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30, rue Olivier-Noyer

FICHE PRATIQUE 75680 Paris cedex 14


Tél. : 01 40 44 30 00
Fax : 01 40 44 30 41
— DE SÉCURITÉ —

IMPLANTATION
ED 104 DES ESPACES DE TRAVAIL

PAR C. TERRIER

Cette fiche s’adresse en priorité aux


maîtres d’ouvrage et, de manière géné-
rale, aux différents intervenants du pro-
jet « Implantation ».
Elle propose une démarche permettant
de prendre en compte les risques d’acci-
dents et de maladies professionnelles,
dès la phase de conception d’un projet
d’implantation des espaces de travail
(création, extension ou réaménagement).
Cette prise en compte, dès la définition
du cahier des charges, permet d’éviter des
situations futures insatisfaisantes et dif-

© INRS
ficilement réversibles à cause de surcoûts
importants ou de difficultés techniques.
une méthode en cinq points, pour une implantation réussie

L A DÉMAR CHE DÉCRITE D ANS CES P A GES


se propose :
◗ d’aider le maître d’ouvrage à définir
Participative, car elle est confiée à un
groupe de travail.
Multicritères, car il faut prendre en
◗ l’amélioration des conditions de travail
(dimensionnement des espaces de tra-
vail, circulations, éclairage naturel…)
ses besoins, pour optimiser l’implanta- compte : ◗ la minimisation des distances parcou-
tion des espaces de travail au regard de ◗ la réduction des risques circulation rues par les matières,
la sécurité, des conditions de travail et (personnes, engins), physiques (bruit, Itérative, par la simulation de différentes
de la productivité ; chaleur…), chimiques (pollutions spéci- solutions avec l’analyse des avantages
◗ de donner des éléments pour l’élabora- fiques) par une implantation adéquate et inconvénients et le classement des
tion du cahier des charges fonctionnel : dans l’espace de travail, une séparation solutions par la méthode des scores.
diagramme fonctionnel et/ou esquisse physique des secteurs ou un traitement
d’implantation générale des espaces de spécifique de certains secteurs, ■■■
travail.
Risques d’accidents du travail Risques de maladies professionnelles
Une implantation satisfaisante des sec-
• Circulations importantes (personnel, engins) • Maîtrise du bruit insuffisante
teurs d’activité, postes de travail, équi- • Beaucoup de manutentions (déposes, reprises) • Pollutions chimiques mal maîtrisées
pements ou machines entraîne une • Proximités entre des stockages dangereux • Manipulations contraignantes
amélioration de la sécurité, de la pro- et le personnel, etc. (déposes, reprises, espace de travail, etc.)
ductivité et de la qualité; par consé-
quent, elle contribue à améliorer les
performances de l’entreprise. Conséquences
d’une implantation
À l’inverse, une implantation déficiente mal adaptée
entraîne des risques d’accidents ou de
maladies professionnelles, avec des
pertes d’efficience dues à des trajets
matières plus longs, des activités sans Flux matières (perte de productivité) Flux des informations - gestion atelier
valeur ajoutée, une gestion atelier et • Trajets longs (engins, matières, opérateurs) • Non-«visibilité» pour la gestion atelier
de communication difficile… • Croisements et rebroussements • Communications interservices difficiles
• Déposes et reprises multiples • Processus transversaux difficiles
La démarche doit être participative, • En-cours importants, délais de fabrication longs • Image de marque de l’entreprise dégradée
multicritères et itérative. • Besoins excédentaires de surface (en-cours) (clients, personnel…), etc.
• Risque de dégradation de la qualité, etc.

