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DOCTEUR
DE
L’ECOLE NATIONALE DES PONTS ET CHAUSSEES
Spécialité : GEOTECHNIQUE
Présentée par
Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, 58 Boulevard Lefebvre, 75732 Paris Cedex 15
Je tiens à remercier vivement tous ceux qui m’ont permis de réaliser ce travail
de thèse.
Résumé
L’analyse des interactions entre les soutènements, les sols et les structures avoisinantes
nécessite d’améliorer les techniques de simulation numérique, notamment la méthode
des éléments finis appliquée à la modélisation des soutènements. Dans ce contexte, ce
travail de thèse a pour objet d’améliorer la prise en compte :
- du phasage de construction des ouvrages réels,
- des couplages hydromécaniques,
- et des tirants d’ancrage.
Nous avons étudié successivement ces différents aspects avant de confronter les
techniques de simulation retenues à des mesures sur des ouvrages réels instrumentés.
Abstract
The analysis of the interactions between the retaining walls structure, the grounds and
the neighbouring structures requires to improve the techniques of numerical
simulation, notably the finite element method applied to retaining structures. In this
context, this work aims at improving the numerical modelling of the construction
sequence, the hydromechanical coupling and the role played by anchoring ties. We
approach these various aspects successively, before comparing the results of the
proposed methods of simulation with measures carried out on real monitored works.
INTRODUCTION GENERALE
L’analyse des interactions entre les ouvrages de génie civil et les sols, et entre les
ouvrages, est une préoccupation de plus en plus forte dans le domaine de la
géotechnique, en particulier en milieu urbain lors de la construction d'ouvrages
souterrains complexes à proximité de bâtiments existants ou de l'exécution de fouilles
à proximité d’immeubles.
Les méthodes actuelles, pour la plupart issues de l’expérience acquise sur des ouvrages
isolés, reposent le plus souvent sur une analyse de la résistance des ouvrages vis-à-vis
de la rupture. L’analyse du comportement des ouvrages au cours de leur construction
et en service, et celle de leurs impacts sur les structures avoisinantes, reste limitée à
certains types d’ouvrages et manque encore de précision. Il en résulte que les impacts
de la mise en place d’un ouvrage sur les structures qui l’entourent (les déplacements
provoqués par la réalisation d’un soutènement d’excavation par exemple) restent à
l’heure actuelle difficiles à quantifier.
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Modélisation numérique des soutènements d’excavation
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néanmoins constituer l'une des approches les plus prometteuses pour pouvoir calculer
les déplacements induits par la réalisation d'une fouille dans le massif de terrain
soutenu. On cherchera donc à traiter les principales difficultés qui, comme pour
d'autres méthodes de calcul, sont liées à la prise en compte dans les calculs des effets
de l'eau, d'une part, et du rôle joué par les tirants d'ancrage, d'autre part.
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Introduction générale
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sur la réponse calculée. En dernier lieu, on propose pour la prise en compte d'un lit de
tirants dans une modélisation en déformation plane un modèle inspiré de celui de
Chaoui (1992), en vérifiant que les résultats bidimensionnels restent comparables à
ceux d'un calcul tridimensionnel.
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Sommaire
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Sommaire
NOTATIONS PRINCIPALES............................................................................................................. 1
INTRODUCTION GÉNÉRALE.......................................................................................................... 3
CHAPITRE I
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
BIBLIOGRAPHIES.......................................................................................................................... 265
ANNEXES.......................................................................................................................................... 271
Notations principales
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NOTATIONS PRINCIPALES
1
Modélisation numérique des soutènements d’excavation
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aw compressibilité du fluide
Kw module de compression du fluide
k tenseur de la perméabilité
t temps
Tc temps caractéristique du problème de consolidation
cm coefficient de consolidation
φw variation du volume d’échange de fluide
λo premier coefficient de Lamé drainé
λ premier coefficient de Lamé modifié (non drainé) : λ = λo + Kw/n
µ module de cisaillement
E, ν module d’Young et coefficient de Poisson en condition drainée
Eu, νu module d’Young et coefficient de Poisson en condition non drainée
K, G modules de compression et de cisaillement en condition drainée
Ku, Gu modules de compression et de cisaillement en condition non drainée
c’ cohésion effective en condition drainée
ϕ’ angle de frottement effectif
ψ angle de dilatance
Eoed module oedométrique
EM module pressiométrique de Ménard
qs résistance latérale unitaire sol-tirant le long du tirant
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Modélisation numérique des soutènements d’excavation
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Chapitre I
I.1. INTRODUCTION
La description du comportement des sols, pour la modélisation d’ouvrages de
géotechnique réels, passe nécessairement par la prise en compte des phénomènes de
consolidation (ou de couplage hydromécanique), c’est-à-dire par la prise en compte de
l’influence de la présence d’eau dans les sols sur leur déformabilité.
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Chapitre 1. Effets du couplage hydromécanique dans les calculs de soutènement
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rapides, la différence restant suffisante, même avec les outils de calcul modernes,
pour justifier que l'on s'en tienne à des calculs sans couplage le plus souvent
possible ;
• enfin, les calculs élastiques ou élastoplastiques découplés fournissent une solution
qui ne dépend pas du temps, ce qui simplifie évidemment l'exploitation des
résultats.
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Partie 1. Prise en compte du couplage hydromécanique
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I.2.3. Excavation
La réalisation des ouvrages de soutènement, des tunnels et, plus généralement, des
ouvrages souterrains passe par l'excavation, en général par étapes, de zones de terrain.
Cette opération s'accompagne d'une décompression du terrain autour de la zone
excavée et d'une diminution du poids du système étudié. Dans les calculs sans
couplage, on modélise en général cette étape en imposant sur le contour de la zone
excavée une densité surfacique d'efforts déduite de l'état de contraintes avant
excavation et calculée de manière à annuler le vecteur contrainte sur cette surface. Il
conviendra dans la suite de préciser dans quelle mesure ce procédé peut s'adapter
lorsque l'on veut prendre en compte les effets de l'eau.
Le phasage de construction d'un ouvrage réel est en général nettement plus complexe
que les exemples précédents peuvent le laisser penser. La réalisation des ouvrages de
soutènement est souvent un enchaînement de différentes étapes qui sollicitent un
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Chapitre 1. Effets du couplage hydromécanique dans les calculs de soutènement
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volume limité de terrain et posent des problèmes de nature différente du point de vue
de l’interaction entre les comportements mécanique et hydraulique. On présente ici
rapidement le phasage des travaux réalisés dans le cas de deux ouvrages réels, qui
seront étudiés de manière détaillée dans la suite (chapitres IV et VI) : un exemple
d'excavation sous la nappe lors de la réalisation d’une fouille expérimentale à
Rotterdam et la construction du quai d'Osaka (dans le port du Havre).
I.2.4. Exemple d'excavation sous l’eau - expérimentation de Rotterdam Pernis
L’ouvrage est une fouille expérimentale, creusée dans des argiles molles et des
tourbes, soutenue par des rideaux de palplanches. Dans le cadre d’un concours de
prévision lancé en mars et avril 1999, les travaux sont réalisés et instrumentés en
collaboration entre le CUR (Centre hollandais de recherche en génie civil et de
réglementation) et l’Université de technologie de Delft. L’ouvrage et les travaux sont
présentés en détail par Kort (2002).
Les rideaux expérimentaux sont constitués de palplanches Arbed AZ13 pour le rideau
nord et de palplanches Hoesch L607K pour le rideau sud. Ces palplanches descendent
à la cote -18,00 m dans un massif constitué de sable, d’argile limoneuse, de limons et
de tourbe. Les rideaux sont butonnés en tête à la cote +0,75 m. Les butons sont
constitués d’une poutre métallique de forte inertie fixée aux rideaux par l’intermédiaire
de profilés métalliques.
L’expérimentation est réalisée en quatre étapes illustrées sur la figure I.3. Les étapes 1
à 3 constituent une expérimentation à court terme dans laquelle l’excavation est
réalisée en conditions non drainées. L’étape 4 consiste à suivre l’évolution à long
terme des rideaux.
• La première étape consiste à réaliser une première excavation jusqu’au niveau -4,0
m en rabattant en même temps le niveau de la nappe dans l’enceinte des parois. Les
matériels assurant l’excavation sont placés le plus loin possible vers l’ouest et l’est
de l’ouvrage, de façon à ne pas charger les parois AZ13 et L607K.
• Dans la deuxième étape, on laisse remonter la nappe à son niveau initial (-1,5 m)
dans la fouille avant de poursuivre l’excavation sous l’eau jusqu’au niveau -7,0 m.
• La troisième étape consiste à abaisser la nappe au niveau -5,0 m dans la fouille.
Cette opération est réalisée en 5 phases. Les niveaux intermédiaires sont -2,5 m ;
-3,5 m ; -4,0 m et -4,5 m.
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Partie 1. Prise en compte du couplage hydromécanique
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Le site est constitué de deux formations, une formation sableuse (sables flandriens)
fins homométriques surmontant une formation argileuse raide (argile des Flandres),
mise en place à l’Eocène. La description détaillée de l’ouvrage et des travaux est
donnée par Delattre (1999).
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Chapitre 1. Effets du couplage hydromécanique dans les calculs de soutènement
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-27,00
-27,00
-27,00
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Partie 1. Prise en compte du couplage hydromécanique
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-27,00
-27,00
+9,50
Etape 9
+9,00
Les fondations de la voie de grue
+8,90
5,00 arrière sont réalisées et les terre-
-1,00 pleins sont remblayés jusqu’à la
-4,50
-4,00 cote +8,90 CM.
-10,00
Puits de -14,00 Puits de
rabattement rabattemen
-19,00
Couche de sol imperméable
-27,00
-27,00
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Chapitre 1. Effets du couplage hydromécanique dans les calculs de soutènement
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I.2.6. Synthèse
Le déroulement du chantier est en général décrit comme la succession de phases de
terrassement, de construction, etc. Il est naturel de simuler le phasage des travaux par
l'enchaînement de calculs, la difficulté étant de bien préciser quelle(s) phase(s) des
travaux sont associées à chaque étape de calcul, et quels chargements il faut appliquer
pour simuler correctement ces phases de travaux.
Après avoir présenté les phénomènes que l’on souhaite étudier, on aborde maintenant
les principes sur lesquels repose leur modélisation mathématique.
où σ est le tenseur des contraintes totales et p la pression de l’eau dans les pores.
I.3.1.2. Comportement du sol
L’évolution des déformations dans le sol est gouvernée par le tenseur des contraintes
effectives σ’. Dans le cas d’un sol élastique linéaire, la loi de comportement s’écrit :
σ’ - σ’o = Co : ε (I.2)
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Partie 1. Prise en compte du couplage hydromécanique
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Dans le cas d’un sol élastoplastique, la déformation ε sera remplacée par ε - εp où ε est
le tenseur des déformation totale et εp est le tenseur des déformations plastiques. La loi
de comportement s’écrit alors :
σ’ - σ’o = Co : (ε - εp) (I.3)
On désigne par f la surface de charge dans l’espace des contraintes effectives, qui
définit le domaine à l’intérieur duquel il n’y a pas d’évolution des déformations
plastiques.
∂f
Si : f(σ’) < 0 , ou si : f(σ’) = 0 et dσ ' ≤ 0 ,
∂σ '
il n’y a pas de déformations plastiques ;
∂f
et si f(σ’) =0 et dσ ' > 0 ,
∂σ '
il peut y avoir une évolution des déformations plastiques suivant la loi d’écoulement
qui s’écrit, dans le cas associé :
∂f
d ε = dλ
p
, dλ ≥ 0 (I.4)
∂σ '
Dans le cas d’une loi non associée, on introduit un potentiel plastique g, différent de la
fonction de charge f, et qui permet d’écrire la loi d’écoulement sous la forme :
∂g
d ε = dλ
p
, dλ ≥ 0
∂σ '
où le champ des pressions d’eau n’est en général pas une donnée mais une inconnue
du problème. En introduisant le poids volumique déjaugé du terrain, défini par :
γ’ = γ - γw
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Chapitre 1. Effets du couplage hydromécanique dans les calculs de soutènement
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Cette équation d’équilibre mécanique doit être complétée par les relations qui
décrivent les mouvements de l’eau dans le sol. Il s’agit de la loi de conservation de la
masse d’eau et de la loi de Darcy.
I.3.1.4. Conservation de la masse d’eau
L’équation de conservation de la masse d’eau s’écrit :
∂ ( nρ w )
+ ρ w div(v) = 0
∂t
où n désigne la porosité du sol, ρw la masse volumique du fluide et v sa vitesse
« apparente », définie comme le débit volumique par unité de surface ; cette vitesse
n’est donc pas égale à la vitesse des particules d’eau, le rapport entre les deux étant la
porosité du sol.
ou encore :
∂n n ∂ρ w ∂p
+ + divv = 0
∂t ρ w ∂p ∂t
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Partie 1. Prise en compte du couplage hydromécanique
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Il faut noter que les effets d’anisotropie sont parfois beaucoup plus marqués pour la
perméabilité que pour les autres caractéristiques des sols, et que la mesure en place ou
en laboratoire de la perméabilité n’est pas plus précise ni plus facile que celle des
paramètres mécaniques classiques. Cependant, la perméabilité gouverne directement le
temps caractéristique de l’évolution des déformations du sol. Elle joue donc un rôle
très important dans l’analyse du comportement et la prévision des déplacements des
ouvrages en régime transitoire.
I.3.1.6. Conditions initiales et conditions aux limites
Le problème couplé se ramène à un ensemble d’équations aux dérivées partielles dont
la solution évolue dans le temps. Il est donc nécessaire de connaître l’état initial du
système au début de l’intervalle de temps d’étude. Cet état, avant chargement, doit être
caractérisé par la donnée des champs de contraintes σ° et de pression p° .
Par ailleurs, il est nécessaire de définir les conditions aux limites mécaniques et
hydrauliques sur les frontières du domaine étudié :
• les conditions aux limites mécaniques consistent à imposer pour chacune des trois
directions de l’espace, la composante correspondante du déplacement ou du
vecteur contrainte totale σ.n sur la frontière ∂Ω du domaine étudié :
i=1, 2, 3 ∂Ω = STi ∪ Sξi STi ∩ Sξi = ∅
(σ.n).ei = Ti d
sur STi
ξ.ei = ξi d
sur Sξi
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Chapitre 1. Effets du couplage hydromécanique dans les calculs de soutènement
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• les conditions aux limites hydrauliques donnent la valeur en tout point du flux
d’eau (composante normale de v) à travers une partie Sv donnée de la frontière ∂Ω
du domaine ou la valeur de la pression sur le complément Sp de cette frontière :
∂Ω = Sp ∪ Sv Sp ∩ Sv = ∅ ;
p = p sur Sp ; v.n = vd sur Sv
d
Nature Formulation
Équations aux dérivées partielles :
Équation d’équilibre div σ - γ ez = 0 (ou div σ’ - γ’ez - γw grad h = 0)
Loi de comportement σ’ - σ’o = Co : (ε - ε p)
∂f
d ε = dλ
p
, dλ ≥ 0 et f& = 0 si dλ > 0
∂σ '
Conservation de la masse
Loi Darcy div v + ∂(trε)/∂ t + n/Kw ∂ p/∂ t = 0
v = - k grad h
Conditions aux limites :
Conditions mécaniques i=1, 2, 3 ∂Ω = STi ∪ Sξi STi ∩ Sξi = ∅
(σ n)ei = Tid sur STi
ξ.ei = ξid sur Sξi
Conditions hydrauliques ∂Ω = Sp ∪ Sv Sp ∩ Sv = ∅ ;
p = pd sur Sp ; v.n = vd sur Sv
État initial :
Champ de contraintes σ° divσ° = γ ez
(divσ°’ = γ’ez si le fluide est initialement au repos)
La principale caractéristique d’un problème couplé résiste dans le fait que la solution
dépend du temps, et que les problèmes hydraulique et mécanique ne peuvent pas, en
général, se résoudre indépendamment. Cependant, l’utilisation des logiciels de calcul
numérique couplés est souvent très lourde car le couplage conduit à agrandir la taille
des matrices de calcul, et intègre une dimension supplémentaire, celle du temps, ce qui
multiplie les calculs à mener. C’est aussi la raison principale pour laquelle la prise en
compte des effets hydrauliques dans les calculs reste encore très limitée en pratique,
malgré le développement des outils théorique et numérique au cours des dernières
années.
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Partie 1. Prise en compte du couplage hydromécanique
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La différence principale entre ces deux situations est la suivante : dans le premier cas,
le champ de pression est connu juste après le chargement, alors que, dans le second, la
variation de pression induite par le chargement mécanique est inconnue. Le problème
à résoudre est donc plus complexe dans le cas d’un chargement mécanique, en raison
du fait que la variation instantanée du champ de pression est inconnue.
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Chapitre 1. Effets du couplage hydromécanique dans les calculs de soutènement
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à travers le sol (la perméabilité du sol n’est pas infinie, il faut donc du temps pour que
l’eau se déplace). Cet état correspond donc à une évolution non drainée. Autrement dit,
l’intervalle de temps δ t à la fin duquel on recherche les champs inconnus est tel que,
pour tout volume élémentaire dV, on a :
δt
⎡ ⎤
∫ ⎢⎣ ∫ divv⎥⎦dt = 0
0 dV
On déduit de cette condition que l’on a une liaison entre la variation de pression et la
déformation volumique à court terme :
tr(ε) + n/Kw δp = 0
Dans la mesure où les particules du sol sont incompressibles, et où l’eau ne peut pas
s’échapper, la variation de volume du sol à court terme est donc en relation linéaire
avec la variation de pression. Il est alors important de noter que la compressibilité du
sol reflète celle de l’eau, qui est peu compressible sous les niveaux de chargement
classiques en mécanique des sols mais qui n’est pas nulle : on n’écrira donc pas trε = 0
car la relation précédente donnerait δp = 0, ce qui est faux.
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Partie 1. Prise en compte du couplage hydromécanique
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avec λ = λo + Kw/n. Autrement dit, en conditions non drainées, les contraintes totales
se calculent avec le même module de cisaillement µ qu’en conditions drainées mais
avec un coefficient de Lamé λ modifié. On peut aussi définir un module d’Young non
drainé Eu et un coefficient de Poisson non drainé νu par :
Kw Kw
1+ 3 (1 − 2ν ) ν+ (1 + ν )(1 − 2ν )
Eu = E nE et νu = nE
K K
1 + 2 w (1 + ν )(1 − 2ν ) 1 + 2 w (1 + ν )(1 − 2ν )
nE nE
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Chapitre 1. Effets du couplage hydromécanique dans les calculs de soutènement
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La pression n’a pas complètement disparu : elle figure encore dans la règle
d’écoulement et dans le calcul du critère de plasticité.
Dans ce cas, deux des termes figurant dans l’équation de conservation de la masse
fluide (I.7) disparaissent. L’équation de conservation d’eau, la loi de Darcy et les
conditions aux limites hydrauliques fournissent un problème mathématiquement bien
posé permettant de déterminer la valeur asymptotique du champ de pression :
div v = 0
v = - k grad h
∂Ω = Sp ∪ Sv et Sp ∩ Sv = ∅ ; p = pd sur Sp ; v.n = vd sur Sv
Le champ de pression à long terme peut donc être déterminé indépendamment des
champs de contraintes et de déformations : on a découplé le problème hydraulique, de
manière rigoureuse du point de vue mathématique. De plus, la détermination du champ
de pression est un problème classique du point de vue mathématique et généralement
assez facile avec la plupart des codes de calcul par éléments finis.
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Partie 1. Prise en compte du couplage hydromécanique
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La seule difficulté tient au fait que l’évolution des déformations plastiques dépend en
général de l’histoire du chargement, c’est-à-dire de l’histoire des contraintes. Or le
trajet de contraintes effectives suivi ici n’est pas nécessairement simple : à court terme,
un chargement mécanique peut induire une augmentation de la pression du fluide
susceptible de conduire à des déformations plastiques dont le problème mécanique ci-
dessus ne rend pas compte. Il en va différemment en élasticité, puisque les
déformations dépendent seulement de la valeur finale des contraintes effectives et pas
du trajet de chargement suivi.
La procédure proposée ci-dessus pour découpler le problème à long terme, qui consiste
à introduire dans le calcul un chargement volumique égal à -γw grad h et à corriger, si
nécessaire, les conditions aux limites en contraintes, donne un résultat exact dans le
cas élastique. En revanche, elle peut induire une erreur plus ou moins importante dans
le cas élastoplastique, car elle conduit à négliger les déformations plastiques qui
peuvent se produire à court terme ou en régime transitoire.
I.3.2.3. Découplage en régime transitoire
Le découplage des problèmes hydraulique et mécanique à long terme est relativement
facile. La principale limite de cette démarche réside dans le fait que l’on ne prend pas
en compte les déformations plastiques qui peuvent se produire à court terme. La
démarche est un peu différente si l’on cherche à découpler le problème en régime
transitoire. L’idée consiste à découpler le problème hydraulique en supprimant
simplement le terme de couplage dans l’équation de conservation de la masse d’eau, ce
qui conduit au problème suivant :
∂(trε)/∂t + n/Kw∂p/∂t + divv = 0
v = -k grad h
∂Ω = Sp ∪ Sv et Sp ∩ Sv = ∅ ; p = pd sur Sp ; v.n = vd sur Sv
Autrement dit, pour le problème hydraulique, on considère que le sol ne déforme pas
et que l’échange de fluide d’eau ne dépend que de la variation de la pression. Le
problème obtenu est un problème de diffusion, donc la solution dépend du temps et
peut se résoudre numériquement à l’aide des modules de diffusion du logiciel CESAR-
LCPC par exemple.
Par ailleurs, le découplage du problème en pression à long terme repose sur une
hypothèse physique claire, à savoir que les déformations et la pression finissent par se
stabiliser. En revanche, le découplage auquel on a procédé en régime transitoire est
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Chapitre 1. Effets du couplage hydromécanique dans les calculs de soutènement
__________________________________________________________________________________________
Il reste à utiliser cette équation dans (I.11) pour faire apparaître une équation de champ
relative à la seule variable δφw :
∂(φw)/∂t = cm ∆(φw) (I.12)
où l’on a posé :
K w λ o + 2µ
cm = k
nγ w λ + 2 µ
qui porte le nom de coefficient de consolidation et s’exprime en [L2T-1]. En général, le
fluide est bien moins compressible que le sol (Kw>>λo), compte tenu de l’expression
λ=λo + Kw/n, le coefficient de consolidation tend vers la valeur de :
k
cm = (λ o + 2 µ )
γw
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Partie 1. Prise en compte du couplage hydromécanique
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Chapitre 1. Effets du couplage hydromécanique dans les calculs de soutènement
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I.4. CONCLUSION
La description du comportement des ouvrages réels en géotechnique par des
simulations numériques passe nécessairement par la prise en compte du rôle de l’eau
dans les sols.
En régime transitoire, le découplage peut conduire à des erreurs sur l’échelle de temps
du problème hydraulique en diffusion. Il est donc recommandé d’utiliser avec
prudence de cette approche découplée.
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Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
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Chapitre II
II.1. INTRODUCTION
Dans ce chapitre, en limitant l’étude au domaine élastique, on présente quelques
exemples d’application de la procédure de calcul découplée présentée dans le chapitre
précédent. On commence d’abord par des exemples simples unidimensionnels, on
s’intéresse ensuite aux cas plus complexes pour étudier les chargements différés sur le
soutènement des tunnels (en conditions bidimensionnelles) et l’effet de la réparation
d’une partie du soutènement (en conditions tridimensionnelles). Le but est de
démontrer comment cette procédure découplée peut être mise en œuvre.
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Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
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On suppose que la nappe est “ rabattue ”, c’est à dire que le niveau de la surface sur
laquelle la pression du fluide est égale à la pression atmosphérique est abaissé à la cote
z = H (avec H < D). Au-dessous du niveau de la nappe, le sol est toujours saturé ; au-
dessus de ce niveau, l’espace poreux est occupé par de l’air et non plus par de l’eau.
Dans ce qui suit, on définit la charge hydraulique par h = p/γw + z, où p désigne la
pression de fluide et γw le poids volumique de l’eau. Les charges hydrauliques initiales
et finales sont donc celles représentées sur la figure II.1.
Dans la réalité, il existe une zone non saturée au-dessus du niveau de la nappe, dans
laquelle l’espace poreux n’est pas occupé par un seul fluide (l’air ou l’eau), mais où les
deux fluides coexistent. L’existence de cette zone non saturée est due au fait que le
fluide remonte au-dessus du niveau de la nappe par capillarité.
Le comportement mécanique de cette zone ne peut être décrit par la théorie des sols
saturés considérée ici. Mais, d’une part, l’étendue de cette zone dépend du sol
considéré (les effets de capillarité sont quasiment négligeables dans un sable propre)
et, d’autre part, la zone non saturée est en fait scindée en deux zones : une zone dans
laquelle le degré de saturation est très élevé (supérieur à 95%), et dont le
comportement peut être considéré en première approximation comme voisin de celui
du milieu saturé, et une zone où le degré de saturation est beaucoup plus faible, avec
une zone de transition d’extension très réduite, dans laquelle le degré de saturation
chute brutalement.
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Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
D’autre part, on fait l’hypothèse que la direction verticale est une direction principale
du champ de contraintes initial, et qu’il présente une symétrie de révolution autour de
cette direction :
σ° = σ°z ez⊗ ez + σ°x (ex⊗ ex + ey⊗ ey)
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Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
et la loi de comportement :
σ - σo = λo trε 1 + 2µ ε - (p - p°) 1 ;
Il est important de rappeler que le poids volumique du milieu poreux est différent au-
dessous et au-dessus de la nappe :
γ = γs (1-n) pour H < z < D
γ = γ a + γ a = γs (1 – n) + γw n
s f
pour 0 < z < H
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Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
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Compte tenu des symétries que présente la géométrie du problème, il est raisonnable
de supposer que le déplacement est vertical et ne dépend que de la coordonnée
verticale z :
ξ = ξ(z) ez
d’où l’on conclut que le champ de contraintes σ est de même forme que le champ de
contraintes initial σ° :
σ = σz(z) ez⊗ ez + σx(z) (ex⊗ ex + ey⊗ ey)
La projection de l’équation d’équilibre sur la verticale, compte tenu des conditions aux
limites et de la continuité de la contrainte verticale sur le plan z = H donne :
∂σz/∂z = γ sa d’où σz = - γ sa (D – z) H<z<D
∂σz/∂z = γ a + γ a d’où σz = - γ a (D – H) - (γ a + γ a) (H – z)
s f s s f
0<z<H
on obtient par ailleurs, ainsi à partir des champs de contraintes initial et final :
σz - σ°z = - γ sa (D – z) + (γ sa + γ fa) (D – z) = γ fa (D – z) H<z<D
σz - σ°z = - (γ a + γ a) (H – D) +γ a (D – H) = γ a (D – H) 0 < z < H
s f s f
et finalement :
1
ε = −(1 − n)γ w ( D − z) H<z<D
λ o + 2µ
1
ε = −(1 − n)γ w (D − H ) 0<z<H
λ o + 2µ
31
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
Le diagramme des contraintes et des pressions dans la couche de sol est présenté sur la
figure II.2.
