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TROISIÈME TOPIQUE ET ANALYSE DE LA DESTRUCTIVITÉ

Christophe Dejours
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Editions Cazaubon | « Le Carnet PSY »

2017/3 N° 206 | pages 42 à 49


ISSN 1260-5921
Article disponible en ligne à l'adresse :
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42 Actes
le Carnet PSY • avril 2017

Troisième topique
et analyse de la
destructivité
Pr Christophe DEJOURS

La question que je voudrais examiner est celle des


processus psychiques en cause dans la transformation
d’un être humain ordinaire en tortionnaire. Pour ce
faire je partirai de la clinique du harcèlement au
travail. Dans l’analyse métapsychologique de la
destructivité, je discuterai la place qui revient à ce
que Freud désigne sous le nom de pulsion d’emprise,
et j’essayerai d’en évaluer la portée, au regard de la
formalisation topique de l’appareil psychique dans ce
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que l’on désigne sous le nom de « topique du clivage »
ou « troisième topique ».

Le harcèlement au travail
Contrairement à ce qu’affirment certains auteurs, le
harcèlement au travail dont on parle tant aujourd’hui
n’est pas un phénomène nouveau. Il a toujours été
pratiqué depuis la violence exercée contre les
esclaves dans l’Antiquité égyptienne aussi bien que
partie 1

grecque et romaine, jusqu’aux ouvriers et aux


ouvrières travaillant sur les chaînes de montage
harcelés par les petits chefs, en passant par les serfs
sous l’Ancien Régime. Aujourd’hui le harcèlement au
travail est aussi exercé sur les cadres dans certaines
entreprises, en particulier depuis l’introduction du
modèle japonais de production dans les années 90.
Il consiste alors dans l’organisation de séances
publiques où en présence de ses collègues, un cadre
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est stigmatisé comme non rentable, incompétent,


parasite, toxique, dangereux par l’exemple qu’il
donne aux collaborateurs de l’entreprise, par la
menace qu’il constitue de contamination par son
mauvais esprit, son insubordination, sa surdité aux
ordres et son incapacité à tenir les objectifs. Il est
frappé d’indignité, sali par des insultes plus
grossières, vulgaires et machistes les unes que les
autres, humilié, dénoncé comme un dégénéré,
comparé bientôt à un insecte puant ou à un ver
gluant dont la place est sous terre. Le harceleur est un
cadre N +1 ou N +2, son allure extérieure est celle de
la colère, et il hurle. Mais la dramaturgie du harceleur
n’est peut-être pas l’élément le plus important de
cette mise en scène. Ce qui compte avant tout, c’est
la publicité, à savoir que les autres cadres assistent
à la séance. Personne ne bronche, personne ne
s’interpose, personne ne proteste, personne ne prend
la défense de la victime. Si les autres cadres sont
invités à cette démonstration, c’est parce qu’ils sont
directement visés par le harcèlement d’un des leurs.
Actes 43

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Une seule victime du harcèlement et c’est toute une Cette attraction se manifeste par un fantasme, dont
population qui est sous l’emprise de la peur. Mais ce la nature, toutefois est très particulière. Ce fantasme,
n’est pas tout. Le harcèlement public va plus loin en effet, se révèle sous la forme d’une image le plus
dans son action. De témoins muets de la scène, les souvent fixe, unique, qui est une réplique plus ou
collègues deviennent en fait les complices du moins fidèle de la scène fascinante initiale. Et cette
harceleur. Faute de s’être interposés pour défendre image se fait obsédante, elle fait monter l’excitation
leur collègue, ils se comporteront désormais comme et fonctionne comme une contrainte impérieuse à
des témoins qui ne témoigneront pas. « y aller », c’est-à-dire à passer à l’acte. Mutation de
l’immobilisation-fascination, passive, en domination,
C’est le parcours psychologique de ces complices,
active, par la force. Cette image obsédante ne se
dont un certain nombre deviendront à leur tour des
prête pas à la mise en intrigue. Elle n’est pas malléable,
harceleurs, que je voudrais plus précisément examiner.
elle ne se laisse pas déformer, comme dans la fantai-
Le spectacle auquel ils sont tenus d’assister joue à la
sie, ou dans ce que Freud désigne sous le nom de
fois sur la peur qu’il provoque en eux et sur la
phantasieren. Cette image, de ce fait, n’est pas un
fascination qu’il exerce sur eux. Fasciner : maîtriser,
véritable fantasme, elle ne procède pas d’un retour
immobiliser par la seule puissance du regard.
du refoulé, et ne ressortit pas à l’inconscient sexuel.
Subjuguer : mettre quelqu’un dans l’impossibilité de
C’est une image fixe qui est comme une injonction à
résister par l’ascendant, l’empire qu’on exerce sur lui.
agir, une contrainte à passer à l’acte, qui appartient
Le premier temps est donc celui d’une emprise exercée
à l’ordre de la compulsion et non à celui de la
sur les témoins par le spectacle qu’on impose à leur
pulsion que le cas du « Japonais cannibale » illustre
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regard. C’est un temps passif. L’agresseur, par la façon
bien : Issei imagine Renée - la Hollandaise à la peau
dont il exhibe son pouvoir, autant que par l’effroi qu’il
blanche - le dos tourné et lui, sortant la carabine qu’il