FICHE PRATIQUE DE SÉCURITÉ ED 104 1


PRÉSENTATION DE LA DÉMARCHE
Étude préalable
1 – Étude préalable Analyse de l’existant, du contexte
Elle débute par l’analyse de l’existant, du contexte et et des évolutions possibles
prend en compte les évolutions probables :
◗ analyse des produits, du processus de fabrication et de
l’activité des opérateurs;
◗ identification des risques et nuisances (circulation, phy- Détermination des secteurs
siques, chimiques); d’activité à implanter
(ateliers, services, groupe de machines, etc.)
◗ choix de l’organisation de la production, des moyens de
manutention, des conditions de travail, etc. • Secteurs du processus de fabrication
• Secteurs avec des risques circulation, physiques ou chimiques
2 – Détermination des secteurs d’activité à • Service supports, etc.
implanter
Le terme «secteur» désignera : un équipement, une ma-
chine, une partie d’atelier, un bureau (ex. : postes de sou-
dure, cabine de peinture, emballage des produits, une ligne
de fabrication, un stockage, des parkings, des locaux so-
ciaux, etc.).
La précision de la définition des secteurs détermine la
« maille » d’analyse de l’implantation. Détermination
Le groupe projet définit les secteurs : des degrés de proximité
◗ liés au processus de fabrication et aux stockages; ou d’éloignement entre Flux matières
◗ liés à la circulation (entrées, sorties, stationnements, les secteurs pris deux à entre
quais de chargement/déchargement, etc.). deux les secteurs
◗ avec risques physiques et/ou risques chimiques (bruit, (facultatif)
chaleur, pollution spécifique, incendie, explosion…).
Des risques résiduels ou inévitables persisteront même
après des mesures correctives. La méthode a donc pour
objectif de tenir compte de ces contraintes soit par
l’implantation spatiale de ces secteurs, soit par l’inter- Diagramme fonctionnel des secteurs
position d’un cloisonnement, soit par le traitement du (implantation fonctionnelle)
secteur lui-même, etc. (indépendante des besoins en surfaces)
◗ autres : Méthodes, Qualité, Logistique, Personnel, Direc-
tion, Ressources humaines, etc.

3 – Détermination des proximités, des


éloignements et des flux matières (facultatif)
entre les secteurs
Le groupe projet définit les degrés de proximité (ou d’éloi-
gnement entre les secteurs pris deux à deux, en se basant Détermination des
par exemple sur des critères : besoins en surfaces
- de risques (circulation, physiques et chimiques),
des secteurs
- techniques, car les secteurs utilisent des moyens com-
muns (ex. moyens de levage), une même source d’énergie Implantation générale
(ex. un compresseur), des secteurs
- etc. (1re esquisse de l’implantation
générale avec les surfaces)
On retient deux ou trois degrés de proximité (A-B-C) et un
ou deux degrés d’éloignement (X-Z).

Pour tenir compte des flux matières, deux possibilités exis-


tent :
- soit ils sont connus, ils peuvent alors être pris en compte
directement dans le tableau des données (voir tableau).
- soit on dispose d’une évaluation «grossière» du flux,
alors on pourra l’incorporer implicitement dans le degré de
proximité après avoir tenu compte des risques liés au
transport lui-même : moyen de manutention utilisé, fré-
quence quotidienne, pénibilité, etc.

Ces facteurs conduisent à retenir telle ou telle valeur pour


le degré de proximité.

2 FICHE PRATIQUE DE SÉCURITÉ ED 104


DÉMONSTRATION PAR L’EXEMPLE
Projet d’implantation dans une fabrique de pièces en alliage de zinc

L’entreprise fabrique des pièces en alliage de Tableau - Proximités, éloignements et flux


zinc. La matière première est livrée en lingots
sur palette. Les pièces sont ensuite moulées A Secteurs Secteurs
Proximité absolument avec risques avec risques Secteurs Secteurs liés au processus
sur trois types de presses à injection. Les pro- nécessaire "circulation" physiques supports de fabrication
duits sont ensuite dégrappés selon deux ou chimiques
B

