Vous êtes sur la page 1sur 7

Contrôle.

Qualité
par Pierre CUÉNIN
Ingénieur Arts et Métiers
Ancien directeur Méthodes centrales fonderie-modelage Renault
Ancien président-directeur général de la Société bretonne de fonderie
et de mécanique (SBFM)
Ancien administrateur délégué Fonderie du Poitou (FdP)

1. Contrôle ...................................................................................................... M 3 530 - 2


1.1 Contrôles de réception ................................................................................ — 2
1.2 Contrôles en cours de processus ............................................................... — 2
1.3 Contrôle des pièces ..................................................................................... — 2
1.3.1 Contrôle des caractéristiques mécaniques....................................... — 2
1.3.2 Contrôle des caractéristiques physiques des pièces ....................... — 2
1.3.3 Contrôles non destructifs................................................................... — 3
1.4 Contrôle des outillages et des matériels ................................................... — 4
1.5 Laboratoire ................................................................................................... — 4
1.5.1 Fonderies de grande série ................................................................. — 4
1.5.2 Fonderies de petite série ou de pièces unitaires.............................. — 4
2. Qualité ......................................................................................................... — 4
2.1 Obtention de la qualité en fonderie ........................................................... — 4
2.2 Propriétés de fonderie des alliages moulés .............................................. — 5
2.2.1 Coulabilité ........................................................................................... — 5
2.2.2 Retrait .................................................................................................. — 5
2.2.3 Formation de la structure................................................................... — 6
2.2.4 Ségrégation......................................................................................... — 6
2.2.5 Retassures ........................................................................................... — 6
2.2.6 Criques................................................................................................. — 6
2.2.7 Soufflures ............................................................................................ — 6
2.3 Défauts de fonderie ..................................................................................... — 6
2.3.1 Classification ....................................................................................... — 6
2.3.2 Analyse des défauts ........................................................................... — 6
2.3.3 Niveaux de rebuts............................................................................... — 6
2.4 Organisation et gestion de la qualité ......................................................... — 7
Références bibliographiques ......................................................................... — 7

our la fonderie, la qualité est une source d’améliorations de gestion et d’éco-


P nomies d’exploitation. Le coût de la non-qualité à tous les stades de la fabri-
cation (par exemple, rebuts, moules défectueux, noyaux cassés, etc.) peut
s’élever jusqu’à 15 % de la valeur ajoutée.
La qualité des pièces produites en fonderie dépend d’une multitude de para-
mètres dont il faut contrôler le plus grand nombre pour obtenir le niveau de
6 - 1997

qualité nécessaire en fabrication.


Ces contrôles, éléments essentiels de la politique « qualité », devront s’exercer
dans plusieurs domaines :
— les contrôles de réception (matières et produits achetés à l’extérieur) ;
— les contrôles en cours de processus ;
M 3 530

— les contrôles des différentes caractéristiques des pièces ;


— les contrôles des outillages et des matériels ;
— le laboratoire.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 3 530 − 1
CONTRÔLE. QUALITÉ ____________________________________________________________________________________________________________________

