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Utilisation de l'essai au bleu de méthylène

en terrassement routier
TRAN NGOC LAN
Ingénieur
Département de géotechnique
Laboratoire central des Ponts et Chaussées

Présentation

Marc SCHAEFFNER
Chargé de mission
Département de géotechnique
Laboratoire central des Ponts et Chaussées

L'identification des sols est un problème plus ou


moins critique et complexe qui se pose lors de l'étude
de tout projet de génie civil et de bâtiment.
Son rôle général est de fournir une partie des don-
nées nécessaires à la définition des conditions de réa-
lisation de l'ouvrage projeté dans le site qui lui a été
réservé. Lorsque cet ouvrage est constitué en tout ou
partie en terre, ce rôle général se double de celui de
RÉSUMÉ caractériser les sols rencontrés sur le site, ou éven-
Cet article expose d'une façon détaillée le prin- tuellement à proximité, en tant que matériaux de
cipe opératoire de l'essai au bleu de méthylène. construction.
Après avoir dégagé, à l'aide de rappels de la
minéralogie des argiles, la signification fonda- Si l'on considère plus particulièrement ce second
mentale de cet essai, on le propose comme aspect qui est très important dans le cas d'ouvrages
critère de classification des sols sous l'angle de
l'importance de leurs phases argileuses. Appliqué tels que remblais routiers, ferroviaires, digues, barra-
à la classification décrite dans la Recomman- ges, etc., on peut dire que l'objectif principal de
dation pour les terrassements routiers (RTR), cet
essai apporte à celle-ci : l'identification des sols est de donner, dans les meil-
- une simplification, car il s'applique aussi bien leures conditions de coût et de délai, une image suffi-
aux sols pulvérulents qu'aux sols cohérents, samment précise du sol rencontré pour pouvoir le
- une amélioration sur divers points, en parti- situer dans une classe de sols à laquelle correspon-
culier dans le cas des matériaux pour lesquels
il n'existe pas d'essais satisfaisants (graves pauvres dent des conditions de mise en œuvre spécifiques.
en fines, roches...). Il revient à la Recommandation pour les terrasse-
On met à profit par ailleurs le fait que le nouvel ments routiers* d'avoir pour la première fois proposé
essai s'effectue sur une suspension aqueuse pour
mettre au point un procédé opératoire qui, une classification générale des sols indiquant, pour
en un seul traitement simple et rapide de l'échan- chacune des classes qu'elle distingue, les conditions
tillon, permettra, une fois acquises toutes les
données, de déterminer la classe RTR d'un sol. normales d'utilisation des sols en remblai et en cou-
Enfin, les résultats des études de corrélation avec che de forme.
les essais classiques de sols montrent qu'à partir
de la valeur de bleu on peut présumer le compor-
tement d'un sol.

MOTS CLÉS : 42 - Essai - Argile - Classification - * Ministère de l'Équipement, S E T R A , L C P C , Recommandation


Sol - Teneur - Terrassement - Évaluation - Minéra- pour les terrassements routiers, 1. Établissement des projets et
logie - Adsorption • Bleu de méthylène - Essai
d'identification. conduite des travaux de terrassement, 2. Utilisation des sols en
remblai et en couche déforme, 3. Compactage des remblais et des
couches de forme, janv. 1976.

Bull, liaison Labo. P. et Ch. - 111 - janv.-févr. 1981 - Réf. 2519


L'intérêt de cet outil dans l'étude des projets, la rédaction des marchés, la conduite
et le contrôle des travaux de terrassement, n'est plus à démontrer ; de nombreuses
publications et notamment dans le Bulletin de liaison en ont déjà largement rendu compte
ces dernières années**.
Aujourd'hui, c'est-à-dire environ quatre ans après la mise en application de la
nouvelle classification, il apparaît possible d'y apporter quelques compléments et amé-
liorations à la lumière d'une part des résultats des études générales poursuivies depuis
cette époque sur l'identification des sols, et d'autre part des constatations réalisées par
les ingénieurs ayant suivi son application pratique sur les chantiers.
Il faut se souvenir en effet que la classification des sols proposée en 1976 compor-
tait dans la classe particulièrement importante des «Roches évolutives » quelques
« blancs » portant la mention « en cours d'étude » ; par ailleurs, à plusieurs occasions, des
ingénieurs ont dénoncé le caractère insuffisamment significatif des critères retenus pour
définir la classe des sols insensibles à l'eau et plus particulièrement les sous-classes L>2 et
Dj, insuffisances d'autant moins tolerables que le fait de situer un matériau dans cette
classe a des conséquences capitales sur les choix technico-économiques dans le cas d'un
projet de terrassement routier. Il faut enfin rappeler le problème général posé par les
difficultés pratiques de mesure des critères retenus pour la définition des autres classes.
Les compléments et améliorations de la classification des sols, présentés dans cet
article, découlent de l'introduction de la « valeur de bleu de méthylène » dans la panoplie
des critères d'identification des sols. Ce critère nouveau est mesuré par l'essai au bleu de
méthylène, imaginé et développé par M. Tran Ngoc Lan depuis 1973 ; il s'agit d'un essai
remarquable par la qualité de l'information apportée eu égard à sa rapidité d'exécution et
la simplicité du matériel qu'il requiert.
Dans l'article qui suit, M. Tran Ngoc Lan propose une nouvelle démarche intéres-
sante à plus d'un titre, qui s'appuie en premier lieu sur les deux critères suivants:
dimension des plus gros éléments et valeur de bleu, pour classer les sols dans l'une ou
l'autre des classes définies dans la Recommandation pour les terrassements routiers.
Dans un premier temps, on peut considérer qu'il est souhaitable dans les études
d'identification des sols d'inclure systématiquement la valeur de bleu aux autres critères
traditionnels (I , ES, < 80 u/n < 2 mm...) ; il conviendra alors d'interpréter une absence
p

