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a4 a,t
Sommalre
L. BELABED 49
Les terralns naturels sont des milieux complexes, spécifiques et de caractéristiques variables
dans l'espace et dans le temps, composés de solides et de fluides qui y circulent ou les
imprègnent. L'identification de leurs propriétés, en termes de comportement mécanique et
hydraulique, est coûteuse, et donc nécessairement incomplète et incertaine. Les problèmes
posés sont variés, et leur résolutlon engage la responsabilité de f ingénieur. On peut citer en
particulier : la conception, la construction et la maintenance d'ouvrages bâtis sur, dans ou avec
le terrain, dans des sites urbains ou extra-urbains; la stabilité de sites naturels ou construits;
l'étude de Ia circulation et de la qualité de i'eau souterraine; l'exploitation des ressources
naturelles...
Les instructions aux auteurs sont publiées dans le premier numéro de chaque année,
disponibles sur demande, et accessibles sur le site Internet des trois comités
(www. geotechnique. orgJ.
Les manuscrits sont à envoyer en trois exemplaires (dont un original) et une disquette contenant
le fichier à l'un des rédacteurs en chef:
REVUE
FRANÇAISE
DE
GEOTECHNIQUE
Rédacteur en chef: Pierre Drlacr (Ecole nationaie des ponts et chaussées)
Co-rédacteurs en chef: Françoise HoveNo, Jean-Paul Trsor (École nationale supérieure de
géologie de Nancy]
Comité de lecture : Gabriel Auvluer (UNAM, Mexico), Lucien Bouncurr (Hydrogéologue-
expert), Bernard Carraeou (École centrale de Lyon), Roger Co.lraN (École nationale supérieure
des mines de Paris), Emmanuel DrrounNav (University of Minnesota, USA), Jean-Louis Dunvtllr
(LCPC), Dominique Founvaturneux (Elf), Alain Gurlloux (Terrasol), Marc PaNer (FC
International), Aurèle PARRIAUX (Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, Suisse), Pierre
Vnzole (SAE), Gérard Vounle (Ecole nationale supérieure des mines de Paris)
Revue trimestrielle
Abonnement 2000 (numéros 90 à 93) franco : 710 F
Prix au numéro franco : 198 F (valable également pour les numéros anciens)
La revue est expédiée par avion dans les D.O.M.-T.O.M. et à l'étranger.
Sommaires des numéros anciens sur demande.
The evolution
of slope stability methods
Part I: Failure methods
IP This paper shows the evolution of the slope stability methods,
l(,
t(o useful for engineers in charge of quantifying a slope stability.
lI-
I f-r We point out the hypothesis of the methods in relation with
| 0t,
their relevant use. Dealing with failure methods, we start from
l-o
t< Coulomb's corner, and show the progressive compiexification
and the multiplication of the methods, due to the upcoming of
computers. However, no method can be considered as being the
best, the user's know-how remaining the guarantee of their use.
NP,[E.|,:,,I,êS,,.,dtsC,U.S$tôflb sur
.
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Cê.f .... ffi bJë. b''b' ni,'t"
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3
REVUE FRANçAIsE or cÉotecuNteuE
N" g2
3e trimestre 2000
E méthodes de mesure, pour les paramètres, et de
méthodes de calcul,, et il précisait que les résultats doi-
Introduction vent être appréciés en tenant compte de ces deux éIé-
ments. On retrouve aujourd'hui cette prudence dans les
Depuis Fellenius (1,927), de nombreux auteurs ont Eurocodes qui insistent sur la façon de déterminer les
proposé des méthodes de calcul, plus ou moins sophis- valeurs caractéristiques et affectent aussi un coefficient
tiquées et plus ou moins efficaces, en relation avec le de sécurité (confiance) sur la méthode de calcul. Mais le
développement des techniques, des recherches, des résultat doit aussi être apprécié en fonction de la façon
calculateurs électroniques , et de l'analyse numérique. de gérer Ie risque ; pour un calcul à la rupture en stabi-
Little et aL (1958) et Horn (1960) sont les précurseurs de lité de pentes, un coefficient de sécurité d'au moins L,3
cette évolution. Cet article, à travers une classification est demandé en génie civil, alors qu'en génie minier on
des méthodes, présente l'évolution des différentes se satisfait de L,1. Cette notion de coefficient de sécurité
méthodes d'analyse numérique qui permettent à l'ingé- est très importante : à travers elle, on cherche à tra-
nieur d'aujourd'hui d'évaluer les mouvements ou l'aléa duire par un seul nombre de quelle façon la pente est
de la rupture de la pente qu'il étudie. stable. Cette simplification n'est pas unique, ce qui ne
va pas faciliter Ie dialogue entre les différentes per-
lJn mouvement de terrain présente différentes sonnes concernées par la stabilité d'une pente.
phases, différents mécanismes de rupture, et différents
matériaux. Deux aspects de ces différences sont Pour évaluer la stabilité d'une pente, l'ingénieur doit
d'ordre géométrique et doivent être connus pour pou- choisir entre plusieurs définitions du coefficient de
voir être décrits à Ia machine, à un instant donné : il sécurité ; ce coefficient peut être un rapport de forces,
s'agit de la stratigraphie caractérisant le sous-sol et du de moments, de grandeur par rapport à une grandeur
régime hydraulique. Le troisième aspect est temporel limite ; il peut être aussi, avec des calculs en déplace-
et traduit une évolution mécanique. L'étude d'un glis- ment, une valeur limite. Ce choix est en général inclus
sement nécessite donc de savoir si le problème est celui dans le choix de la méthode de calcul. Il va dépendre,
d'un instant donné ou si l'évolution est la clé de l'étude. en partie, de Ia demande du projeteur et aussi des pos-
Les données vont dépendre de ce choix et, si le temps sibilités de calcul. Ce choix n'est pas sans consé-
est pris en compte, le volume des données et le temps quences car la comparaison entre ces différentes
d'acquisition de ces dernières vont être importants. approches n'est pas toujours aisée et les valeurs limites
Les calculs se font maintenant par ordinateur, et les de référence ne sont pas toujours les mêrnes, comme
codes de calcul qui traduisent les méthodes nécessi- le montre le tableau I.
tent, pour conduire une analyse, de nombreux para-
mètres qui sont à évaluer à partir de données toujours
insuffis ante s . D e s hypothè se s simplificatrice s s ont donc ffi
nécessaires pour adapter le cas réel à celui du modèle
de calcul. 11 y a ainsi, tout au long de Ia démarche, de Le choix du type de méthode de calcul
nombreux choix à faire et ces choix ne peuvent être jus-
tifiés qu'en fonction d'une bonne connaissance du code lJn autre choix important, qui dépend des moyens
de calcul utilisé. que l'on peut mettre en æuvre, est celui entre une
méthode modélisant toute la masse de sol et une
méthode définie localement, le long d'une surface de
rupture par exemple. Cependant, avec les possibilités
d'analyse d'un grand nombre de courbes de rupture
Les difîérents choix possibles potentielles, les deux approches se rejoignent. Dans le
cas d'une méthode intéressant toute la masse, le calcul
- fournira directement la zone de rupture la plus pro-
ffi bable, alors qu'une méthode s'appuyant sur une
courbe préalablement définie sera réitérée un grand
Les choix de présentation des résultats nombre de fois pour un résultat semblable. Ce choix
doit donc être fait en examinant les moyens dispo-
En 1,973, le professeur Lambe (Lambe, 1973) rappe- nibles, le comportement global de la pente, mais aussi
lait que les résultats obtenus sont le produit de en s'assurant de la possibilité d'obtenir les paramètres
1
de calcul correspondants au modèle. Le comportement Pour pouvoir résoudre les équations, il faut alors intro-
gtobal de la pente correspond à quatre mécanismes qui duire des hypothèses supplémentaires et simplifica-
se traduisent par des déplacements du sol différem- trices de manière à égaliser Ie nombre d'inconnues et le
ment répartis. (Vaunat et aL,1992) : nombre d'équations.
- pré-rupture, où le comportement du sol est élasto- Dans les sols relativement homogènes ne présen-
visco-plastique et où le massif est un milieu continu, tant pas de discontinuités géologiques, la surface sur
sans zoï1e de discontinurté ; les déformations sont quasi laquelle il pourrait y avoir rupture n'est pas connue.
homogènes ; Elle est alors définie sur la base d'un coefficient de
sécurité minimal et d'une rupture cinématiquement
- rupture, où une partie du massif se déplace par rap- possible. Notons que dans de tels cas, le processus
port à l'autre ; Ie modèle de sol est élasto-plastique,
voire rigide-plastieue ; conduisant à la rupture est complexe et rend la sélec-
tion des paramètres de résistance difficile. Afin de pré-
- post-rupture, où une partie du sol se déplace sur ciser la surface de rupture la plus critique et le coeffi-
l'autre, comme un écoulement visqueux et avec une cient de sécurité qui lui est associé, on utilise
vitesse appréciable ; généralement des méthodes à l'équilibre limite itérées
- réactivation,, quand la partie du sol ayant déjà glissé et de nombreuses fois.
s'étant stabilisée, le mouvement reprend sur une sur- Les méthodes à l'équilibre limite ont été adaptées
face prédéfinie, suivant un comportement rigide-plas- pour répondre aux besoins de Ia profession et prendre
tique.
en compte, en particulier, la troisième dimension, des
La distinction entre ces quatre mécanismes est fon- efforts d5rnamiques qui peuvent être importants en cas
damentale pour une étude fiable des pentes , et ceci va de séismes, et des inclusions dans le cas de conforta-
bien srfr influer sur }e choix d'une méthode de calcul. tions.
Elle permet de choisir entre les types de méthodes rap-
pelés ci-après. Toutes ces méthodes à l'équilibre limite sont de ffie
bloc rigide sur substratum rigide, sans considérations
pour les mouvements internes aux blocs. Dans le cas
,";#,',' r:-l,itÏ:tffi de glissements actifs, la surface de rupture est connue,
le coefficient de sécurité est de 1.0 et l'on peut parler
Méthodes de calcul à la rupture d'analyse à rebours. Mais si le paramètre important est
la vitesse de mouvement qui peut être plus ou moins
Lorsqu'une masse rigide peut se déplacer le long élevée, il devient nécessaire d'adjoindre un modèle vis-
d'une surface de géométrie bien définie, le comporte- queux aux méthodes à l'équilibre limite.
ment est contrôlé par la loi de Mohr-Coulomb, qui
donne la résistance au cisaillement à la rupture t,. En
conditions non drainées, cette résistance est la résis- i+ïf#È#Htr{+ïrffi
tance au cisaillement non drainée rru. Quand on connaît
Ies pressions interstitielles, la résistance au cisaillement Méthodes volumiques ou méthodes sans hypoth èse
peut s'exprimer en contraintes effectives, selon Ia rela- sur la surface de rupture (de type élëments finis)
tion x, = c' + o' tan (p'. C'est le cas des massifs rocheux
fracturés, pour lesquels Ia cinématique du mouvement Avant Ia rupture, au stade de Ia pré-rupture, le mas-
est conditionnée par les discontinuités et leur orienta- sif de sol ou de roche est continu et son comportement
tion spatiale ; c'est aussi le cas pour les sols lorsqu'il ne peut être analysé par des méthodes à l'équilibre
peut y avoir mouvement le long d'une surface de glis- limite, car on ne peut mettre en évidence une surface
Sement préexistante. Dans le cas des réactivations, C'eSt de rupture. Les phénomènes à décrire sont nombreux
l'angle de frottement résiduel qu'il faut prendre en et complexes (élasto-plasti cité, fluage, rupture progres-
compte. Pour tous ces cas, les méthodes dites à l'équi- sive) et intéressent l'ensemble du massif. II est alors
libre limite sont très appropriées car on peut écrire faci- nécessaire de considérer des méthodes volumiques
lement les équations qui relient les variables ; mais, prenant en compte l'ensemble du volume pour analy-
sauf pour les cas les plus simples, le nombre de ser les mouvements ainsi que leur évolution dans Ie
variables est bien supérieur au nombre d'équations. temps.
A-t
Chute ou écroulement b,lements lrnrs Sans objet Méthodes énergétiques Sans objet
si massif continu
Éléments volumiques
si massif faillé
Glissement
Atz . n'
|,lements rlnls Calcul à Ia rupture Méthodes énergétiques Calcul à la rupture
car ligne de rupture sur ligne de rupture sur ligne de rupture
inconnue supposée connue
5
REVUE FRANçAIsE oE e ÉorEcHNteuE
N'99
3e trimestre 2000
où w est le poids de Ia masse en mouvernent, o l'angle
.rr.
RR = V/ cos cr tan Q
",.t
Schéma de rup-
1
ture en trans-
lation (4 blocs,
Q' 2 équilibre d'un
v
bloc).
Schematic sketch
Cu 3 of a translation
failure (4 blocks,
equilibrium of a
I=b/cosu block).
1
REVUE FRANçAIsE oe eÉorEcHNIQUE
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3e trimestre 9000
iiËÊ Les inconnues d'une méthode
des tranches.
The unknown parameters in a
slice method.
-Ie coefficient de sécurité est unique et ne s'applique (1 + tancx tan ç'/F))/E W sin u)
qu'à la base des tranches.