■ Coulée
1. Contrôle Suivi des paramètres de coulée, température, temps de coulée,
produits inoculants, propreté du métal liquide.
Dans la production en série on utilisera le contrôle statistique qui ■ Parachèvement, finition
permet la réduction de la fréquence des opérations de contrôle, la
mesure de la dispersion du système, le suivi en continu de para- Contrôle des gammes, qualité des outillages de finition (matrice
mètres critiques et des réglages à bon escient en diminuant les tris de découpe par exemple), etc.
et retouches. L’énumération que nous venons de faire ne donne qu’une idée
de tous les contrôles envisageables. Grâce aux progrès dans tous
les domaines : électronique, informatique, appareils de mesure, de
régulation, etc., on a pu améliorer et multiplier les prises d’infor-
1.1 Contrôles de réception mations plus fiables, permettant ainsi de mieux régler et réguler des
paramètres de plus en plus nombreux. C’est une évolution impor-
tante dans la démarche de la fonderie vers la qualité.
Une fonderie approvisionne environ 30 % de son chiffre d’affaires
en produits extérieurs (hors énergie), ratio qui sera un peu plus
important pour une fonderie de non-ferreux, lié au coût plus élevé
des matières métalliques. Ce ratio souligne l’importance de ce poste 1.3 Contrôle des pièces
en coût et son influence sur la qualité des produits fabriqués.
C’est pourquoi il importe de mettre en place l’organisation néces-
saire pour que toutes les commandes de matières premières, Au stade final de la production, les pièces devront subir un certain
ferrailles, aluminium, sable, résines, produits spéciaux, etc., soient nombre de contrôles pour vérifier leur conformité aux spécifications
assorties d’un cahier des charges précisant exactement les spécifi- des cahiers des charges, contrôles que l’on peut classer en trois
cations du produit à approvisionner. catégories :
— contrôles des caractéristiques mécaniques (allongement,
À la réception, des contrôles doivent être pratiqués : par exemple
modules d’élasticité, résistance à la rupture...) ;
granulométrie des sables, conformité des analyses des métaux
— contrôles des caractéristiques physiques (dureté, dimensions,
neufs, caractéristiques des argiles, des résines, des liants, etc. ; la
rugosité...) ;
livraison de produits défectueux pouvant entraîner de graves
— contrôles non destructifs pour la recherche d’éventuels défauts
désordres en fabrication. D’où l’importance de ces contrôles et l’ins-
qui pourraient être détectés sur la pièce, sur sa surface ou dans sa
tauration, avec les fournisseurs d’une politique d’assurance qualité
masse.
s’inspirant de celle mise en œuvre entre le fondeur et ses donneurs
d’ordres.
1.3.1 Contrôle des caractéristiques mécaniques

1.2 Contrôles en cours de processus Il s’agit de contrôles très classiques qui comprennent tous les
essais mécaniques que l’on effectue sur des éprouvettes normalisées
obtenues en même temps que les pièces, attenantes ou non, ou sur
Ils permettent de vérifier, à chaque stade du processus de fabri- des éprouvettes obtenues par dissection des pièces.
cation, la conformité des variables de la production avec les réglages On mesure la dureté, l’allongement, la résistance à la traction, la
prévus par les fiches d’instruction. Nous en citerons quelques résilience, la résistance à la fatigue (flexion alternée)... sur des
exemples. machines spéciales généralement installées au laboratoire d’essais
■ Fusion mécaniques, parfois même à l’atelier.
— Température de coulée.
— Analyse rapide de l’alliage fondu (analyse thermique, éprou- 1.3.2 Contrôle des caractéristiques physiques
vette de trempe, etc., pour la fonte). des pièces
— Analyse chimique rapide par spectrographie.
— Poids des charges métalliques, des additions, etc. ■ Contrôle dimensionnel
Pour vérifier si toutes les cotes, la position des noyaux ainsi que
■ Moulage
la position des points de départ d’usinage sont bien dans les tolé-
Analyses et contrôles périodiques : rances prévues sur le dessin des pièces brutes, il est effectué sur
— des sables de moulage, par exemple toutes les demi-heures des pièces prélevées :
dans les installations de grande production, analyses faites géné- — soit en cours de fabrication : au décochage par exemple ;
ralement au laboratoire des sables ; — soit au stade du produit final.
— de la dureté des moules ;
Précédemment, pour les fabrications de grande série, cette véri-
— de la température de coulée dans les moules ;
fication se faisait sur des pièces échantillons, découpées en tranches
— des dimensions des pièces ;
et tracés au trusquin sur marbre de traçage. L’apparition de machines
— du bon fonctionnement des machines et des outillages ;
à mesurer 2D, puis 3D a permis de simplifier ce travail toujours long
— en fonderie en coquille : suivi du poteyage, de la température
et fastidieux surtout pour les pièces compliquées. Ces machines
des outillages, etc.
effectuent maintenant ces contrôles très rapidement en donnant,
■ Noyautage pour chaque cote contrôlée, sa valeur et son écart par rapport à la
cote nominale, ce qui permet d’avoir une vue très précise de l’usure
Contrôle des résines, des liants, caractéristiques des éprouvettes,
des outillages et de la qualité de la fabrication. En outre, la rapidité
vérification des formules de sables, des temps de gazage, des tem-
d’un tel contrôle permet de le faire journellement et d’améliorer ainsi
pératures des outillages (boîtes chaudes) des températures de
le suivi de la production.
réglage des étuves de séchage des enduits, etc.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 3 530 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques
___________________________________________________________________________________________________________________ CONTRÔLE. QUALITÉ

