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Séminaire Calcul Parasismique des Structures CNAT, du 19 au 21 Octobre 2003

MESURE DES PROPRIETES DYNAMIQUES DES SOLS

ESSAIS SUR SITE


MEZOUER Nourredine,
Chargé de Recherche au CGS
Chef d’Equipe Recherche Expérimentale en Dynamique des Sols

1. Introduction

Les mesures des caractéristiques des sols constituent l’un des aspects fondamentaux de la
mécanique des sols en général et la dynamique des sols en particulier. Les modèles les plus
élaborés, les calculs les plus compliqués ne sont d’aucune utilité si les paramètres d’input de
ces modèles ou de ces calculs sont mal connus ou incorrects.

Pour la détermination des paramètres dynamiques des sols, des méthodes d’essai au
laboratoire sur échantillons et des méthodes d’essais in situ ont été développées parallèlement.
En aucun cas ces deux approches ne s’excluent, elles sont souvent complémentaires l’une de
l’autre. Les avantages et les limites de chacune de ces méthodes sont connus et doivent être
examiner rigoureusement pour cerner le domaine de validité de chacune d’elles.

La détermination des caractéristiques dynamiques des sols est nécessaire pour l’analyse des
sites pouvant recevoir des ouvrages de grande importance. Ces caractéristiques permettront
d’étudier les phénomènes sismique liés au sol ainsi que leur effets sur les structures tels que :

•Réponse des sols aux ondes sismiques

•Réponse des sols aux machines vibrantes

•Etude de la stabilité des pentes vis à vis des séismes

•la réglementation (calcul des spectres spécifiques),

•stabilité des pentes (barrage),

•liquéfaction

2. Théorie de l’élasticité

La méthode sismique est fondée sur la propagation d’ondes élastiques dans les différentes
formations géologiques. Comme cette propagation dépend des propriétés élastiques des
roches, nous allons exposer sommairement les bases de l’élasticité.

2.1 Généralités

La dimension et la forme d’un corps solide peuvent se modifier si l’on applique des forces à la
surface de ce corps. A ces forces externes, correspondent des forces internes qui s’opposent
aux changements de dimension et de forme.
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Aussi le corps tend à revenir dans sa situation initiale lorsque les forces externes sont
supprimées. D’une manière comparable, un fluide s’oppose aux changements de dimension
(volume), mais pas aux modifications de forme. Cette propriété de s’opposer aux
modifications de dimension ou de forme et de revenir à la situation primitive quand les forces
extérieures sont supprimées s’appelle élasticité. Un corps parfaitement élastique retrouve
intégralement son état initial après avoir été déformé. De nombreux corps, dont les roches,
peuvent être considérés comme parfaitement élastiques, sans erreur sensible, à condition que
les déformations qu’ils subissent soient petites.

La théorie de l’élasticité lie les forces appliquées à la surface extérieure d’un corps avec les
modifications résultantes en dimension et en forme. Les relations entre ces forces et ces
modifications sont exprimées le plus commodément en utilisant les concepts de contrainte et
de déformation.

2.2 Contrainte

La contrainte est définie comme une force par unité de surface (dimension d’une pression).
Ainsi, quand une force est appliquée sur un corps, la contrainte est le rapport de la force à la
surface à laquelle cette force est appliquée. Si la force varie d’un point à l’autre, la contrainte
varie aussi et sa valeur en chaque point est donnée en prenant une surface élémentaire
infiniment petite centrée sur ce point et en divisant la force totale agissant sur la surface par
son aire. Si la force est perpendiculaire à la surface, on parle de contrainte normale (ou
pression). Quand la force est tangentielle à l’élément de surface, la contrainte est dite de
cisaillement. Quand la force n’est ni perpendiculaire ni parallèle à la surface élémentaire, elle
peut être décomposée selon deux composantes dans chacune des directions normale et
tangentielle. Nous pourrons donc considérer que des contraintes normales et tangentielles.

