème de deuil et de calamité. La balance, SEPIIELAH. Ce mot est traduit par
signe de la rareté des vivres. On pèsera plat pays, 1 Macc. 12, 38., et non pré
à chacun sa nourriture exactement, com senté comme nom propre, ainsi qu'il a
· me cela se fait dans une compagnie ré été dit par erreur.
duite à l'extrémité. Le denier était la SHEIKH. C'est ainsi que doit être tra
, journée de l'esclave, et le chénix, ce qu'il duit, d'après Schrœder, l'hébreu alouph,
, lui fallait, à lui seul, de pain pour un jour; Gen. 36, 15. sq. que nos versions ont
, à présent, qu'aura sa famille ?— Grande rendu par le mot si ridicule de duc, q. v.
i famine de 138 à 193. Le mot chef serait, dans notre langue, ce
| Le quatrième sceau : le cheval fauve lui qui rendrait le mieux l'idée exprimée
porte la mort, suivie de l'enfer ou sépul par le terme hébreu. Aleph est la pre
· cre (hadès). — De 193 à 270, l'empire a mière lettre, la tête, le chef de l'alpha
plus de vingt chefs qui, pour la plupart, bet, alouph, non point comme simple as
le gouvernent avec une tyrannie révol sonance, mais comme dérivé, renferme la
· tante. En outre, plus de trente usurpa même idée. D'autres (Court de Gébelin,
teurs périssent dans le même intervalle par exemple), ont été chercher leurs ana
avec des multitudes de leurs partisans. logies plus loin; du motarabe alaph, s'ac
La guerre est suivie de la famine et la fa coutumer, on a fait dériver éleph, bœuf,
mine de la mortalité, qui règne pendant bétail apprivoisé, puis le taureau par ex
quinze ans avec une fureur presque sans cellence, le chef du troupeau. Mais c'est
exemple. Les bêtes sauvages désolent les trop recherché. - Outre le passage cité
terres, les hommes se battent avec des plus haut, alouph est employé dans le
lions, des loups et des tigres. sens de chef, en parlant des Edomites, Ex.
Le cinquième sceau : grande persécu 15, 15., où nos versions l'ont rendu par
tion dioclétienne. Le sang des âmes sous princes, 1 Chr. 1, 51. sq., où nous re
l'autel crie vengeance : « Jusques à quand, trouvons le titre de ducs ; rarement il se
Seigneur, supporteras-tu ces crimes ? jus dit des chefs des familles israélites; v.
ques à quand tarderas-tu de venger le sang cependant Zach. 9, 7. 12, 5.6., où nos
de tes élus, coulant à flots dans tout l'em versions l'ont rendu une fois par chef et
pire 9 » deux fois par conducteurs. (Il y a ainsi
Encore un peu de temps, le sixième quatre mots français pour la traduction
sceau Sera brisé, Rome idolâtre tombera. de ce seul mot hébreu). L'idée de filia
II. 32
ST0 498 ST0

tion est d'ailleurs toujours censée unir le étaitpour lui un enchaînement de lois im
chef de la tribu avec ses administrés ; muables qui régissent l'homme invaria
c'est l'aïeul, ce n'est point un conqué blement; le fatalisme en devait découler,
l'ant. et, comme Zénon maintenait le fait de la
SONNETTES des chevaux. Quand il volonté individuelle, il ne pouvait se tirer
est dit, Zach. 14, « En ce temps-là, il sera de cette contradiction entre ses dogmes
écrit sur les sonnettes des chevaux : Sain que par un sophisme. Sa logique était
teté à l'Eternel », cela signifie que, dans trop subtile ;Sénèque, qui était lui-même
le monde à venir, toutes choses, jusqu'aux stoïcien, blâmait leur genre de dialecti
plus modestes, seront consacrées à Dieu. que, et l'a parodiée dans le raisonnement
(Guers.) bien connu : Mus est animal, sed mus
STOICIENS. Cette secte que l'Evan etiam syllaba, igitur animal est syllaba.r
gile rencontra de bonne heure sur son La théologie de Zénon était le panthéisme,
chemin, et contre laquelle Paul fut ap sans que peut-être il s'en rendît bien !
pelé à lutter à Athènes, Act. 17, 18. cf. compte à lui-même. En morale, et c'était .
v. 22-31., représentait la propre justice, la partie principale de sa philosophie,
et correspondait ainsi aux pharisiens Zénon voulait que lavertu(sequi maturam)b
d'entre les Juifs, comme les épicuriens fût le seul mobile de la conduite de l'hom
(ibid.) répondaient aux sadducéens par le me. Il n'admet d'autre bien que la vertu,
sensualisme et le matérialisme de leurs d'autre mal que le vice, et trace du vrai
doctrines. La philosophie avait alors rem sage un tableau idéal qui le place bien p
pli le cercle de la pensée humaine livrée au-dessus de l'humanité; il condamne ,
à elle-même, et tout ce qu'elle a ensei toutes les passions comme autant de fai- !
gné depuis ne sont que les mêmes idées blesses et de maladies de l'âme, et donne ,
sous d'autres formules avec des lambeaux ainsi à sa morale quelque chose de para- !
de vérité arrachés au christianisme (Ger doxal et de farouche. .!

lach); elle oscille sans cesse, et ne con M. Vinet, dans ses Essais de Philoso-!
naît que deux pôles extrêmes. La vérité phie, p. 30 et suiv., tout en recomnaissant 2
ne peut être saisie que par l'esprit de vé qu'on peut « s'humilier devant le stoï
rité. cisme, et l'admirer, mais avec effroi, avec :
Zénon fut le fondateur de cette secte. compassion », le juge et le condamne en l'
Né en Chypre vers 340 ans av. C. (la ces termes : « Le stoïcisme, c'est l'hom-º
mème année qu'Epicure, d'autres disent me qui, pour avoir un Dieu, se fait dieu "
en 362), il se retira du commerce après y lui-même. Le stoïcien, à la vérité, parle !
avoir éprouvé des pertes considérables. quelquefois des dieux, mais dans un sens !
A Athènes, il se mit en relation avec le sur lequel il ne faut pas se tromper. Ils
cynique Cratès, le mégarique Stilpon, et sont un autre nom de son idéal, non la !
d'autres philosophes, et ne tarda pas à se règle ni la raison première de sa volonté.
vouer lui-même à la philosophie. Il s'éta Le stoïcien a conçu la vertu sous la n0
blit dans un local nommé Sréz Trotzt) ) ; tion de la force, non sous celle de l'obéis
c'est de là que son école fut nommée le sance. Elle ne se présente pas à lui sous
Portique, et ses partisans stoïciens. ll l'aspect du devoir, mais sous celui de la
réunit autour de lui un grand nombre de dignité, soit personnelle, soit collective.
disciples , et captiva même le roi de Ma Sans doute que dans le lointain, le senti
cédoine, Antigone Gonatas, qui l'honora ment obscur du devoir se décèle cOmme
toujoursd'une estime particulière.Son but la source de cette notion de la vertu ;
était de rendre à l'homme sa vigueur pre mais le stoïcien se cache à lui-même cette
mière qui tendait à s'énerver par le luxe origine ; et si, dans cette religion de l'or
et la mollesse. Il parvint à un âge très gueil, le mot devoir se prononce encore,
-
avancé, et ayant fait une chute, il pensa c'est d'un devoir envers soi-même qu'il
que la terre le rappelait, et il donna l'exem est question, et le respect envers soi
ple du suicide. Il était matérialiste. La même est le motif et la substance de tout
nature, qui dicte à l'homme ses devoirs, bien. lly a dans cette religion les appa
ST0 499 TRI

rences d'une hostilité permanente, d'une uniformément et également l'âme entière;


guerre à mort contre la volonté , mais sa cuirasse d'airain, son aes triplex, fait
seulement les apparences , car s'obéir à toujours défaut quelque part; il se donne
soi-même ce n'est pas obéir, et des de de terribles démentis; il ne plie pas peut
voirs dont on est le premier et le dernier être, mais il rompt; il ne se courbe ja
terme, ne sont pas des devoirs. Encore mais, mais il tombe, et ses chutes sont
ici, la volonté propre est déifiée; on d'autant plus éclatantes qu'il tombe de
l'exalte, à la vérité, on l'élève en quelque plus haut ; car le stoïcisme est la forme
manière au-dessus d'elle-même, afin de la plus spirituelle de l'orgueil : et l'or
pouvoir plus convenablement l'adorer; on gueil, dit l'éternelle sagesse, marche de
la rend presque inaccessible, afin de pou vant l'écrasement. »
voir se figurer, dans la volonté, quelque SULAMITHE. Selon quelques-uns,
chose d'autre et de plus grand que la vo nom propre; selon d'autres, désignation
lonté; mais tous ces artifices involontaires du lieu d'origine de la bien-aimée que
sont inutiles; et voici ce qui arrive : ou Salomon célèbre dans son Cantique,5, 13.;
l'on rabaisse enfin jusqu'à soi la règle afin l'article favorise davantage cette dernière
de pouvoir y atteindre; ou bien on la opinion. Sunem, q. v., portait aussi le
maintient à sa première hauteur, et l'or nom de Sulem. (La citation des Sermons
gueil, sévèrement averti de son impuis de Krummacher est mal placée, II, p. 374;
sance, devient du désespoir. On s'avoue elle doit l'être plus bas; ces Sermons ont
que Dieu n'aurait pas mis la règle si haut pour objet l'épouse du Cantique.)
qu'on l'a mise; que Dieu qui a fait la na
ture, n'aurait pas tué la nature : il n'en TRIBUS. Les douze tribus d'Israël doi
avait pas besoin; le sacrifice implicite de vent être un jour rétablies de Dieu dans
la volonté est tout ce qu'il aurait demandé; le pays qui fut promis à leur père Abra
dès lors plus de tension, plus d'efforts ham. Cette doctrine a été professée de
démesurés ; une disposition tranquille et tout temps dans l'Eglise chrétienne; elle
sereine, fondée sur la confiance en Dieu fut celle de tous les Pères, soit grecs,
et sur la promesse de son secours; et, soit latins. Elle est de la plus haute im
dans les grandes occasions, la certitude portance pour l'Eglise des gentils, com
que la force viendra, l'humble appel au me pour celle des Juifs; car elle se lie
donateur de cette force, l'amour, dont le d'une manière intime et nécessaire à
ressort n'a point de limites connues, l'a- toutes les espérances des enfants de Dieu
mour qui transforme toutes choses, jus sur le règne de Jésus-Christ, sur la ré
qu'à se faire de la souffrance un aliment surrection des saints, sur l'avénement du
exquis, l'amour enfin , qui veut un objet Sauveur; en un mot, elle se rattache à
hors de l'àme, et qui, par conséquent, toutes les gloires futures du peuple de
est étranger au principe d'action du stoï Dieu. S'il fallait en venir à des témoi
cien, dont la vertu n'est qu'un mouvement gnages pourlajustifier, nousaurions bien
de rotation sur son axe. Quelle que soit latôt cité : dans l'Ancien Testament, le
valeur rationnelle et morale du stoïcisme, 30e chapitre du Deutéronome, le 11e, le
il a ses hommes, et, dans chacun d'eux, 43e et 49e d'Esaïe; le 23e, le 31e, le 33e
son domaine et son temps. Il est moins de Jérémie; le 1er et le 3° d'Osée ; le 12e
un système et une foi que le tempérament de Daniel; les déclarations d'Esaïe dans
son 28e chapitre et dans les onze sui
de quelques âmes fortes; et dans ces âmes,
il ne s'applique pas à tout, comme fait vants; et dans le Nouveau Testament, le
l'amour ; il ne cultive qu'une portion du23e de Matthieu, le 1er des Actes, le 11e
champ de l'âme; ilestordinairement obligédes Romains. Cependant toute la force de
l'argument qu'on tire de ces nombreux
de se faire dur pour être fort; et surtout,
viennent des moments inattendus, il ap passages en faveur d'un retour, encore à
prend enfin à se mesurer; après avoir venir, des Israélites au pays de leurs
brisé des rochers, il se brise contre un pères, est dans le double fait que voici :
grain de sable; il n'avait pas recouvert « Les dix tribus d'Israël ne furent jamais !
TRI 500 TRI

rétablies, et elles existent encore quelque il est donc encore à venir.