■ Contrôle de dureté ■ Magnétoscopie


Il correspond, entre autres, à la mesure de l’empreinte laissée par Elle permet de déceler des discontinuités superficielles. La pièce
une bille sous une charge donnée (dureté Brinell) ou au procédé à contrôler est soumise à un champ magnétique convenablement
Vickers (pointe de diamant). Ce contrôle peut se faire sur une orienté. Au niveau des discontinuités, on obtient une modification
machine spéciale ou être intégré dans des machines de finition à locale du champ que l’on met en évidence à l’aide d’un révélateur
postes multiples pour des productions de grande série. à base de particules ferromagnétiques déposées à la surface de la
pièce. L’observation peut se faire en lumière du jour ou en éclairage
■ Contrôle micrographique ultraviolet en employant des poudres fluorescentes. La pièce doit
Il permet de vérifier par exemple pour les aciers la propreté inclu- être ensuite démagnétisée.
sionnaire et pour les fontes les formes du graphite, la quantité de
nodules, la structure de la matrice. Ce contrôle peut se faire sur pièce, 1.3.3.3 Contrôles non destructifs de santé interne
mais plus généralement sur des échantillons qui subissent un polis- ou de structure
sage très fin pour pouvoir être ensuite examinés au microscope, le
plus souvent, après attaques appropriées. On utilise essentiellement les contrôles par ultrasons et courants
de Foucault.
■ Contrôle par ultrasons
1.3.3 Contrôles non destructifs
Le passage des ultrasons dans la fonte peut être gêné, par
exemple, par la présence d’une cavité (retassure...) qui donne nais-
Ce sont des contrôles qui permettent de détecter d’éventuels sance à des échos anormaux sur l’écran de lecture.
défauts dans les pièces sans porter atteinte à celles-ci. Grâce à l’appa-
rition de nouveaux moyens d’investigation plus performants, ils se Pour améliorer le passage des ultrasons entre l’émetteur et la
sont considérablement développés pour le plus grand bien de l’amé- pièce, et entre la pièce et le récepteur, cet essai se fait dans l’eau
lioration de la qualité des pièces de fonderie, en permettant à celle-ci ou par interposition d’un produit gras afin de réduire les pertes aux
d’aborder, avec toutes les garanties nécessaires, le domaine de la interfaces.
production des pièces de sécurité (porte-fusée, bras de suspension Le contrôle par ultrasons est également utilisé pour vérifier le taux
de véhicules, pièces d’aviation). de nodularité. La vitesse du son dans la fonte étant influencée par
Nous les avons classés et répertoriés en trois grandes familles que la forme du graphite, et donc par sa nodularité, on peut en déduire
nous analysons ci-après : grâce à une courbe de correspondance le taux de nodularité.
— les contrôles d’ensemble de la pièce : aspect, étanchéité ; ■ Courants de Foucault ou contrôle par induction
— les contrôles de surface : par ressuage ou magnétoscopie ;
Les pièces passent dans une bobine d’induction électro-
— les contrôles internes ou de structure : par ultrasons, courants
magnétique induisant des courants dans la pièce dont la réaction
de Foucault, radiographie X et gammagraphie et essais sonores.
sur un enroulement secondaire permet de mesurer le flux. Après
étalonnage et pour une même série, on décèlera les pièces pro-
1.3.3.1 Contrôles d’ensemble de la pièce duisant un flux différent de celui de la pièce étalon.
■ Contrôle d’aspect Cette méthode permettra de déceler des défauts fins en surface
C’est un contrôle visuel simple qui peut se pratiquer à l’œil, à la ou de contrôler la structure de la pièce.
loupe, ou à l’endoscope, pour vérifier rapidement la forme, les ■ Radiographie X et gammagraphie
dimensions, l’aspect d’une pièce et ses états de surface extérieur
et intérieur. C’est un contrôle rapide mais qui demande beaucoup Le passage des rayons X ou γ dans un matériau est modifié par
d’attention de la part des contrôleurs pour être efficace à 100 %. les défauts de celui-ci, et tout particulièrement par les défauts
volumiques.
■ Contrôle d’étanchéité Les rayonnements X impressionnent les émulsions photo-
Il est nécessaire pour détecter certaines fuites qui pourraient se graphiques ce qui permet d’obtenir des images des défauts. On peut
manifester dans des pièces dont l’étanchéité doit être garantie en aussi les observer en radioscopie, directement sur un écran fluo-
service ; par exemple : collecteurs d’admission ou d’échappement rescent (principe ancien) supplanté maintenant par la radioscopie
de moteurs automobiles. Pour cet essai la pièce est bloquée dans télévisée, beaucoup plus commode, et facilement mécanisable pour
un montage étanche, mise sous pression d’air et plongée dans un le contrôle des pièces de série.
bac rempli d’eau, où l’on détecte les bulles d’air s’échappant de la La gammagraphie utilise le même principe mais la source de pro-
pièce. duction des rayonnements γ est une source radioactive, devant
Citons également : laquelle on place les pièces à contrôler. L’exposition est plus longue,
— la vérification des tuyaux centrifugés qui se fait, à l’inverse, en plusieurs heures, et l’observation ne peut se faire que sur des clichés
remplissant d’eau le tuyau après obturation des deux extrémités ; photograhiques. Elle est surtout utilisée pour de grosses pièces en
la mise en pression de l’eau permettra de vérifier la résistance et alliages ferreux.
l’étanchéité du tuyau ; Compte tenu des dangers de ces rayonnements X et γ, leur mise
— l’essai avec l’hélium pour détecter de très petites fuites avec en œuvre oblige à mettre en place des protections très sûres, des
une bonne fiabilité et une automatisation possible. procédures d’emploi rigoureuses et à respecter une législation très
contraignante sur le plan de la sécurité.
1.3.3.2 Contrôles non destructifs de surface
■ Essai sonore
Les deux contrôles principalement utilisés sont le ressuage et la Sous un certain choc (par exemple un léger coup de marteau) une
magnétoscopie. pièce vibre, émet un son qui peut être faussé par la présence de
■ Ressuage défauts (une pièce fêlée sonne « faux »). Ce principe très simple et
très ancien a été beaucoup perfectionné et automatisé grâce à l’appa-
Il permet de détecter et de localiser des défauts débouchant en rition d’analyseurs de fréquences très performants, l’acquisition des
surface, comme des criques. On applique sur la pièce un liquide fréquences se faisant par excitation électromagnétique de la pièce
pénétrant, puis après l’élimination de l’excès du pénétrant, on et mesure du son résultant, ceci étant réalisé par une sonde
applique un révélateur qui fait apparaître le défaut sous forme de comportant un électroaimant et un microphone. Trois sondes
traits par exemple pour des criques, indications qui peuvent devenir peuvent être utilisées pour permettre de mesurer les modes de vibra-
fluorescentes sous rayonnement ultraviolet. tion les plus divers.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 3 530 − 3
CONTRÔLE. QUALITÉ ____________________________________________________________________________________________________________________

