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abaques pour le calcul de la stabilité

des talus de remblais sur sols mous


matériau de remblai pulvérulent

par G. PILOT
Ingénieur T.P.E.
Attaché de Recherche
à la Section de Mécanique des Sols
du Laboratoire Central

Cependant, au stade des avant-projets, le pro-


jeteur manque de procédés rapides de calcul per-
INTRODUCTION mettant de faire intervenir les caractéristiques du
matériau de remblai. Les abaques présentés ici
Les problèmes de remblais sur sols mous se permettent de calculer le coefficient de sécurité à
posent aux Services des Ponts et Chaussées depuis court terme d'un remblai en matériau purement frot-
plusieurs années ; ils concernent surtout les Auto- tant reposant sur un sol de fondation homogène
routes (traversées de vallées comblées par des purement cohérent.
alluvions récentes), mais également des aménage-
ments industriels et touristiques qui s'établissent là Les calculs ont été traités sur l'ordinateur CAE 510
où les activités humaines ne s'étaient pas encore du Laboratoire Central par M. MOREAU, opérateur
développées du fait de la trop mauvaise qualité des à la section de Mécanique des Sols.
sols.
Il y a tout lieu de penser que, pour ces raisons,
il y aura toujours de nombreuses études à faire METHODE DE CALCUL
dans ce domaine.
Exposé du problème
Les travaux effectués ou en cours au Laboratoire
Central des Ponts et Chaussées (L.C.P.C.) ont sur- Il s'agit de calculer la stabilité d'un talus de rem-
tout intéressé, jusqu'à maintenant, la compressibilité blai sur sol mou (vase, tourbe ou argile).
et le calcul des tassements. Les études de stabilité
se heurtent aux fastidieux calculs de cercles de Le talus a une hauteur H, et il fait un angle fi
glissement ; aussi se contentait-on généralement de avec l'horizontale ; le matériau de remblai a un poids
méthodes approchées. Depuis un an environ, ces spécifique y et un angle de frottement interne s.
calculs se font sur ordinateur, par la méthode de Le sol de fondation homogène, d'épaisseur H B , est
BISHOP. purement cohérent ; sa cohésion est Cu.

4-1

Bull. Liaison Labo Routiers P. e t C h . n " 2 5 - M a i - J u i n 1967 - Réf. 3 7 4


Les paramètres 7, H et Cu s'introduisent dans le

facteur de stabilité N = — , nombre sans dimension.


ïH

Ce schéma n'est qu'une image simplifiée des pro-


blèmes réels, mais il suffira généralement, au stade
de l'avant-projet (fig. 1).
Bed-rock
Le tableau ci-après illustre ce schéma pour des
ouvrages récemment construits ou en projet. Fig. 1 — Coupe transversale.

H y HB Cu HB
Ouvrage N
(m) (kN/m ) 3
(m) (k Pa) H

— T R I G N A C - Remblai du pont de la piste cyclable 7.5 20 11 25 0,47 0,263

— LANESTER - Zone industrielle 2 22 2,5 7 0,57 0,159

— AUTOROUTE D U N O R D .
— Vallée de la Scarpe 5,5 ~ 20 2,5 10 2,2 0,091
— Vallée de l'Aunette 10 ~ . 20 15 12 0,67 0,061
— Vallée de la Nonette 12 ~ 20 12 12 1 0,050
— Vallée de l'Aronde 9 18,5 8 < 10 0,89 0,060

— PORNIC - Contournement 8 20 20 5 2,5 0,031

— P A L A V A S - Aménagement du Bas-Languedoc 7 ~ 20 20 10 2,85 0,071

— GUIGNES - Contournement 6,5 2 6 26 0,92 0,200

— AUTOROUTE Lyon Chambéry - Marais-du-Vivier 5 ~ 20 4,5 30 0,9 0,300

— AUTOROUTE A.7 - Remblai des Queyrons 8,50 - 20 9 40 1,08 0,235

Caractéristiques de quelques remblais sur sol mou.

Les méthodes de calcul utilisées jusqu'à mainte- — En définissant le coefficient de sécurité comme
nant ont déjà été exposées * ; on n'en rappellera rapport du moment résistant au moment moteur, on
donc que l'essentiel. peut utiliser avec une bonne approximation la rela-
tion suivante, valable pour un cercle de glissement :
— Lorsque le remblai est assimilé à une fondation
superficielle, le coefficient de sécurité s'écrit : 7 H
tg?
ED x Cu + DC + Cr
F = ^ + 2 ) C u
# 5,14 x N F = R
TH Pi • d t + P 2 . d 2

(figure 2)
Ceci ne tient compte ni de la pente du talus ni
des caractéristiques mécaniques du matériau de — Enfin, le calcul peut être traité sur ordinateur.
remblai ; la formule montre toutefois que dès que N
est inférieur à 0,2 environ, F est inférieur à 1.

