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INFECTIONS ET

MICRO ORGANISMES
Docteur Jacqueline GRANDO
Unité d'Hygiène et d'Epidémiologie
Hôpital Neuro-Cardiologique - LYON
Quelques généralités
Infections et agents infectieux

Infection = agression d'un organisme par un


agent infectieux

Î altérations anatomiques ou fonctionnelles

Î manifestations cliniques et biologiques


Infections et agents infectieux

Transmission :
z d'homme à homme

z à partir d'un animal (zoonose)

z à partir d'un vecteur inanimé de l'environnement

z à partir d'un vecteur vivant (insecte)


Notions d'épidémiologie :
z Cas sporadiques : quelques cas isolés

z Cas épidémiques : nombreux cas dans une zone


géographique limitée et un temps limité
z Cas endémiques : persistance du foyer sans
limitation géographique
z Infection nosocomiale : acquise à l'hôpital
z Infection communautaire : acquise dans la
communauté
Histoire naturelle : maladie infectieuse

y Pénétration de l’agent infectieux


- voie orale ou digestive

- voie respiratoire

- voie muqueuse

- voie transcutanée
Histoire naturelle : maladie infectieuse

y Prolifération, essaimage
- échappement aux défenses naturelles
- multiplication
- expression du pouvoir pathogène

y Guérison, passage à la chronicité,


décès
Immunité anti-infectieuse

1 - Immunité naturelle
y Barrière cutanéomuqueuse
y Réaction inflammatoire : rôle des médiateurs
chimiques, de la phagocytose
2 - Immunité acquise (spécifique)
y à médiation cellulaire (lymphocytes T)
y à médiation humorale (lymphocytes B)
LES ORGANISMES

ª Les parasites
- Métazoaires =pluricellulaires
(Helminthes : Ténia, Bilharzies, ….)
- Protozoaires = unicellulaires
(Plasmodium, Leishmanies,….)

ª Les champignons
(Candida, Aspergillus)
LES MICRO-ORGANISMES

ª Les bactéries
(Staphylocoques, entérobactéries, …)
ª Les virus
(Hépatites, H.I.V.)
ª Le prion
protéine infectante (S.N.C)
MICROBIOLOGIE
Biologie des micro-organismes ou microbes
QUELQUES NOTIONS
DE BACTERIOLOGIE
I – structure
II – facteurs de pathogénicité
III – interactions hôte/bactérie
IV –quelques bactéries
I -STRUCTURE DES BACTÉRIES
Comparaison entre bactérie et cellule eucaryote
Eucaryote

Procaryote
1 - La membrane cytoplasmique

- entoure le cytoplasme
(trilamellaire phospholopidique)

- parfois fixation de flagelles responsables de la


mobilité (hélices protéiques)
2 - La paroi
y Rigide, résistante, perméable
y Composition : PEPTIDOGLYCANE (unique macromolécule)
y Paroi des Gram +
- peptidoglycane seul, très solide
y Paroi des Gram -
- peptidoglycane en couche très mince
- membrane externe = LPS (lipopolysaccharide)
qui a un pouvoir toxique (=endotoxine)
- porines = protéines de transport
Membrane externe (LPS, porines)

Peptidoglycane
Espace périplasmique
Membrane cytoplasmique
Paroi des bactéries à Gram négatif

Paroi des bactéries à Gram positif


Peptidoglycane

Membrane cytoplasmique
2 - La paroi
z Structure : paroi rigide déterminant
- Forme
» sphériques = cocci
» cylindriques (bâtonnets) = bacilles
» hélicoïdales = spirochètes
- Arrangement:
» chaînes (streptocoques)
» amas (staphylocoques)
» diplocoques (pneumocoques)
» palissades (corynébactéries)
- Coloration de Gram : Gram + et Gram -
3 - Le glycocalyx
y Présence très fréquente

y Fibres qui entourent la bactérie


y Responsable de l’attachement de la bactérie
– au cellules vivantes
– à des supports inertes
y Parfois existence de grosses protéines rigides :
fimbriae ou pili Î attachement spécifique
4 - La capsule
y Constituant inconstant
y Empêche la phagocytose
(pouvoir pathogène)

y Les Ag capsulaires sont à la base


de certains vaccins
5 - Les spores
y Spore = forme de survie de certains bacilles à Gram
+ (Clostridium)
- métaboliquement inactive et non pathogène
- Sporulation dans des conditions défavorables

y Forme végétative :
- métaboliquement active et potentiellement pathogène
- germination dans des conditions favorables
y Spore = résistance à
- la chaleur,
- la dessiccation,
- aux désinfectants
- aux antibiotiques
II - Facteurs de pathogénicité

