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Hydraulique des sols

Compte-rendu des j o u r n é e s d'Hydraulique des Sols


o r g a n i s é e s les 27, 28 et 29 novembre 1968,
à Paris, par la Section de M é c a n i q u e des Sols
du Laboratoire Central.
Bulletin de Liaison des Laboratoires Routiers

s o m m a i r e

Présentation 4
J . L E G R A N D • F. S C H L O S S E R

S y n t h è s e à l'intention des praticiens 7

Notions fondamentales de l'hydraulique des sols 2î

M . R A T - H. J O S S E A U M E

Mesure du coefficient de perméabilité du sol en place

Essai de pompage 38
H. J O S S E A U M E

Essai Lefranc 56
M . R A T - F. L A V I R O N - J . - C . J O R E Z

Essai Lugeon 67

A . de R A G U E N E L

Mesure de la pression interstitielle

Facteurs intervenant dans les mesures de pression interstielle 79


H. J O S S E A U M E

Le P i é z o m è t r e L.P.C. 102

M. PEIGNAUD

Drainage et rabattement

Etude t h é o r i q u e 113
M. RAT
Spécial N

Cas particuliers

Nappe en charge dans le sol de fondation d'un ouvrage d'art 131


H. JOSSEAUME - J.-J. SEVESTRE - J.-F. MAILLARD - J.-P. DUPARCQ - A. VECCHI

Tassements dus aux rabattements de nappe 141


H. JOSSEAUME

Consolidation d'un sol fin argileux par le vide 153


J.-L. PAUTE

Stabilité des talus routiers 163


G. PILOT

Autoroute Nancy-Metz 180

Groupe de travail du " C h â t e a u - s o u s - C l é v a n t "


P r é s e n t a t i o n : H. SCHLUCK

Digues en terre 199


H. JOSSEAUME

Liste des principaux symboles 215

Conclusions 216
J . LEGRAND

Résumés 220

M i n i s t è r e de l'Equipement et du Logement - Laboratoire Central des Ponts et C h a u s s é e s


58, Boulevard Lefebvre - 75 - Paris 15 - Avril 1970
e
Présentation
J. LECRAND
I n g é n i e u r des Ponts et Chaussées
Chef du D é p a r t e m e n t des Sols

F. SCHLOSSER
I n g é n i e u r des Ponts et Chaussées
Chef de la Section " M é c a n i q u e des Sols"
D é p a r t e m e n t des Sols
Laboratoire Central

4
La présence d'eau, statique ou en mouvement, dans le sol commande la stabilité de
nombreux ouvrages. Les Laboratoires des Ponts et Chaussées en sont avertis, qui depuis
plusieurs années ont eu à examiner, dans le cadre des études de tracés routiers et auto-
routiers, des problèmes de stabilité de pente pour des déblais de grande hauteur ou des
remblais accrochés sur des pentes naturelles voisines de l'équilibre limite.

On sait de même la nature et l'Importance des sujétions qui pèsent sur l'exécution
des ouvrages ou de leurs fondations lorsque ces ouvrages sont réalisés sous la nappe ou
sont implantés en mer ou en rivière.

L'eau est l'un des trois constituants du sol (grains solides, eau, air). Elle possède
une grande mobilité; aussi toute modification apportée par les travaux à ses conditions
de gisement a une incidence directe sur le comportement mécanique du sol, non seule-
ment au droit de l'ouvrage lui-même, mais également dans son voisinage.

Enfin, l'eau est une substance utile, déjà rare. Bien que le mécanicien des sols la
recherche le plus souvent pour la rejeter, et non pour l'exploiter, il ne doit pas perdre de
vue qu'elle est frappée de droits d'usage et que, par suite, les travaux ne peuvent modifier
librement la configuration des nappes et des écoulements.

L'action des Laboratoires des Ponts et Chaussées ne s'est pas limitée aux seules
études de stabilité de pentes, ils ont, en effet, abordé d'autres problèmes techniques dans
lesquels l'hydraulique des sols se trouve impliquée, tels que : exécution de fouilles sous
la nappe, rabattements. Ils sont tous concernés par la mesure de la pression interstitielle
en laboratoire, Indispensable à l'exploitation de l'essai consolidé non drainé pour la déter-
mination des paramètres effectifs de cisaillement. Enfin, certains d'entre eux ont été
amenés à collaborer à des études de digues ou barrages en terre, de faible hauteur, liés à
divers aménagements.

Les journées d'hydraulique des sols ont eu principalement pour but d'attirer l'atten-
tion des ingénieurs des laboratoires et des bureaux d'études, ainsi que celle des maîtres
d'œuvre sur l'importance, la difficulté des problèmes d'hydraulique et leurs relations avec
l'environnement. Elles ont donc été orientées essentiellement, à l'échelle d'un site
d'ouvrage, sur les écoulements et leurs effets mécaniques.

Un rappel des notions fondamentales a paru utile pour donner à tous les moyens de
déceler les problèmes, d'en saisir l'importance et de mieux les poser. L'accent a été mis
sur l'interaction entre les phases solide et liquide du sol et sur la primauté à donner à la
pression sur le débit dans la majorité des problèmes.

Les mesures en place jouent un rôle tout particulier : mesures de pression, mesures
des coefficients de perméabilité des sols ou des roches fracturées. Ces mesures sont sou-
vent indispensables pour préciser les conditions générales de l'écoulement, eu égard à
l'hétérogénéité naturelle des sols.
Les laboratoires utilisent, dans leur quasi totalité, les essais de cisaillement non
drainés à l'appareil triaxial pour la mesure des paramètres de résistance intergranulaires.
Il importe que ces essais soient bien faits et les conditions à respecter, pour effectuer
une mesure valable de la pression interstitielle, sont précisées et commentées.

On étudie également le rôle de l'eau dans la stabilité des ouvrages, talus, fouilles,
barrages ou digues en terre et l'on évoque les problèmes de drainage et de rabattement.

Une assistance importante, près de cent vingt participants, dans leur grande majorité
de l'Administration, et des discussions animées ont confirmé que ces journées venaient à
leur heure et qu'elles répondaient à un besoin au stade actuel de développement des
laboratoires en mécanique des sols.

Mécaniciens des sols et géologues volontairement réunis dominaient la participation.


Leur collaboration est ici, plus qu'ailleurs, une condition indispensable du succès. L'hydrau-
lique des sols ne se développe qu'à l'intérieur des hypothèses et des conclusions de
l'hydrogéo/ogue. C'est à /'hydrogéologue que revient la responsabilité, sur la base de ses
observations de terrain complétées par des essais en place, de voir l'eau sous pression là
où le commun n'y voit rien et d'en définir le "contour".

En dehors de leur fonction de "recyclage ", ces journées conduiront, espérons-le, à


sensibiliser les ingénieurs sur les problèmes d'hydraulique, sur les études longues et dif-
ficiles nécessaires à leur solution, à leur faire prendre conscience de l'importance des
moyens à consacrer à ces études et du recul avec lequel elles doivent être entreprises,
à mieux faire connaître les compétences actuelles dans ce domaine des Laboratoires
Régionaux et du Laboratoire Central des Ponts et Chaussées et, par là, à faciliter et déve-
lopper leur collaboration avec les maîtres d'œuvre ou avec des bureaux d'études privés.

Nous voudrions également qu'elles suscitent, auprès des laboratoires et des maîtres
d'œuvre, le désir de procéder, plus souvent, à des mesures ou des essais en place et à
des constatations sur les chantiers. Multiplier les mesures de pression est un premier
objectif subordonné à la mise au point d'appareils de mesure précis et fidèles et d'une
méthode rapide de forage.

Les textes des conférences avaient été remis aux participants avant les journées
pour réserver la plus grande partie du temps aux discussions. Bien qu'ils n'apportent, tant
sur le plan théorique que pratique, aucun élément véritablement nouveau, nous avons
estimé qu'ils méritaient, pour répondre à une plus large diffusion, d'être publiés sous la
forme d'un numéro spécial de notre Bulletin. Ils sont précédés d'une synthèse pour
praticiens dans laque/le les lecteurs trouveront, sous une forme condensée, l'essentiel de
ce que l'ingénieur doit savoir sur l'hydraulique des sols.

De ces journées, comme de ce numéro spécial, M. Rat, Ingénieur des Ponts et


Chaussées, et M. Josseaume, Attaché de Recherche au Laboratoire Central des Ponts et
Chaussées, ont été les principaux artisans. Qu'ils trouvent ici l'assurance de notre gratitude.
Synthèse
à l'intention des praticiens

D a n s les travaux de génie civil, l'eau joue un rôle très important.


Parmi t o u s les p r o b l è m e s posés par sa présence, o n e n d i s t i n -
guera trois t y p e s :

1 - Les p r o b l è m e s d ' é p u i s e m e n t , d e rabattement de n a p p e s


liés à l'exécution d e s fouilles e n terrains aquifères, e n d e s s o u s
du niveau d e la n a p p e .

2 - Les p r o b l è m e s d u s , d a n s les m a s s i f s e n terre o ù l'eau


circule, aux f o r c e s d ' é c o u l e m e n t q u i s'exercent s u r les grains
du s o l . Il est fréquent que l'intensité de c e s f o r c e s atteigne celle
d e s forces d e la pesanteur. C e s p r o b l è m e s sont ceux d e la s t a -
bilité d e s talus routiers, d e s p e n t e s naturelles et d e s barrages
en terre.

3 - Les problèmes posés par l'influence du t e m p s d ' é c o u l e m e n t


de l'eau d a n s les s o l s saturés, sur le c o m p o r t e m e n t d e c e s sols.
Ce sont l e s p h é n o m è n e s d e c o n s o l i d a t i o n , de t e m p s d e t a s -
s e m e n t et de résistance au c i s a i l l e m e n t d e s sols.

Il e s t i n d i s p e n s a b l e d e replacer toute étude d'hydraulique d e s


sols d a n s s o n contexte hydrogéologique : c e c i nécessite u n e
étude longue et étendue à une superficie débordant l a r g e m e n t
celle de l'ouvrage.

Rappel t h é o r i q u e sur les é c o u l e m e n t s d'eau dans les sols

Les d i m e n s i o n s d e s pores à travers lesquels l'eau circule étant


très variables, o n e s t obligé de définir un é c o u l e m e n t m o y e n .
La charge h est définie en tout point, à une constante près, par :

, u
h = —+ z

u : pression d e l'eau (ou pression interstitielle) a u point considéré, n o n


c o m p r i s la pression atmosphérique,
]' w : poids spécifique d e l'eau,
z : cote d u point par rapport à u n plan horizontal d e référence.

Elle représente l'énergie potentielle de l'eau. D a n s une nappe a u


repos, la charge est la m ê m e en tout point.

O n mesure la charge et la p r e s s i o n , en un point M , à l'aide d'un


piézomètre (fig. 1'). Le plus s i m p l e e s t constitué par u n tube
creux, percé a u x deux extrémités : l'extrémité inférieure e s t
placée au point M . L'eau s'élève d a n s le tube j u s q u ' a u point A .
A l'équilibre, la charge en A est égale à celle en M ; la pression
en A étant nulle (puisque l'on néglige la pression atmo-
sphérique), la charge en M est z , cote du point A, et la pression
A

y vaut :

Les surfaces ou lignes sur lesquelles la charge est constante


sont appelées surfaces ou lignes équipotentielles.

Soit Q le débit de l'eau s'écoulant dans un sol au travers d'une


section de surface totale S, la vitesse apparente v de l'eau est :

Cette définition peut être généralisée et l'on définit, en tout


point, un vecteur vitesse apparente v. Les lignes de courant sont
tangentes en tout point au vecteur v.

L'eau étant un fluide visqueux, tout écoulement se traduit par


une perte d'énergie. Elle est caractérisée par le gradient hydrau-
lique :

i = — grad h

La loi expérimentale de Darcy est la loi fondamentale de l'hydrau-


lique des sols. Dans un milieu h o m o g è n e et isotrope, la vitesse
d'écoulement de l'eau et le gradient hydraulique sont pro-
portionnels :

v = ki

k est le coefficient de perméabilité, il s'exprime en mètres par


seconde ; il prend, selon les terrains, des valeurs très variables.
Les différents terrains sont caractérisés par les valeurs reprises
au tableau I.

TABLEAU I
k en m/s

1
1 graviers
io- très perméables
2 sans é l é m e n t s fins
io-

10"'
4 sables + graviers
io- perméables
5 sans é l é m e n t s fins
io-

6
io-
sables t r è s fins
10-' peu perméables
8 sables argileux
io-

10-»
10-10
argiles homogènes t r è s peu perméables
10-n

Il résulte de cette loi que les lignes de courant sont perpen-


diculaires aux surfaces (lignes) équipotentielles.
En combinant la loi de Darcy avec la loi de conservation de la
masse d'eau, on obtient l ' é q u a t i o n fondamentale de l'hydrau-
lique des sols, pour un milieu h o m o g è n e et isotrope :

a h
2

+ + = Ah = 0
2 2 2
ax a y az

Cette é q u a t i o n montre que la r é p a r t i t i o n de la charge, et donc


de la pression, ne d é p e n d pas de la p e r m é a b i l i t é .

Les p r o b l è m e s peuvent ê t r e t r è s souvent r a m e n é s à deux


Fig. 2 - Analogie électrique
sur papier conducteur (appareillage). dimensions. La r é s o l u t i o n de cette é q u a t i o n , pour des conditions
aux limites d o n n é e s , est obtenue g é n é r a l e m e n t par des
m é t h o d e s analogiques, car beaucoup de p h é n o m è n e s physiques
o b é i s s e n t à une loi du m ê m e type. L'analogie la plus f r é -
quemment e m p l o y é e est l'analogie é l e c t r i q u e sur papier
conducteur (fig. 2).

Action mécanique de l'eau sur le squelette solide


Les contraintes a p p l i q u é e s à un sol s a t u r é se r é p a r t i s s e n t entre
l'eau interstitielle, sous forme de pression, et le squelette solide,
sous forme de contrainte effective ou intergranulaire. Les
contraintes normales peuvent ê t r e é q u i l i b r é e s totalement, ou
en partie, par l'eau interstitielle. La contrainte normale totale o
( a p p l i q u é e à l'ensemble « g r a i n s + eau »), la contrainte normale
effective a' ( a p p l i q u é e au squelette solide seul) et la pression
de l'eau, ou pression interstitielle, sont l i é e s par la relation :

a' = a — u

Les contraintes de cisaillement sont r e p o r t é e s i n t é g r a l e m e n t


sur le squelette solide et les contraintes totales T de cisaillement
sont des contraintes effectives :

P: y V : poids humide Forces hydrauliques


a) pressions
Lorsqu'un sol est b a i g n é par une nappe au repos, le squelette
solide est soumis à la p o u s s é e d ' A r c h i m è d e : le sol est d é j a u g é .

Lorsque la nappe est en mouvement, le sol est, de plus, soumis


à des forces d ' é c o u l e m e n t ou forces de percolation d i r i g é e s
dans le sens de l ' é c o u l e m e n t et proportionnelles au gradient
hydraulique i (fig. 3). Les grains du sol opposent, en effet, une
r é s i s t a n c e à l ' é c o u l e m e n t de l'eau dans l'espace intergranulaire
(ce qui se traduit par la perte de charge), inversement l'eau
exerce une action é g a l e et de signe contraire sur le squelette
p = < v ,poids dejauge
solide (principe de l'action et de la r é a c t i o n ) . L ' i n t e n s i t é de la
b) résultante des forces force d ' é c o u l e m e n t agissant sur un é l é m e n t de sol de volume V
est :

Fig. 3 - Forces hydrauliques. Etudes des forces exercées


sur un élément de volume V par deux lignes de courant
et deux équipotentielles.

9
Comportement mécanique du sol a à court terme » et « à long terme »

C'est é g a l e m e n t à l'eau interstitielle que sont dues les diffé-


rences de comportement d'un sol peu perméable aux différentes
périodes de son histoire.

Le chargement d'un sol entraîne généralement une réduction


de volume des vides et, si le sol est saturé, l'expulsion d'une
partie de l'eau interstitielle. Si la perméabilité du sol est grande
par rapport à la vitesse de chargement, l'expulsion de l'eau est
pratiquement instantanée. Si la perméabilité est faible, l'eau ne
peut s'écouler que lentement et se met en pression. Le compor-
tement d'un sol peu perméable, c'est-à-dire d'un sol argileux,
évolue donc entre deux comportements extrêmes :
— un comportement à court terme lorsque le sol vient d'être
chargé. Aucune variation de volume n'a pu se produire et
l'eau équilibre tout ou partie des contraintes normales créées
par le chargement,
— un comportement à long terme lorsque la pression intersti-
tielle due à la mise en charge s'est dissipée. La pression
interstitielle est alors indépendante des contraintes appliquées.
La résistance au cisaillement d'un sol est une fonction de la
pression interstitielle u. On l'exprime par la valeur T de la
contrainte tangentielle maximale que peut supporter le sol :
T — c' + (a — u) tg CD'
c' et <D' étant les paramètres de cisaillement intergranulaires.

La résistance au cisaillement d'un sol argileux ayant subi un


chargement ou un d é c h a r g e m e n t évolue donc dans le temps.
Il s'ensuit que le coefficient de sécurité d'un ouvrage porté par
un tel sol ou d'un ouvrage en terre, constitué totalement ou en
partie par un matériau argileux (talus, digue en terre), varie entre
le coefficient de sécurité à court terme et le coefficient de
sécurité à long terme.
La stabilité à court terme est généralement étudiée à partir de
la résistance au cisaillement de l'ensemble «grains + e a u »
mesurée pendant un essai rapide. L'étude est alors faite à partir
des contraintes totales et ne fait pas intervenir explicitement
la pression interstitielle.

L'étude de la stabilité à long terme est faite à partir des


contraintes effectives. Elle nécessite la connaissance des para-
mètres c' et <P' et des pressions interstitielles correspondant
au régime hydraulique stabilisé.

Les n a p p e s

Définitions

Une nappe est une accumulation d'eau dans un milieu poreux


ou dans une roche fissurée. Cette eau est retenue par une for-
mation i m p e r m é a b l e appelée mur de la nappe. G é n é r a l e m e n t ,
la composante verticale du gradient hydraulique est très faible.
Il s'ensuit q u e la charge ne varie p a s s u r u n e verticale. Le
niveau d ' e a u d a n s un piézomètre est d o n c indépendant d e la
position s u r la verticale de s o n e x t r é m i t é . Le lieu g é o m é t r i q u e
de c e n i v e a u est la surface piézométrique.

S i la surface piézométrique se trouve d a n s la f o r m a t i o n per-


méable, la nappe est libre. La surface piézométrique définit
alors la surface d e la nappe. A u - d e s s u s d e la surface piézo-
m é t r i q u e , le terrain est saturé, s u r u n e certaine hauteur, par
l'eau capillaire (fig. 4a). S i la surface piézométrique se trouve
a u - d e s s u s o u d a n s la f o r m a t i o n i m p e r m é a b l e q u i recouvre la
f o r m a t i o n p e r m é a b l e , la nappe est captive. La f o r m a t i o n i m p e r -
méable est appelée « t o i t de la n a p p e » (fig. 4b).

P i e z o met re

iSliIllP
T e r r a i n non s a t u r é e

Zone s a t u r é e : f r a n q e
c apt 11 air e
Surface p i é z o m é t r i q u e
ou s u r f a c e de la nappe

Format i on
"impermeable ^

a) nappe libre

Surface piézométrique

Form a t i o n
imperméable

Formation
per m é a b l e

Formation
impermeable w
b) nappe captive

Fig. 4 - Définition des nappes.

Etude hydrogéologique
Zone d a l i m e n t a n o

Elle a pour but d e mettre e n évidence l e s problèmes q u e l'eau


posera et de fournir les é l é m e n t s d ' i n f o r m a t i o n , s u r l e s n a p p e s
et les é c o u l e m e n t s , nécessaires à leur s o l u t i o n .

La géologie précise la nature d e s terrains et leur structure.


Elle permet d o n c de localiser les niveaux aquifères. L'inventaire
hydrogéologique (relevé d e s puits et d e s piézomètres existants,
repérage et m e s u r e s du d é b i t d e s sources) permet de d é n o m b r e r
les nappes et de les situer.

O n étudie ensuite c h a q u e nappe séparément. D a n s c h a q u e c a s ,


la c o n n a i s s a n c e de la surface piézométrique est essentielle,
• Puits . Separation des bassins s o n interprétation apporte les é l é m e n t s suivants (fig. 5) :
• Pi ezom et r e H ^ A X ( de drainage
— limite d u bassin h y d r o g é o l o g i q u e ,
"* Source ^.Ltgne d « courant
Marécage E qu i pot e n t i ell es ou isopiezes — i m p o r t a n c e d e s gradients h y d r a u l i q u e s ,
Fig. 5 - Surface piézométrique : interprétation. — axes naturels d e drainage d e la n a p p e .

11
La géométrie du mur et du toit de la nappe sera étudiée d'une
manière très précise, car elle joue un rôle très important pour
l'étude et la réalisation des travaux. Toutes ces données sont
généralement présentées sous forme de cartes.

Pour prévoir le drainage d'une nappe, ou son exploitation, il est


nécessaire de connaître le mécanisme de son alimentation. Il
ne peut être compris que si l'on suit l'évolution de la nappe
pendant un an au moins pour pouvoir faire les corrélations
pluviométrie-niveau piézométrique. Ce niveau peut varier énor-
mément selon les saisons. L'étude permettra donc de choisir
l'époque la plus favorable pour l'exécution des travaux.

L'étude hydrogéologique ne sera utile que si elle est complète,


c'est-à-dire :
— si elle a une durée suffisante, supérieure ou égale à une année,
— si elle appréhende le bassin hydrogéologique intéressé par
les travaux, en débordant largement de l'emprise du projet.

Mesure du coefficient de perméabilité

On peut mesurer sa valeur, en laboratoire, à l'aide d'un perméa-


mètre mais les résultats obtenus n'ont généralement pas une
signification précise du fait du remaniement des échantillons
et de leur faible volume. Il est donc nécessaire de faire la mesure
dans le terrain.

On distingue deux types d'essai : l'essai ponctuel et l'essai de


pompage.

L'essai ponctuel

Pour les formations meubles ou peu consolidées, on l'appelle


aussi «essai Lefranc ». Il est habituellement exécuté en même
temps que le sondage. Il consiste à injecter ou à pomper de
l'eau à débit constant Q dans une cavité, limitée par la paroi
du sondage et à la partie supérieure par un bouchon étanche.
On crée ainsi une variation de charge h dans la cavité. Lorsque
le régime d'équilibre est atteint, on a la relation simple :
Q = kCh
dans laquelle C est un coefficient qui ne dépend que de la forme
de la cavité. Des formules permettent de le calculer. Pour
obtenir une meilleure précision, on pompe ou on injecte à
plusieurs débits (fig. 6).
Dans les terrains peu perméables, on procède d'une manière
différente, car les débits seraient trop faibles. On augmente, ou
on diminue, la charge dans la cavité et on étudie le retour à
l'équilibre.

L'essai Lefranc est rapide à réaliser mais le volume de terrain


intéressé par la mesure est faible (de l'ordre de 5 mètres autour
1
2 3
» 5 6 7 «se/m de la cavité). La précision est également faible: on exprime
Fig. 6 - Essai Lefranc : interprétation. généralement la valeur de k sous l'une des formes suivantes :

12
1

10", 2 x 10" ou 5 x 10" . Il faut réaliser de nombreux essais


n

sur un site : on obtient ainsi la valeur moyenne de la per-


m é a b i l i t é et une idée de l ' h é t é r o g é n é i t é du site. L'intérêt
principal de cet essai est de pouvoir être réalisé aussi dans les
piézomètres.

Dans les formations compactes et fissurées, l'essai est effectué


sous pression dans une tranche de forage limitée, soit par le
fond et un obturateur, soit par deux obturateurs (fig. 7). Il
s'appelle alors «essai L u g e o n » . Sa réalisation est délicate.
Généralement, au lieu d'exprimer la perméabilité en mètres par
seconde, on l'exprime en unité Lugeon. Elle caractérise surtout
l'état de fissuration du massif et donne une estimation des
quantités de coulis d'injection nécessaires pour consolider le
massif.

L'essai de pompage

Fig. 7 - Essai Lugeon : schéma de principe. On réalise un puits de diamètre suffisant pour descendre une
pompe, ou une crépine, jusqu'au mur imperméable. Autour de
ce puits, on pose des piézomètres (fig. 8). On pompe à débit
constant Q et l'on suit le rabattement A dans le puits et les
piézomètres. Si le milieu est h o m o g è n e et isotrope, ce rabat-
tement suit la loi :
Q
A = W(u)
4 TrkH
2
. r S
4kHt
distance au puits,
é p a i s s e u r de la nappe,
temps,
coefficient d ' e m m a g a s i n e m e n t , il c a r a c t é r i s e la q u a n t i t é d'eau que le
terrain peut l i b é r e r .

La fonction W(u) est tabulée.


Fig. 8 - Écoulement vers un puits.
On obtient ainsi, pour chaque piézomètre, une valeur de k et
l'on adopte pour le terrain une valeur moyenne.
Après l'arrêt du pompage, on enregistre la remontée de la nappe
dans les piézomètres, ce qui permet de calculer la perméabilité
du terrain d'une manière plus facile que la descente car les
courbes obtenues sont plus régulières.
D'une manière générale, si l'on pompe suffisamment longtemps,
le niveau se stabilise dans les différents piézomètres. Pour une
nappe libre, on a la relation :
Q r
H —h = —
2 2
In — (formule de Dupuit)
7rk R
h : é p a i s s e u r de la nappe a p r è s rabattement, à la distance r du puits,
R : rayon d'action, il r e p r é s e n t e la distance à partir de laquelle o n peut
c o n s i d é r e r le rabattement d û au p o m p a g e de d é b i t Q c o m m e nul.

Si l'on dispose de plusieurs piézomètres, on porte sur un gra-


1000
Distan ets au centre j puits (en mètres) phique Ig r en abscisse et H — h en ordonnée. Les points2 2

Fig. 9 Essai de pompage : interprétation


220 m k = 2,5x10-1 m/s Q = 6,5 Ils. s'alignent sur une droite de pente 2,3 — (fig. 9). Son inter-
7ik

13
section avec l'axe des abscisses donne la valeur du rayon d'action
qui est nécessaire pour le calcul des épuisements de fouille.
Si l'on ne dispose pas de piézomètres autour du puits, on prend
pour r la valeur du rayon du puits r et on estime la valeur de R
p

selon le terrain (50 mètres dans les terrains peu perméables,


200 mètres dans les terrains très perméables). Bien que l'erreur
commise soit faible, puisque R n'intervient que par son loga-
rithme, on ne conseille pas de réaliser un essai aussi simplifié.

Pour obtenir le coefficient de perméabilité, un seul débit de


pompage est nécessaire. La durée de l'essai peut être alors
d'une journée (pompage et étude de la remontée), mais s'il est
nécessaire de connaître les conditions de réalimentatinn H P la
nappe, on doit pratiquer un essai de longue durée (de trois jours
à une semaine), en augmentant le débit par paliers.
L'essai de pompage donne une valeur moyenne de la p e r m é a -
bilité, dans un volume très grand (cylindre de 200 mètres autour
du puits, de hauteur égale à celle de la nappe). La précision
obtenue est bonne (10%), cependant, pour que l'interprétation
soit correcte, il est nécessaire de faire une étude géologique
et hydrogéologique détaillée : les résultats de l'essai dépendent
beaucoup des conditions de réalimentation de la nappe (par
exemple, proximité d'une rivière). Toutes les fois que l'essai de
pompage est possible, il est préférable à l'essai Lefranc. Il est
plus onéreux mais les résultats obtenus sont plus sûrs. Cet essai
est impossible quand le débit de pompage doit être inférieur à
un m è t r e cube/heure, ce qui correspond g é n é r a l e m e n t au
produit épaisseur de la nappe-perméabilité, inférieur à 10~ m /s.
5 2

Mesure de la pression interstitielle

On a défini p r é c é d e m m e n t le piézomètre le plus simple pour


un é c o u l e m e n t permanent. Pour obtenir la valeur exacte de la
pression, la prise de pression doit être la plus ponctuelle possible.
La partie crépinée doit donc être isolée du reste de la nappe par
un bouchon étanche. Quand la charge varie dans le temps, le
niveau d'eau dans le tube piézométrique doit varier : pour cela,
un certain volume d'eau est nécessaire. Si le terrain est très
perméable, il fournit instantanément ce volume et les indications
du piézomètre sont exactes. Si le terrain est peu perméable
(k= 10 m/s), il faut un certain temps pour fournir le volume
-5

d'eau. Ce temps est appelé temps de réponse du piézomètre.


On réduit ce temps de réponse en diminuant le volume d'eau
nécessaire ; pour ce faire, on utilise des tubes piézométriques de
plus faible diamètre qui permettent cependant d'effectuer les
mesures. Ces piézomètres sont appelés piézomètres ouverts
(fig. 10). Dans les terrains très peu p e r m é a b l e s , on utilise des
piézomètres fermés ou à volume constant, beaucoup plus sen-
sibles, tels que :
— les piézomètres hydrauliques dans lesquels la pression de
l'eau au point de mesure est transmise à un m a n o m è t r e par
l'intermédiaire d'une tubulure remplie d'eau (fig. 11),
J.

Niveau d'alimentation
— les piézomètres à système de mesure électrique ou acous-
tique dans lesquels la pression de l'eau provoque la défor-
mation d'une membrane. Cette déformation est mesurée au
moyen de jauges de contraintes ou d'un système à cordes
vibrantes.
En règle générale, les piézomètres hydrauliques ont un temps
de réponse suffisamment faible (quelques heures dans un sol
de perméabilité 10- m/s) pour les besoins de la pratique.
10

É p u i s e m e n t d e s fouilles

Dans les terrains aquifères, les fouilles posent trois types de


problèmes : débit d'épuisement, stabilité du fond de fouille et
stabilité des constructions environnantes.

Mur de la nappe
Calcul du débit d'épuisement
Fig. 12 - Écoulement autour d'une pal planche.
On assimile la fouille à un puits de grand diamètre. On applique
la formule de Dupuit pour les puits en prenant pour rayon
d'action la somme du rayon de la fouille et du rayon d'action
mesuré pendant l'essai de pompage.
Toutefois, si l'étude hydrogéologique a bien mis en évidence les
conditions d'alimentation de la nappe, on peut essayer de
calculer directement le débit en résolvant l'équation fonda-
mentale de l'hydraulique des sols : Ah = 0.

Stabilité du fond de fouille

• Au fond de la fouille, l'écoulement est vertical ascendant


(fig. 12). Le sol est soumis aux forces suivantes, par unité de
volume :
— son poids déjaugé y dirigé verticalement vers le bas,
— la force d'écoulement \y dirigée verticalement vers le haut.
m

Il existe un gradient i , appelé gradient critique, défini par la


c

relation :

tel que les grains solides ne sont plus soumis à aucune force :
le sol est boulant. Si le gradient augmente encore légèrement,
le sol se soulève, il y a renard.

Pour é v i t e r ce p h é n o m è n e dangereux et diminuer le d é b i t


Surface pie'zometn'que d'exhaure, on peut travailler à l'abri d'un rideau de palplanches:
la fiche minimale nécessaie peut être calculée.
II
Argile
• Le p h é n o m è n e de renard peut é g a l e m e n t se produire lors de
l'ouverture d'une fouille dans une couche argileuse de surface
formant le toit d'une couche p e r m é a b l e , si cette dernière recèle
une nappe en charge (fig. 13). Un écoulement vertical ascendant
Couche perméable s'établit à travers l'argile constituant le fond de fouille. Si le
gradient de cet é c o u l e m e n t est supérieur au gradient critique,
Fig. 13 - Schéma d'une fouille ouverte dans une couche
constituant le toit d'une nappe en charge. il y a rupture du fond de fouille par soulèvement.

15
Surface dg lana ppe
La solution la plus couramment mise en œuvre, pour éviter une
telle rupture, consiste à abaisser localement la charge hydrau-
lique par pompage dans la formation perméable.
• Pour les fouilles protégées par des palplanches, il faut aussi
étudier la stabilité du fond en contraintes effectives. En effet,
le poids des terrains situés à l'extérieur de la fouille tend à
refouler le sol sous-jacent vers la fouille.

Fig. 14 - Assèchement d'une fouille par pompage, Influence du rabattement sur les constructions voisines
dans un fossé.
L'influence d'un groupe de puits ou d'une ligne de pointes fil-
trantes se fait généralement sentir dans une zone s'étendant
bien au-delà du chantier proprement dit. Dans cette zone, le sol
mis hors d'eau, du fait de l'abaissement de la nappe, n'est plus
soumis à la pression d'Archimède. Il en résulte une augmen-
tation des contraintes effectives transmises au sol sous-jacent.
Si ce dernier est compressible, l'augmentation se traduit par
des tassements susceptibles d'endommager les constructions
implantées dans la zone d'action du pompage. On montre faci-
lement qu'un rabattement de nappe est surtout préjudiciable
aux constructions légères de grande superficie, fondées sur
semelles et s'appuyant sur un sol normalement consolidé ou
légèrement surconsolidé.
C'est pourquoi, l'exécution d'un rabattement de nappe, en site
urbain, risque d'entraîner des dommages sérieux et doit faire
l'objet d'une étude préalable. Il est nécessaire de d é t e r m i n e r :
— les c a r a c t é r i s t i q u e s de la nappe : surface p i é z o m é t r i q u e ,
alimentation, perméabilité du sol,
— les c a r a c t é r i s t i q u e s de c o m p r e s s i b i l i t é des d i f f é r e n t e s
couches,
— les caractéristiques des fondations des constructions : mode
et niveau de fondation, taux de travail (à défaut nombre
d'étages), distance au groupe de puits ou à la ligne de
pointes filtrantes.

Réalisation du rabattement

Différentes méthodes sont employées. La plus simple consiste


à recueillir l'eau dans un fossé en fond de fouille et à l'évacuer
par pompage (fig. 74). Pour les forts rabattements ou les forts
débits, on réalise une série de puits crépines, de diamètre s u p é -
rieur à 200 mm, tout autour de la fouille et on utilise des pompes
i m m e r g é e s . On évalue le débit total, comme indiqué p r é c é d e m -
ment, et le débit que peut avoir un puits. On en déduit ainsi le
nombre de puits nécessaires. Après avoir implanté les puits, on
vérifie que le rabattement est suffisant en tous points de la
fouille.

On peut utiliser aussi des pointes filtrantes, tubes de faible


diamètre (5 à 8 cm), crépines à leur base sur une hauteur d'un
m è t r e . Elles sont mises en place par langage et reliées à une
pompe à vide par l'intermédiaire d'un collecteur (fig. 15). Le
rabattement maximal étant de six m è t r e s , il est nécessaire de
Fig. 15 - Système de pointes filtrantes. prévoir plusieurs étages pour les fouilles profondes.

I6
A

Cas particulier des terrassements sous la nappe

Le problème se pose d'une manière différente que pour les


fouilles, car il s'agit, pour la réalisation d'une tranchée, d'assurer
le rabattement permanent de la nappe. Le réemploi des m a t é -
riaux qui est un é l é m e n t décisif de l'économie d'un projet de
terrassement, dépend de leur teneur en eau.
Terrassement d' un déblai de grande hauteur
nappe. Phases successives de réalisation.

Le rabattement est g é n é r a l e m e n t obtenu par des tranchées


drainantes longitudinales dont la profondeur ne peut guère
dépasser trois mètres, à cause des conditions pratiques de réali-
sation. Il est donc nécessaire de prévoir l'exécution par tranches
successives des grands déblais sous la nappe (fig. 16).
Le drainage gravitaire diminue la teneur en eau du sol d'une
quantité très variable selon sa nature, car une partie de l'eau
(eau de rétention) est retenue aux grains solides par des forces
moléculaires et capillaires. Pour un sable, le drainage r a m è n e
la teneur en eau de 25% à 10% et pour un limon de 30%
à 28 %.
L'essorage n'est pas instantané, il peut être nécessaire dans
certains terrains de prévoir le drainage à l'avance.

Problèmes de stabilité

Talus routiers

Il convient, tout d'abord, de distinguer le comportement d'un


talus de remblai, fondé sur un sol argileux, de celui d'un talus
de déblai, ouvert dans la m ê m e formation.

L'édification d'un remblai se traduit par une compression du sol


de fondation dans lequel se développent alors des surpressions
interstitielles importantes (de l'ordre de la pression exercée sur
le sol par le remblai). La dissipation de ces surpressions dans
le temps a pour effet d'augmenter la résistance au cisaillement
du sol et, par conséquent, d'améliorer la stabilité de l'ouvrage :
la période la plus critique est donc la fin de la construction du
remblai.
Par contre, l'ouverture d'un déblai provoque une décompression
du sol et, par conséquent, une diminution des pressions inter-
stitielles pendant les terrassements. Celles-ci tendent ensuite
vers des valeurs qui ne dépendent que de l'écoulement per-
manent qui s'établit à long terme dans le talus. Cette évolution
correspond généralement à une diminution de la résistance au
cisaillement des sols. La stabilité à court terme est donc
rarement la plus défavorable.

L'enquête sur les ruptures de talus, entreprise par le Groupe


d ' é t u d e des talus des laboratoires des Ponts et C h a u s s é e s
(G.ET.), montre bien que des glissements se sont produits entre
un et trois ans après la fin des terrassements. Une étude de
stabilité de talus de déblai comporte donc nécessairement l'étude
de la stabilité à long terme dans laquelle on néglige généra-
lement la cohésion c'.

17
Masque drainant L'écoulement permanent qui s'établit à long terme dans un
talus de déblai peut être étudié par analogie électrique. L'in-
fluence sur la stabilité des forces liées à cet écoulement dépend
non seulement de leur intensité mais aussi de leur direction.
On peut la résumer sur le tableau II ci-après, pour le cas d'un
talus de très grande longueur dans différentes formations
françaises :

TABLEAU II

Matériaux
Umite-Valeur Sable Argile Argile
théorique /3 de l'angle toarcienne de Levallols
Type de du talus a>'=35° <D'=22° <p'=14°
l'écoulement
Parallèle à la pente /3=19° /S=11°30 /S=7°
Eperons drainants
/?=Arctg(1/2 tg S>')
m=tg/S=3/1 m=tg/5=5/1 m=tg/i=8/1

Horizontal ,8=17° £=11° /3=7°


/3=1/2 <D'
m=tg/3=3.2/1 m=tg/5=5/1 m=tg/3=8/1

Vertical descendant p,=0' fl=35° /5=22° /3=14°

-rrïl Tout se passe comme


si le talus était sec
m=tg/î=3/2 m=tg/S=2,5/1 m=tg/î=4/1

La direction générale de l'écoulement dans un talus de déblai


étant, dans la plupart des cas, plus proche de l'horizontale que
de la verticale, on est souvent obligé de procéder à des travaux
de drainage pour assurer la stabilité à long terme d'un talus,
initialement stable, tout en lui conservant une pente é c o n o m i -
quement acceptable. Le drainage poursuit un double but : réduire
la pression interstitielle, orienter plus favorablement les lignes
d ' é c o u l e m e n t de l'eau dans le sol, et par suite les forces d ' é c o u -
lement exercées par l'eau sur le squelette solide.
Le drainage et le confortement d'un talus peuvent être assurés
par (fig. 17):
Tranchée longitudinale
— un masque drainant,
— des éperons drainants,
— des tranchées drainantes longitudinales.
— des drains subhorizontaux,

Digues en terre

Les pressions interstitielles dans une digue en terre et dans le


sol sur lequel il repose, subissent des variations considérables
au cours de la vie de l'ouvrage ; ces variations étant liées prin-
cipalement au remplissage et à la vidange du réservoir.

Outre la stabilité en fin de construction, il est donc nécessaire


Drains subhorizontaux de vérifier la stabilité lorsque le réservoir est plein et lorsqu'il
vient d'être vidé. La construction du corps de digue crée des
17 - Drainage et confortement des talus. surpressions interstitielles dans les couches argileuses du sol de
fondation (tout comme pour un remblai). D'autre part, le corps
de digue devant être relativement étanche est constitué soit
c o m p l è t e m e n t (barrage h o m o g è n e ) , soit partiellement (barrage
à noyau, barrage zone), de matériaux fins argileux (fig. 18).
Pendant la construction, des pressions interstitielles élevées
prennent naissance dans ces matériaux s'ils ont été c o m p a c t é s
à des teneurs en eau relativement élevées.

Pour permettre une dissipation des surpressions interstitielles


dans le corps de digue et dans sa fondation (et par suite une
augmentation de la résistance au cisaillement du sol nécessaire
a) barrages homogènes équipés pour assurer la stabilité de l'ouvrage), on est souvent a m e n é à
de différents systèmes de drainage construire le barrage en plusieurs étapes.
Le problème de la stabilité d'un barrage, en cours de construc-
tion, est un problème de stabilité à court terme.
Lorsque le réservoir a été mis en eau, un écoulement s'établit
à travers l'ouvrage. Les forces hydrauliques liées à cet é c o u -
lement sont dirigées vers l'aval ; elles tendent à augmenter la
b) barrage à noyau
stabilité du talus amont et à diminuer celle du talus aval. C'est
pourquoi, un barrage h o m o g è n e est à peu près toujours équipé
d'un système de drainage (tapis drainant aval, drain c h e m i n é e ) ,
ayant pour but d'annuler ou au moins de réduire les forces
hydrauliques dans le talus aval (fig. 19).

La perméabilité du corps de digue construit en matériaux fins


est généralement trop faible pour que la surface libre de l'eau
c) barrage zone
dans l'ouvrage s'abaisse sensiblement pendant une vidange rela-
tivement rapide du réservoir. Un écoulement dirigé vers l'amont
Fig. 18 - Différents types de barrages en terre. et sensiblement horizontal s'établit dans le talus amont à la
suite de la vidange. Comme on l'a vu p r é c é d e m m e n t , un tel
écoulement est très défavorable.

Fig. 19 - Réseaux d'écoulement dans un barrage homogène supposé isotrope. On remarque l'intérêt du

19
Pour assurer la stabilité, tout en conservant une pente accep-
table, on revêt souvent le talus amont d'une couche épaisse
de matériaux très perméables (graves, enrochement) dans
laquelle la surface de l'eau s'abaisse à la m ê m e vitesse que
dans le réservoir. Cette couche joue le rôle d'un masque
drainant lorsque le réservoir a été vidé.
Comme dans le cas des talus routiers, l'écoulement à travers
l'ouvrage en service et l'écoulement pendant la vidange rapide
peuvent être étudiés par analogie électrique.

Il est très intéressant, sur le plan pratique, de connaître les


pressions interstitielles dans les ouvrages en terre dont le
comportement d é p e n d , pour une grande part, des forces hydrau-
liques. C'est pourquoi, on procède, de plus en plus f r é q u e m m e n t ,
à des mesures de pression interstitielle dans les formations
compressibles supportant des remblais, dans les talus, dans les
barrages en terre, etc., pendant et après la construction des
ouvrages. Dans les sols argileux, les mesures sont faites au
moyen des piézomètres à faible temps de réponse évoqués
p r é c é d e m m e n t . Ces mesures permettent de suivre l'évolution
du coefficient de sécurité, de vérifier les hypothèses faites au
cours des études, de contrôler l'efficacité d'un drainage et sur-
tout d'adapter de façon plus judicieuse la marche du chantier
Étude de l'évolution de la pression interstitielle dans
un talus, regroupement de toutes les mesures. aux résultats obtenus.

20
Rappel des notions fondamentales
M. RAT
I n g é n i e u r des Ponts et Chaussées
Chef de Section adjoint
à la Section " G é o l o g i e - Prospections"

H. JOSSEAUME
I n g é n i e u r E.N.S.M.
A t t a c h é de Recherche
Section " M é c a n i q u e des Sols"
D é p a r t e m e n t des Sols
Laboratoire Central

L'EAU DANS L E SOL On fait de plus la distinction suivante :


a) L'eau hygroscopique, qui représente les toutes
L'eau, que contient un milieux poreux, se pré- premières couches de molécules d'eau, soit environ
sente sous différents états. Outre la vapeur d'eau et une teneur de 1 % pour les sables et 17 % pour
l'eau de constitution du matériau, on distingue l'eau les argiles. Très fortement liée, elle ne peut être
liée et l'eau libre. extraite du sol que par dessication.
b) L'eau pelliculaire, qui peut se déplacer à la sur-
L'eau liée (fig. 1) face des grains par le jeu des forces moléculaires et
être extraite du sol par centrifugation. L a teneur en
Elle est maintenue à la surface des grains par des eau pelliculaire d'une argile peut atteindre 45 % .
forces d'attraction méloculaire (le dipôle H 0 2

s'oriente perpendiculairement à la surface du grain). L'eau liée a une très forte densité : 1,5. Elle peut
Ces forces diminuent rapidement et on admet qu'elles contenir de nombreux ions. Elle ne transmet pas les
sont négligeables à partir d'une distance de 0,4 u.. pressions hydrostatiques et ne se déplace pas sous
l'effet de la gravité. Elle est également caractérisée
par une viscosité très élevée qui est à l'origine de
certains comportements des sols argileux : fluage,
compression secondaire, etc.

L'eau libre ou gravihque


Elle est suffisamment éloignée des particules soli-
des pour n'être soumise qu'à l'action de la gravité.
On peut y rattacher Veau capillaire. Celle-ci
n'existe qu'en présence d'une phase gazeuse, puis-
qu'elle provient de la tension qui se développe à
l'interface air-eau. Elle s'élève au-dessus de la sur-
face d'une nappe libre, pour former la frange capil-
laire. Elle est soumise à l'action de la gravité et elle
transmet les pressions. Cependant, si on essaie de la
retirer par gravité, en abaissant le niveau de la
nappe par exemple, une partie reste maintenue au
contact de deux grains par des ménisques. Elle
forme l'eau capillaire suspendue, qui doit être rap-
prochée de l'eau liée (fig. 2).

i.—^-i^ •— On appellera eau de rétention l'eau que retient


le sol après égouttage; c'est donc la somme de l'eau
E a u liée E a u libre
capillaire suspendue et de l'eau liée; c'est aussi l'eau
Fig. 1 - Relation entre l'eau et un grain solide.

21
que l ' o n ne p o u r r a pas extraire du sol par les MOUVEMENT DE L'EAU DANS LES SOLS
m é t h o d e s habituelles de drainage. SATURÉS
O n peut ainsi définir * :
L ' é t u d e des mouvements de l'eau dans les sols
n : p o r o s i t é d'un sol = rapport du v o l u m e des
non s a t u r é s est très d é l i c a t e . O n supposera dans
vides au v o l u m e total,
la suite de l ' e x p o s é que le milieu est s a t u r é . Q u a n d
n : c a p a c i t é de r é t e n t i o n spécifique — rapport du
s
on parlera de p o r o s i t é , on sous-entendra p o r o s i t é
v o l u m e d'eau retenue p a r le sol a p r è s é g o u t -
efficace. P o u r les é c o u l e m e n t s à surface libre, o n
tage au v o l u m e total,
négligera, en règle g é n é r a l e , la frange capillaire.
n : p o r o s i t é efficace = rapport d u v o l u m e d'eau
e
Si elle atteint une hauteur importante (2 m è t r e s
libre contenue par le sol au v o l u m e total
dans les argiles et l a craie) on en tiendra compte
avec l a relation : en introduisant la hauteur d'ascension capillaire.
n = n„ + n,.
Définitions

Les dimensions des pores ou des fissures sont t r è s


variables. L ' é c o u l e m e n t ne sera défini que par des
c a r a c t é r i s t i q u e s moyennes.

C o n s i d é r o n s une section du sol. de surface S, si


la p o r o s i t é du m i l i e u est n . o n peut montrer que
la surface des vides dans cette section est nS. A p p e -
lons 0 le d é b i t q u i traverse cette surface.

O n définit la vitesse apparente ou d ' é c o u l e m e n t v


par le rapport :
Napve

v = Q
S
Répartition des différents types d'eau dans le sol.

L ' e a u ne c i r c u l a n t que dans les pores, l a vitesse


L e s valeurs respectives de n et n,. d é p e n d e n t de 8 moyenne vraie v' est :
la nature et de l a g r a n u l a r i t é du m a t é r i a u . L a figure .?
illustre les variations de ces q u a n t i t é s . Q
nS
U 5
Y" A partir de cette définition scalaire de l a vitesse,
k 0
Ca pa ci té de ret ent'tc n Porosité ( n ) o n d é m o n t r e l'existence en chaque point d ' u n vecteur
3 5 î D c r i f i a u s Ín-)
\ •
vitesse d ' é c o u l e m e n t v (composantes v , v , v sur
3 0 1 x y s

\
\
. \
trois axes rectangulaires). L e s lignes (ou surfaces)
25 \ \
/ 1 \ •
p o r o s i t é effic ace n ) \ tangentes au vecteur v en chaque point sont a p p e l é e s
20 / e

X
i lignes (ou surfaces) de courant.
15 1
i
i E n h y d r o d y n a m i q u e , o n appelle charge h y d r a u l i -
1 0
que en u n point M , la q u a n t i t é h ( é n e r g i e de l'eau) :
5

0
h = -~- + z
G r a v i er g r o s s i er
Argile sableuse

0> Yw 2g
A r g i l e et si I t s

Gravier moyen
Sabl e • g r a v i er

G r a v i er moy en
Sable g r o s s i e r
Sable grossier

w
Sable moyen

w
o accélération de la pesanteur,
G r a v i e r fin

en pression de l'eau,
Sable fin

S a b l e fin

4/
vitesse de l'eau au point M ,
Blocs

> cote du point M , par rapport à un plan horizontal de


référence.
O
1

Fig. 3 - Variation de la porosité, de la capacité de rétention * Voir liste des symboles


spécifique et de la porosité efficace avec le diamètre des grains * * Les chiffres entre crochets renvoient aux références
n = n» + n, (d'après Eckis cité par Castany [1]**). bibliographiques en fin de texte.

22
v - est négligeable. La
Dans les sols, le terme — K a les dimensions d'une surface. On l'exprime en
2g darcy. Le darcy est la perméabilité intrinsèque d'un
3
charge hydraulique est donc : milieu débitant 1 cm /s à travers une surface de
2
1 cm , d'un fluide de viscosité 1 centipoise, sous un
gradient normal à cette surface de 1 atmosphère par
h = — +z centimètre. On a :

2 8 2
1 darcy = 0,987 u. = 0,987 x 10" cm
L'eau étant un fluide visqueux, tout mouvement
se traduit par une dissipation d'énergie, donc par
une perte de charge. MILIEU HOMOGÈNE ET ANISOTROPE

Soit une succession de n terrains homogènes et


On appelle gradient hydraulique i le vecteur isotropes d'épaisseur c et de perméabilité k (fig. 4).
t s

Si l'on considère un écoulement horizontal, le débit Q


—grad h
qui s'écoulera sous une différence de charge Ah est
la somme des débits à travers chaque couche. Dans
i = — grad h chaque milieu, on peut appliquer la loi de Darcy.
On a donc :
Dh dh dh
i a pour composantes Ah Ah
Dx dy dz Q = 2 e, S k, ei
i = i / /
Les surfaces équipotentielles sont définies par
h = C .

Le vecteur i est perpendiculaire aux surfaces équi-


potentielles. 1
— i = M, è*L

Loi de Darcy *
e

e
MILIEU HOMOGENE ET ISOTROPE

La loi de Darcy est la loi fondamentale de l'hy- •Qn


draulique des sols. Elle relie le vecteur vitesse au
vecteur gradient hydraulique. Elle a été établie expé- Ah = 2 un; = AS.
f k v
rimentalement par Darcy pour un écoulement uni-
dimensionnel dans un milieu homogène et isotrope. Fig. 4 - Perméabilité d'un ensemble de couches.
Pour ces milieux, elle s'exprime plus généralement
par la relation :
Si l'on appelle e l'épaisseur totale des couches, on
v = ki = — k grad h peut considérer que dans cette direction le terrain
est équivalent à un terrain homogène de perméabi-
k étant le coefficient de perméabilité de Darcy, lité k : h
5
exprimé en m/s ou m/j (1 m/j 10~ m/s).

Les vecteurs i et v sont colinéaires. Donc, pour S kj ei


i 1
les milieux isotropes, les lignes de courant sont
perpendiculaires aux surfaces équipotentielles.

k n'est pas une caractéristique du milieu : il dépend Si l'on considère maintenant un écoulement vertical
aussi de l'eau. On définit la perméabilité intrinsèque K sous une différence de charge Ah, le débit Q est
ne dépendant que du terrain par : le même dans chaque couche. Il s'effectue dans la
(,mp
i couche avec une perte de charge Aht.
K = k — On a les relations
Pg

u. : viscosité dynamique de l'eau, variable avec la tempé- Ahi


v Ahi = Ah et Q = ki /
rature,
i 1
p : masse volumique de l'eau.

23
Soit La loi de Darcy est applicable pour (R < 10.
Dans la nature, on trouve rarement des valeurs supé-
Ah = Q 2 rieures. Elles peuvent exister dans les milieux très
i = 1 perméables, au voisinage des ouvrages de captage.
i =i

Dans la direction verticale, le terrain est équi- Les écarts sont plus nombreux dans les milieux
valent à un terrain homogène de perméabilité k : v
fissurés; ils peuvent d'ailleurs les caractériser : deux
fissures de 0,5 mm ne sont pas équivalentes de ce
e point de vue à une fissure de 1 mm.
= 2
"kT ki"
En sens inverse, pour les milieux peu perméables
Maintenant, si l'on considère l'ensemble des ter- et des gradients faibles, il est possible qu'il existe
rains comme un seul terrain, quel que soit le sens des écarts à la loi de Darcy, dus aux forces molé-
de l'écoulement, il sera anisotrope et caractérisé par culaires qui ne sont plus négligeables.
deux coefficients k et k . h v

Pour un tel terrain, la loi de Darcy est :


LES NAPPES
2h_
k„ 0 0 v» = - k h —
Dx~ Définirions et propriétés

3h D'après Schoeller [2], une nappe souterraine ou


0 k h 0 i ou v = - k h —
v = y
dy une nappe d'eau est l'ensemble de l'eau saturant un
terrain et dont les différentes parties sont en liaison
Dh
0 continue, proche ou éloignée, les unes avec les
0 k v —
3z- autres, que ce soit à travers des pores, des fissures
ou des. chenaux.
Si les axes O , O , O ne correspondent pas à la
y x z

direction des couches, la matrice prend une forme


plus compliquée, mais reste symétrique. Cette définition très générale ne fait intervenir ni
la perméabilité du terrain ni la charge hydraulique.
Des égalités précédentes, il découle que les vec- Elle s'applique très bien aux nappes contenues dans
les éboulis. On constate dans ce cas que l'eau circule
teurs v et i ne sont plus colinéaires : les lignes de préférentiellement dans des chenaux qui corres-
courant, dans un milieu anisotrope, ne sont pas pondent aux zones où les blocs sont les plus nom-
perpendiculaires aux surfaces équipotentielles. breux, mais l'eau contenue dans les passées argi-
leuses appartient aussi à la nappe.
Dans le cas des deux terrains, on peut facilement
démontrer que —— > 1. Toutefois, les hydrogéologues, qui cherchent des
k v
formations capables de donner un débit important,
Ce résultat est très important, car il montre que ont limité cette définition en faisant la distinction
dans les terrains stratifiés (ce qui est généralement entre formations perméables et formations imper-
le cas) la perméabilité est plus grande parallèlement méables. Cette notion est relative : une même for-
à la stratification que perpendiculairement. mation qui a une perméabilité de 10 m/s sera 5

considérée comme imperméable si elle est le mur


d'une formation à 10 m/s. Au contraire, elle sera
3

Limites de validité de la loi de Darcy dite perméable si les formations qui l'encadrent ont
une perméabilité de 10 m/s. 7

Pour les gradients élevés, on constate que la loi


de Darcy n'est plus applicable; les pertes de charge
augmentent beaucoup plus vite que le débit. De On définit:
nombreuses expériences ont été faites. Par analogie • les terrains aquifères, dans lesquels l'eau circule
avec l'hydraulique, on a défini un nombre de librement;
Reynolds (R :
• les terrains aquicludes, dans lesquels l'eau ne
circule que très lentement et qui sont donc inca-
pables d'alimenter une source de façon suffisante;
• les terrains aquifuges, totalement imperméables à
d : diamètre des pores. l'eau.

24
Eau x
Eaux ascendantes artésiennes

Z o n e de r u i s s e l l e m e n t souterrain P o r t i o n l i b r e de l a n a p p e
(nappe p h r é a t i q u e ) Nappe captive

Fig. 5 - Eléments d'une nappe.

Il existe très peu de terrains aquifuges (granité non • nappe captive, une nappe dont la surface est rete-
fissuré). On représente le sol (fig. 5 ) par une alter- nue sous la surface piézométrique par une forma-
nance de terrains aquifères et aquicludes et, contrai- tion imperméable. Elle est dite artésienne quand
rement à la définition de Schoeller, on admet qu'il le niveau piézométrique est situé au-dessus du sol.
existe une nappe par aquifère. On élimine ainsi les
circulations entre les différentes nappes. De plus, on
suppose implicitement que le gradient hydraulique,
en tout point de la nappe, est faible (c'est en partie
une conséquence de la perméabilité du milieu). Cela
implique que :
— les surfaces équipotentielles sont des cylindres à
génératrices verticales : la connaissance de leur
section par un plan horizontal est suffisante. Le
niveau d'eau dans un piézomètre est donc indé-
pendant de la position de la crépine sur une
verticale. Le lieu géométrique de ces niveaux est
la surface piézométrique;
— les lignes de courant sont horizontales, les
composantes verticales de la vitesse étant négli-
geables (hypothèse de Dupuit);
— la représentation de la nappe pourra être faite
sur un plan : la surface piézométrique est repré-
sentée par ses courbes de niveau, improprement
appelées courbes isopièzes (en fait, courbes équi-
potentielles).
On appellera :
• surface de la nappe, la surface de l'eau limitant la
partie supérieure de la nappe;
• nappe libre, une nappe dont la surface piézomé-
trique est confondue avec sa surface;
• nappe phréatique, la première nappe libre rencon- Le limnigraphe servant à enregistrer
trée à partir de la surface du sol; les fluctuations du niveau de la nappe.

25
• riezomeire ^ > A » de drainage

Relevé d'un niveau piézométrique. <T* Source L i g n e de courant

' ^ M a r é c a g e Equipotentielles ou isopièzes

Fig. 6 - Carte piézométrique.

E t u d e d'une nappe Bassin versant


E l l e doit d é b u t e r p a r une é t u d e g é o l o g i q u e q u i
permettra de définir le m u r , é v e n t u e l l e m e n t le toit,
de l a nappe et l a nature de l a f o r m a t i o n a q u i f è r e
( é l é m e n t s sur l ' h o m o g é n é i t é et l'anisotropie). E n s u i t e
à p a r t i r des r e l e v é s p i é z o m é t r i q u e s de l a p o s i t i o n
des sources (dont o n notera l e d é b i t ) , o n tracera l a
carte p i é z o m é t r i q u e de l a nappe. S o n i n t e r p r é t a t i o n
p o u r r a apporter les é l é m e n t s suivants (fig. 6) :
1 - L e s limites d u bassin h y d r o g é o l o g i q u e , q u i ne
c o ï n c i d e n t pas obligatoirement avec celles d u bassin
versant (fig. 7).
2 - L e s lignes de courant, perpendiculaires aux Bassin h y d r og e o l o g ì q u e
courbes é q u i p o t e n t i e l l e s (ou i s o p i è z e s ) .
3 - L e s axes de drainage et les relations entre Coupe géologique des terrains

r i v i è r e s et nappes alluviales. U n e divergence des Fig. 7 - Bassins versant superficiel et hydrogéologique.


lignes de courant ( c o n c a v i t é des i s o p i è z e s vers
l'amont) indique une zone d ' a l i m e n t a t i o n ; l a conver-
gence de ces lignes ( c o n c a v i t é des i s o p i è z e s vers
l'aval) i n d i q u e u n point bas de l a surface p i é z o m é -
trique, d o n c une zone d'exutoire favorable p o u r u n
captage.

S i l ' o n c o n s i d è r e deux lignes de courant et deux


courbes i s o p i è z e s (fig. 8), si l a nappe n'est pas H
a l i m e n t é e p a r l'infiltration, en é c r i v a n t l a conser-
vation de l a masse d'eau, o n obtient l a relation :

Q= ki H , i , /, = k 2 H 2 i l
2 2

H : épaisseur de la nappe,
/ : longueur de l'équipotentielle.

26
Surface pie'zométrique S u r f a c e p i éz o m é t r i q u e

k< k,
2
Mur impermeable
Coupe Coupe

Riviere Limite des terra sses

27 28 29 30 31 32 3 3 34 35 35

Carte p i e zo m et r i q ue Carte piézométrique.

Fig. 9 - Les terrasses alluviales. Fig. 10 - Le seuil.

A l'aide de la surface piézométrique on peut Cette étude sera complétée par le relevé périodique
apprécier i et /. Donc, on obtient d'une manière des niveaux piézométriques. Pour une nappe phréa-
très qualitative les variations du produit kH. La tique, les variations peuvent être très importantes :
connaissance de l'un de ces deux termes (par une des observations pendant deux ans sont nécessaires.
étude géologique par exemple) donne le deuxième. Les corrélations entre niveau piézométrique et plu-
Les figures 9 et 10 illustrent deux exemples : viométrie sont essentielles pour la compréhension
de l'alimentation des nappes, et donc pour l'action
• les terrasses alluviales (fig. 9) : la basse terrasse
que l'on peut avoir sur elles.
est supposé moins perméable que la haute. Le
resserrement des lignes équipotentielles correspond Des essais permettront d'obtenir la valeur du
à la limite des deux terrasses. coefficient de perméabilité du terrain. La formule
Q = k H i / permettra alors de calculer le débit
• le seuil (fig. 10) : une remontée du mur imper-
total de la nappe.
méable se traduit par une diminution de l'épais-
seur de la nappe. Si le milieu est homogène, le
gradient augmente localement. ÉTUDE DES ÉCOULEMENTS

On constate sur ces deux exemples que deux La plupart des problèmes d'hydraulique des sols
phénomènes différents ont le même effet sur la se rattachent à l'étude d'écoulements à deux dimen-
morphologie de la surface piézométrique. L'étude sions : écoulements plans et écoulements cylindri-
géologique détaillée est nécessaire. ques. Ces derniers sont traités de façon détaillée

27
dans les communications relatives aux essais de per- t e
que h (x, z) = C ou équipotentielles forment avec
méabilité et au drainage. Aussi, on se limitera dans les lignes de courant un réseau de courbes orthogo-
le présent texte à l'étude succincte des écoulements nales. En tout point M d'une ligne de courant,
plans et plus particulièrement des écoulements per-
manents. ^ ^
la condition = 0 est satisfaite (l'axe Mn étant
3n
Ecoulement plan permanent dans un sol homogène porté par la normale à la ligne de courant). Cette
et isotrope condition exprime que le débit traversant une ligne
de courant est nul.
Un écoulement est permanent lorsque la distribu-
tion des vitesses d'écoulement (et par conséquent
celle des charges hydrauliques) ne varie pas dans v 7 + ï - ± d z

le temps. Un tel écoulement ne peut être obtenu


que lorsque le squelette solide ne subit aucune
déformation.

EQUATION G E N E R A L E D E L ' E C O U L E M E N T dz . • i l S - d x
3x

Le squelette solide ne subissant aucune déforma-


tion, le débit qui pénètre dans un élément de sol est
égal au débit qui en sort (continuité de l'écoulement).
Considérons un élément de sol (fig. 11). Si v x dx

et v sont les composantes de la vitesse d'écoulement


z

suivant les directions Ox et Oz, il vient :


Fig. 11 - Conservation de la masse dans un écoulement.
dx dz + dz dx = 0
Dx dz

soit :
CONDITIONS A U X LIMITES
3 v. D v.
3xX
H dz— = 0 ( E q u a t i o n de c o n t i n u i t é )
On a représenté sur la figure 12 (a et b) les condi-
tions aux limites de deux écoulements plans classi-
D'autre part : ques : l'écoulement autour d'un rideau de palplan-
ches et l'écoulement à travers une digue en terre.
dh
v = x — k
dx Dans le premier cas (a), le domaine de l'écoule-
v = — k grad h ment, limité par deux lignes de courant et deux
(loi de Darcy) , dh
y
- k équipotentielles, est parfaitement défini.
dz
Il s'agit d'un écoulement en charge.
d'où
Dans le second cas (b), l'écoulement est limité par
3-h Z-h
= 0 une équipotentielle, deux lignes de courant dont l'une
dz2
est la surface libre de l'écoulement, et une surface
Sx-'
de suintement.

Remarque Il s'agit d'un écoulement à surface libre. Cette


On démontrerait de la même façon que l'équation dernière n'étant pas connue a priori, il est d'abord
générale d'un écoulement permanent tridimensionnel nécessaire de déterminer sa position. Elle est définie
en milieu homogène et isotrope est : par les deux conditions :

dh 2 2
dh dh 2
dh
0 = 0 et h = z
2
dy 2
dz Dn

La fonction charge hydraulique h (x, z) doit En tout point de la surface de suintement on a


satisfaire à l'équation de- Laplace ainsi qu'aux condi- également h = z. Les lignes de courant ne coupent
tions aux limites de l'écoulement. Les courbes telles pas la surface de suintement à angle droit.

28
Par ailleurs, la densité superficielle de courant i
en un point de la plaque est :

i = — Y grad V avec Y = —
r
Y étant la conductivité de la plaque et r sa résistivité.
Ces équations sont de même forme que les équations
régissant l'écoulement de l'eau dans les sols :

D-h S^h
Ix*~ "a?" =
°
et
a) Ecoulement en charge autour d'un rideau de palplanches
v = — k grad h

Il s'ensuit qu'un écoulement hydraulique peut être


étudié au moyen d'un modèle électrique. L'analogie
est alors la suivante :

potentiel électrique V > charge hydraulique h,

conductivité Y = —- ~> perméabilité k,

r
densité superficielle
de courant i > vitesse d'écoulement v,
intensité I » débit Q.
h) Ecoulement à surface libre à travers une digue en terre

Fig. 12 - Conditions aux limites dans le cas


de deux écoulements plans classiques. On découpe, dans un papier conducteur, un
modèle reproduisant la section de l'ouvrage à travers
lequel on veut étudier l'écoulement. Ce modèle est
ensuite mis sous tension électrique de telle sorte
que la distribution du potentiel électrique sur son
contour soit analogue à la distribution de la charge
hydraulique sur le contour de la zone réelle d'écou-
DÉTERMINATION PRATIQUE DES ÉQUIPOTENTIELLES lement. Le potentiel électrique, en tout point du
modèle, peut alors être déterminé au moyen d'une
La résolution mathématique de l'équation de sonde mobile reliée à un potentiomètre. Les schémas
Laplace est très difficile dans de nombreux cas pra- détaillés des modèles analogiques correspondant aux
tiques. Aussi, les équipotentielles sont-elles le plus deux exemples d'écoulement mentionnés précédem-
souvent déterminées par analogie électrique. En rai- ment sont représentés sur la figure 13 (a et b).
son de sa simplicité, la méthode du papier conduc-
teur est généralement employée pour l'étude des Dans le premier cas (a), le contour de l'écoulement
écoulements en milieu homogène. On se bornera à est connu et l'imposition des conditions aux limites
en exposer les grandes lignes [3 - 4]. ne présente pas de difficultés.

La distribution du potentiel électrique V dans une Dans le second cas (b), la surface libre n'est pas
plaque mince conductrice, homogène et isotrope, connue et doit être déterminée par approximations
parcourue par un courant électrique, satisfait à successives. On procède au découpage de la partie
l'équation de Laplace : supérieure du modèle jusqu'à ce que celle-ci soit
2
limitée par une courbe telle, qu'en chacun de ses
3 V 3*V points le potentiel électrique mesuré soit proportion-
+ = 0
n

3x 2
7)z- nel à la cote z du point.

29
Si VM est le potentiel é l e c t r i q u e m e s u r é en u n O n a dans ces conditions
point M d u m o d è l e , l a charge h y d r a u l i q u e au point
correspondant de la zone d ' é c o u l e m e n t est :

V cSx
M
h = H (loi de D a r c y généralisée)
V, - V 0
3h
k.
H é t a n t l a perte totale de charge h y d r a u l i q u e de
l'écoulement.
et
L e d é b i t Q traversant l'ouvrage peut ê t r e c a l c u l é
à partir de l ' i n t e n s i t é é l e c t r i q u e I traversant le ciV,
0 ( é q u a t i o n de c o n t i n u i t é )
m o d è l e , en utilisant l'expression : 3x 27
d'où
1 Q
kH D-h , d-h
(V, - V 0 ) 0
3x- oz-

L a charge h y d r a u l i q u e ne vérifie donc pas l ' é q u a -


V 0 o-
tion de L a p l a c e .

Si l ' o n fait subir au domaine d'écoulement la


Pont de m e s u r e s Coupure f i g u r a n t le

V ='-
M
r i d e a u de pa ! p l a ne n t s
transformation X
k7 et Z = z, on retrouve
\ k h

l ' é q u a t i o n de L a p l a c e c a r a c t é r i s a n t la distribution
de la charge en milieu isotrope :

3-h D-h
0
a) Ecoulement autour d'un rideau de palplanches 2
3X 2
DZ

L ' é t u d e d ' u n é c o u l e m e n t dans u n m i l i e u aniso-


trope peut donc se ramener à l ' é t u d e d ' u n é c o u l e -
ment dans u n m i l i e u isotrope. C e l u i - c i s'obtient en
multipliant les dimensions horizontales d u m i l i e u

réel par t — , les dimensions verticales restant


\ k h

inchangées.

O n obtient les é q u i p o t e n t i e l l e s de l ' é c o u l e m e n t


réel en appliquant l a transformation inverse aux
é q u i p o t e n t i e l l e s de l ' é c o u l e m e n t a s s o c i é .

L e d é b i t traversant le m i l i e u anisotrope est c a l c u l é


en affectant au m i l i e u isotrope a s s o c i é le coefficient
de p e r m é a b i l i t é :
b) Ecoulement à travers une digue en terre
k = V k„ k v

Fig. 13 - Schémas de modèles analogiques.


E n effet, si l'on c o n s i d è r e u n é c o u l e m e n t vertical
limité par deux lignes de courant et deux é q u i p o -
tentielles (fig. 14), le d é b i t traversant le m i l i e u réel
est Q = k i L et le d é b i t traversant le m i l i e u trans-
v

Ecoulement plan permanent dans un sol homogène it


v
et anisotrope f o r m é est p a r ailleurs O = k i L
\ k h

C o m m e on l ' a v u p r é c é d e m m e n t , les sols r é e l s


Ces deux d é b i t s devant ê t r e é g a u x , i l vient :
p r é s e n t e n t toujours une certaine anisotropie, le coef-
ficient de p e r m é a b i l i t é horizontale k é t a n t plus
h

grand que le coefficient de p e r m é a b i l i t é verticale k v


k v d'où k = \ k h k v

\ k h

30
Milieu reel Milieu t r a n s f o r m s
I an i s o t r o p e )
Ecoulement plan non permanent dans un sol homo-
(isotrope]
gène et isotrope
Equipotentielle
L o r s q u e le squelette solide subit des d é f o r m a t i o n s ,

r
"h k la d i s t r i b u t i o n de l a charge h y d r a u l i q u e est liée au
p a r a m è t r e temps. E l l e é v o l u e g é n é r a l e m e n t vers une
distribution limite correspondant à un é c o u l e m e n t
permanent.

O n é t a b l i t l ' é q u a t i o n de l ' é c o u l e m e n t en é c r i v a n t
que, pendant le temps dt, l a différence d V entre le
volume d'eau q u i sort d ' u n é l é m e n t de sol et le
v o l u m e d'eau q u i y p é n è t r e , est é g a l e à la variation
de v o l u m e de l ' é l é m e n t .
Equipotentiell e

d V peut ê t r e c a l c u l é à partir des composantes de


la vitesse d ' é c o u l e m e n t . O n a, en adoptant les nota-
tions de la figure 1 1 :
Fig. 14 - Transformation d'un milieu anisotrope 3v N
en un milieu isotrope. dV + dt
3x 3z

C e r é s u l t a t , d é m o n t r é dans le cas d ' u n é c o u l e m e n t


vertical, est applicable lorsque l ' é c o u l e m e n t est q u e l - dV = k + - dt (1)
conque. 3x- 3z-

en tenant compte de la loi de D a r c y . avec


Exemple (fig. 15) :
Dh 3h
L e d é b i t Q d r a i n é par une t r a n c h é e c r e u s é e dans
t
- k et v z
<JZ
un sol isotrope de p e r m é a b i l i t é k , j u s q u ' a u substra-
tum i m p e r m é a b l e , a p o u r expression exacte :
S i les contraintes e x t é r i e u r e s a p p l i q u é e s a u massif
H 2 de sol restent i n c h a n g é e s , les variations de v o l u m e
Qt = k d u s o l sont liées uniquement aux variations de la
R pression u de l'eau interstitielle et l ' o n a :
Si le s o l est anisotrope, o n obtient le d é b i t Q en a
AV
Au
r e m p l a ç a n t L par L » — et k par \ k
k7 h k dans la
v
V
\ k h
a é t a n t le coefficient de c o m p r e s s i b i l i t é d u s o l .
formule p r é c é d e n t e , d ' o ù
L a v a r i a t i o n de v o l u m e de l ' é l é m e n t de sol consi-
j_l2 _ ^2 H ' - h i d é r é p r é c é d e m m e n t est donc :
On = \ kh k T = ki,
kv R dV it dx dz d u = Y „ U dx dz dh
R
\ k h
ou encore
L a valeur d u d é b i t ne d é p e n d donc que de l a Dh_
p e r m é a b i l i t é horizontale. dV y „ u dx dz dt (2)
dt

E n é c r i v a n t que les expressions (1) et (2) de d V


sont é g a l e s , i l vient :

2
Dh 3-h ay,v 3h
+ 2
3x a
Dz k 3t

v////////////y//////// y//////, '/////////'J/////////7&. Cette é q u a t i o n r é g i t les é c o u l e m e n t transitoires en


/

R «1 1^ R charge, c ' e s t - à - d i r e dont les limites sont connues


Impermeable
initialement. Elle s'applique, en particulier, à
Fig. 15 - Ecoulement vers une tranchée. l'ensemble des p r o b l è m e s de consolidation plane.

31
L'équation classique de la consolidation unidimen- La résistance au cisaillement de l'eau étant nulle,
sionnelle d'une couche d'argile chargée sur toute sa les efforts de cisaillement sont reportés intégralement
surface en est un cas particulier. Dans ce cas, le sol sur le squelette solide, et les contraintes t de cisail-
ne subit aucune déformation latérale, a prend donc la lement sont des contraintes effectives :
valeur de m (coefficient de compressibilité verticale
v
T = T'
du sol) et l'on a :
Le comportement mécanique d'un sol, en parti-
d-h m -Y v w 3h culier sa résistance au cisaillement et les variations
Dz- k 3t de volume qu'il subit, dépend pour une large part
des contraintes effectives qui lui sont appliquées et,
ou encore : par conséquent, des pressions interstitielles qui s'y
2
3u 1 Du développent :

dz- C V 3t — la résistance au cisaillement d'un sol, le long


d'une surface déterminée sur laquelle s'exerce la
k
c = étant le coefficient de consolidation du contrainte normale totale, s'exprime comme suit :
v

sol. T = c' + (o — u) tg

On notera que, dans le cas d'un écoulement en c' et <!>' : paramètres de cisaillement intergranulaire du
charge, le régime permanent s'établit rapidement sol:
lorsque le sol est peu compressible (a 0) ou très AV
perméable (k élevé). On a en effet dans ces condi- — de même, la variation relative de volume
tions : V
3h 2
3h 2 d'un élément de sol ne subissant aucune défor-
+ « 0 mation latérale est de la forme :
2
Sx- Dz
= - m ( A n — Au)
v

V
Remarque
Dans ce qui précède, la compressibilité \i de l'eau Au : variation de pression interstitielle,
Ao : variation de la contrainte totale verticale.
a été négligée. En toute rigueur, celle-ci doit être
prise en compte et l'on démontre que l'équation
Les deux expressions précédentes mettent bien en
générale des écoulements transitoires en charge est,
évidence l'action mécanique de l'eau. Elles montrent,
pour un milieu à deux dimensions :
en particulier, que des variations de la pression
2 2
interstitielle peuvent modifier fondamentalement le
3h 3h _ y * (oc + n (3) 3h
e
comportement d'un sol, sans que les contraintes
3x 2
dz- k 3t totales qui lui sont appliquées varient.

Il s'ensuit que, même si le squelette solide est Par exemple, un talus initialement stable peut se
rigoureusement incompressible (a = 0), le second rompre à la suite d'une élévation de la nappe. De
membre de l'équation n'est pas nul. L'établissement même, un abaissement de la nappe peut provoquer
du régime permanent est rapide mais n'est pas des tassements du sol et endommager les construc-
instantané. tions qu'il supporte.