part. » Mais, si les dix tribus doivent être ré
Il faut donc établir : 1° Que le retour tablies dans les derniers temps, et si leur
des Juifs à Jérusalem, après les soixante identité nationale doit être alors recon
dix ans de captivité à Babylone, ne les a nue, où sont-elles aujourd'hui P Voilà la
point concernées; et 2° qu'elles vivent grande question.
encore en quelque contrée du globe sous Nous croyons que le livre de Grant
des conditions telles qu'on puisse y re vient y donner une réponse satisfaisante,
connaître un jour leur identité nationale. et c'est une des principales considérations
Le fait de la restauration future de qui nous ont inspiré le désir de le faire
toute la maison d'Israèl ( y compris connaître aux Eglises de notre langue.
Ephraïm, aussi bien que Juda), est attes Jérôme (qui mourut vers l'an 420) di
té par les prophéties les plus claires (v. sait les dix tribus encOre établies de son
plus particulièrement Jér. 3, 18. 23. Ez. temps aux régions où le roi d'Assyrie les
39, 25.40. Os. 1, 14.). Et ce qui prouve avait transportées. -

incontestablement que cette prédiction Nous apprenons aussi par divers té


n'eut point son accomplissement alors moignages qu'elles y étaient nombreuses
que les Juifs des deux tribus revinrent de encore au moyen âge, au onzième siècle,
Babylone, c'est 1° que le prophète Za au douzième et même au quatorzième. -
charie, qui n'écrivit qu'après ce retour Où sont-elles aujourd'hui ? • * • .

des Juifs à Jérusalem, prédit lui-même On avait répondu jusqu'ici par des con
une restauration de la maison de Joseph jectures de deux espèces. Les premières
(père d'Ephraïm ) avec celle de Juda désignaient, comme originairement des
(chap. 10). cendues des dix tribus, des nations ou
2° C'est qu'Ezéchiel a soin de mention des races d'hommes qui ne s'en doutaient
ner ce petit nombre d'Israélites des dix plus, les Américains, les Welches ou
tribus, qui se joignirent aux Juifs reve Bretons, et les Irlandais; les autres allé
nant de Babylone, et de nous dire qu'il guaient des peuples dont certaines tradi
s'agira de bien autre chose dans la res tions, et peut-être des tables généalogi
tauration dernière. Il prend un bâton, et ques, paraissent attester une origine
il écrit dessus : « Pour Juda, et pour les éphraïmite, les Juifs blancs de Cochin,
enfants d'Israël, ses compagnons. » Voi les Afghans surtout. (v. sir H. Jones,
là pour le premier. Mais il reçoit l'ordre Asiatic Researches, vol. I, p. 336).
aussi d'en prendre un autre, et d'écrire D'autres contrées, telles que le Cache
dessus : Pour Joseph le bâton d'Ephraïm, mire et l'intérieur de l'Afrique, avaient
et pour toute la maison d'Israël , ses été désignées comme le séjour actuel des
compagnons. » Voilà donc les deux na dix tribus ; mais nous avons l'espérance
tions qui, dans l'avenir, doivent ne for que les découvertes de Grant vont enfin
mer qu'un seul et même peuple ; c'est, jeter un grand jour sur cette intéressante
d'un côté, Juda, avec le petit nombre des question.
Ephraïmites qui se joignirent à lui ; c'est, Cependant, il importe encore de faire
de l'autre, Ephraïm, avec tout le reste observer que l'obscurité répandue depuis
des dix tribus. — « Ils ne seront plus plusieurs siècles sur l'existence de ce
deux nations : ils ne se souilleront plus peuple prophétique ne devait nullement
par leurs infamies; je les retirerai de ébranler notre foi sur l'accomplissement
toutes les demeures dans lesquels ils ont littéral des prédictions qui le concernent.
péché » (v. 22), dit l'Eternel. Ez. 37, 16. Il fallait plutôt y voir, au contraire, une
3° Enfin, c'est que les Israélites réta confirmation de leur vérité. Les Ecritures
blis n'auront alors qu'un seul et même elles-mèmes nous parlent de la nuit où
roi de la maison de David (Ez. 37, 22.24. seront cachées ces populations miracu
Jér. 30, 3.9. Ez. 34, Os. 3, 4. 5. Zach. leuses jusqu'au jour de leur restauration.
12, 10.). Ce fait n'a jamais eu lieu depuis C'est une observation de M. Brooks, dans
le temps de Cyrus jusqu'à celui de Titus : ses « Eléments d'interprétation prophé
TRI 501 TRI

tique » (p. 267-277), (v. dans Esaïe, chan. roide, comme leurs pères de l'Ancien
11, qu'il a soin de distinguer les rejetés Testament. Ces allusions accidentelles à
d'Israël d'avec les dispersés de Juda. v. leurs ancêtres hébreux, prouvent d'une
Es. 49, 21.22. 16, 3.4. v. enfin les ob manière victorieuse que leur tradition
servations de M. Keith sur Daniel, 11, 41). est généralement reçue comme une véri
Le livre du docteur Grant (les Nesto té. Quoique cela tourne à leur confusion,
riens, ou les Tribus perdues), à la préfa pas un d'entre eux ne nie qu'il ne soit
ce duquel nous avons emprunté les lignes enfant d'Israël. Le savant et l'ignorant, le
qui précèdent, établit l'identité des dix jeune homme et le vieillard, tous recon
Tribus et des Nestoriens par des preuves naissent cette relation.
plutôt morales et traditionnelles, que po 2° La haine qui existe entre les Nesto
sitives et écrites. Cependant, elles ne riens et les Juifs écarte toute idée d'une
manquent pas d'une certaine force, sur tradition fabriquée. Quel motif pourrait
tout si l'on réfléchit que chez ces pauvres les conduire à vouloir s'affilier à leurs
Nestoriens l'instruction est nulle; que, plus implacables ennemis ? Est-il croyable
par conséquent, des documents écrits ne qu'une tradition, dénuée de fondement,
sauraient avoir pour eux une grande va et prétendant les lier à un peuple avec
leur, et si l'on se rappelle ensuite qu'ils lequel ils ne veulent pas même manger,
SOnt d'autant moins intéressés à revendi eût été universellement adoptée parmi les
quer une communauté d'origine avec les diverses tribus des Nestoriens ? Par qui,
Juifs. qu'ils ne sont pas, en général, en et à quelle époque de leur histoire, leur
très bons termes les uns avec les autres. aurait-elle été imposée ? Comment aucu
Les Juifs qui sont au milieu d'eux ne ne réclamation ne se serait-elle élevée au
nient point le fait de leur parenté avec milieu d'une nation si nombreuse P Là,
les Nestoriens ; mais ils sont profondé comme partout ailleurs, les Juifs sont les
ment humiliés de voir une pareille apos plus méprisés et les plus persécutés de
tasie au sein de leur nation, et ils évitent, tous les peuples : la haine est donc atta
le plus qu'ils peuvent, d'avoir à se pro chée à tout ce qui s'allie à eux. Par crain
noncer sur ce point. te de cette haine, j'ai vu des Nestoriens
o Voici comment Grant (p. 102 et suiv.) hésiter à répondre quand on les interro
établit l'identité, depuis longtemps soup geait sur leurs ancêtres, et cependant ils
connée, de ces deux peuples si distincts finissaient tous par convenir de leur ori
maintenant : gine juive.
1° Je remarque d'abord, dit-il, que cette 3° Leur ignorance des prophéties ne
tradition est généralement répandue et permet pas non plus de supposer que cette
reçue parmi les Nestoriens de l'Assyrie et tradition ait pris sa source chez les con
de la Médie. Ils en parlent volontiers en ducteurs religieux, en vue des grandes
t0ut lieu et en toute occasion. Smith et bénédictions temporelles promises aux
Dwhigt, dans leur courte visite aux Nes Juifs. Ils n'ont aucune idée de benédic
toriens, furent frappés de les entendre tions de ce genre pour les Israélites en
affirmer qu'ils étaient les descendants des particulier ; ils croient au triomphe final
dix tribus. Ils reconnaissent ce fait dans du christianisme dans le monde, mais ne
leurs conversations entre eux, aussi bien réclament pour eux-mêmes aucune préé
que vis-à-vis des étrangers. Un de leurs minence sur les autres chrétiens. Ils li
prêtres reprochait à son peuple les fautes sent peu les prophètes, et les compren
et la responsabilité qui se trouvaient ac nent encore moins; leur interprétation
Cumulées sur eux à cause de leur étroite des écrits prophétiques est, en général,
relation avec ceux « à qui appartiennent mystique et confusg.
l'alliance et les promesses, » et son lan 4° La situation écartée du grand corps
gage était celui de la réprimande, bien de l'Eglise nestorienne s'oppose presque
plus que celui de la flatterie. Souvent j'ai entièrement à ce que l'idée de leur ori
entendu leurs ecclésiastiques faire la re gine juive leur ait pu être suggérée par
marque qu'ils étaient un peuple de cel les nations voisines. Ils habitent princi
TYP | 502 TYP

palement des montagnes presque inacces 'quelles en figuraient d'autres qui devaient
sibles, dans lesquelles ils sont tenus à l'a- se réaliser dans le Nouveau. C'est en ce
bri de toute influence du dehors. Les sens qu'il est dit, par exemple, qu'Adam
étrangers n'ont que bien rarement péné était le type de celui qui devait venir, sa
tré jusqu'à eux, et je ne connais aucun voir de Jésus-Christ, Rom. 5, 14. (Les
peuple qui entretienne aussi peu de rap mots ombre et figure, axt2, Ltbôeryux, sont
ports avec ceux qui l'entourent; bien quelquefois synonymes du mot type, Col.
plus, si leurs voisins les avaient assimilés 2, 17. Hébr. 10, 1., et l'accomplissement
aux Juifs, n'auraient-ils pas repoussé jus du type, sa réalisation, est appelée anti
qu'à la pensée d'une semblable connexion ? type, ou corps, rò &vrirv7rov, cºux.)
Est-il croyable qu'ils l'eussent reçue com C'est ce dernier sens que la théologie
me base d'une tradition générale 9 et, dogmatique donne le plus habituellement
quand il serait probable qu'une pareille au mot type, et ce sens étant convenu, il
falsification se fût introduite en quelque reste encore à s'accorder sur ce qu'ilsi
localité, comment aurait-on pu induire la gnifie ; car, bien que l'on soit d'accord
nation tout entière à admettre une im d'une manière générale, on ne l'est plus
posture contre laquelle se révoltaient tous quand on en vient aux détails. La doctri
leurs sentiments naturels ? ne, la théorie, et à certaines époques la
Plus loin, au chapitre 12, page 110 et manie des types a pris des développe
suiv., M. Grant s'attache à prouver que ments si considérables, qu'on a fini par
les lieux habités aujourd'hui par les Nes tomber, d'un côté dans les jeux d'esprit,
toriens, sont précisément ceux dans les de l'autre dans la négation même desty
quels les dix tribus furent transportées, et pes, et dans leur rejet absolu. .
c'est une chose assez remarquable que, Hl est extrêmement difficile, si même
quoique emmenées captives par différents c'est possible, de donner une définition
conquérants, et à quatre-vingt-dix ans exacte des types, de manière à les distin
d'intervalle, toutes les tribus furent éta guer nettement des symboles, des allégo
blies dans la même contrée; rien ne prou ries, et même des rapports accidentels.
ve ou ne fait même supposer qu'elles aient Où commencer ? où s'arrêter 9 Quel sera
été déplacées ; au cinquième siècle, dans le juste-milieu entre ceux qui, avec quel
tOus les cas, elles habitaient encore la ques théologiens modernes, ne voient de
terre de la captivité. types que dans les sacrifices, l'agneau
TYPE. Ce mot grec, rÙTo;, dérivé du pascal, et la grande fête des expiations,
verbe rótro qui signifie frapper, est em et ceux qui prétendent, avec Philon, que
ployé dans divers sens par les auteurs du laver le ventre de la victime signifiait se
Nouveau Testament. Il désigne : nettoyer de toute souillure, que laver les
1o L'effigie, l'empreinte, l'impression pieds des victimes c'était se détacher de
que fait une chose dure sur une autre la terre et tendre vers les cieux , et avec
qui l'est moins, par exemple l'empreinte Augustin, que le serpent d'airain a été
d'un cachet sur la cire; Jean 20, 25., les fait, non de pierre ou de bois , mais de
marques des clous sur les pieds et sur métal travaillé au feu, parce que Jésus
les mains du Sauveur. Christ n'a pas été, comme les autres hom
2° Toute ressemblance entre deux ob mes, le fruit d'une union conjugale, mais
jets, modèle, image, simulacre, plan, Phil. a dû la naissance au feu du Saint-Esprit.
3, 17.1 Thess. 1, 7.1 Cor. 10, 11. Act. 7, Les définitions les plus simples, comme
43., contenu exact (d'une lettre), Act. les plus compliquées, laissent à l'arbi
23, 25. traire une marge considérable.
3° Un modèle à suivre, un exemple dont On peut se borner à dire avec M. Guers
nous devons tirer des leçons, 2Thess. 3, que : « nul type ne doit être reçu que
9. Tite 2, 7. etc. sur l'autorité de la parole de Dieu ; tout
4° Ce mot désigne encore dans l'Ecri symbole qu'elle ne sanctionne pas doit
ture certaines choses qui appartenaient à être rejeté : tout symbole qu'elle admet
l'économie de l'Ancien Testament, les doit être reçu avec une entière soumis
TYP , 503 TYP