Cette méthode sonore peut être utilisée par exemple pour un ■ La section des essais physiques
contrôle automatique et non destructif d’éprouvettes en fonte GS On trouve ici les appareils d’essais mécaniques classiques :
pour en mesurer le taux de nodularité. machine de traction, mouton de Charpy... complétés par un atelier
de préparation des éprouvettes.
■ La section des essais des sables
1.4 Contrôle des outillages Elle rassemble tous les appareils d’essai et de mesure des sables
et des matériels neufs à la livraison, des sables de moulage et des sables à noyaux.
Pour les sables de moulage, les mesures généralement faites sont,
pour les plus importantes, la granulométrie, l’humidité, la teneur en
Les outillages et les matériels sont soumis, en fonderie, à des
argile ou en liant, la cohésion, la résistance au cisaillement, l’indice
conditions d’emploi très sévères (chaleur, abrasion par le sable, par
de moulabilité, l’aptitude au serrage, etc.
le métal liquide, contraintes mécaniques : secousses, chocs, pres-
sions, etc.) qui imposent de les contrôler régulièrement pour vérifier Les essais des sables à prise chimique sur barreaux-éprouvettes
leurs caractéristiques, leurs performances et la sécurité de leur normalisés y sont également effectués ainsi que tous les contrôles
emploi. des liants et des résines employés dans les formules de sable à
noyaux.
■ Pour les outillages
■ Les contrôles non destructifs
— Contrôle des châssis (bagues, goujons, planéité).
Ils sont installés dans l’atelier pour le contrôle continu des fabri-
— Contrôle des modèles, plaques modèles, qui s’usent par le frot-
cations. Ils doivent être suivis par des spécialistes du laboratoire pour
tement du sable et dont il faudra surveiller le degré d’usure pour
contrôler en permanence leur fiabilité.
que les cotes des pièces restent dans les tolérances prévues.
— Contrôle des boîtes à noyaux.
— Contrôle de l’épaisseur des poteyages (en coquille, gravité, 1.5.2 Fonderies de petite série
basse pression). ou de pièces unitaires
— Contrôle des moules à couler sous pression, et notamment des
empreintes (usure, érosion par le métal liquide, etc.) qu’il faudra Le laboratoire est en général plus modeste, mais il est important
remplacer périodiquement en fonction des quantités de pièces qu’il existe pour que soient contrôlés par un spécialiste tous les para-
produites. mètres de fusion et de moulage nécessaires à l’obtention et au suivi
— Contrôle des outillages de finition. de la qualité et à la vérification de la conformité aux spécifications
des produits fabriqués.
— Contrôle des montages et des appareillages de contrôle
eux-mêmes pour en vérifier périodiquement la fiabilité (pyromètres, Les moyens mis en œuvre sont dans leur principe les mêmes que
couples thermoélectriques...). pour les pièces de grande série. Parfois pour les très grosses pièces
unitaires devant respecter un cahier des charges sévère ils doivent
■ Pour les matériels être plus performants.
Il conviendra également de contrôler systématiquement le bon
fonctionnement et les performances des différents matériels et
installations employés en production (appareils de fusion, chantiers
de moulage, sableries, etc.) pour en suivre l’évolution et programmer 2. Qualité
en temps utile les opérations préventives de maintenance.
Tous ces contrôles, nombreux, onéreux, sont indispensables pour
obtenir un excellent niveau de qualité de l’outil de production, la La qualité en fonderie est avant tout le résultat d’un travail de
moindre défaillance de l’un quelconque de ces éléments pouvant prévention appuyé par des actions permanentes et rigoureuses de
entraîner des rebuts très coûteux en fabrication. respect des modes opératoires, des procédures et des fiches d’ins-
truction à tous les stades de la production, qui permettront l’obten-
tion de produits conformes aux cahiers des charges, aux conditions
d’emploi et aux exigences du client.
1.5 Laboratoire La qualité est, pour le fondeur, une exigence prioritaire pour
pouvoir :
— assurer la fiabilité de ses produits ;
Le laboratoire de fonderie rassemble tous les appareils de contrôle
— mériter la confiance des concepteurs et des utilisateurs ;
et de suivi des caractéristiques chimiques et physiques des pièces
— donner une bonne image de sa technicité.
fabriquées et des matériaux mis en œuvre.