Lorsque l'eau insterstitielle est en mouvement, elle


ACTION MÉCANIQUE DE L'EAU introduit des forces d'écoulement ou forces de per-
colation qui s'exercent sur le squelette solide en plus
Les contraintes appliquées à un sol saturé se de la poussée d'Archimède; les grains du sol
répartissent entre la phase solide et la phase liquide. opposent en effet une résistance à l'écoulement (frot-
tement visqueux qui se traduit par une perte de
Les contraintes normales sont équilibrées totale- charge. Il s'ensuit que l'eau exerce sur le sol des
ment ou en partie par l'eau interstitielle. La forces dirigées dans le sens de l'écoulement. Leur
contrainte normale totale 0 appliquée à l'ensemble intensité peut être calculée comme suit [5] :
grains + eau, la contrainte normale effective ou
intergranulaire 0' appliquée au squelette solide et la Si l'on considère un petit élément de sol isotrope
pression de l'eau ou pression interstitielle u sont autour d'un point M d'un écoulement bidimension-
liées par la relation de Terzaghi : nel (fig. 16), la résultante F des forces hydrau-
w

0' = 0 — u liques appliquées à cet élément est la résultante des

32
i

forces de pression interstitielle s'exerçant sur son La force unitaire d'écoulement a pour intensité
contour : iy (i étant le module du vecteur gradient hydrauli-
w

Du que) et est tangente à la ligne de courant passant


dx dz sur Ox par M , puisqu'elle est portée par le vecteur gradient
Dx hydraulique.
F w de composantes
Du
dz dx sur Oz Ce résultat peut être étendu à un volume de sol
Dz de forme et de dimensions quelconques. Il en résulte
que les forces hydrauliques appliquées à un volume
soit par unité de volume de sol peuvent se réduire à deux systèmes équi-
valents :
Du
Dx 1 - les forces d'écoulement et la poussée d'Archi-
mède (forces volumiques);
1 dx dz Du
2 - les forces dues aux pressions interstitielles agis-
lz~ sant sur le contour du volume considéré (forces
extérieures).
mais u = y w (h — z), d'où
Suivant le problème de stabilité que l'on veut

\
I Du Dh
étudier, on considérera l'un ou l'autre système :
Dx Dx
? 1 — par exemple quand le gradient hydraulique i est
= Yw i + Yw j
*w / Du uniforme (c'est-à-dire lorsqu'il conserve la même
Dz valeur et la même direction en tout point de
Y» l'écoulement), la force E , agissant sur un vo-
lume V quelconque de sol, se calcule simplement.
résultante des forces _ force unitaire _j_ poussée
hydrauliques appli- ~ d'écoulement d'Archimède Elle a en effet pour expression :
quées à l'unité de
volume E = i Yw V
Il est alors intéressant d'utiliser le premier
système;
— inversement, lorsque l'écoulement est quelconque
l'intégration des forces élémentaires d'écoulement
i Yw dv est longue et fastidieuse. Il est alors
préférable de déterminer les forces hydrauliques
à partir des pressions interstitielles sur le contour
1 t) u ,
de l'élément.
2
3« u
*T^7- " d

LA PRESSION INTERSTITIELLE
1 d u .
u — dz La pression interstitielle en un point d'un massif
2 3z
de sol peut dépendre [6] :

— de la situation de ce point par rapport à la sur-


face de la nappe (la nappe pouvant être statique
ou en mouvement);

— des contraintes créées autour du point considéré


ï w dx dz par une variation des charges appliquées au
massif.

l!f dxdz =- — dxdz


La pression interstitielle n'est liée aux variations
w
/Ligne de courant
d e des contraintes que dans le cas des sols de faible
perméabilité. Une variation des contraintes appli-
quées à un élément de sol se traduit en effet par
Fig. 16 - Forces hydrauliques agissant une variation de volume de cet élément qui absorbe
sur un volume élémentaire de sol. ou rejette de l'eau.

33
Si la perméabilité du sol est élevée, le mouvement Avant l'ouverture du déblai, la pression intersti-
de l'eau est instantané et la pression interstitielle tielle en M est :
n'est pas modifiée. Inversement, si la perméabilité du u
o = Yw w
z

sol est faible eu égard à la vitesse de variation des


contraintes, l'eau interstitielle ne peut s'écouler que L'ouverture du déblai entraîne une diminution des
très lentement et se met en pression (ou en dépres- contraintes totales autour de M et le sol tend à
sion). La pression interstitielle à la fin du charge- augmenter de volume. Si la perméabilité du sol est
ment ou du déchargement du sol est alors : faible, le sol ne peut absorber que peu d'eau pendant
les terrassements et ne subit par conséquent que
u = u + Au
0 des variations de volume très faibles.
uo : pression interstitielle i n i t i a l e indépendante des
contraintes,
Il en résulte une diminution Au de la pression
Au : variation de la pression interstitielle liée à la variation interstitielle dont la valeur ne dépend que de la
des contraintes (Au pouvant être positif ou négatif). variation des contraintes totales en M .
La pression interstitielle évolue ensuite dans le La pression interstitielle en M varie au fur et à
temps (le sol se consolide) pour atteindre une valeur mesure que le sol se consolide sous les nouvelles
u indépendante des contraintes appliquées.
f contraintes qui lui sont appliquées et tend vers une
Exemple 1 : Cas d'un remblai.
valeur différente de u et indépendante de ces
0

contraintes. L'ouverture du déblai provoque, en


effet, un rabattement de la nappe, et un écoulement
permanent s'établit lentement dans le sol. L a valeur
finale de la pression interstitielle en M est déter-
minée par cet écoulement (fig. 17).
Nappe
Dans le cas d'un talus de déblai ouvert dans un
sol de perméabilité élevée, la nappe prend sa forme
d'équilibre au fur et à mesure de l'exécution de la
tranchée et le régime permanent s'établit dès la fin
des travaux. La pression interstitielle en M est alors
indépendante des variations des contraintes dans le
La pression interstitielle initiale en un point M sol et son évolution est liée uniquement à celle de
de la couche d'argile est : la nappe.

Uo = Yw w Z
Le comportement d'un sol peu perméable évolue
donc entre deux comportements extrêmes :
La construction d'un remblai de grande largeur,
exerçant sur le sol une pression p, provoque en M Un comportement à court terme, lorsque le sol vient
une augmentation de pression Au = p et, à la fin d'être chargé ou déchargé. Aucune variation de
de la construction, la pression interstitielle en M est : volume n'a encore pu se produire et les contraintes
normales sont alors reportées totalement ou en
u = Y« + P partie sur l'eau interstitielle.
Lorsque la consolidation de l'argile sous la charge
Un comportement à long terme, lorsque la pression
du remblai est terminée, la pression interstitielle en
interstitielle due au chargement du sol s'est dissipée
M redevient égale à u = Yw Z (si la nappe n'a
0 w
et que le régime d'écoulement de l'eau dans ce sol
pas subi de fluctuations importantes). est devenu permanent.
Dans le cas d'un remblai construit sur un sol,per-
Le comportement d'un sol perméable est toujours
méable la pression interstitielle est constamment
un comportement à long terme.
égale à u .
0

Exemple 2 : Cas d'un déblai. Evaluation de la pression interstitielle


à court terme

Nappe / Dans la grande majorité des cas, les études de


^- , stabilité à court terme ne font pas intervenir expli-
/ z w citement la pression interstitielle.
Déblai / M YZ\ «-

/ '—I Le sol ne subissant aucune variation de volume,


/ ' sa résistance au cisaillement est indépendante des
x
contraintes totales qui lui sont appliquées et il peut

34
1

être considéré comme un matériau à phase unique. la pression interstitielle en place, qui prennent
L'étude de stabilité peut être faite en contraintes actuellement une importance de plus en plus
totales en utilisant la cohésion non drainée C du u
grande, permettent de contrôler les évaluations faites
sol, mesurée par des essais de cisaillement du type à partir des mesures en laboratoire et, à plus ou
non consolidé non drainé. moins longue échéance, fourniront des éléments
permettant de les améliorer.
Il est théoriquement possible d'étudier la stabilité
à court terme d'un ouvrage à partir des contraintes
effectives, c'est-à-dire en faisant intervenir expli- Evaluation de la pression interstitielle
citement les pressions interstitielles qui se dévelop- à long terme
pent dans le sol.
Lorsque le sol est traversé par un écoulement, la
En effet, la variation Au de la pression intersti- détermination des pressions interstitielles qui se
tielle liée aux variations A o i et Aa de la plus petite
3
développent à long terme se fait à partir du réseau
et de la plus grande contraintes principales totales des équipotentielles de l'écoulement permanent. Si
peut s'exprimer, en fonction des coefficients A et B h est la charge hydraulique le long de l'équipo-
M
de pression interstitielle définis par Skempton [7] : tentielle passant par le point M , la pression intersti-
tielle en M est :
Au = B [AGI + A (Aoi — Ao )]3

U M = Y« ( N
M — Z
M )
A et B sont mesurés au cours d'un essai triaxial
classique (essai UU). Surface libre

Au peut également s'exprimer, en fonction de la


variation de la plus grande contrainte principale
totale [6] :

Au = B A0-1

B est alors déterminé à partir d'un essai triaxial


spécial reproduisant les sollicitations auxquelles est
soumis le sol en place.

Si l'on connaît les valeurs de A01 et de Ao pour 3


Fig. 17 - Calcul de la pression interstitielle
divers points du sol, ainsi que les valeurs A et B dans le cas d'un écoulement à surface libre.
ou B, on peut en déduire les valeurs de u aux points
considérés.
Dans le cas d'un écoulement à surface libre, la
En fait, on se heurte à deux difficultés princi-
pression interstitielle au point N (N étant le point
pales dans l'application de cette méthode :
d'émergence de l'équipotentielle passant par M
— on ne peut calculer A o i et A a que par la 3 - fig. 17) est nulle. On a donc :
théorie élastique, faute de connaître les relations
flN = Z N = hiM
contraintes-déformations des sols;
d'où la valeur de la pression interstitielle en M :
— les valeurs des coefficients A et B varient avec
les déformations du sol. U M = Yw ( Z N — Z M )

Toutefois cette méthode devrait connaître un On déterminera les équipotentielles de l'écoule-


développement important. En effet, les mesures de ment par les méthodes habituelles.

BIBLIOGRAPHIE

[1] G . CASTANY, Traité pratique des eaux souterraines, Dunod (Paris, 1963), 657 p.
[2] H. SCHOELLER, Les eaux souterraines, Masson (Paris, 1962), 642 p.
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Scientifique et Technique du Ministère de l'Air (1958).

35
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Labo. Routiers des P. et C. 20 (1966), 1-23.
[5] G. SCHNEEBELI, Hydraulique souterraine, Eyrolles (Paris, 1 9 6 6 ) , 3 6 2 p.
[6] A.-W. B I S H O P et L . B J E R R U M , L'utilisation des essais triaxiaux pour la résolution des problèmes de stabilité (The relevance
of the triaxial test to the solution of stability problems, Norges Geotekniske Institut, Norvège. 34. 1960), Traduction
L.C.P.C. 63.T.78.

[7] A.-W. SKEMPTON, The pore coefficients A and B , Géotechnique 4 (1954), 143-147.

Par ailleurs, les auteurs de cet article se sont inspirés des ouvrages :
F. SCHLOSSER, Cours de mécanique des sols de l'Ecole des Travaux Publics de l'Etat.
E. HARR, Ground-water and seepage, Mac Graw-Hill (New York, 1962).
P.-YA. POLUBARINOVA KOCHINA, Theory of groundwater mouvement, University Press (Princeton, New-Jersey, 1962), 6 1 3 p.

36
Fícient
léabilìté
ri place
PRÉSENTATION IM résolution de nombreux problèmes d'hydraulique
des sols implique la connaissance du coefficient de perméa-
bilité.

Ce dernier n'intervient pas seulement lors de l'évalua-


tion des débits collectés par les ouvrages de captage {puits,
drains) ou traversant des ouvrages en terre (digues,
canaux), il conditionne également, par sa distribution dans
le sol, le champ de pression interstitielle qui se développe
lors de la construction d'un ouvrage ainsi que son évolution
dans le temps.

La mesure du coefficient de perméabilité effectuée en


laboratoire (au perméamètre, à l'œdomètre, au triaxial) est
rarement satisfaisante : l'hétérogénéité du sol en place est,
le plus souvent, telle que l'on ne peut attribuer à une
couche donnée le coefficient de perméabilité mesuré sur
une éprouvette ayant, au plus, un volume de quelques cen-
taines de centimètres cubes.

Il est donc nécessaire de procéder à des essais en place


intéressant un volume suffisant pour tenir compte de l'hété-
rogénéité du sol.

Les principaux essais de perméabilité en place sont :


—• l'essai de pompage,
— l'essai Lefranc.
— l'essai Lugeon.

Ces trois essais consistent à créer un écoulement dans


la formation dont on veut mesurer la perméabilité.

L'essai de pompage et l'essai Lefranc sont surtout


pratiqués dans les sols. Le premier, qui intéresse un volume
de sol considérable, permet d'obtenir un coefficient de
« perméabilité en grand » caractérisant le comportement
global de la couche au point de vue perméabilité. Le
second, intéressant un volume beaucoup plus limité,est un
essai quasi ponctuel qui permet de localiser les différentes
zones de perméabilité dans une formation déterminée.

L'essai Lugeon est effectué exclusivement dans les


formations rocheuses, très peu perméables « en petit »
mais fissurées. S'il permet, dans certains cas, de définir
un coefficient de perméabilité « en grand » de la roche,
ses résultats sont surtout utilisés pour apprécier le degré de
fissuration, la résistance au cloquage et les possibilités de
décolmatage des fissures.
Essai de pompage
H. JOSSEAUME

L'essai de pompage consiste à abaisser, à partir


d'un puits, la surface piézométrique de la nappe Ri
baignant la formation dont on veut mesurer la
perméabilité. Le pompage est réalisé à débit constant
et l'évolution de la surface piézométrique de la nappe
est suivie au moyen de piézomètres répartis aux alen-
tours du puits.

Le coefficient de perméabilité mesuré dans un tel


essai est le coefficient de perméabilité « en grand »
de la formation étudiée, valeur dont la connaissance
est nécessaire pour résoudre un certain nombre de
é
problèmes pratiques parmi lesquels : évaluation du .77
Substratum imperméable
débit drainé par une tranchée, évaluation du débit
traversant le sol de fondation d'une digue ou d'un Fig. 1 - Nappe libre : évolution de la surface libre.
barrage, dimensionnement d'un système de rabat-
tement par puits, etc. L'essai permet, en outre, de effet, la surface de la zone de rabattement augmente
déterminer le rayon d'action du pompage, paramètre avec le temps et, de ce fait, l'abaissement de la nappe,
intervenant en particulier dans le calcul des systèmes nécessaire à la libération dans l'unité de temps d'un
de drainage par groupe de puits ou par pointes volume d'eau égal au débit, devient de plus en plus
filtrantes. faible. Si la nappe n'est pas réalimentée, la zone
d'influence du pompage s'étend indéfiniment. Au bout
Dans ce qui suit, après avoir rappelé succinctement
d'un certain temps, la vitesse de rabattement devient
la théorie des puits, on étudiera les conditions de
négligeable et la surface de la nappe peut être
réalisation d'un essai de pompage et les méthodes
considérée comme stabilisée. Cependant, l'écoule-
d'interprétation des résultats obtenus.
ment reste un écoulement transitoire et toute l'eau
recueillie dans le puits est prélevée dans la zone de
ÉCOULEMENT D E L ' E A U VERS U N PUITS rabattement, c'est-à-dire à une distance du puits
inférieure au rayon d'action.
Mécanisme du rabattement
Si la nappe est réalimentée par un cours d'eau
Lorsqu'on commence à pomper dans un puits situé à proximité du puits, par des infiltrations, etc.,
traversant une nappe libre, la surface de l'eau dans ou si elle possède un écoulement propre, la stabili-
le puits s'abaisse rapidement. L'eau contenue dans le sation intervient plus rapidement. Dans certains cas,
sol, au voisinage immédiat du puits, s'écoule vers par exemple si l'écoulement initial de la nappe est
celui-ci et cet écoulement se traduit par un abais- permanent, l'écoulement vers le puits devient perma-
sement de la nappe dans la zone restreinte intéressée. nent; l'eau est alors prélevée en totalité à l'extérieur
A l'instant U, compté à partir du début de l'essai, de la zone de rabattement, c'est-à-dire à une distance
la surface de la nappe est représentée par Si, et le du puits supérieure au rayon d'action.
rayon d'action du pompage est R i (fig. 1). Si l'on
Lorsque le pompage intéresse une nappe captive,
poursuit le pompage, la surface libre continue de
l'épaisseur de la nappe reste inchangée, seule la sur-
s'abaisser et devient S à l'instant t . Le volume
2 2
face piézométrique se modifie et son évolution peut
d'eau ayant pénétré dans le puits, entre les instants
alors être comparée à celle de la surface d'une nappe
t et t , est égal au volume d'eau libéré par le sol
t 2
libre (fig. 2). Le mécanisme de libération de l'eau
compris entre les surfaces Si et S .
2
est le suivant : la diminution de charge hydraulique
Quand le pompage est effectué à débit constant, créée par le pompage provoque, d'une part une
le rayon d'action augmente, mais la vitesse de rabat- augmentation du volume de l'eau contenue dans le
tement de la surface libre décroît constamment. En sol, d'autre part un accroissement des contraintes

39
Toit i m p e r m e a b l e
y/////////////////////////.

Substratum imperméable

Fig. 2 —• Nappe captive : e=h;


évolutioa de la surface piézométrique.

effectives dans le sol entraînant une diminution du


volume des vides et par conséquent une expulsion
d'eau.
Les équations de l'écoulement permanent et de
l'écoulement transitoire ont été établies respective-
ment par Dupuit et Theis.
Fig. 3 — Notations utilisées dans la formule de Dupuit
Formules de Dupuit applicable aux nappes libres.

Elles s'appuient sur les hypothèses suivantes :


On obtient par intégration :
— la loi de Darcy est applicable,
— le sol est homogène, jrk(H -h ) 2
u
2
1,36 k ( H — h^)
Q =
— l'eau et le sol sont incompressibles, R
ln
R
— les surfaces éa^ïïpotentielles peuvent être assimi-
lées à des cylindres droits à génératrices verti-
cales, ce qui implique que la surface de rabat- Dans le cas d'une nappe captive (fig. 4) e est
tement est peu inclinée sur l'horizontale, constant et l'on obtient :
— le débit pompé est prélevé à l'extérieur de la 2 TT ke (H - h ) 0 2,72 ke (H - h„)
zone d'action du pompage, c'est-à-dire que tout Q =
se passe comme si la nappe était alimentée par un R R
lg
fossé circulaire ayant pour centre le puits et de
rayon égal au rayon d'action R,
— la surface de rabattement ne subit pas de discon-
tinuité lorsqu'on passe du terrain au puits,
— l'écoulement vers le puits est permanent.
Dans ces conditions, la vitesse radiale d'écoulement Surface piezometnque
le long de l'équipotentielle (E) est en tout point de
celle-ci :
dh
v = ki
dr
h étant la charge hydraulique à la distance r de
l'axe du puits.
••(El
Le débit pompé est alors :
Q = 2 it rek —
dr
Dans le cas d'une nappe libre (fig. 3), la surface
v7//y /
T//yy/y//'//
piézométrique et la surface libre sont confondues,
e est donc variable et, si l'on adopte la surface du
substratum imperméable comme origine des cotes, Fig. 4 — Notations utilisées dans la formule de Dupuit
on a : e = h. applicable aux nappes captives.

40
Formules de Theis RABATTEMENT DE LA NAPPE

COEFFICIENT D'EMMAGASINEMENT
Le calcul de Theis s'appuie sur les hypothèses
suivantes :
L'écoulement en régime transitoire dépend non
seulement de la perméabilité du sol mais aussi de la — la loi de Darcy est applicable,
quantité d'eau qu'il peut libérer. Il a donc été néces- — le sol est homogène (k et S constants),
saire d'introduire le coefficient d'emmagasinement, — les surfaces équipotentielles peuvent être assi-
coefficient sans dimension, caractérisant l'aptitude milées à des cylindres droits à génératrices verti-
du sol à libérer de l'eau. cales,
Un prisme de sol, de section unité et de hauteur — la nappe n'est pas réalimentée,
égale à l'épaisseur e de la nappe, libère un volume — le débit prélevé dans le puits est constant.
d'eau dv lorsque la surface piézométrique s'abaisse
de la quantité dh. Le coefficient d'emmagasinement S Dans ces conditions, la différence entre les volumes
est défini par la relation : d'eau traversant respectivement les équipotentielles
E et E
r (fig. 5), pendant le temps dt, est :
r + d r

dv
S= - 3

dh ' 2n rek \ dr dt
Dr Dr
Dans le cas d'une nappe libre :
dv = — n dh e d'où S = n„
n étant la porosité efficace du sol, c'est-à-dire le
e

volume d'eau libre rapporté au volume du sol.


Dans le cas d'une nappe captive, le volume d'eau
libérée dv est la somme du volume dv résultant x

i
de la décompression de l'eau et du volume dv 2 .•Çr..».dr
correspondant à la diminution du volume des vides
du sol :
dvi
= - p du = - |3y dh w

n„e r » dr

dv 2
Fig. 5 — Notations utilisées pour la démonstration de
= — m du = m Yw dh
v
v
l'équation de l'écoulement transitoire.

dv = d v i + dv2 = — e y w (n p + m„) d h
e

pression de l'eau, Cette différence est égale au volume d'eau libéré


par l'abaissement de la surface piézométrique pen-
coefficient de compressibilité de l'eau,
dant le temps dt, c'est-à-dire à :
—— + z : charge hydraulique.
coefficient de compressibilité verticale du sol. - 2itr drS dt
Dt
d'où
d'où l'équation :
S = e yw (n p + m )
e T

Dans le cas des sols, (3 est faible devant m et la T


3r 3r 3t
compressibilité de l'eau peut être négligée.
2
On notera par ailleurs que, pour une même , . 3h 3h 3e 3 h\ „ 3h
ou k e + r + re = Sr
formation, S prend des valeurs beaucoup plus fortes Dr 3r Dr Dr 2
Dt
en nappe libre qu'en nappe captive. Considérons
une couche de sable moyen d'épaisseur 5 mètres De
caractérisé par une porosité efficace n = 0,20 et par e
Dans le cas d'une nappe captive = 0, l'équa-
r
un coefficient de compressibilité m = 0,002 bar . v
1
tion devient : ^
Suivant que la nappe de cette formation est libre ou
captive, le coefficient d'emmagasinement prend la Dh 2
1 Dh S Dh
valeur S = 0,2 ou S = 0,001. Dr 2 + r Dr ke Dt

41
De 3h ket
Dans le cas d'une nappe libre , l'équa-

V
En posant R = 1,5 » / , on a :
3r 3r % 1
S
tion devient :
H - h = 2^QlgA
Te^-
3h 3h 3h
2
3h H _
L 3r
+ r + re
3r 2
J ~ Sr
3t 4TT ke r
ou
Lorsque la surface libre est très peu inclinée sur _ 2,72 ke (H - h)

l'horizontale (c'est-à-dire lorsque la troisième hypo- R


lg
thèse est effectivement vérifiée), ( — ) peut être
\3r / On retrouve la formule de Dupuit pour les nappes
négligé. L'équation est alors la même pour les nappes
libres et les nappes captives. Son intégration conduit
captives. Il s'ensuit que la quantité R = 1,5
/ ket
V
à l'expression suivante pour le rabattement A de la
surface piézométrique :
représente le rayon d'action de l'écoulement transi-
A =H W (u) toire, sous réserve que l'on soit dans les conditions
4 7T ke de l'approximation logarithmique.

W (u) = j e- u
du
REMONTÉE D E L A N A P P E

•-• u Il est possible d'étudier la remontée de la nappe


avec après l'arrêt du pompage si l'on se trouve dans les
2
S conditions d'application du principe de superposition
4 ket des écoulements (nappe captive ou nappe libre dont
le rabattement reste faible) et dans les conditions
ou encore de validité de l'approximation logarithmique.
2,3 Q , 2,25 ket Tout se passe, au moment de l'arrêt du pompage,
A =H lg
4n ke " rS 2 comme si la pompe continuait à fonctionner et si
l'on injectait dans le puits un débit égal au débit
2
pompé. Le principe de superposition des écoulements
rS \n 1 permet d'écrire que le rabattement est égal à la
4JI ke n = ] \ 4 ket nn! somme des rabattements dus respectivement au pom-
page et à l'injection.
2
r S Le rabattement dû au pompage est :
Lorsque la quantité est suffisamment
4 ket ., 2,3 Q , 2,25 ket
faible, tous les termes du développement sont négli- A' = - — - lg 2

geables à l'exception du premier, et l'on a : 4n ke rS


t étant le temps compté à partir du début du pom-
2 k 6 t
' A= H - h = ^, 2,25 g page.
2
47rke ~ ' rS
Le rabattement dû à l'injection est :
(approximation logarithmique)
A „ _ 2,3 Q 2,25 ket'
La courbe A, lg t est alors une droite. 4it ke rS 2

Remarque : t' étant le temps compté à partir du début de l'injec-


tion c'est-à-dire de l'arrêt du pompage.
Cette dernière formule peut se mettre sous la
forme : D'où le rabattement résultant :

/ 2,25 ket A = A' + A"


H - h = ^ x 2 1 g
4TTke
v r S 2

Remarques
4it ke t'

/ ket • Les calculs de Dupuit et de Theis sont rigoureux


H
V" "
lorsqu'ils s'appliquent à des nappes captives, les
4TC ke r 5 hypothèses sur lesquelles ils s'appuient étant alors

42
i

vérifiées. En particulier, ils permettent de déterminer niveaux d'eau dans les sondages, etc.) permettent
correctement la surface de rabattement. Celle-ci ne de déterminer le type de la nape (nappe libre ou
subit aucune discontinuité lorsque l'on passe du captive), son épaisseur, ainsi que la position de la
terrain au puits (sauf si la crépine du puits introduit couche imperméable qui la limite inférieurement.
des pertes de charge non négligeables).
Il est également nécessaire de connaître les condi-
Dans le cas des nappes libres, il a été démontré tions initiales d'écoulement de la nappe dans la zone
que la formule de Dupuit donnant le débit est choisie pour l'essai. On détermine à cet effet les
rigoureuse, même si l'on tient compte de la compo- lignes d'égale charge piézométrique (ou équipoten-
sante verticale de la vitesse d'écoulement. Par contre, tielles) à partir des niveaux d'eau relevés après sta-
au voisinage du puits, la surface de rabattement peut bilisation dans les sondages ou mieux dans les
être très différente de celle calculée à partir de la piézomètres qui ont pu être posés. On a d'ailleurs
théorie de Dupuit. En effet, la surface libre de la intérêt à poser suffisamment à l'avance les piézo-
nappe ne se raccorde pas à la surface de l'eau dans mètres prévus pour l'essai afin de les utiliser pour
le puits (fig. 6), sa paroi comprise entre les niveaux l'étude de l'écoulement propre de la nappe.
h et h„ constituant une surface de suintement. Un
0

diagramme établi par Schneebeli [1] permet de Préparation du puits


déterminer un ordre de grandeur de h en terrain p

isotrope. Lorsque la perméabilité horizontale du sol Le puits est foré jusqu'au substratum imperméable.
est supérieure à sa perméabilité verticale, c'est-à-dire Le forage est exécuté à l'eau claire, l'usage de boue
dans la plupart des cas pratiques, h„ prend des valeurs ayant pour effet de polluer la couche à étudier et de
supérieures. modifier profondément sa perméabilité au voisinage
du puits.
Le diamètre du puits, ayant une incidence relati-
vement faible sur le débit pompé, est choisi en
fonction de considérations pratiques : le forage doit
être assez grand pour que l'on puisse y installer une
^-'^^'r S u r f a c e de s u i n t * m e n t .
1 -
pompe immergée, une crépine, un filtre et un dispo-
sitif de mesure des niveaux d'eau (fig. 7). Pour des

WïmïmÊÊ
pompages à débit faible ou moyen, le diamètre du
puits varie de 20 à 40 centimètres.

Tube et sonde de m e s u r e de niveau
Compteur
Fig. 6 — Allure de la surface de rabattement au voisinage
du puits dans le cas d'une nappe libre.
Bouchon etanche

Il y a donc lieu de tenir compte de cette diver-


gence entre le calcul et la réalité lorsqu'on détermine
le rayon d'action d'un pompage à partir des formules
de Dupuit.
• Dans le cas des nappes captives, les lignes d'écou-
lement de l'eau vers le puits sont rigoureusement Cr g pi n e
horizontales. Le coefficient de perméabilité qui déter-
mine le débit pompé est donc uniquement le coeffi- i
cient de perméabilité horizontale du sol. On démontre
qu'il en est de même dans le cas d'une nappe libre.

PRÉPARATION E T RÉALISATION
D E L'ESSAI
Pompe immergée
Détermination des caractéristiques' de la nappe Fig. 7 — Equipement
avant essai d'un puits.
Un essai de pompage n'étant pas un essai isolé / te
mais s'intégrant dans une étude, il est généralement
précédé d'une reconnaissance géologique et géo-
technique du site. Les renseignements obtenus au
cours de celle-ci (nature des échantillons prélevés,

43
Le forage est équipé d'une crépine, le plus souvent
constituée d'un tubage métallique dans lequel de
petites ouvertures régulièrement espacées ont été
pratiquées. La surface de l'ensemble des ouvertures
doit être assez grande (supérieure à 10 % de la
surface du tubage) pour que les pertes de charge
à travers la crépine restent faibles. La crépine est
entourée d'une toile de tamis, destinée à empêcher
la pénétration dans le puits des éléments grossiers
à moyens du sol, constituant le filtre.

L'espace annulaire compris entre le tubage et la


paroi du forage est rempli d'un matériau filtrant
(sable fin à graves) afin d'arrêter les particules de sol
entraînées par l'eau.
Le filtre reçoit à sa partie supérieure un bouchon
étanche en argile destiné à éviter les infiltrations.
Dans le cas d'une nappe captive, le bouchon étanche
est mis en place au niveau du toit de la nappe.

Crépine pour l'équipement des puits.

Le puits est équipé le plus souvent d'une pompe


immergée à débit réglable. Il n'est, en effet, possible
d'utiliser une pompe travaillant à la surface du sol
que si le niveau de l'eau dans le puits est à moins
de 7 mètres de profondeur.
La mesure du niveau de l'eau se fait au moyen
d'une sonde analogue à celle utilisée pour les relevés
piézométriques. Afin d'éliminer les erreurs dues à la
turbulence de l'eau dans le puits, on effectue les
relevés de niveau à l'intérieur d'un tube de quelques
centimètres de diamètre partiellement immergé.

Mesure du débit
Le débit peut être 'déterminé au moyen d'un
compteur à eau monté sur la conduite de refoulement
de la pompe ou d'un récipient de volume connu dont
on mesure le temps de remplissage. Mesure de débit à l'aide du tube de Pitot.

44
J

Il est recommandé d'utiliser simultanément les On a intérêt, dans ce dernier cas, à placer la base
deux méthodes, la première permettant de calculer du piézomètre au niveau du substratum imperméable.
le débit moyen sur une longue période, la seconde On élimine ainsi l'influence de la perméabilité verti-
de mesurer les débits instantanés et de contrôler les cale, et l'exploitation des indications du piézomètre
indications du compteur. conduit à une valeur correcte du coefficient de
perméabilité horizontale.

Piézomètres
T Y P E

IMPLANTATION
Les piézomètres généralement utilisés pour les
Des piézomètres sont implantés sur deux axes essais de pompage sont des tubes de quelques cen-
perpendiculaires passant par le puits. Si la nappe est timètres de diamètre crépines à leur partie infé-
en mouvement avant l'essai, un de ces axes est rieure *. Ils sont posés dans un forage, la partie
parallèle à la direction générale de l'écoulement, crépinée étant entourée de matériaux filtrants isolés
c'est-à-dire normal aux équipotentielles. de la partie supérieure du forage par un bouchon
d'argile.
Le nombre des piézomètres nécessaires croît avec
l'hétérogénéité du sol. Bien qu'en théorie un seul Leur emploi se justifie pleinement lorsque l'essai
piézomètre soit suffisant pour interpréter un pompage intéresse une couche perméable (sable propre ou
en milieu très homogène, il est souhaitable d'en uti- grave) mais risque de conduire à des erreurs impor-
liser au moins deux ou trois. tantes lorsque le sol est peu perméable (sable argi-
leux, limon). Dans ce cas, en effet, le piézomètre
La distribution des piézomètres le long d'un rayon indique avec un certain retard les variations du
se fait suivant une loi sensiblement logarithmique, niveau piézométrique d'où une erreur sur l'évolution
le rabattement dû au pompage étant fonction du du rabattement en fonction du temps. Si le sol est
logarithme de la distance au puits. Le premier est peu perméable il est nécessaire d'utiliser des piézo-
posé à quelques mètres du puits et le plus éloigné mètres à faible temps de réponse, par exemple des
à une distance du puits de l'ordre du rayon d'action piézomètres de petit diamètre (de l'ordre de un cen-
(en général entre 50 et 200 mètres suivant la perméa- timètre) *. Dans le cas des nappes captives on peut
bilité du sol). diminuer le temps de réponse en crépinant les
piézomètres sur toute la hauteur de la couche.

PROFONDEUR Les piézomètres ne doivent pas être mis en place


par battage ou enfoncement statique, afin de ne pas
Le problème ne se pose que dans le cas d'une modifier localement la perméabilité du sol.
nappe libre. La profondeur des piézomètres placés
assez loin du puits n'a alors guère d'importance, les
équipotentielles pouvant être assimilées à des cylin-
Réalisation de l'essai
dres à génératrices verticales. Par contre, au voisinage
du puits, les indications d'un piézomètre placé à une
L'essai comporte généralement deux phases.
distance déterminée varient suivant sa profondeur
(fig. 8). Pendant la phase préliminaire, on effectue un
pompage ayant pour but d'assurer la formation du
Pigzomttres
filtre (développement du puits). On adopte un débit
initial suffisamment faible pour que le filtre se forme
progressivement : les particules les plus grosses sont
d'abord arrêtées, puis les particules de plus en plus
petites. Si le pompage était commencé à débit élevé,
on pourrait provoquer des arrivées importantes de
matériaux dans le puits et désorganiser complètement
le sol autour du puits.

Cette phase préliminaire de l'essai doit être pro-


longée jusqu'à ce que l'eau recueillie dans le puits
devienne claire.

Fig. 8 — Influence de la profondeur des piézomètres suivant * Cf. article « Etudes des facteurs intervenant dans les
leur distance au puits. mesures de pression interstitielle » de H . Josseaume.

45
Remarque :
Avant de commencer l'essai, il est recommandé
de vider les piézomètres et de relever les courbes de
remontée de l'eau en fonction du temps. Cette
opération, qui a pour but de vérifier que les piézo-
mètres ne sont pas colmatés, permet également de
déterminer :
• le temps de réponse des piézomètres,
• un ordre de grandeur du coefficient de perméa-
bilité du sol. Celui-ci est calculé en appliquant
aux courbes de remontée la théorie de l'essai
Lefranc * à charge variable.

Cette valeur du coefficient de perméabilité peut


être utilisée pour la détermination du débit de l'essai.
Elle devra toutefois être préalablement majorée afin
de tenir compte du fait que la perméabilité globale
d'un sol est plus élevée que celle obtenue à partir
d'essais ponctuels.

Essai de pompage dans un puits.


INTERPRÉTATION D E L'ESSAI

Après l'arrêt de la pompe, et une fois que la nappe


Interprétation en régime permanent
a repris sa position d'équilibre, on procède à l'essai
(formules de Dupuit)
proprement dit qui est effectué à débit constant. Sa
durée peut n'être que de quelques heures si l'on se L'interprétation d'un essai de pompage par les
limite à une interprétation en régime transitoire par formules de Dupuit nécessite la connaissance du
les formules de Theis. Cependant, lorsque le sol est débit et des rabattements dans le puits et les piézo-
hétérogène ou fissuré il est souhaitable de prolonger mètres, une fois le régime permanent établi.
l'essai jusqu'à ce que l'écoulement soit stabilisé
(régime permanent ou quasi permanent). h étant la hauteur de la surface piézométrique
au-dessus du ' substratum imperméable et à la dis-
On effectue les mesures suivantes : tance r de l'axe du puits, les formules de Dupuit
— relevé des niveaux piézométriques et du niveau peuvent s'écrire sous la forme :
de l'eau dans le puits pendant chaque pompage et Nappe libre :
pendant chaque remontée de la nappe. Trupin [2]
indique les fréquences suivantes pour les relevés : =
2
1,36 k ( H - 2
h)
toutes les 15 secondes pendant le premier quart
d'heure suivant la mise en route ou l'arrêt de la i R

pompe, toutes les minutes entre 15 et 30 minutes, r


toutes les 2 minutes entre 30 et 60 minutes, toutes
les 5 minutes entre une et 2 heures, toutes les
ou H — h = —5— (lg R - lgr)
2 2

10 minutes entre 2 et 6 heures, toutes les 30 minutes 1,36 k


entre 6 et 12 heures, toutes les heures au-delà de
12 heures; Nappe captive :
— relevé des indications du compteur aux mêmes
_ 2,72 ke (H - h)
intervalles de temps, sauf au début de l'essai où les
lectures ne sont effectuées que toutes les 2 minutes.
Ces mesures permettent de tracer, en fonction du
temps :
• les courbes de descente et de remontée de l'eau ou H - h = A = — ^ - (lg R - lg r)
dans le puits, 2,72 ke
• les courbes de variation des différents niveaux
piézométriques, * Cf. article « Essai Lefranc » de M . Rat, F . Laviron et
• la courbe de variation du débit. J.-C. Jorez.

46
Il en résulte que, pour une valeur déterminée Dans le cas d'une nappe captive, si les pertes de
2 2
de Q, les courbes de variation de A ou de H — h , charge à travers la crépine et le filtre restent suffi-
tracées en fonction de lg r, sont des droites de pente samment faibles et si le milieu est suffisamment
homogène, on obtient un diagramme semblable à
a = —— (nappe libre) ou a = — — (nappe celui de la figure 10.
1,36 k 2,72 ke
captive) et d'abscisse à l'origine lg R. Exemple :
On peut donc obtenir simplement le coefficient de Le diagramme de la figure 11 a été obtenu à la
perméabilité du sol et le rayon d'action du pompage suite d'un essai de pompage effectué dans une nappe
2 2
à partir de la courbe A ou H — h tracée en libre. La couche support est constituée d'un limon
fonction du logarithme de r. argileux traversé par de nombreux canalicules pou-
vant atteindre un centimètre de diamètre, formés par
Remarque : la décomposition de végétaux. Le débit, en régime
3 3 3
permanent, est Q = 23 m / h = 6,4 x 10 m /s.
Dans le cas d'une nappe libre, on obtient un dia-
gramme semblable à celui représenté sur la figure 9,
ceci en raison de l'existence d'une surface de suin- 2
H , h 2

tement. Par ailleurs, la surface réelle de rabattement


ne coïncide avec la surface de Dupuit que lorsque r 4 11 4
Puits
est suffisamment grand.
3
2 2
Aussi lorsqu'on trace la courbe ( H — h ), lg r
néglige-t-on le rabattement dans le puits et tient-on 2 •

davantage compte des indications des piézomètres N


situés à une certaine distance du puits que de celles
des piézomètres proches.
!
I V
0
1 10
1 !00
V
1000
D i s t a n c e s au c e n t r e du c u i t s (en m e t r e s )

Fig. 11 —• Exemple de détermination du rayon d'action R


et du rayon efficace.

2 2
Les points représentatifs des valeurs de H — h ,
obtenus en régime permanent pour chaque piézo-
mètre, sont situés sur une droite de pente
2
a = — 2,1 m et dont l'abscisse à l'origine corres-
pond à R = 220 m.
D'où le coefficient de perméabilité :
3
Q 6,4 x 10 „„ „ , i n
Fig. 9 — Nappe libre : principe de la détermination du
rayon d'action d'un pompage.
k = — =— = 2,2 x 10-3 m/s
1,36 a 1,36x2,1

A = H-h
Interprétation en régime transitoire
(formules de Theis)

L'interprétation d'un essai de pompage par les


formules de Theis met en jeu l'ensemble des mesures
effectuées au cours de l'essai : débit, rabattements
dans les puits et les piézomètres.

RABATTEMENT DE LA NAPPE

L'interprétation se fait à partir de la courbe rabat-


tement-logarithme du temps.

Fig. 10 — Nappe captive : principe de la détermination du Si la nappe n'est pas réalimentée et si la couche,
rayon d'action d'un pompage. dont on mesure la perméabilité, est infinie dans le

47
sens horizontal, les courbes expérimentales présentent Exemple :
d'abord une certaine courbure, puis deviennent
linéaires (fig. 12a). La courbe de la figure 13 représente le rabat-
tement dans un piézomètre situé à 7 mètres du puits,
Si la nappe est réalimentée, la courbe s'infléchit au cours d'un pompage en nappe captive. Le débit
vers l'axe des t et tend vers une horizontale (fig. 12b). 3
est Q = 0,9 m /h = 25 x 10 m /s et l'épaisseur e 3

Au contraire, si la perméabilité diminue à une cer- de la nappe au droit du piézomètre e = 5,1 m.


taine distance du puits, la courbe se relève dès que
le pompage intéresse la zone de moindre perméabilité On constate que la courbe comporte une partie
(fig- 12c). droite mais que le rabattement tend rapidement à
se stabiliser. La nappe est donc réalimentée.
En règle générale, les courbes rabattement-loga-
rithme du temps présentent une partie linéaire à La pente de la partie droite (variation du rabatte-
condition que les mesures de rabattement ne soient ment correspondant à un cycle logarithmique) est
pas effectuées à trop grande distance du puits et a = 6,35 m et son abscisse à l'origine t = 125 s. 0

que la durée de l'essai soit suffisante. On en déduit :

k - 2
' 3 Q
_ 2,3 x 25 x îo-e
i = H-h A ; H - h A = H - h
~ 4Ttea " 4 x 3,14 x 5,1 x 6,35
= 1,4 x 10-« m/s

_ 2,25 ket„ 2,25 x 1,4 x 10« x 5,1 x 125

5
= 4,1 x I O
Fig. 12 — Allures diverses de la courbe de rabattement-
logarithme du temps.

Méthode d'approximation logarithmique

La courbe rabattement-logarithme du temps n'est


2
rS
linéaire que lorsque l'expression est négli- E
c
4 ket w

geable. On se trouve alors dans les conditions de < 5


l'approximation logarithmique, et le rabattement a
E
pour expression : v 4

2,3 Q , 2,25 ket

t
A = H h = lg ir 3
2
4TC ke rS

ou
2,3 Q / , 2,25 ke ,
ï
H -—- lg 2
+ lg t -A
4TT: ke \ rS
10 10' 10 J
10* 10 3

2,3 Q T e m p s en s e c o n d e s
équation d'une droite de pente a = et
4TU ke Fig. 13 — Variation du niveau de l'eau dans un piézomètre
2
pendant un pompage en nappe captive.
rS
d'abscisse à l'origine t = 0

2,25 ke
Remarque :
La pente et l'abscisse à l'origine de la partie droite
permettent donc de calculer le coefficient de perméa- On obtient pour le puits et pour chaque piézo-
bilité k et le coefficient d'emmagasinement S : mètre une valeur de k et une valeur de S.
Pour apprécier l'hétérogénéité du sol, il est inté-
2,3 Q 2,25 ket,
k= et S = ressant de tracer, sur un même diagramme semi-
4TC ea logarithmique, les courbes de variation du débit spé-

48
cifique — en fonction de — pour le puits et les On en déduit k et S par les formules :
2
Q r
piézomètres. Si le sol est homogène et si l'on se trouve QW(u) M

dans les conditions de l'approximation logarithmique, 4TC eA\


on obtient une seule droite d'équation :
4ket M
A. 2,3 / 2,25 ke . t S =
lg — - — + lg -
Q 4Ttke
u /M
Le coefficient de perméabilité et le coefficient d'em-
magasinement se déduisent alors de sa pente a et de Si la nappe n'est pas réalimentée, cette méthode
peut, en principe, être appliquée à n'importe quel
son abscisse à l'origine T = 0 * domaine de la courbe de rabattement.
r
/0
En fait, lorsqu'on est dans le cas de l'approxima-
2,3
k = — ' — et S = 2,25 ket 0
tion logarithmique ( — grand), la courbe universelle
4itea
devient presque linéaire ainsi que la courbe de rabat-
tement. Il y a alors une infinité de façons de les
superposer.
Méthode de la courbe universelle de Theis
Outre le cas des piézomètres éloignés du puits
La solution exacte de l'équation de l'écoulement pour lesquels on se trouve rarement dans le cas de
en régime transitoire est : l'approximation logarithmique, l'utilisation de la
méthode universelle ne s'impose que pour l'inter-
A = - ~— W (u) prétation des parties de courbes de rabattement
4n ke
obtenues au début du pompape (— faible). Il
2
rS u
avec u = convient toutefois de faire les réserves suivantes :
4ket
— dans les cas des sols peu ou moyennement per-
On a donc : méables, le temps de réponse des piézomètres
n'est pas nul et de ce fait les premières mesures
4-Ti ke piézométriques ne sont pas représentatives des
lg W (u) = lg A + lg
rabattements réels;
et — le début de la courbe de rabattement dans le
puits peut rarement être interprétée. En effet,
une partie de l'eau pompée au début de l'essai
se trouvait déjà dans le puits avant la mise en
route de la pompe. Dans ces conditions le débit
effectivement prélevé dans le sol est inférieur au
La courbe représentant les variations de lg W (u)
débit nominal.
e t a c o u r D e
en fonction de lg ^ — ^ ' représentant les
Exemple :
variations de lg A en fonction de lg t sont donc
superposables par une simple translation. On a représenté sur la figure 15 les variations du
rabattement dans un puits de diamètre 0,20 m pour
1 un débit nominal Q = 0,93 nrVh = 26 x 10 s m/s.
Si l'on trace la courbe W (u) en fonction de
La courbe présente deux parties droites A B et B C.
sur un papier bilogarithmique (courbe universelle de Le coefficient de perméabilité mesuré à partir de la
Theis représentée sur la figure 14) et que l'on y pente de B C est k = 1,9 x 10" m/s. Le débit effec-
superpose la courbe rabattement-temps tracée sur un tivement prélevé dans le sol au début du pompage
calque bilogarithmique, il est possible de déterminer est :
S et k.
6
4Treak 4 x 3,14 x 4,5 x 2 x 1,9.10
Il suffit de considérer un point M quelconque Q =
2,3 2,3
commun aux 2 courbes et de déterminer ses coor-
1 3
= 9,3 x 10- m /s. 3

données ( W(u) et M d'une part, A et t M M

a, pente de A B = 2 mètres,
d'autre part) dans les deux systèmes d'axe. e, épaisseur de la nappe au droit du puits = 4,5 mètres.

49
i

W(u)

Fig. 14 — Courbe universelle de Theis.

10

1 10 100 1000 1/u


On se trouve alors dans les conditions de l'approxi-
mation logarithmique et le rabattement a pour ex-
pression :

E
c 7 A = H - h
4 7t ke t'
On peut alors déterminer le coefficient de perméa-
• , , , 2,3 Q
bihte a partir de la pente a = de la partie
t 4 7tke
linéaire de la courbe de rabattement et l'on a :
2,3 Q
A =2,75
490
k =
4 7i; ea'
Exemple :

La courbe de la figure 16 représente le rabattement


dans un piézomètre après l'arrêt d'un pompage. Le
3 5 3
débit est Q = 0,93 m / h = 26 x Ï 0 m /s et
490 tO 3
l'épaisseur de la nappe, à l'emplacement du piézo-
Temps *n secondes
mètre, e = 5,1 m.
Fig. 15 Variation du niveau de l'eau dans un puits \7X
pendant un pompage.

11-
J •

E *
1
Au temps t = 490 s, on a pompé le volume : < Y
< S /
V = 26 x 10 s
x 490 = 128 x 10 3
m 3
/

/
on a prélevé dans le sol le volume :
/
/
V« = 9,3 x lu- x ^ 45 x 1 0 -« m
3
/

/
On constate que la différence :
3 3 1
V - V = 83 0 x 10- m /

*•
est sensiblement égale au volume d'eau V en pro- p

venance du puits, soit :


i

2
7t x Ôâ Fig. 16 Variation du niveau de l'eau dans un piézomètre
après l'arrêt de la pompe.

7t x 0,2 3 3
La pente de la partie linéaire (variation du rabat-
x 2,75 = 86 x 10- m tement correspondant à un cycle logarithmique) est
a' = 5,4 m, d'où :
2,3 Q _ 2,3 x 26 x IQ-B
REMONTÉE D E L A NAPPE k =
4 7tea ~ 4 x 3,14 x 5,1 x 5,4
L'interprétation se fait à partir des courbes de
variation du rabattement * dans le puits et les piézo- 1,7 x 10« m/s

mètres en fonction du logarithme de — , t étant le


t'
temps compté à partir du début du pompage et t' CONCLUSIONS
le temps compté à partir de l'arrêt.
Le coefficient de perméabilité du sol peut être
Lorsque la pompe est arrêtée depuis un certain
déterminé au moyen des théories de Dupuit et de
temps, la courbe de rabattement devient linéaire. Theis à partir des résultats d'un essai de pompage,
* Compté à partir de la surface de la nappe avant pour peu que celui-ci ait été prolongé suffisamment
pompage. longtemps.

51
Actuellement, la tendance générale est d'interpré- — lorsqu'on procède à un essai dans une nappe libre
ter les essais par la méthode de Theis de préférence et que le rabattement ne peut plus être considéré
à celle de Dupuit. comme faible par rapport à l'épaisseur de la
nappe. L'emploi de la méthode de Dupuit donne
Cela se justifie pleinement lorsqu'on cherche seu- alors une valeur plus sûre du coefficient de per-
lement à mesurer le coefficient de perméabilité d'une méabilité que celle obtenue par la méthode de
couche homogène baignée par une nappe captive : on Theis (celle-ci n'est applicable, en toute rigueur,
peut alors limiter la durée du pompage à quelques que pour une nappe captive);
heures.
— lorsque, outre le coefficient de perméabilité, on
Il est par contre souhaitable de prolonger l'essai cherche à déterminer le rayon d'action du pom-
jusqu'à l'obtention du régime stabilisé : page.

BIBLIOGRAPHIE

[1] G . S C H N E E B E L I , Hydraulique souterraine, Eyrolle^ (Paris, 1966), 362 p.


[2] G . T R U P I N , Manuel pratique d'essais de pompage, Rapport B . R . G . M . DS 64 A 60 (juin 1964), 185 p.

Par ailleurs, l'auteur de cet article s'est inspiré des ouvrages :

R. B R E M O N D , I . C H E R E T et C . P A R S Y , Mesures piézométriques et essais de pompage dans les nappes souterraines, Service


de l'hydraulique de l'A.O.F., (1960), 78 p.
G. CASTANY, Traité pratique des eaux souterraines, Dunod (Paris, 1963), 657 p.
E. DE GELIS, Eléments d'hydraulique souterraine, Edition du Service Géologique du Maroc (Rabat, 1956).

52
discussion

La discussion a porté sur les points suivants :

Conditions d'application des d i f f é r e n t e s formules

a) Nappes libres en régime transitoire


La m é t h o d e d ' é t u d e des nappes captives en régime transitoire est correcte, mais l'extension de la formule de
Theis aux nappes libres est une approximation, valable seulement pour les faibles rabattements.
En effet, pour obtenir le mouvement d'une nappe libre en régime transitoire, il faut résoudre l'équation non
linéaire suivante :

2
A h (Laplacien) =
k dt

Cette équation peut être linéarisée de deux manières, si h d é s i g n e la valeur moyenne de h :

1) Ah=-^L— (formule de Theis) 2


2} A h = 4- —
kh dt . kh dt

On prend g é n é r a l e m e n t h = H '

La d e u x i è m e équation conduit à la
solution suivante : 2
P t n t c s 0 145 ^
TB q,6.1<f m /s
J 2

H 2 2
— h = - ° - W(u) /

/
,*

f
Cette formule semble être plus pré-
cise pour les forts rabattements. D'ailleurs
c'est elle qui permet, pour les nappes
libres, de retrouver la formule de Dupuit.
l
y* 1 »5» tl
De plus, pour ces nappes, le coeffi-
cient d'emmagasinement est mal défini.
On suppose que le terrain se dessature
brusquement. Or, des expériences faites
sur colonnes ont m o n t r é , que pour un
' 1 10 11* 10* 10* 10 5

sable de forte perméabiJité (2 x 10~* m/s), Temps t <n secondes

le temps de dessaturation est de 5 0 0 m i - Fig. 7 - Essai de pompage : Interprétation par la méthode d'approximation semi-
nutes pour un rabattement de 5 0 centi- logarithmique - Roccade ouest de Toulouse.
m è t r e s . Ceci explique en partie, les résultats
t r è s dispersés et très faibles (quelques %
pour des graves dont la porosité efficace est de 2 0 % ) , que l'on obtient pour la valeur du coefficient
d'emmagasinement.

b) Interprétation semi-logarithmique
Quand on reporte les résultats d'un essai de pompage sur un papier semi-logarithmique A Ig t, les points
peuvent s'aligner sur deux droites et le rapport des pentes de ces deux droites est voisin de 2 (fig. 1 ).

53
Ce p h é n o m è n e s'explique par la p r é s e n c e d'une limite i m p e r m é a b l e que l'on suppose droite.

On peut appliquer, même en r é g i m e transitoire,


la t h é o r i e des images. On c o n s i d è r e que le milieu est infini
et que l'on pompe dans deux puits. Les rabattements
s'ajoutent donc :
Q
A = lW(u) + W(u')
4TTT

rS
2
r' S
2

et u'
4Tt 4Tt

T = ke, t r a n s m i s s i v i t é de la nappe.

Si M est s i t u é p r è s du puits, au bout d'un temps t faible on peut remplacer W(u) par l'approximation logarithmique
alors que W(u') est n é g l i g e a b l e . On a donc :

A = -p— In -MLEÈ
Anl rS
2

Sur un papier semi-logarithmique, les premiers points sont a l i g n é s sur une droite de pente — — ( t h é o r i e de Theis).
4TT
Au bout d'un temps t grand, W(u') peut ê t r e r e m p l a c é par l'approximation logarithmique. On obtient ainsi :

, Q. 2,25 Tt
A = n —'
2TTT rr'S
Q
Les points sont encore a l i g n é s , mais sur une droite de pente . On trouve ainsi le rapport 2 entre les pentes
2TTT
des deux droites.

Ainsi, la p r é s e n c e d'une limite i m p e r m é a b l e se traduit généralement par l'existence de deux droites et il


faut utiliser la pente de la p r e m i è r e pour calculer la t r a n s m i s s i v i t é . Si la limite n'.est pas droite, le rapport des
pentes sera quelconque.

De la m ê m e manière, on d é m o n t r e que si la nappe est r é a l i m e n t é e le long d'une droite, on a, lorsque


l'approximation logarithmique est valable pour le puits et pour son image :

A = n —
2/rT r'

En régime transitoire, on a le choix entre la m é t h o d e de la courbe universelle de Theis et l'interprétation

semi-logarithmique. La d e u x i è m e est plus p r é c i s e , mais elle n'est valable que pour > 100. Elle ne s'appliquera

donc pas aux p i é z o t n è t r e s é l o i g n é s du puits et, pour les autres, elle ne tiendra pas compte des p r e m i è r e s mesures
( d ' o ù le faible i n t é r ê t des mesures faites au bout de 3 0 secondes).

c) Interprétation des remontées


On peut utiliser aussi la r e m o n t é e de la nappe dans les p i é z o m è t r e s , après l ' a r r ê t du pompage. Elle présente
l'avantage d ' ê t r e plus r é g u l i è r e , donc plus facilement interprétable.

Mais pour que l ' i n t e r p r é t a t i o n soit valable, il faut que la nappe ne soit pas r é a l i m e n t é e . En particulier, s'il
y a eu stabilisation c o m p l è t e , on doit é c r i r e :

Q r S
2

A (t') = A (stabilisé) — W(u') avec u' =


4TTT 4Tt
On i n t e r p r é t e r a la d i f f é r e n c e A (f) — A ( s t a b i l i s é ) par les m é t h o d e s habituelles.

d) Interprétation graphique des rabattements en régime permanent

Cette méthode (décrite dans le texte) a l'avantage de d é t e r m i n e r le rayon d'action du puits (que l'on ne
connaît pas) pour appliquer la formule de Dupuit. Par ailleurs, .elle est plus souple d'emploi que les formules
de Thiem.

54
e) Anisotropie des terrains
L'essai de pompage permet de d é t e r m i n e r la p e r m é a b i l i t é horizontale des terrains. Dans le cas des nappes
libres, on pourra, si des p i é z o m è t r e s localisent la surface de la nappe au voisinage du puits, calculer la perméa-
b i l i t é verticale.

Une anisotropie horizontale, g é n é r a l e m e n t plus faible que l'anisotropie verticale (cas des d é p ô t s fluviátiles
o r i e n t é s dans le sens du courant) est mise en é v i d e n c e par des p i é z o m è t r e s d i s p o s é s en croix.

P r é c a u t i o n s à prendre pour r é a l i s e r l'essai

— Le puits doit ê t r e descendu si possible jusqu'au substratum imperméable. Sinon, on ne sait pas interpréter
correctement l'essai, p a r t i c u l i è r e m e n t en r é g i m e transitoire, car l ' é c o u l e m e n t ne peut plus ê t r e considéré comme
bidimensionnel. Il existe des formules empiriques pour le r é g i m e permanent;

— Le d é v e l o p p e m e n t du puits est n é c e s s a i r e , même pour un essai de courte d u r é e . Il c r é e , par l'entraînement


des fines, un filtre naturel et é v i t e ainsi le colmatage. Si le puits est correctement développé, le filtre autour de
la c r é p i n e n'a donc pas besoin d ' ê t r e anticontaminant vis-à-vis du terrain. La zone développée présente une
p e r m é a b i l i t é plus grande que le terrain.

On introduit ainsi la notion de rayon efficace du puits. On obtient la valeur sur le graphique Ig r, H2 — h . Ainsi 2

pour l'exemple p r é s e n t é sur la figure 11 (de l'article), le rayon efficace est de 2,5 mètres pour un rayon r é e l de
0,60 m è t r e ;

— L'essai de pompage donne une valeur moyenne de la perméabilité d'un volume de terrain t r è s important.
Le d é b i t de pompage doit ê t r e pratiquement constant, pour cela il ne doit pas ê t r e trop faible. L'essai n'est donc
a d a p t é qu'aux nappes ayant une t r a n s m i s s i v i t é suffisante.

En conclusion, l'essai de pompage est généralement lourd de mise en oeuvre. Aussi une étude hydro-
g é o l o g i q u e p r é l i m i n a i r e est-elle n é c e s s a i r e pour une bonne implantation des p i é z o m è t r e s et pour une interprétation
correcte des r é s u l t a t s .

Les p r o b l è m e s qu'il permet de traiter é t a n t t r è s d i f f é r e n t s , sa r é a l i s a t i o n pratique d é p e n d r a du but à atteindre :

— Pour mesurer la p e r m é a b i l i t é , un essai de courte d u r é e (4 heures) avec un seul p i é z o m è t r e sera généralement


suffisant ;

— Pour dimensionner un drainage ou p r é v o i r le rabattement dans une fouille, on aura généralement intérêt à
rabattre la nappe jusqu'au niveau du drainage, car l'essai i n t è g r e la valeur de la p e r m é a b i l i t é sur une verticale.
La durée de l'essai sera plus longue, car il faudra atteindre la stabilisation, afin d'avoir une idée correcte du
rayon d'action. Il faudra donc plusieurs p i é z o m è t r e s ;

— Pour alimenter un village en eau, il sera de longue d u r é e , et n é c e s s i t e r a la pose de nombreux piézomètres,


afin de d é t e r m i n e r les c a r a c t é r i s t i q u e s de la nappe. Dans ce cas, on exécutera plusieurs paliers de pompage.

55
Essai Lefranc
M. RAT

F. LAVIRON
I n g é n i e u r E.N.S.C.
Chef du Croupe " G é o l o g i e '

J.-C. JOREZ
I n g é n i e u r E.T.P.
Chef du Croupe " M é c a n i q u e des Sols'
Laboratoire Régional d'Autun

Pour mesurer la perméabilité d'un sol, un essai de C A S D ' U N SOL P U L V É R U L E N T O U F A I B L E M E N T C O H É R E N T

pompage n'est pas toujours justifié ni même possible.


L'essai Lefranc permet d'obtenir des résultats Le forage est le plus souvent réalisé par percussion.
corrects, sans nécessiter un matériel important. Il On bat un tubage muni d'un sabot jusqu'à la cote
peut être réalisé dans les sondages de reconnaissance, choisie pour l'essai, puis on le cure en prenant soin
au fur et à mesure de l'avancement. de ne pas désorganiser le terrain à la base du tubage.
Lorsque le tubage a été vidé sur toute sa hauteur,
plusieurs méthodes peuvent être employées pour réa-
É T U D E THÉORIQUE liser la lanterne :

Principe — On ne poursuit pas le forage au-delà de la base


du tubage et la cavité est constituée par le fond du
L'essai Lefranc consiste à injecter ou à pomper forage (cavité plate).
de l'eau dans une cavité de forme invariable, appelée
Une telle cavité est instable car il se produit presque
lanterne, ouverte dans le terrain (contenant une
toujours une remontée des éléments fins dans le
nappe) dont on veut connaître la perméabilité, et à
tubage. Ils introduisent, pendant l'essai, une perte
mesurer la variation de charge et le débit correspon-
de charge dont il n'est guère possible de tenir compte
dant.
et l'essai donne une valeur de la perméabilité du sol
Cet essai est le plus souvent pratiqué pendant inférieure à la valeur réelle.
l'exécution d'un sondage et la cavité est limitée par
le fond et une partie de la paroi du sondage. On — On réalise la cavité par lançage au moyen du
distingue deux types d'essai Lefranc : trépan d'injection (fig. 1). Si l'on arrête l'injection
après exécution de la cavité, celle-ci s'éboule le plus
— L'essai à niveau constant : on pompe ou on souvent lorsque la hauteur de la poche excède quel-
injecte de l'eau à débit constant dans la cavité ques centimètres. Il est alors nécessaire de maintenir
jusqu'à stabilisation du niveau dans le forage. Seules la cavité ouverte en continuant l'injection d'eau
les mesures après stabilisation sont retenues pour (méthode préconisée par Lefranc).
la détermination du coefficient de perméabilité. Ce
type d'essai est réalisé dans les sols perméables Cette méthode ne permet pas d'obtenir une cavité
4
(k > 10- m/s); de forme et de dimensions données. On admet géné-
ralement, pour l'interprétation, qu'elle est équivalente
— L'essai à niveau variable : on prélève ou on
à une cavité cylindrique de longueur égale à une
injecte (essai par abaissement ou par remontée) un
fois et demie celle du trépan et de même diamètre
volume d'eau donné dans la cavité. On suit, en
que celui-ci.
fonction du temps, les variations du niveau dans le
tube piézométrique. Ce type d'essai est réalisé dans — Lorsqu'on désire obtenir une cavité de hauteur
les sols peu perméables. importante, la méthode couramment employée
consiste à déverser un matériau perméable (suffisam-
Préparation de la cavité ment fin pour jouer le rôle de filtre et suffisamment
grossier pour que sa perméabilité soit très grande par
Le forage doit être exécuté à l'eau claire et il faut rapport à celle du sol en place) sur une hauteur supé-
éviter qu'un écoulement puisse s'établir le long du rieure à celle prévue pour la lanterne et à relever
tubage. ensuite le tubage (fig. 2).

56
Un étalonnage des manchons ayant été effectué au
préalable, toutes les caractéristiques de la cavité sont
en principe connues sans ambiguïté. Toutefois, les
trous du manchon risquent de se colmater au cours
du battage lors de la traversée des couches supé-
rieures; il est alors nécessaire de procéder à un
Trepan d injection lavage à l'eau sous pression. Au cours du lavage
une cavité peut se former dans le sol à l'extérieur
du manchon, si bien que les données de l'essai ne
sont pas connues avec plus de précision que dans
les cas précédents.
Fig. 1 — Cavité réalisée par Jançage.
Sols peu cohérents. CAS D'UN SOL COHÉRENT

Le forage est réalisé par rotation. La tenue de la


cavité ne pose généralement pas de problème et on
Mise en p l a c # . - Remontes du peut adopter une hauteur importante mais, le tubage
d'un m a t e n au • tubag « étant mis en place une fois le forage terminé, il
permeablea
base du t u b a g « : <
importe de colmater l'espace annulaire compris entre
le sol et le tubage.

Le bouchon peut se faire au moyen d'un obtu-


rateur gonflable (dont la hauteur doit être de l'ordre
de celle de la cavité). Il est également possible d'arrê-
ter le forage au niveau de la partie supérieure de la
0
° D
cavité, de tuber et de colmater l'espace compris entre
le tubage et le sol avec un bouchon d'argile puis avec

M m de la boue (fig. 3).


Le forage est ensuite repris en diamètre inférieur
sur toute la hauteur de la cavité.
Fig. 2 Réalisation d'une cavité de hauteur importante

Matériel de pompage et de mesure des débits


Cependant cette opération présente l'inconvénient de
réduire l'étanchéité du contact sol-tubage. Dans le cas d'un essai à niveau constant, il est
nécessaire de disposer d'une pompe à débit variable
— Afin de pallier les difficultés de réalisation de et d'un appareil de mesure des débits.
la cavité au niveau du sabot, on utilise parfois un
tubage auquel un manchon crépine est fixé à la base. Si l'essai est réalisé par pompage à moins de
Après avoir battu et curé le tubage, un bouchon 6 à 7 m du niveau du sol, une pompe aspirante
d'argile est mis en place à la base afin de colmater travaillant en surface est suffisante. A une profondeur
le fond du forage. supérieure, une petite pompe immergée est nécessaire.

57
Si l'essai est réalisé par injection on emploie une
pompe travaillant en surface. à un ellipsoïde de révolution. Elle se simplifie si —

La mesure des débits se fait au moyen d'un est supérieur à 2 :


compteur à eau ou d'une cuve de section donnée,
2 TU L
dans laquelle on suit les variations du niveau d'eau. C =
, 2 L
Les essais à niveau variable par abaissement ne ln —
nécessitent aucun matériel particulier. Dans le cas D
d'un essai par remontée il est nécessaire de disposer On obtient une formule approchée différente en
d'une pompe, immergée ou non, suivant la cote de assimilant le cylindre à une sphère de même surface.
l'essai. Si D' est le diamètre de cette sphère, on peut
écrire :
Interprétation de l'essai D 2

2
S = Tt DL + — = TC D'
4
En faisant les hypothèses suivantes :
— la loi de Darcy est applicable, D 2

C = 2TTD' = 27T D L +
— le régime est permanent.
— le milieu est homogène et isotrope,
V
on démontre que, pour un écoulement sans surface L
= 2 ir D
V
libre, le débit Q est proportionnel à la perméabilité k D
et à la charge h (le plan de référence des cotes est
choisi pour que la charge soit nulle avant l'essai) : Des essais à la cuve électrique permettent d'obtenir
Q = kCh par analogie la valeur de C. L a figure 4 représente
D L
C est un coefficient caractéristique de la forme de les variations de — en fonction de — calculées par
la cavité et du milieu. C D
les deux formules proposées. On a reporté aussi les
résultats d'essais en cuve rhéoélectrique. Les diffé-
Calcul de C
rences sont faibles; on peut donc employer l'une ou
C peut être calculé exactement dans quelques cas l'autre formule.
simples - sphère ou ellipsoïde - [1] dans un milieu
infini. Le calcul se fait en intégrant directement D/ C
l'équation de base de l'hydraulique des sols : 0.35

2
3h 2
3h 2
3h 0,30
Ah = 2
- = 0 Formule du cylindre
3x 2
dy 1)7?
0,25
Formule de lasphere
Pour une sphère de diamètre D , dans un milieu
0,2 0
infini, on obtient la formule : Points expérimentaux sur cuve
• r h e o é l t et r t q u e

C = 2TTD , 0,15

Pour une cavité cylindrique de hauteur L et de 0,10


diamètre D , dans un milieu infini, on utilise géné-
ralement la formule approchée suivante : 0.05

1 8 9 10
L /D
D L
Fia. 4 — Variation de — en fonction de —
C = 2 7t D C D
(d'après Schneebeli).
ln
_L_
D
Si le milieu est fini, il faut apporter à ces valeurs
quelques corrections. Ainsi, pour une sphère, on
Cette formule est obtenue en assimilant le cylindre montre, par la théorie des images, que si d est la

58
distance du centre de la sphère à une couche imper-
10
méable, la valeur de C est :
1 1 1 1 1
— = + = +
C 2 jt D 8jtd Cx 8 ;r d
D e même, si d ' représente la distance d u centre
de la sphère à la surface de la nappe :
J _ = 1 1 = 1 1_
C 2TT.D 8;rd' Coo 8=rd'

On applique ces corrections quelle que soit la


forme de la cavité. Elles sont négligeables lorsque
d ou d' est supérieur à trois fois la plus grande
dimension de la cavité.

CARACTÈRE PONCTUEL D E L'ESSAI

Le volume de terrain intéressé par l'essai Lefranc


est faible. La figure 5 donne les méridiennes des
surfaces équipotentielles, qui ont été obtenues par
analogie électrique [2]. Si l'on prend l'équipotentielle
0,1 h comme limite, le rayon de la zone de terrain
intervenant dans la mesure est de 10 R. Le remanie-
ment du terrain autour du forage aura donc une
influence non négligeable et la cavité doit être pré-
parée avec le plus grand soin (éviter le colmatage, Fig. 5 — Surfaces équipotentielles
(d'après Schneebeli).
par exemple).

Il est donc nécessaire de multiplier ce type d'essai


pour avoir une valeur représentative de la perméa-
bilité du terrain. Il y a deux manières d'interpréter l'essai :

ESSAI A NIVEAU CONSTANT


• entre les instants ti et ti . i :

On note la cote du niveau de l'eau dans le forage _ |^


après stabilisation. On fait plusieurs paliers à des le débit est Q; = S -'
débits croissants, puis décroissants. Ces dernières t. , - ti
mesures permettent de vérifier que les conditions
initiales n'ont pas varié. Sur un graphique les points la charge moyenne est
Q et h obtenus doivent s'aligner sur une droite
h, i + h.
. 1 +

h i =
passant par l'origine, de pente H n'est pas 2

nécessaire de connaître exactement le niveau statique On porte sur un graphique les quantités
de la nappe, puisqu'on s'intéresse uniquement à la
pente de la droite. Cependant, sa connaissance per- h ^ ( ! — h, hj , i + h,
met de juger la valeur de l'essai. et
t, .. i - t, 2
4
Lorsque la perméabilité est inférieure à 10 m/s,
il est difficile d'ajuster les débits : Q = 2,5 1/mn pour
C = 4 (cavité habituelle), h = 1 m et k = 10 m/s. 5
Les différents points — et h' doivent s'aligner surt

S
ESSAI A NIVEAU VARIABLE S
une droite de pente
On remplit ou on vide le tubage pour avoir une kC
charge initiale d'au moins un mètre. On mesure la
• à l'instant t :
charge h à l'instant ti. On suppose qu'à chaque
t

instant le régime hydraulique est permanent : dh


le débit est Q (t) = S = k Ch
Q = kCh

59
Par intégration de cette équation différentielle, Pour les essais à niveau variable, on verra ci-après
on obtient : que l'on obtient très rarement une droite lorsque les
kC
résultats sont reportés sur un graphique (h, Q). Il
h = h 0 e ~~~s~(t-t,) semble que l'interprétation soit à revoir.

ou Applications particulières
- kC
lg h - Ig h = ----- (t - t )
0 n Jusqu'à présent, le terrain est supposé isotrope.
2,3 S En fait la perméabilité horizontale est généralement
Donc, si Ton porte sur un graphique les points lg h, t. plus grande que la perméabilité verticale. En étudiant
kC mathématiquement le problème, on obtient, pour une
ils doivent s'aligner sur une droite de pente - cavité cylindrique, une relation de la forme :
2,3 S
Cette interprétation suppose la connaissance
exacte du niveau piézométrique avant l'essai, car °" \h k
' -
k D f
(F\ è)
une erreur constante sur h donne une erreur variable
sur lg h, et les points ne s'alignent plus. Si l'on opère sur deux lanternes de hauteur diffé-
rente, on peut calculer k et k .
h v
COURBES OBTENUES
Il ne semble pas que cette méthode soit employée;
On a représenté sur la figure 6 les quatre types sa précision doit être très faible, car les erreurs se
de courbes obtenues généralement : cumulent.
Courbe 1 : l'essai est correct et permet de calculer On remarquera que pour les cavités hautes
la valeur de k,
~ > 2 j la surface latérale est beaucoup plus grande
Courbe 2 : après un début correct, l'eau trouve un
cheminement privilégié, généralement que la surface de la base. Les lignes de courant sont
autour du bouchon étanche, perpendiculaires à la paroi et ont d'autant plus
Courbe 3 : la lanterne se colmate progressivement,
tendance à le rester que le rapport — est grand.
Courbe 4 : le gradient hydraulique devient trop k v

important et la loi de Darcy n'est plus Il en résulte que, pour les milieux anisotropes, le
respectée. coefficient k obtenu à partir de la formule Q = k C h,
représente la perméabilité horizontale du terrain.
h
Pour mesurer l'anisotropie d'un terrain, la seule
méthode valable est d'étudier la répartition des pres-
sions autour d'une cavité quand on y injecte ou
pompe un débit Q. Mais il faut que le terrain soit
suffisamment perméable.
On peut aussi appliquer l'essai Lefranc à la
mesure de la perméabilité d'un terrain non saturé.
La quantité d'eau nécessaire sera importante, car,
pendant la première partie de l'essai, il faudra saturer
le terrain.

Précision des mesures

Théoriquement la précision des mesures est bonne.


D'après Martin [3], elle serait de l'ordre de 10 %.
Mais le calcul ne tient pas compte du remaniement
du terrain autour du sondage, et on a vu l'importance
de ce phénomène. Il est donc nécessaire d'effectuer
sur un même site un nombre important d'essais
Dans les trois derniers cas, on pourra essayer Lefranc pour pouvoir donner une valeur correcte du
d'interpréter l'essai à l'aide de la tangente à la courbe coefficient de perméabilité. La valeur obtenue repré-
au début de l'essai. Mais généralement on ne pourra sente généralement la perméabilité horizontale du
pas conclure. terrain.

60
PRATIQUE DES ESSAIS L E F R A N C Le bouchon étanche est réalisé soit pendant le
forage en ancrant le tubage dans de l'argile et en
D'une façon générale on peut caractériser les deux reforant la lanterne en diamètre inférieur (fig. 3),
types d'essai de la façon suivante : soit en utilisant un obturateur, dans le cas des terrains
— L'essai à niveau constant exige du matériel rela- rocheux (caoutchoucs de 50 cm de haut appliqués
tivement important (citerne ou pompe + tuyauterie); contre la paroi par serrage mécanique - fig. 7 a).
il est simple à réaliser; il est long dans les terrains
peu perméables; il est facile à interpréter. Ces deux procédés ont donné de bons résultats.
De plus, il est toujours possible de vérifier s'il y a
— L'essai à niveau variable demande peu de maté- fuite ou non au-dessus du bouchon et d'éliminer les
riel (20 à 60 litres d'eau); il est très simple à réaliser; essais défectueux. Le premier est réservé aux faibles
il est relativement court, mais l'interprétation de- profondeurs et exige un reforage et un tubage-détu-
mande à être précisée. bage. Les dimensions de la lanterne sont, dans ce
D'un point de vue pratique, on est très souvent premier cas, connues avec une bonne précision.
amené à s'orienter vers l'essai à niveau variable en — Les sondages à la tarière « Highway » dans les
raison de ses facilités d'exécution. terrains tels que marnes altérées du Lias, marnes
altérées ou non du Trias, sables plus ou moins cohé-
rents, graviers argileux cohérents.
Mise en place du dispositif - Création d'une lanterne
Dans le cas des marnes, le terrain se tient pen-
CHOIX D'UNE LANTERNE
dant le forage et un gravier à granularité grossière
Avant d'installer le dispositif, il faut choisir les maintient les parois pendant l'essai. Quand les arri-
dimensions de la lanterne de façon que l'essai repré- vées d'eau sont importantes, ou dans certains graviers
sente bien une couche donnée et que le débit à injec- argileux, le forage à la tarière est délicat, le terrain
ter ne soit ni trop grand ni trop petit (en pratique étant à la limite de l'éboulement : la forme de la
nous avons toujours adopté le système de lanterne lanterne est alors irrégulière, le coefficient C n'est
connu qu'approximativement et seule la rapidité de
haute — > 2). forage permet d'obtenir des conditions acceptables
D
(les cavités réalisées dans des graviers argileux étant
maintenues en forme par un gravier très per-
Le coefficient C varie peu en fonction des dimen-
méable - fig. 7 b).
sions de la lanterne, par exemple on a les valeurs
suivantes :
L = 0,2 m D = 0,1 m C~ 1
L = l m D = 0,4 m C« 4
L = 3 m D = 0,1 m C« 5
On ne peut donc jouer sur le débit à injecter (ou
à pomper) que dans des limites relativement faibles.