sion de foi; ainsi, par exemple, celui du avancer la question, et ces définitions ne
tabernacle. » définissent rien.
On peut avec G. des Bergeries, rédui , On peut, comme on le fait habituelle
"re à quatre les marques d'un véritable ment, distinguer les types en personnels,
type. La première, si l'Ecriture pronon sacramentels, rituels, lévitiques, dogma
ce quelque part que telle chose charnelle tiques, locaux, etc., ou bien admettre
est le type, le signe ou l'ombre d'une avec Bickersteth des personnes typiques
chose spirituelle. La seconde, si le nom (Adam, Melchisédec), des chOses typi
ou la description d'une chose décrite, ques (l'arche de Noé, la manne), des in
prédite ou instituée sous l'Ancien Testa stitutions (la circoncision), des lieux (les
ment, est appropriée à une chose spiri villes de refuge), des instruments (le
tuelle sous le Nouveau. La troisième , si chandelier d'or), des offrandes et sacri
l'on ne peut apercevoir aucune raison fices (presque tous), des époques (la pâ
pour laquelle une chose est instituée, si que, la pentecôte), et enfin des purifica
ce n'est en ayant recours à quelque mys tions typiques (la purification de la lèpre);
tère de type. La quatrième, si la chose l'admission ou le rejet de tous ces types
instituée dans le Vieux Testament a une dépendra évidemment de la définition mê
belle et naturelle analogie avec une autre me qu'on donnera du mot pour commen
chose spirituelle qui appartienne à l'Evan cer. Car tout est là.
ile. • Ce sont les Pères de l'Eglise qui, les
Malgré la forme, tout cela est singuliè premiers, et par une fausse spiritualité
ment vague. dont ils ont donné d'autres preuves en
On peut encore dire avec le ministre core, ont ouvert cette abondante carrière
Reymond, éditeur du livre de Bergeries : de types; c'était dans leur caractère et
« Sans être de ceux qui voient des types dans la nature de leur foi. Leur maxime
partout, qui poussent la manie des types était que « les paroles des livres saints si
jusqu'à la licence, nous pensons cepen gnifient tout ce qu'elles peuvent signifier, »
dant que nous pouvons et devons cher et Augustin ne s'est pas rappelé cette au
cher un sens mystique et figuratif dans tre maxime si sage, qu'il avait lui-même
bien des faits, dans bien des récits et formulée : « En pressant le raisin, on
dans maintes circonstances où nous IIe obtient du vin, mais en le pressant trop,
soupçonnons pas de sens caché. Qui au on obtient une piquette amère. « Ils ont
· rait vu et trouvé, avant l'apôtre Paul, une voulu aller au-delà de ce qu'avaient fait
institution typique dans la défense d'em les apôtres, et pour les imiter et perfec
museler le bœuf qui foule le grain ? Il en tionner leur ouvrage, ils ont cherché et
est de même de l'allégorie qu'il tire d'A- trouvé partout des sens typiques et allé
gar et de Sara : le plus spirituel des chré goriques. -

tiens n'aurait osé voir dans ces deux fem Ainsi le pressoir où Gédéon battait son
mes l'alliance des œuvres, et l'alliance de blé, le blé qu'il battait, l'ange qui lui ap
grâce. Nous ne nous serions pas avisés paraît, l'arbre sous lequel se fit cette ap
davantage de chercher des types dans ce parition, tout enfin, dans l'Ancien Testa
qui arriva aux enfants d'Israël au désert, ment, est devenu pour eux des types. Jus
et cependant le même apôtre nous ap tin et Clément d'Alexandrie ont frayé
prend que « ces choses leur arrivaient cette voie dans laquelle se sont jetés plus
en figures, et qu'elles sont écrites pour ou moins Chrysostome, Bernard , Am
notre instruction (1 Cor. 10,). » Les types broise, Grégoire, Jérôme même, et par
de Jonas, de Jérusalem et de son temple, dessus tous Augustin et Origène. « Le
ne se seraient pas d'abord présentés à fils de Dieu, dit Augustin, est appelé la
, notre esprit, et cependant le Nouveau vigne, car c'est lui qui était figuré par la
| Testament ne laisse pas la moindre in grappe de raisin que les deux espions
, certitude à cet égard. » rapportèrent de Canaan, suspendue à un
Toutes ces assertions, car on ne sau bâton, pour marquer le Sauveur sus
- rait les appeler autrement, ne font pas pendu à la croix. Les deux hommes qui
TYP 504 TYP

portaient la grappe représentaient les | personne de Jésus-Christ, on voit expli


Juifs et les païens ; celui qui allait le pre qués typiquement : Jonas (Matth. 12, 39.),
mier tournant le dos au raisin , est l'em — le serpent d'airain (Jean 3, 14.), Adam
blème des Juifs qui ont précédé Jésus Rom. 5, 14.), Melchisédec (Hébr. 7,) au
Christ, et lui ont tourné le dos et non le quel plusieurs veulent qu'on ajoute Salo
visage, comme Dieu s'en plaint, Jér. 2, mon (Matth. 12, 42. Hébr. 1, 8.9.), —
27.; les païens, au contraire, qui ont em David (Rom. 1, 4. Hébr. 1, 5.), ainsi que
brassé le christianisme, sont figurés par les rois, les sacrificateurs et les prophè
celui qui marchait le second en regardant tes. Par rapport aux bienfaits du Messie,
la grappe. » Il seraitaisé de citer un grand on trouve l'agneau pascal (1 Cor. 5, 7.
nombre d'exemples de ce genre, les écrits Jean 19, 36.),—tout l'appareil des sacri- '
de ce père en fourmillent. Pour Origène, fices, et, en particulier, la fête des Expia- .
se fondant sur ce que le culte lévitique tions (Hébr. 9, et 10,),—l'arche de Noé^
était une figure du christianisme, il a (1 Pier,3,20.),— la terre de Canaam(Hébr.
voulu voir des types jusque dans les 4,),—Sara et Agar (Gal. 4, 22.),-Jacob
moindres ustensiles employés au service et Esaü (Rom. 9, 10.),—l'union d'Adam"
du temple. et d'Eve (Eph. 5, 31.). · · ·
Après les Pères sont venus les scho Tous ces objets sont liés avec leurs !
lastiques qui , appliquant cette méthode analogues par des rapports plus ou moins
aux sentences de Moïse et des prophètes, étroits. Les uns, tels que l'agneau pascal, *
ont ainsi tàché de justifier des cérémo la fête des Expiations, nous offrent des !
nies et des dogmes qui n'avaient point analogies si belles et si frappantes avec la"
de fondement dans la Bible ; c'est ainsi doctrine chrétienne, leur qualité typique !
qu'ils ont fondé le pouvoir temporel et rend si bien raison de leur institution,'
spirituel du pape sur les deux épées que que nous ne pouvons nous empêcher d'y
Pierre présente au Sauveur : les sandales voir l'empreinte de l'intervention divine,
et souliers que l'on voit aux pieds des et qu'il ne nous paraîtrait point étrange ! -

prélats chantant la messe, n'y sont que qu'on classât ces objets parmi les types,
parce qu'il est écrit au Ps. 60 : « Je jet fussent-ils dépourvus de tout témoignage
terai mes souliers contre Edom » , leurs biblique. Les autres, au contraire, mal
gants viennent de ce qu'il est écrit : gré ces témoignages, n'inspirent que des
« Que votre main droite ne sache pas ce doutes sur leur nature emblématique. Ils '
que fait votre main gauche » (Matth. 6, 3.); offrent, avec les objets chrétiens, des rés- "
et ces gants sont de peau, et non pas de semblances tellement accidentelles, qu'ils
soie ou de filoselle, parce que Jacob avait donnent naissance à une forte objection,
les mains couvertes de peaux quand il sur non-seulement contre leur qualité de ty
prit la bénédiction d'Isaac (Innocent III, pes, mais encore contre celle des objets !
liv. I des Myst., chap. 41 et 57., v. Puaux, de la premiére classe, par la difficulté ap
Anat. du Papisme, p. 265.) parente de poser entre eux une ligne de
De pareilles aberrations font naturel démarcation. , , , , , !

lement réfléchir. On aurait tort sans doute Si l'on savait mieux distinguer entre
de conclure de l'abus contre l'usage, mais types et comparaisons, on limiterait ra
On est conduit à examiner les titres mêpidement le nombre des premiers, etl'on
mes de l'usage, et la question se pose serait plus libre de donner, en bonne
encore ici : que faut-il entendre par un conscience, carrière à son imagination
type ? pour ce qui concerne les autres. Le Nou- .
Lorsque nous examinons nos saints li veau Testament lui-même, qu'on invoque,
vres, nous trouvons un assez grand nom serait interprété d'une manière plus judi
bre de comparaisons que Jésus-Christ et cieuse et plus simple, et l'on ne se heur
les apôtres ont établies entre certains ob terait plus contre certaines comparaisons
jets des deux alliances, qui paraissent que les plus intrépides défenseurs des ty
renfermer des figures de Christ et de ses pes reconnaissent qu'ils n'auraient eux
bienfaits. C'est ainsi que par rapport à la mêmes pas eu le courage de considérer
TYP 505 TYP