Destructivité et exaltation
provoque chez la victime, subjugue le témoin. Le pro-
a achetée dès son arrivée en France, visant et tirant.
cessus de harcèlement commence donc par un effet
« Je voulais manger de la chair d’une jeune fille ». Il
de capture imaginaire sur le témoin. Mais dans
l’invite chez lui et exécute le meurtre. Puis il allonge
l’ombre se joue, pour le témoin de la scène, un autre
le cadavre, essaye de la mordre, mais la peau résiste.
processus qui constitue comme un piège psychique :
Avec un couteau de cuisine, il coupe dans les parties
la jouissance. Et cette jouissance est électivement en
qu’il préfère - fesses, cuisses - et se met à manger
relation avec la destructivité qui, tapie à l’intérieur
quelques morceaux crus. Il s’attaque ensuite aux
de l’appareil psychique, trouve là, soudain, une
seins, aux lèvres, au nez, au sexe, aux mollets qu’il
occasion de décharge. La jouissance l’emporte sur le
mange tantôt crus, tantôt cuits dans la poêle et
moi, immobilise le moi. La jouissance s’accompagne
assaisonnés de sel, de poivre et de moutarde.
d’une sidération du moi, c’est-à-dire qu’elle s’éprouve
« En mangeant, je pensais très fort à elle, j’essayais
sans être pensée, corrélativement à une paralysie de
d’associer son image à ces morceaux de viande. Et
la pensée. Et c’est l’effraction de la jouissance, éprouvée
j’ai trouvé ça bon parce que c’était elle » (Libération,
sans être pensée, qui est probablement une
31 mars 1983, p. 11).
expérience inassimilable. C’est d’ailleurs ce que note
Ferenczi : « Si l’enfant (abusé) se remet d’une telle
Dans le harcèlement public, lorsque l’un des témoins
agression, il en ressent une énorme confusion ; à vrai
sera ensuite sélectionné par la hiérarchie pour
dire, il est déjà clivé, à la fois innocent et coupable, et
devenir à son tour un harceleur, le bénéfice psychique
sa confiance dans le témoignage de ses propres sens
qu’il va tirer de cette pratique, concerne d’abord et
en est brisée »1.
avant tout l’économie de la peur. Le spectacle du
Le terme de clivage est donc introduit et il est sans harcèlement public lui a fait éprouver, comme à tous
doute la clef du parcours psychique qui va du premier les autres témoins, la peur. Peur d’être peut-être
temps passif de sidération-jouissance vers le temps poussé à son tour vers la place de la victime offerte
actif du retournement contre l’autre par lequel au regard des autres. Aussi lorsqu’il en vient un jour
certains témoins deviendront à leur tour des à devenir à son tour harceleur et qu’il s’acharne sur
agresseurs. Ceux qui ont été abusés, on le sait, une victime, la peur qui l’assaillait jusque là est
deviennent ultérieurement assez fréquemment, des annulée par la décharge de la compulsion de
abuseurs. Comment se fait le passage de la position destruction. Harceler une victime, c’est une expérience
de victime à celle d’agresseur ? La jouissance qui de triomphe sur la peur, ce qui constitue un
signe l’éviction du moi ou sa mise en crise provoque ingrédient essentiel de la jouissance. Immobilisation-
une expérience d’effroi, mais en même temps fascination et peur sont maintenant remplacées par
possède une puissance d’attraction ou de capture qui leurs opposés : passage à l’acte d’un côté, exultation
est placée sous le primat de la compulsion de de l’autre. Le passage à l’acte conjure la peur,
répétition, dont Stevenson rend remarquablement l’exultation va de pair avec la décharge vers
compte dans son roman L’étrange cas du Dr Jekyll et l’extérieur de la destructivité interne. Dans le cas du
de Mr Hyde »2. Japonais, la voie du passage à l’acte est frayée par la
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psychose. Notons toutefois que l’affaire Sagawa Issei reconnaît pas dans le passage à l’acte. Le moi refuse
a eu un retentissement international « (…) De retour toute responsabilité dans l’acte de torture et il répond :
au Japon, (il) est devenu une célébrité, chroniqueur « ce n’est pas moi, c’est le diable en moi, c’est une
gastronomique passant à la télévision et écrivant une force étrangère, je n’y suis pour rien ». Toutefois, dans