LA LANTERNE

Tous les essais comportent la création d'une cavité


cylindrique de dimensions connues. Cela est plus ou
moins commode et précis suivant les terrains et le
mode de forage.
Dans les terrains relativement peu perméables
4
(k < 10 m/s), on a intérêt à avoir une lanterne
a ) sondage carotté; b) sondage « Highway
suffisamment grande de façon que les débits soient
assez grands et afin que le volume de terrain inté- Fig. 7 — Préparation de la lanterne
ressé par l'essai soit le plus grand possible. Le son-
dage Highway (0 400 mm) est donc préférable à ce
point de vue, mais il est aussi celui qui pose le plus La réalisation du bouchon étanche est également
de problèmes de réalisation. En général, le choix est délicate. En général, c'est elle qui conditionne la
imposé par l'engin qui réalise les sondages. Pour nos valeur de l'essai. Nous avons réalisé :
essais, nous avons utilisé deux méthodes :
• un bouchon en argile compactée à la partie
— Les sondages carottés ( 0 131 mm) dans les supérieure de la lanterne. Si les essais sont faits
terrains tels que les schistes tendres ou altérés, ou immédiatement après la mise en place, on observe
grès tendres et friables. des fuites importantes dans les matériaux sus-jacents :

61
ceci peut être vérifié en posant un piézomètre au- — une certaine quantité de matériel est nécessaire,
dessus du bouchon. — la réalisation et la mise en place du dispositif
Par contre, si les essais sont réalisés un cer- exigent une équipe entraînée connaissant bien la
tain temps après la mise en place du dispositif, les technique de l'essai et les buts poursuivis,
terrains situés au-dessus de la cavité colmatent et — en cours d'essai, on peut être amené à changer
consolident le bouchon et l'essai devient correct. Les de technique (débit trop important faisant passer
fuites sont nulles ou très faibles. d'un essai à niveau variable à un essai à niveau
• un bouchon en argile mélangée à du ciment constant, débit trop fort pour le matériel de
(bentonite + ciment). L'épaisseur de ce bouchon pompage disponible, etc.),
varie de 0,50 à 1 m suivant les cas. Le trou est
— dans un sondage carotté, i l est difficile et coûteux
ensuite rebouché. L'étanchéité obtenue est assez
de prolonger l'arrêt de la sondeuse.
bonne, mais ce procédé exige la fabrication du mé-
lange en quantité relativement importante et il est Les essais doivent donc être organisés et prévus
assez cher. le mieux possible.
COLMATAGE DE LA LANTERNE L'essai Lefranc peut être réalisé dans les piézo-
mètres, que l'on met en place pour l'étude de la
Dans des piézomètres dont la prise de pression est
surface piézométrique *. Il suffit de les poser très
limitée par un bouchon étanche, on est amené à
correctement (lanterne).
faire des mesures plusieurs mois après leur pose.
Ces essais sont faits par remontée à niveau variable
après vidange du tubage à l'aide d'une curette. Interprétation - Forme des courbes

La vidange du tube piézométnque est longue; Nous avons vu que le coefficient k de perméa-
l'eau étant très boueuse et montrant une pollution et bilité est donné par :
un colmatage de la lanterne par des argiles. Il faut
vider les piézomètres jusqu'à ce que le décolmatage k = ± Q
se produise et que l'eau devienne claire. C h
A P P R É C I A T I O N DE LA VALEUR DE C

POMPE - MESURE DES DÉBITS


Les lanternes réalisées sont cylindriques et —
La pompe doit avoir un débit variable, en raison D
des différents débits nécessaires pour l'essai et pour est supérieur à 2. On calcule donc C par la for-
des essais dans des terrains variés. Pour chacun mule :
d'eux, la régularité du débit est très importante (une
variation de 6,1 à 6,2 1/mn est gênante à cause des
fluctuations du niveau d'eau dans le tubage).

La mesure des débits a toujours été faite dans un


bac jaugé (dix litres en général). Pour un sondage carotté, le diamètre du trou varie
avec un carottier donné en fonction du terrain. Ainsi,
Dans le cas d'injection, il faut amener l'eau ou la nous avons dû utiliser des packers de 5" (127 mm)
pomper dans un ruisseau. C'est une sujétion impor- dans les grès et de 4" (101 mm) dans les schistes,
tante. alors que les forages étaient tous effectués en 4".
Cette variation de diamètre de la lanterne amène,
pour une lanterne de deux mètres par exemple, une
Réalisation de l'essai
variation de C de 3,6 à 3,4, soit 6 %.
Seuls quelques problèmes pratiques seront abordés
Pour un sondage Highway (tarière 0 40 cm), le
dans ce paragraphe.
trou mesure 40 cm dans les argiles et terrains
Lors d'un essai à niveau constant, l'eau que l'on cohérents et il atteint 50 cm dans les sables et
injecte produit des remous. Pour pouvoir mesurer le graviers. Ceci correspond, pour une lanterne de
niveau de l'eau nous avons utilisé un tube que l'on a un mètre de haut, à une variation de C de 4 à 4,5,
descendu dans le tubage, dans lequel on a mis la soit 12 %. Ces valeurs sont compatibles avec la
sonde de mesure. précision que l'on attend d'un essai Lefranc.

L'essai Lefranc est un essai relativement simple,


* Cf. article « Nappe en charge dans le sol de fondation
pourtant i l ne faut pas le considérer comme trop d'un ouvrage d'art » de H . Josseaume, J.-F. Maillard,
simple et sous-estimer sa réalisation : J.-J. Sevestre, J.-P. Duparcq et A . Vecchi.

62
Coupe du s o n d a g e E l e m e n t s de calcul nécessaire de mesurer le niveau à intervalles trop
rapprochés. En effet, la précision des mesures sur h
Argile jaune O tubage 4 5 m m
est de l'ordre du centimètre. Il faut donc mesurer des
Gravier s a b l e u x p l u s ou H tubage / s o l 700mm
variations d'au moins deux centimètres.
moins argileux
D lanterne 400mm
A p a r t i r de 3,50 m . i. m
ESSAI A N I V E A U CONSTANT
plusieurs suintements L l a n t e r n e de 3 80a4,80m
d eau
(

On obtient une droite. Les points s'alignent très


¿,50
¿,80
Sable jaune a s s e ï fin argileux C = 3,9 bien, au moins dans les quelques essais réalisés. Le
A r r ê t dans a r r i v é e d'eau calcul de k est alors facile (fig. 8 a).
Bouchon fait par mélange
de 2 s a c s b e n t o n i t e . l s a c c i m e n t
ESSAI A N I V E A U V A R I A B L E

Nous n'avons que très rarement obtenu une droite


X Q = f (h). Lorsqu'elle existait, il est à penser que si
E k = 1,2 I0" 5
,ni s
ï 300
l'essai avait été prolongé, les derniers points n'au-
raient pas été sur cette droite, car elle ne passait pas
par le point h„ = 0. Il est donc difficile d'évaluer une
pente (fig. 8 b et 9).
Généralement, on invoque le colmatage de la lan-
100 terne pour expliquer ce phénomène. Mais si l'on réa-
lise deux essais identiques dans une même lanterne,
on obtient les mêmes courbes.
t 2 3 k 5 6 7 1 if/»

a) essai à niveau constant

1 1 1 1
E
I I I C o u p e de sondage Elements de calcul

- 20 0
k = 1,1 1 0 rr / s
s, 0

V Sable g r é s e u x 0 tu bage 1 50mm


consistant
• M
D lanterne 125mm

L lan t er ne de 6m a9 m

/ / 7,50 C : 5
S c h i s t e rouge
très micacé'
I V o l u r ne i n j e c t e 301
B o u c h o n c o n s t i t u e par
12
de I a r g i l e s o u s tubage

/
30O
^*
Q/S ( cm/mn )

b) essai à niveau variable


X
Fig. 8 — Essais de perméabilité par injection
E
- 4 00
k = 1 2 . 1 0" 6
rr / s
En pratique et surtout pour les sondages Highway,
la forme de la lanterne s'approche plus ou moins d'un K

cylindre. Il se produit quelques éboulements de


mottes ou de graviers et la lanterne prend une forme x'

plus ou moins arrondie. On ne sait pas alors apprécier - - —


/
les variations de C. Il semble toutefois qu'elles restent /

faibles et de l'ordre des valeurs citées.


10 15
APPRÉCIATION DE Q ET h
Q/S tem/min)

Cela ne pose pas de problème. On signalera seule- Fig. 9 — Autre essai de perméabilité
ment que dans l'essai à niveau variable il n'est pas par injection à niveau variable.

63
Enfin, de récents essais ont montré que dans une CONCLUSIONS
même lanterne où l'on peut adapter 2 tubages de
diamètres différents, les courbes Q = f (h) obtenues L'essai Lefranc est un essai facilement réalisable
ne sont pas les mêmes (fig. 10). Les valeurs du et peu coûteux. Mais si l'on ne prend pas un certain
coefficient de perméabilité obtenues sont différentes. nombre de précautions, les résultats sont très aléa-
toires. En particulier, il paraît difficile d'obtenir des
Cela pose évidemment le problème de la mise au résultats valables lorsqu'il est fait pendant les opéra-
point d'une méthode d'interprétation de l'essai à tions de forage; l'arrêt de la sondeuse devant être
niveau variable. le plus court possible, on n'attend pas la stabilisation
des niveaux, on ne vérifie pas l'étanchéité du bou-
chon, etc. Dans ces conditions, les résultats des
essais doivent être discutés sérieusement.

Pour toutes les études de nappe, on est amené


à poser de nombreux piézomètres. Ceux-ci deman-
dent, pour fonctionner correctement, une réalisation
soignée : forage, filtre, hauteur de crépinage, bouchon
étanche (nécessaire pour isoler les différentes nappes).
Toutes ces conditions sont celles qui ont été données
pour la création de la lanterne. On pourra donc les
utiliser pour réaliser des essais Lefranc.

Le type d'essai dépendra de la perméabilité du


terrain :
4
si k > 1 0 m/s : essai à niveau constant
4
si k < 10" m/s : essai à niveau variable.
300
Q/S (cm/mn) On n'oubliera pas que de nombreux essais sont
Fig. J0 — Essais à niveau variable. Comparaison de deux nécessaires pour caractériser la perméabilité d'un
essais réalisés dans des tubages de diamètres différents. terrain.

BIBLIOGRAPHIE

[1] J. M A N D E L , Note sur le calcul des infiltrations, Annales des Ponts et Chaussées (juillet 1939), 57-110.

[2] G . S C H N E E B E L I , Hydraulique souterraine, Eyrolles (Paris, 1966), 362 p.

[3] P. M A R T I N , L a détermination du coefficient de perméabilité des roches par les mesures dans les sondages. T h è s e soutenue
le 30 novembre 1959 à l'Université d'Aix-Marseille.

Par ailleurs, les auteurs de cet article se sont inspirés des ouvrages :

J. B R I L L A N T , L a mesure in-situ des perméabilités locales, Géotechnique, 3 (1966), 33-52.

L U T H I N et DON K I R K H A M , A piezometer method for measuring permeability of soil in situ below a water table, Soil Science.
5 T . 68 (1949), 349-358.

64
discussion

Les questions é v o q u é e s ont é t é les suivantes :

Essai à niveau variable

Plusieurs participants ont c o n s t a t é que les r é s u l t a t s des essais ne correspondaient pas à ceux que la théorie
laissait p r é v o i r . Ils ont c h e r c h é une explication de cette discordance, dans les h y p o t h è s e s qui sont faites pour
é t a b l i r les formules :

a) Validité de la loi de Darcy

Au d é b u t de l'essai, les gradients sont importants et nettement s u p é r i e u r s à ceux que l'on rencontre dans la
nature : l ' é c o u l e m e n t serait donc turbulent. De plus, les vitesses d ' é c o u l e m e n t é l e v é e s au voisinage de la lanterne
peuvent e n t r a î n e r des fines ; il y aurait donc modification du coefficient C. Le gradient diminuant progressivement
les fines se déposeraient et colmateraient la lanterne. Pour certains essais, cette interprétation peut être
contestée pour deux raisons : d'une part, ils sont reproductibles, d'autre part, des essais à niveau constant
r é a l i s é s dans la m ê m e lanterne que des essais à niveau variable, avec les m ê m e s surcharges, n'ont pas montré
de turbulence (points a l i g n é s sur le graphique).

b) Validité de l'hypothèse « états d'équilibre successifs »

On observe que dans le cas des milieux t r è s p e r m é a b l e s (k > 10" 4


m/s), l ' i n t e r p r é t a t i o n des essais à niveau
variable est valable. Ceci provient du fait que le r é g i m e d ' é q u i l i b r e est atteint. Généralement, il faut tenir compte
du temps. M. Josseaume s u g g è r e d'employer la t h é o r i e de Gibson qui tient compte du coefficient de consolidation
c „ du sol * .

Son principe consiste à superposer les courbes e x p é r i m e n t a l e s à des courbes t h é o r i q u e s . Quelques i n t e r p r é t a t i o n s


ont é t é faites (fig. 1). Dans certains cas, il est difficile de trouver la bonne superposition.

M. Rat a d é m o n t r é que toutes les courbes t h é o r i q u e s admettent la m ê m e limite asymptotique quant t devient
infini. Cette limite s'obtient facilement en portant sur un graphique la charge h en o r d o n n é e et l'inverse du temps
en abscisse. Les courbes obtenues {fig. 2) p r é s e n t e n t une tangente d'inflexion près de l'origine (ou une tangente
à l'origine, si la lanterne est t r è s haute).

On a la relation a p p r o c h é e :
y p : pente de la tangente,
k = V : volume d'eau i n j e c t é ou p o m p é ,
4Cp rj .. coefficient de forme.

Les e x p é r i e n c e s qui ont é t é faites par le Laboratoire r é g i o n a l d'Autun confirment pour l'instant cette formule.
Il est d e m a n d é aux Laboratoires r é g i o n a u x de l'utiliser avec p r é c a u t i o n et de comparer les r é s u l t a t s obtenus avec
ceux d'autres essais (essai Lefranc à niveau constant, essai de pompage) et de faire part de leurs observations au
D é p a r t e m e n t des sols du Laboratoire central.

Réalisation de la lanterne

Elle pose un certain nombre de p r o b l è m e s . Par exemple, dans certaines graves argileuses un trou à la t a r i è r e
ne tient qu'une demi-heure, si sa profondeur sous la nappe est i n f é r i e u r e à un m è t r e .

Par contre, la r é a l i s a t i o n du bouchon é t a n c h e est facile. On peut d'ailleurs v é r i f i e r l ' é t a n c h é i t é en p l a ç a n t un


p i é z o m è t r e au-dessus du bouchon et si pendant l'essai, le niveau qu'il indique est celui de la c a v i t é , le bouchon
n'est pas é t a n c h e .

* Cf. article « É t u d e des facteurs intervenant dans la mesure des pressions i n t e r s t i t i e l l e s » de H. Josseaume.

¿5
Cour les essais dans les sondages tubes, le bouchon n'est pas toujours utile. Son exécution représente une
perte de temps importante, rarement conciliable avec les intérêts du sondeur. L'utilisation de deux obturateurs
(si la paroi du sondage tient) est certainement préférable.

Calcul du coefficient C

Les erreurs commises en calculant la valeur de C restent généralement faibles, de l'ordre de 1 0 % et comme
la précision de l'essai est au mieux de 50 % (remaniement du terrain autour de la lanterne), elles sont négligeables.
Ceci justifie l'adoption de formules simplifiées pour le calcul de C, en particulier l'assimilation de la lanterne à
une sphère de même surface. On ne commet pas d'erreur importante en réalisant l'essai avec une lanterne limitée
vers le bas par un obturateur.

En conclusion, l'intérêt de l'essai Lefranc a été souligné, en rappelant que de nombreuses mesures sont
nécessaires pour donner une valeur correcte du coefficient de perméabilité, l'essai étant ponctuel.

L'essai à niveau constant, de mise en œuvre assez lourde, donne des résultats convenables.

L'essai à niveau variable, de réalisation très simple, pose des problèmes d'interprétation qui semblent résolus.

Fig. 1 Fig. 2

Fig. 1 - Interprétation, par la méthode de Gibson, d'un essai Lefranc à niveau variable effectué dans un piézomètre mis en place dans une
argile très plastique (caractéristiques du piézomètre: rayon équivalent du filtre r = 73,5 cm, section du tube piézométrique A = 1.13 cm ). La
2

courbe expérimentale —, Ig t se superpose à la courbe de Gibson, correspondant à la valeur fx = 0,2 et à fj,T = 0,1 correspond t = 12.000 s.
Po
3 2
On obtient donc C„ = 7,6 x 10~ cm /s, k = 5,5x10-* cm/s et E = 140 bars.

Fig. 2 - Interprétation proposée pour un essai Lefranc à niveau variable - Tranchée de Saint-André de Cubzac, Gironde.

66
Essai Lugeon
A. de RACUENEL
I n g é n i e u r E.N.S.C.
Chef du Croupe " G é o t e c h n i q u e "
Laboratoire Régional de Rouen

Il est de pratique courante de noter, en cours de Manomètre

forage, les pertes d'eau constatées qui peuvent être


partielles ou totales suivant l'importance et la densité
de fissuration de la roche.

L'essai d'eau Lugeon n'est qu'un perfectionnement


de cette observation empirique et qualitative. Il per-
met d'obtenir des renseignements chiffrés sur la circu-
lation de l'eau dans les roches fissurées.
A l'occasion d'études de fondation d'ouvrages, des
essais de perméabilité Lugeon ont été effectués afin
d'apprécier la fissuration en masse de la craie et les
possibilités de colmatage et de décolmatage des
fissures. Corrélativement, ces essais Lugeon devaient
permettre de déterminer un coefficient de perméa-
bilité en grand et de fournir des éléments chiffrés sur
les possibilités de consolidation par injection.

Le texte qui suit, après un rappel du principe et


de la réalisation de l'essai, montre l'utilisation pra-
tique qui a pu en être faite dans des études de
fondation d'ouvrages d'art.

PRINCIPE E T RÉALISATION
D E L'ESSAI LUGEON

Principe On peut tracer ainsi une courbe débit-pression


{fig. 2) qui permet d'estimer l'état de fissuration
L'essai Lugeon consiste à envoyer, dans une du massif rocheux, le colmatage et le décolmatage
tranche de forage de hauteur h isolée du reste du possibles des fissures et de calculer sous certaines
forage par un obturateur, de l'eau sous charge conditions un coefficient de perméabilité en grand
constante en utilisant un dispositif analogue à celui
et la valeur de la perméabilité Lugeon.
schématisé sur la figure 1.
La pression d'injection P est contrôlée par un
m Réalisation
manomètre en tête de colonne et le débit Q corres-
pondant mesuré au moyen d'un compteur. L'essai est généralement pratiqué à l'avancement
en cours de forage, en utilisant un seul obturateur. Il
Le débit injecté sous une pression de 10 bars peut être cependant réalisé entre deux obturateurs une
est ramené à une absorption évaluée en litres d'eau fois le forage terminé. Ce dernier procédé permet de
par minute et par mètre de forage, appelée unité gagner en rapidité mais augmente les risques de fuites
Lugeon (U.L.). au niveau dé l'obturateur; il laisse par ailleurs le
temps aux sédiments en suspension de se déposer et
Dans la pratique, on réalise divers paliers de d'entraîner ainsi un certain colmatage des fissures.
chargement et de déchargement, chaque palier étant
maintenu pendant 5 à 10 mn après stabilisation du La hauteur des tranches essayées est fonction du
débit, c'est-à-dire après l'établissement d'un écoule- but recherché (par exemple un mètre pour une ana-
ment permanent. lyse fine, mais 5 mètres est une hauteur courante). La

67
KO
tèmes mécaniques, essayés dans la première expé-

1
rience au pont d'Oissel, ont été abandonnés au profit
d'un obturateur gonflable. En effet, dans les terrains
crayeux à alternance de silex et de craie, de bancs
durs et tendres plus ou moins fissurés, il était difficile
y x 1 d'obtenir une étanchéité satisfaisante.
80
L'obturateur gonflable (fig. 3) est constitué par
une membrane caoutchoutée de 4 à 5 mm d'épaisseur
et d'un mètre de longueur. Le gonflement de la
cellule est obtenu par une bouteille de gaz carbonique
reliée à la cellule par une conduite en Rilsan.

Manomètre

10 12
Pression (bar)
3
Fig. 2 — Diagramme débit-pression. B o u t e i II e de Co%

Z 3 Membrane caoutchouc

Tuyauterie d injection

f1
*• 1
Fig. 3 — Schéma de principe
de l'obturateur gonflable.

ÏZZZ. 7ZZA

Obturateur à cuir. Obturateur à manchon


en caoutchouc. Pour des forages de 78 mm de diamètre, la
cellule a un diamètre de 75 mm, diminuant ainsi
les risques de coincements.
Une pression de mise en charge de la cellule
conjugaison de l'essai sur deux tranches de hauteurs
supérieure de 2 bars à la pression de l'essai suffit pour
différentes permet d'avoir des indications sur l'homo-
assurer une bonne étanchéité.
généité de lafissurationet sur la taille des fissures [1].
Cet obturateur a donné de bons résultats dans la
Appareillage craie fissurée malgré un certain nombre d'éclatements
de membranes dus à la présence de silex coupants.
L'appareillage comprend un obturateur, un mano- Le. manomètre de contrôle de la pression d'injec-
mètre, un compteur d'eau et une pompe. tion, sans caractéristique spéciale, doit seulement être
Cambefort [2] décrit des obturateurs mécaniques mis en tête de colonne pour simplifier le calcul des
à rondelles de caoutchouc et auto-serreurs. Ces sys- pertes de charge.

68
Le compteur d'eau est intéressant, mais toutes les On constate que les pertes de charge, calculées
entreprises n'en disposent pas. Dans cette hypothèse, uniquement en tenant compte des circulations dans
nous avons utilisé un bac de décharge de un mètre les tiges, sont faibles. En fait, elles sont très impor-
cube environ (fig. 4), une vanne de décharge réglant tantes si l'on tient compte des raccords et du touret
le débit et, de ce fait, la pression d'injection. d'injection (tableau /).

Le débit injecté 0 entre les temps t, et t. est : TABLEAU I

o=s h ( t
' -
) h ( w
0 p,. c a l c u l é
p,- r é e l
débit avec
t - t, raccord sur tiges
(l/mn) manchons
2

(mm) (bar)
La pompe d'injection doit être proportionnée au (bar)
débit à atteindre et doit pouvoir monter en pression.
Tige N
Dans le cas de la craie, souvent fortement fissurée, 0 50,8 mm
25,4 50 5,5.10"' 2.10" 2

les pompes choisies étaient des pompes à pistons


à débit variable (200 l/mn maximum) pouvant aller Tige A 3
14,3 53 7,5.10 8.10" 2

jusqu'à 10 bars de pression. 0 32,15 mm

Tige E 1 2
11.1 37 2,6.1o- 9.10"
0 21,4 mm
Forag e

Vann e de d e c h a rg e
réglable Dans la pratique, les utilisateurs disposent d'aba-
Pomp e ques établis à partir d'étalonnages directs et tenant
compte de l'ensemble d'une colonne.
T
Une autre cause d'erreur peut être le contourne-
ment de l'obturateur par l'eau injectée. Ce fait se pro-
duit s'il y a des fissures longitudinales à son niveau.
Fig. 4 Mesure de débit d'eau par un bac de décharge. On note alors, soit une impossibilité de monter en
charge, soit des chutes de pression parfois notables
qu'il convient de compenser par une augmentation
de débit. Si l'on constate ces anomalies, il convient de
considérer Fessai comme douteux.
INTERPRETATION DES MESURES
Tracé des courbes débit-pression Interprétation des courbes débit-pression

On porte en abscisse la pression effective dans la Les études effectuées par Lugeon * ont montré
tranche de terrain testé et en ordonnée le débit en qu'il existait un certain nombre de diagrammes carac-
litres par minute obtenu après établissement du téristiques du régime d'écoulement (laminaire ou
régime permanent (fig. 2). turbulent), du colmatage et du décolmatage des
fissures sous charge (fig. 5).
Cette pression effective est donnée par :
Les courbes obtenues pour la craie sont essentiel-
H P c
lement du type lb, 2b et 3 :
P. = P n
10 10 — dans les courbes du type lb, on n'aurait pas de
H différence de cote nappe-manomètre, en mètres; colmatage initial mais un débourrage à forte pression,
P m
pression lue au manomètre en tête de colonne, en bars; l'écoulement serait laminaire et correspondrait à une
P,. pertes de charge dans les tuyaux, en mètres de hauteur certaine densité de fissures peu ouvertes;
d'eau.
— dans les courbes du type 2b, on aurait un colma-
Si l'on calcule les pertes de charge par la formule tage à basse pression avec débourrage à forte pres-
de Flamant, applicable aux tuyaux de faible dimen- sion;
sion, on a :
— dans les courbes du type 3, on aurait un écoule-
ment turbulent dans des fissures relativement larges.
p = 0,00092 »
c — En fait, Sabarly [1] explique cette forme de courbe
\ D' par une augmentation élastique de l'ouverture de la
D : diamètre du tuyau en mètres.
fissure sous l'effet de la pression d'injection et non
Pc : perte de charge par mètre, exprimée en mètres de par un écoulement turbulent.
hauteur d'eau.
v : vitesse de l'eau en mètres/seconde. :
Cité par Cambefort [3|.

69
PERMEABILITE REELLE
1a 1b
Le calcul d'une perméabilité k se justifie si l'on
a un écoulement laminaire en régime permanent, ce
qui se traduirait normalement par un diagramme
Pression (P , Q) linéaire passant par l'origine {fig. 6). La
e

Ecoulement laminaire E c o u l e m e n t laminaire Ecoulement laminaire


perméabilité k en mètres par seconde serait alors
puis c o l m a t a g e à forte puis d e b o u r r a g e a donnée par la formule :
pression forte p r e s s i o n .

i 0^

w
2a 2b k =
10 C P e

C : coefficient de forme exprimé en mètres,


P, : pression effective dans la cavité exprimée en bars,
Pression Pression Pression
Q : débit exprimé en mètres cubes par seconde.
Colmatage a b a s s e Colmatage a basse Colmatage a basse
pre s s ì on p r e s s i o n puis a haute p r e s s i o n puis d é b o u r . Ce coefficient C a pour valeur, dans le cas d'une
pression rage à haute pression
cavité cylindrique (lanterne) de diamètre D et de
longueur L * :

Y
Ecoulement turbulent Debourrage progressif C = 2JTD
L
Fig. 5 — Différentes formes de diagrammes d'essais.

La correspondance des deux unités la plus cou-


Traduction des résultats en perméabilité ramment admise est :
PERMÉABILITÉ L U G E O N 1 Lugeon 10 5
cm/s
L'unité Lugeon, définie précédemment, suppose Le coefficient de perméabilité obtenu est différent
que l'on puisse monter à dix bars de pression effec- de celui mesuré au cours d'un pompage, mais on ne
tive. Cette valeur n'a jamais été obtenue dans la peut a priori dire lequel est le plus élevé.
craie, au cours de nos essais, et le calcul par extra-
polation étant très approximatif, les perméabilités ont
APPRÉCIATION DE L'ÉTAT DE FISSURATION DE LA ROCHE
été comparées en raisonnant sur des débits exprimés
en 1/mn sous 4 bars par tranches de un mètre. Plus la valeur Lugeon est élevée, plus la fissuration
de la roche est importante, sans préjuger de l'impor-
tance relative des fissures.
/
/
Si l'on considère une fissure d'épaisseur e, per-
pendiculaire au forage de rayon r dans lequel on
dp Jonction
injecte de l'eau à une pression P, si R est la distance
linéa re
de la pression nulle dans la fissure et n la viscosité
y
///
de l'eau, le débit est donné par l'expression :

s? Q = Pe*

k>
A i R

6
ln —ri
r
/ On voit que le débit varie comme le cube de


/y
/ l'ouverture de la fissure. Ainsi 20 Lugeon peuvent
correspondre à une fissure de 0,25 mm, ou à 10 fis-
/ sures de 0,12 mm, ou à 100 fissures de 0,06 mm
/
/
d'épaisseur.

0 1 2 3 4 5 6 7
P r e s s i o n effective F% (bar) * Cf. article «Essai Lefranc», de M . Rat, F . Laviron et
Fig. 6 — Diagramme débit-charge. J.-C. Jorez.

70
On peut cependant avancer que, si le régime appa- On peut avoir intérêt, dans certains cas, à éviter
raît comme laminaire (fig. 5 - type 1 b), on aura une de prendre une cote de fondation sur caisson trop
grande densité de fissures de faible ouverture et, si profonde, en consolidant le terrain au moyen d'in-
le régime est turbulent (fig. 5 - type 3), on aura des jections dès que les caractéristiques sur échantillon
fissures peu nombreuses largement ouvertes. sont suffisantes. Cette méthode ne peut cependant
être envisagée et chiffrée que si l'on dispose d'élé-
L'uniformité de la fissuration peut être appréciée ments permettant de juger des quantités qu'il faudrait
dans une même zone en faisant plusieurs essais avec injecter; les essais Lugeon fournissent alors des indi-
différentes hauteurs de cavité. cations intéressantes à ce sujet.

Pont d'Oissel
Le substratum crayeux est recouvert de 5 à 12 m
UTILISATION D E L'ESSAI L U G E O N
d'alluvions sablo-graveleuses fines et compressibles
LORS D E L'ÉTUDE DES FONDATIONS (fig. 7).
D'OUVRAGES D'ART
L'ouvrage autoroutier, de six cents mètres de long
environ, comporte deux culées et huit piles inter-
Le Laboratoire régional de Rouen a été amené médiaires. Pratiquement, sous chaque appui, il a été
à faire réaliser de tels essais, lors de l'étude des effectué un carottage de 116 mm de diamètre et un
fondations des ponts d'Oissel et de Criquebeuf (fran- forage de 76 mm pour essais Lugeon ainsi que
chissement de la Seine par l'autoroute A . 13 en Seine- deux forages avec essais pressiométriques.
Maritime).
R É A L I S A T I O N D E S ESSAIS
Dans les deux cas, l'horizon de fondation était
constitué par la craie de l'étage Sénonien inférieur Les essais Lugeon ont été réalisés avec obturateur
ou Turonien supérieur. La connaissance de son degré gonflable, au fur et à mesure de l'avancement du
defissurationintervenait à divers titres dans les pro- forage, par tranches de un mètre espacées de deux à
blèmes de fondations. trois mètres en général. Cette hauteur des tranches
a été choisie en fonction de lafissurationimportante
La détermination d'une cote de fondation sur pieux et du débit limité des pompes (200 1/mn).
ou sur caisson (en rivière) suppose que l'on obtienne
L'obturateur gonflable, de un mètre de longueur,
à ce niveau non seulement des caractéristiques méca-
a donné satisfaction. Les pertes de charge ont été
niques suffisantes, mesurées sur échantillon ou au
calculées dans chaque cas en utilisant les abaques de
moyen d'essais en place (résistance à la compression,
l'entreprise de forage.
module d'élasticité, pression limite, module pressio-
métrique, etc.), mais aussi une réaction de masse Chaque injection à pression donnée a fait l'objet
satisfaisante. Celle-ci est conditionnée par le degré d'une mesure de débit sur cinq minutes, puis sur
de fissuration de la roche, qu'il est donc utile de dix minutes. Les paliers de pression étaient d'abord
connaître. croissants, puis décroissants.

N G F Oissel R.G

+ 5

Fig. 7 — Autoroute A . 13 à Oissel. Synthèse des résultats des essais.

71
RÉSULTATS OBTENUS Deux diagrammes anormaux (fig. 9 et 10) mon-
trent un colmatage des fissures au-delà d'un certain
Pour chaque tranche, le diagramme obtenu est palier de pression.
une sorte de boucle plus ou moins évasée, la des-
cente en pression donnant toujours des débits supé- La pression d'injection a rarement atteint 8 bars
rieurs à la montée en pression, du fait du décolma- avec le matériel utilisé; bien souvent le terrain lâchait
tage des fissures (fig. 8). vers 7 bars, parfois avant (fig. 5 - type 3).

On note aussi que les courbes ont toujours une La comparaison entre les différentes perméabilités
concavité tournée vers le haut, traduisant un écou- a été effectuée à partir d'une pression de 4 bar,
lement en régime turbulent. Seules, les premières commune à tous les essais et qui ne remaniait pas
courbes, dans les niveaux supérieurs fissurés et sous trop le terrain.
faible charge dénotent un écoulement quasi-laminaire
avec diagramme passant par l'origine. Il a été ainsi possible d'établir trois courbes d'égal
débit (10, 20, 40 1/mn) sous 4 bars par tranches de
un mètre (fig. 7) faisant ainsi apparaître des zones
de fissuration plus intenses.

4
G
o

'ml, ef
// COEFFICIENT D E PERMÉABILITÉ

1
Ot/l **>ll Les essais de perméabilité réalisables les plus
'**// pessimistes ont permis d'obtenir un débit de 60 1/mn

f
<\ff
sous un bar, ce qui correspondrait à un coefficient de
2
perméabilité k = 2 10 cm/s.

II r
•// A
i / /
Dans les essais profonds, la valeur de k, compte
11
fi "*/
tenu du régime turbulent, serait fonction de la charge;

y
w au sondage 15, tranche 29 à 30 m. on aurait :
4
— charge 2,5 bar k = 1,55.10 cm/s
3
— charge 4,5 bar k = 1,9 .10 cm/s
3
— charge 8,5 bar k = 4,1 .10' cm/s

J
7/ Y /
On voit donc que l'on perd facilement une puis-
sance de 10 quand la charge diminue, ce qui rend
/
toute exploitation chiffrée délicate.
t
// R E C H E R C H E D E CORRÉLATIONS (fig. ] ] )
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Pression effective Ffe(bar) Cette recherche a été effectuée en réalisant un
essai pressiométrique au voisinage d'un forage dans
Fig. 8 — Variations des diagrammes Lugeon avec la
profondeur (pont d'Oissel, sondage 15). lequel des essais Lugeon ont été réalisés.

72
1

« Module p r e s s i o m é t r i q u e en bar !e plus souvent franchement d'une zone où les essais


1000 900 800 70 0 60 0 500 tOO 300 200 100 0
sont irréalisables à une zone de perméabilité infé-
„ 0 25 50 75 ÏOÔ 125 T5Ô ¡75 200 225 250
rieure à 20 Lugeon. Il en est de même d'ailleurs
1 ! L ugeon — * -
• V a l e u r de E pour les résultats pressiométriques, la limite entre de
"le ssa. Lug eon mauvaises caractéristiques et d'excellentes caracté-
ristiques étant très franche.
On peut ainsi distinguer trois zones :
• zone supérieure très fissurée : les essais Lugeon
____ —
ne sont pas réalisables du fait de la difficulté d'obtu-
rer une tranche de forage ou de l'importance des
*>> débits qu'il serait nécessaire d'injecter pour monter
en pression;
'il • zone moyennement fissurée (perméabilité com-
-y—
prise entre 50 et 90 Lugeon); la fissuration existe
et est hétérogène, mais les fissures sont suffisamment
peu nombreuses et jointives pour que la réaction
f de masse soit suffisante et permette d'envisager de
fonder l'ouvrage;

Fig. 1 1 — Variations comparées du module pressiométrique


• zone non fissurée (perméabilité inférieure à
E et de la perméabilité Lugeon L (pont d'Oissel). 20 Lugeon) : la zone est homogène et saine, la
craie y est massive.
Si l'on observe la liaison entre l'essai Lugeon et le
La comparaison a nécessité l'utilisation de l'unité module pressiométrique, on note une bonne concor-
Lugeon, obtenue par l'extrapolation à 10 bars de dance, sauf au droit du chenal de la Seine. On peut
mesures limitées à 7 bars. expliquer cette divergence par le fait que le substra-
tum crayeux massif serait fissuré au droit du chenal
On constate que, tant que l'horizon crayeux est
par desfissuresouvertes larges, mais peu nombreuses,
hétérogène 90 < E < 500 bars (zone correspon-
qui n'influent pas sur la qualité de la réaction de
dant à une craie fissurée), les perméabilités Lugeon
masse aux essais pressiométriques.
sont fortes et supérieures à 100-150 Lugeon.

Quand on arrive dans la zone de craie saine, les TABLEAU II


modules E deviennent supérieurs à 800 bars et les RÉCAPITULATION DES ESSAIS LUGEON
valeurs de Lugeon inférieures à 100 Lugeon. pont de Criquebeuf

On peut donc considérer que lorsque le débit Q est N U M É R O DES S O N D A G E S


inférieur à 40 1/mn sous 4 bars, on a atteint l'horizon
cotes culée piles culée
de craie saine.
N.G.F. RG 1 2 3 4 5 6 7 RD
Pont de Criquebeuf
0 12
Un forage carotté, un forage carotté de 76 mm de — 2
diamètre avec essais Lugeon et un forage avec — 4 7 12
essais pressiométriques ont été effectués systémati- — 6 6 8 +
quement au droit de chaque appui. — 8 6 7 + + +
— 10 5 15 + + 65 80
La figure 12 donne une coupe de la vallée de la
— 12 5 15 60 70 60 60
Seine, suivant l'axe de l'ouvrage où ont été reportées
— 14 4 5 11 75 45 90
la limite de la perméabilité 20 Lugeon et la limite
supérieure du module pressiométrique E = 500 bar, — 16 4 6 7 52 + + 35 40
l'ensemble des essais Lugeon étant récapitulé dans — 18 5 7 8 + + 7 60
le tableau II. — 20 3 6 0 30 7 35
— 22 3 6 0
On constate que le comportement du substratum — 24
crayeux est totalement différent de celui du pont
d'Oissel : la diminution de la perméabilité en pro- + Essais non i n t e r p r é t a b l e s , soit par rupture de sonde,
fondeur est beaucoup moins progressive, on passe soit par i m p o s s i b i l i t é de monter en pression.

73
CONCLUSIONS tion; le passage de l'horizon fissuré à l'horizon sain
est franc.

Les essais Lugeon ont permis d'apprécier de façon La recherche d'une corrélation avec des carac-
satisfaisante le degré de fissuration du substratum téristiques mécaniques de la craie est probablement
crayeux. hasardeuse.

L'interprétation des essais confirme les données Les essais Lugeon ont donné par ailleurs des ren-
géologiques obtenues en examinant les carottes : seignements intéressants sur les venues d'eau éven-
tuelles en fond de fouilles, une solution de fondation
avec batardeau étant en compétition avec une solu-
• dans le cas du pont d'Oissel, la craie est tendre, à
tion caisson. Ils ont également fourni des éléments
maillage de fissures serrées et étroites, la perméabilité
sur les possibilités d'injection en cas de nécessité.
diminue progressivement avec la profondeur;
Les renseignements apportés par les essais Lugeon
• dans le cas du pont de Criquebeuj, la craie est ne peuvent que concourir, avec d'autres essais, à
massive avec de larges fissures dans la zone d'altéra- choisir une cote de fondation.

BIBLIOGRAPHIE

[1] F . SABARLY, Injection et drainage de fondation de barrages, Géotechnique, 18 (1968), 229-249.


[2] H . C A M B E F O R T , Forages et sondages, Eyrolles (Paris, 1955), 422 p.
[3] H . C A M B E F O R T , Reconnaissance des sols et fondations spéciales, Eyrolles (Paris, 1963), 144 p.

Par ailleurs, l'auteur de cet article s'est inspiré des ouvrages :

M . LUGEON, Barrages et géologie, Dunod (Paris, 1933).


H. C A M B E F O R T , Injection des sols, Eyrolles (Paris, 1964).
G . SCHNEEBELI, Hydraulique souterraine, Eyrolles (Paris. 1966). 362 p.
Etude du pont d'Oissel (A. 13), Ponts et Chaussées, Laboratoire régional de Rouen, P.V. 1599 (1963)
Etude du pont de Criquebeuf (A. 13), Ponts et Chaussées. Laboratoire régional de Rouen. P.V. 3104 (1966).

74
discussion

La discussion a p o r t é essentiellement sur les limites de l'essai et de son i n t e r p r é t a t i o n .

Apport de l'essai Lugeon

Lugeon s ' i n t é r e s s a n t aux p r o b l è m e s de barrages, et plus p a r t i c u l i è r e m e n t à celui des fuites, l'unité qu'il a
définie permettait leur calcul d'une manière simple (10 bars représentant 100 mètres d'eau) et le palier de
pressions de 10 bars est généralement atteint. Mais l'expérience montre qu'il est difficile d'extrapoler si l'on
n'atteint pas ce palier, soit que le r é g i m e devienne turbulent, soit que les fissures s'ouvrent sous l'effet de la
pression. Par contre, Lefranc a mis au point son essai pour é t u d i e r le d é b i t des nappes s i t u é e s dans les m a t é r i a u x
alluvionnaires (forte p e r m é a b i l i t é ) .

La question se pose alors de savoir, si l'on doit interpréter l'essai Lugeon en calculant la valeur du
coefficient de p e r m é a b i l i t é du terrain, par les formules u t i l i s é e s pour l'essai Lefranc. Cela est s o u h a i t é , d'autant
plus que le coefficient de perméabilité est plus parlant pour un praticien, à condition que les points expéri-
mentaux soient a l i g n é s (ce qui exclut le cas du r é g i m e turbulent par exemple).

Milieux fissurés

Les passes d'essai doivent ê t r e courtes (un mètre) et r a p p r o c h é e s car le passage au r é g i m e turbulent est
probablement l i é à la largeur des fissures. Mais l'essai est insuffisant pour caractériser les fissures, et d'autres
essais (micromoulinet, pressiomètre, etc..) sont nécessaires. Seule la convergence des résultats permettra de
conclure. Toutefois, les c o r r é l a t i o n s , qui pourraient ê t r e faites, n'auront qu'une valeur locale.

Application aux injections

L'essai Lugeon peut ê t r e u t i l i s é pour p r é v o i r les injections de ciment. Il existe une relation étroite entre les
r é s u l t a t s de l'essai et les q u a n t i t é s de coulis qu'il faut injecter. Mais il faut être très prudent, quand il s'agit
de roches t r è s f r a c t u r é e s . On admet, que l'on ne peut pas injecter un terrain dont la p e r m é a b i l i t é est inférieure
à un Lugeon.

75
Mesure
rde la pression
Interstitielle
Facteurs intervenant dans les mesures*
de pression interstitielle
H. J O S S E A U M E

Depuis quelques années les mesures de pression Les mesures en laboratoire peuvent également
interstitielle dans les sols en place et en laboratoire avoir pour objet la détermination des coefficients de
ont pris une importance de plus en plus grande dans pression interstitielle; ceux-ci permettent d'estimer
l'activité des laboratoires des Ponts et Chaussées. les variations de pression interstitielle qui se pro-
duisent dans un sol en place ou dans un ouvrage
Les mesures en laboratoire intéressent essentiel- en terre lorsque l'on fait varier les charges qui lui
lement l'essai triaxial. Elles sont généralement effec- sont appliquées. Ces coefficients sont déterminés à
tuées au cours d'essais du type consolidé non drainé partir des mesures de pression interstitielle effectuées
sur sols peu perméables. La connaissance de la au cours d'essais du type non consolidé non drainé,
pression interstitielle permet alors de calculer les consolidé non drainé ou encore d'essais spéciaux
contraintes effectives agissant sur le sol pendant la reproduisant les conditions de chargement du sol
phase de cisaillement et notamment lorsque la rupture en place.
se produit. On peut ainsi obtenir les paramètres de
cisaillement intergranulaire c' et $' sans qu'il soit
nécessaire de recourir à des essais du type consolidé
drainé, toujours très longs lorsque la perméabilité du * Cet article a fait l'objet d'une publication dans le n° 30
sol est faible. du Bull, de Liais, des Labo. Routiers P. et C. (mars-avril 1968).

Vue partielle de la salle d'essai triaxial du L . C . P . C .

79
L e s mesures de pression interstitielle dans les sols D a n s le cas des sols p e r m é a b l e s , l ' é q u i l i b r e de
en place interviennent le plus souvent a u stade de pression s'établit quasi i n s t a n t a n é m e n t et les mesures
l ' é t u d e p r é l i m i n a i r e d'un ouvrage : é t u d e des nappes ne posent g u è r e de p r o b l è m e .
et de leurs variations, é t u d e d u rabattement dans l a
P a r contre, lorsque l a p e r m é a b i l i t é d u sol est
zone d'influence d ' u n pompage. O n p r o c è d e é g a l e -
faible, l ' é q u i l i b r e peut n ' ê t r e atteint qu'au bout d'un
ment, et de plus en plus f r é q u e m m e n t , à des mesures
temps a p p r é c i a b l e .
dans les sols en place pendant et a p r è s l a construc-
tion d'un ouvrage : par exemple dans une digue en P a r ailleurs, des pressions interstitielles liées à la
terre, dans u n talus de d é b l a i o u u n sol compressible mise en place de l ' a p p a r e i l de mesure o u aux c o n d i -
supportant u n r e m b l a i . O n peut ainsi suivre l ' é v o - tions d'essai peuvent prendre naissance dans le sol
lution d u coefficient de s é c u r i t é de l'ouvrage, de l a et perturber p r o f o n d é m e n t les mesures. D e ce fait,
consolidation d u sol et c o n t r ô l e r les h y p o t h è s e s en m i l i e u p e u p e r m é a b l e , l ' e m p l o i d'appareils de
adoptées pour l'étude. sensibilité insuffisante o u l a mise en œ u v r e de modes
o p é r a t o i r e s i n a d a p t é s peuvent c o n d u i r e à des résul-
L e s appareils de mesure peuvent ê t r e t r è s divers tats c o m p l è t e m e n t e r r o n é s .
mais p r é s e n t e n t tous une c a r a c t é r i s t i q u e c o m m u n e :
une circulation de l'eau interstitielle s'établit entre D a n s ce q u i suit o n é t u d i e les p r o b l è m e s p o s é s
le sol et l ' a p p a r e i l de mesure j u s q u ' à ce que l a pres- par l a mesure des pressions interstitielles dans les
sion dans l'appareil ( c ' e s t - à - d i r e l a pression m e s u r é e ) sols peu p e r m é a b l e s et les solutions qui y ont été
soit égale à l a pression de l'eau dans le sol. apportées.

MESURE D E L A PRESSION INTERSTITIELLE E N LABORATOIRE

L a pression interstitielle q u i p r e n d naissance dans D a n s le cas d'un sol peu p e r m é a b l e , l a pression


une é p r o u v e t t e de sol e s s a y é e dans l ' a p p a r e i l triaxial, interstitielle u , m e s u r é e a u cours de l'essai, est fonc-
est g é n é r a l e m e n t m e s u r é e au n i v e a u de l a pierre tion de l a vitesse d'essai ( c ' e s t - à - d i r e de la vitesse
poreuse i n f é r i e u r e a u m o y e n de l ' a p p a r e i l s c h é m a t i s é d'application des charges o u de l a vitesse de d é f o r -
figure 1. L o r s q u e l a pression interstitielle varie, u n m a t i o n axiale si l'essai s'effectue à d é f o r m a t i o n
certain v o l u m e d'eau est e x p u l s é de l ' é p r o u v e t t e (ou c o n t r ô l é e ) , sauf si cette d e r n i è r e est t r è s faible.
a b s o r b é p a r celle-ci) et p r o v o q u e u n d é p l a c e m e n t
L'influence de l a vitesse d'essai s'explique de l a
de l'index de mercure. U n e contre-pression est exer-
façon suivante :
c é e au m o y e n d u v é r i n afin de ramener l'index à sa
position initiale et, à l ' é q u i l i b r e , cette contre-pression 1 - L ' a p p a r e i l de mesure ne « r é p o n d » pas instan-
(lue sur u n des deux m a n o m è t r e s ) est é g a l e à la t a n é m e n t : son retard ou temps de réponse d é p e n d
pression interstitielle. de l a sensibilité de l'indicateur de z é r o et de l a d é f o r -
m a b i l i t é d u circuit de mesure.

2 - L e s variations de pression interstitielle r é s u l t a n t


de l ' a p p l i c a t i o n rapide d ' u n d é v i a t e u r * au cours
d'un essai non d r a i n é , ne sont pas les m ê m e s en
tout point de l ' é p r o u v e t t e , le c h a m p des contraintes
totales n ' é t a n t pas uniforme (celui-ci est en effet
p e r t u r b é par le frettage de l ' é p r o u v e t t e à ses e x t r é -
m i t é s ) . Si le sol est peu p e r m é a b l e , l a pression
interstitielle n'a pas le temps de se redistribuer et sa
valeur dans l a partie centrale de l ' é p r o u v e t t e peut
ê t r e t r è s différente de celle m e s u r é e à l a base.

L e temps de r é p o n s e de l ' a p p a r e i l et le temps


d'uniformisation de l a pression interstitielle dans
l ' é p r o u v e t t e , d é t e r m i n e n t l a plus grande vitesse
d'essai compatible avec une mesure p r é c i s e de u .
L e u r connaissance est fondamentale : i n d é p e n d a m -

* Les notations employées pour la contrainte axiale et


Fig. 1 - Schéma de l'appareil de mesure la contrainte hydrostatique sont respectivement O i et o . 3

de pression interstitielle. Dans ces conditions l'expression du déviateur est a, — Oa.

80
1

ment de son intérêt théorique, elle conditionne le Dans ces conditions, si l'écoulement de l'eau
rendement de l'appareil triaxial. Aussi de nombreux interstitielle vers la pierre poreuse est vertical, c'est-
chercheurs se sont-ils penchés sur ce problème, en à-dire si l'éprouvette n'est pas entourée d'un papier
particulier Bishop et Henkel [1] et Gibson [2]. filtre jouant le rôle de drain latéral, le temps t est
donné par l'expression :

71 E 2
Ax\ 2

t =
4 c v D
ou

E = ^ ° * : module de déformation volumique sous pres-


AV sion hydrostatique (ce module est l'inverse du
V coefficient de compressibilité),

Ek
coefficient de consolidation du sol.

D : diamètre de l'éprouvette,
d : diamètre du capillaire de l'indicateur de zéro,
k : coefficient de perméabilité du sol.

Ces formules se démontrent aisément en écrivant


2
TZ d
que le volume d'eau Ax expulsé de l'éprouvette

est égal à la variation de volume AV de l'éprouvette,


Vue de l'appareil triaxial pendant un essai non drainé avec résultant de l'application de la pression hydrosta-
mesure de la pression interstitielle. tique p pendant le temps t, d'où :

A V = V _ P . U = 2 h T D _ _
C
2
P u
TEMPS D E REPONSE D E L ' A P P A R E I L L A G E
E 4 E
Sensibilité de l'indicateur de zéro U est le degré de consolidation de l'éprouvette au
Pour qu'une variation sen- temps t et a pour expression :
sible du niveau du mercure
Cv
se produise dans l'indicateur . ° U = \ -T7\ / t
(pour U < 53%)
de zéro, il est nécessaire L, — J \ 7th 2

qu'une certaine quantité d'eau •fiaSaSjJ 2h est la hauteur de l'éprouvette.


soit expulsée de l'éprouvette, BssflfcJ
c'est-à-dire que le sol subisse On a donc :
un commencement de conso-
lidation. Le processus de n d 2
hTt: D 2
p c
Ax v/t
v
consolidation n'étant pas ins-
4 2 E Y n h 2

tantané, il en résulte un cer-


tain retard. d'où les formules donnant le temps de réponse.

Bishop définit la sensibilité


Application numérique
de l'indicateur de zéro comme
le temps t au bout duquel Considérons une éprouvette d'argile raide ayant
l'index de mercure s'est dé- pour caractéristiques :
placé de la quantité Ax lors-
que la différence entre la E = 50 bar
pression interstitielle réelle et c = 4
ÎO" cm /s 2

Fig. 2 - Schéma
v

la pression interstitielle mesu- simplifié de D = 3,8 cm


rée est p (fig. 2). l'indicateur de zéro. k = 2 X 10" cm/s 9

81
La pression interstitielle y est mesurée au moyen En pratique, on admet que l'équilibre est atteint au
d'un indicateur de zéro tel que d = 0,1 cm (cas bout d'un temps t fini lorsque l'écart (u ce - o) entre
courant) et dans lequel le déplacement du mercure la pression d'équilibre u oo u et la pression o
0

n'est perceptible que si Ax = 0,05 cm. Si dans le circuit, ne dépasse pas quelques centièmes
p = 0,01 bar, on obtient : de l'écart initial u — a .
0 0

2 4 2 Le temps t est le temps de réponse dû à la défor-


3,14 50 /0,1 0,05
t = = 240 s = 4 mn. mabilité du circuit. Il a été calculé par Gibson à
4 10- V3,8
4
0,01 partir des hypothèses suivantes :
Si l'éprouvette est équipée d'un drain latéral, — l'éprouvette est saturée,
t pourra être très inférieur à la valeur calculée. — elle ne comporte pas de filtre latéral,
— le circuit de mesure est caractérisé par un coeffi-
// s'ensuit que si l'on mesure la pression interstitielle
cient volumétrique constant X (k est la variation
au voisinage d'une pierre poreuse et si l'on utilise un
de volume correspondant à une variation unitaire
filtre latéral, le temps de réponse lié à la sensibilité de
de la pression a),
l'indicateur de zéro n'excédera pas quelques minutes,
sauf dans le cas des sols très peu compressibles et — le sol est caractérisé par :
très peu perméables. A'c 3
• le module de déformation volumique E = - —
AV
DÉFORMABILITÉ DU CmCUIT
• le coefficient de perméabilité k,
Pour que la mesure de pression interstitielle soit
Ek
effectuée à volume constant, il est nécessaire que • le coefficient de consolidation c = v

la tubulure remplie d'eau désaérée reliant la base de Yw


l'éprouvette à l'indicateur de zéro et l'indicateur
La distribution de la pression interstitielle dans
de zéro lui-même ne subissent aucune variation de
l'éprouvette pendant la période transitoire est régie
volume. Cette condition n'est à peu près jamais
réalisée : à toute variation de pression interstitielle par l'équation de la consolidation unidimensionnelle :
correspond une variation de volume du circuit de
du 2
Su
mesure. c v
/////////////////y. Sx 2
3t
Il en résulte :
— que l'appareil de mesure indique avec un certain
E pr ouvette avec les conditions
retard les variations de pression interstitielle à V, aux limites :
l'intérieur de l'éprouvette,
— que la pression interstitielle mesurée est différente
de celle que l'on obtiendrait si le circuit de ^=0
3x
mesure était absolument rigide.
Si l'on fait subir à l'éprouvette une mise en charge pour x = 2h
rapide, telle que la pression interstitielle soit égale
à u , la pression c lue sur le manomètre immédiate-
0 0
u = u ^) pour t = 0
ment après la mise en charge sera inférieure à u , 0

TE
0

même si l'on dispose d'un indicateur de zéro idéale-


ment sensible (ce que l'on supposera dans tout ce
paragraphe). La différence entre u et o résulte en
0 0
Fig. 3 - Schéma simplifié klH. Xy dew
=0
effet de la dilatation du circuit de mesure immédia- du circuit de mesure. S dt
tement après la mise en charge. Du fait de la diffé-
rence de pression interstitielle entre le circuit et
l'éprouvette, celle-ci va se consolider sous une pour x = 0 S étant la section de l'éprouvette
contrainte isotrope initialement égale à u —tf et 0 0

qui tendra à s'annuler au bout d'un temps théorique- Cette dernière condition exprime que le débit instan-
ment infini. La pression interstitielle et la pression o
dans le circuit prendront alors la valeur u oo différente , • o k /3u\
de u . Cependant, la dilatation du circuit est suffi- tane a travers la pierre poreuse S — —
0
y \3x/x = 0
samment faible pour que la différence entre u et uoo 0
w

puisse être négligée (l'éprouvette jouant le rôle d'un est égal à la vitesse instantanée de dilatation \ — .
réservoir de pression infini). dt

82
10'

10 :

c <
• l

7.
10"

27

57.

10-

10'

10 1

\
Ç

S*"
\

10" 10" 10" 10-5 10" 10" 10" 10" 10


c t
Facteur temps v

Fig. 4 - Abaque donnant le temps de réponse dû à la flexibilité du circuit


U
pour différentes valeurs de l'écart relatif ° "
Un CTo

L'expression de — — (écart relatif) en fonc- Si le volume du circuit de mesure augmente de


u - 0„ 0
3
5 mm pour une variation de pression de 5 bars,
tion du temps est complexe; aussi utilise-t-on pour on a :
la détermination de t l'abaque représenté figure 4. 1
5 x ÎO-
3
c t v X= = 10- cmVbar
Cet abaque permet d'obtenir la quantité en 5
2
4h
(cas d'un appareil du commerce rempli d'eau bien
2Sh désaérée).
fonction du coefficient de raideur ri = pour
différents écarts relatifs. EX Le coefficient de raideur est dans ces conditions :
Comme précédemment (sensibilité de l'indicateur 11,4 x 7,6 3
= 1,73 x 10
de zéro), le temps t peut être considérablement 50 x 10" :

réduit par l'emploi d'un filtre latéral. Cyt !


pour un écart relatif de 1 %, on trouve = 10
d'où: . 4h2
Application numérique
1 0 3 X ? 6
Considérons à nouveau l'éprouvette d'argile raide t = ' = 580 s ^ l 0 mn.
4

ayant pour caractéristiques : ÎO

2
Remarque :
c = 10-* c m / s D = 3,8 cm
v i _ . 2

E = 50 bars 2h = 7,6 cm \ s
~ u
' 4 c m
Le calcul précédent peut être généralisé au cas

83
où non seulement le circuit de mesure est défor- — la vitesse d'application du déviateur est constante,
mable, mais où l'eau qu'il contient n'est pas désaérée — la distribution initiale de la pression interstitielle
(sous réserve, toutefois, que l'éprouvette soit saturée le long de l'éprouvette est parabolique,
et que l'eau remplissant l'espace interstitiel puisse
être considérée comme incompressible). Le coeffi- — tout accroissement du déviateur entraîne un
cient À tient alors compte de la déformation du accroissement proportionnel de l'écart entre les
circuit et de la variation de volume de l'eau qu'il pressions interstitielles à la base et au centre,
contient. — le coefficient de gonflement est égal au coefficient
de consolidation.
Dans le cas d'un circuit mal purgé, le coefficient
Les résultats * sont représentés figure 5 dans le
volumétrique peut prendre la valeur :
cas d'éprouvettes de hauteur 2h et d'élancement 2,
10 2 3 8
cm /bar = 10 cm /dyne. 3
comportant ou non un filtre latéral.

Pour un écart relatif de 1 % et pour l'éprouvette


considérée dans l'exemple précédent, le temps de
réponse est alors d'environ 400 mn. T
95: 0.071 T
95;1,6 7

En résumé, dans le cas d'un circuit de mesure 2


70
rempli d'eau bien désaérée, le temps de réponse lié J
60
à la déformabilité du circuit est du même ordre que
le temps de réponse lié à la sensibilité de l'indicateur <

de zéro.

Une purge défectueuse du circuit de mesure peut


par contre conduire à un temps de réponse très élevé.
0
0,001 0,1
F a c t e u r t e m p s Sy.

TEMPS D'UNIFORMISATION Fig. 5 - Abaque donnant le temps d'uniformisation :


1 dans le cas où l'éprouvette ne comporte pas de filtre
latéral,
Il est difficile d'apprécier la distribution initiale de 2 - dans le cas où l'éprouvette est entourée d'un drain
la pression interstitielle dans l'éprouvette au cours infiniment perméable sur toute sa surface.
d'un chargement rapide, la distribution des contraintes
dans un cylindre de sol fretté à ses extrémités n'étant
pas connue avec précision.
On admet généralement qu'une mesure de pres-
L'expérience a cependant montré que, si l'on sion interstitielle est correcte lorsqu'elle est effectuée
adopte une vitesse d'essai élevée, la pression intersti- au moment où le degré d'uniformisation est voisin
tielle u à la base de l'éprouvette est généralement
b de 95 %. Il en résulte que, si l'on désire mesurer la
supérieure à la pression interstitielle u,. au centre. pression interstitielle correspondant à une déforma-
Si la mise en charge s'effectue à une vitesse plus tion axiale Ah de l'éprouvette, la vitesse de défor-
faible, une circulation d'eau s'établit dans l'éprouvette , , Ah c v
et la pression interstitielle tend à s'uniformiser. mation a adopter est
T h* 9 S

La distribution de la pression interstitielle dans Lorsque l'on mesure la pression interstitielle dans
l'éprouvette à un instant déterminé peut être carac- le but de déterminer les contraintes effectives à la
térisée par le degré d'uniformisation 1 — — — — rupture (pour en déduire c' et $'), et c'est le cas le
(u - u )„ plus fréquent, on prend pour Ah la valeur estimée
h c
de la déformation à la rupture. Si par contre, on
(ui, - Uc) : écart réel à l'instant considéré. cherche à obtenir avec précision les variations de
la pression interstitielle pendant toute la phase de
(Ub - Uc)o : écart qui existerait entre les pressions interstitielles
à la base et au centre de l'éprouvette s'il n'y avait cisaillement, on devra prendre pour Ah une valeur
pas redistribution. beaucoup plus faible et les vitesses d'essai seront
de l'ordre de celles adoptées pour l'essai drainé.
Gibson a calculé le degré d'uniformisation au
temps t, compté à partir du début de la mise en * Le détail du calcul n'a fait à notre connaissance l'objet
charge, en adoptant les hypothèses suivantes : d'aucune publication.

84
Application numérique Le papier filtre entourant l'éprouvette ne se
comporte jamais comme un drain parfait et le calcul
Dans le cas d'une éprouvette de hauteur du temps d'uniformisation en fonction du c réel v
2h = 7,6 cm ayant un coefficient de consolidation (calculé, par exemple, à partir de la courbe de
4 2
c = 10 cm /s, le temps d'uniformisation à 95 %
v
consolidation d'une éprouvette drainée uniquement
sera : à ses extrémités) conduit à adopter des vitesses
d'essai trop importantes.
x
2 2
T 9 3 h 0,071 3^
t»5 = =
4
c v 10- Par contre, le calcul direct du temps d'uniformi-
sation en fonction du temps de consolidation tient
= 1,02 x 10 s « 3 heures 4

compte, dans une certaine mesure, de l'efficacité


si l'éprouvette est entourée d'un filtre latéral parfai- réelle du drain latéral et, en tout cas, les valeurs
tement efficace, calculées du temps d'uniformisation ne peuvent être
que supérieures aux valeurs réelles.
x
2
T 9 5 h 1,67
et 19^ = — Remarque 2 :

c v 10 4
La théorie de Gibson a été établie pour des éprou-
vettes homogènes dans lesquelles la distribution ini-
= 24 x 10 s 66 heures 4

tiale de la pression interstitielle est continue. Dans


si l'éprouvette n'est pas drainée latéralement. certains sols tels que les marnes et argiles compactes
et fissurées, des concentrations de contraintes se pro-
Remarque 1 : duisent dans des zones très localisées et se traduisent
par des gradients élevés de pression interstitielle. Des
En pratique, on calcule directement le temps vitesses d'essai plus faibles que celles calculées par
d'uniformisation à partir du temps t nécessaire à la théorie de Gibson doivent alors être adoptées.
100

l'éprouvette pour se consolider sous la pression * *


hydrostatique a . 3
*
On peut en effet exprimer c en fonction de ti , v 00

des dimensions de l'éprouvette et des conditions de L'étude précédente montre que si les mesures de
drainage pendant la consolidation : pression interstitielle sont effectuées correctement,
avec un appareillage adapté (indicateur de zéro suffi-
samment sensible, circuit de mesure peu déformable
2
. . . v , . , 31 h
• éprouvette drainée a une extrémité c = v et rempli d'eau bien désaéréé), le temps d'uniformi-
tion sation est très supérieur aux temps de réponse liés
• éprouvette drainée aux deux extrémités respectivement à la sensibilité de l'indicateur de zéro
et à la déformabilité du circuit. C'est donc le temps
K h 2

Cv = d'uniformisation qui détermine la vitesse à adopter


4 t lon pour l'essai.

• éprouvette drainée sur toute sa périphérie

71 h 2
ÉTUDE DE L'ÉCART INITIAL DE PRESSION
c *
100 tioo INTERSTITIELLE
2
Th
En éliminant c entre les équations t = En pratique la vitesse d'essai est souvent calculée
v

c v
à partir de la théorie de Gibson de façon à obtenir
et c = f (tioo), t s'exprime directement à partir un degré d'uniformisation de la pression interstitielle
v

de t . voisin de 95 % au moment de la rupture.


100

Mais il convient de remarquer que le degré d'uni-


En particulier :
formisation, défini par rapport à l'écart initial de
• éprouvette drainée à une extrémité pression interstitielle (c'est-à-dire à l'écart obtenu au
tgs = 0,53 tioo cours d'un chargement suffisamment rapide pour
qu'il n'y ait pas redistribution), ne tient absolument
• éprouvette drainée aux deux extrémités pas compte de la valeur absolue de celui-ci.
tos = 2,12 tioo

• éprouvette drainée sur toute sa périphérie * Cette formule n'est valable que dans le cas d'une
t r,9 = 2,26 tion éprouvette d'élancement 2.

85
En adoptant la vitesse d'essai correspondant à un
degré d'uniformisation de 95 % au moment de la
rupture, on ne tient donc pas compte de l'importance
de Terreur que l'on commettrait sur la pression
interstitielle si l'on effectuait l'essai à vitesse élevée.
On risque, dans ces conditions, de travailler à des Fig. 6 - Mesure
de la pression in-
vitesses beaucoup plus faibles qu'il ne serait néces- t e r s t i t i e l l e au
saire. centre de l'éprou-
vette au moyen
d'une a i g u i l l e
Si par exemple, l'écart initial est de un bar entre fixée à l'embase
la base et le centre, l'adoption d'une vitesse d'essai supérieure.
telle que le degré d'uniformisation soit de 95 %
conduira à une erreur absolue de 0,05 bar par rap-
port à l'uniformisation complète. L'erreur ne sera
plus que de 0,005 bar si l'écart initial est seulement Appareil de m e s u e r

pression interstitielle
de 0.1 bar. Dans ce dernier cas, une vitesse beaucoup
plus élevée aurait permis d'obtenir une précision
acceptable.

La plus grande vitesse d'essai compatible avec


une mesure précise de la pression interstitielle n'est
donc pas liée seulement au coefficient de consoli- Fig. 7 - Mesure
de la pression in-
dation mais aussi à la valeur du gradient de pression t e r s t i t i e l l e au
interstitielle qui se développerait dans l'éprouvette centre de l'éprou-
au cours d'un chargement rapide. vette au moyen
d'une a i g u i l l e
traversant 1 a
Une étude expérimentale, ayant pour but de déter- membrane.
miner l'importance des écarts de pression interstitielle
pour différentes vitesses de cisaillement, a été entre-
prise à la Section de mécanique des sols du Labora-
toire central.

Cette étude a porté sur deux sols prélevés en


place :
Le montage de la figure 6, plus facile à réaliser,
— une argile consistante, l'argile verte de la région présente deux inconvénients :
parisienne,
— l'aiguille, « armant » le sol, risque d'empêcher
— une vase peu consolidée, la vase de Palavas la déformation de l'éprouvette et d'équilibrer une
(Hérault). partie des efforts de cisaillement.
— lorsque la déformation axiale de l'éprouvette
devient importante, on ne mesure plus la pression
DESCRIPTION DES ESSAIS
interstitielle au centre mais en un point dont la
position par rapport à la base varie constamment
Des essais du type consolidé-non drainé ont été au cours de l'essai.
effectués sur des éprouvettes de 38 mm de diamètre
et 80 mm de hauteur, découpées dans ces deux sols. Pour ces raisons, ce montage a été abandonné au
Pendant le cisaillement, la pression interstitielle a été cours de l'étude et remplacé par celui de la figure 7.
mesurée soit simultanément au centre et à la base
de l'éprouvette, soit au centre ou à la base.
RESULTATS
Des mesures de pression interstitielle ont été
également effectuées au centre de certaines éprou- Les résultats les plus caractéristiques sont repré-
vettes pendant la consolidation. Le détail des condi- sentés sur les figures 8, 9, 10 et 11. Les résultats
tions d'essai est indiqué dans le tableau I. numériques sont consignés dans le tableau I.

Les mesures de pression interstitielle au centre Cas de l'argile verte


des éprouvettes ont été faites au moyen d'aiguilles
hypodermiques de diamètre intérieur 1,5 mm, mon- La pression interstitielle mesurée à la base de
tées comme indiqué sur les figures 6 et 7. l'éprouvette peut être jusqu'à deux fois plus élevée

86
T A B L E A U I

ESSAIS SUR L'ARGILE VERTE

u à la rupture
w Vitesse de Ah bar
tioo w <7l CTj
Série Eprouvette cisaillement à la rupture à la rupture
initial ' % bar mn final %
mm/mn mm bar
Base Centre

1.1 48,3 0,5 49,8 0,020 7 0,7 0,17


1 1.2 47,4 2 5 000 45,6 0,020 4,50 1,86 0,42
1.3 48,6 4 13 000 41,7 0,020 4,75 3,05 1,20

2.1 44,8 0,5 48 0,020 4,50 0,84 0,21 0,13


2 2.2 45,2 2 1 500 44,7 0,020 5,25 1,90 0,92 0,42
2.3 45,2 4 3 600 44,5 0,020 5,25 3,33 1,80 1,09

3.1 36,8 0,5 2 400 46,6 0,0035 5,50 1,13 — 0,12 — 0,12
3 3.2 42,8 2 2 000 44,8 0,002 2 1,82 0,93 0,76
3.3 36,1 4 6 500 40,4 0,002 3,75 3,58 1,30 1,15

ESSAIS SUR LA VASE

u à la rupture
Vitesse de Ah bar
w tioo w cri — cr 3

Série Eprouvette initial % bar final % cisaillement à la rupture à la rupture


mn
mm/mn mm bar
Base Centre

4.1 68,5 0,5 1 900 62 0,001 5,50 0,49 0,37


4 4.2 66 1,5 1 500 48,5 0,001 2,75 0,96 0,98
4.3 68,5 3 2 200 41 0,001 9,25 2,39 2,03

) 0,003 (jour)
5.1 69 0,5 1 600 60,5 4,5 0,51 0,37
i 0,0006 (nuit)

l 0,003 (jour)
5 5.2 65,5 1,5 1 200 46,5 10,50 1,17 1,21
( 0,0006 (nuit)

j 0,003 (jour)
5.3 84 3 1 500 54 6 2,22 2,13
i 0,0006 (nuit)

6.1 62 0,5 500 60 0,017 4 0,73 0,39


6 6.2 61 1,5 700 50 0,017 3,5 1,11 1,02
6.3 62,5 3 2 000 43 0,017 5,25 1,98 2,03

7.1 51,5 0,5 400 50,5 0,020 4 0,80 0,26 0,27


7 7.2 50 1,5 300 43,5 0,020 3,5 1,22 0,92 0,88
7.3 51,5 3 1 600 39 0,020 5,50 2,33 1,98 1,90

Chaque eprouvette est entourée d'un papier filtre ajouré jouant le rôle de drain latéral.

Les essais ont été effectués sous une contre-pression de 2 bars.

87
que la pression mesurée au centre si l'éprouvette de l'indicateur de zéro se déplace de la quantité Àx
est cisaillée à 0,020 mm/mn, vitesse relativement lorsque la différence entre la pression interstitielle
élevée (fig. 9). réelle et la pression interstitielle mesurée est p.
Le temps t peut, en principe, être calculé à partir
On remarque également sur la figure 9 que de l'équation de la consolidation tridimensionnelle,
lorsque l'on adopte une vitesse 10 fois plus faible, mais celle-ci n'a pas été résolue dans le cas d'un
l'écart entre les pressions interstitielles mesurées cylindre drainé par une cavité centrale.
à la base et au centre est considérablement réduit.
Cependant, la pression interstitielle mesurée à l'ai- On peut cependant faire les hypothèses suivantes
guille n'est pas égale à la pression interstitielle pour obtenir un ordre de grandeur (très grossier)
existant au centre de l'éprouvette, en raison du de t :
temps de réponse lié à l'aiguille. — l'éprouvette est assimilable à un massif infini et
l'extrémité drainante de l'aiguille à une cavité
• Le temps de réponse lié à l'aiguille a été mis sphérique de rayon r , K
en évidence par les mesures effectuées pendant la
consolidation d'une éprouvette d'argile verte : la — la différence p entre la pression interstitielle réelle
courbe de variation de la pression interstitielle et la pression interstitielle mesurée est constante.
mesurée au centre (fig. 8) ne se raccorde à la Dans ces conditions, le débit instantané drainé par
courbe réelle (ou plus exactement à une courbe la cavité et résultant de la consolidation du massif,
ayant l'allure de la courbe réelle) qu'au bout de six a pour expression (d'après Gibson [2]) :
heures environ.
k 1
Q (t) = 47rr — p
Ce temps de réponse peut être mis en évidence s

Yw /
par le calcul. En particulier si l'on néglige la défor- / iz c t
v
mabilité du circuit de mesure, il peut être défini
comme le temps t au bout duquel l'index de mercure \

01 1 10 100
" Li o~g„ t. (i mn„ )\ 10.000

Fig. 8 - Consolidation d'une éprouvette d'argile verte (éprouvette 2.3), la pression dans la cellule (a = 6 bars et la contre-pression
3

(u = 2 bars) ont été appliquées quelques minutes avant le début de la consolidation.


c

88
Le volume d'eau drainé au temps t par la cavité
est donc :

2
AV Q (t) dt = 8 7i r — p — = J t
v
Y» y Vc v

kE .„ 7id2
mais c =—
v AV = et Ax
Y* 4
d étant le diamètre du capillaire de l'indicateur de
zéro, Ax le déplacement du mercure dans l'indicateur
de zéro,
d'où l'expression de t :

t=
16 x 64 c v \ r / 5 \ p

On retrouve une expression de même forme que


celle obtenue pour le temps de réponse lié à la
pierre poreuse. Les temps de réponse t et t liés a p

respectivement à l'aiguille et à la pierre poreuse


peuvent, de ce fait, être facilement comparés. On
obtient :
Fig. 9 - Argile verte consolidée sous o = 4 bars. Variation 3

de la pression interstitielle au cours du cisaillement.


D
ta — tn
4r^

Cette expression montre que t est considérable- a

ment plus élevé que t . Dans le cas d'une aiguille


p
C a s de l a vase de P a l a v a s
dont l'extrémité drainante peut être assimilée à une
cavité de rayon équivalent r = 1,5 mm et lorsque 8 • Les courbes de variation de la pression interstitielle
D = 38 mm, on a en effet : mesurée à la base des éprouvettes pour différentes
vitesses d'essai, sont pratiquement confondues
/ 38 y (fig. 10), ce qui indique que les écarts de pression
t a t p 1 6 0 0 t p
interstitielle sont faibles pour la gamme de vitesses
= t e ) ~
considérée.
• L'erreur commise sur la pression interstitielle
mesurée au centre de l'éprouvette ne permet pas de
déterminer avec précision la différence de pression
entre les extrémités et le centre. Il est cependant 1, 5
1 '

-
possible d'estimer celle-ci. Dans le cas de la figure 9 5, 2
par exemple, l'écart correspondant à une déformation •
6 2
axiale déterminée est au moins égal à la différence 4.2 i. -r-iiTÎ--
des ordonnées des courbes 1 et 2 et au plus égal
à la différence des ordonnées des courbes 1 et 3
r
soit, pour Ah = 5 mm, un écart compris entre 0,7
et 0,8 bar, écart correspondant à 40 % de la pres-
/
/
sion interstitielle mesurée à la base pour une vitesse K Eprouvette 4.2 V 0,001 mm/ mn
de 0,020 mm/mn.
f =

» Eprouvette 5.2 V = 0,003 H 0,000«


- Eprouvette €.2 V = 0 017 mm/mn
(

X i 1
Rupture
Cependant, les éprouvettes n'étant pas rigoureu- A
sement identiques, la comparaison est délicate. Dans 4
l'exemple cité ci-dessus en particulier, l'écart constaté 1
0 t 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
ne doit pas être lié uniquement aux vitesses d'essai 0 *f or m«t ion « M I « I « Ah en mm.
mais aussi à la différence des teneurs en eau de
Fig. 10 - Vase de Palavas consolidée sous a = 1,5 bar. a
cisaillement des deux éprouvettes w = 44,5 % pour Variation de la pression interstitielle mesurée à la base au
l'éprouvette 2.3 et w = 40,4 % pour l'éprouvette 3.3. cours du cisaillement.

89
• Ceci est confirmé par le résultat des essais effec- l'éprouvette 7.3 caractérisée par un temps de conso-
tués à vitesse élevée avec mesure simultanée de la lidation t100= 1 600 mn, le temps de cisaillement
pression interstitielle au centre et à la base. L'écart calculé par la théorie de Gibson est :
mesuré est relativement faible et tend à s'annuler
lorsque la déformation axiale croît (fig. 11 a). tr = 2,26 tioo ~ 3 500 mm
et correspond à une vitesse de :
Cet écart semble provenir uniquement de la diffé-
rence des temps de réponse liés respectivement à
la pierre poreuse et à l'aiguille. En effet, une fois = 0,0016 mm/mn
la consolidation terminée et avant de procéder au 3 500
cisaillement, on a fait croître, à drainage fermé, la (la déformation de l'éprouvette au moment de la
pression a dans la cellule, à une vitesse comparable
3 rupture étant 5,5 mm).
à la vitesse de cisaillement (1 bar en 100 mn) et on
a mesuré les variations correspondantes de la pression Les essais effectués sur la vase de Palavas mon-
interstitielle au centre et à la base. Dans ces condi- trent donc que, dans le cas des sols peu consolidés,
tions, l'éprouvette étant soumise à un tenseur isotrope, la distribution de la pression interstitielle est rela-
le champ de pression interstitielle est uniforme et la tivement homogène pendant le cisaillement d'éprou-
différence entre les pressions interstitielles mesurées vettes essayées à des vitesses de déformation très
à la base et au centre correspond à la différence des supérieures à celles déterminées par la théorie de
temps de réponse des appareillages de mesure. Gibson.