1.5.1 Fonderies de grande série 2.1 Obtention de la qualité en fonderie


Le laboratoire comprend plusieurs sections.
Le problème de la qualité en fonderie se pose de façon plus
■ La section de métallurgie complexe que dans d’autres techniques. Le processus industriel (que
Elle est équipée avec les appareils de contrôle de l’élaboration des nous avons schématisé sur la figure 1) fait intervenir, à tous les
alliages : dosage du carbone, spectrographe d’analyse rapide de tous stades de la fabrication, de très nombreux paramètres, dont certains
les composants des alliages (C, Si, Mn, S, P,...), micrographie, etc. difficiles à maîtriser, et qui influenceront la réussite de la pièce.
et une section chimie pour contrôler, en permanence, le bon réglage Au départ, la pièce doit être bien dessinée, suivant certaines règles
du spectrographe par des analyses vérifiant les résultats spectro- [2], le système de coulée et d’alimentation en métal liquide bien au
graphiques. Ceux-ci peuvent aussi être contrôlés à partir d’échan- point, et les outillages en parfait état.
tillons-étalons.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 3 530 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques
___________________________________________________________________________________________________________________ CONTRÔLE. QUALITÉ

■ Phase 3
Elle a lieu après refroidissement, c’est la phase de parachèvement-
finition, avec traitements thermiques éventuels. Au cours de cette
phase la qualité proviendra du soin apporté à chaque opération, au
respect des gammes et au bon entretien des outillages de para-
chèvement.
■ Phase 4
C’est le contrôle final des pièces où l’on pourra déceler d’éventuels
défauts ou anomalies.
Le lancement d’actions correctives pour la suppression des
anomalies constatées devra s’appuyer :
— sur une bonne connaissance des propriétés de fonderie des
alliages coulés ;
— et sur une bonne identification des défauts qui permettra de
choisir les remèdes à appliquer ;
ces deux points étant développés dans les paragraphes 2.2 et 2.3
suivants.