vingtaine de livres aux titres douteux - Taberaretai certains cas, cette formule simpliste ne suffit pas aux
(“J’aimerais être mangé”), Hana no Pari ai no Pari gens ordinaires. Ils ont besoin de recourir à des
(“Paris la fleur, Paris l’amour”) où il revient inlassa- justifications, qui prennent alors la forme d’une
blement sur son crime… » (Ferrier M : « Art, érotisme rationalisation secondaire. Si la rationalisation
et cannibalisme au Japon » Artpress, 20 : 38-39 ; fonctionne, c’est à condition de ne pas impliquer,
2011). Mais comment le cap est-il franchi, en l’absence dans sa mise en forme, la participation du moi. Le moi
de pathologie décompensée, c’est-à-dire chez les étant hors-jeu dans le temps de la jouissance, reste
individus ordinaires ? Une réponse circonstanciée est hors-jeu au temps de la rationalisation. Si le moi de-
fournie par un ouvrage consacré à la formation des vait trouver par lui-même une explication, s’il devait
tortionnaires : Pitesti 3. Dans ce cas, on obtient la produire un travail de pensée ou de traduction de ce
transformation d’un être humain ordinaire en brute à quoi il a assisté, sinon participé, cela signifierait,
monstrueuse, en l’occurrence un étudiant, par de facto, que le clivage n’a pas tenu. Et immanqua-
l’exercice réglé de la violence physique exercée sur blement il y aurait une crise d’angoisse voire une
son corps par des professionnels de la torture. décompensation. Le clivage tient et se trouve même
renforcé si la rationalisation n’est pas une production
Mais lorsque le chemin qui mène à devenir tortionnaire du moi, mais un agrégat de stéréotypes, de slogans,
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n’est frayé ni par la psychose ni par la violence, de mots d’ordre ou de formules toutes faites,
comment rendre compte du passage ? C’est ce construit à l’extérieur, par la société. La rationalisation
problème qui est spécifiquement étudié par Christophe secondaire use d’une pensée d’emprunt, prête à
Browning dans son livre Des hommes ordinaires 4. l’emploi, qui est mise à disposition par les médias ou
Et avant lui par Stanley Milgram dans son livre par le café du commerce (par exemple les slogans de
L’obéissance à l’autorité 5. Pour Stanley Milgram, la communication d’entreprise, le réalisme économique,
l’étape décisive dans ce parcours psychique est celle la mondialisation, la guerre économique pour le
de l’autorité et de l’obéissance à l’autorité qui aboutit harcèlement au travail ; ou encore les juifs qui
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à la collaboration à la torture. C’est dans le même corrompent la pureté du sang aryen pour les tueurs
sens que va Christopher Browning. Et la thèse de du Judenrein). On pourrait montrer que ces pensées
l’obéissance à l’autorité pourrait bien convenir à ce d’emprunt sont irréductiblement agrégées à
que la clinique nous apprend des pratiques du l’imaginaire social, constitué d’un répertoire d’images
harcèlement en entreprise. En particulier ce qui nous qui fonctionnent pour l’individu comme des
est révélé par les patients qui, venant en consultation évidences antagonistes de tout travail individuel et
pour décompensation psychopathologique en personnel de pensée.
rapport avec un harcèlement dont ils sont victimes,
racontent comment, auparavant, parfois pendant des L’autre destin du moi sous l’effet de la jouissance
années, ils ont été eux-mêmes des harceleurs au ser- destructrice, se révèle lorsque le clivage est rompu :
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vice de la direction de l’entreprise et se sont acharnés quand au décours de la jouissance, le moi ne parvient
sur les victimes dont la direction voulait se débarras- pas à se maintenir en position d’extranéité. A l’issue
ser sans avoir à payer d’indemnité de licenciement 6. de la crise provoquée par l’éruption destructrice, le
Dans le retournement de la fascination-immobilisa- moi ne réussit pas à se recomposer à l’identique de
tion, en exercice de l’emprise sur la victime, le temps ce qu’il était avant la crise. La crise d’angoisse