En explicitant l'expression de Ia contrainte à la base
de Ia tranche, on se rend compte qu'elle peut être néga-
ffi iiir#l:""'Ïttrîu tive ; de même, Ie terme (1 + tancr tan ç'/F) peut devenir
Méthodes issues de l'analyse del'équilibre d'une tranche nul et l'on obtient des valeurs très grandes ,Ce la
contrainte. Pour pallier ces anomalies numériques, le
Le dénombrement des inconnues et des équations programmeur introduit des tests qui maintiennent les
du problème permet de comparer facilement les valeurs dans des fourchettes admissibles. Fellenius est
méthodes. Par tranche, il y a les forces situées à droite en général la référence choisie. Mais il en résulte qu'il y
et à gauche (deux forces et leurs points de passage, soit a plusieurs façons de programmer la méthode de
6n inconnues), les forces à la base mais centrées (2n Bishop et que certains résultats, par exemple quand le
inconnues), et Ie coefficient de sécurité qui est pris talus est immergé, peuvent différer considérablement
constant le long de la courbe de rupture, ce qui fait au suivant la programmation utilisée. Pour maîtriser la
total Bn + 1 inconnues. Le principe d'action et de réac- méthode de Bishop, il faut donc connaître les tests
tion entre tranches fournit 3(n - 1) équations, l'équilibre cachés dans sa programmation.
de chaque tranche 3n équations ; orr a aussi n équations
de type Coulomb à la base des tranches et les 6 équa- . Méthode de Morgenstern et Price (7gGS)
tions correspondant à des forces nulles aux extrémités
du glissement, ce qui fait au total 7n + 3 équations. Il Morgenstern et Price définissent une fonction don-
manque n - 2 équations pour résoudre. Le choix de ces nant f inclinaison des efforts intertranches. La pro-
n - 2 équations différencie les méthodes. grammation est ass ez délicate et Fredlund et Krahn
(1977) proposent un algorithme de résolution plus
o Rupture circulaire en conditions non drainées stable. Cette méthode est très utilisée mais pose tou-
jours quelques problèmes de convergence.
Cette méthode a été proposée par Fellenius (1gZT),
dans Ie cas d'un sol purement cohérent. Aucune hypo-
thèse n'est faite sur la distribution des forces à l'inté- o Autres méthodes des tranchês, comparaisons
rieur du massif et seuls les efforts de cisaillement le et difficultés
long de la courbe de rupture circulaire sont pris en
compte. La résistance au glissement est alors facile- Il existe bien d'autres méthodes des tranches, avec
ment calculable sous l'expression d'un moment, avec des hypothèses différentes et surtout, pour des raisons
un bras de levier, égal au rayon R, constant. Pour obte- numériques, des choix différents pour l'inconnue résol-
nir le moment moteur, il est nécessaire de décomposer vante. L'approche de Li (1,992) est un exemple intéres-
Ia masse en mouvement en tranches verticales, le bras sant pour le choix de l'inconnue auxiliaire, ce qui per-
de levier étant alors le rayon du cercle R multiplié par le met une résolution directe. De nombreuses
sinus de l'angle d'inclinaison de Ia base de la tranche. comparaisons ont été faites (Wright et al., 1973, Lum-
Le coefficient de sécurité peut être défini comme le rap- sdaine et al., 19Bz), et d'autres auteurs mettent en évi-
port des deux moments et on obtient : dence les difficultés numériques de certaines de ces
méthodes (Ching et aI., 1983, Chowdhury et al.,1gg0,
F-(RIl,cuÆRW,sinu,)
I
REVUE FRANçAIsE DE cÉorecHNrour
Low et a1.,1998).
N'92
3e trimestre 2000
ffi . Méthode de BeII (1969)
Bell propose de prendre une fonction de répartition
Méthodes globales
de la contrainte normale Ie long de la courbe de rup-
Les méthodes globales (Caquot, 1954, Biarez, 1960) ture définie par deux paramètres À et p :
permettent une résolution graphique maintenant peu on : À yh + p sin (rc (x - xj/(x, - xo))
utilisée, mais l'informatique leur apporLe un renouveau où x, X,, Xo sont les abscisses curvilignes du point cou-
intéressant, I'intégration de valeurs le long de courbes rant et des extrémités de la courbe de rupture. Cette
quelconques étant très simple par discrétisation. Les fonction de répartition n'a pas permis à la méthode de
hypothèses utilisées sont les suivantes : fournir des résultats probants.
- Ia masse en mouvement est observée dans son
ensemble, elie est délimitée par la courbe de rupture ; . Méthode des perturbations
- une fonction de répartition des contraintes normales La méthode des perturbations est une méthode glo-
est paramétrée le long de Ia courbe de rupture; bale proposée par Raulin et al. (1,974) et développée par
- ia résolution se fait avec les trois équations de la sta- Faure (1985). Elle peut s'énoncer de la façon suivante
tique appliquée à la masse en mouvement. (Fis. 6) :
t Méthodes graphiques
Taylor (1937), puis Caquot (1954) ont développé une
méthode graphique permettant le calcul de ruptures
I
I
circulaires dans un talus homogène cohérent et frot-
tant, appelée méthode du cercle de frottement. Le
i
terme de cohésion Ie iong de l'arc de cercle (de centre
O et rayon R) est, du point de vue force équivalente,
remplacé par une force parallèle à la corde de I'arc et
de valeur c'1, I étant Ia longueur de i'arc. La réaction le
Iong de la courbe de rupture, inclinée à g', est tangente
M1"
au cercle de frottement centré en O et de rayon Rsin q',
et on suppose que Ia résultante I'est aussi. Cette résul-
tante passe par l'intersection des autres forces connues
(poids, cohésion, et pression interstitielle). Biarez (1g60)
évalue l'erreur induite par ces hypothèses ; elle est infé-
rieure à15 % sur le coefficient de sécurité, en majorant
la fonction de répartition des contraintes normales ie itttnnilittllitiii,tili;tiiffiWiiri Mise en æuvre de la méthode des
Iong de Ia courbe de rupture. perturbations.
Perturbation method.
Tavenas et Leroueil (1980, 1982) discutent dans le
cadre de cette approche la signification du coefficient F
relativement à Ia distribution des contraintes normales.
IIs montrent quelques non-sens et pfoposent une
approche qui considère que la rupture est la fin d'un
chemin de contraintes particulier en chaque point de la
courbe de rupture ; ils introduisent Ia notion de marge
de sécurité, évaluée en terme de pression interstitielle. Soit un massif de terre délimité par une courbe de
Cette approche est donc une mis-e en forme différente rupture quelconque. Il est en équilibre sous son propre
des paramètres intervenant dans un caicul de stabilité, poids et la réaction du sol sous-jacent. La distribution
en gardant le souci d'une interprétation physique des contraintes normales ainsi que les valeurs de pres-
simple du coefficient de sécurité. sion interstitielle en tout point le long de la courbe de
rupture est définie à l'aide d'une contrainte approchée
On parle fréquemment aujourd'hui de sensibitité
connue, modifiée ou perturbée par deux paramètres.
aux paramètres, ce qui traduit Ie commentaire de Ter-
La loi de Coulomb permet d'exprimer les contraintes
zaghi, fait en 1943 :
de cisaillement maximales. Le coefficient de sécurité
a Connaissant la complexité du terain et les diffé- est défini classiquement comme le rapport du cisaille-
rences notables entre Ia réalité et Ies propriétés don- ment maximal disponible au cisaillement nécessaire à
nées au sol, aucune théorie de la stabilité ne peut être l'équilibre.
autre chose qu'une grossière approximation de la résis- Le système est résolu globalement à l'aide des trois
tance face à Ia rupture. Si une méthode de calcul est équations d'équilibre appliquées à tout le massif, ce qui
simple, nous pouvons facilement juger les consé- fournit les valeurs des trois inconnues du problème,
quences d'hypothèses dérivées ou supplémentaires et qui sont le coefficient de sécurité et les deux para-
modifier en conséquence nos décisions. Les méthodes mètres qui modifient la contrainte approchée. Une
sophirtiquées n'ont pas cet avantage. ) variante de la méthode des perturbations est celle où
Avec I'approche graphique, l'influence de la réparti- la contrainte normale approchée est calculée avec
ton des confaintes normales Ie long de la courbe de rup- l'aide du cercle de Mohr. Elle conduit à un lobe des
ture est bien mise en évidence. Cet aspect reste important contraintes normales calculées le long de la courbe de
avec les méthodes numériques baséei sur un décôupage rupture plus réaliste et plus semblable à ceux détermi-
en tranches, qui permettent des intégrations faciles de nés par une méthode d'éléments finis. De ce fait, cette
forces élémentaires. L'efficacité des méthodes globales méthode peut avoir des extensions très intéressantes
dépend de ce fait du bon paramétrage de la répartition pour la prise en compte d'inclusions, ou pour Ie déve-
des contraintes normales le long de la courbe de rupture. loppement de méthodes en déplacements.
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REVUE FRANÇAISE DE GÉoTEcHNIQUE
N" gg
3e trimestre 2000
ffi qui deviennent des colonnes (Fig .7).En généralisant
pour n colonnes, on obtient 3n inconnues à 1a base, 12n
Méthodes probabilistes et logique floue inconnues sur les faces latérales des colonn es, 2 coeffi-
cients de sécurité, Iongitudinal et transverse , ce qui fait
Ces méthodes tentent une prise en compte des au total 15n + 2 inconnues.
incertitudes sur les différents paramètres. De nom-
breux modèles statistiques existent, mais souffrent d'un
nombre trop réduit de données (Magnan et a1.,1998)
pour être vraiment opérationnels. La mise en æuvre
d'une méthode de Monte-Carlo (Chiasson et al., 1998)
peut donner un aperçu de l'importance des incerti-
tudes. Si chaque paramètre est défini dans un intervalle
et possède une fonction de répartition, il est possible,
dans un calcul itératif, de prendre un tirage de tous les
paramètres et d'obtenir un coefficient de sécurité (un
résultat de calcul). De nombreux tirages vont permetfre
de construire la loi de distribution du coefficient de
sécurité.
La logique floue possède un immense champ
d'application dans la gestion des incertitudes en méca-
nique des sols ; si les outils théoriques existent (Pham,
1993), leur mise en æuvre n'est pas généralisée et une
.tai,ffi...giri* Notations pour les méthode s de colonnes.
mutation des modes de raisonnement est à faire. iiii:.yÉif'tirlf,4i,Tt,
ffi
Méthodes en trois dimensions Les hypothèses supplémentaires, qui se traduisent
Azouz et Baligh (1983) ont montré que l'influence de par des équations, portent sur des notions de s5rmétrie,
la troisième dimension est en général faible , et ce tra- d'inclinaison des forces intercolonnes, de relation entre
vail supplémentaire n'a de sens que pour des études de les coefficients de sécurité. À partir de ce modèle de
fondations sur pentes. Gens et al. (1988) montrent colonnes, on obtient un très grand nombre de
cependant que l'erreur peut atteindre 30 "Â pour les méthodes, dont la fiabilité reste très liée aux hypo-
sols cohérents. Le développement d'outil d'utilisation thèses qu'il faut justifier pour chaque cas. D'autres
facile dewait permettre de mieux situer la place de ces modèles basés sur des colonnes, ont été développés
méthodes dans la boîte à outil de l'ingénieur (Hama, pour des géométries simples (Ugaï, 19BB).
2001).
o Autres modèIes
"'F'.,W., Des modèles plus particuliers existent pour des géo-
i',,,#,::,,ffi
métries correspondant à des problèmes spécifiques
Équilibre de blocs en trois dimensions (Azzouz et a1.,1983). Les publications récentes montrent
un intérêt certain pour ces méthodes (Ugai et aL,1995,
Les méthodes des blocs se développent facilement Lam et aI., 1,996, Stark et aI., 1998).
en trois dimensions, avec cependant les difficultés de
représentation induites par la troisième dimension.
iii!,Wffi,W:1,Ër,1ffi
C'est assez simple du point de vue mécanique, avec un
bon choix d'hypothèses supplémentaires ; cependant, Extension d'une m,ëthode globale
on est davantage confronté à des schémas de rupture
mécaniquement inadmissibles lors de la recherche de Faure et al. (1996) proposent une extension de Ia
la forme des blocs. En conditions bi-dimensionnelles, méthode des perturbations à la troisième dimension.
pour maîtriser les calculs, Sarma a introduit un critère Ils utilisent un modèle de terrain facile à obtenir à par-
d'admissibilité qui correspond à un non-décollement tir d'une carte usuelle et définissent des formes de rup-
des blocs. En conditions tri-dimensionnelles, c'est ture assez générales à l'aide de profil en long et de pro-
encore plus nécessaire, et les méthodes des blocs, fils en travers (Hama,2001). L'évaluation paramétrée de
maintenant aidées par des interfaces graphiques, sont la contrainte normale sur la surface de rupture, définie
utilisables quand la géomorphologie indique de façon par facettes triangulaires, permet d'obtenir un système
non ambiguë la forme des blocs. Pour traiter de l'incer- d'équations avec peu d'inconnues et facilement soluble
titude de la position des plans de rupture, une à l'aide d'une inconnue auxiliaire qui, comme dans la
approche à l'aide de la logique floue a été faite dans le méthode de Sarma, peut prendre une signification sis-
cas du dièdre (Faure et Maïolino, 2000). mique ou représenter un effort de confortation. Une
hypothèse importante porte sur la direction du cisaille-
'W ment qui, dans les formes de rupture complexes, n'est
pas facilement appréciable.
Méthodes des colonnes Des comparaisons ont été faites et pour des rup-
tures s5rmétriques, les coefficients de sécurité sont très
. ModèIe Clara proches de ceux obtenus en deux dimensions. Dès que
Développé par Hungr (1987), ce modèle est une la forme s'éloigne d'une rupture s5rmétrique, l'influence
extension à trois dimensions des modèles de tranches, du choix de la direction du cisaillement est importante.
