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Socio-anthropologie
36 | 2017 :
Manières de croire
Dossier : Manières de croire
Texte intégral
1 Qu’appelle-t-on croyance ? Tout le monde croit-il – tout le monde, c’est-à-dire tous les
individus de tous les groupes humains ayant peuplé ou peuplant actuellement la surface
de la terre ? Ce qu’on identifie ici ou là comme des « croyances » relève-t-il d’un genre
commun ou au contraire de types de pratiques et/ou d’idées divers ?
2 Au moins deux options sont en présence, qui ont motivé la constitution de ce numéro de
Socio-anthropologie. Soit on estime qu’il y a partout de la croyance et qu’il y en a toujours
eu ; alors la croyance apparaît comme un invariant transhistorique, une faculté, l’une des
facultés les plus élevées et les plus complexes de l’esprit humain si l’on en croit les
tableaux des fonctions de l’esprit qui ont eu cours jusqu’au début du XXe siècle en France1.
3 Soit, au contraire, la variabilité s’impose, laquelle va jusqu’à l’incommensurabilité.
Défendre une telle hypothèse, ce n’est pas seulement dire que tous les individus et tous les
collectifs ne croient pas aux mêmes « choses » (les dieux ne sont pas partout les mêmes),
mais que la manière de se rapporter aux choses en question peut varier du tout au tout, en
des proportions ou selon des modes d’une telle diversité qu’on peine à identifier un seul et
même « fait social » (ou « psychologique » ou « culturel ») et qu’on hésite finalement à
parler de « la » croyance. Dans ce cas, on dira que la croyance est une « fonction
psychologique » au sens défini par Ignace Meyerson dans sa « psychologie historique,
objective, comparée » (Meyerson, 1995). Il nous est toujours loisible de prendre le mot
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impossible sans ces savoir-faire techniques. Ce n’est même pas une croyance, sinon dans
le sens minimal d’un « acte de tenir pour vrai ». À se demander si l’Arumbaya attribue au
jaguar une âme et une vie intérieure comparables à la sienne, ne se pose-t-on pas un
problème partiellement indécidable ? On suppose que la langue et le système conceptuel
indigènes contiennent les concepts d’âme, de croyance, d’intériorité. Mais, précisément,
tous ces concepts sont très occidentaux, et souvent l’anthropologue projette ses propres
schèmes sur les peuplades étudiées. On peut certes observer, par exemple, que
l’Amérindien, une fois qu’il a tué un jaguar, effectue un rituel dont on suppose qu’il vise à
apaiser l’âme de l’animal. Est-on pour autant en mesure d’inférer des croyances
personnelles de la pratique du rituel ? Il se peut que l’Arumbaya en question ne croie rien
du tout, mais enchaîne mécaniquement une suite d’actes qu’on lui a enseignés quand il
était enfant, de même que bien des chrétiens vont machinalement se signer à l’eau bénite
ou communier sans savoir quelles croyances impliquent ces rites.
10 De la même façon encore, un praticien adepte de la médecine par les plantes sait (par
induction, par tradition) que telle plante soigne telle maladie. On a là affaire à une
croyance-assentiment. Admettons maintenant que ce médecin pratique un certain rituel
(incantations, etc.) au moment où il cueille la plante, prépare la décoction et l’administre.
Que croit-il ? Que les formules rendent la plante efficace ? Que l’appel aux ancêtres est le
véritable vecteur de la guérison ? Il est difficile de le dire. Il se pourrait bien que l’on soit
confronté à un autre type de croyance, où la croyance n’est rien d’autre que le faire : quand
croire c’est faire, dit John Scheid à propos du rituel romain (Scheid, 2005). Les chrétiens
croient à une force supérieure. Dans le cas du christianisme moderne, il est difficile de
nier la présence de la croyance individuelle et intériorisée. Mais, en l’occurrence, les actes
rituels mécaniques sont parfois déconnectés de cette croyance générale, et probablement
déconnectés aussi de la croyance particulière qui devrait être en amont (la
transsubstantiation, etc.). Ainsi avons-nous une idée de ce que peut être un acte rituel
sans croyance en amont, de sorte que l’on peut structurellement distinguer l’un et l’autre.