comme tels ; ainsi Gal. 4, v. plus haut. bre en comparaison du corps, de la réali
La Bible ne donne pas des directions té qui est Christ, cf. encore Tit. 3, 9.
très précises sur le sujet des types, qui Hébr. 7, 18. 8, 6. Paul rabaisse évidem
est bien loin de jouer chez elle le même ment la loi de Moïse pour relever celle de
rôle que dans quelques-uns des ouvrages Christ.
de notre littérature religieuse, ancienne Hébr. 8, 5. 9, 23. Le tabernacle et les
et moderne. L'Ancien Testament garde objets du culte sont appelés une image
sur ce point un silence complet (sauf peut et une Ombre des chOses du ciel. La fin
être Deut. 10, 16. Jér. 4, 4., qui donnent du premier de ces deux versets (le second
un sens figuré à la circoncision, et Ps. 110, n'est qu'un parallèle du premier) explique
où le sacerdoce de Jésus-Christ est com le sens de l'image : le tabernacle n'est pas
paré avec celui de Melchisédec). Quant au appelé l'ombre de quelque chose à venir,
Nouveau Testament, il renferme quelques mais la simple et grossière copie du mo
passages peu nOmbreux qu'On a l'habitude dèle que Moïse avait vu, l'imparfaite imi
d'invoquer, et qui méritent d'être exami tation de quelque chose de plus relevé :
nés sous ce point de vue. c'est donc moins un type qu'une copie,
Le passage classique, fondamental, est un souvenir, et ces passages ne sauraient
1 Cor. 10, 6.: « Ces choses ont été des suffire à fonder une doctrine.
exemples (grec, types) pour nous. » Il Nous ne prétendons pas que l'écono
s'agit des Corinthiens, dont la vie n'était mie juive n'ait aucun rapport avec le
pas en harmonie avec la doctrine chré christianisme, car presque partout leurs
tienne, et qui pensaient qu'après avoir rapports généraux sont indiqués d'une
reçu le baptême et la sainte cène, ils manière générale; mais ces rapports, se
étaient enfants de Dieu, indépendamment lon nous, tiennent plus à la nature des
de la réalité de leur foi. Saint Paul leur choses qu'à une institution, ou intention
rappelle des faits analogues de l'Ancien proprement dite, et sont tels qu'on doit
Testament, la traversée de la mer Rouge, les attendre de deux révélations données
le séjour sous la nuée, la manne du dé par le même Dieu, et qui ne diffèrent
sert, l'eau du rocher, et il conclut : « Mal qu'en ce que l'une est plus étendue et
gré ces grâces signalées, nos pères n'en plus parfaite que l'autre. Il y a d'ailleurs
ont pas moins péri à cause de leurs pé une similitude générale dans toutes les
chés... Ces choses sont pour nous des opérations de la Providence, et une ana
exemples (types), afin que nous ne nous logie des choses, dans le monde moral
abandonnions pas à nos mauvais désirs, aussi bien que dans l'ordre naturel, d'où
comme ils firent. » L'idée d'exemple do il est aisé d'argumenter par forme de pa
mine évidemment : les types regardent rité, et il est même très commun de le
l'avenir et l'annoncent. Paul, ici du moins, faire.Ainsi la chenille, tour à tour ver,
ne considère pas les faits sous ce rap chrysalide et papillon, peut très bien re
port; il voit dans le passé des souvenirs présenter la vie, la mort, et la résurrec
qui doivent être utilisés dans le présent. tion de l'homme, sans qu'on veuille affir
Le mot type importe peu. mer, pour cela, que les chenilles ont été
Col. 2, 17. La loi est appelée par l'a- créées spécialement pour préfigurer notre
pôtre l'ombre, la figure des choses à ve destinée. De même encore les livres saints
nir. De même encore Hébr. 10, 1. (aziz comparent la fragilité de la vie et de la
gloire de l'homme aux fleurs qui se fa
ro» ut)io»ro»). Mais la simple lecture de
nent, sans qu'on imagine de voir là autre
ces deux passages prouve que, si l'idée de
ressemblance entre pour quelque chose chose qu'une comparaison pure et simple.
dans la pensée de l'apôtre, cependant Les deux révélations, qui ont la même
c'est l'idée d'infériorité surtout à laquelle
origine et qui tendent vers un mème but,
il s'attache. La circoncision, la distinc
ne sauraient autrement que d'avoir de
tion des mets, différents jours de fètesnombreux points communs ; mais vouloir
institués par Moïse, sont les faibles etque chaque détail de l'une soit l'annonce
pauvres rudiments de Gal. 4, 9., une om d'un détail analogue dans l'autre, c'est
TYP ·506 TYP

à la fois puéril et dangereux. est vrai, et conclure que tout ce qui res
Les types, comme on l'a dit plus haut, semble, de près ou de loin, à l'un des
ne peuvent exister pour nous que s'ils traits de la vie de Jésus, fût destiné à
existaient déjà pour ceux à qui ils étaient l'annoncer, ce qui serait faux, et d'ail
nécessaires. A nous, ils ne nous impor leurs prouverait trop.
tent, non plus que les prophéties, que com Deux grands caractères doivent donc
me les détailsde ce vaste ensemble prépa être réunis pour qu'il y ait type : il faut
ratoire qu'on appelle le mosaïsme; les ty 1° que le symbole annonce Jésus-Christ,
pes ne nous annoncent rien, les prophéties et 2° qu'il l'annonce assez clairement pour
déjà accomplies ne nous annoncent rien. que les Juifs aient pu le comprendre.
Pour les Juifs au contraire, les types, C'est presque dire : il faut que les types
comme les prophéties, devaient être une aient été utiles. Avec cette définition sur
révélation de l'avenir dans un sens spé la rédaction de laquelle nous ne voulons
cial ; c'était là leur but; ils n'avaient par pas insister , mais qui nous paraît tout
conséquent pas le droit de se cacher : comprendre, on n'acceptera guère com
c'était une des conditions de leur exis me types véritables que a) les sacrifices
tence. M. Robert Haldane, dans un de ses en général, b)l'agneau pascal, c) la grande
meilleurs ouvrages (Evid. de la div. Rév., fête des Expiations, et peut-être d) la va
p. 227 et suiv.), a pressenti, sans la for che rousse, e) le sabbat, f) le tabernacle
muler, une règle qu'il n'a pas suivie lui dans son sens le plus général. (M. Guers
même, et qui renferme le germe de la qui, dans son ouvrage Le Camp et le Ta
doctrine sur ce point : « Le plan prépa bernacle, paraît avoir eu pour but de
ratoire de la venue du Messie, dit-il, était combattre les exagérations des frères de
amené à sa fin... par une série de phé Plymouth, a lui-même encore poussé le
nomènes typiques et paraboliques qui figurisme un peu loin ; par exemple, dans
frappaient les sens, par lesquels l'œuvre ses réflexions sur « la position du propi
de la rédemption était figurée et restait tiatoire entre le coffre de l'arche et la
sous les yeux des hommes. » C'est en ef gloire de Dieu, » p. 286, sq. Et nous
fet l'idée de la rédemption que nous de mêmes, dans le cours de ce long ouvra
vons surtout rechercher dans les types; ge , nous avons fait bien des concessions
mais il ne faut pas oublier, et cela res à l'habitude, mais on verra plus bas dans
sort de ce que dit M. Haldane, que c'est quel sens.) -

en nous plaçant au point de vue des Juifs On objectera peut-être, la Bible à la


que nous devons faire cette recherche. main, les longues énumérations de types
Ce qui peut être frappant pour nous ne indiqués dans le Nouveau Testament; v.
l'était pas nécessairement pour eux; ce G. des Bergeries, qui en ènumère envi
que nous découvrons, ils ne pouvaient pas ron quatre-vingts sans les détails, et Hal
toujours le comprendre; et il est impos dane, Evid., etc. A ces catalogues, nous
sible qu'il ne se soit pas trouvé entre le répondrons : a) qu'il faut en retrancher
Fils de l'homme et les hommes pieux qui d'abord un certain nombre d'individus,
ont été avant lui, une foule de rapports tels que Abel, Enoch, Noé, Joseph, Sam
de vie, de position, de naissance, de ca son, etc., qui ne sont nulle part cités
ractère, de souffrance, etc., qui peuvent comme types; b) quant aux autres (aux
parler à notre esprit, mais qui ne disaient quels nous ajouterions Daniel, si nous
rien à l'esprit des Juifs. Après l'accom acceptions ce point de vue), que ce sont
plissement , on remarque toujours des des comparaisons frappantes de justesse,
coïncidences que l'on ne pouvait pas mais qui n'ont pu avoir de signification
soupçonner auparavant , et qui doivent typique au moment où les événements se
· prendre alors le nom de rapports, de res passaient. Pour les mariniers qui jetèrent
semblances, d'analogies, et non celui de Jonas à l'eau, pas plus que pour Jonas
types, de présages, de prédictions. lui-même, cet événement ne pouvait an
A moins qu'on ne veuille dire que rien noncer la mort et la sépulture du Sei
n'arrive sans la volonté de Dieu, ce qui gneur; et Jésus-Christ, en s'adressant
TYP º 507 TYP

aux pharisiens, se borne à les comparer une signification, même symbolique, de


· aux Ninivites, en annonçant que le seul ces objets; bien moins encore les pré
miracle qu'il fera pour eux sera celui de sente-t-elle comme des types ou institu
Jonas le prophète : « Car, dit-il, comme tions; et c'est à peine si, sur quelques
Jonas fut dans le ventre de la baleine trois points, le Nouveau Testament laisse aper
jours et trois nuits, ainsi le Fils de l'hom cevoir quelques rapports éloignés entre
' me sera dans le sein de la terre trois quelques objets du culte mosaïque, et
jours et trois nuits. » De même l'histoire quelques faits du christianisme. — d) La
º de Sara et d'Agar, d'Isaac et d'Ismaël, comparaison rend aussi bien compte que
n'était point une action destinée à en fi le type de la pensée du Sauveur et des
· gurer une autre, et saint Paul appelle al apôtres, dans tous les passages indiqués.
" légorique, Gal. 4, 24., l'application qu'il Nous ne voudrions pas froisser le sen
· en fait à l'ancienne et à la nouvelle al timent chrétien par tout ce qui précède ;
' liance. Qu'est-ce que l'Ecriture nous dit nous ne voudrions pas surtout paraître
de Melchisédec, Gen. 14, 18. sq. P Qu'il innover, car nous n'avons aucune voca
était roi de Salem, en même temps que tion pour cela; mais il nous a paru que,
souverain pontife, suivant la coutume de par plusieurs points, l'esprit humain avait
º ce temps; il va au-devant d'Abraham vic cherché à se mettre à la place de l'esprit
| torieux, suivant la même coutume, et de Dieu parmi les pères du dernier réveil
* donne quelque nourriture à ses troupes, religieux aussi bien que parmi les Pères
| en reconnaissance de quoi le patriarche de l'Eglise ; que le figurisme a quelque
' lui offre la dîme du butin, et reçoit la bé chose de faux, qui devient quelquefois
* médiction de ce vieillard , adorateur du bizarre et même ridicule, et qu'il a don
" Très-Haut. Rien de plus simple, rien de né lieu à bien des accusations contre le
^ plus concis ; la famille même de Melchi christianisme; bien des gens, en effet,
· sédec est passée sous silence, parce qu'il ne jugeant que sur les apparences, ont
n'appartenait pas à la race élue. Dans été jusqu'à dire que le christianisme n'a-
- l'Epitre aux Hébreux, au contraire(ch.7), vait d'autre fondement qu'une explication
· tout revêt une autre couleur, tout devient allégorique et mystique des prophéties ;
^º emblème et mystère : le sacerdoce lévi les incrédules du siècle dernier sont par
º" tique, qui n'existait point encore, est tis de cette doctrine pour soutenir que
béni cependant en la personne d'Abra les miracles de Jésus-Christ n'étaient pas
º ham, parce qu'il était en germe dans les réels, mais de simples emblèmes des ef
^ reins du patriarche; Melchisédec est sans fets spirituels que l'Evangile produit dans
" père, sans mère, sans commencement de les âmes ; Strauss lui-même, le célèbre
- jours et sans fin de vie, etc. Les contem Strauss, n'est parvenu à d'étranges con
· porains de Melchisédec n'ont évidemment séquences que par la rigoureuse applica
^ pas pu voir en lui un type du Sauveur ; tion du système des types, système qui
' pour eux il avait père et mère, pour eux aboutit bien vite aux mythes, et qui peut
il est né et il est mort : pour eux aussi sublimer tout ce qui est forme, éthériser
Abraham ne pouvait supposer Lévi ; mais tout ce qui est matière, vaporiser, en
l'étrange et pieuse sacrificature du roi de quelque sorte, toute une existence, et ne
· Salem avait quelque chose d'assez frap laisser après lui que de l'air. Napoléon
pant, elle était assez hors ligne pour que a été annoncé longtemps à l'avance par le
le souvenir s'en fût conservé parmi les soleil, qui en est, dans l'histoire, le type
descendants d'Abraham, et pour que Da le plus exact et le plus circonstancié.
· vid, voulant caractériser une sacrificature Rappelons encore que les théologiens
nouvelle, d'un ordre nouveau, non lévi réformés, Calvin, Leclerc, etc., ont atta
' tique , hui donnât le nom du premier qué avec vigueur cette manière d'inter
- prince et pontife de Salem, Ps. 110. — préter l'Ecriture, et qu'ils ont posé cette
c) Quant aux instruments, ustensiles, va maxime: Ultra scripturam sapere non li
• ses, couleurs, etc. , nulle part l'Ancien cet: « Ne pensez pas, dit Calvin, dans son
| Testament ne fait la plus petite allusion à Comm. sur 1 Cor. 9, 9., où il s'agit de
TYP VAU
508
l'allégorie du bœuf qui foule le grain, ne vers l'idée de la foi; le serpent d'airain
pensez pas que saint Paul dise que ce pas serait au premier rang de cette classe;
sage du Deutéronome soit un précepte peut-être aussi la manne, le tabernacle, le
allégorique,quemadmodum nonnulliver nazaréat; et les types libres, ou acciden
tiginosi spiritus occasionem hinc arri tels, dont la signification, peut-être nulle
piunt omnia ad allegorias transferendi, dans le moment, a été mise en évidence
ces esprits voient des allégories partout ; après que Jésus fut venu tout résumer en
pour eux, des chiens sont des hommes; sa personne. Les premiers représente
ils changent les arbres en anges, et ils raient la morale, les œuvres; les seconds
pervertissent toute l' criture avec leurs la foi, la doctrine; les derniers l'histoire,
jeux. » Ailleurs ses expressions sont plus le témoignage. 1 *