Z=D
- γsa (D-z)
- γsa (D-z)
- γ (D-z)
Z=H
γw (D-z)
-(γ-γw)(H-z)-γsa(D-H)
γw(H-z)
- γ (H-z) - γsa (D-H)
Z=0
Z=D
(1-n)(D-z)γw+σ°x
-(1- n)(D-z)γw/(λo+2µ) - γsa (D-z)Ko
Z=H
-(D-z)[Ko(γ-γw)+γw ]
- Ko(γ - γw)(D-z)
Z=0 (1-n)(D-H)γw+σ°x
Figure II.2. Diagramme des contraintes et des pressions dans la couche de sol
32
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
1
ξ(z = D) = − (1 − n)γ w (D 2 − H 2 )
2(λ o + 2 µ )
33
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
En contraintes totales, le problème posé est défini par une densité de forces
volumiques nγw s’exerçant sur la partie au-dessus de la nappe due à un changement du
poids volumique de sol, et par l’écart δp entre les valeurs actuelles et initiales du
champ de pression. Ces deux contributions doivent être prises en compte dans la
modélisation numérique.
34
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Il existe une autre solution pour prendre en compte cette force volumique sans définir
deux groupes d’éléments dans le maillage. Cette solution consiste à utiliser l’option de
chargement SIG du module CHAR pour appliquer dans la zone de sol désaturé une
force volumique γwn. On réalise cette opération en adoptant les valeurs de IOPT=3 et
ICAL=2. Les données sont les suivantes :
Option : Chargement volumique (SIG)
Nombre de couche : 2
Cote-1, PV, Kox, Koz : 8 0 0,5 0,5
Cote-2, PV, Kox, Koz : 10 3 0,5 0,5
35
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
libre de contraintes totales, la gestion des conditions aux limites sur σ’ peut être
délicate.
10
Z(m) Cont. totale
Cont. effective
36
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
10
Z(m) Deplacement vertical
On suppose ensuite que le niveau de la surface sur laquelle la pression du fluide est
égale à la pression atmosphérique est abaissé à la surface de la couche de sol z = D (D
< H). Au dessous du niveau de la nappe, le sol est toujours saturé ; une condition
d’écoulement est créée en imposant une charge hydraulique égale à h = D + d au
niveau z = 0 (D + d ≤ H et d ≥ 0 ).
37
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
z=D h=D
z
Substratum rigide
Figure II.5. Situation d’écoulement vertical permanent
38
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Le diagramme des contraintes et des pressions dans la couche de sol peut être
représenté de la manière suivante :
Z=H
- γw (H-D)
Z=D
- γ(D-z)-γw(H-D) -(γ-γw)(D-z)
γw(H - z)
γw(D+d)(1-z/D) - γ (D-z)
Z=0
γw(D+d) γwH
- [γ-γw(D+d)/D](D-z)
Z=H
(H–z)γw
Z=D
-Ko(γ-γw)(D-z)
-(D-z)Ko(γ-γw)+(H-z)γw
d(D–z)γw/D(λo+2µ) - Ko[γ-γw(D+d)/D](D-z)
39
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
ξ(z = D) = γw d D/2(λo + 2 µ)
Les contraintes effectives verticale et horizontale (en kPa) sont données par :
σz’ - σ°z’ = 0,2 γw(D – z)
σx’ - σ°x’ = 0,0857γw(D – z)
40
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
10
Z(m) Contrainte totale
10
Z(m) Deplacement vertical
41
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
z=D h=D
z
Couche de sol
Saturée d’eau
Couche de sol
x Saturée d’eau
42
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
et la loi de comportement :
σo+ - σo = λo trε 1 + 2µε - (po+ - p°) 1 (II.1)
Comme l’échange de fluide n’a pas encore lieu dans la couche de sol, on peut écrire :
po+ - p° = -Kw/n trε (II.2)
et donc :
σo+ - σo = (Kw/n + λo)trε 1 + 2µε
Compte tenu des symétries du problème, il est raisonnable de supposer que le champ
de déplacement est invariant par translation dans le plan horizontal et dirigé selon la
direction verticale :
ξ = ξ(z) ez
43
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
1
ε nd = γ ( H − D)
λ + 2µ
Z=H
(Ko-(1-Ko)γw/γ)σ°z
γ (H-D)/(λ+2µ)
Z=D
γ (H - z)
γ (H-D)λ/(λ+2µ)+σ°x
γ(D - z)
Z=0
γD γH
Figure II.10. Diagramme des contraintes et des déformations dans la couche de sol à court terme
44
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
45
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
∂φ w
= c m ∆(φ w )
∂t
où l’on a posé :
K w λ o + 2µ
cm = k (coefficient de consolidation)
nγ w λ + 2 µ
ce qui conduit à :
γ ( H − D ) + δp
ε=
λ o + 2µ
Il s’agit d’intégrer cette équation différentielle avec la condition initiale à court terme
(t = 0+) :
K γ ( H − D)
δp(t = 0 + ) = p 0 + − p 0 = − w
n λ + 2µ
On pose encore :
γ w n (λ + 2 µ )
P∝ = δp∝/δpo+(z/D) = χ = aχ
γK w
46
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
On pose enfin :
P = Q + P∝
=½ si k = k’ ,
1
1 − (−1) k
∫ sin(kπχ )dχ =
0
kπ
1
(−1) k +1
∫ χ sin(kπχ )dχ =
0
kπ
on trouve :
Bk =
{
2 1 − (−1) k + a(−1) k }
kπ
47
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
1
t=0.00
t=0.005
0.9 t=0.010
t=0.050
t=0.070
0.8 t=0.100
t=0.300
t=1.000
0.7
0.6
Hauteur z/H
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1
Pression delta p/p0+
Figure II.11. Solution analytique en pression δp/δpo+ en fonction de la hauteur z
1
t=0.00
t=0.005
0.9 t=0.010
t=0.050
t=0.070
0.8 t=0.100
t=0.300
t=1.000
0.7
0.6
Hauteur z/H
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
Deformation verticale x 10
−4
Les figures (II.11) et (II.12) présentent la solution analytique sous forme du rapport
δp(z,t)/δp0+ et l’évolution des déformations correspondantes dans le temps et la
profondeur z.
48
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Il est intéressant de noter qu’à l’état final, les déformations sont données par :
Kw / n ( H − D)
γ ( H − D) − γ w z
λ + 2µ D
ε= .
λ o + 2µ
Ce champ de déformations doit être cumulé avec les déformations calculées à court
terme, ce qui nous conduit à :
εfn = εnd + ε
soit :
( H − D)
γ ( H − D) − γ w z
εfn = D
λ o + 2µ
49
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
terme de la couche de sol à l’aide du module MCNL. Les résultats sont ensuite
stockés pour utilisation dans l’étape de calcul suivante.
• La troisième étape permet de calculer le champ de surpression généré à court terme
à partir du champ de déplacements issu du calcul à court terme. Cette opération est
réalisée à l’aide d’un utilitaire écrit en Fortran spécialement pour ce but.
• La quatrième étape est un calcul de diffusion pour chercher l’évolution du champ
de pression dans le temps. Cette étape est réalisée à l’aide du module DTLI avec un
champ de charge hydraulique initiale correspondant à celui généré à court terme
par les efforts d’excavation. À chaque pas de temps, le champ de charge
hydraulique est stocké à l’aide de l’option STK pour être utilisé dans le calcul des
déplacements.
• Dans la cinquième étape, ce champ de charge hydraulique est introduit dans le
calcul mécanique pour déterminer les déplacements à l’instant étudié. Le calcul est
réalisé avec des caractéristiques à long terme du sol.
Il est important de noter que, dans le calcul de diffusion réalisé dans le but de
déterminer le champ de pression hydraulique en état transitoire, le coefficient S du
terme ∂h/∂t dans l’équation de conservation de la masse d’eau est corrigé pour obtenir
le bon temps caractéristique : Tc = D²/cm (voir I.3.2.3 – chapitre I).
On prend :
nγ w λ + 2 µ
S = k/cm =
K w λ 0 + 2µ
50
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
-5
Cal. Decouple
Sol. Analytique
-15
-20
Plan etudie z=4.5m
-25
-30
-35
-40
Temps d evolution (s)
-45
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900
Figure II.13 : Confrontation des résultats de calcul de la variation de la pression sur le plan z=4,5m
en régime transitoire
0.0025
Cal. Decouple
Sol. Analytique
Deplacement a la surface (m)
0.002
0.0015
0.001
0.0005
51
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
II.3.1. Introduction
Le dimensionnement des revêtements de tunnels repose sur l’estimation des efforts qui
s’exercent sur eux. L’une des approches couramment utilisées est la méthode du solide
composite. Elle repose sur une modélisation mécanique du revêtement et du terrain
comme des milieux continus et permet de tenir compte des particularités géométriques
et géotechniques de l’ouvrage ainsi que des différentes phases de réalisation. En
pratique, elle est souvent utilisée en considérant une coupe en section transversale du
tunnel et du terrain encaissant. Le caractère tridimensionnel du processus de
creusement du tunnel est introduit dans cette représentation bidimensionnelle au
moyen de la méthode convergence-confinement (Panet, 1995) qui permet de simuler
l’avancement du front par l’intermédiaire d’un paramètre adimensionnel λ
caractérisant les efforts d’excavation à appliquer sur le bord de la galerie dans les
différentes phases de calcul.
Cette approche doit être complétée par une étude du comportement différé du massif à
long terme autour du tunnel. En pratique, la prise en compte de l’évolution à long
terme des efforts dans le revêtement du tunnel est cependant peu courante. Cette
évolution dépend de l’évolution des matériaux constituant le revêtement, du fluage des
terrains, des phénomènes de gonflement (dans certaines roches) et de l’évolution du
régime hydraulique. On s’intéresse ici plus particulièrement à ce dernier phénomène.
Parmi les études sur le sujet, on pourra se reporter à Atwa (1996), qui a réalisé des
calculs couplés pour étudier l’évolution des tassements de surface à long terme due à
la consolidation autour des tunnels, en s’intéressant particulièrement à l’influence de la
perméabilité du revêtement. Benamar (1996) a pris en compte les couplages
hydromécaniques pour étudier le lien entre la vitesse d’avancement du front de taille et
les contraintes calculées dans le revêtement à la fin de la construction.
52
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
On discute dans la suite les sollicitations dans le revêtement induites par les évolutions
de la pression du fluide dans le massif, et au moyen de les prendre en compte dans un
calcul numérique découplé. Les résultats obtenus sont comparés avec les méthodes
couramment utilisées pour prendre en compte la charge d’eau dans le calcul des
sollicitations imposées au revêtement.
II.3.2. Position du problème
On considère un tunnel creusé dans un massif saturé. La construction est modélisée en
deux étapes :
• l’excavation du tunnel, que l’on simulera en appliquant sur le contour de la zone
excavée un déconfinement total (ce qui correspond au cas où le revêtement serait
mis en place loin derrière le front de taille) ;
• la pose du revêtement proprement dite. Compte tenu du choix fait à l’étape
précédente pour le taux de déconfinement, le revêtement n’est pas chargé à l’issue
de la construction (on néglige son poids propre).
Chargement
53
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
o+ o+
désigne par δσ = σ - σo et δp = p - po les variations du champ de contraintes et de
pression entre cette configuration et la configuration initiale. La formulation du
problème est la suivante :
div δσ = 0 (équation d’équilibre)
δσ = (λo + Kw/n)tr(ε)1 + 2µ ε (loi de comportement)
δp = -Kw/n trε (conservation de la masse d’eau en
conditions non drainées)
à laquelle on ajoute les conditions aux limites mécaniques :
ξ=0 sur le plan z = 0
δσ n = -σ n
o
sur le contour de l’excavation
Comme on l’a montré dans la section II.2, le logiciel CESAR-LCPC dispose d’une
option permettant de prendre en compte ce type de chargement dans un calcul
découplé, dans lequel le comportement élastique linéaire est cette fois décrit par les
modules drainés :
δσ = λo tr(ε)1 + 2µ ε -δp1 (loi de comportement)
54
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Figure II.16. Maillage utilisé pour le calcul Figure II.17. Maillage utilisé pour le calcul
numérique (cas d’un tunnel circulaire) numérique (cas d’un tunnel non circulaire)
55
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
A A
C C
Note : Il est intéressant de remarquer que, dans le cas où la pression initiale du sol sur
le contour de la cavité est uniforme (Ko = 1), le chargement d’excavation n’induit
aucune variation de volume et donc pas de variation de la pression.
56
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
concordance parfaite dans le cas d’un tunnel circulaire et moins bonne dans le cas d’un
tunnel non circulaire.
50
E decouple-MCNL
45 couple-CSLI
Hauteur z suivante la coupe EF
40
35
30
25
20
15
10
5
F Charges hydrauliques dans la couche de sol (m)
0
47 48 49 50 51 52 53
Figure II.20. Distribution de la charge hydraulique à court terme sur la coupe EF
(cas d’un tunnel circulaire)
50
decouple-MCNL
E couple-CSLI
45
Hauteur z suivante la coupe EF
40
35
30
25
20
15
10
5
F Charges hydrauliques dans la couche de sol (m)
0
40 45 50 55 60 65 70 75
Figure II.21. Distribution de la charge hydraulique à court terme sur la coupe EF
(cas d’un tunnel non circulaire)
Les figures II.22 et II.23 présentent la contrainte normale à long terme sur le
revêtement dans le cas des tunnels circulaire et non circulaire. Cette correction due à
57
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
l’effet hydraulique à long terme est de 55 kPa pour une contrainte effective horizontale
initiale de l’ordre de 125 kPa (à 25m de profondeur pour Ko=0,5).
0
Distance de la tete du contour (m)
A
2
decouple-MCNL
8 couple-CSLI
10
12
14
C
Chargement sur le revetement (kPa)
16
-80 -60 -40 -20 0 20 40 60 80
Figure II.22. Contrainte normale sur le revêtement due à la variation de la pression
(cas du tunnel circulaire)
0
A
2
Position sur le contour (m)
decouple-MCNL
8 couple-CSLI
10
12
14
C
Chargement sur le revetement (kPa)
16
-80 -60 -40 -20 0 20 40 60 80
Figure II.23. Contrainte normale sur le revêtement due à la variation de la pression
(cas du tunnel non circulaire)
58
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
0.0015
V (m) decouple-MCNL
couple-CSLI
0.001 Deplacement a la surface (m)
0.0005
-0.0005
-0.001
0.0015
V (m) decouple-MCNL
couple-CSLI
Deplacement a la surface (m)
0.001
0.0005
-0.0005
-0.001
Sur les figures II.22, II.23, II.24 et II.25, on peut constater que la solution découplée
présentée dans le paragraphe précédent donne une concordance parfaite avec les
résultats issus d’un calcul couplé (avec le module de calcul CSLI du logiciel CESAR-
59
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
LCPC) dans le cas du tunnel circulaire. Dans le cas du tunnel non circulaire, la
concordance est moins satisfaisante.
II.3.5. Application directe de la charge hydraulique et option EFD
Contour du γw.z
revêtement
60
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
E1 εd : déformation différée
fd : chargement équivalent
εd
fd E2
ε
ε1 ε2
Figure II.27. Principe du calcul de chargement de type “effet différé”
Dans le cas qui nous intéresse, les valeurs de (E1,ν1) correspondent à des
caractéristiques « non drainées » et (E2,ν2) correspondent à des caractéristiques
« drainées » ; on va montrer que la force volumique à prendre en compte correspond
exactement à la variation de la pression interstitielle dans le massif à long terme.
en supposant que l’état de la pression à long terme redevient hydrostatique (p∝ - po=0),
le comportement à long terme s’écrit :
σ∝ - σo = λo trεdr 1 + 2µεdr .
soit :
δσ = λo trεd 1 + 2µ εd + fd 1;
Cette équation montre que la déformation εd entre les situations à court terme et à long
terme est due à une contrainte fd correspondant à la variation de pression à court
terme :
fd = -Kw/n trεnd = δp.
Cette contrainte peut être calculée à partir de l’état de contrainte σ0+ à court terme et
des caractéristique de sol (E1, ν1) et (E2, ν2) avec :
fd = tr(σ0+ - σo)(E2 – E1) / E1
et ensuite prise en compte comme une force volumique (option EFD de CESAR –
LCPC).
61
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
Les résultats présentés dans les figures II.28 à II.31 montrent que le calcul avec le
chargement EFD associé à la variation de contraintes issue du calcul initial (avec les
modules non drainés), appliqué au massif de caractéristiques drainées, mais en tenant
compte de la présence du béton, donne exactement les mêmes résultats que les calculs
couplé et découplé présentés ci-dessus. On voit donc que le module EFD, conçu pour
traiter des problèmes de viscoélasticité linéaire, peut être utilisé pour traiter des effets
différés liés aux évolutions du régime hydraulique, à condition de définir les modules à
court et long terme respectivement comme les modules « non drainés » et « drainés »
du milieu poreux.
Cette prise en compte simplifiée de l’effet différé est très simple à mettre en œuvre,
cependant, elle n’est valable que dans le cas où le revêtement du tunnel est supposé
parfaitement imperméable et donc le champ de pression à long terme peut revenir à
l’état hydrostatique. En outre, ce calcul ne permet pas d’évaluer directement l’état de
la pression à court terme.
II.3.5.3. Confrontation des résultats
On présente sur les figures II.28 à II.31 une comparaison des résultats des différents
moyens utilisés pour prendre en compte cet effet hydraulique : le calcul découplé
(§II.3.4), le calcul avec l’application d’une pression hydrostatique sur le revêtement
(§II.3.5.1), le calcul avec l’utilisation de l’option EFD (§II.3.5.2), et le calcul avec
prise en compte du couplage (avec le module CSLI de CESAR-LCPC par exemple).
0
A
2
Position sur le contour (m)
decouple-MCNL
4 couple-CSLI
option EFD
option PHS
6
10
12
14
C
Chargement sur le revetement (kPa)
16
-100 -50 0 50 100 150 200 250 300
Figure II.28. Contrainte normale sur le revêtement due à la variation de la pression
(cas de tunnel circulaire).
62
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
0
A
2
10
12
14
C
Chargement sur le revetement (kPa)
16
-100 -50 0 50 100 150 200 250 300
Figure II.29. Contrainte normale sur le revêtement due à la variation de la pression
(cas d’un tunnel non circulaire)
0.0015
V (m)
0.001
Deplacement a la surface (m)
0.0005
-0.0005
-0.001
decouple-MCNL
-0.0015 couple-CSLI
option EFD
-0.002 option PHS
-0.0025
-0.003
Distance de l excavation (m)
-0.0035
0 20 40 60 80 100
Figure II.30. Déplacement vertical de la surface du massif (cas de tunnel circulaire).
63
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
0.0015
V (m)
0.001
-0.0005
-0.001
decouple-MCNL
-0.0015 couple-CSLI
option EFD
-0.002 option PHS
-0.0025
-0.003
Distance de l excavation (m)
-0.0035
0 20 40 60 80 100
Figure II.31. Déplacement vertical de la surface du massif (cas d’un tunnel non circulaire)
Les figures II.32 et II.33 montrent les déplacements à la surface du massif ainsi que la
contrainte normale sur le revêtement due à la variation de la pression interstitielle à
long terme pour différentes perméabilités du revêtement. La perméabilité a une
influence primordiale sur des déplacements, mais il n’en est pas de même pour le
chargement sur le revêtement.
64
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
0.002
V (m)
-0.002
-0.004
impermeable
K=1E-9 m/s
K=1E-8 m/s
K=1E-7 m/s
-0.006
0
A
2
Position sur le contour (m)
impermeable
8 K=1E-9 m/s
K=1E-8 m/s
10 K=1E-7 m/s
12
14
C
Chargement sur le revetement (kPa)
16
-80 -60 -40 -20 0 20 40 60 80
Figure II.33. Contrainte normale sur le revêtement (cas du tunnel circulaire) en fonction de la
perméabilité du revêtement (m/s).
65
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
Avancement
σR = σ ο σR = (1−λ)σο σR = 0
λ=0 0< λ <1 λ=1
66
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
0
A
2
6
lamda=1.0-AVP
8 lamda=0.5-AVP
lamda=0.5-SVP
10
12
14
C
Chargement sur le revetement (kPa)
16
-150 -100 -50 0 50 100 150 200 250
Figure II.35. Contrainte normale sur le revêtement (kPa) avec (AVP) et sans (SVP) prise en compte
de la variation de la pression.
0
A
2
Position sur le contour (m)
6
lamda=1.0
lamda=0.9
8 lamda=0.7
lamda=0.5
10
12
14
C
Chargement sur le revetement (kPa)
16
-150 -100 -50 0 50 100 150 200 250
Figure II.36. Contrainte normale sur le revêtement (kPa) en fonction du taux de déconfinement.
67
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
Du point de vue des efforts obtenus, l’exemple de calcul donne une correction du
chargement due à l’effet hydraulique à long terme de 55 kPa pour une contrainte
initiale σ’h de l’ordre de 125 kPa. Par ailleurs, une comparaison du chargement sur le
contour du revêtement et des déplacements à la surface montre que l’estimation
calculée en appliquant de manière forfaitaire une pression hydrostatique sur le
revêtement peut surestimer le chargement sur le revêtement ainsi que les déplacements
à la surface du massif. Il est donc nécessaire de prendre en compte la variation de la
pression hydraulique à long terme.
Enfin, la démarche pour prendre en compte la variation de pression dans les calculs
découplés est simple à mettre en œuvre, même pour des problèmes complexes.
Le sol est supposé saturé, la nappe est à la surface du massif, le revêtement du tunnel
est parfaitement imperméable. Le calcul est réalisé en deux phases : on détermine
d’abord l’état de contraintes et le chargement sur le revêtement avant la réparation.
On modélise ensuite la destruction du revêtement, qui cause une perturbation des
champs de contraintes et de pression ; puis la mise en charge du nouveau revêtement
sous l’effet du retour à une pression hydrostatique dans le massif.
68
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
69
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
Tableau II.3. Caractéristiques mécaniques et hydrauliques utilisées pour les calculs numériques
Caractéristiques du terrain Valeurs
Module d’Young du sol en conditions drainées E (MPa) 100
Coefficient de Poisson en conditions drainées ν 0,3
Porosité n (%) 0,2
Module de compression du fluide Kw (MPa) 2000
Poids volumique du sol γ (kN/m3) 20
Poids volumique de l’eau γw (kN/m3) 10
Module d’Young non drainé du sol End (MPa) 115,24
Coefficient de Poisson en conditions non drainées νnd 0,4981
Module d’Young du béton Eb (MPa) 10000
Coefficient de Poisson du béton 0,2
70
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Figure II.37. Isovaleurs des contraintes Figure II.38. Isovaleurs des contraintes
moyennes dans le massif avant la destruction moyennes dans le massif après la destruction
locale du revêtement locale du revêtement
Contour excavation
16
Avant ouverture
S(m) Etat final
14
12
10
2
Contraintes normales sur le revetement (kPa)
0
-250 -200 -150 -100 -50 0 50
Figure II.39. Distribution ddes contraintes normales (kPa) sur le contour du revêtement avant la
démolition ainsi qu’à l’état final
71
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
Tassements
0
V(m) Apres ouverture a court terme
Etat final
-0.002
-0.004
-0.006
-0.008
16
S(m)
14
12
Contour excavation
10
Avant reparation
Apres, lamda=1.
8 Apres, lamda=.5
Apres, lamda=.0
6
2
Pression sur le revetement (kPa)
0
-250 -200 -150 -100 -50 0 50 100
Figure II.41. Distribution des contraintes normales (kPa) dans le revêtement sur le contour
d’excavation (λ2 varié de 0 à 1)
72
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Pour prendre en compte le fait que la zone réparée a une longueur finie, on introduit un
taux de déconfinement partiel λ2 pour simuler l’étape de démolition du revêtement
existant. Plus la valeur du taux de déconfinement (Panet, 1995) associé à la démolition
du revêtement λ2 est proche de 1, plus la perturbation de la pression est importante. Le
chargement final sur le nouveau revêtement sera donc plus important. Ceci est montré
par les résultats des calculs sur la figure II-43, le paramètre λ2 variant de 1 à 0. On
constate sur la figure II.41 une diminution de la pression sur le nouveau revêtement
quand λ2 varie de 1 à 0.
II.4.2.4. Conclusions - remarques
Les calculs qui précèdent montrent comment il est possible d’utiliser un calcul
mécanique simple pour prendre en compte l’effet de l’eau dans un problème
complexe, celui de la réparation du soutènement des tunnels.
73
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
La démolition du revêtement sera réalisée sur une longueur L = 10m, donc avec un
paramètre L/D = 1. Dans un deuxième temps, on fera varier ce paramètre pour voir son
influence sur la redistribution des contraintes et des pressions dans le massif.
Les calculs sont réalisés en cinq étapes pour simuler les différents états avant et après
la réparation (voir aussi le paragraphe précédent) :
• Les trois premières étapes sont destinées à déterminer le chargement sur le
revêtement avant la réparation, qui résulte du déconfinement (1-λ)σ° et du
rétablissement d’une pression hydrostatique dans le massif. Dans ce calcul, le taux
de déconfinement λ est supposé égal à 0,5.
• Les deux dernières étapes simulent l’effet de la démolition locale du revêtement et
de sa reconstruction. Le chargement final sur le nouveau revêtement est le résultat
de l’effet de la variation de la pression hydraulique, qui redevient hydrostatique à
long terme.
Les résultats confirment ceux des calculs bidimensionnels. On voit de plus une
augmentation des contraintes finales dans le revêtement autour de la zone réparée.
Cette augmentation se concentre près de la réparation et diminue quand on s’éloigne.
Ainsi, on constate une diminution considérable de l’état de contraintes dans le nouveau
revêtement, ainsi qu’une augmentation des contraintes dans le revêtement non réparé
et une forte concentration des contraintes à la frontière entre les deux parties (figures
II.43 et II.44).
74
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Figure II.43. Distribution des contraintes Figure II.44. Distribution des contraintes
moyennes sur le revêtement avant la destruction moyennes sur le revêtement après la réparation
du revêtement du revêtement
Les deux figures II.45 et II.46 présentent la redistribution des contraintes normales sur
le revêtement après la réparation, par rapport à l’état d’avant la réparation sur les deux
coupes AB et EF respectivement. On constate bien une augmentation de l’état de
contraintes dans la partie non réparée et une diminution dans la partie du nouveau
revêtement.