2.2 Propriétés de fonderie


des alliages moulés

En dehors de leurs propriétés physiques (densité, retrait, résis-


tance, dureté...) les alliages moulés présentent des propriétés de
fonderie qu’il est important de connaître et de prendre en compte
pour améliorer la qualité des produits fabriqués. Ces propriétés sont
résumées ci-après [4] :
— la coulabilité ;
Figure 1 – Schéma simplifié du processus industriel de fonderie — le retrait ;
— la formation de la structure ;
Le processus industriel peut se diviser en quatre phases au cours — les ségrégations ;
desquelles il convient d’exercer des contrôles très rigoureux pour — les retassures ;
assurer la qualité finale. — les criques ;
— les soufflures.
■ Phase 1
C’est la phase de préparation des différents composants : les
moules, les noyaux, l’alliage liquide, chacun d’entre eux devant être 2.2.1 Coulabilité
conforme aux caractéristiques demandées, par exemple :
— pour les moules : dimensions des empreintes, dureté du C’est l’aptitude d’un alliage à remplir complètement l’empreinte
serrage, qualité du sable de moulage (humidité, cohésion, etc.) ; du moule. C’est une propriété complexe qui fait intervenir :
— pour les noyaux : précision dimensionnelle, qualité des liants, — les caractéristiques de l’alliage : composition chimique, inter-
des résines, respect des formules, etc. ; valle de solidification, etc. ;
— pour le métal élaboré : composition, traitements correctement — et les conditions de sa mise en œuvre : température de coulée,
effectués au four, à la poche, propreté du métal, bonne température nature et température du moule, principe de coulée (gravité, basse
etc. pression ou sous pression).
Toutes ces contraintes visent à préparer des composants de C’est une propriété complexe, difficile à caractériser, qui oblige
qualité qui seuls pourront garantir la qualité finale de la pièce. à des contrôles divers (analyse du métal, température de coulée,
température du moule, etc.) pour garantir la qualité des moulages
■ Phase 2 produits.
Coulée du métal dans le moule, solidification et refroidissement :
c’est la création et la naissance de la pièce.
Au moment de la coulée, beaucoup de phénomènes vont 2.2.2 Retrait
apparaître liés aux qualités de fonderie de l’alliage coulé, au
comportement des moules et noyaux pendant toute cette phase Le retrait est la différence de dimensions linéaires entre
d’échauffement extrêmement rapide, aux réactions moule-métal, l’empreinte du moule et la pièce solidifiée. Il s’exprime en ‰ ou en
aux caractéristiques de la coulée et aux conditions mêmes de refroi- mm/m.
dissement de la pièce. C’est également un phénomène complexe, dépendant de la loi de
C’est la phase la plus délicate du processus de fabrication, celle refroidissement, de la température de coulée de l’alliage, des dimen-
qui peut générer divers défauts si toutes les conditions de qualité sions et de la forme de la pièce, de la dilatation et de la rigidité du
analysées précédemment ne sont pas correctement remplies. moule, du contact pièce-moule, et qui découle de différents facteurs
intervenant pendant le refroidissement de l’alliage dans le moule :
— contraction à l’état liquide ;
— contraction ou expansion pendant la solidification ;
— contraction ou expansion à l’état solide pendant le refroidis-
sement final.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 3 530 − 5
CONTRÔLE. QUALITÉ ____________________________________________________________________________________________________________________