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REVUE FRANçAIsE oE cÉorEcHNlQUE
N" 99
3e trimestr€ 9000
E Chowdhury et al. 19BT développent un rnodèle où le
phénomène de rupture progressive est régi par une loi
Prise encompte du déplacement probabiliste.
ljne seconde série de méthodes (Christian et Whit-
dans les méthodes à la rupture man, 1969 ; Athanasiu, 1980; Bernander et al., 1984 et
1989; Faure et al., 1992; Chowdury, 1995) introduit le
Le but de ces approches est de fournir, bien plus déplacement comme paramètre de calcul et, de ce fait,
économiquement que par éléments finis en termes de fait intervenir l'élasticité du sol.
temps et de difficulté d'obtention des paramètres, des
valeurs de déplacements lorsque les conditions de Christian et \Mhitman (1969) traitent un glissement
chargement de la pente varient. De plus en plus, les plan formé d'une couche d'argile élastique (module E)
constructeurs d'ouvrages veulent des réponses en d'épaisseur constante (h). Ce problème à une dimen-
terme de déplacement plus qu'en termes de coefficient sion conduit à une équation différentielle que l'on peut
de sécurité, car si l'on sait faire des talus qui tiennent, facilement résoudre :
taines distributions le long du cercle de rupture, le Tentatives pour la prise en compte du temps
coefficient de sécurité varie de façon significative. Law
et Lumb (1978) modifient une méthode des tranches et Après la rupture progressive (ou régressive) vue
redistribuent les efforts perdus après le pic (défini par d'un point de vue mécanique, des auteurs se sont inté-
toi.) dans un processus itératif. Ils trouvent ainsi des ressés à l'évolution d'une pente dans le temps. L'expé-
équilibres où un certain nombre (m) de tranches est en rience montre que des ruptures peuvent se produire à
cisaillement résiduel (défini par r.a"i.r), alors que d'autres chargement constant, au bout d'un certain temps, et
(n) n'ont pas dépassé le pic. Ils"définissent alors un qu'auparavant il y a eu des déformations. La résistance
coefficient de sécurité global qui tient compte de cette au cisaillement peut être modélisée par décroissance
différenciation des tranches. La définition du coefficient logarithmique en fonction du temps et par la prise en
de sécurité de Law et Lumb est donnée par l'expres- compte de Ia chute de résistance après le pic. On
sion :
obtient donc un coefficient de sécurité en fonction du
tnmll-n*n, I temps. Ces approches dewaient se développer car elles
fournissent rapidement, une réponse en termes de
F I
-l rpi,*f r.",ia irll'l déplacement, avec des schémas de calcul simples à
LT 1, -l tT I comprendre.
11
REVUE TRANçAISE DE GÉoTEcHNIQUE
N. gg
3e trimestre 2000
ti.i:iiiiil:tiij:tiiri!,.i.tlïliittititii:::itiii:::irjiittiiiii:iai:iitii.iii.t+1|:litti
ti:i:i:iitii:iit.+iiiiiilitiiiiti.tijii:iti)1:.ij;iiii.i'. i:.:iii: :ti tiii:
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or
TOT
[iiii1xliiiilixiifrl|iiÏilçïi#x*; iii|ii Courbe expérimentale définissant les ii*iiitliiiiiÏiriiiiiiiiiifiilffililfilltiiiiiiii Fluage avec seuil et vitesse de déformation
paramètres e" et (o, - oa).,,ot. constante (Ter- Stepanian).
Experimental curve definin$ the e, s1 (or - ou)ru,, Creep with a treshold and a constant rate of
parameters. strain.
}Vo (ot-o3)rupt
40Vo (ol-o3)rupt
12
REVUE FRANçAIsE or cÉotrcHNteuE
N" 92
3e trimestre 2000
En posant : du simple rééquilibrage des efforts, la vitesse de fluage
tan 0 - r/(c' cotan q' + o') et tan 0o = to/(c' cotan q' + o') se modifie et le mouvement s'arrête ou s'amplifie.
D'autres auteurs ont tenté des calculs en utilisant des
On obtient :
méthodes aux éléments finis ; ils ont surtout montré
tan0-tan0o+e/?u. l'influence de paramètres difficiles à maîtriser lors de
Ter Stepanian applique cette formule à une pente la modélisation. En effet, la sensibilité du modèle vis-à-
infinie et montre qu'une partie de la pente, jusqu'à une vis de Ia taille du modèle, des conditions limites et de
profondeur calculée, est en mouvement. Le rôle de la l'état de contrainte initial est parfois très grande.
nappe est bien mis en évidence : lorsque la nappe
monte, t diminue et il y a mouvement.
In q2 q3
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16
REVUE FRANçAISE DE GÉOTECHNIQUE
N" 99
3etrimestre 2000
Comportement
des sols comp actés :
apports de la mécanique
des sols non saturés
P. DELAGE l.$l 'rtA
Les acquis de la mécanique des sols non saturés ne sont
I E''ffi" pas encore couramment utilisés dans la pratique de la
École nationale des ponts | 3t' conception et de la construction des ouvrages en terre
et chaussées | ='.ffi (remblais,
"'/,fr"
77455 Marne-Ia-VaIIée dans ces ouvrages. on décrit ici le comportement des sols
T&
r/n
'rlffi
'l/rfr
NDLE: les discussions sur Key words: coffipâcted soil, embankment, dam, suction.
cet ar-ticle sant acceptées microstructure, mechanical behaviour, earthworks.
Jusgu'au 1* juillet 2AA1.
17
REVUE FRANçAISE DE GËOTECHNIQUE
N. g2
3e trimestre 9000
ouwages construits font quelques dizaines de mètres de
hauteur et parfois des kilomètres de longueur, ils sont
réalisés à partir d'un matériau naturel provenant de
lntroduction zones d'emprunt elles-mêmes hétérogènes par nature,
Les développements apparus ces dernières années et sont compactés dans des conditions pas toujours
en mécanique des sols non saturéS(1), Sur Ie plan de contrôlées en fonction d'impératifs économiques
l'analyse expérimentale de la physique des phéno- contraignants. L'étude du changement d'échelle entre
mènes et celui de la modélisation du comportement, Ies éprouvettes de laboratoire et la dimension de ces
permettent une compréhension améliorée du compor- ouvrages nécessite encore de nombreux efforts, qui
tement des ouwages en terre, dont l'étude et Ie dimen- devraient inclure en particulier la réalisation d'essais
sionnement dans la pratique n'ont pas toujours pris en mécaniques de grande dimension,, et l'étude d'ouwages
compte Ies spécificités dues à l'aspect non saturé. La instrumentés sur le long terme (Mieussens, 2000). Mal-
différence essentielle engendrée par la présence d'une gré ces réserves, il semble que les travaux récents de
phase air dans les sols non saturés est reliée aux diffi- rhéologie des sols non saturés puissent constituer un
cultés rencontrées dans les diverses tentatives d'exten- apport intéressant pour une meilleure compréhension
sion de la contrainte effective de Terzaghi au cas non du comportement des ouvrages en terre, en termes
saturé. L'illustration la plus manifeste en est le phéno- hydraulique et mécanique. Cet article présente le com-
mène d'effondrement, également appelé affaissement, portement des sols compactés vu à la lumière de la
qui correspond à la diminution de volume d'un sol non mécanique des sols non saturés. Il Sera suivi d'un autre
saturé non gonflant soumis à un remouillage sous travail montrant comment CeS concepts peuvent être
charge. Les diverses expressions proposées de intégrés dans un cadre de modélisation.
contrainte effective étendue aux sols non saturés (dont
celle de Bishop 1,959, cf. Annexe) sont proportionnelles
à la succion et, Comme elles décroissent lors d'un
remouillage, elles prédisent un gonflement, incompa-
tible avec la réduction de volume observée lors d'un Cara ctëristiques de compactage
effondrement. Ainsi, l'utilisation exclusive d'une
contrainte de type Bishop est insuffisante pour une -des sols
description complète du comportement des sols non Les problèmes relatifs au comportement des sols
saturés, et il est nécessaire d'y associer une autre compactés, et leur positionnement par rapport aux sols
variable de contrainte, dans le cadre bien admis de fins saturés peuvent être commentés à partir du dia-
I'approche en variables indépendantes (voir Gens, gramme de compactage de la figure 2.La situation des
1,995, pour Ia description des divers couples de sols fins saturés est décrite par I'hyperbole de satura-
variables de contraintes utilisés). tion, qui est une relation biunivoque entre le poids
Cette différence fondamentale avec les sols saturés volumique sec To et la teneur en e âLl w :
/s
-
'o 1*Y Q)
Plaquettes
J'T *
argileuses
Graphiquement, le degré de saturation représente
le rapport entre l'abscisse du point considéré et l,abs- Ménisque
cisse du point ayant le même poids volumique situé sur capillaire
I'hyperbole de saturation; plus la distanôe du point
au adsorbée
considéré à l'hyperbole est grande, plus Ie sol est àésa-
turé. L'expression 2 montre également que les courbes
d'isovaleurs de degré de saturation sont aussi des
hyperboles. A proximité de l'hyperbole de saturation,
dans une zone limitée par une hyperbole correspon-
dant à un degré de saturation constant élevé, supéiieur Sof fin
ou égal à 85 o/" selon les caractéristigues du sôl et en
particulier son indice de plasticité, lé sol se retrouve iiï'"fË;,t:iËf*.:t:,i,i,;,f,,ligtdÉiiiffiffi Représentation schématique de l,eau au
dans un état quasi saturé, dans leguel l'air est sous la sein d'un sol non saturé (d'après Delage
forme de bulles isolées. Dans cettè zone, qui corres- 1987) : a) sol granulaire ; b) sol fin.
pond aux branches humides des courbes de compac- Scheme of the position of water in an
unsaturated soil (after Delage, lgBT) , a) sand ; b)
tage, parallèles à I'hyperbole de saturation, la sucôion fine grained soil.
initiale - telle que définie plus loin - est quasiment nulle
et des surpressions interstitielles dangereuses sont sus-
ceptibles d'apparaître lors de la construction d'un rem- on peut affirmer en première analyse que, pour un
blai homogène. On peut dans ce cas modéliser le com- sol donné, Ia succion est d'autant plus él,evéè que le
portement du sol comme celui d'un sol saturé par un degré de saturation est faible, c'est-à-dire que le point
fluide compressible, en utilisant le concept de caractéristique dans le diagramme de compactage est
contrainte effective élargi au fluide compressible. él.oigné de l'hyperbole de saturation. C'est àinsi que le
Pour des degrés de saturation plus faibles, la phase séchage d'un sol, qui se fait à succion croissànte,
air devient continue, avec apparition de ménisques entraînera un déplacement du point caractéristique
eau-air, qui se localisent dans des pores de plus en plus vers la gauche, et vers le haut si le sol se rétracte ; un
petits au cours d'une désaturation (Fig. 1, voir Delage, r_emguillage, lors duquel la succion décroît, correspon-
1987). L'équilibre du ménisque impose que la pressi,on dra à un chemin horizontalvers la droite, pouvant des-
du côté concave du ménisque (pressiondu flùide non cendre dans le cas d'un gonflement ; un autre chemin
mouillant, l'air, soit u-J soit supérieure à celle du fluide de succion décroissant s'obtient lors d'une compres-
mouillant situé du côté convexe (pression d'eau u.). On sion à teneur en eau constante, qui corresponcl a un
peut définir une pression-capillaire p"= uu- u., qli est chemin vertical vers le haut, qui rapproche ie point de
positive compte tenu de la remarquè faiie piécédem- l'hyperbole de saturation (Fig. z). Atous ces points cor-
ment sur l'équilibre du ménisque ; en considérant respondent des caractéristiques mécaniques ,Ce défor-
conventionnellement la pression atmosphérique mabilité et de résistance maximales différentes ; elles
comme nulle, on voit que Ia pression de l'eau est néga- dépendent de Ia densité et de la teneur en eau , et donc
tive au voisinage du ménisque. En fait, vu les forts de la succion, qui est une fonction de ces deux para-
niveaux atteints par la différence u^ - u... du fait de mètres et d'autres caractéristiques du sol, comme
l'attraction exercée sur les moléculês d'Ëau par les l'indice de plasticité.
minéraux argileux, mécanisme complémentaire à Le tableau I donne les valeurs de succion mesurées
l'action capillaire décrite précédemment, on utilise fré- sur divers sols de barrages, compactés à l'optimum
quemment la notion de succion s = u, - uw qui englobe Proctor normal. on n'observe pas de coriélation
à la fois les effets capillaires et ceux âus â Ilnteraction directe entre la succion et un autre paramètre caracté-
chimique eau-argile (Statement of the review pand, ristique ; cependant, on observe que les sols granu-
1965). Cette succion agit comme un lien au contàct de laires à faible fraction argileuse (< 10 %) ont dès suc-
deux particuies de sol, soit par le biais d'un ménisque cions de quelques dizaines de kPa ; quand la fraction
pour un sol granulaire, soit en mobilisant également les argileuse dépasse 20 o/o,les succions sont supérieures à
mécanismes d'adsorption eau-argile, dont ltampleur est 100 kPa, avec des valeurs maximales voisines de
quantifiée macroscopiquement par les Iimites d'Atter- 300 kPa.
berg ; l'effet des paramètres de plasticité sur les En fait, la succion des sols compactés peu plastiques
courbes de rétention d'eau se révèle ainsi être imnor- ne semble pas très sensible aux variations de densité
tant (Black, 1962). pour les états significativement désaturés, comme Ie
19
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3€ trimestre 2000
17.0 9 .J
\I 'n(\t('(\\ùY"
SOL SATURT: gt, c', C"
z-v,
16.
o
I
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SOL QUASI_SATURE I
s/ oir occlus în 16. 0 I
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x {
15. ) oil ll\illr\, \
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equalnegativg pore pressure lil,",
SOL NON
f'(s),c'(r),
SATURE:
C"(.) 15.0 îr I lli\ \
-95-2
WValeursdesucciondequelquessolscompactésàl,optimum(d,aprèsFryetDelage,1993).