éventuelle de convergence entre les deux démarches comme une nécessité d'identifier
plus finement le sol considéré.
Il est possible qu'à l'usage, la valeur de bleu se révèle comme pouvant se substituer
avantageusement à certains des critères pris en compte dans la classification actuelle
définie par la recommandation.
Toutefois, et quels que soient les progrès apportés par l'introduction de ce nouveau
critère, on ne peut pas encore considérer que le problème général de l'identification des
sols en vue de leur utilisation pour constituer des ouvrages en terre soit parfaitement
résolu; il subsiste notamment deux domaines où les techniques actuelles se révèlent
insuffisantes.
Le premier domaine est celui des sols comportant toutes les dimensions granulai-
res, depuis les blocs jusqu'aux argiles. Pour ces sols, se posent à la fois le problème du
prélèvement d'échantillons représentatifs, au stade des études en particulier, et celui de
la mesure de la granulante proprement dite. Cette dernière en effet ne peut dans la
plupart des cas, pour des raisons pratiques évidentes, se satisfaire des techniques
classiques de tamisage.
Le second domaine concerne les roches évolutives. On peut s'attendre en effet à ce
que la valeur de bleu, significative seulement de la quantité et de l'activité de l'argile

** IFERGANJ.. ROBICHON Y., JOUBAULTM., RENARDB., COLLIN T., HAVARDH., FRAQUETP., Utilisation de
la méthode de contrôle continu des terrassements sur la bretelle est du Mans, Bull, liaison Labo. P. et Ch.,
103, sept.-oct. 1979, p. 67-69.
A L I A S J. L a ligne nouvelle à très grande vitesse reliant Paris au Sud-Est de la France, PCM, 8-9, août-sept.
1979, p. 35-42.
B O N I N R. Les Terrassements pour la construction de la centrale nucléaire de St-Alban — St-Maurice,
Travaux, 543, mai 1980, p. 107-113.
emprisonnée dans la roche, ne soit pas un critère suffisant pour prévoir son risque
d'évolution, puisque dans ce phénomène intervient évidemment la résistance structurale
de la roche.
Il reste donc encore à chercher des solutions techniques dont le coût soit cohérent
avec les risques encourus par une insuffisance d'identification pour ces deux catégories
de sols, risques qui par ailleurs, pour les roches évolutives en particulier, sont encore mal
estimés.

Les moyens actuels d'extraction et de transport Schématiquement, chaque particule peut se repré-
permettent d'obtenir dans les chantiers de terrasse- senter comme un empilement de feuillets, lesquels
ment une cadence élevée de mise en œuvre. Par résultent à leur tour de la superposition alternée de
conséquent, il est nécessaire que les contrôles et le couches tétraédriques de silice, de couches octaé-
suivi des travaux puissent être réalisés avec des es- driques d'alumine.
sais suffisamment rapides. De même, les études géo-
techniques approfondies ou relatives à de gros pro- L'épaisseur du feuillet est une caractéristique cristal-
jets entraînent un volume considérable d'essais. lographique du minéral argileux. On distingue ainsi
principalement les familles à 7 À (kaolinite...), à
On ressent, dans les deux cas, la nécessité de trouver 10 Â (muscovite, pyrophyllite... montmorillonite) et
de nouveaux essais et de moderniser le matériel. à 14 À (chlorite...).
Ainsi ont été introduits notamment le four à micro-
ondes pour la mesure de la teneur en eau ou le Sedi-
grah, version automatique et accélérée de la sédi-
mentométrie.

Il est également mis à l'étude un ensemble de procé-


dés de préparation et d'identification des sols, qui Kaolinite Montmorillonite Chlorite
ont tous la particularité de porter sur une suspension
aqueuse. Cet état de sol se prête bien en effet à des
opérations simples, rapides, qu'on peut rendre faci-
lement automatiques. L a structure cristalline des minéraux argileux appa-
raît ainsi de prime abord d'une grande simplicité,
Il en est ainsi de l'essai dit au bleu de méthylène dont pouvant se ramener à la limite à un jeu de construc-
il est question dans cet article. Il y sera exposé suc- tion de tétraèdres et d'octaèdres (fig. 1).
cessivement le principe de cet essai d'une façon plus
détaillée que précédemment [1], les premiers résul-
tats des études de corrélation avec les essais classi-
ques d'identification et de comportement, ainsi
qu'une méthode pour déterminer à l'aide de cet essai
le classement d'un sol donné dans la classification
générale définie dans la Recommandation pour les
terrassements routiers (RTR) [2], Couche tétraédrique
de silice
Symbole
Il faut souligner que les essais d'identification actuels
sont le plus souvent empiriques et que les résultats
dépendent pour une large part du savoir-faire de
l'opérateur. L'un des objectifs poursuivis dans cette
étude est de mettre à la disposition des maîtres d'œu-
vre et des entreprises des moyens d'investigation qui
nécessitent peu de personnel et notamment de per- ^ 4 Â
sonnel qualifié, ce qui est particulièrement utile dans Symbole
beaucoup de chantiers hors métropole.
Fig. 1 - Structure cristalline des argiles.