Deformation a x i a l e A h en mm
Dans le cas des sols surconsolidés tels que l'argile
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 verte, il semble que des gradients non négligeables
1 se développent au cours d'essais rapides, mais le
• • manque de précision des résultats obtenus à ce jour
ne permet pas de conclure avec certitude.
S'

/'
L'étude précédente montre également que les
Pression interstitielle mesures de pression interstitielle au moyen d'aiguilles

y
/ m e s u r é e a la b a s e

Pression interstitielle
sont à déconseiller formellement dans le cadre des
<, m e s u r é e au c e n t r e essais courants. En effet :
Rupture
\i — le montage d'une aiguille est long et délicat,

1
1
— l'emploi d'aiguilles dans les sols argileux néces-
u site l'adoption de vitesses de cisaillement extrê-
7 mement faibles afin d'obtenir une réponse correcte
de l'appareillage de mesure classique.
'*
! A notre avis, l'emploi d'aiguilles ne peut se justi-
b)
fier que dans le cas où l'on veut vérifier que la
/s pression interstitielle est effectivement nulle au cours

d'un essai drainé. Les deux pierres poreuses peuvent
alors être utilisées pour le drainage et la faible vitesse
de cisaillement permet l'utilisation d'aiguilles de
0 50 , 100 '50 petit diamètre (le temps de réponse élevé de l'aiguille
Temps en mn
est alors compatible avec la vitesse d'essai) dont la
Fig. 11 - Vase de Palavas consolidée a» = 1,5 bar
(éprouvette 7-2) : mise en place perturbe relativement peu le sol.
a) Variation de la pression interstitielle au cours du cisaille-
ment (vitesse d'essai 0,020 mm/mn); I N F L U E N C E D E L A VITESSE D'ESSAI
b) Variation de la pression interstitielle en fonction du temps
lorsque o varie. 3 SUR L E S PARAMÈTRES c' E T
DÉTERMINÉS A PARTIR D'ESSAIS
Les écarts mesurés pendant la variation de o sont 3
CONSOLIDÉS N O N DRAINÉS
du même ordre (fig. 11 b) que ceux mesurés au
Les contraintes effectives au moment de la rupture
début du cisaillement (à partir d'une certaine défor-
étant fonction de la pression interstitielle, les para-
mation de cisaillement, la comparaison n'est plus
mètres c' et $' dépendent dans une certaine mesure
possible), ce qui montre que la pression interstitielle
de la vitesse d'essai.
est pratiquement uniforme au cours du cisaillement
pour une vitesse d'essai de 0,020 mm/mn. Or la En particulier, si l'on cisaille le sol à vitesse trop
théorie de Gibson conduit à des vitesses d'essai élevée, la pression interstitielle mesurée à la base de
beaucoup plus faibles : par exemple, dans le cas de l'éprouvette est supérieure à la pression interstitielle

90
J

dans la partie centrale. La contrainte hydrostatique des appareils de mesure et le temps d'uniformisation
effective a' , calculée à partir de la pression intersti-
3 de la pression interstitielle dans l'éprouvette.
tielle mesurée, est donc inférieure à sa valeur réelle
et les cercles de contraintes effectives sont déplacés
Réduction du temps de réponse des appareils
vers l'origine. Si l'on admet que le déviateur (qui
peut être calculé à partir des paramètres <P u et c „) C c
de mesure
est indépendant de la vitesse d'essai, la courbe
Le temps de réponse des appareils de mesure est
intrinsèque effective obtenue expérimentalement se
lié, comme on l'a vu précédemment, à la perméa-
situe au-dessus de la courbe intrinsèque réelle. Les
bilité du sol, à l'efficacité du drain latéral, ainsi qu'à
paramètres c' et $' sont donc surestimés.
la déformabilité du circuit de mesure et à la sensi-
Les paramètres de cisaillement c et $ d'une ou c u
bilité de l'indicateur de zéro. Les méthodes suivantes,
part, et c' et $' d'autre part, obtenus au cours de permettant d'agir sur ces différents facteurs, ont été
l'étude expérimentale sont reportés dans le tableau II. préconisées :

APPLICATION D'UNE FORTE CONTRE-PRESSION

TABLEAU II
Celle-ci a pour objet de saturer entièrement le sol
et par là même d'augmenter sa perméabilité. Une
contre-pression élevée élimine également les bulles
u m e s u r é à la u mesuré
base de au centre de d'air emprisonnées entre l'éprouvette et la membrane
Série
*„ l'éprouvette l'éprouvette et améliore l'efficacité du filtre latéral.
(bar) (degrés)

c' c' *' UTILISATION D ' U NINDICATEUR D E ZÉRO


(bar) (degrés) (bar) (degrés) VISSÉ S U R L A B A S E D E L A C E L L U L E

L'emploi d'un tel indicateur mis au point par


1 14,5 0,14 19
Argile

0,16
verte

2 0,18 15,2 0,15 23 0,15 19 Bishop [1] permet d'éliminer le flexible, qui dans
3 0,24 15,2 0,15 21 0,15 21 l'appareillage classique relie l'éprouvette à l'indi-
cateur de zéro. On obtient ainsi un circuit d'une
grande rigidité et le temps de réponse ne dépend
4 0 16 0 33
<u 5 0,06 15 0,09 32
plus que de la sensibilité de l'indicateur de zéro.
V)
6 0,17 12 0,16 25
> 7 0,16 14 0,06 32 UTILISATION D EC A P T E U R S D E PRESSION [3]

Le capteur . remplace l'appareil classique de


Dans le cas des vases, les variations des caracté- mesure. La déformation de la membrane sensible est
ristiques c' et $' sont liées aux variations de <!><.„ faible et correspond à une variation de volume de
et de c „. Ces dernières semblent résulter de l'hété-
c
l'ordre du 1/10 de mm par bar. Le capteur étant
3

rogénéité du sol. par ailleurs vissé sur la base de la cellule, la défor-


mation du circuit est pratiquement négligeable.
Dans le cas des argiles vertes, les caractéristiques
Cou et sont relativement groupées et le sens des RÉALISATION D'ESSAIS A PRESSION 03 V A R I A B L E [ 4 ]
variations de c' et $' est bien conforme à ce que
l'on pouvait attendre. En particulier, les paramètres L'essai consiste à stabiliser l'index de mercure
c' et $' obtenus pour la série 2, cisaillée à faible de l'indicateur de zéro en faisant varier la pression
vitesse, sont plus faibles que ceux obtenus pour la 03 dans la cellule. De cette façon, la pression dans
série 2, cisaillée à une vitesse dix fois plus élevée. le circuit de mesure reste constante (la pression y
Cependant les écarts sur c' et $' sont très faibles. est égale à la pression atmosphérique ou à une
contre-pression de valeur constante) et celui-ci ne
Il semble donc que, pour les sols étudiés et pour subit aucune déformation.
la gamme de vitesses considérée, les caractéristiques
c' et O' soient peu affectées par la vitesse d'essai.
Réduction du temps d'uniformisation

Le temps d'uniformisation dépend non seulement


MÉTHODES P E R M E T T A N T D'AMÉLIORER de la perméabilité du sol et de l'efficacité du drain
LES MESURES D E PRESSION INTERSTITIELLE latéral, mais aussi de la distribution des contraintes
dans l'éprouvette. L'hétérogénéité du champ des
De nombreux chercheurs se sont attachés à mettre contraintes étant due principalement au frettage aux
au point des méthodes permettant d'améliorer les extrémités de l'éprouvette, les techniques suivantes
mesures, c'est-à-dire de réduire le temps de réponse ont été mises en œuvre pour en réduire les effets :

91
PRISE E N C O M P T E D E L A P A R T I E C E N T R A L E
D E L ' É P R O U V E T T E [6]

La partie centrale de l'éprouvette est séparée des


parties extrêmes par des membranes souples et
étanches enveloppant celles-ci (fig. 13). La pression
interstitielle peut être mesurée à la base de la partie
centrale par l'intermédiaire d'une couche drainante
reliée à l'extérieur, ou au centre de l'éprouvette, au
moyen d'une aiguille.

Fig. 12 - Eprouvette montée avec embases lubrifiées. Fig. 13 - Eprouvette découpée en trois parties séparées par
une membrane souple et une mince couche de sable fin.

La couche de sable placée à la base de la partie


L U B R I F I C A T I O N D E S E M B A S E S [3] et [5] centrale joue le rôle de drain pendant- la consoli-
dation.
Le contact de l'éprouvette avec les embases
supérieure et inférieure se fait par l'intermédiaire Au cours de l'essai, la mesure des pressions
d'une membrane souple lubrifiée avec de la graisse interstitielles et des variations de volume n'intéresse
(fig. 12). que la partie centrale de l'éprouvette.
La pression interstitielle est mesurée à la base au
moyen d'un élément poreux de petit diamètre ou au L'élimination partielle du frettage par ces deux
cœur de l'éprouvette au moyen d'une aiguille *. procédés a permis de réduire considérablement le
temps d'uniformisation de la pression interstitielle.
Le drainage est assuré pendant la consolidation D'après Barden et Mac Dermott [5], le temps
par des bandes de papier filtre entourant l'éprouvette d'uniformisation obtenu en employant des embases
et raccordées à un élément drainant extérieur à lubrifiées serait de l'ordre de 2 0 % de celui calculé
celle-ci. par la méthode de Gibson.

* L'élément poreux (ou aiguille) est relié à un capteur de pression dont la déformation est quasi nulle. Dans ces
conditions les essais peuvent être effectués à vitesse élevée.

92
MESURE D E L A PRESSION INTERSTITIELLE DANS LES SOLS E N P L A C E

L / Î S mesures de pression interstitielle dans les sols trique, si bien que l'appareil peut n'indiquer la
en place sont le plus souvent effectuées au moyen pression interstitielle réelle qu'au bout d'un temps
du piézomètre classique. Celui-ci est constitué d'un considérable. De ce fait, on est amené dans de nom-
tube métallique ou en matière plastique, de plusieurs breux cas à utiliser des appareils plus perfectionnés,
centimètres de diamètre, crépine à sa base. Ce tube caractérisés par un temps de réponse plus faible.
est mis en place dans un forage et l'espace compris
entre la paroi du forage et la partie crépinée est
rempli par un matériau perméable jouant le rôle de ÉTUDE DU TEMPS DE RÉPONSE
filtre. Un bouchon d'argile plastique compacté depuis D'UN PIÉZOMÈTRE
la surface supprime toute communication entre le
filtre et la partie supérieure du forage. Le niveau de Le temps de réponse d'un piézomètre peut être
l'eau dans le tube piézométrique est relevé au moyen défini comme le temps qui s'écoule entre l'instant
d'un flotteur ou d'une sonde électrique (fig. 14). où une variation rapide de pression interstitielle se
produit dans le sol et l'instant où l'appareil indique
La pression interstitielle au voisinage du filtre est, la totalité de cette variation.
dans ces conditions, u = y H . w w

Le temps de réponse d'un piézomètre posé dans


un massif infini de sol saturé, homogène, isotrope,
caractérisé par un coefficient de perméabilité k. a
été calculé par Hvorslev et Gibson.

C a l c u l de H v o r s l e v •

Il est basé sur les hypothèses suivantes :


— le sol est incompressible;
dV
—• le coefficient volumétrique Â. = de l'appa-
do
reil (reliant le volume d'eau pénétrant dans le
piézomètre à la pression a indiquée par celui-ci)
est constant;
— le filtre du piézomètre peut être assimilé à une
cavité drainante sphérique de rayon r . Le rayon s

équivalent d'un filtre cylindrique de diamètre D


et de hauteur L a pour expression :

4 6is 1
Fig. 14 - Schéma
du piézomètre classique. ' I •\ • !, ' I
Lorsque la pression interstitielle dans le sol varie
très rapidement pour prendre la valeur u , la pres- 0

sion a indiquée par le piézomètre n'est pas égale


à u , du moins jusqu'à ce qu'un temps plus ou moins
0

long se soit écoulé. De ce fait une circulation s'établit


entre le sol et le piézomètre et le débit instantané
pénétrant dans le filtre a pour expression :
Cet appareil simpie permet de déterminer rapide-
ment le toit de la nappe ou d'étudier correctement
les écoulements dans les sols ayant une perméabilité q = 4 jt r„ — k avec p = uo — a
d'ensemble élevée; mais il est totalement inadapté
Le volume d'eau pénétrant dans le filtre du piézo-
aux mesures dans les sols de faible perméabilité.
mètre pendant le temps dt est donc :
En effet, pour que l'appareil indique une variation
de pression, il est nécessaire qu'une certaine quantité
d'eau pénètre dans le tube. Or, dans un sol de faible dV = 4 % r s kdt
perméabilité, le débit qui s'écoule à travers la crépine Yw
est faible par rapport au volume du tube piézomé- * Cité par Périmait [7].

93
il peut é g a l e m e n t s'exprimer à partir d u coefficient L e s conditions aux limites sont les suivantes :
volumétrique :
u = u 0 au temps t = 0 p o u r r > r s

_ dV _ _ dV
u = u pour r = x quel que soit t
do dp 0

DuN
4*r? — I — X
d ' o ù l ' é q u a t i o n : — X dp = 4 JT r k — s dt dr/ dt
O n obtient en i n t é g r a n t : la d e r n i è r e c o n d i t i o n e x p r i m a n t que le d é b i t instan-
t a n é p é n é t r a n t dans le filtre est égal au d é b i t ins-
4 7c r kts
t a n t a n é e x p u l s é d u massif.
— P - l
Po L e s r é s u l t a t s d u c a l c u l de G i b s o n sont r e p o r t é s
temps compté à partir de la variation de pression sur les abaques r e p r é s e n t é s figure 16. Ceux-ci
interstitielle permettent d'obtenir, p o u r différentes valeurs du
différence u„ - a entre la pression dans le sol et la
a
4 re r g
pression indiquée par le piézomètre au temps t = 0 p a r a m è t r e u. = -, l a valeur du rapport 1 —
différence u„ - a entre ces deux pressions au temps t XE Po
c t v 4 K r.kt
en fonction de (x T = u. o u en fon-
Cette formule montre que l a q u a n t i t é 1 — — n'est tion de u*T. r„ z
Xy w

Po
é g a l e à l ' u n i t é que p o u r une valeur infinie de t. E n L a courbe u. = 0 correspond au c a l c u l de H v o r s l e v .
pratique, o n définit le temps de r é p o n s e c o m m e le
Il r é s u l t e des é t u d e s p r é c é d e n t e s q u ' u n p i é z o m è t r e
temps t correspondant à une valeur de 1 — — v o i - p o s é dans un sol de p e r m é a b i l i t é d o n n é e r é p o n d
p P° d'autant plus rapidement que le r a y o n d u filtre é q u i -
sine de 1 (1 = 0,95 par exemple). valent est plus grand et que son coefficient v o l u -
Po
m é t r i q u e est plus faible.

Calcul de Gibson

G i b s o n a g é n é r a l i s é le c a l c u l p r é c é d e n t au cas PIÉZOMÈTRES A F A I B L E TEMPS


d ' u n sol compressible o u gonflant, c a r a c t é r i s é par D E RÉPONSE
un m o d u l e de d é f o r m a t i o n v o l u m i q u e sous pression
hydrostatique E . L ' é c o u l e m e n t de l'eau vers le filtre
Il n'est pas possible d'augmenter les dimensions
d u p i é z o m è t r e est alors régi par l ' é q u a t i o n de l a
du filtre a u - d e l à de certaines limites. E n effet, le
consolidation :
d i a m è t r e d u filtre est l i m i t é par le d i a m è t r e d u forage
2 et on est a m e n é , le plus souvent, à adopter une
/ D u 2 Du\ 3u kE
c v + )= — avec r > r et c = s v — hauteur suffisamment faible p o u r que l a mesure de
\ 3r 2
r Dr / Dt yw
pression interstitielle puisse ê t r e c o n s i d é r é e c o m m e
ponctuelle. P o u r ces raisons, les constructeurs ont
les notations é t a n t celles de l a figure 15. surtout c h e r c h é à r é d u i r e au m a x i m u m le coefficient
v o l u m é t r i q u e des appareils. L e p r i n c i p e des diverses
solutions retenues par les laboratoires f r a n ç a i s et
é t r a n g e r s est r a p p e l é ci-dessous.

Piézomètre type « Casagrande »

II est b a s é sur le m ê m e p r i n c i p e que le p i é z o -


m è t r e traditionnel : l a partie c r é p i n é e est r e m p l a c é e
par un filtre solide en m a t é r i a u p o r e u x ( c é r a m i q u e ,
u(r) bronze fritte, etc.) mais l a c a r a c t é r i s t i q u e essentielle
de l'appareil est le petit d i a m è t r e d u tube p i é z o m é -
trique (7 à 15 m m ) .

D e ce fait, le temps de r é p o n s e de ce p i é z o m è t r e
est beaucoup plus faible que celui des p i é z o m è t r e s
Fig. 15 - Distribution de la pression interstitielle le long classiques (le coefficient v o l u m é t r i q u e d ' u n p i é z o -
d'un rayon vecteur à un instant donné. m è t r e à lecture directe de niveau é t a n t proportionnel

94
Fig. 16 - Abaques permettant de calculer le temps de réponse d'un piézomètre.

95
à la section du tube piézométriqué). Il reste cepen- La pression interstitielle au niveau du filtre est,
dant élevé dans le cas des sols très peu perméables dans ces conditions :
car son coefficient volumétrique ne peut être réduit
au-delà d'une certaine valeur : on ne peut en effet u = H y +p
m

adopter pour le tube piézométrique un diamètre infé-


Y : poids spécifique du liquide transmission
rieur à 7 mm car il ne serait plus possible d'y des- p : pression lue sur le cadran du manomètre
cendre la sonde utilisée pour les mesures de niveau. Hm : distance verticale du filtre au manomètre

Considérons un piézomètre type « Casagrande », Les piézomètres hydrauliques sont généralement


équipé d'un tube piézométrique de diamètre 7 mm, des piézomètres type « Casagrande » à la partie
posé dans un sol pratiquement incompressible ayant supérieure desquels on a adapté un manomètre
8
un coefficient de perméabilité k = 10 cm/s. Les (fig. 17). Cependant, de tels systèmes présentent
dimensions du filtre en sable fin entourant la pointe l'inconvénient d'être difficiles à purger et il est préfé-
poreuse sont L = 50 cm et D = 10 cm. rable d'utiliser des appareils à double tubulure tels
que l'appareil type « Impérial Collège » schématisé
Le rayon équivalent du filtre est : sur la figure 18.

Les variations de volume intervenant au cours


de la mesure sont dues aux déformations des tubu-
lures et à l'air contenu dans la spirale du mano-
mètre. Le coefficient volumétrique, qui est fonction
de la longueur et des caractéristiques des tubes en
11 cm matière plastique utilisés, varie généralement de
8 7 5 3 3
5 X Î O à Î O cm /dyne (5 cm /bar à 0,1 cm /bar)
si le circuit a été soigneusement purgé (dans le cas
contraire les valeurs du coefficient volumétrique sont
et le coefficient volumétrique : beaucoup plus élevées). Ces chiffres correspondent,
pour un piézomètre posé dans un sol peu compres-
8
S TC x Ô~7
2
sible de perméabilité 10 cm/s et dont la pointe est
X = — = - — ¿ 5 - = 3.85 x 10- cmVdyne 4
entourée d'un filtre de 10 cm de diamètre et de
Yw 4 x 10 3

50 cm de hauteur, à des temps de réponse à 95 %


Le temps de réponse à 95 % (correspondant à compris entre 4 et 180 mn. En règle générale, ces
temps de réponse sont suffisamment faibles pour les
1 — = 0,95) satisfait à l'équation : besoins pratiques.

4 r k t»
s 5 _ 3

Ces piézomètres ne peuvent, par contre, être


Xy w
employés lorsque le toit de la nappe se trouve à une
(la valeur 3 étant lue sur la courbe u. = 0 de l'abaque profondeur supérieure à 7 m environ.
de la figure 16)
d'où : Le piézomètre conçu par le Département des sols
3 Xy 3 x 3,85 x 10-4 iQ3
du Laboratoire central [8] se arttache à la catégorie
w x

Î95 = = des piézomètres hydrauliques et est caractérisé par


4 7ir k
s 4 x 3,14 x H x 10" 8
des coefficients volumétriques du même ordre sinon
= 8,3 x 10° s = 10 jours. plus faibles. En effet, en raison de la méthode de
mesure adoptée (emploi d'un tableau analogue dans
Dans de nombreux cas pratiques on ne peut son principe à celui utilisé pour la mesure de la
admettre des temps de réponse aussi importants; pression interstitielle en laboratoire), les variations,
aussi est-il nécessaire de recourir à des appareils de volume de l'air contenu dans le manomètre n'aug-
travaillant à volume pratiquement constant. mente pas le coefficient volumétrique de l'appareil.

Piézomètre hydraulique
Piézomètres à système de mesure électrique
Dans ce type de piézomètre, la pression de l'eau ou acoustique
au point de mesure est transmise à un manomètre
à cadran, se trouvant à la surface du sol, par l'inter- Ces appareils sont basés sur le principe suivant :
médiaire d'un liquide incompressible qui est le plus l'eau interstitielle pénètre dans le piézomètre à travers
souvent l'eau (les Suédois ont également utilisé le filtre en matière poreuse et vient au contact d'une
l'huile). membrane mince en acier qui se déforme sous

96
Vers manomètre

Double t u b u l u r e

Cera mique

1 element d u t r a i n de t i g e

T u b e p I ez c m e t r i q u e

Fig. 18 - Piézomètre
type « Impérial College :
à double tubulure. F u t re

Fig. 17 - Piézomètre
type « Casagrande »
équipé en piézomètre Fig. 19 - Piézomètre Geonor conçu pour être enfoncé
hydraulique. par pression ou par abattage.

l'action de la pression. La déformation de la mem- Autres causes d'erreur dans les mesures
brane est mesurée par des méthodes électriques ou piézométriques
acoustiques : on mesure par exemple la variation
de résistance électrique de jauges de contraintes L'erreur le plus souvent commise au cours des
collées sur la membrane, ou bien la fréquence d'une mesures de pression interstitielle, consiste à employer
corde vibrante dont la tension est fonction de la des piézomètres ayant un temps de réponse trop
déformation de la membrane. La pression interstitielle élevé. Cependant, et même si l'on utilise des appa-
se déduit de ces mesures, l'appareil ayant été étalonné reillages adaptés, les mesures effectuées dans des
avant sa mise en service. sols peu perméables peuvent être sérieusement per-
turbées dans les deux cas suivants :
Ces piézomètres présentent l'avantage de travailler
à volume à peu près rigoureusement constant (la
déformation maximale de la membrane étant de • Lorsque le filtre est mal isolé de la partie supé-
l'ordre du dixième de millimètre) et ils sont caracté- rieure du forage, c'est-à-dire lorsque la confection
risés par des coefficients volumétriques extrêmement du bouchon d'argile a été défectueuse. Le filtre peut
8 9 5
faibles qui peuvent atteindre 10 à 10 cm /dyne alors se trouver en communication avec des zones
2 3 3
(10 à 10 cm /bar). Leur réponse est donc quasi- où la pression interstitielle est fondamentalement
instantanée, même dans les sols de très faible per- différente de celle existant autour du point de
méabilité. mesure.

97
P o u r pallier cet i n c o n v é n i e n t (et aussi pour éviter interstitielle peuvent ê t r e c o n s i d é r a b l e s . A titre
l ' e x é c u t i o n d ' u n forage) de n o m b r e u x p i é z o m è t r e s d'exemple, l a variation de contrainte totale p r o v o -
( p i é z o m è t r e G e o n o r r e p r é s e n t é figure 19, p i é z o - q u é e par l'enfoncement statique d'un p i é z o m è t r e dans
m è t r e L . P . C . , etc.) sont é q u i p é s d'une pointe m é t a l - une argile de c o h é s i o n non d r a i n é e C„ = 0,5 bar
lique et sont m i s en place p a r enfoncement statique est A n = N,. C„ = 0,5 x 10 = 5 bars. L e s variations
ou p a r battage. L e sol est alors c o m p r i m é contre le correspondantes de pression interstitielle peuvent être
train de tige ( q u i transmet les efforts d'enfoncement du m ê m e ordre.
et p r o t è g e le tube p i é z o m é t r i q u e ) et un isolement
satisfaisant de l a zone de mesure est ainsi obtenu. Les pressions interstitielles ayant pris naissance
au cours de la mise en place se dissipent a u bout
L o r s q u e le p i é z o m è t r e est m i s en place p a r enfon- d'un temps q u i peut ê t r e t r è s différent d u temps de
cement statique o u p a r battage, l a pointe ne peut r é p o n s e de l'appareil. D a n s le cas d ' u n p i é z o m è t r e à
ê t r e e n t o u r é e d ' u n filtre en sable et le temps de volume constant, p a r exemple, le temps de r é p o n s e
r é p o n s e est s u p é r i e u r à celui d ' u n appareil identique est n é g l i g e a b l e p a r rapport au temps de consoli-
p o s é dans u n forage, le rayon r de l a c a v i t é d r a i -
s
dation de l a zone affectée par l a mise en place de
nante é q u i v a l e n t e é t a n t plus faible dans le premier l'appareil (on notera que, dans ce cas, l ' é c o u l e m e n t
cas. de l'eau lié à la consolidation ne se fait pas vers le
filtre du p i é z o m è t r e mais vers l ' e x t é r i e u r d u massif).
• Lorsqu'un temps trop court s'est écoulé entre la
pose du piézomètre et le début des mesures. E n effet, Kallstenius et W a l l g r e e n [9] ont m e s u r é des temps
la pression interstitielle, au voisinage d u point de de stabilisation a p r è s mise en place, de l'ordre de
mesure, est p e r t u r b é e pendant la mise en place du dix jours dans le cas de p i é z o m è t r e s hydrauliques
piézomètre. p o s é s dans des forages, le coefficient de p e r m é a b i l i t é
s
du sol é t a n t k = 10 c m / s .
Si le p i é z o m è t r e est p o s é dans un forage, deux
facteurs modifient l a pression de l'eau dans le sol : L a d u r é e de l a p é r i o d e de stabilisation de la
la pression de l'eau de forage et l'action d u carottier pression interstitielle a p r è s mise en place est, au plus,
sur le s o l , p r o v o q u a n t , des variations de pression de l'ordre de quelques semaines. A u s s i les erreurs
interstitielle. dues à la perturbation d u c h a m p de pression intersti-
tielle peuvent-elles ê t r e facilement é v i t é e s en pro-
Si le p i é z o m è t r e est m i s en place p a r enfoncement c é d a n t à la pose des p i é z o m è t r e s suffisamment long-
statique o u p a r battage, les variations de pression temps avant le commencement de l ' é t u d e .

BIBLIOGRAPHIE

[1] A.-W. BISHOP et D.-J. H E N K E L , The measurement of soils properties in the triaxial test, T ed. Edward Arnold (London.
1962). 227 p.
[2] R . - E . GIBSON, An analysis of system flexibility and its effect on time lag in pore water presure measurement, Ceotechnique
13 (1963), 1-11.
[31 P . - W . R O W E et L . BARDEN, Importance of free ends in triaxial testing, Journal of Soil Mechanics and Foundations Division.
Vol. 90 SMI (Janvier 1964), 1-27.
[4] BRINCH HANSEN, The Danish Geotechnical Institute, Publication n" 4 (1959).
[5] L. BARDEN et R.-J.-W. M A C DERMOTT, Use of free ends ,in triaxial testing of clays, A.S.C.E. Journal of Soil Mechanics
and Foundations Division, Vol. 91 S M 6 (Novembre 19,65), 1-23.
[6] G.-E. BLIGHT, Shear stress and pore pressure in triaxial testing, A.S.C.E. Journal of Soil Mechanics and Foundations
Division. Vol. 91 S M 6 (Novembre 1965), 25-39.

[7] A . - D . - M . PENMAN, A study of the response time of various types of piezometer. Proc. Conj. Pore Pressure and Suction
in Soils, Butterworth (London, 1960), 53-58.
[8] H . JOSSEAUME, Un appareil de mesure de la pression interstitielle dans les sols en place. Bull, de Liaison des Labo
Routiers P. et C. 24 (1967), 1-13.

[9] T. K A L L S T E N I U S et A . W A L L G R E E N . Mesures de pression interstitielle in-situ (Pore-water pressure measurement in field


investigations. Publication n" 13 du Swedish Geotechnical Institute), Traduction L.C.P.C. 68 (49) T. 16.

98
discussion

Les recherches et résultats e x p o s é s d é c o u l e n t de l'option prise par les laboratoires des Ponts et C h a u s s é e s
en matière d'essai triaxial : détermination des p a r a m è t r e s de cisaillement intergranulaire c' et <J>' par l'inter-
médiaire de l'essai consolidé non drainé, avec mesure de la pression interstitielle au niveau de la pierre poreuse
inférieure.

Cette option a appelé, lors de la discussion, les questions et r é p o n s e s principales suivantes :

Question

Les valeurs de c' et Q>' ainsi obtenues sont-elles les mêmes que celles que l'on obtiendrait à partir
d'essais consolidés drainés ?

Réponse

Aucune comparaison s y s t é m a t i q u e des résultats des essais consolidés non drainés, avec mesure de la pression
interstitielle, et des essais consolidés drainés n'a é t é faite dans les laboratoires des Ponts et C h a u s s é e s . On admet
avec Bishop et Bjerrum que les deux types d'essai conduisent à des résultats pratiquement identiques, pourvu que
les vitesses de déformation soient comparables.

Question

Valeurs comparées des mesures de pression interstitielle effectuées à la base et au centre de l'éprouvette ?

Réponse

La pression interstitielle qui se développe pendant un essai non drainé peut être m e s u r é e :

— soit au niveau de la pierre poreuse inférieure (la vitesse de déformation doit être suffisamment faible pour
que la pression interstitielle soit uniforme dans l'éprouvette),

— soit au centre de l'éprouvette, c'est-à-dire au voisinage du plan de rupture, au moyen d'une aiguille (l'aiguille
doit alors être reliée à un appareil de mesure très sensible).

Pour M . Florentin, cette dernière m é t h o d e est la seule correcte, elle permet en outre de séparer c o m p l è t e m e n t
le circuit du drainage et le circuit de mesure de la pression interstitielle.

Au contraire, par la première m é t h o d e , des bulles d'air expulsées de l'éprouvette pendant la consolidation
peuvent rester dans le circuit et perturber la mesure, à moins de réaliser l'essai sous une contre-pression élevée
(4 à 5 bars). Elle a cependant é t é a d o p t é e dans les laboratoires des Ponts et C h a u s s é e s pour des raisons essentiel-
lement pratiques : simplicité de la préparation de l'essai, possibilité d'utiliser les appareils de mesure classiques
relativement peu sensibles, etc.

Question

Lorsqu'un sol surconsolidé est cisaillé à une vitesse de déformation trop élevée, la prise en compte de la
pression interstitielle, mesurée à la base de l'éprouvette, conduit à surestimer la résistance au cisaillement drainé
du sol. Cette erreur se répercute-t-elle à la fois sur c' et (S)' ou, au contraire, sur un seul de ces paramètres ?

Réponse

Dans le cas présent, les résultats obtenus sur l'argile verte ne permettent pas de conclure, les gradients de
pression interstitielle, qui ont é t é m e s u r é s , incluant les gradients réels et les gradients apparents (dus à la différence
des temps de réponse dans les mesures au centre et à la base de l'éprouvette).

99
a, 4
Bishop et Henkel [1] présentent les résultats d'un 1
essai e f f e c t u é à vitesse de d é f o r m a t i o n élevée sur une 1
argile c o m p a c t é e : la valeur de c' varie dans de larges
limites suivant que l'on prend en compte la pression - t-
— x — x ° 1 -
interstitielle m e s u r é e à la base ou la pression interstitielle —~ ; < x x

m e s u r é e au centre ; par contre, reste i n c h a n g é .


/ o u m e s u r e a la base

Les recherches sur les pressions interstitielles, X / & u m e s u r e a u c e n t re


actuellement en cours au Laboratoire central, devraient 1 1
/ -o ? o ,
1

/
1
apporter prochainement des indications chiffrées quant
0
Base

//,
> -O
X 1—< I c

à l'incidence des gradients de pression interstitielle sur ——t 1


c' et d>'. \fi Centre 1
1

*— 1I &
t//
& û A

]
Dans le cadre de ces recherches, un appareillage
0 1 2 3 4 5 6 7
très sensible, destiné à la mesure de la pression inters- Deformation axiale en mm
titielle au c œ u r de l'éprouvette, a é t é mis au point au
Laboratoire central : l'aiguille hypodermique a é t é rem- Au

p l a c é e par une aiguille dont la partie drainante est


constituée d'un cylindre poreux de 3 mm de d i a m è t r e et
de 6 mm de long, la mesure proprement dite est faite
au moyen d'un capteur de pression très peu d é f o r m a b l e <

(la variation de volume correspondant à la d é f o r m a t i o n t B i se 1


—1
de la membrane est d'environ 0,04 mm par bar m e s u r é ) .
3

1 1 1
1 1 1
Un tel s y s t è m e permet d'obtenir des temps de Centre

réponse compatibles avec les plus grandes vitesses de


1
d é f o r m a t i o n mises en jeu.

0 1 2 3 4 5 6 7
Des essais effectués sur l'argile verte ont c o n f i r m é Déformation axiale en mm
l'existence de gradients de pression interstitielle très
élevés pour une vitesse de d é f o r m a t i o n de 0,02 mm/mm Courbes caractéristiques obtenues au cours du cisaillement d'une
(figure ci-contre). éprouvette d'argile verte consolidée sous o' = 4 bars. 3

Question

Peut-on s'affranchir des problèmes posés par la mesure de la pression interstitielle en obtenant les paramètres
c' et 0' au moyen de l'essai consolidé non drainé à pression interstitielle nulle ?

Dans quelle mesure un tel essai permet-il d'obtenir un champ de pression uniforme dans l'éprouvette, même
pour des vitesses de déformation élevées ?

Réponse

Les gradients de pression interstitielle qui se d é v e l o p p e n t dans l'essai classique sont dus, pour une grande
part, au frettage de l'éprouvette à ses extrémités.

L'essai à pression interstitielle nulle (qui consiste à faire varier la pression o dans la cellule de f a ç o n 3

telle que la pression interstitielle soit constamment nulle à la base de l'éprouvette) n'éliminant pas ce frettage,
il n'y a aucune raison pour que le champ de pression interstitielle soit uniforme dans l'éprouvette.

L'expérience confirme ce raisonnement : une é t u d e faite en 1968, au Laboratoire central, et utilisant l'appa-
reillage de mesure m e n t i o n n é p r é c é d e m m e n t , a m o n t r é que l'on obtient dans l'essai à pression interstitielle nulle
des gradients de pression interstitielle du m ê m e ordre que dans l'essai classique. Les deux types d'essais présentent
donc la m ê m e sujétion pour ce qui concerne la vitesse de d é f o r m a t i o n . L'étude a par ailleurs mis en évidence
l'identité des deux essais ; tout au plus l'essai à pression interstitielle nulle permet-il de réduire le temps de
réponse de l'appareil de mesure.

I00
Mesure de la pression interstitielle au centre des éprouvettes. On remarque, émergeant des éprouvettes représentées au premier plan, les tubu-
lures en saran reliant les aiguilles en bronze fritte à la base des cellules. Le capteur de pression utilisé pour les mesures apparaît en avant et à
droite de la cellule montée sur la presse.

Question

Comment interpréter certains essais triaxiaux sur les sols surconsolidés pour lesquels la pression interstitielle
chute bien avant que la rupture (définie par le déviateur maximal) soit atteinte ?

Réponse

Les sols s u r c o n s o l i d é s ayant tendance à augmenter de volume pendant le cisaillement, il est normal que la
pression interstitielle diminue. A partir du moment o ù elle commence à d é c r o î t r e , le sol passe par une succession
d ' é t a t s de contraintes t r è s voisins de la rupture ; le d é v i a t e u r continue à c r o î t r e parce que la diminution de la
pression interstitielle provoque une augmentation de o'r

Dans ces conditions, on peut c o n s i d é r e r que le cercle des contraintes effectives c a r a c t é r i s a n t ces é t a t s de
contraintes est tangent à la droite i n t r i n s è q u e . On trace g é n é r a l e m e n t le cercle pour lequel le rapport des contraintes

effectives — est maximal. On peut donc d é t e r m i n e r les p a r a m è t r e s c' et d>' d'un sol s u r c o n s o l i d é , même si le

d é v i a t e u r maximal n'est pas atteint. Le c r i t è r e de rupture / — \ conduit toutefois à des valeurs de la r é s i s t a n c e au


^Vmax
cisaillement d r a i n é ( r e f l é t é e s par les p a r a m è t r e s c' et <£') l é g è r e m e n t plus fortes que celles obtenues par le c r i t è r e
(ox - a )
3 m a x .

101
Le p i é z o m è t r e LG P.C.
Essais et performances
M. PEICNAUD
I n g é n i e u r E.T.P.
Chef de la Section
" M é c a n i q u e des Sols et Fondations"
Laboratoire r é g i o n a l d'Angers

Une note d'information de H. Josseaume parue PRINCIPE D E F O N C T I O N N E M E N T


dans le Bulletin de Liaison n° 24 de mars-avril 1967,
annonçait la réalisation d'un piézomètre adapté aux L'appareil, conçu pour travailler soit en piézomètre
mesures de pression interstitielle dans les sols peu ouvert classique (lecture directe du niveau de l'eau dans
perméables. un tube piézométrique) soit en piézomètre à volume
constant, comprend deux éléments distincts : la sonde
Depuis longtemps, la nécessité se faisait sentir de piézométrique et le tableau de mesure (fig. 1).
disposer d'un équipement piézométrique robuste, peu
coûteux et assez précis, permettant de couvrir les
besoins courants. La prolifération d'appareillages divers
a incité deux groupes d'étude, le GERSC et le GET*, T a b l e a u de mesure

à demander la mise au point d'un matériel standard


convenant, en particulier, aux mesures dans les sols
de faible perméabilité.
Dans cette optique, la Section de mécanique des sols
du laboratoire central a établi, en 1966, un projet de
piézomètre adapté aux besoins des laboratoires des
Ponts et Chaussées.

Après étude, l'atelier de prototypes d'Angers réali-


sait le premier appareillage complet en juin 1967. Ce
prototype devait être aussitôt essayé par le laboratoire
régional d'Angers.

GERSC : Groupe d'étude des remblais sur sols compressibles,


GET : Groupe d'étude des talus. Tube en R i l s a n 7/10 min

Fig. 1 - Schéma de principe


Vue des constituants du piézomètre L.P.C. du piézomètre L.P.C.

102
La sonde piézométrique (fig. 2) Le tableau de mesure
La sonde piézométrique est placée dans la couche Le tableau de mesure amovible est relié à la sonde
au sein de laquelle on veut étudier la pression inters- immédiatement avant chaque mesure par l'intermédiaire
titielle. d'une tubulure en Rilsan. Il est analogue dans son
principe à celui utilisé pour les mesures de pression
Elle se compose d'un corps cylindrique en bronze
interstitielle dans l'essai triaxial. Il comporte un indi-
portant une bague filtrante de 5 mm d'épaisseur en
cateur de zéro, un vérin de contre-pression, un mano-
bronze fritte dont la perméabilité est de l'ordre de
2
mètre et un réservoir d'eau. La pression de l'eau dans
IQr cm/s. Son extrémité est munie d'une pointe conique
les tubulures est équilibrée au moyen du vérin, de façon
en bronze facilitant les opérations de mise en place.
que l'index de mercure de l'indicateur de zéro reste
La sonde a un diamètre de 42 mm pour une longueur
stable.
totale de 310 mm (longueur de la bague poreuse :
224 mm). Elle est vissée à l'extrémité du train de tiges La pression interstitielle u au niveau de la sonde
par l'intermédiaire d'unfiletage33/42 (pas du gaz). Elle est (fig. 3) :
est raccordée à sa partie supérieure à deux tubulures
u= p+ H m F w
en Rilsan :
— l'une de 4 mm de diamètre intérieur assurant la p : lecture au manomètre,
H™ : dénivellation entre la sonde et le manomètre,
transmission de la pression, y : poids spécifique de l'eau.
w

— l'autre de 7 mm de diamètre intérieur permettant le


fonctionnement en piézomètre ouvert et facilitant la
P. P r e s s i o n lue au manomètre
purge du circuit.

Dans les calculs de temps de réponse, la bague


poreuse peut être assimilée à une cavité sphérique
drainante de rayon r = 5 cm
s

Tubs tn R i l s a n 7/10 mm

Fig. 3 - Mesure de la pression interstitielle


au moyen du piézomètre L.P.C.

ÉTUDE EXPÉRIMENTALE

Détermination du coefficient volumétrique


La formule de Hvorslev* qui permet de calculer
le temps de réponse t ** d'un piézomètre placé dans un
milieu indéformable de perméabilité k :
1
1
P 4 n I
* k t

= 1 - e- i
Vv

Po
met en évidence le rôle très important joué par le

* Cité par Penman [ 1 ].

** Le temps de réponse d'un piézomètre est théoriquement infini,


aussi définit-on le temps de réponse comme le temps t corres-
pondant à un taux d'égalisation 1 — — voisin de 1, par
Po
exemple 0,95 (cf. article « Étude des facteurs intervenant dans
les mesures de pression interstitielle » de H . Josseaume).

103
coefficient volumétrique A du circuit de mesure dont La sonde étant reliée normalement à deux tubulures
la définition est rappelée ci-après. en Rilsan de 4/6 et 7/10, on a été amené à étudier
leurs coefficients volumétriques respectifs en mesurant
Un volume d'eau dV devant pénétrer dans l'appareil leurs variations de volume pour des variations de pres-
pour que la pression indiquée par celui-ci augmente de sion connues. On a utilisé, à cet effet, le montage
la quantité drj, le coefficient volumétrique a pour ex- représenté par la figure 4. Une lunette cathétomètre,
pression : équipée d'un vernier au 1/50 mm, a permis de suivre
le déplacement du ménisque d'eau dans un tube rigide
de section calibrée, raccordé au tube déformable.

Dans le cas des tubes semi-rigides en Rilsan couram-


Le coefficient volumétrique d'un circuit est donc
ment utilisés, on a trouvé, pour une longueur de un
la somme des coefficients volumétriques de ses compo-
mètre :
sants.
— tubulure de 4/6 : A = 0,025 cm /bar,3

Dans le piézomètre étudié, on peut considérer deux - tubulure de 7/10 : A = 0,045 cmVbar.
circuits :
Il faut noter que la variation de volume est rigou-
— l'ensemble des éléments, en aval de l'indicateur de
reusement linéaire, entre 0 et 4 bars, comme le montre
zéro (sonde + tubulure),
la figure 5.
— l'ensemble des éléments du tableau, en amont de
l'indicateur de zéro.

Le vérin de contre-pression ne permet de compen- m


S 10m t u b e R i l s a n 4/6mm
ser que les variations de volume de la partie située en u
1,6 10m tube R i l s a n 7 / 1 0 m m
amont de l'indicateur de zéro. Le coefficient volumé- >
<
trique du piézomètre-est donc déterminé par celui des 1 4

tubulures de raccordement. La définition du coefficient


1 2
volumétrique montre que celui-ci est proportionnel à
la longueur des tubulures.
10

08
Cathetometre

06

Tube p l e x i rigide
04

02

0
2 4 5
AP (bar)
Fig. 5

Pour les essais en place, dont il est rendu compte


ci-après, le circuit comprenait 4 m de tube de 4/6 et
3
16 m de tube de 7/10, soit A = 0,8 cm /bar.

Il est à noter qu'un coefficient volumétrique de 0,3


3
à 1 cm /bar est jugé économique et normal dans des
sols de faible perméabilité [2].

Essais en place
Le programme d'essais était volontairement limité
afin de prendre une décision rapide pour la mise en
Fig. 4 - Mesure du coefficient volumétrique - montage. fabrication d'une première série d'appareils.

104
Les essais devaient permettre d'étudier plus parti- La mise en place dans un forage a été essayée à
culièrement : Angers dans un trou réalisé à l'aide d'une tarière de
— les problèmes de mise en place des sondes, 100 mm de diamètre. La sonde était entourée de sable
fin et il a fallu réaliser, au-dessus, un bouchon d'argile.
— le comportement du matériel (étanchéité, résistance),
Cette dernière opération est en fait très délicate. On a
— les problèmes de raccordement, remplissage et purge dû abandonner les mesures, le bouchon n'étant pas
des circuits, étanche. Nous pensons que ce procédé demande beau-
— la technique de mesure. coup d'expérience et que les moyens à mettre en œuvre
sont trop importants pour qu'il puisse être couramment
Deux sites ont été choisis comportant des épaisseurs utilisé (pour pouvoir compacter le bouchon d'argile, il
assez importantes et homogènes d'argile très plastique : faut réaliser un forage de plus grand diamètre et très
les prairies de la zone Malakoff à Nantes et les prairies souvent le tuber).
de la Baumette à Angers.
Le vérinage et le battage sont des procédés beaucoup
Terrain de Nantes
plus rapides et économiques. Le battage a provoqué des
ruptures de sondes et il s'est avéré que la surpression
interstitielle créée par ce mode de mise en place était
Sable plus importante que celle résultant du vérinage statique,
argileux
nappe • Ce dernier procédé ne présente aucune difficulté dans
(SA)
les couches plastiques, il paraît donc être le mieux
adapté aux mesures courantes.
82 /
w - L

Argile 88 > le : 0,13


très In = 45
plastique Mise en œuvre de l'équipement piézométrique
bleuâtre 3
1,46 t/m
(At) V
0,3 bar Une fois la sonde mise en place, on adapte un
8
k 2 à 3 x lfr cm/s robinet RIO à l'extrémité de la tubulure de 7/10 et un
(mesuré à l'œdomètre)
té de raccordement muni de trois robinets (R7, R8, R9)
13 à l'extrémité de la tubulure de 4/6. Le problème est
alors d'obtenir rapidement un circuit sans bulle d'air.
Terrain d'Angers
Il faut noter que cette difficulté ne se présente le plus
souvent qu'à la mise en place de la sonde, le té de
Limon peu plastique raccordement étant fixé une fois pour toutes à l'extré-
(Lp)
mité de la tubulure de 4/6.
- 1,10

nappe — ^ 2 Argile W
L 7 0 h e _ W
L - w
_ 0,6 La saturation du circuit après la mise en place était
très h = 38 \ h> initialement prévue à partir du réservoir et du vérin
plastique
essais - 5 du tableau, mais l'air qui se trouve comprimé entre
grise = 1,77 t/m
3
V l'eau venant de la nappe et l'eau venant du tableau
(At) c u
= 0,75 bar
k = 4 x 10~ cm/s 8
ne peut être éliminé que si l'on dispose d'un débit
(mesuré à l'œdomètre) important, c'est-à-dire si l'on applique une pression
non négligeable au moyen du vérin. L'opération de
10 purge sous pression risquant d'amener des « décol-
lements » autour de la sonde, il a été jugé préférable
d'utiliser un réservoir auxiliaire raccordé directement
Mise en place des sondes piézométriques
à l'une des tubulures. L'écoulement gravitaire assure
Les procédés de mise en place suivants ont été une élimination correcte des bulles d'air. Une fois la
essayés : purge terminée tous les robinets sont fermés. L'eau
contenue dans la sonde et les tubulures se met en
— mise en place dans un forage,
équilibre de pression avec l'eau contenue dans le sol.
— vérinage direct des sondes (enfoncement statique)
à l'aide du bâti de carottier à piston stationnaire ou En règle générale, le tableau est raccordé à la sonde
du pénétromètre statique, immédiatement avant une mesure et de façon à ne pas
— battage à l'aide d'un mouton Delmag H2. perturber cet équilibre. En particulier, le robinet R9

105
reste fermé lors du branchement du tableau et pendant figure 6a). On remarque que les courbes présentent
la purge de la portion de circuit comprise entre R6 et un maximum dans les dix premières minutes. Au bout
R8 ; il n'est ensuite ouvert que lorsque le robinet R8 de 20 minutes, on a rejoint la courbe de dissipation
a été fermé. Cette manipulation est simple mais doit et au bout de 5 à 6 heures, la surpression s'est prati-
être effectuée avec soin. En effet, la mise à l'atmosphère quement annulée. La valeur maximale lue est de l'ordre
intempestive de la sonde équivaudrait à lui appliquer de 0,4 bar au vérinage, alors qu'au battage, elle est de
une surpression (dans le cas d'un relevé de nappe, cette 0,6 bar. On note que les essais refaits à 5 jours d'in-
surpression correspond à la dénivellation entre le mano- tervalle conduisent à une courbe de dissipation presque
mètre et la surface piézométrique de la nappe) ou une identique.
dépression qui ne se dissiperait qu'au bout d'un temps
égal au temps de réponse de l'appareil. Toute mesure La figure 6b) représente la courbe de dissipation
suivant cette fausse manœuvre serait donc entachée de la surpression due à un vérinage sur le chantier
d'erreur. d'Angers. La valeur maximale lue est de 1,2 bar. Des
mesures « courantes » ont été effectuées à 6 heures et
Les mesures à 6 jours (points 2 et 3), en se plaçant dans les condi-
tions d'un essai habituel, c'est-à-dire en débranchant le
Il n'est pas possible de développer « à la demande » tableau de mesure puis en le remettant en station.
des pressions interstitielles dans un sol en place, à moins
de disposer de moyens considérables ou d'opérer en L'examen de ces résultats appelle la remarque
laboratoire dans les cellules du type triaxial de grandes suivante : les surpressions interstitielles mesurées au
dimensions. Nous avons donc utilisé deux techniques cours des premières minutes suivant la mise en place
assez simples : n'ont rien de commun avec les surpressions réelles qui
sont sans doute beaucoup plus élevées. Ceci est dû
— mesure de la surpression due à la mise en place
au fait que le coefficient volumétrique de l'appareil est
(vérinage ou ba'tage),
trop élevé pour que ce dernier puisse rendre compte
— étude de la dissipation de surpressions déterminées,
des variations rapides de pression interstitielle. De
créées dans le roi à partir de la sonde (piézomètre
même, les maximums obtenus pour les quatre courbes
inversé).
ne reflètent que le manque de sensibilité de l'appareil
Surpression due à la mise en place
aux sollicitations rapides.

La mise en place d'un piézomètre, dans un sol plas- Dissipation de surpressions contrôlées
tique saturé, provoque une surpression interstitielle qui
A l'aide du vérin de contre-pression, on a appliqué
s'annule au bout d'un temps plus ou moins long.
très rapidement dans le sol une surpression connue et
On entend ici par « surpression », la surpression par la dissipation a été suivie en fonction du temps. Des
rapport à la pression initiale u due à la nappe. La surpressions de valeurs croissantes ont été appliquées.
0
Les relevés obtenus pour des surpressions allant de
pression interstitielle autour de la sonde étant :
0,4 bar à 1,1 bar sont donnés par la figure 7a).
u = p + rL,i> w

Ces résultats sont repris sous une autre forme sur la


la surpression est :
Au = u - u = p + H p - H p = p + ( H - H ) y (figure 7b) : les variations du rapport 1 — = 1 ——
0 m w w w m w w
Au 0p 0

sont représentées en fonction du logarithme du temps,


H : distance verticale de la sonde à la surface piézométrique.
w
Au étant la surpression au temps t = 0.
0

Pour essayer d'obtenir un relevé complet de la dis-


On remarque l'analogie de ces courbes avec les
sipation de pression interstitielle, on a saturé tout le cir-
courbes de Gibson*.
cuit, la sonde étant à environ 0,70 m au-dessus de la
cote à atteindre (— 5 mètres). Les mesures ont pu ainsi
être commencées dès l'arrivée à la cote définitive. La On constate d'autre part que, pour le sol considéré
8
(k = 4 x lCr cm/s) le temps de réponse à 95 % (tel que
vitesse de vérinage était assez grande (1 cm/s environ),
p
eu égard aux vitesses utilisées couramment en mécani-
1 = 0,95) du piézomètre L.P.C. est d'une heure
que des sols. Po
en moyenne.
Les résultats des essais exécutés sur le chantier de
la pénétrante Est de Nantes sont reportés sur la * (Cf. p. 95,flg.M).

106
Z 0 60

- 1-Surpression d u e au ve'rinag e à - 5 m le 16/6/67

2 - S u r p r e s s i o n due au v é n n a g e à - 5m le 21/6/67

V 3 - M i s e en p l a c e p a r b a t t a g e

-S)
- s

Nappe

(a)

10 10' \0' 10"


t Inni
a) résultats obtenus dans l'argile de Nantes (zone Malakofï)

1 - Courbe de réponse

Mesures courantes

3>
'Manomètre

( b)

\ \
10 10 10 J
10"
t ( m ni
b) résultats obtenus dans l'argile d'Angers (prairies de la Baumette)

Fig. 6 - Dissipation de la surpression interstitielle due à la mise en place.

107
< 1,10 A4 - 1 « _ 0,40

2 . 0,60
' Au (bar)
0

1.0 0 4 3 0 o go
\ <

v 4 A 1,10
0.90 \

s. \\
\
\
0,70 3 \ omt tre

\ pJ war

0,60
\ \
\ \
\

\
? S. 2m 1 1
\ Nappe
> m •
0,40
\ > s
y S \ H

1 s
0.30
ó \

0,2 0
-~.
(a)
0,1 0

0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 2 3 4 5 20 30 40 SO 10 !


IO'
t ( mn)

90
s. t
&
r
60
4-

70 I
3—

60
Ys? • C o u r b e ir o y e n ne

50
lV
/
l n
40
0 < SA •>

30
(b)
SJT.s
20
s-
1 0

0
0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 2 3 4 5 10 20 30 40 50 10 a

t (mn|

Fig. 7 - Dissipation d'une surpression provoquée.

108
CONCLUSIONS Ces premiers essais ont montré que le système de
mesure proposé était fidèle puisque dans un sol homo-
gène, à plusieurs jours d'intervalle, on a retrouvé des
D'une façon générale, le matériel a donné satisfac- courbes de dissipation à peu près identiques. L'équipe-
tion. Les premiers essais ont montré que le piézomètre ment courant, comportant 15 à 20 mètres de tube en
L.P.C. était robuste et facile à mettre en œuvre. En Rilsan 4/6 ou 7/10 mm, a un coefficient volumétrique
3
particulier, les purges des circuits sont réalisées sans de l'ordre de un cm /bar, ce qui peut être considéré
difficultés, ce qui est très important pour la qualité des comme suffisant pour les mesures classiques sous les
essais. remblais mais ne permet pas de mesures en régime
8
dynamique. Dans un sol de perméabilité k = 4 x 10"
La mise en place d'une sonde par vérinage dans une cm/s, on a vu que le temps de réponse était voisin d'une
argile très plastique, entre — 5 et — 10 mètres, demande heure. La formule de Hvorslev montre qu'une mesure
toutes opérations comprises, environ 3 heures (équipe à une heure, avec les caractéristiques indiquées ci-
de deux agents). Une mesure courante demande une dessus, entraînerait une erreur relative d'environ 1 %.
demi-heure. Les quelques résultats obtenus ont mis en évidence les
difficultés rencontrées pour tester valablement un sys-
Les lectures sont faites avec une précision absolue tème de mesure de pressions interstitielles en place.
de l'ordre de 0,02 bar, ce qui représente, pour les me- Pour procéder à une expérimentation rigoureuse, il
sures courantes, une erreur relative de l'ordre de 2 %. faudrait disposer, comme pour les capteurs de pressions
La sensibilité est plus difficile à chiffrer car elle dépend totales, d'une enceinte de grande dimension permettant
du coefficient volumétrique de l'ensemble du circuit. de maîtriser l'application des pressions interstitielles.

BIBLIOGRAPHIE

[ 1 ] A . - D . - M . PENMAN, A study of the response time of various types of various types of piezometer, Proc. Conf. Pore Pressure and Suction in
Soils, Butterworth (London, 1960), 53-58.
[21 T . KALLSTENIUS et A . W A L L G R E N , Mesures de pressions interstitielles in-situ (Pore-water pressure measurement in field investagations,
Publication n° 13 du Swedish Geotechnical Institute), Traduction L.C.P.C. 68 (49) T.16.

109
discussion

Les principaux points a b o r d é s au cours de la discussion ont é t é les suivants :

D o m a i n e s d'utilisation d u p i é z o m è t r e L.P.C.

Les essais p r é c é d e m m e n t décrits ont m o n t r é que le temps de réponse du piézomètre L.P.C. est de quelques
8
heures dans une argile de perméabilité k = 10~ cm/s. Il s'ensuit que l'appareil rend compte, sans retard a p p r é -
ciable, des variations continues de pression interstitielle qui se développent dans de tels sols pourvu qu'elles
n'excèdent pas quelques dixièmes de bar par 2 4 heures.

L'appareil permet donc de suivre les variations de la pression interstitielle dans le sol pendant et après la
construction de remblais, pendant l'ouverture de déblais, etc. En revanche, il n'est pas a d a p t é aux mesures
dynamiques.

I n t é r ê t d e la p u r g e p é r i o d i q u e d e s p i é z o m è t r e s e n s e r v i c e

D'une façon générale, il est souhaitable de purger régulièrement les p i é z o m è t r e s fermés en service pendant
une longue période. On note, en effet, souvent la p r é s e n c e de bulles gazeuses dans des p i é z o m è t r e s mis en place
depuis un certains temps, m ê m e s'ils ont fait l'objet d'une purge très s o i g n é e lors de leur mise en service.

La p r é s e n c e de ces gaz peut avoir plusieurs causes :

— le gaz existe à l'état dissout dans l'eau ; lorsque la pression dans le circuit diminue (du fait de la consolidation
du sol), il y a libération des bulles gazeuses,
— certaines m a t i è r e s plastiques e m p l o y é e s pour la construction des tubulures ne sont pas i m p e r m é a b l e s à l'air. En
fin de consolidation, le circuit est en dépression et l'air extérieur peut y pénétrer à travers la paroi de la tubulure,
— lorsque l'appareil comporte des pièces métalliques de nature différente (par exemple bague filtrante en bronze et
train de tiges en acier), un courant électrique s'établit entre celles-ci (effet de pile). Lorsque l'eau est c h a r g é e en
sels, il peut y avoir électrolyse et, par c o n s é q u e n t , d é g a g e m e n t gazeux.

Outre le fait qu'ils diminuent le temps de réponse du piézomètre, ces gaz peuvent perturber gravement les
mesures, ainsi que l'indiquent les observations faites au remblai expérimental de Cran (Morbihan)* : des p i é z o m è t r e s
fermés, à tubulure unique, placés sous le remblai indiquaient une augmentation de la pression interstitielle, alors que
le sol de fondation se consolidait. Des piézomètres ouverts placés, à titre de contrôle, au voisinage des piézomètres
fermés, ont indiqué des valeurs inférieures et d é c r o i s s a n t e s . Cette divergence était due à la p r é s e n c e d'un volume
important de gaz dans la tubulure des piézomètres fermés : la pression interstitielle au niveau de la sonde étant
calculée en supposant le circuit e n t i è r e m e n t s a t u r é (au moyen de la formule u = p + H ^ ) , il s'ensuivait une m w

erreur par e x c è s .

M i s e e n p l a c e d e la s o n d e piézomètrique

Dans les cas courants, la mise en place du piézomètre L.P.C. dans les argiles de consistance faible à
moyenne ne pose aucun problème, le vérinage donnant alors toute satisfaction. Cependant, lorsque l'on envisage
d'utiliser l'appareil pour des mesures de perméabilité en place ou lorsque les mesures de pression interstitielle
intéressent un sol très consistant, il est nécessaire de poser l'appareil dans un forage. La partie poreuse du
piézomètre est alors e n t o u r é e d'un filtre en matériau p e r m é a b l e isolé de la partie supérieure du forage par un
bouchon é t a n c h e . L'exécution de ce bouchon est relativement délicate.

On utilise couramment un m é l a n g e de bentonite et de ciment. Le m é l a n g e est préparé par malaxage comme


un coulis d'injection et il est intéressant de le mettre en place au moyen d'une lance, sous une faible pression, ce
qui évite le d é l a v a g e et permet d'obtenir une bonne imprégnation du terrain. Pour être certain de l'efficacité d'un
tel bouchon, il faut lui donner une longueur suffisante (1 à 2 m). Il faut, d'autre part, noter que dans les terrains
argileux, l'étanchéité d'un tel bouchon ne devient correcte qu'au bout d'une semaine.

* Cf. article « Étude d ' u n remblai s u r s o l c o m p r e s s i b l e avec utilisation de drains de sable et constatations - remblai expérimental de Cran »
par J . - L . Paute, B u l l , de Liaison d e s Labo. Routiers des P. et C , 2 5 ( M a i - J u i n 1 9 6 7 ) , 1, 1 - 3 2 .

I 10
le
ttement
Etude t h é o r i q u e
M. RAT

L ' e x é c u t i o n des fouilles dans les terrains a q u i f è r e s . - la composante horizontale de l a vitesse est la
la tenue correcte des talus n é c e s s i t e n t le rabattement m ê m e en tout point d'une verticale,
de la nappe. L e choix entre les différentes m é t h o d e s
ne p o u r r a ê t r e fait q u ' a p r è s une é t u d e d é t a i l l é e des - l a composante verticale de l a vitesse est négli-
conditions g é o l o g i q u e s et h y d r o g é o l o g i q u e s d u site. geable p a r rapport à l a composante horizontale.

Dans ces conditions, le d é b i t Q est :


U n e t h é o r i e t r è s p r é c i s e des différents r é s e a u x de
drainage est rarement possible et justifiée à cause H 2

Q = k
de l ' i m p r é c i s i o n des d o n n é e s : valeur de la p e r m é a -
2R
bilité et h o m o g é n é i t é du sol p a r exemple. Cependant,
il est n é c e s s a i r e de bien c o n n a î t r e le fonctionnement et l ' é q u a t i o n de l a courbe de d é p r e s s i o n :
des t r a n c h é e s drainantes et des puits car les s y s t è m e s 2

drainants se r a m è n e n t à l ' u n de ces deux é l é m e n t s . h 2 _ ¿ = ( H - hg)


h

R
A p r è s leur é t u d e d é t a i l l é e , leur application aux p r o -
b l è m e s de l ' a s s è c h e m e n t des fouilles et de l ' é c o u l e - (Parabole de D u p u i t )
ment de l'eau dans les talus sera a b o r d é e .
En fait, la formule qui donne le débit est exacte,
O n supposera que le sol est h o m o g è n e et isotrope même si les hypothèses 3 et 4 ne sont pas respectées.
et que les nappes sont l i m i t é e s vers le bas par un
mur horizontal. Q u a n d l'inclinaison du m u r est
faible, elle correspond g é n é r a l e m e n t à l ' é c o u l e m e n t
de l a nappe. O n en tiendra compte, d'une m a n i è r e
a p p r o c h é e , en superposant les différents é c o u l e m e n t s
(nappe et rabattement).

LES T R A N C H E E S DRAINANTES
L ' o r i g i n e O est prise à l'intersection d u m u r de la
nappe (axe O x ) avec la t r a n c h é e drainante (axe O y ) . Fig. 1 - Tranchée complète dans une nappe libre.
U n point de la surface p i é z o m é t r i q u e a p o u r c o o r d o n -
n é e s x, h .
Par contre, la surface libre de l a nappe est située
O n c o n s i d è r e le d é b i t Q par u n i t é de longueur de au-dessus de la parabole de D u p u i t , car en n é g l i g e a n t
t r a n c h é e , l'alimentation ne se faisant que par un les vitesses verticales, o n ne tient pas compte de l a
seul c ô t é . surface de suintement.

Tranchée complète dans une nappe libre (fig. 1) P o u r les p r o b l è m e s de drainage, l a position de
x
la nappe libre est importante. O n l'obtiendra à l'aide
O n appellera t r a n c h é e c o m p l è t e (ou parfaite) une
des é l é m e n t s suivants :
t r a n c h é e dont le fond repose sur le m u r i m p e r m é a b l e .
E l l e intercepte donc toute l a nappe. O n supposera — à partir d'une certaine distance de l a t r a n c h é e , l a
que l a nappe est r é a l i m e n t é e par une d e u x i è m e tran- parabole de D u p u i t est une excellente a p p r o x i -
c h é e , p a r a l l è l e à l a p r e m i è r e à une distance R . mation,
— des abaques donnent l a hauteur de l a zone de
D u p u i t a établi les formules donnant le d é b i t et l a
suintement : par exemple ceux de de C a z e -
position de l a nappe, en faisant les h y p o t h è s e s sui-
nove [1] q u i tiennent compte de l'anisotropie du
vantes :
terrain (fig. 2),
1 - la l o i de D a r c y est applicable,
— l a courbe a une tangente verticale au n i v e a u de
2 - le milieu est h o m o g è n e et isotrope, la t r a n c h é e .

113
La figure 4 représente la surface libre d'une nappe
dans différents cas. On constate l'importance consi-
dérable d'une faible anisotropie ( — = 9 est fré-
quent dans la nature). ^'

Pour calculer le débit, la formule de Dupuit est


exacte, à condition de prendre k comme coefficient
h

de perméabilité.

1 2 3 < " 5

Fig. 2 - Calcul de la hauteur de suintement


(d'après de Cazenove).

La figure 3 montre une ligne d'eau importante :

celle d'une nappe de débit -5- = 1 totalement rabattue

par une tranchée drainante.

- —p ara ) o l e de • u p u it
Fig. 4 - Effet de l'anisotropie sur la position de la surface
libre. Ecoulement à travers une digue perméable.

)
x 10 5 0 Tranchée incomplète dans une nappe libre (fig. 5)
Fig. 3 - Si le débit de la nappe est multiplié par a, on Le problème est beaucoup plus difficile. A partir
obtient la surface libre en transformant la courbe donnée
par une affinité de rapport a. d'expériences sur modèle, Chapmann * donne les
En particulier, la hauteur de formules suivantes pour une tranchée de faible
largeur :
suintement h, est égale à 0,74
k
(d'après Polubarinova Kochina [2]). Q = (0,73 + 0,27 H
~ h o
) — (H- - h ) 2
0

H / 2R
et

Remarque :
(H - h ) + 1 0

La position de la surface libre dépend de l'aniso-


tropie des terrains. Les deux cas extrêmes sont :
h rt étant la charge maximale à l'aval.
k v = 0 la surface libre est horizontale,
k v = oo la surface libre est la parabole de Dupuit. * Cité par Leonards [3].

I 14
J.

Surface piezome t nque

/ / ? ///>' '/ / / / y //'/"// l'?'/?'/"/ Y7.

a) Tranchée complète.
Fig. 5 - Tranchée incomplète dans une nappe libre

Tranchée dans une nappe captive


Pour une tranchée complète (fig. 6 a), les formules
de Dupuit sont rigoureuses. Le débit est :
H - h 0
Q = ke
R
et l'équation de la surface piézométrique :
x
h - h = (H - h )
0 0

R b) Tranchée incomplète.

Pour une tranchée incomplète de faible largeur Fig. 6 - Tranchées dans une nappe captive.
(fig. 6 b), on pourra appliquer les formules appro-
chées suivantes :

H - h 0
Q = ke
R + /
/ (H - ho)
h =
d + h 0

R +/
/ est déterminé à l'aide de la figure 7.

Tranchée complète en régime transitoire (fig. 8)


Considérons une nappe libre infinie, initialement
au repos, le niveau piézométrique étant H . A l'ins-
tant O, le niveau est rabattu à une hauteur h dans 0

une tranchée drainante. Il existe une solution exacte


au problème (courbe 1). Avec les hypothèses de Fig. 7 - Calcul de 1 (d'après Leonards).
Dupuit, une solution approchée est :
2
2 2
H - h = (H -hg) 2
e-x dX (courbe 2) M.o
7
V 7t J o

/ J

2 y7
Tt s
/ /
s
s

y
S——*

,
- 3

0,5
h : Hauteur moyenne de la nappe; on prend généralement
h = H, 1 . Cour be ex a etc
2.Courbe don lee par approxi mation h 2

S : Porosité efficace du milieu,

Y
3 _ Cour be don par approx'i m a t i o n h
T = kh : transmissivité.
Le débit Q par unité de longueur et pour un côté 1 1
de la tranchée est : 0 0,5 10 1,5 xfê 2,0
2fTt
Fig. 8 - Rabattement d'une nappe libre par une tranchée.
Q = (H2 Evolution de la ligne d'eau.
47tht

115
Si le rabattement est faible par rapport à l'épais-
seur de la nappe ou si la nappe est captive, on utilise
les formules suivantes :
2 'Y
H - h = ( H - h o ) (1 —J= i e-> dX (courbe 3)
71 2

V * •' o

Q = (H
Fig. 9 - Puits dans une nappe libre.

Lorsque — « est petit (t grand), la première pour des distances au puits supérieures à H , les deux
2 \ Tt surfaces coïncident. Il existe pour déterminer la
formule devient : hauteur de suintement h de nombreuses formules,
s

S d'origine expérimentale. La figure 10 donne une


2 2 2
H - h = (H -h£) 1
'Y ^ T t /
courbe permettant de calculer h = h + h . p s 0

Les considérations générales sur l'anisotropie, qui


Par analogie avec la formule de Dupuit en régime ont été développées à propos des tranchées, restent
permanent : valables. En particulier, c'est le coefficient de perméa-
2 2 z
bilité horizontale qui intervient dans la formule du
H - h = (H -hg) ( 1- débit.
R

Le rayon d'action R est défini par :

R = » 'ulî „ 1,78 II
\
v

On verra par la suite que le rayon d'action d'un


puits, dans lequel on pompe à débit Q constant, est :

R . 1 ,v ï
Le rayon d'action d'une tranchée correspond donc
à celui d'un puits : on pourra extrapoler les résultats
d'un essai de pompage à une tranchée drainante.
Mais comme le rayon d'action du puits iépend du
rabattement, l'essai de pompage devra être fait en
obtenant la stabilisation au niveau futur de la
32 0 4 06 08 1 2 t 6 8 10 20 40 «¡0 80 10 0 2 00
tranchée.
rJ-10 3

Fig. 10 - Calcul de la hauteur de suintement ——


LES PUITS (d'après Schneebeli). T t k

Puits complet dans une nappe libre (fig. 9)


On appellera puits complet (ou parfait), un puits Puits incomplet dans une nappe libre (fig. 9)
dont le fond repose sur le mur imperméable. Si
l'alimentation de la nappe se fait à charge constante Il n'existe pas de formules rigoureuses pour cal-
à travers un cylindre concentrique au puits, le débit culer le débit et pour obtenir la position de la surface
est donné exactement par la formule de Dupuit : libre. Le débit est compris entre celui d'un puits
complet dans cette nappe et celui d'un puits dans une
2
H -tf nappe dont le mur imperméable passerait par la base
du puits :
ln R
2 2 2
TT k ( H - h i ) - ( h 0 - h i ) < Q < T C k H -hg
Par contre, la surface libre de la nappe est située
au-dessus de la surface que les hypothèses de Dupuit R R
ln ln
permettent de calculer. On admet généralement que

I 16
Puits complet dans une nappe captive (fig. 11) U n cas f r é q u e n t est celui de l'alimentation par une
rivière. P o u r u n puits complet, dans une nappe libre,
Les formules de D u p u i t sont valables : le d é b i t Q est :
H-h 0
Q = 2 Ttke O - ^ k H 2
- » h

R 2d
ln

L ' é q u a t i o n de l a surface libre est, avec les h y p o -


L e niveau p i é z o m é t r i q u e est
t h è s e s de D u p u i t :
R
ln
ln r
H-h = (H-ho) L
.l n — H 2
- h 2
=(H -h ) 2 r
R u

2d
ln

d : distance du puits à la rivière,


r' : distance d'un point au symétrique du puits par rapport
[////////////////////A V7777777777777Z777777\ à la rivière.
O n peut aussi r é s o u d r e , p a r l a t h é o r i e des images,
y///////////////////, le p r o b l è m e d u puits a l i m e n t é à travers u n c y l i n d r e
non concentrique a u puits [4]. U n autre r é s u l t a t
i n t é r e s s a n t est celui d u puits situé a u centre d'une
ellipse d ' e x c e n t r i c i t é quelconque : à 4 % p r è s , le
' h- . P u i t s complet d é b i t est celui qu'aurait u n puits a l i m e n t é à travers
3
u 11 s i n c o m p l e t ; - f p ^ ;_±,
le petit cercle de l'ellipse. O n voit ainsi l'influence
faible de l a forme exacte de l a ligne d'alimentation.
Fig. 11 - Puits dans une nappe captive.
Puits en régime transitoire
Rayon d'action
N o u s rappelons les formules suivantes * :
Puits incomplet dans une nappe captive (fig. 11)
H - h = W (u)
O n utilisera l a formule a p p r o c h é e suivante : 4n T

Q _ 2TC ke ( H — h ) 0 G
W (u) =
e-"
— dx
r°°
,' u x
1„I avec • 2
r„ r S
u =
4Tt
w r„ Tiw
avec G « — I 1+ 7 cos —
>.w 2e Q 2,25 T t
] n
et H - h
4TTT
2
Sr
L a charge a u niveau d u toit (formules a p p r o c h é e s )
est P o u r une nappe libre, les approximations suivantes
sont meilleures p o u r les forts rabattements :
Q
h (r) = h + 0
l n — p o u r r < 2e
2n k w r p H 2
- h = 2
W (u)
2n k

h (r) = H - l n — p o u r r ^ 2e
2TT ke R et H - h2 2
= ^ m 2
' 2 5 T t

2
2rck Sr
Différents types d'alimentation A partir de ces formules, nous pouvons p r é c i s e r l a
notion de r a y o n d'action.
D a n s les paragraphes p r é c é d e n t s , nous avons
s u p p o s é que l a nappe é t a i t a l i m e n t é e à travers u n
cylindre de r a y o n R , concentrique a u puits. * Cf. article « Essai de pompage » de H . Josseaume.

I 17
3h
En effet, la vitesse de rabattement de la nappe — La relation (2) devient :
3 t
est :
r'S
R'
2 z ln
3h _ Q e~4Tt (H -h' ) 0
9L
2

~ït 4TTT t (H -hg Q


ln
r„
A u voisinage du puits et au bout d'un certain ou
temps (hypothèse de l'approximation logarithmique), 2 2
R ( H - h' ) 0 R
l'exponentielle est égale à 1 : ln x + ln ln
2
( H - hg)
dh _ Q 1
(1) La résolution de cette équation donne le résultat.
3t ~ 4 T C T t
• Calcul du débit Q' et du rayon d'action R', quand
Cette vitesse est indépendante de la distance au le rayon du puits devient r' , le rabattement restant le p

même.
puits; elle décroît comme — . Il arrivera donc un
t Avec les mêmes notations, il faudra résoudre
moment où elle sera inférieure à une vitesse très l'équation :
faible aonnée v. On dira alors que le régime est
permanent. R R
ln x + 2 ln = 2 ln
Le rabattement dans le puits est donc :

Ce" cas se présentera lorsqu'il faudra calculer le


2 2 5 T t
HS-h^-5-ln ' débit d'une fouille circulaire et que l'on disposera
2-K k Sri des résultats d'un essai de pompage.

En comparant cette formule avec celle de Dupuit : Groupes de puits


Toute la théorie des groupes de puits est basée
2
H — hg = —^- ln — (2) sur le principe de superposition des écoulements.
7u k r p Elle ne sera développée que pour des puits parfaits,
mais, à partir des formules données pour les puits
on obtient : imparfaits, on pouirait faire les mêmes calculs.
D'autre part, on considère pour des raisons pratiques
Tt
R = 1,5 (3) une nappe captive. On obtiendra les formules pour
"S" les nappes libres en remplaçant e (H — h) par la
2 2
. , H —h
A partir de ces résultats, on peut résoudre les quantité .
problèmes que posent les rayons d'action. En effet,
un essai de pompage fournit les valeurs suivantes : L'étude pourrait aussi être faite en régime tran-
Q, (H — h ), r , R et t temps de stabilisation. Il
0 p 0 sitoire.
permet donc d'obtenir la valeur minimale v de la
vitesse de rabattement, caractéristique du terrain. On appellera :
r ( : distance d'un point au puits Pi,
En modifiant l'une des caractéristiques (ou plu-
r Sj : distance entre les puits P et Pj, s
sieurs), on peut calculer les autres à partir des
r Pi : rayon du puits P 1(
formules 1, 2, 3. Voici deux exemples :
Q t : débit pompé dans le puits P*.
• Calcul du débit Q' et du rayon d'action R', quand
le rabattement devient (H — h^), le rayon du puits Groupe quelconque de puits
n'étant pas modifié.
Le rabattement autour d'un puits est :
Soit x le rapport-^-, d'après les relations (1) et (3) 0 R
A = H — h = — - i — ln — pour r ^ r < R p
on a : 2TI ke r
R' 2
A = 0 pour r ^ R
= x
Q t R 2
Des solutions de ce type seront donc superposées.

118
Cette méthode n'est pas satisfaisante, car on fait
l'hypothèse de la superposition des rayons d'action. £0 !
1
60 1
Si l'on suppose maintenant que les distances r^
entre les puits sont négligeables vis-à-vis du rayon 40 1
20 \
d'action de chacun des puits, on peut considérer que
l'alimentation se fait à travers un cercle de rayon R.

Pour chaque puits, on a : V


20

Ai = ln f i + Ci 40
2TZ ke
60

Soit un rabattement global : 80

t
1
A = 2 A, = 2 Qi ln n + C a 0 0.2 0 4 0,6 0 8 1.0 1 2
a
2 0
2TC ke * 2 JL,JL
a a

En écrivant que le rabattement est nul sur le Hg. 12 - Ligne de puits parallèle à deux lignes de source
cercle de rayon R, on obtient : (d'après Schneebeli).

A = — — 2 Qi ln — Dans le cas d'une ligne de puits parallèle à une


2TT ke r ; source linéaire 'à une distance d (fig. 13), on a les
formules :
Le rabattement dans le puits P est : t

2TI r 2TX d \ . . .
A= ln ) au voisinage du puits,
A: = — — Qi l n ^ + 2 Qj ln — 27t ke
2-rcke
-Q y
En général, le débit est le même dans tous les A = -r pour y < d et une distance au puits
puits. On trouve dans les ouvrages spécialisés KC Si
(Muskat, Léonards) les formules correspondant à supérieure a
certaines implantations.
-Q d
A = pour y > d et une distance au puits
Ligne de puits ke a

Pour le cas d'une ligne de puits parallèle à deux supérieure a


sources linéaires et située au milieu (fig. 12), si a
désigne l'espacement des puits et Q le débit pompé
dans chacun des puits, on démontre les formules
suivantes :

Q , 7i r
h = ln — au voisinage du puits,
2n ke

Q / y ln2\ a
h = —— f — - a — pour y > —
2ke \ a 7T / 2

Tout se passe comme si la ligne de puits était


remplacée par une tranchée complète, la charge dans
la tranchée étant :

hj = — ln2
2TT ke

On a donc
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0

h —h =
T p
ln a a
27T ke 2TC r„ Fig. 13 - Ligne de puits parallèle à une ligne de source
hp : charge dans le puits. (d'après Schneebeli).