Loess 50 kPa 26
,,i;i;i,ll':,i;i,,,0,t|ti,itiffi.
(,
o
o
f
6
.rl)
6
E
5
tt
:
q)
ET
.E
5
o
o
o
o
(E Faible énergie
de
= compactaqe
Teneur en eau
27,2 kN/m3
Gourbe de
saturation
côté sec
çt
?
Ela
.l
o
o
o
o
.+ 16
E
5 0.01 0.10 1.00 10.00 100.00
o Rayon d'entrée de pore
o
tt
_6 15
q
2æ
14
10 15 20 25 ctl
E
Teneur en eau (%) E 150
x3
,iitwi courbe de compactage du limon de o
L
Jossigny. o
CL
Compaction curve of the Jossigny silt. o 100
E
5
-
o
50
Ces observations sont confirmées par les mesures
de porosimétrie au mercure présentées en figure 7 . La
porosimétrie au mercure (Pellerin, 1979) permet de
définir approximativement la distribution de la taille 0
des pores d'un milieu donné ; on peut affirmer, pour 0.01 0.10 1.00 10.00 100.00
simplifier, qu'elle est aux pores ce que la granulomé- Rayon d'entrée de pore (microns)
trie est aux grains du sol. On observe pour le sol com-
pacté du côté sec une double distribution définissant ,ilti.ir{,{i,1ffii,W,#,?f,#ri,.W.,W Cou rb e s p o r o s i m é tri qu e s d u limon de
une famille de gros pores qui correspondent à Ia poro- Jossigny compacté (Delage et aI. 1ee6).
sité inter-agrégats observée sur la figure 5a, et une Pore size distribution curves of the compacted
Jossigny silt (Delage et al.1996).
famille de pores plus petits correspondant aux pores
intra-agrégats. Le rayon lu ici des pores inter-agrégats
(4 pm) est plus faible que celui observée en microscopie
(20 pm). Ceci est caractéristique de la porosimétrie au
mercure, qui ne sait déterminer que des rayons d'accès
aux pores, qui peuvent être largement inférieurs aux Ces résultats, qui montrent que le modèle théorique
dimensions réelles du pore lui-même . La courbe de de Lambe (1958-a) mérite d'être reconsidéré à la
l'échantillon compacté du côté humide est en revanche lumière d'observations directes, permettent un certain
unimodale. Ceci correspond à la prédominance des nombre de considérations d'ordres mécanique et
particules argileuses observée sur la figure 5c. En hydraulique. Ils confirment les observations de Lambe
d'autres termes, le mercure n'a reconnu lors de son (1958-b) montrant, à l'aide d'essais de perméabilité sur
intrusion que les pores de Ia matrice argileuse au sein échantillons compactés puis inondés, que la perméabi-
de laquelle sont baignés les grains de limon. D'après la lité du sol compacté du côté sec est supérieure à celle
porosimétrie, l'accès à ces pores à un rayon de 0,45 pm. du sol côté humide, du fait de la présence de pores plus
L'échantillon compacté à l'optimum a une courbe inter- grands entre les agrégats, avec une diminution de deux
médiaire entre les deux précédentes. Une seule famille ordres de grandeur du coefficient de perméabilité en
est apparente, comparable à la porosité intra-agrégats saturé d'une argile sableuse (10- 7 à 10-, m/s) entre un
de l'échantillon sec, mais une partie non négligeable de point situé du côté sec (w = 12 %, po
la porosité totale (40 %) est mal classée, avec des dia- S.-63 %) et du côté humide (1S u/o, 1,,95 Mg/m3,
mètres variant entre 0,5 et 50 pm. Cette caractéristique S, = 95%) de l'optimum Proctor (1 4 %, 1,98 Mg/mt,
--. peut être associée à un certain désordre, qu'on observe s. = 92%).La valeur de 10-e m/s est atteinte à partir
^, d'une teneur en eau woot + 1 (w = 15 "Â),la perméabilité
OO
\ tt t
sur Ia photo de la figure 5b.
LL
REVUE FRANÇAIsE or cÉorecHNteuE
N'99
3e trimestre 2000
restant approximativement constante à cette valeur léables, mais également pas trop rigides pour pouvoir
pour tous les points de Ia courbe Proctor qui longe être cassées en favorisant l'expulsion de l'air lors du
l'hyperbole. Ces tendances ont été confirmées par Gar- passage de l'engin, er conférant au matériau une den-
cia-Bengochea et al. (1,978), Juang et Holtz (1985), qui sité macroscopique maximale . La figure B (Cabot et Le
ont intégré des écoulements de type Poiseuille dans dif- Bihan, 1993) décrit ce phénomène au niveau macrosco-
férents modètes de milieux poreux basés sur les pique, en montrant l'influence de la teneur en eau et de
courbes porosimétriques. L'effet de ia porosité inter- l'énergie de compactage sur la constitution du maté-
agrégats se fait clairement sentir. Si l'on considère que riau compacté. Ces notions de microstructure des sols
les pores emplis d'eau sont Ies pores de plus petites compactés ont été utilisées dans la pratique pour Ia réa-
dimensions, on voit que du côté sec de I'optimum, avec lisation d'écrans étanches ou de revêtements imper-
un degré de saturation de 60 o/o, seuls les agrégats sont méables pour les lacs artificiels ou les dépôts de
hydratés, Ies pores intergranulaires étant emplis d'air. déchets liquides ou solides (Auvinet et Espinoza, L979 ;
Les observations microstructurales précédentes mon- Benson et Daniel, 1990).
trent également que l'échantillon humide doit avoir un
comporlement proche de celui d'un soi fin, du fait de
la prédominance volumique de la phase argiieuse
hydratée. Dans une telle microstructure, la quantité
d'air, qui correspond ici à un degré de saturation de
86o/", se trouve sous forme de bulles occluses, qui sont
difficiles à expulser par compression, du fait de
I'absence de connexions entre elles. C'est ainsi qu'il est
impossible, à teneur en eau constante, d'atteindre par
compactage l'état saturé. Le parallélisme entre la
branche humide de la courbe Proctor et I'hyperbole de
saturation est à relier à ce degré de saturation résiduel
en air.
C'est dans ce type de microstructure que s'initie la
génération des surpressions interstitielles, par com-
pression des bulles d'air occluses, jusqu'à atteindre une
valeur positive de la pression d'eau. Une autre consé- IrJ
g
contenues dans le sol, qui reprennent leur volume ini- =
tial après le passage de l'engin. J
o
D'un point de vue mécanique, le sol compacté sec UJ
(D
o
aura un comportement de type granulaire frottant,
alors que le sol compacté humide comporte une
matrice argileuse, qui jouera un rôle de lubrifiant, avec
un frottement macroscopique dit a intergranulaire >
plus faible. Du fait de l'absence de la classe de pores
intergranulaire et de la plus grande densité qui en
résulte, l'échantillon compacté à l'optimum Proctor TU
(t
-E-ffiffiMffi TENEUR EN EAU
0.35
= 0.85
0.30
= 0.74
0.25 = 0.69
ctt
,n\
= 0.59
E
o 0.20 = 0.56
\o
Ë
o
o 0.15
L
o l|l 1 échantlllon 5 graisse
Â-
0.10 E 6 élastique
3 2 réserve d'eau
F 3 membrane imperméable 7 polyéthylène transparent
0.05 a 4 plerre poreusie
Oy
(kPa)
50
100
Boo E
o
#.
c
o
E
o
o
cD
cUr
{-.'
1 600
die dans un cadre élasto-plastique (Alons o et aI., 1990) mise en place {Ces couches supérieures. Il existe ainsi
en tenant compte également des aspects déviatoriques une épaisseur critique, de l'ordre de 11,5 m dans Ie cas
du comportement dans Cui et Delage (1996). Au sein du sol de Ia figure 12, au-delà de laquelle des défor-
d'un remblai, il existe donc au niveau des couches mations de tassement d'un ordre supérieur sont à
supérieures une épaisseur de sol comp acté ou la attendre. Cette épaisseur a son importance en termes
contrainte verticale est inférieure à la contrainte de de générations de pressions interstitielles positives en
compactage, qui ne présentera que des tassements cours de construction, en particulier pour les ouwages
faibles correspondant à la zone surconsolidée définie en terre (barrages, remblais) homogènes de hauteur
sur la figure 1.2. Pour les couches situées à une plus comprise entre 10 et 30 m.
grande profondeur à partir de la surface du talus du La figure 13 montre I'effet conjugué de la teneur en
remblai, le sol est comprimé à des niveaux de eau et de la densité sur la compressibilité d'un sol com-
contrainte supérieure à celle qu'il lors du com- a vécu pacté. On observe en comparant les courbes 1 et 2
pactage, et il subira des tassements plus forts lors de la (poids volumiques secs voisins - 16,1 et 15,95 kN/m3 -
et teneurs en eau de 16 et 18 % respectivement) qu'à
,F
I il
th il
I ocomP = 220 kPa
tl
\ 1
'li
-+l
\ \
I \
L \ tl
\ \l
\ rl.tff
I
s 1
I
EB
o
àe
c
(D
E E
E 10 q) ï[
U'
(o \ U'
U'
(g
12
I
l'
tN 3
\ \
--\
I
14
2
I
+
16 1
10 100 1000 14
contrainte verticale (kPa) 10 100 1000 1 0000
contrainte ve rticale (kPa)
,riïiiill*ttitiitii;tiiiliiii*ffi
ifi i*i*il Compression ædométrique d'un sol
compacté (Iimon de Jossigny, w -- 22 o/o, Tai iiiii,!,iiiiijtiiittiiiiiiiiïiiliffi i*ifi
-iïii
Effets de la teneur en eau et de la densité
= 15,6 kN/m3) : mémoire de la contrainte dê sur la compressibilité d'un sol compacté
compactage (o.o-p = 22O kPa). (limon de Jossigny).
Oedometer compression of a compacted soii Effects of water content and density on the com-
(Jossigny silt, w - 22 %, yor = 15.6 kN/m3): pressibility of a compacted (soil Jossigny silt).
memory of the compaction stress (o.o,,.o = 1 T*, = 16.10 kN/m3, w = 16 "Â,2 y* = 15.95 kN/m3,
220kPa). w - 18 "/",3 T* = 16.55 kN/m3, w = 20%.
25
REVUE FRANçAISE DE GËOTECHNIQUE
N" 92
3e trimestre 9000
densité égale, le sol le plus humide est Ie plus compres- polyéthylène glycol (PEG) de grandes dimensions (Kas-
sible. La courbe 3 montre cependant que l'influence de siff et Ben Shalom,1971,; Delage et aI., 1.987). Comme la
la densité est prépondérante, puisque l'éprouvette membrane est perméable à l'eau mais ne laisse pas
compactée à un poids volumique sec de L6,55 kN/m3 et passer les molécules, elle permet l'application d'une
à une teneur en eau de 20 % est moins compressible succion osmotique d'autant plus élevée que la concen-
que les deux précédentes. On note également sur la tration en PEG est forte. On a récemment pu étendre Ia
figure que le tassement instantané est d'autant plus gamme d'application de cette technique à des succions
faible que la teneur en eau est élevée. de l'ordre de 10 MPa (Delage et aI., 1.998).L'intérêt des
essais à succion contrôlée est fondamental, dans Ia
mesure où il permet l'investigation séparée des effets
E respectifs des deux variables de contraintes utilisées en
mécanique des sols non saturés, qui sont la contrainte
Comport ement vo I u m ique moyenne totale nette p - uu, et la succion ua - u* (Cole-
man 1,962, Fredlund et Morgenstern 1977). Une der-
des sols compactés nière remarque concernant les essais ædométriques à
succion contrôlée concerne le mode de chargement.
A côté de I'essai à teneur en eau constante décrit L'utilisation classique d'ædomètres avec chargement
précédemment, deux autres types d'essais sont réali- rapide et doublement de la charge à chaque incrément
sables sur une éprouvette de sol compacté (Fig. M). Le s'est en fait révélée inadaptée pour les sols non saturés.
plus simple consiste à remouiller l'éprouvette sous une Pour les sols saturés, ce type de chargement corres-
faible contrainte, pour ensuite procéder à un essai de pond à un chargement progressif du squelette, qui
compression classique de l'éprouvette inondée. En fait, intervient lors de la dissipation des pressions intersti-
la condition de saturation totale n'est pas nécessaire- tielles. Pour un sol non saturé, il s'agit au contraire d'un
ment remplie lors de l'inondation, qui ramène en mode brutal, qui se traduit par un tassement instan-
revanche la valeur de la succion exactement à zêro. Des tané, une expulsion d'air et une diminution soudaine de
piégeages de bulles d'air peuvent faire en sorte que le la succion, qui est ensuite ramenée à sa valeur initiale
degré de saturation soit légèrement inférieur à 1,00 "/o, par le système de contrôle. L'expérience a montré que
et cela se traduit par un tassement instantané lors des cette régulation pouvait nécessiter une dizaine d'heures
phases de chargement ædométrique, qui correspond à (Delage et De Silva, 1993). Il convient donc d'adopter
la compression des bulles d'air occluses. Par rapport à un mode de chargement lent de type essai drainé, afin
un chargement à teneur en eau constante, idéalement qu'en tout instant la variation de succion engendrée
représenté en figure 1,4 (ab), le remouillage sous faible par la compression soit régulée par le système, et ainsi
contrainte (ac) se traduit, dans le cas d'un sol non gon- maintenue à la valeur souhaitée (Cui et Delage, 1996).
flant considéré ici, par une légère augmentation de Il est donc préférable de réaliser les essais de compres-
volume correspondant au relâchement de Ia succion sion ædométrique à succion contrôlée à vitesse
depuis sa valeur initiale s, juseu'à zéro. L'expérience constante lente (2 pm par minute) sur une presse
montre que la phase de compression qui suit (cd) triaxiale. Un tel essai ne dure en fait qu'une journé e, ce
engendrera toujours des déformations supérieures à qui est intéressant par rapport à la procédure classique.
celles observées à teneur en eau constante. De nom-
breux travaux expérimentaux ont montré que, sous une
contrainte donnée suffisamment élevée et pour un sol
non gonflant, c'est à l'état saturé qu'est obtenu le plus
faible indice des vides d'un sol. Cette constatation est à
la base de la méthode dite du double ædomètre déve-
loppée par Jennings et Knight (1957) pour Ia détermi-
nation du potentiel d'effondrement des sols.
