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CLASSIFICATION FRANÇAISE DES SOLS FINS ET DES MATÉRIAUX

ROCHEUX ÉVOLUTIFS UTILISÉS EN CONSTRUCTION ROUTIÈRE

Mohamed KHEMISSA
Ingénieur de l'École nationale des travaux publics (Alger)
Docteur de l'École nationale des ponts et chaussées (Paris)
Enseignant au Centre universitaire Mohamed Boudiaf (M'Sila)

Résumé : On présente dans cette communication une synthèse des paramètres techniques, qui fixent les
condi-
de forme du domaine routier, lesquels sont définis dans la dernière classification des sols et des matériaux
ro-
cheux en usage en France depuis 1992.

Mots-clés : classification ; sol fin ; matériau rocheux évolutif ; remblai ; couche de forme ; GTR.

INTRODUCTION

La construction des remblais et des couches de forme du domaine routier requiert des volumes impor-
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tants de matériaux (en moyenne 100000 m /km dans le cas des autoroutes). De ce fait, pour réaliser un
ouvrage
des caractéristiques de résistance et de déformabilité différentes. Cette hétérogénéité est la cause principale
des
difficultés rencontrées lors de la réalisation de ces ouvrages, car chaque classe de matériaux est tributaire
de
potentiellement déformable, voire instable à court ou long terme.
Il faut par ailleurs rappeler que le coût de la réalisation des remblais peut atteindre 20 à 30 % du coût
reuses, complexes à définir et jamais totalement garanties. Lorsque ces instabilités se produisent dans
l’ouvrage
en service, il faut encore y ajouter les coûts de la reconstruction de la chaussée et de la perte de niveau de
ser-
Ces quelques généralités devaient être présentées pour démontrer, si besoin était, que
l’ingénieur doit,
aussi grande que pour les autres ouvrages de génie civil et, d’autre part, définir avec précision les
critères de
choix des matériaux à utiliser et les conditions de leur mise en œuvre.
Les différents systèmes de classification géotechniques des sols et des matériaux rocheux en usage à
travers le monde se sont montrés mal adaptés au cas des remblais et des couches de forme. Ceci a
conduit
aux projeteurs des règles et normes communes pour la conduite des études géotechniques, la rédaction des
pièces
techniques des marchés de terrassements et sur les chantiers lors de la réalisation des travaux. Cette
classifica-
constatations répétées sur l’insuffisance de certaines des prescriptions précédentes en matière de
compactage des
remblais et des couches de forme, préconise des dispositions plus sévères.
La présente communication a pour objet de définir les matériaux utilisés pour la réalisation des remblais
et des couches de forme, puis de décrire les paramètres retenus dans le GTR pour leur classification,
notamment
les sols fins et les matériaux rocheux évolutifs.
MATÉRIAUX DE REMBLAIS ET DE COUCHES DE FORME

Les sols, les matériaux rocheux et les sous-produits industriels constituent les trois grandes familles de
matériaux utilisés pour la réalisation des remblais et des couches de forme. Le GTR propose de répartir ces
maté-
riaux en six classes distinctes :
Actes du Séminaire sur les terrassements dans les grands travaux ARAL, Sétif, 30-31 mai 1999

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- classe A : pour les sols fins,
- classe B : pour les sols sableux et graveleux avec fines,
- classe C : pour les sols comportant des fines avec des gros éléments,
- classe D : pour les sols insensibles à l’eau,
- classe F : pour les sols organiques et les sous-produits industriels,
- classe R : pour les matériaux rocheux évolutifs et non évolutifs.
La figure 1 donne le tableau synoptique de classification des matériaux selon leur nature.

Une description détaillée de l’ensemble de ces classes de matériaux et des conditions de leur utilisation
pour la réalisation des remblais et des couches de forme, ainsi que des modalités de leur régalage et leur
compac-
tage, est donnée dans les fascicules I et II du GTR. Aussi, ne décrira-t-on ci-après que les paramètres
techniques
de classification des sols fins et des matériaux rocheux évolutifs.

Les sols (classes A, B, C et D)

Les possibilités d’emploi d’un sol pour la réalisation des remblais et des couches de forme sont contrô-
Actes du Séminaire sur les terrassements dans les grands travaux ARAL, Sétif, 30-31 mai 1999

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Les paramètres retenus pour caractériser la nature d’un sol sont la granularité (dimension maximale des
plus gros éléments contenus dans le sol Dmax, tamisât à 80 m, tamisât à 2 m) et l’argilosité (indice de
plasticité
Ip, valeur au bleu de méthylène du sol VBS) et, pour caractériser son comportement mécanique, les
coefficients
Los Angeles LA, micro-Deval en présence d’eau MDE et friabilité des sables FS. Pour caractériser
l’état hy-
drique d’un sol, les paramètres retenus sont le rapport de la teneur en eau naturelle à la teneur en
eau à
l’optimum Proctor normal wn/wOPN, l’indice de consistance IC et l’indice portant immédiat IPI.