intermédiaire utilisant l’autorité ou la violence n’est perdure et provoque l’entrée dans un processus de
peut-être pas l’élément décisif du processus. Le temps décompensation psychopathologique, névrotique,
crucial serait plutôt, me semble-t-il, celui de la psychotique ou somatique. En d’autres termes, dans
jouissance provoquée par le spectacle de l’emprise ces cas, le clivage du moi ne résiste pas à l’épreuve de
sur le témoin, puis par le passage à l’acte lorsque le la jouissance. C’est ce qu’avait entrevu Freud dans sa
témoin devient agresseur. La jouissance fonctionne communication au Congrès de Budapest en 1919.
comme un piège psychique parce qu’elle se produit Le problème alors posé n’était pas celui de la pra-
malgré le moi, elle l’emporte sur le moi et le trans- tique du harcèlement au travail, ni celui de la torture,
forme en spectateur de la compulsion destructrice. mais celui de la participation à la guerre. L’objet du
C’est pourquoi il faut maintenant examiner plus congrès était les névroses de guerre. Certains soldats
précisément ce qu’il advient du moi sous l’effet de la présentaient des troubles psychonévrotiques les
jouissance de l’expérience subjective de sa propre rendant inaptes à retourner au front. Le problème
destructivité. Le moi, mis hors jeu assiste en quelque psychopathologique auquel Freud se trouvait
sorte à la compulsion de destruction qui se produit confronté était celui de l’étiologie de la névrose de
en lui. S’il est en état de sidération le moi ne se guerre. Selon la théorie psychanalytique, l’origine de
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la névrose est à rechercher dans l’individu, dans son sémantiques, ces différences entre faire souffrir, laisser
histoire, dans son passé, dans son enfance et dans sa souffrir, laisser faire etc., ces changements de
sexualité. Les névroses de guerre, quant à elles, personne - il pourrait y en avoir d’autres, au singulier
semblaient provoquées par des causes externes, ce ou au pluriel, au masculin ou au féminin, « on »,
qui remettait en cause l’étiologie endogène de la « nous », « vous », « il(s) », « elle(s) », ces passages
névrose. Freud esquisse une réponse à cette objec- à des formes plus réfléchies (« je me fais, ou me laisse
tion à la théorie des névroses qui anticipe sur la cruellement souffrir », « tu te fais ou tu te laisses
question du clivage : ce que le moi ne parvient pas à cruellement souffrir », etc.), toutes ces modifications
maîtriser, c’est la confrontation avec « le moi guerrier ». possibles laissent un adverbe intact, un invariant qui
Le moi pacifique serait déstabilisé par la découverte semble, une seule fois pour toute, qualifier une
en lui-même d’un moi guerrier. Le conflit à l’intérieur souffrance, à savoir la cruauté : « cruellement ».
du moi serait donc la cause de la décompensation. S’il y a quelque chose d’irréductible dans la vie de
Selon cette analyse, la névrose de guerre, comme les l’être vivant, dans l’âme, dans la psyché (…) et si
autres psychonévroses, procèderait donc d’une cette chose irréductible dans la vie de l’être animé
étiologie endogène et non externe. Reste pourtant est bien la possibilité de la cruauté (la pulsion, si vous
une différence notoire. Le conflit entre le moi voulez, du mal pour le mal, une souffrance qui jouerait
pacifique et le moi guerrier semble, du point de vue à jouir de souffrir d’un faire souffrir ou d’un se-faire
topique, se situer à l’intérieur du moi. Dans les souffrir pour le plaisir), alors aucun autre discours -
psychonévroses, le conflit est situé entre l’inconscient théologique, métaphysique, génétique, physicaliste,
sexuel refoulé et le préconscient. C’est du moins ce cognitiviste, etc. - ne saurait s’ouvrir à cette hypo-
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qui semble devoir être retenu dans une première thèse. Ils seraient tous faits pour la réduire, l’exclure,
approche. Et c’est à l’analyse de ce conflit intra- la priver de sens. Le seul discours qui puisse aujourd’hui