Soit un petit élément de volume à l’intérieur d’un corps soumis à des contraintes; celles-ci
agissent sur les six faces du corps; elles se résolvent, comme le montre la figure1, en
composantes relatives aux deux faces perpendiculaires à l’axe des x. Les indices indiquent les
axes x, y et z respectivement et σxy signifie une contrainte parallèle à l’axe des x et agissant
sur une surface perpendiculaire à l’axe des y. Quand les deux indices sont identiques, la
contrainte est normale (par exemple σxx ); quand les deux indices sont différents, la contrainte
est tangentielle (σxy par exemple).
Z

A
dy
dx
B
E σxx
σxy

σxz F
dz
O
σxz

σxy
σxx C Y

D
X
G

Fig. 1 - Composantes des tensions


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2.3 Déformation

Quand un corps élastique est soumis à des contraintes, il change de forme et de dimensions.
Ces changements, que l’on appelle déformations, se classent en quelques types
fondamentaux : déformations normale et de cisaillement.

Considérons un rectangle PQRS dans le plan X-Y (figure 2). Quand on applique des
contraintes, P se déplace en P’, PP’ ayant pour composantes u et v. Si les autres sommets Q,
R et S subissent le même déplacement que P, le rectangle est déplacé dans son ensemble
également des quantités u et v; dans ce cas il n’y a pas de modification de dimension ou de
forme et, donc, pas de déformation. Cependant, si u et v sont différents pour chacun des
sommets, le rectangle change de dimension et de formece qui donnera naissance à une
y

δu
dy
δy
R'

S'
δv
dy
δy

S R

ξ2

u ξ1 Q'
δv dx
δx
P'
v
P Q δu dx
δx

déformation.
Fig 2 - Analyse d’une déformation à deux dimensions

Supposons que u = u(x, y), v = v(x, y), les coordonnées des sommets PQRS et P’Q’R’S’ sont:

P(x,y): P’(x+u, y+v);

∂u ∂v
Q(x+dx, y): Q’(x+dx+u+ dx, y+v+ dx);
∂x ∂x

∂u ∂v
S(x,y+dy): S’(x+u+ dy, y+dy+v+ dy);
∂y ∂y

∂u ∂u ∂v ∂v
R(x+dx, y+dy): R’(x+dx+u+ dx + dy, y+dy+v+ dx + dy)
∂x ∂y ∂x ∂y

En général, les variations de u et de v sont beaucoup plus petites que les quantités dx et dy; on
∂u ∂u
suppose donc que les termes , , etc... sont assez petits pour que leurs puissances et
∂x ∂y
leurs produits soient négligeables. Grâce à cette hypothèse, nous voyons que:

∂u ∂v ∂u ∂v
- PQ s’allonge de la quantité ( ) dx et PS de ( ) dy, ainsi et sont les élongations
∂x ∂y ∂x ∂y
dans la direction des axes;
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∂v ∂u
- Les angles infinitésimaux ξ 1 et ξ 2 sont égaux à et respectivement;
∂x ∂y

∂v ∂u
- L’angle droit en P décroît de la quantité ( ξ 1 + ξ 2 ) = ( + );
∂x ∂y

- Le rectangle dans son ensemble a tourné dans le sens trigonométrique d’un angle

∂v ∂u
( ξ 1 - ξ 2 )= ( - ).
∂x ∂y

La déformation est définie comme le changement relatif de la dimension ou de la forme d’un


∂u ∂v
corps. Les quantités ( ) et ( ) sont les élongations relatives selon les axes x et y ; on les
∂x ∂y
∂v ∂u
appelle les déformations normales. La quantité ( + ) mesure la fermeture d’un angle
∂x ∂y
droit dans le plan x,y lorsque les contraintes sont appliquées : elle mesure le changement de
forme du milieu ; on l’appelle déformation de cisaillement et on note ε xy .

∂v ∂u
La quantité ( - ) qui représente une rotation du corps autour de l’axe des z n’implique
∂x ∂y
aucun changement de forme ou de dimension : elle n’est donc pas une déformation ; on la
note θz.

En étendant l’analyse ci-dessus à trois dimensions, nous écrirons que (u, v, w) sont les
composantes du déplacement d’un point P(x, y, z). Les déformations élémentaires s’écrivent :

- Déformations normales

∂u
ε xx =
∂x

∂v
ε yy = (1a)
∂y

∂w
ε zz =
∂z

- Déformations de cisaillement

∂v ∂u
ε xy = ε yx = +
∂x ∂y

∂w ∂v
ε yz = ε zy = + (1b)
∂y ∂z
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∂u ∂w
ε zx = ε xz = +
∂z ∂x

En plus de ces déformations, le corps subit une rotation dont les composantes sont :

∂w ∂v
θx = −
∂y ∂z

∂u ∂w
θy = − (1c)
∂z ∂x

∂v ∂u
θz = −
∂x ∂y

Les changements de dimension donnés par les déformations normales se traduisent par un
changement de volume. La variation par unité de volume est appelée dilatation et s’écrit ∆ .