Î permettent à la bactérie de s’implanter

Î permettent d’échapper au défenses de l’hôte

Î agressent l’hôte (toxines)


ª Facteurs de pathogénicité

1°) Adhésines
Protéines de surface sur la bactérie (parfois pili)
Î récepteurs sur la cellule hôte : Interaction spécifique

2°) Invasion des cellules


Î bactéries intracellulaires
ª Facteurs de pathogénicité

3°) Résistance à la phagocytose


capsule

4°) Toxines protéiques


exotoxine excrétées par les Gram +

5°) Endotoxine
lipopolysaccharide (LPS) des Gram -
III -INTERACTIONS HÔTE / BACTERIES

ª bactéries commensales
ª bactéries saprophytes
ª bactéries pathogènes
z spécifiques
z opportunistes
ª Bactérie saprophyte

z Flore de passage : présence transitoire


de bactéries de l’environnement

z Pas de danger
ª Bactérie commensale

z la bactérie et l'homme vivent


"en parfaite harmonie"
z sans manifestation pathologique

z soit dans l’indifférence : symbiose


z soit en jouant un rôle : commensalisme
(bactéries intestinales synthèse de vitamines)
z soit en jouant le rôle de flore de barrière :
protocoopération
ª Bactérie pathogène spécifique

z La même espèce bactérienne est toujours

responsable de la même maladie définie et


physiologiquement spécifique
ª Bactérie pathogène opportuniste

z Bactéries commensales ou saprophytes,

habituellement non pathogènes,

mais pouvoir pathogène si déficience de


l'hôte ou modification de leur environnement
LES ANTIBIOTIQUES
Docteur Jacqueline GRANDO
Unité d'Hygiène et d'Epidémiologie
GHE - LYON
Les antibiotiques (1)

ª Ce sont des substances capables


z d’inhiber (bactériostase)
z ou de détruire (bactéricidie)
certaines espèces bactériennes
Les antibiotiques (2)

ª naturels :
produits par des micro-organismes telluriques
z bactéries (Streptomyces)

z champignons (Penicillium)

ª semi-naturels

ª synthétiques
Les mécanismes d'action des ATB
1° Inhibition de la synthèse du peptidoglycane
Bétalactamines
Fosfomycine
Glycopeptides

2° Inhibition des acides nucléiques


Rifamycine
Quinolones
5-nitro-imidazolés

3° Inhibition des synthèses protéiques


Aminosides
Macrolides (MLS)
Tétracyclines
Chloramphénicol
Acide fusidique

4° Inhibition de la synthèse des folates


Sulfamides
Triméthoprime
Mécanismes biochimiques de résistance

ª production d'enzymes
ª non pénétration d'antibiotiques
ª modification de structure de la cible
ª efflux de l'antibiotique
Les supports génétiques de la résistance

ª Le chromosome
ª Les plasmides
z élément bactérien facultatif

z molécules d'ADN circulaires extra-chromosomiques

z réplication autonome (indépendamment du chromosome)

z permettent les transferts de gène de bactérie à bactérie


(entre Gram ⊕ ou entre Gram )
Les supports génétiques de la résistance

ª les transposons
z éléments génétiques, mobiles

z capables de s'intégrer aux gènes d'une molécules d'ADN


(chromosome ou plasmide)

z capables de se transposer d'un point du génome à un autre


Î responsables de mutation

z permettent les transferts de gène de bactérie à bactérie entre


des genres bactériens très éloignés
Résistance naturelle ou acquise (1)

1) La résistance naturelle (ou intrinsèque)


• caractérise une espèce donnée
toutes les souches appartenant à la même espèce
sont résistantes à un même antibiotique

• support génétique : le chromosome

• exemples :
¾Entérobactéries et vancomycine
¾Streptocoques et aminosides
Résistance naturelle ou acquise (2)