Un troisième essai possible est l'essai à succion
contrôlée (ae), égale à la succion initiale de l'échantitlon
compacté. Dans ce cas, Ies déformations observées
sont plus faibles qu'à teneur en eau constante (Fig. 1,4a
et b). A teneur en eau constante, l'échantillon com- occlus)
primé se rapproche de la saturation et voit sa succion
décroître, ce qui correspond à un ramollissement. La
valeur constante de la succion imposée par son Divers types d'essais de compres sion
contrôle empêche un tel ramollissement, ca qui ifif;ffiç:fr*fi#iç{iT$$iffiififiii.f;
réalisables sur un sol compacté (à degré de
explique une déformabilité moindre. La réalisation de saturation croissant).
ce type d'essai est plus délicate. Le plus souvent, on uti- Various possible compression tests on a
lise la technique dite de translation d'axe, dans laquelle compacted soil (degree of saturation
un dispositif particulier dû à Richards (1941) permet increasirg).
d'appliquer au sein de l'échantillon une contre-pression
d'air ua positive tout en maintenant la pression d'eau u* Comme on l'a vu, les différentes réponses possibles
égale à ta pression atmosphérique, prise conventionl d'un sol compacté sont représentées en figure 14. Les
nellement pour nulle. On obtient bien ainsi une condi- différents indices des vides obtenus sous la contrainte
tion de succion o - r.ta- uw positive et égale à la valeur o (points e, b, d) selon le chemin suivi (ae : succion
de la pression d'air imposée. Barden et al. (1969) pré- constante, ab teneur en eau constante et acd : inonda-
sentent de tels essais ædométriques à succion contrô- tion et compression à succion nulle) permettent d'intro-
lée. Une autre technique consiste à mettre le sol au duire le phénomène d'effondrement, qui se produit
contact d'une membrane semi-perméable derrière quand la succion est réduite à zéro par inondation sous
laquelle circule une solution aqueuse de molécules de une charge o constante, à partir des points e ou b. Cette
26
REVUE FRANçAISE DE GÉOTECHNIQUE
N. gg
3e trimestre 2000
diminution de succion des échantillons en e ou b
engendre un tassement qui aboutit au point d de la E
courbe de compression à succion nulle.
Résistan ce au cisaillement
Par ailleurs, on observe qu'aux fortes contraintes,
les deux courbes à teneur et succion constante finissent Les résultats de la figure 16, obtenus avec un appa-
par rejoindre la courbe saturée. En d'autres termes, la reil triaxial à succion contrôlée par un dispositif osmo-
contrainte est toujours capable d'atteindre un niveau à tique (Delage et a1.,1.987), illustrent les aspects déviato-
partir duquel son action est prépondérante par rapport riques du ramollissement dû à la diminution de la
à celui de la succion, que celle-ci soit constante ou non. succion, autant en termes de module de cisaillement
Cette intersection correspond, dans le cas de la que de résistance maximale. Ils montrent comment,
construction des barrages, au début de la génération sous un état de contrainte totale constant, une diminu-
des pressions interstitielles positives. tion de succion due à un remouillage intervenant soit
II est possible de représenter les courbes de la figure lors de la construction d'un ouwage en terre, soit lors
14 dans un diagramme indice des vides - contrainte de sa mise en eau s'il s'agit d'un barrage, peut engen-
netfe en utilisant la succion comme troisième variable. drer des déformations de distorsion et des redistribu-
On obtient alors la représentation graphique en trois tions de contrainte non négligeables.
dimensions de la figure 15, qui n'est autre que Ia sur-
face d'état définie par Matyas et Radhakrishna (1968). o 03 =1OO kPo
(L
Ces auteurs ont réalisé de nombreux essais suivants dif- J
4OO kpo
r
essais correspondant étaient réalisés soit par charge- l' u*:..-..-...--1o3ooo -"-"- *:--
dæ-o{-o-o-o-o-o-o*osa------l-i -^O-locc=F-Èf
ment à succion constante, soit par remouillage sous 4 0 0 kPak-o-o-o-o-o-o-o'\o-o - o-o-o-o-<ro_o-,"_g
CI
zoo î
qt
compactés sous des variations décroissantes du degré
COHESION de saturation. En termes de résistance au cisaillement,
410 Æ*rGNY 100 les quelques données expérimentales actuellement dis-
ponibles montrent que le sol se renforce quand la suc-
cion augmente et qu'il sèche, par une augmentation de
cohésion. En revanche, Ie sens des variations de l'angle
o 500 1000 500 2000
de frottement varie selon la nature du sol, et probable-
c 1
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9q
REVUE FRANçAISE DE GËOTECHNIQU
Détermination des conditions
aux limites pour un calcul
de stabilité de talus
l.Sl Les calculs en çontraintes-déformationg lorsqu'ils sont
IE
l=
utilisés pour l'analyse de la stabilité de talus pqsent le
problème du choix de la position des conditions aux
IIn limites. La première partie de cet article répertgrie un
,,,,'.,. ,,, V, MSRRI,E'N;
l.$l
,,,,,:,1,,, ,1,,, to4 certain nombre de calculs publiés qui montrent une
SOUKATCHOFF grande hétérogénéite dans les dimensions choisies pour
de tels modèles. tln exemple de calçul en éléments finis
K. OMRACI poqr un remblai latéritique est gnsuite présenté, Pgur ce
L,àb aratoire Eivïr onn em ent cas, Une étude systématiqUe de l'influence de la taille du
' Géomécanique Ou,wages modèle sur le calcul des contraintes a été mise en æuvre.
Elle a conduit à adopter des dimensions inhahituelles : le
é:cohe des Mrnes de Nancy
modèle est relativement profond et étroit. Les dimensions
retenues pour ce modèle ne sont pas directement
s+o4zNa""y ceaex transpoSables à d'autres cas, mais la méthOde utilisée eSt
V ér o ni qu e, M e rri e n@min e s, discutée et peurrait sçrvir de base à une étude plus
u-nangY.fr systématique de cas types.
Determination
0f boundary conditions
for aslope stabilitSr calculation
l{J The choice of boundary conditions for siope stabiiity analysis
I 1.,
t(o
IL
using a stress-strain calculation is not simple because of the lack
|{-, of analytical solution. The first part of this paper presents some
I(,l calculations, which show a great heterogeneity in the
l-o
t< dimensions chosen for such models. An example of finite
element calculation, for a iateritic embankment is then
presented. For this case a systematic study of the infiuence of
the size of the model on calculations of stresses was carried on.
The final dimensions adopted are quite unusual : the model is
reiatively deep and narrow. The dimensions chosen for this
model are not directly transposabie for other cases, but the
method used is discussed and could be of interest for systematic
studies of standard cases.
lntroduction
Tous les calculs en contraintes-déformations (élé-
ments finis, différences finies ou éléments distincts)
effectués en géotechnique nécessitent de se poser la
question des conditions aux limites. Pour les talus, ces
calculs présentent l'inconvénient (contrairement à
d'autres géométries) de ne pas pouvoir, en général, être ur=Yti ,r:Ll L'/ L/' L/r
comparés à une solution analytique même pour une ", = "r'=
u, =
F 0.4
d
ffi
Les a priorisur les conditions aux limites
comme nous l'avons mentionné, les talus de pente
constante infinie n'existent pas et on est plus générale- 26101420e
ment confronté lors d'études de stabilité de talus à une
géométrie du type surface hortzontale, pente, surface itiln:,iïilffiItirli!ïlrffii#ii;ir, Variation de 1- "-i"/rr,) en fonction de
horizontale (Fig. 1). l'élancement du modèle (d'après Arif,
Si l'on définit l'élancement e comme e = ,/n=./, po,rr leBB).
des modèles tels que L L, Variation of
(- omnl
*) versus enhancement of the
- = L2, l'étude parâmétrique
model (According Arif, lgBB).
d'élancements variables effectuée par Arif (1gBB) nous
3e
REVUE FRANÇA|SE DE cÉorecHNreur
N" 99
3e trimestre 9000
ffi en fixant des dimensions très réduites dans le plan de
plus grande pente du talus. Dans ce tableau, nous
Comparaison des dimensions adop tées avons indiqué la nature du talus modélisé en mention-
par différents auteurs nant s'il s'agissait d'une excavation, d'un remblai ou
d'une pente naturelle. Les pentes naturelles sont pro-
Nous n'avons repéré que peu d'études systéma- bablement Ie résultat d'une excavation, mais qui s'est
tiques sur les dimensions des modèles contraintes- déroulée au cours d'une histoire géologique complexe
déformations dans le cas de la modélisation des pentes. et souvent impossible à restituer.
Mestat (1993) propose d'adopter les dimensions pré- Les comparaisons effectuées ne sont qu'indicatives,
sentées sur la figure 3. Snitbhan et Chen (1978) ne car dans les modèles cités :
E
lnfluence de la tailledu modèle
sur un calcul de remblai latéritique
ffi
,îiiiiiiiffiijl!,,iifrT#i* * Dimensions proposées par Mestat (1gg3) Présentation du remblai étu dtë,
pour des calculs aux éléments finis de
remblais. En Nouvelle-Calédonie le minerai nickélifère est
Dimensions suggested by Mestat (1993) for exploité dans des couches de péridodites recouvertes
finite eiements calculations of embankments. de latérites. Les latérites, stériles, sont stockées sous
forme de remblai dans des sites aménagés à cet effet.
Le matériau est mis en place par couches successives
de 1,5 à 1,7 m d'épaisseur. Le cas étudié est une de ces
décharges de latérites remaniées (Fig. 5). Ce remblai
repose sur un terrain en place dont la pente maximale
est de 25 degrés. Le profil du terrain naturel est ffiique
d'une altération tropicale. De haut en bas, oh rencontre :
Ugai K. et a1. (1996) ? 20 10 22,36 26,57 20 60 16,7 6,667 1,67 0,67 1,00 3,00 0,89 2,68
zsoIL.PC (1e97) ? Exemple 10 5,7 11.,51 29,68 15 15 13,7 B 2,40 1,40 1,50 1,50 1,30 1,30
de la documentation
zsorL.PC (1ee7) ? Exemple 10 10 14,1.4 45,00 15 15 1B B 1,80 0,80 1,50 1,50 1.,06 1,06
de la documentation
Adachi T. (1996) E t5 20 25,00 53,L3 BO 65 BO 60 4,00 3,00 5,33 4,33 3,20 2,60
À
Arif I. (1988) E 1 I 1,41 45,00 20 20 20 19 20,00 19,00 20,00 20,00 14,14 14,14
Kirkebo S. et al. (1996) E 10 20 22,36 63,43 40 90 40 20 2,00 1,00 4,00 9,00 1,79 4,02
Potts D. M. et al. (1987) E Dimensions 29 10 30,68 L9,03 B 42,9 20 10 2,00 1,,00 0,28 1,48 0,26 1,40
estimées d'après
une figure
Rahman H. (1996) PN 23 23 32,53 45,00 46 46 45 22 1,96 0,96 2,00 2,00 1,,41 1,41
,2 22
Song Won kyong (1996) PN 38,46 44,42 30,02 74,81 34,07 52,59 30,37 2,37 1,,37 0,39 0,89 0,33 0,77
-7
Verdugo V. et a1. (1996) PN 14 t 15,65 26,57 9,8 21,,7 15,4 8,4 2,20 1,20 0,70 1,55 0,63 1.,39
Jiang G.-L et al. (1997) R 1B 6 18,97 18,43 E 15 12 6 2,00 1,00 0,28 0,83 0,26 0,79
Sassi K. (1996) R Le modèle 7,65 5,1 9,19 33,69 120 BO 1,0,7 5.6 2,10 1,10 15,69 0,46 3,05 8,70
est tridimensionnel
Remblai latéritique R+PN Comparaison 1 : 156 90 180,10 29,98 460 991 1615 1525 1.7,94 1.6,94 2,95 6,35 2,55 5,50
par rapport
au talus
de la décharge
Remblai latéritique R+PN Comparaison 2 : 900 315 953,53 1,9,29 0 864 1615 1300 5,1.3 4,13 0,00 0,96 0,91
par rapport au pied
du point )e plus bas
34
REVUE FRANçAIsE or cÉorccHNlQUE
N'92
3e trimestre 9000
Les calculs successifs ont été effectués en élasticite linéaire
isotrope, en discrétisant Ia zone en éléments triangulaires à
6næuds. Lors du passage à un modèle plus grand, seul le
maillage du contour a été modiflé en gardant autant gue pos-
sible une densite homogène du maillage. Dans Ia zone d'ana-
l: pe.r'irlutitc; ruxhc dulr r:t l;rin{i lyse, le maillage utilisé est le même d'un modèle à l'autre. Il est
?: s*pmlitc: nrchc trtis fructurrtr.
.1: latcrlit* i:n pl*cel !i{rl tr:flTr.la* composé de 18O3éléments et 4K1næuds. Le maillage cor-
-l: latriritr: dc drit'lurr$*: r*l
respondant au modèle le plus large est présenté à la figure 7.