fortes encore : ad 1 Cor. 10, 11. « Puta C'est ainsi, mais de cette manière seu
re, dit-il, quicquid Deus promisit vel lement, que nous pouvons comprendre
prœstitit Israelitis, tantum prœfigurasse l'extension donnée au système des types;
quod reverà post adventum Christi im c'est dans ce sens que nousy avons adhé
pleri debebat, pestilentissimum est deli ré en plusieurs endroits, et que nous
rium. » —Et Saurin : « Ceux qui ont fait pouvons accorder à la typologie une cer
attention à l'origine des hérésies dans la taine influence sur la vie religieuse, L'é-
théologie et la morale, reconnaîtront sans tude en est intéressante, et, puisque l'his
peine que ce même esprit, qui a porté à toire juive a été écrite pour nous, afin
établir la religion sur de faux arguments, qu'elle nous fournît des exemples (la seule
fournit des armes pour la combattre, et histoire, sans doute, qui ait été écrite dans
que l'erreur reprend insensiblement sur ce but), nous ne pouvons pas trop l'é-
la vérité par cette façon de raisonner, plus tudier sous ce rapport. Le Nouveau Tes
que la vérité n'avait pris sur l'erreur. » tament, d'ailleurs, nous y convie; ce qui
Mais si l'on doit rejeter, comme n'é- était le premier n'était pas ce qui est spi
tant pas d'institution divine, la plupart rituel, 1 Cor. 15, 46. Le développement
des rapprochements auxquels on a donné successif de la même vérité sous diverses
le nom de types dans le sens qu'on atta formes, les résultats divers des divers
che d'ordinaire à ce mot, on n'en a pas états de développement, les nombreuses
moins le droit de faire, pour son usage comparaisons de l'Ancien Testament avec
personnel, des rapprochements et des le Nouveau, tout nous montre d'abord un
comparaisons qui, souvent, peuvent être but immédiat d'instruction, puis l'ache
utiles à la foi et développer la piété, pour minement graduel à un ordre de choses
vu que là encore on évite l'exagération. supérieur, et enfin un plan unique, pro
Il est évident que l'Ancien Testament, qui fondément médité, et parfaitement d'ac
était une économie charnelle, renferme cord avec lui-même. L'histoire, les hom
bien des choses, des faits, des récits, des mes, les institutions du judaïsme, solli
exemples, qui étaient de nature à élever citent notre attention autant que les pro
l'esprit des Juifs vers un ordre d'idées phéties, et prouvent que ce qui a fini par
plus spirituel. A cet égard, nous accepte être, Jésus-Christ, n'était que la grande
rions volontiers une théorie qui, en clas consommation de ce qui avait été long
sifiant les types d'après leur degré, ferait temps préfiguré d'avance , le corps de
ressortir ce qu'il y avait de caché, de l'ombre , l'accomplissement parfait de
symbolique, dans l'ensemble de la légis pressentiments imparfaits, la concentra
lation et de l'histoire des Hébreux. Aux tion de tant de rayons épars, la clef de
types sacramentels qui, outre les deux tant d'énigmes,l'explication et la réalisa
caractères indiqués plus haut , empor tion de faits isolés, qui n'eussent, sans ce
taient encore l'idée d'obligation, de de grand fait, jamais été compris, jamais été
voir, tels que le sabbat, les sacrifices, dignes de l'être.
nous joindrions, comme formant une se
conde catégorie, les types spirituels des VAUTOUR. La nombreuse famille des
tinés à élever l'âme au-dessus de la loi oiseaux de proie semble désignée en hé
VAU 509 VAU

breu sous le nom général de nésher, qui par des habitudes un peu sociables; il ne
cependant s'applique le plus habituelle lui faut pas à lui seul, comme à l'aigle,
mens à l'aigle, parce que c'en est l'espèce un grand espace de terrain à exploiter;
la plus répandue et la mieux connue. Les il vole par bandes, et quelques natura
Hébreux avaient en outre, pour chaque listes modernes ont relevé ce trait par
espèce, des noms particuliers, et l'on ticulier dont ils font même un des carac
croit que le mot daiah désigne une es tères distinctifs de l'espèce. Quant au
pèce de vautour. Cet oiseau est classé, genre il y a naturellement plus d'incerti
Deut. 14, 13., au nombre des viandes tude encore ; on pense, et c'est le plus
impures; Esaïe, 34, 15., le distingue d'au probable, qu'il s'agit du vautour commun,
tres oiseaux d'une espèce voisine, et le ou cendré (vultur cinereus), oiseau plus
dépeint comme vivant par troupes. Les gros que l'aigle ordinaire, au plumage
anciennes versions, qui, du reste, ne sont brun foncé, dont les grosses plumes seu
pas d'accord eutre elles, ne favorisent les sont entièrement noires. Au bas de la
guères cette interprétation, mais leur té nuque, il a comme une large tache bleuâ
moignage sur ce point n'a pas une gran tre, presque dégarnie; autour du col,
de portée, et ce qui appuierait la traduc une espèce de collier de plumes grisâtres
tion du daïah par vautour, c'est ce fait, qui s'avancent jusque sur la poitrine.
déjà remarqué par Aristote (Anim. 6, 5. D'après les Septante et Saadias, le daah
º, 3t. ), que le vautour est de tous les de Lév. 11, 14. désignerait aussi le vau
Oiseaux de proie le seul qui se distingue tour, mais ce n'est pas probable.

-
- l- - - - - *

- 1 , , *º * ! "
º!
: *
INDEX
Des principaux passages de la Bible, traduits, commentés, ou expliqués dans ce

DICTI0NNAIRE.

(Les chiffres romains I et II indiquent le volume, les chiffres arabes la page, et les lettres a et b
la 1re et la 2e colonne.)

GENÈSE. 21. I, 469 b


11. 22. I, 97 b.
227 sq. 23. I, 443 a.
277 a. 1.sq. I, 108 a
56 b. 117, b. 3. l, 95 a.
286 a. 1.sq. I, 543 a. sq.
138 b. 26. sq. I, 12 b.
128 a. 48. I, 192 b.
399 a. 1. sq. I, 16 b. II, 33 b.
242 b. 4 5. I, 435 b.
25 a. 4 0. I, 42 b.
364 b. 1. sq. I, 31 a.
449 b. 17. I, 451 a.
193 a. 13.(21, 1.)I, 451 a.
158 b. 5. sq. I, 578 b.
159 b. 41. I, 175 b
333 a. 26. I, 579 a
459 b. 37. II, 58 b
548 a. 2. I, 10 a -

143 a. Sq. 1. Sq. I, 14 b. 451 a. '


18-24. 331 b. 16. II, 66 a
107 b. 109, b. 1. I, 538 b
7 273 sq. 331 a. 383 b. 12. I, 451 a
383 b. 17. I, 547 a
257 a. 1 4. II, 14 a
I 60 a. 37. sq. I, 45 b. 153 b. 190. a.
2
214 b. 23. I, 542 a
2
80 a. 35. II, 257 b
465 a. 39. II, 295 b
469 b. 53. I, 542 a
469 b. 24. sq. I, 462 b
389 b. II, 476 a. 2. I, 327 a.
302 b. 474 b. 15. sq. I, 312 a. II, 497 a.
466 a. 24. I, 408 b. II, 72 b.
19 b. 25.(43,11.)l, 545 b.
171 a. 24. II, 40
39, 47. I, 349 a. I, 362 a.
44, 40. I, 29 b. I, 363 a.
41, 4ž. Il, 121 a. ll, 228 a.
41, 46. I, 460 b.
43, M4. II, 205 a. LÉVITIQUE.
44, 5. I, 224 a. M3. lI, 338 b.
45, 6. I, 461 a. {4. lI, 131 a.
45, 19. I, 487 b. 14.(23.28.)lI, 29} b, sq,
46, 4 M. II, 40 a. 4. Sq. ll, 291 a. sq.
46, 28. l, 390 a. Il, 293 a.
47, 9. 1, 461 a. 43. sq. l, 363 a.
49, 3. II, 282 b. 43. sq. l, {07 a. 155 Al\ h.
49, 10. ll, 357 a. sq. {9! h.2{9b.?!) #fjä.
49, 4 4. 1, 457 a. . 30. l, 245 b. §§§l,
49, 17. I, 262 b. 223 b. l, 553 b.
49, 26. II, 86 b. M. sq. ll, 252 a.
eX0IDE. lI, 55? b.
. sq. lI, 553 b.
4, 4 M. cf. 14. II, 20:5 a. 2. {9. lI, 252 a.
4, 15. II, 366 a. ll, 40 a.
2, 3. l, 2ā7 a. 8. Sq. I, 358 a.
2, 10. II, 62 b. lI, 295 a.
2, 4. » II, 24 a. 4. Sq. II, {41 a.
3, 6. lI, 478 a. II, 65 a.
3, 22. !!, 2. II, 63 a. I, 57| a.
7, 4 4. 1, 329 b. I, 370 a.
8, 17. II, 71 a. I, 300 h.
8, 24. II, 7M b. I, 121 l). [95a,
12, 6. ll, 134 b. II, 65 b.
42, 2-43.43-20. II, 435 a. . Sq. I, 545 a.
{2, 34. 39. II, 134 b. Sq. I, 57 b.
12, 38. II, 244 a. 7. 9. ! 4. 227 a.
A2, 40. II, 63 b. I, 349 a.
43, 2. 45. II, 233 b. 289 b.
14, 1. sq. I{, 39 a. II, 162 h.
46, 3. l, 249 a. {62 h.
A 6, 23. II, 285 a. 286 b. 382 a.
46, 29. ll, 285 b. I, {47 a.
47, M. sq. II, 40 b. I, 61 b.
20, 2. sq. l, 575 b. I, 342 a.
20, 10. II, 240 b. 285 a. II, 233 h,
2M, 6. ll, 350 a.
NOMBRES.
21, 28. I, 545 b. lI, 49 a.
22, 2.22. II, 49 a. 400. II, 384 a.
22, 48. II, 50 a. 1, 30 b, 305h,
23, 19. (34, 26.) 1, 195 a. l, 187 a.
25, 5. (26, 14.) Ił, 384 a. I, 500 b.
26, 24. sq. Il, 381 a. II, 14 b.
27, M-9. I, 106 a. I, 128 a.
28, 30. II, 429 b. lI, §8 a.
30, 23. lI, 76 a. b. I , {5T h, SII.
30, 3ő. II, 338 b, I, 254 a.
32, 24. II, 434 b. V, 55! a.
27. 141 b. 23. 19. 20. I, 291 a.
33. 217 a. 24, 1. sq. I, 302 a.
13. 40 b. 24, 16. I, 401 b.
I 350 a.
25, 9. sq. I, 559 b. II, 300 a.
4 1. 3 b. 26, 2. II, 222 b. sq.
289 b. 26, 12. sq. I, 297 a.
28. 88 b. 27, 1-6. I, 106 b.
116 a. 28, 22. 27. II, 10 a.
22. sq. 54 b. 28, 27. 35. I, 551 b.
568 b. | 28, 42. II, 72 a.
26. sq. 162 a. | 31, 11. II, 376 a.
116 b. 32, 32. II, 443 a.
41, 468 b. 33, 2. II, 140 b.
289 b. 33, 17. I, 568 b.
44. 3 b. 33, 19. I, 457 b. II, 438 a.
404 a. 33, 25. I, 92 b.
44. 404 a. 34, 1. sq. II, 64 a. 160 a.
223 a. 34, 10. II, 236 b.
25. sq. 48 b.
JosUÉ.
30. 49 b.
61 b. 2, 1, 6. I, 571 a. II, 256 a.
DEUTÉRoNoME. 5, 1-9. I, 400 a.
5, 2. 5. 9. I, 201 a. 179 b.
10. 328 b. 6, 21. 24. I, 450 b.
11. 223 a.
7, 11. sq. I, 450 b. 401 a.
185 b.
7, 25. I. 545 a. II, 155, a.
439 b.
8, 30. sq. I, 519 b. -