Destructivité et exaltation
moïque que se consacre l’ouvrage de Christophe revendiquer la chose de la cruauté psychique comme
Demaegdt 7. Comme il le montre de façon son affaire propre, ce serait bien ce qui s’appelle,
convaincante, Freud ne va pas poursuivre dans cette depuis un siècle à peu près, la psychanalyse »10.
voie qu’il a pourtant ouverte. On est en 1919 et Au point où nous en sommes force est d’admettre
l’année suivante, Freud opère un basculement majeur que si l’on raisonne dans la première topique - la to-
en introduisant un Au-delà du principe de plaisir où pique du système Inconscient – Préconscient- il faut
la névrose de guerre est admise comme une névrose la compléter et faire place à deux sources pulsion-
traumatique. Névrose traumatique qui fonctionne nelles distinctes : les pulsions sexuelles d’un côté, les
comme un arrachage du couvercle de la boîte de pulsions d’emprise (ou de pouvoir) de l’autre. Avec
Pandore, d’où jaillit une force destructrice tapie au entre les deux une séparation, un clivage.
fond de l’être humain, la pulsion de mort. Dans
les Nouveaux Fondements Laplanche écrit :
« La jouissance à tout prix, c’est le travail sans frein
de la pulsion de mort » 8.

Qu’est-ce donc que cette force destructrice qui à


partir de 1920 sera analysée comme pulsion de mort ?
En fait ce n’est pas une découverte nouvelle pour
Freud. Auparavant, la destructivité, il l’avait envisagée Soit ! Mais la question qui vient alors est celle de
sous le titre de pulsion d’emprise. « En 1905, la pul- l’origine de ces deux systèmes séparés. Pour ce qui
sion d’emprise n’avait pas pour but la souffrance est de l’inconscient sexuel on sait que sa formation
d’autrui, mais simplement n’en tiendrait pas est le résultat du refoulement. Dans la lecture que
compte 9» . Et en suivant encore Laplanche et Laplanche propose des textes de Freud, il aboutit à
Pontalis : « Freud entend par pulsion d’emprise une une théorie traductive du refoulement. En substance
pulsion non sexuelle qui ne s’unit que secondaire- il s’agit de soutenir les élaborations premières de
ment à la sexualité et dont le but est de dominer Freud, dont on retrouve par la suite plusieurs
l’objet par la force ». Elle constitue le seul élément répliques en dépit de son abandon des neurotica en
présent dans la cruauté originaire de l’enfant. 1897 11 et de l’assertion selon laquelle la source de la
Derrida traduit Bemächtigungstrieb par pulsion de pulsion se trouverait dans le biologique. Assertion
pouvoir. « Si je dis à l’instant, dans votre direction que Laplanche voit comme un fourvoiement
mais sans destinataire identifiable : « Oui, je souffre biologisant de la sexualité 12. Laplanche se retrouve
cruellement », ou encore : « On vous fait ou on vous plus près de la conception de Ferenczi dans le texte
laisse cruellement souffrir », ou bien encore : « Vous déjà cité sur La confusion de langues entre l’adulte et
la faites et vous le laissez cruellement souffrir », l’enfant. Sur la base d’une communication primitive
voire : « Je me fais ou je me laisse cruellement entre l’enfant et l’adulte (relevant de l’autoconservation,
souffrir », eh bien, ces variations grammaticales ou plus précisément de l’attachement entendu comme
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une disposition naturelle de l’enfant, innée et non résultat de la séduction inévitablement associée par
sexuelle), l’adulte répond aux messages corporels de l’adulte aux soins qu’il donne à l’enfant. La théorie
l’enfant (grasping, fouissement, recherche du contact de la séduction assigne donc à l’autre adulte la
avec la chaleur du corps de l’adulte) par des responsabilité d’entraîner l’enfant dans la sexualité
comportements de soin : portage, maintien du corps humaine. C’est ce que Laplanche vise lorsqu’il parle
de l’enfant contre son corps d’adulte, nourrissage, de « primat de l’autre » ou de « retournement
etc… Ces comportements de soin de l’adulte passent copernicien » 13.
par un corps à corps avec le corps de l’enfant qui
provoque en lui de l’excitation sexuelle. De sorte que Les accidents de la séduction
les messages auto-conservatifs ne peuvent pas Dans cette dynamique de séduction-traduction, il y a
demeurer rigoureusement dans le registre instru- du côté de l’adulte les comportements de soin et du
mental du soin ou de l’hygiéno-diététique. Ces côté de l’enfant l’éveil d’une sexualité qui doit
messages sont compromis par son inconscient sexuel. beaucoup aux jeux que ce dernier expérimente avec
De facto les messages de l’adulte sont contaminés son corps et avec le corps de l’adulte. L’étayage de la
de sexuel. C’est ce que Laplanche désigne sous le pulsion sexuelle sur les fonctions organiques n’est
nom de « message compromis ». Dans ce corps à pas un processus solipsiste et endogène. L’étayage se
corps du soin, l’adulte « implante » dans le corps de joue entre l’adulte et l’enfant. A condition toutefois
l’enfant un message qui a une fonction calmante au que l’adulte soit capable de jouer à ces jeux avec
regard de l’état endocrino-métabolique de l’enfant. l’enfant. C’est la situation ordinaire qui préside à la
Mais il a aussi une dimension excitante, au plan formation de la sexualité infantile. Mais parfois
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érotique et sensuel cette fois. Cette excitation l’adulte est à son tour débordé par l’excitation qui se
sensuelle est tendanciellement déstabilisante pour le développe en lui au cours de ces jeux du corps. C’est
moi en formation de l’enfant et devient de ce fait cette situation que Ferenczi analyse dans son texte
exigence d’un travail particulier, visant la liaison de sur la confusion de langue. L’adulte emporté par son
cette excitation. Ce travail, selon Laplanche, prend la inconscient sexuel abuse de l’enfant. Et Ferenczi d’en
forme d’une traduction du message par l’enfant. examiner les conséquences sur le développement de
Je dirais personnellement que la traduction ne porte l’enfant où le clivage occupe une place importante.
pas directement sur le message. Ce que l’enfant Dans mon expérience clinique, en particulier dans le
partie 1