Fn)r'c.rlant ele déc*ur'çfiurer
de
olmodelel - Olmodele2
pour la contrainte principale
I
I ormodelel
cements horizontaux nuls sur les côtés du modèle. Pour Les figures B et 9 présentent les variations pour des
étudier l'influence de la position des conditions aux modèles de plus en plus larges, c'est-à-dire ayant des
limites, une succession de calculs a été réalisée en aug- dimensions L et H croissantes.
mentant progressivement la largeur amont L et la hau-
teur ou profondeur H du modèle de 200 m en 200 m (L
= 100, 300, 500, 700 m et H
1 300 m). Ces augmentations ont été réalisées séparé- ffi
ment : nous avons d'une part augmenté la largeur L à
partir du modèle le plus petit et indépendamment aug- Dimensions adoptées
menté la hauteur H. La limite aval du modèle n'a pas Les dimensions finales retenues correspondent à un
été modifiée, car pour des raisons liées à la topographie modèle où L - 700 m et H - 1 300 m. Une augmentation
Iocale (fond de vallée), nous avons consid éré la verti- des dimensions à partir de ce modèle ne produit pas
cale à 450 m du pied de la décharge comme un axe de plus de 2 o de variations sur les contraintes de Ia zone
symétrie (limite à déplacements horizontaux nuls). d'analyse. Ces grandeurs sont comparées à celles pré-
sentées au paragraphe 2.2 dans le tableau I. Le talus
modélisé ayant une géométrie relativement complexe,
deux ffies de dimensions ont été retenus pour effectuer
les comparaisons. Pour la comparaison L, nous avons
considéré les dimensions du remblai seul par rapport au
reste du modèle donc une hauteur de talus de 90 m et
"ont
pour la comparaison 2, nous avons pris en compte
l'ensemble du talus et donc une hauteur h de 315 m.
La modélisation présentée concerne une géométrie
très particulière et des caractéristiques mécaniques
précises, mais les constatations que l'on peut retirer de
cet exemple peuvent être un élément de réflexion plus
générale pour la modélisation des talus par des
méthodes numériques. En particulier :
35
REVUE FRANçAISE DE GÉoTEcHNIQUE
N. 92
3e trimestre 9000
ffii!#iïfrit*tiiiiffiilffiIii'tiitit Maillage du modèle le plus grand.
Mesh of the laroest model.
t:ii:l
l:i:.iil e
SURFER software
liii':l of the values of stresses
l.li:l
l#d
ti:1I
at the nodes of the
l:':':::]2
mesh).
1.,.,..j.
Les limites de Ia méthode, liées au type de compa- indépendante la largeur L et la hauteur H, alors qu'il
raison effectuée, sont entre autres dues aux choix sui- aurait pu être intéressant de faire varier simultanément
vants : ces deux valeurs ;
- nous avons fixé arbitrairement à 2 "Â de variations sur - la comparaison aurait pu porter sur les déplacements
les contraintes, le critère à partir duquel les dimensions ou les déformations successifs plutôt que sur les
n'ont pas été augmentées sans effectuer d'étude de contraintes. En effet, les mesures qui vont être effec-
sensibilité sur ce critère ; tuées in sifu sont des mesures de déplacements et de
- les dimensions du modèle ont été augmentées de déformations, il peut donc être intéressant de connaître
2A0 m en 200 m. Un autre pas aurait pu être adopté ; Ia sensibilité du modèle, pour comparer avec Ia préci-
- Ia comparaison a porté sur la différence entre des sion des mesures de terrain (peut-être aurait-il mieux
modèles de taille croissante alors qu'il aurait pu être valu comparer la précision du modèle à celle que l'on
préférable de comparer à une référence absolue ; par peut obtenir sur les déplacements au niveau de la topo-
exemple par rapport au modèle Ie plus petit ou Ie plus graphie ou à celle des déformations : extensomètres,
grand. Nous avons également fait varier de manière inclinomètres). Mais, à l'inverse, si l'on cherche à éva-
37
REVUE FRANçAISE DE GÉoTEcHNIQUE
N" 92
3e trimestre 2000
ï{i,!{Èr,rÀT,!,ffiî,'{ffi Is oval eur s de s vari -
ations relative (en
pourcentage de la
valeur absolue des
contraintes prin-
cipales majeures mi-
I
o neures (à gauche) et
c
o
T majeures (à droite)
o ffill'o
Ëtill
H:::l
entre deux modèles
[r.{.
ffir
pris successivement
hl,
LJO
deux à deux pour
m.æ différentes distan-
ces FI. (La cartogra-
met H-900m phie est une inter-
r600 frl polation à l'aide du
logiciel SURFER à
1550 00
partir des valeurs
€ rsoo.oo aux næuds des con-
ffi ai
traintes).
g
ontour plot of the
1450.1X)
HH, C
riiil
ti+t,
È rcoo.æ relative variations (exp
tiiiil
ressed in percentage)
I
t ::il
l:iiJ
,
of the principal minor
1.11:l
- l::::::10
(left) and major (right) s
tresses between two m
=900metH-l l00m odels taken succes-
siveiy two to two for
various distances H
(the cartography is an
ptuoo
d
interpolation using the
.:l
g 1150
SURFER software
e of the vaiues of stresses
ô 1,100
at the nodes of the
mesh).
j. j: j,: :
: : .:l :.: : il. l :.j,:.. : : : :.. : : :::, :.i :i::.:i,:a :i:::.lFlfil.J
:i::É;:il::nt:;:1 : : ' : ; : :.: : : : :: : :::. I ::::::::::: :::::.:::.r:::: :::. . .::: :::.:::j :::::l
300 m et H=
E
1t00.00
>
1450.00
ô 14m 00 o
luer le coefficient de sécurité et à localiser les zones - nous avons adopté d'emblée des triangles à 6 næuds
sensibles, c'est-à-dire en rupture ou en plasticité, il est pour Ie maillage. Il aurait été intéressant de tester diffé-
préférable de travailler sur les variations de contraintes. rents types d'éléments avec différents degrés de
La localisation des zones sensibles par le modèle liberté;
pourra orienter la position des instrumentations ;
- le calcul présenté ici était un calcul préliminaire. Des
- le contact entre latérite en place et latérite en remblai modélisations de plus en plus sophistiquées ont été réa-
a été consid éré comme continu, alors qu'il existe pro-
bablement une discontinuité entre les deux terrains. La lisées sur ce site mais les dimensions finales issues de
prise en compte de cette discontinuité et la manière de ce premier modèle ont été conservées pour les calculs
Ia modéliser peut avoir une influence importante sur Ia ultérieurs effectués dans des conditions différentes (cal-
position des conditions aux limites. cul élastoplastique, plusieurs phases de chargement
D'autres limites de la méthode sont liées au modèle simulant la construction progressive du remblai,
utilisé : module d'Young variable en fonction de la profondeur);
38
REVUE FRANçAISE DE GÉoTEcHNIQUE
N" 92
3e trimestre 2000
- nous avons choisi des conditions de déplacements taille des modèles est assez peu prise en compte par les
nuls aux limites de notre modèle, nous aurions pu modélisateurs de talus.
adopter des conditions en contraintes et discuter de la
validité de ces conditions par rapport à la topographie L'étude systématique de l'influence de la taille des
et à l'histoire tectonique du site. modèles dans le cas d'un remblai latéritique démontre
Ce ffie de comparaison est également limité par la pourtant l'importance de ce paramètre. Les critères
variabilité du milieu naturel. En effet, Ie modèle final a adoptés pour effectuer cette analyse ne sont pas direc-
une hauteur de 1615 m et une largeur de 1600 m. tement transposables à d'autres configurations, mais la
L'influence des variations de propriétés mécaniques démarche de comparaison systématique de modèles de
des matériaux, notamment à grande profondeur, n'a taille croissante pourrait être adaptée à d'autres cas.
pas été prise en compte dans ce calcul et le modèle a L'analyse réalisée pour ce cas a conduit à adopter des
eté agrandi en gardant une topographie horizontale à dimensions importantes et différentes de celles géné-
l'amont du talus, alors que la topographie réelle est ralement préconisées pour les modélisations de talus
beaucoup plus complexe. avec un modèle relativement n profond > et cc étroit>.
Il faut enfin ajouter que la différence entre les Une étude plus systématique sur un modèle type et
contraintes calculées dans un modèle et les contraintes pour des caractéristiques variables, pourrait apporter
réelles , in situ (en général non connues) a une multitude des informations complémentaires, utiles aux modéli-
de causes et les conditions aux limites ne sont qu'une sateurs de talus. Ces études systématiques pourraient
de celles-ci, cependant elles constituent un des éléments également permettre des comparaisons entre calculs
de l'écart entre omooere et orn sjtu que I'on peut sans doute en contraintes-déformations et calculs à l'équilibre
plus facilement que les autres minimiser etlou évaluer. limite.
limitées par de nombreuses autres différences, elles Les auteurs remercient la Société Le l'[cke1 (St]'Ij pour avoir
semblent montrer que la sensibilité des résultats à la apporté son soutien technique et financier à ces recherches.
W
Abramson Lee W.. Lee Thomas S. Sharma tionai Symposium on Landslides, tion of gravity stresses in finite elastic
Sunil, Boyce Glenn M. - Slope stability Trondheim, Norway, 17-21 June 1996, siopes : Part I Theoretical considera-
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Rotterdam, A.A. Balkema, 1996, p.1,1,31- Géotechnique GT52, 1993. contrôlée par infiltration d'eau. Appli-
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Mécanique des Terrains, École des torat de l'Institut national polytech- the VII International Symposium on
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slope >. Proceedings of the VII Interna- Silvestri V., Tabib C. - < Exact determina- 1997.
3g
REVUE FRANçAIsE or cÉorecuNteuE
N. g2
3e trimestre 2000
Affaissement en surface
lors du creusement
d'un souterrain
l'sl L'affaissement à long terme de la surface du sol au-
IE
l=
dessus d'un tunnel est comparé à l'affaissement
lul instantané au moment du creusement dans le cadre de
:,, ,,. ,....'Pr,;'BÉ.Rg$Ï l.sl l'élasticité linéaire. Les résultats numériques montrent,
,,:,,,,, ,,,
lÉ sur des exemples vraisemblables, que si des
M. GHOREYCHI déplacements importants sont décelés en surface, il s'agit
très probablement de déformations irréversibles.
P. HABIB
,.,
i. ;'.. .',,,,', Lffi...et1.G;3.S Mots-clés : souterrain, affaissement.
'E
!t1o,iÛ,,;,p9,Iffiiùnîquê
91128 Palàisèau
41
REVUE FRANçAISE DE GEOTECHNIQUE
N" 99
3e trimestre 2000
E sement au-dessus d'un tunnel. Elle est encore waie si le
corps est, de plus, susceptible de présenter des déforma-
lntroduction tions plastiques sans variation de volume.
On obtient une formule analogue dans le cas d'un
Lors de la construction d'un tunnel en terrain meuble problème en déformation plane ; Q désigne alors la
saturé, il est généralement admis (Habib, 1998) que la section plane du corps de révolution :
E
Affaissement du sol après un temps
infini
Il suffit, à partir de la formule générale en déforma-
tion plane
E (1)
@(tr-s,):2pS
de comparer les affaissements s,, et sià la surface du sol
(E, v - 1/2) à l'instant initial et (E', v') après un temps
très long. Pour les sols en élasticité linéaire, on admet :
,,3p1
E
s, : d, -tËa(t - Zu')d'après l'équarion (2), Éva I uations n um ériques
3pS 3pS En fait, les résultats sont un peu moins simples et
- E - E\ h-zu')/ = zu'3lSE -zv's,
d'après I'équation (5), I pour mettre en évidence certains aspects du probtèffie,
il faut examiner plusieurs cas. On a choisi un souterrain
et comme v'< 0,5, il en résulte que si< sr; ce qui signi- à section droite circulaire.
fie que I'affaissement du sol diminue (Fig. 2). Le premier modèle est défini par le maillage de la
Ce résultat paraît d'autant plus étonnant qu'on ne figure 3 qui représente la moitié du tunnel et du sol,
l'a jamais signalé, et sans doute jamais observé dans la avec les données waisemblables suivantes :
pratique. Cela tient probablement au fait que, dans le E-173MPa;v = 0,5 pour les déformations instan-
phénomène de la consolidation, le module d'élasticité tanées, et
en déchargement est généralement beaucoup plus
élevé qu'en chargement : il en résulte que }a diminution E'= 150 MPa; v' = 0,3 pour les déformations différées.
de l'affaissement doit être suffisamment insignifiante D - 10m;H^ = 30 m (d'où, pour la profondeur du
pour passer inaperçue. centre de la section droite:FI+D=35m;
2
I1 faut ici ouvrir une parenthèse sur la notion du
déchargement introduit dans un massif par l'ouverture Hr= 30 m'
d'une cavité. Il est certain que la suppression de la y = 20 kN /rn3. Largeur du mocièle : 500 m.
contrainte normale à l'intérieur d'un trou correspond à Contraintes initiales : ou = o,
un déchargement, et il n'y a rien d'étonnant dans cette - TZ.
situation que le massif consolidé sous la charge du A l'instant initial, il n'y a rien sur la surface libre et il
poids propre se dilate à partir d'une situation initiale existe dans le sol une pression p, - TZ donc aussi à
d'incompressibilité instantanée. Mais, il est bien connu l'intérieur de ce qui sera la cavité. On représente donc
que la contrainte tangentielle autour du trou augmente; l'état initial en imposant au contour circulaire la condi-
par exemple, si la pression est uniforme dans le milieu, tion pn= y.
Ia contrainte tangentielle à la surface du trou double. La condition P., = 0 revient donc à supprimer le sol
Donc, le déviateur augmente et ceci est un chargement. dans la cavité qur n'a plus ni raideur, ni poids (E - 0, y= 0).