119
O n retrouve l ' é q u i v a l e n c e avec une t r a n c h é e drai- Pour une fouille de forme quelconque, mais suffi-
samment r é g u l i è r e , on p r e n d r a si P est le p é r i m è t r e
nante q u i rabattrait la nappe de . Ces formules de la fouille :
ke a
servent à calculer les s y s t è m e s de pointes filtrantes. P
2ir/

ÉPUISEMENT D'UNE F O U I L L E y. est un coefficient, qui d é p e n d du rapport de la


largeur à la longueur de la fouille. 11 est g é n é r a l e m e n t
Calcul du débit voisin de 1 (fig. 14).

A v a n t de choisir une m é t h o d e de rabattement, i l


est n é c e s s a i r e de c o n n a î t r e le d é b i t qu'il faudra
pomper. L e s m é t h o d e s d o n n é e s ci-dessous sont
a p p r o c h é e s , mais l'erreur ainsi c o m m i s e est i n f é r i e u r e
à celles dues à l ' h é t é r o g é n é i t é des terrains.

Fouille traversant toute la couche perméable

L a m é t h o d e l a plus simple consiste à se ramener


à une fouille de forme circulaire, à laquelle on
applique l a formule des puits :

TTk (H 2
- h¡)
0 =
R
In

L e rayon d'action sera c a l c u l é par la méthode


décrite p r é c é d e m m e n t .

A d é f a u t , on ajoutera au rayon d'action d'un puits


de faible d i a m è t r e le r a y o n de l a fouille.

Pour une fouille elliptique, le rayon du puits


Fig. 14 - V a l e u r du coefficient x en fonction du rapport
a +
é q u i v a l e n t est ^ (a et b : demi-axes de l'ellipse). l a r g e u r / l o n g u e u r de la fouille ( d ' a p r è s Schneebeli).

Dispositif de pompage.
Autoroute A 6. Bois de Laives (S.-et-L.). Débit d'exhaure.

120
F o u i l l e de l ' é c l u s e de D u n k e r q u e ( l ' a s s è c h e m e n t de la fouille a é t é obtenu par une centaine de puits profonds).

La méthode la plus précise consistera à tracer le Rabattement de la nappe


réseau d'écoulement, mais il faut connaître correc-
Fossé en fond de fouille (fig. 15)
tement les conditions aux limites (alimentation par
une rivière par exemple). L'eau est recueillie en fond de fouille par un fossé
Fouille à la surface d'une couche perméable et est évacuée par pompage. Cette solution présente
des inconvénients :
très épaisse
— pour assurer la stabilité des parois de la fouille,
On assimile la fouille à une demi-sphère de il faudra adopter des pentes faibles,
rayon r . Autour d'une sphère, la charge est de la
s
— si le débit est élevé, une protection des talus sera
forme : nécessaire pour éviter l'érosion,
— le terrassement de la fouille dépendra de la
h = — +
r
B
vitesse de rabattement de la nappe.

Si le rabattement est A , le débit qu'il faut pomper


est : S u r f a c e de la n a p p g Fig. 15

Q = 2xt k A r s

Si l'on fait intervenir la surface mouillée S, cette


formule devient :

Q = y/ï^ kA y/T
On emploiera cette formule lorsqu'il sera difficile
d'assimiler la fouille à une demi-sphère.

121
Puits profonds

Pour les forts rabattements, on utilise des pompes


immergées dans des puits crépines de 20 à 50 cm de
diamètre. Leur espacement varie de 10 à 60 mètres.
Après avoir évalué le débit total par les méthodes
exposées ci-dessus, on choisit le nombre de puits
nécessaires et ainsi le débit par puits. Si on a tracé
le réseau d'écoulement, les puits seront espacés
proportionnellement aux lignes de courant (fig. 16),
pour obtenir ainsi un rabattement plus homogène.

On appliquera alors les formules données sur les


groupes ou les lignes de puits, pour vérifier que le
projet est correct.

Ligne de c o u r a n t

Système de poirrtes-filtrantes.

Fig. 16 - Implantation des puits.


Stabilité du fond de fouille

Pointes filtrantes Avant d'ouvrir une fouille, il faut s'assurer qu'il


n'existe pas en profondeur une nappe captive, qui
Ce sont des tubes de faible diamètre (5 à 8 cm), pourrait provoquer un soulèvement du fond de la
crépines à leur base sur une hauteur de un mètre fouille. Car il faudrait, le cas échéant, prévoir son
environ. Ils sont mis en place par Iançage et reliés rabattement, généralement par puits profonds.
à une pompe à vide par l'intermédiaire d'un collec-
teur. Le rabattement maximal que l'on peut obtenir Exécution des terrassements dans la nappe
est de l'ordre de 6 mètres. Pour les fouilles profondes,
plusieurs niveaux de pointes filtrantes seront donc Le rendement et l'efficacité des engins de terras-
nécessaires. sement sont fonction de l'état des sols. D'autre part,
le réemploi de certains matériaux dépend de leur
Le calcul d'un tel système est basé sur l'équiva- teneur en eau. On sera donc conduit à rabattre la
lence entre une rangée de puits et une tranchée nappe, préalablement aux travaux.
drainante [3].
Le rabattement est obtenu par des tranchées longi-
On mentionnera aussi l'emploi de l'électro-osmose tudinales, car les méthodes décrites pour les fouilles
ou de l'électro-consolidation pour les milieux très peu (par pompage) sont généralement plus coûteuses.
perméables. Ces méthodes demandent des études par- De plus, il faut prévoir un drainage permanent pour
ticulières très poussées. assurer la stabilité des talus.

122
On notera cependant que le rabattement obtenu par
des tranchées longitudinales est superficiel (fig. 17).

1m

Fig. 17 - T r a n c h é e s longitudinales.

On a vu que le rayon d'action d'une tranchée est :

D TckHt

=
V ~
Il sera faible pour les milieux peu perméables.
7
Ainsi pour un limon de perméabilité 10" m/s, le
rayon d'action pour une nappe de 3 mètres de
hauteur est :
R = v/T
t étant exprimé en jours.
La construction d'une tranchée supplémentaire (ou
1 2 3 i 5 m= c o t g 6
d'un fossé) sera alors nécessaire.
On remarque aussi l'influence du facteur temps. Fig. 18 - L o n g u e u r de la zone de suintement.

Si la hauteur à terrasser sous la nappe est impor-


tante (supérieure à 4 mètres), il sera plus économique
de réaliser des tranchées successives, la construction
de tranchées de grande hauteur étant très délicate Ces courbes ne tiennent pas compte de l'anisotropie
(soutènement).
des terrains. Le débit — sera évalué à partir de la
k
carte piézométriqué, avant rabattement par les talus.
STABILITÉ DES PENTES, D R A I N A G E
^ , , . k/ sin G
0

La zone de suintement On a généralement m = 2 ; est donc


Q
Lorsqu'une nappe est rabattue par un talus, l'eau compris entre 2,55 et 2,85, soit (pour une formation
s'écoule à travers la surface de suintement. Si un isotrope) :
système de drainage n'est pas nécessaire pour stabi- 5,70 < k < 6,30 -5.
liser la pente, il faut envisager sa protection pour k k
éviter les dégradations dues à l'érosion, au gel. Pour
estimer la longueur de la zone de suintement, on
utilisera le graphique de la figure 18 qui donne, en
Les tranchées drainantes
fonction de la pente du talus m = cotg 0, la valeur
de k/o sin 6 T_' ii entation est à l'infini. La
a m
On ne reviendra sur cette méthode de drainage
Q que pour indiquer l'intérêt qu'il y a à enterrer le
courbe 1 donne la longueur de suintement lorsque le drain de plateforme le plus profondément possible
mur imperméable recoupe le talus, la courbe 2 afin de rabattre la nappe et limiter la zone de suinte-
lorsque le niveau perméable est infini vers le bas. ment à la base du talus.

123
Les drains subhorizontaux
Ce sont des tubes crépines, placés à l'intérieur de
forage horizontaux. Ils servent à drainer le talus
dans sa masse, puisque leur longueur peut' atteindre
et même dépasser 100 mètres. On connaît encore
très mal la forme de la nappe rabattue et, par consé-
quent, leur efficacité. La notion de rayon d'action
doit aussi exister. On pourrait, pour la préciser, appli-
quer la théorie développée pour les puits. Dans les
milieux fissurés, les drains subhorizontaux recoupent
un grand nombre de fissures et donnent ainsi de très
bons résultats. Ils conviennent aussi très bien pour
vider de leur eau les poches de sable. Une étude
géologique est nécessaire pour les implanter.

Les drains devront traverser la surface sur laquelle


le coefficient de sécurité est minimal. Leur incli-
naison est au moins égale à 3 % (pour évacuer les
sédiments pendant la réalisation et pour éviter la
formation de cuvette). Pour augmenter leur efficacité,
ils devront traverser toute l'épaisseur de la couche
aquifère, puisque la perméabilité parallèlement à la
stratification est beaucoup plus grande que perpen-
diculairement.

Pour ce type de drainage, il n'y a pas de filtre


artificiel. Les terrains devront le réaliser. Ainsi, il
peut arriver que les drains se colmatent. Leur décol-
matage est possible par lavage.

Les éperons drainants (fig. 19)


Tranchée drainante : blindage glissant provisoire.
Ce sont des murs drainants, verticaux et perpen-
diculaires à l'axe de la tranchée. Le calcul de la
position de la nappe rabattue est impossible. Mais
on peut faire une étude approchée, à l'aide des
hypothèses de Dupuit, en supposant les talus verti-
».4 i*- S' caux. Cette étude montre que leur profondeur doit
être égale à la moitié de leur espacement pour que
les lignes de courant soient notablement déviées
(fig. 20). Pour le choix de l'espacement, il faut aussi
AD introduire la notion de rayon d'action : on pourra
se référer à celui des tranchées drainantes. Il diminue
avec la perméabilité.

Tranchée drainante longitudinale Fig. 19 - Eperons drainants

124
F i g . 20 - Etude t h é o r i q u e des é p e r o n s drainants
à l'aide des h y p o t h è s e s de D u p u i t . R é a l i s a t i o n de drains subhorizontaux.

Leur réalisation sera très délicate; elle dépendra


surtout de la tenue verticale des terrains. Cela limite
beaucoup leur emploi : il semble que cette technique
convienne surtout pour des talus de faible hauteur
(5-6 mètres).

Les puits perdus

S'il existe en profondeur une couche poreuse,


perméable, aquifère ou non, on peut, dans certaines
conditions, rabattre la nappe en la déversant dans
la couche inférieure par l'intermédiaire de puits.
Un essai sera nécessaire pour dimensionner un tel
système.

Puits et drains subhorizontaux

Pour stabiliser une pente très faible, on ne peut


guère employer les drains subhorizontaux, car leur
longueur serait trop grande. On peut alors réaliser
des puits verticaux d'au moins un mètre de diamètre
et forer, à partir de leur fond, des drains en éventail. Talus d r a i n é p a r une s é r i e de drains s u b h o r i z o n t a u x .

125
L'eau sera é v a c u é e par un exutoire foré en m ê m e
temps que les drains. O n peut m ê m e employer cette
m é t h o d e pour rabattre la nappe avant les terras-
sements d'une tranchée de grande hauteur. Pendant
les travaux, l'eau sera é v a c u é e par pompage dans
les puits. A p r è s , on réalisera l'exutoire vers la plate-
forme (fig. 21).

Terrain n a t u r e l

Fig. 21 - Puits et drains subhorizontaux.

Conclusion

L a stabilité des talus ne sera assurée que si les


s y s t è m e s de drainage remplissent correctement leur
rôle. Il importe donc que leur réalisation soit très
soignée : en particulier, on portera son attention sur
les filtres. O n surveillera le niveau p i é z o m é t r i q u e
Puits drainant dans un massif calcaire très fissuré rabattanl
la nappe en amont d'une pente. Autoroute A 6, tranchée de la nappe et le débit des drains, pour vérifier leur
de Lasalle (S.-et-L.). bon fonctionnement.

BIBLIOGRAPHIE

[1] DE C A Z E N O V E , Rabattement d'une nappe à surface libre exploitée par puits ou tranchées, La houille blanche, 3 (1961).
252-265.
[2] P . - Y A . POLUBARINOVA-KOCHINA, Theory of ground water mouvement. University Press (Princeton. New-Jersey, 1962), 613 p.
[3| G . A . LEONARDS, Les fondations, Dunod (Paris, 1968), 1106 p.
[4] G . SCHNEEBELI, Vhydraulique souterraine, Eyrolles (Paris, 1966), 362 p.

Par ailleurs, l'auteur de cet article s'est inspiré des ouvrages :

V.-I. A R A V I N et S . - N . N U M E R O V , Theory of fluid flow in undeformable porous media, Israel Program for Scientific
Translations (Jerusalem, 1965), 510 p.
G . CASTANY, Traité pratique des eaux souterraines, Dunod (Paris, 1963), 657 p.
H. -R. CEDERGREEN, Seepage, drainage and flow nets, John Wiley and Sons (New York, Londres, Sidney, 1967), 489 p.
A. H O U P E U R T , Eléments de mécanique des fluides dans les milieux poreux (extrait de la Revue de l'Institut Français du
Pétrole et Annales.des Combustibles Liquides) Sté des Editions Technip. (Paris, 1957), 231 p.
M . M U S K A T , The flow of homogeneous fluids through porous media, J.-W. Edwards (Ann Arbor, Michigan, 1946), 763 p.
H. SCHOELLER, Les eaux souterraines, Masson (Paris. 1962). 642 p.

126
discussion

Lors de la discussion, les é c h a n g e s de vue ont p o r t é sur les points suivants :

Notion de rayon d'action

Cette notion de rayon d'action est difficile à p r é c i s e r . Classiquement, il s'agit de la limite du c ô n e de rabat-
tement, limite d é f i n i e comme é t a n t la ligne à partir de laquelle les rabattements ne sont plus mesurables. En fait,
on doit la d é f i n i r en c o n s i d é r a n t l'équilibre alimentation-débit évacué. Il faut donc tenir compte du bassin d'alimen-
tation, de la p l u v i o m é t r i e et de l'infiltration.

Par exemple, a p r è s la r é a l i s a t i o n d'une tranchée


a u t o r o u t i è r e importante, dans la v a l l é e du Rhône, le
d é b i t des sources s i t u é e s à 1 km a d i m i n u é considé-
rablement. Cette baisse est-elle due aux travaux? Pour
le savoir, le Burgeap*, c h a r g é de l ' é t u d e , a tracé la
carte p i é z o m é t r i q u e de la nappe, afin de d é t e r m i n e r les
zones d'alimentation des sources (figure ci-contre). La
baisse du d é b i t n ' é t a i t pas imputable aux travaux mais
à la s é c h e r e s s e de la saison. La poursuite des obser-
vations devait confirmer ces r é s u l t a t s .

Cette notion est p r é c i s é e , par M . Rat, dans le


cas simple d'une nappe cylindrique d ' é p a i s s e u r H à
gradient uniforme i (substratum légèrement incliné).
Par u n i t é de longueur, le d é b i t de cette nappe est :

Q= kHi

Si une t r a n c h é e drainante intercepte totalement


la nappe, son d é b i t sera Q et la formule de Dupuit
s'écrit :

2 R
et en rapprochant ces deux formules, on obtient le rayon
d'action :

Rayon d'action : Le tracé de la carte piézométrique démontre que la


construction de la tranchée n'a pas influencé le débit de la source.

Réalimentation de nappes
On rencontre ces p r o b l è m e s de r é a l i m e n t a t i o n , en particulier, quand on veut é v a c u e r vers la nappe les eaux
pluviales qui ruissellent vers les points bas des t r a c é s . Du point de vue théorique, ils sont analogues à ceux
p o s é s par le rabattement mais leur é t u d e ne peut se faire qu'avec des essais en vraie grandeur (il est difficile
d'extrapoler les r é s u l t a t s ) . —

On attire surtout l'attention sur le colmatage biologique qui se produit g é n é r a l e m e n t (cas, par exemple, de la
r é a l i m e n t a t i o n de la nappe de la craie, à l'Ouest de Paris, o ù , m a l g r é la p u r e t é des eaux i n j e c t é e s , il faut décol-
mater le fond des bassins tous les ans).

* Bureau d ' é t u d e s de g é o l o g i e a p p l i q u é e et d ' h y d r o g é o l o g i e souterraine.

I27
P o m p a g e d i r e c t d a n s la f o u i l l e o u d a n s d e s p u i t s ?

Les débits é t a n t les m ê m e s , la solution puits est préférable car elle permet d'avoir un fond de fouille sec
et évite les effets nocifs de l'eau sur les talus.

D e u x e x e m p l e s d ' e x p l o i t a t i o n d e m a t é r i a u x s o u s la n a p p e

• Une exploitation avait é t é e n v i s a g é e à la dragline jusqu'à 11 m è t r e s de profondeur, mais les difficultés d'essorage
du m a t é r i a u , r e m a n i é par l'extraction, ont conduit à pratiquer un rabattement de nappe et une exploitation au scraper.
Le rabattement a é t é fait par pompage dans des cuvettes ceinturant le gisement. A la fin de l'exploitation, il était
de 7 à 8 m è t r e s et les débits atteignaient 3.000 mVh pour 4 hectares. Ces débits ont conduit à une interaction
avec une station de pompage située à 500 m è t r e s .

• Pour une autre exploitation, on a c o m m e n c é pour partie à la dragline, pour partie après rabattement. Mais elle
se poursuivra p e u t - ê t r e par extraction c o m p l è t e , après rabattement, afin d'éliminer certaines lentilles d'argile intercalées
dans les graves.

Exploitation d'un gisement de matériaux pour remblai par rabattement de nappe Exploitation d'un gisement par dragline, sous la nappe
(vue générale) - Autoroute A 6, Bois de Laives, S.-et-L. Autoroute A6, Saint-Oyen, S.-et-L.

M a t é r i a u x filtres

A l'expérience, le Laboratoire régional de Nancy constate qu'avec un m a t é r i a u 0/100 ou 40/60, il y a colmatage


et que, par contre, l'emploi des règles de Terzaghi ou de Kerisel conduit à un m a t é r i a u trop peu p e r m é a b l e . Aussi,
recommande-t-il maintenant l'emploi d'un 0/40, reconstitué avec 30 % de 0/5 (coefficient d'uniformité é l e v é , anti-
contaminant).

128
rticuliers
Nappe en charge
dans le sol de fondation
d'un ouvrage d'art H. JOSSEAUME

J.-J. SEVESTRE
I n g é n i e u r E.N.S.M.
Chef de la Section " M é c a n i q u e des Sols
et Fondations"

J.-F. MAILLARD
Assistant
Section " G é o l o g i e "

J.-P, DUPARCQ
Technicien S u p é r i e u r
Section " G é o l o g i e "

A. VECCHI
Technicien S u p é r i e u r
Section " M é c a n i q u e des Sols et Fondations"
Laboratoire Régional du Bouget

Le Laboratoire central des Ponts et Chaussées et Cette voie de desserte (fig. 1) est une autoroute
le Laboratoire régional du Bourget ont été chargés urbaine reliant les autoroutes A.3 (antenne de Bagnolet)
par le Service des Ponts et Chaussées de la Seine de et A.86. Elle se détache de l'antenne de Bagnolet au
l'étude des problèmes de mécanique des sols posés par viaduc courbe de Romainville, traverse le plateau de
la construction de la voie de desserte de Fontenay- Romainville vers le sud-est puis oblique vers l'est à
sous-Bois. Montreuil-sous-Bois. Elle descend ensuite sur le flanc

Fig. 1 - Tracé de la voie de desserte de Fontenay-sous-Bois.

131
est du plateau jusqu'au C D . 43 suivant une ligne de dans la masse (dalles et gros blocs). Son épaisseur
plus grande pente. atteint, par endroit, 5 mètres ;

Une étude générale, faite en 1965, a permis de définir Glaises vertes et marnes à cyrènes :
les conditions de fondation des ouvrages d'art. Cepen- Géologiquement, l'horizon des glaises vertes se
dant, il s'est avéré nécessaire de procéder à une étude présente sous forme d'argiles vertes compactes et relati-
spéciale des fondations de l'ouvrage de franchissement vement homogènes de 6 mètres environ d'épaisseur.
de la R.N. 302, à Montreuil-sous-Bois, le sous-sol pré- A leur partie supérieure, on trouve plusieurs cordons
sentant un certain nombre d'anomalies locales : de nodules calcaires (bandes blanches) qui sont le siège
— profil des couches très irrégulier, de circulations d'eau. Le contact avec le calcaire de
Brie sus-jacent est altéré localement.
— existence d'une nappe en charge à faible profondeur,
— existence de cavités dans les couches profondes. Les marnes à cyrènes leur font suite et sont consti-
tuées de feuillets argileux séparés par de minces lits
silteux. Leur épaisseur est d'environ 1,50 mètre.
POSITION DU PROBLÈME
Ces deux niveaux sont homogènes latéralement ;
Plusieurs campagnes de sondages successives ont été
exécutées de 1964 à 1967 (sondages profonds carottés Marnes supragypseuses :
et sondages superficiels à la tarière Highway).
L'assise des marnes supragypseuses comprend deux
Les sondages les plus profonds ont recoupé la série niveaux, au sommet, les marnes de Pantin, à la base,
géologique du Sannoisien au Bartonien et la succession les marnes d'Argenteuil.
suivante a été ainsi mise en évidence, de haut en bas Les marnes de Pantin sont des marnes calcaires
(fig- 2) : blanches, fissurées, dont l'épaisseur moyenne est légère-
ment inférieure à 5 mètres. Elles recèlent une nappe
Terrains superficiels et remblais ; aquifère, localement en charge.
Calcaire de Brie (ou travertin) : Les marnes d'Argenteuil sont constituées par une
Cet horizon qui couronne la plus grande partie du alternance de marnes bleues et rousses assez compactes,
plateau de Malassis est constitué d'une marne blan- renfermant plusieurs bancs de gypses. Leur épaisseur
châtre calcaire, emballant par endroits des blocs sili- est de l'ordre de 10 mètres ;
3 3
ceux dont la taille va de quelques dm à plus de 1 m
Masses et marnes du gypse :
et qui sont distribués soit en cordons à la partie supé-
rieure de la couche (petits blocs), soit irrégulièrement Elles totalisent une épaisseur de 20 mètres environ.
L'ouvrage franchissant la R.N. 302 : en béton précontraint, à trois travées continues et comportant deux tabliers indépendants.

Au point de vue géotechnique, les couches superfi- profonds ont montré qu'il subsiste encore de telles cavi-
cielles (à l'exception des remblais, du calcaire de Brie tés dont la hauteur sous voûte reconnue atteint 5 mètres.
et de la partie supérieure de l'argile verte) sont suffi-
samment résistantes et peu compressibles pour que les Cet affaissement a porté localement à environ
ouvrages d'art puissent être fondés sur des semelles 10 mètres la surcharge de la nappe des marnes de
ancrées de 1,50 mètre dans l'argile verte et exerçant sur Pantin. En effet, au droit de la R.N. 302, le toit des
le sol une pression de l'ordre de 2,5 bars. marnes de Pantin descend jusqu'à la cote 84, tandis
que le niveau statique de la nappe ressort à la cote 94,50.
Le tracé de la voie de desserte de Fontenay se trouve
sur le flanc sud d'un bombement anticlinal d'axe sensi- La voie de desserte devait franchir la R.N. 302 sur
blement ouest-est qui affecte le plateau de Romainville. un ouvrage en béton précontraint à trois travées conti-
Les pendages d'ensemble, orientés nord-sud, sont de nues comportant deux tabliers indépendants. Les
l'ordre de un pour cent. perturbations du sous-sol mentionnées ci-dessus posaient
deux problèmes :
D s'y ajoute des phénomènes de fauchage de couches
en bordure de plateau, particulièrement dans les thal- • celui de la stabilité de l'ouvrage au cas où les cavités
wegs. dans le gypse s'étendraient et provoqueraient un effon-
drement local des couches superficielles (fontis). Pour
Au point de franchissement de la R.N. 302 qui parer à cette éventualité il a été décidé, d'une part, de
emprunte un de ces thalwegs, l'étude a, en outre, mis réaliser des fondations et des appuis continus sur toute
en évidence un effondrement local affectant l'ensemble la largeur de l'ouvrage (des fondations indépendantes
des couches qui surmontent la deuxième masse du avaient tout d'abord été prévues pour chaque tablier),
gypse. d'autre part, de dimensionner et d'armer les semelles
de fondation de façon à ce qu'elles puissent résister
Le phénomène a été provoqué par l'effondrement de à l'ouverture d'un fontis de 6 mètres de diamètre, immé-
cavités de dissolution situées dans cet horizon (soit diatement sous la fondation. Par ailleurs, des appareils
entre 25 et 35 mètres de profondeur) et les sondages (tassomètres et capteurs de pression totale) mis en place

133
sous les semelles, devaient en outre permettre de déceler PARTICULARITÉS D E L A C O U P E D U S O L
l'extension des cavités ;
Une campagne de reconnaissance très détaillée,
• celui du niveau de fondation de l'ouvrage. Si l'on comportant des sondages carottés et des sondages à
conservait la solution adoptée pour les autres ouvrages, la tarière implantés suivant une maille très serrée (5 à
c'est-à-dire si l'on se fondait sur l'argile verte, de graves 10 mètres), a permis de déterminer avec précision la
ennuis pouvaient survenir pendant les terrassements : topographie du sol au droit de l'ouvrage.
si la surpression de la nappe des marnes de Pantin
n'était plus équilibrée par la pression des terres sus- Les coupes du sol de fondation dans l'axe des appuis
jacentes il y aurait rupture du fond de fouille par sont représentées sur lafigure3.
soulèvement (renard).

L'adoption d'un niveau de fondation plus élevé ÉTUDE D E S N A P P E S


éliminait ces risques mais était encore plus aléatoire,
compte tenu des caractéristiques médiocres des couches Surfaces p i é z o m é t r i q u e s
superficielles (risques de tassements différentiels im-
portants). Des piézomètres intéressant les marnes de Pantin,
l'argile verte et les marnes à cyrènes ont été posés dans
Il a donc été décidé de fonder l'ouvrage sur l'argile des sondages carottés de 116 mm de diamètre.
verte. Il devenait alors nécessaire d'entreprendre une
étude détaillée de la stabilité des fouilles de fondation et Les piézomètres mis en place dans les marnes de
de définir les mesures propres à éviter la formation de Pantin étaient des tubes en matière plastique de 44 mm
renards. de diamètre intérieur, crépines à leur partie inférieure.

Argile verte

Argile verte
Marnes a cyrenes
100
94,50 -
¿Nanpej
9 5- yy/yyyyy^yyyy'yyy/y/yA'yy/y^/yy?y^?^y^.
Ari:!
D:4 2
9 0-

85"

Marne d'Argenteuil
Marne d A r g e n t e u i l

a) suivant l'axe longitudinal de la culée b) suivant l'axe longitudinal de la pile

Côté Romainville

100-

Limon des - Limon des


95- plateaux --lïi.'SÔ Mappe plateaux .— "J_"JJ_Í4.50 Nappe , - • •
Travertin
-f~ - v
T r a v e r t i n de A H = 5
de B r i e
90- Brie - ÛH=5
9 0- '<y///œ*wv//tfyÀ atoo D _ v
Argii c
Argile ver te D= S 1 verte
85- 85-
Marnes a cyrenes Marnes a cyrenes—
80- Marne de P a n t i n

F= 0 , 9 5 x - = 0,76

a) suivant l'axe longitudinal de la pile b) suivant l'axe longitudinal de la culée

Côté Rosny

Fig. 3 - Coupe du sol de fondation de l'ouvrage de franchissement de la R.N. 302.

134
Chacun d'eux était entouré d'un filtre en gravier 0/5 l'éviter, de se fonder à environ 1,50 mètre au-dessous
sur toute la hauteur des marnes de Pantin. Lefiltreétait du toit de l'argile verte. On a donc adopté les cotes
isolé de la partie supérieure du sondage par un bouchon suivantes pour les différents niveaux de fondation
étanche en argile-ciment. (fig. 3) :

— culée côté Romainville : 94,5,


Dans l'argile verte et les marnes à cyrènes, bien
moins perméables, des piézomètres type «Casagrande», — pile côté Romainville : 93,5,
ayant un temps de réponse beaucoup plus faible que les — pile côté Rosny : 89,5 (côté province), 92 (côté Paris),
piézomètres classiques, ont été utilisés. Es sont constitués — culée côté Rosny: 89,5 (côté province), 91 (côté Paris).
d'une capsule cylindrique poreuse (longueur 254 mm,
diamètre 50,8 mm) prolongée par un tube de 12,7 mm
de diamètre intérieur. La capsule poreuse était entourée
d'un filtre en sable de Fontainebleau d'environ 50 cm
de hauteur, limité à sa partie supérieure par un bouchon
d'argile-ciment.
E
Le relevé de l'ensemble des piézomètres, effectué
après stabilisation, montre que les niveaux piézométri-
ques sont sensiblement les mêmes pour les trois couches.
Leur surface piézométrique est sensiblement horizontale
et se situe aux environs de la cote 94,50.

Essais de perméabilité dans les piézomètres


Afin d'apprécier la perméabilité des différentes
couches, certains piézomètres ont été partiellement
vidés par soufflage à l'air comprimé et la remontée de
l'eau dans ces piézomètres a été suivie en fonction du
temps. Ces essais, interprétés en essais Lefranc à charge
0 100 200 300
variable (fig. 4 et 5) ont donné les résultats représentés t e m p s en secondes
par le tableau I.
Fig. 4 - Essai de perméabilité effectué dans un piézomètre posé dans
les marnes de Pantin (piézomètre n° I).
TABLEAU I

Coefficient
Couches Piézomètres de perméabilité
en m/s

Marnes de Pantin 1 1,3 x 10"«

1A (1 er
essai) 5 x10- 1 0

Argile verte I A (2 e
essai) 8 x 10- 1 0

II A 1,1 x irr 10

IB (1 er
essai) 1.2 x 10-»
Marnes à cyrènes I B (2 e
essai) 5,4 x 10-'°
II B 6.3 x 10-'

FONDATIONS DE L'OUVRAGE
L'étude géotechnique de 1965 avait mis en évidence,
à la partie supérieure de l'argile verte, une zone altérée
plus compressible et moins résistante, de plus d'un mètre T e m p s en secondes

d'épaisseur. On retrouva cette zone de moindre résistance Fig. 5 - Essai de perméabilité effectué dans un piézomètre posé dans
à l'emplacement de l'ouvrage et il fut nécessaire, pour l'argile verte (piézomètre n° IA - 2 essai).
e

135
Les appuis, côté Rosny, sont fondés à deux niveaux On obtient la même expression pour le coefficient
différents afin d'entailler le moins possible la couche de sécurité à long terme. Un écoulement permanent
d'argile verte et, par conséquent, de réduire au maximum s'établit alors entre la couche perméable et le fond de
les risques de rupture du fond de fouille par renard. fouille. Le toit de la couche et le fond de fouille sont
les deux équipotentielles extrêmes de cet écoulement
Pour réaliser une semelle continue sous ces appuis dont la perte de charge est :
on a été conduit à adopter les dispositions schématisées h M - h = AH N

sur lafigure6.
En effet :

et
Semelle continue en beton a r m e
h N + ZK D

o. : „ ° -. »: .O . . . . • » • • «
Dans la partie centrale de la fouille, les lignes de
Ar g 11 e v e r t e
courant sont verticales et le gradient hydraulique prend
la valeur :
^ G r a v e ou beton maigre

Fig. 6 - Disposition adoptée pour les appuis, côté Rosny, fondés à . h - h


M N AH
deux niveaux.
MN D

Un volume de sol a, b, c, d de largeur unité est


soumis à une force d'écoulement verticale d'intensité :
ETUDE DU RISQUE DE RENARD
E = iy w D = AH V v i

Étude générale de la stabilité d'une fouille (fig. 7).


Considérons une couche d'argile homogène saturée, qui tend à le soulever et à son poids déjaugé V'D qui
de poids spécifique apparent y, surmontant une couche tend à le stabiliser. U sera stable si :
perméable dont la nappe est en charge. La surface
piézométrique de cette nappe se situe à la cote z = H
y'D > AH y v
au-dessus du toit de la couche perméable.

d'où :
Une fouille ouverte dans la couche superficielle ne
sera stable à court terme que si la pression de l'eau au
y'D
niveau du toit de la couche perméable est équilibrée
par la pression de l'argile constituant le fond de fouille, AH
F w

c'est-à-dire si : Surface,
Piezometnque

yD > y H w

(y + VJ D > y„ (D + AH)
Argile B
j/D > ; ; A H W

and

Si l'on définit le coefficient de sécurité F comme le


rapport des forces stabilisatrices aux forces tendant
à provoquer la rupture, on a : Couche p e r m e a u i e

v - ? /D
Fig. 7 - Schéma d'une fouille ouverte dans une couche constituant le toit
y AHw d'une nappe en charge.

136
L

Remarque : l'extrémité, côté Paris, de la culée où l'épaisseur de l'ar-


gile verte était de l'ordre de 1,3 mètre), la stabilité des
On n'obtient la même expression pour le coefficient
fouilles de fondation des appuis ne pouvait être
de sécurité à court terme et pour le coefficient de sécu-
assurée qu'en diminuant localement la pression de l'eau
rité à long terme qu'en négligeant les forces de résistance
dans les marnes de Pantin pendant les terrassements.
au cisaillement qui s'opposent au soulèvement du fond
Pour obtenir le coefficient de sécurité minimal F = 1,25,
de fouille. Cette approximation est légitime si la largeur
il était nécessaire d'abaisser la surface piézométrique de
B de la fouille est grande par rapport à l'épaisseur
3 mètres dans la zone la plus critique et de 2 mètres
D de l'argile en fond de fouille. Lorsque les forces hy-
par ailleurs. D a donc été décidé de rabattre la nappe des
drauliques ne sont plus équilibrées par les forces de
marnes de Pantin au moyen de puits profonds équipés
pesanteur, l'argile constituant le fond de fouille se
de pompes immergées. On a procédé à un essai de pom-
comporte comme une dalle encastrée, chargée à sa
page pour déterminer les caractéristiques de ces puits.
partie inférieure, et subit des efforts de traction in-
compatibles avec sa résistance (la résistance à la trac-
tion d'une argile, faible à court terme, est pratiquement ESSAI D E P O M P A G E
nulle à long terme). Lafissurationqui en résulte ne
permet pas de tenir compte des forces de résistance Conditions et réalisation de l'essai
au cisaillement.
L'essai de pompage a été réalisé dans un puits de
Lorsque B et D sont du même ordre, l'expression du 200 mm de diamètre, foré jusqu'au toit des marnes
coefficient de sécurité indiquée ci-dessus conduit à des d'Argenteuil qui constituent un substratum imperméable.
valeurs pessimistes. Le puits était équipé d'un tubage métallique de 150 mm
de diamètre, crépine sur toute la hauteur des marnes de
Pantin. L'espace annulaire compris entre la paroi du
Application à l'ouvrage étudié forage et la crépine était rempli d'un gravier 0/5 jouant
le rôle de filtre.
Le poids spécifique apparent de l'argile verte étant
Le puits était équipé d'une pompe électrique immer-
y = 1,95 t/m , le coefficient de sécurité prend la valeur :
3

gée, le débit pompé étant mesuré au moyen d'un comp-


teur totalisateur monté sur la conduite de refoulement.
y w AH AH
Les fluctuations de la surface piézométrique au
AH gardant une valeur constante pour un niveau de voisinage du puits ont été suivies au moyen des piézo-
fondation déterminé, le plus faible coefficient de sécurité métres posés dans les marnes de Pantin lors de l'étude
est obtenu pour la valeur minimale de D. de la nappe. La position de ces piézomètres par rapport
au puits est représentée sur la figure 8. On a également
Les valeurs du coefficient de perméabilité mesurées tenu compte des indications d'un piézomètre (S^ mis en
dans les marnes à cyrènes étant pour certains essais place au cours d'une précédente campagne de sondages
supérieures à celles mesurées dans l'argile verte, il a et situé à 45 mètres du puits.
semblé prudent de faire l'hypothèse que les forces
hydrauliques s'exerçaient uniquement sur la couche L'essai a comporté plusieurs phases :
d'argile verte, ce qui revenait à prendre pour D l'épais- 3
— un pompage d'essai à débit constant (Q = 0,96 m /h)
seur de cette couche seule.
interrompu au bout de 4 heures,

Les valeurs de F calculées pour chaque appui sont — un pompage de longue durée à débit constant
reportées sur lafigure3.
3
(Q = 0,63 m /h). La surface piézométrique s'est
stabilisée au bout d'environ 24 heures,
Côté Romainville, la fondation de la culée ne des-
cendant pas au-dessous de la surface de la nappe et, — un pompage utilisant toute la puissance de la pompe.
3

d'autre part, le coefficient de sécurité pour la pile étant Le débit qui était initialement de 2,7 m /h s'est stabi-
3

de 4, l'exécution des fondations de ces appuis ne posait lisé rapidement à 0,9 m /h. Le régime permanent a
pas de problème. également été obtenu en 24 heures.

Par contre, côté Rosny, le coefficient de sécurité Deux pompages successifs étaient séparés par un
étant rarement supérieur à l'unité le long de chacun des intervalle de temps suffisamment long pour que la nappe
deux appuis (il atteignait sa valeur minimale F = 0,35 à reprenne sa position d'équilibre.

137
Le tableau III donne les valeurs du rabattement
de la surface piézométrique dans les puits et les piézo-
3.50m mètres à la fin du dernier pompage.
/B
P u i t 5
JL-» ' in

(9 A • A
Ces résultats montraient que le risque de rupture
des fouilles par renard pouvait être totalement éliminé
en rabattant la nappe au moyen d'un seul puits foré
dans la zone où le coefficient de sécurité est minimal,
c'est-à-dire au voisinage de l'extrémité, côté Paris, de
la culée côté Rosny.

Piézomètre d a n s U s marnes

6
d. p,„«,n RABATTEMENT D E L A NAPPE PENDANT
o ' L'EXECUTION DES FONDATIONS
O A P i e z o m e t r e dans l a r g i i ? verte
A la demande du maître d'oeuvre et pour des raisons
de sécurité, les dispositions suivantes ont été prises :
\ \ Piezometre
a c y r Î S
d a n s 1er m a r n e s
" — deux puits distants de 5 mètres et dont la situation
par rapport à l'ouvrage est indiquée par lafigure9,
ont été forés jusqu'à la base des marnes de Pantin.
Chacun d'eux était équipé d'une pompe électrique
immergée fonctionnant sur le secteur. Cependant un
i F 8
9 'g- ~ groupe électrogène de secours était constamment
Implantation du puits d'essai .. ... , ,
\ et des piézomètres. disponible sur le chantier ;

Les variations du niveau de l'eau dans le puits et RCMAINVILLE

dans les piézomètres ont été suivies, en fonction du


temps, pendant les pompages et les remontées de la
nappe.

Résultats de l'essai
Les mesures effectuées pendant les deux premières
phases de l'essai ont été interprétées par la méthode de
Theis applicable en régime transitoire. Les valeurs
obtenues* pour le coefficient de perméabilité sont
reprises au tableau II.

TABLEAU II

Coefficient d e perméabilité k
6
en 1 0 " m/s

Puits Piézomètre III Piézomètre V Piézomètre I Piézomètre VII

1™ Phase
Pompage 2 1,6 2 6
Remontée 2,1 1,6 1,7

2 phase
e

Pompage 1,5 1,3 1,4 4,3


Remontée 2,3 1,9 2 4,7 5,6

* Les résultats les plus caractéristiques de cet essai de pompage ROSNY

sont cités à titre d'exemple dans l'article de H . Josseaume « Essai Fig. 9 - Implantation des puits de rabattements et des piézomètres de
de pompage ». contrôle pendant les travaux.

I38
T A B L E A U III

Puits Piézomètre III Piézomètre V Piézomètre I Piézomètre VII Piézomètre S 6

Rabattement 10,34 8,5 8,4 4 2,5 2,5


(en mètres)

Distance au
puits . 3,5 7 15 27 45
(en mètres)

— quatre piézomètres encadrant les appuis côté Rosny


ont été mis en place dans les marnes de Pantin afin
de contrôler l'amplitude du rabattement ;
— la surveillance des pompes et des niveaux piézomé-
triques a été assurée jour et nuit.

Au début des travaux, les deux puits ont été mis en


service simultanément jusqu'à ce que le régime perma-
nent soit établi. Par la suite, chaque puits était mis en
service un jour sur deux. Pendant toute la durée du
rabattement (de janvier à avril 1968) le débit a varié
3 3 3
entre 0,9 m /h et 1,2 m /h (débit moyen 1 m /h), le
rabattement mesuré dans les différents piézomètres était
compris entre 6,20 et 6,80 mètres de telle sorte que la
surface piézométrique de la nappe se trouvait toujours
en dessous du fond de fouille.

Dans ces conditions la stabilité du fond de fouille


était parfaitement assurée et les travaux se sont déroulés
Exécution d'un des puits permettant de rabattre la nappe pendant
sans incident. les travaux.

Vue d'une des pompes immergées Vue partielle du chantier. On remarque la crépine et la pompe destinées
utilisées pendant les travaux, à équiper un des puits.

139
discussion

La discussion a surtout porté sur l'aspect économique de l'intervention du laboratoire. L'ampleur des études
entreprises et les précautions prises pendant la construction de l'ouvrage étaient-elles en rapport avec l'importance
de celui-ci ?

Le coût des études effectuées en 1967 (sondages, essai de pompage, étude des sols) s'élevait à environ
1 7 0 . 0 0 0 francs et celui du rabattement de la nappe, pendant l'exécution des fouilles, était de 8 0 . 0 0 0 francs
soit, pour ces deux postes, 5 % du prix de l'ouvrage (environ 5 . 0 0 0 . 0 0 0 francs). Ces dépenses paraissent largement
justifiées eu égard aux risques encourus.

Si la nappe n'avait pas été rabattue pendant les travaux de terrassement, une rupture du fond de fouille se
serait à peu près sûrement produite à l'extrémité de la culée côté Rosny, là où le coefficient de sécurité n'était
que de 0 , 3 5 (des ruptures ne se seraient pas nécessairement produites en d'autres points de la fouille, du moins
à court terme ; de même pour la fouille de fondation de la pile côté Rosny). Dans ces conditions, l'eau aurait
rempli la fouille jusqu'à la cote 9 4 , 5 et aurait provoqué un gonflement de l'argile verte (préconsolidée sous 2 bars)
constituant le fond et les parois de la fouille.

Au minimum, il aurait été indispendable d'approfondir la fouille jusqu'au toit des marnes de Pantin et de
substituer à l'argile ainsi éliminée une grave soigneusement compactée ou un béton maigre. Pendant ces travaux,
il aurait évidemment fallu rabattre la nappe à une cote inférieure à celle du toit des marnes de Pantin.

Il est difficile d'évaluer les conséquences financières d'une rupture de fond de fouille qui se serait produite
au cours de ce chantier. Il est probable que le coût d'une telle rupture aurait dépassé nettement celui des études
de mécanique des sols et du pompage réalisé pendant les travaux.

140
Tassements dus
aux rabattements de nappes
H. JOSSEAUME

La réalisation de nombreux travaux de génie civil Ces procédés assurent habituellement une protection
nécessite l'exécution de terrassements sous la nappe. efficace du chantier, mais ils sont, par contre, suscep-
Si la perméabilité du sol est élevée ou si les travaux tibles de provoquer des tassements dans la zone d'in-
intéressent une couche de terrain formant le toit d'une fluence du pompage et, de ce fait, d'endommager les
nappe en charge, il peut être nécessaire de rabattre la constructions qui y sont implantées (le rayon d'action
nappe par pompage pendant la durée du chantier. Dans d'un rabattement peut atteindre plusieurs centaines
le premier cas il s'agit le plus souvent d'assécher un de mètres).
volume de sol suffisant pour que les travaux puissent
Les tassements qui se produisent dans la zone inté-
être exécutés à sec. Dans le second cas, le rabattement
ressée par le rabattement sont dus :
a pour but de réduire la pression de l'eau dans la nappe
en charge et d'éviter ainsi la rupture du fond de fouille — à l'augmentation des contraintes effectives dans le sol,
par soulèvement (renard). — à l'entraînement des éléments fins du sol vers les puits
(érosion interne).
Suivant la profondeur de la nappe et l'amplitude du
rabattement, celui-ci peut être réalisé au moyen de L'érosion interne peut généralement être évitée en
pointes filtrantes (tubes crépines mis en place dans le entourant les puits d'un matériau jouant le rôle de filtre
sol par lançage et reliés à un tube collecteur dans lequel par rapport au sol en place. Aussi, seul sera traité le
on fait le vide) ou au moyen d'un groupe de puits problème des tassements dus à l'augmentation des
équipés de pompes immergées. contraintes effectives.

TASSEMENTS DUS A L'AUGMENTATION DES CONTRAINTES EFFECTIVES

Tassement dû à un abaissement uniforme de la nappe entre les cotes z et z, et la courbe des contraintes
0

effectives devient la courbe 2. L'augmentation de la


Soit un massif de sol partiellement baigné par une contrainte effective en fonction de la profondeur est
nappe libre dont le toit se. trouve à la profondeur z 0
égale à y (z, — z ) lorsque z est supérieur à z (fig. lb).
w 0 l

comptée à partir de la surface.


Dans le cas d'une nappe en charge dont le toit
La contrainte verticale effective exercée par le sol en est constitué par une couche superficielle A peu per-
place est représentée en fonction de la profondeur z méable (fig. 2), un abaissement Zj — z de la surface
0

par la courbe 1 de la figure la). Lorsque la nappe subit piézométrique se traduit également par un accroissement
un abaissement uniforme d'amplitude z — z , la
Y 0
y (z — z,) de la contrainte verticale effective en tout
w 0

poussée d'Archimède n'agit plus sur le sol compris point de la couche B.

141
a) Diagramme des contraintes effectives avant et après rabattement. b) Variation des contraintes verticales effectives due à un rabattement.

Fig. 1 - Influence de l'abaissement d'une nappe libre sur les contraintes verticales effectives dans un massif de sol.

M a i s i l faut aussi tenir compte de l'accroissement Si le sol est suffisamment compressible, l'augmen-
des contraintes effectives dans l a couche A . S i , par tation de l a contrainte effective se traduit p a r des
exemple, les infiltrations de surface sont négligeables, tassements :
il existe dans cette couche une nappe alimentée par 1. tassement d u sol compris entre les niveaux z et z v
0

celle de l a couche B et dont le niveau p i é z o m é t r i q u e somme des tassements des couches élémentaires d ' é p a i s -
se situe initialement à l a profondeur z . L'abaissement
0
seur d z situées à l a profondeur z et supportant l a
x

du niveau p i é z o m é t r i q u e e n t r a î n e donc une diminution surcharge uniforme y„ (z — z ) ; ; 0

de l a pression de l'eau dans l a couche A (plus lente


2. tassement d u sol situé au-dessous d u niveau z pro- t
que dans l a couche B en raison de l a différence des
v o q u é p a r l a surcharge uniforme y (z — z ) s u p p o s é e
w l 0
perméabilités) et, à l'équilibre, l'augmentation de l a
a p p l i q u é e a u niveau z S i le sol compressible a une
v
contrainte verticale effective est r e p r é s e n t é e par Je dia-
certaine extension en profondeur, le tassement d u sol
gramme de l afigure2 de m ê m e allure que celui de l a
situé sous l a nappe peut être important, l a surcharge
figure lb.
due à l'abaissement de l a nappe é t a n t transmise inté-
gralement aux couches les plus profondes.
Variation de La c o n t r a i n t e
verticale effective
Lorsque l'amplitude d u rabattement est faible par
rapport à l'épaisseur des couches compressibles, o n
peut négliger le tassement d u sol compris entre z et z 0 v

L e tassement A H d'une couche de sol fin argileux


d'épaisseur H , située e n t i è r e m e n t au-dessous du niveau
final de l a nappe, a pour expression :

A H = H - ^ l g ^ l i ^

Az: z — zt 0

C : indice de compression du sol,


c

e : indice des vides initial,


0

& : contrainte verticale effective initiale appliquée dans le plan


0

Fig. 2 - Nappe captive. Variation des contraintes verticales moyen de la couche,


effectives due à un rabattement de nappe. & : pression de préconsolidation du sol.
Q

142
Si le sol ne supporte aucune construction, a' est égal 0

à la pression effective des terres o' 0l

Au contraire, si le sol supporte un ouvrage, a' est la 0

somme de la pression effective des terres a' et de la 0l

pression verticale effective a' transmise par l'ouvrage.


02

Il s'ensuit que le tassement A H , d'un sol non chargé


et le tassement A H d'un ouvrage fondé sur ce même
2

sol ne sont pas identiques. Il est intéressant de les


comparer dans le cas des sols normalement consolidés
et surconsolidés.

Sol normalement consolidé


Les valeurs de A H , et A H sont respectivement 2 ig cr
(fig. 3a) :
a) cas d'un sol normalement consolidé

Ae, C i v Az\ c w

AH, = H î - = H — — lg 1 + — —
1+ e 1+ e \0 o-'oi 0
1

AH = 2 H ^ - = - ^ l g ( l ^ ^ - ) +

1+ e0 1+ e \ 0 a' + a' ' ox 02

Le tassement du sol non chargé est donc supérieur


au tassement de l'ouvrage. En particulier, un ouvrage
Ae
dont la fondation couvre une grande surface (remblai, 2

bâtiment sur radier) tasse moins que le sol environnant.


En effet, les contraintes transmises par l'ouvrage au sol
de fondation s'atténuent peu avec la profondeur et inté-
ressent l'ensemble des couches compressibles ; il s'ensuit
donc que a' prend des valeurs nettements différentes
0

sous l'ouvrage et à l'extérieur de l'ouvrage. De plus, le


tassement de l'ouvrage est d'autant plus faible que a' 02

tg or
est plus élevé, c'est-à-dire que la pression exercée sur le
b) cas d'un sol légèrement surconsolide
sol est plus grande.
Fig. 3 - Variations de l'indice des vides dues
Inversement, le tassement d'une construction légère à un rabattement de nappe.
fondée sur une semelle étroite est du même ordre que
celui du sol non chargé, la contrainte a' transmise 02

au sol compressible étant généralement faible. On retrouve la même expression que pour un sol
normalement consolidé. Par ailleurs, suivant que
Sol surconsolidé a' + y^Az est supérieur ou inférieur à a' le sol non
w c

chargé tasse ou ne tasse pas.


On s'est placé dans le cas d'un sol « légèrement »
surconsolidé, c'est-à-dire tel que les contraintes verti- Dans le premier cas :
cales effectives qui lui sont appliquées, avant l'abais-
sement de la nappe, soient supérieures à sa pression Ae, C oL + y Az
c w

AH, = AU !—= H — l g -2ï 1 2 —


de préconsolidation :
1+ e 0 1+ e a' 0 c

Il en résulte que le tassement d'un ouvrage fondé sur


Dans ces conditions, le tassement de l'ouvrage s'écrit un sol légèrement surconsolidé n'est pas systémati-
(fig. 3b) : quement inférieur à celui du sol non chargé. Par contre,
Ae, C / c p áz \ w
l'ouvrage tasse d'autant moins que ses fondations sont
AH = H
2 ^ - = H — — lg (1 + — — ) y
plus étendues et qu'il exerce sur le sol une pression plus
1+ e0 1+ e \ <j , + a' '
0 0 02
élevée.

143
Tassement dû à un abaissement non uniforme de la
nappe

Le rabattement d'une nappe provoqué par un pom-


page n'est pas uniforme. Son amplitude est d'autant
plus grande que l'on est plus proche du groupe de puits
ou de pointes filtrantes mis en service.

Les équipotentielles de l'écoulement vers ces puits


peuvent généralement être assimilées à des surfaces
cylindriques à génératrices verticales dans la majeure
partie de la zone intéressée par le rabattement. Dans
ces conditions, l'augmentation des contraintes effectives
en un point M (fig. 4) est :

Ao' = -Au = yw (z, - z ) =


0 y Az
w
Fig. 4 - Rabattement autour d'un puits.

On peut alors évaluer le tassement au point M à


partir des formules établies aux paragraphes précédents. // résulte de ce qui précède qu'un rabattement de
Az étant variable, le tassement n'est pas uniforme et un nappe risque d'endommager principalement les cons-
ouvrage situé dans la zone d'influence du pompage subit tructions légères de grande superficie, fondées sur
des tassements différentiels, ceux-ci sont d'autant plus semelles étroites et s'appuyant sur un sol normalement
importants que l'ouvrage est plus étendu. consolidé ou légèrement surconsolidé.

PRÉVISION DES TASSEMENTS DUS


A U X RABATTEMENTS D E NAPPE ET D E LEURS EFFETS

L'étude préalable des effets d'un rabattement de vision des tassements dus aux rabattements de nappe
nappe sur les constructions situées dans la zone d'in- et surtout de leurs effets sur les constructions est géné-
fluence d'un pompage nécessite, en principe, la connais- ralement délicate.
sance des données suivantes :
En effet, l'amplitude d'un rabattement est souvent
— coupe du sol et caractéristiques de compressibilité assez faible dans une grande partie de la zone intéressée
des différentes couches, par le pompage et les tassements correspondants sont
relativement peu importants sauf si le sol est très
— caractéristiques de la nappe : surface piézométriqué,
compressible. Le calcul ne donnant qu'un ordre de
mode d'alimentation, ordre de grandeur du coefficient
grandeur des tassements, il est, dans ces conditions,
de perméabilité des sols. Connaissant l'amplitude du
difficile de déterminer si le pompage provoquera ou
rabattement que l'on souhaite obtenir dans une zone
non des mouvements du sol. De plus, les tassements
déterminée, il est alors possible de déterminer la
différentiels que les constructions peuvent supporter
position approximative de la surface piézométrique,
sans dommage ne sont, en règle générale, pas connus.
une fois le régime permanent obtenu (formules de
Dupuit, analogie électrique), Dans de nombreux cas, le problème se trouve
compliqué par le fait que les caractéristiques du sol et
— caractéristiques des fondations des constructions :
même parfois sa nature ne sont pas suffisamment
mode et niveau de fondation, taux de travail, distance
connues, aucune reconnaissance géotechnique sérieuse
au groupe de puits ou de pointes filtrantes.
n'ayant été faite au préalable. L'étude dont nous allons
Cependant, même lorsqu'on dispose de l'ensemble de maintenant exposer les grandes lignes a été effectuée
ces renseignements (ce qui est rarement Je cas), la pré- dans de telles conditions.

144
Vue partielle du chantier en zone non urbanisée.

U N E X E M P L E D'ÉTUDE D E S EFFETS D ' U N R A B A T T E M E N T D E NAPPE

Tube c o l l e c t e u r
Position du p r o b l è m e
ÎKT
Tranchée

La construction d'un collecteur d'égoût, long de


Niveau initial de la nappe
3,5 km, entre deux communes de la banlieue parisienne,
a nécessité l'ouverture d'une tranchée de 1,30 mètre de
largeur et de 2,50 à 4,50 mètres de profondeur dans les Ligne de pointes filtrantes-

alluvions de la Marne. Le sol, constitué de sables plus


ou moins pollués, de limons, d'argiles tourbeuses et de
tourbes, est situé en majeure partie sous la nappe phréa-
tique, alimentée par la Marne, que l'on rencontre à
faible profondeur.

La tranchée construite à l'avancement était maintenue


hors d'eau par une ligne de pointes filtrantes (procédé
Vacuum Concrete) d'environ 150 mètres de longueur Fig. 5 - Assèchement de la tranchée
assurant le rabattement de la nappe (fig. 5). par une ligne de pointes filtrantes.

145
Cet incicent a conduit le maître d'œuvre et l'entre-
prise à redouter que les constructions situées au voi-
sinage de la partie urbaine du tracé, longue de
un kilomètre, ne soient endommagées lors de l'exécution
des travaux. Le Laboratoire central a alors été chargé
d'étudier les risques de désordres en zone urbaine et
de définir, si nécessaire, les mesures propres à les éviter.
Une réponse rapide était demandée au laboratoire afin
de ne pas interrompre les travaux.

Données initiales
Cinq sondages de reconnaissance avaient été effectués
le long du tracé du collecteur plusieurs années avant
l'exécution des travaux. Bien que ces sondages aient
atteint une profondeur de 10 mètres, ils n'ont apporté
que peu de renseignements sur la nature du sol et sur
ses caractéristiques géotechniques. Les indications
portées sur les coupes de sondages, telles que « terre
grasse », « terre en boue », « sable gras mouvant »,
mettaient bien en évidence le caractère compressible du
sol, mais aucun essai n'ayant, apparemment, été effectué
sur les échantillons prélevés, il n'a pas été possible
d'apprécier, même sommairement, leur compressiblité.

Par contre, les coupes de sondage montraient bien


Boisage ae ia iranciiee.
l'hétérogénéité du sol confirmée d'ailleurs par une cam-
pagne de sondages plus récente à la tarière Highway.

Ces deux campagnes de sondages ont permis de


déterminer des niveaux d'eau situés entre un et
deux mètres de profondeur. • Ces relevés étaient cepen-
dant peu précis, aucun piézomètre n'ayant été mis en
place dans les sondages.

Il nous a, par ailleurs, été indiqué que la nappe,


alimentée par la Marne, subissait des fluctuations de
l'ordre du mètre.

Étude d'ensemble de la zone urbaine


Compte tenu du délai très court imparti pour l'étude,
il n'était pas possible d'envisager une campagne complé-
mentaire de sondages suivie d'une étude approfondie
des sols en laboratoire. D'ailleurs, en raison de leur
hétérogénéité, une telle étude dépassant le stade d'une
identification soigneuse eût, sans doute, été illusoire.
Les travaux se sont déroulés de façon satisfaisante Aussi a-t-il été décidé d'apprécier les risques de tas-
dans les zones peu construites, mais, alors que la ligne sement dans la partie urbaine en se basant sur les
de pointesfiltrantesse trouvait à une trentaine de mètres critères suivants : hauteur maximale de rabattement
d'une usine, l'abaissement de la nappe a provoqué des (différence entre la cote de la nappe et la cote du fond
tassements de quelques centimètres. Le bâtiment prin- de fouille), nature du sol, mode et niveau de fondation,
cipal de l'usine, fondé sur pieux, n'a pas souffert mais taux de travail ou à défaut nombre d'étages des cons-
un bâtiment secondaire, fondé superficiellement, s'est tructions voisines, distances des constructions à la
fissuré à sa jonction avec le bâtiment principal. tranchée.

146
Mise en place d'une pointe filtrante par lançage.
On remarque, sur la photo de droite, les sédiments refoulés en surface au cours du lançage.

Pour obtenir la position du toit de la nappe et déter- L'examen des sols refoulés en surface au cours du
miner approximativement la nature du sol, on a procédé lançage a montré qu'il s'agissait surtout de matériaux
de la façon suivante : sableux :
— d'une part, onze pointes filtrantes (PI à P l i ) ont été — entre PI et P5 : prédominance de sable propre avec
implantées tous les 100 mètres en moyenne le long passages graveleux,
du tracé du collecteur. Elles ont été mises en place — entre P5 et P9 : prédominance de sable plus ou
par lançage à une profondeur de 6 mètres. Après dis- moins argileux,
sipation de la pression de lançage (20 bars), chaque
— entre P9 et P11 : sable argileux comportant des
pointe filtrante, dont la partie supérieure a été laissée
couches ou des lentilles d'argile.
à l'air libre, a pu être utilisée en piézomètre,
Les sondages effectués avant les
— d'autre part, au cours du lançage, le sol a été refoulé travaux avaient mis en évidence des
en surface, ce qui a permis de l'identifier sommai- passages tourbeux dans cette zone.
rement.
On a pu conclure de ces observations que la compres-
On a pu ainsi obtenir très rapidement (en trois jours)
sibilité du sol augmentait de PI vers P U . Ceci a été
des renseignements concernant la nappe et la nature
t confirmé par la remarque suivante : le niveau de l'eau
du sol.
dans le piézomètre P10 s'est abaissé d'environ
Les relevés piézométriques effectués à deux jours 0,75 mètre entre les deux relevés alors que les indi-
d'intervalle ont été reportés sur le profil en long de la cations des autres piézomètres n'ont pas évolué de façon
tranchée (fig. 6). En se basant sur le dernier relevé, les sensible. Cette baisse de niveau au P10 a d'ailleurs eu
valeurs maximales du rabattement à prévoir dans la pour effet de rendre la surface piézométrique sensible-
zone étudiée étaient : ment rectiligne. On en a déduit que cette variation ne
— entre PI et P5 : de 0 à 0,5 mètre, correspondait pas à un abaissement de la nappe mais à
la dissipation de la pression de lançage. Le sol étant
— entre P5 et P8 : de 0,5 à 1 mètre, sableux, donc relativement perméable, en dehors de la
— entre P8 et P10 : de 1 à 1,5 mètre, section P9 - P l i le niveau de l'eau s'est stabilisé rapi-
— entre P10 et P l i : pas de rabattement. dement dans les piézomètres. Au contraire, le sol

147
comportant des couches argileuses et, de ce fait, moins — compte tenu de la nature du sol (sable) et de la faible
perméables au voisinage du P10, la pression de lançage amplitude du rabattement dans la section PI - P5,
s'est dissipée plus lentement. aucun désordre ne semblait à redouter,
L'enquête concernant les constructions a montré que — les bâtiments fondés sur semelles dans la section
la quasi totalité des bâtiments importants étaient fondés P5 - P10 risquaient d'autant moins d'être endom-
sur pieux et que le chantier devrait passer à proximité magés qu'ils sont plus éloignés du point P10.
de nombreux pavillons et petits immeubles fondés super-
ficiellement (section P3 - P10) et de bâtiments scolaires Dans ce dernier cas, les risques semblaient dans
de grande longueur (section P9 - P10). l'ensemble limités, l'amplitude du rabattement à réaliser
étant relativement faible. Il a cependant semblé plus sûr
L'ensemble de ces données a permis de dégager les de réaliser un essai en vraie grandeur afin de déterminer
conclusions suivantes : la zone d'influence du pompage et d'obtenir des éléments
la réalisation de la section P10 P l i ne nécessitait permettant de prévoir l'ordre de grandeur des tassements
aucun rabattement, éventuels

sabla argileux avec


p a s s a g e s d ' a r g i l e et
de t o u r b e

Fig. 6 - Profil en long du collecteur et r e l e v é s p i é z o m é t r i q u e s .

Essai en vraie grandeur

L'essai a été réalisé dans un terrain vague situé en


bordure de la section P9 - P10 c'est-à-dire de la section
la plus critique. Ce terrain, sensiblement triangulaire
(fig. 7), était limité par un grand immeuble, un garage
(tous deux fondés sur pieux) ainsi que par une route
nationale passant en remblai à environ 1,50 mètre au-
dessus du terrain naturel. De l'autre côté de la route
nationale, les bâtiments scolaires mentionnés précédem-
ment étaient susceptibles de tasser lors du rabattement.

Préparation du chantier expérimental (fig. 7)

Une ligne de 26 pointesfiltrantesa été mise en place


sur l'accotement de la route nationale sur une longueur
de 50 mètres environ (ligne 1), 29 piézomètres (pointes
filtrantes travaillant en piézomètres) ont été posés
suivants les lignes A , B, C, D, E et F et 3 autres piézo-
Vue d'une ligne de pointes filtrantes u t i l i s é e s au cours de l'essai mètres G l , G2 et G3 à proximité du bâtiment scolaire
en vraie grandeur. le plus proche.

148
L

Fig. 7 - Chantier expérimental et implantation des piézomètres.

A un mètre de chaque piézomètre, des bornes en béton diminution de la dépression et par conséquent un
jouant le rôle de repères de tassement ont été scellées rabattement insuffisant.
dans le sol (la distance d'un mètre a été choisie afin que
A la suite de cette constatation, la première ligne de
les mouvements du sol, susceptibles de se produire au
pointesfiltrantesfut mise hors service (20 octobre) et
voisinage immédiat des piézomètres à la suite du lançage
remplacée par une nouvelle ligne (ligne 2) fonctionnant
ne perturbent pas les mesures de tassement).
deux jours plus tard. D'autres pointesfiltrantes(ligne 3)
Avant le début du pompage, on a relevé l'ensemble ont été lancées entre le 22 et le 27 octobre et mises en
des piézomètres et nivelé les repères de tassement ainsi service immédiatement.
qu'un repère R (non représenté sur la figure 7) situé Pendant le mois qui a suivi le début du pompage,
de l'autre côté de l'école par rapport à la route nationale. le tassement des repères et les niveaux piézométriques
Pour éviter tout risque defissurationdes bâtiments ont été observés. La fréquence des mesures, élevée au
scolaires, il avait été prévu d'arrêter le pompage si les début de l'essai (4 nivellements et 4 relevés piézomé-
tassements différentiels entre les repères G l , G2 ou G3 triques par jour), a été fortement réduite par la suite
et le repère R dépassaient un centimètre. Ces tassements (1 ou 2 relevés piézométriques par jour et 1 nivellement
différentiels ne devaient toutefois être contrôlés que si par semaine), les rabattements n'ayant pas augmenté
le tassement de l'un des repères G l , G2 et G3 était une fois la ligne 3 mise en service.
supérieur à 2 centimètres.
Résultats et interprétation des mesures

Déroulement de l'essai Les résultats les plus caractéristiques de l'étude piézo-


métrique sont représentés sur les figures 8 et 9.
Le pompage a commencé un 12 octobre. Huit jours
après, le rabattement maximal ne dépassait pas Les courbes d'égal rabattement obtenues respecti-
1,30 mètre au droit de la ligne des piézomètres E et vement les 19 et 29 octobre — à 175 heures et à
n'atteignait que 0,50 mètre à l'extrémité de la ligne de 409 heures — (fig. 8) ont montré que l'influence du
pompage la plus proche du garage, alors qu'il eût dû rabattement s'est fait sentir à une distance importante
être d'environ 2 mètres. Ceci provenait de la longueur de la ligne de pompage. A 409 heures (c'est-à-dire lors-
insuffisante de plusieurs pointes filtrantes ; la partie que la surface de la nappe était à peu près stabilisée),
supérieure de leurs crépines se trouvant hors d'eau, le rabattement atteignait par endroits 0,75 mètre, à
l'air pénétrait dans le circuit d'aspiration d'où une 50 mètres de la ligne de pompage.

149
y \_ y

ROUTE NATIONALE

• A3 A2 . . . A

Bl*. .Cl ~ ! ' '


B2« \ .El / / /
1
El' I
' I I I
\
B3 : \ ^0,75 m / / I
I
C3 N \\ * * FI

^-0,50 m

/ y

^—0,3 5m .
\
/
y
y
a) après 175 heures de pompage (19 octobre)

y \ .03
/

ROUTE NATIONALE

A3 A2 Al A

— — — — — — / / ,
Bl. .Cl .El ' / /
B2. 125 m / ~
" _L2 5 m ^ / I
Y-
B3. \ s / S
-1,00m ^ / y
^ . E 3 ^ ' • " 0 0

> y
s/ yy
y y
0,7 5 m ^

10 20 n

6) après 409 heures de pompage (29 octobre)

Fig. 8 - Lignes d'égal rabattement.

150
7

a) ligne des piézomètres C

Ligne
de p o m p a g e

b) ligne des piézomètres D

des piézomètres E

Fig. 9 - Évolution de l a nappe le long des lignes de piézomètres.


Cependant, on remarque (fig. 9) que dans une direc- des terres. Faute de connaître les conditions de fon-
tion perpendiculaire au tracé, la pente de la nappe était dation des constructions légères sises à proximité du
très faible lorsqu'on s'éloignait de plus d'une vingtaine tracé, on a étudié les risques de tassement d'un bâtiment-
de mètres de la ligne de pompage. Il s'ensuivait qu'à type fondé sur semelles de largeur 0,5 mètre chargées à
moins d'une variation brusque de la compressibilité du 2 bars, la profondeur de fondation étant de 0,50 mètre.
sol, les constructions situées au-delà de cette distance La contrainte a' transmise à une telle fondation à
02

ne devaient pas subir de tassements différentiels sous une profondeur de 2,50 mètres est d'environ 0,3 bar.
l'effet du rabattement. Cette profondeur de 2,50 mètres correspond sensi-
blement à la surface de la nappe après rabattement : en
Bien que le pompage ait duré un mois, les mesures
effet sous les constructions intéressées, le niveau initial
de tassement n'ont mis en évidence aucun mouvement
de la nappe était au moins à 1,50 mètre de profondeur
mesurable du sol dans la zone intéressée par le
et le rabattement devait être d'environ 1 m - 1,20 m
rabattement.
( i ' A z < 0,1 à 0,12 bar). Dans ces conditions, la
w

Plusieurs hypothèses concernant l'état de conso- contrainte effective maximale appliquée à une pro-
lidation du sol ont alors été envisagées. fondeur de 2,50 mètres était au plus égale à :

Si le sol était normalement consolidé, les constructions


+ o2 + Fw^z = a'0l + 0,3 + 0,12 = a'0l + 0,42
(7

ne devaient subir aucun tassement, le tassement du sol


non chargé étant, alors, supérieur au tassement du sol
supportant un ouvrage. Compte tenu des fluctuations L'essai ayant d'autre part montré que :
de la nappe, il était cependant peu vraisemblable que le
sol soit normalement consolidé. a' + 0,45 < a'
0l e

Si le sol était surconsolidé, le fait que le remblai de


1,50 mètre n'ait pas tassé impliquait que l'une des deux on avait nécessairement :
conditions suivantes soit satisfaite :
°~'oi + + V Az < a'
w c

Cette condition vérifiée à une profondeur de


a
° o i + 'oi +
Vv/Az = a' 01 + 0,3 bar + 0,15 bar < a'c
2,50 mètres, l'était à plus forte raison aux niveaux
inférieurs.
(la contrainte effective a' exercée rjar le remblai est de
Q2
Quelle que soit l'hypothèse envisagée, l'interprétation
l'ordre de 0,3 bar et le rabattement maximal sous le
des mesures au cours de l'essai en vraie grandeur
remblai était supérieur à 1,50 mètre).
conduisait donc à prévoir que les tassements absolus
Dans le premier cas, aucun tassement n'était à dus au rabattement seraient insignifiants.
redouter.
L'exécution du collecteur s'est effectivement déroulée
Dans le second cas, la pression de consolidation du sans incident et aucun désordre n'a été constaté dans
sol était supérieure d'au moins 0,45 bar à la pression la partie urbaine.

152
Consolidation d'un sol fin argileux
par application du vide
J.-L. PAUTE
I n g é n i e u r E.N.S.M.
Croupe " M é c a n i q u e des Sols''
Laboratoire Régional de Saint-Brieuc

Un remblai hydraulique construit en bord de mer en Deux planches d'essais ont été réalisées :
1964, et constitué en grande partie par un dépôt de
— la planche I : constituée par une ligne de puits de
7 à 8 mètres de sol fin (silt argileux très plastique), était
sable de 1,20 mètre de diamètre et distants entr'axes
en 1966 sous-consolidé et caractérisé par une portance
de 11 mètres dans lesquels on a simplement mis en
très faible. Pour améliorer rapidement ses propriétés
place, par lançage, une ou deux pointes filtrantes,
mécaniques, différentes solutions ont été envisagées.
Suivant les conseils de M . Kérisel, une expérience
— la planche II : constituée par deux lignes de puits
d'augmentation de la vitesse de consolidation par appli-
ponctuels d'environ 0,30 mètre de diamètre réalisés
cation du vide a été effectuée dans ce but en octobre
dans la vase conformément aux dispositions de la
1966.
figure I. Les deux lignes de puits ponctuels étaient
L'application du vide a été faite à l'aide de la méthode espacées de 3,30 mètres et sur chacune d'elles, la
des pointesfiltrantes,couramment utilisée pour les distance entre chaque puits ponctuel était de
rabattements de nappes. Cette méthode permet de réa- 1,50 mètre.
liser des puits ponctuels (fig. 1) dans lesquels une
Sur les deux planches d'essais, les pointes filtrantes
dépression est appliquée à la partie inférieure par l'inter-
étaient placées à 5 mètres de profondeur.
médiaire d'une pointe filtrante.
Vanne

E X A M E N T H É O R I Q U E D U P R O C É D É

Le phénomène a été décrit par Terzaghi [1] :


« Antérieurement à l'application du vide, la surface de
la couche à éléments fins et le sol entourant le filtre
sont tous deux soumis à la pression atmosphérique p , a

sensiblement voisine de un bar. Après l'établissement


du vide, la pression qui s'exerce sur le sol entourant
le filtre est pratiquement nulle, alors que celle qui
s'exerce à la surface de la couche reste égale à p . Par a

suite l'eau se trouve progressivement expulsée du sol et


acheminée vers les filtres jusqu'à ce que la pression
effective s'exerçant dans le sol au voisinage de la rangée
de puits ponctuels ait augmenté d'une valeur égale à la
pression atmosphérique. »
Dans la pratique, où la transmission du vide peut ne
pas être complète, on pourra analyser plus clairement
les contraintes agissant dans le sol en fonction de la
30 cm
pression absolue, au lieu de la pression prise par rapport
Fig. 1
Schéma et principe de fonctionnement à la pression atmosphérique, comme on le fait habituel-
d'un puits ponctuel. lement en mécanique des sols.

153
O n supposera que le s o l environnant les puits p é t a n t l a pression absolue dans le collecteur et en
ponctuels est normalement c o n s o l i d é , que le niveau de supposant d'autre part que le sable du puits ponctuel
la nappe est à l a surface d u s o l et qu'aucune charge reste s a t u r é (p < p j .
n'est a p p l i q u é e sur le sol.
L a pression totale absolue au point B est :
Si l ' o n envisage un drain de sable vertical (fig. 2), 1
<7 B(abs) = Pa + Y
mis en place dans u n sol n o n c h a r g é , à l a profondeur z ,
l a pression absolue de l'eau dans le drain et dans le A v a n t application d u vide l a pression interstitielle
sol est : absolue était au point B :

u z
u
O(abs) = Pa + Fw Z B(abs) = Pa + F w

p a : pression atmosphérique, L a contrainte effective était alors :


y : poids spécifique de l'eau,
w
o-'x = z (y - y ) v

L a pression absolue totale dans le sol est :

2
L a comparaison de l a pression interstitielle dans le
<7(abs) = Pa + V -
sol avant application d u vide et de l a pression intersti-
y : poids spécifique du sol saturé.
tielle dans le drain met en évidence u n gradient pro-
L a pression effective dans le sol est : voquant l'écoulement de l'eau d u sol vers le drain.

o' = z (y - JA») Si le vide est maintenu suffisamment longtemps, l a


pression interstitielle et l a pression effective au point B
tendront respectivement vers les valeurs :

U Z
B(abs) = P + F w

et

O'B = ( p - p) + z
a (y - y ) w

L a surcharge a p p l i q u é e au squelette solide devient :

Ao-' = p a - p

Puits ponctuel non colmaté en surface (fig. 3b)


L a d é p r e s s i o n a p p l i q u é e a u puits ponctuel n'est plus
Pressio n a b s o l u e constante. Elle est égale à p — p à l a base d u puits
a

t r a n s m i s e par l'air ponctuel et elle est nulle à l a surface d u sol.


a I eau du d r a i n
L'analyse est identique à celle d u cas p r é c é d e n t , mais
p varie avec l a profondeur z .
Fig. 2 - Drain vertical classique.
Tassement et durée de la consolidation
Par contre, dans le cas de puits ponctuel avec appli-
cation d u vide, l a pression absolue de l'eau est r éd u i t e Les théories de l a consolidation permettent d'évaluer :
mais i l convient d'examiner l'influence d u colmatage — le tassement r é s u l t a n t de l'application d u vide, en
de l'orifice d u puits ponctuel :
supposant que le sol est soumis à une surcharge
Aa = p — p i n d é p e n d a n t e de l a profondeur avec u n
a

Puits ponctuel colmaté en surface (fig. 3a) puits ponctuel c o l m a t é o u fonction de l a profondeur
L a d é p r e s s i o n a p p l i q u é e a u puits ponctuel est indé- lorsque le puits ponctuel n'est pas c o l m a t é en surface,
pendante de l a profondeur. — le temps de tassement en se r é f é r a n t dans ce cas par-
ticulier à l a t h é o r i e des drains de sable.
A l a profondeur z-, en A , l a pression absolue de l'eau
dans le sable d u puits ponctuel est : O n remarquera que l'efficacité d u p r o c é d é , pour une
d u r é e d'application d o n n é e , est liée au coefficient de
U Z
A(abs) = P + F w consolidation d u sol.

154
Pression a b s o l u e Pression absolue
transmise p a r l'air transmise p a r l'air
a l ' e a u du d r a i n a l'eau d u d r a i n

a) puits ponctuel avec bouchon de scellement b) puits ponctuel sans bouchon de scellement

Fig. 3 - Pression absolue résiduelle transmise à l'< du drain par le dispositif d'application du vide.

