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Guy de Maupassant
LIRE L’ŒUVRE
QUESTIONNAIRE DE LECTURE (p. 303)
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Dès le début de la nouvelle, les raisons qu’il nous donne pour expliquer
le fait que l’on a surnommé son personnage Saint-Antoine, sont sans
doute à mettre en relation avec la popularité dont jouissait le saint
Patron des charcutiers dans cette région, la Normandie où l’on sait bien
préparer tous les produits issus du porc. L’arrivée du soldat prussien
qu’Antoine va s’efforcer de gaver, détourne l’histoire du saint d’abord en
une sorte de farce, à la verve « paysanne », bien connue depuis le Moyen
Âge et que Maupassant pratiquait lui-même puisque dans un écrit dédié
à Flaubert, il a même prêté sa plume au cochon de saint Antoine.
Puis la farce devient drame et la brutalité et la lâcheté d’Antoine,
annoncées dès le début de la nouvelle, se révèlent dans toute leur
ampleur. La chute de la nouvelle qui voit l’arrestation et la condamna-
tion d’un innocent aubergiste pour le meurtre du Prussien, tandis
qu’Antoine, grâce à sa rouerie n’est pas inquiété, fait basculer la nou-
velle dans une vision totalement cynique et pessimiste de la nature
humaine : décidément l’homme n’est pas un saint et le Saint-Antoine
de la nouvelle est bien proche de l’animal, c’est même un « cochon »
comme on aurait pu dire dans ces campagnes normandes !
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LES PERSONNAGES
L’onomastique
6. Dans les noms de Sauvage et de Morissot, on retrouve le vocable
sot. Il faut, en effet n’être pas très malin pour se risquer à aller pêcher
sous le feu des canons ennemis, emporté par l’euphorie procurée par
l’absinthe. Le portrait des deux boutiquiers, leurs activités, la platitude
de leurs conversations, tout converge pour faire de nos deux amis un
couple à la façon de Bouvard et Pécuchet, en plus banal. Le contraste
avec leur mort sera d’autant plus saisissant.
7. La première phrase du Lit 29 montre que le capitaine Épivent fait
tourner la tête des femmes dans la rue, au propre comme au figuré ;
comme le vent qui emporte tout sur son passage le capitaine soulève
les cœurs. Il est l’archétype de l’officier séducteur, personnage tradi-
tionnel des villes de garnison à cette époque. De plus, sa « superbe »
moustache a « la couleur » du « blé mûr » (p. 199, l. 5).
Du vent, il a aussi la légèreté et l’inconstance comme le montrera son
comportement face à Irma dont il ne comprendra pas le sacrifice, pré-
férant la fuite à la compromission de sa réputation.
Peut-être peut-on aussi songer à Rabelais et au capitaine Engoulevent
dans la guerre pichrocoline même si Épivent ne se comportera pas en
avaleur de vent pendant la guerre franco-prussienne, Irma le traite
cependant de « capon » à la fin de la nouvelle.
8. On sait que le Père Antoine est décrit comme « un peu couard et fan-
faron » (p. 80, l. 18). Le nom de son chien, destiné à effrayer en en fai-
sant une sorte de monstre assoiffé de sang, conforte le lecteur dans
l’impression que veut lui donner le narrateur face à son personnage,
tout en soulignant la bestialité de ce dernier quand il exécutera le Prus-
sien. Dévorant se contentera de hurler. Son maître le traitera de « sale
rosse » (p. 86, l. 230), ce qui en dit long sur l’animal, et il aura beau
avoir « les crocs au vent » (p. 86 ; l. 228), ce sont les dents de la fourche
qu’Antoine plantera dans le prussien. Ironie, inversion des rôles sont ici
encore présentes comme sans doute aussi dans le fait que c’est le Prus-
sien qui dévore sans cesse et que, comme le chien, il n’a rien de vrai-
ment redoutable !
9. Le moins qu’on puisse dire est que la mère Malivoire porte bien son
nom puisqu’elle n’a pas vu s’arrondir la taille de sa fille… Quant à
Céleste, elle n’a rien qui puisse l’apparenter à une créature séraphique,
préoccupée qu’elle est d’épargner son argent, fût-ce en commettant le
péché de chair…
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l. 40-43), que la seule et unique question qui les préoccupe, est celle
de leur avancement L’Héritage, (p. 109, l. 1-8). Le reste de l’année, on
s’occupe à parler de la vie privée des uns et des autres comme dans
L’Héritage ou à jouer de vilains tours aux plus médiocres, comme M.
Oreille dans Le Parapluie ou le père Savon dans L’Héritage, promus
alors au rang de boucs émissaires destinés à faire oublier un moment
leur condition aux autres employés.
Avant les théoriciens de l’Absurde au XXe siècle, Maupassant en dénon-
çant l’inanité de ces vies, développe un véritable pessimisme quant à
la condition de l’Homme.
16. Le fonctionnaire des années 1880 se rend chaque jour à la même
heure à son bureau ; rien ne vient jamais le surprendre au milieu de cette
routine. C’est pourquoi le moindre incident susceptible d’apporter un
changement à cette monotonie prend l’allure d’une révolution.