Tant qu'on reste dans Ie domaine élastique linéaire, rien Enfin, la condition v - 1/2 est difficile à représenter
ne change. Mais si cette hypothèse n'est plus la bonne numériquement et on a admis n = 0,4999, ce qui corres-
parce que des déformations permanentes sont appa- pond à un sol qui n'est pas parfaitement incompressible.
rues, par exemple par un début de plastification ou par
une non-réversibilité du chargement linéaire, les La figure 4 représente la surface du sol lorsque la
conclusions précédentes ne sont plus établies. Quoi cavité est vide. Avec les notations du paragraphe pré-
qu'il en soit, si après le passage du front du tunnel, cédent, le volume calculé par intégration numérique de
l'affaissement en surface continue à augmenter en fonc- l'affaissement en surface s1 - 0,9359 m3/m est à peu
tion du temps, cela signifie qu'un phénomène visqueux près égal à la convergence du tunnel lorsqus v = 0,4999,
ou viscoplastique est apparu, et il peut rapidement car on a 52 = 0,9332 m3/m. Ce volume est plus grand que
devenir préoccupant, en particulier si la vitesse d'affais- l'affaissement en surface si: 0,6791, m3/m du tunnel
sement en surface au droit du tunnel est égale à la lorsque la consolidation s'est produite, et la conver-
vitesse d'abaissement de la clé de voûrte dans le tunnel. gence du tunnel s'r= 0,9562 m3/m est voisine de s2. l1
tl
TJ
REVUE FRANçAIsE or cÉotrcuNteuE
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3e trimestre 2000
t 111,/L....,--L.-..J .--...1 . ."
'wft.. t, .t -L=
Ho
E-_ .bv
f. =ô1
lo
H, I
ù}àNf\i. l-,---l-------J--
l$r\èiN...* ,, I , 1.,, , ,. ....."1. . ..... . .-
T \ 1\\\ I -...,. I
, -}
Maillage du premier modèle pour la détermination des affaissements de surface. Conditions aux limites :
pas de déplacement normal au contour du modèle et déplacement tangentiel libre.
Mesh of FEM calculation and bounbaries conditions.
ç 0.004
flement très important, S'., =-6,55m3/m (Fig.5). Les par- *
tr 0"txl3 taeff. Poleeon a 0.{SË
ties creuses situées à gauche des maxima (à environ 30m o
r,
de l'axe du tunnel) pour v = 1/2 et pour v' = 0,3 rappellent so- t CoEff. Pslsson = 0.3
s
a .8,88
l'existence des mouvements d'affaissement de la surface ,
t--.
L,
I
l'
r
immédiatement au-dessus du souterrain. Ce creux est 4.OO4
45
REVUE FRANçAIsE oe eÉorecHNteuE
N. g2
3e trimestre 2000
Annexe Relation entre convergence etsubsi dence
On considère un domaine matériel de volume Ç), Dans la suite, on considère le problème du creuse-
dont la frontière est ô f). Sur ce corps s'exercent à la ment d'une cavité dans un milieu élastique semi-infini.
fois des forces de volume p F (dans Q) et des forces de Les forces de gravité existent avant comme après creu-
surface T (sur ô o). Les conditions d'équilibre du corps sement, de sorte qu'on ne doit prendre en compte
stipulent que les résultantes de ces efforts sont nulles :
aucune variation des forces de volume, p F - 0. Sur la
surface libre qui délimite le milieu semi-infini, on a T =
I (A.1) 0 Sur la paroi de la cavité créée, on substitue à la
t pEdo *
lu,,
rda =
contrainte de compression qui existait naturellement
(avant creusement) une contrainte nulle : autrement dit,
on a ajouté à la paroi une traction qui, dans l'hypothèse
t oMnpldo+[ eMnTda=Q (A.z) d'un état initial sphérique de contraintes, est :
tiré : f
OM o lda = -3yHV
J.
div(orur
\ I q) = o + oM €) divo
où V est le volume de Ia cavité . La frontière ô e du
-/ -
domaine matériel comporte, en plus de f et de la sur-
Lorsque g est le tenseur des contraintes de Cauchy, face libre, la a surface à l'infini > du demi-espace. tlne
on a div g + p F = 0 dans f) et, sur la frontière ôÇ), la cavité dans un milieu infini créerait des déplacements
relationT- g o n oùTestlevecteurcontrainte etnla variant en 1/r2 et des contraintes variant en 1/r3. Pour
normale dirigée vers I'extérieur du domaine. construire la solution dans le cas d'une cavité en milieu
En appliquant Ie théorème de la divergence à l'iden- semi-infini, on ajoute à Ia solution précédente (valable
tité précédente, intégrée dans le domaine Ç), il vient :
pour le milieu infini) Ia même solution associée à une
cavité s5rmétrique par rapport à la surface libre (suppo-
sée plane, au moins à grande distance), mais soumise à
oM opldo*.|,,, oM olda odo
t =
[ des contraintes de signe opposé sur son pourtour, qui
engendre des déplacements en - 1/r2; on annule ainsi
et en prenant la trace de cette dernière relation : la composante normale du vecteur contrainte sur la
surface libre. Pour obtenir Ia solution exacte, on doit
ajouter la solution du problème élastique qui annule le
I
Jo
oM o pFde + l' oM . Tda - |. trodÇ)
Jao Jcr _ cisaillement sur la surface libre ; il eit facile de voir
qu'elle ne peut changer l'ordre de grandeur des dépla-
Pour exploiter cette dernière relation, il faut préci- cements et contraintes sur la surface à l'infini du demi-
ser la loi de comportement du matériau. On suppose espace : c€uX-ci décroissent donc, dans le cas d'une
qu'on peut décomposer la déformation en la somme cavité placée dans un espace semi-infini, plus vite que
d'une déformation élastique et d'une déformation 1./rz et 1/r3 respectivement, de sorte que les intégrales
inélastique incompressible ; le comportement élastique figurant dans la formule (3) et relatives à la surface à
est linéaire, homogène,, isotrope, caractérisé par le I'infini sont nulles.
module de Young E et Ie coefficient de Poisson v :
Il reste donc dans le terme de droite de (3):uD
1+ vo- u terme relatif à Ia surface libre, noté v,, appelé a subsi-
r : rn * tr(o)t ;treo : o
==E:E\:/== dence lr ou volume de terrain affaisse (positif pour un
affaissement, négatif pour un soulèvement) ; et un
(On envisagera plus loin le cas thermo-poroélas- terme relatif à Ia paroi, noté vr, âppelé a convergence )
tique). On a donc : ou variation de volume de la cavité (positive lorsqu'il
s'agit d'une diminution de volume).
1* 2v
tro = tre - diva E(vr-vr)=3yHV(1.-2v) (A.4)
E:= on en déduit que la subsidence (volume affaissé) est
où g est le déplacement associé au tenseur de déforma- toujours plus grande que la convergence (réduction de
tion e. En reportant dans l'égalité précédente, il vient volume). On note aussi que, dans le cas de massifs sou-
mis, du fait du creusement, à de grandes déformations
l'
Jei
OM. pFda + |. oM o Tda - plastiques (incompressibles), la différence vl - v, d'ori-
Jaei gine purement élastique, est petite devant V., oir v, de
*;l- ?.,EV
qoncla=-
1- 2v
(A.3) sorte que l'on a pratiquement v., = yr.
:W
,- lluo-{(tro) +eP+aT1;tre' -o
= E : E\ -/ = =' = [,.*[*-1+.)"
où cr est le coefficient de dilatation thermique linéaire
de la roche (environ o( - 1.10-5 oC-1), et T désigne l'écart Boutéca et Sarda (1994) donnent les valeurs de b, 0,
de température avec Ia distribution naturelle. La rela- K pour plusieurs roches calcaires ; on a calculé le rap-
tion (3) devient port W /v (volume soutiré divisé par subsidence) dans
le cas de l'eau (Ko - 2GPa)).
v, + 3l,roTdo: o
W : I oCfOs-, Lavoux
JCI
Estaillades
p C est Ia chaleur spécifique volumique de la roche
(environ p C - 2.1,06 J/m3). Il vient donc :
47
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N'92
3e trimestre 2000
Murs de soutènement anmés :
modélisation de la rupture
le long de la surface
de glissement profonde
L. BELABED :
49
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N" 99
3e trimestre 2000
L'expérience pratique et des études théoriques 12, B,
141 ont montré que, pour la vérification de la stabilité
d'ensemble (mur-sol-ancrage) des murs de soutène-
rl ,
ment ancrés et la détermination des longueurs
ô; d'ancrages nécessaires, on doit étudier généralement
ô; la rupture le long de Ia surface de glissement profonde.
La vérification de la stabilité le long de la surface de
t, glissement profonde a été traitée dans la littérature spé-
s; cialisée avec différents procédés 11,2,9, 131. Kranzl13l
a proposé, pour la première fois, un modèle mécanique
.$.'
de rupture le long de la surface de glissement profonde
(ab) pour les murs de soutènement ancrés à un mur ou
ari
,,,, :". I
a été repris pour les ancrages précontraints injectés en
E.a plaçant un mur d'ancrage verfical fictif au point d'inter-
section de la surface de glissement profonde (ab) avec
.EÈ.r.
l'ancrage injecté (Fig. 1b), afin de permettre l'applica-
rGi tion de la méthode de Kranz également aux ancrages
t;.: injectés. Cette approche n'est pas toujours précise et
P...,'. pourrait conduire à une sous-estimation de la sécurité
t,"t
.,
tt't
.
du système. Ce problème fait l'objet du présent article.
o;:: Des essais sur modèles [B] et des investigations théo-
riques des murs de soutènement ancrés avec des
ancrages précontraints injecté s 12, 3l ont montré que les
iQiE mécanismes de rupture basés sur la théorie de Ia cinéma-
.Ç,,,i ,.,
(a) o) (c)
ffiRupturelelongdelasurfacedeglissementprofonde.a)Modèlederuptured,aprèsKranzI13];b)Modèle
sirnplifié pour ancrage injecté; c) Modèle cinématique pour ancrage injecté.
Failure in the deep slip surface.
a) Failure model after Kranzll3l ; b) Simplified model for grouted anchor; c) Kinematical model for grouted anchor.
50
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3e trimestre 9000
La sécurité du système est exprimée au moyen de
l'indice de fiabilité B calculé avec la théorie de fiabilité de
ffi
premier ordre. Les équations d'états-limites (4, 5, 6 et7), Influence des lorces d'ancrages
correspondant à chaque modèle mécanique, sont indis-
pensables pour toute étude déterministe (longueurs
d'ancrages) et probabiliste (indices de fiabilité). La for-
mulation des équations d'états limites se fait en étudiant W
l'équilibre des forces horizontales et verticales de chaque Cas 1 : ôucuh e force d'ancrage n'agit sur le solide
solide séparément. Pour plus de détails voir [4]. situé à l'arrière
Qre lpr @
fu{'
z O12'0rr-f 5+$
o12 - ott-
MdAe A M&b B
WModèlesderupturecinématiguespourunmuràdoubleancrage(cas1).
Kinematical failure models for a double-propped retaining wall (case 1).
ffiDonnéesstatistiquesdesvariablesaléatoiresetfacteurspartielsdesécurité.
Statistical data of the basic variabies and partial reliability factors.
51
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3e trimestre 2000
L'équilibre des forces horizonta les donrfe :
Eocos (a, - or + *) * C,cos g
E, cosl
(n-
-u
,p)
+2) l- C.,rL cos 0r, - C, cos 0, - E pcos ôe
(\
L' " z ') ' \ -g*r)
l+ -9+0.
" \4 (1) +C,,coSi l+A.,cor|,e" I
(\
-Eucos[î. y.crrcoso' + C,cos 0, Eocos (a, - oz + *) * C,cos q
(n \
^
Qt
+E rcos ôo + Arcos e (3) +Ct2cos[
;.e, - -92)i*A,cos(e, -a*u)
14
sin(e, - e) f, \ , , (- rl (5)
Cas I Cas I
tt
t3
r-
+- :.-ra:4
Frl 4F
,Erzf i--' -.4 E
G
$" J-
Ë': IZ/-
'f
rt
4orD 36'1 30tf0
-
2v20
XcftE
Xoa[B'
20r!t
2.5
40,0 !6,1 80tf0
c['/clkPal ç[ope[kPal
' 1,i,: ï i
grande que la force de pression active du sol E". C'est
pourquoi, contrairement au premier cas, oh ne peut
Cas 2 : Des forces d'ancrages agissant sur le solide pas remplacer le solide (2) par la force de pression
situé à l'arrière active du sol sinon un sous-dimensionnement est à
craindre. Cela est dû principalement aux forces
d'ancrages coupés qui empêchent le sol d'atteindre
Pour les modèles cinématiques C et D (Fig. 4), les l'état limite actif.
forces d'ancrages A, ou A, et A, agissent sur le solide
actif numér o 2, situé à l'aruière, parce que les ancrages Pour les modèles simplifiés C' et D' (Fig. 5), l'intro-
correspondants sont coupés une seule fois par la sur- duction d'un mur d'ancrage vertical fictif, sur lequel la
face de glissement intérieure. Des comparaisôns de cal- force de pression active du sol Eu est appliquée, he
culs [2] ont montré que la résultante (Qrr) agissant sur la reflète pas la réalité puisque l'effet des forces
surface de glissement intérieure est beaucoup plus d'ancrages coupés est négligé.
52
REVUE FRANçAIsE oe cÉorecnNIQUE
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3etrimestre 9000
Modèle c
Modèles de rupture cinématiques pour un mur à triple ancrage (cas 2).