15, 350 a.
10, 12. sq. I. 520 sq.
30, 192 b.
10, 40. 11, 2. II, 345 b.
5. Sq. 251 a.
11, 4. , 187 b.
17. sq. 297 a.
11, 27. 12, 7. II, 338 a.
186 a. 383 a.
12, 9. 18, 22. I, 137 a.
189 b.
12, 23. I, 399 b.
297 a.
13, 3. II, 356 b.
291 a.
342 a.
| 13, 24. sq. I, 373 b.
18, 8.9. I, 174 a.
233 b.
19, 26. I, 567 a.
135 a.
19, 34, sq. 20, 7.II, 97 b.
65 a.
22, 10. II, 12, b.
4 62 a.
24, 33. I, 398 b.
270 a.
193 b. JUGES.

545 b. 1, 1. sq. I, 533 b.


562 a.
1, 19. I, 188 a.
237 b. 1, 6.7. II, 154 b.
216 b. 2, 9. II, 70 b.
49 b. 2, 19.3,19. II, 476 b.
438 b. 3, 8. 10. 43 b.
II,
116 b.
3, 16. I, 87 b. 178 a.
49 b. 3, 19. I, 400 a.
19 b. II, 4. 4, 5. I, 267 a. 533 a.
545 a.
4, 11. ll, 422 b.
196 a. 4, 17. I, 468 a.
33
5, 17. I, 375 b. 1.sq. II, 314 b. •

5, 23. II, 41 b. 8. I, 400 b. • * .

6, 1. sq. I, 384 b. 7. sq. II, 254 a. -

7, 3. l, 376 b. 4. II, 50 a. -

9, 7. sq. I, 10 b.
2° LIVRE DE sAMUEL.
9, 37. I, 192 b.
10, 3. sq. I, 468 b. 1.sq. II, 328 a.
11, 1. sq. I, 482 b. 48. l, 470 b.
12, 7. I, 376 b. 7. I, 212 b.
13, 10. II, 311 b. 3. sq. I, 443 b.
14, 8. l, , 5 a. 5. 14. I, 265 b. -

15, 4. Il, 263 b. 4 6. H, 80 al .. . '


15, 8. l, 249 a. · 44. 16. I, 265 b. . l - |!

15, 17. 19. I, 547 b. • 1. sq. II, 268 a. ·· · ·


16, 1. sq. I, 260 b. 3. II, º43 bJ !º !' , !
16, 14. ll, 413 b. 17. I, 35 b. 11 ,4

16, 21. II, 48 a. 40. I, 343 a. ' ! !!


18, 30. I, 397 b. II, 12 b. 21 . II, 45 b. : º !
20, 18. l, 137 a. 24 . Il, 48 'a.
21, 19. sq. I, 265 b. 24. I, 367 a. -

RUTH.
34 . I, 188 b. II, 155 b.
23. I, 113 a.
2, 16. sq. II, 65 a. 1.sq. II, 49 b. 50 a. ' ,
4, 1.-10. l, 559 b. 2. I, 441 b. , 'l
4, 6. 7. II, 300 a. 26.sq. I, 18 a. II, 354 b. **
1er LivRE DE sAMUEL. 1.sq. II, 36 a. ,- !
19. I, 369 b. - ,ºi
2, 27. II, 237 b. 6. I, 366 b. -! .. !
5, 6. sq. II, 183 b. 4 1. I, 178 a. eº ,ur
6, 1 4. I, 523 a. 33. I, 19 a.
7, 1. I, 321 a. 1. sq. II, 328 a.
8, 1. sq. II, 270 a. 19. I, 321 b. 542 b. .!
8, et 9, Il, 326 a. sq. 8. I, 470 b. ,i
10, 25. Il, 270 a. 20. I, 189 a. ſ ! ,-
13, 1. sq. II, 325 a. sq. 5. I, 411 b. .* t ,'.
13, 1. II, 326 b. 9. Il, 111 a. · '.
14, 2. Il, 55 a. 1er LIVRE DES ROIS.
14, 27. sq. II, 54 b.
1 4, 44. I, 450 a. 10. II, 346 a.
15, 33. II, 155 b. 7 34. II, 346 b.
16, 14. sq. II, 327 b. 3. II, 492 a.
16, 23. Il, 73 b. 9. Il, 304 b.
17, 4. I, 389 a. 223 b. 46. lI, 172 b.
17, et 18, I, 267 b. sq. 23. I, 183 b. 383a.II,221 a.
17, 26. I, 202 a. 33. I, 445 a.
18, 4. I, 178 a. • 28. l, 388 a.
18, 7.21,11. I, 265 b. 17. 18. lI, 391 a.
18, 25. I, 202 a. 1. I, 534 a. ,

19, 9. II, 328 a. • 9. 15. II, 394 a. :


21, 7. sq. l, 303 a. 46. 21 II, 393 b. -

21, 13. sq. I, 38 a. 34. II, 394 a. ,-

24, 1.3. I, 424 a. 4 4. Il, 46 b. : .*-


24 à 26, I, 268 a. sq. 9 15, I, 223 a. , , •:
45. II, 46 b. 6. 7. II, 155 a.
15. II, 33 a. 30. I, 326 b.
18. I, 112 b. 28. I, 407 b.
26. I, 320 a. 1. sq. I, 441 a.
2. II, 331 a. 30. I, 439 a. 440 b.
24 . lI, 45 b. 2. sq. I, 21 b.
II, 125 4
22, a. 305 a. 6. I, 312 a.
25. Il, 72 b. 4, I, 439 a.
3. I, 213 b. 6. I, 355 a. 391 b. II, 32 b.
14. Il, 304 a. 24, sq. II, 309 b.
19. l, 402 b. 30. II, 374 a. l, 94 a.
42. ll, 307 a. 4. lI, 96 b.
24 . Il, 269 a. 7. I, 358 b.
4. II, 140 b. 8. l, 367 a.
22.31. II, 346 bi 41. I, 391 b.
30. II, 269 b. 28. II, 105 a.
11.(21,21.) II, 213 a. 35.36. I, 359 a.
15.23.29. I, 437 a. 1. I, 359 a.
24. II, 307 b. 19. I, 471 a.
34. I, 486 a. 1.sq. I, 517 b.
2. sq. : I, 322 b. 9. I, 517 b.
3.-5. I, 215 a. 11, I, 188 b.
6. II, 466 a. 29.30. lI, 33 a.
1.sq. I, 323 a. b. 1.sq. I, 481 a.
4.13. I, 310 a. 14. sq. 25, 12. sq. I, 355 a.
34. sq. I, 566 a. 15. lI, 299 a.
4. 5. I, 387 b.
12. lI, 476 a. 1er LIvRE DEs cHRoNIQUEs. ° ..
26.-34. l, 66 b. 6. II, 268 a. -

2e LIVRE DES ROIS. 7. I, 302 b.


9. I, 468 a. II, 299 a.
1.d , I, 22 b. 34. II, 42 a.
3. sq. I, 323 b. 44. lI, 299 b.
11. I, 188 a. 12. 28. II, 314 a.
19. I, 486 b. 15. I, 482 a.
24 . II, 339 a. 32. I, 457 b.
4. I, 135 a. 27, I, 570 a. b.
9. sq. I, 325 b. 8. I, 253 a.
25. I, 367 b. 16. I, 35 b.
2. sq. I, 325 b. 5. I, 542 b.
18. sq. II, 10 a. 14. II, 45 b. -

39. I, 206 b. 3.4. I, 560 b. ·


1. sq. Il, 77 b. 4. II, 45 b. - |
'17. II, 240 b. 6. II, 306 a. # 1 l , ,

24. I, 437 b. 29. II, 237 a. 316 a.


1.sq. 11,sq. I, 326 a.
2e LIVRE DES CHRONIQUES.
18.22. l, 175 b.
25. I, 207 a. 4. II, 392 b.
1. Il, 67 a. l 5. I, 223 a.
16. sq. I, 512 b. 12. I, 570 b.
25. I, 22 b. 23 a. 3. II, 304 a.
26, II, 79 b 13. II, 125 a.
30, I, 64 b. 13. sq. l, 456 b.
- 516 —
21 . I, 213 b
3. Sq. II, 111 b ESTER.
12. II, 31 b. 1, 1. I, 449 b. Il, liths,
!* sq. I, 86 b. II, 111 b. 1, 6.7. I, 361 b. Il, Isa
16. I, 407 a. 2, 21. I, 145 a.

12.
15.
1.sq. I, 513 b.
I,
II,
512
10
b.
a
7,
8,
9.
9.
8, 17.
I,
I,
Il,
362 a.
449 b.
241 b.
|
17. l, 23 a.
20. II, 347 a. J0B.