17. Si on se réfère à la totalité des nouvelles de Maupassant dans ce
recueil, aucun milieu ne semble épargné par le trait noir et parfois cruel
du narrateur. L’argent, la vanité et l’hypocrisie semblent des constantes
quelque soit le milieu où vivent les protagonistes. La seule distinction
vraiment pertinente au sein de chaque milieu entrevu, semble être celle
qui s’opère entre victimes et dominateurs.
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l’égard d’une société dont la rigueur morale n’est en fait qu’un jeu
d’apparence, et qui se distingue ainsi par une absolue hypocrisie envers
les règles qu’elle s’est données.
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Les personnages
1. Les aspects des personnages privilégiés par le narrateur
Texte 16 : le narrateur met l’accent sur l’obstination du Père Savon
(l. 40-44) et sur son désarroi dès lors que les choses ne se déroulent
pas comme d’ordinaire. Par ailleurs, il souligne sa niaiserie en lui fai-
sant attribuer ses déboires à la mauvaise qualité des fournitures, et non
à la cruauté de ses collègues. Ce faisant, il le rend cependant pitoyable
(l. 169-172).
Les collègues quant à eux, même s’ils sont nommés, sont tous dépour-
vus de la même absence de dignité, chacun se laissant aller à l’anima-
lité enfouie en lui sous les apparences habituellement policées
(l. 150-155).
Texte 17 : le premier paragraphe insiste sur la vitalité du paysan, le
deuxième sur son allure, le troisième sur sa situation sociale avant
d’évoquer, dans les dernières lignes, la force peu commune du person-
nage d’où il tient son surnom.
Texte 18 : le passage est surtout consacré à souligner l’avarice de
Madame Oreille comme le montre l’abondance du champ lexical de l’ar-
gent qui sature tout l’extrait. Seules les deux dernières lignes s’inté-
ressent à son portrait physique et moral (l. 18-19).
Texte 19 : il s’agit dans cet extrait d’un des portraits les plus détaillés
que Maupassant nous donne à lire dans ces nouvelles, en particulier
concernant les caractéristiques physiques d’Épivent et notamment
sa moustache sur laquelle le narrateur s’attarde longuement, comme
il le fait dans son roman Bel-Ami, à propos de Duroy, au début du
roman.
Texte 20 : la nouvelle s’ouvre sur le portrait physique et psychologique
du premier protagoniste, Maître Chicot, puis sur sa situation sociale et
son obstination à obtenir la ferme de la Mère Magloire, avant de décrire
longuement cette dernière (en insistant sur son endurance (l. 12-13), sa
rapacité implicite (l. 21-23), sa probable ténacité (l. 23-25).
2. Ces personnages comme des types
Ces personnages peuvent être perçus comme des types car tout en
semblant très précis, ils demeurent suffisamment vagues pour corres-
pondre à des modèles très répandus : le Père Savon est caractéristique
de n’importe quel petit fonctionnaire besogneux, et obstiné, dépourvu
de tout recul critique, ce qui en fait la proie facile de ses collègues,
moins fragiles car plus calculateurs. Saint-Antoine apparaît comme le
type du paysan normand vantard et bon vivant, Madame Oreille est un
modèle de femme avare, sèche de corps et de cœur. Le capitaine Épi-
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vent est le Don Juan des villes de garnison, homme à femmes en rai-
son de sa belle prestance virile. Maître Chicot et la Mère Magloire cor-
respondent aussi à des types de Normands.
3. Les textes 17 à 20 sont des incipit et présentent donc les person-
nages comme le ferait une scène d’exposition au théâtre. Il faut cepen-
dant remarquer que le narrateur ne se limite pas seulement à cette
présentation ; ses personnages expriment tous des caractéristiques qui
peuvent être lues comme des mises en abyme de la nouvelle : le por-
trait de Saint-Antoine nous apporte tous les éléments qui expliqueront
ses actes futurs comme c’est aussi le cas pour Madame Oreille, le capi-
taine Épivent, Maître Chicot et la Mère Magloire.
Seul le portrait du Père Savon ne figure pas dans l’incipit de la nouvelle
L’Héritage. Le narrateur présente d’abord la vie du ministère, les dif-
férents collègues du bureau entourant Cachelin, avant de s’attarder sur
le Père Savon pour montrer sans doute toute la noirceur médiocre de
ces hommes ; c’est bien sur ce type de comportement que reposera la
nouvelle, en bousculant au passage les rôles puisque Maze se retrou-
vera sans le vouloir dans une situation aussi peu glorieuse que celle du
Père Savon, précédé en cela par Cachelin lui-même et par son gendre
victimes à leur tour de la mauvaise farce de la sœur de Cachelin. Le
portrait du Père Savon constitue lui aussi une sorte de mise en abyme,
celle de son atmosphère délétère.
