Le saphir de Sumatra

La mine défaite, Camille de Côtay arpente sa boutique de long en large.

- Quel désastre, mademoiselle ! Mon saphir de Sumatra, une pierre d’une très grande valeur, a
été froidement volé sous mes propres yeux !
Amandine promène son regard sur les vitres étincelantes de la bijouterie.
- Racontez-moi ce qui s’est passé, dans l’ordre et par le détail.
- Eh bien voilà, soupire le bijoutier, à 17 heures 15 précises, un homme est entré dans la
boutique. Il était intéressé par le saphir. Pour qu’il puisse l’étudier tranquillement, nous nous
sommes retirés dans mon bureau. C’est là qu’il me l’a arraché des mains et que, d’un coup
de pied, il m’a claqué la porte au nez. Le temps de la rouvrir, il avait déjà traversé la
boutique et s’était noyé dans la foule des passants.
Amandine examine les lieux en silence, puis sa question tombe :
- Le saphir était-il assuré ?
- Euh… oui, naturellement, bredouille le bijoutier.
Il n’en faut pas plus à Amandine pour conclure son enquête. Camille de Côtay a simulé le vol
du saphir pour empocher l’argent de l’assurance. C’est un détail de son récit qui l’a trahi.
Jürg Obrist ; Les Aventures de Lenoir et Blanc