2.2.3 Formation de la structure 2.3 Défauts de fonderie


La structure de solidification peut être influencée par :
— les conditions thermiques d’élaboration de l’alliage ; D’origines très diverses, ils proviennent le plus souvent de
— l’intervalle de solidification ; mauvais réglages des paramètres de fabrication ou d’approvision-
— les conditions d’extraction de la chaleur ; nements non conformes aux spécifications. Il ne s’agit jamais de
— les phénomènes de germination ; défauts inguérissables mais plutôt d’anomalies ou de non-
— les traitements du métal liquide ; conformités.
— la nature du moule. Les origines et les remèdes possibles ont fait l’objet d’une abon-
dante bibliographie.
Nous avons extrait quelques généralités d’un ouvrage de MM. G.
2.2.4 Ségrégation Hénon, C. Mascré, G. Blanc Recherche de la qualité des pièces de
fonderie [1], dont nous résumons ci-après les indications principales
C’est un phénomène prenant naissance à la solidification et qui concernant la classification des défauts et leur analyse.
se traduit par une hétérogénéité chimique entre différents points de
la pièce. Il est lié à la composition de l’alliage, ainsi qu’à la présence
d’inclusions qui peuvent jouer un rôle dans cette hétérogénéité. 2.3.1 Classification

Les défauts ou anomalies ont été classés en sept groupes, carac-


2.2.5 Retassures térisés par l’aspect physique du défaut :
— excroissances métalliques (bavures, gales, surépaisseurs...) ;
Ce sont des défauts qui se manifestent par des creux à la surface — cavités (piqûres, soufflures, retassures, bouillonnements...) ;
de la pièce ou par des cavités à l’intérieur de celle-ci. On les trouve — solution de continuité (cassures, tapures, criques, reprises...) ;
dans les régions de la pièce restées liquides les dernières. Il faut donc — surfaces défectueuses (plissements, rides, queues de rat,
les alimenter par du métal liquide provenant de masselottes moulées gales...) ;
et coulées en même temps que la pièce et raccordées à celle-ci par — pièces incomplètes (malvenues, coulées à court, moules vidés,
des attaques à large section pour que le métal ne s’y fige pas. Il faudra cassures...) ;
ensuite les éliminer à l’ébarbage. Les facteurs favorisant la formation — dimensions ou formes incorrectes (cotes inexactes, défor-
de retassures sont principalement : mations...);
— la forme de la pièce ; — inclusions ou anomalies de structure (gouttes froides, inclu-
— la vitesse de coulée et de remplissage de la pièce ; sions de laitier ou de sable, trempe, durcissement superficiel...).
— les changements de volume de l’alliage lors de sa solidification,
d’où l’intérêt de compositions présentant les changements de
volume les plus réduits ; 2.3.2 Analyse des défauts
— la dureté et la résistance des parois du moule qui s’opposent
à la pression ferrostatique de l’alliage et pour les fontes au gonfle- Pour chaque défaut caractérisé, l’ouvrage Recherche de la qualité
ment pendant la période d’expansion graphitique, tout particuliè- des pièces de fonderie [1] donne les indications suivantes.
rement avec la fonte GS.
■ Une description complétée par le nom traditionnel du défaut avec
l’indication des alliages et des procédés de moulage.
2.2.6 Criques
■ Une liste des causes possibles, avec l’indication des plus pro-
bables, en expliquant, lorsque cela a été possible, le mécanisme
Ce sont des ruptures ou déchirures du métal qui se produisent selon lequel ces causes peuvent agir sur l’apparition du défaut.
pendant le refroidissement de la pièce dans le moule.
À part quelques défauts, issus d’une malfaçon évidente, les imper-
Les facteurs à l’origine de ces défauts sont souvent : fections résultent plutôt d’un concours de circonstances que d’une
— la forme et la dimension des pièces ; cause unique bien déterminée. Ce qui peut en rendre l’analyse par-
— la résistance et la dilatabilité du moule et des noyaux ; fois assez complexe.
— la capacité de déformation du métal fonction de sa composition
et de sa température. ■ Une liste des remèdes qui pourront être préconisés pour la sup-
pression de tel ou tel défaut et qui compléteront, en cette matière,
Lorsque la rupture se produit brutalement, c’est une tapure. l’expérience du fondeur, qui reste un atout incomparable pour
résoudre ce genre de problèmes.
Nota : voir également les références [5] [6] [7].
2.2.7 Soufflures