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ARGUMENTER, COMMENTER, RÉDIGER
GROUPEMENT DE TEXTES :
JUGEMENTS CRITIQUES (p. 363)
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COMMENTAIRES
Sujet 9
TEXTE 33 • En famille (l. 439-473, p. 21-22)
Dans une nouvelle qui se déroule à l’intérieur, ce passage constitue une
des rares sorties vers l’extérieur et contraste par son atmosphère avec
l’univers étouffant où évoluent d’habitude les personnages de En
Famille. Néanmoins, la fin avec les réminiscences évoquées, replonge le
personnage de Caravan dans l’évocation familiale.
1. La description s’organise d’abord autour du déplacement de Cara-
van et du Dr Chenet qui effectuent une sortie nocturne jusqu’à la Seine
après avoir dîné. Le narrateur s’attache à restituer les sensations olfac-
tives sans doute éprouvées par Caravan dans le premier paragraphe
avant d’évoquer son regard qui se perd dans « l’avenue » et semble
ensuite se diriger vers le lointain et l’imaginaire, au bruit d’un train en
route vers « l’Océan ». Après quelques lignes de récit (l. 450-456), la
description reprend et s’enchaîne sur un autre élément aquatique, la
Seine, d’abord perçue par l’odorat avant de l’être par la vue, puis de
nouveau par l’odorat du personnage. Les sensations sont donc un élé-
ment essentiel de l’organisation de cette description.
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mauvais », comme l’était son mari. Elle peut alors faire subir à l’ani-
mal perfide la violence qu’elle n’aurait jamais pu exercer contre son
mari et dont elle ignorait vraisemblablement l’existence en elle, ce qui
explique qu’elle soit aussi « bouleversée » à la fin, sentant que son
geste a quelque chose d’un « horrible crime ».
4. La nouvelle s’achève sans que l’on sache pourquoi le perroquet a pu
prendre le rôle du disparu, en exprimant la même violence verbale.
L’ambiguïté demeure : Patin possédait-il cet oiseau sans que sa femme
le sache et lui a-t-il appris à s’exprimer comme lui ? ou bien s’est-il
réincarné dans le perroquet afin de pouvoir continuer à tourmenter son
épouse une fois mort, comme pour lui faire subir un châtiment sans
fin ? Le narrateur ne résout pas la question, laissant planer un mystère
qui inscrit la nouvelle dans un registre proche du fantastique.
DISSERTATIONS
Sujet 13
Si Marcel Arland insiste sur le dépouillement, la simplicité des sujets
des nouvelles de Maupassant et voit dans ce procédé les raisons de leur
réussite, il ne faut pas cependant oublier qu’il s’agit en fait d’une « illu-
sion » de réalité.
I. La nouvelle, un simple fait divers, dans lequel le narrateur oriente
l’interprétation et l’émotion de son lecteur.
1. Des histoires simples voire parfois banales
2. Généralement inscrites dans une durée assez brève.
3. Permettant d’en dégager une leçon ou du moins une conclusion
implicites sur la nature humaine ou sur l’influence de la société sur les
hommes, par l’émotion provoquée sur le lecteur.
II. En fait, la nouvelle comme une « apparence de rien »
1. L’anecdote vecteur de questions essentielles sur la condition humaine.
2. Le « rien » synonyme de l’absurdité de l’existence.
3. La brièveté de la forme au service de la pérennité de la noirceur de
la destinée.
III. Le « triomphe » non d’un genre mais d’une poétique
1. L’illusion d’une lecture facile.
2. Au-delà de la simplicité, des thèmes récurrents qui constituent une
unité poétique.
3. La vision d’un artiste sur le monde qu’il recrée et ne restitue pas seu-
lement à la manière d’un journaliste évoquant un fait divers.
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Sujet 14
I. Solidarité des nouvelles de Maupassant entre la première phrase et
la fin du récit.
1. L’effet d’annonce de la première phrase.
2. La première phrase va permettre une construction enchâssée en
mettant un personnage, parfois le narrateur, dans une situation parti-
culière et lui permettre d’avoir le dernier mot et donner ainsi une unité
au récit.
3. La première phrase comme préparation à la mise en abyme des thèmes
de la nouvelle.
II. Mais une solidarité qui s’étend à l’ensemble de la construction de
la nouvelle
1. Le titre de la nouvelle comme principe essentiel du dénouement.
2. La nouvelle comme un ensemble solidaire organisé autour de la
caractérisation des personnages
3. La nouvelle, une unité narrative dont chacun des éléments est indis-
sociable.
III. Une poétique du puzzle fédérée par des structures et des thèmes
récurrents où la surprise du lecteur est cependant ménagée
1. Dès la première phrase, une structure identifiable mais qui cepen-
dant ne dévoile pas le dénouement.
2. Des thèmes récurrents placés sous le signe du pessimisme.
3. Une correspondance entre le début et la fin qui relève moins de l’in-
tensité dramatique ou de la maîtrise parfaite d’une technique narrative
que d’un désir de placer toute vie humaine sous le signe de l’ennui et
de la souffrance.
En conclusion, si la réflexion de Baudelaire est pertinente, elle est aussi
restrictive et la préparation du dénouement est à lire à travers des élé-
ments beaucoup plus complexes que la seule première phrase.