cherche à comprendre et à traduire, c’est ce qui champ de la psychosomatique, j’ai pu noter que ces
s’éprouve dans son corps sous l’effet des jeux autour des soins du corps peuvent parfois exciter
soins-messages-compromis de l’adulte. La traduction l’adulte au point de provoquer un comportement
- liaison de l’excitation - profite, lorsque le procès compulsif. Non pas dans le sens de l’abus sexuel,
parvient à son achèvement, à l’accroissement du pré- mais d’un mouvement d’aversion et de haine contre
conscient et du moi de l’enfant. le corps de l’enfant qui, via la perte de contrôle de
son excitation, aboutit à des actes de violence contre
le corps de l’enfant.
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Mais dans l’ombre de la traduction, il y a inévitable- L’enfant débordé par l’excitation que provoque en lui
ment du non-traduit, un résidu qui a échappé à la la violence de l’adulte, ou l’abus sexuel, ne peut plus
traduction, non seulement parce que l’enfant ne penser. Le moi de l’enfant entre en crise et risque la
dispose encore que de moyens limités de traduction, rupture à moins de réagir in extremis par un état de
mais parce que toute traduction est imparfaite et stupeur, de sidération, de paralysie du préconscient.
laisse en attente du non-traduit. C’est ce non-traduit Dans cette situation, le moi étant mis hors-jeu, il ne
persistant dans le corps comme source d’excitation, peut pas y avoir de travail psychique, il ne peut pas y
qui constitue l’inconscient sexuel refoulé. Le refoule- avoir de traduction. S’il n’y a pas de traduction, il ne
ment, en somme, est le pendant inévitable du travail peut pas non plus y avoir de reste de traduction.
de traduction produit par le moi de l’enfant. C’est En d’autres termes, la dynamique traduction-résidu
ainsi que la sexualité vient à l’enfant. Elle est le de traduction étant impossible, il n’y a pas de place
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ici pour le refoulement. Ce qui sédimente au plan du spécifions sous le nom de sadisme quand nous la
fonctionnement psychique ne peut donc se situer du trouvons au service de la pulsion sexuelle », à propos
côté inconscient sexuel refoulé/préconscient. Au plan de quoi commentant Freud, Laplanche et Pontalis
topique se forme un autre inconscient, non refoulé, écrivent : « Freud entend par pulsion d’emprise, une
non-traductif, radicalement intraduit que j’ai proposé pulsion non sexuelle qui ne s’unit que secondairement
de désigner sous le nom d’inconscient amential. à la sexualité et dont le but est de dominer par la
Cet inconscient qui ne procède pas du refoulement force ». C’est sans doute l’élément le plus dérangeant
se forme par une opération de proscription, d’exclusion, du point de vue métapsychologique, en l’occurrence
ou d’enclavement, terme retenu par Laplanche : du point de vue de l’anthropologie psychanalytique :
au lieu d’inconscient amential, il propose le terme le clivage entre les deux inconscients serait présent
d’inconscient enclavé 14. Cette topique fait apparaître chez la plupart des êtres humains ordinaires, et pas
le clivage non pas comme une défense, mais comme seulement chez les psychotiques, les border-line ou
le résultat topologique de la différence entre les les sujets à réactivité somatique. Conséquence
procès de formation des deux inconscients, l’un par le topique des conduites compulsives de l’adulte à
refoulement, l’autre par la proscription. Il en résulte forme d’abus sexuel ou de violence sur le corps des
donc que chez la majorité des êtres humains enfants, l’inconscient amential et son corollaire la
ordinaires s’est formé dès l’enfance un clivage entre pulsion d’emprise (ou de pouvoir) résultent d’un
deux inconscients, l’inconscient sexuel refoulé et procès de formation probablement inévitable.
l’inconscient amential. L’étendue topique de l’inconscient amential, toutefois
est sans doute variable d’un individu à l’autre, en
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fonction de l’importance des violences physiques ou
sexuelles dont il a été victime dans son enfance.