Les matériaux rocheux (classe R)

On distingue dans cette catégorie les matériaux sains, qui se caractérisent par le fait que leur granularité
et le basalte et, comme matériaux évolutifs, les marnes et la craie. Il faut toutefois être conscient qu’il
existe le
plus souvent une transition continue entre matériaux sains et matériaux évolutifs.
La classification française des matériaux rocheux utilisés pour la réalisation des remblais et des couches
de forme s’appuie d’abord sur la nature pétrographique de la roche (roches sédimentaires, magmatiques ou
mé-
micro-Deval en présence d’eau MDE pour apprécier la tenue sous trafic ; coefficients de fragmentabilité
FR et
dégradabilité DG pour apprécier le caractère évolutif, etc.).

Les matériaux particuliers : sols organiques et sous-produits industriels (classe F)

Les principaux matériaux particuliers utilisés en France pour la réalisation des remblais et des couches
de forme sont :
- les matériaux naturels renfermant des matières organiques ayant une teneur en eau supérieure à 3 %
(terres
végétales, humus forestier, vases, tourbes, etc.) ;
- les cendres volantes silico-alumineuses de centrales thermiques, les schistes houillers, les schistes de mine
de
laitiers de hauts fourneaux et autres sous-produits industriels.
Ces matériaux particuliers peuvent, dans certains cas, se révéler intéressants du point de vue technique et
éco-
remblai ou en couche de forme sont à la fois divers et spécifiques à la famille considérée.

CLASSIFICATION DES SOLS FINS

Est considéré comme sol fin, tout sol présentant une granularité caractérisée par un Dmax50 mm et un
tamisât à 80 m>35 %. Le GTR propose de répartir les sols fins en fonction de leur argilosité en quatre
sous-
classes, dont une description est donnée ci-après.

Sous-classe A1 (VBS2,5 ou Ip12)

Dans cette sous-classe, on trouve les limons peu plastiques, les lœss, les silts alluvionnaires, les sables
fins peu pollués, les arènes peu plastiques, etc. Cette sous-classe correspond à des sols qui changent
brutalement
de consistance pour de faibles variations de teneur en eau, en particulier lorsque la teneur en eau naturelle
est
drique et climatique et relativement court, mais la perméabilité pouvant varier dans de larges limites selon
la
granularité, la plasticité et la compacité, le temps de réaction peut tout de même varier assez largement.
Dans le

Sous-classe A2 (12<Ip25 ou 2,5<VBS6)

Dans cette sous-classe, on trouve les sables fins argileux, les limons, les argiles et marnes peu plas-
tiques, les arènes, etc. Le caractère moyen des sols de cette sous-classe fait qu’ils se prêtent à l’emploi de la
plus
atteint des valeurs supérieures à 12, il constitue le critère d’identification le mieux adapté.

Actes du Séminaire sur les terrassements dans les grands travaux ARAL, Sétif, 30-31 mai 1999

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Sous-classe A3 (25<Ip40 ou 6<VBS8)

Dans cette sous-classe, on trouve les argiles et argiles marneuses, les limons très plastiques, etc. Ces
sols ont une consistance qui varie de moyenne à dure, à teneur en eau moyenne ou faible, et sont collants
ou
perméabilité très réduite rend leurs variations de teneur en eau très lentes en place. Une augmentation de
teneur
en eau assez importante est nécessaire pour changer notablement leur consistance.

Sous-classe A4 (Ip>40 ou VBS>8)

Dans cette sous-classe, on trouve les argiles et argiles marneuses très plastiques, etc. Ces sols sont très
envisagé car, à sec, ils sont très difficiles à compacter puisque leur consistance varie de dure à très dure et,
hu-
mides, ils sont très collants, mais il peut éventuellement être décidé sur la base d’une étude spécifique
s’appuyant
notamment sur des essais en vraie grandeur.