11 Toute la théorie occidentale de la croyance est fondée sur l’idée que des croyances
contradictoires ne peuvent coexister simultanément chez une même personne alors que de
nombreuses situations attestent de tels cas, comme les situations de syncrétisme religieux,
par exemple le cadre afro-brésilien étudié par Roger Bastide (Bastide, 2016). Il semble
nécessaire de reconsidérer ce qu’est une croyance. On est ainsi conduit à définir la
croyance au sens meyersonien d’une fonction psychologique.
Le comparatisme en question(s)
12 L’enjeu de ce numéro de Socio-anthropologie est de clarifier les usages de la notion de
croyance dans les sciences humaines afin d’en évaluer la pertinence et la fécondité
heuristique. Sans nécessairement reprendre à leur compte la dichotomie énoncée ici, sans
être tenus non plus de s’y inscrire ou de la critiquer, les contributeurs ont été invités à
expliquer comment leurs propres objets d’étude, anthropologique ou historique, les ont
amené à réfléchir sur la notion de croyance pour la contextualiser, la modifier ou la
rejeter2. Aussi bien, c’est toute une conception de la comparaison, une certaine pratique
comparatiste, qui se trouvent ainsi engagées. N’est-on pas en effet inévitablement conduit
à comparer, ne fait-on pas déjà œuvre de comparatisme, dès lors que l’on se demande s’il y
a de la croyance partout, si tous les hommes de toutes les cultures croient, ou si, au
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contraire, la notion de croyance n’a de sens et de pertinence que pour nous, hommes
blancs modernes occidentaux qui la projetons « généreusement » sur les états mentaux ou
sur les pratiques rituelles de ceux avec lesquels nous entrons en relation ? À cet égard,
l’anthropologie symétrique de Bruno Latour (Latour, 2009), pour qui le concept de
croyance relève largement d’une projection de l’épistémologie rationaliste moderne sur les
pratiques cognitives des autres cultures, est tout à fait fondamentale, quelles que soient les
critiques que l’on peut formuler par ailleurs, pour comprendre les implications
comparatistes d’une anthropologie de la croyance.
13 Le comparatisme est une démarche à la fois nécessaire et difficile. Nécessaire pour
retrouver l’ambition universalisante des sciences humaines et sociales ; difficile car elle
suppose la maîtrise d’une pluralité de domaines, d’outils et de concepts, démarche qui
contrevient à l’ultra-spécialisation desdites sciences humaines et sociales, même si l’on
commence à en revenir. Difficile encore, voire contradictoire, dans la mesure où toute
culture constitue un système complexe régi par des rapports globaux, de sorte que la
démarche qui consiste à en isoler des éléments considérés comme constitutifs pour les
retrouver dans une autre culture risque de faire perdre le point de vue du tout.
14 Mais alors, a-t-on raison de vouloir comparer ? La philosophie, les sciences humaines et
les études littéraires n’y perdent-elles pas plus qu’elles n’y gagnent à se dépayser de la
sorte ? Ne peut-on pas reprocher au comparatisme d’envisager des rapprochements
forcés, illégitimes, voire impossibles ? À quelle condition une mise en relation entre des
domaines apparemment hétérogènes est-elle justifiée ? Peut-on, doit-on, espérer mettre
au jour des invariants transculturels ? S’interroger sur le concept de croyance, sa portée ou
sa validité par-delà certains champs en lesquels la notion nous paraît (peut-être à tort
d’ailleurs) aller de soi, c’est être porté, sinon à répondre à toutes ces questions, du moins à
les formuler ou à les reformuler avec précision en vue d’affronter les problèmes qu’elles
soulèvent.
15 Or, de prime abord, à la lecture des contributions ici rassemblées, deux ensembles se
dégagent : d’une part, les textes qui portent plutôt sur la croyance ; d’autre part, ceux qui
s’intéressent davantage au problème de la comparaison, en se penchant sur les enjeux
méthodologiques et réflexifs du comparatisme. Cependant, dès que l’on y regarde d’un peu
plus près, tout se complique. Une dualité plus profonde se fait jour, selon que l’on estime
possible (ou non) de comparer des croyances, d’utiliser le concept de croyance en vue
d’établir des comparaisons. Et c’est là le premier enseignement, qui frappe d’emblée à la
lecture des contributions de ce numéro : c’est qu’au fond, les croyances, on n’y croit pas !
