Calcul des Structures ISSATSO

Chapitre 5 : Les poutres continues

(Résolution par la méthode des trois moments)

1- Définition :
Une poutre est dite continue si elle repose sur plus de deux appuis. Les appuis
intermédiaires sont obligatoirement des appuis simples alors que les appuis aux extrémités,
dits aussi appuis de rive, peuvent être des encastrements.

Figure 1 : Poutre continue

✓ On commence par la numérotation des appuis de zéro (0) à (n).

✓ Une travée (i) est délimitée par les deux appuis (i-1) et (i), de portée Li et de rigidité EIi ;
✓ On aura donc :
- n +1 appuis (0, 1, …..,n)
- n travées : (1,2,………,n).
- Portée de travée (i) : Li
- Rigidité flexionnelle de la travée (i) : EIi
✓ Chaque travée (i) est repérée par un repère orthonormé local dont l’origine est l’appui
(i+1).

2- Degré d’hyperstaticité d’une poutre continue :

✓ Les équations de la statique sont deux (les forces sont portées par l’axe 𝑦⃗)
✓ Les inconnues sont les réactions ou les moments aux appuis :
- n+1 inconnues si les appuis de rive sont des appuis simples.
- n+2 inconnues si un appui de rive est un encastrement.
- n+3 inconnues si les deux appuis de rive sont des encastrements.

Les poutres continues 1

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 Le degré d’hyperstaticité K est :

- K = n-1 : si les appuis de rive sont des appuis simples.
- K = n : si un appui de rive est un encastrement.
- K = n+1 : si les deux appuis de rive sont des encastrements.

3- Théorème des trois moments :

La méthode des trois moments est une méthode bien adaptée pour la résolution des
poutres continues. Elle consiste à découper une poutre continue en travées indépendantes et
faire introduire des moments sur appuis (Mi) comme des inconnues hyperstatiques.

Principe :

On considère deux travées consécutives (i) et (i+1) d’une poutre hyperstatique à n

travées, d’inerties flexionnelles respectives EIi et EI i+1, de longueurs respectives Li et Li+1 et
soumises respectivement à des charges X0i et X0(i+1). Et on suppose que les appuis (i-1), (i) et
(i+1) subissent des déplacements respectifs vi-1, vi et vi+1 vers le bas.

Figure 2 : Deux travées successives d’une poutre continue

Les poutres continues 2

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Avec :

di : La rotation à droite de l’appui i pour la travée (i+1) considérée indépendante.

g
i : La rotation à gauche de l’appui i pour la travée (i) considérée indépendante.

Les formules de Navier-Bresse pour deux travées consécutives s’écrivent :

𝑳𝒊 𝒅𝒙
𝒊 = 𝒊−𝟏 + ∫𝟎 𝑴𝒊 (𝒙) 𝑬𝑰 (𝟏)
𝒊

𝑳𝒊 𝒅𝒙
𝒗𝒊 = 𝒗𝒊−𝟏 + 𝒊−𝟏 . 𝑳𝒊 + ∫𝟎 𝑴𝒊 (𝒙)(𝑳𝒊 − 𝒙) (𝟐)
𝑬𝑰 𝒊

𝑳𝒊+𝟏 𝒅𝒙
𝒗𝒊+𝟏 = 𝒗𝒊 + 𝒊 . 𝑳𝒊+𝟏 + ∫𝟎 𝑴𝒊+𝟏 (𝒙)(𝑳𝒊+𝟏 − 𝒙) (𝟑)
𝑬𝑰𝒊+𝟏

(𝟑) (𝟐)
En effectuant : − , on obtient :
𝑳𝒊+𝟏 𝑳𝒊

Cas général :

Cas où l’inertie de la poutre est constante sur chaque travée (i) et sans dénivellation des
appuis :

Les poutres continues 3

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Dans le cas où l’inertie serait constante pou toutes les travées de la poutre, on aura
l’équation suivante, dite équation des trois moments ou de Clapeyron :