CLASSIFICATION DES MATÉRIAUX ROCHEUX ÉVOLUTIFS

Un matériau rocheux est considéré comme évolutif lorsque sa structure se modifie


sous l’effet des solli-
% et, si la destruction de leur structure se poursuit, elle rend possible des réarrangements dans l’ouvrage
condui-
sant au remplissage des vides et, par conséquent, à des tassements importants.
Pour caractériser ce genre de matériaux, le GTR propose deux paramètres :
- le coefficient de fragmentabilité FR, défini par le rapport des D10 d’un échantillon de granularité initiale
donnée
mesurés avant et après lui avoir fait subir un pilonnage conventionnel à la dame Proctor normal (figure 2) ;
- le coefficient de dégradabilité DG, défini par le rapport des D10 d’un échantillon de granularité initiale
donnée
etc.), la fragmentabilité peut être évaluée à partir d’une mesure de la masse volumique sèche de la roche
déshy-
dratée en place, qui est en étroite corrélation avec la résistance de la structure de cette dernière.
Comme matériaux rocheux évolutifs, le GTR propose les sous-classes présentées ci-après.

Sous-classe R13
Dans cette sous-classe, on trouve essentiellement la craie peu dense et très humide,
caractérisée par une
densité sèche d 1,5. Ce matériau continue à se fragmenter après mise en œuvre sous l’effet des
contraintes mé-
caniques et du gel principalement.

Sous-classe R34

Dans cette sous-classe, on trouve les roches argileuses fragmentables caractérisées par
un coefficient de
wn/wOPN compris entre 0,7 et 1,1. Ces matériaux sont constitués de minéraux argileux susceptibles
d’être go n-
flants, qui se fragmentent à la mise en œuvre en libérant des fines plastiques et sensibles à l’eau. La
destruction
que la granularité obtenue à ce stade est homométrique.

Sous-classe R43

Cette sous-classe comprend les roches siliceuses fragmentables (FR>7). Leur évolution ultime s’arrête
aux grains élémentaires cimentés. Certaines d’entre-elles contiennent une fraction argileuse suffisante pour
leur
conférer un comportement voisin des matériaux de la sous-classe R34.
Actes du Séminaire sur les terrassements dans les grands travaux ARAL, Sétif, 30-31 mai 1999
(1) Dans le cas des schistes sédimentaires, la fraction soumise à l’essai est 40/80 mm.
LE GTR
Exemples de classification
Organigramme de classification

(Document CETE)

Exemple 1
Données
Un essai Proctor :
WOPN = 16,2%
L'analyse granulométrique :

Un essai au bleu :

Classification
Paramètres de nature
1. Détermination de Dmax
La lecture des % de tamisât montre que Dmax = 10 mm (tamis de 20 : 100% ; tamis de 10 :
98,6%)
On en déduit que le sol est du type A, B ou D
2. Étude du tamisât à 0,08 mm
La lecture des % de tamisât montre que le passant au tamis de 0,08 mm est de 86,24%
On en déduit que le sol est du type A
3. Étude du VBS
La valeur au bleu est de 1,75
On en déduit que le sol est un sol A1 soit : un limon peu plastique, un loess, un silt alluvionnaire,
un sable fins peu pollué ou une arène peu
plastique d'après le GTR
Paramètre d'état
 Étude de la teneur en eau

Le rapport WN/WOPN = 23,4/16,2 = 1,44 > 1,25


On en déduit qu'il s'agit d'un sol A1th

Exemple 2
Données
L'analyse granulométrique :

Un essai au bleu :
Classification
Paramètres de nature
1. Détermination de Dmax
La lecture des % de tamisât montre que Dmax = 80 mm (tamis de 100 : 100% ; tamis de 80 :
99%)
On en déduit que le sol est du type C ou D3
2. Étude du passant à 50 mm
Le passant au tamis de 50 mm est de 92% > 80%
On en déduit qu'il s'agit d'un sol C1 ou D3
3. Étude du tamisât à 0,08 mm
Il convient alors de corriger les valeurs des tamisâts en ne prenant en compte que la fraction
passant à 50 mm → valeurs / 0,92 (92% de passants au tamis de 50 mm)
La lecture des % de tamisât montre que le passant au tamis de 0,08 mm est de 10% soit une
valeur corrigée de 10,9%
On ne déduit rien de cette valeur
4. Étude du VBS
La valeur au bleu est de 0,67 > 0,1
On en déduit que le sol est un sol C1 → une deuxième classification doit être faite pour déterminer
la classe de la fraction 0/50 mm
1. Étude du tamisât à 0,08 mm
La lecture des % de tamisât montre que le passant au tamis de 0,08 mm est de 10% soit
une valeur corrigée de 10,9%
On en déduit que le sol est de type B1 à B4
2. Étude du passant à 2 mm
La lecture des % de tamisât montre que le passant au tamis de 2 mm est de 28% soit
une valeur corrigée de 30,4%
On en déduit que le sol est de type B3 ou B4
3. Étude du VBS
La valeur au bleu est de 0,67 > 0,2
On en déduit que le sol est un sol de type C1B4 soit : une grave argileuse ou peu argileuse
comportant de gros éléments d'après le GTR
Paramètre d'état
 Aucune information de fournie