Si nous partons d’un parallélépipède rectangle de côtes dx, dy, dz dans un milieu non
déformé, ces dimensions seront, dans le milieu déformé : dx (1+ ε xx ), dy (1+ ε yy ), dz
(1+ ε zz ) ; l’accroissement de volume est environ ( ε xx + ε yy + ε zz ) dx dy dz.

Comme le volume original était dx dy dz, nous voyons que :

∂u ∂v ∂w
∆ = ε xx + ε yy + ε zz = + + (2)
∂x ∂y ∂z

2.4 Loi de Hooke

Pour calculer les déformations connaissant les contraintes, les relations entre contraintes et
déformations doivent être connues. Quand les contraintes sont petites, la relation est donnée
par la loi de Hooke, qui établit qu’une déformation donnée est directement proportionnelle à
la contrainte qui la provoque. Lorsqu’il existe plusieurs contraintes, chacune produit des
déformations indépendamment des autres ; la déformation totale est la somme des
déformations produites par chacune des contraintes. Cela signifie que chaque déformation est
une fonction linéaire de toutes les contraintes. En général la loi de Hooke conduit à des
relations complexes, mais quand le milieu est isotrope, c’est à dire quand les propriétés ne
dépendent pas de la direction, on peut l’exprimer sous la forme relativement simple :

σ ii = λ∆ + 2µε ii i = x, y, z (3a)

σ ij = 2µε ij i , j = x, y, z, i ≠ j (3b)

σ ij
Les quantités λ et µ sont les constantes de lamé. Si l’on écrit ε ij = , il est évident que
µ
ε ij est d’autant plus petit que µ est grand. Aussi µ mesure la résistance au cisaillement et
souvent appelé module de rigidité ou de cisaillement.
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Si large que soit le champ d’application de la loi de Hooke, il ne s’étend pas aux contraintes
importantes. Pour un corps donné, lorsque la contrainte croît au-delà de la limite d’élasticité,
la loi de Hooke n’est plus valable et la déformation augmente plus vite que la contrainte. Les
déformations résultant de contraintes excédant cette limite ne disparaissent pas complètement
avec les contraintes.

2.5 Equation de la propagation des ondes sismiques

Sous l’effet des contraintes qui prennent naissance au passage des fronts d’ondes, le milieu
subit des déformations; après disparition des contraintes il reprend sa forme initiale si
l’élasticité est parfaite. Les contraintes et les déformations sont réparties à travers le milieu et
varient dans l’espace et dans le temps. En appliquant le principe fondamental de la dynamique
au cube élémentaire on peut écrire que la somme des composantes des contraintes qui
s’exercent dans une direction donnée, en agissant sur les six faces du cube de volume unité,
est égale au produit de la masse volumique par l’accélération, le long de l’axe des x on a:

∂ 2 u ∂σ xx ∂σ xy ∂σ xz
ρ = + + (4a)
∂t 2 ∂x ∂y ∂z

Le vecteur u étant le déplacement d’un point M au passage de l’onde et ρ la densité.

En appliquant la loi de Hooke, on aura :

∂ 2u ∂∆ ∂ε ∂ε xy ∂ε
ρ =λ + 2 µ xx + µ + µ xz
∂t 2
∂x ∂x ∂y ∂z

∂∆  ∂ 2 u  ∂ 2 v ∂ 2 u  ∂ 2 w ∂ 2 u 
=λ + µ 2 2 +  + 2 + + 2 
∂x  ∂ x  ∂ x∂ y ∂ y   ∂ x∂ z ∂z  

∂∆ ∂  ∂u ∂v ∂w 
=λ + µ∇ 2 u + µ  + + 
∂x ∂x  ∂x ∂y ∂z 

∂∆
= (λ + µ ) + µ∇ 2 u (4b)
∂x

(
où ∇ 2 u = Laplacien de u = ∂ 2 u ∂x 2 + ∂ 2 u ∂ y 2 + ∂ 2 u ∂z 2 )
Par analogie, les équations pour v et w s’écrivent :