𝒈
𝑳𝒊 𝑴𝒊−𝟏 + 𝟐. (𝑳𝒊 + 𝑳𝒊+𝟏 ) 𝑴𝒊 + 𝑳𝒊+𝟏 𝑴𝒊+𝟏 = 𝟔. 𝑬𝑰(𝒅𝒊 − 𝒊 )

4- Expression du moment fléchissant, effort tranchant et réactions d’appuis :

Pour la travée (i) située entre les appuis (i-1) et (i), on peut écrire les relations suivantes :
Moment fléchissant :

𝒙 𝒙
𝑴𝒊 (𝒙) = 𝒎𝒊 (𝒙) + 𝑴𝒊−𝟏 (𝟏 − ) + 𝑴𝒊
𝑳𝒊 𝑳𝒊
Avec :
- 𝒎𝒊 (𝒙): Expression du moment fléchissant dû aux chargements extérieurs X0i de la
travée (i) supposée indépendante.
- 𝑴𝒊 : Moment sur appui (i).

Effort tranchant :

𝑴𝒊 − 𝑴𝒊−𝟏
𝑽𝒊 (𝒙) = 𝒗𝒊 (𝒙) +
𝑳𝒊
Avec :
- 𝒗𝒊 (𝒙): Expression de l’effort tranchant dû aux chargements extérieurs X0i de la travée
(i) supposée indépendante.
- 𝑴𝒊 : Moment sur appui (i).

Réactions d’appuis :

𝒈 𝑴𝒊−𝟏 − 𝑴𝒊 𝑴𝒊+𝟏 − 𝑴𝒊
𝑹𝒊 = 𝒓𝒊 + 𝒓𝒅𝒊 + +
𝑳𝒊 𝑳𝒊+𝟏
Avec :
- 𝒓𝒅𝒊 : Réaction à droite de l’appui (i) de la travée isostatique (i+1).
𝒈
- 𝒓𝒊 : Réaction à gauche de l’appui (i) de la travée isostatique (i).

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5- Les étapes de la méthode des trois moments :

1- Déterminer le degré d’hyperstaticité de la poutre K.

2- Découper la poutre à n travées indépendantes (i) chacune de portée Li et de rigidité
flexionnelle EIi.
Remarque : Si l’un des appuis de rive est un encastrement, on le remplace par une travée
fictive de rigidité flexionnelle infinie EI =ꝏ .

Figure 3 : Décomposition de la poutre continue en travées indépendantes

3- Pour chaque poutre isostatique de la travée (i), déterminer :

𝒈
- Les réactions des appuis : 𝒓𝒅𝒊−𝟏 et 𝒓𝒊
- Les expressions des efforts internes : L’effort tranchant 𝒗𝒊 (𝒙) et le moment
fléchissant 𝒎𝒊 (𝒙)
𝒈
- Les rotations des appuis : 𝒅𝒊−𝟏 et 𝒊

4- Ecrire les k équations des 3 moments pour chaque deux travées consécutives (i) et (i+1) :
𝒈
𝑳𝒊 . 𝑴𝒊−𝟏 + 𝟐 (𝑳𝒊 + 𝑳𝒊+𝟏 ) 𝑴𝒊 + 𝑳𝒊+𝟏 𝑴𝒊+𝟏 = 𝟔 𝑬 𝑰 (𝒅𝒊 − 𝒊 )

5- Résoudre ces équations pour déterminer les moments Mi sur appuis.

Les poutres continues 5

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6- Calculer les réactions et les efforts internes par les formules suivantes :
𝒈 𝑴𝒊−𝟏 −𝑴𝒊 𝑴𝒊+𝟏 −𝑴𝒊
- Les réactions des appuis : 𝑹𝒊 = 𝒓𝒊 + 𝒓𝒅𝒊 + +
𝑳𝒊 𝑳𝒊+𝟏

𝑴𝒊 −𝑴𝒊−𝟏
- L’effort tranchant : 𝑽𝒊 (𝒙) = 𝒗𝒊 (𝒙) + 𝑳𝒊

𝒙 𝒙
- Le moment fléchissant : 𝑴𝒊 (𝒙) = 𝒎𝒊 (𝒙) + 𝑴𝒊−𝟏 (𝟏 − 𝑳 ) + 𝑴𝒊 𝑳
𝒊 𝒊

6- Exemple d’application :
Données :
Soit une poutre à deux travées identiques, soumise à une charge uniformément répartie q,
d’inertie constante, schématisée ci-dessous.