Contraintes normales
50
S (kPa) Apres la reparation L/D=1
Avant la reparation L/D=1
0
-50
-100
Partie reparee Partie non reparee
-150
-200
-250
-300
-350
Contrainte normale sur le revetement coupe EF(m)
-400
-6 -4 -2 0 2 4 6 8 10
Figure II.45. Distribution des contraintes normales sur la coupe longitudinale EF
75
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
Contraintes normales
250
Apres la reparation L/D=1
S (kPa) Avant la reparation L/D=1
200
150
100
Partie reparee Partie non reparee
50
-50
-50
-100
Partie reparee Partie non reparee
-150
-200
-250
-300
-350
Contrainte normale sur le revetement coupe EF(m)
-400
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10
Figure II.47. Distribution des contraintes normales sur la coupe longitudinale EF avec L/D : 0,25 ;
1,0 et 1,5
76
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Contraintes normales
250
Avant la reparation L/D=1,0
S (kPa) Apres la reparation L/D=1,5
200 Apres la reparation L/D=1,0
Apres la reparation L/D=0,25
150
100
Partie reparee Partie non reparee
50
-50
Les résultats sont présentés sous forme des courbes de variation des contraintes
normales sur les deux coupes longitudinales AB et EF (définies sur les figures II.43 et
II.44). On constate qu’une augmentation de la longueur réparée conduit logiquement à
une augmentation du chargement sur la partie de revêtement non réparée (figures II.47
et II.48).
II.4.4. Conclusions et remarques
Le problème des chargements différés sur le soutènement des tunnels, et des effets de
la réparation d’une partie du revêtement, sont des problèmes d’un grand intérêt
pratique mais relativement peu abordés en raison de leur complexité. On a essayé de
proposer ici une première approche simplifiée de ces problèmes, qui montre que la
modélisation numérique peut permettre de fournir des éléments de réflexion
intéressants.
L’étude présentée ici avait pour but d’illustrer les applications possibles des calculs
découplés pour la prise en compte du couplage hydromécanique : elle est donc
incomplète. Le problème reste ouvert et pourrait notamment justifier une approche
tridimensionnelle couplée complète, qui n’a pas été entreprise dans le cadre de ce
travail, qui s’intéresse plutôt aux soutènements d’excavation, comme on le verra dans
les chapitres suivants.
II.5. CONCLUSION
Avant de mettre en œuvre des modélisations couplée dans les chapitres qui suivent,
nous nous sommes attachés à montrer comment la procédure de calcul découplée peut
77
Chapitre II. Simulation découplée des phases de travaux dans le cas élastique
__________________________________________________________________________________________
En dernier lieu, on s’est attaché à mettre en œuvre cette approche découplée pour
étudier les chargements différés sur le soutènement des tunnels et l’effet de la
réparation d’une partie du soutènement. Les résultats montrent que les variations de la
pression de l’eau dans le sol jouent un rôle très important sur la redistribution des
contraintes, mais l’approche reste limitée au cas élastique, ce qui n’est pas
complètement satisfaisant.
78
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Chapitre III
III.1. INTRODUCTION
Les ouvrages de soutènement sont souvent construits dans des terrains en partie ou
totalement baignés par des nappes d’eau. La présence de cette eau modifie le
comportement de l’ouvrage pendant les phases de travaux et conduit à prendre en
compte l’effet du temps sur la réponse de l’ouvrage.
Dans la pratique, l’effet des variations de la pression dues à l’excavation est souvent
pris en compte dans le calcul de manière simplifiée en distinguant trois situations : à
court terme, à long terme et en régime transitoire. Cependant, dans le chapitre
précédent, on a rappelé que cette approche ne permet pas de déterminer correctement
les déformations plastiques liées aux chargements à court terme et peut conduire à des
erreurs dans la détermination du champ de pression hydraulique instantanément après
le chargement. Par ailleurs, l’application de l’approche simplifiée est délicate pour
résoudre le problème en situation transitoire. Dans la réalité, on s’intéresse souvent à
ce qui se passe entre les phases de construction et dans la plupart des cas en situation
transitoire. De plus, les chargements à considérer pour l’analyse des ouvrages de
soutènement ne sont pas instantanés et les durées à considérer pour l’application de ces
chargements sont davantage de l’ordre de l’heure à la semaine que de la fraction de
seconde. Ceci met en question, dans certains cas, l’hypothèse d’un comportement
« non drainé » régnant dans le sol pendant la construction de l’ouvrage.
Dans ce contexte, nous avons choisi de réaliser des calculs couplés. Ce chapitre
présente le module de consolidation non linéaire (CSNL) de CESAR-LCPC, et les
adaptations que nous lui avons apportées en vue de faciliter la modélisation des
ouvrages de soutènement.
79
Chapitre III : Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
L’organisation générale du code est décrite sur la figure III.1. La préparation des
données est réalisée indépendamment du solveur au moyen d’un préprocesseur (MAX
dans la version 3 de CESAR-LCPC et CLEO à partir de la version 4).
Préparation du Préparation
maillage et du des tableaux LINE
jeux de calcul
Coordonnées
COOR des noeuds MCNL
MAX Mécanique
TCNL
ELEM Eléments
autres
CSLI
CSNL
Couplage
Exploitation MPLI
PEGGY graphique
des résultats MPNL
80
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
modules MPNL et CSNL, dont les fonctionnalités sont un peu différentes. Dans un
premier temps, les calculs ont été effectués avec le module MPNL.
Un deuxième calcul bidimensionnel avec MPNL a été réalisé. Dans ce calcul, on rabat
d’abord la nappe phréatique avant de réaliser la première phase d’excavation, la nappe
est ensuite remontée avant la deuxième phase d’excavation sous la nappe. Le même
calcul a aussi été réalisé avec MCNL (voir III.6.2).
Les calculs effectués montrent certaines limites pour la modélisation des phases
d’exécution des travaux. En pratique, l’utilisation de MPNL pose un certain nombre de
difficultés pour reprendre un état de contraintes d’une étape de calcul à la suivante et
pour simuler une excavation (l’option correspondante LAM semblant ne pas
fonctionner correctement). Une voie possible serait de compléter le module MPNL
pour surmonter ces difficultés. Dans la suite, on préfère utiliser un deuxième module,
le module d’analyse de la consolidation CSNL de CESAR-LCPC en l’adaptant pour
pouvoir simuler les différentes phases de construction d’une paroi moulée dans un
massif saturé en prenant en compte la présence d’eau dans le terrain.
La résolution des équations de la consolidation se fait dans CSNL sous forme de deux
processus itératifs emboîtés, associés respectivement à l'intégration des équations au
cours du temps et aux itérations de plasticité. La description de l’algorithme donnée ici
est tirée de Kattan (1990).
81
Chapitre III : Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
avec :
⎡ R − α CG ⎤ ⎡0 3 2α C G ⎤
KN = ⎢ G T et KM = ⎢
⎣− α C G − α [E G + 2 3∆t K G ]⎥⎦
2 ⎥
⎣0 α ∆t K G ⎦
2
⎡ u (t ) ⎤
VUM = ⎢ ⎥ Vecteur des déplacements et des charges à l'instant t
⎣ H (t ) α ⎦
⎡ F (t )⎤
VFM (t )= ⎢ ⎥ Vecteur du chargement à l'instant t
⎣Q(t )⎦
⎡ F (t + ∆t )⎤
VFM (t + ∆t )= ⎢ ⎥ Vecteur du chargement à l'instant t+∆t
⎣Q(t + ∆t )⎦
⎡1 2 I 0 ⎤ ⎡I 0 ⎤
A= ⎢ B=⎢
⎣ 0 − α 3∆t ⎥⎦ ⎥
⎣0 − 2 3α ∆t ⎦
I : matrice unité.
82
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Augmentation du chargement
Calcul de la matrice KN
Triangularisation de la matrice KN
Test de convergence
non
VRES VDUM = VRES
TOL
VFM
t=t+∆ t
FIN
83
Chapitre III : Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
84
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
NAP (Mot-clé)
* M1
M1 – indicateur définissant le champ de charge
hydraulique avant le mouvement.
* Si M1 = 0 : lecture des charges dans le jeu de données :
donnée de :
** (H1(I), I=1, NNT)
H1 : Vecteur des charges hydrauliques nodales
initiales.
NNT : Nombre total de nœuds du maillage.
* Si M1 = 1 : lecture de charges dans un fichier de
reprise :
** NOMF1
NOMF1 : Nom du fichier sur lequel est lue la charge
hydraulique initiale. Ce fichier est crée par l’option
STH du module CSNL ou l’option STK d’un calcul en
diffusion.
Le format de ce fichier est : (H1(I), I=1, NNT)
H1 : Vecteur des charges hydrauliques nodales initiales.
NNT : Nombre total de nœuds du maillage.
85
Chapitre III : Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
III.5.4. Programmation
La figure III.3 montre l’organigramme fonctionnel des sous-programmes dans le
module d’exécution de CSNL (EXCSNL) ainsi que les niveaux où les modifications
ont été effectuées.
86
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Résolution effectuées
CONTR Note :
Contraintes incrémentales
Les modifications sont réalisées en
considérant que l'initialisation se
Contraintes corrigées et
du vecteur résidu RESDW réalise avec les champs de contraintes
effectives et de pressions (SIG et INP).
Test de convergence CONVCP
87
Chapitre III : Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
Le but est de faciliter la prise en main de CSNL pour un nouvel utilisateur souhaitant
réaliser des calculs phasés avec ce module.
III.6.1.1. Position du problème
On considère une couche de sol horizontale, d’épaisseur D = 10 m, qui repose sur un
substratum rigide et imperméable. Dans la configuration initiale, que nous prendrons
comme référence pour les déplacements, la couche est entièrement saturée. Le niveau
de la nappe est confondu avec la face supérieure de la couche : la pression du fluide est
égale à la pression atmosphérique sur le plan z =D. On suppose que les travaux
d’excavation sont réalisés en quatre étapes :
88
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Champ de pression
L’effet de la variation de pression peut
Z +
p -p
o
être simulé très facilement grâce à
l’option NAP en donnant les niveaux de
Z=D
la nappe avant et après le rabattement.
Le rabattement de la nappe fait aussi
Z=H apparaître deux zones séparées par la
γw (D - z) surface de la nappe, dont les poids
volumiques sont différents. La première
γw (H - z) correspond à la couche de sol saturé
située au-dessous de la nappe, de poids
Z=0
volumique γ = γs(1–n) + γwn, et la
γw H γw D deuxième correspond à la couche de sol
« non saturé » située au-dessus de la
Figure III.5. Diagramme de pression dans la nappe, de poids volumique γ = γs(1–n)
couche de sol
où n est la porosité du sol.
89
Chapitre III : Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
Il est intéressant de noter qu’il existe une autre solution aussi simple pour simuler la
variation de la pression. Cette solution consiste à imposer des conditions sur la charge
correspondant aux mouvements de la nappe. Précisément, dans ce cas de calcul, on
impose des conditions sur les deux niveaux : z = D ; z = H. Cette solution est la plus
pratique dans le cas de remontée de la nappe au-dessus de la surface de sol et surtout
pour simuler une variation de la nappe qui se localise dans une partie du maillage
(entre deux parois par exemple).
III.6.1.4. Modélisation de l’excavation
La réalisation d’une excavation dans un massif de sol se traduit par l’enlèvement d’une
partie du matériau présent initialement. La technique utilisée dans le code de calcul
CÉSAR-LCPC pour simuler l’excavation consiste, d’une part, à annuler le module
d’Young du matériau et, d’autre part, à appliquer des forces de surface sur le contour
de la zone à excaver. En d’autres termes, dans le cas d’un déconfinement total, cela
revient à appliquer, sur le bord de l’excavation, des forces de surface opposées à celles
exercées par le matériau enlevé sur le matériau restant.
Dans CÉSAR-LCPC, les forces de déconfinement sont calculées par l’option LAM, à
partir de la description des facettes du contour, et de la donnée d’un état de contrainte
géostatique, ou de la lecture sur fichier de l’état de contraintes issu du dernier calcul
effectué. Dans le deuxième cas, suivant le choix de l’indicateur KSRE de l’option
SRE, les forces de déconfinement peuvent être calculées à partir du champ de
contraintes totales ou effectives stocké dans le fichier de résultats, ce qui facilite la
simulation de l’excavation sous la nappe dans le cas où la charge hydraulique est
hydrostatique.
90
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
déformations au-delà d’une période initiale très courte par rapport au temps
caractéristique d’évolution des pressions.
Ces problèmes d’oscillation sont liés à la fois au schéma d’intégration dans le temps,
aux fonctions d’interpolation des éléments finis (type d’éléments) et à la modélisation
réalisée (finesse du maillage, paramètres du massif de sol...). Ils disparaissent lorsque
les pas de temps appliqués sont relativement grands.
Cependant, un intervalle de temps de calcul trop grand peut violer le critère de stabilité
du schéma d’intégration utilisé. D’autre part, si l’on veut que la solution numérique
soit représentative du régime transitoire, l’intervalle de temps doit être nécessairement
inférieur au temps caractéristique. En pratique, suivant Dangla et Coussy (1992),
l’expérience montre qu’un schéma numérique décrit correctement un processus de
diffusion pur avec un pas ∆t égal au temps caractéristique divisé par 10.
Il existerait donc deux valeurs ∆tmin et ∆tmax telles que l’on puisse éviter les
oscillations numériques et l’instabilité du schéma si le pas de temps ∆t choisi vérifie
les conditions ∆tmin ≤ ∆t ≤ ∆tmax.
Les valeurs de ∆tmin ont été mises en évidence, pour différents types d’éléments finis
par plusieurs auteurs (par exemple Nasri et Magnan, 1997) suivant des études
numériques et des analyses théoriques des schémas de résolution dans des cas
simplifiés.
Dans notre cas d’étude, l’intervalle des pas de temps ne fait pas l’objet d’une étude
paramétrique particulière, nous constatons néanmoins qu’avec les maillages considérés
un premier pas de temps de l’ordre ∆t=0,5s pour représenter le chargement instantané
est acceptable.
III.6.1.6. Résultats des calculs
En choisissant l’indicateur KSRE convenable de l’option SRE du module CSNL, on a
la possibilité de présenter les résultats des différentes étapes de calcul sous forme de la
variation des contraintes effectives, des contraintes totales et de la pression suivant la
hauteur de la couche de sol dans une coupe verticale.
91
Chapitre III : Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
Les figures III.6 et III.7 présentent la distribution des contraintes totales verticales et
horizontales suivant la profondeur de la couche de sol, issue quatre étapes de calcul.
10
Z Initial
9 Etape1
Etape2
Etape3
8 Etape4
7
1
Contrainte totale verticale (kPa)
0
-200 -150 -100 -50 0
Figure III.6. Contraintes totales verticales suivant la hauteur de la couche de sol
10
Z Initial
9 Etape1
Etape2
Etape3
8 Etape4
7
1
Contrainte totale horizontale (kPa)
0
-160 -140 -120 -100 -80 -60 -40 -20 0
Figure III.7. Contraintes totales horizontales suivant la hauteur de la couche de sol
92
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
10
Z Initial
Etape1
Etape2
Etape3
8 Etape4
10
Z Initial
Etape1
Etape2
Etape3
8 Etape4
93
Chapitre III : Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
10
Z Initial
Etape1
Exc. court terme
Etape2
8 Etape3
Exc. court terme
Etape4
6
10
Z Initial
Etape1
Etape2
Etape3
8 Etape4
94
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Les figures III.12 et III.13 présentent les contraintes effectives et les déplacements à
court terme et à long terme pour une excavation avec rabattement de la nappe et sans
rabattement de la nappe (excavation sous l’eau). Les résultats montrent qu’à long
terme l’état des contraintes et des déplacements est identique ; cependant, à court
terme, les déplacements sont moins importants dans le cas de l’excavation avec
rabattement de la nappe.
En faisant référence aux figures III.8 et III.11, ceci est expliqué par le fait que le
rabattement de la nappe avant l’excavation cause des déplacements négatifs
(tassement), ce qui diminue les déplacement à court terme lors de l’excavation
(gonflement).
10
Z Exca. avec rabat. nappe - court terme
Exca. avec rabat. nappe - long terme
Exca. sans rabat. nappe - court terme
Exca. sans rabat. nappe - long terme
8 Avant l excavation
95
Chapitre III : Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
8
Exca. avec rabat. nappe - court terme
Z Exca. avec rabat. nappe - long terme
7 Exca. sans rabat. nappe - court terme
Exca. sans rabat. nappe - long terme
6
1
Deplacement vetical sur la coupe AB (m)
0
-0.001 -0.0005 0 0.0005 0.001 0.0015 0.002
Figure III.13. Déplacement vertical à court terme et à long terme de la deuxième phase d’excavation
avec et sans rabattement de la nappe
La confrontation des résultats avec la solution analytique (annexe III.2) montre aussi
une parfaite concordance.
III.6.1.8. Modélisation de la remontée de la nappe
Un deuxième calcul unidimensionnel a été aussi mené, dans lequel on modifie
légèrement le phasage d’excavation. Les deux premières étapes sont identiques à
l’exemple présenté ci-dessus. La troisième étape consiste à laisser remonter la nappe
du niveau z=8m au niveau z=10m. Enfin, dans la dernière étape, la couche de sol est
excavée sous la nappe au niveau final z=6m.
96
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
III.6.1.9. Conclusion
Cet exemple unidimensionnel montre comment il est possible de modéliser le phasage
des travaux et les mouvements de la nappe avec le module CSNL du logiciel CESAR-
LCPC. La comparaison avec la solution analytique (présentée dans l’annexe III.2)
montre une parfaite concordance.
III.6.2. Exemple de calcul couplé en conditions bidimensionnelles
Les travaux d’excavation sont réalisés en cinq phases successives, représentées sur la
figure III.15 :
Phase 1: Mise en place des parois Phase 2/3: Excavation avec rabattement
97
Chapitre III : Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
Le massif est modélisé par une loi de comportement élastoplastique avec un critère de
Mohr-Coulomb. Les caractéristiques mécaniques sont identiques à celles figurant dans
le tableau II.1. Le coefficient de perméabilité vaut 10-5 m/s. Le maillage utilisé pour le
calcul est constitué de 7 groupes pour un total de 3160 éléments de massif de type
quadrilatère à 8 nœuds. La figure III.16 montre le maillage utilisé pour le calcul
numérique, et la figure III.17 présente la constitution des groupes d’éléments.
3160 éléments Q8
Groupe 5 Groupe 2
Groupe 7
Groupe 3
Dans ce modèle, les parois sont en béton, supposé élastique linéaire de module
d’Young E= 10 000 MPa, de coefficient de perméabilité égal à 10-10 m/s et de
coefficient de Poisson ν= 0,2. On néglige les effets d’installation (contraintes
résiduelles dans les parois, remaniement du sol, dégradations des propriétés
mécaniques, déformée initiale des parois...). Les parois sont donc supposées en place
et en équilibre avec l’état de contraintes initial du massif de sol.
98
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
99
Chapitre III : Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
Coupe CD
Coupe AB
Paroi
Sol saturé
Figure III.18. Position des coupes suivant lesquelles les contraintes et pressions sont tracées
70
Niv. nap. 68.0 Initial
Etape 1
Niv. nap. 62.5 Etape 2
60
Etape 3
Hauteur de la couche (m)
Etape 4
50
40
30
20
10
100
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
70
Niv. nap. 68.0 Initial
Etape 1
Niv. nap. 62.5 Etape 2
60
Etape 3
40
30
20
10
En ce qui concerne les contraintes effectives (figures III.21 et III.22), après la première
étape de calcul, le rabattement de la nappe conduit à une diminution des contraintes
effectives (signe négatif) à l’intérieur ainsi qu’à l’extérieur de la zone excavée. Cette
diminution de contraintes effectives se traduit par des tassements à la surface du
massif.
Dans la troisième étape du calcul, la nappe est remontée au niveau 68,0 m, générant
une diminution des contraintes effectives verticales à l’extérieur de la fouille (au-
dessous de la nappe). Il est intéressant de noter qu’à l’intérieur de la fouille, la
remontée de la nappe entraîne une diminution des contraintes effectives, alors que ce
ne serait pas le cas dans un problème unidimensionnel comme celui traité au III.6.1.
101
Chapitre III : Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
70
Initial
Etape 1
Niv. exc. 62.5 Etape 2
60
Etape 3
40
30
20
10
70
Initial
Etape 1
Niv. exc. 62.5 Etape 2
60
Etape 3
Hauteur de la couche (m)
40
30
20
10
La figure III.23 montre les développements des points plastiques dans le massif de sol
après l’étape finale de calcul. On constate une concentration des déformations
plastiques au fond d’excavation et devant les parois.
102
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Nappe d'eau
Fond d'excavation
Sol saturé
Figure III.23. Distribution des points plastiques dans le massif après l’étape de calcul finale
III.7. CONCLUSIONS
La modélisation des ouvrages de soutènement réels passe nécessairement par la prise
en compte du phasage de construction et du couplage hydromécanique. Parmi les
modules de calcul disponibles dans le logiciel CÉSAR-LCPC, deux ont été
spécialement développés pour réaliser des calculs couplés. Il s’agit du module MPNL
et du module CSNL.
Suite à ces quelques modifications dans le module CSNL, il est maintenant possible
d’effectuer simplement un enchaînement de plusieurs calculs pour prendre en compte
des phases d’excavation associées à des modifications de la nappe lors de la
construction des ouvrages de soutènement.
103
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Chapitre IV
105
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
L’étude numérique présentée ici n’a pas été réalisée dans le contexte de ce concours de
prévision, dans la mesure où tous les résultats d’observation sont publiés (Kort, 2002).
Cependant, elle permet de valider le modèle de calcul couplé, notamment la prise en
compte des phases de construction et des mouvements de la nappe. De plus, le choix
des paramètres pour les calculs numériques est tiré du dossier géotechnique sans
modification ou correction majeure.
106
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Les essais pour déterminer les caractéristiques mécaniques des couches de sols sont,
d’une part, des essais en laboratoire : triaxiaux, oedométriques et d’autre part, des
essais en place : pressiomètre Ménard, cône pressiométrique, scissomètres.
Les caractéristiques mécaniques du sol extraites de la thèse de D.A. Kort (2002) sont
rapportées dans le tableau IV.1 pour les essais triaxiaux, dans le tableau IV.2 pour les
essais oedométriques et dans le tableau IV.3 pour les essais au pressiomètre Ménard.
107
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
IV.2.1.2. Ouvrage
L’ouvrage est constitué d’une enceinte rectangulaire en palplanches métalliques,
butonnée en tête au-dessus du niveau du terrain naturel, à l’abri de laquelle le terrain
est excavé. Les dimensions en plan de cette fouille sont de 12,25×13,60 mètres. Les
grands côtés constituent les rideaux de palplanches testés tandis que les petits côtés
sont des murs de garde (figure IV.1).
Des dispositions ont été prises pour que cette fouille rectangulaire reproduise le
comportement d’un ouvrage plan. Ces dispositions consistent en deux rideaux de puits
remplis de bentonite dont la fonction est d’isoler les bords latéraux de la fouille. Ainsi
le massif sur ces bords ne peut se trouver en appui sur les angles de la fouille.
108
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Figure IV.2. Vue générale de l’expérimentation après la rupture de l’AZ13 (31 janvier 2000)
- Extrait de la thèse de D.A. Kort (2002)
Les rideaux expérimentaux sont constitués de palplanches Arbed AZ13 pour le rideau
nord et de palplanches Hoesch L607K pour le rideau sud (figure IV.3).
Figure IV.3 : Sections des palplanche AZ13 et L607K et position des jauges de mesures
Ces deux rideaux de palplanches sont descendus à la cote -18,00 m et sont butonnés à
la cote +0,75 m. Le butonnage est constitué de profilés métalliques fixés, à une
extrémité, à une lierne disposée horizontalement le long du rideau de palplanches et, à
l’autre extrémité, à une poutre métallique de forte inertie supposée infiniment rigide.
109
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
Les caractéristiques des palplanches des rideaux expérimentaux sont données dans le
tableau IV.4.
110
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
La figure IV.4 illustre les trois premières phases (1 à 3) formant la première partie de
l’expérimentation, qui faisaient l’objet du concours de prévision.
Après la troisième étape, on a constaté que le chargement n’était pas suffisant pour
provoquer la rupture du rideau. Il a été décidé de poursuivre l’expérimentation par
plusieurs étapes d’incrément de chargement sur le rideau AZ13. Dans l’étude
numérique présentée dans la suite, on ne s’intéresse qu’aux deux premières phases de
mise en surcharge derrière le rideau AZ13 et au comportement de l’ouvrage à long
terme :
• dans la quatrième phase, on laisse monter le niveau d’eau dans la fouille jusqu’au
niveau -1,50 m avant de mettre en place un remblai de dimension 9×9 m derrière le
rideau AZ13 jusqu’au niveau +1,00 m ;
• le niveau d’eau dans l’enceinte de la fouille est abaissé à nouveau au niveau
-5,00 m dans la cinquième phase ;
• et enfin, dernière phase, on mesure l’évolution des déplacements des parois
pendant six mois.
111
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
AZ13 L607K
Pour simplifier, le modèle numérique utilisé compte seulement 6 couches de sols. Les
paramètres du modèle de calcul sont déduits des résultats des investigations en place et
des essais de laboratoire présentés dans la section IV.2.1.1.
Massif de sol
Le choix des paramètres de sol utilisés pour les calculs numériques (en particulier le
module élastique) a souvent une influence très importante sur les résultats.
Par ailleurs, selon Mestat (2002), la compatibilité du module élastique choisi avec la
loi de comportement utilisée signifie que, pour les modèles élastiques ou
élastoplastiques, toute mesure de E doit être faite dans ce que « l’utilisateur du
modèle » a défini comme étant le domaine élastique. Dans ce contexte, le module
112
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Pour déterminer les modules élastiques des couches de sols, nous avons utilisé les
courbes de comportement à l’appareil triaxial fournies par l’université Delft dans le
cadre du concours de prévision. Nous avons appliqué la méthode des moindres carrés
aux modules de déformation initiale. Le module vaut alors :
N
∑q ε
i =1
i i
où N est le nombre de points expérimentaux (qi,εi)
E= N correspondant à un niveau de déformation inférieur à une
∑ (ε
i =1
i )2 certaine valeur (ici 1%).
Par ailleurs, on peut aussi évaluer le module élastique des sols à partir des résultats
d’essais pressiométriques réalisés sur le site ou à partir des essais oedométriques. Cette
évaluation fait appel à la corrélation proposée par Dauvisis et Ménard (1964) entre le
module pressiométrique du sol et son module oedométrique :
EM
E oed =
α
L’application de ces expressions a été faite avec une valeur de α=0,33 et un coefficient
de Poisson ν=0,2. Les valeurs des modules d’élasticité des sols obtenues de cette façon
sont présentées dans le tableau IV.5 ainsi que sur la figure IV.6.
113
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
25000
20000
15000
Triaxiaux
10000 Oedomètres
Pressiomètres
5000
0
Argile Tourbe Argile Argile Sable
limoneuse organique sableuse limoneux
Figure IV.6. Illustration de la variabilité des valeurs du module d’élasticité déduites des essais
On notera que les données utilisées dans les calculs sont celles déduites des essais
triaxiaux, les autres valeurs étant indiquées à titre de comparaison.