L E LIEN ENTRE L'ESSAI


A U B L E U DE MÉTHYLÈNE ET LES ARGILES
Pourtant deux remarques s'imposent :
Les argiles sont essentiellement des produits de dé-
composition de roches par altération physico- — L'extrême variété des espèces argileuses, telles
chimique. Leurs particules ont la forme de plaquet- qu'elles sont dénombrées dans les livres de minéra-
tes ou d'aiguilles de taille inférieure, et parfois très logie (400 à 500 espèces), contraste avec «la mono-
inférieure, à 2 \xm. Leur structure cristalline très par- tonie structurale» précédente.
ticulière leur confère un ensemble de propriétés de
comportement appelé activité : cohésion, plasticité, — Comment expliquer qu'une famille comme celle à
gonflement, affinité pour l'eau, etc. 10 Â puisse donner lieu à des minéraux de réactivité

7
infiniment variée. Ainsi la musco vite et la pyrophyl- Ainsi un sol adsorberá proportionnellement d'autant
lite sont inertes, alors que la montmorillonite est la plus de bleu de méthylène que :
plus active des argiles.
— la quantité d'argile qu'il contient est importante,
C'est qu'en effet l'édifice cristallin comporte des — que cette argile est active, c'est-à-dire comme
défauts liés principalement aux substitutions iso- nous l'avons vu, qu'elle développe une surface spé-
morphes. On désigne ainsi le remplacement de cer- cifique — interne et externe — élevée et qu'elle est
tains cations constitutifs du réseau cristallin par abondamment chargée.
d'autres de moindre valence (le silicium et l'alumi-
nium respectivement par l'aluminium et le magné- La quantité de bleu adsorbée qu'il s'agit de mesurer
sium). dans cet essai représente ainsi une saisie directe, et
dans son aspect le plus significatif, de la phase argi-
Les nombreuses variétés argileuses correspondent leuse. C'est donc une grandeur de choix pour la
alors aux divers modes de distribution et degrés caractériser.
d'abondance de ces défauts. Une argile est d'autant
plus active que sa structure cristalline est désorgani-
sée. Ces défauts, qui sont des déficits de charge,
affaiblissent les forces ioniques de liaison entre les L'ESSAI A U B L E U DE MÉTHYLÈNE [3]
feuillets. Ceux-ci ont tendance :

— soit à se séparer les uns des autres ; le cristal Le principe de l'essai consiste à introduire des quan-
argileux s'individualise donc, comme i l a été men- tités croissantes de bleu de méthylène par doses suc-
tionné, en particules très fines, cessives, jusqu'à ce que les particules argileuses en
soient saturées ; il apparaît alors un début d'excès qui
— soit à s'écarter, laissant l'eau accéder aux espa-
marque la fin de l'essai et que l'on détecte par le test
ces interfoliaires.
dit de la tache. Ce dernier consiste à former avec une
Les argiles actives sont ainsi caractérisées par une goutte de la suspension, et sur du papier filtre, une
surface spécifique interfoliaire — dite interne — ex- tache qui est un dépôt de sol coloré en bleu soutenu,
2
trêmement élevée (800 m /g), s'ajoutant à une sur- entouré d'une zone humide en général incolore
face externe déjà considérable (80 m /g). 2 (fig. 2 a). L'excès se traduit par l'apparition dans
cette zone d'une auréole bleu clair. On dira alors que
Ces surfaces sont abondamment chargées du fait des le test est positif (fig. 2 b).
déficits de charge, ce qui explique deux comporte-
ments parallèles : En pratique, on procède de la manière suivante :

— L'échantillon de sol est mis à tremper avec 100 ou


D'une part, elles sont le siège de forces électriques
200 ml d'eau dans un récipient. Le bain obtenu sera
agissant sur les molécules d'eau qui, étant polaires, y
maintenu en permanence sous agitation.
sont très sensibles. Il s'établit ainsi un rapport privi-
légié entre les particules argileuses et l'eau, rapport — On injecte dans le récipient, à l'aide d'une bu-
sans lequel, disait Mering, «le terme même d'argile rette, des doses successives de 5 ml d'une solution
n'aurait pas de sens » et qui est à l'origine de l'activité de bleu de méthylène, chaque addition étant suivie
des argiles. du test de la tache sur le papier filtre. On procède
ainsi jusqu'à ce que le test devienne positif. A ce
D'autre part, ces sites de charges superficielles moment, on laisse s'opérer l'adsorption du bleu sur
fixent des cations quand les particules sont mises en les particules argileuses du sol sans rien y ajouter,
présence d'une solution ionique. C'est le cas de la tout en effectuant de minute en minute des tests.
solution de bleu de méthylène dont les molécules
adhèrent aussi bien sur la surface interne que sur la — Si au bout de cinq minutes, le test est toujours
surface externe des argiles. positif, le dosage est considéré comme terminé ; dans

Fig. 2 a - Tache sans auréole (test négatif). Fig. 2 b - Tache avec auréole bleu clair (test positif).