Destructivité et exaltation
Dans la vie sociale quotidienne des individus
ordinaires, la réserve de destructivité contenue dans
l’inconscient amential est invisible. Parce que
lorsqu’elle se décharge à l’ombre de la jouissance,
cette dernière ne se manifeste que dans l’exercice de
certains activités, en particulier dans le monde du
Le premier inconscient, sexuel refoulé, est la source
travail (qu’il s’agisse de l’entreprise, des actions de
interne des pulsions sexuelles. Le secteur topique où
guerre ou de la pratique de la torture), plus ou moins
il joue un rôle organisateur, possède toutes les
bien séparées de la vie sociale ordinaire. Ainsi la
caractéristiques apparentes d’un fonctionnement
séparation des sphères sociale et privée peut-elle
névrotique : le refoulé tend à revenir dans le
répliquer et parfois contribuer à maintenir le clivage
préconscient sous les formes variées de l’acte manqué,
qui s’est formé à l’intérieur de la subjectivité. En fin
du lapsus, du fantasme, du rêve, du souvenir de
de compte s’éclaire l’énigme de la collaboration de
couverture et du symptôme. La censure entre
tant de gens ordinaires (c’est-à-dire de gens qui ne
l’inconscient sexuel refoulé et le préconscient
sont pas des pervers organisés), à des actes de
fonctionne comme une membrane semi-perméable.
destructivité allant jusqu’à la torture, sans que cela
En revanche pour l’inconscient amential, en temps
leur occasionne de difficulté psychique majeure. Ils
normal, il n’y a pas de retour. Lorsque, toutefois il se
collaborent, ils consentent à apporter leur concours à
produit, le retour prend la forme de la pulsion
des actes que le sens moral réprouve, et que bien
d’emprise ou pulsion de pouvoir, et son expression
souvent d’ailleurs, ils réprouvent eux-mêmes… du
passe essentiellement par le registre de l’acte - passage
moins dans leur secteur névrotique (inconscient
à l’acte - cruauté originaire de l’enfant, dit Freud,
refoulé/préconscient).
destructivité plus ou mois bien ordonnée du
harcèlement, de la participation aux actes guerriers
ou aux pratiques de la torture, chez l’adulte. Et ce
passage peut se produire à l’insu du moi. A moins
que, profitant de l’occasion de ce passage, l’incons-
cient sexuel refoulé apporte à l’acte une contribution
qui est une forme particulière de co-excitation
sexuelle. C’est ce que Freud, semble-t-il, indique
lorsqu’il écrit en 1913, à propos de « la prédisposition
à la névrose obsessionnelle » : tandis que la passivité
est soutenue par l’érotisme anal, « l’activité est due
à la pulsion d’emprise au sens large, pulsion que nous
48 Actes
le Carnet PSY • avril 2017

Destructivité et décompensation dans des limites où la destructivité ne se manifeste


Reste bien sûr une dernière question : en l’absence sous aucune forme ? La topique du clivage dans ce
d’ouverture bien tempérée de la brèche du clivage, cas est maintenue grâce à la barrière qu’oppose à
c’est-à-dire d’une activité « professionnelle » offrant l’inconscient amential le système conscient. Système
la possibilité de jouir de sa destructivité, que devient très particulier, composé d’un mixte d’imaginaire
l’inconscient amential ? Dans toutes les situations où social et de pensée d’emprunt, approprié subjective-
la jouissance est provoquée par la séduction venant ment sur le mode de l’adhésion à une idéologie mise
de l’autre, directement dans l’expérience érotique (au à disposition par la société, dont il a déjà été question
sens où l’entend Georges Bataille) ou indirectement précédemment à propos de la rationalisation
dans le champ social (comme le harcèlement public, secondaire. Mais il s’agit là d’une question aussi
les jeux du cirque ou les films trash proposés par difficile que dérangeante, qu’il n’est pas possible
internet), il y a un risque de rupture non-tempérée du d’envisager dans le cadre de cet exposé, qui a été
clivage. Et lorsque survient l’éruption amentiale, il y abordée récemment par Isabelle Gernet au cours des
a soit un passage à l’acte violent (le raptus clastique), Journées internationales Jean Laplanche de Tutzing
la fureur, soit une déstructuration de la topique (juin 2016).
psychique, dont la forme clinique à la phase d’état
est l’amentia, décrite par Meynert 15, c’est-à-dire un
état de confusion mentale avec une angoisse
majeure. L’amentia ou la lutte éperdue contre la crise
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amentiale, se traduit toujours par une décompensation
psychopathologique ou somatique grave. C’est
pourquoi il est possible de reconnaître dans ce
réservoir de destructivité que constitue l’inconscient
amential hérité des accidents de la séduction, ce qu’à
partir de 1920 Freud vise sous le nom de pulsion de
mort. Dont la désignation toutefois mériterait un
correctif. Qu’il s’agisse du raptus amential, ou de la
jouissance bien tempérée de la destructivité, pulsion
partie 1

Conclusion
d’emprise et pulsion de mort ne sont pas des Freud déclare en 1938 : « Je me trouve pour un
pulsions. La définition de la pulsion en effet est donnée, moment dans l’intéressante position de ne pas savoir
en 1915 : « exigence de travail imposée au psychisme
si ce que je vais communiquer doit être considéré
du fait de ses relations avec le corps ». Dans l’esprit comme étant depuis longtemps connu et allant de
de ce texte métapsychologique, la pulsion est soi ou comme étant pleinement nouveau et
sexuelle et implique un travail psychique. La pulsion déconcertant. Tel est je crois plutôt le cas »16.
d’emprise et la pulsion de mort quant à elles ne sont La topique du clivage plaide effectivement dans le
pas sexuelles, même si elles sont des rejetons des ac- sens de la conclusion de Freud. Le clivage est-il une
cidents de la séduction. C’est pourquoi il serait plus
banalité ? Oui, c’est une banalité dans la mesure où
ACTES BB-ADOS 2016-

juste de parler de « compulsion non sexuelle de mort ».