∂ 2v ∂∆
ρ = (λ + µ ) + µ∇ 2 v (4c)
∂t 2
∂y

∂ 2w ∂∆
ρ 2 = (λ + µ ) + µ∇ 2 w (4d)
∂t ∂z

Pour obtenir l’équation d’onde, différencions ces trois équations par rapport à x, y et z
respectivement et additionnons le résultat, nous obtenons :
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∂ 2∆
ρ = ( λ + 2 µ )∇ 2 ∆
∂t 2

1 ∂ 2∆ λ + 2µ
= ∇2∆ avec α2 =
α ∂t
2 2
ρ

α représente la vitesse longitudinale de la propagation de l’onde.

En soustrayant la dérivée de l’équation (4c) par rapport à z de la dérivée de l’équation (4d) par
rapport à y, il vient :

∂ 2  ∂w ∂v   ∂w ∂v 
ρ 2 
−  = µ∇ 2  − 
∂t  ∂y ∂z   ∂y ∂z 

1 ∂ 2θ x µ
= ∇ 2θ x avec β2 =
β ∂t
2 2
ρ

β représente la vitesse transversale de la propagation de l’onde.

2.6 Relation entre les constantes élastiques et les vitesses de propagations des ondes

Dans le cas d’un milieu homogène, isotrope et parfaitement élastique la propagation des
ondes dépend des deux paramètres de Lamé λ et µ . En fait, selon les propriétés que l’on veut
mettre en évidence, le milieu traversé peut être décrit par trois autres paramètres qui sont le
module d’Young, le module d’incompressibilité et le coefficient de poisson.

La signification de λ se comprend bien dans le cas d’un fluide puisque µ =0, alors d’après la
loi de Hooke :

λ = σ ii ∆

Pour une contrainte, c’est-à-dire une dilatation volumique donnée, moins il y a de déformation
plus λ est grand. Donc λ est grand pour un milieu qui est peu sensible à la contrainte.

Le paramètre µ est appelé module de cisaillement ou module de rigidité ou module de


glissement, il est donné par:

µ = σ ij (2ε ij )

Comme un de ses noms l’indique, il mesure la rigidité d’un milieu; plus il est grand pour une
contrainte donnée moins le milieu se déforme. A l’inverse à la limite pour µ = 0, le milieu se
déforme sans contrainte. Ces déformations sont transversales par rapport à la direction d’une
onde, il s’agit donc d’un cisaillement.

Le troisième paramètre, appelé module d’Young ou coefficient d’élasticité, est une


combinaison des deux premiers:

µ (3λ + 2µ )
E=
λ+µ
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Sous cette forme sa signification n’est pas très bien perçue, mais cette formule se déduit de :

E = σ ii ε ii

C’est le rapport de la contrainte normale sur la déformation normale. Là aussi plus le milieu
résiste, c’est-à-dire ε ii petit pour un σ ii donnée, plus E est grand. C’est le cas des milieux
très élastiques qui transmettent bien une onde de compression puisqu’ils se déforment peu.

Le module d’incompressibilité K ou module de Bulk s’exprime par :

2
K=λ+ µ , déduit de : K=P ∆
3

Pour un solide, P représente l’ensemble des contraintes normales à toutes les faces du cube. K
est fort quand le milieu résiste à une contrainte.

Tous les paramètres qui viennent d’être décrits sont homogènes à une pression. Contrairement
au coefficient de poisson et sa dimension, il s’exprime en fonction de λ et µ par :

λ
υ= , déduit de : υ = − ε yy ε xx
2(λ + µ )

C’est le rapport de la déformation latérale sur la déformation normale. υ est toujours positif.
On ne connaît pas de milieu qui rétrécit lorsqu’on appuie sur lui verticalement. Plus le milieu
est rigide, plus υ est petit. La valeur supérieur limite de υ est de 0.5, dans ce cas on se
rapproche d’un liquide (µ =0).