Entrée /

Conditio
Stock m
Locaux

Local ch
Proximité importante

Compre
modes. Ils subissent enfin des traitements mé-

Mainten
Trait. surftique

Trait. surf ue
électroly

Parking

Ébavura

mécaniq
Presse A

Nettoyag
Z

Sortie

Méthode

Presse B

nnemen

Usinage
caniques et/ou chimiques de finition avant

sociaux

at. prem
imique
sseur
Éloignement absolument

ance
ace

ace
PL

VL

ge
le conditionnement et l’expédition. nécessaire

t
.
Entrée / Sortie PL Z Z
• Étude préalable - Elle conduit à choi- Parking VL
sir les chariots automoteurs pour : …
- le transport des palettes de matières Locaux sociaux Z Z
premières, Compresseur B B
- le transfert des en-cours de fabrica- Local produits chimiques B
Trait. surface électrolytique 14 30 74 100
tion vers les différentes phases du pro-
Maintenance B B
cessus,
Méthode B
- le stockage et le chargement des pro-
Stock matières premières B/4 A/8
duits finis pour l’expédition. Ébavurage 35 5 12
Contrainte : les secteurs réalisant le Usinage 13 78
traitement chimique des pièces (« trai- …
tement de surface électrolytique – Trait. surface mécanique 59
TSE », « traitement des effluents » et Conditionnement
« local des produits chimiques »), doi- Lecture du tableau - exemple : entre le stock matières premières et les presses de type B : proximité absolument nécessaire (code
vent être proches les uns des autres et "A"). Le flux matières entre ces 2 secteurs est égal à 8 (8 % par rapport au flux le plus grand pris pour base 100)
(les flux matières peuvent être pris en compte implicitement grâce aux degrés de proximité "A" et "B")
en périphérie du bâtiment.
(Voir ci-contre un extrait des secteurs à consi-
dérer dans le projet d’implantation.) secteurs supports à la fabrication
- les secteurs « maintenance » et « mé-
• Détermination des secteurs à im- thodes », etc. 4 - Diagramme fonctionnel
planter (voir tableau) secteurs liés au processus de fabrication (implantation fonctionnelle)
secteurs à risques liés à la circulation - stock matières premières, injection Lorsque le tableau de données com-
- « entrée-sortie poids lourds », « par- presses A2, presses B, etc. porte uniquement des valeurs qualita-
king véhicules légers », « locaux so- tives de proximité et d’éloignement,
ciaux », etc. • Détermination des proximités/éloi- les secteurs sont classés par ordre dé-
secteurs à risques chimiques ou physiques gnements et des flux matières croissant du nombre de leurs liaisons
- « compresseur », « local des produits Un extrait des données retenues est A, puis de leurs liaisons B, puis Z. Ils
chimiques », « traitement de surface présenté dans le tableau. sont ensuite positionnés sur une trame
électrolytique », etc. hexagonale en nid-d’abeilles.
En commençant par les secteurs dotés
Le schéma de liaisons A, ils sont disposés les uns
en nid-d’abeilles après les autres, soit côte à côte, si il
Accueil Entrée Stock Compres- existe une liaison entre les deux, sinon
Réception Matières Presses
sit. sortie PL
1 ères
seur C « non adjacents ».
On poursuit ainsi pour tous les secteurs
impliqués dans des liaisons A, en te-
Séparation nant compte des éventuelles contrain-
Adminis- Mainte- Presses Presses Presses sur
tration nance A2 B A1 presses tes d’éloignement entre certains de ces
secteurs.
On applique ensuite le même procédé
Séparation
Entrée Assem-
Ebavurage en Usinage Nettoyage Méthodes aux secteurs, non encore placés, dotés de
sortie VL blage
machine liaisons B. Il peut en résulter que la con-
trainte de « proximités/éloignements »
oblige à modifier la position de secteurs
Parking Vestiaires Qualités Séparation Trait. surf. Trait. surf. Trait. déjà positionnés au fur et à mesure des
VL manuelle mécanique electrol effluents
incorporations (figure ci-contre).
Lorsque le tableau comporte des valeurs
qualitatives de proximités/éloignements
Locaux Expédi- Condition- Local
Classe A
sociaux tions Finition nement chimique et des valeurs quantitatives de flux, on
Classe B calcule une valeur «mixte» par cellule,
Liaisons pénalisantes en choisissant, par exemple, une pondé-

FICHE PRATIQUE DE SÉCURITÉ ED 104 3


ration 50 % pour les flux et 50 % pour
les proximités/éloignements. L’ensemble
est ensuite transformé en nouvelles ca-
tégories A-B-C, X-Z, en appliquant par
exemple la méthode de Pareto ou loi des
20/80. On applique ensuite la méthode
décrite page précédente (voir bibliogra-
phie).