— L'utilisation des abaques de FELLENIUS, en


prenant comme valeur de la cohésion une moyenne
pondérée approximative de la résistance au cisail-
lement dans le remblai et dans la fondation, montre
que pour des pentes de l'ordre de 1/1 à 2 / 1 ,
* Bulletin de Liaison des Laboratoires Routiers N° 10
5,5 x N < F < 6,2 x N novembre-décembre 1964.

4-2
Méthode de calcul utilisée z
Les calculs ont été faits suivant la méthode clas-
sique du « cercle de glissement ». L'hypothèse du
calcul bidimensionnel est acceptable compte tenu
de la longueur importante des remblais, troisième
dimension de l'ouvrage.

La rupture suivant une courbe voisine du cercle


ne se produit que si les sols ne sont pas trop hété-
rogènes ; ainsi, lorsque l'épaisseur M B du sol de
fondation est beaucoup plus faible que la hauteur M
du remblai, cette courbe aurait plutôt l'allure indiquée
figure 3. Les calculs qui résultent de l'utilisation du
cercle de glissement sont donc d'autant plus affec-
Fig. 4 — Type de courbe effort-déformation des matériaux.
HR
tés par cette hypothèse que est plus petit.
H
La courbe effort-déformation d'un matériau pulvé-
rulent compacté présente généralement un pic (cour-
be « a », fig. 4) ; au contraire, la courbe relative à
un sol mou présente une variation monotone (courbe Fig. 5 — Courbes d'égale valeur du coefficient de sécurité.
« b ») les caractéristiques des matériaux sont donc
;

différentes selon que l'on choisit la déformation E A

ou IB ; on a retenu la déformation de type £B qui


s'adapte la mieux à la définition du coefficient de
sécurité sur les valeurs limites de la résistance au
cisaillement (calcul à la rupture).

Les calculs numériques ont été faits par la mé-


thode de BISHOP à l'aide d'un programme * qui
avait été légèrement modifié pour traiter automati-
quement les données en nombre minimal. En effet,
on n'a calculé que les cercles situés sur la droite
à mi-pente qui constitue un axe de symétrie des
courbes d'égal coefficient de sécurité (fig. 5 ) .

* Bulletin de Liaison des Laboratoires Routiers N° 22 -


novembre-décembre 1966.

4-3
Seuls ont été considérés les cercles profonds
tangents au bed-rock ; le pas de la progression de
l'ordonnée du centre des cercles était de 0,2 H.
Chaque séquence de calcul comportait donc une
série de valeurs du coefficient dé sécurité (fig. 6) ;

on note qu'au voisinage du minimum, F varie peu ;


ceci est général dans les calculs de stabilité des
pentes et explique pourquoi les abaques des para-
mètres du cercle le plus défavorable ne sont géné-
ralement pas établis : il en est ainsi pour les aba-
ques de BISHOP et MORGENSTERN (1960) et pour
ceux de MORGENSTERN (1963).

'/ V V '/ V V V V '/ V V V yy/yyvyyyyy

Fig. 7 — Intervention du poids spécifique du sol de


fondation dans la stabilité.

En faisant Intervenir N = — , il ne reste plus que


TH
quatre paramètres, fi, ç, H B et N, ou, sous une autre
HB
forme, cotg B, o, — et N.
H
Cotg fi intervient par valeurs discontinues (3/2 ;
2/1, etc.), les autres par valeurs continues.
Le calcul montre que F est sensiblement fonction
linéaire de N : sur la figure 8, on a tracé F = g (N)
HR
pour cotg /? = 2/1 ç = 35o - 5 - = 1.
H

Fig. 8 — Variation du coefficient de sécurité F en fonction


Fig. 6 — Variation du coefficient de sécurité. de N

A B A Q U E S DE STABILITE

Paramètres des abaques


Le problème comporte six paramètres : H et fi 1,5
pour le talus, r et s pour le matériau du remblai,
Cu et HB pour le sol de fondation. Le poids spéci-
fique du sol de fondation est sans influence sur le
coefficient de sécurité ; il n'intervient pas dans le
moment moteur, les deux zones hachurées y parti-
cipant avec des signes contraires (fig. 7) il n'inter-
;

vient pas non plus dans le moment résistant puisque


tg 0 dans le sol de fondation.

4-4
I! suffit donc de résoudre le problème pour quel- — L'influence du frottement dans le remblai
ques valeurs de N, et de faire une interpolation s'amenuise lorsque l'épaisseur du sol de fondation
linéaire. augmente.
— Pour cotg /? = 3 / 1 , les sections tiretées des
courbes correspondent à des cercles qui ressortent
dans le pied du talus (fig. 9).