En rapprochant ces coefficients de l’équation des ondes, on en déduit des relations en fonction
des vitesses de propagation des ondes:

λ + 2µ
Vitesse longitudinale : Vp = α =
ρ

µ
Vitesse transversale : VS = β =
ρ

V P2 − 2V S2
Coefficient de poisson : υ=
2(V P2 − V S2 )

3V P2 − 4V S2
Module de Young : E = ρV S
2

V P2 − V S2

 4 
Module d’incompressibilité : K = ρ V P2 − V S2 
 3 
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3. Méthodes d’acquisitions des paramètres dynamiques "In-situ"

La modélisation du comportement aux vibrations (séismes ou autres...) d’une structure et de


son terrain de fondation nécessite la détermination des caractéristiques dynamiques du sol.
Ces caractéristiques sont le coefficient de Poisson et les modules dynamiques de Young, de
Cisaillement et d’incompressibilité. Ces paramètres sont dits dynamiques parce qu’ils sont
mesurés par une méthode de sollicitation dynamique. Leurs valeurs sont différentes des
valeurs de ces mêmes coefficients mesurés par des méthodes géotechniques usuelles, c’est à
dire statiques. Le motif principal qui explique les différences entre valeurs dynamiques et
valeurs statiques est que le domaine de sollicitations des essais dynamiques est très nettement
inférieur à celui des essais statiques.

Actuellement, tous les essais in-situ pour la détermination des paramètres dynamiques sont
basés sur la mesure des vitesses de propagation d’ondes dans le sol.

Les essais réalisés à partir de la surface du sol, tels que les essais de sismique réfraction ou de
vibration entretenue de massifs de fondation. Ces essais présentent l’avantage essentiel d’être
d’une grande facilité de mise en œuvre et d’un coût peu élevé. Ils ne répondent cependant
qu’imparfaitement au problème posé et ne sont utilisés, tout au moins pour les ouvrages
importants, qu’en phase de reconnaissance préliminaire.

Les essais réalisés dans des forages (down-hole et up-hole), ou entre forages (cross-hole) ,
sont délicats à réaliser et d’un coût plus élevé du fait de la nécessité de réaliser des forages
mais fournissent des informations plus riches.

3.1 Méthode de la sismique réfraction

C'est la méthode la plus couramment utilisée et elle donne en général de bons résultats,
permet des corrélations entre sondages mécaniques. A partir de la surface, d'un sondage ou
d'une galerie il est possible de déterminer une zonation des vitesses de la surface de travail
vers la profondeur. Suite à un ébranlement, des ondes vont se propager et elles vont être
récupérées par des géophones. Ces derniers placés à distances croissantes du lieu de
l'émission enregistrent les ondes et les transfèrent par l'intermédiaire d'un câble (flûte) vers un
appareil enregistreur qui permet de mesurer le temps écoulé depuis l'ébranlement. On peut
ainsi connaître la relation espace temps et tracer de ce fait le graphe correspondant qui va
permettre de déterminer les informations recherchées. Il est donc possible de connaître la
vitesse de propagation, l'épaisseur d'une ou plusieurs couches de terrain aux caractéristiques
différentes, et la caractérisation de chacune de ces couches par la détermination approchée de
son module d'Young. Seulement cette interprétation, un peu idéale, est souvent difficile à
obtenir à cause de l'inégalité des interfaces de vitesses différentes, des faibles contrastes de
vitesses, de l'intercalation de couches rapide entre des couches plus lentes, et de la présence
de blocs.

Figure 3: Réfraction des ondes à une interface


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Figure 4: Chemin parcouru et temps mis des ondes réfractées

3.2 Essais réalisés dans des forages

Pour permettre la réalisation de mesures correctes dans des forages, ceux-ci doivent satisfaire
certaines conditions. Ils doivent être tubés, généralement en PVC, et l’espace annulaire entre
le tubage et les parois du forage doit être correctement cimenté pour assurer un bon couplage
sol-tubage. Le diamètre des forages doit être suffisant pour permettre la descente des
instruments de mesure qui requièrent généralement des diamètres de tubage de l’ordre de 80 à
100 mm. Le calcul de la vitesse de propagation étant basée sur la mesure d’un temps de
parcours, il est fondamental de connaître la distance parcourue exacte et donc de réaliser des
mesures d’inclinométrie du (ou des) forages.