A B C
EI EI
L L

1- Calculez le degré d’hyperstaticité de la structure.

2- Déterminez les expressions des moments aux appuis.
3- Déterminez les expressions des efforts internes le long de la structure et leurs
diagrammes.

Réponses :
1- Le degré d’hyperstaticité de la structure :
On a n = 2 : Le nombre des travées
et les appuis de rive sont des appuis simples
 K = n-1 = 1

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2- Expressions des moments aux appuis :

Structure étudiée

0 1 2

Travées
indépendantes

Li L1 = L L2 = L

vi (x)

𝒎i (x)

Moments sur 𝑀0 = 0 𝑀1 =? 𝑀2 = 0
appuis
𝒈
Equation des 3 𝑳𝒊 . 𝑴𝒊−𝟏 + 𝟐 (𝑳𝒊 + 𝑳𝒊+𝟏 ) 𝑴𝒊 + 𝑳𝒊+𝟏 𝑴𝒊+𝟏 = 𝟔 𝑬 𝑰 (𝒅𝒊 − 𝒊 )
moments 𝒈
 𝑳𝟏 . 𝑴𝟎 + 𝟐 (𝑳𝟏 + 𝑳𝟐 ) 𝑴𝟏 + 𝑳𝟐 𝑴𝟐 = 𝟔 𝑬 𝑰 (𝒅𝟏 − 𝟏 )
𝒈
 𝟐 (𝑳 + 𝑳) 𝑴𝟏 = 𝟔 𝑬 𝑰 (𝒅𝟏 − 𝟏 )
𝒒. 𝑳𝟐
𝑴𝟏 = −
𝟖

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3- Expressions des efforts internes le long de la structure :

Structure étudiée

0 1 2
𝑹i 3. 𝑞. 𝑙 10. 𝑞. 𝑙 3. 𝑞. 𝑙
𝑅0 = 𝑅1 = 𝑅2 =
8 8 8
𝑽i (x) 3𝑞𝐿 5𝑞𝐿
𝑉1 (𝑥) = − 𝑞𝑥 𝑉2 (𝑥) = − 𝑞𝑥
8 8
𝑴i (x) 3𝑞𝐿 𝑥2 5𝑞𝐿 𝑥2 𝐿2
𝑀1 (x) = . 𝑥 − 𝑞. 𝑀2 (x) = . 𝑥 − 𝑞. − 𝑞.
8 2 8 2 8

𝒈 𝑴𝒊−𝟏 −𝑴𝒊 𝑴𝒊+𝟏 −𝑴𝒊

Formules utilisées : 𝑹𝒊 = 𝒓𝒊 + 𝒓𝒅𝒊 + +
𝑳𝒊 𝑳𝒊+𝟏

𝑴𝒊 −𝑴𝒊−𝟏
𝑽𝒊 (𝒙) = 𝒗𝒊 (𝒙) + 𝑳𝒊

𝒙 𝒙
𝑴𝒊 (𝒙) = 𝒎𝒊 (𝒙) + 𝑴𝒊−𝟏 (𝟏 − 𝑳 ) + 𝑴𝒊 𝑳
𝒊 𝒊

Diagrammes des efforts internes :

𝟑𝒒𝒍 𝟓𝒒𝒍
𝟖 𝟖

A B C Vy

𝟑𝒍 𝟑𝒒𝒍
𝒙𝟏 = 𝟓𝒒𝒍 −
𝟖 − 𝟖
𝟖

𝒒. 𝒍𝟐
𝑴𝒛 (𝑩) = −
𝟖

A B C Mz

𝟗. 𝒒. 𝒍𝟐 𝟗. 𝒒. 𝒍𝟐
𝑴𝒎𝒂𝒙
𝒛 = 𝑴𝒎𝒂𝒙
𝒛 =
𝟏𝟐𝟖 𝟏𝟐𝟖

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