Ce sont des cavités ou des trous résultants de la présence de bulles 2.3.3 Niveaux de rebuts
de gaz dans l’alliage pendant sa solidification dont l’origine peut
être : Le problème de la qualité des pièces de fonderie peut donc sembler
— interne à l’alliage : gaz dissous, en général ; difficile à résoudre, compte tenu de toutes les causes possibles de
— externe à l’alliage : dépendant de la conception du moule, des défauts, dont les remèdes ne sont pas toujours faciles à trouver, et
matériaux mis en œuvre pour sa confection, de leurs qualités et des de l’évolution des pièces, vers des produits plus performants, plus
réactions moules-métal qu’ils engendrent ou des entraînements de précis, et plus fiables pour répondre aux exigences toujours élevées
gaz à la coulée. des concepteurs et des clients. Beaucoup des pièces actuellement
fabriquées en grande série, pour l’automobile par exemple, étaient
difficilement envisageable dans le passé, il y a seulement quelques
décennies. Citons notamment : les vilebrequins de moteurs, les
porte-fusées, les bras de suspension, les bielles... qui sont mainte-
nant d’application courante mais qui ne tolèrent aucune défaillance.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 3 530 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques
___________________________________________________________________________________________________________________ CONTRÔLE. QUALITÉ

Ces exigences accrues ont également augmenté les difficultés de Ce qui nécessitera :
fabrication, mais grâce à l’évolution des procédés et des techniques — une organisation de l’entreprise, simple, claire, efficace,
de production et de contrôle, la fonderie a su accompagner et même, d’autant plus indispensable que très souvent 80 % des problèmes
dans certains cas, promouvoir cette évolution vers des produits plus sont du type organisationnel ;
« haut de gamme », tout en maintenant des taux de rebuts de l’ordre — une recherche de la qualité dans tous les secteurs de l’entre-
de quelques pour-cent en fonderie et de 0,5 à 1 % maximum en prise, entretien, méthodes, outillages, achat, services administratifs,
pièces retour d’usinage (ces chiffres étant évidemment fonction de etc., dont l’action viendra épauler celle de la fabrication ;
la difficulté des pièces à fabriquer). Ce qui démontre toutes les — la mise en place d’un certain nombre d’outils de gestion pour
possibilités de la fonderie lorsque sa fabrication est parfaitement contrôler et améliorer le niveau de la qualité, comme par exemple :
maîtrisée et contrôlée.
• le manuel qualité de la fonderie,
• l’emploi des méthodes statistiques (contrôle statistique (SPC)
plan d’expérience, analyse des données),
2.4 Organisation et gestion de la qualité • mise en place de l’assurance qualité interne (plan de sur-
veillance, audits) et externe avec les fournisseurs ;
— suivi des dépenses de non-qualité :
Pour être efficaces, toutes les actions menées sur le plan technique • développement de la formation et de la motivation du person-
tant au niveau de la prévention qu’au niveau des actions correctives nel à la qualité,
devront s’appuyer sur une organisation de la qualité qui concernera • recherche de l’homologation et de la certification de l’entre-
toute l’entreprise et qui visera à obtenir la « Qualité totale », le zéro prise dans le cadre des normes internationales (par ex. ISO 9001 –
défaut étant pris dans le sens : zéro écart par rapport au référentiel. 9002 – 9003).
Le lecteur souhaitant approfondir tous ces aspects de la qualité
en fonderie, pourra consulter, entre autres, l’ouvrage édité par la
SGFF et intitulé Guide à l’usage des fonderies pour l’organisation
de la gestion de la qualité [2].

Références bibliographiques

[1] HÉNON (G.), MASCRÉ (C.) et BLANC (G.). – Dans les Techniques de l’Ingénieur [5] PORTALIER (R.). – Fonderie et moulage des
Recherche de la qualité des pièces de fonderie. alliages d’aluminium. M 810, traité Matériaux
Éd. Techn. de la Fonderie, 353 p. (1986, revu [3] CUÉNIN (P.). – Outillages de fonderie. M 3 535, métalliques, juil. 1990.
1991). traité Matériaux métalliques, déc. 1997. [6] CHÉRIÈRE (J.). – Élaboration des fontes
[2] Guide à l’usage des fonderies pour l’organi- [4] LESOULT (G.). – Solidification. Macrostruc- malléables. M 770, traité Matériaux métal-
sation de la gestion de la qualité. SGFF, 93 p. tures et qualité des produits. M 59, traité liques, janv. 1994.
(1981). Matériaux métalliques, oct. 1989. [7] DÉTREZ (P.). – Solidification. M 786, traité
Matériaux métalliques, juil. 1991.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 3 530 − 7

Vous aimerez peut-être aussi