1. Sq. I, 23 a 1, 1. I, 443 a.
6. I, 23 a. 1, 3. ll, 126 h.
15. I, 367 a 1, 15. Il, 330 h.
24.34. II, 290 b 1, 17. I, 161 a.
2-15. II, 137 a 2, 7. I, 552 a.
5. Il, 223 a 3, 8. I, 557 a.
17. I, 561 a. 3, 13. 14. Il, 479 a.
5.33, 14. I, 487 b 4, 10.11. I, 572 b.
20. II, 346 b 4, 18. I, 56 1.
22. l, 442 b 6, 16. I, 177 b.
3. I, 83 a 12, 20. l, 507 a.
3. sq l, 517 b 16, 13.(20,14.)l, 363 b.
24. Il, 346 b 18, 13. Il, 233 a.
3. 4 I, 481 a 18, 14. II, 70 a.
8. I, 481 b 18, 17. I, 507 a.
10.20. I, 82 b. 355 a. 19, 24. II, 46 a.
ESDRAS - 19,
23, 25.
8. sq. II, 126
II, 478 b.a.
63. II, 430 a 28, 16. lI, 124 a.
6. I, 96 b. 28, 17. II, 438 a.
6.8.17. I, 554 a. b. 28, 18. II, 165 a.
9. 5, 6. I, 66 b. 30, 4. I, 388 a.
10. II, 129 b 31, 22. I, 334 a.
1 4. Il, 338 b 33, 15. II, 3ºº a
15. 6, 2. I, 435 a 38, 7 I, 55 b.
1.6, 14. II, 452 a 38, 31. II, 126 h.
#7# 2.
.1 1 .
I, 307 a
I, 89 a
38,
39,
36.
3.
II, tº
# # º,
d,

6. I, 343 a 39, 4. I ls a tº
1
27. II, 45 b 39, 8.9. I, 55 a.
8. I, 450 b 39, 9. II, 339 a.
NÉHÉMIE. 12. sq.
39, 16. 13. 568 b.
I, 107
1.12, 39. I, 488 b. 39, 29. I, 3ºi !
3. II, 263 b. 39, 30-33. I, 36 b.sº
5. I, 554 b. 40, 10 sq. l, lºº! l5l l.ll
10. II, 342 b. 40, 20. sq. I, 557 a º
65. II, 430 a. II ##
16. I, 488 b. 41, 15. ' § § 9m6 a 8: º
4. ll, 452 a. 42, 14. # # a 206 a !
22. l, 266 b. rsAtur .
13, 19. ll, 285 b. 11, 6 Il, # !
13, 28. II, 309 a. 16, 4 II, 473 a,
18, 33. I, 146 a. 1. I, 34 a.
21, 12. I, 334 b. 16. II, 479 a.
29, 6.22,21. I, 568 b 31 . II, 221 a.
29, 9. , 146 a. 17. 24. I, 178 a.
34, 1. , 38 a. 21 . II, 438 b.
40, 6.7. II. 289 a. ECCLÉSIASTE.
45, 1. , 586 a.
48, 2.3. II, 365 a. II, 469 a. sq.
55, 7. I, 206 a. 4. I, 307 b.
56, 8. II, 130 b. 8. II, 73 b.
57, et suiv I, 45 b. 11. 7, 29 II, 492 b.
58, 9. I, 341 b. 8. H, 439 b.
60, 1. Il, 424 b. 1. II, 71 a.
60, 8. II, 372 b. 181 b. 2. II, 113 b.
63, 10. II, 263 b. 5. II, 48 a.
68, 15. I, 206 b. 7. I, 172 a.
68, 30. Il, 216 a.
CANTIQUE DES CANTIQUES.
74, 8. II, 376 a.
78, 24.25, lI, 15 b. 4. II, 465 a.
80, 13. ll, 216 a. 44. II, 83 b.
81, 8. II, 40 b. 46. I, 257 b. 177, a.
83, 9. I, 541 a. 4. II, 279 b. 82. b.
84, 3. I, 434 a. 2. (4, 5.) I, 585 b.
84, 6. I, 111 b. 15. II, 263 b.
87, 4. II, 183 b. 8. I, 549 b.
88, 10. II, 259 b. 12. I, 366 a.
89, 12.42, 6. I, 425 b. 13. II, 83 b.
91, 5. II, 436 b. 1 4. I, 45 a.
92, 10. I, 568 b. 15. I, 366 a.
102, 6. I, 219 b. 5. II, 76 b.
104, 11. I, 55 a. 11. 7, 5. 4, 1. I, 194 b.
106, 28. I, 446 a. 4 2. I, 206 b.
106, 33. II, 40 b. 13. I, 586 a.
408, 9. II, 372 b. 5. I, 195 a.
120, 4. I, 387 b. 12. I, 407 b.
120, 5. II, 42 b. 13. II, 14 a.
121, 6. I, 583 a. 14.8, 2. I, 392 b.
133, 3. I, 426 a. II, 365 b » 6. II, 70 b.
137, 2. II, 328 b
ESAIE.
147, 9. I, 215 b
18. I, 227 b.
PRovERBEs.
25. I, 344 b. II, 46. b.
5, 19. I, 146 a. 186 a. 6. II, 126 b.
6, 21. II, 185 b. 20. I, 191 b. II, 388. a.
7, 16. lI, 413 b. 16. sq. I, 33 a.
16, 11. ll. 210 a. • 1. sq. II, 22 b.
19, 12. l, 572 b. 8. II, 216 b.
24, 23. II, 243 b. 22. I, 181 a.
25, 23. II, 436 b. 26. l, 333 b.
26, 2. I, 434 a. 28. I, 194 a.
26, 11. I, 196 a. 1. sq. I, 338 b.
26, 13. l, 572 b. 2. II, 347 b.
27, 26. 27. I, 195 a. 2. l, 336 b.
7, 18. 65, 44. I, 373 b.
8, 6. 66, 20. II, 72 b.
9, 1. Sq. JÉRÉMIE.
9, 2. a.

9, 4. 1, 11. I, 46 a.
10, 9. sq. 2, 26. 27 II, 208 a.
11, 6. 4, 5.(6,30) II, 335 a.
11, 12. 4, 17. , 65 b.
13, 21. sq. . 183. a. 5, 6. I, 549 bi 580. a.
44, 13. 7, 18. I, 295 b,
14, 23. 7, 31 . I, 433 a.
14, 30. 8, 7. I, 434 a. II. 446
15, 7. b 12, 9. I, 444 à.
15, et 16, :• 14, 5. I, 146 a.
17, 2. 15, 12. I, 301 al b.
48, 1. I, 253 17, 11. II, 221 a. 163 b.
19, 6.(37,25. )I, 315 18, 14. II, 97 a.
19, 8. II, 211 19, 1. 10. II, 55 a. -

19. 13, II, 34 19, 13. I, 447 a. 582. b. !


20, 2. Il, 439 20, 4 II, 227 a.
21, 7. 9. I, 259 4 b 20, 3 Il, 142 a.
22, 1. II, 415 25-27, II, 427 b.
22, 17. lI, 221 25, 1 II, 88 a.
22, 21. 25, 10. II, 48 b.
23, 25, 20. I, 443 a.
23, 3. -
25, 26. l, 110 b.
25, 1. 25, 38. I, 207 a.
27, 1. 26, 1.21. I, 481 a.
28, 25. Il,56a.438.b. 26, 23. Il, 346 b.
29, 1. 34, 4. sq. II, 337 b.
34, , 7. 34, 8. I, 342 b.
34, 11. 34, 18. II, 435 a.
35, 7. 35, 6. sq. I, 510 a.
37, 12. 36, 9. 10. I, 125 a.
37, 13. 39, 13 II, 255 b.
37, 36. 41, 6. l, 203 a.
38, 1. sq. 41, 17. I, 540 a.
38, 8. 43, 13. II, 121 a.
38, 44. 206. b 44, 17. sq. I, 582 b.
41, 19. 46, 25. ll, 106 b
43, 3. 47, 1. . II, 183 a
44, 28. (45, 1 . 48, 2. ll, 3 a
49, 12. 48, 32. I. 468 a
51, 20. 49, 3. I, 404 a
53, 2. I 49, 16. I, 37 a
56, 3. I 49, 23. I, 407 b
56, 10. I, 195 50, 21. Il, 18 a
57, 6. I , 376 3 50, 39. l, 183 a
59, 11. I , 206 b. II, 130 a. 51, 58. I, 366 b.
60, 8. , 206 52, 12. II, 92 a.
63, 1. 2. 52, 21. sq. I, 147 b
65, 3. 52, 24. II, 370 b.
65, 4, 52, 25, Il, 273 a.
- 519 -

52, 28. I, 355 b.


52, 29. 30. I, 355 a. DANIEL.
"- , '

LAMENTATIONS. I, 355
II. 110
4. 3. I, 107 a. I, 264
4, 7. II, 165 a. I, 115
4, 21. I, 443 a.
I, 264
5, 13. Il, , 48 b. Il, 74 SQ|.
5, 18. II, 263 b. y I, 131
- EzÉcHIEL. II, 167
I, 549
1, 4.27. Il I, , 37 b. I, 195
4, 9. · I, 334 b. 363 b. 549 a.
I, 64
5,
8, 17.
5. Il, 402 b.
d II, 368 b.
8, 14.d , 3 , II, 403 b.
10, 1. I, 193 a.
4
I, 96
II, 237
I, 541
#:
b.
I. 90 a.

12, 13. II, 337 b. osÉE.


14, 14. I, 264 a.
16, 4. I, 365 a. II. 339 a. II, 128
16, 10. II, 384 a. I, 80
21, 26. l, 300 b. I, 436
21, 32. II, 357 b. I, 300
22, 11. II, 23 a. I, 336
23, 40. I, 65 a. I, 376
24, 17. II, 185 b. I, 206
26 â 28, II, 427 b II, 34
27, 1-7. II, 432 a. II, 129
27,
27, 7.
6. II, 126 b.
I, 325 a
; 9 I,
II,
462
446
27, 13. II, 425 b. JOEL.
7, 14. II, 72 b.
42. I, 267 a.
27, 15. I, '272 a. 306 a. 458 b.
4. Sq. II, 495 a.
27, 16. | I, 214 a. 222 b. 341 b.
2.12. I, 514 a.
27, 17. II, 133 a.
4-8. Il, 427 b.
27, 18. I, 422 a
27, 23. l, 172 b AMOS.
· 28, 13. II, 199 b I. 320 a.
29, 10. l, 253 b. I, 49 b. II, 416 b.
29, 18. II, 428 b l, 188 b.
30, 6. II, 375 b. I, 400 a.
31, 8. I, 190 a I, 163 a. II, 66 a.
38, 2.3. II, 279 a I, 156 a.
39, 9. I, 88 a II. 328 b.
º, 10.11. I, 328 a I, 364 b. lI, 375 a.
º, 1. sq. II, 39è a. II, 181 b.
40, 2. II, 365 a.
JONAS,
º, 16.41, 16. i, 361 a
41, 6. II, 394 b. I, 510 b. II, 103 a.
43, 13. I, 223 a. lI, 371 a.
43, 24. II, 338 b. l, 117 b. II. 211 b.
# 21. sq. II, 227 a. I, 499 b.
45, 12. II, 56 b. I, 538 b.
ABDIAS. 76 a.
492 b, II, 4 a.
II, 373 a. 347 b.
257 b.
MICHÉE.
86 b.
II, 308 a. 471 b.
I, 410 b. 381 b. 185 b. II, 54 b.
I, 543 a. 207 b.
I, 24 b. 379 a.
I, 36 b. 186 b. I, 53 a.
II, 365 b. 339 a. sq.
• II, 113 b. 180 b.
» I, 315 a. 349 a.
227 a.
NAHUM.
4 - 404 a.
12. I, 572 b. II, 103 a. 196 a.
I, 346 b. lI, 106 a. sq. 1 40 a.
70 b.
HABACUC.
374 b.
I, 194 a. 423 b.
I, 253 b. sq. » 75 a.
351 b.
SOPHONIE.
473 b.
. Sq. I, 447 a. . 11 . 474 b.
4 0. I, 488 b. 472 a.
11. II, 1 b. 285 a.
II, 181 b. 1 40 b.
7 14. I, 216 b. 11 4 a. 292 b.
I, 580 a. 1 47 a.
21 1 b. .
AGGÉE.
. Sq. 555 b.
II, 397 b. 1 49 a.

zAcnAnIE. 458 b.
555 b.
II, 452 a. . Sq. I, 427 a. sq. 472b. s4
. II, 46'a. . Sq. II, 141 a. l, 214 a.
I, 337 b. I, 555 b.
I, 499 b. . SQ[. II, 192 a.
I, 403 a. 261 b. II, 61 b.
I, 54 a. II, 219 a.
11, I, 177 a. I, 500 a.
11, II, 24 b. II, 48 b.
14, I, 488 b. 349 a.
44 7 II, 369 b. 497 b. 185 b.
MALACHIE. 124 b.
. Sq.
3, 10. I, 297 a. 364 b.
. Sq.
476 b.
MATTHIEU.
1. Sq. , 478 a.
| »
1-16. (Luc 3, 23. sq.) I, 493 b. 185 a.
4 - 5. II, 256 a. 253 a.
4 » 4 1. l, 469 a. 494 a. ' 71 b.
4 • 4 6. I, 516 b. 121 a.
1• 25. I, 495 b. 453 a.
— 521 —

Il, 285 b. 2, 5. (1,27.)sq. I, 495 a.