8
QUELQUES RESULTATS DES ETUDES
DE CORRÉLATION

Deux exemples de variations des valeurs de bleu en


fonction de l'équivalent de sable (fig. 4) et de l'indice
de plasticité (fig. 5) sont indiqués.

Dans cette dernière figure on a porté pour chaque


point expérimental la moyenne des valeurs de bleu
sur une vingtaine de sols fins, ayant tous le même
indice de plasticité. Le lien entre ces deux essais est
confirmé par la corrélation du coefficient de Skemp-
ton (Ip/% < 2 urn) et la valeur de bleu de la fraction
granulaire assimilée à l'argile (< 2 |xm) (fig. 6).

, i ES piston

90

80

70

60

50

40

30

20

10

Fig. 3 - Matériel pour l'essai au bleu. VB (g/100 g de sol)

Fig. 4 - Variation de la valeur de bleu des sables en fonction


de l'équivalent de sable piston.
le cas contraire on renouvelle ces opérations jusqu'à
ce que ce résultat soit obtenu.

— De la quantité de bleu totale qu'on aura introduite


et qui dépend de la masse sèche de la prise d'essai, on
10 - VB
calculera la quantité correspondant à 100 g de sol, (unité arbitraire)
appelée valeur de bleu du sol. Son ordre de grandeur
va de 0,5 - 2 g pour les sables courants, à 10 ou 12 g
pour les sols cohérents.

L'essai est rapide : de 10 à 40 mjnutes selon le type de


sol. Aucune préparation particulière n'est néces-
saire, sinon un écrêtage éventuel des gros éléments
(> 10 mm) qui pourraient gêner l'agitateur. Le maté-
riel nécessaire est facile à se procurer et peu coû-
teux: une burette, un agitateur de laboratoire et du
papier filtre (fig. 3).

5 -
L'utilisation de cet essai, qui est donc d'une grande
simplicité, se heurte toutefois aux difficultés d'inter-
prétation liées au manque de référence pratique.

Afin d'atténuer cet inconvénient, ont été entre-


prises :

— d'une part, une étude de corrélation permettant


de le situer par rapport aux essais classiques d'identi- 2 -
fication et de comportement, i i i i I i i i i I i i

— d'autre part, la recherche des valeurs de bleu 5 10

qu'on peut attribuer aux différentes classes de la Fig. 5 - Variation de la valeur de bleu en fonction
RTR. de l'In des sols limoneux.

9
25 ! _ V B (g/100 g de sol) 7d PN
0

1,80

20
1,70 -

1,60

15 ^ Matériau contenant
plus de 35 % de fines
1,50 -I 1
0,5 1,0 1,5 2,0 VB

Fig. 8 - Variation de yd OPN en fonction de la valeur de bleu des


sables [5].
10

On constate que les corrélations de cette caractéris-


tique Proctor avec les résultats d'essais d'identifica-
tion, que ceux-ci soient nouveaux ou classiques, ont
une dispersion comparable.

L a figure 11 indique par ailleurs que, pour les sols


limoneux, la teneur en eau qui correspond au même
indice portant CBR de 5 par exemple, croît linéaire-
ment avec la valeur de bleu.
i i i i I I ! ! I I 1 1 1 I >

0,5 1,0 1,5


Coeff. de Skempton Ces quelques exemples de corrélation montrent que
l'essai au bleu est bien un essai de sol. Ayant la
Flg. 6 - Variation du coefficient de Skempton en fonction de la valeur
de bleu de laf raction argileuse (< 2 \im) (coeff. de corrélation r = 0,85).
simplicité et la rusticité requises pour cet emploi, le
nouvel essai permet non seulement de reconnaître
rapidement la nature du sol, mais aussi d'en présu-
mer le comportement.

7d PN = -
0 + 1,90
UTILISATION DE L'ESSAI A U B L E U C O M M E UN
1,90(e- •
CRITÈRE DE CLASSIFICATION DES SOLS

Le fascicule 2 de la RTR, dont l'objet est d'indiquer


les conditions d'utilisation des sols en remblais et en
1,80 — couches de forme, répartit les sols en six classes (A,
B, C, D, E , F) ; elles-mêmes sont divisées en sous-
classes en fonction des caractéristiques intrinsèques
les plus importantes pour chaque matériau du point
1,70 —
de vue de leur réutilisation. Les tableaux I et II
rappellent les caractères généraux des sols de ces
classes ; tous sont des sols et des roches naturels, à
l'exception de la classe F qui comprend les maté-
riaux divers tels que les déchets industriels; cette
1,60 dernière classe n'est pas concernée par cette étude.
30 40
ES (H) au piston
Les commentaires relatifs à ces classes indiquent
Fig. 7 - Variation de yà OPN en fonction de TES piston [4]. que deux critères président à cette classification :

— L'un porte sur la granularité, en particulier sur la


dimension des plus gros éléments (D) qui condi-
De même, nous avons mis côte à côte les courbes tionne en premier lieu les différents aspects de la
d'évolution de la densité optimale Proctor (yd OPN) mise en œuvre (outils de terrassement ou de traite-
en fonction : ment des sols, possibilité de régalage, etc.).
— de la valeur de bleu et de l'équivalent de sable — L'autre est le degré de sensibilité à l'eau. Celle-ci
(fig. 7 et 8), se traduit par une variation plus ou moins rapide de
— de la valeur de bleu et des limites d'Atterberg consistance ou de portance du sol en fonction de
pour les sols cohérents (fig. 9 et 10). l'environnement hydrique.