DESCRIPTION D U SITE tique. La teneur en eau variait entre 60 % dans les


couches sableuses et 110% dans les couches argi-
Les remblais hydrauliques effectués avec les produits leuses. Dans les mêmes conditions, la limite de liqui-
de dragage obtenus lors de l'aménagement d'un port de dité w variait de 50 à 105 et l'indice de plasticité
L
commerce avaient été réalisés dans une anse fermée I de 17 à 50. La cohésion non drainée C était très
P u
par un cordon d'enrochements. Lorsque l'expérience de faible en 1965 et comprise entre 0,0 et 0,1 bar,
consolidation par application du vide a été réalisée,
le profil du sol existant était celui indiqué dans le tableau — Couche B : vase argileuse constituant le fond naturel
ci-dessous. de l'anse où le remblai hydraulique a été réalisé. Sa
cohésion non drainée C variait entre 0,2 et 0,5 bar.
u

numéro
profondeur
de la nature du sol observations
(en m è t r e s )
couche
INSTALLATION D E C H A N T I E R E T
silt argileux remblai DISPOSITIF D E C O N T R Ô L E
0,0 à 6,0 A
t r è s plastique hydraulique
D E L'EXPÉRIENCE

6,0 à 8,0 B vase argileuse


dépôts Avant toute description, il convient de rappeler qu'il
naturels
C sables et graviers
s'agissait d'une expérience faite «sur le vif» pour appré-
8,0 à 9,0
cier rapidement les possibilités d'une méthode de chan-
au-dessous tier et comparer son prix de revient à d'autres méthodes
D schiste substratum
de 9,0 plus courantes.
Les plateformes d'essai étaient situées à proximité
Les caractéristiques principales des couches compres- d'un remblai mis en place à l'avancement dans le dépôt
sibles étaient les suivantes : hydraulique et qui avait été, de ce fait, entièrement
déplacé.
— Couche A : réalisée par remblai hydraulique en
1964, cette couche montrait des alternances de Lafigure4 représente l'ensemble des installations de
minces couches de sable et de silt argileux très plas- drainage et de mesures mises en place.

155
(Remblai hydraulique)

( Remblai d'accès)

Pompes aspirantes

- r T T T - T T T T T T T - r T T T T - T T T T T T T T T "
Gil * 'C 11
(Remblai hydraulique) & ) ,2
G6 ' C6
G i î .

Echelle
0 5 10 i

PLANCHE I • P u i t s de sao i e PLANCHE M Puits p o n c t ' j e i s

+ puits ponctuels -—collecteur


£> puits de sable 0 1,20 m • piézomètres à 2 , 7 0 m de profondeur sauf pour :
avec pointes filtrantes P4 à 2 , 5 0 m
• cellule de tassomètre (C) G4 à 4,10 m
• cellule de t a s s e m e n t t é m o i n (CT) S4 à 5 m

Fig. 4 - Schéma de l'installation de drainage et du dispositif de constatations.

Installation de chantier Une ou deux pointes filtrantes ont été placées dans
chaque puits à 5 mètres de profondeur.
Les deux types d'expériences ont été effectués sur
une ligne parallèle au remblai d'accès et distante d'en-
Puits ponctuels
viron 15 mètres du talus de celui-ci.

Les différents travaux d'installation : mise en place 52 puits ponctuels ont été disposés suivant 2 lignes
d'une banquette de sable de 0,30 mètre d'épaisseur, parallèles distantes de 3,30 mètres, l'espacement entre
forage des puits, installation du matériel d'épuisement chaque puits ponctuel étant de 1,50 mètre sur chaque
ont eu lieu en septembre, alors que l'essai proprement ligne.
dit a été effectué en octobre. Les pointesfiltrantes(fig. 5) ont été mises en place
par lançage à 5 mètres de profondeur en injectant de
Puits de sable
l'eau sous pression dans le tube d'aspiration. On obtenait
6 puits distants entr'axes de 11 mètres ont été creusés ainsi un forage d'environ 30 centimètres de diamètre.
dans la vase avec une benne hamergrab sans blindage Lorsque la pointefiltranteétait à la profondeur désirée,
( 0 1,20 m environ - profondeur 6 m) et immédiatement on arrêtait l'injection d'eau et l'on déversait du sable
remplis de sable. dans l'espace annulaire.

156
Eau d injection Vide Des manœuvres de louvoiement du tube d'aspiration
t
permettaient la mise en place gravitaire du sable.
Le tube d'aspiration était ensuite relié au collecteur
général, lui-même relié aux pompes aspirantes (fig. 6),
celles-ci permettant, en particulier, de créer une
dépression en conduite normale de l'ordre de 0,7 à
0,800 bar.
r

i i

roi
/s
\/
,;

a) fonçage par lançage h) application du vide


' ÊSfm
lili
Principe de fonctionnement.

Fig. 6 - Pompes aspirantes.

Le sable utilisé, pour le remplissage des puits de


0 1,20 mètre et des puits ponctuels, était un gros sable
0-2 mm caractérisé par la courbe granulométrique de
lafigure7.
Il est à noter que les orifices des puits de sable et des
puits ponctuels n'ont pas été colmatés à l'aide d'un
bouchon d'argile.

CAILLOUX GRAVIERS GROS SABLE SABLE FIN

"> 50

3 0
g
LU
a 20

Qmm 200 100 50 20 10 5 2 1 0,5 02 0,1 50>J 20JJ

Diamètres
équivalentsijj)

Fig. 5 - Pointe filtrante. Fig. 7

157
Dispositif de constatation Pour avoir une idée approximative du temps de
réponse des piézomètres ouverts, on a utilisé la formule
Les appareils de constatation n'ont pu être mis en
de Hvorslev [4].
place qu'après la réalisation des gros puits et des puits
ponctuels. Les premières mesures coïncident donc avec Dans le cas le plus défavorable (couche de vase argi-
le début de l'application du vide. On n'a pu de ce fait leuse) et en se basant sur les résultats' d'essais œdomé-
mesurer les pressions interstitielles initiales. triques, on peut estimer le coefficient de perméabilité à
-6
10 cm/s. Le temps de réponse à 50% est alors
Mesure des tassements d'environ un jour et le temps de réponse à 90 % de trois
Les mesures de tassement ont été effectuées à l'aide jours. Etant donnée la présence de nombreuses couches
du tassomètre mis au point au Laboratoire régional minces de sable fin dans le remblai hydraulique, il s'agit,
d'Angers [2-3]. Le principe de cet appareil est repré- en fait, de valeurs maximales du temps de réponse.
senté sur la figure 8.
Les cellules de tassement ont été placées à environ
0,30 mètre de profondeur. Les mesures de tassements
ont été faites par comparaison à des cellules témoins DEROULEMENT D E L'ESSAI -
placées dans le remblai d'accès dont la fondation CONSTATATIONS
pouvait être considérée comme incompressible.
La mise en service des pointesfiltrantessur les deux
Mesure des pressions interstitielles plateformes d'essai (puits de gros diamètre et puits
Elles ont été faites à l'aide de piézomètres Géonor ponctuels) a été faite progressivement entre le
29 septembre et le 4 octobre.
fonctionnant pour la plupart en piézomètres ouverts,
sauf ceux situés à proximité des puits de sable et des Les pompes d'aspiration fonctionnèrent en continu
puits ponctuels qui étaient équipés en piézomètres à jour et nuit jusqu'au 30 octobre, avec cependant deux
volume constant (fig. 9). arrêts des pompes la nuit du 20 au 21 octobre et celle
du 21 au 22.
Les bagues poreuses des piézomètres placés dans la
vase étaient situées à 2,70 mètres de profondeur. Les Les débits globaux de l'eau rejetée par les pompes
orifices des tubages ont été nivelés à différentes périodes d'aspiration et provenant des deux planches d'essais
du chantier. étaient de 2 000 à 3 000 litres/heure.

co 2
réservoir de gaz carbonique sous pression

M manomètre à mercure

T tube transparent mis à l'atmosphère


à l'orifice supérieur

Cellule

w
Fig. 8 - Schéma d'un tassomètre, pour la mesure des tassements W.

158
Puits de sable (fig. 10)
Les tassements et les pressions interstitielles ont été
mesurés suivant la ligne des puits et suivant un profil
perpendiculaire à celle-ci et passant par l'axe d'un puits
(fig- 4).
Les tassements en fin d'expérience ont été ici relati-
vement réduits : 12 centimètres sur le puits, 8 centi-
mètres à mi-distance entre deux puits et 3 centimètres
à une distance équivalente suivant le profil perpen-
diculaire.
La pression interstitielle initiale à 2,70 métrés de pro-
fondeur n'était pas uniforme sur l'ensemble du site :
vraisemblablement de l'ordre de 0,37 à 0,40 bar, le
long de la ligne des puits et un peu plus faible vers le
sud. On peut cependant constater que le sol était sous-
consolidé (excès de pression interstitielle de l'ordre de
0,1 bar), et que d'autre part l'écoulement de l'eau était
bien dirigé vers les puits.
Cependant avec une telle maille, l'efficacité était rela-
tivement réduite.
Des piézomètres ont été placés dans un puits à dif-
férentes profondeurs afin d'apprécier la valeur de la
Piezometre ouvert Piezometre a volume constant dépression créée par la pointefiltrante(fig. 11).
Si l'on considère la nappe au niveau du sol, sans
Principe de fonctionnement. application du vide, la pression interstitielle à chaque
niveau aurait été représentée par la ligne u = ^ z.
0 w

Les relevés effectués montrent que la dépression était


à son maximum à 5 mètres de profondeur, c'est-à-dire
au niveau de la pointe filtrante et de l'ordre de 0,2 bar
au début de l'expérience, puis de 0,45 bar par la suite.
Cette dépression était, par contre, nulle à 2,50 mètres
de profondeur. On peut donc penser que l'action des
puits s'est traduite par un drainage normal entre 0 et
2,50 mètres et par un drainage sous vide entre
2,50 mètres et 5 mètres de profondeur.

Le matériau de remplissage des puits étant perméable,


il ne peut offrir lui-même une résistance suffisante et
il aurait été, ce ce fait, nécessaire de colmater son
orifice.

Puits ponctuels (fig. 12)


Les tassements et les pressions interstitielles n'ont
été mesurés que suivant un profil en travers (fig. 4).
Le procédé a été dans ce cas beaucoup plus efficace.
En fin d'expérience le tassement au milieu des deux
rangées de puits ponctuels était de 42 centimètres et
Fig. 9 - Piezometre Géonor. de 19 centimètres à 6 métrés.

159
Pression de l eau (bar) On considérera que l'isochrone correspondant au
0,3 0 4 0.5
4 octobre représente la pression interstitielle initiale,
dans la vase à 2,70 mètres de profondeur. On note éga-
lement ici la perturbation apportée par la mise en place
jy du remblai d'accès, puisque l'excès de pression intersti-
tielle Au est de 0,140 bar au milieu des deux rangées de
X
\ ! ligne U = y 0 w » puits ponctuels et de l'ordre de 0,080 bar à 9 mètres.

Comme le montre la figure 12, la diminution de la


\ pression interstitielle entre le 4 et le 29 octobre a été de
'A 0,225 bar au milieu des deux rangées de puits ponctuels,
de 0,100 bar à 6 mètres et de l'ordre de 0,030 bar à
y
9,25 mètres.

o ? Bien que les orifices des puits ponctuels n'aient pas


été colmatés, il semble que la perte d'efficacité par
/s
/ communication avec l'atmosphère soit plus réduite.
/ A La dépression doit vraisemblablement varier à peu
Dépression
près linéairement entre 0 à la surface et 0,7 à 0,8 bar
• «pression
à 5 mètres de profondeur.

Fig. 11 - Répartition de la pression de l'eau dans un puits On notera que lorsque les pompes d'aspiration ont
de sable de 1,20 mètre de diamètre. été arrêtées entre le 19 et le 22 octobre, la pression

160
en eau w, par une augmentation du poids spécifique y , d

de la cohésion C et de la pression de consolidation a' .


u c

Les prélèvements d'échantillons intacts ayant été


effectués après application du vide on constate, par
comparaison avec les essais au scissomètre de chantier,
qu'en dessous de 5 métrés de profondeur (position des
pointes filtrantes) il y a eu modification de certaines
caractéristiques du sol. On peut penser que la trans-
mission du vide s'est effectuée assez loin des sondes
par l'intermédiaire des minces couches perméables hori-
C - c e l l u l e de tassement &_ piezometre zontales. Cet effet a dû, en particulier, être ressenti sur
PP_ puits ponctuels les couches de vase naturelles, entre 5 et 7 mètres de
RP GIO RP G M G13 OU profondeur.

Évaluation du tassement des couches très molles

Sur les cinq premiers mètres, l'indice de compression


moyen C du sol est ici voisin de 0,45. Le coefficient de
c

consolidation avec drainage radial C est très affecté


r

lors des essais de compressibilité à Pœdomètre par la


présence des couches sableuses. Dans les couches argi-
3 2
leuses, on peut admettre pour C la valeur 6 x 10" cm /s.
r

D'autre part l'indice des vides e est voisin de 2.


0

— Tassement à long terme : En raisonnant sur les


cinq premiers mètres, si l'on suppose que la dépression
varie ici linéairement entre 0 à la surface et 0,80 bar à
-4
5 mètres de profondeur, la surcharge moyenne entre
0 et 2,5 mètres de profondeur serait de 0,2 bar et entre
0 5 10
Distance ( rn ) 2,5 et 5 mètres de 0,6 bar.
Fig. 12 - Pressions interstitielles à 2,70 mètres de profondeur et Les pressions de consolidation a' déduites d'autres
z

tassements. Méthode des puits ponctuels, en deux rangées, distants sondages effectués sur le site avant l'essai d'application
de 3,30 mètres (profils en travers).
du vide sont de l'ordre de 0,080 bar entre 0 à 2,5 mètres
et 0,150 bar entre 2,5 et 5 mètres.
interstitielle a fortement remonté (isochrone du
21 octobre). Le tassement final déduit de ces valeurs serait de
46 centimètres.
Évolution des caractéristiques du sol — Temps de tassement : Il a été évalué à partir de la
Pour apprécier l'évolution des propriétés du sol lors théorie de Barron* : les deux rangées de puits ponctuels
de l'essai, des sondages au scissomètre de chantier ont peuvent être assimilées à un réseau de drains verticaux
été effectués avant et après l'application du vide. Deux dont la maille équivalente serait :
sondages avec prélèvements d'échantillons intacts ont
également été réalisés après l'application du vide. D = ^3,3 x 1,5 = 2,20 m
Le sondage SI, effectué à une quinzaine de mètres 3 2
En tenant compte de la valeur C = 6x 10~ cm /s,
vers le sud, au-delà des puits ponctuels, donne des indi- r

on obtient un degré de consolidation de 50 % au bout


cations sur les caractéristiques de la vase non soumise
de 10 jours et de 80 % au bout de 25 jours. Ces chiffres
à la consolidation par le vide.
concordent approximativement avec les tassements
Le sondage S2, réalisé entre les deux lignes de puits observés sur la plate-forme traitée avec les puits
ponctuels, donne des indications sur les caractéristiques ponctuels.
de la vase soumise à la consolidation par le vide.

On constate (fig. 13) que l'application du vide s'est


traduite, pour le sol, par une diminution de la teneur * Cité par Leonards [51.

161
Fig. 13 - Principales caractéristiques du sol soumis ou non à l'application du vide.
sondage SI, à 15 mètres en dehors de la zone d'essai,
sondage S2, entre les deux lignes de puits ponctuels, après application du vide

CONCLUSIONS

Cet essai, certes imparfait (mais il s'agissait surtout montre que le coefficient de consolidation avec écou-
de tester rapidement un procédé peu employé dans ce lement horizontal C doit être supérieur à 10~ cm /s.
r
3
2

domaine), montre cependant que certains terrains très


mous peuvent être consolidés, par application du vide, D'autre part, pour donner au procédé le maximum
sans qu'il soit nécessaire de les surcharger par un d'efficacité, il est indispensable de colmater l'orifice
remblai, si le dispositif de chantier est bien adapté. des puits ponctuels dans lesquels le vide est appliqué.
Les installations devant fonctionner en permanence,
Enfin l'épaisseur de sol traitée par ce procédé ne peut
on ne peut envisager des durées d'application du vide
excéder 5 à 7 mètres.
excédant^ à 3 mois, ceci pour des raisons économiques.
Les conditions optimales d'application du procédé Pour des profondeurs plus importantes, on peut
semblent donc réalisées lorsque le sol est relativement utiliser des dispositifs plus adaptés comme ceux
perméable ou tout au moins stratifié. En particulier, le employés, par exemple, pour l'extension d'une piste de
calcul du temps de tassement effectué précédemment l'Aéroport de Philadelphie [5].

BIBLIOGRAPHIE
[ 1 ] K . TERZAGHI et R. PECK, Mécanique des sols appliquée aux travaux publics et au bâtiment, Dunod (Paris, 1957), 344 p.

[2] M . PEIGNAUD, Mesure du tassement des ouvrages, Bull, de Liaison des Labo. RoutiersP. et G , 11 (1965), 4-1.

[3] Étude des remblais sur sols compressibles, Recommandations des Laboratoires des Ponts et Chaussées, Dunod (Paris, 1970).
[4] M.-J. HVORSLEV, Time lag and soil permeability in ground water observations, Bulletin n° 36 U.S. Waterway Experimental Station
Vicksburg (1951).

[5] G . - A . LEONARDS, Les fondations, Dunod (Paris, 1968), 1 106 p.

[6] G . - R . HALTON, R.-W. LONGHNEY et E. WINTER, Vacuum stabilization of subsoil beneath Runway Extension a Philadelphie Inter-
e
national Airport, C.R. du 6 Congrès International de Mécanique des Sols et des Travaux de Fondations (Montréal), Vol. 2 (1965), 61-65

162
Stabilité des talus routiers
G. PILOT
I n g é n i e u r T.P.E.
Chef de Section adjoint à la
Section " M é c a n i q u e des Sols"
D é p a r t e m e n t des Sols
Laboratoire Central

GÉNÉRALITÉS
Au cours de 1967, le Groupe d'études des talus
(G.E.T.) a effectué une étude sur les glissements de
talus routiers qui ont pu être observés de 1963 à 1967*.
Dans ce domaine, sur 165 talus examinés, plus de 120
étaient, le siège de circulations d'eau : c'est dire à quel
point le rôle de l'eau est important ; encore, faut-il pré-
ciser que dans ces 120 cas il se manifestait une action
visible : écoulements d'eau ou suintements à la surface
du talus. Dans les 45 autres cas, l'eau est parfois inter-
venue sous une forme qui n'était pas visible directement.
C'est notamment le cas des ruptures de remblais sur
sols mous : les glissement ont eu lieu à cause d'une
insuffisance de la résistance au cisaillement provenant
des fortes surpressions dans l'eau interstitielle.

Finalement, on s'aperçoit que la majorité des Amorce de glissement (déviation de Sannois).


désordres sont en relation avec un problème d'ordre
hydraulique, soit par l'existence de nappes dans les
talus de déblais ou les pentes naturelles, soit par
apparition de forts excès de pression interstitielle.
Parfois, ce sont des phénomènes d'érosion superficielle
qui se produisent et le rôle de l'eau se traduit alors
par un entraînement mécanique de particules.

Ainsi, par simple observation, on voit déjà apparaître


les deux aspects principaux des phénomènes hydrau-
liques qui conduisent aux deux types classiques de
condition de stabilité des talus : stabilité à court terme,
stabilité à long terme.

Dans le premier cas, la très faible perméabilité des


sols fins (argiles et limons) ne permet pas aux excès de
pression interstitielle, nés du nouveau champ de
contraintes résultant des travaux, de s'annuler rapide-
ment.

* Cf. « Les glissements de talus routiers » par le Groupe d'étude


des talus des laboratoires des Ponts et Chaussées (1968). Érosion de talus de déblai (autoroute urbaine de Marseille).

163
Dans le second cas, un régime permanent s'établit donné, sont à court terme ou à long terme. C'est dans
et la pression de l'eau en un point ne dépend plus que ce contexte que s'est produit un glissement de la fouille
de la géométrie du talus et des conditions aux limites. de la centrale nucléaire de Bradwell en Grande-Bretagne
où l'étude à court terme ne laissait pas prévoir une
Dans tous les cas, le résultat essentiel pour les études rupture très rapide.
de stabilité est de pouvoir évaluer la valeur de la pression
interstitielle u qui intervient dans la détermination de la D'après l'expérience que l'on a des talus routiers
résistance au cisaillement maximale : dans les sols argileux, on peut cependant dire que bien
T max = c' + (a — u) tgyy. des glissements se sont produits entre un et trois ans
après les terrassements ; il en a été ainsi sur la R.N. 186
A court terme, u est la somme de deux termes au Petit-Clamart (en 1966), sur l'autoroute du Sud, dans
u + Au, u étant la valeur initiale de la pression
0 0 la glaise verte (presque tous les ans), et sur l'autoroute
interstitielle avant les travaux et Au l'excès de pression du Nord (en 1968). Parfois il suffit de quelques mois,
interstitielle né de la variation des contraintes. Le calcul notamment pour l'autoroute A.6 près de Pouilly-en-
de Au est, théoriquement, possible à partir de la relation Auxois et près de Mâcon (en 1968). Dans certains autres
de Skempton [1]. Cependant, les coefficients de cette cas, c'est au bout de six et dix ans que les glissements
relation ne sont pas constants, ce qui rend difficiles les se sont produits (déviation de Sarcelles en 1968, dévia-
calculs de stabilité à court terme en contraintes effectives tion d'Arpajon en 1967 et en 1969).
à partir des contraintes calculées. Pour cette raison, on
lui préfère, la plupart du temps, l'étude en contraintes Il est donc essentiel de noter que le constat de stabi-
totales où le comportement au cisaillement des sols fins lité d'un talus argileux pendant six mois, par exemple,
se traduit brutalement par T = C ; cette valeur,
u n'est pas un gage de sécurité pour l'avenir et cela
déduite d'essais en laboratoire ou en place, intègre le n'autorise pas à différer la mise en place de systèmes
rôle des grains et celui de l'eau. de drainages.

En fait, il y a une évolution continue à partir des


conditions à court terme jusqu'aux conditions à long
terme ; les pressions interstitielles à court terme repré-
sentent les conditions initiales d'un écoulement transitoire
qui aboutit à un écoulement permanent représentant les
conditions à long terme.

Une question intéresse directement le maître d'œuvre :


étant acquis que l'on sait calculer la stabilité d'un talus
à court puis à long terme, sait-on préciser le temps qui
va séparer ces deux états ?

Actuellement, on ne peut y répondre d'une façon


précise. Cela dépend évidemment de la perméabilité du
matériau : plus le matériau est perméable, plus l'écoule-
ment s'adaptera rapidement aux conditions aux limites ;
cette observation n'est cependant qu'à demi satisfaisante
car elle fait intervenir la « perméabilité » du matériau
(il s'agit naturellement de la perméabilité en place,
c'est-à-dire d'un paramètre fort complexe): En effet,
si l'on considère le cas important et fréquent des argiles
fissurées on se représente bien une « perméabilité de
fissures » permettant une évolution assez rapide de la
nappe. Mais, à l'intérieur des nodules limités par les
fissures, il s'agit de la perméabilité propre du matériau,
qui est dix, cent ou mille fois plus faible que la perméar-
bilité defissures.H en résulte que les pressions peuvent
Amorce d'un glissement dû au suintement de la nappe au contact de
être fort différentes dans lesfissuresou dans les nodules
deux formations de perméabilités différentes - Autoroute A.7, section
et on ne sait plus très bien si les conditions, à un instant Vienne-Valence.

164
Les forces dues à l'écoulement permanent de l'eau Il y a d'abord les difficultés inhérentes aux sites :
sont toujours importantes. Il est bon de rappeler l'exem- la reconnaissance géologique doit être suffisamment
ple repris sur la figure 1 car il montre que l'action de précise pour permettre la mise au point du programme
ces forces, dans le sens d'un glissement, peut être de de mesures ; il faut pouvoir poser des piézomètres et
l'ordre de grandeur des forces de pesanteur qui consti- surtout s'assurer de ce que représentent leurs indications.
tuent la cause naturelle des ruptures.
Ensuite, il manque généralement une donnée fonda-
mentale pour prévoir la forme de l'écoulement à long
o terme : la condition limite en amont du talus. En effet,
lorsqu'on se pose ce problème pour étudier un barrage
en terre, le niveau de l'eau dans le réservoir, parfaite-
ment connu, fixe la condition hydraulique amont. Dans
le cas des talus routiers, cette donnée n'existe générale-
ment pas, sauf pour des conditions géologiques tout à
fait particulières ; il faudrait donc évaluer les alimenta-
tions provenant du bassin versant, les capacités de
rétention des formations supérieures, etc.

De toutes façons, l'étude hydraulique d'un talus


débouche généralement sur une étude hydrogéologique
dont le domaine d'investigation s'étend bien au-delà du
talus lui-même.
Fig. 1 - Influence d'un écoulement d'eau :
zlMg : moment moteur dû à la force d'écoulement,
4 M : moment moteur dû au poids de l'élément
p

_ .IMç j> Sin a Sin (6* + a)


E X A M E N THÉORIQUE D U PROBLÈME
w

~ AM P y cos e Les méthodes d'étude des talus étant limitées à deux


pour 0 = 6 0 ° et a = 30° on a r = 1. dimensions, on ne s'intéressera donc qu'aux écoulements
bidimensionnels.
On constate que l'élément de volume A V est soumis
à une force d'écoulement dont la participation au mo- Les calculs de stabilité consistent généralement, à
ment moteur est égale à celle de son poids ; au passif étudier les conditions d'équilibre d'une masse de sol
de l'intervention de l'eau, il faut aussi ajouter, tout le limitée par une surface choisie comme surface de glis-
long de la ligne de rupture, la diminution de résistance sement possible. En effectuant le bilan des forces, il
au cisaillement provoquée par les pressions interstitielles.
apparaît une force df agissant sur ds, due à la pression
On conçoit donc que l'une des opérations d'intérêt de l'eau (fig. 2). Pour écrire les équations d'équilibre il
majeur, au titre des mesures d'accroissement de la stabi- faut donc :
lité, soit d'annuler (ou de minimiser) l'incidence de la — connaître le volume de sol soumis à l'écoulement,
présence de l'eau. C'est le rôle des drainages que l'on c'est-à-dire déterminer la surface libre de l'écoulement,
décrira ultérieurement. — connaître en tout point de ce volume la valeur de la
* pression interstitielle.
**
Il résulte de tout ceci que l'une des phases les plus
importantes des études de stabilité consiste à déterminer
le régime hydraulique initial, c'est-à-dire avant les tra-
vaux, et de prévoir son évolution. En particulier, on
cherchera à connaître l'allure de l'écoulement permanent
qui s'établira, par exemple, après l'exécution d'une
tranchée de déblai.

Au paragraphe suivant, on examinera la position


théorique du problème mais, dès maintenant, il faut
insister sur les difficultés de ces études. Fig. 2 - Action de l'eau dans un calcul de stabilité.

165
Le problème réside dans la détermination de ces Ceci conduit à Ah = 0 ; la charge hydraulique
deux éléments, en tenant compte de ce que sur la surface est donc une fonction harmonique. La résolution de cette
libre la pression interstitielle u = 0. équation est possible, dans des conditions et par des
moyens que nous préciserons ultérieurement.
La pression u et la charge hydraulique h sont liées
en un point quelconque par h = z H — — où z est la On doit faire deux remarques importantes :
w — le calcul de la répartition des pressions interstitielles
cote du point considéré. ^
u passe par la résolution de cette équation, compte
tenu des conditions aux limites du problème.
Par ailleurs, dans un sol homogène et isotrope,
l'écoulement permanent est régi par : — la charge h ainsi que la pression interstitielle u ne
dépendent pas de la perméabilité du milieu ; c'est-à-
— la loi de Darcy v = — k grad h dire que si les conditions aux limites étaient identiques,
(k = coefficient de perméabilité) deux massifs, l'un en sable, l'autre en argile, connaî-
— l'équation de continuité en milieu incompressible traient la même répartition de pressions ; il en serait
—• tout autrement des débits qui seraient, eux, dans le
div v = 0. rapport des coefficients de perméabilité.

// faut donc bien séparer la notion de pression de l


notion de débit et donc ne pas juger l'efficacité d'un
drainage sur la quantité d'eau éliminée.
*
**

Le champ des charges hydrauliques comporte certai-


nes lignes remarquables (fig. 3) :
te
— les lignes équipotentielles h = C ;

Oh
— la surface libre u = 0, h = z, 0;
3n
— les lignes de courant, orthogonales aux lignes équi-
potentielles (— = fj) ;

ah
— les lignes de suintement u = 0, h = z mais — j= 0 ;
Zone de suintement sur un talus au contact
des éboulis et des calcaires.
dn
— les lignes imperméables qui sont des lignes de courant

— les lignes de drainage qui sont des lignes équipo-


tentielles.

L i g n e de c o u r a n t ^ c ' « \ \ \ Surface impermeable


oh
L i g n e e'q u t p o t e n t i e l l e h = c ' ^
3n =0
Mise en évidence par le gel
des venues d'eau dans un talus. Fig. 3 - Lignes remarquables d'un réseau d'écoulement.

166
L a résolution de A h = 0 se fait donc dans u n A partir d u r é s e a u d ' é c o u l e m e n t , i l est très facile de
domaine limité par certaines de ces lignes o ù les condi- calculer l a pression interstitielle en u n point quelconque
tions aux limites sont connues. D a n s le cas des talus M (fig. 5) ; i l suffit de c o n n a î t r e Péquipotentielle passant
routiers, o n c o n n a î t souvent, outre l a géométrie de par M . E n effet :
l'ouvrage, une couche i m p e r m é a b l e sous le pied d u talus
ainsi qu'une-condition limite en aval (par exemple le K = — + Z M + z A

drainage de l a chaussée). P a r contre, comme o n l ' a déjà


signalé, o n ne c o n n a î t g é n é r a l e m e n t pas le niveau amont
"M
ce qui ne permet pas de d é t e r m i n e r le champ de h . soit : MN
O n est donc conduit à des h y p o t h è s e s liées à l a nature
des couches de sol situées en amont d u talus. L afigure4
p r é s e n t e deux types de r é s e a u x d ' é c o u l e m e n t dans les L a figure 6 m o n t r e l a r é p a r t i t i o n des p r e s s i o n s
talus en sol h o m o g è n e et isotrope, l ' u n sans surface de interstitielles agissant sur u n cercle de glissement dans
suintement, l'autre avec surface de suintement. les talus soumis aux é c o u l e m e n t s respectifs de l afigure4

Surface libre

70 60 50 4,0 3,0 20 10

a) sans ligne de suintement E c h e l l e HS.V

0 5 m

Surface libre

\
V///////////////////////////////////////////////////////,
Pente Echelle H * V

— 0 5 m
a) sans ligne de suintement

60

55 50 45
: n
40 35 30 25 2,0 15 1,0 0,5

b) avec ligne de suintement

Fig. 4 - Réseau d'écoulement.

Surface libre

b) avec ligne de suintement

Fig. 5 - Calcul de la pression interstitielle. Fig. 6 - Répartition des pressions interstitielles sur un cercle de glissement.

167
Le mode de formation d'un massif argileux supposé Surface libre
homogène (sédimentation) conduit à une anisotropic
naturelle. Cette anisotropic initiale peut être accentuée
par le dépôt d'autres sédiments, par la consolidation ou
par l'érosion des couches supérieures ; de telles condi-
tions entraînent, entre autres, une anisotropic de la
perméabilité qui se traduit généralement par un coeffi-
cient de perméabilité horizontal k supérieur au coeffi- h

cient de perméabilité vertical k . v

Dans ce cas, la loi de Darcy et l'équation de la


continuité s'écrivent respectivement :

0
— k grad h, k =
7,0 6.0 50 4.0 3,0 20 1,0 0

Fig. 8 - Réseau d'écoulement obtenu sur le modèle affine


et : div v = 0
pour k = 16 k soit
h v

2 2
, 3h , 3h .
D'où k -r-r + k ^-r = 0
dx dy
h v
2 2

S u r f a c e libre

k h ah 2
ah 2

ou : = 0
dx 2
dy 2
c he lie
H & V

Avec le changement de variable X


vient :

ah
2
ah 2

+ 0
3X 2
dy 2
Fig. 9 - Réseau d'écoulement du talus réel. On note que la surface libre
est moins incurvée vers le bas et qu'une surface de suintement est apparue
On peut donc étudier l'écoulement dans un talus en sur le parement du talus.
sol anisotrope par résolution d'une équation de Laplace,
à condition de faire l'étude du type précédent (milieu
isotrope) sur un modèle affine du talus réel dans le La figure 10 présente les résultats de calculs de sta-
bilité avec trois types defiltrationdifférents : écoulement
rapport (fig. 7, 8 et 9). en sol isotrope, en sol anisotrope (k = 16 k ) et écou- h v

k h lement horizontal.

Surface libre Lorsque les sols sont hétérogènes, ce qui est le cas
général, la résolution théorique devient quasi-impossible ;
l'essentiel est alors de sefixerun schéma simple qui per-
mette d'avoir une idée valable, semi-quantitative du
réseau d'écoulement.

Dans la mesure actuelle de nos connaissances et de


nos possibilités, il faudrait engager des études très
poussées et onéreuses pour un gain d'information dont
7,0 6,0 5,0 4,0 3,0 2,0 1 0
l'intérêt ne serait sans doute pas en rapport avec le
Fig. 7 - Réseau d'écoulement en milieu isotrope. coût, ni avec le «risque» que représente un talus routier.

168
D est évident que la position est toute différente lorsqu'il
2 068 1.874 1.78 3 1858 s'agit d'un barrage en terre dont la ruine peut conduire
1.934 /j.770 17861 à des catastrophes.
2,049 j 1,808* 1,715*| 1,898

) ? ? \ \ 1696 J.740 1

On n'a envisagé, ci-dessus, qu'une forme d'interven-


2,0,20 VJ40 1.6511 I . 1,896
1,842 J ,1.633 j.1.713
tion de l'eau dans la stabilité des talus, celle qui consiste
J1694 1607 J ^1.943 à évaluer les pressions interstitielles le long des surfaces
833,to£tS9o/.1,770 de glissement et à introduire la force résultante dans les
2,082 *j 1.685 1,624/ ,087
2

équations d'équilibre.
.^96\^ Vl605/,1,885
\ ^1,772-^1^78/ .2,427
D est parfois avantageux d'envisager une autre forme
d'intervention en introduisant la force de percolation,
ou poussée d'écoulement. Afin de bien examiner l'équi-
valence des deux points de vue, on considère un élément
de volume AN, choisi dans un écoulement linéaire, à
direction constante (fig. 11) : cet élément est limité par
deux lignes de courant et deux équipotentielles. Indépen-
a) en sol isotrope damment des réactions intergranulaires, il est soumis à
son poids W et aux pressions interstitielles dont la résul-
—• —•
y
tante est U ; ces deux forces ont une résultante R. En
1.594
20
/l2
explicitant son intensité et en la projetant sur deux axes
respectivement vertical et parallèle à la direction de
l'écoulement, on trouve que les deux nouvelles compo-
santes sont égales :
13 ^Jl.545
— dans le sens vertical, au poids déjaugé,
— dans le sens de l'écoulement, à une force de volume E
^ >' 10 / \
v
— !*•» \ dirigée selon l'écoulement, dont l'intensité est i ^ , w

Pente 2 / 1 \ i étant le gradient hydraulique.


Dans le cas plus général d'un écoulement quelconque
0
dans un talus de déblai étudié en rupture circulaire, on
a ainsi équivalence entre les deux systèmes de forces
b) en sol anisotrope représentés (fig. 12 et 13).

Dans certains cas géométriques simples, celui des


1,574, 1.455
,• 7 * pentes naturelles, par exemple, où le calcul de E est
.1.652/, 1,4 64 ,1,40 3
immédiat, cette seconde forme est plus commode.
791 / 1,504 t . f ï 2 11,!
,'1.608/U 90,^1,380
J49/* /u3*6 ,1,338 jN 533
,1.568. 1,325 J 1.374 A titre d'illustration du rôle de l'eau, on peut exa-
1.740 /l.374,y-.l,29o/ (1,5 64
miner comment la pression interstitielle intervient expli-
1.8001 ^1.361 .1.289 .1,715 citement dans des formules de calcul :
\.\l573 , \ 2n/J\ 53 5
1956\\w2T 1^398 1,976 • calculs de talus en rupture circulaire par la méthode
des tranches (fig. 14). A long terme, en admettant que
Pente 2/1 les forces sont égales de part et d'autre des tranches, le
coefficient de sécurité s'écrit :
18 20

1
cl) + (Wcos a - ub) tg<5'
2

cosa
F =
E W sin a
c) en sol isotrope avec nappe horizontale

Fig. 10 - Calcul de la stabilité des talus. (méthode des tranches suédoise)

169
Fig. 12 - Forces dans un talus en considérant
les pressions interstitielles.

Fig. 14 - Calcul de stabilité par la méthode des tranches.

La pression interstitiellefigureaù numérateur où le terme


2
ub vient en déduction du terme Wcos ^, fonction du
poids de la tranche ; le terme c'b étant toujours faible,
on voit que ub a un rôle important.

• calcul des pentes naturelles en rupture plane (fig. 15).


Fig. 13 - Forces dans un talus en considérant Le coefficient de sécurité vis-à-vis d'une rupture plane,
les forces d'écoulement. parallèle au terrain naturel, à la profondeur z et lorsque

170
l'écoulement est également parallèle au terrain naturel, stade, admettons que l'on connaisse ou que l'on ait
s'écrit : fait des hypothèses raisonnables sur les conditions aux
2 c' / y\ w tg(P' limites ; il reste à déterminer le champ des charges
F = + (1- m ) hydrauliques h en régime permanent dont on déduira
sin 2 /} yz \ p ' tg /5 le champ des pressions interstitielles u introduit dans
Lorsque la nappe est au niveau du sol (m = 1), et que les calculs de stabilité à long terme. Trois méthodes
c' est négligeable : peuvent être utilisées :

t g < P
F = /1 _ ' „ j _ ^fl' 1. Tracé graphique direct des lignes équipotentielles et
\ p / tg jS ~ 2 tg/3 des lignes de courant ;

On en déduit que, à l'équilibre limite, la pente limite 2. Reproduction de l'écoulement, en étudiant un autre
n'est que la moitié de ce qu'elle serait sans écoulement phénomène régi lui aussi par la loi de Laplace ;
hydraulique.
3. Résolution mathématique de Ah = 0.

La première de ces méthodes est difficile à utiliser


dans le cas des études de talus, puisque la surface
libre est, a priori, inconnue. On manque donc d'élé-
ments de départ pour constituer des « carrés curvi-
lignes » limités par des éléments de lignes de courant
et de lignes équipotentielles.

La troisième méthode (calcul de relaxation par


exemple) se heurte aussi à cette difficulté indépen-
damment de la complexité des calculs (dans ce domaine
toutefois, les gros ordinateurs ne doivent pas y trouver
d'obstacle majeur).

Il reste la seconde méthode, basée sur les analogies,


qui a connu beaucoup d'extension.

Un type d'analogie est celui de l'écoulement vis-


queux d'unfluideentre deux plaques parallèles en verre,
proches l'une de l'autre ; on se limite aux problèmes
à deux dimensions, en sol homogène et isotrope. Par
MOYENS D'ÉTUDE contre, on peut étudier des régimes transitoires en pla-
çant dans le fluide des particules métalliques dont on
L'étude du rôle de l'eau dans la stabilité des talus filme ou photographie le mouvement.
routiers connaît, en principe, trois phases :

a) Étude hydrogéologique de la nappe, avant les Le type d'analogie, de très loin le plus utilisé, est
travaux, l'analogie électrique. Suivant la complexité du problème,
on dispose de trois types d'appareillages :
b) Étude, en laboratoire, du ou des régimes hydro-
dynamiques dans le talus et calcul du coefficient
— Écoulements permanents bidimensionnels en milieux
de sécurité,
homogènes isotropes ou non (extension possible aux
c) Étude, en cours d'exécution et après les travaux,
milieux hétérogènes simples). On utilise la méthode dite
de l'évolution de la nappe et des pressions intersti-
du papier conducteur, qui consiste à découper dans un
tielles.
papier conducteur la forme du talus et à appliquer, aux
limites, des potentiels électriques analogues aux charges
Nous n'examinerons ici que la phase b)*. A ce
hydrauliques. La surface libre et la surface de suinte-
ment sont déterminées par approximations successives ;
* Les phases a) et c) sont traitées aux articles « Rappel des
notions fondamentales » de M . Rat et H . Josseaume et « Drainage ensuite, les lignes équipotentielles électriques sont tracées
et rabattement de nappes » de M . Rat. directement sur le modèle à l'aide d'une sonde reliée

171
à un pont de type Wheatstone. La figure 16 montre un est difficile à manipuler, compte tenu, surtout, des
modèle en cours d'étude. La méthode est simple et assez conditions aux limites à respecter.
rapide, le matériel est bon marché; par contre on est
Lorsque le réseau d'écoulement est obtenu, il est
assez limité dans la complexité des problèmes à traiter,
facile d'en déduire le champ des pressions intersti-
en particulier, il est difficile d'obtenir des papiers
tielles à introduire dans le calcul de stabilité.
conducteurs dont les conductibilités soient dans le
rapport des perméabilités de divers sols. Ce procédé Dans certains cas de talus et d'écoulements, le calcul
a été développé surtout depuis 1949 à l'Institut de stabilité a été présenté sous forme d'abaques. Citons
Biaise Pascal du C.N.R.S. les suivants :

— calcul de talus en sols homogènes soumis à un


écoulement quelconque (nécessite le calcul d'un para-
mètre hydraulique intermédiaire) ;
BISHOP A.-W. et MORGENSTERN N . , Stability coefficients for
earth slopes, Geotechnique, X , 2 (déc. 1960), pp. 129-150. »

— calcul de talus en sols homogènes soumis à un


écoulement parallèle de direction quelconque ;
KERISEL J., Glissements de terrains, Dunod (Paris, 1966).

— calcul des talus naturels et des remblais sur sols


inclinés.
M E
PILOT G . et K A C M A Z S. ( M ) , Abaque de calcul de stabilité
d'ensemble des remblais sur sols inclinés, Bull. Liaison Labo.
Routiers P. et C , 32 (1968).
Fig. 16 - Profil en cours d'étude.

— Écoulements permanents bi ou tridimensionnels en LES DRAINAGES


milieux homogènes ou hétérogènes, isotropes ou non.
La forme, plus complexe, des conditions géométriques On n'examinera ci-après que les drainages qui
est reproduite en creux dans un moule empli d'un s'utilisent dans la construction des talus**.
électrolyte qui constitue le milieu conducteur : c'est la
cuve rhéoélectrique. Les potentiels électriques, analo- D'abord, il faut insister sur ce que l'on attend
gues aux charges hydrauliques, sont mesurés dans le d'un drainage : on en attend, si on veut agir sur la
liquide par une sonde mobile. De grandes difficultés stabilité, une diminution des pressions interstitielles et
technologiques se posent pour matérialiser la surface non un débit. Il est bien certain que dans le cas où
libre, indépendamment des problèmes d'étanchéité, de une tranchée devrait être ouverte dans du sable fin,
polarisation, etc. Des modèles en plâtre ont également siège d'une nappe, le drainage aurait pour but d'éli-
été exécutés. miner l'eau dans la zone des terrassements. Mais dans
le cas des sols fins, le drainage ne dùriinuera prati-
— Écoulements bidimensionnels permanents ou transi-
quement pas la teneur en eau, tout en annulant ou en
toires, en milieu quelconque. Dans ce cas général,
abaissant les pressions. Il en résulte trois remarques
l'écoulement n'est plus régi par la loi de Laplace
importantes :
mais par une autre équation aux dérivées partielles;
la méthode de résolution passe par les différences • avant de retenir le principe d'un système de drai-
finies; le calcul peut être traité par des méthodes nage et de le construire, il faut savoir ce que l'on en
de relaxation citées ci-dessus. Au niveau des équations attend, ce que doivent être ses effets : ceci suppose
aux différences finies, on peut réaliser une analogie une étude préalable de la nappe. Sans cette étude, on
électrique en constituant un modèle électrique qui risque de mal évaluer le type d'écoulement, de cons-
« discrétise » le talus réel et le remplace par un truire un système insuffisant ou inadapté ; ou alors,
réseau électrique dont les branches portent des résis- on accepte l'éventualité, en plaçant un dispositif sûr,
tances et des condensateurs. C'est la méthode des de le surdimentionner ;
réseaux électriques*. Elle est très puissante, mais elle
** Une vue d'ensemble des drainages, de leur conception et
de leur calcul fait l'objet de l'article de M . Rat « Drainage et
* Elle s'étend également aux modèles tridimensionnels. rabattement ».

172
• on ne jugera pas l'efficacité du système de drainage de drainage, et aussi, en fonction d'impératifs liés aux
au seul débit qu'il évacue : ce sont les piézomètres conditions du chantier :
qui indiqueront si la nappe baisse et si les pressions
— éloignement des matériaux drainants adéquats,
diminuent ;
— temps d'action envisagé pour le drainage,
• il est prudent de contrôler la pérennité des drai-
nages : ce sont également des piézomètres qui don- — période des travaux,
neront des renseignements. — accessibilité,
— engins disponibles sur le chantier.
La pérennité des drainages est évidemment liée
à la nature des matériaux drainants. Pour avoir vu, En fait, on peut toujours proposer des solutions
parfois, de l'eau ruisseler à la surface de tranchées de drainages mais, en plus de l'efficacité, il faut
drainantes, nous pensons qu'on n'accorde pas assez qu'elles soient exécutables et si possible non ruineuses.
d'attention aux conditions de filtres et que quelques A ce propos, on doit noter que les drainages sont
types de règles sont à rappeler : toujours des ouvrages chers, la stabilité des talus étant
— A propos des barrages en terre, l'avis de Terzaghi bien souvent à ce prix. Il n'y a pas de solution pure-
était que : ment « intellectuelle » et le meilleur mécanicien de sol
• un matériau cohérent comprenant au moins 15 % peut seulement assurer, qu'à dépense donnée, il propose
d'argile (< 2 fi) ne colmate pas un filtre dont les meilleures conditions possibles.
D x 1/10 mm ;
1 5 Il faut donc généralement faire un calcul écono-
• en milieu pulvérulent : mique pour choisir entre plusieurs solutions possibles.

(D15) filtre _ g

(dg ) 5 sol
Un des types de drainage des talus les plus fré-
M. Kerisel propose de retenir cette règle en la quemment employés est le masque drainant sur les
complétant par une condition sur la forme de la talus de déblai. Son rôle est analogue à celui de la
courbe granulométrique : si D est la dimension des 1 0 0
recharge aval d'un barrage en terre à noyau ; du fait de
plus gros grains du filtre, les grains de diamètre D sa forte perméabilité, la nappe est rejetée à l'intérieur
/ D U du talus définitif. C'est une solution sûre. On peut,
sont en pourcentage ( — — 1 3
théoriquement, en calculer les dimensions, par une étude
^îoo
de stabilité classique, pour qu'il conduise à un coeffi-
— Le « U.S. Bureau of Réclamation » recommande cient de sécurité acceptable (fig. 17).
pour les filtres à granularité uniforme des barrages
en terre :

vd ) s»5u
1

— Lackner conseille, pour les filtres à granularité uni-


forme derrière les murs de quai :

(D o)
5 filtre = 3 à 4

(d ) 5u sol

— Des relations plus complètes et un peu moins simples


concernant les filtres à granularité uniforme, ont été
données par Zweck et Davidenkoff, en tenant compte
de la grosseur des grains et de la direction du cou-
rant. En fait, ses dimensions dépendent du mode d'exé-
* cution et des engins de chantier. Pour un talus d'une
** quinzaine de mètres de hauteur, dont on ne veut pas
laisser longtemps le parement sans protection, la largeur
Les méthodes de drainage des talus constituent une à la base peut être de 6 à 8 mètres, cette largeur pou-
« panoplie » dans laquelle on choisit suivant le type et vant diminuer vers la tête, ce qui conduit à tailler le
la dimension de l'ouvrage à protéger, la profondeur terrain naturel à une pente supérieure au talus définitif

173
(souvent exécuté à 2/1, parfois à 3/2). On doit donc se Enfin, les talus de déblai peuvent être équipés de
préoccuper aussi de la stabilité à court terme de ce talus. drains subhorizontaux. On se heurte toujours, dans ce
Pour assurer le succès de cette construction, l'entreprise cas, au problème de la densité des drains. Sans méthode
doit prendre ses dispositions pour exécuter rapidement sûre de détermination, un drain au moins tous les dix
le chantier de drainage. mètres de longueur du talus paraît nécessaire en une ou
plusieurs nappes suivant la hauteur. Leur efficacité est
Les tranchées de déblai peuvent être équipées de meilleure en les forant inclinés par rapport au talus
tranchées drainantes longitudinales. Cette méthode est car ils recoupent ainsi plus de lignes de courant.
limitée par la profondeur que peuvent atteindre les
tranchées; actuellement, elles ne sont guère envisa-
geables au-delà de 3 à 4 mètres, sinon, il faut boiser.
Par contre, on peut en disposer plusieurs étages sur
le parement du talus (ftg. 18).

Vue d'un faisceau de drains subhorizontaux.

L'autre type d'ouvrage qui recquiert souvent des


drainages est le remblai sur pentes argileuses où les
tranchées drainantes sous remblai, transversales ou
légèrement inclinées, donnent les meilleurs résultats.
Fig. 18 - Schéma de tranchées drainantes longitudinales. Outre le rabattement de la nappe du terrain naturel,
elles évitent que le niveau de cette nappe ne remonte
On notera que le drainage sera d'autant plus en amont du remblai, puisque la surcharge apportée
efficace qu'il aura été exécuté longtemps avant les diiminue la perméabilité du sol sous-jacent ; plus elles
terrassements afin de permettre à la nappe de s'abaisser sont profondes et plus elles sont efficaces. Là encore,
au niveau de la tranchée. la limite est fixée par la stabilité des parois de la tran-
chée : il y a intérêt à opérer par petites sections de
On construit parfois des tranchées transversales, ou façon à la laisser ouverte le moins longtemps possible.
éperons drainants (fig. 19), surtout utilisés dans des On a rarement eu l'occasion de faire des constatations
traitements locaux pour des talus de hauteur moyenne sur l'efficacité du rabattement, sur l'axe du remblai
(jusqu'à 6 à 8 mètres). mais il semble qu'une distance d'une vingtaine de
mètres, entre tranchées, soit convenable.

Dans le cas où cette dernière technique est retenue,


il faut également qu'elle soit appliquée avant la cons-
truction des remblais, c'est-à-dire que les tranchées
soient exécutées environ un an avant.

Cette liste n'est pas limitative ; d'autres systèmes


de drainages, plus complexes, par exemple par puits
et drains subhorizontaux peuvent être utilisés*.

* Un exemple de ce système est décrit dans l'article « Passage


Fig. 19 - Schéma d'éperons drainants. de l'autoroute Nancy-Metz, au lieu-dit « Le Château-sous-Clévant ».

174
BIBLIOGRAPHIE

111 A.-W. SKEMPTON, The pore coefficients A and B , Geotechnique, 4 (1954), 143-147.

Une bibliographie abondante traite de ce problème, soit théoriquement, soit sous forme de description de travaux. Indépendamment des
ouvrages classiques d'hydraulique et de mécanique des sols (E. H A R R , P . Y . A . POLOBORINOVA-KOCHINA, G . SCHNEEBELI, K . TERZAGHI,
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Mécanique des Sols et des Travaux de Fondations (Londres), Vol. 2 (1957), 410.

175
discussion

La discussion qui a suivi l'exposé a permis d'insister sur quelques points, de préciser certains autres et
a entendre un compte rendu de M . Menneroud * sur les travaux de drainage d'un talus en pente instable.

Étude hydrogéologique préalable

Pour calculer correctement la stabilité d'un talus, il est nécessaire de la faire d'une façon très p o u s s é e . Elle
ne doit g é n é r a l e m e n t pas être limitée au voisinage immédiat de l'axe car, pour prévoir correctement l'évolution de
la nappe, il faut connaître son alimentation. Elle sera longue (deux ans) car il faut connaître la position la plus
haute de la surface piézométrique.

E f f i c a c i t é du drainage

Le drainage a pour but de diminuer les pressions interstitielles à l'intérieur du talus. L'efficacité d'un s y s t è m e
drainant ne peut être contrôlée que par des p i é z o m è t r e s . Les débits é v a c u é s étant surtout fonction de la p e r m é a -
bilité du milieu.

Lorsque les coefficients de perméabilité sont très faibles, les débits le sont aussi et le temps nécessaire au
rabattement augmente. Le rayon d'action des drains est alors petit et il est n é c e s s a i r e d'implanter un réseau très
dense de drains. Il existe quelques formules pour calculer l'écartement des drains (formule de Guyon, de Vibert).
Elles ne sont pas exactement a d a p t é e s à nos problèmes.

Un drainage demande une réalisation très s o i g n é e (filtre anticontaminant) et un entretien sérieux, sinon son
efficacité diminue rapidement par suite du colmatage.

T r a n c h é e s et é p e r o n s drainants

Leur réalisation est délicate et doit être rapide pour éviter les é b o u l e m e n t s . Au-delà de trois m è t r e s de
profondeur, il faut prévoir un s o u t è n e m e n t .

Dans tous les cas, on les équipera d'un drain poreux ou d'un tube plastique crépine. Il est difficile de trouver
un filtre convenable pour les matériaux fins.

Pour qu'un éperon soit efficace, il faut qu'il p é n è t r e p r o f o n d é m e n t dans le talus.

Talus de remblais

Lorsque l'on construit un remblai sur une pente instable, il existe deux m é t h o d e s pour assurer la stabilité
de l'ensemble : la b u t é e de pied ou le drainage.

Les talus de remblais sont sujets à des ruptures superficielles, dues g é n é r a l e m e n t au mauvais compactage
des bords. Elles peuvent entraîner des ruptures plus graves, par régression. Mais il peut y avoir aussi contamination
du remblai par l'eau qui s'infiltre par le terre-plein central ou le long des glissières de sécurité.

Les talus sont souvent le siège de d é s o r d r e s superficiels qui demandent un entretien important. On ne doit
pas négliger l'influence de la végétation qui régularise la teneur en eau et e m p ê c h e partiellement l'altération
superficielle.

* G é o l o g u e au Laboratoire d é p a r t e m e n t a l de Nice.

176
Site d'implantation du viaduc du Carei.

S t a b i l i s a t i o n d ' u n e p e n t e i n s t a b l e par d r a i n s s u b h o r i z o n t a u x

Les travaux de drainage r é a l i s é s sur l'autoroute A 53, ont m o n t r é leur e f f i c a c i t é .

Trois viaducs importants (Pescaire, Pala, Carei) s'appuient sur du flysch o l i g o c è n e . Ce matériau, constitué
d'alternance de marnes et g r è s plus ou moins c o n s o l i d é s , est t r è s sensible aux glissements.

Pour é v i t e r que des d é s o r d r e s n'affectent les fondations, deux mesures ont é t é prises : fondations profondes
et drainage des versants.

177
178
En ce qui concerne le deuxième point, un drainage expérimental a tout d'abord é t é mis en place sur la rive
droite du Carei (figure ci-contre) qui réunissait les conditions les plus défavorables, à savoir :
— p r é s e n c e du contact marnes bleues-flysch en amont de la pile 2,
— pente très prononcée,
— p r é s e n c e d'un glissement fossile au droit de la pile 3.

Deux piézomètres S 2 3 DA et S 2 3 D B , ce dernier équipé d'un limnigraphe, ont é t é forés avant l'exécution
du drain S 2 3 DC.

Lors de l'exécution du S 2 3 DB, des essais de perméabilité (essais Lefranc à niveau variable) ont é t é réalisés.
Ils ont m o n t r é :

1 - que la perméabilité du flysch était essentiellement une perméabilité de fissure (lors des essais, seules les zones
fissurées absorbaient des débits notables) ;

2 - l'existence dans la masse du flysch d'un réseau de fissures broyées au-dessous de 22 m è t r e s au S 2 3 D A et


16,50 m è t r e s au S 2 3 DB ;

3 - que ces fissures étaient en connection et en charge (la hauteur piézométrique était voisine de 15,50 m è t r e s ) ;
- 6
4 - les perméabilités t r o u v é e s lors des essais étaient toujours de l'ordre de 10 m/s, résultats devant être
pris avec circonspection compte tenu d'une perméabilité de fissure ;

5 - l'existence de petites nappes suspendues à 16,70 m è t r e s au S 23 DA et 8,40 m è t r e s au S 23 DB (nappes


drainées ensuite par les piézomètres).

Lors du forage du drain S 23 DC, des venues d'eau ont é t é c o n s t a t é e s à 34, 4 2 , 4 7 et 54 mètres. La nappe
a é t é rabattue de 10 m è t r e s au S 2 3 D B . Les débits initiaux étaient de 12 l/mn puis se sont stabilisés à 3 l/mn
pendant une vingtaine de jours et sont ensuite p a s s é s à 1,8 l/mn sans que la nappe remonte dans les piézomètres.

L'évaluation de la perméabilité a permis de calculer un rayon théorique d'influence (25 m è t r e s dans ce cas).
Ceci a permis de fixer un é c a r t e m e n t inter-drain pour la réalisation de la deuxième phase du drainage expérimental.

Pratiquement cet é c a r t e m e n t a é t é fixé entre 1 5 et 2 0 m è t r e s . Mais, auparavant, ont é t é forés trois piézomètres
provisoires (a, b, c) et deux définitifs ( V 3 - V 5) sur lesquels des essais de perméabilité ont été de nouveau
5
effectués. Les perméabilités trouvées étaient de l'ordre de 10 m/s jusqu'à 15 m è t r e s de profondeur et de
10"* au-delà.

Le drain H 3 a alors é t é f o r é ; on a c o n s t a t é une influence sur les p i é z o m è t r e s a, b et c. Puis le drain H 2


avec une influence sur a et b et sur le débit de H 3. Enfin H 1 et H 4.

Ensuite ont é t é e x é c u t é s les piézomètres V 1 et V 2 , destinés à remplacer les piézomètres provisoires a, b, c,


détruits par la construction de la pile 3.

La surveillance du réseau de piézomètres et du débit des drains montre que le s y s t è m e fonctionne bien à l'heure
actuelle et que, lors de fortes pluies prolongées, on n'observe pas de r e m o n t é e importante.

179
Vue de l'ensemble du chantier de l'autoroute A.31 au lieu-dit «le Château-sous-Clévant», en mai 1969.
Passage de l'autoroute Nancy-Metz
au lieu-dit "le Château-sous-Clévant"
C. PILOT
I n g é n i e u r T.P.E.
Chef de Section adjoint à la
Section " M é c a n i q u e des Sols"

Présentation
H. SCHLUCK
I n g é n i e u r des Ponts et Chaussées
Arrondissement "Autoroutes"
Direction d é p a r t e m e n t a l e de l'équipement
de Meurthe-et-Moselle

C'est en 1963 que, conscient de la difficulté majeure de faire passer l'autoroute A.31 sur un versant en forte
pente dont l'instabilité s'était déjà manifestée par d'importants glissements, le Service de Meurthe-et-Moselle avait
sollicité la constitution, sous les auspices du Laboratoire central et du Service spécial des autoroutes, du Groupe
d'études du « Château-sous-Clévant ».
La mission du service spécial des autoroutes*, essentiellement d'ordre géométrique, était d'étudier un tracé
épousant au mieux le terrain naturel, condition impérative, a priori, de la stabilité de l'autoroute.
Ce tracé fut rapidement défini par les moyens du calcul électronique et l'étude conduisit à adopter des
chaussées à niveaux décalés présentant, en plan, une suite de courbes progressives de 700 à 1.000 mètres environ
de rayon.
Le Groupe d'études resta, en définitive, constitué par les ingénieurs du Département des sols du Laboratoire
central, du Laboratoire régional de Nancy et de notre Service, auxquels furent associés deux spécialistes réputés
de la mécanique des sols et de l'hydrogéologie : la Société Mécasol et le Bureau d'études de géologie appliquée
et d'hydrologie souterraine (Burgeap).
La Société Solétanche fut également appelée, en raison de son expérience, à collaborer aux travaux du groupe,
en vue de faciliter l'exécution de décisions toujours urgentes en ce domaine où la durée des études et des périodes
d'observation qui leur succèdent, est inévitablement longue.
Les travaux du groupe, rapidement entrepris, furent poursuivis pendant plus de quatre années jalonnées de
réunions d'études, assorties de visites des lieux, au cours desquelles les échanges de vue des participants se
révélèrent très positifs et fructueux.
Lorsque la première relation de cette opération de Clévant fut donnée, lors des journées d'hydraulique de
novembre 1968, nous avions montré notre espoir de voir bientôt gagné ce très difficile passage « Sous-Clevant ».
C'est, à présent, une certitude puisque la plate-forme de l'autoroute est en cours d'achèvement sans que des
désordres quelconques aient été constatés sur les talus ou le terrain environnant, malgré des conditions d'exécution
très défavorables au cours de l'automne 1968-69.
Il est néanmoins nécessaire d'assurer une surveillance vigilante du bon fonctionnement des ouvrages de drainage
et de l'évolution concomitante des niveaux piézométriques ; aussi aurons-nous encore besoin des conseils du groupe
à ce sujet.
Sa constitution et les résultats positifs de ses travaux sont, pour nous, un très bel exemple de participation
avant la lettre, et c'est collectivement que nous remercierons les ingénieurs et techniciens des Sociétés associées,
des Laboratoires central et régional et de notre Service, ainsi que les ingénieurs du Service spécial des autoroutes
qui furent chargés, à l'origine, de susciter sa formation et l'aidèrent à définir ses objectifs.
Septembre 1969

* Actuellement Service d'études techniques des routes et autoroutes (S.E.T.R.A.).

181
L'autoroute A.31, entre Nancy et Metz, se situe originalité parmi les mesures généralement retenues dans
sur plusieurs kilomètres, au-delà de Nancy, dans la la construction des autoroutes.
vallée de la Meurthe. Le fond de cette vallée n'est pas
très large et il est pratiquement tout occupé par la
Meurthe elle-même et le canal, la voie ferrée, la route É T U D E D U SITE
nationale, des maisons et des usines. Le tracé de l'auto- La figure la) représente, en plan, le passage de
route a donc dû être placé à flanc de coteau, au-delà l'autoroute qui est à peu près partout en léger remblai ;
de Champigneules, après le viaduc de Frouard, en rive localement, en quatre sections, le talus amont est en
droite de la Meurthe (fig. 1, p.\S4). déblai, surtout au droit des buttes sud et nord où deux
Les sols qui tapissent ces flancs sont essentielle- masses d'éboulis sont plus importantes (vers E et M).
ment des éboulis dont les éléments appartiennent à
divers étages du Jurassique et du Lias. Les matériaux Le C.D.40, en amont de l'autoroute, montre à l'évi-
dominants sont des argiles (Toarcien) dans lesquelles dence l'instabilité du site : il a été à moitié emporté
sont emballés des blocs de calcaire (Bajocien) de toutes par un glissement, il y a une vingtaine d'années, à un
tailles et du minerai de fer (Aalénien). endroit où la plateforme est en remblai de deux mètres
seulement. En outre, la chaussée est assez déformée et
Le calcaire bajocien qui constitue le sommet du de nombreusesfissuresparallèles à l'axe de la chaussée
plateau joue le rôle de réservoir et les sources qui en se situent sur la moitié ouest. Signalons aussi que plu-
sont issues s'infiltrent dans ces versants où elles ali- sieurs arbres qui le bordent sont sortis de l'alignement
mentent une nappe pelliculaire dans les formations dans la zone du glissement, au droit d'une petite source.
d'éboulis à dominante argileuse.
L'étude du site s'est faite par étapes, chaque cam-
Ces conditions se traduisent par la formation de pagne de sondage complétant la précédente et tentant
versants instables. L'aspect mamelonné des pentes natu- de la préciser. Les reconnaissances se sont ainsi étalées
relles révèle bien les glissements qui s'y produisent de 1962 à 1966.
régulièrement.
É t u d e géologique
La construction d'une autoroute sur ces formations
se heurte donc aux problèmes de stabilité : au lieu-dit En coupe, au droit du « Château-sous-Clévant », le
« Le Château-sous-Clévant », près de Pompey, il s'agit site présente la succession de couches suivantes, de haut
d'assurer la stabilité de l'autoroute, en léger remblai, à en bas (fig. 2) :
la base d'un de ces versants naturellement instables. — le calcaire (Bajocien),
Le lieu de passage est impératif, les terrains disponibles — le minerai de fer (Aalénien),
dans la vallée étant destinés aux futures extensions des
— les grès supraliasiques,
aciéries de Pompey.
— les argiles (Toarcien),
Devant la difficulté qui se présentait, l'Ingénieur — les schistes carton,
maître d'œuvre décida, en 1963, de confier les études
à un groupe de travail comprenant le Bureau d'études — les grès médioliasiques,
de géologie appliquée et d'hydrologie souterraine — les marnes à ovoïdes (Domérien).
(Burgeap), le Bureau Mécasol et les laboratoires des
Ponts et Chaussées, auquel l'Entreprise Solétanche, Le versant lui-même est tapissé d'éboulis de pente
chargée des sondages, était associée. dont le pied recouvre localement des allusions de la
Meurthe.
Les tâches de ce groupe étaient :
La campagne de sondage de l'étude spécifique a
— d'organiser et d'exécuter les études d'hydrogéologie permis de dresser le profil en long géologique dans
et de mécanique des sols, l'axe de l'autoroute (fig. 1b). On y rencontre :
— d'élaborer un système expérimental de drainage et
• des alluvions récentes de la Meurthe au sondage c3
de contrôler son efficacité,
(2,4 m de vase ou argile molle) ;
— de faire le plan des drainages définitifs.
• des éboulis de pentes qui constituent la formation la
plus importante, mais aussi la plus hétérogène ; leur
Dans cette communication, on s'attachera surtout à épaisseur est, au maximum, de 15 m à la butte sud
décrire le système de drainage profond qui constitue une (sondage E) et 20 m à l a butte nord (sondage M).

182
1

Fig. 2 - Coupe géologique schématique du site.


I 1
I ! I : I 1
I ^
Calcai r e T TLI I I I I I I
Nappe
Nappe infrabajocienne
M i n e r a i de f e r

Gres
s u p r a li a s l q u e s
Nappe d eboul is

Argiles Eboulis argileux |

P a s s a g e de I a u t o r o u t e

Schistes
Carton
Grés
medioliasiques
- i - i - ' - 1-1-rzr
M a r n e s a ovoï des - - I - - I - I- -I - - r - l - l - l - - I - I - ' "I - I - I - I T l-l
l - l - l - l - l - I- I - I -
•I- I- I - I -T^T
l - l - l -I - I ^ T ^ T
I -I
-I- I- I- I- l - l - I- I-
- 1-1
I-
-II- •I- I- I- I-

Us comprennent : • les marnes à ovoïdes qui constituent u n substratum


— des argiles plastiques jaunes en surface, t r è s dur.

— des argiles et marnes plastiques noires provenant C e profil en long ne donne qu'une idée i n c o m p l è t e
de l'altération des schistes carton, du site. L a figure 3 r e p r é s e n t e u n profil en travers au
— des marnes altérées enrobant des blocs calcaires et droit de l a ligne de sondages K et fait a p p a r a î t r e l a
d u minerai de fer ; masse d'éboulis argileux sur laquelle est fondée l'auto-
route ainsi que l a couche, l a m i n é e , de schistes carton
• au sud, des schistes carton, pyriteux, plus o u moins qui ont été entraînés. L e grès médioliasique, dont le
altérés ; pendage transversal est é g a l e m e n t de l'ordre de 3 % , se
• en dessous, le banc de grés medioliasiques, é r o d é s à termine en sifflet, sans l'affleurer; i l est recouvert par
l a partie nord, dont le pendage est de 3 % vers le les éboulis ; cette position joue un rôle d é t e r m i n a n t
sud ; dans l a stabilité de cette zone.

Fig. 3 - Coupe géologique au droit des sondages K .

183
184
185
Étude hydrogéologique Étude de mécanique des sols

Tout en amont, le calcaire, le minerai de fer et le Les essais ont été effectués en laboratoire, sur échan-
grès supraliasique constituent un ensemble susceptible tillons intacts. Les matériaux étudiés sont :
d'accumuler de l'eau et de la redistribuer au versant : — les matériaux de surface (éboulis),
la nappe infrabajocienne sert de source d'alimentation
— les schistes carton,
continue des éboulis et y crée ainsi un niveau aquifère
superficiel. — les grès médioliasiques,
— les marnes à ovoïdes.
Dans le secteur sud (al, d2), le niveau hydrostatique
correspond à celui de la nappe alluviale de la Meurthe
LES MATÉRIAUX DE SURFACES
dont les alluvions, perméables, favorisent le drainage
naturel de la nappe superficielle. Par ailleurs, surtout Ce sont des éboulis de pente hétérogènes, argileux
au nord, cette nappe circule dans des éboulis à perméa- ou marneux avec des passages limoneux et sableux,
bilité variable mais toujours faible, en raison de la renfermant des rognons calcaires et gréseux et aussi,
teneur en argile. parfois, desfiletsgypseux provenant de l'oxydation des
pyrites.
Les grès médioliasiques, formation perméable, coin-
cée « en sandwich » entre deux formations marneuses Les valeurs des teneurs en eau sont assez dispersées
qu'elle draine, contiennent une nappe aquifère qui est (entre 14,5 et 39 %) ; la moyenne de 96 mesures est
plus ou moins bien drainée suivant la nature des maté- de 23,9 %.
riaux auxquels ils sont abouchés :
Les masses volumiques du sol sec connaissent la
— vers le profil E , les grès entaillés par la rivière sont même dispersion ; la valeur moyenne est de 1,63 t/m 3

directement en contact avec les alluvions grossières (les sols sont pratiquement saturés) ; la moyenne des
de la Meurthe qui en assurent le drainage et l'on masses volumiques est de 2,02 t/m . 3

observe la concordance entre le niveau des deux


Les moyennes de 17 mesures des limites d'Atterberg
nappes ;
donnent I = 29 et w = 50. Les pressions de pré-
P L

— vers le sondage A , les grès sont recouverts par consolidation s'étagent de 0,6 à 3,3 bar, et la moyenne
15 mètres de schistes carton et ils sont isolés des des indices de compression C est de 0,12.
c

alluvions. La nappe devient captive ;


Les caractéristiques mécaniques à court terme ont
— entre H et J, les alluvions (présentes en I) assurent été mesurées par compression simple et au scissomètre ;
le drainage des grès ; dans le premier cas, la moyenne est C = 0,7 bar
u

— vers le nord (sondages K à O), les gres sont plus (47 mesures), dans le second cas 0,8 bar (44 mesures) ;
hauts, le pendage vers la Meurthe étant moins mar- les paramètres de résistance au cisaillement intergranu-
qué. Ils se terminent par un biseau surmonté d'ébou- laire, calculés par moyenne de 41 éprouvettes, ressor-
lis argileux: la nappe des grès, maintenue captive tent à c' = 0,1 bar et d>' = 24°.
par les schistes carton, ne trouvant pas d'exutoire,
En ce qui concerne la stabilité de la pente natu-
contribue à alimenter la nappe superficielle des
relle au sondage K , si l'on examine une rupture plane,
éboulis (fig. 3) et y maintient un niveau piézomé-
parallèle au terrain naturel, à 4 mètres de profondeur,
trique élevé. Vis-à-vis de la stabilité, ces conditions
pour un écoulement uniforme dont la surface libre serait
d'écoulement sont particulièrement défavorables.
au niveau du terrain naturel, on trouverait un coefficient
Le niveau d'équilibre de la nappe profonde se de sécurité F » 3,2. Cette discordance avec l'instabilité
trouvé élevé à tel point que, localement, les piézomètres manifeste de la pente (F < 1), provient de deux facteurs
étaient artésiens (légèrement en amont du remblai). (fig. 4) :

— l'écoulement hydraulique réel est plus défavorable


Dans la zone K, zone des piézomètres artésiens, il
que l'écoulement uniforme ;
a été noté que les piézomètres crépines dans les éboulis
réagissaient avec un retard de deux mois par rapport — le comportement du sol, à long terme, correspond
à ceux des autres secteurs ; c'est l'observation de ce sans doute plus aux caractéristiques résiduelles qu'aux
retard (qui tradujt l'incidence d'une alimentation plus caractéristiques de pointe, soit c' = 0 et 4>' = 16°;
res res

lointaine que celle, directe, de la pluie) qui a permis avec ces valeurs on trouverait F « 1,30. La diffé-
d'orienter vers le biseau des grès les reconnaissances rence entre 1,30 et 1 proviendrait de l'imagé simpli-
destinées à découvrir l'origine de ces glissements. fiée de l'écoulement hydraulique.

186
1

C'est un matériau peu compressible (C = 0,049) c

dont la pression de consolidation n'a pas pu être déter-


minée.

LES GRÈS MÉDIOLIASIQUES

Dans les échantillons, ils sont apparus sous forme


Fig. 4 - Schéma de calcul sommaire de stabilité (écoulement
de grès à grains fins assez tendres avec intercalations
uniforme) dans la zone des sondages K . marneuses.

La teneur en eau moyenne est de 9,1 % (11 mesures)


LES SCHISTES CARTON 3
et la masse volumique de 2,36 t/m .
Ce sont des schistes bien stratifiés, bitumineux et
très compacts; ils s'altèrent rapidement à l'air et donnent La moyenne de 11 compressions simples s'élève à
naissance à de nombreux feuillets d'aspect cartonneux. 54,4 bars. Les essais triaxiaux n'ont pas pu être exé-
cutés : compte tenu de la compacité du matériau, ses
Leur teneur en eau moyenne est de 14,7 % et leur caractéristiques mécaniques n'ont rien à voir avec celles
?
masse volumique de 1,95 t/m ; les limites d'Atterberg des éboulis qui conditionnent le projet.
I = 26 et w = 52, sont proches de celles mesurées
P L

sur les éboulis. Ces grès, probablement quasi-imperméables dans la


masse, sont rendus aquifères par la présence d'un réseau
Les valeurs de la résistance à la compression simple de diaclases et defissuresplus ou moins ouvertes. Cette
s'étendent de 0,38 (échantillon très fissuré) à 140 bars; perméabilité « secondaire » d'origine tectonique, est un
le comportement des schistes est donc très hétérogène. phénomène fréquent dans les formations dures et résis-
Un essai triaxial consolidé drainé aboutit à c' = 0,25 bar tantes intercalées entre des couches marneuses ou argi-
et G)' = 25°, soit un peu plus que sur les éboulis. leuses tendres.

Fig. 5 - Tranchées drainantes et drains subhorizontaux expérimentaux dans la zone des sondages K .

187
Fig. 6 a)- Réseau d'écoulement naturel dans les éboulis de la zone des sondages K . Étude par analogie électrique (document Mécasol).

LES MARNES A OVOÏDES système de drainage qui pourrait être étendu à toute la
section d'autoroute.
Ce sont des marnes très compactes fossilifères et
pyriteuses. La première idée fut de construire un drainage de
surface, dont la technique restait à définir : drains sub-
La teneur en eau moyenne est de 9,4 % (19 mesures) horizontaux suivant la ligne de plus grande pente ou
3
et la masse volumique est de 2,34 t/m . tranchées drainantes suivant cette même direction.
Afin de vérifier l'efficacité de ces deux systèmes, deux
La moyenne de 14 essais de compression simple est tranchées drainantes expérimentales, p l et p2, et deux
de 24,5 bars ; une série d'essais triaxiaux consolidés drains subhorizontaux, dl et d2, ont été exécutés (fig. 5).
drainés conduit à c' = 0,1 bar et O' = 50°. Ces quatre drains sont situés dans les éboulis, à une
profondeur moyenne de 2,50 mètres environ ; ils traver-
Le matériau est pratiquement incompressible.
sent donc des terrains de perméabilité médiocre :
Cette étude confirme que la couche « sensible » est '-» Le débit de la tranchée pl est nul bien que l'extré-
constituée par les éboulis et que l'écoulement, de l'eau mité de la tranchée ait atteint des blocs de grès ;
y joue un rôle prédominant. ceux-ci proviennent certainement d'éboulis englobés
dans une matrice argileuse imperméable et ne permet-
ÉTUDE DES DRAINAGES tent pas de « décharger ».
A la suite de ces études, il apparaît que c'est la
• La tranchée drainante p2 débite de façon irrégulière ;
zone des sondages K qui est soumise aux conditions
elle a certainement contribué au rabattement d'un
hydrogéologiques les plus critiques. La nappe de surface
mètre qui a été constaté au piézomètre K6, en moins
étant alimentée par la nappe profonde des grès et l'écou-
d'une semaine.
lement localement ascendant, ces conditions sont très
défavorables vis-à-vis de la stabilité. • Le drain subhorizontal d l , malgré un faible débit
(0,004 1/s) a rabattu rapidement les niveaux des pié-
Cette constatation étant faite, il était évident que zomètres du profil L : 2,3 m en L, 2 m en 12, 1 m
c'est cette zone qui devait servir de « test » pour le en IL

188
Fig. 6 b) - Calcul sommaire de stabilité de la pente naturelle avant le drainage de la zone K.

189
215

F i g . 7 a) - R é s e a u d ' é c o u l e m e n t dans les é b o u l i s a p r è s drainage profond dans le g r è s de la zone K .


É t u d e par analogie é l e c t r i q u e (document M é c a s o l ) .