Kinematical failure models for a triple-propped retaining wall (case 2).
q + ïr)+C ;n?cosq
ffi
+(Ar+ Ar)cos(O.-q+ s) - {(G1 +Pr)sin(er-q) + [(G, + Influence d'une surch argelinitée
Pr)sin(0,,-g) + (Ar+Ar)cos (0r,-(p+s)1mr) =0 (7)
L'étude est faite pour une surcharge uniforme limi-
âVEC :
tée des deux côtés (q') et appliquée directement der-
rière le solide de rupture actif situé à I'avant (Fig.7).
III3 -
sin(O,, - 29 * 0r ) (7 a) Elle correspond à des charges résultant, par exemple,
des constructions adjacentes. On a fait varier sa valeur
et sa largeur (b). On suppose que Ia surcharge limitée
Les résultats des calculs sont représentés sur la est définie par les mêmes paramètres statistiques que la
figure 6. Dans le cas de la rupture au niveau de surcharge illimitée q (tableau I). Les résultats des cal-
l'ancrage du milieu, le modèle simplifié C' donne des culs sont regroupés dans Ie tableau IV.
53
REWE FRANçAISE DE GÊOTECHNIQUE
N. g2
3e trimestre 2000
Cas2 Cas2
lor
rrt a, ,--'
Er.J- 'itnt-, I
_Ë"J- -t-1
tt---1, i.
E':F -
$cJ_ l|o&C
s7T
ia ."tt-
Modèle
cinématique D Modàe cinanrdçc B Moddc rimplifié Bf
54
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3e trimestre 2000
d'ancrage fictif est plus grande que celle sur la surface les forces d'ancrages) et d'un autre côté elle est appli-
de glissement intérieure inclinée. Cette différence cable aux différents problèmes de stabilité.
devient encore plus claire avec l'introduction de sur- . La surface de glissement intérieure inclinée peut être
charges plus élevées. rempl acée par un mur d'ancrage vertical fictif si le
Enfin, on a pu démontrer que pour des surcharges solide actif situé à l'arrière n'est soumis à aucune
élevées le modèle cinématique est de loin plus précis et charge etlou aucune force d'ancrage (cas 1).Dans ce
plus économique que le modèle simplifié. La consis- cas, le modèle simplifié est une bonne approche pour le
tance de la cinématique des solides rigides est confir- modèle cinématique.
mée. . Dans le cas où le mur est sollicité par des surcharges
élevées (p. ex. q' = 100 kPa), une modélisation correcte
E de la rupture est garantie seulement avec le modèle
cinématique.
o Si le mur est sollicité par des surcharges moyennes
Conclusion (p. ex. e' = 30 kPa), on peut également étudier le modèle
En se basant sur les résultats obtenus dans le cadre simplifié tant que le solide actif situé à I'arrière n'est
de ce travail, les recommandations suivantes sont pro- soumis à aucune force d'ancrage.
posées pour la vérification de la stabilité le long de la Enfin, les études ont montré que I'utilisation du
surface de glissement profonde : concept statistico-probabiliste de sécurité dans le
o Les mécanismes de rupture doivent être analysés dimensionnement et la vérification de stabilité des
avec la méthode cinématique des solides rigides qui structures est de grande importance. Il permet en com-
donne des résultats réalistes. Une modélisation cor- paraison du concept conventionnel de sécurité, d'un
recte des mécanismes de rupture est assurée unique- côté une étude rationnelle et claire de Ia stabilité des
ment avec la méthode cinématique, comparée à la structures et d'un autre côté une comparaison objec-
méthode simplifiée, parce qu'elle permet d'un côté une tive des différents modes de rupture d'une structure et
utilisation correcte des résistances (résistance au même des différentes structures à travers un niveau de
cisaillement du sol dans les surfaces de glissement et sécurité invariable et homogène.
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55
REVUE FRANçAIsE or eÉorecHNreuE
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3e trimestre 2000
Technique
d' écoute micro sismique
appliquée au risque
d'effondrement
dans les mines
du bassin ferrifère lorrain
ffiË 11,,11,fi.ê#.,1,
disê,u.ssï.ohs suf Key words : microseismic monitoring, collapse, torpedoing,
.....,,..:...cêf ,,..ârtidJb b oni a C cep'té,Æ,; robbing of pillars.
.,,..,,.,.,.,.,,,.'..,.,,, JU$fiU .'â,U,,, 1,,*",Uillef,", AffiL,
57
REVUE FRANçAIsE oE eÉorecHNteuE
N'92
3e trimestre 2000
E monitoire d'un risque. Cependant, ces méthodes ne
renseignent que sur le comportement local des sec-
Introduction teurs instrumentés. Aucune surveillance globale, à
l'échelle de l'ensemble de Ia mine et des terrains envi-
Le bassin ferrifère lorrain s'étend entre les villes de ronnants, ne semble exister jusqu'à présent.
Luxembowg, au nord, et de Nancy, au sud. Le gisement C'est pourquoi nous avons entrepris une recherche
de minerai de fer, d'âge aalénien et d'origine séOimen- dont I'objectif est de valider la technique d'écoute
taire se situe dans les calcaires oolithigues de l'Aalénien, microsismique pour détecter les bruits émis lors de la
insérés entre les formations marneuses du Lias et les cal- rupture de terrains qui constituent les prémices etlou
caires du Dogger (Jurassique moyen). Ce gisement est les premières indications du déclenchement d'un pro-
quasi horizontal avec un pendage moyen régulier de 3 % cessus d'effondrement (rupture des piliers au fond,
et une épaisseur moyenne de 30 m (Fig. 1). Les roches puis du toit immédiat, et enfin du recouvrement). La
stériles situées au-dessus de la formation ferrifère, appe- validation de cette technique a été effectuée dans le
Iées rc morts-terrains l ont une épaisseur moyenne de cadre d'une expérimentation réalisée dans la dernière
150 m. Les mines les plus profondes du bassin ont mine de fer en activité (mine des Terres Rouges de
exploité le minerai jusqu'à près de 300 m de profondeur. l'Arbed). Cette expérimentation a consisté à détecter et
Ouest Est
N{bUSË N,IbL]RI'HE ET MOSELLE I\d(lSIILLEl
Côtes cle
N{oselle
Plcrternr de la \Moëwe
r1;' / t .-
' ,' ,/ r'.r/ ,
: rttl'/".r1
WCoupegéologiquesimplifiéedurecouvr.ementdubassinferrifèrelorrain.
Simplified geological section of the lorraine iron ore basin.
L'exploitation a été effectuée par dépilage et tor- enregistrer en surface les signaux microsismiques cor-
pillage des piliers résiduels entraînant le foudroyage du respondant à des événements apparaissant en profon-
toit sur Ia plus grande partie du gisement. Par contre, à deur et concomitants aux ruptures et effondrements
l'aplomb des zones à protéger (habitations et infra- locaux provoqués volontairement dans Ia mine par la
structures de surface), des méthodes d'exploitation par- destruction à l'explosif (torpillage) de certains piliers.
tielle étaient pratiquées : chambres et piliers abandon-
nés, îlots séparés par des piliers longs. Cependant,
dans ces zones, des phénomènes d'effondrement plus
ou moins brutaux se sont produits plus ou moins long-
E
temps après l'arrêt des travaux miniers, le plus souvent Présentation de I'exploitation
en raison de la rupture de piliers résiduels abandonnés
(Piguet et aL.,1.999 ; Vinkler et Piguet, 1999). etdu système
La technique d'écoute microsismique est d' écoute microsismique
aujourd'hui utilisée dans différents contextes : sismicité
induite par les travaux d'extraction dans les mines en Dans les mines de fer de Lorraine, la méthode
activité (Senfaute et al., 1994, 1997,1999), injection de d'exploitation systématique consistait à découper, par
fluides, géothermie (Moriya H., Niitsuma H., 1996), des galeries d'extraction (traçage et dépilage), le gise-
exploitation des d'hydrocarbures ainsi que pour la sur- ment en panneaux, eux-mêmes découpés en piliers de
veillance de stockages souterrains ou d'installations géométrie carrée ou parallélépipédique avec des
sensibles. Dans le cas des mines de fer abandonnées, dimensions d'ordre plurimétrique. Dans le cas des
soumises à des risques d'effondrements brutaux et exploitations totales, les dimensions de ces piliers
inattendus affectant la surface, les techniques de sur- étaient progressivement réduites puis ils étaient abat-
veillance en usage jusqu'à présent reposent sur les tus à l'explosif. Cette opération dite de a torpillage des
mesures de déformation (convergence, expansion) et Ia piliers > prévoyait de provoquer l'effondrement des
détection de leurs accélérations comme indication pré- couches du toit de la mine, appelé < foudroyage )).
58
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'W a)vueenplandu
chantier en cours
d'exploitation et
localisation de la
station
E tr :;:'iT:ï-.,','J:iïi::ï microsismique; b)
J7,TI
r /.ll Zones cxploitécs
Coupe géologique
l',,t .
|=l simplifiée du site.
@ Stanr:n :ji:jlîri\lr,r(: a) PIan view of the
clc nrcstre mine workings and
\ Fh i'cs location of the
microseismic
lffil
r-
Bandc cntrc
tes itots
monitoring station;
b) Simplified
nnf l
geological section at
Sondagc avcc
sl.:rtion sismique
3!g rnesrrc _-- u
û)
F
()
(-lai r:airrr
srLrl,: ut
l"{irrru:s rrucsûtigs
du toit; 3r
- classe 3 : événements associés aux ruptures hors Evënements microsismiques associés aux tirs
foudroyage du toit.
L'identification des événements de la classe l est Toutes les vibrations provoquées par les tirs effec-
réalisée avec le relevé de l'heure à laquelle le tir a été tués lors des opérations d'exploitation et localisées à
effectué, ils sont concomitants des tirs. Les événements 300 m de la station sismique ont été systématiquement
de Ia classe 2 sont définis comme concomitants d'effon- enregistrées par Ie dispositif d'écoute sismique. Les
drements totaux ou localisés du toit (foudroyage), signaux enregistrés sont de très forte amplitude, ce qui
consécutifs au torpillage des piliers. L'expérience a induit une saturation du signal. La fréquence maximale
montré que le foudroyage peut être immédiat ou décalé des signaux est d'environ 300 Hz avec des pics qui vont
de quelques heures à quelques jours après le tir de tor- jusqu'à environ 500 Hz (Fig. 4). D'autres tirs localisés
pillage. La troisième classe d'événements correspond dans des chantiers plus lointains situés à environ
à des événements nombreux mais relativement isolés. 600 mètres de la station d'écoute ont aussi été enregis-
Ils surviennent hors des heures de tirs de dépilage ou trés. La fréquence maximale de ces événements est
traçage et hors du foudroyage du toit. Le tableau I plus faible, inférieure à 100 Hz (Fig. 5). Enfin, des tirs
donne la répartition des enregistrements réalisés localisés à environ 900 m de la station d'écoute n'ont
durant toute la période d'écoute microsismique. pas été détectés par le système.
or o"
l' ,
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I
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iIIUJ
ni (*lt Y.t
J00 Hz Itrtrl
'Âù. ${ (là)/tlr
on{lz
n
b
iiï.tl,i$jjii;{,f{f# Exemple des signaux sismiques ir Exemple des signaux sismiques enregistés
':ti,,iiffiili,,firffi,,l,iitïjiif
enregistrés lors d'un tir effectué à 300 m lors d'un tir effectué à environ 600 m de la
de la station d'écoute sismique placée en station d'écoute sismique placée en
surface. a - sismogrammes selon X, Y, Z surface. a - sismogrammes selon X, Y, Z
des accélérations (m/sz) ; b - spectres en des accélérations (m/sz) ; b - spectres en
fuéquence. fréquence.
Examples of seismic signals recorded during Examples of seismic signal recorded during
blasting operations some 300 m from the blasting operations some 600 m from the
seismic monitoring station on the surface . a - seismic monitoring station on the surface . a -
seismogramme according to X, Y, Z of seismogramme according to X, Y, Z of
acceierations (m/s?); b - frequency spectra. accelerations (m/s2); b - frequency spectra.
ô0
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3e trimestre 2000
Événements microsismiques totaux enregistrés lors de la période d'écoute.
Total microseismic events recorded during the monitoring period.
ffi
3 t t ) . o .t
miques. Ces événements se caractérisent par une arri-
vée en rafale, c'est-à-dire, des événements nombreux
Evënements microsismiques associés enregistrés dans un court laps de temps nettement
décalé de la fin des tirs. La signature temporelle des
aux ruptures du foudroyage signaux et le contenu spectral de ces événements sont
Le foudroyage du toit consécutif au torpillage des nettement différents de ceux associés aux tirs. Ce sont
piliersAetB (Fig. 3) a généré 66 événements microsis- des événements très courts avec des pics de fréquence
maximale entre 300 et 400 Hz (Fig. 6).
iti:AiÏ,i:tffirnirjiiiijiïni:ltilTjt!.iii'i#iiii' jjiii
:iiiii:Iiïrtïii,H{,it j,#i.tiiijiii::Ai jt';;,;,;.!*iï:,.tjiili,
"t:{-
de I'occurrence du foudroyage immédiatement après
i\
7
le tir de torpillage. Elles permettent d'associer les évé-
nements microsismiques enregistrés avec les ruptures
générées par I'arrivée du foudroyage.
t6,ffiW*fu*W*#firi:,F;i:,,ti.;:iiffi
re
Les auteurs remercient les sociétés LORMINES et ARBED ainsi que le mrnistère de |'Industrie pour le financement apporté dans la réalisa-
tion de cette expérimentation Nous remercions particulièrement la direction et le personnel de la mine des Terres Rouges de \'ARBED
pour L'appui qu'ils nous ont apporté dans la réalisation de l'étude sur Je site.
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6e
REVUE FRANçAISE DE GÉoTECHNIQUE
N'92
3e trimestre 2000