10
Le pourcentage de fines contenues dans le sol est fin de compte, devrait servir de critère principal de
bien entendu en relation directe avec cette dernière classification.
propriété, il est par conséquent un critère de classifi- Il est donc opportun d'introduire la valeur de bleu
cation dans la RTR. Mais il faut bien voir que, dans dans la RTR à côté des essais classiques. Rappelons
beaucoup de sols, ce sont les argiles présentes dans d'abord que l'appartenance d'un sol à une classe est
ces fines, plus que les fines elles-mêmes, qui leur définie actuellement :
confèrent une certaine plasticité et ces fines condi-
tionnent, à leur tour, la réaction du sol global vis-à- — par plusieurs des critères granulaires suivants : la
vis de l'eau. C'est l'activité des argiles du sol qui, en taille du plus gros élément, le pourcentage à 50 mm,

11
TABLEAU I

Définition des c l a s s e s : caractères généraux

CRITÈRES
CLASSE DÉNOMINATION EXEMPLES COMMENTAIRES
CARACTÉRISTIQUES

Tous les sols des classes A, B et C, même non plasti-


ques (silts, sables très fins) sont sensibles à l'eau,
D < 50 m m . Silts, limons, cette sensibilité étant considérée dans l'optique de
S o l s fins.
A Tamisât à 80 u,m argiles, etc. l'exécution des terrassements (trafficabilité, compac-
> 35 %. tage) et du comportement des plates-formes.
La différence entre les classes A et B est dans le
pourcentage de fines, d'où des différences de sensibi-
lité à l'eau (plus ou moins long temps de réponse aux
D < 50 m m . variations des conditions météorologiques) et de
Sols sableux ou S a b l e s et graves
Tamisât à 8 0 u.m comportement mécanique (frottement, cohésion).
B g r a v e l e u x avec fines.
entre 5 et 35 %.
argileux, etc.
La différence principale entre les classes B et C
concerne les gros éléments : présence de cailloux et de
blocs dans les sols de la classe C, d'où:
Sols comportant D > 5 mm. A r g i l e s à silex, — emploi possible ou non selon la classe de certains
des f i n e s et Tamisât à 80 u,m a l l u v i o n s grossières, outils de terrassement,
C des g r o s éléments. > 5 %. etc. — difficulté, pour les sols C, de réglage des plates-
formes, d'exécution des tranchées...

L'insensibilité à l'eau est considérée dans l'optique de


S a b l e s et graves
S o l s et r o c h e s Tamisât à 80 u,m l'exécution des terrassements: effet négligeable des
propres, matériaux
D i n s e n s i b l e s à l'eau. < 5 %.
r o c h e u x sains, e t c .
conditions météorologiques sur la qualité des ouvra-
ges réalisés.

Fragilité et altérabilité
Matériaux évoluant pendant les travaux ou par la suite
définies par d e s e s s a i s
R o c h e s évolutives. C r a i e s , schistes, etc. vers un sol sensible à l'eau ou vers une structure
E d é p e n d a n t d e la n a -
différente pouvant entraîner des tassements.
ture' des matériaux.
Lorsqu'ils sont utilisables, ce matériaux doivent l'être
Matériaux Tourbe, schistes
Critères caractéristi- dans les conditions applicables à la classe A, B, C, D
putrescibles, houillers, g y p s e ,
q u e s d é p e n d a n t d e la ou E à laquelle ils.se rattachent d'après leurs caracté-
F combustibles, résidus industriels
ristiques granùlométriques ou éventuellement leur ca-
s o l u b l e s o u polluants. nature d e s matériaux. polluants, etc.
ractère de roche évolutive.

2 mm et 80 um de la courbe granulaire cumulative, Par ailleurs, ce sont des essais empiriques. Il n'existe
— par l'indice de plasticité ou par l'équivalent de pas de règle rationnelle permettant de déduire des
sable selon le cas. limites d'Atterberg ou de TES un indice exprimant le
caractère argileux du sol total. Sans un tel indice, i l
L'introduction de la valeur de bleu consiste à affecter est difficile de classer les sols convenablement : ainsi
à chaque classe de sol, outre l ' I ou TES, la valeur de
p il n'est pas certain qu'un sol A (I = 25 ; % < 80 um
3
bleu correspondante, les critères granulaires restant = 40) soit plus argileux qu'un sol A (I = 15 ; % < 2 p
les mêmes. Le tableau II comporte ainsi une nouvelle 80 um = 70).
colonne dans laquelle figure, en regard de chaque
sous-classe, une certaine étendue de valeurs de bleu. De même, comment comparer les deux sols sableux
Celles-ci ont été déterminées sur la base des corréla- suivants :
tions déjà mises en évidence et en tenant compte des
observations des comportements des sols en chan- ES = 40, % < 2 mm = 90, sable dit silteux (B;),
tier. L'introduction de la valeur de bleu dans la RTR ES = 20, % < 2 mm = 75, sable dit argileux (B ). 2