2) La résistance acquise
z n'apparaît que dans quelques souches d'une espèce
normalement sensible

z résulte de la mutation ou de l’acquisition d’un ou plusieurs gènes

z résistance par mutation ne concerne que 10 à 20% des souches


isolées en pathologie humaine

z plus de 80% des cas de résistances bactériennes proviennent


de l’acquisition d’information génétique portée par des
structures mobiles (les plasmides ou les transposons)
Résistance naturelle ou acquise (3)
ª Exemples de résistances acquises :
z Entérobactéries et β-lactamines : production de β-lactamases
à spectre étendu codées par des plasmides
– Klebsiella pneumoniae
– Enterobacter aerogenes

z Pneumocoques et Pénicilline : modification de la cible après


acquisition des gènes d’autres Streptocoques (rôle des
transposons)

z Staphylocoques et quinolones : mutation chromosomique


Utilisation des ATB

¾ Antibiothérapie
Pour traiter une infection
probabiliste (le plus souvent)
après l'antibiogramme (réévaluation)

¾ Antibioprophylaxie
Pour prévenir l'infection
(efficacité démontrée par des études)
Quelques exemples d’antibioprophylaxie
¾ Prévention de l'endocardite infectieuse (EI) lors de soins
dentaires

¾ Prévention des pneumopathies lors d'infection virale chez un


sujet fragile

¾ Prévention de la gangrène gazeuse lors de plaie profonde


souillée

¾ Prévention de la méningite néonatale à Streptococcus


agalactiae si la mère est porteuse vaginale
¾ Prévention des
infection post-opératoires
Antibioprophylaxie en chirurgie
¾ Chirurgies contaminées et sales
Î antibiothérapie

¾ Chirurgies propres ou propre contaminées


Î antibioprophylaxie

¾ Conférence de Consensus : recommandations


de 1992 réactualisées en 1999
Î choix de l’ATB (nature, posologie,
durée) validée par des études
LES VACCINS
Quelques
généralités
Historique
z La variole (Poxvirus)
= Maladie éruptive
souvent mortelle (30%)
Î connue depuis l'antiquité
(Momie de RamsesV -1157av JC)
Î Europe (Moyen Age)
Î Continant Américain (1520)
Î Pandémie au XVIIIe siècle
Historique
z Vaccine (cowpox)
Variole de la vache

Î Edward JENNER (1798) :


inoculation à l'homme
= 1ère vaccination

Î Eradication de la
variole en 1977
Définitions
z Vaccin
Administration d'une préparation Antigénique
ÎRéponse immunitaire spécifique protectrice
= Immunoprophylaxie active
(protection différée et durable)

z Séroprévention
Administration d'Anticorps protecteur
= Immunoprophylaxie passive
(protection immédiate et transitoire)
Classification

zVaccin bactériens ou viraux


parasitaires à l'étude (paludisme)

z Vaccins vivants ou inerte


Vaccins vivants atténués
z Pas de pouvoir pathogène
z multiplication et diffusion dans l'organisme
z 1 dose Î protection immunitaire accéléré (2
semaines) et prolongée
z Contre indications :
femmes enceintes et immunodéprimés
z Exemple : rougeole, rubéole, oreillons, varicelle,
fièvre jaune, et BCG
Vaccins inertes
z Pas de pouvoir infectant
z nécessite plusieurs doses successives et des
rappels réguliers

z Nature :
- vaccins inactivés complets
- ou fractions antigéniques
(=sous unités vaccinantes)
Vaccins inertes
z Exemples
- Ag polysaccharidiques des capsules bactériennes
(Méningocoques A-C, Peumocoques, Haemophilus influenzae b,

- Anatoxine = toxines produites par certaines espèces


bactériennes qui ont été détoxifiées
(toxine diphtérique, toxine tétanique)

- Ag viraux
(Ag B du virus de l'hépatite B, Ag H et N du virus grippal)
Indications des vaccins
Calendrier des vaccinations
- Rédigé par le Conseil Supérieur d'Hygiène Publique
de France
- Revu chaque année

- Vaccins obligatoires + vaccins recommandés


(recommandations pour les voyageurs, les professionnels de
santé, les immunodéprimés, …)
Indications chez l'adulte
professionnel de santé (2009)
Pour tout adulte
Î1 dose dTPolio tous les 10 ans Í obligatoire
(Diphtérie-Tétanos-Polio)

Pour les professionnels de santé


Î Hépatite B Í obligatoire
Î 1 dose de Ca (Coqueluche acellulaire) (possibilité de dTcaPolio)
Î Grippe saisonière (chaque année) + Grippe A H1N1 en 2009
Î ROR (1 dose) et varicelle (2 doses) si séronégativité
A toute époque,
le progrès engendre
les mêmes angoisses …

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