• le drain subhorizontal d2, situé à proximité du profil relevés dans les divers piézomètres. La principale obser-
K débite en moyenne 0,02 l/s, sans influencer les vation concerne l'alimentation de la nappe superficielle
piézomètres voisins. par les grès ; on trouve, en particulier, qu'il existe toute
une zone, partie en amont de l'autoroute mais sous
Ce système de drainage n'a donc pas fourni les le C D . 40, partie sous le remblai, où les lignes d'écou-
résultats espérés puisque, hormis sur la ligne L, les lement sont dirigées de bas en haut, ce qui délimite une
piézomètres n'ont pratiquement pas varié.
« zone critique ». Si l'on effectue un calcul sommaire de
Dès lors, il apparaissait nécessaire d'agir directement stabilité, en glissement plan (fig. 6b), à partir de
par un drainage profond sur les grès médioliasiques qui caractéristiques de résistance au cisaillement résiduelle
étaient apparus comme la principale source d'alimen- (c; = 0 et d>; = 16°), il vient F x 1,14. Si l'on tient
es es

tation en eau des glissements. compte de ce qu'il existe sans doute des lignes de rup-
ture plus défavorables que celle choisie, on voit que cet
Pour se fixer une idée de l'efficacité que pourrait écoulement rend bien compte de l'instabilité naturelle de
avoir un drainage à ce niveau, une étude d'écoulements la pente. Un type de drainage profond a été simulé en
hydrauliques, par analogie électrique sur papier conduc- faisant l'hypothèse de l'exécution d'une rangée de puits,
teur, a été effectuée. Après exécution de plusieurs au droit du sondage k8, dans laquelle la charge serait
modèles destinés à bien ajuster conditions aux limites abaissée de 8,60 m; la figure 7a) montre le réseau
et zones de perméabilité avec les indications des pié- d'écoulement qui en résulte : on note qu'il n'y a plus
zomètres, on a obtenu le réseau d'écoulement représenté de lignes de courant ascendantes et que, dans la mesure
sur la figure 6a). Le niveau piézométrique dans les grès où la surface du terrain naturel ruisselle en permanence,
médioliasiques est déterminé en imposant la charge il n'y a plus de zone dangereuse. Le même calcul que
correspondant aux mesures sur le piézomètre k8 et en les précédents (fig. 7b) conduit dans ces conditions,
adaptant des zones perméables dans les éboulis afin à un coefficient de sécurité de 1,78, ce qui assure la
que les potentiels mesurés s'accordeut aux niveaux stabilité de la pente.

190
191
192
1

C'est donc avec la conviction que le drainage pro- Ce système comprend :


fond permettrait de résoudre le problème de stabilité — un puits de 2 m de diamètre environ, de 20 m de
qu'une solution dans ce sens fut recherchée ; on a pensé profondeur, implanté en amont du C D . 40 ; il tra-
à nouveau à la solution drains subhorizontaux forés verse les grès médioliasiques sur toute leur épaisseur,
depuis le pied des éboulis ; il s'est vite révélé que c'était
— un puits relais, de 4,50 m de diamètre et 7 m de
techniquement impossible, la longueur et la pente exi-
profondeur, situé près du pied amont du talus de
gées pour les drains les rendant inexécutables. On s'est
l'autoroute,
donc orienté vers la solution, radicale, du drainage au
sein même du grès par un puits complété par un éven- — deux collecteurs, l'un de 67 m de longueur, reliant
tail de drains subhorizontaux, forés à partir de la base les deux puits, l'autre de 56 m, sous le remblai, du
de ce puits, dont on escomptait qu'il coupe les fissures fond du puits relais à la surface du terrain naturel,
du grès dans lesquelles doivent s'effectuer les circulations — un faisceau de 4 drains subhorizontaux à partir du
d'eau. C'est sur ces bases que fut conçu un système puits amont,
expérimental de drainage profond dans la zone des — un faisceau de 2 drains subhorizontaux à partir du
sondages K (fig. 8). puits relais.

Puits relais implanté dans les éboulis : la déformation des cadres de rigidité met en évidence l'importance des forces de poussée
(il a été nécessaire d'ajouter un deuxième cadre, et de modifier, en profondeur, le système d'étaiement).

193
Le programme de mise en service du système expé-
rimental a été établi afin d'analyser l'efficacité respective
de chacun des éléments drainants : puits relais seul,
puits amont seul, puits amont et ses drains subhorizon-
taux, enfin, système complet.

La mise en service s'est déroulée en quatre phases.


Le tableau ci-contre présente parallèlement les opérations
effectuées et leur influence sur la nappe des grès, dont
l'évolution en trois points caractéristiques (piézométres
k8 crépine dans les grès à l'amont du biseau, kl2 crépine
dans les grès dans le biseau, k5 dans les éboulis, à
l'aval du biseau) est reportée sur la figure 9.

La figure 10 montre les rabattements de la nappe,


résultant de la mise en service du système complet ; il
en résulte trois observations fondamentales :

1° L'essentiel du rabattement provient du puits amont


et de ses drains subhorizontaux ; la mise en service du
puits amont avait tout de même rabattu la nappe des
Puits k amont : fissuration des grès. grès de 2,50 m juste à l'amont de la zone à assainir.

O C t 0 B R E 1966 N O V E M B R E 19 F 6 | D E C E M B R E 1966 I J A N V I E R 1967


5 10 15 20 25 31 5 10 15 20 75 30 5 10 15 20 25 31 5 10 15 20 25 31

D E R O U L E M E N Î I
Pompage Perforation Perforation Forage Forage
DES puttsretais collecteur aval collecteur drains drains
entre puits puitsamont puitsrelais

TRAVAUX
A r r i v é e d'eau dans le 16/11
( à 35m du p u l l s r e l a i s A r r ê t du drainage par le puits amont

1 (fermeture du c o l l e c t e u r )
Phase 1 Phase 2 Phase 3

203

202

201

VA RI A t I 0 N
200

DJES 199

NIVEAUX 198

PIEZOMETRiQUES 197

1 96

195

194

193

30 mm
HAUTEUR
20 mm
DES
1 o mm
PRECIPITATIONS
0 mm

Fig. 9 - Évolution des niveaux en k5, k8 et k l 2 au cours de la mise en service


du système expérimental de drainage (document Burgeap).
Dispositif drainant mis en service Influence sur la nappe

Phase 1 Puits relais seul. Rabattements faibles, sensibles à p r o x i m i t é immédiate du


puits relais (fig. 9).

Phase 2 Puits relais et puits amont (avec drains Rabattements très importants de la nappe des grès (4 à 6 m),
subhorizontaux). a c c e n t u é s par le forage des drains subhorizontaux.

Phase 3 Puits relais et ses drains subhorizontaux Baisse s u p p l é m e n t a i r e à p r o x i m i t é des drains subhorizontaux
isolés du puits amont (ses eaux ne s ' é c o u - des puits (2 m en k12) r e m o n t é e des niveaux près du puits
lent plus vers la Meurthe). amont (2,50 m en k8).

Phase 4 Mise en service du dispositif complet. Baisse des niveaux à p r o x i m i t é du puits amont. Pas de chan-
gement près du puits relais.

Fig. 10 - Rabattements observés depuis la mise en service


du système expérimental de drainage, soit du 18 octobre 1966 au 9 mai 1967 (document Burgeap).

195
2° Le rabattement de la nappe des grès est très impor- — la stabilité de la zone amont de l'autoroute ne peut
tant et le secteur où la nappe est déprimée s'étend à être assurée que par un drainage profond au niveau
grande distance du dispositif ; le rabattement dépasse des grès médioliasiques ;
7 m sur tout le biseau de grès, jusqu'à une distance
— ce système n'agissant pas sur la nappe des éboulis
de plus de 100 m vers le sud et il atteint 5 m à 100 m
en aval des grès, il était nécessaire d'exécuter, en
du puits, en direction du nord. Cet abaissement de 7 m
outre, un drainage superficiel composé de tranchées
est à comparer avec celui de 8,50 m qui avait été
drainantes transversales.
imposé sur le modèle d'analogie électrique ; on doit
donc attendre du drainage réel un effet semblable à Ce drainage définitif (fig. 11) comprend donc, outre
celui qui a été indiqué par les calculs sommaires. le système expérimental en K :
3° On ne remarque, dans la période considérée, aucune — Au titre des drainages profonds :
influence du système de drainage profond sur les niveaux au droit des sondages I : un puits et cinq drains
de la nappe des éboulis, en aval du biseau de grès subhorizontaux,
médioliasiques. Cette nappe, à cet endroit est donc
au droit du sondage L : un puits amont, un puits
essentiellement alimentée par les écoulements super-
relais et six drains subhorizontaux,
ficiels et les précipitations ; ainsi, elle est remontée,
tout au long de la période octobre-février, à la suite au droit du sondage M : un puits amont, un puits
des précipitations d'automne et d'hiver. relais et six drains subhorizontaux.

En fonction des résultats de ce système expérimental, — Au titre des drainages superficiels :


le drainage définitif a été conçu à partir des deux consi- le bétonnage des fossés du C D . 40 qui favorisaient
dérations suivantes : les circulations d'eau,

196
la construction de tranchées drainantes transversales,
de 2,50 m de profondeur, espacées de 40 m.

La difficulté du problème qui se posait au « Château-


sous-Clévant » résidait essentiellement dans le fait que
l'origine des glissements observés dans les éboulis argi-
leux était la nappe des grès médioliasiques qui, masquée
par les éboulis, n'affleurait pas et n'avait pas été re-
connue au cours de la première campagne de sondages
préliminaires, limitée aux abords immédiats de l'auto-
route.
L'originalité de la solution adoptée en définitive
provient de ce qu'il a fallu rechercher puis drainer cette
nappe, largement en dehors de l'emprise de l'autoroute,
au moyen d'un réseau de puits de grand diamètre per-
mettant l'exécution de drains forés subhorizontaux,
inexécutables depuis la surface du sol.

L'importance des rabattements obtenus par ce sys-


Puits M amont : vue sur l'éventail des drains (comme le montre
tème laisse bien augurer de l'efficacité de ce drai-
notre document, l'eau de la nappe des grès contient beaucoup nage pour stabiliser le glissement sur lequel sera
d'oxyde de fer qui se dépose à la sortie des drains). placé l'autoroute.

'OMppy ì

pr.12,80 m

L E G E N D E

T r a n c h é e s drainantes 0=100mm

0 = 300 m m

- 0 = 100 mm Drains profonds

9 = 42 m m

Fig. 11 - Plan des drainages définitifs.

197
c o m m e n t a i r e s

Situation du p r o b l è m e
Ainsi qu'il a été dit, diverses raisons (toutes impérieuses) rendaient impossible l'hypothèse de tracés différents.
Il fallait donc s'accommoder du site, ce qui entraînait la construction de l'autoroute sur le bord d'une ancienne
loupe de glissement, d'où les travaux de drainage destinés à couper l'alimentation en eau. Le coefficient de
sécurité, avant travaux, était évidemment inférieur à l'unité (des arbres situés au bord aval du C D . 4 0 avaient
reculé de plusieurs mètres).

Résultats et c o û t des travaux


L'ensemble du drainage réalisé - systèmes l - K - L - M (drainage profond), tranchées drainantes transversales - a permis
d'obtenir un coefficient de sécurité supérieur à 1,50.

Le coût du drainage, des travaux annexes et des études, a été de 1.900.000 francs qui se décomposent ainsi :
— Études 2 9 0 . 0 0 0 francs
— Puits 4 9 0 . 0 0 0 francs
(puits amont, 5 8 mètres à 3 . 8 0 0 francs = 2 2 4 . 0 0 0 francs
puits relais, 4 2 mètres à 6 . 3 0 0 francs = 2 6 6 . 0 0 0 francs)
— Drainage à partir du fond des puits 3 5 0 . 0 0 0 francs
— Tranchées drainantes (3.937 mètres à 142 francs) 5 5 9 . 0 0 0 francs
— Divers (bétonnage, passage sous le C D . 4 0 , etc.) 2 1 1 . 0 0 0 francs

Ce coût, apparemment élevé, ne correspond en fait qu'au prix d'un pont de 7 5 mètres ou d'une traversée
de vergers (bien souvent, pour un simple franchissement de rivière, le kilomètre d'autoroute revient à 10 millions
de francs).

Ensemble du drainage profond ( l - K - L - M )


Le nombre de systèmes a été fixé après l'examen des rabattements produits par le système K, le but recherché
étant de rabattre presque totalement la nappe dans les grès.

L'examen des rabattements produits par la mise en service de chacun des systèmes met en évidence leur
influence caractéristique. O n peut aussi vérifier la perméabilité de fissures des grès (des rabattements ont lieu très
loin du système dans une direction donnée).

Était-il nécessaire de réaliser à la fois un puits amont et un puits relais ?

Le problème est d'ordre économique : une option est prise au début, afin de réaliser les travaux en une seule
phase (sinon, leur coût est nettement plus élevé), rechercher le système le plus efficace. On choisit ainsi, d'abord
le puits amont (en fonction de la position du biseau des grès, des conditions d'accès), puis on décide si un puits
est nécessaire ou pas (longueur de l'exutoire). Notons aussi qu'il a fallu se placer nettement au-dessus du biseau
(supposé) des grès, celui-ci n'étant pas connu de façon assez précise.

D'autre part, l'utilisation de puits avec pompes a été rejetée, en raison des difficultés ultérieures inhérentes,
en particulier, aux problèmes d'entretien.

Ce système a permis des rabattements importants en amont de l'autoroute mais a eu peu d'influence sous
l'autoroute (rabattement d'un à deux mètres). Aussi, le système a-t-il été complété par des tranchées drainantes
réalisées sous la future autoroute.

T r a n c h é e s drainantes
Elles ont été réalisées tous les 2 0 mètres et des piézomètres (du type ouvert) ont été posés afin de
mesurer leur influence. On a constaté que le rabattement était peu important. En fait, leur rôle est d'accélérer
le drainage des éboulis, en évacuant les eaux de pluies abondantes.

I98
D i g u e s e n t e r r e

H. JOSSEAUME

L y construction des digues en terre pose un certain { a)

nombre de problèmes d'hydraulique des sols qu'il a paru


souhaitable de ne pas laisser de côté au cours de ces
journées. Ces problèmes se retrouvent d'ailleurs, dans
une certaine mesure, lors de la construction de remblais
routiers de hauteur importante que les laboratoires des
Ponts et Chaussées ont l'occasion d'étudier dans le
cadre du programme d'autoroutes.

L'étude du comportement d'une digue en terre permet


d'illustrer, par des exemples concrets, les principales
notions développées dans les articles précédents :
pressions interstitielles, forces d'écoulement, drainage,
résistance au cisaillement, long terme, court terme, etc.

DIFFÉRENTS TYPES D'OUVRAGES


Le coût d'une digue en terre est d'autant moins élevé
que les sols utilisés pour sa construction proviennent
de gisements plus proches. H s'ensuit que, dans la
plupart des cas, on a intérêt à utiliser les matériaux
disponibles au voisinage du chantier. Ceux-ci déter-
minent le type de l'ouvrage.

Schématiquement, les sols employés pour la cons-


truction d'une digue en terre peuvent être classés en
deux grandes catégories :
— les matériaux perméables (sables, graves) caractérisés
par une résistance au cisaillement élevée,
— les matériaux peu perméables (argiles, limons argi-
leux) caractérisés par une résistance au cisaillement
plus faible.
Si l'on dispose, à proximité du chantier, de quantités a) barrages homogènes en matériaux peu perméables équipés
importantes de matériaux peu perméables et d'un faible de différents systèmes de drainage, avec, de haut en bas : coin
volume de matériaux perméables, on est amené à cons- drainant aval, tapis drainant aval, tapis drainant prolongé par un
drain dans le corps de digue
truire un ouvrage homogène en matériaux peu per-
méables (fig. la). b) barrage à noyau
c) barrage zone
Au contraire, si la proportion des deux types de
matériaux est inversée, on est conduit à adopter la Fig. 1 - Différents types de barrages en terre :

199
solution « ouvrage à noyau étanche », le noyau étant Les caractéristiques de l'ouvrage sont déterminées le
construit en matériaux peu perméables et les recharges plus souvent par son comportement au cours des deux
en matériaux perméables (fig. lb). dernières phases : le talus aval est alors dimensionné en
tenant compte des conditions existant lorsque l'eau dans
Par contre lorsque les recharges sont constituées de
la retenue est à son niveau maximal et le talus amont
matériaux ayant des perméabilités nettement différentes,
en tenant compte des conditions créées par la vidange
les matériaux occupent une position d'autant plus cen-
rapide.
trale dans le corps de digue que leur perméabilité est
plus faible (barrages zones, fig. le). Cependant, dans certains cas, il s'avère nécessaire de
modifier ces caractéristiques pour assurer la stabilité de
Dans le cas où, dans un même site, des matériaux
l'ouvrage pendant la période de construction.
perméables et des matériaux peu perméables sont dispo-
nibles en grande quantité, le choix du type d'ouvrage
dépend généralement de son importance.
COMPORTEMENT DE L'OUVRAGE
Les pentes des talus d'un barrage homogène construit PENDANT SA CONSTRUCTION
à partir d'un sol argileux sont relativement faibles alors
que les pentes des talus d'un barrage à noyau sont géné- Facteurs susceptibles de provoquer la rupture
ralement plus raides (la résistance au cisaillement du sol
des recharges étant plus élevée). Il s'ensuit que le volume Pendant la période de construction, la stabilité d'une
des matériaux mis en œuvre dans un barrage à noyau digue en terre peut être compromise :
est moins important, toutes choses étant égales par
ailleurs. Cependant, il est nécessaire d'interposer entre 1. Lorsque la capacité portante du sol de fondation
le noyau et les recharges, des filtres ayant pour but est insuffisante, c'est-à-dire lorsqu'il comporte une (ou
d'empêcher l'entraînement des éléments fins du sol. La plusieurs) couche argileuse peu ou moyennement consis-
construction de ces filtres est suffisamment onéreuse, tante. Le temps de consolidation d'une telle couche sous
pour que, dans le cas de certains petits ouvrages, la le poids du corps de l'ouvrage est généralement très
solution « digue homogène » soit plus économique. supérieur à la durée de la construction. On se trouve
donc sensiblement dans les conditions d'un chargement
non drainé et la résistance au cisaillement mobilisée
DIFFÉRENTES PHASES DE L'ÉTUDE DE dans l'argile est sa cohésion non drainée C . Si l'argile
u

LA STABILITÉ D'UNE DIGUE E N TERRE est peu consolidée, C ne peut équilibrer les efforts de
u

cisaillement transmis par une digue de hauteur moyenne.


L'étude de la stabilité d'un barrage en terre met en Si la couche argileuse est peu épaisse et se situe à faible
jeu les méthodes générales d'étude de la stabilité des profondeur, on a souvent intérêt à l'enlever. Dans le cas
talus. Parmi les plus utilisées, citons celle de Fellenius contraire on est amené à prendre une ou plusieurs des
et surtout celle de Bishop. mesures suivantes :
Le coefficient de sécurité d'un talus est fonction de — construction du corps de digue en plusieurs étapes,
sa géométrie, des paramètres de cisaillement intergra-
— accélération de la consolidation des sols argileux au
nulaire c' et O' du sol et des pressions interstitielles qui
moyen de drains de sable verticaux,
s'y développent. Dans le cas d'un barrage en terre, les
pressions interstitielles dans le corps de l'ouvrage et — adoucissement des pentes des talus.
dans la fondation évoluent considérablement au cours 2. Lorsque des pressions interstitielles excessives se
de la vie de celui-ci. Les paramètres de cisaillement du développent dans le corps de digue, c'est-à-dire lorsque
corps de l'ouvrage (surtout c'). peuvent également subir celui-ci est constitué en grande partie de sols fins
des variations lors de la mise en eau. Aussi la stabilité argileux de teneur en eau élevée ayant une perméabilité
d'une digue en terre doit-elle être vérifiée à différents telle qu'ils ne se drainent que très lentement.
stades de son histoire :
Lorsqu'une couche de sol fin argileux vient d'être
— pendant sa construction et en fin de construction,
compactée (généralement à l'énergie « Proctor normal »),
— lorsque l'eau est à son niveau maximal dans la elle n'est pas saturée et contient un certain volume d'air.
retenue et qu'un écoulement permanent s'est établi La pression interstitielle y est donc négative. Pendant
à travers l'ouvrage, c'est-à-dire dans les conditions la construction du corps de digue, le sol se comprime
normales d'exploitation, sous le poids des couches supérieures, son volume des
— lorsque l'on abaisse rapidement le niveau de l'eau vides décroît et l'air interstitiel se dissout dans l'eau :
dans la retenue (vidange rapide). le degré de saturation augmente donc et peut, le cas

200
/
/
3 /
/
Caractéristiques du s o l /
/
>
/
L i m i t e de l i q u i d i t é W|_ = 35
s
/
I n d i c e de p l a s t i c i t é lp = 18 /
S [
/
/
Poids s p é c i f i q u e sec tfd i n i t i a l = 1,74 t / m 3

/
/
Teneur e n e a u W = 16, 5 7 . (su pé rieur d ' e n v i r o n 2 points /
/
a la t e n e u r en eau o p t i m a l e ) /

/
/
/

/
/
/
/
/
/
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/ t y
/

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/
<•
/
/

S'
/
/
s
/
0
0 1 2 3 4

Contrainte verticale <T, (bar)

Fig. 2 - Variations de la pression interstitielle en fonction de la contrainte verticale, pendant un essai triaxial non drainé effectué
à déformation latérale nulle (essai K ) . 0 tend vers l'unité pour les valeurs élevées de <7,
a, A
échéant, devenir égal à l'unité. L a diminution du volume sol est de l'ordre de la teneur en eau optimale ou lui est
des vides se traduit par une augmentation de la pression supérieure, la compressibilité du fluide interstitiel
interstitielle d'autant plus importante que la compressi- diminue très vite lorsque l'on charge le sol et la pression
bilité du fluide interstitiel (eau + air) est plus faible par interstitielle augmente de plus en plus rapidement avec
rapport à la compressibilité du squelette solide*. la surcharge jusqu'à ce que le sol soit saturé. Ce phéno-
mène est illustré par la courbe de la figure 2 repré-
Lorsque le degré de saturation initial est suffisamment sentant les variations de la pression interstitielle dans
faible, c'est-à-dire lorsque la teneur en eau w du sol est
inférieure de quelques points à la teneur en eau optimale
de compactage, l'air interstitiel ne se dissout pas complè- * Par exemple, la variation Au de pression interstitielle, consécutive
tement dans l'eau interstitielle, m ê m e si la pression à une variation Acr, de la contrainte totale verticale lorsque le
sol ne subit aucune déformation latérale, a pour expression :
exercée par la partie supérieure du remblai est grande.
Dans ces conditions, le fluide interstitiel reste suffi- Au = l
—^-Aa x

samment compressible pour que les pressions intersti- 1 + n ^


tielles qui se développent en cours de construction soient m v

faibles. C : compressibilité du fluide interstitiel,


w

m : compressibilité du squelette solide à déformation radiale


v

Inversement, lorsque le degré de saturation est suffi- nulle,


samment élevé, c'est-à-dire lorsque la teneur en eau du n : porosité du sol.

201
une éprouvette de sol compacté soumise à une pression Il s'ensuit que la pression interstitielle se dissipe
verticale cr croissante à déformation latérale nulle. On
l partiellement pendant la construction. Cependant, dans
le cas d'un ouvrage d'une certaine hauteur construit à
remarque, en particulier, que le rapport tend vers
partir de matériaux argileux relativement humides, cette
l'unité pour les valeurs élevées de a II en résulte que
v
dissipation est généralement insuffisante pour assurer
les pressions interstitielles qui se développent dans le sa stabilité. A moins d'adoucir fortement la pente des
corps de digue pendant sa construction compromettent talus ou de diminuer la teneur en eau du matériau (ce
d'autant plus sa stabilité que sa hauteur est plus qui n'est généralement pas possible en climat humide),
grande. on est alors amené à construire le corps de digue en
plusieurs étapes. La pression interstitielle pendant la
Ceci peut également être mis en évidence en consi-
construction varie alors comme le montre lafigure4.
dérant la résistance au cisaillement non drainé du corps
de digue. Lafigure3 représente la courbe intrinsèque
obtenue à partir d'un essai non consolidé non drainé
effectué sur un sol argileux compacté à une teneur en
eau assez élevée. La résistance au cisaillement du sol
augmente avec la contrainte normale, mais de plus en
plus lentement (ceci en raison de la dissolution progres-
sive de l'air interstitiel dans l'eau interstitielle). Elle
devient constante lorsque le sol est complètement saturé.
La résistance au cisaillement mobilisée le long d'une
surface potentielle de glissement est donc sensiblement
du même ordre dans le cas d'une digue de grande Hauteur du r e m b l a i au-dessus du point c o n s i d e r é

hauteur et dans le cas d'une digue de hauteur moyenne,


Fig. 4 - Variations.de la pression interstitielle en un point d'une
construites à partir d'un même sol de teneur en eau
digue en terre pendant sa construction. Le fait de l'édifier en
élevée. deux étapes, permet une dissipation substantielle de la pression
interstitielle pendant l'arrêt du chantier et une augmentation plus
>o
lente de celle-ci lors de la reprise de construction.
c
il
£
a.
Dans certains cas, on cherche à accélérer la conso-
lidation du sol en incorporant des tapis drainants légè-
rement inclinés sur l'horizontale à divers niveaux du
u
u corps de digue (fig. 5). Une étude récente de Gibson et
m
iti
Shefford [2] a cependant montré que ces tapis drainants
Ht
ne sont efficaces que si leur perméabilité est considéra-
blement plus forte (30 000 à 100 000 fois) que celle du
sol argileux constituant le corps de digue. Si le rapport
des perméabilités est seulement de 1 000, le tapis drai-
nant sera vraisemblablement inefficace.

Contraintes normales 0" Tapis drainants

Fig. 3 - Courbe intrinsèque, en contraintes totales, obtenue au


cours d'un essai non consolidé non drainé effectué sur un sol
argileux non saturé.

Bishop [1] a montré que, dans le cas des sols non


saturés, même proches de la saturation, un drainage
léger entraîne une diminution substantielle de la pression Fig. 5 - Barrage en argile équipé, de tapis drainants à différents
interstitielle et que celle-ci croit plus lentement sousniveaux afin d'accélérer la dissipation de la pression interstitielle
l'action de charges appliquées ultérieurement (l'abais- pendant la construction.
sement de la pression interstitielle au cours du drainage
Remarque
s'est traduit, d'une part par une augmentation de la
compressibilité du fluide interstitiel, d'autre part par un On ne peut espérer diminuer sensiblement les pres-
tassement du sol entraînant une diminution de sa sions interstitielles qui se développent dans le corps de
compressibilité). digue en augmentant l'énergie de compactage. En effet,

202
on réduit ainsi la compressibilité du squelette solide On peut déterminer un ordre de grandeur des
mais on augmente le degré de saturation du sol, d'où pressions interstitielles qui apparaissent pendant la
une diminution de la compressibilité du fluide inter- construction à partir d'essais spéciaux effectués à
stitiel [3]. l'appareil triaxial : on soumet l'éprouvette à un champ
de contraintes analogue à celui qui se développera dans
Etude de la stabilité le corps de digue. Le problème est de déterminer le
champ des contraintes, c'est-à-dire les contraintes totales
Pour déterminer le coefficient de sécurité par rapport
principales extrêmes r/j et ffj en tout point du corps
au glissement, à un moment donné de la construction
de digue.
ou une fois la construction terminée, on calcule la
résistance au cisaillement des sols à partir des données L'intensité de la plus grande contrainte totale prin-
suivantes : cipale o j en un point du corps de digue est sensiblement
égale à la pression verticale yh exercée par le sol situé
au-dessus du point considéré (bien que la direction de la
contrainte o, ne soit pas nécessairement verticale).
Paramètres
Pression interstitielle
de cisaillement Selon Bishop et Henkel [4] la valeur moyenne du

Sols p e r m é a b l e s uti- Angle de frottement Nulle rapport — des contraintes principales effectives est
lisés pour la cons- interne <t>'
truction du corps de
vraisemblablement comprise entre deux valeurs
digue.
extrêmes :

Couches p e r m é a b l e s Angle de frottement D é t e r m i n é e par la


a\ 1
du sol de fondation. interne d>' hauteur p i é z o m é t r i q u e — la valeur de — = — que l'on obtient lorsque le sol
de la nappe. a\ K 0

ne subit aucune déformation latérale (cas d'une digue


Couches peu per- Cohésion à pentes extrêmement faibles), K étant le coefficient 0

m é a b l e s du sol de non d r a i n é e C u
de poussée des terres au repos,
fondation.
a'
— la valeur moyenne de — que l'on obtient le long de
la surface potentielle de glissement la plus défavo-
rable, c'est-à-dire celle correspondant au coefficient
L a résistance au cisaillement des sols peu perméables
de sécurité F choisi. Comme présenté sur la figure 6,
mis en œuvre dans le corps de digue peut être calculée
le cercle de Mohr (C), représentatif des contraintes
de deux façons :
moyennes- le long de cette surface de glissement est
• en utilisant les paramètres de cisaillement non drainé
C u
e t
® u (étude en contraintes totales). Ceux-ci sont tangent à la droite D de pente tg (D^ = -j; tg <P' et
obtenus à partir d'essais non consolidés non drainés F
effectués sur des éprouvettes de sol c o m p a c t é dans les c'
d'ordonnée à l'origine —
m ê m e s conditions que le corps de digue. On notera que
la courbe intrinsèque d'un sol non saturé, tracée en
fonction des contraintes totales, n'est pas une droite
(fig. 3) et ne peut être définie par un m ê m e couple de Fig. 6 Droite i n t r i n s è q u e effective
paramètres C et <î> que dans un domaine limité de
u u

contraintes. Il y a lieu de tenir compte de ce fait lorsque


la hauteur de l'ouvrage est importante. D
f =arc
m tglltg
• à partir des paramètres de cisaillement intergra-
nulaire c' et <b' du sol et des pressions interstitielles qui
se développent pendant la construction (étude en
\ C

contraintes effectives). Les paramètres c' et d>' peuvent


être déterminés à partir d'essais triaxiaux non conso- l F
I •y- a
lidés non drainés avec mesure de la pression intersti-
tielle, d'essais consolidés non drainés avec mesure de la
Les états de contraintes définis par ces valeurs
pression interstitielle, ou d'essais drainés, effectués sur 1
a
ces éprouvettes de sol c o m p a c t é dans les m ê m e s condi-
extrêmes de — et les pressions interstitielles correspon-
tions que le corps de digue.
ds

203
dantes peuvent être obtenus en réalisant les essais applicable aux sols non saturés. Toutefois, Bishop et
suivants : Bjerrum [6] ont montré que les erreurs ainsi commises
— un essai K non drainé avec mesure de la pression
0
ne sont importantes que lorsque la teneur en eau du sol
interstitielle, est suffisamment faible pour que les pressions intersti-
tielles qui se développent ne mettent pas en cause la
— un essai non drainé à coefficient de sécurité F cons-
stabilité de l'ouvrage.
tant, avec mesure de la pression interstitielle, au cours
duquel on fait varier simultanément les contraintes
Coefficient de sécurité minimal :
0"j et cr appliquées à l'éprouvette de façon à ce que
3

les cercles des contraintes effectives restent tangents Un glissement du corps de digue pendant la cons-
à la droite D (fig. 6). truction ayant des conséquences moins graves que
lorsque l'ouvrage est en eau, on peut adopter un coeffi-
Chacun de ces deux essais permet de tracer une
cient de sécurité relativement faible. Terzaghi et Peck [7]
courbe de variation de la pression interstitielle en
recommandent cependant de ne pas descendre au-
fonction de la plus grande contrainte principale a v
dessous de F = 1.30.
La différence entre les pressions interstitielles corres-
pondant à une même valeur de a est faible pour les
l

valeurs usuelles de F. On ne commet donc pas une


erreur importante en évaluant à partir de l'essai K les0

pressions interstitielles qui se développent en cours de


construction. L'erreur commise est d'ailleurs généra-
lement une erreur par excès. Fig. 7

La formule établie par le « U.S. Bureau of Récla-


mation » pour le calcul des pressions interstitielles qui Volume d'air libre É t a t initial V a É t a t final V a - AV
se développent en cours de construction est d'ailleurs
basée sur l'hypothèse que le sol ne subit aucune défor- Volume d'air dissous dans

mation latérale [5]. On suppose, en outre, que l'air et l'eau (voisin de 2% du


volume d'eau d ' a p r è s la loi
0,02 V w 0,02 V w

l'eau interstitiels sont à la même pression et que les


de Henry).
variations de volume du fluide interstitiel sont dues
uniquement à la compressibilité de l'air. L'application
Pression absolue u
o u„ + Au
des lois de Mariotte et de Henry conduit à l'expression
suivante, applicable à un volume unitaire de sol :

(V a + 0,02 V ) u = (V
w 0 a - A V + 0,02 V ) (u + Au) (Loi de Mariotte)
w 0

V + 0,02 V - AV
a w
Au =
V a + 0,02 V w - AV
avec les notations de lafigure7a). a) demonstration de la formule du « U.S. Bureau of Reclamation ».

Le calcul de la pression interstitielle se fait géné-


ralement en supposant que u est égal à la pression Contraintes
0

atmosphérique d'où u = Au. La détermination de la


courbe de variation de u, en fonction de a est schéma-
v

tisée figure 7b).

Cette méthode présente toutefois l'inconvénient de ne


pas tenir compte de la valeur réelle de u qui est géné-
0

ralement inférieure à la pression atmosphérique.

Remarque : AV

On a admis dans tout ce qui précède que les pressions


de l'air et de l'eau interstitiels étaient égales, alors que
la première est supérieure à la seconde et qu'en toute b) détermination de la courbe u = f (oj dans l'hypothèse où u 0

rigueur la loi de Terzaghi a' = a — u n'est pas est égal à la pression atmosphérique.

204
Comparaison des calculs en contraintes totales et en d'exploitation qui déterminent pour une large part les
contraintes effectifes caractéristiques de l'ouvragé. Celles-ci doivent être
telles que non seulement la stabilité soit assurée avec
On trouve des valeurs différentes pour le coefficient
un coefficient de sécurité minimal de 1,5, mais également
de sécurité suivant que l'on étudie la stabilité en
que le débit de fuite reste inférieur à une valeur
contraintes totales ou en contraintes effectives. En effet,
admissible.
les pressions interstitielles que l'on prend implicitement
en compte lorsque l'on utilise les paramètres C et d>
u u
Lorsque le régime permanent s'est établi, les pressions
sont les pressions interstitielles au moment de la rupture interstitielles dans le corps de digue et sa fondation sont
du sol, alors que les pressions interstitielles considérées totalement indépendantes des contraintes existant dans
dans une étude en contraintes effectives correspondent Le sol. L'étude de la stabilité ne peut, dans ces conditions,
à un état du sol différent de l'état de rupture. Les pre- être faite qu'à partir des contraintes effectives. Il est
mières sont généralement inférieures aux secondes sur- alors nécessaire de connaître les paramètres de cisail-
tout lorsque l'on a affaire à des sols dilatants. lement intergranulaire c' et <D' et la distribution de la
Le calcul en contraintes effectives semble devoir être pression interstitielle dans l'ouvrage.
préféré :
Paramètres de cisaillement intergranulaire
— les pressions interstitielles prises en compte sont
sans doute plus proches de la réalité que celles inter- Les paramètres c' et <ïï sont déterminés à partir
venant implicitement dans le calcul en contraintes d'essais triaxiaux consolidés non drainés avec mesure
totales, de la pression interstitielle ou d'essais consolidés
drainés, effectués sur des éprouvettes compactées dans
— il permet l'exploitation rationnelle des mesures de
les mêmes conditions que le corps de digue et sur des
pressions interstitielles effectuées dans le corps de
éprouvettes découpées dans des échantillons intacts
digue pendant sa construction. Les hypothèses de
prélevés dans le sol de fondation.
calcul peuvent alors être vérifiées à chaque instant,
— dans le cas des ouvrages construits en plusieurs Il est indispensable, surtout pour les sols compactés,
étapes, il permet de tenir compte de la dissipation de de saturer complètement les éprouvettes en leur appli-
la pression interstitielle qui se produit pendant les quant une contre-pression élevée. En effet la cohésion
arrêts du chantier et de l'augmentation plus lente de c' peut diminuer considérablement, voire s'annuler,
la pression interstitielle lors des reprises de la lorsque le sol se sature (l'angle de frottement interne <$>'
construction. est par contre peu sensible à une variation de la teneur
en eau). Or, une erreur par excès commise sur la valeur
Remarque : de c' conduit à surestimer le coefficient de sécurité de
l'ouvrage, l'écart avec le coefficient de sécurité réel
La résistance au cisaillement non drainé et les
pouvant être très élevé dans le cas d'une digue de faible
pressions interstitielles pendant la construction varient
hauteur.
très rapidement avec la teneur en eau de compactage.
Quelle que soit la méthode d'étude employée, les essais
Pressions interstitielles
de sol doivent donc être effectués sur des éprouvettes
compactées à une teneur en eau aussi proche que pos- Les pressions interstitielles dans l'ouvrage et dans le
sible de la teneur en eau de construction. Celle-ci sol de fondation sont déterminées à partir des équipo-
n'étant généralement pas connue à l'avance avec suffi- tentielles de l'écoulement permanent. Le réseau des
samment de précision, on a intérêt à effectuer les essais équipotentielles est souvent étudié par analogie élec-
à différentes teneurs en eau encadrant la teneur en eau trique, le modèle analogique employé servant également
de construction la plus probable. On peut ainsi apprécier au calcul du débit de fuite. Dans ce'qui suit, nous
l'influence de la teneur en eau de compactage sur le examinerons les cas d'écoulement les plus typiques
coefficient de sécurité. rencontrés dans la pratique :

Ouvrage sur fondation peu perméable


COMPORTEMENT DE L'OUVRAGE
Très souvent la perméabilité de la couche de surface
E N SERVICE
peut être négligée par rapport à la perméabilité du ou
Lors du remplissage de la retenue, un écoulement des sols constituant le corps de digue. Dans ces
permanent s'établit plus ou moins rapidement à travers conditions, l'écoulement à travers le corps de digue
l'ouvrage et sa fondation. Une fois le régime permanent peut être étudié indépendamment de l'écoulement à
établi, on se trouve dans les conditions normales travers le sol de fondation.

205
Écoulement à travers un barrage homogène

Lorsque l'ouvrage ne comporte pas de drains, la zone que — est plus grand.
d'écoulement recouvre la plus grande partie du talus K
aval (fig. 8a). Les pressions interstitielles y sont trop Lorsque le sol est très anisotrope, on peut annuler
élevées pour que la stabilité soit assurée avec un coef- les pressions interstitielles dans le talus aval en pro-
ficient de sécurité suffisant si l'on n'adopte pas une longeant le tapis drainant par un drain vertical ou
pente aval extrêmement faible. incliné pénétrant dans le corps de digue (fig. la).

Aussi, pour des raisons économiques, un barrage Écoulement à travers un barrage à noyau
homogène doit-il être équipé d'un système de drainage La perméabilité du noyau est souvent très inférieure
ayant pour but de réduire les pressions interstitielles à celle des recharges (rapport des perméabilités de
dans le talus aval. Une solution fréquemment adoptée l'ordre de 1 000). On peut alors considérer que les
consiste à construire sous le talus aval un tapis drainant pertes de charge sont concentrées dans le noyau, la
qui réduit considérablement l'importance de la zone recharge amont étant une zone équipotentielle (dans
d'écoulement et des pressions interstitielles (fig. 8b). laquelle la pression interstitielle est déterminée uni-
Sa longueur est limitée uniquement par des considé- quement par le niveau de l'eau dans la retenue) et la
rations de débit (plus la zone d'écoulement est grande, hauteur d'eau étant pratiquement nulle dans la recharge
plus le débit de fuite est élevé). aval.
Lorsque le rapport des perméabilités de la recharge
L'anisotropie du sol, caractérisée par le rapport — aval et du noyau est nettement inférieur à 1 000, la
k v hauteur d'eau dans la recharge aval n'est plus négli-
de la perméabilité horizontale à la perméabilité verti- geable et la surface libre y est d'autant plus haute que
cale a une influence déterminante sur l'écoulement et il ce rapport est plus faible [8].
est nécessaire d'en tenir compte pour la détermination
des pressions interstitielles et du débit de fuite. Les Comme précédemment, on peut annuler la pression
réseaux d'équipotentielles (fig. 9) montrent, en parti- interstitielle dans la recharge aval en interposant un
culier, qu'un tapis drainant est d'autant moins efficace drain entre celle-ci et le noyau.

a) sans s y s t è m e de drainage

b) avec tapis drainant aval

F i g . 8 - R é s e a u x d ' é c o u l e m e n t dans deux barrages h o m o g è n e s s u p p o s é s isotropes.

206
— L i g n e d« courant
t ielle

Sol de f o n d a t i o n imperméable
(a )

Sol de f o n d a t i o n imperméable
( b)

Fig. 9 - Influence de l'anisotropie sur le réseau des équipotentielles dans le cas d'un barrage homogène équipé d'un tapis drainant aval.

a) pour -2- — 25 b) pour -f- = 100


k„ k,
7

Ecoulement à travers le sol de fondation Lafigure10 représente le réseau des équipotentielles


correspondant.
Nous considérerons deux cas :
• La couche imperméable constituant la fondation • La couche imperméable de surface est relativement
s'étend à une profondeur suffisante pour que l'on puisse peu épaisse et repose sur une couche perméable. La
la considérer comme infinie. L'écoulement dans la fon- rupture d'un barrage fondé sur un tel sol a de fortes
dation satisfait alors aux conditions limites suivantes : chances de se produire si aucune mesure n'est prise
pour assurer la dissipation des pressions interstitielles
— la surface du sol en amont de l'ouvrage est une
qui se développent à l'aval de l'ouvrage dans la couche
équipotentielle (h = H),
perméable.
— la surface du sol en aval de l'ouvrage est également
une équipotentielle (h = 0), En effet, l'eau de la retenue s'écoule vers la couche
— à l'emplacement de l'ouvrage, la distribution de la perméable à travers la couche de surface. Même si cette
charge hydraulique à la surface du sol de fondation dernière est continue, ce dont on n'est jamais certain,
est identique à celle existant à la base du corps de elle laisse passer des débits non négligeables (la section
digue. de l'écoulement, approximativement égale à la surface

207
de la retenue, est considérable et des gradients initia- rectiligne et !a charge hydraulique varie linéairement
lement très importants se développent dans la couche le long d'une ligne de courant (fig. 11b). Le réseau des
de surface). Souvent, la couche perméable ne peut équipotentielles représenté par la figure 12 a été établi
évacuer ces débits et l'eau s'y met en charge, la hauteur dans cette hypothèse.
piézométrique pouvant, à la limite, correspondre au
Lorsque la ligne de puits ne peut plus être assimilée à
niveau de l'eau dans la retenue. Lorsque la pression
une tranchée, l'écoulement dans la couche perméable
interstitielle au niveau du toit de la couche perméable à
peut être étudié au moyen d'abaques (abaques de
l'aval du barrage devient supérieure à la pression totale
Muskat-Jervis, par exemple [9]).
exercée par la couche de surface, il y a rupture du sol
par soulèvement (renard).
Ouvrages sur fondation perméable
On élimine généralement le risque de rupture par sou-
Il arrive fréquemment que l'on soit amené à cons-
lèvement en forant au pied du talus aval une ligne de
truire un barrage sur un sol beaucoup plus perméable
puits drainants pénétrant complètement ou partiellement
que les matériaux employés pour la construction du
dans la couche perméable (ftg. lia). Ces puits sont
corps de digue. L'écoulement à travers le sol de fon-
équipés de tubes crépines et entourés d'un filtre au
dation peut alors être étudié en supposant le corps de
niveau de la couche perméable.
digue (ou seulement le noyau étanche dans le cas de
On admet dans les calculs, qu'à l'amont du corps de recharges perméables)rigoureusementimperméable. Le
digue, la charge hydraulique dans la couche perméable réseau des équipotentielles dans le corps de digue est
est constante et correspond à la hauteur d'eau dans la ensuite déterminé en tenant compte du fait que la distri-
retenue. Lorsque les puits atteignent la base de la couche bution de la charge hydraulique à sa base est identique
perméable et sont suffisamment rapprochés pour que à celle existant à la partie supérieure du sol de fon-
l'on puisse les assimiler à une tranchée drainante, l'écou- dation. Le réseau des équipotentielles représenté par la
lement sous l'ouvrage, dans la couche perméable, est figure 13 a été construit de cette façon.

( b)

Fig. 11 - Barrage fondé sur une couche imperméable d'épaisseur relativement faible reposant sur une couche perméable.
a) une ligne de puits, assimilable à une tranchée continue, est forée en aval jusqu'au substratum imperméable,
b) conditions aux limites de l'écoulement dans la couche imperméable de surface.

208
Fig. 13 - Barrage fondé sur une couche perméable avec tapis drainant en aval. Réseau des équipotentielles.

Dans la plupart des cas, le débit de fuite à travers la mettant, à l'aval de l'ouvrage, des surpressions élevées
fondation est prohibitif. Il est alors nécessaire d'inter- pouvant provoquer des ruptures par soulèvement.
rompre la couche perméable par un écran étanche
Le forage d'une ligne de puits drainants au pied du talus
atteignant une couche de perméabilité suffisamment
aval permet d'éliminer ces surpressions mais risque
faible. Les solutions suivantes sont le plus souvent
d'augmenter considérablement le débit de fuite. On peut
adoptées :
aussi envisager de charger le sol à l'aval de l'ouvrage
— ouverture d'une tranchée jusqu'au substratum imper- pour équilibrer les surpressions (celles-ci sont déter-
méable et remplissage en matériaux argileux, ce qui minées à partir d'un réseau d'équipotentielles).
revient dans de nombreux cas à prolonger le noyau
dans la fondation (fig. 14), • Par érosion interne régressive. En milieu perméable,
l'eau peut atteindre des vitesses d'écoulement assez
— exécution d'un rideau d'injection dans les graves
élevées pour entraîner les particules les plusfinesdu sol.
propres, dans les sables grossiers, dans les roches
Considérons la ligne d'écoulement AB représentée
fissurées,
figure 15a. Si le gradient hydraulique le long de AB
— réalisation d'un voile en béton plastique moulé dans est suffisamment grand, les fines situées au voisinage de
le sol. B seront entraînées en premier, puis celles situées à une
Lorsque l'on peut accepter un débit de fuite assez plus grande distance de B et ainsi de suite. L'élimination
élevé et que l'on ne prend aucune des mesures ci-dessus, des fines du sol se traduit par une augmentation de la
la rupture de l'ouvrage peut se produire : perméabilité et par conséquent de la vitesse d'écou-
lement. Des éléments plus gros sont alors entraînés et,
• Par soulèvement du sol en aval de l'ouvrage, surtout petit à petit, le phénomène s'amplifiant, le sol de fon-
lorsque la perméabilité horizontale du sol de fondation dation se désorganise complètement.
est très supérieure à sa perméabilité verticale (cas des
alluvions). Tout se passe comme si le sol était formé On peut combattre, avec succès, le phénomène d'érosion
d'une alternance de petites couches imperméables et interne en construisant à l'aval de l'ouvrage, un filtre
de petites couches perméables, ces dernières trans- ayant pour but d'empêcher l'entraînement des fines.

209
Fig. 14 - Barrage à noyau fondé sur sol perméable, le noyau étant prolongé jusqu'au substratum très peu perméable.
Réseau des équipotentielles.

Ce filtre (fig. 15b) devra être assez étendu pour inter- Remarque :
cepter les lignes de courant le long desquelles le gradient
hydraulique moyen est suffisamment élevé pour être Si l'on considère l'ensemble des réseaux d'équipo-
dangereux (on admet un gradient moyen limite de tentielles présentés au cours de cette étude, on remarque
1/8,5 pour les sables fins et les limons et un gradient que les forces créées par l'écoulement de l'eau à travers
moyen limite de 1/3 pour les graves propres). La solution l'ouvrage tendent à provoquer la rupture du talus aval,
« puits drainants » permet également d'éviter l'érosion mais améliorent la stabilité du talus amont. Il s'ensuit
interne (les crépines des puits étant entourées de filtres), que, s'il est exclu de procéder à la vidange de la retenue
mais, comme indiqué précédemment, on risque ainsi une fois le barrage mis en eau, on pourra adopter, pour
d'augmenter le débit de fuite de façon importante. le talus amont, une pente relativement forte.

a) danger d'une érosion régressive allant de B vers A

b) même barrage équipé d'un filtre aval, évitant l'amorce du processus d'érosion. Le gradient hydraulique moyen le long de la ligne
de courant émergeant à l'extrémité du filtre doit être inférieur au gradient moyen limite

Fig. 15 - Barrage fondé sur sol perméable.

210
COMPORTEMENT DE L'OUVRAGE On étudie généralement la stabilité du talus amont
PENDANT LA VIDANGE RAPIDE pendant la vidange rapide à partir des contraintes effec-
tives. Les paramètres de cisaillement pris en compte
La perméabilité des sols constituant un barrage en dans le calcul sont les paramètres de cisaillement inter-
terre est généralement trop faible pour que la surface granulaire du sol saturé. La distribution de la pression
de l'eau dans l'ouvrage s'abaisse de façon sensible interstitielle dans le corps de digue dépend de la défor-
lorsque l'on vide rapidement la retenue. La vidange mabilité des matériaux qui le constituent.
rapide peut alors être considérée comme instantanée
et c'est dans cette hypothèse que l'on se place pour M a t é r i a u peu déformable et p e r m é a b l e
étudier la stabilité du talus amont. (sable bien compacté)
Comme on l'a vu précédemment, lorsque la retenue Un écoulement s'amorce dans l'ouvrage dès que l'on
est pleine, les forces d'écoulement à travers l'ouvrage abaisse le niveau de l'eau dans la retenue. Cet écou-
tendent à stabiliser le talus amont. La vidange rapide, lement est transitoire et la position de la surface libre
en inversant le sens de l'écoulement dans la partie amont varie dans le temps. Les pressions interstitielles qui se
de l'ouvrage, crée des forces hydrauliques dirigées vers développent pendant la première phase de cet écou-
l'intérieur de la retenue. Ces forces sont suffisamment lement correspondent au coefficient de sécurité minimal
intenses pour entraîner une réduction importante du du talus amont. Leur distribution est identique à celle
coefficient de sécurité du talus amont. Inversement la que l'on obtient pour un écoulement.permanent satis-
vidange rapide améliore la stabilité du talus aval ou est faisant aux conditions aux limites représentées par la
sans effet sur elle. figure 16, dans les cas d'un barrage homogène et d'un

Niveau avant la v i d a n g e
Surface libre de l e c o u U m a n t lor que
c
laretenue

Niveau a p r è s la
V"""

Substratum imp

a) barrage homogène fondé sur sol imperméable

Ligne d écoulement

b) barrage à noyau fondé sur un sol de même perméabilité que les recharges. Le noyau est constitué d'uti' argile relativement
compressible et peu perméable.

Fig. 16 - Conditions aux limites de l'écoulement créé par la vidange rapide.

211
Fig. 17 - Réseau des équipotentielles dans la recharge amont d'un barrage à noyau pendant une vidange rapide
(la recharge amont est constituée d'un matériau perméable et peu déformable).

Niveau a v a n t la v i d a n g e

u * y w n f

Fig. 18 - Barrage constitué d'un matériau peu detormable.


Détermination approximative des pressions interstitielles créées par
par la vidange
vi rapide.

barrage à n o y a u . L e s r é s e a u x d'équipotentielles peuvent (graves propres, enrochements) dans laquelle le


être d é t e r m i n é s p a r analogie électrique. O n a r e p r é s e n t é niveau de l'eau pendant l a vidange rapide s'abaisse
sur l a figure 17 le r é s e a u des équipotentielles dans l a à l a m ê m e vitesse que le niveau de l'eàu dans l a
recharge amont d ' u n barrage à n o y a u fondé sur une retenue (fig. 19). O n peut alors considérer l a pression
couche de m ê m e p e r m é a b i l i t é que les recharges et interstitielle comme nulle dans cette couche, d ' o ù une
limitée à sa partie i n f é r i e u r e p a r une couche i m p e r - r é d u c t i o n substantielle de l a pression interstitielle
méable. moyenne dans le talus amont,
— interposition d'un tapis drainant entre le talus amont
D a n s le cas fréquent d ' u n barrage s'appuyant direc-
et le sol de fondation. Les équipotentielles sont alors
tement sur une couche i m p e r m é a b l e et lorsque l a pente
sensiblement horizontales dans le talus amont et dans
d u talus amont est i n f é r i e u r e à 2,5/1, T e r z a g h i et
ces conditions les pressions interstitielles sont pra-
Peck [7] ont m o n t r é que les équipotentielles peuvent
tiquement nulles (fig. 20).
être assimilées à des droites verticales: l a pression i n -
terstitielle en u n point M est alors u = p h avec les w f

notations de l a figure 18. M a i s o n surestime ainsi le Matériau déformable et peu perméable


coefficient de sécurité d u talus amont de 1 0 % à 15 % . (argile o u l i m o n argileux)
L ' é c o u l e m e n t c o n s é c u t i f à l a vidange rapide ne
O n est alors conduit à adopter des pentes très faibles s'établit dans l'ouvrage qu'au bout d'un temps a p p r é -
pour le talus amont si l ' o n ne prend pas l'une des ciable. L e s variations de pression interstitielle qui se
mesures suivantes : produisent pendant l'abaissement de l a surface de l'eau
— r e v ê t e m e n t d u talus amont p a r une couche suffi- dans l a retenue résultent uniquement des variations des
samment é p a i s s e de m a t é r i a u x t r è s p e r m é a b l e s contraintes totales liées à celui-ci [10].

212
Les contraintes principales totales en un point M Au cours de la vidange h devient nul, h demeurant
w f

du talus amont subissent respectivement les variations inchangé, d'où :


ACT, et A C T . La variation Au de la pression interstitielle
3
ACT, = - h y w
au point M peut alors s'exprimer en fonction des coeffi- w

cients A et B de Skempton : et
Au = B ACT, = ACT, = ~Ky
Au = B ACT 3 + A (ACT, - Atr ) 3
vl

ou encore Les valeurs de la pression interstitielle pendant la


vidange rapide peuvent donc être obtenues en ajoutant
Au = B 1 - < 1 - A) ACT, = B Aal les quantités Au = — h y aux valeurs de la pression
w w

ACT,
interstitielle existant dans l'ouvrage en service normal
Le sol étant saturé, on a B = 1. Par ailleurs le coeffi- (retenue pleine, écoulement permanent).
cient A est inférieur à l'unité pour les sols argileux
compactés et la plus petite contrainte principale décroît Avant la vidange la pression interstitielle en un
davantage que la plus grande à la suite d'une vidange point M du talus amont est :
rapide*. Il s'ensuit que le coefficient B est supérieur
u = F» (h + hf - h')
0 w
à l'unité^t que l'on se place du côté de la sécurité en
prenant B = 1 pour calculer la valeur de Au au point M . Elle devient immédiatement après la vidange :
Avant la vidange, la plus grande contrainte prin- u = u + Au = u - h y = y ( h - h')
0 0 w w w f

cipale en M est approximativement :


La vidange rapide entraîne une augmentation des contraintes
CT, = yh + { yh v w de cisaillement dans le sol, donc deCT,— a Acr et Aa, corres- y l

pondant à une diminution des contraintes totales on a néces-


avec les notations de lafigure21. sairemen Aa > Aa3 v

Fig. 19 - Talus amont d'un barrage revêtu d'une couche en matériau très perméable.

Ligne de courant
Niveau a v a n t v i d a n g e
Equipotentielle

Fig. 20 - Barrage à noyau équipé d'un tapis drainant amont. Réseau d'écoulement dans la recharge amont.

213
Lorsque l a retenue est pleine, l a charge hydraulique
varie peu dans le talus amont, aussi l a valeur de h ' est-
elle négligeable. O n a dans ces conditions :

u = y„ h f

L a distribution de l a pression interstitielle dans le


talus amont est alors l a m ê m e que dans le cas d'un
é c o u l e m e n t horizontal et l ' o n est r a m e n é à un cas p r é -
c é d e m m e n t étudié (digue en m a t é r i a u peu d é f o r m a b l e
fondée sur une couche i m p e r m é a b l e ) . O n notera tou-
tefois que si le r e v ê t e m e n t du talus amont par une
couche en m a t é r i a u x de forte p e r m é a b i l i t é permet
d'adopter une pente plus élevée, l a solution tapis drai- Fig. 21 - Pression interstitielle dans le talus amont avant la vidange.
nant amont est totalement inefficace dans le cas p r é s e n t
(puisqu'il n'y a pas é c o u l e m e n t de l'eau vers le drain • L a vidange c o m p l è t e de l a retenue ne crée pas néces-
i m m é d i a t e m e n t a p r è s l a vidange). sairement les conditions de stabilité les plus défavo-
rables pour le talus amont. A u s s i doit-on vérifier
Remarques : également que le talus amont est stable pour différents
niveaux d'eau dans l a retenue pendant l a vidange rapide.
• L a pression interstitielle dans les zones d é f o r m a b l e s
et peu p e r m é a b l e s du corps de digue situées à droite du
Coefficient de sécurité minimal
point N (fig. 21) ne subit p a s . d e variations sensibles
pendant l a vidange rapide. C'est pour cette raison que, L a rupture de l'ouvrage au cours de l a vidange de l a
dans le cas des ouvrages à n o y a u central mince, o n retenue ayant des c o n s é q u e n c e s moins graves qu'une
peut parfois admettre que les pressions interstitielles rupture lorsque l'ouvrage est en service, o n adopte fré-
dans le n o y a u ne varient pas au cours de l a vidange quemment un coefficient de sécurité minimal inférieur à
rapide. F = 1,5 (par exemple F = 1,3).

BIBLIOGRAPHIE

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214
Liste des principaux symboles
utilisés dans les différents articles de ce numéro

c v : Coefficient de consolidation verticale. n : Porosité.

C : Coefficient de forme d'une cavité, n. ( : Porosité efficace.

c' : Cohésion drainée d'un sol. Q : Débit.

C„ : Cohésion non drainée d'un sol. r„ : Rayon d'un puits.

C c : Indice de compression. r s : Rayon d'une sphère.

e : Epaisseur d'une couche contenant une nappe R : Rayon d'action d'un puits ou d'une tranchée.
captive.
S : Coefficient d'emmagasinement
f„. : Force hydraulique par unité de volume,
= n : porosité efficace, pour une nappe libre,
e

g : Accélération de la pesanteur, = ey w (n |3 + a) pour une nappe captive.


e

h : Charge hydraulique = — + z, T = kh : Transmissivité.

u : Pression interstitielle.
Epaisseur d'une nappe libre reposant sur un
substratum imperméable horizontal (les deux
definitions sont équivalentes, dans les hypo- v : Vitesse apparente ou vitesse d'écoulement.
thèses de Dupuit, si l'on prend comme plan
de référence des cotes le substratum imper- z : Cote d'un point par rapport à un plan de
méable). référence horizontal, l'axe Oz étant dirigé vers
le haut.
h 0 : Hauteur d'eau dans un puits ou une tranchée,
au-dessus du substratum imperméable. a : Coefficient de compressibilité du sol.

h s : Hauteur de la zone de suintement. P : Coefficient de compressibilité de l'eau.

h = h + h.
p 0 s
$' : Angle de frottement interne d'un sol.

H : Niveau piézométrique initial d'une nappe, Y : Poids spécifique du sol.


Niveau d'alimentation d'une nappe.
->
y' : Poids spécifique déjaugé du sol.

i : Gradient hydraulique. Yw : Poids spécifique déjaugé de l'eau.

k : Coefficient de perméabilité de Darcy. X : Coefficient volumétrique d'un circuit de mesure


de pression interstitielle.
k h : Coefficient de perméabilité horizontale.
0 : Contrainte normale totale.
k T : Coefficient de perméabilité verticale.
o' : Contrainte normale effective.
K : Coefficient de perméabilité intrinsèque.
1 : Contrainte de cisaillement.
m v : Coefficient de compressibilité verticale du sol.
215
Conclusions
J. LECRAMD
I n g é n i e u r des Ponts et Chaussées
Chef du D é p a r t e m e n t des Sols
Orientation des journées

Les Journées d'hydraulique des sols ont été organisées en vue de faire le point des connaissances
des Laboratoires des Ponts et Chaussées dans ce domaine; les conclusions à en retirer se doivent donc
de bien faire ressortir l'étendue et les limites de leurs connaissances et, par suite, de leurs possibilités
actuelles d'intervention.

S'il en était besoin, et nous aurions tendance à penser que ce rappel n'a pas été inutile, les
journées ont souligné un fait bien connu des géotechniciens : l'importance primordiale de l'eau dans les
travaux de génie civil, tant pour la stabilité immédiate ou à long terme des ouvrages, que pour leurs
conditions pratiques de réalisation. Il est donc essentiel, notamment pour tous les travaux de fondation,
que l'attention des maîtres d'œuvre soit suffisamment tournée vers ce problème et que nos laboratoires
soient en mesure de les aider à maîtriser ce paramètre déterminant qu'est l'eau.

Si nos connaissances dans le domaine de l'hydraulique des sols sont dès maintenant appréciables,
elles demeurent dans l'ensemble insuffisantes. Il existe, comme nous /'allons voir, des lacunes sérieuses
qui nécessitent des recherches et des constatations sur ouvrages réels.

La collecte des données

La solution d'un problème concret d'hydraulique des sols est, comme dans d'autres domaines,
subordonnée à la collecte préalable d'un certain nombre de données. La qualité de l'étude est elle-même
directement commandée par celle des résultats des mesures qui permettent de les obtenir.

• Bien que les problèmes d'hydrogéologie n'aient été que peu abordés au cours de ces journées orientées
principalement sur l'hydraulique, on ne saurait trop insister sur la nécessité des études hydrogéologiques
dans les reconnaissances de sites ou de tracés : toute étude précise d'hydraulique débute par une
étude hydrogéologique soignée, c'est-à-dire :
— étendue à une zone suffisamment vaste, débordant largement, dans la quasi totalité des cas, l'emprise
proprement dite de l'ouvrage, pour bien appréhender la configuration générale des nappes et des
écoulements et leurs conditions d'alimentation;
— appuyée sur de nombreux points d'observation, soit naturels (affleurements des niveaux aqulfères et
des couches encaissantes, puits, sources, aspect de la végétation, etc.), soit provoqués (forages avec
prélèvements d'échantillons et équipement en piézomètres);
— poursuivie sur une durée suffisante (au moins une année) pour apprécier les variations saisonnières,
amplitude et vitesse;
— mettant bien en évidence la ou les nappes, leur configuration, ainsi que la géométrie des toits
et murs des différentes nappes.

A constater dans les études concrètes l'insuffisance, tant au stade de /'avant-projet sommaire
qu'à celui de l'avant-projet détaillé, de la description du contexte hydrogéologique, notamment des
conditions d'alimentation des nappes, on doit recommander aux laboratoires d'entreprendre un effort
sérieux auprès des ingénieurs maîtres d'œuvre pour les convaincre de l'utilité des études hydrogéologiques
et de la nécessité de disposer d'un délai suffisant pour les mener à bien (une ou plusieurs années avant
l'exécution des travaux suivant l'importance du problème).

Il leur faut également exercer leurs géologues à « trouver l'eau », c'est-à-dire à reconnaître sa présence
préjudiciable, et le débit n'est pas de ce point de vue le critère significatif, à la stabilité et à l'exécution
des ouvrages de génie civil.
• Les mesures de la perméabilité en place sont nécessaires pour le calcul des débits d'exhaure des
fouilles, des rabattements et des rayons d'action des pompages, des vitesses de rabattement, donc
finalement pour dimensionner les réseaux de drainage :
— dans les terrains perméables, les essais de pompage et les essais Lefranc à niveau constant
donnent des résultats corrects.
L'essai Lefranc est rapide, praticable dans un piézomètre, mais ponctuel. L'essai de pompage doit lui
être préféré lorsqu'il est possible, car il intègre la valeur de la perméabilité sur un grand volume et
permet également la détermination du rayon d'action. C'est, par contre, un essai long et coûteux,
d'où l'intérêt de réfléchir à une version allégée de l'essai, effectuée par exemple dans un piézomètre,
adaptée à nos problèmes pour lesquels le pompage n'est pas l'objectif mais le moyen;
— dans les terrains peu perméables, les débits pompés ou injectés sont trop faibles pour réaliser les
essais mentionnés ci-dessus, il faut alors s'orienter vers l'essai Lefranc à niveau variable, soit à la
descente, soit à la remontée. La recherche en cours sur cette variante doit permettre, à brève échéance,
de donner une méthode correcte d'interprétation;
— dans les matériaux très peu perméables mais fissurés, l'essai Lugeon, effectué sous pression, permet
d'apprécier le degré de fracturation. Un tel essai est intéressant dans l'étude des problèmes d'injection,
mais appelle les plus larges réserves quant à la mesure proprement dite de la perméabilité.

• Les mesures de pression interstitielle en place sont indispensables pour définir la configuration des
nappes (surface piézométrique) et des écoulements ainsi que leurs variations (saisonnières ou consé-
cutives à un drainage provoquant un rabattement local). Elles appellent plusieurs remarques :
— il est indispensable d'adapter le type de piézomètre à la nature du niveau aquifère et au problème
considéré. On a vu à ce sujet qu'il existe deux grands types d'appareils, ouverts et fermés, caractérisés
par leurs temps de réponse. Ces piézomètres, notamment le piézomètre L.P.C., permettent, dès à
présent, de résoudre les problèmes d'une manière satisfaisante.
Toutefois pour ce dernier, le Laboratoire régional d'Angers étudiera le problème de l'enregistrement
de la mesure et l'emploi d'un gaz comme fluide de contre-pression (évitant les problèmes toujours
délicats de désaération des circuits). On réfléchira également à une méthode directe de mesure de la
pression en tête du piézomètre.
— la pose des piézomètres doit être très soignée; notamment lorsque l'on désirera séparer plusieurs
niveaux aquifères par des piézomètres indépendants; on devra réaliser avec beaucoup de soin les
bouchons étanches séparant les divers piézomètres.
On doit, dans le même esprit, utiliser une méthode de forage ne perturbant pas la mesure ultérieure :
proscrire, par exemple, le travail à la boue;
— l'implantation des piézomètres doit être arrêtée en fonction de la nature du problème et réalisée
de façon progressive;
— enfin, une fois mis en place les piézomètres doivent être relevés régulièrement, à une fréquence
adaptée au problème à résoudre.
Pour faciliter la multiplication souhaitable des mesures piézométriques, le Laboratoire central s'efforcera
de développer des méthodes de forages rapides peu coûteuses et adaptées au problème de la mesure
de pression.

Les interventions possibles des Laboratoires des Ponts et C h a u s s é e s

Les Laboratoires des Ponts et Chaussées sont dès à présent, dans leur grande majorité, capables
de procéder à la reconnaissance hydrogéologique détaillée et au collationnement des données qui leur
sont indispensables pour entreprendre — avec l'appui dans les cas difficiles du Laboratoire central ou de
bureaux privés compétents — les études intéressant les problèmes :
— de rabattement de nappe (exécution d'un déblai sous la nappe par exemple);
— d'épuisement et de stabilité des fouilles;
— d'influence des rabattements sur les constructions voisines et sur les alimentations existantes;
— de stabilité de pentes naturel/es et artificiel/es;
— de digues et barrages en terre de faible hauteur ou d'ouvrages provisoires de retenue;
et pour conseiller les maîtres d'oeuvre pour la réalisation pratique et le dimensionnement des réseaux
de drainage, ainsi que sur la conduite des travaux.

Il leur faut, par contre, demeurer très prudents à l'égard des études visant à l'exploitation des
•nappes pour la satisfaction de besoins humains ou industriels.
Les données relatives aux nappes et aux écoulements doivent être complétées par celles ayant
trait aux caractéristiques mécaniques des sols; sous réserve de procéder à une mesure valable de la
pression interstitielle, ces caractéristiques peuvent être déterminées par un essai consolidé non drainé.
Des améliorations seront apportées aux méthodes actuelles de mesure par l'utilisation de capteurs de
pression à variation de volume négligeable et par l'étude de l'enregistrement de la pression interstitielle
au cours du cisaillement.

Pour orienter au mieux la reconnaissance hydrogéologique et l'étude des échantillons de sols, et


pour tirer tous les enseignements possibles des résultats de la campagne, une collaboration active doit
s'établir, dès le début de l'étude, comme dans tout problème de reconnaissance, entre le géologue et
le géotechnicien. Des progrès importants sont à faire sur ce point et rien ne devra être négligé
pour faciliter concrètement cette collaboration.

Les recherches et les constatations

Si les Laboratoires des Ponts et Chaussées sont en mesure d'aborder l'étude d'un certain nombre
de sujets, leurs connaissances sont, par contre, beaucoup plus limitées sur d'autres problèmes encore
mal résolus, notamment :
— l'anisotropie de perméabilité des sols : importance, fréquence et répartition, influence sur les écou-
lements, en particulier sur la position de la surface libre des nappes;
— l'efficacité réelle des réseaux de drainage : action des différents types de drains (drains subhorizontaux,
tranchées et éperons drainants, puits..., critères de choix et d'implantation), rayon d'action de chaque
type de drain, filtres de drains;
— la stabilité :
« a court terme » des ouvrages, calculée en contraintes effectives, à partir des mesures des valeurs de la
pression interstitielle (application au cas des grands remblais dans lesquels des pressions interstitielles
peuvent prendre naissance pendant la construction);
« à long terme » des remblais de grande hauteur compte tenu des conditions de mise en œuvre des sols
qui les constituent et de l'évolution de leur teneur en eau (étude se rattachant à celle des milieux non
saturés);
— la mesure en place du coefficient de consolidation du sol cv;
— l'application aux problèmes d'injection, des mesures de perméabilité en place (cf. essai Lugeon par
exemple);
— sur un plan théorique, la validité de la loi de Darcy pour de faibles valeurs du gradient hydraulique.

La plupart de ces recherches sortent du cadre du laboratoire. Elles ne pourront progresser qu'en
procédant à des expérimentations sur ouvrages réels et en effectuant des constatations sur chantiers.

Ceci apparaît de façon très nette, par exemple, pour l'efficacité des réseaux de drainage pour
lesquels les premières constatations montrent des différences d'efficacité difficilement explicables.

Une attention particulière devra donc être apportée à l'occasion de chantiers importants à ces
aspects de la recherche

* •
En conclusion, ces trois journées auront atteint leur but si elles ont permis aux divers laboratoires
et si, avec le support du présent Bulletin, elles permettent aux ingénieurs maîtres d'oeuvre et de bureaux
d'études :
— de prendre la mesure exacte de la difficulté des problèmes posés par l'hydraulique des sols;
— de faire le point de leurs connaissances dans ce domaine;
— de développer la collaboration indispensable entre ingénieurs constructeurs et spécialistes, grâce à une
meilleure appréhension des problèmes rencontrés, souvent complexes.

Leur mérite sera, nous l'espérons, d'aider les laboratoires , a mieux cerner les progrès à accomplir
et les recherches à entreprendre en vue de répondre encore mieux aux demandes concrètes des Ingénieurs
maîtres d'œuvre.
résumés'

français

Essai de p o m p a g e

M. J O S S E A U M E L'article traite de la r é a l i s a t i o n et de l ' i n t e r p r é t a t i o n des essais de pompage.

On rappelle, tout d'abord, le m é c a n i s m e du rabattement d'une nappe autour d'un puits pendant
un pompage ainsi que les formules classiques des puits : formules de Dupuit en r é g i m e permanent,
formules de Theis en r é g i m e transitoire.

On d é c r i t ensuite les d i f f é r e n t e s phases de la p r é p a r a t i o n de l'essai de pompage (forage et é q u i p e -


ment du puits, implantation des p i é z o m è t r e s , mesures p r é l i m i n a i r e s , choix des d é b i t s ) puis sa
r é a l i s a t i o n (mesures en cours d'essai).

Les principales m é t h o d e s pratiques d ' i n t e r p r é t a t i o n b a s é e s sur les t h é o r i e s de Dupuit et de Theis


sont é g a l e m e n t é t u d i é e s . Les parties traitant de l ' i n t e r p r é t a t i o n des essais sont illustrées par des
exemples.

M O T S - C L É S : c o n f é r e n c e - m é c a n i q u e des sols - h y d r o g é o l o g i e - mesure - coefficient - p e r m é a b i -


lité - sol - in situ - essai - pompage - h o m o g é n é i t é - é c o u l e m e n t - eau - puits - rabattement -
d é b i t - p i é z o m è t r e - transitoire.

Essai Lefranc

M. RAT L'essai Lefranc est un essai simple qui permet de mesurer "in situ" le coefficient de p e r m é a b i l i t é
F. LAVIRON des sols contenant une nappe. Il est g é n é r a l e m e n t e x é c u t é pendant le forage. Il n é c e s s i t e la r é a l i -
J C JOREZ sation d'une c a v i t é de forme connue au fond du forage : les auteurs d é c r i v e n t d i f f é r e n t s p r o c é d é s .

On distingue deux types d'essai :

— l'essai à niveau constant : on injecte (ou l'on pompe) à d é b i t constant de l'eau dans la c a v i t é .
A p r è s stabilisation du niveau, on note la surcharge. L ' i n t e r p r é t a t i o n est simple, les r é s u l t a t s
obtenus sont bons;

— l'essai à niveau variable : on verse (ou l'on pompe) pendant un temps très court un certain
volume d'eau dans le forage, puis on suit le retour au niveau initial. De nombreuses e x p é r i e n c e s
ont m o n t r é que l ' i n t e r p r é t a t i o n habituelle de l'essai n'était pas valable. Dans la discussion qui
suit l ' e x p o s é , une i n t e r p r é t a t i o n plus valable est s u g g é r é e .

Sur un site d o n n é , de nombreux essais sont n é c e s s a i r e s pour donner une valeur correcte du coeffi-
cient de p e r m é a b i l i t é car l'essai est ponctuel et les causes d'erreurs importantes (remaniement
du terrain).

M O T S - C L É S : c o n f é r e n c e - m é c a n i q u e des sols - h y d r o g é o l o g i e - essai - Lefranc - c a v i t é - m a t é -


riel - pompage - mesure - d é b i t - p r é c i s i o n - courbe - coefficient - p e r m é a b i l i t é - sol - sondage.

220
Essai Lugeon

A. DE RAGUENEL L'essai d'eau Lugeon mesure, de p r é f é r e n c e dans un massif rocheux, le d é b i t d'eau injectable dans
une tranche de forage sous une charge hydrostatique constante. Ce d é b i t est lié directement au
d e g r é de fissuration de la roche : l'essai traduit donc une certaine " d e n s i t é " de fissures.

A p r è s un rappel des p r é c a u t i o n s à prendre pour réaliser et i n t e r p r ê t e r correctement cet essai, on


donne les r é s u l t a t s obtenus sur le substratum crayeux constituant l'horizon des fondations de
deux ouvrages importants, en Normandie.

Les résultats des essais Lugeon et les résultats des essais p r e s s i o m é t r i q u e s montrent une similitude
qualitative i n t é r e s s a n t e qui met bien en relief la g é o m é t r i e des fissures larges ou diffuses. Les
champs d'application des deux m é t h o d e s s ' a v è r e n t cependant d i f f é r e n t s .

M O T S - C L É S : c o n f é r e n c e - m é c a n i q u e des sols - h y d r o g é o l o g i e - essai - Lugeon - craie - mouve-


ment - é c o u l e m e n t - eau - roche - fissuration - coefficient - p e r m é a b i l i t é - m é c a n i q u e des roches -
d é b i t - pression.

É t u d e des facteurs intervenant dans les mesures de pression interstitielle

H. J O S S E A U M E L'article concerne les mesures de pression interstitielle dans les sols argileux.

Dans la p r e m i è r e partie, on é t u d i e l'influence de la vitesse de d é f o r m a t i o n sur la pression intersti-


tielle m e s u r é e au cours d'un essai triaxial non d r a i n é . On rappelle les travaux de Bishop et de Gibson
concernant le temps de r é p o n s e de l'appareil de mesure ainsi que l ' é v o l u t i o n de la distribution de
pression interstitielle dans l ' é p r o u v e t t e pendant la phase de cisaillement. O n ' p r é s e n t e les résultats
d'une é t u d e e x p é r i m e n t a l e e f f e c t u é e sur une vase normalement c o n s o l i d é e et sur une argile
s u r c o n s o l i d é e , dans le but d ' é t u d i e r la variation du gradient de pression interstitielle avec la vitesse
de d é f o r m a t i o n . Le p r o b l è m e de la mesure de la pression interstitielle au moyen d'aiguilles est
également abordé.

La seconde partie traite des mesures p i é z o m é t r i q u e s dans les sols en place. A p r è s un rappel des
facteurs dont d é p e n d le temps de r é p o n s e d'un p i é z o m è t r e , on d é c r i t succinctement les principaux
appareils utilisés dans la pratique ( p i é z o m è t r e type Casagrande, p i é z o m è t r e hydraulique, p i é z o -
m è t r e à jauge é l e c t r i q u e ou à corde vibrante) et on é t u d i e leurs performances.

M O T S - C L É S : mesure - pression interstitielle - sol - essai triaxial - non d r a i n é - p i é z o m è t r e -


é p r o u v e t t e - pression - vitesse - d é f o r m a t i o n - temps - r é p o n s e - distribution - p e r m é a b i l i t é -
c o m p r e s s i b i l i t é - module - coefficient - consolidation - c o n t r a i n t e - d é v i a t e u r - hydrostatique-filtre-
eau - é c o u l e m e n t - aiguille - pierre - p o r o s i t é - c o h é s i o n - angle - frottement interne - cisaillement -
intergranulaire - vase - argile - forage - battage - jauge - é l e c t r i c i t é - capteur - corde - vibration -
m é c a n i q u e des sols - rapport de recherche - L.C.P.C. - Casagrande - Bishop - Gibson.

Le p i é z o m è t r e L.P.C. — Essais et performances

M. PEIGNAUD Le p i é z o m è t r e L.P.C. est un p i é z o m è t r e hydraulique c o n ç u principalement pour les mesures de


pression interstitielle dans les sols de faible p e r m é a b i l i t é . Chaque sonde p i é z o m é t r i q u e est é q u i p é e
d'une double tubulure facilitant les o p é r a t i o n s de purge et de remplissage du circuit de mesure.
La pression interstitielle est m e s u r é e au moyen d'un tableau amovible.

221
Après avoir décrit l'appareil et indiqué ses principales caractéristiques, l'auteur rend compte des
essais effectués sur le prototype, essais qui ont porté principalement sur les points suivants :

— mesure du coefficient volumétrique,

— mise en place de la sonde piézomètrique,

— comportement du matériel en service,

— technique de mesure,

— temps de réponse du piézomètre dans des formations d'argile très plastique.