Ou du moins, on n’y croit pas dans les termes qui sont ceux dans lesquels se formule en
général le problème de la croyance dans la pensée occidentale.
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cela n’a jamais voulu dire, par anticipation ou par approximation, croire en Dieu. Car,
dans un univers non-chrétien, confronté aux dieux, on ne se pose pas la question de leur
présence ou de leur existence, on s’interroge sur la succession de mouvements ou de
gestes précis qu’on doit accomplir en tant que pratiquant du rite. Ce parcours, qui mène
de Plutarque aux neurosciences, impose la conclusion suivante : si nous voulons
comparer, nous devons nous garder d’avancer armé d’un concept de croyance moulé sur
nos propres sédimentations culturelles.
17 Un semblable constat se dégage de la traversée buissonnière d’Emmanuel Lozerand,
qui s’est attaché à des contextes, à des aires géographiques et civilisationnelles, tout
autres, puisqu’on s’installe avec lui en Asie. Et non seulement on est dépaysé de découvrir
la grande diversité, la profonde complexité, des sens de la croyance, mais on est entraîné
dans une comparaison des significations mêmes de la comparaison. L’auteur nous convie-
t-il à une mise en abyme du doute qui affecte la catégorie de croyance, prêche-t-il un
scepticisme généralisé qui doit ou devrait nous conduire à ne plus rien dire, à ne plus
entreprendre de comparer ? En quels termes, en effet, mener la comparaison : en fonction
de nos idées et nos mots, ou dans les idiomes et selon la pensée des autres ? Faux
problème, problème de philosophe ou qu’il faut être philosophe pour poser : comme le dit
très bien Lozerand, ces questions n’ont jamais empêché les gens de traduire et de
travailler à se comprendre. S’il est important de comparer les comparaisons, ce n’est pas
pour cesser de comparer au prétexte qu’on ne comprend rien, pas même ce terme ou cette
notion de « comparaison ». On compare au contraire pour comprendre et pour se
comprendre toujours davantage : l’Ouest et le Reste-du-monde en ont bien besoin, c’est
inévitable autant que souhaitable en ces temps de mondialisation3.
18 On en dirait autant, sinon plus, compte tenu du contexte géopolitique actuel, des
relations entre islam et christianisme. Voilà ce que nous aide à comprendre le travail
salutaire mené par Mohamed Amer-Meziane, à partir des recherches, injustement
méconnues en Europe, de Talal Asad (qu’Amer-Meziane a heureusement commencé de
traduire en français). La première tâche à mener réside dans une déconstruction du
mouvement spontané qui nous pousse à penser l’islam sur le « modèle » de la foi du
croyant chrétien. L’anthropologue et le philosophe doivent reprendre ici le cours d’une
longue histoire, qui remonte sans doute à de très anciens contacts entre musulmans et
chrétiens, mais qui a été tristement compliquée par les processus de colonisation. Or, si
l’indépendance politique des pays du Maghreb a été acquise au terme des conflits de
décolonisation, force est de constater que la pensée n’a toujours pas été décolonisée. On le
voit aux travers opposés, mais pas moins dommageables les uns que les autres, des
approches anthropologiques occidentales. Une certaine anthropologie symbolique
marquée par le paradigme herméneutique traite les cultures comme des textes
déconnectés de leur contexte, comme si leur compréhension relevait des processus hors
sol d’interprétation de sens. Inversement, l’anthropologie fonctionnaliste insère si bien
l’islam dans son contexte qu’elle en fait un simple prétexte ou le simple moyen de la saisie
du fonctionnement du tout de la société. Avec Asad, on s’emploiera à renvoyer dos à dos
herméneutique et fonctionnalisme. On leur préférera l’appréhension immanente de
l’ensemble de pratiques, physiquement incorporées par l’individu et visant à
l’incorporation ou à l’intégration culturelle au sein d’une communauté, qu’on nommera
« tradition musulmane » ou « rite(s) religieux de l’islam ».
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Jusqu’où symétriser ?