I, 36 b. 7. I, 440 a.
II, 48 a. 36. sq. I, 59 b.
26, 6. sq. II, 362 a. 4. II, 416 a.
Il, 137 b. 1.2. I, 492 b.
II, 264 a. 22. I, 207 b.
I, 169 b. 23. sq. I, 494 a.
lI, 221 b. 5 1.sq. Il, 186 b.
I, 379 b. 19. II, 415 b.
I, 530 a. 27. II, 29 b.
l, 485 a. II, 452 b. 38. II, 130 b.
1 37 a. 1. II, 287 a.
123 b. 22. I, 118 a.
201 b. 5. II, 376 b.
363 b. 12. 1 4. II, 156 a.
27, 45. 51. 484 b. 19. I, 473 b.
27, 55. 25 b. 37. sq. II, 28 a.
MARC.
46. I, 441 b.
3. I, 495 b.
1,: 10. I, 207 b. » 26. sq. I, 374 b.
1, 16. Sq. II, 186 b. 10. I, 289 a.
2 lI, 41 5 a. 55. I, 323 b.
2, 14. lI, 26 b. 30. I, 289 a.
2, 26. 7 b. 34, I, 440 a. 442 a.
3, 17. Il, 464 b. 38. sq. II, 264 a.
3, 21. 495 b. 1.sq. I, 473 a.
495 a. 5. II, 47 b.
374 b. 1. sq. II, 200 b.
423 b. 13, 1 1 . II, 140 b.
495 b. 13, 32 (33). II, 263 b.
1 18 b. 15, 16. I, 390 b.
21 4 a. 16, 22. l, 18 a.
472 16, 26. II, 472 a.
339 17, 6. II, 72 b. 375a.
11, 13. sq. 364 17, 12. l, 553 a.
435 17, 37. I, 36 b.
38 19, 40. II, 485 a. b.
137 22, 7. II, 137 b.
15, 1.6. sq. 201 Sq. 22, 18. II, 489 a.
, 222 23, 17. lI, 137 a.
76 23, 36. II, 446 b.
l, 495 23, 45. II, 484 b.
II, 21 1 24, 43. I, 328 b.
LUC. JEAN.

1. Sq. 580 13. lI, 466 a. sq.


234 28. I, 136 a. b.
536 29. I, 472 a. 154 a.
42. 325 32. I, 207 b.
59.64 . 4 10 40. S0 II, 86 b.
80. 289 20. I, 493 a.
1. Sq. 451 3. I, 120 b.
# 2. 258 14. sq II, 351 a.
— 522 —

23, I, 5, 6.10. I, 156 a.


5. H, 5, 34. sq. I, 380 b.
6. I, 5, 36. II, 406 b.
8.9. sq. II, 5, 37. I, 530 a.
2 36. II, 6, 1. I, 422 b.
1. I, 6, 9. I, 566 b.
2. sq. I, 7, 2. II, 43 a.
5. II, 7, 16. I, 423 b.
48. sq. I, 7, 43. I, 163 a.
3. 5. I, 7, 56. sq. I, 346 b. 545 b.
15. I, 8, 20. II, 193 b.
35. I, 8, 26. (29.39.) I, 382 a. II, 179 a.
7 37. II, 9, 3. sq. Il, 149 b.
52. I, 9, 29. I, 423 a.
7. I, 9, 36. 39. I, 304 a.
1. II, 10, 1. sq. II, 275 b. 190 a.
6. II, 10, 2. I, 221 a. II, 240 b.
22.34. I, 11, 20. I, 258 b.
1. I, 12, 4. II, 435 b.
21 . II, 12, 20. I, 147 b. II, 356 a.
42. I, 12, 23. II, 437 b.
1. II, 13, 5. II, 18 b.
23. II, 13, 6. sq. I, 122 a.
8. II, 14, 6. sq. I, 377 b.
1. sq. II, 14, 11. I, 584 a.
2. I, 3l 14, 12. II, 149 a.
10. II, b 15, 20.29. I, 59 a.183b. II, 475b.
28. II, d 16, 3. I, 202 b.
31 . II, 3l 16, 12. sq. II, 180 a. II, 374 a.
39. II, 3 16, 14. I, 585 a. II, 222 b.
2. II, b 16, 16. sq. II, 253 b.
13. I, 3 16, 37. lI, 144 b. 386 a.
1 4. II, d. 17, 18. I, 337 a. II, 497 b.
23. II, 440 a. 413 b. 17, 23. I, 101 b.
31. l2 - b. 17, 28. Il, 210 a.
36. II, 3 18, 2. I, 204 a.
17. II, b 18, 18. I, 76 a. II, 86 b.
23. II, b 19, , 9. II, 428 b.
24. II, :à 19, 13. sq. I, 335 b.
7. II, 3 19, 19. I, 330 b.
15. II, 3l 19, 24. I, 295 a. 335 a.
LES ACTES
20, 4. II, 370 a.
20, 28. I, 354 a.
12. I, 21, 24. sq. II, 448 b.
18. I, 5 22, 3. II, 144 b. 386 a.
21-23. I, 23, 2. 24, 1. l, 52 a.
9. lI, 23, 7. sq. II, 296 b.
13. II, 23, 23. II, 275 b.
22. II, 23, 35. II, 224 b.
2. 10. Il, 398 a. 25, 2. I, 52 a.
24. II, 27, et 28, II, 432 a. sq.
12. II, 193 b. 27, 2. l, 30 a.
5 1. sq. I, 50 a. 27, 8. l, 245 a.
— 523 —

27,12.14.
27, 17.40. II, 437 b.
II, 432 a. GALATES,

27, 29. I, 52 b. 1, 17. I, 78 a.


28, 2.4 I, 121 b. 1, 18. II, 190 a.
28, 41. II, 432 b. 2, 1 . Sq. II, 154 b.
28, 12. II, 377 b. 2, 9. 11, II, 190 b. 192 b.
28, 15. I, 367 b. 2, 12. I, 466 a.
28, 30. II, 146 a. 3, 17. II, 63 b.
ROMAINS. # # 7 -
### 2 -

1, 14. I, 392 a. 4, 22 sq. II, 504 a. sq.


2, 29. I, 202 b. 4, 25. II, 364 a. I, 31 b.
5, 8. I, 147 a. 5, 17. II, 467 a.
6, 3-11. I, 119 b. 6, 11. II, 147 a.
8, 17. sq.
8, 23.
II,
II, 468
223 b.
b. -

ÉPHÉSIENS.

9, 3. I, 118 b. 2, 3. l, 183 a.
11, 17.24. II, 119 b. 4, 11. I, 352 a.
16, 7.9. I, 53 a. 75 b. 5, 25. Il, 467 a.
16, 21. II, 370 a. 6, 11-20. I, 88 a. 152 b.
16, 23. I, 479 b.
PHlLIPPIENS.
1 CORINTHIENS. l, 1. I, 353 b.

4, 17. II, 409 b. 1 13. II, 224 b.


5, 1. Il, 23 a. 1, 21. II, 479 a.
5, 5. I, 118 b. 3, 2. I, 196 a.
5, 6. I, 555 a. 4, 3. I, 354 b.
5,
O,
7.
9.
II,
II, 138
1 47
a.
a. COLOSSIENS.

9, 2. sq. I, 75 a. | 2, 17. II, 504 b.


9, 6. I, 123 a. 4, 6. II. 339 a.
10, 4. II, 265 b. 4, 11. II, 110 a.
10, 6. l, 504 b. 4, 14. I, 209 b.
10, 16. II, 136 b. 4, 16. I, 335 b. Il, 147 b.
14, 11.
15, 20.
I,
II, 121
223 b.
b. 1 THESSALONICIENS.

15, 32. I, 501 b. II, 151 a. 3, 1. Sq. II, 410 a.


16, 3. sq. I, 218 b. sq. II, 145 b. | 5, 12. l, 353 b.
16, 17. I, 367 b.
2 THESSALONICIENS.
2 CORINTHIENS. 2, 2.3. lI, 147 a.
3, 7. II, 487 a. 3, 17. II, 147 a.
3,
8, 18. sq.
16. Il, 57 b.
I, 219 a. 1 TIMOTHÉE. -

10, 10. lI, 152 a. 1, 2. II, 409 b.


11, 23. 24. I, 368 a. II, 1 51 a. 1, 4. Il, 420 b.
11, 32. I, 85 a. 346 b. 1, 20. I, 118 b.
12, 1. II, 150 b. 2, 8. Il, 232 b.
12, 2. 4 II, 468 b. 2, 9. I, 194 b.
12, 8. II, 113 a. 2, 15. I, 353 a.
12, 7. II, 150 b. 3, 2. lI, 214 b.
12, 12. I, 74 b. sq. 3, 1-11 . l, 354 a.
3. l, 184 a. 3, 7. Il, 416 b.
10. II. 473 b. 3, 15. II, 152 a.
2 TIMOTHÉE. 4 JEAN.

| 2. II, 409 b. 2, 16. I, 25 b.


15. lI, 146 a. 2, 18. l, 62 b.
17. Il, 10 a. 3, 16. l, 344 a.
8. I, 469 a. 329 a. 5, 16. I, 147 a.
15. II, 409 b. -

5. I, 352 a. II, 409 b. 2 JEAN.


10.
17.
ll, 410
II, 99 b.
a. V. 1. sq. I, 479 a.
» 20. II, 410 b. 3 JEAN.

TITE. V. 1. sq. I, 479 a.


5-9. l, 354 a. v. 13. II, 2so a.
6. lI, 214 b. JUDE.

12. I, 245 b. II, 210 a. V. 11. I, 217 b


9. Il, 420 b. v. 14.15. i 3as a.
12. I, 90 a. Il,414a.426b. | v. §. Ii o b 64 a
HEBREUX . APOCALYPSE.

8. II, 40 b.
1 sq. Il, 506 b. 2, 6.15. II, 100 b.
5. 9, 23. II, 505 a. 2, 7. II, 467 b.
4. l, 82 d. 2, 9. II, 323 b.
7. S0[. I, 358 b. 2, 12. Sq. Il, 1 64 b.
26. sq. I,2 147 a. 2, 17. II, 199-
a.
34. sq. I, 5 a.338b. II, 155b. | # # lI, 45 b. 37 b.
2. I, 440 a. 2, 20. I, 490 b.
3, - 9. II, 323 b.
JACQUES. 6, 16. I, 154 a,
- 7, 5-8. l, 262 b.
11. II, 437 a. 9, 3. sq. II, 495 a.
20. ll, 460 b. 9, 7. sq. Il, 329 b. sq.
3. II, 377 a. 11, 1. 21, 15. ll, 280 a.
25. lI, 256 a. 11, 3-10. II, 389 a.
16. II, 232 b. 12, 4. sq. lI, 495 a.
1 PIERRE. 12,
13, 17,7.18. II,
II, 50
113 b.
b. 276 b.
23. Il, 467 a. 17, 5.12.18. II, 276 b.
4. 5. II, 194 a. 20, 1, sq. Il, 324 a.
# 21 . I, 120
-

a. Il, 193 b. 20, 2-4. II, 55 b. 351 a.


13. II, 195 a. sq. 20, 6. 14. Il, 70 a.
2 PIERRE. -
21, 23. 1.22, 5 lI,
21, 468 b.
II, 468 b.

22. I, 196 a. 22, 15. I, 196 a.

FIN DU DEUXIÈME ET DERNIER VOLUME.

Vous aimerez peut-être aussi