Enfin, il est absolument nécessaire de réaliser au moins un des forages de la prospection


géophysique en carottage continu pour disposer d’une coupe géologique détaillée à
l’emplacement de la mesure.

3.2.1 Essai down-hole

La mesure de vitesse de propagation d’onde est faite le long d’un forage. L’émission du signal
a lieu à la surface du sol et la réception se fait à l’aide de capteurs (géophone triaxial) dans le
forage (voir fig 3).

Il est possible, avec des sources d’énergie adaptées (frappe horizontale d’un massif posé en
surface, par exemple), de donner naissance à une forte proportion d’ondes de cisaillement. En
portant en fonction de la profondeur les temps d’arrivée des ondes primaires (VP) et des ondes
secondaires (VS), on obtient des segments de droite dont les pentes sont égales aux vitesses de
propagation. Pour déterminer la vitesse de propagation, on peut également procéder par
différence des temps de parcours entre deux capteurs adjacents.

Les valeurs obtenues dans un essai down-hole correspondent aux caractéristiques du terrain
au voisinage du forage, pour une direction verticale de propagation des ondes. Cette direction
de propagation correspond à celle couramment retenue en génie parasismique. Les variations
en plan des caractéristiques ne peuvent être obtenues. Théoriquement, avec un espacement
suffisamment resserré des récepteurs, il est possible de détecter des couches de plus faibles
caractéristiques, même si celles-ci sont incluses entre deux couches résistantes. C’est un des
avantages majeurs de la méthode.

3.2.2 Essai Up-hole

L’essai est en tout point analogue à l’essai down-hole à la différence près que l’émission est
provoquée au font de forage et la réception se fait sur des capteurs placés dans le forage, au-
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dessus du point d’émission. Par rapport à l’essai down-hole, l’exécution est plus délicate car,
l’émission préférentielle d’ondes de cisaillement est difficile, sauf à utiliser des dispositifs
d’émission spéciales.

3.2.3 Essai Cross-hole

La mesure de vitesse de propagation de l’onde se fait entre deux forages parallèles distants de
quelques mètres. L’impulsion est donnée dans le forage d’émission et est reçue dans le forage
d’écoute à la même profondeur (fig 4).

Cette méthode permet d’obtenir, en fonction de la profondeur, la valeur moyenne en plan des
vitesses de propagation des ondes. En disposant les forages d’écoute suivant plusieurs
directions azimutales (généralement deux perpendiculaires), on peut mesurer l’anisotropie en
plan des propriétés physiques des sols. Combinées à des essais du type down-hole, ces
mesures permettent également d’obtenir l’anisotropie entre les directions horizontale et
verticale.

De façon classique, le forage d’écoute est réalisé et équipé à l’avance. le forage d’émission est
réalisé au fur et à mesure des essais. A une profondeur choisie pour une mesure, le forage est
interrompu. L’émission d’ondes est réalisée par frappe sur le train de tiges relié à un carottier,
enfoncé dans le sol en fond de forage. Cette méthodologie permet de donner naissance à des
ondes de cisaillement (SH) en quantité suffisante pour être décelées par le capteur de
réception. Une autre méthode d’émission d’ondes a été développée à l’aide d’un système de
frappe sur une sonde plaquée aux parois du forage d’émission. Un de ses avantages majeurs
est de permettre de dissocier les opérations de forages (le forage d’émission est également
réalisé à l’avance) des opération de mesure. D’un point de vue technologique, il est possible
d’inverser le sens de la frappe, de sommer les résultats de plusieurs chocs successifs, le point
d’émission restant fixe, et éventuellement de renouveler une mesure défectueuse, ou douteuse,
tant que les forages sont conservés.

L’essai cross-hole est très séduisant du fait de sa simplicité relative et de la qualité des
informations qu’il permet d’obtenir. Il doit être cependant employé avec discernement car les
sources d’erreurs y sont multiples. On citera : choix de la distance entre les forages
d’émission et de réception est très important et doit être fixée selon la configuration
géologique pour éviter les problèmes des ondes réfractées, une mauvaise détection du temps
d’arrivée de l’onde de cisaillement si le signal n’est pas très riche en ondes de cisaillement.
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Figure 5 : Schéma de l’essai down-hole

Figure 6 : Schéma de l’essai cross-hole

Figure 7 : Résultats de l’essai cross-hole

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