19 Ce que montre finalement le triple décentrement brésilien, japonais et musulman,
proposé par ces contributions, c’est que l’ensemble de la recherche occidentale en sciences
humaines est victime de la fausse familiarité du concept de « christianisme ». Parce que le
chercheur croit avoir une connaissance intuitive (et parfois expérimentale) de ce qu’est le
christianisme, il se dispense de toute contextualisation historique et sociologique de cette
notion, se contentant de la facilité d’un concept d’autant moins opératoire qu’il est plus
flou. Pourtant les travaux des historiens, tant médiévistes que modernistes (voire
antiquisants), nous rappellent sans cesse l’historicité de la notion de christianisme et du
concept de croyance qui lui est lié. C’est dans cette perspective que Christophe Grellard
propose une remise à plat du concept de croyance, afin d’en faire un concept opératoire
pour l’ensemble des sciences humaines. Nul cependant n’est plus conscient que lui des
effets dévastateurs de la projection du concept chrétien de croyance sur la richesse des
données de civilisation qui constitue l’impressionnante moisson de l’anthropologie et de la
sociologie au XXe siècle. Il faut savoir gré à Bruno Latour d’avoir démontré que l’opposition
de la foi et du savoir, de la croyance et de la rationalité, était un pur produit de l’Occident,
un moyen parmi d’autres d’instaurer entre nous et les autres un « grand partage ». Mais si
l’on a raison de vouloir revenir sur les méfaits, philosophiques autant que politiques, de ce
partage, doit-on pour cela se passer des services, pour le coup théoriques et pratiques, que
la notion de croyance est encore apte à rendre ? Pour cela, il faut dépasser la conception
étroitement philosophique de la croyance, qui en fait l’opposé du savoir, et restituer à la
notion toute son ampleur, qui permet de penser la pratique rituelle tout comme les
habitudes incorporées réglant les actions quotidiennes.
20 Sans doute peut-on retrouver de la croyance partout, à la condition d’avoir renoncé à
faire du concept (chrétien) occidental le paradigme de toute croyance. Toutefois, il ne
suffit peut-être pas de « symétriser » ainsi les croyances. Après avoir affirmé que tout le
monde croit, sur un mode à définir à chaque fois, il importe de souligner que tout le
monde, aussi, connaît. Ce défi est à relever d’autant plus urgemment que le modèle
latourien, dans sa proclamation radicale d’irréductibilité des modernes et des non-
modernes, n’a pas seulement sous-estimé la pertinence extra-européenne du concept de
croyance : il s’est rendu aveugle aux ressources théoriques du concept du rationnel. Sans
doute une entreprise comparatiste se doit-elle d’en passer par là, d’aller jusqu’à envisager
l’extension épistémologique de la mise en parallèle ou de la symétrisation des pensées.
C’est ce à quoi s’emploie Frédéric Fruteau de Laclos, en s’appuyant sur l’entreprise,
aujourd’hui malheureusement oubliée, de l’anthropologue africaniste Jacqueline
Roumeguère-Eberhardt.
21 La section « Écho » propose la réédition d’un texte saisissant dans lequel cette auteure,
travaillant à une « sociologie de la connaissance bantoue », met en œuvre sa méthode
d’épistémologie comparée. Roumeguère-Eberhardt ne s’attache pas uniquement à rendre
raison des conditions sociales de la connaissance chez les Bantous ; elle montre que les
Bantous ont élaboré et ne cessent de travailler à l’élaboration d’une connaissance de la
nature dans laquelle ils évoluent, et de la société qu’ils forment. Autrement dit, mener une
sociologie de la connaissance bantoue, c’est être conduit à identifier – et peut-être à
adopter – la connaissance sociale et l’épistémologie que les Bantous eux-mêmes
conçoivent, et auxquelles ils adhèrent. C’est croire et connaître comme eux, c’est devenir,
au moins pour une part, Bantou.