Tableau IV.6. Valeurs des caractéristiques mécaniques utilisées pour le calcul numérique
Couches γ’ c’ ϕ’ E’ ν kv
de sols (kN/m3) (kPa) (degré) (kPa) (m/s)
Sable 17,00 5 35,0 17300 0,3 1,0.10-5
Argile limo-sableuse 6,75 17,2 18,15 5330 0,2 6,0.10-10
Tourbe 2,3 14,9 18,37 2340 0,2 1,0.10-9
Argile organique 3,90 8,70 16,70 2920 0,2 3,0.10-10
Argile sableuse 6,34 15,05 16,83 7320 0,2 3,0.10-10
Sable limoneux 10,00 11,5 38,3 26000 0,3 3,0.10-10
Écrans et butons
Les butons sont constitués de poutres métalliques de forte inertie ; ils sont donc
supposés infiniment rigides. Deux solutions ont été étudiées pour simuler les appuis, la
première consiste à imposer un déplacement horizontal nul pour les deux points
d’appui. La deuxième solution consiste à considérer les butons comme des éléments de
massif ayant une grande rigidité. L’inconvénient de la deuxième solution est qu’elle
peut générer un moment de fléchissant non nul en tête de paroi. On a donc adopté la
première solution.
Les écrans de palplanches sont modélisés par des éléments de massif. Le matériau est
supposé élastique linéaire isotrope ; le module E est calculé en faisant l’hypothèse de
la conservation des rigidités en flexion.
L’inertie des palplanches AZ13 est égale à 19700 cm4/m, ce qui conduit à un produit
d’inertie égal à 41 370 kN.m².
114
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Pour les palplanches L607K l’inertie égale à 70030 cm4/m a été réduite de 20% à 30%
conformément aux prescriptions de l’EUROCODE 3 Partie 5 pour tenir compte du
glissement dans les serrures. Cette corrélation tient compte du fait que la rigidité de la
paroi composée des doubles palplanches en section U est inférieure à celle d’une
section unique. En pratique, elle vise à prendre en compte différents facteurs :
• résistance de cisaillement du sol contre la palplanche ;
• supports latéraux ;
• supports transversaux ou poutre de couronnement ;
• particules de sols dans la serrure ;
• fixation des serrures pendant l’excavation ;
• lubrification dans les serrures ;
• rectitude des palplanches et phasage de l’installation.
Dans notre calcul, les palplanches AZ13 et L607K ont été modélisées comme des
écrans d’épaisseur uniforme h=300 mm et h=435 mm, respectivement, de module
éq éq
d’élasticité équivalent égal à E AZ 13 = 18467,3 MN/m et E L 607 K = 13574,6 MN/m. Le
module équivalent est donné par E éq = EI/Ieq, où Ieq est l’inertie équivalente de la
section d’écran considérée.
Tableau IV.7. Caractéristiques mécaniques des palplanches utilisées pour le calcul numérique
Palplanche b h hequiv EI Iéquiv βI Eéquiv
(m) (m) (m) (kNm²) (m4) (kPa)
AZ13 0,67 0,303 0,3 41370 0,00225 1,0 18467300
L607K 0,6 0,435 0,44 147260 0,00710 0,6-0,8 13574600
• Initialisation (Étape 0)
Cette première étape de calcul consiste à reconstituer l’état de contraintes effectives
et de pression existant dans le massif avant travaux. En négligeant l’effet de
l’installation des palplanches, l’initialisation des contraintes effectives dans le
massif se fait à l’aide de l’option SIG (indicateur ICAL=0 et IOPT=3) en
représentant fidèlement l’état de contraintes effectives déterminé par les rapports
d’essais in situ (tableau IV.8).
115
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
116
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
l’option de charge LAM avec l’option de chargement PHS qui simule le champ de
pression hydrostatique. Il est important de noter que, dans cette opération de
travaux, le niveau de la nappe est maintenu à -1,5 m. Une charge hydraulique
correspondante est imposée à la surface de l’excavation pour tenir compte de cette
condition.
Il est important de noter que les opérations des travaux ont commencé à 7 heures du
matin et que les mesures sont effectuées à 17 heures (Kort, 2002). Par ailleurs, pour
117
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
Figure IV.7. Zone plastique générée dans le Figure IV.8. Zone plastique générée dans le
massif après l’excavation sans eau (calcul 2) massif après l’excavation sous l’eau (calcul 4)
Figure IV.9. Zone plastique générée dans le Figure IV.10. Zone plastique générée dans le
massif après rabattement de la nappe (calcul 5) massif après l’évolution à long terme (calcul 8)
118
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Contour déformé
0,1
Contour initial
Les figures IV.12 et IV.13 présentent les déplacements latéraux du rideau AZ13 et du
rideau L607K, respectivement, après les étapes de calcul 2, 4, 5 et 8 (à court terme).
Les figures IV.14 et IV.15 présentent les moments fléchissants du rideau AZ13 et du
rideau L607K, respectivement, après les étapes de calcul 2, 4, 5 et 8 (en conditions de
court terme). On constate clairement, sur les trois premières étapes de calcul,
l’influence du produit d’inertie (EI) sur les déplacements du rideau. Une inertie plus
importante conduit à des déplacements moins importants mais à un moment
fléchissant plus élevé (rideau L607K).
On peut aussi constater que, pour les deux premières étapes de calcul (excavation à sec
et excavation sous nappe), les déplacements et les moments varient relativement peu.
Cependant, le rabattement de la nappe (étape de calcul 5) génère une augmentation
importante des déplacements ainsi que du moment dans les parois.
119
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
32
Z (m) Calcul 2
30 Calcul 4
Calcul 5
Calcul 8
28
26 Niv. Nap.
25.5 m
24
22
20
18
16
Cote de la fouille
14
Deplacements (m) - paroi AZ13
12
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12 0.14 0.16 0.18
Figure IV.12. Déplacements horizontaux du rideau AZ13 après les étapes de calcul 2, 4, 5, 8
32
Z (m) Calcul 2
30 Calcul 4
Calcul 5
Calcul 8
28
26 Niv. Nap.
25.5 m
24
22
20
18
16
Cote de la fouille
14
Deplacements (m) - paroi L607K
12
-0.18 -0.16 -0.14 -0.12 -0.1 -0.08 -0.06 -0.04 -0.02 0
Figure IV.13. Déplacements horizontaux du rideau L607K après les étapes de calcul 2, 4, 5, 8
120
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
20
Calcul 2
Calcul 4
14
12
10
6
Cote de la fouille
4
2
Moment flechissant (kNm/m) - paroi AZ13
0
-150 -100 -50 0 50 100 150 200 250 300
Figure IV.14. Moment fléchissant du rideau AZ13 après les étapes de calcul 2, 4, 5, 8
20
Calcul 2
Calcul 4
Distance du pied de l ecran (m)
18
Calcul 5
Calcul 8
16
14
12
10
6
Cote de la fouille
4
2
Moment flechissant (kNm/m) - paroi L607K
0
-300 -250 -200 -150 -100 -50 0 50 100 150
Figure IV.15. Moment fléchissant du rideau L607K après les étapes de calcul 2, 4, 5, 8
121
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
1 -1,5 m
2 -4,0 m
3
4 -10,5 m
5
6
-17,0 m
7
8
9
10
11 11
1 -1,5 m
2
3 -7,0 m
4 -10,5 m
5
6 -17,0 m
7
8
9
10
1 -1,5 m
2
-5,75 m
3
4
5 -12,5 m
6 -17,0 m
7
8
9
10
1
2 Equipotentielles
3 pression (kPa)
4
1 : p = 0.
5
3 : p = 60.
6 5 : p = 120.
7
7 : p = 180.
8
9 : p = 240.
9
10
11 : p = 300.
122
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
1 1 -1,5 m
2
2
3 -4,0 m
3
4 3 3 4
5 4 5 -10,5 m
6 5
6
6
7 -17,0 m
8
9
10
11 11
2 Equipotentielles
3 pression (kPa)
4
1 : p = 0.
5
3 : p = 60.
6 5 : p = 120.
7
7 : p = 180.
8
9
9 : p = 240.
10 11 : p = 300.
11
Figure IV.17. Variation de la pression hydraulique à court terme et 3 mois après résultante de l’étape
de calcul numéro 8
123
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
construction. Les figures IV.24 et IV.25 présentent les résultats du calcul après la mise
en place de la surcharge derrière la paroi AZ13 et les figures IV.26 et IV.27 les
résultats relatifs à l’évolution à long terme.
32
Z (m) Calcul 2
30 Mes. 15/04
28
Niv. Excav.
26 26.5 m
24
22
20
18
16
Cote de la fouille
14
Deplacements horizontaux (m) - paroi AZ13
12
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12
Figure IV.18. Déplacements latéraux du rideau AZ13 – Excavation à sec - Calcul 2.
20
Calcul 2
Mes. 15/04
Distance du pied de l ecran (m)
18
16
14
12
10
6
Cote de la fouille
4
2
Moment flechissant (kNm/m) - paroi AZ13
0
-100 -50 0 50 100 150 200 250
Figure IV.19. Moment fléchissant du rideau AZ13 – Excavation à sec – Calcul 2
124
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
32
Z (m) Calcul 4
30 Mes. 22/04
28
26
24 Niv. Excav.
23.5 m
22
20
18
16
Cote de la fouille
14
Deplacements horizontaux (m) - paroi AZ13
12
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12
Figure IV.20. Déplacements latéraux du rideau AZ13 – Excavation sous l’eau – Calcul 4
20
Calcul 4
Mes. 22/04
Distance du pied de l ecran (m)
18
16
14
12
10
6
Cote de la fouille
4
2
Moment flechissant (kNm/m) - paroi AZ13
0
-100 -50 0 50 100 150 200 250
Figure IV.21. Moment fléchissant du rideau AZ13 – Excavation sous l’eau – Calcul 4
125
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
32
Z (m) Calcul 5
30 Mes. 11/05
28
26 Niv. Nap.
25.5 m
24
22
20
18
16
Cote de la fouille
14
Deplacements horizontaux (m) - paroi AZ13
12
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12
Figure IV.22. Déplacements latéraux du rideau AZ13 – Abaissement de la nappe – Calcul 5.
20
Calcul 5
Mes. 11/05
Distance du pied de l ecran (m)
18
16
14
12
10
6
Cote de la fouille
4
2
Moment flechissant (kNm/m) - paroi AZ13
0
-100 -50 0 50 100 150 200 250
Figure IV.23. Moment fléchissant du rideau AZ13 – Abaissement de la nappe – Calcul 5.
126
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
32
Z (m) Calcul 8
30 Mes. 26/05
28
26 Niv. Nap.
25.5 m
24
22
20
18
16
Cote de la fouille
14
Deplacements horizontaux (m) - paroi AZ13
12
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12 0.14 0.16 0.18
Figure IV.24. Déplacements horizontaux du rideau AZ13 – Mise en surcharge – Calcul 8
20
Calcul 8
Mes. 26/05
Distance du pied de l ecran (m)
18
16
14
12
10
6
Cote de la fouille
4
2
Moment flechissant (kNm/m) - paroi AZ13
0
-150 -100 -50 0 50 100 150 200 250 300
Figure IV.25. Moment fléchissant du rideau AZ13 – Mise en surcharge – Calcul 8
127
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
32
Z (m) Calcul a long terme
30 Mes. 11/08
28
26 Niv. Nap.
25.5 m
24
22
20
18
16
Cote de la fouille
14
Deplacements horizontaux (m) - paroi AZ13
12
0 0.04 0.08 0.12 0.16 0.2 0.24
Figure IV.26. Déplacements latéraux du rideau AZ13 – Évolution à long terme.
20
Calcul long terme
Mes. 11/08
Distance du pied de l ecran (m)
18
16
14
12
10
6
Cote de la fouille
4
2
Moment flechissant (kNm/m) - paroi AZ13
0
-200 -100 0 100 200 300 400
Figure IV.27. Moment fléchissant du rideau AZ13 – Évolution à long terme.
La confrontation des déplacements calculés de la paroi AZ13 aux mesures révèle une
parfaite concordance pour toutes les étapes de construction jusqu’à long terme.
Cependant, les moments de fléchissant au pied de la paroi pour les trois dernières
étapes de calcul semblent légèrement surestimés (calculs 5 et 8).
128
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
32
Z (m) Calcul 2
30 Mes. 15/04
28
Niv. Excav.
26 26.5 m
24
22
20
18
16
Cote de la fouille
14
Deplacements horizontaux (m) - paroi L607K
12
-0.1 -0.08 -0.06 -0.04 -0.02 0
Figure IV.28. Déplacements latéraux du rideau L607K – Excavation à sec – Calcul 2.
20
Calcul 2
Mes. 15/04
Distance du pied de l ecran (m)
18
16
14
12
10
6
Cote de la fouille
4
2
Moment flechissant (kNm/m) - paroi L607K
0
-400 -350 -300 -250 -200 -150 -100 -50 0 50 100
Figure IV.29. Moment fléchissant du rideau L607K – Excavation à sec – Calcul 2.
129
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
32
Z (m) Calcul 4
30 Mes. 22/04
28
26
24 Niv. Excav.
23.5 m
22
20
18
16
Cote de la fouille
14
Deplacements horizontaux (m) - paroi L607K
12
-0.1 -0.08 -0.06 -0.04 -0.02 0
Figure IV.30. Déplacements latéraux du rideau L607K – Excavation sous l’eau – Calcul 4.
20
Calcul 4
Mes. 11/05
Distance du pied de l ecran (m)
18
16
14
12
10
6
Cote de la fouille
4
2
Moment flechissant (kNm/m) - paroi L607K
0
-400 -350 -300 -250 -200 -150 -100 -50 0 50 100
Figure IV.31. Moment fléchissant du rideau L607K – Excavation sous l’eau – Calcul 4.
130
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
32
Z (m) Calcul 5
30 Mes. 11/05
28
26 Niv. Nap.
25.5 m
24
22
20
18
16
Cote de la fouille
14
Deplacements horizontaux (m) - paroi L607K
12
-0.1 -0.08 -0.06 -0.04 -0.02 0
Figure IV.32. Déplacements latéraux du rideau L607K – Abaissement de la nappe – Calcul 5
20
Calcul 5
Mes. 11/05
Distance du pied de l ecran (m)
18
16
14
12
10
6
Cote de la fouille
4
2
Moment flechissant (kNm/m) - paroi L607K
0
-400 -350 -300 -250 -200 -150 -100 -50 0 50 100
Figure IV.33. Moment fléchissant du rideau L607K – Abaissement de la nappe – Calcul 5.
131
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
32
Z (m) Calcul 8
30 Mes.26/05
28
26 Niv. Nap.
25.5 m
24
22
20
18
16
Cote de la fouille
14
Deplacements horizontaux (m) - paroi L607K
12
-0.1 -0.08 -0.06 -0.04 -0.02 0
Figure IV.34. Déplacements latéraux du rideau L607K – Mise en surcharge – Calcul 8.
20
Calcul 8
Mes. 26/05
Distance du pied de l ecran (m)
18
16
14
12
10
6
Cote de la fouille
4
2
Moment flechissant (kNm/m) - paroi L607K
0
-400 -350 -300 -250 -200 -150 -100 -50 0 50 100
Figure IV.35. Moment fléchissant du rideau L607K – Mise en surcharge – Calcul 8.
132
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
30
Initial
Z (m) Initial
Mes. 13/04
25
20
Paroi AZ13
15
10
Terre Fouille
30
Initial
Z (m) Initial
Mes. 13/04
25
20
Paroi AZ13
15
10
Terre Fouille
133
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
30
Calcul 2
Z (m) Calcul 2
Exca. 26.5 Mes. 15/04
25
20
Paroi AZ13
15
10
Terre Fouille
30
Calcul 2
Z (m) Calcul 2
Nap. 26.5 Mes. 15/04
25
20
Paroi AZ13
15
10
Terre Fouille
Les résultats des calculs correspondent bien aux mesures après chaque opération de
travaux. Après l’excavation à sec, les contraintes latérales (totales) du sol et la pression
de l’eau diminuent convenablement au niveau de l’excavation (figures IV.38 et IV.39).
La nappe est ensuite remontée au niveau -1,5 m (z=26,5 m dans le modèle). Après
l’excavation sous la nappe, la pression est hydrostatique au-dessus du niveau
d’excavation à z=23,5 m (figures IV.40 et IV.41).
134
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
30
Nap. 29.0 Calcul 4
Z (m) Calcul 4
Mes. 22/04
25
Exc. 23.5
20
Paroi AZ13
15
10
Terre Fouille
30
Nap. 29.0 Calcul 4
Z (m) Calcul 4
Mes. 22/04
25
Exc. 23.5
20
Paroi AZ13
15
10
Terre Fouille
Et enfin, le rabattement de la nappe au niveau z=24,75 m se traduit par une baisse des
contraintes totales et de la pression du côté de la fouille (figures IV.42 et IV.43).
135
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
30
Calcul 5
Z (m) Calcul 5
Mes. 11/05
25
Exc. 23.5
20
Paroi AZ13
15
10
Terre Fouille
30
Calcul 5
Z (m) Calcul 5
Mes. 11/05
25 Nap. 24.75
20
Paroi AZ13
15
10
Terre Fouille
136
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Tableau IV.10. Caractéristiques mécaniques utilisées pour les calculs élastiques avec MCNL
Niv. Sup. γ K° Eu νu E’ ν’
(m NAP) (kN/m3) (kPa) (kPa)
Sable -0,50 17,00 0,73 17300 0,3 17300 0,3
Argile limon-sableuse -1,50 16,75 0,74 6660 0,499 5320 0,2
Tourbe -5,75 12,3 0,96 2925 0,499 2340 0,2
Argile organique -10,50 13,90 0,83 3650 0,499 2930 0,2
Argile sableuse -12,50 16,34 0,80 9150 0,499 7320 0,2
Sable limoneux -17,50 20,00 0,69 28400 0,499 26000 0,3
• Initialisation
L’état de contraintes totales dans le massif est initialisé simplement à l’aide de l’option
de chargement SIG (la couche de sable de protection est simulé comme géostatique).
137
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
L’excavation sous la nappe est simulée par l’option LAM pour calculer les forces de
surfaces appliquées sur le contour d’excavation à partir du champ de contraintes
totales issu de la lecture des résultats de l’étape précédente. On simule l’existence de la
nappe dans la fouille par l’option de chargement PHS.
Après les deux premières phases de construction, les calculs simplifiés, bien qu’ils ne
tiennent pas compte de l’évolution de la pression hydraulique dans le temps et du
comportement élastoplastique du sol, donnent des résultats assez proches des mesures
pour les déplacements (figures IV.44 et IV.46). Concernant les moments, les résultats
sont moins satisfaisants par rapport aux calculs couplés (figures IV.45 et IV.47).
138
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Au fur et à mesure de l’avancement des travaux (pour les étapes de calcul à court
terme), les déplacements de l’ouvrage sont sous-estimés, et la variation de la pression
à prendre en compte à long terme (calcul 7) est aussi sous-estimée. Ceci explique la
qualité insuffisante des résultats de calcul à long terme.
32
Z (m) Csnl 2
30 Mcnl 1
Mes. 15/04
28
Niv. Excav.
26 26.5 m
24
22
20
18
16
Cote de la fouille
14
Deplacements horizontaux (m) - paroi AZ13
12
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12
Figure IV.44. Déplacements latéraux du rideau AZ13 – Excavation à sec
20
Csnl 2
Mcnl 1
Distance du pied de l ecran (m)
18
Mes. 15/04
16
14
12
10
6
Cote de la fouille
4
2
Moment flechissant (kNm/m) - paroi AZ13
0
-100 -50 0 50 100 150 200 250
Figure IV.45. Moment fléchissant dans le rideau AZ13 – Excavation à sec
139
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
32
Z (m) Calcul 4
30 Mcnl 2
Mes. 22/04
28
26
24 Niv. Excav.
23.5 m
22
20
18
16
Cote de la fouille
14
Deplacements horizontaux (m) - paroi AZ13
12
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12
Figure IV.46. Déplacements latéraux du rideau AZ13 – Excavation sous l’eau
20
Csnl 4
Mcnl 3
Distance du pied de l ecran (m)
18
Mes. 22/04
16
14
12
10
6
Cote de la fouille
4
2
Moment flechissant (kNm/m) - paroi AZ13
0
-100 -50 0 50 100 150 200 250
Figure IV.47. Moment fléchissant dans le rideau AZ13 – Excavation sous l’eau
140
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
32
Z (m) Csnl 5
30 Mcnl 4
Mes. 11/05
28
26 Niv. Nap.
25.5 m
24
22
20
18
16
Cote de la fouille
14
Deplacements horizontaux (m) - paroi AZ13
12
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12
Figure IV.48. Déplacements latéraux du rideau AZ13 – Rabattement de la nappe
20
Csnl 5
Mcnl 4
Distance du pied de l ecran (m)
18
Mes. 11/05
16
14
12
10
6
Cote de la fouille
4
2
Moment flechissant (kNm/m) - paroi AZ13
0
-100 -50 0 50 100 150 200 250
Figure IV.49. Moment fléchissant dans le rideau AZ13 – Rabattement de la nappe
141
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
32
Z (m) Csnl 8
30 Mcnl 6
Mes. 26/05
28
26 Niv. Nap.
25.5 m
24
22
20
18
16
Cote de la fouille
14
Deplacements horizontaux (m) - paroi AZ13
12
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1 0.12 0.14 0.16 0.18
Figure IV.50. Déplacements latéraux du rideau AZ13 – Surcharge derrière AZ 13
20
Csnl 8
Mcnl 6
Distance du pied de l ecran (m)
18
Mes. 26/05
16
14
12
10
6
Cote de la fouille
4
2
Moment flechissant (kNm/m) - paroi AZ13
0
-150 -100 -50 0 50 100 150 200 250 300
Figure IV.51. Moment fléchissant dans le rideau AZ13 – Surcharge derrière AZ 13
142
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
32
Z (m) Csnl - long terme
30 Mcnl - long terme
Mes. 11/08
28
26 Niv. Nap.
25.5 m
24
22
20
18
16
Cote de la fouille
14
Deplacements horizontaux (m) - paroi AZ13
12
0 0.04 0.08 0.12 0.16 0.2 0.24
Figure IV.52. Déplacements latéraux du rideau AZ13 – Rabattement de la nappe à long terme
20
Csnl-long terme
Mcnl-long terme
Distance du pied de l ecran (m)
18
Mes. 11/08
16
14
12
10
6
Cote de la fouille
4
2
Moment flechissant (kNm/m) - paroi AZ13
0
-200 -100 0 100 200 300 400
Figure IV.53. Moment fléchissant dans le rideau AZ13 – Rabattement de la nappe à long terme
IV.2.4.4. Synthèses
Les calculs simplifiés, réalisés à l’aide du module mécanique MCNL en négligeant
l’effet de la variation de la pression hydraulique à court terme et en supposant un
comportement non drainé dans le sol durant les travaux, s’avèrent insuffisants pour
reproduire le comportement réel de l’ouvrage. Malgré des déplacements de la paroi
proches des mesures pour les deux premières phases de travaux, la confrontation des
143
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
résultats révèle les limites de cette approche. On voit donc la nécessité d’utiliser des
calculs couplés complets pour modéliser le comportement de l’ouvrage durant les
différentes phases de construction associées à des mouvements de la nappe.
IV.2.5. Conclusion
L’expérimentation de Rotterdam-Pernis fournit l’occasion de confronter la
modélisation numérique par élément finis à des mesures sur ouvrage, au cours de
travaux s’accompagnant de variations du niveau de la nappe.
144
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
Le site est situé dans une zone bâtie gagnée sur la mer et la surface du sol est à 4,50 m
environ au-dessus du niveau de la mer, considéré comme le niveau de référence
(principal datum ou PD). Le niveau de la nappe est à 3 m environ au-dessous de la
surface du terrain.
145
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
Les caractéristiques mécaniques du sol ont été évaluées principalement par des essais
de pénétration standard (SPTs) et par l’interpolation des conditions géotechniques dans
cette région de Kowloon. Elles sont rassemblées dans le tableau IV.11, extrait du
travail réalisé par Ng et al. (1998).
146
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
La mise en place des écrans de soutènement fait généralement appel à une succession
d’opérations. Ainsi, la réalisation d’un panneau de paroi moulée comprend trois
principales étapes : une phase d’excavation pendant laquelle le sol est soutenu par une
boue de bentonite, une phase de bétonnage, durant laquelle le béton fluide se substitue
à la boue et une phase de prise du béton.
En première approximation, si l’on néglige les phénomènes les plus complexes comme
les transferts d’eau entre la boue et le terrain, puis entre le béton et le terrain, ou les
déformations liées à la prise du béton, les techniques classiques de modélisation
numérique par la méthode des éléments finis permettent de simuler ces différentes
phases de travaux. Ainsi, le creusement sous boue peut être simulé avec les mêmes
moyens qu’une excavation classique, une pression hydrostatique correspondant à la
pression de boue étant appliquée sur le bord de l’excavation (Ng et al., 1998).
La mise en place du béton liquide est simulée en substituant le champ des pressions
appliquées par le béton liquide au champ des pressions appliquées par la boue (Ling et
al.,1994 ; Gourvenec et al., 1999).
147
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
148
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
• La première étape sert à initialiser les contraintes et les pressions dans le massif
avant construction. Cet état initial est simulé à partir des poids volumiques des
différentes couche de sol (présentés dans le tableau IV.12) et du niveau supérieur
de la nappe hydraulique à l’aide de l’option SIG (indicateur ICAL = 0 et
IOPT = 3) et de l’option INP.
• La deuxième étape modélise l’excavation et l’effet de la pression de la bentonite
dans la tranchée. Ce calcul se réalise en utilisant l’option LAM pour calculer les
forces de déconfinement à partir de la lecture du fichier de résultats de l’étape de
calcul précédente et de l’option PHS pour simuler la pression de bentonite.
• Dans la troisième étape de calcul, on simule le bétonnage (mise en place du béton
frais à la place de la bentonite soutenant la tranchée).
Figure IV.58. Modélisation de la mise en place du béton frais (Ling et al., 1994)
dans laquelle, σh, γb, γc sont respectivement la contrainte totale horizontale, le poids
volumique de la bentonite et celui du béton. D’après Ng (Ng et al., 1999), la
profondeur hc, appelée la profondeur critique, est déterminée suivant le type de ciment
utilisé, la vitesse et la température du bétonnage ainsi que la dimension de la tranchée.
Suivant les instructions proposées dans le rapport CIRIA 108 (Clear et al., 1985), la
hauteur critique proposée par Ng (Ng et al., 1999) pour le cas d’étude à Kowloon est
149
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
de 6,03 mètres, ce qui est bien inférieur à la valeur donnée par la théorie de Lings
(hc = H/3 = 13 m).
Dans le cadre des études réalisées par le LCPC, Duca (Duca, 2001 ; Delattre et Duca,
2002), dans l’étude de la paroi moulée sur le site de la trémie Pasteur à Rouen est
arrivé à la même observation : la hauteur hc observée est égale à 3,5 m au lieu de 5 m
suivant Lings.
45
Z(m) Etat Ini.
Cal. Exca.
40 Mes. Exca.
35
30
25
20
Tranchee
15
10
5
Contraintes horizontales a 2,3m (m)
0
-700 -600 -500 -400 -300 -200 -100 0 100
Figure IV.59. Pressions totales latérales sur le bord de la tranchée suivant la profondeur – après
l’excavation
150
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
45
Z(m) Etat Ini.
Cal. Bent.