Utilisation des abaques


Présentation des abaques
HR
Chacune des plaques concerne une pente de talus ; Les valeurs de N et — du problème étudié étant
on a retenu pour cotg /? les valeurs 3/2, 2 / 1 , 2,5/1, H
3/1. Il y a quatre séries d'abaques par planche, cha- calculées, cotg /? étant choisie et s déterminé, la
cune d'entre elles étant relative à une valeur de N, valeur de F est lue sur chacun des deux abaques
c'est-à-dire N = 0,500 ; 0,333 ; 0,200 ; 0,100. dont les valeurs de N encadrent celle du problème ;
il en résulte Fj et F . Le coefficient de sécurité F
2

Enfin, chaque série d'abaques donne la valeur du du talus s'obtient alors par interpolation linéaire en
coefficient de sécurité F en fonction de H B / H pour N sur Fj et F entre les deux valeurs N d'encadre-
2

une valeur donnée de ç. H B / H varie de 0,3 à 2 ; en ment.


dessous de 0,3 les erreurs dues à l'hypothèse de
la rupture suivant un cercle seraient élevées ; à Exemple :
partir de 2, F n'a plus de variations très sensibles-
Les valeurs de ? sont, en principe, 25°, 30°, 35° et — Soit à calculer la stabilité du talus de remblai
4 0 ° ; toutefois, pour cotg jS = 3/2 et 2 / 1 , la plus de la figure 10 les caractéristiques sont :
;

faible valeur retenue correspond à la stabilité limite


du remblai lui-même, c'est-à-dire respectivement Cotg ß = 2/1 H = 7 m
? = 34° et 27°. ? = 30° y = 19,5 k N / m 3

HE 6 mu Cu = 40 kPa
On notera les détails suivants :

— Dans certains cas, pour les grandes valeurs


de N, les courbes comprennent un segment de droite
parallèle à l'axe des abscisses ; cela signifie que le
cercle le plus défavorable n'est pas tangent au bed-
rock ; il est tangent au niveau correspondant à la
HR Cotgß: 2/1
valeur de — prise à l'origine du segment de droite. H : 7 m '
ftrf : 30

H :•> | Y : 1 9 . 5 k N/m?->

— Pour cotg p = 3/2, les valeurs de F corres-


pondant à ? = 34° et 35° sont naturellement peu —zJ*éz 6 m Cu : 4 0 k P a ] : — ^
différentes ; au-delà des tiretés elles sont pratique-
yyyyy w v vw v w w v w v w w w y y,
ment confondues.

Fig. 10 — Exemple numérique.

Fig. 9 — Cercles coupant le pied de talus


(pour C o t g ß = 3/1) On trouve :

N = — = 0,293 et — = 0,86.
yH H

— pour N = 0,200 F x = 1,15; pour N = 0,333


F 2 = 1,82.

d'où :

0 293— 0,200
F = 1,15 + ( 1 , 8 2 - 1 , 1 5 ) 0 ,' 3 3 3 - 0 ,. 2. 0. 0" = 1,15 + 0,47

yy^yyyyyyyyy^^/yyyyyyyyyyyy^ F = 1,62

4-5
Remarques :

Les abaques ne sont applicables que dans le cas


où le remblai est suffisamment large pour que le
cercle le coupe en entier (talus en train plein, fig.
11) ; ils ne seraient pas applicables pour le talus
figuré en tiretés. On a vérifié que les résultats
convenaient pour l'Autoroute de type IV (plate-forme
de 27 m) et a fortiori pour l'Autoroute de type II
(plate-forme de 34 m).
Fig. 11 — Condition d'application des abaques.
— Les abaques reposent sur l'hypothèse que le
i
sol de fondation est homogène ; ceci est vrai lors-
que le remblai est construit en une seule fois, ou
pour la première phase d'une construction par
étapes ; ce ne serait qu'approximatif pour les phases
ultérieures de construction puisque la consolidation
n'est pas identique en tout point de la fondation.
— La précision des points de calcul de F est de
± 0,005 environ.
— L'établissement de ces abaques a nécessité le
calcul de plus de 2 000 cercles de glissement.

Ci-après, quatre planches de 4 séries d'aba-


ques. Nous tenons ces planches, en tirage
séparé, à la disposition des lecteurs inté-
ressés qui en feront la demande au

Service du Bulletin de Liaison


LC.P.C.
58, boulevard Lefèbvre,
75-Paris-XV<>

4-6
I l 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
C0tg.ßzz3/2 I
N —O.S -
cotg. ß = 3/2 _
N =.0.333 -
ZI 2.Z

2.a 2J

o
2.J.
I
\

9
y- 35 Cf.:
2.e.
\
r
1

fi

2.S
\ s. "s

0.2 O.S I.S HB/H 0.2 O.S I.S HB/H


-
1 1 1 ! 1 1 1 1 1
cotg.fi=3/¿ - cotg.ß = 3/j>
7

N - r> 2
N — Cl. 4
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0.1 0.S I.S HB/H 0.2 O.S I.S HB J H


1 1 1 1 1 i i i i i

cotg.ß=J>// I cotg. y8 = ¿//3 _


N - O. S _ N — n 33.

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coig.ß = */S _
1 1 1 1,

cotg.ß=*/S _
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0.2 0.S t.S HBJH 0.2 0.S 1.S HB¡ H

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