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Discours de la non-méthode
25 Comment, décidément, mener les comparaisons ? Difficile de le dire a priori. Seul le
terrain pourra nous l’apprendre. Pour ce qui est de la méthode, il faut procéder
précautionneusement ; surtout ne pas trop se donner, ne pas se précipiter sur quelque
invariant au nom duquel on ferait les rapprochements, grâce auquel on identifierait les
proximités et les différences d’un domaine ou d’une aire à l’autre. C’est le grand tort d’un
structuralisme mal compris que de s’attacher à des invariants de fait ; pire, de procéder à
partir de certains faits seulement à l’extraction d’un invariant au moyen duquel on
prétendra mener les comparaisons. Alain Petit montre que, si la présupposition d’un
invariant est fondamentale, il est essentiel aussi que l’invariant reste toujours et seulement
de droit, à l’horizon de la recherche plus que fixé d’emblée. Il faut qu’il demeure un
« invariant-fantôme », selon l’heureuse formule de l’auteur. À procéder autrement, à
refuser de « désubstantialiser » l’invariant, on s’expose au risque d’avoir à identifier une
« langue-mère », voire une « mère-nature » (on le voit dans la longue quête des racines
indo-européennes qui a animé l’histoire de la grammaire et de la mythologie comparées),
ou à tout rapporter à la structuration naturelle de l’esprit humain (comme se propose de le
faire le structuralisme de Lévi-Strauss, en une étonnante compatibilité finale avec les
sciences cognitives).
26 Entreprendre de comparer les croyances ou les représentations, c’est bien faire du
comparatisme et être comparatiste. Toutefois, le comparatisme en question ne doit pas
s’armer de trop de principes. Le comparatiste se soumettra en effet à quelques règles
essentielles pour bien diriger son esprit, mais la première d’entre elles sera sans doute de
ne pas s’alourdir l’esprit, de travailler au contraire à l’alléger, d’arriver le plus libre ou le
moins déterminé possible afin de se rendre sensible aux déterminations historiques
concrètes auquel l’expérience de terrain le confrontera. Une telle règle, qui possède les
caractères d’une non-règle ou qui exige que l’on ne s’astreigne pas à des règles a priori,
guide la démarche, historienne et comparatiste à la fois, de Carlo Ginzburg. On n’aurait
aucune peine à la retrouver dans le mode de pensée des deux sujets qu’il prend pour objet
de ses études de cas ethnophilologiques. Soit en effet, au XVIe siècle, Garcilaso de la Vega,
dit « El Inca », métis amérindien maîtrisant aussi bien l’espagnol que le quechua ; soit,
d’autre part, son contemporain John David Rhys, médecin italien né au Pays de Galles,
passé aux Amériques, et qui comprend l’italien autant que les idiomes indigènes. On
prend conscience en suivant leurs réflexions qu’eux-mêmes, aussi à l’aise dans une langue
que dans une autre, ne cessent de comparer en passant de l’une à l’autre. La comparaison
n’est pas ici question de principes, mais bel et bien une réalité, née de conditions concrètes
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Bibliographie
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Notes
1 Voir Delacroix H. (1924), « Les opérations intellectuelles », dans Dumas G. (dir.), Traité de
psychologie, t. II, Paris, Alcan, p. 194-210 ; Roustan D. (1928), Leçons de philosophie, t. I,
Psychologie, Paris, Delagrave, p. 247-254.
2 Certaines de ces recherches ont fait l’objet d’exposés et de discussions lors du colloque « Le
comparatisme en sciences humaines. Questions de méthode », organisé à la Sorbonne le 10 juin
2016 dans le cadre des activités de notre séminaire « Pour une anthropologie comparée de la
croyance » (acc.hypotheses.org).
3 On se reportera au travail que Lozerand a conduit à l’Inalco avec des collègues de toutes les
disciplines des sciences humaines en vue de « désoccidentaliser » le concept d’individu, Lozerand
E. (dir.) (2014), Drôles d’individus. De la singularité individuelle dans le Reste-du-monde, Paris,
Klincksieck. À bien des égards, nous entendons mener une entreprise du même ordre en nous
attachant à la notion de croyance.
Référence électronique
Frédéric Fruteau de Laclos et Christophe Grellard, « La croyance – y croire ou pas ? », Socio-
anthropologie [En ligne], 36 | 2017, mis en ligne le 23 novembre 2017, consulté le 02 juillet 2020.
URL : http://journals.openedition.org/socio-anthropologie/3079 ; DOI :
https://doi.org/10.4000/socio-anthropologie.3079
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Auteurs
Frédéric Fruteau de Laclos
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L’épistémologie comparée de Jacqueline Roumeguère-Eberhardt
Paru dans Socio-anthropologie, 36 | 2017
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