40 Mes. Bent.
35
30
25
20
Tranchee
15
10
5
Contraintes horizontales a 2,3m (m)
0
-700 -600 -500 -400 -300 -200 -100 0 100
Figure IV.60. Pressions totales latérales sur le bord de la tranchée suivant la profondeur – après le
bétonnage
45
Z(m) Cal. Excav.
Mes. Excav.
40
35
30
25
20
Tranchee
15
10
5
Deplacement horizontale a 2,3m (m)
0
-0.012 -0.01 -0.008 -0.006 -0.004 -0.002 0 0.002 0.004
Figure IV.61. Déplacements latéraux à 2,3 m de la tranchée après l’excavation – Comparaison aux
mesures.
151
Chapitre IV : Modélisation numérique couplée d’ouvrages de soutènement expérimentaux
__________________________________________________________________________________________
45
Z(m) Cal. Beton.
Mes. Beton.
40
35
30
25
20
Tranchee
15
10
5
Deplacement horizontale a 2,3m (m)
0
-0.012 -0.01 -0.008 -0.006 -0.004 -0.002 0 0.002 0.004
Figure IV.62. Déplacements latéraux à 2,3 m de la tranchée après le bétonnage – Comparaison aux
mesures.
Enfin, les calculs montrent aussi que le module CSNL permet de réaliser des calculs
en conditions tridimensionnelles à un coût acceptable (la durée totale des calculs est de
l’ordre de 45 minutes sur une machine Sun à vitesse 750 MHz, comparable
approximativement à un P-IV 2,1 GHz).
Il faut noter que la différence des contraintes totales entre la situation après le
bétonnage et la situation initiale est relativement faible, considérant par ailleurs la
précision en général faible que l’on a sur la valeur initiale de Ko. Ceci peut justifier les
calculs d’excavation dans lesquels on néglige la perturbation du champ de contraintes
due à la construction du panneau.
152
Partie I. Prise en compte du couplage hydromécanique
__________________________________________________________________________________________
IV.4. CONCLUSIONS
La validation des modèles de calcul numérique nécessite leur confrontation à des
ouvrages réels instrumentés, dans lesquels les conditions géométriques et
géotechniques ainsi que le phasage de construction sont les causes des principales
difficultés. La comparaison est d’autant plus intéressante dans les cas où les phases de
construction sont associées à des mouvements de la nappe ou à des conditions
hydrauliques variables durant les travaux.
Tous ces résultats encouragent à utiliser davantage les calculs numériques couplés
dans l’analyse des ouvrages de soutènement d’excavation.
153
Partie II. Prise en compte de l’interaction sol-tirant dans la modélisation numérique couplée
__________________________________________________________________________________________
Chapitre V
V.1. INTRODUCTION
L’utilisation des tirants d’ancrage pour renforcer les parois de soutènement est une
technique très répandue en pratique. On trouve souvent ce type de renforcement dans
les ouvrages souterrains en zone urbaine (parkings souterrains, par exemple), ainsi que
dans les grands ouvrages maritimes ou portuaires. Ces renforcements, forés et scellés
ou mis en place par un processus de déblai et remblai, travaillent principalement en
traction afin de réduire les déplacements de la paroi de soutènement et contribuent à sa
stabilisation. Le mécanisme fondamental est de répartir une partie de la pression du sol
sur la paroi dans le massif au moyen d’un contre-rideau (palplanches ou plaques
encastrées dans le massif) ou tout simplement à travers le frottement sol-tirant.
155
Chapitre V. Interaction sol tirants et modélisations couplées
__________________________________________________________________________________________
Dans cette partie, nous recherchons un moyen de prendre en compte l’interaction sol-
tirant dans les calculs couplés, tout en tenant compte du caractère tridimensionnel du
problème.
Pour prendre en compte l’interaction avec le sol encaissant et les tirants passifs
travaillant en frottement, une première approche possible consiste à utiliser une
technique d’homogénéisation : le sol est alors considéré comme un matériau
homogène, anisotrope ayant des propriétés macroscopiques « équivalentes » à celles
du matériau hétérogène (Al Hallak, 1999). Cette approche présente un inconvénient
majeur, elle ne s’applique qu’à des structures où les renforcements sont identiques,
suffisamment nombreux et disposés de manière régulière (type Terre Armée ou sol
cloué), ce qui n’est pas toujours le cas des tirants d’ancrage.
Une autre approche, appelée approche discrète, consiste à traiter l’ouvrage comme un
matériau hétérogène, chaque tirant étant discrétisé dans l’analyse. L’avantage de cette
méthode est la possibilité d’avoir des résultats de calcul détaillés en relation directe
avec le comportement de chaque tirant tout en tenant compte de l’interaction de ce
156
Partie II. Prise en compte de l’interaction sol-tirant dans la modélisation numérique couplée
__________________________________________________________________________________________
dernier avec le reste de l’ouvrage. Cette approche permet aussi d’introduire des
descriptions plus ou moins complexes de l’interaction sol-tirant.
De manière générale, l’analyse discrète d’un ouvrage renforcé devrait être traitée en
conditions tridimensionnelles. Dans ce cas, la modélisation du tirant obéit aux
principes généraux de la modélisation des interactions sol structure : elle se traite en
modélisant le sol et les tirants, l’interface entre les deux étant décrit à l’aide d’éléments
de contact spécifiques d’épaisseur nulle (Sellali, 1999), d’éléments de contact de type
frottement-décollement (Chaoui, 1992) ou à critère orienté (Frank et al., 1980) ou plus
simplement par des éléments de faible épaisseur auxquels on attribue des
caractéristiques mécaniques réduites (Schweiger, 1994). Le choix des caractéristiques
de l’interface et de son comportement, qui dépendent de paramètres multiples
(caractéristiques du sol et du renforcement, orientation de renforcement, dilatance du
sol,…) est le plus souvent largement empirique.
Pour une étude bibliographique plus détaillée, on peut se reporter aux travaux de
Benhamida (1998) qui a fait une analyse complète de ces différentes approches. En
résumé, les travaux réalisés par plusieurs auteurs ont montré que le modèle de la
plaque équivalente peut donner de bons résultats mais ont aussi mis en évidence
certaines faiblesses et précautions à suivre. Saiba (1989) a montré que le glissement
relatif sol-inclusion joue un rôle fondamental mais parallèlement la continuité du sol
de part et d’autre des tirants doit être assurée. Ceci est particulièrement vrai dans le cas
des clous et tirants inclinés où l’interface sol-tirants peut favoriser artificiellement,
dans le calcul, le glissement sous forme des blocs. Unterreiner (1994) a consacré
157
Chapitre V. Interaction sol tirants et modélisations couplées
__________________________________________________________________________________________
158
Partie II. Prise en compte de l’interaction sol-tirant dans la modélisation numérique couplée
__________________________________________________________________________________________
d’acier de diamètre φ = 25 mm, qui est représentée par des éléments de massif avec
une loi de comportement élastique, linéaire, isotrope. Le contact sol-tirant est simulé
par une couche d’éléments de faible épaisseur (1 mm) obéissant à une loi de
comportement élastique parfaitement plastique avec un critère de Mohr-Coulomb.
9964 noeuds
3380 éléments Sols
Tirant
Interface y
x
Figure V.1. Maillage et groupes d’éléments pour le calcul 3D d’un essai d’arrachement
159
Chapitre V. Interaction sol tirants et modélisations couplées
__________________________________________________________________________________________
τ < τm ax
normal, la contrainte latérale reste toujours F P1
critère de Mohr-Coulomb. F P1 τ ≥ τm ax
P2 Corps A : tirant
160
Partie II. Prise en compte de l’interaction sol-tirant dans la modélisation numérique couplée
__________________________________________________________________________________________
En ce qui concerne le module élastique des éléments d’interface, pour la continuité des
déplacements dans le sol et le tirant dans le domaine élastique (τ ≤ τmax), il a été
recommandé d’attribuer à la couche d’interface le même module élastique qu’au sol
(Chaoui, 1992 ; Benhamida, 1998).
Le tirant est ensuite chargé à plusieurs reprises par un effort de traction dont la valeur
augmente progressivement jusqu’à atteindre l’effort d’arrachement. Ces chargements
ont été simulés au moyen de l’option PUR (pression uniforme répartie) appliquée sur
la section en tête du tirant.
Les figures V.3 et V.4 montrent le développement des zones plastifiées dans le sol
pour un effort de traction de T=1,88 kN et de Tmax = 9,42 kN, respectivement. En effet,
les déformations plastiques commencent à se développer à la tête du tirant et
s’étendent ensuite sur toute la longueur du tirant et dans le sol.
161
Chapitre V. Interaction sol tirants et modélisations couplées
__________________________________________________________________________________________
efforce de traction
Force d'arrachement
Tc = 1,88 kN
Tmax = 9,42 kN
z z
y y
x x
Figure V.3. Points plastiques dans le sol pour un Figure V.4. Points plastiques dans le sol à
chargement Ft = 1,88 kN (0,2Tmax) l’arrachement Ft = Tc = 9,42 kN
10
T(kN) Tmax
4 charge 1
charge 2
162
Partie II. Prise en compte de l’interaction sol-tirant dans la modélisation numérique couplée
__________________________________________________________________________________________
1
CFT charge 1
charge 2
0.9
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
Temps de chargement (heures)
0.1
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Figure V.6. Configuration du chargement en fonction du temps (heures)
Dans le premier cas de charge (rapide), pour chaque niveau de chargement, les
déplacements à la tête du tirant sont moins importants. La vitesse d’application des
forces d’arrachement semble avoir une influence importante sur la résistance du tirant.
En effet, le sol autour du tirant a tendance à se dilater, ce qui provoque une diminution
de pression qui tend à « retenir » le tirant. Plus l’arrachement est rapide et plus cet
effet est important : le déplacement calculé de la tête du tirant est donc plus faible,
pour la même force appliquée, lorsque la traction est rapide.
Cet exemple de calcul, utilisant un modèle assez simple, nous permet de mettre en
évidence un aspect intéressant du comportement sol-tirant dans le milieu saturé qui
serait difficile à prendre en compte dans les calculs mécaniques découplés. Il confirme
donc l’intérêt des calculs couplés pour la prise en compte de l’interaction sol-tirant.
163
Chapitre V. Interaction sol tirants et modélisations couplées
__________________________________________________________________________________________
10
T(kN) Tmax
charge 1
4 charge 2
charge 3
1
CFT charge 1
charge 2
0.9 charge 3
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
Temps de chargement (heures)
0.1
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Figure V.8. Configuration du chargement en fonction du temps (heures)
164
Partie II. Prise en compte de l’interaction sol-tirant dans la modélisation numérique couplée
__________________________________________________________________________________________
planes avec l’approche de la plaque équivalente peut donner des résultats satisfaisants
à condition de prendre certaines précautions pour choisir les paramètres mécaniques de
l’interface sol-inclusion, et pour assurer la continuité de part et d’autre de la plaque.
Pour les calculs en déformations planes, Naylor (1978) a mis au point un modèle
bidimensionnel avec fonction de transfert de charge appelé « Slipping Strip
Analysis », qui consiste à considérer une section (S-S) située à mi-distance entre deux
rangées verticales de clous (figure V.9). Des fonctions de transfert de charge,
représentées par des ressorts non linéaires de rigidité normale et tangentielle sont
introduites explicitement afin de rendre compte de l’interaction des tirants équivalents
avec le massif de sol.
représentation
du clou représentation x
de la plaque
équivalente
déplacement du sol déplacement
calculé avec la fonction réel du sol
de transfert de charge déplacement
équivalent du sol
calcul avec plaque
équivalente
déplacement déplacement
relatif sol-clou relatif sol-clou
déplacement
équivalent du clou
déplacement calcul avec plaque
du clou en 3D équivalente
165
Chapitre V. Interaction sol tirants et modélisations couplées
__________________________________________________________________________________________
Chaoui (1992) a montré que l’application d’un même chargement (effort de traction)
au clou (modèle 3D) et à la plaque (modèle 2D) ne sollicite pas le sol de la même
façon. Par exemple, si l’on applique un effort de traction de 15 kN à la plaque et au
clou, de surface latérales respectives 5m² et 0,5m², les contraintes moyennes de
cisaillement sont respectivement 3kPa (pour la plaque) et 30kPa (pour le clou). Ces
contraintes sont transférées au sol sur toute la surface de contact horizontale dans le
cas 2D et sur la surface de contact correspondant au contour du clou dans le cas 3D.
Les déformations du sol sont donc différentes dans le calcul 2D et dans le calcul 3D
(voir figure V.10) : on s’efforcera de choisir les paramètres de l’interface pour que les
déplacements calculés en 2D correspondent à la moyenne des déplacements 3D. La
procédure permettant de choisir les paramètres d’interface est détaillée sur un exemple
dans la suite : on s’intéresse aux déformations d’un panneau retenu par un lit de tirants
d’ancrage.
déplacements 3D
déplacements 2D
plaque équivalente
x
166
Partie II. Prise en compte de l’interaction sol-tirant dans la modélisation numérique couplée
__________________________________________________________________________________________
Le maillage pour le calcul contient 6792 éléments (6600 pentaèdres à 15 nœuds et 192
hexaèdres à 20 nœuds) pour un total de 19657 nœuds répartis en quatre groupes (figure
V.11).
z
Tirants
Panneau rigide y
x
Figure V.11. Maillage utilisé pour le calcul tridimensionnel
Les conditions aux limites consistent à bloquer les déplacements horizontaux sur les
faces latérales, les déplacements verticaux sur la base et à imposer une charge
hydraulique nulle à la surface supérieure du modèle.
167
Chapitre V. Interaction sol tirants et modélisations couplées
__________________________________________________________________________________________
Les caractéristiques mécaniques utilisées dans le calcul sont les mêmes que dans le
tableau V.1. Le panneau est présenté par une loi élastique isotrope ayant un module
d’élasticité E = 30.000 MPa et un coefficient de Poisson ν = 0,2.
V.4.2. Déroulement du calcul
On initialise d’abord les contraintes et la pression (comme en V.3.4). Le panneau est
ensuite chargé par une pression uniforme dont la valeur augmente progressivement
jusqu’à atteindre la rupture.
Deux configurations de chargement sont étudiées, une « rapide » (un pas de temps
pour un incrément de charge) et une « lente », dans laquelle chaque incrément de
charge est suivi par un calcul d’évolution de la pression dans le temps sans incrément
de charge.
Une bonne convergence est obtenue après chaque incrément de charge. Une rupture
dans le sol est constatée pour la pression sur le panneau de l’ordre de 5 kPa.
y
x
Figure V.12. Points plastiques dans le sol pour Figure V.13. Points plastiques dans le sol pour
un chargement ft = 2,0 kPa un chargement ft = 4,0 kPa
Les figures V.12 et V.13 présentent les points plastiques dans le sol pour des charges
de 2,0 et 4,0 kPa. Contrairement au modèle d’essai d’arrachement présenté
précédemment, on constate que les déformations plastiques commencent à apparaître
au point d’ancrage du tirant dans le sol et se propagent ensuite le long du tirant et dans
le sol derrière le tirant jusqu’à la rupture dans le massif.
168
Partie II. Prise en compte de l’interaction sol-tirant dans la modélisation numérique couplée
__________________________________________________________________________________________
y
x
Figure V.14. Déformation du modèle après le calcul pour une pression ft = 3,0 kPa
Les figures V.15 et V.16 présentent l’évolution des efforts dans les tirants et des
déplacements de la tête du tirant en fonction du chargement appliqué en conditions
« rapide » et « lente ». On constate une rupture nette dans le sol à un effort dans le
tirant de l’ordre de 1 kN (très inférieur à la limite d’arrachement). Cet effort
correspond à un chargement de 4 kPa sur le panneau.
169
Chapitre V. Interaction sol tirants et modélisations couplées
__________________________________________________________________________________________
1.2
F(kN) chargement rapide
chargement lent
0.8
0.6
0.4
0.2
1.2
Rapide
Lent
Effort dans le tirant (kN)
0.8
0.6
0.4
0.2
Les figures IV.17 et IV.18 présentent les déplacements horizontaux dans le sol dans la
direction parallèle au tirant, suivant les droites horizontale et verticale perpendiculaires
à l’axe du tirant (z = 0,5 m ; y = 1,0 m), pour différentes distances au panneau (x =
0,1 ; x = 0,5 et x = 1,0 m). On constate une variation le long du tirant des
déplacements relatifs sol-tirant :
• dans la zone située immédiatement derrière le panneau, le sol se déplace plus que
le tirant (x = 0,1 m). Dans cette zone, le tirant empêche les déplacements du sol.
170
Partie II. Prise en compte de l’interaction sol-tirant dans la modélisation numérique couplée
__________________________________________________________________________________________
• à la distance x = 0,5 mètres, les déplacements du sol et du tirant sont à peu près
égaux ;
• dans la zone plus loin du panneau, le tirant se déplace plus que le sol et l’on
retrouve la discontinuité des déplacements. L’effet d’ancrage du tirant consiste
donc à transmettre des efforts à une zone plus éloignée de la sollicitation grâce au
frottement mobilisé le long du tirant.
1
Z(m) x=.1
x=.5
x=1.
0.8
0.6
Tirant
0.4
0.2
1
Tirant x=.1
x=.5
x=1.
Largueur du modele Y (m)
0.8
0.6
Ft=3kN/m2
0.4
0.2
171
Chapitre V. Interaction sol tirants et modélisations couplées
__________________________________________________________________________________________
0.8
rapide 3D
Ft(kN)
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
Tete du tirant
0.2
0.1
Distance du panneau (m)
0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 1.4 1.6
Figure V.19. Distribution des efforts de traction le long du tirant calculée avec ft = 3,0 kPa
5
rapide 3D
Contrainte tangentielle xz
-5
-10
Tete du tirant
-15
172
Partie II. Prise en compte de l’interaction sol-tirant dans la modélisation numérique couplée
__________________________________________________________________________________________
Le maillage est constitué de 1099 éléments (91 quadrilatères à 8 nœuds, 947 triangles
à 6 nœuds et 91 éléments de relation linéaire) pour un total de 2240 nœuds
(figure V.21). Ce maillage a été construit de façon à avoir deux couches d’éléments
d’interface symétriques par rapport à l’axe de la plaque équivalente pour faciliter
l’introduction des éléments de relation linéaire.
173
Chapitre V. Interaction sol tirants et modélisations couplées
__________________________________________________________________________________________
Cependant, Unterreiner (1994) a mis en cause l’hypothèse d’une égalité entre les
rigidités en flexion pour le cas d’un essai d’arrachement de tirant et propose de prendre
en considération uniquement l’égalité entre les rigidités en traction. En prenant pour la
plaque équivalente une épaisseur deq égale au diamètre du tirant φtirant, il obtient une
équivalence du module d’élastique :
π.φ tirant
Eeq = E tirant
4
Cette solution a été adoptée dans les calculs présentés ici pour calculer les paramètres
de la plaque équivalente.
Il est à noter que, dans les modèles numériques pour calculer des ouvrages réels, en
vraie grandeur, la dimension des tirants est souvent très petite par rapport à celle de
l’ouvrage. Le raffinement du maillage dans la zone avoisinante du tirant augmente
considérablement la lourdeur du calcul. Le modélisateur est conduit à choisir une
valeur de deq différente du diamètre réel φtirant (en général légèrement plus grande).
Dans ce cas, on peut déterminer l’équivalence du module élastique par :
π(φ tirant )
2
Eeq = E tirant
4deq
174
Partie II. Prise en compte de l’interaction sol-tirant dans la modélisation numérique couplée
__________________________________________________________________________________________
En ce qui concerne le module élastique, Chaoui (1992) a montré que l’application d’un
même chargement (effort de traction) au clou (modèle 3D) et à la plaque (modèle 2D)
ne sollicite pas le sol de la même façon. Le transfert de charge entre le sol et le tirant
se fait sur toute la surface de contact horizontale dans le cas 2D et sur la surface de
contact correspondante au contour du clou dans le cas 3D. Ceci peut conduire à une
surestimation des efforts dans le tirant. Dans les calculs qui suivent, nous proposons
d’utiliser un module élastique équivalent à l’interface en établissant l’égalité de la
rigidité en cisaillement du contact en écrivant l’équation :
πφ tirant Sh
Geq;interface = Ginterface
2
pour E=2G(1+ν), ceci nous conduit à :
πφtirant Sh
Eeq;interface = Einterface .
2
Dans cette formule, Eeq;interface désigne le module élastique équivalent à l’interface dans
le calcul bidimensionnel, Einterface le module élastique de l’interface dans le calcul
tridimensionnel (qui est le module élastique du sol).
175
Chapitre V. Interaction sol tirants et modélisations couplées
__________________________________________________________________________________________
Les figures V.24 et V.25 présentent le développement des points plastiques dans le sol
pour les chargements ft = 2 kPa et ft = 4 kPa, respectivement. Par rapport aux résultats
du calcul tridimensionnel, les déformations plastiques semblent moins importantes.
Figure V.24. Points plastiques dans le modèle Figure V.25. Points plastiques dans le modèle
sous une pression f = 2,0 kPa sous une pression f = 4,0 kPa
176
Partie II. Prise en compte de l’interaction sol-tirant dans la modélisation numérique couplée
__________________________________________________________________________________________
5
cal. 2D
cal. 3D
5
rapide 2D
lent 2D
Pression sur le panneau (kN/m2)
La figure V.27 montre les déplacements de la tête du tirant issus des calculs
bidimensionnels pour les chargements « rapide » et « lent ». L’influence de la vitesse
d’application du chargement semble ici aussi beaucoup moins importante que dans
l’essai d’arrachement.
177
Chapitre V. Interaction sol tirants et modélisations couplées
__________________________________________________________________________________________
1.6
rapide 2D
F(kN) rapide 3D
1.4
Effort dans le tirant
1.2
0.8
0.6
0.4
0.2
Pression appliquee sur le panneau (kN/m2)
0
0 1 2 3 4 5
Figure V.28. Efforts dans le tirant suivant la pression appliquée au panneau
1.6
rapide 2D
F(kN) rapide 3D
1.4
1.2
0.8
0.6
0.4
0.2
Deplacement de la tete du tirant (m)
0
0 0.0001 0.0002 0.0003 0.0004 0.0005 0.0006
Figure V.29. Déplacement Vx de la tête du tirant, suivant les efforts dans le tirant
On peut constater que le même chargement appliqué sur le panneau génère un effort
dans le tirant plus important dans le calcul bidimensionnel. Cependant, pour le même
effort dans le tirant (l’intégration sur toute la longueur), le déplacement de la tête du
178
Partie II. Prise en compte de l’interaction sol-tirant dans la modélisation numérique couplée
__________________________________________________________________________________________
En effet, en remplaçant les tirants par une plaque équivalente dans le calcul en
conditions bidimensionnelles, l’ouvrage renforcé semble plus rigide que dans le calcul
tridimensionnel.
0.8
rapide 2D
F(kN/m) rapide 3D
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.8
lent 2D
F(kN/m) lent 3D
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
179
Chapitre V. Interaction sol tirants et modélisations couplées
__________________________________________________________________________________________
Enfin, les figures V.30 et V.31 présentent les distributions des efforts le long du tirant
en conditions bi- et tridimensionnelles. On constate que le calcul bidimensionnel
produit une zone d’effort maximal décalée vers l’arrière du tirant, avec des valeurs
plus importantes.
V.6. CONCLUSION
Les résultats de calcul montrent que les procédés de modélisation de l’interaction sol-
tirant proposés dans la littérature peuvent être mis en œuvre dans un calcul couplé avec
le module CSNL, et que l’on obtient des résultats intéressants : on peut par exemple
mettre en évidence l’influence de la vitesse de chargement sur le comportement de
l’ouvrage en général.
180
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
Chapitre VI
VI.1. INTRODUCTION
Dans les parties précédentes, trois aspects du comportement des ouvrages de
soutènement en construction ont été étudiés séparément par des modélisations
numériques : le phasage de construction, le couplage hydromécanique, l’interaction
sol-tirant. Ces approches permettent d’étudier le problème facette par facette. Elles
doivent cependant être complétées par une application à des ouvrages réels. Ainsi,
d’une part, les techniques de modélisation sont confrontées aux modalités réelles de
réalisation des ouvrages et, d’autre part, les résultats du calcul peuvent être comparés
au comportement observé des ouvrages. Dans ce contexte, cette partie du mémoire
présente des modélisations numériques de la construction de deux ouvrages de
soutènement réels au moyen du module couplé CSNL du logiciel CESAR-LCPC. Ces
modélisations tentent de tenir compte le mieux possible des différents phénomènes en
jeu.
181
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
Ce dernier ouvrage est constitué d’un écran de soutènement en béton armé, réalisé
pour la partie inférieure par la technique de la paroi moulée dans le sol et pour la partie
supérieure en béton coffré. L’écran est fiché dans l’argile des Flandres et ancré par
deux nappes de tirants passifs reliées à un rideau de palplanches formant le massif
d’ancrage.
La hauteur libre totale de l’ouvrage (24 m), et le chargement qu’il reçoit (outillage et
surcharges pondérales sur les terres-pleins) en font un ouvrage important sur le plan du
génie civil. De plus, les différentes phases de la construction de l’ouvrage associent
des opérations de remblaiement derrière l’ouvrage et de dragage devant l’ouvrage,
ainsi qu’un rabattement temporaire de la nappe phréatique et constituent autant
d’étapes intéressantes du point de vue de l’interaction sol-structure. Dans le but de
suivre l’évolution des déformations au cours de la construction et de la mise en
service, et d’analyser le dimensionnement de l’écran de soutènement, l’ouvrage a été
équipé de nombreux dispositifs de mesure (inclinomètres, extensomètres, capteurs de
contraintes, plots de suivi topographique), qui ont fait l’objet de relevés pour toutes les
phases essentielles de la construction et de la mise en service.
VI.2.1.1. Contexte géotechnique
Les sols rencontrés sur le site du quai de Calais ont fait l’objet de trois campagnes de
reconnaissance :
• une reconnaissance préalable aux études de conception de l’ouvrage, exécutée par
le LRPC de Lille (rapport 84.401 36/2 du 2 mai 1985), comprenant un sondage
carotté (SC1a) et deux profils pressiométriques (PR2 et PR3) ;
• une étude spécifique de l’argile des Flandres, également réalisée par LRPC de
Lille (rapport sans référence du 17 décembre 1987), sur la base de deux sondages
carottés (SC1 et SC2b) ;
• une reconnaissance complémentaire, menée dans le cadre de l’instrumentation de
l’ouvrage par l’Entreprise Solétanche ;
182
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
• L’argile des Flandres est présente en dessous de la cote –21,00 à 22,50 CM, avec
une épaisseur non reconnue. C’est une argile raide, mise en place à l’Eocène.
L’ensemble est baigné par une nappe phréatique, dont le toit s’établit aux environs du
niveau de mi-marée (+4,00 à +5,00 CM).
Le tableau VI.1 rassemble les valeurs des paramètres des sols tirées de l’ensemble des
essais.