On ne peut donc pas poursuivre la classification → sol C1B4

La classification GTR des roches


 Introduction
 Les étapes de la classification
 Exemple de classification

 Introduction
 La classification des roches se fait par étapes permettant de prévoir, à partir de la roche
en place, le comportement du matériau après abattage.

Les étapes de la classification

Principe général
La classification se fait en deux étapes :
Une identification de la nature pétrographique de la roche.
Une analyse du comportement du matériau durant les différentes phases de transformation
et d'utilisation. Cette analyse se fait à partir de leur état et de leurs caractéristiques
mécaniques.
La classification pétrographique
Cette classification est faite en deux catégories :
 Les roches sédimentaires ;
 Les roches magmatiques et métamorphiques.
Les paramètres d'états et de comportement mécanique
De nombreux paramètres sont pris en compte dans le cadre de cette anayse :
Le coefficient "Los Angeles" (LA) ;
Le coefficient "Micro-Deval en présence d'eau" (MDE) ;
Le coefficient de "fragmentabilité" (FR) ;
Le coefficient de dégradabilité (DG) ;
La valeur de la masse volumique de la roche déshydratée en place (ρd) ;
La teneur en eau naturelle (Wn) ;
La teneur en éléments solubles.

Exemple de classification
Données de classification
Des essais sur une roche ont donnés les informations suivantes :

Carottage de sol :
L'identification géologique classe cette roche comme granitique.
Essai de fragmentabilité :

Essais MDE et L.A. :

Classification de la roche
Le granite est une roche magmatique → c'est donc une roche R6
Le coefficient de fragmentation > 7 → c'est donc une roche R63 : Roche magmatique
fragmentable ou altérée d'après le GTR

La classification GTR des sols organiques et industriels

 Introduction
 La classification

 Introduction

 Cette classification vise à déterminer la possibilité d'emploi en remblai et en couche de


forme certains sols sans pour autant nuire à l'environnement.

 La classification
 Les sols sont classés en neuf familles.
 Chacune d'elles est caractérisée par le (ou les) paramètre(s) duquel (ou desquels) dépendent les
possibilités d'emploi. Lorsque l'expérience actuelle est suffisante, des valeurs seuils de ces
paramètres sont proposées, permettant d'établir des distinctions à l'intérieur d'une même famille.

 Tableau GTR

Les essais de sols


 Introduction
 Les paramètres de nature
 Les paramètres de comportement mécaniques
 Les paramètres d'état

 Introduction
 Les essais décrit dans ce chapitre concernent les essais nécessaires à la classification GTR.
 Pour de plus amples informations sur les essais se reporter au module "Laboratoire"

 Les paramètres de nature


 Analyse granulométrique

 (Document Arvor Géotechnique)

 Argilosité d'un sol

 (Document Arvor Géotechnique) (Document


Arvor Géotechnique)

 Masse volumique de la roche déshydratée en place (ρd)


 Principe de mesure :
 Pesée d'un bloc séché
 Mesure du volume par la méthode hydrostatique

 Les paramètres de comportement


mécaniques
 Essai "Los Angeles"

 (Document Colas)
 Essai "micro - Devall en présence d'eau"

 (Document Colas)

 Essai de friabilté des sables

 (image GTR)

 Essai de fragmentabilité

 (image GTR)

 Essai de dégradabilité

 (image GTR)

Essai de fragmentabilité
Essai de dégradabilité

Les paramètres d'état


La teneur en eau
La teneur en eau d'un sol est le rapport de la masse d'eau qu'il contient à la masse de solides qui le
compose.
W = Mw/Ms

La teneur en eau optimum Proctor

(image GTR)

L'indice de consistance
Cette valeur est calculée à partir des résultats des essais de limites d'Atteerberg.

(image GTR)

L'indice de plasticité
Cette valeur est calculée à partir des résultats des essais de limites d'Atteerberg. C'est une valeur
caractéristique d'un sol.
(image GTR)

L'indice IPI

(image GTR)

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