permet d'apporter un certain nombre d'améliora- Un exemple extrait de la R T R illustre bien ce genre
tions qui sont spécifiques à chaque classe de sol et de difficulté.
qui sont contenues dans les remarques suivantes :
On remarque en effet que la valeur de l'équivalent de
Classes A et B : Les sols de ces classes constituent, sable qui doit séparer les matériaux B silteux et argi-
selon l'importance respective des phases argileuses leux est différente selon qu'il s'agit d'un sable (ES =
et grenues, une suite continue allant des sols cohé- 35) ou d'une grave (ES = 25). L a raison en est que
rents aux sols pulvérulents. Pour traduire l'impor- TES représente l'argilosité du sol total dans le cas
tance de la phase argileuse, on dispose soit de l ' I p
d'un sable, et seulement celle de la fraction < 5 mm
soit de TES selon le type de sol étudié. (ou 2 mm) dans le cas d'une grave.
A caractère argileux du sol total égal, on est conduit à
C'est une situation guère satisfaisante que d'avoir admettre dans les sols graveleux un ES plus faible
recours à deux essais de principes très semblables. que celui des sols sableux.
On ne sait pas a priori lequel des essais appliquer ni
comment classer par exemple un sol à I = 4 par p Au regard de ces difficultés, l'essai au bleu repré-
rapport à un sol à ES = 10 ou 15. sente un progrès incontestable : en effet, il s'applique

12
T A B L E A U II Classe VB

Ao < 0,1

Ip < 10 A, 0,1-1,5

D < 50 m m 10 < Ip < 20 A 2


1,5-5
S o l s fins. Tamisât
à 80 u m > 35 % 20 < Ip < 50 A 3
5-9

Ip > 50 A 4
> 9

E S > 35 Bi < 0,1


Refus à 2 mm
Tamisât < 30 % E S < 35 B 2
0,1-0,5
à 80 u,m
Sols sableux D < 50 m m de 5 à 12 % E S > 25 B 3
< 0,1
et graveleux Tamisât à 80 um Refus à 2 m m
avec fines. entre 5 et 35 % > 30 % E S < 25 B 4
0,1-0,5

Tamisât l p < 10 B 5
0,5-1,5
à 80 um
de 12 à 35 % Ip > 10 B 6
1,5-5

Tamisât à 80 |im élevé Ci > 1,5


Sols comportant D > 50 m m
des fines et Tamisât Tamisât D < 250 m m c 2 0,1-1,5
des g r o s éléments. à 80 um > 5 % à 80 u,m
faible D > 250 m m c 3 0,1-1,5

R e f u s à 2 m m < 30 % Di < 0,1


D < 50 m m
S o l s et r o c h e s Tamisât R e f u s à 2 m m > 30 % D 2
< 0,1
i n s e n s i b l e s à l'eau. à 80 u.m < 5 %
50 m m < D < 250 m m D 3
< 0,1

D > 250 m m D 4
< 0,1

Matériaux à structure
fine, fragile avec E, < 1,5
peu o u pas d'argile.

Matériaux à structure
R o c h e s évolutives. grossière, fragile avec E 2
< 1,5
peu o u p a s d'argile.

Matériaux évolutifs
E > 1,5
argileux 3

à tous les sols, pulvérulents et cohérents, recouvrant en effet un comportement particulier (possibilité de
les domaines d'application des limites d'Atterberg et rupture facile, plus grande perméabilité, etc.) qui les
de l'équivalent de sable. distingue nettement des autres sols A à I mesurable
{ p

(VB > 0,1). Il resterait à définir leurs conditions


On peut en outre choisir d'effectuer l'essai sur n'im- spécifiques d'utilisation en remblai et en couche de
porte quelle fraction granulaire 0/d, il est aisé de forme.
passer de la valeur de bleu mesurée sur la classe
granulaire 0/d à celle du sol total 0/D par l'expres- Classes C et D: Les sols C et D sont définis exclusi-
sion : vement par des paramètres granulaires, notamment
VB = V B x%d
0 / D 0 / d
par le plus gros diamètre D et par le pourcentage de
% d étant la proportion de la classe granulaire 0/d fines.
dans le sol 0/D. L a valeur de bleu du sol total repré-
sente alors 1'« indice d'argilosité» qui faisait défaut La détermination de ce dernier pourcentage dans ces
aux essais classiques. Elle nous permet d'établir une classes de sols pose des problèmes pratiques du fait
échelle unique de classement des sols A et B . de la présence de très gros éléments qui nécessitent
C'est grâce à cette possibilité que, dans l'exemple la manipulation d'un volume important de matériau.
déjà cité des sols B, la valeur de bleu qui doit séparer On n'est jamais à l'abri d'un manque de représentati-
l'état silteux de l'état argileux est la même, qu'il vité des prélèvements. L a mesure du pourcentage de
s'agisse d'un sol sableux ou d'un sol graveleux. fines étant peu précise, la distinction de certains sols
C ou C des sols D apparaît parfois artificielle.
2 3

L a valeur de bleu permettrait de créer ultérieurement


une sous-classe A (VB <0,1 par exemple) qui re-
0 On a par ailleurs observé sur de nombreux chantiers
grouperait tous les sols fins A , dénués de plasticité que des sols, dont les pourcentages de fines les clas-
(cendres volantes, sables fins propres, etc.). Ils ont sent comme des sols D, peuvent avoir selon la nature