Tableau VI.1. Caractéristiques géotechniques des couches de sol, d’après Delattre et al. (1999)
Couches Niveau Épaisseur γsat γd c’ ϕ’ cu EM
3 3
de sol d’assise (m) kN/m kN/m (kPa) (degrés) (kPa) (MPa)
(CM)
Remblai -4,50 9,5-10,0 20,25 16,50 0-6 37,5-41 - 20-35
Sables -21,00 16,50 20,25 16,50 0-6 37,5-41 - 20-40
flandriens
Argile des - - 20 15,60 20-50 20-22 150-250 20-60
Flandres
183
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
partie en béton coffré, ancré par un système passif comprenant deux nappes de tirants
et un rideau de palplanches servant de massif d’ancrage (figure VI.1).
+9,00
TERRE - PLEIN
+4,50
+4,00
tirant/2m D66 R 70 T 45
+0,30
REMBLAI
-1,50
-4,50 tirant/m D90 R 105 T 45
-5,50
-6,50
-12,50 cote dragage
-15,00 cote calcul
SABLES FLANDRIENS
1,33
-21,00
-29,00
Figure VI.1. Coupe type du quai, d’après Neveu et al. (1994)
Phase 1 :
Une plate-forme a été réalisée à la cote
-4,50 CM, la nappe phréatique étant
rabattue à –8,00 CM. A partir de cette
plate-forme, la paroi moulée (épaisseur
1,33 m) a été coulée. Son pied atteint la
cote –29,00 CM, environ 8 m sous
l’interface entre les sables en place et
l’argile des Flandres sous-jacente. Elle a
été recépée à la cote –5,50 CM.
Phase 2 :
La paroi moulée a été prolongée entre
-5,50 et +7,00 CM par une
superstructure en béton armé coffré. En
même temps, la nappe de tirants
inférieure de diamètre 90 mm et de
longueur 42 m ainsi que le rideau
d’ancrage arrière ont été mis en place.
184
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
Phase 3 :
Les remblais de sable sont réalisés
jusqu’au niveau de la nappe des tirants
supérieurs à la cote +4,00 CM et suivant
une pente de 7 degrés. La nappe des
tirants supérieurs est mise en place
ensuite. Il s’agit de tirants passifs de
diamètre 55 mm, de nuance T45 et
espacés de 2 m. Elle est ancrée au même
rideau de palplanches que la nappe
inférieure.
Phase 4 :
Le terrain est remblayé derrière la paroi
jusqu’à la cote +7,00 CM, tandis que
l’écran est couronné à la cote +9,00 CM
par une poutre longitudinale.
Phase 5 :
Une nouvelle opération de remblaiement
est réalisée jusqu’à la cote +8,70 CM.
Phase 6 :
Le quai est dragué à la cote –10,50 CM
côté bassin.
185
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
Phase 7 :
Le quai est dragué à la cote –13,40 CM
côté bassin.
Phase 8 :
Le rabattement de la nappe est arrêté. La
nappe remonte à la cote –1,60 CM dans
le terrain et –0,60 CM dans le bassin.
Phase 9 :
Le bassin est mis en eau. Le niveau
d’eau est variable dans le bassin (+0,30
à +8,00 CM) et la nappe trouve une
position d’équilibre en arrière de la
paroi (+5,00 CM).
186
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
• des triplets d’extensomètres à corde vibrante mis en place dans la paroi moulée,
sur dix niveaux. Pour chaque niveau, un extensomètre est placé au centre de
gravité de la section de béton armé, tandis que les deux autres sont placés aux
bords de la section ;
• des embases en tête de la paroi permettant la mesure de l’inclinaison de l’ouvrage
à l’aide de nivelles ;
• des plots de visée topographique en tête de paroi ;
• un système de mesure de la butée se développant dans le sol devant l’ouvrage ;
• des piézomètres installés dans le massif de sol en arrière de l’ouvrage.
REMBLAI
Les différents appareils de mesure mis en place ont fait l’objet d’une dizaine de relevés
au cours de la construction de l’ouvrage et à sa mise en service, sur une période
débutant au mois de mars 1989 et se terminant au mois de mars 1991.
VI.2.2. Modélisation numérique
Le modèle numérique a été construit pour permettre de représenter le mieux possible
toutes les phases de la construction, les particularités géométriques et géotechniques
ainsi que les conditions de service du quai en eau profonde de Calais.
VI.2.2.1. Modèle et maillage
Les calculs ont été réalisés en configuration bidimensionnelle pour une hauteur totale
du terrain de 50 m et une longueur totale de 200 m dont 70 m devant et 128,5 m
derrière la paroi.
187
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
Le maillage est constitué de 7481 triangles à six nœuds (T6), 465 quadrilatères à 8
nœuds (Q8) et 488 éléments de relation linéaire (RL) pour une totalité de 8434
éléments et 16553 nœuds. La complexité du phasage des travaux et la diversité des
natures d’opérations nécessite de définir 31 groupes d’éléments, dont 4 groupes sont
introduits pour traiter l’interface entre les tirants et le sol.
VI.2.2.2. Conditions aux limites
Sur les bords latéraux, le déplacement normal est nul et le cisaillement est nul
(condition de type « contact lisse ») tandis que, pour le bord inférieur, les deux
composants du déplacement sont imposées nulles (condition de type « appuis fixes »).
Les conditions aux limites hydrauliques consistent à imposer la charge sur le toit de la
nappe et sur une partie des limites verticales. Elles varient d’un calcul à l’autre selon
que la nappe est rabattue ou remonte lors de la phase de travaux étudiée.
VI.2.2.3. Caractéristiques mécaniques utilisées pour la modélisation numérique
Massif de sols :
Le comportement du sol est modélisé par une loi élastoplastique avec un critère de
Mohr-Coulomb. Les paramètres de résistance en conditions drainées c’, ϕ’ et les poids
volumiques sont tirés du tableau VI.1 récapitulant les résultats des campagnes d’essais.
Concernant les caractéristiques élastiques de l’argile des Flandres, nous nous sommes
basés sur une étude réalisée par Josseaume (1998). Cette étude comporte des essais in
situ et en laboratoire de l’argile présente aux ports de Calais et de Dunkerque. Les
essais réalisés en laboratoire à l’appareil triaxial ont permis à Josseaume (1998) de
proposer pour le module tangent à l’origine E’0 et pour le module sécant à 50 % du
déviateur à la rupture E’50 les valeurs suivantes (ces modules correspondent à une
condition drainée) :
E’0 = 56,5 MPa,
E’50 = 26 MPa.
188
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
En adoptant un module élastique de l’argile égale à E’o = 56,5 MPa, les déplacements
horizontaux de la couche d’argile (au-dessous de la paroi) sont surestimés par rapport
aux mesures, comme l’a montré Luc Delattre (1999) : ceci nous conduit à adopter pour
la couche d’argile des Flandres un module d’élasticité de l’argile égal à E’=120 MPa.
189
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
Les caractéristiques élastiques des sables sont évaluées à partir des résultats d’essais
pressiométriques réalisés sur le site. Cette évaluation fait appel à la corrélation
proposée par Dauvisis et Ménard (1964) entre le module pressiométrique du sol et son
module oedométrique :
EM
E oed = .
α
Cette corrélation est proposée avec une valeur de α égale à 0,3 dans l’étude de Delattre
(1999).
Le module pressiométrique des sables, en place aussi bien qu’en remblai, de l’ordre de
30 MPa, conduit à un module d’élasticité de l’ordre de 75 MPa.
Eléments de structure :
La paroi moulée, le rideau de palplanches ainsi que les tirants sont modélisés par des
éléments de massif dont le comportement est supposé élastique linéaire.
Par contre, la géométrie des rideaux de palplanches n’est pas respectée dans le modèle.
On introduit donc dans le modèle un module équivalent respectant la rigidité de
flexion du rideau réel. On prend E pe I pe = E p I p , où Ep et Epe désignent respectivement le
module d’élasticité des palplanches et le module équivalent, et Ip et Ipe désignent
respectivement l’inertie du rideau réel et l’inertie du rideau modélisé.
Les lits de tirants d’ancrage sont modélisés dans la configuration bidimensionnelle par
deux plaques équivalentes. Chaoui (1992), dans son analyse numérique, a proposé de
calculer les caractéristiques de la plaque équivalente (module élastique Eeq et épaisseur
φeq) en établissant l’égalité des rigidités en traction et en flexion entre l’ancrage réel et
la plaque équivalente. Ces conditions d’égalité permettent d’obtenir explicitement Eeq
et φeq en fonction des caractéristiques des tirants (Etirant et φtirant) :
3 πφ tirant
φ eq = .φ tirant et E eq = E tirant
2 2. 3
190
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
Cependant, Unterreiner (1994) met en cause l’hypothèse d’une égalité entre les
rigidités en flexion pour le cas d’un essai d’arrachement de tirant et propose de prendre
en considération uniquement l’égalité entre les rigidités en traction. En prenant pour la
plaque équivalente une épaisseur φeq égale au diamètre du tirant φtirant, il obtient un
module d’élasticité équivalent :
π.φ tirant
E eq = .E tirant
4e t
où et est l’espacement horizontal entre les tirants. Cette solution a été adoptée dans
notre étude pour calculer les paramètres de la plaque équivalente (pour plus de détails,
on peut se rapporter au chapitre V). Pour faciliter la construction du modèle de
maillage, on utilise une épaisseur de la plaque équivalente φeq égale à 0,1 m ; le
module élastique équivalent de la plaque est donc donné par :
1 π .(φ tirant )
2
E eq = E tirant
φ eq et 4
Conditions hydrauliques :
Une nappe phréatique règne dans le terrain : elle se trouve initialement à environ +4,00
à +5,00 CM (Delattre, 1999). Pendant les travaux et pour la période du début mars
1989 jusqu’en novembre 1989, cette nappe phréatique a été rabattue au niveau -8,00.
À la fin des travaux le rabattement s’est arrêté, la nappe est remontée au niveau -5,00
et ensuite à -1,60 CM pour finalement se stabiliser autour du niveau +5,00 CM.
L’interface sol-tirant est modélisée par une fine couche de matériau de caractéristiques
identiques à celles du sol, mais dont le critère de rupture est « orienté » parallèlement
aux tirants (voir détails dans le chapitre V). La détermination des paramètres des
éléments d’interface se fait donc en utilisant l’hypothèse que la résistance limite de
ceux ci est déterminée uniquement en terme d’adhésion en prenant un angle de
frottement nul (Benhamida, 1998), ce qui nous conduit à opter une adhérence des
éléments d’interface cinterface = qse, où qse est le frottement mobilisable équivalent
calculé par :
π .φ tirant (φtirant désigne le diamètre du tirant et et l’espacement
q se = qs
2et horizontal).
191
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
Note : Par souci de simplicité, dans le calcul numérique, on considère que le remblai
est mis en place en une seule fois jusqu’au niveau prévu en admettant que le sol prend
pleinement les valeurs des caractéristiques mécaniques au moment de l’application du
chargement. En pratique, le remblaiement doit être conduit couche par couche avec un
192
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
8
Distance de la plate-forme (m)
7
Phi 30
6 Repos
Active
5
4
Ka
3
Ko
2
1
Pression horizontale du sol sur la paroi (kPa)
0
-90 -80 -70 -60 -50 -40 -30 -20 -10 0
Figure VI.5. Distribution de la pression du remblai sur la paroi calculée avec ϕ’ = 30 degrés
8
Distance de la plate-forme (m)
7
Phi 20
6 Repos
Active
5
4
Ka
3
Ko
2
1
Pression horizontale du sol sur la paroi (kPa)
0
-90 -80 -70 -60 -50 -40 -30 -20 -10 0
Figure VI.6. Distribution de la pression du remblai sur la paroi calculée avec ϕ’ = 20 degrés
193
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
Il est important de noter que cette solution pour simuler la mise en place du remblai
donne des résultats identiques à celle dans laquelle on applique directement la pression
des terres au repos sur la paroi et sur la base de la plate-forme (figure VI.6). Il est
cependant regrettable que l’on ne dispose pas de données de mesures de cette pression
des terres sur la paroi.
194
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
y
ARGILE DES FLANDRES
x
Figure VI.7. Zone plastique générée dans le massif après la huitième étape de calcul
Dans la suite, on présente les différents résultats des calculs : déplacements de la paroi,
du rideau d’ancrage, moment de flexion dans la paroi, tensions dans les tirants. Les
résultats de calculs sont comparés avec les valeurs mesurées.
Le tableau VI.4 présente une liste des mesures tirées du rapport de Delattre et
Mespoulhe (1999).
VI.2.3.1. Déplacements de la paroi
Le plan d’instrumentation de l’ouvrage comporte quatre inclinomètres installés dans
l’écran de soutènement, deux au droit du rideau d’ancrage et un dernier entre l’écran et
le rideau (figure VI.8).
195
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
Légende :
Correspondance entre le numéro des
inclinomètres et le numéro des panneaux :
Inclinomètre 1 : M85D,
Inclinomètre 2 : M85G,
Inclinomètre 3 : M89D,
Inclinomètre 4 : M89G,
Inclinomètre 5 : M85A,
Inclinomètre 6 : M89A,
Inclinomètre 7 : M89M.
On observe que les déplacements mesurés par les inclinomètres sont relativement
homogènes, exception faite de l’inclinomètre 4, qui donne toujours des déplacements
plus élevés que les autres inclinomètres (Delattre et al., 1999). La confrontation des
résultats de calcul a été faite donc avec une fourchette constituée par les mesures des
trois premiers inclinomètres. Ces mesures ont été jugées plus fiables et confirmées par
des données des suivis topographiques.
Les déplacements de la paroi ont été initialisés à zéro après la deuxième étape de
calcul pour tenir compte de l’initialisation des mesures des inclinomètres dans la paroi
après la phase 2 de travaux, c’est à dire après la réalisation de la plate-forme de travail
au niveau +4,5 CM, le rabattement du niveau de la nappe au niveau –8,00 CM et la
mise en place de la paroi moulée.
Les figures VI.9 et VI.10 comparent les résultats des quatrième et cinquième étapes de
calcul avec les mesures. Ces deux étapes correspondent aux opérations de
remblaiement derrière la paroi jusqu’aux niveaux +4,00 CM et +7,00 CM,
respectivement. On constate une très bonne concordance, surtout pour la quatrième
étape de calcul dans laquelle la paroi travaille comme une poutre retenue au niveau de
la nappe de tirant inférieure. Pour l’étape de calcul 5, le chargement du remblai se
traduit par une augmentation de la poussée latérale du terrain situé sous le niveau
d’ancrage et donc des déplacements de la paroi vers le bassin à ce niveau (z=30m -
figure VI.10). Les déplacements sont fortement diminués au niveau de la nappe de
tirants inférieure (z=41,5m), qui joue bien son rôle d’ancrage de l’écran.
196
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
60
Z(m) Mesure 04/08/89
50
Tir. inf.
40
Bassin
30
20
mes. min.
mes. max.
calcul 4
10
60
Z(m) Mesure 31/08/89
Tir. sup.
50
Tir. inf.
40
Bassin
30
20
mes. min.
mes. max.
calcul 5
10
197
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
60
Z(m) Mesure 25/09/89
Tir. sup.
50
Tir. inf.
40
Bassin
30
20
mes. min.
mes. max.
calcul 6
10
60
Z(m) Mesure 23/11/89
Tir. sup.
50
Tir. inf.
40
mes. min.
30 mes. max.
calcul 7
20
Bassin
10
198
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
60
Z(m) Mesure 08/10/90
Tir. sup.
50
30
20
Bassin
10
60
Z(m) Mesure 14/03/91
Tir. sup.
50
Tir. inf.
40
mes. min.
mes. max.
calcul 10
30
20
Bassin
10
Les figures VI.11 à VI.14 présentent les résultats des calculs pour les phases de
travaux 6, 7, 9 et 10 (en service) respectivement. On voit que les résultats sont bien
encadrés par la fourchette des mesures. Il faut noter aussi que les déplacements sont
légèrement surestimés par le calcul dans la zone située au-dessous de la paroi
(z<25m), c’est à dire dans la couche d’argile des Flandres. Cette différence peut être
due à une sous-estimation des caractéristiques mécaniques de cette couche.
199
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
55
Z(m) calcul 7
mes.23/11/89
50
45 Tir. sup.
Tir. inf.
40
35
30
Bassin
25
55
Z(m) calcul 9
mes.08/10/90
50
45 Tir. sup.
Tir. inf.
40
35
30
Bassin
25
200
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
Les figures VI.15 et VI.16 montrent la comparaison des résultats de calcul avec les
relevés de mesures après les sixième et huitième phases de construction. On constate
une assez bonne concordance dans la forme générale des courbes. Les calculs rendent
compte de manière satisfaisante du fonctionnement de la paroi et de l’ancrage.
VI.2.3.3. Moment de flexion dans le voile en paroi moulée
Pour mesurer les déformations du voile en paroi moulée (la partie inférieure de –29,0 à
–5,5 CM) de la paroi, une autre technique ont été utilisée. Il s’agit des extensomètres à
corde vibrante mis en place à différents niveaux du voile, lors de son bétonnage. Le
dispositif expérimental est décrit en détail dans le rapport de Delattre (1999). Chaque
niveau sur la hauteur du voile comporte trois extensomètres : un extensomètre est
placé à proximité du centre de la section de béton armé, tandis que les deux autres sont
placés respectivement à proximité de la fibre la plus comprimée et de la fibre la plus
tendue.
Au total, ce sont vingt séries de mesures qui ont été faites sur les extensomètres et qui
peuvent être rassemblées en trois ensembles en fonction des sollicitations subies par le
voile.
• Première phase : test de fonctionnement des extensomètres par un chargement
externe appliqué au voile.
• Deuxième phase : entre le 27 avril 1989 et le 27 juin 1989, réalisation de la
superstructure en béton coffré.
• Troisième phase : après le 27 juin 1989, différentes phases de remblai, déblai et
remontée de la nappe, conduisant à des sollicitations complexes dans le voile de
paroi moulée.
Les déformations d’effort normal εN peuvent être considérées comme les valeurs des
mesures effectuées sur les extensomètres intermédiaires, qui sont situés très près du
centre de gravité de la section. Ces déformations peuvent aussi être déduites des
mesures relatives aux extensomètres latéraux à l’aide de l’expression ci-dessus.
201
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
25
Tir. inf.
Distance du pied de la paroi (m)
20
23/11/89
Mesure
Calcul 7
15
10
Bassin
5
25
Tir. inf.
Distance du pied de la paroi (m)
20
08/10/90
Mesure
Calcul 9
15
10
Bassin
5
Les figures VI.17 et VI.18 comparent les résultats de calculs aux mesures,
respectivement après les sixième et neuvième phases de construction (les valeurs
202
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
Les extensomètres du lit inférieur ont été installés et initialisés avant la troisième phase
de travaux, tendis que ceux du lit supérieur ont été installés et initialisés avant la
quatrième phase de travaux. En tout, 13 séries de mesures ont été réalisées entre le 27
juin 1989 et le 15 mars 1991 (Delattre et Mespoulhe, 1999).
Figure VI.19. Exemples d’efforts mesurés dans les tirants de la nappe inférieure, côté paroi
(d’après Delattre et al., 1999)
203
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
450
F(kN) calcul4
400 mesure-max
mesure-min
350
300
250
200
150
100
50
0
Longueur du tirant inferieur (m)
-50
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Figure VI.20. Efforts calculés dans les tirants de la nappe inférieure – confrontation avec les
mesures après la phase 3 de la construction
450
F(kN) calcul5
400 mesure-max
mesure-min
350
300
250
200
150
100
50
0
Longueur du tirant superieur (m)
-50
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Figure VI.21. Efforts calculés dans les tirants de la nappe supérieure – confrontation avec les
mesures après la phase 4 de la construction
204
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
450
F(kN) calcul5
400 mesure-max
mesure-min
350
300
250
200
150
100
50
0
Longueur du tirant inferieur (m)
-50
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Figure VI.22. Efforts calculés dans les tirants de la nappe inférieure – confrontation avec les
mesures après la phase 4 de la construction
500
F(kN) calcul6
mesure-max
mesure-min
400
300
200
100
205
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
500
F(kN) calcul6
mesure-max
mesure-min
400
300
200
100
600
F(kN) calcul7
mesure-val. max.
500 mesure-val. min.
400
300
200
100
206
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
700
calcul7
F(kN) mesure-val. max.
600 mesure-val. min.
500
400
300
200
100
0
Distance a la paroi (m)
-100
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Figure VI.26. Efforts calculés dans les tirants de la nappe inférieure – confrontation avec les
mesures après la phase 6 de la construction
800
F(kN) calcul9
mesure-max
700 mesure-min
600
500
400
300
200
100
Longueur du tirant superieur (m)
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Figure VI.27. Efforts calculés dans les tirants de la nappe supérieure – confrontation avec les
mesures après la phase 9 de la construction
207
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
1400
F(kN) calcul9
mesure-max
1200 mesure-min
1000
800
600
400
200
Les figures VI.20 à VI.28 présentent la distribution des efforts calculés dans les tirants
de la nappe supérieure et inférieure et la confrontation à des résultats de mesure après
les phases de construction 3, 4, 5, 6 et 9. Dans l’ensemble, on constate que les forces
calculées pour les tirants sont surestimées. L’interprétation précise de cette différence
est délicate : elle résulte vraisemblablement de l’approximation consistant à remplacer
les tirants par une plaque équivalente, et il est donc difficile de la corriger dans le
cadre d’une modélisation bidimensionnelle.
On note clairement sur la figure VI.20 que la tension est beaucoup plus forte à la tête
du tirant et moins forte dans la partie d’ancrage.
Une simulation de cette même étape de calcul utilisant un module élastique équivalent
de la couche d’interface (la rigidité équivalente de la couche d’interface plus faible que
celle du sol) donne une distribution beaucoup plus proche des mesures le long du tirant
(figure VI.29). Cette remarque constitue une piste pour améliorer les valeurs calculées
pour les efforts ; mais le choix de la valeur réelle de la rigidité qu’il faut donner à la
couche d’interface n’est pas possible a priori.
208
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
200
F(kN) calcul4
180 mesure-max
mesure-min
160
140
120
100
80
60
40
20
Longueur du tirant inferieur (m)
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Figure VI.29. Efforts calculés dans les tirants de la nappe inférieure – après la phase de
construction 3 avec le module élastique de l’interface équivalent
En dernier lieu, il faut noter que les résultats des mesures, malgré une remarquable
homogénéité dans l’évolution de la tension mesurée (figure VI.19), se limitent à deux
extrémités des tirants, ce qui rend difficile une interprétation complète de l’interaction
sol-tirant. Dans le cas de l’expérimentation du quai d’Osaka, la distribution de la
tension le long du tirant est très complexe (Delattre, 1999).
VI.2.4. Conclusion
Ayant fait l’objet d’une instrumentation complète et soignée, la construction du quai
en eau profonde de Calais offre une occasion de tester les méthodes de calcul
notamment par éléments finis.
Dans l’ensemble, les résultats sont en bon accord avec les mesures, surtout pour les
déplacements de la paroi et de l’ouvrage en général.
Le modèle numérique, en tenant en compte avec soin de tout le phasage des travaux,
permet d’interpréter le comportement de l’ouvrage durant la construction et en service
ainsi que d’expliquer certains mouvements de la paroi.
209
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
travers des étapes successives de calcul l’échange relatif entre les contraintes
effectives et la pression dans le massif autour de la zone de construction ainsi que le
comportement hydromécanique du massif. Cette étude confirme que l’on dispose d’un
outil performant et utilisable pour des études théoriques et, à l’occasion, des études de
cas réels.
Par ailleurs, cette étude numérique confirme l’importance du choix des paramètres
adoptés dans le calcul. Ils doivent être choisis avec beaucoup d’attention à partir des
résultats d’essais en laboratoire et in situ. Néanmoins, nous avons obtenu des résultats
satisfaisants sans procéder à des calages a posteriori des paramètres.
Comme dans le cas du port de Calais, cette modélisation numérique à l’aide du module
couplé CSNL du logiciel CESAR-LCPC tente de tenir compte au mieux des différents
phénomènes en jeu : phasage de construction, mouvement de la nappe, couplage
hydromécanique, interaction sol-tirant. La comparaison des résultats obtenus avec le
comportement observé permet d’évaluer les différents aspects de la modélisation.
210
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
Les conditions de marée peuvent être résumées aux niveaux extrêmes du plan d’eau.
Ces niveaux sont les suivants :
• Plus haute mer observée : +9,20 CM,
• Haute mer de vive eau d’équinoxe : +8,30 CM,
• Haute mer moyenne de morte eau : +6,15 CM,
• Plus basse haute mer de morte eau : +5,85 CM,
• Plus haute basse mer de morte eau : +3,20 CM,
• Basse mer de vive eau d’équinoxe : +0,30 CM.
Les horizons superficiels présents dans le port du Havre sont baignés par deux nappes
séparées par les couches d’argile et de limon. La nappe inférieure règne au sein des
graves de fond. Elle est plus ou moins amortie et légèrement déphasée par rapport à la
marée. En pratique, cette nappe est généralement considérée comme étant corrélée à la
marée. La nappe supérieure est une nappe libre baignant les sables et les remblais.
211
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
Cette nappe peut être caractérisée par son toit, lequel s’établit aux environs de + 6,50
CM à distance du plan d’eau.
VI.3.2. Ouvrage
VI.3.2.1. Description
L’ouvrage est un écran de soutènement de 24 m de hauteur libre, couronné à la cote
+9,50 CM et dragué à la cote –14,50 CM, destiné à l’accueil de navires porte-
conteneur (figure VI.30).
L’écran de soutènement est une paroi moulée dans le sol, d’épaisseur 1,50 m et de 35
m de hauteur totale, couronnée en tête à la cote +9,50 CM par une poutre
longitudinale. Il est ancré à un contre-rideau par l’intermédiaire de deux nappes de
tirants passifs. Le contre-rideau d’ancrage est constitué de palplanches PU25 de
nuance E43 tandis que les tirants d’ancrage sont, pour la nappe supérieure, des barres
en acier de diamètre 75 mm et de nuance T45 et, pour la nappe inférieure, des barres
en acier de diamètre 100 mm et de nuance T45. L’espacement horizontal de ces tirants
est égal à 1,20 m.
Argile de Villerville
Les charges considérées dans le dimensionnement de l’ouvrage sont, d’une part, des
surcharges uniformément réparties sur les terre-pleins (40 kPa entre la voie de grue
arrière et une parallèle au bord du quai située à 3 m en arrière de la magistrale et 60kPa
sur toute la partie située en arrière de la voie de grue arrière) et, d’autre part, la
descente de charge des portiques de transbordement des conteneurs et les efforts
d’amarrage sur quai (42 kN/m).
212
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
213
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
-27,00
214
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
-27,00
+9,50
Phase 9 Les fondations de la voie de
+8,90 +9,00
5,00 grue arrière sont réalisées et
-1,00 les terre-pleins sont
-4,00
-4,50 remblayés jusqu’à la cote
-10,00 +8,90 CM.