5 - Implantation générale
avec les besoins en surface
Une première esquisse d’implantation
générale est possible dès que sont
connus les besoins en surface de chaque H4
Accueil site
secteur, en positionnant les secteurs Entrée- Stock
matières
Compres-
sortie PL Réception seur Presse C
suivant l’ordre du schéma en « nid- premières
d’abeilles ». H1
Administration
On améliore progressivement cette pre-
Séparation
mière esquisse, en permutant des sec- Presses A2 Presses B Séparation manuelle
Presses sur presses
teurs ou en modifiant les proportions A1 V4
entre la longueur et la largeur des sec- Maintenance
Séparation
teurs (figure ci-contre). en machine Traitement des V1
Entrée- Méthodes Usinage effluents
sortie VL
Remarque : Au delà de 20 ou 30 sec- V2
H2
teurs à placer, il est difficile de réaliser Local

Mécanique
Trait. surf.
Nettoyage chimique
ce travail manuellement. Actuellement, Assemblage Ebavurage
un outil logiciel « Mecoltra-Implanta-
Parking
tion », développé par l’INRS, est en VL
V3
cours de test. Il permet de simuler dif-
Locaux sociaux

Conditionnement
Vestiaires Qualité
Traitement
férents scénarios d’implantation, avec de surface électrolytique
une évaluation de leur qualité par le
Expédition Finition
calcul de scores. Cet outil s’insère dans
un projet global, en cours de dévelop-
pement, traitant les aspects hygiène et Placement des secteurs H3
en tenant compte des
sécurité suivants : acoustique, éclairage surfaces. Seules les
naturel, assainissement de l’air, ther- liaisons “A” sont tracées.
mique. Les allées et voies de
circulation principales (V
et H) sont visualisées sur
Bibliographie
le schéma.
◗ ND 2095 - Implantation ». Paris,
La validation du projet d’implantation gé- INRS,1999.
nérale Aide à la rédaction du cahier des charges
◗ ED 718 - Conception des lieux de tra-
fonctionnel pour la partie « implantation
vail. Paris, INRS, 2001
peut être facilitée par l’élaboration générale »
d’une maquette physique, à l’échelle, ◗ Projet « Mecoltra-Implantation ». Paris,
INRS, documentation à paraître en
par exemple pour visualiser le plan de Les éléments contenus dans le tableau
2003.
circulation des camions à l’intérieur de des données de proximité, d’éloignement
l’entreprise, les chemins piétonniers, et de flux, ainsi que les besoins en sur-
les trajets des matières entre les diffé- faces, sont explicités en termes de spé-
rentes phases du processus de fabrica- cifications pour le cahier des charges du
tion… projet. Chaque élément (proximité, éloi- IMPLANTATION DES ESPACES DE TRAVAIL
gnement, flux…) est argumenté, les C. TERRIER
La validation consiste à vérifier que les contraintes sont clairement décrites INRS, CENTRE DE PARIS
objectifs initiaux sont bien respectés : ainsi que la première esquisse d’implan- ONT COLLABORÉ À CETTE FICHE
réduction des risques résiduels, réali- tation générale. Celle-ci peut être jointe SECRÉTARIAT DE RÉDACTION ET MAQUETTE : C. LARCHER.
sation des conditions de travail sou- au document programme comme pre- ILLUSTRATIONS : WAG.

haitées, optimisation des trajets ma- mière ébauche : elle a surtout servi à for- CONTACTS
tières. On s’assure que les flux des maliser un ensemble d’informations dis- SERVICE PRÉVENTION DE VOTRE CRAM,
produits évitent le plus possible les re- persées et a permis une communication s’adresser aux personnels spécialisés
dans la conception des lieux de travail
broussements et les croisements. entre tous les intervenants du projet. INRS, tél. : 01 40 44 30 00.
■ SITE WEB DE L’INRS : www.inrs.fr

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