13
plus ou moins argileuse de leurs fines, des compor- étant la structure de la roche qui peut être plus ou
tements des sols C ou C , c'est-à-dire sensibles à
2 3 moins fragile.
l'eau, ou peu perméables ou encore difficiles à com-
pacter. Certaines valeurs de bleu remarquables ont été mises
Compte tenu des difficultés de mesure du pourcen- en évidence. L a valeur nulle sépare les roches car-
tage de fines, on peut s'accomoder de l'évaluation bonatées et les roches silicatées parfaitement saines
approximative de ce pourcentage et compléter la des autres roches plus ou moins altérées.
description de ces sols par leur valeur de bleu.
Celle-ci exprime le rôle de la phase argileuse, au De même, il existe dans les marnes un seuil de l'ordre
moins aussi important que celui de la quantité de de 3 à 4 tel que les roches ayant une valeur de bleu
fines et actuellement sous-estimé dans la RTR. supérieure apparaissent toutes comme très délitables
[7].
Ce nouvel essai est particulièrement adapté à la très
grande diversité des fines de ces sols qui peuvent Il a donc été possible de rendre quantitatives les
aller des poudres de roches (D , D ) aux argiles très 3 4 définitions restées très qualitatives dans la RTR, tel-
plastiques (sols C ou C ) . 2 3 les que «matériaux peu ou pas argileux» ( E E ) ou 1 ; 2

matériaux très argileux (E ). 3


Classe E: Il s'agit essentiellement des roches dites
évolutives. Ces roches, tout en ayant au départ une
certaine cohésion, peuvent se fragmenter ou se déli- Les valeurs de bleu du tableau II ne constituent pas
ter durant et après la mise en œuvre. des délimitations rigoureuses des classes et sont pro-
posées à titre expérimental, il est probable qu'à
A l'origine de ce caractère évolutif se trouve là en- l'usage et avec l'avancement des études, elles seront
core la phase argileuse, l'autre facteur déterminant ultérieurement ajustées.

D (mm)-k

D 4 E 2 C 3 E 2

Ei Ei

250

D 3 E 2 C 2 E 2

Graphique
Ei Ei

50
A , ou /
E>i Di Ei A i B E i 2 AiB E!
2 A B E
2 6 3 A 3 E 3 A 4 E 3

B D E3 2 2
B E 4 2 B E 4 2

Bs

Fig. 12 - Représentation des différen-


0,1 0,5 1,0 1,5 9 V B (sol total) tes classes RTR en fonction de la valeur
de bleu, du pourcentage de fines et du
diamètre D.

D (mm)

C,
C 3

250 Ci
G r a p h i q u e II
Ci

C 2

50

0i Bi Bs B 5
Ai
B B B A
D 2
2
6 6
2

B 3 A 3

B 4 A 4

12 20 35 < 8 0 ^ m (%)

14
CONSÉQUENCES PRATIQUES L'expérimentation de cet appareil de mise en disper-
DE L'UTILISATION DE L'ESSAI A U BLEU sion, qui existe à l'état de prototype, montre qu'on
C O M M E CRITÈRE DE CLASSIFICATION. atteint une excellente qualité de lavage des éléments
> 2 mm. Les résultats de l'essai au bleu et de sédi-
mentation sont relativement proches de ceux obte-
E n disposant de la valeur de bleu du sol total qui est, nus sur les fines recueillies par décantation (à 10 %
avec le pourcentage de fines et le diamètre D des plus
près).
gros éléments, l'une des trois caractéristiques com-
munes à toutes les classes de sol, on peut alors résu-
mer la R T R par deux graphiques (fig. 12). Ils com- On observe que l'ensemble de ces opérations ne
portent en ordonnée le diamètre D , et en abcisses, la porte effectivement que sur des milieux liquides ;
valeur de bleu pour le graphique I et le pourcentage elles sont de ce fait très rapides. Lorsque tout l'équi-
de fines pour le graphique IL Cette présentation pement étudié sera mis au point, le procédé opéra-
permet de percevoir la parenté et les différences qui toire que nous venons de définir devrait fournir dans
existent entre les diverses classes. Il est ainsi appa- un délai qui n'excéderait pas deux heures :
rent sur le graphique II que les sols C, sont en général
— les points de la courbe granulaire correspondant
des sols A dans lesquels se trouvent noyés de gros
respectivement aux diamètres de 50 mm, de 2 mm et
éléments. D'après le graphique I, ces sols C i auront
des comportements du type A , A ou A selon leur de 0,08 mm,
2 3 4

valeur de bleu. L a R T R comporte des renvois d'une — la valeur de bleu du sol.