Puits de -14,00 Puits de
rabattement rabattemen
-19,00
Couche de sol imperméable
-27,00
+9,50
Phase 10 Les apparaux (voie de grue,
+8,90
5,00 bollards, échelles, défenses
3,40 5,64 d’accostage, etc.) sont mis
-4,50 en place et le quai est
-10,00 dragué. Le niveau d’eau
-14,00
-14,50 cote de draga devant le quai est alors
-19,00 variable avec la marée.
Couche de sol imperméable
-27,00
215
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
Des relevés de mesure ont été effectués pour chacune des principales phases de
construction de l’ouvrage : à l’issue de l’excavation devant le quai (phase 3), de la
réalisation de la poutre de couronnement (phase 4), de l’excavation derrière l’écran
(phase 5), du remblaiement derrière l’écran après pose des tirants (phases 7 à 9), du
dragage devant le quai (phase 10) et de la mise en service de l’ouvrage (phase11).
216
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
Les résultats des mesures, surtout concernant les mesures inclinométriques témoignent
d’un nombre important de défaillances. Par ailleurs, les inclinomètres ne sont, dans
leur ensemble, pas scellés en pied dans une couche qui ne se déforme pas.
L’interprétation en termes de déplacements des relevés inclinométriques n’est alors
pas possible (Delattre, 1999). La réponse des extensomètres installés sur les tirants
s’est avérée satisfaisante, malgré une dégradation sensible et continue avec le temps.
217
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
M>0
M<0
Bassin
F=200kN F=300kN
-3,00 CM
-12,00 CM
M<0 Bassin
218
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
point de vue de ses déformations, on observe nettement les moments sur appuis au
droit des tirants de la nappe inférieure (-5,00 CM) et en partie inférieure de l’écran
(-24,00 CM), tandis que des moments entre appuis se développent au voisinage de
0,00 et entre –9,00 et –18,00 CM. Ces flexions restent toutefois faibles. Cette
faible mobilisation de la structure se retrouve au niveau des tensions dans les
ancrages, qui augmentent à 200 kN/tirant, tant pour les tirants de la nappe
supérieure que pour les tirants de la nappe inférieure. On observe par ailleurs une
modification du profil de tension dans les ancrages, la tension maximale étant
atteinte aux environs de la mi-distance entre la paroi et le rideau d’ancrage.
• Six mois après la mise en service de l’ouvrage (phase 11), on observe simplement
que la mobilisation de la structure a augmenté, sans que sa cinématique soit
modifiée. Ainsi, la flexion en travée a augmenté, tandis que les efforts dans les
tirants ont été portés à 300 kN/tirant et que la déformation latérale du massif de sol
soutenu s’est accentuée, générant un déplacement horizontal supplémentaire de 10
mm à la surface du terre-plein.
VI.3.3. Modélisation numérique
Dans le cas du quai d’Osaka, comme d’ailleurs pour la plupart des ouvrages de
soutènement d’excavation, les terrains sont en partie baignés par des nappes d’eau en
équilibre hydrostatique ou en écoulement. La prise en compte de la nappe nécessite
une analyse couplée complète hydromécanique. Les calculs d’analyse du
comportement de cet ouvrage durant les différentes phases de sa construction ont été
menés à l’aide du module couplé CSNL du logiciel CESAR-LCPC. La complexité des
conditions hydrauliques et géotechniques, du phasage des travaux et des mouvements
des nappes phréatiques rendent le modèle numérique très complexe. Pour représenter
les 10 phases de construction, on a réalisé au total 10 calculs enchaînés.
VI.3.3.1. Modèle et maillage
Les calculs ont été réalisés en configuration bidimensionnelle pour une hauteur totale
du terrain de 46,50 m et une longueur totale de 200 m dont 68,50 m devant et 130 m
derrière la paroi. Le maillage est constitué de 5704 triangles à six nœuds (T6), 529
quadrilatères à 8 nœuds (Q8) et 340 éléments de la relation linéaire (RL) pour une
totalité de 6573 éléments et 13200 nœuds. La complexité du phasage des travaux
(opérations de mouvement de la nappe à l’amont et à l’aval de la paroi, opérations
d’excavation et de remblaiement) a nécessité la constitution du maillage en 32 groupes
d’éléments, dont 4 groupes d’éléments de relations linéaires (famille 9) dont
l’activation se réalise au fur et à mesure des étapes de travaux.
La figure VI.34 présente le schéma du maillage utilisé pour les calculs numériques :
219
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
Les conditions aux limites hydrauliques consistent à imposer la charge sur le toit de la
nappe et sur une partie des limites verticales. Elles varient d’un calcul à l’autre selon
que la nappe est rabattue ou remonte lors de la phase de travaux étudiée.
VI.3.3.3. Caractéristiques mécaniques utilisées pour la modélisation numérique
Massif
Le comportement du sol est modélisé par une loi élastoplastique utilisant un critère de
Mohr-Coulomb. Les paramètres de résistance en conditions drainées c’, ϕ’ et les poids
volumiques sont tirés du tableau VI.5 récapitulant des paramètres mécaniques des sols.
Les caractéristiques élastiques des sables sont évaluées à partir des résultats d’essais
pressiométriques réalisés sur le site. Cette évaluation fait appel à la corrélation
proposée par Dauvisis et Ménard (1964) entre le module pressiométrique du sol et son
module oedométrique :
EM
E oed = .
α
Cette corrélation tient compte d’une valeur de α égale à 0,3 dans l’étude de Delattre
(1999). La relation existant par ailleurs entre le module oedométrique et le module
d’élasticité :
E( 1 − ν )
E oed =
( 1 + ν )( 1 − 2ν )
Le module pressiométrique des sables limoneux, en place aussi bien qu’en remblai, de
l’ordre de 12 MPa, conduit à un module de Young de l’ordre de 30 MPa dans cette
220
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
Eléments de structure
La paroi moulée, les rideaux de palplanche ainsi que les tirants sont modélisés par des
éléments de massif caractérisés par un comportement élastique linéaire.
Dans le modèle, les lits des tirants d’ancrage sont simulés dans la configuration
bidimensionnelle par deux plaques équivalentes comme dans le cas d’étude du quai en
eau profond du port de Calais. Le module élastique de la plaque équivalente en
utilisant une épaisseur φeq = 0,1 m est déterminé par :
1 π .(φ tirant ) 2
E eq = .E tirant
φ eq et 4
Les nappes
Les conditions hydrauliques du site de construction se caractérisent par l’existence de
deux nappes séparées par les couches d’argile et limons. La nappe inférieure est plus
ou moins amortie et légèrement déphasée par rapport à la marée. Dans les calculs,
cette nappe est supposée inchangée et se trouve au niveau de la charge hydraulique
régnante initialement dans le massif. La nappe supérieure est une nappe libre baignant
les sables et les remblais. Cette nappe peut être caractérisée par son toit et est associée
aux opérations de travaux.
221
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
dans laquelle φtirant désigne le diamètre des tirants et et leur espacement horizontal.
Des éléments de relation linéaire (famille 9) ont été utilisés pour maintenir la
continuité de déplacements de part et d’autre de la plaque équivalente. Ils sont activés
dans les septième et huitième étapes de calcul simulant les opérations de remblaiement
derrière la paroi après la mise en place des tirants (septième et huitième phases de
construction).
222
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
223
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
La figure VI.35 présente le développement des zones plastiques dans le massif après la
dixième étape de calcul. On constate une forte concentration des déformations
plastiques derrière la paroi et autour des tirants.
.0001018
.0506739
.0911315
Figure VI.35. Zone plastique générée dans le massif après la dixième étape de calcul
Tableau VI.7. Mesures disponibles pour les différentes phases de travaux – la dernière colonne
indique les étapes de calcul correspondantes
Date de Phases Mesures Remblais-deblais Niveaux nappe Étape
mesure de Inclino. Extens. amont aval amont Aval de
travaux paroi Tir. calcul
15/10/92 1,2 initial +8,00 +8,00 -8,20 -2,40 0,1,2
18/11/92 3 non - +8,00 +1,00 -8,20 -2,40 3
23/12/92 4 non - +8,00 +1,00 -8,20 -2,40 4
- non - -5,50 +1,00 -8,20 -2,40 5
18/03/93 5 oui initial -5,50 +1,00 -6,00 -1,60 6
21/04/93 7 oui oui +5,00 +1,00 -6,00 -1,60 7
- non non +8,90 +1,00 -6,00 -1,60 8
11/06/93 9 oui oui +8,90 +1,00 -4,00 -1,60 9
13/10/93 10 oui oui +9,00 -14,50 +3,40 +4,00 -
28/04/94 service oui oui +9,50 -14,50 +6,00 +6,50 10
224
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
des contraintes effectives est tracée au niveau (-21,00 CM), qui se situe dans la couche
de graviers de fond, au-dessous de la formation d’argile limoneuse. Le modèle
considère que l’effet du rabattement de la nappe n’intervient pas au-dessous de cette
couche. On constate à ce niveau une augmentation des contraintes effectives auprès de
l’interface. En conclusion, dans cette phase de travaux la paroi moulée travaille
comme une poutre, encastrée plus ou moins en partie inférieure et sollicitée le long par
le tassement des couches de sol supérieures (au dessus du niveau –19,0 CM) et donc
enfoncée aux couches de sols inférieures (graves et argile de Villerville).
-70
Contrainte effective verticale(kPa)
Cont. eff.
-80
-90
Limite de la plate-forme
de travaux au +8,0 CM
-100
-110
-120
Paroi
-130
-140
Longueur du modele numerique (m)
-150
0 50 100 150 200
Figure VI.36. Distribution des contraintes effectives sur la coupe horizontale
au niveau +1,00 CM
-220
Contrainte effective verticale(kPa)
Cont. eff.
-225
-230
Paroi
-235
-240
-245
-250
-255
225
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
Après la phase 2, la nappe est rabattue de part et d’autre de la paroi, mais pas au même
niveau. Le massif a donc tassé sous l’effet de la variation de la pression hydraulique.
Ce tassement différentiel de part et d’autre de la paroi ainsi que le différentiel des
pressions d’eau s’appliquant à la paroi conduisent à une déformation de la paroi vers le
côté où le sol est le plus sollicité (côté terrain). Les mesures de déplacements de la
paroi étaient initialisés après le rabattement, les déplacements calculés sont également
mis à zéro après cette étape.
La figure VI.38 présente les déplacements de la paroi calculés pour les phases de
travaux n° 3 et 4. On constate que l’excavation devant la paroi (phase 3) conduit à des
déplacements de la paroi vers la fouille. La paroi travaille en console et fléchit aux
environs du niveau –5,0 CM (z = 32 m dans le modèle). Le déchargement du sol au-
dessous de la zone excavée conduit également à un déplacement de la paroi vers la
fouille au niveau z = 25 m (du modèle). La réalisation du couronnement en béton
coffré (phase 4) sollicite la paroi par un moment de flexion additionnel en tête et donc
conduit à davantage de déplacements vers le bassin (figure VI.38).
226
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
45
Z(m) phase 3
phase 4
40
35
30
25
20
15
Remblai Bassin
10
5
Deplacement horizontal de la paroi (m)
0
-0.018-0.014 -0.01 -0.006-0.002 0.002 0.006 0.01 0.014 0.018
Figure VI.38. Déplacements horizontaux de la paroi après les phases de construction 3 et 4
45
Z(m) phase 5
phase 6
40
35
30
25
20
15
Remblai Bassin
10
5
Deplacement horizontal de la paroi (m)
0
-0.018-0.014 -0.01 -0.006-0.002 0.002 0.006 0.01 0.014 0.018
Figure VI.39. Déplacements horizontaux de la paroi après les phases de construction 5 et 6
227
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
45
Z(m) phase 7
Tir.sup. phase 8
40
35
Tir.inf.
30
25
20
15
Remblai Bassin
10
5
Deplacement horizontal de la paroi (m)
0
-0.018-0.014 -0.01 -0.006-0.002 0.002 0.006 0.01 0.014 0.018
Figure VI.40. Déplacements horizontaux de la paroi après les phases de construction 7 et 8
45
Z(m) phase 9
Tir.sup. phase 10
40
35
Tir.inf.
30
25
20
15
Remblai Bassin
10
5
Deplacement horizontal de la paroi (m)
0
-0.018-0.014-0.01-0.006-0.0020.002 0.006 0.01 0.014 0.018 0.022
Figure VI.41. Déplacements horizontaux de la paroi après les phases de construction 9 et 10
Le remblaiement derrière la paroi jusqu’au niveau +5,00 CM (phase 7), se traduit par
une poussée des terres dans la partie supérieure de la paroi, au-dessus du niveau –5,50
CM (z=31,5m) mais aussi par une poussée latérale dans les couches de sols situées au-
dessous (< -5,50 CM). Cette poussée latérale dépend de l’angle de frottement du
remblai et du coefficient de Poisson les sols sous-jacents et explique l’important
déplacement de la paroi vers le bassin au niveau z=25 m (figure VI.40). Sur cette
228
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
Les extensomètres à cordes vibrantes disposés par paires ou par triplets le long des
tirants permettent de réaliser ces mesures. Les sections instrumentées le long des
tirants sont les sections situées à 1 ; 3 ; 7 ; 13,80 ; 20,60 ; 27,40 ; 34,40 et 41,00 mètres
du point d’attache du tirant à la paroi moulée. Pour chacun des profils instrumentés, ce
sont un tirant de la nappe inférieure et un tirant de la nappe supérieure qui ont été
équipés (figure VI.42).
Figure VI.42. Vue en plan de l’implantation des extensomètres sur les tirants d’après SIMECSOL
229
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
La figure VI.43 présente les efforts normaux dans les tirants de la nappe inférieure
après la septième phase de construction (1ère remblaiement derrière la paroi). La
comparaison avec les mesures montre que le calcul surestime les efforts dans les
tirants, surtout vers le point d’accrochage avec la paroi. Cependant, la distribution des
efforts le long de tirant est bien caractérisée par une valeur maximale vers la paroi
conformément aux observations.
250
T(kN) calcul 7
mesure
200
150
Paroi moulee
100
50
-50
Les figures VI.44 et VI.45 montrent les efforts normaux le long des tirants des nappes
supérieure et inférieure respectivement après la neuvième étape de la construction
(2ème remblaiement derrière la paroi). On constate par rapport aux mesures une légère
sous-estimation des efforts dans les tirants supérieurs et une surestimation dans les
tirants inférieurs.
230
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
200
calcul 8
T(kN) mesure
150
Paroi moulee
100
50
300
T(kN) calcul 8
mesure
250
200
100
50
-50
Distance du rideau d’ancrage (m)
-100
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Figure VI.45. Distribution des efforts dans les tirants inférieurs après la phase 9 de construction
231
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
300
T(kN) calcul 10
mesure
250
Paroi moulee
200
150
100
50
500
T(kN) calcul 10
450 mesure
400
Paroi moulee
350
300
250
200
150
100
50
Distance du rideau d’ancrage (m)
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Figure VI.47. Distribution des efforts dans les tirants inférieurs après la phase 10 de construction
232
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
Enfin, on peut remarquer que, dans le cas où le remblai est réalisé derrière la paroi et
où on excave devant la paroi, l’interaction sol-tirant n’est peut être pas identique. Par
ailleurs, la simulation de chaque phase de remblaiement, par simplification, est réalisée
en une seule fois alors que, dans la réalité, le remblai est mis en place par couches
d’épaisseur limitée. La sollicitation des tirants ne doit donc pas être aussi brutale.
Enfin, la configuration bidimensionnelle conduit, dans la simulation de remblaiement,
à appliquer sur la plaque équivalente la totalité du chargement du poids volumique,
alors que, dans la configuration tridimensionnelle, seule une partie de ce chargement
est appliquée aux tirants. Ceci explique en partie la surestimation de la tension dans les
tirants à l’intersection avec la paroi.
Les figures VI.48 et VI.49 présentent les accroissements des efforts normaux dans les
tirants entre les neuvième et dixième étapes de calcul. Cette partie des efforts
correspond donc au chargement dû à l’excavation devant le quai. On constate un bon
accord entre les mesures et les résultats de calcul.
240
T(kN) calcul 10
mesure
220
200
180
Paroi moulee
160
140
120
100
80
Distance du rideau d’ancrage (m)
60
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Figure VI.48. Accroissement des efforts dans les tirants supérieurs entre les phases 9 et 10 de
construction
233
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
220
T(kN) calcul 10
200 mesure
180
160
Paroi moulee
140
120
100
80
60
40
Distance du rideau d’ancrage (m)
20
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Figure VI.49. Accroissement des efforts dans les tirants inférieurs entre les phases 9 et 10 de
construction
Les résultats montrent que le dragage devant la paroi entraîne une décompression dans
le massif de sol et donc un déplacement vers le bassin. Une comparaison avec les
relevés des inclinomètres montre que les résultats de calcul sous-estiment les
déplacements horizontaux dans le massif de sol.
234
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
45
Z(m) phase 10
mesure
40
35
30
25
20
15
Bassin
10
5
Deplacement horizontal du rido (m)
0
0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025 0.03
Figure VI.50. Déplacement horizontal du massif de sol après la phase de construction n°10
45
Z(m) phase 10
mesure
40 Tir. Sup.
35 Tir. Inf.
30
Rideau
25
20
15
Bassin
10
5
Deplacement horizontal du rido (m)
0
0 0.005 0.01 0.015 0.02 0.025 0.03
Figure VI.51. Déplacement horizontal du rideau d’ancrage après la phase de construction n°10
VI.3.5. Synthèse
La construction du quai d’Osaka du port du Havre est un exemple remarquable au plan
du génie civil, compte tenu de toutes les complexités géométriques, géotechniques et
hydrauliques ainsi que du phasage de la construction. Durant les diverses phases de la
construction, l’ouvrage a été instrumenté et suivi avec soin. Les données recueillies ont
235
Chapitre VI. Modélisation de deux ouvrages portuaires
__________________________________________________________________________________________
permis de faire une description du comportement de l’ouvrage après chaque étape des
travaux ainsi qu’après la mise en service de l’ouvrage.
L’étude numérique décrite dans cette partie de travail, réalisée à l’aide du module de
calcul couplé CSNL du logiciel CESAR-LCPC, a permis de prendre en compte les
différents facteurs considérés comme influençant directement le comportement de
l’ouvrage. Les cinématiques des déplacements de la paroi, résultant des calculs,
approchent relativement bien les cinématiques observées.
VI.4. CONCLUSIONS
Ayant fait l’objet d’une instrumentation complète et soignée, la construction du quai
en eau profonde de Calais et celle du quai Osaka du port du Havre offrent l’occasion
de tester les méthodes de calcul, notamment par éléments finis. Ces ouvrages, par leur
taille et les chargements qu’ils reçoivent, sont des ouvrages importants sur le plan du
génie civil. De plus, les différentes phases de construction de ces ouvrages associent
des opérations de déblai, de remblai derrière la paroi, de dragage devant la paroi et
alternativement des mouvements temporaires de la nappe phréatique, et constituent
autant d’étapes intéressantes du point de vue de l’interaction sol-structure.
Dans l’ensemble, les résultats des calculs sont en bon accord avec les mesures, surtout
pour les déplacements de la paroi et de l’ouvrage en général dans le cas du port de
Calais. Les modèles numériques, malgré certaines simplifications, permettent de
reproduire le comportement global des ouvrages.
236
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
Chapitre VII
VII.1. INTRODUCTION
La trémie Pasteur est un ouvrage souterrain d’une longueur totale d’environ 320 m,
donc 158 m en tranchée couverte dans la zone centrale et 165 m en tranchée ouverte
aux deux extrémités. L’ouvrage présente un comportement tridimensionnel aussi bien
dans la phase de construction, durant laquelle différents éléments de structure se
mobilisent au fur et à mesure de l’avancement des travaux, qu’en service.
L’expérimentation réalisée pendant la construction de la « Trémie Pasteur » a permis
d’approfondir les connaissances sur le comportement de l’ouvrage et son
environnement et de valider les capteurs de pression totale qui ont été mis en œuvre
(Duca, 2001). Elle fournit aussi une occasion de valider des modèles de calcul pour ce
type d’ouvrage. On se propose ici de réaliser une modélisation numérique
tridimensionnelle pour simuler les phases de construction, discuter les effets
tridimensionnels sur le comportement de l’ouvrage, l’influence de la dalle de
couverture et de la méthode de réalisation.
237
Chapitre VII. Modélisation tridimensionnelle de la Trémie Pasteur
__________________________________________________________________________________________
238
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
Dans la partie couverte, la chaussée est quasiment horizontale. Dans la partie ouverte,
elle suit la pente longitudinale imposée à l’artère routière (3,8% maximum), qui
détermine la variation de la hauteur libre de la paroi et de la profondeur de son point
d’appui (au niveau du radier).
Pendant l’excavation du sol entre les parois et jusqu’à la mise en service du radier, les
parois sont soutenues provisoirement par des butons fixés entre les panneaux situés en
vis-à-vis. Les butons sont des tubes en acier à section circulaire (diamètre extérieur de
410 mm et diamètre intérieur de 387 mm).
Butons D = 0.41
1,00
1 - 1,50
Pré-excavation
10,74 m
239
Chapitre VII. Modélisation tridimensionnelle de la Trémie Pasteur
__________________________________________________________________________________________
En pratique, les butons ont été mis en place au fur et à mesure de l’avancement de la
pré-excavation réalisée par passes d’environ 3 mètres de longueur. Le phasage du
processus de pré-excavation alterne dans la direction horizontale le long de la paroi
dans le but de limiter la zone excavée avant la mise en place des butons à une longueur
de trois panneaux. Après la mise en place des butons instrumentés, l’excavation se
poursuit le long de l’ouvrage en se limitant toujours à une longueur de trois panneaux.
VII.2.2. Plan d’instrumentation
L’essentiel de l’équipement de mesure est installé dans le panneau sud S81. D’autres
équipements ont été aussi placés dans les panneaux S80, S82, N80, N81, N82. Les
mesures réalisées sont les suivantes :
• un suivi des pressions appliquées par le sol sur la paroi (panneau S81) ;
• un suivi inclinométrique du déplacement de la paroi en fonction de la
profondeur (panneaux S81, S82, N81, N82) ;
• un suivi des déformations longitudinales des butons (au niveau des panneaux
80, 81, 82) ;
• des mesures de convergence entre les panneaux de la paroi moulée en vis-à-vis
(panneaux 80, 81, 82) ;
• un suivi des déplacements dans le massif derrière la paroi.
VII.2.3. Conditions géotechniques et hydrologiques du site
L’ouvrage est installé dans une zone alluvionnaire de la Seine. Une étude
géotechnique préliminaire, basée sur une campagne d’investigations réalisée le long du
tracé, a permis d’identifier la structure lithologique du site au-dessous de la chaussée
existante :
• remblais sableux et limoneux comportant des débris divers (environ 1,9 m
d’épaisseur).
• argile limoneuse, grise, organique et tourbeuse (environ 5 m d’épaisseur) ;
• limons argileux et sableux présentant une épaisseur d’environ 6,1 m ;
• graves sablo-limoneuses d’une épaisseur de 2,2 m ;
• substratum de marnes sableuses grises à blanches calcaires, à partir de la
profondeur d’environ 15,80 m ;
240
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
Le maillage pour le calcul contient 4080 éléments dont 2008 hexaèdres à 20 nœuds,
2056 pentaèdres à 15 nœuds et 16 éléments de poutres pour une totalité de 15483
nœuds (figure VII.3). Treize groupes d’éléments sont nécessaires pour prendre en
compte la complexité des conditions géotechniques, de la géométrie et du phasage de
la construction.
241
Chapitre VII. Modélisation tridimensionnelle de la Trémie Pasteur
__________________________________________________________________________________________
La paroi moulée, le radier et la dalle de couverture ont été représentés par des éléments
de massif, tandis que les butons ont été modélisés par des éléments de poutre à deux
nœuds. D’après le plan de construction de l’ouvrage (Duca, 2001), on a considéré la
ligne des butons comme parallèle à la fondation du radier à une distance d’environ
3,50 mètres.
z
x y
première excavation
deuxième excavation
Sur les bords latéraux du modèle, le déplacement normal est nul et le cisaillement est
nul (condition de type « contact lisse ») tandis que, pour le bord inférieur, les deux
composantes du déplacement sont imposées nulles (condition de type
« encastrement »).
VII.3.2. Caractéristiques mécaniques utilisées dans les calculs
242
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
Les caractéristiques élastiques des couches de sols sont évaluées à partir des résultats
d’essais pressiométriques réalisés sur le site. Cette évaluation fait appel à la corrélation
entre le module pressiométrique EM du sol et son module d’Young E : E= EM .
α
243
Chapitre VII. Modélisation tridimensionnelle de la Trémie Pasteur
__________________________________________________________________________________________
caractéristiques mécaniques adoptées pour les éléments de poutres simulant les butons
sont celles figurant dans le tableau VII.3 :
La réalisation complète de l’ouvrage est donc simulée par une série de six étapes de
calcul successives :
• On réalise d’abord une initialisation de l’état de contraintes dans le massif (on
suppose que la mise en place de la paroi moulée ne perturbe pas l’état de
contraintes).
• La première étape de calcul simule la mise en place de la dalle de béton armé
dans la zone couverte. Cette mise en place se réalise avant l’excavation du sol
devant la paroi.
• La deuxième et la troisième étapes simulent la phase de pré-excavation et la
mise en place des butons. Cette phase de travaux est simulée à l’aide de l’option
LAM calculant des forces de déconfinement à appliquer sur le contour de
l’excavation. Le phasage de la pré-excavation a été pris en compte simplement
en utilisant un taux de déconfinement λ = 0,5 dans la troisième étape de calcul
(sans les butons), et un coefficient 1 - λ = 0,5 dans la quatrième étape de calcul
(avec les butons).
• La quatrième étape simule l’excavation devant la paroi jusqu’à la cote de la
fondation du radier. Elle est marquée par la présence des butons entre les deux
parois.
• La cinquième étape modélise la mise en place du radier en béton en activant le
poids volumique de ce groupe d’éléments.
• Et enfin, la sixième étape simule la dépose des butons en appliquant sur la
paroi, au niveau des butons, les forces nodales (option SOL) correspondant aux
valeurs des forces dans les butons.
244
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
La figure VII.4 présente le développement des zones plastiques dans le massif après la
sixième étape de calcul (dépose des butons). On constate que la zone plastifiée se
concentre dans le sol devant la paroi (au niveau du fond de fouille), avec un
déplacement important du fond d’excavation.
Les résultats montrent que la déformation plastique maximale atteint une valeur de
l’ordre de 4,5 % au niveau de la fondation du radier (fond d’excavation) à l’intérieur
des parois (figure VII.4).
Zones plastiques
x y
Figure VII.4. Zones plastiques dans le massif de sol après l’excavation jusqu’à la fondation
245
Chapitre VII. Modélisation tridimensionnelle de la Trémie Pasteur
__________________________________________________________________________________________
Tympan Ouest
x y
Sur la figure VII.6, on montre les déformations de la paroi après la quatrième étape de
calcul, c’est à dire après l’excavation jusqu’à la fondation du radier. On constate que la
paroi travaille comme une console ancrée en pied dans la couche de marne sableuse et
appuyée sur les butons dans la partie libre. L’effet des butons réduit fortement les
déplacements à la tête de la paroi. La variation des déplacements de la tête de la paroi
le long de l’ouvrage devient moins importante.
x y
246
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
x y
Figure VII.7. Déformations de l’ensemble de l’ouvrage dues à la dépose des butons
Dans le modèle de calcul, pour simplifier, les butons ont été simulés par des éléments
de poutre à deux nœuds, en adoptant une rigidité équivalente déduite de la raideur
constatée expérimentalement.