Les essais ont, dans l'ensemble, donné satisfaction. En particulier, le temps de réponse de l'appareil
est d'environ une heure dans une argile de perméabilité k : 1 0 " cm/s.

MOTS-CLÉS : conférence - mécanique des sols - hydrogéologie - essai - piézomètre - mesure -


pression interstitielle - précision.

Drainage et rabattement

M . RAT Dans de nombreux travaux, le rabattement de la nappe aquifère est nécessaire, soit pour permettre
le travail à sec, soit pour assurer la stabilité d'une pente ou du fond d'une fouille. Dans une pre-
mière partie, on étudie d'une manière détaillée les deux systèmes fondamentaux de drainage:
les tranchées et les groupes de puits. On souligne l'influence de l'anisotropie des terrains sur la
position de la surface de la nappe. Le facteur temps est envisagé en relation avec la notion de
rayon d'action qui permet de dimensionner les réseaux drainants.

On envisage ensuite les problèmes liés à l'assèchement d'une fouille :

— évaluation du débit à pomper : on donne deux méthodes pratiques : assimilation de la fouille à


un puits ; tracé du réseau d'écoulement par le calcul ou par analogie électrique ;

— choix du système de pompage : fossé, puits profonds, pointes filtrantes.

Le drainage des talus qui contiennent une nappe est généralement nécessaire pour assurer leur
stabilité. On donne un graphique qui permet d'évaluer simplement la longueur de la zone de suin-
tement. Puis, on décrit les différents types de drainage habituellement employés: tranchées drai-
nantes, drains subhorizontaux et éperons drainants.

MOTS-CLÉS : conférence - mécanique des sols - hydrogéologie - drainage - rabattement - nappe


- puits - assèchement - fouille - écoulement - eau - talus - sol - homogène - isotrope - stabilité.

Nappe en charge dans le sol de fondation d'un ouvrage d'art

H. J O S S E A U M E L'étude générale du tracé d'une voie de desserte, dans la région parisienne, a mis en évidence
J.-F. MAILLARD plusieurs anomalies du sous-sol à l'emplacement de l'ouvrage d'art prévu : profil irrégulier des
couches, présence d'une nappe en charge à faible profondeur, etc.
J . - J . SEVESTRE
J.-P. D U P A R C Q
De ce fait, il s'est avéré nécessaire de procéder à une étude approfondie des fondations de cet
A. VECCHI
ouvrage et de leurs conditions d'exécution. L'étude a montré, en particulier, que là nappe en charge
risquait de provoquer la rupture par soulèvement du sol de fondation pendant les terrassements
(rupture par renard). Aussi, pour assurer la stabilité des fouilles de fondation, a-t-il été nécessaire
de rabattre la nappe en charge au moyen de puits équipés de pompes immergées.

222
L'article rend compte des principales phases de l'étude, en insistant sur les points suivants :

— étude des nappes et essais d'eau effectués (essais Lefranc et essai de pompage),

— calcul de la stabilité d'une fouille ouverte dans une formation peu perméable constituant le
toit d'une nappe en charge,
— dispositions prises pendant le rabattement de la nappe effectué au cours des travaux.

MOTS-CLÉS : conférence - hydrogéologie - nappe - charge - rabattement - sol de fondation -


ouvrage d'art - prospection - géologie - essai - perméabilité - piézomètre - marne - argile - pompage
— renard - stabilité - fouille.

Tassements dus aux rabattements de nappes

H. J O S S E A U M E Lors de l'exécution de travaux de terrassement, on est souvent amené à rabattre la nappe au moyen
d'un groupe de pointes filtrantes ou de puits ponctuels. L'abaissement de la surface piézométrique
de la nappe peut, dans certains cas, provoquer des tassements dans la zone d'influence du pompage
et par suite endommager les constructions qui y ont été implantées.

La première partie de l'article est consacrée à l'étude théorique de ce phénomène.

Dans la seconde partie, l'auteur rend compte de l'étude d'un cas concret: la construction d'un
collecteur d'égout nécessitait l'ouverture d'une tranchée de faible largeur et d'une profondeur
maximale de 4,5 mètres dans des sols relativement compressibles recelant une nappe phréatique.
Pendant les travaux, la nappe était rabattue par une ligne de pointes filtrantes. Le collecteur devant
traverser une zone urbaine, le laboratoire central des Ponts et Chaussées a été chargé d'apprécier
les risques de désordres liés au rabattement de la nappe. Une série de mesures et de constatations
simples complétées par un essai en vraie grandeur ont permis de conclure que le rabattement de la
nappe serait sans effet sur les bâtiments situés à proximité du tracé.

MOTS-CLÉS : conférence - mécanique des sols - hydrogéologie - tassement - nappe - contrainte


effective - sol - consolidation - drainage - prévision - pompage.

Consolidation d'un sol fin argileux par application du vide

J.-L. PAUTE L'application du vide permet de consolider un sol mou sans qu'il soit nécessaire de le surcharger
par un remblai. L'article relate une expérience de consolidation sous vide ayant pour but d'amé-
liorer un remblai hydraulique constitué par un silt argileux. On a employé, à cet effet, le matériel
utilisé habituellement pour effectuer des rabattements de nappe à partir de puits ponctuels.

Cette expérience a été réalisée suivant deux méthodes :

— à partir de puits de 1,20 m de diamètre,

— à l'aide des puits ponctuels classiques.

La description de l'expérience est précédée d'un rappel des éléments théoriques indiquant la
façon dont se transmet la dépression à l'eau interstitielle et montrant que l'efficacité du procédé
est liée au coefficient de consolidation du sol.

223
Les constatations e f f e c t u é e s (mesure des tassements et des pressions interstitielles) confirment
les é v a l u a t i o n s faites à partir d'une é t u d e du sol, ainsi que la n é c e s s i t é du colmatage de l'orifice
des drains pour obtenir, avec un m a t é r i e l d o n n é , la d é p r e s s i o n maximum sur toute l'épaisseur de
sol traitée.

M O T S - C L É S : c o n f é r e n c e - m é c a n i q u e des sols - h y d r o g é o l o g i e - essai - consolidation - sol -


fin - argile - vide - drain de sable - puits - p i é z o m è t r e - tassement - pression interstitielle - coefficient.

S t a b i l i t é des talus routiers

G. PILOT Dans cet article, on examine l'incidence de la p r é s e n c e d'eau dans les talus routiers ainsi que les
moyens de drainage mis en place pour limiter les d é s o r d r e s .

A p r è s que les notions de s t a b i l i t é à "court terme" et à "long terme" aient é t é e x p l i c i t é e s sur le


plan pratique, on montre que les forces dues à l'eau ont une importance c o n s i d é r a b l e .

Le p r o b l è m e de l ' é c o u l e m e n t de l'eau est e x a m i n é sur le plan t h é o r i q u e en se limitant au r é g i m e


permanent à deux dimensions et en rappelant les p r o p r i é t é s essentielles des r é s e a u x d ' é c o u l e m e n t
dont on é v o q u e les m é t h o d e s de d é t e r m i n a t i o n .

Quelques calculs de s t a b i l i t é de talus illustrent le rôle de l'eau sur la valeur du coefficient de s é c u r i t é .


On mentionne é g a l e m e n t les abaques permettant le calcul i m m é d i a t de la s t a b i l i t é .

Pour terminer, on d é c r i t les principaux types d'ouvrages drainants (masques, t r a n c h é e s , puits, etc.).

M O T S - C L É S : c o n f é r e n c e - m é c a n i q u e des sols - h y d r o g é o l o g i e - eau - é c o u l e m e n t - s t a b i l i t é -


talus - mouvement - glissement - pression interstitielle - laboratoire - hydrodynamique - coeffi-
cient de s é c u r i t é - analogie - é l e c t r i c i t é - m o d è l e - drainage - t r a n c h é e - bibliographie.

Passage de l'autoroute Nancy-Metz - Au lieu dit "Le C h â t e a u - s o u s - C l e v a n t " .

G R O U P E DE TRAVAIL DU Cet article d é c r i t les é t u d e s et les travaux de drainage e x é c u t é s pour assurer la s t a b i l i t é d'un remblai
"CHATEAU-SOUS-CLÉVANT" autoroutier construit sur un versant instable.

Les é t u d e s ont c o n s i s t é en une investigation hydraulique approfondie et des é t u d e s de m é c a n i q u e


des sols en laboratoire.

Les sols c o n c e r n é s par le p r o b l è m e de s t a b i l i t é sont essentiellement des é b o u l i s dont la m a t i è r e


argileuse provient de l'argile du Toarcien (Lias) et dont les é l é m e n t s grossiers sont c o n s t i t u é s par
des blocs de calcaire et de minerai de fer.

Les é b o u l i s recouvrent un banc de g r è s fissuré dont la nappe se trouve en charge : les é b o u l i s sont
ainsi le s i è g e d'un é c o u l e m e n t p a r t i c u l i è r e m e n t d é f a v o r a b l e qui a pu être r e p r é s e n t é par une analogie
é l e c t r i q u e sur papier conducteur.

C'est donc vers le drainage que se sont o r i e n t é e s les é t u d e s de dispositifs accroissant la stabilité
de la pente.

224
L'article d é c r i t les tentatives de drainage superficiel seul {drains subhorizontaux et t r a n c h é e s
transversales) et le drainage profond e x p é r i m e n t a l dans les g r è s ; il p r é s e n t e ensuite le s y s t è m e
a d o p t é et les résultats obtenus.

M O T S - C L É S : c o n f é r e n c e - m é c a n i q u e des sols - h y d r o g é o l o g i e - autoroute - remblai - s t a b i l i t é


- talus - drainage - puits - g é o l o g i e - p i é z o m è t r e - nappe - rabattement - schiste - g r è s - marne.

Digues en terre

H. J O S S E A U M E L ' é t u d e traite des p r o b l è m e s p o s é s par l ' é t u d e des digues et barrages en terre et plus s p é c i a l e m e n t
des ouvrages construits à partir de m a t é r i a u x fins. On é t u d i e le comportement des barrages en
terre aux stades les plus critiques de leur histoire :

— pendant la construction ou en fin de construction,

— lorsque l'eau dans la retenue est à son niveau maximum,

— à la suite d'une vidange rapide de la retenue.

On insiste tout p a r t i c u l i è r e m e n t sur le rôle m é c a n i q u e de l'eau et sur la d é t e r m i n a t i o n du champ


des pressions interstitielles dans l'ouvrage, dont la connaissance est n é c e s s a i r e aux calculs de
s t a b i l i t é à partir des contraintes effectives. En particulier, on rappelle les m é t h o d e s de p r é v i s i o n
des pressions interstitielles qui se d é v e l o p p e n t dans le corps de digue pendant sa construction.

D'autre part, pour l ' é t u d e de la vidange rapide, on d i f f é r e n c i e le cas des sols i n d é f o r m a b l e s , o ù


les pressions interstitielles peuvent ê t r e d é t e r m i n é e s par un r é s e a u d ' é c o u l e m e n t , de celui des
sols d é f o r m a b l e s o ù l ' é c o u l e m e n t c r é é par la vidange de la retenue ne s'établit pas i n s t a n t a n é m e n t .

L'article est en outre illustré des r é s e a u x d ' é c o u l e m e n t é t a b l i s pour divers types d'ouvrages et
diverses conditions de fondations.

M O T S - C L É S : c o n f é r e n c e - m é c a n i q u e des sols - h y d r o g é o l o g i e - digue - barrage - sol - s t a b i l i t é


— coefficient de s é c u r i t é - m a t é r i a u - p e r m é a b i l i t é - sable - grave =• argile - limon - pression intersti-
tielle - drainage - glissement - r é s i s t a n c e - cisaillement - contrainte effective - é c o u l e m e n t - fuite
— h o m o g é n é i t é - noyau - sol de fondation - rapide.

225
english

Pumping tests

M. J O S S E A U M E This article deals with pumping tests and their interpretation.


The author first recalls the mechanism by which a water table is lowered around a well during
pumping, and the conventional types of well: the Dupuit types (permanent) and the Theis types
(temporary).

He then describes the different stages of preparation of the pumping test (boring the well, equip-
ping it, installing piezometers, making preliminary measurements, choosing rates of flow), and the
actual carrying out of the test (measurements made during the test).

The principal methods of interpretation based on the Dupuit and Theis theories are also examined.
The sections dealing with the interpretation of pumping tests are illustrated with examples.

The Lefranc test

M. RAT The Lefranc test is a simple test for measuring in situ the coefficient of permeability of soils
F. LAVIRON containing a water table. It is generally carried out during boring. It necessitates making a cavity
J C JOREZ of a known shape at the bottom of the borehole. The authors describe different procedures.

A distinction is made between two types of test:

Constant level test, in which water is injected (or pumped at a constant rate) into the cavity. After
the level has stabilized, the additional load is noted. The interpretation is simple, and the results
obtained are satisfactory.

Variable level test, in which a certain volume of water is poured (or pumped) into the borehole for
a very short time, after which the return to the initial level is observed. Numerous experiments
have shown that the usal interpretation of the test is not valid. In the discussion following the expla-
nation, a more valid interpretation is suggested.

On a given site, many tests are necessary to give a correct value of the coefficient of permeability,
for it is a point test and there are considerable sources of error (disturbance of the soil).

The Lugeon test in chalk

A. DE R A G U E N E L The Lugeon water test measures (preferably in a rock mass) the rate of flow of water injectable
into a depth of borehole under constant hydrostatic charge_This flow rate is directly linked with
the degree of fissuring of the rock. The test therefore reflects a certain "density" of fissures.

After referring to the precautions to be taken in order to carry out and interpret this test properly,
the author gives the results obtained on chalky substratum constituting the horizon of the founda-
tions of two large-scale structures in Normandy.

The results of the Lugeon test and of pressiometric tests show an interesting qualitative similarity
which clearly highlights the geometry of wide or diffuse fissures. But the fields of application of
the two methods are different.

226
1

A study of the f a c t o r s involved in m e a s u r e m e n t s of interstitial pressure

H. J O S S E A U M E This article deals with the measurement of interstitial pressure in argilaceous soils.

In the first section, the author examines the influence of the rate of deformation on the interstitial
pressure measured during a driaxial undrained test. Reference is made to the work of Bishop and
Gibson on the response time of the measuring apparatus and the evolution of interstitial pressure
in the test sample during the shearing phase. The author gives the results of an experimental
study carried out on a normally consolidated mud and on a superconsolidated clay, for the purpose
of examining the variation of the interstitial pressure gradient with rate of deformation. The problem
of measuring the interstitial pressure by means of needles is also touched upon.

The second part deals with in situ piezometric measurements in soils. After a reference to the
factors on which the response time of a piezometer depends, a brief description is given of the
principal instruments used in practice (Casagrande type piezometer, hydraulic piezometer, electric
gauge or vibrating cord piezometer) and their performances are examined.

T h e L . P . C . piezometer — Trials and performances

M. PEIGNAUD The L.P.C. piezometer is a hydraulic piezometer designed mainly for measuring interstitial pressure
in soils of low permeability. Each piezometric probe is fitted with a double tube, facilitating the
operations of draining and filling the measuring circuit. The interstitial pressure is measured by
means of a 'moveable table.

After describing the apparatus and indicating its principal characteristics, the author gives an
account of trials carried out with the prototype. These trials were mainly concerned with the follo-
wing points:

— Measurement of volumetric coefficient.

— Setting the piezometric probe in place.

— Behaviour of the equipment in service.

— Technique of measuring.

— Response time of the piezometer in highly plastic clay formations.

On the whole, the trials proved satisfactory. In particular, the response time of the instrument is
about one hour in clay of permeability k = 10~ cms/sec.
8

Drainage and g r o u n d - w a t e r lowering

M. RAT In many construction projects it is necessary to lower the level of the water table, either to enable
work to proceed under dry conditions, or to ensure the stability of a slope or the bottom of an
excavation. In the first part of this article, the author examines in detail the two basic systems of
dewatering : by means of trenches and by means of wellpoints. Emphasis is laid on the influence
of the anisotropy of the terrain on the position of the surface of the water table. The time factor
is considered in relation to the concept of the range of action which makes it possible to determine
the size of the dewatering systems.

227
There follows an examination of the problems linked with dewatering an excavation :

Evaluation of the rate of pumping. Two pratical methods are described: considering the excava-
tion itself as a wellshaft, and designing the dewatering system by calculation or by electrical
analogy.

The choice of the system of pumping : ditch, deep wellshafts, or filter wells.

Embankments which contain water tables usually have to be dewatered to ensure their stability.
The author gives a graph which allows of a simple evaluation of the length of the zone of seeping.
A description is then given of the various types of drainage commonly employed: drainage ditches,
subhorizontal drains, and drainage spurs.

The presence of a water table in the foundation soil of a structure

H. J O S S E A U M E The general survey of the path of a road in the Paris area revealed a number of anomalies in the
J.-F. MAILLARD subsoil at the point where a structure was to be built: irregular profile of strata, presence of a
water table at a shallow depth, etc.
J.-J. SEVESTRE
J.-P. D U P A R C Q
Consequently, it was necessary to make a thorough study of the foundations of this structure and
A. VECCHI
the conditions under which they were to be executed. The study showed, in particular, that the
water table risked causing a failure of the foundation soil through uplift during the earthworks
(a failure due to subsurface erosion). So in order to ensure the stability of the foundation excava-
tions, it was necessary to lower the water table by means of wells equipped with submerged pumps.

This article gives an account of the principal stages of the study, with emphasis on the following
points:

Study of the water tables and water tests carried out (Lefranc test and pumping test).

Calculation of the stability of an excavation made in a relatively impermeable formation constitu-


ting the roof of a water table.

Arrangements made during the lowering of the water table in the course of foundation work.

Settlements due to water table lowering

H. JOSSEAUIVIE When carrying out earthworks, it is often necessary to lower the water table by means of a series
of filter wells or wellpoints. The lowering of the piezometric surface of the table can, in certain
cases, cause settlements in the zone of influence of the pumping and subsequently cause damage
to the structures built on the site.

The first part of this article consists of a theoretical study of this phenomenon.

In the second part, the author gives an account of a specific case: the construction of a sewer
header necessitated digging a narrow trench of maximum depth 4.5 metres in the relatively
compressible soils containing the water table. During the work, the table was lowered by means
of a line of filter wells. Since the sewer had to traverse an urban zone, the L.C.P.C. was assigned
the task of assessing the risk of disorders resulting from the lowering of the table. A series of simple
observations and measurements, together with a full-scale test, led to the conclusion that the
lowering of the water table would not affect the buildings situated in the proximity of the path of
the sewer.

228
An example of vacuum consolidation of a fine argillaceous soil

J . - L . PAUTE The application of a vacuum makes it possible to consolidate a soft soil without loading it with a
fill. This article gives an account of a case of vacuum consolidation whose purpose was to improve
a hydraulic fill consisting of argillaceous silt. To this end, use was made of equipment normally
employed to lower the water table by means of wellpoints.

The task was performed by two methods:

— With wells 1.20 metres in diameter.

— With conventional wellpoints.

The description of the experiment is preceded by a review of the theoretical considerations indica-
ting how the pressure drop is transmitted to the interstitial water, and showing that the efficacity
of the process is linked with the coefficient of consolidation of the soil.

Observations made (measurements of settlements and of interstitial pressures) confirm evaluations


made from a study of the soil, and the necessity of blinding the orifice of the drains in order to
achieve, with a given equipment, the maximum pressure drop through the entire thickness of
. the soil being treated.

The role of water in the stability of highway embankments

G. PILOT This article examines the influence of the presence of water in highway embankments, and
draining methods applied to reduce harmful effects.

After clarifying the notions of "short term" and "long term" stability from both the theoretical and
practical angles, the author shows that the forces exerted by water are considerable.

The problem of water flow is examined from the theoretical angle; the author confines himself
to the permanent two-dimensiorial system, and reviews the essential properties of flow systems
with a reference to methods of determination.

Some calculation of embankment stability illustrate the role of water in the value of the coefficient
of safety. Mention is also made of charts which allow stability to be calculated immediately.

In conclusion, the author describes the principal types of drainage systems (trenches, wells,
curtains, etc.).

Passage of the Nancy-Metz motorway through the spot known as Le Chateau sous Clevant

G R O U P E DE TRAVAIL DU This article describes the planning and executing of the drainage work designed to ensure the
"CHATEAU-SOUS-CLEVANT" stability of a motorway embankment built on an unstable slope.

Preliminary studies involved a thorough hydraulic investigation and laboratory soil mechanics
studies.

The soils to which the problem of stability applies are mainly debris whose argillaceous content
derives from Toarcian (Lias) clay and whose coarse elements consist of blocks of limestone and
iron ore.

229
The debris covers a bed of fissured sandstone whose water table is under pressure; the debris is
thus the site of a particularly unfavourable seepage, which it has been possible to represent
by electrical analogy on conducting paper.

This being so, drainage was adopted as the method of increasing the stability of the slope.

A description is given of attempts at superficial drainage alone (subhorizontal drains and transverse
trenches), and experimental deep drainage in the sandstone. The system adopted, and the results
obtained, are then described.

Earth dykes

H. J O S S E A U M E This article deals with the problems which arise in designing earth dams and dykes, particu-
larly structures built with fine materials. The author examines the behaviour of earth dams at the
most critical stages of their existence:

— During and immediately after construction.

— When the pond level is at a maximum.

— After a rapid emptying of the pond.

Particular stress is laid on the mechanical role of water and on the determination of the field of
interstitial pressures in the structure, a knowledge of which is necessary in calculating stability
from effective stresses. The author refers methods of predicting interstitial pressures in the body
of the dyke during its construction. In dealing with rapid emptying, a distinction is made between
the case of non-deformable soils, in which interstitial pressures may be determined by a flow
network, and deformable soils, in which the flow created by the emptying of the pond does not
occur instantaneously.

The article is illustrated with flow networks established for various types of structures and various
conditions of foundations.

230
deutsch

Pumpversuche

M. J O S S E A U M E Der Beitrag behandelt die D u r c h f ü h r u n g und Auswertung von Pumpversuchen.

Zuerst wird an den Verlauf der Grundwasserabsenkung mit Brunnen w ä h r e n d des Pumpens
erinnert. Die klassischen Brunnengleichungen — die Dupuit'schen Formeln im Beharrungszustand
und die Theis'schen Formeln im Ü b e r g a n g s z u s t a n d — werden wieder beschrieben.

Danach werden die verschiedenen Vorarbeiten des Pumpversuches (Bohrung und A u s r ü s t u n g


des Brunnens, Einbau von Piezzometern, Probemessungen, Bestimmung der F ö r d e r m e n g e ) und
seine D u r c h f ü h r u n g (Messungen w ä h r e n d des Versuches) dargestellt.

Die h a u p t s ä c h l i c h e n praktischen Auswertungsmethoden, die auf den Theorien von Dupuit und
Theis basieren, werden untersucht und an Hand von Beispielen e r l ä u t e r t .

Der V e r s u c h v o n Lefranc

M. RAT Der Versuch von Lefranc gestattet "an Ort und Stelle" die einfache Messung der D u r c h l ä s s i g k e i t
F. LAVIRON v o
grundwasserhaltigen B ö d e n . Im allgemeinen wird er w ä h r e n d der Bohrung d u r c h g e f ü h r t .
n

J C JOREZ Dabei ist die Herstellung eines H o h l r ä u m e ^ , dessen Ausmasse bekannt sein m ü s s e n , am unteren
Ende der Bohrung notwendig. Die Verfasser beschreiben die verschiedenen Verfahren.

Man unterscheidet zwei verschiedene Versuchsarten :

— den Versuch mit konstantem Niveau: hierbei wird Wasser mit konstantem Durchfluss in den
Hohlraum injiziert (oder gepumpt). Nachdem sich der e n d g ü l t i g e Wasserspiegel eingespielt hat,
wird der Ü b e r d r u c k abgelesen. Die Auswertung ist einfach, die erreichten Ergebnisse sind gut.

— den Versuch mit V e r ä n d e r l i c h e m Niveau : w ä h r e n d einer sehr kurzen Zeit wird eine bestimmte
Wassermenge in das Bohrloch b e f ö r d e r t (oder gepumpt). Dann wird das Einspiegeln auf das
u r s p r ü n g l i c h e Niveau beobachtet. Zahlreiche Experimente haben gezeigt, dass die ü b l i c h e Auswer-
tung des Versuches nicht brauchbar ist. In der folgenden Diskussion wird eine verbesserte Aus-
wertung vorgeschlagen.

Für ein gegebenes G e l ä n d e sind zahlreiche Versuche notwendig, um einen korrekten Wert f ü r
die D u r c h l ä s s i g k e i t zu erhalten; denn der Versuch ist auf einen bestimmten Punkt begrenzt und
die Fehlerquellen sind b e t r ä c h t l i c h (Form des G e l ä n d e s ) .

Der V e r s u c h von Lugeon im Kreidegestein

A. DE RAGUENEL Der Wasserversuch von Lugeon misst, insbesondere bei Felsgestein, diejenige Wassermenge,
die unter konstanter hydrostatischer Belastung in einen Bohrabschnitt injizierbar ist. Diese Menge
steht im direkten V e r h ä l t n i s zum Grad der Rissbildung im Felsen, der Versuch veranschaulicht
also eine bestimmte "Rissdichte".

231
Es wird darauf hingewiesen, welche Vorsichtsmassnahmen bei der D u r c h f ü h r u n g dieses Versuches
getroffen werden m ü s s e n und mit welcher Sorgfalt die korrekte Auswertung a u s g e f ü h r t werden
muss. Danach werden die Versuchsergebnisse mit Kreidegestein angegeben, die an der G r ü n -
dungssohle von zwei bedeutenden Kunstbauwerken in der Normandie erreicht wurden.

Die Ergebnisse des Versuches von Lugeon und die Ergebnisse mit Druckmessern zeigen eine
interessante qualitative Ä h n l i c h k e i t , sodass die Ausbildung von starken oder diffusen Rissen
deutlich unterschieden werden kann. Die unterschiedlichen A n w e n d u n g s m ö g l i c h k e i t e n der
zwei Methoden werden jedoch b e s t ä t i g t .

S t u d i u m der in die M e s s u n g e n des Porendruckes eingreifenden faktoren

H. J O S S E A U M E Der Artikel behandelt die Porendruckmessungen in Tonboden.

Im ersten Teil wird der Einfluss der Verformungsgeschwindigkeit auf den im Verlaufe eines nicht-
d r ä n i e r t e n Triaxialversuches gemessenen Porendruck untersucht. Die Arbeiten von Bishop und
Gibson ü b e r die Antwortezeit des Messapparates, sowie ü b e r die Entwicklung der Verteilung des
Porendruckes im P r o b e k ö r p e r w ä h r e n d des Schervorganges, wurden in Erinnerung gerufen.

Die Resultate von Experimentalviersuchen auf einem normal verdichteten Schlamm und einem
ü b e r v e r d i c h t e t e n Ton, mit dem Zweck, die Schwankung des Porendruckgradienten mit der
Verformungsgeswindigkeit zu untersuchen, werden vorgelegt. Das Problem der Messung des
Porendruckes mittels P r ü f n a d e l n wird ebenfalls angeschnitten.

Der zweite Teil behandelt die piezometrischen Messungen am Platze. Nach einem R ü c k b l i c k auf
die Faktoren, von denen die Antwortezeit eines Piezometers a b h ä n g t , werden summarisch die
verschiedenen, in der Praxis verwendeten G e r ä t e beschrieben (Piezometer vom Typ Casagrande,
hydraulischer Piezometer, Piezometer mit elektrischer Messlehre oder mit Vivriersehne), und
ihre Leistungen werden untersucht.

D e r t . C . P . C . Piezometer — Versuche und Leistungen.

M. PEIGNAUD Der L.C.P.C. Piezometer ist ein hydraulischer Piezometer, der h a u p t s ä c h l i c h für die Druckmessung
in den Z w i s c h e n r ä u m e n der B ö d e n mit geringer D u r c h l ä s s i g k e i t ausgedenkt wurden. Jede Sonde
ist mit doppelten R ö h r c h e n a u s g e r ü s t e t , die die A b l a s s - u n d - F ü l l o p e r a t i o n e n erleichtern. Der
Porendruck wird mittels einem beweglichen Brett gemessen.

Nachdem er das G e r ä t beschrieben und seine Hauptmerkmale angegeben hat, referiert der Verfasser
ü b e r die auf dem Prototype a u s g e f ü h r t e n Versuche, die sich h a u p t s ä l i c h auf folgende Punkte
beziehen:

— Messung des volumetrischen Koeffizientes,

— Ansetzen der Piezometersonde,

— Verhalten des Materials beim Dienst,

— Messungstechnik,

— Antwortszeit des Piezometers in sehr plastischen Tonschichten.

Die Versuche sind im Gesamten befriedigend. Im besonderen ist die Antwortszeit des G e r ä t e s bei
einer D u r c h l ä s s i g k e i t von 10~ cm/sec gleich einer Stunde.
8

232
i

E n t w ä s s e r u n g und Absenkung von Grundwasser

M. RAT Bei vielen Bauarbeiten ist die Absenkung des Grundwasserspiegels notwendig, um einerseits
das Arbeiten im Trockenen zu e r m ö g l i c h e n und andererseits die S t a b i l i t ä t der B ö s c h u n g und der
Sohle einer Baugrube zu sichern. Im ersten Teil des Berichtes werden die zwei grundlegenden
Systeme der Wasserhaltung a u s f ü h r l i c h dargestellt: die offenen G r ä b e n und die Brunnensysteme.

Der Einfluss der I n h o m o g e n i t ä t des Bodens auf die Lage des Grundwasserspiegels wird hervor-
gehoben. Der Faktor "Zeit" wird insbesondere in Verbindung mit dem Begriff der Einzugsreichweite
untersucht, die die Dimensionierung der E n t w ä s s e r u n g s s y s t e m e e r m ö g l i c h t .

Danach werden die Probleme der Trockenhaltung einer Baugrube behandelt:

— Berechnung der F ö r d e r m e n g e der Pumpen : zwei praktische Methoden werden beschrieben :


Entwurf der Baugrube entsprechend der [Brunnenanordnung; Technischer Entwurf des Abfluss-
systems oder Entwurf mit Hilfe von elektrotechnischen Analogiesystemen ;

— Wahl des Pumpensystems: Graben, Tiefbrunnen, Filter.

Im allgemeinen ist zur S t a b i l i t ä t s s i c h e r u n g von B ö s c h u n g e n , die Grundwasser enthalten, ihre


E n t w ä s s e r u n g notwendig. Der Bericht e n t h ä l t ein Diagramm, aus dem die L ä n g e der S i c k e r f l ä c h e
einfach berechnet werden kann. Ausserdem werden die verschiedenen g e b r ä u c h l i c h e n E n t w ä s s e r -
ungsarten beschrieben: offene E n t w ä s s e r u n g s g r ä b e n , E n t w ä s s e r u n g s l e i t u n g e n und Absturz-
bauwerke.

Gespannter Grundwasserspiegel im Baugrund eines Kunstbauwerkes

H. J O S S E A U M E Die Gesamtuntersuchung der Trassierung einer Zufahrtstrasse im Gebiet von Paris ergab mehrere
J.-F. MAILLARD Besonderheiten im Untergrund, der als Baugrund eines Kunstbauwerkes vorgesehen war: unregel-
m ä s s i g e s Bodenprofil, gespannter Grundwasserspiegel in geringer Tiefe etc.
J.-J. SEVESTRE
J.-P. DUPARCQ
Aufgrund dieser Gegebenheiten erwies es sich als notwendig, die B a u w e r k s g r ü n d u n g und ihre
A. VECCHI
A u s f ü h r u n g n ä h e r zu untersuchen.Es zeigte sich insbesondere, dass infolge des gespannten
Grundwasserspiegels bei den Erdarbeiten die Gefahr eines Bruches (hydraulischen Grundbruches)
durch Hebung des Baugrundes zu erwarten war. Daher war es notwendig, den gespannten Grund-
wasserspiegel durch Brunnen mit Tauchpumpen abzusenken, um die S t a b i l i t ä t der Fundament-
baugruben zu sichern.

Der Bericht beschreibt die wesentlichen Stufen der Untersuchung. Die folgenden Punkte werden
besonders behandelt:

— Untersuchung der Grundwasserspiegel und d u r c h g e f ü h r t e Versuche (Versuche nach "Lefranc"


und Pumpversuch),

— — Berechnung der S t a b i l i t ä t einer offenen Baugrube in einer wenig d u r c h l ä s s i g e n Boden-


schicht, die unmittelbar ü b e r einem gespannten Grundwasserspiegel liegt,

— Massnahmen, die w ä h r e n d der Absenkung des Grundwasserspiegels getroffen wurden.

Bodensenkungen infolge der Vertiefungen von Grundwasserspiegeln.

H. J O S S E A U M E Bei den Erdarbeiten kommt es oft vor dass man den Grundwasserspiegel mittels einer Gruppe
von E n t w ä s s e r u n g s s t i f t e n oder mit P u n k t s c h ä c h t e n vertieft. Das senken der piezometrischen
O b e r f l ä c h e des Grundwassers kann in den Einflusszonen des Pumpens Bodensenkungen verur-
sachen und also nahe liegende G e b ä u d e b e s c h ä d i g e n .

233
Der erste Teil dieses Artikels referiert über die theoretisohe Untersuchung dieses Vorganges.

Im zweiten Teil referiert der Verfasser über die Untersuchung eines konkreten Falls: der Bau eines
Abflusssammlers benötigte das Aufbrechen eines schmalen Grabens mit einer Maximaltiefe von
4,5 Meter in ziemlich kompressiblen Böden mit Grundwasser. Während den Arbeiten wurde der
Grundwasser=Spiegel durch eine Reihe von Entwässerungsstiften vertieft. Da dieser Rohrsammler
ein Stadtgebiet durchquehren sollte, wurde das Zentral Laboratorium beauftragt, die mit dieser
Vertiefung verbundene Schadengefahr abzuschätzen.Aus einer Reihe von Messungen und
einfachen Feststellungen,-ergänzt durch einen Versuch in realer Grösse, könnte man folgern, dass
die Grundwasserspiegelvertiefung ohne Folge für die der Strassierung nahe liegende Gebäude sei.

Ein Konsolidationsversuch eines feinen Tonbodens durch Ansetzung des Vakuums.

J.-L. PAUTE Die Ansetzung des Vakuums erlaubt es, einen Boden zu konsolideiren ohne dass es notwendig ist,
ihn durch einen Damm zu belasten. Dieser Artikekbeschreibt ein Konsolidationsversuch, der die
Verbesserung einer hydraulischen Auffüllung von tonartigen Silten durch Vakuumsansetzung zum
Ziel hat. Zu diesem Zweck wurde das Material, das üblich zur Absenkung des Grundwasserspiegls
von pünktlichen Schächten aus dient, angewendet.

Dieser Versuch wurde nach zwei verschiedenen Methoden realisiert:

— von einem Schacht von 1,20 Meter Durchmesser aus,

— mittels klassischen punktlichen Schächten.

Vor der Beschreibung dieses Experiments wiederholt man die theoretischen Elemente, die diese
Depressionsübertragung zum Zwischenraumwasser beschreiben und die die Wirksamkeit des
mit dem Konsolidationskoeffizient verbundene Verfahrens zeigen.

Die Feststellungen, die festgelegt wurden (Senkungsmessungen und Zwischenraumdruck messun-


gen), befestigen die Abschätzungen die von einer Bodenstudie herausgezogen wurden, so wie die
Notwendigkeit der Verdichtung der Mündung der Dräne, damit man mit einem gewissen Material
den grössten Tiefdruck in der ganzen Dicke des behandelten Bodens erreiche.

Die Bedeutung des Wassers f ü r die S t a b i l i t ä t von S t r a s s e n b ö s c h u n g e n

G. PILOT In diesem Beitrag wird untersucht, wie Wasser in Strassenböschungen auftreten kann und welche
Entwässerungsmassnahmen durchgeführt werden, um Schäden einzuschränken.

Nach der theoretischen und praktischen Deutung der Begriffe der „kurzfristigen" und der „Lang-
fristigen" Stabilität, wird gezeigt, welche besondere Bedeutung den Wasserkräften zukommt.

Das Problem der ebenen Strömung im Beharrungszustand wird theoretisch untersucht. Dabei
wird an die wesentlichen Merkmale von Strömungsnetzen erinnert und auf die Methoden zur
Bestimmung der Netze hingewiesen.

Einige Berechnungen der Stabilität von Böschungen veranschaulichen den Einfluss des Wassers
auf den Wert des Sicherheitsfaktors. Ausserdem werden Tabellen zur sofortigen Berechnung der
Stabilität angeführt.

Zum Schluss werden die hauptsächlichen Arten von Entwässerungsanlagen beschrieben (Bös-
chungsabdeckungen, offene Gräben, Brunnen etc.).

234
Uebergang der Autobahn Nancy-Metz bei der Ortschaft "Le C h a t e a u - s o u s - C l é v a n t "

G R O U P E DE TRAVAIL DU Dieser Artikel beschreibt die Untersuchungen und die E n t w ä s s e r u n g s a r b e i t e n , die d u r c h g e f ü h r t


"CHATEAU-SOUS-CLÉVANT" wurden, um die S t a b i l i t ä t der A u t o b a h n b ö s c h u n g , die auf einem unsteten Hang gebaut wurde,
zu sichern.

Die Untersuchungen bestanden aus g r ü n d l i c h e n hydraulischen Untersuchungen sowie aus


Forschungen im Gebiet den Bodenmechanik im Laboratorium.

Die B ö d e n , die durch dieses S t a b i l i t ä t s p r o b l e m betroffen sind, bestehen h a u p t s ä c h l i c h aus einem


Schutt, dessen tonartiger Boden seinen Ursprung im Toarcanier (Lias) Ton nimmt und dessen
groben Elemente aus Kalk und E i s e n e r z b l ö c k e bestehen.

Dieser Schutt bedeckt eine rissige Sandsteinschicht, dessen Grundwasser unter Druck liegt:
in diesem Schutt findet also ein sehr s c h ä d l i c h e s Abfliessen statt, das mittels einer elektrischen
Analogie auf Leitpapier dargestellt werden konnte.

Um die S t a b i l i t ä t des Hanges zu e r h ö h e n wurden also diese Untersuchungen nach E n t w ä s s e -


rungsvorrichtungen gerichtet.

Der Artikel beschreibt die E n t w ä s s e r u n g s v e r s u c h e an der O b e r f l ä c h e allein (subhorizontale


D r ä n e und Quergraben) und die e x p é r i m e n t a l e tiefe E n t w ä s s e r u n g im Sandstein ; er referiert dann
ü b e r das angenommene System und ü b e r seine Ergebnisse.

Erddämme

H. J O S S E A U M E Die Untersuchung referiert ü b e r Fragen, die gestellt werden beim Entwurf der E r d d ä m m e und
E r d s t a u d ä m m e , die aus feinen Bauststoffen gebaut werden. Man untersucht das Verhalten der
E r d d ä m m e in den kritischen Phasen ihres Lebens:

— w ä h r e n d dem Aufbauen oder am Ende des Aufbauens,

— wenn das gestaute Wasser am h ö c h s t e n liegt,

— nach einer raschen Entleerung der Stauung.

Man bezeichnet besonders die mechanische Rolle des Wassers bei der Bestimmung des Zwischen-
raumdruckfeldes des Werkes, dessen Kenntnis notwendig ist zur Ausrechnung der S t a b i l i t ä t nach
den effektiven Spannungen. Im besonderen wiederholt man die Voraussehungsmethoden des
Zwischenraumdruckes, der sich im D a m m k ö r p e r w ä h r e n d seinem Bauen entwickelt.

Andererseits trennt man im Fall einer raschen Entleerung den Fall der nichtverformbaren B ö d e n ,
in welchem die Z w i s c h e n r a u m d r ü c k e durch ein Auslaufnetz bestimmt werden k ö n n e n , vom
Fall der verformbaren B ö d e n , in welchem das Ausfliessen, das vom Entleeren verursacht wird,
nicht augenblicklich eintritt. Ausserdem ist dieser Artikel durch Auslaufnetze f ü r verschiedene
Bautypen und verschiedene Fundamentbedingungen illustriert.

235
español

Ensayo del modo de p o m p a r

M. J O S S E A U M E El a r t í c u l o trata de la r e a l i z a c i ó n y de la i n t e r p r e t a c i ó n de las pruebas de e l e v a c i ó n de agua con una


pompa.

Ante todo dase un repaso al mecanismo utilizado para el descenso de una vena de agua alrededor
de un pozo, mientras se pompa; asi como a las formulas c l á s i c a s de los pozos: f ó r m u l a s de Dupuit
en r é g i m e n permanente, f ó r m u l a s de Theis en r é g i m e n transitorio.

D e s c r i b é n s e luego las diferentes fases de la p r e p a r a c i ó n del ensayo del modo de pompar


(soude y equipo de un pozo, i m p l a n t a c i ó n de p i e z ó m e t r o s ; mediciones preliminares, e l e c c i ó n de
caudales) y d e s p u é s su r e a l i z a c i ó n (mediciones durante el ensayo).

Los principales m é t o d o s p r á c t i c o s de i n t e r p r e t a c i ó n basados sobre las t e o r í a s de Dupuit y de


Thies se estudian igualmente. Las partes que tratan de la i n t e r p r e t a c i ó n de las pruebas e s t á n
[lustradas con ejemplos.

El experimento Lefranc

M. RAT El experimento Lefranc es un ensayo sencillo que permite medir "in situ" el coeficiente de permea-
F. LAVI RON bilidad de los suelos que contienen una vena de agua. Esta generalmente ejecutado durante su
h o r a d a c i ó n . Necesita la r e a l i z a c i ó n de una cavidad al fondo de la p e r f o r a c i ó n : los autores describen
J.-C. JOREZ
diferentes procedimientos.

Se distinguen dos tipos de ensayos :

— en ensayo a nivel constante: se inyecta o se pompa, con un suministro constante, de agua dentro
de la cavidad. D e s p u é s de la e s t a b i l i z a c i ó n del nivel, se anota la sobrecarga. La i n t e r p r e t a c i ó n es
sencilla, los resultados obtenidos son buenos;

— en ensayo a nivel variable : se vierte o se pompa durante corto tiempo un cierto volumen de
agua en el sondeo, luego se prosigue la vuelta al nivel inicial.

Numerosas experiencias, han demostrado que la i n t e r p r e t a c i ó n habitual de los ensayos no era


valedera. En la d i s c u s i ó n que sigue a lo expuesto, se sugiere una i n t e r p r e t a c i ó n mas v á l i d a .

En un lugarya conocido, son necesarios numerosos ensayos para dar un valor correcto del
coeficiente de permeabilidad porque el ensayo es puntual y las causas de los errores importantes
( m o d i f i c a c i ó n del terreno).

La prueba lugeon en la caliza

A. DE R A G U E N E L En ensayo de agua Lugeon mide, sobre todo en un macizo rocoso la cantitad de agua que puede
inyectarse en una zona de sondeo bajo una carga h i d r o s t á t i c a constante. Esta cantidad está
relacionada directamente con el grado de f i s u r a c i ó n de la roca : el ensayo traduce pues una cierta
densidad de fisuras.

Tras recordar las precauciones que son necesarias para realizar e interpretar correctamente este
ensayo; se dan los resultados obtenidos sobre el substrato de caliza que constituye el horizonte de
los cimientos de dos obras importantes de Normandia.

236
Los resultados del ensayo Lugeon y los del ensayo presiométrico indican una similitud cualitativa
interesante que pone bien de relieve la geometría de las fisuras anchas o difusas. El ámbito de
aplicación de los dos métodos parece ser sin embargo diferente.

Estudio de los factores que intervienen en las mediciones de p r e s i ó n intersticial

H. J O S S E A U M E El articulo concierne a las mediciones de presión intersticial en los suelos arcillosos.

En la primera parte se estudia la influencia de la velocidad de deformación, sobre la presión intersti-


cial medida durante un ensayo triaxial no drenado. Se repasan los trabajos de Bishop y de Gibson,
conciernientes al tiempo de réplica del aparato de medida asi, como a la evolución de la distribución
de la pressión intersticial en la probeta durante la fase de corte.

Se presentan los resultados de un estudio experimental efectuado sobre un cieno normalmente


consolidado y sobre una arcilla subconsolidada, con el fin de estudiar la variación del gradiante
de presión intersticial en función de la velocidad de deformación. El problema de la medición de la
presión intersticial mediante agujas ha sido igualmente abordado.

La segunda parte trata de las medidas piezometricas en los suelos in situ. Tras una evocación de
los factores de los cuales depende el tiempo de replica de un piezometro, se describen escuetamente
los principales aparatos utilizados en la práctica (piezometro tipo casagrande, piezometro hidráulico,
— — piezometro con calibre eléctrico o con cuerda vibrante) y se estudian sus posibilidades.

El piezometro L.P.C. — Ensayos y posibilidades

M . PEIGNAUD El piezometro L.P.C. es un piezometro hidráulico concebido principalmente para las mediciones de
presión intersticial en los suelos de poca permeabilidad ; cada sonda piezométrica se halla equipada
con una tubería doble que facilita las operaciones de purga y de llenado del circuito de medición.
La presión intersticial es medida gracias a un aparato amovible.

Tras haber describo el aparato e indicado sus principales características; el autor da cuenta de los
ensayos efectuados con el prototipo; dichos ensayos han sido efectuados principalmente sobre
los puntos siguientes:

— medición del coeficiente volumétrico,

— colocación de la sonda piezométrica,

— tiempo de respuesta del piezometro en formaciones de arcilla muy plástica,

— técnica de medición.

Los ensayos han sido generalmente satisfactorios, particularmente el tiempo de respuesta del
8
aparato es casi de ur|a hora en la arcilla de permeabilidad k : 10" cm/s.

Drenaje y descenso las capas de agua.

M . RAT En numerosas obras, es necesario hacer descender la capa de agua ya sea para permitir el trabajo
en seco ya sea para asegurar la estabilidad de una pendiente o del fondo de una excavación.
Estudiase en una primera parte, de un modo detallado, los dos sistemas fundamentales del
drenaje: las trincheras y los grupos de pozos.

237
Subráyase la influencia de la anisotropia de los terrenos sobre la posición de la superficie de la
capa. Obsérvase el factor tiempo relacionándolo con la noción de radio de acción, lo cual permite
el dimensionar las redes drenantes.

Pásase luego a los problemas relacionados con el secado de una excavación :

— evaluación del caudal que se ha de pompar : dánse dos métodos prácticos : asimilación de la
excavación de un pozo; trazado por cálculo o por analogía eléctrica de la red de la corriente

— elección del sistema para pompar : foso, pozos profundos, puntas filtrantes.

El drenaje de los taludes que contienen una vena, es por lo general necesario para asegurar su
estabilidad.

Dase un gráfico que permite evaluar simplemente la largura de la zona en donde rezuma el agua.
Se describen luego, los varios tipos de drenaje empleados habitualmente : trincheras drenantes,
drenes horizontales y espuelas drenantes.

Capa de agua bajo carga en un terreno de c i m e n t a c i ó n de una obra de f á b r i c a

H. J O S S E A U M E El estudio general del trazado de una via de comunicación de la región parisiense puso en evidencia
J.-F. MAILLARD varias anomalías del subsuelo, en el sitio previsto para la obra'de fábrica : perfil irregular de las
capas, presencia de una capa de agua bajo carga y a poca profundidad etc.
J . - J . SEVESTRE
J.-P. D U P A R C Q
Debido a ello, fue necesario proceder a un profundo estudio de las cimentaciones de la obra y
A. VECCHI
de las condiciones de su ejecución.

Dicho estudio ha indicado, en particular, que la capa bajo carga peligraba provocar la ruptura,
mediante un levantamiento, del terreno de cimentación durante las obras de explanación (ruptura
por "zorro"). Asi pues, y con el fin de asegurar la estabilidad de las excavaciones de la fundación,
fue necesario rebajar la vena mediante pozos equipados con bombas sumergidas.

El artículo da cuenta de las principales fases del estudio insistiendo sobre los puntos siguientes :

— estudio de venas y ensayos de agua efectuados (ensayo Lefranc y ensayo para pompar),

— cálculo de las estabilidad de la excavación abierta en una formación poco permeable que
constituye el techo de la vena bajo carga,
— disposiciones tomadas durante el descenso de la vena efectuado durante las obras.

Asentamientos debidos al descenso de las capas de agua

H. J O S S E A U M E Durante la ejecución de las obras de explanación, se debe a menudo hacer descender el nivel de las
capas de agua mediante un grupo de puntas filtrantes o de pozos puntuales. El bajón de superficie
piezométrica de la capa de agua puede, en ciertos casos, provocar asentamientos en la zona de
influencia en donde se pompa, y deteriorar por consiguiente las construcciones que han sido
implantas en ella. La primera parte del artículo esta consagrada al estudio teórico de díchofenómeno.

En la segunda parte, el autor expone el estudio de la construcción de un colector de cloaca que


necesitaba la abertura de una zanja de poca anchura y de una profundidad máxima de 4,5 metros,
en suelos relativamente compresibles que poseían capas freáticas. Durante las obras, se descendía
la capa mediante una linea de puntas filtrantes. Como el colector tenía que atravesar una zona
urbana, el Laboratorio Central de Caminos y Puentes fue encargado de apreciar los riesgos y
desórdenes relacionados con el descenso de la vena de agua. Una serie de mediciones y de
comprobaciones sencillas completadas por un ensayo en tamaño natural, han permitido concluir
que el hecho de hacer descender la vena de agua no tendría ningún efecto sobre los edificios
situados a proximidad.

238
Una experiencia de c o n s o l i d a c i ó n de un suelo arcilloso f i n o por a p l i c a c i ó n de v a c i o

J.-L PAUTE La a p l i c a c i ó n de vacio permite consolidar un suelo blando sin que sea necesario sobrecargarlo
con un t e r r a p l é n . El a r t í c u l o relata una experiencia de c o n s o l i d a c i ó n bajo vacio, siendo vu objetivo
mejorar un t e r r a p l é n h i d r á u l i c o constituido por un silto arcilloso. Se ha empleado a dicho efecto,
el material utilizado habitualmente para descender el nivel de una capa de agua a partir de pozos
puntuales.

Esta experiencia ha sido realizada s e g ú n dos m é t o d o s :

— a partir de pozos de 1,20 m de d i á m e t r o

— con la ayuda de pozos puntuales c l á s i c o s .

Precede la d e s c r i p c i ó n de la experiencia, un relato de los elementos t e ó r i c o s que indican el modo


en que se transmite la d e p r e s i ó n al agua intersticial y que muestran que la eficacidad del procedi-
miento esta ligada al coeficiente de c o n s o l i d a c i ó n del suelo.

Las comprobaciones efectuadas (mediciones de los asentamientosy d é l a s presiones intersticiales)


confirman las evaluaciones hechas a partir de un estudio del suelo, asi como la necesidad de tapo-
nar el orificio de los drenes para obtener, con cierto material la d e p r e s i ó n m á x i m a sobre todo el
espesor del suelo tratado.

Papel d e s e m p e ñ a d o por el agua en la estabilidad de los taludes de carretera

G. PILOT Se examina en este a r t í c u l o , la incidencia de la presencia del agua en los taludes de carreteras
asi como los medios de drenaje instalados para limitar los d e s ó r d e n e s .

D e s p u é s de haber explicitado, las nociones de estabilidad a "corto plazo", sobre el plan t e ó r i c o


y sobre el plan p r á c t i c o , se demuestra que las fuerzas debidas al agua tienen una gran importancia.

El problema de la corriente de agua es examinado bajo el plan t e ó r i c o l i m i t á n d o l o al r é g i m e n perma-


nente de dos dimensiones y repasando las propiedades esenciales de las redes de corrientes cuyos
m é t o d o s de d e t e r m i n a c i ó n son evocados.

Algunos c á l c u l o s de estabilidad de los taludes ilustran el papel que el agua d e s e m p e ñ a en el valor


del coeficiente de seguridad. Se menciona igualmente los abacos que permiten el c á l c u l o immedia-
to de la estabilidad.

Por fin, describense los principales tipos de obras drenantes (mascaras, trincheras, pozos etc.).

Travesía de la autopista N a n c y - M e t z en el lugar d e n o m i n a d o " L e C h a t e a u sous Clevant"

G R O U P E DE TRAVAIL DU Este a r t í c u l o describe los estudios y obras de drenaje ejecutados para asegurar la estabilidad
"CHATEAU-SOUS-CLÉVANT" de un t e r r a p l é n de autopista construido sobre una vertiente instable.

Los estudios han consistido en una profunda i n v e s t i g a c i ó n h i d r á u l i c a y estudios en el laboratorio


de m e c á n i c a de suelos.

Los suelos, a los que concierne el problema de estabilidad son esencialmente desprendimientos
cuya materia arcillosa proviene de la arcilla del toarciano (Lias) y cuyos elementos groseros e s t á n
constituidos por bloques c a l c á r e o s y mineral de hierro.

239
Los desprendimientos recubren un banco de gres fisurado cuyo f i l ó n se halla b a j o » c a r g a : los
desprendimientos son asi la sede de un derrame particularmente desfavorable que ha podido ser
representado por u ñ a a n a l o g í a eléctrica sobre papel conductor.

Asi pues los estudios de los dispositivos que aumentan la estabilidad de la pendiente han sido
orientados hacia el drenaje.

El a r t í c u l o describe las tentativas de drenaje superficial solo (drenes subhorizontales y trincheras


transversales) y el drenaje profundo experimental en el gres; presenta luego el sistema adoptado
y los resultados obtenidos.

Diques de tierra

H. J O S S E A U M E El estudio trata de los problemas planteados por el estudio de los diques y presas de tierra y muy
especialmente de las obras construidas a partir de materiales finos. Se estudia el comportamiento
de las presas de tierra en los momentos mas críticos de su historia :

— durante la c o n s t r u c c i ó n o al final de la c o n s t r u c c i ó n

— cuando el agua retenida alcanza su nivel m á x i m o

— tras una evacuación rápida del agua retenida.

Se insiste particularmente sobre la m e c á n i c a del agua y sobre la d e t e r m i n a c i ó n del campo de


a c c i ó n de las presiones intersticiales en la obra, cuyo conocimiento es necesario para los c á l c u l o s
de estabilidad a partir de las presiones efectivas. Se recuerdan particularmente, los m é t o d o s de
p r e v i s i ó n de las presiones intersticiales que se desarrollan en el cuerpo de los diques durante
su c o n s t r u c c i ó n .

Por otra parte, para el estudio de un vaciado r á p i d o ; se diferencia el caso de los suelos indeforma-
bles, donde las presiones intersticiales pueden ser determinadas por una red de derrame, del de
los suelos deformables en los cuales el derrame creado por el vaciado del agua retenida no se
establece i n s t a n t á n e a m e n t e . El a r t í c u l o esta ademas ilustrado por las redes de derrame estable-
-— — cidas para diversos tipos de obras y distintas condiciones de cimentacions.

240
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F. LAVI RON (JnwibTpauHH B O H O H O C H W X r p y H T O B . O H O 6 H K H OB eHH O npoBOHHTCH BO B p e M H S y p e H H H .
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HHH noKa3ajiH, w o oßbmHO npHHHTan H H T e p n p e T a u H H TaKoro onbiTa HenpnroaHa.
B znicKycciiH, KOTOpan noMeuieHa B KOHue noKJiaßa npesJiomeHa Sojiee n o g -
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A. DE R A G U E N E L B o n b i T a x n o J I I O S K O H V H 3 M e p H e T C H , npeAno^THTeJibHo B CKaJibHOM MaccHBe, p a c x o a


BOJÍbl, KOTOpyH) MOWHO HaKaiaTb B iaCTb
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SypOBOH CKBaHCHHbl n p H nOCTOHHHOM
THHpocTaTHHecKOM n a B J i e H H H . 3TOT p a c x o n HenocpencTBeHHO cBH3aH c o cTeneHbio
TpeuiHHOBaTOCTH n o p o H b i : onbiT uaeT n p e j i c T a B J i e H H e o H e K o ñ „ I M O T H O C T H " TpeiuHH..
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241
nojiyneHH H a MejioBoñ, nojicrajraioiJieH nopojje, cjiymauieii OCHOBRHHCM fmyx
KpynHbix coopyjKeHHíi BHopMaHHHH.

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lecuyio KapTHHy TpeinHH urapoKnx H J I H pacceHHHbix. O ô J i a c T H npHiweHeHHH STLIX
A B y x MeTOHOB T e M H e M e H e e p a 3 H h i e .

HeejieHOBaHHe (|)ai;Topon B.iiiinoiuiix H a H3MepeHHe nopoBoro saBJieHHH

H. J O S S E A U M E C T a T t a KacaeTCH H3MepeHHft n o p o B o r o jiaBJieHHH B T J I H H H C T M X rpyHTax.

B nepBOH q a c T H H c c j i e n y e T C H B J I H H H H C C K o p o c r a HedpopMaqHH H a n o p o B o e n a B J i e H H e n p n
H 3 M e p e H H H BO B p e M H H c n b i T H H H H H a TpexocHoe O K a r a e 6e3 a p e H a > K a . Y n o M H H a i O T C H
p a ö o T H B H i u o n ' a H r n ß c o H ' a o B p e M e H H c p a ô a T b i B a H H H H3MepHTejibH0H ycraHOBKH
H 06 S B O J U O I I H H pacnpejj,ejieHHH n o p o B o r o n a B j i e H H H n o o6pa3iry B n p o n e c c e c a B H r a .

JXa.nu p e 3 y j i b T a T b i 3 H c n e p n M e H T a . n b H o r o Hccjie^OBaHUH, K O T o p o e S b J i o n p o B e n e H O
Hag H o p M a j i b H O y n j i O T H e H H b i M HJiOM H cBopxynjiOTHeHHOH r j i H H o t l , c n e j i b i o
H3yneHHH B J I H H H H H CKopocTH jTef{)opManHH Ha H3MeHeHHe r p a í i H e H T a nopoBoro
H a B j i e H H H . P a c c M a T p H B a e T C H T a K m e Bonpoc n3MepeHHH nopoBoro j i a B j i e H H H n p n
noMouiH n r j i .

B o B T O p o ñ n a c T H p e n b HjieT o n b e 3 0 M e T p H i e c K H x H c n b i T a H H H X rpyHTOB B H a T y p H b i x
y c j i o B H H x . ITocJie nepenHCJieHHH chaKTopoB, OT K O T o p u x 3aBHCHT B p e M H c p a ô a T w -
B a H H H n b e 3 0 M e T p o B , gaHO K p a T K o e onncaHHe O C H O B H M X ycTaHOBOK, K O T o p b i M H
nojib3yioTCH Ha n p a K T H K e (nbe30MeTp rana Ka3arpaHjie, rnjipaBjiHHecKitií
nbe30MeTp, 3JleKTpHHeCKHÍt HJIH CTpyHHUH nbe30MeTp), H paCCMOTpeHbl HX B 0 3 -
—— — MOHÎHOCTH .

JLThe30MeTp JI. II. Ca. — H c n b i T a H H H H paSonne xapaKTepncraKH

M. PEIGNAUD ITbe30MeTp J I . n . Ca ( J T a ö o p a T o p H f t MOCTOB H flopor) raflpaBjiHiecKOro Tima, 6HJI


B ocHOBHOM C K O H C T p y n p o B a H fljiH H 3 M e p e H H H n o p o B o r o H a B J l e H H H B c J i a ô o r j i H J i b T p y -
HDIUHX r p y m a x . K a J K H b i i i nbe3og;aTHHK CHaôiKeH H B O H H H M T y ô y c o M , KOTopHH
o ö J i e r n a e T n p u u e c c B03nyxoy3;ajieHHH H 3anojiHeHHH H 3 M e p H T e j i h H o ñ nenn. I l o p o B o e
HaBjieHHe 3 a M e p a e T C H n p n n o M o m a c B e M H o r o H3iwepHTejibHui o i i n i T a .

riocjie o n H c a H H H n p n ô o p a H e r o O C H O B H W X p a ô o q n x x a p a K T e p H C T H K a B T o p jiaer
OTTCT, npoBejieHHbix H a npoTOTHne H c n b i T a H H i i , K O T o p u e B OCHOBHOM KacajiHCb
cjiejiyiomHX BonpocoB:

— 3aiwepa o6T>eMHoro K03<j)<|>HHHeHTa,

— ycTâHOBKK n b e 3 0 H a T m i K a H a p a ß o i e M MecTe,

— noBeneHHH n p n ß o p a B p a ß o T e ,

TeXHOJIOTHH H3IViepeHHH,

— BpeMeHH c p a ô a T H B a H H H m>e30MeTpa B ramiHCTbix, onem. n j i a c T H H H M x n o p o n a x .

H c n b l T a H H H B OÔIHeM 0 K a 3 a j I H C b ynoBJieTBopHTejibHbiMH.

B n a c T H o c T H B p e M H c p a ô â T b i B a H H H n p i i ö o p a npHMepHo paBHO OHHOMy q a c y B rjiHHe


8
. _ C K03(j)rj)HnHeHT0M fjJHJIbTpaUHH p â B H b l M 1 0 " CM/CeK.

242
, Ipciia.i; H HOHHHteHHe y p o s i m rpyHTOBWx Boa

M. RAT ripn npoH3Boj;cTBe MHOTHX paôoT noHHweHHe ypoBHH rpyHTOBbix BOJX HeooxojniMO
HJIH jiJiH Toro, MTOÔM noaBOJiHTb paöoTaTb Bcyxyio, HJIH JT,JIH oßecneqeHHH ycToít-
TOBOCTH TO-JIH O T K O C a , TO-JIH H H E KOTJIOBâHâ.

B nepBoft nacra CTaTbH nonpoÖHO H3y*iaiOTCH flBe o c H O B H b i e CHCTeMbi n p e H H p o B a H H H :


TpaHiuen H rpynnbi KOJiojrrreB. IloHiepKHBaeTCH BJIHHHHC aHH30TponHH rpyHTOB Ha
ypOBeHb 3epKajIbHbIX BOJI. YTOTHBaeTCH (JtaKTOp BpeMeHH B CBH3H C nOHHTHeM
pajniyca neficTBHH, K O T o p u ì i no3BOjmeT onpe,n,ejiHTb pa3Mepbi jxpeHHpyromeii CCTH.

PaccMaTpHBaMTCH Bonpocw, CBH3aHHwe c ocytueHHeM KOTJioBaHa:

— oueHKa pacxona BOJHJ, KOTopan nofljieîKHT ontanne; npejLiioîKeHbi nBa npaKra-


MecKHX MeTC-na: npnpaBHHBaHHe K O T J I O B S H H K KOjiojruy; onpeaeneHMe c e r a cTona
pacneTOM HJIH BJICHTPHTCCKOH aHajioraeií;

— Bbiôop CHCTeMbi OTKaHKH: ycTpoHCTBO p B a ,r j i y ô o K o r o KOJioaua, HrjiodpnjibTpoB.

B cJiyqae HajiHHHH BOHOHOCHOTO CJIOH B CKJioHe HJIH oßecneneHHH ycToiÍHHBOCTH


oôbiHHO HeoöxoHHM apeHaw.

JX&K rpadpHK, KOTopbift no3BOJineT o^eHb npocTO onpenejiHTb HJiHHy 30Hbi npoca-
MHBaHHH. 3aTeM jjaHo onwcaHHe p a 3 J i n w x cncTeivi npeHiipoBaHHH, KOTOPHMH
oôbiKHOBeHHO noJib3yiOTCH: npeHHpyioiHHe TpaHiuen, n o n ™ ropH30HTajibHbie H
innopoBHjiHbie npeHbi.

BoaoHanopHfaili CJIOH B ocnoiianiiir HHasencpHoro coopyaeeHHH

H. JOSSEAUME O ô m e e HccjieaoBaHHe T p a c c b i oßcjiyjKHBaromeü fioporH B napHHîCKOM p a i i o H e BHHBHJIO


HecKOJibKo aHOMajiHH ocHOBaHHH H a M e c T e , r a e iiJiaHHpoBajiacb n o c T p o l i K a H H > K e H e p -
J.-F. MAILLARD
Horo coopyweHHH: He peryjiepHbiii npoâpnjib cjioeB, Hajranne BOjroHanopHoro CJIOH
J.-J. SEVESTRE
Ha HeßojibLUOH rjiyÖHHe H T.JT,.
J.-P. DUPARCQ

A. VECCHI TeM caMHM OKa3anocb Heo6xoji,HMbiM npoBecra aeTajiMioe HccJieHOBaHHe ocHOBaHHH


3TOTO c o o p y w e H H H H ycjiOBHH CTpoHTejibCTBa. HccJieîroBaHHe noKa3ajio B qacTHOCTH,
'ITO BOjiOHanopHbiH CJIOH yrpoîKaji Bbi3BaTb aßapnio BbmyraBaHHeM nopoHM OCHO-
BaHHH BO B p e i v i H 3eMJiHHbix paßoT (pa3pyuieHHe cy<J)<i)O30eH). IToTOMy HJIH oôecne-
HeHHH yCTOHHHBOCTH KOTJIOBaHa B OCHOBaHHH nOHaauÔHJIOCb nOHH3HTb ypoBeHb
rpyHTOBbix HanopHbix BOJI n p w nonomn HacocoB, norpyweHHbix B Boay ycTpoeHHbix
KOJIOfllleB.

B CTaTbe « a n oT^eT 06 O C H O B H H X STanax npoBejieHHoro HccJieîiOBaHHH, o6pamaH


ocoôoe BHHMâHHe H a cJieayiOLLiHe Bonpocbi:

— H3yneHHe BOAOHanopHbix cjioeB H HcnbiTaHHH, npoBO/niMbie HJIH onpefiejieHHH


BOHHoro p e w i i M a (onbiTbi Jlei})paH H OTKaHKa),

— pac^eT ycTOHHHBocTH OTKpbiTofi Bbipa6oTKn B MajionpoHHuaeMOH dpopMauHH,


jieHîameft B KpoBJin BojioHanopHoro CJIOH,

— iviepbi, npHHHTbie BO BpeMH noHHJKeHHH ypoBHfi BOUM npii npoii3BOÄCTBe paôoT.

Oeajjmi BuanaHHbie iiomiiHPHiieiu ypoBHn rpyHTOBbix BOJJ

H. J O S S E A U M E FIpH npon3B03,CTBe 3eMJiHHHbix pa6oT, 4acT0 npnxonHTCH noHHJKaTb ypoBeHb


rpyHTOBbix BOA; n p H noMomii CHCTeMbi HrjiocbiiJibTpoB HJIH ToneTObix KOJiojnieB.

243
rioHHíKeHHe n b e a o i v i e T p H H e c K O H n o B e p x H O C T H BOAOHocHoro CJIOH siostei B HeKOTopbix
c j i y i a n x npHBecTH K o c a H K a M B 30He B J I H H H H H O T C o c a H B C B H 3 H H S T H M Bbi3BaTb
noBpejKfleHHe ywe nocTpoeHHbix TaM coopyweHHH.

i
ITepBaH nacTb c T a T b H nocBHmeHa TeopeTH iecKOMy HccjieHOBaHHio SToro H B J i e H H H .

B o B T o p o ä n a c T H CTaTbH H a H OTHÖT HccjiejíOBaHHH K O H K p e T H o r o e n v í a n : HJIH C T p O H -


TejibCTBa KaHajiH3ai;HOHHoro KOJijieKTopa TpeSoBajiocb npopbiTb Heninponyio
TpaHiuero, MaKCHMajibHOíi rjiyßHHbi B 4,5 M B cpaBHHTejibHO M H I - K H X r p y H T a x n p n
HajIHHHH rpyHTOBblX BOJI. B o BpeMH npOH3BOJJCTBa p a ö o T y p o B e H b rpyHTOBbix BOH
Sbiji n o H H H t e H npH n o M O i u i i JIHHHII Hrjior|)HjibTpoB. ITocKOjibKO KOJiJieKTop npoxojniji
B ropogcKOH 3 0 H e I l e H T p a J i b H o í í J l a ß o p a T o p H H A B T O M O C T O B H flopor 6HJIO nopyneHO
BbiHCHHTb onacHOCTb H a p y u i e H H H y c T O H M H B o c T H , B b i 3 B a H H o r o n o H H í K e H H e i v i 3 e p K a J i a
rpyiITOBHX BOH.

P H H 3aMepoB H npocTbix Ha6jnoaeHHii, nocjie KOTopbix 6 H J I npoBejieH onbiT B


H a T y p H b l X yCJIOBHHX n03BOJIHJIH 3aKJIK>WTb, HTO n O H H H i e H H e ypoBHH rpyHTOBbix BOH
H e OKa>KeT H H K a K O r O BJIHHHHH H a C T p O e H H H , KOTOpbie HaXOHHTCH n 0 Ô J I H 3 0 C T H OT
Tpaccbi.

OnbiT BaKyyMHoro ynjioTHeHHH anenepcHoro rjiHHHCToro rpyHTa

J.-L. PAUTE ripHMeHeHiie B a n y y M a n o 3 B O J i n e T y n j i o T H H T b M H r K H e r p y H T b i 6e3 H C O Ö X O H H M O C T H


HarpyjKaTb H X H a c w n b i o . ,H,aHo onncaHHe o n b i T a B a K y y M H o r o ynjioTHeHHH, uejib
K O T o p o r o SbiJia ynyraiHTb HaivibiTyio Hacbinb H3 rjiHHHCToñ c y n e c H . JJ,na 3TOÍÍ nenn
H c n o j i b 3 0 B a H O 6bijio o ö o p y a o B a H i i e , K O T o p o e o6biHHO npnivieHHeTCH HJIH n o H H m e H H H
y p o B H H r p y H T O B b l X BOH B S y p o B b i x C K B a j K H H a X .

OnbiT 6bHi npoBejjeH HByMH MeTonaiviH:

— n p n noMOiUH KOJiOHueB HHaiueTpoM B 1,20 M;

n p H nOMÓIUH K J i a C C H H e C K H X , TOHeHHblX CKBaíKHH.

JXo 0 Ü H C 3 H H H OnbITa npHBOHHTCH T e O p e T H i e C K H e OCHOBbl, KOTOpbie n O K a 3 H B a K ) T K 3 K


BaKyyM nepejjaeTCH Ha nopoByio BOíiy H KOTopbie B H H B J I H I O T saBHCHMOCTb 3(|)(peKTHB-
HocTH 3Toro c n o c o ô a OT K03(|><j)HHHeHTa KOHcojiHjiauiiH r p y H T a .

I I p o B e s e H H b i e Ha6jiK>,neHHfl ( H 3 M e p e H n e o c a n o K H n o p o B b i x n a B j i e H H Í í ) n o í r r B e p w i i a i o T
o u e H K y , K O T O p a H Ö H J i a cAejiaHa H a o c H O B a H i i H Hccjien,OBaHHH r p y H T a , a T a i O K e H
HeoôxoHiiMOCTb 3 a a e j i K H BbixoHOB ï t p e H O B , HTOÔM n p n n o M o m H n a H H o r o o ß o p y a o -
B a H H H n o j i y i i i T b MaKCHiviajibHoe pa3pe>KeHHe no B c e ñ o6pa6aTbmaeMOH TOJime
;
rpyHTa.

Pojlb BO^bl B yCTOÍtHHBOCTII aBTOMOSHJIbHO-^OpOÍKHblX OTKOCOB

G. PILOT P a c c M a T p i i B a K e T C H BJiHHHHe BOHW B nopo)KHbix o T K o c a x H n p H H H T b i e M e p b i n p e H H p o -


B a H H H HJIH n p e H O T B p a m e H H H H a p y i l i e H H H yCTOfi^HBOCTH.

P a c K p b i B noHHTHH ycTofmHBocTH , , K p a i j . o c p o i H o ñ " H , , f l o j i r o c p o H H o f i " c TeopeTH-


H e c K o i l H n p a K T H i e c K o í i TOien 3 p e H H H , noKa3aHO, HTO C H J I H cBH3aHHbie c H a j i n ^ n e M
BOHbi HMeioT orpoMHoe 3Ha*ieHHe.

Bonpoc BoaocTOKa paccMOTpeH TeopeTimecnH, orpaHHHHBaHCb ycTaHOBHBiiiHMCH


njiocKHMp e j K H M O M ; npHBeAeHbi o c H O B H b i e C B o i í c T B a B o n o c j i H B H b i x c e T e f t c y n o M H -
HaHHCM o MeTOHax H X onpenejieHHH.

244
HecKOJibKO pacMeTOB YCTOH^HBOCTH OTKOCOB HJUirocTpapyioT BJIHHHHC BOHH Ha
üHa^eHHe K03u)rbHii,HeHTa 3 a n a c a npoMHocTH. ynoMHHVTO Tarane o HOMOrpaMiviax,
K O T o p w e no.3BOJiHK)T H e n o c T p e g c T B e H H O npoBonHTb p a c i e T ycTofi'iMBOCTH.

B KOHue CTaTbH aaHO onwcaHHe OCHOBHMX apenawHbix ycTpoíicTB (noKpwTHH,


TpaHIlieH, KOJIOmibl M T . H . ) .

Ilepexojj a B T O M a r H e T p a j i H HaHCii-Meu, ncpea MCCTCHKO ,,JIe HlaTO-cy-KjieBaH"

GROUPE DE TRAVAIL DU B CTaTbe aaHO ormcamie nccJiej;oBaHHH H apeHaîKHbix paôoT, npoBeaeHHbix


"CHATEAU-SOUS-CLÉVANT" RJIH oôecueneHiiH ycTOHMHBOCTH aBTOMarHCTpajibHoft nacunn, ycTpoeHHOH Ha
HeycToliqHBOM cKJioHe.

HccjienoBaHHH sanjnoqajiHCb B n p o B e n e n H H yrjiySjieHHoft riiflpaBJiimecKOH pa3BeAKH


H B j i a ô o p a T o p H O M H3yneHHH MexaHimecKHX CBOÍÍCTB r p y H T O B .

Bonpoc y c T O H H i i B O C T H B OCHOBHOM K a c a j i c H r p y H T O B o c b i n H b i x c r J i H H a M H ToapcKoro


« p y c a (JlHac) H C KpynHO pa3MepHbIMH H3BeCTHHK0BbIMH ÔJIOKaMH, CMeiUaHHblMH
c >Kejie3Hoil pyaoH.

Ocbinb j i e î K H T n a njiacTe T p e i U H H O B a T o r o n e c n a H i i K a c H a n o p u o i i r p y H T O B o i ï B0301Ì:


B nopojiax ocbinn npoiicxoHHT TaKiiM oSpasoiu o c o ô e i i H O HeÔJiaronpHHTHan rbHJib-
Tpau,HH Boabi, KOTopyio yaajiocb CMOHejnipoBaTb npn noMomn sjieKTpimecKofl
aHajiorHH Ha a j i e K T p o n p o B o j i f l m e H 6y¡viare.

HccjieAOBaHHe ivieponpHHTHH, noBbiuiaiomHx ycToiwHBocTb OTKOca ôbijio nooTOMy


HanpaBjieHo H a npHMeHeHiie npeHajKa.

B CTaTbe aaHO onwcaHHe n o n u T K H noBepxHocTHoro apeHnpoBaHHH (cy6ropH30HTa-


jibHhie HpeHbi H nonepe^Hbie TpaHiuen) 11 o n b i T H o r o rjiyÔHHHoro HpeHnpoBamin B
necnaHHKe; 3aTew j i a H O onncamie npHHHTOro KOHCTpyKTHBHoro peuienHH H noJiy-
qeHHbix pe3yjibTaTOB.

3anpyfu»i H ÍHWI.DUU.IO I U I O T I I H M

H. J O S S E A U M E B CTaTbe paccmaTpHBaiOTCH Bonpocbi, cBH3aHHbie c HccjieaoBaHHeiu 3eMJiHHbix


nepeMbineK H njioTHH, B ocoöeHHOCTH KOHCTpyh'niiii H3 H H c n e p c H b i x MaTepnajiOB. .

Mec.nenyioTCH 3eMJiflHbie njioTimbi B Haii6ojT.ee KpimmecKHe MOMeHTbi H X HCTopim:

BO B p e M H HJIH B K O H I j e CTpOIITejIbCTBa,

— Korga Bona B B O f l O x p a H H J i n m e H a x o i U i T C H H a iviaKCHMajibHOM ypoBHe,

— BCJieacTBue SwcTporo o n o p o H í H e H H H BoaoxpaHHjiHina.

OcoSeHHo n o A ^ e p K H B a e T C H MexaHimecKan pojib BO^W H B o n p o c onpeaejieHHH nojin


nopoBbix jiaBjieHHft B coopyHieHHH, KOTOpoe HeoSxojniiwo 3HaTb JTJIH pacneTa
yCTOHMHBOCTH n O 3<J>(J)eKTHBHbIM HanpHHteHHHM . B HaCTHOCTH JI,aH 0 Ö 3 0 p MeTOJJOB
nporao3a nopoBbix naBjieHHii, KOTopbie p a s B H B a i O T C H B Tejie n j i O T H H b i B O B p e M H ee
B03BeHeHHH. Kpojvie Toro JJJIH HccjieaoBaHHH nponecca ôbicTporo onopoHíHeHHH
pa3JiHHaiOT cjiy^añ rpyHTOB He aecJtopMHpyioiHHXCH, Korp,a nopoBoe flaBJieHHe
M O H Í H O o n p e a e J i H T b <{>HjibTpanHOHHOH cxeMoit, OT c J i y i a H r p y H T O B aerJiopMHpyiomHXCH,
K o r n a (|)HJibTpanna H e y c r a H a B J i H B a e T C H M r a o B e H H o n p n o n o p o H í H e H H H BOHOxpaHn-
jiHiua.

B C T a T b e K p o M e T o r o naHbi n p n i w e p b i rJjHJibTpauHOHHbix cxeivi, K O T o p b i e 6 M J I H o n p e j i e -


jieHbi HJiH c o o p y w e H H H p a 3 J i H H H o r o T H n a H JLJIH p a 3 H b i x y c j i O B H f t ocHOBaHHH.

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Couverture et maquette
réalisées par le Service des Publications
du L.C.P.C.

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