sous-classe à l'autre lorsque les caractères princi-
paux de ces sous-classes sont considérés comme très On disposerait alors, en appliquant la nouvelle classi-
semblables. Ce fait se vérifie sur le graphique I où ces fication, de toutes les données nécessaires pour dé-
sols ( B i , D i , B , D ) se retrouvent dans la même
3 2 terminer la classe R T R d'un sol, hormis la valeur du
case. U n sol E peut évoluer vers un sol C i ou un sol
3 diamètre D .
A plastique, selon sa fragmentabilité ou sa propen-
sion au délitage. De même, les sols E , E i , peuvent Il convient de souligner qu'en terrassement, la lour-
2

conduire à l'un quelconque des sols de la classifica- deur des essais d'identification décourage rapide-
tion autre que les sols Cj ou A , et ainsi de suite. ment les identificateurs qui préfèrent s'en remettre
systématiquement à leur appréciation visuelle et
s'exposent de ce fait à commettre des erreurs que
Sur le plan pratique, l'utilisation de cette classifica- quelques essais de recalage de leur jugement auraient
tion permet de tirer le meilleur parti de la simplicité évitées.
du nouvel essai. E n effet, on peut l'effectuer direc-
tement sur l'eau de lavage du sol à travers un tamis de On peut donc penser que la méthode d'identification
large maille (10 mm). O n s'affranchit ainsi de la né- globale et rapide qui vient d'être exposée devrait
cessité que requièrent les essais d'Atterberg de tra- apporter une amélioration sensible à cette situation.
vailler sur une masse plastique. O n connait en effet la
multiplicité des opérations pour récupérer les fines et
le temps ainsi perdu : lavage, tamisage à travers des
mailles fines (0,4 mm), décantation, siphonage. CONCLUSIONS.

D'une façon plus générale, un aperçu de la procédure En fondant le nouvel essai sur le phénomène d'ad-
d'essai qui est en cours d'étude permet de faire res- sorption du bleu de méthylène, nous avons voulu
sortir cet avantage : le sol tout-venant, éventuelle- caractériser la phase argileuse du sol par l'aspect
ment écrêté à 100 mm, est mis en dispersion dans même qui se situe à l'origine de toutes ses propriétés :
l'eau, dans un appareil à faible coût. Après cette son aptitude à fixer de l'eau.
opération qui dure une trentaine de minutes, le bain
de sol obtenu est déversé à partir de cet appareil dans En terrassement, cet essai apporterait dans nos
un grand bac d'une cinquantaine de litres de capa- méthodes d'identification :
cité, à travers deux tamis, l'un de 50 mm, l'autre de — une plus grande rigueur, car il n'est pas empirique
2 mm. Ces tamis correspondent aux dimensions des et possède au plan fondamental une signification
éléments dont les pourcentages constituent des critè- précise,
res de classification de la R T R . — une plus grande cohérence, car il éviterait d'avoir
recours à deux essais selon la nature pulvérulente ou
Le liquide recueilli dans le bac servira : cohérente du sol,
— une simplification opératoire notable.
— à l'exécution de l'essai au bleu sur un prélève-
ment, L'interprétation de cet essai se trouve facilitée par
— à l'essai de sédimentation dont l'objet est de dé- les corrélations avec les essais classiques. L'exis-
terminer très rapidement le pourcentage des infé- tence de ces corrélations s'explique par le rôle dé-
rieurs à 80 u,m. Il consiste à introduire dans le bac un terminant de la phase argileuse dans tous les compor-
densimètre dont l'enfoncement, lu au bout de trente tements des sols.
secondes, permet de déterminer la concentration vo-
lumique en fines du bain de sol. Le volume liquide Nous avons indiqué les valeurs de bleu correspon-
étant connu à l'aide du compteur dont est muni l'ap- dant aux classes de la Recommandation pour les
pareil, on évalue ainsi la masse totale de fines et par terrassements routiers au côté des essais d'Atterberg
suite leur pourcentage. et d'équivalent de sable.

15
Nous avons enfin proposé un procédé opératoire qui [3] Ministère de l'Environnement et du cadre de vie,
en un seul traitement simple et rapide de l'échantillon L C P C , dpt. de géotechnique, L'Essai au bleu de
permettra de déterminer la classe R T R d'un sol, méthylène, avant-projet de Mode opératoire, oct.
lorsque l'équipement nécessaire sera définitivement 1979.
mis au point.
[4] CIMPELLI C , Contrôle du compactage des sables fins
En résumé, la classification proposée, appuyée sur pollués, Bull, liaison Labo. P. et Ch., 48, nov. 1970,
un tel procédé opératoire, faciliterait notablement p. 17-19.
l'application de la RTR en France et hors métropole.
[5] K E R G O E T M . , C I M P E L L I C , Appréciation d'un com-
portement de sable fin pollué par l'essai au bleu de
R É F É R E N C E S BIBLIOGRAPHIQUES
méthylène, Bull, liaison Labo. P. et Ch., 108, juil.-août
[1] T R A N N . L . , U n nouvel essai d'identification des sols : 1980, p. 89-90.
l'essai au bleu de méthylène, Bull, liaison Labo. P. et
Ch., 88, mars-avr. 1977, p. 136-137. [6] B O L L E G . , Le rôle de l'identification des sols dans la
recherche des matériaux et le contrôle du compactage
[2] Ministère de l'Équipement, S E T R A , L C P C , Recom- sur les barrages en terre, Ann. ITBTP, 242, févr. 1968,
mandation pour les terrassements routiers, 1. Établis- p. 355-396.
sement des projets et conduite des travaux de terras-
sement, 2. Utilisation des sols en remblai et en couche [7] D E N I S A . , T O U R E N Q C , T R A N N . L . , Capacité d'ad-
de forme, 3. Compactage des remblais et des couches sorption d'eau des sols et des roches, 26 Congrès e

de forme, janv. 1976. géologique international, Paris, 1980.

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