La figure VII.8 présente les résultats des efforts dans les butons (numérotés de 1 à 16
le long de la paroi) après les troisième, quatrième et cinquième étapes de calcul. On
constate une variation assez importante (50% pour étape 3 et 180% pour étape 4) des
efforts dans les butons le long de l’ouvrage. Dans la zone ouverte, moins l’excavation
est profonde, moins les efforts dans les butons sont importants. Dans la zone couverte,
le chargement sur la paroi est en partie supporté par la dalle de couverture. Les
déplacements de la paroi sont donc moins importants et les efforts dans les butons
proches de cette zone sont aussi moins importants.
247
Chapitre VII. Modélisation tridimensionnelle de la Trémie Pasteur
__________________________________________________________________________________________
0
F(kN) etape 3
-50 etape 4
etape 5
-100
-150
-200
zone ouverte
-250
Typan Ouest
-300
-350
-400
-450
Numerotation des butons
-500
0 2 4 6 8 10 12 14 16
Figure VII.8. Efforts dans les butons après
les étapes de calcul 3, 4 et 5
Après la troisième étape de calcul, les efforts dans les butons des panneaux 80, 81, 82
(n° 10, 9 et 8 respectivement dans la figure VII.8) sont respectivement de 78,57 kN ;
80,86 kN et 80,04 kN. Ces résultats semblent sous-estimés par rapport aux mesures.
Ceci peut mettre en cause la simulation de la mise en place des butons, et notamment
la valeur du taux de déconfinement adoptée. Cependant, il est important de noter la
qualité inégale des mesures. On constate un facteur de 10 dans les différentes mesures
du buton numéro 80 et un facteur de 3 entre les butons numéro 81 et numéro 80. Des
efforts de traction ont aussi été mesurés dans le buton 80.
Après la quatrième étape de calcul, les efforts calculés présentent toujours une forte
variation le long de l’ouvrage. On constate que l’excavation jusqu’à la fondation du
radier provoque une augmentation importante des efforts dans les butons dans la zone
ouverte. La variation est beaucoup moins importante dans la zone couverte à cause de
la dalle de couverture.
Après la cinquième étape, la mise en place du radier augmente encore sensiblement les
efforts dans les butons. En fait, la mise en place du radier se traduit par l’application
d’une pression sur le fond de l’excavation. Les parois pivotent en partie supérieure, ce
qui augmente le chargement sur les butons.
248
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
1
calcul 3D
mes. ct
mes. lt
0.8
chargement
0.6
0.4
0.2
0.0035
etape 2
etape 3
0.003
Deplacement horizontal Ux(m)
0.0025
Typan Ouest
0.002
0.0015
zone ouverte
0.001
0.0005
0
Distance de l’extremite du modele (m)
-0.0005
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Figure VII.10. Déplacements horizontaux en tête, le long de la paroi après les étapes de calcul 2, 3
249
Chapitre VII. Modélisation tridimensionnelle de la Trémie Pasteur
__________________________________________________________________________________________
0.012
etape 4
etape 5
etape 6
Typan Ouest
0.008
0.006
0.004
zone ouverte
0.002
250
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
• Enfin, la sixième étape simule la dépose des butons en appliquant sur la paroi,
au niveau des butons, les forces nodales (option SOL) correspondant aux
valeurs des forces dans les butons.
Sur les figures VII.12 et VII.13, les déplacements de la tête de la paroi sont tracés le
long de l’ouvrage. Contrairement aux calculs précédents, les déplacements
horizontaux de la paroi avant la dépose des butons ne sont pas influencés par la mise
en place de la dalle de couverture. On constate donc, après les quatre premières étapes
de travaux (terrassement jusqu’à la fondation du radier), que les déplacements varient
fortement le long de l’ouvrage selon la profondeur d’excavation.
La sixième étape de calcul (dépose des butons) est marquée par une redistribution des
déplacements de la tête de la paroi. Dans la zone de la dalle de couverture, les
déplacements sont très faibles. Dans la zone ouverte, les parois continuent à se
déplacer vers la fouille.
0.005
etape 1
etape 2
Deplacement horizontal Ux(m)
0.0045
zone ouverte
0.004
0.0035
0.003
Typan Ouest
0.0025
0.002
251
Chapitre VII. Modélisation tridimensionnelle de la Trémie Pasteur
__________________________________________________________________________________________
0.012
etape 3
etape 4
0.011 etape 6
0.009
0.008
zone ouverte
Typan Ouest
0.007
0.006
0.005
Distance de l’extremite du modele (m)
0.004
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
Figure VII.13. Déplacement horizontal de la tête, le long de la paroi après les étapes de calcul 3, 4
et 6 (la dalle est mise en place après)
Cependant, les efforts dans les butons ne sont plus les mêmes dans les deux
modélisations. Le buton le plus sollicité dans la deuxième modélisation se trouve
évidemment à l’extrême droite du modèle (y = 50 m – figure VII.14). Dans la dernière
étape de calcul (dépose des butons), ce changement des efforts dans les butons modifie
les efforts appliqués sur la paroi. On constate donc dans la deuxième modélisation que
le déplacement maximal de la paroi se trouve plus à droite, conformément à la
distribution des efforts dans les butons (figure VII.15).
252
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
0
F(kN) etape 2
-50 etape 3
etape 4
-100
-150
Typan Ouest
-200
zone ouverte
-250
-300
-350
-400
-450
-500
Numerotation des butons
-550
0 2 4 6 8 10 12 14 16
Figure VII.14. Efforts dans les butons après l’étape de calcul 2, 3 et 4 dans le cas où la dalle est
mise en place après l’excavation
0.012
dal. avant
dal. apres
Deplacement horizontal Ux(m)
0.01
0.008
Apres la depose des butons
Typan Ouest
0.006
0.004
zone ouverte
0.002
253
Chapitre VII. Modélisation tridimensionnelle de la Trémie Pasteur
__________________________________________________________________________________________
Sur les bords latéraux du modèle, le déplacement normal est nul et le cisaillement est
nul (condition de type « contact lisse ») tandis que, pour le bord inférieur, les deux
composantes du déplacement sont imposées nulles (condition de type « appuis
fixes »).
VII.5.2. Caractéristiques mécaniques utilisées dans les calculs
Le comportement du sol est modélisé par une loi élastoplastique avec un critère de
Mohr-Coulomb. Les caractéristiques mécaniques et physiques des couches de sols
ainsi de la paroi et du radier sont les mêmes que dans les calculs tridimensionnels (Ces
paramètres sont présentés dans le tableau VII.2 ci-dessus).
Le seul paramètre changé est le module d’élasticité des butons. Dans la configuration
bidimensionnelle, l’espacement des butons a été pris en compte en calculant le module
élastique équivalent par la formule E2D = E3D/e, dans laquelle, e est l’espacement entre
les butons. Cet espacement est pris égal à 3,10 m.
VII.5.3. Phasage de construction
Les calculs bidimensionnels ont été réalisés en six étapes. Dans ces calculs la dalle de
couverture n’a pas été prise en compte :
• La première étape est une initialisation de l’état de contraintes dans le massif.
254
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
La figure VII.17 présente le développement des zones plastiques dans le sol autour de
la paroi. On retrouve une concentration de la zone plastique au fond de l’excavation
devant la paroi.
y
x
Figure VII.17. Zones plastiques dans le massif du sol après la sixième étape de calcul
Les figures VII.18 et VII.19 présentent respectivement les résultats des calculs
tridimensionnel et bidimensionnel des déformations de la paroi. On constate que, pour
les mêmes conditions géométriques et géotechniques, les calculs bidimensionnels
surestiment les déplacements par rapport aux calculs tridimensionnels. Un écart de
l’ordre de 25 % pour les deux premières étapes de calcul et de l’ordre de 12,50 % pour
les étapes de calcul 3 et 4 ont été observés. Pour la dernière étape de calcul, l’absence
de la dalle de couverture dans les calculs bidimensionnels conduit à une surestimation
255
Chapitre VII. Modélisation tridimensionnelle de la Trémie Pasteur
__________________________________________________________________________________________
25
calcul 2
Z(m) calcul 3
calcul 4
calcul 5
20 Butons calcul 6
Paroi
15
10
25
cal. 2D 1
Z(m) cal. 2D 2
cal. 2D 3
cal. 2D 4
20 Butons cal. 2D 5
Paroi
15
10
256
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
Les figures VII.20 à VII.23 comparent les déplacements de la paroi résultant des
calculs tridimensionnels et les valeurs mesurées au point d’instrumentation (panneau
82). On constate une très bonne concordance. La légère sous-estimation observée
après l’étape de calcul 4 peut éventuellement être attribuée à l’application forfaitaire
des forces de déconfinement dans la première phase de pré-excavation jusqu’au niveau
des butons (λ = 0,5 avant et après la mise en place des butons) dans la simulation
numérique.
257
Chapitre VII. Modélisation tridimensionnelle de la Trémie Pasteur
__________________________________________________________________________________________
25
calcul 1
Z(m) calcul 2
mesure 1
20 Butons
Paroi
15
10
25
calcul 4
Z(m) mesure 2
20 Butons
Paroi
15
10
258
Partie III. Modélisation numérique d’ouvrages réels instrumentés
__________________________________________________________________________________________
25
calcul 5
Z(m) mesure 4
20 Butons
Paroi
15
10
25
calcul 6
Z(m) mesure 6
20
Paroi
15
10
VII.7. CONCLUSION
L’instrumentation réalisée pendant la construction de la « Trémie Pasteur » a fourni
une occasion de valider des modèles de calcul pour ce type d’ouvrage. On a réalisé une
259
Chapitre VII. Modélisation tridimensionnelle de la Trémie Pasteur
__________________________________________________________________________________________
La prise en compte de la dalle de couverture a une grande influence sur les efforts dans
les butons ainsi que sur les déformations de la paroi le long de l’ouvrage. Une
confrontation de deux procédures de construction où la dalle de couverture est mise en
place avant et après les excavations montre l’importance de la prise en compte de la
dalle de couverture sur le comportement de l’ouvrage. De plus, une confrontation avec
les résultats des calculs bidimensionnels (mêmes conditions géométriques et
géotechniques) met en évidence l’influence des effets tridimensionnels sur les résultats
des calculs numériques de ce type d’ouvrages.
260
Conclusion générale
__________________________________________________________________________________________
CONCLUSION GENERALE
Pour ce qui concerne les soutènements d'excavation, il est clair que la première
condition pour réaliser une simulation réaliste est, comme pour tout autre ouvrage de
géotechnique, de bien connaître les conditions géotechniques, et si l'on veut obtenir
des informations quantitatives ou semi-quantitatives, de disposer de reconnaissances
approfondies. On s'attend également à ce que la façon dont les travaux sont exécutés
ait une influence importante sur les déplacements induits, comme l'illustre par exemple
l'étude d'une fouille circulaire proposée par Marten et al. (2003). Par ailleurs, les
travaux de Delattre (1999) avaient montré qu'il est également nécessaire de rendre
compte, d'une part, des effets des variations de la nappe au cours des travaux, et plus
généralement du rôle de l'eau, et, d'autre part, de l'influence des tirants d'ancrage sur le
comportement d'un soutènement.
Dans la première partie, on s'est intéressé aux phénomènes de consolidation dans les
sols élastoplastiques. La formulation des problèmes est relativement classique, mais,
en pratique, la résolution de problèmes complètement couplés demeure relativement
peu courante, et, à ce titre, continue à paraître délicate. La principale caractéristique
d'un problème couplé réside dans le fait que la solution dépend du temps, et que les
déplacements ne peuvent pas, dans le cas général, se calculer indépendamment du
champ des pressions interstitielles. Dans certains cas particuliers favorables, on peut
envisager de se ramener à une résolution découplée, mais la procédure proposée,
valide en élasticité à long terme comme à court terme, ne l'est plus dans le cas, le plus
courant en géotechnique, où des déformations plastiques peuvent se produire dans le
261
Modélisation numérique des soutènements d’excavation
__________________________________________________________________________________________
sol : dans ce cas, on risque de sous-estimer les déformations plastiques qui peuvent se
produire à court terme (en conditions non drainées), ce qui entraîne une erreur que l'on
ne peut pas corriger dans la suite du calcul.
Pour autant, une approche découplée présente l'avantage d'être extrêmement simple à
mettre en œuvre, et nous avons montré qu'elle permet d'aborder, si l'on se contente
d'un calcul élastique en première analyse, des phénomènes complexes, comme la
redistribution des contraintes sur le revêtement d'un tunnel lors d'une réparation
partielle.
262
Conclusion générale
__________________________________________________________________________________________
Dans l'ensemble, les résultats de calcul sont en bon accord avec les mesures, surtout
pour les déplacements de la paroi et la cinématique de l'ouvrage, en particulier dans le
cas du port de Calais. Les modèles numériques, malgré certaines simplifications,
permettent de reproduire globalement le comportement des ouvrages. Ces études
confirment que le module CSNL de CESAR-LCPC constitue un outil performant et
utilisable pour des études théoriques, et, à l'occasion, pour des études de cas réels.
Par ailleurs, ces études numériques confirment l'importance du choix des paramètres
adoptés dans le calcul. Ils doivent être choisis avec beaucoup d'attention à partir des
résultats d'essais en laboratoire et in situ. Néanmoins, nous avons obtenu des résultats
satisfaisants sans procéder à des calages a posteriori des paramètres.
263
Modélisation numérique des soutènements d’excavation
__________________________________________________________________________________________
Par ailleurs, la discussion a fait apparaître deux problèmes qui ne faisaient pas partie
des objectifs de ce travail proprement dit : d'une part, l'analyse des mesures effectuées
sur la trémie Pasteur confirme que le fonctionnement des butons est extrêmement
complexe, bien que la géométrie de la fouille et la disposition des butons soient
relativement simples. Cette question constitue un point important pour faire progresser
les simulations numériques dans le futur.
264
Bibliographie
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Bibliographie
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270
ANNEXES
271
_____________________
Annexes
Chapitre III. Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
Annexe III.1
• MEXE
indicateur d’impression
MEXE = 0 : impression du nombre de pas de temps
= 1 : impression
- du pas de temps
- des fonctions portant sur le paramètre (si l’option LIM est
utilisée)
- des fonctions de chargement (si l’option CFT est utilisée)
= 2 : impression de la solution à chaque pas de temps
• NITER TOL
NITER nombre d’itérations maximal par pas de temps
TOL tolérance relative sur la convergence
• NPAS1
nombre des pas de temps sur lequel on étudie le problème plus 1 ( pas de temps
initial)
•t0
∆t (I) avec i = 1 à (NPAS1 - 1)
t0 origine du temps
∆t (I) série des valeurs des pas de temps successifs
273
_____________________
Annexes
Annexe III.1. Constitution du jeu de données du CSNL
__________________________________________________________________________________________
Options
1/ Option « INP »
INP
PRESS0
NG
(KNUM(I), I = 1, NG)
(KNUM(I), PRESSB(I), PRESSH(I), YMIN(I), YMAX(I), I = 1, NG)
Avec :
PRESS0 pression de référence (imposée par défaut dans tous les groupes)
NG nombre de groupes où l’on souhaite redéfinir la pression
KNUM(I) définition des numéros de ces groupes
PRESSB(I) pression à la base du groupe
PRESSH(I) pression à la surface du groupe
YMIN(I) coordonnée verticale de la base du groupe
YMAX(I) coordonnée verticale de la surface du groupe
274
_____________________
Annexes
Chapitre III. Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
2/ Option “ INH ”
Cette option est omise si les charges hydrauliques nodales initiales sont nulles en tout
nœud à l’instant initial t0.
INH
0
NNT valeurs numériques de H
INH
1
valeur de la charge
INH
2
nom du fichier
INH
3
HNAP : cote de la nappe
INH
4
HNAP1 (cote de la nappe basse) HNAP2 (cote de la nappe haute)
HMIP1 (HMIP1 = HNAP1)
3/ Option “ INU ”
Cette option est omise si les déplacements nodaux initiaux sont nuls en tout nœud à
l’instant initial t0.
275
_____________________
Annexes
Annexe III.1. Constitution du jeu de données du CSNL
__________________________________________________________________________________________
INU
0
NNT × NDIM valeurs numériques de U(I) (tableau des déplacements initiaux)
INU
1
NOMFU
INU
2
UI VI
4/ Option « INI »
Les données de l’option « INI » sont les suivantes :
NOMF : nom du fichier sur lequel sont lues les valeurs initiales des paramètres.
INI
nom du fichier
5/ Option « NDP »
Le mot-clé « NDP » permet d’annuler les déplacements au temps t0 lors d’une reprise.
Si le fichier de données contient les mots-clé « INI » ou « INU », le mot-clé « NDP »
doit être placé après ces deux derniers dans le fichier.
NDP
6/ Option « LIM »
Cette option est omise quand les conditions aux limites restent les mêmes pendant tout
le calcul.
276
_____________________
Annexes
Chapitre III. Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
KCOND : tableau d’indicateurs spécifiant si, au pas de temps j, les conditions aux
limites déclarées sous le i-ème mot-clé « COND » sont supprimées ou non.
VCOND (j+1) : multiplicateur au pas de temps j des conditions aux limites déclarées
sous le mot-clé « COND »
LIM
7/ Option « CFT »
Cette option est omise si le jeu de données ne comporte pas de chargement. Sinon,
pour chacun des chargements “ i ” introduits à l’aide du module CHAR, on va lire une
fonction du temps fi(t), telle que le chargement global à l’instant “ t ” soit défini par :
NCHAR
Chargement (t )= ∑ chargement(i)• f (t )
i =1
i
Par exemple :
NCHAR = 2 et NPAS1 =4
CFT
f1(t0), f1(t1), f1(t2), f1(t3)
f2(t0), f2(t1), f2(t2), f2(t3)
Exemple :
Si l’on veut réaliser deux calculs successifs, le premier simulant l’excavation partielle
d’un tunnel (de 0 % à 30 %) et le deuxième simulant la poursuite de l’excavation, c’est
277
_____________________
Annexes
Annexe III.1. Constitution du jeu de données du CSNL
__________________________________________________________________________________________
CHAR
LAM
CFT
0 0.1 0.2 0.3
CHAR
LAM
CHAR
POI (pour la mise en place du revêtement)
CFT
0.3 0.7 0.8 1.
0. 1. 1. 1.
Ces options permettent de stocker sur fichiers les résultats de calcul du dernier pas de
temps en vue de l’initialisation d’autres calculs avec le module « CSNL » (reprise).
Selon le mot-clé mis dans le fichier de données STK ou STH ou STU, on stocke
respectivement les résultats de façon globale, en termes de charges hydrauliques ou de
déplacements,
STK
NOMF
STH
NOMFH
STU
NOMFU
9/ Option SRE
Cette option permet de spécifier les pas de temps pour lesquels on souhaite stocker les
résultats de calcul en vue de leur exploitation graphique et le niveau de stockage
désiré.
278
_____________________
Annexes
Chapitre III. Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
Selon l’indicateur ISRC, sont stockées les valeurs nodales de l’inconnue principale et
éventuellement les résultats complémentaires aux pas de temps spécifiés dans le
tableau KSRE.
SRE
NPAS1 valeurs 0 ou 1 (KSRE)
une valeur 0 ou 1 (ISRC)
279
_____________________
Annexes
Chapitre III. Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
Annexe III.2
Exemple de calcul couplé phasé en conditions
unidimensionnelles
Cette annexe présente un exemple simple de calcul couplé phasé qui permet de vérifier
partiellement le fonctionnement du module CSNL.
Deux phasages des travaux sont étudiées dans la suite. Dans le premier, on suppose
que les travaux d’excavation sont réalisés en quatre étapes :
281
_____________________
Annexes
Annexe III.2. Exemple de calcul couplé phasé en conditions unidimensionnelles
__________________________________________________________________________________________
Dans le deuxième cas, le phasage d’excavation a été légèrement modifié. Les deux
premières étapes sont identiques à l’exemple présenté ci-dessus. La troisième étape
consiste à laisser remonter la nappe du niveau z=8m au niveau z=10m. Enfin, dans la
dernière étape, la couche de sol est excavée sous la nappe au niveau final z=6m
(figure 2).
1. SOLUTION ANALYTIQUE
282
_____________________
Annexes
Chapitre III. Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
Dans ce cas, la solution analytique est facile à obtenir (voir modélisation des
mouvements de la nappe phréatique avec le module MCNL – paragraphe II.1.1) et on
a pour les contraintes totales verticales :
δσz = γw n(D – z) H<z<D
δσz = γw n(D – H) 0<z<H
1
ξ = − (1 − n)γ w z( D − H ) 0<z<H
λ o + 2µ
1.2. Excavation
La couche de sol est ensuite excavée jusqu’au niveau z = D, ce qui cause une variation
de contrainte totale verticale dans le massif égale à :
δσz = γs (1-n)(H – D)
283
_____________________
Annexes
Annexe III.2. Exemple de calcul couplé phasé en conditions unidimensionnelles
__________________________________________________________________________________________
À court terme, aucun échange de fluide n’a lieu, la surpression interstitielle est
exprimée par :
δp = Kw/n trε
Dans cette formule, λ désigne le coefficient de Lamé « non drainé », qui est calculé à
partir de coefficient de Lamé « drainé » λo. Pour le problème unidimensionnel, cela
devient :
δσz = (λ + 2µ)ε
λo
δσ x ' = (1 − n)γ s ( H − D)
λ + 2µ
284
_____________________
Annexes
Chapitre III. Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
δp = γw z pour D<z<H
δp = γw (H – D) pour 0<z<D
Le déplacement vertical dans le massif est donc nul. Il n’y a pas de mouvement de sol
à la surface.
ξ =0 0<z<H
2. APPLICATION NUMERIQUE
Pour le calcul, on a adopté les caractéristiques données dans le tableau 1, les valeurs
γ=20kN/m3 et γw=10 kN/m3 pour le poids volumique du sol et de l’eau respectivement,
et les valeurs suivantes pour les paramètres géométriques : H =10m ; D1=8m, D2=6m.
Le coefficient de pression des terres au repos est pris égal à Ko=0,5.
Les tableaux 2 et 3 présentent les résultats analytiques et les comparent avec des
calculs numériques exécutés avec le module CSNL (modifié).
285
_____________________
Annexes
Annexe III.2. Exemple de calcul couplé phasé en conditions unidimensionnelles
__________________________________________________________________________________________
Tableau 2 : Comparaison des résultats numériques avec CSNL, premier cas d’étude unidimensionnel (étapes 1, 2ct, 2lt)
Étape 1 Étape 2 – court terme Étape 2 - long terme
Paramètres Analytique CSNL Analytique CSNL Analytique CSNL
Contraintes totales (kPa) σz -194,000 -193,998 -160,000 -159,652 -160,000 -159,999
σx -136,000 -135,999 -102,258 -101,737 -121,429 -121,428
Contraintes effectives (kPa) σ’z -114,000 -114,005 -113,548 -113,852 -80,000 -80,001
σ’x -56,000 -56,002 -55,807 -55,937 -41,429 -41,429
Déformation verticale ε -0,000104 3,354E-06 0,000253
Déplacements (m) à z = 8m ξz -0,000832 -0,000832 -0,000805 -0,000797 0,0011886 0,001189
La pression (kPa) p 80,000 80,000 46,452 45,800 80,000 80,000
Tableau 2 : Comparaison des résultats numériques avec CSNL, premier cas d’étude unidimensionnel (étapes 3, 4ct, 4lt)
Étape 3 Étape 4 – court terme Étape 4 - long terme
Paramètres Analytique CSNL Analytique CSNL Analytique CSNL
Contraintes totales (kPa) σz -154,000 -153,999 -120,000 -118,998 -120 -119,997
σx -107,429 -107,428 -73,687 -72,515 -92,857 -92,853
Contraintes effectives (kPa) σ’z -94,000 -93,999 -93,548 -93,852 -60,000 -59,989
σ’x -47,429 -47,428 -47,235023 -47,367 -32,857 -32,853
-6
Déformation verticale ε -0,000104 3,35484.10 0,000249
Déplacements (m) à z=6m ξz 0,000267 0,000267 0,000288 0,000301 0,001783 0,001784
Pression interstitielle (kPa) p 60,000 60,000 26,452 25,146 60,00 60,00
286
_____________________
Annexes
Chapitre III. Prise en compte de l’eau : calculs couplés
__________________________________________________________________________________________
Tableau 3 : Comparaison des résultats numériques avec CSNL, deuxième cas d’étude unidimensionnel (étapes 3a, 4a-ct, 4a-lt)
Étape 3a Étape 4a – court terme Étape 4a - long terme
Paramètres Analytique CSNL Analytique CSNL Analytique CSNL
Contraintes totales (kPa) σz -180,000 -180,019 -160,000 -159,796 -160,000 -160,016
σx -141,429 -141,437 -121,580 -121,376 -132,857 -132,862
Contraintes effectives (kPa) σ’z -80,000 -79,939 -79,734 -79,924 -60,000 -60,011
σ’x -41,429 -41,403 -41,315 -41,396 -32,857 -32,862
Déformation verticale ε 0,000 0,000147
Déplacements (m) à z=6m ξz 0,0008914 0,0008915 0,0009033 0,000926 0,001783 0,001784
Pression interstitielle (kPa) p 100,0 100,0 80,266 80,061 100,000 100,005
287
_____________________
Annexes
Annexe III.2. Exemple de calcul couplé phasé en conditions unidimensionnelles
__________________________________________________________________________________________
288
_____________________
Annexes
Chapitre IV. Modélisations numériques couplées d’ouvrages de soutènement
__________________________________________________________________________________________
Annexe IV
Expérimentation de Rotterdam-Pernis
287
_____________________
Annexes
Chapitre V. Interaction sol-tirant et modélisations numériques couplées
__________________________________________________________________________________________
∑ a .U
i =1
i
i
j =0
avec :
N : nombre de nœuds de l’élément considéré.
ai : coefficient de la relation linéaire
Ui j : j-ème degré de liberté du i-ème nœud de l’élément (1 ≤ j ≤ 6)
Dans l’état actuel du logiciel CESAR-LCPC, le seul moyen d’introduire ces éléments
dans le maillage de calcul en utilisant le progiciel MAX était d’utiliser des motifs
prédéfinis de type Terre Armée ou de sol renforcé ou d’introduire ces éléments lors de
l’assemblage de sous-maillage. Il était donc utile de créer un outil permettant de
rajouter, au besoin, des éléments de relation linéaire dans un maillage créé
classiquement par le progiciel MAX.
287
Annexe V : Interaction sol tirants et modélisations couplées
__________________________________________________________________________________________
Lecture du maillage
sous-programme LECMAIL
Saisie des bords par de deux lignes droites Saisie des numéros des noeuds
sous-programme SAISI
FIN
288