on le retrouve finalement chez la plupart des
humains. Ce qui n’est pas banal, en revanche, c’est
d’apprécier, ensuite, les conséquences de cette banalité
au regard de la théorie du fonctionnement psychique
ordinaire, c’est-à-dire les conséquences métapsycho-
logiques de cette banalité et de ce que cette dernière
implique non seulement au plan anthropologique,
mais, au-delà, au plan politique ; à savoir : qu’il y a
dans tout être humain, avec l’inconscient amential,
ce qu’il faut pour en faire un tortionnaire.

Pr Christophe Dejours
Psychiatre, Professeur de la Chaire de
Reste la dernière configuration, où la topique du Psychanalyse-Santé-Travail au Conservatoire
clivage perdure, sans jouissance ni décharge de National des Arts et Métiers (CNAM). Directeur de
l’inconscient amential, de façon stable, parfois sans Recherches au Laboratoire PCPP de l’Université
aucune décompensation pendant une vie entière. Paris Descartes, Président du Conseil scientifique de
Comment l’inconscient amential est-il alors contenu la Fondation Jean Laplanche, psychanalyste APF
Actes 49

le Carnet PSY • avril 2017


Notes

1- Ferenczi (1932) : « La confusion de langue entre les


adultes et l’enfant » in Psychanalyse IV, Œuvres
complètes, Paris, Payot, 1982, p. 131.
2- Stevenson R L (1886) : The Strange Case of Dr
Jekyll and Mr Hyde. Traduction par C-A Reichen,
Lausanne, La guilde du livre (1991). Chapitre X : « Le Dr
Jekyll s’explique » p. 105-136.
3- Ierunca V (1981) : Pitesti. Laboratoire concentration-
naire (1949-1952), Préface de François Furet. Paris,
Editions Michalon, 1996.
4- Browning C. (1992) : Ordinary Men. Harper
Collins Publishers. Inc. Traduction française : Des
hommes ordinaires. (Le 101ème bataillon de réserve de
la police allemande et la solution finale en Pologne).
Préface P. Vidal-Naquet. Les Belles Lettres. 1994.
5- Milgram S. (1974) : Obedience to Authority. New York,
Harper and Row.
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6- Peze M. (2010) : « Le harcèlement au travail :
contrainte par corps » in Observations cliniques en psy-
chopathologie du travail, Paris, PUF, Coll. Souffrance et

Destructivité et exaltation
théorie, p. 109-130.
7- Demaegt C. (2016) : Actuelles sur le traumatisme et
le travail, Paris, PUF, Coll souffrance et théorie.
8- Laplanche J. (1987 ) : Nouveaux fondements pour la
psychanalyse, Paris, PUF, p. 6.
9- Laplanche J. et Pontalis J-B (1967) : Vocabulaire de la
psychanalyse ; article : « emprise (pulsion d’) ».
10- Derrida J. (2003) : L’impossible au-delà d’une
souveraine cruauté, in R. Major (dir) : « Etats généraux
de la psychanalyse (juillet 2000) ». Editions Aubier
Flammarion, Paris, p. 177-228.
11- Freud S. (1897) : Lettre n°69 du 21 septembre 1897
in La naissance de la psychanalyse, Paris, PUF, 2009,
p. 190-193, Freud S. (1912) : « Du rabaissement
généralisé de la vie amoureuse » OCFP tome XI Paris
PUF, p. 127-141.
12- Laplanche J. (1993) Problématiques VII : Le four-
voiement biologisant de la sexualité chez Freud, Paris,
PUF , 2006
13- Laplanche J. (1992) : Le primat de l’autre en
psychanalyse. Chapitre « La révolution Copernicienne
inachevée », Flammarion, 1997, p III – XXXV.
14- Laplanche J. (2007) : « Sexual : la sexualité élargie
au sens freudien » 2000-2006, Paris, PUF , 302 pages :
« Trois acceptions du mot “inconscient” dans le cadre de
la théorie de la séduction généralisée », p 195-214.
Inceste et sexualité infantile, (Conférence de Vienne
2006), p 275-292.
15- Meynert T. (1867) : « Der Bau der Großhirnrinde und
seine örtlichen Verschiedenheiten, nebst einem patho-
loisch-anatomischen Korollarium ». Vierteljahrsschrift
für Psychiatrie, 1867-1868, 1: 77-93, 126-170, 198-217;
2: 88-113.
16- Freud S. (1938) : « Le clivage du moi dans le
processus de défense », OCFP, vol XX, p 221.

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